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Full text of "La Terre a vol d'oiseau"

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A  YOL  D'OISEAU 

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22415.  -  PARIS,  IMPRIMERIE  A.  LAIIURE 
9.  rue  de  Flcunis 


LA   TERRE 


À  VOL   D'OISE 


PAR 


ONÈSIME   RECLUS 
/ 


NOUVEKLK    KDITION    COME^AWT 

Dix   cartes   et   six  cent   seize    illustrations 


JPARIS 


LIBRAIRIE  U  A  GUETTE  ET  G 

79,    noCLEVAlID    SAMT-GERM AIN,   19 

181)3 


L'ïapagne  aride.  (Voy.  p.  4.)  —  Dcssiu  de  Taylur,  d'âpre  une  vue  de  Henri  nc^nafill, 

LA  TERRE  A  VOL   D'OISE  A 

L\  TERIIK.  L\  MER.  LKS  HOMMES 


I 


Petitesse  infime  de  la  Terre.  —  L'homnic  nait 
et  vil  sur  une  bouk'  presque  rond**,  qui  lui  seiii- 
hlo  iinmenso;  puis  cvUr  bouliv  ce  gluLf.  la  Terre, 
itoiil  il  est  soi'li,  le  re|M'eiiil  dans  son  «  vaslesein  «. 

l.out;lt'ui|>s  inms  cjûiiies  ijue  \i\  Terre  est  le 
centre,  le  but  et  la  raison  des  choses. 

Pour  les  l$;n'biiix'5  dunt  ouns  sorinnes  les  fils  et 
les  orjcueilleux  liéritiers,  uoire  ^lobr  einplissiiif 
rini^ers,  le  Soleil  êlail  une  "  luniièreâ  nos  piiMis  >■, 
U  Lune  une  «  lampe  Â  nossentiert»  d,  et  les  Étoiles 
des  cb»us  élinrcbinls  dans  lu  voûte  des  cieux. 

Kt  riion)iuti  (|ui  faisait  la  Terre  si  grande  n'eu 
avait  |>as  vu  seulement  U  nioitii^;  il  parloit  vague- 
uiout  d'une  Allruitide  engloutie,  niuis  il   ignorait 

u.  Hcctrs,  Lft  Trnnc  a  rot  D'oift*.Ae. 


les  deux  Amériques,  l'Australie.  l'I 
(|uo1oule  rAfri(|ue  :  ainsi,  de  nos} 
insiil.'iire  borne  le  monde  à  deux  ou 
tel  siuivage  à  tpielques  vallées  o 
tribtis  niisénibles.  ^ 

Maintenant,  nous  n'ij|rnoroii8  pli 
est  j»rodigieusemenl  |K*tîle.  Doaze 
niille  l'ois  jdtis  j^Mande.  elle  ne  * 
taille  du  Soleil,  qui  lui-ménu^  est  ui 
Enlr/iinonl  In  Lune,  elle  tourne  &i 
du  Sidt'il;  le  S«>leil,  menant  avec  | 
court  avec  rajtidilé  sur  le  clien^ 
Eêlher  vers  une  étoile  de  1*  I 
Contutue  ;  et  cette  étoile  Tuit  vers  i 


?0L    D'OISEAU. 


Doir^i^  c'pnf  cirïfjïiant**  inilli»  fois  mointlrv  f[iio 
Tirslio  iUtui  L'il*?  (u?nl  la  lumiôre  ri  l.*i  vio,  noire 
p^iuvro  boute  a  cinquante  et  un  milliards  (riiecta- 
rcs,  niHiF  nnd  cïw\unnio-^ix  fois  la  Fnirvrp. 

L'liomnn%  tvgiMil  ilc  re  doiiiaino.  nu  le  ronriaît 
pas  encore  et  ne  io  coiinallra  jamais  tout  entier. 
S'il  arrive  A  surprendre  lotis  los  sériels  des  fo^'ls, 
des   marais,  des  dêserlî),  pourra-t-il  atïeiiidro  les 


deirx  iVfles?  Kl  ronihien  de  cjneiers  ciiirassenl  des 
niiiuls  Iroj»  élevés  pour  t|ue  tu  poitrine  Iniirinine  y 
trouve  assez  d'air!  Le  Caurisankar  monte  ;ï  X8  iO  mè- 
tres, en  Ilirnfll.Tvn,  d.'uis  l'Jnde  :  jus(|u*;'i  w  jour  *m 
le  tenait  |H)ur  le  pie  éiriiiieid  du  ijlolje,  mais  il  pa- 
rait que  deux  île  ses  frères  et  voisins  le  dêivassenl. 
Hors  re  froid  néjinl  dn  l'Ole  el  des  [ues  liants 
de  deux  lieues,  nous  saurons  bienlùl  commenl  fa 


L'E^ugne  pIuTiettse.  (Voy.  p.  i.)  —  t^esain  de  G.  Doré. 


Terre  est  faite  ;  el  avant  longtemps  nous  aurons 
fendu  en  sillons  tout  ce  qui  peut  dresser  un  êjti. 
ï)uns  ti'ois  ou  t(nylre  gênêratioïis,  l'an  ileux  mille 
'  poindra  sur  des  hommes  épouvantés  qui  verront 
les  cohttiienls  falif,'ués,  les  îles  usées,  les  rivières 
laries,  les  foréls  à  bout,  le  monde  plein,  L*i  famine 
aux  [jorles.  La  I*lanéte  sera  vieille,  et  surt(»ut  elle 
sera  ineurli-ie  :  nos  ninins  sont  criminelles,  nous 
frappons  noire  mère;  la  eognée  des  Lin-lierons 
n'abat    pas  seulement    les  arbres;  elle    ruine   el 


renverse  aussi  la  irmnlagne,  et  chaque  branche 
qui  tombe  enlève  une  f;oulle  aux  ffinlaines. 

l'eut-èïre  aussi  (|ue,  vieillissant  siu'  le  fétu  qui 
nous  emporte,  nous  oublierons  quelque  jotir  d'aup- 
meiiler  la  l'are  di^s  hommes;  déjà  la  Fi-ance  liésile 
à  se  renouvelei'i  et  des  durleui's  honorent  sa  pru- 
dence; sur  la  rive  contraire  de  l'Atlantique  un  peu- 
ple* doublait  tous  les  trente  ans,  et  le  voie!  qui  se 
proscrit  lui-même;  ses   llls  el  ses  filles  font  vœu 

1    Les  liabilanu  de  It  Nouvelle Augleterre  (ÈtulsUuis}. 


LA   TERKK,   LA   MKU.   LES  HOMMES. 


de  mourir  tout  entiers,  cent  ans  à  peine  après  des 
aïeux  qui  s'étaient  promis  une  postérité  plus  nom- 
breuse que  le  sahie  des  mère.  Moins  liomiei*]e  que 
celle  jeunesse  olisliiiêe  à  ne  pas  revivre  fut  U 
monstrueusi!  Fesle  Noire  qui  de  lôôOù  15 lî)  gla<;<'t» 
dit-on,  einquiuite  millions  d'hoinrnes. 

Quand  nous  aun)ns   tout  aUattu,  tout  débrous- 
saillé ou  brAlé,  tout  pl.inté,  irrigué  ou  drainé. 


nous  n'aurons  guère  dompté  que  le  quart  de  notre 
planele.  dtuit  plus  des  deux  tiers  sont  ûccup«''S 
par  les  eam.  Quelipie  jimnhle  fontaine  dont  on 
suive  le  fllrl  d'argent,  de  ruisseau  à  rivière,  de 
rivière  à  fleuve,  on  arrive  toujours  à  la  grande 
mer,  qui.  dit  le  |)oéte  noi'véuieu,  m  voyage  éler- 
nellement  uu-devant  d'elle-même,  ».  et  jamais 
tasse,  démolit  toujours  pour  toujours  reconstruire. 


Site  du  Âaliara  .  les  ùranUc^  itiuiM.  —  lios&in  de  d.  VulUier.  d'aprH  ane  pliolographic. 


Le  Mil  ferme,  avec  loules  ses  eaux  dormantes  ou 
courantes,  s'étend  sur  136  millions  de  kilomètres 
carrés'»  Lindis  que  l'ensemble  des  mers  eu  aoTifuil- 
lions  ■. 

C'est  i!55  Tois  l'aire  de  la  France,  uu  peu  plus  de 
450  fois  celle  de  la  France  aujcnicntée  de  TAli^érie- 
Tunisîe,  TeIK  steppe  et  oasis,  sans  le  Sahara. 

1  Exartoiicnt.  l3O0rK**r>71.  dont  un  viiitçt  ituatrienii'  |ivur 
es  ilc9.- 


(inrdons-nous  d'en  eonelm-e  que  le  (ilolio  puisse 
enirelenir  2btt  fuis  aulnnl  d'li<»mrnes  que  la  France 
d'Kunqie,  ou  ITiO  fois  aulant  «pie  Uftlre  pairie 
accrue  de  re  qu'elle  a  déjà  conquis  dans  l'Atlas. 
pMC  son  climal,  sou  sol,  ses  mei-s,  ses  enux»  le 
pays  qui  \a  tirs  grèves  tir  la  rn^r  au  .Nord  ant 
sables  ilc  la  Bidassoa  vaut  mit-ut  que  l'ensemble 
des  terres.  D'immenses  réj^ions.  dont  qnelques-unes 
bien  pbis  longt;es  quedc  Ihmkei^pji*  à  r.i'rbére.bietii^ 
plus  Ur^rs  que  des  ècui'il.^  trOui->^.nit  n\ix  ivjpi- 


-» 


'•1 


LA   TERRE   A   VOL  D'OISEAU. 


nitTos  drs  Vosges,  sembicnl  devoir  toujours  défier 
l'inipalicnce  el  l'avarice  des  hommes.  Elles  resle- 
nnïl  vides  :  les  imas,  vasies*  infinies,  diu'irieïit  sons 
\ii  gL'iee;  les  autres,  infinies  ;uissi,  sont  tles  fonr- 
iiaises  que  le  Soleil  alluine  hjns  les  jours. 


La  mer  et  les  pluies.  Le  soleil  et  les  climats. 

—  S'il  l'sL  sur  tiNJi'  lies  /tincs  ardentes  ijii  mi  n Use 
i'spénM'  de  Fêenniler  jainnis,  n'eu  ueeubuns  pii!»  sea- 
tenienl  le  diviu  Soleil. 

11  il  pour  roinimj^îne  la  pluie  :  avce  elle  il  nve, 
siUïs  elle  il  di'voïe, 

rius  fl  lutl  sur  une  lerre,  j>lus  il  la  iunle  el. 
la  pènèli-e;  fdus  reïle  terre  est  opuleiiLe  et  pidlir- 
htnUM|n;iinl  l:i  plnie  la  |irnèlre  aussi. 

l(n  P;t(ili(|n(\  de  l' VMnrîliijne.  de  la  mer  di's 
Indes,  de  lUeéiiu  îinslral.  di's  mers  grandes  et  des 
jM'tiles,  s'élèvent  des  vnjii^urs  qui  se  fonl  nn;tji;es, 
potissés  par  le  v<'nl  vi*rs  li'S  e6tes.  Le  iin;i;:e  <^sl  hi 
pluie  qui  marche.  Tout  jiiiys  où  les  eieux  dêeliirenl 
fréquemment  la  nuée,  s'èjMmehe  eu  arbres  tuiilïus, 
eu  hei'bes  savnurens**s.  Mais  nialhfur  nu\  e<Hi- 
trées  on  wnifllenl  jarecnent  les  liali-itics  hun*i(lf>l 
Tels  l'Ar.i^^on,  le  [daleini  de  Léon,  la  (];istille,  h\ 
Maneïie  l'I  rEslrènh'ulujv,  les  s(e]i|>es  de  IAUms,  11- 
Sidiara,  l'AIVique  ausUale,  l'Arabie,  l'Iran,  la  Haute 
Asie,  les  plateaux  des  Rocheuses,  le  dêsçrt  dWta- 
cama,  la  piunpii  du  TaujarugaU  la  moitié  de  l'Ar- 
gentine, les  Irois  qiurls  de  l'Australie  et,  dans  tunle 
région  du  monde,  les  plateaux  sevrés  de  la  îuer, 
les  vallées  i>erdues  que  le  veut  de  la  [duie  ne  sidl 
|ias  retrouver. 

Lue  miirila<;ne.  si  haute  soit-elle,  n'anvle  pas 
tout  le  sideil  du  jour  ou  de  l'uimêe:  si  busse  soit- 
elle.  elle  peut  h.'urei'  jnvsque  toute  h  pluie.  Le 
vfjyag^i'ur  le  sait  biiMi  tpii  a  passé  du  Traz  us  Mon- 
tes à  l'Entre  Douro  et  Mialiu. 

Sur  h  Trax  os  Montes,  qiii  continue  à  Touest  les 
Inujles  jdaines  de  Vidiadolid  el  <le  /atnora»  il  a  vu 
des  terres  sèelies,  des  eoteaui  nus,  des  horizons 
fauves,  des  vallons  snus  eau,. des  ruîsseauxMaris- 
sunts  ou  laris,  el,  après  avoir  pfUJ  timl  le  jour  de 
la  efialeur  et  de  la  poussière^  il  a  pu,  hi  iniit, 
y  souffrir  d'un  froid  dur.  Dès  qu'il  a  IVûnchi 
d'hutrddes  monts,  et  surtout  loi'squ'il  a  passé 
la  MMia  do  Man^o  (14^22  mèlres),  il  descend  vei's 
Amiiranle,  dans  un  adoraLle  pays  de  frairlicur.  de 
splendeur,  de  beauté,  qui  a  des  riviêr-i's  eouï'anlcs 
tit»  dit-on,  viiïfrt  mille  fontaines  de  erislid. 

C/esl  un  exiMnple  ejili'e  mille.  Quel  contraste, 
plus  èelalaiit  eneoro,  entre  Oviéda,  Gijoji  ou  Siui- 


lan^b'r  et  les  llanuras'  de  Léon;  entre  la 
llonosliau  '  et  la  lumineuse  Miranda  d**  Huero 
la  vej'dure  Iiéaiiiaist*  i*l  les  [orrrc's  altérées 
raj;onî  Dans  la  t^raude-Urelai(ue  iî  jdeut  ri 
et  jusque  dix  fois  muins  sur  le  versaut  c 
«pje  sur  roreiilenlal;  el  eu  >'or\ét:e  le  I 
end)rassé  des  vents,  re(;oil  rin(|,  six,  Inrit  fo 
rl'ean  que  le  haut  plateau,  lerre  de  froidure 
jar  li's  Dionis.  Il  y  a  peu  de  eonirées»  nu^u 
les,  i»ù  ne  se  dressent  des  stM*ras  du  Manlo,  t 
simples  roUtues,  qui  dislrihueiil  le  uuag 
une  [parlialilé  funeste  :  ellrs  le  [ii'*idi;:ne 
vallées  manne>,  elles  le  rclus<.»ul  uux  pluini 
rieures, 

A  t.i  l'iairièro  aride  oi  qu»?  jimais  n^^b^t*^T^nt 
Les  tn-ucs  de  la  itluic'  et  les  vastes  seaux  d'eai 
Oue  riiiver  jette  au  Iront  ûf^s  monls  d'Urbisto 

Là  011  il  lie  jdvut  [las.  le  soleil  fait  dr  1 

un  stérile  airain  où  l'on  ne  sème  ni  ue  mnii 
mais  dés  qu'il  pleut  dans  uu  pays,  et  pi 
pleut,  il  diMuie  l'élre  aux  arbres  et  aux  herj 
la  forée  de  ses  l'ayms.  de  la  dm-ée  de»  sou 
iiiitiiHi  dépendent  les  funnes  diverses  des  ] 
Il  règle  les  zones  de  culture. 

iKins  l'exlréme  Nord  ses  rayons  ol>li*[ 
peuvent  amollir  les  glaces  entassées  à  di 
tjines  de  lieues  autour  du  Pôle;  malgré 
gueur  des  jours  ils  n'y  tiédissent  assez  n 
ut  les  eaux;  aussi  ue  pouss*'-t-il  que  m 
lichens,  plantes  ritdimenlairi's,  arbres  nain 
<!elte  zone  glaciale,  dite  au  nord  arctii) 
boréale,  ardaretîque  au  sud.  J 

Mais  dès  qn  on  avance  un  peu  ver*s  le  1 
nature  devient  féconde  à  rnesuj'e  que  les  raj 
soleil  per'de[it  de  leur  obliquité,  à  mesun 
qu'il  y  a  moins  d'inégalité  ilaus  la  lon;;ue 
jours  et  des  nuits.  De  la  zone  glaciale  oj 
dans  la  zone  froide,  où  se  dressent  des 
superbes.  bi>uleaux.  pins,  sapins,  épicéas,  ni 
luiissès  eu  forêts  sulennelles. 

Ce  tfest  pas  comme,  sous  le  Tropique  < 
rKqnalrur.  une  orgie  de  formes,  un  luxe  il 
lianes,  ii\u*  mêlée  tragique  de  (i'oni*s,  de  rai 
de  tentures  et  de  parasites,  un  combat  moVte 
les  arbres  el  les  es|)éees.  uu  élan  è[ierdu  ve 
el  la  lumière.  Non!  L'arbre,  que  mil  emier 
siège,  qu'aueune  corde  vivante  n'étoidïe,  y 
son  pi'olil  el  son  iiidèpendanee.  Oans  les  furé' 

1.  Hniiios. 

-2.  Saijil'ScbaMien. 

5.  V.  Uui|,'a.  fygendedet  iièrfet. 


\ 


LA    TKRUE    A    VOL   irOISEAU. 


I  compose,  \e  clair-ohsrur  des  avenues  ouvre  au  rt> 
gard  tlos  horizons,  tandis  (jue  parmi  les  «  selvas  n 
tiiid-aiiiérienines  oji  est  ontinisonnt^  dans  le  dédale 
des  V(>gélations  follt's. 

Avec  leui^s  tioin-ii  i|ui   sont  des  colonnes,  leur 
voûte  touiïue,  leur  joui*  sombre,  leur  vaste  silenre. 
Tes  JKrtiïi's  fulaies  des  cieux  IVoids  ou  (eiu]n''rês  ont 
(jijel(jue  rliose  de  l*;trelïile<  (iireetdu  reeueillenienl 
I  des  temples.  Plus  ntonuinenl^les  que  les  boîs  tro- 
^|>ieiuix.   où    tijute  onloinijuice   dispiiiMÎl  sons  les 
[draperies  el   les  tentures,  rauloniiie  airive  cpii, 
I  irFiaque  année,  les  dépouille  après  les  avoii*  jiarèes 
LJdes  plus  \ives  couleurs  :  nuijLîissiinf  el  jaunissuil 
|ie»  l'euilles,  il  les  déhielie  du  r.inieau  j>our  qur  le 
Ei^nt  les  cn)|)orte;  puis  vieul  l'hiver»  qui,  pas  plus 
Ifue  l'autonuje,  n'arrache  aux  résineux  leurs  ai- 
guilles :  alors,  sur  ks  pins  el  sapins,  dans  In  foi'ét 
j,  rigide,  chaque  bronclu',  sombre   ou  noire,  ploie 
Lsous  la  blancheur  de  la  neige. 

Ainsi,  pres(|ue  au  sortir  des  frimas  sans  fui  et 

I  des  arbres  noués  par  In  nuit  el  la  glace,  on  entre 

Jdajis  une  zone  où  déj;"»  le  soleil  luit  sur  des  Ironcs 

puissants  el  des  forêts  glorieuses,  où  le  Idé  mùril, 

où  les  prairii'S  soûl  vei'Ies;  decetl*'  zotie  tempérée 

fnjjde.  où  ne  croit  p:is  la  vigne,  ou  passe  dans  la 

l  tempérée  chaude,  dont  la  gloire  est  le  vin,  doiil  le 

'  [jlivlloM'ia  est  la  honle  el  la  misère;  le  rliénc,  le 

tilleul,  le  frêne,  le   hêtre,  l'ortne,  le   chàlni^Miier, 

le  peuplier,  y   croissent   à  eôté   des  pins   et  des 

sapitis  du  Nord. 

Avec  It's  oliviers,  que  suivent  les  orangers,  puis 
les  palmiers,  on  passe  dans  la  zone  chaude,  qui 
est  celle  de  Cannes  ou  de  Menton  en  Franee,  «le 
Naples  en  Uiilie,  de  Liadix  en  Espagne,  d'Alger  on 
Afrique.  Ssins  froids  conmie  le  Nord,  sans  brouil- 
lards comme  le  pays  tempéré,  sans  tv[ihoi)s  el 
tornades  comme  le  'Inipicpie,  c'est  la  li'rj-e  la  phis 
belle  et  la  plus  hcuivuse.  U\  vrai  jardin  de  jdai- 
sanee,  surtout  au  bord  de  celle  Médîlerrariée  où  se 
renconiretil  l'Europe,  l'Asie  et  l'Afrique.  Vieux  et 
précieux  souvenirs  a  jiart,  bien  des  hommes  se 
senli*nl  plus  émus  suj'  le  rivage  de  son  admirable 
mer  4|ue  devant  l'opulence  des  forêts  les  plus 
dévergondées  *lu  Tro]iii|ue. 

La  zone  tropicale  accompagne  TÉquateur  sur 
la  rondeur  de  la  Terre  j  elle  se  dé[doie  entre  le 
lr*t[»iiiui^  du  Cancer  nu  nord  el  le  Impique  du  Ca- 
pricorne au  sud.  l'allé  tire  sa  puissance  de  la  j*ro- 
fusion  de  pluie  amenée  par  des  vents  régulier 
el  de  la  chalrur  du  soleil,  donl  les  rayons  sont 
de  plus  en  j>lus  droits  à  mesure  qu'on  ^j^approche 
de  l'Equateur,  où  ils  tombent  d  a[domb  sur  le  sol. 


Ce  mae'iagr  de  la  chaleur  ri  de  rhumidilé  provoque 
un  merveilleux  excès  de  vie  dans  des  forêts  prodi- 
gieuses où  chaque  arbre  a  ses  lianes,  ses  para- 
sites, ses  oiseaux  bariolés,  ses  singes  ricaneurs  : 
là  nVdent  les  animaux  les  plus  éK-gunts  ou  les  plus 
forls  de  la  Terre,  là  rampent  les  serpents  les  plus 
empoisonneui's.  là  bourdormcnt,  volejil  on  sautent, 
piquent  im  seient  les  insectes  sans  nond)n\  eruie- 
niis  invincibles  de  Ihomiue. 

Notre  r.ice  pmie  la  peine  des  splendeurs  de  ce 
rliniat  niuu,  lépide,  qui  a  fait  de  nos  cousins  noirs 
ou  rouges  une  tourbe  sans  énergie.  Quant  au  Blanc, 
il  v  vieillit  vile. 


Puissance  de  Taltitude.  —  In  latitude  fait  les 
climats  généraux,  le  fîlacial,  le  fiviid.  le  leni(>êré, 
le  chaud  el  l'équatorial.  hans  IViuN^Jnte  même  de 
ces  grandes  zones,  l'éb^niilioii  du  sol  crée,  ù  Tinilni, 
des  climats  locaux. 

Quainl  on  s'élèvi»  au-dessus  du  niveau  des  mers, 
an  sent  que  l'air  devient  plus  frais,  et,  lorsqu'on  a 
monté  longtemps^  on  le  trouve  froid,  puis  glacial. 
Suivant  l'cxposilion  au  soleil  ou  à  l'oruhre.  suivant 
la  nature  des  roches,  suivant  les  mille  el  nulle 
cîri'onslaricesdu  lieu,  cent  soixante  ou  deux  cents 
on  deux  cent  quarante  à  deux  eenl  cinquante 
mètres  d'éléviition  déteiiuiiieiit  un  nbaiî»»emcnl 
d'un  degré  dans  la  lem^HMalure  moyenne  «nnucUe 
d'un  sile;  el  en  même  temps  le  climat  des  lieux 
supérieurs  est  singuliènMuenl  plus  variable  qu«* 
celui  des  inférieurs,  il  est  bien  plus  brusque  et 
fantasque,  plus  excessif  dans  le  froid  el  le  chaud. 
plus  dilïéreiit  de  lui-nn>nie  sebtn  les  heures  du 
jour  el  les  saisons  de  rannée. 

ilnnler  décent  mètres,  c'est  faire  emt  \nigl<iiiq 
kilomètres  dans  la  direction  du  IMle.  A  la  ferme 
pénivïenne  d'Antisami,  la  moyenne  de  l'année  égale 
à  peu  près  celle  de  Saint-l'étei-shoui'g  :  or  la  ville 
des  froids  [lalais  regardi?  le  ciel  du  60"*  degré 
boréal,  cl  la  niétiiirie  des  Andes  contemple  la  cou- 
pole d'un  ciel  d'Equateur;  mais  .SaiiiMVlersbourg 
est  au  niveau  de  la  mer,  et  la  maison  du  Pérou 
domine  les  (océans  de  (dus  de  4000  mêlres.  Des 
monts  sans  nondux'  ont  Icuis  épaules  sous  la  neige 
éternelle»  tandis  que,  dans  des  vallées  si  procbcî» 
de  leurs  pics  que  l'aigle,  le  vautour,  le  condor,  y 
descendent  en  quelques  ailées,  les  liêdes  lialeiQeâ 
cl  les  chauds  soleils  font  de  Tannée  un  prfnU^mps 
mêlé  d'été. 

Dans  le  haut  Nord,  glacé  même  au  bord  de  la 
mer,  Tijifluence  de  l'altitude  est  peu  visible;  mais, 


IX  TERRR,   LA   MER.    LKS  IIOMMKS. 


(lAs  qu'on  aiVprocli^  de  la  zone  lempiTt*'L',  clic  sur- 
prend im>me  le  plus  oblus  di's  hommes. 

Kn  rmnco,  on  tninil*'  iuï  ipu'lfpu'S  heures  dos 
oliviers  du  Biis-Laiiguodoc  aux  philcaux  cèvi*'nols, 
où  le  seigle  a  peine  î'i  crollre;  en  une  demi-jouPiwV 
on  s'éh've  île  la  vallée  de  IV«des.  liêde  serre 
rhnnde,  au  sommet  presque  inuiniahlenieiit  hi- 
vernnl  du  Cani^ou. 

Sous  l'Equateur,  dix  mètres  d'ascension  \alenl 
douze  kilomètres  de  marche  vers  le  nord.  A  hi 
hiise.  des  f^éants  équatoriHux  ou  Iropiwjux  le  soleil 
bi'ille  sur  des  fon'^ts  mirarulcuses,  sur  des  chnmps 
d'une  fAetmdilè  tijiuiïr  quand  ils  sont  arrosés,  sur 
des  hnmeanx  où  l'on  poul  vivre  nu.  sur  des  villes 
on  riiorintte  linhillé  soupire  après  la  fraicheur  et 
la  nudité. 

r.elle  fniirlii'ur  sous  le  Tropique,  le  hlane  hi 
trouve  i\  eintj  eenis  inèlres  de  haulein*;  mieux  en- 
core i\  mille,  sous  des  arbres  dont  henucoupne  s<Hd 
fM'P  plus  ceux  du  Ikis  pays.  A  deux  mille  mèlres, 
il  respire  à  [deîns  poumons  dans  des  bosquets  uù  les 
plantes  de  rKuro|)es*aeclimatentnussî  bien  qnc  lui. 
A  trois  mille,  il  se  sent  vivre  avee  juse  en  dos  val- 
lons délicieusement  lempêrés.  A  quatre  mille,  il  n 
froid.  Il  ne  vivrait  pas  &  cinq  ou  six  mille.  A  sepl^ 
mille,  A  liuit  mille,  on  mourrait  (^i  l'on  y  pouvait 
(gravir)  dans  les  horreurs  du  IVde  que  sept,  iiuit 
kilomètres  en  hauteur  ont  étalé  parmi  les  gloires 
de  la  xone  lorride,  qu:ui<l  il  l'audndl  |wuir  le 
trouver  chez  lui  faire  h*  quart  du  tour  du  lilobe, 
;^  dix  nulle  kilomètres  vers  k>  nord  ou  vers  le  sud. 

Pur  ce  pouvoir  qu'ont  les  hauteurs  d'étager  les 
tempémtures.  de  superposer  les  plantes,  de  la 
plus  frileuse  /i  la  plus  insensible  au  froid.  Ie(>tùhe 
gagne  merveilleuseiueut  en  variété  :  chaque  grande 
montagne  de  IKipialeur  ou  <lu  Tropique,  chaque 
inonlagne  moyenne  des  zones  tempérées  devient  A 
elle  seule  une  petite  Terre  ayant  tous  les  climats. 
UU  presque  tous.  1^  France,  aussi  voisine  du  Pôle 
que  de  rKqtiateur.  ne  mire-t-elle  pas  (pielques 
beaux  palmiers  dans  le  flot  bleu  des  cabm^'ueB 
Iirovençales,  au  pied  de  ces  Al|>es  où  des  glaciers 
s'écroiilctd  sur  des  lacs  marbrés  |Kir  un  hiver 
étenu'l.  inhni  V  Ttuit  prés  des  poudroiements  et 
des  flamb<»iemenls  du  (iard  et  de  niéraull.  n'a- 
vons-nous pas,  sous  l'a'il  de  l'Aipiual.  quatre 
hautes  Sibéries,  (hausse  Méjan,  Cuus«m<  de  .^ui- 
V6t«T«.  Causse  Noir  et  Ijintnc?  Les  brillantes 
fontaines  du  pied  des  Causses  ne  sonlM^les  |>as* 
faites  de  flocons  de  neige  presque  autant  que  de 
goulles  de  pluie? 


Provinces  géographiques.  —  Régime  des  vents 
el  des  pluies,  voisinage  ou  éloignement  des  mers, 
distance  du  IVde  ou  de  FKqunt^'ur.  empilement 
des  nu»nls,  nature  de  la  roche  **i  de  la  sous-roche, 
tout  cela  fait  la  Province  géographique. 

Les  qualités  du  sot  el  du  sous-sol  influent 
presque  autant  que  l'allitutle,  la  lalilude  el  la 
pluie  sur  l'asjieclet  les  vertus  des  contrées,  tnpays 
fjerméable,  sec,  ne  irssenible  jwis  A  lin  i»ays  im- 
perméable, humide,  plein  de  sources,  d'ét;mgs, 
de  ruisseaux  tordus,  de  bois  noyés,  de  prairies 
luuuillées:  il  est  des  cantons  de  stible,  d'autres  de 
roc,  d'autres  d'argile  collante  et  «  qu'on  emporte 
>é  la  semelle  de  ses  souliers  o.  lue  contrée  grani- 
tique n'a  jamais  Papparenee  d'une  contrée  calcaire 
ou  crajeuse,  elle  ne  crée  |»as  les  nn^mes  plantes, 
elle  ne  fait  pas  les  mêmes  honnnes.  Et  avec  le  bnig 
déi'oulenu'nl  des  siècles,  une  région  peut  Iranshir- 
nier  tt»lle  race  qu'elle  a  reçue,  qu'elle  n'avait  point 
enfantée.  U"i  trouvera  jamais  le  fils  de  la  «  terre 
de  graiiit  recouverte  de  chênes  n.  lavée  par  des 
pluies  fines  et  peu  à  peu  ronjrée  par  des  vagui»s 
verles  souis  des  cieux  gris,  l'homme  de  Ittïscoff  ou 
de  houarnejiez  semblable  au  vignenm  des  collines 
gasconnes,  au  pécheur  de  la  Corniche,  au  Saharien 
séché  par.ie  soleil,  au  Portugais  devenu  lirésîlien 
entre  Para  el  Santos,  â  l'Indien  dont  l.i  hutte  est 
voisine  du  roi  des  fleuves? 

Iles  divers  habitants  du  monric,  |c  sol  cl  le  ciel 
ont  fait  une  famille  extraordinairement  bigarrée  qui 
ne  se  sent  et  ne  seconqtrend  une  que  par  la  com- 
mune possession  «lu  langage  articulé,  et  peut-être 
de  ce  qu'on  peut  appeler  la  faculté  d'idé.'il. 

Toute  liision  des  sangs  mise  n  part,  le  temps  seul 
peut  atténuer  —  qui  osera  dire  effacer?  —  ces 
prodigieuses  différences.  Si  le  «  milieu  »  Irans- 
f*)rnie.  il  tu*  le  fait  qu'avec  le  seroui^s  des  ilges.  Et 
nous  ne  savons  point,  tant  notre  exiȎrienc.e  est 
brève,  si  cetl».^  nlliain'e  njéme  est  c^ipable  de  faire 
d'un  Français  un  Lapnn,  ou  d'un  Nègre  un  Islandais. 
Noussonunes  ignorants  et  passagei's,  petits, {>auvres 
et  courts;  nous  comptons  nos  années  jMir  dizaines, 
PAge  de  nos  |H'uples  ]utv  siècles,  et  les  mille  el 
mil  11*  ans  ne  sont  qu'un  instant  pour  la  Tern*.  si 
IȎrissable  qu'elle  soit,  elle,  son  satellite,  ses  com- 
pjignes  et  son  soleil. 

Ln  Teriv  el  la  Mi'r  donnent  la  vie  à  cinq  eenl 
mille  es|ièces  de  plantes,  A  trois  cent  mille  es- 
pèces <Paninuuix.  Faut-il.  se  ré|H*tanl  toujours  • 
traîner  apiés  soi  la  liste  des  (|uadrupédes.  «les  oi- 
seaux, des  insectes,  des  arbres  el  des  fleurs  d'un 
[>ays?  I^s  mêmes  plantes  |)euveut-elles  croître  sous 


LA  TERRE  A^OL   DOlSEItt. 


I 


les  nuus  îrlniuki.st's  cl  Jjijïs  y  l'iiinirtMisîti'  jaune 
(juc  |Mt]uenUh*  |Kiinls  lilaiirs  ïotj«^nuii  rt  Itiskara»)? 
Les  contrées  ilii  >mf<l  ou  irlles  (jiie  l'iiltiluïle 
sej^lenlrionili-'^e  nnl  la  vt-^rLilinii  «lu  Nmil;  l:i  zono 
ti*m|M''ive  u  les  plîiiiies  rjuVv*j(juo  ou  que  jieniiel 
le  clinint  leni[n''rv,  la  zone  Iropiralo  celles  du 
Ti'o|)i«ju*s  saiiT  ilîins  ses  liauli*.s  iïio[ilag(u*s,  où 
sV'Iagenl  ic:s  Jierbes  et  les  urhres  du  la  zone  tem- 
pérée, (le  là  zone  froide  et  de  la  zone  |H)laire,  car, 
enln*  les  Tropiqm^s,  linil  lifiut  fiuml  lèsuine  le 
moiule.  VA  tnaiuleiiiuit  ijui*  rhinjue  rég^ion  haliitin* 
elle/,  elle  loules  les  pljintes  que  souflrenl  ses 
cliiïials,  la  luvdielitm  de  Virgile  s'accomplit:  l'nr-_ 


tout  la  Terre  produira  tout  (tiaiis  lt*s  bornes  du 
|mssilïle\  :  (i  Omniz  feret  omnia  tcUut  u.  Ilepuis 
Cliiistiiphe  tltdoirdj,  nous  nvons  envoyé  cent  ein- 
quftiile  (UJ  lieux  ccnls  phintes  ;i  l'Amérique,  et  dt! 
rAtnérîqtie  nous  en  avons  reçu  [dus  de  soixfintc 
iVesijne  tonles  nos  graines  et  nos  arbres  IruilierH 
vientienl,  dil-<»n,  d'Asie. 

Kn  niénic  lerups  que  les  bois  précieux,  les  fruits 
savoureux,  les  sucs  toniques,  les  sèves  salutfiires, 
se  dispersent  aussi  les  poisntis  et  les  llèaux.  i'.y- 
nesl  plus  seuletrïeril  autour  du  ^'olfe  du  Mexique 
et  dans  les  Antilles  que  la  lièvre  jauno  épouvante  la 
|iàleeDgeance  des  Itornines,  elle  l'avâge  aujourd'hui 


SUe  du  désert  d'AUcaina.  (Voy.  p.  i).  —  Dessin  de  J.  Uoynct,  d*apr^  une  lUtotograplite. 


le  Brésil,  passe  chaque  année  sur  Hio  euinme  l'.nnge 
exlei'tnhialeur,  et  volejusqu'à  la  l'Inta,  ce  [lays  jadi 
saluljre,  où  déjà  plus  d'une  fois  elk  a  fait  réciter 
la  prière  îles  agonisants  dans  des  milliei's  de 
demeures;  elle  est  venue  jusqu'à  Lislxuuie;  elle 
frappera  Saînt-Nazairp.  Le  cliolérn,  fils  du  iJen^i^ale, 
est  SiHJveni  noli'e  héte;  qui  rnius  déharrassera  de 
ce  livide  étran^^^'r  ipiaiid  le  réseau  des  voies  i'a- 
pides  aura  soudé  toutes  ses  mailles  eriU'e  la  Seine 
et  le  iiange?  Tout  rail  mis  au  litml  d'un  autre  rail 
sur  leciiemin  de  l'Urienl  nous  riip[)roclie  du  re- 
paire tiède  et  boueux  où  njupiit,  où  naît  et  renaîl 
sans  (In  ce  plus  grand  îles  conquérarils  vomis  par 
l'Asie. 


Nombre  des  hommes.  «  Givilisation  )>  et  colo- 
nisation; injustice  des  forts.  Acclimatement. 


—  On  évalue  le  nombre  des  honnries  à  1450  mil- 
lions :  c'est  pj-ubabietnetil  lu  vértlé,  à  r»(IO  millions 
pï'és, 

La  Franee  ayant  environ  TïH  inîlliorjs  «IVnnes.  et 
au  moins  13  millii»ns  av«'c  rAlfiétie-Turiihie,  la 
population  (lu  (ilobe  serait  trente-six  l'ois  plus 
foi'te  que  celle  de  notre  pairie»  trenle-quatre  t'ois 
seulement  si  nous  unissons  au  vieux  jsyys  d'L'nnqie 
son  jeune  rejeton  d'Alri^pje. 

tlfïmment  noli-e  race,  d'abord  si  cliéliAe.  si  mal 
armée,  a-l-elle  coiH[uis  la  Tei-re  sur  les  atiimaiix  ;i 
l^randes  griffes,  à  dents  armâtes,  à  détente  brnsqui''* 
tiomment  a-t-elle  vaincu  les  félins,  plus  forts,  plus 
beaux,  mieux  velus  el  plus  souples  qu'i'lle'.'  Nous 
ne  connaissons  pas  celte  liistoire;  nous  savons  seu- 
lement (]ue  riiomme  était  plus  intcllig"cnl  que  les 
autres  bétes  de  proie 


«-% 


LA  TERRK.   LA  MER,   IKS  HOMMES. 


l'A  |ilus  Urd.  comment  ne  s'csl-il  pas  détruit 
lui-miMn<*,  de  guorre  en  gucri'O.  tuant  pour 
tUiT?  Oup  (le  fois  il  a  reiiiftli  In  rli.irnior  des 
fial.'tilli'sî  l'J  qnv.  do    Ibis  i-nfuiv  il  li-  remplira! 


Enfin,  nmlpiv  In  flrrlie,  ni  la  ]t\que  oi  la  Intice, 
nïalgrA  la  l)rtlK»oï  lphnii!<'t,niidgr('*]apeste,  la  fièvre, 
l'orgie',  ninli^nv  lfuil,ni!il^'ivliii-nit'inc.i]  fst  pUisqiio 
jam.'iis  deboul,  oi  voici  qu'il  va  couvrir  le  ïiiuiide. 


IUe«  bbuclie.  —  D(.>s-iii  do  A.  1)4»  NeuvUte. 


Non  pas  lui  loiil    **nli«^r.   mais   queU[in's-unos 
de  S4'S  nttjiillee,  les  lUanrs  d'EurojH*  surlout,  (|nt 
ont    i^cril    sur    leur   drapeau  :    o    IVimuIs,   lun  d 
"fnarigo  I  d 

I^es  EuntjM'ens  et  les  Amêrirains  Imn-s  lilft  pous- 
Bcut  !c6  petits  ptnipU's  l'i  la  liouclierie  ou  ;i  l'itO- 
0.  Ittuti.  L*  Tciiiie  a  icm.  noiiicAO. 


[>ilal.  Cfinrpie  jour  eTftci?  une  tribu,  une  langue, 
tm  tnyllu'.  une  idée.  *         » 

Aiutii  nnns  rnln.isons,  ain^ï  nous  n  civilisons  ». 

Miiis  SI  î'idt'e.  le  mythe,  l'idiome  d'un  pruple  s'en 
vont,  re  ptMiple  iui-nn^me  ne  meurt  qu'en  nppji- 
rence.  Jamni»  race  ne  périt  enlièremenl,  et  rarc- 


Il) 


LA    TKÎÏHK   A    VOl    I^OISKAH. 


\P 


menl  iiin*-  l(il»u.  iiumïi*'  {lt«s  plus  clu*livps  :  li»s 
niiiiis  fir  Intrs  lntiiiiiii's  sont  r**rn|ihin**s  p;ir  <lf's 
jiums  *'lriiHi;"ers,  leurs  iujfi^ls  sont  ivuvim'Sl'S.  Icui'S 
lois  s'iïublit^iil,  huir  l.iiij^aie  sViïîurp,  ninis  i'j^mp  dn 
la  Irilui  siirvil  avor  I*^  s;iri^<it»  s<'s  r;itiiilli*s  les  ]»liis 
vigom'i'iÉSi's.  l*Diir  |Mni  que  le  s(»Ui;il.  raveiilurit-r, 
le  chasseur,  Thonime  de  loi.  la  misère,  «ietil  liiissé 
di'hoiil  t]iu'l4[ii*^s  vnincus,  coux-cn  pôiièlrt'iil  ;i  ItMrr 
tuur  dniis  j.'i  ro(x*  enrieiiiH',  (|ut»l(|iie(nis  par  des 
alliances  légales,  le  plus  souvent  par  des  unions 
de  linsard.  Ainsi  naisscnl  des  nïélis,  qui.  teii.uit 
inlitJU'jiicnt  au  sol  natal,  cnnssent  aver  plus  de 
forée  «|ue  les  lils  des  conqutM'iuds,  et»  à  la  lon- 
gue, 1m  iiîili(jn  i|u'ou  jjensiul  exIirfHT  a  repris  à 
la  li'rre  rnafemelle  pnr  d"iiiextiip;d>l*'s  rnciiies. 
Chvz  les  (t  Aîij[îlt»-S,i?suns  )>  eux-nuWues,  et'ux  de 
tous  les  ex  ternit  lia  teiu-s  ipii  s'nllient  le  moins  aux 
sauvages  qu'ils  fanelienljl  nesl  pjis  une  seule  Irihu 
(|ui  soit  vèj'il;diliMneii(  nniifi*.  Les  Indiens  leviveni 
dans  une  l'oulede  fjiinilles  blanehes  des  Kt.its-l  nis. 
el,  le  jour  où  l'on  dira  :  «  Le  derniei'  des  FVfiux- 
Uout^i's  exjiire  »u  h\  vie  des  Six-Nidions  el  de  cent 
cuilres  penp!;tdi's  iMorfi's  en  .'ippîii'enee  sera  i*lus 
noriswirile  <[tje  j.niriis  dans  des  milliers  de  mais^»ns 
très  flores  de  leur  orjjjiue  îuis;l;u*se.  Il  n'est  pas 
jusqu'aux  Tiisïuauiens.  serupuleusenient  égorgés 
jusqu'au  dernier,  qui  n'aient  laissa  derrière  eux  des 
niélis  dispersés  en  Austriilie.  Dans  i»otre  France 
même,  liid>ilée.nous  Llit-on.par  les  sfuls  «Aryens», 
cond)ieti  de  nos  pères  sont  des  Huns,  des  Alains, 
des  Taj'Uros,  des  I>4:'ilières,  sans  parler  des  s/iuvn- 
jçes  inconnus  ;^  nos  plus  vieux  livres  I 

Aussi,  [larrois.  du  si'itj  île  fannlli's  qui  se  croient 
de  raee  (ture.  en  Antéjiqne.  en  Arii(ïui\  en  Asie, 
eu  Ôtéanie,  et  jusqu'en  Murope.  tl  snr;iJt  tout  a 
eoup  un  etd'ïint  de  siiifinliei-  visii^^*-  l'I^  dt*  quelque 
nalïon  saij^rïée  à  blanc  et  qu'on  p<'nsnil  ifuule, 
niai^eile  n'êlail  qu'eudonuie,  Hien  qu'ett  naissant» 
il  (Moteste  conlre  des  sièeles  d'injusiiee  :  la  nation 
(1  snpéiii'ure  n  .ivait  oublié  l'hospitalité  Iraliie.  les 
senucnts  violés,  les  forêts  nambantes,  les  hommes 
navrés,  les  IVnmies  éventrées,  les  rnlaids  ériasés 
contre  la  muraille,  et  l'hisloirr  élait  muette  ; 
(t  mais,  dit  l'KeriInre,  si  ceux-ci  se  taisent,  les 
pierres  mèjin*s  crieient  !  •» 

(lelle  étej-nelli*  liieij  (prohseure  durée  des  jien- 
jdes  etilêve  quelque  aiuerlunic  à  l'hiâlcûro  du 
monde.  IVailleuis,  il  arrivt*  souvent  que  dans  les 
pays  extorqués  el  foulés  les  s[îolJ;ileiu-s  sonllreiil 
jdus  que  les  vielinn*s.  et  cette  suulTranee  uiéjue 
linit  par  leur  constituer,  à  eux  aussi,  un  droit 
btrict  :  quand  ils  oui  rempli  des  cadavres  de  leurs 


ridons  les  cimetières  de  la  terre  eonquise,  ils  ont 
acquis  le  di'nit  de  l'appeli'r  pairie. 

ti'esl  qui*  raeelimatenienl  est  chose  diriii'ile.  si 
peu  que  la  contrée  d'où  i»artenl  les  ruions  ait  un 
climat  mnins  chaud,  mohis  hainj  que  le  |»!iys  qu'ils 
vtatl  IV'Conder;  ils  ne  domptent  la  terre  élrangère 
que  leulement,  douloureusement,  en  couchant  sous 
les  racines  de  l'heibe  des  géiuM-aliiMis  d'hommes 
morts  avani  d'avoir  j^iiûlê  luiis  les  fruits  de  la  vie; 
[\w  de  parloul  inonteul  des  poisons  invisibles  : 
du  sol  qui  p<ntail  les  indif^ènes  refoulés,  de  Tair 
qu'ils  lesjïiraiiait,  de  l'eau  qu'ils  buviiient.  de 
la  montagne  qui  cacliail  leurs  hameaux  ou  leurs 
cavernes. 

Le  Frimcais  résiste  m;d  iiii  St'négal,  au  (jnbini,  n 
la  Coi'Jiinchine,  i^  la  thiyane;  l'AngLiis  ne  vit  |his 
à  Sierra-Leone,  il  sfiulTre  dans  l'Inde;  le  Hol- 
landais se  plaint  de  lltdavia  :  le  Nèp;re,  l'Annamite, 
riliniloii.  le  Jav.'inais.  qn:u)d  it^  viennetti  vivre  en 
Lurope,  mille  lois  moins  tiondireux  d'ailleurs  que 
nous  chez  eux,  s'y  butent  vile  au  lejiiie  de  leur 
di'slinée.  Il  n'en  esl  pas  antrentent  des  bêles  :  le 
plus  gai  des  animaux,  b'  singe  équidniial  lui- 
même,  cesse  de  punbader  dans  les  cordages  quand 
le  Vaisseau  qui  l'eirqtorte  a  passé  le  Tropif|ue; 
puis  il  tievieni  inquiet,  résigné  ou  mérhiOil,  l'Iiu- 
malisnnt,  phtisique,  et  aux  cnniutés  de  la  ma- 
ladie mortelle  s'ajoute  sûremeid  la  noslalf;ii'  di*s 
luillanles  lorêts, 

tjuelqiies  nations  résistent  mieux  que  les  autres 
au\  divers  elin*ats  :  force  innée  quelles  lîemietil 
de  leurs  ori^'iues  mêlées  ou  \\\i  hnv^  sêjoiij-  de 
leui-s  ancêtres  sons  im  ciel  inlerinédiaire  entre  le 
loj-ride  el  le  tenqiêré.  t'es  natiiuis  cosnioptdites  sont 
les.luifs,  les  Kspafînols.  les  l'ortu^ais,  les  Arabes. 
I*lns  encore  les  (finnois,  sur  tous  les  sols,  dans  tous 
les  airs  :  peu  à  peu  ils  euvalusseul  l'Asie»  l'ar- 
ehipel  Malais,  les  îles  de  la  mer  du  Sud;  si  ou  les 
laissait  faire»  ils  ivmpltraiont  les  deux  Amérii[ues. 


Races  et  religions.  —  La  science  a  jwrta^é  les 
liornnies  en  gioupi^s,  chaque  sav;ml  imaginant  si 
(liviston,  Kn  f^énéral  on  recomiaîl  une  raecblunche 
avec  deux  lypes  distincts,  le  brun  et  le  hlontl,  très 
mêlés.  Aux  Blancs,  (pi'«jn  nomme  é^^dement  Arvas, 
on  rattache  la  race  arabe  ou  sémitique,  quand  on 
n'en  fait  pas  une  <(  lunnanité  n  à  p.irl.  Puis  vien- 
tuMit  les  Jaunes  ou  Mongols,  qui,  çrâce  aux  Chinois, 
Font  les  deux  cinquièmes  des  hommes;  puis  les 
Polynésiens,  les  Painmas,  les  Nègres  el  les  Né- 
groïdes; culin  les  indiens  ou  Peaux-llouges. 


d'un  peuple,  ou  par  ses  biManis»  ou  ni»^me  |»nr 
des  vaincus,  des  nssimilés  de  r.u'e  êtrnngère? 

En  regardant  un  Français  pris  au  It.isard  etilte 
cent  mille,  qui  |M)uri'a  lui  dire  :  n  Je  vois  de  quels 
])Cuplcs  lu  sors,  el  <le  foriibien  de  sangs  se  roinpose 
le  sang  de  tes  veines,  b 

Que  penserions-nous  de  celui  qui  mllnelierail  A 
la  famille  fninçaise  les  Noirs  d'îïiiili  el  les  Hurrms 
do  la  Jeune- Lorel le?  Ils  (»arlenl  pourlnnl  nuire 
langue,  les  uns  dann  les  vallées  Iropic^iles  de  la 


plus  touffue  di's  Antilles,  les  aulres  dans  le  (Void 
Canada,  prt^s  d'une  île  ees  liisrades  d>nu  sondin» 
qui  vonl  s'abiiner  dans  le  g^rand  Sainl-I^urent. 
Aussi  h\  mol  de  rare,  tel  qu'il  n  [uisst*  ilans  le 
langage  courant,  n'a-t-it  rien  d'absolu,  qu'il  di^si- 
gne  une  des  tribus  majeures  de  riuimanilé,  comnir 
dans  rexpression  de  a  nwc  bUirtrlie  o.  ou  seulement 
une  moindre  fanulle.  r<unm('  dans  IV\|M'rï«siiui  de 
«  race  franç^u'se  u.  1^  rare  dite  blanelie  a  mainli^ 
nanl  dans  sa  trame,  même  chez  les  plus  purs  de 


12 


LA    TEnilE   A    VOL    DOISEAU. 


' 


ses  peuples,  des  ôlémenls  reçus  des  Jaunes,  des 
Houges  et  des  Noir»,  tandis  que  la  «  nice  fr.in- 
raise  »>,  venue  du  concours  de  loulrs  sortes  <riiôti''- 
ro^ênes,  coiitiiiiii*  i\  se  timisCtunuT  sous  nt>s  U'U\, 
autant  vl  plus  que  janmis,  par  d'innoHd>nil.dt*s 
flppoiis  ctraiifîers. 

iwi  raco  IdaïK'Ue  ou  .iiyenne,  parlant  *les  \iin- 
gui's  d«*  nuMfio  (in*|:iius  t^xallées  [inr  di*s  litlôra- 
turvs  s[ïlt»ïididi*s,  couvre  ri-!ui'nf;c  cl  s't'dMut  nq>i- 
deriienl  sur  l'Asie  du  Nord,  rA(Vi4|iieSi»pterilrio!iat»\ 
l'Arriquf  ilii  Sud,  les  if»Mi'ç  Anii''i-ii[»jrs.  l'AusIndir. 
la  Ni>u\('lli*-Zi''laii(i*v  les  ilrs  de  In  mer  du  Sud.  Kllr 
domine  te  uioiido;  tous  les  [leuplps  iidriiirent  son 
esprit  d'invi'iition,  tons  ivdoulcnt  la  ]»or(«'e  iIc  ses 
anrii's.  Joirs  cuvirnl  sa  lorlunt».  Inus  lui  rniniditMil 
irn  peu  d'or.  Kllf  rciiaud  parlout  la  «  rivilisitliioi  i» 
el  (Ml  Tui^rnt'  Iimo[ïs  1rs  niavitncs  d'un  roïntiicrct* 
cffronli',  l'aiiuan'  dr  l'argent,  le  nu'quis  du  failde 
et  du  pauviv,  la  soif  du  luxe,  It*  [loison  de  l'ivro- 
gfïerie.  Klle  porte  ta  ;;çu<*rre  el  la  paix  dans  les  plis 
dt*  sotï  manteau,  et  sa  p.tix  est  plus  mortelle  ^pje 
sa  guerre,  Ces  roloiiiïmleui*s  de  la  Terre,  ces 
exploiteors  du  inonde,  ces  professeurs  de  loul  l»ien 
et  de  toul  mal.  ces  apôtres  el  ces  dévorants  sont 
450  millions  an  plus,  en  y  conifu-ercuil  ïiMirs  IVêivs 
ou  cousins  les  Sémites  :  sans  com(iler  (pie  des  mil- 
lions de  Blancs,  surtout  eu  Anu'i'ique.  ne  sont  Idancs 
que  de  nom,  ayant  plus  d'aïeux  rouges  ou  noii*s 
que  daucéires  aryas. 

Les  St^miles,  moins  nondiretix.  moins  féconds 
que  les  Aryas,  hal)ilent  l'Araliie.  une  partie  <le 
l'Asie  aiïtèrieure  ,  le  Nil  d'É^'^vpte  et  de  Nubie, 
rAfrique  du  Nord;  chaque  jour  étend  leur  puis- 
sance, plu((^tlp^eleursan<,f,  dans  l'Afrique  inli'rieure. 
l'ar  la  langue  aralie»  qui  est  celle  du  (loivin,  li\re 
sacré  de  l'islam,  par  le  prosélylisnie  musultiian, 
par  la  cliasst»  aux  esclaves,  les  tifassaciv's,  la  ruine» 
ils  4)iit  gaçné  jieaucouf»  sur  les  races  noires  ou 
n(''groîiIes  du  r*iMitineMl  sombre,  mais  dans  un  de 
leurs  plus  beaux  lei-rîtoires,  l'Afrique  du  Tell,  ils 
reculent  «levanl  li*s  ^l'an^'ais,  el  il  semble  que  les 
Kui'opéetis  leur  etdêveroiit  lentemcnl  tonte  celle 
Médilerranêequt  fut  louj^^Memps  une  mi*r  andie,  puis 
nue  mer  luj'(pie, 

Les  Jinfs,  IVêres  des  Ai'ahes,  sojil  reslês  le  clan 
le  moins  mêlé  qu'il  y  ail  sur  terre  (et  cela  tnatïfré 
ta  beaulé  Je  leurs  t'cmnies)  ]\iirci:  qu'ils  se  marient 
toujiiurs  enire  eux.  (leUe  J>ranehe  de  la  soi-disiuil 
rauiille  sémitique  ne  recule  devant  personne;  jiar- 
lout  elle  augmente  eu  influence,  en  audace»  par- 
tout elle  entasse  dans  ses  coffres  des  richesses 
auprès  desquelles  les  trésoi^  de  Ui'ésus  seraient  la 


pauvrelê  menu».  On  tes  estime  à  sept  millions 
seulenteni,  aussi  puissants,  grâce  ù  leur  or.  que 
Ictyt  le  reste  des  Imnnnes.  Parmi  ces  sept  millimis. 
fienuciiup  n'ont  de  juif  tpie  la  religiiui,  t'esiirit  île 
lucre,  les  défauts,  les  qualités,  les  nururs  des 
Israélites;  ils  onl  d'aulres  ori);iiies;  mais  aussi  il 
y  a  beaucoup  de  rlu'éllens  issus  vraiment  de  sang 
liéltrai(]iie. 

lïans  TAsie  orientale  grouille  la  race  jaune  ou 
mongtde.  plus  de  .%50  milliitns  d'Iittinnu's:  elle 
dispule  Tehqiire  ;'*  bi  blanrlii".  non  |iar  tm  géuie 
su[)érieuj'.  mais  par  U-  notiibiv,  la  s'igesse  priili(pie. 
la  longue  putience,  1»  modéra  lion  dans  le  4lésir:  idlc 
résiste  rîifeux  aux  climats  tro]»ieaux;  elle  donne  son 
travail  à  meilleur  prix,  et  parlout  elle  plaint  irioins 
siMi  ternpset  sa  peine.  Les  (Chinois,  [H*u)de  immens4* 
dont  liHis  les  anlres  Mongols  ne  sont  que  les  siilid- 
liles,  font  presque  le  tiers  de  la  race  1mm. dur. 

Le  reste,  Noirs  el  Négroïdes,  Malais,  Poluiésiens. 
Papouas,  IVaux-Hougcs.  soit  [dus  de  ilM)  milliiMis 
d'élres,  reconnaît,  de  lorce  on  de  gré,  le  lerrible 
ascendant  du  Itlanc. 

Les  Noii's  et  Négroïdes  babileut  l'Afriipie.  el 
aussi  rAinériqne,  mais  dt'pnis  trius  ou  qualn' 
siècles  seub'fjienl,  depuis  qu'on  les  y  a  tiMusptu- 
tés  à  millions  connue  esclaves,  les  fers  aux  pieds. 
à  fond  de  caln,  et,  auntessous,  l'Océan  pour  les 
récab'ilratjls,  b's  malades,  les  morts,  el  pour  tonte 
la  cargaison  quand  il  tallail  alléger  le  navire.  Ils 
n'utit  pas  la  force  de  combinaisoji  du  Hlanc,  la 
sagesse  tranquille  el  hilforicnse  du  Chinois;  mais  la 
gaieté,  la  joie  de  >ivre,  la  lioiilé,  I  extdiêraio'e,  lu 
fécomiilé,  la  résistance  au  soleiK  la  s;uj|é  dans  les 
marais,  lois  |irécienx,  leur  fjarantisscnt  une  longue 
durée.  l*ïits(pie  li'  passé  iT,!  pu  la  déhiiire,  lii  plus 
mnssacrée  des  races  n'a  désormais  rien  à  craindre. 
iK'Jf^  le  jdus  bel  euijiire  sous  le  swleil  des  vivants, 
te  Ilrésil,  irapjiarlfenl  ([ne  de  nom  aux  Portugais, 
hommes  de  race  blanche;  en  réalité  il  s'iunplîl 
surtout  de  Nègres  el  de  MulAlres  :  on  nunune 
ainsi  les  demi-sangH  issus  de  ralliance  du  llbmc  et 
du  Nègre. 

Les  Indiens  ou  Peaux-Uonges  d'Atnéricjue  s'ef- 
facent devant  les  Itlnncs;  leur  Siing  se  versii,  se 
versfî  encore  ii  (lois  dans  l'arlêre  des  nalions  cas- 
tillanoplumes  de  rAméii(pie,  «romme  le  sang  uoir 
dans  les  veines  des  [Irési liens.  Les  .Malais,  soumis 
aux  Enj'Opéens,  sont  envahis  [jar  les  (iliinois;  les 
Pupouas  lin  Mélanésiens  décroissent  ;  lospidynésiens 
ou  Cana(|ues,  après  avoir  tellement  diminué  (|u*on 
les  croyait  [)erdus,  se  reprennent  à  l'existence  cl 
peu  îi  peu  se  mêlent  aux  blancs.   Ils  sont  beaux, 


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lUcc  jaiuic.  —  Ovuiu  d'Eut;.  Dunuiid 


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LA    TERRE   A    VOL    lï  OISKAII. 


leurs  femmes  sont  lielles,  pt  cpUp  nllianrc  pourra 
donner  naissance  à  (ie  clinrmaiits  ïielils  poiijilt's 
in^^ulaires. 


Religions.  —  Li's  iKunnies  nrtissent  nu  sein  do 
sr>cii''U''s  tloiil  ils  a|iitrennriit  la  langue  sans  »vn 
tldulcr,  dont  Us  sïjiv*'nl  Li  religion  sans  l'avoir 
up|in>r«mili('.  Tel  M»lutnjf''lnii,  st"clnli*ur  fervent  4iij 
Dieu  rni^[ue,  auroil  encore  mieux  adoré  les  divi- 
nités du  l'.-iiitliéiiit  (It^  rinde;  tri  Hindou  (]ui  se  ï;ûi 
reraser  sous  leThnr  du  prlerinaj;'*',  rt;ùt  |iliil«U  né 
I»uur  eourlier  le  fronl  devant  l'Alïali  doiil  Maliouiel 
lui  le  prophète. 

•iOO  niillions  de  Thn-liens.  7  inillions  de  Juifs, 
175  millions  de  Musiiinians.  tïôO  millions  de  fioud- 
dhistes  et  BrHlinianistes,  2'20  millions  d'IdoliUi'es 
ou  Païens,  voilil,  ;\  très  peu  [>rrs,r»inMinMit  lesi'eli- 
giuns  se  distribuent  eulir  les  liubllanls  de  la  Terre. 


Continents  et  parties  du  monde.  —  Blonds 
filasse  ou  beaux  bruns,  rhitains.  dorés,  cuivrés, 
bronzés,  noirs  pâles  ou  noirs  cirés,  jaunes  ou  jau- 
nâtres, rougnrf  ou  ruu^eàires,  les  lioO  nnlliorts 
d'bonunes.  Aryas  *iu  nun,  chrétiens  nu  non.  n'iiabi- 
leul  pas  un  seul  et  même  bloc  de  terre. 

Ils  vivent  sur  deux  grands  socles.  sïU"  un  socle 
moindre,  et  sur  une  infinité  d'iles. 

Le  Siiv.U'  majeur,  c'est  l'aneion  rontiiienl.  lait  cfe 
trois  parties  du  monde  qui  se  reneontrent  sur  la 
Médileiranée.  La  masse  nnnparle  a  nom  l'Asie, 
qu\ui  dit,  sans  le  savoir,  le  berceau  des  hommes; 
u  celte  musse  tiennent,  du  cÔté  du  courhanl,  au 
nord  la  «  blnncbe  »  Kurope.  au  sud  1.»  n  noire  o 
Afrique.  1511  millions  d'iiinnnu's,  les  ir>/tii[e  la 
race,  y  demeurent  sur  plus  de  huit  iuillîards 
d'hectares. 


Ikvlnros. 
Asie».    .    .     4288  209  000 
Afrique..  .     2  982  525  000 
Europe.'..       9S3  500  000 


8  25  i  o:»1 000 


ll;)t)iUinl!^. 
771  15ÔO0O 
210  000  000 

r>30  000  000 

1511  ir»5Ô00 


Le  s>econd  grand  socle,  c'est  l'Amênque,  appelée 
par  nous  le  Nouveau  Monde.  Non  ([u'il  ait  sur^^i 
réeenntient  de  rabime  des  eaux  et  que  sous  nos 
yeux  il  ait  agrandi  de  près  d'un  tiers  le  domaine 
des  inaidrs  de  la  Terre;  mais,  après  u[>e  première 
découverli'  inconnue  des  peuples  de  l'Kurope,  foi-s 
des  Scandinaves,  qui    même   l'avaient  oubliée,  il 

t.  Sniis  les  ili^s  de  la  Sonde. 

2.  Sans  In  ?(ouvelle-icnilile,  île  |Kj|iiire. 


nous  fut  révélé  en  l'an  1402  :  par  un  Malien,  |ienl- 
étre  un  l^orse',  Christophe  Cobunb.  ^'uidant  h-i*is 
bateaux  d'Espagne  {1492).  bvu\  MUis-ronlinenIs 
le  forment  :  rAjnèri<[ue  du  Nord  et  l'Amérique  du 
Sud,  unies  par  un  [kivs  d'istlimes  dont  le  plus  cé- 
lèbre a  nom  Panama. 

Hcriarcs.  Uabilniil)» 

Amérique  du  Nord.     2  072  08 1 OOO         75  000  000 

Améri(jue  du  Suit.      I  77r>229  200        50  000 000 

5  847  515  800       105  000  000 

Le  socle  mineur,  c'est  l'aride  Australie,  nux 
trois  quarts  sables.  rtH's  et  cailloux  sans  eau. 
buissiiiis  pit|Uiints,  déserts  qui  reslenuït  déserts; 
ce  conlincnl  pauvre,  monotone  en  sa  nature  el  par 

SOS  bonunes,  car  il  n'est  [*eufdê  r|ue  d'juïglopbones. 
n'a  même  pas  l'èlendnr  d*'  Ifùn-ojie. 


Australie, 


769  r»72  flOO 


IhiliiniiHi*. 

2500  000 


Kn  réunissant  au  continent  d'Australie  une  inh- 
nilé  d'iles  éparses  dans  la  plus  ample  de  tonles 
les  nu*i's.onajinUe  à  l'Kurope,  à  lAsir,  ii  rAfrique. 
il  rAnn''rH|ue,  une  cinquième  partie  du  muiule, 
l'Hi-éanir,  qui  a'  près  «Jo  5-4  mitlituis  d'iummo-s 
sur  lOOrilOlOOO  brelares.  La  prin^ijialf  de  lontes 
ces  lies,  en  nn'm<'  temps  que  du  Globe  «Milier, 
avoisine  jusleruenl  ee  nuHiutre  dos  rotrlimnls  : 
ci'st  la  Nt»uvelle-(luitiée,  avec  SO  71C»<J00  Iieelares; 
viennenl  ensuite,  dans  la  nu^nie  irier,  Bornéo 
(73055000  hectares),  el,  près  de  rAfw4ftn^  aus- 
trale, la  longue  Madagasrar  (50  190400  lieetares). 


Océans.  Mers  et  terres  polaires.  —  Pour  les 
habitants  blancs,  jaunes  ou  iiuirs  «le  raneien 
continent,  le  soleil  se  lève  sur  la  première  des 
merïi,  le  Pacifique  ou  (irand  Océan;  il  se  couehe  sur 
un  Océan  moindre,  immense  pourtant,  l'Atlantique  ; 
celui-ri  sé[)are  l'Kurope -Afrique  de  rAinéj'ique 
orientahs  relni-lA  s'éjKmcbe  entre  l'Asie -(*céa- 
nie  et  l'Amérique  orrideutale  :  on  y  connaît  un 
gouffre  de  8515  mètres,  le  plus  ivrofioul  nn*suré 
just|u*à  re  jour.  Cet  ablrne  ne  niar<jue  poini, 
comme  on  pourrait  croire,  le  milieu  du  i'acilîque; 
il  se  creuse  au  contraire  assez  prés  du  rontinent 
d'Asie,  à  l'orient  des  Kouriles,  (pii  sont  une  tiainée 
de  volcans  entre  le   Japon  rt    le  KanUchalka.    Si 

1.  Oïl  prètead  que  Cliristophe  i;u]onib  natiiul  à  i^aWi,  non 

2,  En  y  conijiremint  raiTlii]iet  de  la  vSoude. 


Race  ruugv.  —  Dowin  de  A.  HU«ns,  d'après  une  photcignphie. 


LA   TERRE   A    VOL   Il'OISEAlI. 


l'on  y  jvUi'ii  lo  G<iurisiiiiknr.  ce  pic  suprême,  il  n'y 
ilJsjKiraifrnit  pns  jusqu'à  l:i  riniP,  il  se  vrrrnit 
tnirorv  smis  fiurtn*  (iuiu*  il*'  escarpro  «lomin.itit  1«'5 
Hols  di^  557  iiH'In's.  Les  laupini^rt's  de  la  'JV'itl' 
inonloraient  donc  plus  haut  <|Uo  ne  desct^ndenl  Ws 
Jt'ous  de  hï  Mor.  M.jis  s'il  t»st  pûssibl**  (jiio  lo  Chu- 
risîiuL'U"  ;iif  dtMTiîTP  lui  di's  somnifls  plus  fiers 
que  lui,  fl  csl  probable  tjurrOci^flu  a  des  piH^cipicos 
plus  neus  que  le  (^nvuffre  du  Tuscirorn.  .lirïsi 
nomruô  du  ii.ivirv  d'*)M  on  T.»  somb'  :  les  nntni.s  >e 
disfenirrit  et  se  mesurant  aisément,  tandis  qu'il 
f;jiil  lit'viiu'r  le  fond  <le  In  nier  et  eonipler  siii'  le 
h.'isiu'd  poui'  Iixmver  sa  fliilb^  <ia  îsi  dépression  bi 
plus  proloude. 

l/al)irne  du  Tusr.inn-i  dnubltr  à  peu  près  bi 
pri»iotid*'tjr  moyenne  des  nn'rs,  laquelle  est  eslinn-e 
à  4000  mètres.  Lji  Terre  précipilée  lout  entière 
d:ins  rOeéan  ginuque  n'en  élèverait  le  nivenu  que 
de  150  iriètrt^îî. 

Au  nord  liMpu  des  deux  tjninds  eontinenls,  .uj 
sud  elTîlè  do.  rAniérique,  an  sud  moins  pointu 
^^  de  rAfrique..  des  mers  froitb's  j^ardeiit,  au  se[v- 
li'nlrion  le  FVdo  arctique,  au  utidi  te  IMle  ;uU;ur- 
lique  contre  losenlrepri>es  des  liunnm^s:  ee  dernier 
plus  jalousement  encore  que  le  premier,  et  les 
marins  s'en  sinil  moins  :q»[ïrnehés;  vers  le  Pijle 
nord  ils  nul  nu  jien  dépassé  br  8i'"  de^ré  *b' 
latitude,  mais  l.i  nnu't  a  glacé  les  plus  hardis  de 
fes  \îobileiirs  de  l'élernel  sibniee  *,  Tout  se  taît 
sur  b:s  rbauips  |Hdiinvs,  siiuf  l'ours  bhuK',  quand  il 
marche  presque  sans  bruit  dans  le»  brunies,  sous 
la  pluie  cb'  neige  ou  le  pâle  soleil,  sauf  le  [(Inique 
loi"Sï|u'il  jiionge  pour  éelia[)[ier  îi  l'ours  ou  qu'il 
vient  respirer  à  la  surfaee  de  l'eau  dans  un  (rou 
,^  de   la  banquise.  La  glace  aussi,  glace  infinie  qui 

I.  Ainsi  sont  niorfî:,  cl  nn^me  so  sont  dévorés,  h  phijutvl 
de»  ïioiiinies   do    l'exiiédition  aiiiériiiaiiit'    mminaiidéo    [wo* 
\v  caiùtaiiie  Greely,  fglle  justement  qui  s'csi  le  plus  avancée 
«         vers  le  Vùïe. 


fuit  on  ne  sait  oti»  jusqu'au  Pôle  sans  doute,  est 
muette  les  trois  quarts  de  l'année,  lout  le  long  de 
la  nuit  polaire  et  dans  les  premières  semaines  du 
joui';  alors  elle  vibre,  elle  s'éloile»  elle  casse  et 
se  disperse  en  glaeous;  puis,  avant  même  que 
refornnienee  uru»  nuit  <te  plusieurs  mois  traversée 
rb'  lunes  èrlatantes,  le  Intid  lessaisil  l.i  mer  AiTli- 
ipje  et  la  mer  Antarrlique,  elles  redeviennent 
banquise»  et  sur  la  bantjuise  redescend  la  neige 
[joliiire. 

Ainsi  renaît  d'elle-même  la  glace  immortelle  de 
l'enlour  des  l'ôles,  r;i  et  là  rranqjomiée  à  (pielques 
Uiisérjildes  lenes  ; 

A  Jean  Mayeu,  seul  en  »an  blanc  désert; 

Au  Spitzberg  et  à  la  Novaia  Zemlia,  non  loin  de 
noire  Kurtq)e; 

A  la  Nouvelle-Sibérie; 

A  la  Terre  plus  que  désidée  de  François-Joseph; 

A  l'arehiprl  de  |;i  Jeannette,  réeemtneul  entrevu 
par  des  explorateuis  tle>tinés  ;i  la  mort  ^  : 

Au  dédale  iles  îles  perdues  entre  le  déli'oi!  de 
lîeringet  la  nier  groenlandaise,  le  long  «l'un  rivage 
êfernelleitieii!  erigt*urdi  de  l.t  |*iiiss;ni<e  du  l'.aninla; 

Au  Groenland,  giaïui  eoiniue  cinq  fois  la  Kianee. 
et  qui  n\i  iKis  titMtOO  honnnes,  peul-èlre  même 
pas  I.'jOOO  :  eru'ore  ne  vivent-ils  pas  du  sol,  mais 
du  phoque  et  du  |iofsson  dt'S  tiords. 

On  suppose  à  ces  terres  polaires,  presque  absolu- 
ment init»nnues,  surtout  dans  rhéinis[>bén'  du  Sud, 
une  éli'ïïdue  île   457  niilUous  «j'iierlares. 

Les  eaux  chaudes  des  Océans  tropicaux  a|>f)ellent 
iueessarnnient  les  froides  eaux  des  Océans  glaeés  : 
di'  b'i  iiJtissenl  les  etuirants  <les  luei^  et  les  courants 
des  ;ii]'s,  <iui  sont  les  sources  de  la  vie. 

r  r^pédifioii  du  cûpilnine  Pc  L*yt\^  :  !>tn*  troi»  Imlontu.  un 
seul  L'-t  rcuiui;  iiit  atiUv  soM  ]n?nlii  on  ne  saiï  ni  ini, 
tii  qtiandt  ni  nHiiiiiLMU;  Ir-^  Iininitu's  ilii  Irnmit'inn.  4-:i|^it:iino 
en  tète,  sonl  niorU  ite  ruiiu^  de  iroid^  dans  le  délia  de  lu 
Lena. 


EUROPE. 


17 


Lo  Caucase.  (Voy  p.  IH,  —  L>e>sin  Uo  Dlauchai-O. 


EUROPE 


Petitesse  de  TEurope.  Sa  supériorité  dans 
le  monde.  —  l/^Ar^^f^*^  rrni|iorh'  mit  rAusintlk' 
de  plus  de  dt'ui  niillidiis  du  kil(»riH'tiTs  caiivs, 
mais  elle  est  pivsejue  Irois  fuis  plus  [ieXlU*  qu*» 
rArri(|iii',  <|iKi!rr  (ois  plus  i[ur  rArm'ri(|ut'.  rjUidiT 
fois  l'I  tliMiiie  plus  que  l'Asie. 

Elle  il  bien  prt\s  d'un  milli^inl  ii'liprlrtrrs,  diKit 
di'u:i  tiers  en  |)laint>,  li*  reste  en  uioiils  e(  jd.'itr.na. 
La  pins  longue  ligne  qir^n  puisse  trnctT  sur  son 
lerriloire,  du  sud-ouesl  nu  luird-est,  du  proinon- 
tuiie  lusilfuiii'ti  di>  S.'iiiit-Vincent  ;iux  raps  russes 
qui  rn;iit{iu*nl  rr^lriMiiité  se|ihMilriouiile  do  TUu- 
nil,   ne  dépasse  ^uère  5500  kilomètres. 

Sur  ce  milliai'd  d'Iieclares,  le  lrèizi«>nie  ou  le 

0.  IIeci.i>.  La  Tumc  4  vul  b'uuiur. 


quntnr/ième   des  terros.  eWe  entretient   plus  du 

cinquième  des  liahitanls  du  Hlnhe.  et  eest  elle  rpii 
dotijie  au  monde  ses  p<k*les,  ses  rtrtisles.  sivs  in- 
ve*nteui-s.  se»  savants,  et  nussi  le  demi-niilliiMi  ou 
le  niillton  d'l)t)nirnt*s  jiar  an  ijtii  xont  porli*r  nit 
loin  les  langues  litlèi'aiivs.  L'Aniètitpu',  où  elle  >e 
nnïouvelle,  ne  tardera  pas  a  la  surpasser  en  ri- 
cltesst*.  el  Sjins  doute  en  eorriiptlori;  mais  on  peut 
rn»ire  (|ue  la  supériorité  île  i'iiiLrllij:iMiee,  d.in» 
le  sens  iihier  dti  mol,  restera  longtemps  encore 
a  rijn'0[ie,  et  aussi  in  supériorité  nior;ile  :  si, 
(■(MriMK*  tes  \inkees.  nous  disons  maintenant  : 
fl  tiloire  aux  riches!  Tout  \Ktr  dol  et  rommerre! 
(iagner  fumr  jouir!  i>.  il  setnUle  que  nous  en  ayouf^ 


18 


LA    TKURE    K   VOL    liOlSEAU. 


quelque  remords,  i^t  nous  ne  lo  crions  pas  li  tous 
l(?s  (^chos  avec  aut:iut  d';irr<>ganeo. 

CorniKinM»  ji  1;»  Frnnrc,  l'Europe  osl  di^-huit  ;'t 
djx-iu'uf  fois  plus  ^'r.'Midt'  cl  seul(*inenl,  liuil  ;>  inniF 
Fois  plus  (jiHiphV.  Le  tiors  oininm  do  son  aire, 
l'oupsl  **l  U'  r**itlit',  (li'|iuis  liMij^'triiips  rulonist^s. 
nlfondf*  et  ^ur.'tliuiifK*  *'[i  hoiruiii's.  jii.-iis  l(>s  deux 
f]uti*es  Liors  soiil  pris  par  la  SiMiutiniivic,  duul 
hi  rare  fiW-ond*'  ne  Irouvo  p;is  h  sï'paiidrc  sur 
un  doniaiiK'  que  ivsticignciil  If  fruid  du  Nord 
et  le  froid  du  Mont,  par  la  Turquie  el  la  Grèce  dé- 
rhuos»  enfin  pur  l'immense  Itussie.  plus  vasie  que 
lo  reste  de  TEui'upe.  sans  avoir  plus  du  quiul  des 
Européens. 


Comment  l'Europe  est  séparée  de  l'Asie.  — 

l'.ir  la  lUissie  ll^urope  tient  à  l'Asie,  dont  elle 
Tonne  une  presqu'île;  mais,  dans  le  reeul  des 
vieux  âges,  l'Europe  occidentale  et  ceiitr.ile  (la 
véritable  Europe)  était  séparée  du  conlinenl  londa- 
mental  par  des  eaux  salées  all.inl  de  l'océan  Glacial 
k  \t\  mer  Noire  et  à  la  Caspienne  :  les  l.ics,  les  ma* 
rais,  les  rivières  molles  de  la  Petite-Russie  et  cer- 
laincs  fondrières  .lu  nord  du  Caucase  indiquent  où 
s'agitaient  ces  Ilots  disparus. 

L'Oural  est  une  cliaiiie  hasse  avec  des  eols  fa- 
ciles. Lesliuss*»s  n'en  lientient  pas  eonipte,  ils  n'en 
font  pHS  la  borne  orient^de  de  bMir  p«iys  :  pour  eux, 
il  n*y  a  ni  Uussîe  d'Europ<*  ni  Itussie  d'Asie,  niais, 
au  levant  roinnie  ^ui  ronrJi.-itil  de  l'ttuia),  une  seule 
patrie  russe;  le  gouvernenuMit  de  tVrrn,  dont  bi 
tuasse  est  en  Europe,  ejtipièle  par  près  do  1C  mil- 
lions d'iieetiires  sui"  le  bassin  de  lllbi,  fleuve  asîa- 
li(iue,  el  il  en  esl  de  même  des  ^'onvri'nemenls 
d'tjula  el  d*Orejd»our'g.  Mids,  puisqu'il  faut  dresser 
une  barrière  à  l'est  de  la  terre  eunqtéenne,  l'Ou- 
ral est  le  seul  obslaele  b*vé  |Kir  la  nature  entre  la 
plate  Russie  el  la  Sîljérie  plate.  Nos  a[ieélres,  moins 
généreux,  faisaient  commencer  l'Asie  au  fleuve 
Don  ;  ((  L'Eunqie,  dit  le  Canioens,  louelie  a  TAsie 
du  rtîlé  où  iKiil  le  soleil;  clb'  en  esl  sép.irée.par  la 
\vfHi\r  et  tortueuse  rivière  f|ui  des  nunils  Ripbées 
eourl  au  lae  Méotide.  ii 

Au  sud  tie  ronral,  et  jusqu'au  Cauease,  dniis  les 
steppes  des  Kirf,diises,  aux  bourbes  de  l'Oural  et 
de  In  Voign,  sur  bi  mor  t];ispiemie,  aucun  relief 
ne  nnirque  distiiietenieiit  bî  dîvojTe  de  res  deux 
parties  du  monde.  iKins  les  parages  orientaux  îillri- 
bués  par  l'usn-:e  à  l'Asie,  le  rlimal,  les  lieux,  les 
plantes,  les  hommes  ressembleiit  idenlîquejnenl 
aux  bonimes.aux  piaules,  aux  lii-ux,  auclintat  que 
inonlie  à  l'ocerdent  In  terre  dite  euro[téenne.  l'nr 


celli'  birye  jMirte  naturelle  gra,nd'ouverle  entre  le 
dernières  collines  ouraliennesetles  premiers  avniil- 
mtuds  du  Cauease.  |Missèrenl  de  buil  lemps  des 
btu'des  conquérantes,  oura^'ans  de  centaures  habi- 
tués de  jH're  en  (ils  par  une  lonjfue  durée  de  j^éni^ 
rations  à  courir  briile  abattue  dans  le  steppe,  sur 
des  chevaux  a<^uerris  contre  le  dés*'rt,  la  faim. 
la  soif,  1.1  glare,  le  stdeil,  rt»raf;e  rt  b*s  vents 
rliiir^'és  de  s;dde.  Jusqu'aux  Mongids.  des  niarées 
liuinaines  débordèn'nl  d'Asie  en  Europe  par 
cette  ample  écbancrui-e  entre  l'Orient  el  l'Occi- 
dent. C'ébiit  le  flux,  m.iiidenant  c'rsl  li*  rellux  : 
les  H usst»s,  surtout  les  Cosaques,  autres  ceiil.ruri'S, 
s'épanchent  .lujoui'dluii  par  là  dans  l'Asie  cetitiab*. 
el   derrière    ces  conquérants    il    y   a    des   colons. 

Des  inouïs  Oural  au  Cjiucase  on  a  pris  ptnir  borne 
la  rivière  IMn-aK  alRuent  de  la  Caspienne:  puis,  à 
partir  des  bouches  de  rilural,  com*s  d'eau  qui 
s'en  va  l/irissant.  le  lac  Qispien  jumjuVi  la  pivs- 
qu'île  irAjJchéron.  fameuse  [i;ir  si>s  sources  de 
naplite  et  ses  lan^^ues  de  flamme  que  révèrent  les 
Guébres,  adorateurs  du  Feu, 

De  la  pres<|u'ile  d'Apcbéron  aux  lames  qui  bras- 
sent la  nter  d*Az<tf  avec  la  irn*r  Noire,  le  (iaucase, 
envulu  par  les  paysans  russes,  ffcrcc  de  ses  pointes 
argentées  tantiM  l'étber  Iricide,  tantôt  des  nuées 
ram[Kinles  pesant  au  rnocl  sur  l'Europe,  au  midi 
sur  l'Asie  :  son  [lic  ntajeur,  l'Elbrous,  a  5016  mè- 
tres: 838  do  plus  que  le  M*iiif-llbïnc. 

Après  le  Caucase.  rEniope  jfa  devant  elle  que 
d*'S  fl4tlt*  ainei*s  :  l*oi*t-Euxiu  ou  mer  Noire;  Itos- 
pbore;  mer  de  Marmara,  Jadis  Preqionlide:  Darda- 
nelles, qui  se  nommèrent  Hellespont;  ArcIii|w*J  : 
g-rands  l.ics  nu  chenaux  étroits  qui  rétlècliissent  à 
In  fois  nus  pnMtionloires  el  les  caps  de  l'Asie.  Le 
dernier  de  ces  bassins  et  rie  ces  goulots  d'eau 
s<'ilée,  rArclii|M'l,  s'ouvre  >ur  la  Méditerranée. 
Celle-ci,  (ille  de  rA!tla]iliqu<',  sépnre  l'Europe  Méri 
dîonale  de  l'Afriïjue  du  Nonl. 


Les  deux  Europes  :  la  continentale  et  la 
péninsulaire.  Vents  du  Sud-Ouest.  —  <jtie  des 
lieux  où  le  lïosplnire  asjiice  les  cïujx  de  la  mer 
Noire,  oïi  lire  une  ligni^  sur  Kœnigsberfj,  ville  de 
IVusse  ;  puis,  de  Kaniif^sber^'.  une  nuln»  lif;ne  vers 
le  bourf^  Scandinave  de  Ibimtnerrest,  asse?.  avarteê 
vers  le  nord  pour  qu'il  ait  des  jours  et  des  nuils 
de  deux  mois  :  ce  faisant,  on  divise  notre  [larlii' 
du  niiïiide  eji  lUnn  Eiij"o[jes  singulièrement  {UïU'- 
rentes  :  à  l'orient,  la  contineulale;  à  ruccidt^il,  la 
péiiinsulaii'e. 


EUROKK. 


fj) 


I/Kurrtpe  oriciilale,  Russio  el  Pologne  avor  parts 
irAIlt'TD.i^io  el  (l'Aulncho,  ressemble  a  l'Asie 
du  \onl  et  (lu  Centre  |Kïr  les  |>ro[H)rtii>ns  iu«ssiv*>s. 
rimiiiensilô  des  pinines,  le  s«iiis-pfn(e  du  sol,  la 
longueur  des  riviAres,  la  violenee  du  cliniiil  eliielie 
en  pluies.  Les  profondes  forets  du  Nord  ne  sou- 
raieut  «ibriler  In  llussie  des  vents  malfaisants  du 
Pdle,  et  rOurai,  qui  monterait  à  peine  ù  nu-flAnc 
des  Ryn^nées.  ne  la  garde  pas  de  ceux  de  TEsl, 
venus  de  la  Sibérie.  Celle  Sibérie,  l'océan  Clacial, 
l'èloiguemcnt  des  mers  tiêdes  d'où  soufflent  les 
vents  de  pluie  douée,  livrent,  même  dans  le  Sud. 
luette  plaine  à  des  fiHiids  inouïs,  i|ue  suivent,  même 
daus  le  liaut  Nord,  de  très  lounles  chaleurs. 

rialf,  très  peu  p«*»uétrée  fwir  la  mer,  éloufTanle 
ou  glaeér  lout  enlièrc.  de  l'aurure  au  eourlinnt.  du 
septentrion  au  midi,  tantôt  forêt  et  toujoui-s  furet. 
lant<\l  stepfK»  el  toujours  steppe,  l'Europe'  orient^de 
a  |>our  caractère  la  monotonie.  C'est  gn^ee  â 
retendue  de  celle  région  si  plane  *'l  si  basse  que 
TEuiHipe  n'a  que  "291  mètres  d'alitlude  moyenne, 
malgré  sa  Scandinavie,  ses  Carpates,  ses  Balkans, 
ses  Alpes,  ses  A|»emuns,  son  Auvergne,  son  grand 
plateau  de  Castille  et  d'Estrémailure.  lia  Corsi*.  sa 
Sardaigne,  sa  Sicile  el  son  ile  de  Crête. 

be  lest  ;\  l'ouest  et  du  nord  au  sud.  avec  lunélio- 
raliou  dans  ces  deui  s<*ns,  Ia  plaine  russe  réclame 
la  moitié  de  l'Europe.  L'homme  n'y  varie  guère 
plus  que  la  n.ilure,  et.  à  |Kirt  des  triitus  lur({ues  et 
iîiuiuises,  si*s  habît^ints  sont  tous  des  Slaves  plus 
ou  moins  purs,  plus  ou  moins  nièlès  aux  races 
qu'ils  recouvrent.  Les  Polonais  y  furent  |jendant 
des  siècles  les  plus  puiss«iitls  des  Sbnes;  retloulés 
des  Crands-Uusses,  alors  f»iblt*s  et  obscurs,  ils 
commandaient  aux  Pelits-Russi's.  nntion  nombreuse 
que  la  Lithuanio  avait  ap(M»rlée  en  dot  à  la  Polo- 
gne quand  elle  maria  ses  destinées  à  celles  du 
peuple  de  la  Vistule  vers  le  conmieDc«nient  du 
quatorzième  siècle.  M.'iis  peu  h  pmi  cntissait  d.ins 
Test,  au  centiv  de  la  plaine,  la  féconde  nation  des 
Grands-ltusscs  :  r«»space  él;iil  devant  elle,  d'Iiiinzon 
en  horizon.  pres<|ue  sans  l>omes;  elle  devint  la 
plus  forte  fianni  si*s  sieurs,  el,  de  conquête  en 
conquête,  la  voil.i  nipprochée  de  la  France?  autant 
que  Paris  de  Uarcclone.  De  la  Suède  à  h  Cliino. 
4le  la  mer  Glaciale  aux  monts  d'Arménie,  de  la 
rivière  qui  porti  le  radeau  de  Tilsil  aux  deux 
fleuves  qui  roulent  du  Toil  du  Uonde,  la  Itussie 
est  le  sixièriic  du  Globe. 

lue  pnivince  de  la  Russie,  la  Finlande,  large 
isthme  aux  Lies  d'eau  sombre  entourés  de  s.-qMns, 
unit  la  grindi*  plaine  rontinenL-ile  à  la  Scandinavie. 


Par  son  iittoral  merveilleusenienl  ouvr.igè  que 
la  mer  coup  et  découpe,  pur  son  climat  plus 
doux  il  liiiuleurs  égales  que  relui  des  |>ays  de 
même  l.'ititude,  la  Scandinavie  ressemble  à  l'Eu- 
rope occidentale  ou  péninsulaire,  c^ir  c'est  jusb»- 
nient  la  splendide  indentition  des  côtes  qui  dis- 
lingue en  Kuro|H»  l'Ck-cideul  frangé  de  l'Orient 
massif.  Aucun  grand  lambeau  du  Glol>e  n'est  mieux 
marié,  mieux  mèlè  à  l'eau  marine,  cl  pas  un  lieu 
de  rintériejr  ne  s'y  trouve  plus  éloigne  de  la  mer 
que  Paris  de  Mai-seille. 

Aussi  l'Europe  ocridenlale  prime-t-elb'  toute 
autn»  région  par  h  bénignité  comiuiralive  de  ses 
climats.  Les  mêmes  latitudes  passent  sur  la  Nor- 
vège où  les  moutons  couchent  dehors  en  hiver»  el 
sur  le  Groenland  qui  n'est  qu'un  glacier  d**  pbteau 
plis  entre  des  glaces  niurines;  sur  l'Irlande  où 
l.i  différenre  enin'  le  mois  le  plusclinud  et  le  mois 
le  plus  froid  n'est  que  de  15  degrés,  et  sur  la 
Sibérie  d'Irkoulsk  où  ce  même  ècarl  est  de  57  à 
t}H  degrés;  sur  Paris,  humide  plutiM  que  froid,  cl 
sur  Québec  où  le  rnerciire  |x'ut  geler;  >ur  Menton, 
qui  a  di's  pahiiiei's.  et  sur  la  rive  de  Manichouric/ 
qui  (Kjrle  âH  sapins  souvent  changés  de  neige. 

I)i*s  deux  mers  qui  liaignent  l'Europe  pénin- 
sulaire, celle  de  loiiesl  el  du  nord,  I  Allnnlique. 
est  silbmuée  pr  un  courant  d'une  IcuqiéiTiture  di* 
plusieurs  degrés  supérieure  «i  la  chaleur  des  cou- 
ches d'e;in  qu'il  fend,  par  le  courant  du  Golfe,  le 
Gullstream  des  Anglais  el  des  Yankees.  (>  grand 
mouvement  de  flots,  dont  on  avait  singulièrenieot 
exagéré  la  puissann-,  sort  drsmrrs  équaloriates  du 
Bi*èsil  ;  il  reçoit  Ir  courant  de  la  mer  du  Mexique 
et  des  Antilles,  Mèdilermnée  américaine  qui,  elle 
aussi,  est  une  éluve,  el  longe  d'abtjrd  à  quelque 
distince  le  litti»ral  di's  ÉLll*i-l'ni^;  puis,  dans  les 
parages  de  Terre-Neu\e,  il  tounie  vor»  rorieat  et, 
franeliissiuit  tout**  l'Atlantique,  va  jeter  son  fleuve 
d'eau  tiédi»  contre  nos  rivngt's.  du  Portugal  à  la 
Li[»onie.  La  mer  <lu  Midi,  qui  est  la  Méditerranée 
d'Europe,  n*a  point  part  au  counmt  du  golfe, 
mais,  prolégée  des  venta  du  Nord  par  b's  Céven- 
nés,  les  Al|»es  el  les  monb  de  la  presqu'île  illvri- 
que,  elle  s'étale  \ulu(ftuHus4*nient  aux  vents  du  Suif. 

Ainsi,  des  mers  chauih^  baignent  l'Europe  occi- 
dentalf.  et  de  l.i  plus  vaste  soufnenl  pre*<|ue  loub* 
l'année,  par  un  heureux  privilège,  les  venls  du 
Sud-Ouest  el  de  l'Ouest,  auxquels  nous  devons  un 
doux  cliinal  asseï  rayé  de  pluies  pour  donniT  au 
«d  une  fécondil*'*  qu'il  ne  tirerait  pas  de  son  (>àle 
soleil.  Pour  parler  comme  les  l*atin.H.  nmts  de- 
vons  lout  é  Zèphyre.  qui   est    l«*   vrni  de  l'Occi- 


La  Plain«  russe  :  Stoppe  tlu  Ilnii'per.  —  Dessin  de  Laoeelot,  d'apr^&  une  photographie. 


•> 


t 


Au tn*  ni IV  nvîrnlnjLjr,  le  sol  de  !'Kiini[KM)Cfîd<'n- 
l^de  est  lianiuMiicuM'rneiil  distribue.  Tout  s'y  fait 
êquililm»,  plaints,  vallées,  [ihikMux,  iiioiiLi^^ncs, 
laudis  i]ut*  l'Kuropt:  nj-iculnlc  psl  toulf  on  jdtùtic  el 
t'ii  ste|>[K'.  bi  niiiiitirnriUido  Asie  a  (nip  de  Imuls 
plaleaui  fruids;  rAfrlimo,  tra|»  de  dt^stnis  et  ]>îts 
de  ^rauds  lleuv^^s  ft;usil>li's;  rAiiu*»ri(|ut",  trop  ilo 
savfuitîs,  de  Ihuios,  di'  pampas,  phiim-s  livs  sêclies 
ou  très   liurriidos;  enlln  l'Australif.  Irop  peu   do 

i.  Tctiurem  ritjidam  UoreA  ëpirantr  movrri.  (Vwcruî.) 


[(Iiiii\  lr*»p  pi^tj  de  rivièfvs,  trnp  peu  ilt*  iiuuils  t»t, 
rturiuu^  aussi  rAlriqut%  peu  de  gulfes  êufoucès, 
de  péiiiusules  proluhêranlea. 


Montagnes  de  TCurope,  Les  Alpes  et  leurs 
frimas  étemels.  ~  LesiuoDt^gueïiles  plus  chères 
à  riiui^ope  sont  l*^s  Alpes,  parre  qu'elles  siuïl  les 
plus  Indles  *^t  qu'il  en  desiierul  le  plus  d'eîiu 
vivifiaiiteg.  L*Oural  ne  darde  aucuu  pic  luirdi  dans 
les  cieux  :  au  nord,  il  s'allaisse  obscurrjuenl  sur 


il*»s  |>laines  polaiivs  où  vmii  fi  vi<'nrn*nt  des  lioin- 
nit>$  nains;  au  mid,  il  se  [)cr(l  isur  île»  .steppes  mal- 
liomvuxoii  dos  tviYfilï«M>  Ijaiimiv.s  proïii»'iunit  leurs 
(imjU's  di»  fi'ulre,  où  \v  l'und  puliiiiv.  Li  rlLili-ur 
hnilah*  el  l**s  venl.s  siu\aL;fs  ont  l4)iirà  tour  l'tMri- 
pijr  rt  lu*  laissent  aucune  place  à  la  tiôde  s'iîson 
dans  le  cycle  clirnellonient  renouvelé  des  années. 
Le  Caucase  est  plus  li.nit  ipie  les  Alpes,  mais 


est-ce  bien  une  chaint»  européenne?  S'il  se  cabre 
entre  rKurojwîel  l'Asie,  cVsl  surtout  A  l'Asie  qu'il 
lient,  par  les  monts  et  les  plateaux  qui  d'Anuéiiie 
s'en  vont  en  Asii-  Mineure  et  en  Tei-se  :  de  ï'Eu- 
n>iK' il  ne  voit  que  des  plaiin*s  qui  lureiil  une  mer 
entiv  les  deux  paities  du  niniHl»'. 

Les  collines  iiisses  n'ont  rtrn  de  U  vraie  iiionla- 
fiue,  ni  l'altitude,  ni  les  glaciers,  ni  les  lorit'nts  : 


MunlAtïaeft  niiiyffnni^ .  It^  Yois^s.  (Voy.  p.  f  l.j  —  Octûii  de  Tiylor,  d'âpre  uac  photosrapbic  de  M   roijlpt. 


|M>urt;int  de  (grands  fletives  y  unissent,  Voli^a,  iKni, 
l>niêper.  I)\iiia.  >eva,  Duna;  puis  ils  coulent  vei's 
quatre  mers,  deux  au  nord,  deux  au  sud,  dïins  les 
pins,  les  s;q»ins,  les  hoiileaus,  forêts  tristes. 

Aux  monts  Scandinaves  les  rasea<les  si  hautes 
qu'elles  sendilent  Unnber  du  ciel,  les  neiges  d^ 
pnssant  l'Iiori/on,  les  lacs  sombres  a vtH*  des  sipins 
et  des  mousses;  sur  lestiords  norvégiens  il  y  »  des 
sites  aussi  grandioses  (|u'en  Suisse,  en  Tirol,  «mi 
Savoie,  mais  il  faudrait  presque  empiler  les  den\ 


premit*rs  sommets  de  la  Scandinavie  fKiur  faire 
Qii  rival  au  roi  des  Alpes:  puis,  ces  niontugnes, 
entassées  dans  une  presqu'île,  S4»nt  lu  vie  de  cette 
presiprih'  seule,  et  tiiin  pas  celliî  de  rKump, 

Les  peuples  nombreux  assis  autour  destiar}>ate3 
ont  laissé  jusqu'à  ce  Jour  bien  des  forùts  k  la  naluiv 
vierge  dans  cette  longue  chaîne  en  demi-cercle  : 
INilonJiis,  Allemands,  IVhéques,  Slovaques.  Ku- 
th^nes.  Hongrois,  Sékiens  ou  Sicules,  Houmains 
trafisylvnius,  moldaves  et   valaques  y   boivent   les 


34 


l\   TEKÏIE    A    VOL    îrOTSKAlT. 


sources  de  iiiilh*  lorronls,  pèros  du  Dnieslor,  d*»  la 
Vislule,  dv  l'UdiM*,  dt*s  rivièn»s  iiKi*j:yai't's  el  rou- 
iji.'iiiics.  Mais,  ni:ilo;iv  leurs  2-4  niilliniis  iIMutIjuvs» 
ni.ïl^ir  ivur  |wiil;i^o  i*ntip  di\  luifiiiiis  afijiiutetï.uit 
;i  tni.ilro  nices,  ni.'dgrt'  leur  Tîilm  siiiiv.'i;^!*,  niidj^ré 
leut*s  bdis,  k'urs  riviôros,  rescîir|if'Hient  di»  leurs 
llmirs  et  l:i  hauteur  de  leur  fronton,  les  Cflr|);iteîi 
ne  BUDt  pit^  les  Alpes;  il  leur  tn.niqut*  li*s  glariers. 


les  grtHuls  lacs  f»!  Inllilude  :  comme  en  Sc.indi- 
imvie.oii  n'y  pourrail  ilie^ser  un  pic  ^gal  au  Monl- 
lîlanc  qu'en  yjurhanl  Télion  sur  Ossa. 

Les  monts  ^iflerii^nids.  les  Ynsjï<'s,  le  Juni,  fameux 
pnr  ^es  rltises.  les  Monts  Fri(ri(;:iis,  les  ^'ii)lH)siU^ 
do  In  4^rande-ltret;t^'ne  ii'otil  tpi'tine  vertu  locide; 
ils  font  le  ivlief  de  quehjues  |»rovinces,  ils  allai- 
tent des  rivières,  ils  servent  d'asile  à  des  peuplades 


Cm-  clust'  du  Jura,  sur  1»»  iH^ubs.  (Voy.  p.  tl.)  —  DpskJii  li*-  Th.  Vn-Ucr,  il'apKb  une  photographie. 


qui  gardent  Tiintique  rustieité  pli'ine  de  sève,  ef 
[lat'fiïis  les  langues  de  jadis,  iruiis  nul  de  leui-s 
massifs  ne  luit  de  neiges  assez  hautes  jK)ur  braver 
rêlé,  nul  pie  n'y  ininile  à  2ÔO0  mèlres, 

Les  l-raneais  <le  l'eiili-e-deni-Mers  qui  va  de 
Dnyonne  h  Port-Vcndres,  les  Basques,  les  Catalans, 
les  Espar;nols  de  rAra«:i)n,  des  Asinries,  de  la 
Vieille-Caslîlle,  du  ri>yiiuuie  de  Léon  el  les  demi- 
Portufrais  de  la  (ialice  sont  (lers  de  la  grandeur 
do  leurs  Pyrénées.  Mais  ce  mur  aérien  hérisse  en 


vain  riinr*i/iHi  de  pi(*s  hlancs  et  de  pynunides 
UJeues;  en  vain  il  séf>inv  d^'ux  soleils,  deux  aii^, 
deux  climats,  deux  nJiInres:  frontit^i-e  immuable 
entre  rKs[»a;;ine  el  ta  Franee,  il  a  beau  jeter  d!*s 
torrents  vei'ls  à  deux  peuj>les  el  vei'ser  (|Lialre 
fleuves,  la  liaronne,  l'Adour.  l'Èbre,  Je  Mrnlio,  les 
Pyrénées  n'onl  de  valeur-  t]w^  pour  les  Kspa^mols 
el  les  Kraneais,  el  tous  leurs  loj'i'enls  ensendïle 
ne  reliaient  qu'un  ruisseau  auprès  delà  rivière  qui 
boirail  Loules  les  eaux  des  Alpes. 


— J  EUROPK. 


n 


Les  monts  d'Ibi'Tie,  emprisonnés  dans  leur  pê- 
nînsuli',  ne  sont  rien  ou  |>eu  de  chose  dans  la  vie 
de  l'Kurope,  mt^me  la  sicrrn  Nevada,  plus  haute 
que  les  Pyrénées.  On  a  coupé  leurs  l'oréls,  ils 
n'onl  plus  assez  de  sources  pour  remplir  leurs 
fleuvos,  ils  allèrent  et  durcissent  l'Ksjviprne 
centrale  en  la  sevrant  des  vents  de  la  mer.  Les 
Api*nnins  d'Italie   sont    beaux,   ils  flottent    dans 


un  air  diaphane ,  mais  ils  ne  dépassent  \taà 
leur  étroite  presqu'île,  et  Icui-s  télés  les  plus 
or^'ueilleusi'S  ne  vont  qu'à  la  p«Mlrine  <les  grands 
monts  alpestres.  L'Etna,  superbe  nionlai;ne,  n'om- 
brage qu'un  lamlM^au  de  rivage  dans  une  ile; 
enlin  les  eliaines  de  la  Turquie  et  de  la  (iréce 
ne  portent  priii»l  de  glaciers,  et  si  les  Ik'llènes 
tirent   de    l'Olympe   tliess;ilien     la    demeui'e   des 


Les  Alpes  :  cbaiiie  du  Moot-Btanc.  —  Dossîa  de  Taflar,  d'apri»  une  plioUiçrafiliie  tic  H.  Draua. 


di**n\,   c'est  qu'ils  ne   connaissaient   pas    l'Occi- 
deul. 

Les  Alpes,  elle^,  s'épanouissent  sur  250  000  ki- 
lomètres carrés,  et  leurs  pesants  placiers  couvrent 
des  centaines  de  milliers  d'hectares  en  Suisse. 
en  Allemagne,  en  Aali'iche,  en  Italie,  en  France. 
f>U  |>ied  de  ces  pla<*iiM^  fuient  des  raiis  troubles 
qui  mènent  leur  bourlie  à  des  lacs  dont  elles  res- 
scu'lent  bleues uu  vertes:  ainsi  se  forment  nos  plus 
fameux  fleuves,  le  Rhia,  l«  Hh6ue.  le  Vi%,  c\  quatre 


grande?  branches  du  jErrand  fhnube.  Tlsar,  l'hui,  la 
iM'avCp  la  .Save.  Voilà  conmient  les  Alpe4>  étendent 
leur  pouvoir  jus<|u'aux  bouts  de  l'Eumpe.  jusqu'à  la 
mer  du  Nord,  à  la  Méditerranée.  U  la  mer  .\oire. 
tVi'st  suc  leurs  pics  <|ue  les  Occidentaux  l>«)ivent 
l'air  le  plus  pur.  dans  leurs  déserts  suprêmes 
qu'ils  vont  fouler  les  neiges  les  phis  bhinciits. 

Le  <)iiarl  des  eaux  vives  dt*  rKunqH;  descend  de 
ces  monti(pies,  dont  la  plus  lière  est  le  Cer\in,  la 
plus  haute  le  Mont-Blanc,  qui  se  lève  à  i8i0  mè- 

4 


.A    TKRRK    A    VOL    irOiSEAl  , 


1res,  au-dessus  d'environ  30  000  luTlares  de  gla- 
ces éternullos;  sans  quitter  la  Savoie,  où  il  se 
dresse,  la  T:irenfaise  el  h  Maurictuîi'  smif  tlt.itlô- 
mêes  de  glaciers  qui  toinicnf  risrre;  «liris  If 
Dauphiné,  le  Pelvoux  ]>iirl;ïge  d'iniriienses  jîlaces 
entre  Usère  el  la  iMuniiee;  en  Suisse,  le  Monl- 
Hose,  rival  du  MoiiL-lîl.tiic,  iiulitie  ses  névés  el 
ses  gladei's  cuire  la  gorge  du  IUi6nc  el  la  phinc 
duPiV;  r*lln'rljiml  beriuiis  é[>.iiK-lie  les  siens  vei-s 
le  lîlit^n<'  rï  leltlïin;  le  Saiiil-lititliard  vi'i-s  le  lïhin, 
le  Hhône  et  le  l'^^;  le  llernina  fournit  Tlnn;  en  Au- 
triche, rŒlzlhalet  leSlulKiier.  l'Urtler,  les  llauls- 
Tauern  ont  ;iussi  leurs  mers  ile  glace, 

(I  Voyez  relie  rrine  dans  l'air  clair  el  suhlinie, 
sur  un  Irône  ini[)érissable;  à  son  iront  brille  une 
couronne  de  diamants  nrigiijue;  le  soleil  lui  lance 
les  nèclu*s  df  la  lutniî're,  mais  ces  lléclies  la  dorent 
et  ne  ta  iV4"haidTeiil  pas*!  n  lïes  pics  alpins  sans 
nombre  ont  droil  ùceelianl  du  poète,  car  la  limite 
inrêi'ienre  des  neijivs  persê\érantes  se  lient  dans 
les  Alpes  entre  2.j00  et  50UO  inélres.  altilude  que 
dé].>Hssenl  une  infinité  de  di^nies,  de  pointe»,  de 
cornes,  d'arêles,  d'écueils  sondircs  dnns  b'S  névés 
d(H»t  le  sideil  (tu  soir  rtin;^it  d*^  rose  la  hlunrheiu' 
vierge  ;  on  se  lasse  même  «-i  nommer  les  pies  de 
plus  ele  4000  niMj'es  :  la  Mnl.idetla,  la  prennèpe 
dt's  Tyrénées,  monte  à  I  400  niélivs  de  moins  que 
le  Moiii-ltlaiic;  or,  1  iOO  mètres,  c'est  presque  la 
hauteur  du  l*uy-de-I)6me,  volcan  Trancaisïpii  passait 
chez  les  Auverji;nals  pmii*  te  sonnnel  du  monde  : 
fl  Si  Ih^ineél.'til  sur  Ik^me.  disaifiif-ils,  on  veinait  tes 
portes  de  Home,  n  8  à  'J  millions  d'hunuiins 
vivent  dans  les  Alpes  :  un  grandi  liers  parle  aHe- 
niand,  un  ^r:md  quart  itali>Mt,  un  antre  bun  quart 
frauvais,  plus  d'un  dixiènre  use  du  slovène,  idiome 
slave;  un  quarante-cinquième  a  pour  langue  le 
frioulîn,  dialecte  italien  ;  un  cent-qualrt*  vinj^t- 
deu\iéme  le  roumanche  cl  le  ladîu,  patois  assez 
sctnblnbles^  ceux  de  notre  Midi. 

Parmi  les  fleuves  européens,  le  plus  long,  dans 
le  bassin  le  jdus  vaste,  est  lui  courant  russe,  la 
Volga;  mais  ce  bassin  de  1  459  OOD  kilomètres  car- 
rés, prescjne  é^al  h  trois  France,  est  sans  ^daciei*s, 
purement  eojilineiital,  |iar  conséquent  jtanvre  en 
pluies  :  aussi  la  grande  rivière  slave  rimle-t-elle 
beaucoup  moins  d'eau  que  le  Danube,  et  cependant 
le  fleuve  alletii;md-|jon^niis-slave-rouniain  nï'coule 
qui'  81  7000  kilumèlres  canvs.  Le  plus  pui'  de  tous 
est  la  Neva,  Sainl-Laureiil  de  ï'Europe,  i\ue  clftri- 
f ''nt  les  maîtres  lacs  de  Jlussîe,  l'Onega  et  le  La- 

i.  Le  jioéte,  un  AlUMiinml ,  iinrle  iri  de  In  Viciée  ou 
Junt'A'au,  mont  splomlide,  diUis  ]'atH*t'l.-iiid  bernois. 


doga.  Le  Rhin,  beau  el  célèhre.est  1res  grand  poiir 
retendue  de  stm  bassin,  qui  n'a  pas  20  millions 
d'hectares.  l'Ius  abonriauls  cnnire,  en  prn[>«ïrlion 
de  l'aiie  dont  ils  emportent  le  tnbnl  ii  la  mer.  sont 
le  hhôuo  des  Français,  qui  n'pg(Mitle  pas  !0  mil- 
liims  d'hectares,  el  le  Vu  des  lluliens,  qui  n'eu 
éconli'  qui'  7  500000. 

Tanni  h^  cours  d'eau  qu'on  est  convenu  d'app»der 
rivières,  par  opposition  aui  fleuves,  c'est-à-dire 
parmi  ceux  qui  ne  voni  pas  ilin-cfcment  h  la  mer, 
le  premier  est  la  Kama,  aflluent  de  la  Vol;;a,  et  en 
réalilé  sa  br.niche  mère  :  son  bassin  1^125  (MM)  kibi- 
mèlres  carrés)  vaut  preMjue  oxaclemeni  la  France; 
l'Okti,  autre  hibtjtaire.  aulrc  briinclie  mère  de  h 
Vuli^a,  recueille  les  eaux  de  plus  de  2\  milhoM> 
d'hectares. 


L«s  Européens  :  Latins,  Saxons  et  Slaves. 
Les  cinq  langues  majeures.  —  Ainsi  faite,  com- 
ment s'étonner  que  rKnro[»c  péninsulaliv.  le  tren- 
Ifèuie  à  peine  du  (ibdie,  jMirle  plus  du  cinquième 
de  In  race  humaine?  Si*s  550  millions  d'Iiabitants 
s'accroissent  très  vile,  malgré  les  ronjî«'nirnts  du 
coijis  et  les  misères  de  l'espril,  Fambition,  U'  luxe. 
J'envie,  la  niollessc,  rabsinlbe,  l'alcool,  le  laboc. 
les  nuits  de  jeu,  Fair  des  villes,  qui  sont  des  bou- 
ges. Uiclies  et  pauvres,  nulle  part  l'iiumanilé  ne 
souffre  plus  qu'ici  ;  lous  les  an»,  plus  dc2tï(»00  Ku- 
ropéetïs  ouvrent  violemment  les  portes  de  la  mort, 
pivsfpie  tous  dans  l'ducst  et  le  i'cnlre,  jiarmi  les 
nations  les  plus  vaines  d'elles-mênHîs.  —  t>n  ne  se 
suicide  pas  chez  les  sauvages  ou  les  demi-barbn- 
res;  on  se  suicide  peu  dans  les  pays  du  soleil. 

Après  la  (Irèce  au  langage  souoiv,  aux  répu- 
bliipii^s  css.'timatHes,  Konie  mit  à  la  {ilace  des 
nations  détruites  le  droit,  la  langue  et  quelque 
[leu  le  sang  *lu  Lattutn;  elle  créa  des  peujdes 
eucore  debout  en  Luropcel  grandiss.nit  en  Afj'ifpie 
el  en  Amérique  sous  le  nom  de  Latins,  Néo-Latin» 
ou  Romans.  Au  moyen  Age,  deux  de  ces  pen|des, 
les  Italiens  el  les  Fran(;ais,  soutinrent  ]*resi[ne 
seuls  la  science,  l'aïl,  ta  poésie  :  ils  élaienl 
Fespoir  de  l'avenir. 

A  l'aube  d<'  l'ère  moderne,  deux  autres  naltons 
latines,  les  Portugais,  puis  les  Espagnols,  acc-om- 
plirent  comnu'  expfttraleui's  des  mers,  des  forais, 
(les  savanes,  des  sierras,  uiu'  ininnnisité  de  tnvaux 
liériïtques,  tels  que  nulle  faniille  de  l'humanité 
n'a  januiis  en  si  peu  d'années  fourni  tanl  de  dé- 
couvreurs de  |iavs,  de  pivueui-s  de  villes,  de  con- 
(piéranls  de  peufiles,  d'égorgeui*s  de  lialius.  Ces 
honnues  de  cape  et  d'épée,  héros  s'il  en  fut,  mais 


RunorK. 


Î7 


couverts  de  sang,  n'ont  pas  laistJêpdrloul  l;i  iii:iri|ii(* 
de  leur  pnssage;  leiirlrnce  l'sl  pou  visil»li*  en  AlVi- 
que,  *M)cn>re  moins  en  Asie,  Fn;iis  l;i  f)Ius  Im^Ui*  tv 
^utn  (le  1j  Tei're,  rArnérifpje  du  Sud»  s\sl  Fneoiini'i» 
aux  deux  l.inj^njes  de  Tlbérie.  Kn^tiits  du  rFjaud  pays 
on  se  b:dnin*cnt  les  (i;dîniris  d'Mleïi**,  ces  Méridio- 
ii.'un  priivïit  sans  peine  nielne  sur  des  i'i\ages  on 
les  lioninios  du  Nord  auraieiiL  vu  lt»ur  sève  (iiiir. 


Plus  iiiVil  les  Français  firent  dans  TAinr-ri^pn'  du 
Nord,  niriins  la  miaule,  ce  que  les  n  IVninsul.n- 
res  '  »  Jivjiicnï  tînt  dnns  l'AnK*rii|ue  du  Sud.  Leui's 
[lionniers.  leurs  chasseurs,  leurs  di'euuvreurs, 
leurs  missionnaires  imreoururent  en  tous  sens  le 
pjiys  drs  (irinnls-Lacs.  le  Mississipi,  le  Missiiuri, 
les  H(^elieuses  et  les  bassins  à  demi  [lolaires;  les 
Franrais-Canudiens  nvuien!  noinniè  les  rivières,  les 


le*  ryrâiiiW  :  U  NalatlutU.  —  Dc»iii  de  Taylor. 


lacs,  les  monts,  les  cols,  les  (rilius  des  (rois  quarts 
de  rAuiêri(|ue  seplenlrion.df  quand  les  Anglo- 
Saxons,  vingt  fois  plus  nondHvuK,  M\aii'nt  à  peine 
Iranclii  les  premièn*s  passes  des  Alle^diaiiîes.  Moins 
lieureuseque  rihèrie,  la  Franee  a  pertlu  rc  (ju'elle 
iivait  trouvé,  Canada,  Nord-lUiesl,  (Irand-Ouest, 
cl  le  Mississipi,  de  m*8  premiers  laes  aui  denn»**res 
Itoues  de  mm  delta  :  tout  »aur  la  tidélitè  de»  (^i- 
nadîens-Franeais  <pii,  Irtttenu'ut.  de  petite  colonie 
in<>pn94>c,devicnucnl  un  grand  et  vigoureux  |>euple. 


Aujouiirînii,eV»sl  encore  l'Europe  rpii  dèeoiivre; 
e'est  elle  aussi  qui  remplit  d  Imiruries  lents  les  |Hiys 
de  ITiiivers»  iiiêiue  ceux  dont  si'inljleraiiMil  devoir 
l'êrarler  la  rlialeur  (ropicalt*  ot  les  |K>isoiis  des 
marais. 

A  eelle  truvre  dn  coriquOte.  nMivre  double,  à  la 
f(ns  injuste  et  juste,  fatale  et  liienlirureuse,  ws 
trois  grandes  races  preiiDeat  part  :  les  iHilins.  les 
Saxons,  les  Slaves. 

I.  Us  Espagnols  et  l<rs  f^>rlu^aÎ9. 


-28 


LA    TKHKE    A    VOL    ÏJ'OISEAU. 


L'Espagne  no  domine  plus  h  renipirc  oti  iio  se 
courhnit  pas  le  soleil  it,  mais  cet  cnipiiv  ilciTioure 
csp.i^iKrl  [i.-ir  lu  l.'nigrii\  rspii^'tiol  aussi  \\ny  t;i  naliii'i' 
fiè\\\  cxti^Sï-iM'  ilv  ses  hiil»itatils  :  ciHluniiuM%  som- 
bre énergie,  sobritHô,  politesse  alliêre,  grauililo- 


r|UL'iirtMnagnanimile.  patriotisme, et  tuiiironsciiiijle 
de  ({uatitès  i*an*s  qu'on  peut  coinprendi'e  S4»us  le 
ninl  4'nsUlL:in  ilr  k  r.-iliatU'iosiiLii]  '  ».  Le  Porttigiil 
n'a  plus  le  llrèsil,  innis  h  Sanlii  iiru/*  m  est  reslêe 
lu»ilanieniK\  et  l'Arriquc  portugaise,  qui  est  vaste, 


llusso  :  musicien  de  village.  —  Dessin  de  A.  do  >eu^illc. 


peut  devenir  un  moiiidie  BtvsiL  On  a  t:liassé  ht 
Fraiirc  fly  raniidji,  iiuiis  non  la  langue  rrïin(;aise 
el  le  sang  français,  pnuligieuseinenl  fécond  dans 
ce  tVoid  empire;  el  nous  voiri  plus  snlidetneut 
pl;«nlés  que  tout  autre  peuple  eu  AlVi([ue«  dajis 
l'Atlas,  au  Niger,  même  sur  le  Congo.  L'ïlalie  ii';i 
mis  au  monde  aucune  nation  ayiint  son  sang.  ]ur- 


lanl  sa  Ifingue,  mais  elle  peujde  les  colonies  tles 
aulres  ((  Lalins  »>,  comme  l'Alleniagiie  les  eolo- 
nies  des  autres  «  Saxons  »  ;  elle  émigiv  également 
eliez  les  l'èuijisulaires  d'Ainèi'i(|ue  vi  c\n*z  les 
IVaurjus  d'AIViijue.   Les  Portugais  vont  uu  lirêi-il, 

1.  «  r.heval*»re8fjiicne  ». 

2.  Vieux  nom  du  Uioit. 


50 


\A    TEBRK    \    VOL    D'OISEAU. 


dans  r.Angoliï  et  le  Mossaniédt's,  et  uti  pou  paiiouf, 
Les  Kiipn^-nnls  j>arteu!  pour  rAïnr'!'i(|ue  espagnole, 
eljuissi  pour  i'Alyi**rii^;  li's  Tr.Hirjus  paiir  l'AI^'^érie, 
le  Caiifuhi,  et  nussi  puur  rAinêriqut'  espiigiiole. 

Voilà  pour  les  Latins;  voici  pour  les  Saxons  : 

L'Aiij;Mi'(env  <li''Ii(>r*Ji»  sur  le  UKiruIi*  li'iupêiv  et 
sur  k'  tiKtiule  ;iusti';tl  moins  i"Ainèri<jiie  du  Sud. 
Premiers  hoinnu's  du  uuïnile  on  ce  sitelen*!  |iour 
l'audai'i*  et  la  fiM'hiiu',  1rs  \n<rlîUS(Mit  pris  pieil  sur 
[i:^  nu'illruri'>^  Ifrresdu  (ilolM\  pntr<iiii;uil  (Luisli'ur 
orbite  les  Écossais,  annexés  par  eu\;  l'^s  lrtiiiiil:iis. 
li.!urs  vieliïues;  li's  S4'atu1iiiaves.  i|iii  furrul  luie  drs 
gr.uidi's  souiris  du  sui^^  brilarjuitjue;  les  Alle- 
mands, très  fiers  de  l'expansion  inouïe  des  Anginisi 
parre  rpie  li^s  An^dais  sont  de  raee  germaine.  En 
tpiot  ilssL'Irornfu'til  seieunuent:  sî  l'idéiuftil  fourni 
parliîS  An^'lrs,  les  Saxons,  leslïiuiois^  les  Nurniands, 
les  Frisons,  en  un  mot  si  l'êlôrnenl  teuton  donna 
naissaïu'O  ù  la  «  rare  »  anj;Iaise,  c'est  en  se  gref- 
l'ant  sur  l'élément  cfUc.  tpji  sf  Iroiivt»  également  à 
l'oriî^ine  des  Ke.ossais,  des  Irlandais,  des  Français, 
cl  eu  ^Tiiade  partie  dt*ft  Italiens  :  les  prétendus 
An.i:l[i-S;ix«uïs  ne  soni  fjue  des  Celtes  <;iM'mainsês 
piirl.Mit  une  laii^aie  dont  li*s  mots  vilauv  sont  de 
l'acine  leutoni(]ue. 

Les  AlliTiianiN  ilisent  :  «  Quand  rAn;<lrlern? 
aura  cyuvi'it  \e  monde,  elle  nous  aura  jtrépacé  lu 
place  que  les  Humains  ilrenl  en  conquérant  la 
Terre  à  la  langue  et  à  la  civilisation  des  Hellènes; 
lorsque  Ii*s  hommes  seront  tous  Anglais,  ils  [U'éfô- 
reronl  Tor  de  la  langue  allemande  à  Fargent  de 
lanr  propre  idiome,  »  — En  cela  ils  s'abusent  en- 
core :  11'  Irioniplu*  de  a  FAnglo-Sfixonisnie  u  est 
k'ur  [dus  grand  désastre;  les  a  bons  cousins  )» 
de  la  Grande-ltrelagne  enlèvent  à  FAIIetnagnc  sa 
pai't  des  terres  leui|H*rées,  riiîn  de  plus,  lien  de 
moins. 

irai l leurs  il  n'est  pas  encoriî  temps  de  dOeerjier 
:iux  Sïixons  la  royauté  de  ITuivers,  Les  nnlious 
semcês  au  (\e\à  des  mers  par  les  Méridionaux 
qu'on  pen<ie  lléfrir  eji  les  trailant  de  Lalins,  alleî- 
gnent  aiyourd'hui  leur  adolescence,  l'Algérie  elle- 
mérrie.  dernière  venue,  l'es  na lions  ne  sont  pas 
pkis  latines  que  les  colonies  de  l'Anglrleriv  ne 
sont  saxtttmes,  mais  elles  parlent  des  langues  néo- 
latines.  Les  pays  qu'elles  gouvernent,  les  pre- 
miers du  monde  par  l'o[iulence  de  leur  rjalure, 
donneront  asile  à  deux  milliards  dlionnnes.  Ikéjà 
cent  cinquaiite  mille  Méridion^nx  fiarfi^nl  chaque 
année  il'Europe,  les  llalieiisen  tête,  pour  aller  vivre 
chez  les  Néo-Kspagnols,  les  ?iéo-Lusil;iiiieiis  ou  les 
Nouveaux-Franç.iis.  Pourquoi  ne  pas  (trésati'r  désor- 


ni;iis  aux  latins  une  destinée  égale  au  destin  des 
S;ixons? 

Puis  il  est  un  empire  appartenant  h  la  race  qui 
se  dfinne  le  nom  di»  slave,  c'est-à-dire  la  glo- 
rieuse, ou  peut-iMre  la  parlante,  par  opposilitm 
aux  imu'ls.  c'esi-;i-dii'e  aux  inconqiris,  aux  élran- 
gers.  La  famille  des  Slaves  couvre  plus  de  la 
niiiiiiê  de  FKuropi*,  elle  couvrira  bienhH  la  rnoilii> 
de  r\sii'.  iVun  seul  bloc.  Et  dans  ce  morceau  du 
jinnide  où  sonnent  cent  langues,  les  (jrands-nnsscs 
ont  une  h^lh*  firépondérance  que  tou»  les  verbes 
(Ui  diouaine  des  tsars  s'éteindront  l'un  apr^s  Fautre 
devant  leur  langage. 

Secouons  joyeusement  le  cauchemar  de  la  langue 
univiTselle!  Les  Irufkvmts  Font  toujours  souhaitée, 
k»s  esprits  élevés  la  redoutent,  lue  humanité 
n'ayant  qu'un  idiome,  4|u'une  littérature,  ce  serait 
comme  une  Terre  siuis  aspérités,  sans  glaciers, 
sans  turreids.  sans  abinies.  sans  forêts,  sans  lacs, 
une  plaine  odieuse,  el  sùreitn-nt  stérile. 

I>a  de\ise  de  Flionnne.  Viribux  uniUs\  inqdiipte 
F»lliance.  el  non  Fécnisenient. 

(lluupie  lan>oit'  expirante,  c'est  im  inonde  qui 
is'cn  va  pour  toujours,  car  elle  ne  laisse  qu'un 
vague  rellet,  des  livres,  des  chartes,  un  diction* 
naire,  des  [»apicrs,  des  noms  et  des  mots,  el  tout 
cela  c'rsl  la  mort  :  lu  parole  nesl  lu  parole  que 
quand  elle  est  vivante  el  vibi-anle. 

Cinq  laugues  européennes,  le  russe,  l'anglais, 
Fespagnol,  le  français,  le  )K»rtugais,  ont  devant 
elles  un  long  avenir  parce  qu'on  les  parle  égjde- 
tnenl  hors  de  i'Kurope.  dans  de  vastes  contrées 
qui  s(uil  ou  qui  l'uivnt  des  colonies  de  la  Russie, 
de  l'Angleterre,  de  l'Espagne,  de  la  France  el  du 
Portugiil  :  colnnies  ilans  h'  sens  \rai  du  mot.  i-'esl- 
â-dire  payscullivés  pardes  paysans  méh'opolilains 
d'où  soi't  iUMj.  i*ace  capable  ile  rroilre  :  lelleB  la 
Sibérie,  l'Algérie,  le  Canada,  le  lïrésil,  le  Cliili,  la 
Nouvelle-ZélaïKb*. 

Le  J'usse  est  la  laui^ue  nialermdle  ou  oniciclle 
de  ctnit  millions  d'hommes,  et  Fou  peut  estimer  à 
un  milEï<m  «le  pejsonnes,  p*Hil-é(re  à  ilouze  ceni 
mille,  Facrroissernenl  jinnnel  de  ceux  <jui  le  par- 
lent ilès  le  liercean  ou  (pli  rapprennent  plus  lard. 

L'anglais,  dunt  nseirt  envinni  cent  millions 
d'hommes,  gagne  seî/e  à  dix-huit  cent  niilk*  an- 
glophones par  ati,  sinon  deux  millions. 

L'esjMignol  est  le  vej'be  maternel  cm  l'idiome 
ofli^'iel  el  la  u  langue  générale  >«  de  [dus  de  rin- 

J.  \  foires oiiiffi. 


ROYAUME-IÎM   OR  GK A^DE-BKKTAC^R   ET  D'IULANDE. 


3! 


qiinnt*^-ciiK[  millions  d'hommes  (les  Pliilippines 
rompi'i»('s)  :  il  augmcule  de  sept  a  huil  e**nt  niillt» 
custillririisnnls  piir  an. 

Le  Inuirnis,  jiaiit'  par  quaranlr-cinq  millions 
de  pci-soiines,  et  de  plus  langue  uflieieile  de  l'Al- 
gério-Tiinisie.  tlu  Si''nég;il-Mgei%  du  GalRtn-Con^'O. 
de  Mudo-<]liiin*  fnuic.iis**  et.  eoiifurrenurieril  avec 
r;uigtnis,  dv  tout  l'irmiiense  Hominion.  acquiert 
;innu*dl<Mn('!it  driix  cent  vingl  à  deux  eeni  cin- 
(jtJMiile  iniltf  fioiiiiiii's,  iliftil  cent  eiuquaiite  mille 
pour  la  FnuH'e,  le  resle  fourni  pnr  la  Iti^lgique,  la 
Suisse  française,  l'Algérie,  lïaiti  et  nos  Anlill«'s, 
elc,  et  surtout  par  le  OunuLi.  —  In  quart  de 
niiïli*m  d'Iiorrunes  de  [dus  par  aiitiée,  eVsl  pou 
pour  la  nation  qui  ain^ail  pu  régner  dans  Tins- 
loiiv;  mais  voici  que  des  deux  seuls  peuples  d'a- 
venir que  la  l*VaM<'e  ait  mis  au  m(>ndi%  l'un,  relui 
lies  AIjiériens,  s'il  croit  encore  obsrurênionf,  a 
déjà  des  l'acines  profondes  :  crescit  ocailto  velut 
ark^r  fpeo;  r.iulnv  celui  dos  Canadiens,  lon^Ienqis 
i:ond;ininé  prir  les  siges,  et  autant  (pie  jiinciïs 
ignoré  du  vulg.iire,  ne  craint  plus  d'être  étouffé 
par  TAnglais,  I  Écossais.  l'Irlandais,  qui  l'avint'iit 
pris  à  la  goi'ge  ;  il  respire  lihreuu'nt  et,  cljn([ue 
jour  plus  puiss:mt  dans  la  Puissance'»  laboure 
tous  les  ans  do  nouvidlcs  valléi's  à  mille  et  mille 
kiloinélres  de  son  premier  horizon. 

1.  tii  Puissance  ou  Dotnininn  est  l'ensemble  des  Étals  luv 
t.innîques  de  rAmêiit|uc  du  >iurd,  non  compris  Tefrc-Ncuvc 


I-e  portugais ,  pnrlé  par  dix-sept  millions 
dliommes,  doit  gagner  par  an  deui  cent  vingt  h 
deux  cetit  4*tnquanle  mille  lusitanisnnts.  juste 
aulanl  que  le  franr;iis;  mais  rinimensité  du  Brésil, 
géant  qui  surmonte  les  diflicultés  de  la  crois- 
sance, lui  présage  dès  les  premières  aimées  du 
siècle  prochain  un  croit  anrmel  double,  puis 
Irîple,  et  peut-être  un  jour  décuple.  Et  (|ue  sera-ce 
quand  l'Afrique  portugaise  aura  secoué  ses  langes, 
si  c'est  là  siï  destinée? 

Tous  ces  aceroissemenis,  même  ctdui  «lu  fran- 
çais, qui  a  devatrt  lui  moins  do  l>el  el  bon  espace 
que  les  quatre  autres  langages,  grandissent  d'un 
rrïimvcirient  accéléré  :  lonlcfois  la  langue  anglais!» 
se  ré[ïand  plus  vite  que  les  autres,  grâce  au  flot 
inipéiueux  de  colons  qui  se  jettent  sur  les  terres 
où  régne  cet  idiome  souid  propagé  pin*  17  000 
jouiiiaux,  dont  les  deux  tiers  dans  l'Amérique 
du  Noi(J.  Le  français  n'en  a  guère  que  401)0, 
et  res|>agriol  moins  de  20OO.  tanilis  que  &000 
sont  en  allemand  :  pourtant  lo  dcuisch  soinide 
avoir  peu  d'avenir,  les  250  000  émigrants  que 
l'Allcm.i^Mic  disperse  chatjue  atnuMî  dans  le  monde 
poid.'int  il  la  première  ou  au  plus  tard  à  ta 
seconde  génération  leur  idiome  au  profil  des  Anglais 
ou  des  Latins. 

l*uisquel('s  Anglais  augmentent  le  |>lus  l'Europe 
hors  de  TEurope,  on  peut  eonmiencer  par  l'Angle- 
terre la  description  du  pays  des  «  Visages-i'àles  n. 


ROYAUME-UNI   DE  GRANDE-BRETAGNE   Eï   DIRLANDE 


La  Hanche.  Petitesse  dn  pays,  puissance  du 

peuple.  —  Le  noy;mme-ï  !ii,  |>ar'tout  nssiégi*  des 
flots,  est  l'archipel  le  plus  grand  d'Europe,  be  la 
France,  il  est  séparé  au  sud  por  la  Manche;  des 
Pays-Bas,  do  l'Allomagne  et  de  lo  Norvège,  à  l'est, 
par  la  mer  du  Nord;  à  l'ouest  nmgit  l'Allaiiliqui'. 
el  au  nord  hal  une  mer  d'abord  semée  d'archipels, 
puis,  en  tirant  vers  le  PAle,  veuve  d'iles  jus^ju'îi 
l'Islande  et  jusqu'à  Jan  Mayen. 

La  Manciie,  mère  des  naufrages,  n'a  pas  tou- 
jours soulevé  des  flots;  il  fut  un  lenq»s  où  l'ili- 
Bretonne  faisait  partie  du  continent  dont  mainte- 


nant chaque  tempête  réloîgne,car  depuis  <le  longs 
siècles  c**llo  mer  impaLieule  arrache  el  renverse 
ses  falaises,  tant  sur  le  littoral  anglais  que  sur  la 
côte  où  plongent  nos  départements  du  l*as-<le- 
tialais,  de  la  Somme  el  de  la  .Vine-Inférieure. 
I*armi  ces  débris  triturés  el  traînés  par  les  flots, 
beaucoup  vont  s'ajouler  aux  |)lagcs  de  la  Hollande 
et  de  TAnglelerre  orientale.  Ainsi  grandissent 
deux  plaines  :  en  Hollande,  les  polders:  en  Angle- 
terre,  les  fens  du  AVash  el  de  l'Humber.  environ 
jOOUW)  heclares  de  terres  lourbeuîH'S. 
La  Manche  a  pou  de  profondeur:  »i  elle  baissait  do 


1^^ 


V. 


59 


LA    TERRE    A    VOL     lï'OISEAU. 


60  métros,  l'Angleterre  aurait  un  pont  vers  la 
France,  de  ni^nie  quo,  si  h  mer  du  Nord  baissait 
dp  tîOOmAlrf»s.  Tarrliifirl  Britannique  tiendrait  ;i 
rAllein^igne,  nv\h  non 
h  la  Norvi'ge,  qiio  longe 
une  fusse  de  800nn>tres 
di*  crt'ux.  St's  drux 
rives  ne  tarderont  fias 
h  être  unies,  de  France 
en  Angleterre,  ijoit  iiii- 
dessous  de  son  lit  par 
un  tunnel  qui  serji  le 
plus  Ifjng  elicriiîti  de 
riiiinuni"  d.ins  le  ruyau- 
nie  de  l'ombre ,  suit 
au-dessus  de  ses  i]oH 
par  un  pont  pj'otlt- 
gieux,  le  plus  auila- 
cieux  qu'aura  conçu 
notre  gérïie  depuis  le 
jour  on  quelr|ue  aucù- 
tre  extraordinuiremenl 
ret'ult'',  le  premier  dos 
a  ptuilifcâ  )}  ilatis  l'an- 
tique acception  du  tei- 
ine,  l'ut  riilcc  U"'  ji'ler 
un  Ironr  d'arUrc  au  tra- 
vers d'un  tunriil.  Le 
tunnel  avtûl  la  jnvlr- 
i*cnce;  in<>me  il  cïaît 
commence  quand  Al- 
bion s'est  étrme.  Kilo 
crajnl  que  le  souterrain 
ne  vomissi'  un  jour,  ar- 
rivée silencieusernenL 
parmi  les  ténèbres,  une 
grande  armée  coulineu- 
lide,  infimlerie,  cavale- 
rie, arlillei-ïe,  train  des 
équî[iagcs.  IVnt-étiv  re- 
doutera-1- elle  moins 
quelque  immense  poul 
diMil  i-Ile  trai'derail  l'ai^ 
ctu'  luui'uaiile. 

L'arclupel  Britati nique,  égnl  h  peu  pr^s  k  la 
Norvège,  n'a  guère  que  TïlMJOO  kilonu'*lres  carrés^ 
ditnt  im  peu  moins  de  tr'»00O0  Siius  montagiif; 
mais  sur  cet  espace  à  peine  grand  coruiue  les  trois 
cinquièmes  de  notre  pays  vivent  près  ou  plus  de 


I 


Uighlander,  d'Apre  un  dessin  de  W.  Small. 


50  millions  d'hommes,  \f<  fois  autant  qu'il  y  t< 
de  Norvégiens ,  ut  presque  autant  que  de 
Français    en    Fritnce.    C'est    «pi'il    n'est    pas     au 

monde  un  pays  mieux __ 
cultivé,  bien  que  leifl 
rhanqis  n'y  puiss«*nl 
nourrir  les  villes,  lant 
ces  villi^s  sont  colos- 
sales; cl  le  ftoyinime- 
lui  vit  en  partie  des 
grains  que  lui  vrod 
l'élrnuper.  Il  n'y  a 
guère  lie  miti(»n  aussi 
riebe  en  mines  ;  il 
n'en  existe  |Kiint  qui 
extraie  nntant  de 
bouille,  qui  forge  au- 
lanl  de  fer,  ipii  tisso 
autant  de  biine  et 
de  ciit4)n,  fjtji  aebète 
et  \endi'  autant  de 
marrbainiisi's  à  Iuim 
lt*s  f>en[iles  sauvaj^es 
ou  [Kdict'S.  el  qiri  fali- 
gne  autaiil  de  meui- 
hinres  ile  vaisseaux 
sur  (luiles  les  mer» 
du  Levant  i-l  du  CoU"  m 
cliani  ;  tinlte  ne  déploie 
son  lOgUiilleux  jiavil- 
lon  sur  plus  de  rives 
tributaires.  lUde,  Dvi- 
tannia,  n  règne,  »*i  Rre- 
tagiie,  »  dit  un  chant 
nalioiiiil.  Dieu  et  mon 
droit  jeVsl-ii-dire  nia 
force)  est  la  ilevise  de 
leur  écnsson  :  devise 
française,  pare*'  (pie  le 
français  fnl  lriiii:1eirt[>3 
la  langue  oUicielk'  de 
l'Angleterre. 

Le     Uoyaiime-rni 
comprend   deux    vastes 
lies   :    la    fîrande-ïîretagne    el   l'Iilande. 

La  Grajide-lirelagne  renfer-me  (rois  coiMrées, 
Anglt'lerre,  pays  de  tialJes.  Ecosse,  et  deux 
races,  les-  Saïuus  et  les  Celles,  Gallois  ou  (lî- 
ghlanders. 


Li  TatuÏM.  —  bvMiu  de  W.  U»\. 


A.NGLETKIIUE 


Côte,  plaine  et  luonts.  Doux  climat.  —  Avcr 
son  cortège  d'll**s  el  il'ilots.  \a  Gnnde-lti'plïipif 
ravil  ;ni\  ocisins  250  DOO  kilonu'^tri^s  Ciiirés,  li;iltj(i'»s 
piir  quoique  TiO  iiiilliiMts  it'liiMruiU's.  n»  qui  l'ii  fiiil, 
t'I  de  beaucoup,  lil*^  niiiji'ure  de  IKurope,  la  Si- 
cile. (Iciitièinc  en  éïi'rjdue,  êlaiiï  [iresqiir  iirMiffois 
plus  pelile. 

Très  longue,  plus  lirjre  ;iu  tnitU  qu'.iu  i»ord.  eï 
;ui  nord  qu'nu  ceii(ro,  elle  donru^  siu'  uut»  nier  qui 
«T  Uï.igniliquenienl  scujjilé  le  rivjtge;  aussi  l;iliyn( 
brihéi»  de  ses  côtes  dépiisse-l-elle  iTHM)  kiltuurîn's 
et  inique  :uj  sud.  dans  son  Irnuenii  le  [ilus  ample 
il  n'est  paâd*cndroit  situé  «DOkilouirlresdu  rivait 
marin  ou  do  iVau  s.iKH>  qui  reiuonte  les  tlcuve^ 
0-  Rtaus.  La  TmiiY  a  vol  Doisur. 


LVïuest.  le  Cenlie  l'I  le  Nord  île  Tile,  presqu'île 
(li>(]«>rnoi]ailU\  pays  de  (ialles,  f^TUy,  lïumherland, 

WesItrKipeL'Kul.  lu'ossi»,  se  lévml  eu  irmiil.'ï^'-iit.s; 
l'KsI  el  surhtuî  le  Sud,  ee  qui  est  piopretjh'iil  TAn- 
lïlelerre,  ondulent  en  cotitues  ou  fuient  eu  plaines 
avec  arbres  splendidi's.  jirnirii*s  d'un  veii  ïuerveil- 
l(Mu:  el  pniloul  des  villrs.  (ptet(]urs-unes  tnuns- 
Irueuses,  des  usines,  des  cliGininèes,  el  Tépaissc 
l'i  tioire  fumée  de  la  houille. 

Aucun  dps  monts  de  1a  Bretagne  majeure 
uebl  ^ii^MUlesque,  ou  m^nie  de  taille  moyenne; 
aucun  n'a  de  glaciei*s  :  ce  $otd  de  haulcs  collines 
d.ms  un  air  vaporeux,  non  des  pics  aventureux, 
len  ibles,  avec  dea  cuimsâcs  de  neige  blanche.  Les 


5i 


LA  TinntK  .V  \(H,  h  (l|^^:A^. 


plu^  hauts  frissonneni  [i.iiis  les  brunies  de  la  mhi- 
rii'iiM'  Erosso,  puis  vionni*nl  les  cimes  de  (jiilles; 
en  An^Hi'lerre  le  Sk.iwTeli  règne,  qui  nu  niêuie  pas 
1000  nièlres,  mais  seulement  98o,  diuis  le  irifissif 
dr  Cuiriberl;ind  et  Weslniurelftnd,  sous  d'inces- 
santes iiutVs  ;  autour  de  lui  les  rn(»nts  ont  une 
double  beauté  :  Li  beaulé  sévère  daus  les  ju'ot'ondes 
furùls  i>l  les  gorji^eH  degnnit,de  porphyre,  la  beauté 
^'raeieuse  au  Inird  de  l.-irs  ehaerniinfs  dcttit  le  ]i(u<< 
^'l'iued,  le  Windej'inereou  WJnandei-.Mere.irJDiJOIioe- 
tiires  avee  73  inèires  de  creux;  de  leurs  rimes  mi 
viiil  à  l'iiecidetil  la  rniT  d'hlande  et  l'de  d**  M.m. 
latjdis  iiuà  l'orienl,  des  ruisseiiux  lni[)  pelils  paiir 
que  leuis  cascades  aient  lu  di'uit  d'Atre  célèi>res, 
s'unissput  eu  rivières  penchées  vi-rs  la  mer  du 
Nurd.  Les  monts  l*eak  ou  monts  du  heibvilHIO  niè- 
lres) suul  voisins  de  Maiictiesler.  Les  monls  iJévtn 
niens  cl  les  (uonls  Conii(}Ljes,  Brela^Mie  où  l'on  ne 
parle  plus  breton,  nionlenl,  nielies  sondires  el 
bruyèi'e»,  entre  la  Manelie  el  la  vaste  baie  du 
BristoU  qui  est,  elle  aussi,  un  flot  tumultueux 
soulevé  pni'  de  fabuleuses  marées.  Vljm<*he  el  mer  de 
Brt>lol  roiipiMit  et  déeoU[HMd  eclt**  [irexpiih'  dont 
bi  pointe  etïilén  s\-i[i[)el1e  Cornon.iille.  ainsi  que 
chez  nuus  une  péninsule  hrviOline  dénianleb'*e  [wir 
le>  \j;;ues;  i*mjnirl-Mi(  di's  caps.  l.ijtlfUH  de>  ;irisi*> 
dîMis  l'ardoise,  ,iif,^uisaal  lui  êminissanl  des  êcueils, 
'leuj's  Ilots  usent  i<'î  le  juslaiteuriis  de  falaises  jus- 
qu'aux serpenliries  du  IJzard  el  i\u\  ^nairils  dn 
Laiid's  l'ind  ou  Fin  des  Terres,  frère  lie  deux  an(ri*> 
bouts  lie  continent,  le  Finistère  de  l'ranee  el  le 
Finislerra  de  Galice,  en  Ks[>ng^ne. 

('.elle  mer  est  sans  pitié.  Plus  sauvages  encore, 
les  riverains  attiraient  des  vaisseaux  sur  Técueil 
par  des  lumières  errantes;  devenus  des  sauveteurs 
toujours  prêls  à  mourir,  ils  onl  oublié  cette  nuire 
industrie,  mais  la  vague  de  Cornounille  a  gardé  sa 
voracité  :  daus  de  t*"ls  parages,  à  Tentrée  rie  la 
Manche,  grande  route  des  voiliers  ctinnne  des  va- 
peurs, sur  les  cbeiuins  de  I^ondres,  de  LiverponI 
et  tle  (ilas^'ow,  elfe  prend  sa  ^^rande  part  <!es  tb-ux 
mille  nnulrnf^a's  que  sul»it  tous  les  ans  la  llolto 
inouïe  piu'iiuitdes  havresbi'ilantiiques  ou  \  ri'nlrant 
avec  les  dépouilles  du  (îUdfe*.  Klle  cn;;luulil  aussi 
par  centaines  les  bateaux  que  montent  lespècheuj's, 
ces  plus  simples  et  plus  vaillants  <Ies  Ijomrnes. 

Des  hautes  bjniyères,  dt*s  lacs  et  marais,  des 
brandes  nntuîllées,  des  prés  humides  de  la  lininde- 
Bretagne,  sortent  des  rivières  dont  les  uoiuï»,  la 
plujKirt,  sont  d'origine  celtique  et  mm  pas  saxoinu', 

1.  Plus  de  cinquante  mUlioait  de  tonnes,  dont  iin  tiers  sous 
pavilldu  angluis. 


I  anfflo-siixonisnie  ayant  pres<(ue  loul  ivcoiiverl  en 
i  e  |wiys,  mais  n'y  ayant  presrjue  rien  détruit.  Elles 
n'ont  (pie  l;i  ^ràee,  ou  (]tn*l(|ue  lierlé  dans  la  nh>n- 
la<.'ne  ou  la  eidline  el,  à  peine  arrivées  en  plaine, 
la  mer  est  là  qui  \r>  boit  oii  f|ui  s'avance  k  leur  ren- 
contre en  ampb's  eslnain-s  el  leur  donne  de  la  sorle 
tme  lausse  grandeur.  Tels  la  Taniisi*.  qui  est  la  plus 
célèbre;  le  Wasii.  large  einboueliure,  vasiére  ai 
H.ddière  ipie  la  nature  eonthb*.  tjUi*  l'Innume  ditni-  J 
mit»  par  des  di;;ues  el  qu'iuj  jour  il  stqqininern;  1 
i  IhiudK'r  d<»nl  le  bassin  est  le  plu»  vaste  di*  l'Ilo, 
ipiiii(|u'tl  n'ail  rnéme  pas  2  àUOOOO  hectares;  la  pit- 
torexpti'  S<'\ern;  b*s  lorrcnts  dKcosse. 

{<a  Tamise,  en  anglais  Tliames,  dont  tanl  de  tua- 
tins  eomiai>M'id  rinqiurelé  vaseuse,  a  r>r»0-i'»0  nn"'- 
(re^  de  largeur  tle\.inl  Lonilre>,  el  beaui'oup  plu!» 
au-tlessou>  iU"  rinqiériale  cité:  mais  si  tout  liomiuo 
qui,  de  bi  tiirr,  arri\e  à  la  métrop<de  commerciale 
du  lilobe  p.'U'  le  golfe  de  r^mijoucliiue,  peut 
>'imaginer  qu'il  remonte  un  Mississi[ii.  ci'hn  qui  la 
eotiIiMtï[)b*  (Lins  sa  petitesse  el  si  limf>idilé,  près 
d't^xjiii'fl,  t'itnit'nse  université  rivale  de  (]ambridjLf(*. 
a  peine  ;t  croire  que  cet  éfr'oil  Mi»t  rli.irniant 
devieniti'  a  quelques  lieues  plus  bas  le  large  et  _ 
r.ingeu\  esUiaire  plus  sjtjfinné  (pi  aucun  autre  ê\l  ^ 
Miondi'  p;it  le  laill ml  ite>  na\ir'('s.  >ée  dans  des 
cotciiux  proclio  des  lieux  oti  la  Sexeiii  coutUM-iice 
à  s'épancher  en  estuaiiv,  elle  m'  rnuli'  en  nio\enne 
que  7t{}  mêlres  cnhi"%  par  senmde  â  l'endroil  où 
iMlf  cesse  léellenn'iil  d  être  elhwuèjiie,  c'est-à-dire 
là  où  exfiire  le  Jlot  de  marée.  Ces  39  tnètivs,  que 
rétiage  réduit  à  ^20.  que  li*>  crues  exlrèines  rie 
jKfrlenl  pas  j'i  iOO,  sont  réroulemenl  d'environ 
I  2U0  000  [leclarvs;  b'  liassin  entier,  partie  marine  i 
comprise»  dè[>ass<*  un  peu  1  fiOlJ  OOt)  :  ]itiuM>  que 
notre  Adour,  qui,  il'ailleurs,  tnèrn'  â  l' Vlbuiliqu*- 
bien  plus  d'e^iu  de  nuinta^ue  que  la  Tamise  ne  vei'st* 
d'eau  *b'  i'olline   et  de  plaine  à  la   mer  du  Nord. 

AuLmiI  qii  ;'i  ses  jiorl>  doni  ou  nr  eoiM[ifi*  p;is  le 
iiomtu'e,  aulanl  qu'atjx  métaux  enfouis  sous  terre, 
aulaid'  nn*nie  i\i\'h  son  (^  s(deil  f>orlalif  i>.  l'est-A-dire 
a  sa  houille,  la  iiramle-lîrelaj^m*  doit  sa  puissance 
â  son  insuliiritè  el  à  ses  vents  de  nn-r.  TirAce  aux 
ellluves  ocèarûques,  il  y  pleul  beaiicouj»,  il  y  neigo 
peu:  il  >  lond»e  amuieflemejd  une  quantité  de 
pluie  v;ui;iul  sebui  les  lieux  l'utre  iô  ou  ÔO  eenti- 
mèlies  ibrus  l'Ecosse  orieidab*  et  plus  de  \  mètres 
sui'  le  littoral  du  Cundiei-land  :  la  moyenne  est  de 
89  ceidimèlres,  12  de  plus  qu'eu  France.  I,e  revers 
occidental,  où  accourent  b's  huées  de  l'Océan,  a  la 
part  du  lion;  le  revers  d*orienl  reyoîl  ce  qui  reste 
des  nuages  crevés  à  l'auest  sui'  la  tnontagne. 


A.NfiLKTERIlK. 


od 


Ces  |ilnifs»  ce  v\v\  couvert  obstacle  au  rayon- 
nenienl,  les  lïjunies,  l'enlnur  ilu  la  ruer,  les  vents 
du  Ifir-e  fiiiil  â  l'Aiï^lelerre-Écosse  tinelinïfit  que  ne 
nièriteiit  pas  si»s  l.iliiudes.  Au  li**u  d'ut*  I.ahnHuf, 
marais  gelés  el  froiduiv  sans  lin,  r'esl  une  lerrr 
leiM|u'rèe  aux  rivières  eimlaul  à  jtleiu  lionl,  aux  [nv> 
veris,  aux  luoisscHis  tfpnlenles,  aux  arbres  débor- 
dîuil  de  si've,  aux  villes  qui  soûl  des  founuilières. 


Li*s  frimas  n'y  glacent  que  le  mont;  dans  la 
plaine,  îsur  le  rivage,  el  avant  tout  nu  sud-ouest, 
l'Auj^lats  peut,  non  sins  fierté,  montrer  le  myrte 
el  le  laurier-rose  au  Méridionnl  qui  rit  de  ee  soleil 
(;imisé  par  les  I*ruuiïlards;  la  gloire  <lu  Midi, 
l'oranj^er  lu»  luêine.  en  espalier  il  esl  vrai,  |K>i*le 
des  fruits  dans  les  vallons  les  mieux  t^nfouis  de  la 
('oniouaille  ;  Taloès  y   graudil   en    allées,  el  son 


I  ni!  u*iiM'  lie  mhn*  m  CtiniOiiaiih'.  —  |tr**iii  fie  iHiraml-hmgtr 


roui|uignou,  le  dattier,  y  nargue  Thixer;  AnglciH'y 
a  des  bambous  ;  les  Iles  Scilly,  des  palmiers. 


Les  Anglais.  La  langue  anglaise  et  son  ave- 
nir.—  l/\nfrli*lerre  esl  le  cenln»  atrrieole.  minier, 
iiidustiiel  .  lummeirial ,  jxditique  et  sorial  du 
ltoynume4  ni.  le  ninir  dt*  rinimetise  empire  Uri- 
Linniqin*. 

Au  ronmiencemenl  du  sièrie  dt»nl  la  fin  s'nvnnre, 
TAnglelenT  et  la  priuripautê  de  Golles  réunies 


n  avaient  que  U  millions  d'ànies.  Aujourd'hui  lAii- 
gb*lerre  seule  eompte  plus  de  '2\  millt'ios  et  ilemi 
d  habitants  sur  moins  de  1">2  00(l  kilojoélreî»  car- 
rés, soit  187  personnes  par  100  hectares:  aussi 
densémiMit  peuplée,  la  Fr.mee  auniit  100  millions 
lie  Kranrais,  elle  qui  n'en  nourrit  pas  ^8. 

tl  rependant,  l'hounne  qui  des  quais  de  Liver- 
fmol  voit  tous  les  jours  partir  pour  les  (lays  ultni- 
inarins  des  vaisseaux  chargés  d'Anglais  disant  h 
leur  |Mitrii*  un  éternel  adieu,  croirait  VOId  Entflanii, 


^^ 


50 


i.v    rtjtiti:   V  \(»L  iruisKAlP 


In  Vjt'illi*  Ari^'h'li'tre,  ii  la  vrilli'  di*  tiMitlicr  m 
friclu*  ;  ninis  wiU*  natiiin  frcundo  répond  à  riMit 
àh'vs  \mv  cent  ciiifjuanlr-six  nflissanri's.  (|ii»ii(l  Ir 
pt^Ufile  français  n  aj*|K)Si'  à  crnl  défunts  qui*  ceiU 
quinze  nouv(*aii-nés;  ollc  croit  de  1200  |it'rsonnt's 
par  jour,  inuniffntiitn  et  ên)i<^i*alioii  :i  [kiiI. 

De  celle  rut'iie  trop  ViUitèe  on  ne  doit  célé- 
brer que  ronloniiani-e,  la  liuiine  adininistralion, 
lîi  flisri|ilinc  cl  li-  l.dM-iîr.  Kn  ei'rj  \ll)it»n  est  |H»r- 
iU\i\  r|u'i'lle  élduytt  \ti\v  la  liMHie,  le  tmvail,  la 
richesse,  la  féi-andilé.  la  foule  des  éniigrnnls  et  la 
presse  des  imvires:  mais  deirîéjN*  l'élalaL'e  de  l'opii- 
leiire   un    déj>luieineiit  de   nii^éie   ;iiij)fii'a\.iii]  iii- 


C4»nnu  liins  le  rmnide  niena<'e  d'une  ealaslroplie 
ruligarrliie  des  «  grandes  existences  anglaises  ». 
tl'esl  rex|)alriidinn  des  malheureux  par  milliers  el 
millions,  elle  ^euh',  qui  jusqu'à  ce  J4»(U*  a  sauxè  In 
nation  de  la  puerre  d^s  rues,  eomiue  s*»n  insularitt^ 
lui  a  valu  Tineslimahli*  honlieurde  tie  |ias  craindre 
l'élran^fcr  :  sjuis  la  iriei  qui  l'a  prési»rvêc  de  I'Kî*- 
pn^ue  de  ritili[>jie  IL  de  la  l-ranee  de  NapohW, 
elle  .lurail  pavé  plus  d'une  fois  son  é^oisme.  sa 
rapacité,  sa  soif  de  gaiu,  ses  dénis  de  justice  par 
du  sang.  di!8  ruines,  el  sans  duutc  par  In  piTli^ 
de  sa  j;rand*'ur.  tresl  aussi  la  misèri'  de  ses  eufanls 
qui  l'a  fiiile  si  grande;  elle  lésa  jetés,  elle  IcvjiMe 


le  rap  Und's  Eiid.  (Voy.  p.  SI.)  ~  Dessin  de  >Vpter.  d'ipiès  une  pholo|fnptiic, 


en  Amérique,  en  Oeéanie,  en  Asie,  en  Afrique,  où 
ils  renouvellent  au  loin  nue  pairie  niarj'dre. 

Ses  lonU  ou  seij^neurs,  ses  usiniei-s,  ses  ban- 
quiers ,  ses  ciimniervants  ,  ses  amiateurs,  ont 
élevé  des  forlunes  eoh)Ss;des  sur  réerjïseiiierit  de 
la  foiile  des  teiTassfers,  des  *)uvriers,  des  mineurs, 
des  pèi'lu'urs  et  di*i^  matelots,  tfii  sali  quelle  des- 
tinée accahlt!  l'ouvrier  des  villes  anglaises  et , 
'*vi    *■  dans  lea  u   (>»uïives  .Noires  »,  le  mineur  étouffant 

sous  les  pi-ofondeurs  de  lu  houille*;  le  travail- 
leur des  champs  souffre  également  plus  que  chez 
nous,  parée  (ju*il  n'est  pas  le  niailre  du  sol  {[u*il 
renme  :  en  Angleterre,  le  paysan  n'existe  pas,  niais 
seulement  le  laboureur  et  le  berger  h  gagos;  au 
dessus  de  ces  pauvieâ  règne  le  fermier,  au-dessus 
du  fermier  le  laiidlord  uugj'iind  pi'opriéLiire;  cent 

1.  înc  de  CCS  niitu-^  n  lUj.î  830  uièlres  au  desK)US  du  sut. 


einquanli*  Inndlords  possèdent  une  bonne  part  de 
l'Angli'lern'.  dix-sept  ei'uls  la  moilié  de  l'Krosse. 
Il  y,  a  1res  peu  d'anuéi^s  eiicore,  les  lM>rnjnes 
regardaietd.  l'Angleterre  ronime  la  Jérusalem  de 
l'ère  nouvelle;  jiarlemeni,  eoristilulion.  insHnels 
et  usages,  les  lois,  les  nueurs,  tout  en  elle  élail 
[lerferlion;  c'était  Texinnple  et  le  sel  de  la  Teii-e, 
l'espoir  de  la  rare.  Mais  que  peu  de  lemps  surfit 
pour  changer  toutes  choses'!  th»  coîuju'end  au- 
jourd'hui que  la  civilisation  anglaise  porte  en 
elle  autant  de  germes  de  morl  que  l'égyptienne, 
la  greftpie,  la  romaine,  l'arabe  (tu  la  fi'an- 
eaisi-.  Il  sej'ail  trop  dur  4pie  le  dt^rnier  mot  de 
l'idéal  fut  laxionie  .  un  milhoji  4le  fois  répété 
eliiique  jour,  que  «  h*  temps  c'est  de  l'argerdl*  », 

1.  ViLlor  llu^i». 
"I.  Ttrite  is  rnoneif. 


Li>ndrr«  .  U  Tout  VicloTM.  —  l»r^ti)  *le  W.  U»y 


I.A    TKliltK     \    \ur    II  OISKAT 


i 


trop  rrijcl  '{uc  «  l;i  lai  smis  riiiiiitiii-  .1  lïil  UniW  ):i 
viM'ilê,  li'Ijirii-tHrc  Inulo  lasn^t'sso,  k*  piUîi^c  halit". 
ossiiiifHi''  (]*'  l;i  Tcnv  toiili»  riiisloirv,  0!  I;i  roiirur 
ruiice  il  Dioc!  Intjti'  l.i  ri'.ilcriiilt'  clos  lii>mirios! 

Los  Aii^O;iis,  r[iii,  «l Aii;;li'lt'i'rv,  sv  ivp.'nrdcn! 
sur  l'Ami'i'iiim'  du  Sovd,  IMi-iqui'  du  Sxui,  lAiis- 
tralîe  t>t  li^s  ilus,  sont  issus  dti  iiii'diirigi>  d'aïu'it'iis 
clans  celtiques  avec  les  (ieniiiiins  vi  les  Srari- 
diiiuves;  avrp  les  Nonii;iïids  el  les  hVaneais  t\v 
langue  dViîl  el  d'uc  enlrt^snvec  el  depuis  l^uillauine 
le  Conquêrnnl.  avee  les  Fl.utiaiHls  tpji  s'él.ddireiil 
en  Aiii^lelcn'c  au  ipj;it(>r/.it'-jrie,  au  quiii/iè[iie,  au 
seizit'nie  siècle,  avec  les  Wallons  arrivés  à  piirlir 
du  rè^nc  d'Edouard  VI,  avec  les  I'2(KH)0  liufrueuols 
qui  rlK^['cli»'rent  un  asile  dans  Tile  lu'i'lttriue  après  la 
rêvoralionde  j'édil  de  .Nanles  -.  cuèrliantrc  d'un  lieu 
où  reposer  U*iiv  liHe,  les  Calvinisles  ap|Kir1aienl  au& 
Anglais  divei*ses  industries;  les  Flamands  l'avaieiU 
tail  avant  eux.  I*resque  lotit  <'i*  ijni  lait  la  |iriiiiantr 
de  rAiiylelei  i-e  lui  vieiii  dn  ((inliaeul  d'Kurnpe. 

Appi'ler  les  Aii^'lais  Aiij(l*»-&iX4Uis.  c'est  viuler 
riiïsloiie.  (>  nom  ni'  lien!  i'iuii|ile  qu*'  de  IVlènnMil 
^eriiiaiiiqui*  eiilrê  dans  la  nalinn;  iJ  oublie  la  ti;;e 
liretitniie»  sur  latjuelle  se  ifreftêreul  les  auti'i's 
liraixlies»  el  l'idémeid  rr.iinais,  qui  fui  le  vrai 
[evain  de  In  ^Maudi-uriUii^laise,  Huand  le  [|-i«nupliaid 
bâtard  eul  vainru  les  Sax.uis  aux  eharnps  d'Has- 
lînjîs,  à  la  tètr  «l'une  aiartée  einuposèe  d'liom(ïie> 
de  tnules  [lus  jmivinres  du  NonI,  sa  victoire  til  dit 
IVan<;ais  l'un  «les  trois  lan^^es  de  l'An^rleliM-ri' , 
les  deux  aulnes  élatil  le  relliqiie  de  la  niitrilajrne  »J 
le  saxon  des  [ilaines.  On  eroil  que  ce,  pays  n'avait 
îilors  que  deux  niilli*nis  d'Ames:  les  nionlieol(*s  y 
t^tatenl  Ijarhares,  les  ^^ens  du  plat  pays  lourds  l't 
crassiers:  or»  duraril  les  (juaire  sièeles  qui  seeou- 
lêreiil  jusqu'à  la  démule  des  Aii;<rlnis  dans  la  vallèi^ 
deCastillon  (li<^ô),  [lendatil  lout  te  teuqis  (»ii  les 
mis  de  Londres  l'ureut  îles  princes  IVaurais»  la 
Tivuiet*  ne  cessi  de  ntuli-r  \ers  la  .\iiruiandie 
d'ouIre-imT,  «'1  il  se  jm-hI  qin'  ein(|  i*ent  nnlli'  de> 
!M^1res  aient  (MnifiTiv  en  An;(leleiTe  de  IO()(în  li.'>0: 
Noitnands,  i*ir,'u*ds.  Jlïctiuis  (iallids,  Parisiens. 
(Champenois»  Maneeaux  ,  An^evijis,  Teurarigeaiix. 
lViiU'\ins«  GasconSf  luus  aventuriers  apporlant  au 
cri'usetttù  se  fondail  le  peuple  aniilais  leurs  tjualiliV 
trinlelli^'eiH*e  cl  tl'audaee.  ï'Iiis  sa^^e  que  beau- 
coup de  savanls.  un  [n'overhe  de  hi-bas  avoue  que 
u  un  Breton,  un  Saxon,  un  Danois  el  un  rVaneai*^ 
tout  un  Anglais  *i. 

La  race  anglaise,  .'urinurdluii  même,  se  inélan^'-e 
en   An'îleterre  de   nondu-euv    éléments   irlandais. 


allennuids.  scjuidina\i*s,  français,  il;dien6.  gens  Ht» 
toul  puiL  de  tout  climat,  de  toute  peau,  de  toute 
laiijrue  sotu'de  ou  sj»nore.  On  dil  que  rélément  Im'Uu, 
apjtortê  par  les  Oltcs  d'Irlande,  les  lli*;litanders  i*t 
insulaires  d'l*xoss(\  les  Fronçais.  Ica  Italien»  et  de 
nomloenx  cosnnqHtliles.  ^ai^ne  1res  \isildeiin*nl  sur 
le  hliuidi  il  paniit  (|Ui*  les  honunes  de  barbe  inùlt' 
sont  plus  roilcinotit  ln*ni|»C!i  que  les  homme»  de 
bnrlie  blande,  (|ue.  plus  eapabl(*s  de  résisbuu'e 
et  tle  surxii*,  ils  nn*urenl  luiuns  d(*  lu  vie  inu- 
dcnie,  qu'ils  bcHvent  mieux  les  alcooln.  les  eicè», 
les  jffurs  d'usine,  les  nuits  wms  sommeil,  si  méprisas 
sniriU-ils  par  les  docteurs  du  Nind  depuis  tpie  les" 
Anglais  ont  la  ffulune,  et  les  Allentandsla  \ieloire. 

(Vesl  une  ruée  1res  vjponrense  rpie  celle  des  An- 
glais; pour  la  force  de  <*nrps.  la  stdidité  d'inlcl- 
li«fenet*,  bi  rectitude  d'esprit,  la  téitaeilé  de  prtqms, 
elle  vaut  aubtnt  que  n*irn(H»rle  quelle  autre.  L«»9 
An^dais  ivnt  l'invcnlton,  rardein*  des  aventure». 
rinslitirl  inné  du  rn)iimer4*e.  la  [Uission  de  rêusHÎr. 
U<  eouraf^e  l'rajd,  i*l  un  iiléal  :  l'ai'^o'ut.  non  piuir 
Ihésjiuriser.  mais  pour  en  jouir,  tl  semble  <pie  lu 
lievisi»  d'un  tjénérali>>inn»  lieureux  ail  été  bille 
pour  c»*  peu|)le  :  l'e*t'r,  puin  oser*.  Ils  sont  ikt- 
sonnels  et  deseendi'ul  ilans  IV^oïsnn';  violenln, 
cl  Uturnenl  aisériieriJ  a  riiijuslire,  à  la  ^rossifr- 
ii'lé  brulale,  il  la  rruaulè;  lii-rs,  el  leur  lierlé  se 
fait  arrogance;  sii^jcs,  et  leur  sagesse  ilécline  en 
byp*ierisie;  inqui4*ts»  cl  teuj'  ini[uiélude  <li'vient 
diiiicidté  de  vi\rr,  d('(;oi^l  faiinisfjue  el  suieitic. 

Il  arrive  prfois  qu'un  ettfnnt  meurt  d'un  mal 
imvtmni  jusqu'il  lui  dans  la  btniilte,  puis,  dix  ans, 
\in;;l  aris  afirès,  le  même  mal  ern|>oi'le  iki  b*  péi'e 
t»ii  ta  mère.  4ip  |i|s,  eetle  fille  avait  prophêlÎM^  de 
son  lil  d**  douleur;  su  sniilTranec  disjiil  :  u  Voici  ee 
que  lu  srniJTrints  i>.  et  sa  nntrl  :  ti  Vois  commenl  lu 
mouiiMS  ».  Ainsi  [>eul-('^lre  b's  nations  onl-ellessmis 
les  yux  larrèl  tle  bujrs  destitts  écrit  ilans  le  leni- 
IH'MMment  4b\s  peuples  issus  d'elles.  A  ce  compte-lâ, 
c'i'st  dans  la  ji*unesse  des  Vanliei*s  rpn»  les  Anglais 
lisent  liéjà  leur  vieillesse;  c'est  dajis  les  \ites  4le 
ces  enfants  ulli*aniarins,  dans  leur  ndoratinri  de 
For,  leur  bille  de  jouir,  qu'ils  recunnaisscnt  quelles 
irn(!urrtës  laejiécs  »rn*narenl  la  saiilû  île  l'ànie  ati- 
jjlaise;  niaisjusïprâ  ee  jour  les  lils  de  la  bhmebe 
1*1  ylain  mit  partie  4le  rartes  vej'tus  que  les  Améri- 
cains se  tjâlenl  liévreusemenl  de  perdre, 

La  langue  anglaise,  germaine  /f  l'origine,  puis 
1res  forlenuMï!  mêlée  de  frarïtais  et  <le  mots  déd- 
gnivs  enqH'untés  à  buis  les  idiomes,  esl  simjde, 
li'np  simple  menus   riche,  brève,  poétique,  mais 

1 .  fCfMi  NKfgfft.  tinnti  tragen  :  di'viii'  du  niaréHial  de  Midf ke. 


I 


am;i.i:tkiiiik. 


TiD 


5ourili*  cl  siiigulit'ivnitMil  I.-ihIo  n  tiitenilre  \  il 
scinhii'  qwf  *:'i*s!  un  (lAli  jM'ipt'Iml  îi  l.i  rriiiu*lii$4'  ♦»! 
;'i  \n  5oiioritA  «Ir  l;i  xiix  hiiiiiainc.  Par  IfS  cnluni^'s 
qiu'  TAnglelrriv  sônif  sur  If  (ilubt»,  par  !.•»  (iit^|iiiii- 
dt'Tîiiu'L'  univ(i|*selle  dos  Anglais,  t*IK'  s'élùvi»  lU» 
jnijr  »Mi  jinir  :ai  l'i'plf  de  lan^nit*  ^n*'ni*'r;il<'.  r*»rnïn«* 
\t'  fut  If  lidiii,  nitniiu'  IVsl  oncoiv  lo  t'nuiV'iis. 
L  I  fihis  gr.mde  pari  du  rAniêrique  du  Nord,  l'Aus- 


traii*',  divei*s  roroins  de  rnnliiirril  »■!  Iivaucoup 
d*iios  soiilou  >eroiil  son  (InuMitie:  i*l  d'iuvh  vi  drjA 
ou  le  p.nlt»  d.ins  les  ronlrt^ets  suiviintfs: 

Kii  Anirri<|iic  :  dans  lous  les  Ktat$-I'iiis.  sujI'  dans 
l«'s  p;ir«iss(*s  de  In  Louisiane  où  survit  le  franrais, 
dîiMS  I;)  |Mirlion  des  UoehtMises  t>ù  survil  re>pn^riol, 
et  dans  de  uondu'eusos  ctdntiies  de  Uuile  langue, 
surtout  des  colonies  allemandes,  menacées  de  mort 


lao  poiiile  il«  la  Comouaillct*  —  Lumii  tk  DumiU-ifiiit^er. 


pn)4*liiiii)i*  m.il<^re  teins  millions  d'iioninirs.  des 
ctdoiiies  Scandinaves  non  moins  exposées,  cl  des 
ruloriies  caiiadieniies-rrauvaises  qui  nul  plus  de 
elianei'sde  durer,  au  moins  dans  le  nord  de  la  iXitu- 
vtdle-An;;leli'ire; —  dans  la  Puissance  du  Canada  ou 
iKtniiiu'im.  immense  |»n\s  où  il  vMoh  le  rrnnçais. 
qui  ne  recule  pas,  (|ui  empiéle  au  ronlraire  dans 
l'Kst.dans  le  (kmada  propre  cl  en  Acadie; — dunsla 
Jamaïque  et  nombre  de  l'elitcb  Antilles;  — dans  la 
Guyane  anglaise. 


Kn  Océatifi»  :  dans  Imile  rVusIralli',  dans  la  Tas- 
ntanie,  dans  la  .Nouvelle-Zélande,  dans  le»  Ki4lji, 
terri*»  anglais<*s.  Ou  Tcmploic  dans  les  Sand\>içlt 
autant  f|uc  le  canaque  irational,  cl  heaueoup 
d'iionunes  le  sivenl  dans  les  [letils  arcliijMds  do 
Polynésie.  Micronésic,  Mélanésic, 

Fn  AlViqut'.i'Vsl  ridjonu*  régnant  ilans  la  Sierra- 
Leioie  ri  l;i  Libéria:  et,  ronrurreinmeni  aN»'c  le 
Iu1llandai^  .  mais  uioius  que  lui.  et  peut  être 
txvte  muin«  d'uvcoirv  dans*  lu  colonie  du  Cap.  le 


I  \    n.lîllK    V    \(»L    holsKAT. 


.\;ihil.  Il*  (ii-tr|(tal.iiul  Ucciilriihil  t'I  lo  IU'puljJH[Ucs 
îles  IJo<*i*s  :  Kliil  Liltrt*  d'Orin^»^  ri  Tninsvïial. 

Km  Asi(\  il  n'esl  le  vrrln'  iialituiiil  d'Hiirun  p«Mi|tlo, 
mnis  \à  ni»*iiu'  il  n  <'injrs  ou  lonj;  t'I  en  lar^c  clioz 
plus di»  250  millions  dlioïiitrïes  ofjrissant  i\  l'Angh'- 
tcrre  en  Indi*  i*t  iTi  Itidn-J Jitin':  les  J.*|ionais  l'ap- 
pn^tineiit  plus  ijut'  h'  riissi\  l'aïleniand  mi  l«»  Irau- 
ç{iis,  et  les  Chinois  des  grands  (Mirts  le  mârhonnent  : 
non  pas  Ip  vèritahlc  an^Hais.  mais  un  altjrrt  |»a1(jis 
hAlant.  plus  anglais  (pj<»  clnnois,  le  pidgin  enylish, 
k*  mol  pidgin  iManl  hi  rorniplion  de  l'anglais  business 
(afTairel,  qui  lui-iui^in*'  viiMjl  du  français  bi'sognc. 

Lea  An^^laî^!  sont  m  ^nmih*  rnajnril»'  juvlestards, 
avec  une  Église  ofllcit'lle,  l'É^liî^e  anjîlinine,  riilie- 
inent  d(»l(''e.  et  une  inllnite  de  séries,  dont  quel- 
qiirs-uni'S  souverainenienlridirules.  mais  beaucoup 
sonl  vivantes,  agissantes,  eonquéranl<*s,  aver  In 
Terre  entière  pour  nhjet.et  le  Iravail  de  leurs  mis- 
sionnaires e]je/  les  barbares  et  h's  policés  de  loutes 
les  roulrées  du  (ilobe  esl  une  des  forces  les  jduR 
reiiiMilables  d'Albion. 

Par-inî  res  révérends  qu'on  relroii.e  parloiil. 
henueiiiq)  ne  sont  pas  s^'uleninil  des  messa^iers  du 
Salul.  des  apÔlres  de  la  Boime  .Nouvelle;  t*ius 
n'expliquent  pas  uniquement  la  Loi  et  la  tirilee, 
avec  le  seul  souei  de  souf(l*'i'  dans  Ih  (rorn|M'tfe 
d'ar^eul  du  Tabernai  le.  I1us  d'un  pariiti  res  lual- 
Ires  hommes  est  égaleuienl  indusliieK  commerçant, 
spéculateur,  aj^erd  d'alTaires ,  rl>Il^eiller  de  roi 
nêg^re,  el  connue  tous  ont  le  faualisnie  di'  l'Aujib*- 
terre  jdus  qu'ils  n'euivnt  j«irniis  relui  des  dou/,e 
liibus  d'l>r.ird.  ces  enitsi^ils  luit  pour  lin  d*^s  tins  le 
pïiileelitrat  britannique.  IK-  pui>saiites  smiélés  iui>- 
sionnaires  le^subvenlionnenl  ^étiéreusenietit,  même 
avec  opulenee,  cluicuire  se  laisanl  liomuMir  d*'  tra- 
vailler plus  qur'  les  autres  à  la  eiinveision  et  à 
r/'difîi'.alion  di^s  h  Gentils  u  :  lelle  tl'entre  elles  a 
(les  recel  tes  tle  plusieurs  milliiiiis  de  francs:  toutes 
(lislriliuenl  i\  milliers,  cent  nrilliers»  millions,  des 
Inijlês,  des  brtirhun's,  des  ^ouveaux  Teslairients 
el  des  Bibles  tlatis  toules  les  langues  du  inonde. 

Tilles.  —  l/Artglelerre  einiq*le  une  viiiglaiiie 
de  villes  de  plus  de  tent  mille  âmes,  el  une  l'oule 
de  cilés  dépassant  dix  mille.  Dans  ce  pays  exlra- 
urdinairement  industriel  el  commereaid.  la  uïoîn- 
di'e  partie  du  peuple  i'es[mv  l'air  de  la  camfwigne. 

Londres,  eu  anglais  London.  capitale  {le  l'Angle- 
terre, du  Royaumi^-liii.  de  Inul  l'empire  de  llri- 
lannie,  s'allonge  sur  les  deux  rives  de  la  Taniise» 
qui  donne  accès  nnx  plus  grands  vaisseaux.  Elb' 
abrite  quatre   millions  d'tiubtlnnls  dans    près  dt^ 


I 


quatre  cent  mille  demeures.  Cellf  viUequi  n'avait 
que  5o(>00  i^mes  il  y  n  cinq  conis  ans.  «t  î».'»0tM»O 
au  conunencemenl  du  siérir.  renreniir  dnr)c  pré- 
scnlemenl  1*^  neuvième  de  toute  la  populalion  du 
lloyaume-rni.  le  (piatre-vtngtiême  de  celle  de  l'Eu- 
t'njH'  el  le  Irois-ceiil-soixanliémc  de  eelb'  du  (i!*d»e. 
Ltle  a  plus  de  citoyiis  que  la  Jbdiandi*  (jui  tint 
le  sceptre  des  mer-s,  plus  que  le  Porlu^al  qui 
itimiina  l'Afr-ique  4^1  l'Orient,  autant  que  la  Suède 
(pn  a  balancé  l.i  Itussie.  La  Suisse,  avec  tous  se» 
monts,  ses  vallées  penchées  vers  quatre  mer8« 
H*s  qualre  but^Mi«>>  et  ses  xin^t-diMix  canttuis, 
eomple  un  millitMi  d'lit»mmes  de  moins  qu'il  n'ea 
f^^rouille  h  London.  ('.omme  on*  l'a  dit,  Ixindres  a  ■ 
[ilus  d'Écossais  qu'I^dimlKUirg,  plus  d'h'landais  cpje 
hubliu.  plus  lie  Jurfs  que  la  ieir-e-Sjunte.  plus  de 
catholiques  que  nom«v  Kl  non  seulement  elle  leiiH 
fHirte  en  f>opulation  sur  touti*  ville,  {nais  sim  rom-  ■ 
merce,  «ou  activité,  ses  alTaires.  s.-i  ricbi^sse  délient  f 
toute  rivalité.  Ses  quatre  intllimis  d'Iifumnes 
ne  S4mt  point  quain*  millions  d'heureux;  nulle  ^ 
part  il  n'y  a  tant  de  rriisér*abb*s  sjuis  U»u  m  lieu.  | 
(le  ji-rvlottarifs  cl  d  affames';  oji  peufdii'ait  um» 
lotissante  métropole  a\ec  tes  pauvr-es  honteux.  Ii*s 
tilles  perdu**s,  les  vide-gousstM.  les  piliers  de  tii- 
MMiie  rpji  soiït  les  victinu*st»I  les  lléaiixdi'  f,ondri*s. 

Suis  murs  alentour,  suis  obstacicï?  dc\aul  elle, 
Londres  absorbe  des  liourp*.  des  cilés,  à  mesure 
ipie  sa  mrr  dt*  Iniques  avance  :  de  l/i  sou  accrois» 
.srmcnl  liirmidald<*  :  il  W\  bâtit  en  niiiyenue  prés  ili* 
1 1  01)0  iriaisous  |mu*  au,  il  s'y  ouvre  259  mes  d'une 
li*ii^ueirr  totaU'  de  [du>  de  72  iLÎtom êtres,  et  "  re 
(M'sl  pitis  UM4'  \itl**,  uii\'i>  mir  pi'o\»nee  couverb' 
ili'  liAtiss<»s  ».  (;iuq  fois  aussi  givïnde  que  Paris, 
*'lle  n'a  méirn*  pas  deux  fois  pins  d'habitants;  les 
maisons  y  sont  moins  tiaules,  mttius  pr'essées,  les 
palais,  les  jardins,  les  jKirrs  y  prrmienl  plus  de 
place  et  l'on  y  respire  nrieux  qu'à  Lirtére;  aussi 
LiUMh*es  esl-il  imdesgrvuids  casernements  lis  moins 
visités  p;ir  la  nriirt.  mal^n-é  Ibnmidilé  du  ciel,  les 
IjrfHiillai'tisde  la  Tamise,  les  fumées  de  la  hftuille, 
nialj^r-é  le  Heure  impur  el  unuséabotid,  en  défuldu 
V4'ntre  creux  ï't  de  la  deini-nuflité  d'un  million 
d'itidigetds. 

Tn  jour  viendr-a,  dit  un  Anglais  célébie.  où 
|>i^ut-éfi'e  le  Néo-Zélandais  franchira  la  nier  i>«tur 
vi*nir  visiter  les  décombres  de  la  j-eine  des  cités; 
ilv  Tarcbe  ruinée  d'un  pont  lombé  dans  la  Tamise, 
devant  le  désert  qui  fut  Londres,  il  r-egarder-a  passer 
le  fleuve  en  sonr,'i'anl  à   Titrunilé  «les  empii'cs. 

Liverpool  (550  OOU   hab.k    sur   la  Mer-sey,  près 

1.  SO  i>ei-souiies  y  soûl  mortes  dt:  fairii  eji  l»7U. 


AMiLETKRÎlE. 


41 


di'  \;i  in*'r  d'Irlande,  dispute  presque  ;i  Londres  lo 
iviiiff  de  pnîmii^n*  place  coininerei.ïle  de  riiiiivers: 
nul  porl  d'KurofHî  ne  reruil  d'Artiériipie  nul.inl  de 
cotuii.  nul  n'envuie  en  Ainûrlipie  JuLuil  d  omi^M'anls 
d'Kurape;  sur  l'autre  rive  de  lu  Mersey,  fort  large, 
liirki*nhe;id  a  85000  ii;jl)it;ints. 

Mauetiesler  (5i0  0im  hal>.).  à  moins  de  50  kilo- 
mètres de  Liverpool,  travaille  avec  furie  la  laine 
et  le  colon:  c'est  jwur  quelle  file  et  lisse,  puis 
qu'elle  vende,  que  les^  Anglais  foreent  le  monde; 
une  petite  rivière  du  ba^in  de  la  Mersey« 
Mrwell,  empuantie  et  souillée.  I»  sépare  d0 
S4»n  fauboui'i^.  Salford  (17^000  liab.)- 


Birmingham  (iOOOOOJiab.)-  sur  la  Tamo.  affluent 
du  Trent,  n'a  pas  de  rivales  dans  l'industrie  du 
fer;  elle  produit  Inut  objet  inétâlli(|ue  en  quantités 
inêniorâbles,  des  niaeliines  aux  plumes  d'ari*M*,  de« 
annes  aux  aiguilles,  avec  tant  de  marlenux.  de 
fumée,  de  feux  de  forge,  de  visages  noii-s,  que  les 
Anglais  l'ont  nonmiée  royaume  des  Cyclopes  ou 
Urre  de  l'Enfer. 

Leeds  (510000  liah.l,  dans  le  bissin  de  l'tluse, 

fait  plus  dt' draps  qu'aucune  aube  ville  de  la  Terre. 

.ShefTield  (âSjOoO  hab.);sur  le  l»ou.  affluent  de 

rOuse.  est  un  colossal  atelier  d'imvriers  en  nié- 

biux;  elle  fait  des  cjulenu'î  juuir  ('»fls  le;  [  ayr<. 


Le  cbltrau  Ae  Ca:Ti»rron.  (Voy.  p.  U.)  —  Dt 


-1,  d'apr^^  une  i^iuloplpliio 


ftrislol  (206  000  hab.)  est  sur  rA\oii.  qui  y^  se 
pi'nlre  à  qutdqtie  distance  dans  l'estuain*  de  la 
Severn.oi'i  la  marée  peut  monter  jus«|U*â  18  métrés. 
r/**sl  le  quatrième  port  de  l'Old  England,  après 
Londrt*s,  Liver^iool  et  Newcastle. 

bradfoi-d  (18"»  000  bab.),  voisine  de  Leeds,  file 
cl  tisse  fwnmu'  elle. 

Uullf155  0001iab.).sur  l'Humber,  pn*sde  la  mer 
du  N<n*d,  est  le  rinquiènu^  port  de  l'Angleterre  : 
auliefois  il  ne  le  cédait  qu'à  l.ondivs  et  à  Bristol. 

Sti>ke-sur-Tr(»nl  (152  000  bab.).  prés  des  sources 
du  TrenI,  fait  iles  poteries,  des  faïences.  t\v<  por- 
celaines. 

Newc^isll»'  (  I \o 000 Imb. ;  2 1 0  000 avec  tjali'sliead ), 
sur  la  l)iu\  exporte  inunensément  de  bouille  : 
c'est  |M»urquoi  la  «  ville  du  charbon  o  \ieut. 
connue  port,  après  Londn*s  et  Liver|»ool. 

U>    Hk^j*.    La    TKUMk    A    VOL  b'olMAl. 


Portsmoulti  (158000  bab.),  port  d»-  iruern*  tiè» 
puissant,  rpgtirdti  pres*|ue  notre  Clierbourg. 

Leict»sler  (123000  liab.),  sur  la  .*s>ar.  allluenl 
du  Trent,  est  la  capitale  de  la   iHometeri**. 

Sunderland  (IIGOOO  bab.).  à  l'emboucliure  d« 
la  NVear  daiïs  ta  m^  du  Nonl.  embarque  U^aucoup 
tle  houille  et  conSlHtil  di's  na\ires. 

Nottingimni  (112000  hah).  sur  le  Tivnt.  fait 
de  la  soierie  et  des  ilenti'lles. 

Oldbam  (IH  000  bab.l.  non  loin  de  Moneliestor, 
\     »*sl  une  ville  manuraeturiére. 
1        Bri^liton  (lOHOOO  hah. t.  sur  la  Miincbe.  en  Uhtjq 
de   rt*mboueliure  de  la    StMne,  juste  au    sud    de 
Londres,  est  st  ville  de  Iwiiris  faxorjli». 

Bolton  (1U5  000  liab.)  csl  uue  de  ce»  énor- 
mes cités  d'industrie  qui  font  du  pays  de  Li- 
\er|M>ol  et  Mnnrliester.  eVsl-à-dire  du  Lancasbiiv, 


42 


LA    TKKlîK     A     \liL    D'OISKAT. 


P 


une  colos&alp  u»ino.  incoinparnbli^  jiis(|u'it  ci*  jour. 

Rhickbirni  (lOiOiK)  hitli.)  fait  t'^aloiiifiit  j»nrlit* 
do  l'usiiK*  rïUMistnuMis**  ilu  I^juiraslnn',  ainsi  4|iii*  ^;i 
voisîui-  IVesloii  (lOOOUaiiab.). 

Plymoiilli,  grand  port  do.  guerre,  sui*  l'csluaiii» 
4I1'  la  Tarnar,  a  t  iO  000  liahitaiils,  eu  y  conipi'i*ii.iiit 
llevuii|ii>rt. 

Pays  de  Galles.  — Lo  \m\s  de  (ïallos.  le  NVules 
di's  AngUiis,  n'a  41K»  i'J  IOî<  kilonu'Iivs  carri'S  avi'f 
i  !>G0  0O0  Ânies,  soit  71  p<4-soiiii(*is  pr  lUO  liuc- 
larcs  :  iii^rne  deiisili'  de  (M'ii[tli*  )|ii*(Mi  Fniïici'. 

Li*s  lorr*'rils  y  s(»ii(  iMjHilt's,  la  ualiiii'  siuvfljfis 
avec  irtfiiiijiK*nt  de  duu4:i'ur  çà  et  là,  et  parfoi:* 
inliiiirneiittic  Irislessc.  I)i'h  monis  si^vères,  srhish's, 
^rartils,  [>orplÉyr*"s.  caK'iiirt's  tU  givs,  y  alliit'til  la 
pro*'t'Sï)i(i»  des  nut''os;  laroînoiit  ua  rit*!  tH-lalanl 
souï'it  à  loui'ft  liruyi'*res,  cl  Intp  swuvi*nl  le  IVtàil 
bi'oiullard,  la  pluie  fine»  los  vriils  niouillès  lr**tn- 
p<'iil  le  MiaiiliMi)  (lu  \(iya^4*ijr  appi'lê  i^lnv.  tes  Gal- 
lois par  la  hi'aiilè  soiidin*  <lii  pays,  [inr  st*s  rkmuj- 
iiients  iKirliiii'iS.  sivHdolrntMis.  iiu'nliifselrrarnlri'lis, 
rï  par  les  ruinrs  ilt'  si's  forlt'n'ssrs  rt'<Hlai<*s.  Le 
rtioïil  k'  plus  rli'Vi',  le  $Hû;f'r/oti  (lOSiS  uiéln's)»  s'iii>- 
pelle  de  \n  sorte  en  îui^lais,  sur  les  cartes  et  les 
livres;  mais  il  a  [kour  vrai  iKirn  Moêl-v-WvdiH*a, 
i'.'ir  c'est  ainsi  ipjc  le  ifêsi^^ijfjiL  dans  leur  laii;^Mie 
on  ne  sait  coinbiiMi  de  fois  centenaire  les  fuisleurs 
tles  ViiIIons  (pii  le  rottleniplenl  :  il  se  ilresse  prés 
de  l'èlroil  eluMial  tle  Menai,  sépaianl  l'îli'd  Vn^li'sey 
lie  la  grande  terre,  j)rêeisênient  au-flessus  de  la 
ville  où  Ton  admire  une  de.ti  jdus  |ïuissanles  lorle- 
resses  du  W.des,  relie  do  l!aeriiarvoJi  |Mir'  sièrli-). 

Le  pays  d«  Galles  envoie  heaneuup  de  ses  eaux 
h  la  S^nern,  (!euv<»  do  moins  de  "nij  kilunièlres  de 
r<jui*s  dans  nn  f»«ssiri  de  I  '_*MJOn(>  hi'etares,  avant 
une  portée  do  IM)  nn'*fn's  rnhes  f»ar  siTonile  lors- 
qu'il ai'rive  dans  le  vasle  esluaijv  niï  turtdK'nt  aussi 
la  Wje.  rivière  trnn  di-hil  de  (iO  rnrires  euhes,  el 
l'Avon,  qui  passe  à  lli-islol.  hirriièe  dans  le  t'iyru- 
linmiDii,  lit  SeveiTi  coule  d'aljord  au  iioni-est  vej-s 
Maai^liesler,  puis  î\  l'est  vers  rpsltiaire  du  Wasl», 
puis  au  snd-esl  ronuiu*  [mhu*  ^M*,'jier  Lontlres,  jmis 
drnii  au  sud.  enljti  au  sud-uuesl  et  â  inuesl  suus 
fiu-ine  d't^âtuaire. 

La  liuitiile  et  le  fer  renipfîssful  les  uiojits  {jal- 
lois,  devenus  un  reinlez-vous  d'usines  ^'éanles.  l'rès 
do  ees  grandes  casei-nes  où  Ton  rnarlèle,  où  Ion 
triture,  où  l'un  fahrjipu.%  de  pelifs  nujutmis  el  des 


birufs  noirs  poissenl  d^ins  les  prairies  que  l'hunn- 
dit^  du  eiei  ganJe  en  |M>rp(''tuelle  fraicheur. 

Les  lî.illoiH,  app*'lés  NVelehes  piir  les  Anglais, 
eoniballirenl  fiendant  des  reiilnines  d'années  1i*h 
Saxons  de  la  plaine  avec  un  couraK^'dignedu  {MMiplt* 
qui  avait  pris  pour  devine  :  «  La  vérilécuntre  luus!  0 
Après  les  délailes  do  la  lin  du  Ireizietue  siècle,  Wa 
se  retruTicliêrenl  dans  leurs  monts,  uunlessus  du 
(dat  (layssHxoii  el  nonuaud.  Ils  y  ont  «'ouservé  leui*s 
\ieilles  ino'urâ  el  leur  cuunieg  celtique,  en  eehi 
plus  lieureux  que  U*»  gens  de  la  (^rnouaille. 
veufs  de  leur  langue  depuis  plus  d*uu  siècle.  La 
diToule  du  relli*  de  (iorruuiadle  tut  rapide.  Vei*H 
l'an  i'dH),  b  Tuiuur,  (]ui  linrdH-  dans  l'esluuire  de 
IMyinoulli.  faisait  sa  lîuiitr  av«'t' l'anglais;  en  1700, 
on  le  parlait  t^u'ore  dans  b's  vingt  trois  pnroissi»H 
â  l'ouest  de  la  pres(|u'ile.  el  déjà  en  I77H  il 
n'existait  plus,  mort  avec  Dolly  Pentrealb,  femme 
âgé4'  qui  avait  vé(*u  dans  un  village  de  p^heurs 
vidsin  des  caps  oeridentaux  de  la  (iornouaille.  Ut* 
inèuie  dans  lile  de  Itugen,  el  en  Tasiuanie,  c'est 
une  viitilii*  décn^piteipu'  prononça  les  derniers  mots 
d'uut'  bii^iue:  les  friurnes  plus  qiîe  les  lionuncs 
respeelenl  b'  (»assè.  «*Ues  g:ir4leul  mieux  le  sou- 
venir de  tout  ce  qu'enclnt  la  loinhe  noire. 

Le  rynuaeg  se  débat  très  vigoureusement,  il  ne 
Muidraiï  [«as  f>érir  :  il  a  se»  cuncfujrs  de  rhaul, 
ses  ronronnemenis  de  banb's,  s(*s  journaux,  que  le 
(lallois  lil  axer  anniui';  einc|  il«M*e»  feuilles  [tarais- 
seul  eu  Anièiitpie.  l'ai*  niallieur.  les  écoles  gal- 
buses  ont  1  anglais  |>our  langm*,  et  Londivs  el  Li- 
verpool  sont  trop  |irés  du  Moèl-y-Wydilfa.  .Malgré 
(oui,  le  nundu'e  des  \V4del1es  parbnt  rsniraeg  m* 
diniiiHie  point,  connue  eidui  des  Irlandais  ou  des 
Kcossais  parlant  celle  ;  seuleniejil  presque  bmt  ce 
|>euple  sail  déjà  Tidionie  qui  bériU'ra  du  gallois, 
el  do   ]>ien  iLnutreâ. 

Plus  bruns,  plus  petits  et  lra[HJs  que  tes  An- 
glais, les  Galltdss'ocnjfH'nt  moins  île  Ja  culture  des 
chaiTijîS  que  de  IVlève  des  besliaux.  rie  la  pèeln'. 
des  mines  et  des  mélaus.  Comme  tous  les  j>euples 
bergers,  ils  sont  conteniplutifs;  leurs  chants  po- 
}njlaiies,  rtul   beaux,  ]'i*s|iireul  la  nu'datn  idie. 

Aucune  ville  du  Wales  n'euferine  leni  mille 
cbnes  ;  à  peine  si  Swansen,  poil  du  ennal  de  hrislul 
el  première  usine  de  cuivre  iles  deux  nnuides, 
eu  a  iîilUJO  et  Merlliyr-Tydfii  ^U  UOO,  celle  der- 
nière, groupe  de  foi'ges  près  de  la  TalT,  affluent  de 
la  Severn,  est  l'une  des  métropoles  du  1er. 


« 


-lu. 


ÉOOS&K. 


U  cbalue  lies  Ciainpiaos.  (Vov.  p.  i;>.)  —  Dessin  de  W.  U   i.  Doot 


ECOSSE. 


Firths,  monts,  torrents  et  lacs.  —  î/l*><isst» 
e.Hl  |irii\ri-)iiiilt'  rDiiiiiic  l.i  Stiissr.  ril.ittc  eu  l'Ait- 
tlaloiisît*.  V(*tJl-on  r«i>|«'l<n*  U  rutli*ss(\  la  iitidiU'^ 
tlt»s  rroujM's,  la  briniM'f,  li's  timrlifs  ikhti's,  \n 
snliiutli*.  Ifs  liori/oits  lininit'tn.  (mi  iiitiiiiut'  iiussjlôt 
ll'^  llijL^lilHnds  ou  lhiiit(*-Kcos8e  :  lA  destin,  monts 
iiioiosi's,  poiissml  à  la  iiht  clos  roua  *»ii  c.'ips  i\o 
tfiisallo  »'l  viM-siMil  ilis  ihtn  ou  cascjiili's  Hrtus  rh'« 
tjleit  <'l  Hcs  $irath,  r*troiU  vallons;  ct»s  vallons  s'on- 
viviil  sur  (ips  !ocli  ou  lars  ot,  (l<»vi»nus  v.ilItW, 
|M*nli»ul  Ipui'  lli'UVi»  dans  un  Jini|ili'  ahrr  ou  invrr 
(Iw^re.  estujiinvi  ;  là  le  rliaiil  ilt's  l'uissraux  ô<|ayi^ 
la  saiivn«i;rrii»  (It's  hainoaux  cl  h»  deuil  dos  vi(>j|lrs 
ruinrs  d'une  liistoin*  qui  fut  tnt^'i<|uo.  iMns  celle 
4pi'e  contrêo.  si  lointaine,  que  Itoine  ledunlail, 
dont  nuVmt*  elle  se  si^|ijn*a  lArlienii'til   par  un  nnir. 


loul  sile  sfîilïi'eux  eut  son  doiyun.  foui  site  gra-* 
riiHU  <»u  propre  à  la  ntnlilaljnrt  sou  rnonash^iv. 
Maljîiv  les  lullcs  de  riau  h  cliin,  les  conitmts  de 
seijjiieur  à  st'ip;neur,  la  loriju^tn'  ;^'iie'rn'  nalionale 
lies  délies  t''*'i»ssais  eontre  1rs  Atij^lais.  rnlin  maigre 
la  pluie  4|iii  ileseelle  loule  nnjraille,  il  reste  enroi*c 
hcaurotip  di'  o-s  niauoirs.  depuis  le  rliAlenu  eerni^ 
«If  ptns  où  Maet»«'lli  égor^jea  Malctdin  jusipraux  dt»- 
nioures  où  jinssa  la  bcll«>  JJarie  Sluart.  (|ui  Tut 
reitie  de  Fr.inee.  îl  y  l'ul  |M>ndaut  des  8i»^flos  un 
f;raud  ftinoin*  cnlre  la  rranrr  i'(  l'Keo^se,  ces  deilX 
pa\s  se  proli'-jit'anl  l'un  t'aulnM'onlre  rAnglolrrre, 
el  lon^Meni[is  nous  n'eûmes  pas  d'allii'splus  fidèles 
que  les  Écossais.  Mais  plus  tard,  quand  ce  peuple 
iMil  appris  à  marcher  sous  la  bannière  anglais',  il 
roiilriUua  par  sa   vaillance  aux  vicloires  (|ue  nos 


41 


L\  THUia;   A    Uil.  HiUSKAI 


cnnoriiis  nous  .'irnirltrii'iil  sur  terro  ri  stir  nier. 
NuH  aiidv's  «  atiii's  l^  ft's  Irhinflnîs.  ont  aussi  tra- 
vailli''  iKMiH'diip  à  h\  iMiiiK'  di^  Li  Fnince. 

l'iK'  (les  spliMMlctii-s  (le  riù'OSM\  c'est  sa  truT 
d'une  mtyt'st»^  sotnhre.  coupiV»  eu  firlhtt  ou  golft^s 
lrt''s  iïv;iijrt's  dans  li's  ()»nvs,  Im'tjss^V  tic  raps, 
imnin'  *lr,  falaises,  cncoinbnV  d'ilrs  ri  d'i'curtls, 
et  rapide  on  s*'s  détmils  Jusqu'à  des  vitesses  do 
i5  à  20  kiloinèlres  A  llieure.  L'Anf^leterre  elle- 
iiu'nie  n'a  pas  un  liilnnii  aussi  lirisé  que  rKeussc, 
cl  le  (lot  de  l'i^céan  s'y  rappre»clic  moins  d*'s 
monts  de  riutêriour. 

Ce  pny^  Ami  «énormément  à  la  mer,  et  bien  de-; 
rnilliei^  d'Iiomnins  y  vivent  di»  l.i  pêelie.dr  la  navi 
gatitui,  qui  niourraienl  de  faiiti  sur  des  ru^silés 
ingrates;  los  valli^es  rerliles  y  sont  rares,  élroites, 
eouiles  ou  prises  [lar  des  lars  sotis  le>quels  s'a- 
masse la  terre  de  l'avenir.  La  |H»pulalion.  Inip 
senvt»,  s'etdrelleiil  [jar  les  lrou|H'aux,  la  graiiile 
îndnsli'ie,  le  rifruniiTee,  la  ntarjne.  et  la  mer  écos- 
saise esl  !UK'  réserve  dt*  ffoissous. 

LMOcusse  piMli'  trois  niassils  de  inimUigues:  les 
Munis  du  ^iii\,  à  l;i  IVtMiliêre  atii(laise  ;  les  (irarn- 
pians.  nu  eenire  tlu  pays;  lesMtMilsdu  Ni»rd.en  fare 
des  Hébrides,  des  Orcades  et  de  la  nier  qui  va  jus- 
c|u7i  rjsl;m<le.  A  l'inverse  de  rAngleleri'e,  qui  est 
surdiut  jdaiucs  el  eoleaui,  l'Kensse  esl  presque 
toute  en  nuuifa^'ues,  et  sans  elle  le  noyaurni'-lni 
aurait  une  altitiute  miiyemu»  Iiien  inférieure  aut 
"21^  iin'lri's,  plus  4Ui  uituris,  ipr^n  lui  attribue; 
r^i^lle  qu'on  dorme  à  l'Keasse  esl  de  58!  nièlres. 

Ces  beti,  le  plus  souvent  tius,  se  vêlent  rà  et  là 
de  pins  sylvt»slres  et  autres  roniferes.  Nul  d'entre 
eux  ne  nnnite  aux  hauteurs  verliji^ineuses;  dans  les 
Miuils  du  ^>ud,  liersde  posséder  à  riiuudtle  allilude 
de  4.^0  mètres  le  village  le  |)lus  élevé  du  Royaume, 
le  Merrieti  atteint  HirMuèlres;  <tans  les  (irampians 
trûne  le  lîeu  \evis  :  w  monai'<|ue  tii'  l'arcliipel  an- 
glais nuque  17*43  mètres;  grandiose  {Hjurtant,  il 
regai'de  le  lifemnore  roi  tlrand  Val,  très  éJroili*  et 
très  liiti^ue  tissure  qui  sépare  les  iiraruptans  <les 
Monts  du  Nunl. 

hv  flleuoiore,  rassure  d'une  rare  ludtelé,  va  tlti 
firtli  de  Liirue  au  lirtli  de  Mt»rav,  rie  nïer  à  nier,  des 
eaux  qui  touclienl  presque  l'Irlande  nu  Jîtloral  d'où 
Ton  verrait,  si  la  4list:inre  ('tail  moindre,  la  (cita- 
delle des  niiuits  norvégiens  s*esrar|ier'  sni*  Ihs  finis, 
haussa  ju'ofiiudeur  est  bifjiti  le  eanal  ralédonit^n, 
long  de  loi  kilomètres,  ïir4'sque  loul  en  liords  et 
#*a  lacs  singulièrement  ressei*rè;i  qu'unissent  des 
lron(;ons  de  rivière;  re  piissage  min'  Allanti(|ue. 
et  mer  du  Nurd.  plus  qn'ébauclié  par  la  nature. 


I 


a  surtout  piulite  île  raduiiralile  Liuli  Nrss.  t|ui  .ij 
240  ni*^tres  de  creux  cnlic  des  relèvenu'iils 

500  Miètres  de  liaut  :  ee  lares!  un  [wlil  Sagueuay* 
«te  sa  napjH*  fort  allim^êe.  qui  a  rarement  plus  di* 
1  i(M*  mèlres  de  bord  h  tnvrd.  sorl  la  Ness,  qui  entre 
à  Inverness  dans  le  liont  de  Moray. 

Dans  b*s  Monts  du  Ntird.  le  lti-n  Attaw  s'élance* 
à  11  no  mètres. 

4S4)US  une  voiMp  que  les  nuages  n*al>iindoniu*til 
guère,  du  nmins  sur  le  veriç^ml  d'ouest,  b»s  soun'**îi. 
li's  gouttes  qui  rdlrenl  dans  la  Iranu'  des  bruyère* 
s'uniss4*nt  eu  rivières  linqtides,  bien  que  noires  p4ir- 
fots.  aimant  k  M  repriser  au  M*in  des  lar»,  aprt>s 
s'être  falii^uées  et  brisées  diifis  l'i-ffro'!  des  nipides. 
le  travail  [>ei'du  des  rennuis  et  le  sauve-tpii-pi^iit 
des  casradfs.  la  Tweed  «erl  de  limite  avec.  TAnglr- 
lerre;  la  Civile  eï»|  rt*normnée  pour  les  souvenirs  <t4« 
riiisloire,  le»  paysages  de  sa  vallée  Miperieuri*.  m's 
rasrades  de  Lanark.  TimmenBi*  industrie,  le  com- 
merce, les  rlianliern  de  eonslrurtion  de  son  •*«*- 
luaire;  le  Korlli  et  le  Taj  (iiussent  par  deux  gramin 
flrtbs,  la  lU'ti  d«^bouclic  h  Aberdeen,  le  Sjiey  e^l  ■ 
plus  rapide  que  les  autres,  la  Ness  sort  du  Lorli 
Ness.  le  jdus  giNUoI  d'eux  tous,  le  TaV,  bmg  «le 
LHM)  kilomètres  en  un  bassin  de  000  tMM)  heetares, 
ronle  en  noiyerme  Itîr»  métrés  fulh's  par  seroiidn. 
Va  T\\eed  7*v  la  t'jydr  7t>. 

l'arnti  les  laes.  prrstpie  sans  ttorrdtre,  le  bmiond. 
grand  de  I  MJtl(]  à  llHjrM»  lieetiu-es,  profond  de 
•J iO  mètres,  ^lotl  an  [ïied  du  [ïen  L(miond  (97r>  mè- 
lres) ;  voisin  de  l'eslnaire  de  la  Llyde.  il  lui  euvuîi! 
la  rivière  LevtMi.  le  Katrine,  petite  rtnlurlinn  du 
lac  lies  Quatre  Cantiuis  FtuesliiM^  en  Suisse,  vei-Rait 
toutes  ses  eaux  dans  un  aftluenl  du  lortlt  avant 
ipi'un  ranal  h  tuimets  lui  soutirât  1711}  litres  pni 
seeondi^  pttur  l'usage  de  l'énorme  (ilasrtm.  Os 
deux  bu's  sont  très  beaux,  et  «ondiien  d'autres  eu 
ees  dures  montagnes!  Tous  ne  sont  pas  riants, 
irième  il  y  en  a  de  revôrlies,  Tuais  bien  peu  smit 
vulgaires;  dn  dernii'r  ruisseau,  iils  ile  la  tnuilïe  el 
des  brantles,  qui  leur  arrive  à  l'exlrèinité  d'amont, 
jusqu'à  la  ri\iènMjui  les  vide  sans  les  épuiser,  leurs 
eaux  s«mini'illen(  au  pied  drs  brn  dont  l'î^pretè 
n'est  pas  sans  grandeur;  au  bord  itc  ees  Ilots 
obscurs,  vepsèspar  des  naïade»  presque  èlenielle- 
nient  raeliées  dans  le  brouillard  au  Viou  <te  luire 
erdri'  b^s  huïssons  verdovaiits  <le  la  source,  [mis  de 
fuir,  enirevues,  deri'ière  la  ramée,  devant  eette 
l»eaulé  faili'  souvient  de  rudesse  et  d'abandon,  les 
Anciens  eussejiï  leiuilé  coTurue  de\anl  mu"  laideur; 
û  leur  âme  née  dans  la  lumièi-e,  les  lacs  écossais 

I.  ^  raiidf'  et  suiiibr,'  ri\ièivtlij  €;ninr|ji  frauçai». 


1 


4i> 


LA    TKIïUK    \    \(*l.    tniISKVI 


l'Usscnt  ;'i  pt'iii*.'  s«'tiililô  dignes  H*'S  l'irlrs  ii  des 
Calédoniens,  lki*barcs  isult^iooiil  as^ig  A  la  dcrniôn* 
liiiiilc  du  mnmti*.  Toiiti^rois.  poiir  n'être  ni  bril- 
lants, ni  ft^li^s  par  dfjoyiHiv  rolt*au\,  les  Itit'iis  de 
]'h]cos»e  n'en  .S(»n(  |>ns  moins  de  nobles  Iacs.  AvHut 
l'ixiime  .'iprès  le  héros  Fiugal  ci  son  lits  Ossian.  une 
|i>ngue  ligtiée  de  poêles  en  i'élel>ra  b's  beautés 
dans  des  h^innes  nuageut,  di-  n<iîres  légendes, 
de  iniiles épopées;  TTialsIe  «  monnnienl  |dusélernel 
cpie  l'airain  »  que  ces  ehanteiirs  emyaienl  élever 
à  la  gloire  du  \n\\s  des  bruyères  n'aura  duré  qu'un 
petit  nnndire  de  sièrlcs.  ear  la  lan^jue  de  ces 
bardes,  le  •rnttural  gaélique  va  disparaître. 

Il  manque  h  rea  lar»  le  vert  ou  l'azur  d'une 
oiale  épurée:  ils  ne  sont  bleus  tpie  cpiand  ils  ren- 
voient au  rie!  k*  Ideu  d'iiii  jour  éelalant;  lorsque 
le  vent  les  brise  :i  la  rivt',  c'est  une  eau  brinuitre 
et  mugeâlre  <jui  déferle:  brun;ltre  parce  que  les 
ûllliii*nls  du  lac  oui  passé  sur  l:i  tourbe.  rou;.'eAtre 
pai'ce  qu'ils otil  lilïré  daii>  la  racine  di*s  braodes.  VA 
riviêies,  ruissi»aux  el  torrents  sont  presque  Ions 
d'un  i*ouge  sonibn^  comme  les  lacs;  beaucoup 
arrivent  à  leurs  lochs  par  des  (flens  niaré<*ai,^'ux,  el 
lel  petit  Léman  eiintineiici'  el  linil  dans  les  jon- 
cliéres  au  [yied  tTuii  hen  unirorrite.  Les  rnonU  écos- 
sais varient  peu;  l'an-s  y  stuil  li'>  (lies  (iers,  libres, 
bien  indi>iduels.  altiérenient  dega»,'és,  assez  bauls 
par-dessus  le.s  aulri's  [tour  que  le  regîird  y  pinne 
sui*  un  p*;uid  tour  d'IiuriKun  ;  ils  stmt  ternes,  sans 
arbres,  en  niuti.sse  et  mm  pas  en  prairies',  n»ouo- 
tunes  dans  lem-  liislesse  é[dorée.  avec  leur  bruyère 
lanuoyanle  sous  ce  citd  bas,  plombé,  cliar^é  île  pluie. 


Les  Écossais  :  Lowlanders  et  Highlanders. 
•^  Sur  78  Sllà  liiliimèlres  carrés  la  (eri'e  écossaise 
a  3  7r>4  000  babitanls,  suit  M  personnes  par  100 
lu'clares. 

Lt  majorité  revient  aux  Liiwjauders  ou  pMi»  du 
pays  bas,  (ierniains  aiijLr|iq>|iiiriey  mêlés  *te  ('cites 
en  proportions  mal   ronnni*s. 

On  les  dit  supéi-ieurs  aux  Ari'.dais  d'Ang^lelerte 
par  la  taille,  la  (orce,  la  loyauté,  réner^ii*  que 
rien  ne  rclititc.  le  sérieux  <lc  Trypril,  l'anuiur  de 
l'étude;  iiiais  ré;^niïsnie,  la séclieresse,  la  bigutciie. 
rinlolèraiic»».  l'étioitesse,  jjâlenl  souvent  ces  forts 
1  araclcrcs  d'boiinticîi. 

La  contrée  qu'ils  babitent  est  devenue,  par  la 
bouille,  par  le  fer,  un  colossal  atelier  (rindustrie 
cri   même  ternpft  qu'un  chantier  de  constructions 

1.  Ksiropt"^  sor  lu  n'ilf  orinihili',  (jiii  a  <lc  lidk's  fiïrt''t>i.  fie 
vrrU's  fiAitjjvs,  quoiqu'il  y  jikiive  biti*  iiiiiiii.s  ifiw  sur  li* 
tiltttral  a'tMxidcut. 


SUIS  rival;  c'est  aussi  mie  région  marinière,  une 
pairie  de  péeh»wrs,  dp  mabdols.  de  grands  navî- 
•raleiirs  devani  rËlemel  ;  cl  cela  bien  que  lu  Hh<^so- 
Kcosse  ait  peu  de  liortls.  tandis  (pie  la  Ibiuli*- 
Kroiisi*,  tiMib*  en  firth*.  priMluil  peu  (l'Inmiinen  <le 
mer  :  e\repli*»ns  à  part,  les  boiiimes  d'ori«:iïn*  cel- 
tique iront  jainois  lM*aucoup  aîmé  l'Uréjui  ;  ils  S4int 
avant  toul  pasteurs,  puis.  8'il  le  Taut,  retoumeun» 
de  hi  glèbe. 

Parmi  les  lli^'bbmders  ou  gens  de  la  Monta^v, 
2r)!20l><>  seulement  n'ont  pas  encore  rejeté  ridivnie 
des  aïeux  celles.  La  li^ne  ^é[tara^t  les  Anglopitones 
des  tlaéls  part  du  g(dle  de  la  (J\de  pour  aboutir  à 
relui  de  Miu'ay  après  a\oir  décrit  uu  dcmi-cerclc 
dont  la  convexité  regarde  l'orient  el  qui  embrass,c 
les  boules  vallées  du  Torlb,  du  Tay.  de  bi  Uee. 
du  bon  et  du  Spi*y;  elle  divise  ainsi  llicosse  en 
deux  parties  fwi'sqne  éjL'ak's,  laissant  au  verbi»  an- 
^dais  la  région  basse,  tempérée,  féconde  el  peu- 
pler, alors  qui'  le  ^aéliqne  m»  règne  que  sur  di»s 
vallons  déserts,  îles  lacs  cernés  de  rncbes,  dts 
crotijH's  ilénudées*  deii  lourbièn^s.  dt^  ga/4Uis  nui- 
vatjes.  Ranni  dés  le  on/iéme  siècle  du  palais  ib'&es 
ruis.il  recule,  smioiil  depuis  la  nélonne;  il  résonne 
eiiciKv  dans  une  porlî(»n  des  comtés  de  Bute,  de 
Slirljng,  di'  Dumbarton.  de  |*rrlb.  «rAberdeen.  de 
llanfr.  d'KI;rin,  elr  Naiiii,  de  r,attiiiii'ss,  el  principa- 
lement dans  b*s  îles  llébiideh  et  dans  les  comliV.s 
lî'Arjiylc.  (.rinverness,  de  Ross,  de  Criimarlhy  et  de 
Sntberlarid  :  ce  dernier,  bien  cpie  situé  Itnil  à  lait 
au  sepleiilrioit  île  rKcoss*',  porte  ce  nom  de  Terre 
du  Sud  parce  que  les  Scandtiïa\es  qui  Ir  désigUt'- 
renl  ainsi  venaient  du  ^<*n\  ({uand  ils  débarquè- 
lenl  sur  ses  rives. 

Les  Caêls  éniigrent  en  grand  nombre  veis  l'Amê- 
ritpie  anglaise  :  aussi  y  a-l-ïl  tlajis  la  Nimxelle-Kcosse, 
(latts  l'île  iUi  {!a[i-|ln'U>n.  dans  b«  llaut-tlaiiada, 
des  caillons  et  mèjm*  di^s  cnnités  on  le  j^'aéliqne 
est  iMicore  fiarlé  pins  (pie  laiiglais  ollicieh  les  Mat:- 
iKniald.  les  Mai"-hcMKie,  les  Mac-tlregnr  v\  auli'ea 
liommes  dont  le  nom  conmii*run*  par  Mac  s'y  ren- 
contrent aussi  rréijiii'tnmiMit  que  les  Smith  ou  les 
Tliomson  en  [»ays  d'Anglo-Saxmiie. 

Les  Celles  d'Kcosse  étaient  divisés  en  clans  ou 
tribus  séparées  souvent  par  des  baine»  alrorcs, 
par  des  siècles  d*;  san;;.  Le?  Mac-lJoïtalil  étaient  Ich 
gens  du  clan  des  Donuld»  les  .Mac-*!rc;;i>r  «eux  du 
clan  de  Cregor,  et  ainsi  de  suite.  Sans  leurs 
guerres  inexpiables  d»*  tribu  à  tiibu,  les  (Irlles 
de  la  llaute-lv'osse  auraieiil  évidcinmeiit  exiirjié  Ir's 
Anglais  de  toute  l'Ile»  el»  par  cela  même,  de  tonte 
la  Tein».  Aujourd'bni  rèibiil^   [ni'scpn'  à  rirn,  ils 


i-:<:nssE. 


47 


JiniinuiMil  pni'on'  pnr  l'nppt'l  du  l>;is  pnys:  il  n'ost 
pas  lit' jour  où  tpn'l<HJ**N  t'itiiHlli's  ilrs  lli^^ïiliujils  m* 
dcsci'iHlrrif  dniis  U's  Linvlîuuli*  |K:itir  sfii^agiT  jiii 
MTvii'ii  (il*  rituluslrits  o\  nrininMit  cf^s  mnnlJi- 
gnnrils  ivtouriieiil  à  l<nji*î3  v^illoits  d'i*n  haut.  (ÀTh's, 
ils  frr.'iiiMit  niit'ux  i\o  tvstiT  dans  It»  pnys  dos  tM:n^ 
nialgiv  sa  snuv)if;ij  Irinli^m',  Fa  |muvrett>,  si»s  i*a- 
Iniiii's  plus  *|UL'  MiistTabli'ï';  dans  U's  villes  où  ils 


voïil  S(*  piTdiT,  ]a  pliiparl  n^slciil    ni:illiiMiii'iu  ft 
tlevi(»tintMil  ivrof^iifs. 

l.cs  llt^'lil.utdtM'^  tlîritinutnit  [i.-ir  uih'  .'utli'c  r.'iiirir, 
ImiiliMisc.  iiwiis  la  lioiilf  ii'i'st  pus  pour  ont.  \llii 
ira^raritiir  t^t^s  triTiM  d<*  cli^iss4\  niMÎiit  l.iudliird 
a<'li(''(i'  îiutour  *li'  Itii  tout  le  sol  i[u'il  peut  arli*'l*'i\ 
pâture*  ou  labuur,  «pi'il  abatiJcrniu;  à  la  iiatutv 
libre;  h  la  nature  vngue  plutôt,  car  il  n'aime  pntt 


UcU  .NcM.  (Vuv  I»  15  )  —  1X56111  Je  fi  II   J.  looL 


la  fijrtft»  il  l'abat  mônii*  <(ouvenl.  la  brande  va- 
lant nii(*u\  pour  te  plus  o  iiultlt*  d  ^Mbier;  il 
èluijfiic  df  fortu»  ou  de  gré  le  fennier,  le  Imt^it, 
lu  eolun,  rempLiçanl  »illoaï<«  jirêiî.  ^niiuU  Imiîs 
|Mir  la  bruyère.  Et  If  pauvre  <>lle,  arriirlir  dr  Wiii 
fouT,  jwri  pour  In  vilb*  indu:>tru'lle  «Itco^se  ou 
il*An^lr(erre.  ilaVn  va  dans  l'Amérique,  aux  Ktatâ- 
Tni!»,  en  Aradie.  au  Canada,  au  (iruid-Oue^t,  au 
Nord-Un«»sl,  |Hir(t>ul.  el  lai^s*'  t.t  vatlre  rviUile  nut 
piqtieurH.aui  meules,  pour  la  plus  grande  gloire  du 


peuple  aii^luiii.  bildique  rare  qui,  dit  un  CaM* 
dieu,  u  n  le  di»utde  latent  dexpropier  >'a!>otii  rt  d'ap- 
peler ^ur  hon  ehanip  la  bénédiction  du  Si'i^neur  i. 
Lix  plu|Mrt  des  Kf'OMft.'iik  se  nV.lainetit  du  proti*»- 
tafiti^fU'*,  ici  Irè»  \\\wt'  enciu-e,  Irén  rnilitaal,  dis- 
loqué en  M^cte»  dont  qutdqucs-unes  Ptranf^ea  ; 
beaucoup  de  tni5»ionnatre.4  parUuit  (f'^xo!i»«**  el 
nombreuAes  dan»  le  ujoridi*  eiilirr  sont  le»  «  «Mjvre» 
ebntlienneA  a  qui  mourraient  du  «oir  nu  matin 
Han»  Targent  que  cette  coulnV  leur  envoie. 


Travi'i*si't'  pnv  la  Clydr,  rtvii're  tic  120  iik'Iïvs  df 
larj^e  qui  va  dfi>vniri'sluain%  ceiU*  u  laimMitable  » 
ritA  [jlfiiio  *i'iilcaoli(|iïL's»  où  l\iii  ineurl  à  (oison 
iLiris  \i's  bouges,  sLiJ'  les  riii'llcs  t'I  Its  culs-tle-sar, 
inoiili'p  nux  ntrmnls  de  t'industrir  deux  i-lnuiiiutVs 
(b'  Uriffijos,  l'uni'  de  1^'2,  IViulii»  d»'  142  iru''lrvs, 
dorniri;inl  près  ^\l?  4000  usines.  Kilo  roïislruil  aulniit 
ou  plusdiMiavirpsqiu!n'ïniporlo<|uolautn*cli.'»nli«r. 
L'adiiiii';dilt*K(liiit])oui'irJat]isra|>ilal<Ml('rKrossi', 
eiit    bâlii^    sut'    la    jivt'    )iièi'iilio(i;ilo    du     la    [jale 


du  l'ojlfi,  «'11.'  ^'niujH'  M's  228000  liahihiiits 
(289  000  awc  Leilli)  autour  de  lu  roche  l)asaUi4|ue 
ardue  i\u\  porte  raiitien  piiliiis  {l'Iltdvrciod.  C'est 
uiie  eilé  lidéjaii'e,  rnero  ou  nourrice  de  grands 
hommes. 

I>iimlee(l42  OOOliîdjiiiiiils),  surleT.iy,  prèsde  stm 
embiiueliujv  duua  la  iriei-  du  Nord,  (lie,  cotislruil, 
tra(ii|ue,  iiaviguo,  |M>f.!ie    la  baleine  et  le  plHHjih». 

Aberdeeri  {lO:.  000  liab.)  boi'de  la  mer  <fu  Nord 
à  l'einbtjUfJiure  de  la  Oee  el  du  bon. 


IRLANDE. 


4U 


Ue  do  Sollarnor  :  Hou  Cutle.  (Voy.  p-  50.)  —  Deisio  do  Tb.  Wcber,  d'aprèt  une  pbotograpbia. 


IRLANDE 


Climat  doux,  admirable  verdure.  —  l/lr- 

l.'Hiilr,  (Ml  l(>s  Iihitii);iis  ont  iMNiiji'oup  (ijriiiiiuf*,  ne 
(.'UKJpU-  plus  qiu:  i  700  QUI)  habilaiils  sur  8i2ô2  ki- 
lonit'ties  L-.'irirs,  dont  un  liuiLit'nie  h  peine  porte  ce 
qu'on  |H*iil  ;i[>jirler  des  niDutagues.  Cria  Fait  hl  pvv- 
soniK'î?  Mir  lUO  iuM'I^iivs, 

Éiiu  au  liï  Teiro  de  l'Ouesl,  ainsi  que  Tappe- 
Irtieiil  Sfs  ludtilniiU  relies,  les  Ei*SL'St  n  des  rives 
aussi  dêlicjilriiienl  ellningécs  que  h  (irunde-Ure- 
lagne,  siu'lmii  ;iii  roucliant.  Comme  elle  encore, 
elle  doil  à  ses  venls  du  sud-ouesl  et  de  l'ouest,  hunii- 
denienl  chauds.  :'i  s;i  mer  tiède,  un  rliuial  d'une 
singulière  dnneeur  :  Dublin,  .sur  lu  cdte  orientale, 
h  i7i  degrés  au  nord  de  New-York,  a  lu  niî^me  teiii- 
0.  Kluu»,  Li  Tkau:  a  \ol  DutiSAi:. 


pêralure  annuelle  que  la  Babylone  des  Ynnkees.  et 
le  rivage  tnêridional  n'esl  piïs  plus  IVoid  sous  le 
o2*  degré  que  les  plages  américaines  sous  le  TiH". 

Érin.  4  la  plus  belle  lU'ur  de  la  Terre»  la  plus 
belle  perle  do  hi  Mit  ••.  rerciil  plus  de  [tliiie  que 
toute  autre  contrée  île  l'Kurope,  voire  de  rivujope 
occidentale,  et  celle  pluie  ne  lui  vient  pas  en  subits 
et  noirs  dêluires,  mais  en  longues  el  lentes  ondées 
fuies,  eu  bruines  el  brunies;  aussi,  ses  fouis,  ses 
rivièn^s,  st»s  Ities,  ses  marais  reslonl-ils  presque 
invariablement  (idêles  h  leur  niveau,  et  les  gnzuiis, 
les  arbres,  les  mousses,  (oui  ce  ipii  est  venlureou 
rrondais<ui  y  garde  en  été  la  merveilleuse  fraîcheur 
qui  vuut  h  rirlaiidc  ses  trois  surnoms  d*lle  Yerle 

7 


50 


LA  TERdE  A   VOL  ri'OISE.UT. 


de  Yerlo  Krin,  il'lle  ilc  IKinoraudc.  On  eùi  pu  Inp- 
pfOor  ('iiissi  ta  'INmp*  ilti  Lirnv,  qui  pur  ici  cruil 
a\i'i' uiuMi^in'iir  sans  (Kii'cilU»,  ainsi  que  h-  l.iurii'r. 
»;:ip;ïhli!  il'nlli'iiuliv  10  iiu'Iii-ï!  ilt*  h. ml;  el  à  hiililiii 
Tuii  de  ces  arbres  frileux  nionle  mairie  h  10  mètres. 

Bogs,  monts,  lacs.  Le  Shannon.  —  Pl.iinc  basse 
avec  peu  de  forèls,  bien  <|ue  Irês  boisée  jadis,  Tlr- 
laiide  est  par  excellence  le  pnysdc  lu  tourlu»,  elles 
bogs  y  couvrent  le  s'*prièine  du  s<il.  Tes  brjgs  ou 
tourbières,  qu'itn  divise  en  routes  el  en  noirs;  des 
fonds  niouiltês,  des  bics  si  nombreux  que  inid^^nV 
la  petitesse  d?  presfjiie  tous  ils  noient  ensendde 
<(j-JOlH>  Iieclares;  îles  [ifjiîries,  des  elinriiffs  ili^  [imn- 
ini's  de  terre;  et  sur  toul  cehi.  le  eid  eiiaii^eaul, 
les  venis  de  mer,  la  pluie  douce,  êlernelle,  el  la 
mousseline  des  brouillards,  telle  est  l'Irlande,  qui  a 
SCS  nionla^nes  isolées,  louinuMiliN.'s,  nues,  luiil  iiu 
bord  de  ses  (lois.,  loin  du  centre  de  ses  terres. 

Au  sud-ouesl,  dans  les  uionls  du  Kerry,  !e  Oar- 
ranluobili  (liKI  mètres)  csl  le  gè.int  de  l'ilo;  au 
pied  de  la  ehaiue  de  grès  rouge  qu'il  {loniinc  bril- 
li*nl  des  ^'olfrs  marins  allongés  en  (irllis  rt  les  lacs 
r.liarnianls  de  la  «  Suisse  irlandaise  m,  an  pays  de 
Killarney  :  lacs  qui  ne  sonl  ni  des  Lèmans,  ni  des 
Supérieurs  ;  mais,  yioiir  èlre  pi»lils,  ils  n'en  sonl 
pas  iihiins  beaux. 

A  l'i'sl  de  l'ile,  juste  au-dessus  do  I>n!ilin,  le  massif 
de  Wit'klow  (05*i  uïèLres),  fait  de  granits,  dt»  seliisles. 
de  roelics  volcaniques,  regarde,  à  Tautre  hoi'd  du 
canal  de  Saiiil-lieorges,  la  (ièrc  contenance  des 
monts  (iallois. 

Au  nord-est,  le  plateau  d'AnIrim,  niée  de  laves, 
plonj^e  sur  la  mer  pnr  les  hnsalles  du  enp  Iti^nniore 
(jue  2i  kilornèircs  sculemenl  séparr^nl  d'iiti  [)ro- 
monlotre  écossnis  nomuïè  Mull  ou  Canlyre.  Ici  h^^ 
deux  [>ays  fnii'nl,  tlims  ta  imire  antiquité,  soudés 
l'un  â  l'autre  par  des  laves  ivfroidies;  ils  pourronl 
se  réunir  encore  par  un  tunnel  en  roclie  dure  à 
peine  deux  fois  long  comme  le  soulej'rtun  du  SaiiU- 
lîutbar-l,  l^-és  ilr  là,  rpiai-ant"'  mille  tètes  de  piliers 
d  "  basalte,  pavé  régulier,  damier  mouillé  p;ir  la 
mer,  l'iiirne  la  fameuse  Cbaussi'îe  destiéanls. 

Hans  le  noid-nuest.  les  granits  et  schîsles  sau- 
vages qui  portent  le  l)eau  nom  de  Monts  de  (lonne- 
mara  s'élèvent  à  S 10  méires  entre  la  mer  Atlantique 
el  ûenx  lacs  :  Ki  Mask  lîl'JIKI  hectares)  el  le  Corrib 
(17  001*  lieelares),  rehu-ci  recevant  les  eaux  do 
celui-là  [v,w  rémissaire  hypogée  qui  rejaillil  à  Cong 
en  sources  vaurlusienues. 

Ce  Cnrril),  second  lac  d'Irlande,  le  cède  de  beau- 
coup au  réservoir  du  lleuve  Itaïui,  au  \eagh  (Ô*J  700 


liecinres),  plat  et  sans  profondeur;  TÇme  (!!50ft 
heclarcs),  endort  siui  fleuve  dans  une  conrpie   d 
OX  uièlies  de  creux;   le  liée  (IJIHM)  hectares), 
7}\)  mètres  d'altitude,  descend  presque  au  niveau; 
de  la  mer  par  son  fond,  qui  est  u  ZZ  uiètres  sous  I 
miroir  de  ses  eaux  :  c'est  une  ex[»iuision  du  Shan 
non,  comme  le  l»erg  (lOOUO  lieclares). 

Le  Shanriiin,  lleuve  eeiUral  île  la  Verte  Krin,  4 
quelque  ressemblance  avec  les  torrents  d'une  coii 
trèe  située  de  Tautre  côté  de  l'Allantique  et  prêci 
sèmcnl  en  partie  eolonisèe  par  d**s  Irlanilais.  Ainsi 
qm*  les  torrents  canadiens,  le  Shannon  est  lac  au 
tant  que  rivière  cl  comme  eux  il  réserve  presque 
toute  sa   |M*nle  h  des   <i    ralchs  u  el   des  rapulrs 
Sorti  du  lac  Allen,  qui  n'a  que  -iU  métrés  d'alli 
lude»  il  emplit  beaucoup  de  laguels.  ensommeillé 
menls  de  son  onde,  el  les  deux  grands  bassins  allon 
gès  du  liée  el  du  Oerg,  pour  aller  s'achever,  fort  i\e 
2i)Q  mètres  cubes  par  seconde,  dans  un  golfe  parci 
à  un  lac.  f^e  l'Allen,  miroir  paisible,  h  In  mer  in 
quiète  el  brusque,  d  ne  tombe  donc  que  de  4*J  mètivs 
sur  un  chemin  de  335  kilomètres,  et  comme  soOh 
coui*s  supérieur  el  son  cours  moyen  eonsîsleiil  on 
eaux  irimmbiles  réunies  par  de  placides  ceuranUf 
il  miroite  à  TiO  mètres  encore  au-<lessus  de  TOi^èait 
lorsqu'il  en  est  «léjâ  fort  près,  A  quelques  lieues  en 
amonl  de  Limenek  :   il  se  précipite  olors  par  les 
rapides  de  hoorias,  (unujlle  tle  Hi^ts  bl.ittchissanls, 
près  du  manoir  elfondré  de  (lonuell  qu'habitèrent 
des   monai'ipies  thi    vieux   n^yaume   irlandais   de 
Munster.  —  L'Irlande  fui  btngti'inps  partagée  en 
(piatre  pays,  Ulster  au  nord,  L<*insler  au  sud-c»sl, 
Munstei*  au  sud-ouest,  Connnughl  au  nord-oui?sl. 


Les  Irlandais,  leur  misère,  leur  exode.  —  Des 

i7lMKïiM)  Irlandais,  que  nous  nous  imaginons  i^lreB 
tous  des  blonds,  les  sepl  tlixièmes  sonl  lU'^  bruns. 
Or  tous  les  conquérants  a  nous  ct)nnus  de  lile, 
desprenu'ers  en  datejus(|u'aux  Anglo-Saxons  de  ce» 
derniers  siècles,  appaitenaienl  à  des  [»euplades 
nniyenncmenl  blondes.  Il  s'ensuit  que  l'antique 
nation  irlandaise,  celle  qui  précèd»  sous  ce  cîell 
brouillé  l(S  envahisseurs  modernes  dont  nous 
enlrelient  riiistoire,  élail  un  rameau  de  riiunuinitê 
brune,  uuegent  qui,  avant  de  prendre  racine  dans 
II'  sol  d'Kriri,  avait  proliableuïent  grandi  dans  la 
eontrée  qui  l'ail  face  au  sud  à  Tlrlande,  (i;u'-dessu8 
[ilnsieuis  centaines  de  lieues  de  mer,  d  uis  ce  qui  ^ 
>e  nomme  aujourd'hui  rKspagne;  on  croil  même 
pouvoir  désigner  la  lialice  eoniim^  le  lieu  <ri'udiar- 
quemenl  de  ces  immigrants  qui  eurent  la  principale 
pari  dans  la  gejièse  des  Irlaïuiais.  (l'est  deux  ou 


1 


IRLANDE. 


51 


trois  cents  mis  avant  J(Vus-C!irist  que  rotte  race 
ro!i<'i''i\  d'ori^iiH"  ou  dt*  lari^^ue  ct'ltit|iu\  aurait  mis 
Ir  r.ifi  sin'  l'ilt'  (les  liofjs  l'oïjj^es  et  des  iio^-^s  noirs, 
011  t'ili*  supphinla  iTautres  Celles,  V4*nus  un  no  suit 
quaiM.  on  ne  sait  d'où. 

Vris  [)'  rïiiiii^tj  du  dcMi/iôutc  sirt'lo  arrivôi-cn!  les 
(treruiers  tU*  im  s  .\rï;L,H*>.\urtiïands  dcslinôs.  srnuu  à 
faire  do.  vv  |ii>ujdt>  liruii  un  pciipli'  Idniid  aux 
ytMis  i»ltMis,  du  nitdns  à  y  [nt'lcc  li's  sangs  *•!  à  y 
remplacer  la  vieille  langue  par  le  lnain|i|iant  pa- 


tois rpron  parle  mainlenant  dans  tous  les  coins  dtt 
niondt^ 

(Jn.Mid  les  Anglais  mireni  le  pird  dans  l'île,  dont 
la  l>ulie  d'un  pape  veiiailde  leui*  (aireiliHu  rii'lande 
était  divisée  en  sopl  rlaris  qui  se  balaillaîenl  sans 
Uvve,  eoniine  il  .irtive  à  tout  [u-nple  i^ne  n*a  |ioinl 
iM'Iri  le  ilespolisïiie  d'une  royauté  guerrière,  ou 
(|ui,  à  déHiut  de  mnitros,  n'a  pas  été  rinienté  en  un 
t)liH'  par  la  eomrnnnaulé  des  luis,  des  intéréis.  des 
es^K)ii's,  des  illusions,  des  rrovHnces.  Il  faut  fruu- 


Le»  rnonU  ttu  korry  :  l«  Cwninluuliill.  (Voy.  p.  SU.)  —  bes%ia  do  M.  Uurry  Foiin. 


cliir  plus  de  quatre  sièeles  pour  trouver  Érin, 
désormais  résignée,  soumise  aux  exaeleurs  anglais, 
à  la  suite  des  guerres  de  rtdigion  que  termina  le 
proleetorat  de  rronnvell. 

Vers  n7r>-1780rirlande  ne  renfermait  f mis  même 
1  900  U(M)  âmes.  Après  l'inlroduelion  de  la  |>omnn' 
de  (erre.(pii  notn*rit  phis  de  monde  àeliampségaui 
qui'  t'avitine,  Its  Irlatidais  s'neernrenl  à  vue  d'œiL 
Déjà  très  pauvres,  el  non  moins  insouciants,  ils  de- 
vinrent encore  plus  miséraldes.  encore  plus  iuddTé- 
renls  il  leurs  maux,  sur  les  terres  enirecoupées  de 
lacs,  de  tourU^s.  que  possédaient  quelques  milliers 


de  Ifuidlords  anglais.  Il  ^itd  tant  d'rrilanls  dans  les 
(lauvres  caltanesen  torchis  cnuvrrjesde  cliaume,  ces 
enfants  résisièreni  si  gaillardement  à  l'indigence,  à 
la  faim,  au  froid  Inniiide.  h  la  saleté,  c6te  Ji  cAte 
avec  le  coclion  de  l.i  rliaumiére,  qu'en  IXil  il  y 
iivait  8  17'» 000  hormnes  dans  Krin.  pivs  de  S)  mil- 
lions en  \>^\Ci  :  soit  plus  d'un  Irlandais  par  hec- 
tare, les  hogs.  lacs  et  nnu*ais  comprit*,  l/lle  Vertu 
a  donc  perdu  plus  de  k  millions  d'i^ines  eu  qua- 
irante  années  seideunnil. 

Opprimés,  las,  désespérés,  ses  lils  oui  émigré  i\ 
centaine»  de  inilliei-s  par  année,  cl  émigivid  lou- 


&3 


L\    ÎKKRt    A    VOL    liOlSEilT. 


jours  viMs  lAiiglt^lorro.  l'Érossc,  loCannïl.i.  It*s  Klols- 
Iniv^.  l'AiisInilit'.  inodiliinil  niiisi  dr  (tlus  imi  jiIijh, 
jusqiit*  ilniis  la  iiiêre  patrie,  par  l'tippoii  (rMôiiitMits 
aul(''(:olti(piPS  et  colliqucs,  la  race  qui  foriuail  le 
ioiitis  principal  rïn  l'Aiiglo-Saxonisuie. 

Sur  le  liUiiiîil  qui  f:»il  fac»*  li  rAiigleterro  st-plon- 
trianalc.  îi  l'Ecosse  incndioiiiilc,  cl  dans  plusieurs 
districts  du  nonl  rcpoinlant  â  raucien  llsler,  la 
dMininatiou  n'est  point  nu  snnjj^  irlandais,  mais  A 
latiglais  cl  û  Têcossais,  la  plupart  desjfensde  celte 
inuindre  portion  d'Kriii  descendant  de  sectaires 
presbytériens  venus  de  la  (Irinde-Urrlagne  pendant 
les  guerres  de  religion.  Partout  ailleurs  la  race  est 
erse  ou  irlandaise. 

Vieille  langne  irlandaise.  —  Mais  si  le  cnrac- 
tère  national  n'a  point  varié  chez  les  Erses  non 
mOlês  d'éléments  «  saxons  »,  si  Tlrlandais  pur  sang 
reste  ardent,  Iracassier,  —  tel  nous  le  peignent 
du  moins  ses  contempteurs  anglais,  —  s'il  est  tou- 
jours insouciant,  inconsistant,  rn*d)ile.  peu  maître 
«le  lui.  porté  aux  extrêmes,  querelleur,  ami  du  lii'uit 
cl  des  i'ou[»s,  s'il  a  gMi'dê  sa  fer\eur  catlintique,  il 
oublie  tout  à  Fait  son  viiîilerse.  Avant  legrnnd  niou- 
vcmont  d'expatriation  provoqin^  par  la  famine  qui 
suivit  la  iiéliiste  maladie  des  pommes  de  terre  et 
enleva  plus  d'un  deiiii-milliuti  d'hommes»  en  un 
mot  avant  l'Exode  (i8i7),  les  hommes  parlant  erse 
formaient  encore  une  très  finie  pari  du  ptMïph*  de 
File;  mais  c'est  chez  eux  que  I  émigration  lit  le 
plus  de  ravages. 

Aussi  en  lSî>I  qïiinze  cent  3ni!lr  Irlandais  au  |»lns 
conqirenaiciit  encore  le  eit  iiatinnal  de  h  Ettit  tjft 
brmjh  *t  :  vive  l'Irlande!  En  IStîf»  il  n'y  en  avait 
plus  qu'un  million;  que  llûtiOtlO  en  1871;  et 
mainleniint  le  nombre  <tes  gens  ne  sacliatït  absolu- 
ment que  Terse  ne  dépasse  guère  IflOUOO. 

Si  l'Exode  a  [jorté  le  eou()  mortel  à  la  langue 
d'Érin,  elle  était  déjà  bien  innl.idt\  Depuis  ilcuic 
cents  ans{IGi4')  les  mil  lions  d'Hrso[)lKmt-s  n'avaient 
pas  écrit  un  ouvrage  en  leur  idiome,  el  depuis  long- 
temps on  ne  faisail  plus  de  vers  irlandais.  Ainsi 
rien  ne  (ixaiï,  rien  ne  retenait,  nnppiiy;nl.  ne  ré- 
chaulïait  l'erse,  ni  bonnes  et  gaies  chansons,  ni 
les  écoles,  ni  les  lois  écrilest  ni  le  prône  de  letc  et 
diinancbe,  car  de  pins  eii  plus  le  prêtre  lioméliail 
en  anglais. 

De  génération  en  générulion,  l'on  peut  dire  d'an- 
née en  année,  l'écart  erdre  l'ancienne  langue  et  la 
langue  courante  a  grandi;  puis  il  est  deverju  le 
vabte  gouffre  qu'il  senddc  i\  tout  Jamais  inqiosiblc 
de  franchir. 


Trois  dates,  presque  trois  centenaires,  n^ï^uiiiorit 
cet  elTondremcnl  : 

En  tMl.eVsl  en  erse  que  le  parlement  de  Ihitilin 
discute,  en  erse  «pi'il  offre  le  litre  di'  roi  d'Irlande 
au  féroce  îlem-i  VIII.  roi  d'Angleterre. 

En  !Git  parait  le  dernier  livre  en  cvlmi»e 
irlandais. 

En  1847  commence  l'Exode. 

Vei-s  IIMM»  ou  un  [leu  plus  lard,  le  pcupif  di-s 
Erionaicli  (il  se  donne  ce  nom)  aura  tout  à  fait 
cessé  d'être  lui-même,  et  riiibloire  de  la  vieille 
Érin  sera  presipie  une  histoire  étrangère  pour  li»s 
Irlandais  nuxiernes.  Déjà  lorienl  de  l'ileesl  anglo- 
phone. Les  Ersophones,  d'ailleuis  pres(jue  loiw 
bilingues,  résistent  encore  dans  le  nord  {condé  de 
Doncgidi  et  dans  louesl,  surtout  de  la  baie  de  Sligo 
il  l'estuaire  <lu  Shannon,  dans  les  comtés  de  Sligo, 
Mayo,  (îa|\\ay,  lilarc. 

Il  ne  parait  aucun  journal  erse  dans  le  monde  : 
ni  dans  riilande.  on  la  moitié  des  gens  parlaient 
celte  au  connnencemeid  du  siècle;  ni  dans  les 
Élats-l'ids.  on  ils  font  le  priiHi|ml  élément  de  beau- 
coup de  grandes  vilh'S,  noiannnent  de  l'Empire  (îily 
(New-York),  et  où  il  y  a  déjà  plus  d**  sang  irlandais 
que  dans  l'Irlande  même  ;  ni  dans  la  Tuissance  duCa* 
nnda  où  l'on  en  compte  un  grand  mdhon;ni  dans 
rAuslralie,  où  ils  se  noannenl  légion. 

Prés  des  quati^»  cinquièmes  des  Irlandais  se  rai- 
liichenl  à  Itonie.  les  prolestants  habitent  surloul  au 
nortl-i'st  dans  le  pays  deFJelfasI  et  de  Londonderry, 
depuis  longtemps  colonisé  par  les  Anglais  et  les 
Écossais. 

Villes.  —  Deux    villes  irlandaises  ont  plus  de 

10*1  OtK»  :\nM»s, 

Dublin  pu  00*)  habitants),  c'esM-dire  TEau 
Noire,  sur  la  côle  orientale,  \  l'enib^nchure  de  la 
IjlTey,  au  pîed  septentrional  des  itnnUsdc  Wioklow, 
fait  â  pcir  pi*és  face  à  Livei'ponl  à  travers  la  mer 
d'Irlande,  tletle  capitide  île  Tili'.  veuve  de  ses  rois 
et  di^  son  |ïarlement,  n'a  guère  d'industrie,  mais 
elle  reçoit  et  renvoie  beaucoup  de  navires. 

Bellast  (l-m  000  hnbitanls).  aussi  sur  le  littoral 
de  Test,  oceu[ie  le  fond  de  l'estuaire  du  Lagan  ; 
elle  llle,  tisse  le  lin,  et  son  counnercc  égale  |»resque 
celui  ile  flulilin  même. 

0>rk.  poi'l  de  la  cûle  du  sud,  à  rexlrémilé  inté- 
rieure d'un  estuaire,  sur  la  Lee,  avait  plus  de 
IflOOt^O  hrdnlanls,  mais  i-lle  a  décru  en  même 
li-mps  qne  pjvsque  t*iule  Tlrlande. 


Petites  îles.  —  Trois  iles   relèvent  de  l'Angle 


U  QiAiiMé«  ûvs  Géaub.  (Yuj.  |t.  SO.)  —  Oe«*to  de  tlart7  Tvan. 


LA    TÊHIli;    A    \0I.    irOISEAl". 


ierrc  :  Wighl,  Angk'sey,  Miin  ;  plus  1rs  ilus  Nor- 
mandes ou  Iles  du  Canal,  voisiDOs  do  1»  Tnincc  et 
restées  à  dcnii  (iilêlcs  /»  la  lanjjup  rr;un;aisc. 

Wighl(5r)0(»OlKîCtare3.60  0t»Olial>ilitnt9),  tlo  tout 
à  fnil  i-|t;u'(niiiit(',  lyjM*  driii  naliiiv  jin^l.iisiMlansre 
qu'olleade  rniistdt'  jL^rncicux,  r^i^arde  l'urt^itioutli, 
^r:iiid  porl  de  ^nirm*.  ot  Soutliatu|ttuii,  givind  port 
dtM'onuiu^ra' ;  le  dtUroitijui  i'isoU*  du  h  lerix' ffM'iiie 
n'a  (|iic  riOIH)iiirli't»s  rie  laigour.  Sa  ctMiilur*-  de  fluls 
lui  vaut  un  climat  doux,  des  villas,  des  cli;lleaux, 
et  on  été  le  st'jour  de  milliers  d'oisifs. 

Moins  aimahlp  (juc  Wi^lit,  mais  de  climat  aussi 
doux,  Ariglfsey  (iSOOO  lierlares,  r)5fK)0  liabilants). 
dans  la  uier  d'Irlande,  touche  preM{ue  a  tu  tone 
f^atloise,  et  deux  ponts  franchissent  le  iri^  mince 
bras  de  mer  (\\n  l'en  sêpai-e.  Toute  on  jardins,  en 
prés,  on  cljainps»  a>ec  des  mines  de  ruivre,  ce  fut 
r*'  île  (Hubragèo  »  cl  c'est  Pile  sans  ouduv.  Il  y  a 
diww  mille  ans,  lorsqu'elle  s'appelait  Mona,  de  la 
Gnindi'-Iin'lagne,  de  la  Gaule,  mt^jue  de  la  Transiil- 
pine,  *ie  tous  les  pays  cellitpies  (aloi*S!*i  ^Tinds,  au- 
jourd'hui si  petits),  on  accourait  à  ses  iioices  forints 
connue  au  sanctuaire  le  plus  vénéré  du  druidisme. 

Man  (58  800  hectaivs.  55000  habilanls)  nnjus- 
quVn  IS2'.Î  une  pio|inèlê  iles  durs  d'AllmU.  Klle 
boj't  de  la  nier  irlaud.iise,  presi|Ui'  à  di^lance  eL;ale 
de  l'Anglelcrre,  de  l'Écossc  cl  de  rirlimde.  qu'on 
aperçoit,  en  temps  clair,  du  haut  du  Snowfell 
((i20  mètres).  Nid  [untii  de  ce  pelil  monde  n'e:*t 
ii  plus  de  10  kilomélies  de  la  mer  qui  l'entoure, 
ballant  vêliériu'ideuienl  ses  caps  de  calcaire  et 
noy.uiL  des  pèclïcurs —  connue  chez  nousOiiessîml, 
Man  esl  l'ilc  dea  veuves.  —  Les  vents  du  nord  n'y 
soufflent  poml,  arni^lés  pai-  les  monts  d'Ecosse, 
ni  ceux  de  Tesl,  duiU  les  moaU  Gallois  la  j^araii- 
lissenl;  il  lui  reste  l'ouest  et  le  sud»  d'où  vient 
la  liédeur  molle.  Aussi  Mnn  a-l-elle  un  liiver  ruer- 
veineusement  iloux;  notre  mois  dm*,  janvier,  y 
est  m(»ins  froid  ipj'à  Tlfiodes,  ilc  entre  Nil  cl 
Uosphoiv.  Golfe  mansuéUide  de  clim.it,  les  pelits 
f)orls  dans  la  sufterbr»  et  sauva-ro  f;ibise,  ta  heaulê 
sléï'ifc  de  sa  tnonlai:ne  lui  alliienl  en  la  saison 
la  moins  sombre  une  foule  de  liaigneurs  et  de  visi- 
teurs. Gardeui'S  de  brebis,  piîcbeurs  de  harengs, 
les  Mmx  oui  pour  (a  plufiaii  alianiloriMé  leur 
dialecte  ceUi<ine»  fort  cmi'j«hu[>u  dans  la  bouche 
des  quelques  millieis  qui  le  parlent  encore;  les 
trois  quaiMs  nu  les  tjuiilre  citiiptiéutes  d'enire  eux 
ne  parlent  [«lusque  l'an-iliiis,  et  [lourlanl,  en  H»00, 
on  n'y  Siivail  (pie  le  vieil  idiome,  irdermêdiain* 
entre  le  celtique  d'Ecosse  et   le  celht]iie  d'hiaude. 


Maintenant  il  n'y  a  peul-èlre  plus  cent  pei-itonne! 
ignorant  absidument  la  lan^mede  Londres,  cl  l'on  11*3 
prêche  t*\\  matu  ipie  tlans  la  seule  ê}j;li>e  d'Arborv»! 
La  grande  ville.  Douglas,  a  l'itlUO  iUnes. 

Loït  lies  Nonnnndes  Si)nt  sêjwnW  d'une  pro» 
qu'Ile  française,  le  l^otentin  (dont  elles  iiuroietii 
menu»  fait  partie  jusqu'au  quatorzième  si»rle),  par 
le  raz  Ulanchai'd.lepassi^çeel  rcnlrêede  la  Ikêmutev 
détroits  où  il  faut  lutter  contre  des  vents  furieux, 
des  couranls  de  Itî  kiloniètn*s  h  l'heun'.  des 
rtuuous,  des  bancs  ol  des  roches. 

Ces  IleH,  au  nond>n?  de  quain*.  sont  :  Jers4*y,  1» 
plus  ^'nmde  et  la  plus  peuplée,  m  même  temps  que 
la  plus  proche  de  France;  (iuernesey.  bien  moindn* 
que  Jersey;  Siu'k  el  Aurif^ny,  qui  ne  sont  que  des 
îlots.  Hêunies,  elles  n'ont  pas  plus  do  l'J.%r>i  hec- 
tares, mai.s  ;4rAce  îi  la  pèche,  ;iu  coimncn*e.  au  cabiH 
tage.à  des  villas  où  les  élran^rrs  \iennenl  chercher 
un  hiver  clément,  elles  complent  près  de  ÎM)00(l 
Ames,  soil  i(îO  personnes;  par  kilomètre  carrt',  den- 
sité presque  urbaine.  Pour  tous  ceux  qui  [leuvont 
se  passiT  de  s(deit  êclalanl,  il  fait  hou  vivre  sur  ces 
falaises,  au  veni  de  la  mer.  dans  un  |»elit  paradis  de 
haies  verdoyantes.  Iléjâ  Faufilais  s'y  parle  â  Sainl- 
llélier,  capitale,  el  dans  les  autres  villes,  el  la 
français,  en  son  vieux  dialecte  normand,  dècruU 
de  jour  en  jour  dans  celle  petite  Normandie. 

Les  Sorlinî:ues  ou  Scilly,  ibils  el  récifs  plutilt  j 
qu'îles,  sont  au  nond)re  de  ^i,  dont  o  bahilécs 
il  y  a  là  2000  homme»  sur  H 600  hectares.  Klles  . 
Idanehissenl  au  larp'  du  cap  Land's  Fnd  ou  FinÎB- 
lerre,  sur  un  océiiii  île  fracas  el  de  lempéle  où  le 
vent  no  se  lait  que  six  jimi-s  par  année.  Ileurlebise 
ou  Toutes  Aures  serait  le  vrai  nom  de  ces  ècueils 
mais  le  vent  n'y  porte  (jue  léjudilé  marine  el 
jamais  froiil  ou  glace  ou  neige. 


I 
I 


Les  Hébrides,  les  Orcades,  les  Shelland  sont  des 
.nrhipels  écossais. 

Sur  le  rivage  occidenlal  de  l'Hcossi*.  les  lléhri- 
de>,  monde  rocheux,  lirunieux.  pluvieux,  orageux, 
rafipellenl  la  jurande  vi  sondur  nalure  des  ben 
écossais  avec  leurs  ioch^  Icui-s  cusivides.  leui*s 
brouillards,  leur  tourbe.  Li  phis  seiïlenlri^uialc. 
Lewis,  csl  au>si  la  pltjs  jurande,  ayani  Ï*JÔ  S(lO  hocla- 
irs.  La  ^olcajiiqïji'  Sk\e  (158  00M  heclan>).  lani- 
beau  délaefie  des  ïrtonls  d'hiverness,  jiorle  uu  /*rn 
<li"  IHîli  rnèirt's,  le  [)rrmier  «li*  l'arc lii|fel,  dans 
les  nionls  Guchulliii.  beaux  de  rornies,  riiides, 
pointus,  fantastiques,  presque  inaecessdiles.  Mull 
(80  000  hectares),  presque  aussi  haule,  également 


IIlLA>DR. 


\A 


volcanique,  est  voisine  du  liUoral  d'Argylo  ;  p.irnij 
li^s  îlots  dt>  sa  dèpeiidaricr,  loua,  bloc  do  granit, 
iiiontn>  un  einiotit**re  où  moisissent  les  os  dau 
moins  soixante  rois  d'Ecosse,  de  Nonège  et  d'Ir- 
Iniide  ;  cl  à  Stalfa  s'ouvre  h  In  mer  In  grotte  do 
Fingal.  enverne  de  basalte  où  tes  Rots,  entrés  par 
un  portai I  de  T)h  mètres  de  haut,  cln|>oteul  daus 
l'ombre  contre  des  prismes  culomuaires. 


I^es  Flébrides,  qui  s  appelèrent  jadis  Innis 
Gaêl,  les  îles  des  Gnêls,  mrriti'nl  encore  ce  nom; 
nulle  p.irt  les  Celles  écossais  n'ont  si  bien  siiiivé 
leur  race  cl  leur  langue,  mais  l'anglais  conmienee 
à  les  assiéger;  il  frappe  à  la  porle  de  leui-s  écoles, 
et  là  aussi  la  devise  :  Tra  mor,  tra  Hrilon*  aura 
dit  un  mensonge. 

Les  Gaëls  dos  Hébrides,  bergers,  pilleurs,  raa- 


Vue  dft  Dublin  (toy.  ji.  Sfl.  —  Dpnîn  do  Web^r,  d",iprc»  uiw  pbo4ofnphîo. 


rins»  chasseurs  d'oiseaux  de  mer,  chercheurs  de 
duvet  d'eidtT.  sont  environ  l!2(l  0(X),  sur  uu  peu 
plus  de  tt(M»0  kilomètres  carrés. 

Sur  la  C4ite  septt'iilrionnle  de  l'Ecosse,  el 
loul  prés  d'elle,  duns  une  mer  terrible,  les 
Orcailes  (117  051  lieclarvs).  beaucoup  moins 
élevées  que  les  flébrides,  dressent  leur  mal- 
tn'sse  montagne  A  i7(i  mèlres.  l'omone  TiâlNHI 
lu*cUires)  est  plus  grande  à  elle  seule  que  les 
5j  outres  ferres  de  l'archipel,  tant  lies  (|u*llols. 


Elles  ne  portent  que  de  petits  arbres,  car,  malgré 
! Vntour  de  la  mer,  rinlluerice  du  NonI  y  a-i  déjà 
funeste  :  sous  le  CO'  degré,  latilufle  essentiellement 
•  russe  0  ou  c  sibérienne  p,  il  ne  faut  plus  deman 
der  d'excès  do  sève  h  la  plante,  néanmoins,  la 
moyenne  annuelle  \  îiiipitK-be  di«  *A  dt^^rés.  Cent 
seize  jours  seulement  y  ont  de  vniies  nuils,  les 
deux  cent  cinijuanle  autres  se  ronliunenl  par  de 
longs  crépuscules  (jui  s'arhèvenlavcc.  les  premières 
lueurs  de  longues  aurores. 

t.  iUHi  loogiemps  la  locr.  aussi  lûDgt«mp«  le  Ur«|oo. 


^^^ 


5fl 


LA   TERRE   A    VOl    DOISEAI'. 


Los  r»2000  Orcaiiiens  ne  sauraienl  vivre  de  ce  que 
produil  leur  sol  de  près  rouge  verdi  par  du  lielles 
pruiricsi  mais  ils  pt-choul,  ils  vont  au  luircug,  h 
la  morui*,  ils  cliasseiil  l'oiseau  de  mer. 

A  80  kilonièJrrs  au  nord-est  des  Orrades,  au  sein 
de    llols   mauvais,    rcnt    et    ([uelijues    îles,   «lunl 


Ôi    habitées,    forment    l'archipel    des    Sliell^md 
(137000    licclares).    aouvcnl   di»sinuilêe»    par 
brouillard  A  qui  les  cherche  ou  les  évite, 

ll.'iutes  falaises  (jusque  500  nu'tres|.  monts  qu| 
n'atteignent    pas  450    mètres,  ftolttut^   tkerriet  iH 
xlach,  c'est-à-dire  îlots  et  récifs,  des  lourhi(^i*es*] 
d»»s  Ijruvèrcs,  un  arbre,  un  seul,  et  encore  n'a-l-il 


llti  Je  SlafTa  :  groUe  de  Fingal.  (V^ï*  P-  K>.}  —  Dessin  de  Sorrieii,  d'apii*»  une  pliot(it;ia|iliie. 


que  7  II  8  pieds,  les  Sliellaiid  étotuietit  p;u'  leurs 
rocs  sarjs  venhin\  leurs  ^l'oKes  où  ]a  tner  entre 
en  toniianl;  elles  a(lrrsl(Mit  par  un  étoinel  passi^^e 
de  nuées,  sous  un  climat  de  pluie,  tte  vent»  avec 
iMuvriine  de  7  déférés  et  demi  en  dépit  de  \\\ 
liaufe  hililude;  des  cltevaux  à  longs  puils,  grands 
comme  de  petits  ânes,  des  moutons,  dos  vaches 
niiaitscules  y  poissent  Ifierbe,  drue  dans  les  val- 
lons, ailleurs  rare  cl  eouite. 

Les  5ôO()l)  Sliellandais  vivenl,  comme  les  Orca- 


diens  et  les  lléhridîens,  ile  la  mer  autant  que  île  la 
ter-re.  Ils  parlaient  anln'fnfs  le  norvégien,  les  Or- 
cudicjis  aussi»  l;i  source  de  leur  sjmg  venant  de  la 
Scandinavie  —  car  ils  sont  les  fds  des  pîi'ale,s 
nnrniauds  <|iii  dév;islèrenl  si  lunirlenqis  la  Gmiide- 
[Jretague.  Il  y  a  cent  années,  (jue]qui\s  fiiMiilles 
orcadiemjes  savaient  encore  la  lauf^ie  des  anct^- 
h*eSt  <pii  4'onunença  à  dèelini'r  ;ipj-ès  le  rêj^ne  de 
llbarles  II,  dès  qn'njie  h  soiirlé  pour  l'enseigne- 
nienl  chrélieii  n   eut  ouv<Mi  des  écoles  anglaises. 


SCANMNAVIK. 


57 


Scandinavie  :  forèis  malingres,  nérte  niM  borna.  (Toj.  p.  58.).  —  iNwin  Ue  P.  Lingloàv 


SCANDINAVIE 


La  Baltique.  Le  futur  Saint-Laurent  d'Eu 

rope.  —  La  Scaudinavu'  esi  iiii»'  |in»s(iirilo  où 
vivt'iil  doux  piMiplos  fédt^n^s,  les  Suédois  et  les  Nor- 
végiens, ayant  iin^nic  orif^iiip.  mais  non  pas  nit^iiio 
Innguc,  el  n'cpiouvaiit  l'un  pour  l'nulro  qu'une 
IVoidc  amitié.  Ils  80  si^pareront  jwul-ôlre  el  nVii 
svntirant  que  mi«Mix  qu'ils  sont  frrrrs  en  8<»4ii- 
(linavie. 

Trois   mers  en  fonl  une  p«Wiinsule  :  à  l'ouest 
rAtl:iriliqiie;ftu  sud  In  mer  Hanois*».  suite  de  détroits 
meMaol  di'  la  niiM'  du   Ntinl  â  In   mer  llillitjue;  h 
lest  la  Baltique,  .ivee  ses  Hk;er«^n*,gmnits  el  gneiss 

1.  Prononça  ckértn. 

0.  Rbcldi.  Lk  TuMK  &  10L  n'urcoi*. 


nus  el  mornes,  lonfruos  li-aînécs  d*écuells  aeconi- 
pa^M«inl  In  cdie. 

Li  Bnilique,  la  roer  Orientale  di»s  Allt»mîmds, 
terminée  au  nonl  pur  le  rul-dr-snr  dii  ^olfe  do 
|j<ilnie,  sépiue  la  Sraiidinnvie  do  terres  nujourd'luii 
russes  ou  prussiennes  qui  furent  lon(;tenips  iiu 
pouvoir  de?  Sr.mdinaves;  l.i  Finlande,  suédoise 
jusf|uVn  180ÎK  et  qui  Test  encore  par  U  hn^e 
de  310000  Finlaiiddis,  l*Kstlionie,  la  Livonie,  la 
Courlandt*.  ta  IVusse  orientale  el  InPomérnnie. 

(le  n'est  point  nni'  euvf  pror4>nde,  eeltc  mer  qui 
ne  nnleviendra  pas  sut'*dois4*i.  Ituns  son  goufTre  le. 

1.  froruiid«ur  niojr^nutft  07  mèttv^ 


58 


LA   TEÎiRE   A   YOl   D'OISEAT 


pfiis  creux,  entre  HIp  do  GolUtul  et  WiiMbii,  rivo 
di'  Cotirl;indo,  l'Ilc  n'a  rm^ino  pas  tîàO  niMre*!, 
moins  *j*ji'  U*  lac  de  fieni'Vf,  fl  si  mrr  *.'t  lao  se 
vidaient  avec  uua  *!'gale  vilesse,  il  reslernit  iMicore 
iirin  cenlutnc  fit!  inrlres  d*cnu  dniis  la  <*njiqut?  *lu 
Li-iii;hi  aloi'iï  que  la  [taltiqiir  ti'adtMit  [ilus  une  seule 
goutte  d'eau  salue;  elle  serait  «leveiiue  terre  ferinc 
avec  laes  unis  par  un  fleuve  puissanl.  Elle  se 
réduira  ïjueUjue  jour  A  ce  fleuve,  «ppelê  d'avance 
le  Saint-Laurent  d'Europe,  b'i  dunitïl  le  cours  des 
siècles  rien  n'y  contrarie  le  travail  des  atluvionâ. 
A  l'heure  présente,  ce  travail  e*!  grandinnenl  empi^- 
chê  parles  lacs  sans  noinhreoii  s'èpurenl  los  rivii'res 
suédoises»  laponnes,  liiilandaises,  russes  ou  prus- 
siennes que  leur  pente  otilraine  vers  la  Médiler- 
l'anée  d'en  Ire  Suède  e(  Finlande.  Une  fois  ces 
irasques  de  granit  <'omblces,  les  lleuves  plus  cliai^ 
gés  du  débris  des  roches,  de  la  râpe  des  terres, 
de  la  (iiHjrrilure  des  forêts,  empliront  plus  vile 
l;i  lldtique-. 

Climat.  MonU  et  neiges.  —  La  Scandinavie  a 
77(JO*U)  kiluinrties  cnri'r's,  ()rès  d'une  Eraiiee  el 
demie,  avec  6  800000  haliitants,  soit  moins  de 
y  personnes  par  JOO  hectares. 

Iï\h'i  vient  ici  <*etli.'i'xU>^nie  indiffence  enhoimnes? 
De  l'élcuduc  des  monts,  de  l'inimcnsilè  des  liauls 
plateaux,  de  l'ampleur  des  lacs  el  marais,  et  aussi 
de  1.1  dureté  du  cieL 

Sans  doule  elle  est  si  longue  que  de  son  cap  le 
ph]s  voisin  du  fMIe  a  son  promonloire  le  moins 
éloigné  de  l'Equateur  il  y  a  plus  loif»  que  de  Lon- 
dres A  Tanger  par-<lessus  toute  la  Erance  el  par- 
dessus loule  l'Espagne,  plus  loin  que  de  T'aris  à 
La^diouid  A  travers  la  France,  la  Méditerranée  el  la 
largeur  4h'  l'Atlas;  mais»  située  (nnl  au  septentrion 
de  l'Europe,  elle  dé|)asse  au  nord»  et  tie  lieauc^nip, 
le  cerrie  polaire,  au  delà  du(|uel  elle  a  hiea  quinze 
millions  et  demi  d'hecUuvs,  tandis  qu'au  sud  elle 
u'atleinl  uu'uw  pas  le  ^j-^de^ré,  qui,  pour  anus  Fran- 
çais, semble  avoir  quel(|ues  droits  au  nom  de  boréal. 

Certes,  on  nppellp  lempérés  le  climat  dti  jkivs 
de  ('hrisliania  en  Norvéj^e  el  celui  de  la  Colhie  on 
Suède  méridionale;  mais,  pour  les  flatter  ainsi,  il 
est  bon  d'oublier  <|n'il  v  a  sous  ce  an'^nn*  nom  en 
Europe,  sur  la  Méditerranée,  un  civa^^e  clair,  aro- 
matique, lleuri,  vérilablcmerït  liéde,  et  qui,  certes. 
esl  doré  [wu-  un  autre  ciel  que  celui  qui  fait  des- 
cendre tant  <le  iieîgo  sur  les  J'nddt's  forêts  de  la 
S(?andinavie. 

Monis  et  plateaux  en  couvrent  les  ileiix  tiers. 
Los  Alpes  toutes  eusemlde,  celles  de  France,  d'Ita- 


lie, de  SuisfM»,  d'Allemagne.  d'Autriche,  n'onl  pas 
la  moitié  de  Faire  df»s  monlaîîi»es  de  Suède  el  Nor-* 
vége.  Louf;  de  18Ô0  kiloiuêlres,  alors  qu'il  n'y  et 
a  pas  1200  de  Nice  à  Vienne  eu  suivant  l'arc  d« 
cercle  décrit  par  les  Alpes,  le  massif  scamlinave  i 
îi'jrtOOOilO  hectares,  soit  autant  que  les  Alpes,  le 
Pyrénées,    les   monts    français   du   l>nlre   el   If 
Apennins  réunis.  Et  ce  Langfjelde.  ce  |)<»vre.  cei 
Kiœlen,  tout  ce  monde  iidini  d'i'scarpemeids  cl  dti 
bombemenis.  au  lieu  de  se  déchirer  en  jiics  dans 
le  ciel,  s'aplatit  eu  mornes  ondulations,  en  plaines.^ 
[lolaires  tant  elles  sont  hautes,  en  espace  nus,  fo^ 
réls  nialinj^res,  névés  sans  bornes,  placiers   dont 
quelqties-uns,  au  tmnl,  descendent  juscpie  dans  laj 
mer  de  Norvège.  11  y  a  dans  le  double  niynume  d€ 
rt  Norge  »  et  i  Sverige  »,  IK'iîôOOO  heclares  dfi 
neigi»s   éternel !ea,   cVsl-à-dîre  soixante-cinq    AmI 
l'élendue  des  glaciers  du  Mont-DIanc,  ou  encore 
trois  fois  Faire  d'un  déparlement  français  moyen.' 

(Tcsl  en  Norvège  que  s<mt  les  plus  nombreux  cl 
les  plus  vastes  de  ces  névé»,  lt»s  premiers  en  Europ 
Islande  il  pari.  lîieu  avant  ceux  de  la  Suisse  ou  dil 
Tirol  :  le  f)reinier  île  tous*  celui  de  JusladelsbraCt, 
au  nord-est  de  liergcn,  recouvre  un  plaleaii  d4 
110  kilomètres  de  lonirueur,  porté  par  les  filais 
qui  bornent  au  septentrion  l'étroit  horizon  du 
iiord  de  Sogne;  Il  a  tlOOOO  beelares;  de  sa  froide 
et  chaste  substance  il  nourrit  des  glaciers  donl 
quel<pies-ims  descendent  fort  bas,  tel  d'entre  eux 
arri\anl  à  ne  dominer  que  de  Ml  mètres  le  niveau 
di's  (iords,  c'est-à-dire  celui  de  la  mer  i'lle-!ni*me.| 
Plus  près  de  Bergen  que  le  Justedalsbrae,  av 
sud-esl  de  celte  ville,  le  Folkefomi  ou  Folge^ 
Fouden,  serré  sur  sa  montagne  |nu'  les  tenlaeulea 
du  flord  de  llardan^er,  s'épanche  en  un  blanc 
désert  de  t2S000  lieetiires,  à  liim-1^00  nïèlriM 
d'altitude.  Au  nord  du  pavs,  le  Grand  Horgelield 
sur  Eéfïaule  un  névé  de  58  fJtK»  hectares;  el  pk 
loin,  sous  le  cerrie  polaire,  le  névé  de  Svartil 
ou  Neige  Noire,  à  1000-1250  mètres,  cou\t 
70  0<10  hectares,  sur  65  kilomètres  de  longueur. 

]k'  l'es!  H  Fouesl,  ou,  plus  exactement,  ihi  sud-est' 
au  nord-ouest,  laScandinavies'élève  irisensildcruont, 
pour  plonger  ensuite  tout  d'un  coup  sur  llteéan, 
si  bien  qu'on  a  comparé  cette  rude  presqu'île  â 
une  vague  colossale  4|ni  sesei-ait  dureii*  au  nioinenl 
de  briser  sa  volute  :  la  moulée  de  la  vague  c'est  1a 
Suéde,  sa  crête  el  sa  relombée  la  Norvège.  j 

Aui'iui  des  siniuriets  (pti  se  lèvent  sur  la  triste"* 
étendue  des   viddene    ou    espaci's .    des   hede   oii 
bruyères,  des  fjefdeue  nu  névés,  des  brae  <ni  gU- 
ciers.  n"a  40Ot)  à  àOOO  mètres  romnu'  les  Alpes,  ou 


SCANDINAVIE. 


&0 


st'uli'JiiiMtl  jÛtU).  1.1*  pn'tnirrile  tous.  l'YinosQ»'!*!  ou 
(i(ilillii3|>|>ip-n,  (hiiis  [fs  iiiiiiits  (li*s  Côniits  (Joluu- 
fjiOii»'),.i2a60in('»livs;lt'Sjn'li(etti'JMLinN  Ifslldfj'iiii's 
(Dt>M'i*).  2nii2;  K'  SuHij**lnNJ,  tl.ins  h's  KJm'Ii'ii  au 
inonls  du  Nord,  IK80  :  ce  dprnier  /m  nord  du  cercle 
polaire,  chez  les  Lapons  traiiiés  par  les  nMiues. 

Fiords,  rivières,  lacs  et  cascades.  —  Des 


ri  vitres  liien  plus  grandes  qu'où  ne  l'ottendrait  de 
1.1  lirièvetê  de  leur  eours  el  de  l'élroilesse  de  leur 
Ii.is^iiru  des  clf  eoiunie  ou  dit  en  Suèi!t\  des  eïv 
connue  on  dit  eu  Norvège,  Itureuls  sou\eul  noircis 
[);ir  la  lourlie  ou  l<'iulèsde  rouge  |Mir  le  fer,  euipor- 
lenl  à  la  nier  le  Ii-jIkiI  des  uê\i's.  di's;;l;ieiei"s.  des 
lacs.  Fleuves  e.aUnes  on  lorreuls  impérieux  cou- 
lent à  l'est  jusqu'il  la  mer  Baltique»  au  sud  jusqu'à 


Le  Kulkoloiiui'ii.  ;Voy.  p.  Wi.;  —  Kwimk  J.-D.  Woodward. 


la  mer  danoise,  î»  l'ouost  jusqu'aux  /ÎoikIs  de  Norvège, 
^'«tlfes  qui  s'nv;niei*iil  au  l<ûn  dans  la  nioul.igtM*. 

Les  liords  sont  le  ItitfUij^lte  de  la  s;iuvii^e  nature 
du  Nurd.  A  leur  entrée,  ils  ont  In  nier  vivante  avec 
son  llux,  son  rellux,  son  calme,  sa  brusquerie,  ses 
Jempétes:  â  leur  exirèmilê.  quand  ils  se  lerniiuenl 
par  un  !\eul  canal,  ou  h  leui-s  diverses  lins  quand 
ils  s'achèvent  par  plus  d'un  s<uis-f>or(L  ils  oui  la  mer 
li^'ée  des  glaces,  car  ces  solennelles  lissures  s'ouvrent 
entre  des  monts  de  lOOO.  1:200  et  mt^uie  1600  mètres 


(au  fjord  lie  llardanger).  Cl  ces  monts  ne  s'élèvent 
pns  lotjjours  trilenienl  droil  qu'ils  n'offrenl  (;»  el 
là  un  lil  aux  glaeier>,  des  as|H'>rilés  (mur  la  neige. 
ik*s  névés,  des  glaces,  lotnjjenl  des  cascades  de 
plusieurs  centaines  de  pieds.  paiTois  de  plusieurs 
centaines  de  mètres;  elles  sVcrculenl  sur  drs  Ilots 
lugubres,  qui  souvent  ont  plus  de  profondeur  ipie 
la  calaracle  n'a  de  précipici',  puistpu*  dans  tel  tîord 
il  y  a  800  mètres  du  niveau  de  l'eau  au  dernier 
fond  do  t'ablmo  :  la  sonde  ne  s'est  même  arrd* 


62 


LA    TKrirtK    A    ViM.    D'OISEAT. 


lares  do  plus  que  hi  Suisse;  ôg.il  ;i  |tlu>  de  iJix  lars 
de  ricnève,  mais  (|u;ilre  fois  nmirij*  itrofoiuU  ftt)ii 
Itliône  est  la  Gœta.  Iltujvo  roul;uit  eu  inovtMine 
5tî5  mètres  cubes  jmr  seconde.  Lt*  WelU'ni 
(!06  4*J0  lieelarosj,  proloml  de  i'iCnièlres,  reuiplil 
d'eau  toiijoufs  pure  Li  belle  Mtitidîi,  la  rivièn»  du 
tt  Maïu'liusler  scaiidinuvc  w,  qui  est  Norrkii'pin;;;. 
Le  Mœlaren  (I68G00  lioclareJ),  où  2  IXIOOI)  hec- 
lares  se  déviTsenl,  a  Ml  uièli'es  de  ereux  :  e'esl  le 
lac  de  Sloekliiihii.  Kii  Norvège  le  Mia'sen  (sl  sîuis 
rival  :  loug  de  Ui>  kiloujètres,  grand  do  56  400  hec- 
tares, profoud  de  451  luèlres.  il  descend  a  3.'0  nié- 
Ires  au-dessous  des  mers;  son  déversoir  court  uu 
Gluininen.  On  eslirne  ïiùn'  des  lacs  suédois  à 
i2.")7  000  hectares,  celîc  des  lacs  norvégiens  h 
1  yiriUOrt  —  eu  tout  57Hl)OtJt>  hecUres,  environ  le 
Ireiztênie  de  la  Scandinavie. 

Ces  rivières  (pii  meurent  si  volontiers  dans  l'im- 
ntohilitèdes  Léinans  soiit,  de  lac  n  lac,  ou  de  lac 
A  nier,  des  litrrenls  hruyatils.  coléri(|ues,  avec  des 
ciiscades  terribles.  Eu  Suède,  h*  bond  de  .XiLMumel- 
saskas,  sur  le  Luleâ',  a  80  mètres;  cehii  d'F.lf- 
Karlehy,  sur  le  liai,  rpii  entre  |)rès  de  là  d.ins  la 
mer.  tT»  mètres,  avec  une  grande  puissance  de  (lois, 
II*  haletant  un  des  tna  tires  cuurautsde  la  Scandinavie. 
Le  TroIMuella  sauh'  de  ôô  mètres,  en  ln»is  fuis, 
et  le  lleuve  qui  s'y  dêcbire  est   la  ^n*.inde  tid'la. 

Les  cascades  norvègientu's  l'euiporteiit  sur  les 
suédoises  :  ici,  cVsl  une  écharfit:  «le  2000  pieds 
qui  ilulle  avec  les  veiils,  v\  \v  loiienl»  tils  îles 
neiges,  qui  semble  veïiir  du  ricl,  lunibe  en  pout<- 
sièn-  de  [tluie  sur  les  rothes  d'un  cirque,  les  eîuix 
d'un  l;ic,  les  vagues  d'un  liord;  là  iirie  rivière 
s'îibiuie  dans  un  goutlVe  tel,  (piou  n'y  descend 
qu'au  péril  de  sa  vie  pour  senltr  d'en  bas  son 
néaul.  au  [tied  du  sauvage  tutnulle  qui  semble  un 
écroulcmenl  de  la  naluro  :  c'est  ce  qui  arrive  au 
Mîtau,  quand  il  s'abat  de  "â-ia  mètres,  par  le  Riu- 
kaïilos*.  dans  sa  course  entre  le  lac  de  ^lji*s  l'I  le 
lac  encaissé  de  Tyii  ;  à  la  rivière  Tysso,  qui,  dans 
sa  roule  sealireuse  vers  le  (iord  de  llanlaii;,MU\  se 
jeite  de  liîO  nièlres  par  le  Tyssiislreii-^^-ne  et  le 
Uiu^n'dalsfos;  à  la  Hiœreia,  sous-afllueut  de  ce 
même  liurd  de  llardan«:er;  sa  cliule,  h*  fauu'ux  V(e- 
rin^'hts,  a  IVi  mèli'cs.  Ailleurs  enfin,  l'eau  ne  s'a- 
bandonne îiu  ville  (jue  puur  qnebpn's  mélres  cl 
lelrouTc  aussitôt  >a  prison  île  l'ochers,  mais  aloi*s 
c'est  parfois  un  Uhin  <|ui  tombe»  car  tel  cuiirant 


1.  rnmoïKvz  LtjÎL'iî. 

*1.  Fo^.  en  rfîiiiois.  veut  dire  cascade.  Un  mol  diinnis  [hmiI 
d'ûulaiil  iiiicu.\  dési^riitr  une  cho*e  norvètricdiK'.  i\Mv  la  >'i»i'- 
végc  a  le  danois  pour  lairjiie  ofliciellc  t-i  laii-'ue  lititraiit;. 


norvégien,  bref  de  cours,  humble  de  bassin,  j^iavi-e 
de  hdur^'ades.  roule  des  Mots  très  abondants  griico 
aux  plateaux  neigeux,  et  on  toiUe  tuiison  gr/iee  nul 
lacs,  l'arnii  ers  dernièn's  4*jihcades  (ce  ne  sont  pas 
les  moins  belles),  celle  de  Sarpsfos  qui  casse  la 
(ilonniien  n'a  que  tîl  mètres;  mais  le  fl«*uve  de 
5ti7  kilomètres  de  lon{(ueur  qui  s'y  broie,  le  pre- 
iiiier  de  hms  en  Scandinavie,  verse  en  moyenne 
800  mètri's  cubes  t\\'i\u  par  seconde.  I'jr>  durant 
lètia^'e,  au  hîrtde  Ihiver,  et  iOtMl  en  grande  crue. 

Si  Ton  met  de  coté  i|uelques  vallées  de  la  Nor- 
vège' méridionale  et  la  Suède  du  midi  où  le  sol  a 
de  la  biMilé,  le  ciel  de  Li  clémence,  presque  tout 
ce  qui  dans  les  deux  pays  n'est  ni  neige,  ni  glace« 
ni  lac,  ni  marais,  ni  tuurbe.  ni  \îdt*  et  vague  pla- 
leau,  ni  paroi,  ni  précipice,  appartient  au  Skog,  k 
la  grande  forêt,  ou  du  moins  à  ce  qui  fut  sylvestre 
et  souvent  ne  l'est  plus;  avidement,  insoletunient» 
les  Scandinaves  coupent  leurs  bois,  sans  souci  de 
r.ivenir  qui  les  chiUiera  <lans  leur  descendance^, 
car  il  faut  cent  années  u  leur  IVoid  soleil  pour  tirer 
de  leur  sol  dur  des  arbres  fwreils  à  ceux  qu'ils 
abnltent  en  une  heure.  <^elte  beauté  deviendra  lai- 
deur, cette  richesse  pauvreté. 

Les  c;iscades  sont  les  rmnpiices  tte  celte  œuvre 
grossière.  Au  hnvd  ou  près  du  j^oufire  *les  eal;i- 
racles,  au  Trollha'la,  au  Sjirpsfos.  i*n  cent  autres 
lieux,  d'énormes  usines,  des  ch»s  de  planches,  des 
baraquenienls  élagés,  des  hangars  sus|>endus  re- 
lentissertl  du  grincement  des  scies,  dans  l'ècunie 
d'un  lorrent  qui  rugirait  avec  In  chute  elle-iMc>me 
si  riinimne  du  Nord  ne  l'aviiil  tlétomriée  du  clieniiii 
de  r^djîtne.  au-dessus  des  prejniers  IxMiillonne- 
nieiiis  de  Iclf  ou  de  Telv.  Kt  dans  ces  scieries 
l'utjviil  de:j  arbres  s;uis  nondire  qui  vont  devenir 
bloc,  poutre,  planche  et  j*ous>ière  de  lM»is.  Ainsi 
li'S  cascades  sonl  diminuées  par  les  enqo-unts 
ileau,  enlaidies  p;ir  b"s  niurs.  les  cloisons  de  Imus 
el  les  ntècaiijqtii's.  jiror;HiéfS  par  le  tracas  de 
l'homme,  et  la  force  aveu.ule  quon  leur  dérobe 
h;1li'  iiijurieusemenl  la  mort  des  loréls. 


I 


Suéde  et  Suédois.  — Ln  Suède,  sur  45  nullioiis 
dheclares  deitieureril  4  800O0Ohabilimls.  soit  10 ù 
il  personnes  par  kilornèlre  cai'rè.  (]e  [ieU[tle  aug- 
nu;nlc,  il  croUrnil  bien  plus  vile  sans  une  émi- 
gration insensée  vers  les  Élats-Urus;  ainsi  la  seule 
année  1888  a  vu  [lartir  une  cinquantaiiu'  de  mille 
hojntiies  :  r'est  comme  si  4*)OtlOO  jiersntuies  quit- 
taieïit  la  Krance  en  douze  mois,  presque  tous  pour 
l'Aniériqucdu  Nord.  Quand  ces  Suédois  disent  adieu 
à    leur   Suètie  bîen-aimêe,    quajid,    abandonnant 


I 


I 


1 


SCANDINAVIE. 


«3 


une  pnlri<*  digne  dr»  retenir  tous  sps  pnfnnts,  une 
tern^  lieureuse  où  ri*^iu*  Iji  [miïx  socialf,  où  sanne 
une  Ifin^ue  lirn*,  ils  s'en  vont  so  pordre  nu  pn\n 
des  (Hissions  |>i»lili(|ut*^,  des  |i.irlis  avides  «^l  in- 
justes, de  l'or  adoré  connue  I»'  seul  ih>w.  parmi 
la  foule  infiniedes  cosniojxjlilt's  [iroïnis  ;i  la  lan^nie 
iMrangliV*,  au  moins  rfioistssi'iil-ils  luvsquc  tous 
la  région  des  Élals-l'nis  qui  ri'ss«.»inl)l*;  \r.  plus  a  la 
Scandinavie  pjirses  lars,  ses  forùls,  ses  hivers  Irès 
froids,  SOS  nuits  glaeiVs  avec  de  merveilleux  scin- 
lillemenfs  d'èloilcs  ;  ils  vont  vivre  dans  le  Mieliigan, 
le  Wisconsin.  le  Minnesota,  (]ui  se  bai^^nent  dans  la 
mer  sans  std  et  sans  niante  d'où  s'épanelieni  lefleuve 
sans  lioue.  le  Ma^'arn,  plus  bas  le  S;iinl-I,aiirent. 
D'antres  en  moins  bien  grand  nombre,  aeconipagnês 
de  [Innnîs,  de  Norvégiens,  vont  s't^aldir  en  ces  mi^mes 
Klats-I Uis,  <ians  une  rontrêe  froide  aussi,  par  son 
altitude,  el  non  par  ses  latitudes,  ((ui  sont  ita- 
lieuues:  convertis  en  Scandinavie  paj'  des  mission- 
naires mormons,  ils  parlent  [unii  la  MiMOioide, 
|HJur  le  linut  plaleaiid  llali.  Parmi  les  jH-upli'sd'Ku- 
rojw,  la  nation  bilingue  de  la  sévère  presqu'île  est 
avec  la  nation  danoise  celle  qui  fournil  le  plus  de 
prosélytes  à  la  religion  des  modernes  polygames. 

Les  forêts  vniimcnl  forets  occupent  près  de 
17  millions  \f'2  d'hectares,  les  laesphis  de  4  mil- 
lions 1/4,  les  prairies  2  700  000,  les  jardins  et  les 
cultures!  r>00  000;  il  en  reste  environ  '20  millions 
à  la  nudité,  il  la  brande,  h  la  mousse  marécageuse, 
aux  njauvais  bois,  aux  arbres  èpars. 

Arbres  à  fruits,  jardins,  ehaîi»ps  et  prés  font 
l'aisance  de  la  Suéde  pt^ninsulaire  comprise  entre 
le  Skager-Iiuk.  le  Kattegat.  le  Sund.  la  Baltique  et 
un<»  lifrne  qu'on  niéner;nt  de  Christiania  à  Stock- 
holm; le  soleil  plus  fort,  la  pluie  nwins  rare,  la 
tépidité  de  la  mer,  les  grandes  nappes  d'eau  douce, 
réservoirs  de  chaleur  et  d'humidité,  donnent  au 
Midi  suédois  l'aspect  de  nos  rani|Mgues  de  l'Occi- 
dent, Iac5  h  p«rt,  el  les  honune»  s'y  pn'.ssi*nt  par 
endroits  autant  quVn  Fnmce.  Miiis  au  delà  de 
Stockholm  s**  nul  le  deTni-dtVerl.  puis  le  désert,  à 
mesure  qu'avançant  vers  le  septentrion,  riche  de 
ses  mines  de  fer.  on  pisse  b^s  fleuves  l»al,  Liusna*. 
IJuiigan.  Iiidals,  Angerman.  rineû.Skelleneîi.  Piten. 
Luieâ.  Kalix,  Tomeii  ", elf  de  tr>0,de  200,de  250  mè- 
tres cubes  par  seconde  qui  sont  torrents,  puis  lacs, 
puis  l(»rrent^  emun»,  puis  lacs,  et  toujours  ainsi. 
Sur  ItMirs  roches  compactes  qui  n'absorbent  pas 
l'eau,  sous  leurs  cieux  froids  tpii  ne  l'attirent  pas  en 
vapi^urs,  et  régularis^'s  |Kir  de  vastes  résiTvoirs,  ils 

|.  tJilanffOf  migUiso. 


seraient  plu»  grands  s'il  pleuvait  beaucoup  en 
Suède,  mais  h  riiiverse  de  la  Norvège,  les  pluies  y 
sont  très  inodéréeîw 

Les  Suédois,  blonds,  de  haute  taille,  parlent  une 
langue  alliée  h  l'allemand,  le  suédois,  qui  serait 
bien  le  plus  beau  des  idiomes  germaniques  si  la 
marâtre  Islande  n'avait  pas  préservé  son  antique 
norse;  la  langue  suédoise  réunit  la  miile  sonorité, 
la  force,  la  richesse,  la  plasticité,  la  puissance 
poétique.  Hors  de  la  Suède  elle  se  parle  aussi  sur 
le  littoral  de  Finlande;  rattachée  eneore  à  celte 
ancienne  colonie  par  les  souvenit^s  de  l'histoire  et 
In  résistance  du  langage  qu'elle  y  importa  jadis,  la 
Suéde  lui  est  aussi  réunie  en  hiver  par  un  lien 
matériel  :  parfois  la  mer  poiiU  profonde  et  peu 
salée  qui  sépare  les  deux  pays,  la  Baltique,  gèle  d'un 
boi'd  .i  rauLn\  d'ujie  glace  tellement  forte  qu'elle 
porte  pendant  des  mois,  les  convois,  les  traîneaux, 
de  la  Suède  aux  archipels  russes  d'Aland  et  d'Abo, 
et  de  là  jusqu'à  la  côte  qui  relève  du  tsar  de  toutes 
les  llussies. 

Ia'  luthéranisme,  secte  protestant^,  règne  presque 
exflusiv^MueiU  en  Suèdcv 

Stockliolm,  la  capitale,  est  une  cité  de  250  000 
âmes.  Comme  Venise,  Stockholm  est  une  ville  des 
eaux;  il  lui  manque  le  soleil  du  Sud,  les  fameux 
monuments,  le  renom  poétique,  les  souvenirs  d'une 
histoire  brillante,  lu  mélancolie  d'une  gloiivTper- 
due,  mais  elle  i^  repose  pas  comme  la  reine  de 
l'Adriatique  sur  de  plates  lagtmes,  dans  le  sable, 
sur  des  canaux  mal  otlorants  devant  une  côte  basse; 
elle  se  mire  devant  les  foréls.  dans  le  pur  Ma»la- 
ren.  (pii  a  treize  cents  îles. 

Gœleborg  (105000  hab.).  port  animé,  sur  le 
Kaltcgal.  tire  son  nom  du  bras  de  la  Gœta  dont 
elle  borde  remliouchure  en  mer. 

Ipsala  (mm  hab.)  et  l.und  (15000  âmes)  sont 
les  deux  villes  univcrsiUiires. 


Norvège  el  Norvégiens.  —  Viddené.  Hédé, 
fiords,  abîmes,  forêts  de  frênes,  de  pins»  de  s;ipins 
el  d'épiecjis,  la  Norvège  ;i  près  de  ri2  millions 
d'bectiires,  avec  2  millions  dMmes  il  peine,  soit  un 
peu  plus  de  6  personnes  sur  100  hectares  :  ce  n'est 
presque  rien. 

Les  villes  y  sont  très  mres,  et  Ton  fait  sKUivent 
de  longues  lieues  avant  de  n'ncontnT  les  maisons 
de  tx>is  qui,  suivant  leur  nombre,  composent  les 
vill.igt»»,  les  bourgs  el  les  cité»»  où  réside  le  peuple 
norvégien.  OiOOOttO  h»*ct;iivs  de  bois  singulière- 
ment mêlés  de  rocJien»,  d'étang»,  de  clairières  ; 


G4 


l\    TKRRK    A    VOL    D  OISEAU. 


dâs  Ijaiifos  piMures;  1  'JOOOOO  lu^etaros  do  pr6«  : 
4Q0  0flM  (h'olijtniis  lalioiinil>li's.  luiis  k's  ans  ;ircnis 
d'tMivii(iri  r>(ll)0  ,'uix  dt'|^i(?iis  dos  prairies;  jdiis 
de  I  r>(M)000  hectares  de  Ua:  tout  \p  retUo 
piLMTo,  ueigo  Gl  solitude  :  voilû  It*  ptîti  dont 
dispose  lu  luitioii  iiorv«''^ii'iiiie;  fH'ds  l.i  irifr,  qui 
se  brise  sur  des  écueils  sans  nombre,  psl  h  ws 
portes,  el  b'S  ilords  soiil  piuttiut.  (iunis  et  mer 
innuiineiit  r.ivrs  de  poissons  ;  aussi  piirrrii  les 
2  ïiiillious  de  Norvégiens  y  en  n-l-il  1200  000  au 
bord  de  rOeênii,  IjmiI  sur  l'i  riMe  miMne  qu':i  la 
rive  des  estuaires  et  dans  les  Iles. 
A  ;dliludes  êjj:ale5  sous  les  inOmcs  latitudes,  la 


Norvège  rsl    plus  douce  de  climat  que  la  Su«>dftJ 
ce  «piVlle  d«til   à  des  pluies  di>iit  :i  Iniis  fois  filtil 
drues  cbe/  le  Norvégien  (pie  rbe/.  le  Suédois,  mai^ 
avec  de  très  grandes  diiïêreiiees  suivnnt  lits  lieux«] 
puis(pi'i|  y  a   le!   vill.i^'e  au  bord  de  tel  fiord    ou' 
sous-lioid^    nolaiiiiui'ul  au    pied   des    glariers  du 
JusLidoIsbnie,  uù  il  tombe  prés  de  3  mètres  d'eat^| 
|iar  au,  laiidisnue  tel  plateau  firme  de  riiitérieur  ne 
reroil  même  pas  100  iiiilliinélres.  l'\à  e^l  la  leuipè^ 
rature  iiKiyoïine  des  endroits   les   plus  cluiuds. 

Ko  100.\  laNorvéj^e n'avait eiMore que  iPfOOtlONor-l 
végieiis:en  i7*»l}r||e  en  rntiiptail  TriiMHHJ .  SX:,  OOOj 
au  commencement  du  siècle;  elle  a  doue  plus  qn€ 


Le.  lac  Ma-laivii.  (Voy    p.  62)  —  Df^sin  iltr  J.-D.  WomlwurJ. 


doublé  CM  moins  de  cent  ans»  cependanl  l'ëmigra- 
liou  piélési'  sirr  ce  peuple  uu  f;i;uid  (libiil.  jusqu'à 
20000»   inéiiio  TA)  OOt'  pcrstiiirn-s  [»aj'  an. 

Associés  depuis  ISl.'i  à  la  Suéde,  après  l'avoir 
été  pétulant  rie  niHtibreux  siècles  mi  IlaniMnark,  li's 
fils  (le  l;j  lilire  Noi'gt".  de  l:i  !i"ès  inai-iiiiéie  Niir- 
vège,  sont  de  stature  élevée,  presque  tous  avec 
yeux  bleus  v\  cbcveux  blonds,  (lornme  b^urs  Frères 
danois  ils  otiL  |(M9^r|eiM[>s  ciutru  le  momie,  en 
avenluriers.  sur  des  liarques  hardies,  éi-urnant  les 
mers,  pillant  surtout  b^s  vMy^s  et  la  rive  des 
fleuves  pour  «  guai^^tu'i*  n,  comme  ils  disîiienl 
dans  In  français  d'alors,  devenu  la  lanj^ue  de  leur 
bande  la  jilus  beun'Use,  relie  qui  u  j^^uat^rla  »►  la 
Normandie,  l'An^lcIi'rre  el  la  Sicile.  Une  aulii* 
liande  trouva  Tlslande,  jniis  découvrit  l'Ainéritpie 
avaul  Colomb,  et  c'est  par  luisard  que,  chassée  du 


Yinland,  elle  n'y  créa  point  une  Norvège  qui  au* 
rail  ;;raihli  ;i  l'infini  devant  elle,  comine  aujoiir- 
d*bui  les  Ktats-1  nis,  nés  sur  ce  même  \iidandJ 
Maintenant  la  lerre des  Normands,  repliée  sur  oll« 
même,  n'envoie  plus  ses  braves  à  l.i  conquête  di 
momie;  elle  eouvr*r  la  mer  de  inalelels,  elle  i«x- 
porte  en  tous  [lays  ses  bois  el  les  bois  ile  la  Suèdoj 
elle  renqvlil,  pour  sa  part  de  colons,  les  ré^ior 
froides  du  O^nd-rhiest  américain,  Mirliigan,  Wîs- 
consitj,  Minnesola.  cx.iclemejit  conune  les  Suédfiis. 

Ils  professent  le  lutln^ranisme.  Leur  langnf 
écrite,  relie  qu'on  parle  dans  les  assemblées  i% 
dans  1rs  salons,  est  le  nioitis  «  Tram'  »  des  idioriM*(i 
sraitdinaves.  le  darn>is  ;  i*e  qui  tient  à  fa  loi)i^ii^< 
mîijhise  du  Danemark  sur  la  Norvège. 

Mais  à  coté  du  d.niois  di-s  livres,  dis  joiirnntix, 
des  réunions,  vivent  encoi'c   une  infinité  df  dia- 


SCANDINAVIE. 


65 


Itfctes,  pou  dif!rt>ron(&  les  uns  des  autres,  tous  otrtnt 
des  fils  It'gitiines  de  l'iiiiti^iue  langue  norst». 

Chrisliaiiiii  (150  001)  linli.),  la  (Miiil^ili*  rei  intime 
tnmps  que  le  grand  paii,  rvcniiie  l'cxtri'init*^  d'un 
I(Hi|î  iidi'd  (l;nis  I;i  nn'illeuiv  p.irtrc  du  [lays.  près  du 
[ilus<fr;iiul  (U'uve,  li'GliHiiriKMi,  cl  du  [dus  Ihniu  lac. 
Iiî  Miœsmi.  Cité  de  granit,  de   syénile  et  de  bri- 


qups,  sa  croissance  est  très  rapide  :  petite  ville  eu 
1800,  die  n'avait  alors  que  8000  Ames. 

Laponie.  Lapons.  ~-  Au  nord  do  la  Suêdi*,  de  la 
Norvège,  el  aussi  de  la  Finlande,  la  Laponio  ren Ferme 
tlî's  Srandruaves  de  plus  <'u  [dus  iiotnlHeus  cl  des 
La(M>us»  fjoiurues  d'oi'igiiu.!  ijutioise,  dÎM-nt  uerlaius 
savants;  d  origine  muugole,  dia^iil  certains  autres; 


Types  et  coAtuinot  de  U  Lapome,  —  Iknsiu  de  Lu,  d'après  une  jjbutupratihie. 


en  tnulcas  ils  parlent  une  langue  finnoise  rtyanl  une 
parenté  visiide  nwv  crlle  des  Monl\es  île  la  Hussie. 
Sur  un  territoire  de  tiO  millions  d'Iiectarrs»  leur 
uoudu'e  di^passt*  h  peine  une  Irentnîne  de  mille. 

Nalioii  (divâlri',  a  elieveiix  noirs,  à  l»iirlie  rare, 
h  saill.inli's  pnîmuetleî;,  à  petits  \eu\  Idessrs  par 
l'éelal  de  la  neige  et  n>ugis  par  rAcrelê  de  la  rumée, 
les  l«flpons,  gens  malpntprrs,  ont  (lassê  longtemps 
pour  la  rare  la  plus  petito  ;  rt*ptMidaiil.  s*il  y  a  riiez 
eux  lNNiue(»up  d'hommes  de  quatre  pieds  et  demi. 
leui  de  einq  pieds  et  plus  ne  sont  pas  très  rares. 

0    Hkcu»    ta  Tutus  A  1UL  buifet^o. 


[.es  uns  pOclienl  dans  le  fioril,  dans  le  Inc.  dans  le 
loi'reiil  ;  leh  autres  \i\ent  avec  leurs  rennes,  espère 
de  cerfs,  parmi  des  forêts  liuiglemps  ensevelies 
chaque  anntV  justpr/i  mi -fût  dans  la  neige;  le 
iMiuleaiJ.  raiine,  le  gi'né^rier.  le  Sîiule,  «oiiqHtsent 
ces  tristes  hois  mêlés  de  lichens  jaunes  ou  rou- 
geAtres  et  de  lourbièri*s. 

MiscraMe  vie  que  celle  de  ees  enranls  r;d)oiigris 
du  Nord,  aux  prises  avec  la  neige  en  hiver  el 
le  moustique  en  été.  (juand  la  saison  plus  tiède  a 
dégagé  les  torrents,  descellé  les  lacs,   rendu  les 

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66 


LA   TKRRE  A  VOL   DOISEAU. 


cascades  h  leur  frénésie  el  fondu  la  dallo  dt^  glace 

des  marais,  les  «  cousins  »  et  autres  dards  ailés 
bourdonnent  par  milliers  de  millîai'ds  sur  la 
tourbe  desséchée;  le  Lapon  se  barbouille  alors 
la  figure  de  graisse  ou  fuit  avec  son  bataillon  de 
rennes  vers  d'autres  champs  de  niuussi*,  nourriture 
du  troupeau:  cest  toute  une  éniigrulion;  une 
famille  ne  vit  bien  qu'avec  des  centaines  de  rennes, 
tel  homme  riche  en  a  plus  de  deux  mille. 

Le  Lapon  n*erre  pas  seulement  en  Scandinavie, 
a  côté  des  Nonégicns  el  Suédois,  on  le  rencduli-i» 
aussi  en  Russie,  h  l'ouest  de  la  mer  lïlaii<*lie,  mêlé 
aux  Finlandais,  aux  Scandinaves,  aux  Slavrs.  Par- 
tout il  passe  insensiblement  de  Télat  nomadtï  à 
l'état  sédentaire,  pîulout  il  recule  devant  les  rae(»s 
plus  fortes  qui  viennent  lui  disputer  ses  poissons, 
ses  lambeaux  de  prairie  jusque  sous  les  longues 
ténèbres  de  la  nuit  boréale;  niiiis  s'ils  se  replient 
ou  s'absorbent,  ils  ne  disparaissent  pitinl,  ils  au^'- 
mentent  même  ;  à  la  fin  du  siècle  dt'rnier,  il. n'y  en 
avait  pas  10  000,  tandis  qu'aujourd'Imi,  Lnpons  «M 
gens  de  sang  mêlé,  ils  dépassent  50000  Ames. 

Ils  donnent  à  leur  |)alrie  le  nom  de  S<*uné-Kdnam, 
celui  de  Samegierl  à  leur  laM<j:ue,  el  eux-ménies  s'ajh 
pellent  Sanieladz,  au  singulier  Sîiïiié.  (le  pelit  peupb* 
errait  jadis  sur  la  péninsule  Scandinave,  la  Finhuide. 
le  Danemark,  et  jusque  sur  le  nord  de  l'Alleint-igne. 

Iles:  Œland,  Gœtlaud,  le  Skisergaard.  —  De 

la  Suède  relèvent  Œland  el  Giutland;  de  la  Norvège, 
le  Skia*rgaard*. 

Œland  (154500  hectares),  dans  la  Rallique,  en 
face  et  très  près  de  Calmar,  vit  de  sa  nier  autant 
que  de  sa  terre  calcaire  peu  fertile;  très  étroite, 
mais  longue  de  150  kilomètres,  il  y  a  là  50000 
honnnes. 

Gœlland  (515  900  hectares),  plus  éloignée  en 
mer.  monte  à  80  kilomètres  delà  c<Me,  mais  monte 
peu  :  CO  mètres  au  plus.  Calcaire  ainsi  qn'ŒIand, 
60  000  pci'sonnes  y  vivent  sur  une  terre  nue  qui 
fut  le  piédestal  d'une  immense  foret;  b's  bois  cou- 
vraient toute  l'île,  ils  y  appelaient  les  vapeurs  de  la 
pluie,  ils  y  envoyaient  à  de  petits  lacs  |)lus  de  ruis- 
seaux que  ces  lacs  n'en  rei/oivent  anjonnlhui.  La 
c^ipitale,  qui  a  nom  Wisby,  est  uni»  villt^  d'antique 
apparence. 

LeSkiaTgaard(2lî>0  000  hectares)  est  le  monde 
confus,  montagneux,  rugueux,  pluvieux,  gran- 
diose, qui  sert  de  brise-lames  à  la  Norvège  occiden- 

ï     l'i-oiioiicez  Clitrj^oid. 


taie  de|iuis  le  Skager  Rak,  mer  tiède,  jusqu'au  Cap 
Nord,  battu  de  flots  froids  :  dédale  d'ilcs,  réseau 
de  lionls,  courants  <'t  contn*-counints,  maëUtroins 
(si  l'on  doit  doimer  ce  n<»m  général  aux  luttes 
retentissantes  de  la  rnche  et  du  flot).  IK^s  pics  dont 
le  plus  haut  s*él;inri>  à  1500  nu*'tres,  des  arêtes  à 
lann^  de  couteau  prodigitHisenient  étroitest  des 
prairies  se  imrtagent  ce  labyrinthe  ;  sur  la  moindre 
crique  il  y  a  des  Innneaux  de  |KVlieurs  et  de  ma- 
rins: 250  000  honmifs,  le  huitiènu'  des  Norv<^giens, 
vivent  dans  le  Skinj'gaard  ;  1 160  iles  sont  habitées. 
Les  Lufoten  (r)82  000  hectares,  56  000  habitants), 
prinripnle  réunion  d'iles.  ilols  et  récifs  de  tout  le 
Skia*rgii.'ird,  m  possèdent  le  plus  haut  mont,  sur 
Ilindce  (:2'J5  Kl)0  heetares),  la  terre  ms^eure  de 
celle  digue  si  finie,  quoiqut^  si  hrîstfe.  Malgré 
l'étroitesse  des  rh«*nanx  fïuite  desquels  elles  devien- 
drait'iit  lerre  lî*rnie,  il  n'y  a  pas  cent  ans  qu'elles 
sont  mirées  dans  le  n  roneert  eunqH*en  n  ;  lors  des 
grandes  Ineries  de  la  Ké[»ublii|u«'  et  de  rKinpiret 
lenrs  liabiLnils.  dit-on,  usaient  encore  de  TurCt  eus 
les  voisins  de  tant  de  nations  instruites  depuis  trois 
ou  (piaire  siècles  dans  les  «  nobles  »  arts  de  le 
poinlre  el  du  eanon. 

Spitzberg  et  Terre  de  François-Joseph.  -^ 

Ites  fionis  Lqxnis  de  S<'andinavie  et  di*  Itussîe»  on 
arrive  ««n  gomernaid  vers  le  IVde  à  rarchipi^l  sans 
arbres,  sans  verdure,  sans  rus,  s*ms  fontaines, 
sans  habitants,  sans  maîtres.  Cel  urehijMd  est  le 
S|)ilzberg,  ce  qui  ve»it  dire  h»  MonI  i'ointu. 

Il  doit  ce  no!n  hollandais  à  ses  pics  aigus,  dont 
les  plus  hauts  ne  semblent  pas  dé|)asser  1500  mè- 
tres. <;neiss,  granits,  calcaires,  roches  volcaniqucfs, 
ces  pies  |;ointenl,  s<Mnbres,  noii's,  sur  la  blau- 
eheur  tles  névés;  de  gran<ls,  d'iinnuMises  glaciers, 
partant  de  ces  névés,  descendent  à  la  côte  et 
tombent  bloc  à  bloc,  de  tout  leur  poids,  dans  la 
mer  dont  la  tiédeur  ronge  au  pied  les  caps.qu*ils 
plongent  dans  les  flots.  \k)  leur  loui*de  dalle  ils  cou- 
vrent des  vallées  que  nous  ne  connaitronsjamaîs  :  au- 
dessus  de  400,500,  600  mètres,  suivant  les  lieux,  le 
sol  n*est  visible  en  au(*une  s;iison  de  Tannée;  le  soleil 
d'un  j<iur  de  <jualie  mois  brist^  en  vain  se»  rayons 
sur  les  mers  dt»  glaee,  il  les  éclaire,  il  les  chauffe 
el  les  mouille,  il  les  anime  d'un  bruit  de  goutte- 
telles,  même  il  y  évoqne  des  easeades.  mais  il  ne 
fond  pas  tout  ee  ctuopaet  hiver,  tltmnnent  le  fernil- 
ilenlreleTli'  elleXOïiej-rédelalitude.à  1UU0-150C 
kilomètres  du  Pôle,  stius  un  climat  d'une  moyenne 
annuelle  de—  8  à  —  l»'\  là  on  juin,  juillet  mâine 
dispensent  quelquefois  la  glace,  puisqu'on  a  vu  h 


SIMTZRERQ 


mcroun*  y  npiproeliiM'  alnrs  (le  —  10^.  El  jamais 
un  tic  Cl  vu  rfiiifiliM'  h  4-  l'V' 

|j*s  Il<»ll;iiHi;iis  ;il)iir'*li*riMil  les  [irciiiii'rs  il.tiis  ces 
ih*s,  rtrr]ii|ir|  i|tj*i>ii  |ic('.siiirn*gi';iii(l*li'  (i^OOOOÛlii'c- 
tares.  La  mi*r  qui  IïmiIouiv  iiulluliiil  h  crlU'  l'potfUf 
ilrlialciiu'S.  liiil  {îtirti(iin''rs  4|i'|Hjis]j;ii'li*  liatixiti  d(.*s 
[MVIiciirs;rll(' ^iiMiill.uldL'  [iÏkhjui's,  (Ïi'  iïiojsos  à  la 
lient  crueltc,  ti  IkMuent   niassacrt^s  qu'il   n'i'n   est 


giu'»ro  plus;  nujourd'hiii»  ce  sont  los  Norvi»gi(>ns  *»l 
Il's  Hiissi>s,  plus  ([tw  U*s  ISiVrlaiidiits,  li*s  Aiigl.-ii!^  nu 
1rs  Vlii'niMiuls,  qui  \i4'tiiH>iit  pniirsinvrt*  Ir  vr:iu 
ïiivirin  (i;iris  hs  jiar;t<;rs  ilii  Spil/hri'^'. 

l/oiu-îi  blanr.  h'  rt'iiiu*.  rpn  tn.»uvr  ici  dosniousses, 
le  retiard  pnl.ur'r,  lo  lii'vn*  qm»  n'rlTaroufhc  aiiriin 
clinssiMJi'.  ce  sutil  là  tuus  1rs  halHlaiits  ilij  o  Mont 
Pointu  ». 


te  cap  NonJ.  (Voy.  p.  m.)  —  De«in  de  A.  de  KcuvUU. 


On  ni'  rroU  pas  tpi'il  y  ait  d(»  liTn»  rtiiorpM»  au 
mird  du  SpilzlnTg,  m  allant  vers  W  lïdf  lanl 
d*^in''  parn'  qiiOn  no  Ta  |kis  vu,  (pjo  prul-*Mri»  on 
nt*  le»  verra  pas;  mais  au  n<uil-<'sl.  k  plnsi*'urs 
<onlaint»s  i\o  kiloruiHres  ,  la  Titit  do  François- 
JoM'pli.  nVtMnnifnt  <UVouv<Mio  ,  domine  de  si's 
hasulles,  di*  si»s  monts  dtml  l'un  s*'  drcss»'  à 
irvit)  nuMn's'.  un  oci^'un  tout  à  fail  glarial.  au  ihmiI 

1.  Le  Riclithofen 


du  80' dcgri*',  S;iuf  If  n»nni'.  qui  l^ir  manqua,  les 
Iles  «q  K'S  UHM'sdiî  Franvois-Jasepli  oïd  Ifs  animaux 
spilzbtTjçirns,  le  renard  polaire,  lo  U^vn^  l'ours 
lilanr.  le  phoque:  et  aussi. sur  les  roelies  littorales, 
runnne  au  Spil/.herg,  dans  le  SkiaT^aanl.  aux  Or- 
rades,  ant  Slietland.  des  millions  d'oisetiux  marins, 
pondant  et  ronvaiit  :  ehaipie  espèee  croasse  en  lrou|M' 
scirèe  sur  son  ^aadin;  lt»s  niAles,  îi  ^ralld^  ootq»s 
d'ailes,  eriant  d'enlliousiasme ou  décolère,  plongtiit 
pour  pèelier  1**  diner  des  l'ouveusi*^. 


«g 


LA  TERRE   A  VOL   DOlSEAr, 


Cùle  septentritHiale  de  Doruholtu.  (Vuy.  p.  GO.)  —  Destin  de  ¥.  Sorncu,  d'apra  une  |)tiolograpliio 


DANEMARK 


Au  sud  (If  lîi  Surilr  ri  iW  lii  Norvî*gp,  \o  ïïan*'- 
inark,  iMyssrnruiiniivc  ;uissi,  coiiijito  2  175  OÔO  ha- 
bihiuls  sur  r>S27'J(iU  liecLures  :  soit  .j7  pcj'saiiiies 
au  kiloiiuHru  carré. 

tl  StMMnii|*(»st' :  [MHjriiri  liops,  d'îles  iïss^z  n'rlilrs: 
t'I  pour  deux  tiers,  (Turii*  iiéuiiisule  eCtiliv,  nioijis 
féconde  que  les  îlos. 

Iles  Danoises.  —  Sjrplland,  n>eln*  crayinise,  aji- 
[)roehe  <ie  700000  liecinres,  Oi'iir  du  Ikinem.uii 
(lijul  elle  porte  h  eii[nlîile.  ^rtlo  ilo,  furlerueiii 
t'chaiirm^  nu  uru'd  jku'  i'Ise(jurd,  dourie  sur  le 
Suud  ou  Œresund,  hn*s  de  juer  uuissntit  le  K.-it- 
têgal,  autreiiiutii  di(   lu  mer  du  Nord,  à    Li  Bal- 


li'|iie  :  rt*  pnssfi^i*,  sApar*nnl  le  Danemark  dt 
vèf^e,  nu  qui'   tlOO  luMres  ;iij  (>oiptl   !♦*  plus  êtniil, 
drvviiil  liflsiiigiirt  «jNe  les  l'nuir.its  u«j]uuit'iit  LUc- 
nt'ur*   ol  sa  profondeur  est  laildc;  d'île  danoise,  fl 
îsjd'llaiid  devieminiil  lerre  suédoise  si  Vam  sal«>e 
baiss.iil    lie    20    inélivs.    Aucun   de    ses  colcauA 
Tu^  dè[>.isse  Lenuroup  tUO  miHres;  elle  a  de  Ih^IIcs  fl 
fonVs  di*  lustres,  des  vijlliins  gracieux.  îles  *,'n3Njns  ^ 
veris.  des  rfiAli'auï,  des  villas,  el  <li*  sijperl>es  vups 
sur  ly  nier,  Tarrliipel  danuis  oï    la  Suède.  Moôiï, 
FalsttM'  el  Lnalaud.  ilei^  rnaiiitr^iuuil  iudêpeiid;inU's« 
faisaii'ul  jadis  (lartie  dt*  Sjielluid. 

Moêri  (24000  lieelares),  lieu  ile  rejius  et  de  vil- 
légialuiv,  belle  de  ses  falaises,  montre  avec  orjjueîl 


DA^îEMAKK, 


(ÎO 


doâ  collines  do  150  mètres  qui,  pour  los  Danois. 
liiniiMïes  lie  |>l;il  piJys.  sont  coniitio  un  ïliiiwlïiya. 

l'\iJslrr(r»"ir>(MÏ  fiL'i'lares)  esl  uir*  ifo  kisse. 

Laalniid,  ie.irc  sans  reHeft  a  119  lOU  hcclnros. 

Loin  (le  va  i\ni\lro  îles  issues  li'iirit»  seul**,  n  IpsI, 
eiilro  la  iujinlc  iJi?  la  Suèiitî  ul  W  lillttral  raidn  el 
droit  de  lu  Purnèraiiie,  Bornholin  <nii  hïcn  plus  do 
COUOO  hectares,  son  aire  arluollo;  mais  le  flot  !*■' 
rortf^éc  et  Fou  voit  encore  auprès  d'elle,  sous  ronde. 
quel  (lues  restes  de  sa  roche  et  de  ses  Toréls.  Bois 
el  l)iuy»'rcs  sur  granit,  schiste  el  grès,  ccsl  une 
terre  régulière»  en  parallélogramme. 
■  A  l'ouest,  au  contraire,  et  tout  près,  de  Tautre 
côté  du  Grand  Beit,  Fyen  (300500  lierlares),  en 
français  la  Fionie.  fit  corps  avec  U\  péninsule 
danoise,  le  Jvllaud,  tpie  nous  appelons  Jutland; 
elle  en  est  séparée  :uij(iurd*liui,  mais  par  un  dclroit 
qui  n'a  que  (i40  mètres  de  moindre  largeur,  le 
Petit  Belt,  encombré  de  bancs  de  sable;  coteaux 
aimables,  prairies,  bois  de  hêtres,  cette  île  est 
charmante,  Langeland  (28  iOO  hectares),  Taasinge, 
Ara-,  lui  font  cortège,  qui  ne  furent  qu'une  seule 
el  même  lerie  avec  elle. 

Jylland  on  Jutland;  SIesvîg-Holsteîii.  —  Le 

Jylland.  grand  de  2^24200  hectares,  Icrmineau  sep- 
tentrion la  pr*»sf|u'ile  germano-danoise,  ranlii]ue 
rhersonèse  Cîndirîque.  Le  miili  de  cette  pénin- 
sule, le  Slesvig-llobtein,  qui  dépendait  du  Dane- 
mark il  y  a  Ir^'ule  ans,  relève  à  présent  de  \i) 
Prusse  depuis  une  aimexion  qui  a  rattieuè  à  KAIlc- 
magne»  en  même  temps  qui'  des  a  frères  parlant 
allemand  ».  plus  de  ceul  rinquanle  mille  honmies* 
ne  parlant  que  danois.  Kn  saisissant  brusquement  ce 
«  pays  enlacé  par  la  mer  »,  celte  n  (ière  ;;ardienne 
des  mœurs  allemandes  n,  —  ainsi  parle  un  chaiU 
fameux.  —  la  Pnjsse  a  comme  supprimé  la  pres- 
qu'île qui  séparait  son  litlornl  hatlique  de  ses  eûtes 
de  la  mer  du  Nord,  car  le  Slesvig-llolshMn,  bas  cl 
profondément  indenlè  par  ses  deux  mei-s,  oITre  un 
passage  facile  h  des  canaux  de  grande  navigation. 
Avant  d'èlre  soudainement  diminué  (>ar  la  violence 
des  hommes,  le  Ihnemark  l'était  insensi!)lemenl  par 
la  furie  <le  la  mer;  en  six  cent  ciii(|ur*nle  années, 
de  !*an  1240  à  nos  jours,  la  vague  lui  a  ravi,  le 
Slesvig-Holslein  compris,  plus  <le  500  (KJO  hectares 
de  sol. 

Le  Julland  a  des  fiords  tomme  la  Norvège,  le 
fiord  de  Lym  par  exemple,  grand  de  HfiDOtl  hec- 
tares, qui,  d'expnui^ion  en  expansion,  va  de  la  mer 

1  Ui  AtlemandA  disent  1400(M>  h  IM)000,  tl  U-t.  Imuois 
ÏUOOUO. 


du  Nord  au  Callègal.  Mais  ces  fiords  n'ont  du  fioi-d 
que  le  nom  :  il  leur  m.in<pie  la  mer,  les  escarpe- 
ments, la  montagne,  le  névé,  les  glaciers,  les  cas- 
cades; ce  sont  des  étangs  pareds  à  ceux  tU^i^  Landes 
(iasconnes,  di'rrién'  un  littoral  droit  arène' el  ihirte 
qu'im  a  liïée  par  des  pins;  c'est  comnie  un  Maren- 
sin  semblable  nu  nôli^,  devaol  des  landes  peu 
difFérentes  de  nos  iirandes  Landes.  Le  .lylbind  I'im- 
tile  est  a  l'orient,  au-dessus  du  Caltégat  et  du  lîell, 
dans  les  collines  de  craie,  aux  lieux  où  se  diesseni 
l'Ejersbavsnehoj  (180  mètres)  et  rUimnodhierg  ou 
rnont  duC.iel  (  172 mètres): ce  son  1  les  deux  «géants» 
du  Lanemurk,  terre  extraordinairemenl  peu  surgis- 
saule. 

Les  Danoiâ.  —  De  la  presqu'île  jyllandnise,  et 
s[K*cialenient  des  terres  basses  du  Slesvig  inéridif»- 
nal,  parlijenl  les  Angles  donl  le  nom  devint  celui 
de  TAngleterre  cl  des  Anglais,  bien  que  l'immense 
majorité  des  gens  d'Albion  descende  certainement 
d'autres  pères  et  d'aulres  mères  que  ceux  que  ])ut 
fournir  une  poignée  d'aventuriers.  Ainsi  nous  nous 
appelons  Français,  et  nous  ne  sommes  point  les  fils 
des  quelques  nïilliers  de  Francs  qui  saccagèreul  la 
Gaule  romaine.  Quant  aux  Saxons,  qui  contribuè- 
rent aussi  à  la  nation  anglaise,  proclies  voisins  dos 
Angles,  ils  habitaient  sur  l'Elbe  inférieure;  leur 
nom  sert  maintenant  â  désigner  l'ensemble  rie  tous 
les  peuples  qui  doivent  leur  existence  h  ta  furie  de 
commerce  (\es  insulaires  de  la  Grande-Bretagne, 
puisqu'on  apjielle  héalemeiil  Anglo-Saxons,  ou  sim- 
plement Sa\(ms,  les  liomroes  de  langue  anglaise  qui 
ont  pris  possession  d'une  partie  de  l'univers. 

Les  Danois  sont  des  Scandinaves  mêlés  jadis  avec 
les  Finnois  et  les  Celles  qu'ils  purent  renconlrerdans 
les  lies  el  le  jylland.  puis  traversés  d'éléments 
saxons,  frisons,  hollandais.  Ils  ressemblent  aux  au- 
tics  Scandinaves  par  reni*r;;ie  cahne,  par  la  probité, 
l'amour  de  la  fauiîlle,  le  goût  de  l'élude,  le  penchant 
aux  idées mysliiiues.  Tiés  patriotes,  ils  clierchenl  le 
salut  de  leur  pays  menacé  dans  une  union  sen*èc 
avec  leui-s  frères  de  Norvège  et  de  Suède. 

Leur  langue,  nnûns  belle  et  sonore  que  le  sué- 
dois, mais  honorée  par  une  forte  littérature,  est 
aussi  Pidionie  poliliquor  littéraire,  social,  des 
2  millions  de  Norvégiens,  le  parler  national  des 
lôÛOOO  Danois  du  Slesvig  seplentrional,  arra<-hés 
par  la  Prusse  A  la  patrie  malgré  tous  leurs  vœux, 
celui  des  ir»fKiO  tiisutaîres  des  Fœrovr.  enfin  le  lan- 
gage d'une  d)7.auu-  rie  milliers  de  Blancs  el  tie  métis 
d'Esquimaux  sur  les  côtes  du  Groenland.  11  y  a 
donc  dans  le  monde  îi  peu  prés  4  325  0110  hommes 


70 


LA  TERRE    A    VOI.  Tï'OISEAU. 


ayant  h»  d:)nois  pour  Inng^e  malornollo  mi  pour 
luiit^u*^  îilléraiiv  :  avec,  les  Ti  1  iOOlM)  SiitMlnis  de  lu 
Sui'ili»  ol  (If  la  Finlanrlcolli'sTOU^KJ  MîHidais,  ri*hi 
f;iil  t'iivinm  IKMJOUOO  vSrandinnves,  sans  roiiiptcr 
ceux  de  rAiiîôritjue  du  Nord. 

Ils  ï^anL  fort  nombreux  d.tns  le  septentrion  du 
Nouveau  Monde,  ces  (ils  des  Goths  qui  découvri- 
rent les  premiers  l'Amérique,  mais  à  combien  les 
estimer,  c'est  là  le  difficile,  les  dêtioiiibrenieiils  des 
Yankees  ne  tenant  aucun  compte  de  l'origine  des 
lionmies  nés  sur  le  sol  de  la  n  libre  Améri- 
que »  ;  tous  cous  qui  voient  le  jour  ;iux  Klals-Lnis 
sont  inscrits  comme  Américains;  d'où  limpossibi- 
lilé  d'ajouter,  pour  avoir  le  nondire  vrai,  les  Scan- 
dinaves venus  à  ïn  lumière  dans  les  Étals  aux 
Scandinaves  arrivés  de  la  Scandinavie.  On  ne  peut 
les  évaluer  à  moins  do  iljOUIXH)  personnes,  avec 
8(J()  églises,  une  infmité  d'écoles  primaires,  .S  sémi- 
naires, 6  synodes  ou  grands  conseils  presbylèrauï, 
et  ti5  à  50  journaux  en  langues  de  «  (jothie  ». 

Hais  aui  Étals-Unis  cl  au  Canada,  dans  ces  pays 
de  rariéantissenient,  où  siuf  les  i^iinadieiis  Français 
toutes  les  nations  soûl  bj'i»yées  roinme  du  verre,  ils 
ne  renouvelleront  pas  l'anlique  et  rustique  Scan- 
dinavie. Ils  laisseront  d'eux  des  noms  (b*  lamille 
tordus,  déligurés  par  les  bouclies  anglaises,  et 
quelques  noms  de  bourgades.  C'est  bien  la  tout  ce 
qui  reste  tl'eux  en  Normandie.  DarnelaL  pn's  de 
Ilouen,  c'est  le  »  Val  Danois  »  ;  IHeppe,  c'est  la 
«  Rivière  profonde  »;  Carquebut,  c'est  le  «  liourg 
de  rfiglise  u,  etc.,  etc.  Cent  cinquante  noms  de 
lieux  sont  visiblement  danois  d;ms  ce  pays  compiis» 
puis  gardé  par  les  vieux  Normands.  Et  c'est  tout. 

La  capitale  du  Danemark,  Kiœbenhavn,  par  nous 
nommée  Copenhague,  a  575  000  habitants,  fau- 
bourgs compris;  c'est  plus  du  sixième  de  tous  les 
Danois»  et  comme  si  Paris,  «levenanl.  un  caravansé- 
rail triple,  enghiiiit  au  ilelà  de  G^OOOOO  Français. 
—  K.iœbenbavn  bi»rde  le  Sund,  eu  vue  <le  la  Suède. 

Islande,  Snœland,  ïïraunland.  —  A  dix-luiit 
cents  kilnmèlres  de  Co|ienha^^ue,  une  quatrième 
nation  d^orîgîne  Scandinave,  dépendant  du  Dane- 
mark, vit  isolée,  sous  un  climat  rebelle,  dans  une 
î!e  voisiuo  du  Cercle  pidains  enire  l'Kurope  et 
l'Amérique,  au  sein  d'une  mer  ofi  se  rencontrent  le 
tlot  de  ['Atlantique  et  celui  de  l'oeéan  Clarial  — 
mor  où  les  Franrais  foui  la  ^Tande  péelie;  ils  y 
envoient  [)Jir  an»  surtout  de  Dunkerque  et  de  la 
Bretagne,  '2î)0  navires  avec  ijt)')  honunes  d'équi- 
page :  c'est  pour  nous  une  autre  TeiTe-Neuve. 


l/lslande  ost  deiii  ou  trois  fois  plus  mppror1iA< 
des  ri'iti»s  gelées  du  CrmMdand  (Amériqui*)  «pu*  ih*9 
(iords  brumeux  fie  l*Én»ssi*,  mais  «l'Ilr  jte  rontinuo 
en  réalité   la  Grande-Bretagne,  et  par  coiiséquoul 
FFurope,  )>t)rtée  quelle  est  soûs  nu>r  par  le  ini^iiK 
piédestal  de  r<M*hes 

De  Ciipetdiagui*  à  l'Islande,  les  navires  touchoiit 
aux  Fa'i'recr  (133  500  hectares),  areliipe]  danois 
où  11'  Slallarrtindur  atteint  Xit)  mètres.  Ces  Iles 
vol 
I 


i 


olcaniques,  aux  basaltes  sufH-rbes,  ne  vutenlH 
'orge,  leur  seule  céréab».  nuVir  ((u'unc  fois  j^ur 
trois;  toutefois,  les  lacs  n'y  gèlent  [loint;  ta  mer, 
fort  tiède  [K>ur  être  si  loin  d>'  l'Equateur,  si  pnV 
du  iVde,  .idoucit  tellement  leur  climat  quo  la 
moyenne  de  l'hiver  y  est  h  peint*  [dus  ruib*  qu'à 
(^onstantiiiôptr.  ((uoiqur  I,i  \ilb'  du  Sultan  suldinits 
soit  moins  au  noi'd  ihi  iO'  degré  que  les  FtPrcptT 
au  nord  du  00^;  ce  qui  leur  fait  faute,  ce  sont  d<«« 
cbaleuiH  brillantes  sur  des  vallées  sans  brouil- 
lards. iVupU'cs  de  1,"(KM»  liabilants  de  tangue 
danoise.clles  ont  pour  cnpitile  las<uubroTliorsLavu. 
qui  a  r.l' jours  pluvieux  ou  nuageux  par  année. 

L'Islande  (I0l78.%()0  hectares)   porte  un    nom 
Scandinave  qui  veut  dire  Pays  des  Glaces. 

Ce  nom.  certes,  est  bien  mérité,  car  les  glarjer*, 
et  j>lus  encore  les  névés,  y  f*)uvri'nt  bi'u  <les  pla- 
teaux, bien  des  vallons.  Tn  des  premiers  naviga- 
teurs qui  la  reconnurent  l'avait  non  moins  sagement 
a]q»elé4*  Suœl and  ou  Pays  des  Neiges,  niais  Ir  nom 
qui  tui  c(uiviendrail  le  mieux  serait  encore  celui 
de  îlraunlanil  *m  Pays  des  Laves,  puisqu'une  Irùs 
grande  parti**  (le  la  rorhe  de  surfaee  y  a  disp.iru 
sous  la  viseosilé  des  volcans;  ce  que  les  névés 
cachent  du  plateau  de  500  à  6,50  mètres  qui  con- 
stitue l'Islande,  ce  qu'il  y  a  sous  le  blane  niveau 
des  jœklar'.  c'est  surfrvut  la  lave,  les  basaltes,  losi 
pierres  pouees,  les  cendres  sèches  el  stériles  Où 
l'eau  disparait  dans  la  masse  incohérenle. 

Volcans  islandais,  laves  immenses  ;  le  Vatna- 
JœkulL   —   Des   volcans  y    vivent  encore,  juste* 
épouvante  et  ll-MU  de  l'ite  par  ta  lerribb»  glaire 
fuiiiaule  qui  rondde  ites  v.illées,  bouche  des  lacs 
et  couvre  à  jamais   des   rivières.  De  leur  gueule 
s'élancent  fxirfois  des  tb'uvi^s  bouillants,  coïiinu*  eut 
1706  lors  d'une   éruption  de  l'Hèkla.  et  ers  lor-l 
rerds^  grossis  des  neiges  (pi'ils  fondi'tit,  s'éjKinrlicnf 
en  iiioudaltoiis  qui  seraient  tragiques  si   rislaiule. 
avait  des  villes  il  rinlérieur,  mais  il  n'y  a   guère 
d*liabil:niïs  qiu'  sur  la  eéle.  surtout  îi  louesl. 

Li'  [dus  (iiuM'Uxde  ees  voleaiis,  THèkla  (155,^  mè-* 
^  I 

1.  {''imwi  du  jii' fi ttil,  mont  neifcux  étonilu  en  rlaU-au. 


ISLANDE. 


71 


Ires),  a  fnit  moins  dfl  mal  h  llslniide  que  plusieurs 
de  ses  voisins;  l'Iiisloire  lui  connail  [wurUinl  une 
vingUiiiit'  di»  crises,    ([ijt^li|iii*s-unes   Inriblcs.    Le 
Sk;ipl/ir  est  plus mauviiis;  ii[Mès  rôriiplioii  di'  1783, 
l'air  empoisonné  de  soufre,  les  pluies  de  cendre, 
h  faniiiii*  et  rèpidêtnie  qui  suivirent  le  désastre, 
enlevèrent  OriPiti  lioinmes  h  ce  pays  qui  n'a  que 
70000  ÛEUês  el  n'en  eut  jnniais  beaueuitp  plus  (II- 
iOOOOO;  le  volcan,  celte  foiS'là,  voinil  cinq  cents 
milliards  de  mètres  cubes  déroche.  Le  Kndla  et  le 
Leclirunkur  «nit  fîiil  liMitîleinps  hoiitUir  te  l.ic  des 
Mouclierous,  le  Myvatn,  autour  des  laves  ardeulrs 
dont  ils  ravalent  en  parlie  rempli.  Le    Kaila  ou 
Kœtlugjîi,   le  plus   méridional  des  soupiraux    de 
l'Islande,  send»ïe  êleint,  et  il  y  a  de  la  k*!**^*?  *'»" 
fond  de  son  cratère,  mais  on  lui  sait  une  quinzaine 
d'éruptions.   Enfin,  bnus  l:i  nri^^e  du  Valna-Jtrkul 
dnnnenl,  el  (pielqnefnis    s'ûvcilleiit,    des  volcans 
sous-glac.iîiires;  quand  ilssonlen  convulsion,  leurs 
laves    funiiinles,   leurs  cendres  brùlunles  finident 
des  muiilagnes  de  frinuis,  el  de  proiligirux  lorrenls 
descendent  à  la  cùle.  Les  plus  luiules  monliïgnes  di- 
nie.  l'Ortefii  (2027  mètres)  ou  mnnt  de  la  Solitude, 
le   Vnin:»   (11)20  mètres),  le  Snwfoll  (182i  iiièlres). 
regardent  ce  Vaina-Jœkiill  ou  Klofa-Jaikull,    névé 
de   i<^0  000    In^ctîtres,    neuf  n  ilix  fois  l'étendue 
de  ce  Jusle^lalbnïe  des  Norvégiens,  qui  esl  le  névé 
majeur  <le  toute  riùinipp   conlinentide  ;   c'est  du 
Vatna-Jii'kull  que  dosoend  le  roi  de   tous  Ileuves 
islandais,   le  Jukidsa,  lorrenl  raboteux  et  rapide, 
qui  [iloiige  de  00  mètres,  au  Dellilus,  du  liautd'uue 
paroi  de  basalte. 

Torrents  glacé»,  sources  chaudes.  —  Les  aa 
ou  eQ'  venus  des  jœUar  ou  des  feli  *  roulent  des 
ilols  blanchàlres,  connue  il  convient  auï  eaui  de 
tieige.  dans  des  lits  de  lave  doni  aucun  pont  ne 
relie  les  rives,  el  il  faut  les  traverser  à  gué,  non 
sans  danger,  ces  lorrt^iiJs  élnnl  larges,  vjideuls. 
souvent  penchés  en  nqûdes,  rompus  en  ciisrades.  Us 
nu-nenl  une  onde  U'és  froide,  4|Uoiqu  ils  reçoivenl 
beaucoup  de  ruisseaux  d'eau  presi|ue  bouillanli', 
car  rislande  esl  par  excellence  le  pa>s  d^^î  iatttiar 
ou  sources  chamies,  desApt^rarou  loulaines  bouil- 
lanli's,  des  leykijorou  jelsde  >.qH'ui ,  el  des  ^ey^ec, 
gt'rhes  inlennillentes  qui  tout  h  coujv  moiileul  rn  sil- 
nanl  dans  l'nir  à  15.  20,  r>0  nièires,  puis  rclom 
Im'oI  sur   l.i    fonljiint»  brùlaiiti*    t|ui   b's  n   vonnes. 

Lt>s  ruisM'.'Hix  buudkints  ou  lièdt'S,  si  nombreux 
qu'ils  soient,  [»erdei)l  leur  chaleur  dans  b's  eaux 
glacées,  el  les^ia  de  l'Islande  ^lorsqu'ils  ne  sont 


point  Irop  rayés  de  cendres  volcaniques)  alwndcnt 
eu  truites  eï  en  saumons  amis  des  couratils  frais  ; 
des  vatn  ou  lacs  de  leurs  bas>ins,  plus  d*un  doit 
son  existence  aux  volcans,  k  leui^s  lieuses  de  feu 
devenus  digues  de  pierre  en  travers  des  vallées  ', 
tel  autre,  peu  à  jwu,  s'cIVace,  diminué  par  les  laves 
d'un  cratère  —  le  Myviiln  par  exemple,  qui  repose 
d:nis  une  coupe  sans  profondeur,  au  sein  d'une 
sidiludo  noii-e,  sous  des  nuages  de  moucherons, 
entre  des  rives  où  s'élève  en  colonnes  la  vapeur 
des  sources  chaudes. 

Décadence  de  l'Islande.  —  Dans  Tère  histo- 
rique et  de  nos  jours  ^Micore,  ces  volcans  n'onl  pas 
seulenu'nl  fait  ou  défait  des  lacs,  ils  se  sont  éga- 
K'ment  épanchés  sur  des  versants  pastoraux  et  des 
vallées  arables.  Dans  les  premiers  siècles  de  son 
existence,  le  peuple  islandais  fui  plus  riche,  il  fut 
plus  nombreux  :  ce  tpi1l  a  perdu  d'hommes, 
nfuis  ne  le  s.ivons  au  juste,  mais  il  est  certain 
(|ue  risîande,  moins  habitable,  esl  moins  habitée 
qu'autrefois,  depuis  les  expansions  de  la  lave  cl 
ré|>ar|Mliemeiit  des  cendres. 

Maintenant,  en  dehors  de  quelques  lambeaux  de 
plage,  de  vallon,  de  vallée  où  ne  manque  pas  loule 
verdure  ;  à  pari  des  bois  de  bouleaux  de  5  ^  6  mè- 
tpes  de  p<îrt,  voire  même  de  8  ^'i  0,  reste  de  forêts 
qui  furent  plus  vastes;  ;i  part  aussi,  V'i  ^^  '^j 
un  saule,  un  frt^ne,  un  sorbier  d'humble  Udlle,  ce 
qu'on  rencontre  le  plus  en  Islande,  de  l'est  à 
l'ouest  el  du  nord  au  sud,  ce  sont  mousses  courtes, 
tourbières,  cendre  épandue,  plaines  de  sable  noir, 
mifrar  ou  marais,  lacs  désolés,  coulées  volcani- 
ques; ol.dans  ce  monde  sombre,  pnrSois  éclairé  de 
lueurs  sanglantes  par  lu  rougeûtre  fumée  des  vol- 
cans, la  blancheur  des  névés  sans  bornes. 

Les  Islandais  n'ont  pour  secliaulTer  c|ue  de  rares 
buissons,  de  la  fiente  sécliée,  des  os  et  des  [dûmes 
d'oiseaux  de  mer,  et  le  peu  de  bois  flotté  qu'amène 
rOcénn;  menacés  de  mourir  de  faim,  ils  mour- 
raient de  froid  s'ils  n'avaient  leur  loitrhe  et  si  la 
Scandinavie  ne  leur  envoyait  des  sapins. 

lîu  eiclexlrémemenl  variable  el,  même  à  la  lin 
du  printemps,  prodigue  de  \ents  humides  et  froids, 
de  neiges,  d'averses,  pèse  sur  la  lerro  des  ju^klar. 
Il  en  fait  un  [hivs  terne  et  tristi>  el  pauvre  pliitôl 
qu  un  pa\s  glacé;  c.nr  mt'^me  ici,  prés  du  l'èle  Nord", 
la  nier  garde  ses  droits  :  la  moyenne  annuelli*  de 
Uejkjavik  esl  de  i".5,  celle  d'Akreyri  de  0\rj8  ; 
c'est  ù  n'y  pas  croire, 

I.  l.'IslnnJe  loiiilir  au  Oeicle  polaiit*  |mr  ses  poiiitcs  les 
plus  »i'|ilcatnotiaIo&. 


Les  Islandais.  —  Vers  iS50,  rislande,  nous 
dit  riiistniiv,  avail  |>lus  «lo  lOOOOO  lî^Lindais. 
nombre  ri5duil  h  58  000  on  ilHi],  puis  lonlenient 
tiuginent(^;  ils  sont  aiijouni'liui  fiOOOO  ou  700U0. 
soit  7  sur  1000  lu-clares.  Et  ces  70000  lui  sont 
presque  A  charge;  incapable  d'être  |K)ur  eux  une 
môre  gém'îreuse,  elle  commence  ù  les  disperser 
dans  rAniériqu»»  du  Nord  :  eu  Nouvellr-fxoîjse;  en 
Canada;  en  iMauitot>a.  :t  itimii  ou  le  Paradis  —  pa- 


LA    TEURK   y   VOL    D'OISKAt. 

radis  froid  et  rugueux  —  sur  le  bord  du  lac  Win- 


nijH'g;  d;ins  la  Itniinmisi'nienl  froide  Alaska  ;  «^1 
dans  ers  Kt'its-liiisdonl  IfS  ftinls  bouillflittes  el  1<^ 
gnnds  jets  d'enu  effacent  l'antifpir  renom  des  Uu- 
gar.  hverarrl  geyser  d'Islande. 

L4*s  Scandinaves  arri\i''S  au  neuvième  i^  au 
dixième  siècle»  h  partir  de  87'l,oe  trouvèrent  dans 
l'Ile  (|UiM|ucl(|iies  moinr» relies  venus  r|ualre-\iii^ls 
uns   aupuraviiut   dij    i  Ecosse.    Lob    Istliuidaib  mihI 


Vuo  Je  (teyXjnvik.  —  l>csMn  du  Jules  Nuël. 


issus  de  ces  r<>detirs  de  ki  mer,  Norvégit^ns  païens 
fuyant,  ou  Iv  di^spotjsnie  lUi  roi  FInrald  ^iix  licauï, 
aux  blonds clu'veux,  on  la  ivligion  du  (]brit>l,  îdoi^ 
toute  nouvelle  en  Scandinavie. 

C'esl  la  rtioins  niêliM*  des  na(i<vns  Scandinaves, 
lesquelles  son!  roTn[Knviliveni('nl  nsst^z  pun's;  elle 
a  preeieusemejif  gardé  la  vieilb'  lan-rue,  i\n\m 
à'accorde  A  j>roelamer  Uvs  belle  el  tpïi  possède 
dans  ses  sagas*  une  source  merveilleuse  déjeune 
poésie .  Si  ces  chants  des  U'in\\»  héroïrjues  nous 
élaieiit  arrivés  sous  le  nitrn  d'un  Inurnitr.  cet 
honiiue  ser-.iil  l'iloniére  du  \ord. 
1    Tradilious,  lé^t'ades,  ^|»u|>ée8. 


Les  Islandais  professent  tous  le  luthéranisme. 

La  capitale,  Ueykjavik  (ôOOO  hab.),  sur  un  fiord 
dy  la  cAle  occidentale,  tire  son  nom  ( Itourg 
fuinanl)  des  vajieurs  qui  flollenl  sur  les  sources 
eh.iudes  du  voi^inaia». 


Jean  Hayen.  ^  Loin  de  rislaiule»  au  nord-esl, 
au  s+Miil  iles  ^laees  élernelles  qui  senddnir  nous 
inlerdire  :'i  jamais  le  IMle,  Jwin  Mayen,  sans  liabî- 
lanls,  rrap|i;iilieiit  à  personne  :  un  rnonl  s'y  lève, 
haut  de  l77o  niélrtb,  le  Cœrenbcrg  ou  mont  des 
Durs. 


RUSSIE. 


7.A 


La  XosliTt  é  HoscoD  :  vue  prise  du  Gué  des  Ciim^iu.  —  Dcaiii  de  J.  Xoynet,  d'aprts  n«UuT. 


RUSSIE 


Grandeur  de  la  Russie,  immensité  de  Fem 
pire,  —  S*>p.li'iV'  (If  TAsir  (cir  l'Otn;»!,  \\;\r  lïr 
vaf^ucs  steppes,  |Kir  l;i  mer  T'ispicnne  et  la 
litiuln  barrièiv  du  Caucase,  ht  Russie  dépasse  à 
t'1lt>  seule  la  moitié  de  l'Europe.  f>uisque.  sur  lO 
inilliods  (le  kilomètres  carré»,  elle  a  pour  sn  pari 
5  515  000,  dix  à  oiue  fois  la  France.  Avec  st^s 
dépendanei^s  d'Asie,  Sibérie,  Steppes,  Turkestaii, 
Traiisivaspienne ,  Transcau(«isie ,  l'i-mpire  Uusse 
couvn»  prés  de  *i  milliards  I^IH)  millions  d'liectart»s: 
f|U/»mnle-deux  r»»is  la  Kranee,  avec  107»  millions 
d'âmes. 

Telle  que  nous  \a  voyons,  elle  occupe  le  qunrt 
de   l'nnrien  conlinimt,  le   sixième   de   toutes  les 

0.   Hkclu*.  L*  TcftBK  i  VOI.  o'uMtAU. 


terres.  Et  déj&  son  «  empire  universel  »  porte 
près  du  treizième  des  hommes. 

Klle  a  tes  plus  vastes  lacs  dr  rCuropc.  lo  Ladoga, 
rOné^,  petites  mers;  et  aussi  ses  plus  longs  fleu- 
ves, notamment  la  Volga,  qui,  longue  comme. trois 
ù  quatre  fois  ta  Loire,  déverse  uu  bassin  Iriplunl 
presque  la  Traoce;  parmi  les  aflluents  dn  celte 
Volga,  le  bassin  de  la  Kama  vaut  presque  notre 
pays,  et  celui  de  l'Ukn,  presque  l'Italie. 

Ce  quVdle  a  le  moins,  c'est  la  montagne:  elle  ne 
dresse  de  vrais  pics  qu'à  ses  frontières  cl  dans  la 
presqu'île  de  Crimée  :  au  sud,  en  Caucasie,  au  ]m>u| 
de  l'Kurope,  IKlbrous  n  .VifiO  mèti"es  ;  et  î\  i'esl, 
égidement  A  la   fin  de   nos   terres  européennes, 

lu 


74 


LA   TERRE    A    VOL    D  OISEAU. 


l'Oural  alteinl  i698,  et  l'une  des  cimes  de  Cri- 
iDÎ-e  lOGI. 


Onral.  Novaîa-Zemlia.  —  Les  <)ccidentAux. 
ou,  iiour  niiouv  dire,  tous  les  Europ**ens  iiutres 
que  les  Russes,  .irrêtenl  la  Itussie  d'Europe  au  faite 
de  l'Oural,  chaîne  granitique  de  3S  millions  d'Iioe- 
lares;  mais  les  fils  du  plus  immense  empire  ne 
daignent  pas  faire  du  Kamennoi  poian*  ou  du 
Zemnoï  jmtas*,  autrenienl  dit  de  l'Oural,  une 
borne  entre  l'Occident  et  rOrienl  de  leur  pjitrie  : 
pour  eux,  a  l'est  ronuiie  A  l'ouest  de  res  monts, 
c'est  égalemeiït  la  Russie  une,  indivisihle.  Nos  an- 
cOIres  en  faisiimit  âtilaiit,  par  ignuramje  ;  la  plaine 
sarmate  êlaiil  pour  eux  dans  un  eloignemeut  cré- 
pusculaire, ils  terminaient  l'Europe  avec  la  Polo- 
gne et  rejetaient  les  «  Moscovites  »  en  Asie. 

irailleurs,  d'un  versant  à  Taulre  de  l'Oural, 
par-dessus  cette  crou|ja  di?  plus  de  r*000  kilomè- 
tres de  long,  t-întiH  simple,  tantôt  faite  de  deux 
ou  de  trois  chaînes  parallèles,  rien  dans  le  sol, 
rien  dans  le  ciel,  rien  chez  les  honiiries,  ni  la  Tare, 
ni  ri(iii>ftie,  ne  rnonlrenl  quon  change  de  partie 
du  monde.  Si  In  frontière  nV*l,'nt  marquée  sur  les 
roules  transvi^rsales  par  des  poîenux  tndieaUuirs, 
si  elle  u'élait  signalée  par  une  suile  d'êclaircies 
dans  la  forêt,  on  ne  verrait  point  qu'on  passe 
d'Europe  en  Asie;  seulement,  le  ei^té  de  l'Asie, 
celui  qti  on  serait  tenté  de  croire  harhare,  est  le 
plusrielie,  avec  des  \illes  plus  industrieuses»  plus 
luxueuses,  plus  largement  bMies«  plus  rapidement 
croissanles. 

Lu  chemin  de  fer  le  franchil,  de  Perni  à  lékatc- 
rinhourg  ;  et  hi^n  facilement,  lï)ura!  n'étant  ici 
qu'un  honihenienl  sans  seabrosités,  avec  roi  à  TtCO 
mètres.  Non  loin  de  cette  voie  ferrée  passe  une 
roule  qui,  de  hauteur  hoisée  en  hauteur  hoisée,  a 
mené  il'Europe  en  Asie,  et  d'Asie  eu  Euro[)e,  des 
millions  d'hommes,  soldats,  galériens,  paysans  et 
colons,  touristes  :  c'est  la  roule  de  Moscou  à  Toljolsk, 
bordée  entre  Nijoi-Novgorod  et  Tj<umien  par  une 
allée  de  houlenux,  la  plus  longue,  certes»  du 
monde;  la  grande  Catherine  Hl  planter  celle  a ve- 
luie,  elle  en  assura  la  cnnssanee  [mr  uni}  loi  qui 
condinrmait  îi  mort  tout  homme  assez  hardi  pour 
casser  un  de  ces  arhres  hiancs  et  beaux.  L'allée, 
ayant  souvent  rangée  douhle»  devait  ne  finir  qu'à 
rentrée  de  la  très  lointaine  Irkoutsk. 


i.  Cc9  mots  russes  veulent  dire  :  ceinture  Je  pierro> 
S.  Ceinture  de  terr«. 


L'Oural  du  Sud,  tn^  veiné  de  métaux,  riclw*  «^nJ 
or,  en  fer,  en  ruivre,  en  platine,  en  diamant$i,  rnj 
inahuliile,  en  s*'L  l'est   aussi  de  ses  fon'-ts.  ^tel 
malheureusement  on  ras»»  au  pied  avec  une  prrMli- 
galité    folle,  tant  pour  le  Imis   de  chauffage  que 
piiur  la  conslructiiui  des  bateaux  et  l'apjMHit  dévo- 
rant des  fourneaux  de  l'industrie  ;  il  n  pour  télé  | 
riremel  (t537  mètres)  ;  dans  l'Oural  moyen  iràiiQ 
le  [tenejkin-Kamen  il(î33  mètres):  dans  l'tJural  du 
Nord,  le  Tell-Pos-ls  ou  Nepubi->ior  (ltii»8  mètres). 

Ce  dernier  Oural,  nu,  plein  de  neige  en    ses  i 
vallées  et  vallorjs,  se  prolonge  sous  mer  par  l'île 
de  Vaigatch,  puis  |)ar  lu  Novaia-Zendia ',  doublv; 
Ile  de  9l0t)((  kilomètres  carrés. 

1^  Nouvelle-Zeinble  est  une  terre  arehi|>o1airo  ; , 
elle  a  tout  autour  les  glaces  de  lu  hiuiquise  ;  au  de- j 
dans,  des  monts  de  1000  à  1500  mètres,  des  névés,] 
des  glaciers,  des  lichens  cl,  sur  ces  lichens,  dosi 
forêts  d'arbres  nains,  plus  que  nains,  des  sapins,  [ 
des  saules,  âes  sureaux,  des  Loideaux  dont  les  plus! 
Hers  dominent  b*s  lichens  d'une  hauteur  de  qiialrol 
à  cinq  pouces. 


Plaine  russe.  Steppes.  Terreau  Noir.  —  1 
l'i-riM'iiihb»,  la  llussit»  est  très  plaie;  en  deliorsl 
du  (^;mcase,  de  roural,  de  la  l-'inlande  et  de  laj 
Crimée,  aucun  coteau  n*a  même  MH}  nn^-lres.  Gellel 
égalité  du  sid  est  un  grand  lioïi  de  l'empire;  l'Ile 
aplanit  le  chemin  dos  rivières,  elle  facilite  canaux, 
ciiaussèes  et  voies  de  fer.  La  Russie,  d'ailleurs.  ^| 
appartient  au  plus  grand  des  eonstructeurs  d«  ^ 
roules,  Il  riiiver  :  pendant  un  quart,  un  tiers,  un^^ 
moitié  de  Tannée,  suivant  les  latitudes,  ce  puis^  fl 
sant  niveleur  polit  le  |Miys  entier,  de  la  mer  ^^ 
Blanche  à  la  niei'  \otre,  el  sur  la  neige  durcie  les 
Iraineaux  glissent  comme  sur  des  rails.  Le  moujik* 
se  meut  alors  en  tout  sens  dans  l'inunense  plaine 
Idanelio.  au  milieu  îles foiét a  Jilani'hes  aussi  (piaiid 
elles  sont  de  bouleaux*  noires  sauf  les  frimas  dos 
rameaux  quiiod  elles  sont  de  pins  et  sapins.  Il 
traverse  (leuves  et  rivières  sans  les  voir,  car  Li 
gliieeles  eaehe,  et  cette  glace  est  couverte  de  neigt». 
Sur  ce  névé  sans  (in,  dans  res  bnis,  dans  ces  plaines, 
l'absence  de  fermes  et  de  Iianieaux  accroît  jusqu'à 
ramerfume  le  triste  sentiment  de  la  solitiub*.  En 
Russie,  cfiez  les  Cirands-llusses  du  moins,  lu  jiro- 
priété  n'est  pas  personnelle  ;  c'est  la  commune  qui 
possède,  c'est  elle  qui  distribue  les  lots  aux  familles, 

i.   Ce  nom  lusse  répond   exacleruunl   à   Terre  >eiive,   f>!i 
filult^l  à  SL*u\e-Terre. 
2.  Homme. 


I 


RUSSIE. 


75 


tant  dr  dessiadnes'  par  tôto  \ivante,  h  des  i''poqups 
variant  srloa  les  ajulriVs.  Uictï  ik'  rivi»  U*  |i.'i\s'ui 
grand-russe  il  la  terre  qu'il  lieul  du  liasard  ou  de 
In  InirnpiTic  d'un  parlrige,  car  citif|,  dix,  vingt, 
Irciili'  .'MIS  riK''rne  ut*  sont  pas  Loul  raveiiir  d'un 
lionunt*  cl  d'iHiiî  fainillf;  Fo  moujik  ne  se  soucie 
doue  [loiiil  dïdever  sa  demeure  sur  un  sol  qui  fuira 
de  SCS  pieds;  il  préfère  vivre  avec  lous  les  autres, 
au  Ijour^r.  dans  son  izba  ou  rabane,  dans  sou  jar- 
din, dont  il  est  le  maître.  Aussi  les  gens  de  la 
Craiide-Hussie  vivent-ils,  â  très  peu  d'eiceplions 
jin-s,  dans  des  bourgades  (pii  se  resseinblt*til  loulf^s. 
dans  de  longues  et  très  larges  rues  bordées  d'izbas, 


maisons  en  bois  qui  ne  se  louchent  point  par  peur 
de  riucendif.  Si  toutes  se  tenaietM,  li'  feu  parli 
d'u[ïc  des  cliauniiêres  aurait  bieti  vile  dévoré  ces 
cabanes  en  planches, 

Unie  connue  elle  est,  la  Russie  serait  laîde  sans 
ses  larges  neuves,  ses  lacs',  ses  pitis  sylvestres, 
SCS  épicéas,  ses  sapins,  mélèzes,  bouleaux  splcn- 
dides,  chênes,  liélres,  tilleuls.  Ces  i>ois,  le  bûche- 
ron et  le  coinn  les  ravagent  â  la  fois,  el  autant 
qu'eux  lous  Hnceiidie;  pourtant  ils  occupeul  en- 
core tîl5  uiillious  dlioctares,  ce  qui  fait  quatre 
fois  la  Fnnice.  Ils  seul  ^a^ilede  l'ours,  la  carhi*tte 
lin  lynxcL  du  loup;  celui-ci,  peuple  iuiiombrable. 


liba,  miison  de  paysans.  -  1' 

immole  chaque  année  des  multitudes  de  bœufs,  de 
chevaux,  de  moutons,  de  cliicus,  d'oies,  et,  quand 
il  peut,  il  dérliire  aussi  l'homme. 

Le  Nord  a  l*'s  laes  sans  nond^re,  grands  on  pe- 
(ils,  les  tuuudras  ou  plaines  senii  pokiîres  sans- 
arbn»s,  el,  an  inttli  de  ces  plaines,  les  froides  forêts 
où  coïilenL  de  froides  rivières.  La  IV»(chf»ra,  qui 
pour  itous,  gens  du  lioucliiirit,  est  comme  un  vain 
noni,  l»nit  les  eaux  de  5Ô  millions  d'heclaros  dans 
un  cours  long  conmic  la  Loire  el  le  Filitine  mis 
boula  bout;  ce  fleuve  tiescpnd  de  l'Ourjd.  LaSever- 
naia  Dvina  ou  Dvina  du  Nord  courl  pendant  1725  ki- 
lomètres, dans  un  bassin  de  riliàOOOlM)  heclares; 
elle  baigne  Vrkliangel  el  s'ouvre  sur  la  mer 
blanche. 

I.  la  dcsaialine,  plus  graudv  que  l'Iiectarc.  égale  caviruii 
lOU  ores. 


Uoynel,  d'après  nature. 

Le  Centre  a  les  forêts  enlamécs  ici,  là  ruinées, 
les  molles  rivières,  les  prairies,  les  champs  que  It* 
dêfriebeur  augmente  aux  dépens  des  bois. 

Le  Sud  a  le  Steppe  el  le  Teliornoziom. 

Le  Steppe  s'éleiul  surloul  le  long  de  la  basse 
Volga  el  sur  le  Don  inférieur  :  c'c^l  la  (daine 
s'ms  lin,  herbeuse  ou  nue,  battue  des  vents,  qui 
rnnuiiil  également  les  lournienles  do  neige  et  les 
ttnn-Lilluns  de  poussière.  [Vu  ou  point  ondulé, 
il  n'a  parfois,  jusqu'à  riiurizou  le  plus  elTacé, 
d'iiolres  collines  ipie  les  tertres  bas  nommés  kour- 
ganes  ou  lombeaux  des  Huns,  cl  qui  sont,  en  eiïet, 
des  mottes  fiméraires  n  atteignant  que  rarement 
l.'i  mètres  de  bailleur;  ailleurs  elles  |K)rteraient 
des  ruines  féodales,  nun's  ici  rarement  un  vieux 

t  II  V  a  lant  cti*  lacs  en  lliissic  qu'ils  couvrent  cn^^otnUe 
près  i\v  diiio  niilltonm  el  «Icini  d'hectares. 


76 


LA   TERUE   A   \0L   nOÎSEAF. 


château  1rs  couronne,  «H  re  n'est  point  sur  des 
phîrn's  ayant  hu  du  sang  que  le  berger  surxeille 
de  leur  sommet  son  troupeau  dispfrs*'  thtti^  la 
lande.  Dans  les  dôpressions  courent  ou  se  traineni, 
ou  se  cachent,  suivant  la  saison,  des  rivières  ge- 
lées en  hiver,  impures  et  (iirbuU'Utes  h  la  fonte 
des  neiges,  pauvi^s  et  i>ari»sseuses  en  été;  au  bord 
de  ces  rivières  et  dans  les  marais  que  laissent  leurs 
rxpjinsions  de  crue  frissonnent  ou  moindre  vent 
d'ininK'tises  eliamps  de  roseaux.  Les  hérites  du 
Steppe  sont  mêlées  de  plantes  épineuses,  d'absin- 
flit's,  d'nrmoiscs,  de  cliai'dons,  de  molènes,  d'acliil- 
lêcs.  Kn  partie  riîljelles  â  la  culture,  ils  se 
prôleat  à  la  pâture  cl  mulliplicnt  ces  bœuf»,  ces 
moulons,  ces  chevaux  fiuneux,  qui  sont  la  chevance 
de  la  Russie,  avec  les  céréales  et  les  bois. 

C'uume  loules  les  plaines  d'une  monulouie  giviu- 
diuse,  lu  Steppe  a  sa  beauté.  Ses  (ils  l'-idorenl. 
Jadis  quand»  à  fa  suite  d'un  Jageilen  ou  de  quelque 
«ulre  ferrailleur,  un  ^rerrier  de  la  Petile-Hussie 
loiubail  sur  le  sol  étranger,  dans  les  Carpalcs,  en 
bohème,  en  Allemagne,  en  Litliuaiiie,  chez  les 
(^rands-Itusses,  avant  de  rnnurir  il  embrass;ut  pieu- 
sement (si  sa  blessure  lui  en  laissait  la  force)  la 
poignée  de  terre  niatornene  qu'il  portail  avec  lui 
sur  Ions  les  rlinmps  de  bataille. 

Le  Tclujniuziaiii,  dont  le  bnicpcr  est  le  Jleuve, 
justifie  son  nom  russe  qui  veut  dire  Terreau  ?ioir. 
thi  le  dit  sans  rival  eu  Eurofic  pour  la  fécondité 
d'un  sol  fait  xie  la  décomposition  dos  lierbes  du 
Steppe*  Ce  grenier  de  toutes  les  Itussies  couvre 
plus  <Hi  moins  six  gouvernements  :  Pollava.  Khar- 
kof,  ïclienii^of,  la  Volhvnie»  la  Podolie,  Kief. 

Après  le  TchonioziomT  la  région  la  mieux  laite 
pour  un  avenir  u|Mileiit  rayonne  aiitour  d{*  h 
«  Sainte  »  Moscou,  ipiî  est  le  en'ur  de  Tlinijûre, 
dans  le  bassin  supérieur  de  l.i  Volga. 


La  Volga»  TOka,  la  Kama.  Mer  C&spienne. 

—  La  Vol}j;a  lient  le  premier  rang  en  Kunqie, 
uvauL  le  l)auube,  pour  la  longueur  du  (*ours  (ô^tH)  kl- 
lomèlres)  et  ran>fdeur  du  bassin  (tirj  900  000  hec- 
tares) ;  le  second  i-aug,  après  h-  Danube,  pouj'  la 
p(u1éc  moyenne  (o780  mètres  cubes  jiar  secuiide). 

Les  [lusses  l'ainuMil,  ils  lui  donnent  des  noms 
caressants  :  Malioudika  ou  petite  mère,  KorntHiza 
ou  nourrice. 

Elle  défoule  d*nu  plateau  marécageux,  brillante 
de  lacs  (ju'eiicliàssenl  les  |)lus  hautes  collines  de 
celte  région  de  la  Hussie,  la  foret  de  Voikon  cl  le 
Yaldaï(5M  nièlres).  Sa  source,  à  moins  de  500  mè- 


tres d*aUitude,  devient  un  ruisseau  de  tourbièi 
et  bient(^t  le  ruisseau,  de  lac  en   lac,  dcvÎ4>nt  ri 
vièri^.  Sur   ce  plateau   niit;d,  «die  ticsrend  iim*   si 
faible  ptMite  qui*  la  digue  op|U)sée  à  son  cours  c?i 
avnl  du  lac  Volgu  la  fait  reHuer  h  80  kilumvlrvl 
en  amont. 

Trente-troispetits  rapides  ta  mènent  dons  ta  plai 
ruBse;  elle  y  serpente  k  Vùréa  dea  bois,  cooJtti 
devant  Tver.  qui  balança  Moscou:  devant  Rybinsk» 
télé  delà  navigatitm,  ville  où  arrivent,  (l'où  partent 
en  été  des  milliers  de  bateaux;  devant  VaroslavI» 
(jui  disputa  aussi  l'héifénmnie  h  Moscou  chez  les 
Slaves  d'Orient  ;  la  vallée  de  YaroslavI  a  |wruii  Icsi 
Russes  le  même  renom  qu(^  chez  nous  la  Tou 
raine,  fin  ï'afiiH'lle  «  jardin  de  la  Russie  ». 

En  aval  de  YaroslavI  c'est  Kostroma,  r|u'enlou- 
rent  des  forètii  où  sir  dandine  l'ours,  tantôt  TelTroi 
du  chasseur,  tantiM  l'ami  de  la  maison;  ilébotitinire 
(juand  on  ne  ralhHpic  pas.  il  s'irrite  lursqu'un 
s'approche  de  ses  arbres  à  ndel.  Ihi  cotuiall  dt^ 
chasseui*s  russes  qui  ont  tué  dans  leur  vie  plus  do 
cent  ours.  Ui  aussi  cet  ainnuil  recule  devant  le» 
lionnnes:  l'herbivore  émériti'  qui  dans  la  bonne 
siison  vil  de  plantes,  de  bourgeons,  de  fruits,  de 
miel,  et  qui  dans  l'hiver  se  nourrit  de  s»  propre 
substance,  la  moins  cruelle  di's  l)él(*s  non  doinp 
lées.  le  lent  el  lourd  .solitaire  s'en  va  de  lu 
Russie  comme  il  s'en  est  allé  de  l'Europe  occiden- 
tale, ne  taîssiuil  derrière  lui  que  quehpies  famî 
de  sa  race  dans  les  gorges  de  la  montagne. 

Le  ileuve,  eau  grisâtre,  rencontre  la  rivière 
traie  ile  h\  Moscovie,  la  tortueuse  et  Hmjïiïlc  Oka, 
laj'ge  de  1^00  nièlres  et  a  |ieu  pi*és  aussi  l'ortf  quo 
lui  lorsqu'ils  soheurleni  devant  les  bazars  deNijni- 
Novogoj'od.  Nijiii,  ville  de  -i'jOiX*  roues,  en  a 
'250  000  à  50UOO0  pendant  le  lutnulle  de  sa  foire 
qui  attire  tes  négociants  de  l'Europe  cl  de  TAsie. 
L'Oka  (1500  kilomètres  dans  un  bassin  de  i)lus  de 
2'ï  millions  d'hectares)  visileen  passant  (rois  clicfs- 
lieux  de  gouvei-nenienf,  Orel*.  hahmga,  Itiazan  ; 
elle  reçoit  la  Mt>skva  f|ui  baigne  Moscou,  la  Kliaxina 
qui  louche  Vladimir  —  celle  «ternière  ville,  fort 
déchue,  fut  capitale  d'une  Slavie  (il  yen  avait  plu- 
sieurs), de  celle  qui  devint  la  Moscovie,  puis  la 
Grande-Russie,  el  enfin  l'Empire  universel  russe; 
Vladimir  précéda  Moscou,  elle  avait  succédé  & 
Souzdul. 

Au-dessous  de  Nijui-Novogorod,  les  rives  de 
Volg^a,  ileuve  |m*u  h  pmi  4-olonisé  par  les  Sluvrs  sur 
les  Finnois,  les  Tureo-Tarlaivs  el  b's  Jlougols, 
cesseul  d'être  exclusivement  russes. 

1.  Ou  prououo:  Ario). 


Jen-H 
ille&fl 


^■^llAOÉÉflL' 


78 


LA    TERRE    A    VOL    P  OISEAU. 


Kii  aval  (II*  Kaz.m,  (\n\  fui  laul  h  fail  larlaro,  qui 

IVsl  encore  qLielf|Lie  [K'u,  U  Volga  Irouve  lu  Kaina. 

Lu  K<'inia,  pure,  (aiulisquc  la  Volga  ne  Tesl  p»St 
roule  aulaiil,  sinon  plus  d'eau,  grâce  à  l'Oural, 
Loiigut'  (le  KîOO  kiloiiièlres,  tîans  un  hussin  de 
52  475  01)0  liecUires,  elle  a  de  puiâsanlâ  affluenls, 
cnire  autres  la  lïiélaFa  ou  Blanche,  rivière  ourn* 
lieiiiie,  et  la  Vialka.  Lonsqusr  la  Kaiiia  s'uiiit  à  la 
Vulga,  elle  impusc  aa  direclioii  au  fleuve,  puis 
kmU'S  deux,  de  couleur  diverse,  desceiideiil  long- 
leni|is  cAle  à  cîile,  ne  se  rnôlaiit  qu'avec  lenleur. 
[*lus  pruffHHl(M|ue  sa  rivale,  moins  gênée  do  bancs 
de  sable,  elle  esl  précieuse  aux  Russes  comme 
l'une  des  meilleures  roules  de  l'Asie;  50  000  (•  ma- 
rins d'iMij  douée  n,  uu  plus  encore,  y  naviguent 
sur  une  multiïude  de  bah-aux. 

Près  de  sou  emijouehure,  sinon  au  canlluenl 
inertie,  s'élevail  Bolgary,  qui  n'est  aujourd'hui  ni 
sur  lu  Kama,  ni  sur  la  Volga,  à  la  suite  de  rhaii- 
geriieiils  de  cours.  De  celle  niêlropale  il  ne  reste 
(ju'uii  mauvais  villa;j"e  avec  queU|iies  (lêl)ris,  et 
rini  de  rem[iire  où  elle  régnait,  de  la  Grande 
Bulgarie,  ipii,  du  nord  au  sud,  embrassiiil  loul  le 
bassiiï  iiirèjieur  du  lleuve  et  qtii,  dans  Taulresons, 
allait  de  rUurul  aux  sources  du  l'on.  Taudis  que, 
de  chrétienne  devenue  ninhométane,  lu  Grande  lîul- 
garie«  qui  devait  sans  doul(*  son  nom  It  la  Volga, 
perdait  ce  norn  et  luule  son  exislence,  la  l'élite 
Rnlgarie,  l'ondée  au  sepliérne  siècle  sur  le  bas 
ï^amrlK^  [>ar  la  même  race  (;irlare,  a  gardé  l'un  et 
Tautie  ;  ivstée  rhrélietuie  l'I  (out  à  fait  slavisée  de 
langue,  elle  s'ajq>.irlienl  aiiji>iii^d1nii,  (tepnis  les 
batailles  des  Russes  el  des  Roumains  r.onlre  les 
Turcs  devant  la  wmglaule  l'Ieviia  et  sur  les  cols 
du  Ijalkau. 

De  Tuniou  avec  la  Hania  just|u'à  sa  perte  en 
mer,  la  Volga,  malgré  qmdques  allluents,  cesse  de 
grandir  ;  rnriililé  du  ciel  el  du  sol  lui  enlève 
uiêuie  peut-èlre  plus  d'eau  qu  elle  n'eu  reçoit  de 
ses  derniers  tribulaires.  &»  rive  gauche  est  s^ihlon- 
neuse,  désertique,  avec  un  clîmal  \vo\t  h'oid,  frup 
chaud,  Iroj)  sec;  aussi  n'y  a-1  il  p:is  ibule  dliabi- 
louts  dans  ce  recoin  de  l'Empire,  l'un  des  moins 
peuplés  de  Uus.h's,  l'un  des  plus  peu|dés  d'allo- 
(ïhones.  Parmi  ceux  ci,  les  lîaehkirs  ont  une  langue 
lurco-tarlare,  mais  leur  origine  est  douteuse;  bons 
musulmans,  ils  ont  souvent,  comme  lels,  levé  le 
sabre  sur  les  colons  slaves  ;  on  tio  les  a  réduits 
t]u'eu  augmentant  après  chaque  révolte  la  foule 
des  ]>ays;ins  chréliens  jjiilour  de  Ixujtljs  fiirtiliés 
chaque  t'ois  plus  nombreux.  Mais  si  la  rive  gauche 
esl  ba&se,  la  Volga  ronge,  sur  sa  rive  droite,  des 


coleaux  splendides, vrais monls  pour  quihsa  Imire 
dû  loin,  venant  de  rorient,  ou  de  près,  du  fil 
même  du  neuve;  l'un  d'eux  domine  son  eau  de 
7)T}2  njèlres  —  un  mètre  de  plus  que  le  sommet 
majeur  dans  la  région  des  sources  du  fleuve. 

La  n  petite  mère  el  nourrice  i>  baigne  encore 
Sînibirsk,  Saraara,  Sisrau,  Saralof.  A  Tzaritzin, 
elle  n'est  qu'à  75  kilomètres  d'un  autre  fleuve, 
long  plutôt  (|ue  grand,  le  Oott,  et  il  semblerait  que 
ce  dernier,  plus  haut  que  la  Volga  de -t^  nièlros  ci 
coulant  droit  vers  elle,  n'a  plus  (|U*à  s*y  laisser 
tomber,  mais  tout  a  coup  il  lounie  au  sud-ouest, 
la  Volga  au  sud-est.  Ctdle-ci.  encore  loin  de  la  mer 
qui  va  la  dévorer,  coule  déj;'i  dans  une  plaine  infé- 
rieure au  miroir  di's  4tcè:tns;  c'est  que  la  (laspienno 
dort  à  "ii)  mètres  au-dessous  du  niveau  général. 

Les  premiers  linéaments  du  délia  se  monirent  h 
Tsarilzin,  à  500  lions  kilomètres  de  la  Caspienne. 
Astrakhan  (70000  hnbitautsj,  au  climat  exti*émti 
dans  le  chaud  conmic  dans  le  froid,  est  la  grande 
ville  de  vvi  eiilrelacts  de  bras  vifs,  de  Iw-is  morts, 
de  jt^nichères  el  roseliéres,  d'iles  sans  nombre,  de 
vase  inconsistanle,  incohérente,  faite,  défaite,  re- 
faite par  le  fleuve  aux  crues  immenses;  des  notlilles 
de  canaids  voguent  sur  les  eaux  boueuses;  le  cor- 
moian,  le  pélican  goitreux,  le  héron  et  autres 
écliassjers  guettent  le  poisson  du  haut  de  leurs 
écliasses;  connut'  eux  pècbent  des  lioumies  vivant 
dans  dû  misérables  cabanes  en  bots  et  en  roseaux 
iiîonlées  sur  [lilolis  à  cause  des  hautes  inondations 
iptÊ  olfaecnt  momenlanéiueol  11*  dclLi,  qtn  le  repé- 
trissenl,  si  puissaiiles  que  l'une  d'elles  a  relevé  de 
(il  ceutinuHres  le  Pot  de  la  CasjMenne^  mer  ilo 
4-4  millions  d'heclaros.  Parsuile  du  renumieinent 
perpéliicl  des  fanges  dellaiques,  aire  de  1(»701)  kî- 
lomèlres  carrés  que  les  crues  necessenlde  ti'iturer, 
on  ne  saurait  ^\\vni  dire  par  combien  de  bouches 
s'ouvre  ce  lleuve  inajenr  delà  Russie  dl-Âinqte. 

La  (Caspienne  esl  le  hunbeau  d'aulres  rivières — 
delà  Kouma  qui,  n'arrivant  [ïresque  jamais  à  la  nier, 
n'a  plus  la  force  d'empiéter  sur  le  Ilot  par  ralliivio!i  ; 
du  Térek,  fils  des  glaces  du  Caucase,  el  fleuve 
puissant  qui  gagne  autant  que  la  Volga  sur  le  lac 
caspicn,  sinon  plus  encore,  malgré  les  saignées 
faites  à  ses  1000  mèti-es  cubes  pour  l'irrigation  du 
bas  pays;  du  Soubk,  né  dans  les  neiges  du  Da- 
ghestan; de  la  Koura,  grossie  de  l'Araxe;  des 
rivières  du  Cliilan  et  du  Mazenderan;  de  TAlrek; 
des  tristes  torrents  secs  du  nouveau  lerriloire 
/akaspiskri*;   enfin  de  l'Oural,   en    voie    de   des- 

t.  Ce  mot  composé  russe  veut  dire  :  Troascasjiien. 


RUSSIE. 


7t 


siccalfon.  lequi'l.  Inng  dy"  2000  kilonit'Ircs  nn  un 
bassin  de  2'j  mil  lions  d'iu^rliiivs,  nv  porli'  pinil- 
élre  pas  rn  moyenne  50  miXres  rubrs  pur  st'- 
rondo  ;i  In  Cispicnnp  :  drs  dix-imif  intihoiicliuiTs 
coii^Uinli'S  qu'il  a\.ul  .ui  iinlii^»  du  sit'ik»  dernirr.  il 
ne  lui  en  reste  t[ue  trois  coulant  toute  l'année,  et  en- 
core très  peu  profondes  ;  les  fontaines  du  rîel  se  sont 
presque  taries  dans  cette  morne  région  des  Steppes 
salins,  et  do  moins  en  moins  il  [dt'ul  sur  le  bas 
de  la  Volga,  sur  la  Traiiscaspionne,  sur  la  mer 
d'Aral  et  ses  deux  grands  (leuves. 

La  Cnspit»nne,  le  plus  vaste  dus  lacs,  soit  salés, 
soit  d'eau  douce,  n'est  pas  creuse  dans  son  tiers 


soplonlHonal  où  la  sonde  ne  donne  pas  plus  de 
5,  10.  ir>,  IG  métrés;  dans  le  sud,  au  [ded  dos 
nionls,  le  plond)  est  descendu  â  000  mètres  et  plus. 
Aynnt  :*a  n.qipe  h  Sf»  métrés  en  contre-bas  du  nivenu 
général,  In  tjispit'nnL*.  si  elle  reiiinnl.iil  à  ce  niveau, 
l'iiglouttr.dt  la  Volga  jusqu'auprès  de  S;irîdof,  h 
KOO  kilomètres  de  ses  bouches  actuelles,  et  le 
Ilot  salé,  doublant  d'étendue,  rouvrirait  une  partie 
des  Steppes  les  plus  déplor.ibles  il'Europeel  d'Asie. 
Jîidis  elle  cul  tout  re  plal  pays  sous  son  onde,  même 
elle  fui  unie  h  la  mer  Noire  par  les  terres  basses 
couchées  au  nord  du  C.iucase.  Les  preuvi^s  en  sont 
clairement  écrites  sur  le   sol;  encore  .lujourd'luii 


Bive  giacbo  de  la  Valga,  (¥07.  p.  78.J  —  Dcsain  do  J.  Moynol,  d'aprt»  lulure. 


la  fonte  des  neiges  rétiblit  pour  quehiues  jours 
l'union  de  ces  deux  uiei-s,  lorsque  le  Kalaous,  petit 
torrent  que  celle  fonte  gonfle,  verse  en  mémo  lemf»s 
sa  ei'ue  dans  le  Manyich  oriental,  nfftuenl  tempo- 
raire de  la  Caspienne,  et  dans  le  Manyich  occiden- 
tal, ti'ibutaire  plus  ou  moins  constant  du  lleuve 
Don. 

Comment  se  sont  dissociées  les  deux  mers?  Com- 
ment la  Caspienne  a-t-elle  ensuite  diminué  de  moi- 
tié el  peixlu  l'un  de  ses  maîtres  Iributaires,  TOsus 
ou  Aniou.quiseperd  nuiiriteuanl  ilans  l'AndVIN'Ul- 
ôlre  par  une  dislocalion  de  roehes,  sidnte  ou  non, 
qui  ouvrit  le  Bosphore  et  aknltil  une  immensité  d'eau 
dans  la  Méditerranée  ;  ou  bien  encore  par  des  caus<^a 
agissant  avec  la  patience  cosmique,  par  les  soulève- 
ment) du  sol.  par  la  lente  diminution  des  pluies: 
et  cntUu  ^Ub  nos  yeux,  par  lu  dêforestation. 


Neva  «  Onega,  Ladoga.  —  La  Flussie  n'ei'ii-elle 
pas  la  Vnlgji.  <piil  Lui  resterail  encore  sous  des 
f  ieux  linbitiddes  assez  de  sol  pour  deux  empires  : 
Tun  .iu  nord  sur  le  golfe  «le  Tiidniide  et  les  lacs 
de  la  Neva;  l'autre  au  sud.  sur  le  Don  cl  le 
[liiiéper. 

Le  grflnd  fleuve  de  In  Russie  du  Nord,  la  Neva, 
est  le  Saint-I,rturent  *le  l'Ivurope,  mais  un  Saint- 
Laurent  bien  moins  long,  moins  abondant,  tra- 
versud  moins  de  lacs  el  de  moins  gnmds  lacs 
que  celui  d'Amérique;  el  il  n'y  a  |>as  le  moindre 
Niiigara  de  son  Onega  h  son  Ladoga  comme  sur  le 
SiiJnt-Laurent  d'oulre-mer  entre  son  Ériê  el  son 
Ontario, 

Dans  le  «  glorieux  »  Ouéga,  nnx  rives  de 
marbre,  entrent  des  rivières  (]ui  ont  IravertM^ 
des  lacs.    L'Unéga,  grand    de  975  000  beclare». 


80 


LA   TERRK   A   V(»L   O'OÏSEAU. 


t 


profond  de  225  mètres  au  plus  creux,  miroite  à 
72  mètres  au-dessus  des  mers,  à  5i  nu-dessus  du 
Ladopn. 

Le  Svir  limpide  porte  son  IriUiil  h  Torn^eux 
l.adofrii,  qui  l)oil  aussi  le  Volkhof  et  le  Vuoxeii, 
celui-ei  (inlaudais,  celui-lA  russe.  Le  Vi>lklior,  la 
rivière  des  ciilarae.tos  et  des  rebouillcs  de  Gosli- 
nopol,  puise  au  lac  Ilmert,  bassin  sans  profondeur, 
où  *J  laèLres  de  soude  oui  mesuré  le  pins  creux 
abîme;  ce  lac  est  Jouclie,  et  louche  aussi  le  Vol- 
khof, comme  en  témoignait  son  aocicD  nom  de 
Moutiiiy  ou  fleuve  trouble;  le  Vuoxen  puise  au  lac 
Saïmo:c  est  la  rivière  de  l'iniîitni,  «  roi  des  rapides  u. 


Le  très  froid  Ladoga,  fait  d'une  eau  transpa- 
rente, vaut  phis  de  trente  Lèmans,  son  aire  èl-iol 
de  18  120  kilomètres  carrés,  avec  une  moyenne 
[X'ofondcur  d<'  !>0  mètn^s  et  un  foixl  maximuiti 
de  227».  Il  verse  la  merveilleusement  elain*  Neva, 
(pji  a  2<>0  ;i  12X0  mètres  d'ampleur  avec  un  vo- 
lume de  21)50  mètres  cubes  par  sec(»nde,  dépassé 
en  Kuropo  par  trois  courants  seuleniml,  qui  sont 
le  |»aindie.  la  Vol;in,  le  linièper  :  c'est  rècoulemonl 
de  près  de  21)  millions  trii^clares. 

La  \éva.  longue  de  58  kilomètres,  s'amortit  dans 
le  iL'olfe  de  Finlande,  iiprès  avoir  rènèchi  1^9 
palais    di'    Saiiit-I'/'lersIioiirL*^.    On   pj»iil    re^'arder 


Rtve  UruUc  de  lu  V(il|;4    (Vuy.  [>.  19.)  -~  Deuiii  dr  i.  Mnynet,  d'aprte  nature 


la  Narova  comme  une  rivière  de  siiu  bassin. 
La  Narova  part  d'une  vaste  nappe  d'eau,  le  Pef- 
pous  ou  lac  des  Trïuindes  (riMTïOO  liectares). 
profond  de  10  mètres  en  iiKiyi'tnie,  diî  2X  au  niu\i- 
mum,  et  s'abat  de  h  à  6  mètres  par  la  cascade  de 
Krûhnholm  ou  saut  de  Narva. 

Don,  Dnieper.  Les  Cosaques.  ~  Le  Don, 
fleuve  des  Steppes.  [ïojle  la  [u'inc  rhi  cliuial  1res 
cbiclin  de  pluies  qui  règne  sur  le. bas  de  son  bas- 
sin do  47)  millions  d'hectares.  Cet  ancien  Tanaîs, 
lon^  de  2iriO  kilomètres,  ne  roule  en  iiiovenne 
que  250  mètres  cubes,  mais  s'il  a  des  maigres 
indignes  d'une  telle  course  en  un  lel  domaine, 
ses  crues  sont  {,'randioses  :  \rn\i  nu  Irop  peu, 
c'est  en  quatre  mots  le  tempérament  des  rivières 
du  Slejjpe  russe. 


Le  INki  iiajl  au  centre  de  la  lUissie,  près  do 
rinduslrielle  Toula  (64  000  liabilaiitsi;  il  sort 
du  petit  \iiv  Iviniof,  d'où  sou  suruHii  d'Ivano- 
viJeb  —  lils  d'tvanof  tm  (ils  d'Ivan  —  dans  les 
(liants  ïiérofqties  des  Orsaqnes  ;  il  meurt  dans 
bi  mer  d'Aznf,  uappe  de  7*7  iiMj  kiliMuètres  car- 
rés n'ayant  qu'une  [»rid"*iJideur  tle  lU  rnèlres.  Si 
[jelïfi"  et  si  peu  creuse ,  ouverte  sur  la  nier 
Nuire  [>ar  le  déljHiil  di*  Kerleh  où  le  courant  est 
celui  d'un  vérilable  fleuve,  cette  mer,  l'antique 
l*alus  Méalide.  est  moins  une  mer  qu'une  ample 
ex[KMis((ïM  du  Don,  un  brassage  d'eau  douce  pI 
d'onde  ntnère ,  v{  la  véi'ii;ible  e!id>ourbure  est 
le  passage  de  hericli  nu  dlènî-Knleh.  Parnii  les 
nOIuents  du  Don,  la  hiuu'ts  [ïartiripe  à  son  in- 
digence, puisque,  lougui*  de  1100  kibunèlres,  elle 
peut   n'avoir   que   20  mètres    de    largeur  ;  elle 


RUSSIE. 


81 


traverse  Tundes  grandis  bassins  Itouillers  de  Russie 
(25  000  kiluniêtres  carrés),  nommé  (fapivs  elle 
bassin  de  la  lK)net^. 

Le  Ditiéper.  jadis  BorysIliAue,  esl.  le  IlL'Uve  ilu 
Tchornozioni,  le  lleuve  de  la  llussie-itlanelie  el  de  la 
iVlile-lUisiiie,  le  (louve  des  éjiopi'es  cosaques.  Son 
l>assin  vaut  assez  exaelenicMil  la  Franco,  et.  long  d»* 
1800  kilumêlres,  il  en  tire  plus  de  5000  mètres 


rubes  d'eau  par  seconde,  ce  fpii  en  Dui  li'  Iroinèin^r 
courant  de  TKarope.  Il  ronnnence  riiez  les  Dlancs- 
[Uissiens,  dans  le  plaleau  «  clef  de  voi'ite  w  ou 
iiatssi'ttl  aussi  la  Vul^^a  el  la  Dvina  occidentale. 

A  Sniolensk,  dont  b»  nom,  comme  celui  de  Mos- 
cou, ra})pp|le  (anl  de  sang  l'rançafs  el  russe,  a 
5ll^giluf  mt^me,  c'est  encore  une  rivière  moyenne. 
Mais^  coup  sur  coup,  il  emporte  la  Bêri^ziua,  le  Soj, 


Le  Dniéjicr  à  Kitf.  —  rcAsin  ilc  H.  Clcrget,  d'après  une  photogni|4ijc 


le  Pripel,  la  Desna.  La  BiVt^zina.  do  renom  ministre, 
engloutit  en  181'i  des  tronçons  di*  la  Grande 
Armre;  le  Pripel.  i^missatre  do  plus  de  12  millions 
d'iieclares.  esl  le  foss»'  d'écoulement  des  plus 
grands  palus  de  l'Europe,  des  marais  de  Pinsk.  où 
at^it  la  plique  pobmaise  et  qu'on  desséche,  qu'on 
prélond  elTacer  tous  l'un  après  l'autre;  la  Ilesna 
gonlle  le  fleuve  aux  portes  de  Kiof. 

Large  alors  de  500   à   800  mètres  et  plus,  le 
Dnit^per  posse  dans  loule  sii   gloire  devant   Kief, 

0.  tlftcLC».  La  Tknnc  a  viu.  i)'ui:(r.ui. 


puis  il  îirrive  h  des  granits  qui  gênent  sa  course 
vers  lo  Ponl-Eu:çtn.  • 

Au-dessus  de  Krémenichoug.  au-dessous  d'Iôka- 
lêrinoslaf,  le  lleuve  traverse  ces  granits,  mais  sîin» 
cascades,  [)ar  de  grands  rapides  ou  powgi,  et  ih^ 
petits  ntpides  ou  zatari;  les  plus  ttnnullueux.  au 
norjibre  de  neuf,  abaissont  lo  nivoau  du  Ihuépi'r 
de  M  mètres,  sur  un  espace  <lo  75  kilomètres;  au 
plus  large  de  tous  il  a  1750  mètres; nu  plus  étroit, 
dans  la  Gorge  du  Loup,  iGO  h  peine;  nu  printemps, 

11 


89 


LA   TERRE    A   VOh    tl'OISEAU. 


ces  uouiUnTinoTTiPTits  sur  In  rorho  dispurnisscnt  dans 
1.1  in.'issi'  i-'^iioruïc  ilo  la  cnin,  oi  alors  on  ilesrpml 
on  Daleau  porofïi  el  zalori.  L*'  fleuve,  rt'clev*^nu 
vnUm\  kHiV4)ie  cnsiiilo  parmi  des  îles  boisées,  puis 
i'iilie  dans  son  timan,  autrement  dit  dans  son 
estuaire,  au-dessous  de  la  ville  de  Klierson  ((iTOOO 
iKïbitaiils),  el  ce  lini.in  le  mène  à  la  mer  Noire. 

A  côlê  du  lïaiêper.  le  Dniester  esl  fort  peu  de 
diosc.  Venu  de  chez  les  nulhèixes  ou  IV(ils-Flus* 
siens  et  de  chez  les  Uoumaitjs  d'Autriclie.  ce  fleuve 
éminemment  sinueux  a  1^00  kilomèlres  de  cours; 
il  écoule  TG>*riO  kilrmièlres  carr*.^,  un  peu  niuiiis 
que  la  Seine,  un  peu  plus  que  le  IM,  et  c'est  d.uis 
un  lit  encaissé  «pfil  serpente,  élroil,  profond,  cl 
Irnranl  plus  ou  moins  la  limite  entre  les  Roumains 
el  les  Slaves. 

Le  double  bassin  du  Don  el  du  Dnieper  a  mis  au 
monde  une  forle  race,  les  Cosaques,  devenus  si 
fnmenx  que  leur  nom  cal  comme  un  synonyme 
péjoralirdu  nom  de  Husses. 

La  nation  Cosaque,  de  son  vrai  nom  Casaque,  fut 
d'abord  un  camp  fait  des  plus  vaillants  hommes 
de  la  Flussie  du  Sud,  de  tous  ceux  tjiii,  le  fer  ;m 
poin*;,  osaient  défendre  leur  foi  pvetpte.  leur 
famille,  leurs  troupeaux  contre  les  Tarlares  mu- 
sulmans de  la  Crimée.  <>  camp  élait  double:  sur 
le  fiorysllïène,  au-dessous  desporo*;],  les  Cosaques 
du  l)nié(ter  ou  Zaporogues'  avaient  pour  forteresse 
une  île  de  granit  dans  le  fleuve;  ils  combatliiient  à 
pied  plus  i[n\\  cheval;  instruits  h  la  rame  pur  les 
remous  des  porogi,  instruits  à  la  voile  par  les 
mêmes  eaux  lorsque,  désiu'maia  tranquilles»  elles 
se  laissent  couler  vers  leur'  liman  demi-fleuve 
demi -mer,  ils  êtiuenl  devenus  des  canotiers  sans 
pairs,  descetulanl  les  rebouilles  en  canols  et  s'en 
allant  batailler  sur  la  mer  jusqu'à  Conslanlinople 
et  Trébizonde:  ils  parlaient  le  pelit-russien.  Raus 
rimmensitê  du  Steppe,  les  autres  Cosaques,  ceux 
du  lion,  étaient  devenus  des  cavaliers,  presque  des 
Centaures:  ils  parlaient  le  grand-russien. 

Sur  les  deux  fleuves  on  pratiquai!  également  h 
religion  grecque,  mais  ni  sur  Tua  ni  sur  l'autre 
on  n'élait  de  sang  slave  tout  h  fait  sincère.  Les 
Cosaques  avaient  ouvert  leurs  rangs  à  tout  homme 
inirépide,  d'où  qu'il  vint,  quel  qu'il  fût,  au  routier 
comme  au  colon,  jjourvu  que  ce  nouveau  compagnon 
professât  ou  embrassât  la  foi  grecque.  Et  de  la 
sorte»  des  Lithuaniens,  des  Polonais,  des  Houmoins, 
des  Bulgares,  des  Turcs  et  Tarlares,  des  Mongols 
même  entrèrent  dans  la  trame  de  Inventurière 
nation. 
1.  C'est-à-dire  :  au  delà  des  porogi. 


Peu  à  peu  grandirent  leurs  camps  que  comman- 
dait un  alamati,  général  élu  lous  les  ans  à  libres 
suffrages.  A  force  de  combnts,  les  Cosaques  chas- 
sèrent enfin  les  Tartares,  puis  ils  guerroyerenl 
contre  lous  les  peuples  de  leur  Orient.  De  Uni  de 
rouges  batailles»  de  tnnl  rie  simg  taidôt  gênéreuse- 
mejit  donné,  lanlûl  cruellement  répandu,  il  reste 
les  donmi,  beaux  clianls  populaires. 

Ils  oscillèrent  longtemps  Votre  la  Pologne  el  la 
Uussie  ;  celle-ci  l'emporta,  el  depuis  lors  les  rw)sa- 
ques  en  sont  Tavant-gaixle  :  dès  la  fin  du  dîx-sep- 
lième  siècle,  ils  la  précédaient  déjà  sur  l'Amour  el 
aujourd'hui  tout  pays  saisi  par  la  serre  de  laiglc 
moscovite,  Caucase,  Transcaspienne,  TurkesUin, 
Mandchourie,  a  p(>ur  premii*rs  oecupants  russes  les 
Cosa(pies  Jeu  */a7if^«a,  villages  de  soldats-laboureurs 
qui  longlemps  sont  moins  tahoureura  que  soldats. 

Il  y  a  2r>0()000  Cosaques,  tous  compris,  les 
guerriers  et  les  pacifitiues.  Issus  pour  la  plupart 
des  Cosaques  du  Don,  ils  parlent  généralomenl  la 
grande  langue  nationale. 


Climat.  —  Le  nom  seul  de  la  Dérézina  nous 
peint,  avec  quelque  exagération,  le  climat  excessif 
de  la  Russie,  1res  chaud  en  été»  même  dans  le  Haut 
Nord  sur  les  coupoles  d'Arkliangel,  1res  froid  en 
hiver,  même  dans  Hixliéine  Sud  où  parfois  la  mer 
d'Aïof  gèle.  Si  l'année  française  mourut  dans  les 
neiges  après  l'incendie  de  Moscou  (1812),  les 
Français  el  les  Anglais  faillirent  périr  de  froid 
devanl  les  murs  de  Sébaslopol  (1X51-185,^]).  Du 
sud  au  nord,  à  uîesure  qu'on  s'avance  vers  la  mer 
Glaciale,  de  l'ouest  à  l'est,  ù  mesure  qu'on  marche 
vers  la  Sibérie,  le  ciel  devient  plus  ligoureux:  la 
moyenne  annuelle  d'Arkhangel,  sous  Gi*52',  esl 
de  *P,58  ;  celle  de  Sainl-Pélersbourg,  sous  59**  50', 
de  5^,72  avec  froid  exlr^me  de  —  59*  el  chaleurs 
de  -h  36°, 1  ;  lannéc  de  Kazan,  sous  r>ô'*'i8',  ne 
donne  que  2", 81),  tandis  que  les  villes  danoises 
de  la  même  latitude  ont  un^  moyenne  de  6*,  et 
les  cités  écossaises  une  tenq>érature  encore  plus 
élevée;  dans  celte  même  Kazan,  ville  essentielle- 
ment fl   continentale    h,  janvier    se    résume  par 

—  15*^,51),  alors  que  dans  la  «  maritime  «  Edim- 
bourg la  moyenne  de  ce  même  mois  ne  descend 
pas  à  0''.  Toul  au  sud  du  pays,  au  bord  de  la  mer, 
Odessa,  sous  W  28',  offre  une  moyenne  de  0"»I1, 
mais  le  froid  de  janvier  y  esl  encore  de  près  de 

—  5^  A  latitudes  el  altitudes  égales,  les  villes  de 
ia  Russie  ont  une  température  inférieure  de  4  ik 
5  degrés  t  celles  de  rOccident, 


RCSSIE. 


IÎ3 


Quant  aux  pluies,  elles  ont  peu  d'abondauce. 
les  venls  d'esl,  nord  est,  sud-est  soufllaDt  trop  en 
îtussic  au  dêtrinient  de  l'ouest  et  du  nord-ouest: 
riînipire  est  trop  massif,  trop  inarticulé,  trop  peu 


péoètrt^de  grands  golfes;  son  Pont-Euiin  mrrilc  à 
peine  le  nom  de  mer.  sa  Caspienne  est  un  lac 
diminué,  sinon  diminuant,  sa  Dnltii|ue  un  cuMe- 
sac,  son  océan  Glacial  e&t  tantôt  gelé,  tantôt  fon- 


l'ais-i,T  itp  la  D^rciins.  (Toy.  p.  SI.)  — 


d'&ntle  myanl. 


dant  pour  rcgeler  encore.  Plus  on  va  vers  l'est, 
surtout  ^ors  le  «udesl  de  la  llussie.  moins  les 
plaies  tombtMtt  dm  sur  le  sol.  V.ii*sovie  vu  nroil 
jiar  an  bi  ceiiliuiMres,  Sïiiul  l'étersbourg  45,  Moscou 
il,  Astmkliau  16  à  17  seulement^  h  peiue  autant 
que  ta  sèclio  Alexandrie.    Sans  cette   aridité  du 


ciel.  1rs  lleuves  russes  verseraient  singiilién^uiMit 
plus  d'iMU  dans  la  nier,  ri  l.-i  \(ili;;i  x.iudrait  pivsqiip 
deux  fois  le  l^nuhr. 

Grands-Russiens.   Petits- Russiens.  Blancs 

Russiens.  Races  diverses    —    L'enifiirc  Rusfr 


8i 


LA   TEIIHK    A    VOL   D'OISKAU. 


dêp.'issc  aujiiuni'htii  115  millions  ilMines.  tlorU  DG 
millions  [juur  l;j  lUrssits  7  militons  pour  It;  (lau- 
c.*so,  4  millions  et  dcini  pourhj  SUjérie,  5  millions 
cl  d(*Mii  pour  l'Asie  cctilrnle  cl  la  Transcaspientie. 

Sur  cos  IJ3  iriiilions  d'Iiomuics,  il  y  a  prés  do 
^^)  millions  il.'  Slaves;  et,  panai  ces  Slaves,  plus  de 
75  aiillioïis  do  Russes,  Grands-Russiens,  rclits-Hus- 
sicns  cl  Blaiics-Russicns  di(T(>rant  plus  ou  moins 
par  le  dialecte'. 

•<  Votre  nation  est  pétrie  d'êlènieuts  non  aryens  «» 
disait-on  devant  un  Russe  ;  ù  quoi  celui-ci  répon- 
dit: «   l'Ins  ou  est  iii(Mé,  plus  on  a  de  frères  t). 

La  (atnille  russe  a  des  liens  de  fralernitê  ^nvindc 
avec  les  Finnois  et  les  Turcs  el  TarUires;  elle  se 
fonda  elk'z  les  premiers,  elle  eut  lon^l'Miips  les 
seeonds  yanv  voLsius  et  eniieniis,  |Mïis  pour  suj(*ls. 
Uni  sail  fi*  (]uVlle  [irit  d  éléments  aux  Mères,  Mou- 
ronies,  Meeïitrliériaks,  Munlves,  T('lii»uvaehes,Tché- 
rèitiisses,  Carélienïi;  aux  Tarl;n*es  de  la  Volj^a  et  de 
la  S(.iura;  et  mi^me  aux  Mongols*  ijui  étaient  moius 
des  Mongols  (ju'un  inuncnse  canij»  de  handils  ;i|>- 
parteiiatif  h  (unies  les  races  de  l'Asie  i^ejilrale? 
Afosrou  l'ut  loiïdée  chez  les  riumiis  Moui'onies, 
ISijni-\(Moi^oriKl  chez  les  Finnois  Mordves,  Saint- 
iVlershourtî  efiez  les  Finnois  lii^TÎetis.  Mais  ipiel 
est  le  [leufdi'  i-urupéen  <pji  ne  stnl  pas  inconunen- 
snraldciutinl  nièlan^jé?  L<*s  (i  Liilins  »  sont-ils  des 
Latins,  les  ^^  Germains  h  des  Germains,  les  n  Anglo 
SjixiHis  ji  (ll^•;  Saxons? 

Un  a  d'ailleurs  exa^'-éré  le  non-slavisnie  des 
Russes.  IjCs  Tcljoudes  au  milieu  desquels  vécurent 
leurs  ancêtres  élaient  de  fiildes  tri  lias  [inibalde- 
njeiil  déjà  slavisées  en  partie;  dès  l'orii^nnede  leur 
liisloirc  ou  voit  Grands  et  Fetits-Russiens  non  i>as 
seuli'rnenl  assiriijlateurs  (c:omriie  on  les  honore  de 
Fétre),  mais  aussi  (-(donisalenrs  exeelleiils.  l'Jos 
que  jamais  ils  dé|>lfiietil  cv.»  deux  qualités  sous  nos 
yeux,  du  colè  du  sud  et  du  eoté  de  Test,  on  sdul 
les  espaces  vides.  Tue  sorte  de  force  ù  Lupielle  ils 
n'essayent  jjîis  di!  i-ésisler  les  pousse  par  bandes* 
en  vilhif,^es  entiers,  vers  le  Tcliornoziuju  <le  l'Ohi, 
les  jH'airies  de  FVéniseF,  les  ruches  dn  lîaïkal,  la 
h^oide  Lena  et  le  grand  pays  moitié  sable,  moilié 
sol,  on  les  deux  fleuves  jumeaux  de  l'Asie  Cen- 
trale, le  vieil  Oxns  et  Taiilique  laxarles,  linil  tiaîlre 
Fal)imdar»ee  atj  nïilieii  de  l:i  siérilité. 

Les  55  ruinions  de  Crands-Russiens]'  liabiteiil 
sitrtout  les  gmivenu'iuenls  auUmr  de  Moscou  ;  ils 
sont  uï'jius  slaves  que  les  Pi'tits-Rubsiejis,  Lien 
qu'ils  aient  riiêgémonie  des  a  Shivons  m. 

1.  L'Asie  russu  esl  comprise  dans  tous  ces  chilTrcs. 

2.  ta  y  conipL^naiil  tous  loa  ttusaes  d'Asie. 


Sims  nous  inqiiiéliT  |dus  longtemps  de  Ii'ur 
de;,'ré  de  slaviMnr,  les  Grands-Russiens,  Véliko- 
Russes  *,  ou  Russes  propres,  [leuple  courageux  et 
forl,  nation  tenncts  pali'iolique,  pullulante,  fu^rt* 
de  sa  puissance,  enivrée  de  son  avenir,  son!  parmi 
les  mieux  doués  des  hommes  ;  ilcxihilité  de  l'esprit, 
^vàrv  ondoyaitte,  goût  dos  sciences,  art  de  bien 
dire,  don  des  langues,  on  leur  reconnail  unani- 
mement ces  avantages  :  tel  Russe  parle  avec  une 
égale  aisance  tous  les  idiomes  civilisés  de  l'Eu- 
rope, el  sans  se  faire  violence  il  y  ajouterait  ceu^ 
de  l'Asie. 

(Ml  a  dit  que  si  les  Russes  apprennent  eu  se 
jouutU  toutes  les  langues,  cY'st  que  leur  langue  k 
eux  les  a  d*avarn*e  liabilués  aux  consonnes  pénibles, 
aux  l'Iiiiinlantes,  aux  gutturales,  aux  orlhograpbes 
capricieuses,  aux  longs  mots,  aux  formes  cornpIU 
quéis.  Il  y  a  dans  b'ur'  idictnn:  ntnnbre  d'articu- 
liiliiHis  difficiles  et  une  excessive  richesse  de 
formes,  mais  le  langage  qui  ne  tardera  pas  à  son- 
ner sur  la  plus  g^raude  moiliè  de  FFurope  et  la 
plus  i^M'ande  niuitié  do  l'Asie  mérite  sa  haute  for- 
tune; il  en  est  plus  digne  i|ue  Fatigtais  par  exem- 
ple. Toulefois  il  lui  resle  eneore  à  [o'nduin*  aulauL 
de  cliefs-duîuvrc  que  les  autres  bn(i^ni(*s  ]de  l'ave- 
inr:  l'anglais,  lan^^neinaussiide.  le  français,  langue 
pauvre  ou  [dutùl  ipii  fut  pêdanles(|uement  appau- 
vrie, FcHpngnoU  langue  en»phalirpje^  le  portugais, 
tangue  nasale. 

Il  ne  faut  fias  chei*t:her  les  plus  grands-russiens 
des  Russes  aulour  des  vieilles  métropoles  de  la 
prinoipaulé  ceidrali*,  Souzilal,  Vladimir,  Moscou, 
diins  le  pays  souvcid  ensaiigluulé  par  des  envabis- 
seui*s,  nolarmiient  par  des  Mongols,  elsi  lojigtenips 
dégradé  paj'  la  misère  et  Finfainie  du  servage.  Eu 
toute  région  sans  hanle  montagne,  la  forêt  seule, 
avec  le  marais,  la  fondrière  et  la  neige,  garde  loya- 
lement [e  dépi'il  des  siècles;  c'est  pour(iuoi  h's 
iriirurs  originaires  de  celte  h  Slavie  »  devenue 
prépondérante,  son  antique  sagesse,  ses  dictons  el 
proverbes,  ses  chansons  les  plus  enfinlînes,  Ifs 
plus  simpleuïeiU  vihrarries,  ses  légejides  les  moins 
adultérées,  vivent  surtout  dans  les  trois  gouverne- 
ments de  FExtrème  Nord  :  dans  la  forestière  Vo- 
lo^^da,  sur  les  branches  de  la  Sévernaïa  Dvina  su- 
périeure; dans  FArklnuigel,  plaines  demi-polaires, 
lourbes  et  toundras  à  la  lisière  des  Pctils-Kiimois 
pinens  cl  nomades;  et  près  de  la  borne  des  Grands- 
Firmois  chrétiens  el  sédentaires,  qui  sont  les  Fin- 
landais, parmi  les  lacs,  les  bouleaux,  les  pins  cl 
les  sajjins  du  gnuverni;ment  d'Oloncls. 

1.  Le  in;>t  raisc  yMikii  v^ul  dire  gnntl. 


m 


LA    TERRE    A    VOL    DOISEAU. 


Les  Pelils-Rusfiiens.  Mal*>Riissiens\  Roussinos. 
Rousrtiaques,  Ruihènes  —  car  toules  ces  nuanc(».s 
d'un  même  nom  les  désigneot  —  sont  é>idenî- 
ni(*nl  plus  droils  de  nice  (jue  les  GrnndsRussiens; 
ils  remjMulent  sur  eux  par  la  laille,  l'expression 
du  vibage,  la  gaieté  du  caractère,  et  aussi  par 
une  langue  plus  musicale,  plusi-appracliée  des  ori- 
gines; mais  ils  i^uiil  moins  Torls,  i[u>ins  habiles  dntis 
la  pratique  de  la  vie,  moins  faits  pour  le  coin- 
nierce,  la  guerre  el  la  domination.  On  Ir»  dit  très 
pacifit|ues  et  ils  adorent  ta  vie  dos  clianips.  Leur 
vraie  pntrie,  c'est  le  «  pays  de  Ja  !'ronti<Jre,  l'exi:- 
béj'auti*  Oitki'aine,  aussi  riche  vn  moissons  4|U0 
h'importt!  quiille  autre  province  du  Terreau  Noir, 
mais  ils  linLiliMit  aussi  d'autres  gouvernctneiils, 
sur  le  Dnieper,  la  Donets,  le  Dniester  et  la  haute 
Dviua  de  louesl  :  en  loul  ou  partie,  ils  ont  Kliar- 
kof,  lOkaterinoslar,  Klterson,  la  Ilessaridiie,  la  Pc- 
dolie»  Kief,  l'ollava>  la  Volinie,  Grodno,  Tcherni- 
gof;  au  nord,  ils  s'étendent  sporadir|uenieiit  jus^iuc 
dajis  le  biissin  de  la  VisluU'  cl  dnns  le  jJiiys  de 
Viliio  ;  cnlin,  lioi'S  de  l'Kinpire,  ils  peuplent  la 
Gîdicie  rnériilionale,  el  même,  par  delà  les  t^ar- 
|>ales,  trois  coniiltits  d^  la  llonprîe  du  Nord.  Toul 
cela  lait  environ  !2à  millions  dlionimes,  dont  plus 
du'  2U  millions  chez  le  Isar  de  ioules  les  lliisstes. 

Les  Petils-IUissiens,  au  milieu  desqucds  vivenl  un 
ou  deux  millions  d'usuriers  cl  ouvriers  juifs,  ont 
de  ranli[Ki(liio  contre  leui*s  frères  grands-russiens, 
qu'ils  surnomment  h's  bnurs  (Kalzap)  a  cause  de 
leur  longue  barbe.  Ils  possèdent  ce  qui  citnente 
une  ualiou,  f^rand  nombre,  vaste  et  fécond  teiToir. 
langue  avant  des  chants  vivaiils,  quelques  livres, 
une  histoire  qui  eut  ses  jours  hrillarUs,  aurloul  ses 
jours  sornhres.  Piir  niallicur,  êlahlis  sur  le  chemin 
de  riïrienl  à  rUccidetit,  entre  la  mer  lîallique  et  l;i 
mer  Noire»  c'est-iVdire  entre  le  Nord  el  le  Sud, 
coupés  en  grecs  el  en  calholitpres,  eu  Russes,  en 
Galiciens  et  en  Hongrois,  ils  furerïL  foulés  luix 
pieds  par  beaucoup  de  maîtres;  soumis  h  la  Li- 
thuauie,  (|ui,  déiuirdéc  par  eux,  pj-it  le  peliL-rus- 
sien  pour  langue  ofliciellc,  ils  ullaienl  peul-êlre 
déiialiorwiliser  leurs  vainqueurs,  quand  ceux-ci 
s'uiiirent  à  ta  Pologiu».  Sfius  aucune  importance  eu 
llun^M'ie,  en  lutte  ouverte  avec  les  Polonais  sur  Je 
sol  galicien,  leur  langue  el  leurs  nneurs  sont  me- 
nacées sur  le  bol  russe  où  déjà  leur  idiome  esl 
proscrit  des  livres,  des  brochures,  dts  journaux. 
du  lbé;Ure.  [jcs  Russes  auraient  pu  kiissej-  à  son 
destin  ceLle  espècede  paloisd'oc  duGraud  Krupire. 
Les  chemins  de    fer,  Pappel  des    mctru])olcs,  la 

1.  l/â/tiï,  mot  ruasci  veut  dire  jtetit. 


bourse,  les  nlfair^'s,  les  plaisirs,  le  cosmopoIitisnK^T 
luerout  itifnillihlement  les  sous-nalions;  des  livres 
et  des  chansons  ne  détourneront  point  le  fleuve 
de  l'avenir.  Jasmin  ne  sauvera  point  l'agcnois,  ni 
Navarrot  le  béarnais,  ni  les  fclibres  le  provençal, 
ni  tel  grand  poète  la  langue  harmonieuse,  gra- 
cieuse, plastique,  louïTue  des  Pelils-Russicns,  celui 
de  tons  les  idiomes  du  nuMule  qui  a  pjobablemcnl 
le  plus  de  beaux  elianls  populaires.  (Ju'elle  puisse 
ou  non  vivre  longtemps  à  c6lé  du  grand-russien 
qu'on  parle  de  Saint-Pélershourg  à  Vladivostok, 
port  baigné  de  flots  qui  près  de  là  frappent  le 
Japon,  le  pclît-russieu  n'a  pleine  possession  de 
lui-même  que  chez  les  Rutlièiies  de  Galicie,  Hon- 
grie et  Rucovir*p  :  là  il  vit  dans  une  quinzaine  de 
journaux,  des  livres  et  brochures,  el  dans  quatre 
chaires  d'université,  à  Lwow. 

Les  RbuMS-Russiens  ou  Rielo- Russiens',  ainsi 
nommés,  \wu  de  leur'  couleur  de  cheveux  ou  de 
peau,  mais  de  h'ur  coslutne  clair,  séjournent  au 
nombre  de  5  millions  dans  les  proviru*es  du  haut 
Rniéper,  sur  le  Niém.in  supéjieur  el  vers  les  sour- 
ces de  la  Dvina  occidentale,  dans  Minsk,  Mogilot, 
Smolensk,  (îrodtto,  lerritoii'e  égal  h  la  moitié  de 
la  l'Yauce.  Il  n'y  a  pas  de  noms  linnois  dans  leur 
priys,  et  ciMume  celfe  contrée  fu!  de  tout  temps 
d'accès  pénible  (elle  l'esl  encore),  qu'on  y  piétinait 
dîMis  les  boues  les  plus  gluantes,  qu'on  y  enfonçait 
dans  les  uianiJs,  qu'on  s^y  perdait  dans  les  bois, 
qu'on  s'y  noyait  dans  la  vase  au  passage  de  rivières 
diffuses  qui  ne  sont  ni  courant  ni  marécage,  il  est 
probable  que»  peu  visités,  ils  ont  été  peu  mêlés,  el 
qu'ils  représeulenl  h?s  Slaves  les  plus  purs.  Leur 
dialecte  paraît  tenir  une  place  intermédiaire  entre 
le  grand-russicn,  le  pefil-i'ussieu  **t  le  polonais. 

Les  Polonais  ipii  oc<'upent  In  Pologne  en  foule 
compacte  el  ceux  qui  vivent  dispersés,  en  petit 
nombre,  chvi.  les  Lithuaniens  el  les  Pclits-Rus- 
sicns,  fermeul  le  Lati  des  Slaves  de  Russi»,  der- 
rière lesquels  on  compte  encore  de  nombreux  mil- 
lions de  Turcs  et  de  Tarlai'es,  des  milUtuis  de  Fin- 
nois, plus  de  5  millions  de  Lithuaniens  el  Lcltes, 
*2  millions  de  Kitilandais.  ï  oOOOrjO  Allemands, 
0  500000  Juifs;  plus,  des  Mongols,  des  Géorgiens 
et  autres  (Caucasiens,  des  Circassiens,  des  Armé- 
niens, des  Persans,  des  Roumains,  des  Suédois,  des 
Grecs,  des  Bulgares,  des  Serbes,  etc. 

Il  y  a  daUiS  loul  rKnipire  WO  millions  de  Grecs, 
Il  millions  de  catholiques,  15  millions  de  ina- 
homélans,  plus  de  4  niillions  de  protestants, 
5  500000  juifs,  000  000  arméniens,  500  UOO  païens. 

1.  Bieloi^tniti  russe,  veuL  diiu  blanc. 


4 

I 


RUSSIE. 


87 


La  secte  grerque,  ù  laquelle  presque  tous  les 
Russes  porlenl  une  dt'votion  sincère,  se  distingue 
suriout  du  r^itliolicisnie  en  trois  choses:  elle  ne 
reconniiit  pas  le  Pape,  elle  rejette  le  Purgatoire, 
elle  prrniel  le  mariage  à  ses  popes  ou  prt^lres, 
dont  beaucoup  sont  d'ignonmls  et  grossiers  person- 
nages devenus  par  héritage  les  niinistn^s  de  Dieu. 
car  la  charge  de  sauver,  d'édifier  el  de  ht'nir  passe 
souvent  du  père  au  fils.  Elle  aime  le  faste,  les 
cérémonies,  les  pratiques,  son  carême  est  dur,  son 
luxe  de  fêtes  inouï,  el  le  lUisse  qui  fait  honneur  à 
tous  les  jours  fériés  chAme  A  peu  près  la  nioilié 
de  lannée.  Les  temples  grecs  ont  des  coupoles 
dorées. 


h 


Sur  l'unifurmité  russe,  sur  les  plaines  froides, 
les  Steppes,  les  forêts,  toujours  les  mêmes,  habi- 
tées jiar  les  mêmes  hommes  de  même  foi  grecque, 
parlant  à  peu  prés  la  même  langue  slave,  cinq  pays 
tranchent  par  leur  originalité:  la  Pologne,  les 
provinces  Balliques,  la  Liiliuanie.  la  Finlande  el  la 
Crimée. 

Pologne.  Vistule.  Polonais  et  Juifs.  —  Le  nom 
de  i*ulogne  est  le  mot  slave  Pulska,  la  plane,  la 
plaie,  défiguré  par  nous,  suivant  notre  maussade 
habitude.  La  Pologne,  en  eiïel,  ne  senfle  en  collines 
qu'au  sud,  en  tirant  sur  Cracovie  :  là,  le  LysaGora 
ou  Motit  Cliauve,  somme!  suprême,  entn-  Hadom  et 
Kielce,  se  lève  à  Cil  niélres  seulemetil.  Tout  le 
reste  du  pap,  champs,  prés,  bois,  marais»  est 
longue  t>t  large  platitude. 

La  Pologne,  fertile  en  grains,  envoie  presque 
toutes  ses  eaux  A  un  lleuve  central  d'une  portée  de 
750  mètres  cubes  par  seconde,  à  la  Yisla,  notre 
Vistule. 

La  Visla,  qui  court  pendant  près  de  llOO  kilo- 
mètres dans  un  bassin  de  plus  de  19  millions 
d'hectares,  descend  des  Beskides,  hastion  des  Car- 
pâtes  élevé  de  1500  mètres,  el  sépare  Varsovie  de 
son  faubourg  de  Praga  ;  puis  elle  s'accrtdt  du  doulile 
par  la  rencontre  de  la  rivière  où  se  sont  mêlés 
plus  haut  le  Itoug,  venu  de  (jalicie,  et  la  Naref. 
issue  des  forêts  mouillées  de  Dielostok,  d'Augustovo 
et  d'Ostrolenkfl.  Le  Boug,  très  long,  mais  formé 
dans  le  centre  du  continent,  stms  un  ciel  de  pluies 
rares,  perd  son  nom  devant  la  Naref,  fort  courli*. 
mais  coulant  plus  près  de  la  mer,  dans  un  bas 
pays,  sur  un  sol  de  peu  de  pente  qui  ne  chasse 
point  avec  impétoosité  les  eaux  vers  l'uval  comme 
le  font  les  gorges  de  montagne,  qui  les  rassemble  et 
les  retient  au  contraire  par  une  multitude  de  lacs 


et  de  marais  régularisateurs.  Quand,  sous  les  murs 
de  Modiin  ou  Novo-CeorgiePsk,  [ilare  forte  (pion 
dit  inqirenalde,  «juand  la  Naref  rejoint  la  Vistule, 
elle  a  tout  Pair  de  lui  dirler  des  lois,  elh»  la  Hiit 
flêcliir  vei*s  l'ouest,  et  le  fleuvr  roiilinue  le  cours 
de  la  rivière  d't)îitrolenka.  Lne  faible  partie  de  la 
Pologne  relève  d'un  cours  d'eau  du  bassin  de 
rOder,  de  la  Warta,  dont  les  flots  naissjmts  passent 
près  du  sanctuaire  de  Czensloehowa.  où  Notre- 
Dame  de  Jasna  Gora  *  a  vu  s'agenouiller  devant  elle 
des  raillions  de  pèlerins  polonais  ou  tchèques. 

Il  y  a  deux  eeiils  ans,  les  Pohuiais  dominaient 
sur  la  Pologne  actuelle,  la  Posnanie,  une  part  de  la 
Silésie,  la  Pomêranie,  la  Prusse  Orientale,  la  Ga- 
licie.  In  Litliuanie.  les  provinces  Dalliques.  la 
Yolînie,  la  Podolie  el  lOukraine;  leur  arisliferatie 
téméraire,  toujours  h  cheval,  injuste  el  dure  au 
pauvre  monde,  commandait  de  FOder  au  UniéjHT, 
de  la  Italtique  aux  Steppes  de  la  mer  Noire,  tj'était 
alors  le  premier  des  pi*uples  slaves. 

Les  diseordes  perdirejit  relie  brillaiile  nation  : 
«  Deux  Polonais,  trois  p.trlis!  i*  H'ai Heurs  leur 
Empire  n'avait  rien  d'homogène,  rnuesl  y  était 
polonais,  le  nord-est  lilhuanîi'ii,  le  sud  **t  le  sud- 
est  malo-russe,  el  les  gens  de  laiigne  polonaise  ne 
forma  ifnl»ruère  ipie  le  tiers  des  Pi  .MHI  (HKJltiiliilants 
qu'avait  alors  PKtat,  sur  environ  800  000  kibmiètres 
carrés. 

Partagé  par  Ii'ois  fctis,  ;\  la  fin  du  sièele  <lernier, 
entre  la  Prusse,  l'Aulriche  et  ta  Russie,  re  peuple 
est  mort  connue  puissance  politique,  mais  dans  ce 
qui  êlail  (lutrefois  l'âme  du  royaume,  dans  la  Po- 
logne polonaise,  il  survit  avec  ses  traditions,  ses 
regrets,  ses  espoirs,  sa  religion  catholique,  sa 
langue  virile  et  dure,  le  plus  dévehqipé  d«'s  idio- 
mes slaves  el  celui  qu'uni  illustré  le  plus  de  doux 
ou  de  mAles  poètes.  Le  domaine  de  ce  vivonl  lan- 
gage ne  s'arrête  pas  A  la  seule  Pologne  russe,  il 
s'étend  au  loin  sur  de  vastes  pays  obéiss/ml  de  foreo 
aux  trois  assassins  de  la  nation  :  on  parh*  polonais 
dans  une  part  de  la  Prusse  Orientale,  de  la  Pnsna- 
iiie,  de  la  Silésie  (Prusw)  ;  dans  U!ie  portion  de  la 
Silésie  autrichienne  et  dans  loule  la  (îalicie  septen- 
trionale (Autriche);  enfin,  mais  par  familles»  dis- 
séminées, dans  laucienne  Liihuanie  et  le  bassin 
du  Dnieper  jus<)u*à  Kief.  Cela  fait  bien  12  millions 
d'honunes. 

127  312  liilomètieâ  carrés,  8  5I0  0(K)  habitants 
K>u  73  hommes  par  100  hectares,  A  cela  se  borne  te 
qui  garde  encore  oflicielli'mfnl  le  non»  de  PoKka. 

|.  Jmiu  Gora.  c*cil  D«ne  Nori(api«,  Clair  Nunt,  Montclir. 


8H 


l\    TERRF    A    VOL    irttlSKAlî 


Sur  CCS  8  310000  personnes,  il  y  u  G  hons  mil- 
lions (le  Polonais,  plus  d'un  million  de  Juifs. 
5M>IJ0(1  tïiissf's,  pï*(*s(|Uf  toiïs  M.il'i-IttissiiMis.  près 
x\o  jUtJOOU  All*'inariiï>,  ^J.MHJ(KI  Lilliijaniinjs.  Us 
Piiloiiais  occupi'tit  rou»-"sl,  1)'  4'('ii1n'.  \o  sud,  sm* 
Visluk'  1*1  \\;iil;i:  li's  Malti-lîtissieiis,  K' sudt'sl,  sur 
le  Hi>ug;  l»'s  l.ilfin.niiicfts»  l*'  iiord-c^st,  sur  \o  Mo- 
man;  K*s  Alleinandâ  vivent  âurloul  dans  les  villes 
d'industrie,  et  les  Juifs  sont  partout. 

Les  div  fois  cenl  niillu  Juifs,  le  luiiliènic  ou  neu- 


vi('?nit?  de  loule  la  casie,  croissent  ici  trt»8  vile. 
(domine  portout.  ces  eosmopoliles  faits  h  tous  les 
soleils,  à  loïili's  les  langues,  aufi^mentcnl  plus  que 
la  nation  qui  les  presse.  Si  les  proportions  d'ac- 
croissetuent  se  niaintienneul.  quiind  Tan  deux  mille 
Ijiillen  SIM'  nos  arrièro-rieveux,  la  moitié  de  ce 
peijpk>  dit  slave  desrendra  du  pasteur  chaldéen 
béni  par  MelcliisL*dech:  ou  plutôt  —  car  tous  ](ïs 
Israélites  n'ont  pas  Abraliani  pour  père  —  la  secte, 
la   classe  juive  fera  Lt  irtoiliê  de  la  Pologne.  Ces 


i 


I 
I 


t'qi?  mulo  Cil  Livouic.  —  Oossiu  de  UUcniiet,  d'aprèi  nature. 


Ht'breiix  har-voitinent  un  aftVeus  patois  allemand 
et  jKïrlenl  en  même  (enips  toutes  les  latif^ups»  tmis 
lesrliarabias  du  p;iys»  ou  du  moins  ils  les  bégayent 
assez  p(Jur  aebeler  et  [*our  vendre,  en  Ironipaiil 
i'aebeleur  et  le  vendeur. 


Provinces  Baltiques  :  Ehstonie,  Livonie, 
Courlande.  -  Leslmis  provîirres  [falliques,  aynni 
ensemble  uji  peu  moins  de  î)  millions  et  ihnn 
d'herlares,  eulrelienni'iil  SoOOOUO  h.dïitanls,  snit 
-'<*  ;nj  kiliiniêtre  eiirré.  tailles  linitieut  leur  nom 
commun  de  leur  sil nation  sur  la  moins  salée  des 
expansions  salines»  la  Italfi^pie  où  va  leur  mîjilrj 


fleiivi'.  [a  Dvina  occiilenlale,  Ja  Zaftadnain  iKiua. 
que  les  Allemands  nonuneni  Duna,  et  b's  Lelk»s 
lïflngava;  on  estime  à  .iOO  nuMivs  par  seconde  la 
portée  moyenne  de  la  lhnpiv:u  sa  lontrueur  à  un 
peu  moins  de  tOOt)  kilomètres,  son  bassin  ;\  un  [mmi 
plus  de  8  millions  et  demi  d'hectares. 

Froid  pays,  d'une  niuindonie  lnf:nbn*  c^n  siison 
niauviuse.  11  descend  moins  de  i-jyojis  de.  soleil 
que  de  llocons  de  neige  sur  ses  marais,  ses  tourbes, 
ses  lacs,  ses  étangs,  ses  prairies,  ses  forêts  où 
séjournent  encore  le  loup,  Tours  et  l'élan. 

bans  celle  contrée  toute  blanelit»  en  hiver,  le» 
gens  de  la  ville  n'ont  point  les  niéme^  ancA^tres,  les 


RCSSIE 


ft) 


moines  coulomes,  la  même  langue,  que  l»*  menu 
peuple  des  champs,  et  ils  ne  font  pas  les  mémos 
vtriix:  iU  sont  AllomaîKis.  tandis  que  les  paysnns 
sont  Letlt»s,  Lilliuaiiicns  ou  Rlistes.  Les  ricnnains, 
siiliilc  ariâtocralic,  ont  encore  ici  tniis  puiâ^anccs  : 
l'argent,  grdce  au  commerce,  linslruclioD.  les 
terres,  car  cfôl  surtout  à  eux  que  ce  sol  apjwr- 
ticDt;  mais  leur  décadence  a  commencé. 


1.10  000  ù  175  (KM),  suivant  que  le  calcul  est  fait 
par  un  Slave  «  mangeur  d'Allemands  •  ou  un  Alle- 
mand ff  mangeur  de  Slaves  v.  il  y  a  au  moius  et  au 
plus  ce  uomlire  de  Germains  dans  les  tmi^  p:i\s. 
soit  du  qiti:izième  au  vingtième  de  la  {H)pulalion 
—  c'est  trop  |>eu  pour  qu'il  soil  séant  d'adopter 
l'usasre  qui  leur  donne  aussi  le  nom  de  provinces 
allcniaudcs  ;  à  Riga  même,  au  centre  du  Germa* 


bte  de  Sâastopoi.  (Ï9j.  p,  91.)  -  tkaàn  àt  Weber.  iTaprct  une 


oisme  baltique,  Télément  teuton  ne    fait  que  les 

ç  de  In  ville. 
5 

Pour  en  revenir  nwx  vrais  peuples  de  cette  con- 
trée, tes  Lettf*s  ou  Lettons,  qui  se  donnent  le  nom 
de  Lalvis,  ont  pour  grandes  eitès  Riga  et  Nituu. 
|»ar  (^nt  appelée  Jelgava.  Qualfirze  cent  mille  est 
à  peu  près  leur  nombre,  sur  un  terroir  de  plus 
d«  6  millions  d'hectares  compn>nant  le  sud  de  la 
Livonw.  la  plu:»  grande  part  de  la  (xiurlande;  plus, 


en  dehors  des  provmces  fUttiques.  quelques  villages 
du  gouvenienient  de  Kovnoet  h'  nord-ouest  du  gou- 
vernement de  Vitebsk.surla  rive  droite  de  la  iKina 
occidentale  à  jwirlir  de  Hrissa.  Leur  lanirue.  l'une 
des  plus  arch:iïi|ues  p.-irnii  les  idionii^s  ary.niues. 
ressemble  au  lithuanien,  plus  vieil  cl  plus  bel 
encore,  au  moins  autant  que  lîtalien  au  lalin;  il 
a  moins  de  Tonnes,  et  des  formes  moins  franches. 
Les  Ehstes,  de  race  et  de  langue  fuinoise,  fK-res 
des    Finlandais,   dont    les    st'pare    le    i^olfe    de 

1^ 


00 


Lk    TERRK    A    VOl,    D'OISKAU. 


Finlantit\  pfluphml  ce  qu'ils  nppolUnl  \o  Mîin 
Mee8^t|lJi  compivml  i'Flislunio,  k*  nord  do  la  Livo- 
nie  ol  qiit^lipn's  campagnes  (lf»s  gnuvcrni'monls  di' 
Sjiinl-Pt'lpi'shourg.  de  Fskof.  de  Vili*bsk.  Leurs 
deux  gnndeacitôs  sont  Uevel,  pori  dn  mer,  (pi'ils 
appell(>tit  flurrifl,  et.  d«ns  l'iidôriiMir,  îïori)iit,  villo 
univcrtiilairo  qu'ils  ntniirninil  TaHu.  Au  norubn*  ih* 
000  000,  ils  ont  une  langue  prorlm  parente  du  liti- 
landui:«,  et  eornnie  lui  trop  nboiul.nile  au  voyelles; 
ce  (jui  niJiiïqui'  à  l'une  et  à  l'untjv,  e'esl  une  ^jolide 
ORsature  deconsoruies.  Cette  l;nixii<i  *lnnu:iit,pfu*lêe 
des  paysans,  des  niannnls,  des  niendiaiU^;  les  viltes 
prêfêraif'iit  ridlcfiiand*  idiome  du  jïoiivfiir,  du  com- 
merce, du  bun  ItJU,  des  éeides;  elle  s'est  ri'veillêt», 
elle  a  ses  jourrmux,  ses  écrivains,  ses  prof**sseui's, 
voire  ses  [laLidins;  le  lelle  aussi. 

Des  trais  provinces,  l'une,  rKhsIoriii*.  dnil  S(ïn 
nom  îi  un  |jeu|de  tinitois  lier  d<»  renaître;  Tîmlre, 
la  LiviMiie,  s'.ippelle  »niusi  des  Lives,  peuple  qui  va 
mourir;  la  troisième,  la  (lourliinde,  était  le  piija 
des  Coures,  peu()]e  morl.  Les  Livcs  ne  snril  plus 
que  2400,  et  justement  pas  en  Llvonie,  mais  en 
Courlande;  ils  font  doux*r  haniraux  di'  marins  et 
do  pèi'IuMirs,  snr  la  rivi?  ilu  i;o\{\^  de  IUf,M,  près  du 
cap  DuniesnsRs.  Kxi^eltenls  hommes  de  mer,  race 
viffouri'use,  j;ens  dr  bonne  taille,  joyeux  d'Mre 
Lives»  ils  se  dunneni  le  nom  d*^  Uandalisl,  autre- 
ment dit  Liltorauï,  ou  de  Kalamied,  ce  qui  sig;iiilie 
pèelieurs.  A  coté  de  b'ur  live,  dialerle  Ihmois,  ils 
ont  le  lelle  ftour  lanjifue.  a  utilt»  u,  liurs  de  la 
f;jmille,  à  rèji^lise,  à  i'èeole. 

Deux  iles,  (Ksel  et  Dagœ,  llantpnml  à  Tmiest  le 
littoral  elistonion.  (Ksel,  on  olisle  Kourelaar,  a 
50000  Khsloniens  sur  :iOOO(jn  lieetares.  Dagœ, 
bien  plus  petite  (i  i^  200  beetares),  rappelle  par  le 
langage  suédois  de  la  moindre  partie  de  ses 
12000  insulaires  répo<]u<*  m  celte  mer,  ees  îles, 
ces  provinces  et  d'antres  encare,  obéissaient  au 
peuple  de  taille  élevée  qui  habile  la  rive  opposée 
de  l'tKster  Sjœn'  ou  mer  Orientale;  c'est  une  île 
basse,  en  prairies,  forets  *M  marais. 


Lithnanîe  et  Lithuaniens  :  la  pins  belle  de 
DOB  langues.  —  Au  sud  de  la  Cotirlande,  l'an- 
cicnne  Lilhmmie  confondit  son  histoire  avec  celle 
de  la  Polof,'ne,  à  partir  âv  Tunion  (pi*^  los  deux  pays 
scellèreul  en  lill,  puis  en  ir)OÎL  Le  lithuanien  y 
est  l'idioine  du  peu[)lo,  le  polonais  celui  d'une 
foule  de  eifadins,  <le  tiobles,  île  propriétaires;  et 
de  la  Lilhuiinie  la  l'idogne  a  rei,:u  son  plus  célèbre 

1.  Mol  à  im»l  :  iioUe  pnys. 

S.  Nom  Mintui:"  (le  lii  mci'  Colli(][ie 


défenseur,  Ko&ciusko,  et  son  plus  gfflnd  poète 
Mi(;kiewicz. 

Le  pays  où  l'on  parle  encoro  lithuanien  s'est 
quejijue  peu  rétréci,  celte  langue  n'ayant  jauinis 
eu  puissance  oflicielte,  n\  quand  les  Lithuaniens 
régnoienl  sur  les  Malo-ltussiens  et  balançaient 
jusrpje  devant  Moscou  le  unissant  destin  des  Grands- 
llusses,  ni  lorsqu'ils  se  furent  alliés,  h  forces  égales, 
flvcr  les  Polonais.  Le  lilbuanieir  a  disparu  de  Meuiel 
et  on  ne  l'enqilote  plus  guère  h  Tilsit;  mais  il 
semble  que  ce  plus  noble  de  tous  nos  langnges 
aryens  a  cessé  de  reculer,  cl  que  les  dt'ux  millions 
d'iioinmes  dont  il  reste  rbérilage  commencent  ù 
l'aimer  et  à  le  servir. 

11  règne  en  [ïussie.  en  Pologne,  en  Allemagne  ; — ^ 
en  Uussie,  «lans  le  gouvernement  du  Kovno,  «Inns 
une  partie  de  relui  de  Vilno,  dans  d<'S  districts  de 
Vilebsk.  de  Minsk,  de  (iroihio  et  dans  un  petit  coin 
d(i  la  Courlande; —  en  Pologne,  dans  le  nord  dt*  la 
provirjce  de  Suwalki;  —  en  Alb^rfiagne.  dans  ji* 
nord-t*st  de  la  Prusse  Orientale.  Son  lerritoire  l'st 
limité  par  une  ligne  qui  pnrt  de  Libiau  (Prusse), 
au  nord-esï  de  Ka'nigsl)erg,  passe  près  de  Crodrio, 
à  Duriabourg,  et  finit  sur  la  Italtique  ;ï  Libau.  Il  n 
pour  cité  majeure  Ko\no;  pour  grand  fleuve  Je 
Niénian,  nmniiit  de  plus  de  ^00  mèïres  de  portée 
mi>yi^nne,  qid,  long  de  800  kiloniètri^s,  déverse  un 
bassiLi  d*uu  delà  de  9  milliouï^  iriurlares.  Hors 
du  pays  on  on  le  parle,  mais  sur  le  doniaim»  de 
faneietuie  Litbuanie  ,  <lans  le  gtnnernemt'nl  de 
Gi'odno.  la  forêt  de  la  Tour-DIanelie  (IHelo  Viejn) 
couvre  *220  000  heclari's  sur  le  plaleau  don  des- 
cend la  Naref  ;  forêt  comme  relie  du  leiiqjs  jadis, 
solitairt',  profioule  ,  mure,  iiilinie,  on  la  laisse 
deluml,  danssa  vioille  nuijeslé,  par  ordre  supérieur, 
el  le  bison  y  vit  encore,  ce  b<pur  antique  disparu 
partout  ailleurs  de  l'Kurope. 

La  langue  parlée  dans  la  Liutouva'  fiar  les'Lia- 
tonvininkas'  est  le  midns  [louri'i  de  lous  les  idiomes 
aryaques  de  ri!]urop<\  Klle  a  lant  de  ressernblancrs 
de  nmls  et  de  fuj'mes  avec  le  sniisrrit  vétiérabh» 
qu'on  a  pu  faire  des  phrases  lithuaniennes  avec  du 
sanscrit,  comme,  dit-on^  des  i^tirases  jïorlug.n.scs 
avec  du  lalin.  Ainsi  quand,  de  siècle  en  siècle,  tes 
«  civilisés  H  (oubliaient  le  verbe  des  ancétr(*s,Iiindis 
que,  toujonrs  éntoussant,  ils  menaient  nos  verbes 
îi  la  noble  simplicité  du  sabir,  les  Lithuaniens, 
ruraux  longtemps  païens,  restaient  fidètesi  Tidionie 
poétique,  plastique,  sonore,  opulent,  toulTude  notre 
race  à  son  adolescence, 

{.  Nom  liUiuauLca  de  lu  LilliuBuie. 

3.  C'est  ainsi  ifue  ne  tiorimicnl  eiix-m^mes  les  Litliuaniens. 


t^iw  S>inUVt>Ui  ffur  U  VU<x  RoufC,  ft  Momou.  —  lK*«(in  de  Tlit-nxitl,  d'après  une  photographie. 


92 


LA  TERRE   A   VOL   irOISEAU, 


Finlande.  —  Suomeniaa  ou  Terre  des  Marais  (?), 
les  SuoiiKTiLiîselh  au  Fitilatukis  noTtiment  ainsi 
leur  patries  fjue  nous  .'ippeloiis,  nous.  Finlaïul*'. 
d'après  les  Suédois  qui  ivgnùreiil  sur  ce  pays  du 
milieu  du  douzième  siècle  au  coiuniencement  du 
dix-iu'uviênie,  ajirrs  en  avoir  converti  les  hnbilatils 
du  paganisnie  au  (•alholîeisiue ,  lequel,  on  suu 
temps,  lit  place  au  lutluTanisme. 

Elle  donne  sur  la  rive  oiieiilale  de  la  Baltique, 
appelée  lia  Meril  par  les  Fiidaiidais,  el  lui  oppose 
un  hrise-laines  Je  skxren  comme  la  Suède,  un 
bkjcprf^aard  comme  la  Norvège. 

Sur  7)7  5<><K>()0  hectares,  les  fortMs  en  occupent 
/dus  de  21  niillions,  et  les  lacs,  innombrables, 
4  800  000  ;  10  millions  sont  aui  terres  vagues  r[u'on 
poui'i'îi  furcei"  à  pi'oduîre,  ou  â  ce  qui  ne  produira 
jamais  malgré  lu  douceur  comjyaralive  du  climat 
que  la  Finlande  doit,  entre  autres  causes,  à  l'éten- 
due, à  la  Itnile  présence  de  ces  lacs,  Hoches  dures 
el  [iliileimn  de  mousse  du  Nord:  selka?  ou  dos 
de  pays,  suivant  l'expression  finlandaise  qui  dési<çni* 
ainsi  les  hauteurs  des  terres,  hauteurs  d'ailleurs 
niodcsles  puisque,  en  dehors  de  fa  Lipniiie,  nulle 
ne  iiiotile  à  ôoU  mètres;  blocs  erratiques  isolés  uu 
assemblés,  tourbières,  marécages,  vastes  landes,  au- 
cune de  ces  natures  de  sol  ne  prouu't  d'opulentes 
moissujis  à  celle  coutrée  où  toiitefois  le  blé  croit 
jusque  vers  le  08''  ou  le  69"  degré  4le  latitude,  c'esl- 
à-dire  au  delà  nu*ine  du  Cen.b*  pobiire, 

l'arrni  les  lacs  qui  font  le  huitième  de  la  Fin- 
lande et  qui,  dans  le  sud,  retiiporlenl  presque  en 
étendue  sur  les  lerres,  le  jdus  ample  esl  un^ 
vasque  de  gniiiit  de  i  70  0110  hectares  tjue  de 
granth's  cor>ques  annexes porteid  a  776000:  c'est  le 
Siîînia.  Le  Vuoxen  en  sorl.  puissaide  rivière  de 
4fMJ  riièlresile  largeur  en  un  bassin  île  fi  i  17001*  hec- 
tares, et  peu  .iprès,  sur  sa  ntulevers  U*  lac  Ladogn, 
il  descend  par  le  terrible  rapide  d'iniatra:  bu  p4iussé 
par  sa  pente,  il  entre  dans  un  couloir  de  -iO  mètres 
de  large,  et,  sur  3^25  mètres  de  longueur,  il  y 
descend  de  til  uiètres;  avant  reritrainemeiit  des 
ondes  et  jusqu'au  sommet  du  koski'  c'est  un  calme 
Niagara  bleu,  celui  des  (vmadîens  étant  verl.  puis 
c'est  uu  lojmeri'e,  un  blanc  cyclone,  u\i  p;issage 
orageux  de  souille  et  d'écume;  à  cinq  ou  six  kilo- 
mètres en  avrtl^  nuire  rapide,  autre  écume,  autre 
rumeur,  aux  deux  larges  bras  du  Wallinskuskî, 
presque  aussi  beau  que  l'inialra  lui-mônie. 

Des  'J  rïtiOOOO  honunes  qui  vivent  en  Finbmde, 
1  970000  environ  sont  des  Finlandais,  540000  sont 

1.  Mot  Ûolaiidalâ  :  chute,  rapiilu. 


des  Suédois;  les  milliers  qui  restent  se  divisent 
entre   l'*s   Russes,  les   Allemands,   les  Uq>oiis  «*l 

les  <i  étrangers  i».  Après  avoir  leulement  gagné 
sur  le  linlandais  pendant  plus  do  six  cents  a(2&» 
le  suédois,  qui  était  la  langue  do  la  noblesse. 
th-  In  bourgeoisie,  de  la  polititpie,  de  la  poésie,  de 
la  littérature,  de  la  science,  commence  à  reculer 
devant  ce  qui  fut  longtemps  le  jargon  méprisé  des 
inutiles  gens,  le  gloussement  de  la  paysannerie 
Les  deux  grandes  villes,  llelsingfors  (OU  000  habi- 
tants), et  Âbo  (28  000habilimts),  celle-ci  ruiicienne 
capitale,  celle-là  la  nouvelle, a|iparlirmn*nl  presque 
enlièiTment  li  l'idiome  suédois,  leqmd  règne  t;h  vi 
\h  sur  le  littoral,  en  bande  étroite,  surtout  le  long  de 
la  rive  qui  regarde  la  vieille  mélroinde,  A  l'ouest 
sur  la  nuT  Baltique;  les  ilcs  aussi  lui  oppar- 
liemu'iit.  noianunent  les  Aland,  arebipt'l  d'iles  %•] 
d'ilols  de  granit  plus  voisins  de  la  Sr.uitdinavie  (|uc 
<le  la  Finbuïde  et  jiériodiquement  réunis  i\  \a  côte 
Scandinave  par  les  épaisses  glares  dr  l'hiver. 

La  tri(Huphan1e  rivale  du  suédois,  la  langue  fil^- 
tandaise,  a  son  grand  pin-ine.  idUlique,  enfantin. 
eharniani,  le  Kalevjila,  souvenir  des  lerups  très  an- 
tiques; elle  est  fort  douce,  presque  trop  riche  en 
voyelles,  en  diplilungues,  avec  trop  peu  de  con- 
sonnes —  undiraitle  laîtien  ou  ((ud  autre  langngi! 
des  uiiuablcs  Polynésiens,  mais  avec  des  mots  bien 
plus  longs,  le  finlandais  clanl  de  la  classe  des 
idiomes  agglutinaids  ou  agglomérants  <|ui  entas- 
sent les  idées  el  nuances  d'idées  dans  des  lerinca 
d'une  étrange  ampleur.  Cousin  de  langages  parité 
en  Uussic  cl  en  Sibérie  par  les  plus  tnisérables 
peuplades,  frère  de  resthoniea,  parenl  de  lu  lan- 
gue des  fiers  Magyars,  le  linlandiûs  est  un  idiome 
fumois,  et  le  peuple  auquel  il  sert  d'organe  fait 
partie  de  celte  ince  (innoise  ou  Ichoude  qui  a  perdu 
d'inunenscs  domaines  devant  la  poussée  des  Slaves; 
mais  les  Finlandais  ne  sont  pas  (ilus  purs  que  les 
autres  nations  ;  il  coule  beaucoup  de  sang  slave 
el  de  sang  Scandinave  dans  leurs  veines  ;  plus, 
peut-élre,  le  sang  de  vingt  nations  enfouies  dans 
l'obscurité  des  origines. 

Déjà  le  uouibre  des  journaux  finlandais  dou- 
ble presque  le  nondjre  des  journaux  suédois 
publiés  dans  le  t]rand-Duché  de  Finbnule;  —  lel 
est  le  nom  ofliciel  de  ce  |)avs,  qui  jouit  d'une  au- 
tonomie parfaite  au  sein  du  juassif  Fuqàre  ; — el 
une  feuille  en  cette  langue  ni<jllement  hanno- 
nieuse  parait  aux  Étuts-Fnis,  dans  le  lointain  Mi- 
chigan,  à  Calumet  :  faible  écho  d'une  petite 
Finlande  vouée  à  la  mort  prochaine. 


I 


91 


LA   TERRE   A    VOL    D'OISEAU- 


Crimée.  —  Si  ristlime  de  PiTôkop.  peu  large 
el  puiul  elevth  ^efîuiulrait  quelquo  jKirl,  la  Crimée 
serait  une  Ile,  mais  grâce  à  ccLle  langue  de  lerre, 
leSiVt'icli  el  Iii  irier  Noire  n'en  peuvenl  f^jîre  qu*une 
presiju'ile  de  2  niilliouâ  <-t  denti  à  Ô  itiitlions 
d'heclc'ires. 

(l'est  le  Sivacîi  ou  mer  Putride  qui  la  sépare  du 
conlinenl  russe  au  nord  ;  et,  à  l'est,  c'est  le  détroit 
de  Kerlcli,  issue  de  la  mer  «l'Azof  dans  la  nier 
Noire,  tkins  ce  délroil  do  herleii  il  paese  uu  flot 
vif  el  beau,  mais  le  Sivacli  esl  une  eau  très  laide, 
un  élang  sans  profondeur  rudoyé  par  les  venis, 
qui  sent  mauvais  dans  la  saison  des  eaux  basses 
et  oti  l'évaporation  laisse  de  vastes  couches  d  un 
sel  inépnisahie;  sans  la  fléclie  d'Aralial,  étroile 
levée  de  11*1  kilotnélrcs»  il  u'iiurail  pas  d'existence 
indépendante,  il  redeviendrait  ce  qu'il  fut  avant 
que  l'arène,  le  Ilot,  le  vent  eussent  élevé  celle  di- 
gue effdée,  un  siiriple  golfe  de  la  mer  iïXzoî, 
avec  lai^uellc  il  ne  conmiuttîquc«  tout  au  nord, 
que  par  un  passage  de  moins  d^*  i'»0  nièlres  de 
large  semblable  h  nos  graus  du  Languedoc, 
connue  la  llèehc  d'Arabat  est  pareille  à  nos  cor- 
dons littoraux. 

Lu  Crimée  est  le  piédcsïnl  du  Tcliulir  Dagli 
(IGOl  mèlres),  chaîne  eab%'irre  qui  plonge  sur  la 
mer  Noire,  à  ta  côte  du  sud,  enire  le  détroit  de 
Kcrieli  et  la  célèbre  SéliastttfMil  (54  00<)  liabi- 
tanls),  glorieuse  [mur  le  tinsse  autant  que  pour  le 
Français.  Le  nord,  le  ceuire  de  la  jïéniusute  sont 
plats,  sleppeux,  srins  grâce  et  fraieheur,  sans  anï- 
iiiatiotï,  sïiijs  beauté.  Ll,  vers  Tistlime,  le  eiel  des 
terj'es  basses  ne  vaut  guère  niieuï  que  reicessif 
climat  du  bas  Dnieper  et  du  bas  l>on,  voisins  de  la 
Criniée;  l:indis  qu'ffu  pied  méridional  de  la  nmu- 
tagne,  entre  sa  falaise  et  la  nier  profonde,  le  soleil 
est  chaud  comme  à  la  Corniche  de  Provence,  le 
flot  bleu  ,  les  plantes  infiniment  brillantes  el 
diverses,  de  roli\ier,  du  biurier  au  pin  maritime 
ft  aux  arbres  puissants  de  nos  forêts  de  zone 
tempérée  :  dans  tt's  valions  Lien  abrités  la  moyejuie 
(li>  l'nunée  monte  à  plus  de  t^"  t't  demi;  puur  la 
lîussîis  c'est  une  merveille. 

tiTîiOOO  il  500  000  personnes  vivent  dans  la 
[iresqu'ile,  aulretViis  turque  parle  langage  l'(  l'ori- 
gine de  ses  habitanis.  Autrefois  veut  ici  dire  : 
dans  lu  première  nioitié  de  notre  siècle.  La  (Crimée 
n'appartient  guère  que  depuis  cent  ans  à  l'Ktnpire  ', 
et  jusqu'en  ISaj  les  Turcs  y  avaient  la  graiule 
majorité.  Ces  Turcs  oUi  comme  on  dit,  cesTartares, 

1.  I>ci»uifl  1781 


de  (a'imée,  ces  Nogaîs,  race  fort  honnête  ol  honn#, 
bien  rustique,  bien  laborieuse,  ont  déserté  par 
foules  après  la  guerre  de  Crimée,  pour  aller 
Irouver,  croyaienl-ils,  te  bofdieur.  l'éipiité,  la  fni- 
lernité  ctu'z  leurs  cousins  les  Turcs  Osinanlis,  dans 
le  sultanat  du  Commandeur  des  Croyants.  Vêliko- 
Russes,  Malo-Husses,  Bulgares,  tîrecs  oui  pris  leur 
place,  t't  là  aussi  ht  Slavie  dévore  autour  d'elle; 
elle  réclame  aujourd'hui  les  deux  grands  licrs«j 
sinon  les  trois  quarts  des  Criméens. 


Croissance  des  Russes.  —  Ce  qui  se  passer  vu 
Crimée  se  passe  dans  toul  l'Knqnre.  aussi  lung  i-l 
aussi  large  ([u'il  est.  Partout  le  Slave  etivahit,  par 
ses  villes  de  marchands,  ses  villages  de  paysans, 
ses  stonitsa  de  Cosaques;  partout  ou  presque  par- 
toul,  il  presse,  il  étoufl'e  l'allotdjyle  el  l'allophonc. 
Pas  de  vallée  perdue  datis  la  ptus  lointaine  Asie 
du  Nord,  pas  de  cirque  englouti  dans  un  remous 
de  gigantesques  rnontagn^'s,  qui  ne  voie,  dès  le 
lendemain  tle  la  <(.MH[iiéle.  di's  Slaves  se  mêler  h 
SCS  Turcs,  il  ses  Mongols,  à  ses  Finnois,  des  colons 
il  ses  nomades  ou  à  ses  sédentaires,  des  chrétiens 
h  ses  nujsutmans,  bouddhistes  ou  païens.  VA  ici  le 
Slave  c'est  le  (iraiid-llussien,  i»ar  hi  raison  qu'en 
luut  pays  de  coloriisatioti  lu  langue  méinqiolilaine 
ne  laisse  jamais  vivre  autour  d'elle  les  langues 
moiiulres  im  les  p;itiiis  de  la  tialioJi  ;  nul  dialecltî 
n'a  pris  racinu  aux  Ktals-L'uis  à  eôté  <le  l'anghiis 
littéraire,  et  te  gascon,  le  breton,  le  wallon,  l'au- 
vergna[,  Talsacien  sont  morts  en  Algérie  avant  même 
que  d'y  être  nés* 

Lu  Russie  peut  aisément  suflire  à  cette  immense 
eolonisation  ;  les  lionunes,  les  enfants  surtout  y 
meurent  en  foule,  par  la  faute  des  gens  <*t  non  par 
celte  du  climatf  mais  les  naissances  comblent  plus 
que  surabondanunent  les  vides.  En  1888,  la  seule 
llussie  d"[iuro[Hî,  sans  l'immensité  de  la  Sibérie, 
sans  le  (^ucise,  sans  l'Asie  Centrale,  i\  jeté  dans 
la  balaneo  de  ses  destinées  ï'jHhlW  naissances 
contre  -'  Dôr»  I  H>  décès  ;  elle  a  donc  gagné  I  (m:*625 
personnes,  assez  pour  mépriser  à  la  fois  le  vain 
él^ilage  de  l'Angleterre  et  la  fausse  grandeur  de 
l'AlIcinamie. 


Villes.  —  Douze  villes  russes  ont  plus  de  cent 
niilli'  Amu's. 

Saiul-Pélersbourg  (1  003  OUOhatjilaiits)  rutlondèp. 
en  I70d  piir  Pienc  le  Crand»  près  du  golle  de  Fin- 
lande, au  nord  de  la  Neva,  libre  en  moyeime  pcn- 
dani  2i«  jours  de  Tanuée,  glacée  durant  l-i7.  Dâlie 


nussiE. 


* 


sur  un  tio\i\  marais,  «Inrirt  mu*  contnV  rnflussade, 
moins  ii  c.iuse  de  son  cl.iir  ilciive  que  pour  inc- 
luicor  la  Suède  dans  l;i  Fiiiliuidiv  ci^Uv  riMMrnpolo. 
dû  plus  en  pins  cxlrrit'un^  à  ntrsinv  fpn*  les  Husmîs 
n)nf|ui*TiMal'A:;ie,  lut  un  iIl-Ci  à  la  naUire  quand  il 
Fallut  assuair  st's  lourds  paljjis  dans  lu  marrcagc  ; 
et  encore  aujourd'hui,  lorsqur  les  v^miIs  d'ouosl 
refouliMil  Ips  flots  «lu  t'olR',  l:i  Nûva  rejclèe 
vei-s  raniûuU  sort  do  son  lit  i^i  menace  la  ville 
dans  son  existence  nitVne.  Sainl-fVlersbonrg  a 
les  beautés  ot  los  inonottinies  d'uue  cité  ri'gu- 
lière,  des  rues  larges  comme  des  boulevards,  des 


pinces  qui  sont  en  hiver  des  Sibéries,  des  maisons 
de  granit  massives  comme  ries  casernes.  A  4|udque 
disfann',  sur  un  rorhiT  ilu  golH*.  Oonsladl 
(iXOOO  liahilanls^  est  un  trnind  p(»t't  de  giirrrr. 

I^  ((  saùite»  Moscou  (750  000  liahiliinls).  temlre- 
menl  nornnïêe  [)ar  N's  Russes  Moskvn  matitucliLi, 
«  la  pelili'  mère  Mos^xiu  »»  la  tt  vill<*  aux  (jun- 
ranlo  fois  quaraiik»  clochers  »,  occupe  les  deux 
rives  d'une  rivière  qui  ne  serait  pas  gi-aude  en 
France,  qui  l'est  encore  uïoins  en  Russie,  la  Moskxa. 
gelée  en  moyenne  pendant  152  jours  sur  o05. 
Plus  vaste  que  Paris,  trois  fois  moins  peuplée,  elle 


SainM'étcnbonrB  :  lo  patab  d'Uirer.  —  tussin  de  G    MofncU 


gravite  autour  du  Kreml  ou  Kremlin,  qui  est  le 
grand  monument  national,  en  même  temps  forle- 
rosHC,  église  iiiélrnpolitaine,  rnimastêre.  palais  et 
caserne.  I>es  ehn-liers  aux  dônies  ilorés  ou  peints 
de  Fos  trois  cent  cinquante  A  quatre  cenla  églises,  on 
voit  des  c-abancs,  dos  palais,  séjour  de  la  noblesse 
en  hiver,  des  cham|»s,  des  terres  vagues,  di's  étangs, 
des  bois,  des  jardins,  la  ville  mêlée  au  village,  et 
la  campagne  à  la  ville.  Moscou  est  le  cmilre  de  la 
Russie,  comme  auiait  pu  l'ôlre  aussi  bien  ou 
mieux  Nijni-Novgorod;  c'est  le  «  saint  des  saints  » 
de  rKnq)ire,  l'autel  de  la  patrie,  la  ville  russe  pfir 
excellence,  bien  plus  que  l'européenne  et  cosmo- 
polite Sainl-lVtersbourg. 

Varsovie'  1 450  000  habilanls),  sur  la  Yisla  (Vis- 
1.  Eu  potuujûs  WarsiawA  (prouoncci  VardiArn). 


tule)  aux  flots  terreux,  est  Vùme  de  la  Pologne  ;  de 
toutes  les  ciln^s  maîtresses  d'Euro[>e,  nulle  ne  se 
rapproi'lie  antatililu  rentre  île  In  piiilie  ilii  monde, 

Odessa  CiU»  000  l^abilatils),  jiori  de  Ici  mer  .Noire, 
ville  toute  nouvelle,  qui  n*a  pas  ceiil  ans,  exporte 
d'imniertses  (piuiittlés  de  grains.  Si  Lisboime  se 
vante  vattiemetit  de  tirer  son  origine  d'tlysse,  lo 
nom  d  Odessa  est  bien  celui  de  r«slurieux  naviga- 
teur; cette  cité  monumentale,  bâtie  îi  la  lèvre  du 
Steppe,  s'appelle  ainsi  dune  ancienne  colonie 
grecque  de  ce  rivage  qui  portait  le  nom  du  héros  : 
en  grec  Odusscus. 

Riga  (175  000  habitants),  sur  la  Uvinn  occiden- 
tale, à  1'2  kilomètres  de  st^n  emiiouclnuv  dans  le 
golle  de  Riga,  achète  el  vend  |)our  les  province* 
Raltiques,  dont  c'est  le  port  principal. 


90 


LA  TEnnE  A  VOL  D'OISEAU. 


1^ 


Klhiiliofll?!  000  li.nbilants),  grand  ciilref>Ol  agri- 
cole, lionio  un  nfllmMil  (Je  In  Itoin^ls. 

Ki*îf  (lOOOOO  lijilntanls;,  «  Mère  des  citrs  russes u, 
ville  saillie  des  Malo-Uiissietis,  est  visilrc  par  des 
|)i'lt'i'ins  iiiiioiiil»ndj|es.  S;i  iiiagnili<|iit'.  siliialioii 
iiuniit  pli,  pourmil  encore  en  Taire  la  enpihilc  des 
Slaves  si  la  Slavic  n*avançaîl  point  à  pus  de  gùaitt 


vers  l'est,  reléguant  ainsi  la  vieille  cili^  tmil  à  Toc 
cideiit  des  lerrrs  slavoniies.  Kief,  sur  son  gratul 
Dnieper,  est  clioz  les  Pclits-Russiens,  non  loin  rlea 
Poloiiuis,  entre  rininienso  nation  des  Graiids-ltuâ 
siens  ri  les  petite  peuples  slave**  île  rVtilrirhc  »*l  iJu 
lu  Turquie,  qui,  rôuiiis, sont  aubsi  uiic  grande  rnilii 
Kazan  (140  000  liabilauls)  est  une  unricnne 


La  place  Ùithcrino  à  dlcsa.  —  IWsin  (î'Hubert  Clorsct.  d'apr-î-s  une  photogriplite. 


^  '-^^ 


pilale  Icirlarc  voisliw  du  runfluenl  de  la  Volga  et 
de  la  Knma. 

Saralof  (127.000  liabilanis)  est  sur  la  basse 
Volgri. 

Kicbînof  (120  000  habilanls)  s'nppeîle  en  n^nlilê 
Kissinon,  roiniiie  la  nomment  ses  plus  nombreux 
citadins,  p-ns  ib*  raee  roumaine  ainsi  que  la  pïn- 
pari  des  bonimes  de  la  province  on  ttMtirnaiide 
celte  ville*.  Peu  de  cilés,  m^me  en  Russie,  res- 

1.  13  3335atal»i3w 


semblent  autant  à  un  village  «  extravagant  »  fail 
de  chauniiôros. 

Lodz  (lia 0(10  liab.)  est  une  ville  industrielle  de 
Poloj^îne,  en  grande  partie  pcufjb'-iMr.Mlemands. 

Viennent  ensuite  :  Vilno  doriUOn  b.di.),  jadis 
la  mêlropolo  de  la  Lilbnanie,  sur  la  Vjlia.  tril.u- 
taire  du  Nii^man  ;  —  Orel  (78  000  hab.).  dans  la 
llusMc  ct'iitrale,  sur  TOÏia  ;  —  lierditcbef  (77  00.1 
hab.),  si  pleine  de  Juifs  qu*on  la  surnomme  In 
«  lérnsaleni  russe»;  —  Saniara  (75  000  hab.). 
riveraine  de  la  Volga,  elc,  etc. 


ALLEMAGNE. 


yi 


Lo  Brocken    (Vuy    p.  yB.)  —  Dessin  de  îïlroobanl,  da|)ic»  uftlure. 


ALLEMAGNE 


Montsdu  Snd.PlaineduNord.  —  L*Alloiiinçn<», 
en  ;]lkMii;inil  lKnil>t'lil;in(K  iloinu*  au  nord  siii'  iiiio 
Jiii'i'  |M'i»Si|iH'  r«'niu'i\  l;i  li.ilti(]iti\  et  sur  uul'  inri" 
ouvcrlo  appt'Ii'u  en  lîing!Uîgerui;niif|iiL'  h  irior  Tt^u- 
tonno  (c'est  notriMucr  du  Nord);  au  sud.  elle  louche 
à  rAdii.'itirjue,  <|ui  niêue  à  la  Modileri"inèe;  elle  est 
reliée  A  l'Urienl  hongniis,  slave  et  rouuiaiu,  el  pres- 
i|ue  H  l'Asie.  p:u'  le  coim's  du  n.uudi4".  enfin  elle 
ralLiclie  rEiu'(i|M*  lalino  i\  l'KunjfM*  .sLi\e. 

Lu  |>tïu  plus  gi'.inde  <pie  lu  Fnuir.e  depuis  <prelle' 
n  (sMguê  rAl^ice-Lorniiiie  que  nous  nvons  perdue, 
elle    niMiiril.    d*apr('»s   le    rt^censeuieiil   de    iSiiO. 
plus  de  4*.)niillii)us  de[)ei^unues  surplus  de  Muiil- 
liouâ  d'IiecUu'os'  :  ^uit  W  persunnes  p;u'  kiluuièlre 


carré,  Inudis  <pje  !.*  France  n'a  que  75  linhilnnU. 
p:ir  KMJ  lu'('t;in»s.  L'Allern.i^ne  est  ilonr  beaucoup 
[»lus  [t«niptêe4pie  noire  pjvs,  (juoitpie  moins  r(*rlil<*, 
sutis  un  clinial  inoiuâ  indulgent. 

Vue  de  linut,  elle  se  relève  :ui  sud  vers  les  Alpes» 
tandis  qu;iu  ntn'd  elle  s'abaisse  vers  la  tuer  par 
une  plaine  immense  que  r()C('*;in  recouvrirait  s'il 
montait  seulement  de  lôO  luèli'es.  Enliv  la  plaine 
et  les  Alpes  ondulent  des  niontapn*s  moyennes  : 
((  Le  li.'Uit  moût,  le  mont  bas  el  la  [>laine  se  suivent 
en  Allein.ijLTue.  du  sud  uu  n<ird.  connue  I  ode,  lidylle 
et  la  pi'ose.  u 


1.  tsvcicineiU  &40^IU0. 


15 


98 


i.A  tkurf:  a  vnt  hoiseac. 


Les  géants  des  Alpes  sonl  ji  I.'i  rr;im*«',  ;i  I.m 
Suisse  ot  à  f'ihilie.  Moins  élevi's.  If's  bnstiiMis  qui 
dressent  au  sud  lU'  f*  Mleniriirnc  ufic  *'Mi(U'riie  hiir- 
riere  entre  les  (iei'rïiuihs  et  les  llulieiis  onl  aussi 
leurs  créneaux  4biiis  hi  Ifoidittv  éterijelle;  lUrlIiT', 
rŒtztli.'il.  le  Slukiier,  les  IïiiiJlT;iuem  (|iie  du- 
niine  l'uLK-lisiiue  du  Gnîss-(ilwkiier,  Inus  ces 
gneiss,  schislL*s,  iiilcaschisles  et  granits  dépassant 
5000  luêlres,  idoulatd  pre^rjoe  h  4000,  ont  dans 
leurs  replis  des  lleuvis  dr  ^Lice  i>>us  de  *,'rands 
névés;  mais  ils  ne  relèvent  plus  de  l'Allernaj^'nc, 
ils  appartiennent  b  rAutriche  <lepuis  qu'ils  ont 
quitté  la  C4»niëdérati(>n  gerniain<jue  après  la  bou- 
cherie de  Sadowa,  et  i'e  siuil  iiïuiutcuiiuï  les  Alpes 
bavaroises  (|ui  [lossèdeul  les  pies  euluiiiiants  de 
rvileni.lgiie  :  le  plus  fiaul  de  tous,  la  Zugspil/e, 
s'ùlance  à  21*74  inMres, 

Les  chaînes  de  rvileuiagne  centrale  ont  deui 
fois  moins  d'élévation  que  les  Al[ies  baviiruîses:  la 
plupiirl  n'arrivenl  [las  niéoie  h  HIUO  mélrf^s.  ef  une 
seule,  la  eliaine  des  Ijéanis  ou  lliesen;j[ebir^^e,  d'où 
descend  l'Elbe,  dépasse  1500.  Monts  gracieuï,  de 
ruches  diverses»  bien  difTérents  des  cimes  siériles 
des  Alpes  d"où  les  itM'Iiers  luîsés  s'écroulent  eu 
nvnlaturhes,  aucuit  tic  piuie  la  blanche  lierniiue 
de  iitMge  éti'iiieile, 

La  J'orèl-Nuire  ihU  Scliwarzwald  (\\%  mètres), 
à  la  droite  <lu  Rhin,  aux  siiurces  du  Danube,  a  de 
spleadîdes  *;fjpintè]vs.  L'Odenwald  continue  la 
Forét-Nouv,  au  delà  du  Neckar.  jusqu'au  îileiti.  Le 
Spessarl,  j\  demi  cerné  par  un  gruid  coude  du 
Mein,  est  un  temple  de  ht  nature  :  même  dans  l'AI- 
lemaytne,  ce  pays  des  Ibrèls  admirables,  il  n'y  a 
pas  de  bois  de  chérii's  et  de  hêhes  conqïaraldes  à 
ceux  qui  pareni  cel  hnndtle  niassiltle  tilô  nièlrea. 
Entre  Meîn  el  \Veser,  le  hfiœrie  (1)50  niètres).  fait  de 
basalU's,  élouue  \mv  sa  slérililè  d'airain.  Le  Voijel- 
berg  (772  mcires),  voisin  du  llhcune,  est  un  autre 
amas  de  montagnes  désolées,  el  Tune  des  plus 
grandes  masses  de  biisdie  qu'on  connaisse;  sur  la 
rive  gauche  du  Uliiïi,  les  luunts  de  rKifel,  volcans 
éteints,  montrent  d'anciens  cratères  changés  eu  lacs. 

Dans  le  centre  de  l'VIIetnaî^^ne,  la  Forêt  de  Tliu- 
rin^e  ou  TliurijigcrWald  (08iiuèïres),  aux  sources 
de  la  Weser,  est  TArcadie  allemande;  le  llarz,  seul 
et  droit  dans  la  grande  plaitu*.  a  pcmr  léle  le  fn- 
meux  Iboeken  (flîl  niètï'es);  la  (Ihairie  iles  Plus 
(Fichtelgebirgel,  d'où  le  Mein  descend,  l^ve  ses 
granits  cl  gneiss  ju^qu'à  ^(^0^  luèlivs:  la  Chaîne 
d»*s  Aîélauf  (Frzgebirgel  alteinl  12ii  mètres  ;  elle 
forme  un  des  mms  d'enreinle  de  f  inunense  lor- 
leresse  de  Bohême,  ainsi  que  la  Foi'èï  de  Bohème 


(Ibjhmer  Wald);  celle-ci  (U7(î  mètres),  sous  un 
ciel  hurnide,  est  c(»mnie  une  petite  Cnlifornip  ayaiil 
des  arbres  géants,  des  ctmifères  qui  portent  la 
léte  à  45»  à  50  el  jusqu'à  (U)  mètres  de  haut.  Lue 
autre  muraille  de  la  Bidiénu'.  la  tlliaini^  des  Géants 
(Kiesengebirgej,  couvre  la  Suisse  saxonne  de  ses 
superbes  falaises  el  de  ses  monts  l'ubiques  :  la 
Sidnieekoppe  y  monte  h  1003  mêlres. 

Tout  au  nord-est  de  l'Allemagne,  A  ses  frontières 
avec  le  *irand  Fnipin',  en  Prusse  ttrientale  el  en 
Poniéranir,  le  IMuteau  des  Lacs  (Seeiq>latte)»  liaute 
plaine  bien  plus  (|ue  montagne,  n'en  a  \uis  moins 
ses  beautés,  lacs  tranquilles,  profondes  forêts, 
liori/ons  v*)ilés  cl  liornés,  blocs  erratiques,  liarnio* 
nies  du  vent  dans  les  pins;  nature  intime  et  triHle 
sous  te  ptus  dur  climat  du  Deutsches  Reich  '. 

lîes  iniMils  niovi'Ms  à  ta  iro'r  fuit,  à  des  cent  et  ch»s 
cent  kilomètres,  la  grainh'  plaine  allemande  f|iji 
s'urut  vers  Fesl  h  celle  de  la  ftussie.  sen  Fuuest  à 
celle  des  rays-Ras  et  de  la  France  du  Nord.  ("C8l 
jiar  l'am|d<*ur,  et  en  mènielem(}S|>ar  la  u  bassessci 
de  ce  froid  campo  que,  malgré  tant  de  massifs,  dtt 
cludnes.  <lt»  cÎjainoMs,  île  plateaux,  l'Allemagne  est 
en  noiyeiiuc  presque  den\  l'ois  moins  élevée  que  In 
Fiance  au-<lessus  du  niveau  ties  nieis.  Autour  de 
lacs  boisés,  â  la  lisiènMÎe  [unssanles  foivls,  au  pied 
(les  dunes  ciruenlècs  p:u'  les  pins,  au  bis  ib's  col- 
lit;es  que.  relève  leur  isolement  dan^  l'nnifonnc 
étendue,  des  paysans  vaillants  cultivent  l:i  plaine 
germanique;  ils  lui  ;u'r.o:!ieul  liHit  ce  (pi'il  eu  peut 
sortir,  mais  tout  leur  travail  les  fait  vivre  à  peine 
et  ne  les  enrichit  poltil  ;  elle  n'en  nourrit  pas  Humus 
autant  d'honnnes  (pie  si  elle  éï;iit  lerlile,  et  ses  h.ihi- 
lants,  grâce  à  leur  ville  de  lierlin,  dominent  plus 
que  jamais  FAIIem.igne. 

(ie|iendanl.  de  toufi's  les  tribus  de  la  h  lerre  si 
nierveilleuserneiil  belle  sous  sa  vi'rle  ciuironne  de 
chéjies  »,  de  tous  les  peuples  du  beulschlaïuL  ceirt 
qui  vivent  dans  ces  vastes  sahb^s  (où  ne  manquent 
|ioiiit  les  grasses  vallées,  les  bonnes  prairies,  les 
plantureux  marais  exoiidés)  sonl  évideminiMd  les 
Deutscb  qui  ont  le  plus  de  sîtng  étranger  dans  leurs 
veines  :  en  certains  cantons  de  la  rive  gauche  de 
l'KlIie,  le  polabe,  langue  slave,  a  releuli  jusqu'à 
l'aurore  de  ce  siècle. 

Fleuves  allemands  :  Elbe,  Rhin,  Danube.  — 

Les  côtes  allemandes,  mal  taillées,  n'olTrerd  qu'une 
Ile  lie  quelque  gïandeur,  llfigen,  dans  la  ISalliqTio, 
\is-à-vis  de  Stralsund. 
(li'aje  tourmentée  par  lu  ujer,  qui  peu  ù  peu  lu 

I    lloyntitne,  eiiijiiit.'  jlluinanit. 


.emagne:. 


d^molil,  Hùgon  s'en  v.i.dôcliîqiiotée  en  presqulles, 
en  ilols,  en  écueils.  On  y  piirla  \c  wemU\  diiil.rte 
slnv(»,inais  depuis  cinq  fcuïs  ans  l'alhMnijnd  seul  y 
K'sonne;  on  JiOi  y  nioitnU  r;uili(|tio  idiomo»  avec 
In  dornièrtî  vieille  <|iii  ne  TetU  point  oublié. 

Sur  I.i  cûlo  de  In  B.fltique  des  Heuves  inégaux 
di'bourlienl  d.ins  des  u  UMX  d,  cstuaiios  si'pnivs  de 
la  mer  par  des  «  nehrungen  «   on  (lèches  sabloin 


neuses  cl  ne  romninniqiiant  plus  avec  elle  que  pur 
d'flroilâ  piissai^es.  Le  Mcnian,  Niémen  i»u  Mcint'l, 
rivière  plus  rus.se  et  lithuanienne  qir;ilh'ni.'indc, 
entre rn  pluî^ifurs  bras,  sous  Tilsit.d;uis  leKurisclie 
lliîiï  oti  \\i\ïï  di«  Courlande  (tCt»0O0  hectares), qui  a 
son  ^ViiU  devant  Meniel  :  dans  sa  nehrung,  dune 
dôboisre,  les  a  monts  m:trclienl  m  comme  en 
Apverl*.La  Pre^el,  rivière  de  Kùnigsberg,  el  surtout 


Uûecn  :  ralaues  du  Kccni^KUiul.  —  DoMiti  de  Tajlor,  d'aprfcs  une  phoLograpliic. 


la  AV**icli:iiel  —  nom  allemand  de  la  Visia  ou  Yislule 
—  comblent  <le  r.ipides  ^dUnions  le  Fri*;<'fie  llafT 
(85  000  hecLflres),  qui  s'ou\re  k  Pillau  sur  ta  Balti- 
que; de  même  ITHler  rêtivcit  insensiblement  le 
<irand  llnlTou  llalï  tlo  Sli*tliu,  qui  se  vei'si^  à  la 
mer  par  trois  graus.  L'Oder,  long  de  plus  de  9(K)  ki- 
1omêtj*(»s  dans  un  bassin  de  10  millions  d'hectares, 
desi'i'ud  d'une  montagne  nnira\e — si's  soinvessonl 
donc  aulnchiennes;  —  elle  voyage  au  milieu  de 
campagne!!  |»olonaises  jusqu'à  sa  renronliv  avec  la 


Neisse,  baigne  Rivslau,  et  gagne  le  Gros<ie  llafT  en 
aval  de  Siettin  ;  son  uiiulre  affluent,  bi  WartJnu 
rivière  de  plaine,  resti»  plus  longtenq»  chez.  |i»s  Po- 
lonais, jusqu'au  voisinage  de  son  embouchure. 

Sur  la  intT  du  Nord,  qui  a  des  niartVs,  qui  est 
violente,  nnlb*  nehrung  n'a  Imuelié  les  es1uairi*s 
des  neuves;  les   Ilols  orngeuK  n'y  pennellcnl   pas 

I  Araiil  t\uv  daii^  la  pr^»4)irilc  tAinlonfr^ain^  <io  ce  tiom 
b  (lune  (ùl  liièc  |iar  de^  pins,  un  d^oati  que  les  «  iiuint»  niar- 
<heM  en  Arvcit  a. 


100 


L\  TERRE  A   VOL   D'OISEAU, 


aux  vonts»  aux  alluvions,  aux  gnl»»ls,  aux  siiblos, 
de  consiruirti  dfs  cordons  lill(»raux  ;  elle  dêlniil  au 
conlraire  ici  ses  côles  basses»  coniiiic  elle  le  Tiil 
sur  le   rîvîif^c  de  Hollande   qui  continue  celui  de 


Teulonie;  ol  l'aneieiine  côle  est  indiquée  par  une  j 
ligiK^  d'iles  rongées,  niais,  conunt»  le  Néerlandais,! 
l'AlliMnand  essaye  de  {(uranlii'  le  sol  iiienacù,  clj 
IcHsqu'il  peut,  il  ressaisit  le  sol  perdu. 


Le  rocbor  de  la  Lorelei.  (Voy.  p.   102.)  —  Dessin  de  R.  P.  UUch. 


LT-lbe,  artère  centrale  de  rAlIoniagnc,  gagne  la 
niej'  du  ^ord  on  Mval  ileUjuiiboiirg,  afjrès  un  cours 
de  plus  de  1 150  kibmèlres  dîujsun  bassin  presque 
oxaclement.  i>^al  au  quart  de  la  France.  Klle  sort 
toute  faite  de  la  lioli! me,  vive,  mais  trouble,  a\ec 
une  portée  moyenne  de  tôU  uïètres  cubes,  par  «le 
superbes  dêUJès  dans  des  laoulagues  de  grès;  elle 


serpente  devant  l)res<le  et  pénètre  â,n\s  la  grande 
plaine.  Au  loin  dans  ];r  mer,  en  l'ace  d*'  sou  estuidre. 
Ilel/^foland,  loiiglern[is  anglaise,  vient  d'entrer  dans  fl 
l'enq^ire  alleriiand;  lenleinerit  écaillée  par  les  flots 
connue  llfiiien,  relte  ile  d'autrefois  n'est  plus  (pruri 
ilut  de  grès  bigarré,  vaste  de  <îliO  hectares  à 
peine,    ?ivec    une  très   baute  et  sublime  Falaise 


102 


LA   TIUtHE   \   VOL  D'OfSRAf, 


«  (Mnipngne  vcrlo,  falaise  rouge,  rivage  blanc,  c'est 
IlflErol.tiifl  i>. 

I  Cl  aiihvflinjve  tle  rAlleiiiagne  s'ouvre i^gakmeiU 
en  face  d'ilelgolnial  :  c'ost  la  Weser.  qui  a  |K>iir 
brandies  utvvos  la  Fuldu  el  la  ^Vcrra,  et  (|iii,  \ers 
Minden,  [jnsse  (le  la  varirlè  liti  mont  à  h\  monotonie 
de  la  plîiinn.  Son  grand  port,  assez  avnnl  dans  les 
terres,  lïn'^nie  a  cimmie  IL'Htibonrg  rmbyi-einé  déjà 
bien  dfs  rrtitaiiifs  âc  iiiillirrs  d  rriii^naiils  (loitr 
l'absorhaiile  AiiiriM[ue.  Trùs  infrrieujv  à  TEIbi',  la 
Wosor,  Iniignr  <rni!  drrni-niillicr  de  kilom-MiTS, 
n'ê^oiiMt'  |);is  r>  mflli<*ns  d'ln*clan'^. 

Le  niiin  (ITi^O  Uiloinrlres)  ne  prend  passa  source 

au  pied  du  nioiit  Adule  entre  mille  roseaux. 

Fils  (les  gliieiers.  jielil-iifs  <îes  rjêvôs,  la  Suisse  le 
lran:?iuel  ili'*j:i  lar.irc  ri  r:ipidi'  à  rAlIfuiiigne,  épuré 
[Ku  \r  \iu:  de  Cuiistaiïce  et  splciididemcnl  vert.  Loi*s- 
t\\u\  ,-ui  déliMir  di'  U.'de.  il  (lf\ii'ïd  tout  à  fail  grr- 
niain,  di'piiis  que  l'a  voulu  rinlidéle  Vii"loin\  il 
marche  di'oîl  devant  lui,  jadis  très  ample,  très  libre, 
lontou  bras  et  on  îles,  mais  de  [dus  fu  plus  com- 
primé par  drs  digurs;  il  vu  dans  la  [n.'igiiifitjut' 
plaine  d'Alsaee  et  IlEide,  entre  les  Vosges  à  I  ccei- 
dont  rt  la  Foivl-Noire  à  l'oriL^nl, 

Puis,  erripiu-lanl  avir  lui  ilfux  belles  rivières 
alleniandt's.  b*  Neckar  de  Si>u;ibe  ol  U^  Mein  de 
Franeonic,  il  si*  fniye  au-*Iessous  de  M;iyrnre  un 
pnssiige  héroïque  a  travei*s  des  nicuils  d*ardo(se. 
Cette  {'  percée  du  lifiin  ii  nvoc  ses  ruines  sur  la 
roche  soiubre.  vieill**s  aii'es  Féodales  aux  noms 
forl-s  v.i  (i(']*s,  est  corninp  le  s:ineiuaire  de  l'Alle- 
niagiu*,  pour  sa  beauté  même,  iH  [)lus  encore  [»ar 
loule  la  pot'sie  (]u[  l'environne»  souveiiii's.  légendes, 
adniirahk's  UedcrK  refrains  de  haine  contre  l'hêiv- 
dilaij'e  rnnemi*,  ella  Lore/fi,  sirène  |)L'r(ide  clmntée 
en  vers  adorables". 

II  reçoit  encore  la  Lalui  et  la  Moselle,  puis,  en 
aval  dir  ColoL;ni',  il  coule  sur  drs  plaiui's  presque  bo- 
rizontales,  continuées  par  la  jdale  Hollande  où  son 
delta  se  mêle  à  ceux  de  la  Meuse  el  deTEscaul,  On 
évalue  sa  porlée  inoyeune  à  2220  luélres  enbi^s  par 
seconde  devant  Knu'Hrb,  au  Houil  drs  Pays-Bas,  et 
son  bassin  compi*end  20  millions  d'hectares. 

Le  lïanubis  en  allennuid  llonau,  bien  plus  grand 
que  le  Rhin,  est  gormaîn  par  son  rnnrs  supiuùeur. 
Grossi  des  torrents  de  la  Bavière,  puis  de  l'Inn. 
rivière  suisse  c!  lirolienne  tjui  lui  porte  plus  d'eau 
qu'il  n'en  a  lui-mériu-,    il  eidre  dans  rAulricIie- 

i.  Chants,  chan^nos,  bEiïIfldcs. 

2.  La  rrniice. 

3.  l'ar  Henri  llchw. 


Hongrie  pour  en  baigner  les  deux  capitales,  Vienne 
el  Budapest,  et  va  s'engloutir  au  loin  dans  In  mer 
.Nuire. 

Climat.  —  En  Allemagne  règne  l'uniformité  de 
clim.il.  Le  sol  s'y  n'ievnntau  midi  en  même  lemjis 
que  les  lits  des  rivières,  qui.  sauf  le  Danube  el  le 
Mt'iii.  rourerd  (hi  sud  au  m»rd.  le  Deutscldand  nu'?- 
ridioual  l'st  finid  par  ses  altitudes,  le  sepk*ntrîriiinl 
par  ses  btliludrs;  Augsbourg  el  Mmuch  en  Bavière 
ont  même  un  eliriiat  plus  dur  en  moyenne  que 
Bi'cslau  f'I  Sir.dsund  en  Pnisse,  ou  Topoidiaguo  en 
Bnnemark.  Ilandiourg.  voisine  de  la  mer  du  Nord, 
a  pi'esqm*  la  Icnqiérature  anniudlo  d'Innslirnek, 
voisine  de  rilalie. 

Lo  fi'oid  n'y  grandit  pas  du  sud  nu  sept^ntrioti, 
niais  de  l'ouest  à  l'ost.  Plus  on  s'éloigne  du  Uliin, 
dont  le  climat  n'esl  pas  sans  rudesse  en  hiver,  plus 
le  ciid,  di'  <i  français  )>  devieiîl  «  russo  )t.  La  chute 
aunuell*'  di's  jduies  augnnmle  assi*z  réguliérein«*nl 
dans  le  sens  iln  uoihI  au  sud  ;  et  partout  elle  c^sl 
inféi-iivim  à  ce  qui  londïe  rn  France. 

Le  climat  de  l'Alleniagne  est  en  sotume  relui  de 
la  2one  tenq)éri'e  froide;  la  moyenne  annuelle  de  la 
chak'ur  y  oscille  entre  0**  au  ]ioi'd-<^sl  el  10*,  r>  dans 
trois  vallées  privilégiées  :  sur  lo  iUiin.  rntre  Spire 
cl  Ctdogne;sur  b'  Neckar,  en  aval  dr Stuttgart;  sur 
II*  Mfin.  ili'  \Vur/Iiouiv;jusqu\'t  Mayence.  Lesr'uHines 
de  la  MuM'lle,  du  ïtlrin,  du  Neckar,  célèbrent  ce 
qu'elfes  appellent  leur  «  noble  vin  de  feu  »,  mais 
la  vraie  supériorité  de  rAllemagnt'  ost  la  heanlè  de 
ses  forêts. 

Les  fïois  y  couvreul  tôîMMJtKlO  lierlares,  plus  du 
quart  de  rKm[»irc;  et.de  ces  lôlIOlH)  kilomètres 
cari'és,  01  UOO  appai-lît-utient  ruix  souibivs  acicu- 
laires,  aux  sapins,  aux  pius,  aux  mélèzes,  el 
48  000  aux  arbres  de  fi^uillage  amuudloineiU  caduc, 
aux  chênes,  aux  bouleaux,  aux  trvinblesel  jieu[diei^, 
aux  hé  1res. 


Allemands.  Langue  aUemande.  —  Dans  l'an- 
cieuue  (lonfédèralion.  qui  laissait  hors  de  son  sein 
beaucoup  mains  de  Geruiains  (pie  rAllenuigUi'  du 
joui",  vivaient  tt2  millions  «rhomuics,  sur  lesquels 
8  h  II  niillious  de  Slavfs,  i:)0  000  hauois.  t-iOOOO 
Lithuaniens,  500000  llaliejis,  10  000  a  i'2  000  Wal- 
lons. Aujourd'hui  le  *  Déniches  Reich  m,  bien  plus 
[»'lît  qne  la  Confédération,  mius  avec  une  popu- 
lation devenue  beaucoup  plus  drue,  dépasse  -49 
millions  d'habitants  dont  Timmense  majorité  est 
faite  d'AlliMiiaruls  rorlonicnl  mélangés,  h  l'origine, 
de  Celtes,    de   Slaves,   de    Lithuaniens,    peut-être 


I 

L 


ALLEMAGNE. 


103 


de  Finnois,  puis  de  Français  el  de  Juifs.  CetU» 
population  grandit  très  rapidement  malgré  les 
départs  pour  tous  |wys  :  I  800  OiMI  a  I  8^0t>00  tion- 
veaiwu's:  I  ^JOOOOO  à  ItiMIOOO  iiinrls;  itKHMH» 
^migrants,  lelle  est  à  p<*ii  |m"*s  la  moyenne  de  l'an- 
ni*e  :  elle  laiss»^  enrore  un  gain  de  500000  âmes  îi 
l'ambilieux  Empire. 

Ilattitant  un  pays  sans  rronlières  naturelles,  si 
ce  n'est  au  sud»  les  Alïeinîïnds  n'ont  cessé  de  dé- 
border autour  d'eux.  l)atts  plus  d'un  pays  slave  ou 
hongrois,  et  jusqu'en  Russie  dans  le  Steppe  du 
Sud  ou  sur  la  Volga  lointaine,  ils  fiiront  attirés 
niaiiiles  fois  par  des  potentats  i[ni  ^n.iirnt  besoin 
de  paysans»  d'ouvrii»i*s,  de  mareliands  pour  leui's 
divci*s  royaumes.  VA  en  dehoi's  de  ees  appels, 
comme  d'une  fonlxtine  intari:is;iLle,  coulaieni  dfs 
familles  de  la  Souabe,  du  l*;iliainat,  de  l'Alsace- 
Lori-aine,  de  la  Saxe,  de  l'Alleniagne  du  Norti. 
el  aussi  de  la  Flnmlre  et  de  la  Frise,  vers  les 
eonlrérs  dépeii[»li'"i's  d«»  l'Kst  l'I  du  Sud-Est.  S;iiis 
bruit,  el  comme  sournoisement  —  tlu  moins  l'Iiis- 
loire,  toute  aui  batailles,  ne  s'en  occupait  giière 
—  elles  ajoutaient  sillons  h  sillons,  élevaient  des 
villages  de  bOclierons  dans  les  bnis,  îles  bourgs 
miniers  dans  hi  montagne,  el  remplissaient  les 
villes  de  l)oiilî<piiers  i-l  d'aiiisims  d'où  se  «légageail 
piir  la  suite  une  iHJUigeoisie  laborieutie,  exacte, 
enviée  et  adniijr*^  du  niemi  peu[de.  Ils  gagnèrent 
ainsi  de  gmnils  lerriloires  sur  les  Slaves  du  Sud, 
sur  les  Slaves  du  (lentns  sur  les  Slaves  de  l'Est, 
sur  les  Lilliuuniens;  ils  conquirent  de  la  sorte  les 
bassiiisjadis  slavons,  de  l'Elbe  et  de  l'Oder,  enta- 
mèrent eeux  di's  [ii»Jiis  Ibnivfs  de  la  Pnisse  Orien- 
lale  el  poussèrent  jusipj'au  11t*uve  des  Polonais,  à 
la  Visla,  SiUis  parlor  des  provinr^cs  fîaltitpies  où  ils 
forment  la  bourgi*oisi<*.  Et  tr[n'rnl;iiil.  (jut*  de  mil- 
liers de  colonies  penlues  nii  [hmi  parlotil  cla»/.  les 
élrangei's,  en  lb>n,un'ie.  eji  Pologne,  en  llussie  ! 
Celte  invasion  dure  lonjoni's.  cl  les  Juifs  parlant 
teuton  en  sont  une  avant-garde,  mais  elle  a  lini 
d'annexer  insensil)lenienl  l'Urienl  n  la  «  grande 
Allemagne  »:  l'Orient  s'est  réveillé,  l'avenir  des 
Allemands  appnriient  plus  aux  Slaves  de  l'Empire 
Immense  que  l'avenir  des  Slaves  aux  Allemands  du 
Petit  Empire. 

Pepuis  lon;;leMq>s  fort  épris  d'eux-mêmes,  ils 
oublient  que  le  monde  n'a  pas  commencé  par  eux; 
ils  n'en  furent  pas  Palplia,  ils  n'en  seront  |>oint 
r  oméga. 

Docteui'â.  prédieants,  historiens,  poêles,  viin 
pins  de  quatre-vingts  ans  que  les  éducateui'S  et 
instituteurs  de  ta  nation,  du  rector  niagnifieus  des 


universités  au  dernier  schulfuebs  *  de  Immeati,  lui 

préehent  la  haine  et  l'arrogance.  L'orgueil  pourrit 
leui's  beaux  livres  et  leurs  tivs  savantes  revues; 
on  s  irrite  d**  réternelle  divinisation  de  l'esprd 
allemand,  du  eCBur  alleniatitl,  de  la  profondeur 
allemande,  du  sérieux  allerii.'ind.  du  iiniragi*  alle- 
manil,  de  la  bonté  allemande,  ile  la  fojee  alle- 
mande, de  la  beauté  allemande,  de  la  pureté 
alleniatnle,  du  vîn  allerrnind.  de  la  bière  .illen^ande, 
du  passé  allemand,  de  ['avenir  allemand. 

Avenir  piobablement  sans  grandeur  d'borizou, 
sauf  ce  que  peut  réserver  l'Afrique  :  celle  nation 
piétine  en  Europe  aussi  slérilemeril  que  nous  y 
avons  piétiné  nous-mêmes,  el  faute  de  colonies  vu 
terre  tempérée  elle  a  jusqu'à  ce  jour  nourri  de  sa 
substance  dos  peuples  élrangiM-s. 

S'ils  avaient  la  ténacité  dont  ils  se  flattent,  les 
Allemands  auraient  altemanisé  l'Europe  â  foire  de 
fécondité;  c'est  justement  leuj"  malléabilité  qui  les 
a  dilués  el  diminués,  et  aussi  lenr  lacitiléà  se  plier 
à  l'ordre,  à  la  régie,  leiu*  synqtalhie  innée  [tour  les 
choses  de  l'étranger,  leur  amour  des  langues.  Telle 
contrée  où  l'on  ne  sait  plus  un  mnl  de  teuton 
n'est  fM'Uplée  que  d'Allemands  ayant  gardé  kui-s 
noms  tudesques  ou  les  ayant  travestis  en  slave,  en 
botigrois,  en  italien;  les  re\endicalions  naliouîdes 
des  Slaves  d'Autricbe,  Tchèques,  Serbo-€roales  ou 
Slovènes,  et  celles  des  Magyai's  n'ont  pas  seulement 
des  Slaves,  des  ïbnigrois  pour  porte-voix,  pour 
boinmes  d'action,  niais  aussi  des  Allemands,  iils 
ou  pclit-fds  d'Allemands,  qui  ont  quelquefois  tra- 
duit leur  nom  en  nn'jue  temps  qu'ils  reniaient  leur 
origine  —  ou  plutôt,  pressés  [)ar  la  nation  qni  les 
etitoure,  enfants  de  celte  natior»  par  leurs  mères,  liés 
à  tdle  par  leurs  fenunes  ,  ils  n'ont  abjiu'é  qu*une 
moitié  d*^  leurs  ancêtres  pinir'  invoquer  l'autre  ihim- 
lié,  la  meilleure,  celle  qni  a  ses  os  dans  les  cirncliè- 
res  tle  linir  terre  n;ilale:  im  peut  diri*  connue  les 
Latins,  en  dél(Oirnan(  la  fitirase  de  son  sens  sirict  : 
LocmrefjiUfCium.  \insi  b.*s  descendants  des  Hugue- 
nots JVatiçaîs  innni^M'i's  il  y  adeuxceidsans  en  Alle- 
magne sont  .lujourd'bui  des  Prussiens  passiomn^s. 

Siuis  colonies  de  peufdeineni,  les  Alleruands  colo- 
nisent avec  les  Anglais  dans  b»s  contrées  où  l'on 
parle  anglais;  avec  le»  Russes  partout  où  régne  le 
premier  des  p(dentats;  ils  fournissent  aux  États-linis 
des  millions  de  eobms.  aux  nations  de  rAméri<|ue 
du  Sud  des  laboureurs,  des  pntfesseurs  et  des  com- 
nn'rrants;  eu  Afrique,  ils  s'élablisseid  en  Algérie, 
cbe/  les  Boers,  les  Anglais  el  les  (wil'res;  ils  s'en 
vont   en    foule  en    Australie    et  jusque    dans    lu 

1.  Mot  ù  uiot,  tviiard  soolniro  :  iiiunri»  il^ntlf. 


101 


LA  TERRE  A  VOL  D'OISEAU. 


Nouvbllc-Zélande  et  les  îles  de  la  mnr  du  Sud.  Les 
Allemnnds,  cùduils  par  leurs  savants  â  rélal  de 
zêlaiours  du  Dt'uUrhihum\  soiil  de  leur  nature  le 
peuple  ros[uop<»lilii  p.*r  excellence  :  le  S;ixon,  le 
Hessoîs,  le  Souabois,  el,  à  un  muindiv  degn^  le  l'rus- 
sien  el  le  ikiviiroiâ»  ont  pour  patrie  la  terre  entière. 
Ce  peuple  de  culous  est  ègideiueril  un  jKMiple  de 
savants,  de  chercheurs  acharnés,  profonds,  uiêti- 


rulGux,  jamais  las,  seulement  ses  a  docteurs  » 
s'embrouillent  plus  que  de  raison  dans  lcui*s  idi^cs. 
surtout  dans  ieui^s  phrases  ;  mais  la  lourdeur  de 
leurs  livres  virnl  moins  de  leur  esprit  que  de  leur 
lauf^ie. 

Iliehe,  viril,  dur  (et  pourtant  doux),  rallemand, 
rnervf'illuux  [Kiur  la  poésie,  ne  vaut  rien  pour  la 
prosts  il  est  hturd,  enchevêtré,  pédant,  encombré 


BcIgoUiid.  {Voy.  p.  100.)  —Dessin  de  Toylor.'U'apri'a  une  pbutogntphie. 


de  pru'lirules  sépru*ables  souvent  fort  (Moi^niées  du 
verbe  qu'elles  nuidifK'ul,  enlin  suix'fiargé  de  mois 
composés  qui  ne  répondent  pas  toujours  à  une 
idée  bien  pnTÎSi'.  Il  sedivisi'  on  tk'us  diabrles  fiol 
diiïL'iviits  ruii  de  laulre;  le  liriul  allemand  (Hock 
ikutsch),  langTïie  de  la  littérature,  marche  rapido- 
iiKTil  â  la  conquête  de  tout  le  «  iK-ulseliesIleicli  >r, 
le  biïs  alliMii;nnl  (\Hait  Denhch),  qui  se  pnrli'  dans 
la  plaine  du  Nord,  sort  à  plus  de  viu'^'^L  milliuus 
r  louL  ce  qui  est  oJJcmiuid:  lu  41  Tcutoiuicrie  «• 


d'honmips  :  par  Iransiliinis  insensilitcs  il  va  se 
eonlbudit',  au  sud-ouesl,  avec  le  hullandais  el 
avec  le  Haniand. 

Des  il*  millions  d'habilantsdc  l'Cmpire,  il  y  en  a 
bien  5  millions  qui  m*  parli-nl  pas  l'allemand,  laul 
Polonais  que  Lithuaniens,  Danois,  Fi-ançais,  etc.; 
mais  les  ^'ens  de  lan^nr  allemande  vivant  en  corps 
de  nation  sur  lescotHinsdu  Vaterland^  rompensent 
au  del:l  de  quatre  fois  ces  trois  millions  de  faux 

1.  La4iatrie. 


ALLEMAOB. 


109 


frères:  plus  de  10  millions  (rAulriclirens,  plus  de 
2  millions  de  Suisses,  une  ({u.tranlaiiic  de  milliers 
de  Bcigos,  les  215  000  Lu\eiubourgeois  du  grand- 
duché  ile  Luxembourg. 

Cela  sims  préjudice  des  laOOOOO,  ou  pou  s'en 
faut,  qui  vivent,  plus  (HI  nioin:;  dispcrst^s,  plus  ou 
xuoiud  cuucenti^L's,  dans  les  \illes  russes  et  certaines 


campagnes  de  h  Volga  inférieure,  de  h  Pelile-Rus^ 
tiic,  de  In  Bessarabie,  etc.  Ces  a  Alirmands-nusse-s  o, 

qui  se  sont  in:ilntcnus  jusqu'à  ce  jour  en  nalion  dis- 
tincte, ne  peuvent  plus  guère  durer  depuis  que 
Têgalilé  pour  ious  leur  enlève  de  précieux  fud-os  (si 
Ton  doil  apfjliqirer  ici  le  mot  si  sou^enl  prononcé 
dans  ta  queivlle  des  Iksqucs  et  des  Espagnols),  et 


Alleinanil.  —  ïktdn  de  L.  Tbirlat. 


suiloul  depuis  que  les  chemins  de  fer  font  de  tous 
les  hommes  de  la  Itussic  des  voisina  forcés  de  se 
mêler. 

t:'esl  I  r>00(M)O  Deutsi'h  de  perdus  pour  le  Deirtsch- 
Ihum.  I*lu9  perdus  encore  sont  les  7  milïi<ms 
d'Mleniands  des  Ktvils-Unis  et  les  TiOOniH)  de  la 
Puissiiiite  du  Cauiida  :  là  le  rienuiiin  ne  subsiste 
ijunne.  deux,  rarement  trois  générations,  el  il  s'ef- 
face, souvent  même  avec  son  nom,  dans  la  mer 

0.  UtcLn.  U  Tlmil  a  vul  i>'u:ft-Ak. 


sans  fond  du  Yankisme,  Seuls  de  tous  les  Alle- 
mands exlra-eumpéens  —  car  ceux  de  TAuslralie 

et  de  la  Nniivelle-Zèl.inde  s'en  vont  aussi  rapide- 
ment que  ceux  de  J'Arriérique  du  Nord,  —  seuls  les 
colons  établis  dans  les  Ktats  méridionaux  du  ltn'*sil, 
d.'UisS:)o  Paulo.  l*;n*nnA,  Sjuila  Catliarina.  SA'»  Pedro 
do  Hio  (ïnmde  do  Sul,  onl  eonservé  leur  originalité 
parmi  les  LusiUmiens  d'Amèrifpie,  mais  ils  S4mt  en 
petit  nombre,  cernés  d*ll;diens,  de  Brésiliens»  de 

\ï 


lOfl 


LA   TERïlE  vV   VOL  D'OISEAU, 


Portugais,  et  le  nûliew  a  latin  »  qui  les  presse  les 
aura  bien  vile  èlouflrês. 

Tonlf  !a  farce  des  Allemands  esl  donc  en  Europ**  ; 
ils  y  ff.initiHit  un  bloc  niabï*ir  de  prèa  de  GU  niillioii.s 
d'Iionuuos,  on  f.iiuillea  fùcondcs. 

30  à  31  rnillititis  do  ct'S  «  litipi'rianx  u  se  riVla- 
meiit  du  proirsianlisnie,  17  à  18  millions  du  catho- 
licisme, cl  l'on  compte  575  000  juifs. 


Divisions  politiques.  —  Les  divisions  polilif]i)o. 
de  rAlleiriagne.  fort  ooïii[>lif|tJf'L»s  avant  l:i  ^iiirn-c 
qui  se  termina  par  le  coup  de  lotmerre  de  Saiiuwa, 
sont  encore  morvoilK'iJsernent  bizarres.  La  Prusse, 
qui  se  coiirposait  iiviml  iSdlî  dt»  den\  grands  Iron- 
^'Oiis,  celui  des  plaines  du  Noixi-Ksl  et  celui  des 
contrées  UhênaïK's,  s'est  annexé  le  Hanovre,  le 
Schleswi^-fKdstein,  la  llesse-l^assel,  Nassau,  et  s'est 
on  outre  subordonné  divei*s  Étals,  la  Saxe,  Oldem- 
Lourg,  le  Brunswick ,  uue  moitié  de  la  liesseï 
Tlanuslaill,  plus  une  quinzaine  de  duchrs  rt  |irin- 
ripault's  de  luiiiis  longs,  d  inq)orlance  ciunle.  IHIe 
a  dû  lâcher  le  Luxembourg,  mais  au  sud  du  Meiu, 
qui  t'sl  censé  séparer  de  rAlïrniafJru'  prussii*mu* 
les  pays  œslès  iiulcpendauls  ou  .ntfïarence,  le 
graud-ducht^  de  Bade,  le  Wurtemberg,  la  Bavière, 
rAlsaee-Lorrnine  lui  obcissent,  et  l'Alleiiiague  au- 
thrliiennc,  rejclôe  en  dehors  de  la  fcdèralion, 
forme,  avec  la  Hongrie  et  les  provînct^s  slaves, 
Teuipire  d'Atislro-lIori^^n-ie,  dont  une  ville  allc- 
Jîiande,  Vieiuie,  est  la  capitale. 


Prusse.  —  La  Prusse  proprement  dile,  sans  les 
duchés  *'l  principautés  minuscules  déjà  presque 
digérés  par  elle,  entrolient  plus  d'habîlarits  au 
kilomètre  carré  qun  la  France  :  86,  au  lien  de  7â, 
malgrv  sa  grande  iulérlurilé  i\o  sol  cl  do  riiiiial.  Le 
déuiuubrt'rju'ul  di'  iXtlOy  a  déuurué  environ  .10  mil- 
lions  de  pcrsonucs  sur  Hi  Hr>'*Oi>0  herlares  :  soit  a 
peu  prés  les  -j^-'^  des  Fran*;ais,surun  terriloii-e  égïd 
seulernenl  air\  ,Vt»  ^^^  iinlre. 

Trois  millions  d'houuues  n'y  ont  rien  d'aile- 
mand.  Polonais  et  Danois  y  conservent  Tespoir 
de  se  refïnMTer  un  jour  au  tronc  doni  ils  ont  été 
coupés,  les  Oanois  dans  le  nord  du  Sclilcswig,  li's 
Polonais  en  Prusse  Orientale,  en  Posnanie»  en  Silé- 
sie:  ceux-ci  liennent  lion  contre  la  germanisation 
qu'essayent  depuis  longleiups  de  leur  irti[>oser  l'é- 
cole, lu  justice,  railniinislralion,  l'année,  mais  ib 
pertienl  incessamment  <lu  li»ri*ain  par  suiliî  de  la 
vente  de  nomhrense.s  propriélés  à  ta  lii>urge<Msii' 
allemande,  plus  riche  ou,  pour  mieux  din%  beau- 
coup   plus    économe  que   la    noblesse   polonuise; 


chaque  année  plusieurs  milliers  d'hectares  passent 
ainsi  des  Slaves  ù  leurs  ennemis  et  contempleurs; 
PU  même  leuqis  l'État  s'étudie  à  bilTer  de  la  carlf 
le  plu^  jmssible  de  noms  pidonais  qu'il  remplace 
par  des  noms  allemands,  Iraductiou  ou  non  di^ 
slaves.  Les  Lilluianiens,  n.itiimaliU>  mouninte  ici. 
renaissante  ailleurs',  habitciU  dans  la  Prusse  Orien- 
ttde,  sur  les  conrins  mêmes  de  la  Hussie  lilhua- 
uienne.  Erdiu  il  y  a  quchpies  dizaines  do  milliers 
de  Slaves  Tcliétpies  en  Silésie  cl  80000  Worides, 
Sla\cs  aussi,  sur  la  frontière  de  Saxe,  à  côté 
des  50000  qui  viveni  encore  dans  ce  ruyaume; 
cette  petite  nation  de  loOOOOdmes  occupe  les  mon- 
tagnes de  la  Lusare.  bassin  nourricier  di*  la  Sprée. 
qui  passe  îi  Berlin;  autrefois  maîtresse  d'un  plus 
vaste  territoire,  elle  fuit  devant  la  laug'ue  aile- 
mande,  t]ui  la  jamisuit  jusque  dans  ses  [dus  hum- 
bles villages,  qui  l:i  [lénéîre  de  ses  nu>ls,  et.  pnn 
Irume  redoulalde,  l'iuqu'égne  de  sa  syntaxe. 

l'tm  douzaine  de  milliers  de  Wallons,  rameau  de 
la  nation  franeaisc,  résident  sur  les  confins  de  la 
Belgique,  uu  sud  d'Aix-la-Chapelle,  autour  de  la 
ville  de  Malmédy. 

Villes.—  Berlin  (lf>7:>0()0  hab.)  grandit  avec 

rapidité  dans  sa  [)lnine  de  sahle.sur  une  étroite  et 
Irahianïe  livière,  la  Sprée.  qui  porte  ses  inipiiivlés 
à  la  Havcl,  long  chapelet  de  lacs  se  dégorgeant 
dans  l'Elbe  :  «  La  Sprée,  dit  uu  Allemand,  entre  à 
Bei'ltn  CDUUue  uu  cygne,  elle  en  sort  comme  une 
truie.  »  La  fl  Capitale  do  l'Intelligence  o,  la  a  cité' 
de  la  Victoire  m  naquit  sur  un  terriloire  oriçinaJr 
ment  peuplé  de  Slaves  et  reçut  dans  sou  so'iu  beau*| 
coup  de  calvinistes  français  fuyant  les  hragoii* 
nadcs;  il  fut  un  temps  où  Berlin,  encore  petite] 
ville,  avait  un  Trauçais  sur  trois  habitants. 

llaïulïMin'ir  (.%700UU  hab.,  faulj(uu-;^s  compris],, 
sur  ILlbe,  à  IlO  kiltunètres  il',  la  luer  du  Nord, 
est  le  second  ou  le  troisième  port  du  continent, 
avec  Anvers  el  Mars<*ille  ;  elli»  pnunéne  le  pavillon 
allemand  sur  toutes  les  uiei-s  et  transporte  par  mul- 
titudes les  émigritnis  en  Amérique.  fl 

Bresiau  [oôrjDlïD  hab.),  j.ulis  Wratislawa,  grande 

ville  industrielle  assise  au  boni   de   rtMei',   coin- 

mande  à  la  Silésie,  Tune  des  provinces  jadis  slav 
ipii  se  sont  *!n  partie  gennanisèes. 

Cohïgne  (;28âO00  hab.),  en  allemand  Kôln.  suri 
Rhin,  qui  a  iri  toute  sa  grandeur^  passait  au  moye; 
âge  pour  la  première  ville  allemande;  on  dis^iit: 
«  Paris  en  Kratiee,  ('ohi^^Mn*  en  Allemagne!  u 

Ln  réunissant  ensemble   Llberl'eld  et    Barin«nt 

1.  £n  Lilliuanie  (Huàsiej. 


L 


ALLEMAG^K. 


W 


b 


cités  d'iruluslrie  rotiligucs  l'uru»  à  Taulro,  on  en 
fait  une  ville  de  2'iOO(>U  h.*bil;ints,  tnivcrsêc  par  );) 
Wiipprr,  nffhicnl  de  tiroili'  du  Hhin, 

Ma-ilrlHiur^'  (t:oi!0(KJ  Mue^j  Itorde  l'Elbe,  qui 
vieni  de  recevoir  la  S;inle,  (.'hyminiite  rivière  venue 
d'une  iilyllique  vnllée  de  rAlleitt.it.nie  centrale  pnr 
dviix  villes  iriMiivêi>ilê,  lên.i  et  llitlle. 

Frniiefoi-t-sur-le-Mein  (IS(]OU(Hial>.)  est  parexrel- 
letice  une  ville  de  s[iéeuln(ions  sur  l'arpent,  sur  les 
[Kipiers»  les  litn^s.  De  eede  «  Jèiaisaït'iu  nouvelle  *) 
sort  l.i  fninille  la  (dus  ojuiteïjle,  et  corlainenienL  la 
(dus  puissante  du  monde'. 

H.inovre  (I<i."il0(^  hub.)  était  la  capitale  d'un  des 
royaumes  engkuUts  par  la  Prusse;  elle  oecu|»e  les 
rives  de  la  Leine,  riviêi-e  du  bassin  de  la  Weser, 
dans  une  gniiide  plaine  qui  s'en  va  jusqu'ù  l'Elbe 
hamlii»Mr<,'e(>ise  jiar  les  vastes  latules  île  Ijuieboiirg. 

Kœiiigsherj;  (HUMMïl)  liab.).  luiige  le  lleuve  Vn^- 
gel,  navi^alile  auv  [letils  vaisseaux  :  1rs  grands 
s'arr-^tenl  au  *:r:ui  de  l'illau,  à  Tembourhure  dti 
Hall  de  Coirrlande  dans  In  ruer  Baltique. 

Bn^me  (t2M)()()  hab.).  inft^rieure  eu  Alleina^e 
à  la  seide  ïbinilimiii.;  pour  l'aeliAitè  du  roinnieree, 
esl  un  pi>rl  de  JKnive,  sur  la  Weser  ;  suivant  les 
années,  elle  envoie  en  Aniènque  autant  ou  plus 
d'éniigrauls  que  sa  rivale. 

Dusseltlorf  (h2t>0iH>  hab.),  rîvernine  du  Rliin, 
est  le  port  Ilnvinl  d'Elberfeld,  de  Bannen  cl  autres 
villes  d'industrie  d*utt  pays  prodi^^ieusi'rnertt  aetif. 

Danlzi^'  (I200ÔO  h;d>.),  ville  arehajque  où  cer- 
taines rues  et  ruelles  sont  des  musées  du  moyeu 
Age.  esl  la  Gdansk  des  Pidoriais,  jadis  ses  maîtres, 
qui.  en  la  perdant,  (leidirent  le  rheiriin  d(»  la  irier; 
elle  longe  une  ^M'ande  bnnrieh*'  de  la  Vtstule,  près 
de  son  end>o[irhiiri'  dans  la  Italliqite. 

Steltin  (  10:><IOU  b;ib.)  est  le  ^^nuid  port  de  l'Oder. 
à  la  fois  lliivial  ei  maritirm». 

Viennenl  ensuite  Aix-la-llbapclle,  en  allejuand 
Aachen  (lODUDU  h-dt.),  voisine  de  la  Itel^^i^iue  wal- 
lonne; l'indusl rieuse  ^jrfeld  (  JU()(M>0  liab.  )  : 
Brunswick  (yijOOO  hab).  etc.,  etc. 

Saxe.  —  Ces!  l'Klat  le  (dus  densément  peuple 
d'Kun»pe,  el  son  iioud>re  d'hommes  a  ilonldé  en 
moins  do  soixanle  années:  en  1834.  le  Hoyaunie 
saxon  n'avail  que  I  TiDfiflOO  |jal»ilanls;  or.  eu  I8îi0, 
riTiOfïOlM»  hiunmes  s'y  (iressnienl  sur  un  peu  moins 
de  1 MMJOO*)  lieetaiYîs',  soit  ''17*7*  par  kilonièlre 
carré;  la  Bel;;iqu<*  elle-même,  (iivstpn-  <lordd*'  il  esl 
vmi.  ne  susiente  que  ti07  hommes  par  lOO  hecla- 

(.  Les  lUiUi&cliild. 


res.  Ouatul  on  entre  dans  le  détùl,  le  Uoyaume 
wallou-tlamand  re()rend  l'avantage  :  les  Flandres, 
le  llainaul,  le  Brirbanl,  les  |)roviut:es  de  Liège  et 
d'An\urs  ont  une  (lopidation  plus  serrée  que  la 
Saxe  ;  et,  malheureusenient  pour  la  Saxe  comme 
pour  la  }kd^àque,  l'une  el  l'autre  doivent  surïnul 
ces  fuules  dispropuiiiotuiées  à  la  lièvre  iVunti  in- 
duslrio  dévorante. 

Adossée  à  TErzegebirge  qui  la  sépare  de  la  Bo- 
hÔme  et  traversée  par  l'Elbe,  la  Saxe,  monlafrno 
froide  au  midi,  eolline  et  plaine  au  nord,  eonserve 
eneore  une  cinquantaine  tie  milliers  de  Wendes, 
dans  les  gor^^es  du  p(*ys  de  f^uilzen.  Tout  le  resle, 
allemand  de  lan^nie.  descend  à  la  fins  des  IVulons 
el  des  Slu\es.  en  pro(MuiMnis  iticonniies,  inais  les 
noms  de  lieux  nionlrent  à  n'en  pas  douter  que  la 
contrée  apparlinl  jadis  à  des  Iribits  slavonnes  dont 
les  Weiules  sont  un  déplorable  leste,  La  Saxe  aussi, 
eu  Lint  que  Hoyaunie  soi-disant  indépendant,  u'esl 
qu'un  ilébris  de  la  réj;;iou  qu'oiTU(iêrent  les  S.i\ons, 
l'un  des  ^^ratids  peuples  de  l'Allerria^ne»  le  premier 
peut-èlre,  relui  qui  eut  le  plus  de  part  h  la  perfec- 
tion de  l'idioiin*  liltéraiie.  el  r^dnj  iloiit  le  ruim  est 
devenu,  par  exlension  indélinie.  ni>n  itïoius  que 
sans  raison  suffisanle,  le  nom  «jue  portent  dans  le 
nujnde  entier  les  liai  ions  plus  ou  moins  gennaines 
ou  germanisées,  Allemands.  Anijlais,  Yankees. 

Dresde  (t27(îOOO  Lab.),  capitale  du  Boyaume,  sur 
l'Elbe,  a  tani  île  tableaux  v\  d'objels  d'art  qu'oîi  la 
[KU'e  ihi  surmun  de  «  Fïorein*e  allemande  ». 

LtMpzig,  amïexaiit  ses  faubourgs,  est  devenue  une 
ville  énoniie  de  3ir>f)(K)  âmes;  l'une  des  cités  où  il 
se  publie  le  (dus  de  livres,  elle  s'élève  dans  la 
grande  (*laine.  stn*  l'Klster,  anUient  de  la  Saale. 

Cliemuitz  (l!20iH.K>  lub.).  très  rapidemenl  gnm- 
dissanle,  sur  un  tiibutaire  de  la  Mulde,  esl  le  Man- 
chester de  la  Saxe, 


Grand-duché  de  Bade.  —  l.e  graml-din-tiè  de 
Ifcnle  renfeime  l  Oâ7  0(XMiabilanls.  sur  IMJHIKM) 
hectares,  soit  100  ()ersonnes  par  kilométi*e  carré. 
U  ressemble  à  l'Alsace,  qui  lui  fait  vis-à-vis  de 
l'autre  celé  du  Bbin;  comme  elle  il  se  com()ose 
d'une  vaste  plaine  leconde,  de  ravissantes  vallées 
et  de  gorges  dont  les  clairs  torrenls  descendent, 
[tai'  moulins  el  scieries,  du  haut  de  mamelons 
couronnés  de  wj(ïins;  seulement,  à  Bade,  ces 
mimelons  s'appellent  For**t-Xoire,  cl  Vosges  en 
Alsace. 

Malgré  sa  petitesse,  le  grand-duché  de  Bjide  est 
très  varié.  Il  dresse  la  cime  culminante  de  la  Forét- 
Noire  (Feldbei-g.   t  iî)5  mètres);  à  lui  reviennent 


m 


LA  TERRE  A  VOL  D'OISEAU. 


i 


les  gorpps  les  plus  |n"aciouspmpnt  s-niivagos  ik»  colle 
rliîiînc  sylvcsire;  Piiflii,  s'il  inrlino  presque  loul 
son  Iprrililirp  vers  l«  flpu«r  Hu  Rhin,  il  n'iiformo 
sur  il'  vor^iiiit  orii.Mit.'il  t\f  n»  KmivI,  uni*  fsprn'  d*» 
Titiz-os-Mônlcs,  où  ti.tîl  le  lleuvr  lluiiihe.  lii,  jwr 
077  UK'ln's  il'nltîtuiti\  pivs  ik  fïoiï.nii'srhingen. 
dons  une  plaine  mai'î'0iif.'t'U9f  <|ui  fui  un  lac,  st* 
renconlrcnt  la  Brege  et  la  Brigach.  ton*enls  ni-s 


dauR  les  sapini(*rps;  ils  formenl  uno  rîvirn»  qui 
pt-rtul  le  nom  de  IVnnau  h  ïa  rencontre  d'un  infime 
ruis'îrîHi  sfirli  du  pjire  du  eliAliviu  rir  nnn.-uir«iclijn- 
gen.  Ilioulôt  apivs,  bu  par  des  fissures,  vers  ïullliii- 
^en,  il  perd  une  parlie  de  ses  eaux,  lesquelles 
voul  rejnillir  »mi  sources  de  5500  lilres  par  seeonde 
qui  pont  rorifrine  «le  l'Ach.  lorreril  bndois  descen- 
dant au  lac  de  ConsUmcc. 


• . 


Nureinbcnî  :  KiuiorsplaU,  (Vay.  p   III.)  —  Dessiiï  de  Thérond»  d'après  uno  phoU^i.-! 


Ln  capilaie,  Carl^j'ulie  ((îîj  000  Imb.),  ville  offi- 
cîoMe,  ne  vaut  tti  bi  l'onuarirrinU-  MMttiihi'iin 
(Or>000  bnb.),  stâc  ;iu  l'otilUit'jit  tlit  itiiiri  el  du 
Neeknr;  ni  la  très  aim-ible  Ileidelber;?  (25000 
hab.)»sil(i  hannonieux,  uuivei"sitê  fiunousi;  au  bord 
du  Keckar. 

Wurtemberg;  Souabe.  —  Le  Wurtemberg 
a  2  0^*000  ImliitJUils  sur  1  950OOO  heeUires,  lOi 
personnes  au  kilomètre  cnrn^.  Il  occupe  en  par- 
lie  l'aurieuiie  Soujibe  (Srhuubt'ii),  Icjre  gracieuse 


nii  vil  l<»  peuple  des  Sehwab  nu  Sehwob,  dont  sej 
^^nusscnl  les  dirions,  donl  se  moquent  les  eonl<»8, 
(n:iis  nutnuii!  Iribii  d*Allciit;i£^it('  n'a  duntiè  t;uit  de 
g:rands  hommes  à  la  pnlrie. 

Sous  ce  nom  de  Sehwab.  fjuî  ne  reconmitrait 
les  Suèves  du  1res  haut  moyrn  îlgc?  Ces  aven-j 
luriers  jjiM'uiains  dépecèrent  pour  leur  part  l'uni-j 
verse!  empire  Romain;  avec  d'anireséquan'isseurs, 
leuloiis  ou  non.  avec  tes  Aloins,  les  lluus,  les 
Golhs^  les  Vandales,  ils  coupèreul  el  laillùrent  en 
l^aule,  puis  eu  Ibérie.  et  1;k  dès  la  fin  du  sixième  ' 


flO 


LA  TKfinK   A    VOL   D'UlSEAl', 


siôcle»  ils  dispaiiirtMil  tliinslo  niagmn  *Vm  sorlironl 
deui  grands  poiiples,  IVapagnol  et  le  portiifi^is. 

Petit  [mys  i\m  n  fjiîl  de  ^'r;iitdt»s  rhostrs.  Il  n  dîs- 
pGi-sé  <It^  tout  temps,  depuis  iiiillt;  uns  peul-tHre, 
des  colons  sans  nombre  en  tout  pjirage.  voire  au 
Caucase,  en  Palt'sliiie.eri  fiuviitiis  il  -i  litr  p.irli  de 
toutson  sol.el  nurwu  Etald*b!ui\ipon'ii  relalivejuent 
autant  de  terres  en  culture,  en  comptant  comme 
ti'Hes  doa  forais  arnrnag/'es  i\  la  pcrfirlion. 

Il  n  |HMir  capitale  Slnllgfiil  (t50«HMMMb.),  jolie 
ville  û  4  kilofiïôlres  envii-on  du  Neckar,  qui  esl  la 
rivière  centrale  du  Hoyauine  et  le  li<Mi  ii.ilund  di? 
deux  des  ti'ois  ivg-ions  composant  le  \Vurti>nj|jtiJ-g  : 
lu  Monl.  le  Coleait.  le  Plateau. 

Le  Neekîir  et  son  ehannant  ariluent,  l'Enz.  nais- 
sent dans  les  sapinîèies  de  la  Montagne,  au  seîii  de 
l'aritifpie  Heiryriie  (F<n'êl-\(»ii'e),  IiIimi  dirnfnnée, 
(*Ite  qui  eouvi'it  jadis  l'est  de  la  Kiani'e,  l'ii'ie.st  de 
l'Allenjagne;  puis  ils  voni  se  j'enconlrer  en  tivafde 
Slull*;:ii'l.  MU  rjiilteii  du  (jileau,  région  de  vijL^amhles 
passables,  de  cliiiiat  modéré. 

Le  llaleau  est  moins  lié  aux  deux  milroa  rt'^gions 
naturelles  du  Hovaume  que  celles-i*i  entre  elles. 
Ni  de  p;u'  la  iialiire,  ni  ile  par  l'Iiisloiie,  la  llaute- 
Souahc  —  tel  est  son  nom  —  ne  fait  vf  linient  un 
rorps  orf^aiii4pje.  avec  la  lîasse-Smiîdjf.  i'.elle-ei 
appartient  an  Nerk.ar,  en  d'autres  tenues  an  Uliin, 
celle-lii  au  Danida*.  Delà  Basse-Siiuabe,  pi'oleslante, 
on  niotite  à  la  llante-Souabe,  ratlu>li(|ue,  par  de 
jaides  oscirpeiiiefits  :  rpriui  parle  île  Stuttgart,  la 
inélrupole  du  Wni'leniLerp;,  «le  Tubin^nn»,  sa  célèbre 
université,  ou  dp  louti?auti'e  ville  du  inuyeu  Neekar» 
ou  arrive  au  l'IatiNUi  par  di»s  i*hlailïes  dans  la  pierre 
de  la  lîude-.Montîi^Mie  (Il;iubt'  Alp),  rpii  esl  un  pro 
loun:enH*nt  4lu  Jura  par  delà  le  Uhin  et  le  Danube; 
dans  ces  entailles  |KU'fois  supeibes,  dans  ces  com- 
bes, au  pied  d'ariltcjues  etnUeaux  dont  la  muraille 
conduue  vers  le  ciel  researpement  des  roelies, 
fuiiMd  des  loirenls  transparents  nés  de  j^^randes  fon- 
taines de  lonlithe»  devant  la  piirni  de  snpitoi'l  d'un 
ijumense  plateau  maïuelonnè  qui  va  se  rattacher 
au  loin  ù  celui  de  la  Ikiviî^re  et  s'incline  vers  le 
Danube  :  devant  Ufnt  (rMt)(JO  Lab.).  ce  Tulur  j^^aiid 
fleuve  n'est  encore  qu'une  rivière. 

Hohenzollern.  —  \,t>  Wurlember?  enserre  en 
partie  l;i  |»rini'ipautê  de  llahen/(dlei'n,  qui  dépend 
de  la  IVusse  et  que  baigne  le  Daruibe  naissant»  ainsi 
que  le  Neekar  au-dessus  de  Tubinfjue;  d'un  mnnoîr 
de  ce  pays  st»rlirent  les  bobereanx  que  Tiivenir 
devait  faire  rais  de  Prusse  et  eiujiereurs  d'Allema- 
gne après  des  siècles  de  ruse  et  d'économie. 


Le  royaume  souabe  n  produit,  lui  aussi,  une 
maison  impériale,  celle  desHobenstaufen.  issus  d'un 
chdleau  duni  le  mamelon  chauve  regarde  le  chemin 
de  fer  de  ShiMirart  à  L'hn. 

Quant  à  la  tnïisiénie  grande  famille  allemande, 
celle  des  HabslKuirfî.  (pii  rèt^tïe  sur  l'empire  d'Au- 
Iricbe,  elle  sort  d'un  dunjun  de  la  Suisse  teutonne 
voisin  de  la  torrentueuse  Aar. 


Bavière  '  plateau  bavarois,  Franconie.   — 

De  par  ses  riolKKMH)  bnbitanls  sur  7580 000  hectares, 
ee  plus  grrand  des  lUals  allemands,  Prusse  i\  pari,  n 
presque  la  <lensil(>  de  pl>J^ulation  de  la  France  : 
pas  tout  a  fait  74  personnes  au  kibuuélre  carré  nu 
lieu  de  7Ô.  Les  71  centièmes  de  la  nation  bavain>ise 
professent  le  catholicisme,  avec  une  très  grande 
ferveur;  aussi  n'îiiîiieni-ilsffuère  les  Prussiens,  qui 
pour  eux  représenteiil  le  protesLinlisme;  entre  [ca 
deux  peuples  rc'i^ne  «ne.  tspèce  d'anlipatlne.  et  de 
loulesles  Iribiis  allent;:udes,  cesl  ei'lle  qui  se  plie 
K*  i*lus  malaisénu'ut  à  Ibé^émonie  du  Nord;  si  elle 
osait,  elle  re<^^ind)erait  contre  Taiguillon.  Race  en 
pai'lie  luaute,  siiitoitt  au  sud,  les  lîiivarois  ont  coi^ 
lainenient  ihi  sanj:;;  celliqui*,  cl  aussi  du  t^aw^  slave 
dans  les  veines;  on  parlait,  avant  l'an  mil»  le  Indin 
dans  leurs  Alpes  —  or  h'  ladin,  ce  frère  du  roii- 
manche  eur^ire  employé  dans  quehpjes  vallées  des 
tiiisons,  est  un  dialecte  nèo-lalin  qui  n'a  pas  cn- 
rore  tout  ;\  fait   disparu  du  Tind, 

La  Bavière  eoiu[iren(h(uelqu<"s  versants  des  Alpes 
et  la  h;iuti'  plaine  du  fkmube;  la  Franconie  ou 
répiin  du  Mi'in:  et,  sur  la  rive  f;aueli*^  du  Ilhin,  le 
Pohitinal,  cpii  tourbe  à  la  Fraiiee. 

La  plaine  du  Danube  ou  Plateau  bavarois  est  la 
plus  élevée  des  grandes  jdaines  allemandes»  el  ses 
185niè(res  d'altitude  moyetuu'  lui  dorment  le  second 
raii^  dans  toute  ri'jii(q>e.  après  le  haut  plan  (\v  (Ins- 
tille et  d'Fslrémadure.  A  côté  de  bous  lei-rains 
engourdis  peudatd  six  mois  par  les  fi'oids  altitudi- 
naires,  on  y  trouve  des  riptl  cL  des  moox^  fonds 
sponjfieux  plus  ou  moins  dessêciiés,  plus  ou  moins 
insalubres. 

Lorsque,  du  pays  Souabe,  la  Bavière  ailniel  le 
Danube,  elle  ne  rei;uit  en  lui  qu'une  modeste 
rivière  ;  quand  elle  le  transmet  à  TAutriche,  elle  en 
a  l'ait  un  courant  digne  du  nom  de  fçrand  fleuve  en 
lui  apportant  le  Lech»  l'Iaar  et  l'inn,  ce  dernier  su* 
périeur  à  la  Donau  elle-même  quand  îl  la  rencontre 
à  Passau,  en  vue  des  monts  de  la  Boliètiie,  juste  au 
bout  des  terres  bavaroises.  Lech,  Isar.  Inn,  empor- 
tent dans  leurs  Ilots  le  tribut  de  quelques  beaux 
lacs:  Aunnersee,  profond  de  245  mètres  lAVurniseo» 


ALLEMAGNE. 


m 


qu*onvirouneiit  bois  et  \ïllas;  Ciiiemsee,  grand  do 
JlMiOlMiL'iiaivs  avec  liOiiu'Mrcs  <le  rondzKùnigssoo 
ou  l;i4*  tlii  litM.  inngiiiliqucincnt  oiigoufïn^  d:iiis  la 
inontiigiit*.  t'I  où  la  sond»'  plonge  à  l'.H  nii'lres.  Le 
1).'uuiIk»  do  Itaviôiv  nt»  liaigno  qu'une  seule  faraude 
villf,  Ualisbonueou  Ui'geiKsburg  (  iOOOÛ  hab.). 

Quant  au  Mein  de  Francoaie.  celte  l'iviere  incroya- 
blement sinueuse  a  600  kilomètres  de  coure  pour 


250  ert  ligne  droite  de  la  source  à  l'embouchure; 
elle  eoult'  dev.iul  In  ville  :dleniande  qui  jouit  du 
climalieplusdimi,devaul\Vurzbourg(ri6(>O0liab,). 
passe  par  une  belle  trouée  entre  le  Spessart  et 
l'Odenwald.  baigne  Franeforl  et  s'achève  h  Mainz 
^70  000  liab),  que  nous  appelons  Mayence. 

Le  royaume  de  lîavière  n  pour  capitale  Munich 
(545Û0Q  hab.),en  allemand  Mûtichen. à  588  mètres 


tbftleau  (le  lioh«axuUeni.  (Voy.  p.  110.)  —  Dcttiu  de  Taylor.  U'aprCs  une  ]4lulue^i^hl<• 


d*altitude  dans  um*  pliiinede  graviers  nue.  en  vue 
des  AlpeslïaviihMses,  le  Imigdu  rapide  Isar  aux  eaux 
vertes;  ses  grands  nioiiurnenls  l'opiês  sur  le  grec, 
ses  galeries,  ses  eollerlinns  d  art  lui  ont  valu  chez 
les  Allfiiiauds  le  r<Mioni  «T  «  Athènes  :illi'in;ii)de  ». 
Nuremberg!  1*25  t>lMlli;ib.).  sur  la  Peguitz.  arHuriil 
du  Mein.  e>t  plus  nrrliaiqut»  encore  i|ue  fiantii^. 
t'I  nullt'  «icande  vilb*  altcuiande  n'a  mieux  conservé 
dans  Irur  intégrité  les  maismis  ouvragées,  les  ffué- 
Ires  sculptées,  les  places  étroites  comme  des  fonds 


de  puits,  les  ruelles  tortueuses,  les  culs-de-s«c, 
tout  It»  dèd.dr  sinueux,  ench»»vétrè  de  l'ère  médié- 
vale ;  A  celle  époque,  on  disait  en  proverln'  :  a  Les 
ran«uis  de  Strasbourg,  l'esprit  de  >ureniberg,  la 
îniTi'  de  Venise,  la  m.ignillcence  d'Angstumrg,  l'or 
(11  trn.  doinineul  le  monde  »,  et  aussi  :  «  A  Nu- 
rendierg,  le  moindre  bourgeois  vil  mieux  que  le 
roi  d'Ecosse  » 


Alsace-Lorraine.  —  Française  avant  1870,  l'Ai- 


119 


LA   TBRnK    A    VOL    OOISEAU. 


sace-Lorruine  oLt^il  depuis  1871  au  [Knilsches  Reirli 
apW's  Uïn'  ann^^xinn  fiinosli*  :  i*ll(^  :i  fait  !:i  France 
plus  l'uildo.  la  Ti'utoiue  plus  iiervoustî  i»l  plus  in- 
quiète, et  de  «  i'rëres  séparés  i»  les  Abaciens  sont 
devenus  piniv  les  Ailein^'uids  des  «  fn'Ti's  t*iiiii'iriis  m. 
r/*'si  un  beau  doiiiaine  que  ee  futur  n  Pays  Re- 
conquis )>  *  :  en  nvant,  le  Uliîiir  puis  jji  pliiiiie  opu- 
lente ;  au  Luul  de  la  pifiitic,  les  Vosges*;  etuprèsles 


Vosges,  noiivs  de  forints,  les  vnllons  de  la  Sarrv  l«1 
la  l)rill:ui(i*  Mosclli^,  dev^int  Mrtz  rnfiu  vioir*e. 

La  *(  pivniru-e  d'«'nipin'  »,  pliit^tienséritcnt  prtjpïèe 
que  l'Alleniagne,  surtout  que  la  Knuiec,  enlr4'tii'iil 
tfiOUKM)  ptM-sonrirs  Mir  !  iM  000  lierlar.'S.  soit 
110  iiabitauts  par  kiloïnêtre  e;irrè.  Lf  i'iri({uit*nie 
seulement  de  ce  million  **ï  demi  d*Alsai'iens-Lor- 
rîiiiis  a  le  frane^aîs  pour  langue  matenielle,   ilniis 


certaines  hautes  vrillées  d'Alsace  et,  en  Lorraine, 
sur  la  Scilje  *•!  la  Moselle:  cependaiit,  quand  siouia 
riu'ure  de  la  sé[jaraliiin.  li^s  AK'uiens  di*  verlh- 
allt'iiiand  étaient  les  Imninies  les  plus  l'raneais  de. 
Franre.  Ils  le  sont  encore. 
Slrasl>ou]-g  (1^20  000   lial>.).   à  5  kilomètres    du 

1.  Ou  ujtpL'Inil  ainsi  U;  [uiys  (ïe  («liais,  repris  sur  l'AupIe- 
lerrt;  f|iii  le  aiinh  rient  ffMils  nn«. 

2.  Klh-^  imt  i<.-i  leitrilùiiieculuiiimiit,  h  Ballon  de  GuebwiUci- 
ou  lialloii  de  SoulU  (t426  métrés). 


Hliin,  giTiupe  ses  vifillt's  et  ses  jeunes  maisons  au 
fti^nl  d'une  cathédrale  à  la  lléclie  idaiieéo,  ImuU'  de 
I  i!2  mètres;  elle  longe  Tlll,  rivière  de  plaine  qui 
hofl  di*s  liirrents  di's  Vosgi^s. 

Mulhoust'  (7.') 000 liai).)  osl  l'une  t\i'ii  cilés  indus- 
trielles les  plus  actives  de  rKurojie.  une  dt'  celles 
où  l'on  harasse  le  moins  l'ouvi-ier. 

Metz  (55  0ÛÛ  liab.)  bordt*  la  Muselle,  au  con- 
flueiil  de  la  Seille. 


AUTUICIlE-UO.NCniE. 


115 


Danube  :  le  Wirb«l.  —  lie»tu  de  Lancelut,  d'après  nature. 


AUTRICHE-HONGRIE 


62555720  hectares  el  il  28r)(H>0  lial»iUnts,  eu 
fui  fail  emiroii  00  pfi-^onncs  par  kilonu>tre  cnnv, 
\in\i\  rAulJ*i('Ijf-Hein^^ri<\  s;iiis  h\  lh}^u\i'-\\i*\yx'^_n\'u\v 
iiu'uii  li>su  il\lJlll^igullt's  ivilUirlie  à  la  luib  à  la 
Tun|uie  cl  ù  V  <<  Kinpire  dualibte  »  —  a  celui-ci 
plu(»il  qu'à  cclle-lii. 

Danube.  — Le  suporbe  floiive  Danube,  (rihutaire 
de  U\  luer  Noire,  essl  le  grand  lien  de  l'Ausln)- 
liongrie. 

Second  counnt  dTliimpp.  après  ta  Volga,  par  sa 
longueur  de  :!800  kilumèlres.  et  de  lieauroup  le 
premier  par  la  masse  uiityenne  et  tuiiiiiii't  de  ses 
eaux,  il  «ail  di»  ruisselleiiierits  de  la  FonH-Moii'O, 
dans  le  grand-duehé  île  Itade.  pjisse  de  là  dans  le 
WurhMuliei'g,  puis  d;l^^  la  Haviéiv,  et  il  arrive  en 
Aulriclie  par  270  uiêlivs  (ralliludi*.  déjà  (luissaut 
et  uiagniliqui*.  ;:randi  siu*  la  ri\e  droite  \ti\v  VUïer. 


le  Lerh,  l'Is-ir.  l'Inn,  torrents  des  Alpes,  et  sur  la 
rive  gauche  par  des  rivières  heauefiup  moindres 
issues  ilij  plateau  de  la  S^iuabe  ou  des  uioiits  di*  la 
Franciuiit'. 

Au-dessous  de  Linz,  entre  (iivin  ri  Kiciiis,  la 
IhKwiu  a  s<i  p«M*eée,  plus  l»**lle  que  d'il*'  du  Uiiin» 
mais  la  porsie  a  moins  ehanlé  ses  riirhri-s.  file  a 
moins  doré  ses  légendes  ;  la  roche  étrangle  le  fleuve  : 
à  droiti^  les  Al(h's,  »  gauche  la  Forêt  de  llohéme; 
au  Slrudel  lT*njrL)illo[i)  il  se  brise  en  ra[>ide,  au 
Wirbel  (Kemous)  il  tournoyait,  plus  dangereux 
qu'au  Sli'udel,  mais  on  a  fail  sauter  recueil,  eUe 
(^rand  Uitnous,  Maêlslroin  du  Hariulie.  a  disparu. 

Uéllvrée  de  ces  longues  gorges»  la  U<inau  passe 
devant  Vienne;  elle  reroil  par  la  Mora\a  iMarch) 
les  eaux  de  la  Moravie,  puis  à  ?(»zsiMiy  t»u  Preshourg 
elle  [iénélre  dans  la  haute  plaine  di*  Hongrie  nommée 
la    iVlile  Plaine,  par  opposilitui  à  celle  d'en-bas. 


^^ 


114 


LA  TERRE  A  VriL  rrniSEAi: 


qui  osl  plus  vaslc:  l;'i,  le  fl^nivo  so  disperst;  en  un 

rês4»au  coufiis  de  a  pi^iïs  llaiiulH^s  u,  bnis  sîins 
nombre  enfermant  d<ML\  '\Ws,  la  iNîlJh»  Si-liiitt  ol  hi 
Grande  Sclifitl  :  celliM'i,  t]iii  -i  1*m(UII)  hi'ctiircs. 
Unit  à  Koinùmrn  (Cornorn),  au  confluent  de  In  Vag, 
rivîciv  des  Tarpsiles.  Puis  l;i  phiitte  sï'ti'écit.  le 
fleu\e  n'ï>t'eriiï  lous  si*s  enfiuils  jn't*(li«:ucs  cl  s'en- 
gage au-dessous  d'Ksztergoin  ((Jran)  d.nis  le  délilè 
de  VisegTJid,  au  bout  duquel  s  oiivi*e  h  pluine  nui- 
jcurc  de  llung^ric,  jadis  l.ic  irrunensc. 


B;iign:inl  ïu  c.ifiil;ïle  do  l.'i  Innsleithanie  (lion- 
grie),  rornine  relie  de  l;i  Cisleillifinie  (Autriche 
]in>[jre)»  i)  sèpaiv  Pesl  de  lUide  —  eo  sont  les  deux 
I)iiilies  de  Itud.ipesU  (i  une  el  indivisible  ».  —  il 
enserre  In  longue  Ile  de  Csepel,  puis  boit  trois 
rourants,  dont  deux  issus  des  Alpes,  ta  Hnivc  et  In 
î>nve,  et  le  troisième  des  CîU*[»aleK,  la  Tisza. 

La  Dravc  unit  dans  la  glace  des  Hauts-T;mem 
(.'797  mètres)  ;  ta  Save  roule  en  luuyenne  1 100  iniV- 
Ires  cubes  par  seconde  el  570  en  êliage;  la  Tisia, 


IVauubo  :  le  Slruild,  (Voy.  |».  113-)—  Ucssm  dt  Lanctilûl,  d'après  nature. 


la  rivière,  centrale  de  llaiigne^a  1700  mêlées  cubes 
de  portée  moyenne,  avec  ioO  ù  rèltnge  et  iOOO  en 
crue.  Si  ((  l'Arga,  l'Ega  et  l'Aragon  l'onl  de  TÈbre 
un  pei'sonna^^e  >j,  la  Dravc,  la  Save»  la  Tiszn  font 
du  Dnnulie  un  etuii-nnt  de  plusieurs  niilliei*s  de 
mètres  cubes  par  seconde. 

C'est  celte  eau  sans  pareille  en  Europe»  digne 
des  fleuves  d'Asie  et  d'Amérique,  et  plus  n  gl(>- 
rieuse  »  qu'eux  parce  qu'elle  a  bu  plus  de  sang  et 
qu'on  y  a  verse*  [ilus  de  birrues,  c'est  ce  lleuve 
contenant  plus  de  deux  fuis  le  lîtnine  et  le  Rhin 
réunis  qui  suri  de  rAulriche-lloiigrâ*  par  un  chenal 
dans  la  rocbeoû  quelquefois  150,  1  iO»  150  mètres 


seulement  séparent  les  deux  rives,  mais  la  pro- 
fondeur est  grande,  7*0,  iO,  lit}  mètres.  Celle 
dernière  percée,  longue  du  plus  de  KMI  kilomèlres, 
s'appelle  dans  son  ensemble  ie  dèfilè  4ies  i'orles  de 
Fer,  nom  qui  est  spécialement  ci*ini  d'une  suite  de 
rajndessurun  crible  d'êcneils,  sur  le  porphyre,  le 
quai'lz,  les  schistes  cristnllins  :  ruches  ou  «lures  ou 
très  dures  que  le  Ihnuiie  a  peine  à  ronger,  bien  que 
tel  de  ses  courants  y  [wsse  avec  une  vilesse  de 
t*8  mètres  el  demi  par  seconde! 

En  moyenne,  le  Danube  roule  ici  10220  mètres 
cubes  par  seconde;  en  crue,  il  n'y  peut  passer 
mut  entier;  il  relîue  alors  au  loin  dans  la  plaine 


ALTRICIIE-llÛNGniE. 


ii: 


hongruiât!,  mroiilfuil  Mohiv-i  serho  ni  Savp  ol  Tomes 
el  Bega  el  Tiszn.  cvlk'-ci  parfois  jusqu'il  I.Sil  kih>- 
nirlivs  (Ml  aiririril;  fl  la  ll*)iifrr'u!  jtlmic  retk'vii'iil 
fn  p;irlii»  ce  qu'i'llc  lui  tmil  t'Ulit're  inaiil  ijnc  son 
fleuve  eûl  Ii'îuuIk'  Il's  jdoiUs  dt*s  Portos  de  Ter  : 
uu  vusle  iae.  et  co  l;ic  eu  sï'coulaut  fait  place  à 
des  luiirùca^'eâ. 

Honnis  \r  iitlond  de  TAdrialique,  hormis  In  Bo- 
hùnw  qui  dèj^Mui  de  l'Elhi',  la  Silésie  nulricliieiiiie 
inoliiièe  voi's  la  Visla,  t*t  \a  Gallcie   luurnée  vers 


celle  lUL-me  Vislule  ol  vers  le  Dniester,  laule  TAu- 
tricho  relève  du  Danubu. 

Pays  d'Alpes.  —  I>*Au(i'irhe  a  sa  bonne  part 
des  Alpes.  Uans  lOrllor.  1  ŒlztlmK  le  Stnbaier,  les 
IlnuEs-Tnuom  ou  Gmss-Glockiier,  tu  masse  des 
^'Uiciei-s,  la  hauteur  des  cascades,  la  fiakiieur  des 
prairies,  le  charme  des  lacs  font  du  Tirai  et  du 
pays  de  &dzhourg  une  «  Suisse  »  plus  belle  peiil- 
ùUv  que  rilelvélie  inL^me,  nvec  une  végétation  plus 
êclal;uile.  Rien  que  dans  l'Œtztlial  et  le  SlubaiiT 


Muukw:  aôlll6  des  Portes  do  Fer.  —  tN»Alii  Uo  Laiicdoi,  d'iprCs  oitiire. 


an  a  reconnu  r.OO  placiers;  le  seul  Œlzthal  est 
plaqut*  de  57  "lOO  lieclares  de  glaces,  le  Tirol  entier 
eu  a  (â6ô(>();  ta  montent  les  pies  d  souverains  » 
de  l'Empire,  entre  r»(>lMI  ol  ."905  mètres  :  celle 
dernière  altitude  est  relie  de  l'Ûrtler. 

Dans  les  monts  de  la  Uasse-Autriehe.  compris 
entre  l'Knns  el  Ir  cèlèhn;  |>;issjîge  du  Semmering, 
aucun  souunet  n'atteint  deux  mille  ttiiHres.  Dans 
les  Al|>es  calcaires  où  les  Allemands  lunt  fci'^duel- 
Icinent  plac^  aux  Slaves,  les  cimes  1res  élevées 
sont  rares;  le  Kanivanka,  entre  la  Drave  el  la 
Save,  se  redresse  en  ma^Muriqth»s  angles  calcaiivs 
d'un  i*uui(t*  pâle,  mais  î»on  plus  haut  pilun  S4!  lient 


inodestem«'ut  à  22SO  niMres;  le  Triglav  aux  trois 
pointes,  qu'iMiltnir*nil  les  sources  *le  la  Save,  a 
2  685  mètres:  il  porte  les  dernières  ginces  orien- 
tales di*  liKiles  les  Alpes,  el  l'on  dit  ipie  son  som- 
met plane  sur  U*  panorama  le  plus  grandiose  de 
rAulricfiii. 

Carso.  —  Au  midi  de  la  Save,  el  jusqu'à  la 
corniche  des  versants  stèrih^s  qui  wm-hmiI  de  f»rèa 
rvdrialiqne.  sêlend  le  Cai*so',  plateau  de  5(MJ  mè- 
tres   d'allitude.    aride,    affreux,    nu,    lameutahle, 

1.  Frt  allemand  kiirst. 


116 


LA  TERRE   A   VOL   D'OISEAl). 


terre  ro^igt*,  rocs  et  raill(»u\  ciilcaircs.  Nulle  part 
au  muridc  il  n'y  :i  lanl  ilc  [ii*'r*tv  vive,  d'artMi's 
casst't'S,  de  Oi'cux  (!all^  hi  iviclie  ;  l;iiil  (l\Mil(niiH»irs 
de  do(ina,  disent  i*'s  Vim^^*)-Slavi's^  iU'  lîuriuiilitK'*''» 
de  foiha,  dii>eiit  les  Iblieiiî)  du  littund  :  en  un  mot 
tant  de  ^mifTn*s  ^enlld;l^tles  auï  ;i\rns>  jHjits,  oni- 
posieux,  emhues,  scialels,  sou<t^,  r|(Hif*s,  ij^oies, 
tindouls,  goijieijt,  louroiis  de  nos  rraies  et  eale^uros 
de  Franre  ;  et  fhirldut  de  pnjrotides  câvernes  cu'i 
fuieul  dans  TundHe.  eti  lliilh  plotnliés,  en  sourdes 
easrades»  di*s  (oi-n*iits  que  des  suun'es  niagiiifiques 
rejettent  |)rès  de  la  nier.  Le  Tiinave,  rivière  de 
TiO  rnèlres  de  |j»rge  qui  se  verse  dans  l'Adriatique 
après  ^  tviliiriii'li'i'S  lie  eours.  vers  [hiimu  non 
luiji  lie  Trieste,  tv(;iiit  (les  lacs  eidennés  sous  le 
Cfu*so  le  cristal  de  ses  trois  fontaines  :  les  euux  de 
cette  Vîiueluse  sont  peut-iMre  relies  de  la  niéka*, 
torrent  (pii  s'iMigoullVe  dans  une  «galerie  du  inc. 
Nous  savons  qu'autrefois  le  Tiniave  nmnlait  an  jour 
avec  plus  d'idntntl.inrc;  il  a\ait  sept»  neuf  ou 
nn'^hU"  diMizi^  jets;  c'ctail  la  <t  source  w,la  u  mère  i> 
de  TAdriatique.  «  Il  sort  du  mont,  dit  Virgile,  par 
neuf  lionciies»  avec  fracas,  c<inirne  une  mer  décliaî- 
née,  et  euuvre  la  plaine  île  ses  va;^'Ucs  S(*tniantes.  » 
Si  de  fleuve  il  s'est  fait,  on  ne  sait,  quand,  petite 
rivière,  c'est  parce  qu'il  n'aeliève  ;uijouid'hui  que 
j:i  ttii'ka,  tandis  (pr.-t|oi-s  il  c(»nliini;iil  priilt;diletne[tt 
aussi  un  plus  «rr-atid  coui-s  dVau.le  Sonlius.qneuous 
ap|»e1oiis  l'lsi>[i/o — l'auLique  Sontius  cintrl  luaiu- 
tenant  à  lAdriatiquiî  après  avoir  Laillé  eu  fîorj^^es  les 
nionlsdi'  (iiadisca.  tnais  on  pense  qiïe  jadis  il  s'ai^ 
rêljjit  dans  un  lac  ferme,  et  que  par  des  fentes  du 
Cai-so  ee  lue  gagnait  les  rêservoii-s  cachés  du  Ti- 
mave.  Ouoi  qtj'il  en  soit,  la  «  tnère  de  l'Adriati- 
que "  peut  descendre  à  400  Nli'es  par  seconde,  sa 
moyenne  csL  d'un  peu  plus  de  U  mètres»  ses  crues 
sont  de  TjO.  Une  autre  fonlaiue,  inuneMNc  ccile-lî\,  la 
Uicka  de  i'ininc,  cuici  une  largt^  el  froide  rivière. 
Et,  de  l'autre  cùlè  des  niontag'nefl,  un  courant 
transparent  sort  dest;randes  voûles:  cVst  la  l*inka. 
Uans  sa  i'ourse  sntis  niclie,  la  i*inka  Liaiguc  les 
corridors  4le  la  PosIoÎïki,  nnM'vcillcuse  f^rolle  que 
les  Allcin^inds  mniuneiit  cavertie  d'AdcIshei^,  puis 
elle  rennnili*  ;ni  jour  sous  uti  autre  nom*  ensuite 
elle  rentre  dan»  les  ténèbres  du  Carso,  vaguement 
èclain-es  de  lueurs  speilrales,  enfin  elle  reparait 
nu\  Tonlaines  «te  la  Lailiacli.  aHluenl  navigable  do 
la  Save.  Celle-H?i  huit  tant  de  bi'îllanles  sources  d'un 


1    Sïavo5  du  SuH. 

'J.  Vj!  mot,  cûininiin  h  tous  les  dialectos  slaves,  signifie 
rivière. 


bleu  vert  ou  d'un  vert  bleu,  par  elle-même  ou  pnr 
ses  aflhienfs.  (pi'elle  roule  eu  eau\  bflsses  plus 
d'onde  que  (cl  fleuve  1res  hautement  Ci'-h'^bri*.  Hn 
])()mute.  paiini  ces  inagniflijues  Jaillissements  du 
Carso.  la  Huinitsi.  la  Koulacba,  ta  (ilobornits«i.  le 
Bistrats,  la  T*uindjitsa.  la  font  de  Poport-selo,  etc. 
Nous  connaiirous  un  jtiur  une  paiiie  du  monde  sou- 
terrain qui  va  de  toutes  ces  pertes  de  torn^nts  du 
plateau  à  toutes  ces  sources  de  i(  piéuiont  u.  fi\ 
Ton  fait  ce  qu'on  se  propose  de  faire  :  élargir  ri 
rt'Iever  .'i  la  mine  la  voûte  des  cavernes  par- 
t*)ut  où  la  roclie  surkiissée  rompriino  en  tomps 
<le  pltiie  la  rivieVe  engouffrée  el  la  refoule  en 
întonlatioTi  ri.tns  ti^  vallon  sn[»èrieur.  Les  [inysans 
savent  par  une  séculaite  expérience  rattjicher  ers 
fimtai nés  d'aval  aux  puits-abimes  d'anumt  qui  leur 
c(»rresp(Hidenl  —  il  n'y  ,t  (;uéie  d'exception  «jue 
poui-  la  (îalchka,  la  Lika  el  le  torrent  aspire  par  le 
gouffre  de  Lueg. 

Dâlmatie.  —  Le  Carso  se  relie  vers  le  sucl-est 

aux  rocs  nus  de  ta  Dâlmatie,  province  éf^aleuieiit 

fameuse  par  se»  siq>erbes  fontaines  :  telles  jaillir 
sent  sons  mer  la  ford  de  (laUarn,  et  siu*  teritî  la 
Cétina,  la  Kerka,  le  Giadrf>,  Ttlmbla. 

La  CèliiKi  coule  d'un  gouflVe  profond,  au  pied 
d'une  parai  calcaire  où  s'ouvre  une  gnUlo  rolôbi'e. 

La  Kerka  sort  du  txw  à  1 'im[>rt>visle,  dans  le 
pays  de  Kniii,  grande  connue  une  Ilordo^ne. 
cojiime  une  Garonne  â  l'élia^'e  (?)  ;  en  un  point  de 
son  coulas  de  .">.'>  kilotnètivs,  sa  pente  se  brise  et  ollu 
tombe  de  iO  mèlies  en  l(î  ressauts,  entre  roi'lios 
vives  ou  ^'uirlaiides  de  fenillafre.  siu*  les  draperies 
de  [jjen'c  tpie  la  rivière  elle-ménn'  tisse  loua  les 
joui-s  pai'  le  dèpiH  de  ses  eaux  calcaires. 

Le  Giadm,  où  se  narïtil  Snlone,  ivncjntre  la  luer 
dans  le  gidfe  de  Spaluto,  à  une  demi-lieue  de  sa 
nM'Iie  natale, 

L'OniUla  n'a  que 'J  kilomètres;  il  l'nit  en  cliei^ 
cbcrl'(n-ii;ine  dans  la  Trèbenslitsn,  lorrcnl  qui  dis- 
parail  snr  les  plateaux  de  riler-zéi^nviue;  c'est 
pivsde  lla^mse  que  rOnd)la  naît  et  meurt.  Donné 
par  les  Italiens,  ce  nom  de  Uni.'ttse  esl  traître  :  sous 
ce  terme  néo-lalin  C4ijiujienl  recounaitre  lu  tanieuse 
[ïubr(}vuik  qui  fut  louf^tetrips  le  llatnbeau  des^laves 
du  Sud? 

l»es  monts  Dalmates,  le  regard  plonge  sur  TA- 
drialique  dont  les  liords  lumineux  ressemblent  à 
une  ÎVorvège  où  mùritaienl  des  dalliei-s .  Nor- 
vège satrs  glaciers,  mais  qui,  chaudement  éclairée, 
n  la  beauté  n  méditerranéenne  ».  r*ays  superbe 
s'il    avait  quelque    verdure  el    si  deux  vents  n'y 


118 


LA    TERRE    A    VOL    DOISEAr. 


soufllaienl  pns,  rardtuit  sirocco  ot,  surtoul  en 
janvic]'  +*(  fil  fi'vrii*i\  l'jïhuminablt^lmm.  inii  tl*'s*'iMid 
du  nord-iKK'd-i>st,  frnitlts  aigin"',  itiin*HiKnists  lu- 
gubre, agin;jinle. 

On  prétend  qiit»  rînsîgne  nudité  dt*s  versants 
dalniates,  et  aussi  ci'lle  du  Carso,  vii'nni'nl  dt^s 
Vénitiens;  les  fils  de  la  cité  des  Lagunes  auraient 
aliattu  les  forêts  de  ces  monts  pour  Tenlrelien  de 
leur  mari  lie. 

C'est  chez  les  Dalniates  qu'ils  recrutaient  les 
équiyjafïes  de  leurs  vaisseaux,  rmnme  le  fait  aujour- 
d'hui rAutriclte.  La  flotte  qui  vain([uil  à  Lissa 
Li  flotle  iïalienrie  n'avait  pas  pour  niariiis  des  Al- 
lemands, mais  des  hanmies  de  la  Hatnialie  liUo- 
ft\\*\  ou  Lien  de  h  Ifalniatîe  des  îles  :  Ve^^^lta, 
Cfiersu,  Aii»(\  l*agt>.  Lungii,  (erre  lon^Me,  eflilée, 
(jue  prolonge  Incoronalii,  l  gliano,  Pasnian,  Urazzu 
qui  (If)nne  un  bon  vin.  Lésina,  Lissa,  Curzola,  La- 
gosla,  Meleda  ;  loules  s^iteridiftement  tltnmimVs, 
dans  une  inei'  harmonieuse,  eu  vue  de  l'empile- 
ment des  roches  qiiî  de  la  cdle  montent  aui  Alpes 
Dinariques.  toutes  sans  arbres  et  fouettées  tanlilt 
par  la  hura,  laiih>t  par  le  sirocct». 

Au  midit  tout  h  fait  au  Lout  ite  la  l'ive  dalrtiale^ 
un  cartal  élroit  roiiduil  rAdri.-ilique  dans  le  gnllr  Je 
Cathii'o,  Turj  des  mieux  abrités  sur  terre;  les  tuoiï- 
lagnes  raide^,  les  rocs  a  vif  qui  se  rellêteiit  dans 
ses  eaux  apparlieimeul  aux  princes  du  Montt^négro. 
vaillanLs  Imbiireaux  slaves,  indomptables  jusqu'à 
ce  jour. 


Hongrie  et  TraDsyLvanie  :  Âlfœld  et  Felfœld, 
Puszta  et  Mezœseg.  —  \Hi  sommet  des  Alpes 
cak'iiiies  les  plus  iivancées  vers  l'est*  le  regard  se 
perd  sur  une  [ïlaîiie  innnense  où  ta  Ihina  et  laTîsza 
coulent  entre  des  rives  mouillées.  Duna  est  le  nom 
magyar  du  Danube,  et  Tisza  celui  d'un  tributaire 
dont  le  bassin  couvre  plus  de  ITv  milliotis  d'iiec- 
tares.  Tetle  plaineest  la  plaine  de  la  basse  Hongrie, 
séparée  de  la  Hongrie  supérieure  par  les  défilés 
d'Kszlergom,  que  le  hanube,  venu  de  Vieime  par 
Fresbourg,  a  creusés  entre  des  monts  de  porphyre 
el  li'itehyle  et  de  eliarmaiiles  collines  agrestes;  la 
plaine  lie  la  haute  Hongrie.  «  Jardin  de  l'Occident  m, 
u'a  pas  1200000  hectares,  celle  de  la  basse  Hon- 
grie s'étend  sur  près  de  10  millions. 

La  basse  Hongrie,  c'est  l'Alfœld  des  Magyars, 
c'esl-û-diic  le  Bas  l'ays,  [j.ir  opposition  au  Peltudd 
ou  Haut  Pays.  On  a  calculé  que  la  plaine  occupe 
o2  centièmes  de  la  terre  magyare,  les  hauts  pla- 
teaux et  les  mont^igues  30  centièmes,  les  collines 
58  centièmes. 


Le  Bas  Pays  hongrois  va  du  Danube  aux  pn^nnersl 
renftemeTilsdes  (Karpates  el  des  monts  Transylvains. 
parfois  si   plat  que.  lorsque  lluna  et  Tisza  débor- 
dent», elles  peuvent  y  submerger  un  largi>  millioa 
d'heclares. 

La  Tisza,  jadis  raerveilleusemenl  tortueuse,  c^r 
en  Tabsence  de  pente  elle  ne  sait  où  couler,  avait  | 
plus  de  I2r>0  kilomètres  de  circuits  pour  une  lon- 
gueur de  ^40  seulen^ejit  entre  la  source  dans  les 
Carpates  et  Tengloutissement  dans  le  Danube;  les^ 
ingénieui's  l'ont  raccourcie  de  40(5  kilomètres  par 
des  sections  d'isthme,  ils  l'ont  élnvitement  endiguée, 
et  elle  n'en  est  que  plus  funeste,  elle  crève  s«»  | 
digues  ou  les  dépasse  et  menace  les  villes  de  ninle- 
mort  :  témoin  Szegwl  ou  Szcgedin,  qu'une  de  ses 
ex[iansions  a  presque  détruite;  el  quand  elle  se  nv 
tire,  ce  sont  lbn|ues  d'eau,  bras  morts,  roseaux  oii 
le  moucheron  bounlonne,  marais  couverts  d'oi- 
seaux cl  pleins  de  sangsues,  tourbières,  sariY»t2  ou 
prairies  biiueuses.  Si  l'on  s'éloigne  des  rives  nial- 
gttines  et  qu'on  arrive  sur  les  hauteurs  de  sol  que 
ni  Tisia,  ni  Szninos.  ni  KaTQ?s,  ni  Maros  n'nttei- 
gnent  jamais»  l'aspect  change;  la  plaine,  aux  vil- 
lages rares,  grands  comme  des  villes,  ondule  en 
riclies  moissi)ns,  et  dans  les  prairies  à  perle  di»  vue 
paissent  (rinnnenses  troupeaux  de  bœufs  h  cornes 
gigantesques. 

Kntre  la  Tiszn  louvoyante  et  le  hir^re  D.inuhe 
dont  les  sillons  sont  parallèles  pendarïtviOOâ  400  ki- 
loniHres»  s'allonge  la  MésopoUuiiie  hongroise,  np- 
[lelèe  en  fuagyar  la  Puszta,  c'est-à-dire  le  Désert. 
Large  de  SO  i^  9(1  kilumèlres,  avec  un  contour  de 
plus  de  500,  la  Tuszta  plaie  a  ses  mirages  c-^^mmo 
r^gypte,  ses  sables  volants  comme  les  Landes,  des 
clialeui*s  de  S:di;ira,  des  fn>ids  polaii-es,  des  vents 
alfreux»  ou  brûlants,  ou  glacés.  Pour  arbi'es,  des 
arbustes,  des  buissons;  point  de  sources,  pou  de 
ruisseaux,  des  puits  à  potence;  les  rarissimes  cours 
d'eau,  laids,  lents,  lourds,  louches»  méritent  tous 
le  nom  do  Sarviz  (Kau  bourbeuse)  que  [lorle  une 
rivière  de  la  plaine,  sur  la  rive  droite  du  Heiive. 
Pas  une  roche»  pas  un  caillou,  de  la  tenv,  toujours 
ile  la  terre  :  a  Dans  lAlfœld,  dit  le  proverbe,  on 
pave  avec  de  la  buue.  u  Là  aussi,  en  temps  hu- 
mide, ta  fange  est  le  cinquiènje  élément,  tout 
comme  en  Pologne,  en  Fïussie  Blanelie,  en  Lilhua- 
nie.  Par  bonheur,  il  n'y  pleut  pas  trop;  même  il 
n'y  pleut  pas  toujoui-s  assez,  et  il  y  a  (elle  saison 
de  sécheresse  où  ce  n'est  plus  la  fange,  mais  la 
poussière  qui  est  le  cinquième  élément. 

pourtant  la  Puszta,  d'ailleurs  fertile,  est  belle: 
d'abord  de  la  libre  expausioa  du  regard  qui  mjîtricQ 


AITUICIIE-UONCRIE. 


II'J 


r 


loiil»-'  l;i  pliïine  jusqu'à  rheiiiicyi'ltî  l>lru  i\es  <!îîr- 
palos.  puis  lit'  lit  ^rî\cc  tle  ses  pr.iiries  niilurelles. 
I>es  csardns,  iiinUons  do  pist^  toutes  fort  basses,  y 
logent  tant  bien  i\iw  uiiil  des  bergers  ù  demi  no- 
mades, czikos  ou  gnrdewrs  de  chevaux»  gwlyas  ou 
gardoui-s  de  boPuPs»  juhacz  ou  gardeirrs  de  moulons, 
et  kanacz  ou  gardeurs  de  porcs.  Los  c2ikos  sont 
les  (lîutchos  de  l'Europe;  le  gulyas  habite  une 
chauinine  de  roseaux  poinlue;  le  ju!iac7,  armé  de 
la  hache,  préserve  du  loup  ses  troupeaux  eu  coni- 
pîignie  de  chiens  féroces;  le  kanacz  promène  ses 
bôles  prngnantes  dans  les  forêls  de  chines.  Mais  la 
culhire  rrn'lhodique  sVinparerapideiiicnl  thi  gnuul 
steppe  herlK^us  où  les  coii(|uèrants  lïongn>is  retrou- 
vèroiil  les  iuiinenses  pâturages  [ïlats  dos  landes 
orientales  d'où  leurs  hordes  èlaiouL  parties.  Allb'ld 
et  Pusztasoïit  la  vraie  pairie  du  Magy^tr,  ex-nouiade 
devenu  malgrv  lui  sédentaire. 

A  la  droite  du  Danube,  sur  le  chemin  des  Alpes, 
la  plaine  de  Hongrie  se  relève  plus  vile  qu'à  sa 
gauche,  sur  la  i-oule  des  Carpale;?.  Au  pied  do  la 
Forêt  de  Hakony  (715  mètres),  uumiIs  velus  de  hOtres 
el  dt*  cht'nes»  le  lac  Ualaton  ((îOOOO  herlares)  est 
une  eau  rie  K  niêLn^s  seulement  de  itu>yonne  pro- 
fondeur çà  el  In  coni innée  par  du  marécage;  entre 
celle  même  ninnlagne  el  Vienne,  le  Ferla*.  Nieuse- 
tlel  desiAllemiinds,  pnrfoîs  loitl/i  falL  sec,  varie  enliv 
50(K}  ou  iUDlJ  hectares  et  40  OtH)  suivant  la  hauteur 
des  eaux  du  Danube,  delà  Leilha.dela  Baab,  qu'il 
ingurgite  ou  régurgite;  il  n'a  pas  droit  au  nom  de 
lac,  mais  à  celui  de  palus  et  de  l)Ourbe. 

Au  nord  el  à  ï'esl  de  la  [ilaine  hongroise  s'éla- 
gcnl  les  (liirpates  el  les  inorHs  Transylvains.  Les 
Cirpates  vont*  piir  un  dcnii-cercle  de  1440  kiloniî-- 
Ires,  du  Danidje  :\u  Danube,  de  Pfvsboni-g  où  com- 
mence la  plaine  hongroise,  aux  Portos  de  Fei"  uii 
elle  se  termine.  Ils  couvrent  90000  kilomélres  car- 
rés, un  sixième  de  la  France.  Leur  maître  massif, 
gneiss  et  granits  eslraordinairement  sauvages,  le 
Talrn,  monte  à  2  603  mètres,  presque  aux  neiges 
éternelles,  mais  ses  versants  sont  trop  raides  pour 
suspendre  beaucoup  de  frimas;  à  ini-liauleur, 
11^  lacs  verts,  tous  potils,  comme  des  lacs  de 
Gaube.  versent  li*urs  eaux  à  la  Ilnnajec.  tributaire 
de  la  Visia,  et  à  la  Vàgdaruibieimo,  l'une  des  deux 
rivières  de  Komàroni. 

Les  Carpales  du  Nord  se  lèvent  enlre  la  Hongrie 
el  la  Galicie;  ceux  du  Sud  ou  Monts  Transylvains 
portent  le  «  Piiys  des  FortMs  w  :  c'est  ce  que  veut 
dire  le  nom  magyar  de  la  Transylvanie,  Enlely, 
en  roumain  Aniaaiul.  —  Le  nom  français,  lutin 
plutôt,  en  est  i\  peu  près  lu  traduction. 


Si  le  plateau  transylvain,  vaste  de  0  à  7  millions 
(rheclares,  à  l'allilude  moyenne  de  4Ô0  mètres,  ne 
comprenait  pas  taiil  de  plaines  nues  el  triviales,  si 
ce  Meimseg  ou  pays  du  Milieu  ne  ressemblait  à  la 
Champagne  Pouilleuse,  la  Transylvanie  serait  une 
Suisse  en  tirienl.  Ainsi  (pie  l'Ilelvélie,  elle  p:n"lage 
ses  plaleanx,  vallées,  fnréls  (pio  lianleni  l'onrs,  le 
lynx,  le  loup,  onlre  trois  peuples,  les  Roumains, 
les  Hongrois,  les  Allemands,  tous  Ir'ois  ran4;onnés 
jusqu'à  la  ruine  par  le  juif,  rjui  est  l'aubergisle, 
répicior,  le  préteur,  l'universel  usurier,  el  qui 
s'empare  <lu  pays  a[>rés  avoii-  mis  h»  paysan  sur  la 
paitio;  elle  dontino  au  tuitli  la  platru'  vala<pie  lU  te 
lointain  Danube,  connue  t'acroptde  suisse  voit  de 
haut  la  plaine  lombarde  et  le  l'A  lointain.  Ses  pics 
les  plus  élt^vés,  lo  Negoi  (2555  mètres),  b»  Ilelyozal 
(t!MH>  inéli-es).  le  huoses,  etc.,  elc.  arrivenl  pres- 
que à  l'altitude  du  Taira  lui-même. 


Galicie  et  Bucovine.  —  Tous  les  pays  d'Alpes, 
sauf  rislrie  et  lo  Italmatie.  toute  la  Hongrie  el  la 
Transylvanie  relèvent  du  Oannbe,  ijui  les  traverse 
ou  en  reçoit  les  eaux.  En  deboi-s  du  bassin  danu- 
bien, l'Empire  englobe  deux  contrées  tournées  vers 
d'aulres  horizons  —  la  Gaticie  el  la  Ikihéme. 

Do  ces  doux  conirèes,  la  plus  exceiilj-iquo  osl  la 
Galicie,  autrichienne  par  les  jeux  de  l'intrigue  et 
du  hasard,  russe  par  loule  sa  nature  d'iuilre-tlar- 
pates,  sa  liaison  avec  la  grande  plaine  sarniah'* 
son  climat,  les  deux  langues  de  ses  habitants. 
Parti  de  Vienne  ou  de  Budapest,  les  rnèlriqmles 
austro-hongroises,  on  n'y  arrive  qne  par  une  l'ouïe 
longue,  el  diflicile  à  cause  des  monts.  La  Bohême, 
au  contraiiv,  est  cornaje  tissuo  avi-c  la  partie  de 
rAutricho-llongi'ie  qui  gj-avile  autour  de  Viorme,  el 
le  Danube  effleure  longtemps  les  contreforts  de  la 
Forêt  de  Bobênu*,  chaîne  basse  aisée  à  franchir:  si 
bien  qu'un  chemin  de  quelques  lieues  seulement 
mène  du  grand  fleuve  à  la  Vltiiva,  rivière  centrde 
de  la  Bohème. 

La  Galicie  n'a  pas  moins  de  G57S0*H)  âmes  sur 
un  domaine  de  7  X55200  hecljuvs,  ou  M  pei-sonnes 
par  kilomètre  rarn»  :  plus  qu'eti  France,  el  cela 
malgré  le  climat,  qui  est  dur,  car  la  conti'èe  ri^ 
garde  le  nord  el  le  nord-est,  bouches  des  venis 
froids.  Sol  plantureux,  piUis  savoureux,  belles  forêts, 
raines  inépuisables,  sel  gemme  plus  que  partout 
ailleurs  i^tpélrule  comme  eu  Amériqm*,  ce  pays  polo- 
nais-ruthène  a  sessupérioriUS.  Les  Carpates,  fpn'  le 
sèjiarent  de  la  Hongrie,  montrent  surtout  desn»cbes 
de  grès;  de  leurs  forêts  profondes  les  eaux  courent 


ISO 


I.A   TEHRfc:    A    VOL   D'OISEAC. 


il  l'i  Visia  ol  h  trois  rivières  galiciennes  par  Icui's 
soiirci*s  et  leurs  aniuenU  su|iêrieni*s,  au  San  et  au 
lîdUg,  tril*ïjt;iin's  (ic  l.ï  Vishi,  c\  au  tortueux  fleuve 
ïhiiesler.  Au  iiurti.  sur  la  VisIa,  sur  le  Sjin,  on 
parle  polonais;  au  suti,  sur  le  Houg  el  le  Dniester. 
on  p^'iiie  ruihène  <m  !ir;)li>-russirii.  i>(  fl'une  lynj^e 
à  l'fiulreou  se  liispiiteerilre  Irères  slaves. 

Dhii8  les  villee  el  bourgs,  les  Juifs  grouillent, 


au  nombre  de  plus  de  700000,  le  douzit'moi 
roLV  pullulante  et  colportante.  Trois  pays  qui 
toucliriit,   1;)  Galïrie,   la  Pologne,   la   Malo-Hiisiiiie 
siml  <leveiius  par  le  hasard  des  lenips  lo  |irinci|] 
asile  des  Uou/e  Tribus:  Kpliraini   el  Juda  s'y  rou 
(ïnjrNl    avee   des   milliers    et    l'iu'ore  des  millier 
d'Israrlifcs  (pii  ne  deseendetit  point  du  pasteur  dfi 
Ir  en  Chaldée,  mais  qui  professent  la  loi  de  Mois 


Carpales  ;  La  cbaine  ilu  Taira.  iVoy.  p.  119.J  — t>e*sin  de  **.  VuiUter,  d'après  une  pholograpàie. 


et  qui  hAlenlr  roinrne  leurs  autres  rrèn»s  en  la  foi, 
raeeornplisseineiil  de  la  pro[ilirlie  faite  à  Abrnliam: 
n  Ta  postéi'ifè  sera  plus  mimbn'use  que  le  sable  de 
la  mer.  i>  Ils  rroissenl  foiinidjtblernenl,  ils  sVni- 
pai'enl  du  sol,  du  ronirnerce,  de  riinlustrie  :  «  Tout 
par  iiotis  et  pour  nnusl»,  peuvent-ils  ilîre,  et  les 
cités  de  la  iralieie  soni  d'oivs  el  drjà  juives  autant 
que  pobuuiisi's  ou  ruibèiies-  ils  parlent  en  générnl 
ralloniand  à  côlô  des  deux  grandes  langues  du  fMiys, 
et  (juatkd  il  n'y  avait  pus  encore  d'aidiséniitisnie, 


on  les  glorifiait,  du  Hhin  :i\i  Niéman,  comme  les 
nobles  ptiwinîers  du  lUnilselUbuni. 

La  llueovine  continue  la  Galirie  au  midi;  seule- 
ment elle  appartient  en  entier  au  bassin  du  Danube, 
et,  des  deux  naliuus  igui  l'Iiabttcnt,  il  n'en  est 
qu*uae,  celle  des  Rulbi'nes,  au  nord,  qui  soit  en 
eomninnauté  d'origine  avec  les  Slaves  galiciens; 
celle  du  sud,  les  lloumains.  se  rallache  inlime- 
înent  au  peuple  nêo-Ialin  de  Moldo-Vulaquii*.  La 
Bucovine,  très  petite  province,  n'a  que  fiOO  000  ha- 


L 


•  • 


AUTRICHE-HONGRIE. 


121 


bilaiils  sur  I  0-45  600  lii'cLin>8.  Itassin  supérieur  du 
Sereth  i-l  du  l'rulh,  e\W  est  Umi  enlièiv  sur  le 
versiinl  *ki  Ihimilus  les  faux  f|u'(*lle  lur  ('uvoics(>nl 
des  i»aux  ci*'  Ibrèts  :  (irr.s  de  Ifi  inoilir  tle  celle 
province  '  esl  sous  bois;  le  lieliv  y  domine. 


Bohême  et  Horavie.  — La  lioln-me,  cenliv  di* 
l'Europe,  a  surtout  des  gneiss  el  des  granits  pour 


nssise.  Ce  sont  \k  des  roclies  froides,  mais  les  nion- 
lagnes.  de  tous  côlés,  la  prolègenl  si  bien  des 
vents,  qu'elle  jouit  d*Uin  cliui;i(  presque  iUtnx  niul- 
grê  son  jdtilude  et  sj  u  euiiliiii'Ul.dilc'  ».  Aussi  h 
voyons-nous  bien  plus  peuplée  relaliveinent  que  la 
France  :  1 12  lialiitmls  par  kilomètre  Vi\rn\  ;iu  litni 
de  73;  elle  cnlrelicul  ^858  000  personnes  sur 
:>t%7t)0  hectares. 


Bergen  du  TaUv.  —  Deaùu  de  G.  Vuillier,  d'après  une  pholotTsphle. 


Klle  inurJie  presque  au  Danube  par  sa  pointe 
mèriilionnle.  tandis  qu'au  sud-est  ce  pays  slave 
avec  plus  d'un  ti»*r-s  d'AllejtNinds  se  rattache  à  une 
terre  égaleinent  slave  avec  moins  d^uti  titT's  dWlle- 
mands.  îi  la  Muravie,  par  des  pl^iteaux  douet-tniiil 
ondulés  dont  la  ponte  descend  au  midi  vers  le 
Danube  hongrois. 

G'S  pliiteaux  :  la  Korél  de  Bohême,  limite  avec  la 
Bavière;    l'Erzgebirge,    limite   avec    la  Saxe:   les 

I.  40  pour  100. 

0.  hiaii*.  La  TmiK  *  wl  s'oimuiv 


Monts  des  fixants  (en  trhèf|iri'  Kroknosr),  limite 
avec  la  Prusse,  enlouront  le  linssin  hohrmieti,  qui 
ne  s*ouvn*  un  pi*u  qu'au  nord  :  là,  par  112  ntêirt's 
d'alfilude.  sort  la  Lahe.  rKll*e  des  Alh'innnds,  dont 
la  haute  vallée  sinue  au  pied  des  montagnes  de  la 
Suisse  saxonne;  ce  défilé,  menant  de  Dresde  à 
Pra;(ue.  est  la  principale  porte  par  où  les  popula- 
tion? allemandes  qui  assiégeraient  la  Boliénic  |ièrir- 
Iraienl  dans  le  pays  pour  s'y  mêler,  oupluk^t  piuir 
s'y  opposer  aux  Slaves  indigènes. 

te 


L\  TBRnE  A  rOL  DOISEAl. 


L'Elbe,  en  celji  setiiblaLle  l'i  mille  autres  rivières, 
fait  ses  premiers  p;is  voi*s  un  boi'izon  (fuelle  ne 
Liitle  guère  à  (lt'dai|îner.  Lîi  poijif*»  dti  ni.issif  des 
Géants  où  se  démêMe  rêtroit  torreiil  qui  deviendra 
le  fleuve  de  Hambourg,  c'esM-dire  un  golfe  séle- 
v;inU  s';ih:iiss;Hil,  respir.-inl  -iver  ht  ni;uve.  s'ouvre 
Idul  dnMt  nu  sud;  i\  h\  suivre,  si  elle  ;dlail  tou- 
jours ainsi,  on  atteindrait  1.1  rive  gauche  du  Danube 
en  nntoiil  de  Vienne,  mais  bientôt  une  longue  série 
de  courbes  poïle  ses  eaux  vci's  l'ouest,  puis  vei*s  le 
nord,  à  la  rencontre  de  la  Vllava;  celle-ci,  la 
Moldau  des  Allemands,  devrait  garder  le  nom  : 
[ilus  louj^ne  de  75  kilomètres,  dans  un  b;issiii 
double,  elle  roule  deux  fois  plus  dVaux,  et  ees 
eaux  passent  à  Prague  au  cœur  de  la  Bohème. 


Dans  la  Utiii}  entre  tes  deux  grandes  mers  qui  se] 
disputent  la  lliihèine    et   la    Moravie,    In    victoire | 
semble  penrhcr  pour  les  Tchèques,  Slaves  qui  se 
sont  tvveillés  d'un   long  el   très   loiinl   84)n)nieit;[ 
Oers  d'une  glorieuse  histoire,  dune  Innguc  éncr»J 
gique,  durement  douce,  ils  ont  dèji'i  presque  tchè- 
quisé  leur  <Mpitah\  oii  il  n'y  a  plus  que  r^UlKKI  Al- 
lemands sur  ir>2(KH)  personnes;  ils  augmentent  àfl 
vue  d'o'il  dans  les  villivs  induslrielles  rèc^'ininent 
encore  tout   à  fait   germaines  ei  dans   la   plu{KU*t 
des  cercles  du  pays,  tant  ruraux  qu'urbains.   En] 
Amèri(|ue  même  ectte  nation  ne  s'abandonne  pas;! 
StHHHliJ  Tchèques  èmigrt's  y  lisent  quinze  journaut 
eu  leur  idiome,  mais  ces  feuilles  dtirerout  ce  quel 
duroiU  les  ruses,  et  les  Tilièques  des   titiit^-LUiisj 


Puils  &M\s  tu  rn?«Kla.  —  Ik'SMii  i\f  Valrho,  d'ajarts  iiaUire 


dispnraîlronl  aussi  vite  que  ceux  qui  vontsc perdre 
en  Uussie. 

Sur  100  tt  Hohérnieiis  i>,  6^  Tchèques,  57  Alle- 
luaiids;  sur  fOO  MiuMves,  moins  de  "lO  Allemands, 
plus  de  70  Tcliè(pies,  voilà  les  pi'opoiitoris  révélées 
par  le  recensement  de  18N1,  que  va  counnuersans 
doule  celui  de  189  L  Ces  Slaves  èt;ûenl  7)170000  en 
Bohème,  eonire  '2  i\:A  000  Allemand»;  1 507  000  en 
Moravie,  contiv  C2D<K)0  Allemands,  soit  i077D(M); 
et  en  y  ajoulajil  les  i'iGOOO  Tchê(piesdc  la  Silèsie 
autricliieune,  ceux  <le  la  tîasse-Aiilj'iche,  ejdin  les 
Slovaques  de  Hongrie,  lesquels  sont  purement  et 
siinpleirienl  Aea  Tchèques,  on  avait  bien  près  de 
7  millions  d'individus*  pour  le  peuple  entier  des 
«  Telièijutïphoncs  w. 


Ifations  ennemies.  —  l/enqiire  d'Autj-iche  est 
**onuue  u[k  clique  uû  les  bêles  fauves  se   dèvore- 


ronl  dès  qu'on  ouvrira  les  grilles  de  leur  voûte; 
ses  it  millions  d'Iiormnes  se  divisent  en  nations  el 
sous-nations  ardemment  emiemies. 

De  ces  peuples  et  sous-peuples,  l'un  tend  vers 
l'Allemagne,  un  autre  vers  la  Roumanie,  plu- 
sieurs vers  la  Russie;  tandis  que  le  plus  mal- 
heureux  de  tous,  le  Magyar,  n'ayant  pas  de  frères 
a  c<Mé  de  lui,  (lotte  dans  le  vide,  au  hasard  des 
catastrophes. 

Nombres  ron<Irt,  l'empire  dualiste  couipto  18  à 
19  millions  de  Slaves,  10  â  H  millions  d'Alle- 
mands, plus  de  ë  millions  de  Magyare  (?),  près  de 
5  millions  de  Roumains,  près  de  800000  Italiens 
cl  Cl  Ladins  »,  elc. 

Allemands.  —  Les  Allemands  d'Autriche,  fon- 

daleni'S  de  reiupire  qui  s'esl  peu  à  peu  assemblé 
autour  de  Vienne  |mr  un  phénomène  mii-^iculeux 
d'équilibre    instable,  sont   absolument  Allemands 


L 


âCTRirnE-IIONGRIE. 


135 


di^  ]an^(\  mais  non  point  d'origine  et.  <;i  le  &nng 
gcnnain  domin»*  chez  eus,  ils  n'en  comptent  pas 
moins  de  nombreux  Celtes  et  beaucoup  de  Slaves 
parmi  leurs  ancèti^es,  même  dans  les  provinces 
les  plus  11  loyales  r,  dans  le  Tirol  et  l'arehiduclK' 
d'Autriche  :  cela  sans  rien  dire  des  aïeux  apparte- 
nant au  peuple  de  souche  inconnue  dont  les 
20  000  Tiroliens  d'idiome  ladin  sont  aujourd'hui 
le  seul  reste  apparent. 

Dans  la  Cisleithanie  ou  Aulrjche  propre,  ils  peu- 


plent presque  seuls  In  Haute  et  la  Basse-Autriche, 
le  Tirol  septentrional,  le  Sallzhourg;  ♦•n  Carinihie 
ils  sont  plus  des  deux  tiers,  pr^s  des  deux  tiers 
en  Styrie,  plus  du  tiers  en  Bohème,  moins  du 
tiers  en  Moravie,  près  de  la  moitié  en  Silt'sie;  il  y 
en  a  350000  en  Galicie,  plus  de  100000  en  Buco- 
^ine,  mais  dispersés,  et  comme  en  Tair.  perdus  au 
milieu  des  Slaves,  des  Roumains,  et  sans  espoir 
d'avenir  malgn*  le  progrès  des  Juifs  germano- 
phones. 


I 


ta  foÊtc  d'Bnlrrfob,  à*m  In  ei-ConfliM  nilluim.  (Voy.  p.  1X7.)  —  DeaaÎB  6e  TaIMo,  4*«pr6»  Mlnrv. 


En  Transleilhanie  ou  Hongrie, c'est  en  vain  qu'ils 
sont  environ  deux  millions  d'hommes  :  au  nord,  ils 
y  dispaniissent  de  plus  en  plus  dans  It»  bloc  des 
Slovaques;  au  centre,  ils  se  fondent  rapidement 
dans  le  peuple  prépondérant  et  deviennent  Hon- 
^'rois.  même  de  nom,  jusque  dans  Budapest,  où 
ils  sont  p<*urtinl  150000;  au  sud  seulement,  dans 
les  campagn«$  du  Banal,  inépuisablement  fertiles» 
ils  tii'nnent  bon.  vitire  ils  dénalionalisenLun  tauli- 
nel  Serbes  et  Houniains.  En  Transylvanie,  ils  for- 
ment un  petit  {Roupie  d'environ  tfOOOOO  Ames, 
aynnt  jusqu'à  ces  derniers  temps  conservé  des  pri- 


vilèges qui  l'ont  fait  durer  parmi  les  Roumains  et 
les  llonj^rois;  IK's  menacés  par  la  fécondité  des 
Roumains  et  |»ar  leur  propre  stérilité,  on  les  nomme 
Sillons,  mais  leui-s  ancêtres  vinrent  surtout  de  la 
Flandre  et  de  ta  contrée  d'entre  basse  Meuse  et 
basse  Moselle. 

Slaves  —  Il  faut  distinguer  les  Slaves  du  Nord 
des  Viiug»>-Slaves  ou  Slaves  du  Sud,  ceux-ci  séparés 
df  ceux-là  |Mir  les  Allemands,  les  Magyars,  les  hon- 
grois ;  sans  In  large  traînée  d'Hétérogènes  qui  va 
de  la  Bavière  h  la  mer  Noire,  les  Tchèques  touche- 


iU 


LA    TERBE    A    VOL    DOÏSEAl'. 


rai<^nl  aux  Slovi^'nps,  les  SIova<niPS  et  les  Flutlièiu-*» 
îiijx  Cr(»ales  el  aux  Serbes,  les  Malu-Hussiens  aux 
Bulgares. 

Les  Slaves  du  Nord  romprennent  : 

!*•  Les  Tchèques,  divises  en  Tchèques  propre- 
nieiil  dits,  en  Mi>raves,  en  Slovaques  :  nu  lotal, 
plus  de  7  millions  d'hommes,  habitiml  la  holh^me, 
l'oceidonl  de  la  Silêsie  nutrieliieniie,  la  Moravie  el 
divers  coniiLtls  du  iiord-<iuesl  (Je  ta  llonfçrie;  leur 
langue,  en  diak-cles  divers,  se  rappioehe  surlmit 
du  pobnais,  Ik*  lous  les  Slaves,  ce  sonl  les  plus 
niîii'iix  an\  «  l'anîrermanisles  »,  en  ee  qu'ils  [K)ssè- 
deiit  la  Bohèiue,  le  keil  im  Deitlschtamh  Fleische, 
le  coin  dans  la  chair  allemande;  ils  sèpareul  la 
llaviere,  (erre  (ouïe  gemiaiiie,  de  la  Silèsie  qui  le 
devient  de  plus  eti  plus,  et  vont  presque  jusfiu'iiiix 
partes  de  Vieruie;  ils  se  seiilenl  Slaves,  ils  le  pro- 
flanient  hauleinenl,  ils  remanient  vci-s  Moscou  plus 
que  vei '^  Vienne,  ils  ne  craignent  pas  délaler  leur 
haine  pour  Berlin. 

2"  Les  Polonais  (3500000).  dans  le  nord  de  la 
Gidicie  et  lest  de  la  Silêsie  autrichienne;  npjunés 
aux  Polonais  de  Pologne,  ils  semblent  destinés  à  se 
ressouder  un  jour  ù  eus,  mats  quand,  eoniiiu'nl, 
sous  quel  s[>e('tri*  ou  dans  quelle  lêdèralion'.' 

Les  Ruihènes  (7*40000(1)  vivent  dans  la  Galicie 
niAridionaïe,  d;ins  la  Itucovine  du  noi-d  et  dans  les 
coniilals  do  llon^^rie  d'où  desn'nchMit  la  Tisza,  le 
Sz-tnios,  rinfr,  Ui  Bodrog  :  ce  qui  leur  donne  ici  le 
double  versanl  des  t^iirpates;  Maht-IUjssiens  par  le 
dîalecle.  grecs-uuis  par  la  reli^i^îon  (tandis  (]ue  les 
Pnhtnais  s<in[  ratholirpies).  ils  (hTmdent  délibéié- 
meut  leur  idiome  en  Galicie  cojilj'e  lesdils  Polonais, 
jadis  leui's  mailivs. 

riu::i  de  7  inilltoîis  de  Tehêques.  r>r>00000  Polo- 
nais, 5'iOOOOO  Bulfiènes,  le  ban  des  Slaves  du 
Nord  forme  donc  prèscnlemenl  un  déploieineul  de 
plus  de  quatorze  millions  d'IioiiiuiBs. 

Les  Slaves  du  Sud,  ou  \ou(;:o-Slaves,  compren- 
ncni  plus  di'  i  millions  de  persoruies  en  Auslro- 
Hongi'ie,  ahslnielion  iaile  delà  Bosnie-Herzégovine 
el  autres  pays  de  la  IV-ninsule  illyrique.  Serbes  de 
religion  grecque.  Croates  <allioli(jues, Slovènes  éga- 
lemerii  papistes,  tous  parlent  au  fond  ta  même  lan- 
gue, le  serbe,  idiome  voisin  du  russe.  Ils  peupletil 
des  distriris  ile  la  Styj-ie  et  de  la  Carinlhie,  la  Cur- 
niole,  rislrte,  la  Balmatie,  ([uelqueseampagnesde  la 
plaine  hongroise,  la  Croatie,  rEsclavoiiie  et  les  ei- 
Confhis  Militaires;  Zagrab  (Agram),  voisine  de  h 


Save,  est  la  Rome,  le  Paris,  l'Athènes  où  ils  lour- 
nenl  leurs  rcgjirds.  Longlenq>s  refoules,  déplacés, 
remplaces,  donnnrs  el  très  niéprisi's  par  les  Alle- 
mands, les  Vougo-Slaves  ont  repris  conscience 
d'eux-mêmes  et  de  plus  en  plus  ils  échappent  ;i  l'ht'*- 
gémonie  tudes(pje.  Slovènes,  (Croates,  Serbes,  Bul- 
gares, ils  pourraient  s*unir,  dv  Tricîîle  à  la  mor 
Noire,  en  une  gnmde  t\  belle  confédératiou; 
f)ar  malheur,  les  Bulgan's  ne  st»  servent  pas  de  ÏMi 
même  langue  que  les  Serbes-Croales-Shivè»nes,  et 
les  Slovènes  et  liroales  n*ont  ni  même  religion,  ta 
même  écriture  qu*'  les  S4'rhes  et  les  Biilgar*>s  : 
ceux-ci  usent  des  lelli'es  rusws  ou  alpliabet  cyril 
lien,  ceux-là  des  leltn»8  latines 

Magyars  ou  Hongrois.  —  Au  nombre  de  plus 

de  8  rinllions,  e'est  du  moins  ce  que  prétend  leur 
renseiginMuenl  ofliciel,  les  Magyars  liabileiil  In  pltiine 
de  Hinigrie,  une  partie  du  Me/(tseg,  et,  sous  le  n4iin 
spécial  de  Sékeils.  les  Carpates  de  Transvivnnie, 
tout  ^1  l'est  de  la  cotdrée.  au-dessus  dn  ïms  pavs 
moldave  et  vulaque  :  c'est  h*i,  dans  lej^  g'orges  i 
flânes  du  ntont ,  [tjinni  des  peu[tles  nlbqilumes, 
<pi'ils  ont  le  mieux  conservé  lidionie  et  les  inœun 
des  ancêtres.  Ils  s'accroissent  en  absorb.iiil  des 
Slovaques,  des  Alb'mands,  des  Roumains,  «les  S^^r- 
hes,  mais  [>as  ireus-mèun's,  vnv  leur  riwe  *est  1res 
peu  freonde.  G-  smtl  jmmu'  la  plupart  des  bnins  i 
cheveux  longs  et  mms,  h  grandes  moustnches,  à 
l'œil  brillant  et  lîi'r. 

Parents  th's  Fitdarulais,  el  aussi  des  Turcs,  l(»s 
Hongrois  IVaiiclûrent  tl  y  a  mille  ans  les  (I;ii-i>ii|es 
et  toirdièi'eiil  sur  la  pl.Jtne  du  Danube  ;  Attila,  le 
roi  des  Hurïs,  avait  eu  son  palais  de  bois  sur  U 
Tisza,  les  Hongrois  firent  comme  lui  paître  leurs 
chevaux  nerveux  an  bord  de  eette  rivière  dor- 
mante, alors  toute  en  plis  el  replis,  toute  en 
êpanchements  el  marais.  Ils  furent  longtemps  le 
fléau  de  r!"]urope,  et  leurs  cavatiers  poiissèi*niit  des 
razzias  jusqu'à  Embrun,  r-iveraine  de   la    lïurance. 

Convertis  au  christianisme,  ils  adoucirent  k  la 
longue,  j»ar  des  croisemenis  avec  le  (ierrimin,  Ic^ 
Slave,  le  Roumain,  la  laideur  priuiilive  de  leur 
race;  h  travers  ces  mélanges,  ils  gardèrent  leur 
Lingue,  leur  fierté  de  Magyares,  leur  mépris 
PéliMuger,  leur  passion  [)uur  la  Hongrie,  «  Paradis 
iMilre  4[uatre  llenves  et  trois  montagnes  i».  «  On  no 
vil  qu'en  Hongr-ie;  vivre  ailleurs,  c'est  vègèlerf 
E.rlra  Hmitffinam  nun  eut  vita;  nut,  «i  est  vita, 
non  e*t  Un  i*,  disaient-ils  en  latin,  t'ar,  renonçant 
à  parler  les  sept  verbes  de  leur  royaume  pol 
glotte,    les   Hongrois    avaient  adopté  ce    langage 


i9« 


LA   TERRE   A   VOL  D'OISEAD. 


commo  idiomo  alticîol  et  comme  lien  des  nations 
ili*  la  rouroiino  tic  Sariit-Klit'iitïc  *. 

Longkmps  rog.irdis  d*'  très  linut  pi*r  les  Alle- 
mands, ils  ont  dit  en  leur  langue  :  u  Eb  a  Nemet 
kidyanelkiii — où  il  y  a  un  Alh^nï.md,  ilvîi  unchien  !» 
—  Étouiïès  prir  la  [xuissi-e  sl.ive,  ils  disent:  «  Tôt 
ember  nem  embev  —  lliomme  Slave  n'est  pas  un 
lioinme.  »  —  Ni  k'  snbre  rnuilM*'  du  Janissaire,  ni  !.*i 
campagne  envalâe  pai"  li's  paysans  deutsch,  ni  les 
villes  au  pouvoir  d'une  buui'geoisie  germanophone, 
ni  le  fluK  et  le  renux  des  Slaves  n'ont  eu  raison  de 
leur'  coiiïîtance;  apièts  iivotf  vu  le  Tujr  ir^jnei- îsnr 
leur  colline  de  llude,  au-dessus  de  leur  Alfœld 
bien-aimê,  et  l'Allemand  les  gouverner  îi  la  ca- 
porale  ilu  r*»nd  des  bureaux,  ils  sont  aujourd'lini 
les  maîtres  dans  l'orient  de  renijiire  —  (i(Hir|hMi 
de  temps  sans  doute,  el  leur  avenir  est  sombie. 

Ils  ont  gardé  de  leur  passé  monade  tout  <'e  *[ue 
la  eivilisalinn  v\\  peut  soutTrir;  hommes  de  eljeval, 
ils  préfèrent  la  plaine  à  la  montagne,  la  eampagrie 
h  In  ville,  le  pastoral  an  labour.  Aristoitrates*  amis 
de  réelal,  des  aigictles,  des  pompons,  des  brande- 
bourgs, des  fourrures,  des  bottes  êpeiotinées, 
obsédés  par  le  point  d'honneur,  patriotes  jusfju'au 
ridieulc  enlbonsiasles,  et  ptturtant  d'esprit  ]»r;i- 
tique,  on  les  dit  nés  [«nir  eomrnandeï*.  Ils  pailent 
une  langue  riche,  conipliïpiée,  jHjéfiquet  ivslée 
fidèle  à  ses  formes  du  moyen  âge,  sans  aueun  rap- 
port nvee  raUrniaiid  et  les  <lialerh*s  slaves  ou  le 
roumain  qui  l'entourent,  étant  parmi  r-elles  qu'on 
îiomm*'  agglnlînanies;  elle  a  pour  |)arenls  éliognés 
le  fîïdandais,  l'eslhonien,  le  lure;  oOO  journaux  cl 
revues  remploient. 

Néo-Latins.  —  Prés  de  5  millions  de  Houmains 
habitent  la  Transylvanie ,  divers  coniitats  iion- 
grois,  le  sud  de  la  lUieovine.  le  lîanat  de  Téniesvar. 
Celte  rare  ne  se  4lislingue  en  rieti  des  Roumains 
moldo-valarpies  et  bessarabes  avec  lesquels  elle 
forme  un  bloc  de  huit  à  neuf  millions  d'Immmes. 
Sa  langue  descend  du  latin  eontJiie  la  nôtre,  mats 
avec  beaucou[ï  de  riicijies  slaves,  (prelle  travaille 
activement  à  remplacer  par  des  latines  :  letulunce 
naturelle,  elle  revient  â  sa  pnnci[)ale  origine. 

700000  à  800000  Italiens  vivent  au  ver-sanl  mé- 
ridional des  Alpes,  le  lojig  de  l'Adige,  dans  le  Tirol 
du  sud  dont  ils  chassent  rapidement  le  Teuton; 
dans  le  val  de  l'isonzo,  pittoresque  Heuve  qui  va 
du  Triglav  au  golfe  de  Trieale;  sur  le  littoral  de 

\.  I>nsc'riil>t(*  ('tes  puys  qui  romposaipjit  \a  llnnirrie  : 
connut*  il  roiiroiiiit'  de  Saint- Wenccslas  dûsi^nuiil  t:iMt\  qui 
cumposaicnL  ta  iJuliOme. 


rislrie;  sur  la  cftto  de  In  Dalmalie  :  dans  cette 
derniéiv  province,  que  l'Italie  ivclame  comme 
sienne,  il  n'y  a  pas  l)eaucoup  plus  de  50000  ltalit?ns^ 
sur  525000  habit^mU. 

Les  ^iOOOO  F<alins  fl  Roumanches,  vestigo   d'uii" 
peuple  (pii  remjdif  jadis  une  grande  paiiiedu  Tiroi 
et  de  ta  Suisse  orientale,  n'ont  maintenant  que  des 
bouts  de   gorges,  de  pedls  cirques  de  montagne, 
envahis  par  l'idiome  germaniipje. 

Ainsi  donc,  quatre  races  avec  quatre  sortes  de 
langues:  des  Slaves,  des  Allemands,  des  Mag^yars, 
des  Néo-Latins;  plus  une  cinquième  race,  les  Juifs. 
qui  ne  parlent  guère  leur  très  antique  hébreu  ; 
quinze  à  vingt  peuples  et  sous-peu[des  :  Tchèques, 
Moraves,  Slovaques.  Polonais,  Rutliènes,  Serbes, 
t'roales,  Slovènes.  Weiides,  Allemands,  Roumains, 
Italiens,  Ladins  et  Houmanehes ,  Juifs  ,  Armé- 
niens, IVibémiens  ou  Tsiganes  plus  tpie  partout  au 
inonde,  etc.;  prés  de  ÔO  millions  de  catholiques 
et  de  grecs -unis,  2  millions  et  demi  de  grecs 
orientant,  7%  millions  el  demi  di*  jirfilesL'mIs, 
\  XOOOtiO  luifs.  elc.  — Tel  est  l>m(niv-mosaïque, 
divisé  par  surcroit  en  deui  groupes  de  pays  sans 
aucune  sympalliie  et  entente  cordiale  :  la  Cislei- 
thanie  et  la  Transleitlianie. 


Cisteithanie  et  Transleithanie.  —  Avant  l.i 
guerre  de  181)0,  l'Rnqure  se  divisait  ea  pays  .'ille- 
mands  faisant  partie  di*  la  Confédération  (lei'riianif|ue 
et  en  [)ays  non  alUonands.  H  com[)rend  aujourd'hui 
la  Cisteithanie,  ensemble  des  provinces  qui  sont  en 
amont  de  la  Leitha,  minci*  affluent  (L-  drnilo  du 
Danube  au-iiessous  de  Viennt^  et  la  Transleitbonie, 
en  aval  de  ladite  Leitija.  Les  pays  cisleitlianions 
s'a[ïpeltenl  plus  simplement  Autriche;  et  les  paya 
Iransleilbans.  Hongrie. 

Gisleîthanie.  —  La  Cisleilhanie  «m  Autriche 
comprend  <|uator2e  pays  : 

La  lïasst^-Autrie.he,  ou  Autriche  au-dessous  de 
rKntis',  sur  le  lïanube,  provijice  alleitïande— c'est 
lit  qu'est  Vienne  ; 

La  Ilautn-Autricbe,  ou  Aulriclie  au-dessus  de 
rKntis,  sur  b*  llanube,  province  allemande; 

LaStyrie,Steiortïiark  desAllemands,  sur  la  Orave 
et  son  atllnenl  la  Mur,  [irovince  plus  allemanilo 
que  yongo-slave  on  le  germanisme  gagne, 

La  t^arniole,  dont  le  nom  slave, niodifiépar  les  Alle- 
mands, Krain,  veut  ilire  :  frontière;  en  partie  lej^re 

\.  J^etit  aflUiciil  de  di-uile  du  Uanubtï. 


« 


J 


AUTniCIIE-IIONGRIÊ. 


12V 


de  Carso,  sur  h  Save  supérieure,  c'est  un  pays 
jadis  ;iUi'm;ind  devenu  stovèm^  ; 

L*lslrîi\  prosrpj'ilo  eniLr.issre  |);ir  doux  ^olfi^s 
di?  rAdriatii]Ut\  lerre  dm  Carso,  sauf  un  clroit  lil- 
toral,  p.iys  yougo-slave  avec  llnliens  sur  la  côte; 

La  n.ilnïaiie,  baigni'o  p.ïr  l'Adrliiliqur.  province 
yougo-sljve  avec  Italii-tis  sur  te  litlurai  l'ï  les  îles; 

La  Curinlhie,  en  allemand  Kienitlien,  sur  l;i 
Prave  supérieure,  pmvinri!  plus  allcrthindi'  i|ue 
yougo-slave»  lUiiis  ou  les  yuugu-Sla\es  gagnent  sur 
les  AtlenKUids; 

Li;  Salzbnurg,  très  leau  pays  d'Alpes,  dans  le 
bassin  de  Tlnn,  provime  alleniamle; 

Le  Tirol  et  leVoiMrllK'rg.suj-  liin  el  Rfiiii  au  nord, 
sur  Adige  au  sud,  jirovinee  jdliHiiarulc  ;tu  sepleii- 
trion,  italienne  au  iniili.lîiditïL' en  quel(|uesv;illées; 

La  llt>liètne,  sur  I'KIIms  juoviru'e  tchèque  pour 
les  dfux  tiers»  allcriiiuide  puur  l'iuitre  tiers  :  les 
Slaves  y  gagnent. 

La  Moravie,  sur  la  Morava.  trilnihiire  du  llanuhe. 
pays  slave  pour  plus  des  deux  lieras,  alleniund 
pour  le  reste  :  tes  lierniains  y  p**rdenl  ; 

La  Silêsie  d'AuIriclie.  swr  la  Visia  el  suj*  TUder 
naissants,  pays  allemand,  polonais  el  Iclièque  oii 
le  slavisrne  reprend  l'ascendant; 

La  (jalicie,  sur  \n  VisLi,  le  San,  le  Prufh,  le 
Dniester,  [hi>s  [^ulouais  el  rulliène  avec  élênieuts 
germaniques  et  juifs  nombreux; 

La  Hueo^iïie,  sur  le  Dniester,  leSérelli,le  rruUi, 
pruvinee  rulliène  au  nord,  roUTtiainc  au  midi  :  les 
Ruthènes  y  gagnent. 

Ces  quatorze  pays  ont  ensemble  25  835000  ha- 
bitants sur  oO  millions  d'Iieetares,  ou  près  de  80 
personnes  au  kilomètre  carré. 

Transleithanie.  —  LiTransleithanie  ou  Hongrie 
comprend  trois  pays  : 

Ln  Hongrie  propre,  sur  Danube  et  Tisza,  habitée 
[jar  i)res(ïue  loules  les  races  de  l'empire: Magyares, 
Roumains.  Allemands,  Serbo-Ooates,  Slovaques, 
huthènes,  etc.  ; 

La  Transylvanie,  en  allemand  Siebenbùrgen,dans 
les  (*ar[Mles,  sur  le  Szanios  el  la  Marns,  aflluents 
de  la  Tisza.  el  sur  l'Oit,  aflluenl  du  Danut»*  ;  pays 
avant  tout  roumain,  puis  magyar  et  sêkêil,  en 
dernier  lieu  allemand; 

La  Croatie-bsclavDnie,  sur  la  Drave  et  la  Save, 
pays  tout  yougo-»lave  qui  vient  de  s'annexer  les 
CônHiis  Militaires,  rotitrêe  slave  également — on 
appelai!  ainsi  le  territoire  très  long  nnds  étroit 
qui  borde  la  rive  gauche  de  la  Save,  puis  celle 
du  Dauube,  en  face  do  bi  Itosuie  et  de  la  Serbie. 


Uuand  Serbie  et  Bosnie  ubéissaienl  au  Turc,  les 
Coriiinaires,  soldats-laboureurs,  espèces  de  Cosaques 
d'Autriche,  y  êlaieni  parqués  en  douze  régim^Tils 
cli.'irgés  de  défendre  la  frontière  chréliemie  contre 
les  mécréants  qui  furent  pendant  trois  cents  ans  la 
terreur  de  TKurope.  IK'  ces  <fi>uze  réginienls.  trois, 
reu\  du  lt;ni;tl  de  Téniesvar,  sont  revenus  à  la 
Hongrie,  neuf  h  la  Ooatie-Esclavonie;  le  camp 
immense  a  été  levé,  les  lîonfirïalres  deviennent  des 
[Kiysans  comme  les  autres,  en  un  rielie  pays  dont 
la  jïlalo  Sinnie  possî'de  les  nn^illeures  (erres. 

Ces  trois  pays  ont  ensendde  17  4^0000  halMlanls 
sur  ^2r)32-400  hectares  :  soil  plus  de^ô  pei-somies 
par  kilomètre  carré. 


Villes.  —  Vienne  (1377  000  h.ib.),  tous  fau- 
hout^  compris,  est  la  capitale  de  l'Ëmpiie,  une 
ville  allemande,  une  cité  superbe,  élégante,  où  les 
plaisii's  sont  faciles;  elle  est  assise  an  pied  des  der- 
niers c<)llines  des  Alpes,  en  vue  des  Carpates,  à 
lifi  mètres  d'altitude,  pivs  de  hi  limite  entre  Cer- 
niains,  Slaves  el  Hongrois,  sur  le  fleuve  Hannbe, 
qu'on  a  ivguhiriséen  un  lit  del>iH)mêlj-es  de  large. 
Wien  (c'est  son  nom  allemand),  Becs  (c'est  son 
Doni  magyar)  peut  éli-e  cunsidèrèe  comme  la 
grande  cilè  cerilrale  de  J'Kiirope  ;  Varsovie,  plus  au 
Centre,  n'est  rebiliviMueut  qu'une  cilé  secondaire. 

Budapest  (ollOOO  hab.),  dont  l'épanouissement 
date  de  ce  siècle,  eldonl  la  ci'ois>ance  a  été  subite, 
exiraoï-dinaire,  est  la  caf>ilale  de  bi  Hongrie;  elle 
cotnpivml  deux  villes  :  Pesl  qui  longe  la  rive  gauche 
du  Danube,  en  plaine;  el,  sur  la  rive  droite,  iJudc 
ou  Ofen  qui  onloui-e  une  fièiv  colline. 

Prague  (!(Î20<)0  hab.),  Pralia  des  Tchèques,  la 
capitale  de  la  lloljénie.  sur  la  Vltava  biinuitre.  est 
splendidc,  piesque  sans  rivale  pour  h  beauté  du 
site  el  la  prestance  des  vieux  monuments. 

Trieste  a  155  000  îinies,  les  fauboui-gs  compris; 
ce  port  du  fond  de  l'Adriatique,  au  pied  du  Cju-so, 
cette  ville  ilalienru*  héritière  de  Venise,  n'a  rien  de 
slave,  ni  d'allemand. 

Lwôw,  <M[iitale  de  la  Galicie,  également  appelée 
Leniberg  el  L<'OpoU  a  1200(10  li.ibitants,  vn  majorité 
Polonais,  sous  un  climat  sévère,  extrême  (de  —  32* 
àH-SS**),  loin  de  toute  glande  rivière. 

Viennent  ensuite  Gratf,  Hrunn»  Szeged*  Cracovie, 
Szabadka,  Helnvcisen  :  — Gralz  (107000  hab.),  capi- 
tale de  la  Slyrie,  sur  la  Mur.  tributaire  de  la  Drave, 
pfU'te  Ut)  nom  slave,  mais  <in  n'y  parle  ipie  Talle- 
tiiand  ainsi  tpie  dans  le  pays  d'alentour;  —  Bnjnn 
(1MMK>0  liab.),  en  It-liêque  Itrno.  (rjqiitale  de  la  Mo- 
iMsn-.  iMU-de  un  aJllnenl  de  la  Morava.  —  A  Szeged 


^m^ 


128 


I.A    TERRE    A    VOL    DÛISEAU. 


(80000  hïib.).  In  Mnros  roncnnirc  la  Tisra,  dnns 
une  |ilniiiv  basse  uù  les  débonlrtiionls  passent  rn 
nuM-  iKjinMist*  aulour  de  la  ville;  romme  presqm* 
ImiU's  1rs  cités  do  la  plaine  ïiongrroisc.  c'est  un 
iauucusc  bourg  ùiiri',  dt'batïcliô,   un  énorme,  un 


infiiïi  village  ffiil  d'uiu'  rnullilude  de  cliaumièn>s  et 
d^'  (|Ut'li(ui'&  nmisons,  sur  des  rues  sans  pavi%  fange 
en  [ii\i'r,  poussière  vcdaiib»  en  êlè;  —  Crarovie 
(720UU  h:ib.)»  î'ur  la  Iwule  Visia.  est  clu>rt?  aux  Po- 
lonais; leurs  rois  y  règnèivnt  jusqu'au  commtiice- 


Colun  lies  Conrins  luIIiUtres.  (Voy.  p.  W.j  —  Dlssui  de  Vatunu»  diiiirci  iiatiira. 


ment  du  dernier  sièrïe  :  elle  avait  ainrs  100000 
âmes;  —  Szabadka  (fioOOO  liab.),  nommée  pjir  les 
Allematuls  Maiia-Tliérésiopol  (ville  de  Marie-Tliê- 
rêse  ),  est  ctilre  Ihina  et  Tiszn,  dîins  la  Puszla  ;  vil- 
la:-se  qui  sepin-pille  îiu  loin  sur  le  sol,  elle  ne 
couvre  pas  moins  de  8l*(>00  lieclures,  douze  fois 
Taris,  —  DeJireczen  (5^000  liab.)  est  la  ville  na- 


tionale des  Magyares»  campée  sur  le  Steppe  aride; 
sa  eoniniune.  plus  vasie  encore  que  celle  de  Sza- 
badkîu  s'étend  sur  100  000  hecIare.s;Kecskèmet  en 
a  88000;  Sze-i:ed.  70  000;  llodinezô - Vâsârhely, 
00000,  ainsi  que  Torùk-Szent-Mikios,  etc. 


Poui-  la  Bosnie-Herzégovine»  voyez  page  248. 


BELr.lQlJE. 


fSO 


Duncfi  ^tji  Campinc.   (V07,  p,  !30i)  —  Dessin  ilo  Th.  Vcnlraete,  U'aprés  naturs. 


BELGIQUE 


LTscaut.  la  Meuse.  —  PeupUV  comni*»  la 
Frnnc*',  h  B«*i.i:it|ii(»  ii'jiuraif  pas  lH'aiJivni[»  plus  di* 
2  millions  d'IioiniiH's,  tn;tts  sa  (li'tisilt-  tU'  pi»fuili- 
tion  (207  personru's  in\  klloinêlre  rariv)  «'sl  (ell** 
ifu'on  y  compte  6  {(H)  mi)  haliilants  sur  2aV5700 
lif^>tjires. 

Pavs  l>iliii;:tit\  elle  nourrit  dt'UK  peuples,  sur 
deux  lerres  dilTéreiites  :  a»  nord,  dans  la  Flandre. 
sur  rtlficaul,  \ivenl  les  Flamands,  (|ui  sont  surtout 
blonds,  avec  Ips  yeux  hieus,  ou  i^iris,  ou  rtairs;  au 
»ud.  dans  la  Wallonie,  sur  la  Meuse  et  dans  lAr- 
denut*.  séjournent  les  Wallnus  ou  Français,  bruns 
pour  la  plupart. 

K'Kw^aul,  en  tlamand  Scbelde,  arrixe  de  France 

U.   AfcCl.|rf.   1,4   ÎKIlItt   A   TitL   d'oIKAC. 


tout  pelil,  la^  on  moyenne  de  22  i\  SR  mè- 
Ires»  avec  une  poiiée  de  72.VJ  litres  |Kir  seconde 
â  i'étia^e,  de  l:i  0(M»  en  wu\  ordinairt^s,  de 
40000  en  ifiies.  En  B**tpque.  il  devient  grand, 
voire  1res  grand,  mais  rien  i|u'i'n  ap|Kircnce,  et 
toute  sou  ampleur  tient  à  h  marée.  Iknant 
Anvers,  maintenant  l'un  des  |  remieis  ports  du 
monde,  il  u  5Î)0  à  700  mèlres  de  large,  êl  1  200 
buN^pi'il  passe  eu  H(d lande  pour  s'y  parlagei 
en  deux  liras  :  rKsr.nU  oeeidental  ou  llonl.  qui 
disparaît  dans  la  mer  du  Nord  à  Flessingu«»,  el 
l'Kscaut  oriental,  i]ui  eunuuunique  avec  la  Meuse. 
Tant  en  lielgiipie  qu'eu  Kranee,  il  ;i  400  kilo- 
mètres   dans    un   bassin    de    lîVJOOOO    hectares, 

17 


m 


li  TERRK  A   Vt»L   noiSEAU. 


et  l'on  esliiiic  son  module:  â  Q'"2  métros  cubes  par 
seconde. 

Moins  I:ir*^'(>  ijuo  I*'  limôiuMix  l'!!>i*.uil,  la  Meuse, 
en  wallon  Mousc,  no  srrpcnlc  p;is  comme  lui  diins 
des  plaines  banales.  Venue  aussi  de  France  avec 
25  métrés  riiht^s  p.ir  seconde  en  éliage,  H)0  en 
eaux  ordinoii'cs.  700  eu  foites  crues,  elle  quille  la 
Del;;:ique  pour  U  Hollande  ajJi'ùs  y  avoir  rocu.  dans 
une  *rrarieusf  vuUêe,  la  Semoy,  la  l.esse,  la  Sambiv 
el  rourtlie;  elle  baigne  Namur  el  Liège. 


Flandre.  —  Si  du  th imp  fatal  de  Waterloo  on 
lire  deux  lignes.  Tune  û  l'est  vers  le  lieu  où  la 
Meuse  soil  de  lielgif|ue  entre  Liège  et  M;iHSlrielil, 
l'autre  à  l'ouest  vers  l'endroit  où  ta  Lys,  aniuent 
de  rEscaul,  arrive  sur  le  territoire  belge,  on  divise 
le  royaume  en  Khtmlii'  et  eu  Wallonie. 

In  peu  ini'eiiem'  .ui  pays  wallon,  le  pays  (Inmarid 
n'a  que  I  41^000  hectares  contre  les  i;)SHMMJ  île 
la  Wallonie,  mais  il  eïit  plus  deust'Uïent  peufilè  ;  il 
comprend  la  Flandre  OccidenLdc.  la  Flandre  Urien- 


L'Escaut  devant  TeriuoiiUe.  —  Dt-ssia  de  E.  CUus,  d'apïts  uaUUre. 


tilOt  les  deux  lier^  du  HralMnl,  le  Lindiourg  el  l;i 
province  d'Anvci's;  H  va  d(*s  sriLIt's  de  la  iiui'  du 
Nord  el  des  bruyèivs  de  lu  Cani[tfiie  aux  Ardeiiiic-i, 
el  des  ploîms  de  Fcauce  h  celles  di*  ffollande. 

File  est  li'ès  pl;ite,  celle  tei-i'e  tics  Flamands, 
sauf  sur  les  coluaux  brabançons,  mais  rhomme  (pii 
Fhaliite  cullive  luerveilleuseiiient  rancieuiie  u  fui-tH 
sans  pillé  *  «. 

Le  sol,  de,  lui-mi^me,  a  peu  de  rêcondilè;  sans 
les  soins  palîeiiïs  il  se  liornerait  h  donner  du  bois, 
des  bruyères,  des  herbes  de  dune  et   des  phinles 

I.  Les  Homains  nomoiaieut  aiusi  fa  liasse  pluine  de  Fbudrc 
Cl  do  7.é\auiïc. 


d*»  marais:  fait  surtout  de  sable,  il  ressemble 
assez  à  nos  Laudes;  â  l'est,  tians  la  province  d'An- 
vers, dans  le  Limbimrg  (et  aussi  en  Itollonde). 
la  TM-nupine  a  des  dnui's»  des  niu{ucs  d'eau,  et  un 
siuis-sol  loiigeàlii',  imjierjuèable,  sable  eiinentè 
]KU'  le  tannin  d(*s  brandes. 

Mais  le  Flamand,  (|ui  dimiinio  lentement  h 
Cainpin**  en  la  ligratil  iPuasis,  a  lini  par  féconder 
la  Flandre,  qui  jadis  no  valait  gulro  miteux,  êl^inf 
dune,  lède  el  marécage;  même  il  en  a  Part  l'un 
iles  premiers  pa\s  agrindes  du  mondi',  el,  très 
rnneslt^menl,  nu  des  atidiers  les  plus  eticoiubivs 
de  rinduslj'ie.  La  Flandre   Uricutale  a  520  hnbi- 


I 


BELGfOLlE. 


1M 


lanls  (wir  kilomrlre  carré;  la  Flandre  *ltriden(nl*' 
Srifl,  Anvers  250  —  ce  que  celle  province  doit  sur- 
tout h  sa  grande  ville;  —  qiuuit  aux  S.'tO  juTsunnes 
par  !00  heclari's  (prentrelieiil  le  IWalwiiil  lii'l{;e, 
la  raison  en  est  aux  500  000  riladiiis  Av  liruxelles 
rt  de  ses  luiît  fauhoiirj^s.  iKtns  la  Uflt^iipic  f1ainanil<s 
li's  villes  aIloii^;i'iil  Irurs  rues  jusqu'à  d'nuires 
vilK's,  jusiprà  d'ènunues  vilhi^'es,  et  ces  villagi-s 
s'encheviMrenlavec  d'autres  villes,  avec  des  l>ourgs, 
des  hameaux»  des  fahrlques.  Vingt,  cin<[uanti\ 
ceul  bourgades  y  sonl  des  «  Petits  Manchester  u 


rjiamps  cullivés  comme  dos  jardine;  TieilIcH 
ciU'H  lières  de  leurs  hôteb  de  ville,  de  leurs  bef- 
Trois,  de  leuï*»  églises,  lU'  Irurs  musées  spli*udides, 
de  leurs  tolossalrs  iiianiir.ii  litres;  rlietninêes  fu- 
ntanles.  villages  de  briques,  canaux  navigables, 
fossés  de  d<»sséch4'Mienl,  dum's  sur  le  riva^'e,  lelle 
est  la  ltel|;i(|ue  llaniand**.  campagne  lotudement 
bajKile  mais  avec  des  j.u'dîns  oi  des  Mem-s,  usine 
inlînte,  rauboiirg  qui  toujours  recommence. 

Klle  est  laidi',  sauf  ses  arbres,  sa  verdure,  et  çà 
et    là    d'adorables  échappées    sur  l'eau;  mais   la 


liiundatiuti  aux  en\trans  de  Gand.  —  Dessin  dv  £.  Clvus,  d'ajvte  niture. 


nature  v  esl  prodigue  de  t^Mil,  hors  de  snleil,  la 
vie  sociale  intense,  el  il  y  fait  bon  \i\re  pour  le 
riche  Undis  que,  sous  des  l»rouillards  fr(»idemenl 
humides.  la  vie  y  est  dure  au  pauvre  ni'Uide  :  elle 
V  est  faile  île  travail  exeessif  el  malsain,  de  mau- 
vais air,  de  pas  de  soleil,  de  peu  de  sommeil  et  de 
mauvais  afimenis;  elle  y  est  traversée  d'ivresses, 
de  ^révt^s,  d)'  ebôiiiages  ôtaiit  le  [)ain  de  la 
iHKiclie:  la  mort  y  fait  moisson,  surfont  dans  les 
rr«;ions  inarenmiatiques.  et  b'S  provinces  llamandes 
ont  *J0  mort.N  pnur  lOO  naissaiiees.  les  wallonnes 
7t)  seulement. 

Ihr    même  que  le   liollundais,  doiil   il  diffère  ù 


peine,  le  parler  flamand  est  <lnr,  sans  sonorité, 
sans  éclat,  maisabondunl.  virll^  plastique.  poêti<|ue, 
riche  en  chansons,  en  dictons,  en  proverbes. 

Wallonie.  —  Le  pays  wallon,  inlinimenl  plus 
ondulé  que  le  flamand,  déploie  de  tielles  cam- 
|)agnes.  des  bois,  des  llautes-Ka^mes  ou  plateaux 
boueux,  des  eollines.  des  m«'nlmn«'S  <iui  se  relient 
aux  \rdennes  franeiiises.  I.'aridilé  de  ees  Ardenncs 
bt'Ig.'s,  lenrs  landes,  leui*»  marnis,  leurs  roehers. 
leia't  torrents,  Icurb  bois  sombres  et  froids,  eun- 
tiM>lrnt  à  qnelqnes  lieues  de  distance  avec  la  pla- 
Lltude  des  Maiuli*es. 


132 


IX   TERHE    A    VOL    D'OISEAU. 


La  iiaiilpiir  de  ces  massifs  est  faible,  leur  maiire 
sommef»  voisin  de  Spa,viUe  de  Jeu,  ne  sedressunt 
qu'i^  6î>ri  ni^fres;  eiMMtiv  rlnmine-l-il  h  peine  le 
pays.  Mais  les  Vdllres  sunl  Lrlles.  Meuse,  Senioy 
prodipieufieinerit  erranle,  OuiMie  pittoresque.  Ani- 
bléve  et  Vesdn*  loinliaiit  eu  e^srades  eulre  1rs 
roches  d(»s  llyutes-  Tjigiu's .  Lesse  qui  s'égare 
pendant   des   heures  dans   l'obscurit*'*  de   la  ca- 


verne de  Han,  ces  rivii^res  uni  le  charme,  cl 
parfois  la  grandeur. 

(Juîilre  pnivinces  font  la  Belgique  wallonm*  :  If 
llniiiaul.  Nnniur,  l.itVir  et  le  Luiernhuurg  ;  plus  le 
tiers  méridional  du  Itraliant. 

L'élt'ment  indus(ri<*l,  qui  a  tanl  di»  prèpondi^ 
rauce  dans  Ioh  Flandres,  c«^de  ici  le  pas  h  r^gricole 
el,  en  moyenne,  les  villes  y  sont  moins  nombreuse:!. 


Ine  surtiti  Je  rubrique  à  Gaiivl.  —  l>o^^lU  do  \.  jdeilury,  dapius  nature. 


moins  grandis,  les  iisiiirs  plus  rares,  snur<lans  les 
bassins  hauillers,  la  popiilalion  moins  pivssëe.  Le 
Luxembourg,  pays  élevô.  dt;  l'oches  dures,  de  climal 
rude,  nVi  que  50  liabilaïUs  au  kilomtlîv  carrv,  h 
province  de  Naniur9:ï;  mais  k  [uiys  de  Liè<>e  lmi  a 
265  et  le  ll-tiniml  pn's  di-  ^(JO :  cest  que  leurs  co- 
teaux enfei-nieiit  de  piolbiids  amas  de  Imuille,  du 
fer,  des  métaux.  Si  ta  Flandri;  est  un  Manchester 
du  continent,  Mons  et  Charleroi  en  sont  un  New- 
caslle,  et  Liège  un  Dirmingtiam. 


Wallons  et  Flamands.  —  Les  Beli^es  flamand 
ne  sont  «pie  dis  llolhïiidiiis,  on  si  Ion  vent  des 
nas-Alleni:mds;  et  les  Delfjes  wallons,  des  Français 
qui  dans  la  ville  parleni  purpïnt'i»l  la  Inn^ne  elas- 
sique  et  à  la  rampagne  usent  de  dialfeles.  En 
dehoi's  de  la  Wallonie,  BïuveKes.  jadis  exclusive^ 
ment  [lanumde,  est  aujourd'hui  plus  ou  moins  bi- 
lingue e(  dans  toute  l  étendue  de  la  Flandre  «  (la- 
!iiini;ante  "  rèlèj,^:!!!!  idioijie  néD-lalin  rè«îiie  presque 
souvcrainemeul  chci  les  classes   instruites,   chez 


lUu^cs  .  le  Ik'ltnii.  —  Ucuiii  Je  Uarclaj,  d'apn^  uik  i>i 


ÎU 


LA  TERne  A   VOL  DOISEAI 


les  richos,  dans  les  journaux  el  jvvuos,  dans  la  vie 
publique;  ce  sont  les  eilês  (lanuiiides  qui  ivnPer- 
niiMil  presque  tous  les  500  000  individus  parlant  û 
la  fuis  rnuiçais  et  llaniand'. 

I.i's  hiliiif^iiesmis  à  pari,  e.l  friOOO  IrilitigiiOî*  qui 
ajouleul  rulfi'Tiinîïd  ;ujx  deux  idioiiu'S  fondanienlaux 
iiu  rojaiuin',  il  y  a  phis  ou  nioins  ^2(>0OiMM)  Wal- 
lons, âOOOOaO  Flamands,  iôOOO  Allemands. 

Siuis  se  haïr,  les  deux  nations  In^lges  no.  s'aiïueid 
point,  niMÏi^j'é  les  souvenii*s  d'une  inrrne  liislolre  el 
lo  lien  d'une  môme  religion,  le  cMltiolirisuie.  lui 
Flandre  sVsl  élevée  une  jeune  lillcralurc  culliou- 


siaslo  qui  veut  extirper  du  pays  llamaïui  l<»ut  CA 
qui,  do  près  ou  de  loin,  se  nitUichc  «u  français 
mais,  ninljrrê  rc  n-veil  «I'»  IVsprit  ILuiiintrant,  It] 
proportion  des  janrîues  diange  leutejueuL  en  fa- 
veur du  f^anrai^  :  la  Vallouic  i?st  plus 
cl  des  Centaines  de  milliers  tie  Flaninnds  «liant  ej 
venant  de  llel^'ique  en  I  runce  ou  de  France  rfl 
Belgique  apprennent  plus  ou  moins  noire  idion 
dans  les  grandes  villes  industrielles  du  Nord. 

Villes.  ~  Rruxellea  (18:2  0(K)  lialnUirits.  &OOOO0 
.i\e<-.les  fauboui*gs),  c^ipitaledu  royaume,  cslune  ville 


I 


Waterlou.    —  Dessin  ilt*  J.  F.  Twliiuiu,  d'après  naiurc 


éK'ganle  et  brillante,  un  petit  Tîtris,  siluê  sur  une 
rivièrr  du  bassin  de  l'Escaut  qui  s'appelle,  a  l'or- 
Iho^n-ipljeiuvs,  ci>mnirîc  fliHivedc  Ltilèie,  laSeniir- 

Anvers  (2o0  00a  liab.),  eu  fliimantl  Aiitwerpeu, 
sur  lllscaut,  ne  le  cède  à  aucun  port  du  conlinent 
d'KuropL\  pas  nu'uie  à  Marseille  ci  à  ilambi>ui^- 
l'Ius  p'nfih'e  jietjt-vlre  il  y  a  (|ualre  cents  ans 
qu'uujotu'dliui,  c'était  alors  la  première  des  villes 
(nanufacliuières  de  toute  l'Kurojie,  l'Angleterre 
n  ay;iriL  eiirore  Jincune  ptimaulè  dans  le  uiontie. 

tiand  (160  OOa  hab.),  en  naniandCent,  ville  dm- 


1    U  y  a  d'auu-es  liilia^^ues  eu  llcl^Mquc  :  ih'lïs  de  -40  000 
persoujiL'5  y  purlciU  t  \»  fuis  le  frunçais  et  l'aJiemnnd. 


duslrie,  ,nu  continent  de  rilscaul  et  de  la  Lys, 
occupe  26  îlots  unis  par  une  cenUtine  de  ponts. 

Liêj^'^e  (lîiiHMMI  bal».),  où  .se  renconln-nl  la 
Mi'use  el  rUuillie,  ("orge  le  k'\'  et  travaille  les 
métaux- 

l*uiri,  des  cites  dècluns,  de  niêine  qu'eu  loule 
coiiiive  de  lon^aie  el  j,dnrieuse  bisloiiv  :  Bruges 
(IHOOO  brdi.).  en  Jlaniand  Brùggre,  A  \Z  kiloroè- 
Ires  de  (a  nirr  du  Nord,  n*:i  plus  de  grande  indus- 
trie t'I  nt^  j'ei-ijil  |>lns  de  lourds  navires,  lo  ternits 
aidé  de  la  nalure  ayant  modifié  les  cordoiii's  du  lit- 
loial;  Malines  (50  000  hab.),  en  flamand  M<»e|iolen, 
est  ^iile  êpiscopale:  el  Louvaiu  (40000  luib.),  eu 
Uamaud  Leuven,  est  ville  d'université. 


riOLLAN[»E. 


15^ 


Roogo  Vwnen,  près  de  Dordrcchl.  (Voy.  p.  I36.J  -     Dewin  de  Th.  Wcber,  d'apr&s  luture. 


HOLLANDE 


Zuiderzée.  —  lîicit  moins  prnpIiVpn  moyenne 
<|ii«'  l.i  Itt>l;;i(|ii4'.  Il  lli>JI;iinlr  ;i  [lourluiil  près  de 
!'i<*  (H;rboiineb  pa.r  kilomùlre  canv ,  piii5(|ue  L'i 
|iopul;Uiûn  y  étuit  vvaluùe.  à  la  fm  de  iSOO.  à 
4004)000  Iwliit.ïiils  sur  5300m)O  lioclares. 

Noiii*  appi'lioii*î,  nuurs  ;ippi*loïis  encore  eeltc 
conirêe  :  les  Pays  Bas,  exiicle  truduclion  de  a  Nedei^ 
Innden  »,  Iï.is>t.'s  T*Tres,  nuin  «lonn»'*  A  leur  pjilrie 
pnr  li*s  llulhioiLiis  eui-iui''nit'».  lioHaui|i\  nniu  dt.*  In 
pmvinee  lu  plus  iniporUuile.  eelk*  qui  possède 
\uisti*nlaru  et  Uotterdjiui.  n  fiiti  de  proelie  on 
prui'lie  [Kir  ilesifi^nfr  tout  le  Itoyninue,  y  eoriipris  ta 
Fn»e«  qui  est,  qui  surt4)Ut  était  réellement  une 
région  à  part. 


Où  nous  voyons  maintenant  un  briîk'-lameiid'tlrs 
allongées,  Teiel,  Vlirl.'unl.  Tei^eliflling»  Anie- 
land,  et,  ou  sud  de  ces  Mes.  un  va^le  gidfe  de  In 
mer,  il  y  avait  jadis  une  lerro  ferme  allant  de  ce 
que  nous  iippelons  ll(>llan<lr  à  ee  <|ue  nous  appe- 
lons Krise,  el,  au  midi  de  celle  tcrrr.  un  l.ie,  Ir 
Flévo,  né  de  la  subnieniion  des  plaines  l>n}(ïtes  pnr 
l'fiiu  sm-dHMid.mte  des  fleuves.  Vm  1170,  Iji  iuit, 
|Mir  un  elVort  ei^spêiv.  t.iill.i  qu<*li|ue  bréelie  d:uts 
la  levée  qui  prUég(*iul  le  riévu;  pui»  au  m'v\o 
suivani,  coupant  alluvions  el  dunes,  elle  s'tmit 
vietoriousement  ou  lar  d'tMU  douce,  qui  doMut  le 
Zuiilentée,  e'e*l-à-iliie  la  mer  du  Sud.  S'il  faut  en 
croire  ce  que  le;»  vieui  liistoricus  nous  content» 


136 


LA    TERRE   A    VOL   DOISEAT. 


ri's  aî^r^^ssions  flu  f\n\  l'iin'nl  tpirihit's  :  l'une 
d'ellos  noyn  4(M)00  liommes,  une  aulre  800fW), 
liMlf  nutre  encore  lODODO,  o\  UmWs  enj^loulirent 
lie  vaslos  piîunes  quL»  les  lIollantL'us  veulent  au- 
jourdiuii  rolirer  des  enux. 

HoUaade  alluviale,  Bouches  du  Rhin  — 
CVsl  il  l'esl.  au  sud,  à  Touesl  de  ce  Zuider/ée  peu 

s.ilé,  ^\"AJu\  d'au  moins  .'iflOOOO  herlnres,  (jne  îs'ê- 
teiidenl  les  tiures  ani[diihies  di'  la  lldlnndr,  hIIu- 
vions  el  sables  trnvei'sés  îi  rorieiil  par  de  laibleK 
l'ivitres,  au  midi  p;ir  le  llijn  ou  Kliiii  et  la  Maasciu 
Meuse. 

A  peine  an-ivé  en  ll»dlande,  le  Rhin,  lar^^e  entre 
des  bords  [dais, se  Uil'iirtiue:  le  lllifii  de  fjauclie,  le 
Waal,  eiiliviiiKinl  près  des  sep!  <liïiènirs  du  fleuve, 
se  joint  h  la  Meuse,  dix  (ois  moindre  que  lui,  el 
mt^ie  ses  Uranelies  à  e.elles  du  delln  de  FKsi'nul. 
Le  Uliiii  di'  droite,  appelé  d'akii-d  Neder  Uijn  ou 
lUiiti  îiirèrieur.  puis  Lek.  dèLnlje  sur  sa  dmile  la 
seule  des  brnnohes  rhénanes  rpii  garde  je  glorieux 
nom  du  fils  dos  Alpes,  le  Krorruue  Hijii  on  lUtin 
torfu,  n'tintnt'  plus  hns  titidi*  lïijn  ou  vieux  Ithiii  : 
celle  Ijniit'lie  du  noble  lleuve  est  un  g^riis  ruis- 
seau qui  iKUgrie  deux  vieilles  villes  de  grand  re- 
nom, l'treclil  et  Leyde»  el  verse  à  la  uwr  une 
ifioyenue  de  4  mùlres  ctihcs  d\'au  par  seroiule: 
taudis  que,  sous  le  faux  litre  de  Meuse,  IWllan- 
lique  reçoit  du  n  Nil  de  FOri-ident  n  1000  niè- 
Ijvs  cubes  p;ii'  seconde  en  eau  b;isse,^O0O  en  eau 
moyenne,  lOQOO  en  forle  crue. 

Le  delta  du  llbiri-Meuse-Esraul,  les  îles  de  Li 
Zélande,  à  la  (ois  niarais  e(  dunes,  li'  ptjurtoui*  du 
Zuidei*zèe,  le  litloral  frison  jusqu'à  la  frontière 
d'Allemagne,  seraient  presque  partout  submergés 
à  mer  [jaute  si  les  Ilot  landais  n'avaient  dressé 
contre  l'Ucéan  des  di;^'iies  qui  sord  le  ihef-d'ceiïvn* 
de  leur  volonté.  Les  poldeis»  anirenient  dit  les  lerros 
pi.ilrs  et  basses  epie  les  graclit  ou  canaux  débar- 
rassent des  eau\  ^pn  les  nuient.  les  [Kddejs  de- 
Nictmciil  <lerrière  ces  levées,  i:hani;is  féronds  et 
prairies  vertes.  De  par  la  nature,  la  llullaiide  lit- 
loivde  était  un  jialus  hésilaiil  entie  Teau  <ii>uee  et 
l'eau  salée,  mais  les  llollaiidais,  qui  gagneirl  en 
moyenne  T»  hectares  par  jour  sur  TOcêan  ,  ont 
voulu  qu'i'Ue  fui  un  jardin  —  ttnijonrs  riienacé. 
dVlre  englonli,  la  mer  y  faisant  en  nioyentïe  une 
grande  irruption  tous  les  sept  ans  —  depuis  Tan 
\2m,  elle  a  dévoré  piés  do  (iOll  (H)0  herlares,  [)as 
loin  dit  cijHjuiénu'  du  [^  lys,  mais  aussi  \o  Néderlan- 
dais  lui  en  a  repris  près  de  400  000,  et  quand  il 
aura  desséché    le   Zuidorzée   nu'riiiiuual.   colmaté 


les  détroits  qui  séparent  de  la  Frise   [es  îles  d\ 
liUoral  et  tiré  les  eaux  d'un  ne  sait   combien 
petits   el  grands   pnlus,   rtk'éui  aura    moins   r 
glouti  que  rtiomnie  n'aura  délivré  du  flot.  Ci^rlaioi: 
vieux  fondi^  de  marais  ressemblent  mninlf^nant  att^ 
damier,   tant  il   y  a  \h  <le  canaux,  depuis   le  fossé 
qu'enjambe   un   enfaid  jusqu'aux   laigfs   voies  où 
voguent  lejt  niivires.  Mais  le  sjige  Nét^rlandais  n't 
pas   seulement  réparti  1rs  eaux,  il  distribue  nu«si 
les   air*s.   el  de  tous  côtés  tournent  les   ailes  de 
moulins  h  vent  en   bois,  les  uns   farinit^rs.  k*s. 
autres  versant  l'eau  des  champs  dans  les  ^rarbt 

Les  routes,  cbarniantes  s'il  en  est    au    monde 
sont  faites  de  n  klinkers  »,  briques  où  relrnlit 
roue  des  chars;  elles  sont  liordées  de  gazons:  or- 
rniMUX,  ctiénes,  hêtres,  siules,  tilleuls  le»  umbra- 
gent;    elles  passent   dans  des  villes    archaïques, 
riches  depuis  des  siècles  par  rommerc»s  navign- 
lion,  péthe,  industrie,  gnindes  par  les  souvenirs, 
Utdies  de  leur  vîritlesse  jusqu'au  jour  où    le  coi 
deiiu  des  aligneurs  livrera  leurs  monunu^nlîi,  leui 
ruelles  et  carrefours,  leurs  vénérables  maisons  mi 
pioebenr  dn  ilémolissage.  f,es  villages  sont  plantiH 
reux  cl  gais,  les  fermes  !iusanl(*s  do  propn*lê.  les 
j:irdins  ont  \\u  grand  luxe  do  Heurs  et.  cotxnno  oa-< 
sait,  le  ne<:mati(|ne  Hollandais  soigne  li*s   tulipes» 
la  jaciullii'  el  la  jonquille  uvec  fi'éncsiL'. 

Ces  canifvagncs  mnnlrcni  laule  leur  o^uleni 
dans  |,t  Zélande,  la  llnllande  Méridionale,  ta  llut- 
lande  Se|UetdnouaIe  ii\  la  Frise:  dans  celle  der- 
nière et  dans  les  deux  Hullandes,  sOQ»  des  sutcila 
tamisés,  le  sol  humide  a  pour  |>arurc  les  plus  fnu- 
elies  de  ces  praii'ios  sans  titt  qui  occupent  cnvirou 
1  iOO  000  hectares  dans  la  Nêderlande,  soit  plus 
des  deuv  cinquièmes  du  Royaunu*  chaque  jour  un 
(>eu  plus  retiré  des  e,ni\. 

Hollande  sablonneuse  et  tourbeuse  :  Hooge 
Veenen  et  Fehn.   —  Au    miili^  dans  les   im.s 
qui  contiiineni  la  OnupirM^  belge,  et  à  Fesl,  dans   M 
les  provinces  liniitropbes  di'  FAltemagne,  en  d'au- 
Ires  tenues  dans  le  sud  du  fhabant  \ederlandais, 
4ians  le  Lirrdnairgde  ïlollaiide.  dans  la  Gueidre,  le 
llaul-Vssel,  la  llrenlbe,  la  Frise  et  la  (irotiingiie, 
les  hommes  ne  fiiurmillenl  point  romme  dans  là 
région  du  ISfiiii.  de  la  Meuse  et  du  Zuiderzêo.  Sur 
1  TtiOOUU  hectares  (plus  de  ta  moitié  du  pays),  le 
sol  s'y  divise  entl^Mes  lK)(^ge  veenen  mi  tourhiùres 
et  les  sables  ;  aussi  la  lïretdhe  n'a-t-elle  que  :»!>  per- 
sonnes  an  kilomètre   canv,   le  llaul-Yssel  9o,  le 
llrabanl  tOl,  la   (iueldœ  105»  la  Frise  102,  tandis 
qu'on  en  coirq»te  Ifît   dans  la  province  d'Ulrerhl, 


I 


HOLLANDE, 


157 


I 


pK»A  dp  320  dans  !.i  ïlollnndo  Soplenirionale,  plus 
de  300  d.nis  In  .Méridiori.il*?. 

Li:*  U^mps  n'est  [ïliis  *iù  li's  vnnnonuxol  les  poules 
d'eau  îiiiiniaieiil  seuls  les  iioojro  vtvneii,  i|ui  s'éten- 
dent surtout  à  1.1  frontî^re  alleiiKuide  :  lii  elles  tou- 
chenl  le  ll.inovre,  leipief  ;i  sn  liiHine  pîul  de  la  plus 
ùteiidue  de  ces  t»Mit'ljièi*es  qui  est  le  inni'ais  de 
Bourtnn^e.  P.nr  des  travaux  qui  deuiaudent  ;iJlaut 
ifi-xacliliide  el  de  persévéra nf'<M[ue  rêdilieatiuu  des 
dii;ues  niarincs,  les  Itmrbes  y  l'ont  jilaee  à  des  l'elin, 
euclos  bordés  de  canaux,  cuUivéî»,  piaules  d';u'bres. 


Tel  de  ces  folui  n  10  000  iMbiUinls.  Autrefois  on 
brùluil  la  tourbe,  incondte  lenl,  lourd.  n;mséaI>ond, 
et  l'on  semait,  du  jrrain  daiss  la  rendre:  .lujourd'hui 
l'un  exploite  la  (onrije  jusqu'à  t^ou  dernier  inurceau. 
puis  on  amende  le  sol  qu'cll*?  couvrait  de  ses  eaux 
s(Mubres.  de  sa  lent?  noire. 

Les  lioojje  \eenet»  se  conliuuent  i;k  et  \à  par  des 
champs  stériles,  par  des  bnindcs  où  la  patience 
fudlanJaise  c  invente  »  des  moissons,  et  où  le 
domaine  du  désert  diminue  loiijonrs;  les  esscli, 
champs  de  culture»  s'élèvent  insensibiemenl,  d'an- 


Amstcrdaïu.  vue  du  Caml.  —  DcMin  do  Tbéromt,  d'aprib»  un*-  ptiotugraptiie. 


née  en  ;innée.  par  des  mottes  de  bruyère  ayant 
passé  dans  IVl;d>le  el  ipii  servent  d'entîtais.  Dos 
villages,  des  forêts,  des  pins  sylvestres,  des  menhirs 
el  dolmens  de  panit  rouge  sauvent  de  inonolonie, 
mais  non  de  mélancolie,  cette  région  des  hrnvéres 
néerlandaises,  el  des  ruisseaux  nmtins  y  courenl. 
plus  gais  et  plus  naturels  que  les  rivières  du  litto- 
ral, prisoimiéres  entre  dig^ues  dans  le  W*scau  régu- 
lier des  poldei-s. 

Les  Hollandais,  leur  langue. —  Les  Hollandais 
sont  lourds,  mais  leur  lulle  de  liuites  les  minutes 
ronth'  le  lldl  qui  gronde  et  le  marais  qui  tremble 
en  fait  des  bouuues  tenaces,  calmes,  avisés,  rélli'*- 
chis,  niélhodiques.  Au  dix-seplième  siècle  ce  toul 

0,  nuLi*.  Im  Tkhiii   a  vul  u'iii»r%lf. 


petit  pays  duminn  rOoéan.  fonda  New-York  el  fut  le 
inailiM*  du  liltoral  d'oii  sont  êdos  les  Ktals-l'nis;  il 
fut  aussi  prince  et  sei^fiieur  sur  la  rive  éblouissante 
qui  est  aujourd'hui  la  Iteii-ïimar  du  Urésil.  (Jii*)iid 
l'Anglais  leur  enl  enlmé  l'euiplie  d('s  eaux,  les 
Hollandais,  n  routiers  de  la  mer  ».  se  l'epliri'eut 
sui  leurs  délias  oii.  peuple  iiqnatique.  ils  diminuent 
les  marais.  pouipiMit  les  lacs,  assaiiiisseul  les  landes. 
Le  hollandais,  jarjron  bas-alkruaud  llxè  par 
de  grands  écrivains,  est  une  langue  expressive  el 
1res  riche.  Hors  «le  l'Eurtipp,  il  est  pjulé  par 
r»0  000  Kuropèeus  et  quehpies  nùlliers  d'indigènes 
à  Java  el  autres  ilcs  de  Mégalonésie  souuuses  à  la 
Hollande;   par  Nègres  el  Blancs  de  diverses  An- 

48 


tô8 


L\  TKKHE  A   V(»L   D'OISEAU. 


till(\s,  dt>  lu  (îiiyaiii!  hollandaise  et  d'uiio  piirt  de 
ia  titiyâno  anginise;  pnfiu ,  dnns  l'Afrique  ;iits- 
trale,  par  h*s  :>r»0OÔO  :i  ^OOïKUl  Hnrvs  'lu  i::i[)  i\v 
iiorine-Ksprr.iiirp,  du  .\al;il,  4ii  (iriquaLiiid  Ucci- 
dcnlal,  lit'  riil.il-Lilnv  ri'Oraiïgc  ol  du  Tninsvaal; 
<*l  à  l'ôli*  (If  tvs  litK'iti.  111)  noiiibro  nu  iii(»ins  doublr 
irftiiinnios  ih*  rare  o  a(Vi<::iiMi'  ».  (laffos.  lluUtMilots. 
iiu'UsIksUirds.'bara^ouirK'iil  lt>  Tii'erlaiidaiï«  auslrnl, 
ipii,  ilu  irtoins  diiris  l;t  iMiiirlii'  di*  ces  ruivivs.  n'est 
1>HS  le  il(^ll;llld;li'^  liHtnnr*'.  Sans  l'exloripieiiient  du 
Cap  par  l'AnjçleltMTo  hh  cojriinenceriiHiit  de  ce  siècle, 
lo  piiiler  des  Nedei'duilsrli.  ayant  de\aiil  lui  la 
poiule  d'uu  eordineiil,  N'niil  dtMenu  l'un*'  des 
grandes  langues  de  la  riatiêle;  et  peut-tHiv  ini^nio 
(jne  l'an^rlais  ne  j'eniporti^ra  p^is  sur  le  liollandais 
dnns  celte  Afriipie  tnrrididnale  où  la  race  des  lïoers 
a  repris  pleine  otMiseteneed'elle-inèine.  L<^  flamand, 
idiome  pirsque  ideidique  au  lioflandais»  est  le 
parler  de  jilus  île  ô  ruilltons  d'Iiununes  au  noni  de 
la  l!e)i,'ii|ii(>,  et  i-ri  IVariec  dans  le  petit  pays  de 
lïunkenpie  et  d'Ilazebrouck. 

Duiis  la  Frise,  eu  tirant  sur  la  lîasse-Mletnaîïne, 
une  [Jîtrlie  du  peuple  fi'isou.  ,i  peu  p»ès  ic  quari. 
a  conservé  si>n  antique  plaU  deulseli  qu'aucune 
œuvre  durable  u  a  uiis  au  rang  des  lanj^ucs  des- 
tinées à  vivie;  tout  le  unmde  y  parle  liollaiidais» 
et  le  frison  s\mi  va,  uiéiuir  de  la  Kr ise  ftisuruKUite. 

Près  de  2D00tlO0  Néderlandais  professent  le  pro- 
testantisme; environ  I6*X>000  le  catholicisme;  il 
va  IHJ  000  juifs. 

Villes.  —  La  Hnyï'  (llange),  exactemenl  La  Haye 
du  coude  ("s  (iraveuhaa-^i^),  a  100  000  liabilants. 
Des  dunes  sépaivnt  de  ia  mer  cette  ville  aimable, 
mais  silencieuse  et  merle,  dmil  le  [jai-|emeiil  dis- 
cute les  intérêts  des  plus  belles  îles  de  h  Tei're 
entre  l'Inde  et  IWusIralie,  C'est  la  capitale  du 
royaume,  mais  seulement  sa  Iroisiême  ville. 

Amsterdam  iilliOOO  liab.),  la  <-  cilù  des  milliun- 
naires  »,  fui  le  premier  port  du  monde  quand  la  Hol- 
lande aclielaii  et  verulail  ein*]  Ibis  autant  tpie  l'An- 
^delerrc,  vers  I(jjO.  el  jusqu'au  monienl  où  lelralie 
des  deux  nations  se  balança,  c'est-à-dire  cent  ans 
plus  tard.  L'a  canal  de  ^M'ande  uavigaliotj  unit  â 
la  nu*r^  du  Nord  ce  [jremier  des  poris  néerlandais, 
celfe  ciïé  uïaji'ure  de  la  llidlande,  cette  ville  mal- 
Baine,  bàlie  dans  la  b(tue  à  5  juélres  et  demi  au- 
dessous  de  la  crêle  ties  pins  hautes  marées;  une 
centaine  de  ennanx  vaseux  la  divisent  eu  UO  îles  re- 
liées pur  3U0  ponïs,  et  ses  vingl-ciuq  à  trente  mi  lit* 
maisons  porteid  surdes  pieux  qui  voiU  clierelierle 


sable  à  travers  15  h  IH  mètres  de  tourbe  el  de  vase, 
Amsterdam  ne  craint  plus  la  mer  de  Harlem»  lac 
dr'vi'im  polder  tnal^ré  Kt*s  1~\  millions  de  in»''twîit 
eubes  :  r  *M  le  prêsyijîe  du  sort  qui  alU'iul  le  Zui- 
derzée  lui-nu^iiie,  lorsqu'il  sera  poui[»ê  drrriêpc 
une  di^u'  séparaik  de  In  mer  cinq  iitilliurds  de 
uu'li'es  eubes  d  eau  —  non  pas  tout  entier,  dans  ses 
MhioiiO  lieclnn*s,  mais  seulenu'nt  dans  su  ]>4rtic 
mêiidionali',  au  sud  d'une  IJ^m*  allant  <rEukliiiixcn 
à  rilt>  d'I  rk.  puis  de  l'ile  il'l  rk  à  Ivamperi  ^ur  Y»8cl; 
IOr>000  htH:tare!i  seront  ainsi  irpri^  il  la  mer. 

riolterdam  (210000  hab.).  ^^ur  un  bras  du  Uhiii- 
Mi*UM%  ville  di*  j^rand  commerce,  cuih.irqne  dt^s 
émi^'ants  pour  rAméri<jue. 

Viennent  ensuite  rireclil  {S7  000  bal*.),  mu*  le 
Vieux  Itbin.  siègr  du  parlement  do  llollaiidt*  avant 
la  Haye;  tironingue  (ol)OOO  liab.),  mviid  de  C4- 
[;aux,  au  nord-est  du  pays;  Arnheui  (oO  000  linb.)* 
liur  le  L<'k;  Leyde  (i7  000  bab.),  sur  le  Viem 
Itbin,  ranti<[ue  Lyon  des  Dataves  (Lugdunuiii  lUtVi- 
voruui) ,  la  première  des  quatre  uuiver^iU'^  du 
ri>yaume.  etc. 


Luxembourg.  —  il  y  a  treule  ans,  le  Liixeiiibourg 

{:2ôS7i.'.  Ih'rïares,  tilMïOO  lialiitaiits)  était  compris 
daîis  la  CoufédéiMlioit  lîei'jnauiiiiic,  tout  ou  ap{Kirlt>- 
nanl  â  la  Hollande  :  c'est  ainsi  que  le  Seliïeswig'- 
llolsteiu  relevait  h  la  Hns  de  la  diète  allemande  el 
du  roi  de  Copenhague  et  que  iW  vastes  territoires 
étaient  Allemagne  tout  en  éUuit  Autriche,  Aiilricho 
(oiït  en  étant  Alli*ma^ne  —  ojj^Muisalion  louitle, 
délrnile  aujoui-d'bni,  nialhenieuseriient  pour  nous. 
Maintenant  le  Luxenïbourg  dépend  noniinaletncnt 
de  la  Hollande.  tii;ûs  s'adminislr»' à  son  ^rù.  Com- 
piis  entre  la  Ljusse,  le  Lu\embonrr(  ït.d-^e  el  l.-i 
Krancc,  il  a  pour  habitants  des  lanulles  parhirit  un 
dur  patois  allemand  et  professant  le  eathulicisme» 
(h's  lionmies  vigoureux,  ^n'ossiers,  nimanl  â  lioire, 
eontenls  île  |h^u,  capables  d'épargne,  sorte  d'Auver- 
|j:nals  qui  émir^rent  vers  Ions  les  lieux  du  monde; 
c'est  surtout  du  Luxi*tjiboiu'g  que  viennent  à  Paris 
CCS  légi<ms  de  balayeurs,  de  f^ix>ssière  allure» 
d'habit  sordide,  qui  tous  les  malins  enlèvent  au 
petit  jour  les  détritus  de  Lutêce.  Le  français  y  est 
langue  offieiellc,  héiita^e  du  teujps  (u'i  le  Luxrui- 
bourir  faisait  pari ie  des  Tays-Bas  calboliqucs  :  ceux- 
ci  étant  surtout  terre  wallonne,  l'administrulion,  la 
justice  y  par'laienL  iiotj-i'  idiomi'.  —  La  lapitale, 
Luxembour;^  (  I80U0  liab.),  domine  d'iui  haut  rucher 
rAizette,  rivière  du  bassin  de  la  Moselle. 


SUISSK. 


150 


ta  laagfnu,  —  Deâuu  de  Uiku. 


SUISSE 


Alpes  suisses.  —  Que  de  Venise  on  remonte  le 
Vit,  |iuis  le  Tessin;  que  rie  In  mrr  Noire  on  longe 
le  I>;inul>e.  puis  l'Iiin;  qu'on  suive  le  Ithin  en 
niontintt!e  l.t  Hollande,  ou  Je  Rh6ne  k  prlirde  l.i 
iVoveocr,  on  «rrive  êgiilenient  h  île  liantes  inonti- 
gne*.  btis^ins  verdoyants  on  eirques  de  débris,  hirs 
^profonds.  .Apm  gorges  où  hlnncliissf*nt  dc^  torrents 
nés  tliins  la  neige  ou  sortis  en  t>ouillonnânt  d'une 
.nrlie  di'  glaee  l>leui'.  Os  montagnes  se  noinmenl 
les  Alpes,  ce  p^ys  »'ap|ielle  la  Sniss4*,  aiitiqiit* 
llelvélie,  centre  tie  la  véritable  Eun»pe,  rnlre 
FraneCt  Itilie.  Vllcma^^ne.  ;'i  la  source  dont*  rivière 
qui  va  se  penfre  dans  lïtrieiil  slave  et  nminain. 
Sur  ia  Irontiêre  d'Italie,  le  Monl-lit>st'  (W58  mè- 


tres) et  le  Onin  ou  Malterhorn  (4i85  mètres),  le 
plus  fier  des  pies  d'Europe,  rommandenl  aui  autres 
rimes  de  la  Suisse*.  I>nns  rnbcrlind*  et  dans  les 
Grisons,  nombn^  de  cornes'  dépasM-nl  4000  métrés  ; 
telles  le  Fiiisti'ranriioni  nn  Sondirt»  corne  de  l'Aar, 
rAleIschborn ,  la  \  ierge  (Jun^rfniu) ,  le  Moine 
iMœnchK  le  Démina,  etc. 

L*  Suiss*'  ne  dresse  pas  1 1  r<>elie  euhniriante  des 
Alpes,  piiis^pie  le  Mont-Blanc  (4810  métrés)  s'élève 
en  Siivoie;  elle  n'a  |»as  non  plus,  comme  on  vnt'tt, 

|.  r^<  imil  alIrriiAiitl  ^imiI  diiv  Haut  l*a\ii  :  il  iti*«i)inic  kH 
Ir»  iiia>»îrh  «  sublime*  *  «lu  i^auton  'iv  Ib-rnt!  rt  du  V^bis. 
riitrp  UfA  Unnvbe»  mèm  de  l'Aar  et  la  JiAïec  sapiMnrufv  ilu 

i.  C'est  ca  qtw  si|pittt«  h  mot  «llrauiiid  Hora. 


un 


LA   TEURK    A    V(»L    O'OISEAU 


les  preiniei's  glaciers  de  la  Terre.  Sans  doute  elle 
en  pttrin  au  nmins  onze  conls,  qui  cuinisseul 
210  0(10  hecUuvs.  le  vin^'lièiiio  du  m>1  ln4vi'lit]U(\ 
et  parmi  ces  j^lnciors  II  pu  rsl  <le  su|H'rljes,  depuis 
leur  ben*enn  de  nrvA  jusqu'jui  cinlre  lilrii;Mtv  d'où 
s'élance  lo  snuvnge  ruisseau  né  do  ta  furfiim  dr* 
glaces,  lo  lorreiit  froid,  trouble,  violent,  qui  bon- 
dit ilussil(^t  on  cascades  siii-  l'osciiller  de  pierre 
des  antiques  iiiaraines.  Ueleiiues  sur  le  perieliaiil 
des  monis  par  des  digues  et  des  éperons  rie  ro- 
che» ces  nii'rs  de  jjlnre  soûl  lant<M  eiirornhrêes  de 
Llors,  t;iiilùt  lisses  et  nues  uu  saupoudn'es  seule- 
ment de  iieige;  ici,  elles  offrent  un  appui  glissant 
au  pied  du  voyageur;  Va,  elles  soiil  disloifuées, 
cassées,  dressées  en  ressauts,  liêrissiu's  d'iiif^'ullles, 
criblées  d'abinifs  il'oi'i  inotite  l'indistinct  murmure 
de  l'unde  snus-^lai  iaire  ipii  rourt  vrrs  l'an^lie  ter- 
minale; II'  plus  stujvenl ,  de  liants  nu  tiers  U'S 
pressent;  parfois  c'est  une  forêt,  une  prairie,  ou 
même  un  tapis  de  fleurs  qut  horde  In  rive  de  ces 
lleuvi's  pi'sarils  nu\  llols  sitrtuis  et  cnmpaets. 

Mais,  si  bettes  (pje  soieni  ces  rivières  erislnlli- 
sèes,  aucune  d'elles  n'a  ta  grandeur  des  glaciers  de 
rilinialflya^duriroenland  et  antivs  régions  polaires. 
pas  même  le  glacier  d'AleIscb,  le  plus  vaste  do 
Suisse:  du  pied  de  la  Vierge  à  ta  sourcede  la  Massa, 
tribulaire  du  IU»6iiP,  ta  mer  de  glace  <i'A!eIsefi  a 
pourtant  ^Jô  kilitrjjètres  de  tongueur,  1800  à  2000 
rn<!:tres  de  largeur  et  plus  de  14  000  beelares. 

Ces  mers  de  glace  n'ont  rien  d'innnuable.  Ati- 
Irefifis  vingt,  cuiil  lois  plus  grandes,  dese-endant 
jusqu'à  I>yon,  TireuLible  ou  Valence,  creusant  de 
b*ur  poids,  sous  leur  rampenient,  limant  el  rayant 
tes  paraifi^  elles  nriKlelaietit  itl^scui'émeiit  les  vallées 
que  nous  iulnrirons  iuijnurd  liui.  Indles  fie  leurs 
arbres  et  de  leurs  prairies;  elles  transportaient 
les  rorbes,  maintenant  dispersées  au  loin  en  ar- 
cliipels^le  IdfM's  erratiques,  l'uis  elles  dimirmèivnt, 
presque  inlinîment;  de  nos  jours,  tantôt  elles  s'é- 
pancbenl.  tantôt  elles  se  réiraetonl.  suivant  des 
lois  peu  connues,  par  périodes  dont  mi  ignore 
IVïaetR  durée  :  là  on  le  jinjiu'  homme  plissa 
sur  le  cristal,  il  trébuche,  ilevenu  vieillard,  sur 
les  pierres  i!e  la  moraine  fronlale,  car  le  glacier  a 
n^miiiité.  lia  reculé  de  plusieurs  centaines,  nn^me 
de  plusieurs  nulliei^  de  mètres.  Il  seud>le  (ju'en 
ce  moment  nous  arrivons  ù  la  (in  d'une  de  ces 
ères  de  dirninnlitm. 

Les  Alpes  embrassant  *25  millions  dheclares,  bi 
Suisse,  avec  ses  4  154  0,^2  hectares,  posséderait 
donc  le  sixième  de  «  l'Acropole  d'occident  »  si 
tout    l'ouest   de    son   territuire,    de  Scbafl'tïuse   a 


Genève,  n'appartenait  pas  h  une  autre  massif:  au 
Jura,  fait  de  murs  calcaires  d<ninnant  de  pn''S  ou 
de  loin  le  grand  val  de  rAar.  les  lacs  de  Hierino, 
de  Neucliâlel  el  de  Genève.  Le  Monl  Tendre 
(l(îS">  mètres),  entre  le  Léman  et  la  source  du 
Ihmbs.  rivière  française  un  instant  suiss«^.  est  le 
maître  sommet  du  Jura  d'Helvêtie  ;  avec  4€  mètiws 
de  plus  il  serait  l'é(:al  du  Crt^t  de  la  Neige,  \Mê  \ 
suprême  du  Jura  de  l'rance. 

Les  Alpes  ont  deux,  presque  trois  fois  la  laiUc 
du  Jura.  De  t;tnt  de  odlines  helvétiques  d'où  Ton 
voilà  l.'i  luis,  et  dédale  distance,  ces  deux  retiets 
de.  la  Saîsse,  quand  on  compare  le  plus  p<*lh  au 
filus  grand,  les  [mcs.  les  dents,  les  cornes  alpes- 
tres semblent  planer  de  plus  haut  encore  sur 
la  longue  et  monotone  corniche  du  Jura;  cepen- 
dant, connue  celui-ci  snutient  de  très  vnâtc>«  pU* 
teaux,  il  ne  «léprime  jtas  extrémenicnt  l'ïilliludc 
mnyenne  de  la  Suiss(^  qni  passe  pour  tyire  de 
I  r»(M)  métn*s.  presque  \r  double  du  pa\s  do  ITIurop^ 
auquel  revient  le  second  i*ang  pour  la  suri'i*cttun 
au-dessus  des  mers:  ribèrie  (700  mètres?). 

Inn,  Rhin,  Rhône,  Tessin.  — Enlre  le  canton  des 
Grisons,  mute  de  l'Autrirhe,  le  canton  d'L'n,  i-ouâe 
de  lAllemagne,  le  canton  du  Valais,  chemin  de  la 
France,  et  le  canton  du  Tessin.  chemin  de  Tllalie, 
le  massif  du  vSaint-tinIhrmi  est  un  très  haut  cliàieau 
il'ean  d'où  le  Ithin  hnt  veis  b*  noid,  k»  Itlii^nt*  vers 
le  sud-ouest,  le  Tessin  vers  ti-  midi.  (Juanl  à  l'Inn, 
dont  le  flr)l,  sous  le  nom  de  Haiinbe.  m»  s'arri^te 
qu'en  face  de  TAsie,  il  comiuence  un  peu  à  l'est, 
dans  b*s  Grisons,  prés  de  la  Iritnliére  italienne  : 
faibli-  encore  rpnntd  il  quitte  le  lerrilojre  fédéml,  il 
ne  roule  en  nK»yenne.  malgré  les  neiges  du  IkTiiina, 
r|ue  50  mètres  cubes  \ri\r  secoiule  lorsqu'il  passe 
en  Autriche  p.ar  les  gurt^'cs  de  Kinslermnnz. 

Le  Uliin  reeiiit  les  eaux  des  deux  grands  tiers  de 
la  Suisse.  Il  se  forme  dans  les  Grisons  par  l'al- 
liance du  Rhin  d'avant,  du  Rhin  dn  milieu,  du 
Rhin  d'arrière;  i-e  drrnior,  te  plus  l'url.  se  brise 
dans  le  formidable  élran^leim^nl  de  la  Vin  Mola  :  ' 
quand  le  soitfde  lièite  du  l'ehn  fond  à  li»rrenls  les 
névés,  les  glaces,  quand  uni*  4-liaude  plnii»  délave 
et  déblaye  li's  Tri  nias,  le  lîeuve  êtroilenjent  opprimé 
y  gontle  démesurément,  il  y  elTace  ses  rapides,  ses 
cascades,  ses  héj'isstMuents  de  roches  el  monte  à 
plus  de  deux  cents  pieds  de  hauteur  dans  celle 
dÀ'hii'ure  de  la  nionlagiie. 

Déjà  puissant  quand  il  soi-t  des  (irisons,  le  Itliin 
aniveâ  Siugaus,  lien  o  critique  »,  car  s'il  y  rongeait 
sa  rive  gauche  ou  hyussail  son  courant  de  5  a  6 


U'J 


LA    TKnilE    \    VOL    I>  OISKAlt. 


nit'îtros,  il  roproinlrnil  son  nncicnno  vnlItV,  quand, 
nu  lien  do  l'ourîr  an  nord  vors  1»»  lac  d(»  ConstanCL', 
il  sVn  ;»lLiit  h  roursl-nonl-ouesl,  par  los  hrts-fonds 
que  mnn|tjpii(  atijourtrfïui  lit  lac  de  Walti'nsUidl, 
puis  l.i  livirrr  IJnIfu  puis  In  \;ir  di»  ZiU'irh,  iMilin 
la  rîvirro  Lirnmnl,  nlflucnl  d«*  l'Agir. 

Avant  d'cnlri'r  dnus  ïe  niKitMtsoo,  noirr  lac  de 
ConsLmro,  L»  Ithiii  Iravrcst'  Irs  rjOOOl)  hfcUircs 
d'ftiluvions  rlonl  il  a  drjâ  diminur  crMi*  belle  ex- 
pansion dVnu.  Le  Cftdensce,  A  308  nièlivs  d'alli- 
lude,  se  parLige  entre  \ù  Suisse,  l'Aulrirho,  TAIIe- 
magne;  il  a  j.'îKjO  heclarrs  el  276  rn<*'(reM  de  plus 
grande  profondeur;  le  llltin  s'y  engoufTiv  avec  des 
floLs  trouldes,  il  eu  sorl  aveo  des  flots  verls  et  purs, 
fort  fie  \\ii  mètres  civIr's  par  seconde  à  loliago  oi^- 
(liiiairc.  de  350  en  eaux  nu)yennes;  au-tlnssous  de 
Schîtffijuse,  il  pereo  Ip3  calcaires  du  Jura»  puis  tombe, 
à  Lnufoii.  par  une  rastvule  4Ïe  -'0  rm'trfs. 

A  qiïehjues  lieues  de  li*!  Uî  Itbin  est  plus  que  dou- 
blé par  \'\i\v,  imnnense  torrent  roulaiU  a  la  fois, 
dans  un  hassiu  de  i  723 Ï*W  hectares,  les  eaux 
inipuit's  «rAlprs  neigeuses  et  de  claires  fords  du 
Jura.  L'Aar  conunence  par  des  eaux  de  glacier  ; 
elle  s'ahal  de  70  mètres  à  la  cascade  <i*Ati  rler 
Haudeck,  se  calme  dans  les  profonds  lacs  de  Itrii'iiz 
(2530  hectares)  et  ih-  Tliuu  (iSlO  hectares),  puis 
se  rafïproche  du  Juri  jus([u*à  presrpie  loucher  le 
pied  de  yes  esivapeiiietils.  Près  d'Aarberg  un  lit 
ariiliciel'  in  jette  dans  le  lar  de  Biennc  (4300  liec- 
Iffres),  où  elle  dèfio^e  les  ^^Mviers  de  ses  crues  et 
où  se  ré*::idarise  en  s'allénniinl  le  volunie  de  ses 
inondaliuns;  à  ce  lac  de  Bieimc  arrive  la  pure 
Thiêle,  issue  du  lac  de  Neuchàïel  dmil  l'eau  dort 
dans  une  cou<|ue  alloiigéi*  île  2501M)  hectares  <!'*»- 
tendue,  de  Jr»5  mètres  (['exlivme  profondeur.  Après 
quoi,  rerdrée  dans  son  lit  nntmvl,  TAar  reroil  Li 
Reuss,  eHhh'id  du  lac  de  Lueerue  ou  des  tju.dre- 
CanlonsForesriers(i  l  l()Oheeïaivs),pnisla  Liuunal, 
déver^oir  du  soitdue  lac  de  Wallenstadt  (2  220  hec- 
tares) et  du  riant  lac  de  ZuricJi  ((j«iO  hectares}. 
Elle  aniètie  au  i^liiu,  en  eaux  moyenne^,  508  mf^ 
tics  cubes  par  seconde,  cehji-ci  n  en  loulanl  ipic 
425;  et  en  temps  d'étiage  208  uièlres,  dont  58 
fournis  |tar  la  Limru.d,  4<>  par  la  Heuss. 

(l'est  à  Dàle  que  le  lEhitj  i|uitle  la  Stjisse,  avec 
un  volinue  ordinaire  de  i  000  nièlrrs  cubes  par  se- 
conde, oOOO  eu  crue,  500  à  l'ètiai^e. 

Le  Ithône,  l'è^'al  du  Ithin  (pjand  il  alti'iut  la  mer 
a  moins  de  part  aux  Alpes  suisses,  infériorité  qu'il 
rachète  p;»r  sa  parenté  avec  les  Alpes  de  la  Savoie 
et  du  I>aup]iJné.   Il  coule  d*uii  versant   du   Saint- 

l.  Creusé  réccmrnenl. 


(iotltai'^l  et,  fiu'îi  robslacje  des  monts,  S4'S  enux  Iit» 
plus  reculées  sont  voisines  des  sourees  de  VAbt, 
de  la  Hpuss.  du  Hliin,  du  Tesain;  il  sorl  Tiolem- 
ment  de  la  voûte  du  fameux  glacier  du  RliAne,  avfc 
une  abondance  variabh*  suivant  les  i^iisoiis,  {aibte 
on  hiver,  et  grand  en  juillet  de  18  mèlrcs  cobc$ 
par  seconde. 

Il  descend  mpidemenl  le  Valais  qui.  vu  de  haut, 
nWl  qu'une  fêlure  entn»  de  rolossales  nionliignei 
couronnées  de  fn^idure  él^Tnelle,  mais  lo  fond  èe 
la  vallée,  gan*'  des  ventii,  concentratd  tout  le  soUmI, 
est  torride  en  été.  doux  dans  les  mois  rîguureui;  tl 
a  même  des  villes  d'hiver.  Aigle  el  \U*x,  Lo  floii^e  y 
reçoit  la  Massa,  éj»aricliemeid  du  ginrier  d'Alebch, 
la  Viège  ou  Visp,  (pti  ras?*endile  les  l'ritiias  du  .Mont- 
llo»*'  (aussi  est-elle  plus  forte  »|ue  le  iVhôiic  niénie), 
ht  >avisanclie»  la  ikjrgnc  et  tu  Dnuise  A'alaisâne, 
torrents  tombés  <le  In  rhahie  étiïicelantede  ^lariers» 
qui  ^4épare  le  Valais  du  l'iémonl.  Grossi  de  toute» 
ces  eaux  louches,  il  jrasse,  par  le  délllê  de  Saint- 
Maurice,  erdre  la  I*<'nl  deMoridest't  la  lient  <lu  Midi, 
et,  après  avoir  eiré  >ur  lei*  8X00  lie<tareH  d'allu>itiii 
(|u'il  a  portés  daits  le  Léman,  i!  arrive,  fougueuse- 
ment,  ilans  cette  nu^rveilleuse  conque  bleue;  aus- 
sitôt il  s'amortit  et  si's  (lots  terreux  cirviennent  le 
cristal  dont  Moidreux,  Ohirens,  Vevey,  Kviaii,  Genève 
admirent  lelenjelle  grAce  el  réternello  beauté. 

Le  Léman  ou  lac  de  C(*nève  est  le  plus  v.nstc  de 
la  Suisse  en  même  temps  (]ue  le  plus  ngréablement  ■ 
beau;  vaste  de  577î<lï  hectares,  avec  ZT*i  mètres  " 
d'extrénn»  fond  et  150  de  profondeur  moyenne,  il 
itiiroile  à  372  mètres  au-tlessus  des  luei-s  :  ;iu  sud 
sVIèverd  di"s  Alpi's  dêtdurées,  au  noid  Ir  Jorat, 
collines  à  vigntdttes,  à  l'ouest  l'unifonue  Jura. 

Ouile  indigo  eomnie  rAW  du  lac,  le  Ithùiie  admi- 
rable s'en  écha|q>e  à  tienève,  grand  de  270  niètrt*s 
p,ir  seconde  en  eau  moyenne;  en  temps  d'étiage  il 
ne  verse  rjije  82  mèti-('^,oii  Ta  uiêioe  vu  di'scendre 
^1  iV.K  Sur  les  210  00H  herlajes  de  glaciei-s  de  la  _ 
Suisse,  ce  Heure  en  revenditpie  pour  sa  part  ptv^  ■ 
delà  moitié.  lOtOOO;  le  I\hin  en  réclame  750ÛO, 
lliin  iS3()0  et  le  Tessiji  12  WM). 

Le  Tessin  bondit  dans  une  vallée  très  inclinée,  ■ 
qui,  d'alfM'stre,  devii>nt  bientôt  chaude  et  lumî- 
neuse.  Kn  aval  «le  ISellinîîona,  dont  le  stMd  nom  dit 
éloquemmetil  quelle  langue  on  paiie  au  bord  de 
ce  torrent  magnilique,  il  toudte  flans  le  lac  Majeur 
(21000  hectares},  qui  commence  en  Suisse  et  s'a- 
chève en  llalie  après  «voir  englouti  la  Tresn,  dê- 
vej-stïir  <lu  beau  Lie  de  Lugano  (55iO  hoelares), 
partagé  corjnue  le  Majeur  entre  la  terœ  d*Helvélie 
et  la  lenv  d'  u  Ausonie  u.  Sorti  de  l'urne  du  Lflgo 


I 


I 


_•- 


SUISSE. 


m 


I 


Mnggiore  avec  un  flot  de  oSt  mvlres  cubes  pnr 
socoihIo  niix  oau\  nioyonui^s,  do  50  à  l't'tiagc  e\- 
tn^niL».  «le  lOOO  l'ii  grnnci»»  crue,  U^  Tossin,  drsoi - 
mais  il-nlicn,  sô|mri>  1;i  Loiiiltnitlk'  Ou  Pît^norii  t<t 
va  douiilor  le  Vd, 

Quatre  pays,  qua- 
tre peuples.  —  Au 
ivciMistMiicril  do  1888, 
la  Suisse  coni|>tait 
2  0r>iU(K)  habitants  sui- 
4  li)4(ir»2  htMl.'in's,  r>u 
71  pt'i'sonnrs  au  kili>- 
niMre  cahv,  la  France 
ou  ayant  73.  Un  doit 
donc  la  dire  Irùs  peu- 
plée t  car  les  boinn*s 
terres  y  tK'ru[MMil  la 
moindre  partie  du  sol  ; 
on  les  trouve  surtout 
dans  le  Jura  et  dans  ce 
qu'on  nonuue  Plaine, 
EMaleau  ou  Valb'e,  c'esl- 
à-dire  dans  la  Suisse  de 
r.Vanr  ou  Suisst»  mé- 
diane qui  va  du  Iftc  de 
Genève  au  lac  de  Con- 
stance et.  dans  le  sens 
opposé,  du  bas  des  Al- 
pes AU  bas  du  Jura.  Sur 
les  vers'Uiïs  utoyens , 
sur  les  phiteauxque  ne 
glace  paslallitude,  ver- 
doient le^  pj'ïturn^es 
qui  font  de  In  Suisse 
un  pays  d«  bestiaux,  de 
lail,  de  beurre  et  de 
fromage; plus  linul.  les 
sombres  loréls  d'arbres 
du  NiirJ  :  plus  haul  en- 
eoi-e»  le  désert  où  (juel- 
ques  mousses  et  de  [»e- 
tites  fleurs  bravent  ia 
SilH'rio  des  névés,  à  * 
quelques  lieues  des  lacs  ilhiiuiiiés  d'Italie. 

Ui  Suissi»  est  uiu'  fédéral  ion  de  vin^zl-ileux  can- 
tons et  de  trois  sous-cantitns.  chacun  niaitre  chez 
lui.  s*adminislr:uil  A  son  *:ré.  Ces  cantons,  naturelle- 
ment, sont  petibs  :  >i  Quand  je  secoue  ma  perruque, 
je  poudre  luute  la  Hépublique.  n  disait,  en  parlant 
de  riltal  de  (îenèvc,  M.  île  Vollain*,  qui,  de  sa  col- 
liue  de  Fernev.  vov.iit  i*l  l.i  Suisse  et  la  Savoie. 


Trois  seulement  ont  plus  ou  moins  Taire  d'un 
dé|tart4'ïneiil  français  :  les  Grisons,  avec  leurs 
713280  lieclareti  ;  Iterne,  qui  en  a  688  810:  le  Va- 
lais,qui  en  contprend  .V248fln;le  m<»indre  des  can- 
tons, Zoug,  s'étend    sur   23  i»20   hectares,   et    le 

moindre  d«*s  sous-can- 
tons, ilâle- Ville,  sur 
rir.XD.Sï  ÏV.Ui)  diMlcme 
.1  UUHHm  ]i;dntnnls.  et 
celui  de  Zurich  33î»  000, 
[  nterwalden  ■  d'en -bas 
n'en  a  que  12  300. 

Suisse  allemande. 
—  t.a  Sui>>e  iilieniandtf 
occupe  rt*st,  le  noiti,  le 
centie  du  pays,  avec 
t>  (103(11111  liahit.'mts,  y 
cornpi'is  b*s  «  germano- 
phones M  des  cantons 
romaiidi?;  elle  renferme 
donc  les  sept  dixièmes 
delà  nation  helvétique. 
Chez  elle  naquit  l'in- 
(lépendanee  nationale  : 
trois  Suisses  allemands, 
nous  dit  l'histoire, 
peul-t'tre  la  légende, 
juréiTiil  le  sormeut  du 
Grutli  ;  k»s  batailles  de 
MorL;arlen,deSenipach, 
de  .\iffi*Ls,  furent  i^ix- 
j,aiées  par  des  volontai- 
res de  celte  race,  et  la 
Suisse,  |K'U  il  peu,  se 
forma  par  adhésions  ou 
conipiétes  autour  des 
montagnes  qu'avaient 
délivrées  les  héros  do 
ct»s  trois  vicloirf.*s. 

b*s  Suisses  tudesqui^ 
parlent,  en    plusieui*s 

udois,  un  alleinrmd  de 
U  Cerf  In.  (Tôt.  p.  lôO).  —  Dessin  da  M.  WhTinwr.  .        , .         .        ,     , 

■^  posh'r,  I  un  des  dialec- 

tes les  plus  durs  de  ta  dure  lignée  des  lances 
germanitiues:  chose  commune,  s'il  est  vrai  que  les 
idiomes  [de  la  monta;nie  scdistintrtïfnt  des  idiomes 
de  la  plaine  par  la  force  cl  Taboudancu  des  ex]ilo- 
sions  gutturales. 

Suisse  française.  —  La  Suisse  fnmçaise  oc- 
cupe eu   eu  lier  les   trois    cantons   de    Vaud,    de 


la 


L\  TERME  A  VOI.  D'OISEAU. 


NeuehâU'l  *'X  de  Gfin«We;  de  plu?,  lo  scpli»'me  des 
Dt-rnois,  m  iJiverses  v.illiVs,  sur  rlivcr-^  platonux 
du  Jur;i  ;  pivs  do.s  S(»pl  di\i«'rnes  des  Fnboni'Ki'ois; 
plus  des  doux  tiers  dos  Vnlaisans  :  en  toul  (îr»SUO0 
poisofuu's,  un  p*Mi  HUMUS  d<'s  t^'i  conli<*'mf*s  du 
pru[tl<»  fodêiô,  ex;icl('uiL'iittil7  tuilliouH^s.  LcsSuisses 
français  ont  toujours  eonlribuè.  ils  rontrihueul  cn- 
rort'[)our  plus  qui*  Idjrpnrl  .'lU  liofnvnnnuli*  imlrc 
l;!iij^ji'  4*1  uKiIji^ri'  leur  Iri's  pL'Iit  numliivros"  frôirs 
st>parôs  0  nous  simU  [htïmcux.  Dofiuis  «pie  l'Allo- 
nia<ïno  pri'ti'iid rè^iunM'u  vimIu  iI'uij  diuil  itiilrrifur 
cl  su[)i'riiMU',  ils  si?  setitiMit  do  phjs  en  plus  iT.tii- 
çais,  et  les  Suisses  alloiiïjjiids  do  plus  en  plus  Teu- 
li>us,  ci  hiiws  d(Juto;lUs^si  les  Suissos  italiens  do  plus 
en  plus  llïdii'us  —  l'unité  uioralo  de  la  Suisse 
n'exisle  plus  dans  sa  vieille  inlêgrilê. 

Suisse  italienne.  — La  Suisse  iulienne  (li)700(l 
personïies)  coniprond  les  versnnis  tournes  vei*s 
rilîdie,  dans  le  csinlon  du  Tessin,  et  quelques  val- 
lées dos  (li'isiMis.  Kilo  a  plus  (l'iiiiporlaiioe  (pi'*ui 
no  le  croirait  a  la  viursi  uteiuio,  p;ure  (pril  m  siirt 
un  nonibi'o  ineroyablo  d'ônii^rants  qui  se  dispcrsont 
eu  Imit  pays  subluruire;  «{uand  l'Lînivors  aura  les 
si\,  liuJt»  dix  uulluuHJs  d'humains  ql^ot^  liti  prédit. 
de  numbreui  millions  auront  pour  aneètres  dob 
Ticinesi. 

Suisse  roamanche.  —  La  Suisse  routuanotie  ne 
conlionl  pas  TilMMIO  personnes.  Les  grandos  inon- 
lagnes  où  enjuinenrenl  l'Inn  et  le  Rhin  ôlaienl  jadi:î 
exclusiveuionl  [jeuijlées  de  llouiiianehes  ol  de  La- 
dins,  gens  parlant  deux  dialectes  néo-lalins  res- 
sonibl;int  à  rauvorf^ual  autant  qu'à  rihlien  ;  on  ne 
savait  rjiie  ces  (lalnis  à  CeiroT  dans  tous  les  firisons. 
dans  les  nionls  d'Ap[ïenzell,  dnns  une  parlii*  du 
Tirol,  et  Ion  aurviit  pu  sans  iMiIrecuidaneo  pio^ 
Tïiottr'O  pxiciisior»  ol  durée  à  la  hing^uo  de  iiioula- 
^nards  retranchés  dans  de  si  hautes  «  Sierras  u. 

Mais,  les  temps  venus,  les  Flounianrhes  et  les 
Ladins,  sorrés.  èli>ulVosonti-e  l'Allomaj^ne  ol  rilalio, 
it'ayant  point  dir  lanj^ue  êrrilo  et  peu  à  pou  nièlés 
dïdôruenls  <:îeriuains,  r»nl  rfuinuonrô  d'abanitonnoi- 
leur  idiiuno  p(*ur  l'allotnand  ;  à  rljaque  looonso- 
nient  leur  nutubre  diminue,  el  l'on  ne  se  sert  plus 


en  Suisse  de  ce  lingiigo  que  dans  une  partie  i 
Crisons  (sur  les   braiiobe^  Mipérieuivs    du    Rliifi) 
et  dans  i'Engadine  ou  haut  bassin  de  ïh\n,  l.i  |>lu6 
oleviV  des  grantles  vallées  d'Europe,  eiilro  1000  «t 

1800  Mièlrrs. 

Los    llouniaiiehe^   émigreni    eomme   huis   \rm%j 
autres  fn>i'Os  en  altitude,  Savoisieiis,  Auvi^rgnals. 
GaliciiMis.  fli^dilandors  nn  Kabxles:  on    trouve  éta] 
pâlissjers,  dos  «wnitjsours,  des  cafetiers  de    rWle 
inee  dans  loutes   lo>  villes  d'Eunipe.  Plus  d'un,  j 
ayant  lait  roj-luno.  io\ioiit  Unir  ses  jours  au  villagre, 
dans  Mjri    lùigadino    aux    lacs  Truids,    aux   neîj^r^j 
vieillies,  aux  bois  de  mélèzes  el  aux  Hern  flinillt^i 
ou  pins  reinbro  qui  émissent  en  forêts  jusqu'au] 
livage  mémo  dos  glacioi-s.  Les  autres  Suisses  émi-l 
^ivnl  aussi  boauooup,  h  raison  de  8tM>0,    ItJUOO, 
\2(M)  par  an,  parfi>is  |>lus  enrore,  surtout  vers  les! 
Liais  linis  do  l'Aniôiiqiii?  tlu  Nord  et  vers  la  PnnqKi 
platéenrus  dans  l'Antériipie  du  Sud. 

Près  dos  trois  cinijuiéiues  dos  llelvêliens   |»n'li>- 
senl  le  pr4)lostaniistn<%  le  resti»  est  catholique,   à\ 
l'oxreptiou'd'un  (leu  plus  dv  H\H)i)  juifs. 

Villes   —  L:i  onpitale  fédérale  Rerne.  ville  alle- 

iinodo  an  bord  ilo  l'Aai',  n'a  que  ^GO()(l  âmes.  En 
quoi  elle  est  nmirnlriMpn'  n  l'AthAnos  li(dvotiqucu» 
Zurieli,  assise  sur  hi  Linnu^ii,  â  l'endruit  où  ciHte 
rivière  épaiirho  les  eaux  VfMios  <lu  lac  de  Zurich  : 
sans  ses  ranhfMii'.i;s  l'Athènes  suisse  ne  couipi*ejid  ' 
que^HOUO  hid>ilants.  mais  avec  sesPanhourgs,  dont  H 
4)uolqiievUUS  a.ssozéinignés,  elle  on  eonlioijl  ÎMHM»0: 
ce  qui  lui  ihinne  la  primauté  dans  la  (lotdôdêral^oD. 
Llue  autre  ville  de  lu  Suisse  allejnande.  la  richissime 
Bille  (Basol),  au  grand  coude  du  Rhin,  renferme 
70  000  âmes. 

bans  la  Suisse  fran<;aiso,  le  proinioi'  ran-  rr\iojil 
à  Gonê\o  f:>20n()lMbtlan1s,  T'iiOOO  nvoc  les  fau-  J 
hour^^s).  Cest  là  (juo  lo  llbôno  éolnippe  à  sioii  lac  1 
azuré  par  un  torrent  b!ou  si  clair  qu'en  le  sondant 
du  regard  ou  en  voit  passer  à  la  Ft^îs  (ous  les  flols. 
dos  eounuils  do  surCaco  aux  rouiaiils  du  fond,  à 
travers  des  eaux  do  plus  en  plus  sombres,  maïs 
tunjours  i4léatonienl  4liaplKinos  :  loi  ost  le  Rhône 
genevois,  pour  (|uelqui's  inslanîs  le  plus  beau  des 
fleuves,  du  I^éman  jusqu'à  lArv{*  inqiure. 


I 


» 


En  Vtvarais:   sur  l'Ardèclic.  (Voy.  p.  148.)  —  Dessin  de  F.  Sorricu,  d'«pr{«  une  phologniplue. 


♦•• 


FRANCE 


Nom,  situation,  limites,  étendne.  —  Ln 
FïTiiu'o  \mriv  un  nom  dt»  ivnconlro;  elle  s'nppt'Iait 
autrement  lors»|ue  l'histoii^e  en  jKirla  pour  la  pre- 
mière fois. 

Klle  se  nomme  aiii^i  d'une  peuplade  ultemande, 
les  Francs  *,  qui,  vers  les  derniers  jours  de  liome, 
»*nvaliirenl  le  nord-est  de  la  (Inule.  l  ti  de  leurs 
roilelel5  eouverts  de  snng  s'i^tahlil  dans  une  ville 
de  la  Seine  où  lenipereur  Julien  nvait  eu  son  pa- 
lais, à  Luièee  ou  F'aris,  lml>iti'*e  par  des  Celles  qui 
n(*  snvnient  plus  la  langue  de  leurs  ancêtres. 

(inr   la  Gaule,  elle  aussi,  séUi'ii   prise  dans   In 

Ui  iKiui  i\ie  ers  i:oiu(Ui>j*aiiU. 

0.    lUCLC».    L*  Tenu*  A    VUL  D'uafeAV* 


toile  lisst^c  sur  IKuropc.  l'Asie,  lAHique ,  pnr 
une  araig-nêc  g^i^antestjue:  nu  milieu  de  la  Mêdi- 
lermnée,  au  centre  du  vieux  monde,  home  guellail 
tous  les  peuples  ;  un  de  ses  tentacules  «lisil  la 
Gaule,  quelques  décades  avant  Jêsus-Clirisl. 

Ivl  la  (ïaule  oublia  son  vieux  celle  |NJur  le  latin 
que  pnriaient  les  soldats,  les  juges,  les  avo4*aU, 
les  huissiers,  les  leveurs  d'im|xMs,  les  admi- 
nistrateur, les  marchands,  les  t^k^gonts,  \v9  acteurs 
et  les  liallerin»'s. 

Autour  de  Paris,  la  riaide  contrite  qu'égayeni  la 
Seine  pure,  la  Marne  tortueuse,  l'Oise  et  sa  sœur 
TAisne.  s'appela,  d'après  h's  Fnines,  si's  maîtres, 
rile-de-Fi-unce,  ou  siniplemenl  lu   France;  avec 

lu 


U6 


LA  TERRE  A  TOL  DOISEAU. 


les  progrès  de  riiégêmonio  parisienne  ce  nom  s'élen- 
dil  sur  les  cinq  sixièmes  de  rancienne  Gaule,  de 
la  M.'tnche  aux  F*yrènèes,  de  l'Océan  à  lu  Belgique, 
ù  rAltein.igiie,  ù  la  Suisse,  â  l'Italie. 

La  Gaule  ne  s'arrûluil  qu'au  Rhin,  mais  la  colu- 
nisiition  ludesque  i^l  l'injuslire  des  Iwlailles  nous 
ont  ravi  dej'riL'je  ce  (louve  Its  pays  devenus  Belgique* 
sud  de  la  llulUnde,  LuxeiiiLourf;;.  l'russe  rliênane 
de  lu  riviî  gauche,  Bijviêre  rlièiiane.  Alsace-Lorraine 
et  ]>ivsqNe  Iftule  la  Suisse  —  soilplus  de  onze  mil- 
lions il'lieclares. 

Quand  la  Husî?ie  ne  faisait  ivellenieul  pas  ptirlie 
de  iiuti'C  tnonde,  avant  qu'elle  devînt  le  petqde  qui 
nous  couvre  déjà  (fe  son  ombre,  la  FraiiCL'  étaîl  le 
centre  de  l'Europe,  enire  les  Anglais  et  lesllidiens, 
les  Ailem;nnls  el  tes  Espagnols,  à  disliince  égale 
des  Pojtiigaisoanïpês  nu  IjouI  des  terres  et  des  Scan- 
dinaves fK'i'dus  dans  le  brouillard  el  la  neige  du 
Nord.  Aujourd'Iun  la  I^olognc  aux  trois  U'onçons 
occupe  le  lien  d'r'(|ïiilibre. 

Telle  que  Ta  ivduile  une  paix  hoileuse,  la  France 
a  maintenant  pour  limites;  au  nord-est,  la  Bel- 
gi(|iji\  royrtuine  à  demi  fj'ançais  par  sa  lan^oie.  ej 
le  Ltixembijiug,  où  notre  idiome  est  encore ofliciel; 
à  Tesl,  l'Allema^^tte.  l'Alsace-Lorraine  itidi^née  de 
sa  nouvelle  allègeimce,  la  Suisse  où  nous  nou 
prolongeons  par  des  cantons  francophones  ;  au  sud- 
est,  par  delà  les  Alpes,  Fltalie  où  plus  d'une  vallée 
du  ['téniont  est  franeoplione  aussi;  au  sud,  par 
delà  lus  Pyrénées,  TEspagne  calidane,  ai'agonaise  et 
basque.  Partout  ailleurs  flottent  les  grandes  eaux, 
nu  septentrion  la  nier  du  Nord  et  la  Mancbe,  h 
l'occident  rAtlanltque  verte,  au  sud-est  la  Médi- 
terranée bleue,  Froiiliéres  terrestres  ou  marines, 
le  pourtour  dépasse  5000  kilomélres,  sans  tenir 
compte  des  menues  courbes  el  des  petits  aiifcles  de 
la  ligne  de  terre,  des  caps  nait:s  el  des  anses  mi- 
nuscules du  littoral.  Pe  ces  kilomètres  d'enceinte, 
plus  de  3000  aftparliennenl  au  littoral.  La  France 
est  donc  ou  devrait  être  une  nation  maritime  au 
lieu  d'une  nation  continentale,  mais  elle  ne  l'a 
jamais  compiris. 

Nous  occupons  oô  fi  10800  hectares  *,  avec  39  mil- 
lions' d'habitants  on  7ô  par  kilomètre  carré. 
Comme  aire,  c'est  à  peu  prés  le  950*  du  Globe,  le 
%t>'  des  terres,  le  18*  ou  le  19*  de  l'Europe; 
comme  population,  le  8"  de  l'Europe  el  le  aX"^  du 
monde.  Petit  pays,  grands  destins  I 

Honts-  —  Nous  avons  ti*ois  grands  chemins  : 

1.  D'après  de  récents  calculs  dêllniurs. 
%  38218  003  ail  rpcensennïnl  Ae.  IHRfi. 


Paris  a  Marseille,  Marseille  à  Dordeaux,  Dordeanx 
h  Paris. 

Le  premier  unit  le  nonl  nu  sud.  la  Manche  à  la 
Méditerranée,  p,ir  la  Seine,  la  SaOne,  le  HhÙDc;  le 
second  unit  la  Méditerranée  à  TOcéan  par  la  Ga- 
ronne; le  troisième,  complétant  le  triangle,  va  dcln 
G.Huntie  â  la  Seine  par-dessus  la  Loire.  De  Paris  à 
Marseille  on  passe  par  les  cols  de  la  Bourgogne;  de 
Marseille  à  Bordeaux,  par  le  col  de  Nnurouse.  ou- 
vert à  189  mètres  seulement  d'altitude,  entre 
Pyrénées  et  Cêvenne».  I>e  IWrdeaux  à  Paris  on 
marche  de  molle  vallée  en  molle  vallée,  de  douce 
colline  en  douce  colline,  de  plateau  bas  en  plateau 
bas;  le  plus  haut  massif  que  rencontre  le  chemin 
de  fei' dans  sa  course  de  578  kilomètres  entre  la 
«  cilé  mère  »  et  la  a  reine  du  Sud-Oiiest  o,  n'a 
i\w  107  mètres  :  c'est  celui  qu'il  traveree  par  son 
plus  Iruij^  souterrain,  le  lumu^l  de  Livernaiil.  fore 
dans  la  croie  sous  le  faite  entre  Charente  el 
Dr-oune.  De  Paris  à  Mars4Mlle,  les  petites  montai- 
j^înes  c[ue  perce  le  tunnel  de  Blaisy  clépassetil  à 
peine  600  mètres.  Ces  trois  grandes  roules  sont 
très  faciles. 

Plus  de  25  millions  d'hectares  de  montagnes 
contre  plus  de  28  millions  d'heclaivs  de  plaines  el 
de  coteaux,  la  France  est  presque  exactement  par- 
ta^ve  entre  le  haut  et  le  bas  pays. 

Monts  de  France.  —  Leur  seigneur  el  maître, 
le  Pijy-*le-Sn!iry  (IKSG  mètres),  se  dresse  à  la  source 
de  la  lïoiiltjjrne,  au  niinl-nui-sl  du  lac  Paviij,  e^'ui 
bleue,  pi'ofonde  de  9-i  mètres  en  une  gueule  d'an- 
cien volcan  ;  il  voit  à  ses  pieds  son  propre  massif* 
les  l*ore,  jadis  ignivomes,  avec  lacs  dans  leurs 
cratères  éteints;  il  conleniple  des  goi-ges,  des 
pAtis  el  pelouses,  et  au  delà,  sous  les  qualre  vents. 
des  imMit.r^nies  justpiVi  Hiorizon. 

Au  nord-uord-esl  des  hore,  ce  sont  les  D^^nie, 
vieilles  ampoules,  volcans  us4»s,  cheires  ou  fleuves^ 
de  lave  refroidie  sur  un  haut  |>lateau  de  pacage; 
soixante  monts  y  flambèrent,  qui  sont  devenus 
froides  pustules  :  lu  domine  le  Puy  de  Dôme  (1465 
mètres) ,  au-dessus  de  Clermoul -Fernmd  el  de 
son  a(hnirablc  plaine  de  ta  Limagne,  parcouiuc 
par  l'Allier. 

A  l'ouest  des  Dore  et  des  Dôme,  dans  les  monts 
du  Limousin,  cominaude  le  Uesson  {978  mètres), 
voisin  des  sources  de  la  Vezère  et  de  la  Corrèze, 
lorrents  vifs,  et  de  Li  Vienne,  bmgue  rivière.  Gra- 
nits et  gneiss,  ils  vont  de  criïupe  en  rrou|»e,  de 
dôme  en  dôme,  de  pAture  en  pjHure;  sous  un  ciel 
humide  leui^  étangs  s'épanchenl  en  sinueux  mis- 


FRANCK. 


147 


se;iux  d'eau   rougeâlre  ou  noirâtre  :  c'est  le  pays 
des  chillaigniers. 

Au  midi  des  llorc,  lo  Cantal,  vrai  château  d'eau 
du  Centre,  splcndide  par  ses  prairies,  ses  lorreats, 
ses  cascades,  monte  entre  Dordogtie,  Loi  et  Allier; 
il  a  pour  télé  le  Plomb  du  Carit.d  (I8j8  mètres), 
aux  fontaines  de  la  Cère  et  de  TAlagnon,  char- 
mants tous  deui.  Fait  de  volcans     qui    nYa-uctenl 


plus,  il  déploie  en  éventail  ses  vallons  d'idylle 
au  pied  des  org^ues  ou  colonnades  basaltiques,  des 
laves,  des  pierres  ponces,  des  tracliyles  glacés  par 
l'âge  immémorial. 

Çà  et  là  volcaniques  sur  un  piédestal  de  granits, 
de  gneiss,  de  inicascliisles,  les  luoals  d'Aubrac. 
au  sud  du  Cantal,  en  sont  séparés  par  la  sauvage 
Truyère,  dans  sa  gorge  profonde  que  le  chemin  de 


a» 
Px\RïS 

ot  de  eea  £n.vxpons, 

au  tcnip»  de 

JULIEN. 


PUo  gnvé  par  L  ThulUier.  —  Éctiello  de  1  coaUmèU^  pour  1000  nifitru. 


fer  de  Neussargues  h  Sévérac-le-CiiA(eau  franchit  par 
le  viaduc  du  liarabit,  le  plus  haut  de  la  Terre*. 
Le  Mailliebiau  (U7I  mètres)  y  contemple  d'im- 
menses |Kiturages,  de  tout  |)ctils  Inès  et,  vers  le  Lot 
cl  la  Truyère,  des  torrents  qui  scient  les  roclios 
vomies  en  fleuves  fumants  par  des  volc-unls  morts 
avant  toute  histoire. 

Volcaniques  sont  aussi  les  moula  du  Velay  [1i25 

t.  Long  de  505  métrés,  haut   do   132-.30  :  prés  de  deux 
îoït  Notre-Dame  de  Paris. 


mètres),  h  l'est  du  Cantal,  dont  ils  sont  coupés  par 
TAllier;  ils  montrent  encore  150  h  200  cratères, 
—  au  chercheur  plutôt  qu'au  passant.  —  car 
res  boursouflures  sur  le  pl.*U*;»u  d'tMilre  Loire  et 
Allier  ont  pour  la  plupart  perdu  U  netteté  des 
formes  :  l'une  des  mieux  dessinées,  le  cratère  de 
Bar,  n'a  plus  son  lac  ;  le  cratère  du  Bouchet  u  gardé 
le  sien. 

Vis-à-vis  de  ces  coulées,  h  l'ouest,  planant  sur  la 
rive  gauche  de  l'Allier,  sur  lo  rive  droite  de  la 


148 


LA    TETtRE    A    VOL    D'OISEAD. 


Truy^re,  entre  U  Vôlavie  el  l'Aubrac  qui  tous 
douï  namboyèrrnl,  la  Margoridc  (1554  métros)  ne 
bi'ùla  jîinmts;  sans  lavos  issues  d«  rougos  soupi- 
raux, (ouïe  en  rochns  dunv^,  croup*?  noire  de  fonHs, 
ni  brisr<\  ni  tailii*e,  cllt?  barre  l'horizon  par  une 
êrhino  t^nnnne,  uiuforme,  inllex^ible. 

A  rorient  des  iii<)nt,s  du  \elay  se  lèvent  entre 
Loire  elHIit^ne  d'autres  monts  pre&que  lous  volca- 


niques: monts  du  M(^zenc  (1754  mètres),  Mégal  den*| 
télé,  Tanarguo  fouetté  piir  les  grandes  pluiosXoiruD.I 
nionls  de  rArdèclie.  r*jivês  des  géants,  colitnnadc 
basaltiques,  cascades  sur  les  lave»  écroulées,  Cïtca* 
liers  raboteux  et  corridors  droits  creusés  par  let 
l(»nvrilH  dans  la  pierre  volcanique,  iiiunensc  |kiiiI 
imtui'eP,  lacs  de  cratère  dont  le  plus  grand,  l'is- 
sarlës,  pend  sur  la  Loire  naissante,  tout  ce  piw. 


I 


Dans  le  Cantat  :  !□  f.ùri^,  (Voy.  p. 

te  Vivarais»  vaul  certes  les  plus  beaux  o{  les  plus 
j'mprèvu.s  du  monde. 

On  va  de  ces  moiiLs  à  ceux  de  la  Lozère  par  la 
Airùl  de  Mercoire  il501  mètres)  où  naît  l'Allier, 
par  le  Goulet  {lillt)  mèli-es)  où  nait  le  Lot.  La 
Lozère  {1702  mètres)  où  unit  le  Tarn  est  utie 
montagne  que  les  forêts  ont  cessé  de  garantir; 
bâtie  de  granîtSt  de  micaschistes,  de  schistes,  elle 
tombe  en  ruines  çà  el  là,  comme  tant  d'autres 
•n  France,  en  Europe,  et  bientôt  dans  le  monde 


entier,  car  parlout  on  coupe  les  bois,  el  la  mort 
de  Farbji*  sera  la  moil  *le  riionime.  l'ar-dessus 
le  Tarn,  la  Lozère  Fait  face  au  Bouges  (1424  mè- 
(res),  que  les  buis  verdirent  —  d'où  son  nom. 
Bougés  el  Lozère  s'attachent  aux  f'ajiieuses  Cé- 
venues, 

Cévennes.  —  A  partir  de  leur  soudure  avec  la 
1.  Le  jjont  d'Arc,  sur  VArdérhe. 


FRANCE. 


149 


Ixz^re,  l«s  Cévennes  s'en  vont  au  sud-ouest  sous 
dilÏÏTfiiils  noms,  flt'vennes  propi-es,  Aigaual,Sainl- 


Guiral,  Espérou,  Sêmnne.  Escandorguts  monts  Gar- 
rigues, Espinouse  et  monis  do  Laraune,  Montagne- 


«  il  1 1"  i  k'»'*'"'^' 


iHr-wii)  de  A.  (lo  .^cllVlIlc. 


Noire,  collines  de  Sainl-Fùlii.  Chain«  varitV,  tan- 
tôt calcaire,  Inntùl  graniti(iue,  tan(<M  schislous»^ 
elles  soûl  le  litni  dimmenses  conllitt»  dv  climaU, 


de  vents,  de  pluies,  tempt^les,  «bats  do  neig*^  ; 
rOci^an  lointain  y  lutte  avec  la  Médilemnéo  voi- 
sine, tiur  les  ciineSr  dans  les  cols,  sur  U*a  v:istes 


150 


LA    TERRE    K    VOL    D'OISEAU. 


plateaux  dont  10111*8  escarpements  forment  le  re- 
bonK  sur  le  musse  Méjnn,  le  causs#  Noir,  et  sur- 
Utui  le  Lai7;ie,  gnuid  passage  des  ouragans.  Au 
tmi-d-tiuesl  dt's  Cévennes,  le  ciel,  bien  que  dêjù 
Miêridiottfïl ,  a  des  pilleurs  et  des  brumes,  l'air  des 
frissiins  l'f  *ieH  neiges,  niais  au  sud-est,  sur  les  oli- 
viers lorlurés  par  le  mtslr.'d,  parmi  les<tliAlaigniei's 
monstrueux  qui  voient  paijiaer  des  siècles,  la  na- 
ture est  sèche,  brûlante,  dévoraiile,  éclatante,  et 
le  soleil  s'ejulurt  sur  des  rorhes  dorées. 

L'Aigoual  (1567  mètres),  tète  des  Cévennes, 
est  un  (lilîer  des  lerripêli-s;  il  adiré  les  nue»  de 
la  M«*Mlilerraiiée,  celles  de  l'Atlantique  lui  arri- 
vent par-detisus  les  Causses;  il  lunibe  annuelle- 
ment sur  ses  lianes  deui  mètres  et  demi  d'eau,  et 
c'est  peul-èire  le  nioiil  iuéj'i4liinïal  le  plus  numillé 
de  France.  A  ses  pieds,  au  nord,  fuit  le  causse 
Méjun. 

Causses.  —  I-es  liants  causses  snni  des  Sihéries 
i'ii  l'i'aiict*  — Sihêrii's  calcaires,  leur  nom  b;  dit, 
venu  du  Inlin  calx,  la  chaux. 

Leurs  calcaires,  inliiiimen!  cassés  et  percés, 
s'ouvrent  ile  toutes  paris  en  avens,  en  embues, 
tinilouls,  rlou|)s,  igues,  gouffres  souvent  de  pro- 
foiidi'iu'  iriniietise  où  (out4*s  les  eaux  descendeul, 
fontes  de  nei^^e.  Unis  dVinigCi  petite  pluie,  j^uultes 
de  iipsèe,  si  bien  <[u'il  n*y  a  ni  sources  ni  rus  sur 
ces  plateaux.  Mais  sous  l'éponge  du  causse  les 
ruisseaux  perdus  s'unissi'ol;  Lh's  Inniquilles  sous 
de  hautes  voûtes,  sourdes  cascades,  siphons  dans 
bi  pierre,  îles  de  n)clu%  l'onde  s'épure  et  s'accroît 
d.Kis  les  ténèbres  cà  et  là  brus(|uement  éclairéi*s 
p:ir  le  jour  d'un  fond  d'aven  ou  lugubrement 
plombées  par  une  oljseure  lueur  de  fissure,  puis 
Imilà  c()U]niioiileau  soleil  une  grand'font  du  pour- 
tour" *les  causses. 

Les  hauts  causses  furent  en  leur  tenii>s  des 
forêts  que  se  disputaient  le  clit^ne,  le  hêtre,  le  pin. 
et  de  farauds  buis  verdissaient  les  ravines,  Mainte- 
nanU  aussi  nus  que  secs,  ils  donnent  a  brouter  aux 
moutons;  ils  ont  quelques  bonnes  terrefi,  il  y 
pousse  du  blé;  l'hiver  y  [daquc  sa  glace  ou  sa 
neige,  les  vents  y  géiiiissenl,  la  vie  est  dure  au 
(^aussenard. 

Sur  les  causses  bas,  il  n'y  a  pas  plus  d'eau, 
mais  il  y  a  [tins  d'arbres,  plus  de  clialeur,  de 
meilleures  moissons,  et  la  vigne  née  dans  h 
pierre  donne  un  vin  fait  de  soleil. 

Le  cîiusse  Méjau,  c'est-à-dire  le  causse  Majeur*, 

1.  Siiiuji  le  ciiu.sst!  f  ntéitiuu  b,  mlloycu,  le  causse  de  sépa- 
ration teuUv  T.-ini  et  Tariitiuj 


sans  ruisseaux  pour  la  soif,  a  quelques  pin& 
pour  l'ombrage;  il  entretient,  sous  tous  les  vent» 
sifflants  et  soufflants.  !2030  Caussenards  «épan-a 
.iu  reste  des  honnnes  par  de  prodigieux  aLimt*s, 
car  nu  nord,  à  roHent,  au  sud,  à  Toucst,  sur 
\Cii\  kil*»nH''lres  de  tour,  il  s'arrête  parlmit  droit 
sur  le  vide  immense.  Grand  d'une  quaranLatiie  de 
milliers  d'hectares,  il  se  dresse  d'un  bloc  à  900- 
1278  mètres  d'altitude,  entre  les  pnîcipices  du 
Tarnon,  du  Tarn,  delà  Jonle;  il  plonge  sur  Fk>- 
nic  par  des  bastions  dècbiquelês,  pareils,  quand 
la  brume  les  t*stonqwj  ou  rpiand  la  pluie  les  noie, 
il  quelqu**  fantastique  lofteressiî  comme  riionniie 
n'en  bâtira  jamais;  sur  le  Tarn  il  toiiil>c  par 
52  kibunêlres  d'esc4irixMuent-s  de  500  à  plus  de 
000  métros,  et  sm-  la  Jonte  par  des  i-oches  à 
[lie  également  leiTibles.  Son  gouffre  le  plus  cé- 
lèbre est  laven  de  la  I'icoust\  11  vei^se  au  Tar- 
non la  source  de  Florac  et  au  Tarn  lu  soui^co  des 
.Vitlenne^. 

Vis-à-vis  de  lui»  le  causse  de  Sauveterre  ,  plus 
grand  (puisqu'il  approche  de  45  000  hectares), 
est  moins  rude  et  moins  grandiose,  il  a  moins 
d'avens;  ce  n'est  i>a9  f^wirtoul  comme  le  causse 
Méjnn  a  une  ile  escarpée  et  sans  bordH  »  ;  au 
levant  il  se  fieurte  à  des  irutrifajîiu's.  au  couchant 
il  se  conbnidavec  les  coteaux  et  ]dale;iux  liusiques 
de  Sévèrac;  il  ne  s'abat  en  raideur,  cassé  è  vif, 
que  sur  le  Lot  ou  noril,  et  plus  encore  sur  le  Tarn 
nu  sud,  j>ar  des  falaises  parallèles  à  celles  du 
Méjnn,  aussi  belles,  aussi  droites,  aussi  hautes 
et  magniliquoment  colorées.  Sa  plate-fornic  cou- 
turée d'avens,  très  iirêgulière,  est  tantôt  sotclis 
ou  bîis-fonds,  tantôt  puchs  ou  coteaux,  tantôt  cou- 
ronnes ou  mamelons;  moins  élevé  que  la  tolé- 
rasse du  rnusse  Mi'^an,  ses  altitudes  varient  entre 
800  et  ÎIOO  méires.  Au  Lot,  rivière  louche,  il 
envoie  les  belles  eaux  de  la  Canourgue;  dans 
le  Tarn,  rivière  claire,  il  èpanclie  les  grandes 
sources  jumelles  de  liurle  el  de  Coussac,  h  Sainte- 
Knimie. 

Au  nord-est  du  causse  de  Sauveterre  les  causses 
ou  cana  du  Gévaudan  sont  très  élevés,  froids, 
excessifs,  stériles. 

Entre  Jonle  el  Dourbie,  le  causse  Noir,  grand  de 
2i  000  hectares,  a  de  800â  1000  mètres  d'aïlitude; 
il  s'avance  en  superbes  crénenux  sur  le  beau  val  du 
Tarn  en  amont  de  Millau.  Dut-il  vraiment  son  nom 
h  des  forêts  sombres,  lui  si  uu  maintenanl,  excepté 
sur  ses  tt  couronnes  »  rondes?  Sa  gloire,  c'est 
Montp4*IIier-l(^Vieux,  chaos  formidable  de  roches 
pareilles  à  des  ruines  tilaniques. 


I 
I 


^^^j^^ 


fRA^CE. 


1M 


I 


De  u  Doarbie  à  la  Sorgoes.  dti  T.irn  aux  gorgts 
qui  s'ouvrenl  sur  l'Hrniult  et  sur  iVth,  fl^nires  n>r- 
dtlemnéeitt,  le  plus  mslc  d»  causaes,  W  Lanac,  a 
gMndenMnt  100000  heclares.  A  600  mftlm  par  acs 
pl«a  bas  \^I1ons  borgnes,  à  900  par  ses  pointoa 
ka  pin»  Iiaut4»,  pics  chauves  et  d'immefise  boriaon. 
ee  Mleilleoi  caoaae  est  l'empire  de  la  rocaille.  La 
fntide  aomro  megro  an  rvuder^*  y  siflle  eolre  les 
buis  oddraata  des  seatiers.  elle  £iit  danaer  les 
cailloux  dans  des  villages  d'où  Ton  voit  le  Saint- 
Cuirai  *  blanc  de  neige  en  hiver.  Ce  plali^au  est 
connue  un  col  entre  l'Âigoual  et  les  monts  de  l'Es- 
piMVie»  col  où  passent  et  repassent  les  vents  et 
les  nues  dans  leur  course  folle  d'Océan  il  Méditer- 
ranée et  de  Méditerranée  â  Océan  :  ausisi  la  pluie 
lombi''4-elle  dru  sur  celte  grande  et  petite  Uo- 
caillc,  sur  le  peu  qu'il  y  a  de  tenvs  routes,  de 
champs  caillouteux,  de  brins  d'herbe  arunutîque 
pour  le  mouton;  et  le  Larzac,  tout  fîssuK^  d'arens, 
verse  en  rivières  les  plus  belles  fonUines  du 
ciussCi  Sorgue  d'Ave\Ton,  Durzon,  Vis.  les  deux 
premières  aibnt  au  Tarn,  b  dernière  à  l'Ilrrault. 
Eo  se  peocLiiit  sur  robscuritê  JujE^ubre  de  son  tnni 
le  plus  noir,  l'iibimc  du  Mfl^^aSiial,  on  entend  â<*^ 
voix  êlounees  :  c'est  le  profond  murmuivde  la  So:- 
gue  souterraine. 

Les  causses  du  Rouerguc,  prîVs  de  Rodez,  cri- 
blés de  tindouls.  onl  leur  meneille,  le  cirque 
de  Salles-la-Soupce  et  ses  niiss4'l.in(es  cascatelles  ; 
moins  hauts  que  le  Larzar.  puisqu'ils  no  dépassent 
guère  600  mètres,  ils  sont  plus  élevés  que  les 
causses  du  Qu^i'cy,  qui  ne  montent  guère  qui 
300- iOO.  Ceux-ci  hument  {>ar  leurs  igues  et  leurs 
clou(ts  les  e.iux  qui  font  deux  aniuents  du  L.ot,  l.i 
Ilivoniit*  de  Caliors,  l'Eygue  de  Touiac,  et,  dans  le 
bossin  de  h  Iktniognr.  l 'Ouysse  de  (toraniadour  et 
le  ti-nébreux  tonviit  sur  lequel  on  descend  p;ir  le 
fOulTrc  de  Padirac. 

L'Agènais,  le  Périgord,  le  B.is-Limousin,  etc., 
renferment  aussi  des  causses,  cailloux  à  vignobles, 
avec  de  bdics  <  doux  >,  trésor  de  Tètè. 

Du  Pilai  aux  Vosges.  — Les  monts  du  Mèzenc. 

tre  llhAne  et  Loire,  se  terminent  au-dessus  de 
"Saint'Ktienne  [lar  lo  Pilât  (1434  mètn*s\,  qu'on 
n*garde  comme  la  fin  des  Cévennes. 

La  chaîne  entre  Loire  et  Allier  s'acliève  par 
les  monts  du  Forez  que  prolongent  >ners  le  nord 
les  Bois-.\oir$,  velus  de  sapins,  et  les  monts  de 
la  Madeleine,  velus  d»»    hêtres.     Pierre-sur-Haule 

1 .  Le  «  loone  Doir  > ,  la  hiaa. 
;  S*  t54i  tntect,  ea  vrièrc  es  rAî^ouiL 


(1640  mètres)  plaoe  sur  ces  granits,  sur  ces  gneiss 
ces  porphyres  encore  noirs  de  forêts,  avec  prairn-s 
et  ruisseaux  bondissants.  Trx*nte  vokau  èleMits. 
tous  les  trenift  petàls,  sont  bktUis  au  pied  des 
monts  du  Forez,  dans  les  plaines  de  Monthrisan, 
jadb  lac  de  la  Loire. 

Des  oMots  de  la  Madeleine  aux  Voeigcs.  aucun 
pic  sublime  n'affronte  le  ciel.  Le  Morgan  (OOi  miV 
trps).  Eût  de  for^s,  avec  êtan|rs  et  près  sur  des 
roches  compactes,  envoie  au  bassin  de  Paris  b 
rivière  qui  a  le  plus  de  part  aux  dîèonlements  d^* 
la  Seine  d'amont,  l'Yonne,  gmde  Oottevse  de  bois 
pour  Fttsage  de  Lut^e,  et  de  clurfaoo  pour  ses 
fourneaux  de  cuisine. 

Les  monts  du  Lyonnais  (957  mètres),  du  Beau- 
jolais (101^  mètres),  du  GuroUis  (771  mètresu 
entre  la  Sadne  inférieure  et  la  Loire  ■ 
montrent  des  roches  diverses,  granits,  p  .  . 
vieux  grès,  calcaires,  et,  surtout  en  Charolais. 
de  savoureuses  pâtures.  La  C6te  d'Ur  (<»56  mè- 
tres), df^chirèe  de  cluses,  de  combes,  porte  sur 
ses  basses  collines  les  plus  célébrés  des  vigno- 
bles de  Boui^ropie  :  elle  se  lè\e  aux  sounres  du 
fleuve  de  b  Seine. 

Le  calcaire  pUte.iu  de  Lmirres  (516  m**trps). 
Tune  des  j^ndes  citadelles  de  l.i  défense  natio- 
nale, la  clef  des  routes  entre  la  Seine,  h  Saône  el 
le  Rhin,  émot  deux  ruisseaux  qui  de\icunent  plus 
bas.  l'un  la  Mamt'.  l'autre  la  Meuse. 

Le  plateau  des  Faucilles  (743  nièlns)  se  com- 
pose de  craies,  de  calcaires,  de  triis:  il  crée  la 
Saône  et  re^rde,  par  delà  le  val  de  Moselle,  la 
longue  sipiuière  des  Vosges. 


Vosges  et  Jura.  —  Sur  les  gri>»  roses  des 
Vosges,  sur  leurs  pri's  n^uges,  leurs  srhisirs  ri 
granits,  la  mousse,  le  gazon,  los  bruxèn-s  filtn'ul 
k  Tonibre  des  ïnm  les  tom>nt<  qui  font  in  claire 
Moselle,  ftans  les  Vosges  ont*nt:iles.  n  n4>us  arra- 
cfaêes  en  !X7I,  s'élève  leur  plus  haut  dnnie.  le 
ballon  de  Soultz  ou  de  Guebwilfor  (111^6  niètn*sU 
dans  les  occidentales,  qui  nou<i  restent,  et  qui  S4int 
mieux  arros^Vs,  éliint  Imimées  vers  TlVéan,  ré- 
gnent le  (but  d'iloner.k  (ir>66  mètres),  puis  divers 
ballons*  à  peine  inférieurs.  Cotte  nionlapie  a  de.n 
grÂces  infinies,  prairies,  lacs,  laquets.  jolis  .(;;uils 
de  torrents,  scintillements  de  rivières,  et  partout 
la  rigidité  des  sapins  ou  raustérité  des  grandes 


t.  On  nomnic  ballons  U  phipui  dcs  MtOOMto  des  Te«(CCS, 
i|ut  sont  drs  cimes  arrondir*. 


152 


futaies  do  chOnrs,  de  hélivs,  de  chûuù^icrs  :  car 
les  firbtvsù  feuilles  passagères  et  les  résineux  lou- 
joui's  veris  s*y  imMoiit  ou  s'y  côtoient  en  forêts  qui 
sont  des  plus  belles  en  France. 

Au  sud,  les  Vosges  tombent  sur  la  trout-r  de  Bel- 
fort,  col  épanoui  largement,  par  5120  inêtrcs  seu- 
lement d'tiUitude,  où  passent  can;d  navigable  e( 
rivières,  roules  et  chemins  de  fer.  De  l'autre  càii* 


de  cetle  petite  «  porte  des  peuples  »,  c'est  le  Jura 
qui  meute  à  ritorizon. 

Le  Jura,  semblable  aux  Vosges  en  ceci,  n'a  pas 
les  seuls  Français  pour  maîtres;  par  ses  talus 
orientaux  il  est  suisse,  et  nu  delà  du  saut  du  Rhin 
(dont  il  e$t  la  c^nise).  allemand  sous  les  noms  dr 
Hude-Montngne  (RauheAlp)  et  de  Jura  Franconien. 
Calcaires  '  cl  craies  '  sur  trias  et  lias,  il  n'a  rien 


Dans  les  Vu^e^.  (Vo/.  p.  151,  152.)  —  Uc^uji  do  Tftylor,  d'apc^»  une  pUuLogniiiUic. 


de  l;i  i  ]i;iine  di»  montagnes  normale,  comme,  par 
exempli^.  les  Pyrénées  ;c"esl  purement  et  simplenienl 
un  plateau  de  [)lus  vn  [«lus  élevé  à  mesujv  <[u'on 
va  vers  l'est,  et  sur  4'e  [ilaleau  (jue  se  p:u't:]gent  la 
i'ulture,  la  prtturc  el  le  b^iis,  des  cliaîiioiis  en  graïul 
ll(^mbn•' ^*n\anrenl  p;ir  vagues  [Kii^illéles.  La  pre- 
ijiièj'<'  vl  in  pUib  liasse  de  ces  volutes  domine  vers 
le  cou(*hiint  truiâ  plaines  :  la  ptaine  de  h  S^ionc;  la 
Bresse,  pbile  cl  buiséi* ,  ancien  inar.*ii>,  |ieut-i}tre 
1.  Ccul  ïjuuuiilc,  itui  4U1:  diuii  lu  Juia  rioucu-duiâàc. 


vi(Uix  Uc  ;  et  l.i  Dombes,  pays  d'étangs  et  do  froids 
brouillards,  asile  de  (lèvres,  leiTC  de  mort  dont  le 
dessèchemenl  coinmeiiie  n  fnire  une  autre  Bresse; 
ta  dernière  el  la  plus  élevée  commande  vers  le 
lev;ml  les  plaines  de  TAar  et  les  lacs  de  Neuchâtel 
et  dericnéve;  le  Crét  de  h  Neige  {1723  mètres), 
soujmet  suprême  du  Jura  français,  en  même  temps 

1.  Il  il  <lniiiiL^  f^on  nom  nu  calciiîrc  jurassique. 
"*.  I.a  cy.iw  iimcomiiiitu'  tire  son  nom  do  Aeufchàlel1| 
ULûi  AVutumumJ,  YÎik  du  Jura  suUbu. 


fe» 


F1A5CK. 


tss 


Tool  cotm/Êt  les  anaaeu  le  pwdestsi  qoi  porte 
le*  fJMfawm  <!■  Jura  <fe  Fratt»  «spire  Fcmi  des 
H  Tmo  des  neig»  amoiic<W<s  de  lltiwr 

d»«n*».d*e 
■M  pMis:  mmsà  praBdiaaft  ai»  Is  radie, 
de  caverne  en  rs^crar.  des  rmôes  ifoi  soleat  par 


I 


Alp«t.  —  %am  imrllm  le Geiialfc 
des  AJpo  «irinAf*  de  gbcien,  le  li«t-M»c 
(4SI«  ■Ktm).  ^  «e  Irw  SB  sad-nt  deGcoHr.  i 
b  bynie  de  b  Frwee.  d»  llUbe.  ^  b  Svsv; 
rWf9  b  Fimmm  iipMih  !7tid  beduodefbce, 
>  ■■■ilii  ■  de  rAfaci^ntafc  Tiii,  1 


llklvêlie  4M0  ;  es  Inrt  »  M»*,  j 

de»  M^nn»MsàbSme.lelleqa«lle< 

M  iMt  de  rêlè  SMS  le»  p«b  de  «  lib^bw  K 

fvèi  ce  fvsBt   de    fEorspe,  oa  dait 
B  assis  dr  b  TssT«Uêe,  slis^  de 
k;  —  bTMsiae  (3Mi  BMrai),^  dblrik»* 
les  lamnls  tiastlu  de  ses  fladcn  eaAre  rWev 

(S&it  MètroK  9d  !!■   li  it  n»  Vkrt  H  did 


1Ô4 


LA  TERRK  A  VOL  D'OISEAL. 


le  tunnel  du  MoiU-Cenis,  long  do  12  220  mètres, 
fend  1('3  eulrailles  cnira  la  France  et  l'Italie  ;  —  les 
Graiides-UDUsses  (5470  mètres),  ètincelfinles  d<»  fri- 
mas;  —  Itîs  monts  du  l'Oisans,  qui  ont  16  5iX)  hec- 
tares de  glaco  êlernefle  et  dressent,  dans  le  Pel- 
voiu»  un  pic  de  i\Q7*  iiit»Iri's.  \:\  Karre-des-Érrins, 
qui  lut  la  riuic  su|irOitïe  de  la  Franco  avant  l'an- 
nexion  de  la  Savoie  :  leur  neige  pressée  en  glace 
enfle  trois  torrents  aux  ciues  louches  et  sinistres, 
la  Romanche,  le  Drac,  la  Uurance.  —  Au  sud  du 


Pelvoux nul  massif  ne  Bèlance  à  4000  mèlres,  mais 
plusieurs  dépassent  5000;  mOmo  aux  sources  du 
Var,  de  la  Tinèe,  de  ta  Vésubie,  cl  jusqu'à  toucher 
la  liêde  Nice,  les  Alpes  sont  de  grandes  Al|>es. 

Petites  Alpes.  —  A  l'ouest  des  Grandes  Alpe5, 
qui  M)iit  fîrainls.  gnoiss,  schistes,  grès  divers,  « 
suivent,  du  nord  au  sud,  d'autres  Alpes,  bien  moin- 
dn»s  quoique  très  ait iêr es  encore;  la  plupart  ont 
le  calcaire  ou  la  craie  pour  substance,  et  celles  du 


Le  Polvoux,  TU  tte  Kuiit-naiiphin.  —  î)p«iin  ilt_>  Wj-itip-r. 


nord  ressemlilenl  asses;  par  în  nature  de  leurs  ro- 
ches nu  Jura  dont  elles  conlinuent  la  direction 
au  midi  du  Rliûne,  Les  PeliLes  Alpes  de  Savoie, 
qui  monleni  jusqu'à  2500  mètres,  seraient  gnmde^ 
partout  ailleurs,  mais  le  Mnnt-Blîmc  les  domine 
de  trop  près;  il  y  a  dans  leurs  replia  deux  lacs 
fameux  :  le  |nc  d'Annecy,  grand  de  5210  hectares, 
profond  de  81  mètres,  el  le  lac  du  Bourgel,  inspi- 
rîilour  de  vei-s  immortels',  qui  a  4-450  hectares  el 
100  mètres  au  plus  creux. 

La  Grande  Chartreuse  (2087  mètres)»  justement 

1 .  Le  Lac  de  Lamartine- 


illustre  par  ses  roclies  et  se»  forêts,  se   lève  aafl 

nord  de  Grenoble,  sur  la  rive  droite  de  risère. 
grand  torrent  gris.  Les  monts  du  Laiis  et  du  Ver-^ 
cors  (2546  mètres),  â  la  gauche  de  cette  mênHl 
Isère,  en  face  de  la  Grande-CIiarlrcuse,  s'élancent 
en  rocs  hardis,  et  dèj.i  le  Midi  les  illLunino  :  ce 
n'est  pas  encore  la  Provence,  mais  ce  nVst  plus  le 
Jura,  auquel  cependant  ils  sont  pareils  par  leurs 
cassures  vives,  les  scialels  ou  enlurinoirs  de  leurs 
plateaux  el  les  eaux  brillantes  de  leurs  cluses.  Les 
monts  de  la  Drôme  {20^5  mètres)  continuent  ceux 
duVercors;  ils  en  ont  la  nature  et  rarrhilecture,  et 


FRANCE 


155 


(le  plus  chaudes  cnuloui's,  car  on  onlrc  avoc  eux  dans 
la  iv^rm  de  lolivitM*.  Lo  Dêvoliiy  (2705  mètres), 
iiioiilni^ir  s(llh'l«'1l(^  s'iiltiicln^  OjrralojjriMn  niix  Ver- 
ci»  rs  :  niini',  <.'i'(>ul;iiit,  alh'iv,  dérluirno,  lorrihle,  il 
nous  montre  ce  que  l'hoinme  feni  des  sierras  et  des 
cnrdilltMVS,  intime  de  celles  où  d'énormes  lorrcnts 
bramants  courent  dans  des  forêts  gig:iintcsques. 

Le  numl  Yenloui  (1912  mèircs).  df>s  mons- 
trueux, se  voit.  noij;oni  souvent,  d'Avignon  et  de 
ia  gnmde  vallée  du  lUiûne;  ce  <t  père  des  vents  »» 


qui  passent.  fi-onJs  dans  la  plaine  eUaudc,  se  pro- 
longe à  lest  par  les  monls  de  Lnre  (1827  mélivs), 
crayeux  comme  lui.  et  comme  le  sont  aussi  les 
monls  de  Vaurluse  (liS7  métrés)  —  sous  ces  trois 
massifs  s'assemblent  les  eaux  d  avens  qui  compo- 
sent la  splendide  fontaine  de  Vaurluse,  la  Soi-gue 
ou  source  |>ar  excellence,  qui  rnérilail  mieux  que 
Pétrarque. — LeLubtTon  (1125  mètres)  ou  Léberon 
dressi'  au-dessus  de  la  Dui'ance  des  roches  dorées 
par  le  soJeil  provençal. 


r 


I 


VaucJuiic.  —  DnMU  tic  (4rJ  Girardct,  d'après  uue  phoLu(;rajitu«* 


le,  Trêvaresse,  Sainte-Vic- 
•'     Sainte-Daume,  ont  de 


Les  monls  de  Marseil! 
toirc,  monts  de  l'Étoile 
cfian<l(*s  couleurs,  dignes  de  TAfrique;  ils  sont 
pierreux,  ixirnitloux,  déchirés,  ensoleillés,  udorifé- 
lunts,  avec  peu  d'eau,  mais  des  eaux  vives;  leur 
maîtresse  roche,  dans  la  !Nainle-[tamne.  puinle  h 
HTii  méties.  Les  monls  de  Provence,  nus  aussi. 
ardents  aussi,  monlenl  plus  haut,  â  1715  mèlres, 
par  la  pyrnmide  de  Larhen:  il  y  a  il:ins  leiti-s  ivplis 
d'admirables  foux,  de  pelile<  Vaenlnses,  s«mrces 
inestimables  en  ce  [Kiys  de  namhatit  soleil. 

1.  U'^nu'  nom  i|Uf*  ta  scn*>  un  l-lsiirlU  on  Pnrhi|î:il. 


EtïLre  eux  et  la  Médilorranée,  les  Maui-es  (770  mè- 
tres) et  rEslcrel  (010  nu'trtîs^  d'autre  nalmr  que 
les  Alpes  calcaires,  sont  un  hloe  de  porphyres,  rie 
serpeiiiiiics,  de  pjninils,  <le  grés  rouges,  de  schis- 
tes, toutes  roches  recouvertes  d'heibes  O(ionmtes, 
tî'jirhnsles,  et  aussi  de  gruKles  forêts  de  pins  d'Alep 
et  tie  chéni's-liéges.  prés  de  la  mer  resplendissante, 
avec  orangei*»  et  patmiei-s  sur  se&  rives. 


Pyrénées.  —  Les  Pyrénées  se  divisent  entre  la 
France  et   l'Kspag'ne,  qui  en  a  le  penchant  méri- 


\ 


i& 


156 


LA    TERRK   A    VOL    D'OfSEAU. 


dîoîial.  Chez  nous  c'est  une  chaîne  nrirniale,  une 
cr(5lo  avec  épanouissements  et  contrcfoils. 

En  Fnuïco.  elles  vont  de  hi  Mé(litorr;utèe  ;**  l't'ui- 
boucliuiv  (Iv  l;i  Bidassoîulaiis  le  golliMi*'  (lascogne, 
soil  ir>0  kilumèlres  en  ligne  dniitc,  570  en  suivant 
riii'Ok'  nnijtujre;  IxMucuup  plus  longues  en  Espa- 
gne, et  deux  à  trois  (ois  pins  lajgcb.  rlles  s*y  pro- 
longent sous  di\('rs  noms  jusqu'iiux  rias  ou  esiuai- 
res  que  l'AlLinliqui'  t'iilbnci;  tvn  Galice. 

I-o  roc  cultniiiîuil  de  ecKe  chaîne  denleK'e,  le 
Nt'thim  (r>t().4niotres),  jhc  du  massif  dr  la  Maladftt.% 
s  i't;inc(^  diuis  le  royaume  «  ivù^  eallmlique  i>,  tandis 
qu'il  devrait  sùpai-er  les  deux  nations  ;  cîii'  il  do- 
iiiinc  h'  Val  d'Aian,  luTLvau  dt*  ikjÎjv  Garonne,  cl 
les  eaux  du  iioucil  de  Jouéou,  la  plus  belle  des 
sources  du  fleuve,  sont  bien  celles  qu'un  des  ver- 
sinlsiïc  la  M;»ladt'lta  jrtlt»  <lans  h*  Irnn  du  Tanrenu. 
Coiitrairt'nifnt  au  Val  d  Araii.  t^si>agnol  de  par  les 
Iraitt's,  français  de  par  la  nature,  la.Cerdagne  fj-an- 
çaise,  berceau  du  Sê'gre,  est  espagnnlo  de  par  la 
nature,  franraisc  dt;  par  les  traités.  Chez  les  deux 
peuples  les  Pyivnèes  sont  grandes;  leur  soleil, 
leurs  teintes,  le  dêgagniient  de  knn>  Imn/oris,  leur 
cfiute  sur  deux  meis,  l'une  verte,  orageuse,  l'auti-e 
bleue,  peuvent  les  Taire  préférer  aux  Alpes. 

L'Espnf^-nc  en  a  les  pics  les  plus  hauts,  h-s 
taquets  tes  plus  vasies  ,  tes  chaos  les  plus  alîVeux, 
les  canons  les  plus  profojids,  les  Ijarrancos  '  les  plus 
sauvages;  la  Fraru'e  a  leurs  ])lus  grandes  neiges, 
leui-s  glaciers  majeurs,  leius  torrents  les  plus  purs, 
leurs  foréls  les  plus  sonjbres,  et  à  la  lisière  des 
fi-i^nes,  des  hêtres,  des  sapins  droits  el  noirs,  elle 
seule  a  des  piviiries.  Aux  Catalans,  aux  Aragonais 
le  vei-sant  d'Afrique;  à  nous  lo  versant  d'Eu- 
rope. 

En  France,  le  Vignemale  (.Vi98  mètres)  l'om- 
poiti'  en  hiuileiu'sur  les  aulres  dents  do  la  Scie  » 
des  Tyrénées;  èlincelaul  de  frimas,  il  plane  au 
sud-ouest  de  Cauterets.  vilU;  de  santé  regf>r'geanl 
d'eiuix  minérales,  comme  E.uix-Bomies,  Eaux-(-hau- 
des,  Saiiil-Sauveuj'.  Daréges,  Bagnéres-de-Iîigorre. 
B;ignères-de-Luclmn,  Aulus,  Ax,  Ussatt  Aniélie-les- 
fïaiiis,  Yeïnel-les-ïîains,  et  lanl  d'autres  ;  rVsl  par 
centaines  que  les  fonts  salutaires,  froides  ou  clum- 
des,  jaillissent  dans  nos  Pyrénées. 

Le  Vipn-male  comminnle  li's  monts  de  Gavarnie, 
fails  th*  roches  cntaïuiibles  où  le  long  clFoit  du 
temps  a  cixnïsé  de  pi'ofonds  cirques,  ou»  pour  par- 
ler oonunc  les  pasteurs  pyrénéens,  des  ouïes  *  im- 

"i.  Scie  :  et  ni  la  scii-rin  des  Espagnols 
3.  C*e3i>ÀHiij'e  uioimilc^t. 


menses,  Gavarnie,  Estaubé,  Troumouse.  où  des  na- 
tions s'assiéraient.  Trouniouse.  au  pied  de  la  Muni 
(5150  mètres),  est  la  plus  vasle  de  ces  art^ues'. 
Gavarnie  e^t  la  plus  grandiose:  des  pîcs  aux  uoni» 
S(mores,Taillun.  Casque  du  Marlnirc,  Tours  du  Mar- 
hoiv.  Pic  du  Marlmré  (5253  métrés),  précifùlenl 
dans  son  goulTre  leurs  foutes  de  neige,  leurs  écrou- 
lemetils  de  glace,  leurs  éboulements  de  roche,  el. 
de  4tft2  mètres,  le  Gave  nnissimt  lumi>e  eu  hroutl- 
lai^d  de  pluie  sur  les  débris  de  la  falaise. 

Il  y  a  ruonbre  de  Pyrénées  françaises  supé- 
rieures à  ritHJO  mètres,  notamment  dans  le  N*i«u 
vielle  (0194  rnéti*es),  puissant  avant-niassif  votMn 
detiavaniic, et  danslesmonls  <le  Lurhon  (.'1  i5  nu' 
1res),  ruisselants  d'eau.  Lo  premier  pic  de  plu» 
de  5000  mètres  en  venant  de  rAthmliqui*  est  le 
Balîiilous  (riUti  mètres);  le  premier  en  venant  de 
la  Méditerranée,  le  M<irMcaim  (ô080  mètres),  qui 
tnurhe  à  la  Pique  d'Estals  (Ij140  rnélres).  Trois  pics 
nniiirs  hauts  semblent  Télre  plus,  parce  qu'ils  se 
dressent  à  l'avanJ-plan  :  le  pic  du  Midi  de  lli^^unv 
(2877  ïnèUes),  qui  contemple  les  suurcoB  de 
TAilour,  b*  val  dt»  Campan,  la  plaine  de  Tarbes, 
rArniagnae,  1rs  Lando;  le  mont  Vallier  (2Kr>9  inè- 
(res),  splendide  etdominaliMJr.vu  de  toute  Inplainr 
de  la  (iaronne  en  umont  de  Toulouse;  criHn,  el 
surtout,  le  Cani^ou  (ti785  métrés)»  si  fier  (|u*un  Id 
li>ri^'Ierrips  riléltré  e(inune  la  première  dea  Pvrf- 
nées;  on  Vaperçoit.  ou  plutiU  on  le  soupçonna  dff 
liarrelone  n\  l'>|iapite  el  de  Maiseille  m  Fr;ince.  Il 
surveille  les  très  abruptes  Albéres*  el  tes  Corbières. 
sèclies  vi  cassées,  qui  se  rangent  autour  du  uuble 
lïu^nrach  {1231  mètres)  el  qui  s'achèvent  sur  lu 
vallée  de  l'Aude,  en  face  des  Cévennes  de  la  Mon- 
tagne .Noiie. 

Le  reste  de  la  France  est  coHine  ou  plaine.  Od 
ne  saurail  iippeler  irionts  les  craies  de  Saricerre 
(irtimélresj,  le  massif  d*Atem;oii  (417  nièljvs),  les 
chaînons  de  Bretagne  {7*^\  mètres),  ni  môme  les 
Ardcnnea  (504  juétres),  schistes  v(5lus  de  for&ls. 


Plaines.  —  Plusieurs  des  grandes  pluiues  fran- 
çaises avoisiiïent  Pîii-is. 

ha  Uermce,  au  sud  et  au  sud-ouest  de  la  métro- 
pole, entre  Seine  el  hoire,  n'a  |)lus  d'ai'lnT?s,  elle 
qui  fut  une  sytve  inunense  dont  îl  n-sîe  la  foret 
crOi-léans  (40  008  lierlares),  la  plus  vaste  chez  nous, 
non  la  plus  belle,  tant  sY>n  faut;  elle  n'a  pas  non 
plus  de  sources»  son  sid  pcrmé;ible  buvant  l'eau  à 
mesure  quVtle   tombe,  avant  quelU^  coule.    11   ne 

1.  Aîjisi  se  nommeul  les  l'yrènécs  ii  leur  extrôiue  orienr* 
jiic's  de  leur  lonihéL'  dans  lu  incr  ilu  KoussUIon. 


Jloab  lie  Catttrutc .  U  Uivvitc  dv  IUl«u<l.  —  ItvMoti  d^  P.  ^uUuu, 


1Û8 


LA    TERRE   A    VOL    D'OISEAr. 


lui  in;in([U(\  ilil-on,  que  sîx  choses  :  fonts,  prés, 
liuis.  l'urs»  VLTgers,  vignes.  Mais  ve  pays  i\c.  loutp 
plaliLude  qui  est  presque  un  idêiil  de  niveïU'mrnt 
iiu'i'il*?  le  siirnoin  61*  iUviùvv  île  la  FiTinco;  !:inlôt 
longue  vi  unniMiuU'Uouïc  d'i'pis  verts,  lanlôl  mois- 
sons dorées,  tanlùt  chatuncs  ras,  I.1  pairie  des 
Braurerons  csl  par  cxcelieuce  In  terre  du  blé.  Au 
siid-oiiesl,  ce  (>laleau  de  lîeauce,  huul  de  I(HJ  à 
150  uiètres,  se  prolonge  au  loin  vers  Vendôme  et 
Tours;  à  Test  il  devient  le  Câlinais,  marais  des- 
sèche, mais  encore  humide,  froid,  sans  fécondilê. 
La  Brie,  enlrc  la  Seine  el  la  Marne,  de  Meaux  à 
Monlei'oan,  est  conirriu  ima  petite  Beauce,  aussi 
riche  que  la  ^M'ande  et  plus  «  arhrèe  w. 

Au  midi  d'Orléans.  vis-i\-vis  de  la  Bcniice  cl  à  la 
mi^nic  altitude ,  la  Sologne  va  de  Loire  à  Cher, 
en  sol  plat,  en  sables,  étangs  rouilleux  et  vaseux, 
ruisseaux  lenis  cl  huinis.  anlifjues  cl  jeuiu^s  forêts 
où  les  aciculaircs  doniincnï;  le  Solognot  y  vivait 
dans  la  cachexie»  mais  la  contrée  n'a  plus  auliinl 
de  dnvils  an  nom  d'hôpital  cl  «le  cinïe(ière  :  pour- 
lanl  la  lièvjv  mine  encore  le  hâve  habilant  de  h 
li'gion  du  seigle  —  s'il  est  vrai  que  le  mol  de  So- 
logne, au  Centre,  comme  celui  de  scgalas,  îhi  Sud* 
ait  pimr  radiral  le  vieux  nom  de  ce  cousin  du  blé. 
— Au  sud-ouesl,  par  delà  d  aulrcs  pLiines.  la  Brenne 
ou  Petite  Sologne,  ou  Sologne  do  Berry,  vaut  tout 
juste  la  Crande  Sologne;  de  ses  man\ais  éliiiigs 
s'échappe,  à  hi  pelle  des  chaussées,  un  petit  lilel 
d'eau  noiràlre;  des  joncs  et  des  rouches,  des  bols, 
des  terres  marâtres,  le  froid  perçant  des  brumes  du 
matin,  les  brouillards  de  la  nuit  sous  la  Itnu*  voi- 
lée, la  fièvre, des  oiseaux  d'eau,  des  homnu's  pAles 
et  cliélifs,  tel  est  ce  plaleau  d'enlre  la  Crense  cl 
l'Indre  —  lel  il  était  pour  niieui  dire,  car  il  s'amé- 
liore tous  les  jonrs. 

A  lest  de  i'aiis,  sur  les  deux  rives  de  In  Marne, 
du  ]<'i  Seine  :i  t'Aisne  el  des  massifs  de  Luléce  à 
lArgonne,  les  craies  dures  de  la  vaste  Champagncî 
Pouilleuse  sont  Tiniage  de  la  stérilité  revéche  en 
f;tce  de  la  i^lorieuse  abomlaucc.  [)uisqu";^  ses  limiles 
occidenlab's  le  vin  de  Champagïie  coule  des  co- 
teaux illustres  du  paya  d'Épernay.  Pouilleuse  veut 
dire  pauvie.  misérable;  elle  a  ponr  toute chevance 
des  bois  de  pins  el  sapins  récemment  plantés,  et 
de  grandes  sources,  tètes  ou,  comme  on  dit  ici, 
soinnies  de  rivières  pures  bortlées  de  prés  et  bar- 
rées d'usines. 

Mais  notre  plus  grande  plaine,  vaste  de  1  iOOOOO 
hectares,  s*élale  au  sud-ouest  de  la  France,  de 
l'Adour  à  la  Caromie  et  à  la  Gironde,  et  des  col- 
lines de  l'Armagnac  et  de  l'Agénais  au  rivage  de 


lAllarïtique.  (]es  Landes  qu'on  accUise 
ont,  au  ronîraire,  des  grâces  sauvages  el  des 
beautés  sfib^idides.  A  I  orageui  Océan  elles  oppo- 
sent les  plus  hautes  dunes  de  l'Kurope  (87  uiélres); 
derrière  ces  blancs  sablons  où  vibre  la  forél  des 
pins  sombres,  de  longs  étangs  dorment  sans  mur- 
mure, (oujimrs  calmes,  si  prés  des  soulèvements 
el  des  relentissrtiients  de  TAtlanlique;  et  aprèi 
les  étangs  c'est  la  plaine  immense,  inûnîe»  avec 
ses  chénes-liéges  qu\m  écoree,  ses  pins  qu'on  meur^ 
tril*,  ses  bruyères,  ses  genéis,  ses  fleurs  rouges, 
ses  boulons  d'or,  ses  droites  avenues  qui  fuient 
jusqu'il  l'horizon,  ses  clairières  où  le  soleil  se 
couche  grand  el  stinglant  comme  sur  la  mer.  U 
fut  un  lejiips,  voisin  d«'  nous,  où  les  l^nusquets. 
qu'on  appelle  aussi  Landescots,  étaient  de  loin 
semblables  aux  géants:  montés,  pour  mieux  sur- 
^eil!er  leurs  moulons,  sur  des  échasses  de  trois  à 
qualre  pieds  de  haut,  ils  ne  se  souciaient  ni  du 
genél  épineux,  ni  de  hi  brande,  ni  des  fossés,  ni 
des  maresv  el  d'une  erijand>ée  ils  pass^uent  les  gais 
ruisseaux  de  la  Lande,  <*aux  très  vives  un  peu  rouges 
el  noires,  car  leui*s  sources  naissent  sur  un  atios'  I 
cinienlé  d'oxyde  de  fer,  sous  une  uréne  inipivgnée 
du  tanin  des  Lj'uyéres. 


Merg,  côtes,  fleuves.  —  La  France  a  le  j-are 
privilège  de  donner  sur  (juativ  mers,  deux  au  nord. 
ime  à  l'ouest,  la  qualrièjue  au  sud.  L'une  i\o.  ces 
mej's  est  pelïlLS  la  mer  du  ÎSoi'd;  une  autre,  la 
Manche,  simple  détruit,  unit  la  mer  du  Noiti  il 
rAllanliqiie:  la  Iroisiénn»,  la  niérc  des  pluies,  l'Al- 
lanlique,  est  un  flot  vei'l.  [ii'ofoinl,  puissant  el  l(»n- 
nant,  ayant  l'Amérique  à  son  autre  bord;  lu  qua- 
triéjue,  la  bleue  et  tiède  Méditerranée  Iwigne,  en 
face  de  la  France,  une  l'ive  d'Afrique  où  régiienl 
les  Frani;ais.  Ainsi,  de  nos  ports,  les  vaisseaux 
vont  droit  aux  glfiçons  du  Pôle,  aux  havi*es  de  la 
Puissance  el  des  États-lnis,  a  l'Afrique  du  Xord, 
il  rKgy(>te,  givuid  passaj^'e  dos  navires,  à  Couslau- 
liuople,  ù  l'Asie. 

Mer  du  Nord  et  Manclie.  —  Sur  la  mer  du 
Nord,  les  dunes  de  FLindie  vnlurenL  à  Ihinki^rque 
(40000  habilants)  son  nom"',  d'origine  llamande; 
vers  Calais,  elles  l'ont  place  aux  caps  du  Boulon- 
nais, qui  sont  voisins  des  blanches  falaises  d'Albion 
.i  (ravers  le  Pas  de  Calais,    délroit   ineessaniinent 

I.  C.Vst  tlo  leurs  bkt-surcs  que  sort  lu  lê.^iinf. 
*2.  Coudic   étauclie,    snbles   o^filnlioés   }>ar   le   lanin   «l 
ruxyde  de  fer. 
3!  L  «  église  des  dunes  o. 


I 


FRANCE. 


Î50 


sillonnes  du  navires*.  N'ayant,  au  plus  étr'oil.  que 
31  kiIoiiu'»(iv:>.  il  bîïlîinrcra  qin?lfjiu?  jour  >L'tb  va^nies 
sur  le  plus  long  des  tunnels,  creusé  dans  s.i  craie 
de  France  en  Angleterre  :  ce  souterrain,  que  d'au- 
tres plus  liaiilis  encore  imiteront,  iiaurn  pas 
moins  de  48  kilonièlres. 

Au  delà  de  Boulogne  (50000  IjnÏjiUmLs),  sur  la 
Manche,  les  sal)lcs  recomrtionei^nt,  (iunes  non  fixt-es 
encore;  puis,  quand  on  a  dépnssL-  la  Lmuclie  de  la 
Somme,  on  arrivée  la  roche  hautaine,  à  ia  falaise 
de  Normandie,  élevée  de  KM)  nièlres  et  plus  à  {lic; 
elle  n'a  jkis  de  rivage,  sauf  çà  et  là  un  huuliefiu 
de  grève;  elle  n*a  pas  d  estuaires  de  fleuves»  et  ses 
a  vallcuses  o  ne  laissent  |Misser  que  de  mignonnes 
rivières  de  prairies,  et  parfois  !<»  ruisseau  d'une 
grande  fontaine.  Le  flot  la  mord  au  piedjes  sources 
la  minent  et  pur  blocs  inunenset^  elh*  tombe  dans 
la  mer  —  la  Manelie  avance,  la  Normandie  recule. 
Ainsi  se  suivent  les  côtes  du  Tivjwrt,  de  Dit'ppe 
(24000  habitants),  de  Saint- Valéry-en-4^aux,  de  Fê- 
camp,  jusqu'au  Havre  et  à  rcnibouchure  de  la  Seine, 
qui  a  10  kilomètres  d'am^ileur. 

Ik»  la  Seine  aux  vagues  irritées  où  se  confondent 
la  Manche  et  l'Atlantique,  la  côte*  normande  puis 
bretonne,  reçoit  presque  partout  la  vague  sur  des 
rocs,  ici  falaises,  là  grèves,  ailleurs  dents  et  scies. 
ècueils  et  pointes,  râpes  et  sillons,  infini  chaos  où 
grince  lugidirerjienl  la  mer.  A  Iravei-s  les  berliages 
les  plus  siïvoureux,  Tompies,  lïives,  Oi'ne,  Vire,  lui 
portent  le  tribut  des  coteaux  normands.  Des  grèves 
de  ce  dernier  fleuve  à  celles  du  rtionlSiiint-Micbel, 
la  presqu'île  humide  du  <À»teotiu  est  burdêe  de  fa- 
laises; Cherbourg  (40(100  habitants),  poj'l  de  guerre 
puissant,  y  regaitle  l'Aiiglrtoire,  ile jalouse;  etrirati- 
ville,  ixtri  de  |)èche,  y  v»m1  des  écueils  sur  la  roule 
des  iles  normandes.  Jersey,  Guernesey,  Aurigny 
—  dans  cet  archipel  anglais*  séparé  du  contiiieul 
pîir  des  fl(»ls  frénétiques,  on  piule  encore  fr.uirais 
<lans  In  canip'igne. 

Siiint-Michel  nu  IV-ril  de  la  Mer  est  un  monument 
miraculeux  sur  im  roc,  dans  une  l;u-ge  grève  que 
couvre  et  découvre  mie  mer  île  hautes  marées  :  là 
ciHuuience  la  Bretagne,  là  finit  la  Normandie  plan- 
tureuse et  fraîche. 

Le  littoral  de  Bretagne,  i^oche  grise  ou  nuire,  luiu- 
contre  une  vague  exaspt»rée,  mais  la  dureté  de  la 
pierre  est  moins  forte  que  l'incofiéreiiee  des  Ilots, 
et  de  choc  en  choc  la  cMe  se  brise.  De  lai*ges 
baies  y  terminent  de  très  petits  Meuves  arrivés 
d'un  pays  sérieux  de  granits,  schistes,  ardoises, 
eaux  sotnbres,  forètfi,  landes,  genêts,  bruyères,  et 

t     eMXNN»  |>.ir  an 


partout  l'énigme  des  monuments  barbares  :  lantAt 
des  dolmens  et  des  allées  couverte;;,  timlôl  des 
[>eulvans  ou  menhirs,  pierres  isolées  ou  rangées 
en  avenues;  ailleurs  des  cromlechs  ou  cercles  de 
menhirs,  des  galgnls,  des  ttmnili, —  tout  cela  cou- 
vr.inl  des  morts  sans  doute  et  niarqti.'tnt  des  lieux 
lie  carnage,  sinon  de  vastes  ou  d'illustres  sépul- 
Uu'es.  Ce  pays  austère,  la  Bretagne,  élève  un  peuple 
austère,  les  Bretons,  luimmes  de  setitiiuenls  pru- 
fonds,  d'obstination  longue,  «  ou  guerriers  ou  poè- 
tes, sur  la  rôle  miiriiis  l'I  patres  daïis  h^s  4'hamps  '  »  : 
les  fils  d'Arvor  ou  H'Arnior',  les  Imnuues  de  u  In 
terre  de  granit  recouverte  de  chèaes  w,  sont  nos 
plus  durs  soldats,  nos  meilleurs  matelots.  lïnns 
roitest  de  leur  pays,  dans  ce  qui  est  vraiment  la 
presqu'île,  ils  imrïent  encore  le  celtique,  vieux  de 
plusieurs  mille  années  et  qui  s'en  va  mourant. 

Sainl-Malo  est  la  ville  des  bêr<is.  des  marins, 
des  coi*sairos;  puis  viennent  les  ports  de  la  baie 
de  Saint-Brieuc,  puis  Paimpol,  Morlaix.  Koscoff, 
des  havres  sans  nombre  armant  pour  la  pèche  et 
peuplant  nos  vaisseaux  de  paix  et  de  guerre. 


Atlantique.  —  Vers  Ouessant.  la  cAte  tourne,  on 
entre  dans  l'Atlantique.  Ouessant,  c'est  l'ile  ébranlée 
par  la  mer;  autour  dVlle.  chaque  écueil  raconte 
un  naufrage:  ((  (Jui  voit  Ttelle-Isle  voit  s<mi  île.  qui 
voit  fîroix  voit  sa  joie,  (jui  voit  Ouessant  voit  son 
sang  )). 

Sur  la  mer  du  Nord  et  la  Manche  nous  avons 
H9'J  kilemétres  de  littoral,  et  foSS  sur  l'Allan- 
tique,  où  la  rive,  aussi  rude,  aussi  grandiose,  n  est 
pns  moins  marinière;  jusqu")  fa  Loire  et  au  del?i, 
elle  reste,  siru>n  la  k  Itretagïie  bre(ouu;uih*''  :»,  au 
moins  crdle  <les  hommes  de  mer.  Les  liaies  y  ont  tla 
l'ampleur.  On  admire  avant  tout  ta  rade  de  Brest, 
immeiisi^  port  inlérii'ur  avec  ville  île  guerre  où 
l'on  [ténèliv  par  un  guule!  formidalilemeni  dé- 
fendu; la  baie  de  Douarnenez,  qui  baigne  douze 
cents  hameaux  de  pécheurs;  la  baie  d'Aiidierne, 
évasée,  orageuse;  Testuaire  de  l.nrient  (4*000  b.i- 
bitaiits),  port  de  guerre  vu  tombe  le  Meuve  lilavet, 
eu  face  de  Groix  (4500  hectares),  île  de  schiste  ;  le 
Morbihan,  tout  constellé  d'ilols,  qiù  s'ouvre  près 
des  alignements  de  Ciirnac,  b?  plus  célèbre  des 
champs  de  mégalithes,  h  Tabri  de  In  presqu'île 
eflîléo  deOuiberon.vis-h-vis  des  gneiss  et  desschis- 
les  de  Bello-lsle  (80GO hectares);  l'estuaire  de  la  Vi- 

1.  Drizcux. 

2.  Ariiior.  sur  tn  tuer,  worn  breton  île  1»  Krclnj^nv. 
3    i'arUut  le  celle  lirelun. 


160 


LA   TERRE  A   VOL  D'OISEAU. 


laino,  1(?  |njrirp;il  dos  fleuves  bretons;  rcmbou- 
rliiiro  de  la  Loire,  Inrfïfdt^  12  kilimiMrcs.  Au  di4à 
(le  co  plus  l<nîjî  d(*s  <'(Hir.'ints  fniiirais  on  arrive  h 
[a  baie  do  riKtir^Mieul',  garée  du  tarpo  pnr  l'ilc  de 
yoirnioutict'  (4ii"i  lieclarps)  ;  relL'-ci  <*sl  gniiiKs, 
l'alr^iires;  cl  sîililfs  (\\u'  r^xliaiissoniiMil  ihr  sol  ol  le 
dépôt  des  alluvioiis  iravailleiil  h  coudri*  ;iii  ciHiïi- 
iient;  ce  que  le  [H"(ti;iTs  du  reïiiblaierjieiil  el  ta 
surreclioH  par  [toussee  intérieure  uni  rîivi  d'es- 
juice  augulfede  bmirgtieul",  soit  environ  50 000  hec- 
tares, porte  le  nom  de  Marais  lireton 


Ici  l'on  passe  de  Bretagne  on  i'oileu,  en  vue 
l'île  IHeii  on  d'Vi*u  (H^'IM  heet.ires) ,  <(ni  **sl  un 
gneiss  cou\ert  de  landes,  piUis  e(  bruyères.  Le 
liltoral,  dabord  dutias  el  mcbes  etitrennMêes,  de- 
vienl  au  delà  tb-s  Sul^les-d'lUnnne  un  estmn  vaseux 
servant  de  rehin-d  du  Marais  poitevin. 

Omarais, jadis  ^olle  allant  jusqu'à  Luçon, Niort, 
Aij^nereuille,  s'accroît  tous  tes  jours  m\\  dè[uMis  de 
roréan  qu'il  a  diniinur  de  40  000  à  50  000  hoc- 
larea;el  peu  h  peu  s'allon^'-eul  avec  lui  deux  petits 
fleuves,  le  Lay,  descendu   des   granits    du  Bocage 


Lande  rase,  avec  bouqueU;  (lopins.    (Voy.  p.    loB.j    —  Iicssiri  do  Gustave  Doré,  Japrùs  iialure 


vendéen,  el  la  S^vre  Niorlaise,  faite  de  belles  sour- 
ces du  ealoaiiv.  Toul  ce  qui  fvMc  de  l'ancienne 
graud^•  Ikmc  qui  s'avançjik  à  00  kîlnniélros  dans 
les  ten'ea,  avec  une  entrée  de  oO,  c'est  l'anse  de 
l'Ai-jUdloii.  pénétrant  de  7  à  8  kilomètres  daus  le 
C<ïiduient  avec  une  entrée  de  9;  el  encore  pei-d- 
clle  ^0  licclnres  par  an,  k  force  de  levées,  de  ca- 
naux, de  portes  qui  se  Ferment  coulre  le  flol  el 
smnreid  sur  ta  Tiiarêe  basse.  Celte  Ilollaude  fraji- 
çaise,  ientcnienl  assemblée  autour  des  îlots  calcaires 
Cl  des  (lun-'s  que  cotu'onneut  ses  l>i>urgs*  finira  par 
^s'approefier  sin^ulièrerncnl  de  Tile  de  Ré  :  on 
nonurie  ainsi  un  ^rinnl  rochei'  calcaire  à  la  fois 
champ  et  \ ignoble,  avec  [)urcs  à  huîtres  cl  salines 
à  son  lilloral,  une  lerrc  fuinéc  el  reluniéc  d'engrais 


maritimes,  tournée  et  retournée  par  des  mnrins  à 
dei!H  paysiins  on  des  paysans  iN  moitié  inorins;  Ré 
lïounil  ItiOOO  Ijomuies  sui'  7S81*  heclares.  Trois  ki- 
lométivs  seulement  la  sT-parent  de  la  côte  de  la 
lUicbellr  l'IUmO  hab.). 

A  une  (bm-îaine  de  kilomètres  au  midi  de  Ré, 
Oleron»  doux  fois  [ilus  gninde  (ITioSC  hectares),  et 
ce[K"nitant  à  |hnrie  phis  jieuplée  (18000  liab.),  a 
(ies  vi«i;nes  engi'aissèes  de  varech  et  ite  goémon,  des 
canq)agnes  désarbrées,  une  cûto  sauvage  à  l'ouosl 
el  des  |>orls  à  l'est  :  en  quoi  elle  ressemble  à  l'île 
sœur:  elle  s'ép<nnte  au  su<l  en  dunes,  maintenant 
liXiH^;  d'elle  à  la  cùlc  mugil  le  perluis  de  Mau- 
niusson  :  il  grougiie*,  comme  disent    les  paysans 

I.  11  gri^gnc. 


# 


fra:vce. 


ICI 


dff  Sflinlonge;  en  face,  la  Charonle  entre  en  mer; 
H  au  su<J  d*'  In  Ctinreiite,  la  Seudre,  liir*ç«»  eti^Ui.iiiv 
au  boni  d'un  petil  ruisseau.  De  In  Setidre  à  la  tii- 
roode,  ta  presqu'île  d'Arvcrl  fu(  un  subie  mouvaiil 


ci  fl  les  monts  marrliaîenl  en  Arverl  o  ;  ils  neinar- 
elienl  phis,  arrêlés  \tav  des  pins. 

1,1's  dunes  d'uleron   et  d'Arvert  recommencent 
de   lautru   côté   du  grand  fleuve,   qui,    de  10   à 


t'Aie  Ur  l'MiWiicc  :|Mlmici«  à  ilunii<u. 


|h--.n  .!•    ITuM    1< 


12  kilomètres  d'ampleur»  se  rélrùcil  à  5  lorsqu*il 
«omTtf  »ur  l'AlL^nlique.  êrUirêr  lit  nuit  par  le 
pM^  fbêrv  di'  Oorduuiin.  Klles  vont  druit  vtTs  Ir 
*  jutquVi  l'AdiMir.  fils  de«  PyrtWnVs,  au  pi<Ml  de 
Pyrénées  mi^nu^^.  pendant  2'iS  kil'tmrlrt^s.  suns 
um  baie,  tans  une  anse,  s-ins  un  port  à  leni- 
boochore  des  couranU,  rivim*s  brunes  pour  ipii 

0.    RcCiftl.   Là   TlAAt    à  Vul  ft'oUKAi;. 


les  étanf^  rassenildiMit  les  ruisseaux  de  la  lande. 
Il  y  a  bien  un  vash»  enfoneenienl.  le  Uissin  d'Ar- 
ntcliun  (  I  i  tiOO  liectares),  qui  rei;oit  le  maître 
fleuve  landais.  In  Levn*.  mais  on  n*y  [»eut  entrer 
s'uis  extrême  prril.  |KU-d«'ssus  imh' barre  dawble 
inconslanle,  et  cette  autre  rade  de  Brest,  cet  autre 
étang   de    Uerre,   hui trière   immense,    ne    reçoit 


i63 


LA    TETtnE    À    VOL    T>'OT?KAD. 


r 


jamais  de  navires.  Un  esfran  l>lnnrIirilro  que  su'il 
la  dune  au  finuc  blanc,  a  h  têU'  iiairo  tle  yuns; 
deri'it'iY  la  dune  les  ôtatigsel  les  «  lèdes  »,  vallons 
dans  le  suhli*  ;  puis,  jusf|u"à  l'Iiuri/on,  hi  liuulc, 
rase  ou  couverle;  pas  de  vaisst'au,  pas  nir-iue  un 
bateau,  sauf  In  Hilalité  des  lempèles;  ce  liltorjj 
lï'a  ni  inarius,  ni  pèebeuis,  ni  lal)oureur.s,  ni  tra- 
iicatiLs.  La  dune  est  à  Ilioiurne  des  l*uis;  le  gern- 
nicty  y  recueille  la  résine,  il  écoute  les  pins  el  la 
mer. 

Passé  TAdour,  l;i  rive  devient  rocheuse.  Itiarrilz 
csl  française  e(  gasconne,  mais  elle  ixirle  un  nom 
basque,  vl  di'^s  qu'on  Ta  dépassée,  les  gens  de  celle 
lan^nie,  jadis  grands  pc^urcliasseuis  ile  la  baleine, 
aiijaurd'lnii  pécheurs  à  la  côte,  peuplent  le  courl 
litloraloù  les  Pyrénées  lonihent  sur  l'Océan,  nû  ];i 
Kratice  endu'asse  TEspu^nie  devanl  une  nui*  ter- 
rible :  car  cVsl  ici  le  fond  du  golfe  de  ïiiscaye  el 
Gascagne,  et  tous  les  vents  d'ouesLel  de  nord-nuesl 
poussent  des  vagues  êpei'dues  sur  nos  caps  escual- 
dtinacs.  Au  d*îlâ  de  Sain(-Jean  de  Luz,  que  secouent 
les  tempêtes,  enti'e  llendave  el  Koularabie,  àTein- 
bouclmre  de  la  Itidassaa,  commence  la  rive  espa- 
gnole. 

A  l'orient,  les  Pyrénées  plongent  dans  la  Médi- 
lerranée  sous  le  nom  d'Albères,  jdus  hrusque- 
jiienL  qu'à  ruccideiit  siii"  l'Alliinlique.  Le  lillonil 
qu'elles  abritent  est  d*al>ord  rocheui,  avec  de 
splendides  eri(|ueâ,  êtroiles,  profondes,  taillées  à 
vrf,  méridionalement  lumineuses  :  nous  avons  là 
iîaiiyuls,  Port-Vendres  et  Collioure, 

BienlÛt,  exactement  ronmie  SOI'  l'Mcéan,  la  pierre 
fail  place  au  siihle;  uti  rordun  littiii-al  à  longues 
lignes  droites  isalc  de  la  Méditerranée  des  étangs 
qu'inonderait  le  (lot  s'il  y  avait  ici  des  marées; 
mais  la  mer^  élimt  inerte,  sauf  en  tempête,  n'en- 
vahit point  ces  eaux  marennnaliques,  et  leurs 
graus  ou  chenaux  d'écoulement,  tjue  n'avive  aucune 
poussée  régulière  des  vaf,mes,  n'ont  qu'une  1res 
faible  profondeur.  Ainsi  se  suivent  les  étyuy^s  de 
Saint-*\azaire,  de  Leucate*  uu  du  IJIauc-Prouuui- 
toire  (5bi0  hectares),  de  Sijean  (.iâ5t)  hecUïres). 
de  Gruissan  (2o00  hectares):  ils  sont  biids,  phits, 
tandis  que  l'étang  de  Thau,  lojig  de  18  kilomètres, 
large  de  Ti  à  K,  vaste  de  7jO0  hectares,  est  profond, 
bleu  Cf*nime  un  beau  lac  et  rentiuvi'lé"  par  des 
sources  de  fond  :  il  s'ouvre  à  Celle  (Ti^OCO  habi- 
tants), au  pied  du  pilier  de  Saint-Clair,  Hère  col- 
line isolée  qiii  n'a  que  180  mètred,  el  de  loin  on 

1.  Mol  grec,  coimiiiï  A^dii  {K/aH  Tû^nlt  sur  ce  mvme 
littoi'at,  que  Icâ  ilclléiies  CDloiiiâèrtiiit. 


dirait  un  mont.  Puis  viennent,  nu  sud-ouest,  au 
sud,  au  sud-est  de  Montpellier,  les  étangs  enche- 
vêtrés d'Aigues-Mortes,  ville  solitaire  au  milieu  de 
sa  niarernrne,  ibnis  ses  murs  i\u  treizième  sièele, 
qu'on  ilij'ait  liAtis  d'hier  ;  faits  et  défaits  par  le 
liliùne.  quand  ce  tleuve.  autre  qu'aujourd'hui, 
portait  son  effttrt  au  snii-ouest,  ces  étangs  se 
continuent  au  «lelà  du  Pctil-lîhône  par  les  vastes 
marais  de  la  Camargue,  et  ceux-ci,  au  delà  du 
(Iraml-UluVne,  par  les  étangs  de  la  basse  Crau. 
Presque  toutes  ces  eaux,  que  la  mer  ne  soulève 
ni  n'agite,  sont  malsaines  et  le  furent  iin:ompara- 
blenonit  plus;  i>eu  à  peu  coml>lèes,  et  de  moins 
en  iiuiins  fiévreuses,  elles  prolongeront  un  jfiur  la 
plaine  fertile  du  bas  Languedoc,  que  ses  vignes 
firent  si  riclie. 

Le  chenal  de  Marligucs  mène  à  l'étang  de  Berrc 
(tr»ryrjO  hectares),  petite  mer  intérieure,  encore 
mieux  fermée  que  la  rade  de  Brest  el  aussi  ca- 
pable d'abriter  une  Ihjtte  innombrable:  c'est  un 
lac  de  Bizerle,  ainsi  que  là-bas  en  Nouvelle  Fraïu'e, 
et  pour  la  paix  comme  pour  la  guejjv  nu  des 
grands  poils  de  l'avenir. 

A  ce  rhenal  qui  marque  à  |ieu  près  le  milieu 
de  notre  littoral  niétlilerranéen,  la  nature  change: 
du  Languedoc  un  [lasse  en  Provence;  du  droit, 
du  plat,  du  bas,  du  Tiiinsniatique,  du  viMileux,  — 
car  L\e^  Albères  aux  bouches  du  llhôtie  siflle  le 
plus  affreux  mistral,  —  on  arrive  A  la  côle  féerique, 
au  soleilleux  jardin  d'hiver.  Ici  l'arbre  par  excel- 
lence n'est  plus  l'olivier,  qiïe  la  rafnje  tord  au 
sud-est,  c'est  l'oranger,  qui  fleuiit  à  l'abri  du 
mistral,  et»  après  Toulon,  c'est  le  palmiei*  lui- 
rnémc,  au  bord  des  calanques  L  Ce  n"i*st  plus  la 
ydage,  le  lùh,  sable  enti"e  mer  et  marais  ;  ce  sont 
les  h'ontons,  couïbes,  cirques,  effondremonts  ou 
toute  antre  défaillance  de  l'Alpe  ralcaii-e;  ce  stiol 
te^s  granits,  serpentines,  grès  rouges  et  porphyres 
des  Maures  et  de  l'LsléreK  la  cassure  vive  ou  le 
cuntnnr  jlexible,  la  roche  blanrln*  ou  sanglante 
ou  jaune,  et  les  arbres  verts  mariant  au  bleu  bril- 
lant du  Ilot  des  couleurs  éternellement  avivées 
par  Phœbus  Apollon,  dieu  de  ce  rivage  gi-ec  où 
Antijiolis*  regardait  Nicée  ^  Toute  crique  y  a  ses 
bateaux  de  pèche,  toute  baie  ses  vaisseaux  de  coni- 
nierce  ou  ses  navires  de  guerre,  et  la  Provence 
est  une  autre  Bretagne  :  Maiseille  est  le  premier 
port  de  négoce  en  l'rance,  pres^jue  en  Europe; 
Toulon  dépusse  nos  autres  ports  militaires,  Clier- 

t.  Anses,  criifue». 
3.  Antilles. 
3.  r(ice. 


l 


FRANCE. 


,Lori»»nl,  Rn^^l  o\  Rochofor!:!»*  golfe d'Ilyêros, 
par  des  lies  a  gi'arieuses  coinnie  rOrieiil  »>, 
fi  le  çolfe  Jou«n  sont  des  rades  immenses. 

Aux  plmiers  dHyères   commencent  les  villes 

i'hiver.  êdens  rusmopoliles  où  les  mourants  vou- 

Iraient  revivre  el  les  vieillanis  riyeunir,  palais, 

Killas,  JAniins  et  serres  chaudes.  liAlels  bourdon- 

[nanls.   casinos»    «   cercles    ».   foute   bruyante    et 

lue.    Tels    sont    Sainl-Tro^»ez ,    Saint-Raphaël , 

aunes,  Antibes,  Miee,  la  reine   des   villes  d'ap- 

anit.  Monaco,  fatal  aux  joueurs.  Menton:  puis  la 

îve  admirable,  de  provençale  devient  ligurienne. 


Grandes  foQtaiaes.  Fleuves  et  rivières.  — 


1^  France  doit  h  ses  mers,  enux  toujours  agitû^s, 
loujoiii-s  vives,  renouvelées,  inconuptibles,  une 
heureuse  abondance  de  pluies,  el,  par  suite,  cinq 
grands  lleuves,  des  rivit'^res  pleines,  des  ruisseaux 
sans  nombre,  et  surtout  une  infuiitê  de  belles 
sources  fillrt^es  par  le  calcaire,  la  craie,  les  scories, 
les  chéires,  le  gravier,  les  sables.  Itans  le  sud-est, 
ces  grandes  fontaines  se  nomment  fous,  cesl- 
à-dire  fonts,  et,  dans  presque  tout  le  reste  de  la 
F'raneo,  sous  des  formes  diverses,  douix.duis,  dhuis, 
doué,  douet.  doult.  doux,  douce,  douze,  etc..  de  la 
Dhuvs  que  Paris  boit  par  un  a<{ue(luc  jtjsi|u*à  la 
Doux  puissante  qui  verse  le  Durzon  à  la  vallée  de 
NanI,  entre  Larzac  el  Causse  >'oir.  \ 


•^ 


Let  mur»  d'Aigucs- Mortes  (Voy.  p.  t^.  —  Dessin  de  T«ylor,  d'aprt»  une  pholornpUe. 


De  r»^  fontaines,  les  premières  sont  là  Sorgues 
de  Vflucluse.  pK*s  d'Avignon,  et  la  Touvre.  près 
d'Angoul^me. 

La  Sorgues  de  Vaucluse  est  la  plus  belle  fdle 
de»  afens.  Itans  les  monts  de  Lure,  sur  le  Yenloux, 
le  Vaocluse.de  Is  plaine  avignonnaise  à  Sisteron, 
des  ftotiITrcs  évident  le  calcaire  iièocomien,  roche 
crevascêe  :  on  cite  Taven  de  Jean-Nouveau,  pro- 
fi>tid  de  180  mitres,  celui  du  Grand-Gêrin,  le 
Toumple  et  bien  d'autres  sur  le  plateau  vauclusien 
dr  Sainl-Christid.  cvax  de  Cruis  et  de  Coutelle  au 
pttM  de»  monts  de  Lure,  non  loin  de  Saint-Ktienne- 
'  .i.'s.    Ces  a*ens,    les  [jertes   de    la    rivii'^re 

celles  du  Coulon,  el  peut-être  aussi  ce 
qu  on  nr  •  u'.  p  :-.  tous  les  engoulTrements  sur  une 
aire  de  I<>^<h>*>  hectares  presque  p;ir1out  veuve 
dn  vieilles  forets  où  murmuraient  les  voix  |ias- 
matièes  du  vent  :  atnM  se  com|Kisc  obscurément 


la  Sorgues.  Dans  les  grands  orages,  les  torrents 
qui  sautent  aux  abîmes  entraînent  avec  eux  les 
terres  rouges  du  plateau,  alors  la  fontaine  sY- 
])anclie  en  flots  troubles;  mais  quelcjues  heures  h 
peine  el  Vaucluse.  redevenue  verte,  a  repris  toute 
sa  virginité.  Le  nom  le  dit,  Vaucluse.  Vai  dot,  est 
un  bout  du  monde;  la  Sorgues  y  jaillit  en  cascade 
ou  pied  d'un  rocher  plus  que  formidable,  haut  de 
118  mètres,  à  pic.  même  en  surplomb,  violent  de 
couleur,  fauve,  blanc,  rouge,  illuminé  :  le  Midi 
dans  toute  sa  gloire.  iK'puis  deux  cents  ans  c|u'on 
l'observe*,  c'est  le  17  novembre  1860  quelle 
a  versé  le  moins  d'eau,  5500  litres  par  seconde; 
elle  descend  raniment  au-dessous  de  8000,  elle 
monte  k  1*^0  000,  et  Ton  peut  estimer  sa  moyenne 
a  17000  p<.*ndant  les  anntVs  médiocrement  plu- 
vieuses. Cette  source  merveilleuse  anime  plus  de 
I  Depuis  ton. 


iU 


LA    TKRRK    A    VOL    D'iUSEAl]. 


f 


200usiiips,e]le  arrose  In  plaine  flii  Comlat  el  se  [uTd 
dniis  le  Hliôjii",  neuve  dif^iie  4rune  ^i  Ijelle  ruiitaiiie, 
La  Tmnre,  ;i  7  kiliiiiièlres  e(  demi  d'Angoiilème. 
ne  naît  [uis,  {nmnie  Li  Sui'^ijt'S,  dans  un  |i;iys  de 
sideil,  entre  «les  roebes  enfliuiiinées.  Elle  es!  failc 
de  rivii'i'es  predues:  du  loil  di'  [wtrh^e  de  (^linlua 
desrerulcnt  In  vtnv^o  Ti'U'diiire  el  le  rouge  Unndial, 
siriueusemenl,  (Kti'nii  les  près,  sur  le  pueiâs,  le 
srliisle,  le  gr:iiiiL  entre  de  petils  rnotits  l><»eîij;(<'rs. 
l'iissant  de  la  Uuj-e  pierre  ItrtUHisine  nu  ealeaire 
fendillé  de  r.VngoutiKjis,  les  deux  rivières  liltrenl 
\<Mis  leurs  grnviers  ou  s'eiiroiieent  d.nis  iI(N  trouffres 
Siuis  f^raiideur;  leurs  euux  uuies  V4>nl  re[innii(re 
par  delà  la  forOl  de  la  llraconne,  au  pied  du  enleaii 
de  Touvn*,  en  tm  immense  flol  tVvnn  i  laire,  sujié- 
rieui"  nn*riien  Viujrliis«\  r^ir  si  l.i  TnrdiJin'  el  le  llati- 
llnt  ne  dniîneiit  que  l'ioOOU  luM'Iares  contre  les 
rifiSOOO  dt'  lîi  Si>rf::uiM,  il  toinlte  henuroup  plus 
■d  e;ui  hur  lea  lutuUs  lini^ui^ins  ijue  sur'  Iin  Alpes 
vauelusieiuies'.  et  l'èvaporation  y  esl  l»ien  moin- 
dre. Ce  Êlol  de  ^ir»  inelres  rulies  d'eau  ftnr  sernndi* 
en  moyenne»  deux  ronlairies  de.  erislal  l'épum'lienf, 
le  Itouillanl.  ♦'(,  prnlond  fie  'Ji  ïiiè(re-s.  le  sombre 
lïiirnuinL,  vraie  s^mj'ee  de  la  Tiuiviv,  rnnune  la 
'l'cuivre  est  la  vr;iie  Kourre  de  la  CluuiMïte,  qu'elle 
renronire  ;in  nunrn'iil  uii  le  llmve  va  baigner  la 
enlline  esi^arfnV  dAngoukMue. 

Ln  Frnnre  a  quatre  grands  fleuves,  Seine,  Loire. 
Gironde  ol  llhône,  deux  pelils  fleuves,  des  rivières 
v\  des  l'uisseaux  eiMiers  sans  nornbi-e.  enfin  nue 
tirs  faible  pari  du  bassin  du  hbîii. 

Seiue.  —  lïe  h  fi'ontière  lïelge  à  In  Seine,  il 
ncst  guère  qu'un  (leuve  nMicr  de  quelque  gran- 
deur» bi  Somme  (^i^i  kilomètres),  L-i  rîvtèi'e  dè- 
iHuin.-nre  d'Amiens  i:t  d'AbbevilIr  :  fUc  (bunrp 
Tii  nïèlres  enbes  par  seconde  aux  eaux  ordinaires, 
2S  à  l'éliajrc,  80  en  forle  crue;  or,  lel  torrent  du 
Midi  l'oulc  en  gian<l  «ira^e  milli"  e(  quinze  à  dix- 
Iniil  ceni  fois  son  nmindri'  dèbil. 

La  Seine  (778  kilomètres)  est  dêhntmaire  aussi, 
les  terres  perméables  de  son  bassin  de  7  777  (tOÛ 
fieetares  lui  eom[)osanl  plus  de  belles liiuLiinesqui' 
si»s  (ej-res  impernn\^ldes  ne  lui  ptuisseni  de  Ilots 
il'iuundation;  îl  y  a  cependant  beaueoup  plus  dé- 
r;ir(  entre  son  êli;ige  h',  jilus  bas  et  ses  ij'in\s  les 
plus  hautes  qu'entre  les  deux  extrêmes  de  la 
Somme  :  h  Paris,  on  Ta  vue  descendre  k  55  mèlres 
par  seconde,  el  monter  à  IGGO  :  elle  peu!  donc 
cinqiiantupler  son  plus  faible  vuhmie. 

Ses  eaux  ordinaires  sonl  de  !253  mètres  cubes  à 

i.  1  mètre  par  année,  un  lieu  de  &5  centïmétres. 


Rouen,  ville  on  elle  a  reçu  tous  ses  isrands  tribu- 
lai  res»  el  ah  déjà  la  marée  soulève  les  navires.  Née 
en  li'nir*:ngne.  dans  les  calcaires,  à  471  mètres 
(i'allitude,  elb*  bai^'ne  Troyes,  Paris,  Itouen. 

Mlle  rassemble  dans  son  lit  :  la  blanche  Aube 
(2!2.'j  kiï'inièti'es),  t\{it  traverse  la  tliampagne  Pouil- 
leuse; —  l'Yonne  (29"»  kilonn!'tres)v  tille  de  l'im- 
perméable Morvan  :  aussi  a-t-elle  quelques  allures 
de  «^'rand  torrvnt,  el  cette  rivïèi'e  bourguignonne  a 
la  prirH-ijiaïe  pari  aux  cr'ues  de  la  Seine  à  Paris;  — 
le  boin^  (UiO  kibnnèlres),  descendu  de  la  Puisayc 
el  fin  tiâlinais  :  sa  vallée  esl  Tune  des  ^randi»s 
routes  entre  la  Seine  el  la  Loire;  —  riîssonne 
(100  kihimélres),  idéal  d*un  courant  paisible  :  ses 
eaux  ordinflii'es  sitiit  <li'  8000  litres  par  si*ronde, 
elle  ne  descent!  i^'uère  au-dessous  de  i.'JtJO,  el  il 
Faut  des  sécheresses  séculaires  pour  réduire  à 
2H00  ceMe  onde  frniile  el  pure  que  de  rares  erues 
peuvent  porli-r  à  oO  000  ;  —  la  Marne,  longue  de 
plus  de  'i.%0  kilontêlres,  mais  assez  indigente, 
M'iuie  du  pbite:m  de  l^aufires  par  la  (^fianipaji^np 
Ponilb'Use;  —  l'tlise  (7*00  kilomèln^s),  arrivée  de 
FUdf^dque:  ellere(;oit  l'Aisne  (tîWO  kilornèfresl,  issue 
de  TArgonne  :  —  l'Iùire  (i2tiô  kilonièlresj,  eau 
claire,  conslanïe,  qui  commence  dans  le  Perche  el 
passe  par  ta  lîeauce* 

Loire.  —  Pe  la  Seine  à  la  boire,  le  long  de  la 
Normandie  et  iU'  la  llrela^^^ne,  point  de  grande 
livière,  snuf,  à  la  rigueur,  l'Oriu'  {\hU  kilomètres) 
el  la  Vilaine  (230  kilomètres)  :  POrne  passe  à  Caen 
el  tutnlje  dans  la  Maïu'be;  la  Vilaine,  jadis  la 
Visiiaine.  passe  à  Hennés  el  se  perd  dans  l'Atlan- 
lifjm»  ;  elle  écoule  près  de  1  tOOOOO  hectares. 

La  Lidre  (1000  kilomètres),  eonhain*  h  la  Seine, 
étend  son  réseau  de  rivières  dans  un  bassin  de 
l!2  lot)  tïOO  lieclares.  moins  sur  des  terrains  poreux, 
spongieux  ou  tillrants,  que  sur  des  sols  dui^, 
comjK'iels  :  aussi  reenil-elle  plus  de  ciTjes  tprelb» 
ne  bint  de  fontaines;  tournoyanl  déluge  ou  ruis- 
seaux dis[jersés  dans  le  sabli*  sous  des  pouls  de 
i!ix  à  quinze  ou  vingt  arches,  elle  a  les  exaspéra- 
tions d'nn  énorme  turreul;  tdle  est  toute  en  ca- 
pi'ices.  A  (>rlêans  par  exemple,  ^  ce  grand  coude 
qui  la  rapproehede  Paris,  0000,  lUOOO,  peut-t^tre 
t200o  mètres  cubes  par  seconde  touj'billonnent 
[inj'fbis  dans  un  lit  de  belle  anq>letu'  où  souvent 
l'été  ne  laisse  que  32,  50,  voire  24  mètres  cubes; 
el  {|uand  ce  lit  ne  la  [tcut  contenir,  elle  exiravague 
dans  les  champs,  malgré  les  levées  où  l'on  eut 
rinsigne  folie  de  Punqirisonner,  et  qu'elle  dépasse 
ou  qu'elle  crève. 


I 


100 


LA    TERRE    A    VOL    D'OÏSEAU. 


I 


Ce  fiouvo  qui  peut  ninsi  cinqcoiiliJ(il«T  son  flot 
eslivîil  roriimonce  ïi  moins  dn  loO  kihinu'hvs  ik' 
la  MâlifiTratnV',  îi  157."  niMri's  (l'.iHiliiilr,  clans  l<*s 
jnoiils  fin  M«''/.(Mir,  sur  li'  flîiru'  du  ri*M'lu<T  (ii^  Jnnr 
{\tyiVl  luêlros),  <[uiJlo  V(iïi'ani<jui*,  Sun  pins  nala!  osl 
superbe  ;  entre  d*anli(|ues  volcans  t-lli'  dosc*>nd. 
tont'ul  lucidi\  liiissi*  h  gnuclii'  Tadmiraldu  vîIIimIl's 
mchos  di*  basilUs  le  Fuy-fu-Vrlay,  ut  plus  lias,  â 
droili\  Sïunl-Étienne,  la  noii-e  vilJc  de  Tinduslrip; 
puis  elle  passe  dans  l'fiuniide  pleine  rlu  Fore/,  qui 
fut  lae,  avec  ernlères  h  sa  rive  lîi  où  sï'lève  aujour- 
d'hui Monlbrison.  A  Roanne,  à  Never^,  cl  jusqu'à 
Bj'inre  elle  marehe  drojl  vers  Paris;  eu  nuionL  d'i Or- 
léans elle  vire  II  l'ouesl,  vi  par  liloîs.  Tours,  Snu- 
inur,  marche  à  la  reiicoiiïi'e  de  l'Alhuitique.  A 
Nantes»  aidée  juir  la  mart-e,  elle  porle  de  gros 
navires,  mais  de  nioius  en  tnoius,  car  son  large 
estuaire  s'ensahie  et  s'envase;  enlîn,  elle  enti'e  en 
mer  à  Saint-Nazaire.  Sa  portée  moyenne  serait  de 
985  mèlri^s  ruhes  (}). 

La  Loire  rassemble  dans  son  lîl  :  IWlIit-r  (410  ki- 
lomAhvs),  aussi  long  qu'elle.  e(  presque  aussi  fori  : 
c'esl  la  belle  rivière  de  la  Linia*^ie  d'Auvergne  oi 
du  Dourbunnais;  idie  ivuuit  des  lorrenls  du  Gé- 
vanilan,  rb*  la  Margeride,  du  Velay,  dos  lK)re.  des 
Dôme  et  des  nnnils  du  Forez  :^^  le  tôlier  (5^0  ki- 
loniètjvs),  d'abord  nuvcrj^niaL  puis  berrichon,  pius 
tourangeau  :  c'est  la  rivière  eeulrale  de  la  IVaiiee; 
—  la  gracieuse  Indre  ('245  kiloine(res),  ornement 
des  prairies  :  eonmieni'èe  en  Dei'ry,  fdb'  s'achève 
en  Touraine;  —  h  Vieruie  (37'2  kilornèlres),  jL;rand 
affluent»  limousine  à  Limoges,  poilevine  k  Ghâlelle- 
raull,  tourangelle  à  (lliinou  ;  d'alKU-d  eau  rou^r 
sur  le^  rorhi-s  prirjulivos  ilu  Limousin,  puis  eau 
claire,  grâce  aux  fonts  du  Poitou  i{ui  sorieni  du 
calcair-e  e(  de  la  ci-aîe,  elle  utiil  à  smi  soil  la  pit- 
toresque tiivuse  (235  kilomètres),  rivière  du  ^n'auil 
et  du  gneiss;  —  hi  sond)re  Maine  d'AJigers,  faite 
du  concours  de  trois  rivières  :  la  p'ise  Mayenne 
(200  kiionièlres),  descenduç  des  niari-ïies  de  b» 
Nor'maudie  et  île  la  Bi'etagne;  la  Siirlhe  (27o  kilcj- 
niètres),  qui  passe  au  Mans;  le  bleu  Loir  (i^lO  kilo- 
mètres), qui  conimence  en  Deauee.  A[)rès  le  con- 
Ihient  de  la  Malne^  la  Loire,  parvenue  â  toute  sa 
grandeur,  roule  h  WHh^G  127  mètres  cubes  par 
secojide. 

Charente.  —  La  Charente,  déroulée  en  une 
multilude  de  replis,  l'ait  501  kilomètres  tlans  un 
bassin  d'un  million  d'hectares  seulenK-nl,  où  moins 
de  150  kilojuèU'es  séparent  son  humble  source 
d'une  embouchure  qui  porte  les  plus  lourds  navires 


de  guerre;  ce  bassin,  on  peut  le  re^jarder  comme 
entièrement  poreux,  car  les  lacs  hypogées  d'où 
monle  la  Tnnvi'c  régularisent  les  inconslances  du 
ftandiat  et  d*'  la  Tardoire.  Ce  n'est  donc  point  un 
torivnt  vaguant,  divaguani,  eitravagaul,  ruais  une 
rivière  bien  calme,  Lien  pleine,  bien  abondante, 
un  cristal  clair,  sauf  au  Ijourbier  de  sa  fin,  dès  que 
la  vase  raclée  paj' la  marée  l'oulrage.  Klle  passe  au 
pied  d'Angouléme  (51  000  liabilanis),  h  Rocliefarl 
{2fi  000  habilanls),  port  mililaii't^  sur  son  llol  «téjà 
lourd,  impur,  et  verse  à  rAlIaiilique  55  mètres 
culies  par  seconde  îi  IVMiage. 

Gironde  :  Garonne,  Dordogne.  —  La  Gironde. 

estuaire  ènoinie  d'un  Heuve  nmycu.  a  75  kilo- 
mètres de  long,  5  à  12  de  large,  5  d'ampleur  à 
Lendiouchure  entre  Royan  et  le  Verdon  :  h  droite 
de  sou  eau  vaseuse  se  lève  la  Sainlonf^e  par  de 
basses  falaises  de  craie,  â  planche  s'étend  le  Médoc, 
terre  d'inmiorle!  renom  si  le  phylloxéra  respecte 
ses  vignobles. 

Cet  <^s1uaire  n)ule  vers  l'aval  ^^u  vers  l'amont, 
suivant  que  le  jusant  ou  le  tlui  l'anime,  500  000 
mètres  cubes  par  secmide  :  vaine  a[ï[iaronre,  car 
en  deluu's  du  travail  de  la  marée  la  (iinjude  ne 
porte  en  moyenne  à  la  mer  que  It78  mètres  par 
seconde  ('?),  "irilmt  <le  Kr>nuU(IÛ  lieelar<'s. 

La  (lironde  commence  au  Dec  il'Andjès.  .^i  l'union 
de  la  (iaj'onne  et  tlo  la  Hordogne:;»  ce  coalluent,  h 
hordognc  a  tout  autant  d*am|deur  que  sa  rivale, 
mais  la  Garomu*  ('^>7ri  kilomètres),  plus  longue  que 
la  Dordogne,  dans  un  bassin  jdus  vaste  (5  719  000 
ijectares)»  est  en  réalité  la  mèrt^  de  la  Gironde*. 
Issue  du  val  espagnol  d'Aran,  dans  les  Pyrénées 
centrales,  elle  contourne,  par  Toulouse  et  [lar 
Agen,  un  amas  decailloux  rtudés  et  d'urgiïcs  pi-o- 
venant  d'une  antique  destruction  des  Pyrénées,  le 
[daleau  de  Lann^MUi^Kan,  slérile  départ  de  rivières 
divcr^^enles,  toutes  sans  force  et  sans  ti'ansfinience; 
puis,  par  sa  rive  gauche,  elle  longe  les  landes.  A 
Dord*Nius,  gonlîée  par  la  nïarée,  elle  forme  ua 
port  en  croissant,  des  jdus  beaux  en  France,  qui 
reçoit  les  navires  d'oulre-mer,  mais  il  est  menaci^ 
dans  son  Gx.is(onc(>  même  par  les  envasements 
d'aval- 

nie  rassemble  trois  superbes  Inrrenls  pyrénéens, 
la  Neste  tioul  Peau,  inenée  par  un  canal  sur  le 
plateau  de  Lanneme/an,  se  divise  entie  les  rivières 
en  éventail  qui  sortent  de  ce  [ihiti^au;  In  Salai; 
PAriège;  puis  deux  longues  rivières,  le  Tarn  et  le 
LoL  —  Le  Tarn  (375  kilomètres),  rivière  d'Albi 

1.  Gironde  n'e^ft  d'aiilciti*s  qu'une  cori-up(ion  de  C«rofm«. 


I 


FRANCK. 


Î07 


ei  6t  HiMiUiuKin,  doscond  di*  l;i  Lozère;  d'Ispanlmc 
va  Rocipr.  pondt-int  hi  k.ilumètres,  il  est  romnie  h 
junus  perdu  daiià  le  plus  noble  dèlilr  de  l-nitic^, 
entre  les  parois  du  rausso  Hêjan  ri  du  oiusse  de 
S«o%Hcnv,  nxliis  de  400,  500,  600  maires  de 
baiit.  dn>iU^,  ordoninieiit  eolorêes  :  c'est  une 
prison,  mais  une  prison  ;;aie,  malgré  sa  profon- 
deur* et  bien  que  de  dêlour  en  détour  on  en 
rberehe  en  vain  &i  longtemps  la  sortie;  fillréos 
dons  tcâ  noirs  avens,  de  splendideâ  font.'um's 
&  unissent  joyeusement  h  son  eau  claire.  Au  saut  de 
Sabo,  cascade  cncImlntV  par  l'industrie,  il  tombe, 
devenu  (ont  rouge,  dans  la  féconde  plaine  d'Albi. 
■^Le  Lot  ll8Q  kilomètres).  riviOre  de  Monde  et  de 
Cahors.  mêle  aussi  des  sources  de  crusse  aux 
raux  de  la  Margi*ride.  du  Cantal  et  des  monts 
d'Aubnic. 

La  Donlogne  (190  kilomètres),  rivière  superbe, 
rourint  limpide  et  rapide,  boit  les  ruisseaux  de 
STi^T  4HH)  bfctiires,  pas  la  moitié  du  bassin  de  la 
Garoiior.  Elle  coule  du  Puydc  Sancy;  auvergnate, 
limousine,  cadunpie,  enfin  p'ri^ourdine  et  gas- 
conne, elle  dMÏl  beaurou[»  nu\  Dore  et  au  Cantat; 
la  Véïère  lui  porte  leau  brunîUre  et  rougeiîtredu 
Limousin.  l'Isle  ('255  kilomètres),  qui  baigne  Péri- 
gurui  t^àOOO  habitants),  Trau  pure  des  craies  du 
Pêrigord,  et  la  llroinie  à  l'Isle  un  (loi  toujours 
tranîijKirenl.  Libourne.  jwrt  de  marée,  est  la  seule 
\iUe  un  peu  grande  assise  à  son  bord  :  on  y  dirait 
u^Hiâ  «{urbiue  grand  n«'uve  du  Nouveau  Monde,  et 
quand,  bourbeuse*,  la  Dordogne  rencontre  la  fia- 
runne,  l»ouri»euse  aussi,  elle  a  plus  de  1200  mètres 
ût  largeur,  |Hiur  une  portée  moyenne  n'alteignaiil 
pas  5r>U  niètrea  eubes  par  seconde,  l'éliage  étant 
de  ^0,  1rs  crues  eslrénie^  de  7200,  — celles  de  la 
Caniane  dê|Kissent  1 1  000. 

Adoar  —  L'Adour  {ô7>i)  kil<»mèlresl  élend  son 
Oifi  ftur  lîOOOOO  hectares,  terre  de  Pyrénées 
»  de  Lirides.  Il  s'épuise  en  arrosages  dans  la 
plaine  deTarbes,  petit  Piémont  français;  le  plateau 
de  l^rmbeye.  ^eniblalde  à  celui  de  Lanneniezan, 
nuii»lM*nuroup  nioindiv,  ne  lui  envoie  que  des  eaux 
ram*  argibMJM*s,  tandis  que  la  Midouze  lui  Vi*rs<* 
de»  sources  de  Palios.  ondes  fraîches.  \ai  grande 
riri^rede  son  bassin,  c'est  le  Gave,  ce  torrent  vert 
qui  Intube,  à  pfine  échapi»^  tUi  glacier  nalal,  de 
4Smèlr^  di*  liauti'ur  dans  le  cinpie  de  <>av.'irnie; 
il  passe  h  Pau  (^8000  habiUmts)  et  reçoit  tous  les 
I*  du  Bigorre  et  du  Béarn,  [dus  des  tori*ents 
Sous  le   nom  d'Adour,  le  Gave    baigne 

I.  Caw,  OKrt  bètnuU.  veut  dire  torrent. 


Bayonneel,  tout  aultout  desl«andes.  sur  une  barre 
dangereuse,  passe,  entre  des  s^ibles,  h  la  mer  ton- 
nante. 

Rhône.  —  Des  Pyrénées  au  fthône  arrivent  h 

la  Méditerranée  des  fleuves  cidériqurs,  les  uns 
pyrénéens,  les  autres  cévenols.  Le  Teeh,  la  Tét, 
TAgly  s'usent  h  Parrosemenl  des  vallées  mussil- 
lonnaises,  et,  sauf  en  fortes  pluies,  bien  peu  de 
leur  eau  descend  jusqu'à  la  mer.  L'Aude  (225  kib>- 
mèlreâ),  torrent  aui  dus  si  profondes  qu'elles  sont 
ténébreuses,  roule,  suivant  le  ciel  de  la  saison,  de 
de  5000  iï  5000  mêlais  cubes  t>ar  seconde  (02  en 
moyenne);  elle  passe  h  Carcassonne,  et  sa  vallée 
inférieure  est  avec  la  Garonne  le  grand  chemin  de 
la  Méditeri*anée  à  l'Atlantique.  L'Orl»,  qui  coule 
devant  Iléziers  (-U000  habitants),  varie  entre 
2500  litres  et  2SO0  mètres  cubes  par  seconde,  au- 
trement dit  de  un  h  mille,  avec  une  moyenne  de 
25  mètres.  L'Hérault,  fils  de  l'Aigoual,  doit  sur- 
tout son  onde  au  l^rzac,  dont  les  cavernes  dégor- 
gent la  splendide  source  de  la  Vis,  l'une  des  «  sor- 
gues  udu  Linguedoc  :  cette  fontaine  est  pour  tiers  ou 
pour  moitié  dans  son  étiage  de  G  mètres  cubes,  le 
module  allant  k  50,  et  les  plus  grands  afflux  h 
5700;  de  Ganges  à  son  entrée  dans  la  plaine  11 
descend  des  gorges  célèbres.  Le  bleu  Lez,  p*»til 
fleuve  de  Montpellier,  nait  au  pied  du  Sainl-lA>up, 
pic  de  fière  décliirure,  d'une  d  vaucliise  »  de 
800  à  5000  litres  par  seconde  suivant  le  temps. 
Le  Yidouric  n'a  souvent  que  des  pierres  et  des 
herbes  sèches  sur  les  grèves  on  quelques  heures 
aprt's  mugit  la  vidourlade,  passage  heurté,  fan- 
geux, tourbillonnant  de  1000,  1200.  1500  mètres 
cubes  à  la  seconde. 

Le Uhone (812 kilomètres), émissiire  de  O 889000 
hectares,  est  un  gnind  et  vaillant  fleuve,  non  seu- 
lement en  FranciS  mais  en  Europe  et  mémo  dans 
le  monde.  Il  l'est  par  ses  glaeiei-s,  son  lac,  ses 
torrents,  ses  hé['oi(|ut's  aventures,  ses  jMTcées,  sa 
iHMutê,  son  travail.  A  peine  sorti  du  Léman,  à 
(ienève,  bleu  roriiine  ciel  ou  nier,  il  peixl  sa  trans- 
parence au  ('(inlarl  4le  l'Ane,  eau  de  glacier  fi'oide 
et  louche  qui  mêle,  en  étiage,  57  mètres  cubes 
aux  05  ou  70  du  Uhéne.  et.  en  moyenne,  KîO  mè- 
tres aox  270  du  fleuve  :  soit  [wur  les  deux  ondes 
unies,  In  chasie  et  l'impure,  un  module  de 
130  mètres  cubes.  Torivnl  impérieux,  il  entre 
pivsque  aussitiM  en  Fmnce  et.  de  suite,  éventre 
le  Jura  et  bs  Alpes  calcaires. 

Au  ciMifluent  de  la  Sai>ne,  puissante  en  hiver,  le 
\\hi)uc  tourne  au  sud;  le  Jura  ne  l'cntênèbre  plus, 


TERRR   A   VOL   D'OISEAU. 


Irnilro  vl  siiiishv»  i^ulri"  ilt-s  fal.'iises,  mois  à  rmn'st 
s'ijvanci-nl  h^a  iiionïs  df*  rAriiï'cJic,  h  Vovuml  h's 
Ai|K»s;  [[  L'sl  large,  il  u  dcii  Iles,  il  4>st  r:i|)i(le,  t»l 
s;ï  v;j!1*''i_'  rl.>  [iliis  rti  |4us  luininoiiso;  l'iiOii  li»s 
couleurs  ôrInUnil  :  «jlivtcrs  j^'iis.  ntclics  blaiichos, 
vii»il|ps  villes  ikmivs  ou  (l(»nVs,  diàti^nux  Irn- 
f^'iiliics,  oti  m\tv  (l;»ns  k-  MMI,  là  iiir*mi*  ou  (itiiss.iii 
■lutiriVïis  k'  ilvuvi-;  mais  vv  vUârrmty  de  d*>bris, 


îiiik*'  fiar  In  Diiranco,  a  combïô  tmii  tp  p"lfi\  pI 
r't'sL  aiyouniliui  iiiio  plnitu!  m<^ni'ilk'u.sotimnl 
Mk»  que  (lollo.  d'A\ig:(iot»  (32  000  hflkilants),  (|itt 
fui  villu  |iri|>al(\  *Milr<^  VpîiIuiiv.  ViU(c!tis«'.  I,uk(*'i'oii, 
Alpiju's,  rcviMiiii's  i*t  iiioriLs  de  i'Ai'iit*rli»';  la  S<»r- 
^Tjos  piirv,  [;i  Durance  truiible  s'y  vrrsont  en 
rîiiKiiix.  ol  ihiIIl'  jilaiiH!  en  Vvnute  n'a  lanl  dVau 
s(jus  Uml  i\e  suk'il  :  Avignon,  sur  son  grand  Houviv 


La  Vivnao  «  Chinoa.  —  Dessin  de  Tnylor.  d'aprCs  une  |ibi.i..-i.ii.lin'. 


J 


pri's  di'  bi  iTH^r,  au  renlrL*  d'équilibre  (ki  rnondo 
Inliri,  1MI  l'ûl  jiiHii-êlriî  été  Li  «'fiftil.ili'  si  cv  luoudo 
avilit  y^unli'  snn  uniïr. 

Uuekiue  pou  tm  attiont  d^Ark'Sp  ville  aux  mo- 
nunienls  roninins  qui  l'ut  4'n  sun  temps  une  Ruute 
en  Tninre.  le  Ibune  se  itarl/ti^e  :  [dus  (les  ciii*] 
.si\irïu*'s  de  ses  **aux  s'en  vont,;i  l'esl,  piir  le  lii'an(i 
Itbune;  le  Prti(  llheue  ou  lîlinue  d'oiiesl  eiiiporle 
le  surplus;  à  ceUe  birurcalion  il  ruuk*  en  niojemie» 
suivant  divers  caluuJs,  i7i8,  2U00,  22Û0  ou  même 


2603  niMi'cs  cubes  par  secondo*  réljago  éfanl  di? 
TmO  mètn's,  k^s  li-nilns  crues  de  12  00*)  nu  muins. 
Entre  ces  deux  bras  iiiê^mux,  la  Camarjjne,  délia 
du  Jk'uve,  a  lUiHH)  lieelares.  vase  érner<îce.  vase 
(émergeante,  vase  fouverIc.eL  au  baut  de  kjutes  ci»s 
inconsistances,  la  lutte  cuire  le  Meuve  qiu'  arrive 
Irirm*,  tnajeslueux,  jaiuie,  assez.  send>h»ldi'  au  Mis- 
sissipi  dans  ses  l»oues,  cl  la  mer  r|ni  aerc[ilc  nu 
repausse,  <pii  Iriture,  déplace,  enipurle  les  21  mil- 
liuns  de  mtHres  cubes  d'alluvious  quti  le  Ufu'nc 


i 


i-kam;k. 


100 


'tm^e  ftvpc  hiî.  n?  fpft  (»(nn*^^  pourrissanls  ou 
jH»UfTis,ilr  voa  s:insf>iiirt's  ',  <k»  .n'S  jours  ol  roiitlies. 
de  tes  flunps,  t\o  vvs  fondritres.  natun»  inarlirvèi* 
l't  souvnil  c(»rn»TnpUt\  le  soleil  tiiv  iji>s  cniuvfs  de 
mort  pour  le  nue  colon  de  re  domaine  amphibie. 
La  Oinwrpiie  a  des  castors  comme  l'Aincrique,  des 
biifneït  comme  l'Apro  HuiiumOt  des  oiseaux  snns 
nombre  conuue  un  l;u:  des  Tropiques,  des  luous- 


!ii|UOS  rtlu  rés  de  sançr  comme  les  igarapi's  les  plus 
(i  hourdoiinanls  »  dr  rAina/.oiiie. 

Sous  les  homairis,  pendant  lViu[)ire,  au  leinps 
de  sa  (leur,  Arh»s  était  deux  fois  nioins  loin  de  In 
mer  qu'-nijoûrdluii  ;  on  estime  qu'à  p^irlir  d'alors 
le  lUiùne'a  go^'oé  sur  h  MédileiraniV  Îj(H>i»  lier- 
tares,  et  que  depuis  qu'il  empiète  sur  le  Ilot  marin 
il  l'a  diminué  d'au  moins  loOUliU. 


La  Cflinarguo.  —  ïiesùn  dDug.  Durnand. 


O  fleuve  Ass£>mMe  dans  son  lit  :  TArve  ;  —  l'Ain, 
htIic  rivi^fp  de  Jui*n.  f;iile  de  fonts  du  roc.  et 
t.  froide  el  claire,  de  cluse  en  rluse.  avec  ra- 
pifl«*«cr  r;»sc;ides;  sur  aucun  gnind  l»asstnde  Frniiee 
il  nr  pltMJt  Autant  que  sur  le  sien:  son  tm^dule 
iiH  de  50  mèln»î*  cubes;  —  la  SaAne  (i.'i5  kil"»- 
mPln^).  maj*»slueus<»  el  lente,  issue  d'une  e»t||iiie 
ien  Faucilles  el  qui  va  droit  nu  sud  [vjr  la  pl.iine 
dtjunnaUc,  Châlon,  MAcon  et  la  lisièn»  de  liresse  el 
I-  Pooilii  marine  iJckV<'Iii*4,  %a\tH. 

O.  fUcLia.  La  tuiiK  a  vul  ù'utftkv. 


de  Dombos;  faible  on  W*,  forte  en  hiver,  tout  h 
l'inverse  du  TlliAne,  on  la  voit  descendre  à  Stî  nu'*- 
Ires  rubes  p.ir  seconde,  mnis  son  module  est  de 
irc2»  ses  crut's  exlnHiu»s  ne  dépassant  pas  iOOt). 
Dans  les  eaux  qu'elle  aftporle  au  Hbône  à  Lyon, 
il  y  a  celles  de  la  grande  rivière  jurassienne, du 
[loufts:  et  dans  le  Doubs,  celles  de  la  Loue.  Le 
h«Mjbs.  prodij^ieusemcnl  sinueux,  d'un  cours  cassi^, 
a  bien  i^*»  kilomètres  de  (il  pour  moins  de  95  en 
li^me   droite  entre  son  commencement  et  sa  lin. 


170 


LA    TKRRE   A   VOL   DOISKAl', 


[*rh  comme  tiUe  de  la  SaAnn.  il  lui  donnerait 
6-i7  kilomètres;  romme  tèltMlii  Rliônt?,  îl  [MU'(t>iviil 
\o  lîoiivo  ;i  l0'2r>;  il  s't'crotjlc  p;ii'  U*  rrlèhn'  sntjf  lUi 
lînubs.  Lu  Louo  sorl  d'un*'  spli-ridido  foiilaint',  cl 
aussi  Itt  Lison,  son  ch.'irmanl  nHluont. 

En  nval  du  Lyon,  il  hoil  l'Isi'-iv  {'200  kiromi'-trps), 
immense  ton'ont  d'au  delà  d<^  100  nu'dies  par 
seconde  aux  eaux  les  plus  faibles:  grisâtre  ù  cause 
du  dt^laiemcnl  des  schistes,  Tlsère  passe  h  Cre- 
noLlo  l'I  einpoik'  avec  elle  <leux  ravageius,  TArc 
savoyard,  k  [hiK  diiupliinois;  —  la  lirùiue  iiicon- 
slanle;  —  Li  vejle  Ai'dèc!u\  qui  a  toute  beauté, 
des  monta  chauves  el  des  lojvts,  des  volcans,  des 
coulées  hasalliques,  des  dêiilês  dans  lu  pierre  à  vif 
el  le  l*onl  d'Are,  voûte  colossale;  eorrïme  les  ^^rands 
remous  île  Tair  fi;t[>[ieiil  le  T;m^:i';^uo,  d'où  ses  tor- 
rents desoetidenl,  ses  crues  sont  inouïes  :  de  5  niè- 
ti-es  par  seronde  elle  monte  à  8D(I0,  autant  que 
la  Loire  eu  délire;  or.  lori'enl  de  t  fU  kilomètres, 
son  bassin  n'a  que  210WWI  liecLuvs;  —  la  Cêze 
de  [k'ssêges,  qui  peut  aussi  démesurèmenl  gran- 
dir; —  la  Sorgue  de  Vaucluse,  qui»  ménagée  pur 
ses  fïouiïres  sous  moni,  n'a  pas  de  p;ijvilles  colèi'es  : 
elle  est  belle,  elle  arrose  —  la  Ouranee  (TtHO  kilo- 
mètres), qui  a  des  «  hauts  u  très  liîiuls»  des 
(<  bas  lï  1res  bas;  ramassant  les  torrents  les  plus 
dévergoudês  dans  les  montagnes  h's  [ilus  ruinées, 
elle  va,  suivaul  le  (emps,  de  50  à  fOOOO  moires 
cubes  à  la  seconde,  avec  TiltO  pour  Hiodule;  tiaî- 
neuse  de  débris,  elle  est  faite  [lour  iiiiguer»  col- 
mater, féconder,  et  grfîce  à  des  canaux  aux  em- 
brnnchemeiils  sans  nondire,  elle,  irrigue,  elle  fé- 
conde, elle  e(»hnale  au  loin  sui"  ses  deux  rives,  du 
mont  Ventoux  jusqu'A  la  mer;  elle  transforme  en 
jardin  de  plaisance  la  Crau,  ce  clinmpiie  cailloux  qui 
louche  à  la  Camargue;  —  le  Card  ou  Cai'don,  flot 
vei'l,  qui  a  des  gorges  lumineuses,  véritable  Ualîe, 
avec  un  aqueduc  rojnain  comme  l'Italie  iTen  montre 
pasM  pour  les  crues,  c'est  une  Ardèebe,  une 
Uurance,  un  VidourIc.  Sous  ce  ciel,  sur  ces  pierres, 
tous  ces  lorieuls  sont  excessifs. 

Du  Rhône  à  l'Italie,  la  m  gueuse  [jarfurnée  i>. 
cojume  on  uonune  la  ri'ovence,  u'otTre  pas  assez 
de  place  pour  de  vrais  fleuves,  mais  du  moins 
l'Ai'gens  boit  des  foux  adniiiables;  le  Var,  torrent 
terrible»  <pii  huit  (*ntre  Anlibes  H  NiciS  court  de 
cluse  noire  h  cirque  déchiré;  28  ù.  UHJO  mètres 
cubes  par  seconde,  avec  43  pour  nïoyenm\  lui 
aussi  est  nn  ravagcui'  ;  —  la  Hoya,  par  tielà  Menton, 
est  italienne  autant  que  fnniçaise. 

t.   Li'  jHHil  t|i(  (;;ii-iL 


Du  bassin  du  llhin  nous  n'avons  plus  que  le  bnul 
lie  la  Moselle,  de  In  Meuse,  de  rKscaut.  La  Moselle 
(505  kilomètres),  Hlle  des  Vosges,  nous  quitte  en 
amonl  de  Metz,  sa  plus  grande  ville;  elle  reçoit  en 
France  la  rivière  de  Nancy,  la  Meurlhe,  également 
vosgienne;  —  la  Meuse  (89^  kilomètres),  d'étroit 
bassiti,  d'onde  indigente,  descend  du  plateau  de 
Langres,  longe  TArgonne  et  li*averse  l'Ardenne; 
Verdun,  Sedan.  Mi-ziêres-Charlevilb-  sont  ses  cités 
francîiises;  elb*  nous  abandonne  pour  la  Bel- 
gique après  500  kilomètres  de  cours,  avec  un  mo- 
dule de  lOt»  métrés  cubes,  l'êliage  éfatdde  25,  les 
crues  de  7((0;  —  l'Kscaut  (100  kilomètres),  le 
ruisseau  de  Cambrai  et  de  Vafencienues,  passe 
lïientùl  en  Udgique  pour  s'y  mêler  eu  aval  d'An-  M 
vers  au\  bouclu's  itu  Ufiin  et  de  la  Meuse;  sa  ■ 
moyenne»  à  sa  sortie  de  France,  après  un  cours  de 
Ho  kilonïétres,  n'est  que  de  J2  mètres  cubes. 


Climats,  pluies.  —  Tel  est»  montagnes,  mers  - 
el  rivières,  le  pays  de  France,  grand  dans  sa  peli-  I 
lesse,  infini  elnns  sa  diversité,  sons  se[tt  climats' 
d'après  les  catalogueurs,  sous  mille  et  mille  dans 
la  réalité  des  choses,  car  chaque  vallée  a  le  sien, 
rliaque  ravirn%  el  prvsque  iliaque  laupinièj'e, 
l'Aceplé  sur  les  luiuls  |>Jateau\  ou  dans  la  iwun- 
bigne,  rares  sont  les  lieux  habités  dord  \;\  moyenne 
annuelle  n'atteint  pns  au  moins  *J'*  ou  10".  Les 
douze  mois  de  Paris  diument  ID^.G  ;  .Nancy  la  Lor- 
raine a  pour  module  de  climat  0'',.^,  Limoges  !l^ 
Brest  li'\7,  Lyon  li".8.  Nantes  I2",(5,  Cordeaux 
l.V,:>.  Marseille  i\\  Perpignan  îh\%  Canrtes  lfi",4, 
plus  que  Naples  elle-même  :  nous  avons  donc,  au 
nonl-est,  l'année  <t  nlb^niande  »,  au  sud-est  l'an- 
née des  Italiens  du  Midi. 

Il  y  IouiIh'  annuellement  une  moyenne  de 
770  miïlirnètrcs  de  pluie,  on,  pour  mieux  dire,  on 
estime,  on  cstimaiL  [ilutôl  la  préctfiiïalion  annnrlli; 
h  77  cenlinièlres;  îuais  celte  moyenne,  tirée  sur- 
tout de  pluviomètres  du  bas  pays,  est  certiiinemenl 
au-dessous  de  la  vérité,  ainsi  que  le  démontrent 
de  plus  en  plus  les  nouvelles  et  noml)reuses  sta- 
tions météorologiques  installées  dans  la  montagne, 
dans  les  Alpes,  les  Pyix'nèes,  les  Monts  Français,  le 
Morvan,  le  Jura,  les  Vosges. 

1.  Oualre  (te  ces  climats  sont  mariiîmfs:  !e  séqiianien  ■ 
ou  p/irisieii  (l^oris,  tloufnj,  larmoricain  ou  breton  (Brest),  " 
le  tjirontliii  nu  Iwrdelais  [^antes,  Bordcam,  Dnyoïuio).  le 
médilc^n'ûnécn  [IVr(tipn:in,  Montpellier.  Marwïililo.  Nice): 
triiis  sont  coiuiiientaux  :  le  vus^iuu  ou  lorrain  (Nancy],  le 
lyonnais  nu  rlitulaiiien  (Lyon),  t'aiivcrgnal  ou  le  tîmousin  (le 
I*uy-cn-V('by,  Siiint-llour,  t^imogcs). 


FRA.NCI!:. 


17t 


\ 

I 


SouTcraiteineDl  injuste  est  la  répartition  de  ce 
>  tr^«or  deft  trésor».  A  peine  tombe-l-il  500,  600, 

6Ô0  uûlliinflrr*si  sur  t«»llf  MiWi^e  du  Conln»  stnrôc 

des  •  Ton(5  dt*  Li  fonUiinc  »,  ou  sur  toile  plaine, 
I  U*l  bas  plateau  du  bassin  do  P<iris,  Be.iuce«  Brie, 

Qunipagne  Foiiilieuse,  etc.,  ou  enroro  sur  tel 
.  grand  causse  de  Lozèi^*;  tandis  que  certijineâ  rives 
'  de  la  iiH*r  en  reçoivent 

IHOO  à  2000.  comme  en 

Réam  où  le  pniitemps 

de  Bedous  douoe  deux 

fois  «ut;iot  d'eau  que 

toutes  les   quatre    sii- 

SODS  de  Paris:  et  lors- 
que iv\  mont  eu  attire 

MOO,    comme  le   plus 

haut  Monnn  ou  le  Ta* 

nargue   d'Ardêoho,   ou 

S500  comme  l'Aigoual , 

et  |Mii!-t*lre    5000    ou 

plus  comme   cerlaines 

Alpes  et   les   Pyrénées 

■iffteies. 
Admettant   770  mil- 

limêfres  pour  moyenne 

1 ',  le  rii'l  verse- 

iirllemeiit  1000 

mîlliroctn'»  sur  le  bas- 

ùn  de  l'Adour.  050  sur 

o^i  du  lUiùne.850  sur 

relui   de  la   Charente, 

^B  sur  celui  de  la  Gi- 
730  sur  relui  du 

Rhin,  ÔTil  sur  celui  de 

la  Sï*ine  ;  or,  |H)ur  nous 

m  tenir  à  ce  dernier. 
ob»er%'atjons    nou- 
lui  en  attribuent 

696.  Ain»]  eu  sera-t-il 
1   des   nu- 
:  une  plu- 
viométrie   plus    corn* 

plèle   montrera    qu'ils 

baifcnt  plus  dVâU  «pie  les  anciens  calculs  ne  leur 

en  doonaient  À  boire. 


L«  Mat  du  Doubs.  (Voy.  p.  1T0.)  — I>«mn  de  Tâylor. 
d'après  une  photugniphio. 


Origines  des  Français.  —  t'ne  si  belle  el  si 
ce  piMitnV  dut  ^tre   habitée  dé»  l'auron*  de 
p.  Nous  ne  savonji  el  n*^  saurons  pr  qui  :1e 
temps  a  dévoré  les  os  des  pre;moélres. 

IViit-étn*     Hommes-nous    plus    intimement    les 
de  ce»    pi*re»  à   jamais    inconnu^    que   des 


1  fiers  P  conquéi-anls  dont  nous  avons  gardé  les 
noms,  dont  nous  connaissons  les  o  exploits  t. 
Après  eux  vinrent  K^  hommes  des  grottes,  les 
tjx>glodyU'S  qui  laisstTenl  dans  le  sol  des  ca- 
vernes leurs  nèches,  leurs  haches  de  silex,  leuns 
u'mes  nai\es.  el  leui-s  crânes,  leurs  Fémurs,  teurs 
os  el  leurs  osselets  mêlés  à  ceux  des  bêles,  leuis  vie- 
Limes:  mais  le  hmgïige 
des  iKmmes  sépulcrales 
est  un  langage  pn»sque 
muet. 

Enfin  l'histoire  parle, 
à  pres4]ue  inintelligible 
voix;  elle  nous  raconte 
comment  la  (]anie.  des 
bouches  du  Rhin  au  piini 
des  Pyrénées ,  renfer- 
mait des  peuples  di- 
vers—au nord-est,  d^^s 
Kvmris.  hommesgnmds 
el  blonds:  au  cenln», 
à  loui^st,  des  Celtes, 
peïils,  trapus,  de  che- 
veux et  d'yeux  noirs  ;  au 
sud-oui*st»  des  Ibères; 
au  sud -est,  des  Ligures, 
égalenu*nt  bruns  et  de 
taille  basse.  KvTiiris  et 
Celles  [)ar!aienl,endeux 
diah'cti's,  uue  seule  et 
même  langue,  soit  ve- 
nue directement  des  an- 
cêtres, soit  prise  d'un 
peuple  vairtqueur  (ou 
des  fenunesd  un  |>euplc 
vaincu),  car  il  est  ad- 
venu souvent,  el  il  ad- 
vient encore  qu'une  na- 
tion parle  orgueilleuse- 
ment un  idiome  jadis 
imjMisé  par  des  sou- 
dards aux  mains  rouges 
de  sang.  Xous ,  par 
exemple,  qui  tenons  notre  français  d'un  féroce 
capitaine  romain,  et,  pour  une  bien  moindre  pari, 
des  bandils  allemands  qui  tuèrent  en  Gaule  où 
d'autres  .naieni  lue  avant  eux.  Que  celle  laiif^jue. 
encore  parh'T  en  dialectes  nmurants  par  un  peu 
plus  de  trois  millions  d'Iiomnïes  en  France,  en  An- 
gleterre, en  Ecosse,  en  Irlande,  que  ce  celtique 
fût  idiome  national  ou  langage  appris  de  force, 
toujours  est-il  qu'il  appartenait  à  la  même  famille 


âi^^^ 


jn 


LA   TKHHK  A  VOL   II  (lISKAir. 


que  le  sanscrit,  le  grec,  le  latiiu  les  langages  hiaves 
et  Ips  gerniajiiifUt'i!.  QuiinJ  nux  Ibères,  on  rroil. 
rnaislîi  preuve  est  à  faircinrils  ji«nï'K"nrt*t  —  rornini' 
[)pul-<*'lr('  îiiiiîsi  Il'S  |j;,f^ui'*'s  —  tni  vpilte  di+iil  il  tw 
l'vsW.  |ilus  qup  rpst:uura  des  Biis*juos. 

l'our  Ip  rtMiiiv  l'tjrttri*,  les  tlrllrs  l'I  Kyjîiris,  unis 
sous  II'  nom  de  Gaulois,  les  IIjimvs  vi  Liiiutcs  nV- 
Iniejil  *i(Mjr  |i]'olï<'ii)k'iiient  ()ij*uiu'  surface  :  en  eux 
vivaient  profondénienl  les  tribus  dv.  ^ï\\^  divers 
dont,  d'ï^^t'  en  dge,  sur  ce  seil  dVlernellt*  guerre, 
on  avnif  lu'ùité  les  gourbis.  iTifunn"*  les  e,'ivej'nes. 
pris  les  l'ennues,  massacré  ou  mutilé  les  liunimes; 
de  leile  sorle  que  nous  sommes  les  fds  des  sau- 
voi^es  les  plus  rudinii'ntairN's  aulant  que  île  ces 
Gaulois  qui,  passtti  vite  il  la  langue  laline.  en- 
voyaient a  Honie  îles  rliéteurs,  des  granirnnirions, 
des  H  eadels  u  a\atïl  stùrde  furlune. 

li'eselavage  viiil  du  Sud.  I>r^s  Pliruieiens  sVUiient 
êlaMis,  lout  au  cornniencenient  de  l'Iiisloii'e  dos 
Oeiidenlaux,  le  long  du  rivjipe  splendideuieïil 
êclaii'ê  de  la  Piovi^nee,  qui  êlnl  seudjlalile  à  leur 
Syrie;  puis,  là  mi^tne,  arrivèrenl  les  (Irecs,  fimda- 
leurs  de  MarsiMlle^  puis  les  Honiains;  eeiix-ei, 
eiin^luits  par  un  lils  rli?  t'aniille,  r.èsii\  dèl>:iuphè 
ciiblé  de  délies,  seuijKirèt'enl  eu  fieu  d  auitt^es 
de  la  (iaule.  justpraux  palus  des  iMoriiis'  eL  aux 
caps  orageux  d**s  Bretons.  Comme  le  Canatjue 
appr^Mul  le  riaiM;ais,  eorume  l';i]qH'irenl  te  limon 
oL  le  iXègre,  ou  comme  l'Indien  [>asse  à  r«*s]ja;j;noï 
et  au  |HU'tngais,  les  Gaulois  abandonuerrnl  [iour  le 
laliu  leui^  l.'Ui^^ue  jatlis  répandue  sur  loiUe  l'Iui- 
ro[M'  cl  sur  un  eoin  de  l'Asie,  mais  l'aile  pour 
périr,  qui,  sous  d'autns  ibrmes,  se  débot  nu- 
jourdliui  en  l]relaj;ne,  dans  le  }tays  de  tlalles»  en 
Ecosse,  en  Lrin. 

Us  savflienl  presque  tous  le  lutin  (pjand  la  mère 
du  latin,  lliiuie,  fyiM'dit  l'enipire  et  rpiVrilivrcut  en 
(faille  des  lioiimies  sauvaf^es  de  tout  puil  et  de  Inut 
pays,  rrnnes,  Suèves»  (iotlis,  Vîiudîjles,  lluriîuud(*s, 
Alniiis,  lluos,  etc.  Plus  lard,  hisloire  lou^^ue  el 
Ira^-ique,  ee  sol  Inil  d<s  Iteritêres  et  des  Arabe;^, 
des  Angl.iis,  des  Allemands,  des  Kiairifinds  et  d<*s 
Wallons,  des  Suisses,  des  Italiens,  des  Espagnols. 
Kt  après  tous  ces  mélanges  par  le  fer  et  le  feu, 
voici  (|u'en  paix  prolMiule  la  richesse  el  la  beauté 
du  pays  appellent  chez  nous,  à  Fouies  pressées, 
des  étrangers  de  lou»  les  lieux  ipii  n<tus  entou- 
reiil,  ('U  à  pelil  iifimhre,  des  bonmies  de  teilles  les 
r(Oilrêes  ili'  In  teiiv  babiiable  :  si  bien  que,  lerri- 
blemenl  adultérés  connue  les  autres  peuples,  nous 

1.  Du  ct'UUitie  tnor,  Iti  mer  :  leâ  Moriiis  habitaient  la 
cùtt  nnintiiuit  '*(  Louloni:aise. 


n'avons  pour  nous  cimenter  rpie  la  longue  épreuve 
des  menues  joies  el  des  mOmes  douleurs:  notre 
unité,  c'est  in»tre  bisloire  ;  c'est  aussi  nuire  langue. 

Langue  française.  —  r.el(e  langue,  destinée  à 
tant  de  ^'t(ori%  naquit  sur  le  Fumier  du  latin,  avec 
rjui'lijue  |iourrilure  teutontie  el  ttes  éléments  de 
liasard.  Ktle  esl  sœur  de  l'italien,  de  Tespagnol, 
thi  portugais,  du  roumain,  sû'ur  un  peu  bère  et 
discrèle.  Fixée  par  d**  grands  écrivains,  elle  esl 
iuconqtarable  [>our  la  prose;  niéinis  elb*  inq)osi* 
encore  aux  autres  idiomes  civilisés  la  netteté,  ta 
franchise,  la  fenne  simplicité,  la  belle  ordonnance 
de  siMi  tlisr-iuirs.  El  ses  grands  vers  mil  1  éternelle 
|je;îlilé,  non  [lar  l'inversion,  li*  rytlinu»,  la  mé- 
lopée, réc.lal  sonore,  les  mois  biéraliijues  în- 
ctinnus  à  la  [frose;  iouï  de  [triisée,  ils  smil  comme 
éclairés  par  une  Itamme  iiitérieui'e. 

Le  sort  des  tenijis  en  a  l'ail  la  langue  générale» 
lue  au  pai'lée  de  bius  les  linuunes  inslruils  4lu 
momie,  surtout  en  Eurnpe  el  dans  l'Arnétique  du 
vSud.  VA  h  rinstnnt  même  où  l'anglais  le  menace 
dans  son  univci'satité,  —  encore  peut-on  croire  que 
l'élroile  sorotilé  du  français  avec  les  autres  idiomes 
issus  de  ilonie  lui  gardera  loujoui's  une  gi*ande 
place  chez  les  Néo-Lilins  d'Kuro|ic  el  d'Amérique, 
—  quand  il  va  perdre  eu  dilTusion,  le  voil;i  qui 
gagne  en  masses  firofiMoles  par  la  iirtissanee  de 
l'AIVique  frnnçaise  el  rexubénnle  adolescence 
du  Canada.  Le  rhêniv  renaît  sur  Todoranl  bûcher:" 
Santfht  otioratos  i *h tv ait  Cil tuUdior  igna. 

Hors  de  l'i-ance,  on  b*  parle  ; 

En  lùirope:  dans  les  lies  anglo-normandes.  Jersey, 
fîueniesey,  Aurigny;  —  d:ins  la  Itelgique  wal- 
lomie,el,  coucurrenuiieulavec  le  llamaml,  à  Bruxel- 
les et  dans  lout  le  pays  Ilaminganl;  —  dans 
une  partie  de  l'Alsace-Loriaine  el.  en  même  (eiit|»s 
que  ridleiuaiid,  diins  Iniiïes  les  villes  de  cetlv- 
Irisle  province  ;  —  dans  la  Suisse  occidentale  ou 
Suisse  IVauraise;  —  datïs  certaines  liantes  vallées 
des  (iiandes  Alpes  tournées  vei^  l  Italie.  H  esl  langue 
oïïieielle  dans  loute  la  ïlet-ique;  et,  à  ctVIé  de 
l'allemaniL  dans  le  grand-duché  du  Luxembourg. 

En  Afritpie  :  en  Algérie  et  Tunisie,  aux  des  Bour- 
bon el  Maurice,  sur  le  littoral  eldaus  quelques  re- 
coins de  Madagascar,  dans  les  Seychelles;  et  c'est 
mainlenani,  en  ce  "  conlinent  noir  p,  l'orgîm.- 
(^^flçiel  d*un  immense  empire  africain-français,  sur 
le  Sénégal,  le  Niger,  le  lac  l'cliad,  le  lleuve  Ogôoué, 
le  large  Congo,  la  rivière  Oubangui  et  à  Madagascar; 
(dus  encore,  il  règne  également  coirune  langue  du 
gouvernement,  de  l'administration,  de  la  justice, 


I 


FRANCK. 


Î7î> 


tin  root  comme  vprbe  oHîricl,  sur  le  Congo 
belge,  grand  comme  qualro  fois  ta  France. 

Dans  rArnêriqui'  rmifle  :  ;in  Cnnatlo  français,  el. 
de  plus  on  plus.  (Jjins  de  nombi-uux  coinlos,  jadis 
exclusivement  anglais,  du  reste  de  \a  Puissance, 

IS  l'anrïpnnc  Acadie,  dans  la  provinci?  d'Onlario, 
Ir  Manitoba  el  le  Nord-Ouest.  Issus  dt's  60  000 
paysans  de  1765,  Canadiens,  Acadiens  et  Mnnfto- 
bains.  la  rac(ï  la  plus  fùcondi^  sous  le  soIciK  sont 
mairdenanl  2500000  nvcc  leurs  frères  dispin-si-'S  aux 
Ktats-Unis.  Le  français  est  ofnciel,  en  même  temps 
que  langlais.  au  pariemenl  fcdéral  d'Ottawa,  cl 
l«us  U^  ducuments  sont  publias  dans  les  deux  lan- 
gues; il  l'est  également  dans  l'un  des  pnncipaux  par- 
tfnients  locaux  de  ladite  Puissance,  dans  celui  do 
Out'bec.  où  UK^ne  Ion  nVntcndgUL»rc  plus  que  lui. 

(>:ins  rAïuêrique  cliaude  :  ù  la  Nouvelle-Otlèans 
el  en  diverses  paniisses  de  la  Louisiane;  à  Haili; 
aux  Antill*.*s  nMnt;aises,  dans  [itusieiirs  des  peliles 
Antitles  anglaises;  dans  certaines  campagnes  de 
Cuba  colonisées  pnr  des  Fiançais  du  Midi  ou  de 
Snint-Domingue  ;  dans  la  Guyane  française. 

ï.n  Asie,  c'rsl  |:i  «  parole  »  ofliciclle  dans  la  plan- 
tureuse Uido-(!lnne  française,  faite  de  la  Cocbin- 
cliine,  du  Cambodf;e.  de  l'Annam  et  du  Tonquin. 

U'  tableau  suivant  donne  le  nonil)re  des  «  franro- 
pbones  u,  lAlgèrie-Tunisie  êUuil  considérée  comme 
pun*meut  française  en  vertu  dos  falatilés  de  l'ave- 
nir :  rn  face  de  «  métropolitains  »  en  grand  nom- 
bre cultivant  le  sol.  disposant  de  ta  force,  de  lin- 
lelligence,  des  écoles,  de  l'argent,  de  tout,  les  indi- 
tlie  peuvent  tardera  devenir  bilingiïes,  [misa 
lier  quant  au  verbe;  eldéjâ  des  centaines  de 
riuUiers|>arlenl  sufTisannnent  la  langue  6  générale  u 
-.  Les  nègres  africains  deviendront  aussi  fran- 
t  'S.  sans  beaucoap  d'eiïorb,  leui-s  idiomes 
n'ayant  aucun  avenir  parce  qu'ils  n'ont  aucun  passé  ; 
mais  on  n'a  pns  encore  le  droit  de  tes  agglomérer  à  la 
nation;  à  |)einc  venons-nous  d'apparaitre  cbez  eux. 

mmam  wmmàÊis  mb  c  nuxcoraons  1  au  1"  JA.nries  1892. 


jrnutr 5«W00flO 

l     rt« .  î,oooo; 

lAUaciens  -  lorrains 
]    et  WaUons  d'Aile- 
Borope  '   »«>pnc :woooo    W^WjOOO 

Brlges    Wallons    H 

f  Bricvc  bilingui's.      5O0OO0O 

rSuiOM  Français.   .         OTiOUOU 

I  Tallvcft|;iéinMitAifi» 

\    H  Tsudoises.  .  .         155000 

Asie  .    .  OuantiLc  iicgiigcaliltf. 


Aiiiquo. 


Amérique. 


Dcéanie 


iA'g'^ric  et  Tunisie 
UourlMin  cl   d(?pcii- 
(lances  .... 
Ile  <lo  France  elSey 

J     cllL'ilPS.  ,     .     . 

FLiltoral   et    Miô   de 
\    ll:iiJ.i£;ascjir  . 

i Terre-Neuve.  .  . 
Saiiit-rieri'C  et  Iti 
quûluii 
Cïnadicii.s-FrniïÇûi3, 
Canadiens  des  Étals 
luis 
l/>uisiaoai3  .   . 
Haïti 
Antilles   de   langue 
rrnnçaisc..   .   . 
Guyane  française . 

CaI6donie,TaUJ,elc 


o<2uooa 


5700000 

400000 

100000  (?) 
90000  I?) 

GOOO 

1  *7:»ooa 


XO00O0(?))    4236000 

500  (nm 
1000000 


GOOOOO 
55000 

101000 


irtiooo 


:iô*jutiooo 


Voici  maintenant  le  labteau  de  nos  colonies,  do- 
minations et  protectorats  : 


Asio 


Afrique. 


Amérique. 


Océanie . 


Inde  franrai&o. 

MlOOlfd 

GOOOOO  kib 

.('oclunchiiie.   . 

0000 oop 

lOUOOiHJO 

lo:.o(ioo 

|Caiiibodgo.  .    . 

lôOOOUO 

|Annain  et  lon- 

'    quin.   .   .   . 

365.>0000 

17  000000 

52581000 

'20740000 

Alîîérie  et  Tu- 

nisie.      .   . 

sâûûooûo 

55410000 

S;iliara     .    .    . 

'JàOlXHIOOO 

500000 

S*!'riéj.'al.  Niger 

el  Tchad..    . 

£00000000 

0000000  (?) 

riat)on.  Congo. 

Ouban^i  et 

Chari .... 

12CO0OOOOi?) 

12000000  (T) 

Bourbon  et  Ua- 

da^^n^cor  ,    . 

.'(9  400  030 

5170000(7) 

Comorcs. .  .   . 

tiOOOOO 

50000 

Obok 

OoOOOi) 

fôtmo 

fi'Jit»U000O  (?)  20^^15000(7) 

Saint-Pierre  el 

)liquclon  .   . 

'iim 

eoooo 

lAnlilles     fmn- 

'    çaiscs.  .  .   . 

î«58O0 

550000 

(îuyane     fran- 

çaise.  .   .   . 

ILMII500 
iô+SiSOI 

550(10 

501 OUO 

Nouvelle-Calé- 

donie et  dé- 

j     (tendances.  , 

20O4000 

70000 

Taïli  et  dépen- 

1    dances .   .    . 

800000 

35000 

Marquises.  .   ■ 

1:^000 

6000 

^050000 


101000 


Soit,  plus  ou  moins,  7X0  171061  hectares  et 
50477000  personnes.  Avec  la  France  d'Europe, 
c'est  pour  la  France  majeure,  tes  Canadiens  A  part, 
8r»5  81'i70l  hectares  et  89  500000  pei*âonues. 


I 


^■BMkMiBâlÉ 


JTfi 


\.\    TKUttK    \    vol.   D'OISEAT. 


Pour  rovonii"  oïi  Frnn<*t\  nous  iip  dirnns  rien  des 
1.%rH)!H)  FI  iiiioiiiIh  (Ils  tirroiuiissmiifiils  dv  [hinkor- 
rpu'  iM  (l'Ur/rhi'nurk  (.Vor^l)  ;  iwi  non  phis  d*^s 
1500000  iSi'ctiiiis  i<  bnUonitants  k  dcsd/'p-nrUMiunils 
des  Wles-ihi-Nuit!,  (lu  Finislt'rr,  <iu  Moibiliîin;  rii*n 
dos  l^JOOOO  lt."is(jU('s  ilos ;iniiiu]is^i*nn'iiK  do  Itavimni» 
et  di*  Maul('"c>n  ((îïïssrs-l*yrùn*n's|  :  [H'i'squ*?  Ions  rcs 
alloiihoiu^s  savent  maitiLcnant  Je  français,  H  letns 


lanj^iips  s'en  vcnil.  Pas  d*»  prurhe  en  firorlio  :  elli^s 
tiifnn*nt  [MiUjiit,  d;inâ  cîuHpji'  liinnciu,  diins  rJiaquc 
riKtison;  cliîu(ue  jour,  le  Uasque,  It»  Breloïi.  lo  Fla- 
mand |tarlo  nu  peu  moins  son  langage,  un  peu 
plus  i-elui  df'  ta  iintinn. 

Ilion  n(ui  plus  dv^  paluis  iFoc.  1,'ncoilanie  s*» 
luourl.  Kt  pnurtanl  sa  laugiit.'  fut  ilcxilde.  gra- 
cieuse, harnmiiieuso,  et  conirae  dorée  de  soleil. 


Lp  PoMi  ttu  r.jinl   (Voy.  p.  170.    —  Possin  de  Vuillior.  d'aprôs  nixo  photOKrapbie. 


nvanf  d"(^trp  disUïquiV  en  charabias  sans  nombrCt 
(11*  ï»lns  en  jttus  rbrocliés,  rniousst'-s,  frant^ist^s; 
licvuinuip  Ui'  soûl  di''j;t  plus  ffuc  du  rrnriçais  dil  ji 
bouche  ^'l'and'nuvertf,  aver  une  rauHlL'Ucde  lon- 
giiea  et  d*?  bivvi^s  i?t  des  inTmilils  eu  n. 

Stérilité   des    Français;    effacement  de  la 

France.  —  Fxcf*ple  dnns  les  vastes  pays  do  nou- 
velle rorifpn'li*.  Afrique  iln  \or<l,  Nif^er,  ('oii;,'o, 
Ma4laga>cai',  Ïudo-Cliitie.  sauf  aussi  dans  FAniriiiiue 


cliaude  où  la  France  du  Midi  verse  beaucoup  d'êmi- 
grauls,  les  Français  ont  dans  le  monde  une  in- 
lluenee  de  moins  m  Tïïoins  ^nvuide. 

^iïUv  prt'iiotidennjre  riait  Iii^lîe  sur  un  sable 
qu'a  dispersé  la  lempt^le.  sur  le  souvenir  des  vic- 
liiires  rorUre  la  (]llalilîi^n,  ^U[■  ht  Ijivutlê  de  Pnris, 
i'eelat  du  llièàlre ,  l'ein^tire  di*  la  niodi*  ;  noue 
n'avons  pas  lesftfniilles  nondjreuses,  le  sang  muge. 
In  vie  débordauif,  les  foules  [larlanl  pour  les 
eoionies,  Paris  nous  appelle  el  nous  dévore. 


FRANCE. 

Rn  Asio.  personne  ne  se  sonnV  de  nous,  sauf  ^n 
Syh<»  l'I  ilniis  |;i  prt»>qu'il*'  in(l«wrhinoiso  :  lu  Rus- 
»ii»  t?l  TAiiglolerre  seuli':»  y  sont  quelque  rliose. 

En  «Vèanie,  nous  existons  h  peine,  isolés  qb  ollA 
IV  de§i  Hols. 

n  n'est  d'avenir  pour  nous  qu'en  Arri<fut',  dans 
IVnipire douze  ù  quinze  fois  gi-and  comme  1.»  Fiance, 
qui  s'oarre  à  nos  portes,  sous  le  méridien  mi^mcde 


177 

Paris;  et  dons  rAmérique  du  Nord,  au  pays  des 
lacs  et  des  cMscades.  dans  le  Canada,  vaste  comme 
l'Europe  el  hlane  tous  les  ans  de  son  premier  à 
son  dernier  s:ïpin,  sous  le  scintillement  des  sept 
astres  du  Nord.  Bienheureux  le  petiple  des  longues 
neiges,  virilement  élevé  par  une  sévère  nature  ; 
«  Sa  jeunesse  sera  renouvelée  comme  celle  de 
r.iiifle  », 


que  la  France  i*st  repliée   sur  elle-même, 

e,  rt  slt^rile  par  le  luxe  de  ses  fenunes  el  la 

f  préroyance  »  de  ses  hommes.  f>e  IH7I  i   1891. 

pile  n'a  pas  f^of^è  3  millions  de  personnes,  mal^ 

I  iifniix  des  étrangers  :  il  y  a   chez  nous  plus  de 

1 1^  4KNk  hommes   nés  hors    frontière,  dont    au 

^ddà  de   T^OOO  Belges  et  de  5Û000«I   Italiens. 

,  f4>0000  Espagnols.    100  0(H)    Allemands,   près  de 

iiUOOOO  Suisses,  une   foule  d'Anglais,  de  IloUan- 

[ibî«,  d'Autrichiens,  d'Américains  du  Sud,  etc. 

O*  RflCLn»  La  Tuai  •  vol  »'oisKir.* 


Kl  pendant  que  la  France*  si  fertile,  et  si  belle, 
et  si  riche,  augmentait  si  peu,  TAIIemagne.  fmide. 
pauvre,  à  moitié  stérile,  croissait  par  nombreux 
millions  malgré  l'elTeniescenct*  de  l'émignilion  ;  el 
de  même  l'Angleterre,  non  moins  émigrante;  et 
l'Italie,  bien  plus  petite  et  moins  peuplée  que  la 
France  ,  couvrait  le  monde  de  set  terrassiers, 
de  ses  mineurs ,  de  ses  ouvriers  .  de  ses  ma- 
çons, de  SCS  colons.  El  que  din?  de  l.i  jtussie, 
qui  chaque    année  ajoute  maintenant  I  500000  A 

X3 


ils 


LA  TERRE  A  VOL  n'OISEAU. 


i  800000  fiommns  am    1 15  mitlions  qui  ppuplenl 

son  t'iii]iiir .' 

Rt^lnurnons  un  moim^nt  h  mnl  nns  en  arriére, 
îivjiiil  II  jv\ohUioii  (Ir  I7K9  :  hi  Trinicii  avait  iilors 
25  tnillioiis  dïinioâ,  [iri'SfjiM*  iitil.iril  i[iie  I»  nussif*, 
où  vivait^ïl  en  ce  le(i][is  f|Uol(|iuî  ^28  millions  dv 
«  Scylltes  u  ;  on  n'aurait  pas  cuitipté  15  millions 
tl(î  «  Rretons  n  dans  U'\    îli»s  Rntanniqnos   oi   pns 


20  millions  de  Hiuitchs  dans  ]' Vllornapio  divisée 
oolre  une  inlinitê  de  pnh'iiliits,  rois,  graiids-dti<*5, 
évt'qin's,  princes  et  principicules.  El  voici  h)  Russir 
j^  li."  millions,  les  îlos  Britanniques  à  birnl*^ 
iO  millions  en  di*pil  (le  t.i  dt*radi"»nct»  de  l'Ir- 
lande, de  l'iriunense  nxpalriation  d  AnpleUjTO  el 
d'Koossc;  el  la  toujours  essaimante  Allemagnep  î'i 
plus  de  4'.*  millions,   laiidis  que  nous  «lleiËmons 


Ourd^aux.  —  Dessin  du  Benuiàl.  il'apn^  une  pliutuçraphie. 


31^  milli<ins  à  peint»  :  ainsi,  nous  avons  gagni^ 
14  milliiuis  de  Français,  piuidanl  que  la  Russie 
p'iguail  85  millions  de  'i  Russes  i>  (en  partie  du 
fait  de  la  conquête),  l'An^let«»rre  près  «Ir  ii.j  mil- 
lions ifAni^lars,  rAllenia/irne  50  millions  d'AIIi*- 
mands  ;  or,  enaire  une  fois»  TAu^^leterre  vl  TAlle- 
iiiagne  ont  dissipt>  pour  une  grande  part  leur 
ileuve  di*  vie  sur  h*  reste  du  monde,  el  les  Français 
l'ont  {i^ardé  piesijue  toul  eu  Trauce. 
I)êbilit<^,  sénilî1(^,  o  sagesse  »,  plus  d*un  de  nos 


départements  a  moins  d'Iiabilanls  qu>n  1800,  non 
sur  un  sol  i^auvrc,  inrapabli\  mais  dans  les  terres 
les  plus  rielies.  L'Lure,  en  eetie  Normaudu"  plan- 
tureuse, avait  plus  dt'  iOOOOO  habitants  à  IVnIrêe 
iiu  sièide,  il  ne  lui  en  reste  pas  Û60  000;  fils  des 
(iaulois  et  des  Scandinaves,  di'ux  races  qui  cou- 
raient partout  [jeuphmt  le  monde,  et  Wrtî  des  Ca- 
nadiens u  multipliants  i>,  le  riverain  de  ta  Si'ine, 
«lo  l'Iùire,  d<*  la  Itille,  craint  les  enfants  couune 
la    peste.   Tel    est    aussi    son    voisin   du    l]alva- 


L 


180 


L\   TERRE  A   VOL   D'OISEAU. 


Mi 


Sur  la  Seine,  ù  !24-l20  inèln^s  il  ;illiliirl(\  Paris, 
pince  murée,  renlerme  2  riOOOOU  h.ibilnïils,  i2l  bien 
firps  tlft  7ï  niiHioiis  ;ivi^r  Ins  Faubourgs  qui  rcîinonlenL 
au  luin  In  Marno,  cm  {K'seetidenl  le  Ikuve  jus(|u  a 
l'Oise,  ou  sVlalonl  sur  les  coteaux  jusqu'à  Versailles, 
fa»lueusc  t'I  viik*.  C'est  (U'|Jiiis  plus  tle  iluiix  cents 
ans  un*'  r^not'iiiocilr  ^  et  ce  temple  »k?  h  juie  couvre 
un  cimetière  bourré  d'os  déclinant  en  poudre.  Elle 
ne  le  CL'de  qu'i'i  Londi^es  en  grandeur;  son  indus- 
U'ie  est  iunni'iiM'  et  varîôe,  son  coinuiercc  aussi . 
Tous  les  bonnues  de  la  Teire  y  accourent  connue 
au  centre  des  aris,  du  luxo  cl  des  plaisirs.  Ou  bii 
pardonne  ses  exubérances  parce  ipi'il  csl  gai  de 
nature,  et  beau,  et  parce  que  Piu'is  c'est  Paris, 

La  reine  des  villes  qui  tîsseut  la  soie,  Lyon 
(1Ô0O00  luib.).  est  dans  uu  site  grandiose,  auc<»n- 
flueiil  du  lUiôiii*  luntulUieiix,  de  la  Saône  paisible^ 
cl  sur  d'aliiéjes  eolliin*s. 

Marseille  (407  000  balj.)  semble  à  la  vinlle  de 
ravir  la  seconde  phu'e  a  Lyo!i  :  eilé  S|ilendi(le.  dans 
ses  beaux  quarlîei's  elle  égale  Piuis  avec  aulunl  de 
foule  dans  les  rues,  et  une  Foule  plus  bi^arive;  et 
ce  (pii  manque  à  Paris  fait  !a  beauté  de  la  a  (îUe 
de  Phocée  d,  la  iialujv  franclie  et  Furie,  les  roches 
colorées, le  grand  soleil.  In  lumièreet  la  mer.  C'est 
le  jHejuier  port  de  Fratice»  le  preuiier  de  l'Europe 
coulineuUde  nvec  Auveis  et  llarubour^^ 

Bordeaux  (252[000  hab.),  spleiidide  aussi,  borde 
en  croissant  la  fîaruuue  vaseuse,  à  la  bordure  des 
L.indes,  près  ilu  Mi-doe  ;  son  fleuve  lui  porle  les 
grands  vaisseaux  d'oulrc-nier. 

Lille  (*20l  000  bab.^,  immense  atelier  d'iiidus- 
Irie  dans  In  banale  plaine  de  Flaudj-e,  jrroupe  autour 
d'elle  tant  de  villes  et  de  bourgs  qu'elle  est  en 
petit  comme  Londres  une  «  province  couvei'le  de 
maisons  ». 

Toulouse  (150  000  liah.)  longe  hi  (i.uonue,  entre 
ISrénëes  et  Cévenues»  entre  ALlanliquo  et  Méditer- 
ranée, à  peu  prés  au  centre  du  monde  n  latin  )>» 
—  Uomuanieâ  part  —  c'était  donc  comme  Avignon. 
et  plus  que  Pîirts,  \m  sile  de  ^n'niide  capitale. 

Nantes  (121  000  liab,)  a  de  be^uix  quais  sur  la 
Loire  minitime,  (îeuve  ensablé;  elle  diminue. 

S.iint-Étienne-en-l'\ïrez  {!2000Q  Iiab.jv   qui    di- 

minne  aii5sit  est  une  ville  de  houille,  un  grand 

rende^-viïus  de  forges,  de  fabriques,  nu  pied  de  lu 

niunlagne,  à  la  droite  de  la  Loire. 

Le  Hovro   (HoOOO  hnb.)  grandit  vite;  c'est,  à 

1.  Sous  Heriiî  U,  iA\e  avaiï  (ïêjâ  plu*;  de  500  000  âmes 
jviès  (I(!  .MU)  000  *rOiis  Louis  XIV.  im  000  ri  rjiuror*'  <\u  «iii- 
iicuvii'me  sîcctc,  plu%  d'un  mi)ltr)}i  dairs  h  ficcoiirle  moitié 
Ou  rC'gne  de  Louis-PUiiippr^,  I  (iON  000  en  IKOl  apiîs  l'-in- 
ncxîondti  la  banlieue,  t  mi  tiOU  en  I87'2.ci  I  988  000  en  187G. 


remboucliure  de  la  Seine,  le  fauboui^  de  Paris  sur 
la  Manche,  et  son  port  pour  rAmérique. 

Roubaix  (115  000  hab.)  est  uu  rassemblement 
d'usines,  prés  tle  Lille,  dans  la  pkiine  (lainnnde. 

Rouen  {IIOOOÛ  Iinb.)  ne  s'accroît  guère:  cepen- 
dant c'est  un  beau  sile,  dans  une  riche  el  gracieuse 
province,  et  la  Seine  ai7iélioréo  y  reçoit  des  navires 
capables  d'aflrouler  la  mer. 

Heims  (10^  000  bab.),  ville  de  fid)riques,  occuf« 
les  l'ives  de  lu  V'esle.  aflluenl  de  l'Aisne,  à  ta  lisière 
de  la  Cliampague  Pouilleuse. 

Nice  (98  000  hab.)  est  bi  plus  t;rande  et  la  plus 
bruyante  des  villes  d'hiver  de  la  Médilerrauée. 

Viennent  ensuite  Amiens  (8-iOOO  hab.),  sur  la 
Sonnue»  avec  la  reine  des  cathédrales;  pour  faire  le 
chcF-d'œuvi-e  des  églises,  il  faut  :  «  clocher  de 
OiiU'lres,  neF  d'Amiens,  chœur  de  Beauvais,  portail 
de  Reims  ». 

Nancy  (SoOUO  bab),  sur  la  Meurlbe,  affluent  de 
la  Moselle,  régnnil  vu  Lorraine  an  sièeli'  passé. 

Sur  la  Méditerranée,  Toulon  (78  OOO  hab.),  d'où 
partit  la  flotte  qui  conquit  Alger,  est  depuis  lors 
noire  premier  port  de  guei-re. 

Angers  (TîiOOO  bah.),  jadis  capitale  de  l'Anjou, 
est  sur  la  Maine,  et  non  loin  de  la  Loire. 

Limoges  (TriOOO  bab.},  sur  la  Vienne»  ancienne 
cupitalc  du  Liiuousiti,  est  la  ville  de  la  porceluine, 

Brest  (72  000  hab.)i  en  Bretagne,  formidable  port 
de  guerre,  sur  une  baie  de  l'Océan  qui  est  comme 
une  mer  inléj'ii'ure,  auiait  dominé  les  eaux  si  l'An- 
gleterre l'avait  [ternus. 

A  Nîmes  (7j  000  hab.).  entre  les  Cévcnnes,  le 
Whùnc  et  la  Méditerranée,  sons  un  clinial  clair. 
Home  a  laissé  des  monuments  tjue  les  siècles 
n'usent  pas»  et  qu'ils  durenl. 

Tourcoing  (65000  hab.),  dans  la  plaine  flamande, 
ville  d'industrie,  touche  h  Roubaix,  comme  Rou- 
baix  i\  Lille. 

A  Reunes  (65000  hab.),  sur  la  Vilaine,  se  réu- 
nissait le  parlement  de  Bretagne. 

Dijon  («joOOO  bab.),  ;ui  pied  de  la  COtc  d'Or, 
dans  la  plaine  de  Bourgogne,  eut  des  ducs  dont  la 
puissance  balança  celle  des  rois  de  Paris. 

Orléans  (tU  000  bab.),  au  graïui  coude  de  la  Loire, 
est  comme  un  loinlain  faubourg  de  Paris  sur  notrt 
tleuvr  central. 

Calais  (GO  000  hab.),  ville  d'industrie,  sur  1:» 
Manche,  est  le  principal  port  d'embanpiemenl  pour 
rAngleterre. 

Tours  (60  000  hab.)  borde  la  Loire,  ici  large  et 
magniliquG  et  louche  presque  le  Clier,  dans  le  «  Jar- 
din delà  France  o. 


\ 


i 


182 


|0\ 


Le  Mans  (COOOO  hab.),  ex-capiliik; 
bordt*  h  rivirre  de  l.i  Sarlïie. 

Grenoble  (GO 000  hnl.),  sur  risèrc,  dans  un  des 
benux  [inys  du  monde,  au  pîod  du  iiiaï^ï^ir  de  lit 
Gniide-(;iiarîrcuso,  de  la  chaîne  de  Bclfedonne 
cl  des  Mjontri  du  Lans,  fui  la  métropole  du  lïau- 
phiné. 

Montpt'llier  (58  000  bab.).  sous  le  même  ciel  que 


LA  TKURE  A   VOL  D'OISEAU 
du  Maine, 


Nîmes,  voit  de  près  les  Céveiinesel  la  mer,  de  loin 
les  Pyrénées  d'orienl. 

lîesnnçan  (;>^000  bab.)t  sur  le  Doubs,  êt;iil  le 
ehef-lieii  de  la  Frnnebe-I^onilé. 

Versailles  (r»'J  000  hab.),  sur  nn  plateau  de  h 
rive  gauobe  de  l;i  Seine,  grand  cliâleau  et  nublos 
jardins,  est  caiiuiic  un  Escurial  de  Paris,  moins 
sôïnbre  tpie  celui  de  Madrid,  etc.,  etc. 


Grenoble  cl  U  chaîne  de  BuUcdoaac.  —  Dcssiu  Uc  Taylor,  d'nprùs  une  [iliotogi-îipliic. 


Corse.  —  Nous  avons  dnns  la  MèdilcrTanêe,  à 
1  HO  kilomètres  de  la  France,  à  400  de  TAlgêrie, 
une  f^rande  île  sise  à  85  ou  1)0  kilomèlres  de  Hi-dte. 
C'est  la  Corse,  terre  précieuse,  îlidieniie  de  eliiual, 
de  race,  de  langage,  et  pourtant  très  fran(,';ïiso  de 
sentiments  :  tes  Curses  aim(Mit  la  Franee,  et  lu  lan- 
gue naliiHiale  y  rnitrclie  à  la  coîUjuete  des  \illesel 
des  bourgs,  en  atlendanl  qu'elle  entre  au  village. 

r,nii[ièe  veis  son  milieu  [i.ir  le i^i'*  degr*'*  do  la- 
titude, r^ui  passe  près  de  llunie,  elle  a  183  kilo- 


mètres de  Ionguein\  8i  do  plus  gmnde  amplcin*. 
el  87^2  200  hectares.  Son  lilloral.  de  près  de 
500  kilomètres  tle  dècnupure,  ouvre  des  baies  bar- 
motiieuses  dont  jdus  d'une  spïendide:  ti^lles  celles 
de  Siunl-Fliirent,  de  Calvi.  de  l'nrto,  de  Sag(tne, 
d'AjiiccitJ,  de  Valiiieo,  de  Snnin  Mausa.  el  la  plus 
belle  de  loules,  le  Porto  Veecliio»  adjuirnble  itbri. 
Ces  superbes  asiles  des  na\ires,  au  besoin  drs  (dus 
puissantes  et  îiivinciMes  annadas,  échajiorent  le 
lilloral  du  nord»  les  granits  rouges  du  Fouest,  le 


I 


FRANCE. 


183 


sud:  mais  la  côle  oiiontnle,  |)<ir  un  violt'nt   con- 
lrasU',î*'t'n  Vii  «IroiU',  th:  Basti.i  jiisqiu*  (Mvs  ilu  Porto 
Vocchio.  s;ins goUV.'s,  s.'ins  Ii-ucs,  s.nis  rin|ncs, basst^ 
i  avec  l'Ivings  el  passages  Wt*  (k-uvos  <»xlrava:>ês. 

i\iV  (il*  ers  n<uj\i»s,  iH'Ue   pUipc  (l'orienl,  qui  a 

I  80  kilorurli*es  de  lon^'  sur  8  à  12  el   IG  de  hii-go, 

ImI  digne*,   par   ôon    iusalubiilê,  de  lile  voisine. 

plus  graude  el  moins  belle,  de  la  Sardaigne,  que 


sépan'nl  do  la  Corse  les  12  kiloinèlrcs  ilu  détroit  de 
Bonifacio  :  rctloSardaipu^elIc-îii^me,  si  décriée,  n'a 
pits  do  leires  plus  riiorlrlli-nionl  fiévnnises  que  les 
niareniine^^d'Aléria;  pourï.iiit  ce  villa|j;e  empoisonné, 
pim-Iio  do  i'i'latig  do  lliotto  ol  do  la  fin  du  n*'U\o 
Tavi'jïivano,  fuL  la  oapilaluiîe  l'ilo  sous  les  lïiniiain>. 
Puyanl  devaid  lo  mauvais  air  plus  enctire  que 
devant    les   piralus  bLU-bai-esquos,    los  Corses  du 


■  smi 


Bastia.   —  DAâiii  do   Tjyltii,   d'iiiirt-»  une  |)tiul>>k'iaj'lite 


smi^iDfî,  du  dix-tieptiéme.  du  dix-liuiliénie  siècle 
avaient  al»andonné  le  rivajç^e  maudit;  ils  y  culti* 
vaieiit  quelques  land»enui  rie  sol.  surtout  ils  y  pais- 
saîml  ùe^  troupeaux,  mais  ils  vivaient  loin  de  la 
cMr,  bien  nu-d^-s^-us  d'elle,  <lans  dos  villages  trt»s 
baot  perrlii*'s,  ^rantis  de  In  malaria  |)ar  des  é|>o- 
rofl»  de  montagne,  des  bois,  d'immenses  cliiUai- 
pinmirs  qui  fuivnt  les  ritadoljes  de  riiiilépendance 
rirTN*  ;  tri»  t>ont  notanmient  les  bourgs  de  la  <las- 
toiiiccia,  qui  doit  ce  nom  h  ses  châtaigniers  dont 


beaucoup,  centenaires  ou  millénaires,  sont  les 
f;i^anlos<iues  pntriarehes  de  la  forêt  ;  le  jiàlre,  le 
laboureur  n'osent  pas  enrore  redescendre  pour  ha- 
biter plus  prés  du  Ilot,  car  si  le  cors;iire  a  disparu. 
r«ir  est  toujours  un  poison. 

Oes  baies  du  littoral  on  monte  il  des  pics,  à  des 
dOnn-s,  le  long  de  torrents  aux  eaux  bruyantes, 
aux  nomss<inores,  AHso,  Kangri.  Sogone,  lannomo. 
(Iravona,  Prunelli,  Tani^o.  Tavaria  ou  Ilizzuneso. 
Travo,  Fiumorbo,  Tavignano. 


184 


LA    TEItRE    A    VOL    P'OISEAU. 


On  arrive  aux  cr^tos,  Iniilùl  i^ir  les  mnquis, 
fuiirrvs  nrlioiv^iuMils  de  Imiino  nchnir,  Innlôi  par 
le  vide  ol  k'  iiu,  l*irit)!it  jiar  do  gniiids  ln)is  duiil 
les  plus  profonds  sont  les  for^ta  il'AïUino,  du 
Vîddnniollo»  do  Vizznvona,  do  ïliividlo,  luMres, 
cliêiirs,  cl  surtout  pins  larix,  pins  marilimes  o\ 
alpins. 

Lesi  pies  qui  drosstMil  loiir  1i"'lt'  rlirnur*  aii-dossus 
do  ces  bais  ont  laillo  liaulP  H  firre  enridun;  : 
JtMir  maiiro,  c>s(  le  Monte  Cinio  (2707  mètres)  ;  le 


Monte  Rotoiido.  (\\\o  longtemps  on  nvait  «lit  lo  prc- 
mîi^r.  n'r'sl  que  lo  sofond*  avec  2(îtî5  nièlros- 

lïans  coUo  l'orto  nature  vil  et  s'atjilo  une  race 
puissante,  oiuluranlo,  onlôlée,  vindicative,  pns- 
siorinôe,  fAcondc.  Sur  res  87!2200  lieclaros,  l'île 
porte  28JU00  (lorses,  soit  7d  it  ÔÔ  par  kiiotnètre 
carn^.  La  race  augnienle  depuis  qu'elle  est  devenue 
p;iisiblo  ol  (|noi<prelleôitii^'n'  lioauooup.  d'abord  en 
FiMnco,  jïuis  en  Algoj'ie  ol  ou  Tunisie,  eulin  dans 
l'Auiéncpio  latine. 


Donirncio.  —  Dessin  do  Taylor,  d'apr&s  une  [>hologi>aphie. 


Les  Corsos  ont  aujourd'hui  nu^mos  fimmirs , 
mi^mes  pad-ios  —  laFranoo  d'aboi'd,  la  Coi'so  en- 
suite; mais  nul  refois  rlinquo  vallôe  nnnait  son 
petil  [louple  ronU'o  une  aulro  valK*e,  un  vallon, 
un  ravin  ;  chaque  hourj,'ado  avait  ses  familles 
enni'Riies,  el  jusque  dans  le  (dus  branlant  dos 
hameaux  on  s'y  égorgeait,  par  longue  liahitu(bv 
haine  îii vôu^rôe,  vendetfn  que  cimquo  niourlre 
avivait.  Tous  les  Mèndionaux  t^'y  sont  ni*"^los  dans 
une  orgie  de  sang  et  de  ruines,  autoobtones 
ignores,  Pliénicions,  C.irlbaj;îint>is,  Grecs,  Romains, 
Arabes  et  llerboj'es.  Italiens,  Cal;dans,  Français  du 
Sud;  mais  TunioD  est  faite,  el  lo  Corse  est  Coi'so. 


Telle  ilo  merveilleuse  a  f^af^né  plus  de  cent  millo 
âmes  depuis  le  cionuionceiuonl  i\u  siècle.  Llle 
aura  son  million  d'hommes;  il  lui  faut  pour  cela 
l'ombre  eq>aisso  qu'on  lui  a  nnie  et  l'eau  qui  sor- 
tait de  SOS  vieilles  fmèts;  bien  que  hvs  verle  en- 
core et  n'ayant  pas  une  seule  montîigne  C4idav^- 
rique*  la  Corse  a  penbi  do  vastes  fulaies,  le  bois 
y  a  trop  fait  place  au  niar|uis.  ot  le  maijuis  y  de- 
vient mainh'nant  vignoble. 

La  eapilale,  Ajaccio  (Uï  OOÛ  liab.)*  sur  un 
golfe  de  l'ouest»  n'eM  pas  aussi  {îrande  que  Baslia 
(22  000  lial>.)  rjui,  (in  loiid  do  Tile,  de  la  rive 
d'est,  re-jarde  le  litloral  italien. 


ESPAGNE. 


ISS 


Pèainsale  Ibérique.  -Détroit  de  Gibraltar. 
-La|>^DinsuU'lb4'riqiu>,  conipivnanl  rb!âp<igiii!til  le 
a  59  330  900  hoolaros,  les  iles  Bnicaros 
a\<*r  5^2  millions  d'iiubitniils. 
LéHks&iis.  |;i  (wirl  «le  l'tspugiie  est  de  hi)  \hi  700 
,ûa  17 257132  flCîislillansB—  ITàK^ltiO 
cnglobtiiU  comme  c'est  l'usn^e  des  receiise- 
icspagnoIsJ'nrcbipW  des  Canaries,  fjui  regarde 
krirtgr  niêridiotia!  du  Maroc,  aux  portes  du  l'irand 
Hètrrt  du  Sjiham.  —  Effcne  porte  donc  que 34  A  33 
pereouncn  au  kilomètre  carré.  deiisiU*  très  faible. 
.VFMpÊ^nca  iiiallteureuseiuent  pour  t>lle  d'iuuncuses 
«tnr^H  !%«>Kvs  de  pluies  sous  un  ctiuuit  dur,  tour 
ide5  par  Irur  latitude  et  glaciidcs  parleur 
Par  reiïel  de  ces  hauts  plateaux,  ta  sur- 
eCî<in  moyenne  de  la  pi'itiusule  Ibérique  est  de  700 
des  mci*s   :  en  quoi  ce  fl  con- 


îinentwnele  cède  qu'a  In  Suisse,  mais  de  bt'aucoup. 
rilelvêtieayaul  13U0  iiïèUvtî  de  nioyeuue  t-'lèvatioii. 

Large  d*'  15  kilomètres  à  peine  au  point  le  plus 
rossiTré,  entre  Punla  de  Canab-s  ot  Punta  Cires»  le 
délroil  i\v  (]ibr:illar  ouvre  l;i  Mr-tlilrrranèe  sur  l'Ai- 
laiilique,  en  inertie  lernps  (ju'il  sépare  TEspagne  du 
Maroc.  l'Kurope  de  rAlViqUL'.  Il  livre  passnge  au 
courant  sans  lequel  la  Mcdilerrance,  séchant  en 
partie,  devieiulrait  une  Iraiinn*  de  lacs.  Le  Bosphore 
((pri  t'iifraîne  le  iVni,  le  Utiirper,  le  Dniester  cl  le 
Danuhe),  le  Nil,  le  P6,  le  Hliùne,  l'Èbre,  le  Jiicnr» 
les  affluents  et  les  afllucnticules  envoyés  par  le 
Caucase,  l'Asie  Mineure,  la  Tuniuie,  la  Grèce, 
l'Italie,  la  France.  l'Espagne  et  le  nord  de  l'Afrique, 
versent  en  vain  leur  inunense  flot  d'eau  douce  dans 
l'urne  de  la  Mêditerrattée;  l  evapralion  (»nl&ve  trois 

U 


186 


LA   TERRE  A  VOL    D  OISEAU, 


fois  nulnnl  d'onde  à  h  mer  qui  s'épand  de  la  roche 
où  soufl'rit  PromiUhêc  jusqu'aux  monls  que  l'endil 
HenuiKv  ni^iis,  par  ]»»  dèïroil  di^  Gibndhr,  profoiu] 
dp  U'JO  int-trcs,  \c  Viivv  dos  Eiiui,  l'Océan»  rclabliL 
Téquilibre. 

L'Espagne  est  une  Alrique.  —  Ainsi,  le  détroit 
de  Ciibrylliir  divise,  au  sud,  l'Espagne  de  l'Afrique; 
les  pics  aigus  dfs  P^rviiées,  au  mirtl,  Li  st'parent 
de  la  France,  i'arloul  ailleurs,  la  mer  est  aux  portes, 


Ocx'an  ou  Méditerranée,  oxcoplé  sur  la  Frontière 
loule  factice  du  Portugal;  aussi  ITspngno  pos$ède- 
l-elle  2V2%  kiloinL'tres  de  côtes,  dont  lli9  le  long 
df  la  Mrililorratiée. 

On  l'a  dit,    ce  n'est  pas  au  détroit  deGibrnllar»j 
mnisauv  Tyrêrièi^s  que  s'arrùti^  TEumpe;  I'Esi^uti 
ressemble  plus  au  Tell  de  TAtlas  qu'à  la  Fran('ft;J 
elle  a  le  même  sol  d'airain  loin  du  passage  de 
l'aux  couraiilos,  les  mêmes  arbres  d<iris  la  valli'r.le 
steppe  ellu  moutagae,  le  même  soleil  qui  fane  etqui 


L'nc  noria.   (Vuy.   p.   188.)  — 


brille,  mais  qunud  il  lutt  sur  une  lerre  arroser, 
ce  ciel  enllimmiê  soui'it  à  di*s  jariliiis  dWrmide. 

L'Kspagne  est  moins  une  nation  compacte  qu'une 
réunion  de  [teuples  d'orij^itie  commune»  séparés 
par  des  espèces  de  désejl.s  ou  pir  do  li;mtes  sierras 
dont  lus  puortos,  cols  élevés,  sont  pncombrés  de 
neige  pendant  quatre  h  six  mois  de  Tannée. 


Plateau  central  :  Castilles,  Manclie,  Estré- 
madure.  —  Le  centre,  presque  bi  moitié  de  la 
péninsule,  ap|iiirlient  au  pLileau  cle  Caslille  et 
Léon-^plateau  double,  la  granitique  sierra  de  Guu- 


diirrama  (2iO.'»  nièïres)   le  divisant  en  jilatcau 
Vîeille-Castille  et  de  Léon  el  plalenu  de  Nouvi-lle- 
Castille,  de  Manche  et  d'Kstrémadure.  fl 

Le  jdaleau  de  la  Vieille-Caslilbs  au  nord-ouesl, 
compris  entre  o70 ut  UOO  mètres  d  altitude, s'étend 
sni'  les  deux  rives  du  DueW»,  lleuve  d'un  bassin  dflM 
9  500  000  iiectares  qui   renferme   trois  ailles  des^ 
pins  célèbres  en  l']spagne,iîurgos.  V;dl;alolid  et  Sabv 
manque.  Riirgos.  lU'i'c  de  sa  cathédrale,  l'est  oncoil 
]*lusdes  souvenii"S  ihi   pourfunlcnr  des  Maui-es.  du 
conquérant  de  Valence,  le  C.ki  qui  li;illil  cent  fois  k 
musulmans;  bien  desgnerrieïs  brillèrent  danscelle] 
mêlée  de  sept  à  luiit  cents  ans  qui  couinieuea  pari 


ESPACrNE. 


187 


baLaill<*$  roisînes    du  golft»  di»  Gnsco«;ne  cl 

[qui  finit  par   la  pris««   di?    Gren.1dl^   pr^s  âù   la 

_     fié*?   ei    vi&-à-vis   de  l'Afriqui»:    in;iis  de 

IHShHl.ilgos  qui  ch:)ssêit.'til  tes  u  S^irrasiiiâ  )>, 

lucuD  ne  fut  aussi  fanicui  que  le  Cid,  héros  des 

froni:in«vs  populaiivs.  Qiiiinl  j'i  Valladolid,  ce  fui  la 

Ir.-ipiudf*  d*'  i'E5.pjgaccl  Salamjuca  osl  l'uuivei&ilô 

lllAtlOflAle. 

Le  l>uero    (815   kiloimMres)   descend  de  l'^-lpre 
tsicrra  neigeuse  de  Urbiou  \t2130  moires),  près  de 


Soria,  dans  le  pnys  où  sïdevail  Nuinanoo.  la  villo 
qui  aima  mieux  pi'rir  que  i\c  se  rendre  (onlètùs, 
passionnt'S.  fnnnliques.  les  Espagnols  soiiU  romnie 
on  n'ignore,  les  premiers  hommes  du  monde  [tour 
dêfendie  une  ville  mur  par  mur).  Arrivé  dans  la 
pliim^  de  Valladolid,  à  TJ  ou  15  kilomèlres  au  sud- 
uut'.st  de  celle  ville  dont  le  nom  csl  arabe  {Blad 
oualiih  1^1  cité  d'Oualid),il  i"e«;-oil  la  Pisuerga  el 
TAdjijii,  cl  double  ainsi  son  volume,  d'ailleurs 
faible,   les   plateaux  sur  lesquels  il  serpente  êlanl 


L'iqucduc  romain  de  Méridn.  (Voy.  p.  100.)  —  Destin  de  Gustave  Doi^. 


I  pMi  visités  par  la  phiie.  Le  Pisuerga  vient  du 
&onJ.<t«*s  IHn»nées  cantabriques,  c*csl  la  rivière  <le 
VilkHolid:  lAdaja  vient  du  sud.  des  monts  qui 
traire  im^lenl  aux  sierras  de  firvdos  o(  de  Gmidai*- 
mnn,  cVsl  lu  rivière  de  la  froide  Avil;i,  oiiUliée 
par  le  m<iyen  d^'e  dvs  un  v:dlon  (pfefUeun.'  le 
iCfaemia  du*  fer  d'irun  -^  M.idrid,  av.nit  (r.'tU<indre, 
rafins  en  ravins,  de  p.-iranies'  en  pâramos,  les 
biiinels  de  la  sierra  de  (iuad.irnunîi  ;  son 
ut,  rLn*sm.'i,  prisse  devanl  Ici  muiumientale 
BW,  l'uD  des  séjours  les  phts  fniis  de  TEspa- 
Aii-des&ous  de  Zamora  (encore  un  nom  arabe, 

1.  Saolr^  ItlAÎiK'i  IVuiilcs. 


ou  pour  mieu\  dire,  berbère)»  le  Ihiero  s'auginenl<! 
du  cUarmatU  Esh,  fait  comme  le  Pisuergii  de  tor- 
rents rii  èvenLriil  dont  l'un  bnigne  l'antique  Léon, 
wlle  triste  el  p:mvre*  avec  moins  de  l'JÛOOâmcs, 
qui  donna  son  nom  à  Tun  des  royaumes  nl)sor- 
bés  successivement  par  la  monareUie  madrilène: 
llaslille  et  Léon  est  synonyme  dEspngne.  Vers  le 
coniluent  île  l'EsIa,  le  lleuve,  devenu  frontière 
cuire  Espap;ue  el  l'orUigal,  descend  dans  un  couloir 
profond,  étroit,  tortueux,  désert,  dont  l.-i  uujraille 
gauche  s'ouvre  pour  laisser  passer,  d'abord  le  pur 
Turmès.  venu  par  Salamanca  de  ta  sierra  de  (Jrédos 
('iC.'iO    mètres),    puis  le   torrent  de   bi    forteresse 


18S 


LA    TERPE   A   VOL  D*niSE\D. 


de  CiiiJ;»l-Rociri^o,  TA^ueda,  tvnn  moins  limytidc 
que  le  Tormès  cl  non  moins  cêliUiré  par  les  poêles 

Li*  plateau  <ic  la  Nouvello-Caslille,  lui  peu  moins 
élevé  que  le  pivnédfnit,  s'i^lond  nu  centn»  de  h 
presqu'île,  entre  In  sierra  de  Gundarrama  el  Ifi 
Sierra  Mi>reria.  Il  porte,  vers  son  milieu,  les  monls 
de  Tolède  H  h  sierra  de  r.n;idiïlupe  (1558  mètres) 
qui  le  coupent  en  deux  :  nu  nru'd  de  cette  com- 
mune bnrriêre  est  le  plateau  du  Tage,  au  sud  le 
pl.ite:ni  du  Guadiaun,  eompren/int  lîi  Mnnclie  et 
l*!^^*^lrèinMdun\  Connue  l'Espagne  inti'rieure  lire  ses 
pluies  rie  l'Atlantique  benucoup  plus  que  de  la 
Mt''dilerr;i!nêe,  n  itu'sure  qu'on  s'éloigne  de  rnr/'nn 
la  sécheresse  nuj^^nieule,  les  rivirres  diitiiimejjt  ; 
le  bassin  du  Ducro,  séparé  de  la  jç^rande  mer  par 
les  seules  Pyrénées  d'Asluries  el  de  Galice,  rcçoil 
en  moyenne  500  millimètres  de  pluie  pnr  an,  aussi 
a-t-il  do.  meilleurs  nos  que  celui  du  Tage;  h  son 
tour,  le  bassin  du  Tage,  où  il  tombe  annuellement 
400  millimètres  en  moyenne,  a  plus  d'eau  eou- 
rante  que  relui  du  (iundiann,  lequel  est  mouillé 
tout  au  plus  par  îuiQ  millimètres  de  pluie;  et,  en 
somme,  les  trois  fleuves  sonl  1res  pauvres. 

Tous  ces  plntenux  de  ^KsJ^îlf^ne  centrale  sont 
tristes,  pri»sque  hideux.  Ils  sont  lïdts  de  canipos* 
gris,  fertiles  en  grains,  chichesen  arbres,  de  ravin» 
snnseau.de  steftpes  w  ftniule  le  iiïérinos.  De  loin 
en  loin  quelque  villnt^^e  dresse,  entre  les  chaumes 
de  la  plaine  ou  dans  les  pierrailles  du  coteau,  des 
maisons  croulantes  el  qui  semblent  désertes;  à 
riiorizon  montent  des  sierras  pelées,  couturées  par 
des  torrents  d'occasion;  en  hiver  c'est  la  neige  el 
la  fîitige,  en  été  la  poussière  sous  un  soleil  de 
plorrd);el  des  vents  violents  snufilenl  toute  l'année 
sur  ces  champs  de  blé,  ces  monts  et  ces  pc^iraraos 
nus  raillés  par  le  proverbe  espagnol  :  et  l/alouelte 
eiu[Ktrle  sa  becffuée  lorsqu'elle  [larl  pour  voyager 
eu  tlaslille.  »  Qui  croirait  qu'il  y  a  cinq  cents  ans, 
les  deux  plateaux  étaient  une  longue  l'orél  de  pins 
et  de  cliénes  avec  ours  velus,  sangliers  trapus  el 
cerfs  élégants? 

La  gnerrc  contre  les  Maures,  le  massacre  des  Maho- 
mélans  vaincus,  le  grand  vide  qui  se  fil  après  la 
découverte  de  l'Atnérique  el  la  ronquôte  du  Mexi- 
que el  du  Pérou  par  deux  EstremenosV  Portez 
cl  Pizarc,  dont  la  haute  fortune  attira  des  milliers 
dliommes  au  delà  des  mers  ;  les  ravages  des 
mérinos  Irotisbumants  qui,  sous  le  patronage  de  la 
Mesta,    riche   compagnie   h  monopole,    tondaient 

\,  Champs,  pbinrs. 
2.  Eslrùiuailui'iens. 


fleux  fois  par  on  le  pays  dans  leur  roule  desplainos 
du  sud  aux  nionlipnes  de  Lénn,  puis,  au  retour, 
de  res  froides  montagnes  à  ces  chaudes  plaines; 
l  lUt  cela  dép<?uplii  de  vastes  cantons  de  TKspagne 
médiane;  les  canaux  d'irrigation  se  fen<lirenl  ou  S(* 
cutjihléreut,  les  norias  ou  puits  ù  roues  cessèretil 
de  tourner,  les  champs  lombéi'ent  en  friche,  la 
chèvre  brouta  les  arbustes,  les  moutons  arracht"- 
renl  les  herbes,  monts  et  plateaux  devinrent  des 
despobladosV  Une  autre  cause  de  la  hidèur  de  tant 
deearupos  du  rentre,  c'est  la  tiaine  du  [)aysanpour 
les  arbres;  l'Espagnol  aliliiu're  tout  ce  qui  est 
r.mieau,  branche,  feuillage,  tout  ce  qui  cache  un 
nid  d'où  s'envoie  joyeusemejit  la  nichée  des  pico- 
reurs;  i\i\l-k\  au  dicton  delà  sagesse  nncesli'ale  : 
n  Arbol,  pdjaro^  h,  il  détniit  l'arbre;  et  avec 
larlire  Tomljinge  sur  les  immenses  lalifonds; 
puis  le  pays    lîambe  au  giïind  soleil  de  l'Espagne. 

Au  sud-est  du  plateau  easlillnn,  la  Manche  csl 
une  affreuse  plaine  aux  ruisseaux  salés  dont  aucun 
n'est  capable  de  mettre  en  branle  une  usine,  et 
ce  vaste  champ  de  céréales,  prodigieusement  riche 
en  grains  quand  l'année  est  pluvieuse,  a  du  recou- 
rir aux  moulins  îi  vent  qu'attaquait  don  Quichotle. 
Devant  l'aridité  de  celte  cam]iagn<»  espagnole,  sous 
raceablenn^nl  tombant  du  ciel  vu  rayons  et  mon- 
tant du  sol  en  rèverbérance,  on  comprend  la  pas- 
sion pour  Tenu  couranU*  qui  parle  dans  tous  les 
poèmes  du  l'Orient,  de  la  ronKince  castillane  aux 
psaumes  hébreux  et  au  Cantique  des  Cantiques. 
Celui  qui  n'a  pas  marché  sur  une  roule  éclatante, 
dans  l'air  embrasi'  des  cam|)os»  ne  comprtMidra  ja- 
mais le  cri  du  poète  :  «  0  fontaines  des  jerdins^d 
puits  d'eau  vive,  *\  ruisseaux  découlant  du  Liban!  u 

i-es  deux  fleuves  du  plateau  de  NouveUe-Castiile 
sont  le  Tage  (en  espagnol  Tnjo)  et  le  Guadiana. 
Le  Tage  (HOj  kilomètres)  déverse  un  bassin  de  1 
8  250(M»I)  hectares.  Il  mouille  le  fier  rocher  d'une 
ancienne  capitale  de  IKspagne,  ToîMe,  ville  mo- 
numentale, à  la  fois  arabe  et  espagnole,  monastique 
et  guerriéi'e,  prt'cieux  musée  d'histoire,  meneil- 
leuse  non  moins  que  morne  el  morte  cité.  FMus  i 
haut,  plus  bas,  il  ne  coule  guère  entre  les  f  bords 
lleurîs  B  des  vieilles  romances,  mais  au  fond 
de  ravins,  dans  des  chanif>s  saupoudrés  en  été 
d'une  poussière  rouge,  eriti*e  des  roches  à  pîc, 
des  talus  sans  arbres,  des  herbes  grillées,  des  ar- 
bustes Hélris  au  bord  des  eaux  fangeuses.  En  aval 
ilu  Pontde  rArchevéque  (Puenle  del  Arzobispo),  sa 
vallée  devient  tout  à  fait  ce  que  les  Espagnols  nom- 

1.  licui  liojvoiiplés. 

2.  (ijui  a  1)  aibrc  (a  1')  oiseau. 


I 


190 


lA  TERRE   A   VOL   D'OISEAU. 


ment  un  cagnon,  r'est-à-dir<^  un  profond  ^iranglo- 
nii^nl  ;  plus  on  npprorh*»  du  Porlupnl,  plus  le  dêfili!^ 
sr  cr^usi'  l'I  Si*  Sf^iTi\  [iliis  In  pioiiv  sp  iJryssc,  cl 
Ton  ptmrnit  pivsque  frandiir  d'un  bond  co  fl^uv** 
qui  sVlargil  on  Un:  h  quelques  dizaînos  de  lieues 
eu  aval  pour  donner  h  Lishonnc  un  dus  maitrt's 
poiis  de  l'univers.  Des  rapides,  de  petites  cascades 
brisent  son  roui-s:  le  Saul-du-Bohérnien  (Snllo  de! 
Gilano)  est  un  bond  de  huit  mêtivs,  le  fleuve  en 
ayant  40  de  largeui\  Le  Tage  roule  dos  paillettes 
d'or,  et  !es  Anciens  le  citaient  h  cAlé  du  Pnrtole, 
do  l'Heniius  jauni  [)ar  l'or  et  du  somptueux  Gange, 
trt^sor  do  l'Indo. 

Sur  le  territoire  espag^noî,  il  reçoit  le  Jnrnma, 
l'Alherche,  le  Tielar  et  l'Alagon,  Le  Jarama  s*unil 
au  Tage  h  In  lisière  du  pare  frAranjuoz,  résidence 
royale;  il  rassemble  dans  son  lit,  d'abord  le  Lo- 
zoya  qui  fournit,  à  Madrid  un  eanal  sans  lequel 
celle  ville  n'aurait  pas  d'eau  fraîrijeiMi  êfé,  puis  le 
llénarès  qui  passe  à  Aleahu  pnirie  du  prince  des 
écrivains  cnslillans*,  enfin  le  Manzanarès  dont  la 
reine  des  Espagnes  regarde  le  stérile  vallon.  L'Al- 
berclie  cunlourne  la  sierra  de  Crédos;  le  Tielar 
longe  au  sud  celle  ïiaute  chaîne;  le  clair  Alagnn 
recueille  les  eaux  des  Itatuecas  et  des  Hni-des,  cir- 
ques déchirés,  avec  des  larnilles  de  véritables  sau- 
vages, petits,  laids,  IkUos,  maigres,  vêtus  de  peaux 
ou  de  loques  indéoenlos;  ils  habitent,  dit-on,  parmi 
les  immondices,  des  tanières  creusées  dans  le  sol, 
en  compagnie  d'un  ilne  et  de  chèvres;  ils  dorment 
sur  des  lils  de  hniyères,  ils  vivent  en  promiscuité, 
sîius  préIres,  snns  uïôdecins,  sans  juges,  sans  lois, 
sans  nifpnrs,  n'ayant  guère  avec  le  reste  des  Espa- 
gnols <iu'uiie  seule  clittse  commune,  le  payement 
de  liniprtl  ;  ces  pauvres  gens  sont  passés  en  pro- 
verbe, et  quand  on  veut  parler  d'un  grossier  per- 
sonnage, on  dit  qu'il  a  été  n  criadû  en  las  Balue- 
cas  »,  élevé  dans  les  îlaluecas. 

CVst  au-di'ssous  du  confluent  de  l'Alagun  t\uc  le 
(leuve  jmssesous  les  aïs.  arches  d'un  pont  ayant  peu 
de  rivaux  au  monde*  I^e  poiil  d'Alcantiira  sort  des 
mains  victorieuses  d'un  empereur  roni;jin  d'origine 
espagnole;  b^llisous  Trajan,  il  a  maintenant  plus 
de  1750  ans  d'Age;  sa  tour,  au  centre,  commande 
le  Tage  de  V>0  mètres,  presque  la  hauteur  de  Notre- 
Dame;  les  orages,  les  débiiements  de  neige  du 
plateau  n'ayant  pour  s'écliapper  vers  la  mer  que 
celte  gorge  comprimée  dans  la  roche,  le  fleave, 
pareil  au  Itliin  dans  la  Via  Mala,  s'élève  ici  de  plus 
de  40  mètres  en  grande  crue. 

Le  Guadiana  (890  kilomètres  jusqu'à  la  source 

î.  Cervantes. 


do  l'afnunnt  le  plus  reculé)  a  des  bords  fiévreux 
dans  un  bassin  de  6  500  000  hectares.  Il  naît  à 
(HtS  mètres  d'altitude,  dans  la  Manche,  près  de 
Villarubia,  par  les  t)jos  de  Guadiana,  sources 
donnant  ensemlde  5  mètres  cubes  d'eau  par  S4V 
conde;  ojos  veut  dire  les  yeux  —  de  même,  en 
arabe,  ahi  désigne  êgalcraenl  l'œil  et  la  fontaine. 
Ce  grand  jaillissement  est  sans  doute,  ou  peut  être, 
la  réapparition  de  la  rivière  des  treize  lagunes  de 
Ruidern  qui  s'achève  plus  haut  dans  des  marais. 
Les  Ojos  versent  au  Guadiana  presque  tout  son 
tribut  dVtè,  car,  en  celte  saison,  ses  affluents, 
quelques-uns  fort  longs,  ne  lui  partent  point  d'eau 
coulante  ;  l'iui  d'eux,  le  pauvre  el  jaune  Zûjar,  vient 
d'AInMtlen,  la  ville  du  mercure.  En  I^strémadure, 
le  Guadiana  contourne  le  coteau  de  Medollin,  où 
naquit  Cortezjo  contpiéranl  du  Mexique:  puis  au- 
dessous  de  Mérida,  ville  orgueilleuse  des  ruines  de 
son  aqueduc  romain  et  de  son  pont  de  81  arches 
construit  sous  Trajan,  lelleuve  baigne  Itadajoz,  for- 
teresse espagnole,  qui  du  bus  de  sa  plaine  regarde 
Elvas,  i>lace  ile  guen-e  portugaise  juchée  sur  une 
colline  du  prochain  horizon.  En  Poilugal  il  si*  lord 
entre  Serpa  cl  Mértola  dans  un  chenal  de  pierre 
vive  el  court  en  tumulte  sur  les  rocliers  du  Saul- 
duLoup,  en  espagnol  Sallo  de!  Lobo,  en  portugais 
Pulo  do  Lobo. 

Surces  plateaux  du  centre  habitent  les  Castillans. 
"  Le  Castillan  est  grand  et  rare,  dit  le  Camoëns  : 
son  destin  le  fit  le  restaurateur  et  le  maître  de 
l'Espagne»  ;  il  a  donné  au  pays  sa  langue  littéraire, 
et  des  traits  de  son  caractère  au  peuple  espagnol. 
L'homme  de  la  Mancfie  s'appelle  Manchego  ;  celui 
de  l'Estréniadurej  Eslremeûo.  Autour  de  ce  |>latenu 
cenli'al  rayonnent  qualreautres  régions, s^ms  parler 
d'une  cinquième,  qui  forme  ie  Portugal,  Au  nord 
la  région  cfuilabrique  el  la  région  de  l'Èbrx;.  îi  l'est 
le  pays  de  Valence  el  de  Murcie,  et  toul  au  sud 
rAndalousie.  ^ 


Cantabrie  :  paya  Basque.  Aaturies,  Galice. 
-^  Ayant  au  sud  la  Vieille-Castille  el  Léon,  et  au 
nord  la  nier  de  Biscaye  où  les  Basques  ne  péclient 
plu»  la  baleine,  disparue  de  ces  (lots  depuis  plu- 
sieui^  centaines  d'années»  les  Monts  Cantabres, 
prolongeni  les  Pyrénées  vers  l'ouest,  el  parfois  s'é- 
lam^ent  presque  aussi  haut  qu'elles.  De  leur  croie 
jusqu'aux  flots  blanchissants,  sautent,  par  de  loi*- 
lueuses  vallées,  des  torrents  qui  ne  sdul  point  les 
troubles,  traînantes  el  tristes  rivières  du  Plateau 
Central,  mais  des  courants  clairs,  froids,  animés, 
bruyants»   arrivant   i    leui-s    cascades    avi-c    des 


E8PAOE. 


«91 


flote  pris  A  la  roche,  parfois  nm  neigos.  souvent  i^ 
U  forêt,  et  non  pas  nvoc  les  eaux  lourdes  dont  un 
orn;>o  fl  (rempé  quelques  versants  dargile,  Cetle 
ciiuile  ngion  est  de  ciel  humide,  de  climat  (em- 
paré, fraîche,  cultivée,  pcuplt^e;  on  la  peut  sur- 
nommer l'Espagne  europiV*nne.  Elle  comprend,  de 
Tcsl  il  l'ouest,  les  pixivinces  Basques,  les  A^turies 
et  la  Galice,  derniers  asiles  des  grandes  furéls  qui 
couvrirent  TEspagne.  Il  reste  encore  â  la  vieille 
Ibérie  (sans  le  Portugal)  7  mtllians  d'hectares  de 
boîSt  mais  lâ-dessus  il  n*y  en  a  pas  5  millions  en 
vniics  sylves  ou  monte  alto,  suivant  le  terme  espa- 
gnol; le  reste  est  au  monte  bajo,  mntpjis  en  tout 
sembtaLle  à  ceux  de  In  Corse  et  du  Tell,  [)njyiTOs 
arborescentes,  cistes,  lentisques,  arbousiers,  aubé- 
pines, genévriers,  romarins,  avec  terres  vagues  et 
intinité  de  clairières. 

Le  Pays  Basque  a  conservé  jusqu'à  ces  demléres 
années  une  partie  des  fueros,  droits  et  privilèges 
accordés  au  temps  jadis,  quand  son  peuple  s'allia 
avec  les  Espagnols  allopliones  et  allophyles  qui  ne 
l'avaient  point  soumis.  Là,  dans  le  Guipi'izcoa,  dans 
les  trois  grands  quarts  de  la  Biscaye,  dans  la  moitié 
ilr  la  Navarre  et  un  tout  petit  coin  de  l'Alava,  sé- 
journent les  Basques,  descendants  présumés  des 
|l^ép*^,  ni.iis  les  preuves  de  celte  filiation  man- 
quent de  ceiiitude.  Ce  sont  des  hommes  beaux  de 
[visage»  de  corps,  d'attitude,  lestes,  forts,  gais, 
ae  indépendante,  un  demi-million  ih^  monta- 
is et  de  littoraux  heureux  do  vivre  ;peul-élr*r 
!  mémo  sii  cent  iuille.  Ils  se  donnent  le  nom  d'Es- 
cualdunacs  dans  leur  antique  idiome,  l'escunrn, 
qui  recule  devant  l'espagnol,  celui-ris'eniiiar;)nt(ieu 
L^  peu  des  villes  et  remontant  les  vallées  à  partir 
de  la  mer  ou  du  fleuve  de  l'Èbre. 

Au  lem[»s  de  sa  franche  liberté,  a  ce  petit  peuple 

k-^ni  danse  au  haut  dt*s  Pyrénées  n  n'avait  point 

daigné  bâtir  de  maisons  de  pierre  aux  parlements 

do  ses  provinces;  les  anciens  de  la  Biscaye  se  réu- 

rOiseaient  sous  un  rlit^ne;  ceux  de  l'Alava,  ceux  du 

Guipùxcoa  s'assemblaient  également  sous  un  arbre, 

cti  h  son  orobrage,  ils  juraient  de    toujours  dé- 

iCeodre  l'indépendance  des  Escualdunacs.  Le  plus 

rcélMin»  de  ces  dénies  de  feuillage,  à  (>nemiea,dans 

une  vnllée  de  la  Biscaye,  mourut  de  vieillesse  en  l'an 

1911:  r'étiil  le  r<*jeton  d'un  autre  arbre  national, 

car  c'est  de  ti'nips  immémorial  que  les  mandataires 

d<>s  Tiicaynos  vemiient  o  Jurer  d  sous  le  chêne  de 

.Gift«mira. 

Dk»  re  chêne  cass*'»  par  Và^o  un  rejeton  nouveau 
«'Mrva,  qui.  devenu  grand  ombragea  son  tour, 
vivra  plufl  longtemps  que  le  |»euple  dont  il  est  un 


des  arbres  sacrés.  Que  peut  faire,  sinon  disparaître, 
une  si  faible  nation  coupée  en  deux  tronçons,  l'un 
en  Espagne,  l'autre,  plus  petit»  en  France,  traversée 
par  une  giande  voie  de  fer,  pressée  iiu  midi  par  plus 
de  dJx-sepL  millions  d'Espagnols,  au  nord  par  qua- 
rante-deuv  millions  de  Fi*an(;ais,  enfin  saignée  de- 
puis longtemps  (et  plus  que  jamais)  par  l'émigr;!- 
tion  vers  l'Amérique?  Les  noms  basques  sont  coni- 
iimns  dans  tout  le  nouveau  monde  espagnol,  au 
Chili,  à  la  Plaia,  dans  le  Venezuela,  à  t^uba,  el  le 
sang  des  Escualdunacs  coule  dans  de  nombreuses 
familles  hispano-américaines;  le  «  libertador  u  de 
rAmérifjue  du  Sud,  le  Vénézuélien  Simon  Bolivar, 
était  un  homme  de  lignée  basque. 

loi)  UOO  dispersés  en  Amérique,  bUi)  à  600  000  con- 
centrés en  Espagneet  120000  en  France,  les escua- 
rophones  n';illeigneiil  en  aucun  cas  le  million,  et 
peut-être  dépassent  a  peine  850  000.  Quand  ils 
auront  disparu,  ces  hommes  de  race  gracieuse  et 
délurée,  ces  incomparables  joueurs  de  paume  ne 
laisseront  qu'un  faible  souvenir;  il  ne  ivstera  d'eux 
que  la  mémoire  de  leur  superbe  langue,  qui  est 
isolée,  unique,  et  n'a  de  reflets  de  i-essemblance 
qu'avec  divei*s  idionies  aux  longs  mots,  avec  l'al- 
gonquin, le  mexicain,  le  qultchoua,  l'aymara,  etc.; 
encore  toute  l'a[)pareuce  coinnmiteseréduit-cllc  au 
petit  air  de  famille  qu'ayuinra,quileboua,  hmgnges 
mexicains,  algonquin,  cscuara,  doivenlâ  leurnalui*c 
ag^lulinaiile.  t'I  |mur  tout  le  reste,  ils  (liiïérenl  au- 
tant qu'on  peut  dilTérer. 

De  cette  langue  magnifique  rien  de  grand  n'est 
sorti.  Il  seinldc  qu'un  peuple  inunémorial  connue 
le  sont  les  Kscuatdmiacs  aur;iit  dû  ncuis  livier  des 
Irésoi-s  d'antiquité  :  or.  le  Basque,  lanibe;iu  d'une 
tK's  vieille  humanité»  ne  nous  en  rapporte  ni 
rites,  ni  mythes,  ni  ch.inLs,  ni  légendes;  aucune 
épo|)ée  ne  nous  dit  s'il  vient  du  NonL  ou  du 
Sud,  ou  de  l'Orient;  aucune  tradition  ne  raconte 
ce  qu'il  fit,  ce  qu'il  tenta,  ce  qu'il  souffrit  jadis  : 
tellement  qu'on  ignore  si  ce  fut  un  grand  |H?npIe 
couvrant  le  midi  de  l'Europe  et  le  nord  de  l'Afrique, 
ou  si,  comme  d'aucuns  conuuencent  à  le  croire, 
ce  ne  fut  j;iniais  c|u'une  peuplade  obscuiv  gardant 
jalousemenl  les  passages  de  sa  montagne,  mais  n'en 
descendant  point  pour  se  raéler,  victorieuse  ou 
vaincue,  aux  destinées  des  autres  peuples.  Des  livres 
de  piété,  des  catéchismes,  des  traductions  du  latin, 
de  l'espagnolt  du  français,  quelques  chansons  ba- 
nales, rien  dé  beau,  rien  de  fort,  voilà  toute  l'œu- 
vre du  génie  basque.  Uace  héroïque  |M>urLint depuis 
son  arrivée  au  seuil  de  notre  histoire,  cette  na- 
tion des   «  Cantabres  iuhubileï^  au  joug  o  et  des 


iy2 


LA  TERRE   \    VOL   D'OrSEAU. 


vairiifiieurs  dv  Holand,  |uvl'i't  di's  marches  d*^  Bru- 
lagm^l  QueJ  peuple,  â  iiomhro  égal,  a  mis  au 
mond*»  plus  tlo  irtariiis  iv^';ir(ï;iu(  [;t  tLîrnp**'U»  iuî  (;ice, 
plus  ii';ivtMiliirit'rs  i*l  di*  fuiiquisladorcs?  Kl  en 
est-il  uu  seul  qui  ait  vei*sê  plus  de  son  sang  pour 
ses  liborlês? 

A  l'ouest  aes  provinces  Basques,  sur  une  LcUi' 


c<jtL',  dans  un  lahyriiillie  de  gorges,  au  pied  d'un 
superbe  entassement  de  sierras,  vit  le  noble  peuple 
des  Aslurions,  fliM'  d'Ii.jbilrr  les  Murles  montagnes 
espajjnules  que  les  soldais  de  la  djehad  *  ne  sounii- 
renl  jamais  h  la  loi  de  Maliouiel;  non  que  les 
Maures  ue  li's  aient  all;upn'*es,  mais  ils  en  furent 
(.'liasses  en  718  par  les  elnvlieus  du  roi  Pêlagf, 
après  une   baUitHe   trùs  merveilleuse  où,  dit  la 


-^■' 


Le  parc  d'Araiijucz.  (Voy.  p.  l'JO.)  —  Dessin  de  Gu^Uvc  Duré. 


It'ojende»  trois  cenis  fidèles  ani''nnlirent  trois  cent 
mille  méerêauts  t  à  vrai  dire,  les  dt-fîh^s  de  Cova- 
don^M,  «  berceau  de  la  li'iomplMute  Espagne  js 
n'*inl  pas  assez  d'espace  pour  un  chue  d'armées. 

Au  milieu  des  rnonls  Astui'ieus  (lomJUHnt  les 
picosde  Kuropa  ;  l'un  d'eux  monle  à  2678  mètres  ; 
ce  qui  fait  de  sa  chaîne  la  troisième  sierra  d'Es- 
pagne, a[)rès  la  Sierra  Nevad:i  4?t  hs  l'yr^MuVs;  le 
(|ualrième  rang  appartient  au  massif  de  2650  mè- 
tres qui  se   lève  entre  les  gorges  du  Tage  el   la 


plaine  d^*  Médina  d^-l  Campo»  h  la  sierra  de  Grédos, 
où  la  neige  persisîe  presque  loult?  Tannée  sur  les 
roches  suprêmes  qui  portent  les  noms  retentissants 
de  los  llermauillos  de  Grédos  et  de  la  Jlazii  del 
Moro  Aluianzor.  Les  noms  exlniordinaîreiuenl  p(mi- 
peui,  d'allure  épique  ou  théâtrale,  se  retrouvent 
[JîU'toul  en  lispagne.  Une  cfiaine  voisine  de  Soria 
s'appelle  la  Sierra  de  los  Siele  Infantes  de  Lara; 
uue  monlagne  près  de  Grenade,  el  Ullimo  Sus])iro 
1 .  La  t^erre  sainte. 


ESPAGNE. 


103 


I 


dfl  Moro'  ;  Mlo  bourgade  est  Ponnrando  de  Braca- 
int>t)((*.  toi  ruisseiiu  qui  di&|uiniit  sous  un  raillou 
i-ât  le  Itio  (•ratult*  do  las  Agujis  Claras.  lu  fusâc  du 
Madrid  »  tfurn  Muozaiiarùs. 

A  l'ouest  des  Asturifs,  la  finlico,  (iltivieusc. 
fningôe  dt»  b,-iit»s,  rirhe  on  porls  admirable*,  est  la 
Bretague  espagnole,  mais  une  Bivtagrie  qui  dresse 
4o  monUgnes  et  non  des  collines.  Notre  Bretagne. 


H  Ij'ès  beau  pays,  mer  à  IVntour,  hois  au  milieu  u, 
ii'.'i  que  de  rares  villes,  t'I  même  For!  |K.ni  de 
bourgs  :  rArniorieîiin  du  liUornI  vil  tl.iiis  de  petits 
jwrls  ou  des  haniooiix  de  pêcheurs,  l'Annorieiiiu 
de  riiilêrit'ur,  Ihomine  des  cli;mi[)s  el  des  hiiides, 
coule  ses  jours  d;iiis  quelque  humble  vilLige,- 
autour  d'une  modeste  cluipelle.  Ainsi  de  la  Calice. 
Arugonais,  (^atjilans,  Valeneieiis,  M.'Uichegos,  Andu- 


tiiet  du  royaume  de  LroiiJ,  le  paysan  ne  s'osl 
point  emprisonné  dans  les  cités  :  à  l'ombre  du 
clK^ne.  du  iKiyer.  du  rlii\laignier,  il  d<niieure 
dans  sa  ferme  tiu  dans  dr  minces  liameaux, 
généralement  |»rès  de  l'église,  car  le»  feligre- 
sias*  sont  Irês  nuinlireuses,  loin  de  la  mairie, 
car  les  ayuubunienlos  *  sont  fort  grands.  Aussi 
ce  coin  de   l'ibérie  est-il  moins  vide,   plus   gai. 


104 


LA    TKRRE    A    VOt    irOÎSEAC. 


k 


plus  aniriit'   rjur  Ii'  rosit?  du  Irt's  noMc  rovanmr 
des  Espiignos. 

La  Galice  a  jumr  flt'iivo  U.'  .Miûi»,  dont  h  Lraiw-tie 
mère  esl  le  Sil,  rivii'ro  s^îiiunge,  f'nc^nssi'')',  tor- 
tiKMisr.  noïTrtiil  U^  Miitih*  Fiinido*;  ou  \i\\i\M  flic 
uoult*  dans  les  onlr;iillL\s  il**  ccUe  uionli^iie  fiar  un 
tunnt'l  qu'on  croit  de  mnin  d'Iiomnie.  el  fai(  j>yal- 
i^(rp  pur  les  mineurs  romains.  Coiilraij'iMncril  iiux 
auLi'es  grands  rios  d'Kspagiie,  le  Mifio  l'i'ssentidi* 
aux  cours  d'eau  de  IKurope  tempérée  :  ^r^re  aux 
1200  iniltîitiêfi'i's  fie  pLfii>  pur  .m  <[ui  frnnlienl 
sur  te  cuin  <le  rivspngtie»  il  louli*  eu  irmyeune 
500  mêlros  ruhes,  Iribul  de  2  5(JÛ000  heclares  ; 
de  la  soiiree  du  Sil  à  la  houche  du  Minu  su»  rouis 
dêpEJsse  un  peu  5^0  kilonièlres.  Les  (wdie.-îens  ou 
(îallegos,  Auver^aiats  de  la  Péninsule,  éjuigreiit 
dans  toutes  les  villes  de  ribérie,  connue  Iionnues 
de  peine,  poitrurs  d'eau*  njoissonnenrs,  ^argo- 
liers;  on  les  trouve  par  milliers  k  Madrid,  à  Porto, 
à  Lisbonne.  Ils  m*  erai;;tietit  pas  non  [>his  de  fnui- 
chir  les  llols,  vX  rAint-ri^jui'  du  Sud  rtniferme  vu 
grantl  nombre  des  Inmilles  d'ori^n'tie  galicienne  : 
c'est  notanitnenl  à  des  Gallegos  rjiron  nltribuo. 
sans  en  avoir  toute  assurance,  les  canuneneenients 
de  la  vaillante  petite  nation  des  Costaricenses,  dans 
l'Arnérirpu!  islliniicpje. 

Région  de  l'Èbre  :  Aragon  et  Catalogne.  — 
Entre  le  llati'au  Central  et  les  Pyrénées,  dont  l'Ks- 
pagne  lient  le  plus  haut  pic  dans  la  Malade1t;t 
(o-4U-i  mètres),  s'élend  le  basslTi  de  CRbre,  L'Klire, 
tributaii'e  de  la  ^iédll^•I^anée,  iUnl  peu  aux  nion- 
tagnes  de  reliord  du  ilalenu;  ses  eaux  d'été  lui 
descendent  di^s  Pyrénées  :  «  L'Ega,  l'Arga  cl  l'A- 
ragon  fout  de  Tlibre  un  [icrsonnage  )»,  a  dit  nu 
proverbe;  il  faut  y  ajsniler  le  tlallego  et  le  Si'gre, 
doublé  du  (iiiu'a,  fjui  reeueilleiit  tous  les  torrents 
nés  dans  les  sierras  à  tète  arséniée  dont  l'aufre 
versant  enfante  les  Gaves,  les  N'estes,  la  Garonne, 
le  Salât  et  TAriége.  l'n  puissant  canal  d'irrigation 
et  de  navigation,  le  Canal  Impérial  (i4  mètres 
cubes  par  seconde),  a  été  tiré  du  fleuve  à  Tudela  ; 
on  pourra  demander  beaiu^onp  plus  à  TEbre,  snr- 
tout  il  ses  grands  n  fendataires  u  des  Pyrénét^s,  ri 
rendi'e  ainsi  la  fraicln*ur  à  des  plaines  où  llambe 
un  ciel  vrainieiil  saliaricn  :  dans  la  seule  province 
de  liuesca,  les  deux  dérivations  de  Tamadte  et 
de  Sobrarbe  arroseniienl  '200  000  bcctares.  uuiis 
quand  les  creusera-l-on? 

L'Èbre  c^Jïnrnen^■e  [)ar  les  gj*andes  sources  de 
Fûutibre,  vertes,  ou  mieux  verdillres,  uu  pied  de 
J    Mont  loi-é. 


f(tb'aux  calcaires,  à  Sô.î  mètres  d'allitude.  Il  n'y 
a  pas  en  ligne  droite  50  kilomètres  entre  l'Atlan- 
litpie  et  ces  fontaities,  et  nul  inimense  obstacle  m 
les  séjwre  de  l'Océan  :  loiïi  de  là,  un  ruinai  de 
2000  irïèlres  dans  une  coupée  de  ruoiu:,  de  30  ni*V 
tres  de  jirotoïideur  jetterait  l'Èbre  naissant  dans 
le  val  d'un  rio  cAlier,  le  Besaya,  mais  le  lleuvc 
préfère  descendre  à  l;i  Médilerranée  par  un  chemin 
de  800  kilomètres  dans  un  bassin  de  près  de 
tu  millions  d'Iiecluivs.  La  seule  ville  de  grand 
reufim  assise  à  sa  rive  esl  Saragosse  (Zaragoza'i,  an- 
eienne  capitale  de  l'Aragoii.  En  amont  de  Torloso 
il  perce  les  montagnes  quî  suiqMjrlcrenl  jadis  \o 
poi<ls  du  lac  sous  li'ijuel  gisail  la  plaine  ara- 
gonaise  ;  en  aval,  il  eiifre  dans  un  delta  de 
■iO  000  hectares  qui  grandirait  plus  vile  si  la  ma- 
jeure partie  des  eaux  du  bassin  n'était  confisquée 
par  larrosement .  Autre  clTcL  des  înigatious  :  l'Ebre 
n'apporte  à  la  Méditerranée  que  la  moitié  des 
eaux  qu'il  lui  poun-nit  amener —  100  mèlrcs  en 
uioyenuL'  par  seconde  (t%0  à  l'étiage,  5000  i»n  crue), 
—  et  Ton  prévoit  le  jour  ou  il  se  videra  tout  entier 
en  rigoles  dans  les  eam|)OS  fécondés.  Si  nous  en 
croyons  la  tradition,  Pp^bre  résista  seul  avec  le 
Guadabpiivir  li  ime  sécheresse  [trodigieuse  qui 
pendant  vingt-six  années  brûla  l'Espagne,  aprî's 
Pan  mil.  Parmi  les  rorifjuérauts,  beaucou]»  retrou- 
vèrent alors  le  Sahara  iiat;d  en  Ibérie  '. 

A  i'Èbre  nuiyen  confionte  PAragon,  terre  brûlée, 
stérile,  vide  et  taide.  Les  Arngonais.  race  éoer- 
gique  et  sobre.  prétéi'enL  la  conlrid»ande  et  t'aven- 
ture aux  travaux  des  champs;  avec  les  lorrenlâ 
que  leur  versent  les  Pyrénées,  ilsfei-aient  de  Ieur> 
plaines  poudreuses  un  jardin  de  3  500  000  bec- 
lares;  or,  leur  pa\s  es)  préeiséuienl  un  stejqie  où 
les  c^inipos  ont  l'aride  hideur  de  la  Manche, 

La  Catalogne  s'a[»pniesur  l'Èbre  inrérieiir,  ri  sur 
la  Méditerranée  jusqu'au  cap  Creus.  frontière  d»' 
France.  Plaines,  vallons,  ourlet  de  la  mer,  bas  du 
mont,  lout  ce  i(u'on  peut  bêcher,  arroser,  y  a  été 
réduit  en  vergers;  le  reste  est  sierras  ruinées. 
gorges  de  lorrenJs,  cfiénes-liéges  niuge  siuig 
quanfl  ils  sonl  êcorrés. 

Au  miiven  âge  les  (Catalans  disputaient  h'  nnw- 
merce  aux  Italiens  sur  Ions  les  littoraux  tie  la  Mé- 
diterranée oceidentLde;  aujourd'hui  ce  sont  Ie> 
plu^  industrieux  des  Espagnols;  le  dicton  le  re 
connaît,  qui  dît  ;  «  Los  Catalanes,  de  fax  ptcdroi 
sacaii  panes.  Les  Catalans  tirejil  du  pain  des 
pierres.  »  Piulout  où  ils  êmigrenl,  et  ils  émigi^nl 
partout,  ils  meurent  ou  lonl  fortune,   et  c'esl  à 

1    le  nom  dlléric  viLiil  justunieiiL  li'Èbi-e. 


I 


I 
I 


I 


ESPAfiiNK. 


<d5 


eux  tfOê  ft*apptiquo  le  mieux  le  proverbe  espaguol  : 
t  Vie  sernS^,  bon  lestiinent.  m 

Ils  usent  d'un  idionu>  à  pnii.  moins  vui^in  de 
Tespagncd  qup  des  patois  du  Midi  d*»  l;i  Fnince. 
Uft  cml  leurs  Iradition».  leui"!)  juièles  nalioimus, 
leurs  ronciiiii-s  HU»Taires,  leurs  revues ,  leurs 
UiWlres.  Ils  ue  se  di&iMit  jiainl  Espagtiuls,  niais 
Cilalaas. 


Baléares.  —  A  des  Catalans  appartient  aussi 
r^refiip*'!  des  Baléares,  Iles  méditerranéennes  ayant 
subi  les  Ultimes  forfnrjes  <|ue  l'Kspai^ne,  Lc^urs  pre- 
miers maîtres  a  nous  eotnius  liirenl  des  barbares 
de  race  ignorée,  des  Celles,  des  Ibères  ou  des  Cel- 
tibérrens.  i»ii  ne  snil.  siHiva;ji's  plus  teri'ibles  la 
IroLide  â  la  main  (jue  d'autres  |*eu(des  avec  Tare 
et  1rs  llnrhes;  c'est  à  riufailllbiiilé  de  ces  lan- 


U«  palmicn  d'Eldie.  (Vuy.  p.  I9S.)  —  DrsMn  de  Gitstavo  Dur^. 


etir»  de  r^illout  que   li*s  i\i*u\  ^Tandes  iles  du 

1  ilun*iif,  (iil-4)n,  leur  nom  de  Ekdèart's.  venu  ^\u 

t  pàiUn,  jetiT.  lancer  (?);  les  deux  iles  du  smU 

K  VflppeLiient  les  Pilyuses.  d'un  aulie  mol  (çrer, 

^,  pin,  vi  l'une  d'elles.  Ivita,  dresse  encore  de»» 

ui\  dt*  pins  sur  ses  roelieuses  eollines. 

Vl  (>u'llia>;in<iis,    Ruinains.    Vandales, 

Cotlu .    '*.  ;;ii  ^   s'y    sueeédéOMil  :    le  peuple-roi   y 

tint  i^rniviu  pendant  500  années,  pas  une  de  plus, 

de  moins;  les   Ambes,  ou  |H>ur  mieux 


dire  les  Herbêres  islnmisés.  y  rêgni'^renl  pendant 
i'ïO  ans.  Ouy  a-l-il  de  romain,  et  qu'y  a-l-il  de 
l»er[»ère  dans  la  nation  qui  peuple  ri's  iles?  Nous 
ri^nor<Mis»  mats  Tnn  i*l  l'autre  élément  peuvent 
l'avoir  proroiiilènient  [léiiétrée. 

Les  Ara^HHiais,  alors  de  langage  eati)lAn,  arra- 
chèrent l'areliipel  aux  musulmans,  enfui  l'Espagne 
en  devint  la  maîtresse.  Celleci,  jusqu'il  ee  jour, 
nu  point  plié  les  Bâiéures  aux  mœurs  cs^tognoles. 
Majorquins.   Minorquins,  hiziens    restent  surtout 


m 


LA   TKRRE   A    VOL   D'OISEAIT. 


fidèles  îi  l(*ur  catalnn  idii>maliqiio.  moins  dêtonrnr 
de  sa  sotirce  que  le  fnfnlan  di*  lenr  f«^rm(?  :  on 
l'enseigne  (*m'<ire  dîins  1rs  érolos  à  ctMt'  du  cns- 
lillan,  et  il  toinLe  de  In  n  diairo  de  vêrilé  w  |diis 
souvent  que  l'ospaj^nol. 

Ci^t  iM't'Iiipt'l  4"nuvre  482  000  hectares,  nver 
289  000  h:jbi(.ints.  Couiié  par  le  oD-  el  le  40''  degr.»s 
de  l.ililude,  dans  tin  air  chaud,  dons  une  nier 
lied*»,  à  "HlO  kilornèlres  d'Altrer,  il  n'n  qu'un  oti- 
neiiii,  le  \*'nl  du  nord,  irnplacijble  à  MimuTHic. 
moins  terrilde  dans  Mnjnrque,  que  défend  contre 
nord  el  nonl-out's-l  un  grnnd  i'Pss;ml  de  num- 
taj^me.  A  Mintirquc,  dans  les  vallons  g;n*d«''s  d<»s 
souriles  %i<ih'nl.s,  l'oranger  doinn*  ses  pommes 
d'or.  II*  palmier  nii^ine  h.itanre  <les  palmes  (il 
nolTre  [loiiil  de  Cruils  rufirs  à  l'iialiil-nil  ii*"s  Iku'- 
rancos  ou  ravins);  mais  dans  les  pl.iines  dêeaii- 
verles.  sur  les  [dalenux  snns  altri,  les  rafales  dé- 
chainées  jHir  le  se|Uenlrion  titraient  les  pins  d'Ale[i, 
arréletil  l'arbre  h  la  laille  tle  l'iirliusle  el  eonrljenl 
vers  le  sud  ou  le  sud-uuesl  les  IVils  qu'elle»  ont 
laissés  erollre;  elles  IdessenI  les  plariles  dn  N(H*d, 
conuïietil  ne  tijer.'iienf-elh\s  pas  li's  [ilanles  fri- 
leuses du  Midi?  Il  y  a  lui^ine  des  \.illées  pruTondes 
où  l'orflnger  ne  grandit  qu'à  Tabri  d'éfiats  ri:lea»i 
4le  buiriei's  :  ce  smit  relh's  qiu*  leur  direelion  du 
nonl  au  sud  uu  du  sudaunoiil  livre  aux  brulalilés 
de  la  Inimonïanii. 

A  elle  seule.  Majorque  di'f.isse  "50  000  ïierlares, 
jnslifiiuit  [Kir  là  sim  nom.  (pti  vent  iliie  la  Ma- 
jeure, comme  Minorqiie  signifie  lu  Moinilj-e.  (Àui- 
lemplée  de  son  itiaiire  suntmet,  le  \nï\^  (pronuneea 
pouteh)  de  Tnrelkis  i^lM  I  iiièlres),  ou  la  vuil  coni- 
posÔH  de  deux,  natures  de  pays  :  d'une  êeîiitji'  de 
montagnes  el  d'utu'  granfle  plaine  manudcinnèe.  La 
montagne,  Ibrï  belle,  s'empile  au-dessus  de  la  rive 
qui  regarde  ohliqnemenl  le  l'rtui'her  du  sideil;  elle 
pèselouh'  du  même  eôlê,  eoiume  de  petites  Andes 
sur  une  1res  petite  Amérique  ;  ses  vieilles  roi'êts  lui 
manqneril,  il  lui  ri'ste  des  buis  d'oliviers  sauvages, 
de  chines  vei'ls  el  de  pins  d'Alep.  La  plaine  est 
ferlile,  l'urt  eultiv*5e,  de  climat  charmant,  pro- 
dÎL^ue  de  fruits,  bien  [Muiplée  ;  une  Sfuli'  elmse  y  fail 
défaut,  les  l'itfs;  el  les  ruisseau.v  qui  s'y  c'CMJpêrenI 
un  lit  en  mouillent  raniment  toutes  les  pierres. 

Minoripn*»  n)(>ins  fêeuiide  que  Majorque,  a  78  000 
heetares,  el  un  petit  mont  de  TiCS  mélri*s.  I\iïa, 
vaste  de  57  000  hectares,  fournit  ans  autres  ili\s 
de  Tarchifiel  le  bois  qu'elle  etuqie  dans  ses  sierras 
de  400  mètres  à  peiju*.  Foi'nientera  (l'ile  au  Fro- 
ruenlj  ne  dispose   même  pas  de   10  OOO  hectares. 

La  rapilale  des  Baléares,  l'alm;!.  ville  d'agrêalilt» 


séjour,  compte  près  de  00 000  âmes.  Mahon,  dans] 
iMiiierque,   nVn  a  pas  20  000,  mais  elle  posâtSic  i 
une   ria   sûre,   bien   abritée,    profonde    :    «  Juioj 
juillet,    auût  4^t  Porl-Malton,  disant  André  Doriaj 
sont  les  meilleni-s  ports  de  Méditerranée  «,  Ct'Ui 
ria  parfaite  rsl  au  ernlre  des  «   Latins»  entre  le 
Fsj)agnols,  les  Catalans,  les  Français,  les  ll^iiien 
et   les  Algériens.   Mnlitui    et  son   lie   fournissen 
tant  di*  colons  A  FAbiipje  française  rpie  le  temps 
approche   où  il   y  aura  jdus  de  sang  niinorquiu 
en  Algérie  qu'A  Minorque. 

Valence  et  Murcie.  — Au  sud  de  lu  CitAlogni 
â  Test  ilu  plulenu,  sur  le  rivage  de  IVblouissjml 
Médiferratiée,  le  pays  de  Valence  qui  parle  pi 
core  eiiliilan,  el  le  [uiys  de  Murrie  qui  parle  c»! 
lilhm,  sont,  avec  l'Andalousie,  une  Afrique  es 
guide»  sèelie  et  sereine,  où  le  palmier  croit  en' 
forêt  aut^mr  de  la  fameuse  Elehe  :  là  se  léveul 
treide  k  trente-cinq  mille  daltiers  dont  les  Ksfit] 
gnols  sont  très  fii'rs  ;  «  11  n'y  a  pas,  dtsenl-ils, 
deux  Klche  h  ;  baignés  par  les  i^inaiix  tirt^s  d'un 
panlntio  (réservoir)  que  forme  une  digue  du  pelil 
fleuve  côtier  Vinahjpô.  ces  arbres,  hauts  de  2(1 
?uétres,  fournissent  aux  catholiques  dllalia  el 
dTCspa^iUi'  des  ['alnn-s  pour  leurs  processions,i 
Tous  les  palmiers  d'I'ikhe,  inu^  ceux  même  li» 
pagne,  d^'scendenl,  dit-on,  d'un  arbre  do  Damas 
planté  par  Abd-er-llahuian  dans  une  cour  de  son 
palais  faviïfi,  [»rés  {\r.  (lurdone.  en  souvenir  de  lu 
ville  d'Orient  qui  avait  vu  couler  son  enfance 
et  qu'il  regietlafl  même  en  Amlalonsie. 

Dans  toute  i-elte  région,  l'iriagaiion  fait  des  me^ 
veilles;  fi  côté  des  campos  secanos,  <-hamp3  hnllês, 
aridi'S,  jauu^Mres,  morts,  éclalrnt  la  fécondité,  la 
frairheni"  et  la  vîi'  dans  les  huertaa,  champs  ar- 
rosés, jardins  nioraichers,  jardins  fruitiers,  riz, 
céréales,  vignes,  mûriers,  olivettes;  les  leirains 
dits  df  regadin^  produisent  10  ^  157  fois  jthis 
([ue  livs  secanos  —  v\\  moyenne  ">7.  Le  Turia  nu 
Tiuadataviar*  {300 kilomètres),  qui  dorme  10  mètres 
cubes  i>fu*  seconde  û  l'êliage,  le  Jiicar  (511  kiliK 
mêtres),  qui  en  verse  de  !2i  à  TeJ,  haigtuMd  In 
huerla  de  Viden<"e  ;  la  huerta  de  Murcio  et  d'Ori- 
hurla  doit  sa  luxuriance  aux  canaux  du  Seguri 
(350  kilomèli'es),  fort,  à  l'éliage,  <Ie  8  ii  10  mètres 
.  cubes.  Ce  dernier  rio  reçoit  Ir  Mundo  et  le  Sin- 
gonera  :  le  Mundo,  suficrbe  par  la  grandeur  du 
cirque  où  il  nail  et  par  réveutrcrnenî  île  ro(;he  qui 
le  transmet  au  Ségura  ;  le  Sangoiiera  qui.  toutjj* 


1.  DarrïwenieiU. 

*J.  Corruption  de  rxir.iîx'  Oued  1 1  A/jijni  Jlivu'iv  tjlaui 


M 


I 


198 


LA    TKKHK    A    Vi>L    11   OISEAU. 


ceminent,  a  noyé  sous  un  déluge  li'S  jfinlins  p(  1rs 
jardiniiM's  dp  Miircie. 

Où  Ins  riviiTi's  roinnu'  1*^  Turîa,  le  Jùcar  <'!  le 
St*giii\'i  iii;uitjuiMit,  ili*s  U'imges  arivlent  la  cours*» 
(tfS  eaux  d'on»g*»s.  Telle  tétait  sur  le  Sangonera  la* 
iWi^no  (11*  (ïrrs  (Ji'  120  iiiï»ïrvs  dt'  liiiiif  rpii  forninil 
II*  jmiïUmo  di*  pLUMiles  [tour  riuros*'in«'ut  du  \n\  dn 
Lorca;  — elle  creva  en  1862,  et  cp  l'ut  une  affreuse 
ruine:  sîuif  la  brêclie,  le  mur  iminetise  i"s(  encon' 
d<*ln>ij(.  riiMune  l'iurlie  il'un  potjl  surhumain;  — 
lelle-  est  t'nnu'Ct  sur  le  (]aslall;i  ou  Monc^^re,  la 
levée  de  41  mèlres  derrière  larjuidle  ce  rio  ertliiT 
,rellue  eu  une  espèce  de  lac,  le  paiitano  de  Tilu, 
réserve  îneslimahle  puur  la  huerUi  d'AliennIe. 

Andalousie.  — La  Sierra  lVeva<la  immï)*  \m  pi'ii 
jiltis  Ii;iu1  que  U's  Pyrénées  idles-intMiies  ;  t'ilc  a 
pour  niailres  souiuiels  l'Alraziiba  (r»SI4  luélies}, 
le  Yeleta  (TiM(\  mèlres)  et  le  Cerro  de  Mulahaeen 
(Tt^nil  nièlres),  d<>me  rond  fmilanl  le  nom  d'un 
Maure  (jiil  fut  le  |>ère  (1<*  DnahiliK  drrnirr  des  ruis 
musulmiïiis  de  rin'ii.i(b*.  Au  [tted  ^ln  Velrïa,  pîc 
coiïii(ur,  le  innal  <îe  Veïi'la  is(  ini  <*irf[ue  assez 
spnd>lahl*'  en  [n*lit  h  l'oult'  de  Tniuimtuse  dans  les 
Pyrénées  cetiLralr»;  au  Umd  d'uu  des  plis  de  ee 
f^'-nulTre  est  lapi  le  rh.ïini*  de  ^laie  le  plus  uu-ri 
<tiuiial  de  nrilre  partie  tlu  iiniride.  le  «.'brier  du 
Cenil,  d'où  sVrliaj)[H*  la  [»oélii|ue  ri\iere  de  iîre- 
riade  :  il  a  5K0  mèlres  d(^  long,  à  y>iri*J>J9^l  mè- 
lres d'allilude.  lïe  ces  suinmets,  l'iinrizan  esl  ma- 
f,'uiiique  aulanf  rptiiUMieMsts  an  aiierçoit  uîèuie 
rAlVique.  à  200  kiloiuèlres  au  moins  dans  le  sud, 
mais  lel  a  cru  de  lA  conteiripler  les  inonls  d'nulre- 
rner  <pii  ne  voyail  tjue  des  nues  eenruses,  des 
va[)i'urs,  des  caprices  de  l'air  ou  des  ima^'inations 
du  regard. 

L»  Sierra  Nevada  s'élanee  Irml  prés  de  la  rôle 
médilerranèenue»  «jui  esl  iei  la  zone  lapluschauiie 
de  rKurope,  la  moyenne  de  Tannée  y  allei^nianl  en 
eerlains  eiidr^iils  tiO  dejLîrés,  presque  le  diHild^'  de 
Paris.  Sur  le  versant  du  nord  ses  eaux  courent  au 
Guadalquivir,  fleuve  d'un  bassiiï  de  5  600000  iiec- 
lares  dans  le  nom  duquel  il  n'esl  pas  itien  difii- 
eile  de  reconnaîlre  les  mois  arai>es  t>uedi'l-Kid>ir, 
la  (îriuïde-nivière,  pas  plus  qu'il  n'est  malaisé  île 
découvrir  ilans  le  rju)l  dv  Mulahaeet)  un  tiouï  de 
la  langue  des  khalifes.  Le  iiuadaltpuvirsaiï;;iMenle, 
sursa  rive  droite,  de  turrenis  sin.tjuliers  ;  nés  dans 
les  plaines  tjue  tîuiite  au  sud  lu  Sierra  Ah^reua,  ils 
ne  se  diri^'eitt  point  nu  nord  vei's  le  Guadiana, 
4|ui  esl  voisin,  et  dont  nul  uhstacle  ne  les  isole; 
ils  aiment  mieux  letidre  la  tïierra  Morcua  d'estoc 


el  de  (aille  el  courir  au  midi  vei's  le  Guadalquivir. 
Ces  caprires  des  Ifïrreula  ne  fonl  pas  rares  en 
Espagne,  el  comme  l'Khre  le  Jûcai  en  oITre  un 
rnémorahle  exenqde  :  formé  dans  les  monts  de 
la  iSouvelle-CasIille.  près  des  sources  du  Tage, 
le  .îûear  mord  tni  pied  le  rocher  hautain  le 
(luenia,  seudd:ible  à  celui  île  Tolède,  puis  il  entre 
d^EDs  les  champs  plats  de  la  Manche;  là  il  sem-^ 
blèrail  qu'il  va  se  laisser  glisser,  |)ar  pente  nalu- 
relle.  vers  le  (înailiana,  dont  il  fernil  un  (leuveJ 
mieux  coidanl:  mais,  dèdai;>:naul  un  chemin  si 
Facile,  et  préférant  les  sauts  el  les  conloi'sions  dans  | 
la  pierre  vive  à  une  poussée  dans  la  teri-e  mi'ubh% 
il  tourne  hrijsquenn^nl  à  Test,  el  de  rapide  en 
l'apide,  h  travers  monts,  j>ar  de  j)rntonds  préci- 
[oces,  descend  à  la  Méditerranée  dans  le  pays  de 
Valence. 

Le  lleuve  Giiadalquivir  peut  rouler  40  mètres 
cubes  par  seconde  aux  eaux  basses,  et  quelque 
2of1  en  moyerme;  il  arrose  la  [ilaine  andalouse,  tpu 
a  1  OoO  UOO  bei:lar<'s,  passe  devant  Cordoue,  «te- 
vant  Séville,  et  cnnle  dans  les  Mareunnes*,  allu- 
vions  désertes  donl  il  a  renddayé  lenlemt»tit  un 
f^olfe  de  la  mer  :  celle  tiamai'gue  rpie  les  Irans- 
porls  de  terre  Ont  cessé  d'agrandir  esl  séparée  de 
Vi  Iréan  par  les  dunes  des  (îros  Sables  •  ;  de  sauvages 
lanreauK  y  paisseni,  qn*uii  réserve  aux  abomina- 
tions du  cirqrïc. 

Le  bassin  du  Guadahpuvir  el  le  vei-sanl  de  la 
Sierra  Ni*vada  qui  fait  fnee  au  Uif  marncain  for- 
ment l'Arnlalnusie,  ]»;iys  illiisire  pnv  ses  m(*nlagnps 
blanebes  de  nrige  sous  un  stdeil  alVicain,  parce 
que  les  Maures  y  ont  laissé  de  poésie,  par  la  grâce 
de  ses  fennnes,  la  ^Mielé  de  son  peuple  et  l'excel- 
leui'c  de  ses  chevaux.  A  Télranf^er,  son  nom  seul 
éveille  un  [>aradis  tlVidées  cfiarmanles;  elle  a  pour- 
Innt  ses  loideuis,  îles  colliites  nues  cl  ruinées,  des 
valbuis  altérés,  des  plaines  poudreuses,  des  la- 
ginies,  des  marais  h  fièvre»,  des  villages  branlants 
el  fétides,  el  dans  sa  vallée  les  eaux  jaimcs  du 
Guailalquivir  enire  des  ber^'cs  terreuses.  Mais  que 
de  grâce,  que  de  teintes  Joyeuses,  que  de  gron- 
deur sur  S(^n  litloraU  dans  sa  Sierra  Nf*vadn,  ses 
Alptjjarras  et  sa  Serrania  de  Ronda  !  Klle  éblouit 
surliuil  lorsqu'on  la  voit  se  dénmler  du  défilé  do 
Desfïcùaperras,  voisin  de  celte  vallée  de  las  Navas 
vil'  Tolosa  [pli  Int  le  lhé;itre  d'une  revanche  ter- 
rible des  KsfJrtgnols  sur  les  vainqneui-s  du  Guada- 
lele  :  on  a  cherniué  depuis  Madrid  dans  de  maus- 
sades campagnes,   el  l'on  a   passé    par  la  Sieira 

I.  Eli  e»}>n;;nol  :  las  Mat'ismns. 

"2.  En  esiuijjrtjol  :  his  ArtMias  Gordas. 


ESPA(t\'e. 


Vj9 


■■s  que  eMe  rtuilae  «il  tODU  les  pro- 
ié  soQ  nom  «li*  .VoiiL-iirne  Noiiv.  pins  tout 
à  e0Mp  «a  arrive  au  seuil  d'un  merveillt*u\  |>a\$ 
qui  BotU^  au  lino,  eu  bas.  dans  rèrlatinL  dans  le 
\Am,  éam  le  ii-iold,  dans  le  vague. 


Sans  la  différence  de  religion,  de  langue,  de 
Diutumes  el  cusiunies  on  ne  dislînpieniit  gu(*re 
l'Andalousie  du  Maroc  :  si  daus  les  deux  |>Ays 
l'homme  n*e:a;t  |>as  identique  (bien  qu'à  peu  près 
fait  des  inémes  élêinenis).  la  nature  cbange  peu  de 


l'o  GiUAo.  —  DeaaiD  de  GosUre  Oor^. 


run  â  Ijuln'.  f/esl  wulemcni     '  ïe   slirli» 

âenùrr  qu'on  ne  part*-  plus  Ir  i<  .  iJi/ileele 

bttwr  par  le5  Maurt's  dnnf»  les  «ierra»  de  lit  R«^ 
tifilv,.  Le5  Andalau»  iHit  pd^^  ^nride  p»rt  n  la 
«M^nél^  et  uu  |>eupl4*iit*Mil  de*  1  Aiiièrique  Utine. 


Origines,  caractère  Langue  espagnole  :  sa 
diffusion  hors  d  Europe  —  Lrs  K^jKiguols  wi\\ 
des  -  ll)ères  ■  auxquels  se  mêlèrent  d*abord  des 
Celtes,  puis  d»»s  (liôniriens  et  des  Oirlhîisrinois, 
puis  des  ltt»r»iiiiis.  puis  des  Tioths  :  puis  ^**<  Juifs. 
di*s  B*Tl>êf>'s  et  des  Arabt*s,  surtout  en  Andalousie. 
à   Mureie  et  à   Yalenee:  enfin  quelques  ^^gre^i  : 


JA     ri:UUE    A    VOK    D'OISEAU. 


k 


ct'iiv-fi  venus  snil  |inr  le  Mîirac  î\\o*'  lis  nmiôcs 
miisiihri;iiirs.  suit  |i;ii-  irirr  dans  In  juTiotlf  n)]ii- 
jiiisc*  l'dlr*'  lis  I  icirHi'MTs  (ii'cotiveilfs  sui"  In  cOIt* 
occitliMitfilt*  (lArj'it|ih'  l'I  l'  luiuiicjil  mi  rKs[injzno 
coniriitMii;*'!  ilr  ivaiiilaciM"  411  Aiiii'*iii(ue  lus  Iiiiliejis 
jiîir  (It's  Xijirs. 

On  nlfriliue  la  fariliir  (|irtiril  Espnf^^nols  t'i  Vov- 
lugais  n  s'acrliniater  dniis  les  rr^ions  lorridos  à 
t'i'll*'  dose  do  sHïi^  noir  H  snrloiil  an  sanjî  niau- 
rcs<|iiL\  Nous  disons  iiiaun*squt'.  et  non  ji.is  nraht», 
car,  on  m*  sMurnit  trop  le  rvprli'r»  d**  la  vicloire  du 
Giiadak'lf,  gagnée  eji  711  par   13  000  D*'rbi'res  et 


500  Arabes,  jiisqu7i  la  fierlo  do  (ironadt*  en  1492, 

li>s  Aralit's  envnyrn»nl  pcn  des  liMirs  en  Espa^iUi'. 
Ceux  qui  doîMiilùrt'iit  la  l'éiiinsiile  en  *|iieli|ue» 
arintVs»  puis  dêfendireiil  vu  mille  haLiilles  !».• 
(Iroissnnl  eoiitre  la  (lidis,  ces  ji^uerriei'S,  ees  faiseur* 
d'a(juedues.  t'i*s  are.hilei'les,  ees  oriienientihl*'s.  ces 
nilîâles,  les  honiines  de  Cordoue  et  de  Ureniidi*. 
êlaii'nt  prrsrpu'  lous  des  UerLrit's  dos  divci-s  Ma- 
grt'bs  ou  du  Safjara  :  voisins  di'  ri']spai:ni»,  ils  y 
tUaient  poussrs,  les  uns  par  le  i'an;ili>ne\  li-  plus 
grand  nombre-  par  l'espoir  du  pilla^îe.  Jusipu* 
vers   IOjO,  il  n*y  avait  d'Arabes  en  Mabgreb  *iue 


Les  bonl«  du  GuaJilqiinir,  (Vuy.  p.   108.)  —  I**?!**"  **«  Giwlavc  Ûoi-c. 


dans  îe  pelil  p;iys  de  Kaitvjuan,  et  Tïtrienl,  saignai 
à  bliinr  [lar  les  ^^uerre^  civiles  nu  religieuses,  était 
ineapalde  d'envoyer  Je  moindre  escadron  d'Isnvaé- 
liles  au  sercjui-s  des  Iterbiires  dans  la  ^nierre  sainte 
contre  les  Ks[>agn(ds.  Lorsque  l'invasion  bitallientve 
eut  jelè  tout  un  peuple  arabe  dans  rAfrifpie  du 
Non],  rdni-s,  e1  alors  seulement,  des  compatriotes 
du  l'iopliète  allèrent  etindialtre  en  Kspîifîue  a  eùtê 
desManj^i'abins;  e1  reui-ei,  faisant  peuï^  pende  leur 
lani;ue  reli*;ieuse*  leur  idiorue  de  lous  les  jotii-s, 
liniivnt  [tar  [Msser  enap(Kiivnce  à  la  race  i(ral>e.  Ci' 
n'est  ^'nére  qu'à  [>arlir  de  I  WKï  tju'on  voit  de  j^rands 
coutinj^ents  d'th  ienlau\  d:uis  les  ajiruVs  querislain 
opjiosait  en  Kspafçiie  aux  bataillons  chrétiens. 
Témuins  de  relie  lutte  enlivdenx  lel  irions  dont 
1.  1,0  Coran,  livresaintdesMusuliiiujis,  csl  ai  lanyuc arabe. 


l'une  rluissa  t'anlte.  entre  deux  |  ou[iles  qui  vou- 
laient se  dêtinire,  mais  qui  sont  urns  [>tus  qu'on  ne 
croit  sous  le  niènie  nom  d'Espagnols,  sur  le  sol 
de  la  IVninsule  il  reste  des  rentiiines,  viurv  des 
milliers  de  noms  de  lieux  arabes,  vill^,  villages. 
Iinmeaiix,  rios,  accideuls  de  ten-airi  :  un  les  trouve 
surlont.  en  Andalousie  et  ilans  les  royaumes  de 
Murcii^  et  de  Vnleiiee,  mais  cm  en  rencontre  jusque 
dans  le  pays  de  TÈbre,  connue  Calalayud*,  el  jus- 
qu'au nord  «in  Duero,  comme  Yalladolid;  il  n'y  u 
que  les  IM'(»vinceâ  Lbsfjue»»  les  Aâturies,  la  Galice, 
où  nian(|uenl  ces  noms,  la  phi|fnrt  commençanl  par 
al*,  hen  ou  béni  ci  yuad:  AI,  [j(*ur  e^  c'est  l'arlicle 

1.  CVst  ii-diit-  château  Tort  des  Juifs, 
'2.  Kri  Kspii;^oe  ni  aux  Cunarips,  «US  noms  de  coiiunu&es 
coinmeuceut  par  al. 


ESPAGNE. 


Ml 


Ucaljj.  Akoiilara,  AlhaniB;  ben.hcni*  c'est 
iot  qui  procède  un  nom  de  tribu  :  [tcnicasim, 
gnninip  lîmim-Mnied,  lleninmsloiii;  guad,  c'est 
idée  l'Afriquo  du  Nord,  signifinnt  rui^^eau,  lit 


r 


dt^  lorrent  :  fiund^ilquivir,  (ïuijdintui.  finnilalimar. 
Guudalete.  (iuadj.uo,  etc..  â  rinljni. 

Ppuplt*  viril,  |Miissaniment  ori^'in.tl,  l"Ks|Kignol  n 
le  sèrifMjx.  Ij(  liiTlr.  \n  t\\*;u\U\  l.i  viduiiLt'  escarfiôt!. 


B 


F 


Monastère  do  lus  Uuclga^  h  Diirv^s.  —  De&&in  de  Gustave  Uorô. 


Ta  ÎAniurifi^.  InniDiir  df  lu  pairie  connue 

le  Cainoëiifa,  nào  movidu  de  premio  vil\ 

e  atiosti  etemo*,  Sciinent  ce  iw^ricux  dégé- 

agerie,  celle  fierlé  en  rurfKnfi'i'it',  cette 

snilê,  cette  volont«>  en  «veu^'li'inrnl,  et 

ige  ft'accompAj^ne  de  fi^roeiti^;    rien  f|ii*«Mt 

I  [lour  un  prix  vil.  iiioi«  liuut  et  ptvsqiit*  «^linii-l-  ^ 

I  il     flut-rv    Li    TkIIIIK    4    TOL    D'otSCAU. 


ce  si<Vle-ci  les  rspa^^'rnd:^  ont  vofsi^  tlins  !<•»  \ny- 
l.iilli's  dt's  mes  ci  diius  les  cscjn'fiiiniclu'S,  ruiJ|).s 
de  niflin.  comhats  et  sît^gt'i^  des  fKirtis  coiilre  les 
partis,  plus  de  sntii^  qu'il  ne  leur  en  ;i  Hillii  J'imii'  |:i 
4»on(|iJête  *lr  l'Atuerit^ue. 

1/Rsp^gne  H  mis  ini  nionde  di*  t^^ninds  êrrivnins, 
d)*s  pot'tes.  di's  ilnirïnliirtres»  de  di^nids  il  sonores 

2lj 


202 


LA   TERRE   A    VOL    D'OISEAU. 


orateurs,  des  peintres  de  tempérament,  de  sombres 
|tolitique»,  des  rapîtnines  au  cœur  de  fer.  Sa  ^niti- 
ûi'Air  daiiî5  riiisloire,  e'esl  le  tenace  luVoîsme,  l.i 
résislance  aux  envahisseurs,  c'est  h  gnuulc  [uni 
aui  déeouvej'les  dans  le  Xoiive.'iu  Monde,  l'ardeur 
des  Conquislo<li>res  qui  domplêront  la  milure  el 
riioninie  d'Amérique;  si  ces  (];istill:uiii,  ces  Estrc- 
luenoïi,  eos  And.dous.  i*i*s  IÎ;i^qties'n*;iv:iïtMiï  n'-jmndu 
le  saiifç  innocent  pttur  la  rjj;^^LUJt'  Toi',  on  diniildeeiîs 
héros,  rien  qu'î^  considêrei*  leur  vcrlu,  qu'ils  n'ont 
piiinl  Tail  rncnïir  la  liére  devise  gravée  sur  le  [lom- 
mean  dt'  l'épée  caslillane  :  «  lyo  me mques  sin  rtizon, 
ni  me  envainei  tin  honorf  —  Ne  nie  tire  pas  s^ins 
raison,  ne  tne  rentre  p:is  sans  hotmeurl  n 

!/espngnol,  dérivé  t\n  hilin,  comme  le  porlugiùs, 
l'italien,  le  français,  le  roumain,  excelle  par  la 
grandeur,  TampliMir»  la  sonorité  nin*^ni/ique  ;  mais, 
dés  qu'on  h'  p?ii  h^  vite,  il  devient  i-i'iard  et  pencln* 
Il  la  rilournello.  Nul  langage,  sauf  l'anglais  eL  le 
rnsse,  n'a  devant  lui  un  ftareil  avenir,  car  si  l'Es- 
pagne a  perdu  Tenq^ire  du  r«()nde,  les  p.'iys  d'uutre- 
MUT  (pi'ulK^  dornpla  n'imt  pas  oublié  \t^  castillan, 
resté  rijlionie  de  l'Amérique  (^enU'ale  el  de  la  plus 
belle  moilié  de  rAujéritpie  du  Sud.  Les  contrées 
on  l'esjiîignid  est  Lingin»  nalimiale  enrerineniiiL 
plus  tard  des  cenlaiut^s  de  inillioris  iriinnimes,  et 
déjà  hors  d'Europe  ii  y  a  grandement  deux  l'ois 
plus  d'esji.'igiKplisatits  rpren  Ks[)agne. 
D'ores  et  déjà  res[jagiiol  se  parle  : 
Dans  les  Iles  Canaries,  voisines  des  côtes  du 
Maroc;  —  dans  rerLiins  pays  d(»s  États-Unis  qui 
(irent  |>arlie  du  Mexique  (Calilornie»  Nouveau- 
Mexique,  Arizona,  Texas)  ;  —  au  Mexique;  —  dans 
TAinérique  Centrale,  qui  roTnfnend  cinq  Étals  : 
(iuatéinala,  Hiunluras,  SalvadiH-»  Nicaragua  et  Costa- 
lïic.a;  —  dans  les  États-Unis  de  Colombie  ou  Nou- 
vell*'-tirenade  ;  — nu  Venezuela;  —  dans  TKqua- 
leur;  — au  JVtou;  —  en  lïtdivie;  —  au  Chili;  — 
dans  la  république  Argeirtiue;  —  dans  l'ifruguay 
ou  Bande-Orientale;  —  en  Paraguay. 

lians  plusieurs  de  ces  contrées  it  n'est  point  tout 
il  fait  langue  uallonale.  Au  Mexique,  dans  une 
partie  de  TAinérique  Centrale,  dans  l'Equateur,  au 
IVruu.  en  Itolîvie,  en  Paraguay  et  dans  certains 
recoins  de  TArgenllue,  il  n'a  guère  pour  lui  ([ue 
les  villes,  mais  comme  il  y  est  langage  écrit, 
idiome  civilisé,  parler  des  écoles,  il  y  gagne  sur 
les  verbes  indiens,  qui  ne  lui  résisteront  plus  bien 
longtemps.  L'archijiel  des  Pliilippiues,  dans  la  mer 
d'Asie,  a  l'espagnol  pour  langue  ulHcielle. 

L'Kspague  ne  saurait  suCtice  à  la  ci)lonis.'iliun  de 
»  Amérique  espagnole,  si  vaste,  si  belle.   Et  d  ail- 


leurs des  milliers  de  Péninsulaires  vont  chaque 
année  se  (ixer  sans  esprit  de  retour  en  Algérie, 
surtout  dans  l'Oranie;  la  plupart,  fournis  par  les 
[nieldos  ^  des  provinces  d'Alicanle,  de  Valence  cl  par 
les  lîaléares,  ne  siint  pas  de  vrais  Es[»agnols,  mais 
des  Catalans  de  race  el  de  langage  ;  beaucoup  aussi 
partent  d'Andalousie  pour  le  Tell  el  la  Mer  d'alfa. 

Les  émigranls  qui  s'en  vnnt  en  Amérique  sont 
de  tout  distinct  espagnol,  principaknuent  du  !*a\s 
Dascpie,  de  la  Gaticie,  de  l'Andalousie  el  de  la 
Catalogne. 

C'est  tantôt  25^)00,  lanttH  50000  personnes  par 
an  qui  quiltent  l'Espagne  el  n'y  reviennent  plus;  le 
plus  grand  noiribre,  de  beaucoup,  s'embarque  pour 
la  Flala;  l'Algérie  vient  au  second  rang. 

Malgré  les  progrès  de  l'espagnol  parmi  les  citadins, 
le  catalan  régne  encore  dans  la  Catalogne,  dans 
lest  de  In  province  de  lluesca  (Aragdu),  dans  les 
Baléares  el  le  royaume  de  Valence;  le  long  de  la 
Méditerranée  il  va  se  perdre  après  les  palmiers 
d'Klche,  en  avant  de  la  Imerla  d'Orihuela  ;  cet 
idiome  dur  et  laid,  mais  énergi(|ue  el  capable  de 
poésie,  est  frère  de  notre  limotisîn.  de  notre  pro- 
vençal, en  un  mol  de  la  langue  d'oc  ;  il  sert  à 
fpielque  aTiOdOdO  fïommes;  il  a  pei'fki  l'Aragon, 
devenu  castillaniq)lujne.  Le  balde,  dans  les  Asturie^ 
est  le  plus  idi(uualique  des  dialectes  espagnols,  le 
pins  archaïque,  le  pins  vénérable,  celui  qui  a  le 
mieux  conservé  les  vienx  mois,  les  vieilles  formes. 
Mes  auciei»s  dictons,  toute  In  sagesse  c»t  toute  la 
sève  rnslitjue  et  populaire*;  les  [ïi'eitiiers  barons 
chrétiens  guerroyanl  contre  le  Maure  le  parlaient, 
avant  l'an  mil.  Le  galicien,  dont  usenl  environ 
lOOOÛOO  personnes,  ressemble  itiilnimeiit  fduâ  au 
portugais  qu'au  castillan.  Le  basque  réolaaie  de 
Mmm  à  tiODOOO  Escualdunacs. 
Tous  les  Espagnols  sont  catholiques. 

Villes.  —  L'Kspagne  a  cinq  villes  supérieures  à 

i-ent  mille  âmes. 

Madrid  (500  000  hab.),  capitale  du  royaume  des 
Es[iagnes,  n'a  pour  elle  que  sa  situation  au  cœur 
de  la  péninsule  Ibérique,  avantage  qui  esl  aussi 
celui  de  Tolède,  en  son  temps  reine  de  la  nation. 
On  a  dit  :  «  De  Madrid  au  ciel  »;  ou  même;  «  Le 
monde  voit  Madrid  el  se  tait  v;  et  pourtant  c'est 
Tune  des  grandes  cités  les  plus  mal  placées  qu'on 
connaisse.  On  l'a  campée  dans  un  pays  sablonneux, 
rocheux,  maussadr,  sans  ligne  et  sans  couleurs, 
laid,  nu»  qui  ne  produit  arbres  el  gazons  que  par 

1.  Villages,  t>oi»rgades. 


E 


IftPÀGflE. 


SOS 


TeiTort  dp  l'industrie,  depuis  qu'on  n  dôlourriê 
nt»  Madrid  l'e^u  du  Lozoya.  torrenl  qui  «abreuve 
•ttt  fbaUttMs  de  lu  »ierr:i  di*  Guad.irrnnm.  Klle  a 
l^randi  d'une  grandeur  faclicf,  à  partir  d(»  (>!hirli»s- 
Qu'tnt;  puis  Philippe  II  doubla  les  pnbii?(  dt*  la 
tilt*  m\ale  fnr  la  ronstrurUtin  du  iiioribtrueuK 
EM*final.  demeure  inimenïie,  tid»'  el  froide,  qu'il 
bkXii  à  M}  kiiomèlres  au  nord-ouest  de  Madrid,  au 


pied  de  la  Mrrra  df  Gundarrainn.  A  9*20  m/*tr(*« 
au-de<»8U«  det»  rufTi».  'iuaiit  il  Madrid,  elle  e%i  h 
O.SO  nit'Uv»*  «rnllilud*?.  sous  un  cliiniil  Irop  fioiil, 
trop  rliaufl,  ivi'*a  l)rutu|ue,  «lur  le  M'iti/aiinrrh,  rui»- 
M*au  de  rien  ;  on  prétend  qu'on  a  V(*ndu  Teau  6e 
In  rivière  d<*»  r<iinrnii'ni'  pour  en  payrr  len  ponN, 
qu'on  en  arrose  le  lit  f>our  uballre  la  poumm', 
qu'on  lui  porte  itn  verie  d'eau  pour  le  déMllérerr 


20i 


I.V    TI'IUtK    A    VOL    O'OISEAU. 


iM'iDuiiI.  SCS  courses  (U»  laiirpnux,  ses  ma*urs  ^ies, 
son  iiisrriplion  en  riiniitiiMir  du  fiPtuiis  qui  IrtMiv;) 
rAiiiiTiciuo  :  A  Cttsliliti  }f  d  Lwi  oiro  7numLu  diO 


Colon:  c'*»sl-â  dire  :  Coloinl*  doiin:i    un  nouvo;»» 
mondp  h  l'Espagne. 

Mâhip»  (lÔoOOO  hah.i.  sur  la  Mrdilerraiiôo.  nu 
pit'd  de  tiioril^  s,'iuv«]g('s  ap]îm'lLMtant  ù   la  Sierra 


Lc>  pont  do  IloDCbi.  —  Dtiaiiii  du  Uarry  Fenn. 


Wvada,  vond  Ir  vîn  ei^lôbri'  ([lii  cndL  sur  ses  co- 
t(viu\  ^rliis!(^n\.  A  80  kilornëlrrs  à  r*)U*!sl.  sur  \v 
Giindiari»,  d.ins  l.i  Sernitiia  de  Honda,  esl  pcrclitT 
rmu'  lie  CVS  cilôs  cxtraorditiuires  qui  valt^il  It» 
vuy.i^f,  di*  qurliim*  |Miys  dislaiil  4[u'oii  p;irlr  pour 
los  coiiUniipler.  itanda  (747  inêtrt's  dallitude)  se 


compose  de  deux  villes  hîss(Vs  sur  le»  Xùies 
û'mn'  nirlie  fcndin»  t»n  deux  p,ir  un  pn*cipice  de 
I(jO  nièlji's  de  profoudeur  sur  llb  à  70  de  largeur; 
crife  autre  roTistaiitiue,  où  en  iv.i!i(è  le  sfing  ber- 
l>r»iv  ne  nMiii[iii'  p.is  plus  que  d;ius  l.i  irtrlnipole 
uuniide,  rcuuit  ses  deux  tron<;ons  (mi*  deux  |>onts 


t 


jâ 


206 


LA  TEFïRJ-:   A   VOL    D'OISEAU. 


élevi^s  ;  h*  plus  liiiul  iliiiiiiun  du  vont  ijh'Iïvs  li*s 
pierres  où  roui-t  le  ri<i  dans  son  iilisrnr  [Hiripice; 
d*;s  jnrdins  dianiuiiiLs»  dos  (*aux  hriiL'uiU's,  iriiiir- 
moninuses  t%isrades,  In  pluit^  <lc  iju.'ilorzc  nv»ulirts 
flccmc^licsH  l'un  drs  [taiiy  du  Li  î'ssuru,  unu  smirco 
Tiinptndquo,  lu  poid,  et;  t\vio  d'un  b.is  on  voit  du 
nid  d'aiglu  où  |iurcïiuiit  lus  Uon4lurios,  doniionl  une 
beauté  niru  h  In  (rdllu,  on,  coiuniu  nn  di!  l'n  K>- 
pagnu,  nu  Injo  du  Honda. 

Viuiinent  ensuite  :  Marcie(99  000  hal>.),  ville  ind<> 
lenlu,  un  sn  hullu  liuuH:).  sur  le  rin  Su*;ni\i.  sni^né 
par  les  wnaux  ;  —  S;irngusH(î   (92  000  Iwb,).  iiu- 


ciiTinu  cîiivilale  du  ['Aragon,  nu  confluent  de  l'Èbrc, 
du  Ilnun\n  du  Gallogo;  —Cfir(hag:ènc  (7001)0  li;d).). 
rbùriliùru  du  ^nindiioni  de  (iartli;»gu.  portsupej-be 
du  in  Mûdiluminûu;  —  Grenade  (73  000)  liab.), 
sans  riv.du  <mi  Ks[ïa^nu  pjir  la  bujuilû  du  sa  cnnip.ï- 
gne,  son  admirable  vuu  sur  Li  Siurra  Nevada  qui 
monte  à  IMiorizoïi  dans  les  liauteurs  sidérales,  ses 
poûliijui's  sonvunits,  son  Alh.tinl)r'.').  inouunM'nl  li' 
plus  (auiuiJX  di'  l'art  niani'i'>i|ne;  —  Jui'uz  iJu  la 
Frontera  {r>5U0l)  bah),  dans  un  vi^^uidde  ftinieux; 
—  Cadix  ((mOU*)  hab.),  gracieuse  et  gaie,  port  d*» 
rOeùau  c(H)unuru;tnl  avec  l'Amérique  ;  —  Vidiaiïidid 


CiltïaUar.  —  Uii>-sjii  dû  GuaUivc    burô. 


(0:20f)l)  hab.),  qui  fut  avant  Madrid  la  UMe  dus 
Kspaj^Mns:  —  JVihna  (01  000  lutb.),  capitale 
dus  llalê;*ivs;  —  Cordnuu  {.VîOOO  bab.  ) ,  sur 
le  Guadalqnivir,  au  eutdre  iU":  rAndalotisie,  vilbî 
([ui  so;is  lus  Maurus  avait  un  ntillion  d'Auïus  *;t  lus 
ùuoles  les  plus  savantes,  les  plus  (■«'lèbres  du 
monde:  la  iiiusqnùu  d(»  (!ordnue,  aujourd'fiui  ualbû- 
dralu,  était  la  plus  iiullu  ih'  l'Islajii,  e\  ina;:uitî(]uu 
uin:oru,  il  Un  l'uslu  ^liï  uoinnnes,  soil  la  luoilic 
des  piliers  qui  purlaieul  ses  cuu]Joles;  etc.,  etc. 


Gibraltar.  —  Tout  le  sol  de  l'Espagne  n'appar- 
tiu.nl   pas  aux  Kspaguuls.    L'imprenable   Gibraltar    , 


(*»00  heeUires,  19  000  liab.)»  qui  a  donné  son  lunn 
au  dûh'oit  niunaiit  du  la  Mûditurranéu  à  rOcéan. 
dépend  de  l'Auf^leturre,  rpii  ne  parle  point  de  la 
iTiidiu — ainsi,  b\s  Anglais  *nd  longluiups  gardé 
dans  luui's  mains  avttlus  une  cité  tb»  notre  Ultoral, 
Calais,  leur  tête  du  pont  sur  la  Fi'itnce, 

Gibrallar  e;;l  utu*  place  de  guerre,  du  commerce 
ul  du  <'oidt'i'bande,  vis-à-vis  (b;  l'arricaine  Ceuta,  au 
piud  d'un  bloc  isolé  de  429  niùtrus  de  hiiuluur,  lié 
auronlinuul|iarune  languu  de  sable.  Sur  ce  rocher 
viviMïl  lus  suuls  singus  île  THurope;  il  y  a  là  vingt- 
cinq  babouins,  de  qunlre  a  cin<|  pieds,  qui  l'ont  des 
gaud)âde5  inouius  sur  le  précipice  de  la  falaise. 


I 


I 


FOfmT.\L 


507 


ListKitinc  :  place  du  Coiïirnerrc.  |Vor.  p.  îlî.;   —  Deuin  do  Sarclay,  d'après  une  pliologiuphie. 


PORTUGAL 


"/. 


Serras.  Portugal  du  Nord,  Portugal  du  Sud. 
—  U'  l*itrtii;;al,  :iiili<jiji*  Luhitanio.  r,sl  roni[nis 
«lire  rUspiijKni*  vi  Vovîwii  Atl.iiitifjiir,  sur  liM|ut'l  il 
iirtrl«>IH>«'  7»"»  kilomètres  de  cùU^s  lantAt  rmlirus*»s, 

'  Ce  iJcifiiainr  du  »  roi  de  Poiiiigul  «'Ml'Algarvo  » 
M  HHHl'iOO   heclnrt's,    environ   le   sixième  do  la 

tFranrr.  a\ec  iSOOWK)  h;ibil;nits,  soit  Ml  m  kikv 
iiir'tivcftrrr— ii<H)ri)tn[iris  ses  îiihmaos  onii'rcllrs, 
r«rrhi|tel  des  A*;<»ri*s  «'I  rij»*  de  Mjidi^rr.  t[m  (wjr. 
l^nl  son  .lin*  ;i  l^^'OTrCiO  herliirvs  ot  si  [)ojMil.'ili(ni 
A  4  900 0011  iioiniiirs. 
fr  tonibiMU  di'tnclir  de  rFs|»;»;:iii'  proltHige  les 
L  Mrrm  <rz4Aafiriii(l<>s.  et  •i**'^  ipialn'  ^r:ititU  tlt^nvi^'^,  1o 


Miijfjfu  U'  [Kniro,  le  Tejo  ou  Tage,  Ir  Guatliana, 
lïjû^ïïriil  *•!»  K>poiim*  vi  ils  V  uni  pivsque  lout  Inii* 
wrptMili'ïiirul. 

Le  Porlug;d  d<^roule  <|i)el(|ues  vastes  plaines, 
frllrs  quf  rcllt^  du  Tii^c  ;*ii-ili'ssus  dr  IJïsbonnis  cl 
tiiM'Ioiil  rclli*  de  l'.VU'rultgtu  ruais  le  p-ijs  sr  coni- 
[Htsc  asiiiit  tout  *lr  s<»iTns  uioins  souvctil  vrrlcs  de 
loivlsipir  Jiui's  >iM(s  U"  ft'U  tlu  soleil. 

Sii  plus  Uiuth*  cliainr,  lîi  Sfi-iii  d,i  Eslrrlla,  ou 
StMTC  de  rKU>ilr.  :\  \nyiiv  i'ituUivo  cuUniuaul  uut* 
finie  de  flHC»  nn-lcfs:  Ifs  Mioii(a,i:iianls  [Mu*1uf;ais 
douiu'Ul  ri'  uoiiï.  (pjî  vi'Ul  ilijr  nncln\  aitv  supiV- 
uies  ôMiineua's  d'Sit  tomlifuL  1rs  ùuûps  vives  : 
ainsi   li»8  AuricuN   rt'pn'Sful.u'eul    la    source  d'un 


SOS 


LA    TERRE    A   VOL    D'OISEAU. 


fleuve  par  une  urne  pencliêt\  Lv  Miilluui  da  Serra 
—  MnlIiAo  viMit  (lire  houle.  — son  rufiîln'  soïiiiiiel, 
iU\uio.  (le  giMuil  el  tio  fîueiss,  se  (irrssi'  h  mi-route 
entre  la  o  savante  o  Coînibre  vi  h  frunlièro  d*Ës- 
pagne;  il  et^t  <ioric  voisin  de  in  vilttMl"I;^ni(*;î  deflns- 
lro,  car  si  la  terre  jiorlugiiïse  a  57li  kilorru^'ln^s  de 
]i>nguenr  du  nord  au  sud.  elle  un  que  i  10  ii  220  Iti- 
lomt'lres  de  Inrgeur  de  !\'st  h  l'ouest,  la  moyeune 
étant  Hi^.  Il  datjiine  deux  griindes  vallées;  gniïjdes 
pour  le  Portugal,  celles  du  Moudego  el  du  Zezere; 
le  Mt'tidego  garnie  la  mer  juif  l]i)ïtid)iv:  le  /r/ere 
se  perd  dans  le  Tn^^^  en  iival  de  In  <(  fniielie  » 
ALraiiles  qui  valut  uti  titi'e  de  duc  à  l'un  de  nos 
soldats  lie  foj-tuno.  La  ui-ige  persiste  pendant  [)lu- 
sicui's  mois  df  Tan  née  sur  la  Sorra  da  Mstrella  ol 
sur  d'auh-rs  eliaines  d'enliv  Douro  el  Minho»  innis 
au  sud  du  Tnge  il  n'y  a  que  des  serras  basses, 
désarUrùes,  lu'ides»  anitmles. 

Le  Porln^al  s'*''tiMul:niL  surtout  l'ti  latitude, •  tes 
provinces  du  nord  ul*  ivssiînibli'nl  pas  tuul  à  l'ail  à 
celles  du  eenire,  ni  eelles-ci  à  celles  du  sud.  Uans 
le  nord,  li*  Traz-os-Montes,  t*Kn!rr»-Minlin-('-lJour(i, 
la  ilautr-Ueira,  rappellent  assez  lu  lialice,  pays 
espn^ol  que  ses  couluines  ot  son  idiome  ralla- 
cheul  d*ailli?nrs  au  Porlugal  plulôl  qu'à  l'Espagne. 
Les  (înllegos  ou  Galiciens  util  de  tout,  temps  IVê- 
quenlè  les  Lelles  régions  du  Miidiu  cl  du  Douro 
où,  d'un  llux  inei'ssant,  ils  irpaiidiMit  à  milliers 
leurs  familles.  Hommes  ih  priin\  doniestit|nes, 
porteurs  d'*?au,  vignerons,  vendangeurs,  moisson- 
neui-s,  nne  frfule  de  petiles  gens  L^n  quête  de  Iravail 
parlent  eli.jijue  annéo  du  pîivs  galicien  ptmj-  le 
lusitanien;  le  ju-inee  des  poètes  portugais,  le  Ca- 
ni liens,  dosepridail  d'une  [amitié  gallega  dont  le 
manoir  toucha  il  au  ('a]>  Finisterre.  La  pufuilation 
du  pays  d'entre  Mînho  et  llouro,  constant- 
meiit  saignée  par  l'cnugration  au  lîrésil,  ne  se 
rnaintieniirait  pas, maigre  sa  forte  nal.dit*^,snna  le 
conrours  des  Cialii-iens  qui  viennent  [irendre  la 
place  des  expatriés,  ilont  si  pou  reviendront.  Les 
Gallcgos  ne  burinant  (las  leur  invasion  au  Portugal 
septiMJtrionaL  ou  les  lrou\e  en  grand  nombre  dans 
les  villes  du  centre  et  même  du  sud  :  à  Lisbonne, 
rien  qu'en  agundeiros  ou  porteurs  d'eau,  il  y  avait 
3000  hommes  de  cette  nation  avant  qu'un  aqueduc 
amenai  dans  la  ca|>ilale  les  eaux  pures  prises  à  la 
grande  source  de  i'Alviella,  dans  les  monts  de  la 
Lune  (S<Mi\n  da  Lua),  massif  jurassique  au  nord- 
non!  ouest  de  Santarem;  et  il  se  peut  que  l'ensem- 
ble des  villes  du  royaunu*  en  contienne  100000, 
Ainsi  le  Callego  travaille  el  peuple  pour  k's  Portu- 
gais;  ceux-ci  n'en  méprisent  que    plus  ce  rustre 


parcimonieux  :  ils  disent  que  pour  faire  un  liommp. 

il    faut  deux  renis  G.illegos. 

Le  centn*  du  Portugal,  sur  l'iuronslanl  Mondego 
et  sur  le  Tage,  comprend  rEslrêniadure.  la  Basa» 
Beira  et  une  p;irfie  de  l'Alemlejo.  Les  cultures  y 
sont  tes  mêmes  rpje  dans  la  région  (hi  iionL  et  le 
vignoble  de  la  Rairrada  donne  aisance  à  plusieurs 
villes  voisines  de  Toïnibre:  A  Lisbonne  se  balan- 
cent des  palmiers:  dans  l'Alemlejo,  dont  les  landes 
mouillées  soufTlenl  de  mauvaises  fièvres,  le  sol  s 
parhige  eu  vastes  domaines  pres(]oe  ab;u*diMmés 
aussi,  malgré  sa  r*M"tilité,  c*'tte  prosiru'e  ni*urrit-clle. 
à  surfaces  t^goles,  environ  dix  fois  imnns  d'bom- 
ines  (]ue  les  terres  morcelées  du  pays  de  Miid»o  : 
celui-ci  roiif<MO)e  prés  <le  lî»0  personnes  par  kilo- 
mètre canr ',  celui-là  seuleuient  L'>;  —  c'est  qu'il 
tombe  phis  de  L%00  luillimèh'es  de  pluie  par  an 
surPin-lo  et  *2lJ00  sur  certaines  Ijaulcurs  de  LKnlr»»- 
lIouro-e-Mintun  lantlis  qu'il  n'en  descend  que  .jOO, 
550.  GOO  sur  l'Alemlejo. 

Le  nom  d'Alemtejo  signifie  au  deUi  du  Tage;  il 
fut  donné  â  la  province  par  h's  Porlngnîs  rit)  renli'e. 
Les  gens  de  Lotmbre  et  de  Lisbomu*.  qui  succédè- 
rent à  ceux  de  Cuimaràes  comme  forulnteui's  du 
PortugaL  appelérenl  natur^OleTuenl  A lemlf'ji),  c'est- 
à-dire  Uutre-Tage.  la  contrée  située  sur  la  rive 
opposée  de  leur  lleuve  majeur,  cornrae  ils  nom- 
mèn'id  Traz-os-Monlcs  —  Au  delà  des  iiKtnts —  la 
eorili'ée  ipii,  pour*  eux,  s'éli-ndait  tli*  l'antre  cAlê 
des  serras  centrales,  et  qui  tétait  justement  le  ber- 
ceau de  la  pairie — le  Porlugal,  *'n  eftot,  eut  ses 
coinrnencf^inents  â  (iiiimaràes,  enliN'  h'  Mtubo  et  le 
houni,  et  si  le  royaume  avait  d'ahoinl  englobé  la 
(ialire  au  lien  de  s'élendre  aussitôt  vers  le  sud,  il 
y  aurait  peiit-étri*  un  Alemdouro  comme  il  y  a  un 
Alemtejo. 

Celle  ville  de  Guimaràes,  quamf  le  Porlugal  y 
naquît,  faisait  partie  de  la  Galice,  qui  s'étendait 
alors  jusqu'au  Douro.  Et  c'est  pourquoi  les  Gallegos 
et  les  Portugais  sont  frères. 

A  mesure  qu'on  gagne  le  midi  de  l'Alemlejo,  le 
pays  prend  les  teintes  de  l'Afrique.  Au  delà  des 
i:hnm[)s  d'Ourique ,  illuslré's  par  la  victoire  qui 
assura  l'indépendance  lusitanienne,  quand  on  a 
franchi  la  Serra  de  Slunchique,  haute  de  90*ï  mètres, 
ou  descend  dans  r«  Andalousie  portugaise  »,  dans 
TAIgarve,  étroite  province  abritée  du  nord,  tout 
ouverte  au  suiL  et  où  la  moyenne  omuielle  est  de 
18  degrés  sur  lu  cèle,  contre  15  nu  nord  du  Por- 
tugal, dans  le  pays  du  Douro  et  ihi  Miuho.  Le  nom 

1.  [H  ',  dans  U-  disnirt  de  Vintina  do  CasleUo,  123  daii» 
t:i'1ui  de*  Ui'upa.  Ïi04  duns  celui  de  Porto. 


l 


\ 


I 


rORTUGAL 


20;> 


f  nUIrve  est  In  corruplion,  à  pt-ine  voilée,  de  Tarabe 
El-Ghart>,  rVst-à-dire  rOccidont,  le  Maghreb,  le 
par»  des  Maugmbiiis. 

Ijt  Portugal  sans  les  îles  nViitrelienI  que  aO  hiw 


bitanls  pnr  100  hectares,  il  en  supporterait  deux 
A  trois  j'ois  plus;  mais  en  deliors  des  étendues 
vides  et  lièvreus<*s  et  des  charnecis  ou  steppes  de 
l'Alemlejo  et  des  ravines  sèches  de  l'Algarve,  «jue 


Portugaises.  —  Dcann  de  Ronjal.  (l'upri$  une  phoiograpliic. 


erdu  sur  les  cumiadns  *  ou  hauts  plateaux 

ldêsi»rl5,  dans  lesd»'^|»oviKidos»  uu  friches, 

\Ha  Mir  d'immenses  tondeurs  île  cote,  dans  les 

tuudiiii**s  lilloralesque  cimentent  dt -s  forêts 

kpliinlées  par  lesBréroonlitTs  du<ju<itorziêmL' 

%.  Cm!  a  peu  près  In  pàntiK»  dn  Kirpagiint^. 
i-  C««Mt  i«|MHi4  aux  <l««pobUd09  d'Cspagutt. 
0.  Iaoci*  U  Taaaa  à  toc  a'obaào. 


sièch*!  Que  de  lieux  vacants  dans  les  monts  du 
centre,  et  niérne  dans  le  nord,  sous  le  climat  le 
plus  frais  du  pays!  Où  fut  la  forêt  il  ne  reste  sou- 
vent que  buissons,  p;Uure  >èche,  ou  rien. 

l)ans  le  Traz-os-Montes.  par  exemple,  on  chemine 
pendant  de  longues  heures  sur  des  collines  désertes 
çà  et  là  tondues  par  le  mouton,  le  long  de  seutiers 

S7 


2t0 


LA    TERRE    A    VOL    D'OiSEAU. 


h  peine  trncés,  à  chaque  instant  embrouillés  oti 
cuiTL'foui'S  que  sign.iU»  de  loin  un  potoau;  airivL' 
dt^v.inl  t'vUv  plinrlic  ni'i  l'on  ps[i(*"j';iit  \\vt\  uno  inili- 
calinn  de  roule,  on  se  trouve  oei  l'ace  d'une  siiuviige 
peinture»  liarbouilUige  de  flammes  rouges  et  d'ailes 
volantes;  ce  sont  Ii's  Ames  i!u  PurgatoiiT  qui 
crient  :  h  Ado  ha  dor  igual  a  mi  dor.  0  irmàos^ 
tembrai  vos  de  not  jMtssando!  —  Il  n'est  douleui" 
égale  M  ma  douleur.  0  frères,  souvenez-vous  de  nous 
en  passant  1  »  Kt,  sous  ces  ligues,  un  tronc  re);oit 
I "obole  du  voyageur. 

Race  lusitanienne.  Cosmopolitisme  des  Por- 
tugais. Langue  portugaise,  —  Les  l'urtugais 
sont  lorniés  d'êlém^Mils  ibères^  celtiques,  romains, 
germains,  avec  mélange  de  sang  l)erl>ére,  de  sang 
arabe,  et  de  quelque  sang  nègre. 

Ils  ont  fait  grand;  ils  ont  reconnu  les  cùlos 
d'Arri<[u*s  doublé  lecap  de  Bonne-Espérance,  cbangé 
les  voies  du  conunerce.  dominé  l'Inde  et  r*icéan. 
Alors  Je  Camoèns  |)arlail  ainsi  de  ses  couipagriuns 
d'armes:  <i  Voyez,  ils  vont  joyeui>  par  mille  roules, 
pareils  au\  lions  liondîss.'Ujts  et  aux  taujeaux  sau- 
nages, livraid  b'ur  \te  h  la  faim,  aux  veilles,  au 
i'er,  au  feu,  aux  Ib'ches,  aux  boulets,  aux.  régions 
brûlantes,  au.t  plages  froides,  aux  coups  des  ido- 
lâtres et  des  Maures,  à  des  périls  inconnus  des 
liommes,  aux  naufrages,  aux  poissons,  à  la  mer 
profonde.  »  Maintenant  leur  puissan(;e  n'est  qu'un 
souvenir.  leur  ardeur  a  disparu,  et  Téneigit^  de  la 
natiun  s'est  portée  de  l'autre  r.ûté  de  l'Atlantiqni', 
au  Brésil  :  là  le  Portugal  a  fondé  un  nouveau  peu- 
ple qui  com[ile  déjà  trois  fois  plus  d'hommes  que 
la  mère  patrie,  sur  un  lernloîre  qnalre-vingt-qnn- 
l>i7,e  fois  [>lus  vîiste,  H  le  plus  fécond  rie  la  Terre! 

Ce  u'est  pas  d'aujourd'hui  que  le  Poi'tugal  vil 
surtout  hors  d'Europe;  il  y  a  bieti  quatre  «m  cinq 
cerds  ans  qur  ses  ambitions  socd  au  di'là  des  mers. 
Hesserrés  entre  l'Atlantique  et  l'Ksjïagne,  les  l*or-- 
lugaîs  aimèi'enl  rrrirux  tiMiter  les  flots  que  de  luller 
sans  espoir  eouh-e  les  Espagnols;  et,  coirstumment, 
ils  tendirent  vei*8  trois  places  étrangères, 

D'aborrl  vers  rAlri(|ue,  la  patrie  des  ejinemis 
héréditaires,  des  o  Mi>ur'Os  u  ou  infidèles,  des  vain- 
cus d'Uurique  et  des  vainqueurs  d'Alr*açar-Kébir; 
et  là,  s'ils  onl  dû  renorwer  à  soumettre  les  vallées 
niariuaines  (eoirmie  l'Espagne  l'a  dû  faire  aussi), 
ils  ont  dominé  h>iigh*mps  et  dorniiii'td  encore  sur 
de  longues  plages  du  pays  des  Nuiis  foulées  jiar 
eux  avant  toute  autre  nation  de  l'Europe  ;  or,  il  l'al- 
lait  alors  nri  eourage  étniirerd  |]our  s'averilurei'  le 
long  de  l'Ahique,  les  maj'ins  cjaignaiil  de  devenir 


lout  à  coup  des  Nègres  s'ils  dépassaient  une  ligne 

qur'  la  superstition  reculait  toujours. 

Api'ès  l'Ah'irpie.  les  Liisilaniens  sounn'renl  et 
prdirerd  une  [larlie  du  njouile  oriental,  en  Aby>- 
sinie,  on  Arabie,  d-ms  l'Inde,  et  d'innonïbrables 
îles,  dont  Ceyhor.  la  [ilus  belle. 

Mais  le  Bn^sil.  Lout  d'aboj-d  méprisé,  s'emplissait 
d'aventuriers  qui  s'unissaient  aux  Indiennes  et  plus 
tard  avec  les  Négresses  qu'on  importa  d'Afi'ique. 
El  ce  noy.iu  d'enfants  perdus,  de  brigands,  de 
marchands,  de  juifs,  debâlai-ds,  celentreuiélement 
de  bruns,  de  rouges  el  de  noii-s,  devint  l'un  des 
plus  granils  empires  de  la  Terre. 

Les  immigrant-!  lusitaniens  ne  prospèrent  pas 
seuternetil  dans  les  conlrées  lenq>érèes  de  l'im- 
mense Brésil,  sur  les  plateaux  du  Sud  et  dans  la 
grande  |»ivïvinco  «  clef  de  voûte  »,  la  haute  et  sa- 
lubi'c  Minas  Geivies.  Ils  Conderd  aussi  des  fanulles 
sur  le  litlond  èlouiïanl,  et  jirsque  sous  l'Équaleur, 
d.ins  la  vall-e  des  Amazones.  En  face  du  IJrésil, 
dans  rAfrirpu»  du  Sud,  ils  avaient  hait  espoir 
dj  ((  lusihmiser  d  de  grands  pays  torrides  qu'ils 
avaient  couser\és,  de  côte  à  côte,  avec  le  fleuve 
Zambèze  pour  grarrd  chemin  de  l'une  à  l'autre, 
quand  l'Angleterre,  ici  précédée  comme  tou- 
jour-s  par  des  a  hommes  ilt»  Dieu  n,  leur  a  brus- 
quement enlevé  le  meilleur  dr;  leur  dmnaiue  afri- 
cain, C'est  un  malheur^  car  lud  Européen  ne  se 
plie  aussi  bicji  que  le  Poilugais  an  climat  des 
Trojuqiies.  On  attribue  son  CfKSinopolilisine  auT 
éléments  bei'bères,  arabes  ci  noii"s  entrés  dans  la 
composition  de  sa  race;  toutefois,  plus  <in  renionle 
vei's  le  noj'il,  plus  la  niilion  est  pnrr  de  mélanges 
airieains,  et  qnarrd  on  a  franchi  le  ïk)uro,  de  ce 
lîeuve  au  Mîidm,  l'on  ti-ouve  un  peuple  tout  à 
fait  eiu'oiH'en  :  là  vivent,  dans  le  plus  ravissant 
ries  pays,  les  Portugais  de  velhacitnha  ou  de  vieille 
souche. 

Le  portugais  se  détacha  visiblement  des  autres 
dialectes  romans  d'Ibcrie  vers  le  milieu  du  trei- 
zième siiVde.  Il  vient  du  lalin»  mais  un  grand  nom- 
bre de  ses  mol^  ont  moins  de  ressend)lancc  avec 
les  radicaux  dimt  ils  furent  tirés  qin?  les  cones- 
pondanïs  espagn*ds,  italiens  ou  même  fi'ani;ais: 
cela  par  la  perte  d'une  syllabe  nu  par  la  chute 
d'une  ciinsonne,  surtout  /  et  n.  Poéliipie,  fait  sur- 
Utul  jinur  l'idylle,  it  a  richesse  et  non  sonorité;  mi 
accerd  vulgaire,  une  exlj'émi*  .abondance  de  nasales 
lui  nuisent.  l*ans  le  cri  d'appel  des;huesdu  Pni'g^a- 
toireV  nào  et  irmftos  possèdent  précisérnerd  la 
nasale  explosive  commune  en  portugais;  dor  y  i"s! 

1.  Voir  ci-dessuB. 


PORTUGAL. 


«1 


\à  conlmction  do  dolor,  pnv  suite  de  lii  cliule  tie  la 
IrWiT  /;  temhrai  vient  de  remeinorare,  pnr  inuU- 
lif>n  rie  r  un  /;  trmâo$  se  prononce  irniaïnefj;  (iiti- 
maràet,  fiuiinarainch;  Cnmoénx^  C;irntni*ii€Ïi;  me- 
dôf$^  luAdoninrh.  De  loules  les  bmgnes  nùo-hiliiies, 
1a  InsiLmienne  e:-.!  relie  i|ui  a  le  moins  resp<»clê  les 
ronfonnts  priniilives. 

Ku  dehors  du  Portugal,  on  parle  porlugnis  duns 


les  rrtlonieîv  hjsit.itiieiines.  ;iu  Brésil.  l'I  ftur  de» 
pinces  d'où  Li  dominniion  de  LislKUine  w  dÎMpnru. 
rnjiitne  .î  MMJ.'iecir.  In*»  viii^fl.iiue  de  iriilLiims 
d'[riKtmies  I  iint  \m\\v  idinnii*  et  plus  lard  e'e^L 
p;ir  eeidaines  de  iiiillitins  ipi'il  roinpU*rn  m*h 
lidèk'S,  ciir  si  sun  Afrifine  lui  èeli;(]i[M'  ;'i  nioiliê, 
le  Brésil  liri  reste,  el  il  cvl  iiiMiieiisi'. 

Tous   les    ruriugiiis   ^mil  ciithuliqiies,    et   lier.-* 


i  4e  TWwH 


è  la  «  t^ntAb!<*  Église  *;  IrH  fn-rs 

MM  £Hn  LvitaMa».  •  c^  y\  l'Espagne  esl  la 

Mf  4e  ITorope,  le  fSrttigal  ra  est  le  diadème  >. 

fb  o'ÙRteol  pa«  Xtnr  toi»in,  l'Espagnol,  bêrédi- 

•  De  Êtpamkë»  tttm  hom  wento,  mm 

—  DTapagne,  ni  Immi  vent  ni  Utn 

>  — TMd  «a  tamm  le  veot  de  Camille  H 

e  Icar  tsal-il   riro  :   ««ou   des 

rft  |il€Îfcnl  e— liprolal.  il  eal  deaaè- 


ÏHï  fond  <l*un  puiU  où  il  »'allxiit  Doyant,  on  dit 
qaun  Portugais  criait  k  un  E^fiagnol  qui  d'en  haut 
le  regardait  mourir  :  «  Tire-iooî  d'ici,  <*(  j<-  te  faia 
grice  de  la  vie  !  a 


Tilles.  ~  UAaamft,  m  fortmpÙÊ  Umak.  eapi* 
laie  du  n^atM^*  «  904000  baUteU.  350 OUO 
avec  It»  Unbowf»  qui  eMnreal  le»  oolem  et 
C8S1  <|ai  ramssiral  le  lB%r  «w  le  i^farrmlrnt  jua- 
qol  Idoi.  Ce  fut  prodaal  un  aiècle  la  prantftc 


^gQgH 


212 


LA    TEHRE    A    Y0|.    irOïSEAl'. 


des  places  de  commerce.  i.e  Ireniblement  tle  lerre 
de  1755  y  éci'asa  quinze  ou  vingt  mille  jiersuuiies, 
en  mairie  lerri[>s  ijui*  btfii  loin  du  Tiij;i\  [hm  del;'i 
les  Mioiilh  inï  jjjtrdL'Ià  la  im*r,  il  ivnv«n'sail  des  quai- 
liera  de  Porlo  et  jvUiil  sur  le  sol  des  cités  du  Maroc. 
I/iiisloire  ne  cnnn.til  guôri' di'CfilasIroplie  jihis  ter- 
rible. Lisbonne  idl^itt  jileuivr  ses  nuuLs.  au  itintin 
du  l"*""  novembre,  jour  de  Tous-Ies-Sainls;  l'air  était 


brillant  et  calme;  vers  9  heures,  hi  terre  gronda,  le 
soleil  [ïiUit  daïis  un  ciel  livide,  le  ileuve  s'impatienta 
sounk-nieril.  la  ville  cnqua;  l'astre  blafard  et  qui 
sctabliiit  mourant  jiordit  ses  rayons  dans  une  im- 
mense nuée  de  poussière;  des  fliumnes  jaillirent  du 
sol  ei  devant  Lisboa  renversée  h  Tage  insurgé  brisn 
ses  vaisseaux;  des  plaines  sVnllérenI  en  collines, 
des  coteaux  glissèrent  dans  des  ravins  ou  s'englou- 


1 


1^ 


I 


l'i>ilu  :  vue  gt'ticralc.  —  Dessin  de  Citcoaccf,  U'afirtâ  une  jitiuUrsraphie. 


tirent  <l;ins  le  iKlillement  subit  d'un  abîme,  tandis 
que  eliaiicelail  et  roulait  luute  l'œuvre  ik'  l'horiune, 
maisons,  bouges,  pillais,  Ihé.Ures,  jardins  de  plai- 
sance, et  les  couvutils.  les  cJiK'liers.  les  églises. 
Lisbonne  s'élève  à  la  droite  du  Tage,  dans  l'en- 
droit précis  ofi  se  contracte  à  KîOO  mètj'es  le 
Ileuve  qui  vii'iil  de  svVjinncber  en  un  lac  l»leu  de 
25til0  hectares,  appelé  Mer  de   Taille'.  C'est  à 

1.  I.:i  M^r  d*i  l'ulUe  a  15  300  Ji:cU*cs  do  |ilus  giiuide  l.ir- 


1 5  kilomètres  de  celle  ville.  b.Alie,  disent  les  Lisbon- 
nais,  sur  sept  collines  comme  lîome,  que  h?  Taire 
est  dévoiv  jiar  la  mer  Allauliipte»  devant  bi  serra 
décbirée  de  Iliulra.  tnotits  qui  sont  nrii^Miinqnemenl 
lumineux,  haruioiiieux  et  beaux;  [loiirt^iul  ils  u'ont 
même  pas  500  nièLres. 

I*orlo  (HtHMMI  bitbilauls),  |>Ujs  exjiclenienl  i» 
lV>rlo,  c'esl-ii-dire  le  l'orl,  à  \  ou  5  kilomètres  de 
la  mer.  couvre  de  durs  pem-hanls  île  colline,  sur 
le  bleu  Doui'o,  large  de  quelque  iiUO  mètres    cl 


..-  vr  •ïi*'r*fc':>c':p«t.-.vc-.5*çi>tç.ç(j:  ■>r',-:îr;->c.-->*  -^«ç-Ç, 


Q£2€2^^^G'^2f^^^'^W7^ 


su 


LA  TEnilK  A   VOL  H'OISEAU. 


fort  iinvig-rilile,  sinon  que  roche  ei  sablt*  f^i^noiit  sim 
ornlMujfJujio  tH  l;i  fonl  jK'rilhniï^o.  Eiitri'pôt  du 
nord  de  l;i  Lusituiit»,  pays  lo  plus  agmdJe,  h*  plus 
frais,  le  plus  riche  et  peuplé  du  royaume»  Porïo, 
don!  le  !*orlug:il  lient  scm  rmrn,  eml);*rqyela  ^mncit* 
nt;ijoril(''  des  rmigranls  qui  vont  roiilorcer  i'êlè- 
iiiiTil  n;di(>rt;i]  dans  le  grand  empire  Lusilano- 
Aiiiéric.'iin  :  dix,  douze,  quinze  n  di\-hiitL  mille 
hommes*  —  c'est  selon  —  se  h^isardciit  lous  lus 


.IMS  sur  rr>ottan  vers  ce  llrésil  dont  on  raconte  tant 

dt.'  luervrilles  dans  les  rlKiuni!«>i*<'s  dos  serras  (et 
crpfiKlîiiiL  il  ne  sen  |>oiir  iuMUcoup  d'enin'  em 
que  le  lieu  d'une  mort  prêmalurèe)^  Porlo  vend, 
surl«uil  aux  Anglais,  les  vins  exrellents  du  Doum» 
mûris  sur  le  srliisle,  aux  deux  rives  du  fleuve.  Si 
Ton  renionio  V  «  eau  de  Porlo  0  par  delà  cesvigiio- 
Ides,  (tn  enli'e  dans  des  gorges  d'une  grandeui 
austère  au  pied  de  mcheiii  itumeuses  :  là,  rien 


Lofmbre  :  vue  fféntiralc.  —  iM:>stu  Uu  Td^lui',  d'après  uue  ptiuUigraj>tiit:. 


du  monde,  et  point  d'hommes,  si  i^c  n'est  pnr 
hjisard,  el  hieji  liaut,  un  berger  sur  la  [iIvMTc»  une 
chèvre  broulanl  quelque  arbuste  à  cinq  cents  piede 
(lu-tlessus  des  eaux  (enir;*,  un  ronlicbiindier  qui, 
par  dee  soutiers  terribles,  va  de  l'orlugal  en  Espa- 
^e  ou  d'Espaf;:neen  l'ortufjal,  car  le  Douro,  calme» 
obscur,  êlroit,  honloux  <le  sa  petitesse,  divisi-  ici 
les  deux  royaujurs.  Non  loin  dt*  lîeuqitjsta,  bourg 
du  Plateau  do  Traz-os-Montes,  près  du  conlluent  du 
Tormès,  rivière  d'Espagne,  le  l'iu  sombre  enlouiv 
I.  I^ev  )lc9  portugaises  (les  \{orcs  cl  UudùrcJ  comprises. 


on  silence  le  petit  j-ocher  de  Pei*ed();  du  Porlu;;a1 
on  saute  sans  |)eiiie  à  celle  roche,  iM,  dt'  celte 
i*oche»  sans  |)cinc  cncoiv,  à  la  rive  ospapiiolc. 

Coïnibre  (liOOO  hnb.),  sur  le  Momle^^o,  en  vue 
de  la  serra  da  Eslrelta,  est  li^  siège  de  l'université 
nationale;  ancienne  capitale  ilu  Portugal,  Heu  de 
beaux  souvenii-s  de  la  vieille  histoire,  beaucoup 
d'étudiants  brésiliens  y  ravivent  leui'  lusitanisnie. 

1,  LV^mipration  porlupaisp  est  fournie  pi-esque  tout  cii- 
lîèio  \m-  le  liniir:i],  du  MiiiJio  ii  Ll^bulUle,  et  p:ir  les  Ues  ; 
riuiéj'icur  du  pays  éinigve  Irui  peu,  le  sud  û^lement. 


Utnation.  Étendue.  —  Au  norc?.  rilnlio  (ihicIio 
Al|i(*s.  riTiirr  d*;  1;)  vôriliii)le  Kuropc;  .m  siu!. 
Aï  s«  derniers  promoDloirt's,  on  voil.  jwir  les 
lifnps  rinir?,  U»s  nionlngnes,  oiijoiinriaii  fr.tn- 
f4»ÎM>«,  «ii>  Tunis.  Au  ooiiln'  du  bassin  dt'  la  Mfdi- 
lerTsn^,  v\\^  en  fui  loiijLrtoinpâ  la  reine. 

Sur  S4»ft  tî8fi:i8  800li.»rl;nv*  viv.^n!  ôl  millions 
(Tluinujii's.  aulriMncnl  dit  IDt  p:ir  kiloiiiMiv  r;\nv, 
dini  la  llauti*  Italie  ou  Italie  rontiuriiljdts  l'Ilalie 
apmniDc  ou  pt'iiinsulaire  ot  les  Iles. 

Hanic  Italie  —  llui*  divisée  en  Pii^mont,  Loin- 

\.  t!r->-vti^  t\c  diftiToyor  Ir  mot  pédant,  lourd,  oiicoriibruiit 
^'rn/ïMAf/'Awi.  ne  dauv  U  (Miudiv  du  grolTc. 


l>nrdio.  V.''M(''li*\  Li^irii*  et  finiilio,  la  Haute  Italie 
ne  (liiïi'iait  point  de  la  Gaule  quand  les  Romains 
l'cnvahirenL;  d«  ce  cdlê  sud-onL*ntal  des  Alpes  on 
vliiïi,  roiniiie  nu  delà  <les  inonls»  de  lan^ie  cel- 
litph?»  ik'  san^'  gaulois  [>lus  ou  moins  adultéré;  les 
Romains  nornuiaiant  ce  pays  Gauliî  Cisalpine,  par 
opposiliim  a  la  Transalfjîne  —  ^te  int^ene  nous  trai- 
tons les  h.-ilii'[»s  d'L'Kraniunlatns.  fuis,  après  di*s 
guerres  inexikiables.  soumis  comme  nous.  Gaulois 
de  la  Gaule  riKijeiuv.  ils  oublièrent  romine  nous 
la  langue  aiicestmle  et  devinrent  des  Latins. 

Grande  d'un  peu  [)Ilis  de  dix  millions  d'hect'ires, 
avec  15  700  00Q  habitiuils.  elle  a,  certes,  jieu  de 
rivales  en   Europe  et  niùme  dans  le   inonde.  Sa 


Mi^^tt 


LA  TERRE  A   VOL 


pliino  do  qiialrr  millions  *l'lu»ct:iros  u'eM  i[\iu\\c 
alliivioti  qui  n'a  jnawiis  ruiitui  la  (aligne;  do  l'iiiii- 
philhôAtnî  de  ses  Alpi?s,  (Voiduro  ôlt*rntdk\  lonibmt 
de  larges  hirrenls  inijnu's  <[ue  4les  hrs  iiiet'voil- 
luiix,  anlii^ues  finnis  de  rAdïialique,  ê|iaiK'henL 
ensuite  en  eau  transparwite;  au-dessous  do  cos 
lacs,  les  rivières,  dislribiiècs  |iai4de  g^mnds  canaux 
navigables,  qui  <levieuuent,  de  jn'isi'  en  [irise,  pe- 
tits canaux,  fossés,  rigoles  cl  rigoleltos,  arrosent 
des  champs  superbes,  sous  un  soleil  déjà  inéridio- 
ual;  le  eliinal  y  esl  doux  sans  amollir,  il  y  ji'e  il, 
surluuL  V(M'S  l'esl,  sans  y  trop  pk'uvoij';  clans  la 
plaine  loul  est  terond,  d.ins  le  mont  irioyeu  tout 
est  chann.iiit,  [lans  les  Alpes  loul  esl  sublime; 
ainsi  qti'un  l'a  dit  de  rAlleiua<^'tie,  mais  datks  lo 
sens  o[i[tosr\  du  sud  au  nnnl  el  non  dn  nord  nu 
sud,  la  plaùi.',  la  colline.  In  nu)ulaij;ne,  s'y  suivent 
comme  la  prose,  l'idylle  et  la  poésie.  Les  deux 
plus  Iiauls  pies  de  TEumpe,  le  Monl-Blanc  (iï^lO 
mùlresj  et  le  Monl-llose  (iUi>8  nièlies)  s  Mil  italiens 
parles  versants  tournés  vers  le  midi. 

Les  eaux  méridionales  du  grand  demi-firqne 
Iracé  par  les  Alpes  ordre  le  golfe  de  Gènes  et  l'A- 
driatique s'écoulent  presipie  toutes  dans  le  Pô, 
qnelrpn^s-unes  dans  TAdige, 

Le  VCi  ((ï7.i  kiluinè(res)  naît  à  1052  métrés,  dans 
le  mont  Viso,  pyramide  splendide  entre  rilalie  el 
In  France.  Sou  trajet  eu  monlagne  esl  fort  court. 
Descendu  dans  la  plaine,  il  baigne  Turin;  à  droite, 
il  rerneille  bs  lorrenls  des  Apennins,  tout  petits 
en  élé,  A  gauche  les  rivières  des  Alpes,  très  grandes 
en  luiit  temps. 

Vnm  lui  le  lae  Mijeurépure  le  Tieirio  ou  Tessin. 
n\ièiv  me^niliqne  grâce  aux  neiges  étalées  du 
Monl-llosc  au  Splûgen  sur  In  corniche  djs  Alpes 
méridionales,  (/est  avec  4000  rnèlres  cubes  [)ar 
secoiuie  en  forte  crue,  50  à  i'éliage  le  plus  bas, 
521  un  eau  nioyenne,  que  le  Ticino  s'échappe  du 
lago  Maggiore  ou  lago  Verbano;  —  celui-ci,  lur- 
lueux,  étroit  entre  nionls  escarpés,  est  gi'and  de 
plus  de  21000  hcct/jrcs,  prolbtid  de  573  mètres  : 
el,  naturellenn.'ut,  de  moins  en  moins  creux,  de 
plus  en  phis  petit,  cir  la  montagne  a  juré  de  le 
combler  pnr  d'immenses  débris. 

hnn-  lui  cricore  le  la'*,  de  Céme  ou  Larîo,  vaste 
de  lôfiUU  hectares,  profond  de  4-12  mètres»  cla- 
rifie l'Adiki  ;  de  son  urne  à  Toau  vert  sombre  où 
se  mireid  de  lumineuses  villas,  celle  rivière  soil 
à  raisim  île  817  mètres  cnbes  par  seconde  en  crue» 
de  16  à  l'exlréme  étiage,  de  1 87  en  portée  moyenne  ; 
comme  le  Verbano,  le  Lirio.  peu  î\  pou,  sVn- 
conibrc;  ainsi  que  lui,  il  s'eflaccra.  Plus  grand  que 


Tun  el  l'antre,  nnus  recevant  un  torrent  itn>indre 
que  l'Adda,  surtout  que  le  Ticino,  le  lac  de  Carde 
ou  Benaco  se  comble  mr>ins  vile;  il  a  noOOO  hec- 
tares» tiy*  mélres  de  tond,  <les  canx  bleu  saphir 
dune  pellnrj«lité  magique;  il  émet  le  Mincio. 

Le  V6  passe  près  de  Pavie  (u5  0(J0  habit^mls), 
où  les  espagnols  nous  iKillirenï.  (hi  dompt4'rait  le 
monde  avec  ce  que  nuus  avons  peidn  d'hommes 
et  de  chevaux  sous  le  be^m  ciel  ultranmntain.  où 
lii  France  iTa  relire  de  l'enl  et  mille  balailles  que 
le  stérile  honneur  de  lanriers  (lètris  pai'  le  lenqis 
lions  nn  cimetière  înuuiinse. 

Kl  rjous  ne  sonunes  |H)int  le  seul  [uMipIe  dont 
l'Ausoriie  ait  maudil  les  at  ruées,  Depuis  <pi"il  est 
ime  histoire,  les  Septeutrionuux  descendent  avec 
les  froids  torrents  dans  la  plnine  bénie,  mais  le 
aoleil  iiu'iidiunal  trlouq^lie  toujours  *les  hommes 
du>'onl;  lllulie,  longtemps  remplie  de  Dai-bares 
venus,  p;ir-des>us  nmnts,  de  la  vaste  conlréc  «d'en 
haut  *),  n'a  point  cessé  de  demeurer  intimement 
ilnlietme;  les  grossiers  a  Todesrhi  o  qu'elle  a  lanl 
de  fois  îilîirés  pjr  son  ciel,  ses  villes,  ses  arts,  sei 
l'cnmies.  elle  les  a  tous  fascinés,  et  sans  regrets  ils 
ont  disparu  dans  la  nation  qu'ils  foulaient  d'abord 
avec  org^ueil. 

Le  fleuve  arrose  ensuite  la  cité  de  riac4}nza  ou 
Plaisance  (iOOllO  habilinls),  puis  relie  de  Cré- 
mone (55000  h:diilanls),  et  laisse  à  gauche,  sur  le 
Mincio,  Manlova  ou  Mantoue  (ôOOUO  luibilimts), 
mère  du  doux  Virgile;  plus  bas  un  de  ses  bras 
passe  devant  la  \ille  de  Ferrure,  où  il  est  déjà  dans 
son  delta.  Tonibunl  dans  la  mer  Adriatique  pir 
sept  grandes  branches  qui  s'unastoninseut  à  l'in- 
hni  dans  la  v.nse,  il  lui  verse  150  inèlres  par  seconde 
à  Fétiage  excessif,  5I8G  en  grande  crue,  et  rn 
moyenne  1720  —  liibul  très  riche  d'un  bassin  de 
moins  de  7^1 00  000  heclnres. 

Malgré  les  lacs  de  pied  des  Alpes  qui  lavent  ses 
affluents  el  les  affluents  de  ses  affluents,  le  vieil 
Fi'idau,  «  roi  des  lleuves  u.  entrahie  en  moyenne 
chaque  année  46  millions  de  mètres  cubes  de 
fange,  et  soiiventefois  100  milliojis.  Son  delta 
croit  annuellement  de  Ho  hectares,  par  un  avan- 
cement de  70  mètres  sur  la  mer  dans  la  direction 
de  rislrie,  qui  esl  rivage  de  haute  rorhe  sur  une 
plnge  basse.  Enctire  une  grande  ]>arlte  de  ses 
troubles  se  dèpose-l-clle  sur  sa  plaine  lannide,  où 
croît  le  rÎR,  ami  de  l'eau.  Quand  le  fleuve,  immen- 
si*menl  aceru,  perce  ou  crève  les  argîni*,  c'est  un 
désastre,  car  ces  levées  sont  là  pour  sauvegartier 

1 .  Digues,  let^ei. 


I 

I 
I 


SI7 


hectares,  les  meilleurs  de  rilalic,  pciil- 

La  ri^i^iv  iK'  Tiviili»  on  .Vulnchc  el  de  Vorono  en 
[  Itjbr.  r.Vdij,^*,  issti  di'îj  AliH»s  lirolionnes,  in^le  au 
[dirlU  du  Vdi  son  dolUi  :  des  c.iDaux  distriliULMit  aux 
Copuleotijs  cultures  de  Li  basse  vallôe  ses  20  à 
|S40Q  mèlri'ji  ridies  \un'  si*i'<Hide;  on  eslittio  sn  [)or- 
]l«»  moyenne  à  ^SO  iiièln*s,  <.on  cours  étant  de 
[•4(MI  luIoniT'lrps.  sou  bassin  de  inoius  de  3500000 
ares/ Bien  incousliinte  aussi.  I;i  Pi.ne,  nuire 
lorrenl  des  ^Mpes ,  verse  au  golfe  de  Venise 
une  moyeuoe  de  5^0  inèlrcs  cid>es,  md^ifique  tri- 


but d'un  bassin  de  5^0000  hectares»  d*un  coui^ 
de  âir»  kiloniètres. 

W'ù  liahilants  par  Ivilomt'tre  carré  en  Piémoid. 
IT'J  en  Lij^urie,  171  en  Loiubardie,  132  eu  Vénélie, 
115  en  Emilie,  la  Haute-Italie  est  au  premier  nnig 
des  pys  tivs  et  trop  peuplés.  Si  la  Lîgurie  manque 
de  grandes  riviéi'es  arrosantes,  elle  s'étale  en  espa- 
lier nu  soleil,  elle  a  le  plus  doui  des  climats  et 
les  plus  délicieuses  des  villes  d'hiver.  Ouanl  à  la 
grande  plaine  pdane,  ses  tenanciers  l'out  amenée 
à  un  admirable  degré  de  bonne  ordonnance  ;  ils 


m  oot 


Sur  I  Amo.   tVuy.  p.  ilH.) 


oot  saigné  les  énormes  torrents  i*êgularisès  par  les 
bt».  Ihi  Pd  siipt-rieur  ils  ont  détourné  le  canal 
Catmir  (42  méln*s  cubes  par  seconde);  du  Tt^ssiii, 
le  ?G«i^lio  Grande  (5t  mètres  cubes);  de  l'Adda* 
hMuzxa(6l  méla-s  cubes)  ri  lal!artesana(26métn»s 
):  do  rAdijjc,  le  canal  de  Vérone;  et  de  ces 
ui,  le  n'*se;iu  des  artères  el  arlérioles,  des 
«riiNS  ri  Tcînales»  &3vnut  enlrelacis,  porte  élemel- 
la  sèie  âuv  alliivions  de  la  Cisalpine,  qui 
Irois  mille  ans  tw  se  repos<.»nt  jamais,  jians 
ee  gnnd  champ  *\cii  morts  (car  tes  peuples  se  sont 
jUt-s  dans  la  plaine  de  rÉridan)  le 
à  la  besogne  ne  s'est  jamais  lassé  de 
rd^Atir  m  ferme  défoncée,  de  redresser  son  c:inaK 
de  rcDûiT  MD  cJiamp  trépidé  par  des  mêlées  fu- 
rifum.  «le  ramener  ses  buttes  pl>'itit>sd*us  de  morts 
ft  r«ocicimr  égalité  du  sol. 


De  cette  alluviou  d'où  l*on  lire  trois  récoltes  par 
année,  il  y  a  lon^ïtemps  qu*on  a  détruit  presque 
lout(»s  les  forets,  mais  de  hauts  peupliers  marqi;»'nt 
les  {jrantls  villages,  qui  passei*aient  ailleurs  |viur 
des  villes  ;  de  superln^s  arbres,  les  racines  dans 
l'eau  el  In  t4>le  au  soleil,  l>oi'dent  b's  farauds  c^uau\ 
el  les  canaux  moindres  et  les  canalicules;  le  voisin 
5*y  sépare  du  voisin,  qui  n'est  pas  souvent  son  ami, 
piïr  un  0  niur  mitoyen  u  fait,  non  de  terre  ou  do 
pienv  ou  de  brique,  mais  de  vignes  lacées  à  l'orme 
ou  à  l'érable;  et  la  sève  est  partout,  partout  elle 
triomphe":  dans  les  rameauii,  dans  les  pampres, 
dans  les  olives  de  l'olivier.  (Lms  le  feuillage  tapais 
des  mûriers,  inestimable  aliment  de  vers  à  soie  qui 
filent  des  cocons  renommés. 

Maisunnéau  maudit  menace  toujours  ces  champs 
qui  ne  menlent  jamais  au  laboureur  panre  que  l'eau 


LA   TERRE   A   VOL   D'OISEAC. 


dos  cnnnux  n'a  |i;is  Ips  onprices  (h;  l'eau  du  nul,  el 
fjuell*^  viont  ;i  UmU'  hemw  avec  une  abonJaiav 
réghV  sur  la  soif  légitime  de  la  terre  ;  c'eslla  fièvre» 
plai(»  dos  pays  Irôs  arrosés,  spôcinlejnenl  dos  ri- 
ziiTOs.  El  avec  la  fièvre  ri-gneiil  la  pellagre  el 
toutes  les  maladies,  anémies,  faiblesses,  distorsions 
de  corps  nu  (respril  dont  la  coul|ie  esl  au  maïs, 
nourrilure  lourde  el  trorupouie. 


Italie  Péninsulaire.  —  Vastp  de  15^00000 
hectares,  l'Italie  péninsulaire  est  un  très  grand 
hérisseiuenl  de  niontafïnes  ;  il  n'y  a  chez  elle  qu'un 
peu  plus  de  700  UOO  hectares  de  plaines,  presfjUL* 
toutes  siuj[*li'S  élargissements  de  vallée.  Le  reste, 
c'est  le  culeaire  Apennin  a\ee  ses  Imis  rares,  pins, 
sapins,  hêtres,  chênes,  ormes,  bouleaux,  léiiioi- 
;L,Mïanl  île  l'antique  forêt.  Aux  massifs  de  l'AiM^nnii» 
bien  plus  qu'aux  géants  des  Alfies  l'Italie  doit  sou 
allitude  moyenne  île  ^17  mètres  (?),  dépassée  eu 
Europe  par  (pialre  j*ays  sculemenl  :  i>uisse,  Ibérîe. 
l'éninsule  slavo-^i-ec4|ue,  Autriche. 

IMus  on  va  vei*s  le  midi,  plus  la  péuiiisule  s':i- 
niineit.  plus  les  A|>*"nnins  se  dérhii'ent,  hnns  le 
iioril  de  l'ancien  ruvuniu'  de  Na[des»  les  Aliru/zi^s, 
qui  furent  le  longtemps  invincible  Saumium,  dres- 
sent lin  nord  est  dv  Itimie.  en  vue  ele  TAdria- 
liqne,  le  f>ie  l'ulniinard  de  la  lon^'ue  chaîne,  le  Cran 
Sassf)  nu  (iraud  Une  d'Italie  ('i*J02  nièti'es),  escarpe- 
ment calcaire,  avec  débris  de  forêts  el  quelques 
ours.  Dans  le  sud  de  ce  même  royaume,  dans  les 
(latabres,  plus  dishnitiét's  id  désordinmêes  en<'ore 
i|ueles  Aluiiïzes,  les  Apennins  s'aebèvent  en  fat:e  de 
la  Sicile,  sur  le  détroit  de  Messine,  par  le  gratii- 
lique  mnssif  de  rAs[ironionte  {VM)*}  mètres),  âpre 
et  dur  mont,  son  noui  le  dit»  mais  le  fïalnïier 
croit  ù  ses  pieds  sous  la  brise  des  calatir|ues. 

D'une  mer  à  l'autje,  la  presqu'île  italienne  n'a 
jamais  200  kilomètres  de  largeur.  Ses  deux  ver- 
sauta  ne  se  valent  pas.  Le  penchant  de  TAdriatiqm?» 
}dus  étroit,  a  des  e«Mes  jdiis  raides,  ù  longues  lignes 
ihvntes,  des  torrents  plus  courts,  et  ses  peu[iles 
n'ont  pas  marqué  dans  l'histoire.  Sur  le  penchant 
occidpiilal,  le  rivage  est  mieux  dentelé;  la  dis- 
tance plus  gi-arule  entre  mer  et  motit  laisse  i>lace 
h  des  neuves,  et  sur  deux  de  ces  fleuves  grandi- 
rent des  nntiiMis  tlontrum^  façonna  le  vieux  inornh!: 
là  roulent  Arno.  Tibre,  Garigliano,  Vollurne. 

Le  charmant  Arno,  le  lils  des  A[»eimins  (]ui  sé- 
parent Florence  de  Bologne,  court  d'abord  au 
sud,  comme  s'il  descendait  au  Tibre;  mais,  vei's 
Arezzo.  près    des  lieux  où  le  canal  de  la  Chiana 


lui  verse  des  eaux  jadis  épandues  en  un  mainii* 
fétide,  il  se  reploie  vei*s  le  nord-ouest,  puis  vers 
l'ouest,  el  va  par  Florence  chercher  la  plage  de 
risc,  où,  depuis  le  douzième  sièete,  il  a  gagné  5  ki- 
lonu'^tres  sur  la  mer. 

Le  Tibre,  en  italien  Tevere,  premier  fleuve  du 
monde  avec  le  Jourdain  el  avec  l'Ilissus  —  si  les 
plus  fanu'ux  étaient  les  plus  beaux  —  roule  en 
moyenne  201  mètres  cubes  par  seconde,  assem- 
Idés  pendant  un  cours  de  -418  kilomètres  en  un 
bassin  de  1773  000  hectares.  Harenieul  il  monte 
à  1700  mètres  cubes,  en  très  grande  crue,  et  son 
étiage  est  de  ICO  mètres,  dus  pour  un  qiiarl  aux 
rivières  extérieures  el  pour  trois  quarts  à  des 
sourcc's  de  fond  vidant  des  Lies  soulcn^ains  qui 
dorment  dans  l'obscurité  des  antres  calcaires,  sous 
des  causses  fissurt»s. 

Il  snrt,Mt  dans  les  Apennins  étrusques,  so  ploie  el 
se  reploie  dans  un  val  ouvert  au  sud  el  reçoit  des 
torrents  foLirnis  par  des  monhigiies  blanches  de 
neige  en  la  saison  connue  le  Snracte  d'Horace.  À 
4|uelques  lieues  au  nord  du  nioiilirnie  ctuiique  do 
Caprese,  patrie  de  Michel-Ange,  il  sort  d'une  forêt 
de  vieux  béti'es,  sur  un  des  con(refoi"ls  du  Fuuia- 
jc*lo,  non  Unn  de  rAtlrialique,  .si  bien  <ine  des  som- 
mets dominant  la  naissance  du  lleuvc  on  voit  quel- 
qiiefois  dans  les  beaux  temps  l'anlitpie  lUmini, 
voisine  4Ïe  celte  tuer.  Il  laisse  à  droile  Perugia 
(Péi'ouse),  passe  près  du  Soi'acLe  (001  mètres),  cal- 
caire en  une  région  volcanique,  puis,  en  aval  de 
lUnne,  il  enti'o  dans  la  Méditerranée  par  deux 
hriuicbes,  —  l'une, celle  d'Oslie,est  le  Ciand  Tibre, 
le  Tibre  naturel;  Fautre,  le  Fiumicino,  esl  le  Tibre 
artiiiciel,  le  canal  de  navigation  creusé  dans  les 
premiers  tcjnps  4le  l'ejupire  romain;  entre  les  deux 
l'Isola  sacjM.  File  Sacrée  fut  un  jardin  de  roses 
consaci'é  à  Vénus,  ut  le  temps  en  a  Fait  un  marais 
dont  des  (auj'eaux  sauvages  foulent  les  joncs,  les 
roseaux  el  les  pâles  asjfbodèles. 

Les  fluls  du  Tibre,  traiti*es  et  rapides,  sont  d*uu 
jaune  tiraut  sur  le  rouge.  Ce  nVst  pas  qu'il  ne 
recueille  des  sources  limpides,  telles  que  les  Vene, 
ces  fontaines  d'oîi  monte  le  beau  Clitumnc  chanté 
par  Virgile  et  par  Byron»  mais  il  se  souille  des 
teiTes  qu'il  arrache  à  la  fei'tile  Ombrie. 

Ses  plus  abondants  ariUienls  se  nomment  le 
Topino,  le  Nar  et  l'Anio.  Cesl  dans  le  Topino  que 
se  verse  le  Cliiurmn'.  Li'  Nar  ou  Ncns  re(;oit  le 
Velino,  cpii  lui  atrive  en  amont  de  Terni  par  la 
splendide  cascade  ih»s  !\î:irbres  don!  le  premier 
bouda  tOOnïèlres;  après  quoi,  darjs  une  fissure 
qtii  souvent  iT,!  qu'i"t  nn''lre  de  large,   bien  qu'il 


I 

i 
I 


TALIE 


91!) 


mnU*  i^n  mojvnno  120  niritvs  cuIh^s  pnr  soconilo.  il 
|ia»sp  à  l^pigiio  sous  un  [>oiit  naUircl.   L'Aiiîo  ou 
fTi«rrranc  oti  Pclil  Tibre  est  le  lorrent  des  cascalclles 
r  de  Tivoli. 

Au  siid-ost  dfîs  bouches  du  Tibre,  entre  Porto 
d'Aozio  el  Terracine,  1rs  Mnrais  Ponliiis.  (Imunno 
du  buflle,  du  snnglier.  du  cerf,  sont  voisins  du  l:i 
mer,  derrière  la  dune  ;  rhomine  fuit  ces  marerames 
nMiKiiiii^s  ;iu«isi  niorlelli'S  c|uo  les  toscanes,  mais 
deux  fois  inoindros  (75  000  hectares). 
Le  Garigliano  tombe  par  les  deux  hautes  cas- 
ide  Sors;  il  boit  le  Fibreno,  fontaine  adinî- 


ralïlc  ilniit  an  aittibii.iil  l'i^bond-inro  ;i  des  rniis- 
saircs  souterrains  du  Celano,  la  t'^icinus  des  La- 
lins.  Ct'l  ex-lac,  à  700  niêlres  d'allitutle»  durmait 
dans  un  bassin  calcaire  avec  di's  diflërinires  de 
niveau  de  16  mètres,  tanlûl  couvrant  nu  loin  la 
cani[)agne,  tantôt  tout  liuniblo  et  pelil,  sans  pro- 
fondeur, nauséabond;  Rome  n'avait  pas  su  le  des- 
sécher, on  l'a  vidé  par  un  tunnel. 

Les  aulres  grands  lacs  de  l'Ilalie  péninsulain' 
bordent  le  bassin  du  Tibre.  Le  lac  de  Trasimène  ou 
lac  de  Pérousc  (13490  hectares)»  sans  affluont 
visible,  repose,  à  257  mètres,  entre  des  monts  gris 


Chèrres  de  la  Cuopague  romaine.  —  Dessin  de  ll^nri  ItcgiuiuU,  d'après  naiar«. 


I 


rMTs;  il  v3  subir  le  sort  du  Celano.  Le  lac  de 
a  (tl  660  heclaivs),  profond  de  I  iO  mètres, 
tsla  rM)3  niètrt's  au-dessus  des  mers,  au  sud-ouest 
dTOrrirlo,  dans  une  coupe  volcimiquc  boiilèe  de 
ckèlaàfiiicrs.  au  milieu  de  laves  portant  des  bourgs 
Totî^Bcnx  il  bord  de  précipice  :  la  Maj-ta  porte 
te»  «aux  a  la  mer  Tyrrhêuienne.  Au  nord-ouest  de 
Rome,  le  lac  de  Draceiano  (5670  hectares),  a 
151  mètres  d'altitude,  se  déverse  par  l'Arrone, 
llDvr  râiier:  il  .n  250  mètres  de  creux.  Entre  les 
nitid»  IUdsi*na  et  de  Brarciano,  b*  lac  de  Vico,  vieux 
cralére,  émet  un  aflluenticule  du  Tibre.  Le  lac  d'Aï- 
ail  bud-t^ïtt  lit'  Home,  dans  les  monts  du 
n'îi  que  000  lieeUires.  à  505  rnètivs  d'alti- 
tude; b  sonde  y  descend  Â  i  i2  mètres;  il  coule 
h  U  mrr  {vir  un  courant  liypo«,'êe.  Tdut  près 
de  lui  te  petit  lac  de  Néiui  (200   lieclares),   pro- 


fond de  50  mètres,  emplit  (également  un  cratère. 

Toscane.  —  C'psI  sur  l'Arno  que  vivaient  les 
Klrnsques  auxquels  Rome  naissante  emprunta  beau- 
coup de  sa  relif^ion.  de  ses  lois  et  coutumes;  le 
[iL'upli*  étrusque  étendait  jusqu'au  Tibre  sii  confé- 
dération de  cités,  il  dépassa  m^nie  beaucoup  ce 
npuve  cl  fonda  douze  villes  dans  la  rianleCampnnie. 
Durant  les  preuïicrs  sièelea  rie  Home,  il  n'y  avait 
entre  lÉtrurie  et  la  future  ville-cjnpire  que  la  lar- 
geur du  fleuve  Tibre,  franclà  par  un  pont  de  bois 
dont  on  enlevait  les  planches  en  temps  de  puene. 

lUi  mêlan^a*  des  Eirusques,  peuple  d'origine  in- 
connue, des  Celles  el  des  lîoiiiains,  se  forma  la  race 
des  Toscans,  qu'on  dit  les  mieux  doués  des  Italiens. 
C'est  en  Toscane  que  la  langue  de  $i  fut  i\xé*>  par 
des  écrivains,  dont  Dante  est  le  k  duc  cl  maître  «, 


S20 


LA   TERRE    A    VOl    (l'OISEAU. 


Cl  nulle  coiilrviï  tlu  monde  n'a  ilunno  jilus  \\g 
g^nifts  d(»  premit^re  envergure,  tant  poêles  qu'ar- 
tistes, savnnis,  luinunps  d'nliîe,  liouirni^s  irarliim. 
hii  Toscane,  dans  sn  politosse,  iviuiit  trois  ré- 
gions :  sur  la  inor  Tyrrhênienne,  ciiu  d'un  hïcu 
pur,  les  Mannnmc's  eiupoisonncnl  le  puys  bas,  à  In 
boudie  de  fli^uves  dont  le  moins  faillie  est  lïliu- 
brone;  elles  conlinuenl,  entre  Livoumc  cl  Ronm, 


les  plagi's  où  l'Arno  finit  parmi  les  dunes  et  le* 
[uns,  rive  où  passent,  à  longue  cl  boiteuse  en- 
jandjr^'.  <l(*s  rhanirnux  actlimaU's  depuis  des  sit'- 
eles'.  TiM-re  d'argile  où  les  eaux  s'e\li';ivasenl. 
ces  bas-fonds  de  150  000  hectares,  jonqucui  pâlis 
t|ue  Iiroulriil  mouUni  el  lireurtni-sauvage,  exlialcnl 
iin^pssaninitiit  la  tnalaria;  la  (iùvre  )  r(*gne,  et  la 
maigreur,  la  lividité,  la  mort,  lelternent  quon  dil 


Hume:  La   loggia  de*»  Funiost».  —  DcfJin  ilr  IJi^nn   KrjjnanU,  ilaprèit  nature. 


d'une  rnntrèe  puante  et  pourrissante  qu'elle  est 
niaremnïalique.  Tout  n'y  est  pas  marais  cepen- 
dant, et  des  nj.'U]uis  y  allcrnent  avec  les  pins,  les 
chi5nes-]iêges,  les  cïiùnes. 

Dans  le  v«l  trAruo  et  sur  les  nvanl-monts,  qui 
forment  la  seeonde  région,  le  soleil  toscan  nn'U'il 
les  grappes  i\v  la  vigne  etdacêe  au  peuplier,  pai-nii 
les  ruines  des  vieux  châteaux,  au  pied  de  lt)ui> 
qui  s'effondrent,  entre  villas,  Termes,  arl)jrs  de 
plaisance,  pins  verts,  cyprès  noirs,  li-enibïes  aux 


rellels  argentés  ;  h  cMè  du  mûrier.  <lu  mais,  du 
cep  généreux  qui  grandit  en  quehpies  années^  li' 
tenïe  olivier  crinl  lentement,  mais  pour  des  si*V 
clcs;de  beaux  arrosages  férondeid  ime  lent»  In'S 
divisée,  régulière  en  ses  c<>rnpar(inienls. 

lïans  le  mont»  Iroisièrne  ré|,'i)ui,  les  forets  de 
chênes  avec  la  glandéi»  du  porc,  les  ehéues-liéges, 
les  chiUaigniers,  les  hêtres,  s'étagent  ou  se  confon- 
dent sur  les  versants  moyens,  tandis  que  le  mélère, 

I.  Dc'ïmis  It's  Croisades,  dil-oii. 


1& 


lUiiiif  .  Ituiiii»  du»  Tbvnuts  Uv  CaiicAlla.  —  UeMit  ilo  J.  (Vloli  d  :i|in<H  uiii>  |iUta<*gi>t|il«tv. 


22^ 


LA   TERRE    V    VOL  D'OISEAU. 


lo  pin,  [i*  sapin»  poss<^clt'nl  los  sommols  qiiP  la 
neige  vrsile  eti  hivej-,  où  m&me  cllo  demeuro  long- 
temps, car  IcIliM'iini'  rdsr.'int*  dépasse  5000  iiiMrcs, 
panai  les  iikuIjivs  slntuaires  los  plus  ci-lèbres  da 
monde,  ceux  de  Girrare,  de.  Massîi,  de  la  Scravezza 
H  di*  rAltissimo.  Kntro  riMiditnichiiro  tk»  l'Arno  ei 
le  porl  niililaire  de  la  Spezzia,  les  monts  iHrusfjues 
envoionl  leurs  eaux  à  la  Magra  ou  au  fleuve  du  la 
toute  chamianle  Luefpies,  au  Sercliio,  qui  coule 
des  frimas  do  ta  GaiTa^naïui. 

Eu  l'ace  de  la  Toscane,  sur  le  chemin  de  la  Corseï 
l'ilc  d'Elbe,  capitale  Porto  Ferrnjo,  dispose  à  peine 


de  22  000  hectares  entre  rives  hautes  et  pn^cipitêos. 
Le  Capanne  (lÛôD  inèti*es)  domine  toutes  les  cimes 
de  granit  et  les  dômes  de  serpentine  de  celle  II*- 
«  inépuisable  en  métaux  w,  comme  dit  Virgile  : 
mille  et  mille  ans  encore  ne  ruineront  pas  ses 
mines  de  fer,  déjà  fouillées  par  les  Étrusques. 

Rome.  —  SUr  le  Tibre  a  grandi  Rome  impt^- 
riale,  impérieuse,  qui  régna  pendant  des  siècles 
de  l'Lcossc  à  la  Perse  et  du  Danube  au  Sahara, 
sur  120  millions  d'hommes.  Des  victoires  mê- 
lées de  délailes  dont  nulle  ne  lassa  la  constance 


Oœufs  de  la  Cainpat^nu  i-oiuiiiiu.  —Dessin  de  Uciiri    negnaull,  d'aprtfi  nature. 


rouiaiiie 
buis  et  I 


lui  donni^rent  le  monde  connu,  înoiiis  les 
s  marais  hypeiboréeiis,  l'ardente  Llhiopi*?. 
mère  du  Nil  siinv,  l'Inde  nterveilleusc  el  la  Chine 
à  peine  soupçnnnéi*  th^rrière  de  proflîgieusrs  rrïon- 
(agnes.  Iles  rouli\s  d«^  pierre  allant  droit  jicir  monts 
et  par  viiux,  avec  ponts  indestructibles,  sillonnaient 
cet  empire,  el  tuule  révolte  était  brisée  [tar  «les 
légions  tét  accourues  ;  une  adtnitiîslralion  puissante 
serrait  dans  son  étnu  les  nations  allophones^  un 
réseau  de  cnlonies  les  latinisait,  le  lise  les  suçait, 
le  cirque  les  eorrom[>ait,  v{  le  théâtre,  les  bains, 
les  [)laisii's,  tout  le  luxe  de  la  ville  insensée  el  des 
autres  criés  romaines,  folles  et  vaines  comme  leur 
mère.  Eu  énervant  les  peuples.  Borne  s'énervaitelle- 
méine  :  les  vices  de  l'Asie  lui  tirèrent  [*lus  de  sang 
viril  que  le  Carthaginois  borgne  qui  ravagea  seize 
an»  ritalie,  plus  que   le  Cautabre   «  tardivemeiil 


enchaîné  iî,  plus  que  le  Gaulois  qui  avait  égorgi* 
les  sénateurs  romains  dans  Uome  même. 

Mais  du  moins,  ficudant  ses  jours  de  force  eldc 
gloire,  Rome  donna  beauroup  de  son  sani;,  tout  son 
-droit,  toute  sa  ian;^ue  aux  nalions  npjielées  d'après 
elle  romanes,  latines  ou  néo-latines,  nations  qui, 
sous  b's  noms  d'Italions,  Français^  Espagnols,  Por- 
tugais, Roumains,  possèdeid  aujourd'hui  les  plus 
beaux  pays  de  l'Europe,  beaucoup  de  TAfrique, 
une  part  de  rAniéritpie  septentrionale,  rAmèrique 
Centrale  et  l'Amérique  du  Sud. 

Napolie.  —  Les  Napolitains  habitent  sur  Je  Gari- 
gliario:  sur  le  Volturne,  au  nurd  duquel  la  lïoca 
Moulina  {lOOli  mèti-es)  est  le  volcan  le  plus  septen- 
trional de  l'Italie  du  Midi,  d'ailleurs  volcan  mort; 
au  pied  du  Vésuve  et  jusqu'au  détroit  de  Messinw; 


( 


ITALIE. 


S25 


I  MUl. 

m   (rast 


du  Grnn  Siisso;  sur  la  Pescara  (»l  lOfido 
la  perle  en  iniT  regarde  au  loin  h*  rivage 
\  et  dalmnte;  sur  le  golfe  qui  berc^i  la  cor- 
de Tareule,  r.rotone  et  Sylwris.  Ils   jm'u- 
plffil    If   l^iliour;  la  Canipanie,    plaiue    faite  des 
cendres  i|ue  rejeta  la  Roca  Monfina,  terre  étrusque. 
ensuite  grecque  plutôt  que  romaine,  jadis  le  [tays 
des  déliées  de  Capoue  puis   de  Baîa,  conuiie  au- 
jourd'huides  plaisirs  de 
^Jiaples:  la  Calaltro  lia- 
les  rudes  Abruz- 
ws;  el  la  Fouille,  sur 
l'Âdrialique.   Celle-ci. 
l'iDcienne  Apulie,  con- 
traste étrangement  avi»r 
,  Abnuzes    et    Ca  labres 
la    monotonie  de 
t4ivoglien\  plaines 
sMies,  s>ans  ruisseaux. 

^8ans  roDtaines.  n'ayant 
pliure  quf  des  citernes. 
Bte  fui  le  {»;u'age  d'au- 
(orane  el  d'hiver  des 
I  (lasteurs  samnites,  et 
c'e>t  eucoi*e  une  contrée 
[».istor:ile.  Au  moyen 
âge.  elle  prit  quelque 
_  fwrl  k  l'histoire  de? 
humiues.  Quand  les 
l>iHS<^  eurent  conquis 
le  Sainl-Sêpulere  :  ces 
Kd'annes  eurent 
d'honmtes  de 
méJiors.  ils  manquaient 
surtout  de  fenuni's  ;  ser- 
%iteur>,  ouvriers,  épou- 
^ï«s  leur  vinrent  de  la 
iile«  ri  hientAl,  au- 
»U8  de  l'aristocra- 
[tie  ili^  chevaliers,  les 
Tonnèrent  un 
[d**  « ci\ils i>, de 
'^cttlofis  »u,  si  Ton  veut,  de  créoles.  Hais  tout  cela 
qu*un  letrqis. 

pays  était  il  y  a  \>e\i  d*Hnni»cs  le  royaume  de 

!ll|i|e»;  ce  fut  la  Grande -Grèce,  brillante,  opulente, 

«aruitr,  artiste,  belle,  poétique,  mais  pourrie  avant 

l'Age  et  marquée  pour  périr:  toute  cité  y  haïssait 

;  lt%  autre»  cités,  tout  citoyen  )  icniait  les  citoyens 

frères  :  ainsi  faisaieiii  les  llcllèni's  en  toute 


Hrrp^er  «le  h  Cjinipafrn^  r,>ni»iiip.  ~  Dessin  de  Dcnri  Bc^ault, 
d'aprt^  rulure. 


Italie  insulaire.  — l/ïtalie  însnlairo  comprend 
(li*ux  ^l'andes  îles  uiédKernrnét'nnr.s,  la  Sieili»  el  la 
Sanlai^ne  :  uit  pou  moins  de  5milhons  d'hectares, 

avec  quatre  millions  (rhoranies. 

Sicile.  —  Les  monts  de  la  Sicile  (à  pari  TEtua) 

continuent  mnnifeslenuMit  l'Aspromonle  calabrais, 
mais  un  détroit  spleudide,    le   Faru   ou  Plinre  de 

Messine,  sépare,  el  peut- 
être  ou  sans  doute  n'a 
pas  toujours  séparé  les 
deux  pays  :  i!  a  .'127 
mètjvs  de  moindre  lar- 
geur, 75  de  profondeui' 
moyenne;  55*2  au  plus 
creux,  à  peu  prés  le 
gouffre  du  Léman. 

Il  n'y  a  que  100  ki- 
lomètres etiljv  les  pro- 
uionloires  deMarsab'^et 
le  cap  lion ,  [iroUihé- 
rancc  tnnisieruu\  quel- 
qut!S  heures  pour  une 
barque;  des  Piliei*s  des 
Géants,  nobli^s  mines 
(lu  ti'mpli' deSélinonte* 
non  loin  de  Caslelve- 
trauo,  on  aperçoit 
même,  ù.  Thorizon  du 
Sud,  aux  heures  les 
plus  sereines,  le  vague 
lii'ssin  des  monts  ilr  la 
Tunisie. 

Cette  He  eut  toutes 
les  fortïMies,  de  la 
splendeur  inuuie  à  la 
dernière  indigeuce»  du 
luxe  edréué  des  arts  ù 
la  barbarie  grossière  ; 
elle  eut.  |)our  habitants 
ou  pour  seigneurs,  des 
Sicani.'s  qui  peut-être 
étaient  de  la  famille  des  Ibères;  des  Sicules  envoyés 
par  rilalip  ;  des  Carthaginois  venus  des  monts  afri- 
cains (pi'oti  Vfiil  de  Sélinoiite;  des  Grecs  qui  bâti- 
rent des  villes  voluptueuses;  des  Itomains  qui  In 
pillèrent  et  vécurent  de  ses  blés;  des  Vandales, 
des  thilro^oths  et  des  byzantins  qui  ne  firent  i|u'y 
passer;  des  Loml»ards; des  lîerhères  mêlés  d'And»es 
et  de  .Nègres  qui  y  restèrent  longtemps  et  dont  la 
langue  devint  Tidiume  civilisé  du  pays;  des  Nor- 
mands qui  y  fondèrent  une  dynastie  puissante;  des 


^^^ 


^■r-- 


m 


LA   TERRK    A    VOL    ll'OKSEAU, 


Tudusf|ijcs  p*Hi  f;u!s  |Kiiir  et*  soleil  ;  tics  Fjnin.-îiis 
iimssacivs  eu  uiiu  souk-  nuit;  oiilin  drs  Aragunats 
cl  des  Ëspagnals. 

Le  pic  culiniiKint  do  h  Sicile  rnlcnirtv  lu  Vïim 
di  Cftsc,  n'a  ïjiK'  IDâl  nn''livs;  iiinis  dnns  l'esl, 
!*^pluH  beau  volcan  du  TEuitïpe.  l'Etini  (5515  luè- 
Ires),  qui  irianjut*  le  ccnlie  do  I;i  Médtlcrraiiêe, 
sV'Iaiicu   d'[in   sorle   de    120  0(.)0     iiwluius    avec 


ISO  kilùttièlres  do  Imir  h  l.i  bas*»,  au-dessus  do  la 
pliiiiH*  lïi'  <;alane,  ijiit  esl  un  sol  fécond  de  cendres 
viïlcîiniijiies  et  de  laves  délitées. 

Cul  (I  rnuliilic  du  iiiondo  j>  ploii^ie  sur  la  uier;  il 
rïL'  perd  donc  rien  do  si  ^Tandeur,  et  qui  lo  voit 
des  flots  donnerait  aux  deux  poiules  de  sa  pjra- 
iniile  la  linuJoui"  des  géants  d'AIpe  ou  de  Caucase; 
môme  il  a  [>assé  pour  le  pivuiior  pic  du  globe.  A 


I 


I 


I 


L'Etna,  vu  de  Taoruiinc^.  — Di-ssin  ilc   11.  Ufi;yct,  iraiirîâ  uni!  pLolo^raplilo 


ses  pieds  et  sur  sos  jm'mioi's  vorsanls,  JusquVi 
800  niiMiTH.  plus  do  500  OOO  hornnios,  soi!  près  de 
<îÛO  par  kilomèlro  carré,  soit  encore  6  par  lieclaro, 
s'ac!i;Min'ti(  n  [datJlor  la  vigrrtM't  les  aHn'os  à  fruds. 
lujil^iio  Li  dure  tuénioire  des  colères  de  Tbllnu,  ol 
quelquefois  ïo  présage  sinistre  de  sa  toux;  on  con- 
tiait  à  rcMi'  inqj.dionle  iiïoritagne  <*i'nl  érn|îlioiis  au 
naoiiis,  don(  f|ni'lques-uues  oui  duré  des  mois,  dos 
ans.  Plus  haut  que  vergers  el  vignes,  les  chênes, 
eliAlaignierïî.  pins,  bélres,  bouleaux  foui  :»u  géanl 


une  verïe  ceinUire  que  les  bûcherons  déchirent: 
[tins  liaul  encoie,  la  neige  yéjoui'iu'  tout  rhi\er. 

L'ard(nu*  du  srd  qui  cncbe  des  foiu'iiaises,  la  noi 
cour  dos  scorie??  el  des  rt^tïdres  qui  appelle  et 
concentre  les  rayons  du  soleil,  foui  <les  versants 
méridionaux  de  TElna  ta  contrée  la  plus  brûlante 
en  l']uriq>e,  le  (  Unw  >i  do  reffi'  chaude  Sicile  on 
croissent  le  palmier,  le  figuitn- do  lîru'bario,  la  canne 
h  sucre,  le  cotonnier,  It*  hambou. 

(Ihaque  jour  ce  fier  u  [ûlior  du  ciel  »>  perd  quel- 


1 


ITALIB. 


M5 


que  chose,  non  di*  sa  mtiji'sU*  sotituiiv,  muis  de 
s«  grAce;  le  bùclioron.  le  eluirbonnirr  le  dévastent, 
fMrfois  ;iiissi  les  la\es  (jui  rasent  jusqu'à  coni  mille 
arbn's  par  rniplion,  sinon  |iliis.  Mais  fùl-il  encore 
loul  noir  de  buis  (s'il  l'a  jamais  êUM,  qnil  nV'paii- 
cherail  piis  de  beaux  niissellenienis  |K'renneâ  : 
Teau  des  pluies  y  filtiv  sous  ta  lave  el  la  cen- 
dre^ «t  ne  \i\  ivâourdre  en   fonUines  qu  uu  bord 


même  «le  la  mer:  tel  monte  au  jour,  ii  Catane,  le 
Ik'uve  Amennno. 

Au  large  de  la  côte  septeutrionnle  de  Sicile. 
les  ilL»s  Lipai'i  ou  Hes  Kolienin's  (^20000  [i.dt.,  >ur 
IlSOO  iieeUires)  s'élùvenl  sur  lu  roule  c|ui  va  des 
soupiiaux  oliiéens  i^  la  bouolie  de  feu  \êsuvieuiie; 
on  y  ili^titïirne  Lipan.  ^o!caïl  êleinl,  lerre  riante; 
Vuicatto»  amas  de  se(n'ies,  île  rouge  el  ntiiv,  slé- 


Florencc  :   U   fontaine   de  Neptune 


vilUee  jadis  i^  Vuloain  :  m>ii  Milr.in  p.dpite  en- 

,  iion  moins  que  la  eèlèbre  StrotniKili  (IM- m^- 

Irva).  Alicudi.  Féîicudi,  Salina,  donneut  et  pour- 

IsVveillei*, 

_^A  I0()  kilomêtn*s  au  sud-sud-est  de  la  Sicile,  à 
W  «rulenient  de  In  Tunisie,  laride  el  volcanique 
ItelciUrin  10004)  li:di.  sur  lOTiOG  becUires)  était 
tmiane  un  iKi^^le  a^amé  d'un  les  Italiens  fnJtHtaient 
Tunî»  i|uand  ils  pens^iiiiit  hr-riler  deCarlhape. 
U  Sicilt*  poiie  .'î:itk)r)00  habitants  sur  257IOtX) 

u.  lUurt  Lk  Tuai  i  %ul  n'ii:*  u. 


hectares,  soit  l'iT  par  kilomètre  cariv,  et  |»aur- 
timt  *pie  de  place  encore  pour  la  mer  des  épis 
sur  les  nlaleaux  de  rinlérieur,  pour  la  vigne, 
l'olivier,  el,  dans  les  ravins  atrosables,  pour  In- 
dorant jardin  des  oran^'ers  qui  vivent  d'eau  tout 
autant  (|ue  de  Mileii.  On  dit  que  l'Ile  comptiiit 
12  milliousdVinu'sau  temps  d'ÊgesU»,  de  SèlinontU| 
de  SvrîU'use,  qui  n'a  pas  20000  honimes  el  en  Cul 
un  million,  d'Agripenlelaujonni'bui  Cirgenti,  19000 
liab).  dont  les  citoyens  a  bâtissaient  cunune  s'ils 


JL 


326 


LA   TEliRE    A    VOL    DOISEAU. 


ne  devaient  pas  mourir  el  soupaient  comme  s'ils 
n'avaient  que  deux  jours  «  vivre  ».  Dans  ce  pays 
sans  fiTrues,  sîins  liaintMiix,  une  partie  rie  la  nation 
deïiKMire  d;ins  K\s  vilios  dr  h  rôle;  l'aulir  ,  à  l'in- 
térieur, lialjile  en  dï'nonnes  buui'i^ades,  dont  plus 
d'une,  sur  sn  plaine  sV-rlir-i*,  un  ni  Ilot  de  fonlalfu' 
[lour  (ii'sallArvr  ses  jardins,  ni  ibn't  pour  tenipi^rer 
son  eU's  ni  coteaux  i)ombés  eu  écran  pour  casser 
les  veiiU  du  steppe. 

Malte.  —  Jl  ronvï^Miï  do  parl+n*  ici  d'une  île 
singulière  :  elle  a[)[fiH-tii'ni  ;'*  l'Angleterre,  mais 
elle  dépend  g(^ogra[>hi(jiiement  de  l'Halle,  tandis 
que  par  Torigine  el  le  lanjjage  de  ses  gens  elle 
se  njltaehe  surtout  à  l'Afrique  du  NKd.  A  90  kilo- 
mètres au  sud  de  la  Sicile,  à  250  de  l'Afrique, 
Midli',  roi'her  calcaire,  fut  au  nioycji  âge  le  siège 
d'un  urdie  de  moines  gueijieis  qui  couraient  sus 
aux  Musulmans  |)our  faire  œuvre  pie.  Lt  à  vrai 
dire,  il  fallait  alors  ou  les  allaquei-nu  sVn  déftiiidre. 
lis  délivrèrent  des  Miiltiers  de  irlirètietiy,  ils  cliar 
gèrent  de  eltaîncs  des  milliers  de  mahornêlans,  el 
ceux-ci,  parqués  dans  Tiie  emnnn*  esehives,  y  a  fie  r- 
nnreiit  pi^u  h  peu  le  diîilede  anil»e  qu'avaient 
appiH'lè,  qui'hjues  siècles  ;iU]);uvmMi(,  des  conqué- 
rants venus  de  l'Afrique  sepferdiionale. 

Malte,  sous  un  climat  ini  le  lliei'mrnnèlre  ne  des- 
ri'nd  pas  à  la  glai-e,  a  des  élés  sers,  des  hivers  à 
vents  impétueux,  el  très  pi*u  de  pluie.  L'eau,  sans 
doute,  y  tombait  du  ciel  en  plus  grande  abondance, 
il  y  avait  plus  de  sources,  el  des  sources  plus 
belles,  quand  Tile  dri*s5ail  encore  des  bnvis»  mais 
aujourd'hui  cepelil  pays  n'est  qu'un  brûlant  rocher 
divisé  ]>;ir  des  nurrs  de  [iierre  eu  rom[iiu  linuMils 
arides;  Il  n'a  plus  de  boiuiuets  d'arbi'es,  pfis  de 
rivières,  peu  de  fontaines,  el  ]*on  y  recourt  aux  ci- 
ternes; la  (erre  inenie  lui  manque:  le  Mallais  s'en 
compose  (inelques  pelletées  en  pihmt  la  ruclie,  ou 
bien  va,  ce  dit-(Hi,  l;i  ehereber  eu  Sicile  et  plante 
du  colon  sur  ce  sol  venu  de  l'île  triangulaire. 

Très  pressés  sur  le  sol,  car  M;ilte  a  HîiOOi*  h;i- 
bitanls  sur  5*2260  hectares,  les  Mallais  èmigreid 
vers  l'Egypte,  et  plus  enrore  vers  l'Afrique  fran- 
çaise, en  Tutitsieêt  dans  la  [irovin<'ede(lonstantine, 
lis  y  sont  fort  ulib*s,  nun  pninl  connue  paysans, 
puisqu'ils  ne  se  iixetit  que  ilans  les  villes,  mais 
connue  intermédiaires  entre  b's  Français  dont  ils 
ont  la  religion,  el  les  indigènes  dont  ils  jm rient  à 
peu  près  la  langue,  avec  quelque  mélange  d'italien. 

La  Valette  (GOOOU  habitants),  wjpilale  de  celte 
île,  est  une  fdrieresse  redoiUabfr.  comme  toutes 
celles  d'où  les  Anglais  cuniniandent  à  la  mer. 


Sardaigne.  —  lu  peu  plus  éloignée  de  l'Italie 
que  de  l'Afrique,  laquelle  n'est  même  pas  à  200  ki- 
lomètres, la  Sardaigne  était  appelée  par  les  Grecs 
Icbnusa.  de  ce  cpi*L'lle  a  forme  de  sandale.  Elle  ne 
feiMil  qu'un  avec  la  tlorse  sans  les  quelques  kilo- 
mètres d*eau  marine  du  détroit  de  Donifacio. 

Sur  les  rivages  de  la  Sardaigne,  les  plaines 
sont  par  rnilroits  si  marécageuses  que  les  Romains 
avaient  t'ait  de  l'ile  une  Cayenne  pour  leurs  dépor- 
tés, sachant  bien  que  la  fosse  y  était  creusée 
d'avance,  u  Tu  tmuveras  la  Sardaigne  à  Tivoli 
même  m,  écrivait  le  poêle,  c*esl-ù-dire  :  n  Quoi 
que  lu  fasses,  lu  mourras!  «  Lps  fièvres  du  litto- 
ral, surtout  celles  du  pays  d'Orislano,  sur  la  côte 
occidenlule,  ont  une  terrible  puissince  d'empoison- 
nement; connue  elles  sévissent  dans  des  lieux  où  il 
semble  que  le  miasme  des  marais  ne  pénètre  pas, 
d'aucuns  ont  pensé  que  les  plombs  el  les  cuivres 
de  celle  île  très  puissanmient  veinée  de  métaux 
dispersent  penl-étre  dans  l'air,  eux  aussi,  des 
exhalaisons  mépbitiqîies. 

A  grands  Ir.'iils,  la  Saiilaigne  est  un  pays  de 
monts  entre  lesquels  domine,  dans  les  granits  el 
scliistes.  sous  le  4lJ'  degré  de  latitude,  le  Cennar- 
gentu  cm  I*unla  l'iurisa  (l8G-i  mètres);  tandis  qu'au 
nord,  parmi  li*s  cimes  cijaoliques  de  la  Galnra,  le 
Limbnpa  tiépasse  à  peine  1500.  Ces  monts  portent 
des  oliviei^,  des  maquis,  arbustes  el  hi'oussailles, 
des  forets  qui  furent  plus  grandes;  ils  pressent  des 
uiélaux  mal  ou  point  exploités;  leurs  caujt  vont  ù 
des  neuves  fiévreux,  nolammenlau  Tirso,  plus  long 
que  les  autres.  La  cùXc  ne  manque  point  d'ccban- 
crurcs,  mais  les  navires  y  sont  rares,  surtout  les 
navires  des  Sardes,  car  ce  peuple  embrassé  par  h 
mer  n'a  jamais  en  beaucoup  de  marins.  Ces  insu- 
laires vivent  dans  des  villes  ou  bourgades  et  très 
[ïcu  djMS  des  hameaux  on  des  fermes  :  c'est  qu'en 
cette  île  chrétienne  plus  d'une  fois  visilèe  par  les 
corsaires  mahométans  (mémo  jusqu'en  1815),  les 
familles  se  grnupèi'cnt  au  pied  des  forteresses. 

Telle  esl  eeUe  Sardaigne  a  arriérée  »,  l'un  des 
pays  d'Euro|>e  jusqu'à  ce  jour  le  plus  épargnés 
par  le  nivellement  (]ui  fait  de  la  race  des  hommes 
un  tronperiu  mmilonnier. 

Sm''2107  701)  fiectares,  la  Sarilaigne  nenlreti«^nt 
que  TrjOOOO  personnes,  ou  ôO  au  kilomètre  canv, 
soit  le  quart  seulement  de  la  densité  sicilienne  — 
cl  be;iueou[t  moins  que  la  moitié  de  celle  de  la 
France.  Les  Sardes,  fond  ibère,  avec  croisements 
de  lliénicîens,  de  Caifbaginois,  de  Romains  el 
d'exilés  de  loiUe  natiorj,  d'Arabes  et  de  Derbères. 
enfin  de  Cutalatis,  s'éloignent  plus  que  les  autres 


I 

I 


t 


I 
I 


ITALIE. 


227 


pf'uptiides  iLiliennes  des  origines  coltiquts  étrus- 
que. Ia(iD<>,  grecque,  elc.  dont  la  rencontre  n  fail 
lê&  dÎTorses  »  tribus  »  de  la  Pêninsult*:  mnis  leur 
difllcirte  se  rapproche  plus  que  tout  autre  de  la 
langue  des  \ieux  iiiaitres  du  monde  ;  on  a  ni^me 
pu  composer  tant  bien  que  niai  de  tout  petits 
(MH*nics.  naturellenienl  puitil  |.oéti4ur:>.  toitures. 
coDlouroés,  qui  sont  k  la  fois  latins  et  sardes.  Ce 
peuple,  jusqu'à  ce  jour  trrs  i^pris  de  vendella,  est 


de  petite  taille»  ainsi  que  ses  chevaux  et  ses  ânes. 
On  a  dit  i^  ce  propos  que  la  Sardaigne  ne  saurait 
créer  rien  dt*  gmnd. 

L'un  »ni<iroru|ue  de  ses  anciens  peuples  couvrit 
l'Ile  de  uura^lii.  inonunuMils  frubtes  qu*on  prenait 
pour  d<'s  loinbeaus  el  cpii  j.eut-tMre  étaient  des 
lijiltilaliotjs;  —  il  en  roslf  eiieore  quatre  mille. 


Italiens,  langue  italienne.  —  Ces  îles,  cette 


iUiuic  ;  une  TraiulôTÙrinc. 


ce  tronc  continental,  tout  cela  c'est 
h  terre  de  Saturne,  la  grande  mère  des  fruits. 
Nulle  n'est  aussi  glorieuse  :  ni  les  furets  des 
Ui^W^,  pays  d'opuli'iier,  ni  le  beau  Gange,  ni 
ril«*rmus  rayé  d'or,  ni  liactres,  ni  les  Indes,  ni  la 
iVinrhaie*.  sables  d'où  sort  l'encens.  «  Virgile 
dïfAïi  vrai.  L'Italie  doit  beauté,  ricliesso  â  la  iia- 
lur*?  cluiude  et  tendre  de  ses  roelies,  h  rillumiiia- 
I  du  soleil.  Â  la  profusioo  des  pluies,  qui  peu- 
verser  Juscju'à  ti  mètres  par  an  sur  les  hauts 
Apennins,  et  7*  nièln*s  ^nv  certaines  Alpins.  Mais 
t    Ls  pBoctiaie  éUit  l'Arabie  lleurcu»e. 


déjà  maint  distriel  y  déborde  d'habitants,  ici  mal- 
gré les  pnuliges  de  l'irrigrilioUj  1:^  malgré  la  (>a- 
tience  du  pa\sjm  qui  [tiiielie  le  caillou,  qui  planle 
la  vigne  el  IVilivier  «l.ais  la  pierre.  Du  Piémont,  de 
la  [Jgnrie,  fie  la  Lnmbanlie,  de  l'Kriiilie.  de  la 
Napulie,  de  la  Sicile,  de  partout,  les  Italiens 
s'épanchent  â  milliers  par  semaine,  à  raison  de 
100000,  JÔOtlïlO,  '2t>tM)00  par  an. 

Exode  heureux  |  our  les  nations  où  vont  se 
[>erdre  ces  Itidiens,  car  ce  peuple,  quoi  qu'on  dise, 
par  une  injustiee  dont  tous  les  Méridionaux  ont 
leur  part ,   cbl  laborieux    cumme  pas    un ,  el    eu 


MéIh 


2t>S 


LA   TKFUtK    A    V*il,    DOÎSEAT. 


iru'-iMi^  fiHtips  pors^vérant.  fiobre,  économe,  proli- 
(iqiu%  .nloplanl  aisônicnt  lo?  mœurs»  U*  langn^t'  et 
liMiU'  la  n;ili'ie  clos  fjoinnics  an  rnîlit'ii  dcsijufls  Ta 
l'iirKliiil  (o  v\mx  ou  le  linsaril.  Il  t>niigro  surtotit 
t'iï  Ki'îHicM  t'I  i\  ht  IMal.'i,  ni.^is  on  li*  Irouvo  j),'*r  tout 
le  inaiidt',  siirtoul  dw/.  les  Nêa-Lalins,  s^s  IVêres  : 
en  AlgtTio  et  Tunisie,  en  Egypte,  à  Constanlinople, 
au  Hrésil,  :in  l'êrnu.  au  Mexitjue,  fie;  el  d*>puis 
quelques  années  chez  ïes  Yankees  el  aussi  chez  les 
Canadiens. 

f'cde  grande  iialifui  fut  deux  foi-s  à  la  liMi»  des 
peuples  —  sous  les  lloiriains  qui  l'unirent  contre  le 
reste  des  hommes,  et  au  moyen  à^e  par  l'indus- 
Irie,  le  ronimeree,  l'éclit  des  arts,  les  helles- 
leltres,  les  essidnis  de  r(doiis  sur  tous  les  riva^^es 
de  rOrienl,  quand  prêfisêment  ses  ardentes  répu- 
bliques se  dèehiriitent,  comme  «uïrefiiis  relies  de 
la  (livee. 

Point  artiste  loi*S(pjVlle  p(ïssédail  Iliêgénionte, 
elle  le devint  eustiile  à  lel  point  que  peintres,  scul[)- 
teurs,  areliïtecles  y  dédient  rjiiiiuleniint  en  pieux 
[lélerinajre,  venus  tle  tous  les  euins  et  recnitis  de 
I  l  tiivers  pour  y  révérer  des  ehel's-d'amvre.  Sa 
langue  aussi,  ritalien ,  contribue  â  su  gloire, 
parler  snniuv,  plein  d'b;u'rnoiiie,  de  llexîbtlité,  d'a- 
boridani'e,  et  comme  l'ait  pour  la  musique.  Aucun 
tics  idiomes  m*o-Ialins  n'a  plus  de  ressernblnnce 
intime  avec  le  frinieais,  toutes  terminaisons  à  part, 
il  est  |n-olj;ddenicnl  sans  avenir,  faute  de  griindes 
colonies.  * 

L'italien  se  divise  en  nondneux  di;decte*s  :  !e 
piénnjntîiis  est  une  espèce  de  pi'overi(;;d;  le  mila- 
nais, le  vénitien,  le  romagnol,  le  romain,  le  na- 
politain, le  sicilien,  le  sarde,  diflërei»!  assez  enli-e 
eux  pour  que  de  l'un  h  Taulre  on  lu^  so  eumpi-eime 
pas  sans  quelque  peine.  Le  dialecte  le  plus  parfail, 
devenu  langue  lilléraii'e,  est  celui  de  Florence; 
il  a  lïiérilé  sa  liaule  fortune  pour  avoij"  servi  à  ilo 
grands  écrivains. 

L'Italie  enlière  use  de  dialectes  italiens,  sauf  des 
gorges  al[)eslres  où  le  franç-ais  est  parlé  par 
135  000  personnes  :  dans  les  vallées,  qui  du 
Monl-nianc  et  des  pics  de  l'Iseran,  vont  jusque 
vers  CfuUillim,  sur  la  Doire  IJaltêe,  rivière  d'Aoste, 
des  neiges  du  Nfiod-Hose  aux  frimas  du  (îrand- 
Paradis;  celles  de  Dardonèeln\  d'iJiik,  de  j^ragelas, 
qui  dél»oijelienl,  au  pied  du  Mont-Cenis  et  a  la  sortie 
du  tunnel  de  Modaue,  sur  fa  Ootre  Hipaire.  rivière 
de  Suse;  eelles  enfin  qui  partent  des  itïonls  voi 
sins  du  Viso  pour  descendre  vers  Pignerol  el  Lu- 
serne;  ces  dernières,  vaux  de  Sainl-Martiti,  d'An- 
grogne,  de  Varaïta,  sunt  l'asile  des  vingt  et  quel- 


ques mille  hommes  de  Vlaraël  des  Alpes,  du  petit 
peuple  vaudois  qui  garda  contre  les  persécuteurs 
sa  foi  protestante  el  sa  liberlê  dans  la  montagne. 
j7  000  personnes  parlent  le  slovène ,  langage 
yougo-slave,  au  nord-esl  du  royaume,  près  d'L- 
dine,  dans  le  Trioul,  sui-  la  froiitière  de  l'em- 
pire dualiste  et  polyglotte.  Dans  la  Xapolie  et  b 
Sieile,  une  vinifl.iiîie  di*  milliei-s  d'hommes  onl 
conservé  jusfpi'à  re  jour  Ibellène  de  la  Grande- 
Grèce;  80  000  gardent  l'albanais  apporté  par  leurs 
pèri's  quanrî  ils  fuyaient  TAIIiîmie  du  Sud  après  In 
mort  de  Scaiiderhi'rg,  héros  de  la  nation  dans  sa 
lutte  épouvanliihle  contre  Je  Turc, 

Ces  Albanais,  quand  ils  vinrent  tonfîer  leur  sort 
à  rilalie,  y  lelrouvèrent  la  veodettn  si  clière  encore 
aux  (]likjpé(ares  d'outre -Adriatique,  non  moins 
qu'aux  Sardes  el  en  généi-al  aux  Italiens.  Ce  qu'on 
rejiroche  en  effet  avec  le  ptifs  de  justie.e  aux 
bonmies  de  la  Péninsule,  c'est  la  susceptibilité,  la 
soif  de  la  veiigeanee,  la  |)alience  pour  attendre 
riu^ure  de  taver  l'injure,  la  promptitude  el  la 
snrelé  de  main  dans  le  coup  de  couteau.  Nulle 
[ïart  il  n'y  a  plus  de  blessures  profondes  ou  d'es- 
lalilades,  pour  querelle  ou  pour  vendelle,  que  chez 
les  Italiens,  kint  du  Xord  que  du  Sud,  si  ce  n'esl 
chez  les  Espagnols  :  siUetto,  schioppetio,  strada*,  dit 
le  mécliflut  dicton  des  trois  S. 

Tous  les  Italiens  naissent  catholiques,  à  Texcep- 
lion  de  TjS  000  juifs,  de  62  OÛO  protestants,  dom 
22  000  Vaudois.  et  des  Âlbauais  de  Tllalie  méridio- 
nale, qui  onl  gardé  le  rite  grec. 

Villes.  —  Onze  cilès  italiennes  ont  }>hiâ  de 
cent  mille  ;5nn^s. 

horne{illïOOO  habitants),  la  capilaledu royaume, 
la  résidence  tki  [lape,  la  plus  célèbre  des  villes,  es! 
sous  un  climat  brusque,  malsain,  souvent  fiévreux, 
à  25  kilomèlr(^s  de  la  Méilitt^rranée,  sui-  le  Tibre 
jaune  aux  rives  de  sable.  IVu  animée,  si  ce  n>sl 
aux  joui's  de  fêtes  et  de  pompes  it'Jigieuses,  Rome 
est  en  nielles  tordues  menant  à  de  larges  voies. 
Lliistoiie  d'une  cité  qui  riïil  nti  seul  peuple  à  la 
place  de  cent  nations  domptées  par  le  fej*,  puis 
assimilées  par  la  langue  laline  el  le  droit  romain, 
y  levit  dans  les  débris  de  la  plus  solide  arebi- 
lecture  qui  fut  jamais,  celte  des  rgvptiens 
exceptée.  Gloire  abjecte  imitée  dans  tonl  l'em- 
pire, le  Colisêe,  anq>hi(iiéàlre  eiirnre  drhont  Imli 
|M>ur  J07O<XJ  specïalenrs,  y  \il  dorant  des  siè- 
cles les  gladiateurs,  les  chréliens,  les  disgraciés, 
les  caj)lifs,  luller  contre  les  lions  et  les  tigres,  el 

1.  to  slylot,  l'escopeUp,  In  ruc.^ 


I 


wm' 


230 


!.A    TKHHK    A    VOL    D'OlSEAll. 


riiommc  lilnnd,  l'homme  brun,  rimninio  noir,  l«'s 
animaux  massifs,  les  ft^lins  undoyanls,  les  bêles 
rampnules,  les  lézards  mirasses,  luul.  ce  i{iji  [)nl- 
pi(r  dressé  efnilie  un  enijeiiii  ou  larieé  sur  une 
victime.  [»es  riiiiu^s,  des  jardins  li'oû  s'élancent  les 
cyprins  el  les  pins  |)nrasols,  fonl  A  la  Ville  linmf>r- 
lelle  une  banlieue  dinil  les  diM'ïiieis  vieux  murs. 
les  derniers  aquedues,  les  derniers  arbres  sti  per- 


dent dans  les  solitudes  de  TAgro  Fiomano.  l.'Agro 
Iioniano.  c'est  h»  Campagne  de  Rome,  plaîm*  d'un 
peu  [dus  de  500  000  heelnres.  nue.  toute  en  pA- 
Un\\  êei'dsée  de  soleil,  «lù  Wm  Ijoil  la  (ièvr**,  suu- 
venl  la  mort,  h  ttnit  insl.'int  du  Jour,  surtout  h  la 
Fraîche  humidil*'  des  soieves.  Mais  les  jdus  ^i*nnd& 
sou\enii*s  du  nuuide  habitent  ee  royaume  du  mau- 
vais air  t|iji  étem!  si's  liorbes,  ses  joncs,  son  dés<»ri. 


Venise  :   vue  générale.  —  Ucs:îtn  de  J^   lloynol,  d'aprCs  uîio  jfUolograpluc. 


ses  masures,  à  Test  jusqu'aux  pans  calcaires  de  la 
Sabine,  au  sud  jusqu'aux  monts  des  Yolsques  et 
aux  cratères  d'Albano,  Ou  ne  compte  jKis  les 
ruines  dans  va  pays  ealme,  sobre,  sévère,  itifim- 
menl  beau,  comme  inflnirnenl  Irtste  en  dehors  de 
son  ciel  ;partiiul  s'y  dressent  les  témoins  du  passé, 
muniilies,  villas,  temples,  avenues  de  tunitieaux, 
voies  pavées,  arclu's  de  ces  aqueducs  qui  versaient 
Teau  i»ar  riviéi  e  a  la  soif  des  citoyens  romains  '. 
1.  Home  dispobaU  de  74GO  tjt]*es  d'eau  piu-e  (iin-  sccatide. 


Naples  (517  000  liabitanls)  excelle  sur  luuleslcs 
villes  d'Italie.  La  beauté  fameuse  de  cette  ancienne 
c^pit^le  des  Oeux-Siciles  ne  réside  pas  comme 
celle  de  Ilunie  dans  la  grandeur  des  souvenii's,  U 
puissance  ou  Tantiquité  des  monuments ,  elle  est 
dans  le  caimo  et  le  brillant  de  Tair,  la  douceur 
du  climat  dont  la  moyentïe  est  de  16^.7,  la  gaieté 
d'une  riKT  lumineuse,  les  contours  liarmomeux 
d'un  golfe  d*où  surgissent  des  îles  escarpées, 
Pim-ida,    Capri,    Nisitu,    et    la    rocheuse    iscliia 


1 


i 


I 


ITALIE. 


Ï5I 


(qu'efTondrenl  les  IromblemcnU  de  terre  aulour  tUi 

[%ims  volcan  de  l'Éponéo  (840  nii'lros).  On  dil  : 

•  Voir  .Vaplcî.  ol  mourir.  »  Aux  portes  do  U  vilh»,  les 

aps  PhJégTvens*.  qui  se  (enuineul  au  cap  d<* 

|êfitt«  iiiontreiit  uni*  vtngtninp  de  cratères  rnorbi, 

rsw»  (lU  remplis  par  des  lues,  dont  l'un.  TAverne 

BU  nom  sinistre,  a  1^0  mètres  dt*  profondeur.  Uien 

plus  haut  que  ces  boursouflures,  le  Vésuve,  ter- 


rible mont  qui  flambe,  s'élance  h  1250  mètres;  de 
sa  coupe  sortit,  il  y  a  dix-huit  cents  ans,  le  flot  de 
lave  et  s'éleva  le  nuage  de  cendres  qui  ensevelirent 
Heniilanum,  Stables  et  Pompeïe;  surprises,  cl 
soudain  bloquées  dès  les  premiers  spasmes  du 
volcan,  ces  trois  villes  [passèrent  en  quelques 
heures  de  l'ardente  illuniinalion  du  ciel  napolitain 
à  robscuritè  sans    lueurs  du   sein    de    ta    terre. 


Aapfc&  et  le  Vésuve,    vits  du    Pau:«ilippc. 


/une  d'elles,   peu    à  peu   déblayée.  Pompeïe,   a 

â%iX  le  jour;  c'est  une  morte  qui  n'a  puinl  senti 

corruption  :  telle  elle  descendit  dans  l'ombre. 

plie  elle  remonte  à  la  lumière  après  dix-linil  c*^nls 

de  sft^pulcre.  8;ms  aucune  des  moisissures  du 

ti»mUMU«  intacte  avec  ses  mes  étroites  bordées  de 

Bns  ba^îies,  st>s  r^irrefours,  ses  cours,  ses  jar- 

M-s  dirui.  ft»*s  sUitues,  ses  fM»intures.  Une 

1  Bratants. 


autre  Pompeïe,  plus  belle  sans  doule,  puisqu'elle* 
èlaiL  grecqtie,  Sybnris,  doii  nir  bord  du  ^<}\U'  de 
T.'ïrenle,  sous  0  niètix's  de  vase  entassée  de  siècle 
en  siècle  par  le  fleuve  Crati.  —  Le  Vésuve  et  l'Klna 
sont  (le  mauvais  compafrnnns;  lîStMHI  personnes 
[lèrii-ent  du  tieirïblenieni  de  terre  de  17X5  dans  la 
Calabre,  lO(MK)  dans  la  secousse  de  I>157  qui  ivn- 
versa  Poleuza. 

Milan  {420(K)0  Imbilants},  cnlrc  les  AI|ies  et  le 
Pô,  dans  unv  plaint^  profusèmcnl  arrosée  fmr  ito 


255 


\\  TKItrtK   .\    VOL  irOlSEAU. 


gi'ands  c^iiuiUK,  vUni  la  cjipiUlo  de  la  Loitibiirdie. 

Turin  (ôhiOOO  luib.),  on  lUiVum  Torino,  villo 
fi'oidenu'iil  ]vgiili<"ii%  ïjordc  lo  IVi,  d.His  l;i  pvinde 
phniuï  ilii  (liiMlcks  Ali^-s,  on  vue  dos  lintilo-i  iicif^ns. 
Capilnle  du  PuMiioiit,  clli*  fiit,  mnis  diiiviiil  rjuol- 
qtios  nniiirs  soulotiiojiL  la  inôlrapole  dr  lltidio, 
avaul  Florcnro  vX  lioinn. 

Palernie  (267  000  hyL.j,  l'IicMiou  de  la  Sicile, 
est  iissise  au  hui'ii  do  la  mor.  diius  \o  rmnul.  l'oxn- 
béranl  bassin  do  tn  Conquo  d'Or,  au  pied  du  juoid 
Pellogrino. 

Gôttos  (210000  bah.),  on  iUVm\  GnnoviT.  n  dos 
p.ilais  de  iiiai-brc  on  iiiiipbilboiUiv»  doinoiiros  d'iiiio 
lière  aristocralio  dnas  les  jours  do  gloire  on  rollo 
vilk»  dominait  l.i  nirr  et  foiuiiuindiul  aux  lies 
lîrcofjuos,  à  1.1  Ciireiôo  et  aux  rtMos  d'Oiienl.  C'osl 
un  Gi^nols,  sinon  un  Corse,  CbrislopU*^  Co!ond>, 
tjui  dôcouvriL  l'Aniôrique,  el  o'osl  dt*  Gôncs  Ui  8n- 
]ierbt'  quo  parlent  anjonr-d'luii  pour  le  Nouveau 
Moiulo  dos  foules  dllaliens  venus  surtonl  <Io  h 
Ligurio.  C'est  une  bien  bollo  pairie  qu'ils  rdinn- 
<lojinonl  (|ur*nil  ils  s'oiidï;u'quonl,  ivi'os  de  rrves 
dorôs.  La  côte  ligurienne»  nu  sud-oiiesl  de  G(înes, 
csl  une  ville  d'bîver  de  ITurDpe,  une  serre 
chaude,  un  nsile  de  convafoscenls,  un  roounrs  des 
poitrinairog.  Dernier  espoir  dos  fourbus  et  des 
vieillards,  la  norni(*]ie,  italienne  ou  françaiso,  Al- 
benga,  San  ïïenio,  Dordighera,  Menton,  Monaco, 
Cannes,  poinble  faite  pour  donner  aux  mourants  la 
voJonU''  de  vivre. 

Floreure  (I850*)0  hnb.),  en  italien  Firenzo,  a 
régné  quelqiu»  îomps  sur  Fltalio,  après  Tui'iu, 
avaul  Hume.  CeMo  ville  aux  vieux  palais  gran- 
dioses, uiêro  de  grands  liominos,  Athènes  italienne, 
couvre  los  deux  rives  de  l'Arno;  on  la  visite  avec 
amour  et  rèvôrenoe,  pour  ses  mouutnents,  ses 
inusôos,  ses  Irèsoi^s  arlisti(jucs,  ses  souvenirs  et 
sa  boaulè. 

Venise  (l,V2  000  bah-),  Vone?ia  la  Délia,  domina 
Bur  les  mêmes  mers  que  Gènes,  iiwr  llslrio,  la  Dal- 
matie,  la  ropubli([ue  Soptinsulaire  (îles  lonionties), 
la  Mni'èe,  TArfliipoK  Candie,  Chypre;  cent  quaranle 
palais^  presque  tous  délabrés  ou  désorts,  rappellonl 
fiOJi  aristocratie  fuiinidablo.  Cousue  au  conlinont 
par  uu  pont  de  223  arches,  la  «  ville  des  eaux  u, 


la  (.  cité  des  lagunes  »  s'clêvc  sur  le  Lido*.  vieillos 
dunes  de  TAdrialique.  Si  Ton  ne  les  avait  délour- 
m'rs,  los  alliivious  di's  lleuves  Voisins  auraient  de- 
puis longleuqjs  eoitibJé  lus  canaux  peu  profonds  cl 
peu  clairs  de  Venise  la  Belle,  bâlie  sur  une  inlitiitû 
d'ilols  de  sable  :  ros  oauv  èlroifi's,  as^iubries  par 
les  hauts  palais,  rellôtont  VM}  ponts,  des  demeures 
élégantes,  dos  monuments  puissants,  des  pierres 
glorieuses:  et,  quelque  cliomin  que  pronne  la 
gondide,  elle  y  vogue  toujours  entre  de  grandi 
souvenirs. 

Messine  (HOOOO  hah.),  ravissante,  et  dans  un 
des  beaux  sites  du  monde,  a  donne  son  nom  au  dé- 
troit qui  sépare  Fltaliedela  Sicile;  c'est  la  seconde 
ville  de  File  triangulaire. 

La  docte  Bologne  (158  000  hab.),  vdle  universi- 
taire, csl  en  plaine,  entj'e  les  Apennins,  le  bas  Pô 
el  le  rivage  marécageux  dellavenne,  près  du  Ueno, 
torrent  fantasque. 

Calane  (IIGOOO  bob,),  en  Sicile,  au  bord  de  la 
mer,  au  pied  de  l'Etna,  n-ainl  justeînenl  ce  vol- 
can, qui  plus  d'une  fois  lui  craeha  îles  laves. 

Viennent  ensuite  :  Livournc  {U8Ô0O  hab.)  ou 
Livorno,  place  de  commeive.  port  de  Fin^nze  sur 
la  mer  ligurienne;  —  Ferrare  (XOOOO  liab.).  non 
loin  <lu  l'A  e!  jadis  à  son  bord  ;  elle  fut.  elle  aussi, 
wuo.  Alhènes  avec  de  grands  poêles;  —  Padoue 
(75000  iiab.),  en  italien  Padova.  dans  la  plaine,  à 
Fouest  de  Venise;  —  Vérone  (7i>000  bah.),  surFA- 
dige;  —  Fucques  (70000  hab.),  sur  le  Sercliio, 
dans  un  atlorable  pays: — Alexandrie  |(ui  000  bah.), 
place  t\v  guerre  sur  le  Tanaro,  dans  la  [daine  du 
Piémont;  —  Br<scia  (0,^(100  liab.).  au  pied  des 
Alpes,  â  Forée  de  la  plaine  hunharde;  —  Bari 
(02  000  bah.),  dans  la  Fouille,  sur  FAdrialique:  — 
navennc(l»O0tJ0  bah.),  qui  fui  eapiUde  de  l'empire 
après  nojue  :  elle  somnu'ille  dans  les  marais,  à 
Il  kihuuèlros  do  FAibiatiquo  thnit  aloï's  elle  bor- 
dai! un  golfe;  —  Modéiie  ((iOOOO  hab.),  â  la  base 
des  Apennins,  sur  un  affluent  du  PtV,  —  Pisc 
(MfOOO  hab.),  sur  FArno  —  Piso  la  Morte,  disent 
les  Italiens  el  pourtant,  avaul  que  le  progi*és  des 
alluvions  encombrât  sou  port,  elle  lullail  contre 
Gènes  à  marine  égale. 

t.  Liilo,  lo  iidiu  luiiii,  vcul  dii'c  litioral. 


I 


PRESQU'ILE   SLAVO-GRErorE. 


PRESOiriLF    SLWO-GRECOl  E 


Le  Balkan.  Le  Danube.  —  Cettp  aiuionnô  Tur- 
quie d'turopo  est.  ooiiiiiio  l'Autiiche,  pleine  do 
pm|hle9  ennemis. 

L'un  di*  ci^s  ptniploçt.  et  non  le  moindre,  celui 
ées  Rounuiîns  vil  presque  tout  iMilitT  lioi-s  <)«>  lu 
pèainsule.  au  t\M  du  Dnnube;  ninis' comme  il  a 
kmgfetnp^  pnrtiigé  le  sort  des  Autres  nntions  ses 
vainon.  que  pendant  des  siècles  il  n  porti*  le  jouf( 
tmc  avec  elles,  ou  continue  û  le  nitLiclier  aux  États 
d'ootr^-DunulM'. 

Lu  Ch<T»>nt'si*  proprement  dile  —  rar  on  pt'Ul 
iml  .'ippliquer  ee  Irnne  f^rec  à  une  rt'pion 
le  gn*c  et  dunt  il  n'a  pas  disp.iru  — 
cuiii|HVud  des  Slaves,  des  Hellènes,  des  AUjannis, 
0.  Rvuv.  ta  TtMC  *  mi  f'uncAC- 


des  Tuirs.  eeux-ri  dispanussoni  peu  h  peu — ils 
diHikiii.iii-nt  le  pa\s,  nuiis  n'y  étaient  jkis  enracinés 
prufondéitient;  j)er(kinl  lÏMnpirt*,  ils  perdront  aussi 
leur  nationalité,  soit  qu'ils  éhugrenl.  soit  qu'ils  se 
foriiteiit.  Ou.int  ;iu\  Albanais,  qui  s^uis  doute  eurent 
les  mêmes  ;mcétri*s  (pie  les  Hellènes,  et  sur  les- 
quels riiellénisnie  gapie.  r»ti  peut  h  In  rig^ueur  les 
i'ûnsidén*r  connue  destinés  ;'i  devenir  (irees.  Le 
nom  de  [tresqu'ile  Slavo-tirerque  est  d(»nr  justifié; 
ri'lui  de  presqu'île  du  Bidkaii  vient  de  l.i  chaîne  la 
plus  lun^'ue  qui  p^'se  sur  le  (erriloire;  celui  de 
pt'nirisnle  Illyrienne  ou  d'Illyrie  rappelle  qut»  les 
Itoniains  désignaient  ainsi  les  lerrcs  sauvages  fai- 
sant face  h  ritilie  de  l'aulre  côte  de  l'Adriatique. 

30 


^u 


LA   TERItE  A   VOL  irOISEAl". 


Qnplfint'  nom  qu'on  lui  (lonnn.  celle  jïivsqirilp 
oriciilîthMli'  !'F.iirnpi%  Uiurhiiiilâ  l'Asie.  vts-/i-vis  do 
l'Afnqiu\  ivnfi'niii'»  la  CriVe  et  la  Roumanie  com- 
prises, 57  580  000  liiH"(nres,  avec  un  peu  plus  de 
20  millions  d'ânios:  plus  vaste  que  la  France,  elle 
n'a  que  la  moilié  du  nomLre  des  Français. 

Elle  ne  [lorle  pas  de  jnrmts  sublimes,  toujours 
bLnnosde  neige»  et  son  ituiilie  pic.  le  Ljuuboliti  Yrli, 
diïiïs  le  Slihat-lhi^li,  L-iitre  L'sKub  et  Piîsrend,  n'n 
qtio  3050  tartres,  runilniit  l'Kui'Ope  n'.ipasde  pnys 
plus  tiérissê  :  l'idlitude  moyemie  de  l;i  prcs(ju*ile 
(sans  ta  lliMunnnie)  ;i]i|M'oi"lie  de  580  mètres  (?),  et 
colle  surrecUon  n'est  dt'pnssêe  dans  noire  p.irtte 
[lu  monde  que  par  celles  de  In  Suisse  et  de  l'Ibê- 
rie.  Les  ebaînes  s'y  crnisen!  en  tous  sens,  ne  lais- 
sant pince  qu'à  des  bassins  do  lacs.  îi  dï'lroiles 
vallces.  ù  desgorjj^^s  de  lorrcnls;  sur  ces  cbaînos 
on<lnlenl  des  fonMs  iMiudenienl  dèrroïssantes,  iiie- 
nj*;ées  dans  leur  existence  riièiue  p;ir  Félourdej'ie 
des  inotilagiuirds.  Finde,  Olympe,  Hbotlope,  Scar- 
dus,  pics  Arrocêranuiens,  IlaMUUS,  el  p;ir  delà  la 
dure  l]pire,  divi  les  Illyrit-ns.  un  enebuvLMrenu'iil 
de  monls  que  les  Grecs  ne  connurent  guère,  les 
chaîooiis  el  les  massifs  de  Ja  presiju'île  onl  mrjour- 
d'bni  lies  nouis  turcs,  slaves  ou  nlbanoîs. 

De  toutes  ces  verrues  du  sol  slavo-grec,  la  plus 
gronde,  mais  non  Li  plus  liante,  c'est  Tantique 
IlnMUUS,  le  modeino  Ralkan,  bouleviird  de  Couslan- 
tinople  contre  les  enneuiis  du  nord,  rempart  de  la 
vieille  Thrace  contre  les  vents  du  septentrion;  son 
importance  est  telle  qu'on  appelle  souvent  pénin- 
sule du  Balkim  rensendjle  des  pays  bordés  au 
nord  par  la  Saveel  le  Hanube,  qui  sont  un  fossé,  et 
à  l'ouesl,  ii  l'est  et  au  sud,  pai*  les  eaux  de  la  mer, 
qui  sont  un  abinie. 

Le  Balkan,  qm*  les  liulgaros  aiment  ù  surnom- 
mer la  Vieille  Mentagne,  n'a  que  îô/tî  mi!tlres  de 
supi'tVne  élévation,  au  Jonrotimtcbal.  Fait  surtout 
de  craie»  mais  aussi  de  calcaire  et  de  scbiste, 
il  abreuve  par  ses  fontaines  méridionales  les  af- 
flu(*nts  de  i^Mucbo  du  Marils.i,  et  ses  fontaines 
du  noj-ti  enHenl  de  charjuatils  torrents,  —  charmants 
dans  la  seule  montagne,  car  ù  peine  ont-ils  cessé 
de  gronder  entre  paioïs  el  tic  jaser  sur  les  pierres» 
ils  entrent  ilans  la  Ileaucc  bulgare,  terre  plastique. 
Jadis  mer  ayant  nu  septentiiou  les  Cnrpntes,  au 
mérîdion  le  Balkan;  el  dans  cette  plaine  laide, 
sans  ombre,  sans  rocher  (ennco.  ils  souillent  les 
eaux  transparentes  qu'ils  ont  reçues  des  fraîches 
caveines  de  Fllfï'nnift.  Te  nombreux  cols,  la  pln- 
parl  difficiles,  fraïu-bissout  U*  lldkaii;  une  riviArt! 
le  perce,   l'isker.  né  dans  le  lUiodope,   parmi  les 


sapins,  rln^iies,  bélres  du  Rilo  (2750  inèires).  troi- 
sième rime  de  la  Turquie,  lapremièreêlantleLjoub<>- 
tiu,  ta  seconde  l'Olympe  (21)72  mètres),  qui  domine 
le  golfe  de  Saloriique;  la  quatrième  est  \e  Ikirniitur 
(2528  mètres)  cliez  le  Monténégrin  rebelle  au  jou^; 
ta  cinquième  est  le  Viloch  (2462  mètres),  voisin  de 
Sofie;  la  sixième,  dans  les  Monts  Maudits,  que  scpar- 
tngent  les  Monténégrins  et  les  Albanais,  c'est  lo 
Kom  (24i8  métrés).  —  Un  sondu'e  tléiîlè  guide  col 
Iskei',  tils  dis  Holidope glacé,  depuis  l'ancien  lac  do- 
venu  la  plaitte  de  Sodé  jusqu'à  l'aïieiiînne  mer  de- 
venue la  plaine  des  Btdgares  el  des  Valaques, 

Le  [talkan  esl  parallèle  au  Danube,  ou  plutôt  le 
llanube  lui  est  parallèle,  ("e  puissant  tleuvc  englou- 
tit les  grantles  rivières  dn  p.iys,  S;ivc,  Moravj 
serbe.  Oit,  Sérelb  et  Prulh,  et  lombanl  à  la  mer 
Noire  avec  le  tribut  de  81700  000  hectares,  il 
lui  verse  2000  mètres  cubes  par  secontb*  aux  eaux 
les  plus  basses,  28000  eu  liaulecrue,  9l$0dansla 
moyenne  de  l'année.  Au  lemps  Jadis  par  six  bran- 
ches, anjiun'd'hui  par  trois,  il  entre  dans  te  lac 
orayenx  et  i^erlide  que  tes  anciens  avaient  iroiii- 
quemerït  nommé  Ponl-Euxin,  c'esl-î^-dire  Mer  hos^ 
[litalière;  le  bras  du  Nord,  la  Kilia,  qui  est  russe, 
eulève  environ  5800  mélres  cubes  sur  le^  IH80  du 
iletive;  la  Soulinn,  qui  est  roumaine,  a  lienucoup 
moins  de  Ilots  (800  mèlres  cubes)  que  Tune  et 
l'autre  branches,  mais  la  nature  el  Fart  Font  faite 
seule  navigable,  et  il  y  a  maintenant  plus  de  5  m*»- 
1res  d'eau  sur  sa  barre;  le  Saint-Georges  (2600  mè- 
tres cubes)  .i|tpartient  aussi  aux  liounmins.  Grand 
de  275  ÛOO  hectares,  le  delta  danubien  s'accroît 
iucessanujient  par  les  apports  du  maître  fleuve. 
capable  d'ajouter  chaque  année  à  la  terre  G  kilo- 
mètres cairés  dans  10  nièlres  d'eau.  M 
A  côté  de  ce  premier  murant  d'Europe»  les  ■ 
autres  rivières  de  la  presqu'île  méritent  â  peine 
d'être  nommées.  La  Maritsa.  l'ancien  Hebros  où 
ilottèieul  les  mcmbivs  d'Orphée,  baigne  Andrinople 
et  tombe  dans  FArchipel  à  Énos,  vis-à-vis  de  Fîle  f 
de  Samothrace;  le  Kaia-Sou'  s'achève  en  face  de 
File  de  Thaso  ;  la  Strouma,  que  les  Grecs  iiom- 
maieul  Sirymon,  boit  les  superbes  sources  du  bas- 
sin lie  Dran^a;  le  fangeux  Vardar  a  rumme  te 
Danube  ses  «  Portes  de  fera  et  remblaie  lentement 
le  golfe  de  Saloniquc  :  cet  antique  Axios  esl,  dit 
Homère,  le  [dus  beau  des  torrents  du  monde; 
Flndjé-Kara  Sou,  jadis  Fllaliacmon,  apporte  des 
eaux  saumdlresà  ce  mt^me  golfe;  le  Salamvria  fui 
le  Péuèe  chanté  par  les  jiaètes  ;  il  se  perd  aussi 

1 .  Ccf^  mots  turcs  vculciii  dire  l'Eau  Noire. 


i 


rnESOt'ILK    SLAVn-filîKCrjtî-:. 


2:.5 


fietite  mer  salonicienne  ;  le  Driti  est  le 
grati<K  l*î  pi(tor»'s*|uo  lornnil  di?  l'Allianit'  :  lourn^ 
Vfrs  itti  nulro  horizon,  il  court  ;i  la  rencorilre  do 
rA(ln:iti([iif*. 


Races  diverses-  Nations  positives,  nations 
négatives.  —  Sur  les  20  niillioiiâ  d'Iioinincb  de 


raiiciennr  Tijr4[uie  d'Europe,  il  va,  pnr  i\  peu  près, 
7  il  8  millions  de  Sluvesi,  5  à  G  iiiiilious  de  IloimiûinF, 
o  iiiilliiiiis  de  Grecs,  f  r»0O(H>0  à  I  800  OÛO  Albanais, 
mtiiiiïi  d'un  iiuliion  dépures;  de^  Circassiejis,  des 
Bûhêimeus.  des  Arméniens,  des  Juifs,  etc. 

Turcs  ou  Osmanlis.  —  Li  race  des  Turcs  ou 
Osnijiidis  a  dominé  pendant  des  siècles,  et  just|u*â 


Cott&lknliaupK-  ;  la  Cuntc  d'Or,  viio  prito  dcâ  iauLcurs  tl'Eyoub   (Vuy.  p.  339.)  —  Oossia  de  F.  Sumcu. 


■dornières  rtnnées,  la  pre^iqu'ile  Slnvo-rircrf|iii\ 
■n'y  a  gu»^re  que  deu\  cents  ans,  ce  peu|>le 
Irè*  l>ra*e,  1res  p;itient,  trùs  lier,  dêjji  niaiire  d»'. 
ajM»f*t,  nssi»''pen  ViiMine»  reine  du  lï.tmiUe.  ï.*Eu- 

it*  alor«  tremblait  de  touh  ses  niend>res  <{iiand  il 
(k'pluycnt  ranleiiti?  année  des  Janiâsfiiiv^.  Atijour- 
d*liui  lo  Turc  expie  par  des  avanies  la  terreur  tltuil 
non*  clionn  Inut  pûles;  il  ne  menace  plu^  l'Iût- 
rvpr  oti  il  tenait  le  fleuve  Duimbc,  TAsio  où  l'Ei:- 
ihmlf*  êUil  »icn,  rAfriquecii  ses  chevaux  buv;tient 


le  Nil  et  Ir  Cliêlifl*;  même  eu  sn  presqu'île  d'Ku- 
t'ope,  il  rnnsei've  à  (teineimdire  de  prépondérance. 
Ce  n'est  jtoinl  une  race,  car  le  san^j  du  Sieppe,  le. 
sani^  luri:  et  taiMare  mêlé  de  linimis,  de  moiii;ol, 
s'est  dejrui»  loit^'tenipâ  noyé  dans  d'innomlir.ibles 
mariages  avec,  les  Circassiennes,  les  cluvtienuefi 
iiree*ptesou  slaves.  I(*s  esclaves,  les  négivsî*!*»;  mais 
il  leur  reste  k  langue  que  d'Asie  ils  u|»portêrenlen 
Kurope.  Ils  habitent  surtout  Constanlinoplc  et  ses 
environs.  <juelqui^^unes  des  grandes  cités  de  l'Km- 


ms^ 


25G 


LA    TERRE    A    VOL    îrOISEAU. 


pire,  ï4,  un  masse  compacta,  la  Buignrip  nni»ntiiU'. 
autour  Ae  Ghouiiiln,  du  IVilknn  nu  lianubt"  et  à  l.-i 
iiiLT  \oirt*. 

Combien  sonl-ils?  On  ne  sait,  faute  diî  vrais  rc- 
consenieiils  et  pnrco  que  lo  nom  di?  Musulman  ut 
ci'lui  (If  Turc  sVriipli>ii*nt  souveni  Tun  p4iur  riiulri» 
dans  ccL  OriL'ul  m'i  la  rtdi^^ioii  passe  .ivaiit  l;i  nidto- 
iialité.  Ils  diiTiinuaii'tit  d/'jâ  bi^aucoup  mal^j^rù  l'ini- 
migratinn  des  Turcs  i\v  l'Asie  Mineuri%  centre  de 
leur  [tuissance  el  pépinière  de  leur  armée,  quiind, 
A  Ifi  suite  de  leurs  dernières  déroutes,  1rs  Os- 
inanlis  d'Asie  4inl  cessé  de  reRuer  »uv  l'Kurope,  eL 
les  Osnianlis  d'Ktuope  ont  commencé  de  relluer  sur 
l'Asie.  Point  féetMuls,  ils  [fortairnl  seuls  jusipfà  ee 
jour  le  poids  de  la  conscriplion  dont  les  l'aïas  nu 
u  bêtiiil  i>,  les  cUrêliens,  étaient  exempts,  comme 
indi^mi's  de  servir  sous  la  îcinnîèn'  du  Pi-ophèle. 
Ce  peuple  imloleril  d'esprit  et  de  corps,  iii;us  lioii- 
néle,  simple,  droit,  les  clasa^s  dirigeantes  à  part, 
ce  vieux  camp  tonjtnirs  [irèt  â  la  ^^uerre  fpuiiipïe 
la  gueije  le  tiajiisse,  celte  notion  uiélaiie(.di4ur- 
ment  rèsi^môe  parle  une  langue  sans  aucune  es- 
pèce de  rap|)orts  avec  les  utMres,  le  lun*  dont  ou 
use^  en  divers  dialectes,  sur  d'immenses  espaees, 
dans  l'Asie  centrale  et  seplentrionate,  et  jusqu'en 
pleine  Russie;  il  a  di's  liens  de  jiarentê  avec  le 
hongrois,  le  liulandaisctaulres  idioïnes  {litsa^»îlu- 
linants.  Sa  richesse  de  mots  est  extraordinaire 
parce  qu'a  S(^  propres  vocables  il  a  tut^lv  des  itnl- 
1-ers  de  lei-mes  arabes  el  de  termes  persans  : 
lorstpie  les  Usnionlis,  de  hnrde  sauvage,  deviment 
un  puissant  [yeu[)te  batailtanl  avec  les  nations  poli- 
cées, il  leur  Fallut  emprunter  à  l'arabe,  lauf^ue 
religieuse,  et  au  persan,  lanfrue  littéraire  de  t't.)- 
rienl,  tous  les  mots  d'un  nouvel  et  vaste  horizon 
d*idêes,  mais  ht  grammaire  demeura  la  luérne,  et 
en  somme  le  turc  rcslii  le  lurc. 

Peuples  non  turcs  —  Slaves.  Roumains,  Al 
banais  et  Grecs.  —  Ley  Slaves,  divisés  en  bul- 
gares el  en  Si-rbus,  vivent  au  sud  du  Danube  el  de 
la  Save»  de  l'Adriatique  à  la  mer  Noire. 

Les  Roumains  ont  leurs  di^intun-es  sur  la  rive 
gauche  du  Danube,  sur  (juelipies  ]>oints  de  la  rive 
droite^  et  en  groupes  (loltants,  disloqués,  de  toules 
parts  cernés,  dans  le  centre  de  la  Péninsule,  sur- 
tout autour  du  l*inde,  sous  le  nom  de  /inzares,  de 
Koulz^^-Vlaques,  de  Macédo-Valaques.  Li's  Albanais 
ont  les  montagnes  qui  plongent  sur  TAdi-ialique, 
entre  les  Slaves  au  uoi'd  et  les  Grecs  au  sud.  Les 
Crées  enlin  tiennent  la  Grèce,  le  sud  de  IKinre, 
quelques  cantons  de  la  Macédoine,  la   [iics(|u'ite 


salonicicnne,  une  partie  du  littoral  de  la  mor 
Egée,  et  ils  sont  Ibrl  nondjreux  à  Constantl- 
nople. 

Grecs,  Albanais,  Roumains,  Slaves,  el  même  les 
Osmanlis,  en  partie  liiés  au  sol,  ces  cinq  jteu- 
[îles  sont  des  nations  positives — le  Turc  a  dominé, 
sa  ruine  ilate  d'hier^  il  règne  erici>rc  dans  la  capi- 
tale, il  cuttivc  nu  pied  du  Balkan;  l'Albanais, 
race  dure,  a  jusqu'à  ces  dernières  années  aidé  les 
Usmnniis  à  tenir  les  antres  nnlimis  sous  le  joug, 
non  seulement  djuis  In  Turquie  d'Kurope,  mais 
aussi  dans  les  terres  d'otUre-mer  qui  relèvent  du 
Grvind  Seigneur;  les  Grecs  éUiient  colons  du  lillo- 
l'.il  deux  mille  ans  au  moins  avant  qu'on  connût  le 
nom  lurc;  les  Slaves,  les  derniers  venus,  sont  les 
plus  nombreux:  enlin,  les  Roumains,  peuple  que 
son  [tremît'r  élénn*nt,  les  haces(?).  rattache  immé- 
morialcmenl  aux  plaines  du  Danube  et  au  bloc  des 
Carpates,  sont  les  vrais  Ris  du  sol,  quoiqu'on  se 
[ihiise  à  les  faire  exelnsivement  «  latins  »  â  cause 
de  leur  hmgue,  et  qu'on  donne  ainsi  plus  d'impor- 
tance â  la  grefîe  latine  qu'à  la  sève  du  tronc  pri- 
mitif. 

.\  côté  de  ces  nations  positives,  il  y  a  le  reste 
des  Circassiens  que  les  Turcs  avaient  disperses 
dans  le  pays  pour  rompre  l'unité  des  Slaves;  il  y 
a  les  nations  qui'  nous  nonunous  négatives  (malgré 
rinfluence  de  deux  d*entre  elles),  parce  qu'elles 
ne  se  (ixenl  point  nu  sol,  ou  du  moins  très  peu. 
L'mie  des  trois,  celle  des  lUihémiens,  est  surtout 
Faite  de  vagabonds;  les  deux  autres.  Arméniens 
el  Juifs,  se  conqnjsent  de.  marirhattds  cosnmpolites, 
gens  de  boulicpie  et  non  gens  de  labour,  de  fi- 
naru'iers.  de  brocanteurs,  brasseurs  d'affaiivs. 
usiniers  el  exproprjateurs  qu'on  est  lente  de  ran- 
ger dnns  la  catégorie  des  classes  dangereuses.  On 
estruie  ces  trois  nations  a  plusieurs  centaines  de 
milliers  d'hommes  chacune. 

Dans  le  «lésonh'e  du  moment.  IVx-Tiirquie  d'Eu- 
rope coni[)rend  :  les  pays  soumis  au  sulbni  de 
Constiuitinople,  chef  des  musulmans  de  rEmjnre, 
considéré  jur  les  m:dninu''tïms  de  son  rite  comme 
la  suprême  auUnité  religieuse;  la  Rulgarie,  pays 
tributaire;  la  Roumélie  orientale  ou  province  Aulo- 
nione,  en  rénlitè  annexée  à  la  Bulgarie;  la  Bosnie- 
Herzégovine,  supposée  soumise  encore  î\  l'allé- 
geance turque,  mais  en  réalité  occupée  et  possédée 
par  l'Aulï'iclje;  la  Serbie,  le  Monléin'»gro,  la  Rou- 
manie, la  Grèce,  pays  indépendants. 


I 
I 


258 


LA    TKItlU':    A    VDL    D'OÏSK.U!. 


Pays  soumis  :  la  Roumélie*  Bosphore  et 
Dardanelles,  CoQstaotinople.  —  La  HouimUie, 
jtidis  Thrare,  sï'letid  tle  la  mum*  do  Marmara  et  de 
la  mer  Kgoo  au  Balkaru  et  de  h  mer  Noire  au 
vieux  Khodopc,  aujouriTIjui  nommé  Des[iulo-l)agli 
ou  Mont  dos  Prêhvs,  lant  il  y  a  de  couvents  dans 
ses  nivins  boisés.  Mais  depuis  les  derniers  et  pué- 
rils arrangtMuents  de  territoire,  les  Turcs  ne  reguenl 
directenK'ul,  ou  jilutét  ne  sont  censés  régner  (pie 
sur  le  sud  de  ce  pays,  le  ntird  étant  devenu  l.i 
Rouinèlie  orîonlale  ou  province  Aulonoino.  cl  la 
Houiiiélie  turque  ur  eoinpnMni  [this  <|iiiï  le  bassin 
de  la  basse  Marilsa;  plus  deux  bandes  littorales, 
Tune  sur  la  mer  Noire,  Taulre  sur  la  mer  è^ve  cl 
sur  le  fleuve  qui  sépare  lùirojie  ti'Asie  c(  qui  se 
cunijinse  lic  trois  jtarlie^  :  le  déiilé  du  Dos|jIwre, 
répanouissemenl  de  la  mer  de  Marmara»  pniis  Pro- 
]nuilide,el  le  couranl  des  bnrdjiiielles^que  lesdrecs 
iKvtninaietit  rilellesftunt. 

L'orifjîine  de  ce  pelil  Saint-Ltturejil  —  peUl  cri 
longueur,  non  pas  on  [uiissance  —  le  liospliorc, 
est  un  citunnt  r;q)ide  el  bleu  qui  Iransmel  à  la 
mer  de  Marmara  les  eaux  4[ui»  la  ukt  xNoii-e  a 
reçues  du  \hni,  ûu  Ihiiéfier,  du  Dniestcrt  du  Danulji! 
et  des  (leuves  rûlicrs  du  Caueaso  el  de  l'Asie  Mi- 
neure. Dans  hoii  cour'S  tlt*  '»()  kitoriièlres,  il  n 
itiOO  mèlrcs  de  largeur  inuyeiiue,  iiDO  au  lieu  le 
plus  dilaté,  550  à  peine  au  lieu  le  plus  èlroil, 
entre  le  Forl  d'Kiir(»|ie  et  It;  loti  d'Asie;  S(»it  Tam- 
pleur  de  fa  (iaronne  devfiiit  les  quais  bordelais. 
Pn>rond  de  52  mèlres  au  maximum,  el  moyeune- 
iTient  de  27.  il  fait  rî,  Ti,  justpi'à  8  kilujio'nres  [lar 
bcure,  et  peut  roub-r  une  IretiLiioe  de  milliers  de 
rnMres  cubes  par  seconde;  or,  les  tribulaires  de  la 
nier  Noire  rie  lui  eu  apporlenl  que  loOOO.  Des 
<^onlri»  rtuii'anls  cacbés  venant  di;  lu  Mcdilenanée 
rétablissent  l'équilibre:  ainsi,  dans  le  détroit  de 
Gibraltar»  l'Océan  coule  vers  celle  même  Méditer- 
ranée pour  lui  reiidr**  ce  que  l'évaporalion  lui  en- 
lève et  pour  cortdder  le  déitcil  de  ses  fleuves.  Issu 
d'une  mer,  le  llosplmre,  il  va  .sans  dire»  est  une 
eau  sans  souilliiri^  ;  le  léréhinibe.  le  platane  riuii- 
bragenl,  el  le  cyprès  diuia  des  bosquets  ou  dans  de 
grands  cimetières  aussi  gais  que  de  riants  jardins; 
il  est  bordé  de  p;il;iis,  il  est  sjilendide»  et  ttnît 
splendidement,  h  Coustantimqde, 

Ses  Jlols  s'aniorlissent  dans  la  mer  de  Marmara, 
charmante  conque  d'un  |)eu  plus  de  '2oO  kilomètres 
^ur  80,  qui  lire  son  nom  moderne  de  l'ilede  mar- 
bre appelée  MaruMira.  Puis,  au  sortir  de  eelte  mer, 
ces  ondeâ  sans  véficmence,  qui  de  fleuve  s'étaient 
faites  lac,  redevieimeni,  de  lâc,  fleuve  dés  qu'elles 


cntrenl  dans  le  ilétioil  des  Diudandles,  qui  tunle- 
fuis  a  moins  tle  eiiuraal  que  le  Itosphore,  5ÔO0 mè- 
tres au  plus  par  heure  djuis  un  lit  profond  de 
40  à  97  mètres  dont  la  moyenne  largeur  est  d*î 
4(K10  mèlres,  et  la  plus  petite  de  1950,  entre  Abydos 
et  Seslos,  aujourd'hui  Nagrtra  et  Maito.  C'est  d'A- 
bydos  ù  Sestos,  dans  une  eau  violente,  que  nageait 
Léandre»  èprisd'lléro  ;  c'est  près  deGallipoli,  prinri- 
[»ale  riveriune  du  (félroil,  *[ue  déliarquèrenl  en  1556 
quarante  UUomans  moulés  sur  des  troues  d'arbre 
assemblés  eu  radeauï  par  des  lanières  de  cuir  : 
ees  guerriers  tpii  venaiciil  de  ti'îivcrser  d'Asie  on 
l']uropç  les  eaux  loucllécs  pai'Xerxès,  lurent  lavant- 
garde  de  la  marc'lie  triom[jhale  qui  mena  les 
Turcs  jusque  s(Kis  les  Miurs  de  VictHie.  Les  Dar- 
danelles ont  tîy  kiloinélres  de  long. 

Abydos,  Sestos,  le  fier  (Hyuipe  de  Brousse  qui 
domine  la  mer  rie  Manmuvu  le  Grauiquc  où  vainquit 
Alexaiidic,  le  Xanthe»  le  Scamîuidre  et  le  Simois 
t|ui  vireiil  fliMuber  Troie»  les  Ib^uves  de  ce  rivage, 
les  nionis  de  cet  horiïon,  les  villes  de  ce  littoral 
ont  perdu  leurs  éclatants  n<inis  grecs  pour  d"ob- 
scuii's  syllabes  turfjues.  t^esl  que  les  Ib'llênes  n'y 
régnent  plus.  vSans  doute  l;i  lïoumélie  s'aj)pelle 
d'un  mot  ([ui  signifie  la  terre  des  ilomains,  c'est- 
n-dij*e  «les  (irecs, —  car,  pour  les  ïtarbaivs  fpii  as- 
siégèreait  si  longlemps  lempire  (ruricnl,  la  ma- 
jesté de  Itome  survivait  dans  liyzance.  el  les  Byzan- 
tins avaiciU  hérité  du  grand  noiïi  des  Uomains,  — 
mais  celle  province  ne  mérile  plus  le  iioiri  de 
«  Pays  grec  u  ;  elle  est  tout  aussi  bien  turque  et 
huli^^iie,  sans  parler  des  Juifs,  des  Aiinéniens,  dt^s 
«  Francs  »,  des  gens  de  toute  I.JM*;ue,  de  toute 
orifiiiie*  qui  sont  venus  échouer  à  Constantinople. 
Les  bulgares  y  vivejit  surlout  aux  cliamps,  conujie 
buns  paysans;  les  Tuits  sont  très  nombreux  à 
rmistanlinople,  les  Grecs  également,  comme  aussi 
sur  le  lidoi-al  et  datts  les  îles. 

(]uris(aiitiii(»jjle,  jadis  [îvïanee,  la  Stamboul  ou 
Isfamboul  des  Turcs,  est  la  capitale  de  l'Kmpire,  el 
[HMil-éli'e  la  mieux  située  des  villi»s»  mais  sous  un 
eliniîil  brusque,  dur»  où  le  froid  descend  parfois 
à  20  degrés  sous  zéro  bien  qu'on  soit  ici  sous  la 
latitude  de  Niiples,  de  lîarcehme,  de  Porlo  :  dès 
ipje  soufAe  du  nta"d-est  le  vent  <lu  Steppe,  venl 
de  Russie  et  Sibérit^  Constantinople,  de  ville  du 
Midi,  devient  ville  du  Noi"d,  et  même  ou  a  vu  le 
Bosphore  y  geler.  Celte  impériale  cité,  la  mère  du 
monde,  l'oum-dounya,  comme  ilisent  les  Osmanlis 
dans  leur  langue  bariolée*,  s'élève  tout  au  boul  de 

1,  Oum,  mère,  est  un  mot  aral»c;  doun^a^  monde,  esl  un 


I 


I 


PftESOt'ILE   SI.AVO-r.RECOUE. 


259 


l'Europo,  en  fnrr  de  TAsio.  sur  le  Ij*mu  j,'oHV  de 
la  (lame  TOr,  [Kirt  dt>s  plus  vastes  et  îles  mieux 
nbritèâ,  à  Teniiroit  où  le  Busphore  entre  »i;ius  la 
mer  de  Mariiiiiru. 


Superbe,  elle  regarde  son  ^'nin*i  fleuve  wdé, 
la  rive  d'Asie,  et  ;ni  linn»  dans  le  ciel,  TO- 
lyrnpc  diî  Brousse,  l'-cIaUint  de  neige  en  hivej", 
file    ne    voit    qu'ondes   pures  »   voiles   et  canots, 


Cn  barbier  turc  —  Oetiin  de  M.  AnUmio  Proust 


nlIxK,  pniais,  kiosqiK^s.  rypr^s.  jnntins,  cime- 
libres  (uir«>il!ï  è  des  parcs,  mais  elle  loi^nie,  à 
ruitëiieur,  est  laide.  Klle  enfi'rine,  dit  -  on, 
80000  uiAÎiions  <*n  Imhs.  sans  (lucunes  be;iutés 
eiWn<*un*s,  d'un  seul  élïi|>re,  avec  toits  en  tuiles; 
H  ee%  maisons  s'unissent  désordunuétneul ,  en 
Mieveaut  brouillés,  en  rues  étroites,  liutueuses. 


point  ou  mal  pavées,  lanti^t  boue,  t/uilôt  poudre, 
où  ^(^dent  pnr  milliers  des  eliiens  g;]|eux  mangés 
par  les  rtiouehes,  [les  rues,  nielles  et  eub-de-snc 
souvent  dévorés  par  lu  ilamme,  de  toutes  ces  im* 
passes  dont  la  salelé  couve  des  épidémies,  sVMancenl 
des  démes,  des  bain<-.  des  earavansêrails  et  les  nii- 
njirets  de  5100  mosquées,  dont  peu  sont  belles. 


LA    TERRK    A    VOL    D'OISEAU. 


On  appelle  Plianar  ou  Fanal  uii  ^rnnii  rptnrli^T 
pt^ijj*l*>  cIl*  (itecs,  qui  (11'  (oui-  U*tn[fs,  sous  le 
nom  de  Phannnoles,  oui  pillr  l'iMiipin*  Oltniiian 
beaucoup  jilus  que  les  Turcs  eux-inèincs  ;  ils 
n*y  tmt  piiinl  versé  h  sonj,^  à  flrtls  corame  les 
Osnianlis  ou  les  Clikiprliires,  iriîiis,  ilaiis  les 
fonctions  nombreuses  qu'ils  leiuiieiil  tiu  Sullaii 
Miigui(i(pte,   ils    n'ont    cessé  de    tromper,  d'aiïa- 


mer,  de  diviser,  de  rnrrompre.  Parmi  les  fau- 
bmirfîs,  mieux  Iiàli^.  plus  aérés,  plus  somptueux, 
plus  «  européens  »  (r'esl  tout  dire)  que  Conslan- 
liijople  même,  on  remnrque  surtout  (lalata,  To- 
[ihana,  rém.  Quant  à  Seulari,  la  fameuse  ville 
4les  efiarmaiits  ^Hinelières,  qui  de  loin  semble 
bàfie  dans  une  Corel  de  cyprès,  c'est  bien  i*éei- 
lernenl   un   faubourg  de  Consianlinople.  mais  un 


CuusIuiUttojile  :  le*»  citvnie». 


faubourg  situ<^  sur  In  rive   j^nuche  du  Dospbore, 
el  celle  rive  ^aurlie  c'est  l'Asie. 

(Consianlinople  ii-l-elle  1  *iO0  000  âmes?  ou  un 
million?  ou  800  000?  ou  fiOOOOO  îi  700 OOÔ  seule- 
ment? En  s'en  tenant,  à  ce  dertiii'r  nombre,  la 
«  mère  du  monde  d  pf>sséde  ii>0  0(IO  Tures  ou 
autres  Musulmans,  lOOOOO  (irees  el  aulanl  d'Ar- 
méniens, 50000  n  KivMK's  »  ou  Kuropéens,  le  plus 
iTflnd  nomlire  llaliejis  et  Fnmeais,  et  50  000  Juifs, 
plus  ou  moins. 


Andriuople  ,  rKdirnê  des  Turcs ,  a  quelque 
70  000  liahitanls,  en  [larlie  Grecs.  Situation  rare, 
elle  est  à  la  rencontre  de  trois  jurandes  rivières, 
lu  Maritsa,  Olle  du  Hhodope  ;  l'Arda,  donl  le 
RIio  iojM^  cache  ;inssi  les  foiiinines;  la  Toundja, 
qui  tleseend  du  Italkau  —  ei^ltr-ci,  non  loin  de  sfs 
sources,  bajifue  dans  In  llonmélie  orientale  l'éden 
de  la  Thrace,  le  Cliiraz  de  rorcident,  Kêsîudyk, 
qui  est  ta  vilte  des  rosiers,  la  inèi-e  des  parfums 
lires  de  la  rose- 


l»RES(.>liMLK    SLAVO-GUECfJlK. 


JiW 


loine.  -i-Lii  Man-doiiiP.  d'où  partil  Alcxan- 
'  Gninil  |)«ur  conquérir  lo  irmmli»  «  afin  (!'i>lrc 
\mr  lt*s  Alli/'iiiptis  i-,  Ivtrdt*  l'Ati'hipoL  du 
tlu  ltli(Hli)|i4'  au  \m'i\  (lu  <{r'.'tiiitii|at'  nlyrnpt*. 
o  mollis  i*Mvii-<jn  n^ruri'hl  rc  nuiii  tl'Uhiupe, 
fi-<1in'  trÉclalanl.  rlu'z  les  ili'lft*'nrs  do  I  Asits 
lÀiropt*  cl  dos  llos,  mais*  îuteuii    nV-l.iil  plus 

I  poiii-T  la  cour  des  Iniinoi'U't:>  Ouïs  ili*  jru 


ncsso  et  nourris  d'aniLroisie.  Ce  pantliéon  cîi's  viiMix 
Givcs.  encon'  noir  de  forèls  que  It's  niarcliandsonl 
nindaiiinéos,  drosse  ;i  2973  uiètros  la  plus  liault; 
de  >es  ((uar-.)ii(r-{li'u\  ciiucs.  jnsli*  sous  lo  10"  de^ré 
de  latiliuie,  .lu-dessus  du  ^Mv  de  Salonique,  à 
IVnibourliun'  du  iN'Jièe.  lii'illitnt  séjoui*  des  hlrux 
di'S  ïlellriies,  il  ïN(^irddi'  i[ii"il  (l*'vr.îil  miiiiler  rlaiis 
'S  rieijx  !tu  milifu  iiir-mi'  de  riJelhTiie:  il  marque 


(k*«Aiti  J(?  Tiiylor,  d'uprî'»  iiii  rroqiiM. 


nf mifp  A  peu  près  In  dn  de  leur  lanj^nc  du 
bponi,  car,  bien  qu'on  eu  ait  dit,  la  Maer- 
■^rtieiil  pn»»que  entièrement  aux  Uuljfan^s 
BKinai'^:  les  tirées  n'y  liahitettt  qu'eti  n  spn- 
B  ^l'f^ 'l''t>'*  l'ancienne  (!lialeitli({ur  nti  [ires- 
^vilonieietine,  laquelle  est  greciptc.  ri  lini 

]U0. 

sonde  h  part,  monde  s^ldi^u^  la  l^liatei- 
ahe  au  nord  sur  un  Uavfund  lacuâtre  où 
'  tanâ  poiuo.  de  Salunique  à  Stavros,  un 


grand  canal  na\i{;nlde;  au  sud,  r||e  se  Irifurque; 
on  dirait  trois  jtiin'es  {le  er.iïie  ou  de  lic*mar'd  :  la 
pinee  d'oreideiil,  Kassandia.  regarde  l'idynipe  h 
travers  la  mi'r  Siilonieienne:  celle  dn  milieu  se 
nornnie  l,on;ros:  celli'  de  rocienl.  lla;^ion  Unis  ou 
Suul  Mont,  se  termine  jwn"  les  ralrain*s  du  majes- 
tueux Allias  (lïil^ri  inètres]  qui  j(»lie.  au  eouctier  du 
soleiJ.  l'oîiibre  de  l'Kuroj.e  ï^ur  l'Asie  par  delà  les 
[lois  «  vineux  u  de  Leitmus.  l'our  les  |;eas  du  rile 
grec.   lAthos  est   une  espèce  de  nunie  ou  de  lu 


'^ 


.Jitî 


l\    TKKUK   A    VOL    D'OISEAU. 


Mecqw,  il  porle  jusqu'à  955  églises  el  t'hap<»lles. 
des  moïKistèrcs.  (irs  skyles  ou  villages  d'ermites; 
sur  ses  hardis  promontoires,  d.iiis  ses  tli;i]'iiiyrils 
ravins,  dans  des  f.'*verri(\s  l'urèes  en  roc  \'\ï  à  de 
vertigineuses  Imuleurs,  se  laissent  vivre  s«ns  iienser 
à  rien  600i>  moines  grecs  d'une  menvilleusc*  i^'uo- 
ranee. 

Des  Bulgares  ditns  la  nmjeure  [uu-liedu  (lays,  sur 
le  Kar.i-vSou  de  l'est,  la  Sfronnia.  le  Vardar;  des 
Albanais  et  aussi  des  Serbes  à  mesure  qu'on  s'a- 
Vrinee  vers  l'Albanie:  des  Cjees  dans  la  Clialei- 
di((uer  sur  l'IlaliacmoM  t>l  le  long  du  liltoral;  rar( 
peif  de  Tures,  telle  est  la  Maeêdnine.  (|ni  t\  [joup 
j(r«iuïe  villi'S:ilorji(|ite  (7.'»l)i)l)  liab.)»  [tort  (l'avenir, 
au  Tond  du  galle  de  sou  nom,  près  des  bouflies  du 
Vardar. 

Albanie  :  Chkipétares  ou  Skipétares  —  hu 
Pinde  calcaire  à  la  nrerlonimne^du  Skliar  à  l'Adria- 
tique. s'tMend  l'Albanie,  juilrefois  Tlllyne  el  l'ICfiire: 
eelle-ei  au  sud,  celle  la  an  nord. 

(Prodigieusement  luurnieulée.  toute  eu  monis  la 
plupail  crayeux  et  caleaii'es,  en  canons,  en  pirges 
torturées,  l'Albanie  inrriU^  cent  fois  si's  rleux  nom^ 
nationaux,  (;bki|n'ri  et  Malliesi.  riin  et  l'autre 
signiflitnt  Monlagne,  si,  (outelois,  le  [nvniier  des 
deux  n'est  pas  en  rêaliti''  le  mol  Skipêri  ou  pays  d<' 
l'Aigle'  :  en  ce  cas.  les  Skipétares  ou  Albanais 
seraient  les  Kilsde  l'aigle;  d'autn^s  prèlendenl  (pje 
ce  nom  de  Skipétares  vient  sans  iloute  d'un  radical 
signili.nil  cunipretidre:  l'adical  impiulèjiidis  par  les 
cotiquêrajils  latins  et  très  proche  parent  û'ncnjtio 
—  les  Skipélares  seraient  îdors  les  lioinnies  qui 
coruffrennenU  ou  plulcM  qui  se  cotrqjreiineiit  entre 
eux  givice  à  la  coruiunuituLè  de  langue. 

Ses  deux  maîtresses  villes,  d'ailleuï'S  assez  pe- 
tites, Skodra  tui  Sculari  r\  .lanina.  occupent  (^gale- 
nieiil  la  làve  d'un  lac.  Le  lac  de  SkoibM  Çtl  000  hec- 
tares) se  veree  â  l'a  nier  par  la  Hévreuse  Ilomna  ; 
pri^s  de  lui  passe  la  grande  rivière  de  TAIbanie,  le 
Ih'in.  qui  Jadis  allait  tout  droit  â  l'AdriaLique.  mais 
qui  maiiilenajilse  jelle  pour  plus  de  moitié  dans  le 
lHalo  *.  jlivière  de  précipices  entre  des  rocs  ayant 
jusqu'à  1000  lUi'^lres  d'élan,  la  source  du  Drin  est 
U[ie  belle  conque,  le  lac  d'Okrida  que  ses  28  kilo- 
mètres de  long,  ses  10l>  kilomèlres  de  tour,  ses 
26  880  liect.ires,  son  onde  bleue,  sa  clarté  sius 
pareille  rnelteiil  au  [iremiei'  i-aiig  des  Léinans  de 
Turquie  :  sur  sa  rive,  Okrida  fut  la  capitale  de   la 

1.  De  «fiipit  aigle. 

S.  Cet  au  Ire  nom  do  )nc  ilc  Sciil.ii't  est  tout  sîinpleinuul 
le  mut  iîh\c  i/falo^  le  bc 


Culgârie  quand  les  Bulgares  possédaient  le  pavsde 
l'Aigle.  Sous  le  nom  rie  Drin  noir,  il  coule  en 
Macédoine,  lonyï'  le  Sklnir  (Sc;irdus)où,  dit-on, rôde 
encore  sous  bois  le  huHM'bal.  esfièce  de  léopard; 
])uis*  buvant  le  Ifiin  blanc,  îl  passe  en  Albanie. 
Le  lac  de  Janina,  lagurie  sans  grande  profondeur, 
reçoit  de  la  rocfie  des  fouis  abondantes  et  semble 
ne  rien  nnulre  de  ee  qu'il  niglunlil,  mais  lion  a\a- 
rîce  n'est  qu'apparente  :  los  deux  bassins  qui  le  for- 
ment, le  lac  de  Janina  et  la  n  lagune  de  lioue», 

I  unis  l'un  h  Tautri*  par  un  ruisseau  lourd,  encombré 
de  joncs  et  d'herbes,  s'écoulent  suuleriainement; 
des  voïnikova.  ou,  comme  nous  dirions  dans  la 
France  du  Midi,  tles  avens.  v(*nt  porter  au  loin  ses 
eaux  à  des  sources  niagniliques,  tributaires  de 
lieux  fleuves  CiMiers,  le  Mavro(iolamos  et  l'Arla. 
Dans  les  imnits  voi>ins  de  .îanjua,  sinon  à  Janina 
inèrne ,  tpielqui's  bourpiels  de  rhénes  viennent 
peut-être  «les  aibns  prfqihéliqurs  de  lïodoue.  l'o- 
r^icle  le  plus  anrien  dr  la  (nvce.  le  lieu  autour 
iluquel  vivaient  lis  (iraïkoï  (boit  les  Honuiins  oui 
fait  peu  à  peu  passer  le  norn  â  tout**  la  nation  des 
Hellènes.  Au  sud  ouest  de  la  vilh*  et  du  lac,  dans 

j  le  [lays  des  Souliotes,  passent  deux  ruisseaux  df 
nom  lugubre,  le  sondu'e  Aehéron,  le  bourbeux 
CoeylH  ';  si  les  Grecs  en  tirent  deux  Heuvi-s  du 
royaume  des  <lnd>res,  eVst  qiu\  noirs,  fangeux,  liê- 
\reux,  félidés,  ils  se  tiTiinaienl  sous  les  forêts,  dans 
les  marais.  Tout  dernléremenl.  le  I.Jrand  Consril 
des  Anqiliiclyons  dCiu'ojie  Ji'a  pas  jugé  ù  propos 
de  réunir  au  royaume  grec  celle  ville  et  celte  con- 
trée grecques  par  les  souvenlis  et  de  jdus  en 
plus  |)ar  la  langue,  ces  monts  suulioles  où  tant  de 
héros,  boulines  et  femnu's,  soni  moi't>  pour  l'indé- 
peudance  hellénique.  Kn  sntiune,  l'éb'rtjenl  ^ree, 
plus  ou  moins  mêlé  d'Albanais  et  doTioutzo-VIa* 
ques  en  voie  ilbellénisalion.  doiuiiir  dans  1rs  val- 
lées méridjonales  de  la  "  noire  Lpire  i»,  la  portion 
la  plus  nue  du  pays  skipélare.  Dans  le  reste  de 
celle  contrée  si  boule  versée,  (pu  possède  encore  de 
belles  foréis  de  Jiétres.  de  pins,  de  clu^nes  habitées 
jjar  les  ours,  il  n'y  a  guère  que  des  Albanais;  et 
tous  les  Albanais  ne  sont  pas  en  Albanie  :  pas  plus 
que  tous  les  Ihilgares  eu  Ilulgarie,  tous  les  Serbes 
en  Serbie,  tous  les  houmains  en  Uoumanie  ou  tous 
les  Grecs  en  Grèce. 

On  ignore  l'origine  des  Albanais  :  Uintôt  (»n  les 
fait  descendre,  h  lorl  send>le-l-il,  d'une  peujd.ide 
venue  du  Caucase  aux  dertn'crs  joui's  de  l'einiûre 
romain;  tantôt  (c'est  l'avis  du  plus  grand  nombre) 
on  les  lallache  au  tronc  des  Pélasges,  peuple  agri- 
1.  Aujoord'Imi  liolias. 


I 


PRESQU'ILE    SLAVO-liRECniE. 


2*' 


ruIliMar  qui  foulii  le  sul  de  la  presqu'île  gi^ecque 
avant  les  Grecs  cux-m^mes.  Ces  Pèlasges,  qui  sans 
daule  (liaient  les  parents  des  llellènef  en  mt>nie 
temps  que  de  plusieurs   des  nnlions  auloclilones 


de  ril.ilie,  ont  Inissi^  des  monuinenis  d'une  gran- 
deur brute  e(  d'une  solidité  <iui  «li^fie  les  siècles: 
loujours  di'haut  li»r&(|ue  des  b;Uisse>  dix  fois  plus 
jeunes  ei'oulotil  el  vont  lornltcr,  ces  murnilles  pe- 


DvMkiii  do  Karl  Cininl«t,  d'après  M.  Anlonin  Troust. 


int,  lujd^rê  [f*ur  noire  antiquiti).  maigri^ 
rOt  puisîs'icd.  moins  aneiennes,  moins 
loordoi  et  grossières  que  les  murs  ryclopéens  visi- 
bln  encore  dans  la  nu^nie  conti-tV  que  les  nionu- 
neati  des  P^lasjres.  rc»l-jHiiie  dans  le  Péloponèse 
(principalement  dans  l'Areadie)  ri  dans  l'Êpire. 
Heort^s  par  l«*s  llellt^nrs.  les  tribus  f^élasgiques 


reeulèn'nl,  et»  drlruiles  ou  aljsorl)tS»s*  disparurent 
(!*'  bi  IK'lIade,  de  la  Mon»»',  df  t«iule  l'Italie;  leur 
langue*  qu'on  croit  avoir  eu  plus  dv  IVaternilt^avec 
le  celte  qu'avec  le  pree.  aurait  ^rvî  de  base  au 
latin  ('?);  ilsn'aiir.*it*jit  sur\êen  i|ue  sur  Ir  territoire 
harlié  de  l'Albanie  de  nos  jours.  Vers  le  milieu 
du  quinzième  siècle»  les  Turrs  connsqiM''renl  n» 


âl4 


IK   TKUnK    A    VOL    irOISEAlU 


pjiys  Jifuvs  (j'iifiivuRt^s  guonvs  lu'i  hr'illn  Srander- 
bi'p,  1*1111  fK's  <li'u\  Ihm'os  (11*  l.'i  na(i(iii  :  l'autre  est 
Pyrriius,  vainqueur  dos  llomains. 

On  snpposp  qu'il  y  ;i  peuls^re  d(»ux  irïilliuiis 
(i'Albrirwns  ihiris  Un\\  \'t'm\im'  Turr,  Kurojie,  Asii\ 
AIriijiii',  l'ii  y  ciMiipriMiîinl  ;uissi  iviix  qui  sont  iJA- 
soi'irmis  [mrJiis  pour  Ifiir  [Hni[ili\  pour  li'ur  lan- 
•riti*.  (;iul  li's  raïuillcs  ()iji  s'jhilianisrtil  jiu  iiulii^Li 
ili^s  II;)li»Mis  (ju  s'Iirlir'iiisciil  itii  iitJlieiJ  (^■^  (irrrs, 
(|iu»  n'ilcs  d('s  arjiïiul  ktnii  '  (iisjH'rsrs  v^J  ^*l  ïà* 
siiiis  (H'dce.  hîiiïs  lit'iis.  sur  Ii*m  ilnjiiaities  4ltJ  Sult.iii. 
L<*  ■:nis  ûv  l;i  tmliiiri.  diins  rVIlKitiir  4^1  d.Mis  la 
MMcédiiiire  oceidi'ïtliilr,    l'uritn'   un    Mue  d  fiivir-fui 

I  :mm\\  aiih>s. 

(]e  iniiliuii  t'L  demi  di'  Skip<H;ires  parle  un 
I.iiifinge  di's  plu:^  rtjdrs4|ui  ga^'ni'  t't>tiLiiiurllenieiit 
d*'  noLiviviiix  \ill.'j_ir<'s  sur  l;i  Sliivîc,  ù  In  Irori- 
lit-rc  rliMniîi'.'viiïi*  ipti  h'  S(''pnri*  d**s  i4liomt>s  des 
Sl.ïvi's  tjii  Sud  :  l'AIbnn.'us,  lioiriini*  dur,  reuliv, 
porsotuud,  dainiiinli'ur.  jirro^%'uil,  tt'.'ipjirotul  ni  U' 
serbi?,  ni  le  l>ulLr;ii-i*.  tuais  U*  Slnve  du  Sud.  durtiln 
cl  poly^lollt\  .'ippDMid  r.'iib.in.iis.  l'ar  rtailri'.  au 
sud,  It'  skiprlnrc  ft'culfi  devntit  It'  ^ivr.  iu;ms  [Kisscr 
d'un  discours  Icirbnre  h  la  languo  d1lonn'*ri*  uVsl-ce 
p.'is  hfMHii'ui'  ri  lioriluMU'? 

Les  Alli.niais  suuï  nu  [>f'Upl*'  it  demi  sauvatrt', 
Ifirildc  d;ins  U's  conih.tts.  ctui'L  im[Ȕiliout,  i\'- 
niu.'itiL  ur  pnnr  Ir  iiiôlii'i'  tli*  nindiiltiiii*.  CiMituii* 
ils  n[i[iaiiicuiii*t)l  h  d^'s  [iJku>  ou  rians  jahnjv  vuUv 
fu\  il  h  ilrs  ii*]i<|fi(Mȉ  tuiiii'mii's,  la  Tui^pui'  Icvail 
dans  |ç  pa}s  niiMiit'  (les  siddals  [lour  y  niudmlliv 
l'iudi-[HMKlani'c  u;ilionali-;  au  deduns,  TAlb^Hur  si* 
dn'liirait  do  ses  propres  m.'dns,  elle  sedêelure  en- 
core, mais  himi  intiins  que  jadis:  au  dehors,  idle  a 
f(HJrui  peu  (la  ni  di's  sièelrs  le*i  nier<'e  lia  ires  qui 
furenl  le  l'oftusle  pilier  <le  rêdiliiM'  inipèrial  :  on  ne 
saurait  corupler  les  soIiImIs  de  l'arlune,  un  tiers 
lu^Ms,  deux  tiere  coquins,  qui  soiil  devenus  géné- 
raux* gouv^-rneurs  de  pnniîjee,  dompteurs  de  ré- 
volte eî  ({uelque  peu  bourreaux  ;*u  serviee  de  la 
H  Sublime  IVirte  d.  &uis  les  guerres  de  rl,in  h  cliui, 
les  bii^amiai^es,  l.'i  vendella  qni,  dit-on,  n'eulevail 
pus  moins  d'une  personne  \m\\'  an  sui'  dix  maisons» 
cette  race  qui  s'est  perdue  en  tuerie»  aunni  pu 
domptei-  liiiil  l'Orient. 

Le  Skiïurrdï*  pelit  fleuve,  divise  eu  deux  la  Skî- 
IM'larie  :  au  nord  il  y  a  (i 00  000  h  700  000  liuéfrues, 
au  midi  SOO  000  Tosipies  ou  [dus.  La  différenre 
est  f^randi',  eoiimie  par  exemple  ilu  franeids  à  l'es- 
pagnol, eoire  les  dialeeles  de  ces  deux  Albauies, 
.dont  l'une,  l.i  [fremière,  répond  a  peu  près  à  111  ly- 

1     Ces  iiioU  turca  veulent  diru  :  vîUagefl  ulbouaiit. 


rie.  la  seconde  à  l'fipire,  Guègues  el  Tosques  k 
haïssent  lollemeiil,  et  Ion  ne  s'aime  pas  plus  de 
niahomêlans  à  chrétiens  (ceux-ci  un  peu  nioiiii 
nombreux  que  ceux-làj,  et  surtout  de  rattioliqufs.î 
grecs,  connue  tt  est  assez  d'usafjte  entre  gens  dt' 
même  relij^'ion  :  au  sud  du  Skonib  on  est  de  rilc 
grec,  au  nord  de  rite  calliolique. 

A  ces  |wiys  «  soumis  sj  s'ajoutent  des  îles  de  iiin- 
gue  hellénique  :  l'une,  la  plus  grande  et  belle, 
Crète,  dans  ta  Médilerranée  propre;  et  quntre. 
Thaso,  Sainolhraki,  Imbro  el  Liumo,  dans  l'Ai- 
l'iiipi'l  ou  iner  Éyéc. 

Crète.  —  Oans  la  Méditeri'anée,  Crète  ne  le  cède 
en  ^raruleur  qu'à  la  Sicile,  à  la_  Sardni^ne.  h  In 
(ior.se.  Avec  ses  780  000  beelares.  cette  ile  dèpass<' 
largement  la  moyenne  des  départements  franniiit. 
A  [)orl*''e  do  rf']in*op«'.  <le  l'Asie,  de  l'Afri(pie,  etto 
fut  lunedes  vicilll^^  pairies  de  ta  politesse  grecque: 
on  la  nomma  la  Crèle  aux  cent  vilt<»s:  villes  mine 
rnies,  poini  n'esl  besoin  rie  le  dire,  car  oji  sait  que 
le  monde  hetléiiiqui*  tut  le  [ia\s  maudit  de  la  tiainc 
entre  fils  de  la  nn>nie  mère.  Les  noms  de  ses  nq»u- 
Idiques.  dont  lo  [dus  puissantes  s*appelèri-nt  lîor- 
hrir,  1]nos>e  el  Kyloiiie,  ceux  de  ses  nnnils,  de  ses 
lniMpjets,  reveii.iirnl  pivsqui*  â  iliaque  vors  dans 
rain'ieniie  jioésie  ^^recque;  ou  eélébrail  >es  xalttuis 
[tour  leui' ondire,  ses  cilés  pour  leui's  voluj»tès,  s<*s 
habitants  pour  leiti-  esjnit  de  nqjartJe,  leur  mau- 
vaise lui.  leurs  n»ensoni;es  :  (lr"i*cs  en  cela,  car 
toute  ntelléiiie  ("aussail  hi  vérité,  semldal)le  au 
guerriei'  vanté  (lar  Homère  eomme  h  plus  tiahile 
que  les  autres  mortels  dans  l'art  de  [irononcer  des 
discours  andijj^'us  i>. 

Oes  monts  la  couvrent,  très  intérieurs  îi  l'Elna  de 
Sicile,  1res  sujjériem's  aux  pics  de  S;u'daigne,  pres- 
que é^aux  à  ceux  de  |y  (anse.  Vei-s  le  centre  de 
Lite,  le  Psilorili  (;i4r>0  méires)  ne  livre  plus  au 
vent  les  (oréts,  au  zéfihire  les  bosquets  dont  il 
était  [laré  quand  il  se  noïumait  l'Ida,  cher  j^'ênus. 
H  lie  reste  à  ta  Crète,  au  lieu  des  ^'^rands  bois  de 
jadis,  que  des  ballieis  déi,Tadés,  cl.  rà  et  ià,  des 
ravins  sylvestres,  avec  pins  parasols,  cypi'ès,  ca- 
roniiiers, chênes,  el,  dans  l'ouest.  *Ie.s  châtaif;niei*s, 
ilaiis  la  [daine,  sur  ta  colline  cjui  donne  un  vin  de 
feu.  le  soleil  darile,  il  brûle,  et  l'olivier  n'en  ga- 
l'antit  [»as. 

A  lorieïjt  de  l'ile,  le  Lassiti  (âKïO  mètres)  s'ap- 
[lela  le  IHclé  ;  à  Touesl  s'èlanceul  lesLeueu  Ori,  ou 
Monts  lllancs,  ainsi  nommés,  non  pas  de  leuis 
neiges  êttiruelleii.  bien   qu'iU  aient  t^lGl)  mètres, 


âlG 


.A    TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


plus  quti  l'Eda,  mais  pnut-êlrp  do  leur  nalcairc  Lril- 
ïanL  au  soleil.  Ces  Monts  Dlant's  ou  Aspmvounn 
ont  un  Iroistrriîe  nom.  cf^liii  de  monts  Splinkiotis  : 
ils  ie  doivent  ù  leurs  durslifdjitïints,  les  Sftiifdtioh's, 
qui  sevanleiil  d'être  les  fils  du  |Hir  sanjti;  des  Hel- 
lènes. Qu'ils  se  soient  ou  rinn  irn^lés  aux  Slaves, 
aux  ïluîuitins,  itux  Anibeb  (jui  régnèrent  dnns  l'ile 
au  neuvième  et  au  dixième  siècle,  aux  Vénitiens, 
aux  Tiin^s,  maîtres  de  Trète  pnr  eux  appelée  (vui- 
die,  et  aux  AHjanais  qui  aidaient  l'Osmanli  d.iris 
son  œuvre  d'îisservisseruenl  ou  de  nnul,  ce  sont  de 
fort  boiuix  hommes  que  ees  lièriliej'S  des  vieux 
(Irèttïis  hnbiles  ^  laneer  la  llèelie;  toujours  ils  ont 
su  g«irder  leiu'  lilierl*'^  dnns  la  monlajrtie,  et  eeni 
lois  ils  ont  i'i'ni[dl  du  san;^  de  leurs  ennemis  nialio- 
luètans  et  de  leur  propre  sang  les  ruissenu^i  qui 
sautent  eu  easead^'s  tlaiis  la  rurhe  vive  e(  les  sour- 
ees  qui  jaillissent  d  Tonibre  du  eliâlitignier.  t'en- 
danl  que  les  gens  du  pUil  pays  .nposlnsiaîenl.  ils 
sont  demeurés  rlirélieiiNj  eï  ïtMU'  l.tii^Mie,  [larfimiée 
d'aaliquilè,  rebseirdile  au  \ii'U\  parlei"  dojieii,  qui 
fut  le  plus  énergique,  le  plus  osseux  des  dialectes 
grecs.  D'ailleurs  tons  les  Cretois  parlent  grec,  même 
les  tniisulniEiiis,  à  rL*xet'ptiiiri  des  cpielques  arnaul 
ki'uï  uu  villa;^i's  albaiiais. 

On  (Jr>nue  :>  irelte  ile  uiajeiu'e  de  rileHènie 
!;>jOOlM>  ludjilanls,  dont  03  000  professant  l'isla- 
misme: i'esnuisulrn;uiâ  n'y  vivent  guère  hors  des 
villes  ou  loin  de  l:i  eôln,  et  ee  sont  les  clirétieus 
qui  l'ormenl  ta  jxqndalion  des  idi;un|is.  Métissés 
(sauFlesSpJiakioles).  Iiuigieuj[is  a|ihilis  whis  li*  jon^^ 
souvent  décimés  pnr  des  guerres  d'ituié}ïeiuianee 
jusqu'à  ee  jour  mallieureuses,  ils  no  soûl  pas  en- 
eore  assez  rKMtdMt'ux,  ni  piMil-étre  Jtsse^î  aetils  |uun' 
rendre  à  leur  [uUrie  sa  reinlure  de  villes  élé- 
gantes. La  Crète  u  sa  eapilale  sur  le  littortil  du 
nord,  doté  de  ports  exeellenls,  en  Taee  des  Li'tjr;j 
Ori  :  cVsl  la  CauiV^  (hi  000  habitants),  qui  iul 
Kydonie. 

Petites  îles:  Thaso.  Samothraki.  Imbro. 
Limno.  —  Tluiso  i  10  000  habitants).  Ile  de 
191100  lieetares.  s'élann*  i\  1000  inétivs  par  son 
Saiul-Klie  dont  le  norn,eomniun  en  tene  frreerpu'. 
lord  à  la  chrélienne  le  nom  païen  du  soleil,  Uetim. 
Contre  l'iiabitude  des  roches  entourées  d'eau  de  la 
nier  Egée,  Thaso,  où  In  f^luie  tombe  dru.  «iouii*' 
l'ombre  des  bois,  surtout  des  pins,  à  ses  Hellènes 
parlant  un  f;ree  souillé  de  lure. 

La  stérile  Samotfu'aki,  en  vue  de  l'Allios,  en  Face 
de  Feruboueliure  de  In  Maritsn,  n'a  que  la  [lopuh- 
liou  d'un  bameau  :  t200  Grecs  à  peine,  sur  17  000 


hectares,  autonr  d'un  Sainl-Élie  de  1598  inèlr«. 
trachyle  drapé  de  chênes. 

Imbro,  bien  moins  haule,  puisque  son  Saint-Élit» 
lie  monli.'  (ju'â  ri'.ïj  métrés,  sort  du  Oot  |>rès  de 
l'ouverture  des  Dai'darieUes  dans  h\  mer  Kgvp. 
•iOlJO  Hellènes  y  peuplent  [»i'u  2ti  OOO  heclares. 

Limno  ou  Sïiilirnéne  i'uitïail  au  temps  des  Grecs: 
de  ses  i'oui'ueaux,  éteints  maintenant,  ils  firent  h 
forgi*  de  Vulcain.  dieu  de  la  funte  et  du  fer,  père 
des  arts  et  de  toute  seienrc  ;  aucun  de  ces  volcan:' 
n'a  de  ^nandeur,  et  le  Skopia  ou  Belvédère  n'y 
atteint  que  '*:)(>  mètres.  iiOOO  hectares,  22  000 
hoinnu^s,  |ires(|ue  Ions  Grecs  gagnant  sur  l'èlé- 
tncnt  Une.  pas  d^iiid»rai:>^i\  (tu  hieu  peu.  Itenuroup 
de  fontaines,  un  sol  j'iebe,  voilà  Lemnos.  à  dislanro 
égale  du  numl  Albos  en  Kurope  et  du  rivage  de 
Tr(He  en  Asie. 

Ces  (juatri*  Mes  furent  llorissanles  jadis,  pendmil 
l'ère  brillante  des  Hellènes,  quand  Tliasos,  par 
exenqde,  avait  lOOOIiO  ;lnK's,  et  peuplé<^5  aloi^tle 
villes  ingénieuses  d'où  surtaicnl  tles  poètes,  des  ar- 
tistes, et  malheurcus+^ment  iuissi  des  rhéteurs.  Elles 
oui  pour  habitants  de:<  conunerçards,  des  pécheurs 
et  des  marins.  Dans  luules  les  qijatie,  la  capitale 
est  nn  pelil  bourg  du  uim»  di*  Kaslro  ^forteresse). 

Tons  ces  pays  c  soumis  )^  oui  ensemble  un  peu 
plus  de  IG:)00  000  hectares,  avec  i  500  0(»0  hahi- 
t.(u!s.  soit  i* 7  [lersoniu's  par  kiloinèhe  cîîrré, 

Roumélie  orientale.  —  La  Unutuélie  m-ientale 
im  Province  autonome  a[i]ia!'tienl  oftieielbMueitt 
au  sidtan  dtv  CiuisfMrïltnople  rpii  en  nonnne  le  gou- 
\ernein'.  résiitanl  à  IMiiliiifiopoli  :  mais  en  réalilê 
elle  jouit  d'une  [tresque  indépendance.  Klle  aspire 
ouvertement  i\  se  marier  à  la  Bulgarie  dont  cHc 
parle  la  laii;;ne  e(  à  la((nelleelle  es|  ère  porter  en 
dtjt  les  autJ'es  proujiees  plus  ou  moins  hulgainv 
phones,  laltoumélie  propivJaThrace,  In  MAcédoine: 
ainsi  uaihait  ou  rtmaitrait  la  m  Grande  Ihjlgarie  », 
du  hanube  à  la  mer  Kgée.  de  ta  mer  Nnire  aux 
monts  Albanais. 

L'Autcnioniia  ou  Pi'ONince  aulotiorne.  ésalanl  pres- 
que six  île  rtos  <lépartemeuls.  n'a  (las  (otit  à  fait 
ûOOOOOO  bectares  avec  quelque  80it000  Ames. 
soit  2"»  personnes  jiar  kilomètre  carré.  KHe  occupe 
le  bassin  suj;éi-ienr  (lu  th'U\e  Maj-itsa,  au  })ir(l  mé- 
ridional du  llalkan,  qui  In  sépnj-e  de  la  llulgarie; 
dans  l'autre  sens,  de  l'est  a  l'ouest,  elle  va  de  la 
rive  du  Pont-Euxin  aux  montagnes  du  Itluultqie. 

IK's  statistiqui^s  rortemeni  pliilliellènes  nous  la 
ilontïèreni  lonirlejups  comuii"  urn»  ciniliée  presque 


|reji»ent  grecque  ;  nifiinleiiuiit  de^  docuinciils  trop 
AHOpliilcs  sans  doute  nous  la  repré^cntcnl 
'  We  buljjare.  et  en  sorond  Itou  nuisuliiinne  : 
complopiiit  CiiOOOO  Bulg.iios.  dont  50  000  Po- 


maks  ou  Midioinvlinis hiil^ftropliont's.  175  OOOTtiii^ 
el  Musulniniis,  Ic^iits  rurii;ilts  rornpris,  ft  seul»'- 
nieiil  une  qunrjinluijM'  de  iitilliers  de  (jrecti,  luirnii 
lesquels  un  givinJ  noinlu'e  à  IMovdiv  ('M  000  Irabi- 


Typvs  el  cotluiiie^  alkaïuis.  ~  Dessin  de  Huigai,  <l';ipita  une  pbotograpliitj. 


l'Iibèdr-iTun's.l.iPliilippopoHîidesGrccs» 

Ipilnle.  ou  liord  de  h\  Mari  Isa. 

^vmit  la  dernière  guerre,  rcMément  turc  avait 

[ïtij-i  praudf  force   dans  ce  pays,   voisin  de 

«Uiititiopli'  ri  di'puis  longteni|s  infiltré  d'Os- 

dILs;  mais  quand  le  chrétien  trioniplinnl  devint 

I  loor  l'-che  et  persécuteur,  2^0  000  Mahonié- 


(rtiH  sV-nfiiirent ,  dil-+Mi .  dt*  la  tenv  lnjlf,Mre  ; 
iOOUOO  de  ta  st'ule  Houniélie  orientale.  Ueaucoii]», 
depuis,  sont  revenus. 

Bulgarie,  Bulgares.  —  La  Uulguric  tout  ù  Tait 
indépendante,  mais  condamnée  à  payer  un  tribut 
à  Sa  llautesse,  tend  à  s'annexer  toutes  les  terres 


ns 


LA  TKnKK    A    V(U,    Ii'iMSFAU. 


r 


hulgîirupliones  avec  es  élèfiicnts  cillagèiit's  i|iji  iii- 
U'i-njni|KMit  çà  el  là  In  consislancc  dr  lu  ii;Ui^u 
((  gi-aiid- bulgare  ». 

Cette  iriaitressi»  pionv  du  roin  vaut  à  peu  près 
<Iix  (le  îiiit^  {lèjiarleitiL'iilt*,  puist|u*elle  s'éleiid  sur 
r>  400  000  liecliuvs,  avec  deux  inillidiis  d'niiU'S  : 
lîoit  ol  nu  kiliiiriMre  efnrê. 

IKj  lîîillwn  m'i  jv^^tie  le  J(>uniuni(cli:il  (tî57f)  inè- 
Ires),  Ui  Bulgarie  s"éLend.  bieu  inoius  large  t[ue 
longue,  jusifu'f^  la  rive  droite  du  Ihiinibe,  haut 
l.iUis  ,ivee  des  villes;  t;iiitliîi  (jne  la  rive  g;uirlie. 
dallêye.nice  rouuiîiine.  est  toute  eu  vallée,  ru 
marais  ot  Faux  bras,  vastes  lits  d'tnondalinri  et. 
ijuand  les  vaux  se  relir**ti).  Fiilile  oflieiiie  de  liè- 
vres. I>e  l'orient  à  rue4'id4Mil,  elle  se  prolonge  au 
loiru  de  Varna  Çio  Ot»0  habitatits),  le  grand  port 
lMJl»(iiï'e  de  la  toer  Noire,  aux  rnoiils  ludgaio-serbes 
lie  la  Murava.  Trrs  lerlile  im  loiif;  de  >eïi  nun> 
d'eau,  beaux  torrents  dans  le  mont,  rivières  ensa- 
lit's  dans  la  plaine  ^^rnsse,  la  Ihilgarie  est  le  gre- 
niei'  d'abitiuluiiee  df  (^.oiistaiitiiiiifjle. 

Les  Bulgares,  nation  de  près  de  î  millions 
d'iïomnies,  ne  sont  qu'iniparrnilenn'n(  slaves  :  ils 
ont  pour  aiH'ètres  des  baj'bnret^  de  liyriaj;e  turc  (»u 
miingol,  ou  les  deux  mêlés,  qui,  sorlani  de  l'Asie 
eerdraïe,  liabilèreut  les  bui'ds  de  la  Vcd^a  (dont 
ils  prirerd  le  nom,  ou  â  la(juelle  ils  duiiuêrenl  le 
leur)  ;  IVanebissiuit  le  Ihiiiuht*  en  t>Tll,  ees  enu- 
([uêrarits  vinrent  se  perdre  an  milieu  d'un  peuple 
slave  r[u*ils  domitièrenl,  mais  (jui  letir  a[tprit  sa 
lautjue  e(  les  dérifitioiifilisa  :  c'est  Tbisloire  di*s 
.NoriiKmds  en  Tninee. 

baborieuXt  [inditicjnes,  auiis  de  la  pciiv,  de  la 
vie  des  champs,  ils  passaient  pour  une  liiurbe  de 
l'uslres;  ils  ont,  lout  au  eontra)ii%  du  talent  ]>oui' 
riinluslrie,  un  goût  vif  et  pur  |»our  les  arts.  In- 
seusiblenuMit,  ils  ^M^neut  devant  eux.  sauf  sur  les 
Albanais,  el  déjà  ils  se  sunl  annexé  liii^n  des  vallér's 
où  Wrsotiuail  la  langue  greeque,  et  m'i  maintett:in( 
ou  n'eniriul  ;;nére  [dus  <pie  le  bul^Mre.  idiimie 
slave  eonseivant  tjuebpn-s  Iraees  du  [arij^aj;e  rpie 
parlaient  les  Yolgares  quand  ils  arrivèrent  du  plus 
long  au  jïlus  abi>ndant  de  nus  fleuves  d'Kurope. 
L;i  [ilupnrl  île  ees  Slavisés  professent  la  reli^aon 
grec(|ne;  le  moindre  rïomhre  est  cnthoticpje.  nu 
bien,  sous  le  ïioni  4le  l'intïaks,  s'est  siitnnts  à  rislaui. 

tïn  eslinu'  rpie,  sur  les  deux  millions  dhabilants 
de  la  Dnl^^arie  liln-i',  les  lîul<îaivs  einnpt<'rd  ponr 
plus  des  deux  tiers  et  les  Turcs  poui*  plus  du 
quart  :  ceux-ci,  moins  nombreux  qu'avant  le  pas- 
sngc  du  iîalkan  par  les  Russes,  sont  eneure  forte- 
inetil  concentrés  iiutour  do  Cliouuilu  (J5000  liabi- 


lanls).  daîis  la  lUil^arie  orientale,  au  nord  eonime 
au  sud  de  la  montagne,  jusqu'à  \n  nier  Noire,  el 
pivsque  jusqu'au  lïanulie;  ils  se  m(»nlent  i>  plus  île 
50<Hï00  iriril^rv  l'émigration  (d'ailleurs  suivie  d'un 
miuivemeut  contraire)  qui  les  emporta  pui*  lrou|)cs 
elTaréeti  lorsque  l'héréditaire  ennemi,  maître  enlin 
dcF'Ievenou  l'Ievna  l'béri>ïque,  tint  dans  ses  mains 
le  vieux  et  glorieux  destin  di's  Osmanlis. 

Pour  dissocier  réiément  bulgare  el  Ibililifr  l'ê- 
lément  turc,  ns  de  ses  os  el  chair  de  sa  chair,  le 
giinvernentcnt  înqierial  avait  jeté  chez  eux,  par 
dizaines,  viiijv  eeidaiin*s  de  milliers,  des  Musul- 
mans fuyant  riiégènionie  russe,  des  Circassiens 
échrt(ijiés  du  Caucase,  dt's  Tarlares  échappés  de 
Crinu'c;  ces  dei'niers,  cobtns  paisibles;  les  pre- 
miers. Imimries  de  paresse,  de  rapt,  de  violence, 
lialiilués  à  tuer  l'enincmi  lui  le  passinil  el  à  vendre 
leuis  iilles  pour  k*s  liar*  lus  des  lums  Osmanlis; 
mais  le  plus  grand  riDuiloe  est  mort  ou  s'est  dis- 
persé: d'autres  snnt  rmrqilés  cmunir  TiU'cs;  le 
reste  se  bnlgarise  lenîmiienl. 

Lors  de  la  grande  jniissauce  des  tiulgaros.  leurs 
tsars  et  leurs  évéqtu's  résidaient  dans  une  cité  aiii- 
gulièremenl  pitlores<|ue,  sur  si'pl  déltuws  de  ri- 
vière, àïirnova.  traversée  par  la  lanfra,  qui  c*)nrt 
an  Danube;  avant  Tirnova,  la  capitale  él;iil  Praslav, 
endjellir'  par  un  tsar  qui  assii-givi  quatre  tbist'on- 
stantiniqile  et  ne  la  prit  puint  :  il  n'en  resti*  que 
des  mines,  près  iriiski-StiindjouI.  non  Icttu  ûe 
Cfiouinla.  la  ville  qui  parte  tuir:  a\anl  Prakbv 
les  princes  liabitaieiil  (»krida.  Aujourd'hui  le  [«n*- 
leinent  siège  à  Sotie  ("20  000  liabitanls(,  la  citèccu- 
tj-ale  de  la  Péninsule  slavo-grecque,  à  535  mè- 
tres d'altitude,  an  \\'\ri\  du  Vifnch  (2Tt7tO  nn''tres) 
souvent  neigeux,  sur  ri>ker,  al!tluenl   du  L'anubc. 


Bosnie-HerzégOYÎne.  —  lu  contrat  hypocrite 
a  larrgé  la  lîosni*'-ller/,éyovine  el  le  sandjik  de 
Novibazor  parmi  les  provinces  d'Autriche,  mais  le 
gonvetniMuenl  de  rnnstaid.itLii[»le  est  censé  cons^T- 
vei' sur  elle  un  droit  de  su/ej-aiuelé. 

A  eux  trois,  la  riche  liosnie.  la  pauvre  Herzé- 
govine et  le  sandjali  de  Novibazar  ajotdenl  à  THm- 
pire  aux  i\vi\\  létes  (lune  â  Vienne,  l'autre  â 
Itndapestj  fi  100  000  hectares,  avec  I  r»20  0tlO  h;dii- 
tants,  soit  rit  perstnnies  fiar  kiloniètre  cariv.  Près 
des  deux  cirnptiênu's  de  ci-s  nouvetiux  «  Kaiserlicks  i> 
sont  des  Musulmans,  lils  des  Slaves  qui  jadis  abju- 
rèrent, plus  que  des  Turcs  dont  le  yatagan  tiU 
bien  mieux  que  l'iumn  le  vrai  ministre  de  Pab- 
juralion;  un  peu  plus  des  deux  cinquièmes  appar- 
tient au  rite  grec,  les  autres  sont  calboliqties. 


î'RKSQll'ILK   SI.AVO-GRECQl'E. 


H9 


Tkmt  r»*  inoiidt'  |inrle  s^rbe,  si^  sriit  yougo-slave, 
ft  »»)uliaiter.iit  do  s'unir  â  Li  St'rl>it',  Youyo-Slavic 
fulurt*.  ni.iis  In  nialheuivu^e  htiiiu'  Hu  <>r<'e  contre 
le  Calholiqtir,  du  ivilliolique  contre  le  (w-oc,  celle 
de  tnu6  deux  contre  le  Mnlioinèlan  et  du  Malionièlan 
«iiilri'  luus  deux,  einf>èchenl  les  Slaves  d'orifrinc 
srrU*  de  SI*  dissoudre  en  une  s<*ulo  et  ni^nie  nation  ; 
danis  rancîenne  Aulriche,  de  l'autre  côté  de  In  Save, 
il  n'y  a  |>oinl  de  Musulmans,  mais  le  Croate  catho- 
li<|U^  a  de  l'aversion  jwur  le  S<Tbe  grec»  et  le  StMi)e 
grec  lui  rend  d'il  |)Our  wiL  dent  pour  dent. 

Deis  nionis  assez  seiiiblaldes  A  nuire  Jura  cou- 
tr>*til  b  Itûsnie.  où  Ion  retrouve  les  jieilcs  et  les 


renaissiïnces  d'eau  ennimuni^s  au\  pays  de  cnieaire 
ou  de  cnue  :  ainsi  In  lirnpitie  ri\iéje  cjui  dotme 
son  n(»m  à  la  province,  la  Hosna,  trif»utaire  de  la 
îvive,  jaillit,  déjà  toute  giunde,  au  pied  d'une  mon- 
tagne. Si  fendu  qu'il  soit  en  roches  sèches,  ce 
pays  ne  manque  pas  de  fraîcheur,  le  long  de  s«^s 
cours  d'eau,  près  de  ses  fonts  merveilleuses:  t  Où 
commencent  les  arbres,  où  finissent  les  pierres,  on 
entre  en  Bosnie  n.  dit  le  Iblmale  qui,  lui,  vil  sur 
pierraille  et  ro<^aiIle.  De  grandes  forêts  couvrent 
encore  in  moitié  de  la  conln^e,  maison  les  abattra 
dès  qu'on  aura  des  chemins  jiour  les  atteindre. 
Elle^  abritent  le  renard,  le  hl;iire:iu.  le  chat  «au- 


iuc  vtU«  liul^ip-lurquo  :  JluiusLir.  --  [>o»-,iri  do  Tltèraiid,  d'ai>n-»  uiw  pbolo^'niphie. 


*îi^«  le  loup,  le  lynx,  l'ours,  ce  Inm  plnlosophi* 
"i  qu'on  citasse  de  ses  caverucs  jMili-Jarcale.s  : 
lue,  parait-il.  t.'iOt)  (»ar  an  dans  la  llosnie. 
Im  ■  gratide  >  ville  l>osniaque.  (|ui  est  j»etite.  In 
■  Dums  du  Non!  p.  comme  ra[)pelit*nt  les  Turcs 
à  cause  de  «ms  jardins,  Sényevo,  n'a  guère  que 
'SSOOO  âni«^;  pi'esque  entièrement  musulmane 
L  jusqu'à  €«•  jour.  Bosna-Séraï'  horde  nn  triliutaire 
4ft  la  BoMia.  I*lu>  pittoresque  est  l'ancienne  c;ipi- 
UUf,  laitsé.  dans  une  gorge  oii  le  Vrbas,  ufllueul  de 
^■>p*  reçoit  du  haut  d'un  rocher  de  tuf  les  cas- 
!•!  cascitellesde  la  Pliva. 

une  supportait  impatiemment  le  Turc, 
'•  '  ê(  lal.i  1^1  h'volle  qui.  loin  de  délivrer 

U  peliU*  SUvJo  bosniaque-lientépovinienne,  la  livra 
1^  C^m  MU  nom  liirr  ;  iimt  »  moi.  faUta  de  ta  Doêua 


contre  toute  justice  à  rAulriche,  c'est-à-dirt'  à  des 
Allemands  et  h  dos  Hongrois.  Ses  Slaves  ehrt'tiens 
(avec  Musidinnns  «lans  les  villes)  habitent  sur  des 
plateaux  arides,  sur  des  monls  disloqués,  Si^cs, 
chauves,  et  dans  des  gorges  dmil  les  torretds  cou- 
lent à  ciel  ouvert  h  la  renconln*  de  la  Narenta,  tri- 
butaire  de  l'Aflrialripie.  (piand  ils  ne  liltretd  pas 
dans  lesltssures  du  calcaire  et  qu'ils  ne  sauti'Ut  pas 
dans  un  jMinor  on  goulTre.  Os  eauT  penlues  ga- 
gnent fiour  la  pluftarl  la  mer  allonj^ée  tpii  sépare 
la  Turquie  de  Tltalie,  car  elles  vcfut  siulii-  «'ti  fon- 
tiiines  splendides  sur  le  liltonil  <ie  la  halmatie.  à 
quelques  lieues  ou  à  quelques  pas  seulement  de  la 
vague  qui  doit  les  entjloulir  —  tiu  même  au  delîi 
du  rivajj'e,  îous  le  llol,  coimiie  aux  l'onls  sous-mii- 
rines  de  Cattat*o  et  de  l)oli.  Celte  llalmatie,  pro- 
vince aulrichieiuie.    qui.  sauf  des  colonies    ita- 


250 


LA    TERRE    A    VitL    (l'OISEAT, 


liennes,  a  aussi*  poui'  Eialiitiint^  dos  Yougo-Stnves, 
n*esl  d'ailh'urs  qu'une  étroite  langue  do  terre,  et 
du  sommot  do  srs  Alpes  eassôos,  slérilps,  mi  \oil 
connue  à  s<s  pieds  k's  flols  Meus,  liml  on  rognu 
fiùtvruenl  sur  les  gorges  nues,  éclairû'es,  ardentes, 
qui  tombput  de  VnvHc  hQnv^ù\mwc  h  h  rive 
dîtltuale.  L;ï  piineipalo  rivière  du  pays  après  la 
Narenla,  lu  Trùbcnslilsa,  passe  pour  ulier  former 
oulre-uioiils  la  superbe  saurce  de  l'Ornbln,  près  de 
Haguso,  en  même  temps  quv  celle  de  Uidi,  qui 
sort  du  l'oud  de  la  mer.  Mostar,  la  capitale,  sur  la 
NarenUi,  n'a  tii  grandeur,  ni  vie»  ni  aviMiir. 


Serbie,  Serbes.  —  Grande  de  48C00()0  hec 
tîiros,  avec  2  iOOOOO  dlinhilanls,  snil  45  personnes 
par  kilomètre  carré,  ta  Sfrbie  dut  son  indèpeu- 
dant^e  à  doux  paysans,  Tiin  nteunier.  l'autre  por- 
cher, à  George  le  Noir  (Karagcorg)  et  à  Milocii. 
[depuis  lors  —  c'était  ;iu  premier  quart  du  dix-bui- 
liénie  siècle  —  les  autres  Slaves  du  hingut*  serb«, 
bosniaques,  Ilerzégoviniens,  Dalmates,  Slovènes, 
Croates,  re^Nirdetit  ce  petit  pays  conutie  le  noyau 
de  la  a  Grande  Serbie  )>  que  des  patriotes  rêvent  de 
restaurer  sur  le  Danube,  sur  la  Save  et  la  Drave. 
Ainsi  ren.'dlrait,  dans  la  rncsnro  du  possible^  le 
triiditionnel  empire  du  tsar  Doucliaii  sous  lequel 
les  Serbes  commandaient  nu  loin  dans  te  Balkan  et 
sur  le  lleuve  Danube  :  les  empereurs  de  Byzance 
trendjl.iient  alors  devant  mix, 

Une  histoire  sanglante»  la  liberté  reconquise, 
une  langue  sonore,  une  poésie  héroïque,  des  chants 
poptdaires  su[>erbes  donnent  à  ve  peuple  un  i*arig 
distingué  parmi  les  Slaves. 

Des  uioulagnes  qui.  sur  la  frontière  méridionale 
do  pays,  s'élèvent  à  iHOy  mètres  —  c'est  l'altitude 
du  Kapaonik;  —  des  forêts  si  noires  et  profondes 
qu'un  proverbe  disait  :  «  Si  j'élnis  loup,  je  ne  vou- 
drais vivre  qu'en  Serbit*  w:  parmi  ces  forêts,  celle 
de  In  Gboimiadia,  d'où  sortit  l'indépetidance  de  la 
îiatiini;  des  bois  de  rliénes  avec  troupeaux  de 
porcs;  des  lorrenls  pleins  courant  a  la  ï^rina,  tri- 
butaire de  la  Save,  à  la  Mnrava,  pvuul  aniuent  du 
Danube,  tels  sont  les  principaux  traits  do  la  Serbie. 
La  Morava  se  forme  dans  les  monts  où  le  val  de  la 
Sliiiitsa  vit  le  désasire  de  K(jssovo  ou  du  Champ 
des  Merles  et  la  lin  de  Tempirt*  de  Douchan  : 
soixanle-dix-scpt  mille  Serbes,  disent  les  chants 
ualiiMiaux,  [>érir<'nl  sous  les  coups  des  Tnrrs  dans 
cotte  mémorable  bataille,  et  à  celé  *les  Serbi's  dor- 
ment à  milliers  dans  ce  sol  tragique  tiMirs  alliés 
les  Bulgares  et  les  Albanais. 


In  des  grands  charmes  du  pays  serbe,  et  même 
de  toutes  les  contrées  Yougo-Slaves,  c'est  que  la 
ville  n'y  sure  pas  encore  la  moelle  de  la  c-ampa- 
gne.  La  Serbie,  la  Yougo  Slavie  n'ont  que  peu  de 
cités,  et  des  cités  petites;  \fl  masse  de  la  nation 
coule  s^ï  vie  dans  des  hameaux  qui  no  sont  pas 
faits  comme  les  noires  d'un  «'.oncours  de  t'amilles 
étrangères  les  unes  aux  autres,  ou  si  elles  descen- 
dent d'un  même  père,  divisées  bien  vite,  émiet- 
lées,  rendues  ennemies  par  le  voisinage,  par 
les  partages  et  les  procès;  chez  les  Skves  du 
Sud,  le  hameau,  ou  si  l'on  veut  le  village,  est 
une  Za<irouga,  un  groupe  de  familles,  une  réunion 
de  parents  et  d'amis  qui  se  rapjïellenl  leur  com- 
mune origine  et  la  consacrent  par  la  communauté 
d'inlérèls.  Hors  des  lieux  d  aduiinistr-alion  et  des 
places  de  commerce,  cette  portion  de  la  Slavie  se 
divise  eu  une  multitude  de  républiijues  inlinitést- 
niales,  patriarcalcmenl  régies  par  le  plus  ancien 
ou  par  le  plus  ra[ïabli'. 

Mais  voici  que  les  Zadrougas  s'en  vont,  depuis 
que  les  Serbes  commencent  à  prt'fférer  Belgrade 
et  les  gros  bourgs  du  pays  à  la  simplicité  du 
village;  pourtant  le  septième  seulement  de  la  con- 
trée est  en  culture. 

Sur  les  '2|tMH>00  luibitants  du  roynum-s  il  va 
bien  I8t)t)000  à  1900 000  Serbes  "et  200000  à 
r»(^0UO0  étrangers,  dont  ZhOO\)  Bohémiens,  une 
centaine  de  milliers  de  Bulgares  en  liviin  de  se  ser- 
biser,  et  au  moins  1^0  000  Roumnins  dans  les  mon- 
lafjncs  de  l'Est,  entre  ilorava,  Tîmok  et  Danube: 
ceux-ei  ne  se  slavîsent  point  malgré  les  é<*oles;  on 
n'assiinil-i  pas  facilement  le  «  peu[de  de  Trajan  \>. 

Donc,  vers  les  Serbes  de  Serbie  lèvent  letu-s  re- 
gards les  patriotes  qui  veulent  ivbiVlir  l'aulique 
Yougo-Slavie,  tant  ceux  au  sud  de  la  Save,  Bosnia- 
c|ues,  Ilerzégoviniens,  Dalmates  cl  Morlaques,  gens 
d'Istrie  et  de  Carniole,  qu'au  nord  de  cette  rivière, 
ïi's  Croates  et  les  Serbes  de  Croatie,  d'Esclavouie, 
de  Hongrie.  Mais  comment  l'aire  de  grecs,  de  ca- 
tholiques, de  mabométans,  un  peuple  à  toujou!*s 
cimenté?  Pourtant  :  <i  Sama  sloffo  spasiva  Srbi! 
—  L'union  seule  peut  sauver  les  Serbes!  w  Ils 
usent  de  la  mieux  consei'vée  des  langues  slaves, 
d'un  parler  qui  a  des  rapports  intimes  avec  le 
Linga^'e  dans  lequel  la  Bible  l'ut  pour  la  première 
fuis  traduite  h  l'usage  des  tritius  slavophones  : 
langage  fort,  plein,  sonore,  abondant  en  désinences, 
qu'on  appelle  sinvnn  d'église.  Ge  priiuier  des  idio- 
mes di*  la  famille  quiiiie  <*'uvj'e  littéraire  ail  lixè 
se  |)arlait  on  ne  sait  où.  en  Serbie,  en  Mœsie.  en 
Carniule-  ou  autre  pari  encore,  en  tout  cas  chez 


I 


PRESQU'ILE   SLAVO-GRECQIE. 


251 


YougtvSlaves  :  on  le  regnrde  k  tort  coninif>  le 
[1ère  des  iilionies  sinves,  ce  n'en  esl  qu'un  frère 
llot'v  L'S  Stériles  sonl  i\û  l.i  ivlitrion  *,M'eiv]iio. 

Li  Srrbie  a  pour  c.ipil;»le  Bel*i:r;»(i<»  {on  frîMirnis. 
TUlo  BUnche).  modeste  cité  de  560O0  âiues,  uu 
confluent  du  Dunuhe  et  de  la  Save. 


Monténégro.  —  Tenie  ou  grise,  et    sur  cer- 


Inins  c^ilcaires  en  plein  soleil  éclatante  de  bliin- 
fhour.  la  Muiilngne-Noire —  c'est  ce  que  veut  dire 
Motileur^i'O.  IcrniP  if.Uii»n  —  dut  s;ius  doule  ou 
[MMtl-tHrc  Ci»  uiiin  h'IlcnuMil  taux  iiKiititfiiyiil  à  de 
grandes  sapinii>ix's;  mais  snpiiis  et  clit^nes  y  sont 
rares.  Qimi  qu'il  eu  soiU  les  Slaves,  ses  lils,  la 
ïionuniMit  Tsniauora.  et  les  Turcs  Kara-l>agh  ; 
or,   ccâ  mots  siguilieut  aussi    In   Montagne-Noire. 


fTCTt  un  famenx  nid  d*aigle,  une  aire  presque 

doublée  depuis  les  \icloires  des  Monlriiégriiis  sur 

If)  Turcs  pendant  la  dernli^re  guern*  d'Orient;  à 

inr  tciuti'fi.is  si  le  Mont-Noir  a  ÎMI^OOO  hirtires 

îivHMKKl  linuMues.  ou  27   à  2H  au  kilomt'lre 

eurè.   Cet   entassement   de    calcaires   appuie  au 

Ki>ni  (2418  mt-trt^s)  o{  au  ïlonnilor  I2.N28  luètres) 

,       un  chaoH  de  nx-s  teu<lus,  de  eroup#'s  chauvrs,  de 

■    p*nr**4  ^uft  bi  chanson  de«  «ources.  Çi\  et  là  quel- 

H    ({ue  içraude  fontaine  lance   uu   ruls^fau  hlcu.  qui 


InenlAt  rentn»  sotis  la  (erre,  ou  plulrtl  sous  la 
pierre,  c^ir  le  Minilêiiéiiri'o.  ou  du  UH»iiis  la  Tsi-iia- 
gora  d'avant  les  annexions,  n'a  guère  de  sol  que 
puisse  Iniuer  la  cliarruts  tout  le  haut  pays  est 
d'une  uriditê.  d'une  durelc,  dune  nudité  si  pi-odi- 
giuuses.  il  esl  tellement  gildïcux  et  disloqué  qu'il  ne 
possède  en  toul  que  rpiaire  champs  cultivables  ayant 
en  moyenne  uu  ki]»»ni*'lie  de  large.  Ses  pounues 
de  terre,  son  orge,  son  avoine,  son  blé.  son  seigle 
croissent  à  l'aveiiluiv.  entiv  leséboulin  de  rochecit, 


252 


LA   TERRE   A   VOL   n'OISEAU. 


Bur  ['"  p*'u  (!-•  ^-rri'  i|tH'  l'ornpe  a  rouléo  dan»  un 
lKis-rori(L  sur  «1rs  l:ii)it)r,-inv  irrillnvions  dcsscclu'îes 
qui  pivsfjui»  («Mijniif^  Il  uni  i|ir'  10,  lu  ou  20  pitnls 
(le  IcMi^uiHir.  lli'Uivox  si  des  rafiiles  sauvages  ne 
Iml.iyiMil,  |H»int  l;i  siMiunnc  t'iii'imii*  dans  cet  humus 
allèiV?.  Ils  |ii'iiv**nt  liii'ii  n'tournor  II*  sol,  los  oura- 
gnns  qui  diicoifH'nt  le»  rJirntmii^res  exposées  à 
leur  ruï'our  (|uiiiid  If  Monlêru''jL;riu  n'a  pas  couvert 
leur  Uiil  de  lourdes  jiotJtJrs  où  pèsent  de  gi'usldocs 
de  jnerre.  Des  cj'uux  de  niviii,  de  vaguea  pàUires 
d'herlM-  r.uv,  roiirle  et  (lélrie,  lîes  UïulTes  il'fU'bus- 
tes,  (jurltjuos  julnes  lorUirrs  jiiir  le  veiil.  c'est 
toute  la  fortune  du  Tsrnn^'orieu  des  cimes;  le 
Tsrnagorimi  d'en  Las.  vers  le  lac  deScutari»  ne  souf- 
fre pas  de  la  rage  des  airs;  sous  un  c!in»;il  iiu'il- 
Irur,  il  n  des  prairies,  de  doux  vallons,  de  vertes 
forêts;  ce  n'esl  pas  lui,  c'est  son  frère  de  la  mon- 
taf^ne  qui  raconte  que  I)ieu  descendît  un  jour  du 
ciel  avec  un  sac  plein  de  pierres;  il  les  dislribuaiL 
équitablenient  sur  toutes  les  vallées  du  itiotit]e, 
quand  le  «ac  creva  sur  la  Tsruîi^ora. 

La  capitale  de  ces  Serlies  mangeurs  d'Alljanais 
et  de  Turcs.  Cetliujé  (I2<HI  liab.)  est  à  plus  de 
HO(J  luelres  d'altitude.  F^ndgorilza,  ville  inajeuiv, 
dans  le  bas  pays,  a  cinq  ou  six  mille  âmes. 


Roumanie  :  Grande  plaine  et  Carpates.  Les 

Roumains.  —  Par  un  des  plus  niémorahles  exem- 
pl*\s  de  Tinjuslice  di's  forts,  les  llouniaiiis,  qui  ve- 
naient de  sauver  les  Russes  (levant  les  murs  de 
Plevnn»  se  sont  vu  ravii-par  la  Russie  les  lerritou\»s 
bessiU'abes  qu'ils  possédaient  an  delà  du  l^rulb, 
cl  eu  écliange  ils  uni  reçu,  du  Rniiube  à  la  mer 
Nuire,  1.1  Ilobjinidja,  stérile  et  liévreuse.  A  la  suite 
de  re  ln»c  l'orcê,  la  Uoujuauie  se  Icouve  couvrir 
à  jH'u  près  15  millions  d'heclaivs  avec  5400  000 
haliitauts.  soit  'if    pai'  kilomètre  carré. 

Elle  se  compose  de  (îeux  iincicns  jjr;inds-ilnchês 
que  gouvei'naienl  des  hospodai's  —  la  Yalaquie  ou 
pays  4Ïes  Veirhes,  iiuliemeiil  dît  des  Latins,  au 
midi  des  (Karpates,  jusqu'au  tar^^e  DiinuLe;  la  Mol- 
davie, a  l'est  de  ces  niâmes  iiionliijL,'nes,  sur  le 
Sei-eth,  jusqu'au  Pruth,  maudit  [)ar  les  cbaiils  po- 
pulaires :  n'a-t-il  pas  toujours  laissé  passer  le  cou- 
quêranl,  la  peste,  le  vent  du  nord-est,  la  sauterelle 
des  steppes,  quatre  morlels  fléaux*? 

lia  Roumanie,  épaulée  aux  Carpates.  possède 
tout  le  cours  inférieur  du  Danube,  sur  la  rive 
fçauche*  la  droite  étant  sei'be,  [luis  liulf^are»  jus- 
qu'à l'entrée  eu  iKibroudja  où  le  Jleuve  devient 
tout  h  fait  riMinKiin.  i)es  rivières  qu'il  boit  pen- 
dant  les    8îiO    kilomètres    de   son   voyage    vula- 


que,  la  plus  f>elle,  avec  le  Sereth  moldave  el  le 
Prulli  bucovinieii,  moldave  etbessarabe,  c'est  rOti«| 
verni  des  bautes  plaines  de  Transylvanie  fwr  les 
délîlés  de  la  Tour  Rou^^e  :  noli'e  Lot.  tribulaii-e  de 
la  (iaroniie,  s'appelle  de  ce  mémo  nom  d'Oll  chez  les 
montagnards  ses  riverains  entre  sji  source  el  le 
conlluent  de  la  Truyère,  el  çji  et  lu  dans  son  cours 
inférieur — aussi  bietj  Roumains  el  Français  sont 
frères  par  le  langage. 

L'innnense  plaine  valaque,  couverte  de  meules 
de  foin  coninie  la  Reaure  l'est  de  meules  do  paille, 
approvisionne  l'i^ccident  pour  sj»  part  de  blé  quand 
la  sauterelle  n'en  broute  pas  les  épi».  Cn  rcmon- 
tiiid  ses  traînantes  rivières,  oniliracrées  de  [tetqdiers 
et  de  saules,  on  aiiive  au  Vi^rnoble,  et  après  le 
Vignoble,  à  ces  Carpates  auxquelles  la  Roumanie 
doit  une  altitude  moyenne  de  *Î82  mètres.  lUid- 
gré  luule  r.iinph'ur  de  ses  terres  basses.  Lu,  sans 
perdiv  de  vue  la  plaine  opulente  qui  est  le  Pièitionl 
et  la  Lombnrdie  de  l'Urient,  ou  gravit  des  mouta 
ravissants,  Alpes  sans  lacs  el  sans  glaciers,  sur  de 
clairs  lorrents»  parmi  les  bouleaux,  les  sapins,  les 
eluitaiguiers,  les  liètres,  les  cbèncs.  avec  des  ca- 
vernes où  l'ours  dort  son  sommeil  d'biver.  Le 
souuiiel  le  plus  liant,  le  .\égoi,  qui  avoisine  les 
sources  de  la  rivière  di;  llucai'est,  se  lève  à  ^5io 
mètres»  au  sudnmesl  et  non  loin  de  Fogaras,  la 
ville  triuisylvaiue  aiilour  de  laquelb*,  dit-on,  vivent 
les  iiouuiains  delà  race  la  plus  pure. 

Les  Roumniufi,  cojumc  on  sait*  ne  peuplent  paâ 
la  seule  Roumanie,  el  il  n'y  a  fruèiv  la  iiue  la 
moitié  de  la  nation,  le  reste  tKTupant  :  en  Autj'icbe 
la  plus  grande  part  de  la  Transylvanie,  divers  comi- 
tais  bougrois,  le  sud  de  la  lîucovine;  el  dans 
la  Russie,  de  vastes  districts  de  la  Bessarabie  elde 
la  Podolie;  plus,  des  cantons  de  la  Serbie,  des 
coins  de  la  Ruigarie;  enliu  des  monts  el  vaux  de 
la  |jénirisute  sbivo-gi'ecque,  surtout  dans  la  ivgion 
du  Pinde,  sous  le  nom  de  Vlaques  ou  Valaques, 
Macédo-Vlîiqnes,  Koutzo-Vhtpies,  et  aussi  sous 
celui  de  ZiuKares»  de  leur  façon  zézayante  d**  jn-o- 
noncer  zinz  le  mol  roumain  Uhinich  (cinq). 

On  suppose  que  cette  nice  se  forma  dunmt 
les  derniers  siècles  ile  la  puissimce  romaine  par  le 
mélange  de  tribus,  diices  ou  non,  avec  les  colons 
italiens  et  gaulois  Iransportês  en  Dacie  par  Trajan 
après  la  conquête  des  plaines  du  jaim;\lre  Isler  ou 
bas  Danube  par  ties  légiims  habituées  à  vainciv. 
(Juanl  aux  Macédo-Vhupies.  ils  piHiviendraient 
(d'après  cert;nns  savants)  des  rolmis  latins  qu'Au- 
ivlien  fil  passer  de  la  Dacie  dans  la  Mœsie,  c'est- 
à-dire  de  la  rive  sepletilrionale   ù   la   cive  mérî- 


PRESQU'ILE   SLAVO-GRECQCE. 


255 


dionale  dii    fleuve,  lorsqu'i-iu  d»Vlin   de  l'Empire 
il  dut    coder  la  liouiiianic*  actuelle  aux    nations 


guerrit»res   du   Nord  cl    prfndrc    pour    limite    la 
{ri-nudo  l'.'iu  qii*a\7iil  drpassùo   le  glorieux  Tnijan. 


i:l-^j^^v.'^t 


MrnilunU  bulgare»   —  D.ibîn  de  A.  dc  Meuville,  d'âpre  uue  phoUvraplùo. 


Lm  Rouniaioif,  qui  sont  de  religion  grercpie,  par-         idiomes  slaves  el  du  hongrois  qui  Tenlourenl    en 
teot  k  roumain,  langue  tout  à  fait  difTêreute  des    I    même  temps  (jue  foit  jupprochôe  de  nos  parlera 


254 


LK  TERIïR  k   VOL  D'OISKAD. 


latins;  non  pas  qii't'llt.' ni<nnqiie  de  radicaux  slaves, 
il  s'en  faul,  le  slavun  d'église  ayant  été  la  l.inj:,aiL^ 
n'iifïiyuse  el  iiUt'r.iiri'  di*  In  njilùni  jus(]uVti  Hîivi, 
mais  pii^sque  loirs  ses  iiiab  vilaux  sont  de  siatclic 
laline,  et  de  plus  en  plus  les  écrivains  rouinfiijis 
proscrivent  les  mois  slaves  lians  la  tnt^î^iire  du  pos- 
sible pour  les  remplacer  par  des  njols  emprunlés 
au  vocabulaire  néD-latiu.  —  Les  Espagnols  se  dé- 
barrassèreril  ainsi  jadis  peu  à  peu  d'un  grand  nom- 
bre de  lennes  arabes.  —  Par  ces  racines  slaves^  il 
se  dislingue  de  nos  langues  et  palois  [léo-liitius»  et 
aussi  par  les  racines  grecques  introduites  dans  le 
tissu  du  rouijjain  à  rêjiuque  où  le  pays  élail  pres- 
suré par  les  Phanariotes,  fonctionnaires  grecs  au 
senice  du  sultan.  Enfin,  200  niots  environ  qu'on 
ne  sait  à  ipielle  souche  r.Htaclier  tueraient  ini  héri- 
tage des  vieux  lïaces  ou  de  tels  ou  tels  autochtones 
de  nous  ignorés.  11  a  hillu  au  roumain»  tour  à 
tour  opprimé  par  le  verbe  slave  et  par  le  verbe 
grec,  sans  compter  le  turc,  une  très  puissante  sève 
rustique  ponr  trioinjilu'r  de  tant  il'idiûmes  qui  Tîis- 
siêgeaieul. 

Celte  langue  rêsisinnte  est  parlée  par  une  nnlion 
enli^lée  a  viviv.  [1  semble  qu'assise  au  pnissage  des 
peuples,  sur  le  Danube,  entre  Carpates  et  Balkan, 
elle  aurait  «In  snniLrer  parmi  les  Golhs»  les  Visi- 
goths.  les  nêpides,  les  Alniiis,  les  Ikins.  les  Ma- 
gyars, les  Tartares.  les  Turcs,  les  Byzantins,  les 
YuufTO-Slaves,  mer  lon^ienips  agib^e,  qui  uM'^me 
entre  à  peine  aujourd'hui  dans  sou  repos.  Jamais 
déchaussés  du  sol,  ou  si  peut-éire  ils  le  furent, 
ayant  repris  racine  on  ne  sait  rpiand»  on  ne  seuI  ou, 
on  ne  sait  coiuinenl  ;  descendus,  soil  du  noid  (des 
Carpates),  soit  du  sud  (du  Finde  ou  du  Balknu), 
ils  ont  de  nouveau  Tempire,  et  les  voilà  huit  à  neuf 
millions,  pirsque  d'un  bloc- 

Très  nialheureuseïuent  divisée»  ayant  sa  meil- 
leure réserve  d'Iiouunes  en  Autriche,  des  mil- 
lions d'hectiues  sous  le  talon  du  Russe  colossal 
et  des  frères  dispersés  dans  tout  le  triangle  slavo- 
grec»  la  Tzarèa  romnanesca*  désespère  jtresrpie 
de  rallier  tons  ses  lainbeanx;  pourtant  Houmanul 


iîo  père 


1  f 


C'est  une  race  d'allures  jnéi"jdi(males  que  celle 

■f.  Tcn'c  roumaine. 

S.  a  Le  Roumain  ne  moiirt  pas!  • 


des  Roumains,  belle,  gi'aciouse,  avec  de  channnn- 
tes  fenunes;  mais,  en  Hounianie  du  moins,  elle  rst 
abîmée  di*  inisére,  exténuée  pai*  la  lièvre,  amaigrie 
par  ta  majualiga  ou  bouillie  île  mais  et  par  1U4  jours 
déjeunes  religieux  chaque  année,  sous  un  climat 
1res  dur,  tori'ideincjil  chaud  en  été,  puis  sibérien- 
iieiueiit  fi'oid  en  hiver;  quand  souille  l'implacable 
vent  du  nord-est,  Bucarest  voit  son  Air  descendre 
a  — 5(1*'  et  monter  i\  -t-45*'.  Mais  en  quillanl  ta 
plaine,  et  surtout  la  rive  marennnatique  ou  le 
Uanube  trop  souvent  s'exlra vase,  en  cheminant  vers 
les  Carpates,  la  nature  est  plus  clémente;  sur  la 
nïontagne  même  et  ses  vastes  [iluleaux  transylvains 
une  race  roumaniq>[ione  endurcie,  vigoureuse, 
féconde,  renforce  iucessammcnl  le  nombre  de  ses 
IVéres  du  bas  jiays. 

En  Roujuanie  un  grand  huitième  de  la  natioa 
n'est  pas  roumain  :  à  crdé  du  peuple  de  Tnijan 
vivent  -400  QOO  â  :»00  000  Juifsp  surtout  en  Molda- 
vie —  élément  détesté,  l'ail  en  partie  de  prèleure 
usuriers,  de  cabaretiers,  de  bnisseurs  d'alTaires, 
mais  aussi  d'ouvriers  des  métiers  les  plus  divers; 
ils  parlent  ptun*  la  plu]>arl  un  mauvais  jargon  alle- 
mand et  l'oji  exècre  en  eux  J(*s  «  fourners  m  du 
germanisme.  Il  y  a  bien  200  000  Bohémiens  qui 
s'alîarheid  an  sol  et  se  rournanisent  de  plus  en 
plus;  «QOUO  a  100000  Slaves,  la  plupart  liul- 
gares,  se  rournanisent  également;  tout  comme  les 
Tchangos,  Hongrois  de[au"s  longtemps  fixés  en  Mol- 
davie; tout  connue  les  Magjars  de  llongi-ie  et  de 
Ti'ansylvunie  qui  descendent  en  Roumanie  pour 
y  chercher  du  tiavail  dans  les  villes. 

A  00  jnélivs  d'altitude»  la  capitale,  Bucare?;! 
(221  000  habiUmIs),  sur  la  Dinibovitzii,  bourbeux 
sous-allluenl  du  Ranube,  mêle  4ies  palais  à  ses 
chaumières.  —  Jassy  (90  000  habitants),  ancienne 
métropole  de  la  Moldavie,  est  sur  un  tributaire  du 
Prulh.  —  Calati,  port  du  Danube  inférieur,  cntro 
lesconfluenUduSerelli  et  du  Pruth,  a  Î^O  000  âmes. 

La  c^ipilale  d'Etienne  le  Grand,  qui  gagna,  dit-on. 
qiiai'anle  batailles  sur  les  enueun's  de  sa  i-ace,  sa* 
li'ouve  en  dehors  de  la  Roumanie  actuelle,  â  Su- 
ciava,  dans  la  lîucnvine.  pn»vince  aulrichienne. 
C'est  aussi  en  Autriclie,  dans  la  Transylvanie,  qu'en 
178i  h'  paysan  flura,  «  l'empereur  de  Racie  »,  tenta 
le  premier  de    relever  la  «  Grande  Roumanie  ». 


I 


j 


CRKCE. 


^bb 


m 


Vuo  de  Delphes.  (Voj.  p.  S3K.)  —  Peaeiii  de  F.  Somen,  d'ipris  une  phuloi^phlc 


G  R  F.  C  M 


L*ajitiqne  Hellénie.  —  La  Gri'ct\  duni  li^s 
*an«  rUienl  iimnoiiâcs,  infinis,  fii  n  vu  diHU  s  ;ic- 
oomplir. 

L\Uif(le(erre  lui  a  remis  les  lies  Ioniennes,  et  VVm- 
lui  a  fait  rendre  par  l.i  Tiir(|tiie  la  plus  gi^indc 
cl«  l.'i  Thes.s.'ilie  et  un  {KMil  diîstrirt  {h\  Thlfiire; 
[nuiê  ai  ITui^im;  ni   l'Angleterre  ne   lui    donniv 
,  les  grandes  vallées  de  Tlirace  e(  de  Mîirêd<Mne 
fidlc!  souhaite  ardeniinent.  ni  Constantinople,  i|ni 
'  lui  tient  profondt^menl  au  cœur. 

Gr*  annexions  f>orletit  son  lerriloîre  .'i  RiiîOWO 
herUrw,  aver2  200  000  ..  Ijrlknrs..,  soit  T.iper- 
I  ftfinne%  par  kilntuèlre  e^inr. 

Ikéboikée,  dëgmdec.  décharnêi',  caiciiiée,  déchue 


de  sa  fécondité  eiïmme  de  sa  glotre.  r;irili(]ue  Ilcl- 
hhiie  îi  p(M*du  hi  [ïoésie,  les  arls,  les  seit-nres,  l;i 
sagesse  et  ses  lernfdrs  sereins.  IH»  lu  Grèce  d'au- 
trefois, le  que  le  voyageur  rctrfmve  encore,  c'est 
l'oliviiT,  vanté  par  Siififiorle,  *(  r^rluislc  d'un  vert 
sonilire  que  jamais  chel"  d'.-irniée»  jeuru*  ou  vieux, 
n'oserait  arraelier,  car  les  yeux  de.  la  vigilante 
Minerve  Ir  protègent  toujours  ».  Il  y  voit  aussi  ce 
quL^  riiotnrnc  ne  peut  ni  doriitntL'r  ni  llétrir,  le 
soleil  cli^ud,  le  ciel  clair,  la  nter  bleue  et  les 
lignes  pures.  Mais  les  belles  ciU's  ont  di^iparu 
pres^jue  loules,  ne  laissant  qu'une  irupérissidde 
uiémoire,  des  nmrbres  harmonieux,  des  murs  el 
tronçons  d'êditices.  et  çà  et  \ii  di>s  monuments  que 


2:>(i 


LA   TERrtE   A    VOL   [KOISEAU. 


It»s  siècles  oui  respectés,  temples,  acropoles,  por- 
li(|U4ïs  dorûs  par  l'Orient  divin, 

La  CîriVe  no  possiMio  chcikt  imi  Europe,  rn  Asifi» 
qii'iiiK*  p.'jfl  fin  tprnloirt»  cuiitiiuMiUil  el  des  lies 
qui  onl  conservé  la  langue  grecque  el  la  mollit' 
peut-i'tn»  de  la  nation  qui  jinrle  le  romaïque  mj 
grec  iniHleriie  vit  hors  ilu  rrtYMtirtie,  de  Salouique 
à  Chypre,  de  Conslantino[de  à  la  Crète.  C'est  un 


failïk'  reste  de  ce  que  couvrirenl  les  Hellènes,  car 
ce  peuple  de  colorïisateurs  jeta  de  petites  UelléDies 
suj'  la  pliijtarl  des  rivages  du  vieux  inonde  :  en 
Thnice.  eu  Macédoine,  sur  l'Adriatique,  en  Sicile; 
dans  l'Italie  inêridioiiale,  qui  en  prit  le  muii  de 
Cniide-Crère;  en  Provence,  en  Cyrènaïque,  dans 
la  basse  Êgyple,  dans  toutes  les  iles  de  Li  Méditer- 
ranée orii'otalet  dans   l'Asie  Mineure  el  jusqu'en 


U  Piruuse.  (Vuy.  p.  ijS.)  —  Dussin  tle  F.  Sdu^dor. 


Bactriane.  Ils  s'y  prirent  à  trois  fois  pour  essaimer 
au  loin.  |K'  l'an  1120  i\  lOO^ï  nvanl  notre  ère.  ils 
s'élablirenl  surtout  en  Asie  mineure;  de  750  à 
650,  ils  peuplèrent  la  Grande-Grèce;  après  les 
eonqiiMes  d'Alexandre»  ils  se  ivpandirenl,  trop 
sporadiquemenl,  sur  riniiiiense  Oni*id,  sur  TE- 
gyple  el  le  génie  hellèniqui'  resplendit  k  Cyrène,  â 
Tnivrito,  h  Syraciise,  à  IVrganuN  à  Alexandrie, 
eomnie  ù  AliièneH,  contine  îi  ('(»rinllie;  plus  laid, 
ce  fut  itne  colonie  grecque,  lîyzaiiee.  qui  garda  le 
dépôt  de  la  sagesse  antique.  L'Ilellénie,  qui  d'ail- 


leurs fut  rinslilutrice  des  Romains,  influença  V(h 
rient  par  ses  arls  et  par  ses  doctrines,  comme 
Rome  transforma  l'Occidenl  par  ses  armes,  sa  cen- 
tralisation, son  droit. 

La  Grèce  compivnd  un  tronc  continental^  une 

presqu'île,  des  Iles. 

HdUade  ou  Tronc  continental  —  La  llellatle 
encidl  un  domaine  de  3  5*25  000  hectares,  ou  laire 
de   six  départements   IVatii;ais,  avec  à    peu   prè> 


cïïecrT 


257 


» 


Ames:  soîl  2^  porsnnnrf*  .m  liilonrn''tr<> 
la  inor  Fgéo,  que  Ioh  Turcs  luunnioul  mer 
lohe  —  nu*r  Woue  xiïudmit  inioux.  —  lu  uier 
l'vnit'nrii^  *'l  le  p)ire  d*»  Corintïio  biii^nont  c*'ll«» 
p*«lile  conlnV  que  se  piU'lay:oiil  six  noninrchios  : 
Lnrisse  H  Trirjila  on  Thessalic,  Aria  on  Kpire, 
IW-^rnanir-^l-Élolio,  laPblliiotide-et-PIioeide,  TAl- 
liqiuM-l-lii'otif. 


Thessalie.  —  Li  Thessalie   esl  le  pays  des 

virill.'s  l.'gondcs  grcrqucs.  Ici  les  Titans  i^nt.issè- 
ivnl  pour  monter  nu  ciel  le  Prlior»  (.uijourd'hui 
Flessidiii  :  |fï|8  inèf ros)  sur  l'Ossa  (niijounl'liu- 
Kissovo  :  lOoi  méfies);  ici  vivnienl.  K>s  «leiilMures, 
nii-ehovmix,  mi-hoiiunes;  d'ici  [farlireiit  les  Argti- 
ii.iiiJes  pour  coiupiéi-ir  la  Toison  d'or. 
Elle  Vil  du  galle  de  Salouique  nu  Pinde,  ni.issif 


Le  Jèlllu 


i-jÉ. 


^I^IPi  d'où  l'on  voit  l'Adriatique  ot  qui^  \er- 
Hasent  dp**  pins  et  des  hi^tn^.  (irerque  loi-sque 
Aciûllcï  au  pied  lé^er  règiinit  j  Larisse,  et  qu.uid 
■  krcèftiiirca  li*)s  T1ienun[)y|i*s.  et  lorsque  I*hili]>()e 
[ri  Alexandre  la    IrnversaienI  pour  iiller    v.jiiiere 
kAthèfies  ou  Tllèbes.  celte  contrée  est  grecque  en- 
Irorv.  «t  e*<*ftt  justice  quelle  ail  pris  place  \iim\n 
-du  royaume  lifllénique.  Son  (leuve.  le 
',    .'  nonuii.'i    le  Piquée  ;  (ils  du  l'indi',  il 
fi  foot  petit,  dans  un  puysdo  rues  singuliêre- 
C.  Htnn.  L»  Timiii  4  vol  DoitSitr. 


—  iK.^  .4i  Ot"  D.  Uncelol. 

meut  srulplês  par  tes  éléments,  où  dos  moines  de 
reli^^lon  *rrecf]ue  ont  bail  leurs  couvents  sur  les 
pilons,  les  bastions,  tes  .ni^uilles»  les  qnilles  les 
pins  inaceessil)l<'s  d'une  iJu-lKiide  de  [lierre  :  \h, 
"  coiiteirq)lnnt  n,  dontriri!,  nuinimr.iul  des  prières, 
iiniltlcs.  ils  ne  conuuuui(ju(*nt  uvec  le  restle  du 
monde,  chacun  dans  sa  chncunière.  que  par  une 
lon^iui'  corde;  un  In'uil  leur  monte  le  pîiin,  le 
vin,  l'ciiu,  les  visileiU's.  Fuit  de  fonts  claires, 
lu  Pénée   reste   clair    dans  la    grande    plaine    de 


258 


LA    TERIIF-    A    VOL   frOISEAU. 


Tht'ss.'ilio,  cf*  qiK^  la  Ct\vcv  a  niniiilruant  ^ic  plus 
foiunuL  A  i'issut^  (]*'  la  jtlaiiR'.  qui  lut  un  hic  j'i'- 
IcriiJ  vers  i'orienl  par  de  hautes  nionUignes,  il  s*i 
U'n\o  un  cfii'iniïi  [tjllon'sque  ciihr  k's  rorlies 
rougt!s  (II*  rnlviiipc  *•[  ilc  l'dssn,  là  uû'tne  it\\ 
t[uelf|up  trernbli^Munil  <k'  terre  ouvrit  la  brèclie 
qui  vidn  1rs  eaux  dr  In  ronque  :  <u't(e  cou[>uiv 
du  S.ikMrihria.  sous  les  [>lîUauos,  entre  les  lauriiMS- 
roses,  cesl  le  Lyknsttuno  ou  (iueule  du  Iduji,  qui 
manque  un  peu  iIp  lumière,  et  ce  fut  le  willori 
de  TiMiqWs  clwiiitê  par  les  Grées,  puis,  à  leur  irni- 
lalitm,  p^nr  les  Lalîns.  eoinme  If  lii'u  le  jdus  beau 
ih  h»  Terre. 

il  n'y  a  pas  que  des  Grecs  dans  la  Thnssalie  — 
Grecs  d'nilleurs  iti;l(i!i(^  île  Slaves  el  tli*  KiniUiï- 
Vlaipir.s  Oïl  Houïiiaiiis  du  l'Inde.  —  Les  Turcs  sunt 
nonilireux  dans  les  villes,  autour  de  l'Ussa,  et  sur- 
tout (latis  h  plaine;  s'ils  ne  slielléniseni  pas  en- 
core, ils  ne  liu-diTont  point  .'i  le  faire,  au  nniins 
quant  ;\  la  lan-^nie,  imitant  en  cela  les  Mactyo- 
Vlaijin's,  de  plus  en  ]>lus  {lénationalisés  par  les 
llellêin's.  Lartsse  (14  000  habitants)  a  le  preniiei' 
rang  parmi  les  villes  thessaliennes. 

Grèce  proprement  dite.  —  Le  reste  de  la  Grèce 
continentale,  pays  sans  plaines,  sans  larji;es  vallées, 
fait  par  la  nnlure  pour  de  pelHes  tribus  rivales 
plutt^t  que  ))iHir  un  «^rarul  peuple  uni.  n'est  qu^ui 
dêdab*  confus  de  monts  hauts  de  1000  à  2.%r>0 
méfies  qui  ont  pei'du  leurs  nenis  liarmotiieux.  Le 
Kliiinia  ('i.>lti  mètres)  dt^miiie  (pielque  peu  le  Par- 
nasse, au  nord-tmi^sl;  le  t'amasse  ("JiMI  mètres), 
aujourd'luii  Liakeura,  conuiiande  te  village  albanais 
de  Kastri,  qui  fut  Delpln*s>  oracle  fameux  e(  «  nom- 
bril du  luundr  i>  ;  la  rnonla^ue  où  le  vieil  Hercule 
déracina  les  pins  de  sen  biicher,  l'tEta  (210^)  mè- 
tres) dont  les  forêts  de  chênes  contemplent  les 
Tbermofpyles,  a  [iris  le  nom  de  Katavolbra  ;  Mh^- 
lii-oti  {\lA\i  mètres),  voisi!i  du  golfe  de  t^orijitlic, 
s'appelle  Taheo-Vouno  ou  Vieux-Mnutt  lernie  grec, 
et  Za^'^ora,  terme  slave;  le  (iillueron  (1411  mètn^s), 
au  sud  Ji*  Tbi'lies,  sr  nomme  Élatras.  Trois  autres 
monts  e(Mèbr(*s  sont  :  le  l'arnès,  1416  mètres;  le 
IVnlêlique.  HIO;  niynietle,  lO^JÔ. 

L'Aearuaiiie  et  TKlolie,  au  nord  du  golfe  de  t'.o- 
rinllie^eontrnstentviolenunentavee  la  Grèce  allique 
et  béotienne  :  terre  verte  au  lieu  de  roche  rôtie, 
elles  tirent  de  leurs  monts  lorlurès,  de  leurs 
loréts  larLres  e(  h>uffues,  de  leurs  lacs,  assez  d'eau 
rouranle  [nmr  ivn[dir  de  vraies  rivières;  \ù  eouri 
le  raftitle  Aspro-Pi>tarrii>,  fanlique  Afheloos.  lleuve 
abondant  en  toute  saison,  le  premier  du  royaume 


avant  Tannexion  dtj  Pènée  :  il  reçoit  par  un  èinis- 
saije  maréea|,'eux  les  eaux  du  profond  Vrakliori. 
jadis  Trichonis,  lac  de  50  kilomètres  de  tour.  Des 
troujieaux  animent  les  pAlun*s  étcdtennesel  ararna- 
jiiruties,  l'I  les  finis  liabiUuils  de  ce  rude  |kiv>  dis- 
putent aux  Mainoles  du  Péloponése,  aux  Sphakiotes 
de  Grète,  la  gloire  d'avoir  p<*u  ituMé  le  sang  des 
Hellènes  à  d'autres  sang^. 

La  Pbocide  donne,  et  sur  le  canal  de  l'Eubér, 
qui  mène  à  la  mer  d'Orient,  et  sur  le  fjolfe  de  Co- 
rinllie,  (jui  conduit  à  la  mer  d'tlecidi*nl  :  là  brilla 
Itelphes,  sauc1uair<' du  monde  f^rec.  La  Plilbiolide 
est  le  frais  bassiïi  di!  rilellada,  jadis  Sperchios, 
qui.  remblayant  d^iHuvions  le  golfe  de  son  cnibou- 
<liuro,  a  l'ail  du  mine**  estrnn  des  Thermopyles,  où 
1  on  ne  passait  qu'homme  par  homme,  une  plaine 
assez  large  pour  des  armi-es. 

La  Bi^olie,  comme  la  Pbocide,  va  de  mer  à  mer; 
elle  a  Thèbes.  elle  avait  \^;  Gopaïs,  vaste  èt'ing  de 
plaiTu\  en  vue  du  Ptoi'ts  aux  roches  droiles,  du 
Parnasse",  de  rilHii-oji;  le  Céphis**,  l'Ilercyne.  frais 
cristal  né  des  fontaines  d'Oubli  {Lèlhc)  et  de  Mî*- 
moire  (Mnémosyne),  le  gonllaient  de  leurs  crues. 
et,  sans  cominutiiealiou  visible  avec  la  nier,  il  s'y 
vidait  cependant,  plus  un  meins  bien,  plus  ou 
moins  mal,  selon  le  plus  ou  moins  d'obstruction 
des  gouJTres,  par  vin^d-trois  katavolhra,  c'est-à- 
diie  viugl-lrois  avens,  houehes  obscures  menant 
par  un  cbeiidn  caverneux  a  de  grandes  fontaines  lit- 
torales. tJn  Ta  desséché;  peut-être  inqiarfailemenl. 

L'Allitpie  inimortidle,  le  pays  d'Athènes,  entre  Ui 
mer  K^ée  et  le  golfe  de  Corinthe,  se  porte  en  pres^ 
qu*ile  à  la  reucoulre  de  la  Morèe. 

Péloponése  ou  Morée  :  Arcadie.  —  L*islhme 
de  Gtu'intbe,  qui  soude  l'Attique  ù  la  Morée  ou  Pé- 
loponése» a  pour  destinée  prochaine  d'être  roupé 
pour  que  la  mvr  Ionienne  s'unisse  à  la  mer  Egée. 
Le  canal  est  déjà  commencé,  bienlét  il  sera  (ini, 
là  même  ou  Néron  tenta  cette  ceuvre  de  rappro- 
chement :  il  voulait  unir  plus  inlimcmenl  Home 
h  la  glorieuse  Albétn^s,  qui  avait  été  ce  que  lier- 
lin  pense  être  aujourd'hui,  a  la  capitale  de  l'in- 
telligence n.  Il  n'y  a  p;is  là  de  monts  à  forer 
conmie  dans  l'Amérique  centrale,  d'inunenscs  sa- 
bles â  creuser  comme  à  Sue?.;  les  chaînes  de 
la  Ibdlade  ne  s'y  lient  point  â  celles  de  la 
Minée  par  une  épaisse  montagne  :  il  y  a  dépres- 
sion dans  Ustlune  avec.  40  mètres  seidenient 
d'altitude;  puis  on  ne  compte  que  .5  kilomètres 
de  golfe  d  gulfe. 

l'ne  bourgade  veille  à  la  racine  de  l'isthme,  ^ 


GRÈCE 


251) 


U  base  th'S  monts  monVns  :  c'est  Corinthe.  qui 
compU  MM) 000  âiiu»*,  iiulaiil  que  louto  rAlli4{tiet  ol 
trois  ou  (]Ufilre  fois  |ilus  qu'Athènes  sous  l't'ricK's, 
1^  p)lf*»  uuquel  v.Ue  a  donné  son  nom,  *'{  qui  s'ap- 
pelle #^pal»»nit»nt  golfe  de  Lêpanto,  s'allongt*  entre 
t.i  IK*ll:ide  au  nord  et  la  Morêe  au  siuK  petidant 
125  kiloniêlres,  avec  une  largeur  très  vurialjle, 
t^OO  luêlres  à  rentrôer   35  kilomètres   au   plus 


ample;  nu  septcrxirion  comme  au  nu-ridion,  il 
a  pour  voisins  et  {lornitialeui's  des  monts  ratdes, 
éli^vès.  C'est  pnr  le  j^nlle  de  IVifras,  devant  lii 
tragique  Missutongïii,  qu'il  s'ouvre  sur  !a  mer 
Ionienne. 

La  Morêe  ii*n  que  2  2'20  000  Ijeclares ,  avec 
850  DUO  h;;bilanlsiî  peine,  nniis  rjuels  noms  elquels 
souvenirs  I    L'opulente  Corinlhe  ;   l'antiqu*?    Argos 


;s^ 


-vv; 


sparte  cl  le  Tays***-  {^'^7-  P-  *W.)  -~  Dessin  de  Sdinidor 


iiuiil  W  r>ivc5  portèrent  le  nom,  car  ils  s'appelê- 
retil,  au  moins  chez  les  poètes.  Arglieioî,  connne 
Achaioi.  Uniuîoi  et  llfllènès;  Kpidaure  et  le  saiic- 
toaire  d'Ksculnp*^;  la  vieille  Sicyone,  mère  des 
p«*inlr<*s»;  Trèzène;  Tinttiyris  dont  les  murs  cyelo- 
piS'n»  onl  IT)  mètres  d'épaisseur;  Mjrèiies,  pleine 
df  rnini>A;  Marilinée.  Iias-foml  central  de  la  péniii- 
»al*'  vi  lieu  de  pjniinles  batailles;  Tégée;  Or- 
rlmm^^,  puissinle  aux  lenqfs  héroïques;  l'inviii- 
cthit  Sparte;  Mrssî'ue  indonq)tahle;  F'vlos,  ville  du 


s.ige  Neslor;  Pisc,  Élis,  Olympie  ;  le  bois  de  Némée; 

le  marais  de  Lerne,  le  lue  de  Stympliale,  l'AIpliée, 
rhliirolas,  le  Slv\;  le  Lycée,  le  Ménale,  le  Tavj;èle 
et  l'Eryniantlie. 

Lii  vieille  «  Ile  de  Péliqis  .»  ne  ddïl  cerlaiiie- 
ineiif  p;is  \t'  uiini  de  Moréc  à  l.i  rrssend>Ianee  de 
son  conlour  avec  celui  de  l.i  feuille  du  jmVit*r 
(  |icû««  en  grec):  Murée  uVst  pas  non  plus  le 
leime  slave  More  la  mer;  ni  riiilerwrsiou  du  nom 
de  Horuaie,  poys  des  Humains  —  ce  ipii  veut  dire 


•200 


LA    TKHUK    A    U) 


rniSKAU. 


ici,  dos  Grers.  —  Elle  s'apjx'ile  ainsi,  probablo- 
nienl,  d*un  iiamt^'ïu  de  pi5i;lu»iirs,  Mourj»,  sur  la 
ctid»  d'KliiK».  IlanI  <li«  *'iOO  mrtivs  (*n  nioytMim\  ]i* 
Pélopfîij('si*  (Irvssi*  .'iuImiiI  ili'  nionls  ri  dos  iriuiits 
fiussi  gr.inds  ({ûe  la  IleIJade  :  t'aiitlque  Ta^gôle, 
Saiiil-Élio  modoriK»,  aussi  noiniiiô  l<'s  CiiKj-Iloi^îs 
(ÏViiloiiaclylob)  pairo  quil  os!  lait  d*;  t'iinf  monts 
allonges,  altoiiil  2i08  mMros;  le  Cyllèno,  mainte- 
iiaiil  Ziriii.  âr»?^:  le  Kliolriios,  dans  k's  intmts  Aora- 
uitMi^.  2555  ;  l'Oïouus,  qui  lïil  l'Iù'ynianlluN  2^224  ; 
le  Mt^iiak',  «  lK)is  cloqueiil  cl  pins  sonores  où  lo 
biT^HT  clianli»  SOS  amours'  n.  est  moins  liant;  le 
P.irnou,  <|ui  a  pris  lo  noin  de  Sniiil-Piono  (lla^aos 
rvtro),  inonto  à  Wihl  luMros;  la  IHafui'li,  tjui  s'ap- 
p*;'la  i.yciV,  :"i  I  ^JO. 

Hos  roclios  divorses  rorniotif  ces  croupes  et  ces 
pies  :  sohis(*'s,  marluvs,  oalcairos  piM'oos  dos  katn- 
vollira  sans  losquols  la  piu[ïaiï  dos  valloi's  du  pla- 
teau soraiont  noyées  sous  dos  lacs  ou  sous  dos 
marais  iriô[<liiIi([iios  ;  mais  jL^ràro  h  ces  gouIVros, 
Jos  t!aux  ik'  riïiloriour  d<»sooiHiont  vers  la  uior 
|)OUr  jaillir  on  koplialarîa  iiï:i^Mu(iques,  près  tlii 
rivaiîi',  ou  dans  lo  soin  (nôuu*  tW  TOrôan.  pore 
dos  iJionx  of  dos  li(*rnnh\s  —  kô])lialaria.  c'ostâ-diro 
los  ItMos,  rôjmnd  .tn  llas-ol-Ma  on  ISas-ol-Aïoun 
dos  Aralïos.  Maij|inr(\  Tr^ôr,  S!yfii{dialo,  Orrfio- 
riR'iio,  l'houôo,  jioais  si  grands  diuis  los  li\ros, 
xilk's  si  prlilrs  dans  le  vallon  où  nai[ui(  lour 
io>rond*s  où  oinda  louo  litsloin\  sotU  situres  tlans 
dos  bas-fouds  do  *■(■  g^oiuo  n'Hyaiit  aiionti  omîssuiri' 
\isiblo,  sur  U»  liant  plaloau  d'Aivntiio  si  vanté  des 
aiM'ions  eoninio  ôlairl  par  esoidlcuoo  la  [alrie  dos 
pn:st(Mi]s  lion  roux  el  naïfs.  Mats  poul  ôlro  ces 
amants  dos  hucîi'rcs,  des  gaxons,  dos  sources,  ces 
borgei-s  dont  Ja  Unit;  enchantait  les  èeiios,  élaient- 
ils  coiiinie  iiujourdliui  dos  paysans  f^rossîors 
fuyanl  jiar  l'ônu^ritlion  la  misèie  non  ntoins  (jue 
les  (ièvi'os  du  plaloau  :  car  los  eaux  des  Ijas-fnnds 
s'asscinblenl  rnpahis  quand  pierres,  terres,  sables 
et  (k^Jiis  (disliiioid  les  kalavotlira. 

De  ces  bcs-marais,  toujours  [)rèls  a  s'emplir  ou  à 
5C  vider  suivant  l'étal  des  veines  de  la  pi(*rre,  le 
plus  grand,  b?  lac  do  PbonAe,  d'aspool  somïnv, 
s'ôlond  ou  se  tviracle  sur  dos  milliers  tlfieol^iros 
à  750  mètres  d'altitude,  au  pied  de  sopL  hauts 
ttiortis  pyraniiilaiix  br'iniis  par  la  rorot  de  pins;  un 
cbenal  souLerraiu  oomlnit  ses  eaux  vers  lo  maiiro 
fleuve  du  l'éloponêse,  le  pur  Roupbia,  jadis  Ladon, 
qui  boil  le  eolêbiv  Alpliôo.  Le  lac  île  Slymfiliaie  a 
t'tê  dessôokê  ;  ou  su|)|iuse  que  son  bassin  abreuve 
sous  k'rrc  et  sous  roehe,  par  des  bâillements  d'avens. 

1.  Virgile. 


ta  gnmde  source  de  l'Erasinos  el  les  fontaines  de 
Lerne  qui  s  épanchent  en  marais  drainés  pîir  llor- 
enle'  au  hovd  du  golfe  d'Arirns.  t'u  autre  fleuve 
coule  au  nord  vers  le.  goiïe  de  (loriullie  sous  le 
nom  de  M^ivro-Nero.  l'Enu  Noire,  ou  Drako-.Nero, 
TEau  ilu  Itra;.ron;  sa  soui'ce  est  dans  les  neiges» 
puis,  brusquenïonk  il  lombe  de  00  mètres  pai 
deux  écharpes  de  brouilbird;  de  ce  torrent  parfois 
sojidne  el  ()arfois  fïi'aoieux,  les  anciens  avaient  faîl 
un  bontliioi  ilos  Enfers  avaiH?s,  le  Slvic.  le  fleuve 
uux  neuf  replis,  l'onde  élcriiollonient  Iroubiée  dans 
son  iirîjnr>bilil«''  létiôki*euse  par  la  bai-que  du  fatal 
noiher,  do  (Iharon,  passtigor  des  âmes. 

La  Miu'éo  eotiipreiul  cinq  noniarcbies  : 

L'Acbaie-Klîilo  est  au  nord-ouest,  sur  le  golfe 
de  <]orinllKN  sur  lo  i^oUe  de  Patras  el  la  mer  qui 
baise  los  plaj^^'s  de  Zaïde:  ro  do[iarto!noii1  possède 
la  monla^ne  Érymanthe,  le  llouve  Caslouni,  qu'on 
uoitjma  IVu'dos.  el  le  port  conunerçaul  de  Fatras. 

La  Mi*ssênie,  nii  sud-oues!,  sans  ville  qui  soit 
pins  (prune  bourgade,  a  les  souvenii-s  de  Blessèiie 
l'heroique;  elle  d  des  rocs  entassés,  luieliés,  el  le 
l'irnal/;u  jadis  Panilsos,  ilon!  b's  superbes  fon- 
l;iijio>.  à  lla;.,'ios  l'Ioros,  siuil  un  déi^'orpeoir  des 
kalaviilhra. 

La  Lacouie,  au  sud,  est  b*  pays  des  plus  hauts 
monts  jiélojMniésions  :  là  motdo  le  Taygèto,  qui 
domine  rinimorlolle  Spaiie  el  le  vallon  du  vieil 
Enn^las,  aujourd'hui  l'Iri,  faibb*  torrent,  mais  à 
l'oiiost  de  son  omlioueliure  le  Vasib  Polamo  ou 
Fleuve  Royal,  long  de  10  kilomètres  seuleinenl. 
jaillit  h  grands  flots  par  des  smirces  du  roc,  kopba- 
kiria  nés  des  perles  du  jdaloan.  Irî  cl  Fleuve  lk»yal 
tiMiibent  dans  le  iieau  ^fdfe  de  Lacouie.  formé  par 
deux  lotipi  pronuniloires  très  fiei*s,  bien  laillôs, 
rossond)lanl  à  di*s  piiieos  de  kuii^'ousle  ^'and'  ou- 
verlos  :  de  ces  pinces,  celle  de  l'ouest  lînil  au  caj» 
Malapim,  colle  de  Test  au  cap  Malêo,  voisin  de  l.i 
(lytlièro  aniiijue. 

L'Ar;:<diilo-el-(>M*inlhie,  au  nni-d-est,  ratlacln*  bi 
Uellade  an  Pclo[ionèse,  el  donjie  sur  trois  g<dfos  : 
celui  deCorinIbe;  celui  d'Ej^ine  ou  golfe  Siironique 
avec  SOS  îles  trKuiiïo  et  de  Salamino:  eekii  d'Ar^^os 
ou  ik*  Nauplie,  qui  lioul  sou  premioj*  iiom  de  la 
ville  d'Agumenutou,  roî  des  rois.  oL  son  second 
d'un  port  iruHlerne. 

L'Areadie  ne  borde  la  nier  (jue  sur  le  golfe 
d'Argos;  partout  aillenrs  elle  est  terre  conlinen- 
lalo,  si  Ton  jietit  apf)li(pn'r  â  un  pays  aussi  polit 
que  le  l'olojionèse  un  toj'nie  avant  [lour  âme  le  nnd 

\.  C'i-st  ainsi  ^ii'oa  interprète  lu  uiyUie  de  Tliydiv  Ce 
Le  nie. 


^^^■^— A- 

1 

K 

j 

^H^V  .         ^"^Sb^^fy-^^  *  ^BÎlH^'i  '        '*^fW 

^^KHM^^M^nB^fiSt  *  g^t^M^  -        ,.k$\b  ^^^B 

MiJ^S^^j^^   ^ 

MfZI^^flpI^H 

HL€'VHK^< J      '  WHF 

^^^B^r  --^ —  "      ■-■*i_-              "*Ç??"^^B 

\A   TKRRK    A    VOL    irOïSKAT. 


conlintMilnufjUt'l  nous  atlarlions  malgré  mms  l'idi'ft 
de  gnmdiMjr  nuisstvt*  :  c'est  Ii*  a  IMiitenu  Ct'iilml  » 
de  L'i  [H'Jiiiisiilc  cl  !<'  bcrrcau  de  son  grand  (Iimivp, 
le  iîouj>liJj,  lequel  roule  en  inoyentic  iO  niêlrea 
cubes  par  secotuttJ. 

Iles.  —  Les  îles  qui  prnnnenl  :i  la  mer  environ 
925000  hecUires,  avec  375  UÔÛ  âmes,  sont  TEubêe, 
les  S|ior.i(les,  les  Cychides,  les  louleniics,  jadis 
H  iv|itjbli(|ire  st'plirisulaire  ir. 

Enbée.  —  L:i  monUigneiiso  Enbèe  nu  Nêgrepont 
(4200tli}  li.N.-l.nvs,  iOôOOO  luibilJiiils)  a  17.5  kilo- 
inèli*es  de  long  sur  8  â  iO  de  large.  Parmi  ses  monls 
calcaires^  1res  nus  au  sud^  mais  vît  et  là  verdny.irils 
au  nu]'d,  le  Delpbi,  <|iii  a  I7ir»  mètres,  rnanjue  à 
peu  près  le  centre  de  VWc.  Dcvanl  I»  capitale  de 
rKubre.  devant  l'antique  Chalcis.  mère  de  lanl  de 
colonies,  le  chenal  qui  sépare  Négrepord  du  eonli- 
nent.  TEuripe  est  deux  fois  moins  large  que  la 
h'eine  entre  les  quais  de  Paris. 

Sporades.  —  Les  Spiirades,  c'est-à-dire  les  stv 
niées,  les  ilisperséi's,  sont  des  ilols  jdulùl  que  des 
iles,  au  lund-esl  de  l*Eubée  ;  In  moins  microsco- 
pique a  nom  Skyros. 

Cyclades.  —  Les  Cyciades  s'appelèrent  ainsi  de 
ce  qu'elles  se  raiigeaierd  m  cercle'  autour  de 
Délos,  l'ih'  du  llieu  du  jour.  (lalcaires  ou  volcani- 
ques, incendiées  de  soleil»  en  pleine  nudité,  pres- 
que sans  sources,  leurs  Grecs  ont  dans  les  veines  du 
sang  italien  et  du  sang  turc.  La  numarcbie  (prelles 
ronnent  a  loliOÛO  habihuts  sur  'i(ï9  500  beclares. 

Au  nord,  continuant  l'Eubée  par  delà  le  déirtut 
de  IJoro.  Audros,  ipti  mêle  des  Albanais  h  sestjrecs, 
dresse  un  mont  de  970  métrés.  —  La  riante  Tinos, 
ù  son  tour,  continue  Andros,  à  laquelle  elle  tient 
presque.  —  Syra  ou  Syr'os,  la  plus  peuplée  des 
(jycludes  grAce  i\  la  coinnierçanle  llernioupalis, 
n'est  cepciidunl  qu'un  {^nuid  roc  sans  arbres.  — 
Dili,  sa  1res  pelile  voisine,  fui  Délos,  riclie  trésor 
et  sanctuaire  vénéré  (rApnllon.  —  Naxiaim  Naxos, 
la  plus  grande  jKunii  les  liyclades,  el  aussi  la 
plusjoliOf  la  plus  fertile,  a  des  montagnes  qui  pur- 
lent  leur  cime  à  mjlb*  métrés;  le  sang  vénilien  el 
un  jMMi  11'  sang  fran(;ais  sont  à  l'origine  des  ineil- 
leiiri's  familles  de  celte  île,  encore  pleine  des  sou- 
vetiirsdn  ten»[»s  des  Croisades.  —  Parus  a  srs  beaux 
inarbn*s,  Aniiparus  sa  grolte  livperboliqui'ruent 
vanter.  —  La  lameuse  Santorin,  roc  sans  fonlaines 

1.  K^/'Oi,  un  grec,  cercle  :  cercle  bien  irréguliur. 


couvert  de  vignes,  domine  à  l'ouest  par  des  talus 
de  590  mètres  un  golfe  semi-circulaire,  en  jwirlie 
séparé  de  la  liante  mer  par  les  escarpements  de 
Therasia;  celle  ci,  roclio  abiiipte  en  eau  tr^s 
profonde,  a  trois  cbeminèes  volcaniques  :  Pa- 
hi^iKaiméni  ou  la  Vieilb^  arse*  fut  soulevé*? 
190  ans  avant  notre  ère;  Mikro-Kaiméni  ou  la 
Petite  arse  émergea  vers  1570;  Néo-Kaïméni  ou  la 
Neuve  arse  sortit  des  (lots  au  commencement 
du  dixdiuilième  siècle,  el  de  nouvelles  convul- 
sions (18G6-1 870)  l'ont  fort  agrandie.  —  Milo,  volca- 
nique aussi,  sï'cbancre  d'une  grande  bîne.  celle  de 
Kasiron,  excellent  mouillage;  celle  baie  est  juste- 
ment un  ancien  cratère,  ouvert  maintenant  sur  les 
Ilots  de  VEgèe, 

Iles  Ioniennes. —  Lcssept  Ioniennes  (251500 
licrtaiTs)  sont  flirt  peuplées,  ayant  par  beclare  U 
peu  près  un  liuninn».  Pouj1a:d,  les  monts  calcaires 
dont  elles  iirojrttcnl  Toiubre  sur  la  mer  Ionienne 
el  la  Médilerranét'  livrent  des  lianes  ims  au  soleil 
de  l'Épire,  de  la  llellade.  du  Pébqionèse.el  il  n'y  a 
dans  (oui  rariliifiel  septmsulaire  qu'un  seul  ruis- 
st^au  coulant  toute  l'année,  à  Torfou.  I-es  lunîennos 
ont  eu  longtemps  les  Vénitiens  pour  maiti'cs;  aussi 
la  race  belléniipje,  plus  pure  de  sang  slave,  de 
aaiig  albanais,  de  sang  turc,  que  chez  la  plupart 
des  Grecs  continentaux,  y  est-elle  mèlèe  de  prin- 
cipes ilaliens,  et  jusqu'en  1850  la  langue  de  si 
resta  l'idiorne  ofjiciel  des  «  Ioniens  n. 

La  plus  septentrionale  des  sept,  Corfou,  jadis 
Kerkyre,  contemple  de  prés  les  a  monts  de  la 
Foudre  w,  les  Acrocérauniens  des  anciens  Grecs, 
sierra  d*Épire  monlani  à  plus  de  2000  moires; 
elle-même  Kerkyre  n'a  qu'un  sommet  de  011  mè- 
tres, qui  est  un  «  œil  du  monde  i»,  un  magni- 
licpie  lielvédore,  avec  le  nom  supeibe  de  Paula- 
eratorV  Sa  capitale.  Corfou,  lient  la  cinquième 
plme  eu  Grèce.  —  Paxo,  la  voisine,  l'annexe  de 
kerkyre.  quelque  peu  au  sud-est,  est  la  moindre 
des  sept  îles  :  à  peine  si  500  hommes  y  vivent.  — 
Leucade  ou  la  lHanche,  apjjelée  par  erreur  Sainte- 
Maure^,  tientiiait  à  rAc%Trnatiie  sans  un  chenal  très 
étroit,  nullement  profond,  qui  se  traverse  à  gué  en 
marée  basse  :  c'est,  sur  la  rive  opposée  de  ta 
Giéce,  comme  une  autre  Eubèe  séparer  du  conti- 
nent par  un  autro  Euri[ie;  au  sud,  eii  face  de  Cé- 
pbabuuc,  un  de  ses  caps  fut  célèbre  dans  le  monde 

i.   Vieitïe  biûlée  :    repienons  les  vieux  inoLs  fraïKais* 

i<linmn}ti|uos,  cmuts  et  conimoUes. 

2.    IklIlItJKlIll  liMJl. 

ô.  Dn  iiutii  (Iti  ï^u  itipttale. 


1^ 


GniCE. 


205 


Mlrniqup  par  los  nombreux  di*st*spérës,  \mh  ou 
U*p*nilfliivs,  qui  saulèivnl  de  son  sommet  dans  l'a- 
ïi«^.  —  Ki^phidk'tiiiiou  Cêplialonio,  »  l'ile  aux  trois 
als  villagt's  w,  stTouùe  par  les  Irt^niLlemenls  de 
Utre,  poric  le  plus  haut  moni  n  seplinsulaire  ». 
rilalo  (  I  O^O  mètres)  :  eVst  d'aiihnii's  In  moins 
rxipuè  des  Ioniennes.  SpiH'îalement  sèrhe,  sans  une 
s<ule  eau  courante,  elle  soutire  à  la  mer  uou  Iota 


d'Argostoli  deux  petites  rivirres  qui,  sorties  du 
a  ileuve  »  océan,  l'ont  tourner  des  moulins,  puis 
entrent  d;ins  les  cavernes.  (Ju'y  deviennent-elles, 
au-dessous  du  niveau  marin?  l^es  savants  en  -tlis- 
eutent.  ils  ne  sont  pas  prés  de  sVnlendre.  —  L'an- 
nexe de  Képiiallèniu.  Tliiaki.  lïil  llliaqu**,  [latriedu 
«  pasteur  des  peuples  ».  (klusseus  ou  l'Ivsse,  le 
Grec  des  Grecs.  Odusseus  ne  fut  jamais  en  défaut  : 


I 


..  ^  ^.  ^^4f^%r^  ^^i.  ,     ..^  .^ 


^■■' 


'm-:^---:-'' 


.  '  J<\    JtHifc.'.fJ^.^.i  Ai      ^À 


La  plaine  d'Argus.  (Vuy.  p  ÎVi.)  —  Dessin  de  11.  'Jerget.  d  après  une  pbulo^phie. 


Iinit(«,  brillanl,  beau  diseur,  sa  «  divine  m  sagesse 
toueliait  dv  piiL's  à  la  fourberie.  De  son  temps. 
dan»  ■  i'Apro  u  Ithaque,  aussi  nommée  par  lui  la 
•  riante  »,  le  Nèrilo  {807  mètivs).  «  au  feaillage 
toujours  ému  par  le  vent  ».  portail  des  forets 
«tniiVs  par  l(*s  IroufHsiux  du  n  divin  fiorelier»); 
lis  ïii  pMiles  fus5enl-el|es,  par  la  iniiiimilé  même 
d^  l'Ile.  CCS  ForAls  faisaient  aux  vallons  où  le 
vieil  KumiV  conduisait  ses  béles  un  ombrage  qui 
nVxiMe  plun:  depuis  l'industrieux  héros.  Ithaque 
a  p«*nhi  s«^  bois.  — Zanle.  In  «  fleur  du  l.ev.inl  t». 


charmante  et  fertile,  craint  les  secousses  du  sot; 
comme  Képliallênia,  comme  Ithaque,  c'est  un 
^Tand  vi<;nol)le  tie  raisins  de  Corinllie.  —  CérijfO, 
[dus  [irneiie  des  f.yclades  que  des  six  autres  iles 
ses  sœurs,  se  lève  devant  la  péninsule  du  cap 
Malêe  :  terre  nue,  rien,  sinon  le  ciel  bleu,  la  mer 
bleue,  n'y  rap[)elle  Cylhére.  chère  à  Vèmis. 

Les  Grecs  sont-ils  Grecs  ou  Slaves  7  Le 
Magne.  —  Les  tirées  d'autrefois  sortirent  d'un 
creuset   où  s'étaient   fondus  des   éléments  point 


264 


LA    TFRÏÎE    A   VOL    D'OISEAU. 


connus  ou  iml  rontuis  r]*»  nous:  reuî  d'aujourd'liiii 
r(issombIeiit  pou  t^aiis  doutt*  ii  [n  ra<'e  u  T'Iim  j»  (|iii 
poliça  le  moriJe  uncion  et  dont  uti  n'a  point  di^irnssî' 
h's  jinrlos,  les  ai'chili'rtes  cl  les  s('ulplcui*s- 

11  y  l'iil  Ifiiit  (Ir  iiKissarn'h  ilans  et*  jH'liL  coin  »it» 
ltMn\  liHil  de?  races  y  ont  passé  depuis  quinze  cents 
ans,  que  le  vieux  sang  des  fleltèneâ  s'est  peul-t'lre 
perdu  dans  les  sangs^  étrangers  :  d'après  divei-s 


^-Sb^^S^' 


savants,  les  drees  seraient  des  Serbes  ni«^l<^s  d*A- 
vares,  *de  Dnlgares»  d'Albanais,  de  Roumains.  d'Ita- 
liens, de  (i  Croisés  i),  de  Maltais,  de  Juifs,  de  Bolié- 
tniens,  de  Turrs  —  et  sans  doule  aussi  de  Grecs, 
riis  i>u  mm  des  Hellènes,  ils  ont  *,Mrdê  la  lanfrue 
di'S  eliefs-d'teuvre  :  senlemenl  beaueoup  de  mots 
se  snnt  rélrtVis,  des  diplitong-ues  sont  devenues 
vovelles,  le  verbe  a  perdu  de  sa  consistance  par 


Femmes  de  Mrgaro.  —  Ucsiàju  de  Rixem,  d'iprës  une  litiotûgrapliie. 


remploi  d*auxiiiaires,  et  Tantique  prononciation  a 
j»eul-01re  sin^ndièreuient  cliangê. 

Avec  les  Ktoliens  et  les  S[^!JJlkiotC'S,  les  Grecs  les 
moins  îu1mI|/mvs  muiI  les  nKmla^niardîS  de  la  Maïna. 

La  Maina  ou  Ma^ne  veille  sur  l'Lurotas,  sur  le 
fond  de  val  où  Spîirle  ^randïl  par  sa  loi  sêv(>re,  sa 
gynniastifpH'  et  son  esfirit  de  cité;  h^nn  (onr.  elle 
est  doininèe  par  le  Saiiit-Élie,  tnaili-e  sommet  du 
vieux.  Taygètè  aux  (lancs  forestiei^s.  H  n'est  guère 
de  cfiaine  plus  majestueuse  que  ce  Mont-Ulanc  des 


Sparliales  :  vu  du  flot  (\\\'\  bat  ses  promontoires,  le 
Tayg-êle  est  sublime  el  semble  immense,  aussi 
passail-il  chez  les  anciens  pour  un  des  sonnnets 
b*s  plus  élevés  de  la  Tern'  ;  ses  Ibuies  les  plus  sau- 
vages sont  au  midi,  au-dessus  du  cap  MalajKui, 
l'antique  Tèiiare,  tellement  outragé  des  lempiUes 
que  les  lielirtn's  en  avnieid  fiit  IVritrêe  dfs  Eiilrrs, 
et  ipi'tïn  l'ajUMdle  encore  le  lueur  d'fionunes. 

Le  Magne  est  un  pôle-mèle  de  marbr^^s  et  de 
porpbyrea  dont  les  pointes  portent  des  forts,  des 


r.HKrR. 


265 


tours  de  gTjel,  des  murs  traîtres  sur  des  précipices  : 
il  n'a  point  volé  ses  deux  noms  de  Mauvais  Mont  et 
de  Mauvais  Conseil  ',  car,  plus  encore  que  la  Corse, 
c'est  la  terre  des  vengeances. 

Eh  bien,  ce  puys  lui-niêine  est  rempli  de  noms 
slaves,  dans  les  environs  de  Sp;irle  eotnnu'  yulour 
de  sa  rivale  Jlessène.  la  mère  de  Messiiif,  U  pairie 
du  lieras  qui  a  poursuivait  les  [>a  cédé  muni  en  s  dnns 


les  champs  de  Steniclaros  et  jusqu'à  la  cime  des 
monts  i>  :  on  y  trouve  des  noms  inmme  Tsernagora, 
Tsernilsfj  ni  niêtnr  Knïknva  ut  Viirsova;  ainsi  que 
dans  l'empire  démesuré,  les  monts  y  sont  des  gora, 
les  lacs  des  ozéro.  Où  donc  trouver  les  Hellènes 
s'ils  ii'exisl»!nt  niênu*  plus  (hins  k-  Maj^^ne,  celle 
Forteresse  naturelle  d'une  puissance  prodigieuse» 
ce  monde   escarpé,  fait  de  coupe-gorge,  tout   au 


Alti^ncs  cl  le  moul  Uynicdc.  —  Dc«Biu  do  Taylur. 


tioul    d'une    presqu'île   exiraordtnairement  cassée 
oh  l'on  enire  |iar  un  isthme  étroit? 

Le^  Gn*cs  sont  les  hoimn^'S  les  plus  ingénieux  de 

rOrtenl    el    n'en  sont    pas   les    moins   bnives;  b? 

I  pfvimrr  lier.-i  du  siècle  vil  périr  plus  d'un  Lêonidas 

U^  étroits  de  In  llt'llade.  Ci>s  héros  morts  pour 

de  la  Crécf'  n'étaient  d'ailleuis  pas  tous 

[Grer»;  H  y  avait  parmi  eux  des  Albanais  en  grand 

A^rt*,  des  aventuriers  de  tout  pJiys.  drs  ciilhoii- 

Ars.  dr»  «  pl(illii*IU*nes  u  de  toute  langue,  des 

t    Ulu>  Vouni  el  lUko  Voult. 

0-    B«C1C«.    la  TCRA«  A   VOL  k'uUUD. 


M  altérés  et  affamés  »  dont  le  plus  grand  fut  Byron. 
Ce  n*e8t  plus  comme  artistes,  poètes,  philo- 
siiplies,  savants,  qu'ils  l'empurlenl  sur  les  autres 
humains;  ils  sont  surtout  ciHumerranIs  et  marins, 
sinon  colonisateurs  comme  autrefois.  Ainsi  que  les 
Juifs  ou  les  Arnn''niens  on  les  rencontre  en  fïrient 
|^;iiii>ut  où  il  y  a  des  fortunes  h  faire,  sur  les  ri- 
vagi*s  osmnrdis,  sur  le  Dantdie.  h  Odessa,  il  t^on- 
stanliiiople.  en  Asie  Mineure»  en  Egypte,  et  jusqu'à 
Marscillr;  its  S(»nt  banquiers  à  la  grande  ou  à  la 
petite  semaine»  brocautcurs,  vendeurs  de  plaisira* 

54 


260 


LA    îr.UJtE     A     VOL     irOISEAU. 


cafiîliers,  mérierins,  inU'rprc'tt^s,  ngenfs  fît*  h.iuln 
ou  de  basse  adtninistivjlioii  :  »  Au  Grec  sans  le  sou 
«lis  (J(*  grini[MM'  ait  riol,  i[  y  grimpera'  n. 

Wiilgiv  t;iiU  ir;H:tivilt'',  mul^rv  lour  esprit  lù- 
^uhù,  iTloi-s,  k'ur  passion  tic  s'instruire,  malgré 
Hu'niP  h  fiL-rlt'  tlVMrc  Crées  cl  le  res[)t^t'l  do  ee 
j^'aiid  nom  cjui  los  roiid  cajjable.s  de  ((ryndes  «Jio- 
ses,  1  avenir  ne  punulp^is 
devoir  apporter  à  ce  peu- 
ple hrilliUit  tuiis  les  pré- 
sents qu'il  en  espère; les 
Sliivi»s  ne  lui  Liisseronl 
point  (iotisL'iulinojiL'  . 
einq  millions  d'Uoiri- 
inos  ne  eonnnan<terunl 
pos  ù  l'Orienl,  descen- 
dissent-ils en  ilroïte  li- 
gnée de  Tiiéuiistocle  ou 
d'Alexnndre. 

Les  Alh-niiiis  sont  nn 
^Tuml  élément  de  hi 
Grèce  rnoclernc;  on  les 
y  évalue  à  K)Ot)ï)0  ou 
20U<HH>.  du  onzième  an 
f[uiruiénie  de  tous  les 
hoinlanls  du  nivionue. 
Ils  oril  leurs  plus  gj'ands 
villii^^es  dans  le  nord  de 
la  (erre  helléni(|ue,  en 
Epire,  au  se[)tetiïiion  du 
golfe  de  Lêpanliï .  en 
Iléotie,  dans  le  sud  de 
ri{uliéo,  eu  Altique. 
mais  on  en  trouve  éga- 
lement dfiris  le  Pélopo- 
nèse  el  jusque  dans  cer- 
taines iles  de  rar('fii|iel. 
Andi^us,  Ilydra,  Spezia. 
Malg^ré     leui*    nombre , 

leur  sève  native,  leur  fnree  barbare,  aucun  firec 
ne  crainl  niaiideiiaut  de  les  voir  former  uu  Liât 
dans  l'Élat,  quelques  recrues  qui  leur  arrivent  in- 
eessamnn^iit  des  monla^Mies  déhauebées  où  siège  la 
rare  des  (Jikipélaivs  :  s'ils  ont  plus  de  muscle,  de 
hardiesse,  d'emportenu'ul,  de  brutalité  que  les 
nellèues.  ils  reeomiaissent  d'instinct  la  sn]iéi*iori1é 
d'esjiril  dupeujde  dont  ils  sont  veirus  part;i^;er  les 
foyers;  peu  h  peu,  sans  révolle  contre  l'avenir,  ils 
abandonnent  leur  niàle  et  dur  langage.  D'ailleurs, 

1.  Grxcuitis  esurieiis,  in  cœlum  jusseris.  ibit. 

(JuviNAL.) 


Groc.  —  Dessin  do  Ronjat,  d'aprte  une  pli€tocraplil0> 


la  guerre  de  l'indépendance,  qu'ils  ont  combattue 
ensi'nible  contre  le  Turc,  a  fait  naître  entre  les 
deux  peuples  une  conununautè  d'histoire;  après  les 
niènuN  rages,  le  même  Irîoniplie,  ils  se  sont  em- 
brassés connue  les  fils  d'une  même  mère.  Le  Grec 
ne  porte  plus  la  chiamyde  qui  rlrapa  ses  dcmi- 
dii'ux  :    il  a   pi'is   le  costume  de   r.Vibanais,  fi'2, 

fusiaiietle  ou  faiilaloii 
ilottanl.  l't  la  bolle  au 
lieu  de  ranti{|u<.'sandule. 
Presque  (ous  les  Grecs 
professent  la  i*eligion 
grecque,  secle  du  cbris- 
lianisine. 

Villes.  —  AUiùnes  a 

107  001)  dmes,  142000 
avee  son  pori,  le  Pirée. 
ijnri  irrespect  cl  folie 
d'a\oir  bàli  la  moderne 
capitale  de  la  Grèce  sur 
le  sol  sacré  de  la  ville 
de  ï'ériclès.  auprès  de 
deux  ruisseaux  qui  laris- 
srnt  en  été,  tout  grands 
soient  -ils  dans  noire 
ima^iualion  sous  les 
niinis  d'Ilissus  et  de  Cé- 
phise  !  Il  fnlLail  In  cam- 
per au  hr)j-d  de  la  n»er, 
sur  le  golfe  d'Kgiue.  au 
port  du  Pi]ve,  et  ne  pas 
étalei^  au  pied  du  Parlhi"'- 
nort  le  néant  de  nos  cités 
modernes.  Uieu  n'alti- 
rail  l'Alhèncs  de  nos 
jours  près  de  l'Alhèncs 
d'auhvfnis.  ui  lleuve,  ni 
baie,  ni  pliiîtie  féconde, 
ni  uioiilaf^nes  Tiiinèrales,  ni  ^ratid  chmiin  \\n  rnm- 
merce.  ni  citadelle  inqirenable  :  en  tant  qu'Athènes, 
sa  place  était  au  Piréc.  et  comme  capitale  de  la 
Grèce  niiiux  eût  valu  Gorinllie. 

Viennent  ensuite  :  le  Pirée  (55  000  hah.),  en  Km 
lilè  faubourg  d'Atliènes;  —  Patras  (34000  Iiab.), 
ville  juitréemie,  port  du  golfe  par  le<piel  la  petite 
mer  <le  (lin'inlhe  s'ou>re  suj"  les  eaux  de  Kephal- 
h'uia  el  deZante;  — llermoupolis  (22  000  liab.J, 
port  de  grami  c<nmjierce,  d;iii  ;  l'ile  de  Syra  ;  — 
l'-orfon  (IDtKJOhah.J,  dans  l'ile  de  son  nom;  — 
Zanle  (17  000  liab.),  dans  l'ile  du  Zante.  etc.,  etc. 


ASIE. 


2G7 


Uimllip  :  te  GaourUanltar  —  (JM»in  de  F.  Schradci 


ASIE 


Stnicture  massive.  Vaste  étendue.  —  L'Asie, 
b  plusiiiassiM'  tli's  rin(|  parties  du  niunrft\  li^  ^nifvd 
Iroiic  <if  Iffliiciini  roritiiitnit,  e.sl  unie  h  I'AIVkjih*  p;ir 
risUune  sabloiineux  de  Suoz.  et  st*pan>e  d'elle  par  la 
mrrsans  lAr^eiinpji  v.i  de  Suezi*»  Pêriiii,  [»**  l'Oural 
ao  Ciocaae,  rien  ne  l'isole  nellenienl  de  IKurope. 
cl  oclle*ci  nVst  qu'une  de  ses  presqu'îles. 

Mi»,  on  le  sait,  TKumpe  et  l'Asie  avnionl  entre 
tOlt*fc  un  oci'*nti,  niflis  ;il(irs  l'une  et  l'autre  étaient 
nioii»  grainde.H  qu'à  l'heure  prêsi^nle.  justement  de 
l'êlondue  flu  lit  que  cette  nier  découvrit  en  se  re- 
liranl  :  Tturupe  alors  linissait  avee  la  Scandinavie, 
les  rjirpales  et  le  lUIkan,  tandis  que  de  l'autre  cMii 
de  res  eaxix  salées»  l'.AsIe  eoriiinenrait  avec  les 
rminl.H  de  ^n  immense  Flatenu  ciMitral. 

Tri  le  qu'on  la  limite  aujourd'hui  entre  Uussied'Eu- 
rupeel  liu»»ied'Asie.  elleiai5»0  «5000(1  hectares  \ 

I   Comme  noui  itou»  mttaclié  les  lies  du  la  Sonde  vt  loi 


près  de  cinq  fois  l'Europe.  l'Amérirpie  n'en  ayaid 
(pie  ".8  475i5Kaï){)  el  l'AIVique  29S^2r.tî:»r»(M]0*  De 
ces  4  milliards  i/2  dJiectiires.  quatre  cinquièmes 
simt  au  tronc,  ua  cinquième  au\  presqii'ilt»s  el  aux 
ifcs.  Ln  phis  Innpue  Uiiiw  ipi'on  y  puisse  tracer, 
de  Suez  au  déliwit  de  Ueïirin;;.  dépasse  Hl.VMI  kilo- 
nièli*es;  du  haut  nord  aux  pointes  du  sud  il  v  en 
a  7000, 

Non  seulement  l'Asie  Temporle  ert  étentiue  sur 
les  autres  parties  du  monde,  même  sur  la  dituhle 
Amérirpn".  lu.us  c'est  luissi  le  ronlitu'ïil  p.ir  excel- 
lence, rehii  qui  a  le  d*»s  le  plu^;  mlossal  cl.  domi- 
nant son  échine  do  plateaux,  le  mont  supposé  le 
plus  élevé  de  la  Teire,  le  Rayomianl.  cjir  c'est  là  ce 
(|ue  veut  dire  le  nom  de  Gaourisankar  :  grand  de 

P1iilij>pine4  «uk  autres  Uesde  ta  Uéfçalonésie  océanienne,  il  y 
Il  tuMi  de  reU-ancber  de  cette  surfore  environ  ÎOO  millions 
d'Iiectarcs. 


208 


LA    TKRRK    A   VOL    irOISEAU. 


S8.iO  mt>(res.  pr*^sdft  dpuï  fois  lo  Mont-Rlanr,  près 
do  Irais  fois  l;i  M:iladi'ïï;i.  quîiliT  ou  cinq  Tuis  lt> 
Puy-d(»-S.*tiu:y,  \o  ll.iyoïmrml  tluniitie  de  *2<I00  mè- 
lj*es  le  pic  le  plus  fier  de  loute  l'Amériqup. 

Ciiiice  à  ]".iii'(»  et  à  la  suiTccUon  de  son  liatpau 
ceiitrni,  l'Asif  st'i'ail  eu  iiioncihiu  1;ï  (jIus  clfvée  dea 
cinq  jKirlies  du  monde  s'il  n'y  avait  pas  l'Afrique; 
011  bien  l'Afrique  l'emporterait  en  siuTeclion  s'il 
Il  Y  avait  pas  l'Asie.  On  ne  conipnrent  loyalenienl 
l'une  à  Taulrc  que  lorsqu'un  les  connaiira  toutes 
Jefi  deux. 

Plateau  central,  monts  géants.  —  Hom^ro 
célèbre  le  divin  Ulus  et  rillusJre  tphialtc  qui  vou- 
lurent monter  au  ciel,  en  une  aventureuse  escalade» 
et  |>Jîr  un  esrjilie.Tïj  pi*^.Tulesque  :  tonglemps  ils 
roulêrertl  à  conlre-nKJtïl  l'Ossa  sur  li' grand  Ulyrnpe, 
cl  sur  rOssa  le  Pêlion  couronné  de  forêts.  Ils 
êtnienl  Jrrip  pelils,  n'ayant  i*n<'on'  qu*'  ueufatispl 
neuf  aunes,  ujais  eussent-ils  empilé  les  Irois  monts 
Ihessaliens.  il  leur  aur.'iil  encore  fallu  quelque  pic. 
de  plus  de  :2000  mètres  pour  atJeindj-e  le  [ttus 
iK»l>le  des  Olympes,  le  (ia(»urisankaj\  [nïinte  su- 
pri^mc  de  l'Himi^layn.  de  l'Asie,  du  monde,  hans  le 
Kfii'akomum  ou  (Caillou  Noir,  se  pore  de  l'Hiniâlayn 
par  11'  val  fie  l'Indiis,  le  hapsari^',  presque  égal  au 
Gaourîsiujkar,  s'élance  h  8  6i.^  nièlres. 

L'Himalaya  ou  Demeure  des  neiges,  qui  vfiil  au 
midi,  d'éperdument  haut,  les  plaini's  entlanmiées 
de  l'Inde,  firesse  en  vain  h  mnilresse  nnjnta^îiH'  du 
Globe  i  le  Koueu-Loun,  qui  s'«dève  derrière  lui  au 
nord,  long  de  5825  kilomètres^  lui  est  supérieur, 
panit-il,  en  allilude  uuivenne  :  celle  cliaine.  deuï 
à  trois  fois  fdus  élevée  que  les  Pyrénées  françaises 
et  huit  îi  neuf  fois  plus  loufi;iifi,  est  Tépine  dorsale 
de  l'Asie.  A  l'esl,  Himalaya  et  Kouen-Loun  s'enln- 
renl,  nous  ne  savons  cotntiienU  ïuix  inonls  d'Indo- 
Chine  et  Chine;  h  l'ouest,  ils  s'enrhevélrent  avec 
riiiniliin-Kimcli  et  te  PaitHrouToil  du  Monde»  pla- 
teau de  lianti*  assise  <|ui  re'j;ardeà  Toi-îenl  les  steppes 
menant  nu  loin  eliez  le  Cliinois,  et  à  iW.eident  les 
vallées,  les  déserts»  les  oasis  qui  conduisent  chez 
l'Ruriipéen. 

Ces  cliatues  géantes,  ce  Toit  du  Monde,  les  Tliian- 
rhan  ou  Monts-Célestes  qui  contiuueni  au  nord-esl 
le  Pamir,  enlin  lAltaî  qui  prolonge  le  Tliian-Cfian, 
t'es!  sur  ces  épaules  que  rej>ose  le  grand  Plateau 
central  d'Asie,  dont  les  fonds  les  plus  Las  furent 
jaùiB  Isi  coupe  d'une  mer  intérieure  presque  égale 
en  aire  à  la  Méditerranée,  en  tout  eas  aussi  longue» 
mais  moins  profonde  et  moins  large,  (a*  plateau. 
VHrianl  de  nature,  d'altitudes,  de  latitudes,  se  di- 


vise en  plateaux  secondaires  :  plateau  du  Tibet.  Ih 
plus  élevé  sur  terre,  entre  Himalaya  et  Raralta- 
rouni;  plateau  de  hiior,  êgalemeul  de  1res  haiilo 
altitude,  entre  Karakoroum  et  Kouen-Loun;  Kaeh* 
garie  ou  Turkeslan  Oriental,  entre  Kuuen-Loun  ri 
ThiatiClian,  [d;iine  plus  basse,  sur  le  Tariin,  tri- 
butaire du  Lob.  qui  est  un  lac  sans  écoulement; 
Mongolie  et  désert  sablonneux  de  (iobi  ou  Cliamo, 
entre  r.\ltaî  et  des  rameaux  du  Karakorouni.  A 
divers  degrés,  suivant  les  mille  circonstances  du 
lieu  (surtout  la  surreetion  au-dessus  des  mei*s|,  ces 
plateaux  luttent  contre  un  aflreux  climat;  ils  ont 
un  même  et  terrible  ennemi,  la  séeheresse.  (!e  n'est 
certes  pas  que  les  vents  n'y  s(>uftlent;  au  eontrain», 
ils  \  crient  souvent  en  longues  tempêtes,  mais  ce 
soni  des  colères  arides,  des  sifdemenis  froids,  des 
ouragans  claii'S  déchaînés  par  les  vents  tombant  de 
la  niQUlagne  et  non  par  les  «  asstMubleurs  de  nua- 
ges ]t  f]ui  viennent  de  la  mer  :  ils  secouent  les  nii- 
sérabbs  arbres  toj'dus  qui  osent  sortir  du  sein  de 
ces  ti'rres  barbaivs,  ils  soulèvent  les  sables,  ils 
poussent  les  dunes,  ils  font  loujliillonrn'iMfuelques 
lloeons  de  neige,  mais  ils  ne  [Ktrteul  pas  la  pluie, 
et  avec  la  pluie  la  tiédeur  et  les  frondaisons. 

Euttniré  de  mmits,  L^  Plateau  central  garde  [Hiur 
lui  le  plus  grand  nombn»  de  ses  rivières,  eaux  in- 
digentes, faute  de  pluie;  issus  des  hautes  neiges, 
des  glaces  et  de  quelques  orages,  ces  murants  ar- 
nisent  des  vallées  qui  snns  leur  Mot  n'auraient  pas 
«riialtitaiits  ;  l'irrigatimi  les  boit  cl  ce  qui  reste 
deux  va  se  perdre  dans  des  lacs  ou  des  tnarais.Oa 
évalue  ù  uu  milliard  dheclares,  juste  l'étendue  de 
l'Kurope.  l'aire  des  bassins  astalitjues  don!  les  ri- 
vières n'atteignent  pas  le  réservoir  conuimn. 

Ces  terres  inlêj'ieures,  terriblement  rudoyées  par 
un  climat  continental,  offrent  quelqtu's  oasis  et 
d'immenses  ftâtures  à  des  peuplades  turques,  mon- 
goles, tibétiiines,  les  unes  siVlenlaires,  les  autres 
nomades.  L'Asie  centrale  compte  dans  l'histoire. 
Sa  pauvreté  lit  Sii  puissance,  eoirmie  la  force  de 
rAngleterre  vient  de  l'indigence  de  ses  ouvrier® 
et  de  la  mortelle  nusèrc  des  c;mijwigt»nrds  irlan- 
dais :  fuyant  une  pallie  mar<Ure.  des  milliers,  des 
millions  de  transfuges  ont  semé  des  Angleterres 
nouvelles  dans  de  très  vastes  pays  transallanlique^. 
Kndurcies  par  leur  guerre  contre  unsid  rebelle  sous 
un  climat  méchant,  les  nattons  de  l'Asie  centrale 
ont  aussi  déboi-dé  sur  le  momie  :  non  par  d'im- 
nnmses  émigrations,  puisque  riudigence  du  fïrand- 
Plateau  l'a  voué  de  tout  temps  à  rester  presque 
désert,  mais  par  des  razzias  sans  lin,  sur  d'in- 
domptables chevaux.  Depuis  des  dizaines  de  siècles, 


I 

I 


l 


ur  vers  !i»s  derniers  jours  du  moyon  Age, 
rnlicrs  férocirs  descendirent  en  rapidtî  psra- 
e  cjcs  lerri's  élevées»  heurinnt  ol  jïotissflnl 
eut.  si  bien  (|ue,  de  rlioc  en  choc,  h'S  [leu- 
lieiil  secouée»,  piïrfois  disloqués,  du  milieu 
îc  il  l'extréinilé  de  l'KunipL',  en  Totininie, 
ir,  en  Hongrie,  en  Alleriiiigiie,  efi  Krance, 
c,  en  ¥.^MpH\  voire  en  Berbérie.  Il  ne  fal- 
quelques  dizaines  de  milliers  de  res  Cen- 


ASIE.  ^^^^^r  271 

l;iurcs,  ou,  comme  nous  dirions  aujourd'hui,  de  ces 
(iauchos,  pour  ébranler  la  lerre  ;  avec  eux  DJen- 
gliiz-Kh;in  fonri.i»  pnitr  de  courtes  années,  le  filns 
^Tand  des  i-inpires,  et  plus  Lard  Tyrnerinn  couvrit 
de  charniers  lu  moilié  de  l'Asie;  aidés  par  les  no- 
mndes  du  U;is  steppe  de  Turkeslan  e(  par  les  cluv 
vaticheur's  Ji[lo|^ènes  et  allophones  qui  s'associaient 
à  leur  polilique  de  fer  et  de  sang,  ils  conquirent 
la  Uussie,  rittde,  la  Chine;  maintenant,  nauvres» 


L'«nlrcc  dti  Grand  Sloppo  .  Porlo  de  Tamorlaa.  —  Desriin  do  Taylor,  d'apte»  une  photographie. 


pacifiques,  ces  pnsleurs   Ui«tsent  le 
Bii  fortune,  et  la  Russie  les  dispute  .mx 

l'I  rindo-Clune,  l'Iran,  le  Touranou  Grand 
I  Sibérie,  la  Chine,  f.ml  le  tour  de  cette 
ropole  du  \ieux  nntnde. 

Indo-Chine.  —  Si  le  (îlnbe  n'a  rien  de 
que  le  lirand  IMdteau  vide  et  Froid  qu'un 
iirr  la  Terre  inhumaine,  il  n'a  rien  de 
in,  de  plus  brillant  que  l'Inde. 


Conlrasle  écbitnitt,  puisque  la  plus  exubérante 
parmi  les  (tresiiu'iles  s'étale,  jardin  magique,  au 
pied  même  du  l'alais  des  Neiges  (Ilimillaya).  Ainsi, 
pour  comparer  riùirope  h  l'Asie,  la  France  î^  l'Inde, 
l'hysope  au  rêdre.  mdre  plus  clair  soleil  luit  au 
pied  jMéiidional  des  tnarids  tlaussos. 

Comment  ne  serait-elle  |ias  inroînparable  quand. 
sous  une  si  chaude  et  si  blanche  lumière,  elle 
reriut  les  pluies  les  plus  drues  (pii  londjent  sur  la 
Jlnnèli'.  (i.  8,  10.  I:i.  et  jusqu'à  l.%  et  Jfi  métrés 
ft^ir  année  :  trente  fois  la  bruine  qui  mouille  les 


27-2 


I.A    TERRE   A    VOL    D'OISEAU. 


toits  de  Paris  et  fait  de  son  macadam  un  bourbier. 
Des  fleuvt»s  splendides,  que  lui  créenl  rilimjUayLi, 
lo  Kiinikoivjuin  (el  drs  rrionls  crirnre  inconnus). 
liralimiJfHJUÏir,  (lanfçc*»  Indus,  lui  vorsenl  li's  fri- 
mas qu'on  voit  de  ses  plaints  glorifMisps,  suspen- 
dus n\i\  monls  les  plus  hauts  de  rUnivors.  et  fuux 
({u'on  ne  voit  pas,  parce  que  ces  monts  les  ca- 
cfuMiL  Au  sud  des  grand*'S  phiines,  sur  le  Dêcan, 
pliitt'îiu  Irian^^ulaire,  l«i  liauti'urdu  sol  (enipère  les 
ardeurs  du  ciel  et  b-  soleil  féconde,  lui  qui  pourrail 
brûler,  sous  le  Tro[Hque  et  si  près  de  i'KqitatriJiv. 

(]et  admirable  empire  TuL  peuplé  de  lout  lenij.s; 
la  plus  vieille  hisloire  nousy  montre  des  royaumes, 
des  peu[dcs,  des  tyrans,  des  ri4!hesses.  Pjvs  d'un 
petit  llouve  bourbeux,  au-dessus  de  cam[*at'"*^'^ 
vides  peut-être  jusqu'îi  l'Iiorizon,  il  n'y  avait  encore 
que  des  herbes  et  des  cailloux  sur  les  sejil  collines 
qui  lurent  plus  tard  l'assist!  de  lu  Ville  éternelle, 
quand  déjà  l'Inde  aurait  pu  remplir  un  large  pan- 
Ihcon  des  sliUues  de  ses  lieros,  de  ses  législateurs 
et  de  ses  poètes.  xVujouril'bui  le  génie  indien  a 
replié  ses  ailes,  et  la  conirêe  niftf,miliqua  où  vit 
le  sixième  des  hommes  obéit  à  une  nation  de  niîj- 
TiufacUu'iers  marcinmds  campés  dans  deux  îles 
d'Kurope. 

L'indo-Cluue,  plus  effilée  que  Tlnde,  a  plus  de 
contact  avec  la  nn*r.  Ses  lleuves,  aussi  giamls  que 
Gan*:e  on  lir.nbniapmiïre,  plus  bings,  veinis  oji  tu> 
sait  d'où,  la  ratlaelienl.  éj^alcnient,  elle,  terre  iqiu- 
lonle,  à  Iti  l'roidure  et  h  la  misère  du  tîrand-Plaleau; 
et.  plus  loin,  la  Chine  aussi  lire  ses  lleuves,  su 
(i  terre  jaune  h  el  ses  ailuvious  de  la  haute  idainiî 
marâtre.  Comme  le  dit  sî  bien  sou  nom  conqMisé, 
rindo-Cbine  est  le  piissat^a-,  la  (ransilion  de  Thide 
à  la  (ihine,  [tour  les  lancines  et  les  rares  el  l'Iiis- 
loîre,  ainsi  qtie  pour  le  climat  el  les  plantes;  seu- 
lement, a  mesure  qu'on  mnrebe  vers  l'orient,  de 
la  Liirmaiiie  au  Tonipiin,  la  nature  devient  de  plus 
en  plus  chinoise,  el  aussi  l'huruanité.  La  France 
y  domine  au  l'nmbodjîe  et  en  Coebinchine,  au  bout 
d'un  fleuve  èn(jrnie,  le  Mékong;  puis  sur  rAmiairi, 
étroit  litloral;  enfin  sur  le  Tonquin,  à  h  rruntière 
même  du  peujile  innombr.dile. 

Iran,  Arabie.  Asie  Mineure.  —  [/Iran  ou 
Kran  ne  nian(|ue  pas  de  ressemblance  avec  le 
riraud-llaleau;  c'est  également  un  sol  d'airain, 
sûr  un  socle  moins  liant»  sous  un  ciel  moins  ter- 
rible, mais  d'extrême  sécheresse  :  quelle  humidité 
pourrait  lui  venir  de  l'est,  des  munts  qui  lu  sépa- 
rent des  déserts  de  l'Indus;  ou  du  t»iu(l-est,  des 
bastions  mémos  de  l'Asie  centrale?  Au  nord»  l'EI- 


bours,  où  tressaille  encore  rénorme  volcan  du  I»e- 

mavend  (5628  mètres),  arrête  les  nues  de  la  Cas- 
pienne qui  èvent  en  ondées  sm*  le  Gliilan  el  le 
Ma/i-ndejMJ/,  littoral  si  mouillé  qu*il  en  est  fiévreui 
autant  que  forestier.  Au  nord-ouest,  il  a  les  monls 
de  l'Arménie,  la  plupart  nus,  monotones,  laids  et 
ménie  lugubres,  mais  déhordarïl  de  sources,  de 
li^rretUs,  de  rivières  qui  se  déploient  <*n  aiuieaut 
linqiides;  ces  monts  entrent  par  plusieurs  pics  dans 
la  région  des  neiges  étorrudles,  et  leur  maîtresse 
roche,  le  Grand  Ararat  {h\T}i>  ntè(res),  est  admi- 
rable de  majesté,  mais  ils  n'en  ravissent  pas  moins 
A  l'Iran  plus  dliumiditê  qu'ils  ne  lui  en  donnent. 
A  Touesl,  de  hautes  monlagnes  le  sèvrent  des  vente 
humides  qui  pouiTai<'nl  par  hasaid  lui  venir  de  h 
lointaine  Méditerranée  pur-dessus  le  sable  syrien 
et  Talluvion  nu''sop(itamienne.  Au  sud-ouest  et  enfin 
au  sud»  il  reste  également  plateau,  et  même  pla- 
teau très  haut,  jusqu'à  des  sierras  d'où  t'un  voit  À 
ses  pieds  à  profondeur  immense  les  (lots  du  golfe 
IVrsi(]ue  el  de  la  mer  des  Indes,  d'où  monte  ici 
peu  de  pluie,  el  quand  il  m  monte,  ces  sierras 
la  tiappenl  au  passage.  L'Iran  est  donc  une  régien 
de  peu  ou  point  d'ondées,  de  climat  froid  dans  le 
nntnt,  t1pre  et  venteux  sur  la  plaine.  Maleaui  sa- 
blonn^ux^OU  saiiHfr, -coteaux  et  chaînons  dispersés 
sur  le  Stepfie,  |jas  d*arbres,  tel  est  ce  piêdeslid 
iTairain,  jadis  peuplé  [wr  une  race  «  Idanclie  », 
0  caucasienne  ?i,  (f  aryane  »,  ou  tout  autre  uum 
également  trompeur  <fu'on  adopte;  mais  ces  Ira- 
niens se  s<ml  fort  mêlés  aux  Arabes  et  aux  Turcs. 
Ce  vi(!ux  pays  est  retiré,  caché,  oublié  iuitre  ses 
courtines  du  montagnes. 

Iles  pics  de  l'ouest,  Fh^n  contemple  â  la  fois 
tleux  autres  vieux  j^iys,  connue  lui  historiques  : 
l'Arabie  et  la  liabylonie,  qui  tiennent  l'une  et 
l'autre  h  l'Asie  Mineure. 

L'Arabie,  vaste  [tresqu'ile  à  flancs  droits,  sans 
vrais  golfes,  sans  estuaires,  sans  Iles,  est  bordée 
el  bardée,  elle  aussi,  de  montagnes  qui  lui  ravis- 
sent les  souilles  presfpie  enllanniiis  de  Iruis  nn^rs  : 
au  sud  l'oi^éan  des  indes:  à  l'ouest  la  nn-r  llouge. 
qui  est  une  fournaise;  à  l'est  le  golfe  Tersique.  non 
moins  torride,  que  te  golfe  d'Oman  unit  à  l'océan 
Indien.  Entre  ces  monts,  d'autres  monls  arides, 
quelques  vallées  avec  un  peu  d'eau,  des  sables  im- 
menses; dans  cette  nature  dure,  sèche,  a  gr.mtlt, 
sec  et  dur*  sons  la  vive  lumière,  un  peuple  (pii 
déborda  sur  le  monde»  les  Arabes,  un  moment 
presque  maîtres  de  la  Teire. 

L'Asie  Mineure,  tout  comme  l'Iran,  c-sl  un  |>elit 
plateau  central,  Ir-ès  entouré  de  mei*s,  et  1res  privé 


ASIE. 


575 


!  qiie  Ht^  leur  montéi?  du  goulTrc  snli' 
Iteurlent  â  des  chnines  littnriiles  : 
îiiënl  à  la  fois,  ei  le  cHru.it  ^ttîtiKliriairLV 
ide,  lies  plaines  inlêrieures,  oit  vivciil  le 
rAnnénien,  et  la  lerapérulure  douce  e1 
^règne.  avec  quelque  huriiidifi''.  sur  les 
Noire  et  ihi  Mêdilenaure  d'où  i! 
rèlémenl  grec  niarelie  à  la  e(jti()uêle 


des  vallées,  peuf-AIre  du  plalenu.  Au  su'l,  sous  un 
4'iel  très  rli.nud,  doniitiejil  les  Aralies,  nussi  bien 
«Lntis  le  Ltltaii.  rnur-le  t'It.iiiie,  r[ui'  il;ins  l;i  [il;iine 
elliptique  du  Tiirre  et  de  rKM[thrnte»  r.'uii'ienue 
pnti'ie  de  grands  empires.  la  (erre  îujjfnird'ljui 
stérile  sur  laquelle  erupièle  le  sible  d'Araliie  : 
mais  elle  fut  lÏM'oniïe  et  [leut  le  redeveuir  à  uu 
très  haul  degré,  par  les  dérivalious  de  ses  fleuves. 


Japon  :  an  jardin  I  YokoUama.  *  Dessin  de  Thcrond»  d'apn.^  une  pïiolograpbio. 


Arabes  que  miroitent  les  eaux  les 
i  de  la  Terre,  relies  de  la  lïier  Morte»  à 
ms  au-dessous  du  niveau  général  :  ainsi 
^plr  à  la  fois  le  lieu  supérieur  et  le  lieu 
?S  la  lianète. 

[uoe  des  vallées  de  retle  contrée  naquit  le 
qui»  comme  celui   d'Afrique,  ne  dé- 
qu*un  petit  eanlou.  une  h;iiilieue  de 
killage. —  pruhablenieul  la  platiu*  d'K- 
le  Doui  gagna;  on  l'étendit  au  val  du 
ve  Caisire,  qui    s'achève  dau*^  celle 


même  plaine»  ensuite  à  loul  le  pays,  enfin  ;\  loule 
la  partie  du  monde. 

L'Arniénie,  h  laquelle  l'Asie  Miiunuv  cl  l'Iran 
enlacent  des  chaînes  de  uiout;ij;nes,  envoie  des 
cnntreforls  à  la  rencr>iilre  de  rAnti-t'.aurase;  et 
l'Anti-i^ucase  s'appuie  â  la  barrière  entre  Kun»[ie 
et  Asie,  au  forniidahle  é[.auh'nienl  du  llnurase, 
dont  le  pic  culuiinatït.  t'KIbrouz.  vidcan  mord  ou 
qui  dort»  s'élance  a  MîiVJ  mètres. 

Touran  ou  Grand  Steppe.  —  Knire  le  rehonl 

55 


27-4 


L.l   TERRF    A   VOL    D'OISEAU. 


fin  l'Iran  et  les  vallées  du  bassin  dt*  rii-lyrh,  depuis 
la  Caspienne  jusqu'au  Toit  du  Mondi»,  le  Touran, 
pays  d'Iivininis  roii(|uis,  de  Turrs  rnnfjucranls,  vi 
QUj*mrd'\nn  d4*  Hiisst-s  ;ibs(>j'li,'Hits,  n*n  rk?  p^'Uplo 
sédentaire  que  p.ir  h  vertu  de  ses  deux  fleuves, 
TAniou  el  le  Sir,  a[i|ielés  jadis  Oxus  cl  laxarles. 
Ccir  là  aussi  l;i  nuée  bien  fil  i  sri  tile  esl  rare;  le  peu 
qu'il  y  tombe  de  pluie  ne  verdil  que  pour  quelques 
jours  1;ï  pAluie  du  iSlefipe  ou  iiiéreie  nV'Voqiie  pas 
un  brin  d'herbe  dans  di*s  déserts  fjîipftés  de  jriiH't. 
Si.  coniTtie  on  Ta  prétendu.  —  d'aucuns  disent  dé- 
monlré  —  les  (i  Aryas  »  vécurent  dans  le  Grand 
Steppe,  ils  n'y  liabilérenl  (pie  les  a.isis  de  fleuves; 
ou  bien  le  Tauran,  |diis  liuniide,  n'était  pas  alors 
la  eonti'ée  des  vents  froids  ot  des  vents  chauds,  de 
la  gelée  noelurne,  des  chaleurs  torrides,  des  arè- 
nes altérées,  des  étangs  salés,  des  oura*;ntis  dres- 
sant la  dune  et  la  poussant  contre  la  t^Mile  du  no- 
made ùu  la  ville  du  sédentaire. 

Ou'idle  ait  ou  ïion  vu  passer  nos  prétendus  an- 
cêtres, qui  pour  beaucoup  dVïiIre  nous  ne  sont 
que  les  premiers  halbutialeurs  de  nos  langages,  la 
Touniiiie  perd  tle  pliis  en  plus,  seitdile-l-iU  ce  qui 
lui  ri'ste  de.  fraiefirur.  La  dessiccation  y  gaj,Mie, 
coinnie  partout  autour  de  la  Caspienne  et  dans 
toute  l'Asie  centrale.  Miiis  tni  [leut  lirer  un  meil- 
leur parti  de  t'Anutu.  du  8rr,  de  quelques  rivières 
abreuvées  par  ta  glace  ou  la  neige  éternelle;  et 
justement  il  n'y  a  pas  de  jdus  belles  oasis  que 
celles  de  ces  l)as  pays  éclairés  par  un  soleil  ar- 
dent, sous  des  Intilndus  qui  sont  et-lles  de  Naplos, 
de  Marseille,  de  Dord<'aux.  Ori  doit  croire  que  le 
Uusse  mènera  l'eau  désallérante  à  la  jflaine  as- 
soiffée :  pour  souder  le  Tivuran  à  la  (f  (irandi^Rus- 
gic  0,  il  laul  lixer  le  uonuule  lureoniau  ou  kir- 
ghise,  le  saisir  dans  Tengrenage,  puis  le  slaviscr, 
ainsi  ejue  le  Ture  ou  le  Persan  sédentaire,  en  unis- 
sant SCS  destinées  à  celles  de  colonies  disposées  en 
savant  réseau  ;  or,  pas  de  colonies  sans  tcrrcj  el  en 
Touronie  pas  de  terre  saas  eau. 

Sibérie.  —  Du  Touran,  devenu  russe,  on  passe 
à  la  Sil>érie,  par  une  contrée  rnlermédînire,  moins 
rébîiriialive  que  le  Grand  Slejipe  :  par  le  Steppe 
de  rirtyeli,  arrosé  de  rivières  cl  sur  lequel  gagne 
incessammrnt  l'araire  <les  colons. 

La  Sibérie  est  le  pays  des  disinnces  «  magnifi- 
ques 0  ;  tel  district  y  est  plus  vaste  que  la  France, 
Ses  fleuves  reçoivent  des  rivières  longues  comme 
le  bauulie  :  trois  d'entre  eux,  TOh,  rVéniséi.  la 
Lena,  coulent  silenrieusemenl  vers  Tocêan  Polaire, 
h  travers  des  marais  et  des  bois  d^'  plus  en  plus 


malingres,  et  à  la  rive  île  l'océan  Glacial  il  n'y  a 
d'autres  arbres  que  les  ti^ncsde  dérive  amenés  (lar 
la  nier;  l'un  de  ces  fleuves  a  dans  son  bassin  b'  plus 
creux  el  peut-être  le  plus  hiviu  des  lacs,  le  Itaikal. 
Léniiin  d'où  sort  l'Angara,  qui  est  comme  un  très 
grand  RlHMie.  Un  ({ualriétne  murant,  pi*i*sque  au»^i 
btng  que  les  trois  aulres,  rAimnir.  que.  se  parla- 
gtMit  le  Husse  et  le  Chinois,  descend  à  l'eiil  el  va  se 
perdre  dans  une  mer  moins  glacée,  bien  que  \rh 
fj'oide  encore.  Dans  la  Sibérie,  égale  A  prés  de 
vingt-cinq  Friuices,  et  fort  supérieure  à  rEuro|M; 
entière,  on  trouve  tous  les  climats  durs,  du  polaire 
au  ti'Mipéré  froid;  plusieurs  de  ces  climats,  lions 
aux  races  viriles,  ont  permis  à  la  Slavje  d'îmfdan- 
ter  ici  le  peuple  auqu<*l  appartient  l'avenir  du 
continent.  lUen  ne  manque  à  la  Sibérie  de  ce  qui 
assure  rbégémonie  siu'  d'immenses  contrées  :  b' 
Nord,  qu'on  ne  peut  lourner,  les  plaines  crèiitri- 
ccs»  le  «  Terreau  noir  »,  les  bois,  les  mines,  les 
ileuves  énormes,  b"  long  liiver  qui  force  au  travail, 
el,  par  contraste,  le  brillant  e(  chaleureux  été,  la 
nature  éveillée  en  quelques  jours,  les  feuilles  à  la 
forêt,  l'Iierbc  à  la  prairie,  les  moissons  sautant  du 
sol  comme  par  un  [iiodige.  On  peut  prédire  qu'au 
siècle  prochain  l'immigration  s'y  jetlem  par  mil- 
lions d'hommes,  ce  seni  sa  dernière  ressource  eu 
zone  froide;  alors  le  Russe  glorifiera  ses  villes. 
nées  du  soir  au  matin  comme  le  champignon  : 
ainsi  fait  le  Y.mkee  avee  ses  <i  Mushrooiti  cilîcs  », 
Clii^-'ago,  Sau-Francisco,  llenver. 

Chine  et  Japon.  —  l>e  Sil)éric  en  Chine,  on 
marche  sur  b's  plateaux  du  Centre,  ou  Fou  suit  le 
val  tJe  l'Amour. 

La  Chine,  adossée  au  grand  Plateau  Ci^tdral,  di^- 
veloppe  800  lieues  de  ctMes  sur  l'océan  Pacilique 
dont  elle  aspire  les  fécondes  vapeïirs.  Raigiiée  vers 
son  milieu  d'une  rnoile  tiédeur,  elle  est  fraîche  ou 
froide  au  nord,  peu  torride  au  sud;  elle  réunit 
donc  tous  les  climats  sans  exirémes.  Elle  a  toutes 
les  roches,  lous  les  sols,  surtout  la  fam**use  Terre 
jaune,  qui  vaut  la  Terre  noire  des  Russes,  et  qui 
peul-élre  n'est  que  la  poussière  du  Sleppe  crnli-al 
de  l'Asie  apportée  joui'  par  jour,  siècle  pju*  siècle, 
sur  Failc  des  vents  du  Plateau;  elle  nourrit  ainsi 
toutes  les  plantes  puisque  !a  végélatîon  est  la  fdle 
des  pouvoirs  du  sol  et  des  puissances  de  l'air.  Les 
Chinois  disent  que  leur  Chine  est  IVmpire  des 
Ileui'S,  c'est  aussi  l'empire  des  fruits.  Terre  gèué- 
reuse  sous  ib's  cieux  ni(*déivs.  elle  di^vait  créer 
un  grand  peuple.  Des  mi  liions  d'hommes  y  vivaient 
déjà  dans  des  villes  policées  ([uajid  noire  aiTogautc 


ASIE. 


275 


Eumpo  nï*Uil  qu'une  forét-marais  avec  des  sau- 
ngefi  dâclliranU  et  déchirés,  ((mjoui-s  vu  guerre. 
avant  pour  maisons  des  cavernes;  ils  y  forninient 
une  société  strictement  réglée  [mr  des  lois,  un 
IjpWk  K'dré,  moins  :mil>ilieuT»  moins  eonquéninl 
iftwilinisiratcur  que  les  Itoniains.  et  moins  lienii 
diseur  que  les  Grecs,  niais  bien  plus  industrieux 
^f  ces  deux  firemiers  ))eu|)Ies  de  l'hisloire,  dliéis- 
ttot  à  un  minimum  de  lois  et  de  règlements  sans 


murmurer  contre  leurs  mandarins,  4oO  â  ôOO  mil- 
itons de  rjiinois.  qiii'hjue  rlnise  roninie  le  tiers  de 
noire  race,  grouilleul  aujourd'hui  dans  le  Céleste 
Empire,  parlant  des  dialectes  de  la  même  langue, 
prort'ssaii!  une  siwt*'  ^le  morale  pralirjiic  plutAl 
qu'une  ri'li^'iotj.  lous  égidenient  aples  au  com- 
merce, ;i  ratjricullure  sage  et  patiente,  â  lindus- 
Irie,  aux  arts  d'iniitalion. 
On  dit  qu'ils  conquerront  le  reste  des  hommes, 


La  rivièn  Angara  —  ttetsin  de  Taylor,  d'aprte  nne  pbotoffrapliie. 


ici  pv  une  infillnition  lente,  lé  par  pouss^^  en 
iMMfB  profondes.  Kspoir  ou  crainte  chimérique  ! 
L'tanuuiitè  d'Kurope.  en  y  compri>nant  les  Blancs 
M  ammilès  d'Amérii[ue,  d'Au$tralif\  d'Afrique, 
I  d^  tnainU*nant  un  htoc  égal  à  l'humanité 
F,  i*llp  croit  plus  vite,  elle  a  [»lus  dél.tn. 
ktMA  qur  1rs  liommes  itu  Fleuve  [tieu.  du  Fleuve 
tamuc  aient  dt^richê  leurs  terres  de  Mandchourie 
ci,  wrs  le  nord-ouesl,  le  haut  plateau  d'où  leur 
a  cottHlé  la  poittti«*rr  du  l(r^s  da  *  Trrre  Jaune  »  ). 
la  «ralr  AniMquc  du  Nord  aura  plus  d'Vnnkees 


de  Canadiens-Franç^iis  et  dTspagnols  qu'il  n'y  aura 
de  Chinois  dans  toute  l'Asie  :  ce  jour-là.  l'Europe 
aura  500  millions  d"Am«'s;  l'AusIndie  et  les  Iles 
dispersées,  sporades  inlinirs,  |»arlrriint  l'anglais; 
et  l'Afrique  enlién»  aura  sacrifié  i»es  idiomes,  sauf 
(MMil-étre  l'aralM'.  sur  le  profane  autel  du  com- 
merce europ*Vn  ;  elle  sera  française,  lusitanienne. 
hollandaise,  anglaise,  italienne,  vuire  allemande. 

Ils  ont  bien  trois  vertus  canhnales,  la  sacre  con- 
duite de  la  vie.  la  sobriété,  l'amour  de  la  fauiiHe, 
qui  sont  troi»  forces  cosmiques,  toutes  trois  capable» 


27« 


LA   TERRE    A   VOl    D'OISEAU. 


d'assurer  l'enipiris  mais  ils  les  perdroiil  co»inic 
nous  k's  (jenlons.  A  1mss**ss«  V'giilo,  ]v  nombre 
tri<iiiij>lK'ni.  t't  li's  Blanrs  auront  h*  nombre. 

SrfJrttv  du  lilloral  russo-t'hiinâs  par  une  mer 
firfsqih'  iiitêriiHins  le  Japon  osl  un  suporbo  airlii- 
pel  niuiiliigneux,  hieii  nrrost»,  riche  de  sou  climal 
iïïsulnire,  assez  chnud  pour  Tonniger  d:ins  le  sud. 
Muni  d'exeellenls  porls»  jinhiié  pnr  une  ri\t:e  inii- 
Inule,  4|iii  pouri'n  créer,  l'empire  du  Japon  esl  la 
Crnnde-lîrelngni^  de  l'Asie.  Mflis  TAnglelerre  a  déjà 
pris  une  pail  du  monde;  lo  .îïi[>nn.  tnrd  venu.  n*n 
p;is  tievatil  lui  l'/iveiiii"  iiuquel  onl  vra  les  Jn|ionnis 
d.ins  les  premières  années  de  leur  «  réveil  »,  lors- 
que, nbamlDiiïinrjt  bi'us[|ijenïejii  la  civilisaliun  rlii- 
jupise,  ils  devenaient  les  liéals  iniilaieui's  de  l'Ku- 
ru(M'  el  i[fii'„  dans  l'ivresst*  de  Iruc  industrie 
(iouvrl|i\  ils  ne  son^^eaieiil  {[n*à  Fondre  des  canons 
fl  à  nni";*s.si>r  <ies  Huiles,  l'are  à  faee  aviM;  giands 
erniernis,  le  lUia^^o  qui  ne  recule  jamais,  le  Cliintns 
(ju'on  ni*  peu!  [K'jir'fii'r,  ils  ne  s'êteiidronl  pnînl 
sur  le  coiiliiifiil  d'Asi<*.  iJèjà  la  Corée,  Irès  belle 
péninsule,  tnnle  procbe  d'eux  et  iju'ils  eunvoilaient 
ardermuenl.  leur  «ehappe  :  elle  reconnaît  l'allé- 
geance cbiiioise  par  crainte  de  la  suzeraiiiclê  sou- 
veraine des  Husses. 


Climats.  — Chine  l'I  Japon,  Indo-Cliine,  côlo  do 
TAsie  Mineure,  la  vie  de  l'Asie  est  sur  le  littoral 
et  les  ili's,  sauf  le  long  de  la  Sibérie,  de  ses  baies, 
caps  el  délias  presque  èlcrnellenient  englat'és  (|ui 
rei^ardenl  la  vidi*  inanité  du  IVVJe.  (-'est  aussi  sur  le 
l'ivaj^e,  l'Asie  russe  exceptée,  r|uesouflletit  lesaures 
tépides»  les  baleines  procréatrices;  là  que  tombe  le 
sue  de  la  terre,  la  pluie  chaude,  orngcusis  înégoul- 
talde,  anu'uée  <les  ui'iies  du  Paeilique  et  de  h  nier 
des  Indes  par  des  nioussoua  ou  venis  réguliers. 

La  zone  opulente  est  la  moindre  part  de  l'Asie, 
le  climat  hti'ride  n'y  ré^'lame  que  le  septième  des 
lerres  (et  le  climat  [lulaire  le  dix-septiéme);  à  l'in- 
verse de  l'Afrique,  de  l'Amérique  du  Sud,  de  l'Aus- 
tralie, la  (I  mère  des  peu|des  m  est  sous  le  ciel  (eni- 
péré  :  elU*  le  serait  plutôt  sans  la  IrabisoH  de  ce 
griind  llatean  central  qui  livre  aux  longs  Jiivers 
laiit  rie  jïlaim^s,  tant  de  vallées,  que  U'xir  fieni'cuse 
latitude  semblait  vouer  aui  filus  beaux  printemps. 


Races.  Langues.  Religions.  —  Plus  que  ritalie 
diautée  jiar  Virgile,  l'Asie  est  bien  «  la  grande 
mère  des  choses,  la  terre  de  Saturne  ».  Les  Blancs 


ou  du  moins  ceux  qu'on  nomme  de  la  sorte,  y  naqui- 
rent peut-être;  les  Jaunes  y  vinrent  au  jour  el  la 
couvrent  en  foules  serrées;  les  Aral)es.  les  Tarta- 
res,  les  Turcs  en  partirent  pour  conquérir  le  monde; 
enlin,  elle  a  ses  Nègres  et  ses  Négroïdes. 

Un  eslirne  que  les  Jaunes  ou  Mongols  font  les 
trois  cinquièmes  des  Asiatiques,  évalués  h  800  mil- 
lions d'honnnes;  les  Lilanes  purs  on  mêlés,  pK-s 
des  deux  cinquièmes. 

Les  grandes  religions  tiennent  de  l'Asie,  où  Ton 
ne  coirqite  guêie  qui'  di*u\  millî(tns  de  Juifs  et 
environ  quinze  millions  de  Chrétiens,  daus  l'em- 
pire Russe,  en  Asie  Mineure  et  dans  les  missions 
«■adioliques  ou  protestantes,  notamment  en  Chine 
et  au  TotMpiiu.  Les  Musulmans,  j)ar  niasses  com- 
pactes, ou  par  ilôts  et  traînées,  vont  de  CousUnti- 
nople  aux  jnoii(s  de  la  Chine  :  rien  ([ue  dans  l'Inde 
il  y  en  a  oO  millions;  ils  sont  beauctmpplus  nom- 
breux que  les  Clnvlirns,  mais  beaucoup  moins  que 
les  Itouddliisles  el  les  llrahmanisles  de  l'Inde  el  de 
rextrènie  rh'ienl.  Le  rijiquième  au  plus  des  Ama- 
liques,  lanl  MahoméJaris  qiuMJuvtiens  el  Juifs,  se 
réclanii*  tlu  dieu  des  Monothétsies. 

Les  peu|des  de  TAsie  sont  comme  des  ondes  : 
uns  l'roisseni  et  s'èpanchetil,  les  autres  baissent 
se  retirent.  Les  Russes  montent  comme  une  marée, 
ou  plulftl  leur  (lai  s'approche  des  terres  où  il  va 
s'écnKiler,  Sibérie,  Grand  Sl(q>|je,  Transcaspienne 
el  Transcaucasie.  Les  Clùiiois  s'avancent  vei*s  le 
nord,  dans  la  Mandcliourie,  qui  touche  nui  Husses, 
i^l  marchent  à  pas  comptés  vers  l'ouest,  à  la  con- 
quête du  ïlaul  }*ln(eau,  qu'ils  veulent  soumelire  à 
la  culture,  et  certes  ils  sont  ca|iables  de  dompter 
même  ce  sol  rebelle;  au  sud,  ilans  rind()-*ihine, 
ils  ont  des  colonies  [tuissanles.  hnns  l'Inde,  [dus  de 
2o0  nuUions  d'hunum^s  de  sangs  divers,  d'idiomes 
dilYérenls,  obéissent  à  l'Anglais  (pii  les  tient  d'une 
main  fenrie  el  les  lAchera  pourlani,  couune  les 
t'>an<;ûis  un  jour  perdront  l'Indo-lïliini'.  On  ne  peut 
rien  à  g-rande  dis[;mce  contre  les  jinys  anciennt»- 
meul  et  densénu'ut  penjdés  ;  ils  sont  comme  une 
ihaudière  où,  sur  la  (lamnie,  dort  une  eau  profonde, 
et  dans  celle  eau  quelques  brius  de  paille  qu'au 
premier  bouillon  d'effervescence  la  cuve  rejette  avec 
fureur. 

En  face  de  la  Sibérie,  de  la  Chine,  de  l'Inde,  le 
reste  du  continent,  Asie  Mineure,  Perse,  Arabie, 
terre  hislor]<|ue,  est  bien  peu  de  chose  :  c'est  la 
petite  Asie,  et  celle  du  passé,  non  celle  de  l'avenir. 


m 

[et     1 

ée.        ■ 


ASIE    RISSE. 


277 


■^Vi*V 


p^^^/?^';:^l 


^'uiL'l  de  InÉl^le6.  (Voj   p  278.;—  Dessin  tic  Taylar,  d'apiùs  une  pbulograplik'. 


ASIE  RLSSIi: 


pnys  nissP:^  rl'Asie.cliaqui^anruV  plus  vnsles, 
CjmproniHMil  laSibt'rii',  leTtirkcsIîm  aviM*  l.i  Tran^i- 
ptenoe.  la  TransiNUKrnsio  :  suit  1700  rnilliiMiN 
■«-s  ;ivrr  un  |k:ii  |»Iiis  iIo  \i  niillions 
,  Ooiniiir  aire,  v\*M  deux  l'ois  lo>  KOils-lnis 
MHS  TAUska,  pr^s  de  doux  fois  le  Hrêsil,  v\ 
aUmIoux  foi*  \n  Franco.  Mais  toiiU*  pnVicusi» 
iVII*»  est,  el  (|uelijue  avenir  «ju'elle  voir  df^.inl 
ellr,  U  HilnVie  a  tmp  de  li»rn»s  nrcliqui^  ou  nii- 
pn|jiin*K.  lro|»  ilo  stoppas,  de  sables.  pDUr  valoir 
IrriikMii'iu  fuis  II  Fr.'uu'e.  ou  (ti*u\  fois  les  l^l.ils- 
Inis  :  «ucore  moins  dcui  fois  le  liiV^il. 


Il  n'y  n  pns  de  pays  au  monrfe  qu'on  ait  plus 
iïl»iilitiôrneii(  talomnie.  Tant  de  b.uinis  s'y  consu- 
iiièri'tïl,  vn-s  lïêrézarou  vers  Iakoutsk,  pendant  les 
loti^'^s  jinirs  el  les  longues  nntts  du  Irêa  exirènie 
Si'pltTilrioii.  dans  le  dt'sespuir  de  leur  jeunesse 
perdue,  de  leur  \u'  lléirie  et  trompée! 

La  vérilê  xraie,  r  est  que  !'<(  Knfer  de  ^.djtee  u 
est  une  Itussie  beaueoup  plu-s  \nsle  et  quelque 
peu  plus  froide,  avee  nu  tr^s  j^rand  el  prèeieui 
Terreau  noir;  el  que.  lennni  loul  le  \ord  de  l'Asie, 
jiesiril  sur  le  eoiiltrten]  d'urt  [loids  iunnensi*,  elle 
y  sera  quelcpie  jour  redoulalile  et  redoutée. 


S78 


LvV    TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


SIBÉRIE 


Yermak  Timoféief   La  Sibérie.  —  Vers  la  fin 

du  seiziènu*  siei^lo,  la  Russie,  à  peine  alTrniicliie 
des  T.irlares,  eul  son  Franrois  Pizarre  ou  son 
Fernand  Corle7,  comme  rin((iia!ile  ans  aupîiravanl 
l'Kspagae  d  peine  dt;livrée  des  Maures,  l'n  Cosaque 
du  iWni,  le  chef  de  brignnds  Vermak  Tiitiofr-ief, 
chassé  de  la  Volga  par  Tempereur  ivau  le  Terrible, 
se  sauva  dans  les  monïs  Oural  avec  8i0  aventuriers, 
puis,  niardianl  vejs  l'est,  pril  Isker.  ville  turlare 
et  musulmane.  El  alors,  voulant  mirer  ei»  jE^râce 
aujirès  de  son  Isîir»  il  lui  offrit  sa  conquiîle  »  pour 
tout  le  lem]iy  qu'il  [jouira  plaire  h  lïieu  de  laisser 
vivre  ee  bas  luotule  ». 

11  se  trouva  t|ue  le  pays  cnvabi  par  Veruiak 
Timoféifr  ressemble  à  la  Bussie  par  ses  steppes 
inlinis,  ses  grandes  (*l  ralines  rivitn'cs.  On  s'y 
mouvait  à  l'aise,  et  moins  de  cent  ans  après,  les 
Cosaques,  cherchant  la  mine  d'or  ou  chassant  la 
fourrure,  de  plus  en  plus  lustrée  a  iriesure  qu'un 
s'enfonce  dans  l'Orient,  se  lieurtaieut  déjà  &ur 
l'Amour,  qui  est  un  affluent  du  Pacifique,  aus  Clii- 
noîs,  peuple  tdors  presque  fabuleux. 

Ces  innuensiléSt  encore  accrues  depuis,  ont  pour 
nom  Sibt^rie,  et  ce  nom  vient,  soil  de  Sibir,  soit 
di' Sever.  Sibir  êlait  la  dési/^tiation  russe  <le  la  ville 
larlnre  ronijulse  par  Yernuik,  liupu'lle  se  (rouvail 
vnisemblnblenient  sur  Tlrlyeli,  à  17  kilomètres  en 
amnnl  du  sile  de  Tobolsk;  Sever  est  le  nmt  russe 
(pii  veut  *lire  Nord,  et  la  Siîiêi'ic  njécile  Inon  d'èlre 
traitée  de  Terre  du  Nord  :  moins  parée  qu'elle  dé- 
pnsse  le  Cercle  Polaire  qu'ù  cause  de  ses  froids 
inouïs,  surtoul.  à  l'est,  à  partir  d'lrk<inlsk  et  des 
ninnts  de  la  Lena.  Si  le  nom  de  la  Sibérie  vient  de 
Sibir,  nous  déviions  dire  Sibirie;  et  s'il  vient  de 
Se  ver,  Sévérie. 

La  Sibérie  a  i2*)0  rniUitJris  d'herlares,  un  quart 
de  plus  que  l'Europe,  viiigl-lrois  h  vinj^^t-quatre  fois 
la  France,  avec  4  millions  d'Iiabitaiils,  5  peut- 
ùtre  —  sans  conqHor  les  cantons  des  gouverne- 
ments de  Perm»  d'Oufa,  d'Orcmbourg,  que  Tadmi- 
lîistration  ralUche  à  la  Russie  d'Europe»  quoi- 
qu'ils se  dérouliMit  sur  le  versant  <le  l'Asie. 

Elle  va  de  l'Oural  à  ta  grande  mer  Pacitique,  des 
plateaux  du  Sud,  qui  vont  se  desséchant,  et  de 
monlagnes  élevées  qui  sont  les  biistions  de  l'Asie 
Centrale,  jusqu'à  la  rive  de   l'océan  Ciaeial,  eau 


verdâtre,  mais,  celte  eau,  ne  la  voit  pas  qui  veut: 
des  hivers  affreux  l'amortissent,  ils  la  cachent  sous 
la  ^laee  polaire,  immuable  et  décourageant  recul 
d'horixon  pour  qui  tentera  d'en  faire  le  chemin  du 
Pôle;  et  datjs  la  belle  saison  c'est  un  enlreclioc  de 
glaçons  llottauls. 

Climat.    Sécheresse  de  la  Sibérie.  —  Des 

monts  du  Sud  h  ta  nu*v  (ilaciale»  presque  tout  est 
plaines,  steppes,  marais  ou  toundras,  avec  (leuves 
1res  longs,  très  larges,  Pllb,  rVéniséi,  la  Lena, 
el,  sur  le  penchant  du  Paeifique,  l'Amour. 

De  la  montagne  a  la  toundra,  ou  à  ce  qui  en 
ai>proche.  la  terre,  étendue  en  inagniliques  allu- 
vions,  n'a  pas,  faute d'hmnidité,  tonte  reïuhéranne 
qu'on  attendrait  d'elle.  Séparée  {tresque  toute  du 
Pacilique  par  de  hautes  niontagiies;  éloignée  de 
la  mer  des  Indes  par  le  boursoullement  de  l'Asie 
Centrale,  el  de  rAlbmlique  par  l'Europe;  ayant 
à  sa  rive  le  seul  océan  Glacial,  qui  presque  ja- 
nmis  n'est  fluide,  la  Sibérie  reçoit  peu  d'humi- 
dité, et  par  cela  même  qu'il  n'y  pleut  guère', 
de  moins  en  moins  il  y  plent.  Elle  est  en  dessic- 
cation; des  rivières  y  atteignaient  Tlrtych,  l'Ob, 
rVénîséi,  el  ne  les  atteignent  plus,  s*arrélanl  lan- 
guissaïnmenl  quelque  part  dans  le  Steppe;  des 
lacs  ont  perdu  leur  déversoir  et  de  plus  en  plus 
se  rétrécissent  :  ils  deviennent  étangs  saumàlres 
ou  boue  trempée,  ou  même  s'eflaeenl. 

Aussi  la  forêt,  bien  rjue  prodigieusement  vaste. 
y  manque  de  force,  de  fougue,  d'éclat,  d'essor; 
elle  n'a  pas  de  sous-l)ois,  pîis  de  lianes  el  entre- 
lianes,  pas  de  gazons,  point  d'insectes,  peu  d"oi- 
seauï  gazouillants;  elle  est  vide,  elle  est  triste, 
sans  arbres  puissants,  pas  même  le  mélèze,  roi  de 
la  taïga*,  pas  même  le  bouleau,  conquérant  devant 
lequel  disparaissent  insensiblement  le  cèdre  sibé- 
rien, le  pirr  pitcba,  les  divers  résineux  ou  feuillus, 
voire  le  mélèze. 

Pendant  l'été,  (|ui  est  lurride,  durant  les  jours 
de  vingt  heures  et  plus,  ce  bois  sans  riche  sève,  les 
herbes  du  Steppe,  les  mousses,  tout  sèche,  tout  est 
prêt  à  brûler,  tout  flambe  h  la  première  étincelle. 

t.  lîc* '20  El  riOceiitiinètros,  suivant  lt:s  lieux  :  40  à  fol/iiUki 
8*J  sur  le  rivan(?  de  lii  mer  d'Okhotsk. 
2.  La  grande  fortM. 


i 


1 


ASIE    RUSSE. 


279 


Qu'alors  on  dresse  un  feu,  nn^me  dos  plus  pelils,  h 
b  lisière  des  bois  ou  des  champs  rornhustihlc^s, 
si  1*00  s*<''loign#^  snns  l'êteindn?  el  que  U*  vent  liuntie 
des  ailos  nu\   premières  taiig^ues  de   llanime,   l:i 

I  |MPune  s  allume,  et  bienldl  elle  brùlt;  aux  quatre 
euDS.  On  a  vu  des  cnibrasemenls  courir  sur  cent 
kilomètres  el  dévorer  jusqu'ï*  deux  cents  Iminmes, 
des  milliers  de  bestiaux,  toutes  sortes  de  fuuves, 
ours  gigTintesques,  cerfs  de  haute  taille,  libres 
énormes,  chaudement  fourrés  :  car  le  cliat  splen- 
didc  s'est  accomniodé  gvàce  à  ses  longs  poiJs  à  la 
glacialité  des  liivei^  sibériens. 

Si  la  tiiiga  manque  de  videur  et  d'ampleur,  que 
dire  d4*s  arbres  qui  la  continuent  au  nord  d.ins  la 
direction  de  la  toundra,  toujours  \)\u^  laJnees, 
toujours  plus  bas,  toujours  plus  rares?  La  terre 
durcie  par  le  froid  ne  laisse  pas  leur^nu-iiies  péné- 
trer dans  la  profondeur,  le  vent  du  Non]  relient 
leurs  bourgeons  dans  la  sève,  la  neige  de  huit  mois 
de  l'aimée  les  courbe  el  ils  rnrn[}inii  :  aux  niatiu- 
gres  et  misérables  succèdent  les  nains»  puis  il  n'y 
a  plus  que  les  mousses,  les  herbes  de  la  pâle  toun- 
dra obliquement  éclairée  (lar  un  pâle  soleil  ou  li- 
\rv^  h  de  longues  el  souvent  lu^bres  nuits.  Lit, 
dans  lExlréine  Nord,  avec  singulière  aggravation 
vers  l'Est,  la  mort  règne  avec  le  frnid  sur  le  bas 
de  robetde  rVéniséi,  sur  la  Cbnhinga»  TAïuibarfl, 
rulonek;  plus  encore  sur  la  basse  Lena,  et  surtout 
le  long  de  la  Jana,  de  rindÎKhîi'ka,  de  la  Kolynun 
de  r.Vnadyr,  fleuves  cûtiers  qui,  petits  en  Sibérie, 
seraient  chez  nous  des  Loires  pour  le  moins.  Telle 
ville,  disons  plulAl  tel  bourg,  car  il  n'y  a  pas  de 
villes  sous  des  eieux  pareils,  a  des  froids  de  plus 
de  soîiante   degré's   au-dessous  de   zéro,  et  des 

rMyennes  annuelles  de  —  lt**,5.  comme  Jakoutsk; 

'3f — I5%0,  comme  Ouslié Jansk  ;  de  —  Iti^J, 
eomnie  Vcrkho-Jansk  où  l'on  a  vu  le  mercure  h 
—63*.?.  et  où  les  tousses  et  sauvages  qui  s'y  dé- 
Onident  contre  la  nature  peu\enl  voir  le  iherrno- 
nwMre  varier  de  cent  degrés  dans  lesdouae  mois  : 
de  plus  de  — 60*  à  près  de  -l-'ttr.  Mais  le  Sud. 
plus  clément,  a  ses  «  llalies  w,  d'ailleurs  frisson- 
cufttes  en  hiver. 

Llrlych-Ob.  Oural,  Altaï.—  L'Ob  a  pour  plus 

bnmcbe  rKrIcbis  des  Mongolî^,  rirlych  des 

I,  eau  brunùtre  avec  délayemenls  d'argile. 

L'Irtydi,  né  dans  la  terre  chinoise,  sur  un  vei'sant 

de    PAItai.   n'est  qu'une   mt^desle    rivière   quand 

il  reçoit  par  des  sources  de  fond  qui   triplent  son 

me  l'invisible  tribut  du  lac  Oulioungour.  en 

in  fermé  ;  il  y  a  donc  lieu  de  re- 


garder cet  afilucnt  de  ce  lac  comme  la  vraie  source 
de  l'Irtych  supérieur  ou  Irlycli  noir  —  il  s'appelle 
ainsi  jusqu'au  Zni/nn  nor  ou  «  Ntdile  Lne  n,  nappe 
d'eau  russe,  àilO  mètres  il'nllilude.  IVmrcpoïi  Lac 
Noble?  En  vertu  sans  doute  de  quehjue  tradition, 
Vin*  ce  nor  n'a  rien  de  grandiose.  Simple  éinng 
jaune,  saus  profuudeur,  bordé  de  terres  plates, 
rayé  de  poissons,  il  n'est  point  retenu  par  de 
hautes  roches  et  divague  au  loin  dans  les  saisons 
pluvieuses  :  en  moyenne  il  a  183  000  lieclares, 
trois  Lémans,  avec  trente  fiiis  moins  de  creux. 

Sorti  <lu  Zaîzan  sous  le  niïn(  d'Irtych  blanc,  de 
belles  rivières  allaïques  lui  versent  urt  Ilot  clair, 
jaînais  déraillant,  si  bien  que  c'est  un  niaitre  lîeuvc 
quand  il  entre  dans  les  gfirgessjdiNuiiiles  qui  vcmt 
du  ctintluent  de  la  lïoiil^litarnia  jusqu'au  bourg 
d'Oust-Kaniéniigorsk  :  taillés  dans  les  granits  el  les 
schistes,  ces  étroits  ont  une  grandeui*  magnilit|uo; 
on  leur  voudrait  de  la  grAee.  de  la  verdure,  de  la 
vie,  des  souvenii^s.  et  tout  cela  leur  manque,  sauf 
<|uelques  arbres  médiocres,  saules  et  peupliers. 
Désurmais,  par  550  mètres,  il  est  on  plaine,  dans 
le  Stejipe,  encombré  d'iles,  entre  <les  berges  argi- 
leuses ijue  ses  crues  rongent,  aussi  déplace-t-il  ses 
lits;  il  est  toujours  en  travail,  creusant,  cundilanl, 
oblitérant.  Conniîe  lui  fiml  ses  aCtluenls,  dont  beau- 
coup, diniiiujés  jiar  la  <*rotssatile  aiidité  de  Taîr, 
ont  cessé  de  lui  porter  en  toute  saison  leur  tribut. 

De  Semipalatinsk  à  Onisk,  il  h'ôle  \mv  sa  rive 
droite  le  steppe  de  Baraba.  l'un  des  plus  vastes 
et  des  meitleurs  domaines  agricoles  de  la  Slavie, 
un  vrai  Tehornoziom  sans  un  caillou»  avec  beaux 
arbres  que  le  colon  russe  abat.  Pins  el  buukviux 
jonchent  le  sol,  et  ce  pays  qui  sécliait  séchera 
jjIus  vile  encore;  mais  les  paysans  n'en  ont  cure, 
qui  viennent  se  fixer  dans  cette  terre  proniise,  l'un 
des  lieux  d'élection  de  l'émigralinn  slave. 

Après  avoir  passé  devant  Onisk  et  au  i>ied  de  la 
falaise  de  Tubolsk,  l'Irtych  rencontre  l'Ob  h  Sama- 
roPsk.  Plus  long  que  son  rival,  et  sans  doute  plus 
fort,  il  a  ]iaraKau  près  de  4500  kilomètres,  te 
Danube,  la  Loîre  et  la  Garonne  bout  à  bout. 

I/Ub'  se  forme  dans  l'AltïiF,  el,  d'ab(»rd  par 
rirlycli,  puis  directement,  boittes  eaui  du  \ersunl 
Est  de  lï»ural. 

Malgré  s.»  longueur,  el  bien  {(u'il  sépare  la  plus 
gratnle  parlie  du  monde  de  celle  où  s'entassent  les 
peuples  dils  supérieurs  (inquiets,  armés  jusqu'au» 
dents),  rOnral  a  peu  de  variété,  point  de  grandeur; 
lu  ligne  de  divorce  y  va\  parfois  tellement  efTacée 

1.  On  l'appelle  û  tort  Obi  :  le  mol  Obi  est  le  gèiiitir  d'Obi 
llnlll  i^el. 


'2S0 


\,X  TERtlK    A    VOL    n'OISEAli 


qu'il  suffit  d'un  rniip  de  |iiiH}i(\  U'iiin*  jil^iiirlH'  dv 
huiri\^\\  d'iiiir  hroiifUiV  «le  \vvvo  pom-  diriger  au 
clioix  li's  omit  vors  l'RuniiK*  ou  ^Asi^^  Au  iniril, 
il  jiorlc  dt'S  Itois  r!i"''firs,  au  criiln*,  cVsl  uiu*  îles 
plus  richt^s  inoiitagiK's  uiiruTnlos  (ju'tMi  c(>iiiiaïssL\ 
nvuc  or,  fer,  cuivro,  [)]alim*;  au  sud,  il  se  audie 
sous  di's  Autels  profondr's.  Il  fut  [n'ut-êlro  la  patrie, 
eu  tuul  ras  un  lieu  de  cainp**metil  des  Trhotides 


ini  Fiiiiuiis  (pji  priifdMii'Ul  l'KiJi'ope  orienlAlo-anli^- 
l'ieur'cnirnl  à  lnult^  Iiistnire.  Di?  srs  derniers  ividlr- 
riKMif^  inêi'idionaux  atis  Ilots  du  lacOaspuMi  rt  ani 
rrumls  d**  l'Asif  (ItMilrate,  il  n'y  a  pi»iul  de  inoiiU- 
giH^s,  [Kis  lïR'iue  (h*  cullines,  pour  di\iser  les  plnlcs 
ôteïiduos  de  la  Silirrie  de  colles  du  Tounin  :  ce 
vide  eulie  Oural  et  Caspienne  est  la  Grande  Poric 
des  F'euples. 


Vue  (le  rAlLa[.  —  Dessin  de  Taylor,  d'afrt^s  une  ptu-t-ngrupliie. 


Ï/Allaï,  pliMU  do  iiia^iiifieeiire,  est  au  <'onlrain> 
LUI  iiolde  riMul«^/-vous  de  nuiiilaj^'*u'â,ji'resque  deux 
fois  moins  haut  que  les  Tliiati-Clian  ou  Célesti^s,  il 
les  l'iinlîiuie  dîuss  la  direeliou  nord-orieii(a!e, 
eouiruf  a  son  lour,  e1  dn  lut^on*  rôle,  les  uiinits  de 
Sayân  eouliiutent  l'AlIai  sous  un  nuire  rtorn  par 
del'i  le  neuve  Yéuiséi.  Sa  tèle  su[irêr]K',  la  liie- 
touklia.  ce  qui  veut  dire  la  Hlaïu-Ue,  se  dresse  à 
SririO  iiièlres,  au-dessus  d'un  glîU'ieï*  nî  long  »i 
large,    d'où   coule  la  Kaluiuiîvi,  le   ]dus    fort   des 


forreuts  qui  romposenf  Voh  :  co  fleuve  a  pour  ori- 
t,Mrie  la  seule  plaet'  éternelle  <le  son  hassin. 

CVsl  uup  cliaîne  tr^s  ancienne  quo  rAllai.  ri 
faite  de  grnnits.  de  porpliyres,  de  serpentines,  de 
seliistes  parfois  èlcndiis  vu  u  liantes  lagio's  d  sem- 
blables aux  plairu's  glaiseuses  des  Ardeiuies.  liiche 
en  mines  ainsi  que  Tthiral,  ainsi  que  lui  pairie 
<iu  >éjour  de  raees  indi^'ènes,  il  caclie  dans  ses 
l'eplis  les  inii'ux  abritées,  les  plus  douées,  les 
plus  belles  des  n  tlalies  sibi^rienues  »,  et  les  co- 


I 


ASîn:  nrssE. 


281 


Ions  y  aprourcnl  rn  foule  comme  an  steppe  de 
Baralh-i. 

L'OU,  i|ije  fornieiil  h  Kaltmtiiya,  fille  du  glaeior, 
et  hi    hivîi,   issue   d'un  lac   proiond  de  la   rorlte 

litjue,  ne  reste  |ïas  bien  Imiiïti'injis  dniis  l.-i  nmn- 
ne.  A  Barnnoui  son  nlLilude  no  dt-p-isse  guôre 
1 19  mètres,  et  |M>urtant  il  y  n  bien  !>000  kilonit'tres 
de  celle  ville  Jusqu'il  l'embouchure  du  grand  fleuve 


|j*lych-Ob.  IVireiile  h  riilyiïi.  file  taule  en  multiples 
brns  dans  IVii'gile,  d'airltipel  d'ilcs  en  aiTJii|iel 
d'ilerf.  lar^^e  de  3Û00  niêln^s  eu  temps  ser,  de 
'lu  0(10  en  crue,  de  priiiletnps»  f|untui  elle  t^draine 
plus  de  trottes  dêi*aeiii(''S  «|u'il  n\nï  f;iudrait  dresser 
fùle  y  rôle  pour  l'aire  une  graiido  furût;  elle  dé- 
niolil,  elle  Ifansporte,  elle  dépose  et  compose. 
Klle  tat^k*  à  rirlycli  des  eaux  moins  sombres  que 


.^r 


Uc  Balkal.  —  De<;si)i  de  Satatfer. 


les  du  fleuve  de  Tobolsk,  et  longtemps  les  deux 
cminintiii  se  suivent  sans  liarmonifter  Unir  couleur. 
Apti'A  quitj  l'Ob  eniitiiiuede  rt>uter.  iitnneiise.  dans 
U  furet;  mais  le  lieu  du  coiilluent  est  plus  seplcn- 
Iriaoal  ifup  Snint-Pèlej^bourg  mt^me  ;  on  ai>proche  du 
Or«*Tr  Pidain».  el  peu  li  peu  cette  forint,  arbres  aci- 
Culiir^^.  bouleaux  «'t  siules,  s'abaisse,  puis  devient 
I  ^tbi€n  enfin  rampe,  el  alurs  b*  plus  long  des  cou- 
fmnla  sibériens,  el  certes  l'un  des  plus  j;r;inds  du 
inonde,  entre  duns  un  estuaire  de  800  kilomètres 

0>   f*^—     Là    T»nB    *    TOI.    D*MI»KVO 


ayant  TiOCOO  mètres  do  rive  ù  rive.  Ci't  esluairt:^ 
s'ouvre  puisque  en  face  de  la  Nouvelle-Zemble. 

5700  kilomètres.  Ai\  fois  la  Garonne,  et  0500 
avec  l'csluaire;  3  5i20lXMJ  kilomètres  carrés,  sept 
fois  la  France;  5  millions  d'habitants  :  tel  est 
rirlych-Ob,  tel  est  son  bassin,  le  plus  vaste  de 
l'Asie  russe,  avec  le  plus  de  u  terre  noire  ». 

Angara-Yéniséi.  Baîkal.  —  L'Angara-Yéniséi 
roule  plus  d'eau  que  l'Irlycb-Ob.  tout  au  nïoins  eu 

5G 


282 


li    TKKHK    A    V(M.   D'OISEAU. 


t't(%  grAce  au  ri>servi)ir  du  DnîkaL  aussi  vastp  t]ii(' 
soixitrilc  Lr-riuiiis;  mais  il  l'sl  un  |1^MI  nioiiïs  tung 
(5!2(Kf  kiloinrMres),  dans  un  bnsi;in  inrjiîis  gr-Mul, 
encore  qu'il  soil  de  2KIOfî(>0  kilonièlrffs  ram-s  ou 
pUis  (îe  cinq  fois  la  Fi'.Hii"(\ 

Df*  inrMïi*.*  qijo  rirhclu  inférieur  à  TOb,  lui  cède 
IJOurUml  Sun  nom,  de  même  la  Tangouskit  d'cii- 
liïiut,  plus  abondanti*  4|ue  rVûtïiséi,  -dwc  ItîOO  ki- 
lomrtivs  di'  murs  (Mi  plus,  doviinil.  dans  la  lioudie 
des  (l'imiufs,  Yr-nisé'i,  au  lieu  de  reslor  Tongoiiska. 

L'Vrriis*'i  hoil  plus  de  (i>rrenls  d*^  monlajçne  que 
roi),  il  nT-ucilh»  [)]us  de  nt'igi's  rlair*es  iiu-di'ssui> 
de  la  ligne  de  [lersisLauce.  Furmt^  sur  la  lerre  elii- 
noise,  il  enlre  eu  Russie  pour  s'y  lurdre  nussiUM, 
opprimé  de  (rès  pivs  p;ir  l'/Mlaï.  eu  dédiés  où. 
fleuve  dt'jîi  puissaul,  il  ye  réduit  à  52  mètres  de 
largeur  :  c'est  eouuue  uu  Uliâne  daus  uu  Jura,  De 
gorge  en  gorge,  de  calmes  en  mpides.  il  arrive  h 
la  grande  plaine  vers  Krasuujaisk.  Le  llul  jaune 
qu'il  mêle  eu  atnonl  d'Yénisùisk  à  la  Tonguuska 
d'en-haul  a  Ir  plus  souvent  1  kilomètre  1/2  ù  2  ki- 
loniêïres  d'iuuplf^ur  en  élé,  et  trois  ^i  quatre  fois 
[iliis  [lendani  la  grande  inondation  du  priiilemps. 
Les  deux  rivières  géantes  ne  se  péuèlrenl  que  dif- 
iirileiueril,  à  la  lon^^ue  :  loi  eummune  à  l'aval  «les 
conQuenls,  car  raremetil  deux  courants  vii-nnent 
des  mêmes  roclies,  des  mêmes  terres,  rarenïent  ih 
ont  même  cotdt'ur  e(  nu'Mue  eonsistanee.  Doublé, 
triplé  peut-être  par  la  Torigouska  den-lmut,  puis 
encore  necru  par  des  eaux  telles  que  la  Tonguuska 
d'en  lias,  égale  en  longueur  à  deux  Rlïins,  il  s'unit 
à  l:i  mer  Glaciale  par  une  Louche  de  212  kilomètres, 
r^lrécisseinent  d'un  estuaire  qui  en  a  jusqu'à  65 
de  Lord  a  Lord. 

Sous  le  nom  de  Sélenga,  le  vérilaLle  Yèniséi 
coide  d'un  torrent  de  glacier,  sur  le  Monkou- 
Sardyk  que  ses  5490  mètres  foui  le  plus  haut 
des  pics,  non  pas  de  TAIIai  propre,  mais  des  monts 
Siijan,  f[ui  prolongent  l'Allai;  Monkou-Sardyk  vind 
dire  Mont  d'Argent,  noju  dû  sans  doute  à  ce  gla- 
cier, qui  dépasse  un  peu  4  kilomètres.  Ces  eaux 
vont  s'é[iurer  à  1C4.'>  inéires  au-d*'ssus  des  mers 
dans  le  Kosio,  ko  de  550  000  Leclares,  près  de  six 
fois  le  Léman,  et  cependant  dix  fois  moins  que  le 
Daîkat  où  vase  [>enlre  l'émissaire  du  Kosio.  Monkou- 
Sanlyk.  Kosio»  la  [dus  grande  parde  dti  eours  de  la 
Sélenga,  longue  de  1100  kilomètres,  appartiennent 
h  la  tJiine.  ou  plus  exncfemeni  à  la  Mongolie;  la 
Sélenga  inrérieure  et  l*  liaika!  sont  siLérietis.  Lu 
des  aflluentsdela  rivière,  l'Orkhon,  passe  eu  plein 
plaleau  mnngoKpiTs  du  site  «le  Kara-Koroum,  l'an- 
Itque   résidence  de    Ïijfugbiz-Klian.    Kara-Korouni 


4 


on  Catnp-ÎSoir  n'a  laissé  d'autre  Iraeo  qu'un  mur 
à  (ivn*»aiix  et  quelques  déeomlires;  celle  cas^^rne 
ju'incipale  trnrie  imnu^nse  eavalt^rie  mongolt?  i*l 
lartare  —  tai-  rnr'mée  de  Djenghiz-Kiian  n'élail 
guère  qu'un  ramassis  de  liordt*s  à  i'heval  —  fui  sans 
doult*  utte  vifle  de  terre  entourée  de  tentes  nio- 
Liles,  une  de  ces  grandes  bourgade»  malfaites  dont 
li's  j-uines  mêmes  [)érissent. 

Tout  situéqu'il  l's!  à  Ti  1)0 mètres  d'altitude,  dans 
une  faille  de  plateau,  le  Baîkal  a  des  gouffres 
très  inférieurs  au  niveau  de  ta  mer,  et  la  sonde 
y  est  desceodui^  a  1575  rnèlj'os.  Il  reçoit  1rs  eaux 
de  o'J  mitlions  d'iiertan^s,  soit  d'une  aire  dèpassAnt 
TtO  de  nos  déparlemenis,  eaux  peu  terreuses,  par 
la  nnture  granitique  de  leur  bassin;  «['ailleurs 
toutes  les  iinpitrelès  vont  se  perdre  nu  fond  de 
l'abime  qu'elles  ne  conibleronl  pas  de  sitôt,  puis- 
que le  Haïkîil  a  3  millions  i/2  d'hectares'  panni 
de  sévères  montagnes,  enlre  des  roches  dures  tidles 
que  le  porphyi-e,  assombries  en  mOme  temps  que 
fuuèrairemenl  parées  d'arbres  Austères,  de  mé- 
lèzes, de  i)iris,  de  supins,  forêt  triste  montTHnt  ou 
cachant  la  fiihiise. 

Otte  Mer  Sainte  —  les  Russes  la  nommeul  ainsi 
(Svialoîe  Mon^),  de  même  r|iif  Ifs  Mongols  (Paini 
i\or),  —  gèle  en  hiver  d'un  bord  ù  l'aulrci  «t 
d'une  glace  épaisse  qui  porterait  des  années  avec 
elievaux  et  caufins. 

Mi'iviMlïeuacnu'nl vierge  est  l'onde  qui  sV^chappo 
{lu  lac  translucide,  aussi  bleue  que  le  RliAne  au 
seuil  de  Genève,  et  douze  f*Hs  plus  puissante.  Sons 
le  nom  d'Angara,  l'admiralde  rivière  dont  il  fîiul 
dt»  longs  froids  do  plus  do  50  degrés  sous  jmto 
pour  imir  et  eonsnlider  toutes  les  glaces  Hottantes. 
court,  irnpéhieuse,  descend  neuf  rapides,  baigne 
Irkoulsk,  et  devient  hi  Tongouska  d'eii-bas  :  Ton- 
gouska  parce  qu'elle  arrose  le  pays  îles  Tongousos. 
On  peut  la  romparer  à  un  moindre  SaJnt-Laurenl 
f|ui,  sur  le  chemin  du  lac  à  la  mer,  jierdrait  son 
nom  a  la  rencontre  d'un  Utta\\a, 


Lena.  —  FJIe  aussi,  la  Lena,  donne  son  nom  h 
plus  longr  à  plus  large  (ju'elle  :  lorsqu'elle  ren- 
contre le  Vitim,  qui  a  2155  kilomètres,  elle  n'en 
a  encore  parcouru  que  liOQ,  ou  095  de  moins.  J 

La  Lena  «"onuoence  à  TiOI  mèlres  d'altitude,  dans      1 
des  monts  île  1200  mètres  qui  plongent  sur  la  rive 
orcideutale  du  Ikukal,   el  fort  près  de  ce    lac  (h 
quelqiïes  kilomètres).  Pleuve  auquel  il  ne  manque 
qu'un  climat  meilleur,  il  déroule  avec  majesté  des 

1    F:!(aclerneut  3iO?5(M). 


cingles  vors  le  nord-os! ,  puis  vers  lo  nord-ouesl. 
Froido,  piin»,  pîtisildr.  poii  l'idrt»  |),ir  les  vcnis, 
[Kiiiit  ^lie  p.'irl(\<  villes,  liiLciiii  sdlitinivcouli-  diins 

■  nno  vallée  proroiide  iMilre  dis  rollint'»  qui  onl  h 
Il  leur  pied  dt»s  pniirîrs,  sur  li'ur  W.mc  des  rnrlivrs, 
h      sur    leur    phili'.iu    des  forêls.  A  de  longues    <iis- 

■  taures,  elle  (Misse  devant  les  maisons  de  buis  des 
^nèMHdeh  russes,  au  sein  d'uti  \nï\s  qui  jadis  ap- 


parleiiail  ."»  di'ux  nalïoniï  lihros,  dans  le  nord  ;ju\ 
Y;tk«iules,  f^^eiis  de  L'iti.i;iie  (iinpic,  d;ms  le  sud  ,iiix 
'rojiL,'i)Uses,  (|ui  pailcnl  un  idjiuiie  très  nipproclié 
du  lïiaridehou.  Elle  arrose  Jnkoulsk,  prend,  sîuis  on 
pîinillre  agrandie  tant  elle  est  grande,  d'éiioijiirs 
l'ivJLM'i's,  roljokrtia,  l'Aldiin,  le  Viljoui;  c'est  etthitiip 
un  l;ic  qui  marche  dont  un  bord  serait  souvent 
invisible  ù  l'autre,  5.  10,  20  kilomètres  séparant 


1.4-  ilcuw    Aitiitiir,  iliiii.s  les  iiintiU  klimt^ïiii     —  l>e<*-ii)  éK*  Crai»l^iro. 


Im  deux  rives.  Elle  se  jette  dons  l.i  inn-  (ilneinle, 
ptr  les  branchi*s  d'un  delta  de  !â  201) 000  hectares, 
en  bct^  d»»  In  Nouvelle-Sibérie,  gnnul  arc[ii|K'l 
inhabile  |»ar  Ihomnir,  qui  ne  pourrait  y  jtétlier 
i|u'enlrp  Aux  »aisonfi  de^'liice  Ihe.  y  chass(M'  Toni-s 
wrlique,  le  riMU»»',  la  fourrure  tdanelie  du  reiiai"d 
pQ^iTs  el,  crtuniie  sur  tant  d  des,  les  œufs  et  le 
ckiM  d'întuunlir.diles  oisiMux  pisei\ures,  Li  lénn. 
loofnie  dt!  TiO^JO  kilonuHn'S  ju>qu'à  la  souire  du 
Vitiin,  éçoutie  2oO  millions  d'Iioclares,  où  vivent  à 


pi^ini'  300  000  hommes,  «loiil  (oiî  peu  de  llusses 
et  beaucoup  d'Yakontes 

Fleuve  Amonr  et  province  du  Littoral.— 

In  ipiatriènie  immense  lleuve  c'est  l'Amour,  qui 
jïiisse  par  des  pays  où  se  rencontrenl  plusieurs 
pei]|i|es  et  qui  porte  jdusieurs  noms;  les  Mnnd- 
rhoux  l'apiMdlent  SaklialieiHlula  imi  l'i-^au  Noiiv; 
los  Vakoules,  Kara-Touran  ou  Fleuve  jh-un:  les 
Guides,  Mange;  les Cliinois,  Ilé-Long-Kiang  ou  Meuve 


S8i 


LA   TERRE   A   VOL   D'OISEAU. 


du  ilragon  Noir  :  et  en  elTet  ses  Ilots  sont  bruns, 

tnul  nu  moins  sombres. 

Il  *>t  r*«rmt''  [*ar  l'Ar^'oïjn  eï  In  Cbilku,  celui-L^ 
fait  fh'  ïiHigues  ninis  pauvres  rivières  du  [erriloin^ 
cliiiiojs,  ri*llt*-ci  lïit»n  plus  vive  «'t  pure,  sous  des 
cieux  pitis  buinidrs,  cl  née  de  hi  reneonlre  de 
rOnon  el  di'  l'Ingoda  qui  desceiidenl  tous  les  deux 
des  Yablonovoi  ou  monts  des  I^oinntitrs,  au  sud- 
est  du  Ijic  Baik;il.  Ces  tMonls|>uinl  gais,  peu  boisi^s, 
ont  ponrlèle  le  Sokliomlo  (281.%  mèlres).  LiiChilk-i 
traverse  les  montagnes  mét:j|li<{ues  et  aurifères  de 


NerU'Iiinsk,  puis  s'unit  à  l'Argoun  pour  s'appi'ler 
dèsorniiiis  Aiuour  et  séparer  la  Sibérie  de  la  Chine, 
jusipi'iiu  conllueiil  de  l'Uussouri. 

Le  fleuve,  de  tout  temps  soliljiirc,  et  dont  les 
rives  ne  se  peuplent  qu'avec  une  exlri^me  lenfrur, 
passe  devant  (]ueli|ues  stanitsas  de  (iOsaipies.  rpid- 
qucs  villages  de  paysans  russes;  il  reeoil  deiu 
^'mnds  courants.  In  jaune  Zeya,  sous  Blagovjech- 
leliensk,  et  la  Boureia;  puis  il  scie  des  rocs  par 
170  kilonïètres  de  dédiés  splendides.  taillés  enin' 
granits,   dans  des  forêts,   nature    libre,  et  va  se 


KtiiiitciuUa  :  volcans  de  la  bai«  «rAvilclia.  (Y^y- p- £1)6.]^—  D^in  «te  K.  Wliyiiiper,  d'après  naluir. 


beui'lor  au  Soungari,  rivière  énorme  de  la  Mand- 
eliourie  danoise. 

Il  ne  semble  |wis  que  le  Soungari  l'emporte  sur 
LAnionr  niiisj  que  i'Irlyeb  sur  TUb,  In  Ton^fuiska 
d'en-baul  sur  rïêejiséi.  le  Vilini  sur  la  L+'-na;  liiu- 
lefois,  an  cnullueiiK  le  lleuvt»  russe,  rapide  et  clair 
bien  rpie  fotieè,  n'oiM'iipe  guèi't*  que  le  tiers  du 
lit  et  laisse  au  lleuve  mandchou,  llol  moins  pur, 
presque  toujtttjrs  blntirlu^tre ',  rafqiarenc**,  sinon 
la  réalité,  de  la  prééminence;  en  tout  cas  l'Amour 
est  le  plus  long  des  deux. 

Au-dessous  du  Souagarit  c'est  un   des  grands 

1.  r^  num  de  Souiigarï  veut  dire  en  luantlcbou  :  Fleur 
de  lait. 


eoiirs  d'eau  du  nion»le,  mais  un  lleuve  irrégulier, 
encombré  de  banes  de  sables,  gêné  d'îles,  coupt! 
de  seuils  sans  profondeur,  oi  de  plus  en  plus  froid, 
parce  qu'au  lu'url  avec  le  Soungari,  l'Amour, 
oliéissaul  â  la  poussée  de  son  rival,  prend  la  route 
du  nord  e(  ne  la  qiiiMe  plus;  lelteniont  tpraprès 
avoir  recueilli  devant  KhalKirofka  l'Oussouri.  très 
rii'he  trilml,  et  avoir  **ncore  éveniré  dt's  monta- 
gnes, il  va  se  fwrdre  au-dossous  de  !Nikolajrf>k 
eu  une  mer  gelée  six  mois  sur  doiue,  dans  uu 
délroil  pluliM,  la  Manche  de  Tartarie,  <)tii  séjare 
du  btk^ral  Li  grande  île  Sakbalien.  Sans  ce  fal.il 
détour,  il  s'unirait  vers  Vl.idi\o«lok  à  dos  Ilot; 
presque  toujours  libres.  De  la  source  dy  Kérou- 


386 


LA    TKlUîK   A    \0L    jr*ifSEAU, 


!(jun,  hranrlie  la  plus  longiir  de  l'Arj^'oun,  jusqu'il 
];i  M.'Mirlie  <ïp  Tiirtai'ie.  l'Amour  a  ià*lO  kilnmi'frt's 
dans  un  Ijussiii  <li"  20',)  inillîotis  d'Iit'clJirrs,  jirrs 
de  quatre  fois  l.'j  Fi'iiNcn ,  nuiis  smis  qufJ  iliir 
cliiiKil  fait  de  froids  f  silK'rteiis  »,  do  clmli'uis 
Il  snlifirit'iiiit?s  ^s  de  Unv^Ui'A  sr^cluTOsses,  avec  une 
osrilluliou  de  plus  de  80  degrés,  entre  — 45^ 
cl  H-oG^Î  iNiurlatit  le  tij^'re  fl  in  pnntlière  y  vi- 
vent, et  aussi  l'ours  g(vm1,  dans  de  belles  Portais. 
Un  voil  ji.H'fois,  «lilou.  Miclii'l,  fils  de  .Ivnn, —  les 
Russes  de  Siln-rJe  notnnifnï  ainsi  lu  Imn  louitliiud 
que  n{ius.  appehtns  Martin,  — grimper  h  la  cime 
des  pottfauK  dti  h''li'^^fr;i|ilh%  d*Vu  par  les  susunv- 
meuls  de  l'air  tju'iî  prend  pour  des  vols  «iaboilles. 
Vis-Mis  de  deux  îles  japonaises,  Nippon  elYess^j, 
et  d'uni'  île  russe,  Srikhalicn,  le  Littnral,  [iro- 
vinee  likieiîde  ;iu  luird,  des  deux  eôtés  de  l'iMukm- 
ehure  do  TAniour,  n'est  f|ue  très  froide  au  sud, 
avec.  l)eaurou(ï  d'iuiiniditè.  en  fare  de  Nippoti,  sur 
la  nter  «In  sfdeil  liMaiH;  la  llnssie  possède  là  des 
ports  nierveillenv,  <le  vrais  tlio-de-Janeiro,  diî 
Mwifi.  r'(M't-.fiiekNin.  et  Vladivostok  poiutMît  Uié- 
rilei'  le  inuii  liaiiliiin,  iuro^'iutt,  (jue  lui  i>uL  donné 
ses  foiidîiti'Ui's;  mais  «  Héj^^nt'-eiHh'it'nt  h  est  sous 
un  ciel  renfroL^nè,  *\u'\  pleure  de  fnvids  brouil- 
lards; il  rï'a  derrière  lui  (ju'une  eonti'èe  vide  en- 
core, avec  ù  peine  fjucli[nes  inilliers  d'bnnunes 
dispei-sés  sur  la  cote  et  le  long  de  rOiissouri, 
lequid  est  une  (brie  rivière  soi'lie  du  Ivlianka,  lac 
sans  pj'olondeur  rit*  ,"i(l(>(HïU  lieetares;  il  y  a  lA  dos 
Cosaques  venus  des  slanilsas  à  Vo^i  tUi  Itaïkal, 
des  synks  nu  soldats  conilamnés,  des  galêrienii 
ayant  fini  leur  lemps  dans  les  mines,  des  [Kiysatii: 
russes,  des  Finlandais,  etc.  Si  reuranteineuL  de  aï 
pays  est  douloureux,  c'est  qu'il  y  a  loin  de  a  Hèj^'ue- 
on-tlrienl  o  à  la  sainte  Moscou  :  tid  [uiysan  a 
perdu  trois  ans  oji  route,  de  sini  \ienx  villap^  de  la 
Grande  ou  de  la  Petite  Russie  i\  son  nouveau  vil- 
lage de  l'Amour  ou  du  Littoral. 

Sakhalîen.  —  I/île  devant  laquelle  TAniour  se 
verse  an  l'acilîqui^  a  pour  vrni  nom  Krafto,  puisque 
les  AÎnos,  ses  vieuv  Itabilants,  et  les  Jajiunîiis,  ses 
anciens  maîtres^  la  dési^^tiL-nt  ainsi;  nniis  elle 
s'appeUe  maintenant  Saklialien. 

C'est  à  [ti^ûie  uni*  île  l'ti  élê.  ce  nVn  est  plus  une 
en  (liver,  rpiartd  la  j^iace  la  scelle  aucoutinenl  par- 
dessus l'étroite  Mnuche  de  ïartarie.  Iknis  la  belle 
siiistJU.  plus  de  potd  naturel,  mais  le  détroit,  sans 
[U'olbudeui-,  ne  jKutrrïiit  pas  île  navire  tle  ^aiern*; 
passé  5  mètres,  uni  vajssi'tUJ  ne  s'y  doit  basîtj'iler. 

Longue    comme   la    France,   eu    vertu    de    ses 


957  kilomètres  du  nonl-ouest  au  sud-est.  elleosi 
en  moyenne  lellemejil  droite  (pn^  son  aire  ni»di' 
p.'tssc  pas  7rj*i(MH)0  lu'itai'es,  en\iron  dou/e  di 
nos  départetncnts.  De  ses  rives  *aiis  l)ons  jwïIsou 
voit,  (piand  le  pernu^tlcnt  brume  et  bruine,  une 
eliaîue  de  000  à  \ît(\{)  nnMres  monter,  avec  (|ud- 
(pu's  forêts.  Ces  l)(»is,  çà  et  Jâ  des  fonds  de  val 
cullivables,  et  surtout  des  mines  de  houille,  telles 
sont  les  seules  aubaines  qu'offre  à  l'avide  Moscovie 
n*tle  ilc  au  clîmal  lanienlnble.  Sur  les  565  jours 
de  ranuée,  plus  de  TJ)  s'en  vont  ternes  et  lugu- 
bres, sous  un  ciol  cliargè  de  nues  ou  raye  de 
filnies  ou  fondîMit  en  brouillard,  et  l'on  y  a  souf- 
fert des  froids  de  — r>7'\  '\v\\v  est  la  t'-iyenne  des 
Unsses;  mieux  vaut  encore  celle  des  Français,  plu- 
vieuse aussi,  irïais  où  le  grarui  soleil  brille. 

La  llussfe  y  envoie  des  galériens,  qu'elle  y  ^ou^' 
il  l'extraeliou  dos  houilles,  el  pour  garder  r.es  pri- 
sonnii'j-s  elle  y  enli-etient  des  soldats  el  des  tonr- 
liiuuiaires;  le  reste  des  insulaires  comprend  di- 
verses peuplades  sauvages,  Giliaks,  Oroks,  Aînos, 
et  des  Japonais.  Les  AFruis.  Iitiriunes  velus,  sont 
les  autncblones  probables  de  S^ikhalien,  coinnie 
sans  doute  aussi  du  Japon;  et  les  Jftjmnais  domi- 
naient ici  avant  les  Russes.  Quand  le  «  tsar  blanc* 
se  décinra  maître  du  bas  Amour,  il  admit  aussi 
que  la  Russie  f>ossédait  l'île  en  co-maili*ise  avec 
lu  Japon  r  c'était  l'alliance  du  pot  de  fer  et  du 
pot  de  terre;  les  Japonais  cédèrent  leurs  droits 
en  1875  à  feniperenr  de  loules  les  flussies  et 
Sibéries,  el  en  éeluuige  ils  en  reçurent  l'archipel 
des  Kouriles. 

Fn  tuul,  il  y  a  là  HJOOO  hommes,  moins  qu'il  uc 
se  dandine  d'ours  dans  les  sapins  de  hrafto. 

Kamtchatka.  —  Au  nord  tionl-est  de  Saklialien, 
fe  Kînirlebatka,  pariîil  an  littoral  de  Vladivostok, 
a  des  ports  merveilleux  sur  des  baies  d'immense 
capacité  :  (elle  est  la  baie  d'Avalcha;  mais  sous 
ce  iliinal  rien  ne  vaut  i  ailleurs,  vei-s  le  Tro- 
pique, le  Kamtchatka  serait  Java,  Sumatra,  Ceylan, 
avec  plus  de  gjvindenr. 

Ku  celle  [)ri'S(|n'ile  péné|j-ant  la  nier  comme 
un  Fer  de  lance  llandjenl  ou  fument  de  superbes 
volcans,  et  parmi  eux  le  Klioutchel",  ^gal  au  Monf- 
fUarn\  à  fi  mètres  ptès  :  liant  de  tSUi  mètres,  il  a 
7)7i{}  kilonn''ïres  de  tour  â  sa  hase.  C/esl  un  voisin 
traître.  Ttïais  il  a  peu  <le  voisins,  c^r  la  péninsule, 
bien  que  longue  de  dix  de^M'és,  (lorle  à  peine  quel- 
ipies  milliers  d'hommes,  russes,  russiliès  ou  qui 
vont  l'étiv. 

Sur  une  quarantaine  de  volcansi  douze  encore 


ASIE  RUSSE. 


287 


l'dlliiment  qnrlqnefois  on  torro  k.irntrli.i(l;ili';  ils  se 
rattarlieiiK  à  deux  tivtitHVs  diles  (|uj  voinissont 
aussi  ttu  fou  :  h  la  IraimV  dos  Kouriles  qui  |i;ir 
une  dizain*?  de  rralèros  éveillés  ou  dorinanls  vn 
rtgoindre  les  volcans  joponiiis.  et  à  la  IniîiKi'  ili-s 


Alroutiennes  dont  les  Iles.  lovMnl   j>lns  ihy  Ironie 
iiioril.i^^iii's  iirnivniiii^s,  sont  rotiirne  k-s  y>ili»s  d'un 
iMHil  siun^ilun'l  (jiii  iiiriuMviil  {l'Asie  eu  Arni''rii|ue 
de  l;i  presffu'ilt^  du   K;uidrlialka,   terre  russe,  à  In 
presqu'île   d'Alask.i.  r]ui  fut   lusse,   niuis  aujour- 


• 


:^Cf,j^^^^'    ., 


Cotdes  :  t^pos  et  CMtumes.  (Voy.  p.  ttS.)  —  Deisin  de  Praouhnlkorr,  d'âpre  nno  pbotogrfphic 


Fdliui  elle  e«l  yankee,  de  rni^rnc  que  les  Alêou- 
]  li**niif*.  depuis  une  vente  faite  par  le  Isar  aux 
bAmfTtr^iin»  niovenannt  35  millions  de  Tranes. 


Grand    avenir    Races.   —  Mines  d'durfll   et 
i  d'Altaï,  recherche  de  la  fourrure,  chasse  et  pèche 


onl  longtemps  occupé  les  NVo-Husses  de  1ï  Sibérie 
hoauroup  plus  tpit'  \i\  rulture  du  sol;  maintenant 
voi4'i  qiH'  (léscii  et  Ijiïg.'i  reeuK'nl,  sur  e«»s  lt'i'r**s 
[nd'ondi'sqiie  ThiverduiTit*  mais  qu'un  l'^é  nipîde. 
elinud,  jKestpie  s;mis  nuit,  rouvre  :i  la  fétondilé. 
Mèrne  on  y  coupe  »;à  cl  \i\  la  vieille  forél  Irop  vile. 
En  Sihérie  comme  en  itussie,  en  Scandinavie*  au 


$88 


lA    TKRRK    A   VOL    D'OISEAU. 


Canatin,  en  (nul  pays  du  Nord,  il  est  des  conlrées 
plus  vnsics  (|ue  cfrlïiins  royaumes  où  \v  sol  osl 
int'iifKiJdi'  d'aniriHM'  iiulre  cliosp  que  des  hoîs;  cl 
(ri'shois,  il  no  Inurpr^le  la  vie  qu'avec  une  exceâsivft 
lenteur. 

Depuis  la  li.uïle  .infiquilè.  In  Sibérie  est  habitée 
p;ir  ili's  [MMipl;idi*s  liinioises,  tur(|ues  el  nmiif^files, 
<|ui  s'effaciTil  liHïs  l(*s  jours  devant  Taseendaiit  ^les 
Européens,  soil  (pj'cdles  disparaissent  [uiv  trop  tti' 
niorls,  soit  tju'elles  s'en  aillent  [lar  U'^t\^  peu  de 
naissances,  surlout  de  n.iissanees  fjiasi'utities.  iJo 
ces  peuplades,  les  unes  rôdent,  rliassent  et  pO- 
chenl,  dans  le  Xord.  i\i\  le  commande  la  misère 
du  sol;  d'antres,  tians  le  Sud^  où  la  terre  est  riioiits 
iiidi^jente,  stinl  fixées  h  la  glèlj»*-  Plusieurs  ont 
adojilé  1(^  rlirislîanisnie  ^Tee;  t*'s  Iriljus  Inrtpies 
prnfi'sst^il  l'isliuiiisnii*  ;  les  mongoles  onl  aeeueilli 
le  bouddhisme  pur  ou  ta  déviation  du  bouddhisme 
qu'on  ntOTune  cliariianisme  :  c'est  une  terreur  des 
esprils  niéchunts,  (jue  le  prêtre  apinse  pnr  des  soj' 
Ulé;;i»s. 

Uuanl  aox  Ruropéens,  rélémenl  nouveau,  le  seitl 
dnraiile  mr  loulcs  4'es  tribus  s'en  voni,  le.  seul 
vivant  rar  elh'S  ne  l'ont  atilnî  clinse  qn*^  de  nv  pas 
mourir  ejirt)re,  ils  smd  issus  d'origiues  diverses. 
avec  ^n'atule  prédominance  du  sang  msso»  ayant 
sui'tout  jMMir  anriMres  des^losaques  et  des  bannis  de 
la  Hussie  d'I^iurope.  Ces  derniers,  filns  de  10 000 
au  mimis  en  mo>enne|Kij-  itri,  onl  élê  loiinûs  de  tout 
temps  par  toules  les  rares  de  l'immense  empire, 
de  la  slave  à  la  lai'lîin.';  p;ir  Nuifos  s<^s  reliJJ;ino^, 
de  la  ^Tecquc  orlhodoxe  à  la  nmsuhnane  et  b  la- 
doralioii  des  fétiidics;  par  loutes  ses  lan|;ues,  du 
russe  au  pi-rsan  l'I  au  roumain;  jKjr  toutes  ses 
classes  de  condanmés,  deptiis  rassassin,  l'empoi- 
sonneur, le  lMussair<*.  jusqu'à  l'homme  noble  rpiî 
déf'end;ii1  sa  patrie  daus  un  bataillon  de  raueJo'ur's 
pidonais-  L'union  désonnais  est  faite;  les  Sibériens, 
Slavi^s  par  leurs  pères  tes  [tins  nombreux,  abso- 
lument Itusses  quant  â  la  langne»  et  sans  aucune 
dilTéreuee  ibabM'tiijue,  conuiie  par  exempte,  en 
lUjssie  niétne,  eiilre  le  grand  et  le  petit  russe,  pro- 
jon^-ent  de  Ttiural  au  racilique  la  (ej-rible  iialiort 
que  les  Tarlares,  puis  les  Polonais  ont  longtemps 
op[irimêe. 


i 


Toutefois  la  Sibérie  s*eniplil  lenlemeni,  son  peu- 
ple croil  à  peine,  par  beaucoup  de  morts  pliiliM 
que  par  peu  de  naissîinces  ;  surtout  beaucoup  île 
moris  d'enfants;  l'industrie  n'a^'randit  point  ft«»s 
villes  et  ue  fonde  |)oint  de  villages  en  delioi-s  des 
districts  miniers  de  l'Oural  et  de  l'Altaï,  et  le 
[Kiysnnqui  ébrèein*  la  forêt,  qui  la  brûle  parêtour- 
derie  ou  labul  pour  se  chauffer,  y  trace  peu  de 
sillons.  Enlin.  —  et  ceci  n'est  rien  à  côté  de  U 
routinière  itidolenre  du  moujik  et  de  la  deniî- 
stagnancc  de  >es  rjutilles,  —  les  Sibériens  ont 
^ardé  qui'lque  cluise  du  vieil  esprit  nomade  des 
Slaves;  des  monts  Oural  A  la  mer  Pacifique,  il  y  ^ 
u  des  milliers  nmidireux  de  vagabonds,  pas- 
sans  partis  du  village,  galériens  évadés,  soldât» 
déserieui's.  rbercbeurs  il'or  découragés,  avei»- 
luriei-s,  fous  et  M-etijires  errant  à  Im  jwursuile 
du  pays  de  l'Kau  Blanche,  le  Biélovodié  loujoun 
fuyant  qui  est  rKldoiado  des  Russes  Iransour»- 
lien  :. 


Villes.  —  La  Sibérie  n'a  pas  de  villes  de  cent 
mille  dtnes,  cl  les  plus  grandes  de.  ses  cités  nr 
sont  guère  que  de  li*ès  grands  villages  aux  maisons 
en  bois. 

Irkoutsk  (40  000  liab.).  presque  trois  fois  plus 
loin  de  Saint-lVIersbourg  (jue  de  IVkin.  lidMe 
l'Angara,  par  TtTO  mètres  d'idiiludi',  dans  un  pa>s 
très  froid  mais  h-ès  beiiu  4[ui  a  deux  merveilles, 
le  [ac  Itaïknl  et  li  rivière  Angara;  sa  croissance 
est  1res  lente. 

Tomsk(57  000  Iiab.),  sur  la  Tom,  tributaire  de 
ï'ti'lych,  î^  mi-route  entre  Pélersbourg  et  Pékin, 
possède  la  seule  uruversité  sibérienne, 

Tobolsk,  (pif  a  fori  grand  air  avec  son  kremi  ou 
etiâteau-forl  sur  uiy  liant  talus  de  l'Irtych,  ne  rcn- 
IV'rme  même  pus  *JOO0O  Ames  :  elle  a  pourtant 
l'i'.Mii,'*  piMidant  des  siècles  sur  la  Silwrie  ;  ce  n'est 
plus  tpi'nn  ehef-lieu  de  gouvernernenl. 

lékalerinbi^urg  ^r>2  000  fiab.),  >ilte  dp  mines 
et  dîiultislï'ies,  est  uric  cilé  sibérieime,  de.  par  sa 
situntion  sur  le  versant  oriental  de  riùirope,  mais 
radmiiiistrutioii  russe  a  jugé  bon  d'attribuer  contre 
nature  à  l'Euiope  de  vastes  districts  transouraliCDS 
peuplés  de  1  bUÛUOO  personnes, 


TURKESTA.N    HllSSK. 


389 


Un  rcfos  kir^ÏM;.  —  Ih'ssin  do  V.  Ha^snet/orT,  tliiiirès  une  |>hulugrapbic. 


TURKESTAN    RISSE 


Deux  pays  sous  un  même  nom.  Turkestan 

fibérisn.    —    Vfpc   l(iij(t>8   ses    apparlenancfs  el 

ilt'p^ndAn(!i>s    l(»    Turki'shin     russp   a    rnîiint*MiHrU 

UD  millions  <i  lit'rl.iri-s  (on  (|uolf]tii*  prii  plus)  jivtT 

'à  6  iiullions  tlViim^s  ;  sr[tl  fois  In  France  et  six 

i»U  M^t  fuis  tiKMns  (J'IiubiliitiU  quVIIi'. 

Au  nonl.  I»'s  provinceïi  de  Sémipnlalinsk,  J'Ak- 

Jiii^k,  <le  iuur^nî.  d'Ouivil.  ripniiifi'iit  ;iu  Sle|)pr 

i  Kiq^biïios;  c'est  pri^s  dt;  190  inillioiis  dheolares 

Picndflnt  surtout  vers  l'Irtych  qui  ont  vUi  distniit^ 

[de  la  Siht'*ri(\  dont   ils  font  en  rtVilit^  pnrtio  iiité- 

l^iutf*.  Au  »ud,  les  provinces  de  SAmirielcIiê,  de 

iFergiiotui,  de  Samarcande,  du  Sir-l)nria,  et  le  ter- 

[ritoire    tnnscaspien.   ré(»oudeiil  au  Turkestiin  — 

0.  Rcctn-  Li   Tutni  a  roL  b'ui>t4r. 


îuiirenieiit  dil  nu  pays  des  Turcs  —  bien  que  lu 
contrée  ail  beaui-mip  (rhabitaiits  qui  ne  sont  Turcs 
tii  de  nom,  ni  de  langue,  ni  d'ori<^ine. 

Le  lien  connnun  de  ces  deuï  rrgioiis»  Turkestan 
((  i-ibêrien  a  el  Turkeslan  propi'C»  c'est  la  grande 
iKilion  n(»rnade  des  Kir^'liises.  de  leur  vrai  nom 
Kaznks.  r.'esl  j»*njr  .s'être  tmuvrs  un  jour  en  conlacl 
avec  ce  peupb'  d'idiortu-  lurc  que  les  llusses  onl 
Uni  par  conquérir  au  loin  dans  la  direction  de 
l'Inde;  îiprès  inoir  soumis  lune  des  quatre  hordes 
<|ui  corii|H)sent  la  nation,  ils  ont  dû  cotiteitir.  puis 
dompter  les  Irois  autres;  el  comme  les  Kirgbiïîes 
nVlent  dans  toute  lu  jtlaine  qui  va  des  alhivions 
sibérienuea  aur  rives  i\u  Sir,  les  années  du  tsar 

37 


200 


LA   TKRRK   A   V0|.   H'OISKAU. 


blanc  sont  un  jtmr  arrivées  sur  ce  fleuve,  puis  sur 
l'Amou,  onfîn   aux   monis  de  rAfg'liiiiiisl.iii. 

[ies  quatre  [iruviiu^'s  du  Tui'kestnn  sibérien, 
lesijuelb'S  dhI  |irès  de  1  millions  dïiines.  relie 
d'Oural  va  d*»  l'Oural  au  lac  d'Aral  el  .i  In  Cns- 
])ienno;  eellei?  de  Tour^^u  ol  d'Aknioliiisk  relèveitl 
plus  ou  niiu'ns  <lu  Iwissiii  de  rh1ye!i-tJb  ikh-  le 
T(»bid  1*1  l'Irhini  :  eelle  de  Sêinipalnliusk  est  î^ur 
rirlycli  ïiièiije.  TerKuil  ;i  la  Sibérie  fwir  les  liens  du 
sol,  unies  à  elle  jnu'  une  uièiue  liisloire,  elles  s<tnt 
néanmoius  de  Turkeslni»  eu  ce  que  réléruenl  kir- 
fi:bise,  qui  est  tni  èlrineul  (ure,  y  dorniu**;  de 
ménie.dîiiis  b*s  |iiiys  du  Sir  et  de  TAniou,  rétein- 
mcnt  couquis,  les  Slaves  sont  très  inférieur»  en 
nond>i*e  nn\  îillejdiones.  Turcs  ou  l'orsans*. 

Les  Monts  Célestes.  Le  Pamir,  — LeTurkestan 
siljêrieji  s'èlend  vers  llilvili,  U'  Vfiii  Turkeslau 
s'appuie  aux  Monts  Célestes  <M  nu  l*îni,iir. 

Les  Munis  Célestes  ou  Thiiui-Clinn  êtineellenl.  de 
nei^'e,  rn;dgjé  la  sécheresse  de  leur'  zone,  parce 
qu'ils  se  dressent  aux  Ibnnidables  bailleurs  de 
miiK  nO(K>.  imn  7:»(ia  unMres  qui  lenrtuïl  jiisle- 
menl  valu  ce  uuiii  rie.  Célesles.  lûirl  ils  s'élèverU, 
bl.rrrcs  dwns  le  Lieu. 

Tlrian-Cliarr,  ees  rieux  irirtls  surrt  ebinois  ;  ce 
/unssiF,  qu'il  y  a  pr'u  d'amiées  eucfM'e  on  croyait 
|):n'  endroits  volcanique,  s'avance  err  effet  sur  de 
vasii's  |d;rb';njx  ffrii  S(»nl  iirre  jH"uvim*e  tur('o[iliojre 
du  gr;ind  eurjiire  de  lau^rre  rtKHiosyllabiqne;  jl 
do(uiru'  la  bzouiigarie  el  la  contrée  des  Six 
Ilivières  ou  Kaeb'.'arie,  aulri'inerrl  dil  le  liaul- 
Turkeslan  ou  Turkeslaii  <ïe  Tlilsl,  qu'on  |h^uI  ïioin- 
mer  tout  aussi  bien  le  Trirkeslan  iiienar;é,  car 
l'élévaliou  «  céleste  »  îles  Thian-CIlian  ne  le  dé- 
ferul  [>as  assez  de  l'inlrusiou  des  Slaves  :  quanti 
luir;»  le  jorir  irrévocable,  ses  cols  laisseront  fil- 
trer  ties  arrïïées   russes, 

Katourr,  Iloi^do-clHU'a,  Ala-laou  dznungnro,Bcigdo- 
ooia,  Moirls  rlu  lîoî  des  rieux  (Ten^rri-KfiaiOt  Ala- 
laou  du  soleil,  inuMls  d'Alexirndre,  Ala-lnriu  de 
l'ortibrc,  crèle  de  Kîicbgar,  Alaï,  Trausalar,  ele., 
sous  ces  nonrs,  el  srnrs  d'aud'es  à  nous  inconnus 
uiieorc,  les  Muids  Célestes  sont  un  enlrecroisiv 
ment  pi'odigienx  de  «  Sierras  r)  qu'au  nord-est  le 
Tarbagataï  (ôilM)  mètres)  lie  à  l'Abaï,  qu'au  sird- 
ouesl  le  I*amir-  ou  la  Cou|H>le  du  monde  unit  à 
rilindou-Koueh ,  aiirsi  qu  au  Karakoroum  e(  à 
rilinidhiya,  monts  les  plus  aériens  de  l'Univers. 

1.  Oii  a  n'uiii  l*'s  |ïioviinvs  ilAtiinoliiisk»  th'  SémifubtÎMslî 
ri  tt(;  Séinirii>rr]jé  etr  iiii  a  Goirvcnjcmvul-t;éoLTiit  ilcs 
Steppes  ». 


A  tort  on  s'imagine  que  l'empire  slave  a  dans  le 
Caucase  sa  plus  puissante  chaîne,  son  fronton  le 
idus  fier,  ses  neiff^^s  les  plus  éihérèes;  les  Célestes, 
supérieurs  au  Gauc^»se  de  t!000  mètres  peul-élre, 
avec  des  glaciers,  des  névés  sans  nombre,  pèsent 
d'un  poids  iniirriirrerit  plus  lourd  sur  le  vieux  con- 
linenl.  Tels  rpi'ou  les  coimart.  un  les  croit  égaux 
en  étendue  à  deux  Frauces,  el.  la  Scandinavie  à 
jiarl,  à  loul  ce  que  rEuroj^e  occidentale  hérisse  de 
poinles»  ét;*le  de  plateaux  dï'puis  les  sapins  où 
seiiilillent  les  sirnrces  du  Duiester,  qui  vit  les 
Cdsaques  r^l  les  Tar*tares,  jn>qu'aux  broussailles 
des  Al^'arves,  lonj,ii*nrps  foulées  par   les  Maures. 

Quel  chauve  el  soucieux  Crdiath  cuirassé  de 
^\:\rc  iloiiiirre  parmi  ces  géants  neigeux,  dans  cette 
iiifirritr  de  ^'r*ou|)eSi  de  massifs,  de  dos,  de  scies, 
de  créles,  d'aréles,  pai'iiii  ces  l'oches  de  jiresque 
loute  nainre.  darrs  ce  chaos  fauve,  nu,  de  plus  lui 
plus  désarl)ré.  trislissinus  perdu  de  froid,  dora 
rir^irrrnie,  et  d'ailleui's  [iresque  vide?  Ou  donne 
Î.ViO  mètres  au  Teft^^ri-hhan  ou  lîoi  des  cieux  qui. 
superbe»  s'élance  à  rorietit  du  la4;  Issik;  7500  au 
KaiifuiaiHi,  ainsi  nommé  d'un  pênéral  russe  qui 
a  eorrquis  plus  qu'aucun  autre  en  Turkeslan; 
7750  au  Tairarma,  qui  n'en  a  probablonienl  que  1 
6i80.  Le  Kîiurriiarin  rè;;ue  dans  le  Transalaî,  le 
Tai^'anira  dans  le  Kizil-Jart,  qui  [ibinge  ù  Test  sur 
In  Kach^arie.  TransaUiî  et  Kizil-Jurl  dominent  le  I 
Pamir. 

Le  Pamir,  sagement  appelé  Itam-i-dounya,  ou 
Kaiti'de  la  Terre,  a  4000  mètres  d'allitude  moyenne. 
Sur  ce  Toit  ^le  l'iriivcrs  soufllenl  tous  les  venls  de 
froidure,  la  neige  y  vient  lUi  lout  horizon,  et  des 
fleuves  en  descendeid  pour  s'aller  perdre  à  rocci- 
dent  comme  à  rorîent  dans  des  lacs  sans  déversoir, 
()ui  4!j'(Krail  que  ce  [il.iliNiU  sublime  et  si  près  des 
astres,  ce  grand  porle-neiges,  ce  pays  de  lacs,  de 
frn/ons  savoureux,  se  sèche  visiblement,  comme 
toute  cette  Asie  faussement  dile  centrale  puisque, 
rejelée  à  rrniesl.  elK*  touche  à  l'Kurope?  Ces! 
pourtant  le  cas;  plusieurs  de  ses  conques  n'ont 
plus  d'émissaire  ;  d'aidiques  Lémaris,  à  la  fois 
évaporés  et  comblés,  s'y  sont  effacés  h  jamais.  Le 
Pamir,  très  bosselé,  se  partage  en  sous-Parairs 
aux  noms  turcs. 

Plaioes  du  Touran.  — IJien  plus  sèches  que 
les  Célestes  el  le  Pamir,  des  plaines  se  déroulent  h 
leurs  pieds  vers  le  couelrarrt,jusqu*h  la  Caspienne,     | 
plaines   au   climat  lei'rible.    Les   steppc's   du   lac    1 
ISalkach,  ceux  du  Touran  r|ui  conduisent  à  la  mer 
d\Aral  deux  lleuves  jumeaux  et  parallèles,  connais- 


TURKESTAN   RUSSE. 


!201 


•enl  les  froids  do  — 30  h  — ô.>  «Ii'I^mvs,  1rs  four- 
lutses  i\e  -iO  II  il;  r.'irmre  y  rainiMn*  ivgiilit'rf'int'ijl 
Ir  Pùlc  el  li'  Tropi(|Ui\  celui-ci,  par  nial!uMij\  sans 
les  pluies  Iropicaios  ;   il    pleut    fort   peu   sur  k' 


Tnurnn.  ol  il  parnîl  qm*  I(*nlfmonf.  unifornii'jru'nU 
It's  [)liiii"s  s'y  fuiil  plus  mvs.  Aussi  le  d«'*serl  y 
gnindil-il,  en  alU'adanl  ipiimi' puissante  irri^lion 
le  rapelijsse  peul-ôlre,  nuis  sans  jamais  prétendre 


Rirghise  à  cbcvnl.  ~  rc*4in  t)o  V.  WassneUorr,  d'après  une  pbotographio. 


k  le  détruire.  Mt^me  dans  les  cantons  où  l'arrose- 
mrnl  i*9î  plus  atiotid.itit  (prailleurs.  il  n'y  a  f^ui-n» 
que  le  oniiêrne  du  sol  qu'il  puisse  transformer;  et 
pM  k  centième  partie,  voire  la  millième,  là  où 
îl  fmt  rrrourir  à  des  dignes  pour  arriver  «pirlipn* 
torrefit  de  fonli»  de  tuM^je  ou  cnMiscr  dans  Ir  has 
d'ua  raiin  quelques  puiU  tendant  toujours  à  tarir; 


seuls  les  deui  fleuves  et  diverses  rivières  sont 
capables  de  verdir  v^  et  là  les  campagnes  jusqu'à 
l'fiurjzon. 

En  ce  moment  le  <lt^st*rt,  dans  ce  qu'il  a  de  plus 
inliuniain»  occupe  la  grande  moitié  du  ti.is  pays  qui 
st''|»are  le  Kissiiï  di*  l'Irtyrli-fib  du  pii-il  des  monts 
d'Iran  :  Steppe  de  \a  faim,    Ak-koum  ou  SjiLles 


292 


TA   TKRHE   A  VOL   D'OISKAI', 


Blancs.  Ki/il-Koiini  on  S;ihlps  (Irm^Ts,  Kani-Kimni 
ou  Siiblt's  N(piiS|  IfKisnmvrs  el xris  pi'estjiic  .lulant 
ijue  noirs,  routes  im  blancs,  ces  mornes  déserts 
pouri'aiont,  sinon  rdieurir,  perdre  au  moins  quel- 
i]iie  peu  lie  leur  désolation»  et  \i\  où  i^aivne  csl 
uiûbile»  d(i  leur  mobilité,  si  riiouiuic  y  seiiiail  1rs 
plnnles  salïML's  ou  les  arbres  menus,  épineux,  par- 
clieiiïiiiés,  mais  de  bois  coiupael,  qui  bravent  le 
ciel  sans  pluies,  la  terre  sans  eau,  l'air  tout  en 
vents  e(.  en  troinhes,  le  brusque  passage  du  lorrîde 
au  polaire  ni  du  [Kilnire  au  lorride- 

Mais,  au  lieu  de  laisser  la  nainre  à  son  œuvre 
iuimortellLS  au  liou  de  lui  donner  \o  temps  d'ék^ 
\or  des  foréls  de  saksaoul,  arbre  de  rêsislanee 
béroïqur,ou  abalceijuela  plaine ess.iye de  produire, 
ce  que  Iji  dune  porte,  el  de  plus  en  plus  sèche  la 
pïaine,  de  plus  en  plus  s'avance  li  duni*.  On  ne 
\oil  de  prniries,  de  culkiirs,  de  jardins,  de  vie  que 
le  long  des  llcuvcs  e(  des  canaux  d'irrtgalion  qui 
les  saigTicnl;  el  quand  hi  Sir  et  l'Ainou  coulent 
entre  des  l)er;;es  trop  élevées  pinu"  qu'on  eu  tire 
un  canal,  la  (erre  est  aussi  inandile  à  cent  mètres 
i\r  h  rivière  qu';^  vingt  lieues  de  ses  boixls. 

Dans  le  Touran,  le  veut  fouette  des  sabb*s  salés, 
de  rougcAIres  argiles,  <ies  arnioiscs.  de  ternes  eu- 
[)horbes  el  des  sfllicoi'nes  couleur  de  sang;  il  siffle 
dans  les  roseaux  des  lagunes^  mais  i\  n'en  cbasse 
pas  le  mtMistîque,  Inuruii'ul  d<'s  lUftls  d'élé,  et  il 
amène  souvent  des  escadrons  de  saulcrelles. 

Pas  d'arbres  :  de  la  mer  d'Aral  au  Heuvi'  Oural 
on  n'en  rencontre  «ju'un  seul;  or  la  distance  est 
(le  TiOÛ  lulomèhes. 

Les  Tnrcomans,  ces  cavaliers  indésarconnabirs 
tiorii  la  llussie  vieni  d'airèlcr  les  sanglanls  explitîts. 
sonl  grandemcn!  liei^s  de  celte  aridilé  de  leur 
patrie  :  a  Janiais,  disent-ils,  nous  ne  dormîmes  à 
l'ombre  d'un  arbre  ou  ii  Fondu-e  d'un  roi,  » 

N'ayant  point  de  foréls  où  caeliei*  leur  somujoi-], 
tantôt  de  repus,  tauttU  d'affamés,  le  loup,  le  san- 
glier, le  tigre  y  digèrent  selon  la  proie  dans  le 
labyrinthe  des  joncs  i't  des  nisctuix,  devant  des 
neuves  sans  crocodiles,  eidrc  des  fomli'iéi*ea  sans 
bâillements  et  bavementa  d'hi[jpopolames. 

Le  Balkach,  llssik.  —  LesTbian-Chîm  forment 
rilisans  kquel  il  n'y  aurait  plus  de  Biilkacli,  ils 
tienuenl  Tlssik  enivt^  deux  de  Irurs  chaînes,  ils 
envoient  le  Sir  à  l'Aral.  iKj  Parnir  df^seend  TAmou, 

Llli,  long  de  1500  kilomètres,  naît  de  la  ren- 
contre de  deux  forts  torrents  de  glacR^rs,  le  Tékès 
et  le  Koungliés;  il  arntse  la  Hzaungarie,  attqile 
vallée  sur   lu    meilleure    rouie   de    rKuro]»'   à   la 


Chine,  et.  passant  de  l'empire  du  Milieu  dans  le 
domaine  slave,  s'en  va.  deltafquemoni,  remplir 
()resque  à  lui  seul  le  Balknch  :  car,  des  sept  fleuves 
qui  donnent  au  Sémiiieïché  *  son  nom,  l'Ili  seul 
nulle  un  grand  (lut  d'eau.  Ce  que  le  lac  reçoit 
en  deliurs  de  ce  courant  majeur  n'est  rien  en 
temps  sec,  1res  peu  quand  In  pluie  brouille  par 
luisarti  les  hori/.oris  du  Steppe. 

Le  Italkaefi,  autant  marais  que  Inc  sur  une  pîirl 
de  son  eoulour,  et  n'ayant  nulle  part  plus  de 
t!l  mètres  de  creux,  miroitcà  2^8  mètres d'altilude. 
Long  de  plus  tie  TiOO  kilomètres,  de  bi-aueonp 
moindre  el  très  variahk*  largeur,  il  ne  lui  iTstc 
guère  que  2  INOOQO  hectares;  mais  il  fut  peul-èlre 
immense,  ailanl  même  jusqu'à  l'Aral  dont  le  s^ 
parent  miiinlenant  DOO  kilomèlres  ;  s'il  a  diminué, 
c'est  par  les  apports  de  Tlli,  et  surtout  par  le 
dépari  aéi'ien  des  eaux  que  boit  goutte  A  goutte 
la  sereine  aridité  du  <dimaL  Ce  lac  aux  eaux  claires 
trop  salées  pour  èti-e  buvabhs  a  jHiur  U'isle  enlour 
tes  stepp(\s  mis.  b*s  sables  mobih's,  lès  deltas, 
des  l'oseaux;  au  nord  la  rive  est  plus  haute  qu'au 
siul,  et  plus  fernie. 

L'issik*  marque  à  pou  près  le  centre  des  Monts 
Célesb's,  à  Toccideid  du  Itoi  des  cieux.  entre  les 
ik'\\\  liJiUles  chaînes  des  Monis  Bigarrés  ou  Alataou  : 
l'Alalaou   t\u    soleil    (Kounghei)    et    r\lalaou    de 

Tondire  (Terskeï),  Cf'lui  au  sud.  Tau  Ire  au  nord. 

Ainsi,  dans  un  pays  moins  grandiose  mais  plus 
riani,  et  tout  près  de  la  mer,  en  Kabylie,  nous 
avons  les  llhmla-ou-Malou,  ou  llloula  du  côté  de 
rombre.ct  lesllloula-ou-Samer.  ou  llloula  du  cfité 
du  soleil. 

Le  nom  d'Issik  signilie  chaud,  et  eu  i-rfet,  s'il 
na  point  ireflluen!  visible»  ce  lac  n'en  reçoit  |)as 
moins,  en  même  lemps  que  des  lorrenl^  froids. 
d'abondantes  fontaines  chaudes  qui,  dit-un,  Tem- 
pèchent  de  geler.  Sa  nappe,  à  fôOO  mètres  au- 
dessus  des  mers,  peut  avoir  <»5(>  kilomètres  de  tour. 
quoiqu'il  ait  singulièrement  dittiînué,  que  môme  il 
baisse  encore  sous  nos  yeux=^  :  il  a  laissé  des 
traces  à  5U  kilomètres  de  sa  rive,  à  60  mèU*cs  au- 
dessus  de  son  beau  (lot  très  bleu. 

Le  Sîr;  l'Amou,  lOtizboï;  l'Aral-  —Le  ileuve 
que  les  anciens  ap[)elaienl  laxartes,  le  Sihoun  des 
Persans  et  des  Arabes,  le  Sir  descend  des  Célestes, 
sfiécialernenl  de  l'Alalaou  de  l'ombre,  sous  le  nom 


).  Ce  mot  composé  russo  sif^nifit?  les  S*.«pl  fleuves. 
'2.  On  dil   à    tort  :   lac    baik-Kmil.  i;Vst  une   Uulolo^çic, 
le  oiol  imc  koul  viiulaiit  ilire  I;il\ 
7t.  Di:  dt'iix  iiiùlrcii  en  dix  ana  (I8G7-J8771. 


^ 


S94 


LA    TERRE  A  VOL  D^OÎSEATl. 


de  Narîii,  avec  des  eaus  bleues,  cardes  lacs  i^pu- 
renl  h'H  torrents  de  st^s  plateaux,  de  ses  monta- 
gnes. Des  précipices  encine  iiuoniius  le  rnèneuf 
dans  le  bas  pays,  à  la  rencontre  de  la  Hiviûre 
Noire  (Kara-Daria),  puis,  grossi  dVdle.  il  devient 
le  Sir,  <|ui  s'éjiatiche  en  canaux  dïins  le  i'er^lKina, 
jadis  lac;  il  passe  etisuile  devanl  Kfiinljenl.  Itès 
lors,  au  lieu  de  rerevoir,  il  donne  et  il  perd, 
révaporation  le  boit,  les  dèiivntions  1*^  s;n;^'nent, 
et  de  lon^-^s  tril>nlaires  anioirolris  par  le  Jeïn[>s  oui 
cessé  de  l'alleindre  :  lels  sunt  et  le  ïchou  el 
l'Eau  Jaune  (Sari-Sou)  que  de  Tainont  k  l'aval  efface 
la  séelieressiM*!  qui  liriissent  p.'ii-  de  Irisles  marais. 
Pourtant,  au  moment  où  il  va  se  diviser  en  liras, 
il  porte  885  mètres  cubes  par  seconde  en  eau 
basse  et  2r>00  dans  la  nioyenrn^  de  Tannée  ;  une 
moitié  s'évapore  ou  lîltre  en  ruute  dans  les  diverses 
brancbes,  de  sable  en  saJile,  de  palus  on  palus, 
parmi  joni's  et  roseiiux,  sous  le  l'iel  tl'airain;  l'aulre 
moitié  va  jus(|u'à  l'Aral.  Le  temps  approclie  on 
pas  une  seule  goutlelelte  de  son  onde  n'entrera 
dans  le  grand  lar.  pyrec  que  le  damier  des  t:o- 
uau\  le  [>reru[ra  louL  entier  jM>ur  rîniltibitinn  du 
Steppe.  Sa  Imigueur  est  de  2500  kilomètjrs. 

L'Aniou,  eorrmic  ii*  Sîr,  a  2500  kilomètres;  les 
anciens  le  n(»rnmaîeril  i'Oxus  :  c'est  le  lljibouu  des 
Arables  et  des  Iraniens.  Il  «  épojigt*  h  le  Pannr, 
entre  l'Alaï  au  nord  et  rilindou-Koueli  au  sud, 
tous  deux  immensément  et  presque  également 
liauls,  et  à  leurs  vjisb^s  Iriiruis  il  doit  îles  Ilots 
très  al)ondants.  I^lus  grandi  que  le  Sii-,  il  roule  de 
97G  ù  27  4UÛ  mètres  cubes  i»ar  seeondl^  avec  3500 
pour  la  moyenne  de  l'année,  ([uoiqu'il  lui  faille 
aussi  travei-ser  le  Steppe  sans  trouver  en  rbentin 
un  seul  courant  de  renfort;  tous  les  oueds,  de 
droite  et  de  gauche,  meureid  loin  de  sa  rive;  mil 
fûH  d'eau,  niénui  au  fond  d'un  fossé,  ne  lui  porte 
l'bommage  du  Zarafcbari;  ni  celui  de  la  rivière 
de  Merv,  qu'a  cessé  de  grossir  la  l'iviére  d'Uéral, 
incapable,  elle  aussi,  de  forcer  désonnais  le  pas- 
sage du  désert  :  le  Zarafclian,  le  donneur  d'or, 
comme  le  dit  ei^  nom  persan,  soi't  d'un  glacier  ma- 
gnifique, tel  que  les  Alpes  n'en  ont  pas  de  si  long; 
pris  par  les  canaux,  g(  aux  canaux  \iar  les  rigoles, 
il  dispense  l'onde  h  sa  belle  vallée,  et  Tonde  ici 
c'est  de  Tor. 

L'Auiou  coule  en  eau  Jaune;  l'un  des  lacs  dont 
il  émane,  le  Victoria  des  Anglais,  el  malheureuse- 
menl  aussi  de  la  plupart  des  cartes,  est  un  n  Lac 
Jaune  »  (Sari-Koul),  à  V17}tj  mètres  au-dessus  des 
rners;  et,  entre  autres  courants  troubles,  Tun  de 
ses  grands  allluents,  le  Sourgh-ab,  est  un  llol  rouge. 


Sa  charge  d'alluvions,  sa  haute  crue  dans  la  saison 
des  fdns  longs  jours  en  font  un  fleuve  bienfai- 
sanl,  un  réjjai'alenr,  un  \t\  ég;d  en  puissance  à 
Jupiter  des  pluies.  Dans  le  Kharezm  ou  pays  de 
Kliiva ,  sur  sa  gauche,  il  donne  annuellement 
7  milliards  de  nn"'tres  cubes  à  I  OGO  iUlO  hectares 
de  plaines,  grâce  îi  lui  miraculeusement  fécondes. 

Il  est  probable,  presque  sûr,  que  TAmou  coin- 
nniniquflit  autrefois  avec  la  Caspienne  au  moyen 
de  la  non*  de  Kliarezm  cm  Khovarezu»  et  du  long 
lil  loi'Iueuï  de  TOuzboi.  De  la  nier  de  Khovarezm, 
singulièrement  amoindrie  par  la  croissante  aridité 
de  l'.nr.  il  reste  li*  bic-noirals  de  Sari-Kamych;  et 
de  T<lu7.biiï  un  sillon  dans  le  désert,  un  ravin  sans 
herbe  et  sans  onde  souvent  caché  par  la  dune  que 
le  vent  pousse  et  repousse  au  travers  du  Steppe 
implacable;  son  cours,  qui  lui  Je  plus  de  50U  ki- 
lomètres, se  reconnaît  par  endroits  à  des  ruines  de 
kichbks  on  villages.  Ou  a  proprisé  de  ivt.'jbllr  ces 
eaux  anciennes  en  versant  TAiiiou  dans  celte  suite 
de  bas-fonds  interrompus  :  Tœuvre  jteutH^tre  est 
possible,  mais  i\  quoi  bon?  Irriguer  vaut  mieux. 

tjuand  TAmou  courait  à  bi  CaspiiTine,  soit  par 
une  part  <le  ses  eaux,  soîl  sans  en  rien  distraire, 
la  mer  d'Aral  était  réduite  au  seul  tribut  du  Sir, 
ou  à  la  inoitié  de  ce  tribut,  ou  à  moins  encore,  car 
on  croil  que  le  vieil  bixarles  envoyait  à  TAmou  des 
eaux  (tac  le  lit,  existant  toujours  et  fiicile  à  revi- 
vilier,  qu'on  a[tpelte  Véni-Daria.  Celle  mer  devail 
alors  couvrir  une  aii'eplus  peïite  que  l'Aral  actuel, 
si  rnénn^  elle  n'était  jkis,  soit  lenqioraiivmenl,  soit 
périodiquement»  un  chapelet  de  lagunes  oublié 
pnr  les  récits  des  voyageurs. 

llien  qu'elle  absorbe  aujourd'hui  tout  le  Sir  et 
tout  TAnmu.  et  des  ruisseaux  traînants  échappés 
aux  iudeurs  du  Steppe,  In  verte  eï  [mvf  mer  d'Aral 
décruil.  En  ce  nionienl  l'Aral  Iienglii/.,  comme 
disent  les  gens  de  langue  turque,  la  mer  Bleue 
(Siniéïé  More)  des  Russes,  a  1550  kilonu''tres  de 
tour,  0  578000  hectares,  10  ii-  15  mètres  de 
moyenne  profondeur,  68  de  profondeur  maxima. 
l/Ousl-Ourl,  qui  la  sépare  de  la  Casjiienne,  est  un 
jjliiteau  sans  iiabitaiits,  haut  de  200  à  250  mètres, 
lorubaut  en  falaise  comme  uu  causse  sur  la  plaine 
et  sur  les  deux  mers. 


Touraniens.  Iraniens,  Slaves.  —  De  temps 

immémorial  Tourauiens  et  Iraniens  se  rencontrè- 
rent d;iiis  le  Touran. 

Aux  Touranieiis  revient  la  grande  majorité;  on 
sujipose   qu'ils   sont  deux   contre  un   dans  Ten- 


4 


TFRKESTAN   RUSSE. 


305 


il»lo  du   pays,  supêriorilê  <lunl  ^\  \'î\\a\nnv\w  n 
^^e  les  fera  tiéclmir. 

J^inni  eux  il  y  a  d'abi>rtl  560  000  Turcomans', 
l^Ub  exaclernenl  TuirmtiiHs,  Turcs  de  Doin  el  Turcs 

êë     langage*    plus    <)uc 

d*origîue,     car    depuis 

lift  rièrles  qu'ils  tuent. 

briMBt,   volent   el  vio- 

lefll  en  terre  d'Iran,  le 

sang:  iranien,  plus  bodu 

que  le  leur,  n'a  cess^  de 

leur  «Mre  communiqué 

par  les   esclaves  piTsa- 

oes.  De  la  Caspienne  au 

pied  de  niindou-Kouch, 

l'esjwce  sur   lequel  ils 

erraient  avait  l'étendiir 

de  U  Franco.  Ils  errenl 

moins    maintenant ,    ils 

vivent    moins    de    ma- 

rnude  êl  de  meurtre  ;  la 

Kussie    les    tient    dans 

l'immobilité ,    dans    la 

|iaî\.  la  sagi'sse  et  l'in- 

nuceuce  :    la   prise  du 

•  Mamelon  \ert  u  ».  leur 

citadelle ,     l'iK-rupalion 

de  Mcrv,  ont  bris*'  leur 

impétueux  brigandage. 
LAc    nomade»,   foreês    à 

devenir  sédentaires,  ils 

pulroot  des  troupeaux, 

ib   distribueront    l'eau 

%italtf  dans  leurs  jardins 

des  oasis,  au  lieu  d'é- 
d(^    villaf^eois. 
pr    d<*s    Iranien- 
ci  de  courir,  bride 
e.  contre  les  eara- 


Lr^  Kam-Kalpaks  ou 
Dom>els  Noirs,  éga  le- 
nent  Turcs,  ont  cessé 
dtfiiiif  louKlemps  de 
tHOrr  k  |uiys.  Bons 
nnO^um  au  nttmhre  de 
paciSquea  hameaux  sur  le 


r«itiiii4r  kif^liite  en  gniHl  enclume. 
OetsÎB  de  V.  WutneUofT,  û'tprH  une  pliolographic. 


:»O0OOS  ils  ont  leurs 
bas  de  TA  mou  et  les 


I'  Sar  Ua  1  tOOOOO  en\tmn  uuiquel^  ou  cflinit*  toute  ta 
rOD^ntt  en  JUic  nusc.  en  lVr«c  et  dans  les  klionats 
4ê  Bukktn  ci  de  Khiv»' 
t.  Cesl  c  4ur  «iumiticnt  les  mots  turcs  G<pk-Tei)(^. 

Smt  le»  SOU  000  cpi'il  y  a  dans  l'empire  de  toutes  les 


rives  orienlali^s  de  la  mer  d'Aral,  entre  le  turl>u- 

lent  Tiirernène  el  le  Klitrgliiso  obèse,  apathique. 

Les  kirgliises  ou  Kazaks,  nu  nombre  de   deux 

grands  millions,  ainis  du  cheval,  buveurs  de  lail 

de  chamelle  et  de  lail 
de  jument,  se  divisent 
t'ii  (jualre  hordi's  :  ce 
i|ui  d'après  rét^molugie 
signiiie  quatre  camps, 
(lu  irinl  mongol  orrfow, 
(lurdvit,  raiM|iemenl,  ar- 
mée, cour  du  prince. 
r.e  peuple  parle  un  turc 
très  excellent,  mais 
son  origine  est  com- 
[dcïc;  ses  anc«^tres  Tii- 
saiciit  jKirlie  de  la  l'oule 
ftirieuse  que  Itjengliiz- 
Khan  menait  â  la  con- 
quête du  monde.  Chez 
les  femmes,  et  parmi 
les  (f  os  blancs  u,  c'est- 
à-dire  les  nobles,  par 
opposition  aux  i  os 
noii*s  H  ou  gens  de 
petite  origine,  la  plu- 
pari  des  visages  ont 
conservé  l'osseuse  lai- 
deur de  la  race  mon- 
gole.. Avcr  leurs  vingt 
fois  cent  mille  hommes, 
leurs  chevaux  de  pauvre 
mine  mais  de  forte  el 
dendunintc  nature,  les 
Kirghises,  aux  jambes 
nnpiéesâ  force  de  pres- 
ser le  liane  des  cavales, 
forment  la  plus  grande 
niasse  de  chevauclieurs 
bergers  qu'il  y  ait  dans 
le  mondf*.  Trnp  dis- 
loqués pour  être  dan- 
gereux ,  mous,  indo- 
lents d'esprit,  ils  n'in- 
spirent plus  aucune 
crainte  aux  Russes,  qui  déjà  les  enveloppent,  les 
péoélriMil  :  aux  lieux  ou  ces  Asiatiques  sont  le  plus 
en  contaet  avec  les  Slaves,  beaucoup  us**nl  com- 
munément du  russt*,  même  entre   Kirghises. 

buutres  Tourniiiens  turrs.  les  ôrtOOOO  U  400  000 
Bourouts  s'appellent  aussi  les  Kirghiscîs  Noirs,  el. 
de  fait,  ce  sont  de  vrais  Kirghises,  avec  un  bon 


396 


LA   TERRE    A    VOL    iroiSKAU. 


langage*  (iiiT,  vivunl  dniis  los  ApivUs  et  les  froi- 
dures (i(»s  Motils  CiMostes  au  lieu  de  galoper  dans 
In  gramk'  (ihiiiie  du  Steppe;  le  sang  mongol  les  a 
inodiiiês.  A  fille  d'eux,  entre  eu\,  viveïU  leurs 
cousins  Kaluiouks  <|ui  hahilaient,  il  y  a  eeul 
vingt  années,  les  sables,  les  argiles  de  la  basse 
Volga,  el  qui  reprirent  en  1771  le  chemin  Je  l'Asie 
centrale  :  ce  lui  une  odyssée  lnigii|ue,  niais 
tous  ne  i>èriroul  [tas  en  roule,  el  bi*aucoup  de 
leurs  arriéi'e-petils-fils  ont  aujourd'hui  les  Thian- 
Clian  pour  séjuur. 

Les  Ouzbegs,  Izliegs,  Kuzbegs,  uti  inilliuti,   par 
à  peu  pi'ês,  avaienl  i'enipire  avant  rarrivêc  des 


années  du  Isar  blanc,  et  l'ont  oncore  du  semblenl 
luvtjir  dans  les  Elals  non  ourore  fonuelleinenl 
annexés  à  rénoruie  bloc  des  Russies.  Leur  dialerle 
turc,  Toui^our  vu  djiigalaï,  est  ini  turc  parfait, 
plus  turc  (|ue  rosniaiili  d*^  Conslanlinople  et  d'\- 
iiatolie,  mais  leur  san^î  n'a  pas  l'unilê  de  leur 
langue,  ay;iiil  été  modifié  de  siècle  en  siècle  par 
<les  éléments  mongols,  et  plus  encore  j)ar  les 
femmes  iraniennes  que  les  Tureomans  traînaient 
sur  les  niari^hés  de  Khiva,  de  Bokhara,  de  toute 
ville  cafïable  d'acheter  à  beaux  deniers  des  gar- 
çiins  foj'ts,  des  (illes  gracieuses;  puis  les  Ouzbegs 
n'ont  cessé  de    s'unir  avec  les  familles   plus  ou 


La  masquée  <Ie  Uazrct,  à  Tuikcslan.  —  Dessin  de  Taylor,  d'apr6s  une  pliolu^'rapliic. 


moins  ijer^anes,  plus  ou  uuàns  mélisses  qui  peu- 
plent leuj-s  cités  en  gvnnd  nombre. 

A[H'ès  avilir  si  longleujps  roniniMudé  sur  le  Sir 
et  l'AïJiou,  hal*ilués  à  dire  :  m  Je  veux  »  et  à  voir 
le  sang  couler,  les  Ouzbegs  pourraient  être  mé- 
chants, efjrronipus;  ils  m;  h^  sont  point,  en  cela 
senddal>les  a  toute  !n  bomie  race  des  Turcs,  qui  est 
lourde,  mais  sérieust^  droite,  [)artout  intimement 
simple  et  rustique. . 

Les  SîU'les,  citadins  du  ïurkestan,  roulent  deux 
sangs  dans  leurs  veines;  il  y  en  a  bien  peu  qui 
n'aient  à  la  fois  desTonranienset  des  Iraniens  parmi 
leurs  ancêtres,  éviileinnienl  plus  de  ceux-ci  que 
de  ceux-l.i.  Ku  vertu  de  leur  qualité  de  bouti- 
quiers, de  (ommerrnuts,  ces  chiens  jaunes'  n'ont 
vraimi'ut  ni  tiiilionalité,  ni  type  ferme,  ni  langue 

1.  Comirii:  liit  le  jeu  de  iiuiU  kirglnet;:  Hari  tt. 


pi'opre;  cosmopolites,  ils  tissent  leur  tuile  pour 
prendre  le  client;  ici  le  turc  sort  de  leur  bouclie, 
là  le  persan. 

Sous  le  nom  de  Galtcbas,  leurs  demi-frères  les 
TadjiksS  autrement  dit  IVrsans, occupent  en  corps 
de  nation  h*  Pamir,  et  en  général  le  »  Kobi 
slan  '  i>  ou  les  Montagnes,  sui'  l'Auiou  d'en-liaul 
el  sur  le  Zarafchfin  ;  ils  y  font  honneur  à  la  >ieille 
race  d'Iran  par  leur  taille,  leurs  traits,  leur  pr<v 
bile,  leur  vivacité  dVspril.  l)aiis  la  plaine,  où  l'on 
en  rencontre  beaucoup,  tant  parmi  les  trafiquants 
que  parmi  les  ninilres  du  soi,  on  admire  leur 
barl)e  du  [ilus  beau  noir,  leur  visage  mille  et  gra- 
cieux* mais  on  y  redoute  la  souplesse  de  leur 
conscience. 


%  Lu  II  lui  l'cisun  siguilie  : 


coiaMiniés. 
pays  des  montagnes. 


Tl'HKESTAN    MISSE, 


Ou^iut  aut  Russes,  nouveaux  tenaiicitM*s  ilu  Toii- 
reii.  ritiiini^rntiun  au^miciite  nipideiiiriit  liMir  tmiii- 
htr  :  on  dit  que  vingt  à  Ireiili*  niilk*  Sl-ives  vien- 
rw'iil  cliaquo  anmV  renlon-er  la  jeune  llussie  du  Tur- 
kesUn.  mais  aucune  com|jnri)isun  de  recensements 
04?  nous  appreml  eneoi-i?  ce  que  ce  cliirTre  peut 
avoir  d'ciagorê.  Ces  colons  sont  envoyés  pnr  tous 
les  gou^eniemenls  essaimants  de  Grande  ou  de 
iVIilir  Itus^ie.  Tclieniigor.  Koui-sk,  f>reJ-  Tnmimf. 
Vorwni^ge,  Saralaf,  &»man.  IVrni,  Uufa,  et  piir  la 
Sil>érie  de  Tlrlych-Ob.  Nul  doute  que  le  «  Mosco- 
vilc  •  De  ivstoure  par  l.i  pai\  civile,  le  boisement, 
l'irrigation  surtout,  ce  vaste  pays  qui  jadis  avait 


1    plus  d'Iiiihilants  diuis  <h'  pfirs  heaux  jardins.  .<  Au- 

I     trefuis.  ilil   l;i  Ir^eiuie,  un  ch;*t  |Huiv;iil  s;iu(er  de 

loît  on  loi!  depuis  Tclienikenl  jusqu'il  l'Anil.  » 

j  Villes.  —  Il  y  a  reut  nïille  âmes  à  Taclikent, 
I  In  capitale  du  Turkestan  nisse,  et  parmi  ces  cent 
I  mille  les  Sarles  dominent.  Taclikent,  sur  un  sol 
qui  tremble,  borde  les  canaux  tirés  du  Tchirkhik. 
afriuent  de  droite  du  Sir  que  la  terre  et  l'air  boi- 
vent longtemps  avant  (pj'il  arrive  au  Jlcuve.  Ville 
déjà  très  fiere  de  son  rang,  elle  n'en  est  pas  moins 
faite  de  briques  cuites  au  soleil,  comme  les  plus 
morues  ksours  du  Sahara. 


Chl«MU  ifune  i^ole  inosiiliiianc  i  IViktaan.  (Vuy.  p.  300.)  ~  D«i5in  de  Bon)al,  d'après  une  ptiolO|;niptile 


inde  (50000  liab.)  est  à  655  mèlres  d'al- 
litade.  ilans  l'antique  Sngdinue,  qui  tenait  son  mirn 
da  Sugd,  notre  Zarafclian,  au  sein  d'une  vallée  dëli- 
cieuM*.  nus  d*k  moitié  ladjike,  elle  régna  surTem- 
ptti*  de  Tani**rlan,  Texterminateur  boiteux;  r'vil 
€9  conquérant  de  race  mongole  qui  lit  du  turc 
k  gnndc  langiir  de  TAsic  oentmle  :  il  le  choisit 
idiome  impérial,  au  lieu  <]e  son  langage 
Bid,  et  du  pepsm  que  parlaient  ses  provinces 
le»  plu»  riches  et  les  plus  policées.  Il  ne  reste  à 
in'Jinde  ipie  des  cuupoU^.  des  minarets,  de 
eriies  ruines  île  l'ère  tiimerlanesipje.  mais  la 
«alU«  ftif^rieure  de  sa  rivière,  le  splendide 
ItolitatAn,  peut  redevenir  l'un  des  paradis  de  la 
Ttrre. 
Ao  sud  du  *>8'  degn*  de  latitude.  c*est-i>-dire 
même  soleil  que  la  Sicile,  ujais  sous  un 
0    lUBa.e».  L*  Imut  a  vol  b'uiS44i. 


tuul  autre  climat  dispensant  à  la  fois  des  vents 
d'aigre  froideur  el  de  fournaise  êlourfante.  une 
ville  est  assise  entre  les  Sables  Noirs,  à  270  mètres 
d'altitude,  sur  te  Mour^^b-ab;  elle  connaît  les  cha- 
leurs de  i.i  déférés  à  l'ondjr'e.  et  aussi  le  tapis  de 
neige  de  dri-euibre  et  lie  janvier  ;  c'est  Merv,  plus 
célèbre  <|ui*  riclie  et  belle. 

Merv  la  turcomanc  vient  d'ouvrir  sa  porte  au 
Husse,  apivs  l'avoir  lon;;tenqis  bravé  sous  la  pro- 
tection d'un  désert  qu'elle  pensait  infi*anchissal)le. 
Cité  fort  antique,  elle  fut  au  moyen  âge  une  autre 
Samaivande,  une  autre  itokb:ir;i;  des  étudiants  de 
toute  langue  y  venaient  étudier  en  arabe  ce  que 
li's savants  musulmans  avaient  traduit  ou  paraphrase 
de  la  s^'ienre  greripie.  Très  peu  seit-ntitique  au- 
jourd'hui, point  industrielle,  elle  n\i  plus  que  la 
ferlililé  de  son  oasis,  fameuse  en  Iran  comme  en 

38 


m 


LA    TEKIil-    A    VOL    It'OlSKAl 


Tournn.  O  ^*  jardin  d'Orient  »  lioil  In  vit*  aux  euux 
d'iiiver  du  Mour^^h-Jtli,  dr  loin  vejui  :  fmili's  dt' 
neigo  ou  crui*s  d'oragi*.  le  lt>nviit>  alors  ^mmiuI  el 
rapide,  s'arrote  cK^rrièn*  une  digue,  ei  42*>,  sinon 
450  kîlunièlres  de  canauv  te  distiibueal  sur  les 
meil  leurs  sols  du  li*rri(oire  niei'vietj ,  qui  a 
557  GOO  hectares  avec  "250  000  hommes. 


Bokhara  et  Karatéghin.  —  Au  Turkeslan 
rus^e.  au  Touran  soumis,  louche  un  Turkeslan  <lil 
indi'[»«!ndui)t.  mais  il  ne  l'est  pas  puii^qu'il  obéit 
au  diMje^let  à  l'oeil  quniid  le  (Mir  blanc  commande, 
lioukkijra  el  Kliiva  savent  que  leurs  klians  '  sont 
des  Uians  fainéants. 

Attentive  niaicitenanl  i\u  moindre  ?i^ne  d'un  sul 
tan  kafir',  Bokhara  fut  le  n  haut  pilier  de  la  fi)i. 


Giuietiére  musuliuiii,  è  Kltiva.  —  Dc&titi  de  II.  Ucr^'cl,  d  après  une  phuto^rapliic. 


le  naird)e:in  de  l'Islaui,  le  siège  des  éeuh'S  musul- 
manes réjinlèes  les  pins  savantes,  eu  même  temps 
qu'une  ville  de  commerce,  un  rendez-vous  de  ca- 
ravanes, nue  piiiss^nde  nii-Mra[inh'  avec  cannux 
ombragés,  jardins,  vergers,  villns  sortiplueuses. 
(t  Sur  le  sol  sacré  de  Bokhara  et  de  Sfimarcande» 
on  devrait  marcher  mm  sur  les  pieds,  mais 
sur  la  l^te.  0  Uni.  ville  de  7OO0O  hab.  dont 
50000  Iraniens.  la  «  Cilô  des  (enrples  >*  a  |hm<1u 
la  force  de  ses  murs  et  la  splendeur  du  sot»  oasis. 


L'opulence  <le  Samarraride  Tail  su  pauvreté;  plus 
la  reine  du  Kohisdm  saigm*le  «  distributeur  d'or  r, 
moins  celte  vivifuinte  rivière  verse  d'eau  dans  le* 
ariks  ou  canaux  sans  lesquels  il  faudra  que  Bo- 
khara int'ure.  Malprojn-e.  malsaine,  connaiss^uil  sa 
chute,  voyant  ses  ruines,  tristement  assise  au  boni 
des  canaux  larissants,  Bokhara  n'est  [ilus  l'asile  de 
la  science  arabe  —  d'ailleurs  quand  la    science 

t.  ChetV,  iiMHiarcfU^s. 
*i.  \u\[nt\  iiua-nui^utnion. 


500 


l\    TKRRK    A    VOL    D'OISEAIL 


arabe  y  lirillaif  comme  un  pharo,  ses  savants  êlaieiit 
des  Iraniens-  —  Lns  enfniils  de  sns  tVoles  passenl 
Iflin's  nnniVs  d'ntjrnre  A  ps.iinunlit'r  en  n.isillant  les 
versets  (I'uïi  livre  ni';il)e  que  souxettl  ils  ne  cuni- 
prennenl  pus,  le  Conin,  dicté  |wir  IHpu.  En  mi^me 
temps  f|ue  l'onde  ci*sse  d'^uriver  aux  ariks,  les 
sabli's,  délivrés  du  stksiioul»  niai'clteid  t'ii  dunes  à 
la  reiiconlre  de  lîi  ville,  menaeée  de  <!orniii'  un 
jour  snus  les  collines. 

Son  khaual,  iiuquid  on  donne  23  900  000  hec- 
tares el  *2tr»0  000  iifd).,  comprend  deux  régions 
disseniidiibh's,  niéiiie  coidj'.'iires  ;  au  unrd-ouesl  le 
pays  de  Bokhiira,  où  les  Ouzbegs  dominent,  où 
r^gne  la  pbiitie,  insalubre  au  boi'd  de  l'Amou, 
aride  loin  des  canaui,  et  qui  semble  eoudanuiée  î\ 
mort  par  l'implacable  déroulement  des  dunes;  au 
sud-est  le  Knratéj^bîri,  qui  esl  un  superbe  n  kolii- 
stan  )).  ruisselant  d'eaux,  diapré  de  gazons,  capable 
de  luxuriance,  ayant  pour  bergers  el  pour  Jabou- 
reursdes  hommes  de  langue  persane,  des  Gallchas. 

Khiva.  —  L'autre  satrapal  de  la  Russie»  le 
khc'uiat  di*  Kliiva  ou  pays  de  Klinienn,  lonfft*  la  livc 
p^auflie  du  bas  Aniou  :  ou  sujijïose  que  500  000  ou 
700  000  hommes  y  viverU  sur  5  780  000  hectares, 
ou  plul(>t  sur  les  lôrfOO  kiloméli-es  carrés  qu'ini- 
bibenL  les  canaux  retiqilis  par  le  lleuve  avec  une 
générosité  prodigue. 

Il  n'est  j>as  de  plus  belle  oasis  que  le  jai'din  du 
Kbare/m,  assiégé  pnr  les  Sables  Noirs  au  sud,  et, 
de  l'autre  eôlé  de  l'Amou,  par  les  Sables  Ibuiges; 
pas  d'ombre  plus  frairbe,  entre  lesiléserts  ardents, 
que  celle  de  ses  arbres  vigoureux,  trempés  au 
pied  i*n  lonto  saison  ]y.\v  l'eau  tirée  du  Tcliingberit 
Et  de  ringrik.  qui  sont  les  deux  canaux  maîtres. 
Bien  distribué,  TAmou  pourrait  renouveler  tous 
les  ans  la  jeunesse  de  0  ôOO  000  hectares. 

La  misérable  métropole  de  ce  klianal  condamué, 
Khiva,  peuplée  iTOuzbegs  el  d'Iraniens,  devait  sa 
richesse  à  l'excellence  de  son  oasis  el  h  son  niarchê 
d'esclaves  arrachés  de  leurs  foyenj  persans,  mais 
on  ne  vend  plus  d'hommes,  de  femmes,  de  ïilles 
dans  ses  bazars.  Drusquemeut  éveillée  de  ses  rêves 
par  le  canon  des   Russes,  la  cité  royale  est  re- 


tombée dans  l'indolence  orientale  :  (risie,  endormie 
dAns  so[i  fanatisme,  elle  fut  pli]t<>t  qu'elle  n*esl. 


Turkestan  des  Afghans  :  Badakchan,  Koun- 
douz,  Ehoulm.  —  Au  pied  de  l'Ilindou-Kouchou 
ilaurase  irulien»  snrdesïib'  cmuMut  vers  la  rivi' 
g.'inrbi'  de  l'Auiou,  un  million  dtiMnmies  4>béitatn 
Afghrins  ou  Pouclilous.  peuple  grossier  qui  vit 
deri'ière  ce  nn>me  Hindou -Kouch,  sur  des  liants 
plateaux  <jue  l'hiver  chargo  de  neiges. 

Ile  même  que  dans  le  reste  du  Turkestan,  ce 
million  d'Asiali<[ues  sort,  ou  de  la  source  ini- 
nienne,  ou  de  la  touranienne  ;  à  l'est,  dans  la  mon- 
tagne, au  versanl  du  Tamir.  on  est  bel  el  bien 
Tadjik  el  l'on  s'exprime  en  ua  persan  pur,  ar- 
chaïque; h  Touesl,  plus  le  mont  cède  à  la  |»l3ine, 
[dus  les  Iiirrenls,  nés  <le  crêtes  moins  neigeuses, 
s'arrêtent  loin  de  l'Amou  qui  devrait  les  engloutir; 
plus  aussi  le  sang  turc  domine. 

Aiîïsi,  le  lîadnkclian,  «[ui  voit  à  son  orient  \c^ 
talus  du  l'amir,  est  entièrement  iranien;  ce  1res 
beau  pays,  fï-aîcbe  «  Tempe  d,  touche  au  bassin  de 
riudus,  mais  c'est  ici  que  les  Titans  auraient  dû 
poser  mont  sur  mont  :  niiiidou-Koucli,  qui  le 
sépare  de  l'Inde,  barre  à  de  telles  hauteurs  l'horizon 
que  ses  deux  grands  cols  s'ouvrent  a  4800  el  à 
5IO0  nu4res. 

A  Touest  de  celle  contrée,  dans  le  Koundouz, 
les  Ouzbegs  l'emporlenl;  on  ne  retrouve  plus  ici 
lo  ruissellement  des  vnix^  la  pive  verte,  l'ombre 
dense  de  l'heureux  Itadaki'han,  et  la  rivière  irri- 
guante, venue  du  Hutieux  col  do  Damian,  sèche  en 
chemin. 

Plus  sec  encore  est  le  Khoulm,  à  l'occidenl  du 
Koundouï;  le  Khoulm  fut  la  Haclriatie,  où  ré- 
gnait Hactres»  la  très  antique  cité,  rOum-el-Hled 
ou  Mère  des  Villes,  disent  les  Aroi»i*s  :  effacée  du 
monde  par  DjengluK-Kban,  pourvoyeur  des  char- 
niers, Bactres,  aujourd  but  Dalkli,  la  Mecque  de 
Zoronstre,  r/esl  qu'un  inbirmc  amas  di^  briques. 

A  Touest  du  Khoulm.  l'aridité  du  S(d  augmente, 
la  montagne  du  Sud  est  plus  basse,  l'eau  plus 
courte  :  on  approche  des  Grands  Sables  Noirs 

1.  Rivières,  lorr^nls. 


i 


CAUCASIK. 


5UI 


Vallée  de  l'Iiieoue.  —  I^estin  île  Taylor,  d'apr^j  uiic  pliotographie. 


CAUCASIE 


Le  Cancase  et  i'Antî-Caucase.  —  Lo  Caucase 
n*ss<^mblr  à  des  ï'yiYnét's  danl  le  Kouban  serait 
l'Adour.  doni  la  Roura  seniii  l'thiv. 

P^n'Dôes  bien  plus  hautes  qu<*  les  ix^tres,  sépa- 
rant. UQii  pns  (li'ux  pys,    mais  doux  |>.'irlif.s   du 
monile,  ti  qui,  pnitiiiit  de  Biarritz  avec  une  nulie 
orientation  que  nos   monts    franco-espagnols,  ne 
s'achèveraient  qu'entre  Sardaigne  et  Sieile,  longues 
ainsi  de  1200  kilomêlre**,  les  Pyn^niVs  n'en  aynnl 
que  430.  Mais  la  largeur,  100  à  200  ou  2riO  kilo- 
-  fïlrlr»*s  en  une,  deux,  Irois  el  juscm'à  quntn'  arêtes 
pamllèli'ï,  ne  dfp.'isM'  pas  beaiU'i.iu[)  rell**  des  monls 
I    hi»|wno-rrnnç3iîs  qui,  comme  on  le  sait»   st?  rami- 
^^cnl  flirt  loin  au  sud  en  F>pa^e.  dans  TAragon  et 
^^Vftoul  diinfi  la  Catalogne. 

Le  coueliaol  de  celle  chaîne  orienlêe  lUt  notd- 
ouest  au  sud-*^l  diffèr-e  en  tout  de  son  levant.  Le 
Caucase  ronnnence  on  dos  lieux  riverains  à  la  Ibis 
de  1.1  mer  .Noin»  et  de  la  mi»r  d'Azof,  à  la  presfpi'ile 
Taman.  rêlêbre  par  plus  de  cent  volcans  de 
ne.  dans  uu  pays  ntoins  fait  de  »ol  ferme  que 
et  dVtings.  I)e  ces  platitudes  .lux  déniés 
rial,  commaudi^s  par  le  Ka/.bek  trachytique 
(&0(?»  mMrcs)  où  penchent  huit  glaciers,  la  mon 
lagni*  e^i  étroite,  cinq  h   dix  fois  plus  mouillée. 


beaucoup  plus  neigeus(*  qu'à  l'est;  elle  a  plus  de 
névés,  de  champs  de  glace,  de  pi-ands  et  violents 
torrents»  têtes  de  l'Ingour,  du  Uîou.  du  Kouhan. 
du  Terek,  c'est-ii-dire  des  niaMros  fleuves  cauca- 
sietïs,   minns  la  Kouni. 

Mais  là  ménie,  en  cel  occident»  entre  des  pics 
de  noble  fr>rme,  n\i  bas  des  plus  vastes  neiges,  au- 
dessus  de  bois  comme  les  Alpfs  n'en  ont  pas 
d'aussi  touffus,  et  d'où  peut-être  nous  reçûmes  le 
noyer  et  le  c^p  de  vigne,  là  même  le  Caucase  n  a 
ni  beau  lac  ni  teirible  cascade;  et  les  glaciers  y 
reculent,  soit  ttMnporairenienI,  soit  pour  foojuui-s, 
en  vertu  de  la  dessicc^ition  progressive  du  cenlie 
de  l'Kurope-Asie.  Si  r'esl  In  nature  qui,  fidèle  h 
tjuel([uc  loi  cosmique,  dévore  i(*i  la  glace  <>  éter- 
ludh'  n.  nous  n'y  pouvons  rien;  ruais  pounjuoi 
l'homme  y  viole-l-il  la  magiiifice?»ce  des  forêts: 
nulle  pari  il  ne  provoque  autant  l'avenir  par  les 
iîtqiiéiés  du  déb*)isenietit. 

Dans  celte  moitié  de  la  chaîne,  sur  un  contrefort 
au  septentrion  de  l'arête,  se  dresse  IT-ilbrou/.,  la 
llrinière  de  glace  ',  vieux  volcan  maintenant  froid 
et  nmet.  Ik»  par  ses  5602  mètres,  c'est  le  géant  du 

I.  Elbroui  Mt  la  corruption  d'Yal-bAUf,  mot»  turcs  ai^ntilianL 
1»  Crinière  de  ^\nce. 


^02 


l\    TFRRR  A   Vot.    h'OÎSFAr. 


F 


("niicasp,  et  aussi  celui  tie  rKiii'o|M'  :  iUi  niuins 
pour  reux  tjut  lu?  rognïtlerit  pus  Ip  Coucasie  comme 
rûi'llemt^nt  st'-pan^  de  nous  pin'  (1rs  plainos  livs 
basses,  en  nit^me  temps  que  lié  reellenienl  ;*  l'Asie 
par  li's  masses  de  rAiili-(*cUieiisc. 

Sur  la  gorf:e  du  Dniiiil  ou  |N>rle  du  (laiiease, 
Via  Main  sublime  (juc  gravit  en  seppeulaiit,  le  long 
du  naissîitïl  Têrek,  la  route  d'Europe  h  Tiflis  en 
Asi*',  il  toird)e  déj:i  trois  rt>is  moins  d*e;iu  que  snr 
les  crtMes  voisines  de  riliixin  ;  el  désonnais,  vers 
le  sud-Gst.  Ifl  pluifî  dimirnie,  el  aussi  les  frimas, 
encore  plus  l.i  verdeur  4'1  rèpriisseiir  des  forêts, 
laiidis  que  le  Caucase,  devenant  beaucoup  plus 
large*  se  brise  en  un  chaos  puissnnimrnl,  profon- 
dêtiieril  sculplé  pnr  les  luétéon-s  :  c'est  là  le 
biiKlH'î^ttin,  duni  le  tunu  linvo-]M*rsau  veut  dire  le 
Pays  des  Montagnes. 

Des  liants  [)ics.  des  .naiil-nunit.s  du  Daghestan, 
l'on  \oil  a  tvea  pieds  tn  Caspienne;  la  luvstpi'ile 
d'Apclièron  qui  a  des  sourees  de  pétroh^  niiracu- 
leuseineiit  abondantes,  des  l.ingues  de  feu;  et  la 
n.qdileiisi'  el  biluniineuse  îkikou,  la  ville  sans 
iinibre,  entre  tous  les  vents,  sous  toutes  les  pous- 
sières. Ici  le  ciel  est  d'airnin  :  *J52  rnilliniùlres  de 
pluie  par  ;ni,  conlj^e  iiôlJS  h  Koulaïs,  et  ZOOiK 
nu^rne  40Û0»  sur  de  hautes  croupes  du  fflucase 
d'occident,  Hans  l'intêrieui",  entre  les  chaînes  de 
l'Atiti-Caucase,  la  vraie  manne  du  ciel  est  encore 
plus  rare  i\nh  lîakou:  lélizaveTjiol  ne  reçoil  que 
509  niillimèlres.  el  Aralikh,  au  pied  de  TAraral, 
152,  séclieresse  saharienne.  On  conçoit  que  dans 
un  air  teUeuienl  aride  la  zone  des  nei|;esd'indéluiie 
durée  corninenre  fort  haut  sur  le  mont;  aussi, 
malgré  rincoiiiparablernent  plus  gnuide  humidité 
des  \ei5anls  d'entre  Darial  el  mer  Noire,  In  ligne 
de  persévérance  est-elle  en  moyenne  Lieti  plus 
élevée*  à  liane  de  chaîne  dans  rensenible  du  Cau- 
case que  dans  les  Pyrénées,  la  uiorifagne  d'Kurope 
qui,  Kous  les  mêmes  I.Mliludes,  lappelle  lenn'euï  la 
sierra  fendue  par  le  TéreL 

Avecl'Mlbrouz  et  le  K;*iîbek.  les  pointes  les  plus 
Ij.tules  et  les  [dus  belles  du  Caucase  sont  le  Koch- 
tan-laou  (ii^i  1 1  mètres),  le  lïikh-laou  (5158  mètres), 
l'tlucbba  {hiï'21  mètres),  lermiiié  par  deux  pics 
d'une  indescriptible  beauté»  et  le  Tclnould,  sem- 
blable à  la  Vier^r*'  *n\  Jun^Trau. 

Au  midi  du  (!auease,  (les  nrassifs  qu'on  a  nommés 
rAnli-Caucase  voul  se  n(Hier  îiux  UTailles  monla- 
gneuses  d'Arménie,  de  Perse,  d'Asie  Mitteure.  (in 
y  distiri^^ue  TAboul  (Soil  mètres),  ancien  volcan 
qui  régne  sur  un  lugubre  plaleau,  prés  de  la  Koui^a, 

1.  Ho  000  aièfrcs. 


ftenlue  4Ïans  les  laves;  TAla-Gûz  (ilOO  mètres), 
autre  volcan  mort»  jadis  grand  vomisseur,  entr** 
des  aflluenls  de  l'Araïe;  et,  plus  grand  que  tous 
l'Araral  (5172  mètres),  volcan  vivant,  au  sud  de 
l'Araxe,  toul  au  bout  de  la  (Caucasie:  mais  la  Cflu- 
casie  no  pas  fini  de  graiulir. 

Le  Rion.  La  Koura  et  TÂraxe.  —  Le  Caucjisi^ 

tneidenlal  di'pé(  lie  A  la  mer  Nuire,  ici  très  pro- 
foiule',  d'abord  les  courts  lurronls  de  l'Abkhnzie. 
puis  ringour,  leltion,  le  Trhoroukb. 

Les  torrents  de  l'Abkiïazie  tombent  à  la  mer 
jdulôt  qu'ils  n'y  coulent,  tant  l'abrupte  sierra, 
pleine  déneige,  fouctlêo  de  pluie,  est  proche  de  la 
1res  opulente  rive  marine,  de  doux  cHiuat.  mais 
ti'op  mouillée  el  liévreuse. 

L'Ingour  tire  beaucoup  d'eau  de  sa  monlagiic. 
glaciei's  et  névés  vers  la  cime  et,  au-dessi»U5,  pro- 
l'oude  (brél  sous  un  ciel  chargé  de  nues  ;  des  cirques 
d'en-liaut  il  passe  à  la  vallée  d'en-bas  par  80  kilo- 
mèlres  de  délîlés  teri'ibles,  larges  de  îi  h  10  nn>lres 
seulement  cjilre  les  roilu^s  sintd*res,  les  granits, 
les  schistes,  avec  arbres  penchés  à  2(;0,  iOO  inè- 
Iros  snr  ta  noire  horreur  du  précipice. 

Le  Rion,  jadis  Phase,  ilans  la  Mingi*élie,  jadis 
Coirhïde.  est  un  grand  ïngour  qui  nail  en  des 
champs  de  glace  immetises,  rugit  dans  des  gorges, 
puis  se  tait  dans  des  plaines  palustres  et  finit  par 
un  fielta,  près  <lu  fiort  de  Poti  dont  ses  allnvions 
encouibreul  de  plus  en  plus  les  abords.  Il  tombe 
tant  de  pluie  tiède  et  libre,  el,  sous  forme  de  neige. 
tant  de  pluie  froide  el  cristallisée  dans  son  bassin, 
qu'î'i  l'issue  de  moins  de  IGOOOOO  hectaivs  il 
amène  h  la  mer  500  métrés  cubes  par  seconde, 
on  prétend  même  ÎÏ67  (?). 

Le  Telioroukii  vaut  prestpie  le  Piion,  parce  que 
le  Lazistan,  son  beau  pays,  vaut  presque  la  Min- 
grélie  par  rcxcessive  Inmiidité  des  montagnes: 
il  s'achève  dellaïquement  près  de  Baloum,  porl 
meilleur  que  Poti. 

Ïngour,  Rion,  Tchoroukh,  font  leur  voyage  en 
teiTe géorgienne  ;  la  Roura.  plus  longue,  el  tournée 
vers  l'horizon  d'orioul,  est  géorgienne  aussi  dans 
son  cours  supérieur,  puis  turque  jusqu'à  la  Cas- 
pienne; son  grand  afihienl»  l'Araxe,  d'abord  anné- 
nieu.  devient  égalemeul  turc  :  il  s'agit  ici  de  hi 
lajjgue  parlée  sur  le  bord  de  ces  rivières,  et  non 
du  peuple  qui  y  domine  politiquement. 

La  rivière  que  les  Géorgiens  nomment,  dure- 
meid,  dans  leur  langue  dure,  Mtkvari,  lu  Koura. 
prend  ses  sources  en  Anli-Caurase,dans  le  pajs  de 


30  i 


,A    TKKIU':    A    VUL    li'OlsK.V i:. 


Kai*s.  à  TyiÙd  métros  au-dussua  des  mers.  Klle  tte 
lord  (laiis  les  entrailles  du  phitciiu  volc.'iiiiqutî  oii 
comimindt*  l'Abuiil,  puis  s'abnissi*  d<*  Hîô  irit-tres 
par  ut»  escaliiT  d*»  rapides  et  de  sauts.  Des  ;^'l.n'.es 
du  Caucase  elle  reçoit  plus  d'eau  <pie  de  ses  iium- 
lagiies  nalales;  siiuf  les  très  hautes  cioiipen  et 
crêtes,  son  bassin,  air  ei  si>l,est  d'une  telle  s^'cbe- 
resse,  liinl  de  canaux  lui  prennent  son  onde  et 
celle  de  ses  aFIluents  (]ue,  nit^me  unie  â  l'Araxe, 
aussi  jtîrand  qu'elle,  la  Koura  ue  jmrte  pas  plus  tle 
194  niêlres  cubes  par  seconde  en  leittps  dï'tiage» 
et  67r>  clans  la  moyenne  de  l'ann<^e.  probîiljleitieiil 
mains  qm*  le  llinn  duiil  la  citnquii  est  tlix  l'ois  pltis 
petite  :  pourtant  elle  êrniile  un  leiriblt^  hérisse- 
ment monlîiffiieuTc  aver  des  pics  égaux  ou  supé- 
l'ieurs  au  Mont-ltlane.  UiiiM'jue  Ilot  impur,  entre 
jaune  et  rou^j^e,  la  Koura  n'a  pas  assez  di*  puis- 
sance pour  diminuer  rapidement  le  lac  Caspien  : 
en  Irenle-lrois  ans*  elle  n'a  gagné  sur  lui  <(ue 
15501)  tiectares.  soit  en  ntoyerini^  -iUO  par  an. 

Jadis  elle  niarebaîl  seule  à  ta  mer,  sans  l'Arase 
alors  indépendant,  et  qui,  dil-un,  tend  à  le  rede- 
venir en  se  pnriani  à  droite,  relui-ci,  lils  des 
plali'aux  arméniens»  a  ses  suurres  sur  le  Din;L,'ô|- 
dagh  ou  monl  des  Mille  funt»;  connue  hi  Kunra, 
de  noirs  défilés  IVtran^lenl;  rivière  haikane  "*  ji;ir 
excellenee,  i!  ]Ki>se  au  pied  de  TArarat,  muni  pai' 
excellence  haïkane;  el,  plus  bas,  dans  le  pays 
d'Ordoubad.  ih desrend  <le  quel()ue  ÎOO  métrés,  de 
ehute  en  chute.  Il  s'njiit  à  la  Koura  dans  les  ari- 
dissimes  stoppes  de  Mougnn,  campagne  fauve,  tei- 
gneuse, jaunoyante  el  poudroyante,  que  l'irriga- 
lion  ferai!  Ilenrir.  l'n  de  ses  alllurnls  de  gauche, 
la  Zfinga,  rivière  d'Erivan,  lui  conduit  pendatil 
l'estivale  fusion  des  neiges  le  tribut  du  (.iok-Tcliaï, 
ee  qui  veut  dire  en  lurc  l'Kau  bleue.  Ce  lac  de 
157  000  hectares,  de  ttt)  mètres  de  pniloiideur,  le 
Sèvauga  des  Arméniens,  n'a  [kis  d"éotmlement  pen- 
dant les  mois  froids  de  launée  —  mois  tristes 
encore  plus  que  glacés  a  cette  altitude  de  1032  mè- 
tres, enîj-e  les  |»oj'pliyres,  les  laves,  le  gj-is,  le 
rouge  el  le  noir,  sans  pelouses  pour  la  vèture  des 
roches,  sfuis  forèl  [H»ur  tes  mélodies  du  vent;  le 
vert  manque  à  Tliarmonie  de  l'Eau  bleue. 

Climat.  —  Celamrdu  5sévanga  l'eflélanl  un  azur 
avec  de  blanches  neiges  sérail  urte  coupe  merveil- 
leuse si  les  bois  el  les  gazons  attendrissaient  sa 
grandeur»  mais  le  Gok-Tebaï  dort  sous  le  ciel  le 
plus  sec  de  rAnli-Caucase.  Quelle  Traicheur,  quelle 

1.  1820-1 86'i. 

2.  C'est  à-dire  arménienac. 


diuieeur,  quel  élei-nel  renouveau  des  choses  im- 
plorer d'un  pareil  climnl?i\on  loin  du  lac,  et  à 
tout)  mètres  plus  bas,  l'abominable  lïrivan  a  des 
froids  de  —  35"  pourglaeer  la  vie,  des  chaleurs  de 
-^  45^  pour  la  dessécher,  et  pas  de  pluie  pour  U 
rajeunir.  Excepb»  sur  le  versant  du  Pont-Eu\in. 
lequel  *'st  fort  humide,  les  climats  transcauca- 
siens ressemblent  tous  h  celui  d'Érivan;  même  il 
en  est  de  plus  |;lacés.  de  |ilus  brolants.  de  plus 
altérés,  de  |dus  l;inves. 

Peuples  et  langues.  —  Dans  le  Caucase  plus 
de  l.'iO  pies  (iépaaseiil  ÔOGO  mètres;  si  Pline  a  dil 
vrai,  on  y  cumjilait  d-*  son  temps  presque  autant 
de  tribus,  de  langues  el  de  dialectes  dans  la  seul»? 
Colchide  :  a  IHoscurlas,  il  fallait,  pi*élend-il,  cent 
trenb'  interpiéles.  Encore  aujourd'hui  le  Cauc-asi' 
est  un  campement  de  peujdes,  une  Dubcl  de  lan- 
gues. Ilien  que  dans  le  llaghestan,  Irenle  idiomes 
se  partagent  .'itK>  t)(M)  fioïnmes.  et  sur  les  Irenle  il 
en  est  un  (jui  ne  vibre  que  dans  les  vingl-huil  chau- 
mières du  hameau  d'hmoukii  :  mais  pour  être  juste 
ces  Ir'ente  buigages  ne  sont  |»as  tous  inconciliableâ: 
beaucouj),  simples  dialecles,  rer*lrenl  les  uns  dans 
les  autj'cs,  si  bien  <(ne  la  triple  dizaine  se  résume 
en  ciri(|  verbes  h  iticormnensurables  »  ou  cen»ê* 
tels.  A  combien  se  réduisaient  les  150  idioincd  de 
la  Cokliide  d'après  Pline,  ou  les  70  que  Strnbon 
donne  au  Caucase,  voire  les  o(MJ  dont  on  lui  faisail 
généreusement  loeh-oiV 

Pourquoi  tant  île  tribus,  tant  de  clans,  taut  de* 
langues*/  Parc<*  que  le  grand  mont  Caucase,  ejdre 
deuï  uïers,  entre  deux  mondes,  entre  deux  rouirs 
lies  nations,  fut  toujours  Tasile  des  peuples  vaincus, 
brisés  dans  la  plaine  et  les  plaleaus  dont  magui- 
f[(]ucinent  il  surgit. 

Les  Tcherkesses.  Place  aux  Slaves!  — Tous 

ces  débris  se  lienrlérenl  sans  se  pénétrer,  chacuu 
trouvant  dans  riuelqui'  cirque,  sur  quelque  crête. 
un  saint  des  saints  dilïicilenient  violé,  saufenlin  el 
pour  toujours  par  le  Husse,  qui  vient  d'user  deuî 
siècles  à  la  con(piéle  de  la  montagne,  puis  l'a  vidée 
en  quelques  amu'es  de  ses  plus  vaillants  défenseurs. 
500  0fJO  hommes,  des  Tcherkesses  ou  Gircassiens. 
les  plus  snpei'bes,  dil-oii,  de  la  race  mortelle,  et 
des  Abkhazes.  beaux  aussi  sans  l'être  autant,  ont 
fui  les  sommets  paternels:  IcsAbkhazesau  midi  de 
la  chaîne;  les  Teherki'ssos  au  nord,  enli-e  la  mer 
Noire  et  la  cime  argentée  de  l'Elbjouz,  dans  le 
bassui  de  l'Adour  du  Caucase,  le  Kouban,  lequel 
fleuve  entre  Monl   el  Landes,  verse  en   moyenne 


CAIJCASIK. 


ffîpf^Ps  }»nr  <i«»rondn,  îi  la  fois  ,'Ui  Poiil-Kiixiii 
et  il  la  nx'r  d'AzuT,  à  h  sortie  tlim  t\r\\i\  ih* 
«75  000  hpT'Iari^s. 

Os  lît^i**  b.ilailleiirs  porUiioiil  conim**  les  VIIki- 
lis  loul  un  ai's*^!!:]!  à  la  cointuiv;  Lrî^niuls  vi 
dV'iroiissfurs,  ils  vendaient  voloiUiers  leun  belles 
filles  nwx  grnuds  si'iorneui*s  et  aux  riches  hourf^i'nis 
de  rUrient;  ils  avaient  puur  le  Itusse  la  haine  du 


vainr.i  contre  h»  vaînf|neui\  i]\t  \M  ronh-r  \(* 
voleur,  du  imisulinati  niiilre  le  ehriMitMt.  Tuyarits 
ou  cliasst^s,  ils  sont  allés  se  fH'rdri\  à  fmrlir  de 
ISr>K  sur  les  lerr4's  dn  Grand  Sull.in.  parloiil  tn'i 
le  Tiire  a  bien  voulu  les  pîirquer  pour  retifnrcer 
IV'lémenl  osmanli  (comme  en  Asie  Mineure)  on 
dislofjner  ri^érnent  ehrétien  (eonnne  eu  Bulgarie). 
Kl  ils  son!  fjioils  par  eeiilaines  de  nulliei-s  peu(-^lre, 


rL  *   '_ J^  ^Mri^ 


Banr  tcherkesso.  —  l)euiu  de  A.  Fcrdioaiulas,  d'aprôs  une  phuiogra(thl«. 


Seux  A  leurs  voisins  qu'ils  Initaient  avin:  la  dii- 
rrir  du  montagnard  piissiunnè  pour  la  guerre 
^t  la  v#*ndelUi;  le  Russe  leur  a  pris  terres»  pri's, 
détournements  tie  torrents,  et.  paisible  en  ces  val- 
1^  011  il  fut  deux  cents  ans  sur  le  qui-vive.  il 
chfinle  sa  chanson  slave  devant  leurs  cimetières 
abandonnés.  îlien  qu'en  une  seule  année  5-iOflO  co- 
Iftnsjtnnids-Rus^iensou  Petits-Russiens,  y  onl  rern- 
bnxîlés  et  des  morts.  La  Sluvie  est  une  mer, 
ions  jKis  encDiv  vu  ses  vagues  reculer. 
0.  BaoM*  La  Tors  4  roi.  k'oiiiai'. 


Au  eetiti'e  et  à  l'orient  de  la  cliaine,  les  Russes 
onl  moins  e\t(»rniini^  lis  ijse.measiens  :  il  y  a 
hKijoin*s  des  Teherkesses  Kabaixles  sur  le  liaul  d'un 
tjratid  aniiienl  de  In  t'aspienne,  le  Téiek,  lleuve  de 
près  ou  de  (dus  t\e  lOOO  mt: Ires  de  [»ortée  inesti- 
mable piiur  ririi^JilioM  des  steppes  de  son  ressort. 
A  côté  de  ces  Kabardes,  race  magnin^pie,  habitent 
des  Osses  on  Inni,  rare  laide.  Li'  Da^'lieslnn  gaitle 
aussi  SCS  peuples  :  les  200000  relchénes  qui.  sons 
(Uianiil,  résistaient  encore  aux  armées  du  ls;tr  blanr 

30 


500 


l\    TERRE    X    VOL    D'OÎSEAU. 


qunnd  los  Circassions,  ù  peine  plu?  bcani  qiiVux, 
nvnirnl  fii-jà  couvert  de  mourants  Ions  les  ciiemiiis 
lie  leur  douloureux  exode;  et» à  l'est  desTelcIiènes, 
les  Lezgliiuns,  qu'au  estime  à  500  QOO,  en  clans 
nombreux,  d'idiomes  divers. 


Géorgiens.  —  Gens  de  la  Kakliétïe,  Imêriens. 
Minurêlieiis,  Svanes  ou  Souanèlhcs,  Lazes,  lous  le« 
Géorgiens  on(  lu  beaul/i  des  Caucasiens  les  plus 
Le.'iuï.  lis  vivent  sur  Koura  d'cn-haut.  Ingour. 
Tiion,  Tchoroukh,  et  dans  TAsie  turque  jusqu'au 


SoiiBD*>Uics.  —  Dessin  de  Pranisïinikoff,  d'après  une  photnjrniphle. 


diîlà  de  (f  l'impérinlo  »  Trebizoride.  Ces  drousieris, 
comme  les  Russes  les  appellent,  ne  soûl  point 
entrés  de  forée  diins  l'empire  Slave;  la  crainle  et 
la  haine  de  rinlidèle,  du  Turc  ou  du  l'ei'sari,  les 
poussèn*ut  dans  les  bras  du  géard,  el  en  170Ï)  le 
roi  des  fii^orgiens  légua  son  peuple  h  Tempereur 
des  Husses,  que  depuis  lors  ïii  noblesse  du  pays 


sert  avec  fidélité  dans  les  camps.  A  la  faveur  de 
la  paix,  qu'auparavant  ils  ne  connaissaient  g:uère, 
ees  liommes  ont  Tort  augmenté,  tls  n'en  sont  pas 
moins  entamés  |>ar  TKurojie  et  l'Amn^nie  :  rKunqHî 
sème  leur  pays  de  Cosaques  et  de  ctiloiis  russes, 
voire  même  de  Wurlenibergeois  qui,  nous  dit-on. 
passent  rapidement  de  la  grossièreti^  souabe  à  la 


CAUCASIE. 


507 


I 


orionLiU*;  TArnu^nie  leur  envoie  des  Armé- 
Riens,  qui  sont  les  Juifs  du  Cnucase.  banquier^^t 
usurtfrs.  liommesd'arfaires  prompts  à  ruiner  leur 
t'niprunleur  jusqu'au  deriii*T  qualiiM  ;  l'I  peu  h  peu 
les  terres  des  Grousiens,  ceUcs  dos  nobles  cuiume 


colles  du  peuple,  passent  dans  les  nviins  de  ces 
prtMeurs  aur  ^'iï^es.  u  Aryens  i>  ou  uim,  les  G«>or- 
^iens,  IVtres  possililea  ouprubablesdesTclirrkesses 
et  des  Le/^Hiietis,  sont  restrs  rïinHiens  pendant  que 
leurs  parenls  de  sang  «  anlique  is  tuu^  uit'langes 


qu\^  lui-m^nip;  nî  a  arj-en  »,  ni  turco-mongol, 
ni  sémitique,  c'est  pcul-ôlro  tout  re  qui  reslu 
d'un  langage  jadis  au  loin  répandu,  comme  notre 
brelon,  ou  li*  celtique  des  Gallois,  et  la  der- 
nière t^pave  d'un  prand  vaisseau  qui  crut  sons 
(Inile  avoir  pour  devise  et  destin  :  Fluctuât  nec 
mergitur! 


508 


1.4    TERRE    A    V0(.    irOISEAU. 


Turcs.  —  Dévorés  conuno    les  G^^orgiens   par 
l'usurt)  nrniùiiienne»  lus  Turcs  cl  Tartares  de   la 

r.niKNisii*  hn!)ilt»nl  l.-i  innvt'nin»  cl  lu  liasse  Koura,  I** 
moyen  el  If  li:is  Ariivc.  Ils  ont  ici,  uim  inorus  que 
|iartout  ailleurs,  des  vertus  rares  en  Orienl  el  sur 
liirlic  enliei"  des  terres.  Iionlé.  sii[i|>liciliV,  hon- 
nètelè;  et  la  tolérance,  (jiioiqui'  [mus  iiiusnlinaiis. 
Assez   polyglutles,  ils  jiarleut   un    lure    de  fraur 


inétaU  presque  sansallinge,  el  tanliM  Tïmibe.  tmiUA 
le  russe,  lanlôl  le  persan  :  celui-c4  langue  maler 
nelle  de  lenis  vt)isins,  d;uis  les  monts  de  Leukoran, 
lesquels,  riverains  de  l:i  (".uspienne,  se  lèveal  h  U 
frontière  de  Perse. 

Arméniens.  —  Au  sud  des  Géorgiens  el  dw 
Turcs,  dans  le  bassin  de  la  Koura,    plus  encore 


Le  ri\^u  à  Trpbiianilc.  —  Do^in  de  Th.  Dejrunv,  d'apréii  nature. 


dans  celui  de  l'Anse,  les  Arméniens  se  donnenl 
eiix-mérnes  le  \wu\  d'Ilaû  d'Ilaikaues,  el  ils  appel- 
lent Hayastian  leur  pays,  qui  ctHtiprend  aussi  des 
terres  exlra-caucasicniies  :  en  Turquie  *l\Uie  les 
unHils  du  lac  Viiii  el  la  régiiin  des  branches  mères 
de  riùii)lirale.  el,  en  Perse,  de  petits  cantons.  Mais 
de  rert  iteux  contrées,  de  cliez  le  Turc  suniiite 
comme  de  clie/  le  Persan  chiite^  ils  ont  ti-ndaiice  à 
se  masser  en  remoulani  vers  le  iir>r(l  sur  le  do- 
amine  russe  el  (;brélien  où  Ton  préteud  que  leur 


senliinent  national,  longlonqts  endormi,  s'éveill 
|ieu  à  peu.  Un  les  évalue  diverseirient  h  5,  à  4roil- 
iions,  dispei-sés  1res  au  loin  dans  l'Asie  et  daos 
l'Kurope,  en  Turquie,  en  llon|.'rie,en  Itussic  —  dy 
en  a  5000ÛU  dans  la  seule  Stamboul. 

U  est  sage  sans  doute  de  ne  pas  les  élever  beau- 
cotq)  au-dessus  de  '2  millions  dMiommes.  demi 
1)<OUOOO  [>onr  le  gro^  bloc  <le  la  nali<ui  hmt  jij 
lour  de  l'Araral,  le  resle  pour  les  épnrs.  gènént- 
lejuent  dénalioiialisés  quant  à  ta  langue»  maii  non 


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510 


l.A     TKIUïK    A     V(iL    I)  ("MSEAll 


ffu.'inl  l\  h\  religion,  c;ir  ils  tirriiicrkl  iiiliiiiiriciit  ii 
linir  scrh'  du  chiisliatiisine.  I*ai-  vrWr  rid»**lilù  sans 
tniltiM'  à  leurs  \'wu\  rilt'^,.'i  li^tirs  vti'illi's  |»r-irTt"s, 
ils  rvsht.'iiiljl('iit  ;mx  Juifs;  *'t  tmti  moins  qm*  les 
enfatits  de  1'  u  Anneiini^  Alliance  »,  ils  sont  com- 
iiierranls  diins  l'ilinc,  usurioi-s  sans  vt»rgo^rus  eni- 
Luï?t|UL'sdLit>ti  les  bourys  |M>uj-tléh'i>usser  égulomnit 
le  Turc,  le  Tartai-e,  le  Géurgien,  iiièjiK'  le  Russe. 

Partout  où  4es  Arméniens 
ifont  p()s  lini  par  passer  nui 
laiïgues  qui  les  pressent,  uo- 
taiinnent  au  lurc  à  Constan- 
linojile  et  en  maints  cnilrolls 
<lo  l'Asie  antèrietin».  ils  par- 
lent un  1res  nnlique  idio- 
UM'.  [larenl  des  niUres,  el 
snrloul  (lu  KeiuU»  (qui  est 
l'iranien  d'aulrel'ois).  Hérissé 
de  consannes,  dur  parmi  les 
plus  durs,  plastitpie.  |>uis- 
sant,  eapaLle  de  pousser  très 
liiiii  Tnlliance  des  racines  en 
iM(fts  totji[>osés,  rarméjiiofi  a 
suhr  (jut'Itjues  acerocs  depuis 
les  nùlliers  d'ûnuces  qu'il 
lourlit*  aux  l<ingages  sémiti- 
ques et  aux  altaïquos;  mais 
le  lenips  a  moins  changé  le 
\erLe  que  la  race  des  liai, 
qui  sVst  repétrio  de  mille 
éléments  dans  l'obscur  eojjflit 
des   x^aces   de    lllrienl    iiiouvaïil,    dit    inniiuable. 

Population.  Villes.  —  Uu  pense  ipie  ee  jK'Ujde 
de  jirjicliands  euiilribue  pour  900  Ot)U  ù  la  popu- 
lation de  la  Caucasie,  les  Géorgiens  pour  plus  de 
1300000,  les  Tun-s  i»unr  I  500*100.  les  ÏUi^ses 
puur  bicnUM  2-iOOOOO.  Ces  derniejs  n'étaient  que 
KiOOOlf  eu  1838.  en  face  de  UOOUOO  Lez^^hiens 
et  autres  iin>nl.'ï*jrn'irds  aujounrinn  réduits  à  un 
million.  Il  y  u  itiOOOO  l*ersans. 

7  300 000  Inib.  sur  47  millions  d'bccUires,  dont 
ti3  millions   et   demi  pour    le   versant   du   Noi'd, 


Jcnnc   Arménieimo. 
DesûniloTh.  Doyrolk,  d';ipit'j5  naliiie. 


et*  rf'est  (pr'ijii  lionmie  sur  *î  à  7  hectares.  La 
Caucasie  lut  bleu  plus  animée,  on  croit  mdm« 
[mit voir  déilnin*  d'une  sorte  d»^  rocensemcnl 
qu'elle  .uiiit  10  millions  d'âmes  l\  l'entrée  du 
treizième  sièele.  Kt  certes  elle  Dourrira  facile- 
ment autant  «le  Cautvisieus  qu'au  moyen  âge  quand 
on  aura  iijst:i[dirié  toutes  ses  eauK  pour  mouiller 
les  champs  du  Sli^pj^e  et  des   vallées. 

La  capitale,  Tiflis',  à  367 
mètres  au-de^^sus  des  mors, 
en  terre  géorgienne,  eur  In 
Koura  qui  bruit  dans  un  per 
Inisde  rodies,  a  90  OIM)  hab., 
piqiulalion  la  plus  bigarn*e 
du  monde  ;  et  avant  tout  plus 
(11*  Ô5  000  Arniènieus,  moins 
de  tiriOOIï  Géorgiens,  plus  de 
tiOOOû  Itussos. 

Loin  des  (^léorgions.  chei 
lesquels  les  liourgndes  entou- 
rent ih'  vieilles  églises  b^xm- 
lines  du  style  le  plus  pur,  le 
cliiT-lJeu  de  TArménie  russe. 
KiisMij  (  15000  hab.),  5.ur  la 
Zniigîi,  qui  rayonne  en  canaux 
nrruî^ants,  était  une  Aille  de 
langue  turque  lorsqn'en  ce 
siècle-ci  la  Russie  la  ravit 
aux  Pei^s^ms.  Fiévreuse,  triste, 
avec  l'Arai'at  grandiose  à  son 
horizon»  elle  a  près  d'elle  le 
grand  eiiuvent  d'Ktclimiadïin,  centre  religieux  de 
la  nation  des  Arméniens,  à  la  fois  une  et  divisée. 
Sur  le  (daleau  qni  forme  la  Koura,  kars 
{i'I  OOO  liîib.),  récennnent  conquise,  menace  les 
liaules  [liaines  de  J'Anatolie ,  la  conque  de 
riùijdtrale  et  du  Tigre;  le  Husse  y  forge  les 
chaînes  de  TAsie  anh*'ireure.  A  IS50  mètres  au- 
d<  siiis  des  mers,  cette  ville  a  puur  sucle  de  noi- 
râtres basaltes. 

1.  Eli  réaiilé  TjîIjjIîs,  c'est-à-dire  la  cliauile  :  de  se* 
suurccs  tlieniiales,  ou  de  son  arduiU  cltrnut  dans  un  dêlilé 
de  scliislcs  nus. 


i 


I 


ASIE    MINFIUK    Oi:    THROHE    !»*AS1I-: 


W^j^^ 


Us  mont  Ararat.  —  D«isin  d«  Taylor,  d'après  Kliod/sko,  gravure  commaniifiiév  |Mr  te  Club  Alpin. 


ASIF.  MnELlRE  OU  TURQUIE    D'ASIE 


Fora.  Étendue.  —  Qnnnd  It^  mnt  Asi^  ^Vtpndit 

pijys  dn  Siirdt's.  plus  l;inl  4i*K|»ht''sf*.  aujoiinridii 
de  Smyme,  aux  nagions  voisines,  puis  fi  loiit  le 
rotitin^^nl.  on  rrr.i  IVxpn'ssioii  il'Asio  Mitioiir*»  ou 
iI'Am**  pins  |H'lili',  pour  l'nppo.mM' nu  g:ratui  Uhu'  t\o 

tiln''i*K  qu'on  no  ronnfiissait  piis  loutes.  rm^ino  tU* 
*mii  :  (Vrsts  Aralïio.  l'Indus.  h?  (inni,^.  ri.  par 
delà   C4^  fleuves    nimoiix.  (It\s  phigi^s   r:il)ijlcuM's 

ît  i>n  î^noniil  los  pi'U|»l(S  ol  li\s  rois. 

Un  l'ûl  pu  l';ip|n»l(T  aussi  bien  l'Asie  Grefqne 
an  pou  avnnl  noln*  ère  ol  quflquos  siï*clcs  npW's. 
I>*  Hcllrnc^i  pouplrn^nl  de  Icui-s  rolonifs  ou  ;itli- 
n'Tfiil  à  li'ur  lun^'ue  des  pays  .'dlo(diuni*s,  nolijin- 
nirnl  d<'ux  f<»rn»s  M*niitiqm*»,  la  Syrio,  et  l.i  httU'f 
où  len  li>r»'s  snrri's  di»  la  «  Nouvelle  Alliance  » 
Ainnit  ècnU  en  ^ee,  tandis  que  ceux  de  T  «  An- 
wnar  Alliance  u  l'avaient  été  en  hébreu.  he\h 
ITiiphmtt^  4*t  les  monlSi  leur  inRuence   rayonna 


même  jusque  vRrs  la  Raeirinno.  où  un  rni  frrer 
((  eruUcllil  inillf^  rilés  n  dans  un  royainue  Umdi' 
p:ir  des  vétérans  d'AlPx.indre;  In  Mère  des  clï^s, 
lïaelres  l'iranienne,  eut  ses  écoles  grecques,  fovers 
d'art  el  de  science,  et  aussi  ses  parloirs  de  rhé- 
torique avec  leurs  sols,  leurs  grammairiens  el 
leui's  pétlanls.  Maïs  la  (^  poussée  des  peu[)les  n 
ji*ln  les  hMrliares  tnurniiietis  couirt»  les  \illes  bril- 
lantes des  Hellènes  el  de  leuj-s  assimilés,  el  main- 
tenant les  Turcs  régnent  polttiquerneiil  sur  l'Asie 
Miticure,  en  ntéme  temps  tju'ils  (iirfuenl  le  loiid  de 
la  pa\samierii'  sur  les  Fiaiils  [ilaliviux  ;  d  où  le  nom 
Icgilime  de  Turt|uie  d'Asie. 

Ij'Asie  lunpie  renferme  «'iniioii  i*M\  millions 
d'li('('|an*s  avec  1 1)  r»rjO OiM)  hahitaiils,  nondnv  Tort 
liypolliêlique.  Kn  en  relraiiiliaril  les  territoires 
conquis  récemment  sur  l'Arabie»  il  reste  pour 
l'Asie  Mineure  près  de  1*25  mil  lions  d'hectftres  el 


512 


LA    TERRE   A  VOL    D'OISEAU. 


plus  iW  in  millions  d'ilmps,  on  Irois  K'fïioos  niA- 
liirt'lh's  :  [ilnr*^au  tl*>  rAii;ilolie,  conque  de  l'Iùi- 
phrale  et  du  Ti^re,  Syrie. 

Arménie  et  Anatolie.  Ararat  et  Taurus.  — 
Le  pLileau  de  l'Asie  Mineure  se  noue  à  relui  de 
l'Arménie  nvec  lequel  il  farme  une  seule  H  même 
région  de  rlinial  violent;  une  lig-ne  menée  du 
fond  du  f^olTe  dIsUnndéronii  on  Aleiatidrette  au 
lac  Ourriiia  borne  assez  hieu  ee  linul  pays  du  cûlê 
du  sud. 

Tout  à  TesL  aux  limile«i  tiiAmes  de  la  Turquie 
d'Europe,  à  la  borne  de  truis  jniissanee.H,  enlre  le 
Turc,  le  Russe,  le  Persan,  tn'ine  l'AraraU  isolé, 
iifïii'  pnree  qu'il  est  fait  de  Unes,  blanc  parce  qu'il 
porte  des  glaeîers  et  qu'il  monte  h  800  nièti'es 
dans  la  zone  des  neiges  éternelles.  Pourtîmt  il 
donne  peu  d'onde  aux  vnllèes  i|ui  lui  sont  sou- 
mises; la  ceniire  volcanique,  la  scorie,  les  eboulis, 
les  porosités,  les  fissures  aspireni  ses  eaux.  Yonl- 
elles  Invisiblement  au  nord,  a  l'Araxe,  très  pro<;]ie 
voisin  du  mont? 

Ilaul  de  5157  mètres,  il  commande  â  lout  l'Atili- 
Caucase,  massif  ainsi  nommé  parce  qu'il  fait  face 
au  Mnnl  (lîuicflse,  [laiNillèlentent  à  lui,  [lar-dessus 
les  vallées  du  lleuve  Kîon  et  du  lleuve  Kouni. 
Pour  Inmver  plus  grand  que  lui,  il  Huit  aller  îi 
Mii  kilomètres  en  li^nie  droite  au  noi'd-ouest,  jus- 
qu'à l'I'Jbrouï  qui  contemple  la  mer  Noire  et  les 
bas  stejipes  de  Uussie  ;  u\i  h  8.")Û  kilomètres  au 
sud-est,  jusqu'au  Dêmavend  qui  voit  la  mer  Cas- 
pienne el  les  lirmts  steppes  de  l'Iran.  C'est  dune  un 
maître  de  l'espace;  c'est  la  «  Mère  du  monde  )>, 
disenl  les  Arméniens,  ({ui  l'appelleul  Masis  et  le 
rèvènMil  corume  une  iriorda^ne  siinle.  Noé,  racorï- 
lenl-ils,  y  descendit  de  Tan'lie  quand  diminuèreiil 
les  eaux  du  déluge,  il  planta  la  vigne  au  pied  du 
mnnl,  il  fonda  près  <le  là  Nakbitchévan,  il  s'.-qipro- 
visiorina  de  sel  au  rotdier  de  Koulpi,  voisin  de  l'A- 
raxe,  el  l'un  des  plus  pi'odigicux  blocs  salins  qu'il 
y  ail  sur  terre.  Prenant  au  jnot  ces  ti*:ulitions,  et 
tant  d'autres,  les  Persans  ont  tlonné  à  l'Araj-al  le 
nom  di*  Mont  de  Noé,  Koli-i-Nouh. 

Klle  a  de  la  grandeur,  la  contrée  qui  se  ploie  el 
reploie  à  l'occident  du  tilau  de  l'Araice,  grandeur 
morne  sous  un  climat  ilpre.  I/Arménie  a  perdu, 
ou  prul-ètre  n'eut  jamais  les  rorè(s  immenses  qu'il 
lui  faudrail  pour  amollir  h(hi  ciel  froid  et  sec» 
pour  draper  ses  croujies,  ses  ro<rs  trapus,  ses 
pic3>  ses  lianes  gris,  ses  aridités  (eriies;  au  mont 
y  succède  le  mont»  et  la  tristesse  i\  la  tristesse.  Les 
niissenux  et    torrents  que    Ini   font    les   sierras. 


l'biver,  les  fontes  de  neige,  Porage  tonnant,  roidenl 
souvent  4Mitiv  di's  bords  sans  ombrages;  niais, 
de  TiOOO  mèlres  à  2000,  1800,  1500,  du  haut  da 
cimes  au  socle  du  |datenu,  ils  s'écroulent  en  cas- 
cades, et.  dune  eau  claire,  ils  reflèlenl  les  cieux. 
Comme  ils  sont  sans  nombre,  ils  s'unissent  en  fortes 
rivières;  le  Cliatt-el-Arab,  issu  du  mariage  du 
Tigre  et  de  rEnjibitite,  roule  en  partie  des  Ilots 
arméniens;  or,  c'est  un  des  grands  fleuves  do 
l'Asie. 

Vers  les  sources  de  rEuphralo  se  dressent,  moins 
fién^s  qu'on  ne  cnurait  h  cause  de  l'élévation  de 
leur  piédesLtil,  des  montagnes  de  plus  de  trois 
mille  mètres  :  au  sud  d'Er^eroum,  le  Bingôl 
(3li(Jl)  mètres)  est  le  pnMuier  réservoir  de  PAraie; 
sur  sa  cime,  conte  la  légende  arménienne,  il  porte 
le  Paradis  perdu  par  nos  premiers  pères  et  le  J»c 
de  la  Vie  Inu7iortelle,  lac  où  n'ont  bu  que  les 
boinmes  de  la  Fable,  lac  caché  comme  ia  fonl;iine 
de  Jouvence  :  qui  puise  ù  ses  eaux  est  vainqueur 
de  la  mort. 

Parmi  ces  monts  de  rArniénle  supérieure,  plus 
d'un  rajqielle  par  des  fumerolles  qu'il  lanea  des 
tlanimrs,  et  tout  ce  pays  n*est  que  laves,  Itasalles, 
Iracljytes,  chèiri^s,  cratères  vides  ou  i*ncliAss;inl 
un  piolond  lac  immobile,  sources  chaudes,  gorgi*s 
entj'e  roches  dont  la  couleur  rouge  et  noire  garde 
quelques  ivllels  de  l'antique  incendie;  c'est  une 
plus  grande  et  plus  haute  Auvergne  avec  lrend)lt*- 
menls  de  terre  et  vieux  vohuins,  tels  que  le  Tau- 
dourek  (rioGo  mètres)  et  le  Sipan  (5600  mètresl. 
tjueson  isolcrtïenl  grandit. 

Dans  TAiiatolie,  des  monts  s'enlacent  ou  s'écar- 
tent confusément,  avec  des  noms  divers,  la  plu- 
part turcs,  d'autres  persans  ou  kourdes,  d'autres 
jadis  grecs  et  à  cette  heure  tordus  et  corrouq)US, 
d'autres  enfin  venus  des  langues  disparues  de  ce 
sol  de  h»ut  temps  foulé  par  h's  pcu|»les.  Les  anciens 
les  ap]>elriienl  Taurus  el  Anli-Tauius,  noms  que 
tout  engage  à  leur  conserver  :  on  aurait  ainsi  dans 
ce  coin  de  TAsie  le  Lilian  et  l'Anti  Liban,  le  Cau- 
case el  PAnli-Caucase,  le  Tmrus  et  PAnti  Taunis, 
Le  pic  culminant  du  Taunjsest  rErdchicli,  PArgt*e 
des  Hellènes,  au-dessus  iln  plateiui  de  Kaîsarieh, 
jadis  (iésarée,  ù  peu  prés  ;uï  centre  de  l'Anatolie; 
sa  hauieur  de  4000  mètres,  intermédiaire  entre 
Alpes  el  Pyi'énées,  cmuporte,  sous  ce  climat,  de* 
neiges  que  irilluminenl  plus  île  jets  de  flamnit*  dt^ 
puis  que  s'éleignirenl  tt^s  fournaises  de  ce  volcan. 
L'llassMn-l)agh(^2*00  nuHres),  le  Metdesid  (5500  mè- 
tres), voisin  de  la  mer  de  Chypre,  el  nombre 
d^uutres  monts  à    hives  ont  également   cesse  de 


I 


b 


Ml 


^SIK    MINETHE   f»r   Tt'ROrFK   f>"\SIE. 


5!3 


%*(tmir  Ifiirs  pntrailîi^s,  l/altiluflt*  du  scmI*»  *miIl*v<»  ^i     |    tncnl  *l*»s  lions.  f.<*s  iNiiifrs  pliiJDPs.  Terniivs  h  In 


€'•«  pirs  iH^iiucoup  rit*  hnir  ^itultMjr,  ii»s  pl.iri'.-iin 
anatoliens  ayant  yiXI  à  ITiOO  iiirlifs  <ie  miimm  tion» 
avec  une  muyeniit»  de  i(M)0.  Ainsi  l'Argée  perd 
1200  ni^n-sdi^sa  \:i'\\U\ 

l.(*^  rli;iiiinirs  t\u  l.-ititiis.  |;int  iv^  <*<i]LViin*s  quo 
les  \i»lr.ini<nii's,  uni  qurlipi^s  V)M*sarjks  s\lvrsht»s* 
arec  d»'s  fmnlhères,  dfs  li^^^rcs  qnelqut'Iois,  r.ire- 


jduif  s.ins  laqnclli-  luuty  vii»  nvortc,  (uieiil  »^n 
hïi'ppcs  nllrivs.  d'tirt  rliinnl  snns  hrinyiiili'',  rnninif 
Ions  ceux  que  iv^'il  h  de  grandes  liauleiirs  \v  vrnl 
pt"'n('*lr.'iiil,  fi'iitd,  finit'ux.  hnisipie,  inrlrinenl  des 
inijnl>  charjîi'.s  df  iici^'cs;  cl  qir;incl  rrssent  les  ra- 
fitlt's.  si  le  solt'il  diïi'di'.  sa  lourde  rh.'deur  êenise. 
Toule  riviÎM'e  qui   ui\  pas  pour  berce.iu  «les  monts 


I 


KonU  i)(i  KiiiinlUUn      vu*»  pris4»  ilii  iill]i<,'0  rfi*  Chanon.       IW^iii  (tfVLnnrrns.  il'jpiV-s  iiatuir 


ntpurs  de  rriiiias  y  tniine  lan^uissnmnient  des 
Ksux  luui-de,«. 

Ilnk  irArii,  de<  itnff'  du  pli)tejui«  les  uns  finissent 
(Uns  quelque  bj/une  fennét':  les  autres,  <iiTiv«'s  sur 
U»  rvboni.  de^vudenl  vi^hémentenient  vers  la  nier 
>ouv.  1.1  Ihlëdileminée  uu  l'Kuplir^te.  Ainsi  vont 
au  Pool-Euxin  le  Tcliuixiuk,  maintenant  russe  piir 
fM  vmI  îiileneur  ri  son  oniboucliure  près  de  Ba- 

-|^||||^-«  «nriout  de  piiit  el  île  c«<4lr«» 
^  JlflU  m  n'a  :  eati.  ri^ii^re. 


(iiurn;  rViVliil-Irmaï^ou  Fleuve  Verl.  jadis  Iris, 
(pji  Hnir  p;ir  un  jL^rarid  di^lla  :  li'  Ki/il-lmink  ou 
Meuve  Iïou(ïi\  Taittiqire  Halys,  orutt^  un  peu  s«iu- 
niAlre.  eoiuiue  le  dit  le  norn  yrer,  el  qui  de  la 
source  à  reiubouchuie  Tul  cinq  Ibis  le  chemin 
de  sa  li{;ne  dmite;  le  Sjikari.i.  \Jeux  Sankarios. 
moins  lon<^  qui*  le  Ki/il-lriuiik.  niais  mulaiit  plus 
d'eau,  liieu  que  par  la  dcssirealion  de  TAna- 
lolie  il  ait  cessé  de  recewur  une  fuule  du  lacs 
doux  devenus   sjlléâ  depuis   qu*nmUês   dans  leur 

40 


j;^ 


jj 


Sli 


f.  \    TKRRK    A    Vdl    ri'OISKAU. 


bas-fuiid  ils  se  cûneoïilii'iit,  fîiuli*  irôpîinrlxMiienl, 
et  nV'ïaiil  plus  t'ImiflleTnent  ivrumvi^li's.  be  ces 
bassins  am(*r*s»  le  plus  v;i.sîi^  a  nom  Touz  (lûl» 
ce  qui  veut  jiisli'fiitMit  dire,  en  lun*,  lat*  du  Sol; 
grnnd  de  fOÛOOO  licctuivs  nu  inoitis,  [)liis  niinê- 
miisi^  qm*  h  nier  Modo  ellc-mt^ni*»,  h  poiiie  s'il 
cacfii»  vu  t'^lc  sn  v;is(*  ,'itiitM'e  sous  doux  inèlrcs  dj.*. 
flots  ioutds,  iiutnobiles. 

A  la  mvv  Egée,  ot  plus  au  sud  à  la  Médileiranêe, 
îicrout'*ni(  dt's  floiivis  piiiss;ints  rn  nlluvioiis,  hiou 
([ue  hrofs  dt-  lorjguctjr,  pt'iits  de  b.issiiis,  lïiilflosdi' 
valum*'.  Lu  Gliediz»  qui  fui  IHernios,  incriaco  di* 
(enniM'  lo  por(  di'  Sniynio  on  ritusiid  [vnr  sn  hiMu»  lo 
livage  noi'd  ,ni  i'iv;i<,^o  sud  de  l;t  Ivdo.  b'  Kulrliuk 
Mendcreh  ou  [Vlil  MOaiidru  se  uointua  le  Kaïslros  ; 
le  Duuyouk  Merid^'ivli  ou  r.iMiid  Mêaiulre  liie  peul- 
tMre  [i:ii'  secoïuK*  -00  luôlros  ruh'.'s  vu  iimyeiioe 
de  sûu  Lassiii  de  2591)000  liectnres  où  il  parcourt 
3D0  kilomètres;  son  niurs  esl  siruioux,  pas  ijssex 
pour  que  ro  lleuve  ail  vraiment  ntéi-ilè  de  dotiiu'r 
son  nom  aux  anneaux  îles  rivièi^^t;,  aux  couiants 
boucles  reveuaut  perpêluellernent  sur  eux-niùnies  : 
ayant  en  ^riUO  ans  condde  jii  500  lieelares  de 
nier  dans  rur*(Ui'ilïe]rx  j^^dle  de  Mili'l,  il  a  faîl 
lie  ces  eaux  où  ramêreiii  latit  de  bateaux  portant 
des  fondaleurs  de  eolonie»  vers  toule  rive  de  la 
Mt^dllerranèe,  un  marais  toujours  ^grandissant , 
lelide  ^M'iièrateurdes  lièM'es;  cl  la  u  tjjère  des  ci- 
tés n,  Milel,  n'est  plus. 

Puis  vienl  TAk-SiJU  (Hivière  Dlanehe),  vieux 
Kesiros,  qui  sans  doule  rer«»it  pai'  ilt-s  rorridiirs 
dans  la  sous-roche  le  tribut  du  gritiid»  du  beau 
lar  d'E^liordir  (000  mètres  d";illitiide)  :  en  (eut 
rfls  les  eaux  de  ce  bnssîn  ne  sont  pJis  sidêes,  bien 
que  sans  émissaire  apparent;  ainsi  en  est  il  d'une 
nutro  voslt?  couqiJt*.  nu  sud-est»  le  Beïeher  ou  lac 
de  Kéivli,  à  IIM  nîèli'es,  et  de  plu^ieu^s  autres 
dont  l'oniie  s'entuil  par  des  douden  ou  trous  et 
feules  d.nis  l'obseurité  du  monde  intérieur.  Le 
Keupro-Sou  (llivière  du  IVnil)  (lortft  le  nom  d'Ku- 
iynié<lorj,  pleinement  sonore;  le  Manavgal,  celui 
de  Mêlas;  le  Gok-Sou  (lïivjère  Verte),  relui  de  Ka- 
lykadnos;  le  Taisoustcliai  oifllivière  de  Tarse  éiail 
le  IVoid  Kydfiijs,  ne  de  bibles  Ibtilaincs  du  l'oc.  h 
Totnbre  descèdies  géants,  des  gniuds  chênes  el  du 
dôme  touffu  des  platanes.  Le  Seihoun  aux  cluses 
formidables,  inéridionalenienl  belles,  bnrmonieu- 
ses,  lumiueuses  jusque  dans  Jeni^i  abîmes,  était  le 
fleuve  Saros,  qui  roule  250  mètres  cubes  par  se- 
conde, Irdiul  de  2  210  000  lieclares,  au  bout  d'un 
cours  de  400  kilonn''tj'es.  Lr  bjihoun,  dont  les 
dédiés  valent  ceux  du  Seiboun,  est  l'iintique  l'ua- 


mos;  plus  see  que  son  rival  el  voisin,  il  ne  donne 
à  la  serontle  que  95  mètres  cubes,  pour  un  cours 
égal  dans  un  bassin  supérieur  (2  il5  000  lieclares); 
tous  iïe[jx  ont  siof^nlièremeiiî  diminué  le  grandis- 
sime golfe  de  Cilieie  '  :  a  L'n  jour  viendra,  procla- 
mait l'oraclp.  (HÏ  1(*  Pyranie  aux  flols  argentés 
;itl('iiulr"t  K's  hoixl s  sacrés  de  tlhypr»»  m. 

pMrmi  les  hics  de  l'Asie  antérieure  le  lac  dt» 
\i\n,  leTosp  des  Arméniens,  rompori*»  on  grandeur 
.iitlant  <pi'en  be.oilé.  Vnv  102^»  mètres  d'allitutle, 
au  pied  de  Illassau-Oagli»  il  couvre  569 0(K)  hec- 
tares, et  toute  la  neige  de  ses  monts  ne  foad  ps 
en  été;  ses  eaux  salées,  avec  polisse  et  rarbofiate 
de  soude,  n'ont  [las  d'écoulenu;nt  visible.  S'il  s'en 
va  par  des  couloirs  «auliés,  sans  doute  vers  quel- 
que Iribntaiiv  du  liaul  Tigre,  ces  katavothra,  ces 
avens,  ne  lui  soutirent  pas  autant  de  Rots  que  lui 
en  Mppin-tent  les  torrents;  car  il  s'accroil,  soi! 
par  Toblitéralion  des  béloires.  soit  parce  qu'il 
(ombe  plus  d'eau  sur  rAruu''iiie  —  platiMU  qui  re- 
çoit environ  500  milliitiètj-es  de  pluie  j'aran;  et 
c'est  beaucou[i  pour  une  Asie  qui  n'est  ni  Llnde, 
ni  rind'M^Inne,  ni  h  Chine  on  le  Japon,  ni  les  Iles. 
iK'jà  le  lac  menar'e  Li*di*fiich,  il  s'approclie  de  Vmi 
(TiOUOC  liab.},  cité  dune  antiquité  noire  au  pi(*»i 
d'mu*  ro(*lie  éuornie. 


Climat.  —  Quand,  de  ces  hautes  plaines,  on 

ilescerul  avec  les  tcliai  elles  sou  vers  le  Pont-Euxin. 
la  Méditerranée  ou  la  conque  d'Kupbrate,  tout 
change  brusquement  avec  le  dernier  détour  des 
déniés  de  percée.  On  a  fui,  connue  fait  le  tinrent 
tie  rapide  en  rapide,  ces  pbtttMui  ou  vors  Erzéroum 
(dont  la  moyenne  n'alleint  pas  G"t5),  les  hameaui 
enfouis  dans  la  terre  n'ont  au-dessus  du  sol  que 
les  loils  de  knu's  cbauinières  effacées  par  la  neige 
de  riiiver.  Si  Ton  niarche  vers  le  septentrion,  vers 
la  mer  Noire,  on  entre  alors  dans  un  climat  d'une 
moyenne  de  li  degrés,  ^ur  un  littoral  humide  et 
doux,  sauf  les  vents  du  Nord  envoyés  par  le  grand 
Ste[>pe  russe;  on  est  au  milieu  d'admirables  ver- 
gers, agatck  denii  *,  comine  disent  les  Turcs  : 
l'Kurope  autrefois  en  reyut,  nousdil-on,  plus  d'un 
arbre  fruitier. 

En  desccjidanl  vers  la  Méditerninée,  on  marche 
an-drvatil  du  liéde,  du  clair,  du  Ideu  :  le  tiède 
dans  l'air,  le  clair  dans  le  ciel,  le  bleu  dans  la 
mer;  et  sur  les  collines  le  fauve  ou  l'éclatant  des 
roches  el  le  gris  pùle  de  Tolivier,  car  c'est  ici  le 


* 


1. 


Nciiiimé  le  plus  souvent  ^t\\\'K  dAlexandrelte. 


ASIE  MiNEiiïK  OU  Triujric  DASIi: 


-15 


riiiiial  mi'ditt'rraïKMMï,  rli*'r  a  \\'wpv\o  don(  rfirhrc 
prosprre  l'^^ulriiit'iil  du  Itr(is  ;ni  Mr.nuliï'.  Srîivnn\ 
«■xi'mjilt»  t\f  ce*  b*'iiu\  lii'ux,  n  pour  im>v*>tnu*  an- 
nuelle I8',7;  elle  voit  pourtant  qurhiuelois  des 
neiges  dans  ses  jnrdins  do  roses*  el  If  p.iltnjer  ne 
li\n*  st  [»alme  tui  \ent  que  beiiucoiqi  plus  ;iu  sihI. 
h  [wiiin*  de  h  rapocalvptifpu'  »  Pi»lim*s,  jK'liU'  île 
TÎs-â-vis  de    la   bouche  du  Mendéreh,   Plus    lutn. 


sur  la  vMe  niénilionale  de  Lycie  et  Cîlieie.  le 
iliiniit  devient  fi;nu'lieiiH*ïiI  cliaiid,  voire  lirriirtnl, 
pri'squL'  rf,'^y[ilieru  im^r  une  rnoyejine  .innuellL'  de 
21  dt'girs. 

Vm  (leM'eudiinl  vt"i-s  In  rontjue  de  l'^uphrale,  on 
ni»i'che  îiu-dev,*iii(  de  l;i  iialiiiv  si^cïie,  rnipliir;ibl\'- 
ttn'ïit,  ei'tjollrnit'tit  luiriint'usf.  et  lorsfju'oiï  y  nr- 
rive.  si  pivs  qu  on  soit  de  l'Arménie,  si  loin  (pi'on 


penso  qui'  K'  jd;ileau  de  \n  Turquie  il'Asie  entie- 
tit'nl4]ne  ili/nine  di*  millions  d'IiouTnies  ou  un  |m*u 
plus,  pnHa»^f's  enli*e  lis  Tiii'es.  peuple  pn'^porrdt.'- 
uul,  les  Aniiênietis,  les  (îrees,  b's  Kouidi^s  et 
dos  nations  nioitulres. 

Les  Turcs  ou  ilsniaidis,  au  nombre  de  7  millions 
—  niîds  MU  ('tjl  qui  les  :i  coiuplés?  —  lnil>ilent  sur- 
tout li's  li:iut»'S  phiint's  lie  Tinter'ieur,  sêdfnliiires, 
dftnt-iioiïiijdi-s  ou  (oui  a  Uùi  L'rr.uds  sous  le  nom 
ifr   Vuruks»  en  centaines   de   Iribus  qu'nbrit*'    la 


j\Cf 


LA-  TKnnK   \  vol.  h'oîSEAr 


tfiili'  do  poil  de  flirvrr.  A  vMi'  d'otix,  on  voiu- 
pri'tid  siïus  leur  jioiii  divx'is  Muïsulnians  i|iii  n'ont 
rien  d'osiiuinli  :  des  B*»sniiiqups  cl  iliil^.'-ares»  des 
(jt'orgii'iïK  t*I  rirciissirns,  des  Alhadîtis  en  ^\"i\\n\ 
noinbro,  t^l  tn^iiti»  des  niillît'rs  dt^  ,Ni'f(res.  Los 
Turcs,  qu'on  dit  Imniùs,  qu'on  s;iît  courfigfiuic, 
lahtii'ieux»  lions  pour  li's  fionirnt'S,  doux  jimn*  les 
--•ainwuix,  vrri(ii(|Ut's,  gagnent  du  côtr  do  loriont. 
ur  les  Aniiôniens  et  nuire»)  p<*tils  pouplos»  poul- 
^{\v  sur  1rs  Kourdos;  mais  U  TouosL  vers  l;i  Mo- 
diloirant'v,  ils  diiuiiuicnl  visihU'iiuMil  nialgrô  lour 
force  osseuse.  Jour  vio  de  lahuurenr  mi  de  jwis- 
It'ur  :  ils  sont  arcablôs  d'itn|HVis,  [)tllrs  ji-ir  Ks 
fniictionnîiiivs.  et  seuls  ils  fuyi-nisscnl  dos  siildnls 
il  rurnièo  du  Sultmi  itmguauinie;  divi  onx  rinf^in- 
lifido  dôlnirmsso  les  frnnnos  nMipiddos,  los  lii- 
Hiillos  (itujvros;  rnlin  dans  la  lullr  dorliaquo  jour 
roniro  l'usurior,  lo  l><)u(i(|uioi\  l'honnru'  d'arg:eid 
ou  riioriuno  d'idliiirrs,  —  pn'Sfjuo  (LHijnm'siJrro, — 
ils  sont  vdiiitns  conl  lois  sur  ornl. 

Ils  s'en   vont  \nï\ro  (ju'ils  sont  inoillours. 

Puis, ils  ôtuiliont  [lou  loni'  l.-ni^i^no,  ils  ne  [a  (nr- 
tifienl  pas  int'ossannnonl  pnr  dos  rhanfs  tH  dos 
livres,  ils  iw  IVvcMlloid  jias  du  soninioil  (juVllo 
dori  avoc  l'andie  ol  lo  persan,  los  doux  iiliornes 
iiuxquols  le  lun-  a  lollontonL  otnfiiMnilô;  tandis 
(juo  lours  VLiisins  los  (irocs,  fîoï's  do  Jour  lan;^af^e» 
niullijdionl  los  écules  jusque  d;ins  los  »noindr(S 
hour^aitos. 

Los  (îsiriaidis  dispaj'iiissonl  iloiio  ih'  mainte  vallée 
ini  jadis  ils  olaionL  presque  seuls;  lours  olianqis 
vent  aux  l'iiréliens,  leui*s  >illes  dovionuenL  des 
hatnofuix,  lours  lianioaux  drs  tiiini-s  iU'  4*;dKtrH'S,  et  | 
eos  f,d»anos  nn  innn  qui  s'offaco.  F*aiis  loi  hourg  I 
iisnunrdi  jadis  il  no  losto  plus  uji  Tuit  jiour 
passer,  Irislo  ooniino  tui  survivant,  rôsi^nô  ronuno 
un  f'uhdislo,  devant  lo  elianiji  dos  nioi'ts,  abnii- 
dotiné  lui  aussi,  <|ui  fut  le  conqtnf^tioii  runèbro  do 
la  cité  dosoitnais  ^^-roeque  on  l'on  invoquait  Allah. 

CVst  surtout  ilajis  la  parlio  atilôiiouro  de  la  [ô- 
ninsulo,  sur  le  versanl  où  omilont  lo  Bakyr,  lo 
(iju'di/,  lo  IVIrt  et  le  Grîunl  Moaiidre,  lo  (ihei'énis 
et  lo  Kodjaï»  ipie  li  s  tiî'oes  «^ajLïuonl  a\ee  i^ajiidito 
sur  leurs  vionx  ennonus  lis  Tiires.  Us  n'f  snni 
Lueore  que  -iOUflOtl  sur  quolqni*  einise  eouuue 
150ÛtM)O  Inurnnos.  dont  000  000  Tures  |jurs  ol 
oOO  000  Vuruks  Monmdos.  mais  chaque  lieure  les 
augmente  el  djmiuue  leurs  rivaux  et  umitres.  On 
peut  [trévoir  uuo  ère  où  cts  lleuves  courroril 
l'n  teni»  licllénique  euitrun*  au  lernps  où  on 
los  appelait  Kaikus,  llornnjs,  Kaislros,  Moandros, 
fndos,  Xfuithos  :  celui-ei  seuiblablo  au  llt»an<g-]n». 


qnanl  au  ni»rn,  qui  si^uifie  «  le  Jaune  v.  Tant  sur 
ros  tloiivos  qui'  dans  les  iles  de  la  vxS\v  el  le  resto 
do  la  CluMsonôse,  il  y  a  ])iou  un  niillion  d'Hellènes 
en  Asio  Mineuro  et  peut-être  que  l'avenir,  prosquo 
sombre  en  liuriipe  pour  los  héritiers  d'Agamem- 
non,  dnd' di's  eliefs,  leur  réserve  de  beaux  jourr 
thiris  l'Asîo  atilôiionro.  lïo  ntôme  la  destinée  pourra 
sourire  enlin,  sur  li-s  plaines  les  plus  élevées  de 
l'Anti-Ciiucase,  hux  SOOOOO  Annéniens  qui  cuiti 
veuf-  et  Irafifpionl  tm  loii^  de  rKuphrato  supérieur, 
dans  la  eonlive  iiahde  de  J'Aiaxe  ot  aux  entnurs 
du  tac  de  Van,  déjà  riuutres  du  négucis  de  Ih  li- 
nanr(\et,  tU*  [dus  en  plus,  du  sol  dont  ils  s'em- 
parojit  par  dos  prêts  usuraires. 

Au  midi  de  ce  lac  de  Van  les  Kotirdes  peupleiil 
de  fîéj-es  nnudagnes  dominaid.  les  plateaux  de  l'Asie 
Mineure,  veux  do  l'iiaii,  ol,  de  très  haut,  rotmiie 
du  eîol,  la  Mésopolamio  un  s'unisselil  Euptirute  et 
Tigre,  celui-ei  le  plus  tort  dos  iÏl'ux^  ^rAce  préei- 
sément  aux  torrents  que  le  Kourdislau  lui  lance. 
Dans  leurs  Alpes,  ces  gens  de  proie,  ers  pillards 
eiulurcis,  rare  éueigique,  obéissent  aussi  ninl  à 
la  Tnrquie  qu'à  lu  Pej-se.  el  leur  prin<'ipale  joie 
lut  hmjinns  *l(»  dévaliser  les  liouunes  du  plateau 
C(ninno  de  la  ])laine,  ilans  los  deux  enqiîres  dont 
ils  S4)iit  censés  dépendre,  au  unr'd-<mesJ  relui 
du  sublime  Siillan,  au  s'ud-esl  eolui  du  (.bah  su- 
blime- |{or;L;L'rs  ou  laboureurs,  el  vubuiliers  con- 
dolliôres,  pratiquant  un  îsbiniisnie  suiuiite  gros- 
sier', ils  usent  d'une  très  diu'e  lnnj;;u<»  iranienne. 
nriUinée,  tl  est  vYai,  d';iialie  et  de  syriaque;  niais 
ces  t\i'u\  doruiins  éléinerds,  entrés  nprês  coup,  ne 
tiïurhonl  [niiiit  an  foinl  do  Tidionve  kourdo  :  le 
lajigage  est  aryen  au  uiénu^  liin*  que  les  Kounlrs, 
cousins  des  Persans,  sont  des  Aryens,  d'ailleui*»  ni^ 
los  do  lotU  lenqjs  aux  Tures,  aux  Arméniens,  aux 
Arabes,  à  limt  prineipo  aU'  l'aeo  ipii  vécut  ou  pas.vï 
dans  l'Iran  i*t  l'Asie  aulérieun^  Monticules,  la  slé- 
rilité  n'oserait  frappin'  à  la  porte  de  leui-s  chau- 
mières, ot  toujours,  d^'  leurs  IVoids  hameaux  des- 
oeudont  des  familles  qui  vont  se  (ixor  sur  les 
slo[)pes  iraniens,  dans  l'Analnlie,  sur  U*  cours 
moyen  du  Ki/il-Innak.  dans  le  Taunis,  dans  l'i 
Syrie  du  .Nord,  thms  la  Mésopotamie  septonlrtonale: 
ne  ^Mrdanl  pas  toujoius  loui-  langue,  ils  diminuent 
au  protil  des  tîsuïanlisel  des  Iraniens.  Eu  tout,  il  y 
en  a  bien  2  millions  dans  l'Asie,  dont  TiOU  tiDO  eu 
Perse,  même  sans  les  Louris,  leurs  frères  de  lan- 
gue, et  les  Hakbiiaris,  «lu'oii  croit  leurs  livres  de 
ruce. 


1.    tu    lici*s    (l'eiittv  eu\    lotit 
iIiijMiif  l'trsau. 


tiii     lias    >e    r:ittAi-la-   uu 


:^I8 


ï,\    TKIlUK     \    VOL    IKÔlSKAr. 


Iles  Grecques.  —  Ainsi  quatre  nnfiinis  ont  li'iir 
part  du  ilaleitu,  riiîtis  il  n'y  n  gin'^rp  qui*  dos  fiircs 
dnns  los  iltis.  Mrlrliii,  (lliii),  S.nno»  niu)di*s,  Chypre 
cl  bien  d'iiutivs  [il us  [M'iilcs,  jadis  Iniil  piMciinifies, 
lorsi[u'ellc3  dontuiii*tit  iiu  iiiundt'  tlKiriiii*  dt'b  poê- 
les, des  arlislos,  dos  savants,  en  même  temps  quo 
flt's  jionuni's  de  «  bagoul  d  et  dos  chovcnliors 
d'itidustrio. 

Métëlin  ou  Mylilini,  la  Miiiillu  des  Tuirs,  fut 
IaîsI)OS.  ctMi^bre  par  s*>s  voliiplôs,  mats  quelle 
île  frrocqiio  n'élnit  pas  valuptueuse?  Gr.'uul**  de 
IfiOQUO  heclatvs,  nvoc -irtOOOliab.,  elle  romm.indo 
le  goll'c  de  Sinyrne,  vis-à-vis  du  rivage  où  fîorîs- 
snioiU  Pliorêo,  qui  fonda  Mnrsoilk',  cl,  plus  liiin 
<\iin^  les  tories,  bi  n^jale  IN'rgaiiie.  Son  (Hytiipo 
munie  h  859  iiièlreâ. 

Chio,  h  Sakys  turque,  a  K)0000  liorlaros  et 
<'0]n]itait  (jOOOO  t^mes  nvatil  le  Irendjlcinont  de 
toiTc  qui  virnl  d'ôei'aser  sa  ville  et  ses  bourgades; 
r»flO0  Osmanlis  y  ronleniplaient  les  tnivaux,  les 
affaires  do  5501.0  Crocs,  et  cepondaiit  la  guerre 
de  riiidôpeiidaiiee  n'avait  pas  laissé  un  seul  Hel- 
lène ri  r.hio,  le  Turt*  »\:mi  tuo  ou  Irain*'*  en  es 
fla\af;e  tous  les  rbrôtieus  de  l'ile.  Sur  ses  rors 
chaiu\os  d'où  s'êK>nce  h  plus  de  IjOO  mèti'es  le 
Sfunl-I^lie,  c'esl-ù-dire  en  réalilê  le  UKinl  du  Soleil 
qu'où  rencontre  dans  lant  d'îles  grerques^  di's 
vignes  croissent,  luondêes  de  chaleur,  deluiniùre, 
el  de  ces  vi^ues  coule  un  mnscaï  délicieux.  Les 
Cliiotos,  marins»  jadis  piralos,  ont  le  f,^*'iiio  du 
commerce  :  n  H  faut  deux  Juifs  pour  un  (irec,  deux 
(Irecs  pour  un  Chiote.  n 

Dans  Samo,  à  "lîOOI-ï  mèhes  du  littoral  où  brillait 
Tfdièso,  il  y  a  4(>(j])l)  bonniios  snr  î(îSOO  li^'<:taros. 
autour  du  Kerbi.  montagne  do  17^0  moires  me- 
nant jusqu'au  prinlemj)s  la  tw'\ge-  du  jn-enuer 
liiver.  (iniciellonunil.ollL'  a  rang  de  f  prineip;iulô 
Irilujlaire  ».  (-'est  une  pépinière  fh'  (irecs»  et  déjà 
Sariio  a  donné  15000  S;inuens  au  lilïiH'al  de  TAsit* 
anlerieuro. 

Rhodes,  au  (  beau  bMups  des  Grecs  »,  garda 
I  e!id:ml  plusieurs  olyui|>iades  la  pivpuudéiance 
sur  mer  ou,  [>our  jiarl  -r  plus  juste,  vn  Mêdilej'- 
rauèe  orienlule.  Au  moyeu  Age,  elle  s'illuslra  par 
les  coinbals  do  ses  clievaliers  do  ÎNiiiit-leaii  de 
Jérusaloiii  eunire  les  Turcs,  alors  toul-jiuisrsatils  : 
la  résistance,  acharnée  comme  ruUfl<|ue,  dura  cent 
douïe  ajis,  jusqu'en  i55ïî.  Dans  ce  duel  à  uiori 
l'Kurope  avait  pour  champious  des  n  Lalîus  \>. 
Mais  comme  alors  elle  était  moins  divisée  qu'au- 


jiini-d'lnii  contre  elle-même,  qu'en  face  des  mé- 
créards  elb»  n'avait  qu'un  cœur  el  qu'une  ilme, 
elle  faisait  des  vccux  passionnés  pour  le  Irionipbe 
des  obevalirrs  français,  espagnols,  italiens,  qui 
olaienl  son  avant -garde  à  Hliodes.  Ces  joui^s  san- 
glants revivent  dans  les  ècussons  de  la  fameuse 
rue  dos  Cbevaliors,  h  Hbiidos,  place  d'armes  de 
ces  lièroR  cuii'assès  de  for.  l/ile,  grande  de 
115  000  hectares,  a  tiTOOO  hab.,  menacés  d'être 
ôerasês  sous  les  ruines  de  leurs  demeures,  comme 
aus  triMublemetï's  de  leiTO  do  \>^b\  et  de  1^05. 
I/Altairo  (1210  mètres),  qui  domine  les  plus  nom- 
breux de  ses  courts  vallons,  n'a  p;is  la  liaule  mc- 
jesto  du  Tauius  de  Lycie  qu'on  voit  à  travers  Ilot, 
de  hliodes,  capitale,  el  despoi-ls  do  la  cùted'orieni, 
s'élancer  d'un  bond  à  ôljOO-o200  mètres  dans 
les  airs. 

Chypre,  l'ile  aux  Cornes,  jadis  ainsi  nommée  de 
SIS  longs  promontoires,  eut-elle  jamais  o  millions 
d'àrnes  sous  les  Crocs?  En  ce  cas,  des  plus  douteui. 
il  lui  eu  resterait  le  dou/.iônje  ou  le  (rei/iéme,  sous 
les  Anglais,  après  les  Honinins,  les  Byzantins,  les 
Français,  les  Templiei's,  les  Vôiu(ii>ns,  l«'s  Turcs.  In 
recensement  récent  ne  lui  accorde  que  250000  Cy- 
priotes, sur  9G0  000  hectares,  sol  dégradé,  roches 
nues,  fiovj-ous  vallons. 

Mais  si  ta  terre  qui  dorma  son  nom  au  cuivre  et 
au  cyprès,  si  Pile  de  Vénus  avec  ses  lemples  de 
r'a[dios,d'ldjdie,  d'Amatbonte,  a  perdu  ses  bosquets 
dans  la  plaijie,  elle  gardi'  encore  des  bois  de  pins 
sur  son  Olympe  ou  Troodos  do  !2")I0  mèlres,  blanr 
de  frimiis  jusqu'en  été. 

Sou  ami,  c'est  son  sideil  4|ui  mûrit  des  \ius 
(;mn'ux:  tel  le  cioi  de  la  Commanderie,  el,  connue 
dit  Ilérantjer,  «  le  vin  de  Chypre  a  créé  tous  Us 
dtmï  10. 

Son  ennemi,  c'est  aussi  le  soleil,  sous  ce  55*  de- 
gré, avec  de  longues  saisons  sans  pluie  et  quel- 
4[uelbis  la  terrible  mandibule  dos  siiuterolles.  Mais 
la  foivl,  souveraine  ré[tiiratrice,  pourrait  y  s;mver 
la  monïagne,  y  rafraîchir  les  vallées,  surtout  Ir 
Srarwle  plaine,  la  Messaria  '  désarbrée,  laide,  brûlée, 
maussade. 

Le  (louve  de  bi  Mes^iaria,  le  plus  luug  de  l'ile, 
le  l*édîus,  passe  à  Nicosie  ou  Levkosin  (*20000  hab.), 
la  capiïalo,  el  va  se  perdre  en  nier  au  nord  de 
l'auiagtjusto,  ruine  de  la  puisaïuice  vénitienne  :  il  a 
plus  de  lOO  mèlres  de  lar^e,  mais  il  y  a  peu  d'onde, 
et  souvent  pas  une  t?eule  goutte  en  son  lit  de 
s:ible.  L'ile  est  pauvj-e  en  belle  eau  courante,  mois 

I.  I.'  vmi  nom,  Mé^r^a.  vcul  dire  :  entre  inonis. 


fit  MrNEriiK  m    Tfftî 


319 


une  coucIk*  inipt»niiôablL»  sans  iK's  rorlu-s 

ftrt'us***,    les   soui'cos  y  sunl    forlfs;   cAU's    lit* 

kytiickn  et  c«»lles  de  Chylrèa  font  de  leur  vallan  un 

parndis  do  grands  or;ing»'rs,  de  cilnuiiiiers,  doli- 

vicni  superlieb.  de  mûriers.  Ces  imux,  le  Milyaire 

les  croil  \enues  en  siphon,  par-dessoiis  la  nior»  des 

monts  d'Asie  qui  funt  \îs-;ivis  fi  Clivfire,  et  il  se 

pcul  que  le  vulgaire  ait  niiâuii  (juoique  l:i  mer  nil 

ici   plus  de  riOO  mètres  de  fond  ef  i]iie  hi  rilicie 

iit  à  plus  de  100  kitoinètresr 

lChypn%  terre  grecque,  a  inniatenoul  les  Aii;^l;iis 

lK»ur  maitres.  Incapables  de  coloniser  en  Orient, 

les    rouges   insulaires   nen  enduniniageruiit    p^is 

la  nationalité. 

Villes. —  L'Asie  Mineure  n'a  pns  de  capitale; 
elle  obéit  à  une  \ille  qui  non  seulement  n'appar- 
tient \uts  h  l'Asie  antérieure,  mais  ne  (lè[iei*d  pas 
tde  la  partie  du  inonde  :  il  faut  dire  que.  réparée 
de  l'Asie  par  un  bras  de  mer  plus  étroit  que  niaiiït 
lieuse,  celle  métropole.  Constantlnopte.  [-st  asiati- 
que aussi  par  ses  fauliourgs  de  la  rive  gauche  du 
Bosphore  rùunis  sous  le  nom  de  Sculari  ou  d'L'sku- 
dar.  n  y  a  bien  100  OOO  liunimes  dans  i  ettc  S(;imi- 
boul  d'Anatulie  d*oii  la  SlaiiïUoul  de  Jtuuitièlie 
brille  comme  la  cité  des  merveilles.  Les  buns 
t)6nianlis  de  la  ville  du  sultan  ainienl  à  eluM^^ir 
les  six  pieds  de  leur  repos  sous  les  cvjnès  de  son 
immense  champ  des  morts  ;  est-ce  piété  filiale, 
vénération  pour  la  terre  d'Asie  dont  ils  vinrenl, 
où  ils  vont  retourner  après  quatre  cents  ans  des 
guerre«i  les  plus  faroudies  et  les  plus  vaines  de 
l'hisloirc? 

A  une  centaine  de  kilomètres  au  midi  d  Iskudar. 
Brousse  (55000  hab.)  parlait  avec  orgueil  de  ses 
riti5  mosquées,  quand,  en  1865,  un  Irenddenient  de 
lem*  \  ri'nversii  les  maisons  de  la  prière  et  celle:; 
du  travail  —  car  Brousst»  a  ses  iniluslries.  Llle 
s'èlend  il  505  mètres  d'altitude,  au  pied  d'un  niunt 
noblement  régulier,  vêtu  de  forêts,  avec  neiges  au 
Irunt.  l'dlympe  rJoOO  mélres),  granits  et  gneiss 
ruisselant  de  sources.  Elle  l'ut  la  capitale  des  Turcs 
jusqu'en  iôGO,  où  Murad  1^'  fit  d'Ajulrinuple  sa 
résidence,  et  tant  qu'elle  resta  la  métiopole  des 
OmMtiiiH.  alors  dans  toute  la  gluire  de  leur  Jeii- 
mrfisi-»  elle  sVmplil  de  palais,  de  masquées;  elle 
(H»êtes,  des  légisjes,  des  savants,  des 
^.  des  «  bummes  du  Livre  m  ou  théolo- 
gieuft  du  Coran  :  elle  vit  naître  la  littérature  turque. 

l'idiome  des  Ottomans  s'accroitre  par  de  larges 

pninls  à  l'arabe  et  nu  pei>saii. 

Cinq  fois  gmnd<*  nomme  Brousse,  Smyrne,  Ismir 


des  Tnres,  a  180000  Ird).,  dont  150000  Grecs. 
-iUUOO  Turcs,  et  nombre  de  ensniupulites  grâce 
auxquels  la  langue  PiMnçaise  est  très  répandue. 
Par  ce  nombre  d'imninies,  par  sou  commerce  qui 
en  l'ail  le  princîfKil  eenire  d'échanges  entre  TEu- 
ro|K'  et  le  LevanI,  Sinyrne  est  et  restera  long- 
teiii[:s  la  première  ville  de  ce  rivage.  Son  golfe 
est  [irnlondêment  eufuiiré  dans  les  terres,  au  nord 
de  bi  rive  où  régna  rélègante  Éplièse,  où  trafiqua 
Mile!,  inère  de  pivs  de  quatre-vingts  colonies  grec- 
ques, et  bien  au  suti  du  litloral  ou  le  Kas-Oagh  , 
{I75l*  nièlresï,  jadis  l'Ida,  reganle  les  champs  où 
Cul  Troie. 

*irs  trois  villes  majeures  sont  i\  hx  côte  ou 
près  do  la  côte.  Vient  ensuile  Kais.Trieli,  cité  de 
00  000  àines.  à  1005  mètres  d'allitude.  au  pied  de 
rArgéo.  près  d'un  court  afiluent  du  Ki/il-lrniak; 
elle  viv.nt,  elle  végète  sui*  fLiu  dt»  ces  plaleaux 
de  l'intérieur  où  s'agitèrent  lanl  di»  races,  —  lus 
nations  d'avant  l'Iiistuire  dont  nous  iKdlmtîons  h 
[leine  les  noms  parés  à  la  greique,  puis  les  Sémi- 
tes, tes  Touraiiiens  de  toute  horde,  les  Iraniens,  lis 
Arméniens,  les  Givcs,  les  Celtes  même  :  car  nous 
enines  ici  des  arrière-grands-oiicles,  les  Calâtes  ou 
(Jauluis'  dont  lu  langue  dura  cinq  ou  six  sièides 
sur  les  plaines  d'Ancyre,  Aiicyre  aujourd'hui  c'est 
Angora  (iOOOO  Lab.).  ville  à  iOc^O  mètres  d'alli- 
Uule,  cêlèlnv  par  ses  animaux  à  lor*g  poil.  — 
Lrzeroum  (2O00O  hab.).  la  Garem  des  Arméniens, 
jirès  (îe  l'Euphrale  occideiilal.  Tune  des  deux  br;in- 
ehes  mères  du  lleuve,  est  à  lOtiO  inèti-es  au-dessus 
des  mei*s,  plus  haut  que  le  culnien  de  noire  Au- 
vergne :  aussi  l'hiver  y  descend-il  à  — 25",  tandis 
((ue  par  de  longues,  d'atroces  chaleurs,  l'été  peut 
atteindre  -h  U°. 


Pays  de  TEuphrate  :  Mésopotamie.  —  Kn 
(juilhmt  le  plate;iu  de  l'Asie  Mineure,  IKupluMle 
etitre  flans  une  large  cimîrée  basse,  qui  est  *'ii 
itiéine  leiups  celle  du  Tigre»dans  la  coiique  d**  Mé- 
sopotamie, grande  comme  la  France  avec  5  à  G  mil- 
lions d'àtnes. 

Ce  fut  la  terre  glorieuse,  orgueilleuse,  des  palais 
énorrius.  des  statues  colossiiles.  des  gigantesques 
ciladelles  de  biiques,  des  canaux  sans  nombre. 
des  villes  «  où  six  vingt  mille  enfants  ne  savaient 
p:is  discerner  leur  iiinirt  druile  de  leur  muiii 
gauche  •>.  vVssuur.  Nimroud,  Niinve,  Dabylune,  Si'»- 
liïucie.  t^lésiphoti.  el  plus  tard  la  Itagdad  d'Ibi- 
roun-al-Kachid  et  des  grands  fjilifes.  Il  lui  reste 

I.  C\"^\  vn  l'iMi  -*7X  nvaal  Jésu*-ClM*i*il  ipi'tK  [«nsserenl  en 
Asie. 


î  \    TKRRK    A    Vnr,    D'OISEAIT. 


dos  mines,  ctil's  riririf's  d**  riMiïi'5i.(|<'sliièr(>^l\|ili(*s 
sur  la  hrûjiie.doH  jetables o(  «lu  sol  itiuuiiil  |i;ir(miloû 
k'scannux  ne  coui-iU  pUis^ili^s  niyniis  lïi  oii  ilsonl 
tri^vi\  «les  Vi'.iIh's»  des  Turcs,  di's  l*(*rs:iiis  rjiii  rir 
soni  |iiiis  1rs  Irnrïicns  dMiilivInis,  purs  ;iil(»r:ïh'iii's 
(lu  l'eu,  d*'S  Koiiides  ^mssioi's  dans  1»'  nmnl,  des 
llêdouitis  |iillni'ds  dans  la  \\Ui\u*\  dt's  d'ikilts  s;itis 
aniiHir  jtour  la  U'vw  :  i\  (ju')i  Ixiik  sims  n.'  Iirnlint 


s*d('il  h.ihyloïiien.suor  sa  viV  durant  pour  pnrirliir 
li'S  funiiiiMs  gviiérîiux  de  la  Sublime  Porte'.' 

OUe  région  l'sl  nelleinent  limïtiV  :  .111  nord  oll*» 
n  rAnlr-T;n(riis.  rAn1i-(';iiirasr ;  ;i  l'esL  les  \I|h»s 
dit  Knuntislan,  que  jrsiirers  nomnifiienl  MonlsNei- 
peiix;  h  loues!,  ses  arènes  iricandeM'»*n|ps,  ses  Imm- 
iiiadas  ou  plaleaux  de  roclie  ihitv  voul  se  henrlei 
aux  dj»*'lM'!s  tio  la  Syrie;  au  sud  vïW  <'onforid  s»'s 


L'Euphr.ito  '  Imite*  tl«'  fMItil,  iliijitvH  tm  df'^Mit  ittr-<1il  dr  Foliic  Tlumn^. 


b 


snbles  avec  ie^  sai»les  aixionls  d'Arabie;  au  sud-esl 
le  délia  de  snii  lleuve  meurt  sur  W  ^idle  Persi- 
(pte.  Trop  ^aive  des  venis  de  juer  au  nord,  k  l'oc- 
cidctit,  ù  l'urieiit»  elle  &'étale  au  soleil  du  Midi. 

Euphrate  et  Tigre.    Chatt-el-Arab.   —   Au 

pertiMïaul  du  Ooumli^  dnns  U's  porphyjvs  et  les 
tni4*fîvles,  par  *i570  mètres,  rEiiphi'at*;  sort  d'une 
Iri's  (Voidr-  s^fuceir  dont  [jarle  souvent  lu  lé^iMide 
iinnêni*'niie.  Sous  le  non»  dire  de  Kara-sou,  PKau 


Nuire,  «a  Brune,  el  sous  celui  de  Koui-al  '.  il  ser- 
peulc  sur  le  plitteoii  d'Ki'/i'nnini,  l;ir  èniulé  dtoil 
il  reste  [les  luiinus;  |)uis  il  biuil  en  dèjilês  qui 
sont  d'une  grtnuleur  presque  incomparable  devant 
la  ville  d'IvRliin.  Il  eourl  ai[isi  vei-s  un  autre  tu- 
plirate.  plus  li>ng  et  plus  Hboiidanï  que  lui.  le 
Mourad,  né  pri^s  de  Bayczid  dans  une  chaîne  de 
riM8  mètres,  ei  qui,  tortueux,  a  passé  au  nord 
ilii  Ue  de  V:iti. 

1.  U'où  uolre  nom  «rEupla*a(c. 


ASIE   MINEIJIE   OU   TrKUlIE    D'ASIE. 


521 


l  réuni  ses  deux  branchies,  le  fleuve  entce- 
de  p<*rcer  le  Taurus  par  des  êtrnnglemenls 
fcilomêlivs  de  long,  de  ôjOmèires  d'eiifiuH-e- 
te  qui  e<.\  L>xactenienl  la  prorondeur  du  caguon 
:  large,  suivant  les  passes,  de  plu^ii'urs 
tes  de  métros  ;i  ZO  mètres  seulemerU.  il  dL?s- 
)ar  trois  cents  mpides,  cliules,  bouilles  et 
les,  dans    la  plaine  de  Mésjpolamie    que 


les  Arabes  appellent  el-Iïjt'zireh,  "  lUe  >',  entre 
Kuplinite  et  Tigre,  el  que,  mieux  encore,  les  vieux 
Cfuildêens  nonimnii'nt  Aram  Néhar;i(n  ou  Syrie 
des  Deux  Fleuves.  11  y  rouli?^  ëeliappé  de  la  geAlo, 
sur  une  peulc  qui  le  mènerait  ii  la  Mèdilerranée 
par  Alep;  à  Uiredjik  il  n'est  plus  (|u'!i  105  kiln- 
iiièlres  de  celle  mer,  mais  sa  rive  dmUe  IVitle 
des  sables  de  désert  (juil  renonce  h  vaincre,  et  il 


écjatrement  lumineux,  il  roule  en  dormants,  en 
bouillants,  diminué  par  tes  gigantesques  norias 
ou  roues  à  godets  qui  le  puissent  el  les  canaux 
qui  l'éfiuisent  :  l'un  de  ces  canaux,  riliodiali,  lui 
prend  quasi  la  moitié  de  son  Ilot  pour  le  meiuT 
au  Nedjef,  Lic-niarais.  onde  sal^e  de  100  kilo- 
mèlies  de  long  sur  oO  à  50  de  lar^'e.  Ce  Nedjef 
ne  rend  paâ  à  l'Eupbrate  toute  itt  rivière  qu'il 
lui  a  ravie,  car  une  bonne  part  Ta  se  perdre 
indépendamment    dans    le    golfe    i'efïtique    sHnii 

41 


ô^û 


LA    TKRHK    A    Mil    UnlShAi. 


passor  par  k*  Cliall-fl-Arvih.  l-^t,  sur  h*s  dmx  riv(»s, 
dtî  vastes  marais  soutirent  le  lleuvi?  àt*  Biibylniie  : 
caiiîit'  mnitrpsï^c  do  l'iiiforiorilê  de  rKujiliraU*  loi-s- 
qu'il  rutiroiili-o  If  Tigro. 

H  lui  vient  bien,  par  sa  droite»  uni^valléo  presque 
aussi  longue  *fue  la  sii'tHie,  rirrîvre  ifc  lîi  snirile 
Mêtliue  par  TArJiIjie  ilu  .Nuni,  ninis  l;i  rivière  de 
celte  vallée,  l'Oued-er-Hournman,  in'  roule  pas. 
Carntneut  le  ler;nl-elle,  ayaiiî  poui"  doine  la  vnrile 
cruelli^uieiit,  f;d.'deineiil  sereine  ipie  le  soli'iï  eui- 
brase  tout  le  Jour  et  dont  on  c'0[n[)le  hi  ttuil  l(»t)s 
les  aslres*?  L'Oued-er-ïlounnrmn,  lon^'  de  '2000  iu- 
lunu'ties»  ne  vers*-  [las,  \isildemenl  du  moins,  à 
riiiuplirate  autant  d'eau  que  eliez.  nous,  dutts  In 
prairie,  enire  les  mai'^aierites  el  les  boutons  d"or. 
l'hurnliïe  foiil.iine  nu  ruisseau  qui  fiasse. 

Le  Ti;^nv,  1res  rafnde.  <(  l'ait  ;iutnnl  de  eheintn 
LMi  un  jour  qu'un  bon  iinrelieur  en  sejii  »,  et  il 
(irerail  son  mun  d'un  vieux  mol  pers;:n  qui  voubiil 
dii'e  llèelie.  Li\  on  il  ninK  In  mmilai^ne.  |M>iril  éle- 
vée» domiue  de  iUO  niélres  la  t'iuse  foidue  on 
passe  en  grondant,  cumm«  éloulTé  dans  la  fa-ofon- 
deur,  un  lleuve  rjtii  a  déjà  ('(Hiru  pmidiui!  .'iflO  ou 
OOU  kilumêli'es,  et  re  lleuve  est  jiisli'tnent  i'iMi- 
plirate,  iid'érieur  eti  onde  au  Ti^rre  in;d^^ré  eel 
exrés  de  longueur;  niérn<'  il  ne  roule  [tns  la  nioîlié 
dt*s  eauï  de  siui  «  juiueiiu  j>,  s'il  esl  liieu  vrai  ipo" 
rKu[)lira1e  arrive  nu  rendez-vous  de  Kojiia  :\\vv 
2U0j  (?)  nirlres  rubes  seuleojenl  par  sennoîe.  le 
Tigre  avec  4Cu)G  (V)  :  en  titut  ras,  à  1'  «  iisseuddée  i* 
des  deux  rivières,  l'Kuphrale  n'a  que  l^r»  nièlr'es  de 
large,  laiuli:^  que  le  Ti^re,  plus  profond,  agile  ses 
eaux  jaunes  entre  des  rives  élni^aiées  d'au  nniins 
20Ô  métrés. 

Le  Tigre  a  deii\  braiiehes  mères  :  le  Ditljlé  ou 
Tigre  «jceidetilal  et  li^  fîotan  ou  Tigre  oiienlal, 
celui-ci  le  moindre  des  deuï.  A  peine  li^s  a-t-il 
réunies  qu'il  s'enfonre,  Jà  jniissanl.  dansde  longues 
gorges,  parmi  les  raleaii'es,  parmi  les  basaltes;  il 
baigne  Diai'békir»  puis  Mussoul,  et  reroit  par  sa 
l'ive  gauclie  les  vasti*s  torrents  des  inouïs  Kourdes. 
ces  généreux  pimrvoyeuis  de  neige  ([ui  se  dressent, 
grands  de  lOUO  à  'i500  niélres,  eiilre  l'imn  et  la 
Mésopidamle,  entre  la  terre  haute  qui  nourrissait 
Cyrus  ([uarul  la  ternî  basse  avait  déjà  dévoré  Nim- 
l'oud  el  Sémiraniis  :  e'est  ainsi  (pi'il  boit  le  iiivnnl 
Zab,  lénioin  de  bi  balaille  d'Arlielles.  le  Prtif  /ab, 
le  Djnin.  La  grniule  ville  étalée  sur  sa  rive  esl 
Bagdad;  Kliorsabad,  Koïoundjouk,  Niinroud,  ruines 
de  pierres,  sont  ses  eilés  rnniles.  Sur  l'Kuplirate, 
près  d'ililleh,  s'elTondre  ce  qui  reste  de  Babylune  : 
ici  ce  aoiil  des  ruine»  de  briques,  an  la  «  Porte  rïe 


l*ieu  lï,  lîabil,  rn  pays  d'alluviuit,  loin  des  roflicrï^. 
bâtissait  pour  une  immortalité  plus  courte  que 
A'inive  et  ses  sa^urs  assyriennes,  en  briques,  en 
pisé,  on  moj'Iier  d'asphalte;  el  llabyloiie  n'est  pi u^ 
qu'un  décrtmbro,  un  nom,  un  néant,  tandis  qu  à  son 
voisinaj^e  kerbella  brille  enrm'i*  dans  sa  ^liiirp 
Olli*  ville  sacrée  des  musulmans  chiites,  ennemis 
cordiaux  des  musulnians  sunnites,  reeevait  rêceni- 
ment  chaque  atniêe  jusqu'à  1*20  000  pèlerins  Hors 
d'avoii'  Iraversé  des  grands  plateaux,  des  Allies, 
des  torrenis  sans  nojnbr-e.  deux  fleuves,  el  d«s 
plaines  qui  smil  une  étuve.  pour  venir  nmruuu-rr 
nue  prière  elmaiit  le  tiimbeau  d'Hussein,  (ils  d'Ali, 
peiil-lris  de  Mahomet.  Telle  est  la  s^icro-saintetè 
du  sjI  où  sugna  ce  martyr  que  les  Chiites,  si 
loin  qu'ils  demeurent,  mémo  au  bout  de  Tlude, 
ont  pour  V(L'U  suprèrne  do  lui  confier  bnirs  dé- 
pouilles; des  caravanes  félidés,  seiuant  parfois  U 
peste  autour  d'elles,  mènent  à  Kerbella  des  cada 
vres,  et,  à  défaut  du  rua*:rrïa  qui*  nous  devenons 
l(Uis,  L^s  os  déterrés  de  C)*nx  i\m  SfUiliailêrent^ 
mourant  de  reposer  en  paix  près  d'Hussein. 

Uuand  les  deux  n<'uves  ar*rivenf  \*\\  fai  e  l'un  dp" 
l'autre,  après  avoir  eortnmniiqné  par  des  branches 
d^inion,  d'abord  de  riùjpluvile  au  Tigre,  puis  du 
Tigre  à  rKuplirale,  ils  ne  si*  ressemblent  p<unt  : 
i'I^ufilirale,  riarilié  [nw  les  marais,  est  moins  louche 
et  [dus  indob  nt  que  le  Tigre. 

Il  fut  un  feni[)S.  1res  loliilttin,  m'i  ils  allaient  par 
deux  voies  dilTéretiles  au  sépulcre  commun  di»s 
fleuves.  Ils  y  vont  ensemble  aujourd'hui  par  le 
Chatt-el-Aralî»,  courant  de  GGOC  (?)  mètres  cubi-s 
de  moyenne  portée  pai'  seciHide  ayant  ^00  métn'& 
diî  largeur,  G  A  iO  de  proHuideur. 

Le  (^hall-el-Aral)'  passe  A  une  lieue  de  Bassora, 
ci(é  déchue,  et  se  termine  en  delta  sur  le  golfe 
iVrsique  après  avoir  longé  sur  sa  rive  droite  ou 
turque  (la .  gauche  étani  p*'rsan<»)  une  des  plus 
vastes  forêts  de  palmiers  du  rnruule  :  l'arbre  svelte 
s'y  compte  fiar  nombreuses  dizaines  de  mil- 
lions, sur  00  kiloniêli'es  do  front,  avec  5  à  |0 
de  recul. 

Li"  Ileuvi*  des  Arabes  esl  un  gnnid  charroyeur  de 
débris.  M  a  déjà  comblé  de  grands  recoins  du 
golfe  Persique,  rattachant  ainsi  les  quatre  Heuves, 
indéiiiMulaiils  jadis,  qui  se  nomment  Tigre.  Ku- 
[)hratr,  Kerkha  el  Kharoun  :  en  li'ois  mille  ans.  si 
boue  et  ses  rosenux  se  sont  avancés  de  150  kilo- 
mètres sur  la  mer  —  soit  une  moyenne  de  où  inê- 
(jvs  fiar  an. 

Il   absorbe  Kerkha  et  Kharoun,   descendus  des 

).  r."c:«t-j  tliiv  :  le  riftivedcs  AraLus. 


ASIE    MIXKUUE   01     TIRnllK    irASIE. 


3d3 


I 

I 


nionU  du  lourisbin  et  du  Klioi\zistan,  (fui  jclirtit 
li*$  Al|>«-s  du  Kouitlistjin  aux  iiiont.igiirs  du  f^ii-sist»!! 
ou  ÏVrsc'  pn>|»re  ol  sêp;uYnl  h  C4>iu|iif  dt»  l'Iûi- 
plirate-.  ôlendut'  à  U'urs  pieds,  du  pLitfjui  d'Iran 
portt}  sur  l»'ur>  /*piiul(»s.  (li*  sont  là  doux  bcllt^s 
rivières.  Lo  KImroun  n'a  (pruu»^  entrevue  avec  le 
Chatl-el-Arab.  à  Mohamntêra,  pnr  un  c^nal  qui 
Uis6e  au  llcuve  quelque  jkmi  de  rmule   kharou- 


:iii'iiii<\  puis  il  vn  se  rt^uiiii*  au  golfe  [Vrsique  par 
une  endimichure  A  lui. 

l)e  la  source  de  riùiplirale  à  la  fm  du  ('hall- 
el-Arali  il  y  a,  détours  en  eoinple»  près  de 
2'»00  kil«inièlrcs,  et  le  liassiii  dê[»at:se  toute  la 
France  de  :iO  à  25  inillioris  d'heclares  quand  on 
y  ajoute  un  grand  liei*s  pour  les  oueds  éleints 
d'Arabie. 


Ctékiplioii  :  arc  de  Chc»rot«.  (Voy.  p.  324.)  — Oetsûn  d«  Tjylor,  d'api'^s  une  ptiulo-^nplùe. 


Peoples  et  Tilles.  —  Nous  ne  sivuns  re  qu'il 

irnrore  du  sang  des   peuples  qui  t^levèrent 

"îri  leurs  fameux  ernpiit.^,  j»tnjples  tpii  se  flattaient 

d'une  inunortelle  durée,  tandis  rpre  leiii-s  lioninieii 

hd'Etat  se  croyaietil  sages  parce  qu'ils  étaient  heu- 

trfut.  et  justes  |Kirre  qu'ils  étaient  Htrls.  Mais  celte 

Uige994»    vt   cetli*   justice   n'eurent    qu'un    temps. 

I  Nioivo  ni^rne  fut  détruite;  son  sol  de  décombres 

podu.  par  delà  deux  A  trois  mille  aimées. 

m&  d'ênurnies  édifices,  de^  statues,  des 


lias-reliefs  d'un  calnu*  et  d'une  barbarie  grandioses. 
L'éclattnte  Babylone  dont  le  monarque  o  fut  pesé 
dans  la  balance  vl  fui  trouvé  léger  m,  s'éciipsa 
devant  l'astre  naissant  de  la  Perse;  de  gloire  du 
monde,  elle  devint  ville  de  province,  et  «prés  avoir 
vu  mourir  Alexandre,  elle  disparut  d'entre  st  s  murs 
de  tii  kilomètres  de  cAté  renfermant  TiT  000  hec- 
tares, plus  de  sept  Paris. 

Ces  puissantes  nations,  on  en  a  certitude,  étaient» 
au  moins  en  grande  partie,  de  langue  sémitique. 


331 


LA    TRRRE    A   VOL    D'OISEAU. 


Mlles  nllaionls'hellêniwinlquflnd  lo  niondfl  changea 
dt*  cours  :  apr^s  los  nrls  grers,  rArniii  Nt'IiîU'nîn 
reçut  les  arnices  romaines,  [mh  viriivnl  l'nrllu's, 
Pt'i'sans,  Arabos,  Mongols,  Turcs,  tous  gens  de  peu 
(le  clênience,  qui,  ni.'issacraiit  à  liras  lis,  t*\  de 
furre  ou  de  giv  passiril  it  tnuers  les  faiiiilles, 
h'iKiljlèreiil  dans  su  pureté  la  saurre  du  s»ug  chut- 
di'i^n.  hfins  jp  Kuui-dislan,  fuit  de  hnutes  montn- 
gnes,  li*s  Assyriens  ont  sûrement  Liisse  be.uicoup 
d'eux-nn^ines;  en  plaine  le  sang^  nrabe  domine 
de  toiile  évidence,  h  eAlé  du  persan  el  h  cAté 
du  turc.  Près  de  Ifarran  dea  villages  parlent 
encore  l'anlitjue  sjriaque,  idiome  dont  se  servent 
aussi,  mais  sans  \v.  compi'erulre,  el  seulement  dans 
leurs  rites,  2(ïO<M)0  ÎVi>storieiis  qu'on  piviend  rat- 
larher  ans  i\ix  tribus  exib'es  rris7'a*d,  Ilitts  h*  pays 
de  Mossoul,  près  du  Tigre,  luibilenl  les  Yêzides. 
Kounles  adorant  le  Diable  :  «  Pourqtioi,  disent-ils. 
implorer  le  Dieu  [jon'M'.eJui  qnil  faut  llécliir,  e'esl 
le  MîHivais.  c'est  Salan  î  »  Leur  ville  siinle,  patrie 
de  leur  prophète,  lieu  de  Irur  pèlerinage,  se 
nomme  Lalekli.  Ils  sont  vu  toul  MJUdO  au  i>lus, 
et  fort  dispersés. 

Il  n'y  a  pas  '2  500000  hommes  dans  la  conqut» 
d'Eupbrate  A  Tigre,  plateau  d'Arménie  el  mouls 
du  Kourdisîan  â  part  :  dans  la  [tlaine»  presque  titut 
ce  monde  parle  l'arabe,  et  dans  lu  montagne  ri^gne 
le  kourde. 

La  gnuide  ville  du  bassin  borde  le  Tigre,  près 
du  site  de  Séleueie  et  des  ruines  de  Clêsifdion,  qui 
se  regardent  d'un  bnrd  â  l'autre  de  bi  riviéro  : 
—  Sêlein-ie  où  rêsidêretil  iivîuif  d'habib'r  Anlioelre 
les  soHïplueus  lois  de  Syrie,  maiires  de  fnit  an  de 
nom  (bquiisie  Itosphore  jusqu'à  t'Indus;  Clésipbon. 
capitale  des  Partlies,  avec  le  plus  beau  des  purlails 
prrsîuis,  itéln'is  d'un  [Kilais  de  (ihosroès,  —  Celle 
ville,  Bagdad,  fut  cinq  conts  ans  le  siège  îles 
Califes,  la  tile  de  l'tîmpin*  Ar'abe,  h  reine  des 
lettres  el  des  arts»  la  scène  des  contes  merveilleux 
des  u  Mille  et  une  nuits  ».  Lut-elle,  <'oniïne  on  dit, 
2  millions  d'i^nïes?  Elle  n'en  a  que  ROOOO,  Ara- 
bes, Iraniens,  Hébreux,  IranifUîml  avec  la  Turquie, 
l'Arabie,  la  l'ei'se,  le  Tin'kestati,  ITnde.  (»nîei*"lle- 
meiit  on  la  nomme  la  Maison  de  la  Paix,  Dar  es- 
Salam;  c'est  plutôt  la  Maison  de  la  Peste. 

Mossoul  (;i(HMMl  bnb.)  boi'de  lt>  Tigre,  tout  près 
du  plateau  qui  poita  Ninive  :  elle  est  à  !20  kilo- 
mètres au  sud-iiuesl  de  Khorsabad,  jialais  dont  les 
îuurs  avaient  HM>  pieds  de  haiil,  75  d'épaisseur; 
elle  est  à  ôt)  kibjniètres  au  nord  de  >iiuroud.  ijui 
fui  sous  le  nom  de  Calacli  la  rapilale  anténifii- 
vite  df'  l'empire  des  Assyriens 


Diarbékir  (40  000  hah.)  est  également  sur  le 
Tigre,  .-i  tiSfi  mètres  d'altilude,  en  pays  d»»  lanpue 
turque,  mais  à  portée  des  Arméniens,  des  kourd>.-â 
et  des  Arabes. 


Syrie  ;  Liban,  Anti-Liban.  —  Knli*e  la  Médi- 
terranée et  le  désert  de  Palmyre,  la  Syrie  allonge, 
du  nord  au  sud,  des  monts  fameux,  Liban  et 
Anti-Liban,  séjuirés  par  la  dépression  profonde  que* 
les  anciens  avaient  nommée  Cœlé-Svrio  ou  Syrie 
Creuse  et  qu'aujourdiuri  les  Syriens  nomment 
Ll-iJekaa  ou  le  Val  aux  Mùriei's  :  en  moyenne  co 
bas-fond  eiil  h  lOOO  iiïètres  au-dessus  des  mei*s, 
entre  des  montagnes  de  îiOOO,  de  12500,  du 
r>OUO  mètres  et  plus. 

la'  Liliaii  parait  tirer  son  nom  du  mot  hébreu 
laban,  être  blanc  comme  lait  :  sans  doute  à  cause 
de  ses  dômes  couverts  de  Irimas  qui  ne  sont  point 
élernels,  puisque  son  plus  haut  somnn*!,  le  Tini.i- 
roun  (5210  mètres),  ne  garde  [las  tout  réié  le 
manteau  neigeux  de  Thiver.  A  2240  mètres  d'alli- 
tude,  la  magnifïtpie  fi»rét  de  cèdres  du  Liban,  jadis 
le  [«lus  célèbie  des  hauls  bosquels  de  l'Orient,  ii'n 
guère  tjue  400  arbres,  dont  cinq  seulement  gigan- 
tesques, qu'on  ne  sai!  comment  ganmtir  cunln^ 
rimprirdi'tïce  des  pAtres,  l'iividilé  des  bncbenms, 
réioufderie  des  passarils  :  arbres  noueux»  tordus, 
vénénddes,  cassés  de  vieillesse. 

Grès,  l>flsalte.  et  surtout  calcaire  et  craie,  le 
Liban  suit  la  Médilerrajiée,  tantét  de  très  près. 
lanbM  à  25,30.  iO  kilomèlres.  el  il  lui  envoie  une 
feule  de  torivuitsdotit  les  fureurs  ont  peu  <U*  durée, 
diMil  les  cascades  se  taisent  presi^ue  toute  ratmi*e 
faute  d'eau;  il  y  a  quelques  petits  crocodiles  dans 
le  bas  de  deux  de  ces  uabr'.  Pri^s  du  litloraUde 
s[deiuliiles  jets  de  source  donnaient  à  boire  aux 
grande.s  villes  phéniciennes;  ils  abreuvent  main- 
tenant les  troupeaux,  ils  arrosent  dj^8  oasis,  ils 
mettent  des  moulins  en  branle,  (pielquefois  ib 
ne  fniit  qu'égayer  la  sulitude.  Dans  la  haute  mon- 
tagne les  petites  a  vaucluscs  n  non  plus  ne  sont 
pas  rares,  au  pied  de  la  roche  â  vif  [irodii^'ieuse- 
menl  haute  :  ainsi  sort  de  la  piei-ie  le  Nalir- 
Ibrahim,  antique  Adonis;  ainsi  encore  le  Nalir-ol- 
Kelb.qui  se  nomma  Lykos.  et  les  pures  funhnni*» 
du  Nabr-Kasimiyeh.  le  \ieijx  Léontês, 

Le  calcaire  Anti-Liban,  riche  en  peupliei*s.  htirde 
la  mer  des  sables,  comme  le  Lii)an  la  mer  d«*s 
eaux;  sim  irrand-llermon,  l'un  des  djebels  les 
nieins  nus  di'  Syrii*.  monte  il  28'i7  mètres.  C'est 
lui,  cliaine  (ièrenient  déchiquelée,  qui  envoie  de 

1.  Sahr  veut  dire  fleuve,  en  aralie. 


5i6 


LA    TElUtB   A    VOL    D'OISEAII. 


si  bollesenux  à  l*anias,  lui  tiui  fiUiv  étornelienieiit 
les  pluirs,  les  neiges  d'uii  li^  Jourdnin  tire  k*  flot 
Lrillniittle  ses  prenuèn^s  ront.iines:  [|  iiiîinjue  avec 
granHinit%  nu  nord,  \v  Liuut  du  piiys  juif  «IimiI  la 
fiu  imu-idiotialc  csl  îi  ht  rrn^r  Mario.  Au  sud  de 
celle-ci,  en  lenv  d'ÉgyptOt  mais  d;ms  une  pres- 
(ju"ile  nUlaehee  k  la  Judée  pnr  les  souvtMiirs  d'une 
nit^iiic  Iiisloire,  au  nord  di*  la  nu^r  llou^^e,  iMiIre  les 
guHes  de  Suez  el  d'Akahaf»,  h*  f^r.iiiilique  ci  (ivs 
beau  SînaF  se  dresse  en  pics  iinposanls,  Serbal  aiu 
8e[>t  pointes,  mont  de  Moïse,  iriorit  Hnreh»  mnut 
SainUMIaKierine  ('JtiôU  à  2ô*J!i  mètres);  à  ses  pieds 
des  ravins  sans  eau  s'ouvrent  sur  le  dessert  ou  sur 
les  deui  golfes, 

Jourdain,  mer  Morte.  —  Le  fleuve  de  Syrie  esl 
rOroiili',  le  lleuvc  de  h  PaUiSlfiie  est  le  Jourdaiti, 

Le  ffiiblc  Oj'iiiile  irllu**  l'm  hies  iiuj  sont  loul  nu 
plus  des  marais  ni^lastes;  il  passe  |i;ir  les  ndnes 
delà  liisle  Antinelie  v\  si'pEiri"  «le  l'AnfjTnuius  le 
Lib;m,  ou  [ilntiU  li's  tnonls  ilrs  A(i>;inrfi,  nurïji's 
crayeuses  qui  continuent  Je  Libîjo  vits  le  mm]. 
Anlioche  {^2000  hab.)  fut  la  tmisirme  vilk»  du 
monde,  el  eu  ses  beiiux  jours  ne  îï'iurlinti  (|ue 
dînant  Kume  el  Alexandrie. 

L*^  Jtiurdain,  Ioïi^î  dïi  |H'ine  150  kilotni'*tres,  a 
pour  vallée  uiu*  feule  d»?  la  Ti'J'i'i!  <]ui  s'ae!n"*v*'  dans 
la  plui^  profonde  des  dépressions  connues.  Sa 
source»  niére,  très  puissanle,  Uîie  vraie  Surgues, 
s'tH'!iap|)i'  du  bas.tlli*  à  Tell-el-Kadî,  au  fij*-'d  d'un 
grand  Irène  el  d'un  |,MMnd  hè!re,  à  \i\7t  ruèircs  d'al- 
lilude,  rn  un  clair  loi'renl  de  10  mètres  de  large  : 
c'est  la  fontaine  ili*  iMn,  où  comnieneail  la  patrie 
juive  (jui.  dit  la  Bible,  va  de  Dan  A  Bècrsébn.  lieux 
fois  moindre  est  la  seconde  source,  lu  Umi  de 
RaniaSt  l'uyant  du  calcaire;  el  trots  fois  plus  faible 
rilasbani,  bui^^  l'uisseaii  roulant  di^s  i*an\  loui*bes 
quand  il  renconinr  le  Jtmnlaîn  iles  Ibnlaines. 

Kn  bêbreu»  yarthn  veut  dire  :  qui  descend; 
H  en  elTcl  le  Jmirdain  route  rapidcnn'ul.  A  sou 
premier  lac»  le  llonli'li,  ptviétlè  (Tur*  marais  à  pa- 
pyrus, il  n'est  déjà  qu'à  -'  mètres  au-tlessus  des 
mei-s  :  ce  lac,  a[)pelé  par  la  Bible  les  Eauit  de  Mé- 
rotn.  ^eul  avoir  tl  kilomètres  de  buig  el  autant  <ie 
large  quand  la  saison  sèche  radimimiè.  La  seconde 
na[»[ïe  joriLinientie  a  17'KlO  lieelares;  elle  porta 
ilivers  tnnus»  lac  .de  Tiliériade,  lac  de  Génézarelli, 
mer  de  (ialilée.  nier  de  Kinnerelli  :  c'est  mainte- 
nant le  Ralir-Tabartch  iK's  Arabes,  qui  miroite  à 
^OH  mètres  en  contre-bns  des  océans  avec  25(1  nn*- 
ires  d'eilréme  profondeur.  l/él;igeuieut  des  cou- 
ches régulières  de  cailloux  qui  domineril  son  eau 


à  24  degrés  donne  h  penser  que  reUe  Médilen-aiiéo 
minuscule,  quebiue  peu  sauniAIre,  jadis  plus  vaste. 
plus  haute,  cormnuniqua  peut-être  avec  la  grande 
Médilejiiiuée  jiar  la  phune  d'Ksdraékui  :  celle-ci  eM 
une  opulente  alluvion  où  le  Ktson  s'égare  a>aiU 
d'aller  se  [jcrdre  en  mer  au  [u'ed  des  tiers  pro- 
nuMdoires  du  (lannel. 

Le  .laurdain  irssorl  du  Babr-Tabarieli  avec 
25  à  oO  ïnèlies  de  largeur;  puis  il  serpente  entre 
roseaux  el  laniarisques,  paisible  sauf  un  ou  deux 
lapides;  il  est  au  fbu*l  du  Gbor,  vallée  déserte,  en- 
caissée, prufonde,  qui  brave  les  venls,  qui  recueille 
tous  les  rayons  du  soleil  syrien,  les  concentre  et  les 
nmltjplte  si  bien  i[ue  la  [noyenru'  antpjelle  y  atteint 
24  degi'ês,  contre  17  seulement  à  Jérusalem.  Aussi 
celte  vallée  fonue-l-elle  une  petite  zone  tropicale 
au  sein  de  la  tempérée;  des  plantes,  des  |>oissons. 
des  (liseaux,  lui  sunl  comnuins  avec  la  t(»rride 
Afritpje. 

L<*  ^;llerial^d-KébiI•  ou  Grand  Abreuvoir  —  c'est 
le  nom  (]ue  les  Aralies  donnent  au  Jourdain  — 
boit  de  belles  sources,  cl  des  crues  régulières 
iij(»nl(*nt  à  sa  portée  inovi'nne.  diversement  éxaluée 
entre  ^0  ol  OU  inèlres  cubes  pai*  seconde.  Il  pour- 
rait donc  arroser  le  (ilior,  en  foire  un  long  jardin  ; 
mais  les  .leiifs  iu^  surent  du  ne  voulurent  le  dis- 
tribuer eu  ciinaux,  el  b»s  fellnhs  ne  suivent  ou  ne 
peuvent.  A  l'ouest,  il  longe  les  montagnes  d'Israël 
d'où  lui  vifMiJient  des  ruisseaux  cimris.  A  l'est  s'é- 
tend la  Trartsjoi'tlanie  que  ccnipenî  de  longs  tor- 
rents thïut  les  Ilots  rares  sont  Jîls  des  orales  et 
non  des  fontaines;  leur  ituligence  est  grande  en 
temps  sec.  el  souvent  ils  ne  roulent  point:  mais 
W  jiays  est  sujuM'be,  vu  grajuls  horizons,  cl  il  a 
de  puissantes  ruines  romaijn*s  d'utu'  architecture 
puiv.  Le  plus  fort  de  ces  oueds,  l'antique  llieromax. 
deseeiui  du  F>ji»bel  llaourau  (ISTm  mèlivsl,  volcans 
éteints  roittinués  par  les  cratères  du  Safa,  qui 
é[innchèrenl  des  océans  de  laves  :  il  n'en  sorl  plus 
ni  cendres,  ni  vaj>eurs,  ni  feu.  ni  fusions  couleur 
de  bi'aise,  mais  la  roelje  llnide  qui  en  partît  ne 
s'est  point  délitée,  ou  bien  peu,  dans  cel  nîr  dé 
seitit]ue.  sec  et  e'oiiservaleur;  nulle  sylve,  nul  sol, 
nulle  herbe  ne  cache  renier  lîgé  du  rouge  ou  fu- 
ligineux Sain. 

Le  Joui-<lain  tombe  dans  la  mer  Morte,  lac  en 
diminulion,  gratul  eru'ore  de  U^J  (îO()  hectares,  (|ue 
sépare  de  la  mer  Itnuge  un  seuil  de  tHO  kib)mè- 
Ires  de  longueur,  ite  (jjt2  mètres  dallituile  au- 
dessus  du  lac  isrtrélile,  <te  2Î0  s.'ulenienl  au- 
dessus  du  golfe  Ai'abique.  ISalir-Loul  ou  mer  de 
Lolli  «les  Ar-abcs,  cetl<'  napfie  prolonge  exactement 


I 


A'^IK    Hll>KrRK    lU;    TlRUllK    D'ASIK. 


527 


du  uord  au  sud  le  val  dti  Jotinijiin  sui*  Tô  kilo- 
iQc*treH  avi'c  10  à  15  Ht»  l.irgour.  Le  miroir  de  ses 
raui  lourde»  luit  -À  i8(>  mètres  nu-dessous  du 
TiilKiri<'lt.  cl,  par  eonséquenl,  à  7M  plus  has  que 
les  iH'i^ans.  A  l'ucrîdenl,  le  rclioi-d  déelurè  de  In 
Judée  cniyouse  ei  enlrnire.  que  *;riiiipe  le  seiilier 
montant  û  Jêrusfdetn.  dérobe  h  sn  rive  de  (HMieiit 
la  fin  du  soloil  deTapK^s-midi.  Blanclie  psl  rotle 
monf.ijLTiie.  lundis  (|u  .-i  l'oriiMit  h\  ehnine  du  Mo:i[t 
M»  lè\e.  d  un  prolil  troiiquille.  rouge-noirâtre  ou 
saiigUnte.  faite  quolle  est  de  basnite.s  el  de  por- 
ph^n-s  disposés  en  loninies  ligues  SDleutielles  : 
l'une  de  ses  cimes»  peu  libre  parce  que  la  rrèle 


n'a  pns  de  pitons  élancés,  le  Nébn,  reparde  ce  pays 
de  In  ()è:^olî)tioii  lumineuse  qui  dut  seuddcr  vide 
nul;int  que  ,^rniid  à  Mi>ise,  lorsque  de  sa  pluîï  hnutc 
rorfie  il  eotileiupl.-i  pour  la  première  et  h)  der-, 
niêre  fois  b's  horizons  de  la  Terre  Promise. 

On  a  eoniplè  Fable  sur  fable  à  s*tii  propos,  on  a 
gémi  sur  son  bon-eur,  sur  hi  liideur  de  ce  qui 
l'entoure,  Teau,  l'air,  les  rives,  les  monts. 

Ses  ennx,  creuses  de  ÔOO  h  oW'J  nièlres  dans  le 
bassin  ïîepliMilriunab  y  ottl  une  nn^yerine  de  ^^0, 
ce  qui  est  presque  exactement  la  profondeur  niaxima 
du  lac  de  rionève;  mnis  le  bassin  méridional  cou- 
vre à  peine  son  lit  de  2,  5,  4  mètres  de  Ilots. 


?SK^s« 


Paprnift  du  lac  ilc  Tilirriide.  |Vnf.  |i.  ôxB.)  —  troaiii  ue  I'.  Lau^lui»,  U'npK^s  uuv:  plwtoi^rajiliiu 


Xeuf  raies  qui  en  font  tout  le  hnu',  à  bauteui*s 
diverses,  et  toutes  parallèles,  ruonireDl  [tar  leui's 
cwiuilles  marines  qu'elles  furent  d'anciens  rivajçes, 
à  fi'^anriens  niveaux  :  la  plus  élevée  de  ces  lijpies 
ju*le  nu  rèm  qui  manjue  le  sammel  des 
•►n  en  dui  concluiv  (|u'il  y  eut  un  temps  où 
tar  de  Tibériade.  val  du  Jourdain,  pluinc  dTIs- 
»é|oii,  mer  Morte,  étaient  un  seul  d  même  grand 
>lfe  «le  Mi'ilileriiUK'-e. 

!>«*  COUT  de  la  mer  Morte  renfennenl  du  sel  h 
snturTi'îon  et  d<'s  f^idistaiices  ennenues 
vie.  entre  autres  le  bilumi*  :  iroù  le  nom 
de  Ue  Afeplialtite  donné  souvent  h  U  petite  mer 
jnire.  ?îulle  plante  n'y  croit,  pas  un  pftisson  n'y 
vit 

Dtia(  monts  déebirés  de  li»  Judée  et  de  Moab  les 
ooedif  inrlinenl  vers  elle,  â  très  forte  pente,  des 


iTivins  sans  eau,  des  escaliers  de  roches.  Sous  un 
tel  s(deil.  le  long  de  ces  traînées  de  pierre,  à  la 
iTiciiie  de  ces  djebels  altérés,  les  rivages  du  lac 
rttnsliM-nent  (lar  leuraiidilé  fauve,  mais  la  moindre 
fonlaine  y  cré^^u  onsis. 

Sans  s'écarter  beaucun[)de  ses  flots  déserts,  dans 
l'ancien  royaume  de  Judée,  aulrefois  «  découlant 
de  lait  et  de  miel  »,  bien  des  gorges  où  la  rose  de 
Saron  et  le  nmguel  des  vallées  ont  cessé  de  fleurir, 
1  sont  aussi  séclies  que  les  l>urds  de  la  mer  Maudite  ; 
le  sol  qui  donne  Tépi.  le  figuier,  l'tdivier.  la  vigne, 
\  recouvre  .uissi  [leu  la  carcasse  des  rocs;  la 
montagne  du  royaume  d'Ismêl  a  mieux  gardé  son 
antique  abondance;  quant  à  la  Syrie,  elle  n'a  poitU 
perdu  les  fimlaines.  les  ruisseaux  coulani  du  Lilian, 
(|ue  chanta  Sidomon.  si  ce  sultan  sage  fut  bien  le 
poète  du  Cantique  di*s  Catdiques. 


52S 


LA    TKHRIC    A     ViU,     U'OISEAU, 


Peuples  et  villes.  —  l.a  Syrie  lui  liaLitôe  par 
i]os  h'ibus  ï«i'niili({Uos  d'origine,  ou  au  mains  de 
langage.  Au  k'injis  tïi-  Jésiis-iUii'isl  on  la  vaît  mir  {»• 
.clK'miu  tlo  riit'llèniï^nliari.  i)['})uis  loi-s  les  invîisiuns 
y  mit  Iniil  hriniilli'  (^n  une  rutilr  uii  les  ndi^iotis 
sont  diviM'sos»  les  ian*s  nièh''<*s.  iiinis  nù  l'iinil))'  se 
pîiric  seul.  Iioi'niis  ilaiis  qur'li|ues  LoiiigadeH  j.U'- 
gonnatil   le'  syriaque.  Les   lualiuniêtans  dominent 


dans  \n  f)l;ûnc.  Dans  le  Liban  scplenlrionnl,  siir- 
kïul  au  vei-sanl  d'occident,  vivent  200  000  ManD- 
tiïles.  rnllioliqnes  nmrinui'aiil  dans  Jeui^s  cèrt'nio- 
nies  un  aniique  langage  qu'ils  ne  comprennent 
plus;  ces  nnitdagnaixls.  Français  de  cœur,  ont 
iM»|j'e  laiiLfuc  pMur  iiîionu'  risîltsé;  île  leurs  rochers 
ils  onl  liiit  des  jattiins.  Les  l*JOOOO  |)ruzes.  i*at;e 
énergique,  peuplent  le  Liban  nuM'idiunal,  etde  plus 


La»  cUâleJii  lie  Karak.  (Vuy.  p.  3il(  et  3J0.)  —  I)cs^tii  de  Tiiylur,  -J^inè»  un*;  plioloyijjhic 


on  plus,  à  grande  (^niifçraljon,  le  deini-désrrt  de* 
UKtnls  llaiiuran  :  ronniie  les  Maionites.  qu'ils  êgnc- 
genl  à  roiHVi»i(Mi,  ils  desremlent  piMihaldenieni  des 
anciens  SyriiMin  ;  ils  sernb](*nL  se  distinguer  des 
aulnes  Lihaniens  par  un  coi'ps  plus  usseux.  el  il 
y  a  elle/  eut  plus  d'yeux  bleus  el  de  eheveux 
blonds  ou  roux,  ÎSi  niusulnians,  ni  i-linXiens, 
inéprisani  les  uns  el  les  autres,  c'est  un  o  peu- 
ple fermé  '»;  il  ne  cbendu'  pas  de  lenimes  .nu 
deiioj's,  il  ne  recrule  pas  autour  de  lui  dus  dis- 


ciples pour  In  religion  fpril  lient  d'un  prophète 
spécial. 

(Jui  dirait  que  ce  jjays  où  il  y  a  si  peu  de  cliiv- 
lieiis»  si  peu  d'Luropéens,  si  peu  dhomrnes  pen- 
sant aulrenienl  tpi'en  arabe,  est  pinit-ètre  la  leriv 
qui  coula  le  plus  de  sang  elirélien  h  riùirope.  celle 
qu'elle  souliaîla  le  plus  passioniiènient,  où  elle 
jela  le  plus  d'armées»  où  elle  usa  le  plus  d'eittUou- 
siiisme  el  de  foi?  La  conquête  de  TAniénijuc  lui 
prit  muiuâ  de  niaritiîi,  de  capitaines,  d'avcntujiens. 


k 


Iwft  bardOs  do  for.  De  l'immense  effort  des 
ides,  il  ne  reste  rieo  de  visible  aur  le  sol 
i,  Moeptr*  des  nires  Fi^odales  :  ni  iils  ^lutlien- 
des  familles  iiiibles  qui  y  planlêivul  des 
os;  ni  vilk*s  peuphVsdcsonièi'e-neveuj^deces 
Luis  qui  furent,  eux  et  leur^  femmes,  les  seuls 
OBS  »  de  la  Terre  Sain!**;  ni  le  français  des 
liiers.  DÎ  IHtflliendesémignuts  de  !.i  Pouille. 


Les  cbAleaux  que  bâtirent  alors  nos  pères  sur 
la  cn^lo  des  monts,  sur  la  roeJio  des  collines,  au- 
dessus  du  col  des  défilés,  portaient  de  beaux  noms 
Imneais,  dans  notre  souple  et  forte  langue  du 
moyen  flge,  encore  adolescente  et  propre  aux  mots 
roni[M>sés  :  Fteauforl,  Ill<1n<.■lleJ,^•irfk^  Cliàlellilanc, 
Cliâleau-iVIeriiiv  Chàteauiieuf,  Moiilrènl,  Pierre- 
du-Dêsorl.  Il  y  en  a\'ait  dans  les  quatre  grandes 


Mnxsalcm:  église  du  Saint-S(>|m(cre.  —  l»e«un  de  Thérond,  d'âpre  une  plwtognipliio. 


BÎa»  clin*tiennos,  d'Anliorlie,  TritNiJi.  Jérusa- 

>;  cliex  les  Anscirîeb.  d;ins  le  LibMii.dans 

bIs  d'ïsmél,  sur  les  piorr»»s  de  Jud;i  ;  entre 

et  les  eaux  sacrées  du  fleuve  que  Jusué 

il  A  pied  sec;  entrv  ce  fleuve  et  le  désert 

nlique,  dans  la  seigneurie    brûlée  d'Outre- 

lin,  faite  de  basalle;*.  de  rocs,  de  sables,  de 

ramnent  désnllénl's  |»ar  l'orage  et  jamais 

9urces.   ïk'  ces  manoirs*  plusieurs  sont 

|uelques-uns  debuut.    semblables  à   des 

O    llsctn>  t**  TtiiM  4  roi.  d'oukav. 


Coucy  de  la  solitude,  mais  bien  mieux  conservés 
que  le  j»alais  des  Knguerrand,  presque  nVluitâson 
donjon  sans  pareil.  !*ierre-ilu-I)ésert  domine  tou- 
joui-s  les  bori/ons  ultraj(>rdanesques;  le  Karak  ou 
fort  d'Ansarieli,\ide  el  muet  sur  son  tertre,  i-egarde 
encore  le  pays  du  fleuvr  Oronle;  les  mécréants 
qui  rarnicliéienl  nus  cbcvaliers  de  niûpital,  ii  y 
a  six  cents  ans  et  plus,  recotuiaiti-aienl  sans  peine 
cette  cité  féodale  où  pouvaient  tenir  des  milliers 
de  guerriei-s  :   telle   ils    la   virent,  le  cimeterre 

42 


1^ 


330 


L\    TKRHIC    A    VOL    D'OISEAU. 


haut,  h  celle  heure  de  Iriomplic  ol  d'i\Tessp,  lello 
ils  la  veiTûienl  maintenant  au  dernier  dêrlin  de 
rislîiin. 

On  crail  qu'il  y  eut  10  millions  d'hommos  î^ur 
les  25  fi  30  millions  dlioctares  de  lu  Syrie,  de  In 
Palesline  el  In  Tninsjordanie,  el  j>eu(-<>(re  n'y  en 
a-l-il  guiîi'o  hiii  que  1  500  UÛO  :  Ansarieli  du  Lihnii 
le  plus  se[*lenlrionaU  les  uns  niusulmaiis  en  ville, 
les  autres  plus  ou  moins  chrétiens  à  la  campagne 
en  u)t^nie  temps  <[ue  sahêons  adorateurs  des  .jslres; 
Maronites,  Chrétiens,  Syriafjues,  Druzes,  Juifs,  Ar- 
méniens, CIn'iles  métoualis,  Bédouins  transj(M'(!anii, 
Kiiufïirs  (lu  paysans  cîsJDrdaiis,  etc.  La  majurilé 
grande  professe  l'ishmiisine  suiuiilc. 

1500  000  haL,,  c'est  peu  pour  un  pays  où  le 
ciel  est  beau,  et,  dans  lensendde»  le  sol  excel- 
lent, <iiieli|ue  étendue  qu'y  aieiil  à  lest  les 
plaines  drsertiques,  au  sud  les  monts  arides  el 
les  champs  de  pierivs  qui  fouriiireut  si  sunvrnl 
leurs  caillaus  h  la  Tôrocitê  des  la[)idi*uis  juifs.  Le 
climat  n'y  es!  point  hostile,  étant  sec  en  désert  cl 
en  liasse  montagne,  parfait  dans  le  Liban  aux 
Ihhuu's  altitudes.  Cependant  au  fond  tb's  vallées 
chaudes,  le  peuple  des  clianqis  lutte  conlre  les 
fièvres  ivlndles.  les  afTet^tiotis  du  foie,  les  mala- 
dies d'entrailles,  les  ()pli1almies,  la  lé[»re,  tléau 
rrjystérieuï  :  son  origine  est  obseure,  ollt"  allmpie 
les  hommes  de  toutes  les  races;  pas  un  méde- 
cin n'a  trouvé  ses  causes  et  ne  soupçonne  encore 
son  remède. 

Alep  (  no  000  hab.),  l'Ileleb-ech-eliacliba  (Alep 
la  bariolée)  des  Ai^abes,  est  la  capitale  de  la  Syrie, 
à  distance  é^^ale  de  la  Médilerjanée  et  de  l'Eu- 
pluale-sur  la  roule  la  plus  courte  entie  les  dijux  : 
de  là  sa  grandeur  fort  diminuée  depuis  le  trem- 
blerui'nt  de  terre  qui  a  renversé  cette  «  leine  de 
l'tJiienL  n.  Clunnante,  elle  s'élève  à  380  mélres 
d'altitude,  au  sein  de  la  verilui*e  el  des  arbres, 
sur  les  canaux  du  Kovéik,  toiTcrit  qui  a  acliéve  h 
quelques  lieues  de  là  dans  le  maïaîs  du  MéLikh, 
bien  avant  d'univer  ù  l'Eupbrale  qui  fut  jadis  son 
tombeau.  • 


A  700  mètres  au-dessus  des  mers,  Daroai 
(150  000  hab.)  est  au  pied  oriental  de  l'Anti-Liban, 
près  du  désert,  sur  le  Eirada.  large  de  20  nïèlrey. 
froid,  gris  et  rapide.  Elle  ne  fabrique  plus  de 
lames  d'acier  fameuses,  elle  n'a  plus  les  calin^, 
clieCs  de  remjdre  arabe,  qui  y  résidèrent  une  ccd- 
laine  d'années,  après  Médine,  avant  [Ui^dad:  mais 
elle  a  gardé  ses  jai-dins  et  ses  onde*  fmich», 
<(  Abarin  et  Parpar,  plus  belles  que  toutes  les  eoui 
d'Israël  u,  dit  dans  la  Bible  un  Syrien  à  un  Juif. 

Sur  te  littoral,  dans  un  admirable  pays,  neiroul 
(K5()0(ï  liab.),  port  de  Damas  dont  150  kijuniètre» 
la  séparent,  ne  rappelle  encore  que  de  loin  l'an- 
lique  richesse  de  Sidoii,  aiij(uini*!uii  Sjnda,elde 
Tyr,  aujourd'hui  Sour,  ses  voisines  au  midi. 

Jérusalem  (45000  haii.).  l'Kl-Kods  des  musul- 
mans, brûle  au  soleil,  entourée  il'un  aride  liorizon, 
h  bO  kibimèires  h  vol  d'oisejui  de  la  Méditerrancf, 
à  25  do  la  mer  Morte,  à  750  mètres  au-dessus  de  la 
première,  à  llii-  au-dessus  <le  la  seconde,  en  vue 
des  monls  du  Moab,  bleus  iréloigncment.  La  cili' 
de  David  languit  sur  ses  calcaires,  coteaux  dont 
les  noms  ne  s'efl'aireront  jamais  de  la  mémoire  d»* 
Ijonniios.  Sion,  qui  portait  le  Temple,  était  la  col- 
line saci'ée  des  Israélites;  le  (lolgotha  ou  Cilvain» 
est  celle  des  Chrétiens.  Enlr**  te  plateau  de  la  villt? 
et  te  mont  des  Oliviers,  dans  une  gorge  ardente, 
le  Cédron  mouille  quelquefois  les  cailloux  de  son 
lit,  par  le  fait  d'un  soudain  orage,  sur  le  cheniiQ 
de  Ut  mer  Maudite. 

Tour  bi  beauté  du  site,  le  jet  des  sources,  la 
frineheui*  d*!s  eaux  courantes  et  la  splendeur  des 
jardins,  Naplouse,  û  07o  mètres,  est  une  petite 
bamas.  Au  laite  entre  Jouiilaîn  et  Méditerranée, 
celle  ville  sa[»pela  Sichem  ;  elleavoisinaît  Samaric, 
qui  fui  la  rivale  de  Jérusalem  elle-même,  la  reine 
(rKftIiraïm,  la  cajiilale  du  royaume  d'Israël,  la  tiMt' 
lies  dix  tribus  conliv  Juda  et  smi  jeune  frère  lion- 
jninin.  La  S^unaritaine  disait  ù  Jésus,  assis  sur  U 
margelle  du  puits  de  Sichar  :  «  Comment,  toi,  qui 
es  Juif,  (u  me  ilenuuides  à  boire,  ii  moi  ipii  suis 
SamarilaLue  !  Car  les  Juifs  nunt  point  de  relations 
avec  les  Samaritains,  u 


AnutiF:. 


331 


i 


a*  Bouge.  Golfe  Persi({iie.  —  Iv  nom 
liio  prit  nnissjiiirf*  liitMi  nv.'itil  le  temps  nû 
lin**  lU'iili'*  ni.iit .  :i\;\u\  (jn'il  y  fui  une 
^t  <*t  (M>ut-('tn*  une  (iïiuh'.  Ihmiifjuiîs  liilius 
miles  appelèrent  Arnhali.nulremcnl  dil  plaine 
lé*,  le  [lays  do  pierres  nu  smi  de  TadmiH- 
tyn*).  enln»  les  [Milmiei-s  de  rKii(ilir:ile  <■! 
^  Dôin*  du  hjehel  llaoïimn.  Puis  ce  nom 
bail,  i^rnigmnt  vers  le  sud,  enuvril  (ouïe  hi 
»ule,   toute   t'ile,   EI-l>Jêzireli,  roiuuie  disent 

ral»ie  II  bien  515  millions  d'iiectaros,  en  son 
|Uiind  ôri  lui  ljii»se  les  î^ix  cent  el  t|uel(|ues 
de  kilomètres  cjirrt^s  «pie   préliMiii  avoir 
la  Turquie  —  conqucXc   fnigile.    —    El 


IK^^ypte  potîsède  égnlemonl  une  parcelle  di'  la 
[HMiiusule,  sous  l'œil  du  Sinnî. 

Kll«'  est  SUIS  Hniiles  pn^ises  «u  ni*rd,  mi'i  elle 
M^  [lerd  dnns  le  deserl  de  Syrie;  pnrluul  ailh^urH 
elle  s'arrtHe  inexondilemenl  «ur  la  va^'ue  sjdêa  : 
il  l'ouesl  l;i  nier  Hou^^^e  ;  ;iu  sud  el  nu  suil-esl, 
locean  des  ludes  ;  à  l'eAl,  le  KoH'e  Persiipu'. 

Lt  nM»r  Houge  ««''pare  TAndtie  de  rAlVicpie.  Elle 
na  que  21)0,  *2^fi  kilomt'lres  de  l.'irp»,  mais  elle 
esl  |ii-or*iride.  jus(|ii';i  ^121\  mèlrea,  el  longue  de 
2201»  kil«»rm'lres  du  Totul  du  gi»l!e  de  Suez  au  dé- 
troit (le  lUb-elMamleli  <pii  la  \erse  au  golfe  d'Aden^ 
lei(uel  m(>ne  à  1  iH-êan  di's  Indes  :  là  se  lève  Périm, 
petite  ile  volrntiique  d'iui  l'Angleterre  surveille  la 
grande  route  marine  entre  l'Occidenl  et  rorient. 


3S2 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


Qn\\-  pI  lienii  miroir  (iiie  relie  mer  Rouge,  si 
pure  qu'à  travers  20,  25»  28  mètres  de  transpa- 
retir.e  un  (ulniire  drtJis  «iip  il*in»i-lumitTe  enclintUAe 
l'îil^ue  verte,  les  pHÛries  d'herbe  ïuiiriiie  et  les 
forO.Ls  de  corail.  Mais  c'est  surtout  une  loiifçue 
fournaise  enire  les  monls  réverLérants  de  TAsie  et 
de  l'Afi-ique,  d'ailleurs  aussi  noïiles  de  funnes, 
aussi  Li'illarilîii  di*  routeur  f]u*ils  sont  territilement 
arides  et  nus.  Cuve  d'éva|>umtion,  elle  re<;oit  4[uel- 
(jueB  sources,  visibles  ou  saus-marrnement  eaeliêes, 
mais  pas  une  seule  rivière,  pnsun  Iiuivnt  [leriMine. 
Or,  sui*  son  eau,  la  plos  chaude  nu  monde',  le 
soleil  est  lellenionl  terrible  qu'elle  sechernil  en 
quelques  centaines  d'finnées  si  luckm  des  Indes 
ne  la  pénétrait  êlei-nelleinent  rie  son  Ihil,  tout 
comme  rAtlanlique  répare  la  Blèditerranéo.  Sans 
le  détroit  de  Bab-el-Mandeh,  elle  flevierïdrail  au 
temps  lies  pluies,  si  prodigieusement  rares  sous 
ce  climat,  un  ehotl,  ime  sebklia,  c'esl-û-dire  un 
marais-liigune  ;  et  en  été  ce  sérail  une  imniensc 
efdorcscence  de  sel. 

Dans  cette  onde  éli-oite  qui  ne  se  prèle  pas  au 
louvoiement»  sous  im  ciel  de  lon^s  calmes  [jlats, 
les  Laufs  de  sable  abondent,  et  les  haiils-ronds, 
les  comux,  bosquets  rouges,  mais  ce  n'est  point 
d'eux  que  cette  mer  lire  son  nom  d'ori^^ine  iu- 
eonrme-  Elle  est  donc  iiés  dinu-ile  aux  voiliers, 
mais  depuis  le  percement  de  risllimc  de  Suez, 
une  merveilleuse  procession  de  bateaux  i'i  vapeur 
rauijm%  la  mer  Rouge  étant  le  chemin  des  nations, 
et  avant  tout  celui  de  TAnglelerre. 

Ainsi  que  la  mer  Rouge  sur  le  golfe  d'Aden.  le 
golfe  Persi  que  s'ouvre  sur  le  golfe  d'Ouian»  parle 
détroit  d'Ormuz.  Il  est  entre  dunes  et  falaises, 
au  pied  de  monls  sans  verdure,  dêchiivs»  brûlés, 
les  uns  portant  le  plateau  d'Arabie,  les  autres, 
plus  hauts,  celui  d'Iran.  Iles  bancs  de  sable  Tem- 
Larrassenl  comme  la  nu^r  de  Suce,  et  elle  est  aussi 
formidablement  chauffée  de  soleil,  mais  elle  en 
diUV-re  en  ce  qu'elle  reroil  l'un  des  fleuves  puis- 
sants de  la  Planète,  le  Cliatt-ckVrab,  capable  de 
ïa  changer,  les  siècles  aidant,  en  un  marais,  puis 
en  une  plaine  oulrecuidanunent  féconde  :  le 
poissonneux   golfe    Persique    n'a    d'ailleurs     que 

24  800  000  heclares,  avec  une  épaisseur  d'eau  de 
40  à  80  m^ti'es  seulement.  Çh  et  là.  surtout  aux 
environs  des  îles  Baluvin,  l'huître  perliére  y  vit  de 
sa  vie  «  conlemplaljve  h,  cram[iofmée  aux  roelies 
d-J  fuiKL  25  000  pécheurs  au  moins  vont  la  trouhter 
dans  son  eiislenco  obscure,   avec   le   secours  de 

25  000  teneurs  de  corde  :  ils  usent  leur  jeunesse 
I.  Jus4]u  j  Ô'J  degrés. 


et  leur  santé  sous  Tonde  â  la  rrclierclie  de  ws 
Coquilles,  non  pour  eux,  mais  pour  un  patron  dt* 
barque. 

(7esî  un  terrible  métier  :  perle  à  perle.  iU 
péehenl  les  colliers,  les  diadèmes,  et  ils  souffrait 
pour  ta  vanité  de  nos  femmes,  la  ruine  de  dos 
uïuisotis  et  l'éclat  de  nos  fêles. 

Le  Dahna,  les  Nefoud.  Nedjed  et  Téhama. 
—  Sur  ces  deux,  golfes,  sur  l'Océan,  s'élèvent  Iw 
moiitagiïes  raides,  chauves,  iuctMidiées,  stériles, 
ipii  souliennenl  les  plateaux  de  l'Arabie  inlérieun*. 
Presque  toujours  elles  bordent  de  très  prés  la 
rive.  A  leur  [tied,  le  long  des  trois  mei-s.  le  soleil 
accable  de  sa  lourdeur  trois  littoraux  malsains, 
ensemble  de  dunes,  de  terres  basses,  de  courtes 
vallées  où  les  oueds  ne  sont  pas  les  chemins  qui 
marrlienl  de  Pascal,  mais  des  chemins  où  l'on 
marche,  car  ils  n'ont  d"eau  que  celle  des  pluies, 
que  TAralïie  ne  prodi;,Mie  poitil.  Amu''e  ordinairp, 
les  t'ieux  si>nt  d'airain  pendant  huit  à  neuf  mois, 
surtout  an  centre  et  au  nord  de  la  presqu'île,  pui» 
vient  une  saison  de  quelques  orages.  Il  arrive  mémiï 
que  toute  l'année  s'en  va  sans  une  goutte  d'eau, 
voire,  en  certains  cantons  maudits,  deux  ou  trois 
nus;  alors  le  lion  ne  s^nil  où  boire,  ni  la  gazelle 
qu'il  guette,  ni  le  léoijaitl,  tn  la  p;mlhére;  cl 
des  torrents  dont  In  lit  tiendrait  un  D^niube  sè- 
chent tellement  qu*on  y  creuse  en  vain  des  puits 
dans  le  s;dde,  (Comment  resteraJMI  une  goutU? 
d'eau  s(His  l'arène  ou  sous  les  cailloux  après  doUTjs 
uu  qnitize  cl  dix-huii  mois  s;ms  nuage,  dans  un 
climat  si  calcinant  qu'on  a  subi  jusqu'à  r>4  degrés 
il  I "ombre  u  Moka,  et  que  plus  d'une  lois  des  ma- 
telots sont  m<H'ts  de  ciiups  de  soleil  h  Adcn.  rien 
que  pour  avoir  débarqué,  traversé  une  rue,  une 
place. 

Parmi  les  monls  arabes,  un  fort  grand  nondia* 
naquit  de  la  fusion  cl  de  l'épanchemenl  des  rucheâ 
intérieures,  mais  tous  ces  volcans  sont  éteinte.  Les 
sonunets  les  plus  élevés  que  l'on  connaisse  au  jMiur- 
tour  de  l'Arabie  —  encore  les  connaît-on  mal  et  ne 
les  a-t-on  pas  mesurés  —  sendilcnt  être  ceux  qui 
se  lèvent  tout  à  l'est,  h  l'huriziMi  de  Mascate,  dans 
l'Oman,  où  le  Djebel  Akhdar*  aurait  5017  mètres: 
derrièi'e  l'Iladramaoul,  le  Tsahoura  s'élancerait  à 
2iOO  mèïres,  tels  [)ics  de  l'Yénnm  à  2500,  2800. 
ôOOO  peut-être.  Quant  aux  massifs  de  l'intérieur, 
(Hi  les  Ignore  plus  encore  que  ceux  de  la  cùle. 
•  Djebel  Akhdar,  citnes  de  riLulramaoul  et  du 
Yémcn.  ces  lieux  les  plus  frais,  de  par  laltitude. 

1.  C'esl-àdii-e  Slont  Vort. 


534 


L\    TERHE    A    VOL    D*01SEAU. 


dominent  la  plus  chaude,  la  plus  vasle  solîtudi*  de 
foule  l'Arihie,  \v  Hafinn  ou  [h'^sovi  Uoii^n'  au  liolnï- 
el-Kliali,  sable  cl  pifirc,  siihlo  surloul.  L'Arahe 
lui-in<>mo,  si  liardi  contre  \o.  soluil  cl  los  vonla 
embrasôs,  ne  liraverait  gui*r(?  cviU'  iiniiu'^nsil»*  sans 
fonloiiit**  s'il  n'avait  pas  le  chameau,  ïjui  peut  l'aire 
2ilO  kilomi^lresen  un  jour.  1200  par  semaine,  (iaiis 
l'arène  en  Peu,  sons  le  riel  de  liraise,  à  graruls  pas 
cadencés,  mangeant  peu,  ne  buvant  point.  De  ce 
désert  majeur  part  IVcliarpe  du  Pelil  NéFonri,  fpii 
contourne  le  Nedjed  im  plaleau  de  l'Arabie  eeii- 
Irale  el  va  s'unir,  au  nui'd  du  ni<int  lihonier*  à  un 
autre  Ibhna  :  celui-ci,  Daluui  du  nord-miest  ou 
Dahna  mineur,  par  opposition  au  Ilalnia  dit  snd-esl 
ou  (ji'attd  Daittja,  porte  jdns  ri^ïriiniuiiénieiit  le  nom 
de  Grand  Néïbud.  A  son  septentrion,  par  delà  te 
bas-fond  du  [Ijof,  commence  le  (>lalean  de  roches» 
la  lïanunada  d'enlrc  Huplirale  el  mer  Morte.  Les 
sables  rouges  des  deux  .Xêfoud»  parfois  très  pro- 
fonds, el  sans  doute  aussi  ceux  ^\n  Hnhna  majeur, 
ne  sont  pas,  connue  on  le  disfiil,  rangés  en  va^^'ues 
pnrjdlèles.  mais  f)ien  plut(*il  dispersés  en  massifs 
inv^iiliers  tmit  pleins  de  Ibuldj,  c*(^sl-i'i  dire  de 
dé]»ressions  en  Cei'  h  cfieval  ayai»l  5,  10,  20  el  jus- 
i{i['h  plnsdi'  (î(l  tnéires  de  creus.  La  nioirnire  pluie 
couvre  dlu'rhes  eJ  d'arhnstes  ces  sablons  qui  n'ont 
point  réternelle  slériltlêde  l:i  llammada  des  i>ier- 
res,  qui  même  seraient  génénnixai  leur  ciel  n'était 
pas  avare. 

Si  l'on  osait  comparer  ce  pays  des  sauterelles, 
cette  rt^gion  de  si  peu  de  puissance  eré.itrice  à 
rAmérique  andinc,  qui  est  la  fécondité  même,  on 
dirait  que  TArabie  a  pour  «  tîerra  lenqdada  >  )i  le 
Nedjed,  par  opposition  au  Téïiama.  au  littoral  des 
trois  mers,  à  la  rive  basse,  calcinante,  éIttulTée,  qui 
représenle  ici  la  <(  tierra  c^lienle'  j»  ;  quant  à  la 
«  lierra  fria  *  h,  ta  clitTsonése  en  est  sevrée,  faute 
de  monts  assez  fiants  j>our  porter  de  grandes  tables 
de  3000,  4000,  5000  métrés  d'altitude.  Le  Nedjed, 
plateau  de  pAloj'e  semé  de  sierras  calcaires  donî 
quel(|ues-unes  alU'indraient  5OO0  mètres,  n'en  est 
pas  moins,  ainsi  que  les  anciens  le  disaient  de 
l'Yérnen,  une  Arabie  Heureuse,  avec  sources,  eaux 
courantes,  heures  de  la  nuit  ou  de  ta  matinée  fraî- 
ches, métne  froides,  eL  très  rarement,  quelques 
flocons  de  nei^e.  Pour  continuer  h  parler  comme 
les  anciens,  si  ie  Nedjed,  l'Yérnen  el  ça  et  là  de 
jielils  pays  moins  secs,  moins  décharnés  que  les 

i.  t-c  Dahna  esl  plus  grand  ijue  h  Fr,nnce. 
2.  Terre  tempérée. 
5.  Tenu  tliauile. 
♦.  TeJTe  froide. 


autres,  son!  l'Arabie  Heureuse,  le  Dahna  el  les 
Néfoud  sont  l'Arabie  Héserte.  el  lu  llammad.i  du 
nord  est  l'Arabie  IVlrée, 

Les  Arabes.  Universalité  de  leur  langue-  — 

L'Arabie,  »  AlVtcjue  de  l'Asie  i>,  a  mis  au  mond« 
une  très  forte  race,  les  Arabes,  hommes  secs, 
maigres,  ïmmivA,  souples,  gracieux,  aussi  l>eaux 
qu'il  est  possible  de  lélre,  et,  par  surcroît,  sim- 
plement et  majestueusement  drapés. 

Celle  raci'.  pouj'tant,  n'a  pardé  sa  pureté  d'em- 
preinte et  son  unité,  si  jamais  elle  en  eut.  que 
dans  quelques  recoins  d'Yémen  el  d'Hadramaoul; 
partoiil  ailleurs  elle  s'est  alliée  au  saug  de  l'indt.', 
au  hantr  Je  ririni,  surtout  au  sang  de  l'Afrique, 

Au  commencement  du  septième  siùcle,  leur» 
tribus  adi>raient  les  astres,  les  Forces  obscures,  ou 
faisaient  profession  de  judaïsme,  l'n  «  voyant  ■». 
Mahomet,  c'est-à-dire  le  loué,  les  convertit  au  l)iou 
t nique;  puis,  lui  mort,  ils  se  lancèrent  u  h  con- 
qnél(»  du  monde,  en  criant  :  «  Il  n'y  a  d'Allah 
4[n'AIIoIj,  el  Moliom4'l  est  Bon  prophète!  »  Cent  ans 
après,  li*s  hommes  de  la  lente  avaient  soumis  les 
(leuples  de  l'argile*;  leurs  chevaux  Lurent  à  b 
Vienne,  voisine  de  la  Loire. 

(iet  empire  conquis  en  un  siècle,  b  au  nom  du 
Clément  et  Miiîérieordieuï  )i,  allait  de  l'Indus  à 
<](ïïmbre,  du  Trul  du  Minute  au  Kahara  cenlraK  du 
Caucase  à  l'Al/yssinie  ;  c'était  plus  et  nuiins  que 
l'empire  Homain.  Mais  le  nvnde  arabe  éiflit  fail  de 
Irfjp  de  jieujdes,  de  Ij'op  di*  t;mj(ues,  de  Irop  de 
climats,  et  bienlôî  il  éclata  de  toutes  jwrts.  Vers 
le  milieu  du  on/.iéme  siècle  la  terre  VTaimenl 
arabe,  par  le  s^nig  ou  la  lan^iue,  ne  comprenait 
plus  4ine  rArai)ie,  la  Syrie,  l'fig^ple,  et  jusqu'à 
un  certain  point  l'Kspagne,  qui  était  plutAt  ber- 
bère :  c'est  alors  que  les  2ri0  OflO  llilaliens,  pil- 
lards j>urlis  du  Nil,  se  répandirent  comme  un  lor 
rent  sur  le  Maghreb,  de  la  Syrie  à  l'Allanlique.  el 
firent  de  la  lîerbérie  la  terre  presque  arabe  qui 
le  serait  devenue  tout  à  fait,  sur  le  tard,  sans 
l'arrivée  des  Français  dans  l'Atlas. 

Aujourd'hui  l'arabe  est  langue  nationale  en 
Arabie,  sur  l'Luphrate  el  h^  Tigre  inférieur,  en 
Syrie,  en  Kgypte.  Cancun'enunent  avec  le  berbère 
et  le  français,  on  te  ]>arle  dans  lout  le  Maghreb, 
c'esl-à-dire  en  Tripolitaine.en  Tunisie^  eu  Algérie, 
au  Maroc,  sans  cotjipler  Mall<',  dont  t'idinme  est 
arabe.  Dans  le  Sahara  jusqu'au   lleuve  Sénégal  et 

1 .  Us  Arabes  nomades  apiwïlent  de  la  sorte,  avec  un  prtv 
foiiil  mépris,  les  ho^>lltc!^,  tts  i^eiiples  (pii  vivent  dans  des 
jiiaisoQS  de  U-rru  uu  de  pieiii!- 


ARABIE. 


">55 


jii«»qirà  Toinbouclou.  il  partage  les  oasis  avec  h 
Un^iii^  lïrrbère;  dans  le  Soudan  ou  pnvs  des  Noirs 
il  raÎBoil,  il  fait  encore  des  progrès  par  In  chnsse  à 
l'eselavc.  le  commerce,  surtout  le  prosélUisme, 
car,  il  ne  faut  pas  l'oultlicr,  Inrabo  est  l:i  lang^uo 
sarnS*  des  musulmans  :  Muliornet  parlai!  eu  vieil 
idiome  presque  sins  voyelles,  osseux,  cSnergiqiie, 
ptH'lique.  singulièrement  riche,  étrangement  gut- 


tural, et  c*esl  en  arabe  qu'il  êcrivil  le  Coran. 
Gnice  à  ce  livre,  le  verbe  du  Prophète  est  très 
n''pandu  rinns  tous  les  pays  mahoinelatis,  chez  les 
Iraniens  d'h'an  et  de  Touran,  chez  les  Turcs  de 
TEurope,  de  l'Asie  Mineure  cf.  des  Tiii'kost.'ms,  diins 
rindo,  c.fjez  les  Maliiis,  jusqu'en  Cliirie,  jusqu'en 
Sihr*i'ie,  jusque  chez  les  Tartanes  de  Kazan,  jusqu'au! 
Comores-  Fier  de  l'universalité,  de  la  m  sainlelê  » 


L'n  Inlt-rprète  i  Adcii.  —  OessJn  de  Badamard,  d'après  une  plioingraphle. 


langue  choisie  p;ir  Allih  pour  ses  entreliens 
■VIT  lliomme,  te  musulman  dit  :  u  Les  hoiiris 
dans  le  jardin  des  délices  et  les  anges  au  ciel  coin- 
pretin4*nl  le  turc,  mais  ils  ne  parlent  que  Parabe.  d. 
A  l'Aie  tirs  gens  foucièrenii'iil  ,iralM's  p;u*  le  lati- 
Ige  ou  l'origine,  ou  par  Icts  deux  â  hi  l'ois»  des 
million»  d'Iuimmes  le  sont  à  moitié,  [mwc  qu'en 
quaJilê  d'blamites  ils  marmottent  le  Coran  tout  le 
ig  de  l«;ur»  jour>;  d'autres  millions  le  sont  éta- 
ient   *i   demi   dans   toute   l'étendue  des   terres 


conquises  mais  non  gardées  par  les  Iiéros  de  la 
bjèhad  ou  Guerre  l^aiiUe,  pnree  que  leur  pouls  bal 
d'un  sang  qui  doit  quelque  chose  aux  germes  is- 
maélites. Us  feraient  ensemble  une  grande  nation, 
les  Kni'opéens,  Africains,  A>iaïiqiies  issus  des  Ara- 
bes par  un  ou  plusieurs  de  leurs  ancêtres,  tant 
les  Siciliens,  ïtaliens,  L'spairnuls,  Portugais,  (Cata- 
lans, Fi'îinçais  du  Midi,  qui;  les  Berbères,  ISoii'S, 
CatVes,  Abyssiniens,  Turcs,  Persans,  Hindous,  Ma- 
lais  et  Chinois. 


MMMÉâi^ 


350 


LA    TKflRE    A    VOL    irOISEAU. 


Ln  cafi'»  les  [îaifums,  kis  tlallcs,  la  gomnip,  1*^ 
rfiovnl,  IVinc,  l<?  chnincaii,  les  perles  soûl  toule  la 
lorluru'  de  l'Arabie,  avec  l'argent  (|u'ap|)(tr1ent 
fluufue  année  Haris  ses  villes  sjiinli'S  les  vent  t'i 
rcnt  cinquante  mille  pèlerins  venus  pour  révérer 
les  sanelunires. 

Ï/Araltie  n'est  guère  inférieure  en  es|>jiee  nu 
liersHe  l'rnnifM',  e(  eejiemiani  dit'  eonlient  à  [leitie 
r>  millions  (l'[ioramoï<.  h  [tlup.trl  Faïuiliques  comme 
il  convient  auï  gai'diens  du  saint  des  saints  do 
rislninisoje.  Il  y  en  a  de  sédenfaif  esi  il  y  en  u  de 
nomades.  ITiOOtlOU,  dil-on,  à  la  poursuite  des 
sources,  des  pluies,  des  pâturages,  el  aussi  des 


caravanes,  qu'ils  détroussenl,  sauf  quand  elles  vont 
visiler  les  villes  sacrées  de  la  Mecque  el  Médine. 

Ce  qui  nVst  pas  arahe  et  niusufrïian  se  compose 
île  .luils.  dlliiiduus  d'.ifitjuant  dans  les  purU  de 
];i  mer  Rouge,  de  Nègres,  ceux-ci  de  heaucjiup 
les  plus  nomjjreux  :  dans  tel  dislricl  méridional  du 
Nedjed  ils  furmenL  un  tiers  des  habitants,  ailleuo 
un  <[iiai't,  ilaïïs  I**  pnys  de  Mascate  un  einquiénu*. 
Iltinuiies  liljjvs  ou  esclaves  Lien  traités  par  leurs 
maîtres,  leur  alliance  dégrade  la  noblesse  du  visage 
aratie  et  ne  cesse  de  iransformer  l'essence  même 
de  celle  race  tnaguilique.  tst-ce  par  l'effet  do 
mariages  entre  le  Noir  el  l'Arabe,  est-ce  par  une 


l'n  puiu  dans  le  Hcdjed.  —Dessin  de  VuiUicr,  d'après  Lady  A.  tlluiil 


inunémoriale  cummunaulé  d'origine,  les  Arabes 
du  Midi  tessenddiMil  pres(|ui'  autant  aux  Abyssi- 
niens t\\ih  leurs  i*iini|ïatri(iles  i\u  Nt-dji^L  Ainsi 
qu'en  maint  pays,  hommes  du  Nord  et  du  Sud 
diffèrent  ici  quelque  peu  :  ils  difrérnienl  surtout 
pend:int  renrîince  de  leur  ikiUimi,  alors  que  les 
liiniynres  ou  Sabéens,  aulrenunit  dit  b's  Arabes 
niéridionnus,  pères  poul-étre  des  l'iiéniciens»  par- 
laient nii  lJUl^^•^j^^e  i|ue  les  se[iten(rioiiaux  ne  com- 
preuatent  pas  sans  peine. 

lbM-sriledja/,t'Asir,  l'Yémen,  l'AI]sa,qui  relèvent 
de  la  Turquie.  Iiors aussi  la  a  britannique  «  Adeu, 
l'Arabie  n'appartient  qu'à  elle-même,  e(  ses  tribus, 
romnnindées  [tar  wu*  arislocratîi^  iniiiLaii^e,  loiil 
comme  bon  leui'  send)leou  la  guei're  ou  la  p:dx. 

Hedjas  et  Asir.  —  Sur  h  mer  tiuuge,  rileiljaz 


l'enferme  le  Bled-el-Aram  ou  «  |Kiys  interdit  »  aux 
|nvîf;ines,  le  Ijcrre.-m  de  rislarnisme,  on  régnenl 
la  Mecque  et  Métiine,  à  S75  kilomètres  l'une  de 
l'autre,  l^i  Mei^^e  (^5  000  bnb.)  est  à  85  kilo- 
mètres de  lïjedda  rétouffanle  (I70(H)  li.ib.),  port 
de  la  mer  Rouge,  iiù  le  jour  a  pour  moyenne  ^'*,*Jtî. 
el  lu  nuit  28", *28.  Elle  est  là,  languissanle,  en  s«*s 
monts  décliirés,  sans  arbres,  sans  eaus  vives.  Mais 
cliaipie  année  sa  solitude  s'anime,  cent  vingt  mille 
pèK^'ins  arrivent,  el  des  armées  de  chameaux 
Veiuis  des  divers  pys  musulmans  du  monde.  le 
citadin  ou  le  ntimade,  le  blanc,  le  jiiune,  le  cuivré, 
le  noirâtre  ou  le  noir,  le  b(aiillant.  le  tiède  ou 
te  sceptique  sinqdertienl  curieux,  b*  pauvre,  le 
[ji'ince,  b'  l'akir,  le  visionnaire,  l'honmie  de  Saînl- 
Louis  du  Sénégid,  celui  des  Coraores,  le  Malais.  K- 
Saharien,  le  Turc,  le  Tartare,  le  Chinois  du  Yun-nan 


ARÂRIK. 


537 


•enl  la  pierre  apporti^o  par  l'ange  0?ihrif»l  :  d*^ 
rllc  |i»rnhîi  (lu  rii-l,  c'csl  uti  niM'oïillu*.  Ils 
|>ri»T  hiru  sur  li'  sninl  rnonl  (rAnlal  et  jiMi^r 
Dt4*-trois  cailloux  au  Diahli*  dans  h  ^orge 
juna.  La  pi»*rre  t»sl  soelltV  tlaiïs  un  (li»s  nuii^ 
kaaba.  petit  niunuitietit  devenu  W.  vt'nln*  de 
n  cmnnie  il  Tétait  auparavant  de  l'idolfitrie; 
■ri,  du  Midi,  (le  l'Orient,  du  Maghreb,  de 


ïmite  maison»  de  toute  (enle,  de  (out  eh;inip,  de 
Umi  di'*sert  m  respin^  un  Miisulmnri,  c'est  vers 
ellf  <(ue  le  pi'iant  regarde  ii  tou!i'  heure  de  la 
pritVe.  —A  Mêdinc  (16  0U0  liai».),  (jn»'  201»  kilo- 
rnrftt's  sêpar«Mi1  de  la  mor  rîoiin:*\  les  (id^•h*^  lnuio- 
refïï  le  lnrrdteau  d.-  IVnvuyé  d'Allah.  Av.'ttït  dt'tre 
Médina,  e.'esl-^^-dire  la  ville  des  villes,  uu  Medinel- 
cl'.Neliî.  la  ville  du  E'roplièle.  c'était  Yatreb.  bourg 


Le  Vefque  ;  \\xc  de  la  kaal>a,  —  De>6iii  Je  Toiuaszkiewici,  d'après  une  pholoftraphie, 


ï  daiM  ses  monts  de  craie,  parmi  ses  stihles. 

^iolilude. 

Ki-<>»t  de  riledja/.  l'Asir  est  terre  chaude 

I  lisière  litturnle,  mn  n  léharna  »,  et  terre 

Tè^  par  le  liant  de  se»  djclxds  déchirés  en 


0eB.  —  An  sud-t^st  di»  ri!*»dja/.  rYémen.  jadis 
^L^ureuse,  a  beaucoup  moins  de  «  téhama  u 
^MV»  élevés;  de   ses  montagnes  on   voit 

^  Mems.  Là  TVMC  A  vot  d'oiicad. 


bleuir  au  loin  en  Afriijue  rinimense  escarpement 
d'Abyssirtie  (|n'Jlbiniinp  le  dêelinanl  sob-iL  llbislre 
jailis  jmr  ses  parfums.  rVérneri  l'est  rnainleiiaiU 
par  ^on  café  niuka,  If  mi*ilb'nr  «tu  nionde^  et  nous 
n'en  buvons  guère.  Li'  sifuviT.tiu,  l'imaii.  réside  en 
Irrre  UMiipérér,  a  '2ir»U  nièlrrs  nu-dessus  des  mers, 
h  Sana  (20  000  hab.),  ville  rraictie.  entre-temps 
Froide,  qui  a  de  beaux  palais. 

Aden.  —  Comme   l'Espagne  regarde   le  Maroc 

43 


558 


LA   TERRE    A    VOL    D'OISEAIL 


par  delà  Iti  détroit  *leGil»ralUr,  l'Yùmen  regnrdo  le 
Diïiï.'ikil,  i'U  plus  U,'*!jt  qu*»  lo  DartakiJ.  rAhyssiiiic 
pat'  (lehi  \c  drtruil  «li?  Bal-*^l-Miimii'h.  Nmi  loin, 
Aden  {.'5  000  Imlï.)  épie  ces  rivages  dt*  la  tiu-n 
du  boid  du  f^iAîi'  fiufjuel  on  a  donné  son  noiiu 
i'uisïinrniuLMit  aiinre  el  (rt-s  fonitnt'n;an(e  dijiuis 
qu'elle  appnriient  a\i\  Anglais  el  tpj'elli  relient 
les  rtnvire:^  uUnul  de  rOccident  h  l'OiienL  et  de 
l'IUieiil  /i  ruceideul,  e'esl  un  srjuuj'  plus  ijue  lor- 
riiie,  un  fftur  rvverhénni,  dans  les  sables  lianes, 
dans  les  soniUvri  liives, 

Hadramaout.  —  A   l'est  d'Aden»  sur   le  golfe 


d'A<ïen  et  la  mer  des  Indes.  l'Ilndraniaoul  éUw 
les  Auvergnats  de  l'Ai'nbie,  C'esl  dire  qu'au-di^^us 
de  iiim  (i  lèliania  »  il  a  ses  montagnes  el  m 
nujiilngnni^ds,  race  pauvre  el  Irùs  pullulante  :  il  ; 
n  là  des  eau  Ions  aussi  peuplés  que  dans  notr^ 
Europe  occidenlale. 

Oman.  —  De  ni^nie  que  l'Yêmen  possède  Ia 
eonie  ilu  sud-ouest,  rtlinan  (lossède  celle  du  Doni- 
est;  son  littoral  borde  h  la  fois  l'océan  Indien. le 
golfe  d'Oruîm,  le  golfe  Persique.  L'iinan  rt^idf  .^ 
Mascnl*',  pt>rl  très  siu\  dans  une  entaille  des  l.ni-. 
rouges,  près  du  Djebel  Aklidar;  ce  souverain,  siii% 


Sur  un  plateau  <Ju  DjebH  Chominor.  -  De&sbn  de  Yiiillier. 


puissance  à  relie  heure,  dominait  sur  de  très  lon- 
gue:j  rives,  non  pas  seulejnent  en  Asie,  rnaîs  aussi 
et  surtout  en  Afritpio,  sur  le  littoral  de  Zanzibar; 
Anglais  el  Allemands  l'oul  réduit  i\  rien. 

Ahsa. —  L'Alisn»  littoral  brûlant,  longe  le  golfe 
Persique,  vis-à-vis  de  la  i!ôle  persane,  habitée 
aussi  pir  des  tribus  arabes  :  ri'  golfe  aurait  done 
aulanl  de  droits  que  la  nier  Itouge  à  s'appeler  ara- 
bique; de  sou  fond  jaillissenl  d'abondanli^s  sources. 
Oiie  ne  ruiissent-elles  plus  haut,  en  piêmont,  dans 
l'arrière-lilloral! 

Nedjed  et  Djebel  Chommer.  —  Dans  le  Nedjed 
régnent  les  QuabubiteSi  qui   oui   leur    capitule  à 


Er-Riyad.  Secte  moderne  de  rislam,  ils  voulurent 
ramener  la  ivligion  de  Mabomet  à  sa  simplieili! 
première,  n^vfi  évanoui,  cotiime  tant  d'autres. 
Après  avoir  conquis  la  Mecque,  Médine  et  Datn;is. 
ils  reculèrent  jusque  dans  leur  Nedjed,  y  furent 
vaincus,  et  leur  empire  péril  dans  sa  fleur. 
Même  au  temps  de  leur  jeune  prosélytisme,  ils 
firent  la  guerre  au  labae  plus  qu'aui  doctrines 
mauvaises  ;  fumer  étiiit  chez  eui  le  premier  de* 
criînes. 

Au  nord  du  Nedjed,  un  sultan  qu'on  dit  plus 
puissant  que  n'importe  quel  autre  en  Arabie  cen- 
trale, réside  à  Ilaïl,  à  1007  mètres  au-dessus  da 
mers,  dans  le  Djebel  Cliommer  ou  niont  du  Fenouil, 
semblable  au  Sinai. 


Le  Di}inavcDd.  (Vuy.  p.  5iO.J  — Dessio  de  Jul(s  Uurcftf. 


PERSE  OU  IRAN 


an  d*Iran  ou  d*Eran.  —  Le  ptatcnii  irirau 
m  sVirnH  do  I;i  Cispionne  à  rucênii  liulitMK 
éle  "u  du  p<'nrlianl  des  nionls  qui  s'nljjiis- 
L  Ti^rt*  à  la  tniiirlie  de  ceux  qui  dutiiinciit 
l'fiiduï».  Ayniil  près  de  275  millions 
il  ctMivriniil  riiit|  fois  hi  Fraiire;  la 
ccujM»  environ  les  deux  tiers .  sait 
liions,  à  l'occident  de  la  haute  plaine  ; 
iiH'inlirê.  forme  deux  États,  r.Afglia- 
Uilouteliislan. 
de  montagnejà  qui  lui  prennent  le  vent  de 
pBttëage,  riniii,  dans  rensend)le,  est  un 
;  sec.  burloul  à  son  centre  et  û  son  sud- 
leul  que  rarement»  soit  de  la  mer  Cas- 


pienne, soit  du  gitlïo  IVi'sique;  riiorizon  y  est 
limpide,  les  cieux  sereins,  (le  nVsl  (luinl  que  les 
vents  s'y  taisent:  au  contraire  ils  s'y  dèjuènenl, 
stinores.  avee  arrès  de  l'aj^M»,  Iniids  rjiênie  en  été, 
fatsani  tourijillontuîr  ou  lanet^eou  la  poudre,  mais 
ajnrnanl  si  pi'U  la  nue  Inenfaisinle  qu'une  grande 
nioiliê  du  plateau  ne  reeoit  par  an  <|ue  Hl,  i2, 
15  cenlinn'rlres  de  [duie  ;  i;.î  et  la  il  en  tombe 
'JO,  Sr*;  ÔO  ou  iO  sur  la  crainte  rinml.'i;j;ne  ;  *'t 
beaucoup  plus  au  iH)id  de  ri'Jbours.dati.-.  b*  filiilan 
et  le  Mazeudèrau,  littoral  de  i>t>l)  ktlouiêires  de 
lon^  sur  15  à  *20  de  lar^Lie  Kordé  pai*  j'oui-lel  de  la 
Caspienne.  i*ar  un  brûlai  euniruste  «vi»c  le  sud  di* 
cette  chaîne,  de    continuelteâ   averses,  des   plu'i 


UQ 


LA    TKKHK    A    VUl    D'OISEAU. 


driios,  y  pivripiliMil  au  niniiis  riiuj  hiis  (iliis  dV'îiu 
que  sur  les  valleos  imnu'iiiatt'im'iit  Vdisitics.  mais 
de  VL»rs;uil  opposé,  (fui  n^^ardeiil  le  jilaloau  de  l;i 
royale  Têlu^rfiti.  Du  t^nlfe  lN"rsii[u*\  séjiaré  de  la 
Ciis[jieiine  (>iir  700  kilomèlros  du  nord  au  sud, 
iiionleut  aussi  des  vapeurs  qui  redescendant  en 
rnres  uridêes  sur  la  sierra  rùlii're  du  Farsislati,  et 
il  y  H  lu,  mais  sur  un  }du>  euuiL  lilltnal,  mie 
roue  nnalogiie  à  la  baud*»  Caspienne  du  Gliilun  el 
du  Mazeiidéi-nu,  siniin  i[uVlle  est  beaucfuip  plus 
sèelïe.  hc  Uiulos  les  rnoniag'nes  de  1  inlérieur,  il 
sernldo  que  le  eiel  favorise  surtout  de  ses  eaux 
celles  fjui  dépêclanil  leurs  lorrenls  au  lac  d"nurnua. 
Dès  quG,  venaul  de  la  mer,  ou  du  bas-fond  du 
Cliall-el-Arab,  on  a  dépassé  l'arêle  des  sierras,  le 
désert  envafiil  le  plateau  avec  la  nellelê  de  ses 
llorizons,  la  Irîslesse  de  ses  soliludes,  le  pnudroie- 
rniMU  de  ses  arèues.  la  durelè  de  ss^s  rtriijiles  sèches, 
IVelal  de  ses  h  lacs  ►)»  tuarais  amers  bus  fors  le  sel 
par  Taslre  de  Vêiè.  Dea  cyprès,  des  peupliers,  des 
plalajies  ariiioucetit  de  luiu  le  canal,  rarenieni  la 
foiitidne  vive  où  i)i)if  un  village  fait  de  buui'  visilê 
tous  les  ans  par  la  fièvre  qui  sort  des  eaux  riv>u- 
pissaules.  IVuTois  des  ruines  massives,  des  bouts  de 
p;iliiis,  des  Iroiicous  da'jueduc,  des  murs  de  jar- 
din, des  décunibros  à  l'abandon  sur  un  site  au  nom 
dïsjKUHi  de  la  mémoire  iranienne,  évor|uent  avec 
splemleiir  la  vieille  liistuiiv  de  t'Iian,  quand  son 
peuple  n'avail  encore  rien  perdu  de  son  essence 
en  «Tinébml  au\  Arabes  et  aux  TureSr  qxinndses' 
plaines  êlaieni  mieux  ari'i^sees,  lairt  du  l'ail  de  la 
nature  que  du  fait  de  l'homme,  ses  vallées  plus 
Iiabilées,  ses  collines  plus  vertes  avec  [ïIus  de  bots. 

Elbours  :  Déniavend.  —  Le  massif  qui  cache 
laCaspienniNiu  (daleau  [lersan,  l'KIbours,  après  de 
70U  kilomèlres  de  lou{^ueur,  avi»e  HQ  environ  de 
largeur.  i'Ius  ienj;  que  les  Pyrénées,  plus  haut  el 
non  moins  complitpié  rjue  b*s  Alpes,  il  dresse  h 
l'hoiizou  de  Téhénni,  au  nord-est,  un  vieux  volcan 
nei;jjeux  i[\û  a  fermé  ses  fournaises,  le  Démaveiid 
{0028  mèlres),  è^^al  au  flaueuse  à  7*^1  mètres  [très  : 
les  Persans  n  instruits  »  lui  en  donnent  50  000.  Son 
vrai  nom,  c'est  bivband  ou  séjour  des  Dieux;  de 
tout  lemps  les  Iraniens  l'onl  peuplé  de  j^n'^nies;  il 
est  partout  dans  leui-s  mythes,  leurs  légendes. 

L'KIlxnirs,  lllyntpe  irntiien,  esl  rAlbordji  des 
livres  sacrés  d'Irati,  le  pèn^  de  tous  les  lleuves  ter- 
restres, nés  de  l'inépuisable  l'ont  d'Ardouissonra; 
cette  onde  issue  du  Irène  divin  é(;iit  (dus  puissante 
que  la  lonlaine  de  Jouvence  eherchée  par  les  con- 
quérants de  rAïuériquc  :  elle  ne  rendait  pas  seule- 


ment la  jeunesse,  lt*s  morts  revenaient  à  la  vie  «i 
buvant  son  Ilot  biiniheureux  ;  ellebaiguait  le  ParjMlis 
persan,  entre  des  lapis  de  fleurs  el  des  arbres  mer- 
veilleux. Au[<iurd'bui  rKlboui*s,  loin  de  versT  à 
la  jdaim^  des  eaux  éternellement  vivillantes,  si'ut 
l'Iran  des  pluies  du  Nord  et  lui  dérobe  ainsi  des 
milliers  de  ruisseaux,  tandis  qu'à  son  vei-sant  sep 
tcntrional,  des  rivières  abondantes  el  surabondûiiit^ 
s'exlravasent  en  marais*  .  Glnlanais  el  Mazendt-ra- 
niens  seraient  trop  fortunés  dans  leurs  janlit^ 
d'orangers,  de  cilronniej-s,  de  grenadiers,  de  |..l 
miers,  près  de  leurs  forêts  de  hélres,  de  frênes  cl 
chênes,  si  ces  eaux  palustres  ne  leur  di&lilhi^'nt 
pas  la  lièvre,  si  leur  sol  n*éUiit  pas  un  sol  ^p» 
modique,  sautant  et  Iressauttnl,  qui  parfois  se  ffml 
et  s'écroule,  et  s'ils  ne  comuùssaienl  pas  les  iiious- 
Uques,  les  fauves,  le  leveur  d'iuipôls,  le  juge. 

De  loutes  b»s  sources  cl'lran  Li  plus  forie  riinl 
élre  ta  Foui  d'Ali,  îchesnudi-i-Ali  (riOOO  litres  psr 
^'cnniie).  dans  bi  montagne  au  sud-sud -owsl  d*4s- 
trabad  :  tle  lous  ses  fleuves,  le  plus  fort  naît  des 
uir»[tls  du  Koui'distan,  puis  coule  sur  le  plateau, 
enihi  fore  l'I^lbour-s  apK-s  l'avoir  longé  piendanl 
!2(l(l  kilomètres;  il  a  comblé  de  dépAls  25  kiloim'- 
Ires  de  niei'  eii  avaiit  du  rivage  antique  de  k 
Caspienne;  on  le  uoninte  datts  son  coui'S  sufiè- 
rieur  Kizil-llnzen»  dans  son  cours  inférieur  Séfid- 
lloud.  Ki/,il-Ouzen  ou  Itiviére  Itouge,  cVsl  un  nom 
lurc;  Séitd-Uoud  ou  Rivière  Blanche^  c'est  un  nom 
persan;  et.  en  eflel,  depuis  qu'il  esl  une  hisloîrv, 
Iraniens  i-t  Toucan iens  se  disputent  l'Iran,  surtout 
riran  du  nord. 

Il  y  a  des  savants  qui  soutiennent  que  TAIbordji 
sacré,  le  <t  nombiàl  de  la  Terre  »>,  n'est  pas  l'EI- 
bours,  mais  le  Pamir  :  îjIoi's  le  large  fleuve  (pi** 
cette  légende  y  fait  naUre,  l'Arvand,  sérail  le  Sir 
ou  TAinou. 

Lac  â'Ûurmia.   —  L'Elbours   se   lie  vei-s  le 

nord-ouest  à  l'Anti-Caucase  par  des  moûts  où  Irùne 
le  Savidan  (i8i4  mèîres),  volcan  pivsque  péran- 
nuellemenl  neigeux  qui  partage  ses  eaux  entre  le 
Sèlid-Roud,  l'Araxe  et  le  lac  d'Ounuia. 

Le  lac  d'Ounuia,  qui  est  la  Darialcba  ou  la  petite 
merdes  Pei'sans,  dépasse  400 OOO  hectares,  mais 
il  a  peu  de  profondeur,  ii  mètres  au  plus  creux, 
5  eu  moyenne,  et  il  dêeroit  paire  que  Tbounne  iw 
laisse  pas  couler  francliemenl  les  torrents  de  ses 
monts,  par-dessus  lesquels  pointe  nu  loin  le  nei- 
geux Araral;  ces  lonents,  on  les  détourne  partout 
sur  les  champs,  darts  les  jardins,  et  rthirmia  requit 

1.  Lo  jioiii  ili"  (Jhilan  sijjniifie  justement  Pars  de»  nianK 


Zii 


LA    TEUHK    A    VOL    D'UISEAU. 


moins  d'eau,  ol  àv  jour  en  jour  celle  qu'il  lient 
dans  sa  coni]ut\à  1289  niMrcs  au-dessus  desnifi-s, 
8e  concenire,  devient  plus  Siiléo,  plus  iodée  :  en 
quoi  elle  dépasse  déjà  Tonde  épaisse,  amère,  du 
hic  AsphiiUite  lui-même,  et  pas  ptus  que  la  nuT 
Morte  r(_ïurnii;i  n'a  de  poissons.  Ainsi  se  mine- 
ra lisent  et  sécUent  les  Yns^pies  sans  déversoir, 
It'ui'  arrivjU-il  comme  k  FOurmia  le  tribut  de 
5  500(JU(J  [jeclares  dune  région  moins  aride  qui* 
tant  d'autres  eu  Ir.iri.  Sur  loule  rinunetise  lubie 
iranienne,  140  à  145  millions  d'hectai-es  n  ont  pas 
d'écoulement  \ers  In  mer,  dont  88  à  89  millions 
dans  In  Fej'se. 

Le  Farsistan.  Gourmsir  et  Sarbadd.  —  Il  se 

peut  ipu*  le  héin;iveiid  ait  un  rival  nu  sud  du  payî>, 
dans  le  Farsislan,  qui  est  lu  vraie  Perse,  couinie  le 
proclame  Jii}^^  nom',  L,»,  le  Koub-i-I)iïiar  monte 
aux  altiliides  étcruellefnenl  blanches,  p;ir  iï'\iu- 
menses  champs  de  ghice;  h  celle  latitude,  qui  est 
celle  <i*A!exaridi"ie,  ces  frimas  sans  fonte  annuelle 
prouvent  une  élevai  ion  de  5000,  5500  mèïreà  ou 
plus.  Un  voit  de  la  rive  du  golfe  Persique,  par- 
dessus et  par  delà  d'aulres  puissants  monts,  ces 
pics  èlint:eler,  enti'e  lesquels  se  tapil,  à  quinze  ou 
vingt  lieues  au  nord  de  Kazeroun,  le  val  de  CîiAb 
[tevan,  loué  par  les  Persans  coumie  l'un  des  quatre 
Paradis  terrestres  —  les  Iroîs  autres  sont  [ïamas, 
Samarraride  el  ii;  Nalir-el-OLollali,  vallée  du  pays 
de  lîiissora. 

Au  pied  iiiêridional  des  chaînes  du  Farsistan,  du 
Liutslaii,  du  KijuUislan,  tellement  raides  que  les 
sentiers  s'y  uoinmenldes  éiiielles,  s'élend  jusqu'au 
gotle  [Vi-siqiie  aussi  chaud  que  la  mer  Rouge  elle- 
même,  un  mince  littoral  hrulé  par  des  soleils  ex- 
c<!ssirB,  el  très  fiévreux;  les  Persans  le  nomment 
Gourmsir.  par  opfjosilîon  au  Sarliadd  tfil  Haut  Pla- 
teau :  c'est,  comme  au  Mexique,  In  licrru  calicnlc 
dominée  parla  innrn  liemplada. 

Du  Farsistan  au  Ivourdislan  par  le  Khouzislan,  le 
Lourislan  et  TAi-dilarr.  le  support  du  plaleau  se 
brise  en  belles  rnonlngnes  de  rilH>D-r>500  mètres, 
ici  calcaires  et  crayeuses,  en  alignements  parallè- 
les, comme  le  Jura,  lA  volcaniques,  sans  huuche 
allumée,  (]e  sont  les  réservoirs  des  rivières  qui 
donnent  au  Tigre  sa  grandeur,  Pelil  Zah.  lijala, 
Kerkha  et  le  Kharoun  :  celui-ci,  &q)or,  empereur 
de  Perse,  Favail  barré  vers  l'issue  des  goi'ges,  à 
Allouas,  [)arune  digue  colossale;  retenue  en  lac  de 
réserve,  Feau,  fille  des  crues,  arrosait  la  Lasse 
plaine,  el  la  busse  plaine  élail  un  jardin. 

1.  Fanislaii  veut    lïirc  f'ays  dt'3  Perses. 


Déserts  do  Plateau.  —  Des  sierras  divisent  \e. 
Plateau  en  stius-plnteaux  et,  trop  souvent,  \Kiv\A' 
gent  le  llésert  en  sous-déserts  zébrés  d'oasis  el 
oasicules  :  tels,  h  l'est  de  Téhéran,  le  Grand-Désort 
salé; — près  des  rroriliéres  afghanes,  le  Dcchl-i- 
Naoumed  mi  Plaine  du  Désespoir;  — au  nord  des 
ntonis  de  Kirman,  le  Lout  ou  Solitude,  redou- 
lable.  redouié,  prudigieusemenl  sec,  lerriblemenl 
ardent,  et.  comme  lant  d'autres  impluvieui  dé- 
seris,  semé  de  kouvir,  fonds  salés  où  quelque  eau 
s'amasse  aux  fontes  de  neige,  aux  grands  orages, 
pour  renmnler  aussitôt  dans  les  airs;  —  enfin  le 
l)ecli1-i-Kouvir  ou  Plaine  salée  de  Yezd,  d'où  les 
adoraleui-s  du  Feu,  humbles  descendants  de  Cynis 
el  de  (ihosroès,  espèrent  voir  sortir  un  jour, 
en  conquérant,  en  vengeur,  eu  juge,  en  j^mlife. 
YezdiiljenI,  leur  dernier  roi,  détrùné  par  les  Aral»es 
dans  la  jMvmière  moitié  du  septième  siècle  :  avec 
lui  finit  la  Perse  antique,  qui  devint  dés  lors  mu- 
sulmane et  mélangea  l'Arabe,  puis  le  Turc  à  loul 
son  être.  Sous  des  laliludes  algériennes,  salia- 
riennes  même,  ces  solitudes  ont  do  durs  liivers, 
mais  leurs  étés  suffoquent,  lanl  sur  les  champs  de 
pierre  r|ue  dans  les  marais  évaporés  el  sur  les 
dunes  mouvunles  que  ne  liie  aucun  lacis  de  racines 
de  pins.  Très  diverse  est  l'altitude  des  plaleaux 
et  sons-iïlnleaui  :  ici  1500  mètres,  là  1000,800. 
000,  el  dans  le  Lout  580,  ou  peut -être,  en  certains 
creux,  150  seulement,  ou  mérae  120  — 1200  serait 
la  moyenne. 

Les  Persans,  leur  langue.  —  L'Iran  est  une 

contrée  hishnique.  Sa  nation,  née  du  même  sing 
que  les  «  Aryas  w  de  l'Inde  et  de  l'Europe,  clioida 
dans  son  enfance  les  mêmes  clianis  que  les  pères 
de  nos  langues  et  se  proslenin  devanl  les  mêmes 
lautf^mes.  Longtemps  elle  tint  en  Orient  In  pre- 
mièi'e  place  ;  on  ne  le  croii'ail  guère  à  les  voir  si 
misérables,  indolents,  oubliés,  sous  leur  climat 
dur,  sur  leur  lerre  avare  el  sèche,  fiancés  de  la 
famine,  foulés  chez  eux  o(  méfirisés  au  dehors.  A 
peu  prés  inconnus,  les  Pej-ses  éclalèrent  loul  â 
coNji  dans  le  monde,  sous  Cyrus;  ils  mirent  il 
mal  Uabylone,  l'eine  des  cités,  el  régnèrenl  de 
rinde  à  l'Hellesponl,  sur  50  millions  d'innomes. 
dit-on.  Leur  empire  dura  deux  siècle»,  jusqu'aux 
victoires  du  Macédonien,  Il  n'était  pas  fait  pour 
vi^'c  longtemps,  la  brulalité  l'avait  composé  de 
peufdes  ennemis  séparés  par  monls  et  déseits.  Kt 
sans  compter  le  >usien,  l'anuénren  el  les  idiomes 
de  divei'ses  petites  nations,  il  avuil  trois  langue» 
officielUs,  qu'on  relivuve,  chucuiié  tr^iduisanl  le$ 


PERSE   OLI   IRAN. 


34î 


deux  autres,  sur  les  roches,  ou  les  tables  de  ers 
inscriptions  cuni'ifornu's  dont  les  lettres  en  fer  do 
lance  t^iuinièrent  les  \ains  trioniplies  de  tel  ou  tel 
bsluenx  B  roi  des  rois  »  :  la  première,  lari^a^'e 
«r^en»  i^lail  le  pci'san;  la  seconde  Htiii  le  niAde, 
idiome  lour.inien,  d'outrés  disent  dravidieri;  la 
troisième  était  Tassyrien,  verbe  sêmili(|ue. 

Lvs  IVrsans   se   donnent   le   nom    de   Tadjiks, 


c'est-à-dire  les  couronnés,  sinon  les  invincibles. 
Ils  se  nit^lùrent  îi  l'hisloire  de  la  Grèce  (pjî  leur 
b.irra  l'Europe  ;  h  celle  de  Home  qu'ils  arrêtèrent 
sur  la  roule  de  l'Indo;  à  celle  des  Arabes  qui 
leiri'  imposèrent  uni*  foi  nouvt'lle;  e-l  plus  tard  à 
celle  des  Mongols,  des  Turcs,  des  Hindous,  enfin 
des  Euro[)éens. 

Si  jadis  quelque  heureux  ou  quelque  audacieux, 


I 


Tombeau  de  Fitma  à  Koum.  —  De«ï;n  «le  Tajior,  d'api^  une  pholo^rapliie. 


rare  de  ceux  qui  dietent  l'avenir,  avait  p<Mlé 
pitjile  des  l'ersans  sur  lune  des  voies  inerï!ii*i 
des  plateaux  iraniens  aux  chanips  jirrosés  ]>ar 
n^us.  vers  llérat  par  exemple,  il  auraîl  p*uil-êlt<* 
indi»!U)lulilenient  uni  les  Tadjiks  du  Sir  el  th> 
l'Amou  à  ceux  de  rimmense  tertre  qui  vn  des  col» 
l'où  leji  vieux  héros  de  la  nation  tombèrent  sur 
■byloiie  aux  déniés  d'où  les  Pel*s«n^  modi>nii*s 
»oot  dracpndus  sur  l'Inde  ;  ers  frères  mainlennnl 
perdus  auraient  r»*pris  l'ascendant  sur  les  inres 


qui  li's  liouspillaieni,  p!  la  Perse  d'aujoiinl'luii 
curilieiidrait  Irnn,  Tourar»,  Pamir,  tandis  qui*  K» 
peuple  iranien  ne  possède  même  pas  réolleinenl 
(oido  la  patrii'  pei'sane  ;  4"omme  langue,  eommo 
<t'iiliiin*nl  iiatiortni.  il  n'y  n  guère  4[ue  la  Mif>ili«" 
?néridion<»le  du  socle  entre  Caspienrte  et  mer  des 
Irnb's  qui  Poil  vraiment  inniirnne.  Quant  à  la  race, 
*^IIe  est  tK's  lintuilli'*»,  même  aux  lieux  où  elle  est 
restée  le  plus  pure;  sur  ce  vieux  passage  de 
peuples,  elle  n  reçu  des  tMémenIs  de  toute  espèce. 


TiU 


LA    TERRE    A    VOL    irOlSKAU. 


en  nombre  infini.  Arab^,  Juifs,  Kourdes,  Arniô- 
lîiiMis,  TiirTs,  GiVirjjit'HS,  Cirrnssiens,  Afghans, 
IImhIoiis,  vniie  iït"';^ros  et   nt'grôîflos   de   l  Affiqïio. 

Un  prnvi'j'lH'  lurc  dil  :  «  Uii-n  m»  v;uil  Ir  jiniuc 
liomnie  pcrsjin  et  le  rheviil  rtiohlave  d  ;  dr  r.ïil, 
los  Tadjiks  sont  des  hommes  livs  I»*mux,  gr.ïfiiMjx, 
h  l'œil  expressif,  h  la  bnrbe  noire,  fine.  aliundunNs 
ils  piirli'nl  d'une  TiroM  cbnrmîtnlo»  ils  sont  itn'i'vril- 
b'Usi-urK'iil  (it)lis^  triais 
ilsaimejitel  finliqueul 
lîi  science  dv  la  l'ans- 
selé;  ils  ont  une  inlel- 
ligenoo  viv*?,  une  njé- 
niûire  mnpiiflrjiïo;  sui*- 
loiil  ils  n'oultlicnl  rit'n 
de  Ii'Ui'  \ou^  p.issw  dr 
gloire  et  de  gnindeiir; 
mais,  ce  passé*  com- 
ment revivrnil-il  ?  Ils 
sont  làcJies  au  niiliini 
de  peuples  eourngriix» 
le  Tun\  l'Afghan.  TA- 
nibe. 

L'idiome  persan  des- 
eeiul  du  viiMjx  persr, 
frère  da  zeiiil,  ([ni  Si* 
parlait  dans  l'est  dti 
plulcaii,  tnndis  qne  [a 
langue  <les  vaincus  de 
Marathon  l'ê^nail  dans 
l'ouosl  de  rirait.  Eiaid 
frère  du  zend,  il  eM^il 
frère  aussi  du  sanscrit. 
Il  a  laissé  tiimber  tant 
de  nobles  formes,  il 
sesl  preffê  lan^  d';i- 
rflbe*et  deturtjl  s'est 
bariolé  de  tant  de  mois 
disjiarafes,  qu'on  n  pu 
le  surnommer  j'an^dais 
d'Orient;  mais  ses  poè- 
tes, llafi/,  Finlousi,  Saadi,  font  Ifs  dMires  des 
Urieulaux.  «  Le  meilleur  lan^iifîe,  dil-on  en  Ira- 
nie,  c'est  Tarabe;  ronnaiire  le  turc  est  une  belle 
science;  le  pei>aTi  est  une  mnsi<jue — tout  le  reste, 
c'est  Tikne  f|ui  brait.  k«  Nulle  [jiirt  on  ne  le  prit- 
nonce  aussi  purement  qu'à  Chiraz. 

Il  n'y  a  pas  cneore  deu\  eents  atis,  e'êlnil  un  des 
patiei-s  l(*s  plus  lèjianilus  du  nnnide  :  on  rem- 
ployait  de   préférence  dans  les  pjdais   du  (irand 

1.  Sur  dii  mots  de  la  langue,  quatre  sont  ou  presque,  ou 
tout  à  rsit  aral>cs.  0 


Daino  jK:n=anc.  —  Dessin  dp  IT.  Tliinat,  d'après  une  phoLograjiliie. 


M'tgol;  il  avait  cours  d'un  bout  à  l'autre  do  Im- 
pire  Hindou  comme  langue  pidiiifpu'.  lillèi-nire  ol 
sociale;  les  lettres  et  les  liounnes  de  haut  rang  en 
usaieni  dans  tous  les  pays  musulmans,  de  Con- 
sliinlino[ïle  au  lten;>ale,  de  la  mer  d'Aral  au  golfe 
Persique.  de  l'islbine  de  Suez  au  liaui-i-l)ounyn. 
O's  jours  ne  sont  plus.  ï»nns  l'Inde,  le  persan  fuit 
deviint  riiindiuistanî  ;  nn  l'oublie  dans  l'Asie  turque; 

hors  de  la  Perse  il  ne 
lui  reste  plus,  sauf  une 
certaine  royauté  litté- 
raire en  Orient,  que 
rAfghanistan  où  il  a 
rang  de  langue  policée, 
et  le  Turkesfnii  où  il 
est  parlé,  e(uieurreTn- 
menl  avec  le  lurc  et 
le  russe,  par  les  nom- 
breux Tadjiks  de  la 
ville  I'!  de  la  canipa- 
1  gne.  el  aussi  par  heau- 
foupde  Sarles,  urbains 
de  san^  mélê. 

Quatre  à  rinq  cent 
mil  le  Kiiurdes,  parents 
lii'H  Tadjiks  par  le  lan- 
gage, sinon  par  l'ori- 
gine, ce  qu'on  n'oserait 
ln»p  assurer,  virent 
dans  les  Al|»esdu  Kour- 
dislaii.  Le  nord,  le  nord- 
ouest.  iu>lanunent  l'A- 
/('rliaîdjan.  sont  pleins 
de  Turcs:  le  bassin  de 
l'Araie  a  des  Amié- 
nieiis,  et  le  golfe  Per- 
sique  des  Arabes. 

4ln  estime  que  la 
Perse,  dont  les  sept 
dixièmes  appartiennent 
au  I>éserl ,  soit  pour 
rinsiaul.  soit  pour  loujoirrs.  a  Ti  millions  d'ba- 
bitnnls'.  eï  Ion  su]q>ose  que  plus  do  2  jtlO  000 
parlent  le  persan.  Plus  de  1  oOOOOO  se  servent 
dn  turc,  ilans  le  Khorassan,  en  Azerbaïdjan,  et 
en  général  au  nord  de  la  route  de  Télièran  à 
Jfamadan;  même  dans  la  capitale  il  est  d'un  fr^ 
(pn>nt  usage,  toutefois  son  empire  diminue,  on  a 
cessé  de  le  piirli*i'  â  la  cour,  el  presque  tous  les 
Turcs  savent  maintenant  le  persan.  Les  hommes 

1.  vSinon  six  ou  sept.  i>u  huit,  m^inc  dix,  s'il  en  faut  croire 
certains  voyageurs. 


PERSE   or    IRAN. 


515 


qai   ûol  le   turc  pour  idiome  ninternol  sont  la 

pliip.ir1  bit*D  moins  afliuôs  qu«  les  Tadjiks,  mais 

rinds,  plus  forts  di'  corps,  plus  droits  de 

;  iico.  plus  ùlevés  de  scnliiiiouts  ;  francs  et 

fiers,  ils  tiennent  le  mensonge  pour  un  dt^slion- 


ucur.  Séparés  des  Osmanlis  d'Anatolie,  leui^  frè- 
res de  langue,  par  la  difTi^rence  de  secte  (puis- 
qu'ils professent  le  rhiisnn*,  ri  les  Analolicns  le 
Bunnisme),  ils  ne  mettent  point  en  prril  la  n.itio- 
iialilê  iranienne.   I^es   Konrdes  viennent  an  Iroï- 


l'cTH'polu  :  taureaux  ailét  à  lété  tl'liomint.  (Voj.  p.  3i6.)  —  Dessin  de  Taylor,  d'âpre  une  pliotogrsphie. 


'sième  raog.  nombreux  de  plusieurs  centaines  de 
milliers  d'Iioinnies  dan»  leurs  mont.ignes,  et  aux 
Kouniir4  ou  doit  joiniln'  li'ur^  cousins  p;M'  le 
boKagr,  les  Louris  du  l.ouristan,  sur  la  linutu 
Kerklid.  On  estime  les  Arabes  h  500  000.  Uuant 
Arméniens,  que  l'ômigi-ation  en  domaiiie  russe 
liiits,  c'est  dt'Sorniais  un  êlenuïnt  minime. 
0.  tUtt».  ijL  Tkjuik  a  yol  d'ohcao. 


|te  la  Perse  sortit  une  des  grandes  religions  de 
l'anli^piilé.  celle  de  Zoroasire  et  des  livres  s.'iert'S 
du  zend,  adoratinn  du  solril  rt  des  asJivs,  rulle  du 
bon  génie  Ormuzd,  crainte  et  révérence  d'Ahriman, 
le  mauvais  génie.  C'est  le  mazdéisme,  auquel  peu 
restent  fidèles,  qu'on  nomme  adonileurs  du  feu, 
Giiébres    cl    Parais   ou    Farsi»,   c'est-à-dire    Per- 


5'IG 


L4    TERRE   A    VOL    D'OISEAU. 


sans;  ^1.  en  L'ITt-t.  c.g  sont  les  soiils  Iraniens  qui 
n\Ti**nt  point  tmhi  r^inliqiu!  Ii'îiiiiif.on  n'<»n  rompit* 
mr-nu'  jKis  8(KJ(I.  iloiiL  OMKI  :i  \vid  ni  villiigrs 
voisins;  mais  ils  l'iKTin-ril,  Inirs  de  ï'Irnn,  *les 
cL'jns  (Ir  f'ornTnorçants  riches,  dnns  les  grandes 
ailles  (Jo  riiiiti'.  iiolatinneul  ii  Dornbay,  tl^tis  l'ile 
du  <]i'y);ni,  h  AdoLi,  yur  la  inor  lîunge,  en  Tun|uit; 
d'Asie,  sur  1.*  côte  orienUde  de  rAfiii(ue,  et  ju6- 
t|tj'ii  Pui't-Louis  dnns  l'Ile  de  France.  On  [)eut  les 
('oni[>arer  aux  Juifs,  puisqu'ils  s(uil  connui'  eux 
oncrês  au  vieux  dtignie,  coninie  eux  Inifiquauls, 
et  dispersés  comme  eux. 

Lpb  l*ei*sans,  pronque  t<nis  musiilnians  ehiiles, 
secfnleuïs  ri'Ali .  déhKlonl  Irurs  fivres  suiinîles 
encore  ptus  (pie  les  chrélieus  ou  les  idnlàlres.  Les 
suuiiiles,  Turcs,  Kj^ypliens ,  Barbaresques,  sont 
pourtitnl  ;mss]  di'  iKins  iiudioinêlans,  des  a  liiHunies 
du  Livie  )>  :  tuiiis  rininianilé  est  :i'\n^\  fuite  qu'un 
s'y  hait  plus  entre  voisins  qu'entre  étrangers. 

Villes.  —  L'nride  et  sèche  Madrid  demande 
Li  l'i':MrliiHir  ei  hi  ^ie  aux  cniinux  du  Lozoya, 
Jonrnl  de  Li  (!u;ni.Mj;nria  ;  la  srche,  l'arido  Té- 
liéiaii  [SIOOOO  lj;dj.).  ou  pluh'4  Tifir.uu  r'esl-à- 
dtre  la  pure,  a  recours  h  des  canaux  venus  de  la 
liante  niont.'i^iie.  Klle  n  èon  site  à  1  ItJI  mètres  d'al- 
titu<li%  dans  un  piémouif  non  luiu  d'un  sahaca, 
sur  un  sol  Sidê,  en  vue  du  Démavend;  elle  esl  à 
ir»  kihiinùln^.s  du  la  chaîne  de  TEILiïurSj  à  HO  de 
la  l^as[)ii*nue,  à  peu  prt'^s  à  la  li^ne  de  séparatiiKi  de 
l'éléirn'ul  iranien  et  de  l'élément  turc,  lui  élê,  le 
chah  iMi  eiii[tereur,  el,  dit-<tn,  10000  [>ersonnes» 
serviteurs,  Ibtluui's,  pai'asiU's,  fuirni  celle  ville  aux 
maisons  de  lerre,  ses  lièvres.  s<*s  chaleurs  de  four, 
sea  puuaises  venimeuses,  (^l  vont  s'inslaller  sous  la 
1euli\  d;ms  les  frais  vallons  de  la  niiinlai^^ne.  Les 
chahs  y  fuul  séjoui'  depuis  17'.)S. 

De  la  nouvelle  ciipilale  ;t  h  vieillis  de  Téhêian 
1^  Ispaliaru  la  roule  passe  par  rirnhistriense  Kachan 
(jOODIi  hah,),  ville  [irospère,  (|uoii|n('  jiers.nie. 

.A  I  W-  uïèlres  au-dessus  des  nieis»  Ihpalian  ou 
Isfalian  {UOOOÛ  hal>.)  est  comme  le  Moscou  d'un 
aulre  S;HM!-lV(ejshourf^  :  celle  cîlé  du  ^rand  cliali 
Ahbas,  ipji  eut  fiiîOlKMI  Ames  et  fui  la  «  moilié  du 
monde  »,  est  hîen  plus  iranienne  que  Téliéran  qui 
l'a  délrôiiêe,  cinujiie  Moscou  la  Sainte  est  Ineii  plus 
slave  (pie  la  l'eiut*  de  la  Méva.  Sise  à  peu  pivs  au 
ci'ulie  de  la  l'erse  pe.u[dée,  elle  borde  le  Zajendé- 
Roud,  tiU'reril  (jni  (ilti*e  dans  le  plateau,  puis  repa- 
rail,  puis  se  [lejd  encwi'e. 


Des  colonnes,  des  statues  gigantesques  où  la 
lornîe  de  l'animal  se  mêle  h  celle  de  Thomine 
icelui-ci,  comme  il  convient,  représenté  par  b 
lèle),  de  grands  murs,  des  inscriplionç  cuiiêi- 
ibrmest  des  roches  pointues,  la  plaine  immemf, 
voila  ce  qui  reste  d'une  aulre  el  superbe  capitale 
lie  la  Perse,  quanti  hi  iVrse  était  autre,  av^  d'au- 
tres Persans.  Brûlée  par  Alexandre  de  Macédoine 
pour  la  fantaisie  d'une  belle  Grecque  joyeuse  de 
voir  (lamber  de  si  lières  demeures,  l'ersépolî»  est 
au  liiTi  4lil  les  Palais  de  Djemchid  (Takl-i-njem- 
cliid)  ou  Quaranle  Colonnes  (Tchilminir).  au  boni 
de  In  plaine  paludéenne  de  Mcrv,  que  pare^turl  le 
narid-l'jnii\  affluent  du  Kiris  — cvlui-ci,  eau  de 
sel  sans  profondeur  sur  vase  pourrie,  u'est  qu'un 
marais,  enlre  ménls  calcaires  harnumieux  de  li- 
gnes, su[terl)cs  de  leinles  au  déclin  du  joufi  iu 
sud-oupsï  de  la  ville  nnji-le  s'élève  la  ville  sivanle, 
Chiraz  (31ï000  hab.).  qui  est  V  »  Athènes  dlrau  i, 
le  séJMur  de  la  science,  l'acadénde  du  beau  lan- 
gage. Les  inonlagnurds  du  Farsistan,  sii  province, 
fondèrent  riiégênionic  persane.  ChLraz  est  à*l350 
mètres  au-dessus  des  mers,  de  loin  splendide  el 
de  pi'ès  sordide,  en  vue  de  luclics  nues  clinude- 
ment  coloii>es,  au  milieu  des  pius,  des  cyprès,  des 
fialrniers.  Les  OrferUaux  exaltent  son  climnl,  9c« 
vins,  la  senleur  de  ses  roses;  mais  (ié\n'ux  esl  ce 
beau  climat,  cl  sous  Chiraz  la  terre  est  mobile. 

Bans  un  ton!  autre  pays,  au  nord-ouest  de  r«in- 
pire,  chei  les  Turcs,  près  des  Arméniens,  sur  un 
sol  mal  assuré  dont  les  secousses  l'ont  mainte  foie 
ébranlée,  Tébrî/,  ou  Tauris,  la  Kandsag  des  Amié- 
uiens.  atteint  peut-être  Téhéran  par  le  nombre 
des  citiidins  ;  elle  lui  est  sn|M;*rienre  en  industrie^ 
en  travail,  en  animation  ;  les  eaux  qui  coulenl 
en  canaux  datis  ses  frais  jardins,  sous  un  froid 
<'litual,  a  I  .')(»(>  nu^ïies  d'altilude,  vont  s'abîmer 
dans  le  lac  d'Oumiiah.  Elle  4'Ut  oOO  *KI0  (*.ihilaiit<. 
ce  dit-un,  et  on  lui  en  attribue  tSOODO. 

A  î*r»0  mètres,  Mêelied  (70  000  hab.),  glorieux 
sanctuaire  du  Kliorassan,  voit  grandir  cbaqne 
année  la  foule  des  pèlerins  qui  viennent  prier  de- 
vant le  tombeau  de  l'iman  lliza  ;  de  plus  en  plits 
sacrée  piuir  les  C.biiles,  elle  rivalise  avec  la  supra- 
sainte  Kerbela  de  Babylonie  elle-môme  comme 
lieu  de  toute  grâce  et  de  toute  bénédiction. 

Yezij  (tOOOl*  hab.),  ville  d'industrie,  marque  à 
|R»u  près  le  milieu  de  la  Perse,  en  pleiu  déserl,  et 
la  dune  marche  contre  elle,  ainsi  que  contre 
mainte  autre  cité  (Tlranie. 


AFGIIAMSTAPÎ. 


Ml 


BaU*Ilî5sar,  rila<lelle  de  Caboul. 


PAYS    DÉTACHÉS  DE   L'IRAN 


AFGIIAMSTAN 


Biodou-Konch.  Hilmend  et  Hainoun.  — 
L'\fghjiii>t.tii  contiiui>*  lo  iuiiit  jiIjUmii  île  l,)  l'tifse 
jits4|u'à  rintic  et  jiisqij'niix  iiiont  dn  l'Asie  cou- 
Inlf  ;  è  l'fiui'St.  non  m*  le  si-pnri'  di»  l'Iran,  et  le 
ipgeur  sur  l.i  froiiliôri*  cominum*  aux  dtMix  pays 
V0Sl4eid(*ui  riHôs  1rs  in^uios  plaines  de  s;iblt\  les 
mèfNi'Â  plaines di*  pierre,  les  niOnies  laines  salées, 
flf.mi  loin,  dosmoalsdemèmeeoulrur  et  demôrae 
Mure. 

Uêm»  À  IVM  et  au  nord,  la  terre  des  Afghans  a 
de  fièft»  limites;  au  nord  surtout  :    là   s'êlancc 


lMlif)dou-K(>ueli*ou  plutôt  la  ritalne  qui  le  continue 
vers  roiK'sl,  I<>uj7>urs  décroissanle  à  mesure  qu'olle 
seloign**  du  <(  Toit  «l'Asif  u,  dt»  la  siipivnie  exlu- 
mescence  des  terres.  Ce  o  bas  Hindoii-Kuuch  •,  où 
règne  le  Koh-i-Daba  (5i8C  uiètros)  ou  Pt're  d<.»s 
Monts,  sêpart>  rAlgbanistan  vrai  (ei*lui  du  plateau 
et  deg  valbW  éleviVs,  celui  de  l'Ililitiend  el  du 
Caboul)  du  a  Pseudo-Afghanistan  »  eontpiis  le  long 
de  rivirres  qui  descendent  vers  l'Uius,  mais,  bues 

i.  Sous  celle  fortne.  ce  nom  touI  dira  :  meurtrier  des 
Hindous;  sous  celle  dHindou-Koh  :  mont  des  llmdous. 


U8 


LA  TERRE   A   VOL   D'OISEAU. 


r\i  r(Hili\  L*lk's  ne  r(K>lt'rîl  point  d'omlo  aux  flots 
bourbeux  du  ^nmd  îd'dutMit  du  VXvnl.  Vav  lo  cours 
de  SOS  eaux,  son  liiatair**,  son  deslin  |jrt>bMÏjle  dv 
se  réveiller  russe  un  jour,  h  Pseudo-A%ljaiHslan 
relt've  du  Turkesl:in. 

Entre  l'Af^'IiatuslMn  et  l'Inde,  la  barrière  de  Test 
n'est  grandinac  que  du  pHVs  d'en-bas,  vue  des 
])ordsdu  fleuve  Indus;  (M>tîleiriplée  de  l'Ar^^harusIan 
même,  qui  s'étend  eu  long  steppe  à  l'accidetil,  la 
chaîne  de  Soliman  — tel  est  son  nom — inonie 
.tu  eiel  sMos  rna^^niiirenee,  rélèv.ilion  du  plateau 
lui  dérobanl  moitié  hauteur.  Si  près  de  l'Hima- 
laya, qu'est-re  d'ailleurs  fpieriSfïO  métrt»s,  altitude 
du  Pirgoul.le  pic  majeur  de  celte  bordure  d'urtont? 
Au  nord  lîe  la  eliaine  de  Soliman,  au  sud  de 
l'Hiuduu-Kouch,  le  Sêlid-Kiib  ou  Mont-BI.iue.  isulé 
tuaiiitetiîint  du  Toit  de  l'Asie  par  la  dêcliirure  où 
roui'l  le  CnbouK  tributaire  viuleid  de  Tlndus,  est 
presque  l'égal  de  notre  Mont-lilanc  d'Kurope,  de 
parles  4761  mètres  de  son  pie  Siknram. 

Le  Caboul,  issu  des  (rés  hautes  neiges,  roule 
beaucoup  d'eau,  et  plus  encore  son  aftluent  le 
Kounar,  qui  a  dans  son  bassin  le  massif  majeur  de 
riliiulou-Kouch;  mais  1.*  plus  longue  rivière  afghane 
est  rililmend  (1100  kiUïmètres)  dont  le  bassin  dé- 
passe 50  millions  d'hocLares,  soit  une  France  ;  a 
vrai  dire,  une  France  conHnentale  où  des  sabaras 
louclionl  îl  des  sibéries»  où  la  plaine  est  rare,  dure 
et  pauvre  la  terre.  Né  vers  le  Koh-i-B^ibn,  l'ilil- 
mend  ne  connaît  pas  lamer;  courant  ausud-ouesl, 
il  arrose  par  une  infmilé  de  rigoles  un  (jermsil  ou 
Pays  chaud,  par  opposition  au  Serdsil  ou  Pays 
froid  ;  puis  ce  que  lui  laissent  sol  et  soleil,  c'est- 
ù-dire  foil  peu  d'onde»  il  l'apporte  au  lac  llamoun. 
triste  lagune  saumâtie,  entre  joncs  cl  roseaux»  à 
quelque  400  mèliHîs  au-dessus  du  niveau  des  mers. 

Le  llamoun  fut  beaucoup  plus  grand;  sous  le 
ciel  dévorant  du  5t>'  degré,  aride  autant  que  la 
voûte  libyenne,  il  dimitiuera  bien  plus  encore  et 
s'effacera  tout  A  lait.  Si  l'ïlilmend  meuil  pauvre, 
c'est  qu'il  a  beaucoup  donné,  et  comme  lui  ses 
nllluonts,  dont  le  plus  fort  est  l'Argandab;  il  y 
a  dans  son  bassin,  pris  h  toute  veine  el  à  toute 
veinule,  des  canaux  et  des  canalicules  qui  font 
verdir  les  vallées  et  sans  lesquels  l'Afghanislan 
n'aurait  que  pAtures  sèches.  Il  élale  en  vain  ses 
leircs  sous  la  zone  tempcrée  :  en  qualité  de  leire 
absolument  conlinenhile,  cou[vée  de  la  mer  par 
quelques-unes  des  plus  hautes  aspérilés  de  l'Asie, 
il  souffre  également  <les  extrêmes  du  froid  et  des 
extrêmes  du  chaud.  Autant  Thiver  esl  barbare, 
autant  les  étés  sont  cruels;  c'est  un  climat  inique  : 


I'  0  Aflahî  Pourquoi  ton  Enfer?  N*avais-lu  donc 
pas  (îhazna*?  m  Un  autre  et  plus  grand  Hanioun'. 
il  l'ouesl,  reçoit  des  torrents  moindres  que  l'ïlil- 
mend; et.  bien  loin  au  nord-esl,une  a  (kispienni' i 
beaucoup  plus  petite,  l'Ab-lsIada  ou  l'Eau  dor- 
mante. i\  2150  mèlres  d'altitude,  recueille  ce  qw.' 
la  snifdes  champs  peut  par  iias^ird  ne  pas  prendre 
à  la  riviére«le  Ghazna. 

Les  Afghans  ou  Pachtanah.  —  L'AfghaniAtan 
répond  en  partie  à  ce  ijue  les  anciens  appelaient 
Arie,  Arachosie  et  Drangiane.  Sur  ses  plateaux  au 
climat  «  féroce  »,  mais  salubre  exc<?plé  dans  les 
entoura  méphitiques  de  rilamoun,  vit  un  peuple 
qu'on  n'a  jamais  receïisé,  qu'on  a  porté  à  0,  A  8.  i 
10  millions  d'hommes,  mais  il  ne  doit  g-uùre  dé- 
passer 4  millions  en  y  complaid  le  Pseudo-Afgha- 
nistan d'ouli'c-Hindou-Kouch  ;  cela  sur  72  millious 
dliectiires. 

Les  Afghans  sont  d'origine  inconnue.  Peut-être 
vinrent-ils  du  noid-esl,  d'un  pays  qui  est  une  pro- 
vince persane,  du  sec  Kliorassan,  voisin  des  Sables 
Noii's  l^dont  le  séparejil  les  deruiéi'es  sien*as  qui 
poussent  t'Iliiulou-Koucb  jusqu'au  boit!  de  la  Cas- 
pienne, en  face  du  géant  Caucase. 

Us  appellejit  leur  pays  Poukhtoun  Klïwa  et  se 
donnent  le  nom  «le  Pachtanah  dans  leur  langue,  le 
poukhtou  ou  pachtou,  qui  a  des  liens  de  parenté 
avec  l'idiome  de  Firdousi,  et  plus  encore,  semble- 
t-iLavcc  les  langues  aryennes  de  l'Inde,  tiependanl. 
bien  que  frère  ou  cousin  di*  ces  idiomes  lianno- 
nieux,  il  éclate  en  sons  rauques,  si  dur.  si  laid  à 
entendre  que  Mahomet  te  surnomma  la  langue  de 
l'Enfei-,  lui  qin  parlait  pourtant  le  plus  que  rude  et 
guttural  arabe. 

Trempés  par  leur  climat»  vigoureux,  grossiers. 
braves,  sanguinaires,  vindicatifs,  presque  tous 
hommes  bruns,  ils  secouèjvnt  le  joug  persan  vers 
le  milieu  du  siècle  dernier.  Depuis  iors,  leur  ciel 
lerrible,  leurs  monts  chaotiques,  leurs  stepp<»5 
affamés,  altérés,  leurs  lorrenls  sans  ponLs  qu'on 
travei'se  en  radeau  sur  des  outres  gonflées  ou  h  des 
gués  Iraiires  et  froids,  les  ont  gardés  d'un  nouvel 
esclavage.  Leurs  énormes  voisins,  le  Russe  et  l'An- 
glais, se  les  disputent  déjà,  mais  sans  oser  les 
asservir,  car  c'est  la  dernière  barrière  qui  les 
st'.pare  —  eux  donqités  par  le  faux  ami  du  Nord  ou 
pai'  le  faux  ami  île  l'Est,  l'emfjire  slave  toucliera 
rern[)ire  uïïi  verset  anglais,  et  celui-ci  sera  brisé, du 

L  (hi  pt-i'k'iid  ((HO  (inns  relie  ville,  |)ourtant  sise  à  l^tO 
méUvH.  In  <l];itiui'  jn'iit  nuiiiioi'.  ;t  I  ombre,  i^  55  do(fré«.        ' 
2.  Ce  [nul  Hi^nilio  :  L'tui»doe. 


1 

i 


550 


LA   TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


moins  en  Asie.  «  En  approchant  d'un  puits  du 
[>i**si'rl,  (lisiiil  l'crUin  (K'r'vit'fit\  an  etilt-nd  linijnurs 
un  ^'nnid  tniiit  :  cV'st  un  Anglais  ot  un  Hiisse  tjui 
s'(*n  (lisfinl^-iil  la  rorKjiK^lts  fi  ToiiYPrlur**  sp  penrht» 
un  lioinnit'.  \v  twMlro  du  [iiiiis,  une  grosse  piern» 
aux  nuiins  puur  leur  ca.sser  la  lii>le.  h 

•Sur  une  terrtï  si  nioulagneuse.  un  poupk*  fii  lur- 
l>uli*iit  it'i^st  pMs  l'iiil  [nniv  iilH'^ir  sans  n'^jindicr  ïi 
un  seul  ai^^uilliHi;  les  Afghans  so  diviscnï  eu  [du- 
siours  peliU^s  «  nations  u  ou  zaï,  qui,  ii  leur  tour, 
80  sulidi visent  en  Iribus  et  en  élans  (khtil). 

lui  sup]ius?nit  f[ue  l'Af^hîmistan  normal,  sans  le 
Tratisliiiidou-Kfuich,  mais  avec  la  nioulagne  des 
Dardes  el  des  Siah-Porlis,  ninirrisse  environ 
4  20tlOÛ(t  hommes,  les  Af^dians  Rjnl  assi»x  eirirle- 
inenl  la  moitié.  2  1 00 000  personnes,  en  -iOO  klicil. 
Leur  <(  militui  w  la  plus  puissante  esl  c^dle  des 
71)0  000  lïoui-ani,  qui  a  conquis  et  cimenlé  le  pays, 
si  tant  est  que  rAf^hattislan  ait  quol<|ue  unité  , 
lui  rpii,  a  e6lê  de  2100  000  Afg^lmns  divisés  de 
peupl.ul(*  à  j»eup!arle,  el  de  élan  à  rlan,  ren- 
fenne  SOOOOO  Pei*sans,  bourf^eois  de  ses  villes  ou 
eultiv;ileurs  de  son  Koliistan  el  de  sonSeïstan;  plus 
000000  Mongols  aulh*'nIii(ueH  pai-lrMit  pour  la  plu- 
pari  l'ininien,  ainsi  que  les  Tadjiks  et  F'arsivans; 
plus  KIIÏOIMJ  Tiii-eset  Turcatrians,  et  l.VlOUOSiali- 
Pnehs,(*l  .'IHMMtO  Ihi'des,  oie.  Toutefois,  à  grandes 
lii^nes,  les  »  Afghans  »,  dans  le  sens  èirruhi  ilu 
i\om,  professent  la  même  religion  musulmane  (sauf 
différences  île  séries)»  ils  ont  la  mérne  langue  na- 
liotKile.  le  poukhlou,  la  môme  langue  littéraire, 
le  persan. 

CuIjouI  (75  000  \\tih,),i\  1051  mètres  d'altitude, 
hnivle  li^  Tabnul,  sni"  la  nmle  la  [dus  eourle  enln* 
l'Kurojie  et  l'Inde  el  la  plus  praliralde  aux  arnuV's, 
entre  Iliridou-Koucli,  Sêfid-Koh  el  Kûli-i-Baba. 

Candaluir  (00  000  liaU.)  ou  Kund,  à  lOOG  iniMres, 
a  ses  vergers  sur  des  eanaux  dèi'ivês  de  la  rivière 
Argandab. 

lierai  (50000  bab.).  la  «  ville  des  cent  mille  jar- 
dins »s  h  8'JO  métrés,  sous  un  air  pur,  tire  par  neuf 
canaux  son  eau  pure  de  l'Iléri-Uond,  Odni-ei  esl 
Tune  de  ces  longues  rivières  que  le  vieux  Paropa- 
misiis  envoie  vers  CUxus  sans  (|u'elles  puisseni 
l'atteindre;  elle  va  se  perdre  h  la  lisière  des  Sables 
IVoirs,  non  loin  de  Merv,  cbez  les  Turcomuns  au- 


jourd'hui muselés.  Située  sur  le  grand  chemin  de 
la  (*.<'is[iienne  à  l'Indns,  onbi  surnomme  la  promiîrrt' 
elel*  de  rinde,  (Caboul  étant  la  deuxième;  el  vv{U- 
elid^'U  l'a  prise  ou  lenlé  de  la  prendre  cinqiwnio 
fois,  re  <ïit-^)n.  Le  pays  d'Ilérat,  où  se  réuuis^aieAl 
autrefois  la  Partlde,  l'Ilyrcanie,  la  IlacIrifiQe.  esl 
une  région  de  montagnes  poinl  verdoyante*,  avfc 
quïdques  terevs  irriguées,  séjour  de  Persans.  d'Af- 
gtiîins,  de  lurcomans;  —  les  Persans  y  domiiu'iif 

Kafiristan.  Dardistan.  —  L'interposition  de 
monts  hauts  el  dilli^Mles  isole  l'AfghanisUin  \m 
des  pays  conquis  par  delà  rilindou-Koueli,  mais 
le  Kafiristan  et  le  Fïardistan.  où  les  Afghans  ne  do- 
minenl  [mint»  senibleraieiil  devoir  leur  appartenir. 
vu  la  direction.de  leurs  profoiuies  vnllées  qui  vont 
s'ouvrir  sur  la  rivière  (labtnil. 

Plaf|ué  contre  rïlind*iu-l\«iurli,  \v  KalirisUn. pro- 
digieusement bosselé,  renferme  peul-élre  15000(1 
haliilants  sur  5  millions  d'Iicctares,  On  sait  irt 
l'on  n'eji  sait  guère  (dus)  que  ces  hommes  *ip- 
[ïelês  Siab-Poebs  ou  les  Noir-Vélus  onl  les  ypui 
bleus,  la  chevelure  blonde,  la  barbe  aussi;  l^ur 
visage  est  évidemment  a  européen  ».  Ils  dt*«- 
eendenl  sans  doule  d'une  Iribu  laissée  dans  ces 
Alpes  par  les  créateurs  de  nos  langues  lors  des 
migralions  qni  disjH>rsérenl  une  partie  des  Aryas 
sur  riran  et  sur  l'Inde  sepffïilrioiiaje.  Pour  quel- 
ques savants  classiques  ils  remonlornienl  à  dtrs 
déserleiirs  de  l'année  d'Alexandre  le  Grand. 

Les  Siah-Poclis  sont  païens  et,  comme  lels.  luiis- 
sanls  el  hais  :  ils  déleslenl  leurs  voisins  musul- 
mans, leui's  voisins  musulmans  les  abhorrent;  ils 
en  onl  reru  le  nom  de  Kafirs,  aulremenl  dit  d'Infi- 
dèles —  exacleinenl  comme  les  (lafres,  tians  l'A- 
frique australe,  —  et  Katîrs  a  fait  Kafiristan.  Leur 
langue  est  »  aryenne  i>,  et  même  assez  rapprochée 
du  sanscrit,  mais  le  poïjkhtou,  fort  répandu  chez 
eux,  est  en  réalité  la  grande  langue,  Pidionie  policé 
du  Kafiristan,  et  aussi  du  Dai'dislan.  Celui-ci.  peuplé 
de  Dardes,  s'étend  à  l'est  du  Kafirtslan,  jusqu'à 
rindus,  dans  un  chaos  d'inmienses  montagnes  qui 
se  versenl  au  Caboul,  ou  direclement  au  fleuve 
par  qui  le  Cîibonlest  dévoie,  c'esl-;^-dire  à  l'Indus: 
il  possède  le  Tiiilch-Mir,  suprême  IHudou-Roucn. 
Iinul  de  plus  de  7  500  mètres. 


BALOUTCllISTAÎf. 


£aUt  :  ru«  générale.  (Voy.  p.  3oâ.)  —  Dcâsio  Ue  Sli>ni,  d'après  uac  phulograptiie. 


BALOUTCUISTAN 


Baloutcbislan  ou  Brahouistan.  Brahouis  et 

EAloutcbis.  —  Il  \  :i  ^U'U\  nict'S  (l;ii)S  n'Ilc  rou- 
îtes nr;ilioiiis  v\  les  litloulcliiâ.  Los  Itniiouis, 
{ilaiiionibrcui.  sont  plus  aiu-iens  dans  le  pays,  ils 
m  possèdent  la  graudo  ville,  Kôlal,  il^  lui  doiuiè- 
rent  la  plus  puissante  de  ses  ramilles,  liieii  ijue  les 
Baloutrliis  soient  plus  nu  moins  n  Aryens  d,  et  que 
ïn  Uraliuuis  ne  le  soient  pas  du  tout,  on  devrait 
dooc.  secouant  la  vaine  gloriole  des  «  Aryas  », 
prvPnT  le  notn  de  Itndiouislan  à  celui  de  Ikt- 
loutchist.ni. 

Im  Uatoulchititan,  Tuncionne  Gc^drosie,  renferme 
47  rnillit*ri-  et  demi  d'heclîin's  .nrc  sriilciiirnt 
uIiOtKfO  l^me^.  Lieu  niuins  que  notre  \ille  de  Lyon  : 


à  ce  t'oujplo-là  toute  la  Fraiiee  n'aurait  pas 
TOUOOO  lutbilfnils. 

D'ubord  SDiiinis  nir\  IN^rsans,  puis  aux  Afghans, 
il  a[>paiiienl  depuis  ntt  p*'u  [dus  d'un  siêele  à  des 
tribus  libres  de  l'èlrajiger —  libres  en  apparence  : 
elles  sont  sous  le  jiroteelurat  bri!atjMi<|ue,  avec 
garnison  anglo-itidtenite  i\  Ouellalï  sur  la  rinile  de 
Kêlat  à  Candaliar;  TAiiglelerre  a  bien  voulu  les 
couvrir  de  l'umlnv  de  ses  ailes. 

Sur  le  pilfe  iritrd.in,  une  r*\le  vniranique,  in- 
eendièe,  êloufraiiie,  ^lén^^  Irî'b  êlroile,  à  tteu 
près  déserte,  le  Mêkran;  derrit>re  celltj  côte,  des 
ntonlagnos  grillées,  ;i  pic  on  for!  niJdi's.  et.  du 
côlè  de  l'orient,  au-dessus  du  %al  de  l'indus,  les 


552 


LA   TKUKK   A    VOL    iniISEAU. 


Ihh  m  K\iuUii\  hauts  do  VM  it  2100  iitôlivs: 
f|ii.'ind  vu  a  ^ravi  rctle  sierra  dt'  l'est  ou  celle  du 
rivage,  un  plateau  de  caillrmx,  dunes,  pAlutvs 
sèches,  (|ui  s*en  va  vers  leiï  plaines  h;iules  de 
Perse  el  d'Aff^ïiunislan,  avec  siernss  ealeaires  s'èle- 
vûiil,  luul  iiu  iKird.  h  oOOO-5650  rnètres;  c*esl 
là  tout  le  iialouU'hlsUiii, 
terre  d'airain,  fausses  ri- 
vières qui  sont  deâ  lits 
secs,  des  sillons  d'inean- 
desct'TH'e,  (aux  lacs  fjui 
sont  des  marais  séclianls, 
nioulagne  osseuse  el  ciel 
de  flanune.  H  faillil  de- 
vons' l'iinniV'  d'Ak'xatidre 
à  son  relnni'  ih'  Thjde  : 
d'aucun  de  si*s  e.ips  de 
colline  les  Mamluiiieiisde 
la  riialan^M?  ne  virent  une 
v:dtée  (|ui  leur  ra|iprlàl 
l'Kui'ope  n[ital*\  uuf  IVai- 
i;lie  i*  Tenipé  »  avec  sour^ 
ees  vives,  prés,  leuillnges. 
roclR'b  fleuries  el  cingles 
de  rivii're. 

ih''gion  excessive  et  sè- 
clu>  avant  louL,  tel  qui 
sulTiiqiiail  en  rU*  <Inns  lus  I 
Irdjnlu'S  di*  piiussit-rv  soti-  | 
levée  par  l'aident  simoun, 
s'ê^^are  en  hiver  sur  Tim- 
nuMisitè  Ijlaiiclie  où  la  nei- 
ge tourbillonne.  IJuaiui 
les  neiges  fornlenU  les 
lorrenls  gonllenl»  ils  de- 
viennent neuves ,  puis 
Peau  baisse  et  l'cuied  nieurl,  sauf  de  rares  11a 
ques  que  rliercliejil  le  léopard  allrrr,  l'iiurs  noir, 
le  loup,  l'hyène,  le  sanglier,  la  gazelle,  l'âne  sau- 
vage qui  passi*  ]>.ir  graïides  trouprs  au  galop  de 
cavalerie  sur  la  plaini'  résonnante. 

La  secte  sunnite  de  Tlslam  règne  presque  sans 
partage  dans  h»s  villes  et  suus  les  lentes  il'  feutre 
des  iioniadfsi  dishupiés  en  une  Toule  de  Iribus,  de 
clans  et  sous-clans  dont  les  serdars  ou  chefs recon- 


UeiKliant 
bessiii  de  A.  Sirutiy,  û'a 


naissent  plus  nu  moins  la  suzeraiiielè  du  kluu 
In'alRiui  de  Kélut.  I)e  ces  tribus,  les  unes,  à  l'est, 
apfun'licnnt'Ul  à  la  nation  des  Undiouis,  qui  sont 
des  liiHinnes  paisibles,  très  foncés,  |iarlan!  un 
langage  dra\idien  parent  de  plusieurs  belles  bn- 
gues  du  Ilekkan  ou  Inde  niéridionnle.  Les  aulrcf. 
à  rouesl,  au  nord,  au 
nord -est  des  Brahouis , 
sont  de  la  nn*e  d<*s  Bi) 
lontchis,  des  gens  beaux, 
l>ien  faits,  robustes.  «jBfi- 
Irs,  indisciplinés,  ayant 
lin  idiorne  voisin  du  per- 
san, mais  ou  ne  sait  Irnp 
d'où  venus,  peul-éiR'du 
nord  de  l'Arabie,  p^l- 
élre  des  monts  du  Kour- 
ilistan,  peul-êlre  eœure, 
suivant  une  tradition,  des 
djcbrls  de  la  Syrie,  si- 
mot  ïiiéine  de  tous  ces 
pays  à  la  fois,  car,  ma* 
nifestenient,  ils  sont  très 
fiiélés.  de  l'arabe  au  mon- 
gol. Il  y  a  de  uondnvux 
l)hévars,  h'anieus  de  lan- 
gue persane,  paysans  cul- 
tivant le  sol  cl  l'arro- 
sant comme  ils  peuvent, 
par  sources,  réservoirs, 
ranaux  de  sous  sol  :  ils  ne 
sont  pas  seuls  à  parler 
l'idiome  élégant,  fleuri, 
trop  arabisé  :  la  cour,  les 
grands,  les  lettrés  l'em- 
ploient. 

Kélat  (14  000  hab.)  ou  Kalat,  capitale,  à  2042 
mèlres,  sous  un  cUd  l)nisque  el  gclide  avec  plus 
de  deux  mois  de  neige,  reçoit  ses  eaux  d'une  font 
(|ui  jaillit  avec  l'abondance  d*une  rivière.  Ce  nom 
de  Kalal  signifie  ehâleau.  forleresse  :  on  le  re- 
trouve souvent  dans  l'Asie  musulmane,  dans  l'Afri- 
que arabe  cl  berbère;  même  en  Kspagne.  conmie  à 
t^atataymL  v\  jusqu'au  cœur  de  Madiid.  dans  la 
l'ued'Alcala,  près  de  la  fameuse  Puerla  delSol. 


baluu  telle. 
pri*s  II  M 


ji!ii>lograii1tie. 


INDE. 


553 


Le  sanatoirtr  de  SinU.  (Voj.  p.  356  et  ôH.)  —  Des&in  do  G.  Vuillter,  d'apràt  une  pbutograptiie. 


INDE 


Grandeur  de  l'Inde.  —  Près  de  575  millions 
dbet'Uroâ,  sopl  fois  l.i  Fninof;  sur  n*  sol,  donl 
deux  lifTs  sniis  l'ultures.  onvjron  21b  millions 
iTlMNnme».  S4*|»t  fols  les  Fninvuis;  au  nord,  les  pics 
de  la  Torre  (|iii  ni(»ntonl  \o  pitis  h.iiit  dans  le  ciel 
ejnpyrêe;  »u  j»i#^d  dv  res  \\'ics,  i*l  f'iiils  de  It'ui's 
frimas,  trois  gr;lnd:^  fleuves  ;  au  sud  de  ces  lleuves, 
ou  Ik»uI  do  plflincs  lorrides,  des  monts  c'apara<;onnés 
d«'  hoh  au  lieu  d  cire  couruiincs  de  neiges  connue 
[la  chaîné  Utnntque  du  nord  ;  et  .iprAs  ^es  monts  un 
tri;infrulnirc,  Iropiral  pnr  ses  laliUi- 
par  s;i  liauleur — lelle  esl,  diins  son 
de  fSOOO  kilomètres,  entre  siernis  Itaulaines 
.d  pUges  tantôt  vaseuses,  tantôt  sablonneuses,  tan- 

0*   RKLEI.   U   TuU  a   T'JL  D'otS&AQ. 


tAt  rocheuses,  le  long  d'une  mer  tourmcnicc  par 
les  cycliines,  lelle  est  Mnde.  h  «  Si^udnnaiia  »  ou 
]ii  Belle  h  voir,  reine  de  l'icliesse  el  de  fécondité, 
Poun|uoi  finit-il  dire  nussi  mère  de  l;i  fièvre, 
du  choléra,  de  l.i  lèpre,  desAmiines  et  descyclones! 
Loin  ihi  passiïge  des  eaui  courantes  ou  dos  cîi- 
nuux  qui  les  épanchent,  de  longs  soleils  y  sèchent 
souvent  tout  un  pays  île  moissons;  alors  des  mil- 
lions d'Iioinnies  [>érissçnl,  non  pas  di*s  milliers, 
mais  des  millions,  et  des  provinces  contem|ilenl, 
slupides,  le  spectiicle  que  virent  si  souvent  le 
monde  antique  et  le  moyen  .'ïge,  la  famine,  les 
hommes  déraillants,  des  mourants  sur  <les  morts, 
le  l\phus,   la    fièvre,   la    peste.    Ainsi    la   disette 

45 


554 


LA    TKRRK    A    VOL    D'OISEAU. 


de  1868  enleva  5  millions  de  personnes,  celle  de 
1X77  on  consurttM  i  inillions. 

I.esryrlojn's  fïirtil  nioins^  rrKiisliMir  rn[)ide  fun^ur 
nionliv  i\u\  hunuiinif  quelk*  ventune  ils  soiil  sur  le 
Glohe  dont  ils  se  disant  les  ruis.  En  quelques  in- 
slnnls  le  riel  noiiril,  le  veni  soiiflle  .î  êbïvrher  la 
Terre,  il  .irrive  de  pnrloul»  il  monte,  il  ilcscerid^ 
il  plonge,  il  louriie  et  remplit  en  crianl  tout  l'air 
jusqu'nux  lourdes  nuées.  Lu  mer  famille»  les  rivi^ivs 
qu'elle  re|iuusse  luonU-nl  de  trais,  de  six,  de  dix 
mètres,  et  leurâ  tluts.  s'écrouLint  sur  la  |>laine, 
l.'uireiit  dans  les  cli.'inips  d(^s  vaisseaux  de  liaul 
tiord.  Durant  l^uitoirini*  de  1874),  vers  iniiiutU  [>eti- 
(laiit  un  eyelune,  un  nu  de  marée  noya  [dus  de 
'JIKI  OOQ  lïojuiuesdans  les  houes  du  delta  du  tlanjçe 
el  diuis  les  cnduvres  pourris,  gens  et  bêtes,  germa 
le  éludera,  terreur  du  luunde. 

Famines,  cyclunes,  elialéras,  à  côté  de  ces  grands 
ennemis  que  la  iialure  dresse  contre  l'Inde,  il  y 
a  les  petits,  les  obscurs,  le  serpent  caché,  les  tigres 
lapis. 

Serpents  de  terre,  serpents  d'eau*  quatre  vingts 
espèecs4le  reptiles  venimeux  glisseuldaiis  les  forêts, 
marais  el  fourrés  de  l'Irule.  Le  plus  dan^Treus, 
If  lerrible  eulua,  pullule;  *mi  supjiose  (ju'il  y  en  a 
qiialrt'  par  hrelare  dans  le  dishtet  de  lîari^'alfuv. 
(i!iaque  iumée^  25  UOO  personnes  meurent  du  vroiji, 
ri  quelipies  centaines,  piirlois  quelques  milliers, 
de  la  f^'riffe  des  fauves;  l'Iiomme  leur  rend  œil 
pour  (ril,  dent  pour  dent,  et  eh.jque  lUmée  it  aljal 
des  milliers  de  tigres»  de  léopards,  de  loups» 
d'ours.  rJiaque  fonU  n  plus  ou  moins  ses  tigres 
mangeurs  d'iioninies  qin  rl^deul  j(»ur  el  nuit  au- 
tour des  hameaux  et  jusque  dans  les  faubourgs 
des  villes;  tel  d'euire  eux  peut  dévorer  eenl  per- 
sonnes par  an  :  dés  (ju'ii  eormait  rtotre  eliair,  il 
n'en  veuf,  (dus  {Lanlre.  Si  l'Inde  n'enlerniait  pas 
L'Uïl  de  bois,  de  jungles,  de  roseaux  nés  dans  !a 
vase,  l'homme  finirait  par  détruire  cet  ennemi  qui 
n'est  pas,  comme  le  serpent,  presque  insaisissa- 
ble par  sa  petitesse,  sa  (luidité,  la  brusqur'rie  et 
l'obsciirilé  de  sa  fuite,  rétroitesse  el  la  nuit  sou- 
terraine de  ses  retraites. 

Le  lion,  devenu  1res  rai*e  dans  l'Inde,  n'y  a  pas 
la  majestueuse  crinière  de  son  frère  d'Afrique;  Té- 
lé[)!innl  est  rare  aussi;  le  rliinocéros,  avec  une  ou 
deux  curnes  sur  le  nez,  renille  eu  [mlaugeanl  dans 
les  fanges  du  dcila  gigantesque  où  s'unissent  le 
Gunge  el  le  OrabmapoutiN^. 

Himalaya.  Karakoroum.  — Himalaya  veul  dire 
Séjour  des  neiges  :   Vlthna  sanscrit   c'esl  Vfiiems 


latin  K  La  limite  inférieure  des  neiges  qui  ne  fon- 
dent jamais  y  oscille  sur  le  versant  de  l'Inde  entre 
4S00  nu''1res  du  c^^lé  de  l'Orient,  où  souftlenl  lt5 
lialeines  cliaurles-liumides  du  golfe  du  Hengiile, 
el  5r*;»0  nièlri's  du  n^lé  de  ruccidenl,  où  le»  venls 
sont  secs  et  eoniîitentaux.  Lu  imtuense  amas  de 
frimas  pei-sislants»  neiges  et  glaces,  blanchit  ce* 
monts  souverains,  des  centaines  et  des  ceuluinesdc 
[lies  y  dépassant  ÔOOO  el  DoÛO  nïèlres. 

Le  premier  parmi  ses  IVèji's,  c'est  le  «  Rayuo- 
nant  n  (88i0  mètres),  leGaourisankar  des  Hindous. 
Il*  Teliingiqtiiniari  des  Tibétains,  et,  faul-il  le  dire? 
l'Everest  des  Anglais,  qui  n'ont  pas  ci*aint  de  dè- 
courouner  de  son  beau  nom  sonore  le  monarque  de 
lous  les  pics  du  monde,  roi  d'ailleurs  menacé  dans 
s;rloule  grandeur,  car  on  soupeonne  qu'à  80  kilo- 
mètres d'éloignement  deux  monts  du  Sikkim  sont 
plus  IkuiIs  que  lui. 

Le  Kinicbindjinga  (8478  mètres)  ou  les  t  Cinq 
neiges  éclatanb's  ij  porle  cinq  grands  glaciers  sur 
ses  gneiss.  Le  l*avalaghiri  ou  Monl-lïlauc  (8180  mè- 
tres) usurpa  quelque  temps  le  rang  el  Thouncur 
de  fu'emier  des  pics  :  il  en  fut  ainsi  dans  pres»|U(' 
tcKis  les  massifs,  presrjue  toutes  les  cliaiues,  daiu 
les  Alpes  et  les  Pyrénées,  dans  les  Andes  e4  ail- 
leirrs,  les  pics  d'avant-plju  dornin.jnt  avec  plus 
trisideijient,  de  m;ijeslé,  ili»  sereine  j)ui5sunce. 

ISulle  pari  on  n'a  foulé  d'aussi  hautes  neiges  qtio 
dans  rilimàlaya  ;  un  Anglais  bâti  de  fer  y  est 
nuintè  jusqu'à  751!)  mètres,  n  la  hauteur  du  vol  du 
condor,  vautour  de  la  Coi-diliéiv  des  Andes.  Vio- 
lera-l-on  te  Gaourisankar?  Et  si  lo  Gaonrisanktr 
n'est  plus  la  pointe  suprême,  domplera-l-on  les  pics 
encore  innommés  qui  trtliient  au-dessus  de  lui, 
soit  dans  l'Ilinu'daya  même,  soit  dans  le  Transhi- 
mïdaya,  qui  lui  est  parallèle,  en  arrièrv,  au  nord, 
soit  ilans  le  Karakoroum  ou  Noir  Khoulis? 

Le  Karak(ïrouni,  sêpai^;  de  f  Himalaya  par  le  val 
du  haut  indus,  dressiî  le  nionl  hapsang  (SOIS  mè- 
tres), autpnd  on  donne  le  second  rang  sur  terre 
en  admettant  que  le  Gaouiisaiikar  a  le  premier  : 
ce  qu'à  la  rigueur  on  [leut  croire  encun».  Il 
est  admis  (sans  toute  certitude)  fpte  le  Karako- 
roum, inférieur  h  rHimàlaya  pour  rêlé\ation  des 
cimes,  lui  est  supérieur  pour  rallitiule  des  cols*. 

Dans  lous  ces  rnoids  suprêmes,  les  glaciers  sonl 
dignes  des  Titans  qui  les  [iorti*nl.  La  mer  de  glace 
de  IJalloro,  dans  le  Karakoroum.  sous   ladl   du 

].  t)'<jû  vient   notre   mut  hiver  :  du  latin  hibei-nui,  pour 

t.  571H)  mètres  unlrc  le  Cnctietiùr  et  le  Turkestau.  soit 
^275  au-tlc5suB  de  lu  plus  haute  passe  tiiiiiilayemic. 


INDE. 


5âd 


dnpsiinp,  n  Tiô  kilomètros  de  long;  cellos  île  ïUalo, 
ilr  Triiogo,  di^fwsMMïl  50  kiltini^lres;  li'ès  vaslos 
âus>i  soni  rcll»*s  lU'  S;utcli<ii'  et  ih»  Kai-akornum  nu 
Viiu-^t^ij^li,  ivllt's  ilu  sii|ierbe  ni.issif  de  Ziiiikîir  et 
tant  dautros  placiri-s  on  Oirlnniir,  en  Ikillinhii 
cl  ailIfMirs»  jHTes  iltî  troiihlcs  lorrcnls  iiuloniptt's 
<|ui  coun*iit  i*i  t'Indiis  o  ni;Uc  »,  nu  (lltayok  ou 
«  Indus  fcrnollo  ».  ù  dos  aflluenls  de  l'Indus  et  îi 


des  (l'ilmfairos  du  Gnnge  el  du  Brahmnpouire.  ïx's 
plus  g^ninds  de  ces  champs  liivernnux  n\irgenl*Mïl 
jjotril  riliriiAlaya  pluvieux,  celui  de  IVsl;  ils  bril- 
lent suf  riliiiiàltiyn  ^ec,  relui  de  l'ouest,  Va  où  l.'i 
«  Mitison  de  la  Neige  m  et  le  «  Noir  Khoulis  »  se 
renrontreiit,  eu  vagues,  en  remous  de  pienes,  de 
pics,  de  croupes  où  peuvent  sVlalcr  les  neiges 
(|ui  deviennent  nùvés,  puis  glaciers. 


L'iiidus  A  Attok.  (V07.  p.  3S6.)  —  De»lt)  de  11.  CUrgel. 


rersflnl  mt^ridional  de  res  sicrms.  en  Tare  de 
plo»  rltauds  stdcils.  devrnit  garder  moins  de  neige 
qu^  Iw  pentes  s<»ptenlrionales,  tounuVs  vers  des 
nMMlUgneii  (]rl;ieiales  ar^sises  elles-nu^mes  sur  de 
fnmb  plateaux  ;  or.  le  eontmire  a  lieu.  C'est  i[U  a 
rilimAla)».  pn>miêre  et  plus  haute  barrit^^re  du 
cÔb*  du  sud.  SI'  lieurle,  venant  du  mtVidion  et 
Conuiundêe  jKir  le  vetil.  In  l'idle  .unièe  des  Jiues. 
I  floron5  el  vapeurs,  mais  les  pl.ileaux  tibélains, 
derrii^re  la  chaîne,  son!  tl'une  sécheresse 


inouïe,  parce  que  l'air,  ayant  d/jn  versé  presque 
toute  son  eau  sur  riliruiilaya  iriêridioiial,  ne  ptnU 
fournir  beaucoup  de  frimas  aux  versiinls  seplen- 
Iriou'iux.  De  là  ritiftiiorilé  du  Tibet,  la  supériorité 
de  ïhuiv  :  à  l'un  les  vallées  sèches, arides,  gelées, 
venteuses,  de  .^ôOt)  à  4500  oièlres  d'altitude;  à  lau- 
fre,  les  pluies  exubérantes  el  les  seize  A  vingt  mê- 
tresd'eau  paran  sur  la  moiiïagnedeTcheri'alVndji, 

Indos,  Pandjab  ou  Cinq  FleuTes.  —  Au  pied 


550 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAU, 


nii^mo  (h*  rilirn.Mayn  sï'lend  lit  lisière  inarécageuâe 
(ln'iVnïï,  roseaux,  fourrés  ("'pais,  niinsnifs  H  bi^ouil- 
lanls;  au-ck'ssus  de  celle  riinivirinic,  dans  des  jar- 
dins intilôs  di'  furùls,  les  Anglais  onl  IkUî  leurs 
sannhiin^s,  siniions  élevées  (»n  rEurapéen  va  se 
guérir,  à  Tair  frais  d'en  liauL,  des  poisons  bus 
dans  l'air  cliaud  d'eu  bas. 

Au  nord-ouesl.  l'Iiidus  lournti  rilinu^lîiya  pour 
enln-r  dans  Tliide  j  â  quiilorze  ou  quinze  cents  kila- 
rnèlros  de  Tlndus,  h  l'autre  eiWniilé  de  l'arc  de 
rerrie  décril  par  la  chaîne  {la  convcTilè  reij^ardanl 
le  sud),  le  lîraliniapouLre  contuui*ne  êgalenietil  les 
montagnes  géantes  ;  entre  ces  deux  fleuves  court  le 
Ganjre  (^  divin  ». 

Avant  de  pénétrer  dans  le  bas  pays,  Thidus  ou 
Sind  a  coulé  derrière  rilimàlaya,  sur  un  haut 
plaleau,  [ujIs  au  fond  de  gorges  sinisltvs,  à  fn'ine 
a^seï:  larges  pour  qu'il  pa^se  en  groudanl.  DuranI 
ses  hidt  cents  premiers  kilonièlres,  il  s'appelle»  en 
monosyllabes  tibétains,  le  Sin-ka-bab.  c'est-à-dire 
la  tlueule  de  Lion,  et  aussi  le  Tsou-fo  ou  lUvièir 
niàb\  par  opposition  au  Tsou-nio  ou  Rivière  fe- 
melle, c'est-à-dire  au  Chayok,  rjiii  descend  des 
basti^Mis  du  Karakoruum.  De  ses  sources  au  Nanga 
Parbaî  (Kllti  mMres)  i!  coule  vei's  l'O.-N.-O.  cl 
l'on  dirait  ipi'il  veut  aller  mourir  dans  la  Casjjienne 
ou  l'Aral;  puis,  cliangeanl  d'horizon»  il  prend  le 
("heniiii  de  la  mer  d'Oman.  En  1841,  le  Manga 
l'arbaU  ("iilosse  cliauiarré  de  glaciers,  s'écroula  par 
un  liane  dans  Tlndus  et  le  fit  relluer  en  lac  ;  f|uand 
h\  digue  rie  l'oclie  et  terre  creva,  le  torrent  qui 
s'abaltil  sur  la  vallée  y  jeta  soudain  presque  au- 
tant d'eau  qu'une  rivière  de  20  rnèlrcs  cubes  en 
l'iMile  peiid.inl  \vu\.  le  décours  de  Tanrn'e  et  bien 
loin  lie  là,  vei's  AlUïk,  à  rentrée  du  bas  pays,  le 
Caboul  recula  de  32  kilomètres  devant  les  hautes 
vagues  de  l'hulus  renouvelé. 

ha  pente  de  l'Indus  est  telle  que,  né  à  (î700  mè- 
tres au-dessus  dea  Océans,  il  ne  coule  plus  qu'à 
271  mètres  lorsque,  avanl  d'av(»ir  n-iil  la  moi  lié  de 
son  voyage  de  la  rnojitagne  à  la  mer,  il  rencontre 
le  Caboul  tout  près  d■AU^^k  —  le  Caboul,  rivière 
bien  plus  courte  *[ue  ritulus,  mais  plus  foi'te  h 
iloniaine  égal,  cl  véritable  juu'lo  de  l'Inde  ;  c'est  en 
suivant  sot!  cours  (pTarrivèrenl  de  tout  temps  les 
envahisseurs  de  la  brillante  presqu'île,  c'est  par 
là  que  rAnglefi*r]'e  attend  rapparilion  des  écbii- 
reurs  cosaques,  c'est  là  qu'ui»  jour  aboutira  le 
gnuni  chemin  de  riùirupe  à  la  terre  de  l'hulus 
et  du  Gange. 

Encore  rpielqnes  gorges,  el  ce  fleuve  des  iléfïlés 
cnire  tlans  la  jilninc  du  iNuidjab,  qui  s'étend  à  l'est 


jusqu'au  Gange,  de  rivière  en  rivière,  el  au  sud 
jusqu'aux  dunes  du  d»'*serl  de  Thar  déployées  en 
ligues  parallèles  sous  le  riel  Je  moins  nuageui 
de  l'Inde,  avec  15  ccnlimèlres  si^uleuienl  de  pluii» 
par  an. 

A  mi-route  entre  le  Caboul  el  l'Océan,  il  ren- 
contre sur  sa  gauche  un  courant  supérieur  en 
apparence  bien  qu'inférieur  en  volume,  le  Pandjab. 
c'est-à-dire  les  Cinq  Fleuves,  et,  en  effet,  cinq  eam 
s'y  confondent,  &itledj,  Bias,  Ravi,  Tchinab.  lljhi- 
latn  —  au  lieu  de  cinq,  il  y  en  eut  sept  quand 
ce  bassin  s'appelait  S^qïta  Siudavah.  les  Sept  Fleuve 
[il  porte  maintenant  le  nom  de  Pnndjab,  comnie 
sa  maitivsse  rivière)  :  ou  le  pays  est  plus  aride,  ou 
quelque  convulsioji  de  la  nature  en  aura  distribué 
tout  autrement  les  eaux.  Le  Satledj  reçoit  le  Cios; 
le  Tchinab,  le  Ravi,  le  Djbilam  funnent  le  Trimab 
on  Trois  Kaux;  et,  à  leur  tour.  Salledj  el  Trimai» 
composent  le  Pandjab ,  fort  de  près  de  500  mètres 
cubes  en  temps  sec,  volume  que  la  Iravei-sée  des 
terres  chaudes  réduit  à  506  mètres,  Tlndus  «n 
roulant  alors,  au  coniluenl.  420. 

Venu  de  derrière  rilimâlaya,  des  lacs  sacr&. 
très  hanls  situés,  de  Mansaraour  el  de  Hakus-Tal. 
par  de  terribles  cagnons  où  pèse  un  lourd  soleil, 
le  Salledj  eut  comme  l'Indus  son  lac  temporaire, 
en  17(j2,  contre  un  épais  éboulis  de  tnontagne; 
l'eau  s'amassa  perulaiil  ait  jours  et  40  nuits,  puis 
renversa  l'obst^icle  et,  d'une  course  folle,  alla 
creuser  ou  combler  des  sillons  de  rivière  daos 
lout  le  pays  des  Cinq  Courauls.  Le  Tchinab  reçnil 
pii's  de  Kitcliwar  uu  lurrent,  lils  du  roc.  qui  londx; 
de  700  mètres.  Le  Djbilam  écoule  les  lacs  de  Ca- 
chemir  el  sorl  de  ce  m  [)aradis  de  TOrienl  »,  jadis 
pt'lilc  Méditerranée  dont  ces  lacs  sont  un  reste.  jKir 
les  pi'ofondes  gorges  de  Barramoula. 

Grandi  du  Pandjab^  llndus  coule  devant  la  paroi 
nue  des  monts  indu-persans,  Sé(id-Koh  ou  Monts- 
Blancs,  Soulaîman  Dagh  (5500  mètres)  ou  Koh-i- 
Sourkh,  c'est-à-dire  Mojds-Rouges,  el  Khirlar  ou 
llala.  qui  sont  le  rebord  du  plateau  d'Iran;  puis 
il  laisse  h  gauche  les  sablonuières  du  Thar.  Son 
delta  de  8000  kilomètres  carrés,  que  forment  douie 
bras,  est  un  Irisle  bas-fond  de  nnn'ais  el  de  sables 
au  bout  desquels  cidui  qu'on  nomme,  à  son  enlré« 
dans  l'Inde,  AUa  sind  ou  Père  des  fleuves  s'épanclir 
nu  loin  pendant  les  crues,  gorgé  d'nlliivions  (car 
c'est  un  eauivuil  très  cliargé  de  débris).  Mais  ci-a 
éléments  plastiques  n'allongent  que  lenlemeul  Tcx- 
tréme  Indus  à  la  Un  de  sa  lorride  Hollande;  b 
plus  grande  ]>arl  des  vases  est  perdue  pour  le 
delta,  soit  que  la  mer  les  disperse,  soit  ()u'elle  les 


-         ^ 


558 


LA    TKRRE    A    VOL    D'OISEAi:. 


concentre  an  miili  dans  doR  fonda  de  AOO  mètres. 
Si  l.i  naltire  ou  riioiiime  donnaient  un  autre  cours 
à  ses  alluvioiis,  il  pourrnil  nMid>l;iyi'r  le  lîMin  de 
(«■ilrli,  vasU*  [»!ntiiii(lts  liinliM  nn^r  et  ttinlûl  désert  : 
qu.md  l'Oeéïin,  perçant  l'obstacle  des  sables,  y  pc^- 
neliv,  le  Wiuw  est  un  très  gnuul  ^alfe  îi  rives 
basses;  quand  le  flol  s'est  retiré,  [tendant  la  saison 
sèehe,  c'est,  un  snham  dur  au  pied  du  cliarneau, 
tout  efflorescent  de  sel.  ayant  pour  seule  onde,  en 
ces  jours  îiltérés,  les  lacs  décevjinls  du  mirage. 

L'Induâ  a  plus  di*  r»000  kilomètres;  Taire  de 
son  bassin  vaut  plus  de  deux  fiMS  la  Franee, 
et  le  ((  Père  des  lleuves  »  transmet  en  moyenne 
55jO  mètres  cubes  ii'eau  par  seeontie  h  la  mer, 
17  500  dans  les  crues,   !i56  à   l'êliage. 

Gange  et  Brahmapoutre.  Assam.  Le  delta 
choléragène.  — Leliange,  moins [ongquerindns, 
arrose  un  Ijassin  peuplé  de  plus  de  cent  mil- 
lions dtioiuines,  le  rpiin/.ièrne  de  V  n  eti^M'anee  ». 
Fleuve  sacré,  son  nom  esl  liienlieureux ,  rien  qu'il 
le  dire  avec  révérence  ou  reçievient  pur;  lavé  dans 
st^n  onib',  on  rr'a  [dus  de  péchés;  enirainè  mort 
dans  siin  murant,  on  est  sur  des  fêli<"ilés  dVmtre- 
vie.  Aussi  dans  la  vieille  Inde,  et  presque  jusqu'à 
nos  jours,  son  flot  portail-il  des  léfîions  de  cada- 
vres; b's  An;,dais  out  interdit  ire  voya;E;e  des  tré- 
passés, et  c'est  seulement  la  nuit  que  les  parents 
\ûou\  osent  emifîer  la  eliair  de  leur  chair  aux 
saints  tourhillnns  du  fleuve. 

Le  torrent  îriilinl,  ou  du  moins  celui  que  le  pèle- 
rinage de  (^anjiçolri.  sanctuaire  fameux,  a  consacré 
comme  branche  mère,  bien  qu'il  n'y  ait  pas  droit 
par  son  volume,  se  nomme  le  Raghirati  Ganga  ;  il 
s'èinnee.  à  -4206  mètres  d'altitude,  d'une  grotte 
de  glaee  peu  èlnig-m'c  dudit  pèlerinaj^e,  en  un 
empilernenl  de  grands  monts  avec  inunenses  nei- 
ges diuninées  par  le  géant  Kidarnalh  (fU*lîÔ  mè(res). 
Le  rival  du  Itagliirati,  l'ALiknanda,  véritable  origine 
du  lleuve  mille  fois  béni,  descend  du  massif  de 
ribi  (iamiti  (ll^Ti  mètres)  ou,  pour  Irnduire  ces 
deux  mots  tibétains,  de  la  Grand'mère  des  neiges. 
A  né(i]*rayag  ou  (Confinent  divin,  les  ileus  torrents 
s'unissent,  le  Gatige  osl  rdl. 

En  (pielques  lieues  d'une  course  effrénée,  de 
précipice  en  [iréeipice,  le  voilà  descendu  des  fri- 
mas èlcriirls  dans  b'S  plnînos  où  Télé  ne  fuit  que 
devant  le  printemps,  et  le  printemps  que  devant 
l'été,  dans  le  jardin,  le  verger  et  te  gn-uier  de 
l'Inde.  A  Tissue  des  monts,  au  très  saint  pèh'rinnge 
d'Ibu'dwar  que  visitent  chaipie  année  70(HM)  fer- 
vents, son  allitude  n'est  plus  que  de  ."*li  mètres 


pour  plus  de  5000  liilomèlres  qui  lui  restpnl  h 
courir  jusqu'au  i!;n\?e  du  Bengale.  Déjà  puissant, 
un  grand  e;inal  lui  <^rdève  près  des  six  septitms 
de  ses  eaux,  soit  eu  moyenne  "loi)  mètres  cubi'sji.ir 
seconde,  pour  i'arroseraent  de  1800  000  hectares, 
le  long  de  5ff0  kilomètres,  jusqu'à  l^awnjKin!. 
I>'Hard\>ar  au  Djaiima,  le  plus  grand  aftluent  du 
Gange  esl  aussi  un  (iange,   le  Ham  Ganga. 

Près  d'Allahabad,  il  mêle  à  ses  Agis  troubles 
les  (It^ls  du  Djanma  qui  ont  serpenté  devant  les 
pabiis  de  Delhi  et  d'Agra.  On  peut  croire  que  ce 
frère  du  Gange,  plus  long  que  hii  de  îîOO  kilomè- 
tres*, fui  d'aboril  le  frère  de  l'Indus  :  entre  les 
deux  fleuves  une  jilaine  s'étend,  qui  semble  in- 
finie, et  à  une  distance  du  lïjamna  plus  longue 
que  de  Paris  à  (Jriéans,  cette  plaine  domine  de 
20  mètres  tl  peine  te  cours  de  la  rivière  de  ÎU'llii. 

Le  contluent  des  deux  courants,  larges  ctuiimt' 
deux  fois  la  Loire  h  Tours  en  lit  plein  ou  comme 
la  Gnroune  à  Lormonl,  esl  un  des  lieux  de  llnde 
les  plus  vénérés  par  les  Hindous;  ils  j  viennent 
par  milliers  nombreux  laver  leurs  fautes  dans  les 
eaux  sacrées. 

Ainsi  vdisine  de  Tembrassemenl  des  deux  grandes 
rivières,  Ailababad  est  un  nœud  de  longs  cliemios 
de  ffr  en  même  tcm()s  que  le  lieu  le  |dus  natuivl 
pour  la  métropok*  de  l'eiiqure  anglo-indien,  si  cet 
empire  dure  —  ce  qui  ne  se  peut  guère  — et  si, 
dans  le  cas  uù  il  durerait,  on  n  fa  sagesse  d'aban- 
doimer  ('atcutla  ta  vénéneuse,  qui  est  une  serre 
chaude  au  milieu  des  marais. 

Dès  lors  le  Gange  est  très  fort,  même  h  l'ê- 
tiage,  en  dépit  des  larges  saignées  faites  par  les 
canaux  à  ses  brandies  supérieures.  Il  càiolif  des 
champs  de  riz.  d'indigo,  de  canne  à  sucre,  de 
coton,  gnlceà  lui  Féconds  toujours:  il  passe  à  Pt^- 
iiîirès,  cité  siiinte  où  tmjs  les  ans  des  centaines 
de  nitlli<*ï's  de  pèlerins  viennent  se  baigner  dans 
ses  ondes;  il  ajoute  h  ses  eaux  celles  du  Gogra. 
vaste  rivière  himrdajenne  issue  du  Nanda  Devi 
(781Ô  mètres),  celles  de  la  Sone.  venue  des  monts 
secs  de  l'Inde  centrale  et  ai  capricieuse  qu'elle 
peut  ne  rouler  que  17  mètres  par  seconde  et  que 
des  pluies  soudaines  l'enflent  à  itHIOfJ;  il  reçoit  la 
Baghmati  près  de  Potna,  le  Gnndak,  la  Kosi  —  ce 
sont  l;i  trois  grands  ton*cnts  himAlayens. 

A  480  kilomètres  do  la  mer'  il  pénètre  dans  les 
marais  d'un  delta  de  8  millions  d'hectares  qui  lui 
est  commun  avec  le  îïrahmapoutre.  Son  bassin 
couvre  Do  millions  d'hectares. 

1.  1-400  contre  1100, 

2.  En  suivant  le  lit  fie  l'eati. 


Brahmapoutre,  qui  r«^unil  les  eaux  de  monts 
^  iiiciMiiui^s*  corilournc  nu  nord,  puis  à  l'ouesl, 
{lsi.1  etl»»sGaiTO  (IOr>;i  inMres).  pentes  les  plus 
tes  du  monde  avec  leui*s  huit  njuis  diverses, 
br  d'inlense  cl  perpétuelle  moiteur,  leurs 
Buses  fort^ts  li-yiuea  et  l'eslunnéesde  lianes.  Ces 
(   tinrent  d'aboi-d  h  ceux  du  Dekkan;  puis, 

[lor  le  milieu,  entraînés  dans  la  rner,  ils 
.  un  laritre  passagi}.  el  de  celte  Invclie  le 
lit  les  plaines  où  Gange  el  Bralunapoutiv 
,  Dt  en  deltfl. 
[Brahmapoutre  ou  (ils  de  Bralima  rassemble 

nu    rivières   dont  la   majeure,  le  Dilmng, 


forlo  de  <550  mètres  cubps  par  seconde  en  eaux 
basses,  de  lOOOO  à  1*2000  en  crue,  eonlinue  le 
^T:nid  torrent  du  Tiliel  orietital.  le  hzang-Bo; 
liin^^leiiifis  Oïl  a  vvu  *jue  le  henu  IUuivl'  des  Bir- 
mans, riraouaddi,  pouvait  réclamer  aussi  Inyale- 
menl  i|ue  le  liniliiu:i|i(iulre  ce  |i£ang-Bo  du  pays 
(l  en  haut  cunmiL"  l»iviticlie  mi^itiaire,  mal*  les 
dernières  cxploraliuns,  dans  un  pays  de  monts 
briissés  de  gorges  ténébreuses,  ont  décidément 
ratlaclié  le  cumpagnun  du  Gange  A  la  rivière  du 
Tibet, 

In  autre  large  di,  le  Dibong,  lereiiI'oiTe  presque 
en  niéiue  ternis  i(ue  le  Lohil  ou  Fleuve  liouge- 


I 

lors.  Il  son  entrée  dans  TAssanu  il  a  presque 
p  sa  puissance. 

■  As^m  il  coule  rarement  dans  un  seul  lit. 
t(n  qu'on  n'a  pas  souvent  une  juslo  idée  de  la 
rîlé  y  du  (leuve.  Dans  l'un  des  jjassages  où  il 

Iloul  rnlirr  entre  deux  rives,  à  Gaoualli,  il  a 
inoirvs  de  large,  IG  à  17  mètres  de  prufuii- 
el  uu  débit  moyen  d'au  moins  15  000  mètres 
^,  le  Volume  des  eaux  basses  dépassatU  UOOO 
irlui  d«*s  crues  eitrémes  allant  sans  doute  à 
|îo  ou  350(10.  Or  il  y  a  800  kilomètres  de 
Itotli  :i  la  mer,  el  ce  bourg  ne  eoiuiait  point 
Koulemenlsde  U  marée  I50î>  mètivs  de  bord 
c'est  trois  Tuis  I  ampleur  tle  la  (i.ironne  h 
I,  ovei-  des  proCondeurs  doubles  et  lri[tle>, 
I  le  flux  el  le  retlux  y  suienl  pour  quelque 
connue  dans  l'étalage  d'eau  du  tieuve  bor* 


An  bord  du  Djhilain  (Bydaspe).  (Voj.  p.  356  el  376.)  --  Dessin  de  fUrard.  d*apr^  une  photographie. 


délais.  Plus  4'iicure,  de  Gaoualti  jusqu'à  la  ren- 
ct»n(re  du  Gange  le  Itmlunapoutre  boit  de  très 
fortes  l'ivières  liimâlayonnes,  surtout  le  Manas  du 
Uboutan  el  le  Tisla  du  Sikkiin.  On  doit  donc  croire 
que  des  deux  auleui's  du  ilelJfi  rbuléragène  lo 
Itrahinapoutre  e>t  le  plus  puissant  ;  le  Gangu 
n'est  que   son  feudatiure. 

Lorsqu'il  se  dis[»erse,  c'est  jusqu'.'i  Tliorizon  ;  le 
réseau  de  ses  bi'ancbes  a  tantôt  tiO  kilotnètres, 
tantôt  40,  et  même  iOO. 

L'Assam  esl  une  des  plaines  les  plussilloiini'esde 
rivières,  d'arroyos,  et  les  [Ous  liiimidenieril  eliau- 
des  de  la  Terre.  Un  y  respire  un  louril  air  mias- 
nialjque:  il  y  [ileu!  de  mars  â  novetntire  vl  presque 
à  décembre;  [letidant  les  deux  liers  de  r.tnuée 
lleuve,  rivières,  arroyos,  marais  gonflent  el  s'unis- 
sent en  lacs  dans  la  basse  mareiumc  où  paissent 


\ 


IL 


i^^BM 


3G0 


LA    TERRE    A    V(»(.    D'OISEAU. 


de  débonnaires  Irmiponux  de  rhinoctVos  menés  aux 
t'iinmps  roiiinie  <l**s  liœiifs;  ils  n'roiivrinil  d'enu 
liiniriteupo  li*s  jïothnrs,  l»as-fi)[KÏs  iiuiuillt's  uù  (l'oM 
le  riz;  ils  ("tivnliisstMil  la  l'oivl  plaie  doiil  l'air 
vibre  de  moustique»,  dont  les  palus  snni  pleins  de 
sangsues  **[  la  vnse  de  Irninnuls  batniciens,  prés  du 
rep;*iin',de  ta  (nriière,  de  la  luiuge  ou  de  la  l'ucliettc; 
car  les  bois  d'Assani  b.>^«in(  singes  cl  chacals,  san- 
gliers nnins,  ours,  bunies,  pelits  el  grands  félins» 
le  tifjre,  K*  léopard,  l'éït'pliaiil  s;iuv,t<^(>.  Quant  à 
riioiniuc,  ptH'.ore  presque? 
p.nli>ut  rudinioritaire,  sous 
divers  noïut^,  Kulelies,  Mi- 
kir,  itinbi,  Kli.tsia,  (iarro, 
Naga.  Kuuki ,  Luucli.-iî,  cICm 
il  appartient  h  plusieurs 
origines;  ntats  Tibêfaius 
de  race,  ou  liido-Cliiiiois. 
ou  Dravidiens,  ils  se  ci- 
menti'iil  peu  à  peu,  gn\cc 
à  riînrnïgraliiMi  des  cou- 
lis*, <'ïi  u"  peuple  qui 
aura  prubablenienl  pdur 
idionu*  le  jjeiigali,  langue 
ni-j'enne. 

Le  délia  des  deux  fleu- 
ves jumeaux,  le  BjJUga  des 
Hindous,  —  notre  licnfçalc, 
—  est  arrêté  depuis  long- 
leïufis  dans  sa  endiiSîHJcc 
vers  l'ouest  el  vers  le  sud 
par  une  fosse  marine  de 
qnalre  à  einq  cents  mi*.- 
h*es  de  pioPotideur,  le 
Grand  Goulïre  sans  fond, 
le  Greal  Swalt'h  of  no 
(iround,  situé  h  1?iO  kilo- 
mètres de  la  ligne  des 
endnaicbures,  \J\  s'englou- 
tissent vases,  dètiifus.  el,  dans  les  inondalimis, des 
ilcs  de  houe  tout  iinlièies.  Celle  ruvette  sons-ma- 
rine, qui  ne  sera  comblée  que  dans  le  lointain  des 
Ages,  rei;oil  les  bras  du  double  lleuve  ;  le  (Ifinge 
propre  ou  l'adma,  c'est  à-dire  Meut  de  lotus,  bj'arï- 
rhe  orientale,  se  mêle  au  lîralnnapoulre;  la  Bagbi- 
rali,  bras  occidental,  soutire  li*  F*adnia  par  des 
clienauv  el.  stiu>  1»  uorn  d'Ilougli,  baigne  Tahière 
(\ilcutla.  L'll*iugli,  Gange  eonnnerciat,  restei-a  tel 
jusqu'à  un  liouleversemeni  des  vases  deltaïques; 
d'ailleurs  eelte  (îaniargue  friable,  presque  liquide, 

1.  Venus  surtout  ftour  cultiver  l'arbre  fi  thé. 


p^l  en  élemelle  deslructiou  comme  en  éternel  re- 
nouvellernenl. 

Gange  et  Rrainnapoutre  unis  vont  à  la  mer  du 
Rengalc  par  une  inlinité  de  cbenaux.  boueui.  mai» 
beaucoup  d'entre  eux  se  trainent,  étroits,  torlntiux 
et  presque  sans  eau  ;  taudis  que  le  Meginua,  fait 
(lu  l'adrna  et  de  presque  tout  le  Bralmiapoutn»,<'sl 
un  fleuve  géant,  avec  peut-être  50  000  mètres 
cubes  de  débit  moyen  par  seconde. 

Le  delta  du  Gan?e-Rrainnapoulre  est  un  fdel 
de  fleuves  silencieux  qu'un 
YJolenl  mascaret  parfois 
soulève  el  fait  bruire;  un 
réseau  d'Iles  où  rôdent  le 
tigre,  l'éléphant,  le  rhi- 
nocéros el  le  léopard  ;  un 
chaos  de  lacs  amers,  de 
flaques  vaseuses,  de  ter- 
res fluides,  d*eaux  ter- 
reuses, de  rives  incertai- 
nes faites  par  une  inon- 
dation, détruites  par  une 
autre,  de  champs  inrul- 
tes,  de  rizières.  iVest  un 
fœtus  de  la  terre  et  des 
eaux,  surtout  dans  le  San- 
derband,  sa  régioti  la  plus 
j>a lustre,  nu  bord  même 
lie  la  mer.  Sous  l'Iiumiile 
chaleur,  dans  la  tiède  pu- 
tréfa<'tion,  des  poisons  y 
ranq>ent  ;  là  naquit  le 
rîitdéi-n,  là  pourra  nailr** 
quelque  gi*ande  maladie 
ûc  l'avenir. 


Noble  cni'tii'Riîrien.  • 
tl';i;ir*ïs  uiit' 


-  l>i^f>>ïi\  de  E.  flonjat, 
pliokigraphie. 


La  région  parcourue  par 
les  trois  grands  fleuves, 
hidus.  Gange  et  Brahma- 
poutre, entre  l'Ilinn^layn  presque  infranchissable 
au  nord,  el  les  niotils  Vindhya,  faciles  à  franchir, 
ou  sud,  c'est  rindc  chaude,  près  de  la  moitié  du 
pnys.  Pour  Inbondance  des  pousses,  l'éclat,  la  force, 
la  fougue  des  plantes,  ses  terrains  inclinent  vers 
ih^ux  pôles.  Le  ptMe  de  l'infécondité,  le  Sahara 
indien,  c'est  le  désert  de  Thar,  jires  du  delLi  de 
rindus  :  qu'or»  y  arrive  du  nord,  du  sud,  de  Test, 
ele  l'ouesl,  le  jiu'ilin  tlevient  un  désert,  la  forêt  un 
sable  sans  limite  épar[iillè  par  te  vent.  Le  j>ôlede. 
la  lécoudité.  le  délia  pulride,  électrique,  humide, 
orageux  du  Bi^ngale,  touche  h  la  métropole,  à 
Calcutta.  180  million^)  dliommes,  soit  les  2/5  i 


INDE. 


501 


liabilants  d«>  l.i  poninsufo.  vivent  dans  cette  Inde 
du  Nord  ou  Inde  chaude,  laquelle  est  cependant 
ins  gi-ande  que  l'Inde  du  Sud  ou  bekkan. 


Dekkan  :  Ghàtes.  immenses  laves,  fleuves 

excessifs.  — L  liule  luéritlional*',  le  Iri.'inglo  hnii^MM' 

ide  fl^ts,  le  Dekkan,  c*esl-à-dire  le  Midi  \  s'élale 


sous  le  Tropi(|uo.  »>l  intime  se  rapproflic  fort  de 
risquateur  par  sa  poinlp  lenninale.  En  moyenne 
il  y  fait  pourtant  moins  chaud  (pie  i\i\\\s  l'Inde 
gangêliquo  ;  roniparêe  à  i'»'lle-ci,  c'est  l'Inde  lem-* 
ptVée.  sauf  sur  le  mince  ruban  des  côtes,  car  le 
lonjî  du  rivage,  sur  la  uier  d'orient  comme  sur 
la  nier  dwiident,  les  vi'uls  du  large  ne  dimi- 
nuent point  la  chaleur  tropicale,  et  souvent  même 


Udiemtriens  CQliivateui-$.  —  Uessiu  de  E.  Zier,  (J  après  une  phoUigraplûe. 


nnwiirnlent.  qii;ind  de  l'Or^'an  s'élèvent  d*i^p.)is 
imites  éleclriques. 

Ce»!  un  plateau  deSOO  h  1000  mètres  d'altitude. 
(ait  surtout  de  gneiss  et  vêtu  de  basalte  en  cou- 

profondrs*;  les  roches,  les  («'ndies  vol- 
\  roUNniit  Mi'u  50  millions  »i'hrr.i;ires; 

jK-Li^ii  i-«t  l:i  rt>iiii{>iitin  il^  Oàkchina  l*nlktt  :  h  main 
,  I*  pojs  ji  la  droili>  quirid  ou  sf  liujrnt'  vers  le  soleil 

%.  SIO.  SOO  el  jusqu'A  1000  métrr>s  rl>)jai&sctir 


môme  50  millions,  l'aire  de  la  France,  si  Ton 
considtTc  l'Inde  centrale  comm<*  unt»  d»'pendance 
du  bekkan.  Porté  par  les  Ghi^ti's,  il  a  tout  droit  au 
nom  de  Bala^luU,  qu'on  lui  donne  souvent  dans 
rinde.  el  qui  signifie  :  sur  les  GhÂlcs  —  f»ar  op- 
position au  pays  <ie  la  cote,  l'tiyinglKit  :  sous  les 
Gliâtes.  Quant  au  mot  GliAles,  il  veut  dire  :  esca- 
lier; <•(  en  erfel,  vue  du  rivape,  du  Konkan,  celle 
chaine  s'élùve  en  marches,  par  degn^,  du  littoral 
étroit  jusqu'au  rebord  occidental  du  Plateau. 


4e 


ém 


^3 


LA    TERRE    A    VOL   D'OISEAU. 


Trop  souvent  sec  (les  Ghâtes  écarlanl  les  mu'cs 
tie  la  mousson),  il  ne  reçoil,  h  Pouiki  par  extuii|ilc, 
(]ue  00  c*.Mi(iiiK'(iTS  ih  I^lui^'  pnr  i\tu  l.tiidis  qui^  sur 
Ii's  i»'i's:i!il>  niîiriijs  du  MiiLiliai',  rliargrs  lic  tik,  de 
sandal  lU  d'ébt'iie,  il  IotiiIjo  de  4  à  7  nit-tres  «l'iviii. 
Presqiio  pnrloul  veuf  de  ses  forêts,  âv  sol  terne» 
gris,  ruuge  nu  j.iurijtre,  avec  de  lurï^^etnuuiutdnes 
rnouveiiietils  de  terrain,  usé  par  Tliomme,  niissi 
|iai'  \u  nature,  il  n'a  plus  la  beauté  virginale  el  il  a 
perdu  le  sjtecLaele  des  illuniinenienls  volcaniques. 
Ses  iV!urn,'iises  sonMoules  éteintes;  les  [dus  h'rrr- 
Ides  fuinaieiil  el  llanibaient,  croil-on,  dans  l'ouesl, 
entre  Nasik  et  Pouna,  au-<lessus  de  la  plage  où 
lioirili;*}'  irjillque  nvee  leule  Li  Tene. 

Des  monts  divers  soulîenrïent  n  le  ptaleini  du 
Midi  ».  Au  scptenlrioti  se  lèvent  les  Viiulliya, 
point  luuils,  [niinl  fiers,  ayard  jutnr  lêle  une  cinie 
de  710  rtièhi's  ;  h  celle  longue  eliaîm'  iju'areoin- 
pagne  au  sud  le  Narliadah  s'arrêtent  h  la  fuis  le 
Dekk-iti  rï  le  domaine  des  idiomes  dravtdjens.  Par- 
dcLi  les  Vindliva,  des  cliainoiis  et  massifs,  lantol 
montagnes  connue  les  Aravali  (1723  raèlres)  ou 
nuinïs  de  la  Foreet  tantôt  collines  avec  torrents  ■ 
di'sst  elles  en  rtr,  vont  se  perdre  sur  le  deserl  de 
Thaï',  î^t)lltudo  <'iil1aniiuée;  ou  i>Leo,  eonnno  les 
monts  du  Boundelkhand,  fnils  de  très  vieux  gneiss, 
s'achever  sur  l*'s  plaines  du  Ojanma  ol  <lu  (iangc. 
Parallèles  aux  Viniiliy^K  entre  NarlKidali  rt  Tnptî, 
iesSatpoura  ou  Maluidèo,  c'est-à-dire  lii'and  IHeu', 
nïonlent  à  ITifiO  mètres. 

Il  ne  faut  pEis  chercher  les  sainniets  du  Dekkan 
dans  ces  ïlauquenients ,  ces  basiionnemenis  du 
nord,  mais,  tout  ciuilruirenietU.  linn  dans  le  sud, 
[larnij  les  gneiss  et  les  porpjn  res  qui  se  termiiuMit 
à  la  [jointe  australe  de  la  jfresqu'lle,  au  cap  ilonio- 
riii —  ou  plutôt  ipti  s'y  achèvent  en  appai'cnce,  car 
les  nmnis  de  Ceylan  li'ts  conliunenl  jMr-dessous 
el  par-delà  les  tlots.  Li^  Frotit  di*s  Élèjdianls  ou 
Ananioudi,  dans  le  massif  des  Eléphants  ou  Ana- 
inalïdi.  s'élance  à  2G97  mètres;  et,  dans  les  îilonts- 
Itlcns  fui  Ml|^luri,  que  le  l\nl  (jliat  scpaïc  du 
massif  des  Éléphants,  le  Doilaljelta  ou  Graiid-ManI 
se  dresse  h  !i!fî7Û*  Le  Pal  (lliat,  le  Oaii'  clés  Au^hiis. 
est  un  passage  de  150  mèln^s  au  [)lus  d*alti(ude, 
menant  de  la  côte  du  Malahar  aux  larges  plaines 
de  ta  (^avéry  qui  s'abaissent  insensiïdemenl  vers  la 
côte  de  CornmandeL 

Anantoudi,  Dodabclla,  font  partie  îles  titiâles  occi- 
dentales,  la\es  ti'ès  fouettées  de  pluies  dominant 

1.  I.i>  Miiliadèu,  supoiliL'  montagne  avec  fivs  grande  vjnëlù 
lie  roches,  csl  roiisacrê  à  Siva. 
ÏÏ.  Urctlie,  ixju[mre. 


de  près  le  lillnral  de  la  mer  d*Omnn,  sur  un? 
longueur  de  ITiOO  kilonièlres  entre  le  capComoriu 
et  l'embouefiute  de  la  Tapli  dans  le  golfe  de  Cam- 
kiye.  Ku  dehors  tIe  ces  gneiss  el  de  ces  porphyrcj 
du  sud.  la  rangée  des  rilnlh'S  d'occident  n'a  que  de 
très  modestes  hauteurs,  101)0  niètn-s  en  moyenne, 
avec,  des  sommets  oscillant  enire  500  cl  1400.  Les 
(ihàtes  oï'ienlales,  sur  le  rivage  du  golfe  de  Ken- 
g;dc,  vont  de  la  rive  gauelir  df  la  <-avér'y  k  la  Miiç 
meurtrière  du  délia  du  f>angi';  plus  humbles  en- 
core ,   à    peine    nmnler»l-elles    à    TiOO    mètres  il»? 
moyenne    hauteur;   oHes  conmiandent   les  basses 
vaille   des   fleuves   dekkuniens.    les    GliAtes  de 
l'ouesl  (Ml   .'ibrîleiii   les  sourc«»s, 

Malianaddi,  (jodavéry,  Kisina,  r.avêry,  Narbadah, 
Tapli,  ces  deux  derniers  étant  Iribulaircâ  du  golfr 
tPHnian,  voilà  les  noms  des  fleuves  dekkaniens  ; 
Irois  d'ejilre  eux,  Malianaddi,  Narbadah,  TapU. 
finissenl  hors  du  Dekkan,  dans  une  terre  aryenue 
el  non  pas  dravidieinie. 

Le  Molianaddi.  autrement  dit  le  Grand  llu. 
parcourt  8o0  kilomètres  dans  un  bassin  de  lOonl* 
lions  d'hectares  et  s'achève  avec  il'autres  lurrenl:) 
4"ôliers  par  les  chenaux  d'un  deïla  de  ITiOOO  kilo- 
mètres carrés.  Très  excessif,  il  oscille  cntnî  le 
débit  de  lelle  pelîle  rivière  de  Fraïicc  el  celui  du 
Congo;  la  séehei'esse  peut  ne  lui  laisser  qui- 
51  mètres  jKir  seconde  et  la  mousson  lui  en  confiej- 
50  000.  On  a  tenté  de  le  corriger  au  sortir  di*s 
mouls  par  trois  digues  emniagasinanl  assez  d'eau 
pour  féconder  d'ores  el  déjà  TeiO  0(10  herlares.  L*U- 
rissa,  qu'il  Iravers^î  avant  d'alh*r  h  l'Océan,  ;i 
par  milliers  des  sanctuaires  pour  tous  les  dieui 
(le  l'Inde,  des  pèlerinages  pour  les  fanatiques  de 
tous  ses  cubes;  c'i'sl  là  qu'à  Pjagganath  4200  pr^ 
Ires  tirent  de  graïul  aïian  dans  le  sable  de  la  jdagc, 
pendant  des  joints  el  des  jours,  un  char  énorme 
porlatit  une  pagode  eu  bois  dédiée  à  \  ichiioii.  el 
parfois  quelque  fou  se  jelle  sous  les  roues  saeives. 

La  (.îodavér'v,  dans  son  coms  de  i-ioO  kilomètres, 
recueille  les  lorrenls  d'un  bassin  de  plus  de 
50  millions  d'hectares,  el  entre  dans  la  mer  du 
Rengnle  par  les  bras  d'un  delta  de  itïOO  kilomètres 
carrés.  Né  loul  au  rid*oj'd  occidental  du  plateau, 
à  l'est  et  non  loin  de  Ponïbay,  ce  fleuve  prodi- 
gieusement inconstant  dont  la  portée  va  de  60  à 
40000  mètres  cubes  pnr  seconde  perce  li»s  Gli>^teîi 
orientales  par  une  gorge  où  l'onde  enqirisonnce 
a  57  mètres  de  pntfmideur  en  temps  sec.  el  07  en 
crue,  sinon  même  1*7  au  plus  étroit  passage,  h 
Godavéry  montant  aloi-s  de  50  à  00  mèlres.  Sur 
une  de»  l'ivièivs  de  son  bassin,  le  Kanlian,  dans  le 


IXDE. 


565 


t|»ys  àe  Nngpnur.  on  m<»di(o  un  barrage  pour  Tir- 
rigalion  do  KiOiMK)  luTlarcs. 

U'  Ki>tii.i  ou  Krichna.  qiii  p.iiroïiti  \\rh  di* 
1500  kiluiiit'lri's  dans  un  bassin  ili'  [flus  df  'ii  tnil- 
i'ums  triu'cUtivs,  liait  ciicoru  plus  ]H'!^s  de  In  tiwr 
<ir  Itondxiy  quL»  In  GodoviTy.  Aussi  rHit.isi(ut'  v\ 
innl  ri'gl*'  i|u»'  les  atilres  Meuves  du  Dekkan,  il  tw. 
donne  r|uelquerois  que   52  mètres  cubes  par  se- 


conde ei  il  en  peut  fournir  53020  :  c'est  niors 
un  grand  spnrlaclc  que  celui  des  chutes  et  rapides 
(»n  il  rjiïitïi'  le  jdateau  par  une  petite  de  12  i  int'tres 
en  5  kilomètres.  En  un  lieu  di'  son  f(Kii*s  le 
hniragi*  d'Atiakall  ii'tieni  Tean  d'arrosage  \htur 
-iOOOOO  hectares. 

Euiiv  la  côle  de  Malabar^  k  Toucst  et  erlle  de 
Coromandel  à  Test,  la  Cavéry  n  a  point  de  rivale 


i*au»  U*!  iiUJiU».  le  Duke»  uis«,  «  KandaUab. —  Ocsim  de  Lsncelul,  diprca  utto  i4iulu^'iajiliiti. 


|[|iidi'  du  Sud.  l'Inde  ta  [lus  rharnianfe. 
rUimi'ïInya  est  (errild)-.  l'indus  aride,  le 
Cangc  torride,   l'Inde  eenlrale   sèrlie,    le  Uekknn 

,  Arrivrt*  sur  rexlri^nii*  lelionl  *les  pl;ili':ni\ 
[>ur  (Mysiire).  le  saut  de  SivaMirnoiidrnju  on 
1li*r  di-  Siva  h  pn^eipile  d<»  près  de  100  mèlres 
ih*  hAUf  dans  le  \al  inriVieur.  que  suivent  une 
krp»  plaint*,  puis  un  lartre  delta.  Far  diverses  ri- 
fierté  ellt»  am^nc  aux  oeêans  JOO  mètres  cubes 
par  !if»conde  ù   Tèliage.   15500  en   grande   crue. 


tribut  d'un  vayape  de  7^0  kilomètres  dans  un 
pays  de  H  millions  d'iioctares.  Moins  exlravagaiilo 
que  ses  frères  et  sœurs  de  [lekkanie,  la  Cavèry 
(bol  (|ijeb[u<»  rbf»se  de  ses  allures  pins  tranquilles 
an\  innoiiibrabli'S  ivleiiues  d'inii^aîinn  de  son 
bassin;  il  y  en  a  plus  de  TiT  000  dans  l:i  seule 
ronirèe  de  Mysore,  et.  dît -on.  oriOOl)  ilatis  la 
présidence  de  Madras  :  dès  maintenant  12  nnl- 
liinia  d*hocl;u*cs  de  l'Inde  anglaise  sont  arrosés 
I.  Comiptinit  dxï  Ualyavan  i  )Ioiits  uombroux  t. 


iAk 


50  i 


LA   TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


I>.ir  iles  dôrivntions  de  rivières  ou  dfs  n'^serves 
(rt'fflni^s. 

lii*  N;if'lin*fn.  Ili'iive  pi'acipiix.  fils  des  mojils  d'A- 
niark;iiil;ik  (101 1  inrirrs),  rinilf  s;ins  «(nirnîs  (irtuins 
MH'S  Vorndcui  priKLint.  IIjOO  kiliiriïi'Mrcs.  C'esi  lui 
qui  |}iissi\  t'iu-di*ssoi]s  d'une  cascndi.'  de  8  à  ïï  ni**- 
Irt's,  dans  rndinii'îihle  oouloirdvsRocliPSLio  Marliir. 
fiivs  hjiihalfiour  ;  là,  dans  sa  haulo  vnllô*',  *»l  pe- 
tit oncoro,  n'iiyant  guôro  t\uo  20  iriL*ti'cs  de  lai-ge, 
il  fui(,  rnpido,  peiidrtiil  5  kilomètres,  entre  des 
jiarnis  marmoréennes  d'une  inlalnrite  lilnrirlienr, 
hautes  de  cent  pieds,  sans  furtM,  sans  un  arlirc, 
sans  m(Mne  un  gazon;  rien  que  le  marbre  pur  re- 
flété |i;ir  Vvim  iaiiilldo.  Presque  nues  a|i]vs  avdir 
é(é  spli'tidîdi'nii'nt  vélurs  d'arbres  iin'sliniables 
tels  que  Je  tek  et  le  sïiI,  les  montagnes  narba- 
flé*'njies  envoient  h  li'ur  lleuve,  quand  souffle  la 
uïoussiMi,  des  tnrreul^  fxlr;n}rdinnires,  et  le  cou- 
vant des  Haches  de  Marbre,  fort  hunihle  en  saison 
sé<dR\  arrive  h  rouler  TOGfM)  nn'Hres  culies  [»ar 
se<;onde.  Le  Narbada  u'.i  ni  l'ainjdrur  du  Gauj^e, 
ni  son  bassin  fait  pour  plus  de  cent  miIlioi»s 
d'hommes,  mais  sa  sainteté  dépasse  la  sainhMé 
même  du  lb?uve  de  IJéuarès.  Dans  une  vinirl;iino 
tranuéos,  les  Ames  altérées  aui'ont  soil'de  ses  seules 
eaux,  les  jiMcrins  y  laveront  leurs  péehés,  les 
malades  votidront  expirt-r  dans  son  onde,  les  niorls 
flotlorotit  au  lit  de  son  pur  rouj'ant,  les  bûehtu's 
hnui'ronl  sur  ses  rives  :  car  te  fifi nge  n'a  rotju  des 
dieux  hindous  que  cinq  mille  ans  de  sainlelé 
suprême,  et  ces  riufpiante  siècles  hnironl  avant 
que  tiolre  gém'Taliun  ait  disparu  lout  entière.  Tel 
qu'il  est  maintenant,  pailageaut  su  vertu  sncro- 
S'uiile  ïivi'c.  le  (Janj^^e  et  aulrrs  eonratils  if  divins  », 
le  Narbadii  voil  des  ]>éh'rins  le  de:>eendie  |iar  une 
rive,  de  sa  source  h  son  eml)0ucbure,  priant  ii  tous 
les  san(*luairos,  el  le  remonter  de  même  par  la 
l'ive  ôj>[*osét'  —  dt'ux  ans  iK'  route  pour  quiu'ouict 
auruii  lemplo. 

La  Tapli,  lleuve  de  Surate,  coule  au  midi  dit 
Narhad;i.  paiallélcmont  à  hii,  l^ien  plus  euurte 
dans  un  bassin  moindre,  et  se  perd  comme  lui 
dans  le  fjolfe  de  flambay*',  qu'ils  eneimibrenl  tous 
iU'UX  de  débris.  Klle  rrKtnte  a  2'»  iitO  mèîres  euhes 
par  SL'rondt:,  rrues  de  tel  maître  fleuve,  i'He  que 
li^s  mois  sans  [)luii'â  abaissent  à  5  ou  0  mètres, 
étiagfi'  de  ti'lb'  riviéielle  iiormantle. 

Ainsi  se  pjvsenti'  b'  iK-kkati,  qu'hrtbilent  pbjs  de 
cent  millions  d'hommes,  les  ^/5  des  n  ludieiis  ik 

Climats  de  l'Inde. —  L'Inde  a  tous  tes  climats  ; 
celui  du  l'iile  dans  b-  haut  llintûlava  ;  relui  du  eit'l 


ebaud  ou  tempén^  dans  les  monts  moyens;  celui 
du  Tropique  dans  K'  Bengale,  le  long  du  (*anK«  tl 
stji*  los  littoraux;  celui  du  Sahara  dans  le  dés4»rl(le 
Tbar,  et.au  nonl  de  et?  désert,  dans  le  Paindjati  : 
niais  comme  les  dialeurs  atroces  de  c«*s  deux  d»T- 
niers  pays,  fours  réverbérante  de  l'Inde,  comme 
leurs  45,  TiO,  52  degrés  h  l'ombre  sont  compensa 
par  de  basses  températures,  qui  peuvent  descendre 
il  zéro  mémo,  la  moyerme  de  Tanné*  n'y  alb»inl 
pas  celJe  de  lieux  moins  étouffants  en  été,  C4îllc 
de  Madras,  par  e.vemj»le,  où  le  mercure  ne  s'élévp 
qu'à  42^\r*0,  mais  où  il  no  s'alwisse  qu'à  17. 

Dans  riIim<-Uaya,  dans  les  Aravalt.  les  Vindlip. 
les  Salpoura,  les  Glultes.  l'allilude  des  sites  n- 
rr;iii*!iil  le  rfirnal  ;  une  ville  des  Nil^iiiri.  (.hJlak^- 
moiind,  a  pour  moyenne  de  rannèc  i5\3.  tandis 
que  [u-ès  de  là,  dans  les  jdainrs  inférieures,  Tri- 
chiiiopoli,  4lrux  fois  plus  ardente,  inscrit  au  Iwul 
des  douze  mois  une  moyenne  de  29*,5. 

Cette  fpiTP  des  flarrdiants  sob-ils  est  aussi  celli» 
des  averses  les  plus  serrées,  les  plus  noires^  l«a 
mousson,  vent  régulier  qui  souffle  de  juin  en  sep- 
tembj'e,  y  amène  des  nuées  que  toujours  suivent 
d'aulrt's  nuées,  et  il  semble  ([ue  l'Océan  veuillft  se 
videi'  sur  la  Terre;  mais  toute  Lhule  n'a  pas  m^me 
part  à  co  bionfaîsnnt  déluge  dont  on  croirait. 
comme  de  celui  de  la  Bible,  qu'il  élèvci*a  la  mer  à 
quinze  coudées  au-dessus  des  plus  hautes  mon- 
tagnes ;  dans  tel  vaste  canton  que  les  sierras  pri- 
vent des  baleines  du  gouffre  des  gouflTr*^».  il  ni* 
pleij(  jamais,  oti  |>resque  jamais.  Au  (*ap  Cornorin. 
pointe  méiidionale  de  la  péninsule,  il  tomb*;  un 
mètre  de  pluie  par  an  ;  le  Dekkan,  ne  recevant  que 
des  nuages  di-ehirés  au  passage  des  Gh.^les,  eu  ab- 
sorbe ici  un  <Ienii-nièlre,  là  i  mètre,  L^  2.  U  5. 
pendant  que  sur  le  versant  maritime  des  Ghâtesdo 
l'ouest  la  rhute  annuelle  peut  dépasser  7  mètres 
dans  les  parages  de  I!ond)ay. 

7  moires,  c'est  neuf  fois  la  moyenne  de  la 
France'.  El  dnus  luie  autre  eliaine,  la  fameuse 
Tcberra-Pondji.  qui  d'habitude  voit  tomber  annuel- 
lement sur  elle  vingt  et  une  bns  la  moyenne  de  la 
rrance,  a  élé  visitée  en  IXtH  j»ar  !20  mèln^s  4-4  reo- 
linièlres  de  pluie,  vingt-six  h  vingt-sept  f(ds  ce  que 
le  ciel  verse  en  douze  mois  sur  ni>s  têtes!  Même 
on  peut  croire  qu'il  y  a  par  là  des  lieux  |»lus 
mouillés  encore  (pu-,  le  h  Itourg  d(*s  ruissciiui*  ». 


Les  Âryas.  Sanscrit,  pâli;  ourdou.  Idiomes 

1.  Au  c;is  ou   noliv  iimyciiiio  aiinuellc  sérail  de  77  ceo- 
liiiuMrc^,  IiauliHir  |ii-n|>;iliU'iiRiiT  tir.tucouii  trop  faU>le. 

2.  SiiîuilkaLîoJi  de  Tclitirii  l'omJji. 


5fi6 


i-A    TERRE     A    VOL    D^OISEAU. 


dravidiens.  —  AvanI  IVre  historique,  l'Iiuio  appar- 
liril  h  d(»s  Noirs  ou  Nôgmùios,  aux  l>nsyoutî,  aux 
MltHi'has,  auloclilonos  so  ra]»[H'orlï?iiit  poul-êtiv 
lie  h  pauvre  race  ausfralioiirM'.  0"<'l"Hit's-iiiï«^s  di» 
rcs  Irifjii^  proniii'MVS  vivrnl  nn'on^  driris  dos  monts 
(in  l'itnlo  foiilrali.'  »*t  dn  Dokkaii  :  ainsi  los  iiliils, 
tiui  ^topassent  iiïi  million;  les  Todas,  rtVluiU  h 
qiiol(]iji'sriMilainos;  les  Gonds,  dont  leGondwaim* 
lirn  snn  nom. 

A  ces  indigi'nes  succùdùrenl  des  hommes  pins 
puissants  (pii  par  leur  a]lian*'e  u\oc  les  almri- 
f^ènes  crêrreiil  les  peuples  dravidiens  ou  litaviriens 
de  l'iruie  inéridianajp  parlant  encore  aujourd'liiii 
des  lanj^'^ues  essenlielleinenl  iJiflèrenfes  de  celles 
de  i*ln(le  septentrionale,  t'es  luMiinies  viment 
peul-t^Ire  du  Tibet  par  le  lîndimapoiili-e,  et,  plus 
pt'nl)ald*^nienl,  dn  plateau  d'h-an,  qui  a  conservé 
jtjsqii'à  ce  jour  une  naliori  dmil  ridiomt»  se  rap- 
pruelio  des  langages  dravidieiis  —  la  nation  des 
jîraliouis,  en  Balaulchislan.  —  Piiîs,  des  jieuplades 
issui's,  ponse-l-on,  du  T<turan  ari'Jvèrenl  par  ta 
[>asse  de  (Caboul:  elles  s'êlablirent  dans  le  pays  de 
rindns,  jusqu'aux  monts  Vimibya,  el  donnèrent 
naissance  à  la  racL*  des  njats. 

A  leur  tour,  ces  eoïKpiernnts  divers  furent 
soumis  par  des  cnvabisst'urs  blancs,  les  Aryas, 
venus  on.  ne  sait  Irop  de  quelle  parlio  de  l'Asie 
du  nord-mresl. 

Ces  vVryas  qui  allaient  remodeler  Tlnde  se- 
(aient  st^part^s,  vers  Tan  deux  mille  avant  notre  ère 
chréHi'nne,  de  leurs  frères  les  Iraniens,  [mis,  par 
la  graiule  porle  de  i*(HM'idetU,  la  vallée  du  Tabonl» 
ils  avaient  atteint  le  aeui!  des  pays  de  l"lndud  el 
du  Gange. 

Sans  doute  en  peîil  nombre,  incapables  d'absor- 
ber, ils  avaient,  il  faut  croins  la  supériorité  des 
armes;  leur  langue  était  migniPique  et  résonnait 
en  hymnes  éeluiants  devant  les  images  di>  leurs 
jeunes  dieux.  Semblaliles  à  ces  conquistadores  qui 
jetèrent  à  bas  des  empires  énormes,  les  Aryas 
s'emparèrent  île  l'Inde  sulihiniàlayenne  et  s'avan- 
cèrent vers  hî  sud  h  travers  la  foule  de>r  autoch- 
tones, des  Touraniens  ou  Djats  el  des  diverses 
nations  dravidiennes. 

Ces  vaimpieurs  n'exiermitïèrent  [voinl  les  vain- 
nus.  Ceux-i'i,  le  temps  aidant,  entivreul  dans  la 
race  conquéranle;  le  blanc  visage  des  Aryas,  si 
réellement  ils  ét.u"etil  blancs,  devint  brun»  presque 
enivré,  mais  la  langue  souple  et  sonore  des  enva- 
hisseurs, leur  religion,  leurs  idées,  leurs  inslilu- 

1.  On  appelle  ofllcieïlemetil  le  Condwana  :  l*roviuces  cen- 
irales. 


fions,  leurs  mœurs  conquirent  de  proche  pd 
proche  tout  l'Aryavarta  ou  pays  des  Anas,  c'est- 
à-dire  les  bassins  de  l'indus  et  du  Gange.  Ouantaii 
Deklvan.  il  maintint  presrpie  partout  ses  races  et 
ses  langues. 

Les  leuïps  qui  précédèrent  la  conquête  »i'V- 
lexandre  nous  montrent,  sur  les  deux  fleuves,  dt-s 
villes  opulentes,  pleines  lî'liornmes  passionnés  pair 
les  songes  de  la  ptjîlusophie  et  parlant  la  plus 
belle  langue  de  la  Terre,  le  sanscrit,  plus  riche, 
plus  forî,  plus  êlégani,  plus  ample  el  sonoro 
que  le  grec  lui-ménie,  avec  épopées  inunenses. 
.Myhabiïrâla.  Ramayana,  poèmes  de  cent  mille  cl 
(;int  de  lignes  traversés  d'admîi'nlileH  vers. 

Alors  llnrissait  dans  sa  verle  jeunesse  la  religion 
de  bralun^,  qui  tremble  aujourd'hui  dans  sa  décrê- 
pSi<le. 

Cinq  cent  soixante  ons  avant  l'èi^e  chfélienao, 
un  bonune  de  sang  royal,  né  au  pied  des  monts 
du  N'épal,  Çakyasinlia  ou  le  lion  de  Çakya,  sortit 
do  la  vie  conleniplativc  sous  le  nom  de  Çakya- 
inouni  ou  b»  srditaire,  rascèlc  de  Çakya  ;  il  pro- 
clama lous  les  bonunes  frères,  il  maudit  les  cas- 
tes qui  divisaienL  qui  divisent  encore  niisérable- 
riïent  les  lliinfous.  Sa  doctrine  devint  une  rnli- 
gion.  el  celte  religion  prit  de  son  fondateur,  que 
ladmiralion  des  fn'*nphytes  avait  appelé  Bomhllia 
ou  Sagesse,  le  nom  de  boiKldliisme,  sous  lequel 
elle  ot  lujî  fort  répnndue,  et  aussi  fort  détournée 
de.  sa  simplicité  première  par  l'exégèse  de  ses  doc- 
(l'Ui-s  et  les  riles  de  ses  prètivs  :  le  leîiiiis,  l'usure 
en  ont  fart  un  ensemble  de  formules,  tiii  marmot 
tage  de  prières. 

Au  septième,  au  huitième,  au  neuvième  siècle 
de  notre  ère,  le  bouddhisme,  lentement,  s'éleignil 
dans  rinde,  et  cette  religion,  la  plus  pratiquée  du 
morule,  n*a  plus  son  point  d'appui  dans  la  terre  du 
Ci  ange. 

Mais  des  centaines  de  millions  d'hommes  U 
professimt  dans  le  ISépal,  au  Tibet,  h  Ceylan.  eu 
Indo-Cliine,  Chine,  Mong»dte,  Mandchourie,  Japon, 
dans  FAsie  Cenlrate.  dans  les  loumiias  de  la  Si- 
bérie et  jusque  sur  les  rives  ile  la  Volga,  Le  pâli 
a  disparu  de  Tlnde  eu  même  temps  que  les  boud- 
dlïisles  qui  priaierd  e(  «-hantaient  datis  celle  lan- 
gue; mais,  ayant  eu  Ihonneur  de  j)orti'r  les  pani- 
lutles  et  les  sentences  du  saint  prédicateur  aux 
oreilles  des  peuples,  cet  idiome  d'un  pays  du 
tiango  iïdej'ienr  resta  le  langiige  sacré  du  boud- 
dhisme. Encore  aujourd'hui  d'innombrables  ecclé- 
siastiques lAnomoMil  sans  le  comprendre  dans  les 
temples,   les   chapelles,    les  cloîtres   de    la    plus 


INDE. 


301 


indo  part  «le  l'Asie.  Et  dans  cette  liturgie,  vietllo 
f»iont6t  dtulem  nulle  cincfcenlsans,  vivent  loujaiMs 
qijoUjui*s  (.K'Iifis  d'un  vorbe  plus  antique  même  que 
le  p.ili,  des  lambeaux  do  sanscrit  que  prêtres  e1 
Tii»iiics  bouddhistes  ent<»ndent  moins  cnnirc^  rjuc  b- 
l;>n^.ige  de  leur  rituel. 
I  Quant  au  sanscrit , 
^B'ei»!  le  verbe  religieux 
^BOes  bralunnnistes.  lo- 
tude  constante  des  brah- 
manes ou  prêtres  de 
Bmlima  ;  c'est  aussi, 
comme  en  Europe  le 
blin  p»endant  le  moyen 
ige,  l'idiome  «  com- 
mun 1»  de  riude,  l'or- 
gane des  relations  entre 
les  savants,  b^s  loltrî'S, 
les  hommes  de  grand 
et  bon  ton  dans  toute 
la  péninsule,  tant  en 
«Ary:inie  o  qu'en  a  Dni 
TÎdie  0. 

A  l'origine,  le  paii 
êlai!  auNinscril  eequ'uit 
jKLtois    hérissé,   heurté. 

ossicr.  [iaysnnes(|ue , 
e&t  h  Is  langue  limée 
qu'emploient  les  rois, 
les  prébits,  les  juges» 
Jes  écrivains  et  les  poè- 
le»;  cVlail  un  jarg(»n 
méprisiV  de  Imut  par  les 
«  îisirs  u,  un  lan- 

rit.eequi  veut 
dire  naturel  ou  vulgaire. 
•ndis   que  s.nnncrit  si 

nitie  fiarr.iit.  |*(ujrl;irii 

U>  sanscrit  est  mort  avant 

idiomes  prâcritâ.  et 

iil-ci  ,     sims     «livers 

Dms,  tiveni  ene«)re.  — 
(insî  dans  l'Oeeident, 
le  lùT  latin,  d'abord 
langue  de  la  ron<juéb». 

du  commandemenl,  du  droit,   |)uis  langue  de  la 
rvlitrifiii,  a  [N'ri.  laissant  un  c<un  du  tenijis  et  de 
ur  .'i  rinq  ou  six  fdles  de  la  Ihiffun  rttativa, 
^M,  ^  Uit  rauver^iial,  le  charabia  de  IKinpire. 

Apri*s  l'apparition  du  j^iutidlia  .  dès  avant  la 
R7/ia  d  Alexandre  le  <itand,  l'Arv)  hindou,  rau- 
rdciueuli  jauni'>  fi  onir-,  if   in-s  indique  déjà  du 


CtH^f  gond.  (Voy.  p.  366.)  —  Dessin  de  sir  John  Cainpbell. 


nom  d'homme  hlanr.  semble  énervé  par  les  lan- 
fjiiiMirs  de  son  elimal.  Jl  dit  avec  le  proverbe  : 
(1  Mieux  être  assis  que  debout,  couebé  «pi 'assis, 
nuirt  ipie  couché  »  ;  et  avec  les  Mille  et  une  Nuits  : 
u  Uni  renlredans  la  nuit  i-l  la  mt»rt  accimieit  sou 
mal,  car  le  bonlieur 
n'est  jtas  danft  le  inou- 
ventent.  » 

L'islam,  qui  bi>uh^- 
versa  si  firofondémcnt 
l'Asie  anléi'ieure.  l'É- 
gyj*((\  i'Alriqut'  Mineu- 
re, et  pcndjiiil  jtinsieurs 
siècles  r^uropi'.  neul 
[)as  la  (orce  iU'  emiqué- 
rir  rindt?  comme  il  avait 
conquis  Perse  el  Syrie, 
Nil  el  Maglu'ob,  Sicile, 
lln''ri*'  ;  m:iis,  h  partir 
du  neuvième  siècle,  la 
terre  «  aryenne  u  vit 
sifitvcnl  desirendre  des 
plateaux  iraniens  ou  ba- 
tiiulclïes»  p;u'  \n  voie 
(lu  Cîibiiul.des  invasions 
de  Mîihoiiiélans  ajipartc- 
nant  plus  ou  moins  à 
Irois  races ,  h  Tira- 
nietiiie,  à  Taridus  h  la 
lourîinieniie  :  Afghans, 
braiiouis  el  lialouicbcs. 
Persans,  Turcs  des  di- 
vei-ses  Turquies,  Ara- 
bes, Ces  Musulmans,  se 
mêlant  aux  Aryas  ou 
aryanisés  du  pays,  ont 
fait  du  Nord-Ouest  de 
la  presqu'île  une  con- 
trée bien  plus  musul- 
mane que  braUntaniste. 
Au  seizième  siècle, 
un  desccn«lant  tir  Ta- 
merlan  l'ourla  le  célèbre 
empire  nialiomélan  d*î 
iK'lhi  dont  l'Europe  se 
faisait  couler  les  merveilles.  I.'euïpirc  du  Grand 
Mogol  disfiarui  .'i  son  tour.  Après  tes  Portugîtis, 
les  llollaiulais,  les  Français,  TAngleteiTe  prit  la 
pié|Hnit]éi*aucc  dan^  l'Inde,  et  de  nos  jours  pivs- 
(p»e  (oui  ce  que  les  Anglais  n'y  possi*deul  pas 
direcicment  leur  apfiartient  de  fait  sous  une  fautise 
a|q>areuce  d'auloiiomic. 


su» 


LA   TRRRE   A   VOL   D'OISEAU. 


Coninie  mres  iF  faut  tlistingucr  Htide  scpten- 
Iridïiuk'  vi  le  Dekkîiii.  [>iins  rhidt*  bO|ULMilrioiK*kN 
dans  rAryal)!i<iuiiii,  Ariadeça,  Arynvarlu  \  le  san^^ 
dif  îïrya  pril  pirrt  h  la  naissance  dos  pouplrs  qui 
vivctU  sur  lo  Gange,  le  Iîr:ihniapnutro  et  l'Induï*. 
Non  poinl  avoc  pivpondi'ranre,  canimo  on  In  ra- 
contati,  puisqu'il  s'y  noya  [)resfpior'n  une  mcrd'ùlû- 
mentsdo  loule  sorlc  :  ôK>nion(s  juscju'à  un  certain 


point  de  mAmo  nature  lois  que  le  persan,  l'afy 
et  l'européen  moderne  ;  éléments  plus  éloigrn^ 
roninie  l'arabe  ;  éléments  liélérogéties  runinii*  le 
sang  des  Ibavidicns»  dos  Tibélains,  dos  TouiTtnieuâ, 
*ic3  Mongols,  et  surtout  des  aulochtonos  b  [leau 
noire.  iHins  le  I>ekkaii,  où  pénôlrôrcnl  peu  \n 
Aryas^  on  rnonlérent  peu  ou  point  les  envalii»>ours 
qui  submergèrent  tant  de  fois  les  plaines  subhiml- 


Inc  pUntatîon  tic  tU<ï  dans  Tlndc.  —  Dessin  de  Paul  Laiiglois,  d'aïuù^  une  |>liulu)$raplne- 


Inyennes,  los  liabilanlî^  poni  plus  on  moins  restés 
ce  qu'ils  élaitMil<|Uoiid  des  Injinnies  jnuues  y  oureul 
mêlé  leur  être  .'i  l'élre  des  noii*s  aulochlones. 

Qu'Aui  niiiAryns  nïodenies,  puisqu'il  est  entendu 
que  les  Kiinqiéens  sont  des  Aryas,  ils  narriMnl 
même  |>as  à  l'fnntdile  pnifinrtion  d'un  sur  rnillo 
dans  ei^  jH-odigieus  eiiqiîre  m  rogne  une  des  na- 
tions d'Eujupo.  Les  Anglais»  qui,  propurlitMnielle- 

\,  Ci'S    tiuis  mois    &aii?crits   viiulenl    dire  :    Terre   des 

AiT.'is. 


ment,  viennenl  [iliis  d'Keosse  que  d'Anglelerro  d 
ri'ïrlando.  n'y  sont  que  SIIOÛO,  armée  comprise. 
Ils  eonnn;niderit,  ils  ndniinisfront,  ils  jaugent, 
ils  ("uni  des  affaires,  de  la  linance,  dirigent  des 
usines,  survi'illenl  dos  planlalions  de  llié.  de  eotoii 
oL  do  Unit  arbuste  ilo  f^r.itul  io\onu.  Ils  n'ont  pas 
su  ineltro  au  uioniks  conniio  les  Lspaj;n<ds  et 
Portugais  d'Amérique,  une  puissante  race  intermé- 
diaire entre  oonquérants  et  conquis,  anglaiso  p.ir 
la  Lui^aie  de  ses  pores,  indienne  par  ses  coutumes. 


INDE. 


M9 


afipctions  ot  pnr  rncclimatnlion  puisée  à  I.i 
du  sang  maternol.  Les  Eurasiens,  coninie 
Tim  nomme  los  nièlis  des  Anglais  duiis  i'Itidts 
Isuut  peu   uoiabreus;  leurs  pères  les  niûpiisent. 


ils  haïssent  lours  pures,  d^'daipnent  leurs  mères 
l'I  ne  lienm^nt  pxir  aucune  (ibre  ;i  rAnj^'Ieterre,  pas 
plus  qu'il  l'iiide;  iiuTles  et  vains,  ils  reclierclienl 
les  emplois  IraïufuilJes,  les  bureaux,  les  écritures. 


Dombaj  :  ouvriers  du  mardiô  au  coton.  —  Oesûa  Ue  A.  de  Neuville,  d'après  une  jtbûlogra|tliio. 


ancres  ;  luut  ceii  pour  les  Kurasicns  an- 
fUb.  Le»  Eurasiens  français  valent  mieux,  physi- 
quement et  moralement,  el  les  Furnsiennes  de  re 
Mng  là  snul  parfois  trrs  graeieus<'s;  les  Eurasiens 
portugais  ont  \a  peau  bronzOiC,  ou  uièmc  noire; 
lU  De  mignent  [kis  do  se  livrer  au  travail  de  leurs 
0.  lUaM.  la  Tta»  «  rot  d'ouuv. 


mains.  Tous  ensemble,  ces  métis  ne  montent  peut- 
être  pus  h  500  000. 

Lu  liui^e  la  plus  ^'èinnib»  de  Tlnde  n'est  pas 
ratifiais,  mais  rourdoii,  menacé  maiulenanl  dans 
s;i  prépondérance.  Le  nom  d'ourdou,  mut  de  langue 
mongole  qui  signifie  camp,  rappelle  comniei» 

41 


570 


1.A    TERRE    A    VOI.   DOISEAU. 


quit  cet  idiome.  Dans  l'ourdou,  c'est-à-dire  dans 
le  camp,  ou,  si  l'on  veut,  dans  lu  palais  du  Grand 
Mogol,  à  Delhi,  releiitiîisait'nl  dots  latigagcs  :  lo 
mongol,  langii*?  iiiaLt?rfu*][*'  iU'  hi  dynastie  ;  le  ]k*r- 
san»  Irtngup  litténiiro  t-t  disliiij^uôe  de  l'Asie;  l'a- 
nibe,  Itm^MiP  rcli^ipusi'  des  Mahonii-tans.  Eti  se 
iiuiri;uil  avt'c  In  porli.*]'  du  pays»  l'hindi,  diak*c(e 
prAcrit,  ces  trois  idiomes  firent  naître  l'ourdou,  et 
cet  ourdou  fut  1*;  parler  des  princes  et  seigneurs, 
des  graiids  persunnag^'s,  des  suidnïb,  tics  li.tuls  et 
bas  bui'eaucrales,  de  tout  ce  qui  è\ml  puissance, 
dominati<m.  rouages  de  fjouvernenïeïit,  adniiinsira- 
huii,  cotir,  diptoiiialie.  'IMus  tard  les  Anglais  y 
recoururent  pour  connrniniqucr  ovec  leurs  sujets 
dans  le  grand  empire  polyjilotlr'  qu'ils  venaient  de 
eontpiêrir  sur  les  eni[u'renrs  de  ItcMji.  Mais  voici 
ijue  riiiudi  ou  Jàndunslani,  p.-trlé  [wn*  (dus  dv 
1 1  0  millions  d'iiommos,  en  qualre-viiij^'ts  diidecles, 
sur  le  t>jannia  et  le  Gange,  dans  la  grande  vallée 
reiilrnle  dn  nto'd,  l'hindi,  fort  du  iiondn'e  des  hin- 
dipliDues,  reelame  la  préêminenee  sur  ce  lan^^^'ïge 
officiel,  arliliciel,  billard,  trnp  lleuri.  trop  i^rnoussé, 
tro[)  polirè,  dont  t'usa<,v  diminue,  aitiii  qne  ctdiji 
du  [iL^rsaii,  cUèri  jusqu'à  nos  jours  dans  les  hautes 
classes  de  l'Inde  musulmane. 

I/httuli  ipri  esl  Pidrome  le  plus  parlé,  la  lan^'^ne 
générale  des  Dmlmianistes  (iH'lle  des  MahoméLaus 
êL'itil  encore  Tonj'dou  )  ;  le  bengali  dunL  usent 
50  millions  d'iiiiinuies  dans  le  Deo^fale;  le  nialiratli 
«pli  régne  dans  le  nord-ouest  du  Dekkan;  le  pati- 
djabi  et  le  sindi,  verbes  du  Paudjab  et  du  bas  Indus; 
le  tnarouari  i|iii  s'emploie  dans  le.  désert  de  Tbar; 
le  gond/arali  qui  résctntie  dans  b^  Goudïariite  ; 
fouriya,  langue  vulgaire  do  l'Oi'issa,  etc.,  etc., 
enfin  l'ourdou,  quoi<|ue  prodigieusement  bÈitard, 
iuls  sont  les  langages  aryens  de  l'Inde»  quî  régnent 
sur  250  millions  d'hommes,  du  rebord  des  monts 
iraniens  à  la  cMi*  indo-ehinoise,  et  de  l'IliniAlava 
jnsfpj'au  delà  d<^  Goa  sur  la  côle  ocridentale,  au 
delà  de  Ganjam  sur  la  côte  orientale. 

Dans  le,  Dekkan  vibrent  les  langues  dravidiennes, 
absolument  étrangères  au  sanscrit  et  à  ses  dérivés 
plus  ou  nuiins  altérés  dVdénients  divers,  nolani- 
meut  de  persan;  on  les  dit  [larenhîs,  à  un  degré 
très  éloigné,  des  idtomea  de  l'Asie  du  nord,  de  l'os- 
liak  plus(|ue  de  lout  autre.  Le  lélingaou  tèlnugou, 
ï'orL  doux,  1res  liarmoiiieux..  sert  à  17  millions  de 
personnes,  sur  la  Godavéry  et  sur  le  Kistnn,  dans 
la  moiïié  orientale  de  leur  coui's,  el  sur  (e  t'anar 
du  nord,  tli^uve  plus  jiettt.  Il  recule  devant  le  ia- 
moul  ou  lanul,  que  parlent  17  millions  de  Dravi- 
dieus,  à  Madras,  à  Pondichéry,  à  karïkal,  dans  le 


sud  delà  péninsule,  el,  p.ir  surcroît,  dans  le  non! 
de  iîle  deCeylan  :  le  tamoul,  incroyablement  riche 
et  ilexihle,  h  la  fois  doux  el  fort,  pasî;e  |H)ur  le 
«  sanscrit  dravidien  n.  7  millions  emploient  k* 
canarais.  à  l'ouest  du  télinga,  dans  le  ba%iu  supé- 
rieurdu  Kistna.Le  mainyalnm,  dont  «^  h  -i  millioi» 
usent,  occu[x'  le  littoral  malabarais,  à  l'ouest  du  b- 
nniuI.Avec  le  toulouva  et  autres  idiomes  peu  rêpan- 
ihis,  il  y  a  bien  près  de  55  millions  de  Dravidiens, 
«|ui  (intj'ont  t<*us,  pense-l-on»  par  devenir  des  l;i- 
milisants  ou  des  télinguphunes,  car  Jii  aussi  1rs 
|>etites  langues  s'en  vont.  Feutrétrc  même  Je  larnil 
restera-t-il  seul. 

L'anglais,  que  7  millions  d'hommes  connabeenl, 
doit  une  grande  ifdlueiice  i\  sa  qualité  «l'idiome  do 
la  haute  société,  de  la  politique,  «les  pniirifintn 
j(turnanx,  mais  il  m*  peut  pivtendre  â  remphrtsr 
l'hindi  ,  parlé  jiar  autant  d'honunes  ipi'il  y  t\ 
d'Anglais  dans  le  [uonde. 

Religions  et  castes.  —  A  rexcoplion  de  phi» 
lie  l'inijuanlf'  millions  de  Musulmans  et  de  sept 
millions  de  llondd!ii>les  et  de  Chrétiens,  l'Inde  pm- 
fi'sse  le  brahmanisme,  la  religion  de  ses  vieux 
hymnes  et  de  ses  grands  poèmes.  Elle  adoiF 
lîrahma.  l'étrt*  préexistant  dont  le  Irone  couronnr 
la  fidjuleuse  muntiigne  dr*  Mérou,  ctmire  de  la  Terre 
et  jnétendue  source  de  l'hidus  et  du  Gange.  Bralmw 
crée-  Vichnou  conservi'  :  toujours  en  avatar*»  il 
s'est  maiiifesté  sous  mille  el  mille  formes.  Sivji 
détruit  :  c'est  le  Grand  Dieu  (M:iliadêo)  et  le  plut- 
îoloré  de  luus.  Puis  vieunmt  Kali,  déesse  de  la 
mort,  Indra,  Kriebna,  (ju'invoipient  les  pâlivs. 
Dama,  etc.,  etc.  Les  petits  dieux  et  démons  four- 
millent. Les  animnux,  dans  le  corps  desquels  la 
ilivinité  s'incarne  souvent  et  où  se  réfugient  par 
mèlempsycose  les  esprits  des  morts,  sont  plus  rcô- 
[leelés,  plus  eimés  des  Hltulous  que  les  humains 
leurs  frères;  la  vache,  par  exemple,  esl  exlrênit'- 
mi'iit  révérée.  11  y  a,  ou  il  y  eut  dans  ce  pays  syni- 
iialbiipa^  a  nos  muets  compîignons  dans  la  vie,  de* 
fiôpitanx  pour  les  bêles  vieilles  ou  malados,  comme 
nous  avons  nos  llAiels-Dieu.  nos  Incurables,  nos 
Invalides;  mitre  méjiris  liaulaindes  vies  inférieures 
est  une  abomination  pour  les  Hindous;  ilsappcUent 
l'Europe  1  Knter  des  animaux*  nom  que  lui  valent 
bien  les  barbaiies  de  nos  abattoirs,  la  brulaUt^ 
de  nos  charretiers,  les  exploits  de  nos  chosseilK. 

Tandis  (|ue  les  anirnnux  sont  ainsi  respectés  el 
choyés,  une  liiérairliie  dure  a  longtemps  juirqué, 
et  à  un  moindre  degré  parque  encore  les  hommes 

i,  Eu  irausforuialious. 


573 


LA  TERRE  A  VOL  D'OISEAU. 


en  castes  qui  dp  haut  pn  bas  se  méprisent,  et  de 
bas  en  haul  s'envient  et  si'  haïssent. 

La  casti*  su[)èrieurt;,  celle,  des  bralntianes  ou 
prêtres  de  Bnihnra,  nous  repr4%ente  plus  que  toute 
autre  les  nnriens  Aryas,  quoique  ex(n>memeiil 
initiée  maigre  l'or^^ueil  sarertiolal  et  la  liertè  de 
race.  Elle  reïj;ar(ie  superbement  les  krhalryas. 

A  l'origine,  les  kcliatryas  ou  guerriers  êtaicnl 
des  AryaSt  ceux  précisément  qui  conquirent  le 
pays,  [k'truits  |»nr  les  brahmanes  eux-mêmes  en 
un  jour  funeste  à  la  racé  blanche  dans  l'Inde,  ils 
furent  remplacés  par  d'autres  guerriers,  de  Sîing 
non  aryen,  par  des  Djàls  (ouraniens;  et  pins  tard 
cette  secunde  caste  re(;ut  dans  son  sein  d'aulres 
batailleurs  dont  la  patrie  précise  nous  est  inconnue, 
les  ISadjpoules.  que  d'ailleurs  toutes  les  apparences 
rattaclienl  au  Ironc  des  Aryas,  Les  iiesceiidanls  de 
ces  derniers  couquéraiils  qui  pémHrérpnt  dans 
l'Inde  par  h  port**  du  Cabciul  vers  le  quatrième 
siècle  après  Jésus-Christ,  ont  duuné  leur  nmn  au 
hadjpoutatia.  |)ays  occupant  les  derniers  bastions 
de  rimle  certlrale  au-dessus  du  déseit  de  ïliar  et 
des  plaines  d'A^M'a;  ce  sont  les  plus  <(  ItiHUmi^s  » 
des  Indiens  de  l'inde,  avec  les  Sikhs  du  P«indjab, 
mais,  trop  disper-sés  au  milieu  de  leurs  vieilles 
contjuéles  (comme  en  Afrique  les  Petils),  ils  ont 
perdu  toute  cohèsian  et  puissance. 

A  leur  tour,  les  kelialryas  n'ont  point  d'esliiue 
pour  les  vaiebyas,  caslf  tiù  domine  le  sanp;  (nui'a- 
nien.  Ces  vnichyas»  gens  de  boutique  el  pi-oftriè- 
Iniros,  sont  la  dernière  des  classes  nobles;  au-di's- 
sous  i\'e\i\  vieiiuefil  les  descendants  des  Noirs  ou 
Négroïdes  nuloetitones  el  des  envahisseurs  prê- 
arvens  (jui  s'allièrent  avec,  eux,  les  impurs  siuidrns, 
qnt  siuil  leiTassiers.  uuvriiM's,  domestiques.  Knlin. 
les  smirlras  eux-mêmes  ilédatgneiU  comme  on  les 
diMlaigne,  car  (ilus  bas  qu'eux  grouillent  les  gens 
sans  casli*. 

Telle  est  la  division  classique,  mais,  dans  hi 
réalité  muîlerne,  l'ordre  descendiïnt  des  ca&tes  est 
comme  suit  : 

Brahmanes,  rullivateurs,  marchands,  hommes 
d'indu3*trie  ou  de  niéliers;  et  cliaque  caste  se  divise 
en  une  infinité  de  sous-castes  et  d'inrra-^us-castes 
correspondant  chacune  à  un  groupe  parfois  infini- 
tésimaP,  à  une  [)roJVssiun,  à  uih*  siluation  sin-iab- 
dérivant  le  jdus  sauvent,  pour  les  uns  d'une  eon- 
quéle  antiqïie,  [tour  les  autres  d'une  atïtiqne  sou- 
mission. A  [très  la  ilej'oièj'e  <les  dej'M(éres  infra- 
soiis-casles   viiMil   la  fouir   lies  sa  us -caste. 

I,  Il  y  a  dt's  iiir]^-si»u3-cûsle.t  dû  aiillc  [terwnnes»  ie  cent. 
tlt>  deux  I 


Ainsi  tous  s*abaniiîienl.  chacun  dans  soncom- 
pîirtimenl  d'où  l'usage  et  la  loi  lui  défendi'Dl  ' 
sortir. 

Ce  monstrueux  monument  d'iniquité  chancellr, 
les  cinquante  millions  de  Musulmans,  près  ducui- 
quiènu'  des  Indiens,  ne  reconnaissent  pas  le  par- 
quement  des  castes.  Kt  chez  les  Hindous  les  di- 
visions perdent  chaque  j(mr  de  leur  dnicouirtr 
rii^ueur. 


Villes.  —  Pnringèe  en  trois  pn^sidences,  P.. 
gale.  IJombay,  Madras,  el  en  États  feudatan 
l'Inde  a  tie  très  nombreuses  villes  supêrieurf 
cent  mille  ûmes.  avec  ou  sans  leurs  faubourgs. 

Calcutta  règne  sur  la  présidence  du  Beng;ili', 
en  même  temps  que  sur  toute  llnde.  cl  c'est  h 
résidence  du  vice-roi  anglais.  Rlliii  sur  rUougli, 
bras  du  Gange,  ù  128  kilomètres  du  golfe  du 
Bengale,  elle  doit  sa  haute  fortune  h  rAnglelem-. 
Avant  la  conquête  il  y  n'avait  \à  qu'un  manis 
désert,  que  remplace  une  ville  de  972  000  iline», 
faubourgs  compris.  Son  quartier  riche,  Irùs  aérr, 
très  brillant,  lui  vaut  d'élre  nommée  la  Cité  des 
Palais,  mnis  le  terrible  soleil,  le  sol  sans  pnte. 
rinunondicité  des  eaux  y  font  œuvre  de  mort, 
et  l'on  peut  dire  (|uV'llc  méiile  à  la"  fois  le  num 
indigène  que  les  Anglais  ont  corrompu  et  le  nom 
rlérisoire  qu'ils  lui  ont  donné  par  asâonniice  : 
dans  la  la!igue  du  pays,  c'est  Kali  Kola,  la  viïl* 
de  Kali,  cruelle  déesse;  et  ses  conquérants,  sa 
loudaleurs  pluttM,  voyant  que  maladie  ot  agonie  v 
tenaient  leur  séjour,  rappelèrent  ironiquement 
iiolgotha.  Iïui"ant  certains  mois.  Calcutt'i  enipoi 
sonne  ou  terrasse  rKuropéen:  adminislrnliori. 
bauls  personnages.  Anglais  dorés  se  réfuL'irnl 
aloi's  dans  la  eapilaïe  d'  h  été  )>,  à  Sinda,  chanii:iiil 
sanaloire  de  lllimàlaya  sis  à  2100  rnèlres  d'alti- 
tude, entre  Satïedj  et  Itjamnn,  c'esl-A-dire  entre 
les  bassins  de  Tlndiis  et  du  Gange.  —  L'ancienne 
capitale  du  llengale,  Moureliidabad,  sur  la  lia- 
gbirati.  nommée  plus  bas  l'Hougli,  l'ut  plus  grande 
que  Paris,  dans  utu^  eiureinte  qui  dépassait  Til)  ki- 
lomètres; elle  avait  encore  165  000  ;')mescn  1815: 
cinquante  <ins  ont  sufli  pour  en  faire  une  ville  de 
jirovince,  (tuldiée.  abandonnée;  —  (]anda.  autn* 
vieille  métropole  du  lîengale,  levait  égalenifiil  w> 
murs  dans  le  delta,  entre  les  deux  grands  fleuv»; 
ses  ruines  couvrent  il  000  ù  VI  000  hectares  :  or 
Torgueillcux  Paris  n'en  a  pasSOOO'. 

K  Entre  mura,  sans  les  fnubour^. 


374 


LA  TERRE   A   VOL    D'OTSEAU. 


Bombay  (f<r>0  000  hîil».),  jiotir  Mourtilwiï,  nom 
iM.  hvrïtlôro  do  Siïrfil*'  si  romrnoiï';iiitt»  j.idis. 
occuju?  uiio  |u'lite  ile  liitorak'  do  snh\o  cl  de  L<i- 
salh\  h  lu  rive  de  TOcéati,  au  pied  des  CliAle-s 
occiih'iil.ilos.  Tr  rln^f-lieu  de  présidence  est  un  des 
liurlsîifl'aiii's  du  inonde. 
l>)!nme  ('alculla,  rivale 
qïjVMi^  roniplc  iMrlîpser. 
liumbny  n';i  pas  de  vieil- 
les racines  dans  le  sol , 
♦»I[e  ne  ivïuitnte  qu'ù 
KIGI.  Klle  fui  U'tTiÏjh'à 
l'Européen,  qui  s'y<5lia- 
l(iit  en  (\niAqu('s  îiriin*es, 
s'il  n'yinouiiiit  fii  quel- 
ques mois  ;  mi^me  on 
disait  :  «  Deux  mnus- 
sotis  i\  lïoinlKiy  font  lo 
VIO  d'un  homirie  m.  Klé- 
pliantîtp  île  voisine,  doil 
à  ce  voisinag-e  une  cé- 
lèlirilé  qu'tdie  n\'UJrnit 
pas  iiutioiiieiil,  car  il  y 
a  dans  l'Intle,  à  Klhira 
nÉdaiiiinerit»  <les  grottes 
reli^'ieufies  [dus  belles, 
îivec  des  sculplures  plus 
<t  inliiiies  ».  dieux,  liom- 
mes,  animaux  vi'ais,  bê- 
les fanUistiques,  arbres, 
lianes.  Heurs  faltuleu- 
ses,  cuniliids,  virtuires, 
processions,  triom  plies, 
taillés  (L'ins  le  basalte 
ou  toute  Mufre  rcehe 
qui  se  prûle  au  ciseau; 
les  temples  souU^rraJns 
d'KlrpJKjnta  ont  de  neul' 
il  près  de  douze  eenis 
ans.  tïans  la  saison  très 
ebande,  IliMnbay  cesse 
d"<^lre  la  eaiiilale  de  sa 
prêsidenee,  et  les  au- 
torit»*s  se  transportent 
sur  le  Dekkan.  à  l'oiina» 
ville  de  lîiOOOO  Ames  située  à  5G5  mètres  d'alli- 
tude,  au  eonfluent  de  deux  rivières  du  bassin  du 
Kî^fTi.u  Pipuna  e^^l  riiez  les  Mabralli's,  ^vns  de 
langue  aryenne  qui  .jllaienl  conquérant  l'jude, 
lorsque»  survenus  a  i'improviste,  les  Anglais  mi- 
rent v.unqin  urs  et  vaincus  d'accord  en  centîsquant 
et   les  uns  et  les  autres. 


U'aprrïi  une 


Sur  la  c^lf  de  Coromnndel,  tout  ombraçôo  ik 
cocotiers,  ^acieuso  parure. Madras  a  ^50  OOO  Ain***; 
on  ne  coiinait  guùro  d'aussi  mauvaise  vadi*  tpie 
celle  que  borde,  sur  un  rivage  raide,  ce  chef-lieu 
de  présidence. 

Ilaïderaliod  (400  (H)0 
linb.) ,  cW  majwire  du 
l>ekkan.  sur  un  afniit^nl 
de  gauclie  du  Kislna. 
est  peu  éloignée  de  Gol- 
conde.  In  ville  qui  liïil- 
lait  et  vendait  tant  dr 
diamants  qu'elle  était 
proverbiale  pour  les 
[lierres  précieuses, 
Corinne  le  Pérou  pour 
l'or. 

Lueknovv  (  275  000 
liab.)  longe  le  Gountli. 
tributaire  du  Qeuvo 
Gange;  peu  ancienne 
pour  Tbide,  car  elle 
na«[uit  au  seizième  siè- 
cle, celle  «-capitale  de 
l'ex-royaume  d'Aoudli . 
pays  le  plus  essenlielb^ 
ment  «  hindou  »),  parle 
le  meilleur  liindous- 
lani.  C'est  la  reine  des 
arts  et  du  beau  lan- 
^'npe  ;  c'est  Paris,  c'est 
Athènes,  en  des  champs 
exubérants. 

lïènarès  (  225  OOO 
bab.),  la  cité  santrtîssi- 
me  des  Hindous,  élnlée 
en  croissant  sur  le  (îan- 
gc,  vante  ses  dix-sept 
cents  pagodes.  S4»s  qua- 
rante mille  brahmanes 
el  takiis,  son  fleuve,  eau 
de  salut  f)our  des  pèle- 
rins sans  nombre. 

(;\\alior  (200  000  (?) 
li;d).].  au  sud  dWgra, 
sur  un  loiTCut  du  bassin  dit  Djamnn,  doit  le 
sui'nom  de  (iibraltar  de  Tlnde  â  î^n  r«M'leresse 
rainpéi'  sur  une  colline  de  f^rès  alnupte,  voire 
en  surj>lond>»  à  plus  de  iOO  inèlres  au-dessus  de 
la  plaine. 

Sur  le  Djamna»  fias  très  loiJi  des  sables  du  Tliar. 
Delhi  (200  OÛO  liab.^  fut  sous  le  Grand  Mogol   la 


Dc«in  trÉmilc  Bayanl, 


mière  des  rêsidcuces  royales.  On  ne  sait  pas 
cit^:  'jui  nit  péri  »i  souvent  f)our  touj{>urâ 
;  drjà,  dans  une  aiitiqtiitt;  recul*^,  sous 
Vit  d'indraspatha  ou  Li  ville  d'iiidro.  elle 
liât  un  ^:ind  rang  dans  l'iude.  Lu  Dellû  mo- 
derne n*a  jias  [dus  de  250  ans  ;  le  cluilt  Djaliuii 
b  foudu,  d'où  son  autre  nom  de  Cli.jhdjnfiaita- 
btd  '.  rarement    prononcé.    Depuis    taiit<)l   deux 


INDB.  M^wm    m         III    1^^^  375 

dizaines  et  demie  de  siècles,  les  monumenls  su- 
perbes» puis  les  ruines  sévères,  puis  les  dé- 
combres, s'entassent  sur  ce  cliam[>  de  vie  deve- 
nant champ  de  mori,  et  les  M  tiOO  lieelares  où 
bellii,  hérihiiit  1(*ujours  «fr^lle - mênïe,  a  jmssé 
d'IiHlraspalJia  A  (Ih.ilidjidKHïJiîiad,  sotil  un  musée 
do  l'art  hiiiduu,  dus  Ibrmes  primitives  jusqu'à 
riieurcuse  architecture  née  de  Talliance  du  gé- 


Sccuudn,  prés  d'Agni  :  nuiuolée  du  grauiX  Akber.  —  Destin  de  lUéroud.  d'après  une  pbotugrB(Uiic. 


nîe  de  rbdc  avec  le  génie  de  la  Perse  luii^ut- 

I^pilm  (J  75000  hab.).  la  «  inéa*de  l'opium  >».  au 
mSliru  des  iKivots.  borde  le  Gange  penduul  une 
lingtaine  de  kilomètres. 

Sur  le  hjauma,  la  jeune  Agra  (105  000  hiib.). 
ifui  na  que  trois  sièrlos,  était  aux  joui-s  du  grand 
JJ|^auii«ï  eapiLde  spleitdide;  oii  y  admire  quel- 
HHpna  de»  beaux  monuments  de  l'Inde,  forts, 
I.  CMÉfliMAI'!  ^u  ciiali  Dialiiin- 


palais»  mostiuées.  mausolées,  arcs  de  Iriompbo  et, 
au  loin,  frimmeiises  délnis. 

lu  saliiliiv  fîiuigaloru  (180  000  liabOt  dans  le 
iK'kkim  du  Sud.  est  à  92 i  moires  au-dessus  des 
nuTs.  sur  le  plateau  de  Maisour. 

Amritsar  ou  Lac  d'Immortalité  (100  000  Imb.) 
refïose  sur  un  canal  de  la  rivière  Ravi.  Mélrofxde 
religieuse  des  Siklis.  elle  tient  sou  nom  d'un  étung 
sact'é  reufemiADt  un  temple  de  celte  sec 
au  quiuxième  siècle  par  un  révélateur  qui 


576 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


au  nom  du  Diini  L'niquc-  Les  Sikhs  ont  vnillrimmonl 
lullr  cunlre  les  Anglais,  dont  tis  sont  maintenant 
les  meilleurs  mercenaires  avec  les  Gourkhas  du 
\ê|Kil. 

Cawnporo  (loOOOO  lmb.)t  ville  neuve,  sur  lo 
llnngi*.  doit  \<m\û  sa  renomm*''e  aux  souvenirs  de 
Ln  révolte  de  1857,  où  les  Anglais  faillirent  perdre 
l'Inde. 


Lahorc  (176  000  IjaU),  capitale  du  Pandjah,  sur 
le  Ravi,  montra  quolriiies  monuments  contempo- 
rains des  sanglants  empereurs  de  Delhi. 

AllaJuihad  (100  000  hab.).  ou  la  Ville  de  lïieu, 
capitale  des  provinces  du  .\ord-<-)uesl,  regarde  li's 
plaines  «û  (l.inge  vï  I)j;inuia  se  reneonlrent. 

Djatpuur  (itJlJ  Ot)0  lialj.)  a  pour  eau  le  Banas  :  ce 
sous-affluent  du  Gange  vient  du  pays  d'Oudei|M»ur, 


Le  teiuple  d'Amrilsar  (voy.  p.  375).  —  Dessin  de  Tbérond,  d'après  une  photogra|iliie. 


ville  dont  les  rois,  premiers  des  polonlals  radjpou- 
tes,  dêdiiijrnaienl  de  donner  leurs  (illes  au  ratu- 
rier  qu'on  nommait  Grand  Moj^ol. 

Caclieniir  ou  Srinnj^ar^  (lliOOOO  lud».)  servait 
de  résidence  estivale  au  Grand  Mogol,  dans  uir  piiys 
loué  |iour  snn  doux  clinial»  t^a  ceinture  de  nioutif 
neigeux,  ses  lacs  cl  la  vallée  on  ser[»enie  le  lyiii- 
lairi.  Sise  h  1505  métrés,  sur  des  cnnanx  de  eel 
anliijue  et  «  fahuleux  >i  llyd.'ispe,  c'est  la  «  Venise 
!•  Ce  nom  veut  dire  :  Villu  du  ijuleil. 


orientale  »;  c'est  aussi  la  ville  des  platanes, 
comme  (elle  autre  est  la  ville  des  palmes.  Platanes 
gljçrnnlesqnes,  peupliers,  ormeaux,  noyers  yombra- 
î^eiil  lies  (lalais.  des  vîllns  d'où  la  vue  est  sublim*? 
(juaad  on  reganle  en  liant  les  j^t^anls  de  la  Terre, 
gracieuse  rpiand  on  contemple  en  bns  le  tal  que 
les  fKtèU-s  jntidons,  [tersans,  arabes  ont  noninu^ 
le  cfiel-da'uvre  tle  la  nalui'e  :  c'est  au  moin? 
celui  de  Hliinrilaya,  celle  nionlagne  inbuniaine  où 
l'on   marche  pendant  des  mois  sans  rîeu  voir  de 


ÉÊi 


INDE. 


577. 


dI  cl  d'inliinc,  toujours  enlre  pic  ri  itivci- 
t  sur  des  |)t.'iti\'itix  Tiiortcls,  dans  le  vimiI  «jiii 
^y  au  lailieu  ilt>â   [fiorres,  des   glaciers,  dos 

1res  monuruonl.'ilc  Aliiiipdnlind  (inoOOO  liai».), 

Ï'^cUii2  depuis  If  dix-soplièine  siôcio,  UwiU^ 
ulaifo  du  golf<fdoCainlKiye.  (l'est  In  cn|iilalo 
udzaralc»  i:nys  rcnrcnnnut  h   inofuâioii  do3 


It^nijiles  superhes  rlcv^s  por  les  ïljfiïrins,  espèce 
de  Bôuddhisk'S  qui  sonl  la  si'vU-  la  plus  i»Ali.ssfuse 
(h'  i'iiidi*. 

Diuvilly  (1 15  OOO  liab.),  entre  lo  Gange  supt^ricur 
ri  rilituâlaya,  a  beaucouji  perdu  de  sa  grandeur 
pasM'e. 

Surate  a  1 10000  ùmos;  ello  m  eut  801)000 
loruiirelle  ê^îl  illuôire,  ooniiuercaule  et  luxueuse 


Le  («lAis  de  l.iiliûro.  (W-j.  p.  JtO  )  —  Ve*^\u  de  E.  lli-roim,  .Ia[|^:^^  uin»  (iliolob'rjpii.e. 


0uto«>,  sur  son  fleuve  Tnpti,  h  SO  kilonièlres 
1er  d'occident  :  mais  ce  fleuve  ne  lui  vaut 
cUnt  mn\  navig;d)le  l'I  gêné  par  une  baiT»*. 

a  ^100  000  li;d).|  est  le  séjour  d'un  (îaïkwar. 

qui  M*  dit  indépendant:  elle  Itorde  la  Yiâ- 
iQ  loin  du  golfe  de  Cambaye^ 


indépendants.  —  Les  deux  seuls  États 
|^daQt>  ayant  quelque  puissance,  le  Népal  et 
Hitan,  CAïuvreiit   le»  [lente»  méridionales  de 

0.    RRCtC*.    L^  TlMR  A    tût  d'iiHUI  . 


l'IIimAlaya  :  le  premier  au  nord  du  Gange,  le  se- 
cond au  nord  du  Dralunapoulrt*. 

Népal.  —  Le  Néjwl,  vaste  de  prés  de  quinze 
niilfions  dliertares,  s'étend  en  longueur  bien  {iUia 
qu'en  largeur,  du  bas  et  fiévreux  Térai  jusqu'aux 
sommets  des  maitre^  pics  hiniAlayens.  Il  a.  dans 
son  élroitesse,  tous  les  climats,  toutes  les  natures. 
fous  les  contrastes.  On  lui  donne  3  millions 
d'hammes,  Hindous  h  l'ouest.  Tibétains  au  centre^ 

i8 


578 


L:V    TERRE    A    VOl   D'OISEAU. 


h  l'i'St»  ft  nu'lis  de  ces  deux  races.  Les  Hin- 
dous sont  liraliniaiiislcs,  les  TihiMaiiis  boudiltiîsk's. 
L'Iiindi  (end  à  devenir  la  Inngue  gcrirmlr,  mais  on 
y  parie  encore  divers  idi*)nîesdiinl  le  jH'iiicijinl  rsl 
le  iiiWjuari,  parent  liii  liin'*l;iiri,  et  prir  rorisêi[U('nl 
«le  leiliire  riionosyll.ditque.  Khalm.mdou  (75000 
liai.),  la  cnpitale,  à  ir»'27  marres,  est  comme  un 
nius*?e  de  boiiux  el  curieux  édilires. 


Sikkîm  et  Bhoutan.  —  A  lest  du  Ni-^ial.  le 
ïllioulaii  est  séparé  de  lui  \K\r  le  Sikkiin.  pelil  \tA\s 
(il*  (wD  000  lieetares  que  les  Cinq  neiges  ùclalnntr?* 
[KHirvnienl  d'une  élei'uelle  eau  froide  el  violerilo  . 
in.iis,  n'v  efil-il  jms  ici  de  glariei's,  les  lurrenls n'en 
rouleraionl  [»as  moins  avec  une  griindeur  de  lleuve, 
lattt  I.'*  mousson  y  pousse  tle  pluio  contre  les 
liaules  inuntignes  parées  de  forèls  mimculeuses. 


tue  plnif  à  l'untiiehéry.  (Voy   p.  380)  —  I>e&sin  de  A.  Ju  Uar.  d'après  une  pholoffraptue. 


iViipIé  de  CÛOOO  h<mîmes  de  race  tibètainet  le 
Sikkim  a  pour  ville  Dîirdjiling,  lieu  de  santé  sis  à 
]j1us  de  2000  niéfjvH  irallitude.  et  rapilale  eu  élé 
de  la  présidence  de  (lalruUa,  Sîrnla  l'élaiit  aloi's  de 
toute  l'Inde. 

Le  Ilhoiilan  miivre  un  peu  plus  de  r>  500  000  hee- 
lares  avee  pinï(  t'he  100  000  résidents.  Tihélains, 
comme  le  pnielanie  le  uoiii  nit^ini*  iln  pays,  ijiii 
sipiifie:  Fin  (les  IJIiouls  ou  des  lîuds,  aulreinenl 
dit  des  liubHiitUs  du  Tibet. 


Il  s'adosse  aux  parois  hîniAlaycnnes  qui  dressent 
dans  le  cïel  les  putnLes  du  Tchnnialari  et  autres 
pics  de  7000  à  7500  rnélres.  Ainsi  que  le  Sikkim. 
il  euvuiiî  de  foris  liu-ietils  au  Bralunapoulre,  Sa 
ville  se  luunmc  Tassissuudun,  la  a  Sainte  citadelle 
lie  la  Foi  n. 


lude  Portugaise.  —  Malhi'ureux  reste  des  ron- 
quéles  du  ^MUfid  Albuijueiquc;  el  de  tant  d'autres 
1.  Le  KiuUliindjiiiga. 


INDE, 


379 


■gnanimps  ropilaîncs  Iiisilanîens,  l'Irido   porlu- 
lisi»  ne  s'i'U'nd  que   sur  035  000  hcilfties  avec 
500CH>0  iîmes. 

Villa  Nova  de  Goa  (18  000  hnh.),  ijxie  los  indi- 
gènes appelaient  Fandjim,  irsl  sur  reslunirc  d'un 
fleuve  descendu  des  Gliàtes  occidenUiles,  à  8  kilo- 
mèllvs  de  rOeèan,  à  peu  près  où  le  lilloral  de 
la  mer  de  Bnrnliïn  eonunencc  h  prendre  le  noni  do 


vM(*  du  Malnbnr.  Elle  a  succédé,  comme  capitale 
d*'  rinde  p(>rhi;;.iise,  â  la  Vieille  Goa,  sui-nonimée 
la  Dorée  :  «  liéi*e  de  ses  victoires,  Goa  Dournda, 
reine  de  tout  l'Orient,  met  un  frein  d'acier  aux 
lieiilils  a<l(>ra(eurs  des  idoles'  i>.  Perdue  aujour- 
d'hui 4ltu»s  les  corolirrs,  elle  enl  tîOO  000  hmn- 
nies,  autour  d'un  palais  de  rinrjuisitîon  ;  ce  f[u\'sl 
Bombay,  elle  le  fut  au  siècle  de  sa  gloire. 


Ucâsiii  Je  A.  Ou  Bar,  d'apriH  une  phofo^npliie. 


Iliu  (12000  ludi.).  sur  la  cAlr  du  Goudzaralc, 
ruurnit  au  Mozainiiiipie,  terre  portugaise,  au  moins 
fU"  nom,  d**s  travailleui-s  ou.  comme  on  dit  dauri 
liiules  les  colonies  de  plantation,  des  coulis— et* 
nom  *ien!  d'une  (nuplade  de  ee  même  rioiuharale, 
Irti  koKs.  dttnt  liond)ay  lire  en  partie  ses  »  forts 
Ut!  U  lmll<* 

Au  non!  de  llondiay,  dans  les  ruines  de  ïlnssein 
qui  fui  uiM'  rilê  portugais!'  d*'  riOOOt»  Ames,  le 
bj'roe  lusil«uien,  Ali)uquen|ue,  dori  dans  un  loni- 


lienn  radié  sous  la  ronce.  Au  temps  de  ce  vaillant 
InunniiN  le  Porïu^r.-d  Taisait  la  loi  dans  l'Orient, 
surtout  le  jon^'  de  la  a  eêlèbre  eéle  de  l'Inde,  où 
la  gent  lusitanienne  n  rcmport»^  des  virtoires,  pris 
des  tenues  et  des  rites;  elle  y  vivra  |H>ndant  de 
liMi^'s  sièeles.  au  milieu  de  nations  variées,  de  pro- 
\iiires  iidinies.  les  unes  mahométanes,  les  autres 
jiaïennes  avec  ties  lois  écrites  par  le  IkImijou  *  ». 

1.  t^  CainuOiis. 

2.  Lv  Camofii». 


IMIM 


580 


LA   TERRE    A   VOL   D'OISEAU, 


Inde  Française. — QiK*roste-t-il  a  la  France  dans 
riïuï**  ijui   ùnUïl  un    jour  si?   ivveilltT   frnnrniso? 

Ciiuj  villes  uu  vill.j^es  qu'il  ntms  osl  dôri'iulu 
d'iimuT  en  guerre,  51  100  lii-cUîirs.  290000  l!in- 
doiia  et  Muaulninns,  avcti  queUjues  Chrétiens  : 
ICOOili'  ces  »  Français  de  l'Inde  »,  Frnnçnis  tant 
soit  peu  brunis,  sont  d<?î>  Btfrncs,  1555  des  métis 
de  bonne  figure  et  de  bonne  allure. 

Pondicbory,  cripilale,  près  du  i'2''  degré  de  lali- 
lude,  a  lîJfiOOO  ilmes, 
y  compris  tous  les  vil- 
lages d'un  lerrîtnire  de 
29122  lieclitivs  Inii  de 
lambeaux  enclievéli"<>s 
dans  le  dotnnino  an- 
glais. Son  vrai  nnni, 
Pondou-tclierry,  est  l'6- 
quividcnl  de  noire  Neuf- 
bourg'  dans  la  lanjij^uo 
tanioule  ijui  rê^'ne  ici, 
sons  exi'lustoii  du  fran- 
çais, purement  j>arle 
par  nombre  d'Indiens, 
Celle  ville  borde  irne 
plage  droite  de  la  ctMe 
do  Coi'oniatult'l  ;  sjms 
port,  on  pcul  presque 
dire  sans  rade,  au  moins 
ne  connaît-elle  pas  le 
ilêau  lies  cyclones,  si 
frétiuents  sur  ce  littoral. 

Karilifil  ,  sur  ceïle 
m*yme  ciUe  de  Coro- 
mandel,près  du  !!•  de- 
gré, commande  h  13  5!  fi 
hectares,  avec  101)  vil- 
lages^ où  vivent  92  500 
personnes,  aussi  de  lan- 
gage tainoul.  Ktli'  est 
sur  rAi"selar,  brandie 
du  delta  de  la  Cavéï'v. 

Yanaon,  sur  la  Godavêry,  dans  le  delta  de  ce 
(leuve,  à  i  1  kilmnèlres  di*  la  mer  du  Bengale,  parle 
le  lêlouj,^au.  Les  5500  Yauaimnais  occupent  liSO 
hectiires,  entre  le  10*  et  le  M^  degré  de  latitude, 
sous  un  ciel  d'êlectri(|ue,  de  lourde  liumtdilé, 
sur  un  littoral  à  ly|»hons. 

A  25  kilomètres  de  Calcutta,  hoi"s  de  la  terre 
dravidienne,  en  pays  aryen,  Chiinderna<,^nr  [»orle 
en    réalité    le    nom    bengali   de  Ttîhaudrauagar , 

1.  Oii  dit  ici  des  aidées,  oiot  signînanl  aussi  bien  hameau 
qne  village. 


qui  veut  dire  Ville  de  la  Lune,  sinon  celui  do 
IVborulaunagnr  ou  Ville  du  bois  de  Santal.  Situétî 
siu*  le  même  bras  de  fleuve  que  Calcutta,  sur 
riluugli.  que  remontent  jusqu'ici  les  vaisseaux 
calant  moins  de  5  mètres,  la  Cité  de  la  Knur 
rè^'ne  sur  9K)  hectares  peulenieid  ot  n'a  que 
25  000  âmes,  reste  de  100  000  lors  de  notre  mai- 
Iriï^e  dans  l'Inde;  mais  elle  est  channante;  de 
beaux  arbres  y  parent  des  ruifios  qu'ils  seinhltMit 

soutenir,  et  qu'au  con- 
traire ils  ronversenl. 

Cliandemagor  c&l  la 
seule  ville  extradnivi- 
dienne  de  notre  lodi*; 
car  on  parle  malaya- 
\iMi\  à  Mahé,  port  boueux 
de  la  côte  du  Malabar 
ayant,  avec  quatre  villa- 
ges annexes,  8500  ha- 
bitants sur  un  territoire 
d'un  peu  moins  de  (îOOO 
hectares. 


Un  raarcliariU  jniiure  à  C^yLait,  —  [)«ssin  d'ÉmUc  Bayurd, 
d'âpre   une  pliuUïgrajiliic. 


Ceylan.  —  La  piri- 
forme  Ceylan*,  qui  a 
(i"i98  000  hectares,  re- 
îïarde  le  Dekkan  mi)n- 
dional  par-dessus  le  dé- 
troit de  l'alk  et  le  golfe 
de  Manaar,  l'un  et  Tau- 
Ire  lavant  de  leurs  flots 
des  roches,  du  STbb',de 
In  vase  où  Ton  pèche 
la  perle  au  printemps. 
La  mer  ipii  détache  du 
rooLinent  d'Asie  celle 
ile  grande  connue  dix  a 
onze  de  nos  déparle- 
inenls  n'a  qu'une  faible 
j>rorondeur;  encore  est- 
elle  ridée  de  bancs  de 
sable  et  d'écueils  qui  font  comnïe  une  espèci» 
d'rslhnie  décliit[uplé  nommé  le  jionl  de  Ramn. 
Toulefuis,  malgré  la  proximité  de  l'Inde,  malgrî» 
Il  maigreur  du  détroit,  Ceyiau,  jïar  ses  animaux 
et  ses  plantes,  ressembtt*  peiil-éire  moins  au  Uekkau 
f|u"Èi  la  lointaine  Madagascai-,  et  des  saints  i\(*n 
eu  hy])othèses  ont  (iréteudu  que  celle  ile  asiatique, 
la  vaste  II*:  africaine  et  les  Srychelles  firoiil 
partie  d'un  seul  et  même  continent  doininnl  au- 
jourd'hui sous  la  mer  des  Indes. 
t.  Conniptiou  de  Sinhola  (dTJjm)  ;  l'ile  des  Liuus. 


m 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


Commo  l'Ind<\  In  fôoonde  CeyI.in  se  dislingue  par 
des  plantes  puissantes  el  ïnagnifiques.  Dans  It*  noni 
de  Tile,  l\nnpirt>  des  arbres  *^sï  au  palmier;  dans 
le  sud,  il  y  a  vingt  millions  df  cacoltei^s.  La  can- 
nelle, si  praûlablf  aux  Hollandais  quand  ils  possé- 
daient Oylan,  en  n  presque  disparu,  mais  le  café 
a  pris  sa  jilaee  et  Jatl  la  furïufK'  d*'s  nouveaux 
niiîh'es,   les  Anglais  parlout  pn*'senls. 

Mans  les  basses  terres  qui  prennent  lout  le  nord 
de  Tile,  sou  sud-esl  et  iliverses  plaines  et  filages 
du  littoral,  le  climat  ceylandais  est  des  i>lus  eni- 
vraiîls,  tWiervants,  avec  27  A  2'i^'*  pour  moyenne 
annuelle,  maïs  h  partir  de  mille  à  4juinze  cents  inè- 
Ires  on  a  le  printemps  sans  lin.  1-e  PêdroLTilag-nlla 
(2538  mètres}  est  la  plus  liante  des  niontiif^nes  de 
Ceylnn,  gneiss  ou  granits  où  les  orages  des  mous- 
sons tombent  h  gjande  ondée,  surtout  au  versant 
ouest  du  l^ic  d'Adam  :  en  ce  junut  de  la  cote  oeei- 
dentale,  il  y  a  par  an  fi  mèlres  de  pluie,  tandis 
que  Mïinaar,  dans  la  vaste  plaine  du  nord,  n'en 
reçoit  qu'un  nièlre.  (»n  estime  ii  2  inùtres  la 
moyenntt  de  Tile.  mais  Ceyiau,  trop  petite,  ne 
an'^ne  à  sa  ceinture  d'eau  magiquement  lumineuse 
aucun  vaste  Gtiuga'  :  le  pri-mier  de  tous,  le  Maha- 
\clli  (îanga  ou  fin  des  Grands  Sables,  arrive  A  la 
splendide  haie  de  Trincomali  après  215  kilomètï^ 
seub'ment  de  course  eu  un  bassin  qui  na  qu'un 
million  d'Iieclares  ;  comme  longueur ,  ce  n'es! 
môme  pas  la  Somme;  et  comme  bassin,  la  Cha- 
rente. 

Moins  haut  de  250  à  500  mètres  que  le  Pédrolal- 
lagalla,  leSamanala  ou  Pie  d'Adam  se  termine  en 
un  roc  obêliscal  qu'on  gravit  par  des  éctielles  et 
des  chaines.  lîouddliistes,  llralimanistes,  Maliomé- 
tans,  (!;hinois  eux-mêmes  y  grimpent  en  pèlerinage 
pour  y  adorer  une  empreinte  en  la  roche,  Iraee 
informe  où  Bouddhistes  voient  le  pied  du  liouddlia, 
Brahnianistes  le  (ued  de  Siva,  Mahométans  le  pied 
d'Adam,  Chinois  le  pied  de  Fo»  et  où  de  leur  temps 
les  Portugais  virerd  le  pied  de  saint  Thomas,  Pen- 
dant les  eent  cinquante  ans  rjue  le  Poj'lugal  maîtrisa 
l'île,  jusqu'il  la  prise  de  Colombo  par  les  Hollandais 
en  îfvïfî,  la  vnrf  lusitanienne  irnideh  profondément 
le  pays,  où  l'on  parle  encore  dans  queb|ues  villes 
un  portugais  corrompu»  et  Ceylan  contient  220000 
catholiques  contre  50000  [vrnfestauts.  I.e  boud- 
dhisme y  est  la  religion  de  i  DOOOOO  homnïes,  et 
l'on  dit  que  le  tiers  des  rneilleures  terres  ceylan- 
daises  relève  des  eouverds  bnuddlusles.  Sous  le 
nom  de  Lanka,  l'île  est  au  Inin  révérée  j>nr  les 
peuples  qui  ont  garde  la  doctrine  de  Çakyamouni, 
1.  Heuvc.  rivière. 


ou  plutôt  qui  en  ont  fait  un  formulaire  imbécile 
m'i  reviennent  sans  cesse  les  quatra  mots  que 
nul  ne  comprend.  Il  y  a  600000  Hindous  de  h 
secte  de  Siva,  et  20  000  Musulmans. 

Quand  Ceylan,  la  Taprohane  '  des  Grecs,  ne  fai- 
sant pas  encore  partie  de  IVmpirode  Lisbonne,  elle 
olïéissait  i\  des  (irinces  hindous,  descendants  de 
eanquérants  qui  avaient  pris  le  pays  545  ans  avant 
notre  ère.  Vers  le  douzième  siècle,  sous  ces  rois 
indigènes,  resplendissait  une  civilisation  dont  les 
modernes  n'ont  pas  égalé  tous  les  monumentâ. 
Parmi  les  jungles  el  les  entrelacs  de  vei*dure  k 
temps  n*n  [)as  réduit  en  poudre  les  liarmonieux 
édifices,  les  has-relii'fs,  les  stators  de  Polfanai-oua, 
ville  du  grand  Plirakrama.  Au  milieu  «le  bois  aux 
lianes  infinies,  Annradjî»[toura,  aujourd'hui  Anou- 
radîjo,  plus  iineieuiu»  et  plus  Viiste  encore,  mon- 
tre toujours  pi'és  de  son  figuier  de  deux  mille 
ans  l'immense  temple  souterrain  de  Mihinlala  et 
les  ruines  d'une  pagode  en  briqin^s  dont  on  pour- 
rait faire  un  rnur  ((  épais  d'un  pied,  haut  de  dix, 
allant  de  Londres  à  Édiadiourg  w  :  on  prétend  que 
sttn  en4-einle  avait  cent  kilomètres;  son  champ  de 
ruines  est  inmu^nse.  Et  cnniment  louer  assez  la 
barrages  qu'élevèït>nt  les  Ceylandais  dans  le  nord 
de  leur  île,  là  ou  il  n*y  a  pas  de  montagnes,  point 
de  grandes  rivières,  point  de  pluies  de  mousson? 
Ils  eorrigèrenl  In  Jiature  [»ar  la  création  de  trente 
lacs  el  de  plus  de  trois  mille  réservoirs  doul  la 
moitié  comblés  ou  vidés  cl  délaiss*''s  aujourd'hui: 
ta  digue  de  Padivil  avait  25  mètres  de  haut  et 
iS  kilomètres  de  long;  son  épaisseur,  de  10  mè- 
tres au  sommet,   était  de  70  h  la  base. 

Sur  les  3  millions  de  Ceylandais  il  y  n,  dans 
le  sud  et  le  centre,  plus  {le  2  millions  de  Cingha- 
lais, issus  du  mélange  des  autoe.hlones  avec  les 
Hindous,  les  Malais,  les  Arahos.  Ce  sont  des  hommes 
petits,  d'un  rouge  entre  blanc  et  noir,  replots  de 
chair  avec  formes  gracieuses,  d'ailleurs  bienveil- 
lants, et  donnant»  ne  vendant  pas  riiospilalilè. 
Ilans  leur  langue  qui,  semble-t-il,  fui  dravidieniie, 
l'influence  aryenne  a  fmi  par  prévnloir,  grâce  au 
sanscrit,  organe  de  la  civilisation,  et  au  [wli.  or- 
gane de  la  religion;  les  (cinghalais  ont  le  in.-dheur 
de  posséder,  en  ce  dernier  idiome,  des  po^mi^ 
bouddhistes  de  500t)00  stances. 

Daris  b^  nord  vîvi*rd  S(JO  000  Tamils^riginaires 
du  Dekkan,  notanunent  de  la  ctUe  du  Malabar;  el 
sans  contfttiM'  ces  enfants  du  continent  fixés  dans 


1,  (:omi|itJon  (le  Tnmraparni,  «  liriihnte  comme  le  ctii- 
Wii  D  :  jit'tit-t'tre  /t  cause  de  ta  ctiuli'ur  ixiUfîeàtrc  du  «ol. 
laiL  de  gnei&a  déliUs. 


IM)E, 


385 


I  ai  sont  aussi  des  gens  de  celte  langue  qui 

m,  60000  h  160  000  par  an.  rôcoller  le  café 

les  plaulatiotis.   ['areils   au  Kabyle,  qui  v.i 

jnoifisoamT  dans  la  plaine,  ou  nu  Galieten  qui,  in 

veille  ca  nuiiii,  descend  de  ses  munlagnes  et  va 

luer  de  clialeur  pour  gagner  cciil   réaux,  ils 

ilteiil  leurs  \illnges  du  Dekkan  et,  rraiu*lii>:^arit 

d4^tTx>it,  loueiil  leurs  aenices  aux  gi^ands  pro- 


[iriétaires  ceylandais.  Aussi  le  noinlwe  des  Tamils 
augmente-t-il  vile  dans  Tile  :  eiiïrc  les  dénoni- 
hfemeuls  ih^  1871  et  de  1881,  ils  ucil  pnssi'  du 
eioqiiièiiic  au  «{uaii  de  la  pupiilaliuji,  et  il  sendjh^ 
ï|ue  l'avouir  leur  appurlient.  C'est  d'ailleurs  une 
race  pullulante  que  ces  Ihavîdiens  qui  donnent 
à  tant  de  ealuntes,  surtout  aux  anglaises»  ta  plupart 
des  coulis  qui  ne  sont  ni  Chinois  ni  Nègres.  — 


tut  aux  êmigrjjnls  non  dravidiens  de  Tlnde,  ils 
Ecfit  presque  tous  des  Iwrds  du  fleuve  saint. 
des  «nvirons  de  Itt-narès  et  de  l'alna. 

SOO  000  Ceylandais  sont  de  j*rovenanre  arabe, 
00  |>]utiM  drscendent  du  rroi>eini'nl  d'ijiunîgraïils 
nmlM's  HMT  les  insulaires.  15  000  iloiveni  l'origine 

ÉIrur  faïuillo  à  l'union  des  indigi>nes  avee  les 
tiens  nwllres  euroja^ens.  Portugais  ou  llollaji- 
h  :  dv  ceui-ci  bien  moins  que  de  eeuit-là,  et  la 
%Qtf  ut-dcrlanduise  a  depuis  longtemps  dis|mru 


CiDgtutaiSÉ  —  Dessin  d'Emile  Bayarcl,  d'iprvs  une  photographie. 


ïleCcylan;  les  Burghers*,  comino  on  nomme  les 
métis  hollandais,  s(Hit  mùme  devenus  de  fervents 
Anglais,  parlant  l'anglais»  aidant  les  Anglais  dnns 
toutes  les  adrninistintinns  et  [)a[)erasseries;  tandis 
«pie  les  eroiseîi  de  Lusitaniens,  plus  ii<h''k's  à  leurs 
p^res,  ne  demandent  guère  d'emplois  aux  domina- 
teurs du  pays,  lant  par  ignorance  cpie  par  insou- 
rîance.  et  la  plujiart  travaillent  de  leur^  ruaius 
dans  les  métiers  obscui*». 
1    3Joi  hoUaudoiv  :  les  bourgeois. 


38  i 


LA    TERRE    \    VOL    D'OISEAU. 


-^ 


Dans  les  districts  du  centre  rodent  les  noirs 
Voiïdiifis,  (H'iiltî»  avec  une  |H^lit(*  lùlc,  peiiple  iji- 
fitrir,  au  Lard  de  sa  fosse,  Irî's  rctiié,  dt?  ninnirs 
chnsli's.  point  ag^vssif.  11  pnrle  une  langue  pn^sque 
cinglialaise  l'I  l'on  peul  rroire  que  Veddnhs  l'I  Qn- 
glialjis  furL'nL  jailis  une  siuilo  el  même  n;Ui(»n 
de  ruée  di*avidieuno.  Seulemeul,  les  Veddahs, 
se  h-nant  à  l'rt'arl,  ne 
reçurent  poiul  d  élê- 
tneuls  nouveaux;  ils 
étaient  hrules,  ils  res- 
tèrent iKirljarcs  el  ij'ùs 
digne!)  de  leur  non]  qui 
signilie  cliasseurs,  ou, 
pour  mieux  diie,  ar- 
chers :  de  nos  jours  en- 
core, en  ce  siècle  de 
niilrailltnïsi's,  ila  pour- 
suivent l*LMi''[»hanl,  le 
K'opard,  W  «nuglier, 
Tours,  le  cerf  et  le 
singe,  n'ayant  d'nutre 
arme  que  la  (leclie  lan- 
cée par  un  grand  arc 
dur  îi  iiander  cominc 
tL'Iui  d'ilysse.  De  pro- 
che en  proche  ces  tro- 
glodyh'S  [laîisonl  i^  la 
langue  lîiniile  qui  leur 
ouvre  de  plus  vastes  lio- 
rizons. 

Le  seul  vrai  jîort  de 
Ceylun  s'ouvre  sur  la 
côte  oi'ientale,  h  Trin- 
coniali;  k*  grand  ren- 
dez-vous des  courriers 
se  trouve  pourtant  dans 

le  sud,  ît  Poinle-de-Galle,  et  la  capitule  nn-laise 
sur  h)  rive  occidentale,  k  Colombo,  ville  de  100000 
unies,  sur  une  mauvaise  rade  à  la  boueîic  du 
Kolani. 

t^>apitcile  en  temps  frais  seulement  :  en  lenqis 
chaud,  h'  gouverneur  et  les  gens  de  sa  suite 
montent  à  Kandy,  cité  de  rintêrieur  ayant  ijl8  mè- 
tres d'allitude,  au  seiu  des  tuonts,  dans  une  boucle 
du  Mahavelli  Gauga. 


Laquedives.  —  En  face  de  la  cAt«  de  Malabar, 
au  nord  du  lO'degré,  lesLiquedives(r»200lieel.in.'ît, 
archipel  de  corail,  émergent  d'une  nier  profonde 
avec  leurs  cocotiers*  leurs  bananiers  qu'auruiK* 
tout  n'arrose.  Infidèles  à  leur  nom,  l^kcha  Dripè 
ou  cent  mille  lies,  elles  ne  sont  en  réalité  que 
douze,  dont  huit  liabitêes,  puis  des  l»ancâ.  de» 

récifs,  roc,  rorviille  d 
sablon  qu'efface  en 
partie  la  mer  haote. 
10 000 à  IIOOO  h 
y  vivent,  croisé>  m 
arabe  el  parlant  le  ma- 
Invalain. 


Kaoulctiui  ou  ïiayad^trc.  - 
(l'aïuva  une 


Maldives.  —  An  sud 
des  Laqïicdives,  nu  mi- 
di du  H'  degré,  les  M-^l- 
div»?s  s'allongent  surH8(î 
kilomètres,  presque  au- 
tant que  la  France;  et 
cependant ,  toutes  en- 
semble, elles  n'enlêvenl 
il  la  mer.  quand  h'  flot 
s'est  retiré,  que  500000 
hectares;  90000  seu- 
lement (|uand  il  arri- 
ve à  son  plein.  Tout 
ciunuïe  les  Laquedives 
on  les  fait  innombra- 
bles, jusqu'à  oOOOO,  et 
leur  pseudo-roi ,  qui 
obéit  à  rAngleterrc, 
s'ajipelle  conqilaisain- 
ment  le  monarque  de^ 
Treize  provinces  cl  des 
iKtuze  mille  îles  :  mais  à  peine  y  en  a-t-il  un  demi- 
mille,  dont  175  peujjlées.  Oji  y  vit  h  l'iimbre  du 
c<n*ulier,  sur  sable  el  corail,  an  lior-d  de  la  mer 
ou  lie  la  lagune  autour  de  lai[uellc  s'arroiidis- 
seid  régulièrement  l(*s  Iles  maihéporiques.  Issus 
de  (Jnglialais,  veinés  d'Arabes  et  d'Afri(îains,  les 
lîiO  000  insulaires  des  Maldives  parlent  un  pa- 
tois du  cinghalais  et  professent  la  religion  de 
Mrdïomet. 


-  DoMÎn  «le  A.  do  NcuvinGi 

pl)Ljitof;r.i|t|i>c. 


!M>()-rjlI\E. 


385 


Voulin  à  nz.  —  Dessin  do  fiohin,  d'après  une  photographie. 


INDO-rJIlNE 


Pression  de  l'Inde,  pression  de  la  Chine.  — 

Dur  de  ppuples  qui  non!  jftmnis  portt^  bioii  loir» 

audnce  et   leur  gloire,  snuf  irs  Malais  qui  sl^ 

[soot  (Jisiicrst's  Hans  un  immense  nrchipel*.  ce  vaste 

prjB  n*i  point  de  dotii  nalioiinl.  Nulle  de  ses  tribus 

'Des*é(aDl  a^ndie  en  une  nation  prépondêrnnle, 

la  pneaqulle  Irnnsgangêtique  n*a  pris  lu  nom  d'au- 

rnne  dVIIes.  Klle  renferme  des  Mramnas  ou  Bir- 

nnant,  des  Thaïs  ou  Sinmois.  def;  Laotiens,  des  Mu- 

[lais,  des  CAmlMxigiens,  des  focliiarliinois.  dea  An- 

aile»,  des  Tonqiiinois,  mais  elle  n'est  devenue  ni 

nnJe  ou  Dinnanie.  ni  Thaïe  ou  Siamie.  ni  Lao- 

I.  Il  o'eat  m^mc  po»  bieu  %ûr  que  les  Valnis  aient  ea  pour 
t  {M trie  rindo-Cliine. 
(k  Rtctvt,  U  TniR  *  TOI  ft'oaKic, 


lie,  ni  Malftisie,  ni  Cambodge,  ni  Cochinchine,  ni 
Aiinaniîe,  ni  Tonquin. 

Klle  n'a  qu'un  nom  gtVigraphique,  tout  de  situa- 
tion, et  d'ailleurs  admirable,  car  riiido-tlfirue  est 
avant  tout  la  ti'ansitton  enlre  l'Inde  et  la  tJiine. 

A  mesure  que,  du  «tellri  dn  Itêogale,  on  s'avance 
vers  rUrienl,  on  voit,  en  général,  des  hommes  de 
plus  en  plus  chinois  dans  iiiie  nnlure  de  moins  en 
moins  indienne,  vi  qiiiind  un  «irrive  au  Tonqiiin, 
il  si>mb1e  tpi  on  soit  entré  dans  tine  provinee  de  la 
Chine  du  Sud,  toute  din'èrenee  de  lant^ues  à  part  : 
encore  ratmaniile  a  l-il  tie  fort  grands  rapports 
avec  le  langage  du  très  vieux  et  tr^s  foirmillant 
empire. 

40 


aiiaiia 


S86 


LA    TERRE   A    VOL  D'OISEAU. 


Ce  que  ne  dit  pas  le  nom  d*In(Io-Chine,  c*esl  que 
cet(c  cliersûnèse  forme  aussi  l'nnneaii  intermé- 
diaire de  In  chaîne  des  choses  entre  l'Asie  et  ce 
grand  archipel  de  Mé^alonésio  qui,  du  monde 
indien,  mène  air  monde  australien,  moins  louffu, 
bien  moins  grandiose. 

Côtes,  monta,  fleuves.  —  L'Jndo-ilhine  enferme 
environ  218  millions  d'heclares^  quatre  fois  la 
France,  avec  55  â  5fi  millions  ti"âm<*s. 

Knlre  mer  des  Indes  et  mer  de  Chine,  elle  s'ap- 
puie au  loin,  duns  ses  districts  non  connus  ou  mal 
connus  de  nous,  à  rilimâlaya  oriental  ou  Sin-clian, 
nœuds  ignorés  d'où  lui  ari'ivenl  ses  monts,  d'où 
lui  viennent  ses  eaux.  Vers  le  sud,  elle  enfonce 
enlre  ces  deux  marnes  mers  la  plus  pénétrante  îles 
presqu'îles,  longue  de  1200  kilomèlres  et  trLîs 
étroite*  surtout   à   sa  racine  et  vci-s  son  milieu. 

Pour  une  surface  d'un  tiers  inférieure  h  celle 
de  riude,  rindo-Cfnne,  que  frangent  de  grandes 
baies,  possède  un  bien  plus  ^aiid  linéament  de 
côtes.  Peu  de  contrées  du  Globe  sont  aussi  fécondes 
sous  un  ciel  aussi  magiquement  créateur,  peu  sont 
aussi  bien  situées.  M:us  par  mallieur  ce  n'est  pas 
la  santé,  c  est  la  maladie  qui  sort  de  ses  arroyos, 
de  ses  forêts  el  marais,  de  ses  lêpidités  et  de  ses 
moissures  qui  sont  pourtant  une  source  éternelle 
de  \'u'. 

Elle  a  peu  de  plaines,  et  c'est  là  son  défaut;  les 
vallées  de  ses  grands  fleuves  sont  séparées  par 
d'abruptes  cfiaînes  qui  font  de  chacune  un  pays 
profond,  allongé,  isolé.  Ces  chaînes,  courant  du 
nord-ouest  au  sud-est»  il  serait  enfantin  de  les  dé- 
crire, car  on  les  a  très  peu  parcourues,  très  peu 
mesurées  en  altitude,  très  peu  ordonnées  et  fixées 
sur  la  carte.  Rarement  elles  dépassent  2500  ou 
SOOO  mètres,  du  moins  dans  rindo4^lïinc  méridio- 
nale, car  l'Indu-Chine  du  nord,  atlossée  à  l'IIimÛ- 
laya,  lance  fieut-éire  des  pics  sublimes,  et  Ton 
domïe4l75  mètres  au  Doupha-Boum,  à  la  frontière 
seplenli'ionale  de  la  Uirmsnie,  b*s  montagnes 
de  la  presqu'île  de  Malacca  sont  un  petit  monde  à 
part,  qu'une  dé))ression  coupe  des  autres  chaînons 


indo-chinois;  leurs  pics  culminants  semblent  un 
peu  supérieurs  à  2000  mètres. 

Deux  des  fleuves  de  l'Indo-Cbine  sont  des  maîtres 
fleuves,  avec  delta,  grand  passage  d'eau,  course 
très  longue.  L'un.  l'Iraouaddi,  coule  en  Birmanie; 
l'autre,  le  Mékong,  qui  s'engloutit  sur  la  rive  où 
naufragea  Le  Camoêns,  appartient  à  la  France;  no 
l'a  remonté  jusqu'en  Cfiine.  mais  son  cours  tout  à 
fait  supérieur  est  encore  un  mystère.  Le  Salouen. 
fleuve  birman,  roule  aussi  de  larges  flots:  le 
Ménam,  tleuve  siamois,  n'a  pas  autant  de  gran- 
deur. 

Au  bord  de  ces  fleuves,  un  soleil  tropical  Tu 
neste  aux  Européens  brille  sur  une  végétation 
spiendide  ainsi  qu'eu  tout  pays  d'eau  et  de  chaleur, 
sur  des  plantes  qui  sont  celles  de  Tlnde»  de  b 
Chine  ou  de  Java,  sur  des  bêles  massives  comme 
réléphani  et  le  rhinocéros,  ou  sveltes  comme  le 
tigre,  sur  des  hommes  de  races,  de  langues  dif- 
férentes. 

A  l'ouest  du  pays  de  Siam,  une  antique  influcnre 
de  rinde  se  révêle  dans  les  noms  des  lieux,  dcf 
monts,  des  rivières,  qui  sont  d'origine  sanscrite; 
une  influence  nouvelle ,  celle  de  l'Angleterre, 
tend  à  en  faire  ime  annexe  de  l'Inde;  Ùileutla 
y  est  ta  ville  où  régne  la  puissance  et  d'où  %îeDt 
la  lumière;  les  Anglais  de  l'Inde  dominaient  sur 
une  partie  de  la  contrée,  ils  ont  pris  l'autre; 
enfm  depuis  qu'ils  y  commandent,  rélémenl  hindou 
s'accroît,  el  chaque  année,  surtout  en  temps  de 
famine,  des  mîllieis  de  riverains  du  Gange  vien- 
nent louer  leurs  bras  aux  planteurs  —  peu  à  |»eu 
s'étend  de  la  sorte  le  domaine  du  bengali,  lune 
des  langues  aryennes  de  l'Inde. 

En  somme,  if  y  a  dans  l'Indo-Chine  un  Occident 
plus  ou  moins  anglo-birmano-hindou  ;  un  Milieu 
Ihaï-chinois  â  Siam;  un  Orient  franco-annaniilo- 
chinois;  enfin  un  Midi  malais-chinois  dans  la  pros- 
qu'ile  de  Malacca. 

Politiquement,  elle  comprend  :  l'Imlo-Chine  an- 
glaise, le  Siam.  les  Kints  malais  plus  ou  moins 
inféodés  à  rAnglelori-e.  l' Indo-Chine  française,  pos- 
sédée ou  protégée  par  nous. 


I 


^8 


LA  TERRE  A  VOL  D^OISEAU. 


Iraouaddi-  Salouen.  —  Li  Birmanie  que  gou- 
vernait un  despote  esclave  de  sa  seule  fanlnisie 
ÎTii()eniïle  e!  roynie,  s*nllo!ig(;  Ju  nord  au  sud,  le 
long  de  l'IraouaJdi  et  du  Saloueii,  ses  grands 
fleuves. 


I/Irnouaddi  ne  continue  pas,  comme  on  Ta  pu 
eroire,  le  très  grand  torrent  du  Tibet  orii'nLil,  le 
î)zang-Bo  ;  ce  n'en  est  [>as  moins  un  iïeuve  majeur 
Soigncnsemonl  mesuré  pendant  dix  ans,  il  apf)orl*î 
à  la  mer  indiemie  un  flot  très  puissant,  15600  inè- 


Iiidigène  des  lie»  Atulanian    (Vuy.  p.  ôUO.)  —  ThMia  de  G.  Fullird'uprèâ  une  pliotogrsphie 


très  cubes  pai'  seconde,  avec  ioOOet  ÔGOÛO  pour 
eilrêmes  :  c'est  le  hiuiube,  le  Uhi^nc  et  le  (Miin 
ensetnlflr.  PourLinl  lellede  ses  }4<irp^es  llV^l  large 
que  de  ^0  mètres,  mais  Tunde  a  Ib  mètres  de  pro- 
fondeur et,  vertigineusement  rapide»  elle  court 
plus  vile  que  le  cficval,  h  mison  de  six  lieues  l\ 
rbeurct  Dans  la  Birmanie,  rccenmienl  encore  bir- 


mane» il  baigne  des  sites  de  vieilles  capitales,  rui- 
nes superbes;  dans  la  llirmanie  depuis  |i!ns  long- 
ti'mps  anglaise,  il  roule  devant  IVonie,  et  à  ^2'20  ki- 
KMnètresà  vol  tl'oiseau  de  l'Océan,  s'épanouit  en  un 
délia  de  4  000  000  hectares  que  remanie  inces- 
SLunment  le  fleuve»  terriblement  actif  dans  ces 
alluvions   labuurccs  et  relubourêes  par  les  crues; 


3U0 


LA   TKRRE  A   \0L  D'OISEAU. 


jamais  une  inouddtiun  n'a  cauverl  la  ((  Caiiiarguo  n 
lie  riraouaddi  sans  y  changer  le  dessin  des  ilos  de 
bouCf  des  argiles,  des  sables.  l'I  Siiiiâ  ittudificr  Tcn- 
Ircliicis  confus  des  bras,  des  sous-bras,  des  coulées 
vives  ou  mûries,  des  iiiaruis  de  la  ^ruudisâimc 
«  KdU  birmane  )».  I^niis  Tinsiaiit  presonl»  c*est  par 
neuf  braiicluîS  principales  fjue  l'Iraouaddi  s'ouvre 
eti  mer.  Son  vnii  riinn,  nom  aryen,  Aïravàli,  veut 
dire  le  lleuve  des  Éléphants. 

De  riraounddi  au  Salouen,  qui  lui  est  plus  ou 
moins  parallèle  à  l'E.,  il  faut  monter  le  l*é^^)u- 
Yoma  ou  chaîne  du  Pégou,  qui  n'est  guère  haute  ; 
descendre  dans  le  val  du  SilUng,  fleuve  très  secon- 
daire, qui  n'en  thviine  pas  moins  un  bassin  égal  à 
plus  du  dixième  de  la  Frajice  ;  gravir  le  Pouugloun^, 
dont  un  pic  alleint,  croit-on,  5190  mùlres  et  des- 
cendre encore. 

Le  Salouen,  moindre  que  Tlraouaddi,  parce  que 
moins  de  nuages  crèvent  sur  les  sierras,  presque 
toutes  incormues  encore,  dont  il  rassemble  les 
eaux»  le  Salouen  vient  des  terrasses  de  la  Chine 
méridionale.  Successivement  chinois,  birman,  sia* 
mois,  il  passe,  même  en  son  cours  inférieur,  dans 
des  elrunglcments  extraordinaires  ayant  h  peine» 
de  rive  à  rive,  50  mètres  pour  un  fleuve  dont  les 
crues  roulent  convulsivement  20000  mètres  cubes 
par  seconde. 

Les  Myamas  ou  Birmans.  —  Les  Birmans  s'ap- 
pellent eux-mêmes  Myamas  ou  Bamas,  ja<lis  Mram- 
nas,  et  leur  nom  viendrait  de  Brama. 

Celle  supposition  permet  aux  Birmans  de  se 
croii'e,  de  se  dire  issus  de  l'Inde,  des  bords  bénis 
du  Cango  ;  mais  leur  lig-ure  plate,  à  peu  pivs  chi- 
noise, dément  celte  origine:  ce  n'est  pas  chez  eux 
qu'on  trauve  nez  d'aigle,  œil  laidement  ouvert  et 
barbe  de  (leuve. 

Petits,  ils  sont  bien  pris,  bien  portants,  Icslcs, 
robusles,  courageux,  d'heureux  naturel,  gais,  in- 
souciants, prodignes,  sans  préméditations  ni  ran- 
cunes. Leur  langue,  le  birman»  très  pauvre  en 
formesp  u  te  monosyllabisme  du  chinois,  mais  elle 
est  umins  indigente,  gn'kee  ù  queltjue  antique  in- 
fluejice  des  beaux  idiomes  de  l'Inde.  Le  hélel  tun- 
jours  entre  les  dents,  comme  tant  d'Européens  et 
d'Yankees  la  chiqne  à  la  bouche,  les  Myamas  par- 
tent très  indistinclemeni  :  «  c'est  un  peuple  de 
bredouilleurs  ji. 

Une  aulre  langue  autrement  pleine  et  sonore, 
qui  n'est  ni  la  sœur,  ni  même  la  parenle  du  bir- 
man, et  qui  vienl  d*une  plus  noble  origine,  le  pali, 
sert  aux  rites  de  la  religion,  cl  en  quelques  points 


a  rang  d'idiome  oBiciel.  Ainsi,  les  graudes  \ille& 
du  pays  ont  deux  noms  :  un  nom  vulgaire  en  bir 
man  et  un  nom  plus  relevé,  pour  ainsi  dire  aci- 
dêniiqne,  en  pâli;  et  ce  dernier  s'emploie  seul  m 
style  adtJHuistratif.  Bii'e  que  le  pâli  est  langue  of- 
licielle  et  ndigieuse  chez  les  Birmans,  c'est  dire 
que  le  bouddhisme  règne  en  Birmanie. 

Les  Myamas  donnneni,  et  de  beaucoup,  par  \e 
numbre  dans  leur  Aché  Payi,  c'est-a-dire  dans  h 
Contrée  Orientale,  ainsi  qu'ils  nomment  le  pays. 
Mais  à  côté  d'eux  vivent  d'autres  races,  et  tout 
d'aboi'd  im  million  de  Karen  ;  puis  des  cenlaioes 
de  milliei^  de  Chan,  parents  des  Siamois  ;  ensuite 
diverses  peuplades  stMTii-harbfires  ou  même  sau- 
vages lout  à  tuil;  cl  5t*0  000  Hindous  Iravailîcun 
de  leire  que  chaque  saison  de  plantation,  de  r^ 
colle,  augmente  notablement;  enlin  15000  Euro* 
pèens  et  Lurasiens. 

Les  Karen  i^arlent  un  langage  monosyllabique 
chatiliinL,  en  n<imbi^ux  dialectes,  connue  eu\* 
mêmes  sont  disloqués  en  une  foule  de  peuplades 
qu'on  rimge,  suivant  la  couleur  des  habits,  eu 
Karen  Blancs,  Karen  lîouges,  Karen  Noirs.  Us  ont 
tout  l'air  d'appartenir  à  rhumanilé  mongole. 

Villea.  —  Kn  Birmanie,  les  capitales  naissaient 
dun  caprice  royal,  elles  mnuraient  d'une  fantai.si^ 
du  souverain. 

C'est  Mandnlè  (190  000  liab.),  à  4  kilomètres  de 
riraouaddi,  qui  possédait  le  palais  de  l'empereur 
des  K  bredouilleui's  »  quand  l'Angleterre  a  confis- 
qué la  Birmanie.  Hepuis  bientiM  ijuarante  ans  elle 
avilit  pris  la  place  d'Amarj^pouia  ou  la  Ville  do 
rimmorlalité,  autre  voisine  de  ce  même  Iraouaddi. 

Amarâpoura,  vers  la  lin  du  siècle  dernier,  «vait 
succédé  à  la  cité  d'Ava,  en  pali  Ratiia|X»ura  ou 
Ville  des  Biamants,  qui  est  niainlenaul  un  champ 
de  ruines  dressant  des  temples  aux  loils  bfancs 
uu  dorés  d'où  l'on  voit  le  site  de  la  \ille  d'Im- 
mortalité, lei-s  le  nord-est,  à  deux  lieues  seule- 
ment: car  ces  deux  vieilles  a  reines  »  des  Myamas 
naquirent  et  moururent  tout  près  l'une  de  Taulit;, 
et  c'est  dans  leur  proche  voisinage  que  vient  df 
naître,  que  grandit  la  jeune  (i  reine  »,  Mandalè. — 
Cette  superbe  plaine  où  l'Iraouaddi  Réchil  en  tn 
grand  délour  est  le  nœud  vital  de  la  BimiaDie. 

Ava,  qui  régna  d'ailleui*s  pendant  plus  de  quatrt 
cents  années,  à  partir  de  1364,  avait  enlevé  le 
sceptre  à  Pagan,  autre  riveraine  de  l'Iraouaddi. 
métropole  pompeuse  qui  levait,  dit  la  légende. 
9990  pagodes  dans  le  ciel  lumineux  de  la  Birmanie 
et  mille  au  moins  sont  encore  debout.  Quant  aui 


BÏRMAME. 


301 


4èi»ris  dos  bâtiments  autres  que  les  édifiri^s  reli- 
tii  ou  militaires,  ils  sont  rares  ou  absents  â 
Pjigan.  à  Ava,  h  Amnrâpoura.  à  Sn^iiîii,  qui  fut 
aussi  jadis  une  capitale  des  Myaiiins,  sur  les  col- 
lines qui  font  face  à  A\a,  pnr-de^sus  la  <i  rivière 
dei  Élt'phants  u. 
Oue  pcul-it  rester  après  quelques  siècles,  dos 
lisons  de  bambous,  simples  cabanes,  où  logent 
^fcs  Birmans  pauvres,  el  des  demeures  en  bois 
qu'babitent  les  Birmans  fortunés? 


Mnndalè  régnant  dans  In  Birmanie  de  [lOiivelle 
conqui^lo,  Rangouii,  ville  de  180  000  liabitantfi.  u 
préséniice  sur  les  cites  de  la  Birmanie  depuis  pltis 
longtemps  aimexée.  Peu  éloignée  de  la  mer,  elle 
borde  trois  rivières,  ou,  si  l'on  veut,  trois  coulées 
du  delta  de  l'Iraouaddi. 

-l"*  Établissements  des  Détroits,  presqu'île 
,de  Blalacca.  —  La  colonie  que  les  Anglais  nom- 
ment  LtaLlissements  des   Di-troils  {Strails  SelLle- 


t,. _.. 

■  bmteaui,   \Nellesley.   Touiou-Saggar  et    Malacca, 

■  nr  In  rive  i>ccidenlale  de  la  pres(|u*ile  de  Malacca, 
et«leitv  iles  riveraines,  Poulo-Pinang  el  Singa(>our  : 
pQs«^iblc  6  701200  hectares,  avec  925000  habi- 

.  Uabis»  l^hinois.  Hindous.  Eurasiens  et  Blancs, 

dt*ri]iers  au  nombre  de  'iOOO,  et  les  Em-asiens 

ie  8000;  dans  la  presqu'île  ce  sont  les  Malais  qui 

il,  et  dans  l«»s  Ile»  ce  sont  les  Cfiincns. 

trois    bunbcaux    de   lerre    ferme.    M:dacea 

?  Mt  illustre  ;  le  lirritoire  de  Welleslev  el  celui 


Ttfliple  ruint-  Ue  t'jt^ju.  (Voy.   p.  392.)  —  fivtsjuda  laoc^luL 


de  Toulûu-Saggar  n'onl  poiul  niiti-qué  dans  l'bis- 
toire.  Malacca,  puissante  jadis,  passa  des  Malais 
aux  Portugais,  puis  des  Lusitaniens  aux  Néerlan- 
dais, enfin  de-s  Hollandais  an\  Anglais  qui  la  gou- 
vernent, mais  toute  leur  activité  n'a  pas  encore 
ressuscité  coUe  ville  morte,  peuplée  d'A  peine 
20000  âmes  où  résonne  un  malais  veiné  de  portij- 
gais  et  un  portugais  corrompu  veiné  de  malais.  Du 
sage  .Néerlandais,  qui  ne  se  cmise  pas,  toute  trace 
est  efTacée.  Profonde  au  conlrain*  est  la  Irare  des 
aventuriers  du   Tage  el  du  Minlio;oii  l;i  n^ti'ouve 


502 


LA  TEnRE  A  VOI.  D'OISEAU. 


ici  dans  ros  noms  de  fnniilles  si  conïmiins  en  toute 
Icrre  por1ug;iisc  :  Souza,  Carvallio»  PtM'oira,  Al- 
fnriila,  ATuinulc,  Teixeii*a,  Albuquerqiir.  et  l'Inc- 
viltihle  I)u  Silva;  mai?i  ces  hniiinu-s  hniriZi'S,  voirL- 
nairâtros»  billards  <lo  Ciiiinnrdps,  parlonl  un  hisil^i- 
nien  i'i  ons  îrilejverlis  '  où  le  verbe  un  ^ui'vo  f|u'(a»e 
seule  ïiersonne*  et  que  trois  temps  :  le  présent, 
le  [insse  qui  se  Ibrine  avee  h  pjirtiriile  jà  ^,  le 
futur  qui  se  Tonne  avec  h  paWieule  îogo^.  Ainsi  se 
font,  se  défont  et  s'en  vont  les  langues. 

Poîilû-Pinang.  —  Poulo-Pinnng'  ou  l'îte  des 
Aréquiers,  en  faee  el  non  loin  du  lilloi-al  de  Wel- 
lesley.  poite  des  rnorils  de  pins  de  1000  mètres; 
elle  est  snluhre.  Anglaise  depuis  eenl  ;nis  (1786), 
elle  n'ii  pas  prdè  son  nom  courlisanesque,  banal 
afTreiisenient,  d'île  du  I^j'inee  de  (îalles.  mais  sa 
eapil.'ile  a  retenu  le  uiuri,  loul  aussi  vidgaire  el 
courtisanesqne,  de  Gcoi*getown.  Les  Chinois  équi- 
librent h  eux  seuls  Imts  les  autres  eli**tnetits,  les 
Malais,  les  Taïuiles  iiniuij^'rés  Je  l'Inde  nu-ridionide, 
les  1500  Djaouï-Pékans,  niélis  de  Tarniles  el  de 
Maldri,  les  Atiylais,  les  autres  Blaries  d'Kurope,  les 
Kui-isii-ris.  l^lle*  posstuii*  le  séminaire  caUiolique  de 
ri'Alrême  Orient,  dont  il  sort  des  missionnaires 
d'un**  foi  merveilleuse;  mais  l'Orient»  qu'il  soit 
hindou,  malais  ou  elituoîs,  semble  se.  refuser  â 
devenir  chrétien. 

Singapour.  —  Singapour*,  Singnporc  ou  la 
Ville  des  Lions,  lout  an  sud  de  la  presqu'île  est 
deveime  r.ipideiuent  ïun  ries  grands  lieux  dimmi- 
gralion  de  la  (lliine,  et  de  celte  île  nmhiise  appar- 
tenant à  rAjigleterre,  la  rare  assidue  qui  admire 
t^nnlncius  a  fait  une  terre  aussi  chinoise  que  la 
t^hïue  elle-mOnie.  Bien  au-dessous  d'eux  viennent 
les  Malais,  puis  les  Tarniles,  les  Javanais,  les 
lUancs»  la  foule  des  Cosmopolites.  Agée  de  luoina 
de  soixante-dix  ans»  Singapour  est  uu  port  excel- 
lent commandant  la  Mer  des  Passages:  ou  appelle 
ainsi  Tensemble  de  chenaux  par  lesquels  le  détroit 

1.  Ou  a  rcniari|ui*  que  ]h  où  le  portupais  d'Eui*ûpe  donne 
à  un  iiniii  If  fteiire  masculin,  le  porlugais  ili  Malncca  lui 
aUriltui'  le  réiiûiiiii,  cl  <\in\  rëcipraqueiiieiil.  fes  Ii-minins  Uiî 
la  tjiipic  d'Euro[M?  dovieiHicnt  des  jn:isruliiis  ù  M.iIjcc^j. 

2.  I.E1  Iruisiùnie  |icrs(uit)v  ilu  siii^uluT. 

3.  Ce  tjui  veiU  dir^:  itéià. 

4.  Co  qui  si^criilic  :  biriiltU. 

5.  Ce&t  lui  tiuui  matais. 
d  C'tyst  un  uuin  âansciit. 


de  Malarca  s'ouvre  sur  la  vague  qui  bat  h  Vouesl 
Suuï.ilra,  à  l'est  Bornùo. 

L'Angleterre  tend  à  faire  passer  sous  sa  loi  toute 
la  [trosqu'île  de  Malacca.  à  la  niveler  sous  son  toul- 
puisNinL  conunerce,  et  surtout  à  la  dènalionali:>er, 
non  pas  h  son  profit,  mais  à  celui  dâ  sji  connnère 
la  Chine,  qui  est  ici  la  fontame  des  bonnne^.  la 
source  du  travail,  la  prêteuse  de  briis,^*t  aussi  !« 
prtMeuse  d'argent  ;  mais  pour  le  moment  la  pèniiH 
suie  dt'fïeiul  encore  en  grande  parli*^  du  royauiae 
de  Siain  ou  a  conservé  sa  vieille  indépendance.  Ce 
que  l'Anglais  régit,  ce  que  le  Siamois  pressure,  ce 
qui  obéit  ou  désobéit  à  divers  princes  du  cru, 
loutt"  la  livs  longue  «  flèche  d  malaise  peut  ren- 
feiTuer  1  (iOO  000  personnes»  moins  que  notre  dé- 
partement (lu  iNord,  sui"  une  aire  ôr  25  milliirus 
d'hectares  égale  à  piés  de  la  moilié  de  la  France 
On  a  proposé  tie  cou[)er  dans  sa  partie  septentriiv 
nale,  â  l'istlnnir  du  Kra,  celte  langue  de  terre  sép- 
raiit  lude  et  Chine,  les  contrées  les  plus  riches  au 
monde;  le  massif  à  percer  n'a  qu'une  trentaine  de 
mètres  de  surreclion. 

Iles  Andaman  et  Nicobar.  —  En  mer,  sur  le 
traji'l  d'uu  arr  de  cercle  qui  réunirait  Ir  delta  df* 
l'iraou.'uldr  à  la  pointe  seplentrionale  de  Sumatra» 
s'égi'ène  le  chapelet  des  Arulaman  et  des  ^iicohar. 

Les  îles  Andaman,  ayant  010  5(X)  hecUres  avec 
IjOOÛ  habitants,  ajqiarliennenl  à  rAngletcrre,  qui 
y  déporte  les  condamnés  dont  elle  débarrasse 
l'Inde;  elle  en  a  parqué  HïOOO  au  Port-Blair.  Dan» 
leurs  forêts  vont  et  viennent,  habiles  A  lancer  lu 
llèche,  les  Andaménes  ou  Mincopîes,  rac^  noire 
f(»rl  p4*tile.  où  les  hommes  de  moyenne  taille  ont 
à  peine  J"',ôO,  ei  les  géants  l'°,60.  Li  terre  la 
pins  «  continentale  n  de  l'archipel,  entre  le  lO'el 
le  15- degré,  la  Grande  Andaman,  longue  de  250  ki- 
lomètres sur  une  largeur  huit  à  dix  fois  moindre, 
suppoi'te  un  nuiul  de  ÏHM>  méti*es. 

Au  sud  des  Andaman,  les  fiévreuses  Nicobar. 
peuplées  de  Malais,  relevaient  du  Danemark  qui 
les  a  cédées  à  l'Angleterre.  Sur  177  100  hectares 
ayant  pour  Olympe  une  cime  de  720  mètres,  elles 
seul  la  patrie  de  550t)  sauvages,  grands,  bien  dé- 
couplés, et  Tasile  involoritairc  des  galériens  que 
les  Ati<;Iiiis  y  relèguent  dans  le  beau  port  de 
Nankaourî. 


Siam  :  le  Hénam.  —  Siam,  royaume  despotique 

ir^  d*-  l'empire  Birnunn  au  sii-ele  dernier,  borde 

g(dfe  de  Siam,  qui  s'i^nfonce  au   loin   dans  les 

tire*  n%er  une  .iinpIiMir  de  mer,  eiilre   \:\   |»res- 

*ile  de  Mdlacca  it  l'ouest  el  les  côtes  si.imoisos. 

n>il^iennes  et  rochincliinoises  à  l'est.  Ce  gidfe 

1,'frOO  kilomèln^  de  rives  ne  reeoil  poiul  ou 

|r  ri'^oil   plus  le    Mékontf,  Ires  graiïd   fleuve  en 

arlie  siamois'  dtud  les  niluvious  oui  enlevé  dùjh 

\a»les  espaces  î\  l'Ùcêan;  mais  il  en^loulit  le 

ou  Mère  des  ondes,  rivière  moiailie  tpie  le 

ng  et  ce|HMidant  puissante,  ronuiie  riiidiquc 

$on  nom.   sturlout   sou    nom    eoitiplet,      Tcliuu* 

r  Oa  plutAt  Siarii  ;  a  Uo9  |trétciittuiis. 

O.  Uictri.  U  Tenue  a  roL  ii*oai;&r. 


[>hya-mé-nani,  mot  à  mol  :  Prince,  chef,  mère  des 
eaux.  Le  Mt^nniii,  né  <<uv  les  confins  de  la  Bir- 
manie, ap[*nrlieul  lout  entier  .iti  Siaiïi  et  il  en 
haigrïe  t.-i  hrilliiiile  el  hruviinle  eapilale;  des  barres 
obstruent  les  embouchures  de  ses  chenaux  del- 
Uiupios  et  les  lourds  navires  n'y  peuvent  entrer. 
I.e  royaume  de  Siam  s'èlend  sur  76  niiltions 
d'Iiertares  et  ne  possède  que  h  à  (î  niilli(»ns  tl'ba- 
bitanls;  mais  il  faut  ronsidèrer  que  la  plus  ;;raude 
|*arlie  ties  Siamois  se  jiresse  dans  In  vaMéiM'l  dans 
le  dell.i  {\u  Méiiam,  l'spère  de  l!i>ll.Trid<.'  ferlilisèe 
[iiiv  les  débordenu'tits  périodiques  du  llruve  el 
toute  rayée  de  ciiuaux  qu'ont  ca^us^'s  ili*s  terras- 
siers chiuois.  Le  reste  du  paya,  désert  immenset 


504 


LA    TKIUtK    A    VOL    n'fUSEAU. 


forêts  ci  niûntiijïnos,  ne.  ilemnudi^rnil  qu'ïi  priHluir*' 
et  iirodiiiiL*  onriHv,  uyaiit  sul  pioloiRl  el  puissaul» 
chaleur,  eau  des  iiioutis. 

Thaï,  Chinois  et  Laotiens.  —  Sur  Its  5  i\ 
6  iiiilliuns  d'iiiibitaiits,  on  compte  2  millions  de 
Siamois  ou  Tliaï,  \  500  000  Chinois  répandus  dans 
les  villes  et  les  bourgs  où  ils  foui  louti^  alTuire 
d'industrie  et  loutt*  alî'aire  d'argent,  un  rnilliun  di' 
Lov:i  ou  Laotiens,  500  OUO  Malais,  300  000  Oujibod- 
gicns,  etc.,  etc.:  tous  chiffres  érninciamenl  hypo- 
tluMi'pies.  Les  Laotiens  sur  le  luoyeii  Mékong,  et 
les  t^itun  sur  le  haut  Méiumu  appartiennent  à  l.i 
nation  des  Thaï»  sauf  qu'ils  sont  plus  droits  do  race 
que  les  Thaï  policés,  lesquels  ont  rempli  leur 
saiig  d'éU'iiunits  malais,  birmans,  eand)i)dgiens, 
surtout  chinois;  au  fond,  les  Siamois  du  pijys  de 
Bani^kuk  sont  des  Laotiens  ra*;otniés  à  l'adminis- 
tration ortetît;ili\  c'esl-à-dire  'lu  servage  muet,  et 
ù  la  politesse,  chinoise,  c'est-à-dire  au  mensonge. 

Le  pi'uplc  ré^ïiorit  des  Siamois,  [)leitï,  nous  dit- 
on.  de  ijiialilcs  JiitelleclUL'IU's  et  morales,  alTrc- 
tueux,  joyeux,  di''bonnaire,  manque  de  beauté 
[tbysiijUL';  il  a  Jrop  l'eMipreinle  (chinoise,  ainsi 
(pjc  sa  bingui',  [KjfN'mi'iit  nioiiosyllobi(pjt;.  Le  boud- 
dhisme ri'fîue  lyramH'(|uument  en  ce  paya  ou  l'on 
révèe'e  le  Çakyauïouni  de  l'Inde  sous  le  nom  deSom- 
meiiacodouin,  en  do  siquTbes  pEigodes  qu'on  bâtit 
avei'  amour,  m  Iiuit«'  splendeur,  puis  qu'on  laisse 
â  leur  sort,  eu  ne  les  réparant  jamais.  Les  labi- 
[Mtins  ou  prêtres  de  Boudilbn  sont  irraudenieiit 
honorés  par  les  deux  rois  de  Siîuii  —  Biuigkidi, 
SUIS  ^tre  Sjinrle,  a  deux  rois  h  la  fois  sur  le  trône, 
mais  te  premier  roi  seul  est  vraimeiil  roi. 

Oiioique  Thaï  signifie  homme  libre,  les  Thaï  ne 
L'oanuissent  ^uêre  de  la  liberté  que  le  nom;  on 
prétend  même  que  saremivai,  régner,  veut  dire 
litléralemenl  :  dévojvr  le  peu[>le.  Une  bonne  partie 
de  lii  nation  est  esclavi'  pour  rause  de  detti's. 

Villes.  —  La  cjipilale,  ù  demi  tîniioise.  ville  de 
COO  000  iiines,  s'o[tprlte,  de  son  nom  vulj^aii'e, 
Bangkok;  de  âou   nom  rcli^ieus,  en  bngue  [.ali, 


Tlianabouri;  et.  de  son  nom  officiel.  Si  Ayoulhi» 
Maiia  ou  Grande  Cité  des  Anges,  Elle  a  renipbro 
Ayoulhia,  métropole  détruite  il  y  n  ce4il  el  quel- 
ques années  par  les  Pégouans  cl  située  sur  le 
Ménam  comme  Bangkok.  Ayouthia  régna  de  lÂVl 
â  I7G7;  morte,  elle  a  laissé  des  ruines  lua^nii- 
iirpjcs,  également  belles  par  In  nalure  et  pnr  l'art. 

Bangkok  bortie  les  canaux  du  lleuve,  impur  et 
profond.  Au  sein  d'un  delta  plat  connue  les  pol- 
ders hoUandaiSt  noyé  plusieui-s  mois  de  t'annù' 
par  les  crues,  la  ville  des  Thaï,  confusément  jetik* 
sur  des  ilols  vaseux,  est  une  Venise  orientiile. 
maisons  en  bois  de  (ck  et  templrs  bttuddhiqtii^s 
coiftés  de  toits  à  tuiles  [Hontes;  des  i*ues  de  Inju- 
tiques  y  flollent  sur  des  radeaux  de  bnrnhous. 

lue  autre  et  défunte  métropole»  nuyesliiciis*! 
dans  sa  solitude,  Angkor*  fut  la  reine  du  gmnii 
peuple  presque  oublié  des  Klunei's.  Elle  se  \h*' 
tout  au  sud-est  du  ro\aume,  daus  le  Camboil^o 
siamois.  |>rés  thi  Tonlé  Sap,  grand  lac  qu'uue 
rivière  saus  pi^ute  unit  au  grand  lleuve  cochinchi- 
n(ïis  par  un  eouranï  qui.  suivant  la  liauteur  des 
eaux  du  Mékong,  va  du  fleuve  nu  lac  ou  du  lar  iiu 
lleuve.  Les  Khmers,  dont  elle  était  Torguei!.  danu- 
nèrent  an  luîti  et  laissi^rent,  pour  trace  d»*  leur  sil- 
lon dans  riiistoirc,  des  monuments  i|ui  nous  ècn- 
seul  de  leur  grandeur,  et  qui  malgré  leur  masse 
(Hi(  rartis(i(pie  beauté. 

Tem[*les  où  l'on  se  courbait  devant  Indra  ou 
devant  VichnoUr  dieux  de  l'iiule,  maisons  de  prio- 
ces,  avenues  grandioses,  routes  droites  boixléè-*  de 
statues,  terrasses,  escali*^i*s  gardés  par  des  monstres 
de  pi(*rre,  lossés  dallés  et  nunvs,  lacs  faits  de 
main  d'homme, bustes  géartls  du  Bouddlta,  énormes 
roi'ps  d'iinimaux  réels  ou  de  bétes  chinïériques, 
nulle  part,  fût-ce  en  Egypte,  les  deruiej*s  témoins 
du  passage  d'une  forte  nation  ne  sont  pliis  Wo-  , 
f|uents  tpu*  lians  le  silence  du  désert  d'Anglpor. 
Os  ruines  étonnantes  que  la  lorél  tropicale  attaque, 
et  qu'elle  finira  par  vaincre,  touchent  de  prés  an 
l^anihodge  que  nous  pr*jh'geonsde[>uis  une  vingtaine  , 
daioïi-es,  elb-s  en  r4'raieut  partie  sons  T  incurie  cl 
l'ctourderie  de  la  France. 


S9d 


LA   TERRE  A  VOL  D'OISEAU. 


INDO-CHINE  FRANÇAISE 


Ex-empire  d'Ânnam.  —  l/ex-enipir<>  d'Annnm 
ii'esl  plus  <\\U'  l'iirtilin'  di^  ltji-tnt''m{^  :  If  th'Hn  tlii 
Mékong  (ui  CtvMiiiifhiiie  frain;iMS(*  ap|j:ii'lient  tïi- 
rectprnenl  à  la  France;  le  Tonquin  reçoit  aussi  nos 
or(ïr<*s.  Sfvtis  iittc  ;ip[>;in*tiri'  tlo  ])roliu*tornJ  ;  li» 
Cocliiiirliint^  aiiiiainiU*,  t'iruit  liltural,  es!  lorcL'i»  de 
nous  ubéir,  l»1  nous  la  proU^geons  aussi.  Avec  le 
C.*iinbud{,a\  ('•g:nlennMil  prutt^gi's  nous  corninaudiuis 
ici  i[ii<4i[Uo  vingt  millions  {riiorutncs,  sinon  plus 
encore,  sur  un  territoire  dépassant  5^  miUioii^ 
d'Iu^rtan's,  soit  IVliniduc  do  la  France. 

La  (Auliinrhine  française  et  It*  Caïubodgc  ont 
pour  lleuvc  le  Mékong;  le  Tonquîn  envoi*?  ses  eaux 
au  Fleuve  Rouge;  TAnnani  ne  eonlie  nu  h  f^n'.'inil 
réservoir  »  que  des  courants  fort  brefs  (la  mon- 
tagne longeant  de  fort  près  la  mer)  en  même  temps 
qu'assez  pauvres,  ta  mousson  du  sud-oueiit  épuisant 
ses  pluies  sur  b?  versant  oceidenlal  de  ladite  mon- 
tagne, tourné  vei's  le  Mékong. 

Le  Mékong.  —  Comme  du  Nil  dont  on  ignora 
les  yoiures  peruian(  des  luilliers  <rauuées'»  on  no 
sait  pus  encore  lu'i  le  Mékong  radie  ses  premières 
fontaines,  probablement  ses  premiers  névés,  peut- 
élre  si's  premiers  f^laeiers.  Tout  re  *[u*4»n  peut  af- 
lîj'nior,  c'est  qu'il  uail  entre  (lliine  et  Tibet,  (mire 
le  Salouen  birman  et  siamois  i\  l'ouest,  li'  Yaug-tsé- 
kiariL^  cbiuois  à  Test,  4 1  que  sons  un  nom  fnntasli- 
(jue-,  lel  (jue  les  (finnois  les  pmdij^^ieul,  îl  tie  lord 
dans  d'afl'reux  passages,  à  de  ténébreuses  profon- 
deurs. Quïind  il  pénètre  elu'z  les  Laoliens,  frèi-es 
rustres  des  Siamois,  il  est  grand;  (|uaud  il  entre 
chez  nous,  en  Cambodge,  il  est  immense.  iJans  sa 
travei-sée  4lu  Laos,  il  se  porte  deuï  fois  vers  l'orieul 
comme  poui*  allei*  se  perdre  dans  la  nn*r  «lu  ïiiu- 
quin  en  lace  de  File  diimuse  d'IlaJuan  ;  même  il 
s'en  approclie  à  45  lieues,  mais  sa  pente  le  re- 
porte deux  lois  au  sud^  tautiU  par  de  très  larges 
ép,/uouisseinerds  de  Ht  — jusqu'à  [ihis  de  21)  kilomtV 
tiCs  de  largeur  en  un  réseau  de  brandies,  —  tantôt 
par  des  étroits  eKtraord inaires  —  jusqu'à  iOÛ,  50, 
même  AO  mètres  seulement  entre  rives,   mais  alors 


1.  lïe  fiii(  011  loi  lniinre  tyiijooi*s  :  on  Juiinnît  seulenieut  \v 
t;r:u)il  lac  i{iu  esl  te  Ix^'tiiiiii  du  IIlhivc*. 
t2.  Fleuve  du  Grand  Dru^^'oa   :   Uintxan-ltïang ,   Kinlon^- 


il  n  i>lns  de  100  mèlres  de  profondeur.  De  grands 
f.qiides  éfiarpillent  ou  roneenlrenl  ses  e;iux.  sui- 
vant les  caprices  de  la  roelie;  les  plus  lerrililos 
sont  au  passage  des  grès,  en  amont  du  Sc'mouu. 
grand  (rit>iilairo;  les  derniers  abaissements  lirus- 
ques  de  nivt^-m  précèdent  de  peu  l'arrivée  du  fleuve 
en  Cand>odge,  tels  les  rapides  de  Sabphc  pI  de 
PapluMig  ou  cataractes  de  Khong,  à  tort  noniint'â 
cascades,  car  les  \apeurs,  non  sans  elTorts,  1»*^ 
remontent.  Au  pied  du  h  ralcli  »  ultime  le  Mékong 
se  ressent  déjd  de  la  inai'ée;  <*l  désormais  le 
voila  qui  voyage  sur  ses  ren»blais.  car  b*  Tonlé- 
Thon  *  des  Cambodgiens,  le  CapitJio  des  Agiias*  du 
Canioëns,  a  conquis  sur  la  mer  pi'csque  tout  ce 
qui  est  Camboilge  et  Codiinclune. 

iV'vajit  l'noiri-FénIi,  clief-lieu  du  Cfimbodge.  le 
Mékong  se  tlivise  en  llou\e  Antérieur,  eu  fleuve 
Postérieur  et  en  Tonlé-S;qi  .  Antérieur  et  Posli'»- 
rionr  v(mt  au  midi,  vers  FOcéan  ;  'roiilé-Sip*  au 
noi-d,  pendant  115  kilomètres,  avec  700  à  800  mè- 
tres de  moyenne  largeur,  vers  un  grand  lac  au\ 
rives  diangeantes  qui  s'appelle,  du  nom  de  la  ri- 
vière, Tonlê-Sap. 

La  rivière  Tonlé-Sap  vient  et  s'en  va  comme  la 
nrer.  Qnnnd  scjufiîe  la  mousson  du  sud-ouesl,  pro- 
digne en  [ïluie,  elle  ctmi't,  profonde  «b»  ^0  mèlres. 
vei's  le  lac,  et  lui  apporte,  tant  que  la  crue  diuv. 
un  flot  puissant,  en  tout  «pjelque  ^5  à  56  milliards 
de  mèlivs  cubi*s  d'eau.  D'eau  et  de  boue,  â  dirr 
vrai ,  puisque  le  Mékong  entraîne  en  son  flot 
liOO  millions  de  mètres  cubes  de  terre  et  débrif 
par  année,  —  et  l'on  adiin*!  qu'il  comblera  le  lac 
du  Cambodge  en  doux  siècles.  En  attendant  cet 
effai^einent  th'  la  gnmde  lagune,  le  déversoir  inb'r- 
mittent  di's  crues  «In  lleuvc  Iranslorme  on  un  k-is- 
isirï  de  110  kilomètres  de  long,  de  25  de  large,  de 
ï5  il  1 1  nïétres  de  creux,  de  150  000  à  lOOOOObec- 
lîires  d'onile  jaune  la  nappe  de  "20  000  becMiY? 
environ,  avec  au  plus  \  à  5  pieds  de  pi*ofondeur, 
(pie  la  .saison  sèclie  a  laissée  dans  celle  plus 
basse  dépression  cambodgieime.  Avec  les  derniers 
jours  de  sejiliMtibre  linit  la  crue  du  Mékong  :  alors 
le  Meuve  baisse,  et  la  rivière  Tiudé-.*^ap,  revenant 

t.  iiraiide  lUvicre. 

5.  tl-ijûlaino.  roi  tlos  eaux. 

3.  Klcuve  d  Luu  duuce,  en  cauiLwlgicn. 


ïîfDO-CHÎNE  FRANÇAISE. 


399 


i-Pi^nh,  vide  presque  toul  le  lac,  en  même 

e  le  boivent  les  rayons  du  soleil,  n  l'ei- 
de  l.-i  cuvette  centrale,  qui  est  nu  inépui- 
vier  de  |H>i.s$ons  comestibles. 

1  de  l*n<5ni-Pénli.  fleuve  Antérieur  el  fleuve 
ur,  longs  de-  200  kilomètres,  passent  en 
bine  el  s'y  entreliceiit  par  des  arroyos  ou 

nii\   branriu's  du  VîiÎco   el    du  Doiinaï, 


petits  fleuves  devenus  avec  le  lcm|»s  presipie  indé- 
pendante du  grand,  mais  qui  jadis,  d.ius  le  l>»s  de 
leur  coui-s,  en  l'uivul  des  branches  deU;iiqurs.  Sur 
ces  arroyos  itcusl^s  dnns  la  vase,  sur  les  bras 
du  Vaïco  el  du  lïonnfiï,  sur  les  coulées  de  TAnté- 
rieur  ou  rivière  (bî  Mytlio  comme  sur  celles  du 
Pusiérieur  ou  rivière  di*  Bassac,  tant  dans  la 
il  Plaine  des  Joncs  »  (jue  dans  les  sols  nioitis  aflli- 


rouclies   el  roseaut.  la  (erre  de   tout    ce 
s  inc<uisistante.  annuetlerneiil  reMotnillée. 
n»hauss*M\   mérite  ■\   [leu   prés  |>;t!loul 
lien  nom  cambodgien  <tc  Tuc-Khinau,  c'esl-à- 

u  noiro,  ou  encore  la  Boiie. 
t«»rse  ù  rOcéan,  que  cbiHiue  jtiuril  lUuuiiue. 
lit»  daii  aguas  du  poète  des  poètes  lusila 
4>n  ne  l'n  pas  encore  assez  jaugé  pour  b- 
frxaclement:  peut-êtn-  12000.  ir»OO0  mélres 
ne   le   (i.iiii,'e   ihi    ririnui.'iddK  nvi-c   des 


iiiininia  d«»  2000.  2r»00»  des  nmima  de  7:>U0<l. 
I7ist  un  très  grand  fleuvi*  au'juel  on  suppose  une 
longueur  de  5500  nu  iOOO  kilomélivs. 

Basse  Cochinchine.  —  Par  nippori  à  la  lîrnnde 
ntJ  jilutOt  1.1111^04'  (!<ic]i]nrliirii\  ou  riufiiiirbiiii'  An 
jKtiiiilt'.  ta  laisse  Cocbinchiiie,  Pt'tile  Cifcliincbiur, 
^iochiiuliine  pranvaise  est  au  sud-ouesl,  sous  le 
9',  le  10''»  le  H'  degré  de  l.ililude  Nortl,  par  eon- 
séqucnt  sous  un  ciel  Iropieul.  presque  èquatorial. 


ÏFRRE    A    V5L    DOlSÉAuT 


Les  Annamites»  ffui  la  colonisèrent  on  ces  der- 
niers siècles*,  en  refoulant  les  Oinibodgîens,  ses 
\ieux  mailresr  ]ui  donnent  le  nom  de  Pays  des  six 
provinces,  et,  moins  administrativement,  celui  de 
pays  de  Gla-Dinh. 

C'est  une  région  de  6  millions  d'hectares,  en 
deux  nfïlïirps  de  coutn^e. 

A  l'ouest,  au  centre,  au  sud,  c  est  ]a  Terre  Basse. 


Ir  ^nd  doltn  du  Mékonpavec  son  fleuve  Postérieur 
ol  les  cinq  ou  six  branches  du  fleuve  Antérieur;^!. 
au  nord-est  de  ce  puissant  fouillis  de  vase,  le  petit 
delta  des  mviniidons  annexes.  Vaîco  et  lk>nnnî. 

Au  nord-est,  à  l'est,  c'est  la  Terre  liante  :  haiilp 
relativement,  ol  qui  n'est  pas  un  Toîl  du  monde. 
La  Dame  Noire*,  cnlnien  de  la  Corhinchine  fran- 
çaise, y  monte  à  884  mt'tres. 


SuMaU  et  c;iv;iIh.m    >io  >r\i-^vu    —  I>»siii   ili'  P.  Frilel,  iJ';ijirt".  mu.'  {ilioLot^rafilitc. 


Sur  eau  Ci  niillimis  d'hectares  vivent  environ 
1*jr>O00Û  personnes.  Que  de  jdace  encore  dans  un 
pjiys  si  mouillL*.  si  chaud,  si  rt^rtih\  lU  tulleinent 
;dhjvii)nn:iir**î  M.'iis  li's  Fraiieiiis  n'en  proliteroul 
guère.  i\ons  ne  possédons  pas  sur  le  bas  Mékong 
une  terre  comme  lAl^nu'ii',  on  nous  pouvons  nous 
renunvelcr,  saut"  r[jreii\*'s  d';H".clinia(('rn*'riL  pinir  la 
jn'i'iniôn'  iîi'*néra(iiMi,  t'lseuh*ni*"nl  pour  li*s  fainjtles 
issues  de  t.i  Trance  du  Nord.  Encei'e  mttins  avons- 

1.  A  [KU"tir  de  10->i). 


nous  conquis  sur  ce  fleuve  un  Canada  où  niillc 
hommes  devi(*nnenl  vinf,'t-cinq  mille  en  cent  vingt 
ans  —  sur  le  sol  corhincliinoïs,  vingt-cinq  mille 
lïlaiH's  se  rrtlniniiiMil  plnltH  à  inilli*  »»n  un  siiVli*. 
dans  un  air  liunïide  el  ton-ide,  toujours  |w'sint. 
accablant,  cnervanl,  sans  chaleurs  sèrlies  et  siiines, 
sans  IVnii'heur  tpii  irpose,  sans  fflace  qui  revi- 
^orc  :  â  Sait^on,  le  mois  le  [dus  froid  de  j'armif.i 
pour  moyenne  ti7",  le  plus  e]i;ind  tï'ayantque  SD''.^*"'' 
1.  Lu  auuainilL'  :  Nui-ba  dinli 


INnO-t:illNK    FRANÇAISE. 


401 


ic  ci*»ux  t'|prlnf]in^s  1740  niillimMres 
'an.  Aussi,  bien  ijuVIIf  s'è***iulo  riiniii- 
Uni\v  rindo-<!liiiio  orienliile,  cl  ((ii'ii- 
}0  arriver  uii  jour  à  dii-ij^fr  dvs  cargni- 
vcrs  lous  les  porU  du    monde,  cnlte 

iw  iiifritiî  p;is  ro  nom,  car  ce  n'ost 
Comptoir.  nï'V*Mll«Ta  jamais  chez  nous 

ur  (|u<>  lo  Vieux  Cinada  ou  la  Jeune 


Algt'rir.  Iji  lerre  soumise  h  pnrlir  de  1851)'  ne 
vaut  ni  celle  que  nous  perdimi^  reni  ans  aupa- 
ravant'.  ni  celle  où  nous  doljanjuâmes  eu  !8Ô0. 
Klle  uVmgmenlci*a  noire  nom,  notre  lorce,  que  si 
nos  écoles  clmssenl  du  pays  le  pauvre  idiome 
imiKyllaltique  di's  C<>e))iti4*[iinuis  et  des  Tonquinois 
devant   la    très  gloi'ieuse  langue  de  France. 

Des  1 1»5000U  habitnnU,  plus  de    I  75(nH»0  soni 


it 


.•.roi, 


'ii---i 


-M 


!■■■■■■ 


^!r^ 


Rade  de  Saigoo.  —  De^i^ln  tl«  Tti.  WcIkt,  d'iprte  une  photû^pvphlo. 


iînoift,  plus  de  100  (KKI  des  (landiod- 
D  de»  (Ihinais,  dottt  un  bon  (piarl 
'opium,  quelques  niilliei's  seulenient 
••  pit^que  tous  Français,  et  des  nuHis 
ile».  b*s  l'.ochinrltinois.  qui  sont  des 
Atim'^  de  Oandiml^iens,  de  r.hirmis, 
rpfwrntblent  trait  pour  tniil  h  leurR 
CiH'ldnchine  pnttégt^e  et  du  Tonquiu  ; 
rlierelier  tlier  eux  ni  grande  laille, 
«  ni  forr«  pbyftiquc.  ni  rrnnrliisc  et 


fierté  de  rnrficlère.  mois,  tout  nu  ronlniin*.  les 
jnmlM's  courtes,  les  ponmiettos  siillantes.  le  nez 
*H!rn8é.  les  yeux  oldiqiies.  petits.  Ijridés;  leur 
eor(m  a  la  s<njf»lesse;  leur  esprit.  l'intellijctMice  et 
la  luse;  leur  caractêri\  la  palienr.e,  la  bonté,  l'a- 
inour  de  la  famille,  le  inoM  de  l'étude  :  au  nioiu8 
de  létuMc  l'acilc.  Il>  parlent  nu  dialecte  île  l'anna- 
mite, langue  monosyllubitpie  prempie  cliinoiM>.  lU 


402 


■  A   TERRK  A   VOL   b'OISEAIÏ. 


croii'iil  tni  Biiiiil(][ia  ou  f'unt  siinljlanl  d'y  rroin*. 
Us  r.iiltivonl  K-  riz,  soiivtiiil  (n*iii}>ôs  danti  Vomi 
iiisf|(j'à  la  rciiilUîi',  itidi'S  liiiits  li'iirs  Ir;iv;itlX  p;ir 
fies  liul'tlt's  s;iu\;iyL's  diml  ils  savciil  si*  rjiii'c  iWjV'ir, 
mais  qui  rourenl  sus  îi  llMiropiVn;  dans  I<k  fart*'l*î 
ninlsniiM's,  la  jifmllii''n'  irLicld'.  niujiissri'  ri  [kvU*  à 
sf  lii'liMidir;  le  li^^i»  aussi,  rjiii  *sf  sjdi*ndid(\ 

Colrtfiin  di*  l'.liiutî  bien  plus  t|iin  dn  Fnuirrn,  h\ 
Cocliiiii'tiiiit^  rv^'ijil  rn  ^^'aiid  ftoinlM'c  d4»s  iiiîiiii- 
^^ciuils  rldiiiiisfpii  s'ciiipait'iiï di*  Unis  Icîs  inrlici-s» 
qui  fonl  toult*s  les  alTîiires  vi  (jiii,  n'ajin^mitit  pus 
dtr  fi'inriit's  n\oi:  rux,  st.*  nit^lcul  :iux  indi^à'iios  vi 
vu  ivlitMUpenl  iiirossjuïiitif'iil  l.i  i"ire  jwiur  lous  les 
cuniiiats  de  la  vie  [jratîqu**. 

Saitcon ',  el  ihhi  pas  Sriï^^oii,  In  cnpilalc,  a 
(iOOOO  ;1(nos  avec  son  fiiiibourg  cliindts,  CbolniP. 
Bien  qu*'  silure  assSeï  avnrjl  dans  l'iiid  rieur,  sui' 
un  <'d]luent  du  lK>nnau  les  pUm  grands  navires  y 
iiioiitetiL 

Cambodge.  —  Soumis  depuis  IS^m  .lu  pi'olec- 
t(HiU  de  la  France,  lien  qu'on  serre  d<»  plus  en  plus 
elroileuteiiU  le  fi:iiid)odi^'-o  passe  pour  oltêîr  ù  un 
rni  gouveriianl  en  a[)parencti  1500000  liuuuiies 
sur  environ  40  d'heetîires, 

Dos  proviiiees  n'-gios  par  les  rois  de  iSiinu,  uu 
royaume  iiiréudè  à  la  France,  voilà  1uu(  ce  i]ui  vil 
encore  du  grand  empire  des  Khmers,  jadis  si  glo- 
ïleux,  ci  i\ni\[  il  resie»  vers  le  lac  Tordê-Snp,  de 
iiïerveilleu\  rh.niqjs  tje  ruines  aver  quekpjes-uus 
des  plus  beaux  rnouiirnenfs  des  liomines.  A  eu 
juj:<'r  par  lis  temples  d'Aii*;kor,  r'est  du  dixième 
au  qualor/iètne  siiVIe  <pie  le  [veiijile  du  Muliri- 
noeor'*  inotiira  sa  fortM»,  c'est  alors  <pi'il  bâtit 
pour  rél(*rnilé,  si  Féleruilé,  sous  le  elimal  de 
riiulu-Chine,  dans  lerrervesceule  arlivile  des  fo- 
rets, entre  ]i*s  lianes,  parmi  les  pluies  el  les 
trombes,  pouvait  durer  plus  de  rp^u^lrpies  inisé- 
ribles  <'rn1aiues   d'années. 

Au  lemps  de  sii  vigueur  et  splendeur,  l'empire 
ries  Ivluners  remontait  an  loin  le  lleuve  auquel  on 
a  tionnê  l'un  des  deux  noms  de  ce  peuple  —  car 
les  KhnuM's  s'appelaient  aussi  Kanqwujti^hêa,  mot 
dont  les  preniiei's  exfjlorjileurs  <les  bouefies  du 
Mèkoh^\  les  l'ortiigais,  (ireul  le  mot  moins  dur  de 
tiandiodsi'i'.  Ils  teignaient  sur  les  e'(tritiv(*s  deveiujes 
le  royaume  de  Sïani  et  sur  (out  le  délia  de  leur 
immense  riviùri^  avec  les  cflinargues  anneies,  jus- 

1.  La  Gia-Dinh  iï<'s  Anii.unilps  —  même  nom  que  ci'Iui  Jn 
pays. 
S.  A  7  kiltiinôlFfft  dp  dÎHlanrc. 
3.  Ce  nom  cambodgien  çi^nilic  Grand  liopuinc. 


qu'aux    Ireux    où    la   rôle    f*oebin<dn noise    tourne 
(Vaneliemeiil  vers  le  nord. 

Kes  AimamiU^s  leur  on!  ravi  la  Owbirïrlnnc 
basse,  par  la  eulonisalion  [tins  (jue  par  la  ^'uenv; 
les  Siamois,  nyaiit  repris  rindêjMjudanee,  ont  pid- 
pit'tè  sur  iiMirs  anrietis  maîtres  el  soumis  dw 
(inivinees  klunéroplnnies  tians  le  bassin  du  (innd 
Lar;  puis  esl  venu  le  jcuir  où  pour  êcliappt'r  à 
\mv  iiioi'l  cerl;iiiie,  au  partage  d'une  l'oloo^ic 
oi'iiMitale  entre  iliMix  et  non  pas  trois  rigoureui 
dos[>oles.  le  Cambodge  s'est  julé  dans  les  bras  delà 
France. 

C'est  sous  l'iidluence  de  l'Inde,  aux  grands  dieux 
de  laquelle  ils  eunsucr^rent  leurs  temples,  quu  h*3 
Candiodiîû'us  fiirenl  grands  el  ftH-ouds.  el  suis 
ibuile  ipi'ils  doivent  quelque  cbose  de  leur  sang 
an  sang  de  la  gangêtique  presqu'île.  En  loul  «s 
Fur   lati^^ue  esl    a  aryenne   ». 

Su[>êneurs  pur  le  caryclère  aux  peuples  de  leur 
entourage,  aux  Siamois,  aux  Coelunrliinoi»,  aut 
Anuamiles,  ces  riverains  du  Mékong  et  du  Tonlù 
Sap  ne  foiU  guèn^  que  les  ti'ois  quarts  on  les  quatir 
ciiupiièmes  de  la  population  du  tiainijodge.  l'aulr»! 
quart  coiu|»reiianI  des  CJùmds  el  des  Annimiili-s  : 
ceux-ci  conliuueut  lïâliemmenl  la  rolouisation  qui 
leur  a  déjà  valu  la  liasse  Coehinchîne  '  :  ce«t-ï:i 
vieuneul  faire  lorluiie  dans  les  \illes,  dont  la  prin- 
cijhile  esl  Pnrtm-lV^idi. 

rnôni-IVnïi  (ITiOOO  hrdi.).  capitale,  domim*  It^ 
Qualre-Hras,  dans  une  silualion  pres(|ue  uniquf  îiii 
nniiide;  on  nonmie  Quatre-Bras  IVndnMl  où  TodI**- 
Sa[),  fleuve  Antérieur  el  (leuve  Postérieur  se  delà- 
rïieiU  du  Mékong,  Ml  plus  gi-and  que  le  Nil  dam 
une  alluvion-bion  plus  ample. 


Annam,  Annamites.  —  Do  la  Cocliinchine  fran- 
çaise» delta  du  Mékong,  au  Tonquin,  delta  dnSonif- 
koï.  l'Annam  s'étend  (ht  sud  au  nord  sur  près  d'une 
di/..'îine   de    degrés,    d  environ    lO'TïO'    îi    20^;  et. 
dans  l'aiUre  sens»  du    rivage  océanique   ft  la  rive 
gauche  du  Meuve  Mékong,  à  li-avers  des  monlagnrt 
peu  explorées  encore  qui*  s<'»parent  1res  neUcnicnt 
deux   climats.   Olui    de  Fesl.    de  la  crête  de  ii 
sien-a    jusqu'aux   (Utis   de   la    mer,    t'sï   bnilitiil. 
sec  ;    celui    de    l'ouesl ,    soumis    6    la    niou&HHi, 
est   tort  burtude;  aussi  le  vei*sanl  ot tentai  n'H-l-il 
que   des    lorreuls    uuugrcs,    d'ailU-ni-s     suis  C5- 
pace   devant   eux,  puisque   le   pied    de   la  chaîop 
liinche  presque   air  rivage;  mais  re  sont  d'afiï|'I''^ 
rivières  qui   roulent    du    versant  <Kvidcntal  vi'(> 
l'énorme  Mékong.  Panni  les  baies  (quclqiics^m'S 

1,  On  oâtîmo  leur  itiimita*jlir)ii  ù  GOD  par  mois. 


L 


jndo-cium:  fuancaîse. 


403 


lK*lli*ïi)  »|ur  vont  cherclior  à  l'osl  les  toul  ihUîLs 
[  flcu^x*s  CiMiers.  il  on  est  une  nu  moins  ct\i4liiiirn- 
l»I*«.  In  \iiw  de  Tt)ur;ini».  au  sinl-cst  lif  Mur*,  ihins 
ri>u(MiJri'fiii*iil  (li's  monts;  siiîwtTif  l'Iitmif,  li'Jnur, 
[la  M*aiainc  hriiniotiso  ou  linipidc.  Ii'  riol  nuiigouK 
nu  ftiiirrlnnt,  olle  ressiMiiblc  h  li'l  li'Kil  tk»  \or- 
vêg*\  il  U'I  lac  dos  Alivs,  jiu  1,'uiro  «t<'  Niiplos  ou  ;*i 
1^  bahin  de  lUo;  elle  est  vaste,  stlrc,  profonde. 


4\-ipal)li?  dtîs  plus  grandes  (loties.  Par  Tonnuu» 
connncnç.i  noln»  conquôte  de  rindo-<^liino  ;  l;i 
iM'ance  y  n*sï;i  deux  ;jiis  (18"i8- I8W))  cl  n'y  l;tiss;i 
qu'un  ciriietïèiv  dt*  Mddids  l't  in.uiiis  inoris  d'un 
l-tvs  lourd  climat.  Mais  si  rAniiarn  devient  pro- 
spôrt',  une  f;r:iii<li'  \ille  y  |>eiil  ih'dlrc. 

Ainsi   resserré,  comnu*  élouiïi'    sur  sa   rôle   (».ir 
di'^  monts  iiiviables,  souvent  pelés  ou  avec  bois 


Vn  lim^  Ui)   Uckutig   A  Viiilt-Lont;.  —  Dc&mh  Uc  .V.    tic  Bar,  d'apri'»    une  |iliolu(^pbio. 


^^^^^Wh  et  f>nrtint  sur  leurs  phdeniix   «tes   peu- 

^^HV^uvages.    rAiniani    n Vnf relient    |)euL-élre 

qnp  5  millions  d'hoinines,  sur  plus  de  20  niilliuns 

d'bM'tJire».    |l«*    ees   lionnn(*s,    les    Aniiiindles,    on 

conoftit   |>eii   l'orifrint*  ;    on   |t*s   r.dlaflM'  *\u\  hi 

fuatm.  ou  aun  M^duis,  ou  encore  aux  Chinois,  nnx 

ils    re>seirddtMd    exlri^nieinenl.    au    dedjins 

Mtue   au  dtdiors.   Kt.    |iar  surrroil,   ils  doivcid 

^Imtl  à  la  Ùiine.  ndruinislndion.  us  H  coutumes, 

^1  manières,  pliilosophies,  religions  et  doc- 


Irines.  Leur  lan;;ue.  ipii  n'e**!  au  foml  rpj'uii  dia- 
lecte eliinoi^.  ils  l'éci neid  aussi  Lien  eu  leKjrs  elii- 
noises  que  dans  les  caniclen^s  nationaux,  lesifuels 
sont   é^.'derneiil   i(lro^^r;i[tlii(pies. 

Aussi  r\iiiKiiiHl»s  rcroiiiiaissiinl  ranlériorite  et 
lii  su(»èrioril''  dr  l'honmio  «iu  Milieu,  ap|adle-l-il  le 
Chinois  :  •(  uu»n  uuele  ». 

Kux-ni«>ines.  ils  se  donnent  le  nom  de  Cino-elii. 
doid  la  si<;ninr;dit»n  prèle  aux  controverses. 

(Juiint  au  non»  d'Aruiam.  pour  Ngan-imn,  il  \eut 


AiH 


I.A    TKni^I:    A    V(H.    fi'OlSEAU. 


dire  la  Paii  du  Mitli,  ïi*  Sint   jiaeifiê,  iKiisiljl**.  I.ti 

pays  do  \\u^,  lAuwwn  propn'TiîPnt  dit  avrr  t'xrlu- 

sioii  de  la  f  jfrltiiirlHiio  vi  <lu  Toit(](iiii.  n  dru^  luttiis 

ollicicls  :   ,N;iit]  ky  ou    iv^ioii  i)u  Sud,  le  Toii(|uin 

ôUiiil  le  Itac-ky  ou  iv- 

•iioii  du  Ni>rd;  rï  K.iit'^- 

Irong   ou    lîiiul^'    iiili-- 

rieuro,    \iM'    upinmlnm 

iiu  ïiiii<[tiiiK  <[iii  ''sl   lo 

hiiii^-iip»;n  ou  HiHiU;  t'V- 

Iv  ri  ru  IV. 

Ilur'  ((îtXMl  hid).). 
c;i|»il;iK*  do  la  CiK'hin- 
rliiut',  el  do  li>ul  Foiii- 
]iii'o  d'Aiin.-ini  avant 
l'îH'j'ivt'e  rli's  Frnnrjiis, 
iKji'do,  non  loin  do  1/ 
uiiM',  un  Iknivi'  d(^  pru 
di'  prufoiKUnir.  Sn  ci 
tadidlo  est  dîuis  nos 
iiinins,  gîi^a*  rrd{iut;»bUî 
coiilre  les  fimrht'rios  et 
K's  lïnliisons  de  l'eni- 
(M'ivuj'd'AiHunn;  ce  des- 
pote onlouiv  de  iiiinida- 
ririH  fiutripems  t'sl,  on 
[ïeut  enùie,  notre  pire 
ciinciiH.  Mieux  certes 
eût  valu  Tannoxion  [>ure 
et  sinijile,  ear  les  n  pin- 
loeloi'alH  «  sont  des 
niensougt*s. 


inilièie  eliiiioisp;  les  rflsos  lôg^res  sous  des  arbres 


svelles,   li's  fwiirgs,  l<îs  villes  s'v 


sous  • 
touchent. 


C'est 


Tonquin  :  Camargue 
du  Fleuve  Rouge.  — 

l'jilre  (kîîi  iV*»iilièi'es  ieî 
iniléi'iseïj,  la  innunuie-s, 
Je  pays  du  Nord  [Bac-ky) 
des  Annfunîles  de  lluè, 
leur  Route  extérieure 
(nanfj^-iifïoaï),  notre  Ton- 
<\u'\u  on  Tonf:-king[  peut 
avoir  10  à  \)1  mil- 
lions d'heelares.  Tong- 

kirt»;,  eorrupHiMi  de  l)<iiif,'^-kinp,  veut  dire  la  Crtur 
d'Uiferd  :  tmtw  ipri'  porlïi  l.t  ^r.'ji)d<'  ville  ilu  ynM'» 
llanoL  |iar  opposition  à  uue  tlour  d'Herident  (Tay- 
kin^O.  l'^rten^sse  el    eitè  délruiti'  anjourd'lini. 

JlH-nts  sa  jvu'tie  [ilnne,  diiiis  le  tlella.  fait   ft'nne 
inépuisable  alluviuti  rmige,  Il  ressemble  ù  la  four- 

1.  On  devrait  {iruiiuiicer  lUmè. 


GrsiKÏ  niaiiilnriM   annamite.  —  Vmtii'm  de  E.  Hunjat, 
(l'Êtpn's    iiJie  pbutographJc. 


poniqnoi  il  y  a  bien  12  millions  d'Ames,  prolwlili*- 
nieiit  plus  que  moins,  imlreinent  dit  au  delà  d'un 
lioriinie  par  luxlare. 
dans  ce  pa\s  dool  les 
rêf^ions  hautes  sont  ou 
presque  vïdca  ou  tout 
à  fait  désertes. 

La  Birmanie  et  leSiam 
bordent  le  Tonquin  à 
l'ouest  ou  pliitc^t  de  ce 
e<Mé-là  s'étendent,  fort 
peu  parcourus  jusqu'il 
ee  jom%  des  jwys  dont 
les  peuplades  livs  sau- 
vages sont  tenues  d'o- 
l»éir  à  la  toute-puis- 
sante Angleterre,  pnw 
UHirice  des  Birmans  ou 
aux  deux  rois  iinpuitr 
s;inls  de  Siam.  Au 
nord,  il  confîne  A  la 
Chine,  du  midi  par 
une  tortueuse  fnmtière 
tandis  qu'à  l'itrient 
il  regarde  llaîn.in,  ilo 
chinoise. 

Non  si'uleiiH'iit  il  i-on- 
fronle  à  1.1  Chine,  mm 
il  est  presque  «  (Ihitie  « 
lui-même  :  plus  eneore 
que  les  Aunnuiiles  de 
Coehiurliine,  e-eut  du 
Toutpiiu  lieiuieiit  tout 
delà  u  Fleur  du  Milieui». 
Par  GôO  kilométrrs 
environ  de  lillural»  jn*- 
lites  el  moyennes  distor- 
sions de  e('»le  non  com- 
[irises.le  Tonquin  bonJo 
le  golfe  touquinois  uu 
merd'Ilaîfuin,  mer  ptu 
Inniquille,  souvent  n*- 
nniée  jusqu'en  ses  pn»- 
fondeurs  par  le  souflle  des  typhons,  el,  ce  qij'i>n 
n"alternlrait  pas  di»  >es  lariludes  (l)S"  à  !2I«  ou  Sii'l, 
très  souvent  voilée  [*ar  brume  et  hi'ouillard  en 
liivpr  el  au  roninienrenn^rtt  du  prinlenq>s.  Dans 
b'  nord-ouesï  de  ladile  nier  ou  f^ollé,  des  Iti"* 
Jurandes  ou  polîtes,  plus  souvent  petites  qi"" 
grandes,  ilols  ou  rochei"s  plutôt  qu'Iles,  se  lèvent 


« 
â 


4110 


r.\    TKUnK    A    VOL    !rOISEAI[. 


Il  lîullîtTs  dans  l'ïilignement  du  nord-<*st  <'iii  sikI- 
ouosl.  en  (';i('('  (r<k"li:i(in'iu'is  du  ri>;ifjt»  dmil  mu'. 
In  h;iii'  il'Alloii^.  si  <;tviiulr  et  sni4'  «|tj'oti  lui  ptvdjf 
la  roy.iuir»  ninriliini*  (H  roniincn'i.dM  fhi  Tini<|nin. 
Ces  airliiprls  [uvsst-s,  d*'d;d('  »miUv  drs  ivrils  n\\- 
caic'cs  el  des  ilt's  liiHilL\'<,  Tincsliôres,  f»(»iil  un  asile 
des  pirales  cliiiiois,  annamites,  malais;  ils  serunl 
\t\iis  Uu'd  des  coteaux,  des  inoubs  isolés  du  delli 


qui  s'accroît  aux  dt^pens  du  golfo  du  Tonqiiin. 
liMjui'l  iiiMlesreud  poinl  à  de  ij^raiides  pn>fond(Mii%  : 
il  a  souvenl  îrioiiis  de  20  luêlres,  il  en  a  rareuii'ul 
plus  de  ll»0. 

Ce  delïa  s'aeri'oît  vite  en  vertu  de  la  Imue  ronli- 
uuelle  ariieiiée  aux  rua'  |wm' des  siMij;  *  doiil  leï 
deux  priuci|i.uix  sont  le  Kleuv»r  liouge  el  le  Tliaî- 
liiiiîi,  ;irrivaiit  à  la  mer  par  de  iioird)reuses  brnn* 


Hué  :  me  tfe  U  ville  rudidiaïuli?.  —  Dt-iisin  J«'  l'.  Kaiirrmniin,   d'apnîs   nu   pn>niiis. 


chos.  On  n'a  pas  perdu  (grâce  aux  érrils  rhiuois) 
loiil  souvenir  liisU)ri(|ije  de  lepiHiue  un  le  site 
dllantH,  auJ4inrd"lMii  si  éloigné  du  rivji^e ',  riail  ft 
rourk't  Jiu^ru*'  ilu  (loi;  la  einupnraismi  des  dêli- 
nranieiiLs  actuels  ile  la  t:iUi'  nver  ce  4juc  nous 
disinil  les  très  vieux,  les  \ienx,  les  modernes  do- 
rnirietils  indiipte  nm'  [ini^ressioii  aniiui*lle  ile  iS 
luéhes  :  soil  I  kiloiiièlie  eu  un  ju-u  moins  d*^  vini^l 
ri   un  ans. 

I.e  Thiii  Uiiili,  au  nord  du  Kleuve  IU)U^i\  nVsl 

1    A  l'it"*  lie  JOU  ktltxiit'lrfs. 


pîis  un  eonranl  puissanl.  Issu  du  Ilabè,  lac  di* 
plaleau  vaste  pendant  les  pluies  mais  i^éduit  à  trois 
cuvettes  pendant  les  5i>clieresses,  il  s'appelle  %Son^ 
knu  (on  Sonir-kao)  dans  son  rours  supérieur  il 
irioyen;  en  aval  de  iîae-rjinlt.  il  s anasiomosi*  avef 
1*'  Kleuve  Rou^e,  puis  se  divise  en  mnnbrrut 
aiinvoN  dellaï(|ues  dont  nnrun  n'est  bien  navi- 
^nhl**el  iieeoniniunitjue  proîondêmeiU  a\ee  l'Oré;!!!. 
Il  «Il  l'sl  de  même  des  Louolies  ^u  Fleuve  Itoujifc. 

I .  Eiiilitmrliurt's. 
ï.  Uivicres. 


nnO-CHINE   FRANÇAISE. 


i07 


du  S4tn^-koi.  né  cliox  les  Chinois  dans  le  nionln- 
gw^\  Yun-nnn  ri  forl  niAl;ii$^mont  navî^hle. 
de  nom  pltis  que  do  Hiit.  A  [ciilir  de  M.infr-liao. 
btKirg  MiiituuKii^.  \Awi  Ii*î>  liMHjuint»i>,  enliv  llang- 
bim  H  Sidloy,  ueuiKMit  ft  lui  deux  grands  eou- 
ranls.  In  Hivit^re  Nuire,  issue  de  f^oiires  du  gninil, 
ri  la  Rivière  Claire,  onde  verte,  lraiis|tareiite, 
d'fluUint  plus  belle  en  ce  Tonquin  gâlê  presque 
partout  jwr  S4's  eaux  inipuivs,  ses  sources  riialfiii- 
saute».  non   [»as  seulement  dans  le  delta,  (jui  un 


que  des  fonis  bourbeuses,  mois  nussi  dans  la  inon- 
Ingne,  pleine  de  minêmux.  Apres  re  dernier  tri- 
lmf;»ire.  qui  semble  ne  se  mrli'r  iin'ù  rt'^roi  avec 
lui.  le  Kleuve  noujri»  esl  iar^e  de  lUOO  moires. 
La  lunrre  le  reniunle  jusqu'au-dessus  de  Hanoi; 
une  routre-marêe  c'est,  dans  la  s'iisi>n  drs  pluios, 
l'iuirnense  crue  de  Ilots  roujîes  tjui,  monlani  de  5 
à  6  métrés,  submerge  le  delta  et  y  elToce  tout  co 
qui  n'est  \u\s  itmles,  b'vêes  terreus*»s,  lK>rdures 
do  rizières,  di^'ues  entourant  les  villages,  les  ma- 


melunA  et  coteaux  qui  fureut  les  îluts  di*  la  mer. 
qitt  ^rtil  devenus  les  o  monts  o  du  délia. 

Le  Mont,  la  Forêt. —  l.<*  délia,  rôgion  vivante 
du  TfUiquin,  esl  im  doit  lait  par  les  deux  régions 
|«r<*HquH  mortes,  Ir  M)>iil  i»l  la  Forêt,  tflb'menl 
tm|uin*ourus,  inconnus  jusqu'à  ce  jour,  ipic  la 
Kranc4*  conquérante  ne  sait  encore  eonuncnt  y  di- 
riger Vs  bataillons. 

I>»  Mont  ou  riaieau  se  lève  au  nord  ot  au  nord- 
irui*'«l  du  i^ns.  depuis  la  lisière  siq>t(*nlriouale  ilu 
ilclLi  jus<[u*â  ta  frontière  du  Kouang-^i  vi  du  Vun- 
nau,  finninces  deCbine;  la  \ivcnl  loin  du  monde, 
ili»la  d»*s  dèliU'-^,  «sans  rivières  navigabl(*s.  sfuis 
~fWiU&  ou  àeutiera  ptiur  conduire  cliez  eux,  lett 


pbolognphie. 


citadins  de  Touyen  kouaug,  de  Tliaï-nguuyen,  de 
Cao4)ang,  de  Lang-sou;  là  naissent  le  Tliai-binli  et 
la  Uivière  r.laire.  <J(ie|lo>  ïi.'iuleui-s  o  ce  m(>nl.  ou 
plutiM  ce  cliaiis  de  mollis  iiidèhrouillês?  I?00,  i.%00 
mètres  dans  les  chainoijs  déjà  foulés,  et  peut-èti'C 
*20(K)-'2:>(MI,  voire  T^OOO  (7)  en  tirant  vei-s  le  Yun-nan. 

La  Forêt.  monla^Mie  aussi,  mais  plus  boisée  que 
le  Mont,  c'est  l'osseuse  contrée  que  pourfend  la 
Rivière  Noire,  c'est  tout  ce  qui  s»»  dress**,  se  che- 
vauche et  se  dêrliirc  entre  la  rive  droite  du  Fleuve 
Uouge  et  la  limite  mm  tracée  entre  le  ve^^aul 
oriental  ou  terre  de  Tonquin  et  le  versjuit  iMci- 
denud  ou  terre  de  Mékong.  On  sut  que  lUr»  cinu's 
y  alleignent  l.'OO,  |S(Xt,  sans  doute  2(100  nièln-s. 

C'est  eu  dépassant   celte   *   Forêt   is  en  donit- 


408 


LA   TERRE   A   VOL  D'OISEAU. 


nanl  sur  \o  Mi^kon^  grnndiosi^.  el  soulvuwiû  ;iinsi» 
que  riiidu-Cliiiie  Inuïriiisi?  doit  aniver  à  la  jili''ni- 
UiiU'  tlv  s(Hi  ^tre.  Il  lui  fiuil  vo  flt'uve  ot  Loiiiing- 
I*iîil)aii^s  l'It.'f  i!(*  In  im^î^iju'ik'.  Siiiis  wMc  vill*», 
priHeiidue  sianioise»  et  sans  le  liaul  Mi'ki>ng,  noire 
ltido-(^liiiie  Psl  lin  *'rn|iii*t*  «vorir-, 

Ti^l  (|ii('l,  c'i'sl  un  \ivini  (ii)iiiainL',  cl  dans  ce 
domaine»  rîiMi  uo  sornljl*.*  valuii-  le  TuiH|uiii  nvor  m 
cninargut*  tiif;i(.i^.'ddo,  ses  ri/ii^rts,  kîi  nutnlague 
(|u'on  croil  èniùietiiiuont  minérale,  ici  ferrous*»,  Ih 


ruivrt»e,  flilleui*s  veiniM'  d*or,  d'argent,  dVlain, 
ailleurs  encore  pnjdîgue  en  houille.  Bien  plus  pré- 
cieux  avanlage,  le  elimnl  n'y  eôl  f«is  conslainnn*nt 
torride;  niênie  dans  le  délia.  In  moyenne  de  jan- 
vier (ii'',ri)  n'y  arrive  pas  a  la  nioitiê  de  l,i 
rnoyenntîdc  juin  (51^i),  el  Hanoi  voit  h-  mercure 
doset'ndi'e  il  7\1>. 

SouA  le21''degiv,7\r»  esl  vriiinienl  un  rrnuld'lii- 
ver,  (pli  f<uéril  des  aer«l)l»'!nenls  de  l'iniiiiloyaltlt' 
élé  toiupMnois. 


I 


llariul  à  vol  U'uisrati    —  IieM>iii  il<>  U.  CIc-Ik*H. 


Tonquiaoia.  —  Les  Tonqninois  sont  des  Giao- 
ciii  peu  dislinels  do  leurs  autres  frères  annamites 
de  Li  (loeliirM'Iuiie  de  lluè  ou  de  celle  de  îînfp-on  ; 
il  y  a  bien  (juehpies  ililTéreui-es  (lialeeti<jues  enli*e 
ridiome  du  p'ieiive  Honcfe  et  celtii  du  Mékong  infé- 
rieur» niriis  ]](»ur  fdul  le  reste,  riirps  '  et  visage, 
alliludes  et  iij)(iUnres,  nio'ui's  el  cnulnnies,  luis, 
usages,  idées,  retij^iuu,  su|)erstilious.  litléralare» 
adrnimlion  liéate  ]>our  la  Ciiine,  [itii talion  des 
Chinois,  tous  L*es  maaDsylhiljîsints  se  ressemldeiU, 
qu'ils  surent  de  llaimî,  de  Hué.  de  Saif^'on. 

Hanoi  (100000  liab.)  ;i  divers  uonis  :  oflieiclle- 

i.  Le  Tonqujiiois  v^X  un  j>cii  j^tus  graud  c(  mieux  taillé 
(jiiv  Iti  Cucliiiicliiuui:). 


ment,  c'est  la  villi»  du  Dragon  rouge  (Thani-lung- 
tlinn);  c'est  aussi  le  Tort  du  Mord  (Hac-thAnh),  la 
Cour  d'Oi'iont  (Dong-king)  ;  c'est  encore  le  Grand 
marché  (Kê-ciio).  11  en  est  ainsi  di^s  autres  vilK^s 
aruiauiiles,  qui,  presque  Joules,  oui  trois  noms, 
un  nom  admintstralif,  un  nom  chinois,  un  nom 
usuel.  Ilrituïi  veul  dire  :  ^nfre  les  eaux:  cVsl 
notre  Kntraigues.  (lafiitale  du  Tnuipiin,  elle  horde 
une  (les  branches  tuajeures  du  Song-koî,  à  55ti 
ktloniètres  au  N.-N.-O.  de  Hui^.  Sa  *i  hucria  " 
miraculeuse  est  sans  dèfaillaïu'e.  mais  son  fleuve 
la  trahit  ;  faute  de  régularik^.  de  profondeur. 
dVinboucluire  constanle,  creu&e  etconnniKie,  il  ne 
lui  amène  pas  de  navires  tirant  plus  de  2  miMres. 


EHHRE    C]ll.NOiS. 


400 


CouM  (lu  nû.ing-ho  r   falnls^a  de  Tcirr  isune.  (Voy.  p.  itl.)  —  Dessin  de  Uncclol. 


EMPIRE   CHINOIS 


Pins  du  qnart.  prés  dn  tiers  de  la  race 
humaine.  —  Smilil^lili*  à  un  ikivh  plus  s|ili'ndiii(\ 
nu  Bri'Ail  qui  louche  h  pirsqut*  luutt^s  Ihs  ron- 
irées  do  rAinrritiiii'  niéridioii.-ilc.  riMn[»ii-o  riiinois 
ronfrontc  «i  presï|Ut'  loiilcs  rcllfs  tU:  l'Asii'.  à  la 
Sibt'ftiNau  Turkf»!;!!!  dit  indi^pendntit,  h  V \îfi;\mn\»- 
tnn,  h  l'Inde.  A  l.i  Hirrininie.  h  l'AïUKitti.  Toutes  vnssn- 
lilr»  ro(iipris4>s,  il  rouvrv  1 180  inilIJoiiB  d'Iieclart's 
!nt*r  iOO  millions d'Iiocntnes.  ptuitt^ln?  même 500  : 
mhI  plu^  du  f|Uiirl,  ou  pivs  du  tiers  dos  liiiinuiris. 

U"5  d<^ux  lierai  df  rrt  ospaotr  oxnrleirirnl  rfj.d  ii 
ttngt-deux  fois  la  Fmnre  .'ippai-ticMitioiil  iiux  titiits 
yUn  »u    moins  triliulairos  :   fxMVi*.    Mandcliourie, 

Û.    ncCLD».    t\    Tuini    4   VOL  liOlfCAV. 


Mongolie,  Turkeslnn  d'orient, Tiliel  ;  il  ne  reste  i\  la 
{Wi'nw  projire  qu'un  pi'U  [ilus  (l«^lHhlïillionsd*hec- 
t.■lr^'s^  Mais  sur  celle  aire  septuple  ou  (K'Iuple  de 
1.»  Franec  \iveiil  doiueà  (piimM'fois  autant  tllioninies 
ipie  dans  les  777  million;»  d'heetares  qu'i>et:upent 
les  |>nys  feudatuires:  sL  tous  ensemble,  ceux-ci 
|iorli*nt  nue  trentaine  <li»  inîllions  de  sèdenlaires 
ou  de  noinadi's,  la  Chine  propre  cornjde  stȔ\  Chi- 
nois parcenlainesde  millions*.  C'est  la  plus  grande 
oUticine  de  vie  sur   l;i   plaiiètt*  qui   est   une  lune 

t.  Plus  cxactcnieiil*  si  l'un  fvut  t>nrler  ici  d'esactitutltH 
3.  Im  éva\uuUoM  varient  vaUv  ^iïO  fl  5U0  luillioiis. 


410 


.A  tkrrf:  a  v(H.  o'oiseau. 


du  Soloil  ot  1*'  soleil  do  !.i  Luni.'.  Llk>  rayunno 
au  loin,  elle  absorbe  loul  :  ti  Ln  Cliino  esl  comriu» 
In  nu^v  rni  linrilu^nl  loiJs  lis  llruvi^s,  et  où  tous 
devientieiil  silrs.  » 

Noms  de  la  Chine  et  noms  des  Chinois. 
La  Grande  Muraille.  —  Hn  d^^nnimt  i\  in  Œwu^ 
a  rhiiioise*  w  550  millions  de  résid^'iits  sur  400 
niillioiis  (riK!clar«*s,  oii  lui  itHMMUïaK  S7  pei'sannoî> 
par  kil(Hiii''lre  ciiié.  eu  lui  vu  diiunaul  400  rriii- 
lions,  on  lui  accordt*  un  Itonntie  par  liectari};  en 
In  peuphiiil  de  450  inilltun»  triâmes,  ou  In  dote 
de  Uti  hommes  nu  Ivilornètrc  carré,  la  France 
n'en  fiyarU  que  72  à  73, 

C'est  que  les  Ciiinois  tirent  d'un  sol  fécond, 
sous  un  elimnl  a  génini  y>,  louL  ee  que  In  terre  eL 
Tenu  peuvent  créer  et  le  soleil  mûrir. 

Nous  désignons  souvent  la  Chine  par  le  surnom 
de  Cèlesle-Knipire,  «croyant  par  là  traduire  un« 
expreï^si^>ii  chinoise,  eu  (pioi  nous  nvons  tort.  Tunx- 
sia.  qu'eiupluieiit  voloïiliers  les  regnieoles.  veut 
dire  Pays  sous  le  ciel  et  noa  Pays  céleste.  Los 
expressions  dont  ils  usetil  le  plus  volontiers  soûl 
celles  de  llon-kouo,  royaume  des  rieurs;  et  de 
Tchouug-kouo  ou  royaume  du  Milieu  —  par  quoi 
ils  enlendeul  In  rêg^ion  située  enlie  le  nord,  le  sud. 
Test  et  fonest,  ce  qui  est  nnlurellenient  le  fait  de 
toutes  les  eonlrées  y  compris  In  leur. 

Il  y  a  d'autres  surnoms  indii^ènes  de  ce  Tnlsing- 
kouo  ou  t(  Grand  et  pur  empire  h)  :  Cliipn-rliang 
ou  les  Oix-huiL  provinces;  So-liaï  ou  les  Qualité 
mers,  ce  rjut  ne  veut  point  dire  que  qunire  océans 
le  bordent,  ce  terinft  ayant  cliez  les  Chinois  In 
même  valeur  rpie  chez  nous  le  mot  :  univers. 
t}uant  au  nom  de  Chine,  il  n'a  rien  de  national. 
On  suppose  qu'il  fut  jadis  donné  par  des  étrni»gers 
qui  conronilireiil  l'empire  .'*vee  ï^r-s  empereurs  de  la 
famille  des  Tsin,  descendue  du  Irûiie  depuis  taulôl 
un  nu'llier  et  demi  d*unnèes.  De  même,  deux  noms 
de  famille  inqV'iiale  fiuenl  l'origine  ile  tieux  titres 
dont  se  j'arenl  volontiers  ces  plus  uinubreux  des 
Jaunes  :  enfants  de  ILut,  liommcs  de  Tsang. 

La  Chine  s'ouvre  à  rorionl  sur  le  Pacitiquc  par 
3500  kilonu"'lres  de  côtes,  et  de  cette  mer  elle  re- 
çoit assez  de  pluies  pour  sa  fécondité,  un  nu'^tre 
|)eut-élr(»  en  nmyenne  [)ar  an;  1182  millimètres 
tomhent  dans  h's  douze  mois  sui*  tlaiilort;  la  m(>ilié 
seulenient  ou  un  peu  (dus,  012.  sur  Péking. 

Au  nord  rie  ee  litlond,  pins  long  sur  un  seid 
océan  que  cidtjj  de  la  Krnnee'  sur  ses  trois  i^aux 

1 .  Ou ,  snuR  tu  Tonne  Ta  l^in^-kouo,  le  Gmnd  cmptre  des  Turs 
2. 1(1  Fr-.iitcp  a  !>lt5  kilomètres  de  càiea 


salées,  la  mer  Jaune  s'enfonce  entre  la  Corée  el  la 
rive  chinoise  jusqu'il  une  petite  distance  de  Péking. 
mais  par  niw  pénèlration  moindre  de  siècle  en 
sièi-le,  (Tnimée  en  année»  car  celle  C4»nque  îie  rem- 
blaie d'alluvions.  C'est  le  travail  éternel  de  l'eau; 
L'Ile  creuse,  elle  comble,  puis  e!b'  recreuse  el  dis- 
perse de  nouveau,  après  (pioi  elle  rassemble  el 
cimente  encore  les  molécules  des  continents. 

Au  sud  de  la  mer  Jaum\  les  grandes  coupures 
du  littoral  sont  l'ares,  mais  non  les  ports,  les  es- 
tuaires, les  anses  ;  la  Chine  a  tous  les  lieux  de 
refuge  cl  de  rtq>03  qu'il  faut  aux  novices.  ïa 
bouille,  qui  fnït  (pie  les  vaissïMUx  courent  au  lieu 
de  lîoller,  ne  nmtnjue  (las  non  fdus,  el  rien  qu»:- 
dans  la  Cluno  du  noi-d  les  tej-rains  reconnus  houil- 
lers  couvrent  six  fuis  l'espace  des  districts  char- 
bnuniers  d'Alliiim  ;  plus  d(^  cent  millions  d'hec- 
tares de  lerrqiire  des  Jaunes  appartiennent  .-ou 
roches  eariHmifêres.  I 

A  l'ouest,  vers  b*s  hantes  terres,  les  fronliéros 
de  rempire  sont  un  peu  vagues.  Au  nord,  le  pays 
s'arrête  à  la  Grande  Muraille,  monument  étonnant 
de  la  niaiserie hnnrj*iue.  Les  Chinois  ne  cmignirenl 
pas  d'élever  ce  ridicule  ouvrage  contre  quelques 
tribus  de  clievaucheurs  du  Steppe.  Des  millions 
de  vies  s'y  consumèrent,  [>uis  la  Grande  Muraille 
fut  enjambée  par  «les  conijuérants  irrévérencieux. 
à  la  stupéfaction  indignée  des  paysans,  artisans, 
commerf;Eints  et  mandarins  du  Grand  et  pur  em- 
pire. Ils  s'étaient  crus  eu  siireté  |ïonr  le  reste 
des  Ages  derrière  ce  parapet  sagement  ronslruit 
par  de  patients  ingénieurs  qui  surent  l'accrocber 
et  i>resr|ae  le  suspendre  sur  des  précipices,  le 
hisser  sur  Jes  rnonts  jusqu'à  ÏOOO  mètres,  le 
hasarder  dans  de  profonds  abinies,  le  liéri&ser  de 
lours,  de  mille  en  mille  pas,  quelquefois  de 
ceni  pas  en  i  enl. 

Lîi  Grande  Muraille  exigea  IIÎO  millions  de  mètres 
cubes  de  maçonnerie;  ici  d'argile,  ailleurs  de  bri- 
qtie  avec  ou  sans  revêtement  de  gi-anit,  elle  nn't 
deux  cents  ans  â  surgir  du  sol.  Souvent  crevée 
ou  usée,  surtout  en  ses  parties  d'argile,  notam- 
ment clieï  les  Onlos,  elle  fut  rest^uirée  souvent; 
puis  un  la  continua  au  nord  de  la  mer  Jaune  et 
jiar  delà  la  Chine  propre,  eu  Mandchourie,  jus- 
4[u'après  la  vallée  de  In  rivière  Souugari,  par  une 
fnrle  barrièi'e  de  jneux  qui  se  nomme  la  Grande 
Palissade.  Tel  quel,  ce  Mur  des  dix  mille  h 
(4VLM1  kilomètres)  •  n'a  malgré  ce  nom  que  huit 
cents  lieues,  drj  [inys  du  liaul  lluaug-lKJ  à  celui  du 
Sûungnri  supérieur. 

1.  h*  li  \Mii  ii'i  mètres. 


KMI'IKE    CiUiNOIS, 


i\\ 


Ia*  temps  qui  n  lontointMil  cnrir  L.int  fit*  ihoiuj- 
nienls  plus  nobles  a  fnJt  dps   brêclips  profondos 

ts  !<•  Mur  cl  dans  la  Palissado.  Peu  n  peu  il 
Wm*  uu  sul  00  fniilaslique  reiripnrt,  |>;ttTois 
double  ou  triple,  commencé  pnr  un  rinponMii-  qui 
faisait  brûler  les  livres,  cl  aussi  los  hM!l(!urs  du 
sage  Confucius,  et  qui.  pour  prix  de  ses  vertus, 
fut  eobevcli  sous  un  tuiuulus  colassaU  dans  un 


temple  luisant  de  trésf)rs,  au  bord  d'un  étnng 
de  mercuie  jlluniin(>  par  dos  lustivs  nounis  de 
^rajsse  limn:iirie.  Il  n'avait  \\\n)  nu  brirliiT  que 
460  lettres;  on  ctHei'ra  vils  (Lins  snn  tombeau  ^^es 
femmes  et  les  archers  de  ^  garde  avec  dix  mille 
ouvriers. 

\a\  Cmnde   Muraille    lombeni  et   ne   sera    pas 
relevée.  Poun|uot  In  rcconsLrutre    quand  elle    se 


I 


Vue  de  Si-ngan-fou.  (Voy.  p.  4Li.)  —  Ocwio  de  Th.  Woticr. 


llrcwc  dp  mnini(  en  moins  entn^  la  riiine  et  la 
lenv  rlrangèrc?  Les  r.liinois  des  provinces  «le  son 
pucour?  envahissent  rapidement  les  vallées  nnui- 
fprfMdont  s<»n  faite  les  sépare.  Tel  vaste  distrifi, 
tonne  crtui  des  Onlos,  entouré  par  h*  |-IimiV4' 
Jaune*  n'avait  rien  de  «  céleste  u  il  y  a  queirpies 
disaîtira  d'années»  et  il  est  prestpie  «Mitiéreinent 
•  cwle»l<î  »  aujourd'hui.  A  la  rare  agricole,  pa- 
tiente, ingt^ieuïu>,  féconde,  les  Moni<t>ls  ne  suu- 
enir  tAt<*.  OB^BBoinades  inertes  dimi- 


nués par  le  recrulemeat  du   rlrr^é   bouddhiste, 

qui  est  en  partie  une  caste  de  célibataires. 


Le  Hoang-ho,  crôve-cœur  de  la  Chine.  La 
Terre  Jaune. —  Ui<'M  miïnnié,  Ir  tlcuvr  Jann**.  ru 
chinois  lluang-ho.  tire  son  origine  des  hautes  piV 
lures  de  l'Asie  ceiilral*'.  Kniré  dans  la  tljiinr  pn»pre, 
il  y  baigtie  einq  provinces  :  le  Kan  et  Stm  (Kan- 
sou),  les  Monts  Occidfnlaux  (Chan-si),  l'Ouest  des 
cluses  (Clien-si),  le  Sud  i\u  fleuve  (lioiian)  et  les 


41-2 


l.A    îKIillK    A    VOL    irOISEAU, 


Moîils  d'oritml,  (Chân-toung).  En  moyeiinn  ^tu  flot 
tiirliiHc  court  vers  k»  levant,  ni.nis  un  ianlasittjue 
drloïir,  cinjîle  do  2000  Iiil(jiiu'*trL's,  le  ïik'ïio  au 
nord-est  d;iiis  un  slcpiic  :stiTili'  i[ui  iirsl  \)i{s  la 
vr.-iio  Cliitït?,  diuis  !(.•  jutys  d4^s  Urdus  où  il  dormit 
jadis  t'u  un  h\c  fuj\i;ii.  lmUiv  deux  cliaitictit  TAhi- 
*'liiu"i  et  l'Iu  rliafi.  Du  jiîiys  di's  Ordos  il  ivviojil 
droit  ;ui  sud  ^lour  iit»  ivpreiidrc  le  cliciiiiu  de  l'cbt 
qu'^m  coultuent  d'une 
forte  rivière ,  l'Oueï , 
jauîH»  t'oniint'  lui, 

l/Oui'î  (\V\m,  Ihvoï). 
vcuu  droit  de  l'mieul, 
est  eoiuuie  lu  corde  de 
l'air  inv*;uii«^i'  décrit 
|mr  \v  lloaujç-liu;  il  ar- 
n»s('  lui  p.iys  dr  Terre 
.lauuc  où  iin(]iiirvnl  ^ 
pense-l-on,  la  science, 
rurLaiiili'  rliiiïoise,  et 
il  passr  doiiï>  IVIêgaule 
Si-ngan-fou,  vieille  reine 
du  heau  langaj,^i\ 

Buire  la  bourlu*  de 
rUuoi  et  la  vil  h'  de  Kaî- 
fong  le  Kleuv^'.  Jaune 
eesse  de  cnùlre.  il  dé- 
eroit  [duUM  p,'U'  Ovapo- 
ratiiiu,  lillralious,  arro- 
saj^^es,  au  sein  de  la 
grande  plaine  rliiuiuse 
qu'il  sillonne,  (ju'il  ê- 
venlre  et  ravage.  Plaine 
f^r.isse  et  vul^^tirL',  sans 
prairies  parci'  que 
l'homme  .du  Milieu  fait 
de,  Ittut  fonds  de  lerre 
uu  jni'diti  niar.ni  lier  : 
sans  fermes  parre  (pje 
les  (ifiiiioi:^  oui  la  r<ige 
de  s'eulasseï"  dans    les 

bourg:^;  sans  forêts»  voire  même  sans  bouquets 
de  bois,  presque  sans  ai'ln-i's.  Ln  Chine  lient  le 
premier  rang  [tarrni  les  conirées  déboisées.  Hn 
y  Lrùla,  on  y  renversa  les  forêts  pour  éli>i^iu'r 
les  fauves  dont  elles  rarbaient  l'asile;  puis»  <[uaïid 
le  [H»u[»le  se  fut  aerru.  rlnu[ue  villa>;e  .ibattil 
ses  l»os(piels  sans  siuui  tie  Tavenir  ptuir  gajtrin^r 
du  labour  et  des  eaij'i'aux  de  jardin  sur  la  na- 
ture vierfïe.  Si  les  arbres  y  sont  rares,  les  arts 
de  lriotn[ilie  y  sont  eonnnmis,  rotnnie  ii'nilleirrs 
dans  |tresi[ue  loul  l'empire,  »ur  les  rouleâ  ;  lui  les 


Jeune  Cljinotsc.  —  Dessin  de  E.  Rotijit. 


é\hv  poni'  immortaliser  les  grniides  actions,  en 
pierre  dans  le  pays  de  roche,  en  brique  dans  It 
pays  d'alluvion. 

Celle  plaine  trop  riche  f«il  pousser  trop  de 
familles;  il  y  a  dans  linis  ses  districts  des  h»- 
meaux.  des  lïourgs,  de  grands  quartiers  de  ville 
rongés  par  une  misère  qu'on  ne  trouve  même  pj^ 
dans  les  jdus  sombres  et  les  plus  coupables  des 

cités     induBliielles    de 
TEurofM?. 

Dans  les  régions  tri- 
viales de  1'  «  empin^ 
des  Fleurs  u.  des  mil* 
lions  d'hommes  \ivenl 
sur  l'ordure,  velus  de 
lambciiux,  ils  mangeul 
des  viandes  inl^^nies.  ils 
boivent  un  air  féljdt*. 
une  eau  pourrie  dnn:^ 
les  fossés.  Telle  >illr, 
tel  fauboui*g  surtout. 
n*cs(  qu'une  basse-cour 
nauséabonde,  un  luiig 
fumier,  un  bouge  ini 
niense  où^  le  porc  re- 
nifle avec  volupté  dan» 
les  liourbiers  corrftni  • 
pus.  Chassieux,  at»'u- 
gles.scrofuleut,  contre 
faîl-s,  lépreux, cincércux 
livides,  un  souffre,  on 
gémît  dans  les  cbau- 
niières  de  re  cloaque: 
et  avec  cola,  sauf  les 
malheureux  qui  portent 
la  peine  des  vices  de 
Iruts  jtéres  ou  di^s  ini 
inondices  de  leur  s*^- 
jour,  CCS  faniîllc& 
rroisseiil  vigoureuse  - 
ment,  semblables  aux 
légions  déguenillées  de  l'Irlande. 

Le  lloarig-lni  finit  dans  un  delta  de  plu»  ik 
25  millions  d'hectares  qui  a  rnlliiehê  û  la  cMf 
l'errni^  le  a  pays  des  Monts  Orientaux  ».  le  Cluri- 
tttung,  massif  îstdê  jadis  en  mer  dont  la  pinte 
su[avnïe  a  \h\b  mètres  :  c'était  alors,  et  sous  les 
mentes  lalitifdes.  une  espèce  de  grande  Sicile  t'ii 
une  j)etite  Méditerranée,  vis-â-vis  de  la  Com\ 
belle  péniiisulr  aMoii*;ée  qui  est  comme  une  Itiili**- 
Ti'enle»  trenie-cin([  mille  ans  suffiront.  (>.inut>il* 
uu  Hoang-ho.  11eu\r|ilus  qu'inq>ur.  pour  rend)la>i*r 


411 


LA    TKRIIE    A    VOL    froISKAlF. 


lu  riKT  Jauijo.  D'iiulrrs  courants  moindres  l'aident 
dans  t'olU'  teiivre,  ctilrc  nulivs  lo  Liuu-liu,  qui  t'st 
h  moiliû  mongol,  *'t  le  IVi-lM>,  fort  do  210  mètres 
cubes  |iar  seemidc,  qui  n  IVking  dnris  sou  bassin  : 
il  se  peut  i|ue  il:nis  la  notre  antiiiuilé  ee  dernier 
fleuvû  ait  continué  le  lluang-ho  supérieur  —  en 
ce  cas  il  viduit  le  grand  lai:  entre  monts  devenu 
depuis  le  stejipe  des  Oriîos. 

Si  le  Kleuve  J.iune  est  rayé  d'alluviims  autant  ou 
plus  qu'aucune  rivière  du  monde,  si  on  le  croll 
capable  d'allaelier  en  7ihÙ  siècles  la  Cfiiiie  au 
Japon,  c'est  qu'il  ronge  par  cent  mille  ruisseaux  la 
fameuse  Terre  Jaune.  le  lloang-teu  ([ue  le  moindre 
orage  délaye  en  boue  profoinle.  L<'S  80  ;\  %  mil- 
lions d'hectares  de  cet  incomparabbt  terreau  tjni 
n'a  |)as  besoin  d'engi'ais,  qui  même  serl  de  fumier, 
s'étendent  sur  trois  proviticeSt  ré-tchi-li»  Clian-si, 
Kan-sou,  eï  sur  une  graïuic  jïart  de  trois  autres, 
Claen-si  {la  moitié),  llo-nan  (tout  le  nord)  et  Clïaà- 
toung.  Il  y  a  des  eiidroitsoij  le  lb»ang-tou  couvre 
de  GOO  mètres  de  déjx'tts  la  cnrapaee  nrilèrieure  du 
sol,  autour  de  montagnes  fju*il  n'a  pu  revêtir;  et 
pourtant  ces  rouelles  profondes  conntie  la  mer 
ne  seraient  que  jîoudre  sur  jinndrc  —  souniée  vera 
le  bas  pays  par  le  vent  du  plateau  di'S  Steppes, 
la  poussière  se  serait,  de  siècle  en  siècle,  ci- 
mentée en  argile  par  son  propre  poids,  par  la 
pluie,  par  les  sucs,  par  les  pourritures  de  la 
plante  et  de  l'animal. 

Tout  est  jaune  dans  la  Terre  Jaune,  précieux 
dotnaim*  du  Seigneur  Jaune  ^  Pins  tard,  en  de 
'lastes  cantons,  tout  y  sera  noir.  Nulle  part  la 
houille  ne  remplit  autant  de  cavités  futures;  le 
seul  llo-nan  en  a  5r>00  0fK)  hectares,  et  le  Sé- 
tcliouen,  2ô000  0(M),  la  moitié  de  la  France. 

Une  plaine  généreuse,  tellement  vaste  qu'on  y 
laillei'ait  quarante  de  nos  dépai'lemcnts,  tremble 
fious  la  menace  des  expansions  du  lloang-jiu;  les 
digues  d'argile  dressées  par  les  Chinois  contre 
ses  divagatitms  ne  résistent  pas  toujours  à  la  furie 
des  eaux,  Quand  il  les  a  sauvagement  êvenlrées, 
il  se  creuse  des  lits  d'une  ampleur  énorme  dont 
chacun  pourrait  contenir  le  Fleuve  Jaune  quand  il 
est  redevenu  paisible. 

Le  lléau  des  cnfanLs  de  llfiu,  le  crève-cœur 
de  la  Chine,  le  lleuve  incorrigible  a  changé  neuf 
fois  deudjouchure  depuis  que  les  Chinois  ra- 
content ses  excès  A  la  postérité,  e'est-à-din^  depuis 
envinin  deux  milliers  el  ibini  d'années.  l'orlfuit  sa 
forée  déchaînée  tantôt  au  nord,  tantôt  au  sud  du 

1.  Ilnuii^^-ti,  t'tni  ilfM  siinioni^  do  rciii)iorL'iir  du  l^éking  : 
le  jamie  esl  couleur  iiiitioimle  ca  Uàno. 


large  éperon  du  Ohan-loung,  h  travers  le  plat  pays 
déposé  par  lui  dans  la  mer  (el  par  lequel  il  a 
cousu  les  a  Monts  Orientaux  »  au  continent),  il  ) 
a  tUjO  kilomètres  ou  la  longueur  de  la  France  entre 
les  tiens  buts  extrénu's  du  fantasque  voyageur  :  au 
sejdentiion  le  golfe  du  l'é-tchi-li,  au  méridion  la 
rive  où  le  Yang-tsé-kiang  se  présente  è  la  mer. 
Les  ru[»tures  de  digues  de  1851,  1855,  l8o5.  lui 
avaient  ouvert  une  fois  de  plus  la  roule  du  Nord  el 
il  se  mêlait  aux  llols  pé-lchi-liens,  tandis  qu'avant 
1851  il  conl.iit  au  sud  du  Ctian-lonng;  mais,  tout 
récenuneul,  un  de  ses  accès  de  folie  furieuse  l'a 
retourné  vers  le  midi. 

i]vs  derniers  épnnchemenls  ont  été  funestes  à 
l'empii'e  ;  en  noyés,  puis  en  affamés,  en  (iévreux, 
en  typ}ioîques,  ils  lui  ont  coiUê  des  millions 
il'honnnes;  mais  aussi  ils  ont  fait  déborder  plus 
que  jnrnais  la  Chine  au  nord  de  ta  Grande  l*nlis- 
sade  :  fuyant  la  plaine  maudite,  de  nombreux 
milliers  de  familb's  ont  porté  la  eharioie  chinoise 
dans  les  vallées  de  la  Mande.hourie. 

Le  Hoang-ho  déverse  peut-être  150  millions 
d'hectares  ou  trois  élendues  de  France. 

75  millions  d'hommes  boivent  aux  ruisseaux, 
aux  [ujîts  de  son  bassin. 

Un  ne  sait  trop  ce  qu'il  roule  d'eau  et  de  boue 
par  seconde. 

Le  Yang-tsé-kiang.  ses  lacs  Hœris.  Canal 
Impérial.  Si-kiang.  —  Nous  traduisons  Yan^'- 
tsé-kiang  par  Fleuve  llleu,  el  pourtant  ce  grand 
courant  est  magnifiquement  vert  en  amont  de  mw 
entrée  dans  la  plaine  chinoise,  puis,  dans  ceiU 
plaine,  il  devient  aussi  bourbeux  que  le  lloang-bo 
lui-même. 

Ce  trisyllabe  doit  plutôt  se  Iraduii-e  par  fleuv»? 
de  la  [frovince  de  Yang*,  ou  peut-être  par  Fils 
di^  rOcèati.  Les  Cliinois  le  nomnu'nl  de  préférenri* 
Ta-kiaug,  le  Gmnd  fleuve,  ou  simplement  Kiang, 
le  Fleuve. 

Le  Yang-tsé-kinng  ou  Fleuve  Bleu  commence 
très  loin,  très  haut,  chez  les  Mtuigols.  sur  des  pla- 
teaux point  connus  eiKîore,  priKligieusemenl  froids 
el  conlinentaux.  Il  réunit  trois  lUvières  Rouges*, 
devient  TEau  sinueuse  =*,  puis  le  fleuve  au  Sabh? 
d'or*  ou  i'Fau  blanche*;  il  reçoit  le  vaste  Valoung, 
puis  le  Ouen  (llvvuen)  ou  Min.  Des  gorges  de  rude 

t.  i^lie  province,  A  femUouchure  du  fleuve,  se  nomme 
aiijourtt'tml  k'  Kiaiig-»oii. 

'i.  Oiilaii-iiuHirL'ii,  ou  (iiuiij^nl. 

3.  Motniiioussou.  cri  mongol. 

4.  KinrtiJi  kJiiii^',  en  rliiiiois. 

5.  l'èdiuui-kiaog,  eu  cJiiuois. 


'  d'at  a  renne  cbiooiie  dans  U  province  de  Canton.  —  Dcsiiu  d'Adrien  Varie,  d'après  uac  photographie. 


du  lac  (Hmi-oan),  rOu<'sl  du  fleuvp 

es  Bour^  |iarifiques  (Ng;in-ltoci)  et  les 

Bf'uvr  (Kiang-sou).  [>i*s  monts  h  la  mer 

rxuU'Tnnlr  donne  trois,  qii.ilre,  i*inf| 

nn  ;  la  terre,  l»i#*u  nfrosiM*,  bien  diiii- 

née,  jamais  lasse,  y  porte  le  marier 

les  fon^tîi.   le   riz,   It*   tnhîic.  le  coton 

fait  le  n.iiikin.  lu  euiim*  à  !>uiTre,  des 

^pîces,   (lu  IIk^    Tnssoupissnnt   |>ïivoI 

tend  à   remplacer  en  maint  endroit 


les  rizières  depuis  un  traité  cynique  imposr  pnr 
les  Anglais.  D'une  ville  de  cent  mille,  de  <!eux  cent 
mille,  de  cinq  cent  mille  âmes  à  telle  autre  cité 
riviile,  on  va  souvent  sins  «piitter  les  rues,  les 
ftiulmurg^s  pour  In  vraie  camjuigiie,  4*t  quand  on 
croit  une  cité  tinie  la  voilà  qui  riTominence.  Des 
Irgions  d'homnii'H  y  vivent  sur  des  l>aU>aux,  de 
la  pèche  ini  di*s  lt'*guines  de  leurs  jardins,  et  ces 
jardins  sont  des  nulenui  de  lMndH»us  (M>rtant  de» 
pelletées  de  vases  arraclic^es  .lu  Yang-tâè-kian|^. 


416 


LA    TKUUE    A   YOÎ.    D'OÎSEAU. 


Dans  son  (niji'l  cnlir  rnotilagiie  et  mer,  \e.  Ilcuvi» 
recueille  les  cmissflircs  de  th'ux  grainh  Iîm:s  vtti- 
sius  de  sa  rive  droilc,  le  Toung-tiiig,  le  IV-yniig, 
et,  entre  1rs  di-iix,  la  rivière  lUiti,  gnmd  Iributiiire 
de  ^durhe  t]n\ignlde  tmx  vjifteut^  tsur  nutani  de 
loijgucur  *{ue  natre  Loire  n  de  ei>urs.  Ce  Ihii 
vient  (II»  lu  Cliiiie  l:i  plus  liistoriqui\  en  mi>Tne 
li'irips  r|ije  de  h  Torre  Jîiutie,  |iar  mit'  vallée  Loiulêe 
de  |iL>U[ik',  dans  un  lit  e.ouvei^l  de  joiirjijos. 

Im  Touu^i\ui<^  n'est  pus  urte  mer  dnns  h  |irei're, 
uriL*  roujie  dans  li'  unmK  ur»  aliiitn'  tre;»u  vcih*  ou 
bleue,  inais  une  ininiensu  llaque  d'eau  lerreusi; 


sur  laf|nelle  gngnent    incessamment   Irs  Ih-Hms. 
joncs  l'I  roseaux  ilu  marais  ;  ses  rives  plates  avjn 
eeitt  ou  rcrulerit  suivant  la  tombée  des  plinVïi;dc 
même  l<'s  Itanrs  de  vase  et  les  îles  dn  lar  sVflktiil 
dans   son    Uni   on    grandissent    au-dessus  dt'  lui. 
Ample   dii   îJtlOODU  hectares  en   moyenne  v\  bu- 
vant les  eaux  d'une  vingtaine  de  millions  d'Iiec- 
lai'es.    le    Toiin^^^-ljnfî    n'a    guère    ijue    six   piedi 
de  proliUidcur  en  été.  mais   il    monte  et  sêpatid 
(pinnd  S4>s  deux  mailrt'S  tributaires»  l'un  de  l'oupst. 
Tniitre   du    sud.    lui   vietuienl    en  haute  enio  et 
lorsque,  dans  sa  grande  evondanci'  annni'llo.  le 


Chinois.  —  Dessin  do  F..  ï\nn^a. 


Yang-lsé-kiau^^  lui-même,  nifoulaul  le  déversoii', 
enire  à  eonlre-eouranl  dans  le  lac  et  y  dt''[]ose  de 
son  iuomlaïinn  :  le  Toun»^^-tini;  est  donc  uit  i^raïul 
ré^Tilalt'Uj"  du  premier  di'S  deux  Nils  ehiiiois. 
Li;  Po-yang.  [dus  fielit  que  le  Toung-lîng;  de 
50  000  heelan's,  lui  resseinltJe  ;  il  ne  pousse  point 
ses  eaux  e-on(iv  dfs  enps  montn*j;neM\  :  jonchères, 
roseliéres,  vasières  ne  cessent  de  rapproelier  len- 
tement «es  rives:  ri  reeoil  de  foi'ts  aflliierds;  il 
gagne  le  Vaiig-lsé  par  un  4'ourl  dt''\ersoir.  et  sui- 
vant le  temps  aciToit  le  lleuve  ou  prend  eu  réserve 
une  pari  dn  ses  ex[ïansions. 

Vers  >ankiiig»  à  7tO(i  kiloirïèlres  de  la  mer,  eorn- 
menrenl  Uni  et  reflux,  h  Taise  <lnns  un  large  che- 
nal où  il  y  a  40»  50  et  jusque  plus  de  100  mètres 


de  profondeur  d'eau;  puis  le  Heuve  entre  dans  son 
delta,  chaude  Nêej'laude  4pii  s'est  souvent  cm- 
foMilne  aviM*  relie  k\u  llonng-ho.  La  marée,  «■ou- 
vraiil  de  r»  H  i  rnélrt*s  l/'J  ta  vase  de  l'emtiout'linri', 
lui  pi>rte  les  lourds  vaisseaux  qu'il  ne  reccvnil 
jias  sans  elli\  car  il  n'y  a  que  A  niélres  dVau  sur 
les  barres,  <laiis  les  nieilleures  de  ces  «  coulét'S  i 
qui  ont  valu  son  lonn  au  Kiuiig-sou  —  coulées  «i 
nombreuses,  séparées  |iar  tant  «l'îlots.  ile  sililfs, 
de  l>oues,  que  le  lleuve  dit  lîleu.  quoiqu'il  train* 
au  moins  0  métrés  cubes  de  Pange  par  seconde, 
a  100  kilomètres  de  largeur  entre  ses  deux  l»nwi- 
elles  extrêmes. 

Le    Yang-lsé-kiang    (fiOOO    kilomètres)    érnulc 
188  millions  d'hectares   où   vivent  200  niilliom 


» 


EMPIRE    CHINOIS. 


417 


ItiifS.  Suivant  toute  probabilité  trois  fleuves 
Dent  remplissent  autant  ou  plus  de  mor  : 
liius  rAmazone.  puis  le  (!oii£;o,  puis  le  flio 
Plalii.  On  lie  roriiiiiit  p;is  .tu  juste  sîi  pyrtr*'; 
■oiitMiionl  on  afliiict  qu'il  roule  1*^000  (?)  mi'.- 
jIm's  \tHT  seroiuie  à  l'étiago»  2*2  000  dans  la 
ne  de  l'année. 

inie  le  Hoang-ho,  le  Yang-tsê  coupi'  la  riviLTC 

'urispoi't.s  fYun-liu),  nuire  eauat  lirif^rriaL  iutig 

(le  2000  kiloniMrrs,  avee  60  à  ^(10  rtu-lrcs 

eur,  et  qui  portf  ou  plulAt  [torFail  (]es  niil- 

jooqucs  00  vaisseaux  chinois,  des  e-anoLs 


sans  nombre,  des  hameaux  de  bateaux,  des  villes 
floltantes  ;il  raltaclie.  ou  plutiM  il  rattachait  IV-kin^ 
au  centn»  de  l'tMnpîre.  vu  même  temps  qu'aux 
provinces  dit  Sutl,  mt  ^•\•^i\[  le  riz,  ifiii  «'^1  le  pain 
des  Chinois.  Mais  depuis  les  dernières  irrufilions 
du  Fli*uve  Jaune  il  n'i'st  [dus  capable  de  mciK^r 
uni'  banjui'  d*-  .son  lieu  ilc  départ  dans  Ir  Midi  à 
Tien-tain,  son  lien  d'arrivée  dans  le  Nord.  Kventn^ 
çâ  et  \h  par  de  larges  brèches,  ^h  et  là  visité  p^r 
la  vase,  pur  les  sables,  ici  vidé,  là  ramblé,  ail- 
leurs s'épanehnnt  en  palus,  il  irest  plus  le  grand 
chemin  de  la  nation.  Il  y  a  bi^aucoup  de  canaux  en 


et    nombre   de   rivières   uîivigables,  mais 

es  y  H4)nt  i*ares. 

Fleuve  Bleu,  mérne  nu  Jaune,  et  pom*- 

prand,  le  maître  courant  du  Sud.  le  Si- 

ou    fleuve  (hrcidenlal,   venu  du  Midi    nua- 

du  Yun-nan,  Imverse  l'Ouest  et  l'KsI  de  l'é- 

cVsl-â-dire  les  deu\  provinces  Kouang,  Ii* 

:-*^i  cl  le  kouan(;-touiig.  Quan*!  il  arrive  à 

-lu  de  800  000  tieclares.  après   i:>0O  kilo- 

voynge  vers  rorienl.  il  antèiie  des  eaux 

été  jKir  |t'*t  pluies  *de  la   mousson   il 

ibmhles  clieiiaux,  dédale  propice  aux  ëvo- 

di's    pirates,   dnnt     le    nombre    diniitme. 

mii|;e  ses  jonques  le  long  d'une  des  bran- 

r  cc*delln  qui  s*ouvre  sur  les  eaux  de  Macno, 

piH'luf^aise,  et  de  llong-kong.  Ile  dite  an- 

0.    hlTLVf.    U    TiNKC   A    rot.    u'ulfCAO. 


glaise — mnistoutes  deux  sont  chinoises.  Ik*8  bou- 
ches du  Si-kian^r  à  celh's  du  Yan^-lsé,  le  litto- 
ral, fort  déeonpé ,  dêjMMid  des  provinces  nom- 
rtiées  le  ÏVns  prospère  (Fo-kien)  et  le  Fleuve  rou- 
lant (Tché-kiang). 

Les  Chinois,  leur  <  sagesse  >>;  respect  des 
flECêtres.  —  Les  lJiin(»is,  race  très  nnUé»»,  avec 
beauciKip  de  nuances  de  peau,  beaucoup  de  formes 
et  d'aspiMis  de  visa^'e,  maurpienl  essentiellenienl 
de  beauté.  Tout  au  moins  nous  semblent-ils  hiids, 
à  nous  autres  Kurop^ens.  Leur  télé  rasée  avec  une 
(|ueue  de  cheveux,  soif^neusement  tressée,  qui 
peml  p.ir  derrière,  leui-s  joues  et  leur  menton 
presque  sans  barbe,  leur  nez  plot,  eamard,  ne  sont 
pas  pour  embellir  une  lace  qu*éclaireut  mal  deux 

r>3 


J 


418 


LA    TERUK   A    VOL    n'OISEAll 


potils  yeux  bridt^s   et,  comme  on  siiit,  obliques 

On  présuma  que  celte  sorte  d'hommes  se  forma, 
Irnlenifiil  cortiiiii'  tout  ee  qui  diin',  (i:Hîs  Ir  \n\\s 
tli'  In  Tuiiv  Jnurir.  rrl  irnmnisc  loi  ;ij^riciïli'»  li» 
plus  vai^e  au  momie,  Des  éh'ini^nls  dr  toule  ospiVc 
y  roncoiinireul,  drinl  ntuis  pouvons  rroire  que  !e 
principal  fut  InnUtclitotR'.  ou  sin-<îis;uit  tel,  qin; 
li;  Chinois  n-^antc  .lujnurd'hui  du  Jifiut  do  si  l)our- 
geoisie,  le  Miao-lsô,  le  Si-fan,  et  vitïj,''t  nutrcs  na- 
liotïs  sauvngi'S  liu  mont  redoutées  vi  méprisées 
par  le  rural  romrtie  par  le  riladiii  <!i'  Li  phjùie.  A 
eos  ([  fils  du  pays  »  se  méJùi'ent  *'u  niîi^nnn  tous 
les  gens  d'nlentour,  hommes  du  (itviml  l'iiileau, 
Minit,^ds,  Turrs,  TilxMains.  ri  les  M.tndelniuï  du 
nurd»  et  1rs  Malais  du  sud,  et  les  lîiïju^ins»  voisins 
de  l'Inde,  et  <le.s  nations  mortes  maintenant  ou 
[>lu!ôf  rouvnli's  et  carhiVs  par  daulres. — 'iVIli' 
est  (larloul  i^  T unité  d'origine  >».  — F^armi  les  noms 
que  se  sonl  donnés  les  Chinois,  il  en  est  un  qui 
si^^uifle  les  Crul  faniilltîs  ;  il  se  peuL  qu'il  comnié- 
iHoiv  erltc  diversité  d'aneèlres. 

C'est  une  nu'.e  forte  par  sa  jvitience  et  par  sa 
sagesso  ;  rien  ne  h  rt'lujlt*,  ù  louie  rluïse  rlle  s*fic- 
t'onmiode,  l'IK'  iic  violcnle  pas;  sans  élans  im- 
prévus, sans  coups  d'aile,  elle  arrive  au  but  ; 
l'opium  qui  onivre,  le  jeu  qui  ronsumc,  c'est  tout 
ce  (|ue  le  Cliirioîs  iiecorde  à  l'idéaU  à  riin^i^aiialiun, 
au  rêve,  à  Tavcugle  fortune.  Nul  peuple  n'égale 
k's  lils  du  (irarid  et  pur  eiujiire  dans  bt  eiuidniU' 
de  l;i  vie  pi'atique. 

L'ne  veilu  mailresse  les  guide,  depuis  que  la 
t^Jiine  est  Chine,  dans  col  étroit  sontier  de  sapienro 
et  patience  :  l'amour  de  la  limiille,  absolu  ehez  eux, 
priniaiil  luiil  autre  senlirneul.  Kl  cet  amotH\  en 
s'élargissant,  devient  la  tidêlilé  à  TÉlat  l'hinois 
qui  est  la  u  grande  famille  »,  à  l'empereur  de 
Pêking  <iui  esl    le  u  père  di^  iieuide  m. 

Filial  par  delà  père,  g^rand-pèj-e,  aïeul,  bisiioul, 
le  Chinois  vénère  les  «  ancêtres  w,  jusqu'aux  plus 
r<a'ulés,  jusqu'aux  primiH'dtaMt.  Ces  t^ens  ont  luie 
espèce  de  passion  pour  la  murl  :  ils  s'occupent 
avec  délices,  et  longtemps  à  l'avance,  du  lieu,  de 
Taménagenient  de  leur  sépulture;  leur  jiriMiiier 
souci,  c'est  de  saehcler  une  bière  ca|uloiinèe  ; 
chez  eux,  sous  tous  les  yeux,  parfois  dans  la  plus 
belle  chandire,  le  reiTUeil,  meuble  d'ajj[*aral»  s'é- 
tale en  attendanl  criui  qu'il  >a  dévorer,  ijnaud  la 
guiure,  rêpitiémie,  arrêtent  le  Irain-lrain  des  en- 
lei'renu'nls,  b  s  bières  se  rati;;eiil  le  bmg  des  roules, 
le  morl  dedans,  jusqu'au  rcloni"  du  calme  itidis- 
pensable  à  la  décence,  à  l'honneur  des  riles  funé- 
raires. A  l'élranger,  rien  ne  [ïréoccu[ie  aulanl  le 


(Chinois  que  le  rapatriement  de  son  corp?,  si  par 
hosard  il  doit  mourir  loin  de  la  terre  uatAlc;uo 
deniiiM-  vreu  c'est  déire  etdoiii  dans  le  sol  sacré 
du    a  Milieu  ». 

Dans  ce  pays  où  la  fécondité  de  rilonune  Jjuine 
répond  h  l'exultéram^e  de  la  Terre  Jaune,  où.  \nn 
celij  même,  la  morl  laurbe  â  tour  de  bras,  Mi^Wî 
pont  b*s  champs  de  repos  ;  et  comme  ils  &out 
inviidables,  (pie  chaque  défunt  y  a  su  place  pour 
d*'s  siècles,  chacune  de  ces  nêcrop(des  ap- 
proche iticessanuueiit  ses  tombeaux  des  lîls  d'uo 
aulre  dortoir  des  trépassés,  j^cs  cimetières  liui- 
raicnt  ]>ar  couvrir  la  Chine  si  de  lenq)s  en  tcnips 
un  avèneniLnil  de  dynastie  ne  levait  l'interdit  ipii 
proLège  les  dernières  demeures  ;  quand  une  fa- 
nulle  nouvelle  arrive  au  Irône,  le  sillon  empiètr  ii 
son  tour  sur'  la  fosse,  on  cultive  les  vieux  char- 
niers el  l'on  en  creuse  d'autres  qui,  d'empereur 
en  empereur,  empiéteront  autour  d'eui  jusqu'à 
la  tin  lie  la  tlynaslie.  (pielqtiefois  plus  lougteni[»s 
encore.  Lorsque  la  famille  aujourd'hui  régnarilr, 
celle  des  Mandchoux,  devint  souveraine,  elle  s'en- 
gagea solennellrnienl  —  serment  qu'elle  ne  >ioIa 
pas  —  il  ne  [)oiril  laisser  célébrer  son  avènemeul 
par  les  conquêtes  de  la  charrue  sur  les  champs  ilc 
la  [lourriture. 

L'émigration  chinoise  :  elle  ne  submergera 
pas  le  monde.  —  C*^'l  empire  de  sages  agruiioineb. 
de  jardiniers  ineonq)arables,  de  bons  pères  ol  bons 
(ils,  sujets  dévoués,  citou'iis  paisibles,  n'avait,  dit- 
on.  que  57  millions  d'habitants  en  \6ii. 

lui  adnn'll.inl  la  vérilé  des  on-dil,  il  en  conqilad 
déjà  M;2  millions  en  17i'i^  puis  tïtiH  millions  rn 
1770.  el5G'2  millions  eu  1812,  entin  il.";  millions 
en  I8i2.  4^0  nn'llions  serait  aujouj-<rbui  leur 
nondire,  que  même  les  mtssionnaiti's  russes  esti- 
maietit  il  y  a  viu^t  ans  à  plus  de  500  millions. 

Ce  ne  soûl  point  là  tes  seuls  Chinois  du  momie. 
Tous  les  ans,  malgré  rofiiràon,  malgré  les  lois, 
des  essaims  s'envolent  de  la  ruche  bouidonnanle. 
Presque  toujours  sans  femmes,  presque  lous  fournis 
[>ar  deux  provinces  nu'ridJonales.  le  l'o-lvien  el  le 
houatig-touug  (t^antonj.  ces  fuyards  du  Crand  eîn- 
pire  des  pui's  ià'en  vont  au  Tonquin,  dans  l'Annani, 
en  Coehinchine  et  dans  le  Siam  où  di^s  villes  sont 
[dus  chinoises  que  coehiinliitmises  ou  si»nioisi*S. 
dans  les  PhilippirR's,  H  Java,  à  Sumalra,  à  Boroêo. 
aux  Moluques,  en  loute  «  .S*jiidei>  et  en  loule  o  Mé- 
galonéste  ».  Là,  ailleurs  encore,  ils  vont  mélissaii\ 
les  races,  faute  de  Chinoises  pour  fonder  un  foyer 
chinois.  El  ils  s'enqjorent  de  tout,  culture  graudf 


KMIMHK   CHINOIS. 


^n 


e,jardinage,iTiincs,  induslriejiaulelï.iiiquc, 

iisurairc.    môliers,   services,   doinestirili'. 

5tiit;;i[MM*o  mVsI  ni  malaise  ni  angl.nst*,  l'IIp 

Soist*.  l'ould-l'iiiaii^  aussi;  r.lioloii,  lt.iii^'lu»k> 

[d'nuiros  ciU*'s  sotU  égaleitu'nt  des  colunies 

lilieu  n. 

Juin  de  leur  rourmilièro,  ils  cnvaliissaicnl 

Dmîe  p(  autres  VAMs  tW  ITiiion;  ils  y  al- 

en  le!  i)unibrc%  ils  y  Iniv.iîljaieitl  Uinl,  el  si 

à  ^i  biis  prix.  t\\u'  le;*  Viiiike«^s  uni  i-u  |ieur 

Itfllûw  Agony*  et  qu'ils  les  ont  éloignés  prir 

(Eu  Australie  on  les  éeartc  égaleiiiiMil,  tanl 
redvulc  leur  coiieurreiico   en    liml   métier 


servilc  ou  non,  en  loute  arfaire  largo  ou  menue, 
délier  ou  grossière,  ;i  In  eampagrie  comme  à  la 
ville,  aux   rntues  rotnnie  (tants  les  plantations. 

Ailleui's  i»n  les  reeJierclie,  en  inaiiile  et  mainte 
région  Ij-opleule  où  le  Nègre*  s'ètirant  au  suletl, 
se  repose  de  trois  cents  ans  de  chaîne»  ù  (luba  cl 
aulres  Antilles,  dans  les  Ciuutne.s.  an  IVrou,  dans 
les  mers  du  Sud. 

Si  par  luisard  on  les  exllrpe,  ils  reiioussenl  :  un 
Cïiiiïoi.-î  meurt  ou  repart  chargé  d'or,  dix  Chinois 
le  rein}»lacent  ;  un  Chifiois,  très  rarement,  se  ruine, 
cent  Cliinois  sont  eousus  d'or. 

Mais,  quoi  qu'on  en  ail  dit,  ils  ne  soutnellronl 


"*^^ 


Destin  de  E.  Ronjat.  d'âpre  une  pliolograpbic. 


monde  ;i  leurs  décrets  monosylhibiques. 
ir  approche  où  Ihumanité  hlam-ln*  aura  sons 
'\l  des  cieu\  autant  de  cenlaines  de  nullions 

les  que  l'humanih*  jaune,  et  hient<il  la  seule 

p«*scra  sur  la  Chine  du  (H>ids  itornens  >  d'un 
ctinlincnt  peuplé  de  nices  du  iNord.  L'Arné- 
sc|i|entrionale  n'eOl-elIc  que  ses  (Canadiens- 
lis,  s*'sSeandiïiaves,  ses  Allemands clv  l'iJuest, 
ous  (I  \iinkees  n  à  part,  il  lui  sullit  de  ces 
de  fMVsnBS  féconds  pour  braver  V  «  Agonie 
n  sur  une  terre  si  vaste  qu'elle  peut  porter 
enieul  deux  fois  plus  d«ï  .Nord-Vmérieains 
lOiini*  de  Chinois.  L'Amérique  du  Sud  «si  à 
Kli«Mi«  verni»sés  d'Kuropéens.  nations  patiiMi- 

à  des  «  Péninsulaires  u,  Ks|Mignols  on  l'or- 

4  Agouie  iaunv  •«  du  fait  des  Jaunt:».  cttst-A-dirv 


lugais  d'un  génie  très  dur,  ni  d'ores  el  déjà  reçoit 
plus  de  n  Latins  h  quelle  ne  recevra  jamais  de 
Chinois  quand  même  le  Ihésil  s'ouvrirait  :i  deux 
bnltanls  devanl  la  file  des  travailleurs  glabres. 
L'Auslralie.  quand  snnnt^ra  l'an  {\o\\\  mille,  num 
peuplé  k'  littoral  (|ui  Fait  ceinture  autour  de  son 
désert  et  toutes  les  oasis  (jui  zèbrent  ce  saliarn. 
<Juanl  à  l'Afrique  h'i[i[[érée.  ses  Arahi's  cl  lïer- 
bères,  ses  Français,  Ksjwignols,  Italiens,  IVitugais, 
ses  Angluis,  ses  llollaiulais  n'appellent  point  le 
Jaune  et  u*>\\i  pHs  besoin  de  lui,  l'Afrique  Iropi- 
ealt'  ayant  ilans  ses  Négn-s  une  ressource  infuiie. 
L'empire  du  inonde  n'(*stiii  pour  les  satisfaits,  ni 
piiiir  1rs  phlegmntiqurs  :  de  racc  militaire  en  race 
mililain*  ce  sont  les  pauvres  el  les  violents  qui 
le  raviront,  et  sons  doute  ceux  dont  le  haut  Sep- 
tentrion reslaure  incessamment  la  jeunesse. 


« 


420 


L.\    TKRUK    \    Vni    iroiSEAL". 


Langue  chinoise;  pidjîn  english.  —  L'i- 
diome t'hinois  SI*  divise  on  diïtlt'cU's  «  fraU'rrtcls  w 
ayatil  rmlunf.  (k*  r:i[ijM>rrs  min'  *mu  f|inî,  par 
e.\i'iii]>I<',  les  lungiii's  nru  Ijilitjes  :  (Vinirviis,  t'S|ta- 
gnnl,  ilaliciï,  porlug.iis. 

Lie  jour  vi\  }vuv  tH's  diiilpcles  rcridpnt  d*.'vniit 
l'idiurjiL!  oriiciL'l  du  Nojd,  dcvjiiil  le  p.Tilor  de 
IV'kiiig^,  le  kouan-lioa  ou  maiidoriii,  \i\  (dus  iiiisé- 
r.ilde  de  (ouïes   les   voix  luimniiïcs, 

G'esl  un  jnrgnii  siitïs  llexious,  sans  vfi'l/iîs,  sans 
adjectifs,  f;iitdt^  inonosyHidK's,  el  si  piiuvre  qu'il  n'a 
*^|Uo  i20  '  mois  preiuiul  cinq,  dix,  et  jusqu'il  vin^ïl 
iiii  liviile  iieeeptiotis  siiivaul  le  eliing  ou  ton,  luodu- 
l;ilitjn  rliaiitatile.  Ortiiitis  dînliH-d^s  du  Sud.  ileux 
fois  jdiis  j'ieltes  que  le  m  [urisien  i>  rldiuiis,  dis- 
posf'ut  diî  80Û,  llilO.  et  iiuViiie  près  de  1000  termes. 

Telletneul  iiidi<fe[ile  et  laharieuseesl  eetle  !fUït,'tie 
que  suuv**rU  4leux  ('Iukûïs,  ne  se  ctuupreuiuil  (dus, 
doivent  reroïirir  à  leurs  pinceaux  pour  saisir  pîir 
rèrrituriî  l'idée  qui  êcliap]ie  à  h  panile.  Plus 
euioi-e,  ce  triste  langage  est  etitihainé  [lar  une 
écriture  soi-disant  liguralive  <[ui  ne  figure  plus 
rien,  car  les  si^pirs,  d'aLon!  giV)s>iêrcnuMil  rejuv- 
sentatifs,  sir  soivL  eutljrituillês  eu  relirveaux  di' 
lignes  rebelles  â  Id  meilleure  ujêinuire.  Il  y  a 
-ii^il)  de  ces  signes;  2li,  loul  n  (ait  indisjîeusn- 
bles,  pi'uveril  être  considi-rés  rotnuie  l'actnes.  iKnix 
vies  d'inuntne  suftiraienl  à  peine  à  épuiser  la 
science  de  la  lecture  cliinoise,  mais  avec  quelques 
milliers  de  signes  on  se  fuit  conqu'ejidre  partout, 
et  les  liuiL  à  neuf  dixièmes  ili^  ce  peuple  èprîs  de 
science  pratique  siiverU  lire  couramment  le*s  si- 
gnes uliles  à  la  coniluite  journalière  de  la  vie. 

Les  t^hinois  êcri>eiLt  au  ]iincean.  de  liant  en  lj;is 
et  de  droite  à  g;iucl»e,  le  liui^^  di^  li^nies  verticales. 
.Malgré  riudigite  nusir-'  ne  l'idiurue,  la  patience 
ctunoisc  a  construit  un  vaste  é<liliee  liltéj'aii*(^  : 
reneyeln[)édie  inqH-riahs  t^u't  côuipiendra  les  grau 
dos  oMivres  de  l.i  nation,  aura  ItWKItJO  volumes. 

Peu  dlvurtypéens  apprejuienl  une  langue  si 
pauvre  et  nue  counne  mois,  si  touffue  fonnne 
signes,  cl  peu  de  Chinois  s'adonnent  à  nos  idiomes. 
Dans  li's  [lorls  ii4*  ruinmerci'  est  né,  pour  l'etilente 
eonmume.  un  ^^  papiimîeiito  m  digne  de  la  Lliiue, 
le  piiljin  eiiglîsli.  saLtii*  phénoménal  (]ui  ujiît  des 
monnsyllaljes  cluuuis  avaiés  à  l'anglaise  et  des 
nmts  ani^dais,  et  sui'lonl  portugais,  fort  fiourris, 
chantés  à  la  eliirii)ise.  Le  mot  qui  lut  vaut  sim  nom 
de  pidjin  est  l'anglais  :  Lusiiirss',  qui  lui-même 
est  le  français  :  besogne. 

\    On  pMil  .'rre  iCtlI. 
i.  C'ti$t-â-du'C  aU'aires- 


Le  pidjin  englisJi  a  déjà  ses  proverbes.  6es  rhnu- 
suns,  ses  odes,  sa  liltéralurc. 

Religion.  Gouvernement.  —  Dans  les  claK^s 
élevées  de  la  nation  règne  une.  sorle  de  nioriilr 
pratique  tirée  des  ouvrages  de  Oonfucius,  pliilo- 
sofihe  (pie  les  Chinois  révèrent  connue  le  plus 
gi-nmi  des  hommes,  mais  ce  n'est  que  le  conseiller 
prudent  d*une  race  lri\iale.  !^  foido  pn)fe&5e  le 
Imuddliisme  sous  !e  nom  de  religion  de  Fo,  cl  los 
lionddliistes  chinois  s*  nombrent  par  centaines  (le 
nnllions  :  u  La  roue  du  monde  tourne  éterneili' 
ment  sur  elle-même,  et  la  splendeur  de  I  asire  tJi 
Fo  va  toujours  eu  grrtn<lissanl.  n  tue  morale  lern» 
â  terre,  des  superstitions,  quelques  restes  nl»scurs 
de  radoraliou  des  forces  naturelles,  un  re^pccltirti 
«  génies  )*  du  ciel,  de  la  lerre  (M  des  vnnu  surioul 
le  culte  des  nncélres.  c'est,  au  fond,  toute  la  foi 
des  fl  fils  de  la  Lune  *  d.  Parmi  les  gens.de  loisir, 
beaucou]!  i^tiivenl  la  doctrine  du  philosophe  Lao- 
Iseu  ;  elle  est  pour  plaire  ;î  l'esprit  cliinoiîi.  puis- 
qu'elle prêche  In  pratique  sage  et  modérée  du 
bien-être. 

Ihms  le  nord,  l'est,  le  sud-ouest  de  Fcmpin*. 
principalement  dans  le  Kan-sou  et  dans  les  Alpes 
du  Ynn-nau  fendues  par  le  Mékong  el  par  le  Yang- 
Isê-Uiang,  vivent  '20,  2.%,  .'O,  même  55  ndlliaus 
de  Musulmans,  on  ne  sait  trop,  supérieurs  an  n'sïe 
des  tlhinois  parce  qu'ils  ne  rechercheal  point  lus 
rêves  de  ropiniu.  lienue.oup  iPentre  eux  se  Ji:Hio- 
guenl  aus.si  du  (ronjcau  de  Han  par  des  tnils 
nnbtes.  des  nez  droits  mi  n(|uilins.  dt>.s  yeux  friinr 
ouverts,  héritage  d'ancêtres  ai^alies  appeler  au 
huitième  siècle  par  un  empereur  <pii  résidait  ii 
Si-ngan  fou,  alors  cat>itale. 

riirèliens,  juifs,  adorateurs  du  Fou,  les  aulnes 
religions  n'ont,  toutes  ensertdde,  que  (pielques 
centîdiH^s  de  niilltei's  de  discipU*s.  \  la  lin  dn 
seizième,  au  cammencement  du  dix-septième  siècle, 
les  plus  Iiahiles  des  honuues,  les  Jésuilt'S,  ulUiient 
convertissant  la  Chine,  nuns  leurs  Mussions  |>ôrj- 
rrrït,  et  quand  le  sang  des  martyrs  cessa  dceoukr. 
le  "  t.ljrist  crucifié  )>  u*a\ait  plus  un  seul  lémoiii 
parmi  li^s  iils  du  Milieu.  Ce  qu'il  y  a  mainteuMit 
de  chrétiens  dans  le  (]rand  el  pur  empîi*e  doit  « 
conversiini  récente  ,mu  prosélylismt*  do  mission- 
naires catholiifues  ou  prolest;mts. 

Le  gouvernemeul  chinois  est  un  joug  nlwunli 
[>ar  li's  eiuu'ussions  d'une  aristocratie  de  bunaU 
dont   les   membres   se   nonnnenl   les    kuuap  uiit 

1.  Le*  CJiiuois  aitnenl  â  se  UcsiKoer  ainsi. 


V22 


LA    TfiUnr.   A    VOL    DOISEAU. 


comme  nous  disons,  les  mandarins,  mol  ossonlit*!- 
lemenl  «uropt^cn,  nullement  chinois,  qui  viciil  du 
portugais  mandar  (fommaiulor).  Ofle  classe  énii- 
iifulf,  siivîirïïrru'îil  iiii'rnn'hisiV,  l^st  i-<>u(iiiii're,  pii- 
perassièiv,  lil.  coulée  au  moule  tonnuc  loul  ci*  (jui 
sort  des  cxiimrns  d'Éliit  ;  niiii^,  dii'cctrice  d'un 
t'Hipini  ijui  a  dos  millk-rs  d'jiuriéus  dV'xislence,  ello. 
a  uiï  Hi'iilïuu'ut  trôs  vif  An  la  durôo  et  m  nii>[no. 
luni[»s  la  lon^aKi  duplicité,  la  jiatii'iieo  cliimiisc*  : 
c'est  |)îitrt^)ti(|uciiK'ii(,  liahiU'rijrnt,  oljsliuénKMit 
qu'elle  conib;*l  [jniir  m.iiiitLMiir  l'iiilégrilé  du  ^  Mi- 
liou  M,  ïiujouïd'liui  livs  lueuacée  au  dedans  el  au 
dehors. 

Au  tlj't|;iiis,  dis  sociéiés  secrètes,  des  secïes  po- 
liti(|ues  iiijti(!nt  les  soubasseinenls  du  cnlossnl  édi- 
fice, et  il  n*y  a  pas  long-temps,  Ki  rrhellion  des 
Tîiî-ping  Ta  si  forl  ébnuilé  que»  sans  le  seeoui-s  de 
riùirope,  il  se  serait  écroulé  par  loneen  iiifniiiies 
débj'is  ;  même  nul  ne  sait  si  le  sang  des  cinquante 
millions  d'Iinniines  noji'ts  de  cette  guei're  a  suffi 
punr  *MJ  ciineiitei'  indeslruclihlenieiil  les  nouvelles 
fomlaliuns.  La  révolle  des  Musulmans»  récente 
aussi,  n'a  pas  nuiins  secoué  la  Ireinlilanlt*  kUisso; 
on  les  a  snuinis,  mais  non  domptés,  car  ils  sonl 
fiers  de  leuj"  foi,  fiers  d'eux-niètJies,  el  ils  tné[;ii- 
senl  la  lourbe  chinoise.  Sous  ces  lutles  sociales  ou 
religieuses,  dans  le  torrenl  \\q'^  passions  violentes 
ou  le  bourbier  des  |)assions  vénales,  s'agite  peut- 
éln*  inconsciejnnienl  IVirne  lit^  vieux  p4'Uples,  aux 
uuuïs  êvnnouis,  subniergés  depuis  cent  génératiuus 
dans  le  vasle  océan  de  la  n  nation  dts  Puis  \u 

Au  dehors,  le  Japon  pi'ochuue  ses  ambitions; 
l'Angleterre  confronte  ù  rempire  par  la  Birmanie; 
Il  l''r.'UH'e  le  tourbe  [lar  le 'Hinquin,  el  la  S;iiu!e 
lïussie  le  menace  le  \<nv^  d'une  fioiitièiv  de  plu- 
sieurs milliers  de  kibunèlres. 

Des  cmieiuis  extérieurs,  un  seul  pcul  Tép^Mi- 
vanter.  Cesl  le  jHMiple  des  Vo-lo-tsé  qui  lui  o[t[)o- 
scra  queb(ue  jour,  en  masses  profondes,  pnysana 
contre  pays:ms,  t^ur  le  cinquième  de  bi  l'ondeur  du 
Globe,  du  golfe  du  Jnpun  jusqu'au  Toil  du  monde. 
Les  Vo-tO'Ué  sont  les  Russes  :  le  Clniiois,  Inibitué 
h  ses  monosyllabes  et,  par  siircroil.  inciip;d>le  de 
prononcer  les  r,  qu'il  remplace  par  des/,  a[>pelle 
ainsi  1*'!*  *'»'"!  douze  millions  de  sujets  «lu  tsar;  de 
même,  il  luumue  les  Français,  Fa-lun-si',  el  pour 
Christ  il  dit  lii-Ii-si-toii-si. 


Villes.  —  Les  dix-huit  provrniTs  de  la  Chine  se 
iliviseul  eu  fou  ;  les  fou  en  tt;héou;  les  Ichéou  en 
hieu,  el  les  liien  en  pao  ou  en  lou,  ire  qui  veut 
dire  eu  cuimnujieâ. 


L'empire  Chinois  lient  le  premier  rang  sur  terre 
pour  le  ntnnbre  des  villes  sup<>rieures  à  cent  mille 
limes  avec  du  sans  leur  banlieue. 

Les  grandes  vilb-s  chinoises  comprenneul  tn*is 
cités,  lune  mueltc,  l'autre  bniyanle,  la  troisiémr 
pauvre  et  sale,  toutes  également  pleines  desTuin^ 
qu'onl  laites  les  guerres  ci\ilcs  du  Iroisiènie  ()unrt 
de  ce  siècle,  débris  que  la  résignation  chinois*.* 
laisse  à  leur  abandon, 

La  cité  aiuelte  est  la  vilb'  tarlaro,  armée  d'une 
enceinte  aux  portes  soi-disant  monumenfub'.^,  peu 
plée  par  les  mandarins  et  leurs  valets,  les  gi'ik*- 
rnux  et  leurs  soldats.  Acropole,  caserne.  pnUis 
dadiniiJïstraUoii  et  de  finance,  préf)*clureel  nwinr. 
elle  n'a  poiul  de  boutiques,  jms  d'échoppes,  etk-^ 
rues  solitaires  s'allongent  à  n'en  pas  finir  entre  les 
nmrailles  basses  (pjî  bordent  les  jardins  el  Ifs 
cours;  il  ne  s'y  fail  [»as  de  commerce,  sauf  sans 
doute  celui  des  consciences.  On  rappellcnil  aus- 
tère si  les  choses  chiriuises  étaient  dignes  do  ce  nwt 

La  ville  chinoise,  égaleiuenL  murée,  n'a  rien  df 
monacal  cl  rien  de  militaire.  On  y  trafique  de  tout. 
Certaines  rues  étroites  y  contiennent  à  |>eine  le  flut 
houleux  des  passants;  ce  ne  sont  que  magasins, 
enseignes,  afficbt^s,  étalages,  marchands  ambu- 
Linls,  hommes  aflairés,  moins  agités  toutefois  qu'en 
Kuropo,  mais  de  toute  grande  foule  il  sorl  uut» 
grande  rumeur.  Des  fossés  gluants,  des  plaque» 
d'immondices  déshonorent  les  plus  riches  quar- 
Iters;  nulle  pari  un  noble  monument  ne  prlr 
d'arl,  de  benuté,  d'idéal  â  la  tourbe  des  arhetL*ur> 
el  des  vendeurs;  le  riche  a  ses  soucis,  ses  calculs, 
ses  plaisirs,  le  soin  de  son  égoîstnc:  le  pauiir 
cherche  la  jM>ignée  de  riz  qui  soutiendra  safamilk 

La  troisième  ville,  c'est  le  faubourg,  plein  d'ou- 
vriers, encombré  de  iiiulheureux,  d'infirmes,  avec 
cent  baraques  pour  une  maisun,  mille  senliaes 
pour  un  carrefour  sans  ordure  et  sans  od**ur.  H 
n'est  piiint  serre  par  un  carcan  d«i  murs  :  làclie- 
ment  construit,  il  s'«'*[Kir|Hlbr  aux  quatre  venLs 
vulgaire  ciunme  nos  plus  laides  banlieues,  sak 
au  delà  des  rêves  du  cauchemar. 

La  Chine  a  pour  capitale,  sinon  pour  cUe  ma- 
jeure, IV'king',  ville  sans  splendeur  malgré  des 
ponts  de  marbre,  à  57  mètres  dUtitude.  sur  dis 
s(uis-affluetïts  de  fa  mer  Jaune,  et  spêcialemerd  du 
golfe  de  IV-tchi-li.  Son  nom,  (pii  veut  dire  i'xtuT 
ilu  Nord,  [tar  uppusition  à  Banking  ou  Cour  du 
Sud,  est  aussi  peu  famtliiM'  aux  canquigtuirds  df> 
environs  que  celui  de  Lulèce  aux  vilbii:i'ois  de 
Seine-el-Uise  ou  de  Seiue-et-Marne  ;  les  deux  noms 

1.  On  proiiouce  l'éliag:.  ou  Bétziii^'. 


EMPIRE    niUÎVOlS. 


425 


nt  usités  sout,  «m  stylo  administnilir, 
Jen-Tou;  et  en  langnge  usuel  Tsinglcheng  : 
le  In  Rèsiiltmr**.  On  lui  ;»  «Imint'  tli'ux.  trois, 
tnipiiilliousd'hahitaiils.oiia  nivrnrli.isiirdi!' 
ions,  mais  il  no  sombti'  pas  qu'il  y  ;iit  plus 
00  âm(>s  sur  les  05il  |jfrl;in\s  i\o.  ci?  pan- 
III  plus  curieux  que  heati.  (jy'aiïrtiirtT 
s  maisons  de  bois,  duu  seul  êlage,  coiffées 


de  tuiles,  dans  les  rues  de  banques,  avec  espaces 
vagues  el  vides,  gnnds  jardins,  palais  énormes, 
inuneuses  leTn[)les  bizarres  :  le  loul,  snivnnt  l'u- 
sage, <*ii  villr  l.irtait\  ville  eiiinoisc  *'î  l';iuiH)urgs? 
Son  cliriinl  est  très  clKiud  en  élê,  mois  si  fruid  en 
Ilivrr  que  IVking  a  luul  au  pluî^  la  nioyonm»  nri- 
nuelle  Je  Taris  sous  la  nii^nie  latitude  que  Cuïjidu-e 
el  Valence  d'Espagne. 


I 


Vue  g^flènle  des  furtificatmns  do  Pf^kin.   —  Dcssiu  dd  Tiylcir,  d'aprèt  une  phulogi-aphie. 


OU  «I  C,uè  du  Ciel  ».  sur  le  canal  Impé- 
Hur  le  IVi-lio,  navigable  aux  gi*ands  vais- 
kon  loin  du  gtdfe  di*  Pi^tebi-li,  doit  au  euni- 
le  rKuro|M*  el  à  celui  de  la  tltiine  une 
iou  rapidement  grandissante,  qui  est  dt'jf'i 
Uiorr  d'iUues.  Ce  a  lln\re  u  u  dt'passê  son 
|ui  eÂt  i'êking.  La  IMpendance  directe  du 
■  IV-lcIii-li,  qui  est  la  proviiiri'  *\o  IVking  et 
4ftin«  a  trois  autres  villes  de  plus  de  cent 

;  la  province  des  Monts  orientaux  (Cliafi- 


loung).  qui  b(>rrle  au  suti  ce  Pc-lrliî-li,  en  a  cinq, 
Irmles  banales,  dont  un»',  nueï-luen ,  forte  de 
l^num  baintants. 

Si  les  Monts  #)rienlaux  manquent  de  villes  fa- 
meuses en  KiirrqM\  les  (louln's  du  llenvc  (Kiang- 
s(Ki)  rcnfernieni  des  «'ilcs  rêlèbres.  libang-baï 
((ilKHttlO  hab.).  sur  les  Kaiix  jaunes  (iloarig-p(iu), 
[»ri>fiKul  chenal  qui  conntuuiique  a  ver  l'endrou- 
rliure  %\u  Yang-Lsé-kinng,  est  devenue  Tune  des 
premières  places  de  Iratic.  et  dcjà  ne  le  cède  en 


4S4 


LA  TERRE   A    VOL    D'OÎSEAXJ. 


ks'if.  qu*îi  R(MuI>ay  :  cVsl  surlnut  niir  oiili ciiifllcusi' 
do  lin''  *'l  *h^  î^oii';  les  An^hijs  y  lieniu'iit  h^  liJiul  <in 
pivi-,  —  Smi-lc.lu''<>u  (M)00<JO  li«b.).  <i  Veniso  elii- 
Tioisc  »,  sur  (Kïs  ilols  à  l'est  du  Tn-liou  (Gi'aiid  Lit;) 
et  sur  \o  cîiii.'il  Ii(i|M''ri;il,  soil  d'inu!  uk-r  <lc  ri/irr<'s; 
avant  les  llux  l'L  n-llux  suiiyliiiils  lîo  l;i  lôvolU-  dos 
T;it-pii)jtf,  olle  p.'issîiil  (lout*  la  rcirin  du  bon  ton,  la 
vill(*  du  rharniunl  luxe,  de  Télégance,  dos  plaisirs 


ruftint's,  drs  iiicillfiirs  IlusUrfS,  des  plus  Imsiux 
livt*cs.  du  [dus  lin  Linp.ii^o,  du  plus  pur  acrenl.iKs 
dnmrs  nu  plus  prlil  pied  :  o  Le  Ciel  Lî-haut,  sur 
fi^rre  Sou-lcliêim  ».  —  Si  Y«ng-teliêou,  voisino  de 
la  rivi>  ^'ijurlir  du  Tleuve  lîleu  el  riveniiiie  du  wnal 
lr()pèri;il,  a  vr.'ùmenl  ÔGO  OOO  ûmuîs,  elle  vaut  Irou 
lots  riiïiiv(M'solItMin?iil  illustrt!  Nanking  (150W0 
li.il).)  ou  Couv  du  Sud.  (\u\  n^gna  longtemps  sur 


Pwrle  Tcitne-m6nr,  A  Tékin.  —  tVcssio  de  TBylor»  d'après  une  photograpiiie. 


fempire  Cliinois,  jusquVu  ITifin,  Quand  Nnrïking 
tenait  le  sceptïe.  aucune  eil*^  du  monde  nVlait 
aussi  jieiiplêe,  j-jche  et  rDanuraclurière;  grande 
eneorc  e*n  18^ i,  elle  l'ut,  celle  îiiuièf^-i.'i,  détruite 
de  fond  en  eutïdde.  et  tous  les  Naukiu^niis  massa- 
crés pai-  l'armée  «  nationale  h  <[iii  venait  de  lan'a- 
clier  aux  Tar-iMn<|r.  Klle  se  relève  et,  après  avoir  vu 
son  liuinilialitm*  le  Yang-lsé,  quVdie  burde,  est 
têniiiiu  de  sa  nouvelle  f^loire. 

Ihnis  le  Kleuve  ruulaul  (rdiè-kiung),  qui  coutî- 


riue  la  eùle  au  midi  des  (foulées  du  fleuve,  ll.ing- 
Inliêon  tennitie  au  midi  le  canal  Imjiêrial.  comme 
Tieii-tsin  l'aeliève  au  tiord.  Pnirhft  ilu  golfe  \]U 
jiorte  son  nom,  pioclie  aussi  du  Si-liuu,  ^^ 
cieux  lac,  elle  fut  une  merveille  de  la  Cliino,  elle 
enl  ^2  millions  il'àmes  dortt  il  lui  reste  50(1^1^ ou 
800  OlM),  voiriî  I  inilLinri,  le  long  d'un  port  cou- 
vei'l  de  joiKjues;  ou  dit  d'elle,  comme  He  Sou- 
(cliéou  ;  »  L(î  t.iel  là-ban),  ici-bas  llang-loliéou  «•; 
en  renom   elk  égale  presque  .Nanking,  pour  Iw 


EMPIRE   CHINOIS. 


4^i5 


plaisirs,  c*esl  une  rivale  de  In  «  Venise  chinoise  ». 
—  Sur  |;i  riw  iniTiduMiah'  du  golfo  d'Haiig-icliênu, 
!  Chmvhing(5iMJ000|]:ib.)^  j;'<tis  f)lus  ^nantie,  s't-U'-ve 
I  dnns  un  pays  d'.illuvions  (jroiliiiieiJsoiruMil  prii[»li', 
pivs  du  \indu(*  de  son  nom.  hiii^  de  I  SI  kilomètres 
I  tu  40  000  Iravêes  :  il  est  vieux  de  plus  de  dix  siè- 
cles, ce  vi.-idue  sans  t'gal  pl.inlè  dnns  un   marnis 
qu'on  .1  dessôi'hê  depuis,  et   il   est  laujouts  \î\, 


dt'btuit  dans  sn  force.  —  iNinjj-po  (IfiOOOO  ha!).) 
donn*'  sur  la  incr  qui  bal  trs  <[u.ilre  ceiils  ilcs  do 
rai'chijiel  de  Teirousnti. 

Au  sud  du  FIl'Uvi*  roul.iiU,  le  Pavs  prospî're 
(Kokien)»  ï.i  province  (jui  .-iv-fe  ci'lh'  de  CanUin 
fournil  prosqur  li)ns  l**s  t'niiy:i-anls  rliiriois,  .dioinh^ 
égjdemenl  en  villes  énormes.  Fou-telit-ou  (UOO  000 
liaL.),  près  du  Hfuve  Min,  ù  vingt  peliies  Ueues  de 


Miin  :  rw  dv  U  Lct^iiûoik  Uc  France.  —  Dessin  Je  Taylor,  U'dprc»  une  photographie. 


«U  I 


liouchure,  ri'pose  au  pîcd  d'un  moni  grani- 
iii|ue  d*'  XHO  nit'Ires;  elle  ernb/irque  <les  émi- 
ils  el  vend  du  thé  noir.  —  Tchang-tchêou 
000  lml>.)  Q  perdu,  par  enroinhn^menl  de  sa- 
ble», Tanlique  excellence  de  son  poil.  S;i  voisine. 
Amoi  (100  0<N)  hah.).  a  pris  la  c  suite  de  st^  aT- 
bires  w  :  elle  au»si  envoie  par  bandes  les  Chinois 
«u  ilelâ  des  mers. 
Ail  sBud-ouesl  du  Pays  prospère,  TKsl  de  l'êlen- 
(Knuang-loung)  [tossi'Hie  la  plus  remplie  des 


villes  de  Chine,  h  plus  orrginnlt*  aussi.  Cinlon 
(1  TfOOOOO  liab.)i  sur  lii  rivii*re  des  IVrlcs.  l'un  ilfs 
înnondirables  clienaux  qui  labourent  le  mobile 
delta  du  Si-kiantf.  Dix  niilb'  b;rl*';*ux  A  l'ancre  sur 
la  rivière.  Inr^e  ici  d'un  grand  Kibiuiéhe.  y  por- 
tent loiilt^  une  cité  IloJlanle  où  Ton  vil  et  ineinl, 
où  Ton  aclièle  el  vend,  où  Ton  duTche  sa  douleur 
ou  Sun  plaisir  autant  (ju'cn  aucune  ville  tir  Irrri* 
femic.  AOmlon,  l'un  Irarnpic  en  cïiinois  ilii  Sud  rt 
en  pidjin  englisli  :  c'est  ici  quVsl  né  cel  hyhrule. 

54 


Moins  r.ommerçantt*  qu'à  l'époquo»  n'-rentp  encore. 
011  riHirtfï-hai  nt'fjoriail  pini,  t^Ho  liiMil  l,i  pn?- 
niière  [ûiiVA*  dans  lu  Qùnc  oti  fait  (liiHliislj'ii*  :  ;i  sn 
faroii,  r'i'st  ManclicsleiK  ISirtniiigham ,  Slieflidd, 
Lyon.  En  descendant  sa  rivière  on  entre  dans  l't'S- 
(uaiiv  dont  llon^r-kon*^  et  Marao  ^ardrnt  Vvn- 
ù'iV;  fMi  hi  rrinoiit^iiiL  on  airivv  bifidôl  à  Ftitctiau, 
ville  de  500  000  âmes. 


Continuant  h  faire  k»  tour  de  Tempire,  maistmn 
plus  sitr  i'otn'IeJ  de  nier,  la  première  province 
qu'on  ïvnronlre  est  l'Uursl  dt?  l'étendue  (Kouang- 
si),  liniilroplH'  du  Tonquin  et  parrourue  dans 
toute  sa  longueur  par  le  fleuve  de  (lanlon.  L'Ouwt 
tle  IViiMiduc  n'a  t|u'u!ie  ^nisse  ville.  0u4clu*im 
C200  0t)0  hfib.l,  snr  \v  Si-kiang. 

Puis  vient  le  Midi  nuagcu\  (Yun-nan).  le  fuys 


ForU  à  CtiinR-baf.  (Voy.  p.  4B.)  —  Deuin  dfl  Th.  W*her. 


des  métaux,  la  rontriV  des  immenses  montagnes 
vi  des  immenses  ravins;  province  frontit>re  avec 

Tonquiii  et  Birmanie*  (lie  se  distingue  des  antres 
gouvenuMUiMils  d*>  Cljine  en  ce  qu*elle  ne  possède 
pas  une  seule  rite  de  100  ÔOO  âmes. 

Tuut  autre  est  la  terre  di*s  (Jualre-Rivières.  le 
Sé-lelioijcn,  riuitinuanl  la  rroulirre  de  la  Chine 
propre  nu  noi'il  ilu  Midi  nuapeui;  Va  sont  Tcliing- 
lou,  IVÏioun^-telieit':,'  et  Sutr.hnm.  —  Ihins  le  bas- 
sin du  Min.  ^M'aud  tributaire  de  gauelie  du  Fleuve 


Bleu.  Tchin^r-lou  (SOOOOOhabO  occupe  à  458  mè- 
Ires  d'allilude  et  non  loin  des  montagnes  une 
plaine  de  (îOO  000  ln^ctares.  extraordinairement 
peuploe,  avec  une  trentaine  de  fortes  villes  ;  il 
y  aurait  là  4  millinns  d'êtres  humains.  Tcliing- 
tou  remporte  sur  les  autres  casernemenls  clii- 
nuis  par  la  propreté,  la  beauté,  l't^lrganre.  el 
ses  liabilanis»  fort  polis  et  distingués,  lettrés. 
artistes,  sont  comme  les  «  Piirisi^'ns  »  du  Milieu. 
—    Tchoung-tcheng   (700  OUO  hab.).   port   lluvial 


ÉÊÊÊ 


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LA    TEnRK    A    VOL    irOISEAU. 


encombré  de  bateaux,  bonté  en  nmpïùihHU'e  lo 
Yang-ts*'-kiang. —  Sultliéou  (500000 Ii:jIk)  ni.'innk* 
\e  ronihi*'n(  i\u  Klcuvf  U\ii\\  i'(  ih  h  riviort*  Miti. 
Dans  le  luivij  do  Kaii  et  de  Sou  (Kan-sou),  au  nonl 
du  Si>-tcliou**n,  fjinlcln'*ou,  riveraine  du  Fk*uve 
Jaune.  enf(*rnie  500  000  personnes. 

L'Ouest  lïtîs  cluses  (Clieji-si), à  l'ouesl  du  Kan-sou, 
possède  lilluslre  Si-ngan-fou  ou  «  Paix  de  l'ouest»* 
qui  ré^^na  longtemps  sur  la  Cliine  :  sise  au  bord 
du  Ouêi,  affluent  du  Hoang-hu,  Si  ngau-lbu  est  la 
grande  ville  de  la  Terre  Jauue,  et,  plus  encore, 
la  seconde  eilê  de  l'Enipiie,  de  [mv  sou  niiltîon 
de  a  Siiigauoîs  n. 

Dans  l'Ouest  d(*s  monts  (Cliân-si),  a  l'orient  du 
Clien-si,  la  nîïtilrosse  ville.  peuffbn'deSoOOOO  âmes, 
se  nomme  Taiyuan-l'ou  :  le  l'"uen-ho  y  pusse,  iribu- 
tûire  du  Fleuve  Jaune. 

Ces  douze  provinces  août  la  ceinture  de  la  Cfïîne. 
il  y  en  a  six  dans  rititerieur  de  rFinpire. 

Le  Sud  du  fleuve'  (llo-nari),  au  midi  du  Clu^ii- 
si,  a  pour  capilak^  Kaifoung  (1.^0000  Lab.),  sur 
le  Hoang-ho.  rite  dêcbue  qui  Fui  méiropole  ries 
«  lifs  de  In  Lune  m  pendant  vingl-riiu]  ans,  de 
r2SÛ  à  1505.  Sa  plaine,  a  Touraine  u  de  la  Cbine 
et  fl  jardin  de  l'Empire  ».  u  raison  do  craindre  son 
lloang-lio  plus  encore  que  la  Touraine  française 
de  ri'douler  sa  Loire. 

Le  Nord  du  lac'  (llou-pé),  au  sud  du  llo-nau, 
occupe  le  centre  de  la  Cbine,  el  plus  même  que 
le  Sud  du  fleuve  c'est  le  verger  du  draml  cl  pur 
empire.  Trois  villes  qui  se  toucbonl  y  compo- 
sent une  ci(é  colossale,  égale  sinon  supérieure  à 
Canton  :  Ilan-koou»  Oulebang,  llunyang  enlasseul 
leurs  maisons,  leurs  baraques  sur  les  deux  rives 
du  Yang-tsé-ktang  el  sur  celles  du  llan,  puissante 
rivière.  A  elles  trois  elles  fornn^nt  le  grouillant 
emporium  de  la  Cbine  intérieure,  diitis  une  plaine 
constellée  de  lacs  qui  furent  des  coulées  ou  des 
expansions  du  fleuve  :  il  y  n  là  ir>00  00t)  iVmes, 
el  l'tm  <lil  que  vers  l>t;3Û.  avant  la  guerre  des  Taï- 
ping,  cinq  millions  d'bummes,  peut-être  buit,  y 
respiraienl. 

Au  midi  du  llou-pé,  le  Sud  du  lac  {llou-nau) 
renferme  une  place  de  commerce  îiyaut  son  mil- 
lion de  ciladius,  Siang-tan,  sur  le  Siang,  vaste  af- 
fluent *lu  lac  Toung-tiug.  Plus  bas,  sur  ce  même 
Siang,  est  Tcliang-tcba  (500  000  bab.). 

A  l'ouest  du  llou-nan,  la  Région  aimable  (Koeî- 
Icbèou)  ne  conlienl  aucune  des  villes  ou  villasses 
disproportionnées  si  nombreuiàes  en  Chine.  Il  en 

1.  Il  s*ugit  du  Kteiixe  Jiiiîtie. 
S.  Il  s'agit  du  lac  Toung-tint;. 


esl  de  même  des  Bourgs  pacifiques  (Ngan-h» 
bien  que  celte  province  borde  Je  Fleuve  Bleu  suc 
la  ruu(e  entre  le  maître  [lort  de  l'intérieur  (Han— 
koou,  Outcli<uig,  llaùyang)  et  le  maître  port  de  la 
côfe.  Chang-ïiaï. 

Besle  1  Mluest  dti  fleuve  (Kinng-sl),  pareouni  du 
sud  au  nord  par  Fample  rivière  Kia-kiang.  qui 
remplit  le  lac  Poyang;  sa  capitale,  Nan-lchang 
(7)00  000  Lab.).  sur  ce  Kia-kiang,  vend  des  porce- 
laines fameuses. 


Iles  chinoises  :  Formose,  Haï-nan.  —  Yis-à 
vis   du   Pays   prospère   (Fo-kiet»)    el   de    l'Fst   d» 
l'étendue   (Kouang-loung),'  Taï-Ouan  esl  une  il 
de  400  kilomètres  de  long  sur  100  de  large,  o 
de  î)  880  000  hectares,  séparée  du  continent  chi 
nois  par  un  déiroît  de  ir*0  kilomètres  de  moindr 
largeur,  de  60  à  100  mètres  de  profondeur  se^j 
lenïenL  On  pense  que  3000000  hon)mes  y  viveai 
dans  une  spletidide  nature  :  aux  F^ortugais  qui  /.- 
reconnurenl  elle  sembla  si  gracieuse  et  grandiose 
qu^ils    lu    nommèrent,   d'un    nom   lusitanien    fji 
même  temjis  que  lalin,  Formosa  ou  la  Belle;  etw 
nom  lui  resta,  puisque  nous  /appelons  Formose. 

Des  monts  superbes,  ici  calcaires,  lu  volcaniqut'S 
y  allei^nent  de  hautes  régions  de  l'air,  justiu'à 
5658  mètres,  s'il  faut  se  lier  à  des  caries  plus 
qu'imparfaites.  Ils  ne  divisent  pas  également  l'iU' 
toute  belle  ;  du  eôlé  de  la  grande  mer.  ils  plongi'nl 
roidemenl  dans  le  Ilot,  tandis  rjue  du  cété  du 
détroit,  en  face  du  Pays  prospère,  ils  unt  plus  de 
mollesse  dans  leurs  pentes.  C*est  sur  ce  vei'saul 
d'ouest,  où  il  y  a  d'anqjles  plaines,  de  vraies 
vallées,  de  longues  rivières»  que  les  immigrants 
cbinois  ont  trouvé  Fair  et  l'espace. 

Avant  leur  arrivée,  Foi-mose  appartenait  à  des 
peuplades  qu'ils  appelèrent,  tpi'ils  appellent  tou- 
jours les  hommes  sauvages,  Sotig-fan.  Un  peut 
croire  que  les  aborigènes  de  celle  Ile  ressemblent 
à  celles  du  grand  aiclii|»el  voisin,  les  Ptiiljppim*s. 
et  qu'il  y  a  sur  elle  des  tribus  de  type  malais, 
ou  si  Fou  veut  tagale,  el,  dans  les  gorges  reculées, 
des  Négritos,  All'oures.  Igorroles. 

Quelles  qu*clles  soieiil.   leur  cycle  esl  fermé  : 
Lien    que   vieille    de   six    à    sept   génènitions  à 
peine,  la  colonisation  chinoise,  venue  du  Fo-kienel 
du  Kouang-lûung,  couvre  dèjb  presque  toute  l'il» 
de  ses  mailles  serrées,  el  les  vrais   fils  du  pa>s 
n'y  sont  plus  rien. 

Taï-Ouan,  la  capitale,  ville  toute  chinoise  vuâk 
sine  de   la  côle  occidentale,  compte  70000  âmi'^ 

Une    Ile    quelque  peu    moindre,    n'ayant 


EMPIRE  CHINOIS. 


429 


hcclïircs  et   2  500  000  habitant»,  cV-st 
Jlaînan.  dont  le  nom  \eu(  dire  :  au  midi  do  la 


miM*.  TciTO  la  plus  mt^ridionale  do  (ouïe  la  Cliine, 
elKï  gHt'de  rL'nU"^e  du  golfe  du  Tonquin.  Sans  le 


formose  ;  ctusKiirs  moiïUgnarJB.  —  Ùotiu  Je  D.  NsillarL 


mi  peu  profond  d<*5  Jonfjues,  Ifijucl  ii'îi  fi^u^re 
ks  de  âO  kilomètres  de  largeur,  elle  fernit  corps 


avec  la  çraiidr  peninsirlr  du  Kouang-toung  ;  d'ail- 
leui^s  elle  appartient  u  l'Kbl  de  rùletidue. 


On  la  connaît  moins  encore  que  Formose,  qu'elle 
ne  Vtiul  pas,  tanl  s'en  faul,  du  moins  en  beauté 
grandiose,  st^s  ni(HiUignt*s  niaj*>uivs  n**  dr'pjiss.inl 
pas  iSilO  à  2000  ntùîrt's;  rtuiis  la  niiliiri!  y  rrvêl 
un-!  ujmlencc*  lUjh  tropicale  :  si  le  25"  û\}grè  coupe 
Jf  niM'il  (II'  Forniusi',  le  20"  coupe  le  noni  Je 
Haïiian.  Sur  les  801)  kilonièlri'S  «lu  lour  tle  l'île 
u  au  midi  de  la  nier  m  vivent  les  Chinais,  établis 
ici  depuis  vingt  sierïcs,  cl  venus  du  Kouan;;-toung 
cl  du  Ko-kien,  couinie  ceux  de  Itij-Jiiuse;  ils 
cernent  de  lous  coté*  les  autiM-lituni^s,  peiijtlades 
sauvages  qui  ïie  conïplenl  p!us.  liiiil  elles  sont 
faibles,  pauvrtJb»  niê[>nsùes,  diblo([uèes  el,  toutes 


ensemble,  immensément  iurêrieurcs  en  numtiri' 
aux  glorieux  fils  de  la  Lune.  La  capitale,  Kiouog 
tcliêou,  ville  de  2O0  000  personnes,  s*êl*'ve  ii  tini* 
dizaine  de  kilunièlres  du  délroil  des  Jouf|ue>. 

Macao.  —  Celte  vieille  forleresse  lusilanieiiiu* 
où  b'lVntug;j|  (ienL  garnisiui  depuis  lâoT,  siî  llilk 
d'iivoir  4500  Euj-opêens  contre  prè»  de  65  000  Chi- 
nois, sur  un  (erriloire  de  i  !75  hectare»,  mais  la 
plupart  de  ces  ICinopèens  ont  dans  les  veiuei  au- 
tant de  sang  asiatique,  indien,  malais  ou  cliiiM>i> 
que  de  sang  portuf^ais.  Comme  on  dît  en  Eilréim* 
Orient,  ce  sont  des  Macaïslcs,  hommes  de  ehclive 


Formoio  :  sur  la  côte  sud-iMic»!.  —  iK^i.i  Uc  J  ïloynul 


a(tpnn'iK'e  dont  le  visage»-  basané  ressemble  jjhikM  à 
la  li^mre  malaise  (pi'à  la  cliinoise  ouîi  l'européenne. 
Ili\'îunKi|ï  MMil  iiibM*[Mvles  d;ins  les  diverses  lan- 
cines de  ce  coin  du  (ilobe  ;  c'est  de  leur  cha- 
rubia  plus  ou  moins  scnd>l;dde  ,*ui  langage  de 
Miolio  el  Itourn,  de  Ilêîrii,  «rKsIréniadure  et  iVS]- 
gjirve.  que  le  pidjin  engli>lï  lii'i'  sîi  principale 
substance.  Campée  au  bout  d'une  péninsute  ter- 
juin:in(  une  île  du  delta  <lu  Si-kiang,  .M;icao  ne 
^ar<le  qu'un  pâle  rellet  de  son  ancienne  splen- 
deur, quand  elle  trafiquait  pour  toute  l'Europe 
avec  toute  la  Chine,  L'activité  de  sa  rivale  an- 
glaise lui  a  porté  le  dernier  coup  :  relie  rivale, 
dans  Tile  de  Hoiïg-kong,  jiorte  le  nom  de  Vie* 
loiiiK  semé  au  boisseau  [lar  les  An^'lais  dans  le 
niDudc. 


Hong-kong.  —  Du  granit,  du  scliisle  et  des 
l'oches  voUanicpies  l'ornianteusetnble  une  a  Suisse» 
de  S500  Iieelares  d'étendue,  de  55U  rnêlrosd<*lmu- 
leur;  el,  tout  iiutonr,  tb's  liauieanx  de  [«èclieurs 
puis  quelques  [)aysans  dans  tjuehpies  vallons,  telle 
était  en  iSil,  quand  s'en  empara  l'Angleterre,  l'ile 
de  llung-kotig,  littorale  au  kouang-lounij.  dans  une 
mer  où  passent  des  typhons  ravageurs.  210  0(K)  hom- 
uH's,  |n'es(|uc  tous  Chinois  s'entend,  vivent  main- 
tenard  sur  ee  bloc  détaché  du  conllneul  par  un 
clienal  qui  n'a  que  2500  mètres  d'ampleur.  La  ca- 
pitale, Victoria,  place  de  grand  conunerce.  con- 
ci'utn^àpeu  près  ttjut  ce  peuple  de  négociants  liauls 
et  bas,  de  coniuiissiontiaijTs.  portefaiit  marins, 
ouvriers.  On  y  compte  4000  Européens,  en  majoril»^ 
rorlugais  :  ce  qui  veut  dire  ici  métis  lusitanien». 


PAYS  VASSAUX. 


431 


Le  palanquin  :  rosturae  Ue  pliiio  dM  Coréens.  —  Dessin  <)e  A   Varie. 


PAYS   VASSAUX 


Mandchonrie.  —  Contrôe  donl  ou  (Ixe  approxi- 

jasU^t'iui'iit  lettHHluo  :i   08  ou  ÏM)  millions  d'Iti'C- 

Mr3&,  arer  une  douzaine  de  luillions  (l'tioiniiies, 

h  MiiidcliouriH  ne  inêrile  plus  son  notii,  oir  sur 

éoRit^  linhil.ints  il  n'y  a  (dus  là  qu'un  Mandrliou 

contre  luut*  riiin<»is. 

A  grands  (mils,  la  Mundc-hourio,  seplentrioruih' 
w>n  rlÎFUJil  pins  ciu»'  par  ses  latitudes,  esl  la 
lierbeu^ie.  sylv**sln',  pluvieuse,  qui,  des  deux 
eC*h  d^  tnouH  CtiaiVulin  el  de  leurs  prolonge- 
(H,  ii^êpan'  le  h.iut  plateau  mongol  de  la  rive 
l'sirifique  —  mais  aujourilliui  cette  rive  lui 
nun<|ue  k  inoiLiè  depuis  rjue  les  Russes  ont  annexe 
k  cdtedont  ils  uni  fait  leur  province  du  I.itldral. 


Elle  a  toute  la  splendeur  que  comporle  le  Nord, 
piUures  magnifiques,  sol  puissant  en  nioissotis,  fo- 
rêts eonlinunni  des  forets,  avec  tigres  Lien  fourrés. 
superl»es  panthères,  ours  noirs  el  loups.  Issues 
du  Chan-alin  ("itiOÛ  nièlres),  eaJenires  h  neige 
éternelle,  du  Kinglian  qui  rejeta  des  laves,  de 
vives  rivières  y  créent  deux  forts  courants  d'eau, 
le  Liiio-Uo  au  sud.  le  Soungari  au  sepleolrlon. 

Le  Liao-ln>  des  Chinois,  Cliara-niourrn  ou  Fleuve 
Jaune  des  Mongols,  traverse  In  Barrière  de  pieux 
et  roule  lurhidement  dans  l'Rst  du  Liao  (Liao- 
loung,  ou  Cliinking),  qu'on  peut  regarder  comme 
une  dix-neuvième  province  de  la  Chine  propre.  Ce 
qu'il  ;)  dé[)osê  d^ns  la  buie  de  Liao-toung  a  déjà 


43S 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


grandetneiit  diminué  le  golfe  de  Pé-tchi-li.  cVst-â- 
dire  la  intr  Jaune, 

Autrement  long,  large  et  roulant  es(  le  bl:inc 
Soungiiri,  rival  de  TAinaur,  et  son  vaHiquoni*  en 
une  saison  de  l'nnnt^e,  quand  le  soleil  pi'inlanitu' 
rhaul'fi'  les  neiges  du  riuuV.ilin.  Il  n  |iour  hnnuîïje 
mère  l;i  l^(^nni,  (jue  les  Chinois  ajipellent  St-kiang 
{rivière  de  l'Ouesl),  lout  comme  le  lleuve  des  deux 
Kouang  à  l'aulre  rxlréniilé  de  leur  empire.  Lars- 
qu'll  sapproelie  de  l'Amour,  h  1^)00  kilomèlres  au 
moins'  de  la  ville  de  Girin  où  il  commence  à  porter 
des  bateaux  tirnnl  I  mètre,  il  a  nuiyennemenl 
quali'e  Tuis  famijleur  de  la  (iarontie  devant  Bor- 
deaux, snil  2000  mètres. 

Ia'S  Maudelunix,  ih*  la  rat-e  dite  à  tori  ou  à  raison 
mongole,  rnuicliireiit  il  y  aura  laiit(M4leux  cent  ein- 
quîinle  ans  hx  Fiarrière  de  pieux;  ils  descendirent 
en  Cliiiie  [lar  le  l-iao-ïio  et  ils  y  intronisèrent  une 
dynastie  (|ui  règne  encore;  ïuais  aussitôt  li»s  Chi- 
nois, plus  redoulaliles  dans  la  paix  que  dans  la 
guerre,  envahiront  silenrieusement  la  Mandrliou- 
rie,  honmie  à  homme,  presque  tous  oi'igînaires  du 
Chaà-tûung,  du  INVielii-li,  du  Chaù-Si  ;  et  ils  eolo- 
nisèrenl  à  foison  le  pays  Mandefiou,  taudis  que  les 
Mandclioux  règenlaient  stérilement  In  Chine. 

(Juîind  un  tîMit  petit  peu[>le  pauvre  adatpu^  un 
très  ^rnnû  |)euple  liehe.  il  ne  nianqu*?  pas  de  le 
soumettre,  êlant  plus  dur  au  mal  et  plus  prêt  h 
mourir,  mais  il  se  perd  dans  sa  conquête  ;  tels  les 
Normands  en  Gauk\  les  Mandclioux  en  Gliiiie. 

Leur  langue  est  deve[iue  officielle  h  la  cour  de 
Pekiiig  et  dans  les  bureaux  supérieurs  de  1  atkrti- 
nistratton,  eu  province  comme  à  la  ville;  mais  il 
ne  lui  reste  que  relie  vie  factice,  et  d*étre  parlée 
par  un  million  d'immmes  dans  la  Mîindrhourie 
ntêno'.  Kncore  ce  million  sait-il  le  chinois,  si  la- 
mentablement inférieur  à  Tidiome  national,  car 
lemandeliou  possède  à  la  fois  richesse,  régularité, 
sonorité,  douceur;  il  n'admet  jamais  deux  con- 
sonnes de  suile.  Tune  des  deux  fût-elle  unn  li- 
quide. 

Ainsi  la  Mandchourie  des  Mandchoux  s'en  va. 
Une  ronlrée  pn-sque  double  de  la  France  ne  pou- 
vait rester  toujours  vide  ù  côté  de  Tenipire  aui 
(rois  ou  quatre  ou  cinq  cents  millions  d'Iionunes. 
Même  fiévreuse,  elle  ne  les  ediasserait  [*as;  or,  elle 
est  saine,  de  climal  viviliant,  elle  les  attire.  Si  la 
Russie  avait  retardé  longtem[)s  son  annexion  du 
bas  Arnour,  lu  terre  eliinoise  avec  ses  loti,  ses 
tchéuu,  ses  bien,  ses  |jao.  se  serait  étendue  jus- 
qu'aux bouleauv  d'tlkliutsk. 

I.  En  suiviJDl  le  til  des  cau\. 


De  même  qtie  la    langue  des   Mandchoui  vnul 
mieux  que  le  bref  jargon  île  la  Chine,  de  niAmecc 
peuple  de  pasteurs  honnêtes,  bienveillants,  droits* 
vaut  plus  que  les  foules  policées,  rusées,  obbqurs» 
industrieuses,  qui  l'ont  presque  entièrement  sub' 
nn^rgé,  de  la  première  à  la  dernière  de  si's  \mt 
bannières  ou  liibus.  —  Celle  division  de  la  hûlioi» 
en  huit  «  eorps  d'armée  »  lui  a  procuré  le  non» 
chinois  de  l'aki,  les  «  lluîl  drapeaux  ».  C'est  là  uix 
reste  d'histoire  :  les  vraies  divisions  sont  celle» 
qui  partagent  le  pays  h  la  chinoise,  en  provinces*. 
en  fou,  en  Icbêou.  en  bien. 

La  capitale,  Moukden  (180  000  hab.)  ou  la  Flo- 
rissante *,  la  Cliinyang  des  Chinois,  règne  en  même 
tenqis  sur  la  province  de  Liao-loung. 

Girin  (120000  Lab.),  qui  régit  la  province  du 
même  nom,  s'étend  sur  le  Soungari,  voisin  de  ses 
monts  originaires  et  large  ici  de  ."00  mèlres. 

Point  de  grande  ville  dans  la  province  du  Dra- 
gon noir  (Héloung-kiung),  qui  est  riveraine  du 
lleuve  Amour'. 


Corée.  —  La  Corée  ou  plutôt  Cônie,  par  corrup- 
tion de  deux  mots  chinois,  s'appelle  Tsio-sim 
depuis  tanlôt  cin(|  renis  ans,  lors  de  ravéneincnl 
d'une  famille  encore  aujourd'hui  n\gnanle.  Tsio- 
sicn,  terme  chinois  (Tt'bao-sien)  un  peu  transfonii^ 
h  la  coréenne,  signifie  la  Sêrénilê  du  matin:  cl,  de 
fail,  la  Corée  csl  au  levant  de  la  Chine. 

C'est  une  presqu'île  de  21 8'JOOOO  hectares, 
avec  peut-être  10  millions  1/2  d'habit^uits.  Un  soup- 
çonne les  Kusses  de  c(»nvoiler  celle  longue  terre 
nltachée  à  la  Mandchourie  comme  un  bec  d'oiseau 
de  proie. 

La  Corée  se  recourbe  entre  mer  Jaune  et  mer 
du  Japon.  Si  elle  ne  s'eniail  sous  des  climats 
1res  froids  pour  une  latitude  égale  au  nord  à  celle 
de  la  Provence,  au  sud  à  colle  de  l'Algérie,  tout 
en  elle  rappellerait  l'Italie  sans  Corse,  &»rdaigne  t?t 
Sicile  :  sa  fcjrme,  sa  direelion,  son  allongenionl 
dans  une  mer  intérieure;  ses  latitudes,  son  par- 
tage en  deut  bassins  hachés  par  de.. petits  ïleuvea 
entiers,  celui  de  l'ouest  le  plus  large  des  deuï,  au 
pied  d'une  haute  chaitie  analogue  aux  Apennim. 
Mais,  voi.sin<^  de  In  Sibérie  orientale,  celte  \iêma- 
sule  n'est  poinl  chaude  et  bénigne,  elle  n'a  [«inl 
les  cieux  de  Gênes,  de  ^aples  ou  de  Palermc 
Toutefois  le  climat  y  est  plus  doux  que  dans  U 

I.  Eli  înandchoii. 

"1.  Les  Chiaois  appellent  de  va  iintii  le  grand  (UniK  (pH 
e»l  leur  frOGliére  la  plus  jepleîitviunale. 


PAYS   VASSALX. 


453 


lourie  t«t  la  (Tliinr  »opU»nlrion.il(»,  l'hiver  n'y 
menu*  bnilaltti^.  sauf  pfniUMro  quand  suuflli* 
[\  nord-osl.   cl   la  mousson  du  sud -ouest 
U  (l«*s  pluies  bitMirin's.iiitt'S. 
B  lu  sud.  sous   les  latitudes  de   Diskarn, 
r.  de  Malaga,  d*'  Piilprino,  il  y  a  dans  la 
ée:A  neiges  al>ond;iiites,  des  froids  de    lo, 
I  degn^s  ;ui-di'Ssou»  de  zéro»  et  sur  tout  le 
1*1^  pluies  lorren- 
lenlêveutâ  VvXé  K* 
pur  de  sa  chaleur, 
(deux  Rots  qui  hn- 
l'un   chant   gia>e 
j^nieil  di'S  Coréens 
||bx,  relui    de   l'o- 
la  înrr  jrti»onaise, 
i  preiique  contre 
ptagne,  très   voi- 
lu  rivage  sur   ce 
B  de  la  pi'Miinsule. 
ne  est  celle  mer, 
pris  excellfnis  sur 
praide,  pauvre  en 
sud  et  à  l'ocei- 
ir  le  Iloang-hai 
- Jauue,  en  avunt 
cive  où  la  marée 
I  degrandes  hau- 
iirchiïM'ls  de 
es,  ilols,  rà- 
récifs  sont,  au 
rxlri^nicnienl 
à  Ici  point  que 
»le  coréen,  Irihu- 
ÎJi  CTltric.  s*ap- 
|cciinplais:iiiinient 
perdis  mille  ttes. 
lus    haut    mont 
sjn'h*'   à   pou 
llljttide   n'a   pan  , 

litres;  on  présume  que  des  pies  supérieifts 
t  enlre  le  10*'  et  le  48'  degré.  Mais  si  la 
e  dresse  pas  de  sieims  gignnle^]ues,  elle 
loute  en  montagnes.  a\ec  de  vastes  fo- 
ut au  nord,  notamment  de  pins  et  sa[(ins  ; 
vementfisans  nombre*,  les  bois  pleins  d'ours. 
IhiVes,  de  petits  tigres  féroces,  les  pluies  de 
neiges  de  l'hiver,  forment  des  torriMiIs  à 
compter,  et  le  r.ori'rn  n'est  jamais  em- 
ur  Qoyer  le»  rizières  qui  le  loiit  vivre, 
foni  iiuss]  mourir,  car  elles  si'inent  iei 
partout  h  mauv(ii»e  fièvre  autour  d'elles. 

à»CLi-«    t.i  Tiniift  4  vui'  l>*wl*MU. 


Copé<^n, 


Le  Yalon-kianjî  ou  Anmo  kang,  fleuve  du  Canard 
vert,  le  plus  grand  de  tous,  vient  du  Clian-alin 
ilotil  l'itiili'e  vers;int  crée  h»  Soinignrî  ;  il  mule  au 
nord  de  ta  l'éninsule  et,  ixiur  ainsi  dire,  dans  smi 
Piémont,  comme  un  P6  qui  se  perdniit  dans  le 
golfe  de  Gènes  et  non  pas  dans  lAdii-itique:  il 
porte  desbaleaux  pendant  soixante  lieues. 
Les  Coréens  viennent  évidemment  de  la  ren- 
contre de  plusieurs  ra- 
ces. Les  types  sont  1res 
mêlés  chez  eux;  si  Ton 
trouve  dans  le  Tsio-sien 
des  visages  mongols , 
mandchoux,  chinois,  on 
y  voit  aussi  des  figures 
d'ap|ïarenee  <(  aryenne  », 
et  il  se  peut  <|n  ils  tien- 
nent par  quelques  raci- 
nes ù  ce  qu'on  nuimiie 
la  race  bl.mehe.  En 
nioyenuu  le  plus  grand 
nombre  ressemble  aux 
Chinois  et  aux  Japonais, 
mais  avec  une  stature 
plus  haute,  un  plus 
i^rarifl  air.  une  allure 
|dus  robuste.  L'est  un 
peujde  énergique,  aux 
bras  dm-s,  qui  ne  craint 
pas  la  fatigue. 

Ils  parlent  un  idiome 
non  inonosyll:ibi(|ue  , 
voire  agglulinaiit,  qui  n 
perdu  de  son  originalité, 
{ ar  ntélaniorpliisme,  au 
coiilafl  du  chinois  ;  c'est 
de  lit  n  Bougeur  du 
soir»,  pourrait-on  fliie, 
que  la  fl  Sérénité  du 
matin  »  reçut  sa  civili- 
sation, sa  science,  et  la  langue  cUinoîse  inHua  de 
la  sorte,  longuement,,  profondément,  sur  la  langue 
coréenne,  si  différente  de  celle  des  enfants  de  llan, 
et  qui  se  i-atlacbe  eu  somme  aux  idiomes  de  la 
Sjbi'iie  du  nord  A  de  l'Oural. 

In  monarque  absolu  régne  sur  celte  nation  ofii- 
ctellemcnt  bouddhiste  dont  la  littérature,  lu  science, 
h^s  m<eurs,  la  |>olilesse.  l'admiiûslration,  se  cal- 
queitl  intentionnellement  sur  le  mmlèle  chinois; 
re  ([ui  est  une  misère  :  le  peuple  coréen,  qu'on 
nous  liit  plein  de  sève,  de  sens,  de  dignité,  de 
courage,  aurait  mérité  de  sulvix*  son  propre  génie. 


^it,  d'aprét  ui:e  pliolo^niihîr. 


454 


LA    fERRE    A    VOl    D'OISEAU. 


La  iMjiilale.  Sroul  (2r»00fl0  Ii/il».).  s'i-IÎ'M'  un 
hatd  *riiïi  (U'iive  quL»  les  imvhvs  ne  irmonLrril  pas 
jiisf[iu'-l;!,  h'  !î;iri-kian<:,  fjui  se  piM'fl  ;\  [>»'u  ili»  dis- 
tniKo  tliiits  (•!  mer  J.iuiit'  l'ti  rui'i;  fit*  l,-i  poinlc  du 
CliaiVlouiig.  L»'s  ^r;uui^»s  cilés  îsoiil  i'an?s  dans  hi 
presqu'île,  inènuî  dans  l<»  Sud,  nussi  [Hnipir'  (jul'  le 
Nord  Tusl  peu.  L-a  Cuive»s  Uîiljik-Jil  surloul  des 
Ihijtieaux. 


Mongolie  et  Mongols;  Gobi.  Koukou-nor.  — 
Y  a-l-il  seuli'inviil  "2  ïnillîoiis  d'Iioninies  sur  co 
vasti'  soide,  d'nlliLudfS  divoi*si's,  t''XJ>l  îi  pivs  dt» 
sit  Cuis  et  demie  la  FrnnceV  Ou  vn  pt?ul  doud'r. 
lanl  ces  r>ri7  uiilliiuis  iriicrliires  nul  pour  4'(iu|iiil«' 
uu  ciel  juaudit. 

La  Mun^^ulie  nesl  point  soumise  à  laCliirie,  iu:iis 
souleïiieut  .illiéi-.  Iledoulês  jiar  le  [n'ii[)lt*  du  <]r- 
Iesle-Krn[iijv,  les  Mou«o|s,  i[fii  dt'steudful  di-s  ter- 
ribles niiiissouneius  il  h  suile  de  hjetighiz-KliauT 
n'^^ardeul,  îl  rst  vr;ii*  l'euipereur  cliinois  euuinie 
lt*ur  l'IjoT  ri  lui  envuieu!  un  Irtluil  lotis  les  ans, 
mais  ce  qu'ils  ollreut  U  h  «  Lumièiv  lia  MiliriïK 
ne  vnut  fjjis  les  rïuli^aux  qu'ils  roeoi\i  id  eji  rrijan^^e 
de  leur  polilesse. 

Avec  le  temps»  gràee  au  Louddlitsme,  {\  [a  modé- 
ration dij  la  Clirue,  à  l'i^enipjt^  des  (^fiiu'iis,  cette 
race  de  cavaliers  rnaiMudeur»  i|iii  rtnivril  t'Asit*  diî 
Jacs  de  sang  et  reeut  les  arnlKissadeui's  des  plus 
grands  mis  dans  Karakanmm  a  fail  phicp  à  une 
nation  de  bons  pêi-es  de  l'amille,  d'aillettfs  rrluufmis 
ri  sah^s.  de  hergers  [uieilujnes  el  inènie  h'iehes  : 
lioinnies  pare.ssi'ux  de  corps  el  dVspril  eu  uïênie 
K'uips  (jiie  rlicvfuiel leurs  iudésnreonnahles.  euiiur- 
cis  euMlre  le  froid,  le  chaud,  la  snif.  la  laini,  el 
rmitre  toutes  ks  laligues,  sauf  Ittutelbis  celle  de 
la  imirehe,  cumiiu*  ii  ciuivienl-à  des  gens  de  Che- 
val el  de  chameau.  Au  fond,  les  Mou^^^ds  jriuil 
gardé  d'un  f»assé  de  c.inia;;tMjae  leuj"  ifr;:C'misii1ieu 
Militaire,  leurs  kïlans  ou  chefs,  leur:?  o7t  aîmaks 
ou  [jilnjs  dnisées  t'ii  172  korliotiri   ou   l)aiiju'ên\s. 

El  ce  passii  de  eîu*t)fij;i'  lui  luéiue,  iiuis  ecs 
neuves  de  sang*  l'Iiisloire  courante  ni  accuse  6 
turl  lesseuts  Moul^oI»  :  il  y  avait  [dfls  d'une  yïih\ 
plus  d*uu  [iiMjjile  el  d'une  langue  daus  le.  camp 
vohuil  do  Djeii^dn?.  ;  toutes  les  grandes  [rit)im  de 
l'Asie  frnide  et  de  l'Asie  séehe  avideut  dès  cynd>al- 
Innts  dans  sa  lnu'de.  VA  il  eu  lof  ainsi  dans  la 
lorrenlielle  armée  «hi  lli»iteu\  '.  comme  plus  tard 
dans  celle  des  coinpiérants  n  raon*>td5  n  dp  l'Inde, 
Cotidaleurs  de  ru[uileut  empire  de  jhdhi. 

llepuis  cet  écrouleineul  d'avakuelie,  lu  gi'ande 

1    Tiiiiuur  ou  Taiiiciluti. 


natiiin  nnui^'ute  a  pordu  toute  cohésion  ;  de  ff% 
peuplades,  les  unes  onl  subi  Insccndant  di*s  lil& 
de  la  Lune;  d'autres  ool  pris  rang  dans  rinlini 
cortège  de  la  saiule  liussie  :  ce  soûl  les  Bouri.ilis. 
cl  les  Kalniouks,  si  laids  —  du  moins  la  Inidilion 
Iranvaise  les  dit  tels,  el  le  seul  nom  de  Kalrimuk 
snseile  devant  nous  des  Iiomnies  osseux  à  U 
léh^  alïivuse.  —  Vax  nïème  f<>nips  (ju'ils  se  dislo- 
rptaieut,  ils  se  mêlaient  autnnt  ou  plus  qu'au|Ki- 
ravanl  à  ]eui*s  voisins  turcs,  mandclioux,  chinois, 
liliélains  el  autres.  Dans  les  temps  antiques. 
<ihsenis,  effacés,  ces  bergers  logés  sous  des  Uuilt* 
de  lèuJre  ne  firent  peut-être  qu'un  seul  el  mênif' 
peuple  avec  h's  afieêlres  des  hoiinnes  (pli  labau- 
reut  ntuintenant  les  rives  du  Jaune  el  du  Ltleu.  cir 
le  visajjo  du  Mongol  est  bien  le  vis;ige  du  Cliinois 
avec  rpiehjues  nuances,  connue,  par  exemple,  b 
yeuK  moins  oliii<]ues.  Commettes  ressorlimtes,  m 
èr*rasé,  rhi  ^eux  mdi's,  joue  glabre  soit  par  ta 
nature,  suil  peul-étie  par  la  longue  pratiqua  de 
répilalion,  ces  traits  Imp  ou  trop  (h-u  sidlauts 
indiqncnl  une  fralernilê  du  peuple  qui  clionuck 
sur  le  Tsa4)ti  »  avec  celui  qui  st-me  el  inuts- 
sanne  dans  le  Hoangtou*.  <Juanl  au  mongol,  iim- 
j^iie  non  nioriosyllahique,  poiul  du  tout  cluDoi$e, 
il  a  [ilntril  des  rapjiorls  avec  le  turc,  surtout  [ar 
l;i  eniunmne  possession  d'un  assez  gi*and  nombn' 
(le  rudic;ui\  ;  il  a  trois  grands  dialectes  répoudiiil 
;\u\  Iniis  granrls  embrancheuienls  de  la  nation, 
aux  Khalkha^,  aux  Élœts.  auï  UouTiates.  * 

L''s  Kïialklias  liaijiteni  Ii'  nord  de  la  Mongojje,  les 
hautes  vallées  alUuques  où  murmjii'eul  les  prc- 
miên^s  eaux  de  l'Yi^niséi  el  Celles  de  rivières  qui 
vont  emplir  le  !ae  Baikal  ou  former  le  (Ifini 
Amour  ;  là  s'èlendent  de  vastesct  belles  pâtu- 
res qiîe  le  tsac  lda^^'  saura  bien  oldeiur  un  jour 
lie  sou  cousin  ile  Péking^,  Ils  vivent  aussi  daiislts 
bassins  de  lii^iis  lacs  salés  dont  le  plus  gi-nijif. 
rui4^a-imr.  a  r»00  000  hectares.  Celle  Mongolie* 
allaïfpje  vaut  nijcut  qiie  les  autres,  surloul  ijut* 
VtilXv  du  (oiIii>  qui  sépaje  les  Khalklias.  an  ruuii. 
des  Clœls,  au  sud. 

Le  fl(dji,  désert  de  ItiO  ndllions  d'hectares.  ^  i|'- 
•|ielh\  chez,  les  Chinois,  CliauJo.  Il  (ermineà  loriHil 
-l'écliarpe  d'aridité  qui  comnieuee  à  IVwcidenl  sur 
la  rive  d(^  lAtlatilique,  entre  Maroc  et  Sénè^Ml.t't 
(juit  li'aversanl  lancien  l'onJintMit  de  roueslsihl- 
ouest  il  l'est -uifrd-esl,  va  du  banc  d'Arguin  nui 
monls'  Kliinghfln  de  Maudehoutie  par  le  Sjliflm. 

1.  Turrc  (li'S  herbL-s  :  uoin  (jiip  les  thino'.i  tlomifDt  S  ti 
"2.  l:t  Torrc  Jjuiiti. 


PAYS   VASSAUX. 


Il*  rirnn,  le  Toiimn.  le  Tnkla-Makan,  la  Mon- 

Voil   le  Gobi  sous  i'ardt^nt  soltîil  eslival  y 

Cil  un   saliara   lunule  avec  dunes  lixe:»  ou 
,  grèves  aussi  stériles  que  la  pierre  des 
lacs    êvaiH>rés.  torrenis  sans  eau,  Ijns- 
jnôli't's  ou  salés;  mais  en  liiwr  on  s'y  cnii- 
le  seuil  du  Và\e  et  qui'If|iiefais  il  y  jfèle 
î,  oO  degrés,  nuiiiis  par  l'eff^'t  des  lalitudes, 
celles  de  Loudres  à  Lisbonne,  que  par  la 


sécheresse  el  la  hauteur  tiu  phileau  — 800 à   1500 
inêlres,  l'allilude  moyenne  élant  de  hJUO. 

Sitr  ces  plaines  gauches.  leracs  4111  niiigeAIres» 
JHuriîllres  ou  grisâtres,  fuii'iil  comme  le  ven(  des 
escadrons  d'antilopes  dzêrén  ;  le  cliarneau  à  doux 
bosses  du  Mon^nd,  son  cheval,  son  Iinnjf  *'t  sa 
vache»  son  uioulon  à  grosse  qurne  l)rouU'nt  nn 
ga/,on  nusér.ible,  [ires  du  ruisseau  vide  ou  de  la 
flaque  salée,  rrsle  de  ce  qui  Fut  lae.  d'eau  pure, 
l'as  un  arbre,  et  dans  (ou(e  la  traversée  de  ce  dé- 


Otirjra  jusqu'à  la  Grande  Muraille,  nuile  fori 

IinMgré  l'inclémence  du  plahMu,  il  n'y  en 
cinq,  pas  uu  de  plus,  éur  800  kilomètres. 
rr'jeton'^  dos  forèls  jiourr-itit'nf  drc>>t'r  b-ur 
t  ou  h^ur  pu'aniide  a\ai)t  dVtt'e  niille  fois 
L êbrauchéâ «u  nis«c«»  sous  un  lirl  dimt  b'<t 
ront  h  forre  d'nrradter  du  srti  des  [dantes  si 

L qu'ils  1rs  :î.ii^is.sent  a  p^ie,  nliï^infhi*»  ot 
■a,  qu'il    -  Il  "lit  ensuite  en  vals*t-«ITrénée 
Idur  plar  ' 

iu\  du  i,  •!  I.lii-f>  l'irniurcnt 

Is  Oionlfi.  les  profondes  vallées,  le«t  bords 
itaits  déversoir  de  la  -région  du  Koukou- 


nor,  ronlréederiOmilHons  d'heclai'es,  avec  150000 
hommes  uu  plus.  .^^ 

Celte  réiTîon  nnjri^ole  si»  raltaclie  vers  Tesl  h  la 
ndiu',  \t'rî»n<'  sml  nti  TilM'l  ;  ci-s  miints  sont  un 
épanouisjenioiit  du  Kourn-loun;  ce  nor  ou  lac 
Koukou,  c'est-à-dire  uleu,  vaut  huit  à  dix  Lémans» 
vu  i^  iOO  kjlotuélri's  do  tour  ot  ses  TiOO  000  hec- 
tares entre  pi»"s  rbamarréî*  de  neige  élernelle, 
mais  il  n%t  sort  aucun  lth<^ne,  quoiqu'il  re^'oive 
pbis  rt'uu  lorrenl  dérliaînô  pendant  les  quatrf 
nioi>  tpii  m*  sont  pat*  I  hiver  à  Cflte  altitude  de 
rviOO  luàtres.  Plot  salé  pendant  100  à  120  jours 
de  V^nnoe,  i|  est  dallé  de  glace  |Knidant  350. 


455 


LA    TKRIIK    \    VOL    D'OISKAU. 


D'aulri's  «  koclioun  »,  d'autres  banniôri's  errent 
vers  le  sud-ouest  du  Koukou-nor,  mi\  lieux  im  le 
îlonii^-lu»,  rrifore  jciuii' loi'r'iMil.  couli'  surh'S  liauls 
(Kituriyi^s  (l'iJdouulalji  ijiti  sont  \t''nrn''S  à  \î\  fois 
[jur  \g  Mongol  du  slt^ppe  et  le  Chinois  des  vailles. 

Il  y  a  [jeudi*  villes,  vi  des  villes  pt'liles.  eliezres 
ïu'i'^^M's  citvidîer^,  buveui's  dii  luiL  dejumeul;  ïiihIs 
dans  ces  vill«*s  et  hors  d'clliîs  s'êlèveul  dViiocrnes 
couvents  enlVctniuit  des  rctilaines,  des  milliers 
dt'  laniar^.  (hi  flit  (jud  )*'  tiers  de  ce  peuple  Ijoud- 
lilitste  vil  dans  les  saintes  casernes. 

l.M  rite  inrijeure,  qui  s*njï[jellc  rluv.  les  Muii^'*jIs 
liugd'^-Koureft  ou  <!rand  C.'unp,  esl  plus  {'oinuie 
s^tus  le  niMU  d'iKii'gii  (/)()0*l(>  h;il»,).  Mllt»  sVIève 
darts  l;i  Mt-Hi^olie  du  nord,  clie/  les  kltalklms, 
prés  d'uiw  rivière  qui  court  h  l'Orkhon»  el  VOv- 
khon  S(î  pi'rd  d:u)s  h  Sèleu^^i,  qui  s'en  va  vers  li* 
Itaîkal  ;a  \"2{H  niùlies,  ou  y  suuIVre  des  IVoids  do 
— i8^  î\  —  50*^.  Là  réside  nu  milieu  de  lOlRIOiuoi- 
nes,  dnm  un  conveut-|ialais»  le  laraiiakli-laniii, 
Itoitdcllia  toujours  renouvelé,  [lape  iujjjeecalde,  iu- 
fêi-ienr  toutefois  au  dalai-lanni  lihétain  de  Lhassa, 
pape  des  [lapes  liouddliisles.  Le  Tibet  est  l,i  Terre 
Saiule  des  Mongols,  Lhassa  leur  Rouie,  le  hbrlaiu 
leur  luu;îue  sacrée. 


Turkestan  chinois.  Grands  monU^  Pauvres 
rivières  :  Tarim,  Lob-nor.  —  Turkestan  parce 
<ju'toi  y  |>;ii'le  ture,  ehiituis  parée  qu'on  v  dépettd 
de  h  nulle,  ce  pays  de  111  à  iï2  nûllions  «rin-c- 
laros,  grand  cojrnne  la  France.  TK^paytie  et  le  l'or- 
(ugal  rnsemble,  ]ïasse  pour  avoir  500f)(lO  habitants, 
ou  IMKMIIin,  ou  «OOÛUO,  ou  i  millinn.  Mauvais 
pays,  il  est  fniid,  et  surloul  il  esl  sec..  Ihnis  la 
lan^aii^  nafionale,  il  se  nounue  Ojèïi-Chahi'  ou  les 
Si'[*t  Villes,  rilRpfapole*;  dans  ceKe  de  l*éking,  il 
s'apjielle  Tliian-rhafi-nan-lnu,  la  lloute  au  uiidi  ries 
Muiitâ  Cèlesles,  [lai'  |iaraiU'lisïiie  avec  le  Thian- 
cliafi-ptSiou,  la  Itoule  au  nord  des  Mouls  Célestes 
(<pii  est  le  [ïays  dj:(>un*j:;ïie). 

Aux  luonis  énormes  qui  le  reivlent  sauf  à  fo- 
xient,  aux  Cèlesles  du  nord,  au  Knrakorouni  du 
sud,  au  ^^raud  (Vordon  de  l'occident,  l'eliord  du 
Pamir,  celle  andtpie  Kaclii,an'ie  doit  des  (orrents 
sans  lesquels  elle  n'aurait  que  des  pîUures  sèches 
sur  des  ehanipfi  vagues,  des  lentes  nomades,  des 
]iaiueau!i  d'Iiiver,  aï  [uis  un  jardin.  pMS  un  buur^. 
Ici,  point  d'ertu,  point  d'houuncs.  Sous  un  dOnie 
d  ou  glisseraient  plus  de  pluies,  d'où  soulfleraient 
moins  di>  u  kara-bouraii  o  i>ti  d^uira^rjuis  noirs, 
vents  affreux,  secs,  exaspéraiils,  morteU,  les  ri- 

i.  Auimravnnt,  c'était  l'Alti-Chatir  cm  ks  Six  Villes. 


^ièrrs  der.es  linuls  monts,  le  Kara-kach.  le  Kliolan- 
d.'U'ia  et  le  Varkamklariat  fils  du  Karakuroum.  l> 
Kaeligar-daria.  fds  du  Pamir,  l'Ak-sou  (Kau  notri"! 
et  le  Taouclikban-ilinia  issus  des  Célestes,  s'ép-in- 
eheraieut  en  Itliins.  en  llhùnes,  et  ceâ  Rliins,  en 
ïîfK^ues  s'asseinhleraieul  en  quehpie  fleuve  iiiipA- 
l'ieux  (pli  percerait  les  rocs  jtisqu'â  la  mer,  ceinture 
des  terres.  Mais  nî  les  Tliian-cliafi,  ni  lo  Toit  tin 
Monde,  m'  Tliiboulis  noir  n'onl,  sur  ce  versfiul  coii- 
tineulal,  des  frimas  tlîgoes  de  leurs  sublinu'3 
hauteurs;  les  courants  qu'ils  envoient  nux  S<»|tt 
Villes  se  [>ei'deut  vers  l'aval  par  l'inibibition  du  sol, 
par  révajioralion  au  p*aud  air  et  au  grand  Sfileij, 
Tons  ces  «  daria  w  réunis  ne  foui  qu'une  rivitTC 
niisérableiueul  mesquine,  le  Tarim,  large  de  75  à 
80  métrés,  qui  se  traîne  jusqu'à  un  lac  mesqui- 
nemeul  mtsérahh»,  le  Lob-nnr,  tlèfilacé  |hmi  à 
peu  devant  la  |roussée  des  sables.  Deux  lagunes 
d'un,  deux,  trois,  rarement  quatre  mètres  d>au. 
enlie  duues  mouvantes,  avec  Fuarais  h  joncs  cl 
foréls  de  l'oseaux,  formeul,  à  071  mètres  d'altitude. 
ce  Lob-nur,  dernier  rt'^idu  d'une  vaste  Caspienne, 
la  1res  anti{pie  Si-haî  ou  Mer  d'Occident  dont  It» 
Chinois  eciriscrvent  quchpie  tradition. 

Où  il  y  a  si  peu  d'eau,  tant  de  subie  et  de  venl. 
la  poussière  esl  pnrloul,  très  fine,  en  Irondje^-i  et 
(ourbi lions,  ou  Lieti  invisildt*,  inipalpablt*.  niiiis 
voilant  lout  de  même  le  soleil  :  :nJssi,  graude  est 
eu  Turkeslan  la  l'ouïe  di'S  borgnes,  a^eugli*^. 
ophtalmiques,  chez  le  nomade  comme  c!i«  If 
sédeulaire  ;  celiii-ei  so  porte  moins  biecf  qut* 
riionnre  de  la  dutie  ou  du  plateau  de  piirn*. 
car  les  oasis  qu'il  habile,  si  belles  soient cllrt, 
et  quelquefois  siijierhrmenl  opulenles  en  lliîurs, 
eu  iruits,  répandent  aouveni  la  fièvre  autour  des 
eaux  extravasées  — c'est  partout  le  triste  lot  des 
gétu'reux  jarilins  du  disert.  Dans  l'oasis  aiwi 
qu'en  la  (erre  de  séclieresse  un  climat  rcbar- 
lialif  prodigue  les  mois,  les  jours  glaccâ  i)u  brù- 
lanls,  et  bien  raremenl  te  ciel  sourit  h  d« 
heures  (î(»ucenn'nt  sereines  et  molles,  sans  noire.* 
froidures,  sans  vents  crispants,  sans  lorridilé* 
étouffantes* 

[kiis  cet  immense  bas-fond  entre  monts  |*r(»<ii- 
gieux.  Turcs,  l^-anieus,  Chinois,  Mongols.  Tibèlaiw 
et  aussi  <les  Hindous,  d«««  Arabes,  en  nii  mol  \om 
les  Aryens,  Sémites,  Mongids  du  pourtour  se  soni 
imMés  connue  en  un  touriioiemerd  de  cuve;  diî  l« 
chauiiière  est  sortie  uiu'  race  hirqnt\  de  Irnls  di- 
vers, mais  uuilin^nie,  parlant  un  turc  excellfiit- 
Les  Callcbas.  seuls  vrais  ruraux  du  pays,  car  le* 
gens  des  oasis  n'ouï  droil  qu'au  nom  de  inaral- 


458 


lA    TKRUE    A    VOL    D'OISEAU. 


chera  suburliains,  onl  conserve  leur  vii'il  ironiiTi, 
bien  loin  de  l'Iran  pour  ItMjiiel  ils  sont  une  pro- 
vince i>onlut\  ut)  TriiK-(Js-Mi>rtles  ouUl!<\  Tout  ce 
niunili.'  (iroIVssi*  un  t^laniisnn*  siriil. 

Les  villes  vl  Lourds  <lu  Turk».'s1;ni  de  rjiine  fuient 
souvent  (levant  les  siililt^s  ciisevelisseurs.  IMusil'une 
citti  dort  Mjus  la  dune,  d'autres  y  dorniironl,  tu 
dune  oviujce    timjour^. 

Forte  de  GO  000,  de  800lM>,  de  lOOOOOîlmes,  sui- 
vjHïl  la  générosité  des  êvnluateurs,  Yiirkand,  eilê 
niaitresso  du  Turkestan  cliitmis,  bordi'  le  niailre 
cournnt  de  ee  pays,  le  Yarkand-daria,  à  II9ùinè- 
Ircs  d'^dtitude. 

Un  [lei]  |dns  hauïe  nunlessus  des  tners,  K;ie|igar 
(50000  IuIk)  esta  I2ôt>  mètres. 

Plus  haute  encore  est  Kbolan  (-10 000  liab.),  h 
I5r'9  nièlre;?,  dans  le  paj-s  où  les  torrents  ninliîil 
du  jade*  près  des  errantes  sablounières  du  Takla- 
Makau. 

Takla-Makan.  —  Nul  désert  ne  dt^passe  en 
aridité  le  Takia-Makuu,  di^ne  iin  du  tîobi  vers 
l'oucsL;  rml  ne  livre  de  plus  iières  dunes  au  ca- 
price inlini  des  vents,  (lertains  monts  de  sid)le  y 
ont,  dit-on,  liiO  nièlrcs  :  or»  la  dune  de  Lescoui-s, 
preniii>re  dans  les  Landes,  première  en  France, 
première  en  l'Jurojie>  ne  se  lève  qu'à  81). 


Dzoungarie.  —  Uuand  le  Mongol  regaide  l'O- 
rient, il  a  sur  sr»  droite,  au  sud,  le  Tibet,  qu'il  a 
nommé  lîaran-Tola  ou  le  (lèté  (b'oit;  à  sa  ^^nuetie  il 
a  la  Dzoungarie,  ini,  eoninie  il  dit,  —  et  tions  avons 
corrnui]>u  ee  nom,  —  le  Dzégoum-Tola  ou  le  (lûlè 
gauclie. 

Pour  te  Chinois,  la  Dzoïiiigarie  est  le  Tliian-cban- 
pé-lon.  la  Route  au  nord  des  Célestes,  le  Turkestan 
du  Tarini  étant  Ju  Huute  au  i^uil. 

Noms  très  jusles.  Le  Turkestan  d'orient  niènet 
diriîrilemeiil  sans  doud',  au  Turkestan  d'occident, 
à  la  Cas[»ienne,  Il  l'Europe,  et  la  b^ûun^arie  con- 
duit, très  facilement,  i\  cette  même  Europe,  soit 
par  le  val  di!  l'Ilî.  soi(  par  les  plaines  du  liant 
Irlyeli;  —  au  Imnl  de  l'ili  s'élenil  le  ste[>pe  du 
liulkaefi  el  sur  ITrtyeti,  auquel  <ui  arrive  après 
un  faîte  de  7C5  rtjèdvs  souleirient  d'allilude , 
s'étend  le  steppe  de  Sénijpalatîusk. 

Dans  le  nord  de  la  D/oungarie,  jiulis  mer  otS  lac 
et  mainteuatil  slepfjc  dur.  de  pauvres  ruisseaux 
rntiipent  sur  t  argile,  tle  Iristes  arbustes  lutti'iit  dé- 
sespéréuieiil  eoiilre  des  vents  effrénés;  nulle  verte 
prairie»   poini  de  bosquets,  d<»  forêts,  et.  grandes 


ou  petites,  brillent  des  lagunes  saumâlres  don  q? 
sort  aucune  l'iviére. 

Au  sud.  entre  les  iMonls  des  Cieux,  qui  sVIjn- 
eenf  h  5000,  tiOOO,  7200  mètres,  un  graml  Ilot 
d'i'rtu  passe  dans  une  vallée  superbe  :  c'est  le  tri- 
biitaire  du  lîalkacli,  lac  de  steppe,  c'est  l'Ili,  qui 
ciiute  dans  les  herbes,  les  jardins,  les  vergers,  pq- 
voyaul  des  canaux,  i*ecevant  des  torrents  tombés 
du  gtacier.  Il  y  avait  \h  un  million  d'hommes,  les 
Munguls  dzourtg.ij'es,  (juajid  les  Chinois  massacre- 
renL  ce  peuple*  presque  jusqu'au  dernier  de  sej- 
fils,  en  1757.  11  y  en  avait  2  millions.  Chinois, 
Mandchous,  Mongols  et  autres,  quand  les  Maho- 
métans  un  pays  se  soulevèrent  en  <865  et  n'v 
laissèrent,  dit-on,  que  139  000  vivants.  Les  fds  de 
la  Lune  y  sont  revenus  depuis  el  la  Dzoungarie  se 
repeuple,  lenlernent:  à  pciue  a-l-elle  H(K)0<X)  per- 
sonnes sur  08  à  Z**J  iuiiliuns  d'hectares. 

La  capitale,  Kouîdja  {50  000  jlmes),  dans  les  jar- 
dins et   les  peupliers,  est  à  051  mèlres,  sur  Ml i*. 
jirès  de  souj-ces  puissances  :  ces  fontaines  descen— 
draient  h  travers  monts,  par  iMuaui  souterrains-^, 
du   lac   Saïram ,    lequel    miroite    à    1268    mètre^^ 
d  attitude. 


Le  Tibet,  plateau  suprême.  —  Le  Tib<^^  t 
(109  millions  d'hectares)  est  connu  des  Cbinoi^s- , 
ses  suzeraiiis,  sous  le  nom  de  Si-tsang  ou  Tsai»  ^ 
de  rOuest.  Ayant  dans  l'intérieur  ou  à  la  fnn"».- 
lièi'e,  dans  le  Kouen-loun,  le  Karakoroum  m:^{ 
riliniâlaya,  les  plus  hautes  ehaines  du  monde.  »/ 
prwte  de  1res  hautes  vallées,  entre  autres  celle  A  m 
haut  Indus  et  celle  du  haut  liraluuapmiti-e,  i^^ 
nunnné  Ifzang-lSo»  Nés  à  peu  do  dislance,  c^^* 
fleuves  se  fuient  aussitôt,  l'un  courant  vers  l'oued  •» 
l'autre  vers  lest,  el  tous  deux  vers  l'Inde,  —  l€BniM-> 
ma  poutre  wvr^  l'Inde  la  plus  pliénoménaleine«^l 
humide,  l'indus  vers  l'huïe  la  plus  sèche. 

Tellement  «  aérienne  h  est  rêlévatioD  de  ceU  •fi 
contrée,  qu'on  y  piiM-tie  uru*  mine  de  sel  A 6500  m  -^^ 
très  \  deux  fois  l'alliîudc  des  Pyrénées,  ou  enco- 
dans  la  région  dt!  Tnir  que  toucheraient  à  peîJ 
le  Mézenc  ou  le  Cantal  empilés  sur  le  Monl-Ulai^ 
Le  Tibétain  peut  rii'e  de  TAuvergnat  qui  u'imagi 
rien  d'aussi  grand  que  DtVmo  sur  Dôme.  L'home 
seul,   et  ï>armi  b's   animauv.    la   brebis,  peuvt 
monter  jusque-là.  I^'aulres  mines  très  n  sublime^ 
aussi  soDl  certaines  veines  dor  où  tJMvaillenl  c::i-l^ 
lujuunes  fïaranlis   contre   les  froids  altiludinai     ■^^^ 
|iar  des  peaux  de  bu'uf  h  longs  ptiits  dont  ou      -*^ 
pas  arraché  les  cornes. 

1.  Sur  le  plateau  d£  Ijiché.  entre  Ladak  et  Digardù. 


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■('• 

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Le  Kouen-loun:  le  Kartchi.  —  Dos  irois  sier- 
sans  rivales  qui  chargiMit  le  dos  morisiriieux 
Tiht'l,   \a  plus    vii'illi»   (?st   n'ile  dti  rnnd,    l« 
Kuuen-louii .    |>rolong<MiKMit    de    rilirutouKLHjrh  . 
mrae  celui-ci   prolonge  en   ivalilt*  le  Caucase. 


S]^i!os  et  gros,  If  gigantesque  Kouen-loun, 
qui  ne  iinit  qu'au  luilirn  des  Chinois,  au-(l*'ssus  des 
[)l;nues  du  Fleuve  Jaune  et  du  ricuve  lUcu.  est  iiussi 
l;t  moins  éli'viVt  eu  intime  temps <]ue  la  moins  tail- 
ladée des  trois  cliaines;  plus  nu  iiortl.  mais   par 


On  hueonnicr  dn  Turltestan  ohliiota.  _  Do$9ia  de  I>elort,  d'aprt'C  une  pbotograpliic. 


?m<*  pluîï  loin  di's  tildes  eau\  don  la  inous- 

s'eu\ule,  il   porle   luoins  de  névt'S,  it   p«'nrlie 

Doins  dcgbeîers  que  Ifs  deux  autres  :  eu  un  rnol, 

est  plus  eonlineitlal.  Haut  de  17*i)i\  rnMn's  en 

ni>^t«   ^**^  cols,    ainsi  qut*   wmx  dn   Karaktirouni, 

ent  plus  pri's  du  ciel  que  les  cols  de  l'Ili- 

lUya.  ddris  l'air  rare  où  l'homme  sent  siffler  ses 


f^^Ts 


ternpi's,  sn  fureeMs.i  volnnli^  mourir  sous  l'acoâ- 
Idenieril  dn  mal  di*  tnonra(;ite. 

Ml  nt>rd  du  Kmiru-Ioun,  le  Tihet  seplentriotial 
ou  Kartrlii,  plali-anx  fie  .ir»0<»-i80fl  nirfres  dalli- 
ludt*.  nf Ti'i'  ;tiil(inr  de  lars  ol  lagunes  quelques  prai- 
ries estivales  h  des  pasteurs  lurës  nu  rnon^roU.  Là 
s'élèvent  des  monts  di»  plus  dt*  7(MI0  mètres,  int^rtio 


'/iiO 


LA    TKRnE    A    VOl    D'OISEAT, 


de  7500,  liaulour  qiron  siippos*^  nii  pi'»re  Tar^ot 
(Targ<i!-^iip)  ;  la  nirr*'  lt;nii,n-a  (  l>ant;ra-yuin  )  t*sl 
sacrée  :  qui  en  tn\{  trois  (ois  ïc  lonr  yvec  révé- 
rence en  priiuil  !\u\  rhapi^lles  rfdevionl  net  el 
canditltî;  1*^  >'iiitljin  lan^-la  (7il^J  tm  7*î2'»  m^(rfs) 
s'ôlance  prvs  du  IViif^ri  iioi'  ou  lac  di^s  CiiHix.  fjui 
e,st  lojjg  il(>  80  kiloinèlrcs,  grand  de  250  000  licc- 
!ares,  «  céli'slt»  »  par  son  site  a  plus  do  iOOO  mo- 
ires au-dessus  des  iiuts  —  onrroil  que  ses  (Viux 
vonl  au  fleuve  itido-*diinois  Salouen;  sa  a  sîiinlt*té  » 
mène  au  ciel  les  jièlei  lus 
qui  adcn'eut  pnH-tiggiiin- 
nellenienl  Itouddlia  dans 
les  eioilres  de  son  rivage 
et  de  si's  lies. 

Satledj  ,  Indus  , 
Dzang-Bo.  —  Le  Kartihi, 
sans  ïibi'IainSi  un  rii'ïi  du 
vrai  Tibet,  sauf  l'excessive 
surrertiundu  sol.  le  véri- 
lablt;  Til)i*t  se  hlollll  au 
sud  du  Karakoroum;  il 
porle  trois  vallées,  colJes 
du  liaut  Satledj,  du  haut 
Indus,  du  liaul  D/aiig-lîn. 
CCS  deux  dernières  ne  for- 
mant qu'un  immense  las- 
sé de  double  penebani  : 
vers  le  sud-esl  au  Utu^  du 
tem^^-llo,  vers  le  nord- 
ouest  au  loujï  de  l'Iinlus. 

Le  val  du  Sallfdj  cmn- 
iTieuce  par  les  lacs  de 
Maijs.iraour  i*l  de  Rakus- 
al.  (pie  le  Kaïlas  cori- 
(einple.  Iiaulde6700  ma- 
ires. Le  Kaïlas,  en  lil)è- 
tain  Tise,  jadis  et  eneore 

«  (Jlympe  »  aver  des  dieux  Lrillauïs,  eorlége  de  Ma- 
lindéo',  eV^l  le  Mér<uj  i[it  p.utlhêoti  de  l'Inde  ré- 
lébré  i>ar  Lmt  d'fjyinnes,  invorpo''  par  Iniil  de 
prières.  On  invoque  îiussi,  llouddliisles  eoittme 
lïrabrnanisles.  le  Mansarnmir.  lae  sa(*i'é  né  du 
divhi  siiunie  de  [ii;ilima  :  heureux  )(ui  monte  en 
[>èlerinage  h  si'S  enux  célestes,  plus  heureux  le  jusie 
ou  Tinjusle  rhujt  on  jelle  le  cadavre  dans  ses  (lots, 
que  lîiniitiue  eliHipii'  siêele  —  ear  le  Tibet  riC  desse- 
rtie lipujours;  [)our  y  trouver  la  neijre  éternelle  il 
faut  ^j-avii-  à  ^fiO^^,  oTOO,  sinon  parfois  à  OOflO  mé- 
trés. Du  jdaleau  de  ses  lacs  le  Satledj  passe  lïienttM 

1.  C't^t-A-dirt  lo  Grnnd  Dieu. 


l'ii  lama  rev<?tu  de  f^s  babUi  nnccrdotaux. 


à  l'Inde  des  Cinq  fleuves,  au  Pandjab,  pnr  de»  gorgm 
ûlTreuses»  LTiidiis  descend  également  à  ce  inéiije 
Pandjab,  par  un  chemin  plus  long,  arc  de  mr\t^ 
doî\\  le  Salledj  est  précisénienl  la  conle,  elilcuuil 
à  ce  bns  pays  de  loule  sécheresse  par  de  ténébreux 
défilés. 

Le  0/,ang-Bo',  c'est-à-dire  en  tibétain  r£au  sainte, 
rtMNiil  nu  ne  reçoit  pas,  on  ne  sait  trop  enrori'.  li-s 
eaux  {lu  Palli,  lac!  annulaire  h  -fll-i  métrés  il'jlli- 
lude.    C'est   lui    qui  devient   au    deW   du   Til»'l, 
dans  l'Assam.  i»ar  l'cITrl 
d"averses    inouïes .    \>s 
pèce  de  débordement  |)4?r- 
péluel  qui  se   nomnie  li* 
Or'abntapoutre.    ijmud  it 
ipiille  le  haut  pays  pour 
s'enténebi'er  dans  les  c\\h 
ses  et  pour  y  crouler  do 
rapide  en  rapide  vers  le 
val  inférieur,  il  y  a  toute 
.'ipp.irenee  qu'il  roule  8t)0 
méires    cubes   à    l'étirtge 
et    20  000    en    crue   nw- 
jeure. 

Tibet  pluvieux.  Ti- 
bet sec.  —  L'orient  du 
Tibet  ne  ressemble  pas 
à  son  i»reidenl 
munis  y  sont  inunen 
ainsi  qu'îm  ctujehant.rq 
déchirés  par  des 
ches  où  pénétrent  les  \ 
luges  de  la  inouss 
Krusions  fantastiques»  i 
bris  prodigieux»  uign^ 
aux  profondeurs  noir 
kïrretds  dont  nous 
connaissons  pas  bien  la  destinée,  sinon  qu'ils  voij 
de  toute  certitude,  j^  l'Ir-aouaddi»  au  Sa  loue  n,  i 
Mt^kong.  teî  est  le  Tibi*t  pluvieux,  qui  s'au 
niose  avec  Indo-Chine  et  Chine.  _ 

Le  Tibet  sec,  Tibet  par  exeellence,  ;\  tort*§ltf- 
nornmc  lîoyaumr*  des  neiges,  ou  les  Neiges  <lii 
noi-d,  a  justement  pour  caractéristique  un  climat 
e(Milinonl;il  aussi  avai-e  de  pluie  et  par  conséquent 
{le  neiire  que  le  lui  fierniel  sa  t  fabuleuse  i>  alli- 
lude.  iioyaume  des  vents  glacés,  Kmpite  de  lii 
poussière  r|ue  ces  vents  liurruent  en  colonnes,  tni 
loui'hillons   riMis.   et    suilout    Ti'rre    du    frnid  cl 

l  ■  Yuroii  Dzan;;-tîn.  qu'un  trouve  souvent  dons  tes  VîVTth 
sur  il'*»  cnrh's.  ve^it  dire  t)ïtta?-Bo  supérieur. 


PAYS  VASSAUX. 


4il 


noms  iraient  mieux  ou  pays  glacial 

I  (^li'  qui  nVlùvo  guère  d'arbres»  presque  pas 

asâuilles  et  où  l'on  a  pour  toute  joyeuse 

l'ardeur  de  la  bouse  de  yak  à  petit  feu 

Lliomrne,   quelque  habit   qu'il  levtMe,  y 

I  durement  des  iulerapêries,  principalement 

t;  l'animal  y  soulTre  aussi,  mais  In  nature  1';! 

nt  couvert  d'une  fourrure  laineuse,  tant  la 


cltèvre,  très  nombreuse,  qiie  la  brebis;  tant  le 
ehicn,  de  très  forte  taille,  que  le  yak  ou  bœuf 
iibèlain,  le  buflle,  l'antilupe,  le  JKiudet,  l'hémionc 
cl  toute  fa  troupe  des  nialfuisants  et  des  rnèeliants, 
singes»  loups-cerviers,  loups  blanrs»  ours  blancs, 
panllières.  Ici  In  brebis  est  bêle  de  charge  :  seule 
elle  peut  fi'anfrliîr,  avec  10  h  25  ou  oO  livres  de 
bagages,  les  entailles  hautes  de  0000,  G500  mètres 


NonasUra  bouddhique.  —  Dcuin  de  Tfaéronil. 


ftvent  1000  à  1500  mètres  daltiLude  aux 
kalnes  géantes. 
I 

ibétains.  Le  dalaîsme.  Om  mani  padmë 
—  Les  Tibétains  nomment  leur  pays  Bod» 
es  Bodliia^  ;  on  les  évalue  divei*sement, 
55  niillions.  33  millions,  c'est  assuré- 
ucoup  trop  pour  cet  incongénial  climat» 
s  altitudes  que,  par  exemple,  les  mineurs 
,Tak-Yaloung  ont,  hiver  comme  été,  leurs 
y   RtCLca.  t4  Tutu  A  TOL  o'onsAO. 


demeures  plus  haut  que  le  Mont-Blanc.  ;»  4980  mè- 
tres; mais  5  millions,  ce  n'est  peut-être  pas  assez, 
quoique  en  somme  presque  toute  la  nation  vive  le 
long  du  Dzang-Bo. 

C'est  un  peuple  de  stature  basse,  de  fortes  épau- 
les, de  puissiuite  poitrine,  Iwisané,  sans  noblesse  de 
ligure,  de  par  ses  origines  h  mongoles  o  et  de  par 
tes  vents  de  froidure  qui  nétrtssent  ici  tout  visage* 
Mais  le  fond  vaut  initnix  que  la  forme;  ils  sont 
bons,  probes,  énergiques,  fidèles. 

H. 


i& 


44S 


LA    TERRE    A    VOL    [l'OÏSEAll. 


Converfis  nu  iMiiiddhisnit^ ,  <lii  cinquième  au 
septième  sirck-,  li*s  TilK'Iains,  qui  nVlaicnf  qut» 
d'obsi'ui'S  Larhrtivs,  reçurent  on  mt^nie  (enips  que 
la  dûirliiiie  lie  Çulcyanioudi  tout  ce  que  les  nii^i^sion- 
naires  de  Iri  foi  nouvelle  npporlaienl  avec  eux  de 
science,  de  p(di(esse  au  sein  de  ceb  lugubj'es  pla- 
teaux. Ils  derneurèrenl  h^s  plus- fervenls  disciples 
de  la  iloelrîii*'  du  iSouddlin  ipti  {le  choz  eux  fit 
Kl  fonquèle  de  Li  ll.iule  Ask%  mais  elle  no  gardai 
pas  la  pureté  qu'elle 
avait  lorsqu'elle  leur  fut 
eusei^niée,  el  le  Tibet 
devint  le  sêmiuwiiv,  U» 
sanclunire  d'une  reli- 
gion 4pji,  buuddliiqncau 
foiidj  a  pris  une  Hu-uïe 
innn l'Ile ,  avec  le  iioiu 
jiouveau  tle  dîibiïsiue  nu 
de  luninnisme. 

Le  Libéluin,  le  plus 
ag^fïluiinaiil  des  îdioiru's 
nianoyyll;djii|ues,  a  ûî^ 
passé  les  IVontières  du 
peujile  ipii  l'a  \Tj  naître. 
Il  doit  sa  diffusion  hors 
rie  son  riornaiiu*  propre. 
Tibet.  (-îicbeniir  oi'ietj-  -^ 
tal,  part  du  Sé-IrboiuMi,  "" 
elc,  uuu  pas  à  lépée 
coinuie  U}  Jalin,  ou  nu 
glaive  et  à  la  religion 
ensemble  cornuie  l'ara- 
be, ou  au  trafic  rornuio 
l'anglais,  ou  à  l  eclaliles 

lettres  conuiie  le  tVuurais  el  le  [lersan,  niais  uni- 
quement aux  progrès  du  lanianismc  dans  l'Asie 
Centrale  et  dnns  les  jdaines  du  Nunl.  Il  est  connu 
eu  Mongolie,  en  Majidiliourîe,  en  Sil)érie,  juMpie 
chez  les  Kuirnouks  de  la  Volga,  \mv  un  gratïd 
nondire  des  pivtres  *'{  des  cloîtrés  qui  fourmil- 
Jerd  tbins  les  pays  du  bouddhisuie  dalaîque. 

Il  y  a  dans  le  Tibet,  saus  les  cliajiolles,  trois 
mille  temples  el  monastères,  autels  el  séjours 
d'une  centaine  de  jiiilliers  de  lamas,  ai'isloeralie 
du  pays.  De  ces  juvlres,  les  uns,  appelés  Cahttles 
Jaunes»  sont  tïes  célibataires;  les  Calottes  houges 
se  marieul  si  bon  leur  >euiLle.  Tous,  dans  leui's 


Un  boutouktoit,  ecclésiutique  (ruii  onlre  supérieur. 


neuf  sectes,  ont  également  à  la  l>ourbo  l 'élfrnel 
Om  mani  padmé  houmî  la  prière  du  n]ori(lo(]iic 
le  j)lus  de  lèvres  niurniuronl.  Ni  eux,  ni  les  io- 
nombrables  moines  et  nioinosscs  de  celle  religiun. 
ni  sesjdus  subtils  docteurs,  ni,  à  plus  furie  Misuii, 
le  menu  peu()le  des  laïques,  pas  un  Tibétain,  p 
un  Houddbisie,  ne  comprend  ce  «  cri  de  réiiieu. 
Qu'y  a-l-il  sons  de  vieux  mois  sanscrits  traduits  en 
langue  vulgaire  par  C(»s  éaigniatiques  |iarobs  : 
Dieu  I  Le  joyau  daas  le 
lotus!  Aineii! 

Lhassa  .  capitale  du 
Tibet, Roinebuuddliiqui*, 
comj)le  20  000  eccli'sia&- 
tiques  sur  TjOOOO  liabi- 
taats,  à  5566  mèlrvs 
d'altitude,  dans  In  vallée 
d'un  althient  de  gauche 
du  Dzaug-Bo.  Sur  le  roc 
qui  b)  domine,  dnnsl'ê- 
norme  demeure  d»'  Po- 
lala.  à  la  fois  palais,  ci- 
tadelle, couvent,  tout 
cela  vulgaire,  réside  h* 
llotiddba  fait  chair,  h' 
Dalat-Lauia,  h  prêtre  de 
rOcéan  j»,  «  mer  de  la 
Sagesse  »  et  chef  d(*$ 
jirètres  non  mariés.  Ini' 
autre  incarnation  du 
bouddha,  un  très  ^-aod 
prélat,  nuûns  puissaut 
lerritorialemeut  el  |»^- 
cuniain-rnent  ipie  leh.i- 
laî-Lania,  c'est  le  Hogdo-Laïna  ou  Tachi-Lama.  •  le 
plus  excellent  des  joyaux  de  riulelli^nce  «>.  I<^ 
chef  des  Calottes  Ikiuges,  prêtres  mariés:  il  bahilc 
avec  -4000  <lesservanls  la  bunnstM'ie  ou  bouzeriff.aii- 
li'ement  dit  le  moi'iliiT  de  Taclii-Lounipo,  ou  Gloin* 
exaltée,  au-dessus  de  Chigalsé,  ville  située  h  5651 
riièlres.  Un  Iroîsiènn'  b.uit  juMiliPe  renouvelle  ausii 
Bouddha,  mais  horstlu  Tibet,  dans  la  mongole  tlurga- 
Les  bonzeries  bouddhiques,  easernes  sans  fin. 
renfermerd  souvent  i'tHKt,  ÎOOO,  5000,  et.  ditH>n. 
jus(|ua  8t)00  prêtres  ou  moines.  L'Om  maiû  padmi* 
houni!  leur  ouvre  h  grands  battants  les  portes  dtr 
la  lelicilé. 


JAPON. 


443 


(lîtilU'urs  froide,  brumosissime  H  vide,  ils  n'ont 
ivru  que  la  ti'nint'C  des  Kouriles,  Irac  ou  ils 
onl  perdu  près  de  5  ïiiilliuns  d'Iieclares.  un  liui- 
liènio  de  l'eriipire. 

Ainsi  diiitiiiuù,  lo  Japon  n*;r  (iltis  que  582416  kilo 
ini'lres  cairûs,  avec  unt^  quyruiilaiue  de  rnillioiiâ 
d'âmes- 

Hondo  :  monts  et  volcans;  le  Fouziyama. 
—  Ites  rpjnlie  grandes  jirs  qui  lui  roslenl.  uiie 
seul*  fjiil  [dus  de  la  inoilii*.  près  des  Irois  cin- 
quièmes du  Japon.  C'est  lloeiilo  (2205^000  liée- 
tares),  juslemeal  uoinnièe,  puisque  ce  mot  veut 
dire  :  Terre  priiicipule.  Tsiendo  et  Naîisi,  moins 


II 


Ui 


lA    TKRRE    A    VOL    [)*OISEAU. 


cmjiloyùs.  signifiont  h  peu  prt'S  :  Terre  ceDlrale, 
et  à  Imii  Iili>\  piiisfjuo  son  miliou  osl  assez  exnc- 
tenioul  aussi  loin  de  la  dei-ni^re  Kourila  au  nord 
du  SO''  da^ré  que  de  la  dernière  Rîou  kiou,  vai- 
sine  du  Tropiiju**  d(i  Cauror.  Nous  l'appelimis  Nip- 
pon, Mplum,  .Nidoii,  mais  à  toj'l,  ci^  nom  s'îippli- 
quanl  à  toul  laiTlupel.  Coupn*  au  nord  par  le  41% 
au  sud  par  le  34*  dega'-,  elle  va  du  parallèle  de 
Iltmie  ii  celui  de  Gabès  ;  ses  latitudes  sonl  donc 
essenliellemeul  méridionales.  • 

Sur  Hotida  pèsent  les  plus  lourds  monts  de  tout 
l'archipel,  (juelques-unsassez  liauls  pour  assembler 
des  neiges  en  névés  et  des  névés  en  petits  gla- 
ciers ^  Toutefois  il  n'y  aurnil  pns  ici  de  frimas 
éternels  si  le  elinial  nV'tait  si  mouillé,  presijue  tous 
les  sommets  se  leuanl  au-dessous  de  3l>0tl  mètres. 

Un  soele  de  gi-anits,  gneiss,  micasehîstes  et 
schistes  façonnés  par  les  météores  en  montagnes 
^  souples,  gracieuses»  modérées,  sans  brusqueiie  et 
sans  rudesse,  y  porte  des  voleans.  tout  ainsi  qu'en 
noire  Auvergne,  mais  avec  celle  dilTérenee  que  des 
fournaises  y  fument,  que  des  gueules  y  vomissent 
encore. 

Le  pic  dominant,  le  noble  Fouzi  yania'  ou  Fouzi 
sim,  voit  treize  provinces;  dejiuis  1707  il  n'a  ni 
frémi  ni  toussé,  mais  de  781*  à  1707  il  avnil  eu 
six  crises  et  avait  contribué  fiour  sa  part  de  cendres 
A  l'exliausseiui'nt  des  plaines  du  llondo,  Icsfjuelles 
ne  font  guère  qu'un  huitième  de  l'Ile,  tout  le 
reste  élanl  [»taleaiix,  dûmes  et  cûuea.  De  son  pié- 
destal dont  150  kiloriièlres  fout  ïi  peine  le  tonr, 
non  loin  de  la  mer  du  sud,  it  munie  licirnionieuse- 
meul,  doucement,  jusqu'à  37-45  nn''lres  %  un  peu 
plus  que  les  PyréruVs,  beaueoup  moins  que  les 
Alp*'S  ;  à  r»0  mètres  j>rès,  c'esL  l'altitude  du  pic  de 
Ténérif*?.  S'il  n'était  cône,  il  retiendrait  èlenjelle- 
ment  la  neige  et  la  concfrilrerail  fin  lleuves  de 
glace,  mais  sur  ce  mont  dégagé  dix  mois  par  ati 
sonl  hi  durée  des  frimas.  Les  Ja|ionais  ont  un 
culle  pour  ce  volcan  de  lière  allure  qu'on  a^lniij^e 
de  leurs  j)lus  beaux  rivages;  il  est  partout,  dans 
leurs  roirtiuis,  leurs  chansons,  leurs  sliuiees,  leuis 
tableaux,  Icuis  dessins  et  toutes  les  fantaisies  de 
b*ur  art  charmant.  Des  milliers  de  pèlerins  vien- 
uenl  prier  dans  ses  temples,  mais  tous  ne  montent 
pas  jus(jir'i\  sou  cratère,  profond  de  200  mètres, 
ij\'ec  2500  mètres  d'enceinte. 

La  légende  raflardie  le  plus  grand  des  lacs  ja- 
ptuiais  à  ce  jilus  gluritnix  ih-s  pies  du  Ilundo  ;  elb* 

I.  At Ht>  siii-  )c  Talt^  yaiJin,  ^nu:^  b  chaîne  de  llikla. 

1.  le  mot  jupoiiuis  ifama  Aignitic  inoatDgne. 
3.  Ou  5700. 


conte  qu'au  jour,  à  l'instant  niéme  où  le  Fouzi 
yama  s'élança  dans  les  airs,  le  Biva  dessina  ses 
baies  gracieuses,  loin  du  volcan,  à  son  occident, 
tout  près  de  la  mer  du  nord.  Autour  des  rivvA  du 
lliva.  et  sur  le  gava  '  <|ui  en  sort  et  ijui  a  nom 
Yodogava,  naquit  et  grandit  la  race  du  Soleil  le- 
vant; \h  se  forma,  s'épura,  s'affina  son  langage,  là 
s'éveillèrent  ses  arts,  Iî»  régna  longtemps  Miako,  la 
grande  ville  ;  ce  lac  a  plus  ou  moins  l'étendue  de 
notix»  Léman,  mais  il  est  quatre  fois  moins  pro- 
fond, avec  85  mètres  d'abîme  seulement;  il  domine 
la  mer  de  100  mètres. 

Moins  élevés  de  beaucoup  que  le  Fouzi,  d'autres 
monts  japor.ais  ganh^nt  plus  de  neiges  toute  l'an- 
née durant,  ou  vomissent  [tlus  de  laves,  et  plus 
souvent.  Parmi  les  yama  espectoraleurs  l'Asama 
yania  (2525  mètres)  se  fait  abhorrer;  il  y  a  cent 
ansV  il  effa*;adu  sol  48  bourgs  et  villages.  Parmi 
les  yania  m^igeux,  on  célèbre  le  massif  de  W'uïn 
et  celui  du  Mkko  zan.  Le  Ilida  (5000  mèti'es), 
plus  inunuableraent  blanc  qu'aucun  autre  mont 
jajioiinis,  abreuve  d'impétueux  gava;  il  a  changé 
mainte  coupe  volcanique  en  eau  diaphane,  eu  lac 
azuré;  sur  le  haut  du  sylvestre  et  lacustre  Nikko. 
dans  une  lerre  de  beauté,  Tannée,  aussi,  n'est  qu'un 
long  nivôse.  Fouzi,  Asauïa,  Ilidu,  Nikko  s'élêveal 
sur  le  milieu  de  llondo. 

Le  Séto  outsi.  Sikok,  Eiousiou.  —  In  détroit 

sans  gouffres,  portant  deux  noms,  Misima  nadu  îïu 
sud-ouest,  lliij'iina  niuln  au  nord-est,  sépare  llondo 
de  Sikok  ;  un  autre,  le  Souvo  nada,  passe  entre  Hondo 
et  Kiousiou;  un  autre  encore  ei^re  Kiousiou  et 
Sikok;  enfin  l'Ivo  nada  bat  t  la  fois  de  s*'s  flots 
Kiousiou,  Sikok,  llondo.  Tous  ces  nsda  ou  déln)ils 
conqiosetit  le  Solo  outsi  ou  Mer  inlérÎPure,  triple 
liosphore,  fior<l  à  trois  ouvertnivs,  large,  lumi- 
neux, merveilleux  ;  eaux,  ciel  vi  lerre,  rocéan. 
les  monts,  di\s  forêts  iîiliniinent  variées,  la  nature 
y  a  toutes  les  sédueiious,  la  grâce  avec  la  gran- 
deur. Si  a*s  ondes  magiques  s'abaissaient  de  50  mè- 
tres, ou  de  60  au  plus,  les  trois  îles  n'en  feraieul 
ipi'uue. 

Sikok,  ou  les  Quatre  contrées,  a  2  829000  habi- 
lanls  sur  I  821  000  hectares,  deux  fois  la  Corse.  Des 
volcans  (dus  Immhles  (jue  les  cônes  de  llondo, 
puisqu^aucun  ne  monte  à  seulentent  1500  mètres, 
s'y  lèvent  sur  un  soubassenienl  de  schistes —  vol- 
cnns  pourtant  tragi«]ues,  surtout  le  Tsouno  yamn, 

1.  Gaia  uii  fifiva,  timt  ja|M'iiais,  veut  dii-c  liviûi'e,  Iteuw, 
Uiireiil.  et.  ^'éoéraleiueiit,  cours  d'eau. 

2.  En  1783. 


\ciJu  .  ti<ir\lr)  lie  la  l^atiuu  &uii^-.  —  Dcaalii  de  A.  de  I1cii>illC|  d'aprt»  iiDt  |ihuli>gi-3|ibK'. 


ViG 


LA    TERRE    A    VUl.    irOISEAl'. 


qui  fume  encore  ;  il  détruisit  10000  liommes  en 
une  seulf^  4'>i'U|iliuii*  avec  inondations  ^oudaini^s  l'I 
tronibleineul  di^  tenv. 

Égiiloinenl  socle  ûo  scliistcs,  Kiousiou,  cVst-à- 
tiire  les  Neuf  pn^viniws,  nintrihuo  [jour  5  818  000 
heclares  et  [dus  de  5  7i>U000  liornnies  à  la  \m\s- 
sance  du  peuple  japonais;  i»n  rthinissanl  Corse 
et  Sicile  on  aui'ail  à  pen  près  sa  grandeur.  Les 
volcans  y  ont  souvent  rugi  :  vers  la  fin  du  siècle 
dernier,  une  convidsion  du  Miyi  yama  dévora 
5rî000  vivants,  et  son  viïisin.  l'Ouzen  saii,  fume 
loujonrs,  dans  la  gueule  durjuel  on  jeta  \yiiv  mil- 
liers en  1638  les  clirèliens  rêvollès  contre  les 
lois  et  la  foi  de  Tempiie;  l'Aso  yatna,  non  plus, 
n'esi  pas  encore  inorU  La  roche  suprême  de 
Kiousiou  esl  à  HîOO  inèlres  nu-dessus  des  océans. 

Yesso.  — Dans  Kiousiou»  dans  Sikok,  l'oranger 
fleurit,  le  bananier  donne  ses  bananes;  dans  le 
midi  et  tîu>me  le  centre  de  lliindo,  lene  lieureuse- 
mcnt  el  modéï'érncnt  rliaude  jiurnide  on  les  |>luirs 
évoquent  une  vêf;é(iilion  brillunle,  le  Ibê,  le  coton, 
le  riz»  qui  veut  de  l'eau  el  encore  de  IVau,  croissent 
avec  exubérance,  et  sur  le  liane  <Ies  rnonls  le  haro* 
esl  un  vei'ger  exquis.  Mais  dès  (|u'ou  renionte  vers 
le  nord  «te  la  ^n*ande  île,  h  nature  devient  sévère; 
ju  delà  du  dèlroiL  de  Tî?ou^^ar  elle  osL  dure  el 
i-enfroçnée  —  on  est  dans  Yesso,  c'esl.-â-dii'e  au 
fl  Tays  des  sauvag^es  ». 

Yesso  a  longteiM|is  été  négligée  par  les  Japonais 
comme  terre  fniide  el  niausNide,  [uestjue  iuhabi-, 
table  pour  les  liornmes  fieurenx  auxquels  sourit  le 
soleil  du  Sélo  outsi.  Maintenant  ils  la  colonisent, 
mais  il  ne  s'y  tmiive  ciicore  (juc  2550110  pei'sonncs 
sur  environ  7915000  hectares,  près  du  tiers  de 
Hondo,  presque  autant  que  l'Irlande,  ou  celle 
Ecosse  que  le  n  Pays  des  sauvages  \>  rappelle  par 
son  climat,  ses  aeiculaires,  su  mer  |h>issanneuse, 
ses  rivières  où  le  saumon  joue  d;ins  l'onde  enliv 
des  rives  de  liasnUe;  connni'  TÉcosse  a  dans  le  Tay 
le  [dusabondan!  torrent  de  Tarrhipi'l  llreton,  Yesso 
possède  le  iiiuUrv  lleuve  du  J.ïpon,  l'ieliikari,  qu'un 
lit  étroit  dans  la  roche  iri'ile  sotxanle-ireize  fois 
en  rapides.  Yolcani*jue  elle  aussi,  —  quellt*  terre 
japonaise  ne  Test  [las?  —  elle  tnunte  bien  plus 
haut  d^ns  les  aii's  que  Sikok  et  Kiousiou,  mais 
moins  haut  que  llondo  :  la  Solfatare  du  Diable 
(Itasibè  oui)  s'ébmee  à  t!59r>  inèlies. 

(ïn  a  l'omjiai'é  Ve;?so  i\  une  ginssièrv  lé(e  delé- 
plnint.  la  trompe  au  51J4I.  De  1res  puissantes  el  très 
Opuleules  forêts  la  couvrentr  d'essences  très  Jiver- 

I.  Cti  mot  veut  dire  :  pruine  de  tiwnln-^iie. 


ses,  où  dominer»!  les  bois  raides,  sombres,  aus- 
tères, les  pins,  les  sapins,  les  mélèzes  el  autres 
ai'bres  sérieux  du  Nord.  Dans  les  entrailles  de  ses 
monis  il  y  a  d'inunenses  trésors  de  houille . 
400  inillirirds  de  tonnes,  parait-il  î  assez  de  «  solt^d 
portatif  n  pour  éclairer,  chauffer  le  monde  pen- 
diint  cinquante  générations;  el  avant  loul  les  insu- 
laires eux-mêmes,  car  Yesso  a  fruid  malgré  son 
exubérance  en  plantes,  et  bien  que  son  ciel  soit  au 
mî<li  le  ciel  de  la  ville  du  Vésuve,  au  nord  le  ciel 
de  la  cité  des  Lagunes.  *► 

Kouriles.  —  L'empire  du  Soleil  levant  s'est 
annesé  de  nos  jours  un  arcliipel  très  peu  soleil- 
!eux  au  noi"d  de  Yesso,  el  une  éclaboussure  d'Iles 
lumineuses  au  sud  de  Kiousiou  ;  l'archipel  du 
nord  a  nom  Kouriles,  celui  du  sud  a  nom  Riou 
Kiuu. 

Les  Kouriles,  bien  que  nombreuses,  n'atteignent 
pas  le  millier,  ainsi  que  le  ferait  cix>ire  leur  nom 
japonais  de  Tsi-sinui  ou  les  Mille  îles.  De  vis-à- 
vis  Yesso  jusqu'à  presque  toucher  la  pointe  méri- 
dionale du  Kainlcbalka  dent  les  séfiare  un  déU'oit 
sîins  profondeur,  L'iles  se  suivent  en  un  are  de 
cercle  de  050  kilomètres  adiiiiriddement  régidier; 
la  concavité  de  celte  courbe  harmonieuse  regarde 
le  bassin  d'Okhotsk,  tjui  n'a  pas  800  mètres  de 
creux;  la  coiiveiilé  l'ail  face  au  l'acillque  dans  le 
voisinage  de  ses  plus  grands  abîmes. 

Elles  dressent  autant  ou  plus  de  volcans  que  les 
îles  majeures  de  la  u  Racine  du  suleil  n,  52.  dit- 
or»,  dont  9  ou  même  15  brûlant  encore;  taudis 
qu'il  n'y  en  aurait  que  49,  dont  17  actifs,  dans  les 
grandes  terres,  savoir  :  52  d.uis  llondo,  H  dans 
Yesso,  C  dans  Kiousiou  et  Sikok.  Et  les  cônes  des 
Kouriles,  presque  tous  non  mesurés  encore,  sont 
plus  nets  de  foriues,  moins  usés. 

Des  1486  500  heclai'cs  de  la  rangée  des  Kou- 
riles, Yétouroup.  peu  éloignée  de  Yesso,  en  ré- 
clame à  elle  seule  fiH8500,  près  de  la  moitié; 
toni  cela  désert  n>algré  In  mer  poissonneuse  et 
(pu>iqu'i]  y  ait  qutdqui*  jmssibîlité  de  culture 
dans  la  jdupart  de  ces  îles  où  l'embrun  mouille 
les  herbes,  au  pied  du  saule,  du  bouleau,  du 
peufdier,  au  bord  de  bois  de  chênes  dont  les  plus 
liants  ne  montent  [tas  à  vingt  pieds. 

Riou  Kiou.  —  Long1rmp>  les  Chinois  dispulè- 
lent  aux  Japonais  h-s  ik-s  Riou  Kiou,  qu'ils  uoni- 
menl  Loutcliéou,  dans  leur  impuissance  à  pru- 
nonivr  les  r.  Ui^puis  1871,  le  Japnn,  dont  Cfl  ar- 
chipel parle  la  langue,  y  domine  oniciellemcnt. 


JAPON. 


a? 


Arc  do  cercle  comme  les  Koiirilos,  et  lournnnt 
comme  elles  ^a  coiivexil»'*  vet's  rorient.  Ii?s  Uiou 
Kiou  en  diffèrent  ubsolijnient  |):ir  Je  climat,  Tas- 
pect,  l'origine  :  les  Kouriles  condamnent  le  chéue 


h  une  enfance  t^ernelle,  les  Riou  Kiou  dressent  des 
p.nliniiM's;  loï?  Kuïirili'S  se  luTissimt  en  monts,  les 
Hiou  Kiou  n'ojit  que  dfs  coleaux,  jusqu'à  500  mt»- 
tres;  les  Kouriles  sont  volcaniques,  les  ItiuuKiou 


.J5C. 


Bornes  en  prière.  — 


de  à.  de  Neuville,  d'après  une  photographie. 


ne  le  sont  point;  nul  ne  riiltive  les  Kouriles 
presque  vides,  et  les  lliou  Kiou,  merveillHiix 
jardin,   enln'liennpnt  /iMïOOl}   liornrnes. 

Aussi  longue  que  la  trninOe  d'îles  qui  n'utiil 
presque  Yesso  nu  Kamtchatka,  la  niiig/'e  des  Biou 
Kiou.  vastes  toutes  ensemble  de  485000  hcclan^s, 
va  |)n*Hque  de  Kiuusiou  ;i  Formuse.  lue  ceinture 


de  coraux  les  entoure — d'où  le  nom  de  rarcliipcl, 
qui  signilie  probâLlcmcuL  it   Pays  du  traus()ûrenl 

corail  i». 

« 

Les  Japonais,  leurs  origines,  leur  langue. 
—  Il  jileut   beaucoup  sur  ce  brillant  royauuu'. 
it»71  uiiliiuiùtreb  tombent  chaque aiint^e dans  llundo 


448 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


sur  la  rapitiil*',  Tokio,  1794  sur  Yokoh.ima,  le 
pori  Je  cellf  cjipilali*;  iniS  dosceiidcnï  sur  lhlvi>- 
date,  d.ius  Yt'sso  ;  l'JI'i  sur  Nagasaki,  dajis  kuHisiuu. 

Aulre  boidieur,  son  insulariU^,  aun  luuins  que 
le  froHenuMil  du  Kouro  sivo  ou  CoiiimtiI  noiis  l<? 
Gulfslreani  do  ces  mers,  lui  donne  un  clinuil 
très  supérieur  en  clialcur  et  douceur  ii  celui  des 
lerros  continenltilt^s  voisines,  Mandeliourie,  Corée, 
Chine  seplenlrionale,  encore  que  très  inférieur, 
toutes  altitudes  el  liililudes  égides,  à  celui  de 
roccidenl  «l'Ivuropi*. 

Toiil  froid  qu'il  esP  comparativement  à  notre 
monde  européen-africain,  pour  des  latitudes  qui 
vont  de  Porto  à  Madère,  il  mène  à  nuihirité  plus 
de  fruJIs  que  nos  pays  sur  une  plus  gr.inde  variêlê 
d'arbres,  plus  de  gr;iins  sur  une  plus  grande  va- 
riété de  piaules.  En  L'ula  le  Japon  est  unique 
au  monde  ;  nulle  eoulrêe,  même  tropicale,  n'a 
sur  une  aire  aussi  restreinte  autant  d'ailiies  di- 
vers de  superbe  venue,  peints  de  splendides  cou- 
leurs par  les  premiers  froids  de  l'automne. 

11  y  a  tant  de  Ixmnes  plaines»  de  généreuses  val- 
lées dans  les  grandes  iles,  il  descend  tant  d'eau  de 
la  montagne  pour  l'aïTosenient  des  rizièreSt  tant 
de  forèls  y  ont  fait  place  au  liara  sans  déL'aden<:e 
du  mont  et  sans  ruine  du  climal,  il  y  a  tant  de 
poissons  daihs  ces  mers,  tant  de  barques  sur  leurs 
llols,  enfin  le  Japonais  vit  si  sohj'enient  que  sou 
Japon  nourrit  104  pei*sonnes  au  kilomètre  can-ê,  et 
si  l'on  en  retranche  Yesso  et  les  Kouriles*  «  terres 
colonifiles  n  encore  presque  délaissées,  136  h 
157  hommes  par  100  heclares,  dans  un  pays  si  ru- 
gueux qu'il  Uit  guère  plus  de  5  millions  d'hectares 
franchement  cultivables-. 

(Jue  sont  les  aimables  insulïiires  qui  ont  bu  tirer 
un  tel  parli  de  la  a  Itaeine  du  soleil  »? 

Les  Japonais  se  disent  issus  de  gens  venus  des 
Kouriles  qui  se  croisèrent  avec  un  {WHiple  au- 
tochtone parent  des  indigènes  de  Formose. 

Mêlés,  ils  le  sont,  et  de  toute  évideace,  puisqu'on 
trouve  chez  eux  une  itdlnilé  de  types,  du  jaune 
oliviltirau  blanc,  de  l'œil  oblique  et  bridé  h  l'œil 
droit  el  large,  de  la  ponunette  protubérante  à  la 
pommette  effacée,  du  nez  tout  narines  au  nez  noble. 
Parmi  ceux  qui  les  ont  visités  h  la  ville  el  à  la 
campagne,  dans  la  plnine,  le  hara,  le  mont,  les 
uns  les  rattachent  aux  Chinois,  el,  généndement 
parlant,  aux.  t«  Mongols  »;  les  aulres  aux  Malais; 
d*autres  aux  Blancs,   La  plupart  d'entre  eux  sont 

1 .  iKi  4  à  0  degrés. 

'2  Snns  Vesso,  les  Ktiurilcs,  tes  Riou  Kiou  :  on  s'en  tenant 
A  Tancicn  Japon. 


laids,  beaucoup  très  pi*li(s,  même  au-dessous  des 
paUMes  quatre  pieds  neuf  jiouces  sans  lesr|uel3  on 
n'était  jkïh  fantassin  fran^'ais.  Los  feriwues.  tri-s 
menues,  ont  une  gentillesse  exquise. 

M.tis  ces  lïonmies  petits,  faibles,  d'ailleurs  bien 
{tris  el  très  résistants,  sont  d'un  excellent  natund. 
Ils  se  laissent  vivre  en  toute  joie  el  contentement. 
bons  el  sans  longues  rancunes,  quoique  merveil- 
leusenieitt  patients.  Sobres  dans  !o  manger  et  le 
boire^  ils  se  contentent  de  peu.  Fort  intelligents, 
avisés,  prolicpies,  érniiiemmeni  industrieux  el  ar- 
tistes, ils  oui,  dil-oii,  fort  tlèpassé  les  Chinois, 
dont  ils  reçurent  les  premières  leçons  el  dont  la 
l.'ni^:ue  a  gfité  la  leur,  qui  est  agglomérante  el  de 
belle  harmonie. 

Le  japonais  ne  se  parle  plus  guère  en  sa  forco 
et  son  élégance  qu'à  la  cour  impériale  el  dans  les 
salons  de  la  société  choisie;  le  peuple,  insou- 
cieux iles  gloires  de  la  langue,  l'a  polluée  de 
monosyllabes  mal  accommodés,  quelque  ujaponai- 
scîtiont  I)  qu'il  les  prononce,  au  génie  de  l'aiilicpie 
idiome.  Possesseurs  de  diversi's  éci'ilures  syllabi- 
ques,  les  Japonais  ont  également  emprunté  l'idtH)- 
gia|)hie  aux  fondateurs  de  leur  civilisation. 

Toutes  ces  apparences  cliinoises  ne  sont  heureu- 
sement qu'une  fausse  peinture,  el  les  Japonais 
ont  gardé  leur  originalité  vivante  malgré  leur 
ies[ret:t  pour  la  langue  et  la  littérature  des  fils  de 
la  Lune.  Aujourd'hui,  changeant  de  révérence,  ils 
admirent  rEurojve,  ses  sciences,  ses  arls,  ses  lan- 
gues, surlout  l'anglais;  tnaia  ce  fétichisme  n'aura 
qu'un  temps,  niéme  il  diniinui'  déjà.  La  nation  qui 
a  EU  taire  de  son  archif^el  un  jardin  maraîcher  où 
fument  encore  des  volcans  peut  rester  elle-mènie 
sans  recourir  aux  lois  teiribles  qui  récemment  en- 
core lui  servaient  d'arme  contre  l'étranger.  H  y 
a  quelques  années  h  jjeine  que,  jaloux  de  son  indé- 
pendance, 1res  épris  de  lui-méuîe,  fort  de  l'axiome 
que  le  forain  c'est  l'ennemi,  l'empire  du  Soleil 
levant  se  gardait  doublement  coulre  les  gens  du 
dehors  :  en  coupant  la  tète  au  nou-Japonais  qui 
débarquait  sur  les  terres  du  Nippon;  en  levant  le 
sabre  légal   sur  le  Japonais  qui  voulait  sorlir  du 

pays. 

Le  bouddhisme,  jadis  apporté  de  Chine  par  des 
apétres  chinois,  n'a  point  chassé  du  Japou  le  ci  culte 
des  ancêtres  et  des  huit  millions  de  génies  in  In 
vieille  religion  de  Kami,  «pie  nous  appelons  la  re- 
ligion de  Sinto,  le  sintoisme.  Il  s'est  plutOd  enté 
sur  elle;  les  deux  cultes  ont  mêlé  leurs  dieux. 
leui-s  saints,  leurs  rites,  leurs  légendes;  ils  vivent 
fraternellement,  et  souvent  la  même  pagode  sert 


I 


I 


I 


1 


aux  di*ut  confessions,  i  30  000  temples  reçoivent 
les  Sintoisles,  88  000  les  Bouddhistes. 

La  Loi  Éclairée.  —  itepuis  1808  les  Japonais 
\i\otil  dans  un  monde  nouveau,  dnns  une  êi'e  nou- 
velle. l'Ius  rriiiii's  «|iie  la  Chine  clle-inêiiie  au 
reste  des  honuues,  ils  ont  rcnoncù  liriisi|uenient  n 
indoratioD  du  Japon»  k  risolemenl.  au  culte  du 


passif  Â  l'exemple  du  •<  Milieu  o  et,  fils  du  So- 
leil, ils  ont  méprisé  les  (ils  de  \a  Lune.  En  même 
temps  qu'ils  s'ouvraient  »  l'tiuropc,  ils  cliniigeaicnl 
de  maître. 

Avant  lère  du  3leidzi  ou  «  Loi  Éclairée  »  lo 
pouvoir  ^iupivnie  appartenait  au  mikado  ou  daïrj. 
priiu'e  deineueant  àMiako.  IVotrgê  tour  h  tour  par 
chacun  des  grands  vassaux,  ce  monarque  avait  ihiui* 


Ca  temple  de  U  rehgiun  <te  ILanii.  —  [kuin  «ic  E.  Thcniudt  d'après  vite  phologn|ititc 


lieutenant  du  pouvoir  exécutif  un  seigneur  nommé 
Uikoun  uu  siogoun,  en  résidence  à  Yédo.  Depuis 
les  drrnières  années  du  siMziènie  siècle  le  lajkoun, 
soi-di&ant  le  plus  humhle  des  sujets,  avait  réduit 
le  mikado  Â  la  réalité  du  roi  fainéant  et  s'était 
fait  Hrailre  et  suzerain  des  dix-huit  daimios' 
(lu  gokehis.  princes  fi-udataires  nyant  chez  eux 
droit  de  lumle  et  de  hasw'jtistice.  Avee5i-4  princ.i- 
]>iculeii«  ces  18  grands  princes  formaieut  une  féo- 
1 .  Mut  à  tniil  1  iTuiil/t  apoïK. 

0.  Rsocft.  U  Tuai  *  voi  n'utsiuv. 


dalité  robuste,  mois  qui  a  clé  brisée,  et  le  mikado 
est  redevenu  vraiment  roi. 

Villes.  — Le  Japon  a  plusieurs  villes  supérieures 
à  lOOOOO  Ames. 

\êdo^  dans  llondo,  au  bord  d'une  baie  fpii 
érhanere  (►nïfondément  les  terre»,  était  la  CHpit;ile 
du  taïkdun,  et  le  mikado  résidait  û  Miako:  mais 
drpiJis  (jue   le  mikado  a  repris  le    pouvoir,  il  a 

I .  \lot  à  mot  :  l*ort  de  la  ttaic. 

57 


i 


150 


LA    TEiUU:    A    VOL    iroiSKAU. 


trflnsporlê  sa  cour  à  Yédo,  (jiii  a  pris  \e  nom  do 
Tokio,  c'esl-à-dire  Capitale  orieulale.  Voilà  donc 
ceUc  villi*  siHjlc  iiuUrojiolo  4lu  Japon  ;  olk'  ticti  a 
pas  moins  pi'iYiu  uni'  [h-IiIp  |t:irlii'  di'  son  pcupli^ 
pnisqu'avatit  la  cMnie  du  siogounat  clk^  avait 
150U00O  âniL*s  an  moins  H  rju'il  ne  lui  eu  losto 
quo  loliiOUO.  (/esl  que.  sous  les  siogouus  uiu'  li)i 
sévère  obligeait  les  daïtiuos  à  passer  une  partie  de 
Taunt^o  h  Yêdo,  eux  ot  Ifur  cour,  grand*»  ou  petite, 
sous  Tœil  du  inailre;  celte  lui  n'exisie  plus,  les 
seigneurs  restent  sur  leur  Icnvs  el  Tokio  a  décru 
pendant  quelques  ans.  Elle  a  250000  rnaisous,  de- 
meures li'gréiv&  iïe  lianibnu,  de  carton,  de  papier, 
que  souvent  l'incendie  dévore;  en  une  heure  un 
quartier  brûle,  mais  si  le  fuu  menace  de  destruc- 
tion ces  cases  combustibles,  elles  ne  craignent  pas 
autant  que  b's  lourdes  mais<»ns  de  pierre  b*s  brus- 
ques secousses  du  sol  qui  sont  le  IK-au  du  Japon 
où  (el  Ireniblernenl  de  terre  passe  pour  avoir  tué 
lOOiJOOIioiinnes. 

Uliùsaka  (ii:!UOO  liab.),  à  50  kilomètres  de  Kioto» 
borde  des  canaux  du  delta  du  Yodoj^^ava,  tout  près 
tl'un  jjolfe  de  la  mer  intérieure.  C'est  la  «  Venise 
japtuiaise  »,  la  cité  uioiuimenlale  de  Tempire  du 
Soleil  levaul,  un  port  très  actif»  une  ville  industrielle- 

Kiolo  ou  Miako  est  également  située  daiis  l'ilcde 
llotido,  à  qii('li|ues  kilomètres  à  l'ouest  du  beau 
lac  Diva  d'oii  sort  le  Heuve  Yodogava.  Elle  a  gardé 
de  son  antique  s[dendeur  un  grand  renom  d'urba- 
nitê;  c'est  l'asile  des  ai-ls,  elle  ilispense  les  éludes 
classiques,  elle  parle  un  ja|)onais  plus  pur  que  n'im- 
porle  quelle  autre  cilê  du  Vanialo.  Ville  fondiV»  Imit 
cents  et  tant  d'années  avant  Védo,  qui  date  de  I  l'fOO 
ou  à  peu  près,  elle  n'a  plus  que  27.'pOOO  âmes»  dans 
un  pays  ra\issant,  sous  un  ciel  salubre. 

Nagoya  (155  000  hab.)  fabrique  el  tralique»  près 
d'une  baie  de  la  ci'ile  li^ès  profondéitnnil  indentée 
<|ui  va  des  eaux  de  Tidtio  à  celles  d'Olupsaka. 

Yokohama  (^JOOOO  bab.)»  à  30  kilouièlres  au 
sud  de  Yédo.  sur  la  même  baie  que  celte  irn'4ro- 
pole,  renierme  plus  d'Jvuropéeus  qu'aucujie  autie 
ville  du  Ja|ion,  el.  c'est  par  lu  que  le  Japon  com- 
mi'rre  le  pins  avec  l'Kurope  et  l'Aincrique. 

Kobé  (IIOOOO  liid)-),  ville luodenie,  vient  irainé- 
diatetuent  après  Yokohama  pour  le  nombre  des 
Em"opêens  ;  elle  a  son  site  sur  la  nithue  baie 
qu'Oliosaka. 

Kiousiou  ne  Hionlre  aucune  cité  de  î 00 000  Ames, 
\oirt!  de  50  000.  11  n'y  en  a  que  'lôOtM)  dans  la 
charmante  Nagasaki,  aulrejnent  dit  Cajt  Long,  sa- 
natoire  des  marchands  européens  ou  yankoes   fa- 


tigués par  la  chaude  lauideur  du  climat  de  Chang- 
haï;  longtemps  elle  resta  l'unique  endroit  du 
<«  Soleil  b*vant  ;>  (ni  pussent  s'établir,  dans  l'ilut 
de  llésima,  les  Hollandais,  seuls  Européens  qui  eus- 
sent le  droit  de  fouler  le  sol  de  l'archipel. 

Sikok  li'a  (las  non  plus  de  centres  populeux;  en- 
core moins  Yesso,  qui  est  comme  le  Graud-Ouest,^ 
ou  plutôt  le  Grand-Nord  des  Japouais,  une  terre 
neuve,  où  nit^me  voiil  |teii  de  colons;  sa  capitale, 
Sapporo  (I5OO0  lud*.),  ^cramlit  lentement,  dans  la 
vallée  du  neuve.lchikan,  non  loin  de  la  mer.  Elle 
ne  vaut  f>as  ilakodaté  (25  000  bab.).  port  en  crois- 
sant sur  une  rade  sjtlendide. 

Les  Âtnos.  —  l>ans  le  sang  des  Japonais  roulent 
des  gouttes  du  sang  des  Aïnos,  peuple  d'origine 
ênigmaïique,  bui  nnlnit  .'i  t!0  000  âmes,  |ieul-êlre 
plus,  probablement  nmins.  Cependant  leur  langue 
n'est  ni  sœur  ni  cousine  de  l'idiome  du  Japon. 

i\n  les  trouve  encore  chez  le  Russe  et  chez  le 
Japonais.  Chez  le  Ilusse  dans  le  midi  de  Saklialie»; 
chez  le  Japonais  dans  le  nord  el  un  peu  dans  le 
sud  de  YessOr  plus  les  quelques  familles  d'Aînos 
qui  pèchent  dans  les  Ktïuriles,  Ils  ont  dis['aru  du 
septentrion  de  llondo,  qui  en  possédait  encore  il  y 
;(  Iniisou  quatre  cents  ans.  Le  cordinent  voisin  en 
eut  aussi  sans  doute,  mais  les  Mandchoux  les  res- 
serrèrent jH'U  à  [)eu  dans  les  ])ays  du  bas  Amour, 
el  les  Japonais  dans  les  iles. 

Aucune  race  ne  les  égale  pour  la  grosseur  du 
cheveu,  pour  la  longueur  de  la  bai-be,  pour  Tabon- 
dance  dn  (tuil,  qui  est  comme  une  petite  loison.  1^ 
lèle  bien  faite,  la  figure  inoins  plafe  que  leurs  voi- 
sins «  Mongols  »,  ils  n'en  ont  pas  la  laideur,  et 
l'on  peut  aimer  leur  visage  franc,  un  |ieu  triste, 
éclairé  par  de  beaus  yeux  noirs  qui  ii'ont  rien 
d\d)lique.  Petits  ou  moyens,  avec  membres  ro- 
bustes, ils  chassent  l'ouj-s,  le  loup,  le  cerf  el  la 
béte  moindre;  ils  pèchent  et  ne  cultivent  point, 
même  dans  le  midi  de  Yesso,  qui  se  prêle  au  tra- 
vail de  la  terre. 

Cet  ours  qu'ils  tuent,  ils  Taimeut  cependant,  en 
méirïe  lenqis  qu'ils  le  craignent  el  le  révèn-nt 
cumjue  un  grand  génie;  ils  fon!  allaiter  au  prin- 
temps, en  été,  les  oursons  par  leurs  femmes,  puis 
les  immolent  en  automne  en  leur  demandant  paixloD 
de  la  liberté  grande* 

Ils  se  disent  issus  d'un  chien  el  d'une  déesse.  On 
ne  sail  vraiment  à  ipielle  race  attribuer  ces  bons 
bai'b:n-es,  bruns  cuivjvs  au  milieu  des  «  Jauneâ  ». 
barbus  et  velus  parmi  les  glabres  et  les  lisses. 


Ifom  Situation.  Étendue.  —  I.  Afrique  porte 
ppul  «''Ire  !♦*  riiMM  iVun  ûv  ses  moiiidics  petipirs, 
\v*i  Auur.'i^lit'ii  ou  Avriigli4*n,  Iribu  de  lu  niilimi 
de*»  Touaregs,  qui  est  un  scion  de  l:i  grande  race 
brrlHTt*. 

I^s  Aouroglien  vivent  niainlenant  avec  leurs 
autres  frtVes  dans  le  dt^sert  du  Sahara,  où  ils  ne 
!i^m#^nt  ni  ne  moissonnent.  iMnnl  snriout  pasteurs, 
monteurs  de  rlninie.iiix  et  raneonncurs  de  cora- 
vnne»;  mais  jadis  ils  linl)itêrenl  le  rivoge  de  In 
SyVti**  pnrnii  les  s:il)les  et  les  pierres,  ou  sous  le 
pfllmi^r  t\**i  l»rill;Hilc.s  onsis.  diins  le  piys  de  larâ 
'#alés  qui  termine  au  midi  notre  jiMUie  Tunisie. 

Leur   nom    deviut  celui  de   ce  littonil,   <le  <'e 


pays,  puis  celui  de  loutî?  la  rive  qui  va  de  In  Syrte 
aux  colonnes  d'Hercule,  enfin  celui  de  l'Afrique 
entière,  A  mesure  que  de  proche  en  proche  on 
découvrait  tout  le  cimlour  de  cette  grande  i>jitrie 
de.s  t  Fil r es  firnlées  *  ». 

L'Afrique  lient  à  l'Asie  par  une  langue  de  Icrre 
de  1 10  à  ItîO  kilomètres  de  large,  l'isthme  de  Sucï, 
qui  va  des  alluvions  du  Nil  inférieur  au  littoral 
de  lArahie. 

Il  se  peut  qu'elle  n'ait  pas  toujours  roh«^r^  «ver. 
le  roiittneiil  nsiuliqiie.  Les  eanictêre**  d"nr»e  ;inli- 
quilé  primordiale  manqueitt  ^i  la  situdure  ih*  Stie/; 

1.  C>9i  et*  que  signilk  6lyniolo(rii|ueiiifut  le  mot  ^rtc 
Ai^i'o^,  ÉUiiopieii. 


453 


LA    TEKRK    A    VOL    iroiSEAU. 


ce  nVsl  point  uno  trôs  vieilli»  rodit\inais  uii  ru- 
ban rie  siibli's.  de  (It'jHMs.  d*;illuviuns  (luvinlrs  on 
marines.  Alors  l'AFriqui!  fui  une  île  au  cas  oîi 
di^s  terres  rompues,  disparues  depuis,  ne  Tatta- 
nliaient  pas  nux  presqu'ili'e  inr^ridion.des  d'Eunipe, 
ibêrie,  Italie,  Grèce,  ou  peut-i'lre  h  la  Syrie.  Si 
l'une  quelconque  do  ces  liiiisons  exista  jamais, 
ou  s'il  y  eut  au  eonlraii'e  divorce  entre  Afrique 
el  Asie,  riionnnti  en  avjiit  perdu  touL  souvenir 
qunnd  la  Grèce  entendit  parler  pour  la  prLimièj'e 
fois  de  ce  pays  que  ses  po&tes  nommèrent  l'IIes- 
pèrie,  c'est-à-dirn  l'dcridenl,  le  (loiicimuf  :  îiinsi 
les  Arabes  l'uppelèrenl  et  l'appetknl  encoi'C  le 
Mîiglnvb. 

File  plonp'  :iu  imrd  sur  hi  MèdileiTnnt^*  vis-A- 
vis  des  plus  l'Iiauds  el  beaux  rivages  de  l'Kurope; 
îui  nord-est  sur  la  mer  Rouge,  en  face  des  morits 
pelés  d'Arabie;  à  Test  sur  la  mer  des  Indes,  où 
baigne  sa  grande  île  d*'  Madagascar;  à  l'ouest 
enliij,  du  cap  de  lîonne-Kspt^rance  au  pas  de  Gi- 
brallar,  elle  ref^arde  l'AlIfuitique.  cet  Océan  sil- 
IfMUié  pendiiiit  (nus  cent  ctriquanle  années  par  les 
nê)Çriers  qui  iransnu'UaieiiL  les  Africains  à  bi  terre 
nmêricaine.  Ces  lra(b]uants  croyareul  seulement 
fournir  des  esclaves  A  des  fouelleurs,  el  ils  ont 
déîiKjrnè  b'  iorreni  de  Tbisloire  en  crêiuit  des  peu- 
ples nouveaux  par  l'alliance  des  iXoirs,  des  blancs 
et  des  Houles.  IViidant  que  les  lils  de  Japliel  Irai- 
naicnl  la  race  de  Cliîun  iui  delà  des  mers,  les  cor- 
syij'es  de  la  rare  de  Sent  partiiient  des  golfes 
africains»  cl,  franchissant  l:i  Mêdilerninée,  débar- 
4|uaienL  eu  voli'urs  sur  les  rôles  de  Sicile*  de  Sîir- 
daigne,  d'ilalie,  des  Bidéares,  île  rKspogne  ;  puis, 
laissant  derrière  eux  des  villes  en  llnmines,  ils 
inclinaient  au  sud  la  proue  des  galères  où  ils 
aviiienl  enqiilé  les  lils  et  les  Hlles  de  Japbel, 
celles-ci  |M}ur  le  liarem,   ceux-là  pour  le  bagne. 

Du  cap  Uon»  d'où  l'on  voit  la  Sicile  en  temps 
clair,  ou  du  cap  lîliuic,  d'où  Ton  voit  la  Sijrdaigne, 
eu  cap  de  lïonne-Lspêrance,  qui  regarde  vers  le 
Pôle  austral,  l'Afrique  i\  plus  de  80(K)  kilomètres. 
Du  cap  Vert,  qui  contemple  de  loin  TAmèrique, 
flu  ca[>  Guardurui,  lourui'  vers  TAsie,  il  y  en  a  78(>0. 
Le  tour  de  sun  rivage  est  de  '28  500  kilomètres  : 
5-400  de  moins  que  l'Europe',  laquelle  est  cepen- 
dant trois  fois  plus  petite,  l'Afrique  ayant  prés  de 
trois  milliards  d'hectares*  dont  un  grand  ving- 
tième encore  inconnu. 

1.  Et  TEurope  aiii-ait  ijiliiilirteat  plus  de  5t  000  kilomélres 
dérives  si  l'on  voulait  ItMiir  i:uiii{ile  il'uiiti  inliiiité  île  liords, 
de  lirths  i;t  de  rias. 

3.  Kxai:lemcnt.  niai-i  sons  prendre  cel  adverbe  û  la  leUre, 
3083330  000  hiM:lares. 


C*esl  près  de  50  foi»  la  France,  avec  peul-étrc 
200  millions  d'hnmnu»s. 

Structure  lourde.  Grande  altitude.  —  L'Afri- 
que, très  massive,  est  d'une  organisation  gros- 
sière; Iles,  presqu'îles  eflilèes,  golfes  |>énétranls 
lui  manquent,  et  aussi  les  grands  fleuves  aisé- 
ment et  longtemps  navigables  qui  sont  comme! 
d'éti'oits  golfes  d'eau  douce  continuant  les  estuai- 
res su  lés.  Traversée  d'outre  en  outre,  à  son  pluâ 
large»  d*Allantique  A  mer  Houge,  par  le  plus  vaste 
désert,  eMe  est  campée  sur  TÉqualeur  dnni  s'é- 
loignent presque  également  Alger,  grande  ville  de 
son  eilrème  Nord,  et  le  Cap,  maîtresse  ville  de 
son  extrême  Sud.  Par  l'influence  de  ce  désert,  le 
Sahara^  si  long,  si  large  qu'il  vaut  bien  huit  cents 
dé[)arletnent»  français,  et  |)ar  sa  situation  sur 
l'Equateur  et  les  deux  Tropiques,  TAfrique  serait 
par  excellence  le  continent  lorride  sans  son  su- 
perbe Plateau  central,  le  plus  immense  du  monde] 
après  celui  d'Asie,  séjour  magnifique,  sous  ].1 
pluie  dense  et  le  soleil  fécondateur.  î,es  hautes 
pliiiiHis,  qui  font  la  misère  de  l'Asie,  feront 
l'opulence  de  l'.Xfriqne  ;  elles  lui  donnent  une 
altitude  moyenne  divei-semen!  évaluée  à  580-660 
mètres,  Gelle  surreclion,  à  la  supposer  exacte,  en 
fait  le  plus  élevé  des  continenis. 

Berbèrie  ou  Afrique  Mineure.  —  Entre  la 
Médilei'riinie,  bleue,  tiède,  et  le  Sahara,  jaune, 
rouge^  blanc,  sec,  enflammé,  sur  les  épaules  de 
TAlIas  s'èlend  une  région  de  très  brillant  et  très 
brûlant  soleil,  la  lîerbérie,  plaleau  séparé  du  pla- 
teau ]>lus  petit  de  lïarka  ]>ar  les  vagues  de  siible  quej 
le  Désert  |>ousse  à  la  rencontre  du  flot  mai'in.  Ce 
fut  une  ile  (pianil  le  Sahara  tenait  une  mer  dans 
sa  conque  »  ;  c'est  une  ile  enroiv  par  son  isole- 
ment du  reste  des  terres  habitables  du  continent 
auquel  de  nos  jours  elle  s'attache.  Sou  nom  de  Ikr- 
bèrie  lui  vient  des  Cerbères  ou  Kabyles,  race  con- 
nue pour  Favoir  habitée  de  tout  temps,  et  qui,  re- 
foulée par  les  Arabes  à  partir  du  onzième  siècle,  y 
jieuple  encore  la  montagne  et  reconquiert  lenlc- 
nieiit  la  vallée.  Lu  race  berbère  est  fort  ré|Nmduc 
dans  l'Afrique  du  Nord,  et  si  elle  compreud  peu  do 
millions  d'hommes,  c'est  que  sa  demeure  est  sur- 
tout un  désert;  sauf  l'iiduiirable  Tell,  les  oasis,  et 
une  lisière  au  bord  du  Soudan,  elle  ne  commande 
qu'à  des  sables,  à  des  roches  que  In  pluie  ne  lave 
presque  jamais.  Sans  le  Saliâra.  elle  eût  pu  deve- 

i.  D'après  moini  savant  gMogiic,  le  Snhara  ii'cal  pas  uo 

tiiicicn  foiMÎ  il'^  la  nier. 


AFRIQUE. 


455 


des  grandes  familles  dp  la  Terre  et  cau- 
rAfriquc,  sinon  de  Berbères  jiurs,  au  moins 
lulàlres  berbùro- nègres  :  ce  que  d'ailleun^ 
a  fait  en  partie*  puisqu'il  y  a  dans  TAlrique 
isaliarieunc  d'innombrables  «  Noirs  »  qui  sonl 
eiuent  des  Cuivrés  dont  les  nobles  traits  vien- 
fStons  doute  de  pères  berbères  ou  de  pi^n's 
tt.  Quoi  qu'il  en  soil,  qu'on  imagine  einq  IUt- 
;  arrivant  à  Alger,  l'un  du  fond  du  Manir, 
re  du  fleuve  Sénégal,  le  troisième  du  Niger,  le 
riènie  du  Saïiara  central ,  le  dernier  des  monis 
unis  ou  de  Trijioli,  ou  rnêrnt^  de  1  oaî^is  de 
er  AmmoD,  peu  dislaiile  du  Nil,  ces  ciuq 
ères  se  coniprendront  et  un  Berbère  alg^êrieri 
donnera  riiospîlalité,  cai*  dans  ces  cinq  hiuu- 
il  aura  reconnu  des  fn-res. 
IX  Berbères,  aux  Arabes  do  cette  Afrifiue 
urc  se  mêlent  depuis  soixante  années  des 
jais  aidés  dans  leur  teu\  re  par  des  Espii*;nols 
■3  lUdiens.  Issue  de  Franrais  du  Midi  plus  que 
niDçais  du  .Noi-d  et  rnéridionalisèe  par  un  lacis 
"oisemenls  avee  des  familles  du  sang  d'Kspa- 
el  du  sang  d^ltalie,  la  race  nouvelle  grandil 
î  |»ousse  vigoureuse,  en  Algérie  et  en  Tunisie; 
e,  elle  semble  destinée  à  coimmandei'  un  jour 
\îe  l'Afrique  du  .Nord,  au  sud  comme  au  sep- 
îon  de  TAllas.  Celui-el  passait  chez  les  an- 
i  pour  lu  montagne  la  plus  sublime;  c'est  lui, 
laienl  les  jwèles,  qui  [>orle  la  vi>iiie  de  cristal 
et  sur  ses  vieilles  èjKiules-Aujourd'Iiui  dèelm 
a  mythologique  hauteur,  le  graru]  mont  de 
iquc  Mint'ure,  amoncelleinenl  énunne  *le  mas-*^ 
de  sierras,  de  plaleauit  continue  réellement 
Dpe  méditerranéenne  par  son  climat,  ses 
es,  ses  hommes,  (ouïe  sa  nature  lumineuse  et 
î.  El  cela  jusqu'à  la  dernière  arête  du  sud  :  lîi 
change,  ou  plutôt  le  lumineux  devient  Taveu- 
i,  du  chaud  l'on  [»asse  ù  l'enllarnmé,  du  sec  à 
Tiellement  aride,  et  du  it*ll  au  S;diara.  Touïe- 
des  deux  saisons  qui  se  parlagent  les  Td).*)  jours 
I  lerre  d'Alias,  la  plus  longue,  qui  est  la  sai- 
^ns  pluie,  tran^pinïr  presque  la  lorridirè  du 
ri  jusqu'au  littoral  de  la  mer  magique.  Le  pan 
nont  ne  se  lève  pus  assez  haut  dans  l'azur 
nin  pour  sauver  la  Berbérie  des  vents  inc^n- 
mi&  du  Midi.  La  Tunisie,  l'Algérie,  le  Maroc 
e,  reçoivent  du  four  saharien  le  sirocco  qui 
s  cl  les  saulei'clles  <|ui  dévorent.  Un  piiun'a 
uopr,  sinon  détruire  juMpt  <m  «ItM'nit'r  les  cit- 
■irutnnts:  quant  au  siiHicco.  qui  voudra  le 
pwr  dt»vra  d'alwrd  éteindre  le  Désert.  In 
.adversaire,    non   moins   terrible,  la  séche- 


resse, sera  combattu  par  rassemblement  des  eaux 
dTiiver  à  l'issue  des  gorges,  derrière  des  digues 
cvclopéennes;  ou  mieux  peut-éti'e,  clia(|ue  petite 
ravine  aura  son  humble  barrage.  C'est  le  Maroc 
qui  d.irdi'  dans  l'élfii^r  les  pics  culminants  de 
LAIIas,  i'ouronnés  de  longues  neiges  et.  s'ils  sont 
inférieurs  aux  Alpes,  supérieurs  aux  Pyrénées. 

L'Afriejue  Mineure  a  pris  pari  à  Miistoire  di'S 
hommes.  Elle  fit  (larlhage.  elle  éliraida  Rome, 
puis,  avec  l'Egypte  lointaine  et  la  Sicile  voisine, 
elle  fui  l'un  des  greniei*s  de  la  ville  insaliable. 

Les  [terbèi'es,  que  (lai'lhage  n'avait  point  assi- 
milés, ne  furent  pas  non  plus  dénationalisés  par 
Romi',  Chrétiens  quand  les  Arabes  cnvaln'renl  le 
Tt'll,  ils  acceptèrent  de  force  l'Islam,  mais  gardè- 
rent presque  tous  leur  langue  on  ne  sait  combien 
de  fois  séculaire  déjà.  La  djeliad  ou  guerre  h  ou- 
trance contre  les  Inhdèles  n'eut  pas  de  plus  lir»jvcs 
soldats  que  ce  grand  pcujde  de  monlagnaids;  il  y 
avait  peu  d*Arabt'S  duns  les  armées  dites  arabes 
qui  couf|uirenl  la  vaillante  Espagne,  puis  la  ju-rdi- 
renl  djebel  à  djebel,  oued  à  oued,  royaume  à 
royaume.  Valence  aux  jardins  odorants,  l'âpi'e  et 
sombre  Tolède,  Jaen  qui  contemple  de  grands 
monts,  Cordoue,  riche  et  savante,  eulhi  Grenade, 
la  reine  de  beauté. 

Sahara,  —  Au  midi  de  l'Afrique  Mineure  et  du 
("laleau  de  Barka,  le  Sidiara,  fauve  ou  blafard, 
déploie  de  rAllantique  â  la  mer  Itouge,  de  l'Allas 
au  Soudiin,  ses  déserts  vastes  comme  les  deux  tiera 
de  TEurope. 

Des  oasis,  fontaine  et  palmiers,  y  reposent  le 
voyageur  de  son  dur  pèlerinage  à  travers  haina- 
das,  ehebkas.  ilregs  :  la  hamada,  c'est  la  pierre 
dure,  la  table  ardente  sans  une  herlie  et  sans  un 
buisson;  la  clieLka,  c'est  le  filel,  autrement  dit 
IVntre  cnnscment  des  profonds  ravins  nû  ne  mur- 
nuire  aucun  ruisseau;  l'.^reg,  c'vM  la  dune,  qu'mï 
n'a  point  liiée,  el  qui  marche,  loujoui*s  accrue  [lar 
le  sable  de  la  déconiposilion  du  grés.  E'  loul  cria, 
haniada  plus  (]u'âri'g.  c'est  le  n  ra}s  de  la  iVur». 
aitisi  nonune  par  les  Arabes,  tant  (wir  terreur  du 
Sidiara  lui-même»  de  son  soleil,  de  son  simoun,  de 
ses  puits  caniblés,  de  ses  fonls  laries,  que  [)ar  la 
crainte  des  bandits  experts  à  rôder  sans  étrt*  vus 
autour  des  caravanes  ;  aussi  ne  le  Iraversc-l-on 
guén*  (pie  niMrd>reux  et  menés  piu*  un  habile  cl  par 
un  s.'ig«'.  Il  Itiut  (juc  le  gujile  ail  s<;iencr  el  pres- 
cience: il  diiit  connailre  le  cours  et  décours  des 
étoiles,  la  inarclie  du  soteîl,  les  pics,  les  mame- 
lons, les  dunes,  les  bas-fonds  où  quehjue  humidité 


JL 


450 


LA    TRRRK    A    VOL    D^OISKAT. 


trariàsudf,  l'arbrr  (mi  Cnrlmsk'.  rcslc  d'un  bois 
poussé  put'  liasai'd  et  détruit  par  folif;  il  Faul  r[u'il 
itilerpivliï  h's  |ms  sur  le  sabl«%  fprîl  devine  le  i'6- 
deur  |j(»ur  le  Itiir  ou  le  ^ta'jiivtulre,  uNn  qu'un 
ossuaire  dispersé»  jadis  liuninies  el  rharnoaux,  uc 
raconte  pas  un  Jutir  le  destin  de  sa  caravane. 

Une  lerre  pareillL»  esl  vouée  à   la  sulîtude,  sauf 
dans  ses  oasis  et  dans   quelques   l'avins  de  «es 


djébds  les  plus  élevés,  Iiiiuts  de  2000  à  2500  mé- 
trés peul-étre.  A  Touesl  el  au  rentre  vivent  des 
Bt'iljéres  et  des  Arabes,  purs  ou  mêlés  entre  eui 
ou  leinls  de  sang  nègre,  et  des  Touaregs,  Berbères 
auHsi>  courant  de  ftuils  eu  puits  sur  des  inéiiaris 
ou  cliaineaux  de  course;  .-i  l'orient  sont  des  tribus 
noires  iniluencées  par  le  sang  berbère;  h  h  lisière 
du  nord  ou  tout  près  d'elle,  à  Mechéria,  k  Géry- 


Saiiara  aïgciicn  :  viUagc  de  Touaregs  prts  (tes  ruines  d©  Chadaraè*.  —  t)cssin  de  Taylor»  d'aprè*  une  photographie. 


villes,  Ain-Séfra,  Kuglional,  Oisk;ira.  peu  h  pou  lîes 
familles  frativaii^es  s'accoulumenL  à  ce  cliutat  de 
joura  nrdents  el  de  nuits  froides. 

Egypte.  Soudan.  —  A  l'oriejii  Hu  Sahara, 
l'Kt^'^ytite  est  tlési^rlique à  l'ouest,  désertique  à  l'est, 
et  au  delà  de  la  mer  ll^tu^e  l.i  sèche  inutiensité 
traverse  l'Asie  jusqu'à  des  monts  doù  Ton  voit 
presque  le  l*arili([ue,  auln?  iuuiieitsilé.  Mais  son 
Nil  y  restaure  tous  les  ans  par  ses  eaux,  par  sa 


Itnup.  h  plus  simplement  bnrmoniouse  el  la  plus 
lumineuse  des  grandes  vallées  du  nujnde.  Osl  du 
Soudan  que  son  lleuvtî  apporle  la  vase  bienfoi- 
sante. 

Le  Sahara  v\  le  Soudan  ou  Pays  des  Nègres  se 
tout'lient  sur  la  ligne  (nululeuse  '  qui.  de  Saint-Louis 
du  Sénégal  à  la  ruer  Ilouge,  sépare  sur  5000  ki- 
lomètres la  zone  des  pluies  tropicales  de  la  lono 
où  il  ne  pleut  presque  jamais.  Bans  ce  Soudan  se 

i.  tiénéralcnieul  vers  le  W  de^*é  de  tulitude. 


I 


AFhIQrE. 


457 


pressent  des  nations  noires,  des  nations  bronzées 
par  «l<*s  alliances  très  anciennes  avec  les  lîerhèros 
el  di's  alliances  modernes  ou  même  co!iteni|K>i*ai- 
aes  avec  les  Arabes.  Elles  appartiennent  aux  ra(;ons 
les  |ilus  diverses  comme  taille,  fjc,^]re,  barlie  et 
cheveux,  couleur  et  nuance  de  la  peau;  cîioz 
elles  se  voient  et  des  races  athlétiques  el  des 
peuplades  naines  :  les  Akkas  ou  Tikki-Tikki  de 


rOuellè  n'ont  que  rnremei*!  un  mètre  et  demi  de  la 
racine  4Ïes  cheveux  à  la  plante  des  pieds;  —  très 
bas  sont  aussi,  vers  la  côte  i»cridenlale,  dans  un 
autre  «  Soudan  ».  les  (ïhoiif;^ns  du  fleuve  Ogôouê; 
et,  vers  le  boutdu  Trian^'le  uiisiral,  les  Saan,  hom- 
mes de  la  ra4'e  des  llolleiilols  appelés  par  les 
HoUaudais  du  Cap  les  Bosciijesmannen  ou  lloInnle^• 
de  la  brousse. 


l>UDe»  du  Saliara.  (Voy.  p.  ms.)  —  Dcs&in  de  VuHUcr,  d'aprÈi  ^Me  ptioloçraililc 


f'n  largt»  fleuve,  le  ^i•rfM^des  (leuves  phrs  [vetils 
dont  le  Sénégal  est  le  roi,  des  rivières  qui  vont  au 
Nil  Hlanr.enlin  le  lias-fond  du  Tchad,  tantôt  lac  et 
laiil6t  lacune,  re(;oiM*nt  les  eativ  du  Si»uil.in. 

Aulitur  de  ce  lac,  sur  «es  fleuves,  dans  le  Siu- 
dan  ftroprc  et  dnns  les  steppes  qui  le  liordenl  au 
uord.  luttent  deux  religions  en  même  lenqts  ipje 
deux  hurnamléb.  Les  \rab(*s  el  les Rerbères puis  ou 
Arabtïu'%  élément  blanc-brun,  s'y  rencontrent,  de 
luuiii»  4'u  moins  nond>i'etix  â  mesure  qu'un  s  elui- 

0-    ItfclILlI.    Lk     ÎKKItl     A     VOL    u'uioLkV. 


gno  du  Désert,  avec  des  hommes  tout  h  Hiit  noirs 
el  avec  des  gens  hion/és  tels  c(ue  les  l*euls, 
RiM-lfères.  Andjes,  iVuls»  d'autres  encore,  sont  des 
niuhoirrètaos  fervents  imi  [)leiiie  irii\re  di*  pnq>a- 
gand''  chez  les  Nègres  (laien.s  ipii  les  avuisinent. 
Kn  ce  moment  même  un  élênu'nt  nouveau  fait  son 
enirée  dans  celle  i  Kthiopie  ».  Les  Français  qui, 
du  Sidiara,  mennvaient  déjà  le  Soudan,  j  sont  ar- 
rivés par  le  Sénégal  :  ils  régnent  sur  Je  haut  du 
Nigcr^  les  Anglais  sur  le  bas. 

R8 


i.S8 


l,\    TKUHK    A     Mil    mUSKAI 


Grand  Plateau.  —  Sur  k»  Ml  supt-i'iour,  pa^s 
erïtrevTi  dt'j;i,  l'I  clatis  dps  Icrros  incoiniues  au 
midi  (lu  Trliîid  pI  Hu  Niger,  coiTiinont'(?  Ii?  fir.ind 
IMali'îiu,  loqut'l.  se  ïvlririssanl  (ïe  jdus  l'u  plus 
vers  le  sud.  t'utn*  TAtlantique  el  In  nuT  dt's  Indes, 
finit  en  pointe  èinoussêe  sur  le  litloral  du  cap  de 
|loiine-ï'lspér;inre. 

[I  se  peut  que  lu  Ijaule  table  d'Afrique  soit 
par  endroits  Tun*'  des  nicillewies  ironïrêes  de  Puni- 
vers,  elle  f[u'av.'inl  de  lu  déetnivriinii  aerus;iil  d'êlro 
un  Stible  infertile.  Il  y  a  là  de  vastes  lars,  d'am- 
[des  rivièi*i\s  (jui  sont  rumine  des  inondatimis  |icr- 
uianetiles,  tant  les  pluies  lundient  puissanuiunit  en 
toute  saison  de  ratmre.  Lurue  du  .\il,  le  Vieloria- 
Niyanzj»,  di^passerait  le  lac  Supérieur;  le  profontl 
Tiingauyika,  qui  se  verse  inlerniillemmotU  dans 
!e  Cori*j[o,  n'a  pas  inoins  de  528  kilomètres  de 
lon^;  le  Nyassa,  presque  égal  à  deui  fois  l'ttiilaiio 
dos  Canadiens,  envoie  une  large  rivière  au  Zambèze. 
Nil,  Zandièie  et  Congo  sont  [larini  les  f^rarnls  eoir- 
nints  de  la  Terre  :  le  Nil  par  ni  Uxi^'ueur,  ses  bas- 
sins lacnslrea,  son  l'^gyplti  et  ses  Égyptiens,  son 
délia,  smi  iiistoire;  le  Zanihèze  par  sa  prodigieuse 
raseude;  le  (lotïgo  [mv  mï  musse  deau  et  piir  Tes- 
calier  de  rapides  et  de  catarartea  tonnantes  qui  le 
jette  du  linul  plateau  dans  une  basse  vallée  du 
liLtor.d.  Le  Nil  aussi,  qui  l'ignore?  a  ses  chutes, 
el,  nalurellenienl,  tous  ou  presque  lous  les  rus, 
lorrenls,  rivières,  Reuvos  nés  sur  la  table  du  con- 
linent;  indulents  dans  leur  cours  supérimir  el 
moyen,  souveid  endormis  en  marais,  attardés  eti 
lae.s  sur  ta  plaine  élevée,  ils  sautent  éperdunienl 
dans  les  gorges  quand  ils  fendenl  les  monts  de 
rebord. 

Vu  son  nllitude,  cette  inimensc  ronlréc,  salubre 
à  riiominc  noir  ou  bronzé,  le  deviendra  jmur 
rinninni!  Edam*.  Les  Poiiugiiis  tlu  finrigo,  itn  Zmui- 
Lêy.e,  les  IlotJandjiis  el  Anglais  des  plateaux  <lu 
Cap,  les  Français  de  l'OgiSout^  amenés  par  un  coup 
de  fortune  à  Brazzaville,  là  même  on  le  Congosa|>- 
prête  à  s'élîuieer  en  (uurbîllomianls  mpides,  ces 
quatre  peuples,  ces  quatre  langues  peuvent  espérer 
d'y  vivre,  et  aussi  les  Allemands  ipii  se  pont  eani- 
pés  sur  le  ]>laleau  d'entre  l'Océan  des  Indes  el  le 
Tanganyika;  el  enlin  les  Belges,  nos  homophones, 
qui  dominent  la  majeure  partie  rlii  pays  eotigolais, 
entre  les  Frain;ais,  les  Anglais,  les  Teutoiis,  les 
Lutsitanieus. 

Le  plateau  d'Afrique  est  encore  trop  ignoré 
pour*|U*un  en  désigne  les  cimes  fulminantes.  Non 
liiin  de  la  rûte  iiriinlale,  rivr  de  r<leêan  des  Indes, 
le   soleil  de   l'Equateur   fait   luire  les  casques  de 


neige  du  Kenia  (5500  mètres)  el  du  Kilima-Ndjaro. 
volcans  éteints.  Le  Kilima-Niljaromonle  àfîOOOmê- 
Ires,  ou  du  moins  (in  lui  doime  cette  hauteur  sans 
l'avoir  vrainieni  mesuré;  smf  découvertes  ulté- 
rieures, c'est  le  génnl  de  l'Afrique.  Le  massif  dont 
il  s'élanre,  Hinellé  de  pluies  pendant  dix  mois  sw 
douze,  pourra  ravir  à  rAbyssiiiie  son  surnom  de 
Suisse  africaine,  mais  par  ses  pics  volcaniques,  be< 
cluses,  se»  cratères  devenus  lacs,  ses  torrents 
hieus,  ses  milliers  de  cascades,  l'Ahyssinie,  llel- 
vélie  d'Helvétiens  bronzés,  sera  toujours  admi- 
rable ;  située  au-dessus  de  la  porte  de  la  nier 
llouge,  en  face  de  l'Arabie,  elle  nourrit  sur  de 
frais  plateaux  un  [peuple  de  superbe  visage. 

Nègres  el  Négroïdes  La  traite  des  Noirs.— 
Au  siifl  du  Sahara',  JMsrpi'à  la  pointe  australe 
d'Afrique,  les  Nègres  [►ullulent,  race  nlhlétiqne  el 
féconde.  Non  pas  seulement  tes  Nêgivs,  mais  aussi 
les  Négi'oiiles  ou  Cuivrés.  [»his  Ihvuix  que  les  Nè- 
gres et  souvent  même  que  les  Itlancs:  tel  Peul, 
tel  hoirmie  de  la  grande  race  des  Danlous\  est 
comme  une  statue  animée. 

De  ces  Nègres  ou  Négroïdes,  beaucoup,  foule 
puérile,  naissent  et  passent,  errent  el  chasseni,  et 
n'onl  pas  d'hîsloire.  D'aulres,  surtout  les  Cuivrés, 
ont  fondé  des  enqjtres  égaux  aux  [dus  grands  tic 
l'histoire  par  le  sang  qu'ils  ont  répandu. 

Vm  Afrique  on  lue  chaque  année  15O00  élé- 
plianls  rirn  que  pour  les  manehes  d'ivoire  des 
couteaux  de  Sficflield.  el  51  000  en  tout  :  chaque 
houle  blanche  tpn  roule  snr  le  lapis  au  noble  jeu 
du  bilhinl  l'eprésiMite  un  râle  du  sagace  animal. 
Qui  croirait  que  ces  51  000  bêles  follement  abal- 
Ines  l'ont  à  j)eïne  le  dixième  des  misérables  Afri- 
cains Iraînés  en  esclavage  sur  les  sentiers  qui  vont 
du  village  en  fïamnn^s  m  le  chasseur  d'hommes. 
Ai'idje  ou  Noir,  les  a  liés,  jusipj'au  niarelié  sur 
le(|uel  il  va  les  vendre?  Il  y  a  plus  de  femmes 
el  d'enfanis  (jue  d'hommes  fails  dans  les  carava- 
nes d'eselaves,  el  l'on  dit  que  trois  sur  quatre 
périssent  de  faligue,  de  chaleur,  de  plaies  el 
d'uleères  ou  sous  les  coups;  or,  100000  Nègres 
[ieut-éire  arrivent  encore  par  an  sur  les  bazars  dt* 
vente  dans  h's  villes  nmsulmanes  ou  païennes  du 
bassin  du  Nil,  df  IWfrique  intérieure  ou  du  littoral. 
i]i'.  sérail  donc  ÔOO  (KIO  inorîs.  La  «  bataille  des 
peuples  I)  ^  ellc-iuéme  lut  moins  rneurlriêre. 

Ces   nombres  sont    peut-être    exagérés   (el  il3 

l.  ¥A  ioi  peu  (hiis  li;  S.ili:ir;i  nirine. 

ii.  I.a  race  diîot  lont  jinrtie  lt'«  Cafits. 

5.  La  l)Ulai]le  do  Leiiizi-r  (1815),  qui  durit  ti*ois  jours. 


I 


I 


( 


I 


AFRIQUE. 


459 


»di^croî&st>nl  d'annôe  on  année),  mais  il  y  a  Ijlhi  Jt* 
croire  qu'au  bouu  temps  de  la  traile  des  Xi-^tvs 
les  sjiign.'Uitïi  et  dolents  pt'leriîis  Irahu's  nu  liLtvre 
deiubarquement  l;iissjtiutiL  uu  iimius  ^(JU  UUU  oiiu- 
rros  sur  la  voie  douloureuse. 


C'est  ainsi  que  TAfiique  n  perdu  cent  iiiilliona 
d'honunest  et  eependaiil  la  double  Aniêritjue  où 
la  [dujKJrl  <les  ^ut'vivanlti  entrèrent  en  servage 
n'a  guère  que  ^a  millions  de  Nègres,  luusiiiuhUres 
et  métis  compris  :  tant  il  eu  maurut  sur  la  route  1 


ll>f  n  de  rAfrîqu«  rentnie.  —  Dessin  d*\drieu  Uinr,  ù  jpri» 


phuiivgfiipliit*. 


I^aai  Européens  du  Tropi*|ue  il  fallait  des 

pour  le  colon,  la  canne  à  sucre,  le  café, 

'  tis  métiers  durs  ou  réfiugnaiits.  la  domesticité, 

\rs  mini*s; —  et  nui  Musulmans,  des  femmes,  des 

eunuques,  des  stddals.  des  esclaves. 

Aujourd'hui  les  Européens  el  leurs  lils  d'Amé- 
rique, droits  ou  t>jUardb.  n'imporlenl  plus  d'escla- 


ves; ils  a'pftellenl  dans  les  colonies  tropicales, 
qu'ils  ne  penvenl  cultiver  eui-mêmes.  desfljiinois, 
des  Xoii^,  des  ln<lietis  de  l'Inde,  des  Annamites, 
des  Polynésiens,  voire  des  Islenos  ou  Caiiariotes 
el  des  Portugais  de  Madère,  des  Açores  et  des  il(»s 
du  Cap-Vert,  Espagnols  ou  Lusitaniens  faits  au 
grand  soleil.   Mais    les  Maliométaas  conlinuenl  à 


4fï0 


LA    TKRRK   A  VOL    D'OISEAD. 


chasser  au  Nègre  et  la  race  inépuisable  leur  four- 
nil des  nilos  pour  la  maison^des  follatis  ou  ];i1>ûu- 
reurs  pour  l*^s  clinïnps,  di^s  Inunmes  di*  peine,  dos 
gens  tltï  mclier,  et  de  VtdllaïUs  lurons  pour  leurs 
régiments. 

C\*sl  donc  la  ciiaîno  au  cou  que  l'Al'rifjue  a 
peuplé  pour  sa  gnjtidt^  pari  TAniôrique  chaude  e( 
la  tropicale,  renouvelé  le  sang  des  Berbi>res,  des 
Arabes  el  des  Tures»  du  Mai'oc  à  la  Caspienne,  de 
Constardinoplc  ù  Zanzibar,  du  Sénégal  li  Thidus. 

La  saignée  fut  affreuse,  et  pour  plus  d'un  peuple 


jusqu'au  bout  du  sang,  mais  la  veine  se  refemiu 
el  la  vie  de  l'Afrique  resleni  désormais  à  l'Afrique. 
L'Europe  s'emparera  de  fout  ce  conlinenl,  soil 
par  paix,  soil  (lar  guerre;  elle  y  lient  déjà  l'Algè- 
rie-Tunisie,  TÉgyple,  ïe  Sént^gal  el  le  Niger,  le 
Congo,  le  Triangle  austral.  Mais  elle  n'y  peui  di- 
reclement  cnïoniser  que  les  terres  tempérées,  Tt'll 
au  nord,  pays  du  Cap  au  sud,  el  sans  doute 
queh|ues  plaleaui  du  Centre.  Partout  ailleurs  la 
France,  rAuglelenv,  le  (VrlugaL  les  lîoers  au- 
ront des  Urësils  h  fonder  plul6t  que   des  Élnts- 


R^oïdcs  :  Abyssiniens.  —  Dosif  in  do  BaysrJ.  d'jiprè^  des  photographie». 


Unis,  des  Canadas,  des  Argentines,  des  Atg^ries  à 
peupler.  Or,  Français  el  Lusitaniens  se  mêlent 
Harïs  répugricTnce  aux  nices  proscrites,  tandis  que  les 
llollajjdîiis  el  AngL'iis  ont  horreur  des  roJuriers  à 
léte  laineuse:  c'est  leur  force  —  el  leur  faiblesse. 
Quant  aux  Allemands,  les  «lerniers  venus  el  les 
pJus  affamés  piirnii  ceuï  qui  vont  dévorant  l'Afri* 
que,  ou  ne  les  a  pas  *»ncore  vus  à  l'oeuvre,  face  à 
face  avec  ties  Nègres  ou  des  Cuivrés  protégés, 
cest-:Wlire  soumis;  non  plus  que  les  Italiens  qui, 
de  la  niei*  IWui^^e,  de  leurs  garnisons  accablantes, 
gucllenl  l'Aliyssinie,  le  Clioa,  le  pays  des  Callas, 
lerres  hautement  montagneuses  auxquelles  ils 
viennent  de  donner  le  nom  d'empire  d'Érylbrée; 


non  plus  que  les  Belges,  deveims  aussi  «  prolec- 
teurs I),  el  1res  gj'andemonl,  sur  les  500  et  tant  di* 
millions  d'hectares  de  l'ÉUl  du  Congo, 

Voilà  donc  l'Afrique  en  proie  à  i'Kurope.  On  vi 
la  fouiller,  la  piller,  la  a  ratisser  d,  passer  ii 
travers  ses  raci^s,  brouiller  son  sang,  chavirer  sw 
idées,  luer  ses  langues.  (Eu vie  de  longue  el  pi'*- 
rilleuse  difficullé.  parce  f|ue  l'Afrique  a  les  se(.l 
diiiêïnes  du  sa  lerre  suus  la  zone  luirtde.el surtout 
parce  que  sa  moitié  '  du  Nord  el  du  Nord-Ouest 
est  ix'vêche.  étant  musulmane. 

Le  Centre  el  le  Sud,  humanité  païenne,  obcintnl 
plus  vite. 

i.  Justement  cette  où  dominent  les  François 


Ancienne  et  moderne  Egypte.  —  !/figyple 
esl  If  luriul  il<'  l'jiiH'h'n  roiitinenl  :  prorlio  de 
rEuro|>p.  t'Ilo  «ll.'irh»'  l'irriqiu'  à  l'Asit*  p;ir  rtstlniu' 
de  SiK^z  tH,  cet  islliriie  porcé,  l.i  voilà  graiid'roule 
eiiliv  ITK'cidenl  ri  i'Oiienl. 

Kllr  mil  au  monde  un  dos  premiers  peuples 
policés  dt»nl  noln»  courte  mémoire  se  souvienne. 
I/Kgypie  instruisit  l;i  (irùcc,  et  par  la  Grèce  Rome 
et  les  modenii*»,  si  fiers  dVux-mémes.  I*ar  ses 
nnpui*s,  srs  insliluliuns«  son  nrehileclure  gran- 
diose, son  fleuve  de  source  inconnue,  si  ivguller 
dans  scB  crues  et  décrûtes,  si  liienfnisanl,  si  répu- 
rnleur,  re  petit  monde  à  part  n'était  ni  l'Africiue, 
ni  VKaie  — encore  nioitis  l'Europe. 


Veuve  de  ses  Pliaraons,  elle  ne  s'a|»p,irlen;iit 
déjà  pïns.  elli»  ohêissait  ;\\\\  Perses  fpiand  elle 
lontha  tians  les  mains  de  rAetiille  qui  n'eul  pas 
stin  Hiirni're,  du  j^iierrier  qui  roirnit  l'Orient  entre 
le  llosplioi'v  et  rilyfdia^e,  justju'â  l'aire  crier  ifrâce 
à  l'infatigable  llinlan^e.  Il  y  fonda  vers  les  houohes 
(lu  >'il  lu  rilé  qui  |>rit  son  lunn,  Alexandrie,  et 
bienl«M  crlte-ci  devint  la  seconde  ville  de  l'empire 
romain,  le  premier  entrepùl  du  monde. 

Après  Flome  et  Ityznnce  vint  rArahe.qui  stérilise 
tout  ce  qu'il  tonrlie;  après  lAralH'.  l'Dttoman.  qui 
n'anit'he  iioint  de  renouveau.  A  l'Ottoman  vient  de 
succédei-  TAnglais,  qui  n'y  restera  point,  n'y  pou 
vaut  coloniser;    pendant  qii'il  s'enricliir.i,  s'il   v 


462 


LA   TKRRK    A    VOL    hOISEAU. 


reste  assez  longtemps,  lo^  Fellahs  arabes  croUroiil 
on  nombre  et  jïeul-èlre  [M'eticJmtjt  conscience  d'eux- 
niêiiies  IjïikIis  ([lie  les  villes  s'empHroiit  de  Médi- 
terranéens. 

Très  a^rnndie,  ou  jiliil(M  tr^s  allongée  pnr  ses 
viee-rois,  l'K^^ypIe  enihinssait  rùeernmenl  eruNne 
dans  ses  limiles  l'Éf^ypIe  propre,  la  Niibir,  le 
Soudan  Égyplien,  le  Kordofan,  le  ïtarfour;  en  loiM 
300  tnilliinis  d'hei-Iares  avec  MtMOm  hitbilanls, 
y  conijiris  ses  coïKiijtVli-s  onci)re  très  niid  assurées 
dans  le  Soudan.  Elle  élail  di\jâ  près  de  six  lois 
égale  à  la  France  el  11  lui  rallait  croître  encore 
pour  arriver  au  leritie  île  sa  «  destinée  mani- 
feste »,  c'esl-àdire  à  la  pleine  possession  de  (oui 
le  bassin  du  Nil  avec  ses  dépendances.  Il  ne  lui 
ivsie  |4lis  que  10!2  à  10^  millions  d'hectares. 

Les  K^vptiens  ohéisseiil  en  a[ipareiiee  â  un  vice- 
mi  nommé  khédive,  payant  ti'iljul  au  sullan  de 
Constantinople,  el  en  réalité,  dans  Tinstanl  pris- 
sent, a  l'Angleterre,  puissance  d  proleclrice  h. 


Egypte  propre.  Le  Nil>  ses  lacs,  son  delta. 
ses  crues.  —  lïans  (nyle  FK^^ypte  [)ï'o[U"e.  t|ui 
a  jaesipje  di'ux  fois  l'aire  de  la  Irance,  l'éleiulue 
des  (erres  cullivahles  alleini  à  peine  5  500  000  hec- 
tares, dont  2  2^20  000  [tour  le  iK-lUi.  Le  resle  4lu 
pays  nVst  que  sables  et  roches  qu'on  ne  [leut  irri- 
guer parce  qu'ils  dominent  tnip  le  fleuve,  seule 
enu  qui  coule  sur  la  (erre  des  Pharaons.  Toute 
cette  eonlrée  fanseuse»  M*'sr  des  Araltes,  Cliami 
des  Coptes,  esl  dans  te  Nil,  ne  vit  que  du  Nil, 
doit  au  Nil,  à  lui  seul,  d'être  historique  au  simo  de 
déseris  sans  histoire.  Iloi's  de  la  vallée  du  (leuve, 
qui  esl  longue  de  liOl)  kilomètres,  large  de  7  à 
22,  la  vie  cessi'. 

Second  cours  d'eau  rlii  monde  pour  la  lon- 
gueur, aprt'-s  le  M^ss^^uri-Mtssissipi  qui  li*  dé[iasse 
à  peine,  si  même  il  le  défiasse,  le  Nil  coule, 
détours  compris,  pendant  7tïOO  kilornèlres  ou 
neuf  fuis  la  Sriiie.  Il  iTa  [toint,  tant  s'en  fiul,  la 
même  quasi-pj'iniaulé  pour  la  niasse  des  ondes  ; 
nombre  de  lleuves  lui  sont  supérieurs  en  crue,  en 
mownne,  à  l'éttage.  et  il  ne  l'einpoi'le  même  pas 
en  Afi'i(iue.  Le  Coji^'o,  son  rivjil  et  plus  tpie  riviil, 
liîer  encore  inconnu,  revoit  d'un  bassin  plus  vaste 
el  bien  plus  ari'osé  d'eau  du  ciel  un  tribut  fort 
supéiii'ur  à  celui  que  le  Nil  lire  de  ses  t^Kl  mil- 
lions d'hectares  (bint  on  estime  (1res  ]iréinatnrè- 
nient)  (jue  1 1 1  500  000  sont  en  savanes,  7-4  (îOO  000 
en  lorèls  el  en  terres  cultivabh-s.  5ô  000000  en 
tilep(tes,  il  '200000  en  pur  désert.  Toutefois  le  Nil 
est   un  grand   courant  dont    les  crues   dépassent 


17)1*00  métrés  cubes  par  seconde,  dont  la  moyenne, 
est  de  4750,  volunto  qui  en  fait  la  quatrième  ea 
d'Afrique,  ajO'ès  Cou»»o,  Niger,  Zambèze.  el  pro-' 
bat)lenienl  la  viii^'l-sepliêuïe  du  inondi»  ejilier,  au 
même  rang  que  l'Atralo»  fleuve  sud-nméricaia  d'un 
bassin  [uesfpn^  cent  fois   moindr'e  mais  sous  ud 
perpétuel  écnndement  de  nuées. 

Lu  peu  au  nord  el  beaucoup  au  sud  do  l'ËquA^il 
leur,  un   grand   lac,    le   Yicloria-Niyanza,  est   le' 
Léman    du    Nil,    el   ce    Léman    revoit    plusieurs 
lUiùncs  dtjnt  aucun  explorateur  encore  n'n  \u  les 
naîssiinls.  Pas  (dits  qu'au  temps   du   Grec  el  du 
lUiniaiti,  un  Kuro[>éen  n'a  pu  dire  :  a  Y(»ici  la  fon- 
taine où  commence  le  lleuve  divin  ».  Panni  co 
ninines,  la  maîtresse  onde  a  nom  Kaghérn  ou  Tan^ 
gouré;  elle  arrive  au  lac  bleu  en  rivière  brun<^J 
1res  profonde,  aninnV,   rapitl^s    el   lui   porte   un 
Icibul    lacustre,   celui    de    FAkanyarou ,    devenu 
FAlexandra  depuis  qu'a  passé  parce  pays  d'.\fri<|ue 
un  voyageur  t(  saxon  p.  Les  découvreurs  ou  plulùll 
redécouvreurs  de  celte  race  aiment  à  pi'oscrircle 
noms  nationaux,  presque  toujours  doucement  oq 
tlureiiïcnt  sonores.  Cumme   parfois   le  Romaîu 
jadis,  ils  snlisliluent  au  Géiùe  du  lieu  le  fiéme  dej 
leur  maison  Aii^^uste  :  Geiiio  domta  Augmim  mA 
cnsm;  e(  ils  renijdacent  les  noms  vrais,  lopjquesj 
historiques,   simplement  el    s^tînenienl    barbaivS|j 
par  ceux  des  princes  et  jirincesses  d'une  famillt 
intellecluellement  obscure,  et  inutile,  puisque  d*a-l 
piès  la  conslJInlion  rnéme  de  l'A iiglelerre  c'est  und| 
famille  de  «  rois  fainéants  m. 

On   suppose    que    le    lac    Alexandra,    plus  ouj 
moins   marais,  miroite    à    1 7i''2h   métrés,   et  que 
le  Tangouré  on  Nïl  Alexandra  nail  â  presque  nnllfl 
lieues'  à  vol  d'oisean  des  bouches  du  Jleuve,  grai>-| 
dément  au  sud  de  Fl]f|ualeur,  prés  du  cintpiième 
degré. 

Plus  méridionale  encoj-e  est  la  source  du  Mva- , 
rou,  pur  environ  1500  mètres  nu-dessus  de 
mors,  vers  .V  50',  maïs  ou  pense  fpie  ce  lorre» 
s'achève  datis  un  lac  sans  esondemenl  el  qu'il! 
u'alteinl  pas  le  Chimiyou — celui-ci  passa  d'abord 
pour  la  branche  su[iérii'ni'e  du  Nil*,  mais  il  est 
maniléslemeut  inférieur  au  Tangouré,  de  même 
qu'à  la  Kalonga,  aulre  tributaire  majeur  du  Vie- 
loria-Niyanza. 

Ilitis  l'ignorance  où  nous  sommes  encore  de  la 
grandeur  réelle  de  deux  vasques  de  FAmériqUf 
presque  [lolaire,  le  Crand  lac  de  l'Esclave  el  le  lac 

1.  Ui'  i  kilonu'fivs. 

*J.  Si  i-Ue  coiitiouiiit   k*   Nvanni,   si  longueur  dé|iaa» 
UUU  tJluiiii'lies. 


l 


4414 


,A    TKRÏtK    a    VOL    irOISEAU. 


de  la  Grnndp-Ourstî,  l*>  NiyanM  ou,  à  r,'inglaiso,  le 
Victoria,  \y**n\  v-irc  regardé  comme  la  pruïuicre 
roiuju**  d'oini  âmwi'  qu'il  y  ait  an  monde,  s*il  a 
bien  les  8iS^*MHH>  liei-lares  qu'on  lui  ocliuie  niain- 
tonanlol  qui  \c  font  plus  grand  de  5700  kilomètres 
carrés  que  ie  Supérieur  hii-inètn(*.  Niyanza  veut 
dire  lac  :  lac  par  excellence  sïndend.  Un  autre 
noniy  fac  de  Krr*^nué,  lui  vient  de  sa  principale  île» 
Oukêré(*ik*.  Les  Ant^lais  possèdent  le  nord  de  ce 
lagu  vrainictil  niaj;;,dore,  les  Alleiiiands  le  sud. 

Profonde  est  son  eau  d'un  bleu  verdiHre  où  le 
plnniL  a  dt^jà  Irouvé  J77  rucli'es.  ('Iiacjue  voy^^^eur 
lui  aHtihuf*  une  alliîude  dinénade;  eelui  qui  le 
met  le  moins  liaul  lui  donne  1008  aièlres,  celui 
qui  l'èlùve  le  plus  le  phice  à  \*-2dTy\  \'M)  est  le 
iionihre  prohaljle.  Lo  rivage  a  près  <Ic  lôOO  lulo- 
inèlr'es  sans  riiifiinlê  des  menues  lenlîicules  ;  ici 
bulte  ou  e(dlinL\  Id  montagne,  ailleurs  p;dus,  il  a 
les  doui  liêles  classiques  de  Tonde  africaine,  l'Iiip- 
popiilanje.  l*ru\aiit  compagnon  soufllcur,  pI  le 
hourlieux  crocodile,  ;uni  ûti  dormir  au  soleil.  In- 
nombrables sont  les  île?. 

l\irMii  les  empires  ou  royaumes,  comme  on 
voudra  les  nommei',  qui  lunl  ceinture  autour  du 
Niyanza,  el  que  viennent  de  se  partager  rAlleniagne 
el  l'Au^lelerre,  il  convieni  de  noimner  surloul 
rOu'-tianda,  jwys  iièlicieux,  chez  les  Ani^^liiis.  On 
dit  que  son  despote  commande  à  cinq  millions  de 
Noirs  très  païens  et  poly^james;  tuais  sur  ces  cinq 
millions  il  n'y  a  pas  [dus  de  I  ÎOOOIJII  hommes  (V)  : 
la  guerre  éternelle,  et,  après  la  vicloire,  le  nias- 
Sîicre  des  mAles,  otd  jvdtdl  do  pri;s  de  mollit^  les 
uiascnlins  de  ces  plaleaux  (jui  sont  une  Arcadie; 
rQu4;anda,  spécialement,  a  des  terres  superbes, 
un  cliujat  ravissant,  tUnix  saisons  de  pluie,  ou, 
pour  mieux  diiv,  il  y  pleut  tous  les  mois  et  la  ver- 
dure lu  plus  verle  y  pare  la  campaj^^^nc;  on  y  l'ail 
deux  lêcoltes;  aussi  les  cinq  millions  d'Oua'-Ganda 
vivent-ds  sur  cinq  millions  d'hectares  seulement. 
I*e  belles  roules  mènent  à  !loul>ai,^a,  la  ciqùlale, 
ville  où  le  mercure  oscille  antmellement  entre  10 
ou  11  cl  oi*  ou  55**,  avec  une  moyenne  de  21 
à  ti'2'\  comme  telle  cité  de  la  Mèdderranée  méri- 
dionale; or,  lluubaga  est  presque  exaclement  sous 
rKquateur. 

Les  Hua -(Jimda  rjui  lioivenl  à  la  coupe  du  liaul 
Nil  hind  les  livii's  de  ntirnluvuses  nations  qui  se 
désaltèrent  sur  les  aulrt's  grands  lacs  du  pluleau 

1.  Iliiïis  la  l;iTi;;ue  lit'  cvs  plateuia,  qui  cît  le  Imiiluii.  le 
pni^lixL' «w  ipiit  (lir-e  :  jmys;  tels  les  noms  il'On-iiaiida,  t)u- 
Ziiiza.  (hi-tiiKi;!,  Uii-Si)};ii,  Ou  Nioro,  ttc.  ftc. 

^J.  Ce  |in'li\i-  liaiifou  Ut>si;:itc  IViisimiiIjIc  des  individus  U'ini 
|iîiys,  le  |ieuivtu  :  Oua-l!aiida,0uLi-Kiiuji,0ua-Nioi-o,  elc.  etc. 


d'Afrique,  et  sur  le  Congo,  et  sur  le  Zambèze.  et 
jusque  dans  les  monlagnes  du  cap  de  Bonne-Espè- 
l'aiice.  Iles  ltelchi>uanas,  des  Bassoutos,  des  Zou- 
li»us  et  autres  flafres  jusqu'aux  Uua-Ganda  el  aux 
()ua-^iom,  leurs  voisins  du  nord-ouest  en  tirant 
sur  le  Mvoulau  >'zighé.  rAfriiine  appartient  à  la 
^r.inde  laee  llniituu;  race  divei-se  quant  à  ses  peu- 
ples, qui  soûl  des  Négroïdes  ou  des  Noii"s  de  teintes. 
de  nuances  variées;  une  quant  à  la  langue,  dia-, 
lecles  à  [lart.  On  [icnse  cpie  le  a  san:»crit  w  banlou,' 
celui  qui  a  perdu  le  moins  de  formes,  rejeté  le 
moins  de  modes,  oublié  le  moins  de  noms,  distordu 
le  moins  de  racines,  est  prècisémetd  l'idiome  de 
rOu-tjanda,  langue  assez  connue  depuis  que  It'S 
missionnaires  malioujétans ,  catholiques,  proles- 
tanls,  se  disputent  ce  jieuple  qui  reste  ubslifuV 
ment  ididî'dre,  mais  s'imprègne  peu  à  peu  de  » 
idées  et  de  nos  \i<'es. 

Du  Niyauza  s'échappe  le  Kivira,  notre  Nil,  qui 
les  Anglais  ont  daigné  baptiser  aussi  royalemeni 
i|ue  le  lac  :  ils  l'urd  a[tpidè  Nil  Vicloria.  Dès  s 
issue  le  «  Père  de  Ll^gyple  «  s'abat  en  quatre  bi 
par  la  cascade  de  lit[jorj,  qui  n*a  mèuïe  pas  4  int^- 
Ires.  Il  faut  qu'il  se  hâte  en  sa  coui*se  du  plus  haut 
au  plus  bas  de  ses  lacs,  car  dû  l'un  à  Tautre 
le  sol  s'aliaisse  th»  UUi)  iru'Ires.  Après  s'<^tre  une 
première  fois  iuiiortl  dans  les  50000  liectares  du 
(ibila  Nzighé*,  et  une  seconde  fois  dans  les  80  000 
du  Kodja  ou  Kapéki.  marais  plus  que  lac,  il  préci- 
pite sou  cours  sous  le  nom  très  anglais,  très  peu 
nilotiquc  de  Somerset  ;  en  grande  rumeur,  sauf 
quelques  silences,  pai"  rapides,  rebouilles,  cascades 
Lasses  avec  de  rai'es  sonuneils  de  l'eau  dans  les 
doi'mauls,  le  fleuve  a  tantôt  80  ou  100  uïètres  «le 
large,  lantût  400  h  500.  C'est  pendant  50  kilo- 
mètres un  grand  buiiTit  dans  la  pierre,  jusqu'au 
sombres  rochers  de  (iboa  Moi'ou  ;  là,  se  contractant 
à  50  mètres,  il  s'ahal  de  55  mètres  par  la  cascade 
de  Murchison  —  encore  un  don  de  rAnglelcn*e. 
mais  au  moins  ce  nom  nVsl-il  pas  un  nom  de  llat- 
lerie,  de  a  loyalisme  )»,  ainsi  quon  dit  en  Albion. 
(,'<'st  ici  la  fin  du  trajet  le  plus  raboteux  de  son 
liMig  voyage,  et  calme  il  s'en  \ii  vers  le  second 
de  ses  réservoirs,  vers  le  Mvonlan  Nzigbé  ou  lac 
des  Sauterefles»  ou  lac  All»erl,  encore  un  nom 
témoignant  de  la  ((  fidélité  »  britannique. 

Le  Mvonlan Nztglièn  est  poird  un  Virtoria  Niynnzn. 
Il  en  faudrait  beaucoup  comme  lui  [mur  faire  une 
conque  égale  à  la  nu^r  des  Oua-Canda.  Mais  il  est 
plus  gi-andemeiit  beau.   Long  de   JGO  kilomètres, 

1.  Uu  bc  Ibi-atiim. 


l 


EGYPTE. 


i4l& 


largt>  di»  10  ù  48,  couleur  wvi  ili»  nirr,  il  repose 
ou  sVlinuili*  L*ntro  do  Cwv^  niimls,  porphyres,  gra- 
nits. gmMss  d'iMi  flulli'  l'oclirti-fn'  tli^s  lï.iulOfi  cas- 
cadt»s,  A  sonsiul-iutesl  lui  nrnvi»  le  loironl  du  lac 
Albfirl-Edouard  (auli-cuonide  prince  Anglais),  et  ce 
lorreiil  a  pns!U>  dans  les  iiicmb  IViHiuui'iizoj-i  et 
Gordou  henuoii  (TiM)!»  lu.  (?)). 

A  sa  sortie  du  Mvimlari  NziglK^  où  ses  flols  on( 
dormi  par  700  mèrres  au-dessus  des  ruei-s.  le  Nil 


prend  le  nom  arabe  de  DaluH'l-F>jebel  ou  nivière  du 
Mont.  Il  court  joiiglenips  encore  dans  les  dêlilés, 
[i;ïssant  parfois  devant  un  des  forts,  abandonnés 
ni;iintenanl,  iIVm'i  les  Ê.:,'yplienâ  essuyaient  de  domi- 
ner les  pays  du  Nil  supérieur,  et  surtout  d'où  ils 
favorisaient  In  Iraite  des  Nègres  eu  ayant  lair  de  la 
rnmballie  pour  plaire  ù  la  «  [iliilantliropiiiue  h 
lùuvipe.  De  large  eu  étroit,  d'étroit  en  lar^n»,  il 
tkseend;  des  rapides  rènieuvent,  donl  aucun  n'est 


Urrtbie.  puis  la  grande  plaine  s  ouvre  en  amont  de 
Gondokoro,  quelque  temps  cvlèhiv*  quand  c'était 
un  poste  de  mission,  d*e?tploralion.  de  eonqutVe  ; 
Aujourd'hui  cv>{  une  ruine.  Ladô.  qui  Ta  rem- 
placée à  iO  kilomètres  en  aval  par  envii*on  465 
mitres  d'altitude,  a  de  nn^me  |ierdu  toute  gran- 
deur et  puissance  <lrpnis  que  1rs  K^yptiens  ont 
reculé  juH(|U*en  Kgypte.  Ilêjii  si  loin  des  naissants 
et  bien  qu'issu  de  plu'iieui's  Li'*matrs  ilonl  l'un 
cent  cinquante-cinq  fois  [dus  prand  tpje  le  lac  île 
Genève,  le  Nil  ne  itMJle  ici  dans  la  moyenne  de 
rnnnêtf  que  r>50  ii  UùO  mètres  cubes  p.u-  so- 
0.  TlKci.cr  L*  TKnnK  «  vol  u'ui^k^u- 


Denoist,  d'après  uiic  pbolognipluc  de  V.  B^ïcliard. 

coude  ' ,  e'est-à-diii;  à  [wine  le  module  de  la  Gaii>ni)e 
devant  k  ville  de  Tonneius. 

iMus  la  plaine,  il  serpente  parmi  les  alluvions 
qui  comtdéient  un  immense  lac  SDudaiiien.  Il  s'y 
traîne  plutôl,  par  une  triste  région  de  manMumes, 
en  bras  et  oldilérations  sans  nornlire,  sous  le  sedd 
ou  sud.  rnaiijiMU  fl'lierbes  tlotlaitles  qui  se  lissent 
cl  fpi'ensuile  on  ne  pMil  dèlisser;  telb'rnenl  que  le 
lleuve  est  invisible,  ou  liieii  l'on  n'aperçoit  de  lui 
qi]^jn  étroit  chenal,  sou\enl  trop  encomlnv 

I.  I.'étiagi:  étant  de  500  ini^lrcit,  |«s  crues  tic  000. 
1.  Os  module  e^t  de  050  mètres. 


4A6 


LA    TKRRE  A   VOL    IVOISKAT. 


les  barquos.  La  rv^ioi»  l;i  plus  pnliislrc.  lu  jvius 
l<Tril)lemont  [h'i'lti'use  et  leutmv  c'est  au  long  de 
In  ^runtJ*»  île  (U^  '220  kilonirîri's  tic  lon^'  sur  10  i\ 
(iO  de  l;iri::i'  que  ronneîil  di'ux  br/is  du  llcuv**  : 
H  droite  le  Rîilu-el-Z.trrtf,  Nil  <ïe  jdijs  en  jjIu^  em- 
barfnss'\  déjà  prestiue  iiiorl,  et  à  gniiehe  le  llnkr- 
el-l)jéhel,  b  vniie  rivit'Te,  i|ui  vu  se  uiéler  en  ruule 
aveo  le  lkdir-eMili;iZid.  Olui-fi,  eouverl  *''y:;ïlenuMtl 
d*une  vég:étaliou  excessive,  i[\n\ij  espèce  de  iiideau 
nollaul  que  travei-scul  des  nênufai-s  célèbres  (kh* 
leijrl>e;uaê,  dèvers4'  envimii  45  rniflions  «riieclnre.s, 
au  boiil  d'un  cours  de  lITiO  kilouieti-os,  el  1res 
puissant  en  crue,  lE  baisse  eilraordinairement  en 
lemps  sec,  ninsi  que  1rs  rivières  eu  êveitUiil  i|ij'il 
amené  au  Mukran-eMîoUour»  a  \\*\\in\is\ini  lïrun 
où  it  reiicoulre  U*  Nil. 

Le  Mtïkinii  el-lio!i*iur,  Iwis  et  noyé,  est  le  lieu  le 
pitjs  leulïé  piir  le  srdd,  niiiis  c'esl  jusleuïenl  prés 
lie  là  que  (înit  ce  long  «  lac  de  Sir^nsscs  »,  sous 
reCforl  cJKique  année  renouvelé  du  Balïr-i*l-Gliai;,'i!  : 
quand  la  ^a\iiide  crue  en  a  fail  un  lorreul  iirésis- 
tîble,  rciniiair.'is  esl  arrnrjié,  décliiré,  dêlissé, 
puis  il   fuil  dnïis  le    courant. 

l.e  li.'ilir-el-iili.nzai  ost  le  dernier  aftluenl  de 
gauclie  du  Nil;  or,  du  M^ikran-el-lloliuur  à  la 
Médilerranée  il  y  a  7ili\{)  kiloriièlres,  L'  lUnVje  au 
bout  du  Daiuibel 

Le  Nil  reprend  snr  sa  droite  le  Bahr-^M-ZaiTif, 
puis  s'accrnil  d'une  rivière  encore  peu  coiniue  à 
laquelle  on  suppose  ilOQ  kiluiuèlres,  du  Sobal 
(lojil  li^s  lloïs  laileux  L-irdent  îi  dtspnrailn'  dans  le 
brun  foncé  du  (leuve;  (jitand  leiu's  eaux  î>e  sont 
uiélangêes,  le  Nil  a  passé  du  sornbi'e  au  blanchâtre 
et  désormais  on  h'  uornnie  llabr-el-Alnad  ou  rivière 
lllauche.  Apres  avoir  bai^nié  les  villages  des  Cliil- 
louks  et  des  Denkns.  peufdes  pasteurs,  il  se  heurle, 
au  Dec  de  KharhtunK  par  iOO  iin''lres',  conli'e  le 
Balir-el-Azrak  ou  lliuive  lUeu,  desi-endu  lui  aussi 
d'un  lac,  du  Taana  d'Abyssinie,  bien  [dus  petit, 
mais  biiMi  [dus  ItanI  que  la  Xiyanzadu  Nil. 

Le  liabr-el-A/rak,  long  di'  jo'és  di*  lôOO  kilomè- 
tres, api^orte  en  êlia^'C  I5i)  niètres  cubes  d\*auic 
bleues  qui  mettent  l()n^tern|»s  à  se  cont'oruire 
avec  le  Ilot  du  ISabr-el-AI»iad,  bkmc  mal  pai'  la 
dilution  de  Tari^ile  des  [ïlaiues;  en  forte  crue 
ttlOi  mètres  cubt's  deaux  n»u«ies  lourbillonueiit 
dans  son  lit  de  500  â  lOOO  tuétres  de  large,  en- 
Iraînant  avec  eux  ce  qu'il  y  a  de  [dus  [uécieux 
dans  le  limon  du  Ml,  des  ar^^iles,  des  sables 
iuiprégoès  d'oxyde  de  ier;utie  autre  rivière  abys- 

I.  On  estime  tIi\orscinciit  raUitudtide  V  a  assemblée  »  des 
deux  >il3  ù  378-453  inùri-es. 


sinienne,  parallèle  au  fleuve  Bleu,  mais  qui,  beau- 
coup [dus  faible,  n'alleint  pas  toujours  le  Nil,  l'At- 
bara.  amène  èfialenn^nl  cr  rouge  terreau  qui  fè- 
cotule  Miyraîni.  Aux  i\\\H  rnèirrs  cubes  de  crue  du 
Bien,  le  Blanc  n'en  op[iose  <|ue  5005,  mais  aux 
loi)  mètres  de  Téliage  il  en  oppose  2*J7.  el  dans 
la  iinjyeruie  de  Tafinée  il  est  le  plus  abondant. 
Itlanc  l'I  Bli'U  réunis  ne  roulent  donc  eu  aval  de 
kliartoum  que  it>0  mètres  cubes  îiux  eaux  très 
basses  el  H  109  aux  eaux  trè's  liautes — ce  n  est 
même  [»as  la  l'onze  du  Bln^ne  en  Provence. 

Il  reste  an  Nil  une  dernière  cliaînc  à  vaincre, 
chaîne  d«  grès  qu'il  n  percée,  avec  cascades  ou 
[>lufiM  lon^  rapides  sur  des  granits.  Il  y  a  sii  de 
ces  fameuses  cataractes  du  iNil,  A  la  vérité  peu 
fcrandioses,  mais  tout  ce  qui  bmcliaît  au  mysté- 
rieux (leuve  tHait  nnrai-uleux  pour  les  anciens,  et 
la  (^'Ictjre  de  ces  cinitfs  est  une  fausse  gloire  qui 
va  rentrer  dans  la  modestie  sur  le  continent  où 
drsceml  le  Zaïj'e,  où  sautt*  te  Zambèze.  La  première 
des  cataractes,  surnommée  lu  sixième,  car  on  les 
fl  comptées  en  part^ant  d'Kgypte.  la  cascade  de 
Garri,  simple  rapide  entre  parois  granitiques,  est 
la  M  Porte  Nubienne  ».  au  seuil  supérieur  de  la 
Nubie;  la  sixiènnv  sue'uornnuV  la  première,  voisine 
d'Assouan,  par  HIO  mêti'es  d'altitude,  est  la  «  Porte 
r];:ry[ilienne  ti,  au  seuil  de  l'antique  Kgypte  ;  la  plus  * 
belle  tle  Itmtes.  cin<iuième  en  venant  du  b:iul 
lleuve,  secojule  en  venant  du  délia,  celle  d'tJuadi- 
llall'a,  n'est  qu'un  long  rebouille,  un  dédale  de 
cbenaux  el  caii.uix  dans  la  pierre  ;  de  ses  mille 
couburs  aucun  un  de  roche  assez  haute  pour 
assotjibrir  la  cliule  ou  le  glissement  des  ondes, 
el  le  (leuve  desceiul  en  ruisseaux  éparpillés,  sans 
rauqu*^  décliirenient,  sans  tontierre  des  eaux.  Le 
Tro[)ique  du  Cancer  passe,  ou  peu  s'en  faut,  sur  la 
catîirarlo  de  la  Porte  Égy|»lienne. 

Ilestes  de  vieilles  <'asrarles  usées,  ces  longs 
ètranglernenls  dans  le  granit  avec  frémissements  el 
bouilîonnemenls  (lu  llol,  relardeut  le  passagt»  du 
Nil,  pour  le  [dus  gi'and  bien  du  Nil  lui-même  et 
ilii  peuple  ib)u(  il  arrost"'  les  jardins,  car  si  te  Nil 
coulatt  plus  vile,  sans  olïslacle  enin*  le  bec  de 
KliartiMuu  et  l'Kjïypte.  sa  crue  serait  [Aus  rapide, 
plus  èl^hèruère  aussi,  el  st»u  eliage  en  terre  de  Mis- 
raïm  tout  à  fait  misérable.  11  en  est  ainsi  di*  notre 
S»'»uègal  comme  de  nolro  Niger  où  des  biefs  de 
rorbers  reliennenl  ([iielque  [*eu  l'eau  de  l'humide 
saisoji,  de  sorte  qu'il  on  pusse  davantage  |>eiidant 
la  sècherc33e. 

Vers  ie  grarnl  coude  d'Abou-Ilamed,  au-dessous 
de  la  qualrième  calaraole,  conmiencenl  les  irriga- 


I 


^ 


Kr.w'TJ-:. 


HM 


lions,  ei  dès  lors  le  ï\eu\o  diniiniii'  vors  l'avai  '  à 
inosun?  qu'il  coule  enlrc  les  gi;iïHls  monuments  île 
r;irrhi(erliii'*'  |)li;ir;Mttiii|ijiv  l.'^iO  kilimu'lres  de 
raiiiiu\  disli'il»uen(  s.t  triu'  *■!  ses  vas«'s  snns  qu'il 
lui  viuuiie  un  muI  .'iHUii'iiI  visiibte,  un  si^ul   vui^- 


seau;  il  ne  iveait  même  pas  les  liumLles  huilos 
d\\iuqui  luiddunserjojeusenient  le  sable  fin  d'une 

liais  sîi  vallée  d'iî^ple,  loujours  la  même,  «n 
retrouve  à  chaque  tléloitr  d'aval  les  images  du  dè- 


Femme  fellah.  —  Dessin  do  llonjat,  d'aprbs  uue  pbotveraphio. 


tour  d'omont  :  les  mêmes  eaux  inipures  ou  pures 

t.^|<ui  la  siisoii,  qui  n'onl  Jamais  moiiiH  de  .V)0  mi'- 

In-s  d(*  liujo'ur.  j.Mniiisi   plus  de  ^J'200;   nur  Ivurs 

burds-,  d'ifuiorubrabics  oii>caux  picorant  la  graine 

1  II  iliininno  moins  f]n'on  ne  initeihïnïi  <\e  tAiit  de  [H*rlt>s 
dVdu  ft.iii%  miciiiio  aori-'^îioii  d'jlllueiit  ;  tivs  Murccs  de  fond 
rtparcut  évidcuuucut  le  domiiintiv 


des  épis  ou  happant  le  poibbon  des  erues;  toujours 
les  mûmes  grandî*  lillaf^eB  d'argile  et  de  brique 
séeluV  nu  solt'il.  I<'S  uiûnu*»  maiiiboal?,  les  niêim'S 
eultures.  ri/,  rrrôale».  indigo,  col. m»,  (iraincsi  1»*» 
nn''m*'»  |Mï!mii.Ts  dans  le  niAmi'  cirl  implacable, 
d'où  df'sreiid  un  «  spleen  lumuicux  '  u.  Le  long 
1.  Tljcupbilc  Guulitr. 


i68 


A    TKRUK    \    \i\l    [ï'OISF.\r. 


de  SOS  rives,  du  seuil  de  l'ondo  aux  latus  d^serli- 
ques,  5  millions  de  palmiers  boivent  en  bas  [g  Nil 
bienr;iisati(,  en  luiul  le  snloil  snli;»ri*'n;  n^s  nobles 
arLivs  jirositêrrril,  la  rnrine  (Imus  leau,  li's  palmes 
dans  le  rayon  de  feu. 

Seules  les  rurlies  Libyriues  a  l'orcidenl,  les  lo- 
rbes  Arabiques  ù  l'orient,  vjtrienl  de  nnlure  et  d'as- 
pect ;  de  grès  rose  près  d'Assouan,  elles  sont  en- 
suile  de  grès,  puis  de  calcaire.  Ces  deux  rangées, 
si  lon^'"lenips  paiidlètes  el  voisines,  ne  se  resseni- 
blenl  d^ûlKiu's  qu'à  demi  ;  la  niuniille  Arabique, 
plus  haute,  a  plus  de  lignes  lieurtêes,  |>lus  de  ]Hrs, 
de  disK)i]uennuils,  de  cassures  :  il  y  a  nïi'ine  à 
Kêneb  une  espère  de  r;*ille  on  passa  penl-êtrt^  le 
Nil  dont  la  rive  droite  en  cet  endroit  n'est  qu'A 
iOO  kiloniMres  de  la  mer  Hnu^^e, 

Kntre  les  deux  sierras  tniroite  le  fleuve  sncri\ 
entre  temples  el  palais  ènj'oulés,  colonnes,  sphinx, 
parois  où  s  etagcul  des  grotles  sépulcrales.  Cinq 
cents  millions  de  momies,  autant  qu'il  y  a  de  vivants 
sur  l'Kurope  et  sur  TAfrique,  sont  coucliêes  dans 
celle  vallée  où  tant  de  générations  passèrent. 
Plus  séelics,  plus  laides  que  tt-s  squelettes,  noires, 
ndtes  de  grimaces  et  de  peau  parcheminée,  elles 
ont  parfois  pour  compagties  des  momies  d'aninifuix, 
spéeialemont  de  croeodilcs,  si  bien  qu'en  entrant 
dans  les  hypogées,  le  regard  eneore  ébbnii  du  clair 
lableau  de  l'Egypte  vivante,  on  voit  à  la  lueur  des 
torches  rimmobilc  earie^lure  do  H'^gyple  morte. 
Après  Tliêbes  aut  cent  portes  ',  qui  avait  50  kllomé- 
Ires  de  tour,  avec  des  monuitients  faits  pour  durer 
jiernbml  <lix  el  vingt  fuis  vingt  siècles  grâee  à  leur 
solidité  massive,  h  leur  cliuiat  st'irnissitno; 
après  Tentyrts,  l'Iolémaîs,  Aniinoë,  Meiiqdiis,  les 
villes  d'aiitiefois,  après  le  Coin»,  la  L'at>ilale  d'au- 
jouid'hui,  prcs(pie  h  lombre  des  l'yramides,  le  Nil 
se  bifurque  pour  enlacer  son  faîneux  di*l!a,  le  pre- 
niiei"  qui  ail  porté  ce  nom  grec.  Celle  boue  tassée* 
a  175  kilonièlres  do  longueur,  208  de  largeur  ù  la 
base,  el  tî^2lt>800  hectares. 

Le  Heine  ttujibait  jadis,  dit  la  vieille  hisloire,  pai' 
sept  lu'anchos  dans  la  Médilcrranée  où  ses  eaux 
tantôt  troubles,  lanlot  vertes,  gardent  un  inslanl 
li'ur  eouleur  au  sein  des  lUtts  bleu  d'azur;  mais 
de  nos  jours  il  n'a  que  deux  branehes,  Nil  de 
(loselle  et  Mil  de  Damietle.  Celle-ei,  [dus  longue 
de  25  kilomètres,  ne  verse  h  l'éliagc  que  2(Jl  mè- 
tres cuheM,  tandis  ipie  le  bras  de  ltos(Mle  eu  eii- 
li*aîin'  2ir>  —  en  tout  416  mètr.'S,  que  telle  oridc 
année  peut  abaisser  ù  5o{l,  el  c'est  le  second  (leuve 
du  lUfind''   eu  longueur,   sinon    le  jjeniierl   Les 

1.  Oj  mieux  :  Thèbes  ans  ft'iil  [witiques. 


crues  mi>ntent  à   13  400;  le  module  est  île  4750. 
Ni  Lune  ni  l'autre  branche,  lits  de  sable  et  de 

vase,  n'admettent  les  navires. 

Au  heu  de  pousser  ses  boues  jusqu'au  grand 
abinie,  le  Nil  les  dépose  en  alluvions  sur  la  cam- 
pagne tju'il  irrigue;  il  en  condile  louletneul  les 
lacs  deltaitpies,  le  Meii/aleh,  qui  a  120000  her- 
tares,  le  Bourlos,  le  lae  d'Aboukir,  le  lac  d'Edkoti. 
le  Marioul  on  Maréulis  l^Aleïaudl•?^.  Aucune  de 
ces  lagunes  n'a  de  profondeur  ;  séparées  de  la 
MéditerraïuV  par  un  cordon  littoral,  avec  gfûus 
quand  le  Nil  est  en  exfuulance,  elles  resseinblenl 
fort  <')  nos  élaîjgs  de  L'inguedoe. 

Voilà  ponrfpiôi  h'  delta  ne  gagne  que  2  mèirt.'s 
el  demi  paj-  an  sui'  la  mer,  et  f>ourquoi  le  sol  de 
la  Basse  Kgypte  est  plus  élevé  de  C  mèti-es  que  U 
c.unpagne  du  temps  des  Pharaons — on  l'a  du 
moins  pivlendu. 

Sans  i'arrosenient  régulier  du  Nil.  sans  l'engrais 
de  son  brum^tre  limon,  rien  ne  pousserait  dans  In 
vallée  d'l']g\|i1e,  4[ni  est  pinirlant  un  terreau  (le 
10  a  12  mètres  de  profondeur  apporté  d'année  en 
année,  de  siècle  en  îiièrlc,  par  la  crue  verte  des 
palus  à  S(*d<l,  la  vnie  bhineh.iire  des  plateaux  argi- 
[iHiK,  la  crue  rouge  des  monts  éthiopiens.  Sur  les 
I^JO  milliards  de  mètres  rubes  roulés  dans  les 
douze  tnuis  par  le  fleuve,  90  milliards  passent  en 
un  seul  trimestre,  penrlaiit  ie  fort  de  la  crue,  soit 
en  moyemie  du  ITi  juillet  au  15  octobre.  Vers  le 
10  juin  l'eau  eommence  à  monter  à  l'entrée  do 
rKgypIe,  vers  le  7  octobre  elle  cofumence  à  bais- 
ser. C'est  en  mai,  génèralenienC  que  le  Nil  est  au 
plus  bas;  au  plus  haut,  il  a  7  à  S  mètres  au- 
dessus  de  Tétiage  de\anl  le  Caire  el  10  à  17  de- 
vant Atjsouau,  prés  de  la  l'orte  Égypiieîme. 

Climat.  —  Si  le  pays  varie,  selon  que  monte  ou 
descend  smi  lleuve,  le  climat  ne  varie  pas.  Tou- 
jours serein,  avare  de  flocons  de  nuées,  plus  en- 
coi'e  d'oniges,  il  verse  A  TEgyple  un  éternel  été 
sec  auquel  on  résiste  mii'ux  qu'aux  vivs  êlectri- 
(jues  de  mainte  région  tropicale  ou  équatoriale. 
La  clialeur  n'est  tei'rible  en  Egypte  qu'aux  heures 
où  sou  nie  le  lormidable  khaniïiin  (sirocco),  dont 
te  nom  vient  i\u  mot  arabe  khams  (cinq),  parce 
qje  ce  vent  souftle,  «ssure-l-ou,  cinq  joui-s  de 
suite;  alors  la  fournaise  est  partout,  el  u  1»^ 
crorodiles,  demi-cuits  dans  leur  carapace,  se  pâ- 
ment avec  des  sanglots'  n.  Il  pleut  très  peu  sur 

1,  Ainsi  pnrie  Théophil^î  (îauticr*  mnfs,  à  vrai  dire,  il  n'y 
a  preitjuc  |>lus  de  cioruditeâ  et  il  n'y  a  plus  tl'lii|>jK>po- 
Ijiiies  dans  le  Ml  é;;ypticn. 


mÊÊ^ 


470 


LA   TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


l'Égyplc.  Alexandrie,  voisine  pourlanl  do  la  Mrilî- 
tiîri^iii^e,  tu*  m'oit  |iar  nn  qur  tJ^>0  niilliiui^Ovs 
d'eau,  et  lo  Caire  que  54  inillirtiôlres.  cinq  ci^nls 
fois  moins  que  certains  versants  indiens.  On  dit 
quo  ]e  farial  dv  Sui'Z  :r  qui'lqiir'  |h*m  ïnonillê  la 
s*»rht'resse  de  l'Ègvfite.  (l'rsl  un  eijriinlillage.  (Jue 
peuvent  contre  rèquilILre  cosmique,  le  long  d'un 
fossé,  quelques  étangs  ridés  par  le  vent  du  Désert? 

Les  Égyptiens  :  mélangôs  infinis.  Arabes, 

Copies.  Étrangers.  —  (À*  n'i-si  [>lus  je  lenips 
où  10  à  lî>  iiitlliuiis  d'iinnniies,  d'aulr^s  disent 
20  û27,  rourniillaieiit  dans  l'étroite  vatlêCt  au  btird 
d'un  fleuve  qui  coulait  dans  une  avenue  de  pahns 
entre  deux  rangées  de  statues  eolossiilet^.  Les  Égyp- 
tiens du  J4>ur  iie  ilêpiissenl  giièrc  sept  millions  de 
personnes,  vivanl,  il  (au!  se  le  rappeler,  sur  un  peu 
plus  de  3  millions  d'heetares,  lout  le  reste  étant 
terre  sahari^'ime. 

La  grande  foule  de  ee  fHUiple  consiste  en  Aiala^s  — 
Arabes  de  tangue  plutôt  que  d'origirie.  car  les  en- 
vahisseurs rnusiifmnns  îrouvèiiMit  le  i>'it  inlrrJeur 
densénierit  peuplé  jiar  les  descendants  des  vieux 
Égyptiens,  niasse  confuse  où  s'agitaient  les  sangs 
divers  des  j'aces  qni  liurenl  Teim  du  lleuve  sacré 
sous  les  l'rèiihîiraiuis,  les  l'iiaraons»  les  en»])ereurs 
persans,  les  l'Ioléniées  grecs,  les  panloerates  ro- 
mains :  Klhin|Hens  noirs  ou  hronzés  seulenierd, 
Aralies  et  Jlimvariles  du  temps  jîidis,  Idotids  et 
bruns  venus  de  l'est  ot  de  roucsl,  ou  du  nord  par 
les  barques  de  la  nuT. 

Les  Arabes  de  llnviision  xn*  détruisirent  poini 
la  nation  d'Egypte,  cpii  pîirlail  une  langue  sœur  de 
la  leur;  ils  s'unirent  à  elle,  ils  la  façonnèrent  à 
leur  idiomis  et  le  Coian,  livre  de  Dieu,  fît  (^n  îippa- 
rencc  de  ïout  «  aniocidone  «  devenu  Musulman 
un  pelit-neveu  du  l*rophèle  (jni  s'enfuit  nièinora- 
Ijlcmenl  de  In  Mecque  h  Médirte.  ih%  les  corïver- 
sions  à  la  <■  Loi  i>,  de  plus  en  plus  nonibretises, 
ont  fini  par  réduire  lesdits  autochtones,  repré- 
sentés anjounriiui  par  les  Copies,  à  400  000  hom- 
mes on  iptetque  peu  plus,  chrétieiis  merveilleuse- 
ment fauali(|ues,  surtout  conli'e  les  chrétiens  qui 
ne  sont  pas  de  leur  secte,  soit  contre  presque  toute 
la  chrétienté.  Les  trails  d<'s  t'optes  r;tp]iellenl  assez 
leuj"  origine  ;  ils  ressemblent  h  cirux  des  momies 
enqiilèes  dans  les  rochers  funéraires  du  lleuve. 

Le  peujili-qtji  se  fornci  i\v  la  rennuih'eih's  Arabes 
cnvaliis.si'nrs  l'I  ilcs  .\iiiili<pit's  otivaliis  si*  pénéha 
plus  tard  «11'  n4indnvux  éléinenls.  Le  Tnir  ay;irit 
régné  trois  cenis  ans  sur  l'KgypIe,  le  [)en[ile  dlv 
gyple  absorba  du  Turc  (ou  tout  ce  qu'on  [leul  com- 


prendre sous  ce  nom,  qui  désigne  ici  moins  une 
race  qu'une  armée  et  une  dominalion)  ;  les  Mame- 
louks, tant  Nègres  que  Circassiens,  Caucasiens.  Al- 
hnnais,  renégats  grecs,  slaves  ou  latins,  ayant  rivé 
pour  l'tismanli  les  ïuaillons  de  Tesclavage.  il  ab- 
sorba du  .Mfintclouk  u  aryen  )j,du  Mamelouk  c  lou- 
ranien  h,  iht  Mamelouk  <i  sémitique»),  du  Mamelouk 
^^  Inirnifiqne  n  ;  les  Négresses,  les  Bronzée>g,  les 
Cuivrées,  les  filanclies,  tilles  vendues  en  du- 
easîe  par  U-ur  père  ou  leur  frère,  it»s  Noirs  ou 
Négroïdes  volés,  la  lanee  en  main,  dans  tous  les 
pays  soudanietis  arcessibles  d'Egypte,  entrèrent 
profondément  dans  l'intiniité  de  celte  nation  dite 
,uralH\  et  ils  y  entrent  autant  que  jamais.  Enfin, 
KM)  000  Kuroi^-ens,  av.inl  tout  Grecs,  puis  Italiens, 
puis  Fi-ançais,  puis  Mallais,  Anglais,  Allemands, etc., 
ï'rxés  à  Alexandrie,  au  Caire,  en  toute  autre  ville 
im  (teu  grande,  et  le  long  du  canal  de  Suez,  ap- 
jHvrtenl  quelques  gouttes  à  ce  vieux  el  trouble 
(orrcnl. 

Sur  les  7  millions  d'Égyptiens  environ  250  00(J 
ivprésenliMit  l'éh'merjl  plus  ou  nicùns  nomnde. 
les  liedouins,  les  seuls  liomnies  vérit^iblcment 
Arabes  de  toute  la  nation  :  encore  sont-ils,  eux 
aussi,  heauemtp  et  diversement  ujélés. 

La  masse  du  |K?nple  .se  conqx>so  de  Fellahs, 
(Kiysans  doux,  bons,  résignés,  sobn*s,  sans  exigence 
pour  le  bdire,  le  inanj;er,  le  vêtement,  la  demeure, 
ayant  pour  Unihenr  et  le  soleil  el  l'ombre.  Leur 
vie  est  dure  Taillables  el  corvéables  à  merci,  pau- 
vivsgens  toujours  au  liavail  sous  un  ciel  qui  invik* 
an  ix^pos,  il»  cultivent,  ils  an-oseul.iilanlcnt.  niois- 
stmnenl,  el  sans  cesse  il  faut  dévaser  les  c^inaux. 
curer  les  rigoles,  renfoi'eer  les  digues  lorsque  le 
Nil  se  lève  pour  les  renvei-ser  ;  el  ce  qu'ils  font, 
leurs  ancêtres  brûlés  de  soleil  le  fii'ent  aussi  sous 
riminobile  regard  du  sphinx. 

Au  gain  annuel,  qui  est  de  pOOOO,  rKuroi«'*en 
lu*  contribue  guère  «jne  par  riniinigralion.  L'E- 
gypte a  la  répufHlion,  fort  exagérée,  de  dévorer 
les  étrangers  qu'elle  attire,  ou  si  elle  épargne  ces 
forains,  ce  qu'elle  fait  assez  souvenl.  de  les  dé- 
Iruire  dans  leur  descendance.  [}[iiiul  aux  Arabes 
cl  assimilés,  le  sol  leur  est  bon,  Tair  parfait,  ils 
cri>issen(  de  leurs  proprrs  forces  en  même  temps 
<[ue  ])ar  inlussusceplion  de  sang  noir,  el  leur  race, 
pour  y  élre  de  taille  assez  pi'tite,  n'en  a  pas  moins 
souplesse,  force,  agilité,  rèsislance  du  corps,  et 
Munenl  finesse»  noldesse,  beauté  de  visiige. 

L'arabe  est  l'idiome  usuel.  1^  copte,  lils  légitima 
de  i'uncien  égyptien,  a  tout  à  fait  disfioru.  même 
des  couvenls  ebrélieiis  qui  le  marnioUuieut  et  le 


elle  .1  dix  n»jî<  l'âge  ilc  Nolre-Dîinic*;  mais  i|ui 
OM'rnil  cmii|).uvr  lassise  de.  la  catli«'c)rale  de  l'jiris» 
util»  [H-'lite  iJf  hiisbt^  (Imiis  lin  ptiil  llcuve,  .î  la  citt^ 
turiiiilaire  de  SfikkMnilt  d'où  l'on  voil  lo  Nil,  h 
la  bnnio  do  dvu\  in(mdi"s,  l'KgyjïU*  tint  vil.  lo 
Sahara  qui  e^t  mort. 

Ah*xan(lrîtî  (250  000  liab.),  ville  grecque,  ila- 
licnin*,  fenrirnist'  et  li*v;niliin^  aut.inl  i[ii'ai'n|ji',  rst 
urio  grauck'  place  «It:  ronitiu'iTo,  tnilru  ta  Mùdîler- 


r.in4^e  et  W  lac  Maréolis,  îi  remlioucliuii!  du  CM\a\ 
doMnliinoiidii'li,  dérivé  du  Nil. 

Trois  vilh*s  riii-aralH*s.  mi-euro|w''eiines,  lM>rdent 
le  canal  de  Suez.  Elles  ne  soûl  <|u'A  tlenii  pros- 
[kêces  (|u<)i(|ne  les  navires  de  (ous  les  peuples  du 
ruonde  passent  par  milliers  sur  celle  coupure  de 
l(îi  kilomètres  de  longueur*,  œuvre  franraise 
eniifisijutV  par  les  Aîi^'î.'iis  suivant  l'aiilique  habi- 
tude. Purt-Said  (2U  OUI!  Lab.)  est  sur   la  SltMliler- 


Le  SpUiax.  —  Dciein  de  V.  BcncMsl^  U'flpr^s  iinr  pli 


ranée,  Ismaitlia  sui'  un  des  lacs  sah's  que  traverse 
le  canal,  Suez  (12  000  liiib.)  sur  la 


nier  Rouge. 


Siouah,  —  Des  oasis  r'gyplieniu's  hi  plus  célè- 
bre est  Sioitnh.  peu[>lëe  de  5(MjO  hornnu's  berbères 
proilifj^ieuseinent  déliMinirs  de  leur  sève  première 
par  des  alliances  avec  les  Noirs;  mais,  quelque 
((  Soudanieiis  n  i[u*ils  soienl  deveitus,  malgré  leur 
nez  (oui  en  narines  vi  leni's  lèvres  o  nfricaitH*s  n, 
ces  oasiens  pjirlenl  xn\  bei'Uère  i\\u'  r(ini|irejuhviil 
sans  trop  de  peine  un  moiiEa^'iiard  du  llaul-Allas 
ou  de  la  (iratide-Kahylie.  l'eiiple  itinnilésiiii.d 
éloigne  du  reste  du  tnonde  par  un  «nuisant  désert, 

I.  On  lui  Uonne  0500  uiiis  ou  moins. 


ils  vivent  au  pied  de  l'oches  fantastiques,  à  29 
mètres  an-ilesst»us  du  niveau  des  océans,  dans 
un  bas-fond  qui  fut  peul-ètie  une  baie  de  nier 
llouge  ou  dv  Méditerranée  :  de  même  il  m  |>eut 
que  les  autres  dé|>iessions  sahariennes  inférieur^'s 
i\  la  face  neéanicjue  soieril  d'anciens  golfes  obli- 
térés. De  Siouah  et  d'Aghernii»  les  deux  bourgs  de 
l'oasis,  tous  deuï  en  ajiiphitliérdre.  le  dernier  ^'anle 
ejuelques  vestiges  du  temple  de  Jupiter  Anunoiu 
nnfique  oracle  dont  tm  venait  chercher  les  arr»Ms 
ênigmaliques,  de  l'Kgyple,  de  l'I^'ient,  de  In  Grèce, 
h  Iravers  les  dunes,  sous  un  soleil  rougi  par  In 
poussièi^  des  sables. 

1.  Sa  Inr^cur  vnrif*  eiili-e  dO  cl  100  métrés;  sa  profooilMii 
est  de  8  riiùliYS  à  8  iiiétrus  et  tlciiii. 


Hnbie.  —  Eii  loul  som!ilal>le  ;i  l'Egypte  (|u'il 
OntiniK'  <Mi  ;imoiit.  c'esl-iWiin-  ait  smî.  r^'  pays  lin' 
ixiiii  (1rs  Nuiibj,  |:h.*u|iI<!  |>ltis  ou  tiioiiis  autiiirli- 
Umo  sur  li*  boni  du  NiK  eL  »i  ji'idis  il  fui  puî^s^iiil, 
mhiil  à  [MMi  (Ir  rimsr  îiiijoiini'luii. 

Ainsi  t\ii'vu  l*4;y|>(f'  U'  v.il  (.lu  Nil  y  Ibrnir  loulc 
la  terre  hobiUble,  3S0iXK)hectart»s  si-ulenieul  sur 
r|ur|i|ut*  2.%  î'i  ."0  iiiijlioiis  — ti^rrc  rriiilïcurs  >u[h'|- 
luiiiriil  frconilf  di''S  ijuVIIi*  t'sl  JirniM'i»  \y.ii  un  «Ifs 
Çwiaui  liK'S  du  Ib'uve.  $ous  un  t*lim»t  dV'line  t^d 
qu'il  y  II  jusqu'à  .Vï  dcjrrrs  ii  {'(Hidïr**  vi  cju**  di' 
b  iSrrte  Kfï\|ttit'nim  i'i  In  Porto  Nubieuuo  oit  jK'ut. 
(Iil-on.  Clin*  ruirp  l(>s  alimonls  dans  le  sable  sîins 
uutrt'  tfU  que  li's  rnyons  dti  citd.  Mais  si  le  jour 

U.  llktxv^  La  T«ft»t  &  vuL  b'uttfcAU 


csl  (Mnbnip<\  fraîche  est  \n  nuit;  iiirriif  uljrsoiiilile 
froidi^fiii  V(Mil  ifii  Nnrd.  ipii  est  li*  suirrilc  ïf  plus 
fivi[ucril.  (Il'ï)  hi'urL's  où  l'on  liissoinM'»  biilhirites 
de  lune  ou  (réluiles»  la  puissante  et  terrassanlo 
fudi'ur  dti  sidt'il.  f'rxfrerne  mmIkMi'ssc  [tirs<[ue  winis 
rosée,  el  aussi  l'extivoie  >.'diil»i'ili-.  la  dune  <|ui 
n.niiuil  de  refTrtlrini'iit  dn  j;rr*s  el  »nif  Imijours 
cel  elTriïcinriil  .•lU^MOiMile,  le  sdilc  (jiti  inarefie  avee 
le  vent,  el  au  bon  [<*>  tnonis  ininuiabirs,  gcariits, 
laves,  calcaires  (|ue  la  fiuniêre  t^pure,  c'est  ainsi 
rpie  l'AlniiHir  ou  S-diara  de  \ubie  resserubb»  au  Sii- 
ji.oa  d*K^V|»li'.  hr  rnèirie  le  Nil  niilHeti  resM'ni 
bit*  au  Nil  égyptien,  et  sur  st*s  lient  bords  se  mi* 
raieul    les  temples,   les  pylônes,   les  spliinx,  les 

(U) 


LA    TERliE    A    VOL    D'OISEAU. 


colosses,  los  pyramides  el  la  roche  des  grottes  fu- 
tii''jviir*'s.  l»aii:i  U>  uùdl  de  L»  t'onhvo.  .'lu  snd-i'st 
(le  |inii<;al.').  îiu  rionl-oïK'sl  i\r  Kli^irtouir»,  il  |ik'ut 
qut'liiuc  |*flii  et  II»  iiê^erl  cl.»  Nubie,  [M'ril;nil  dt»  sii 
sôi'lu'  ;iri(iili'\  doviouf  \v  sl('[t|K'  di*  lUyouda. 

Biiràljra  du  .Nord,  l>aiia;;ki  uu  Barâlifii  du  Sud. 
NouIki  ou  Noj),  peuplades  imiivs  qui  se  sont  diver- 
scjiienl  unies  h  d'rtiih'is  Ni''«,nvs.  t-'esl  le  l'eiHl  di"S 
Nuhieiib  iiilolii|ties.  lions  K'Ihifis  assidus  îui  sol,  le 
!ra\callaiit  sous  la  llèehe  aif,'Uê  du  soleil  el  sadiaiit 
Tan'useï'  ;  (r.iilleiirs  e\n.»[|i*iits  inusnlriKuis  depuis 
qut'  les  Arabes  les  nmverlireul  au  Itieu   iitiitjue. 

Arabes plusou  moins  pui*s  &oul  les iioiiiddes,  ber- 


gersdansle.di^sert,  sur  l'une  el  l'autre  rive  du  fleuve; 
tiMis  se  pi'étendeid  de  race  droite  et  beaucoup  ne  K' 
sont  |i.-ti'anriin  aoei\lrc,  mais  hi  latigue  du  ••  Livre  » 
iiinrclie  rapidement  à  la  eonipaMe  du  pays,  i'nrini 
ees  f»asleurs  h   [ir'''iiotjdê!'aiu;e  est  aux  Bieliaris. 

Ainsi  dans  la  .Nubie  les  sangs  se  couroudeni, 
eonfusion  et  fusion  d'où  se  dégage  une  raee  ploii- 
geaïil  [Kir  ses  rarines  en  Arabie,  en  Ethiopie  cl 
dans  iaidique  K*^^y[>te  —  raee  encore  indécise  mais 
que  fixeitl  peu  h  \h\u  In  ibi  dniis  l'islam  et  l'usage 
de  la  lantrue  arabe. 

hoiiLtoLu  f[ne  tiOOO  mètres  séparent  de  l.'i  rive, 
gauciie  du    Ml,   n'est  tju'une  asse^    pauvr<'  vjllfl 


ConUtirnl  du   ^il  DIano  et  du  ÏNil  Rlotj  nu  nt;C  de  hliarloum. 


de  7000  rîmes  avec  maisons  d  toit  et  non  pas  à 
terrasse — on  nestjdns  icï  dans  la  zone  (oui  à  fait 
sêrénissime  et  rauiié*'  ne  s'en  va  point  loiyoui's 
sans  orage  et  sans  pjiiie. 


Soudan  d'Egypte.  —  En  ainont  de  Dongol;i. 
entre  \n  troisième  el  la  ipiatrièiiio  cat^u'acle,  l'iii- 
tluenre  ellmiqiii^^  des  Arabes  eesse  d'élre  prêpoff- 
<lér:inti*.  tbi  delta  du  Nil  à  ce  rntli<'u  de  hi  Nubttï 
on  na  pus  tpiillé  le  soi  4n'i.  d'ère  innrièmoriabs 
nianes  et  «Seinilesu  font  alliaueeavee  les  llronzes 
et  les  Noirs;  rïiatsdésormais,  en  reiiioulanl  le  lleuve 
on  arrive  aux  pays  où  le  ;\èy:re  est  plus  nijnibrenx 
que  le  lllauc,  et  le  iVnen  cpie  le  Musnljnan.  lîès 
qu'iMi  a  dépassé  la  sixième  ralaraete,  un  entre  dans 
le  Soudan  et  aussi  dans  la  zone  des  pluies.  Alors 
0  I.  ItiHucncû  de  ltit);;Lje  l'IutùL 


tout  rliiin;,ïe  el  le  désert  dis[)araîl;  on  a  la  savane, 
le  marai^,  L*  pàluiay^e  iinmeriM*.  lelMeuPel  la  va- 
eln\  b's  prujdes  [tasieuis,  Mimee  d'eselaves,  II* 
lion,  le  rliinoeéros»  l'élépluifil  ri  L*  renilleur  toni- 
truant (pje  li's  r.rees  nojinnérefil  eln;val  de  rivière. 

Ivbarfomn  Ç*i^  000  Lab.).  la  seide  vraie  ville  de  ce? 
pays,  boiile le  >il  Bleu  immédialernenl  au-dessus  di' 
son  coidluent  avec  li-  Nil  Lllanr-»  tout  a;i  bout  du 
Sennar.  pn*s(]u'ile  ellibV  eoiriprise  entre  les  deux 
Meuves,  fleino  du  Soudan  d'Égyple,  elle  est  eu  deuil 
de  sa  grandeur,  mais  elle  revêtira  la  robe  de  gleire, 
car  sa   lourrlie  de  rivi>n?s  Ini   g.iranlil    l'avi-nir. 

Ln  rentmifanl  le  Nil  à  pai'lir  de  Kliartoum.  on 
reneonlre  divers  peuples  aborigènes.  Cliillouks. 
Detilias.  Baris»  etc..  qui  ont  eu  maille  â  partir 
avec  les  É^^yptiens,  puis  qui  si*  Sf>nl  débnrrasst»s  du 
joug.  On  estime  les  Cliillouïcs  à  1  200  IXKl,  eu  Imis 


L 


^â 


OJvPKNDANCKS  DE  l/J-fiYPTK. 


AVo 


mille  villflgps;  IW-s  lippus,  très  noirs,  fort  laineux, 
ils  voni  s.iiis  liahils  :  r'rsl  \mr  «  vprtu  »,c'esl  leur 
pudeur.  Los  IViikas  sont  uu  p(Mi|tie  do  horgfers  non 
moins  nus,  non  moins  iilol^Urrs.  \a*s  Itnris,  diins  la 
conIrtV  de  Lado  cl  de  la  dcfunlt'  (îtmdokaro,  puis- 
sent aussi  des  troupeaux;  au<'un  vèti^nieiilnetMclie 
leur  inâU»  presUinco. 


Kordofân.  —  Un  amont  de  KhnrlouMi,  en  taco 


du  Scnnîir,  la  puissance  fmmclnnte  du  Nil  sur  sa 
rive  gauche  n'agit  que  dans  le  voisinage  mrrnr  dit 
fleuve.  I)i*'s  qu'on  a  cessé  d'apereevoir  l'oiidi^  i\u'i 
j^lisse  larifjnissinrinient  vers  la  .Mrdile!i*ant'*e  avant 
de  s'êcroidrr  p.ir  d^s  ratchs,  dos  cataractes,  le 
sieppo  i]n  Kt*rdofân  commence. 

Sleppc»  si  près  du  ctturaiit  rècoiidaleur,  parce 
qu'il  ne  lui  vient  d'en  liaul  que  5^  r*'ntinn''(res  de 
pluie   par  ;iiï,  dans  une   seule   suisuUp   celle  des 


D^nt  le  Sleppe,  entre  Kordûrdn  et  Darfour.  (V^T'  p>  476.)  ~  Dfssin  rie  K.  Gir-ardet,  d'aprùs  un  cToquis. 


klinrir  ou  des  ondées  ;  tout  le  reste  de  Tannée,  le 
fief  ou  temps  s«^c  est  sans  une  goutlelette  d'enu. 
n  ce  poiiil  qu'aucun  des  klierAn,  MutreriiiMil  dit  des 
oucds  du  pays,  n'a  la  f^rce  d'atteindre  le  Nil  h  tra- 
Tprs  tout  le  déroulement  du  Steppe, 

Il  se  peut  qui»  ÔOOflflfl  lioinnics  vivent  ici  sur 
S5  niillîniiïi  d'Iieclaro,  si  l;uil  rsl  que  If  K()nf(d';^ti* 
c|u'4)n  nomme  uussi  Konlofal,  ait  des  liornes  natu- 
rtdles**t  des  Iroutirrcs  poliliques.  Onidqni's  huiles, 
quelques  cliaines  de  coteaux  soiiliActit  <;.i  et  là  ce 
plateau  de  400  à  'MH)  mêlivs  d'allitudr;  des  monts 
«y  drfsjicnl,  notamment  le  Kordurân  (850  mètres). 


ninis  ces  monls  soni  isolés  et  rn' sauraient  tncerde 
limile. 

EM)|)ei4l  ou  Lolieil  passe  pour  avoir  oOOOO 
dnies,  à  57î>  itictres  au-dessus  des  mers,  à  une 
vingtaine  de  kihiméires  à  l'oui^sl  du  Hjebel  Kor- 
fl(if'*^n.  Sa  supérioi'ilê  dans  li*  pa\s  vicrit  de  ce 
qu'étjinl  sous  le  4'iel  le  nuiins  ini[d  nalde  de  tout 
ce  steppe,  elle  a  pu  groujM'r  anhun'  d'elle  la  plu- 
[MU't  des  sédentaires.  (Juanl  aux  notnudes,  ils  er- 
rent sur  les  sables  du  plateau,  faits  <U^  la  dé- 
n*nqM)sition  des  roches;  ils  clierclient  les  pAlu- 
rages,    les    Tuntaines.   furt   rares    ici.    les    i)uits 


i7ft 


i.A  TKRnr:  a  vol  D'Oiseaii 


creusi^  h  25,  ù  '0,  jusqu'à  TiO  nirln*s,  v\  4111 
Irap  souvent  <li)nmMil  une  enu  «  cliirni'iuo  h,  de 
goût  sali*;  ils  |iliiiiïenL  knir  [vuiv  |)rrs  d'un 
l)ïiubali,  d'un  bouqiK'l  dt;  Uniariniurs,  d'uei  boÎH 
d*'  pHïitiiiiM's.  arijri»  <ï'm(  !n  s(*u\o  (nvscnrt*  iii- 
di4|UP  le  drsort  ou  liî  dtutji-drsiîrl  ;  l'aulrurlio 
qui  luil  devant  t'ux  nifipelle  aussi  le  vasle  Ste|tfi(', 
vtùn'  It*  S,'dini';i. 

Stli;tr;u  II*  Kunlorrni  uo  l'est  pfls  oncore,  mais  on 
dil  (ju  il  11'  i)«'vi»'ul.  et  quVvidemmenl  en  dessicca- 
lioii  il  |f:irlii-j[H'  île.  moiiïS  en  moins  :i   In  n.iLurn 


niloiique,  de  plus  en  plus  A  cello  do  In  lande  aride 
vl  liicutrM  iiupuiss?ïnh'. 

Cli'ltc  cûnlivt'  u  Mv^w  »  n'a  pn  donnrr  luieune, 
imilède  race  ïi  ceux  qui  la  p/uTourenl  ou  riiabilen^ 
h  dtMnouiT.  Ici  eiK'oi't'  c'est  le  f.omn  qui  a  jKissi^ 
sous  le  nivenu  les  hunianilt's  divei^es,  Nègres  plus 
ou  moins  pi^ntUi^és  des  sucs  antiques  du  sol,  ^oubn. 
ninirhaiids,  né^^rirrs»  pivdicaleui's  cl  rouliers  nr-a-i 
JM's.  Tout    ce   monde,  esclave  aux    trois  quarl$^ 
nous  dit-on,  devient  intellecluclleTnent  et  morale 
ini'nl  arabe.  Déjà  iiirrno,  pivl  à  sceller  s;!  loi  dc 


Sur  le  M]  nunc  :  muikteiu  nègres.  ~  Dessin  de  Ronjal,  d'après  uno  photographie. 


son  sang,  le  Kordofàn  a  susdit*  un  ri'oplièlo\  un 
«maîlredi;  rinMni'n(jui  n  lovi»  son  yatîi^n  sur  PAii- 
gletertf. 


Fôr  ou  Darfour.  —  A  lonest  du  lûirdofJn,  le 
Fàv  ou  IKirlour*  uiarque  à  roceideut  la  fin  du  bas- 
sin du  Nil;  sou  mniire  innssif,  le  Ma r m  (I8r>0  mè- 
hvs),  lave  sur  ;ïriuiiï,  furrne  Ihile  entre  des  oue4ls 
qui  von!  ;nj  (louve  d'I-'j^ypte  et  d'autres  qui  selon 
ioule  vrîiisemblaue.p  vont  an  T/.;V1*^  on  Tsad  ou 
Tchad,  gratide  Ja^aine  iulêrieure  siins  écoulernt^nl 
vers  rOcéan  nu  la  McdileiTanêe.  Ces  oueds,  d'ail- 
leurs, ne  sojil  |ias  de  (iers  toneuls  bravant  l'ardeur 

1.  Lt>  nmlali. 

2.  I^ar  h'oiii%  iiuin  ai-alic.  vl'uI  dire  :  Bcjiieure,  pnys  des 
Fôr,  ik's  Kotir. 


du  ciel,  les  fissures  de  la  roclie,  la  traverstV  dessa- 
bles, et  ilsnecouletil  parre  qu'eu  Siïison  pluvieii^ie. . 

Sur  son  aiiT  sieppeuse  qu'on  porle  hypotbrli- 
quemenl  à  50  millions  d'bectares  vivent  \  500  0(W} 
personnes  (ou  a  ni(?me  dîl  i  millions)  dont  500  ()O0 
Arabes  à  peu  pjvs  pui*s,  pasteurs  i-iehenient  pourvus 
de  chameaux,  et  750  000  lM>r,  iNègres  «  nutoclilo- 
nes  H  avec  une  langue  nègre  qui  recule  devant 
l'idiome  |MjrIe-voix  de  l'Islam;  paissant  elièvres, 
moulons  et  tMinifs,  ces  F<V  tiennent  les  monts 
Marra»  centre  de  la  conirèe. 

La  capiL'ili*  se  nottune  FJ-Facber  ;  c't^l  un  amas 
de  mtvb^stes  cnbanes,  sur  le  sentier  des  caravanes 
entre  le  Kordoiîta  et  lïhiadaî,  à  737  mètres  d'alti- 
tude, sur  un  êfang  chaque  année  tari  pembuit 
quelques  mois  dont  l'imed  appartient  nu  bassin 
supérieur  du  Dahr-el-Gliazal  nilolique. 


ADYSSINFE. 


477 


I 


Lo  lac  Tana.  (Voy.  p-  478  }  —  Dcs&in  ilo  E.  Cieén,  d'après  un  croqiis. 


>/ 


ABYSSIN lE 


Monts,  ambas,  volcans  trépassés.  —  Entre 
rarcK^ril  lillonil  tli»  la  nn-r  Itou)?*',  les  lii'scrts  tor- 
ridos  ^i  \os  fij\tui*ngï's  d<»s  valkVs  intlituVs  vers  les 
drux  Nils  iiu  vfi-s  l;i  nier  ilt's  Indrs,  l;i  rnonl;if;inMiSL* 
Ali)^->iiiic  riivoio  si'S  r.iux  h  ci?s  vallées,  à  ces  j)|ai- 
nes,  à  ces  désoris;  elle  en  reçoit  ou  en  combut  les 
toigralit)nîi. 

A  dit  el  «[uiiize  degrés  seulement  de  l'Equateur, 
ce  devniil  iMre  une  eonlrée  ardemment  (ro|)ic;ile. 
Liiii  th*  là.  fniîrlie  ou  froide,  elle  nVnerve  |H)inl  iM 
riiimuni*  y  lulle  ettntrr  les  vents,  les  IViniiis,  les 
nuits  glnc^^s,  les  froides  eaui  des  lacs,  les  rapides, 
les  torrenU  toujours  entre  di'U\  «astrades. 

Snns  doute  qu'au  sud  ses  niuiUs  vont  s'attacher 


au  K«Vûa  et  au  Djarn,  Plus  liauts  nu  midi  que  nos 
Alfies  de  Savoie  (si  le  mon!  Ourito  se  dr(*sse  bien 
h  50r»0  mètres,  cliej:  les  dallas),  iln  n'ojit  un  nord, 
dans  rAbvssiiiie  |trn|nt',  que  la  l;iil!r  ilrs  Alju's  de 
.Suisse — ÔOOU  uïèlres  au  irioiiis  d.iiis  le  nifissif  du 
Godjiim.  au  Talba  Oualia  ;  plus  de  iOOO  dans  le 
Liista,  (]u'eiitoure  à  denii  le  rour^  i>u[)érii'ur  du 
|tuiss'inl  ùuTent  Taka//.ê;  i.VXl,  jilus  ou  moins, 
dans  II*  Sim^n  ou  Somén,  ou  encore  S<>mi^n,  ce 
qui  veut  diri*  la  Terre  Froid**,  le  Pays  du  %n\\  : 
là  dominerait  lo  Uas  l>;ijan,  diversertitMil  cslintê 
h  4i5()-i(i51  mètres,  et,  à  s(»n  dêfauU  l'Aliha 
Yaivd    (4^85-4602),   sinon    peut-tMre    1*-    lUmaliiJ 


478 


LA   TERRE   A    VOL   ï)-OÏSEAU. 


Ces  gt^ants  ne  pnraissenl  pas  U  leur  nvtinUige;  on 
ne  les  voit  giièn*  ou  l'on  ne  l*>s  voil  jtas  des  r.lusra 
téiiéhrousos  (pii  divisent  lénornu^  .uTopoli'  -ihys- 
siniennc  en  riliHlt^llcs  gigantesques,  fl.  ri>ntf?mpU^s 
dos  j»latt';iiix  ^-otilour  d'onv  voui^v  rju'il*  ne  roin- 
iniuulciil  qii**  Ji*  5011,  600»  rttvinenl  800  mêlroti, 
ce  sont  presque  dos  nains»  bossus  ou  trapus. 

I.a  li.niliMir  nujyi'îiiit'  du  pays  serait  de  2200- 
2500  iriêircs;  t^uiidni'  a  snn  siltï  îi  2(f50  mûlrcs, 
Axourn  h  2250.  Sokota  à  2250  t'galeinenU  AnkaliiM- 
îi  2;i0[t,  Debivi  ÎMltur  ;i  pins  de  2<iilO,  Angidnlji  à 
2S(U).  A  (k*  paivilli's  hiuileurs  In  sjiluhrilê  du  l'îiii^ 
est  grande,  mémo  de  mai  à  seplenihro  pendjjil  lu 
saison  des  pluies,  les  fièvres  de  marais  ne  moulant 
guère  qu'à  20110  moires. 

Si  l'Auvergne  était  de  grès,  si  ses  monts  avaient 
Lri|ile  îjaiileur,,  si  si's  rasrades  jjr'êeipitaienl  de 
grandes  riviAie^^au  Heu  de  jeter  des  ruisseaux  et 
de  suspendre  des  écliarpos  de  brume,  l'ALyssinie 
rcsi>erubb'r.'iit  à  eelle  mère  des  vieux  volcans  de 
France,  (lomrne  dans  noire  xVuvergne  les  Dure,  les 
Di^me,  le  Canlal,  b's  irtimls  d'Aubrae,  mais  avec 
plus  de  granilenr,  ellt»  oflre  piirmi  ses  debras  ou 
montagnes,  ses  nmlms  ou  Ud>les,  une  inJitiie  di- 
versité de  pies  et  de  dûmes  de  soulèvement,  d'ai- 
guilles !>asalIiquos,  d'orgues  nu  colonnades,  de 
cAnes  qui  furent  des  voleans.  —  Six.  peut-être, 
Imneiil  encore.  —  Kl  çâ  4-1  l;i  datis  les  (salures 
un  ian  ovale  ou  roiid  emplit  d'eau  bleue  qnebjue 
ci'rtlère  antique  où  luisaient  des  iavi-s  rougeiUres. 
On  ne  trouverai!  pas  aisémeni  dans  le  monde  une 
terre  plus  bouleversée,  plus  sens  dessus  dessous 
que  re  pays  aux  quatre  mille  cascades.  Les  Abys- 
siniens disent  qiu'  quand  bieu  débrouilla  la  Terre 
il  oublia  l'Abyst^inie. 

Lac   Tana  :    Abaî  ou  Nil   Bleu.   Takazzê. 

Atbara.  —  Le  plus  anqde  des  lacs  abyssitiiens  et 
aussi  le  plus  beau,  le  Tana  ou  Tsana,  qu'on  nomme 
êgalemeiil  lïembéa,  ouvre  sa  eoupe  de  rîOÛ  000  bec- 
lares  '  à  1800  rnèlres,  soit  à  2  rnèlres  près  h  liau- 
teur  du  premier  dr's  monts  du  CatdaL  Mainte  ri- 
vière enscftdanïe  entre  dan^  son  cristal,  Maguelcb, 
(Hiiiioara,  Ueb.  eL  jiltis  ;d)otidaol  (jue  tout  aulj'e, 
l'Abaî,  né  vei*s  27-iO  mèti'es.  Ces  eaux  violentes 
roiïleni  di\^  débris,  mais  le  Tana  les  éfiui'û  el 
lAbaï  est  elair  quand  il  sort  du  Léman  irAbjfSsinie, 
miroir  a/,uré.  On  croit  ce  lac  [iroCoiid,  qu'il  soit  un 
vieux  erilère  ou  simplement  le  rivux  d'un  grand 
analsscnn^nit  de  rorbe,  nïais  la  sonde  n'y  est  en- 
core descendue  f[n'à  72  mètres.  Ici  des  marais  le 
1.  Exacïeiueiil,  2*M  01)0. 


bordent,  là  c'est  b'  sol  ferme;  les  monts  du  pro- 
chain lioriïon  atteignent  ou  dêpasseul  5(H»0  niè- 
Ires. 

L'Abaî,  large  dès  sa  sortie  de  100  h  200  mètres, 
c'est  le  torrent  de  1500  kibimèlres  (pii  va  s'al- 
lier devant  Kbartoum  avec  le  Dalir-el-\biad  uu 
Fleuve  Blanc,  sous  le  nom  de  Ual!r^*l-Az^ok  ou 
Fleuve  Bleu.  A  8  kilomètres  du  seuil  du  lac  il 
s'abime  ftar  la  cascade  de  Uuoreb;  plus  bas  11  se- 
croule  de  25  mètres  au  Saut  de  la  Pumêo  (Tis  Esal), 
autrement  dit  de  ta  V;ipeur,  puis.  Jusqu'à  la  pl.iine 
basse  où  le  sob  it  allume  iL*  t(»rril)les  cbaleui's,  il 
se  brise  imi  un  cagntm.  Via  Main  digue  de  l'A- 
byssinie,  qui  est  le  pays  des  couloii»s  alTreusenient 
pi'ofonds.  Il  y  a  même  un  passage  où  ce  gi*and 
bras  d'un  grand  fleuve  n'a  que  deux  à  trois  mètres 
de  bu-geur  :  e'est  une  sorte  de  Perte  du  Bbùne 
a\et:  un  pont  ijue  les  Lusitaniens,  abu-îi  ubiquistos, 
jetèrent  sur  le  gouffre;  à  ce  plus  élroil  passage  le 
crorodile,  fréquent  dans  TAbaï,  ne  peut  nager 
qu'en  long.  Aux  deux  côtés  du  couloir  les  rocbcs 
îi  pic  dominent  le  «  Bleu  »  de  fOO.  200»  500  mè- 
tres, el  il  coule  à  [ii-ès  ou  plus  de  800  mètres  au- 
dessous  du  niveau  général  du  plateau,  |«ir  un  dé- 
tour iimnense.  d'abord  au  sud-est,  puis  au  sud- 
ouest,  puis  au  nord-ouest.  A  Famaka,  c'est  la 
plaine  ;  il  y  marcbe,  ou  plutôt,  resté  rapide,  il  y 
cnnrl,  ayant  de  rive  h  rive  500  à  lOOO  métrés,  fort 
de  150  à  GlOi  mètres  cubes  suivant  le  lenq>s  el 
Theure,  entraînant  avec  lui  dus  boues  rouge;;  qui 
sont  le  fumier  de  l'Ivgyfite. 

L'autre  mailn'sse  rivière  d  Abyssinie,  le  Ta- 
kazzê, a  poui'  corurneneement  une  Hmlaine  d'eau 
ctïande.  f^e  u'esl  jias  sons  w  iiorn,  r'esl  sous  celui 
d'Attiara,  [ii'is  d'une  riviér'e  bien  moindi'C  que  lui, 
que,  large  eu  jnoyenne  de  400  mètres,  il  se  dirige, 
eu  deliors  el  au  bas  de  l'Abyssiriie,  vei*s  le  Nil  de 
Nubie  en  amont  de  Bei'ber;  il  ne  ratteint  pas 
toujours»  et  dans  la  saison  sèche  il  est  bu  h  plus 
de  trois  cents  kilomètres  en  amont  [lar  un  sol 
aride  el  pjr  des  eicux  qui  donnent  la  rosé»\  mais 
ne  versent  pas  la  pluie;  et  de  nïéme  que  rAlb.irn 
n'arrive  point  conslanuuent  au  Nil,  le  Mareb. 
torrent  très  long',  n'arrive  pas  en  tout  lenq^s  à 
l'Atbara  qui  matbeureuseuient  n'a  p  ».;  ronmie 
l'Abaî  de  lac  Tana  pour  laver  et  réserver  ses 
enux.  Eu  juin,  saison  des  plus  gi-andes  pluies 
sur  les  monts  abyssiniens,  les  torrents  montent 
jus(ju'à  cent  pieds  »witre  des  pans  droits;  ils 
descendent  au  Takazzé,  furieusement,  avec  UD 
bruit  de  tonnerre,  et  eu  quelques  beures  ils  jettent 

1.  C'est  lu  rivière  de  Kns>;ilii. 


I 


4 


t 


ADYSSINÏE. 


470 


sur  les  sibles   un  llouve  d'eau   lurlnH*-.    IK'vîhiI 
Soii»  daas  des  givv(>s  sèclies  la  veille,  passe  i;:ii'- 


fois  on   l»ououse  îiv.ilanclio  une  vii-^ui*  <lt*  dix  h 
cjuiiizi'  niArros,   Mijts  lroul)ir's  |Kir  If  Ihiiii   luiinud 


480 


LA   TKUUK   A    ViH.    D'OiSKAL". 


(jui  v;i  se  confoiuInrU  iiii  rjiidi  uwv  relui  des  Callas  ; 
les  ilèiiir*s  où  il  s«»  jnvcipile  entre  ces  parts  de 
la  «  Suisse  nfrîraine  in  ont  jiisqu';»  sept  renia  Jr»è- 
(resde  pnirojuleur,  du  cnnroniitMtieul  de  la  roelio  i» 
l'onde  ulïî^eiin'  ou  blytx'hissatile;  ailleurs  i[  y  en 
a  mille,  *louze  cents,  eomnie  le  loii^^  de  la  Hjedda 
et  du  Bêcliilo»  daïjs  le  bassin  de  rAkiï;  aîlleui'S 
encore,  deux  mille. 

Kollâs.  Toîna.  Degas.  Simên.   Samhar.  — 

Ainsi  que  les  llêpuhliques  <  haines  ^  r'|;t<^r,'M^s  sur 
les  Andes  el  sur  les  niun(s  de  l'Antérique  eenlrale. 
l'Abj^sinie  se  divise  en  tmis  réifioiis,  trois  nalures, 
ou  (uut  diffère.  Connue  ees  Étals  esp[i;T^nnlis;inls, 
elle  a  ses  Terres  rliaudes,  ses  Terres  lernpérées, 
ses  Terres  fmides. 

Au-dessous  de  dîs-huil  eents  mètres,  les  (erres 
biisses,  rjui  par  cela  rtïèine  sont  les  terres  eliaudes, 
se  nanmtent  les  Kultas  uu  KuulLis  ou  Kunaltas  : 
soleil  violent  ^  exeês  de  cbaleur  et  d'Iiuniiditè, 
forints  puissantes»  gnnuls  animaux  <luns  les  Imutes 
herbes,  eiel  et  sol  propiei'S  ans  jdantes  qui  airuent 
l'air  tiède,  ftiunuis  mouillé,  les  Kolkis.  uftieine 
de  fièvres,  ne  sont  pas  la  véritable  ALyssinie,  qui 
coninietiee  avec  la  Vuina  on  Onaûni-Déga. 

Entre  dii-liuit  cents  et  deux  inille  cin(|  cents  ou 
trois  mille  mètres,  la  Vuïna  ou  Ùuaiiin-bégîi  doit 
ce  noïn  à  une  espèce  de  vigne  dont  on  ne  Fait  jias 
de  vin,  par  ignorance  ou  paresse,  d'est  là  que  dans 
le  (eîups  de  leur  gloire  les  liomines  du  petit  ])eu- 
ple  i]ui  a  liiil  le  [jIus  de  grandes  elK»srs,  les  PimIu- 
gais,  bâtissaient  des  ïmlt^  el  planîaioid  des  cL'ps. 
Terre  tempérée,  elle  se  dresse  eu  moiils  ou  s'étend 
m  plateaux  sons  un  clittint  jjussi  doux  (jue  celui  de 
lii  Provence  uu  de  la  Corse;  des  céréales  h  l:(  vigne 
et  à  l'oranger,  elle  donne  lîbéraletnenl  tout  ce 
qu'on   lui  dcniamïe. 

[Mus  liant .  les  l)ég:»s,  terres  froides,  montent 
jusijuâ  quatre  mille  nnMres.  Si  l:i  Voïna  est  une 
ahna  7iïiîn.r,  les  liégas  sont  1;»  magna  parens  du 
paysan  et  de  rboniuie  d'armes. 

Au-d(*ssus  des  pâfurrs  fraiehes  et  profusémenl 
aiTOSées  4ies  hégas,  le  p;ns,  trop  fi-oid,  n'entretient 
plus  d'habitants  nondireui  avec  chevaux,  bo'ufs 
v[  nioutiins.  Le  [dus  élevé  des  pays  abyssins,  c'est 
le  Siruèji  ou  ïsmuMi,  au-dessus  de  la  rive  giiucbe 
du  Takazzé;  le  plus  bas,  c'esl  le  Siunhar  ou  Mou- 
doun,  entre  le  pied  loienîat  des  nn>nls  e(  la  mer 
llouge.  Il  ne  plrut  p.ts  sur  le  Sainfiar»  il  plrul 
beaucoup  sni-  b-s  hauts  d^duas;  datis  lu  ré^^ion 
movenne,  lenqiérée.  il  londjc,  ^np[iose-t-on,  à  ]»'u 

\'  i\isi\nd  70  tlegrês  int  sulcjl,  même  75. 


prés  autant  d'eau  (pi'cn    Trance.  soit   800   milli- 
mètres par  année. 

Avec  tant  d'étfigenienis,  et  par  cola  même  l^int 
de  climats,  laiit  de  flores,  l'Aliyssinie  pourvoirait 
[)]rsqui'  n  elle  seule  nos  uiénagerics,  elle  fjui  pos- 
sède une  inOiuléd'annnaui,<lesiuécbanU  iiu&nirij- 
leurs,  de  l'autiuche  ou  du  clmmeau  des  sibli^s 
brnianis  au  judsible  ruminant  des  li.uits  pâturaj^es 
—  .^iinges,  am-s  sauvages.  Anes  rayés,  girafc^s  au 
long  cou,  cj-oeorliles,  lions  fauves  el  lions  noirs 
léopards  anthnqiopliages,  abasatnbos  ou  ouohos, 
télins  lorts  el  cruels  ibitit  on  connaît  peu  la  pa- 
rentéS  hyènes,  buffles  colossalenient  musclés.  Lrès  ^ 
agressifs,  1res  redoutés,  et  les  trois  iounenses  pa- 
cliydennes,  Télépliant,  le  rhinocéros  et  le  cbe\aldc 
rivière  et  de  lac  qui  se  débarbouille  dans  le  Taoa. 


Les  Abyssiniens,  leurs  langues,  leur  chris- 
tianisme. —  Sur  55  à  3i  niillious  d'Iieetares. 
[>*y  de  nos  départements,  l'Abyssinit'  peut  avoir 
o  millitMis  d'hommes,  peul-t'tre  1  ÔOO  ttOO  seule- 
nietil,  qui  se  unnunent  eux-inéuîcs  llbiopiavian. 
lOhiopiens;  le  mot  Abyssinien  est  la  ciuTuptioti 
de  larube  «  llabedi  «.autrement  dit  race  abjecte 
et  mèh'e. 

Mêlée,  on  n'eu  peut  douler  ;  elle  dut  se  fonner 
par  Tuaion  de  Noirs  et  d'immigiTiuts  bruns  ou 
foncés  et  de  beau  visage;  puis  au  peuple  fait  dr 
C4's  éléments  se  gri'lïérenl  des  lirers  uiloliqueset 
surtout  des  Arabes.  Les  plus  nutochtones  parmi 
les  peuples  d'Ahyssinie  sendileiil  être  les  Agaou. 
c'est-A-tlire  les  l.ibies,  gens  innianl  le  bamteiiga; 
et  peut-être  «ussi  les  Falachdf  c'est-à-dire  lestli^ih^, 
Juifs  ilont  la  langue  se  rapproche  dudit  iKTnitenga. 
Le  oorddupays,  te  Tigré,  doit  posïti\emenl  s;iraee' 
à  l'Ycmen,  pnjvijice  de  TArabie  méridionale,  el  son 
idiome,  le  tigj-igna,  descend  du  gheez,  lang:ige  sé- 
miliqne,  avec  autant  it'évidiMU'e  (jue  le  frynçais 
sort  4tu  latin;  niais  il  en  est  du  fuirler  ciumne  du 
|)t'U()le  :  ce  gheez  ou  glie/,,  latin  de  lAby.ssiuie  en 
ce  qu'il  relejitit,  iiieompris,  dans  les  temples,  eba- 
pelles  cl  (léleriiiîiges,  mêla  qu-md  il  viv;ul  à  sa 
trame  nond>re  de  racines  [irises  dt*  l'handenga,  du 
galla  et  autres  verbes  des  autoebloues. 

Ihuis  TAruhara  se  parle l'arrjliarigna,  autre  (ilsdu 
gheeï  et  purent  de  l'haniïengn.  Comparé  au  tigri- 
gna,  idiome  de  province,  l'aniharigna  est  l'idionie 
national  d'AlïVssinie,  whi'i  ipif  croit  el  absorbe, 
ci'lui  <|ue  [liirlenl  la  cour,  li's  <'brfs,  ri  sur  tou- 
tes roules  et  sentes,  les  eoinmervnnts,  piétons  el 

I.   l.'sdasroiilHi  ivs^^t-iiililei'iiil  ii  ta  fuis  im  léitjiAi'il  el  JU  liCU. 
ti.  tu  j>artif  M.'uluiueiU,  bieu  cntcmiu. 


ABYSSIN!  K. 


M\ 


I 
I 


» 


t 


louiî&tes;  en  un  niol.c'osl  h  langue  gt'iit^rnltM't  ih^ 
plus  la  langue  litlôraire  ayant  son  alphabet  il(' 
25!  l(»llros  cl  fju»»li]ues  ctMilaines  de  livres,  pruivr** 
faliTis  Uiêolugiqiie. 

Avec  ces  jets  divers  h  la  source  de  leur  sïing,  les 
Aliyssinieiis  n'ont  poini  dVinpreinlc  nnfioiuile;  on 
(rmive  chez  eux  divers  iinidi'les  de  Hgure  el,  du 
bronze  nu  grand  noir,  toutes  les  couleurs  de  la 
poau.  Le  plus  souvent,  niènie  sous  le  luisant  noir, 
leur  visa^'e  v>\  iuj1j(«\ 
^ce  aux  premiei-s  rn- 
vnhissour*  bruns,  puis 
aux  Arabes. 

Après  avoir  été  pro- 
bnblonieul  juifs,  ils  pro- 
fessent de(>uis  le  »|ua- 
In^iiic  siècle  un  cliris- 
lianisnie  grossiiM-,  ()ures 
pratiques,  longs  jeûnes. 
In  lettre  (pii  tui'  sans 
l'espril  qui  vivifie. 

Ce  cliristianisine.  ils 
l'ont  réeeninieril  ini[MJSi^ 
de  forée  à  leurs  conri- 
toyens  niusulniatis,  qui 
n'eu  sont  suis  doute  i|ur 
plus  dévoués  inlinic- 
ment  h  l'Islam.  Avant 
cette  ronvt'i'sion  h  la 
c,i|H)niIe  ou  ne  les  dis- 
tinguait des  Malionié- 
tans  que  par  un  coidon 
bleu  en  soie'  passé  au- 
tour «lu  eou  *»l.  dit-on, 
par  moins  d'intelligence 
et  moins  d'aelivilé.  Ils 
écoulÉ'Ul  les  psalmodies 
de  prêtres  barbus  à  gros 
turban  blane  et  de  moi- 
nes h  bonnel  jaune,  ils 
jeûnent  un  peu  pendant 

cent  quatre-vingt-douze  joui-s  de.  fiHo,  plus  «le  la 
nioilié  de  rannée,  rt  laNcnl  |i'ij|-s  péeliés  eu  glis- 
sant (|uelqu<'  monnaie  dans  la  uiaiu  des  bouuues 
deglisc*.  Voil/i  comment  ils  sont  chrétiens.  Leur 
gnuid  palriarelie  a  le  nom  d'Abouna,  c*est-îi-dire 
Notre  pért*.  Les  Talacba  ou  Juifs  iihyssiniens,  qu'on 
porttf  diversenieul  à  U{)(m.  lOOOUU,  tir.O  (100,  se- 
lon qu'on  donne  !  .^OnOUO.  ti  OU(HMIt),  âmUMM» 
d'hiMunifs  .-i  l'Abyssinie,  se  distMil  desmidus  d'iiu- 
tni;^ranlâ  qui  bien  avant  Jèsus-Clirisl  piuiérent  la 

t.    1^    IIUl^l>. 

0.  Rwid    Là  Ttnni  *  toi  ftVuftAtr. 


£ll)iopi(-tinc.  —  bfHsin 
de  M 


loi  de  Moïse  aux  babilanls  du  IMaleau.  mais  sui- 
vant la  vraisemblance  ils  sont  simplenieuL  des  au- 
liH'filoiies,  frèrt'S  iles  A^aou. 

Presque  tous  lesllhiopinvian  résident  sur  la  mon- 
tagne, très  peu  descendent  juscjue  dans  les  Kollas, 

Pays  et  villes.  —  I/empin»  «l'Abyssînie  obéit  h 
un  négous  négliesli.  c'esl-ù-dire  à  un  mi  des  rois. 
Ou  plutôt  rUonmie  le  plus  puissant  du  pay»,  qu'il 
soit  du  Tigré,  de  l'An» 
hara.  du  <iliou.  lutte  sa 
vie  durant  pour  imposer 
sa  suzeraineté  au  chaos 
deseigneuri'^s.  de  [U'iiiei- 
pautês,  de  dislriets  que 
se  disputent  des  ^nier- 
riers  de  souehe  antique 
ou  des  routiers  sans 
aïeux. 

l>ans  le  Tipré.à  22rj0 
mètres,  la  «  villu  d'Abra- 
ham i> ,  Axoum  (  .')(Jfirj 
\uU.),  hU  la  capitale  de 
l'Altyssinie  avant  la  coïi- 
versiou  ihj  [teu|j|e  au 
christ iatiisme  ;  elle  en 
est  ruajulenaui  la  ville 
snitite,  et  à  défaut  de  la 
loiutaino  Jérusalem,  lieu 
le  plus  sacré  du  niojide 
pour  les  Itliiopiavian,  les 
ee4'lésiasliques  y  vien- 
nent eti  [tèleiiuaj^v,  du 
nni'd.  du  sud,  de  la 
Voîiia,  des  Degas,  môme 
des  Kollas:  si  petite,  elle 
est  [deine  de  prétr(»s.  A 
t*0  liilomètres  A  Test, 
Adoua  (UlOO  hah.)*  sise 
à  [*Xt{\  mètres,  sert  de 
capitale  au  ri;5'ré. 
Gondar,  capitale  ecclésiastique,  est  jwir  20^0 
niètrvs  d'altitude,  sous  un  climat  (ivs  égal  d'une 
moyenru'  di'  \T,i-  Elle  a  .'dMlO  âmes;  quand  les 
empereurs  y  résidaient,  eclto  viUe  de  l'Amliara 
ri^tiferfjiait  iOOOO  personnes,  on  va  jusrpi'â  dire 
(>Ô000  à  80U0O.  Les  portugais  y  ont  ré-né:  ils  y 
ont  laissé  l'empreinte  du  visage  lusitanien  el  aussi 
quelques  monumenls.  murs,  tours,  églises,  qui 
donnent  à  eeUe  vtii^ine  do  lai*  fana  la  lière  ap- 
parence   de   noire  moyen  A\H'   féodal 

Le  néguus   négbesli    demeure  à   plus  de  !2G0O 

01 


d'apn's  une  photographie 


^é^ 


•iSS 


l\    lEWWE    X  VOL    D*OISEAl. 


mètres,  k  Déhra  Tahor,  forlprcsscdc  moTifagnc  peu 
éloignée?  (lu  faîlc  enirr  l'Abaï  et  le  Takazzi),  au 
pit'd  du  (]niinn,  livs  jiiiissiiiif  riKissif  (  tiî5l  m(''lros). 
D^bra  Tabor,  cela  veut  dire  Mont  TïiLor»  o\  ïc»  pa- 
lais du  mi  des  rois  avoisiiio  Ti^^lise  d'un  Iros 
viLHix  iinlciinagi»  di^s  ciuvli^'ris  d'Abyssinio. 

Dans  II'  Cho.i,  Clnouji,  ilhav.'i,  on  nsili^'  pays  a 
peu  pri*»  iiHlt'peiidaril  qui  paye  Iriliul  au  négous 
ri'Abyssinic.  la  capitale  (r>000  hali.)  a  noui  LiU'hô; 
la  ville  la  plus  élevée  {a  2800  nirtivs)  s'ajtpelle 
Angalola;  la  niéiropolc  religieuse,  cité  la  plus 
peuplée,  c'es(  Atdvolier  (700i)  âmes).  j 

Ce  ('lujii  e^l  rï'illjfo|iie  du  sud,  avec  plus  dr  ] 
pluie,  de  ch.ileur  que  ITlIiiiqiie  du  nord,  avec  plus 
d'essor  daus  les  [tianles,  [>lus  diî  puissanie  et  de 
ina^'itilinnce  <laijs  li's  Ruvts;  ou  y  praliqiie  le 
m)>rne  clirisliauismc  que  chca  les  Abyssiniens 
et  l'on  y  pafle  rnniharigna  plus  que  loul  îuilro 
langage. 


Gallas.  —  Sur  une  moitié  de  sou  eorïtour  l'Abys- 
sinie  louche  aux  Egyplietis  qui  Tniit  voulu  von- 
quérir,  uiajs  elle  le*  a  repousses  pI  eonitne  re- 
vojriis  au  jned  de  sîi  ntonlagne  par  de  san;;laiiles 
vic((»ires.  Au  sud,  le  Clioa  la  relie  h  la  lerre  d(»s 
Gallas,  d'où  deseend  un  des  grands  llruves  de  la 
côte  orientale  d'Afrique»  le  Djnub,  courant  (jui  ras- 
semble les  eaux  de  plus  de  60  millions  d'hec- 
tares el  les  nu''tH%  rapides,  rayées  d'argile  et  de 
sable»  pru  ou  pas  Jiavigables,  û  locéaii  des  Indes, 
presque  »ons  l'Kqualeur, 

Les  fîallas  assiègent  le  Hluia  depuis  lunglenifis  e1 
leur  nation  est  plus  rmuibreuiîe,  plus  forte  que  la 
nation  des  Clic»aus»ct  peut-être  que  loul  le  peuple 
des  AlïYssiîis;  mais,  brisés  en  elaus,  les  Oroinu, 
c"est-à-dii'e  les  llijïnines,  les  lluj-Orrna  ou  Fils  di's 
lionunes',  saut  iuipuissatUs  contre  plus  faibles 
*  qu'eux  —  terribles  guerriers  pourtant  derrière  leui* 
êeu  de  grosse  pi*au,  la  lance  i\  la  tiiaiii  ou  ta  lame 
à  deuï  ti'ancliaiits.  Ardeur  dans  la  vendella,  joie 
de  répaiidre  le  sang,  cruauté  contre  l'etinemi, 
guerre  (éternelle  entre  tribus,  ou  dirait  des  Alba- 
nais—  des  Albanais  d'Élliiopie  s'eulend  —  ear  ce 
sont  des  Négroïdes,  dont  la  couleur  de  peau  va  du 
rouge  au  brun,  qui  ressenddent  aux  Abyssiniens, 
avec  K'ïtquels  il.s  ont  évidenuuent  îles  aiirélres 
couununs.  Leur  langue,  très  vaguemeul  séiuitiquCt 
n'est  pas  sans  rapports  d'allure,  de  syntaxe, 
même  de  mois,  avec  If  basque — e'est  un  Escual- 
dunuc  (rès  savant*  qui  i'uflirme. 

i.  Ce  sont  \a  tes  itnms  qu'ils  se  donnent. 
S.  U    Antoine  d'Atbadio. 


Celte  larjgue  eti  nond)reux  dialectes  est  leur  seul 
lien  d'unité;  flulromeui  tout  les  divise;  tels  d'entre 
eux  sn  diseril  cbrétietis,  beaucoup  suivent  ta  loi 
(lu  Prophète^  la  grande  Ibule  est  resléc  paîeune; 
iti  des  rois,  des  chefs  de  guerre  les  gouvernent, 
ailleurs  ils  obéissent  à  une  noblesse,  et  il  y  a  chez 
eux  des  Ihbus  ol  cunfédéialïuns  républic.iiiiement 
organisées. 

fiergers  et  guerriers,  ils  habilenl  de  vastes  c.on- 
Irêes,  <Iepuis  la  citadelle  abyssine  jusque  vers 
ri'jpiateur,  on  ['on  peut  croire  que  fut  l'une  di' 
b'urs  pjVMiièrcs  pali'ies;  vers  le  nord  leur  in- 
lluencc  <(  profonde  n  a  grandeiuenl  depasst^  If 
Kaffa  ',  rÉnaréa  et  autres  pays  où  ils  conlinent 
aux  r.lioaus  et  aux  gens  de  niabiMrli.  Ils  ont  pt*n- 
daiil  des  siècles  et  dt*s  sièries  vendu  tant  d'rn- 
fanls.  de  jeunes  filles  de  sang  ennemi  ou  de  leur 
propre  sang  aux  achctcui's  d'esclaves  de  TOrienl 
arabe.  (|u'ils  onl  liausforniê  pour  une  gi-ande  pyrl 
les  races  de  Nubie,  d'Kgypte.  dAiMbie. 

Si  nous  savions  d'où  vieiuiejil  ces  Gallas.  nous 
dêhntuilleriotis  sans  douïe  beaucoup  d'origines  (pi i 
seror»!  [HUir  nous  un  grinuure  éternel.  ï>es  nations 
de  l'Afrique  occidetitale,  eellos  du  Plateau  central 
ou  même  celles  de  l'Occident  et  du  Sud,  peul-tHre 
aussi  ranli(pie  Kgypie.  auraient  moins  de  secrets 
pour  nous.  Mais  il  en  e&t  des  (iallas  coiniiie  des 
autres  peuples,  y  compris  ceux  dont  Tbistoire  ai- 
luerail  le  plus  h  eoutempler  les  cuinmencements; 
ils  ne  sont  entrés  en  scène  que  quand  leurs 
guerres,  leui*s  migrations,  leurs  fusions  de  sang 
et  de  langue  étaient  h  jamais  oubliées.  L'Iionune 
a  connu  trop  (ard  la  ciMuniémomtioD  du  passé, 
l'incision,  le  stylet,  I  écriture;  il  ignore  renfance 
de  sa  ]*ace  connue  ebacun  de  nous  a  perdu  tout 
souveiiir  de  srs  deux  ou  trois  premières  années. 


Obok,  Assab,  Massaoua.  —  La  rivière  qui  sépare 
au  nord-est  les  Cluiaiis  des  Gallas,  l'Aouarli  ou 
TAouasi,  ret^-oit  les  eaux  d'Ankober.  Elle  descend 
impélueuscuient,  parfois  gonllée  de  soudaines  et 
très  baules  ci'ues.  dans  le  Sanditir,  littoral  altéré 
c]ui  semblerait  devoir  la  transmettre  à  la  nier 
Houge   ou  au  golfe  d'Adeu. 

Maïs,  tarissant  en  route,  elle  ne  va  ni  d  l'une 
iii  à  l'autie  et  s'arrête,  épuisée  de  si  coui-se 
de  8tl0  kilomèti'es  eu  zone  aride ,  dans  le 
nhirais-lagune  d'Aoussa  uu  Bntlâ,  eau  douce  que 
la  siiison  sèche  dimituje,  que  la  crue  rêjwmd 
au  loin  sur  le  leiraiu  palustre  d'alentour.  D'au- 
tres   toiiNMils  moindres    se    perdent    aussi   daas 

!.  D'où  \c  culé  M-iuil  uri{^iuairc. 


abyssimf:. 


483 


ce  Sfiliai'ii  i;à  ol  là  fort  iiiH^riiHit'  ;m  iiiviiau  dos 
mers  :  on  «slinie  qut*  Ui  seLkh;!  il'Assal,  voisine 
du  fond  du  polTe  de  Tadjoirni»  l'sl  il  175  int'lri's 
au-dessotis  du  niiruir  de  l'Ut-'êan,  sinon  ;'»  îînO  ou 
à  531. 

L'Aonss.'i,  <|ui  hoil  l'Aon.'ïrli.n't'sl  pns  livs éloigné 
lie  TAssal  el  il  n'y  a  qm.'  1*0  kilotnéln-s  do  TAssalù 
In  buit'  dtî  Tadjouni  pû!is<idt!e  |jar  l^i  France. 


Nous  avons  lii,  sur  une  cote  sèclie,  ardente,  lu- 
^uhi'i?  par  ses  laves,  lugubre  également  n  force  de 
luMui'jv.  les  ports  dt'  S^igalo,  de  Tadjoiir:),  d'Obok, 
re  dcj'iiii'r-  juvs  du  lUVt  où  la  baii*  tlevieiit  gidl'e 
d'Adcn.  aiili-eincnt  dit  merdes  Indes. 

l*auvn'  l'iilonie  toute  en  eûtes  de  fer,  vu  ravins 
suns  bosijuets,  sans  fontaines,  et  en  munis  sans 
foi-ùts,  TuOmesaus  buissons;  et  le  soleil  incendiaire. 


P 


La  radf  dObok.  —  Di-îaiu  de  Wi;ber,  d'aprï's  une  |)bologr»[iliie. 


C'est  là  le  nènnt.  sauf  qu*il  n'y  a  pas  do  route 

pins  coninnide  entre  la  mer  el  l<'  plaleau  des 
Cbuans  que  eidle  qui  part  fies  eaux  tadjouriemtcs, 
enfonctVs  de  tiO  kiloniêli'es  dans  les  lerres,  mais  les 
Cjiravanes  suivent  une  autn*  voie;  elles  descendent 
d'Ankober  à  la  eôle  de  Zeila  par  la  duuinnnle oasis 
d  llanar,  qui  abrile  une  ville  de  2U  OOU  àines.  à 
MiH)  uiêln's  d'altitude. 

L'An^'Ieterre  est  ;\  Zeila.  la  l'nnice  à  Obok;  l'ïla- 
tie  est  t  Assab,  autre  néant  si  li*^  Italiens  n'avaient 


pas  commencé  à  gravir  les  hautes  terrasses  de  l'A- 
byssinie;  ayant  mis  gaitti^uii  dans  Vlassaoua.  d'où 
ils  guellaii'id  le  Soudan  d'Kgyph',  ils  ont  dêlibêré- 
rntn'  pruclanié  leur  prolecloral  point  accepté  jus- 
qu'à ce  jour  par  les  jirolégês,  mais  reconnu  par 
I  Ltnope.  sur  une  itmnense  région  qu'ils  noiiiment 
reni|tire  d'Krylhn'c,  d'aprùs  la  mer  Erythrée  ou 
nier  Houge  d'où  ils  pai'liront  |)rnir  le  conqu»Vir* 
Tigré.  Atuhara,  Chou,  KjdVa,  une  parlie  du  pays  de 
iiallas,  la  majeun' jjorlion  de  la  contrée  des  Afari 


TIIII'OLITAI-NE. 


Wo 


r' 


lfou|aée  aui  environs  de  Tripoli.  —  Dessin  de  l.ancetûl,  d'après  une  photograplile. 


TRIPOLITAINE 


La  Tripolilnino.  vnstn  do  pitis  do  1Q0  milltotis 
d'heclares.  <Umjx  fois  la  Fraiiro,  cnfri'lienl  un  inil- 
Ijoii  dhuinmes  seuleinoiil^  llammadas  sinlu's  il 
pierreuses,  snbles  sans  oiietis.  iHroik'  lisière  bor- 
dant l^t  n\(»  do  Mt'ditornini'o.  rV'sl  jii  ro^ion  In 
moins  liouiruso  dr  rArri(|m'  du  Nord.  Li*  dôscil  y 
enipiéU*  Iplleiiieul  sur  h  zone  lin!>it;d)le  qu'en  cer- 
tains lieux  leSnhara  pousse  des  dunes  juïM|ue  dttns 
U  mer,  très  salée  sur  celle  cùle. 

Barka  ou  Cyrénaîque.  —  Sur  le  rivage  à 
lou^'^l  <lu  dell;i  du  \\\  un  bussellenient  ealeaire 
^ncrgc  du  désert  libyque  :  c*est  le  plaleau  d'Akaba» 
haut  de  ^(H)  à  '250  mètres,  qui  dépend  de  TK^ypte. 


f]n  se  eonlinuîinl  ;i  l'ouesl  cette  tildp  rorlieiiso 
nerroil  s<hi  .'iUilude,  puis  passe  dans  le  domaine 
tripoliliiin  sous  h'  nom  de  platejiu  de  Uarka. 

Lp  plaloflu  de  Itnrka  [leut  avoir  15  ou  il>  millions 
d'herl.'u'os.  avoc,  TiOOOOO  habitants,  mais  la  por- 
tion féconde,  le  Itarka  Itou^e,  couvre  ii  peine  !2  mil- 
lions 1/2  d'hectares,  le  re,sle  étant  Uarka  lïlanc. 

Rirka  hou^e  traduit  oxaetemerd  les  mots  arnl>es 
Uarka-i'MIamni;  Uarka  lîlnne,  les  mois  lt;ïrka-el- 
Beida.  Les  gens  purlaut  ûrnln*  qui  habitent  de  nus 
joui-s  ee  |Kjys  ap|H'llent  du  preniUT  nom  h's  pla- 
teaux calcaires,  velus  de  It'rre  i-onge,  et  le.s  gorge^i 
rapiftes,  égaleineul  habillées  de  rouge  bunui»» 
mènent  des  lieux  d'en  haut  ju«qu*<iu  rivage  d 


486 


LA    TKRRK    .1    VOî.    D'OISEAU. 


mer;  ils  apprllcnl  du  second  nom  le  penchnnl  niê- 
riflional  du  plateau,  terres  et  sables  MaticlKUivs 
dont  les  oiîeds  suis  eau  s'inclinent  vers  le  Siihnra 
de  Lihye. 

Le  Harka  Rou<>e.  niaintenîinl  presipie  dêserl,  u 
des  râlions  si  pais,  mi  ^rljinat  si  siiii,  de  si  julivs 
fi.Milaiut'ïi,  qu'il  ftouira  redevenir  ee  fpi'iiuln'ruis  il 
fut  ;  rotitri'C  vivante.  Des  ruines,  des  nt-cropoles, 
des  lahyrinlfies  de  f^rolles  fuiu'irjiirt's  têmoîgnfiil 
des  jours  upulenis  de  l;i  CyrétiîiîtpiL',  —  car  ee  pays 
tt'ilenient  abandanno  (pi'il  Hiut,  ;illi>i-en  Sahara  pinir 
en  IrouvtT  un  pins  vide,  n*  royaume  dfs  nnu-fs, 
celle. Egypte  sans  le  rSii.  les  alluvions,  les  jardins 
et  les  momies,  ce  Barka  llouge  fut  la  Cyrviiai<[ne 
des  (irt'cs. 

La  Cyr(^imï(]ue  tenaiL  i-r  nom  de  la  IjrillarUe 
Cyrène.  fondé**  par  iles  I)orit;iis  de  lllo  de  Tlièi'a 
(Saniorin)  prrs  du  [turtnil  de  rorhe  d'où  sort  la 
source  claire  trA|)ollon.  Plus  lard,  ce  fui  ta  PenUi- 
pidf,  ainsi  appelre  d**  ses  cimi  villes,  Cyrène, 
Teui^Ueiiîi,  llfsjtrris,  Apolloiiia  et  Ba.'T.i  (d"où  de 
nos  jours  le  nom  du  pays).  TiVrène,  à  600  mètres 
{'n\ti-ou  d'akiïiide,  gai'dailA  la  fuis  le  [il;ihNui  avec 
it'(|nel  elli'  était  pn'sfjne  do  plain-pied  el  le  lillo- 
ral  dont  elfe  surveillait  les  étroits  vallons.  Main- 
leiiatil  la  terre  «jue  Pindare  app40aît  le  ïtosquel 
de  Ju(nler  et  de  Vénus  a  pour  seigneur  un  penjtje 
sans  arts  et  sans  lettres,  environ  500  000  lujiunn^s 
plus  ou  moins  nomades  qui  ne  parltMit  que  la  langue 
du  (au'art.  lïengazi,  sa  maîtresse  ville,  pai-  le  l'ait 
pauvre  l)ourgade,  avoisine  les  riiities  de  lanlique 
lîérénico»  sur  le  rivage  de  la  Grande  Syrie.  Ou  ne 
sait  trop  où  chercher  au  juste  le  Lélhé  *  et  le  Jardin 
des  llespérjiles.  tuais  c'est  aux  portes  de  llèrénire 
que  la  plu|Kii*t  des  auleurs  anciens  plaçaient  ee 
lleuve  de  ITUilili  et  ces  vergens  maguifiques. 

Tripoli.  —  Comme  le  plateau  de  Barka,  le  Tri- 
poli propre  ou  Mesrata  donne  sur  la  Grande  Syrie, 
golfe  très  évasé,  Irisle  liHoral  où  soulllenl  le  ruu'd- 
esl,  le  nonl-ouesl,  le  noi'd  tiède,  le  sud  embrasé. 
parfois  infernal.  Jusque  vers  i8'20  il  y  avait  un 
arbre,  un  seul,  sur  les  Cr»8  kilomMres  de  la  Syile 
majeure ,  le  palmier  d'EI-Aghar ,  mort  depuis 
soixanle-dix  ans.  et  maintenant,  sur  un  rivage  plus 
lonir  que  de  Mie  à  Piul-Vendres,  le  péetienr  et  le 
cfjeiTheur  d'épongés  ne  ïrouvenl  ni  maisnti  pour 
Tahri,  ni  ivimeau  pour  l'ombrage. 

Derrière   celle    rive    pressée     par   des    sables 

1.  Pr>inMiucl(iuos-inis  tlValr**  eux  le  Ootivi*  de  Umnifi- 
moire  l'tnit  \c  lâinn  ou  l.jiiti;i  de  la  lînIicL*  ot  du  Poiitigal 
se|i1ctin'ioiiul. 


presque  salinriens  s'escarpent  les  Nekous  el  les 
(îliartan,  hauts  de  750  à  1000  mètres.  Au  delà  de 
cette  cfiaine  tpii  a  des  cirques  rocheux,  des  grot- 
tes, des  vallons,  des  sources,  le  Hamada-el-Homra 
ou  Plateau  Itouge  dont  Nekous  et  Gharian  sont  le 
reboi'd  seplenlrioiial  fail  déj;'i  partie  du  Saham. 

On  sup[)Ose  fjui'  l'e  (i;ijs  déshérité  reiïfernu*  de 
six  à  sept  cent  mille  persoimes.  Même  avec  les  val- 
lons plirs  frais  du  IJarka,  Tentonr  de  la  Syrie  ne 
(lent  élever  un  peuple  dnniinideur;  il  n'y  aura 
jamais  là  qu'une  nation  petite,  dispei*sée,  tout  en 
fiurdure.  La  Tripolitaine  est  comme  en  l'air,  entre 
deux  p(*iles  puiss;mts,  l'Egypte  el  le  Tell,  enlre  le 
Nil  el  TAllas,  etïlre  le  long  Heuve  el  la  longue 
nuinfagne.  Il  semble  qu'elle  lomhei*a  plutôt  du 
coté  de  l'Algérie,  car  au  nord  le  pays  de  la  Syrie 
est  un  Tell  desséché  et  n'es!  pas  ime  figypte; 
et  au  sud  ses  pluleaux,  ses  duiu's  s'ajustent  aux 
fiainadas  et  aux  aregs  du  Sahara  français. 

Les  Tripolitaius  ne  parlent  guère  que  l*ai*al»e,j 
mais  il  y  a  thei  eus  des  lrii)ns  el  fi-artionsde  tribu 
qui  se  souviennent  encore  de  leur  origine  berlière. 
Le  pays  relevant  direeleïneïjt  du  Gi*3nd  Sultan 
des  TuiTs,  sans  inleiriiédi.tiie  de  vice-roi,  sans 
prolectoral  de  l'étranger,  ou  y  trouve  quelques 
milliers  d'dsmanlis. 

Et  aussi  des  milliers  de  Juifs,  dans  les  villes  et 
pas  ailleurs,  faisant  conmierce,  usure,  el  |>oinl 
autre  eli(*se. 

Tripoli  de  Barbarie  *,  la  capitale,  ville  de  50000 
î*uues,  porl  de  la  Méditerranée,  trafique  avec  le 
Soudan  par  les  oasis  du  Fezzati  ou  par  {ihadaniès. 

Fezzan.  Tibesti  ou  Tou. —  De  Trifvoli  la  blan- 
che un  chemin  de  pierre  et  de  sable,  blanc  sous 
le  soleil,  mène  au  Fezzan,  aux  oasis,  dunes,  fonds 
salés,  lacs  de  natron,  roches  volcaniques  du  lla- 
roudj  Blanc  ou  du  llaioudj  Noir. 

Le  Fezznn  renferme  environ  45  000  honmies  d'o- 
rigines ci'iiisées,  issus  de  Irois  sangs,  rarnbe,  le 
bi^rbère,  el  surtout  le  noir,  car  la  roule  la  plus 
courte  enlre  la  Méditerranée  el  l'Afrique  cenlmlc 
p;isse  par  ses  oasis,  lU  cet  ar<*Iiipel  inlrasaliaricii 
esl  de  temps  irunn''moriaI  eu  rapports  avec  le  Sou- 
dan d'où  lui  viennent  encore  nombre  d'esclaves. 
Ttuit  le  monde  y  St'iil  ranibe.  mais  la  plupart  pré- 
fèrent le  kanour'i,  langue  des  Nègres  du  Bournnu, 
qui  est  le  pays  soudaiiien  le  plus  voisin  du  Fezzan 
el  celui  [|iii  n  contrihué  le  plus  à  la  formation  de 
sa  race  mêlée. 

Sîi  ville    princesse,    Monr/onk,   triste   et    insa- 

1.  IV>or  la  dislin^uer  de  Triputi  de  Syrie. 


L 


4^8 


\.\    TERRE    A    VOL    HOISEAU. 


lubre  lMnirg:3de.  a  "lOO  ,'itnos,  0500  avec  tous  1<*5 
jniflitis  tU*  son  oasis.  VA\r  es(  à  550  mêlres  (l'alli- 
lude,  loin  de  In  M/'tJiîci'raiit'o  rnnimi'  AIj^^t  il** 
Gibraltar,  loin  du  hc  Tchad  nominu  Algvr  de  M.'iroc. 
La  roule  qui  conduit 
ji  ce  lac,  [ilus  jusle- 
niont  à  celtu  lagune 
soudaniennc ,  luîsse 
à  gauche  un  pnys 
sahîirien  égal  ii  la 
moitié  di}  la  Fran- 
re;  mjiis  fniite  de 
pluies  pas  un  ruis- 
seau ne  descend  de 
ses  inunts,  ni  duTar- 
so>  uî  du  Kiiushir  qui 
ont  2500  mMres  ; 
pas  une  source  n'y 
j^iillil  et  12  000  ha- 
bitants h  peine  y  vi- 
vent, cruignatil  la  soir 
ol  craignant  la  faiin. 

Ce  pays,  c'est  le 
Tii»esli  ou  Tuu  ; 
eello  peuplade  sou- 
vent réduite  aux 
exfréuiilés,  c'<*st  la 
naliaii  des  Ti^das  ou 
Télïiius  ou  Til»ous. 

Si  peu  cpie  soit 
le  Fezzan,  c'est  lui 
seul  (jui  donne  quel- 
que valeur  à  la  Tri- 
(lolitaine  en  (!n  fai- 
sant le  <(  portique 
du  Souilan  n  sur  lu 
Mëdilorranée  orien- 
tale. 

Jardiniers  Iripolilaii». 
(l'aprèf  une 

Ghadamès,  Aou- 
djila.  Koufra.  — Au  nord-ouest  du  Fez?an.  h  500 
kïlouièlres  au  sud-ouest  de  Trijjoli,  ù  peu  près  à 
même  distance  au  sud-est  de  Biskara,  l'oasis  de 
Gliadnmês  est  un  entrepôt  du  Dét;e]|,  A  <î50  niMri-s 
d'ijllilude  celte  antiipie  lAd^iunis  a  i!  4 0(10  [>al- 
miers;  elle  loucUe  à   notre   Algérie,  elle  devrait 


en  dépendre.  Ses  7000  hommes,  de  souche  Imt- 
bère,  usent  d*un  diuleetc  berbère,  et  aussi  de 
l'arabe, 

Aunurd-csl  de  ce  même  Fezzan,  non  loin  du  fond 

de  1.1  (Grande  Syrtc, 
Aoudjila,  riclie  de 
2ÛOOO0  dattiers,  oc- 
cupe  un  des  fonds 
de  la  (1  Dépression 
libyenne  ».  à  52  rnè- 
Ires  au-dessous  du 
niveau  de  la  mer; 
les  Aoudjiliens,  d'ex- 
traction berbère,  ont 
gai^é  leur  vieille 
langue,  mais  aucun 
d'eux  n'ignore  l'a- 
rabe. 

Au  sud  d*AiiU' 
djila.  séparée  d'elle 
par  un  plateau  de 
pienv,  et  du  Vvc- 
zaïi  par  un  chaos 
île  duDcs  ,  l'oasis 
de  Koufta,  récem- 
meiit  reconnue,  est, 
dit-on,  ('  incompa- 
rable »  ;  nulle  n'a 
tant  iFeau ,  tant  de 
dattiers.  ICIle  ne  <ié- 
pend  que  très  hoche- 
ment du  pncïialik  de 
Tripoli,  ville  dont  la 
sépaivnl  1Ô50  kihh 
mètres  de  demi-sté- 
rilité ou  d'entière 
aridité.  Les  cinq 
sous-oasis  qui  la  for- 
ment, â  ;i50-i00  m*- 
1res  d'altitude,  ont 
ensi^mble  pirs  de  1800000  hectares;  ses  pal- 
miers ïipparlini^'îit  à  des  Nègres  Tibous  séden- 
taires, nuiis  depuis  cent  cinquante  ans  des  no- 
mades y  régnent,  fanaliques  Musulmans  qui  y 
snul  des  Berbères  adultérés  par  l'Arabe  et  par 
le  Noir. 


—  Ik>«5iii  de  Hadamard, 
pholognipliie. 


\ 


Derbére«  agriculteurs  :  un  Uouar.  —  D«ssiii  de  Vmllier,  d'après  une  jiliuUigrapUtc. 


Bi'UBl'JlIK 


Le  Hoghreb  ou  Occident,  pays  un  et  indivi- 
sible —  Kiiln*  lu  M*'ilitfrr;MiÔL»  .1  l'rsl  l'I  ;iu  iioiil, 
rAtl.)fili>|ij(*  à  l'ouest,  ji*  S^iIuiim  au  sud,  c  osl-ii-ilire 
L*nLi'i'  lU'ux  mers  enron*  pleines  et  une  mer  vide 
iiujminriiui.  si  t(»u(i*r<>is  le  S^ijiani  fut  un  ort^nn,  se 
li*vr  la  [t<>rl»éri<s  l*Trc  isoire  <\w  lt»s  Arjibes  orioii- 
iMtx  iioiuuuVont  l'ili»  du  Mor^hreli  '  ou  de  rOccidonl. 

Klle  con]|>rtMid  deux  |i;iys.  d'.iiiv  ;i  (mmi  |»rrs  égjile  : 
à  l'est  l'Alm-rie,  â  {'«luesl  le  M.uoc,  celui  ri  lihie. 
cclli'-lii  soumise  il  In  Fmnce.  l.'AI^'rie.  qui  a  plus 
de  r>00000    liiurupéens.   e>|R*iv  que    le  CDUi*»  du 

I.  iMi  )l;ii;liivli.  OU  {AutM  \lKlM-b,  iiwl  Mil»  myrUcs  frau- 
Hir*.  u\cc  ^*utfiirale,  vt  i|trtih  Kl-au4;»is  ne  Miurail  |tiniioiuvr 
H  il  iir  «v  r»t  rlULllé  l<iiif;teiii|is. 

0    bcca-c».  1.4  Tuint.  a  nu.  fi'muAt. 


temps  raint^nem  jusqu'à  rAlLuilitpie  (vir-dessus  les 
lerres  qui  obéissent  de  nos  jours  h  u  J'einiHTeur 
liarbaresque  »«  sult.ni  HnKititpie  des  fhiiiiliqties  Mji- 
roeiiins.  il  Hiul  le  souhaiter  |mur  l(*  plus  ici'îind 
boidieur  du  Moghreb,  que  la  nature  a  fuit  un  et  in- 
diYi>ible. 

Algérie  et  Maroc  sont  rorniés  jMir  lu  inéine  ride 
énorme  du  Siif.  TAlIns.  dont  le  nom  pourrait  bien 
n'être  que  le  mot  lierbèn*  Adrar.  la  Moiitii^ne,  un 
peu  t*oriïiiit[»ii  dans  la  suite  des  sièeles.  Ils  se  res- 
semblent du  tout  au  tout.  Ils  ont  le  ménii*  climat. 
les  niéuM's  piaules,  qui  sont  celles  d'Andalousie, 
Je  SM'ile,  de  Corse,  voin»  celles  de  l*ro>ence,  de 
iUi^  Lin*p,aiedoe  et  de  Uoussillou  :  sur  ATi\  espè(X'S 


400 


LA    TEUUE    A    VOL    li'OISEAL'. 


du  liUoral  de  lu  provinrr»  df?  OinsUinlim^,  il 
n'y  en  a  que  52  inconnues  à  l'Kurope  inôdilcr- 
ran*^t'nnc. 

Ils  M*  divist»nl  ôt^nlenient  <*ïi  Tell  ou  in'iv  de 
cultui'i?,  en  Steppes,  vastes  pfiturcs  avec  sols  fi'*- 
roiiiis  près  des  siiurces,  en  Snluini  zébré  ti'iKisis. 
Sjitïs  Irop  11'  saviiir  eneore  exacletïient  (li  4l';iil- 
leiifs  il  esl  sfmveiil  inipossihle  *le  di>liiiçuer  lande 
el  li*n'e  do  ruUuivK  <*'*  esliriu'  lu  TeK  ;i  TMi  ou  "7 
tntlIiiHis  d'Iii'cUin's  el  le  Sleppe  ii  22  uu  25  mil- 
lions. Qiiîiui  au  Sahara,  ses  cent  el  Uiiil  de  mil- 
lions d'hcclares  ne  euniplent  (|ue  jinr  leurs  oasis. 
Laiule  el  Tell,  il  y  a  là  fiO  rtilllions  d'hectares, 
Taire  de  hmiI  dépiirleiitenls  fraiiniis. 

En  Tell,  en  S|e|t[R>,  eu  Ilései'l,  les  animaux  utiles 
y  sonl  pareillemenl  le  hfvuF,  le  eheval.  lin,  gra- 
cieux, ra[ude.  ardeiil.  aimant,  aimé,  le  riinutiMi,  le 
chameau,  graverneul  ridieiile.  la  gazelle ,  Tau- 
truche;  el  les  hèles  nuisihles.  le  lion,  la  panthère, 
riiyèjie,  le  eli;iea],  à  la  Pois  sendilahle  au  l'enard, 
nu  rliirn,  ait  luup,  enfin  il  ^urluul  la  sauleivlle, 
qui  arrive  du  Sud,  qui  descend  du  ciel,  qui  vient 
par  niilïiards.  (}N.ind  ses  escadrons  ailés  (jiii  foui 
la  tiuil  en  [)lein  stdeil  s'alialleiil  t^ur  une  plaine» 
ils  la  décorent  jusf|u'à  la  deniièje  feuille,  l'ji  jotn', 
disent  lus  Ai'ubes,  le  kalil'e  Omar  lut  en  Ijvmblanl 
ces  mois  h  l'aile  d'une  sauterelle  lunibêe  sur  &a 
table  :  Je  |>onds  <|ualre-vin^t-dix-neuf  œufs;  si  j'en 
pondais  eeiil,  je  manj^a'nds  le  niunde. 

Li's  mêmes  raees  d'Iiomuies  s'y  rencontrent  [lar- 
tout,  de  la  Syrie  à  rOt-éan  :  Uerliêres  ici  fixés  tic 
taule  autitpiilè,  Arabes  cnhvs  ou  conquérants,  en 
converlisseui-s  dans  Tile  du  Moglireb,  Herbères 
((  arahisaiits  »,  Ai'abes  a  hej'bérisants  h,  mélis  h 
liius  les  degrés  d'Aiabes  el  de  Uerbéres,  Maures, 
(Ils  de  renégats  chrétiens,  Koubuglis  qui  sonl  une 
projLîéniture  des  stildats  tuies  '  et  des  l'enunes  du 
pays,  biMard»  de  sang  ismaélite  ou  de  sauj^^  (t  au- 
tochtone w  et  de  sflng-  noir,  Juifs;  puis  Jes  der- 
nier venus,  Franrïiis  du  Nord  el  surtout  du  Midi, 
Catalans,  Espagnols,  Italiens,  Maltais,  ete. 

Des  trois  granités  nations  du  Moglireb,  le  Berbère 
préfère  la  nnjnlagne;  l'Ai'ahe  la  plaine,  le  plateau, 
la  pâture;  le  traïa^ais»  ou  si  l'on  veut  l'Européen, 
la  ville,  la  terre  irrii^ajée  et  la  eùte  à  \ignoi)le.  Plus 
on  avance  vers  l'ouest,  loin  de  l'Egyple  et  de  l'Asie 
d'où  vinrenl  les  invasions  musulmanes,  plus  il  y  a 
de  Berbères,  moins  il  y  a  d'Arabes. 

1.  Ou«  dans  ta  vèritô  MXtic  dos  clio5<!s,  portant  le  nom  de 
Tuns  :  l'îU'niée  liirqui?  se  recriilait  do  louïes  sortes  dét^ 
iiientA  inusutiriuiis,  Osiitiinliti,  Albniiais,  Hot^abqut's,  Circas- 
siens,  liuurdes,  Grecs  .ii>oslals,  >ètTes,  etc. 


Berbères  et  Arabes.  —  Il  Fut  un  homme  qui 
eonnaiss,!!!  à  fond  les  Berl)ères,  les  Arabes,  lesj 
Berbères  croisés  d*Arahes,  les  Noirs  el  les  métis] 
des  Noirs  a\ec  les  Arabes  et  les  DerlH''i*es:  il  com- 
manda aux  Arabes  de  la  sulnlivision  de  BiJne;  ilj 
vil  les  BiM'hères  dans  une  de  leurs  hautes  cita- 
delles, lAurès;  il  eombatlit  les  Berhèirs  adul- 
tères dWndjes  prés  des  forêts  de  poiinniers  du  Sé- 
négal ;  il  batailla  lonjçlemps  contre  les  l*eu!s  sur 
la  ri\e  j^'auehe  de  ee  Oeuve.  ('.et  homme*  évaluait  à 
12  millions  le  |»euple  entier  de  la  Berbérie  dans 
son  sens  le  [jhis  lar^'e,  avec  tout  le  Sahara  ipie  les 
B^rbi-res  babitenl.  A  ces  !2  millions  il  ]>en&-iit 
rpje  iéli'miMit  rnur  eoidrihue  pour  ,^100,  l'andie 
pour  15/iUU,  le  berbère  [lour  75/ 100.  Pour  lui, 
le  Berbère  est  un  métis  formé  de  la  rencontre 
de  Ijtïjcns  au!o4-hlones  et  d'envaliisseurs  blonds 
venus  antiipu^nuMil  de  l'Iùirope  par  ta  (iaule, 
ribèrie  el   les  colonnes  d'Hercule. 

(Juanl  aux  Aiabes  de  res  plateaux,  de  ces  monts, 
de  ces  plaines,  ils  iriuit  point  p(*ur  ancêtres  les 
héros  de  In  Grande  Con({uéte;  les  hommes  de  la 
((guerre  sîiinte  »  passèrent  (romme  un  oura^^1^  sur 
le  (!(>ui  liant  d'Arriijue. 

Apivs  li^s  derniers  éclairs  de  cet  oraf^e  le  soleil 
(]ui  brille-  sur  les  vieux  monts  de  l'Atlas  n'y  vit 
[»as  une  seule  tribu,  pas  un  seul  douar  d'Arabes  : 
l'Adrar  était  resté  berbère. 

Et  tel  il  demeura  pendant  fpiaire  cents  ans. 

Tout  à  cou[*,  vers  le  milieu  ilu  onzième  siècle, 
arrivèrent  de  l'est,  laneées  par  nn  calife  égyptien 
qui  leur  souhaitait  la  mort  plutiV  que  la  virtoin*. 
six  grandes  familles  de  pillards,  les  Soleim  et  cinq 
tribus  <le  la  raee  dellil.d — <ron  le  nom  d"in\asion 
lulaliemie  donné  à  ce  transport  de  jïeuple  qui 
jrla  4ri!]gypte  en  Berbérie  2^0000  Arabes,  d'au- 
Ires  disent   uji  million. 

Les  eondiiltieri  de  ce  stTond  ban  d'envalusseurs 
refoulèrent  peu  h  ]>eu  les  Berbères  dans  l'âpre 
montagne;  ils  [irirent  la  l*laine,  le  Sleppt*,  le 
ïïéserl  où  riierbe  naît  apivs  la  pluie,  el  devin- 
rent avec  le  temps  le  peuple  d'Arabes  que  nous 
avons  trouvé  dans  le  Mof^hreb  —  Arabes  d'ailleurs 
très  veinés  d*^  Bei'bères  el  un  peu  veinés  de  N<»irs, 
comme  les  Berbères  sont  (juel<[ue  peu  teintés  de 
sang  nègre  et  fort  mêlés  de  sanfif  arabe. 

L'Espagne,  le  Portugal,  la  France  en  Afrique. 

La  revanche  de  Québec.  —  Aujourd'hui  les  Aralu^s 

sont  en  pleine  dé'cadenee  dans  toute  la  Berbérie. 

Partout  ils   diminuent  pendant  que  les  Berbè- 

t.  C'est  le  b'èiiéj'nl  tuidlicrlH;. 


BL'RRÉRtE. 


m 


1rs  %na  fils  du  sol,  augnienlçol,  ot  qu*uiu* 
rveUe  se   forme,  visibleTn<*n(  de$ltnc^e  à 
'  du  leW  africain. 
Citte  natioD  a  pour  mère  la  France,  que  rien 


n  appelait  en  Afrique,  ni  le  voisiiMge,  ni  les  a1- 
lianres,  ni  le  coinnierce,  ni  la  tmditiun.  ni  In  foi 
chn^lienne  a  répandre  parmi  des  Musulmans  qui  la 
méprisent.  Et,  par  surcroit,  le  climat  de  la  Berbé- 


knht  :  t)pc  et  nntiime.  —  Ehcwin  de  E.  Rutgat,  iTjiprvft  mm  pbotflfinphlc. 


,|  H<»  e»l   ineongrnial  h  la  plus  ^nde  moitié  des 
fuirais. 

^^hi»ii  défaut  de  l'Italie  disloquée,  l'Espagne,  plus 
proche  encore  du  M;iroc  quo  la  Sicile  tle  !:i  Tunisie, 
U^  tiolenunent  pousM*e  icn»  tx*  riva^N*  is)tlii'rninl. 
I^pbut  1)  jetait  :  le  cours  de  son  liistoire,  la 
f  habe  liêrêditaia*  née  do  huit  cents  ans  de  bnlaitics 


contre  les  <  Horos  ».  le  souci  de  ses  rivages  nuit 
et  jour  violi^  par  les  furtians  hnrh.'iresqne«i.  le  soin 
de  sa  puissance,  hi  sècuriti*  de  ni  manne,  et  sur- 
tout son  anleur  de  prupa^^ande  trî^  catholique. 
Apri*s  a\oir.  chassé  les  »  AralH*s  »  des  vallées 
asturicnnes  au  Duero.  du  Duero  aux  sierras  cen 
traies,  des  sierras  centrales  au  Tage,  du  Tagc  au 


499 


LA    TRRRE   A    VOL  D^OISEAD. 


Cuudalqiiîvir,  puis  enfin,  ilo  n*  fleuve  jauni*  à  la 
nier  d'azur,  i*\\o  élait  oihvïti'  allôr*'**'  <lt'  vi'ngt*anr<.' 
t'I  ne  rêvait  que  c<nj|is  *l'é[*<''e  centre  les  infiilf^lis. 

Elle  passa  donc  eu  Afrique  et  iuU:i  pas^iîonné- 
nieiil  pniir-  (ihinler  sur  le  riv;ii;e  impie  sa  ban- 
nièn;  alors  si  glorieuse.  Tout  elirélii'ti  qui  versail 
son  sang  sur  le  rivage  hërélique  laiâsail  parmi  les 
siens  le  renom  d'un  martyr.  D'une  de  ets  iKilaîlles 
t'oiitr'ê  les  Mrcrêarils,  Mi^Miel  Cervjïuïès  a  iJil  dans 
lin  (ier  sonnet  ;  m  lïe  cette  terre  stérile,  ravinée» 
de  res  Jours,  les  i^rnes  saintes  de  trois  mille  sol- 
dais jurirharil  le  scd  tn<mlèrerït  vivantes  au  Séjour 
meilleur.  Ils  luttèrent  en  vain  d'un  bras  forcené, 
puis,  peu  nomlireux,  las,  ils  moururenl  sous  le 
glaive.  [']t  voiei  le  lieu  ^  plein,  jadis  el  tnainlenani, 
de  lainentiildes  mémoires.  Mais  du  dur  sein  de 
la  Tenv  janinis  âmes  plus  jusies  ne  volèrent  nu 
ciel  aiîrein,  jamais  honunes  si  valllafjls  nr  fiinlr- 
renl  le  s(*l.  \* 

Rn  1500  le  earvliual  Jimene?:  débarqua  devant 
Oraiu  Tenant  d'une  main  le  erucifix,  et  de  l'autro 
niontratil  b*  Sud  :  «  Ce  n'est  pas  unt^  ville  (jue  vous 
aile/  [jreiidre,  eria-t-il;  c'est  (ont**  la  Maurita- 
nie que  vous  conquerrez  à  la  Crois  u.  i*lus  tard, 
de  puiss.riiti's  llolti's  déltarquèrenl  ifes  armées  à 
Alfj^'r,  qui  fut  attaquée  sept  (ois,  à  liuugie,à  Tunis, 
et  encore  à  Ornii,  mais  l'Espiigue  Iravaillait  en 
vain;  presque  lous  srs  rlébai*quements  furent  des 
,  (lias  (fe  pcrdida  y  senUmicnto  para  Eapana^;  la 
nier  s*irriln  contre  ses  llotles  et  les  dispersa,  les 
Moros  ballirent  ses  armées,  ou»  i]uaiid  elle  eut 
l'beur  de  vaincre,  elle  ne  sut  pas  proliln-  de  la 
victoir  ;  enfin  eu  171)2  les  Kspagnids  abandoji- 
néren(  Oi'^m,  leur  dennère  |dat-(!  ftu'te  tm  ACriipie 
en  dcliois  des  presidios  ilu   littoral  maroenin. 

Le  Portugal  n'avait  pas  été  plus  heureux.  Il  ne 
garda  Imigtenips  ni  Mers-el-Kebii\  ni  Tanger;  sa 
grande  prise  d'arirïi's  emitre  les  Marocains  amena 
le  dés;ist)v  d'Alkarar-hebir.  r|ui  fut  le  eoufi  de  niorl 
de  la  [Miissarife  lusitrmienne  ;  pourlanlses  troujies, 
venues  aloi*s  er»  mille  vaisseaui,  avaient  mis  b* 
pied  sur  le  littond  africain  |iour  chasser  les  inlj- 
dt^les  jusipt'à  reitrémité  rnéme  des  terres,  l'ius 
tard,  il  dnt  céder  .-i  l'Kspagne  Ceula,  puis  aban- 
donner Lfirache  el  les  forteresses  qu'il  avait  l);ities 
sur  le  rivage  marocain  de  l'Allantique  avec  des 
pierres  taillées  d'avnnce  i\  Lisbonne. 

C'est  In  France  qu'a  secondée  le  Destin. 

1^.  CnrUjago  et  Tunis. 

%  Jours  de  |iei  te  v\  iloiilour  pour  l'Espagne. 


Dès  le  pronn^-r  j*njr  elle  a  triomphé.  Main- 
tenant elb^  régne  sur  tîtfOO  kilomètres  de  côtedpJ 
sur  le  Tell,  le  ï'biteau,  et  jusque  dans  le  Sidiara 
des  meilleures  dattes,  malgn>  lu  prédiclîuii  du 
Propfïéie  :  <(  !*,'ii-(nni  on  la  dalle  ne  vient  pas. 
vous  pourrez  conquérir,  mais  vous  ne  garderez 
jM)iut;  partout  où  elle  mi'iril  sera  votre  royaume  », 

P(*ur  qui  sorl  de  i'Fuivipe  occidentale  el  regardai 
au  loin  dans  le  monde,  notre  histoire  a  deux  grande*  j 
journées,  lune  de  revers,  l'autre  de  triomphe.  Le 
revers   irréparable,    ce   n'est   ni   Pavie,  ni    Saint- 
Quenlin,  ni  Malplaquel,  ni  Rosbach.  ni  Waterloo, 
ni  Sedaii;  c'est  Québec  :  devant  celle  ville,  dans  les 
plaim's  d'Abrabam,  on   nous  ariaclia  l'empire  de; 
l'Aniéj-ique,  l't  peut-être  de  la  Tejre,  le  I5seplem* 
bre  iTo'J,  I.e  grand  jour  de  triomfihe,  non  pas  une 
de  ees  vieloires  «ussi  stériles  que  retenlissantesdont 
iK»s  livres  sont  pleins,  mais  uni^  (b'  cidles  qui  ouvrent 
MU  nouveau  lit  à  quelque  giaode  branche  du  fleuve 
(le  riiistoire,   ce  n'esi   ni  Marigrifln,  ni  l(ocroi.  ni 
Fonlenoy,  ni  Marengo,  ni  Aus.terlitz,    ni  léna ,  ni 
Wagrani  ;  c'est  la  [irise  d'Alger  b'  5  juillet  1850. 

Llle  nous  a  doniK*  l'Afri^pn^  «lu  Niu'd,  car, de  par 
ces  cinquante-cinq  annê^'s  jravanre,  l'Algérie  doit 
absorlïer   tiM  ou   tard   la  monb*ïgïip   du  Tell  afri-  \ 
cain  dans  une  v.iste  unité  lran<;tiise.  (ir,  qui  licnl 
Je  Tell,  lient  le  Sahara  et  doit  domitrer  au  Soudan. 

C'est  ainsi  qu'il  y  a  soixante  et  quebptes  années, 
dans  un  palais  d'où  l'on  voit  la  tuer,  un  coup 
d'évenUil  ni'r^ta  soudain  l'aiguille  prête  h  mar- 
ipier  notre  an  climatérique  sui'  le  lénéhreui  c^i- 
dj'un  des  âges. 

Dix  années  npl•^s  le  hasard  de  1850,  un  gi^ 
néral  *  découragé,  qmorpje  vaillant,  \oulail  re- 
tenir la  Trance  sur  les  eollines  «l'Alger,  derrière 
uji  fossé  creusé  de  Birklmdem  h  Douera.  Il  répu- 
diait Blida,  la  «  rose  de  l'AIlns  >',  et  m^nn»  Bou- 
farik,  «  dans  l'irHeete  et  désolée  Métidja.  ^\»us  la 
laissei'ons,  disait-il.  aux  cliacals.  aux  courses  des 
bandits  arabes,  au  domatru'  de  la  rnm't  sansgloiiv.  d 

Kt  aujonrd'hni  rïous  sommes  n  (ialiès.  à  tiarlliage, 
h  Kl-Goléa;  demain  nous  serons  an  T(tual,  dans 
les  monts  des  Toual'^gs.  ;i  Tombonelou,  au  lac 
Tchad,  à  plus  de  trois  mille  kilomètres  du  fossé 
rêvé  I  ar  ce  ^^énérat  sans  es[)oir. 

Sans  limite   prérïsé  au   sud,   sur  une  aire  utile 
de  00  millions  dTiei-tinvs,   la  Berhérie  n'a  guère 
encoi'e  qne  10  i\  \^1  millions  d'hommes,  dont  5  mil- 
lions pour  l'Algérie. 
t.  Dinivicr. 


L 


HamiDanel.  JoT*  P-  A^)  —  Oesta  de  Eaf.  GinnSet 


ALGÉUIE 


Grandeur  de  l'Algérie.  —  On  se  ^ardora  bien 
ici  d*a|>(H*l*T  AlîT^rir-Tunisif,  il'nn  nom  lon^:.  louni 
rt  faux,  l*Afri<(iK'  fnini.'ai'^*'  d'«>tilïv-M«'ililon'aiuV, 
•  iHIe  qu'elle  se  poursuit  et  ri»iii[N*rto,  iivoc  luuti^s 
«rs  n^^tlifuncea  et  dépendartfe^  u.  A  quoi  Inm 
«é^tffvr  m  (|ue  h  nntiin*  et  riiistoiro  uniss(*nt. 
Cr*i  Alp'rii'  qu'on  la  nornnit^n  pun^nirnl  oi  siin- 
ptiinml.  («rn*  qn'U^iT  .1  priTêth^  Tunis  do  rin- 
qvjiDte  et  un  ;inK  d.iuN  Irvolution  iioinclli*. 

Il  n*i*M  p«s  Mioin^  faux  i*(  |iniTil  «l'arn^lrr  an  sud 
l'AJgmr  4  la  ligni*  idôalc  d'KMitdcM,  du  rôtr  hummo 
ou  bute  d'obfttacles  rc  grand  pays  doit  fatiili'- 
nirnl  «lleindiv  ses  fronlirres  nfllun-llrs,  v\  aus- 
ftildt    «prH    Ua    dèp.'»>^'i      l.i    N.tinfllr    KiMorr 


vonte  ici  le  long  du  stérile  Oued  Mya  et  du  plus 
sli'rile  If^harc^tiAr  jusqu'au  faiti»  iMitn'  ivs  lor 
r»»nl8  inoi-ls  hI  les  rivi»'rt*s  morles  nussi  qui  rou- 
nnit  (Lins  1^  Grand  Midi  jusqU'Oi  JuinUin  Ni^t*r. 
Lî  est  le  divoire  entre  l'Afrique  niédilerrnnèenne 
et  l'Afrique  eenlnile.  on  |M>ut  dire  eniri»  les  Itlanes 
el  les  Noirs. 

llansc**s  liuiiles,  l'Algérie  .1  JO:i  millions  d'her- 
tares,  soit  deux  ftûs  la  France,  et  I»  Ki-nnde  moi- 
tié di'  l'ain*  «  harlKin-^que  •*.  Li  moitié  moindre, 
qui  est  le  M.in>e,  h  l'ouest.  pi>ss<<tie  pKis  de  TelU 
plus  de  hauts  monta,  plus  dVjiu.  l'AlKêrie  ft'é(en<l 
en  pliite.iux  plus  vîisti*^»  M*iis  I''  Mnnte  lui-inéme 
fera  tomme  la  défunte  m   Uégence  ".  il  paruclié- 


49  i 


LA    TRRnK  A   VOL    D'OISEAU. 


vi»ni  l'Algi^rjp  nprAs  lui  avoir  prêalahlomenl  et'-iK* 
la  turlu^njsi'  Malnuia  i\c  Tell  et  le  lonjî  tHuMirruir 
(11*  SnljniM  :  -iluif»  hi  \u)i'um  qui  vinll  vu  ^^ntav  li.itis 
\n  prise  d'Alger  coeivrira  loule  h  Berbt'rie.  «  I*lus 
Dirllit*,  (uKJours  [iliis  oiiltiv!  » 

Les  rivages.  —  La  Môdilerranêe  à  Tesl  et  au 
noni,  en  .'ïKcndant  l'Océan  à  J'oijpsI;  le  SîtlmiM  jui 
sud;  l'uhv  deux  \n  niorit.i^rir»  imiiietis**  phiUviu  ni- 
vinr,  Irlle  est  rAI^'êrie.  sous  le  scdrll  êlernel,  el 
duiiK  In  liUle,  (''ItM'tielle  nussi,  des  deux  venls  :  nu 
nurd  i"]i;dtun(î  de  pluie  et  de  vie,  au  sud  le  souffli' 
d'îH'deur,  d*aridité,  de  mort.  Presque  p.irlout  il  y 
a  loin  do  Tune  à  l'imlre  ul'liciue  de  ces  vtMils, 
de  ia  grande  fontaine  à  la  grande  fournaise  ;  2.^0, 
500,  MH)  kiloiuèlres  séparent  h\  vague  éliiice- 
lanle  de  la  pierre  aveuglante.  Au  sud-esl  dt* 
rex-Tunisie»  par  un  triste  hïu'ilage  de  h  morne 
Tri[K»Iiluine,  ie  Saliara  vient  frùler  la  nier  dajis 
les  i*arages  de  (ialjès,  près  de  lacs  salés,  au  jiied 
des  rnonls  des  Ourgliainmn. 

Là  rnérne.  sur  le  rivage  de  la  Petite  Syrie,  aux 
lieux  liù  Li  Méditerranée  seiiHe  le  plus  eu  ma- 
rées', d'aiinms  voulaient  |KMU'fendrc  la  roche» 
ouvrir  le  salile  et  verser  le  (loi  Lien  dans  des  pa- 
lus inlVaiuajans,  Ixjue  séelie  et  fuuils  siiuuiAtres 
qui  l'uretit  sans  doute  un  hc  do  ['atilique  Ighar- 
gliai";  ils  espéraient  redonner  ainsi  pluie  et  fr;»i- 
cheur  aux  alenliKU's  de  celte  cuve  iorriile,  itiais 
ils  oflensiiieiii  trop  de  dêri-els  de  la  nature  pour 
que  Li  nature  ne  eondanuiàl  par  leur  œuvre*  à 
l'iuroîiérenre  et  à  l;i  stérilité. 

Au  nord  de  iniLés  la  rote,  de  moins  en  moins 
désertique,  finit  j>ai'  devenir  le  riche  quoiqui*  pier- 
reux Sidiel^,  exubêraul  en  huiles,  i)leïn  de  villes, 
de  bourgades  au  milieu  des  nli^iers;  mais  derrièn^ 
ces  jariiins  secs  n'ayant  (|ue  des  eaux  de  puits  el 
jioini  dVaux  de  rivière  le  Sahani  pei^iste,  au  lunius 
snus  forme  de  Steppe,  autour  des  lacs  salés  de 
Kuirouau,  la  cité  sainle,  avec  sa  mosquée  dont  tuiI 
chrétien,  chien  fils  de  chien,  n'avait  le  droit  de 
fouh'r  les  parvis. 

Par  Sfax,  Méliédia,  Monaatir,  Soussc,  llammnmel, 
le  rivage  monte  au  sepletilrion,  en  fausses  baies 
évasées  de  peu  de  profondeur,  ballnesde  tout  vent, 
à  peine  Ixituies  pour  ht  msuine  antique,  sous  les 
Carthaginois,  puis  sous  les  Romains,  quand  les 
plus  grands  vaisseaux  étaient   des   galères  qu'on 

1.  Jusqu'il  5  mf^U'cs  dans  les  anses  de  Itjerba.   'ùa  Uim- 
sieniie  de  (U  OW)  tiecmies  pc'U[tIde  de  40  0(*U  t*frl>èrefi. 
S.  Si  jnmnb  L'Ue  ïi 'était  Faite. 
3.  LiUoral,  en  arabe. 


hissait  à  force  de  bras  sur  le  sahle  des  plages. 
ILmunauiet  veille  î^i  la  racine  de  la  presqu'île  du 
cap  Itou,  l'un  des  longs  tentacules  de  re  litto- 
ral de  l'Afrique  Mineure,  qui  en  a  si  p»eu  ;  mon- 
tagneuse, riante,  a^ec  sources,  ravins  fleuris  et 
des  deux  côtés  mer  el  souille  marin,  celte  |X'iùn- 
suie  est  un  des  précieux  appendices  du  conti- 
nent mal  ai'ticulé. 

Du  cap  Bt»u,  jadis  promontoire  de  Mercure,  au 
cap  Farina,  jadis  j>romontuire  d'Apollon,  s'ouvre  le 
golfe  de  Tunis  et  Cartilage.  Tunis  sur  un  lac  snl*, 
|>lal,  point  profond,  communiquant  avec  la  Médi- 
ti'rraiiée  par  In  Gouletle*,  a  donné  son  nom  aux 
ir>  millions  d*Jicctares  qui  composuient  la  Tunisie 
à  son  entrée  dans  le  cycle,  ou  peut-être  le  cyclone 
des  lieslinées  françaises.  Cnrihage,  moile,  mais  im- 
mortelle, n'est  plus  qu'un  décomhre,  simples  li- 
néaments déduits  plutôt  qu'aperçus  sur  ou  sous 
un  sol  de  débris;  celle  niére  d'Annihal  joua  le 
monde  .avec  Ihttne  ;  elle  perdit.  Ih.me  aurait  pti 
|M  rdre  :  un  sable,  un  caillou  détourne  un  lorrenl, 
un  hasard  détourue  l'histoire.  Carthage.  ou  plulét 
sa  rivahr  lltque,  a  vu  le  sous-golfe  qui  lui  don- 
nait un  port  se  combler  siècle  j^  siècle  p.ir  les 
alluvions  de  la  Medjerda.  autrefois  Uagradas.*;  ce 
qui  l'ut  terre,  sable  et  rocher  i^nv  le  plateau  raluv- 
teux  des  Numides,  rem[>lit  la  coupe  de  vagues 
Lieues  où  flollaienl  les  galères  d'une  ville  plus 
fameuse  pflr  la  niori  d'un  seul  homme  que  par 
l'éclat  de  ses  jours  pi'ospères.  Rien  ne  s'oublie 
plus  vite  et  plus  justement  que  le  luxe  insolent 
des  cités  marriiaiides;  ('tique,  plus  vieille  que 
Caiiliage  même,  hérila  de  la  rivale  malheureuse 
de  Itonu^;  elle  eut  des  lloltea  sur  la  mer,  des 
citoyens  d'une  royale  opulence;  son  nom  poui^ 
laut  ne  rn[»fiel!e  qu'un  chef  de  {tarlîsaus  vaincu, 
Catuii.  se  perçant  d'un  poignard  devant  un  livn^ 
en  langage  grec,  qu'il  avait  lu  toute  la  nuit  pour 
espérer  avec  IMaton  que  l'ânjc  est  inunorlelle. 

Le  cap  Farina  protège  l'anse  de  l*orloForina, 
qui  fut  un  excellent  abri,  qui  ne  l'est  plus,  la  Me- 
djerda  l'effaçant  pai-  l'alluvion  dont  sont  gorgées  St»s 
eaux.  Ici  le  littoral  tourne  à  l'ouesl  et  garde  celle 
orientalion'jusqu'à  la  frontière  du  Maroc,  sauf  qu'à 
]>arltr  des  k  Sejil  (aq>s  n»  an  delà  de  Philippeville, 
ou  mieux  d'Alger  el  surlout  de  Ténés,  il  descend 
en  même  tenqts  quelque  peu  vers  le  sud  :  ainsi 
font  les  chaînons  de  l'Atlas,  inclinés  aussi  de  l'esl- 

1.  Iji  Goiilflle,  rest-à-doc  icOosier,  1»^  tlétroil  :  nom  il'*»» 
c;ma\  t\e  "Jb  mètres  de  large  cl  de  la  \ille  qui  eu  lient  l'eni- 
Iiomliiire. 

2.  Meiijerda  n'est  fiu*[iiic  corruption  de  B-israilns. 

j.  Ce  scml  vraiment  le  ca&  de  dire  «  uccidcntatioD  ». 


I 


M& 


Éite 


405 


lA    TKlUîE   A   VOL   D^OISKAi:. 


nonl-pst  h  rLHiosl-siKloiiesl,  On  y  Imiivi?  d'abord 
r,i/vvU\  Turi  H{*s  pniiuis  porls  dr  ravciiir  outre  le 
Nil  el  (libivdliir  :  it  poiirra  purlei'  â  la  l'ois  Ions  les 
vaisseaux  tlu  immdc  sur  10  â  12  inèlres  d'eau, 
dans  les  ll>Ol)0  iieclares  de  son  lae  salé,  le  Tinga, 
qu'un  elinnal  unil  à  la  mer;  cecht^na!,  voici  qu'on 
le  ereiisie'  on  l'élar^Ml,  car  ce  n'ètail  qu'un  fossé 
JLisle  assez  profond  pour  les  gabares;  une  courte 
rivière  tortueuse  et  palustre  porte  à  Vu  euu  de 
Uizerle  »  le  tribut  d'un  lac  presipie  aussi  «:,'i'niul, 
riclikoul  ou  ((  eau  do  Maler  l^  qui  ifa  guère  qui* 
2  inètitîs  et  demi  de  fond  cl  dont  les  ondes 
sont  lanlùl  {joiires,  lnnl*^l  salées  —  tlonces  quand 
les  (unnls  lui  versent  les  pluies  saisonnières, 
auiÎTCs  quand  le  Tiuga  rellue  dutis  1  Ickkcl  bais>è 
de  nivivui  pai'  le  soleil  carlliaf^iiiois.  Peu  «après 
lîiïerti%  te  eaj»  lUane,  d'où  Ton  souproiuie  la  Sar- 
dai^ne,  ewt  la  lerre  africaine  la  nuiius  èbtjgnée 
du  Piile,  par  57"  20'. 

Vieuuerïl  ensuite  Tilc  de  Tabarque,  au  pied  du 
tnassîf  des  Krournirs,  Aralies  ou  lt4'j'lièivs  que  les 
bonlevnrdiers  qui  sont  l'oppnjbrede  [n  Fi'anee  prê- 
tiMidenl  n'avoir  jnmais  «'xisté;  la  Calle.  port  de 
pèrlie  avee  banes  de  rorail;  la  eliarniîuite  lîiMie 
(jui  rêve  de  griunies  destinées,  aviul  den-ière  elle 
un  TefI  tort  large  lertniné  par  les  plus  hauts  uionts 
al^M'-riens;  Philijipeville,  [n»i'l  tout  arlilieiid  qui  lail 
le  coitinierce  de  iionstaiitiiie  avt'c  lu  Frunio;  (iollu 
que  dominent  des  sommets  forestiers;  Hjidjelli, 
voisine  aussi  de  djebels  frais  et  boisés;  lÎ4>U};ie, 
dans  uti  cirque  grandiose  euliv  ttiotits  kabyles 
avee  tiare  de  neige  bivernale;  Dellis,  égaleirienl 
kabyle,  c'<^sl-à-<rire  berbère;  Alger,  toute  gni- 
4'ieuse,  ilord  ou  peut  dire  que  le  port  n  été  lïiit, 
et  mai  lait,  conlre  vents  et  marées;  Clioi-cliell, 
bourgade  qui  sous  le  nom  de  Julîa  CaîSfU'oa  régna 
sur  l'une  des  Maurilanies  ;  Téiïès»  qui  a  nunivaiso 
nier;  Muslaganem,  qui  l'a  plus  ninuvaîse  eneore: 
puis  les  Ij'ois  ports  oranais —  Ar/.eu,  œuvre  excel- 
lente de  la  nature,  Oran,  uiuvre  précaire  de 
riionuïie.  Mers-  el  -Kebtr,  «ligne  de  son  nouî 
arabe':  voisiit  d'Oran,  dans  une  anse  rucbeusc, 
au  bas  dVscarpenienls  qu'on  peut  couronner  de 
redoub's.  Ijérisser  de  ballfries,  \v  »  (iraiid  IVirl  ji 
peut  devcni]-  un  (iibralliir,  eofutne  Di/erte  un  tjresl 
et  Bougie  un  Toulon,  Après  Nemours,  que  visi- 
tent li's  balaneelles  espagnoles,  on  arrive  à  la 
borne  du  Maroc. 

'l'iuil  çida  l'ait   envij-on  2<K1€   kilomètres  d*orée 
îuarine  sans  les   p«'tileî>  iiHlerd;ilious,   l'eplîs,  cri- 
ques et  eal;UM[Ues  ;  loul  cela  se  déploie  sur  qu**lqni' 
1.  1^  (îraud  t'oi'l. 


ir»  degrés  de  laLilude,  de  prés  de  9  de^és  E.  h 
plus  de  4  degrés  0.,  el  de  35**  W  de  latitude  sud 

Monts  ou  Djebels  du  littoral.  —   IVesqu 
|>HHout  te  rivage  monte  îdiruplemenl  du   flot  en 
djeîtels'  funrnis  ou  gais  suivati!  la  nature  de  leur 
[>ieiTe  et  lindigenre  ou  h    riehes.^e  de  leui'  pa- 
rure; le  plus  souvent  ils  sont  sévères. 

l'arnu  ees  monts  littoraux,  Méinembremenis  de 
l'Atlas,  le  Zagliouau  (ir>(10  mètres)  donna  sou  nom 
â  l'antique  Zeugilane;  de  ses  cavernes  de  craie' jail- 
lissi'id  les  7tCtU  litres  par  seconde  qui  dèsaltéraîenl 
Tartlia^e  et  dcsaltèrent  Tunis. 

Les  noHits  des  Ki(>umirs,  presque  inviolés  jus- 
qu'en 18^1,  lèvent  leui*s  létes  à  i-iCO  mètres  el 
[dus,  entiMi  la  mer  cl  le  fleuve  Medjerda.  l'rni- 
ries,  forêts,  ravines  ju'ofondes,  flots  de  lonlaine, 
courts  torrents  sur  la  pierre,  c'est  une  Are^idieou, 
I>our  rester  en  Afrlipie,  une  Kabylie,  Lien  que  sa 
race  ne  parle  ]dus  le  berbère  et  ne  l'ail  peut-être 
jamais  parlé. 

L'Kdougti  (10(18  niètres),  noir  de  buis,  regarde 
le  g<dfe  de  ïtône  el  tomlM?  sur  la  Méditerranée  pir 
une  côte  sauvage. 

Le  Gouti  (lOÎMJ  mètres)  domine  tlollo;  H  s'épa- 
nouit en  rudes  pruuiLMïloires.  au\  Sept  t_!aps,  qui 
sê[>arent  le  golfe  de  riiilippevilie,  â  l'est»  de 
celui  de  Bougie,  a  l'ouest  ;  l'eau  vive,  en  mille 
vallons,  coule  de  ses  lianes  sylvestres. 

l'restpje  deux  fois  plus  haut  que  le  Gouït,  le 
lîidïor  (i  979  niéti-es),  massif  où  la  neige  habile  eu 
fiiver,  daide  stis  pointes  entre  un  littoral  verdoyant 
avec  rivières  vives  et  le  pbiteau  de  Sélif  qui  est 
comme  une  (lastille  fauve,  si*clie  et  poudreuse;  il 
comnTande  avec  gloire  et  grandeur  le  goIf<»  de 
lîougii'.  Tun  des  plus  beaux  d(*  la  .Méditerranée. 
*Jnoi(pi(*  ses  Mionlagnards  de  souche  berbère  aient 
oublié  leur  dialecte  kabyle  pour  un  arabe  impar- 
fait» tin  nomme  4*i*  pays  la  i'etiie-Kabylîe,  par  oj»- 
pnsilion  à  la  (^rande-habslie  du  njurdjuni.  qui  lui 
l'ait  face  par  delà  b-  val  du  llcuve  de  lk)Ugie. 

Le  Djurdjura  {1251^  niètrcs)  a  les  allures  des 
grandes  sierras.  Ses  rors  snnt  Mers,  ses  tonvnts 
aussi,  des  culs  élevés  l'eiitailleul,  des  tribus  vail- 
lantes y  respirent  dans  des  bourgs  audacieux  ^ 
hauteur  4le  verlii;e.  Ces  Berbères,  derniers  soumis 
à  la  Krauci',  lui  seroid  bs  preniiei^  lldèle;?  ;  ils  ne 
tiennent  [»as  à  Tarabe,  langue  élnuigèro.  presque 
luislile,  f|  tii!  demahfb'nl  qu'à  passer  au  français. 
(le   nn>nl    n'est    litloial   f|ue    par    un  clminon  ôfi 

t.  Mot  urabc  devenu  françnie  :  ntOfiUignvs. 


i 


rien  àt  ee  bartM  £i 
appelle,  O 


peî'tH  Allianilini&,  ii««i  [aUis  Ja 
de»  «illfts  de  pla»  r^ptai  wmÊobnmars  H 
i  «erf ers  et  de  jeunci  Tjywhks;  Al^«r  est 
tmmn  un    niiltiv  OHMsir,  U  Bounr^ 
(407  Tru|i  \m%  le  Sahrl  u'am^l'*  |«s  les 

pluû-^  ..   <.ll£5-ci  vuot  se  butf*r  aux  inoats  de 
Blila  pardetMi»  U  Nétidja.  pleine  ^nts^v  ;  m  ^uoi 


ces  monts  piï*u%^etit  ^Ire  regardes  < 

ipoiqne  Sahel  et  V^tk^i  les 

entrv    leurs   deux  aiOHBels 

•Éni-Sjilih  M6i9  nèlm)  H 

Uvs).  k  Chiffii  eourl  dun 

rtHite  de  IMé*  la  fraîche  el  da  Sud  Incndescettl. 

Cellr  QiifEu,  rilarradit  llUmise,  retenue  par  une 


UtlMraui. 
de  U  mer; 

pétoo  des 
(I6M 


m 


LA  TEnrtE  A  VOL  D'OISEAU. 


digue  aiTAlanl  li  niilliuns  tir  iiiMirs  cubna  dYvui, 
et  nombre  ci**  ïiclils  oueds  jamMÎs  tout  à  l'ail  f^crs, 
armsfiil  ab(*iMliuniui'ii(  la  MtMidja,  pivci*nj^e  ;illu- 
viori  iK'  tilOOOO  iH^cinies  (]tjt  fui  pour  les  pre- 
miers colons  le  ch.iniicr  de  la  inorli  mais  c'est 
niflintcnanl  le  janliii  de  la  vie. 

Le  (^iu'iiaujï  (Ut)?  ui^tivs),  borne  j;^raiuïii>hP  à 
rextrêïiiité  norJ-oucyl  de  l;i  Mi'titlja,  jelU'  du  luiii 
son  0!ubre  sur  Cliercl^dl,  qui  coininandail  une 
gnuido  pniviriee  i[ii;ind  Al^ec  était  â  pciiu'  un  lia- 
meau  de  peclieurs.  Sous  los  lloni.iiiis  i'AlritjiK' 
Mineure  comprenaîl»  de.  Tesl  à  l'ouest,  et,  dans  cl» 
sens,  ih)  moins  pu  mains  roïiiairip.  la  Province,  ou 
brillait  Cartlinge  riMuiuvt-léo  ;  la  rSunudie  avec  ï'm- 
djieieusf*  Cirtba;  lii  Mauritanie  Sitilienne,  ainsi  nom- 
niêiMle  1,1  luujlc  Sélif  (Sili(i):  la  Mauntariii"  Césa- 
rienne, qui  se  ^'inivernait  ûe  l'beivhell  ((!a'sareii}  ; 
la  Mauritanie  Tirjt^ilitno  ou  de  Tiin^j^r  (Tingis), 
celle-ci  vaste  p;*ys  aux  liruih^s  du  Clobe»  Allas 
imipènélrable,  inipéiiétré,  fort  peu  latiiiisé  piu*  i?cs 
coiu|uéranls.  Le  Cbénoua  s'aUache  aux  monts  où 
poînie  le  Z.'iecftr  (ir>8Û  mètres),  pir  de  Miliana.  la 
cité  rbïirrn.iule  uii  l'eau  do  grandes  sources  mur- 
mure et  lonibe  en  cascade. 

Du  Zaeear  on  voit  les  anneaux  du  Cbéliff,  sa 
plaine  inuuensc,  l'Onaraiisêriis  dentelé,  puis,  au 
nord,  par  delà  «les  djebels  en  eliaos,  l'iiorizon  conlus 
de  la  Médilerr;tnée.  Knlre  ce  lleuve  et  celle  mer 
s'allon^^t»  à  roecident  des  munis  de  Mtliari.L  jus- 
qu'^  rembouchure  de  l'antique  Cbiunlaph',  une 
sierra  cùliére  (pii,  dimimiant  <l*ultùnde  et  cliaii- 
geanl  plusieurs  (ois  de  nom.  desi-end  après  Téuès 
au-dessous  de  KMin  mètres  el  de\ieiit  le  iKilira. 

Le  Oalira.  ^n'aiid  luitiiielomiage,  porle  un  piHil 
peuple  en  p.irlic  berbère;  il  esl  vert  du  nAiè  du 
flot,  c'est-à-dire  ;ui  nord,  sec  du  cuié  du  lleuve, 
c'est-à-dire  au  sud;  fertile  partout,  nu  seplenti'ion, 
au  mêridion  el  sur  son  plateau. 

A  Touesl  de  la  bouche  du  CbèlifT,  assez  voisitn' 
de  MosLaj^aneiu,  ville  gaie,  irislc  piut,  aucniie  inon- 
la^ne  de  100(1  mètres  ne  plonge  en  Aly^èrie  sur 
la  cMe  de  fer  de  l'Afrique  Mineure.  Le  massif 
d'Arzeu,  pauvre  en  ftnils,  se  di'esse  à  <»."»!  mèlivs; 
le  massif  d'Orun  n'en  a  que  M)!,  mais  il  surgit  avec 
j^raiulcur  au-dessus  de  b  ville  hispano-franç.use, 
sauva^j'c  et  siérile,  avec  de  splendides  casiillus* 
sur  les  saillants  de  sa  roclie. 

La  Tidïia  est  le  dernier  ^rand  oued  ih\  Ltloi'îd 
de  Tôuest  en  alleiidant  l'artnevion  de  la  Malouïn; 
au  delà  de  son  embouchure,  non  hviii  de  sa  Ijasse 

1.  Le  UH-Uii". 

!!.  Fui'ls  l>.ilis  [i:tr  Il's  Espagituli^. 


vallée,  le  massif  des  Trara  (860  niMres),  toute  pcJ 
tite  Kabvlie,  a,  comme  telle,  des  bosquels  et  Tcr-j 
gers,  des  souives  fj'aîcbes,  des  f»elouses  et,  sur  sef^ 
pilons,  «les  villages.  Kn  arrière,  une  chaîne  presque 
littorale,  les  monts  de  Nédronui  ou  T'ilhaouc^n  ^ 
(t\Tïl  mètres),  ferme  au  midi  l'horizon  de  Ne-] 
moui's. 

Monts  de  rintérienr.  —  Pes  djeiïels  du  lil-1 
loral   à   ciuix   de  rexlréme  lisière  du    plateau  de 
l'Afrique  Mineure  sur  le  rebord  du  Sidiara,  c'est 
une  inlhiie  confusion  do  chaînons,  de  massifs,  de] 
dômes,  de  pics,   de  basses   et  de  hautes  plaines 
ruviiiées    par    des    oueds   aux    noms  changeants, 
aux  ondes  rares,  impures  dès  tpi'elles  sont  descen-j 
dues  dans  le  [tays  inférieur  où  les  b'oit  le  soleil, 
où  sable,  galet,  gravier  les  absorbent;  mais  dans 
la  montagne  elles  sont  claires»  froides  et  le  Tel- 
lien   d'en   bas  comme  le  Saharien    d'au   delà   s'y] 
setileril  émus  jusipi'au  plus  prohtnd  d'env-tuènicâj 
par  la  ruinenr  di-  leau  sur  les  pierres,  Tuoe  dfsj 
plus  siv.mti-s  Itijinupuies  île  la  nature. 

ijue   n'cnteudenl-ils   aussi  pai'Iout  le   tnui*nnuro| 
de   J'air   dans    la    feuillée    des   boisf   Eu    dehoral 
des  Kahylies  el  de  qnehjues  lieureuses  nionlagnesl 
non  kîdjyles,  le  djebel  algérien  n'est  que   jH^nteaj 
nues,  écrasées   de  lumière  et   de  chaleur,  et  dt| 
loin  en  loin  des  lâches  sombres,  maquis.  bn>uss£ 
indij^cLite,  forél  délabrée,  pins  de  tO;ilo  ess*'nce  ell 
surtout  [»iris  d'Alep,  cédiv,  résineux  divers,  thuyas/ 
cliOnes  de   loul  ordre,  et  parmi  eux  l'arbre  UflJ- 
jours  écorchè  dès  que  la  |*eau  lui  renaît,  le  chéue-l 
liège.  t*r,    îi   ce   pays   de   |»eu   de  pluies  et,   paf| 
malheur,  de  pluies  irrégulières,  menacé  des  einr 
piètenients  du   Saliar»,  il  faudrait  des  niontji  s>l* 
vestres  poui'  lenij»érer  la  réveri)éralion  des  cieux»J 
attirer  les  nues,  évoquer  les  fonts,  rajeunir  les  lor^j 
rents.    Si    l'un    boisait    en    bois  conforme-^  ce 
longs   djebels  osseux,   même  les  plus  S(pieleltes»i 
ils  reprendiaient  de  la  chair  et  du  sang,  ils  i-e-J 
trouveraient  leur  antique  adolescence,  ainsi  qu'en 
toute  zone  de  i(uelque  humlilitè  toute  sierra  qa*OQ 
Vwïv  à  rénergie  passionnée  des  forêts. 

bjeliels  boisés  de  Souk-Arhas,  de  Guelma,  djebelil 
déehaniés  des  plateaux  de  Constantine,  numts  fau\eS| 
an  midi  de  Sétif  el  aux  abords  de  Burdj-bou-Arènd 
(18tVJ  nièlres),  lïira  d'Aumalc  (1810  mètres),  moud 
lie   Teiiiet-el-lUiii   (l^Oi    mètres)  dont    les   cèdres'' 
-  vab'til  ceux  du  Lilian,  (tnarafisénis,  beaux  monts  rie 
Tleniceii,   [tleius    de  cavernes,   île  gnmde:»   soup 
ces.  d'eaux  couranles.   voilà,   parmi  cent  autres 
les  luailres  djebels  de   l'Atlas  intérieur.  Le  plu 


haut,  rOiiîiransénis',  csl  aussi  \e  plus  beau  :  Fanf 
les  laves,  il  ressemble  au  Cantal  par  sn  dirnnt;i- 
tion  di^  torrents  qui  finissent  tous  pnr  atteindre 
le  Cliéliiï  (iarnoni  ou  le  ChrlilT  d'avHl,  mais  le 
Cautal  en  ses  plus  fitres  nnuil.agnes  n'n  ru:n 
d'aussi  noble  que  les  crèneau\  Mipivnies  de  ce 
bastiun  de  l'Aths  et  que  son  Œil  du  Monde  (1085 
mètres)  qui   voit  dos  légions  de  pics,  au  nord. 


h  IV^yt,  h  l'ouest,  au  sud  :  ei   de  tous  ces  pic» 
el  de  mille  vnJlims  on  l'.idtnire. 

Dans  l'ensemble,  celte  dislocwlionde  djebels  s'a- 
ligne en  traînées  pnralli^los  à  la  c<Ue,  [Kirallcdes 
t'i^ndement  à  l'Allas  etlri^ine,  qui  plonge  dnns  le 
Sahara  par  des  versants,  des  Falaises,  des  «  lé- 
moins  »,  restes  dMiirt^,dêliancliês,  cassés,  rabotée, 
de  ce  qui  fut  une  sierra  plus  haute,  plus  éloffée. 


Êer  d'alfa   (Voy   p.  ti03  ;  —  Dessin  de  à   de  D«r 


plus  épaisse,  défendant  mieux  le  Tell  des  injures 
dis  lK'*tert. 

L'AuW's  (2531  métrés),  borne  angulaire  de  i'AI- 

"  ■•■'♦avanl  I  accession  de  la  Tunisie,  e^ï  jusqu'à  ce 

la  roclie  la  plus  élevéo  do  noire  Arri(|U(»  ïello- 

iMïienne;  il  dépasse  le  Djurdjiira,  d**  (pieltuirs 
lu»  très  M'uk'uienl.  l'euplê  de  Iterbères  parlant  Uer 
bére,  nolil«0  liibus,  il  jette  quelques  ruisseaux  aux 
pUteaux  conslantiniens  constellés  de  lacs  saum^)- 


très,  et  de  longs  et  bruyants  torrents  jamais  secs 
il  la  dépression  Traneo-tunisienne  où  ils  s;u)tent 
par  des  gor^'es  inoulis;  la  Medjerda,  seconde  en 
longiieur  parmi  nos  lleuves  nigériens,  y  n  »es 
sources  les  plus  reculées. 

I.e  hjclii'l  Vrïïour  (tt»")7  métrés)  domine  Djelfa. 
Iwigiioual,  Allou,  ri  s'arrête  firés  de  (iéryville.  Il 
re;<nrde  les  monts  pelés  au  delà  desquels  vivent 
dans  leur  hi'ptajwle  les  rîoOOO  IW*ni-Nz;d),  mu- 
sulmans scliisrnaliques,  Bcrb^M-es  i^»res  au   gain, 


HEU! 


500 


LA    TERRE    A    VOL    D*OISEAU. 


rivfluï  des  Juifs  eui-mèniGs  en  (épargne,  en  usure. 
I,p  Cïit'lifr.  plus  lïtig  quo  L'i  Mfdjcrda,  et  par  con- 
SL'i|uenl  le  prcniii^r  dt?  tous  los  t>ueds  d'Algt^rift, 
voire  de  l'Afriqui^  Mineure,  ^  nail  de  quelques  pau- 
vres foiitninrs— le  Ttdl  du  M:in»e  a  des  fleuves  in- 
Cûiniiîirableinenl  plus  alimuiaiits  t-t  plus  Loaux,  tiKiis 
aucun  ne  fait  aularL  de  clieniin  que  le  ChélifT, 

Sous  le  ru)in  de  Monts  des  Ks(Kirs,  le  DjeUel 
Amour  se  continue  vers  Itmesl-surlouesU  duns  In 
direelion  normale  de  l'Atlas;  puis  il  entre  daits  le 
Maroc  ou,  pour  niieuî  dire,  dans  le  pays  de  Fi- 
^ui^'-,  qui  n'obéit  jkis  encore  ;'i  TAl^V^rie  et  qui 
n'obéit  plus»  si  jnïiKiis  il  le  fil,  au  grand  chèrlf 
des  Maroeains.  A  la  frontière  même,  sV'ttniee  le 
Djebel  Mzi  (2200  mètres),  [loinle  suprême  de  la 
province  d'iîran,  comme  le  fljurdjura  l'est  de  la 
province  d'Alger  et  TAurùs  de  la  province  de 
CoTistanlinc. 

Oueds  ou  fleuves  et  rivières.  —  Qui",  dire  de 
relie  Merljenl.1.  de  ce  Chêlilï  et  de  tous  les  n  fleu- 
ves 0  al*rèrieiis  qui  soiL  A  Unii"  honneur  et  gbiire? 
Ilien,  sirmn  que  tel  d'entre  eux  se  forme  de  petits 
torrents  claire,  parfois  de  belles  sources,  qu'ils 
se  hasardent  luimblenienl  dans  des  défilés  grandio- 
ses, qu'ils  font  des  h  suuts  mortels  w.  qu'on  les  con- 
fisquera tous,  eux,  leurs  affluents  et  affluents  d'al'- 
(luenls,  pour  l'arrosage  des  vallées  et  des  plaines. 

La  Me<lj«'rda  sort  des  monts  de  Souk-Arhas, 
agrestes,  idpestres ,  rupeslres  et  sylvestres,  le 
t^  bijou  11  de  notre  Afrii[ne.  Née  parmi  des  ruines 
romaines,  elle  aiTOse  un  bassin  plein  des  débris  du 
peu[de-roi,  car  nulle  part  Rttme  n'a  plus  colonisé 
que  chez  sa  mortelle  emu^niie^  d.'iiis  le  pays  de 
Cartilage.  Ce  fleuve  a  SC5  kilomètres  de  long, 
•155  jusqu'à  la  source  la  plus  i-eculée  de  l'Oued 
Mellègue;  il  est  sinueux,  il  est  fangeux,  il  gagne 
sur  la  mer  de  Tunis. 

Lu  Seyhouse  (220  kil.),  de  cours  lordu,  passe 
dans  le  val  de  Guelma  et  finit  près  de  Dune.  — 
L^Oued  e!-Kebir  {*245  kil.),  en  haut  rivière  de  pla- 
teaux, en  bas  rivière  de  défilés,  passe  de  ces  pla- 
teaux H  ces  défilés  par  le  cagnon  de  Cmistantine  ; 
lu,  sous  le  nom  de  Roumel,  il  contourne  le  fantas- 
tique roclicr  de  Cirtba  la  guerrière,  fabuleuse- 
ment vieille,  quatre-vingts  fois  assiégée  depuis  qu'il 
est  une  histoire;  obscur,  il  s*y  glisse  quatre  fois 
snus  des  voûtes  immenses,  puis  11  sort  de  la  fenle 
par  trois  cascades.  —  Le  Sahel  (200  kiL}  part  ilu 
Dira  d'Aumabr  et  s'achève  dans  le  golfe  de  lîougîe 
où  Oïl  lappelle  Soumniam;  son  voyage,  toujours 
entre  monts,  va  de   cuntracliuus  en   épanouisse- 


ments;  à  sa  rive  gAudie  se  dressa  abruptemcnl, 
superbement,  le  Djurdjun. —  Fils  de  torronliJ 
se[»|i'nlnonnux  de  ce  même  iljurdjuni,  le  Sèbaonj 
(110  kiL)  est  la  rivière  centrale  de  la  Kabylie;] 
j>în'fiiis  immense  en  grande  crue,  il  a  de  re;ui| 
toute  Tannée,  et  tels  de  ses  affluents,  TOued  Aissi,  i 
le  Uougdoura.  coulent  â  la  façon  de  nos  lorrenls 
de  France.  —  L'Isser  oriental  (200  kil.),  loul  en 
anneaux,  en  boucles,  en  circonflexions,  touis,  re- 
tours et  détours,  sort  peu  des  défilés;  son  plus 
beau  passage  est  aux  gorges  de  Palestro.  —  Le 
Ma/.afran  sépare  le  Sahel  d'Alger  du  sous-Sabel 
de  Coléa;  eau  de  crisïiil  dans  les  monts  médéens 
et  blidéens,  là  où  il  se  nomme  la  haute  Cbiffa,  il 
se  souille  tant  aux  irrigations  de  la  Métidja  qu'il 
finit  par  mériter  son  nom*.  fl 

Le  Cbéliff  (tj5<>  kil.)  commence  au  pays  d'Allou.  ^ 
dans  le  Djebel  Amour,  cl  coule,  quand  il  coule, 
vers  le  nord,  au  sein  de  mornes  hauts  piMenux 
flamboyants  cl  poudroyants.  Grossi  du  Nalir  el- 
Ouassel,  branche  venue  des  environs  de  Tiaret,  il 
entj^e  dans  la  zone  des  jduies  ïïu  pied  du  mont  de 
bogimr  et  peu  à  jjeu  tourne  à  l'ouest  pour  longer 
k  droite  les  djebels  de  Médén,  de  Miliana,  du  DahraJ 
h  gauche  l'Ouaransènis,  le  puissant  massil\  F.ntrei 
ces  hauts  escarpements,  sa  vallée  est  lerriblementl 
lorride,  désespérément  sèche,  mais  la  double  mon- 
tagne lui  jelle  assez  de  ruisseaux  pour  l'arroser  un 
jour  tout  entière;  lui-même,  impur  entre  berges 
terreuses, 
en   réserva 

qu'il  traverse  encore.  Sou  maître  affluent,  la  Mina 
(200  kiL),  que  grossit  le  cliarmant  Oued  el-Abd, 
lombe   on    sa    haute  vallée  par  le  joli   Saut  dej 
Hourara,  haut  de  45  mètres. 

La  Macta,  fleuve  très  coui'U  réunit  deux  rivière»! 
de  longueur  presque  égale,  lllabra  el  le  Sig.  L'fla- 
hra  (235  kil.)  se  forme  d'un  éventail  d'oueds  ayant 
pour  létcs  de  très  belles  sources,  dans  le  pays  de 
Saida  et  Mascara  :  grâce  h  l'heureuse  nnlure»  i. 
In  bonne  disposition  des  roches,  aucune  con 
d'Algérie   n'épanche    d'aussi    brillantes    foulâiine 
qu'une  boime  part  de  la  province  d'Oran,  si  déirié 
pour  sa  sécheresse.  Une  digue  cyclopéeune  fait 
fluer  l'Habra,  elle  immobilise  en  lac  14  millions  dfl 
nièlres  cubes  jîour  l'arrosage  des  gi*andes  ptnirieftj 
de  Perrégaux.  I^  Sig  (^20  kil.),   qunmortiss«a 
aussi  des   barrages  d'irrigation,   baigne  Sidi-bel- 
Abhès  et  Saint-Oeiiis. —  La  Tal'na  (14o  kil.)  res-j 
semble  à  la  haute  Habra  par  la  beauté  des  aioun' 

t.  Ma  zafmiu  l'Eflii  de  saffon^  l'Eau  jaune. 

%  Pluriel  ilatN,  mot  uralH*  qui  vout  dirc!  :  souixîe. 


Il  riiuri f  ;    lui-juciiir,  impur  einre  uerg^s 
S,  a  peu  d  unde,  mais  un  barrage  le  rellcotfl 
rvoir   au-dessus  d'Orléansville,  seule  cité 


I 


ALGÉRIE. 


505 


I 


f 


ipiVllo  puise  aui  Gflvernes  des  monts  de  TIemcen, 
ville  qui  fut  capilnle  d'empire;  non  loin  <le  celte 
cilê  fameuse  qui  n'est  plus  que  l'ombre  d'utie 
ombre,  un  des  torrents  de  son  bassin,  te  Mefrourlu 
s't^)knrpille  eu  merveilleuses  cascatelles.  aux  Sijuls 
d'EI-Uuril,  hauts  tous  ensemble  de  500  nièlres 
pcul-^lre. 

Steppes.  Sahara.  —  Chevaucliant  sur  l(»us 
ces  monts,  enjambant  tous  ces  ruisseaux  et  tor- 
rents, frémissant  avec  tous  les  vlmiIs  sur  les  djebfïs 
forestiers,  partout  ailleurs  cuit  et  recuit  au  soleil, 
le  Tell  ou  pays  de  culture  monte  des  bords  de  la 
MiNJilerranèe  aux  sources  des  fleuves  inelint*'s  v<?rs 
cetle  mer. 

l>orri)Nn'  le  faîte  où  ces  sources  jaillissi*nl,  il  ne 
pleut  presque  plus,  les  arbres  disparaissant,  d'im- 
menses Lipis  d'herbes  qui  s*accommodeul  de  la 
sécheresse  s'étendent  jusqu'à  l'horizon,  le  long 
d'oueds  qui  n'otit  pas  dondc,  autour  de  rliults  et 
sebkhas,  lacssalès,  si  ce  n'était  profaner  le  nom  de 
lac  que  d'appeler  ainsi  des  rhaiiips  de  st'U  defanjjre 
èchauiïèc,  s**'chêe,  on  le  mirage  lait  floUer  une 
apparence  azuix^e ;  on  dirait  une  eau  vivante,  mah 
ce  nVsl  qu'une  fantasmagorie  île  l'aîr  et  l'on  i>eut 
mourir  de  soif  au  bord  de  ces  vains  Leinans.  Ainsi 
se  suivent  dans  leur  grandeur  monotone  les 
Steppes  ou  llnuls-Plateaui  avec  leurs  mei*s  d'nlfa. 

F.u  rôalitô,  on  a  tort  de  tracer  entre  Tell  et 
Stepf)e  une  ligne  de  divor4:e  iiillexible  ;  niaint 
djebel  des  llauts-l^lateaux  ruisselant  «te  fontaines 
grâce  à  son  altitude,  à  sa  texture  de  roches,  vaut 
mieux  <pie  maint  djebel  calciné,  mainlc  plaine 
aduste,  coudiurêe  du  Tell.  Les  <i  campos  u  du 
pied  de  TAun'îSt  sans  écoulement  vers  ta  nier, 
sont  Tell  plutôt  que  Steppe;  de  même  le  vaste 
liassin  qui  poric  ses  eaux  de  source,  ses  Ilots  de 
crue  h  la  llodna  (7o  000  hectares),  lac  sans  dé- 
versoir, autour  duquel  on  peut  espérer  que  des 
barrages  de  torrents  créeront  une  «  Mélidja  du 
Sud  »  ;  de  même  encore  les  bords  du  Z^direx  de 
V¥M  (50  000  hecUres),  du  Zafirez  de  ri)uesl 
(,"2  000  hectares),  et  le  pays  de  lïjelfa,  l'un  des 
plus  boisés,  des  plus  fontainiers  de  l'Algérie.  C'est 
à  loccident,  dans  la  |>rovince  d Orau.  sur  le  Grand 
Choit  Oriental  (UmOOO  hectares)  et  sur  le  Choit 
des  liameian  (riâOOO  hectares),  que  le  Steppe  se 
distiuj,'ue  le  plus  du  Tell,  là  aussi  tpie  les  mers 
d'alfa  couvrent  le  plus  de  plaines  l't  de  mamelons. 

''uaud.  de\ançant  un  pen  raveuii-,  un  de\ine 
ce  que  deviendra  le  llauld'iateau  par  le  reboise- 
ment,  le  fomge  des  jtuits.  les   barrages   à   tout 


jvli  de  colline,  la  vigne,  on  hésite  à  le  ranger  parmi 
les  terres  maudites.  (»n  en  fait  un  Tell  de  moindre 
opulence,  avec  un  climat  plus  sain,  mais  plus  dui 
dans  le  froid  comme  dans  le  chaud,  les  tempéra- 
tures y  oscillant  entre  —  I2«  et  h-  40".  avec  une 
moyenne  annuelle  inférieure  à  celle  des  villes 
de  la  côte. 

Quant  au  Snliara.  ses  moyennes  sont  à  peu  prés 
relies  de  la  Haute  Lande,  sauf  que  le  mercure  y 
monte  un  peu  plus  haut  cl  n'y  descend  pas  si 
bas;  il  y  pleut  â  peine  moins  que  dans  les  Steppes 
les  plus  «  siepjics  w.  Il  semble  devoir  rester  éter- 
nellement Sahara,  jusqu'à  tel  bouleversement  du 
cosmos  qui  renversera  les  vents  de  terre  et  les 
vents  de  nier;  tout  au  plus  y  pourra-t-on  créer, 
la  sonde  h  h  main,  dos  oasis  de  bas-fond,  cl  çA 
et  là  boiser  l'argile,  la  dune,  la  pierre  avec  les 
arbres  qui  ne  craignent  ri  le  ciel  anhydre,  ni  le 
froiil  du  malin,  ni  l'ardeur  de  midi. 

Mais  ses  lignes  d'eau  nous  S(>nt  inliiiiment  pré- 
rieuses. Par  elles  nous  arriverons  au  Soudan,  soit 
le  long  de  Flgharglinr,  soit  par  la  chaîne  oasienue 
de  l'Oued  Itir,  le  fond  d'Ouargla,  la  montée  de 
rOued  M  va,  soit  encore,  et  plus  à  l'ouest,  par  le 
val  de  rOued  Guir.  En  allendanl  l'ouverlure  de 
ces  grand'njutes,  ta  race  des  AlViciiins  français 
croisés  d'Espagnols  et  d'Italiens  s'accoutume  aux 
soleils  de  flamme. 


LeB  Berbères.  —  L'Arabe  dit  au  Français  :  o  Tu 
me  foules  depuis  plus  de  soixante  ans;  lu  vas  eiïa- 
çant  mes  œuvres  et  mon  nom  !  » 

Le  Ilerbère  crie  à  l'Arabe  :  v  Dès  6-47  tu  pas- 
sais, le  brandon  à  la  main,  dans  iriou  jardin  de 
l'Afrique  du  Nord,  omlu'agé  par  la  forêt  de  (isibés  à 
Tanger;  depuis  ÎIjO*.  tu  me  pilles  el  houspilles; 
lu  m'as  impoSê  ton  Lieu  qui  n'est  clémeiil  et  misé- 
ricordieux que  sur  les  lê\Tes,  dans  tes  litanies  el 
les  fonnules;  à  la  ntoitié  de  mes  Iribus  tu  as  ravi 
leur  langue  et  lu  lacorronijs  dans  l'autre  moitié!  » 

Personne  ne  se  lève  pour  témoigner  contre  le 
Deihére.  Il  a  [murtant,  lui  aussi,  mangé  de  la 
chair  et  bu  du  t>ang;  même  celte  nation,  comme 
les  autres,  est  faile  de  peuples  enlrechoqués,  brisés, 
puis  ajustés  par  la  longue  usure  du  temps,  si  bien 
que  de  la  buée  des  mnss:u*res,  parmi  les  viols  et 
les  trahifions  naquirent,  une  langue  «  numide  ». 
une  î1me  nnmide.  une  conscience  numide  que  ni 
le  l'uitiqite.  tu  le  llomain  ut*  purent  détruire,  que 
l'Arabe  n'a  pu  ipn-  dinnnuer  et  çii  el  là  obscurcir. 

Itrulalisuits.  biutatisés.  blancs,  noirs  ou  cuivrés. 

I    Aiiuet!  do  l'iiunMuu  tivê  HUaliuis. 


504 


l\   TERRE   A   VOL   irOISEAU. 


les  inconnus  de  l'ère  obscure,  înimi'^moriale,  le 
Carthaginois  qui  eut  Tinsoleiice,  la  cninuli"*,  la  ra- 
pacili'^  du  mnrrliand  riche,  le  Romain  qui,  f>illant 
et  pliant  le  inoinîr,  n'eut  garde  d'ouïdicr  l'Afrique. 
6a  voisine,  le  VauduU^.  qui  ne  fit  que  passer  et 
ii'iHait  déjà  plus,  le  Byzantin,  plus  éphémère  en- 
core» r.Vrjihe,  le  Turc»  le  Noir  amené  du  Soudan 
par  des  niarchands  d'hommes,  les  renégals  et  aven- 


turiers du  tour  ae  h  Méditernyiée,  on  trouve  tous 
ces  éléments  chez  les  Berbères,  même  dans  les 
triiius  les  mieux  gardées  par  les  monts,  les  bois, 
li's  précipices,  jusque  parmi  les  blonds  ou  rouges 
au)L  yeux  bleus  que  le  Celtomane  rattache  aux 
Celtes,  le  Gernianomnnc  aux  Germains. 

De  tous  les  intrus  de  ce  coin  de  l'Afrique,  les 
Berbères  sont  les  moins  h  externes   n   puisqu'ils 


Le  lawii  liu  Huuiuel  à  CuiulJuUiif.  i\u>.  p.  UA)  el  510;.  —  Do&»iu  tic  ï.  âiliiailt- r,  d  aprè^  une  pUulogr»|»tue 


descendent  d'hommes  divers  fixés  ici  nvanl  les 
Arabes; el  les  rrnnrnis  soni  Jrs  plus  étrangers,  (lu 
\)]\\UM  it  n'y  n  plus  d'intrus  en  Algérie  depuis  que 
*-imm)  à  ^J..0O0U  i:un>péeiis  ont  vu  le  jour  dans 
l'Allas  i  iils  de  rATrique,  ils  oui  le  droit  de  laji- 
pcler  leur  mère. 

•  Ces  Berbères,  nous  les  nommons  aussi  Kabyles, 
d'un  mol  arabe  qui  si^'nifie  les  Tribus.  Dan»  1  an- 
tiquité c'étaient  des  ca\uliers  indêsarçonnables  et, 
comme  nous  dirions  aiyourd'liui,   de  vrais  Gau- 


chos, de  vrais  Cosaques,  mais  ils  perdirent  de 
plus  en  plus  l'h.'d/itude  du  cheval  à  partir  du  jour 
m  les  Ar.ibt's  llilnlicns.  «  eenliiures  »  arrivés 
dl'^l^n'pte,  parcoururent  en  camps  volants  la  Plaine 
et  le  llîiteau;  it  ne  leur  resia  bientôt  plus  qu*»  les 
hautes  croupes»  k-s  pi(ons  aigus,  le  Iront  des  ro- 
ches, les  [Hvcipires,  les  l'oréis  d'en  haut  —  alors, 
d^nis  tii  intnila^nie,  ils  devini'cnl  montagnards,  à 
eôlé  de  ceux  qui  Tétaient  déj?i. 
Or,  être  montagnard,  c'est  giavir,  descendre, 


éÊ^^m 


ALGÉRIE. 


50d 


botidir  h  pieds  de  cli^vre,  et  sans  vertige  comme 
elle;  c'est  respirer  à  pleine  poitrine,  l>oin>  nux 
s*iurces  pures,  voir  d'en  haut  le  monde,  se  sentir 
fier  et  fort  et  libre  ;  c'est  fouler  la  neige  en  hiver 
sous  la  froidure  et  l'intempérance  des  vents:  c'est 


luller  avec  (ouïes  les  forces  de  sa  volonl»^  conlre 
loult'S  les  forces  de  la  nature;  cVst  «lussi  chercher 
chaleur  el  bonheur  au  loyer  de  la  chaumière,  au 
stMn  de  la  famille. 
Et  la  ûimille  est  nombreuse,    tellement  que  le 


K*troiun  ;  t»çaàe  postéHeun*  d«  U  Onn<I«  MMqoée.  ÇV&j.  p.  SOfi.)  —  ftesin  de  tuf,  GifvdoL 


peuple  berbère  n'descend  maintenant  en  fontaine 
de  vie  sur  les  plaines  arabes;  partout  il  pbmte.  il 
s^e  et  moissonne  des  champs  dont  le  dépouilla 
jadi*  l'insolence  de  V4*u\  qui  disent  toujours  : 
•  Louange  it  Iticu!  ".  Avec  les  Marocains,  avec  les 
Espagnols  et  les  Italiens,  il  aide  les  Français  à  sou- 
mettre h  U  charrue  le  sol  de  l'Afrique  du  Nord. 
0.  Rir-tif*.  La  Tiuti  A  TOC  o'uc»ft«o. 


Dans  ses  monts  tunisiens,  dans  son  Aurès.  ses 
[(at>ors,  sa  Grande-Kabylie.  son  Ouaransénis.  sou 
Dalira,  son  Trara,  ses  djebels  Uemcéniens,  par- 
tout où  de  petites  Berbêries  se  lèvent  dans  l'arur 
africain,  Ihomme  est  vaillant  au  travail.  Il  dirige 
sur  sa  prairict  son  jardin,  sed  figuiers,  ses  oran- 
gers, l'ain  qui  murmure  ou  le  torrent  qui  gronde, 

04 


50C 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAU. 


il  cueilh'  les  fruits  des  arbrps  pour  la  nourrilure 
de  SOS  bêles;  frotilon  de  me  ou  flanc  H'ijbîine,  il 
CuUivt*  oiiinintrôtnent  l'inrullivahle  et  presque 
l'inflOfOssiLle.  Il  luiLilc  t]i*s  maisons  solides  dans 
des  vilLigcs  h  la  10*vre  du  précipice,  liions  berbères 
qui  fiiif  ni  souvent  atlaqui'os  pur  Achille  et  défen- 
dues par  Ueiîlur  ;  car,  semblables  aux  vieux  Grecs 
meurtriers  d'eux-mêmes,  ou  aux  Corses  dans  leurs 
maquis,  l*^s  Berbères  on!  eonsurné  b^ur  Age  en  fra- 
Irieides.  toujours  en  guerre  l'un  cortïre  l'autre, 
ronfédéralion  contre  confédi^ration,  tribu  contre 
tribu,  bourg  contre  buurjti:.  et,  drins  les  villages, 
sof  contre  sof  ou  parli  contre  parti»  sur  la  pLïce 
publique  où  ils  s'assommaient  lors  de  rêleclioii  a 
libres  suffrages  des  membres  de  la  djenia*.  Et  c'est 
pourquoi  t:e  jM'upIe  fait  pour  être  maître  fut  maî- 
trisé par  moindre  que  lui,  conune  toute  nation  qui 
sacride  nux  dieux  de  la  haine  entre  frères. 

S'ilï>  ont  tiius  reçu  la  lot  du  Prupbf'de^  tous  n'ont 
pas  «cce|tlè  la  langue  du  Livre.  Des  centaines  de 
milliei*s  de  lïerbères»  notamment  dans  If»  Grande- 
Kabylie  et  TAurès.  onl  gardé  leur  léniacbek  nnti- 
quissîme,  idiome  encore  mal  classé,  sans  parenté 
avec  ïambe,  et  dont  beaucoup  de  noms  couvrent 
la  carte  de  l'Afrique  seplenlrîotmle,  reconriiiissa- 
hli*s  p(Mir  la  |)Iu]iart  à  leurs  deux  t,  l'un  au  com- 
menoernenl,  r;ujlre  h  In  fin  tles  noms  :  Touggourt, 
Touat,  Tarieniaït,  ïidikelt.  Tafilell,  Tiaret,  Tnk- 
deiiipt/reiunucluMit,  Taroudanl^Tounizatt,  Tashent, 
Tamenlil,  Taddert,  elc.  Far  eantre,  de  nombreuses 
tribus  d'origine  berbère  ont  fini  par  adopter  Ti- 
dionie  aralie,  (|ui  était  celui  du  u  Livre  de  la  loi  n, 
de  rinslroeliorit  des  belles-Ielires,  du  bon  ton»  du 
commandement,  du  commerce,  des  grandes  villes, 
des  grands  marctiés  :  ce  sont  là  les  Tïrrbères  ara- 
bisauls,  eonnne,  par  exerofjle,  les  uiioilagnards  du 
pays  de  Pbilippevtlle,  CoUo,  Djidjellï.  F]nfin  th's 
tribus  ou  fr.vrfions  de  tribu  ai*nbes  perdues  dans 
le  inJli«Hi  liej'bère  ont  abaiidontié  leurs  explosions 
gutturales  pour  le  patois  des  rusti4iue8  chez  les- 
quels ils  vivaient  :  ce  sont  les  Arabes  berbérisarrts, 
singulièretnenl  moins  tiombieux  que  les  lîiM'lières 
arabisants.  Et  il  y  aura  bientôt  des  Berbères  fran- 
cisiuits.  Les  berbérisanis,  rare  pratique,  ont  la 
sagesse  de  préférer  la  langue  de  plus  en  plus 
utile  en  Algérie  h  la  langue  de  [dus  en  plus 
inutile,  le  français,  pétri  de  science,  dintelligence, 
et  riche  d'infinie  richesse  en  œuvres  sérieuses,  h 
l'arabe  pétri  <Ie  métapliores  et  très  pauvre  en  li- 
vres (|ul  ne  âont  ni  théologie,  ni  droit  musulman, 
ni  généalogie»,  ni  contes.  Au  peu  d'écolea  fran- 

1.  Muiiicipalité. 


çaises  ouvertes  jusqu'à  ce  jour  dans  ses  taddert*, 
sur  ses  irîl*,  le  peuple  berbère  accourt  avec  dili- 
gence, soucieux  d'apprendre,  fier  de  s'instruire. 
II  ninissonne  avec  nos  colons  dans  la  plaine,  il 
vit  du  travail  de  ses  mains  dans  les  grandes  villes, 
et  bieiilôl  nous  le  verrons  sur  les  quais  de  Mar- 
seilbi,  puis  dans  les  rues  de  Paris,  à  côté  des 
Auvergnats,  ses  frères  en  vertu  montagnarde. 
Il'ores  el  déjii  nous  concevons  une  nation  berbère 
qui  [)arlern  le  français  et  ne  parlera  que  lui. 

Combien  compte-t-on  de  Berbères  pure  ou  ara- 
bisés, combien  d'Arabes  berl>érisés,  combien  d'A- 
rabes? Les  dénornlH'cmenls  ne  nous  le  disent  pas  ; 
ils  rangent  tous  ces  éléments  sous  le  nom  de  Mu- 
sulmans ou  d'Indigènes, 

Les  Arabes.  —  Les  Arabes  d'Algêne  viennent 
du  plus  lumineux  tJileut  :  de  l'Arabie,  sèelie  en- 
tre t*es  trois  nn'rs.  de  l'Euphrale  où  se  mirent  les 
palmiers,  du  désert  de  Syrie,  du  Nil. 

Bien  avant  la  fin  du  siècle  qui  vit  en  son  pre- 
mier tiers  la  prédir.jjion,  la  fuite,  le  Irionqdie  et 
la  mort  du  Projdiète,  une  bande  d'Arabes  envaliit 
la  forêt  d'Afrifjue,  oliviers  el  maquis,  de  Grande 
Syite  à  Grande  Mn\  escadron  poussiéreux  qui  (il 
Voler  dt's  télés,  puis  revint,  bride  abattue,  vers 
le  soleil  levant,  nyanl  détruit,  n'ayant  rien  fondé 
sauf  Kaironan,  qui  devint  cité  sainte  :  (Jkba.  !e  con- 
quérant, riH>tnnie  de  Ilieu,  n'avail-il  [)as  prié  les 
lions  et  les  serpents,  au  nom  du  t^Iémenl  et  du  Mi- 
sêricordieui,  de  sortir  des  fourrés  où  il  voulait 
bâlir  sa  ville,  et  fauves  e!    reptiles  avaient  obéi. 

Ce  fut  tout.  Tendant  quatre  siècles  la  Berbérie 
resta  berbère  et  même  le  devint  plus  que  jamais 
en  al>sorbant  lentement  ce  qui  restait  cliez  elle 
d'éléments  [)uniques,  latins,  byzantins,  vandales; 
et  durant  ces  quatre  siècles  elle  conquit  presque 
sans  aucun  secours  des  Arabes  la  guerrière  Ibérie 
et  la  couvrit  de  cités. 

Mais  en  1050  arrivèrent  les  Tlilaliens  ;  ces  cava- 
liers, ces  sabreui^s  prirent  les  plaines  du  Tell, 
ses  plateaux,  ses  larges  vallées,  tout  ce  f|ui  con- 
vient au  nomade,  el  dès  le  premier  jour  commen- 
cèreiit  à  «lénaltonaliser  les  Berbères  par  l'inlluence 
de  leur  connnanilenu'nt,  surtout  par  celle  de  leur 
religion  el  de  son  livre  sacré;  peu  à  peu  des  tri- 
bus, dessous-tribus,  des  lambeaux  oublièrent  sinon 
leur  mce,  au  moins  leur  langue,  pour  l'arabe, 
l'idiome  bref,  dur,  fait  de  consonnes,  et  d'un  métal 
presque  indestructible. 

i.  Villages. 
'i.  Collines. 


^^ 


ali;£rie. 


507 


I  leur  tour  par  le  ptagao  turc  durant 
de  trois  eenH  aanées,  les  Arabes  n'en  conti- 
pÉS  moins   à  s'.issimiler   les   K.ibyles,  et 
MUS  ealràmes  en  Algi>rie  nous  cnimes  n'y 
nmr  qne  des  Ismaélites.  Llii$toirt'  nous  trompait 
b  race  arabt*  là  où  elle  devrait  exaller  le 
le  Grec  ou  le  Berbère:  les  «  Mille  et  une 
•  nous  avaient  ensorcelés,  les  cbefs  arabes. 


princes  ft^aux  magnifiquement  noonti*s,  superbe- 
ment drapt-s,  nous  éblouirent,  et  Ion  ne  pa> 
bit  qu*ar-abe  dans  les  grandes  tilles  et  le  long 
des  grandes  voies  du  pays.  Le  temps  a  dessillé 
nos  yeux  et  nous  savons  maintenant  que,  des 
deux  pi^uples  «  autochtones  »  plus  que  nous 
en  \lg»?rie,  le  moiudi-e  est  l'Arabe,  noinadi*  nu 
semi-nomade,  tandis  que    le   Kabyle,  profonde- 


Tlemceu  :  vue  générale.  [Voy.  p.  510.)—  Dessin  de  A.  de  Bar.  d'apria  une  pbologn^pliie. 


Bwmi  enraciné,  vaut  nos  meilleurs  paysans  de 
Fninre. 
Évaluer  les  vrais  And»es  de  nolro  Tell  est  chose 
Dssilile*  c^ir  on  s'e^t  infiniment  mtMt^  d'Arabe 
prb<>re,  sans  conipItT  l«»s  .\oii*s.  I<'s  Tuix's.  les 
"^mi^gnls  et  raplifs.  Telle  Irihu  li«^re  de  son  isniiié- 
li$fni*  M*  conipitse  fie  fractions  singulièrement  di> 
«iTM*:*  d'uriginif  :  Tune  se  prétend  issue  du  vnii 
l'rophèJe  et  ne  lesl  cerics  |>oînl;  l'aulre  de&ceud 
•  quelque  aniique  niuniboul,  de  (|uel(|ue  Sjiiiit 


fameux  par  ses  fails  et  dils  m«'»moi-abli»s  qui  <lorl 
sous  une  blanche  kouba  ;  une  Iroisième  snl  i|ue 
ses  anct^tres  vinrent  du  biuil  djebel  marocain,  i*8- 
sentîellement  amazigh';  une  quatrième,  plus  (pie 
bronzée,  arriva  du  S^diara  voisin  ilu  Si>udiin:  une 
autre,  smala  ou  maghzen  au  service  des  Turcs 
moyennanl  exemption  dimpAls  et  joulîtsmce  de 
(erres,  se  forma  île  tous  les  l'iémenls  (|ue  jHirte  le 
sol  numide.  Dans  reDsemble,  ou  peut  dire  que  le 
I.  tkrbcre. 


DOS 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAl. 


sang  borb^re  domine  dans  un  grand  nombre  de 
douai-s  '  arabophones. 

On  jH'ut  diin  aussi  quo  t=ï  le  Kiibyle  tient  bon 
(sauf  l'im'siiitjblo  otniiiôleinL'iit  de  lu  langue  fran- 
çaise), s'ii  augmente  l';iire  de  son  domaine,  la 
foule  de  ses  hommes,  TArcïbe,  moins  féLMuid,  re- 
(■.1,1e  —  il  lui  Hiul  le  grand  cspnce  parce  qu'il  est 
ji\u\àl  bei'ger  {|ue  Inbouivur,  purco  «lu'il  ost  d1ia- 
biludo  ou  plein  nomade  ou  demi-sêdeiilairc  avec 
des  nieebtfis  ou  gourbis  d'bîver  et  des  canipe- 
rnenls  d'élê.  0\\  les  tîjro|)(V^iis  tje  pimvarïl  (»reuper 
en  masse  hi  montagne,  déjà  tnip  pleine,  se  ivpari- 
denl  surtout  dans  les  épanouissements  de  vallée, 
dans  h  [dnine  et  sur  le  pLileau,  jusleiru^ul  en  pays 
arabe.  Kl  les  Arabes  vendetil  leuj*  lei're  dès  qu'ils 
peuvent  la  vendre;  ils  s'en  vont  on  ne  sait  où,  au 
Maroc,  dans  le  Sud,  rri  Sahitra,  peubrlre  au  Sou- 
dan ;  née  du  Désert,  Ils  relouriieut  au  jléserit  ou, 
restés  sur  place,  s'engagent  au  service  du  colon 
comme  khariiTuès*,  bf^rger,  domestique,  cl  Tusage 
du  IVanijnis  leur  devieitL  familier.  Beaucoup  aussi 
se  dispersent  dans  les  grandes  villes  et  y  appren- 
nent à  parler  couranuiient  notre  langue,  qui  de- 
vient ridiojue  général  du  pays.  Ainsi  diiniiiue  ce 
peuple  an  beau  visage,  uux  membres  souples,  aux 
pieds  légers,  brillant  dVs[irit  et  d'iniaginaliun, 
ajjtc  à  la  guerre,  ivre  de  joie  sur  le  dos  du  cheval 
et  frémissant  des  narines  à  l'odeur  delà  poudre; 
mais  il  ne  dêcroiL  que  ilans  ses  parties  essenlieïle- 
nient  arabes,  cl  U\  où  il  est  plus  ou  moins  de  sang 
kabyle  il  défend  sa  (erre  avec  opiniAlrelê. 

Berbères  ou  Arabes  à  tous  les  degrés  de  pureté 
ou  de  mélange  font  un  peuple  de  près  de  5  mil- 
lions d'hommes,  dont  ^  Ttli?  000  en  Algérie  et 
1500000  à  1  iOiUJOOdaus  la  Tunisie,  où  l'on  ne  les 
a  pas  encore  sérieusement  dénombrés. 

Européens,  Français,  Africains. --48  000  Juifs 
servent  de  pont  entre  Musulmans  et  Européens;  de 
langue  arabe,  presque  tous  parlent,  lisent,  écrivent 
le  fj'ançais,  un  ilénrel  les  a  naturalisés  en  bloc,  si 
bien  qu'ils  sont  citoyens  comme  nous  et  servent 
dans  nos  armées.  Honnues  de  banque  et  d'usure^ 
négociants  en  Iou(  négoce,  inventeurs  de  trafics, 
revendeurs,  brocanteurs,  colporteurs,  agents  d'af- 
faires, courtauds  de  boutique,  employés  de  clêri- 
Ciiture,  aides-fonctionnaires,  ils  prospèrent  et  sont 
pullulants. 

La  famille  européeniie  qui  régne  en  Algérie,  qui 
crée»  modèle,  assimile,  le^  Français  y  dominent 

1.  Village,  cniiitiiiijie. 
3.  Métayer  au  ciniiuiéinc. 


aussi  par  le  nombre.  En  Tunisie,  il  n'y  en  a  que 
10000  contre  20000  Italiens  et  loOOO  Maltais, 
mais  en  Algérie  le  recensement  quinquennal 
de  1831  a  reconnu  la  présence  de  273  000  Fran- 
çais ssans  le  Juifs  naturalisés,  de  520000  avec 
ceux-ci,  sans  compter  plus  de  40  000  soldats, 
tandis  (|u*il  n'y  a  que  220  000  étrangers,  dont 
prés  de  ItjOUOO  Espagnols,  près  de  -iOOOO  Itabens 
eL  environ  15000  Mallais. 

Presque  tous  Provençaux,  Corses,  Languedociens. 
Ca(a!ans»  Dauphinois,  Gascons,  avec  un  fort  contin- 
gent de  Comtois,  d'Als/Jciens.  de  Lorrains,  les 
Français  ont  aussi  dans  leurs  rangs  des  fiorames 
des  déparlements  du  Centre,  du  Nord,  de  FOucst, 
amenés  en  Afrique  par  le  service  miliUiiro,  les  fonc- 
tions publiques,  le  hasard,  le  déclasse  meut,  le- 
tourderie  :  le  pays  leur  a  tdu,  ou  ils  n'ont  pu  le 
quitter.  Bien  qu'essentieïlemenl  Méridionaux,  les 
Néo-Français  de  l'Atlas  imposent  ici,  non  leurs 
vieux  patois  dV>c.  mais  le  pur  français  littéraire  à 
leui's  voisins  Européens,  Arabes  ou  Kabyles.  Les 
i  00  000  Étrangers  nés  sur  le  sol  algérien  savent 
aussi  bien,  sinon  mieux,  notre  langue  que  leurs 
idiomes  maternels,  et  les  trois  grands  quarts  de 
ceux  qui  ont  vu  le  jour  en  Espagne,  eu  Italie,  h 
Malte,  en  Suissi\  en  Alb^nagne.  en  Belgique,  s**\- 
prinumt  avec  ou  Sîms  diilicullés  en  français;  enliu 
Tim  rairule  qui*  KOO  1100  Mnsulmaus  peuvent  s'en- 
tivtenii'  avec  nous  sans  interpr'éle,  et  certes  peu 
d'entre  nous  peuvent  converser  avec  eux  en  ai'abe 
ou  en  berbère.  Ainsi  quelqu*'s  centaines  de  mil- 
liers de  paysans  et  d'ouvriers  du  ilhùno,  des  Alpes, 
des  Cévennes,  des  Pyrénées  aiuéuerunt  tout  un 
tKud  de  c(»ntinent  à  la  langue  des  Français  de 
rile-fle-France. 

Les  Espagnols  sont  de  deux  i>nlries,  de  deirs 
idiomes  :  Andalous  parlant  le  castillan,  Baléarïens, 
Valenciens,  Alicanlins  parlant  le  catalan.  Les  Ita- 
liens viennent  surtout  du  Napolitain,  de  la  Sicile, 
de  la  Sardaigne  et  du  Piémont.  Ftls  de  F/iUsonie. 
fils  de  Mfjérie  s'absoi'benl  sims  coiid)at,  fans  dou- 
leur dans  l'unité  fj-ançaise,  les  trois  peuples  étant 
frères  d'origine  et  presque  de  langage. 

Jusqu'à  ces  dernières  années,  des  savants  de  peu 
do  foi  proclamaient  à  voix  haute  et  intelligible 
que  la  terre  qui  avait  dévoré  vingt  races  mange- 
rait aussi  la  nôtre,  conmie  elle  le  fil  des  deux 
peuples  advénes  qui  la  possédèrent  le  plus  long- 
temps, le  rusé  Carthaginois  par  ses  mercenaires, 
le  [tomuin  brutal  par  ses  légions.  Pendant  qu'ils 
posaient  leurs  axiomes,  l'arbre  dont  ils  niaudis- 
saienl  la  sécheresse  se  couvrait  de  fleurs  et  de 


JlO 


LA    TERRE     A     ViiL    Il'OISEAU. 


fruils.  In  nnliim  cundainurc  jiur  eux  à  la  stérilité 
s'enraciuail  nu  sol  imi  riiinilles  nées  sur  le  sol 
mèm*';  rlle  dt*vimnil  autochtone  h  son  loiir,  puis, 
de  plus  en  [tlus  forte,  ell*'  assurait  sa  ilurée  en 
miMont  il  .son  siui;,'^  ihtxi%  snngs  niêriilionaux,  l'os- 
pjigiiol  el  l'ilalien,  les  iiinriages  entre  Néo-Latins 
étant  fiii't  l'oniniuns  eu  Algérie. 

lin  \s;vn\ïd  tiers  des  Kuropéeus  d*AIgérie  y  sont 
venus  au  monde;  c'est 
sur  eui  que  sappuiê  la 
niilion  nouvelle,  iinloiïr 
d'eux  et  par  eux  qu'elle 
se  cirnenle,  à  la  veille  lîe 
IravevsL^r  le  Sidiara  pour 
sjî.sir  le  Soudan. 

Villes.  —  Divisée  en 
trois  pnivinces,  Alger-, 
(Jran,  Constanline,  [dus  la 
Tunisie  encore  en  l'iur, 
rAlgérie  a  [MHir  capilale 
Alger,  pour  ville  la  plus 
peuplée  Tunis,  pour  au- 
tres cités  iimjeures  Umn. 
tj>nsUntinc  ,  hàua  et 
TIemeen. 

Atgi'i-,  loiigleinps  lia- 
mean  lie  péclu'urs  des 
lïéni-MaM'enna,  triini  bei^ 
bère.  dnvint  ville  turque 
et  repaire  de  Ibiiiajjs  sous 
de  saiiglauls  padias;  r.'esl 
aijjiiurd'liui  la  plus  gra- 
cieuse des  grandes  eilés 
frunçuises  ;  blartriie  et 
se  mirant  dans  la  mer 
bleue,  l'Ile  rnoitte  à  l'as- 
Haui  des  collines  Ijouza- 

réennes  par  des  boulevnrtls,  dél  rues  lournantcs, 
des  ruelles  obscni-es,  ubliffues,  et  des  escalii'i'S 
DU  casse-etni.  K;iubourgs  conquis,  la  cli.'iiaiiîuUe 
capitale  de  l'Algérie  a  l'JOOOO  liabilants»  do^il  la 
Irè»  grandiMuajorilé  ri-ançaise  ou  européenne;  les 
Ai'abes  n'y  sont  rien  ou  [jeu  de  cliose. 

Tuius,  encore  orientale,  ce  tpie  n'est  presque 
plus  Algor,  rerdernie  les  palats  du  bey  sarisbeyiik. 
(iaj'lhage,  à  l'ion  lô  kiloniélres  au  nord-est,  voyait 
les  mêmes  inonis  (pfaujnurdliiii  Tunis;  les  Ileui 
Corueî^,   le  Rcssas  denlelé,    le  lointain  /agtiouan. 


Marabout.  —  Dcs&iii  de    l'icrre  Fntcl, 
d'après  une  phologinpliie. 


mais  ses  collines  plongeaient  sur  la  mer  vraie, 
sur  la  mer  vivante,  tandis  que  son  liérilière  sans 
gloire   borde  une   mer  fausse,  une  Daliira   salée 
de  oO  a  50  centimètres  de  profondeur  sur  un  lit 
d'inimnndices.  Parmi  ses  125000  (?)  habitants  il 
y  u  3Ô0U0  Juifs  et  plus  de  25(l()0  Kuropêens.  Son 
poH    est   h  la   Goulctte,  au    bout   de    la  Babirn. 
(Jran  (75000  hab.)  escalade  des  collines  douïi- 
nées  par   une  montagne 
rouge  où  de  superbes  cas- 
lillos  bi^lis  par  l'Iispagne 
surveillent  la  terre  et  la 
mer;    1res    active,    très 
iomnierçanle .     elle    est 
paur  l'instant  moins  fran- 
çaise qu'espagnole    ;   cl 
surfont  elle  est  fort  peu 
arabe,  pour  un  huitième 
eviron. 

La  hautaine  Conr^lantino 
(48  000  hab.).  indigène 
.'i  mnilié.  monte  en  am- 
philbéàlre  conmie  Alger, 
comme  (Iran  ;  à  000  mé- 
trés de  moyenne  altitude, 
dans  un  air  brusque,  c'esl 
en  été  une  ville  du  Sud, 
en  hiver  une  ville  du 
Nord  avec  di's  toits  uci 
geuï  ;  le  Houmel  la  ci 
tourne  (iresque,  au  fon 
d'un  précipice  qui  dunn 
le  caucinmiar  :  au  fKml 
ce  gouffre  a  llo  mètres 
d'abime,  il  en  a  200  à 
la  tiasba.  J^ 

La  charmarile 
(32(100  hab.),  tout  euro-1 
péenne,  est  au  pied  de  IT.douglu  h  tu  fin  do  la 
Sejhouse;  elle  grandira  vite,  ayant  derrière  elle 
le  Tell  le  |»1uk  large. 

Tleniceu  (50  000  hab.),  la  <i  mère  des  olÎTiers  i», 
a  800  mètres  d'allilude,  dans  un  beau  site  au  sein 
d'un  pays  splendide,  a  deux  tiers  de  Musulmans, 
le  reste  éUinl  ï-'ran^.'ais.  Espagnols  el  Juifs.  II  lui 
resl[i  de  grands  souvenirs  el  des  monuments  de 
son  ère  w  iuqtériale  h,  quand  elle  régnait  nu  loin, 
eu  AlLjérje  jusqu'à  Bougie,  el  au  Maroc  sur  la 
montagne  et  le  val  de  la  Malouia. 


MAROC. 


Mvnoc 


le  Grand  Atlas,  ses  monts  ailiers,  ses 
oaeds.  —'  Pnrlis  de  l'Arabii',  les  Ariibes  donip- 
t^rcnl  en  courant  la  Perse,  In  Syrie,  l'ÉgAple, 
la  Cyrt^naique  cl  tout  le  Ti'll  devenu  Tunisie. 
Ai^He,  Maroc.  Là,  loul  à  coup,  plus  de  terres  : 
ê  1>ieu  grand,  s'écria  le  conquêr^ant,  Okthi,  tlts 
de  Nafé,  en  lançant  son  chevul  d.ins  les  flols  du 
rivaife.  «ips  cette  mer  j'irais  j»is4|u'i'i  rOeeidenl 
inconnu,  prêchant  le  nom  tle  11  uiquc  ol  détrui- 
sant toute  race  (pii  ntlore  nti  flulre  fpie  loi  !  i» 
Les  Musulmans  èUiient  au  bout  dtj  ituiuile:  nu^ad 
donnèrent-ils  au  Maroc  h?  uoiu  qu'il  g.mle  eu- 
con*  chez  eux.  Mughreb-el-Aksji.  le  Cuucli.inl 
lointain. 

Avec  le  territoire  de  tribus  berbères  en  réa- 
lité libres  du  Joug  sur  le  vei^inl  sud  de  l'Atlas. 
arec  de  vastes  onsis  sahariennes .  mais .  bien 
entcudut  sans    le    Touuf,   qui    ne   lui    ajtpjutiriit 


pas,  le  Maroc  a  de  GO  i\  70  millions  d'hectares, 
avec  h  h  ù  raillions  dhahiTanls,  d'autres  disent 
8  millions  :  c  est  à  peu  près  la  moitié  de  la  Bcr- 
bêrie,  et  certes  la  meilleure. 

Où  sa  supôriorilè  sur  Taulrc  moitié  est  vi- 
sible, éclatante,  ^hsi  dans  In  disposition  de  ses 
côles  et  la  hauteur  de  ses  monts.  Si»s  ^^flO  h 
1800  kilomètres  de  rivage  foiil  face  h  deux 
mers  au  lieu  d'une,  et  il  no  borde  pas  seule- 
ment un  lac,  —  la  Méditerranée  n'est  guère  autre 
chose,  —  il  e.sl  assailli  (Kir  l'Océan  luL-mémo, 
a\ec  ses  fureui's,  ses  marées,  ses  gramis  vents 
lointains  du  large,  et  il  commande  par  des 
roches  très  liêres  le  détroit  de  (îibrallJir,  qui 
est  le  premier  de  tous  les  passages  marins  de 
l'univei^s. 

Quant  h  TAllas  marocain,  il  a  deux  fois  la  hau- 
teur du  djebel  algérien,  du  moins  dans  sa  chaîne 


:>iâ 


LA   TERRE   A    VOL   D'UfSEAU. 


mf^re,  Lp  Millsin,  qui  IrAnr  h  riir>rizon  de  Mara- 
ki'i'li  ^  a  iOOO  ïiii''livs;  lou^tenijis  il  |inssd  pour 
\e  minit  suj)r<>nie  de  toul  le  Miu-ov  et  tJf  loiil 
l'Athis,  mnis  on  snit  maintenanl  que  îles  ptes 
î^'rl^iiiroul  a  ItiOO  nu'IreSt  siriou  juyrpj't'i  l.i  latllr 
du  H(^K«'  l't  ilu  lihum  d'Kuropi*;  c'est  \i\  le  Iluul- 
Allns,  rAJj'iir  par  Gxct'llcnce,  celui  dunt  on  di- 
sait qu'il  porte  Je  monde  sur  sps  êpauliîs.  Sa 
inai(rcsse  an'-U*,  qu'on  l'roit  supôriiniro  à  TtlOO 
mètres  t\ù  innyonne  altitude  sur  1")0  kiloniL'ln's 
de  longiiour,  jolie  un^  infinit*^  de  rascadps  aux 
lorn'nls  tpii  funf  lo  Tt^fisîll,  l'Oirin  pr-fU'bin,  J'Hïi^'d 
Sous  ;  cl  lo  sêpiire  In  vrai  M;iroc  du  pays  du 
l'argaiiier',  du  Sous,  valhV  grandiose  entre  \v 
llaut-Allas  au  nord  et,  au  mtï,  un  autre  Atlas. 
gigiinU'xpif.  aussi ,  qu*ou  peut  appeler  l'Anli- 
Allas.  Ce  Sous  ne  dépend  guère  que  do  nom  du 
potenlijt  de  Fès  et  Marakoch;  s'il  eu  dépendait 
réellemenl,  ce  seniil  peut-i^tre  ce  t\u'û  5  aurail 
de  plus  beau,  de  plus  riche  el  fécmid  dans  son 
empire  si  ft^cond,  si  riche  et  si  beau.  A  ce  vaste 
jnrdiri  <i'ofi  Ton  voit,  au  nord,  au  sud,  et  tous 
les  ans  pendant  de  longs  mois,  la  neige,  prîneipe 
de  vie,  il  ne  manque  ^ï('vg  que  la  pérennité 
des  torrents  et  la  vaste  amjdeur  des  forêts.  Plus 
fourré  jadis,  il  eut  des  rlnnncéros  el  n'en  a  plus; 
nn  y  eultiva  la  canne  h  sucre,  qu'on  a  cessé  d'y 
cultiver. 

Le  fameux  Hif,  ciladeth*  de  tribus  berbères 
doniinanl  les  parages  où  la  Méditerranée  s'ap- 
prorlie  du  détroit  de  Gibraltar,  n'a  pas  plus  de 
2 '^00  nièlres,  mais  il  pbvnjje  avec  majesté  sur  les 
eaux  bleues,  vis-/i-vis  des  numls  Atidalous  :  c'est 
comme  si  iKilre  (Jrande-Kabylie,  qui  ressemble 
fort  an  llif.  ^e  levait  en  face  des  Al[tes.  Rif,  ce  mut 
^riibr  vi'ul  dire  pays  bien  ndtivé.  et  en  eiïet  ce 
bastion  berbère  est  jdein  de  vei^^ei^,  plein  de 
villages  ;  il  est  «  vivant  a  ainsi  que  tout  djebel 
kabyle. 

L'Atlas  ninrocnin  dépêche  vers  la  mer  des  oueds 
de  lUO,  MlO,  (UlO  kilornèlres:  telle,  dans  le  bassin 
de  la  Méditerr.inée,  la  Malouïa,  forle  de  40  méties 
cubes  par  secotide  en  éliage,  et  li»  plus  long  lleuve 
du  Tell  après  le  Chélin';  elle  déhoucln»  près  des 
Zafarines,  ilols  où  la  Fiance  voulut  s'installer  eu 
1îSi7.  mais  LF^spagne  nous  y  avait  devancés  de 
quinze  jmirs. 

Vers  l'Alianlique  cheminent,  entre  autres,  le 
Sebou,    ipii    a    Fès    dans  son   bassin,    FOum  ci- 

L  Maroc. 

3.  Ot  arbre  est  un  cousin  de  l'ulivicr,  de  sa  Utiile  oti  ^lus 
grand,  el  ('on  en  tire  aussi  de  I  Jjuile. 


Rebia,  le  Tensift,  trois  grands  oueds  auprî»s  des? 
quels  Cl  ux  iFAIfîérie  ne  sont  que  des  fossés  lorrides; 
des  cagnons  du  djebel,  neigeux  dui-ant  quatre,  six, 
huit  et  dix  ntois,  ils  passent  dans  de  larges 
plaines,  Mélidjus  de  Fnvenir.  mais  aujourd'hui, 
ilans  les  mains  des  Arabes,  voire  des  Cerbères, 
elles  ne  donnent  pas  les  moissons  dont  elles  sont 
caprdiles. 

L'Atlas  marocain,  portant  de  longs  el  larges 
frimas  sui'  son  penchiinl  du  sud,  a  la  force  de 
jeter  au  Saliara  des  torrents  que  le  soleil  ne 
boit  pas  d'un  rayon  comme  ceux  des  Ksours, 
de  l  Amour,  du  Bou-Kaliil,  de  FAurès.  Il  arrive 
même,  à  certaines  ^andes  fontes  de  neiges,  quo 
FHned  Draa  coule  jusqu'i'i  FAIlanlique:  or,  il  a 
1500  kilomètres*,  et  dès  qu'il  a  qtiitté  les  monts 
où  des  seguias*  Fépuisent  il  lui  faut  se  défendre 
contre  le  sable  absorbant,  les  fissures  des  ro- 
ches, les  vetils  de  braise  :  au  plus  furi  de  l'été, 
il  va  jusqu'au  grand  détour  qui  de  la  direction 
du  nord  au  sud  le  fait  passer  h  celle  de  IVsl 
à  l"oui*st. 

(In  estime  à  prés  de  20  millions  d'hectares  Faire 
du  Tell  marocain,  h  près  de  7  millions  celle  d(^ 
Steppes,  le  reste  étant  grand  dései't.sauf  les  oasis, 
nombreuses,  riches,  peuplées. 

Gens  et  villes.  —  On  ignore  ce  qa'il  y  a 
d'hommes  au  Maroc  :  en  lui  attj'ibuaul  5  à6  mil- 
lions d'hommes  on  égale  sa  |X)puIaIion  h  cal  le  de 
l'Algérie  prise  dans  loule  sa  largeur,  de  TIemcen 
à  Gabès. 

Suivant  vraîsendilance»  les  deux  liei^s  des  Maro- 
cains appartiennent  à  la  race  berbère,  aux  Ama- 
ziglis  daris  le  ftifet  en  général  dans  les  laonls  du 
Nord,  nus  t^liilbmks  dans  ceux  du  Sud,  (^esl  bien 
elicz  Fenipereui"  Harbaresqiie,  sur  les  djebels  les 
[*lus  neigeux,  les  |)lus  inaccessibles  du  Tell,  qu'il 
faut  t^lieirher  les  u  Libyens  »  les  plus  pui-s:  le^ 
Touaregs,  pirates  du  Sahara  non  moins  que  du 
Soudan,  ont  sArement  absorbé  plus  de  sang  noir 
que  les  IJerbèri's  du  Moghivb  Fxiréine,  et  les  mon- 
tagnarils  de  l'Algérie  plus  de  wmg  romain,  plus 
de  sang  arabe,  plus  de  sang  (i  chrétien  ».  Comme 
partout  en  Afrique  Mineure,  les  Kabyles  maro- 
cains se  retranchèrent  dans  la  <{  Sieira  0  quand 
les  rondollieri  de  l'invasion  hilalienne  lirenl  main 
basse  sur  le  val  et  sur  le  «  eampo  n.  De  leur  mon- 
tagne   ils   redescendent    maiidennnt   pour   recon- 

1.  n^Mi^  tni  tias^in  qu'on  estime  (fort  aTi>otureu9enieorj  A 
lG700au(»  hwtUres 

2.  Canaux  d'irrigalion. 


I 


MAROC, 


515 


quérir  peu  h  peu  dnns  toute  son  (^tendue  le  vaste 
domaine  ancetstral.  Itâ  ont  dt^j/i,  supp08P-t-on, 
pri'^s  d«»s  qunire  cinquiômes  du  sol  vu  Unir 
pouvoir;  loutofois  ÎIa  bont  rn  minorité  dnns  los 
villes,  S^ms  Tiinrivôt?  drs  FnMiriiis  en  terre 
tt  numide  d,  les  arrière-potils-lils  des  raiitassins 
et  des  cavaliers  de  Masinissa ,  les  D<'rl)èrt*s , 
Kabyles,  Amazighs,  Chillouks.  le  nom  n  importe, 


auraient  repris  h  la  longue  tout  le  Tell  ù  leurs 

roiiquériinls  arabes. 

tju'iïs  aient  perdu  ou  qu'ils  aient  ^'artlè  leur 
liiiif^'ue,  les  BfTlnVes  de  rilxtrt^me  Occident  ont 
nnniifit''  pt'ofonilrinent  jusqu'^'i  h  moi^llo  intime 
ii\w  foule  de  ti'iliits  arnltes  du  Maroc,  eouune  de 
r.ll^érie,  en  leur  fiorlunl  une  sève  plus  rustique. 
On  prétend  que  les  Arabes  marocains  abandonnent 


i 

I 

\ 


i 


Fc«.  (Vujr.  p.  sli.)  ~  Dessin  de  Tnilller.  d'upré»  une  photographia. 


vi»?  nomade  plus  Tacilemenl  cpie  les  Algériens. 
Pour  quelle  raison?  Frobabloinent  parce  que  les 
Arabi*s  du  Couclianl  le  plus  éloigné,  h  celle  énorme 
distanro  di*  l;i  st>urce  de  leur  sjmg  «  paslaral  ». 
mit  puisé  davantage  nu  sang  «  agricole  i>  des 
bonnnes  de  l'Atlas;  ou  parce  «pje  les  Marocains 
sont  incunscienmienl  adaptés  à  la  vie  sédcntuire 
par  la  rugosité  de  leur  Maroc,  tout  en  liaules  rnon- 
^P^es  où  la  tente  plierait  sous  la  neige,  en  préci- 
pîcen  uù  le  cheval  ne  galope  ni  ne  trotte,  en 
0>  lUai'fi.  lu  Tkiiiik  a  voi  p'uiuau. 


champs  qu'on  peut  arroser  avec  In  fontaine  ou  le 
lorrent;  tandis  que  l'Algérie  Tait  aux  Algériens 
une  Ame  vagabonde  :  n'est-elle  pas  la  terre  des 
larges  vjdiéi's,  des  plateaux  infinis  où  sonne  le 
sabot  des  cavales,  le  pays  des  rlianqts  d'alfa,  des 
vastes  chotts,  de  Tespjia^  enivrant,  de  Tétenduc 
libre,  des  Inuixons  sans  Ixtrnes  où  tVn  vuit  au 
bi>ul  du  eiet  iei  la  mer  indigo,  là -bas  ta  mer  fauve 
du  (irand  Ik'*s4>rt? 

Les  deux  tiers  du  peuple   nuiro(';iiii  virl.-inl  du 


Mi 


LA   TFHRE   A   VOL   OMUSEAU. 


friinr  b('rlji'ri\  le  reste  esl  fait  avnnl  Unii  d'Ariihes 
purs,  ou  inêl«n/^(''s  de  Borbircs,  ou  leints  de  noir 
p.'ir  une  lonpir  infillration 
d'c-scLivea  stnidniiirns.  Piiiî5 
viennent  les  (Ii\sreinl;inLs  nra- 
bisés  des  ivnô*|fats  t^uî  firunt 
souche  nu  Miiruc;  les  JuifSt 
issus  pnur  Li  plu|ini'L  (lt.»s  Is- 
raélili»s  eximUis  tll'>]>agne 
en  13ÔI  el  en  1402;  enfin 
les  Noirs.  Pjirtrïi  \o^  Kiiro-' 
pêens.  tivs  peu  numbi-eu^xS 
b^s  Kspagnols  sont  au  premier 
rang,  les  Français  au  se- 
cond. 

Lrs  Arabes  et  lîi'rbùres 
pnfft'ssent  l'islam Îmou'»  les 
Juifs  io  niiisajsinr.  La  bingue 
arabe  dotiiine  sur  le  berbère 
aulanl  que  le  s^nïg  biu'bèrc 
sur  l'ai-abe.  On  la  [titrle  en 
dialectes  raboteux  qui  ont 
horreur  des  voyeUes.  Deau- 
coup  de  Juifs  siveul  Tuspa- 
gnol,  que  leurs  aiieèli-es  eu- 
rent pour  langue  usuelle 
dans  Lt  Péninsule  très  ea- 
tliulitpie.  Les  v  Francopho- 
nes »,  encor»;  fort  dissc^mi- 
nés ,  croissent  en  nombre 
depuis  que  U's  kabyles  du 
Maroc  orient.d,  riwi^  dure, 
en  quelque  sorte  auver-^^nale, 
vunl  délViclier,  nioissonner, 
piocher,  tasser  les  tnilloux 
des  roules  en  Algéi-ie  et  jus- 
tpr^n  Tunisii',  —  surtout 
diuis  la  province  d'Uran. 


les  Alniolindes,    celte   Mecque    du   Far-Wesl    de 

BerLêrie*  avait  600000  ârnes  el  deux   splendides 

mosquées,    lune     In    plus 

grande,  l'autre  la  plus  belle 

(le  rislain  afric^un. 

La  seconde  C4ipîlale,  Ma- 
rakech  (-40000  liab.)  —nous 
disons  Man*ç  —  eut  jus(pj*â 
750  000  ciladins,  disent  les 
Arabes.  Kllc  se  lèvo  h  2»00 
mèlres  au-dessus  des  niei-s, 
solitaire,  majestueuse,  panni 
les  palmiers,  dans  la  pluine 
du  Tensift,  en  vue  du  Grand 
Atlas. 


Caralier  inarocaiu.  — 


Fàs  ou  Fès  (75  000  b.?), 
\ïi    cnpitale .  à    400   mètres 
([■;dlilud('  on  quelque  peu  plus,  borde  la   rivière 
des  Perles  (bnssin   du   Sêbou),   au  jïied    du   l^je- 
bol  Sahdi,  qui  L't   donihie  de   550   niéties.  Sous 

i.  2000,  auiit  1200  i  Tanger. 


Les  Présidios.  —  Sur  le 
rivage  mèditerrané  en  du  Ma- 
roc, TEspa^e  possède,  dis- 
perses du  détroil  de  Gibral- 
tar à  la  frontière  d'AIgt-rie, 
quelques     présidios»     lieu 
de  dêporlalion  pour  ses  eri^ 
minels,     souvenlefois     aus» 
lieux    d'exil    pour    ses  poli 
ticiens.    En    tout    ils    nont"' 
que    iôOOO   habitants,   dont 
11  OOO    à    Ceuta.    ville    qui 
regarde  tiibraltar  à  l'endi-oil 
préx^is  où,  venant  de  rOeéan, 
le   grand    4lé[roit    intercou- 
tinenlal  sVlargil  en  une  mer 
intérieure. — Penon  de  Vêlez 
[l'est   (pi'un    misérable    ilut 
escarpé  sans  la  moindre  fon- 
taine, à  400  mètres  du  lit- 
tiu-al  rifain.  —  .\lhucemafi, 
autre    roc    sec ,     contemple 
aussi  le  Uif.  —  Melilla,  sur 
une  petite  péninsule  accro- 
rbée  à  la  i^esqu'ile  du  cap 
des   Trois-Fou reliée,   guerroie  souvent  contre  ses 
voisins  kabyles.   Les  Z;ifarines,  archipel  de   trois 
itots,  veillent  â  l'eniboucbure  de  la   Malouia. 
1.  Kor-Weat,  c'est  eiactemenl  Moglirub-cl-Aksi. 


Deï&JQ  de  Biséo. 


SAHARA. 


515 


SAHVRV 


Le  Sahara  :  son  immensité,  ses  oasis,  soa 
simoun.  —  Le  Siihara  :^^*|l;^r»'  r.Urirjiii'  Miitcun'  cl 
le  Skudjin  ou  pays  dos  .Noii*s.  cornniPiu't'nu'ut  do  In 
vériLable  Afrique.  Nulle  pnrt  le  itml  st'piirer  no 
s'applique  si  U'um  :  U*  Salinni  itissorio  plus  qtir 
Ips  monl.i^t^s,  Tininrliics  par  d»?s  coh  vi.tblos 
iii^iiie  dans  rilimùluva  et  les  Andos.  plus  rptt'  l'U- 
Crtiii  méprisé  [wir  los  nnvin's,  pins  que  la  loiiridni 
U)us  les  ans  rîinV'mnr  par  la  rigidilé  polairi*. 

tk*  rAllantiquo  à  la  iiut  Itou^^e,  (lar-dessus  la 
jlMlde  oasieiiiic  du  Nil,  du  [ded  ini'riiliunn!  de  l'At- 
laâ  au  Souilaii.  sur  riiU]  à  six  tnille  tviliiriir'lr'es  de 
lung,  sur  nulle  â  deu\  mille  de  large,  K*  Suliara 
nVriln'tient  que  2  .S00001I  [lotntnes  eu  une  aire 
de  CIH  riiillicins  d'Iieelares,  presque  égale  aux  deux 
liei>  de  IKurope  et  à  douze  fois  la  France,  l'ourlant 
des  fontaiueA»  des  puils  arlôsiens  ont  êviM|ué  dans 
le  uard  du  Grand  béserl  de  splendides  jardins  de 


p.ïlmiers,  el  dans  le  sud,  sous  le  Tnipique,  il 
((Ktibe  assez  depluii?  pour  frcotuler  à  demi  k»  sol 
el  Iraeer  di»s  sloppes  au  bord  de  ta  fournaise;  mais 
tout  le  ri'Ste  du  Saliara,  sous  la  voûle  ardente,  esl 
on  Sud  inexorable. 

Toutefois  on  en  exagérait  les  (erreurs  el  les 
lionvurs.  Il  n'es!  plus  pour  nous  ce  qu'il  fui 
pour  nos  pères,  une  arène  à  (oui  vent  fréinissanle, 
rnoiïUuil  et  marchniil  en  cyclone  contre  les  cara- 
vanes comme  le  lyplion  contre  les  navires.  Le 
simoun,  agilaleur  de  ses  sables,  souffle  violent, 
brûlant,  tissu  de  pinissiére.  njule  rarement  sur 
les  voyageurs  le  linc«Mil  de  la  niorl  au  FN'serl; 
la  soif  tue  plus  que  lui.  (Juand  lu  catastrophe 
arrive,  elle  laisse  des  lénioins  funèbres  :  h  la 
longue,  pèlerin,  marchand,  chameau.  cla>val  se 
déshabiilfnt  île  leur  eliair,  leurs  os  blanchissent, 
le  sable  cache  leur  squelelte,  le  vent    le  mon- 


516 


LA   TEUUE    A    VOL    D'OISEAU. 


Ire.  et  ils  gardunl  longtemps  rallitude  de  leur 
agonie. 

Le  Sahara  ne  restera  pas  tout  entier  Sahara. 
—  MOirie,  loin  de  cundîininer  le  llêserl  à  rêlernelle 
iiuli;<eiire,  d'aucuns  croient  iiïaitïlennnt  h  son 
nveiiir.  Oetle  t'heljkn,  comme  diseiil  les  Arabes,  ce 
filel,  ce  lésion u  d'ilregs  ou  de  dunes,  de  roches 
bn'tlanles,  de  coulées  snns  gîizon,  sans  Ikhs»  sans 
fuïils,  sans  hameaux,  presque  sans  tentes,  loul  ce 
monde  anjourd'luii  vae;uU  ne  Put  pas  loiijours  si 
calciné,  si  nu,  si  rnisêraljle,  si  vajiçue  cl  vide  el 
mort,  il  ne  le  sera  pus  toujours aiilatil.  La  tradition 
nous  apprend  tph' ries  sources,  des  oueds,  clt»s  pirîls, 
des  vilfes,  des  champs  fl'orge  et  de  Ifle,  des  pal- 
miers* des  forints  nit^me  ont  disparu,  qui  pourraient 
repar'ailre  si  de  [nuclie  eu  jiroelie  on  jdaiiïait.  des 
arbres  et  [\m  rrèail  des  eaux.  Le  S:diara  u'aijne])as 
aeulemeut  le  paluiier-dallier,  il  donne  aussi  quel- 
que sève  aux  |>îns,  aux  ^nmmiers,  aux  irnnmsus, 
ans  têrêlnnllies;  leiHalsptus  p(*ul  erniUr,  (.;!'';int  du 
Grand  Déserl  comme  de  l'Australie,  dans  les  bas- 
fonds  ou  voiïl  sous  terre  Teau  d'oraj^^e  et  le  suin- 
(emenliïe  roo  ;  cidîn,  tlms  li^s  [)roroMdeurs  du  sol 
donnent  sans  doute  çà  el  là  des  lacs  vl  courent  des 
ruisseaux  capables  de  remonter  en  sources  artê- 
sieniu's;  or,  sous  l'aslre  saharien,  du  Tell  au 
Siiud^m,  il  suflit  d'un  grand  orage  pour  vûlir  de 
verdure  les  sables  les  plus  arides.  Lue  nuil  de 
pluie,  dit  riiomme  du  Ileserl,  lait  pousser  l'herbe 
jMMulanI  Lrois  anuéGâ. 

Plantes,  animaux  du  Grand  Désert.  —  Les 

Arabes,  bri;;;nids  ou  proséKies»  4(uî  traversèrent 
les  prenîiers  le  Sahara  lui  donnèrent  quatre  noms 
par  lesquels  on  le  désigne  encore,  Ilahr-bela-Ma  ou 
Mer  sans  Kau,  Ulatl-el-Aleneli  ou  I\-iys  de  la  Soif, 
Blad-el  Khrouf  ou  l'ays  de  la  IVur,  lîktd-et-Mkhaîla 
ou  l'iMs  du  Fusil»  car  il  faut  s'y  battre  contre 
les  Touaregs  qui  courent  le  Déserl  au  trot  allongé 
de  leur  méliaris  \Hn\v  y  rançonner  les  caravanes. 
L  hoituue  ne  manque  à  celte  grande  solittide  que 
faule  d'animatJï  el  de  plantes.  Des  charrions,  des 
artérnises.  des  buissons  éjnneux,  par  cndrods  quel- 
ques herbes  imurrJes  par  l'oued  invisible  que  di- 
slille  f,'-iH(tte  à  goutte  le  sable  des  ravins  el  chaque 
nniliu  rajeunies  [»ar  la  rosée  d"un  eiel  pur,  le  Sii- 
liant,  hors  des  oasis,  ne  |>roduil  guère  autre  chose. 
Le  fameux  ^  lion  du  Dèsci'l  o  est  une  fable.  Le  roi 
des  fauves  aime  In  fraîcheur,  les  ranteaux  émus 
par  le  vent,  les  funtaines,  les  prairies  el,  avant 
loul,  ce  que  l'herbe  entretient  en  chair»  hœul's, 


génisses,  moutons,  cheval  ou  gazelle:  il  peut  ha- 
biter Tourlet  du  Sahara,  suiioul  au  sud,  Ui  où  le 

Désert  esï  [ilultM  Steppe  (el  peul-étiv  de  mons- 
•iriieux  scrpenis  pvïhons  y  séjournent  comme  lui), 
mais  on  ne  le  voit  jamais  dans  ses  solitudes  ren- 
hali'S,  non  plus  que  l'autruche  el  la  i;ax*«lle.  Le 
scui*|tion,  de  grandset  de  petits  lézards,  la  fourmi. 
la  lefià,  celte  vipère  à  conies  dont  la  fàqùrc  tue  si 
vile  qu'on  lu  nomme  serpent  minute,  à  cela  se 
borne  il  peu  près  la  vie  saharienne. 

Au  sud  de  l'Algéi-ie  et  de  la  Triitolitaine,  des 
bas-fonds  s'effaceraient  sous  le  Ilot  lileu  si  la  Midi- 
lerranée  perçait  le  sable  el  le  roc  de  son  riv.ige; 
mais  ces  dépressions  sont  rares,  point  vastes,  el 
l'altitude  nu*yenne  du  Sahara  paraît  atteindre  55<l»i 
400  mètivfi,  avec  monts  de  grès  el  de  gnmïi 
jamn^s  ou  noii*s  ou  roujtris  par  le  uu'neraî  de  fer, 
levant  leur  tête  à  ITMlO,  :2O0O,  :2r»0O,  peulH>lre 
nOOO  mètres  ;  le  Djebel  lloggar  ou  Aliag^r,  le 
plus  liant  de  tims.  a  trois  mois  de  neige  el  il  y 
court  des  l'uissciiui  d';irgent.  qui  ne  vuat  pas  loin. 

Ainsi  des  Aregs  ou  Krgs,  c'est-n-dire  des  tables; 
des  hamiidas,  c'est-à-dire  des  pLite.iux  rocheui 
et  pietriMtx;  des  monts  Irdllés  en  citîidcllcs  infniies, 
de  loin  s[dendides  par  la  ma^Me  du  soleil;  des  bas- 
fonds;  des  sols  inlinitébimatcmenl  humides,  im* 
prégnés  du  sel  qu'on  vend  aux  Soudaniens*;  des 
oasis  où  les  palmes  dotmenl  l'oridirc  à  des  arbi*es 
fruiliers  abrilaiil  eift-ménies  du  soleil  le  mais, 
l'orge  et  les  fourrages;  d'une,  oasis  à  l'autre,  ou 
d'une  rive  à  l'autre  de  la  «  mer  sans  eau  •>,  des 
voyages  de  caravanes,  l'œil  au  guet,  car  le  Désert 
est  grand,  le  rant^-onneur  traître  et  rapide;  des 
chameaux  laids,  jiatieiits.  hérortjues,  vivant  de  faim 
el  de  soif,  des  niéliuris  ou  chameaux  de  course  qui 
font  120  kilomètres  par  Jour  et  ne  sonl  pas  fa- 
tigués; sur  loul  cela,  sur  l'innnetisilé  inu?  comme 
l'oasis,  des  V(*nls  secs  du  nord  el  du  nord-est, 
cause  première  de  l'aridité  saharienne;  des  cha- 
leurs de  Ao  i\  50  tle;;^résà  l'ombre,  de  (58  au  soleil; 
des  nuits  où  le  froid  d'av;ml  aurore  peut  descendre 
à  5  et  même  ii  7  degrés  sous  zéro;  des  rosées 
drues,  un  climat  mcrveilleusemonl  vital  malgré  sa 
brusquerie,  ses  excès,  sauf  dans  les  oasis  qu'in- 
fecteat  les  seguias  embourbées;  dans  ces  oasis,  des 
khours  branlants;  ilans  ces  ksours,  des  Arabes, des 
licrhères,  des  Noirs,  ou  des  métis  de  ces  Irois  races, 
voila  le  Sidiara,  IJiïel  qu'il  soit  d'ailleui's,  <^  tout 
jamais  fournaise  ou  traînée  d'oasis  s'avan(,%"ml  len- 
tement  sur    l'immense    aridité    par    plantations. 

1 .  Le  ael  est  si  rare  au  Soudan  qu'il  fl'y  échange,  dit-on*  A 
|)oids  épi  contre  ta  poudre  d*ûr. 


518 


LA    TERRE    A    VOL    D'OÎSEAIL 


résorvoirsclforagos.  le  Drserl  Mojcur  n  droit  à  tous 
les  soins  (i<*  Lr  l''r;inct_'.  Il  t'st  pour  (.'Ile  ca  qiii?  le 
Ffii'-Wust  Ttit  jîuiir  los  ÉlaLs-Lriis  :  non  pas  firccis»"'- 
nient  uu  Gr«nd-Out'sl,  mais  un  Grand-Sud.  En  le 
rniipnni  crniio  voie  ferriV*  lt>  lon^  do  lM|;li:ngh;ïr  ou 
de  l'Dueil  Guir  nous  anivcmns  au  Î5<judan  ceulraL 
Les  Arabes  habitent  surtout  Touest  du  S«ili.ir:i, 
près  di»s  duues  de  l'AlIanlique,  les  plus  liaules  du 
nuindt!  avi'c  celles  du  Takla-Makau  :  ISO  mètres 
près  du  cMp  Vcnli-u  '  ;  rorient,  en  liratit  sur  le 
Nil;  le  sud-ouest,  sous  le  nom  de  Trar/.as,  de 
Braknas,  de  l*i>uicties,  djins  les  wd>les  <jui  liordetit 
le  lleuve  Sénégal,  mais  ils  n'y  sont  pas  purs,  loin 
de  là,  ayant  puisé  beaucoup  au  sang  berbère;  au 
pied  de  l'Atlas,  ils  sont  aussi  uiêlaiigés  aux  Ik*r- 
bi^rcs  cl,  par  le  fiiit,  moins  nombreux  qu'eux. 
Passionnés  pour  la  vie  nomade,  ils  (rouvenl  le 
bonheur  parlait  dans  le  Désert,  el  leui's  puètcs  le 
clianlr-nl  avec  enlbousiasme  ;  il  y  a  là  ce  qu'ils 
aimeiil  le  plus,  le  soleil  cl  lespace.  Iteaux,  ner- 
veux, agiles,  de  bonne  lieure  secs  comme  dos 
momies,  ce  sont  d'ardeufs  Ishmiites.  Les  lierl>êres 
Oiit  aussi  leui's  noniades.  les 'J'ouaj'e;îs *,  qui  sil- 
loruienl  les  sables  cnlre  le  Veimn  vl  Tonibouclou» 
montés  sur  des  méliai'is  et  armés  dune  longue 
lance  et  d'un  sabre  courbe  au\  blessures  dang<^- 
rtîuses.  Ces  flibustiers  teintés  de  noir  oui  la  figurv 
rarliée  par  le  lilbam,  voile  (jui  ganinlit  leur  visage 
de  la  pouilie  sa!i:irieime,  mais  leurs  feimnes,  qu*ils 
lionorenU  \onl  à  face  découverte.  Adzgber  et 
Aliaggar  ou  Touaregs  du  Noi'd,  Kîloui  et  Sorgou  ou 
Touaregs  du  Sud,  Aouélirtuniden  ou  Touaregs  du 
Niger,  ils  ont  leurs  dialectes  berbères,  leur  alpha- 
bet, ([uelques  inscriplions  rupeslres.  lis  adorent 
leur  S,ilnirii  redouLible,  si  brustjueuient  diflerent 
de  lui-nirme,  de  Taube  glaciale  au  midi  suffocani, 
puis  A  la  nuit  srinlillanle.  Dans  ei'l  intîni  pays  de 
la  soif,  le  Targui  sait  Inns  les  i*uils,  les  sources, 
tous  les  sables  m  (illre  un  peu  d'eau;  il  connaît 
toute  dune  ou  poussent  l'herbe  et  l'ai'busïe,  toute 
colline  d'où  l'on  gueJte  la  caravane,  loul  ravin  qui 
cache,  loul  traquenard  on  Tnn  égorge,  tijut  c!u»r!un 
puur  fuir  ou  poursuivre.  Celle  science  du  Désert 
les  fait  terribles^  et  non  pas  leur  nombre.  A  peine 
sont-ils  cent  mille;  encore  le  gioa  de  la  nation,  les 

1.  CVst-tMlirc  en  saillie  ;  c'est  U  ce  que  siguitle  ie  por- 
"i.  Pluriel  lit;  lar^m. 


Aouéltmmiden,  ne  vit-il  pas  dans  le  Sahara,  mais 
dan^i  la  savane  d'entre  Sidiara  et  Niger  c!  dans  la 
plaine  ou  les  iles  du  Reuve.  Ils  oui  anéanti  {>ar  le 
fer  et  le  poison  une  expêdilion  française*,  et  la 
France  ne  s'est  pas  vengée,  elle  qui  ne  peut  attein- 
dre les  Nègres  qu'en  li'aversanl  les  Touaregs. 

Les  Noirs,  qui  ont  agi  par  leurs  femmes  sur  la 
plupart  des  li-ibus  nomades  ou  sédenlaires  du 
Sahara,  sont  [u-esque  purs  dans  cerlaines  oasis 
riveraines  du  Soudan.  Croisés  de  sang  berbùre,  ils 
occujîent,  avec  les  Touaregs  Kéloui  pour  voisins, 
la  grande  oasis  d'Air  ou  d'Asben,  monts  qui  vunl 
jusqu'à  1500  mètres  et  gorges  où  tombent  quel- 
ques pluies,  si  bien  que  des  vallées  n'y  mantjuenl 
pas  toujours  de  fraîrlicur — on  y  pressi^nl  le  voi- 
sinage de  la  terre  fertile  des  Nègres,  qu'annoncent 
aussi  le  visage  et  la  couleur  de  rbonune.  La 
s'élève  Aghadès,  reste  d'une  cité  de  50000  ûmes, 
s'il  faid  en  croire  les  on-di(  du  Désert. 

Apivs  l'Aîr,  pays  in<!épendant,  après  le  Fezzan. 
possédé  par  Tripoli,  après  Ghnl,  turque  depuis  1874, 
après  les  admirables  jardins  de  [talmiers  de  la 
province  de  Conslantine .  après  Talilell,  qui  a 
100 OOU  habitants  et  relève  du  Maroc,  lonsis  ma- 
jeure est  le  Touat.  A  ini-rliemin  d'Alger,  d'Ornn, 
de  Maroc  à  Torubouctou,  à  1400  kilomèlres  de 
chacune  de  ces  quaire  villes,  ce  bas-fond  d'oasis 
dispose,  prétend-on,  de  800(Hy  litres  d'eau  par  se- 
conde, [misés  sous  un  inuianse  aniuncollement  de 
dunes  par  un  savant  réseau  de  galeries  soûler- j 
raines.  11  craînl  la  France  et  fera  quelipic  jour 
partie  du  Sahara  il'Alger.  Coniéfléralion  de  bour- 
gades arabo  berbères  où  dominent  les  ksours  d'Ain- 
Salab  (ou  Insalah),  il  se  peut  qu'il  entretienne 
70  000  oasiens,  d'nulres  disent  50U0L)0. 

l/Adrar  des  A<»uélimrniden  doit  ce  nom  berbère 
d"Adrar  ou  Montagne  à  des  plateaux  et  djebels 
regard:mt  de  haut  vers  le  nord  le  vrai  Sahara. 
vers  l'ouest  et  le  sud  les  stcfqies.  les  plaines,  on 
pourrait  dire  les  llanos  et  campo;»  du  Niger. 

Selevaut  au  nord  du  tîl*^  degré  de  latitude,  sous 
le  Trof>ique,  il  y  [deut  jieut-ètre  autant  qu'en  Algé- 
rie, l'ays  sans  nn''f»hitisme^  id  Sahara,  ni  Soudan,' 
c'est  la  citadelle  des  Touaregs  Aouéliminiden  avajU 
de  devenir  pwur  nous  le  bastion  du  Niger.  Fxacle- 
ment  au  nùdi  d'Alger,  d'Uran,  cet  Adrur  ne  peut 
échapper  à  la  France. 

1.  CclW  du  toloïiel  Ftatlcrs. 


NIGER   ET  TCUAD  OU  SODDAn   CEISTRAL 


119 


Le  Niger  i  Yamina.  —Dessin  de  Tournois. 


NIGER  ET  TCHAD  OU  SOUDAN  CENTRAL 


Le  mot  Somlnn  termina  l'expression  arabe  Rluil- 
hSoudnn  ou  Pays  des  Noirs. 

Le»  îNihariens  se  sont  toujours  passionnés  pour 

»Uc  région  donl   rexuhênitiee  f;nt  un  li'l  et  si 

fioudain   contraste   avec  la   niisi^re  de   leurs  ha- 

ni.ïdns.  Li  pde  du  clianiCflu,  diseuL-ib,  su  Iraite 

{Kir  il*  goudron;  la  pauvreté  se  guérit  au  i^oudarj. 

Niger.  —  Le  Soudan  central  comprend  lïfiix 
bas&ins.  L'un,  celui  du  Niger,  s'ouvre  sur  rAllaii 
li(|ue;  ranlre,  ('«dui  du  lac  Tcliiid ,  s'uuvrirail 
(onupr  le  Nil  Hur  hi  McdikM*r:inée  si  son  llcuvt»  m* 
sérlirtit  en  roule.  Ils  sont  sépiirés  l'un  de  l'autre 
pr  Icâ  plaines  de  Kanu,  les  hauteurs  verdoyantes 


du  Zegreg  et  du  Raoutclii  et  les  monts  du  M.in- 
dara. 

Piirei!  ii  rOrt-nuquc,  le  Niger  coule  vei*s  presque 
huis  li's  horizons.  A  peine  y  a  1-il  19(HI  kilomèlres 
di^  son  prcniiei-  jaseiueiil  de  ruisseau  aux  sourds 
loiinerres  de  SI  rencontre  avec  rOcêan.el  pourtant 
son  cours  est  de  4IOt);  Nil  et  Congo  sont  seuls 
plus  longs  en  Arri»|ut'.  cl  (lour  Feau  versce  dans 
K's  douze  mois  de  raniiée  aux  Ilots  (jui  se  brisent 
oiilour  du  eonti[H'ul  des  Noirs,  il  ne  le  cède 
évic^Miuneid  (pi';*ii  C.ou^n.  On  cstimr  (pi'il  égoutte 
250nuilifins  <iTiL'rlart's,  ri  liirn  plus  s'il  ouvre  l'n 
aval  de  Tonihouctou  son  lit  humide  au  lit  presque 
tûujuui's  !»ec  de  TUued  Me^saoud  arrivant,  quand  il 


620 


LA  TERRK   A    VOL   D'OISEAU. 


nrrivp,  du  Ifnut-Atlii^  oii  il  se  nomme  l'Oued  (îuir. 
Suivant  qu'il  ri'i;oiL  ou  lu»  reroil  poinl  celle  rivii*re 
viviifile  on  li.iiil,  inorle  on  has.  son  biissin  est  on  u'esl 
point  par  moitié  Jerro  sahariennus  le  reste  se  divî- 
sîuil.  en  steppes  el  savnnes,  en  forêts,  en  terres  [)ro- 
foiides. 

Le  Niger  ou  DioliLa  jaillit  i\u  mont  Loma,  dans 
un  niîissir  <li^  l."'»0  mèïres  (?),  ;i  TiOO  kili»nie(res 
seulerueni  â  vol  doisean  di'  In  plage  m:irtne  la  plu» 
rapprochée.  Vile  arcru,  il  ne  nmle  en  nitint^igne 
que  pendfinl  rCil)  Iviloinèïres  seulement,  et  enrore 
diuis  la  ii^mlagtje  Ikissi*  sans  neij^e  êlernelle,  (leul- 
élre  même  sans  neige  de  hasard.  A  Baniakou, 
heu  Français  depuis  188.",  il  n  déjà  parcouni  bien 
près  de  deux  cents  lieues;  sa  hu'j^eur  y  esl  de  500  à 
700  nièties en  saison  sèr-he,  de  1  500,  1  800,  2 000 
en  crue,  et  son  Altitude  de  2G0  ;  c'est  donc  déjà  une 
eau  puit^sanle,  et  il  buuillonne,  a  10  kilnrnèlres  en 
aval,  dans  les  rapi<les  de  Sotubu. 

Il  roule  devant  Sêgou-Siknra,  maintenant  fran- 
çaise, puis  s'augmente  d'un  auîre  Iuî-nu3me  ou  peu 
s'en  l;ju(,  du  Mayel  Balével  ou  fleuve  Uouge,  rjuî 
égale  bien  la  Loire  en  longueur.  Mayel  signifuî 
rivière  el  ce  Balével,  ce  Rouge  reçoitd'aulres  mayel, 
May(»l  Danével,  Mayel  [îoilévid,  etc.  Après  quoi  il  se 
heurte  aux  s'ibles  du  Saliara  el.  vaincu  par  eux» 
tourne  du  N.-E.  â  l'E.  à  partir  des  ports  de  la  sté- 
rile Tonibourtou.  ]niis  au  S.-S,-K.,  cl  va  cherclier 
un  QcêaQ  qu1l  ne  stMublait  pas  devoir  atteindre  :  de 
môme  que  le  Père  de  l'ÉgypIe,  le  Père  du  Soudan 
coule  d'abord  délibèiémenl  vei'S  la  mer  de  Marseille, 
comuïe  s'il  tlevail  s'engloulrr  vis-à-vis  des  l'roveii- 
çaux,  devant  la  blanche  Alger. 

Ayant  rempli  d'eaux  sans  prorond<xir  le  lac  Debo, 
lagune  rétrâclile,  dont  l'iunpleur  dèpetnl  des  crues 
el  déci-uos  du  fleuve,  puis  s'élanl  éparpillé  en  bras 
miHlipliés,  qui  se  divisent,  subdivisenl,  puis  se 
coneeulreiit,  inunense  domaine  ]>la!  d*une  lUïnicnse 
imnuialion,  le  Mger  arrive,  après  un  voyage  do  I  850 
kilouïélres,  avec  une  «Il itude  de 'i.'îO  mètres,  devant 
Karoma  et  Kabara,  les  deux  poi-ts  de  Tonibouelou. 
Au-dessus,  au-dessous  de  la  u  reine  du  Saliara  et  du 
Soudan  »,  reine  en  guejiilles.  il  erre  pendant  des 
centaines  de  kiluinèlres,  semblable  au  Ml  de  Nubie 
el  d'K^^jMe  en  ec  qu'il  est  loule  la  vie  du  Désert: 
là  où  il  passe,  el  là  seulenienl,  il  y  a  des  honunes. 
Du  Sahara  des  Touaregs  il  lui  vient  un  gnmd  oued 
mort,  goullière  de  1500  kilonièlres  qui  commence 
dans  le  même  massif  que  notre  Igburgbar,  chez  les 
Touaivgs  Iloggariens;  cet  oued  ayant  nom  Ballou! 
Bassa  doit  alUnndre  quelque  part  le  fleuve»  mais  en 
temps  normal  aucun  iilet  d  eau  n'y  court. 


En  aval  de  Tombouctou  le  Niger,  tout  en  îles, 
en  coidées.  en  hms  lalèmux,  se  disperse  à  1800^ 
2000,  4000  nièlres  de  large.  11  borde  les  steppea 
où  vivent  des  Touaregs  Aouélimmiden  ,  hommes 
basanés,  et  des  Sonrays,  hommes  noii*s.  ceux-ci  < 
semant  et  recollant  pour  ceuxdâ,  comme  c.Vâl 
assez  Tusage  de  plus  faible  h  plus  fort;  de  telle 
sorte  tpie  la  cbevanee  des  Touaregs  vient  de  la 
misèiv  des  Sonntys,  leurs  «  clients  d,  sinon  leur» 
esclaves.  A  ses  dispersions  el  divagations  succè-'| 
denl  (larfdis  des  conceïil râlions  où  le  lleuve.  pas- 
sant sur  la  [ûerre  el  clans  la  pierie,  est.  luut  en- 
tier, plus  étroit  qu'ailleurs  le  moindre  de  ses  liLs  : 
au  [inssage  de  Tosaye  il  n'a  raérae  que  90  méln*»  ] 
de  ri\e  à  rive. 

Vers  Uabba  cessent  les  rocs,  les  encaissemenls, 
les   rapides  et,   porlanl  dès  loi^s   des    navires,  il 
marche  an-tlevant  iU\  plus  grand  de  ses  Iribulai- 
ivs.  Ce  m  majeur,  c'est  la  lîinouè,  ou  la  Mère  des  , 
eaus,  dans  la  langue  de  TAdamaoua»  son  pays  na- 1 
tal  ;    courant    brun,    elle    poi-le    aussi    chez    les  ! 
Nègres  de  ses  rivages,  dans  leurs  dilTérenls  idio- 
mes, des  noms  signifiant  i'Eau  Noire,  par  op|M>-J 
silion  au  Niger,  qui  pour  eux  est  l'Eau  Rlanclie. 

Avant,  après  le  cordluenl  de  la  Rinotié,  le  Niger] 
serpetile  entie  des  îles  qui  sont  les  pénales  bour- 
beux du  crocodile  et  de  riiippopolame.  Sa  vallée,  | 
sous  son   illumination   brillanle,  est   belle  par  la] 
hauteur  des  montagnes  e!  l'opulence  d'un  sol  qui] 
lance  h  cent  pieds  d'élévalion   la  cime  des  coton- 
niers. De  celle  percée,  le  fleuve  passe  dans  le  dellfl  ^ 
d'Orou,  vases  dont  le  soleil  de  l'Kqualeur  fail  moti- 
ter  des  poisons.  L'iionime  noir  est  rare  dans  celte 
fange,  el  les  blancs  ne  s'y  ar'rétenl  poiid;    ils  vont 
plus  liaul  gagner  de  l'or  sur  le  Niger  et  la  lïmoné, 
h  c(Mé  des  missionnaires  qui  vont  gagner  des  ànies. 
Mais  ce  que  1'  «  enfant  ûu  siècle  »  el  V  «  enfant 
de  Dieu   u  y  trouveni  surloul.   cVsl   la  inalignilo 
des  fièvres,  la  dysenlerie,  les  dégénérescences  du 
foie,  la  caducilé  pi'écoce-  Ce  tribut  à  la  mort  n'a 
[ins  sa  cause  unique  dans  la  pulrîdité  des  vases. 
ie  Minolaui-e  ne  guetle  pas  seuleuieiil  l'homme  du 
Noi'd  sur  le  rivage  des  lugmnes  et   au   lournaut 
de*i  ai'royos.  Le  premier  ennemi  de  la  vie  de  l'Eu- 
rojïéen   sous  le   Tropique»    n'est    l'Iùutïpéen   lui- 
même  qui   veut   vivre  comme  en  L]uroj>e  sous  le 
Cancer  ou  le  Capricorne,  qui  mange  trop  et  h  con- 
fine-climat, s'enivre,  s'use  et  descend  sous  lerre. 

Le  ibdla  tlu  Niger  oppose  ses  ninnglîcrs,  ses 
palétuviers,  sa  bouc  molle  a  la  mer  sur  un  front 
de  Tt^û  kilomètres;  il  a  prés  de  2  millions  et  demi 
dheclares  el  pour  plus   gi'and   cliei»al    le  fleuve 


NIGER   ET   TCIÏAD  01*    SOUDAN   CENTRAL. 


521 


Noun.  On  ignore  ce  que  le  llaive  verse  en  moyenne 
de  milliers  de  mùlres  cubes  à  TAllantique  :  s'il  perd 
de  son  onde  au  pnssage  du  Saliara,  la  saison  des 
pluies  lui  ji'Ite  un  dôlugu  d  énormes  rivières  avant 
qu'il  frôle  le  Désert  et  dès  qu'il  a  cessa  de  le  (ouclier. 

Le  Tchad.  —  A  1 000  kilomètres  ou  un  peu  plus 
des  golfes  d'Atlantique  couletuplés  par  le  pic  de 
Fernando  P6,  à  l  BOO  du  fond  delà  Gramlo  Syrie  de 
Mêdilerranêe,  le  Tchad  ou  Tsud  ou  Tîâde  domine 
la  mer  de  '24-4  mètres,  sinon  de  270,  tuais  il  n'a  pas 
)a  force  de  lui  envoyer  ses  eaux.  Son  aire  varie  de 


1  iOOOOO  à  5  500000  hectares,  de  un  ù  cinq,  sui- 
vant la  saison  de  l'année.  C'esl  une  lagune  ayant 
de  -4  ù  5  mètres  de  creux  seulement,  cl  encore  bien 
loin  de  son  i-iva>;e  plat. 

Quand  le  suleil  pompe  son  eau  limoneuse  accu- 
mulée par  la  cme  des  rivières  enti-c  juin  el  novem- 
bre, le  Tchad  se  i-etire  dans  ses  bas-ronds;  ses 
îles  basses,  presque  innombrables»  se  re]ni}^menl,  el 
la  grande  moitié  de  la  llaque  saudaiiienne  s'unil 
eu  une  terre  ferme  avec  sillons  mar'êeageux  où  vieu- 
tient  f)ai1re  les  troupeaux  des  sauvages  Biddoumas. 

Des  comadougous',  espèces  de  rèservou's,  en- 


Sur  le  lac  Tdiad. 


tourent  le  Tchad  ;  les  rtvièn*»  qu'il  forme  en  son 
trop-plein  s'y  prêcijiilenl,  mais  Inrsqm'  le  ciel  Ixtil 
le  lar,  une  penle  c«»ntr^iin*  s'élahlit  el  les  comadou- 
gous  reprennent  le  du'min  de  leur  grande  urne. 

Dans  les  années  très  sèches  l'évapoiuliitn,  peut- 
tflre  aussi  des  pertes,  des  fuites,  emportent  dans 
l'air,  et  sans  doute  aussi  sous  terre,  le  puis- 
int  lril»ul  que  le  Tsad  reçoit  d*un  bassin  Iropi- 
feiemenl  pluvieux  grand  conmie  presque  deux  fois 
la  France;  mais  dans  les  années  très  mouillées  il 
s'en  épanche  une  rivière,  le  Bahr-el-Cbaïal  qui 
descend  vers  le  nord-esl,  jusqu'au  Bodélé,  bas- 
fond  voisin  des  oasis  du  Borkou.  comme  le  Burkuu 
lui-même  est  voisin  des  montagnes  élevées  du 
Tibesti,  sahariennement  sèches. 

Les  flols  du  Tchad  ne  sont  pas  amei^s;  la  grosse 
béte  y  patauge,  le  crocodile  y  dort,  cuirasse  em- 
0.  Uicuf.  La  Tuib  a  vul  t  oiftAU. 


bourbée,  l'hippopolame  aux  roniOements  slenlo- 
réens  s'y  vaulre»  l'éléplianl  passe  ù  gué  ses  golfeB, 
ses  chenaux,  ta  trompe  en  l'air,  et  le  bufTle  erre 
dans  les  houtes  herbes  du  rivage,  sous  le  buur- 
donnemen!  des  nuKisliques. 

Vers  celle  Grande  Kau',  ce  Karka,  ce  lîabr-el- 
Zalam*  accourt  de  Touest  le  Yoobé,  qui  arrose  la 
meilleure  vallée  du  Rournnu.  et  du  sud  arrive  le 
Chari  ou  Sjiri,  (leuve  dont  on  i*,'nore  *\\ni  il  vient. 
Dans  son  cours  supérieur  on  ridentilkit  ;'i  loi-t 
avt!c  cel  Onellé  qui  est,  démonstration  faite,  le  haut 
Ouliangni  p;irl;tge  enli'e  les  Fram.'ais  et  les  Belges. 
Eu  son  cours  inférieur  il  a  six  cents  mètres  de  large, 
en  un  pays  splendide,  avec  prodigalité  de  pluie, 

i.  Mol  k  mol  :  i-uîssoiitn. 

3.  CV»I  ce  que  \eut  dire  Tchad  en  lan^e  du  fioumuu. 

5.  MoU  «rabtj*  :  lier  des  Téiiébrea. 

00 


532 


LA    TERRE   A    VOL    D^OISEAl'. 


de  soleit,  d'herbes,  do  plnnles  et  d'iitujiiaux. 
Les  Fmnçnis  et  les  Angliis  se  sniit  [ifirlii^a;  le 
Soudan  du  Dioliba  :  à  ceux-ci  !e  b;is  du  Sï^ci\ 
Bénin,  Nûii[)é,  empire  de  Sokolo,  Gando,  Uaoussa; 
el  à  nous  le  liauL  du  fleuve  el  le  lleuvc  moyen,  de 
la  source  à  Saï,  vilJc  exaclenient  sous  le  méridien 
de  Paris;  pins,  du  Niger  au  lac  Tehad,  le  steppe 
cl  h  savane  de  Traussaliai-a,  chez  les  Sonrays, 
chez  les  Touaregs,  dans  TAdrar  des  Aouellimiden» 


le  Damergou,  le  Kaneiu.  Quant  au  Cliari»  resté  en 
dehors  du  rauliMl,  les  Fran*;nis  pensent  y  arriver 
les  premiei-s  en  parlant  de  l'Oubangui,  avant  les 
Anglais  du  bas  Niger  et  les  Allemands  du  Kaméroun. 


Blancs  et  Noirs.  —  Nombreux  sont  les  peu- 
ples sur  celle  terre  où  tant  de  pluie  tombe,  où 
lanl  de  soleil  luit. 


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ToratMUClou  :  \ix  g^nénte.  —  Dessin  de  Linc«loL 


Sur  la  lisièm  du  Saliara,  principalement  sur  la 
rive  gauche  du  Niger,  de  très  en  ninoiit  »  très  on 
aval  de  Tornbouclou,  Arabes,  Herbères,  Touaregs 
ont  l'enipii-e,  [mrs  ou  mtMès,  opprimant  les  cara- 
vanes comme  courtiers  ou  counne  bandits.  A  ce 
métier  d'écumeursiles  sables  les  Touaregs  ajoutent 
la  possession  de  rivages  et  d'ilesdu  Ileuve  cultives 
par  des  serviteurs  noirs, 

Arabes  el  Berbères  jtlus  ou  moins  arabisés  soîit 
négociants  dans  les  villes  marchandes  le  long  du 
Niger»  noianuiient  de  Saiisamling  i\  Tornbouclou. 


Par  leur  inlluence.  par  la  conquête  que  l'Islam  n 
faite  d'une  |>art  du  pays,  Varabo  est  devenu  l'i- 
diome inlelleeluel  du  Soudan.  Toutefois  on  re- 
marque un  recul,  non  dans  b'S  progrt's  du  Musul- 
manisrne,  mais  dans  l'usage  de  la  langue  du  Pro- 
phète qui  est  4»ncore  à  cette  heure  celle  des  chas- 
seurs et  marchands  d'esclaves  dans  l'Afrique  cen- 
trale :  il  y  a  quelques  années  encore,  la  cour  du 
Bournou  parlait  arabe,  niaititenanl  elle  est  revenue 
au  verbe  national,  nu  kauouri. 
Au  midi  de  Tumbouclou,  sur  la  rive  droite  du 


NIGER  ET  TCHAD  01  SOUDAN  CENTRAL. 


525 


fleuve,  les  S«nrays,  pritpk^  noir,  onl  |jt^rilu  Inir 
puissance  et  conservé  lour  l^in^ic. 

En  remontant  le  Niger  on  rencontre  d'abord. 
dans  le  Masîna,   des    Foulahs,  Négraïdes   musul- 


mans qui  L'orivi'Hissnienl  !es  I\iïensà  coups  de  lance  ; 
puis,  d;(ns  le  y.i(id>ai\j,  de  noirs  llaniaiinas  que  les 
Koiilahs  n'ont  pu  ronverlir  encore  à  la  Vrtie  Loi; 
t^nlînsurle  Iniul  fleuve  el  son  ivsean  toulTud'aflluenls, 


Jl-uuc  Ujij.il.^..  "  i'eb&iii  Ui*  Itonjal,  il  .ïftrM  iiiie  (iliolograjiinr. 


iMalinkés  ou  Maudingues,  qui  sont  des  Nègres 

mIU  teint  chocolat,  A  l'espril  l'etoi's,  des  coiunier- 

çfints  fiefTès,  «  Juifs  du  Soudan  »  parlant  un  gutiu- 

rai  idiome. 

Les  FoulahSy  cuivrés  de  belles  proportions,  qu'on 


appelle  aussi  bien  Koulhês  *.  FoulanSt  Fellnt^s, 
iVuls,  doTuinenl  tians  le  Snudan  moyen  comme 
siu'  le  lleuve  Sénégal.  Cultivateurs  et  bergers,  ils 

t.  C'est  là  le  vminoni.  relhniquc:  FuuUiésa  pour  singulier 
Poulie, 


rita^ 


hu 


LA    TI-iRHK    A    VOL    H" DISK .4 T. 


vivaienl  en  linmeaiix  tranquillt^s  dans  le  pays  des 
Noirs  qinHifl  rt'nergie  d'un  grand  liomnie  et  le 
fiinatisNit^  (l'une  religion  (piî  ne  soiifTro  pas  de 
partiige  les  Imn^rurnuTcnt  en  un  peuple  de  con- 
quêrnnts.  Tout  nu  roniniencetnent  du  siêdi^t  l^nn- 
Fûiiiê,  IVuI  revenu  du  pèlerinago  de  la  Mecque, 
prêcha  le  djéliad  ou  guerre  sainte  conlro  les  Nè- 
g-res  nièci'éanls;  il  régna  hîonlot  du  Telia*]  jusqu'au 
delà  du  Niger  sur  une  lerre  vaste  deui  fois 
comme  la  Fr.ince.  cl  So- 
kotii  fut  s.i  rapilaïe. 

D'où  venait  ee  jieuple, 
qui  éclata  tout  à  coup 
dans  riiisloire  du  Sou- 
dan, i>eupleéleganl,  gra- 
cieux, Leau  de  visage, 
bien  plus  parent  du 
IjI.uic  ou  di'  rArnln»  que 
du  Noir  son  vnisiii,  el 
très  semlilable  nux  su- 
perJies  enivres  ivlj'an- 
cîiês  h  rorieiil  «rAiVique 
dans  leur  neropole  d'A- 
l>yssinio?(>u  les  a  ratla- 
cliL's  à  des  races  infini- 
nn'ol  éloignées,  à  l'Imle, 
aux  îles  Malaises,  mais 
on  doit  ernire  qu'ils  ar- 
rivent (Je  moins  loin, 
probablement  du  Crand 
Allas  uiériilioiiaK  |kar  le 
Sahara,  tout  comtne  les 
Berbèivs  arabisés  de  la 
lisière  du  Soudan,  et  il 
y  aurait  dix  ;i  dmize  siè- 
cles qu'ils  eu  vïjliirtMil  les 
pays  du  Sénégal  d'où  ils 
s'avancèrent  peu  a  peu 
vers    rorienl,  jusqu'au 

Teliad,en  trilnis  pastorales  sulvanl  leurs  troupeaux 
d'heïha^^*  en  liei'bage, 

L'einjnr**  de  Dan-Fôdit'  ne  conlenait  pas  fous  les 
Peuls;  il  lut  in;oiqijait  ceux  du  Niger  supérieur, 
et  ceux  du  Sénégal,  première  pati'ie  soudanieime 
de  la  nation.  IVrdant  pres(|ue  aussitôt  sa  cohé- 
sion, sa  force,  el  se  divisant  eu  deux  royaumes,  le 
Sokiïto  el  le(iaudo.  il  ne  réussit  pas  h  soumettre  à 
sa  langue  les  pays  llaoïissas  dont  il  avait  fait 
l'eiiipire  des  Foulalis,  et  où  ridionie  foullualdé  se 
parle  moins  que  le  haoussa  ;  beaux  d'ailleurs  sont 
l'un  et  l'autre  langage.  Le  liaoussa  naquit  peut-élre 
on  uu  sait  où  dans  l'Orient,  car  H  a  des  traits  de 


Jotine  Qllo  Slaliukiï   —  Ik'kkiii  Ue  ttiou,  U;ijirè»  un  cfoquts. 


ressemblance  avec  les  pariers  sémitiques,  mais, 
d'autre  paj  t,  il  ne  manque  pas  de  certaines  ana- 
logies avec  le  berbère  des  Touaregs.  Loin  d'avoir 
péri,  ou  seulement  reculé  devant  le  foulfouldé,  il 
s*esl  élevé  au  rang  d'idiome  général  dans  la  plus 
grande  part  du  Soudan  depuis  le  sultanat  de 
Douiiiou  jusqu'au  délia  du  Niger. 

Bien  plus  harmonieux  que  le  triomphant  haouss;i 
est  r  u  itatteii  du  Soudan  Central  n,  le  foulfouldé, 

tout  plein  d't,  et  qui  s'at- 
laehe  plus  aux  voyelles 
qu'aux  consonnes:  celte 
langue  très  opulente  va 
même  jusqu'à  ne  pas 
tenir  cofuple  du  radical 
des  mots  quand  elle  les 
fait  passer  du  singulier 
au  pluriel,  el  c'est  là 
une  des  diflicultés  ma- 
jeures de  l'idiome  plus 
t|ue  diritcile  des  pas- 
leui*s  foulahs.  Compart^ 
à  nos  idiomes  anens, 
unede  ses  originalités*, 
c'est  de  ne  pas  distin- 
guer le  masculin  du  fé- 
minin el  d'opposer  le 
genre  n  honiiniu  u  au 
i*este  des  choses  visi- 
bles, aux  botes»  aux 
plantes,  aux  objets,  eu 
un  mol  au  genre  «  bru- 
te »,  connue  le  nomme 
le  général  Faidherbe, 

Ce  qui  manque  es- 
sentiellement aux  Fou- 
lalis,  c'est  le  nombre: 
dans  telle  contrée  ils 
sont  comme  perdus  par- 
mi leurs  sujets,  avec  lesquels  ils  se  foïidenl.  peu 
h  peu,  non  par  leui's  lilles  qui  méprisent  les 
Noirs,  mais  par  leurs  fils  qui  ne  dédaignent  pas 
l'alliarïce  des  Négresses,  llans  le  Soudan  du  Niger 
ils  ne  sont  massés  en  nation  que  sur  le  plateau 
du  Zeg-Zeg,   dans    le  Gando  et  le   Masina. 


Niger  Français.  —  La  France  règne  sur  le  haut 
rt  ft!  moyen  Niger  en  vertu  de  traités  avec  une 
fouit*  de  chefs,  depuis  le  *t  sultan  »  de  trois  villages 
perdus  dans  le  mil  ou  la  bix)usse  jusqu'à  Fempe- 
reur  qui  a  soumis  \ingl  provinces,  c'est-à-dire  qui 

1.  Pai'lagûe  par  jilubicui's  luii(pics  nègres. 


A'it$ 


LA   TERRE  A   VUL   U'OISËAU- 


a  donné  l'assaut  à  des  «  lalas  »  ou  redoutes,  brûlû 
les  rnbnnes  ciirrét^s  ou  cylindriques  el  coniques  de 
loui  un  pays,  pjissô  lous  les  nu'ïlcs  au  lil  di*  l'épc^e, 
traiiiè  Irioniphiilenient  on  esclavage*  lotîtes  liis  unî- 
mes cl  lous  les  enfants.  Nos  postps  dti  fleuve 
sont,  de  ramniit  ù  l'av.iK  Koiinnissa,  Sifruiri, 
Kangaba,  Bamakou,  Koiilikoro  ;  plus  Uas»  nous 
avons  un  r«!!sidenl  à  Sègou-Siltoro,  Tcx-capilale 
d'un  grand  empire  qui  avail  tondu  sou  énergie 
contre  les  i*au'ns,  surtout  contre  les  Français. 

Là  s'arrête  pour  U»  inonu'nl  noire  puissance; 
nous  ne  dominons  encore  ni  dans  le  Masina,  ni  5 
Tonibouclou,  ni  dans  le  Mossi,  ni  dans  le  (iuurma, 


ni  ilans  maint  autre  pays,  grand  ou  petit,  dont 
nous  savons  ù  peine  le  nom. 

Tonilxîuclou  passait  pour  une  Alexandrie  con- 
tinLMit;ili',  au  grand  coude  du  Niger,  à  l'arrivt'e 
di^s  routes  du  Wsert,  au  contact  du  Sahan,  du 
Suudaii  et  de  deux  races  liumaincs.  Quand  aucun 
Euroi>êen  n'avait  encore  foulé  ses  ruelles  obscures. 
notre  imagination  avait  bâti  là  comme  une  métro- 
pole de  rVfrique  inlérieure.  On  n'y  soup<;onnail 
point  une  [îijb^lone,  une  Alliènes,  une  Rome,  car 
on  savait  qu'il  n'y  a  point  chez  les  Nègres  de 
ville  gigaulesquc  ou  de  cilé  glorieuse,  [ms  plus 
que  chez  leuis  voisins  bronzés  du  Sahara  ;  nuis 


I«  Niger    à   Bimakou.    {\'o\.  p.  SSl.j  —  bcsaiii  Uu  Uiu.i. 


on  donnait  à  Tonibouclou  le  rang  d'une  grande 
place  de  commerce,  d'un  immense  bazar  oii  les 
Noirs  vendaient  par  sacs  la  poudre  d'or  souda- 
nienne  aux  marchands  des  caravanes.  Or  ce  n'est 
{(u'uti  bloc  de  masures  avec  10  000  ou  Î2000  âmes, 
aristocratie  de  Maures  commerçants  et  toui-be 
de  pauvres  Sonrays.  Elle  s'élève  à  portée  de  la 
France,  tant  au  sud-ouest  par  le  fleuve  qu'au 
uord  par  la  voit!  du  Désert,  îi  18  kilomètres  du 
Niger,  daus  des  sables  cuits  par  le  soleil»  en 
Sahara,  pas  en  Soudan. 

Niger  Anglais  :  Gando.  —  Dans  le  Gando  ou 
Gandou,  oontive  du  îNi^er  inféi-jpur  en  amont  de  la 
Biiiouê,  diverses  villes  rivei'aiucs  Iratiquent,  point 
monumentales,  mais  affairées,  très  vivantes,  avec 


de  foils  marchés  :  UidJa,  que  plusieurs  heucs 
séparent  de  la  rive  gauche  du  fleuve,  aurait 
8000<)  âmes,  cl  le  pays  entiei*,  riclie  en  Foulalis, 
5  800000. 

Haoussa.  —  Il  se  peut  que  Iti  millions  d'hom- 
mes vivent  dans  le  Haoussa,  terre  oij  des  Peuls 
sont  5nj>erj>osés  à  des  Noirs  ou,  pour  mieux  dire, 
à  de  beaux  Négroïdes  fort  inlelligents,  aux  llaous- 
sas  parmi  lesquels  les  Anglais  recrutent  dus  sol- 
dais et  des  hommes  de  police  pour  leurs  colonies 
de  l'Afrique  occidentale.  Là  Sokolo  n'est  plus 
siège  d'empire  et»  de  ses  TiOOGO  à  i'>0  000  hom- 
mes, il  lui  en  reste  20  000,  ou  10  000  seulement. 
Elle  borde  un  affluent  de  gauche  du  Niger,  ainsi 
que  la  ville  qui  lui  a  succédé  comme  résidence 


t 


NIGER    ET    TCIÎAD   01   SOIDAN   CENTRAL 


557 


du  grand  f'rnir  des  Peuls  du  Ilaoussn,  Ourno  ou 
Wourno  (25  000  hah.).  Au  sud-est  de  l,i  vieille 
et  do  h  jeune  capilale  politique,  dans  le  hasBÎn  du 
Tchad.  Kano  (40000  hab.)  passe  pour  la  méirojwle 
conunerciale  du  Soudan. 

Bonrnou  ou  Bornou.  —  Le  Boumou  sur  le- 
quel les  Anglnis  racontent  qu'ils  ont  étendu  leur 
protectorat,  peut  avoir  5  laillions  d'iioraines,  Nè- 


gres sédentaires  parlant  le  knnouri,  Arabes  no- 
mades, niélis  des  uns  et  des  aulres.  Il  a  cessé 
dobéir  au  Haoussa.  Son  sultan  demeure  à  Kouka 
ou  Koukaoua,  la  Ville  au  Baobab,  laquelle  doit 
ce  nom  à  l'arbre  qui  onibrageail  le  champ  où  son 
fondateur  bàlil  en  1814  sa  royale  demeure.  Kouka 
8'èlève  ù  une  vingtaine  de  kilomèlres  du  Tchad, 
dans  une  plaine  pierreuse,  par  endroits  boisée  en 
forèl»  et  cette  plaine  les  pluies  annuelles  en  font 


Uai^iuns  à  S*gou-Slkoro.  (Voy    p.  ÎSÎ6.)  —  D«&iii  de  Tournois. 


I 


k 


«n  marais  dont  les  eaux  s'unissant  à  celles  du  lac 
entrent  dans  la  ville  mt^nie.  Kano  a  les  allures, 
le  moavetnent  bruyant  dune  métropole,  et  pour- 
tintses  palais  son!  des  C4invs  d'argile,  ses  ni.'usons 
d»*s  ruches  do  paille  avec  des  œulV  d'autruche  pour 
tout  art  et  tout  ornement.  Le  conquèruU  qui  l'égn- 
lis<*niit  au  sol  ne  détruirait  ni  marbres  vivants,  ni 
tours,  ni  pcolils  de  pierre. 


Adamaona.  —  Au  midi  du  Boumou.   sur  la 

ué  qui  s'épanche  en  crues  limoneuses  dans  les 

•  caiopo6  0  de  ses  rives,  l'Adainaoua  ou  Fournbin;i, 

pays  splendide.  appartint  aux  Foulahs  dont  ce  fui 

la  conqutUe  extrême  vers  le  sud-est.  lis  n'y  domi- 


nent plus,  mais  ils  y  vivent  parmi  les  Noii's,  en 
grand  nombre,  menant  leurs  troupeaux  dans  les 
gi-as  pdltira^cs.  Celle  contrée  où  les  monUignes 
dépassent  5000  jnéires  se  divise  entre  les  Alle- 
mands du   Kaméroun  et   les  Anglais   du    Niger. 

Baghirmi.  Ouada!.  —  A  Vt'^t  du  Boumou 
et  de  l'Adamaoua,  sur  le  cours  du  Chari  infé- 
rieur, à  faible  hauteur  au-dessus  du  lac  Tchad, 
le  Daghirmi  renferme  des  Négroïdes  convertis  à 
l'Islam  et  d(*s  tribus  arabes.  Au  temps  de  leur 
gloire  et  récemment,  sinon  même  encore,  les 
Baghirmiens  raïîiaieni  et  massacraient  systéma- 
tiquement les    tribus    païennes   ((u'ils    pouvaient 


528 


LA  TEniiK  A   VOL  D'OISEAU. 


atteindre.  C'était  un  peuple  dp  proie,  devenu  !e  biH 
des  ambitions  des  Anglais  du  brts  Niger,  des  Teu- 
tons Kaniéroiinioiis  el  des  Français  de  fOubangui. 
Quant  au  Uucidaî^qui  aurait  sur  loBagliinui  droit 
de  suzeraineté,  ce  pays  a  sa  pente  vei^  le  Tchad  : 
sa  rivière  centrale,  le  Bathu,  qui  ue  loûle  gut'rc 
que  trois   mois  de  runuée,  se  vei-se  dans  le  hc 


Fittri,  et  ce  lac,  en  saison  de  pluie,  s'épancberait 
vers  la  «  Grande  Eau  o  des  gens  du  Boumou.  vers 
le  Tchad.  Montagnes,  steppes,  savanes  et  désert, 
la  fi^condilê  du  pays  dépend  surtout  de  l'humidité 
de  l'année. 

Le  Ouadaï  soplenlrional,  qui    s'étend    vers   les 
monts  du  Tibesli,  où  les  Tédas  meurent  de  soif* 


I 


Vue  tic  koukaoutt.  (Vuy.  p  îâ7.l  —  Dc&&in  de  Pruui&hiiikoff. 


est  plus  anhydre,  plus  stérile  que  les  régions  de 
Test,  du  centre  et  du  sud  :  c'est  plus  s|ièçialement 
le  duniîiine  de  raulriirho,  et  raiitil>|io  y  Fuit 
coitinie  le  veut.  Ikuis  le  ceiihv,  roisisui  disgra- 
cieux n'aide  plus  sa  coui*se  lahuleusernent  rapide 
avec  II*  bnîaiicement  de  ses  rudimeiiLs  d'ailes, 
mais  l'aiililojie  est  enco(v  lîi,  qui  atiinie  les 
mêmes  slepjji's  que  le  rhinocéros  à  deux  cornes, 
el  dans  le  sud  elle  a  [loui*  voisins  ce  r[iinocéros 
cl  rèléplmul. 

5  millions  d'hoinnn's  y  vivent»  Nègres  Màba»  Noii^s 
I.  Levrninoin  ^ratl  Bargo;  ct-lui  des  liabitJiiîs,  Uar^aouï. 


de  diverses  races,  de  diverses  langues,  nombreux 
Aralies  purs  el  beaucoup  de  mêlés,  La  prépondé- 
rance apparlieni  aux  MAba»  tellement  que  le  pays 
safipelle  h;ir  M;tl>a,  séjour  des  Màba,  tout  aussi 
bien  que  i*ai'  Ouadaï;  leur  noir  n'est  pas  le  très 
noir  el  luisant,  mais  bien  une  espèce  de  leinli» 
bronzée.  Mnsulmans  depuis  plus  de  250  années, 
ils  ont  un  caivietère  aUier,  inipérieux.  orgueilleux, 
agressif,  et  i:i  gueire  ne  leur  fait  pas  peur. 

En  y  couiprciianlles  Klals  rcud;ilaires.  le  sullan, 
qui  ré>ide  h  Abéehé,  communde  h  un  peuple  bi- 
g'iirré  de  5  millions  de  personnes. 


Jl 


SOUDAN   MARITIME. 


530 


8ai8t*LouiK  :  vue  pLuérale.  (Voy.  p.  5S2)  —  Dessin  de  A.  do  Bar.  d'après  une  photo^phie. 


SOUDAN  MARITIME 


A  l'occident  du  Niger  se  lèvent  des  talus,  des 
platoaui.  des  monts  dominant  un  liltorat  rayé 
d'une  infiniti*  de  fleuves  qui  vont  par  biefs  et  cas- 
cades h  la  mer  Atlantique. 

Si  ce  littoral  êtoit  trùs  sec«etces  monts  bien  plus 

[Ils,  il  y  aurait  ici  conmie  un  Pérou  d'Afrique 
un  Maragnon  tout  autre  qui,  descendu  dans 
LlÉitf^nndeâ  plaines,  bc  tordrait  brusquement  au 
sud  et   \iendrMil  s'.iliînier  dans  roct^nn  Parili(]U(\ 

Ce  lilloml,  ce  Soudan  Maritimoi  comprend,  du 


0.  Hccict.  U  Tkrrs  a  tol  ttonuLuv. 


nord-ouest  nu  sud-esl  :  la  Séné^mbie,  presque 
loule  française.  Sierra-Léoné,  terre  d'allégeance 
anglaise,  Libéria  où  régnent  indolemment  d(*5 
Nègres  anglophones,  la  Guinée,  indépt^ndanle  ou 
française  ou  anglaise  uu  nlIerii.uKif  :  («lutes  terres 
auxqtiellos  l'exondance  annuelle  des  fleuves,  riviè- 
res et  marigots  donne  une  fécondité  magnilîque. 
sur  des  alluvions  toujours  réparées,  en  même 
ItMups  qu'elle  leur  fait  un  présent  funeste,  la  licvi-e 
d'enipoisoinicuïent  Icllurique. 


07 


r 


550 


lA   TERRE   A   VOL   lï'OISEAU. 


SÉISÉGAMBIE 


Ce  nom  de  pays  est  la  fusion  de  deux  noms  de 
fleuves,  Sénégal  et  Gambie. 

Sénégal.  —  \'i\r  100  mèlres  ou  uti  peu  plus 
d'attitude,  h  1040  kilomètres  de  la  mer  en  Buivîint 
le  (il  des  eiiux,  deux  couivinls  se  rencontrent  â 
IÏ;dUulabi'\  fod  fraiirais  dimt  le  nom  signiHe  :  les 
I)(?iu  Rivièivs. 

Le  |dus  puissent  ries  deux,  le  R'diîjf^  ou  Hivi^rp 
Noire,  a  f.iit  un  voy;ige  de  550  h  fii)!)  kiloinètri\'<. 
Large  ici  de  450  mètres,  il  est  né  &  789  nielres 
au-dessus  dos  océans,  dans  un  pays  de  Penis,  au 
Fouln-Djallon,  sorle  d\irropole  d'où  descendent 
en  éventail  une  foule  de  fleuves  allant  à  Ja  côte, 
une  fotde  de  torrents  allant  nu  Niger  tout  à  fait 
supérieur. 

Le  pins  faildo,  l(*  lînkluty  (m  Rivière  liLinrhe, 
qui  n  reçu  le  Baoulé  ou  Iliviére  Houge,  arrive, 
large  de  150  mètres,  après  une  course  de  450  ki- 
lonuMres  ;  il  i\  ses  sources  h  500  mètres  d'alti- 
tude, sur  ut)  plateau  tout  voisin  du  ISiger. 

Ce  sont  Ih  les  deux  fontaines  du  St^négal,  fleuve 
de  1  KOO  kiloHièlres  soudanîen  dans  son  cours 
supérieur,  el  en  bas  pres*|ue  saharien  le  long  de 
sa  l'ive  droite. 

D'élia^e  1res  faiiïle  en  avril  et  en  nir.i,  ii  ne 
roule  au  houl  de  la  saison  séelie  fjue  50  mètres 
cubes  par  seconde  à  lîaktïl,  où  il  a  reçu  toutes  ses 
grandes  branches»  mais  durant  ta  saison  des  pluies 
tropieali*s  il  monte  de  15  à  20  mètres  dans  la  moida- 
gne  et,  Nil  fécondateur,  s'avance  et  s'épanclie  au 
loin  dans  la  plaine,  des  talus  de  sa  rive  gauche, 
terre  de  Nègres  soudariiens,  aux  talus  de  sa  rive 
droile,  terre  de  Blancs  sabarinns.  C'est  dans  la 
pretnière  quinzaine  de  septembre  qu'il  est  le  plus 
immense  et  mouille  le  plus  de  campagnes  î»our 
la  moisson  fulure.  Il  n*arriv(*  dans  le  plat  pays 
favoi'able  à  sa  divagation  qu'après  des  rapides,  des 
cascades;  à  Couina  son  torrent  plonge  d'une  haute 
paroi;  au  saut  du  Fèlou  il  s'abaisse  de  15  â  20 
mètres  entre  des  rochers  bizarres. 

Ce  sont  \h  des  plongeons  brusques;  ailleurs  le 
fleuve  descend  pai*  des  rapides  ou  toul  nu  moins 
des  courants;  il  est  essentiellement  fait  de  biefs 
profonds  derrière  des  barrages  de  rochers  :  bar- 


rages émergeants,  alors  ce  sont  des  cascades;  bar- 
rages immergés,  alors  ce  sont  des  bouilles  el  re- 
bouilles. Par  ces  retenues  que  l'homme  devra  se  ' 
garder  de  dèliiiire,  qu'il  fera  bien  d'exhausser,  le  ' 
Sénégal  est  comme  un  monument  hydraulique  de 
la   nature,  un  escalier  de   réservoirs  superposés 
conservant  pour  la  saison  sèche  une  rivière  d'en- 
viron 50  mètres  cubes  par  seconde,  plusieurs  cen- 
taines de  fuis  nioiiidre  que  récroulement  tonitruant 
dVau  qu'y  jelle  luus  les  ans   le  déchirement  des 
lourdes  nuées.  Dana  son  coui's  moyen  et  son  cours  i 
inférieur  il  a  des  bassins  de  réserve,  notamment  le] 
lae  Cayor  à  droile,  le  lac  Paniéfoul  â  gauche,  qui 
sont  des  lagunes  unies  an  Sénégîd  par  des  mari- 1 
guts  sans  (icnte  h  cours  alterné  —  vers  le  fleuve  j 
quand  le  fleuve  baisse,  vers  le  lac  quand  le  fleuve  1 
monte.  Le  Paniéfunl  nu  (niier.  enire  des  steppes] 
secs,  est  pendant  de  longs  mois  le  seul  abreuvoir 
du  pays:  il  est  alors  entouré  de  fauves  buveurs.i 
le  lion  qui  rugil,  réléphanlqui  b;n'rtt.  le  léo|>ard, 
la  panthère,  I  once,  le  guépard,  l'hyène,  le  lynx» 
el,  tremblants  devant  ces  bétes  de  proie,  la  girafe  J 
la  gazelle  et  Tanlilope,  le  sitige,  le  eliaral. 

Le  Sénégal  entoure  la  grande  ile  h  Moriil,  longue 
de  180  kilomètres;  il  sépare  le  Blanc  du  Nègre,  le 
nomade  du  sédenlaire,  le  Saliara  qui  donne  In 
gomme,  du  Soudan  qui  donne  tout  partout  où  [jeul 
monter  la  crue.  Ondoyant  de  crocodiles,  houleux 
d'hippopotames,  il  s'achemine  vers  l'île  de  îsaint- 
L(Miis;  là  son  bras  de  droite  nVst  qu'à  150  mètres 
de  l'Atlantique,  maïs  le  fleuve,  qui  depuis  sa 
sortie  du  mont  n'a  cessé  de  flécJiir  devant  le  sable 
sah.irieii,  fléeliit  encore  et  n'atteint  la  mer  qu'à 
\i\  kilonièlres  au-dessous  de  cette  capitale.  Ainsi 
que  l'Adour,  mais  sans  avoir  comme  lui  de  vertes 
montagnes  h  son  sud,  il  s'ouvre  sur  une  rive 
droitis  toute  en  dunes,  stérile  et  nue.  De  Saint- 
Louis  au  nord  jusqu'à  l'Ile  d*Arguin,  littoral  de 
500  kilomètres,  deux  arbres  seulement,  les  deux 
jialnners  de  Purtendik.  au  loin  célèbres,  s'élevaient 
entre  Mer  et  Désert  en  tcmoignage  de  vie.  Us  sont 
morts. 

Ainsi  ce  fleuve  de  1800  kilomètres  finit  sur  un 
rivage  sans  arbres,  sans  herbes,  sans  animaux, 
sans  hommes,  par  une  barre  singulièrement  péril- 


SÉNÊGAMBIE. 


531 


l(*use,  après  avoir  traversé  depuis  son  entrée  en 
plaine  une  vallée  denii-déserlique,  siiblunneuse, 
presque  nue,  où  Li  poussée  des  lïcrhes  n'esl  pkjn- 
tureust*  et  viguureuse  qu'aussitôt  après  la  crue, 
puis  tout  se  llôtrit  au  venl  saharien,  qui  sèche 
et  brûle»  qui  chasse  les  pluies  et  n'en  amène 
|>oint. 

Gambie.  —  Tout  autre  csl  ïa  Gnnil)ie,  rivière 
beaucoup  moindre  longue  de  1000  à  1200  kilo- 
mélres.  Née  sous  le  nom  de  lïinirna,  dîitis  le  lïiâuie 
Fouta-Djallon  que  le  fleuve  Sénégal*  !h>us  un 
même  climat,  avec  les  mêmes  saisons  contraires, 
l'une  de  <léluge  el  l'autre  d'asséclienienl,  elle 
s'élargit  en  une  petite  mer  intérieure  ainsi  que 


le  Tage  devant  Lisbonne;  puis,  aussi  comme  le 
Tage,  elle  se  conlraclc,  mais  son  ombou-^hure  sil- 
lorinable  ii\i\  [)lus  jjjraiids  vaisseaux  n'en  a  pas 
moins  JÔOO  iiièhvs  entre  rives. 

La  Gambie  inférieure  reçoit  la  pluie  pendant 
48  jours  de  l'année,  contre  55  sur  le  Sénégal  infé- 
rieur; aussi  est-eile  visiblement  plus  tropiraler 
mais  l'opulence  effervescente  commence  plus  au 
sud.  sur  les  petits  fleuves,  avec  l'eicès  de  pluie. 
Si  du  Sénégîil  ii  la  Ganïbie  on  passe  de  35  à  i8  jours 
humides,  de  la  Gambie  à  la  Cazamance  un  va  de 
48  h  84,  puis  il  y  en  a  Hl  chez  les  Portugais  de 
Bissiio,  puis  157  cliez  les  Frant;ais  de  Boké  sur  le 
rio  Nunez,  et  sans  doute  autant  ou  plus  sur  le  rio 


CaUractâ  de  Gouina.  (Voy.  p.  530.)  —  DessUi  de  Riou,  d'iprâs  une  photographie. 


l'otigo  et  la  Mellacorêe,  fleuves  également  français. 
Sur  tous  ces  rios,  jusque  chez  les  Nègres  anglo- 
phones de  Sierra-Léoné,  le  massif  du  Foula-lîjallon, 
scrnuil  de  pris  l'Océan,  réduit  le  rivage  à  une 
«  bciramar  d  étroile. 

Blancs  el  Noirs.  —  Sur  la  rive  droite  du  fleuve 
vivenl  l^'s  Maures. 

L''s  Maures  sont  des  Arabes  croisés  de  Zénaga», 
Ik*ri)ères  dont  le  nom  corrompu  revit  dans  celui 
de  Sénégal. 

Nommés  Trarzas,  Braknas.  Ltouaïchs,  ils  plan- 
tent leur«  tentes  près  du  fleuve,  entre  sa  décrue  et 

,  crue,  soit  dans  la  moitié  de  l'année  qui  répond 
f notre  hiver  el  à  noire  printemps;  puis,  dés  que 
Teau  dépasse  les  berges,  ils  remontent  vers  le 
nord  avec  leurs  troupeaux  et  s'enfoncent  dans  le 
Sahara.  Comme  leurs  cousins  les  Touaregs  Aoué- 
liinmiden  oui  frandii  le  Niger,  ils  ax-aienl  passé  le 
Sénéi^al,  ils  pillaient  le  pays  noir,  ils  s'y  faisaient 


des  esclaves,  ils  en  devenaient  les  maîtres  durs, 
ineïoiables,  quand  la  France  les  a  repoussés  du 
bord  soudanien  au  bor4t  saharien  du  fleuve,  (tai'nii 
les  sables,  les  roches  et  les  bois  de  gommiers. 

Nombreux  sont  les  peuples  noirs  ou  cuivivs. 
plus  nombreux  leurs  mélanges  et  leurs  dégrada- 
tions. 

Les  Ouolofs.  honimes  très  noirs,  de  liante  lai  Ile, 
habitent  le  bas  du  lleuve  el  la  côte  jusque  \ers 
Dakar,  dans  le  Oualo  et  le  Cayor,  aux  environs  de 
8;iiiit-Li»uîs:ils  nous  fournissent  dt^s  laptols,  excel- 
lents marins;  presque  l-ran<;.iis  de  sentiments,  de 
relations,  d'habitudes,  avec  des  éc-oles  on  les 
francisera  vite.  —  Les  ftirt  intelligents  Sonlnkés  *. 
inférieurs  en  taille  aux  Ouolofs.  font  séjour  sui 
le  moyen  fleuve,  au  pays  de  B«'ikel  et  de  Médine, 
dans  le  Kaarta,  région  de  collines  el  de  steppes 
tirant  sur  le  Désert;  ils  donnent  des  volontaires 
à  notre    petite   année   sénégalaise,  et    beaucoup 

I.  Ou  S;irnicolel!i. 


533 


Ik  TEURE  A  VOL  D'OISEAU. 


d'entre  eux  savent  le  français.  —  Les  Mulinkt^ii, 
grands  Noirs  répandus  sur  la  Falémé,  fort  tribu- 
tain^  du  StMit'grd,  sur  la  Ganibit»,  h  Cazainanre, 
aiiju*nl  11-  pillagi^  la  guiM'i'e,  le  cununt^rcc;  on 
trouve  partout  leurs  colporteurs,  dans  tous  les 
Soudaus  [)ossil»li^s.  —  Les  Rambaras,  jHUiple  i>rm- 
cipal  du  Kaarla.  de  inoyetint*  (aille  et  livs  nègres 
de  visage,  uni  du  pendmnt  pour  la  lutte,  cl  qui 
veut  peut  lever  cIh^z  eui  Jes  eondutlieri  ;  ils 
professent  iei  ri.slaniisin**,  connu*;  d'ailleurs  les 
Maures,  les  OuuloJs»  tes  Soniiikés,  les  Malinkès, 
les  Pculs.  CiMJx-ci,  jusqu'à  ce  jour  grands  enne- 
mis des  Français,  demeurent  au  bord  du  [îeuve 
Sénégal  en  amont  (U's  Ouolols  et  diuis  le  cliâleau 
d'eau  du  Foula-Djallon;  berger-s,  guerriers  et  co- 
lons, c'est  une  vigoureuse  nation  qui  s'est  écroulée 
conmie  un  torrent  sur  le  Souilan  central,  mais  au- 
jourd'hui ce  torrent  qui  rno[da  si  tiaul  baisse  et 
baisse  encore.  Puis  viennent  les  Toucouleurs;  l«s 
Séréres,  au  nord  do  la  lîarnbie  ;  el,  au  sud  de  cette 
Gambie,  une  foule  de  peuplades  faibles,  dislo- 
quées, coutinuellenietit  brassées  et  en  perpétuel 
«  devenir  t». 


Colonies  européennes  :  le  Sénégal  français. 
—  Bien  peu  dTuroftéens,  Français  (de  btN'uuoup 
les  plus  nombreux),  Lusilaniens,  Anglais,  ont  porté 
leurs  iiiduslrîes.  leur  négoce  en  Sénégambie,  sous 
un  eiid  redouté.  La  lièvre  jaune  lait  ici  iralTrcust'S 
visites  el  la  fièvre  des  marais  reste  à  demeure  sur 
tous  les  plans  paludéens  qui>  Tenu  dt'S  grandes 
expansions  de  crue  couvre  et  découvre  une  fois 
Fan;  or,  c'e«t  juslenïenl  là  qu'il  a  riillu  fixer  les 
postes  de  Iraile  et  les  postes  de  guerre.  Mais  le 
lilloral  est  salubre  de  Sainl-Louis  à  Dakar:  salu- 
hres  aussi  les  liants  r  ios,  le  Fouta-I*j;dlon  el  toute 
la  monlagiie;  telleiuent  que  h  rnloiiie  frajiçnise, 
clcndiie  niaiiitenaut  jusqu'au  delà  du  Niger,  pnr- 
dt'ssus  l«'s  [ilah'aux  et  jusqit*HU  Fouîa-Ojalloti  en 
reitionliud  le  Sénégal  el  les  lleuves  de  la  côte  du 
Sud.  en  est  arrivée  à  l'instant  précis  ou,  de  cornp- 
l(»ir  à  |ieine  loléié  par  les  Sénégalais^  elle  devient 
uu  vaste  empire  avec  chemins  de  fer,  roules,  co- 
hésion, domination  ferme,  hautes  (erres  habita- 
bles, sanatiiires,  nombre  croissant  de  Rlaiics,  pos 
sibitité  d'intplantatifm. 

Bassin  du  Sénégal,  Niger  su iHM'ienr,  côte  du  Nord 
jusqu'au  hane  (FArtrnin.  rnledu  Sudjusqu'A  Sierra- 
Leone,  il  \  a  là  lUO  jnilliiMis  d'hectares  el  peut-être 


200  millions  avec  toutes  les  appartenances  cl  d^ 
pcndances  futures,  dans  la  limite  des  conventions 
internationales  :  avec  le  Masiria  qui  fait  suite  au 
pays  de  Ségou-Sikoro  le  long  du  Niger;  ave**  Timi- 
houctou»  son  Sahara  et  son  Soudan;  avec  les  deux 
rives  ilu   fleuve,  de  Tombonctou  à  Saï  ;  avec  le 
slefj[ii*  (pii  SI"  dé[ttoie  sur  I  200  kiloujùlres  entre  le  i 
susdit  fleuve  et  le  lac  Tchad;  avec  les  belles  con- 
trées que  Binger  nous  a  données  par  un  réseau  de 
prolectornls,  autour  de  Kong,   entre  ce  qui  était  i 
noire  Soudan,  déji\   fort  ample,  et  notre  Céte  deJ 
Guinée,  qui  était  fort  petite  et  qui.  devenue  plus 
grande,  a  maintenant  le  Daliomey  pour  annexe. 

Et  comlaen  li'ljabilanls?  Un  l'ignore  absolument, 
mais  on  ailmet  5  millions  d'âmes,  en  beaucoup  de 
peuples,  uneitdinité  de  sous-peu[)les  et  des  langues 
et  dfab*etes  sans  nruiibre.  L;Wlessus  douze  cents  à 
quinze  cents  Fram*ais.  militaires  el  marins  non 
conqiris,  el  desconunencemenLs  d'une  nice  métisse  , 
de  Franco-Soudaniens.  à  Saint-Louîs,  à  Corée,  à 
Rufisquo,  îi  Dakar,  et  dans  les  postes  du  Haut- 
Fleuve,  du  Niger,  du  Lilloral,  des  rivières  du  Sud, 

Sainl-Louis  [^0  000  hab.),  capitale,  dans  une  ilo 
basse  du  fleuve,  est  séparé  de  la  mer,  qu'on  entend 
gronder,  par  une  étroite  levée  de  sable.  Son  vériUi- 
bltî  port  c'est  Dakar',  fondée  en  Fan  t85(5  vis-à-vis 
di*  la  très  petite  ile  de  Corée.  Dakar,  l'un  des  meil- 
leurs abris  de  tonte  la  côte  occidentale  d'Afrique, 
sous  uu  eliitiat  stiftisauuncnt  salubre,  éclipsera 
LientôlSaint-Louîs  elloii  salue  en  elle  un  Uio  Janeiro 
de  l'avenir. 

SénégamBie  anglaise.  —  C'est  une  cobmie  mi- 
sérable suj'  l  estuaiiv  de  la  honrheusc  Gandiie,  uu 
comptoir  sonuncillantavec  nu>iiis  d'Anglais  que  de 
Français  en  résidence  à  Sainle-Marie-de-Balhui'Sl. 
AlbivJa,  Mac-tiarLiiy.  Prise  entre  notre  Sénégal  el 
notre  Cazaiiuince.  efle  a  pour  destin  probable  de 
nous  revenir  un  jour;  el  de  même  les  4  millions 
d'IuM'lares  de  la  Sénégand)ie  lusitanienne. 

Sénégambie  portugaise.  —  Oniciellemcnt 
nonunée  fiuinée.  celle  Lusilanie  sans  Lusitaniens 
est  au  sud  de  la  r,aziiimun'e,  sur  les  estuaires  du 
Ilio  Cacbéo,  du  Geba,  du  HiinTirande.  De  son  (leu^e 
te  plus  méridional  â  Sieira-Léoné,  on  est  de  nou- 
veau en  terre  française,  dans  le  l)eau  pays  des 
Rivières  du  Sud.  sur  le  Componi,  le  Nuner.  le 
Pougo,  ];i  Dubreka,  pitlores(|ues  rios  descendus 
du  Foula-Dj.'dl(Mi    par   des   traînées  de   cascades. 

1.  Noiu  ûuoluf  qui  vuul  dire  le*  lamariiiier. 


*^ 


ÉÊÊ 


LA    TERKE    A    VÔL    D'OISEAU. 


CiMrnes  de  Freelown.  —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'apri^B  Uiic  photogi'apbie. 


SIERRA-LÉONÉ 


La  «  République  nègre  n.  —  Vers  le  9*  degré 

ôe  Inlilutitî  h  Sierra-Lêoiu\  en  \\eux  français 
Serrc-Lictmne .  succède;  îiux  derniers  romptoii^s 
rranco-siW'gnIaia  de  la  côte  du  Sud.  Elle  ofrujfe, 
sur  une  rive  fninj^rr,  le  l)ns  de  (leuvrs  desrendns 
des  lalus  du  Fuut;i-|)jidliiii  hm'c  h»  puissaticc  que 
leur  donne  un  copieux  hivernage  versant  (à  Free- 
town) près  de  4  mètres  de  pluie  (de  mai  à  novcni- 
bre)  :  it";  plus  j^jrands  se  norumiMil  llukelle  cL 
K;nnar*nikf».  Les  élablissenienlii  civilisés  ne  s'élen- 
denl  encore  que  sur  oOOOOO  heelares.  avec  75-000 
habilanls,  donl  moins  de  200  hommes  bbnrs  parmi 
lesquels  penl-âlre  une  cenlaine  d'Anglais  el  une 
cinquantaine  de  Français. 

Les  Anglais  fondèrent  cette  colonie  noire  à  partir 
de  1787.  l'Ule  devait  «^tre  l'espoir  de  Tavenir.  le 
phare  de  la  religion,  l'asile  des  lois,  l'exempt*'  deï 
mœuni  dans  utïe  Afrique  sans  moeurs  et  sans  lois; 
mais  ce  pays  Cfdorè  par  To^yde  de  fer  est  la 
i(  tombe  rouge  de  rhonniie  blanc  «♦  et  les  Noirs 
laissés  il  eui-mèrnes  n'ont  encore  rien  régé- 
néré. Commeueé  paj*  460  Nègres  américains  que 
guidaient  60  liiancs,  cet  établissement  a  reçu  des 
«  Loyalistes  »   de  .la  Nouvelle-Ecosse,  restés   fi- 


dèles â  l'Angleterre  durant  sa  luUe  contre  Iti 
[M'oviiiees  èmaneipèi^s  de  l'Amérique  du  Nord,  deai 
Nègres  marrons  de  In  Jamaïque,  des  «  bois  d*é-' 
bène  »  enlevés  auï  Iraitants  par  des  crois«>urs  an- 
^hiis  et  des  hommes  de  rinlèrïeur  des  terres.  Ces 
origines  si  ilivrrsfs  en  ont  fait  un  peuple  telb^nent 
bigarré  qui*  dans  hi  seule  Freclowii  ou  parle  60 
lîin^jues  ou  <*li:irid)ias,  voire  lOO  h  îoO,  à  côlé  de 
l'anglais  onieit'L  Même  parmi  les  r.  civilisés  d  qui  ont 
pour  aucèlres  les  passagers  des  premiers  convois, 
peu  de  ces  Nègres,  qu'ils  soient  parmi  les  païens, 
pîuiui  les  nmsnlmaus,  ou  les  chrétiens,  se  li- 
vivnl  à  la  sainte  culture  des  cliartijis;  ils  préfèrent 
le  commerce,  la  petite  boutique  à  Freetown,  les 
prtjfessions  libérales,  Lanean,  enseignement,  jour- 
nalisme, pasioral.  Les  Nègres  auloclilones  a]ipar- 
tiennenl  presque  tous  h  la  race  des  Bagous. 

Fn^etown  (25000  liali.),  sous  une  moyenne  de 
2G\S,  boi'de  la  Uokelle  au  pied  d'un  mont  volca- 
nifjue  de  *JO0  mètres  qui  s'avance  en  presqu'île 
d«ns  l'Océan  ;  haute  barrière  d*où  vienncul  tous  les 
maux  de  celle  capitale  insalubre,  ce  mont  ar- 
rête le  vent  de  mer,  il  relient  et  suspend  sur 
Freetown  les  miasmes  de  l'intérieur. 


irnÉniA 


Sàs 


Sur  le  plateau,  au  pied  de«  Kong$.  (Voy.  p.  53G.J  — Dessin  de  A.  de  Bar. 


LIBERIA 


Libéria  :  les  Krous.  —  Au  sud-esldu  h\  Sicna- 
Lêont*.  sur  la  »  vMv  du  l*oïvre  i>.  In  LibiVîn  lui 
LrPSHfmblc  Irôs  fort.  C'est  v^^dctncril  uik*  [ïrîr.i- 
'inar,  stiivanl  riiourtMix  mol  lusitanien,  un  riva^o 
de  mer  étroit  nuque!  accourent  des  rios  partie 
âe^  monts  ou  pl.'iltviux  <|ui  |U'i>Ion;;fent  au  loin 
If  Foula-[l|jallon  J^rs  l'oricnl.  jusr|u';i  In  pcrciV  du 
Niger  ^n  nval  du  conllueiil  do  la  Binoué.  Malsuine 
fM»ur  los  m/^mos  causes,  sous  le  nu^nïo  cliinal,  celte 
autre  -  rt'publique  d'èbètio  »  doit  aussi  son  eiis- 
lence  k  des  convois  de  Nègres  libertés,  et  ces  Nè- 
gres furent  légalement  envoyés  d'Amérique  dans 
un  l)ul  de  propagande  rhn^tieniie  et  civilisatrice 
Bnni  les  n  bruns  ardents  u  du  continent  des  Noirs. 


Tout  comme  en  Sierra-Léon^,  ces  missionnaires 
anglophones  ont  très  peu  fait  pour  le  renouveau 
de  l'Afrique.  Plus  jeune  de  frentiMmis  ans  que  la 
colonie  <(  rédemptrice  i»  de  Free(o\Nn,  elle  reçut 
on  1820  de  New-York  ses  premiers  pionniers.  Sui- 
vant l'usage  en  Nigrilie,  le  pays  avait  êli^  aelietô 
pour  moins  (jue  rien  par  la  Société  philanthro- 
pique, à  la  suite  de  palabres*  où  ta  bouteille  de 
rlium  fut  aussi  persuasive  que  les  plus  sagen  dis- 
cours :  tout  prince  et  principicule  nègre  adore  le 
tafia. 

i.  Couforcnco  qui  précède  une  veule.  un  niorchnndafrc,  an 
traité;  c'est  la  roniipliuu  du  portUKai' /'Wapra,  parole»  et. 
par  extension,  diacuurfi. 


LA    TERIÏE   A   VOL   D'OISBAC. 


La  région  libtTÎcnno  a  des  trTiils  de  ressemblance 
avec  la  Giiyniu'»  File  d'Ilaili,  la  Cliine. 

Pliysiqut'incnl.  elle  ressoniMe  à  la  Guyane  par 
la  disposition  de  ses  lerres  :  d'nbord  un  arrii'i'e- 
littoral  1res  bas,  marais  h  nian^diers  avec  ci'i(|iit»t^ 
sinueuses,  rivières  lan^issanles,  palus  de  8  ou 
10  à  ir>  ou  20  kilomètres  de  large  que  In  marée 
Jiaute  submerge  à  demi,  que  la  erue  aiuiuelle 
noîe  presque  tout  entier  pendant  les  sept  mois 
sur  douze  de  la  saison  des  pluies.  Après  ce  bas 
fond  s'étendenl  quelques  savanes  analogues  aux 
pinolières  ou  pripris  guyanais,  puis  on  se  heurte 
aux  pentes.  Dès  lors,  plus  d'eau  endormie  dont  In 
mer  qui  monte  secoue  rè^aiHèreinenl  le  sommeil, 
mais  une  onde  éveillée  toujours  et,  cascade  sur 
cascade,  à  travers  la  forêt,  des  torrents  issus  de  la 
jdaine  des  Bluiidingues  —  ainsi  se  nomme  un  plaleau 
qui,  d'ondulations  on  ondulations,  tautùl  sylve  et 
lantùt  pâturage,  s'en  va  jus<iu'à  la  hauteur  des  ter- 
res, d  où  se  déroule  au  nord  l'immensité  des  hori- 
zons du  Niger,  de  même  ipie  du  sonunet  des  Tumac- 
llum;ic  de  Guyane  se  déroule  au  sud  rinuucnsilé 
des  horizons  de  l'Amazone. 

Politiquement,  sorialemenl,elIt»ressemf)leâllaïti 
en  ce  que  les  luis  du  pays  défendent  aui  lilarics  de 
posséder  le  sol  et  qu'elles  leur  interdisent  toute 
fonction  administrative  ou  gouvernemenlale. 

Elle  ressemble  à  la  Chine  en  ce  qu'elltî  n'ouvre 
pas  tous  ses  porls  au  commerce  du  monde  ;  six 
seulement  reeoivent  les  navires  éti*angers. 

Ainsi  la  cJiai'te  libérienne  l'epousae  les  hommes 
blancs. 

Le  rlimat  libérien  les  proscrit  aussi,  quoiqu'il 
ne  soit  pas  démesurémenl  malsalutjie. 

Mais  it  affaiblit,  il  affadit,  tl  énerve,  il  mine. 
Yankee  ou  Anglais,  l'((  Aryen  »  débarque  ici  plein 
d'un  sang  de  jeuni»  honuTn»;  au  bout  de  quelques 
mois  s'il  est  faible,  après  deux  ou  trois  ans  s'il  est 


vigoureux,  il  n*y  a  dans  ses  veines  qu'un  sang  dfl 
vieillard  incessamment  délayé  par  ranêmie  Iropî^ 
cale. 

Dans  des  vallées  de  fleuves  dont  le  plus  grand] 
semble  être  le  Saint-Paul,  la  Libéria  s*attribue| 
(jLicIques  millions  d'hectnre-s  et  2  millions  d'hom- 
mes, Nègres  <i  civilisés  »  ou  simplement  «  soumis  »  j 
uu  ((  sauvages  u.  Le  littoral,  le  marais,  b  plainO*! 
des  Mandingues,  ont  peu  d'habitants:  c'est  surtout! 
<lans  la  région  où  les  tornmls  descendent  l'escalierl 
îles  cascades  que  se  presse  la  population  de  laj 
ft  Terre  de  liberté  ». 

Les  plus  célèbres  des  Libériens  sont  les  Ki'ousl 
ou  Ciounjanes,  c'est-à-dire  hommes  de  la  côte  dal 
Krou,  Nègi*es  très  noirs,  point  beaux  de  nez  nli 
de  bouche,  mais  superbes  de  taille  et  d'élé.cancol 
corporelle,  lestes,  prodigieusenienl  fm'ts,  d'ailleurs! 
poltrons,  parail-iL  Ils  adorent  leur  pays,  mais  lel 
(|ulttenl  volontiers  pour  un  temps  dans  l'espoir  d'yi 
levenir  avec  de  petites  épargnes,  et  d'y  couler  de»^ 
jours  de  paresse  et  d'orgueil  en  rentiers  enviés, 
honorés  ;  ils  s'engagent  en  grand  nombi*e  comme 
matelots,  surtout  sur  les  vaisseaux  anglais. 

l»e  temps  en  temps  de  petits  convois  d'immi- 
grants noirs  arrivés  du  sol  yankee  viennent  ajouter 
({UPlque  force  à  l'élément  plus  civilisé  et  h  la  lan- 
gue auglaisi',  oflicielle  dans  le  jkivs,  mais  parlée 
coui*aiTHiieal  par  les  seuls  Nègres  américains  el 
par  leurs  deseendanls.  Le  paganisme  règne  dans 
la  [jhjjtarl  des  tribus  indigènes,  le  protestantisme 
chez  les  Libériens  proprement  dits  issus  des  fa- 
milles envoyées  d'Amérique.  La  capitale,  Monrovia 
{5iK\0  hab.),  sur  le  aip  Mesurado,  lient  son  nom 
de  Monme,  président  des  Étals-L'nis  en  l'an  IK20, 
quand  fut  fondée  celte  plus  «  antique  »  des  cités 
libériennes. 

1.  Krouine^n  ou  Groumen  des  Anglais. 


GUINËE. 


&57 


^*^<rL 


Ifégres  de  Guince.  —  Dcssiu  J'Ënitlc  BajrsnJ,  d'après  uno  pbutu^raiibiL'. 


GUÏXÉE 


Home  littoral,  chaud  soleil,  climat  dépri- 
mant. —  Li  SitM'i'a-I.i'OiK*.  l.i  LiluMia.  fottl  piirlie 
ilu  liés  long  littoral  qu'on  u[k|i(>llo  4iiiiiiÔ4',  nom 
danl  un  ne  connaît  pas  eiartomml  Titrigim». 

Un  êtrndiiiit  In  (iuiurc  au  tl*»I:i  du  ili'll.i  du  Niger, 
]u«t|u'au  rivage  ^'aljoti.tis  VDÏsiii  de  rh;i[Uiiti'ur,  on 
lui  octroie  quelque  ^500  kiloniêlirs  de  eûtes, 
gmndi'î*  »iuuusitt''H  co(n|H'isi»s.  ITalionl  dirij;*''  vers 
Ir  Hud-i'sl,  <•(»  litlonil  llri-lut  brusijurrïuuil  li  l'est, 
Duc^pdes  Palmes,  puis,  bien  loin  de  là,  il  tourne 
ou  sud  après  les  bouches  du  Nijrer. 

La  portion  d'Atlanli(|(ie  comprise  onlre  ces  inflê- 
chiâiîcMuenls  de  la  rive  s'appelle  polie  *le  Guinée; 
cVsl  iei  II»  seul  graïul  avanceuieii!  de  l'Océan 
dans,  les  terres  d'Afrique,  enrore  est-il  fort  évasé, 
Ihuis  ce  golfe,  deux  invasions  de  la  mer  for- 
ment deux  golfes  moindres  :  le'  polfe  de  Bénin,  h 
l'ouest  du  delta  du  Nij^er,  cl,  prorondémenl 
pènélranl,  le  golfe  de  Itiafi;»  ou  tlu  Vieux-<.)alal)ar, 
à  l'cbl  de  ce  deUa,  nu  pied  du   gigantesque  pic 

U.    UkCLti.   La  TKAftl  A  VOL  b'utSLkC. 


de  ('amarones.  eu  face  rie  l'espag-nole  Fernando-Pô. 

De  l'Océan  jus^ju^au  faite  avec  le  tleuve  iSigi^r  le 
pays  s'élève,  peu  ù  l'ouest  el  lieaiicou^»  :i  l'est,  ici 
de  plus  de  ^5000  mètres,  la  de  I  0(J0  à  I  ?iUO. 

La  lii'uiteur  des  terres  occup;uil  le  nord  de  la 
contrée,  t^oit  eu  luoula^iies,  soit  en  jdate.iux  liou- 
leux,  la  Guinée  est  au  plein  midi  par  la  direction 
^'énérale  lie  sa  cote  vers  l'e^t  ;  aussi,  peu  de  ré- 
gions Sont-elles  plus  IVaut-hcmenl  tropicales  que 
celte  rive  livrée  nux  soleils  de  llanime,  aux  vastes 
pluies,  aux  lonindes  ou  lypUoiis  ctdeii)[ues;  rien 
de  jdus  varié  couuui'  |danles  et  lestons  végél-aux 
que  les  vallées  de  ses  Meuves,  Laliou,  isi,  Comoé. 
Assinie.  Tanoé.  Prali.  Voila,  Ogouru  plus  ou  moins 
courts  suivant  l'espace  de  l'Allatiliipie  un  faite  avec 
le  Niger.  Tleuves  en  bas,  mais  pendant  toute  la  per- 
cée des  monts  torrents  violents  et  traîtres,  faits  de 
gours.  de  dormattls,  dr>  rapides,  ils  pourraient  s'ap- 
peler ruisseaux,  couq»arês  au  Niger  i|ui  tiouhe  dans 
l'Ucèau  par  le  delta  d'Orou.  sorte  de  Soudan  moderne 

OS 


1^^^ 


55A 


LA    TERRR    A    VnL    irOISFAl*. 


où  lo  ((  dollacolc  »  se  dôbat  contre  la  fièvre  d'ac- 
cès, lout  ^egvi}  qu'il  est,  cl  où  la  moyenne  de 
Tannôn  îtlteint  pivisque  ."0  degrés. 

A  suivre  la  côte  on  ne  cruiraîl  pas  h  ropiilenre 
de  la  (iuinéi',  {Nn;iiil  les  sables  stériles  en  longue 
ligne  droite  (Inniinaiit  nne  plage  liasse,  aréneuse» 
où  le  requin  ^elte  l'Iiomnie  qui  peut  li>niber  du 
eanol  dans  les  Irisants  ]jéi*illeux,  sur  des  barres 
éternellement  beuillonnanles;  derrière  le  plat  ri- 
vage, des  lagunes  parallèles  au  littoral  sont  la  ca- 
ractéristique du  rivnfî"e  puinéen;  au-dessus  de 
ces  étangs,  de  ces  dunes,  de  ers  brisants»  de  ces 
barres,  de.  cet  océan,  pèse  un  ciel  lourd,  charge 
(le  nuées, 

La  (iuinée  peut  mener  ii  leur  plus  haute  pousse 


tous  les  bois  du  Tropique  et  de  l'Equateur,  toutes 
les  herbes,  toutes  les  tiges,  toutes  les  fleurs,  tous 
les  fruits  qni  préfèrent  les  chauds  soleils  aux  so- 
leils froids  ou  tempérés  et  les  nues  épaisses  aux 
cieuK  arides.  S;ms  parler  n*'s  plantes  de  la  zone 
fraîche  que  l'avenir  acclimatera  [leut-élro  dans  ses 
luonta^^nes.  elle  réunit  déjà  la  plupart  des  meil- 
leurs dons  de  la  nature  :  huile  et  noix  de  pa!nn\ 
colon,  cacao,  café,  canne  à  sucre,  riz,  épices,  plan- 
tes oléagineuses,  tinctoriales,  médicinales,  gom- 
miers, palmiers.  bi»is  de  luxe,  d'ébénislerie  et  de 
conslruclian.  Klle  n'est  pas  moins  féconde  en  ani- 
maux, mais  beaucoup  de  ses  bétes  écliappenl  à 
l'homme  par  leur  force  et  leurs  instincts:  l'élé- 
phant, le  lion,  le  léupard,  les  singes,  le  chinipanzê. 


pita 


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!.]-.;<-  ■•Il  ^•.■ij><  Jid».tjii.  {Viiy.  p.  iû9.)  —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  phologniphîo. 


V  .  v>4  J-^ 


de  longs  serpenis  hantent  le  bois  et  la  savane  ; 
dans  les  eaux,  fleuve,  lagune  ou  marais,  nagent 
deux  monstres,  le  folâtre  hippopotame  à  la  gueule 
carrée,  le  taciturne  crocodile  à  la  gueule  pointue. 
On  s;iit  peu  de  terres  aussi  malsaines  à  la 
l'acc  blanche  que  ce  *i  cimetière  des  européens  m. 
L'  <i  Aryen  n  qui  fonde  sans  peine  des  nations  sous 
les  climats  cliauds-si'cs,  en  Australie,  dans  TArgen- 
Unc,  vu  Algérie,  chez  les  Boers  du  Cap,  ne  peut 
s'ndapler  a  la  chaleur  humide.  Et  même,  dans  la 
Tiuinée.  il  se  relève  de  s.i  torpeur  *pjand  sifîle 
rhiirniallfin,  vent  cuisant  du  Désert  :  ce  sirocco 
ne  l'accable  [«s  autant  que  les  souftles  mous  et 
mouillés  de  la  n  grande  fontaine  n. 

Traite  des  Nègres.  Les  Tfoirs  guinéens,  les 
Hinas.  —  Les  nams  donnés  j)ar  les  Ir'adtpiants  aux 
parages  du  littoral,  C6le  des  Graines^  Gâte  du  Poi- 


vre, CiMe  des  Denis,  Me  d'Or,  disent  assez  que  le 
rivage  guinéen  nous  fournil  des  grains,  des  plantes, 
de  Tivoire.  de  la  poudre  d'or.  Le  nom  de  C4Mc  des 
Esclaves  rappelle  le  vieux  commerce  de  chair  noire 
*[ui  fil  la  fni'lutu*  de  tant  de  riiilliomniires  euro- 
péens ou  américains  et  les  loisirs,  mêlés  d'ivresse, 
de  tant  de  Nérons  d'Afrique.  Librenient  pendant 
trois  siècles,  puis  à  grands  ]'isi|ues  à  Iravci-s  les 
croisières,  de  petits  vaisseaux  négriei*s  allongés, 
effilés,  rapides,  sortaient  des  maugUers,  des  pnlé- 
tuviersp  des  Lagunes,  des  deltas  de  la  cOle;  sour- 
noisenjenl,  ils  frunehissaienl  TAtlantique  et  ve- 
naient débarquer  la  chair  vive  en  Amérique,  à  des 
prix  suftisanls  pour  balancer  dans  le  canir  des 
«  marchands  de  bois  d'ébène  »  la  Ir'rreur  d'être 
pendus  haut  et  court  aux  vergues  des  croiseurs. 
Toutes  les  nations  eunipéennes  avaient  leur  part 
de  cette  honte,  les  capilainea  négi'iers  se  recrutant 


^Ê^ 


GIJ]NÉE. 


559 


chez  lous  Ins  [nniplosdii  Nordef  du  Midi.  Ot^puis l'abo- 
lition dt»  l'esclavage  dans  les  colonies,  aux  Étals-Unis, 
au  Bivsil,  la  Iniile  a  cessé  de  ce  côléw!  de  l'Afrique 
dans  h  direction  de  rAmèriqne,  On  chass*^  encore, 
el  vivement,  les  Nègres,  mais  ce  n'est  plus  le 
Blanc  qui  les  achète  et  qui  les  convoie,  cVst  te 
Nè^c  lui-même  et  FAralie  qui  s'en  emparent. 
La  Guinée  est  une  pairie  de  Nègres  presque  tous 
fort  noirs,  en  nombreuses  variétés  :  Bap^ous  dt; 
Sicrra-Léoné ,  Malinkés  el  Foulahs  musulmans. 
Kious.  Minas,  Fantis,  Acbanlis,  Gejis,  Ffons,  Eg- 
bas,  Yoroubas,  Na/jos.  etc.  lus  Minas,  chez  les- 
quels .%•'  recriil;»  pour  l'Ainérique  une  inliiiité  d'es- 


claves, ont  une  fflrrare  nihiêtique.  aussi  le  Brésil 
les  estimait-il  comme  serfs  en  même  temps  qu'il 
les  redoutait  comme  hommes  (iei-s,  nés  pour  la  li- 
berté ;  plus  souvent  que  les  autres  Négi'es,  ils  ont 
essayé  d'y  briser  le  fouet  du  «  tocador  u.  Une  foule 
do  métis,  j)res(pie  lous  avec,  beaiicuiip  [ilns  de  s;mg 
du  Nègre  que  de  sang  du  lîlanc,  proclament  le  pas- 
sage des  Européens,  des  Porlugaissuilout,  la  plupart 
élont  descendants  de  Lusilaniens  et  lusilaiiîsaut  à 
la  nègre  ;  les  milliei*s  de  Noirs,  jadis  esclaves,  qui, 
|)ar  un  reflux  im|jrévu,  revienneïït  du  Brésil,  renfor- 
cent maiiitiMinnl  cet  élément  et  mêlent  ii  son  langage 
des  mois,  des  locutions,  des  truliaiiiymes  du  porlu- 


gais  hr»>silien.  De  la  Libéria  jusqu'au  delà  de 
Mossamédès,  en  Guinée,  sur  le  las  Congo,  dans 
l'Angola  et  au  loin  vei-s  l^inlérieur,  la  langue  du 
Camoêns.  d'ailleurs  indigne  des  Ltisiades,  était 
tout  récemment  encore  et  cesse  d'élre  la  <<  lingoa 
gérai*  d  de  l'Afrique.  Li  royauté  de  cil  idiome  date 
des  vieilles  conquêtes  du  petit  peuple  qui  réside 
l^eotre  le  Minho  et  le  littoral  d'Algarve;  it  servit  en- 
^  «uite  à  la  traite  des  Noirs,  dont  les  agents.  Portugais 
ou  non,  tenaient  leurs  palabres  en  portugais  nègre. 
C'est  surtout  vers  Buliia.  longtemps  capitale  du 
Brt*sil.  que  cinglaient  douloureusement  les  esclaves 
achetés  ici  por  les  négocianis  d'hommes,  et  les 
Guinéens  donnent  encore  le  nom  de  Bahia  au 
BK*sil,  h  l'Amérique,  et  même  à  l'Europe. 

|.  LADgu«  géoérftle.  lanjrue  fhmqnc.  sabir. 


Gainée  française.  —  France.  Anglelerre,  Alle- 
magne, puis  de  nouveau  la  France  et  encore  TAn- 
gleterre,  cnlin  pour  la  seconde  fois  l'Allemagne,  se 
suivent  ici  de  Touest  à  l'est,  dans  des  comploii*s 
moi[is  florissants  qu'au  bon  temps  de  la  Imite, 
quoique  la  Guinée,  riciie  en  or  parmi  ses  quartz 
elses  alluvions,  entre  depuis  quelques  années  dans 
une  ère  «  californienne  ». 

Kt  d'abord  la  France  domine  sur  plus  de  500  ki- 
lomètres de  littoral,  de  la  borne  orientale  de  Libé- 
ria, près  du  cap  des  Trois  Pnlrnes,  jusqu'A  la  home 
occidentale  des  élablissenïents  anglais  de  la  t^te 
de  ror- 

Oomaine  piesque  abandonné,  qu'on  erti  volon- 
tiers troqué  [lonr  la  Gandiie  anglaise,  autrement 
dit  vendu  pour  un  lambeau  de  marais  elTervesccnts, 
quand  brusquement  un  coup  de  fortune  en  a  fait 


540 


LA  TERRE   A   VOL  DOÏSEAF. 


sur  rOc»^an,  derrii^rc  noire  Mahel  Balévol  ou  Niger 
d*Orit'iil.  hi  rive  niL^iitlionale  de  l'empire  africain 
dont  l.i  rivo  ppplentiionfiKî  a  pour  ports  sur  la  Mô- 
«lilorranôi' Grau,  Algrr,  Uùu^rit",  l'Iiilippeviilo,  Bùnc 
pl  Bizerle,  en  face  de  l'Espagne,  de  la  Fiance  de 
rilalie. 

Et  à  part  celle  lioiin'usc  symétrie,   pays  splcMi- 
dide  aussitôt  quo,  laissant  le  liUoral.  son  éternel 


mascaret,  ses  dîmes,  ses  lagimes,  on  arrive  en  rc- 
inonlnnl  les  fleuves,  dont  le  plus  grand  est  le  Conioè 
ou  Akba,  dans  la  prestigieuse  forèl  de  l'intérieur, 
mû  a  bien  trois  cenis  kilomètres  d'épaisseur  jus- 
qu'aux plateaux,  jadis  appelés  monts  Kongs.  où  la 
nnlure  perd  de  sa  niagnilicencc  à  mesure  que  di- 
minue l'averse  tropicale. 
Mais  la  colonie  est  encore  en  devenir.  Tout  ce 


I.agos    —  Dcssm  ilo  A.  Jo  Car,  (l\tpr6s  une  ptioto^aplite. 


que  nous  y  possédons  c'est  quelques  comptoii*s  sur 
les  lagunes  du  rivage,  Dabon,  Grand-Iîassani,  Assi- 
nie;  tout  ce  que  nous  y  fiiisons  c\'s(  de  reeonnaître 
au  plus  vile  le  pays  d'aniéro,  !e  long  du  San  Pedro» 
du  Sassandra,  du  Lahou.  de  l'Agniby,  du  Comoé. 


Côte  d'Or.  —  Celle  colonie  iMlaise  à  laquelle 
semblait  promis  un  Ij^és  grand  ^enir  par  exten- 
sion indéfinie,  au  nonl  vers  riulèrît^ur,  el  à  droite 
comme  à  gauebe,   la  mer  étant   devant,  i'esl  vue 


tout  à  coup  très  réduite  en  srs  ambitions.  La  France 
a  déclaré  son  protectorat  sur  les  terres  du  nord, 
iKjlamment  sur  les  régions  parcourues  parla  Voila 
Noire  ou  VoKa  d'Occident,  branche  mère  du  grand 
llcuvc  Voila;  l'Allemagne  s' esl  installée  à  l'est  dans 
le  Togo  el  les  Français  ont  obtenu  par  delà  le  Togo, 
la  suzeraineté,  conleniphitive  encore,  du  sanglant 
royaume  des  Dahoméens. 

Dans  ses  limites  encore  fort  indécises,  la  Côte  de 
rur  anglaise  peut  avoir  dix  millions  d'hectares. 


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^^^^^^H» 

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542 


LA  TERRF  A   VOL  D'OISEAU. 


avec  1500  000  nu  1  800000  times;  sa  capitale  Accra 
bi>nlt>  In  mer  i\  "lH  lieues  îi  l'est  de  l'emUnucliure 
(iiî  la  VolUï.  Derrière  Si)s  coiiiploirs  et  <iuns  ï;t  /cme 
do  protectorat  s'élend  un  «  sultanat  »  de  sinistre 
rcnorn,  le  royaume  des  Aclianlis. 

Le  royaume  des  Achantis,  h  rocrideat  eu  ftcuvo 
Voila,  le  plus  grand  d<?  Guinée,  a  \\auv  liabilaiils 
un  niillioii  d'houirues féconds,  vigoureux.  Ineu  [iris. 
Il  commouce  derrière  les  villages  d'un  [ïeu|»le 
de  la  Civte  d'Or,  les  Faulis,  alliés  des  Anf^lais 
liien  (jue  prebfjue  houiofilmiies  avec  les  Acharitis. 
L'ur    roi   Tait    uu   fuisail    décapiter    traditionuel- 


leuienl  nombre  de  ses  sujet»  à  roccasion  de 
eliMi|ije  fête,  de  t'ha(]ue  notable  anniversaire  de  sa 
vie,  de  chaque  événeirient  méiuoi'alile;  une  seule 
cérémonie  funéraire  marqua,  dit-ou,  la  fin  de 
40  000  Aehanlis,  et  les  soldats  sai|rnèrent  un  jour 
100(11»  j^risniiiiiers  â  la  fois.  Si  le  roi  du  Dahomey 
n'existait  pas,  la  place  du  marché  de  Couinassie 
sérail  la  Wrw  qui  a  bu  le  plus  de  sang  humain  : 
sans  eornpler  les  ^'•randescêivmoniesjes  réjouissan- 
ces, les  anniversaires,  on  y  égorge  ou  Ion  y  égor- 
tjeait  onicielleiiieut  un  lionune  ihaque  jour,  fors 
le  jttur  de  l.i  semaine  où  le  lui  diiigiia  naître.  Le 
lidélc  bataillaa  des  Krà  garde  le  despote;  c'est  une 


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Groupe  <!o  palôluvier».  —  Dguiu  de  Thérond,  d'apt'6s  une  pliologrfphle. 


troupe  de  soldats,  espions  cl  gendarmes,  liés  à  la 
vie  du  prince  par  la  teireur  de  leur  propre  niorl, 
car  dès  que  le  maiti-e  expire  ils  sont  conihinmés 
par  son  trépas  même;  on  les  décapite,  el  c'est  une 
des  plus  glorieuses  fêles  de  Coumassie,  h  capitale. 
Le  [leiiple  des  Aclianlis  n'est  pas  sans  beauté, 
du  moins  dans  sa  classe  dominante»  qui  semble 
issue  des  Négroïdes  eouquéranls. 


Togo.  —  Les  Allemands  avaient  pris  possession 
du  Toijo  jmur  rayonner  rapidenïLMil,  puissamment 
vers  I  inlérieur,  dans  la  direction  du  Niger;  ils 
disîiieut  nu>nie  :  <t  Nous  sommes  jdusprès  de  Tom- 
bourtou  que  les  Français  ».  Mnrs  il  y  a  loin  de  la 
coupo  aux  lèvres. 

Littoral  étroit,  .^0  à  60  kilomètres  au  plus,  entre 
les  Anglais  à  l'ouest,  les  Français  à  l'est,  le  Togo. 


que  barrent  au  nord  Soudan  français  et  Soudan  an- 
glais, sendjle  n*élre  (ju'un  avorlement,  sauf  vo- 
lonlès  uUéiieures  <iu  destin. 

France  Dahoméenne.  —  A  Forienl  du  Togo, 
la  France  l'ccommence  par  l*i%  kiliMuèlres  de  lillo- 
ral  et  le  pays  d'arrière,  qui  est  le  Dahomey  :  soil 
3500000  hècl.ires  et  000000  habitants,  domaine 
et  peuple  coupés  en  deux  portions  égales  par  le 
méridien  même  de  Paris. 

Le  Didiomev,  qui  n'est  protégé,  c*esl-?i-dire  do- 
miné qu'en  paroles,  obéit  h  un  pantocrate  aussi 
carnassier  que  celui  des  Aclianlis.  La  garde  qui 
veille  sur  ce  roi  se  compose  do  milliers  de  vierges 
cruelles,  noires  ama/ones  qui  aiment  à  couper  des 
têtes,  1^  trouer  des  poitrines. 

U  verse  le  sang  comme  une  eau  lustrale,  croyant 


r.L'I.VÉE. 


543 


t>ien  fairt!,  quand  Iii  religion,  l.i  loi,  t'ûljquotk',  le 
grand  el  hou  [ou  l'exif^onl;  cl  par  piùlé  filiale  ou 
par  îimour  quand  un  pore,  une  niî*rc,  une  sii'ur, 
une  favorile  p.nl  pour  lo  lùnêLnMJX  loyaunie  : 
serail-cc  d'un  fils,  dua  i'rcre,  d*un  époux,  d'un 
ani.'uit,  que  de  laisser 
l'onihre  s'en  aller  seule, 
triâle,  humiliée,  sans 
royal  cerlège,  à  la  ron- 
conlrc  des  autres  fanl<V 
mes?  L(»i'squc  ses  bour- 
reaux officiels,  et  sa 
foule,  et  quelquefois  lui- 
même,  dêrapilent  di»s 
ïnilliers  dliouunes,  c'est 
le  jour  de  liesse  et  le 
Il  jour  de  gloire  »,  c'est 
la  a  grande  coutume  »  ; 
loniqu'oii  u'en  assâsï^inc 
que  20,  ou  50.  nu".  100, 
c'est  ir  la  petite  cou- 
tume 

Le  princf  du  Didio- 
niey  règne  sur  une  iia- 
lion  dont  deux  tiers  ap- 
partiennent à  la  classe 
desciiclavcs,  nulion  laide 
CD  moyenne.  p;iriiHs 
même  ignoble  de  traits 
pl  foncièrement  «  nè- 
gre D,  niais  on  l'on  ren- 
cnnlro  aussi  de  l>eau\ 
Tisages  de  Négroïdes, 
Mirloul  chez  les  gn*rids, 
qui  sortent  dos  Ifoiis, 
Mce  conquêranle. 

A  !00  kilomèlres  de 
1.1  ci'tte  d'Uuaida,  par 
525  mètres,  en  une  sté- 
rile plaine,  Abomey,  la 
capiliilr,  est  In  cité  des 
léles  coupées  :  on  en 
\oil  parloul;  c'est  Tor- 
nemenl  du  palais  et  de 
la  viiJe.  et  les  pyra- 
mides de  crAnes  y  sont  comme  des  monuments  re- 
ligieux. 

Ouaida.  c'est  la  Wydah  des  Angliis,  l'Ajuda'  des 
Portugais,  qui  ont  couvert  tous  ces  pjiys  de  noms 
lusitaniens.   Sms    l'air  eiiq>esté  de   lugun<*s  à  la 

1.  Aju(f(t  me  ittut  (Dieu  m'aide). 


noirp  eau  pourrissante  il  y  a  i  kilomètres  de  la 
ville  jusqu'à  la  rade,  presque  intenable,  où  les 
requins  pullulent.  Uuaida  faisait  de  superbes  affai- 
res en  ti  bois  noir  »;  tuas  les  peuples  chrétiens, 
<c  pliiladelpbes  i^  et  policés  avaient  des  ngcnts  sur 
ses  marchés  d'esclaves. 


iLMine  Dahomt^cn.  —  rv>s9ind(»  Ronjsl,  d'après  uw  photographie. 


Lagoa.  —  Au  levant 
de  noire  rive  d'Ouaîda 
*•!  Porto-Novo,  l'Angle- 
terre a  souveraineté  ou 
suzeraineté  sur  un  long 
lillorui,  d'abord  vers 
l'est,  devant  la  côte  de 
Lagos;  puis  vei-s  le  stid- 
est  jusqu'à  la  bouche 
principale  4lu  Niger  ; 
puis  de  nouveau  vers 
l'orient,  jusqu'à  la  fron- 
tière du  Kariierouïi  alle- 
mand —  soit  700  à  HOO 
kilomètres  de  mer  et 
loute  ta  régiond'arrière, 
([lïi  bc  cotiioml  inainte- 
aanl  avec  les  vastes  pays 
anglais  du  Bas-Niger, 

Lagos,  ea|)ilale  de  ce 
nouvel  empire,  ou  pour 
mieux  parler  de  la  por- 
tion niaritime.  plus  ou 
moiiis  organisée,  de  ce 
homiiuon,  est  une  ville 
au  nom  portugais  bien 
mérilé,  car  iagos,  mol 
lusitanien, veut  dire  lacs, 
lagunes;  et  en eJTot cette 
rive  mêle  sous  toutes  les 
formes  l'eau  douce  et 
l'eau  salée  des  fleuves, 
des  rivières,  des  étangs 
littoraux,  de  la  mer 
Atlantique. 

Abbéokouta ,  jeune 
ville  de  cent  mille  ha- 
bitants (Lagos  en  ayant 
75  000,  hnnlieire  comprise),  s'élève  au  nord  de  La- 
gos. au  boni  du  lleuve  Ogoun.  au  pied  d'un  roc  de 
granit  de  KO  mèlres.  dans  le  beau,  le  superbe  Vorou- 
ba,  chez  les  Lgbas.  branche  du  peuple  des  Nngos. 


KamérouD.  —  Kaïueroun'  c'est  la  forme  gcr- 
1 .  riactrincnl .  à  raHciiiande.  Kamoruii. 


hii 


LA   TKnnE  A    VOL  fi'OISEAT. 


maniqiio  du  nom  qui  a  pour  forme  pspagnok  Ca- 
inart>nes;  cl  (Inmarones  traduit  un  nom  portugais', 
Cninanios,  doiino  pin'  les  premiers  psploralcurs 
de  ce  rivHge  qui  furenl,  cumuie  parluut  kU  des  Lu- 
sitaiïiens. 

ÏjCs  AIlciiKïuds  ne  trouveront  point  sur  ce  rivage 
le  bii  tihouieux  [>ays  que  depuis  si  lon^^leiiips  et  si 
passionnément  ils  désirent,  la  terre  iiuniense  eu 


étendue.  lerapéi\'C  ou  froide  en  climat,  propicp  & 
l'homme  de  Teulonie  comme  le  Saint-Laurent  aux 
l'Vançais,  fOliio  ou  le  Missouri  aux  Anglais,  la 
i'Iala  aux  espagnols.  Ce  n'est  pas  là.  près  du  delta 
fiévreux  du  Niger,  sous  des  pluies  lièdes,  en 
serre  ehniide,  parmi  des  ?fègres  bien  noirs,  que 
fAlliTinigne  uiellra  au  monde  une  tille  immortelle. 
Biais  cet  estuaire  est  un  pays  de  plauturosité 


t- 


""TT^'iliVi*"»^  - 


— ^^:5:--: 


Lu  liaubab.  —  Dessin  de  L.  do  BérsitJ. 


/.orride.  tTec  vêgélalion  véhémente  le  long  de 
Ileiivi's  à  inarr('  Mourigo,  Youri»  Mbauu  Nyong, 
venus  d'un  iulérieur  encore  ignoré,  par  des  v;illées 
qui  peuvent  être  imedesgrand'roules  de  FAIrique, 
vers  les  m  mis  <ui  phileaux  où  se  fait  ic  divorce 
des  eaux  entre  Cii-'iri,  .Niger  et  Congo,  Ki  au-dessus 
de  l'estuaire  tri\tu'  en  gloire  et  m.èguificence  le 

1.  Te  tikot  jiorlugais  signilic  à  la  Tuis  crevettes,  écrcvisses 

cl  Cl  aiicâ. 


Mongo-ma-Loha  ou  Motil  des  Dieux,  appelé  jusqu'à 

ce  jtuir  pic  de  Camamues'  (400Û  mètres). 

A  rcmbouchure  du  rio  Canqm  la  rive  marine* 
iei  dirigée  du  nord  au  sud,  change  encore  une  fois 
d'alh'j^M'anrt';  elle  devient  française,  et  spécinlo- 
mcnt  gabonnaise,  â  l'embouclmrc  de  fleuves  dont 
les  premières  fontaines  s'niilrcinélent  avec  celles 
d'afflueuts  de  droite  de  ritnnienso  Congo. 

t.  Les  cstijuaiicns  varient  :  viles  unu  jusqu'n  i  100  mètres. 


Le  graud  fleuve  Congo  ;  ses  lacs,  ses  cas- 
cades. —  Ce  luailic  fleuve  d'Afrique,  on  i\  voulu 
l*uj)|)oler  Liviiigsloue,  de  ce  «piL'  li*  voy;tgeur  de 
ce  nuiii  en  découvrit  le  coucs  supérieur.  (]u'i 
prenait  \H.ntr  celui  du  Nil.  Un  uma  [ïlus  cuuri, 
plus  afric^iin,  moins  anghjis,  u  justeiticut  provalu. 
Pénétrés  d'anglo-saxonisine,  nous  ivgarduns  les 
eiplorateui-s  .iiiglophoiies  corunie  des  liornnies 
presijue  tlivins.  Plus  «  tlivins  u  encore  fureiil  les 
voyiigeurs  |K>rtug»is,  esp;ignt»Is,  fnitiçais,  donl  uu 
ne  iioiin.i  pris  le  nom  iiux  grnnds  acrideiits  de  la 
naUire.  iinUiiiiineiit  au  Ctingo,  reronuii  par  un 
Lusitanien.  S;iiat-Laureul ,  Sjiï^uenay.  Oulaouais. 
Niagara.    Gninds    lacs  canadiens,  Ouinipeg.   mers 

0.  iUtCLUt.    Là  TmHK  a  \iJL  O'ùJlLil. 


ut 


LA    TEnftE    A   VOL    D'OISEAU 


une  saison  mouillée  aussi  longue  cl  en  divé^rs  pays 
plus  longue  que  h  s.iison  sècho,  donneul,  on  le 
pri'lrnd»  h  ce  seroiul  des  fleuves  de  la  Terre  un 
voluMïo  delin<;e.  presque  égal»  sinon  mémo,  supé* 
rieur  à  celui  de  l'Aninzone,  Certes,  il  passera  beau- 
coup d'eau  sous  le  (roue  d'arbre  qui  serl  de  ponl 
h  tel  tnniiilèsinia]  .ifllueiit  du  Congo  perdu  d.His  lu 
forOl  sauvage  avant  r|u*on  ail  dùfinilivement  mesuré 
le  délul  de  ce  maître  rio  ;  niais,  à  n'en  pas  douter, 
il  roule  des  Hot^  Ires  larges,  prodigieusement  abon- 
dants. 


Le  Congo  commence  par  le  Tchambèze»  rivière 
qu'on  suppose  nailrc  à  iCGO  mètres  d'altitude,  au 
sud-esl  du  lac  T.inganyika. 

Ce  Teliambèze  coule  sur  des  plateaux  où  les 
nues  de  la  tnassika  '  se  décliirenl  en  orages;  il  s'en 
\i\  vers  le  sud-ouest,  dans  h  direction  duZanibèze, 
jusqu'au  Bangouvdo  ou  llemba,  triste  lac. 

Le  bangouèlo  reçoit  U  Test  le  Tchand>è7.e  à  tra- 
vers d'immenses  roseaux,  il  le  renvoie  au  sud-ouesl 
il  liavi*rs  une  forél  de  roseaux  g»''anls;  entouré  de 
rives  plaies,  sa  ceinture  est  une  zone  de  marais  et 


Sur  le  Uc  TaugHUjrtUa, 


chaque  massikn  gorgeant  d*alluvinn  les  l(trreuts 
agrandil  le  pahis  et  diminue  Tonde.  ï»nns  ses  di- 
mensiims  présenles  il  peut  avoir  175  kilomètres 
de  long.  bO  h  80  de  large,  et  un  million  d'hec- 
tares à  150*)  métrés  d*altifude. 

La  rivière  issue  de  cell»*  vasière  se  nomme  le 
Loua]ioula  ;  d'abord  indolente^  sur  lit  rnou,  entre 
boues  molles  qui  continuent  le  marécage  circulaire 
du  Dangouéhs  elle  s'éhranle  lïient<M  sur  lit  dur, 
entre  roches,  et  virant  au  nord,  se  brise  à  la  cas- 
Ciide  de  Mombollould  que  suivent  d'autres  cas- 
cades; puis,  large  de  100,  150,  180  mètres,  elle 
s'amortit  encon*  en  lac,  dans  le  MoéroMkala,  phis 
pclit  que  le  Bangouélo,  mais  beaucoup  plus  beau  : 
ou  suppose  h  ce  second  bassin  régulaleur,  ê|jura- 


leur,  une  longueur  de  ITiO  kilomètres,  une  largeur 
de  50  il  70.  un  miroir  de  800000  à  OOOOOO  bec- 
ïiues  par  8*iO  nu'Mres  au-dessus  des  mers  :  soit  du 
bangouélo  au  M<»éro.  Mii)  mètres  de  pente. 

Le  neuve  en  sort  sous  le  nom  de  Louvoua  et 
marclie  au  noitl-ouesl  h  In  nuicoiitre  d'une  rivière 
qui  semble  plus  longue»  |ihts  fojie  que  lui,  et 
dont  on  dit  qu'elle  traverse  S4»pl  lacs  parmi  les- 
quels deux  sont  grands.  l'Oupamba  ol  le  Kassaii. 
Celle  rivière  coule  vers  le  nord-esl,  â  ToccideDl  du 
Louapoula;  elle  se  uouuue  Linialniio. 

Le  niajestueuT  cours  deau  fait  du  Louapoula  et 
du  Louataha  garde  ce  dernier  nom;  il  rcucoulre 
bientôt  le  Loukouga. 

1.  1^  Ksison  des  pluies. 


CAYS  DU  CONlîO. 


547 


Le  liOukotiga  est  aussi  un  a  desaguaikno  i>,  un 
ômissairo  de  lac,  mais  ûrnissaire  irit<»rmiltet»t  f[ur 
ne  dégorge  pas  tuujours  le  gnmd  Lusstn,  ou  |>eul 
dire  la  pallia  mer  dont  il  est  le  dcHersuir.  (Juaiul 
uiw  stVie  d'anm^os  trùs  humilies  a  ginilV-  \o  Tait- 
ganyika  —  ainsi  se  nomme  ce  lae  vraiiïient  «  ma- 
jeur i>,  vaste  de  5141600  hectares, —  le  Loukouga 
s'en  va'' Vers  l'occiili'îil,  profond  et  large;  maïs 
lorsqu'une  suiïe  d  ans  secs  abaisse  le  niveau  d'eau 


Témissaire  s'arrùlc  en  son  cours  derrière  un  feu- 
trage dlierbes^  de  joncs,  de  plantes  aquatiques, 
et  le  Louataha  continue  son  coui*s  vei-s  l'Equa- 
teur sans  rien  recevoir  du  Tanganyika. 

Long  de  5ti8  kilomètres,  large  do  22  h  75.  avec 
1440  de  tour,  le  Tanganyika  est  h  7S0  nièlres  d  al- 
titude; des  monts  raides  Tentourent,  qui  le  doniî- 
nenl  de  iOOO  h  plus  de  i200  mètres,  soit  deux 
fois  la  profondeur  du  lue,  où  la  sonde  a  trouvé 


-^.V3 


UaUe  lu  bord  da  lac  Tingaoyika.  —  Desan  de  LitIHUo. 


SOO  mètres.  Son  plus  f(trl  affluent,  le  Malagarazi, 
vii-nt  de  rOunyamêa  ou  Pays  de  la  l*uue,  nom  qui 
rappelle  ces  Monts  de  la  Lune  dont  tes  anciens 
disaient  qu'ils  abritent   la  iMe  sacrée  du  Nil. 

C'est,  croit-on,  dans  une  troisième  oxjmnsion 
(IVau,  le  lac  Landji,  que  Loukouga  et  Louapouta 
s'unissent.  A  Nyangouê  (620  mètres)  des  rapidi's 
émeuvent  le  fleuve,  puis  h's  sept  chutes  Stanley, 
autriw  rapides.  Il  rrattcliit  ensuite  l'Equateur  et 
remonte  jusqu'à  2"  de  Inlidide  Nord,  large  de 
3  il  U  kilomètres,  tant  il  se  dispersr  rutre  des 
lies,  et  de  6  à  12  en  haute  crue.  Il  tourtu*  ensuite 
au  sud-ouest,  direction  qu'il  gardera  jus(|u'à  l'At- 
tanti(|ue.   et.  sans  paraître  agrandi,  mêle  à    ses 


eaux   de  jmissanles  rivières   autrement  colorées 
que  lui,  t|ui  gardent  longtemps  leur  teinte. 

Tels  sont,  des  chutes  Stanley  h  l'escalier  de 
cascades  par  lequel  il  s'èrroule  sur  le  bas  pays  : 
sur  la  rive  droite,  rArouhîmi,  le  Roubi.  la  Mon- 
galla,  l'ènornie  Oubangui.  la  Sanga  :  l'Oubangui, 
frontière  entre  Helges  cl  Français,  vient  de  très 
loin,  presqm*  des  bords  du  Nil,  d'un  pays  habitf^ 
par  de  superbes  anthropophages,  par  les  Monbout- 
tous,  Négi'oîdes  presque  aussi  blancs  que  noirs; 
ees  beaux  gail):n-ds  m.oigems  d  hommes,  s'éclairent 
de  graisse  humaine  quand  ils  peuvent  eu  rmplir 
leur  lampe,  et.  pareils  aux  ogres  de  nos  r->nf- 
qui  criaient  :   «  Chair  l'raiche,   chulr  fruiei 


54BL 


LA  TERRE  A  VOL  D'OISEAU. 


ils  courent  sur  l'ennemi  en  hurlflnl  :  «  A  In  viand*»  ! 
û  In  vi.'uidp!  u 

Sur  la  rive  gauche  lui  arrivent  aussi  dos 
«  fleuves  M  considt^rables,  nolammenl  le  Lomnni,  et 
le  vaslo  et  puissant  Kassaï,  compara bk»  au  vast**  et 
iniissant  Ouban^i  Uii-niîfme, 

Avant  de  se  précipiter  h  la  côte,  de  gorge  en 
Korf;e,  lo  Cfliip:o  rassemble  une  dernière  fois  ses 
eaux  dnns  un  bassin  Licusire,  le  lac  Stanley  (Slan- 
ley  Pool),  qui  a  40  kilonicti'cs  sur  2"»,  à  un  pou 
moins  d**  SOO  mètres  d'altilude,  17  ites  et  à  son 
issue  deux  villes  futures  :  à  la  rive  gauche,  Lêo- 
poldville,  fondée  par  l'explnrnlour  qui  a  donna  son 
nom  au  lac  ;  h  la  rive  droite,  Brazzaville,  poste 
français.  E(  bientôt  il  s'aventure  entre  les  schistes 
cristallins»  rocbe  de  toud^  dureté  <lressée  en  col- 
lines abruptes  commandant  le  fil  des  eaux  de 
150  A  250  métrés.  En  ces  tortueux  passages  le 
(^ongo»  large  ti'abord  de  900  a  STiOO  méln^s.  puis 
seulement  de  400  à  800,  profond  de  40  à  100, 
saute  do  ol4  mètres  en  oûO  kilimièlres,  par 
Titî  chutes  et  un  nombre  linfuii  de  frêniisseinenls  ; 
la  plus  liante  de  ces  cascades,  celle  de  Yellala, 
ne  tombe  que  de  4  niélres  1/2. 

Après  Vivi^  au-dessous  de  la  Cliaudlère  du 
Diable,  it  reprend  sa  liirgeui-.  Il  a  ;>'200  mètres 
d'ampleur  devant  Iloma  et  c'est  par  une  bouche 
de  10  000  métrés  qu'il  sViuvre  h  TOréan  soua  le 
G"  degiv  de  latitude.  Flol  d'un  brun  sombre,  il 
salit  au  loin  la  mer,  à  laquelle  il  amène  des 
dizaines  de  milliers  do  mètres  cubes  î\  la  seconde  : 
vis-à-vis  de  son  entrée  l'eau  de  TAtlantique  est 
encore  douce  i\  22  kilomètres  de  la  côle  (?),  encore 
saumâlre  à  (»4  (?). 

Cinq  peuples  ont  part  inégale  au  bassin  du 
Congo:  les  Delgos  en  délietuu*nt  A  eux  seuls  envi- 
ron les  deux  tiers  ;  les  Fran«;ais  dnmineni  sur  la 
rive  droite  de  l'Oubangui.  [mis  sur  000  î'i  700  ki- 
lomètres de  la  rive  droite  du  Congo  hii-méme  ; 
les  Portugais  tiennent  la  gauche  du  fleuve  ^  son 
embouchure,  le  rivage  d'en  face  étant  belge,  et 
régnent  sur  une  étendue  notable  de  la  conque  du 
Kassaî;  au  mépris  de  tous  les  droits  antérieurs, 
lea  Anglais  se  sont  insinués  en  crevant  en  deux  h 
Lusitanie  d'Afrique,  sur  les  bords  orientaux  du 
lac  Dangouélo,  du  lac  Moéro,  et  à  la  pointe  méri- 
dionale du  lac  Tanganyika;  les  Allemands  com- 
mandent aux  rivières  qui  s**;ndorment  dans  co  der- 
nier Léman  sur  sa  rive  «  levantine  ».  le  rivage 
opposé  relevant  des  Belges. 


État  indépendant  du  Congo ,  ou  Congo 
Belge.  —  La  Hfl^'iijue  doit  recevoii*  en  héritage 
de  si>n  m'î  ti'opold  j|  l'Élat  indépendant  du  ilongo; 
et  si  plus  tard  elle  veut  s'en  débarrasser,  la  France 
a  droit  de  préem(ilion. 

Sauf  ta  léte  même  du  fleuve,  le  Tcban)béze 
accaparé  par  les  Anglais,  l'Étal  indépendant  prend 
le  Congo  dès  ses  premiers  pas  el  le  garde  jusqu'à 
la  (in  de  son  voyage;  seulement  il  a  dû  céder 
000  à  700  kilomètres  de  la  rive  droite  aux  Fran- 
çais et  quelque  peu  de  la  rive  gauche  aux  Por- 
tugais, en  arnont  de  remboucbure. 

S'il  manque  auï  Belges  un  très  grand  segment 
du  bassin  congolais,  ils  possèdent,  en  faible  com- 
pensation, à  leur  extrême  orient,  un  tout  petit 
fragment  de  la  conque  nilotique,  le  versant  occi- 
dental des  monts  Uououenzori,  géants  de  5500  mè- 
tres (dit-on),  rniiest  du  lac  Albert  Edouard  et  le 
rapide  Sendiki,  (orn'nt  qui,  souvent  brisé,  va  d^ 
cet  Albert  Edouard  à  l'Albert. 

Même  diminué  de  ce  qu1l  a  dû  donner  au  Por* 
lugnl  dans  le  pays  <lu  Mouata-Yarrîvo.  qui  fui  une 
espèce  «l'empereur,  l'Élat  indépentlaul  du  Congo 
ne  peut  pas  avoir  moins  de  224  millions  d'hectares, 
snii  quati'c  fois  U  Fi'arjce  el  soixante-seize  fois  la 
Belgique;  lÔ-dessus  vivent  îles  peuples  si  peu  vus, 
si  peu  connus,  si  peu  recensés,  que  tel  voyageur 
estime  les  Congolais  belges  à  12  millions,  tel  aulr 
à  15  ou  20  et  tel  autre  à  40, 

Cet  État  vient  à  peine  de  naître;  il  s'organîsej 
il  se  lâte,  il  se  rernnnaît;  on  y  explore  le  paySyl 
surtout  en  bateaux,  sur  une  foule  de  rivières  navi- 
gables; on  y  culbute  de-ci  de-lù  tes  Arabes  chas- 
seurs d'esclaves;  on  y  passe  des  traités  de  prolec- 
(oral  avec  dos  princes  et  princi[Hcnles  ;  on  y  crée 
de  grandes  compagnies  pour  exploiter  la  terre  et 
les  bois;  on  y  instaure  une  police,  une  ai-mec,  des 
lois. 

La  langue  de  ces  lois,  de  cette  année,  de  cette 
police,  de  ces  compagnies,  de  ces  administrants 
de  haut  et  de  bas  parage  est  le  français,  et  ne 
pouvait  élre  le  flamand,  patois  bas-allemand  sou- 
verainement inutile  hors  de  Flandre.  Cette  royauté 
de  noire  idiome,  le  droit  de  préemption  qu'a  la 
France  dans  le  cas  où  la  Belgique  renoncerait  à 
cette  énorme  colonie,  eiitin  le  voisinage  de  noire 
Congo,  c'est  assez  pour  espérer  en  l'avenir  fran- 
çais de  ces  Indes  noires,  de  ce  Brésil  africain, 
sur  le  fleuve  énonne  et  sur  ses  énormes  tribu- 
taires. 


OUEST   AFRIC\I>     OFI   CONGO   FRANÇAIS. 


5id 


\ 


Sur  l'OgAouA.  (Voy.  p.  55U.^  —  besbin  tic  Aiou. 


CONGO  FRANÇAIS 


Gaboaie.  —  Nous  n'flvions  là,  sous  rÉquat<*tir, 
qu'un  pauvre  comptoir,  quelques  baraques,  un  air 
lourd,  et  di*6  fièvres,  quand  tout  à  coup  In  colonie, 
qui  n'rn  liait  pas  une,  s'est  iumiens»  rneni  étendue 
▼ers  rinlêrieur,  absorbant  d'abord  le  vaste  l»assin 
de  rOgAoué,  puis  celui  du  Kouilou,  débordant  en- 
suite sur  le  fleuve  Congo,  enliii  reuioutant  le 
majeur  aflluent  du  Con^'o,  lOubangiii.  et  de  rot 
Oubangui.  tentant  de  conquérir  la  très  puissante 
rivière  Cliari.  et  avec  le  Chari  les  rivages  méri- 
dionaux du  Inc  Tchad.  D'ores  et  di-jà  la  voici  mat- 
lri?sse  d'un  millier  de  kibtmètres  de  ctMes  sur  l'Al- 
lique,  avec  le  meilleur  port  de  toute  la  rive 
cidentale  du  Continent  Noir,  et  de  G50  kilomè- 


tres de  rive  droite  de  Congo,  cl  de  I  Of)0  kilomètres 
de  rive  droite  d'Oubnngui.  les  Belges.  Fitm<;ais 
quant  à  la  langue,  occupant  le  boni  gauche  du 
fleuve  comme  de  la  rivière.  A  l'heure  présente  la 
griindeur  de  notre  Congo  doit  atteindre,  sinon 
délasser  80  millions  dbeclarcs.  Si  la  bonne 
rléesse  Fortune  veut  f|u'il  confronte  avant  long- 
temps aux  fldls  sans  rr.iieJieur  et  sans  profondeur 
du  Tchad,  alors  sans  quitter  le  domaine  français 
on  ira  d'Alger  à  Brazzaville.  Et  puiscpie  Alger 
n'est  qu'un  faubourg  uilra-mêditerrauêeu  de  Mar- 
seille,  et  .Marseilk'  un  faubourg  de  Taris,  nous 
serons  chez  nous  de  la  S4*ine  au  Con^o,  ft  travers 
des  Derbêres,  des  Arabes,  «les  Cuivrés  el  des  Noirs 


550 


LA  TERRE   A   YOL   D'OISEAO. 


Gabon.  Ogdoué.  —  Le  Gubont  estujiire  suns 
rivnl  sur  (oitle  la  ctMe  urcidenljili"  d'Afriqui?»  rcs- 
siniiljlc  à  uruî  Girniid*^  plus  couri*'',  lieiiucoup  plus 
large*,  qui  ne  re*;oit  ni  Garonne  ni  Dordngrio  :  son 
Conio  et  son  UJiamboé,  rivit>rc>s  d'ailleurs  nLoii- 
donles,  sous  un  climat  île  [iluics  excessives,  nais- 
sent à  JOO  kiliiiurïres  à  peijio  dans  l'esl ,  aux 
Monts  du  Criblai  (800  à  fiOO  ntètrcs). 


M.jîs  si  Genio  et  Rliamboé  sont  peu  de  chose, 
rOgi^oné,  (|ui  L'oiiïf*  derrière  leurs  sources,  à  l'au- 
Ire  vcrs.int  do  la  Sierra  du  Cristal,  passe  comme I 
un  vasie  Heuve  dans  la  plaine  qu'il  inonde  ré- 
golit^rement,  bien  supérieur  à  Garonne  el  I)or- 
dog^ne,  quoiqu'il  ne  descende  ni  de  Pyrénn-s,  ni 
Jl»  pics  égaux  au  Sancy  :  il  pari  de  ptat^^aui 
incapables  de  neige  en  celte  zone  êquatoriale,  de 


■'"  l\\' 


%'  "- 


^càt< 


.;  1/ .  m 


Villrige  gabonais,  û&na  Un  hû\s.  —  Dessin  de  Thémnd,  d'après  une  plioto^phie. 


par  leur  bass^»  allilude  de  800  mètres  au  plus; 
mais  la  grande  et  la  pelilc  saison  des  pluies,  doii- 
naiil  ensemble  des  hauteurs  d'eau  trois,  (]ualre> 
cinq  fois  plus  fortes  qu'eu  Franrp,  évoquent  ici  des 
Danuljes  u  la  plare  de  nos  Luires. 

L'Ogûoué  a  a  peul-iMie  pas  1 01)0  kilornèlres. 
mais  on  estime  son  bassin  ù  lo  ini  18  millions 
d'hecl;u'es  (?)   tant    il   reeoil  sur   l'une  et   l'autre 

i.  or»  liiloiiK'lres. 
2.  10  kitumûtr'e'). 


rive»  de  longs  el  l«rges  Iributaires»  très  sensibles 
comme  lui-ni(^me  aux  ardeurs  de  la  grande  t»l  de 
la  petite  saison  sk^he  :  à  quelques  mois  de  distance 
le  tlcuve  expansif  qui  seniblail  un  messager  du 
déluge  devient  une  sorle  de  vague  Duranre  au 
lit  disproportiotuïé,  fait  d'Iles,  de  bancs  de  sable, 
avec  subites  contractions,  rapides,  reboutlles  et 
cascades  de  bruii  sourd,  de  lourde  masse,  d'iium- 
ble  t'IévatioiK 
Tous  Affluents  réunis,  il  a  1500.  2000,  2300  mè- 


w 

s 

t 


£ 


652 


LA   TERRE   A    VOL  iroiSEAU. 


1res  de  large  et  bientôt  il  s'ôtinle  en  un  delta  dont 
la  patte  d'oie  s'écarlo  de  i80  kiloiaêlres  sur  le 
liUdiviL  nu  nord  eï  ;ni  rïiidi  du  r;ip  Lo|ie7.. 

Mi^indre  (pic  l'U^'^(>*»ui',  mais  pourlatil  grand,  le 
Niiiri  ou  Kouilou  sabinic  dans  la  mer  qui  gronde 
a  hi  pliige  de  Loan^î^);  il  nail  quelque  part  sur  le 
plateau  de  la  rive  dmili*  du  Cou;^^*,  vors  lu  nord- 
Ouest  de  Brazzaville  et  du  lac  Slaidey.  Long  de 
500  à  COO  kiluinèlres,  c'est  curnuie  rOgùouê,  plus 
que  rOgôouê,  Tuu  ries  meilleurs  clieiiiins  pour 
ullejodre  le  fameux  lleuve  au-dessus  des  sauta  et 
soubresauts  de  sa  verti- 
gineuse detscente,  lu  où  il 
s'épanche  en  Lii'geur,  si 
rayé  d'iles  qu'à  le  regar- 
der sur  une  grande  cai'le 
ou  dirait  les  écailles  de 
la  cuirasse   du  enK'.odile. 

DerrièreOgôouê  comme 
derriëie  ^iari,  les  eaux 
voul  au  Cungo  qui  boit  ià, 
chez  nous,  deux  de  ses 
luailres  Iribiilaires,  TOu- 
ban^çui»  la  îsmga,  le  pre- 
mier presque  entièrement 
débrouillé,  et  la  seconde 
encore  inconnue  dunssun 
bassin  supérieur,  dont 
une  parité  chez  les  Alle- 
mands du  Ivaniéi'oijii,  l'au- 
tre en  Con^îolie  frativaise, 
sur  Je  chemin  du  Tchad. 
La  Sanga  est  grande» 
mais  roiihangui  est  très 
grand  :  il  commence  prés 
de  la  rive  gauche  àw  Nil, 

devient  runeîlê  chez  les  fameux  Mani-Mam  qu'on 
disait  pourvus  d'une  queue  longue  et  ne\ihle, 
connue  les  singes  de  leurs  fori^ts,  passe  chez  les 
Monliouthius  aiilfirnpopha|^^es,se  double  par  sa  réu- 
nion avec  le  MlwiJiuu.  puis  ayant  franchi  le  cin- 
quième degré  de  latitude  aepletïLrionale,  ces^e  de 
couler  de  Test  à  l'ouest  comme  il  lu  faisait  depuis 
ses  ori|y:iucs,  et  pivnd  le  chemin  du  sud-sud-ouest  ; 
il  arrive  ensuile  à  rKquateur,  le  dépasse  même  un 
peu,  et  verse  enihi  au  Congo  ce  que  peut  verser  un 
iKinuLe  enlreleiui  par  la  gi'ande  et  la  petile  saison 
de  pluies  tropicales. 

Peuples  et  tribus.  —  Plus  heureuse  ici  qu  au 


Gflbonaii.  —  Desatn  de  Ronjtl.  d'après  une  [>hotograpUic. 


Sénégal,  lu  France  n'est  pas  restée  plus  de  deux  siè- 
cles sur  un  malsain  littoral,  dans  la  tiédeur  lourde, 
uniforme,  et  dans  la  moisissure. 

Car  rjioins  de  50  années  après  roccupallon  de 
restuaiiH^  nous  campons  sans  effusion  de  sang  sur 
des  [)Iateaux  où  le  Blanc  ne  dil  plus  :  u  Vivre  c'est 
souflrir  mille  morts  ». 

Nulle  part  la  France  ne  peut  se  créer  plus  faci- 
lement un  petit  Brésil  franco-nègre,  appuyé  sur 
l'autre  bord  du  lleuve,  à  un  autre  et  plus  grand 
Brésil  fiaucophone;  et  avec  quelques  boutiques 
d'échange,  quelques  mis- 
sions ,  quelques  écoles, 
donner  à  sa  langue  la 
royauté  dans  un  nouveau 
monde.  Aucun  de  ces  peu. 
pies  noirs,  ni  les  Mpon- 
goués  ou  Gabonais,  ni  les 
Okandas,  ni  les  Pahouins 
ou  Faiïs,  ni  les  Balékés, 
Bafourous,  Boubauguis, 
Bolongos,  Banyenbés.  Ba- 
send)is,  Douakas.  Boua- 
guiris,  Baugos,  etc.,  etc., 
du  versant  du  Congo,  n*a 
le  pouvoir  ou  même  le 
désir  de  conserver  l'idio- 
me impuissant  reçu  de 
ses  ancêtres.  Tel  de  ces 
langages  peut  être  abon- 
dant eu  onomatopées  so- 
nores; tel  autre,  «bez  les 
chasseurs  et  les  pécheurs. 
prodigue  de  termes  ingé- 
nieux pour  la  chasse  ou  la 
pèche;  tel  autre  encore. 
chez  des  tribus  anthro[)0()hages,  riche  eu  mois, 
en  verbes  désignant  leur  affieuse  cuisine.  Mais  il 
leur  manque  ce  qui  plane  au-dessus  de  la  bourbe, 
tout  ce  tpii  vibre  en  iioLle  cl  haute  poésie,  tout  ce 
qui  ijioule  en  tenues  précis  l'art,  la  scieuce,  la  piii- 
iosophic,  les  idées  générales. 

Y  a-l-il„  n'y  a-t-il  pas  5,  0.  7  millions  de  sauvages 
dans  le  Congo  français?  Un  n'en  sait  rien,  on  ne  le 
saura  pas  de  sitôt.  Comme  suffit  à  l'indiquer  le  pré- 
fixe ba,  signe  du  pluriel,  la  plupart  de  ces  peuples 
apjiartierment  û  la  grandissime  fermée  des  Banlous 
qui  couvre  toule  l'Afrique  australe  et  la  ccnlrale, 
ensemble  de  peuples  dotil  les  Cafres  sont  jusqu'à 
ce  jour    la  plus  célèbre  Iribu. 


« 


ANGOLA  or    COXGO  mniioAis. 


555 


SAa-P>uIo  do  Loaiida  :  ruo  générale.  (Voy.  p  65i.j  —  Oc^in  Of  A,  do  Ddr«  d'ajiHv  uitc  ptiolugrapbie. 


ANGOLA  01    CONGO  PORTUGAIS 


chur 
B  Heuv 
m     Pa 


Cabiadâ.  —  Au  delà  ilu  fleuve  TrliilonngOt  li* 
Lofin^o  français  devient  Loan;.'»*  poiUigais,  mais 
*ur  noire  (ioniaino  aussi  bien  que  sur  le  lorriluire 
portugais  on  entend  parler  lusiLinten.  En  ce  pays 
d(î  langue  fiolo  un  très  grand  nandtre  de  Nè^^res 
coniKiissetit  la  plus  nasale  des  lillos  du  lutin» 
idiome  dos  marcluinds  d'esclaves  resté  ridiome 
du  conimerce  dans  les  pays  voisins  de  l'embou- 
chure du  Congo,  au  noi^  comme  au  sud  du 
fleuve. 

Par  tme  biz-irrerJe  de  l'acle  qui  rnnjarre  la  nais- 
I?  de  l'Ltal  Indépendant  du  Congo,  le  Loang(k 
lusitanien  se  borne  au  petit  pays  de  Cabinda,  litlonil 
étroit. 

0.  Rta».  U  TuNi  A  VOL  D'otttiP. 


Ce  Cabinda,  le  bloc  o  incommensurable  »  de 
l'Ktal  bïdt^pendant  le  presse  en  arrière,  A  l'est .  Au 
sud  c'est  encore  le  Congo  belge  <|ui  le  resserre;  il 
le  sépare  du  grand  fleuve,  qui  est  à  peine  à  une 
journée  de  niaribe.  puis  par  delà  le  Congo  la  terre 
portugaise  recommence  —  singulière  disloca- 
tion politiiiue,  mais  TËtal  Indépendant  voulait 
accéder  à  la  mer  et  de  la  sorte  il  lui  fait  front 
sur  la  quarantaine  de  kilomètres  qui  interrompent 
la  bouverainelè  des  «  (ils  de  Lusus  »  entre  le  Ca- 
binda et  l'Angola. 

Angola  :  littoral  el  Sertfio.  Naissance  d*uu 
nouveau  Brésil.  —  Uii  ans  avant  qu  un  vaissrau 

70 


554 


l\    TKIlUK    A    \i»L    irolSEAt. 


portugais  eût  tourné  la  twrnc  un  cîip  des  Tinn- 
pôles  et  silluniiL'  k  mer  qui  vil  surfil*  Ailiunasloi-, 
ranilnil  liisilaiitcu  Diego  (lani  avait  exjjluri^  le  <lelUi 
du  (iuri^o,  fleuve  que  K'S  indigôiR-s  ij|.qK'iiiicut 
Moienzi-l'Ji^atldi,  l'Kau  Puissante;  il  avail  noué 
des  relations  avec  /Vmbassi'e,  eni>ilalo  du  vasie 
empire  i\u  Congo,  dont  (ii'jieudaitMil  de  [ïOinl)reux 
feudatiiires.  Kn  1509,  lrente-ciii(|  elnv(ieiis,  se- 
courus, dit  la  légende,  j)ar  utte  cavalerie  d'anges 
aux  ordres  de  saifd  Jacques,  détniisirenl  une 
innondnvdde  armée  de  [taïens.  Trois  ans  îi[)rès, 
Dum  AlTonsi»  l",  fervent  discij^le  ilu  r.lirisl,  en- 
voyait pnr  tnnhassade  au  n>i  de  LisbuniK»  la  lettre 
aul<t^raplie  siu*  laquelle  le^  Porti]*;aiss'ajipu\érent 
longtemi^s  [Hiur  ri'clainei'  l'ensonible  des  [»avs  qui 
formaient  auti^rois  l'empire  du  Con^'o;  il  recevait 
de  tïoriïbreux  Eurojiéens  dans  sa  i-qiilaje,  qui 
avait  pris  le  noiri  dt;  Sjito-Sidvadnr,  ft  aidait  ses 
amis  les  Dominicains  ù.  bâtir  une  belle  ville,  douze 
grandes  églises  en  pierre,  des  couvents,  des  i^é- 
ininajres  et  des  palais,  (les  lenijis  de  ^>[dendeu^ 
B*évanouirenl,  les  églises  et  les  palais  s'efTondré- 
rent  avec  l'empire  dont  ils  avaient  fidl  la  forci» 
ot  la  gluii'c;  do  bauts  jialnûens  giandireiil  sur 
leurs  ruines.  Bientôt  le  tlongo  ne  fnl  plus  jju'uii 
pays  de  cliassc  à  riionime  où  l'on  traqua  des 
esclaves  pour  les  mines  de  diamants  et  les  fazen- 
dns'de  SAn-Pauln,  de  Minas^"^eraes  el  de  (ioyaz; 
les  Poilugais,  repliés  sur  eux-mêmes,  cessèrent  de 
conquérii'  la  côte  el  les  plateaux,  puis,  lentetnenl, 
ils  rerulért'nl  et  SAo-Sal\ador  n'est  plus  qu'un 
bourg  [iègrc  de  cent  cabanes  à  toit  de  paille. 

L'Angola  ou  Congo  portugais  comprend  Lnns 
nalujvs  de  pass  :  an  bni'd  de  rAllanlique  est  la 
zoue  Itttui-ale,  laj-ge  suivant  les  lieuv  de  IQO  ii 
150  ktlomèlres;  puis  vieni  ta  montagne  sur  un 
travers  de  ITi  à  îiîO  lieues  et,  quand  on  a  gravi 
le  mont,  h  lôO  uu  tiUl)  kilomètres  de  la  côte,  on 
arrive  au  plateau,  ou,  pour  parler  ii  la  lusita- 
nieiuïe,  au  sertào,  c't'St-à-dire  à  rînlérieur,  à  la 
contrée  plus  ou  moins  boisée*  plus  ou  moins 
sauvage. 

Du  neuve  Congo  jusqu'au  fleuve  (.uiièné,  borne 
iin-ridionale  de  la  roUmie,  triste  est  le  litto- 
ral, sabloiuieux,  sans  autre  verdure  4[ue  le  capini, 
lierbe  sèche,  el  quelques  arbi'es  gi'illés  et  connue 
aerablés;  la  pluie  ne  visite  pas  assez  celte  longue 
«  beirainar  ]t*  et  il  n'y  a  de  IVaieheur  qu'au  l>ord 
des    rios,    îjelouudo.    AmbrizelLe,   Loge,    llande, 

1.  dnnuis  tMiiiiiiaes. 

*i.  SAo-I'juIo  (le  Lnniidîi  ]\pm\  ne  recevoir  que  134  miUi- 
ménx'^i  de  \àu\v  [inr  un;  qucliiUffois  aussi  572. 


Ilengo,  CoanKi,  Longa,  Couvo,  Egypio.  Calum- 
bela,  ele. 

De  tous  ces  rios  descendus  de  reutaille  des  ser- 
ras, ù  ^viiin\  fracas,  par  des  rapides,  le  plus  fort  esl 
le  G>anza,  né  haut  et  loin  flans  l'intérieur,  sur  les 
plateaux  de  liilié  (i7U0  mètres);  fraîche  esl  su 
vallée  nalale,  patrie  future  de  bien  des  Portugais, 
les  uns  croisés,  les  autres  droits  de  race;  étouf- 
fante, mortelle  est  sa  plaine  inférieure,  au-des- 
sous dii  1»  cascade  de  Dondo  :  prés  de  ce  bourg 
qu'iMi  surnomme  enfer  dn  (iongo.  four  d'Angola. 
.\iii  à  peste,  à  225  kilonièires  de  la  mer,  le  fleuve, 
lai'ge  de  2r>0  pas,  tondie  de  20  à  25  mètres.  11 
tr.insnief  a  la  mer  les  eaux  d'une  Ireulaine  de 
niilliiuis  d'hectares. 

Des  mêmes  pluleaux  que  le  Coanza  partent  des 
eaux  qui  s'en  von!  au  nord  ^ei*s  le  Congo  par 
le*  Couango,  à  l'est  vers  le  Zandièîte,  au  sud 
vers  le  Coubango  el  le  Counéné.  Dans  cet  orient 
de  son  Congo,  le  J*orlugaI  ne  sait  pas  encore  jus- 
(ju'oii  va  sa  terre  ;  tout  au  Itrésil»  il  a  perdu  pur 
ici  trois  ou  ijuatre  siècles,  au  milieu  de  Nègres 
i|u'Jl  aurait  aisément  Itisilanisés;  les  principaux 
de  ces  noii"s,  les  Kinboutidas,  font  partie  de  la 
gramle  race  des  IJanluus. 

Encoi*e  que  veuve  de  l'espnir  de  s'unir  un  jour 
h  la  conlre-c(Me  du  Mozamhifjue  eii  un  Brésil  nou- 
veau ayant  pnur  Amazone  le  tlenve  Z.mdiéze  dont 
les  Anglais  oui  cyniqueinetil  confisqué  le  plus  beau, 
l'Angola  n'en  est  pas  moins  encore  un  très  vasle 
pays  de  134  millions  d'hectares,  soit  ù  peu  prés 
quinze  l'ois  ki  mélrupole  sans  les  iles,  avec  peut- 
être  1 '2  ^00  000  habttonts  dont  quelques  mil- 
liers de  Dlançs.  quelques  dizaines  de  milliers  (?)  de 
Méli,s  à  Ions  les  degrés  e(  quehjues  centaines  de  mil- 
hcrs  (?)  de  lusitanisanls  parlant  des  s;ibirs  du  por- 
tugais [dniotqne  le  |*orïutrais  lui-même.  Le  Portu- 
gal y  envoie  des  colms  (acclimatés  d'avance)  qu'il 
prend  dans  les  Ai^ores,  el  surtout  A  Madère. 

La  capitale,  Sào-Paulo  do  Luanda,  ville  asseï 
agréable,  au  bord  d'un  ^^olfe.  a20tM)0  habitants,  el 
parmi  eux  TiOOO  à  -iUÛO  DIancs  dont  beaucoup 
appartienneni  à  la  classe  «  choisie  n  des  galériens. 
Loanda  étant  l'un  des  presidios  où  le  Portugal 
déporte  ses  criminels.  On  a  fort  exagéré  la  difficulté 
de  vivre  ù  Saîiit-Paul.  bien  que  février,  mars,  avril 
y  fioienl  funestes  aux  DIancs,  t.iul  que  règ^nc  la 
dysentei"ie  épidéiniqne  appelée  cartieirada, 

La  sérénisï^inic  Mossamédès,  sur  la  côte  du  sud, 
où  il  ne  pleut  guère,  a  de  meilleures  raisons  de 
vanter  son  elinuit,  1res  salubre  aux  DIancs. 

Le  Portugal  a  mis  au  monde  le  Brésil,  presque 


ANGOLA   OU  CONGO   PORTUfiAIS. 


cont  fois  plus  grand  que  Iiii.  Crêern-l-il  un  autre 
!tn''ail  ici,  rnuindrc  que  Tnutre,  mais  imnirnso  ^mi- 
corc  quand  on  le  coni(i;irL'  ;m  Inul  pelU  pavs 
qu'habile  la  race  née  dans  l'  (<  Alemdi)uro  k? 


555 

Il  ressaytî  du  moins  et  le  voici  qui  plante  dans 
vi*  pays  dos  colûiii^'s  vraiment  nalionak^s,  avec  des 
paysans  de  sa  lorre  ferme  et  de  ses  îles  :  re  que 
nul  aulre  jïouple  d'Europe,  sauf  peul-élre  Tespa- 


Sar  II  côte  d'Angula, 

gnol  et  ritniîen.  ne  pourrait  faire  sans  vouer  ses 
colons  i  la  mort  africaine.  En  quelque  mépris  qiie 
l4*s  fidmirateurs  de  l'anglt^-saxonisme  tiennent  la 
Lu.Hitiitiii*  pauvre,  ignorante  et  faible,  cette  nation 
sobre,  héroïque,  féconde,  dure  au  soleil,  forte  à  la 
peine,  apte  au  Tropique,  est  de  force  h  marquer 


-  I  weber 

de  son  empreinte  une  moitié  de  TAfrii^ue  australe; 
elle  l'aurait  modelée  presque  tout  entière  si  par 
malheur  les  Boers  hollandais  et  les  aventuriers 
anglais  du  ûip.  n'avaient  brusquement  envahi,  les 
missionnaires  en  tête,  la  vaste  région  du  moyen 
Zambéze. 


556 


lA   TERRE   A    VOrfr 


P*. 


b*  porl  d*Aiigi*a  IVquoiifl. 


LUDERITZLAND 


I 


Un  rivage  d'airain.  —  Angra  Pequena.  — 
Dos  i'i)rlu;^ais  4I11  Mossaiririit-s  inw  IIo!l:i!ulnis  H 
aux  Aniirliiis  du  fiip  de  tturiiK*-('^s[H''r.iriCL*,  nulre- 
mmit  dit  <iu  Ciini-iié  jusqu'au  floiivo  Oranj^f»,  In  rivn 
d'Alljtnliqiie  u';i|iparlenail  ù  piM'sount*.  On  lii  sujtpo- 
sail  ongliitse»  cl  nul  iii'&'oti  souciiiit  ;  pile  csl  pauviv, 
elle  est  triste,  elle  est  nue,  et  denière  clic  plus 
triste  encore,  plus  nu,  plus  pauvre,  est  le  vHsIe 
pays,  sut*  Itiule  lij  long^mir  <le  ce  littoral  que  cou- 
pent douze  ilegrt's  de  hitiludo. 

L'Allemagne  vient  de  s'y  établir,  non  pour  y  re- 
nouveler s;i  raets  pour  y  rajeutiir  son  destin,  car 
c'esl  un  Bleppe,  et  [dus  (ju'un  steppe,  un  di!'serl 
d'airain  qui,  sur  une  rive  <i"yir;tiji,  n'amène  à  la 

1.  De  l.udorilz.  nom  d'un  Allcinniid  qui,  apiit  acquis 
certains  pouils  de  la  cûti;,  <Iemaii(la  la  pmttcliou  de  l'Al- 
lemagne. 


mer  ni  (leuve,  nf  ruisseau,  ni  fontaine.  Il  uc 
pleut  presque  jamais  it-i.  et  cette  sécheresse  est 
ShUis  espoir,  puisqu'il  pleut  de  moins  en  moins 
dans  ces  parages  uij  les  guanos  ont  pu  s'enlasser 
snr  «les  Iles. 

.  Kl  le  a  pris  pied  sur  celle  plage  dure,  ardente. 
.iltêrée,  pour  hériter  u[t  jour,  s'il  se  peu!,  des  An- 
glais ou  des  Hollandais  du  l'ap  cl,  remontant  vers 
le  noidM'sl,  pour  pêiièlrer  dans  l'Afrique  ecnirale 
en  passant  à  rorioni  des  coloines  [portugaises. 

Le  Ludcrilzlaiid,  prand  de  85500000  hectares 
avec  iOOOt)0  sauvages,  crolt-on,  plus  quelques 
dizaines  de  lîlancs,  n'a  d'autre  valeur  que  ses  mines 
de  divers  jnélaux,  surtout  de  cuivre,  le  peu  d'é- 
changes qoon  fait  avec  lesNamnkouasel  les  Dama- 
ras.  jmsieurs  de  l'airiêre-iKiys,  çà  et  lu  quelques 
pâtures,  el  le  bon  port  d'Angra  Fequenha. 


COLONIES  fie  C\P. 


«57 


^ 


r)jy 


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lS^^ 


Boers  et  Cafres.  —  Dessin  df  Prantfittaikan',  d'après  un  croquis. 


COLONIES  Dli  CAP 


t 


friq 

■gtai 


Anglais  et  Hollandais.  Les  Boers.  —  Le^ 
coli>iiieâ  holliindaises  et  niiglnises  couvrtînt  (p 
rnidi  du  ronlinent.  sa  pointe  auslrali?,  ol  s'avancont 
nu  norti-nord-est  jusque  vers  le  centre  du  Conlinenl, 
depuis  que  rAnjjleterre  a  résolument  coupé  l'A- 
frique purtuguisecn  deux  truuçoiiâ. 

11  n'y  avait  pas  trois  Nederduitsch*  sur  quatre 
ncï^  dans  rAfritpic  australe,   maïs  il  y  en  avait 

indeiiient  deux  sur  trois  avant  la  suhîle  irrup- 
tion ,des  mineurs  cosmopolites  et  surtout  anglais 
dans  les  vastes  eharnps  tl'oi-  du  Transvaal  et  des 
plâU^aux  qui  se  |ir<ilongent  au  nord  de  celte 
«  Rêpuldiqu4*  sud-nfricaine  ».  On  pouvait  admettre 
que,  des  HKiOOO  A  i;»flOOO  Kuropt-ensdu  fi  Triangle 
austral  t*.  près  de  ÔOOOOO  étaient  des  lki]land;iis 
et  moins  de  loOOOO  des  Anglais*.  ElcIiczle^iNégres, 

I    tlollandois;  mot  à  mot  ;  Das-Allemands. 

'£    Lr  a|iri.'4un  docuiueutqui  puiiaUuu  pou  tiaut.  seiuble-t-iJ, 


Ni^groFdes,  Mulâtres,  Malais,  cher  lesllolt^^ntols,  les 

diverses  nations  Cafres,  les  Bnstanls,  h\  Inngiie  Iml- 
iandaise  avait  fait  beaucoup  plus  de  recrues  que 
Tariglaise;  enlin  —  force  et  mm  pas  faiblesse  —  l'i- 
ditime  bas-alleniaml  ri^f:tiait  surlinjt  dans  les  rliaïups 
et  riiliome  Larioié  des  «(Brilons  t)  dans  les  villes. 

Le  rnol  Boers  désigne  ici  les  Hollandais;  avec 
loulejnsliie  puisqu'il  signilie  paysans.  C'est  le  seul 
nom  (ju'on  leur  donne  nujwui-d'hui;  en  iiéderlun- 
dnis  classique  on  dirait  Biwren.  La  finale  de  Boers, 
ainsi  que  la  négation  redoublée  répondant  â  notre 
nepas^  sont  à  peu  prés  les  seuls  vestigesiaissés  dans 
le  ncderduitsch  austral  par  les  C^dvinistes  français, 
Kurhïut  eévenols,  qui  daublérenl  piesque  la  colo- 
nie hollandaise  à  la  lin  du  dix-septième  siècle. 

la  populatiun  européenne  de  l'Afrique  lustrale  à  4O20ÛÛUnb.t 
le  nninbre  des  Netlerdunsch*  était,  il  y  n  quelques  num^s, 
df.VMlKM).  ct'lui  des  Anglais  et  autres  Européens  de  162  000. 


558 


L\   TEnRK    A  VOL   flOISEAU. 


CAP  ET  DÉPENDANCES 


Rives  difficiles.  Monts  et  plateaux  secs  :  les 
Karrous.  —  En  cnlonii*  liu  Cap  est  iiii  vieil  vU- 
l»Iissi'rn*iiï  hoil.iininis  cotK|uis  sans  peine  par  les 
Anginis  durant  les  guerres  de  In  UrpuUliqik»  et  do 
l'EinpiiT  el  gard(>  prir  eux  an  Ir.'iiir»  de  paix  de 
ISITï,  Durant  ces  î^oixanU;  (Ifriiières  nnniVs  tlle 
n  beaucoup  avancé  sur  i'Afri(|ue.  avec  les  ïk>ers 
miiril.iiit    au    nord,  suivis  d'iinuiensi^s  troupeaux. 

En  MKMiie  leiiips  s'enfuit  la  inonstrueuse  armée 
des  litotes,  fanUissins  pesants  el  cavalerie  légùre 
d'Arri<jiie  :  lorsrpie  les  Nêderlnndais  commoncèrenl 
leur  êlaljlisseîuenl  du  f^ap»  en  1652,  ce  nï-l;uetil 
a  ce  bout  du  continent  que  rbinocêros,  êlè[»!i'ni1s, 
liippojM>(nrries,  lions,  et  la  girafe  el  les  plus  svoHes 
gazelles.  Hais  où  l'houinie  vieni,  les  aruuiaux  s'en 
vont,  s.'iui"  les  esi'laves,  ba*ufs,  moutons,  porcs 
(pi'on  lue»  chevaux  qu'on  crèw. 

Avec  ses  dépendances,  et  sans  NftUiî,  sans  les 
ftêpublir|ues  Indlandaises,  sans  ]esaunexi4)us  déme- 
surées t]ui  lui  uul  fail  alleindie  le  plateau  des 
Grands  lacs,  la  colonie  du  Cap  a  79  millions  d'hec- 
iaresel  ITriOOOO  iimes. 

Les  pointes  de  ce  sud  d'Afrique  niêrîtenl 
mieux  le  nom  de  Cap  des  Tempêtes,  choisi  par  le 
décrtuvri'ur  hrsitanien,  que  celui  de  Cfip  <le  lîonrie- 
Espératïce  dounr  plus  liird  par  un  mnnanjue  en- 
thousinsle.  Presque  tous  les  ports  sont  ici  mo! 
tatlJL's,  d'un  nbord  périlleux.  C'est  un  rivage  im- 
pnrlail,  voire  inhospitalier,  (ont  au  moins  dans  les 
parages  de  Texlr^me  protubérance  australe,  au 
large  de  laquelle,  sur  les  flots  où  se  rencontrent 
i'Alliintique  et  la  mer  des  Indes,  on  a  vu  des  vagues 
<le  quinze  â  dix-lmit  inéires  de  hauteur  el  jtar- 
fois  aussi  des  glaçons  lloltants,  délacliês  du  pôle 
Antarctique. 

Derrière  ce  rivage  iiuportueux  ^  comme  le  disait 
Sallusle  de  la  c(Me  d'Afrique  la  plus  êlitignée  du 
Cap,  s'élendenl,  imi  longueur  bien  plus  qu'en  lar- 
geur, des  terres  le  plus  comnmnénienl  arides, 
nuancées  de  bruyères  h  fleurs  diversicolores,  d'ar- 
bustes blanchiUres  rôlis  par  le  soleil,  de  mimosas 
où  le  secrêlûirc,  empenné  1res  haut  sur  jambes, 
guette  les  scq)enl3  pour  les  écraser  à  coupa  de 
potte.  Ces  terrains  sont  coupés  par  des  poorts  (dé- 

1.  Mare  import uwttntt  en  pn]*lant  du  [JUursl  iiiimiJe. 


tilês)  et  des  kloofs  égorges)  on  Forage  précipite  en 
quelques  heures  un  grand  ti^rrenl  passager,  déluge 
de  sable  et  de  boue  autaul  fjue  d'eau  :  c'est  le 
Hhôue  (MI  la  Durance  ou  lAnlèche  exaspérée  qui 
passe  tumnllneusement  en  broyant  des  roches,  et 
le  lendemain  b'  lit  est  vide,  la  boue  sèche,  le 
sable  brûle-  La  plupart  des  rivières  s'arréleni 
avant  d'arriviT  i"!  la  mer  ou  au  Ileuve  Orange,  elles 
ne  laissent  d'elles  que  des  lagunes  corrompues, 
qn'um'  fange  tiède,  seul  recours  quand  le  ciel 
(orride  a  bu  les  fontaines.  Or,  ovec  des  courants 
constants  nés  de  moids  neigeux  les  champs  du 
Ca|j  feraient  des  miracles  :  sous  ce  climat  n  génial  », 
eau  ile  rivière,  fonlaine  du  roc  et  rosée  du  ciel 
couvrent  le  sol  dt^  plus  riches  verdures;  même  le 
]>ays  du  (lap  est  snns  rival  au  inonde  pour  la  nia- 
gniliiiue  divtu'sttè  de  sa  (lore. 

Granits  arrondis,  grès  taillés  en  table,  sclusies, 
les  monis  du  Cap  s'ètageni,  une  cliaine  derrière 
l'autre,  porlatd  des  plateaux  secs,  des  karrous, 
d'après  un  mol  lu^tlenlol  devenu  hollandais,  La 
cliaine  littorale,  sous  différents  noms,  suit  assez 
bien  le  Zy\'  degré  de  latilude,  û  20,  50,  el  jus<|u*à 
SO  kilomètres  du  rivage,  à  des  hauteurs  de  1000. 
1*)00,  10*^0  mètres:  le  fameux  mont  de  la  Table, 
qui  nVst  pas  plus  tabulaire  que  tant  d'autres,  se 
dresse  au-dessus  nièmë  de  la  ville  du  Cap,  h 
I0S2  mètres. 

Derrière  ce  premier  talus  s'étendent  de  petits 
karrous  dont  les  torrenis  inconsUmts  vont  h  dt»s 
lleuves  côtiers  qui  traversent  par  des  lu'èches  la 
nmntagne  riveraine.  Ces  karrous  se  heurtent  vers 
le  nord  nu  Zvvarti»  lïerge  ou  Monts  Noirs,  hauts 
de  2Û0U  h  2500  mètj'es.  et  quand  on  a  franchi  ce 
(t  Monténégro  »  l'on  voit  fuir  ou  septenli'ion,  piir 
NUO  rnèlres  de  moyenne  altitude,  le  Crarul  Karnm 
que  prokuige  au  nord-ouest  le  Bokkeveld  KariiïU. 
Digne  de  son  nom  d(î  pays  sec,  l'argile  rouge  du 
Karrou,  fetniue  par  le  soleil,  n'est  presque  jamais 
mouillée  par  la  pluie,  t^ette  terre  jdus  que  dure 
resseiidïte  à  nos  steppes  d'Algérie.  Jadis  le  lion 
y  chassait  gnou,  girafe  et  gazelle,  mais  il  ne  rugit 
plus  aujourd'hui  la  imit  près  des  fourgons  des 
Doers  venus  avec  leurs  troupeaux  pour  profiler 
du    manteau    de   verdure  don!   novembre  habillo 


^L 


âoa 


A    TKHRK    A    VOL    D'UISEAi:. 


monipntam''ment  In  l;lnd+^  Ou^nd  t:os  phileniix  o(jI  ' 
perdu  leurs  sources,  leurs  courants  et  jusqua 
leui-s  iiiaros  puïrides,  r|Uîînd  le  piitis  es!  grill»"', 
qtifi  rien  encore  n'iiiinoricr  1;]  pluie  dans  le  riel 
d'un  bleu  mal,  le  lioer  attolle  des  Lœufs,  jusqu'à 
sept  paiivs,  a  sa  rliarrette  de  famille  ou  vafîoii 
L'I  pari  à  la  roc In'rrlie  des  lieux  d'Iierbe  et  d'eau  : 
en  hollaiulitis  d'Afrique,  on  appelle  «  (rekken  » 
celle  chasse  h  ta  ver'dure  e1  au\  sources,  voii-e 
même  a  l'huinidité  des  bourbiers. 

Le  fleuve  Orange.  —  Au  fond  du  Karrou  se 
liîvent  au  nord  les  Nieuweveld  ou  Monts  de  la 
Neige.  Le  Compass  ('2600  mètres)  est»  dit-ot»,  la 
plus  haute  bosse  de  cette  cbaine,  qui  prend  di- 
vers noms  locaux.  Derrière  les  Nieuweveld  s'enfuit 
i\  l'infini  1.**  plaine  du  fleuve  Orange»  élevée  de 
1000  à  1000  rnèlres,  herbeuse  quand  il  a  plu  : 
rare  pliéuomùne,  car  ce  n'est  pas  la  seule  arCle 
des  Zwarîe  Berge,  mais  relie  aussi  des  Nieuwe- 
veld qui  lui  dôrol)e  riiuiiiidile.  Hors  en  sep- 
tembre et  en  octobre,  saison  de  cieui  moins  ari- 
des, le  plateau  de  l'Orange  est  utiifurniénienl 
gris  et  bn*dt>  ;  la  planle  y  languit  comme  riiiiitnol 
au  Lord  du  trou  jadis  source  ou  du  lit  jadis 
toiTent;  l'homme  etliajqie  quelque  peu  aux  ilnm- 
boiemi'tiis  du  jour,  à  In  riuil  ^Houflaide»  et  sauve 
ses  bêles  de  la  mort  (pas  toujours)  en  rnonlaul  aux 
fontaines  supérieures  ou  eu  les  menant  boire  au 
llouve,  qui  l)aisse  fort  mais  ne  tarit  pas. 

L'Orange  se  forme  de  tleux  Garibs,  c'est-à-dii'c 
de  dt'ux  Bruyatïts  —  telle  est  la  significalion  de  ce 
mol  tioltfjilol  —  fîaril»  noir  ou  (ïrange  et  (iarih 
jaune  ou  Vaal,  Vtm  et  l'autre  sautant  de  In  quiu- 
lujde  ou  sextuple  cliaiue  des  Maloutis,  plus  élevée 
qu'on  ne  croyait,  car  elle  s'élance  h  5500  métrés, 
peut-être  ii  -lOOO,  entre  le  plateau  de  l'iiiléricur 
el  le  versant  de  la  mer  des  Indes.  lïien  que 
jaillissant  près  de  cette  mer  d'orient,  il  va  se 
perdre  après  1800  kilomètres  dans  la  nn^r  d'oc- 
cident, dans  rAtlantique,  a  Tissue  d*un  bassin  de 
plus  de  108  millions  d'hectares,  deux  fois  retendue 
de  la  France;  mairi  cond>ien  la  France  est  plus 
riche  el  plus  belle  que  ces  pays  de  l'iïrange  !  Sur 
les  torrents  originaires,  tiaribs^Calédon,  Vaal  d'en- 
haut,  il  y  a  vie  el  ruisstdlement  avec  villes  et  vil- 
lages des  Ittanes,  ki-a.'ds  et  Imites  des  iruligènes, 
i!l  des  cultures^  des  prairies,  de  gnuids  IroujKMUï  ; 
mais  dés  que  le  (leuve  a  réuni  ses  deux  maîtres 
courants  dans  te  pays  dîamaulifére,  il  s'avance 
dans  la  région  vide,  sèche,  pienvuse ,  duiïie, 
dans   le   Sahara    austral.    Au    tréfond    d'une   iiti- 


mense  j*avine,  ses  eaux  sans  transparence  el  sans 
fraicbeur  vive  courent  ou  dorment»  presque  inu- 
tiles :  comment  les  élever  h  l;i  hauteur  du  plateau 
où  it  a  creusé  son  sillon  de  plusieurs  centaines 
<ie  mètres  de  profondeur?  Nombreux  sont  ses  ra- 
pides, qu'efface  presque  tous  la  j;rande  crue  an- 
nuelle, en  janvier,  février,  mars,  quelquefois  avril  ; 
grandiose  est  alors  le  saut  d'Ankumbie»  qui  a 
40  mètres,  presque  exactement  le  bond  du  Nia- 
gara, mais  avec  moins  de  Ilots  vi  dis  flols  dont 
aucun  grand  -lac  n  a  retenu  la  souillure. 

Dessiccation  de  TAfrique  australe.  —  Donc 
r()range,  emprisonné,  perdu  dans  le  fond  des  cou- 
loirs, irrigue  peu,  très  peu;  ntaîs  quand  même  on 
le  hisserait  tout  entier  sur  te  plateau,  dis  fois,  cent 
fois  accru  dans  la  saison  sèche  par  des  barrages- 
réservoirs,  il  ne  vivilicrait  que  la  moindre  part  de 
cet  occident  maudit  de  l'Afrique  australe,  désert 
qu'agrandit  visiblement  qlielque  loi  *'Osmique  in 
comiue.  Partout,  chez  les  Uoers  d'extrême  fr<m- 
tière,  chez  les  Detcliouanas  de  lu  grande  race  ban- 
tiiu  et  chez  les  divers  IhitU'ntots.  tant  Koranas  que 
Namakouas,  l).tmaras  de  montagne  et  Boselijes- 
mannen,  ceux-ci  parmi  les  plus  petits  des  hommes. 
jKirlout  tes  fonts  (îtrîssenl.  les  fleuves  s'enterrent 
et  chaque  année  la  zone  des  pluies  Iropicalenient 
régulières  se  reporte  de  l'ouest  à  Fesl,  Il  eu  est 
ainsi  jus<pa'aux  terres  élevées  du  Counèné,  du  Cou- 
bango,  du  Zambèze  supérieur,  occupées  ou  récla- 
mées par  les  Portugais. 

Cafrerie.  Pays  des  Bassoutos.  Pays  des  Gri- 
kouas.  —  Infiniment  supèjieure  au  S<'dtarn  des 
lloKentols,  même  aux  meilleurs  cantons  du  lit- 
toral de  Bonne-Fspérance,  la  Cafrerie  vit  parce  que 
Cl'  Sidiara  uu'Ui't.  Les  niouls  de  2000  a  près  de 
4000  mètres  qui  barrent  les  horizons  de  l'ouesl  et 
du  nord-ouest  aliireul  les  vapeurs  de  l'Océan  des 
Indes,  de  bi  cuve  <fes  pluies  lièdes;  ils  les  appel- 
lent, les  retietJiuïnt  et  les  orages  se  déchirent  pres- 
que tous  sui'  le  versant  d'orient,  le  versant  cafre, 
où  l'on  ne  cnnq^le  pas  les  ch-rruh-ndes  rivières,  les 
ruisseaux  et  ruisselefs,  les  jaillissements,  les  cas- 
cades; mais  peu  de  pluie  dépasse  la  crête  pour 
aller  entretenir  les  torrents  irrèguliei*s  du  bassin 
de  l'Orange, 

Dès  que  le  rivage  du  Cap  incline  au  nord-est, 
après  les  pnfnlesde  Port-Klîsabelh,  la  heii*iimar  de 
Cafrerie  conïmence,  luimide,  très  arrosée  el  pour- 
tant salubre,  par  la  grande  pente  du  sol;  mais 
plus  OH  marclie  vers  l'Equateur,  plus  la  chaleur 


I 


COLONIES   IK!    CAP. 


îiGt 


augmente  ai  moins  les  Blancs  peuvent  travailler 
impunt^menl  la  terre  :  leilenienl  que  dans  la  por- 
tion (te  la  Cafrerie  formant  VVAai  indi''pi»ndanl  de 
Natal  on  recourt  aux  (bâfres,  à  divers  Noirs,  aux 
engage  de  Tlnde  et  de  la  Oiine.  et  qu'au  delà  du 
Natal,  i-liez  les  Zoulous,  on  arrive  à  la  zone  fi-an- 
rlienienl  tropicale. 
La  Cafrerie,  annexion  peu  ancîeune,  augmente 


la  colonie  du  Cap   de  h  millions  d'hectares  avec 
environ  000  UOO  liabilants. 

Le  Pays  des  lïassoulos,  autre  proie  récente,  est 
à  rouest  des  monts  Cafres.  i  75  000  hununes  y 
vi>Tnl  sur  3  millions  d'hectares,  au  pied  de 
sommets  neigeux  pendant  quelques  semaines  de 
l'année,  sur  de  Inuites  pâtures,  ou  des  monts  à 
taille  qui  sont  des  oppida,  près  de  torrents  ravi- 


Dn  pare  i  be»tiaui.  (Toy.  p.  SGO.i  —  Dciiiia  de  St.  de  Dréc,  d'iprés  une  photographie. 


Buïs,  très  bruyonls  jusqu'à  ce  qu'il»  se  taisent  en 
ftrhant  sur  la  route  qui  les  mène  à  TOrange  et 
«u   Calèdon.  Cette    contrite  tient  son    nom  d'un 

fteuple  du  rameau  des  Relchouanas,  né  du  même 
inunense  arbre  banl<*u  qui'  les  Cidres.  Les  Has- 
Houtos  habitaient  l.i  haute  plaine  devenue  rÉ1;it 
Libn»  d'Orange;  refoulés  par  les  Boers  dans  la 
monta*:ne  dt*  l'est,  ils  ont  accepté  la  nnloutable 
&uu*rainetê  britannique.  Chacuu  d'eux,  au  singu- 
lier, est  un  Mossoulo;  ils  appellent  leur  pays  Les- 

0.  lUuv».  La  TiRnK  *  vul  u'c»it«Ac, 


soulo  ot  nomment  sessoulo  leur  Lingue  riche , 
|>oétique»  énergique  et  bien  sonnante.  Des  mission- 
naires français  en  ont  converti  quelques  milliers 
au  pi-otestantisme.  et  pIusioui*s  de  leurs  bourgs  envi- 
ronnent des  stations  auxquelles  ces  messagers  de 
la  <i  bonne  nouvelle  »>  ont  îuqHisê  des  noms  bibli- 
ques, lels  que  ïtélhesda,  Morija,  Rérée,  llermon, 
néersét)a.  CarnteL  Beaucoup  de  lîassoutos  parlent 
le  hfdlandais  mi  ranglnis,  mais  In  foule  reste 
païenne  et    banluue. 

71 


^1^ 


^ 


563 


LA    TEIIRE    A    VOL    D'OtSEAU. 


Bien  plus  rlmud,  soc  ot  stérile  est  uu  autre 
cauton  nouvellement  acquis.  Je  pays  lies  Grikuuas. 
!*lus  riche  nus^i,  mais  d'une  fortune  fausse,  les 
diamants.  (Juaud  ta  pierre  scintillanlt^  aura  eessc 
d'apporter  ;i  (jijelques  trouveurs  une  soudaine  opu- 
lence, les  autres  inouranl  à  la  peine,  la  eonlrêe 
ûura  quelque  recours  contre  l'aridité  de  sa  terre, 
voisine  du  d/'serl  de  Kalaîiari  :  e;ir  l'Orange  et  le 
Yaal,  dont  on  peut  tirer  des  eanjiux  d'aiTOsenicnl, 
s'unissent  dans  sa  plaine  t^levée  dont  h  ville  ma- 
jeure, Kinilierley»  a  son  sîle  à  1541  nii'>(res. 

CèUiit  une  fïbine  déserte^  excepté  ties  fa- 
milles de  Boers  dont  le  trekken  l'anncxnit  inscn- 


siblenieiil  â  l'Klat  Lilire  d'Orange,  sauf  encore 
des  milliers  de  Baslards  (irikouas»  métis  «le  Né- 
derlandais  et  de  llotlentotes  ayant  le  hollondais 
pour  laugue. 

Tout  h  coup  on  découvrit  des  diamants  et  l'An- 
^Melerre,  passant  l'Di'ange,  s'empara  du  j^ays  des 
Cirikouas.  T/élait  pour  le  Cap  une  acquisition  de 
A  tniliioMs  d'heclares  011  diMneurenl  présentement 
SjOOO  hommes,  dont  ÔOOOtl  lihuics,  qui  sont  avant 
tout  des  Uocrs,  le  reste  Grikouas,  Cafres,  Ilollen- 
tots,  etc.»  etc. 

Boers  et  Anglais.  Hottentots  et  Cafres.  —  Toi 


^ 


Ferme  il'un  Boer—  Destin  do  St   do  Dr^,  d'aprfts  une  photographie. 


est,  h  grands  traits,  ce  vaste  pays  sec,  sain,  puis- 
samment charpenté.  Ses  deux  «  mamelles  ti  snnl 
la  hiitic  et  h.»  hlé;  los  coloris  y  tirent  aussi  [U'olit 
du  plus  rapi;le  et  du  plus  sUipïde  animal,  l'autru- 
che ^hïutoniie,  qu'ils  parquent,  nouirissent,  soi- 
gnent pour  ses  jdumes.  [lar  milliers  et  dizaines  de 
ïnilïiers. 

Culouie  du  Cap,  Cafrerie,  pays  des  Crikouas, 
Lessontfj,  pays  des  Belchoiianas,  c'est,  coitmie  dit 
plus  haut»  un  l)lnc  de  71)  nrillinn^  d'iiett.trrs  avec 
1750000  linnmres,  dont  ÔS^jOÛO  lilaucs  et 
i  r»67  000  Noirs,  Cuivrés  ou  Métis. 

Ces  Bhmcs  sont  pour  les  deux  fiei-s  des  gens  de 
langue  liollaiidnise,  pour  laiïlre  tiers  des  Anglais 
avec  Allemands,  Norvégiens,  Suisses,  elc*  :  soi! 
plus  de  'jr»000O  Boers  et  environ  125000  non  Boers. 
un  peu  [»lijs,  uti  peu  moins. 


Les  Boers  ou  Afrikanders,  c  esl-à-dire  Africains, 
ont  une  double  origine. 

Le  [)nnnier  tonds  se  fit  très  lentement,  k  pnrlir 
tU'  t'I.Mï.  de  marins,  de  soldats,  de  fonclioimaircs, 
Iratiquants,  avenlurieï'S  et  désespérés  Indlnndais, 
eniltanjnés  pour  la  colonie  ou  s'y  arrêtant  tians  un 
voyage  vers  l'Inde,  Ceylan,  les  Iles  <les  Kpices.  Puis 
à  partir  de  1C87,  arrivèrent  des  Calvinistes  fran- 
çais fuyant  Cévcnnes.  Aunis,  Sninlonge  et  autres 
lieux  de  France  devant  les  Iroufies  de  Louis  XIY,  à 
la  suite  de  lu  révocation  de  l'édit  de  .Nantes  :  il  en 
vint  200  famille»,  500  peut-être,  et  ce  fut  tout. 
niîiis  l'éliddissenient  iiédenhiilsth  élaîl  encore  si 
fuihh'  que  le  tiers,  sinoji  la  rimilié  des  Boei^s,  des- 
cendent de  ces  1000  ou  150O  peraonues.  De  VillierSi 
.louherl.  Pu  Toit,  Réranger,  Leclerc,  Botix.  Bniin. 
Plessis»  Coussie,  Olivier,  Yaurie,  Mjdheri»e,  Mar.iis, 


coLONîES  nr  cap. 


563 


Mo^nard,  Tailljini,  Paillanl,  Leroux,  Visage,  Du- 
rand, Duniunl,  LcfeKvre,  lUHif  et  cent  autres  noms 
aussi  peu  néerlandais  se  rent-onlront  flnns  tous  les 
buurgs  de  l*Arri(|ue  du  Sud;  les  huninies  fpii  les 
portent  n  ont  gard*^  de  leurs  p^res  que  l'élroitesse 
du  calvinisme;  ce  n'est  plus  en  fr;incais  qu'ils 
chantent  les  psaumes  de  ftavid ,  e.'esl  dans  le 
dialecte  hollandais  de  l'Afrique.  Par  la  fusion,  par 


le  elunnl.  ils  ont  pris  le  visagiî  «  béatement  rus<^  n 
des  Néderlanduis  austraui.  Seulement,  il  y  a  chez 
eux  moins  do  hautes  tailles,  de  gros  ventres,  de 
raij'ures  atlilèlicpies,  plus  de  elieveux  noirs,  d'yeux 
noii's  que  parmi  tes  familles  issues  des  dunes  el 
lîfs  p«»lders  du  délia  rhènnn.  el  les  hisloriens, 
politiciens,  théoriciens»  philosophes,  publicistes 
d'Angleterre   ou  d'Allemagne  attribuent  tous   les 


n 


CoDvoi  Tonânt  des  oûnet  de  dïAininU  —  Detsin  de  St.  de  Drèo,  d'après  tme  photognpliie. 


défauts  des  Boers  à  l'origine  françaisct  loutes  leurs 
qualités  ù  la  gennanitpie. 

L'accession  des  calvinistes  français  ne  doubla 
pas  seulement  la  nation  du  Cap,  elle  bi  releva  mo- 
ralement, car  il  n'y  av;iil  encore  à  celte  jK»inte  de 
l'Afrique,  el  bien  dispersées,  que  des  m  épaves  t» 
'  ■"  idniscs  sans  cohésion,  »'t  ptijnt  di'  vrais 
Ms,  tandis  qu**  b's  r.é\eiiols  el  b*^  lb>cbelai^ 
avaient  dans  leurs  rangs  des  nisti(|ues:  ils  np|K)r- 
ièreut  ici   la  vigne  que  d'autres  Languedociens. 


d'autres  Saîtilongeais  plantent  maintennnt,  à  deux 
cents  ans  de  dislance,  daiit*  l'Atlas,  à  l'autie 
extrémité  d'Afrique.  Restés  prolestaiils,  ils  durè- 
rent peu  comme  Fran<;ais  :  dés  1709  leur  langue 
était  orTiciellement  interdite,  dés  IT^r»  elle  ne 
résonnait  plus  a»  prAne,  dès  1750  elle  avait 
disparu,  et  voici  que  b*  «  néib^rlandisme  »  n*a 
pas  <le  plus  fermes  soutiens  que  ci»s  ps<'udo- 
néderlaiulais  :  le  peuple  des  lioers  leur  doit  plu- 
sifurs  des  nieilliMirs  capitaines  qui   l'ont  conduit 


tf^Ml^MB 


564 


LA    TKRRK    A    VOL   D'OISEAU. 


T' 


au  feu  contre  le  Cafrc  et  contre  le  verdoemde 
EtKjehch  V 

A  I.i  ïiuttuti  faite  (le  ces  deux  élomenls  se  mêlé- 
renl  par  h  suile  l)eaucuu|i  tl'Allejnaiids,  fies  Fri- 
sons, des  Danois  :  s.iiiîî  rien  diie  du  vS.itig  indigène, 
car  les  femmes  hlanelies  furent  longlemps  très 
rares  au  Cnp. 

Sortis  aitisi  de  liivo lises  raeeti»  les  lîfHTâ  sont 
forts,  trop  forts,  surtout  leurs  femmes  osseuses, 
obèses,  sans  morbidesse  aucune  et,  pour  Inul  dire. 
laides;  ils  sont  grands,  pitis  d'un  ti  Initie  de  va- 
losse.  La  sécheresse  do  leurs  plalenux  tes  n  Hiils 
à  demi  nomades  par  l'iiabitudo  du  trekkon;  leur 


calvinisme  littéral  leur  n  fermé  quelque  peu  l'es- 
[jrit.  l'oint  renouvelés  depuis  leur  sêparalion  d'avec 
la  llollimde  par  des  élénn^nts  homogtMies  capables 
de  les  tenir  au  courant  du  siècle,  ils  vivent  indo- 
lents dnns  des  fermes  isolées,  vastes  enclos  d'or- 
gile  sales,  Irtstes,  malodoranis,  demeures  l>âlicS| 
s*il  se  peut,  près  d'un  bassin  où  le  troupeau  Iiunie 
une  eau  lourde  qiinnd  le  soleil  ne  Ta  pas  hue 
avant  lui.  Le  Iri'kkcn,  les  visites  de  ferme  à  fcnne, 
de  longues  siestes,  la  pipe,  le  sonnon,  les  discus- 
sions ttn'ologiques,  la  lecture  de  la  Bible,  de  quel- 
ques vieux  traités  de  conlj'overse  et  des  anivres  de 
CaCs,  le  poète,  national  de  l'ancienne  Hollande,  la 


*A 


•  :•  ^      :.>t;u 


le  Cap.  (Voy.  p.  566.)—  Desrio  do  Si.  do  Diôc,  d'apt-ès  une  pliolograpliic. 


chnsse  et,  chez  les  colons  d'avanl-garde,  In  çuerre 
coaire  le  ("lafre  :  h  cebi  s'use  Ut  vie  du  |u*u[de  ayant 
pour  Mnréh'cs  les  boninies  qui  Lirèretit  le  delta 
du  Itliin  des  iviux  de  h  hm'v  cl  ceux  rpii  rougirent 
de  leur  sang  les  loneiilïi  cévenoLs  rt<i  rtniii  de  la 
liberté  de  c(»riscienee.  Mais  c'est  un  peujde  lioii- 
ntMc,  bon,  fécond,  énergique,  cimenté  pour  l'ave- 
nir. Il  l'égrii'  daiis  1.1  [jrijvlnre  luxidentale  du  Cap, 
dans  une  partie  de  la  iirovince  oril'ntal[^  de  la 
Cafrerie.  du  Nalal.  eidin  il  n'y  a  guère  que  des 
Doers  dans  l'Étaî  Libre  el    le  Transvaal. 

Les  Anglais  rcnqMutent  [)lns  ou  moins,  suivant 
les  lieux,  dans  la  province  orientale  du  V,ï\\k  dans 
la  Tafrerie  et  le  Nalal.  Limrntgralien  les  renforce 
(jIus  vite  que  les  lîoers,  presque  laissés  h  eux- 
mêmes  depuis  bientùl  un  siècle.  L'ancienne  mélro- 

1.  Aiiglait  damné. 


pôle,  oublieuse  des   homopboncs  d'Afrifiuc,  Ich 
envoie  peu  de  renforts;  fpielques  pasteurs  caivi* 
nisles,  de  rares  mailces  d'école,  des  niarcliands,J 
peu  d'ouvriers,  des  indigents  et  enfants  trouvi% 
(pii   sVml}arquent  aux    IVids   d'un  nmtité  de  ]lol-1 
lioule,  c'est  (ont  ce  que  les  Néderbmdais  d'Alriquiî' 
reçoivent  des  bouches  du  Itliiti  et  de  la  Meuse; 
mais  les  jielites  escnî'noMicln»s  où  Ii»s  n  Pavsiiis  m 
de  là-bas  ont  fait  reinilcr  l'Anglais  viennent  do  ra- 
viver en  IJolhinde  les  souvenirs  de  vieille  parenlil 
et  peut-être  qn*^  liientàl   Pays-lias  el  Flandre  recu- 
leront vers  TAfriquc  ausUalc. 

Les  flodenlols,  jadis  maîtres  du  pays,  depuis 
le  \\:i\\  jusqu'au  Tropique,  s'ajipelleut  eux-mêmes 
Khoi-Kfioiii  nionnnes  <li>s  htunmes  ),  tsiii-Khoin 
(Premiers  lionunes),  Ava-Klioïn  (llouges  tiomuiesi. 
Vax  dépit  de  ces  noms  fiers,  qu  ils  se  donnèrent 


tnr  iMinr  ilc  dmiuaiiU.  —  U-ssiii  tic  M   Oi<  Drî-c,  a.i|uè»  um  iihuUvnijtluv. 


^^^fa 


566 


l.\    TERRE    A    VOL    n'OISEAU. 


dans  U^iir  ig;niii'aiir(>  du  monde  ot  qu'ils  gardenl  ] 
ent-urtî  malgré  la  comparaison  qu'ils  ont  [)U  faire 
d'eux.  tl';ilii>rd  avec  IcsCafres,  puis  avec  les  lîlanrs. 
il  n'y  a  guère  de  Nêifresou  de  Cuivrés  d'une  laideur 
pareille,  nais  leur  liidour  n'excuse  pas  les  com- 
motulos,  chasses  barliarcs  où  les  lïaers  détruisi- 
rent un  î^^titiid  uuiiibre  iJe   n  Rou^rs  lnHiiines   m. 

Les  kluiï-Klmïn  des  districts  européens  ne  par- 
lent jdiis  ciue  le  linlliindais  ;  ceux  qui  ne  scrveii! 
pas  L's  IlLaies  suid  plus  jL:raniis,  plus  l'orls,  peut-on 
dire  plus  beaux?  que  les  doniesliquês,  et  beaucoup 
out  g:irdé  plus  nu  moins  leur  tangue,  qui  se  dis- 
tingue de  toute  iuilre  piir  ses  quatre  cluquements 
—  sauf  du  calVe,  imcpiel  elle  a  préîi*  (rois  de 
ces  émissions  exlniordiuaires  dunt  l'une  ressemlde 
au  bruit  d'un  bouchon  de  eliiun|uirrne  qui  saule» 
Taulre  au  elae  par  lequel  on  cxeile  nu  cheval  ;  les 
deux  autres  ne  se  coni|*areiil  à  l'ien,  il  faut  les 
enleudre  de  ]:i  bouche  d'un  Ilollenlot. 

Les  llotkMitrds  n<iu  serviles,  25000  bounnes 
peuL-èli'e,  errent  dans  l.«  jibiine  très  sèche  de  Yov- 
cideul,  au  sud  el  surtout  au  noi'd  du  lleuve  Orange, 
jusqu'au  Tro[»ique  el  juMju'ù  l'Océeïii,  le  long  de 
ravines  où  Liuisseul  ipielqnel'uis  des  torrents  cl 
où  l'on  peul  espérer  de  trouver  eu  lout  temps  de 
l'eau  à  Imire  en  preirsanl  le  sable  du  lit  :  tels  les 
Koraitrts  et  les  Gi'igris*,  qui  savent  d«\j;i  le  liollan- 
dais  autant  que  la  langue  des  elaquenienls;  tels 
encore  les  Naniakouas,  qui  cessent  rapidement 
d'être  M  nama]ihones  )>  pour  devenir  nûderbimiais 
quanta  ridionie.  Les  Khuï-Klioïn  indépendants  ai- 
menl  encure  plus  le  trekken  que  leurs  voisins  h's 
Boers;  ils  vont  et  viennent,  au  près,  au  loin,  avec 
Lnirs  eliiens  faméliques  el  leurs  bceufs  qu'on  monte 
en  place  de  clievaux;  ces  sauvages,  en  cela  sem- 
blables [i  tous  les  désertiques,  partent  a  un  degré 
prodigieux  l'acnité  des  sens  el  la  puissance  de 
robservaliuu,  Ouant  aux  Bosclijesmannen  *,  aux 
Dustunon  des  Anglais,  les  Hottentots  les  ap]>etlen1 
Su  ou  Sîian  :  ils  les  ivnîent,  mais  on  a  lieu  de 
croire  que  ces  pauvres  myi'niidons  laids  elclu'tifs, 
CCS  nains  tout  à  fait  nains,  représentent  un  îles 
éléments  primordiaux  des  Kboï-Klioïn,  race  aussi 
ntélèe  que  uluqjorle  quelle  autie  —  tout  au  moins 

1.  MiMno  nom  qtic  cdui  de^  Grikouas  du  territoire  colo- 
nial, luiis  liidlitudises  niijfturfJ'tmi. 
3.  C'est-ù-dire  :  liutjiin^s  des  boiâ,  Uanixiiefl  de  la  brousse. 


leur  langage  a-l-il  avec,  le  hnllenlol  des  liens 
d'élroite  parenté,  mais  on  ne  se  comprend  plus 
de  lun  à  Tautr*^  idiome.  Les  «  Ilonmies  de  la 
brousse  ))  sont  des  chasseurs  courant  a|irès  la  IrôlCf 
Tare  en  main,  avec  des  fliîches  empoisonnées. 

Les  Fiastards,  race  hybride  assez  nombreuse, 
qui  naquit  <iès  les  premières  années  de  la  colonie, 
de  pères  Nêderduitsch,  de  mères  Klioï-Rlioîn,  «ôj 
parlent  et  ne  coruprenuent  absolument  que  le! 
hollarulais,  dont  on  ne  peut  pas  dire  que  c'est! 
leur  langue  materuelle,  mais  bien  leur  langue  j 
paternelle. 

Les  Cafres,   fort  beaux  cuivrés  d'une  taille 
élevée,  si  bien  prise,  qu'ils  ojit  en  cela  peu  de  ri* 
vaux,  vivent  presque  tous  ii  l'orient  des  lloltentols,J 
sur  le  versatd  di?  rOcéan  des  Indes,  dans  la  rianlfl 
contrée  annexée  |Mèee  h  piéee  qui  leur  doit  soûl 
nom  de  Cafieiàe.  Divisés  en  peuplades  guerrières»! 
ce  sont  iles  pastoraux  qui  ne  furent  jamais  paisî' 
blés;  ils  ont  la  passion  de  s'égorger,  de  tribu   à1 
tribu,  de  clan  à  clan,  de  chef  à  elïef;  c'est  au  bou- 
cher d'écrire  leur   histoire.   Tous  aussi,  Fingos»! 
Tandiouliis,  i'ralekas,  (iosiis*,  Pondos.  Zoulous.  onll 
alTronlr  l'Anglais  et  le  Doer,  face  à  face,  en  pleial 
soleil  el,  vainqueurs  plus  d'une  fois,  ils  sont  prêts 
à   ressaisir   la  hniec  et  le   bouclier,  ou    plutôt  àl 
prendre  le  fusil,  car  les  voilà  civilisés  el  en  partie' 
chrétiens.  De  nombreux  milliers  d'entre  eux»  an- 
glicans, wesleyeus,  méthodistes,    réibnnés,  ou  sû 
croyant  tels  dnns  l'entliousiasme  de  leur  conver- 
sion, ehatdenl  h  pleine  voix  des   hymnes  et  des 
psaumes,  en  hollandais,  en  anglais  et  dans  leur 
langue  sonore,  qui  a  trois  elaqui'meuts  empruntés 
aux  lluLtentols.  Mais,  devenus  protestants  ou  restés 
païens,  c'est  une  race  miliïaule.  Tune  de  celles 
([u  on  n'efface  pas  aisément  :  elle  sait  qu'elle  a  du 
sang  à  perdre,  du  sang  fier  v\  cli:.ud.  avant  qu'on 
lui  ravisse  (soit  le  Doer,  suit  l'Anglais)  les  belles 
savanes  oîi  paissent  les  bœufs  rpii  sont  son  orgueil. 

La  capitale  de  ce  pnys  où  deux  [)euples  blancSJ 
luttent  [lour  l'empire  devant  un  grand  peuple  dét 
Cuivrés  el  des  débris  de  Noirs,  le  Cap,  cstune  ville 
de  45000  hubitanls  dont  15  000  Hollandais,  8000 
Anglais,    loOOO  à    18  000  Noirs,  des  Malais,  des 
gens  de  l'Inde,  elc,  etc. 

1.  Iiaiis  Gîdrlins  et  Gojins,  le  g  représente  un  claquement 
doul  aucune  du  uut»  luii*;u€3  ne  peut  donner  l'idée. 


KATâL. 


bd'i 


Cafres  Zotilous.   —  Oossla  do  St.  do  Dré«,  d*apr£s  une  pholograpliic. 


NATAL 


Beaa  pays.   Douze  Cuivrés  contre  un  Blanc. 

—  Ltî  Nntal  rossonihle  à  la  roloiiii*  tUi  ti.ip  on  ci' 
que  les  Dlancs,  Anglais  v\  Uot»rs,  y  i'(it<tii'nl  Ic^ 
Cnfrcs,  mnia  avec  une  prépondêi-ance  excessive  de 
la  nnlioiï  cuivrôe. 

Lo  Bolcilloux  et  pluvieux  Natal  s'élèvo  tu  \-m- 
deur  8ur  lo  penchniU  di*s  Mabulis,  sa  liaule  borne 
à  rocfidi'iil.  A  pi'iiH*  n-t-4Hi  n'ssô  d'ouïr  la  voix  de 
rOn'aii  (|U(\  (juiUaul  fo  litlor.)!  à  tli-itii  lorrido,  nu 
ninrchc  di'jà  sur  des  roUines  teinpiVt^t's;  quel- 
ques lieurcs  encore,  el  l'on  foule  du  pied  le 
gizun  des  montagnes,  au  inilii-u  des  hoi».  parmi 
les  gri'S  et  les  busiiltcs,  dc^.uit  des  eascadcs 
brilliiiitcs  dont  les  lunvii(s  ont   de   beaux  notiis 


rrifrcs.  Plus  on  mnnto,  plus  Tair  est  frais,  puis 
froid. 

ViTs  18ri7,  ce  gracieux  pays,  tout  entier  cafre, 
ne  connaissjiil  ni  les  Blancs,  ni  leurs  arts,  leurs 
iiivenlions,  leur  liAle  de  dt^frichor.  de  planter,  de 
MHiîjâcUre  ou  de  violer  la  nature.  On  y  vivait 
comme  les  pores  avaient  vi^cu,  souvent  en  guerre. 
(lors  du  elief  quand  le  chef  tétait  vainqueur,  amis 
tl'-à  iNinjfs  l'I  des  lndlcs  génisses. 

Alors  arrivèrent  les  Boei-s.  en  f'nii^'ntions  lié- 
rotques  :  en  tout  cinq  Jtïille  familles  fn^anl  la 
\it*illi'  eolotûe  du  ilap  en  h;*ine  de  l'Anglais  oulre- 
l'uid.inl.  Klles  lal^saitMil  ilerrière  elles  des  Irîiinêfs 
de   cadavres,  feuinies,  enfunls  massacrés  pur  les 


ri^ 


568 


LA    TERIIE    A    VOl    D'OrSEAU. 


# 


Cafres,  hommes  tués  dnns  les  combats  ou  Iraitreti- 
seraent  attirés  dans  quelque  oliscuiv  enibuHi%']tl)\ 
gens  tiinihés  (U-  r;ilii:ui'  ;'i  la  travpfsnc  flrs  rnoiMs, 
bœiiCs  iiiorls  ttc  suif,  do  (Wm^I,  rie  riial;nlii\  ou 
noyés  au  pnssage  îles  torrents. 

Elli»5  resseiTil*lnient,  ces  érnifjrali<tns,  aux  nnVi- 
ques  expatiialions  (ics  peuples  IjaiLaivs.  Di'S  oji- 
lanls  aux  \it'illar<ls,  loulc  une  petite  nation  mar- 
cliait  vers  riricimnu  par  des  voies  ignorées,  de 
lourds  wagons  Iraînaietii  tout  ce  qu'on  emporlail 
du  sol  ualal,  di'S  fionunes  armés  vcilkiieril  sur  les 
leaU'S,  tes  troufjeaux,  les  familles.  Les  Boers,  as- 
sidus lecteurs  de  l'Aneien  TeslamonI,  durent  se 
n'oiiv  nu  pru[»le  élu  tnivers.uit  le  IléserL  cnninu' 
le  lit  autretdis  Israël,  de  l'KgypIfS  maison  de  ser- 
vitude, jus(]u\iux  montagnes  de  Cliiinaitn.  Muitis  de 
vingt  .'ins  plus  lard»  une  pelile  partie  de  ce  [ii'U[»le 
singulier  put  aussi  se  comparer  aux  llehreux  nour- 
ris de  manne  el  conduits  par  la  colonne  de  feu. 
Lorsque  lesBners  rureriL  connaissance  de  In  guerre 
de  Crimée,  ils  prirent  parti  pour  les  Ousses,  qu'ils 
croyaient  les  vrais  dèlenseui-s  du  Saint-Sépulcre: 
quelqiii's  cenlaines  d'entre  eux  sVn  allérenl,  dit- 
on,  vers  le  nord,  et  par  monts  et  vaux  ils  s'avan- 
cèrent h  la  délivrance  de  la  Terre  de  la  Promesse» 
menacée  par  dfs  armées  impies.  Mriîs  le  pays  dé- 
coulant de  Uiil  et  de  miel  reculait  tuujuin^s  et  luu- 
jours  devant  eux*. 

Vainqueurs  des  Cafres  après  de  grandes  luîtes. 
d*al)iorjinables  désastres,  les  Boers  étaient  les  maî- 
tres de  cette  a  Chanaan  d,  longtemps  désirée,  chè- 
rement acquise;  ils  se  félicitaient  d'avoir  fpjiltê 
leur  patrie  sèctie  et  ses  étagements  de  steppes  pour 
la  terre  des  bonnes  herbes,  des  fraîches  savanes, 
des  forêts,  des  torrents  courant  h  la  ïougliéla  el  i\ 
tous  ces  neuves  cafres  dont  le  nom  commence  par 

1.  U  y  n  lien  (ïo  penser  qne  reUo  liisloire  est  «n  conte  : 
[»cii  fie  nntïmis  riiil>]es  ont  été  pluâ  calomniées  i|Uâles  fioers 
pai-  la  uatioïi  forte  "lui  les  roiOisquc. 


Oitnt  :  Oumgheni  on  Riviêi'o  de  Tentrée,  Oumko- 
manuzi  du  Rivière  lente,  OumlAzi  ou  Rivière  de 
lait,  Unmvoti  on  Rivière  dmice.  Omnzinkoiilou  ou 
Granile  rivière,  Oiiinzivuuliou,  anjïturd'hui  S.iinl- 
Jolms.  Ces  «  oum  »  et  beaucoup  iLaulres  étaient 
alors  encombrés  d'hippopotames,  de  crocodiles; 
le  li(Mi»  le  léojKU'd  chassaient  la  gracieuse  anlilope, 
ta  girafe  démesurée  il.  toute  béte  qui  vivait  sur 
cette  terre  féconde. 

Mais,  avant  même  que  les  Boers  se  lussent  re- 
posés de  leur  terrible  voyage,  les  Anglais  son- 
geaient û  leur  ravir  la  nouvelle  patrie  ;  dès  I8i2 
le  Natal  appai'îenait  .^i  l'Angleterre  el  les  Hollan- 
dais, re|Kissanl  les  Maloutis,  allèrent  fonder  V£Xa,i 
Libn*  d'Orauge. 

Des  quelipi-'s  Pamilles  de  Boei-s  qui  restèrent 
sur  ce  versanl  des  nionîagries  littorales  descendent 
la  plupart  des  15  000  Néderlaiidais  vivant  dans  le 
Natal  à  celé  d'un  nombre  double  d'Européens, 
Anglais,  Allemands,  Norvégiens,  Français  de  Bour- 
bon et  de  M;iurice  :  soit  en  tout  44  000  européens 
contre  400 000  Cafres  sur  un  domaine  de  4.i83000 
hectares.  Ici  le  Cuivré  presse  le  Blanc,  et  le  presse 
de  plus  en  jtlus,  rar,  d'un  mouvement  continu,  les 
Zoulous  el  autres  bronzés  de  cette  famille  sVn- 
gonffrenl  dans  le  Natal  où  la  vie  leur  est  plus 
riclie,  plus  facile  et  plus  divertissante.  Environ 
Zti  000  Asiatiques»  lionmies  élégants  et  maigres 
recrutés  parmi  les  Ilittdous,  travaillent  dans  les 
plantations. 

La  capitale.  PiL'ter-Maritzbourg  (SDOO  |jah.).  à 
71)2  Uiètres  d'altitude,  réunit  dans  son  nom  Je 
nom  de  deux  des  chefs  qui  conduisirent  les  B<»ers 
du  Cap  au  Natal  par-dessus  les  Maloulis  :  Pieler 
Relief  et  MariLz;  elle  n'a  pas  l'aiiimation  d*î  Dur- 
ban ou  Port-Natal»  ville  de  12  000  ilmes  qui  est  ea 
place  maritime. 

1.  Pour  Rétif,  nom  français 


Sur  le  Vaal  :  lavage  de  diamanls.  —  Dessin  de  St.  de  Dr^e,  d'après  une  photographie. 


ÉTAT  LIBRE   DORANGE 


L'Oranje  Frij  StaatV  ses  Boers,  ses  Baro- 
longs. —  Dans  les  preiîiièrt*s  années  de  ce  siècle, 
le  Irrritûire  devenu  l'Oranje  Frij  Sla:it  était  un 
grand  sleppe  verdoyant  après  la  pluie,  bn'ilé  Tètè, 
raulotnne,  où  passaient  lïarlois  des  nomades»  mais 
vit  nul  ne  s'arrêtait,  iiî  llnttentot.*^,  ni  !t<*telH)unnas. 
ni  OdVes.  Iles  Itaslards  s'y  (ixe-renl  plus  (*u  mo  tis 
avant  IS'iU,  puis  le  trekken  y  ainenn  des  Faitulles 
de  lUiers,  après  cpmi  ce  plateau  reeul  presque 
luus  les  AFrikanders  auxquels  les  An^Mais  venaient 
de  ravir  le  Natal,  patrie  durein*'nl  rouquise,  Kn  1818 
TAo^lelerre  iusjitiable  dévuru  aussi  la  jeune  Itêpu- 
blique.  niai»  elle  la  rendit  h  etle-iiièitie  en  iSoi, 
1.  Ou  prououcc  :  Ki-nï  SUkt. 

0.  Uitctts.  L.A  TumiL  à  VM.  b'uisuu. 


l'I  liepuis  trente  ans  TÉtat  vraiment  libre,  en  necord 
avec  son  nom,  s'accroît  par  la  continuelle  nri'î- 
vêe  t\o  Hollandais  de  la  vieille  colonie.  Ce  jkivs 
qui  unit  C:ip  a  Transvaal  est  de  plus  en  plus  le 
centre  de  la  race  des  Boers,  son  noyau  résistant, 
déjà  trop  dur  pour  être  brisé. 

Kntre  Tthangi»  et  le  Vaal,  sur  des  plateaux  élevés 
où  il  fait  légèrement  froid  le  rnatin  dans  la  s;iison 
qui  ré[)orul  à  notre  liiver,  les  lîoers  de  rt'ilat  Libre 
respireni  un  air  léger,  uierveilleusenienl  vital, 
mais  sous  trop  de  soleil,  et  souvent  la  s*!M:lieresse 
y  boit  les  fontaines.  La  meilleure  lurluiie  du  pays 
consiste  en  moulons. 

Parmi    les   2OS0O0    babituuts   de    rÉIal    Libre, 

n 


570 


LA   TEnriK  A   VOL  D'OISEAI'. 


78  000  Ftlancs,  presque  tous  Bocrs.  fonl  faco  h 
150  000  Nuii-s  ou  M«lis  en  voie  craugtiuMilaliod 
rupiilo.  r/i's(  un  Htit  gèiiôral  dans  rAfriqno  Au  Sud: 
1  elùiiienl  dil  civilisalfur,  encore  qu'ati  pou  bruUl, 


y  grandit  vigoureuseuicni,  cl  non  moins  plantu- 
irusemenl  1  élêiuont  dil  civilisahle  el  convcrlisât- 
Itltv  Omis  rcs  dernières  nnnées  les  hommes  de  <:ou- 
leur  ont  ici  crû  plus  \ile  que  les  Blancs  :  peul- 


Cârerne  cbe*  desCafrei  jadU  cnnuibalci»  de  l'ÉLal  Lihre   —  Dci-riu  ite  ^X.  dv  Uréo,  d'aprèc  un  croquis, 


être  parce  que  des  miltions  de  burgliers  ou  ciloyeiis 
duFiijSlanl  soiil  [larlis  [lonr  fiirrler  np\'è^  rordiins 
les  roclrcs  lninipenses  du  Tnmsv.ta!. 

Le  peuple  néilerduitscU  ici  dotniiiaiit,  nesc  difle- 
rencit*  en  rien  des  anlroy  liuers.  Les  Uni  landais 
du  Frij  SUial  sonl  IrvA  ^randH  et  furls  :  on  les  dil 
tireurs   infailliLles;    profonilénicnl    religieux   par 


insttnet  on  [>ar  linbiludc  el  obt^issnnl  pieusement 
H  d(*s  i'é\érends  révëivs.  ils  (nivnnii  la  jïturnée  par 
un  ehanl  chrétien,  la  feiincul  p;ir  des  verseU  de 
leur  Bible  de  famille. 

La  eapilale  de  ce  pays  de  i0  7r>0  0û0  heclaros. 
ïtloemfonlein  (4  000  haïj.)  ouFunl  des  Fleurs,  a  son 
sile  à  1  HS  mèlres  au-dessus  des  nu^rs. 


KÉI'URLÏQL'E   SUD-AFaiCAINE. 


571 


V^.— 


?«•   -i-.-^  v^. 


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^i.'-^ 


.~.<^5fe. 


^rr^ysr.:^^--^- 


^v^^TT' 


DiDi  les   munis   Ualoulis.  —  Dessin  de    SU  do  Drée^    dapt'és  une  photographie. 


RÉPIBLIOUE   SLD-AFRICAINE 


P 

■  Transvaal.  Vastes  plateaux.  Le  peuple  de 
fl  Bonne  espérance  >. —  Kn  I8i8  les  Anglais  s'orti- 
parcrciil  de  l'Llnt  Libir.  qui  fui  lerre  biilanuiquo 
jusquVn  1851.  Lbuze  mille  Boers  restèrent  sous  la 

tdotiiination  liiiio  ;  les  .iulres  passèrenl  lo  Ynnl  ou 
Giirib  Jaun<\  torniiR*  ils  nvulcnt  rrnncUi  TOrange 
el  les  Maloulis  et.  npr«''s  nvoir  i'iaiAl  le  Nnlal  el 

n    le  Fi'ij  Slaat,  allôroiit  corninmicer  dans  le  nord  l:i 

B  république  du  Traiisviial. 

H     L'Anglais  acliarin^  ne   laissa  point   lea  Tlolbjti- 

^  duis  trnni]uitles  dans  relie  ciiKjuièmc  pairie,  la 
NéerJaode  uu  la  France  étant  la  première»  le  l!a|» 
Il  »f*conde.  Natal  la  troisième,  l'État  Libre  la  qua- 
UiÂnic.  rius  le  Tnuisvaal  grandissait  par  l'arrivée 


f]*'  Boers  du  Frij  StnnI,  du  Cap,  du  Natal,  plus 
Albion  enviait  ces  plateaux  sjilubres,  ces  pûïures, 
et  surtout  ces  mines  d'or  el  de  lous  mélaxn. 
Bnisquement,  elle  s'en  empara  en  1877,  puis  elle 
j  n'non<;a  par  un  traité  qui  reconnut  aux  Transvan- 
lietis  leur  indè|irndance  el  le  droit  de  nommer 
leur  pays  la  Hêpublique   sud-africaine. 

lx?â  30  millions  d'beclares  du  pays  se  «léroulent 
en  plaleaux  de  800  ù  1600  méln*s  d'altiludi*; 
ses  vallims,  ses  vallées,  ses  jçr)ulliéres  s'en  vont 
nu  sud  vers  le  VaaL  affluent  majeur  de  rOranpe, 
à  Test  vers  la  mer  des  Imb's,  au  nord  vei's  le  Lim- 
popo,  fleuve  d'un  bassin  de  50  millions  d'hec- 
tares relevant   du  Tropique  par   ses    rives  infù- 


572 


l\  TEftnK   A    \0L    I)  OISKAU. 


riouresqHÎ  foisonnent  tk  lions,  dliippopotarm's.ilt' 
crocodiles,  de  singes,  dclopliiiuls  cl  de  girafes; 
pîir  un  lorïg  dfHmjr  il  descend  au  littoral  desCafres. 

Le  cliiiKil.  très  sjiîn  sur  lo»  terres  hautes,  IVst 
moins  quand  on  marche  vers  l'océan  dos  Indes. 
De  ee  eiMè,  d.ins  le  dislricl  de  Lydenbiirg,  U^s 
plaines  bnif^nenl  dvjli  danij  un  air  pesamment 
cliaud,  lounlcMUMit  iiiitiiide.  Ailleurs,  diins  le  dis- 
trict de  Wakkerslrom,  hourg  à  18*29  mètres  d\dli- 
lude,  il  tombe  de  la  neige  en  hiver.  Ihi  climat  diî 
riis[iaî<ne  fi  relui  du  Tropirpie,  rlu  sMnin  au  p.d- 
iiiier,  le  Tniiisvaal  a  toutes  les  lerniM^vilures,  tuules 
les  plantes;  café,  canne  ï\  sucre,  ananas  y  ont  leur 
région;  l'orange  y  n  la  sienne,  cumiue  le  blé, 
l'orge,  l'avoine;  mais  l'élève  de.s  bestiaiii  resterj 
longtemps  ou  toujours  le  premier  souci,  la  meil- 
leure chevanre  de  ces  Boers,  avec  la  recherche  de 
Tor  et  des  diarriimld. 

Le  Trausvaal  renferme  pridKdderntMit  7^000  à 
7800U  lioers  contre  4t>  ()(J0  à  4:iOOO  Anglais  et 
Européens  arrives  bi'usquemenl,  en  inondation,  sur 
les  plah^aux  aurilères  de  la  répulili(pie  sud-afri- 
ciiine;  iwtw.  les  TitiO  000  ÎSoirs.  presque  tous  CalVes 
4't  lietcUouaaas.  ccsl  un  peujile  de  f)800<)0  àmos. 

Dejtuis  leurs  petites  vieloijes  sur  les  a  hnbils 
rouges  )>,  les  llollaiidais  de  la  llêi>nliliipie  sud-aiVi- 
cuine  avaient  pleine  foi  dans  l'avenir  de  leur  race; 
mais  riiiviisiiin  des  miiirnrs  les  meiince  à  btvve 
écht'anoe  de  iréïre  plus  qu'une  iiiiHorité  parmi  les 
Anglopliones  de  rAlViqueniislralc,  puis  de  s'elTaccr 
dans  celle  it  Dritatinie  )>  qui  mange  une  langue,  ou 
tout  au  moins  un  bon  dialecte  par  an.  N'eiupèche 
qwe  les  Boers,  fortement  enracines  dans  le  triangli3 
austral,  et  tous  paysnns  ou  bergers,  sont  un  élé- 
nienl  jeune,  ambitieux,  résistant. 

Les  deux  plus  gros  villages,  rai*  à  peijie  sont-ils 
de  pi'lils  buurgs,  se  rïommeul  Pretoria  el  rolselh'f- 
slroom  :  Pretoria  s'appelle  ainsi  d'Andries  Prelo- 
rius,  l'un  des  bèj'os  de  la  nation  pendant  ses 
inigi'atioiis  tj*agfq(U's,  el  Potscïiersiroom  '  réntiit 
des  lambeaux  ilu  ummi  de  Imis  r.liefs  pu[»ulaires, 
Polgieler,  Sclierf  ei  Streckenslroom. 

Stella.  Gochên.  République  2ouIoue>  —  Li' 
TransvanI  s'ètuil  furl  agrandi  reeenîmcnl,  à  l'ouest 
cl  au  sud-est;  il  avait  Umûî'  trois  Ilêpubliques, 
dont  deux  à  son  occident,  sur  des  terriloires  oc- 

I-  ruui*  t'otsclicrfsli*ooiii. 


iupès  par  des  aventuriers  Boers',  condottieri  qui 
avaient  vendu  leurs  services  à  des  chefs  betchoua- 
nas  pendani  une  de  ces  guerres  civiles  dont  les 
Bantons  sonl  friands.  L'un  de  ces  deux  Étals  se 
nomnie  le  Stella,  l'autre  le  Gochèn. 

Le  Stella  s'étend  au  nord  du  pays  des  GrikouQs 
el  de  l'Elat  Libre  d'Orange,  sur  le  cours  du  Harl, 
.illlneîit  de  droite  du  Vaal  :  cours  inconstant,  car 
le  llai'l  des  Boers,  le  lïry  llar!  '  des  Anglais,  est  un 
de  ces  lits  de  rivière  presque  toujours  vides  qu'on 
appclli"  en  Algérie  des  u  oued  seei>  n.  Grand  de 
irïWtfOO  lierlares,  ii  compte  THiOO  Blancs,  pres- 
que tous  !Sédèrlandais,  et  15  500  Betcbouanas  de 
la  tiMbu  des  llatlapis.  Sa  capitale,  uu  village,  n 
nom  Vrijburg^ 

Le  Gochén,  au  nord  du  Stella,  couvre  un  million 
d'hectares,  dans  le  bassin  du  Mnlopo,  long  »  oued 
seco  H  qui  s'en  va  vers  le  fîcuvr  Oivifigo,  <i  travers 
déserts,  et  qui  ne  l'atteint  que  bien  raremenl, 
presipie  jamais,  i2000  Blancs,  des  Boers  et  quel- 
rptes  Aï^glais  y  vivent  parmi  15  000  Belcliuuanas 
Bîirolongs,  dans  un  pays  aHde  el  nu,  mais  cepen- 
dant avec  [>lus  d'ean  que  le  Stella. 

L'Angleterre,  fidèle  à  ses  «  principejs  i».  a  con- 
(istpiè  les  deux  lîcpubltqm^s  el  a  ïuis  la  lontrée 
des  Itelelunianas  sous  sa  protection  :  elle  u'avail 
ganle  de  laisser  aux  Nèderduitsch  un  pays  qui  est 
la  roule  norrrjalc  du  Cap  au  Zafulîèze  et  à  l'Afri- 
que intérieure;  mais  .Stella  et  Gocbén,  peuplés  de 
Hollandais  et  consJammenl  accrus  par  de  jeunes 
fitmillos  ib*  toute  la  Néderlaude  africaine,  n'en  aug- 
mentent pns  moins  le  paliimoine  el  la  [iiiissincc 
de  la  nation  des  Bucrs, 

La  Nouvelle  Bépublique.  fomlée  connue  It»s  deux 
aiili-es  par  intervention  des  Boers  entre  des  chefs 
Zoulous  aussi  balailleurs  que  purent  l'être  jamais 
les  Betehouanas,  s'étendait  sur  1  150  000  hectares, 
en  une  région  magnifique  autant  que  le  sont  peu 
Goelién  et  Slella  ;  on  est  b'i  d.ius  le  voisiuagc  de  la 
mer  lies  hnles.  nu  souflle  «le  TOcéan,  dans  hi  rur» 
des  pluies,  parmi  forêts,  pâtures,  toiTenls.  eaux 
ruisselantes.  r>5tïn  Boers  y  habitent,  seu'lmit  aux 
i'uvtrons  de  Yrijheid  ou  Liberté,  parmi  des  Cafi^es 
Zoulous,  el  les  unscouïme  les  autres  ont  été  réunis 
au  Trausvnal,  dinil  la  Nouvelle  République  fait 
désormais  pai't  intégrante. 

I.  Aides  d'un  certain  nombre  d'aventuriers  nutcUiis. 

^î.  Hart  sec 

5.  Frlbourj,  c'est-à-dire  Ville  libre. 


bU 


LA    TEKRE   A    VOL    D'OIStAl. 


Antilopes  au  bord  du  .NgainL  —  Dc&sin  de  Wbympcr. 


DÉSERT   AUSTRAL 


Kalahari.  Lac  Ngami  :  bassins  fermés.  — 
Au  nord-ouest  du  Transvanl»  en  marchanl  vus 
riiilt''ricur  du  coiilini'iil.  an  Iraver.st^  lo  ^vmtâ  dé- 
SiM'l  tic  Kulafiari  «vntil  d'aUtnndft;  It^  Ngflnii  dont 
les  OEiux  |ieu  pntfondes  cachi'til  cji  niayeimïï 
77000  lu'cUir.':^; -dans  K'S  saisons  livs  huiiiidos 
Siï  conqin/  n  I5il  kilurnt'lres  iU'  tour,  d.iiis  les  s;n'- 
suns  trtis  saches  il  ditniiiue  singuLii'*ronicitt  el  peut 
nK^nie  dispannlro  :  en  ce  morneni  il  i/exisle  plus» 
dil-on.  Il  re(;uil  K's  oaus  d'un  kissiri  fort  vasle 
jKiiTouru  par  litr  longni*s  rivières,  nutainnipnt  le 
CauUaiigo  et  le  Couilo,  qui  onl  leurs  îfourres  sttr 
le  même  plateau  r|ue  Zauibèze»  Connza,  CoLiuênê; 
mais  lundis  (jue  le  Zumbezo devient  un  grand  fleuve, 
et  te  Coanza  uu  fleuve  moyen.  Couban^xj,  Couîlo 
el  plusieurs  autres  dt^croissenl  dans  une  zone 
sri'fie  donl  îl  pnraît  vpie  tliaque  aîimV  y  diminue 
ITiuniiditê  :  ]e  Sahara  du  Sud»  le  kalahari,  (luuie 
en  partie  ces  courauts;  îl  boil  en  entier  ceux  qui 
descendent  du  massif  aride  où  rV^dent  iesDamaras. 


Le  Ni^ami  se  déverse,  entre  temps,  par  une  ri- 
vitTC  que  des  pluies  exceptionnelles  conduisent 
peul-êlre  jusqu'au  fleuve  Zanibèze.  Mais  les  eaux 
de  erlle  rivière.  In  Tsoug.i,  remplissent  raromeot 
leur  lit  bordé  d'arbres  magnifiques,  elles  y  sè- 
ehi'iit,  elles  y  filtrent  vite,  et,  eonsomméos  jusqu'à 
la  dernière  goutte  par  l'ai-deur  du  sol  et  du  ciel, 
s'achèvent  dans  une  cuvette  salée,  dans  une  zoul- 
[i:iti*,  comme  disent  les  Boers. 

Ces  zoutjinn,  ces  sillons  altérés,  ce  Ngami,  sont 
le  dêptoi*ai)te  reste  d'un  très  gi'and  Lie.  d'une  mer 
intérieure  que  le  soleil  austral  a  presque  tarie, 
qu'il  sendde  vouloir  tarir  tout  à  fait.  On  estime 
à  128  500  00(1  heclîtres  l'aire  des  bassins  fermés 
de  l'Arrique  du  Sud,  donl  7yr>U00UD  pour  le  ré- 
seau de  la  Tsouga  :  c'est  conmie  m  la  France,  l'Ai* 
lema','-ne  et  l'Italie  n'envoyaient  pas  toutes  trois 
ensemble  une  guutteletle  h  la  mer. 

i.  IWle  à  ï^i^L  t)Uiit)iii  salé.  * 


ZAMRKZE   KT  COTK  OftIEMAI.E 


I 


ZAAIBEZE   ET  C(»TE  ORIEMALE 


Baie  Bélagoa.  Sofala.  Monomotapa.  —  De 
Porl-NnUïl  à  l'Equali^ur,  ol  de  l'Équîileur  aux  li- 
mites liisti)ri({uoï^  dt*  l'Abyssiiiio  i\^2'  dogn''  Nord), 
uni'  Icrrr  clinude,  souvcnli'fois  ntnls.ilul>re,  cùtoif 
ta  mer  des  Indes.  Kilo  porlt?  divpr&  noms,  qu'on 
rt'*unil  srtiis  colui  do,  Cnli»  orientaUi. 

Quand  on  a  dépassé  l*urt-.\;dal.  on  rvncontn» 
d'îilmnl.  cil  roiuonUuitvors  le  seplonlrioii.  Icskraals 
ou  villages,  les  |fâturages,  les  fonMs  des  Zoulous, 
Cafivs  Irè.H  guerriers.  La  contrée,  bien  arrost^e,  rs( 
lN*lle;  elle  apparlieiit  aux  Ai3gl;iis. 

Fin  avant  de  rinhainpourn  ou  b.is  Linipopo.  souk 
le  20*  dejîrê  i\v  latitude  sud,  lu  baie  Ik'lajçoa  dé- 
pend du  Portugal  :  L't  est  Lourenço  Marqués,  ville 
nai-^ïtante,  |K»rt  naturel  des  [toers  du  TrauâvaaI. 
lieu  de  leurs  relolions  Tutures  avec  le  moude  exté- 
rieur. 


A  |)artirde  celle  baie»  en  tirant  au  nord-e^l,  les 
Portugais  étendent  leur  pouvoir,  plus  nominal  que 
réi'l.  sur  qnalre-vingls  millions  dMiectarcs  cl  sur 
peul-éîro  deux  millions  (riiomines.  La  suzerai- 
neté des  Lusitaniens  date  ici  des  jours  de  leur 
grandeur,  lorsrju'ils  régnaient  sur  toutes  les  c*Mes 
d'Arri(|ue,  de  Saiil.T-liniz  n  la  mer  Itouge.  quand 
ils  iKUis&aient  des  forts  sur  le  pliifenu  d'Atiyssinio 
el  (pi'ils  chereliaient  dans  rinlérieur  le  fabuleux 
royaume  du  Trètre  Jean, alors  quAIhuquerque  con- 
quêrail  dntis  llride  et  que  nai^slit  le  Hrésil.  plus 
prjuid,  [dus  merveilleux  que  l'Inde  uiénie.  Le  Por- 
tugal se  erul  trop  rirlie,  il  méprisa  TAfrique; 
(nul  au  plus  cssoya-lil  deux  lois  il'atleindre  les 
mines  d'or  de  Manica  et  de  Ctiicova.  Maintenant  la 
colonie  qui  aurait  pu  sVtcndrc  à  TinAni  sur  les 
terreâ  de   l'intérieur,   u*est   faîte  que  de  |»auvrus 


578 


LA   TKURK   A    VOL    U'OISEAU. 


coinpldirs ,    avec    f|iii'l(jm's    Tïliinfs    îuiiis   (k-    In 

StL'Slt'. 

Lii  liltai'J*!  portugais  s'appelle  d'nïjonl  le  Sufahi, 
(ruiie  villi'  firviouse  iJe  In  càie  où  Ton  a  cru  re- 
trouver l'Opiiir  de  Saluinou,  IMus  .'tu  rmrd,  l.i  rive 
a  nom  Monoinolapa  et  laisse  passer  le  Zaïiibèze, 
fleuve  qui  arrose  des  pays  de  grand  avenir,  souf 
j)eul-t^tre  les  cantons  que  ravage  la  Iséisé  :  où 
vole  celte  niouehe,  l'iionifue,  qui  brave  son  paisun, 
peut  vivre,  mais  il  n'élève  ni  bœufs,  ni  chevaux, 
ni  ehiens,  car  loulo  b^te  de  ces  trois  espèces  pi- 
quée par  la  Isétsê  LourdiiimnTite  est  une  brie  per- 
due; elle  languil,  mai.uriU  se  Iraine  et  meurt  quel- 
ques jours  après  rinslillation  du  venin;  c'osl  sur 
le  moyen  Zaïtibèze  ipfelle  est  le  [jIus  innombrable, 
aux  roseaux  du  pmu'Umr  des  palus.  La  rivale  de 
la  Ist^sé,  la  inoucfïe  dendérobo,  règne  loin  de 
lit  sur  un  moiiitlre  royaurne»  entre  la  mer  des 
Itidrs  el  les  laes  du  haut  Ml,  aux  aleaknirs  des 
monts  Djnro  ;  elle  ne  lue  pas  le  bœuf,  le  cheval  cl 
le  chien;  c'est  h  d'autivs  animaux  (pi'elle  est  lu- 
ïiesle.  il  l'àne,  à  la  chèvre,  à  hi  brebis,  taules  bêles 
sur  lesquelles  le  venin  de  la  (séisê  n'a  poiril 
d'em(»ire. 


Zambèze  :  la  Fumée-Tonnante.  Lac  Ifyassa. 
—  Louambedji,  l.ouaiube/j,  Andiézi,  Odjiînbêzi, 
tous  ces  noms  qui  n'en  son!  qu'un  veulent  dire  le 
fleuve,  la  rivière. 

Le  Zambèze  écoule  un  bassin  qu'on  estime  à 
lio  niilliotis  d'Iieclares,  aulaot  qur  France,  llfér'ie 
el  llalie  —  bassiu  où  il  semble  que  [a  lernr  excel- 
lente remporte  fort  sur  la  mauvaise,  la  mèdiocje 
ou  la  désiM'iique.  l*onr  le  volume,  il  vient  en  Afrique 
nu  tiiHsïèitie  tnïv^,  après  le  Coii^o  et  le  Niger, 
^vanl  le  Nil. 

Ne  de  petits  lacs  sur  un  plale;nj  marèraf^eux, 
vers  rJI')  mètres  d'aJlilude,  il  s'a[tpolle  d'abord 
Liba.  hèjà  birge  do  600  à  1)00  nudres,  sonvunlefois 
de  ITiOO  ilès  qu1l  a  re(;u  le  Liambèi,  il  bondit,  il 
écume  d;ms  les  cassures  de»  basaltes,  des  li'jqqis 
brmiSt  des  grès  :  à  la  chute  de  Goidia.  liaulc  dn 
15  mètres,  succèdent  deux  ciiscades  ayant  en- 
send)le  5<i  nn'»tres,  puis  le  faraud  saul  de  Kallè, 
puis  celui  de  Doinboué,  qui  n'a  que  2  mètres, 
puis  les  trois  tunibèes  de  Mamboué,  toules  ti'ois 
fort  basses,  enfin  le  puissant  abat  d'eau  de  Kaliina 
Woriro. 

Au-dessmis  du  Teliobè  ou  Couando.  vaste  tribu- 
taire aux  bords  désolés  par  la  mouche  Isèlsé,  des 
rapides  annoncent  la  Fuinèc-Tonnanle  (Mosi-oa-Tou- 


nial  que  les  Any:lais.  jaloux  des  beaux  noms  st> 
nores,  ont  uonunèi»  Victoria,  de  peur  de  l*ap|>eler 
Albert.    Kn   in'ri\unl   à   la  lèvre  de  cet  abime.  lej 
Zambèze  est  encoie  à   795  mètres  au-dessus  qui 
mers. 

1 19  mètres  de  l)ond  permettent  à  la  Fumèe-Ton- 
nanle  de  mè[>riser  la  i<  bassesse  »  du  Niagara,  qui  ■ 
ne  toiejbe  que  de  45  à  49  mètres.  Le  fleuve  d'A- 
frique ne  se  jette  pas  comme  le  fleuve  américain  j 
dans  un  ample  bassin  par  un  vaste  1er  à  cheval; 
il  s'abat  dans  la  lissure  d'une  rocfie  basaltique,  ea| 
une  cassure  de  HitlO  mètres  ile  long,   de   l.'O  de] 
pn*fondeur.  n'ayant  en  haut  que  100  mètres  dei 
large,  en   bas  que  44.   Celte  fêlure  boit  loul  à 
cou[i  h'  Zambèze  sur  loute  s;i  hiri;eiir.  devant  une 
ile  dortt   les  cocotiers  rapiH'Ilenl  rjue   le  ciel  du 
Tropique  luit  sur  cette  merveille  de  la   nature, 
connue  le  ciel  dti  Nm-d.  jtlein  de  flocons  de  nei^'C, - 
pèse  obscurèmeol  >ui'  bits  cataractes  de  la  St-andi-l 
navie  ou  du  Canada.  Au-dessus  des  flots  étranglés, 
broyés  dans  le  fond  de  Fabime,  les  colonnes  d<; 
vapeur  montent  à  tiOO  mèln-s,  bien  plus  haut  que 
b's  [)arois  du  goufl're  :  elles  signalent  de  loin  le 
miracle  des  eaux,  l'écume  la   plus  blanche  entre  « 
les  pierres  noires. 

De  cette   brisure  immïe  jusqu'au  conRuenl  du 
(]jd'oin>  le  fleu\e  se   ronqd  quatre    Ibis  encore  : 
aux  rapides  de  Kansalo  el  de  NakalH'dê,  ;i  la  rhutiî 
de  Kariona.  aux  rebouiïles  de  Kokololé;  après  qutu*. 
{lassûiit  du  basalte  aux  yranits,  aux  syénites.  il  se, 
eoiitracte  à  40  mèlres  au  saut  de  Morouud^aouarl 
liant  de  \)  mètres;  puis  \iemient,  à  20  kilomètres^ 
en  amuni  du  cumptoir  pfïiluj^ais  de  Télé,  les  rapi' 
des  de  Kébrabiisa,   dans  un  étroit  où  les  grandes 
ciues  relèveid  le  fleuve  de  2i  mètres  :  ces  boud- 
lotiiicmenls  ai-rèlent  les  embarcations  pendant  l.i 
saison  sèclie,  mais  dans  les  grandes  eau\  ils  ne 
rideni  ménn*  pas  le  Zambèze.  A  Télé  le  fleuve  a  j 
2    kilomètres  et  ilenii   de   largeur,    mais   bientAli 
il  se  resserre  encore,  aux  monts  de  Lupala,  jusqu'à 
n'avoir  guère  que  !200  h  500  mètres. 

Lu  aval  de  Senha  le  fleuve  absorbe  le  Clilré, 
rivière  de  4tiO  kilomètres  épanchée  par  le  lac 
Nyassa. 

Ce  lac  rappelle  presque  exoclemeni  le  Ton- 
ganyika»  letjuid  a  sa  [lointe  sud  à  300  kilomètres 
à  peine  de  la  pointe  nord  du  Nyassa  :  JI  eal  un  peu 
moins  long,  mais  il  a  la  nn^me  largeur  nu  peu  j 
s'en  faut,  presque  même  surface,  et  même  orim- 
tution,  et  même  encadrement  de  hantes  monta- 
gnes ;  seulement  le  Nyassa  n*est  qu\i  480  mè- 
tres au-dessus  des  mers,  le  Tanganyika  miroitant 


U  l-uiiict-Tou(uiulc  —  iktk>in  du  A.  tic  ll^r,  d'uj.if»  L)viin,-ilyijc. 


0.    ItKCLtl.    Lk    ThfeMA!    ik    \t>L    bOIMUO. 


73 


L 


S7ft 


L\   TERHK   A   VOL   li'OlSEALL 


h  780.  Depuis  le  très  peu  d'anm^es  qu'on  l'observe, 
il  semble  Oln*  en  voie  de  dessiccalion  ;  les  monts 
du  pourtour  ne  tf>ml)oiil  plus  drnil  ilane  k»  floi,  ils 
en  sont  sépan'îs  \r,iv  nn  plan  daliuvions  conquis  sur 
«rantiques  abliiies  des  eaux,  par  une  plaine  dont 
la  (\  masï^ika  »  fait  un  marécage  liabitt»  d'êli'phanls 
on  grand  nombre.  IVl  (piûl,  large  de  t!5  ^  90  kilo- 
mètres, il  s'allonge  sur  550  kilomètres,  du  nord  ou 
le  dojiûne  la  diaiiie  de  Livingstune,  au  sud  où  s*é- 
cbappc  le  Cbii'ûs  qu'un  long  i-essaul  de  cascades 
abaisse  de  plusieurs  cenltiines  de  mètres;  aussi  les 
vaisseaux  ne  montent-ils  pds  au  Nyassa,  ce  Lt^nian 
zambéiien  de  5G83UU0  hectares,  dont  l'Angleterre 


vient  de  llibusler  la  rive  gauche  aux  Porlugaîs 
parce  que  des  missionnaires  écossais  y  prêchent 
ri'Jvangile  du  règne  de  Dieu. 

Après  avoir  bu  le  Cliirê,  le  Zambêxe  entre  daus 
son  délia  de  800000  hectares.  Parmi  ses  branches 
ê[)anûuies.  In  plus  grande.  Kounma  ou  liouabo,  na- 
vigable en  Loul  temps,  s'aclièvc  sur  une  b.'irre;  le 
Kouakoua  ou  bras  de  Quiliniane  se  dissout  en 
marais  pendant  la  saison  sèche.  Bras,  faux  bras, 
niaiais,  coulées  et  le  fleuve  lui-même  donnent 
Teau  et  la  vase  h  des  crocodiles  friands  de  toute 
viande,  y  compris  la  chair  humaine. 

On  donne  au  Zanibèze  2600  kilomètres  de  cours 


Zanzibar  :  tuo  g^nèrsle.  —  Desiin  do  lUou,  tl'aprè»  une  phol(^^phifi. 


pour  t7C0  h  vul  d  oiseau  lie  la  source  aux  em- 
bouchures, qui  regardent  de  loin  la  rive  occi- 
dentale de  Madagascar.  Entre  autres  rivières,  il 
porte  h  l'Oci-an  le  Loenia  brun  clair,  le  Lounga- 
é-Oungo,  paisible  comme  la  Sa^ne,  la  vcile  Liba, 
le  Liambèi,  le  Tehohé»  pn^stpn»  aussi  long  t|ue  la 
Loii"e,  le  riu;*y  (jut  a  2'>0  mètres  de  large,  le  Ca- 
foué  qui  en  a  500,  le  puissant  Loangoua  (000  ki- 
lomètres), enfin  le  Cliirt^  que  lui  verse  le  seul  très 
gratid  lac  de  son  bassin. 


Mozambique,  Zanzibar.  Les  Vouasaouahilis. 

—  Au  nurd  du  Zatidièze,  le  litloral  l'ait  face  à  Ma- 
dtigaticar;  il  reslc  porlu^^is  juscju'au  cnp  Delgado 
qui  marque  le  délia  de  la  Dovoumn,  fletjve  dont  le 
cours  infèrieurs(>pare  ntainleuant  les  Lusilunleas  au 
sud  des  Allemands  au  nord. 


Ce  rivage  k  néo-btin  »  qu'ont  si  peu  modelé  les 
fds  de  Lusus,  c'est  le  Mo2ambi(}uc  :  il  s'appelle 
ainsi  d'une  ville  de  7000  âmes  biitie  sur  un  ècueil 
volcanique  voisin  de  la  plage  de  Mozambique, 
port  qui  embarqua  pendant  des  siècles  d'innom- 
brables milliers  d'esclaves  pour  los  plantations  de 
rAmérique.  Presque  toute  celle  càU*  est  malsaine 
et  le  Portugal  y  déporte  des  condamnés  qui  n'y 
font  pas  de  vieux  os.  Les  deux  ou  Irois  mille 
H  Blancs  »  de  la  cidonie  soïit  piincipalemenl  des 
Arabes  ou  des  Hindous  de  Goa,  Diu  et  Damâo. 

Au  delà  du  tli'uve  Hovouma  commence  la  longuo 
e<He  du  Zan/ibur.  avec  les  villes,  jiidis  portugaises, 
de  Uuiloa  (ihm\  liab.),  Mombas(lôOOO  iiab.),Mè- 
lirtde,  qui  furent  puris  de  Iraile,  el  l'ile  de  Zan- 
zibar, d'uiï  tii'c  son  nom  cette  rive  qui  ne  s'ar- 
rête   que   sous   l'Kquateur,    au  fleuve   Djoub.  n«i 


ZAMBÈZE  ET  COTE   ORIENTALE. 


>79 


sur  li»s  nionlngnes  des  sauvajïos  Gallas.  Zanzibar 
(80000  liab,)i  OH  rt*sidnit  le  maiti-e  de  ce  long 
liUural,  a  son  sile  en  uiip  île  liomonyme,  vasle  de 
159100  IiectAj'es,  à  iSl  kilaiiit-lres  du  continent. 
Sur  la  ville,  autrefois   grand  marché  d'eselaves. 


sur  l'ile  011  de  plus  en  plus  la  forêt  lissée  de 
lianes  fuit  place  aux  cucoliers  et  aux  giruJliers, 
Iti'se  un  lourd  climat  d*uiie  moyenne  de  27  degrés, 
fïvec  11)40  millimètres  de  pluie  par  an.  Étant  ori- 
ginaire de  ^Inscate  en  Arabie,  le  sultan  de  Zanzibar 


MuMiloMu  de  Ztiiiibir.  —  Gravure  do  TUiriat,  d'iprte  une  pbologmplùo. 


(Appebiit  jusqu'à  ces  dernières  années  Tinian  de 
Nnsrale. 

Réeeninient  celai!  le  stipendié  de  l'Angle- 
lern'  qui,  de  Zanzibar,  visait  ouvt'i'lt'irii'nl  les 
Grands  lacs,  le  (A)ngo,  loule  l'Afrique  inié- 
rieure.  conformément  h  la  devise  :  a  Du  Cap 
à  Alexandrie  1   »    arborée  h  Londres  et  dans  les 


colonies  brilaiiniquos  du  «  Irianglo  austral  » . 
M-tis  l'Allemagne,  devançant  Albion,  s'est  cam- 
pée là,  sur  six  degi'és  de  littoral  du  sud  nu  nord, 
entre  les  Portugais  du  Mozambique  et  les  Anglais 
qui  ont  gardé  la  côte  entre  te  fleuve  Ouanga.  où 
cessent  les  Teutons,  et  le  Meuve  lijoub,  où  commen- 
ctni  les  Italiens. 


^ 


csa 


I.V   TEIinE   A   VOL   I)T)ISEAU. 


De  h  moi'  des  IniJcs  :ui\  Irois  grands  lacs 
A'ictorîii,  Tjjiigîinyika.  Nyassa,  t*llt;  opûre  en 
ces  lieux  sur  pr^s  de  5  nnlliuns  d'Iiornines  et 
sur  enviriMi  %  njillioiis  d'heclaivs,  hauls  pla- 
teuux,  liaules  montagnes  ',  belles  vallées,  forles 
rivit'res  où  lu  saison  dus  pluies  dùcfiaîm* 
tl'itiiiiieiises  lonvnis  :  en  somme,  rêL^itm  su- 
perbe,    leire    d'avenir    que     IfS    Anglais    ii'oiil 


mjée  <pie   la  mort  dans  rànie  ^  leurs  bons  amis, 
cousins  et  coreligionnaires. 

Entre  le  cjip  lîel*r;ido  el  le  fleuve  lijoul»,  dont  lej 
b;isstn  <li'[)asse  penl-iHre  la  France,  dans  V  a  Afri- 
i|ue  orii*nlile  allemande  »,  connue  dans  l' n  Afrique 
orientale  an<:laise  i>,  les  peuples  parlent  des  lanpies 
eu  rappncl  île  [tarenté  avec  le  ^iMiul  idituut;  ban- 
lou;  leur  sang,  auquel  se  niOla  de  toui  teiiips  celui 


p_f^^^ 


Somalis.  (Voy.  p.  5S2 }  —  Dcttin  de  IloEgal,  il'aprèt  une  pbolqgnphle. 


des  Arabes,  semble  les  raltaelïer  l'-g-aleinenl  aux 
Cufres,  aux  lîétchuuanas  et  autres  Nètfrnïdes  ou 
Cuivrés  de  l'Afrique  du  Sud  el  de  l'Afrique  du 
Centre.  On  les  réunît  sous  le  nom  tle  Youasaoua- 
hîlis  ou  Souahélis,  lir*!î  du  mol  aiabe  saheU  qui 
peut  dire  littoral.  A  côté  de  leurs  divers  dialectes, 
beaucoup  de  gens  de  celle  race  hybride  parlent 
In  langue  du  Coran  :  les  Mahoniétans  d'abord 
—  cnr  ûnonnpr  les  versets  du  Livre  est  le  vœu  de 
1.  Jusqu'il  GOOO  uictres,  au  Kiliina  ^djaro. 


tout  Vrai  Cropnl  — jïuis  les  Païens,  pnrce  que  les 
Arabes  eurent  toujours  une  grande  iniluence  parmi 
les  <i  liommes  du  liltoral  »,  comme  guernei*s,  po- 
tculats,  chasseurs  d'esrlaves,  marchands,  conver- 
tisseurs au  hieu  unique.  Il  y  a  nombre  de  Ba- 
nyans,  négociants  venus  de  llnde.  dans  les  places 
de  commerce  de  ce  Sahel  el  des  lies  de  corail  que 
raccompagnent. 

Les  Somal  ou  Somalis. —  L'Equateur  dépas8Ô«| 


I 

I 
d 


I 

M 
S 

>3 


589 


LA   TEURK  A    VOL    D^OlSEAll. 


la  n.iltiro  pcnl  son  opulunce  ul  lu  j'iva^a*  piviitl 
raridilé  du  drticrl  :  la  ciMe  se  (ItTOulo,  èt'lalnnlti, 
eriiljras(k\  niorrte,  au  nonl-est  jirsijir;iii  cap  (iiiiir- 
dafui,  jndiîj  cujj  dos  Aroiiuites,  puis  ii  ^ouo^l  à  |)arlir 
de  co  [Jrorriotitoii'o  st-paranl  h*.  ;^idlV  (fAdi'n  il*  hi 
mor  di'S  IiuK's.  C>\s  deux  lignes  d*j  !illo]':il,  l'iuio 
brus(|uem»MU  et  plus  tjiit!  |nM'jîi'ndieulairenuMil  iv- 
plovvo  sui'  i'fuilj'O.  oiifL'niiiîiil  la  prrsiju'ilo  des  So- 
malis,  sl'uIl'  puissanLti  proliiliriMiicL»  de  l'Afrique. 


Pniinsule  slérile  doiil  les  torrents  presque  éler- 
nellonioiit  \i<los  ne  fonnent  aucun  fleuve  allanl  à 
la  iviicujilre  di^  la  nier;  il  faut  un  orage  iinrneiis<\ 
encombrant  luut  le  ciel,  pour  y  Inicer  de  vrais 
cours  tie  rivière,  nu  pied  de  vieux  volcans  morts 
ou  qui  dorment,  entre  Jes  cuUineâ  aromatiques — 
ear  la  terre  des  Sonialis  est  essentiellenienl  le  pays 
des  p.irrunis,  des  essences,  des  gttmmes  odorantes. 
Mais  CCS  déluges  sont  nu'es  sur  les  monts  ardents, , 


^^^^ 


^,'44^     à  é^ -  ^/  ,  ^%^<^if>x  tV^ 


riitî: 


Village  somaU.  —  Dessin  Je  FIioq,  d'après  uue  photographie. 


ici  cnlcîiires,  lu  volcaniques,  presque  partout  de 
simple  et  franclie  (utditè. 

Oii  dil  les  Sornalis  tourbes,  vindicatifs,  sournois 
et  féroces;  ils  ainieiil  la  ^Mierre, qu'ils  rummenc^uil 
à  fairt^  nu  tïisil,  qtrils  r;u>aien1  autrefois  avec  lare 
et  la  flèche,  h\  fronde,  la  massue^  la  lance  et  le 
bouclii^r.  Le  pillage  leur  est  dnux,  mais  sauf  quel- 
ques jwMivres  ra/.zias  de  tribu  à  trilui.  de  villag^c  de 
paille  ou  de  peaux  à  village  aussi  do  peaux  ou  de 
cFianine,  ils  n'oiil  d*autre  aubnine  que  le  naufrage 
des  naviies  sur  leur  côte  <[e  fer. 

Leurs  traits,  leurs  couleui-s,  nuances  et  chaloie- 
mpuls  de  teint,  monlj-ent  qu'ils  ont  deux  origines; 
le  sang  arabe  s'est  uni  chez  eux  et  s'unil  encore 


à  celui  des  Négroïdes  et  Nègres  du  pays  de  haut 
ndief  qui  se  dresse  h  leur  occident,  par  delà  leurs 
mollis  inoveris  et  leur  (itels  de  ravines  ;  euv-mùmes 
se  disent  aussi  volontiers  fils  des  Gallas  que  lits 
des  Arabes  dont  ils  onLret;u  l'Islam  et  la  langue  du 
Livre,  —  mais  ni  celte  religion  ni  cet  idiome  n'ont 
encore  conquis  toute  cette  nation  rebelle  aux  es- 
clavages. 

L'Italie  s'est  attribué  le  protectorat  des  Sornalis. 
de  reinbouchure  du  lïjoub.  c'est-à-dire  de  l'Equa- 
teur on  à  peu  pièsi  juscjuau  8"  degré  nord;  le  reste 
du  littoral  sonial  est  ù  l'Angleterre,  Uinl  sur 
l'océan  des  Indes  <pie  sur  la  rive  méridionale  du 
golfe  d'Aden,  ù  partir  du  cap  Guurdafui. 


LES  AÇOnES. 


585 


ILES  D'AFRIQUE 


LES  AÇORES 


Açores.  Âçoriens.  La  mer  de  Sargasses.  — 

Pourquoi  f;iil  (ïti  pivserU  dvs  Avoros.  ;irclii|)i'l  lusi- 
tmisant,  au  «  noir  »  foiiliiiiMit  d'Alriqu**,  puis- 
qu'elles sont  aussi  près  de  l'Europo  et  sous  une 
Inlitudo  encore  europiV'nruN  hkn  (jue  Irès  méri- 
dionale? Peut-»>lre  p«Trco  que  Mjuit^ro  ol  les  îles  du 
Cap  Ver(,  autres  an^hifiels  j^orlut^ais,  se  lèvent  dans 
une  mer  réellement  africaine.  Les  Açoi'es  se  dres- 
sent en  face  de  rEstrèmadure,  de  l'Aleiiilejo,  de 
l'Algarve,  à  1(10(1  kilomètres  de  la  mère  patrie»  sur 
le  ehemiii  de  ijsijunne  à  New-York.  On  doit  dire  : 
se  dresst*nl,  car  elles  sont  hautes,  escarpées. 

Il  y  en  a  neuf,  plus  des  îlots  :  en  tout,  258  85u 
hectares  avec  '270  000  unies. 

La  mohidre,  en  même  temps  que  la  plus  au  nord, 
Corvo,  n'a  que  880  habitants,  autour  d'un  pie  de 
777  mètres. 

Irfi  fertile  Florès  ou  les  Fleurs,  proche  voisine 
de  Corvo  dont  J7  50O  mèlres  seulement  la  sépa- 
rent, contient  une  dizaine  de  mille  hottnites  sur 
une  rive  accore  et  dans  des  vallons  descendaul  du 
Mono  Gratide  (942  mètres). 

Plus  de  200  kilomètres  sëparcnl  Corvo  et  Florès 
du  grand  noyau  des  Arores,  qui  comprend  les  îles 
de  Gniciosa,  Terceira,  Sâo  Jorge,  0  Fayal  et  !*iro. 

Graciosa  ou  Gracieuse,  charmante  en  t^fTot 
quoique  sans  f<»r(?ts,  ne  s'élève  qu'à  ."9G  mètres  ; 
8500  hommes  y  vivent.  En  petitesse,  c'est  la 
deuxième  des  Açores. 

Terceira,  seconde  en  grandeur,  helle  et  féconde, 
possède  la  capitale  des  neuf  iles,  Angra;  sa  Chiiu- 
dière  de  Santa  Barbara  (1067  mètres)  dit  par  son 
nom  que  les  45  000  Terceiros  habitent  un  sol 
plcoiiique. 

Jorge  (Saint-Georges),  di&  fois  filus  lungne 

S*  kilomètres)  que  lar^e,  portf  un  volcan  de  près 

de  lOiH)  mètres,  singulièrement  nommé  pic  d'Es- 

jHVanrc,  qui  ravagea  l'ilc  en  1808  :  c'est  la  patrie 

de  18  *>00  persotmes. 

O  Faynl  (la  Héliaie)  a   îles  bois,  |M>inl  de  ruis- 

But.  des  puits,  une  ville  dite  Horta  et  35000  in- 
ilaire». 


0  Pico  (le  Pic)  émerge  a  0  kiromètn?s  du  Payai. 
Nulle  ne  se  voit  d'aussi  loin,  carson  («  pic  <».  volcan 
qui  fume  encore,  monte  à  2222  mètres  et  luit  de 
neige  |*ctuhirit  quatre  mois  de  l'année.  28000  per- 
î^onnes  y  tlemeurenl;  son  sol  est  pauvre,  son  vin 
riclie. 

SAo  Miguel  ou  Saint- Michel,  première  en  gran- 
deur, première  eu  peuple,  nouriïl  plus  de  120  000 
htimmes,  presque  la  moitié  des  Açoriens.  Fort 
éloignée  du  grcnipe  rentrai,  au  sud  est,  c'est  un 
petit  inonde  à  part  ayant  son  Pico  da  Yarra 
(1089  mètres),  sa  grande  ville.  l*onta  Delgada. 

Santa  Maria  ou  Sainte-Maj-ie,  la  |)lus  méridio- 
nale des  Açores,  s'élève  h  hlO  uiïtres  (i'ieo  Alto); 
elle  entretient  60OO  i[tdividus. 

Tout  ctda  volcanique,  et  pres<|ue  parloul  fertilt* 
en  ses  laves  délitées,  dans  un  i^SAissant  eliiiial 
d'une  moyenne  de  1 7  a  18  degrés,  semblable  â  celui 
du  Portugal  méridional,  mais  avec  plus  de  dou- 
ceur, [)lus  de  constance,  plus  d'eau  du  ciel;  peu 
de  vallons  y  sont  barricadés  contre  la  brise  de 
mer,  élément  de  jr)ie  franche  et  principe  de  vie.  ' 
On  y  voit  des  orangers  mêlant  vingleiuq  mille 
fruits  d'or  à  la  vcnlure  de  leurs  rameaux. 

Quand  les  Portugais  débarquèrent  en  1452  dans 
ces  îles  aui  rives  raides,  ils  n'y  tiouvèrent  ni 
lumimes»  ni  grandes  bètes;  ils  y  apportèrent  le-s 
animaux  d'Hiirope,  mais  Farehipel  [laya  ce  surcroît 
de  vie  parla  ruine  de  s«^s  forêts  et  il  ne  reste  guère 
aux  Açores  que  bouquets  de  cèdres,  pins,  sajiins, 
cl  çà  cl  là  les  arbustes  du  maquis  mêridionnl. 

Issus  du  sang  de  Portugal  avec  un  certain  mé- 
lange de  san^  Hnmand.  ces  insulaires,  nation  très 
féconde,  très  émigrante,  ont  priuligieusemcnt  es- 
saimé vei*s  la  trompeuse  Amérique,  et  il  se  peut 
qu'il  y  ait  infinin)ent  plus  d'Açoriens  lioi-s  des 
Açoivs  que  dans  les  Açores.  Aussi  les  neuf  Iles 
rroisseul-elh's  lentement  en  peuple,  malgré  la  très 
f<»rtr'  îialalité;  même  a  telle  ou  telle  époque  elles 
ont  décru.  Les  Açoriens  furent  les  premiers  co- 
lons de  régions  bré'siliennes  grandes  comme  des 
royaumes,  et  depuis  des   siècles  ils   voguent    h 


5g4 


l,\    TKnnK    A    VOI     n-OlSEAT. 


pleins  navires  pour  le  Brésil,  les  Antilles,  la 
Guyane  anglaise,  les  Sandwich,  les  Élats-Unis, 
vaiiv,  djl-on,  [lour  uim  j^ruvinre  niL'lropolil.TiiH*. 
l'Algarve.  Franchir  In  mor  pliit  h  cos  iiofiirnes  nt's 
prascpie  lous  dans  des  villages  d'où  Ton  voit  l'U- 
vviin,  si  môme  ils  n'ont  pns  vu  le  jour  an  vont  du 
large,  dans  queli|ue  niiiisnn  lidoriile  oi'i  [lasse  la 
voix  gr:ive  des  Ilots;  beaucoup  s'en  vont  tous 
les  lins  dans  h  gratuK-  lusilaiiii»  d' Vnirriquo , 
comme  les  maçons  de  la  Min;lie  el  du  Limou- 
sin vont  à  Paris;  ils  s'y  louent  pour  la  recolle, 
font  f|Ufl<pies  économies,  reprennent  la  mer 
et  rcnlrenl  au   loyis   justjuà  la  saisun  suivante. 


La  capitaL\  Angra  do  lleroïsmo.  en  Terceira,  n*a 
guère  que  12  000  Ames  —  0000  de  moins  qufl 
Piuihi  Helgada,  en  Sào  Mig'Ucl. 

Au  stid-onest  de  c<'t  areliipt'l,  dans  la  direction 
des  AnIilleSt  des  fueus  aj^pelés  raisins  des  Tropi- 
f]Ui^s  s»Hil  soutenus  tvn  [irairies  par  des  vésiculesj 
pl<Miies  d';dr,  sur  la  surface  de  l'Océan  où  ils  ne 
plongent  point  de  racines.  Ils  recouvrent  de  leur 
laftis  d'un  vert  rouilleux  au  moins  400  millions' 
d'I ha- lares,  espace  ég;ïl  à  se[it  ou  huit  fuis  la 
Fniiice  qui  a  nom  la  mer  de  Sargasses.  Il  y  a 
dnulies  champs  de  fucus,  également  immenses, 
dans  l'Atlanlique  et  le  Pacillque. 


MADÈRE 


Madère;  les  Hadériens,  leur  essaimage.  — 
Yasie,  avec  ses  nniu'Xfs,  de  81  îjOO  lu'clares,  Mtidêrf 
b'élance  des  (Kds  africains,  mer  liés  profonde  ici, 
sur  la  route  entre  les  Açores  et  le  rivage  méridio- 
nal du  Maroc,  à  peu  pri*s  h  mi-chemin  de  ces  îlos  à 
ce  conlinenl,  à  presque  éi^ale  ilistance  du  ÔO'*L'ldu 
55*  degré  de  latitude.  Elle  a  trois  dépendances  : 

Porto  Santo  fait  lo  tour  d'un  mont  volcanique; 
sur  5000  li04"(ai'os  elle  jjorte  1750  JiaLitants  de 
juîr  sang  lusitanien  :  c'est  par  elle  que  les  Por- 
tugais iiiaugnrérenl  en  1418  l'odyssée  {le  leurs 
découvertes;  les  Oos  Sanlos  sont  minuscules;  trois 
écuciis   forrni'nt  les  Iles  Désertes. 

Trnile  en  mnnis,  toute  en  gorges  sur  sa  longueur 
de  Itli  kilinnèlrcs  :  monts  vulraniques.  goi'js^es  de 
laves  et  hnsalles.  Le  Pico  Ruivo  ou  Pic  lUnix,  sa 
tête  la  plus  haute,  a  18i7  mètres. 

Nues,  les  pentes  d'un  rouge  nainUre  ou  d'un 
neir  nuigeilli-e  cuisent  U  l'iiicatidescenl  s<detl;  à 
Parrivée  des  Portugais  la  grande  forél  ond)ra- 
geait  tous  ces  monts,  opaque,  touffue,  créant  les 
rios  en  lent[>s  de  [iluie,  les  cttnsei'vant  en  temjis 
de  séclieresse;  (''esl  niénn^  de  celte  parure  sylves- 
tre que  Pile  tir^  son  nom  :  en  langue  lusita- 
nienne, Madeira  signifie  bois  —  c'est  le  même  mol 
4[ue  chez,  nous  madrier. 

Elle  n'u  [luinl  les  orangeries  des  Açores,  odo- 
rants jarilins  d'Armîde,  et  Peîdium,  puis  le  [Jivl- 
loxéra  oïd  presquu  détruit  son  vignoble  lameuî, 


la  richesse  et  l'honneur  de  Plie,  mais  on  le  re- 
fJante,  et  la  lave  esl  si  fécoiide  ici  qu'elle  peut  res- 
tauier  tout  re  cpji  a  souffert,  et  donner  vie  intense 
à  toutes  les  seuunices,  a  iousi  les  lejelons  atniant 
les  cioux  ardenîs  d'irù  ne  lenibe  pas  de  f)luie  tro- 
picale, Ik'puis  quelques  lusd'es  d'années  elle  a 
parmi  ses  Madériens  beaucoup  de  poilrinaii-es,  des 
Anglais  sui'lout,  vrnus  pour  prolonger  leursouffle. 
parfois  niértje,  grâce  h  l'admirable  climat,  sauver 
le  peu  d  années  qui  sont  notre  lot  d'évolution. 

Les  lïi5  000  Madériens,  Lusitaniens  un  peu  mêlés 
de  Noirs,  sont  île  lions  catholiques,  des  lionimes 
[jolis,  loyaux,  paeitiques,  pndifiquos,  parlant  avec 
douceur  la  huigue  di»  PortugîiL  Ils  émigreiU  autant 
que  les  Acoriens  leni's  frères,  vers  le  Brésil,  la 
(iuyane  an;;laise,  les  Antilles,  les  Sandwich,  le 
tiafj  de  Bonne-Espérance.  Ils  parletït  surtout  pour 
Itémèrarn,  dans  la  souvent  mortelle  Guyane  :  eux 
qui  vivent  dans  un  aîr  tiède,  odorant,  sahihre.  ils 
vont  ]iar  bandes  au  [lays  des  vases  cliaufléi's,  des 
crajiands  pijias,  des  fièvres,  des  ndes  précoces; 
ils  y  ('on(ienl  la  raime,  ils  y  font  le  surre,  ils  s'y 
livivnl  il  d'Iiunildes  itièliei's,  ils  y  tiennent  bou- 
tique, vivant  de  jialience  et  de  sobriété,  presque 
l(Uis  sans  vol  et  wuis  doi;  les  plus  heureux  revien- 
nent dans  Pile  natale,  givinds  ou  petits  rentiers 
fiers  de  leur  surnom  de  <(  Demeroristas  o. 

Le  siège  des  autorités,  t*  i''unehal  Ile  champ 
de  l'enouilj,  esl  une  cité  de  '21  000  âmes. 


i 


Pie  de  Tétiérité.  (Vvj.  p.  586.)  —  Bessin  de  Daubigny. 


CANARIES 


les  Canaries,  le  pic  de  Teyde.  —  Los  Canaries, 
^terrc  i'siki;,'ii».»K',  fout  face  aux  rivages  siui-oreideii- 

lux  du  Maroc,  vers  les  parapes  oii  renipire  Bar- 

res4]ue  coiiline  au  Grand  Désert.  Ce  sonl  les  Ile;* 
Fortutii^eî)  des  Ancien»,  prdues  de  vue  dans  les 
léuèbros  du  moyen  âge.  retrouvées,  dit-on,  par  les 
Génoift  en  1295,  colonisées  par  les  Espagnols  à 
prtir  de  ii78.  Avant  de  deverïir  castillanes,  elles 
furent  en  partie  conquises  (1402)  jvnr  un  Français 
normand,  Jean  do  Bêtliencaurl.  rjui  repose  dans 
l'église  d'un  village  du  pays  de  (iiiux.  à  (irainville- 
la-Teinluriére,  au  bord  d'un  tout  petit  fleuve  cou- 
rant à  la  Manche. 

Cet  urchip*'!  de  70'JiOO  hectares  est  fait  de  sept 
gmndrs  iirs  (K'uplécset  de  cint)  petites  iks  vides; 
288  000  hununes  l'habitent. 

0.  Ilsan.  La  Tiau  a  vol  d'oiiuo. 


Fuertéventiira ,  noire  Fortaventure ,  l'antique 
Makiiorata,  quatœ  fois  moins  large  que  longue 
(100  kilomètres),  s*élève  à  855  métrés,  aux  Ure- 
jas  del  Asn()  (Oreilles  d'îïnc).  Aucune  Canarie  n'est 
nussi  proche  de  la  côte  que  cette  île  volcanique» 
imptuvieuse,  quelque  peu  déserlîque,  où  ne  vî* 
vent  guère  que  12000  personnes  sur  172000  hec- 
tares. 

Lanzarote,  notre  Lanceroto,  interrompt  les  fluls 
cannriens  h  11  kilnmétj'es  seulement  au  nord>ost 
lie  Fnorlaveiitiira.  Hlle  porte  un  mont  de  084  mè- 
tres, le  Fainara,  et  d'immenses  laves,  témoins  d'é- 
ruptions modernes.  Ilots  compris,  elle  diminne 
les  mers  do  74  100  hectares. 

Gran  Canaria,  notre  Grande  Canarie.  se  dresse 
à   80   kilomètres  à  l'occident  de  Fuertéventuni  ; 


586 


LA   TERRE   A   VOL    D'OISEAU. 


elle  a  1^7  600  hectares  avec  un  |ii(*  dt»  iOM  mr- 
ties.  \o  pitMi  <ii*  ](is  F**'chos  coiiiinntMl.irit  un  proufu^ 
Cttiilnîl  ti'uii  (iesoeiuieiit,  ilit-un,  103  bjuniiicos 
ou  ravins  en  éverilail;  sa  ville,  las  Palmas,  la  plus 
peup!<>e  dp  ran:lji|jf'L  Imnlt;  In  meilleure  haie  il*'s 
Canarleâ,  Iles  presque  [inrtoul  accores,  mal  taillées, 
sans  abris  sûrs  en  eau  profonde. 

TênérifiV,  eurru[>(i(Hi  !»  Lt  r,aslillane  dt*  l'-nieirn 
nom  de,  Cliiiierfé,  esL  à  quelque  00  kilonu»lres  noid- 
ouesl  de  Gran  Canaria.  Ses  19iG00  heclares  for- 
ment le  prêdesLal  d'une  des  cêlêliies  montagnes 
de  la  Teiie,  h?  pie  de  Teyde,  i[ui  fume  et  Jie 
gronde  pus,  m^ds  on  peut  riaîndre  encore  sa  unv 
chancelé.  Vêtue  de  relamas,  genùls  grisâtres,  celte 
pyramide  regarde  au  loin  son  archipel  et  sa  mer, 
de  5715  mètres  de  hatJleur,  presrpie  exactement 
L-ï  domination  du  MonlUlanc  au-dessus  de  Clia- 
mouix.  C'est  une  bien  belle  île  que  Ténêrift».  Hum- 
LoUlt  liit  avec  enlbousiusme  :  «  J'ai  vu,  dans  la 
zone  torride,  des  contrées  où  ta  nature  est  plus 
majestueuse,  plus  opulente  par  la  divei»siLê  do  ses 
formes,  mats  après  avuir  visité  les  Lords  de  l'O- 
rénoque,  les  cordillères  du  Pérou,  lea  belles  val- 
lées du  Mexique,  je  dois  le  déclarer,  je  n'ai  rien 
trouvé  de  si  varié  que  Tétîérifé,  rien  de  jdus  fas- 
cinant, de  plus  harmonieux  par  riioureux  mélange 
de  la  roche  et  de  la  verdure.  )>  Ailleurs  il  dit  aussi  : 
»  Pour  chasser  la  Triélanrolie  et  rendre  la  paix  h 
une  ame  douloureusement  rondialtue.je  ne  cuunais 
rien  comme  de  vivre  à  Ténérifé  ou  à  Madère.  » 
Tes  Canaries  mériteraient  donc  leur  ancien  nom 
d'Iles  Fortunées  s'il  ne  leur  tundjait  du  ciel  trop 
de  soleil  contre  trop  peu  de  pluie  cl  si  trop  de 
sauterelles  n'arrivaienï  jwrfois  de  Torient,  du 
S;diara,  par-di'ssus  la  mer,  en  nuages  livides. 

De  Ténéi'ifé  -à  Goméra  l'on  ne  traverse,  alLinl 
à  l'ouest,  que  27  kilomètres  de  vngue  salée  :  Go- 
niéi'ii  (57  SOI)  fiec tares)  reconnaît  ]>ôur  cime  su- 
prême la  Gumhre  Garojona  (1540  mètres). 

•Dorne  nord-ouest  de  Tarchipel,  Palma  {7t2GO() 
lieclares),  que  56  kilomètres  sé|iarenl  de  Goméra, 
p(u*te  un  jiiontde  2556  mètres,  le  pico  de  la  Cruz, 
cl  un  cratère  sans  é{jal  aux  Canaries,  la  Caldera 
ou  Chaudière,  large  de  5  à  6  kilomètres,  avec 
parois  de  500  à  600  uièlres  de  hauteur  se  conti- 
nuant encore  de  600  à  UOO  par  le  versaut  pres- 
que droit  des  Muchachos  (2100  mètres);  cette 
<rl(audière,  par  grand  bonhmir,  ne  bout  plus,  et 
depuis  l'an  1(>77  aucun  volcan  n'a  craché  sur 
l*ahna. 

Hierro,  notre  île  t\o  Fer.  ang^le  sud-ouest  des  Ca- 
naries, à  62  kilomètres  de  Goméra,  dresse  un  mont 


de  1520  mètres.  Sa  célébrité  grande  vient  de  ce 
que  des  mifliors,  des  millions  de  cartes  ont  fait 
(1  font  encore  partir  leui's  méridiens  de  cette 
litiriit)lL'  avanl-f^arde  des  Canaries  dans  TOcéan'. 
Ses  27  800  ln-efares  seulement  lui  donnent  le  der- 
nier rang  jiainii  les  Iles  majeures  de  l'urchipel; 
les  îles  mineures  sont  :  Lobos,  annexe  de  Fuertè- 
ventiira,  Graciosa.  .Alegranxa,  Montana  Clara,  elj 
li's  deux  Roquetes,  toutes  annexes  de  Lanzarote. 

Les  Gnanches.  Les  Isleâos  et  leur  émigra- 
tion. —  Les  21)2  OUO  Canarioles  ont  dans  les  veines  i 
dn  sang  es[)agnol,  surtout  andalou,  du  sang  na- 1 
mand,  du  sang  nunnand.  du  sang  irlandais,  no-j 
lammenl  à  Orotava  et  nulres  bourgs  de  Téuérifé,  , 
quelque  peu  de  s^mg  noir,  et  assez  de  sang  guanche 
pour  «ju'on  ait  osé  dire  que  «  le  Canarien  moderne  | 
est  un  Guanche  baptisé   ».  A  l'arrivée  des  Euro-  : 
péens  dans  Tarchlpel,   les  Guanches  étaient  une 
jieuplade  agricole  qui  se  rattachait  probablement! 
:iu  tronc  lies  lîcrbères  marocains  et  h  côté  de  la-J 
quelle  s'élairnl  IJxées  un  certain  nombre  de  fnmilles  ] 
arabes.  Ils  furent  détruits  en  peu  d'années  par  une  , 
terrible  maladie,  la  modorra,  spleen  léthargique,  1 
sans  doute  aussi  par  le  refoulement  et  par  le  zèle 
de  convei-sion  fait  d'orgueil  et  de  cruauté  plus  que 
de  foi,d'afiMJur  fralernel  et  de  pitié,  qui  distinguait 
alors  le  peuple  dès  Espagnols,  du  premier  de  ses  | 
princes  au  dernier  de  ses  gardeurs  de  pores;  amc- 
iioi-  un  «  Moro  m  h  l'aire  le  signe  de  la  Croix  était] 
une  œuvre  pie,  le  tuer  s'il  demeurait  fidèle  au  Pro- 
[)hète  en  était  une  autre  et  non  moins  méritoire. 

Il  ne  reste  maintenant  de  ce  peuple  ijpe  ce  qu'il 
a  déposé  de  son  Mro  dans  les  Canariens  espagnols» 
des  mormmenls  barbares,  ties  «  pierres  écrites  n 
et  des  morïiiesdans  des  cavernes,  c;u*  de  même  que  j 
les  Égyptiens,  les  Guanches  («mbnumaient  leurs 
nnirts.  (in  rencimïre  encore  aux  (Canaries  quel- 
ques l^i'grcs,  arrière-pelits-lils  de  ceux  qui  furent 
iïuportês  dans  i'archipel  aloi-s  qu'on  y  cultivait 
la  canne  à  sucre. 

Le  nombre  des  Islefios  ou  Insulaires  —  cVst  le 
nom  courant  qu'on  donne  aux  Canariens  —  aug- 
mente lentement,  par  trop  d'émigration  vers  uncl 
Toule  de  pays  espagnols,  Anlilb's,  Mexique,  Vénè- 
ïuéhi,  Philippines,  où  les  «  Guanches  baptisés  i 
sont  flirt  bien  accueillis  et  oii  ils  réussissent,  leur 
soleil  saharien  que  ïnodère  à  peine  la  brise  des 
Ilots  les  ayant  cuils  à  point  poui*  les  pays  chauds 
et  très  chauds,  11  y  a  donc  en  Amérique  des  peuples 
que  nous  appelons  latins,  (dus  spécialement  espa- 

1.  Depuis  rurUumiauL'e  de  Louîj  Xlll,  eu  1034. 


I 


588 


LA   Tfc;iUlK    A    VOL    lï^OlSEAU. 


gnuls,  l'I  qui  pourtant  ne  se  (brment  pas  seule- 
menl  de  CaslHlans,  d'Andalotis,  {l'Asluriens,  de 
dnlMMCns,  do  Oilîïbns,  ninis  aussi  de  I,1  roiicoiiire 
d'un  sang  pour  la  plus  f;rnndtî  pari  berbère  nvvc 
le  sanji;  ilv^  Indiens,  des  Basques,  des  CeKes,  des 
(icnnains,  d(*s  Nègres  et  des  Juifs.  11  n'est  plus  de 
race   d'antique  assise;  toutes   sont    bâties   de  la 


veille,  sans  maitresse  pierre  du  coint  sur  des  fou- 
demenls  asseniblt^s  nu  hasard:  toutes  se  rcpldti^nt 
au  jour  le  jour,  û  l'avênlure,  sans  soin  pour  la 
beauté.  l'Iionnour  et  la  durée  de  lï'dilice. 

Snnta  Cruz  de  Santiago,  en  Ténérifé,  administre 
les  Canaries;  elle  a  17  0(K}  Unies  :  un  peu  moins 
que  las  Pahuas  (18  1)00  bab.),  eu  Gran  Canaria. 


ILES  DU  CAP  VERT 


Iles  du  CapTert,  sèches,  peu  saines.  Cabo- 
Verdenses.  — Ces  îles  (irent  leur  norn  d'un  [n'o- 
nionloire  de  l'Afrique  IVaiiçyise,  le  ùi\)  Vert  des 
Européens,  la  pointe  Dakar  des  Nègres  du  Cayor. 
Nuii  qu'elles l'u  soient  voisirïes*  puisqu'il  y  a  OOO  ki- 
loiïiiMi'es  eii(n*  <'e  riv^ij^u!  el  Tile  de  rarcliijiel  la 
plus  rapprochée,  mais  elles  lui  font  à  peu  prè6 
vis-à-vis,  sous  les  Lj*",  1G^  il"  degrés  de  Inlitude. 

U'omii  h.iirnnes  vivent  sur  les  385 0Û<)  beetares 
de  ce  petit  monde  Uisilanien  lait  de  douze  terres 
tropicales,  sol  volcani(|ue  fécond.  C'est  jieu,  mais 
ees  sporades  ont  îles  enneniis  len*ibb*s,  la  séche- 
resse, l'iiisiduhrilé,  les  tremblements  de  terre, 
qui  (levienneul  l'ares.  Dans  les  aujiées  pluvieuses, 
elles  sont  connne  uti  jeune  paradis,  sauf  la  ealvilie 
de  leurs  monts;  mais  dans  les  annéis  serbes 
runune  177"j,  I8ÔI,  \H7t2,  IS'm,  ISitî,  IKfik  18t>5, 
il  faut  fuir  la  patrie  misérable,  sinon  mourir  :  la 
famine  de  18711-1,^715  eouelia  sous  terre  ou  cliassn 
loin  des  iies  50  000  Cabo-Verdenses  sur  56  000. 

Les  100  OOi)  Cabo-Verdenses,  race  ôrnigrante, 
surtout  veis  le  BrésiK  son!  des  Nègres  ou  <les 
Mulâlres  avec  (|ue|fpies  milliers  ile  Itlancs  plus 
ou  moins  aulhenli(pies  et  de  rares  descendants 
d'EsapguoU  des  Canaries,  lout  eela,  catholiipte, 
parle  un  portugais  aliéré  n'ayaril  plus  la  gr-irn- 
maire  lusitanienne,  mais  bien  la  iu''gre,  l'enfun- 
titïo  plutôt,  et  lout  bourré  de  mots  ju'is  aux 
idiomes  <les  Africains  introduits  datis  l'areliipel. 

Porlo-Praya,  la  capitale,  ville  d'une  moyenne  an- 
nuelle do  Si",!»,  s'élève  dans  une  île  malsalubre, 
Sôo  Tliiagn  ou  l'iîe  ihi  <!ap  Vert. 

SAo  Tbiïigo,  la  a  mortifère  u ,  première  tians 
l'archipel  en  grandeur  cl  en  population,  poi-ie  un 
pic  de  lôOO  mèlres.  Ses  40  000  babilauls  sont  de 
toute  nuance,  de  l'oliviUre  au  luisant  noir.  A  sa 


droite  elle  a  Maio  ;  à  sa  gauehe  Fogo,  que  suit  Drava. 

Maio  ne  r-appf  Ile  guère  le  beau  mois  de  l'année 
dont  elle  a  re^u  le  nom  :  elle  est  sèche,  nue,  cal- 
cinée, u)alsaine;  on  en  lire  du  sel. 

Fogo  (le  Feu)  renferme  son  ennemi,  un  très  haut 
el  redoutable  volcan  (2700  mètres).  Ile  saine,  mais 
il  n'y  pleut  presque  jamais  :  la  grande  disette  de 
1801-1803  la  diminua  de  17  000  à  5G15  Imbilanls. 

La  elmrniaute,  la  saUdiei-rime  Brava  (la  iS;mvage) 
est  le  ((  Paradis  du  Cap  Vert  »;  toutefois  elle 
man(|ne  de  furéls  et  presque  d'arbres.  Ses  habi- 
tants, litanes  la  {>lupart,  ont  pour  ancêtres  des  émi- 
grants  de  Madèj-e  et  des  familles  chassées  en  1680 
de  Fogo  ])ar  la  colère  du  volcan. 

Sào  Tbiago,  Mafo,  Fogo,  Hrava,  forment  le  groupe 
sud  de  l'arrlii[»el  ;  S;'io  Antà(>,  SAo  Vicente,  &îo  Ni- 
rolao,  Sid,  fonnenl  le  groupe  nord  ;  ik»a  Visla  se 
lève  entre  les  deux  semis  d'Iles. 

Silo  Aulâo  (Saint-Anloine),  seconde  en  grandeur 
comme  en  uondu'c  d'honnucs,  dresse  un  pic  de 
près  de  2500  mèlres,  le  Vùo  de  Assucar  (Pain  de 
Sucre),  (ju'on  voit  de  filus  de  80  kilmnètres  en  mer. 

La  sablonneuse  Sûo  Viceule  (Siunl-VincenI),  sé- 
jour sain,  possède  le  meilleur  port  de  Farchipcl; 
elle  était  vide  tjuand  lui  arrivèrent  vingt  familles 
de  Fogo,  vers  la  fin  du  siècle  dernier. 

Dans  la  très  sèehc  Sào  Nicolao  (Sâinl-Nicolas),le 
Gordo  moule  h  1550  mèlres  :  c'est  un  volcan  mort. 

Sul.  faite  de  tmis  eoloaux  do  sable,  donne  du 
sel,  son  nom  le  déclare. 

D<»a  Yista  (Belle  Vue)  se  dit  aussi  salubi-e  que 
Drava  même  :  înalgré  son  nom,  elle  blesse  le  re- 
gard, ifélatit  que  sable  blanc,  sel  éblouissant, 
mornes  coteaux  brûlés. 

Deux  Ilots.  Ilazo  et  Dranco,  et  une  petite  ile, 
Santa  Luzia,  nonl  point  d'habitants. 


ILES    Dli    GOLFK    DE   GUINÉE. 


589 


f  ei-nando-PÔ  :  baie  de  Sain te-lube lie.  —  Dtsuo  de  A.  de  Bar,  d*apréf  tu)«  plioUignphio. 


ILKS   1)0   r.OLIE   DE   GUINÉE 


Fomando-Pô»  l'Illia  do  Principe,  Sâo  Thomù, 
AiinolK)in,  se  siilvont  du  nord-ost  au  sud-ouesl,  non 
loin  de  l'Ëqualeur. 

Fernando-Pô.  —  Elle  s'appelle  ainsi  dans  la 
langue  des  espagnols,  Si^s  ni.iiltvs,  mais  le  vrai 
nom,  c'esl  celui  du  découvreur  portugais,  Fernâo 
doPd. 

Bien  fournie  de  l)nii»3  et  d'anses,  Oïiulenle  en 
niisHfviux,  féconde,  la  volcanique  Fernand*>PA  n'a 
ronlre  elle  (pie  son  clirnnl  périlleux.  Les  Lusita- 
niens n'y  crèèreul  pas  de  colonie  durable,  et  c'esl 
toiii  r4>ceinmen(  que  rEs|>agne  y  a  fondé  quelque 
clKMe  en  y   déportant  deâ  centaines  de  révoltés 


rulKiins,  lesquels  ont  aussi(6l  commencé  des  cul- 
tures. L'Angleterre  a  fort  convoité  celle  ile  qui 
comniflnde.  admirablement  le  golfi»  de  Guinée,  les 
bouillies  du  Niger  el  le  rivage  de  Knmeroun.  (ila- 
rence,  petite  ville  nègre,  dut  s*m  existence,  à  j>arlir 
de  1827,  à  des  Anglais  attirés  par  le  commerce 
dans  les  bas  parages  du  grnnd  fleuve  soudnnien. 
In  haut  mont  la  <lainine.  le  pic  de  Llurence 
(3G'27  mètres),  noir  de  ftu'éts  ;  comme  il  «  s'envole  » 
du  bord  de  I»  mer,  sans  uvant-monts,  sans  rien  qui 
le  mtisipii'.  ce  Titjui  fiiit  dignement  face  a  son  vis- 
à-vis  continenlal,  le  pic  de  Camaroncs. 

Les  indigènes,  appelés  Itoubis.  petits  hommes 
plutôt  cuivrés  que  noirs,  écoutent  peu  le  pi'duc  dos 


590 


LA  TERRE   A    VOL   DOISKAU. 


L 


missionnairt^s.  On  pense  qu'ils  sont  25000  sur  cetle 
île  d«  200  000  hectares,  le  reste  des  Fernandi'fios 
rt>nsihta!it  m  N("»jj^i-(>s  ynii*iirs  pnr  les  Aiiglnis,  en 
Eumjul'i'ns  [leu  Jioiiihreiix,  on  Cubînns  luiporlès  de 
force  pour  dùfuiu*  polilii|uo,  vi  lmi  Mclis, 


Ilha  do  Principe.  —  L'Ile  du  l*rim*o,  lerrc  por- 
lu^aise,  ne  dérobe  ^ère  plus  de  15  000  hectares 
à  l'Alhinliqiie  el  nc^  porte  int>nïc  pns  5000  hommes, 
des  Noirs,  des  MuhUreîî  et  qiielrjjirs  Ulniirs.  l>rs 
forets  y  sauvent  du  soleil  une  Ibide  de  rios  de 
Miotitflgue  courant  sur  les  hasalteî^,  les  laves  sur- 
veillées de  haut  pur  le' Bec  de  Perroquet  (Dico  de 


Papagain).  Un  y  parle  un  lusilanlea  sans  flexioiK 
très  veiné  de  mots  nègres. 


Sâo  Tbomé.  —  Saint-Thomas,  à  iAh  kiiomèlre* 
du  Principe,  à  "IGS  du  Gabon,  effleure  presque  l't 

([u;Uetïr.  (pii  passe  sur  Rolas,  son  annexe  Tnêridio- 
rjjde.F'orlu^j'aisL'  comme  l'ile  du  Prince,  volcanique. 
avec  un  sommet  de  2000  mMreSw  lîlle  a  des 
monts  prorusêmetit  boises  que  de  longues  pluies 
dnn^s  arrosent;  ils  envoient  à  rAllanti(|ue  de  fort 
beaux  petits  o  gaves  i»,  rios  ou  ribciras,  eelles- 
ci  plus  petites  que  ceux-là.  On  ne  trouverait  pas 
facîlemcul   un  pays  de  92  000  à  93  000  hectares 


« 


Uc  du  rnitoo.  —  DûMin  do  A.  de  Bar,  d'après  un  croquis- 


moulr.iiil  comme  Saiat-Tliomas  au  moins  cent  tor- 
rents clairs  sur  la  loehe  brune,  Vtjniie  jadis  rouge 
et  riimaud'. 

i20OiJlancsy  vivent,  plus  ou  moins  éprouvés  par 
le  climat  Iropirai,  et  â  eiMe  d'eux  envinni  17  000 
Nègres  el  MidiUres  i]s;tnt  d'un  des  portugais  les  plus 
(I  s;d>irs  ■>  rpi1]  y  ail  dans  le  monde  lusitartïtMi. 

Saint-Thomas  l'ut  plus  lloi'issanle.  An  seizième 
sièftie  il  y  avait  \ït  de  nombreux  Portii^^iis  jdanteurs 
de  raime  à  sulm'c,  in:iis  (juaiul  fa  j-eutunrrïêe  du 
Drèsil  eut  grandi,  presque  tous  [lassèrent  la  mer 
ave*'  leurs  esclaves  el  se  firent  Urésiliens.  1/ile  du 
PriiHve  r'oiuîul  la  m*5me  [irospérilé,  puis  ses  colons 
partirent  aussi  [Miur  le  fului' eni|jii'e. 

La  raiMtale,  Sauta  Anna  de  Cliaves,  plus  coni- 
nuiuèmenl  .'qtpelèe  S.Vt)  Thonir»  g^tuvcrin'  ;i  l.i  ïois 
les  deux  iles  de  Saiul-lhumas  (i  du  Prifïee. 


ânnobom  ou  la  lionne  Aiutèe  :  nom  portugais. 


Ile  espagnole.  100  kilomètres  la  séparent  de  &^û 
Tbonu'. 

Découverte  un  I"  janvier  (1471)  par  des  Lusi- 
taniens, elle  devint  cusiitlanc  sans  profit  [lom- 
Caslillc  el  Léon.  VA  qui»  faire  d*ii  peine  J700  hec- 
lares,  dur»  c('nie  de  basalte  de  320  mètres  n'ayant 
qu'un  seul  ruisseau  courant  *? 

fjuaud  bs  ti  fils  de  Lusus  o  y  vinrent,  elle  élail 
déserte.  Knlre  1550  el  1000  on  y  traîna  des  es- 
claves; aussitôt  nnquil  une  race  mêlée,  forte  au- 
jourd'hui de31>00  htïnuiies  :  nice  à  peu  près  noire, 
presque  s:mvage,  catholique  de  f(»i,  poitugaise  de 
lauiîue,  si  toutefois  un  ]);itois  demi-nèf^re,  sans 
formes  et  niaisement  puéril,  méiite  le  mém»>  nom 
que  l'idiome  oIj  Camoëns  a  i  hanté  la  fontaine  des 
Amnors'.  iiéf  des  pleurs  d'Ignez  de  Castro. 

1 .        I  rdr  fjtie  frrititj  fii/tie  reya  ttic  florr»  : 

Uuc  tayritnfu  tûo  a  ftgun.  c  o  itottw  amores. 

{fM4Wttr$t  tll.   CSXST.} 


ILKS   1»U   GOLFE    DK   OTINÉE. 


Ascension.  —  Surgissant  d'une  mur  où  l'or» 
pèche  les  (urlues  les  plus  colossales  *,  c^esl  utie 
lie  anglaise  fort  éIoign(>c  des  terres,  à  distance 


iuôgido  d'Afrique  et  d*Amèrifpie,  ayant  le  cap 
di's  Palmes  (Guinée)  h  ITiOO  kilomètres  seulement, 
et   le  cap  Sâo  (loque  (Brésil)  h  2555.  Située  vers 


Babitatioa  4  Fernando- Pd.  -•  Dessin  de  A.  de  Btr,  d'aprèi  oiio  photognphle. 


8»  d(»  latitude  S.,  elle  dresse  des  pilons,  des  cônes, 
rmlères  éteints  que  domine  te  Moiil  Vert  (805 
mètres),  —  mais  malgré  re  nom  la  veniure  man- 
■|ue  à  rAscensiun,  rocher  rougcutrc  uu  noirâtre, 

1   II  y  en  a  de  500  kiJu;{rarnnies. 


nu,  morne,  où  ne  demeurent  même  pus  150  per- 
suiuies,  sur  8800  hcctan-s. 


Sainte-Hélène.  —  5000  honuncs,  dont  moitié 
de  Nègres,  vivent  sur  ce  rlnnive  Imsidlc  contem- 
plant la  mer  immense,  au  pied  du  pic  de  l)iaue 


593 


LA    TKRÏÏE   A    VOL    I»'OISEAlî. 


(875  mètres),  qui  commande  lo  vnl  île  Lungwooti 
où  Nnpoléon  mourut.  A  1500  kilomùlrosdes  lenvs, 
ce  sont  lies  prisoiinicrs  de  l'Océati  ayant  pour  pins 
grand  boula'ur  l'arrivi^o  des  navires  qui  laur 
apportent  les  nouvelles  du  monde;  el  voici  qu'il 
en  vifini  di'  rmiins  en  moins,  (Icpuis  qiip  le  jkmtc- 
raent  du  l'istJime  de   Suez  permet  aux  vaisseaux 


qui  voguent  vers  l'Orient  d'Asie  ou  d'Afri*jue  de 
ne  plus  passer  pnr  In  nier  occîdenlAlo  el  in  pointe 
auslraie  du  coiitinenl  des  Noirs. 

Les  eour.ints  venus  du  Sud  polaire  lui  donnent 
un  cUmaL  bien  moins  rFiaud  que  celui  dont  la  du- 
terail  une  latihnlo  inferlropienli».  l'I  la  moyenne 
annuelle  de   Sainle-lli^léue.    enli*e   les   Tropicpirs, 


sous  lo  H>  degr^.  dépnsse  ^i  peine  celle  de  Lis- 
bonne, sons  le  30'^, 

|léc(tuverle  [kh-  Ii's  ['ortn^'aîs*  les  Ati^Hais  s'on 
Sfiisirenl,  qui  uni  lail  di*  co  bbic  do  1^2  500  heeliU'es 
sortant  d'une  eau  1res  pniforidr  un  Cibjall^ir  lu*- 
rissi^  de  batteries. 

La  wipiïale  se  nomme  Jamestown. 


Tristan  da  Cunha.  —  Autre  lerre  anglaise  que 


MADAf.ASLAU    ET  SES   SATELLITES. 


595 


Mode  lie  luntiHirt  à  Uadagascir  :  lo  tacon.  —  Dessin  de  G.  SUal.  d'âpre  une  photographie 


MADAGASCAR  ET  SES  SATELLITES 


Dans  l'ort^an  IndtciK  dt's  Iles  anglaises  ou  frati* 
'  ç.iis^s  ou    iini***[M*mLiiili's.  lïourbon.  les  Cunuiivs. 
Maurice,    les    St-ycliellfs,   ftc,    gr.ivileiil,    satt'l- 
litcs  infimes,  autour  do  IVnorme  Mu<i.*»gascar. 

■adagascar,  ses  deux  natures  de  pays.  — 
Deux  Wii»  seuli'mont  sont  plus  gi'nndos  qno  Utnln- 
ga:»cAr.  tuutes  dt>ux  t'ii  Mt'j^nlont^sio.  In  Nouvi*lk>- 
Guiaéo  o\  lt4»riit^o.  A  l'ATrique  australe,  plateau 
qui  s'Altache  h  l'Afriiiue  plus  basse  du  Nord,  elle 
est  c<^  que  Ceyinn  eslau  (lekknn,  plat(*au  li»>  aux 
plaines  dt*  Tlndt*  SfpterilriiHialr  :  sîniMi  <|ni*  l'A- 
frique 0  huit  ou  neuf  fois  i;i  grandeur  <le  lliule  r( 
agascar  plus  de  neuf  fois  In  grandeur  de  Ce\lan. 
0   lUcLO»   U  TxnM  A  roi  b'uisuc. 


L'Ile  séparre  dr  rAfri<[Up  par  les  nriO  kilomèlres 
du  latial  île  Mnzaniltirpie  niigmenle  d  au  iii(»ins  M) 
niiltiiins  d'Iieetares  le  massif  ronliiieni  des  Noirs, 
puissante  acropole  dont  elle  esl  le  seul  nvnnt-fort 
monumental.  .VJ  millions  d'heetan^s.  e'esl  la  France, 
la  Bt'Igique  et  la  Iltdlande  ensemlde. 

Longue  de  prt^s  de  \MH)  kilonit^fres,  autant  que 
de  Paris  au  Sîdiara,  avec  axe  N.-N.-E.-S.-S.-O., 
sa  largeur  varie  entre  TiOO  et  450.  Sauf  son  sud 
exIriMne,  qui  pointe  hois  du  Tropique,  elle  appar- 
lienl  i\  la  ceinlurf  inlerlnipicali». 

Vue  de  haut,  elle  i\  deu\  natures  de  pays  :  à 
l'injesl,  au  sud  à  partir  du  'Jô'  degri\  des  plaines 
inférieures  à  150  mètres,  landes  et  steppes;  h  l'est» 

75 


504 


LA    TF-RRE    A    ViM.    (rOISEAl. 


au  iiiird,  iiii  fontri»,  des  moiils  ni  nl;i(e:iL;\  d'urvj' 
surroclioii  dp  1000  ii  làOO  mi»lr(îs.  I^n  monhigne 
couvrit  ;'i  pt^u  jirès  ks  5/5  du  pays,  lu  |)l;)ino  r\  lo 
cote.'iu  (jreiKinl  2/5. 

On  pt'ul  aussi  l.i  (virlagpr,  (.^»mnie  ses  fleuves,  en 
deux  vi'i'saiils  :  celui  de  l'ouesl,  rarement  visité 
des  vonks  liiiruitles.  plus  ser»  nuiiiis  lioisé,  moins 
fécond,  nuïlgré  ses  vallées  pius  longues,  sespliiines 
plus  liU'^es,  ses  lleuves  plus  vasies;  rrhii  de  Tesl, 
r.qiidiS  étroit,  suraliinidairinii-ul  rntiuillé  [Kir  1<'S 
pluies  de  la  nier  des  Indes  :  sur  ce  jieneliunt  de 
l'île  vivent  dans  des  loréts  les  hétes  qui  vahiront  h 
Madagascar  sou  nom  tie  Nnsidanilu)  — Terre  îles  Sar»- 
gliors,  ^  noiri  (pi'elle  ii  quille,  même  ehe/  les 
Malgaches,  pour  s'-q^peler  mtnnie  nous  T^ippelons. 

Monts  et  Flenves,  lagunes  et  marais.  Hazo 
et  Tazo.  —  Le  [H-inripal  nnissiC,  Tail  de  ;4r;inils, 
de  gneiss,  de  volcans  Troids  depuis  Lnjgtemps, 
]»ourrait  se  tïotnuMT  Monts  des  ll(»v;is.  de  hi  peu- 
plade (pii  de  l;i  U'iifa  de  coiHinéuj*  tout  Mada^as- 
ear.  Pai'ini  ses  dômes,  parmi  ses  ct'ines,  peu 
dépassent  2000  méiri's;  le  stiuver.iiu  doiiiinittrui* 
règïie  [très  de  Tananaiive,  (Mpihdi'  de  l'Ile  :  e'rsl 
«  celui  que  In  nuée  ne  |)eut  tout  escalader  h^  ou, 
comme  ou  le  dit  Ifieu  mieux  dîuis  In  lart^'ue  m.d- 
gache,  de  si  lielle  sonorité,  le  Tsiiinii.jvon.t  {^Ti'i 
niélres),  assis  sur  un  piédestnl  «le  l2tM>  méires 
d'allitude.  Le  Tsi.ifaiavonn  h»  eéde  on  in.-ijesté  h  l'un 
de  ses  InitoLlcs  snjris.  à  l'Anihei',  qui  ne  numle 
qu'.'i  IHOO  nièlres,  djjns  la  région  des  volcans  du 
luu'iUiui'st,  mais  <pji  est  dét^afçé,  et  qu'on  voit  ilc 
la  im*r. 

Nulle  de  res  cimes,  sous  de  paieilles  lalilnd*"s, 
ne  peut  s'éclairer  d(*  neiges  |>ej"anuuelles,  mais  il 
eu  descend  beauroup  (IVau,  [»ar  la  vertu  des  pinies 
diluviennes,  et  de  lorïs  torrents  rouri'nl  à  la  eôl*' 
par  un  lil  luise  :  lelUi  cnsrade,  celle  d*'  la  Mali- 
lanana,  fait  un  [dongron  de  ISO  mètres.  Au 
moment  d'i'rdi'cr  dans  la  mer  les  lleiives  si'  Iomu'- 
Icnl  pres(pic  tous  f'i  des  cordons  aréneiix,  sui'Iout  ;i 
la  rive  orienlale;  n'ayant  pas  d'issue  franche,  les 
eaux  rayées  de  cnicodiles  rclluen!  en  nnirais,  cL 
de  ce  côté  l'appwreil  Ijtloi-al  rcssendilt»  â  celui  de 
la  (Guinée  en  ce  que  chaque  fleuve  barré  s'êpanelu^ 
en  lagunes  4lont  beaui.'ouf)  m  s'end^tîtent  •*;  d'autres 
ne  stuil  sépiuves  que  par  des  trrres  basses  faciles 
h  fouiller.  Avec  *|uelques  coupures  on  ferait  ici 
pandh'lenienl  h  la  rivo,  et  toul  prés  rrdle,  un 
eanal   navif^'-alile  de  400  kilomètres  tle  lon^^qn^ur. 

tlesl  là  tout  le  secret  «le  la  loii*;ue  iinlépendam-e 
de  Madaij'ascar.  Os  lagunes  empoisonnent,  leurs 


fièvres  ont  mainte  fois  chnssé  les  Français  de  l'ilf* 
qu'ils  ont  ninlnle  fois  mollement  tenté  de  conqué- 
rir, aux  detix  derniers  siècles  et  dans  celui-ci. 

Derrière  Jes  maiais  commeuccnl  les  forêts.  Sur 
une  longueur  de  5700  kilomètres  les  bois  sauvages 
font  pres^pie  le  toirr  de  Madagast'flr,  couvant  i-t 
coiircnliatit  aussi  des  miasmes,  et  Ton  tient  pour 
les  lieux  les  moins  salubres  de  la  vieille  Nosidanibo 
ceux  qui  font  le  tour  de  la  baie  d'Anlongil,  là 
même  où  croissent  les  plus  vasies  cl  profondes 
sylvcs.  Au  delà  des  forets,  cVst  une  «  transylva- 
nie  )}  de  hautes  collines  ou  de  monts,  pays  sans 
slagnftn4'.e  d'eau  pourrie,  découvert,  venleux,  oxy- 
géné, salubre,  avec  froidure  ou  fraîcheur  suivant 
r.-dtilude. 

Le  plus  grand  des  Itics  nntigaches.  l'Alaotra, 
brille  sur  le  versant  d'orient,  dans  le  bassin  d'un 
Meuve  qui  s'aliime  en  mer  prestpn»  en  face  de  l'ile 
Sainte-Marie,  Le  plus  long  de  ses  codrs  d'eau,  le 
lletsîhoka,  ipii  a  le  <lêveloppement  ilu  Uhône  ou  de 
I;]  L(ure.  reçoit  l'ikojja  ;  tous  deux  viennent  du 
|)laleau  d'Imérina,  centre,  toit,  Imstiori  de  Mada- 
g.isear,  el  se  versent  dans  la  baie  de  Majounga  ou 
ih'  Hinubetok,  t|ui  est  splendide.  ainsi  que  tant 
d'autri^s  dans  le  tiers  septentrional  de  la  terre  înal* 
i;;irhe  :  baies  de  Mazaniha,  tte  Narirula.  de  Pasan- 
d.ivii,  de  hiegn-Suare/,  irAnloii^il.  etc.,  copaldes 
de  donner  asile  à  tous  les  navires  de  la  mer. 

V.n  ménu'  l<unps  plaine  basse,  plaine  Iniule  cl 
monts  sous  le  IVopiqne.  Madagascar  a  la  jdus  \trè- 
cieuse  fortune,  la  superp*>silion  et  rcncbevèlre- 
nu'til  des  climats;  elle  se  [iiéle  â  tmiles  les  plantes 
du  (ilolns  l'Ile  a  sa  llore,  sa  faune  à  elle,  el  pluts 
tU*  cent  bètes  ne  se  trouvent  pas  ;ulleurs.  Hii'n  que 
presrpie  collée  à  l'Afrique  —  que  soûl  ^îd)  kilo-* 
nn*'tres  entrt*  si  grand  continent  rt  si  grande  Ile? 
—  elle  noni'ril  des  liétes  iuromujes  .'»  la  tiu're  ferme 
et  dont  la  jfrésence  peut  l'aiie  cioii-e  qu'elle  est  le 
seul  reste  d*un  uujude  sur  le(|uel  pèse  maiuleuanl 
la  mer  des  bides.  Le  lenree  qui  a  des  dar-ds  â  la 
hérisson,  Vaye-aye  cherclianl,  bi  nuit,  les  insectes 
dans  les  fentes  des  arbres,  les  makis,  sînges-^u- 
reoils  h  longue  queue  fourrée,  iriiabiteni  «piVn 
pays  mal|j[aehe;  l'épiornis,  4iiscau  géant,  en  a  dis- 
paru; les  grands  animaux  du  Tropique  africain  n'y 
ont  point  abordé,  ni  b^s  su(terbes,  ni  les  hideux, 
iti  les  félins,  bon  et  léopard,  ni  l.'i  girafe,  ni  l'indi- 
cible l)ippop<ttan)e,  ni  le  rhinocéros,  ni  Téléphant 
que  son  front  magnifique  sauve  h  peine  du  ridi- 
cule; seul  le  croeodib'  fait  son*!er  au  eontinenl 
voisin.  Pas  de  serpents  venimeux;  tout  au  plus  des 
araignées  boursouflées. 


MADAGASCAR    KT   SES   SATELLITES. 


5% 


A  Mrtdiïgascar,  la  salubrité  croit  d'élage  en  vingv. 
>  tin  roi  tics  llovas  a  pu  din?  :  »  Je  défie  1rs  Dtaiics! 

j'ni  mes  deux  grands  péni^raux  :  T.izo,  HmzhÎ  ti 
,  Tazo,  c'est  la  fièvre  ;  llazo,  la  forêt.  M;tis  si  lu  iimrt 
^s'engendre  dans  les  la- 

gmii^  h  Idui  iiistanl  du 

jour  et  de  la  nuit,  des 

nioiscbauds  et  des  mois 

lii'des.  si  la  <'ôte  orientale 
I  fui  uncinielière  desKu- 

ropécns.  les  plateaux  d'I- 

niériiiasonlsaiiiscoinnie 

la  Fraiire  du   MiilL  I.e 

|>euple  des  llovas,  nuiilre 
.de  rili'avjint  la  eonqutMr 
1  rraiM;aiM',  véeut  d'alninl 

dans  les  l>nsà<*B  pluinoï^. 

Ahingui.  dr'eiinè  par  le 

poisoïi    palustre,    il   rt- 

monta  les  torivnis,  t'I  la 

rruicluHir  des  niorils  lui 

rendit  Iccourago  de  ciHti- 

l)alli*e  et  la  fmre  île 
'  vatuero:  quand  les  rnia>- 
»ines  du  littoral  avaient 

affaildi   leurs  jrariHSons 

du  plat  pays,  les  soldats 

revenaient  aux  plainesde 

la  santé,  dans  l'air  rê^é- 
1  ni^rnnl  don    Uiiut.  près 

dââ  clairs  ruisseaux  et 

des  soui*ces  èterneltrs. 


I 


Les  Malgaches  :  les 
Hovas.  le  plateau  d'É- 
mirne- —  Vingt  nali^Kis 
vivent  dans  Madngns- 
ear,  louli's  usant  de  la 
nu>me  langue,  dialeete 
malais  nux  mots  am- 
ples, hurmonieusemenl 
jHmdêrês  .  grnrii'use- 
mcnt  honores.  Ce  n*est 
pas  (pn*  toutes  soient 
d'origine  malaise,  tant 
s'en  faut:  il  y  a  eu  iei  de  grands  hrassernents 
de  jMUjples,  Africains  divei's,  Arabes,  gejis  de 
rinde.  Malais,  tlliinois  même,  et  ce  qu'on  ignore. 

Un  duiiMf  à  lilt*  Maly:ariu'  .'»  tlnllion^  <l':hnes, 
clnflre  li\putlieLii|Ue.  Les  Sakala\i':>  vivtitl  ilans 
Tooest;  ils  voient  de  leur  cùle  l'ile  française  de 
^ossi-Bti  ;  |Kni  loué.-*  d«  cviixqui  prèleinlent  les  eon- 


Guerrior  fnal;ça<'lM>. 
d'après  uiio 


nailre,  on  lesdittrac.issiers,  fainéants,  étourdis;  ils 
préfèrent  le  pastoral  à  la  eullnre  du  sol.  I>sns  priv- 
bablerntMit  de  mélanges  entre  Indiens  du  Malaliar 
et  Nègres  d'Afrique,  ils  se  sontont  d'uiuï  autre  raee 

que  les  Hovas,  qui  sont 
do  sang  malais  ;  ils  les 
abinninent  et  les  appel- 
lent chiens  de  sangliers. 
Les  riétsimîsîii'akes,  sur 
le  vers'int  de  la  merdes 
Indes,  contemplent  de 
leur  rivage  Vile  IVan- 
<;aise  de  S'iint<'  Marie; 
en  cela  contraires  aux 
Sikalaves.  ils  ainn'ut  Us 
tra\ail  i\r^  rlianips.  Les 
Itrtanifnènes ,  [tarents 
dt';<  lliivas,  ont  souveid 
apjiarii  dans  les  démêlés 
de  Madagascar  avec  l'é- 
Iranger ,  rar  avec  les 
Hétsirnis.irakes  ils  gar- 
dent la  rive  qui  fut  le 
lien  [irirK'ipul  de  nos 
ïeritativi's. 

Lfs  llovas,  qui  s'ap- 
pellent réiMIenient  les 
Anlaïtnêrinas  ou  gens 
de  llmériiia,  séjournent 
dans  le  reiiire  tle  l'Ile, 
sur  le  plateau  dont  ils 
ptirli-nt  le  iioiit, 

L'Intéiino  on  Eniijiie, 
fort  iPnn  grand  nuliitm 
d'honnnes,  est  im  pays 
de  granits  mis.  d'argiles 
rouges,  de  landes,  d'her- 
bes rudes,  avec  rizières 
dans  tontes  les  plaines, 
dans  tous  les  vallons  et 
vailées.  U  où  londr 
ruisselle  —  el.  grAre  ;i 
l'allilnde  des  monts, 
j»resqiie  partout  elle  a- 
hmide.  —  Terre  un  peu 
sé\ére,  |Kn'f(tis  dure,  déserle.  désolée,  elle  n'eu 
est  pas  moins  niateinelle,  puisqu'elle  nouiTÎt  un 
peuple  nombreux  (jue  son  climat   régénère. 

Les  llo\as,  qui  sont  vrai^end)lablemellt  parmi  les 
tard-venus  ilans  l'ile,  appartiennent  à  la  raee,  pour 
mieux  dire  à  la  rencontre  de  races  que  nous  mun- 
mons  malaise.  IMus  petits,  plus  faibbrsen  moyenne 


—  (>Msin  de  G^rôtne, 
pliotii^niphic. 


i'JU 


LA    THIlHî-:    A    VOL    11  «USEAU. 


i\wi  les  fluhvs  Mnigîichos,  mais  plus  (V-ronds,  plus 
iulfiligeiils,  plus  rust-s,  plus  lenacos,  ils  nvîiieiit 
l'iniifuis  pivsrpio  Ions  los  ieisiilaiivs,  ils  nv.iicirl  siir- 
loul  [tilli',  ruine  presque  toute  l'ile  quand  Ifs 
utujAtis  ^884  et  1885  ont  mis  uu  lerrne  à  lours 
junbiliiuis;  elles  nul  iW\\  une  n'alîlê  de  ce  qui 
((epuis  IG42  n  t'inil  pour  nous  (juim  long  rêv*r,  de 
temps  eu  temps  allristô  par  k  désonchatittmient 
du  réveil.  Madagascar  va  reprendre  sou  vieux 
iiidii  dt*  Fr.uif.v  oi'ietilnle;  li's  Frani;ais  eu  |Kissè- 
deril  les  plus  beriiix  rivages,  los  meilleures  terres» 
li'ij  I»iiie5  les  plus  si'ires,  et  les  créules  de  Bouiliou. 
de  Maurice,  y  rêpîiiidiuiil  lapidemeut  uoliv  sciir^s 
tiurlout  jioire  l.ui^jue, 

lloslés  pjuViis  jiis{pi'à  CCS  dernières  années,  li'S 
llovas  ont  ncc4'p(é  les  il<»gjues  do  la  «  Ni»uvelle- 
Alliatiee  )>  tels  (jue  les  missionnaires  anglais  les 
prèclieul  ;  le  protesicuilisme  n  éià  ndoplè  par  U 
cour,  (|ui  l'a  irtipitsé  ou  jieuplo  :  il  est  orNciel  el, 
nuunie  lel,  toul  de  surface,  el  par  le  l'ail  ti'uviv 
de  uêaul.  du  eslime  les  e;ilholi(pus  h  80  OOÔ  an 
nutius.  I'r(di*st;uds  ou  c.**llioli(|uesau  heu  de  pnieus. 
il  m'*\sL  [Kis  dit  rpTils  v;iilleïif  uiieta  (piavanl  leur 
conversion  :  (dus  liy|H)criles  peul-èhe.  ils  son! 
aussi  durs  ipûnilmi  pour  les  aulivs  uati(»ns  el 
sous-nnlions  de  l'ile»  el  rnissi  undheureux  chez  eux. 
Des  castes  iju'oii  iijîpelle  a  lulJllR•ur^;  »,  dU  nomhiv 
do  spize,  pan|ueul  les  lloviis  conurie  les  Hindous; 
lool  re  (pli  n'a  pas  Ihenr  (l'appartenir  aux  ninj^s 
élevés  sidjit  ra\i<lilë  des  ;,M';uids,  la  rebullatle.  les 
passe-drnil,  i-i  K-  suit  des  esclaves  estencore  moins 
bondire  (pie  celui  de  fa  fuule  des  lioronn^s  libres, 
assujellis  dt^  p.ir  la  loi  di's  Aiilainiériiias  â  la 
panamjiuana  ou  rnrvéo  graluilc  au  pntfil  du  roi, 
des  ministres  ri  des  pt'ineip;uix  ^'  liomieurs  u. 

l'ai-  un  élranj^M'  Irtsard.  celte  ile  vaste  el  belle  a 
causé  moin^  de  rivalités  ijue  le  derniej-  roclier 
sans  eau  do  la  ruer  «les  Antilles,  Les  Aufflais  eux- 
niùmes,  (p)î  ont  pour  devise  :  k  A/7  intcnlaium  », 
ont  l(»nfj;lernits  laissé  Mada^'aseai' Iranquille.  puis  ils 
ont  lancé  sur  elle  leurs  niissiomiaires,  messai^ers 
de  pais  (]ui  S(»t»t  les  avaiil-C(kUreurs  de  la  ^Mierre, 
aptUres  do  la  liberté  qui  sont  des  pionniers  de 
bervituile. 

Le  prèclieur,  sa  Bible  a  la  main  ;  derrière  lui^ 
le  Ij'alirpiaul  avec  sa  quincailb^rie  et  ses  élolVes, 
puis  le  planteur,  ;»uiH  le  marin,  le  soldai,  l'adriit- 
nislraleur,  le  Inniquier,  le  juj^e  :  lel  fut,  ponr  tajjt 
lie  peuples  di*venus  anglais^  l'oblique  eliemiji  de 
l'esclava-^e. 
La  capitale  des  llovas,  Tananarive'.  peul  av(ui- 

It  EXttCtcmeut  :  Aotauauuuvuii,  k*s  Mille  Cu*)ca, 


iOOOOOilmcs,  i\  14l50  mètres  aunlessus  îles  mers. 
â  Torée  do  la  vaste  plaine  de  Detsiniilatalra,  qui 
l'ut  lac,  puis  malais,  qui  est  aujourd'hui  rizière. 


Sainte-Marie   de  Madagascar.  —  l'eut  îles  . 
litttuales   de    Mailagascar.    lonies    les    deiii    tréa 
petites.  SainU^.VIarie   de   Madagascar   el   .\i>ssi-llê, 
sont  colonies  IVançaises.  colle-ei  depuis  une  qua- 
rantaine d'années,  eelItMà  depuis  fort  longtemps. 

Saitile-Marie  de  Madagascar  brise  les  lames  tli* 
la  bauîe  luer  devant  ta  c<Me  orientale  de  la  Grande 
lie,  diuil  elle  n'esl  guère  éloignée,  \u  b'  peu  de 
largeni*  tlu  déiroil  du  Tinlmgue.  Trislo  colnnie 
sans  eol(»ns,  avec  %)  à  (OU  Blancs  crevés  de  lièvre 
parmi  7fHI0  i\  7Ô00  Noirs  chassés  de  Biadagasrar 
[tar  les  llovas  :  cela  sur  I7Ô00  hectiires,  campagne* 
basses,  palus,  foréis,  bumbemeiiLs  quarl/eux  de 
(iO  mètres  au  phjs  et,  autour  de  l'île,  une  cein- 
ture de  coraux.  Le  17"  degré  coupe  Sainte-MariCi 
(pii  est  leule  en  long,  avec  plus  de  50  kilomètres 
en  ce  sens  contre  5  seulement  de  travers. 


Nossi  Bé.  —  Nossi-Bé,  cVsf-à-dirc  Ile  (irande  ^ 
iti  idiome  sakalave.  devinl  Irançatse  en  IS40.  de 
nom  plutôt  que  de  l'ail,  car  ï^wv  ses  ^ilTiOO  la'c- 
lares  il  n'y  a  <pie  Î2i0  Tramais,  prestpje  tous 
créoles  de  Maurice  ou  Ikoirbou,  contre  environ 
93ii0  AlVicains.  lesquels  sont  lui  des  Sakalaves,  ou 
des  i\èg]'t>s  du  continent,  surtout  du  Mo/amlii- 
(pK*;  eu  outre  il  s'y  li-uu\e  des  Honniriens.  des 
Arabes,  tles  gens  de  nos  colonies  de  TIndc.  etc. 

nie  tirande  s'élève  sous  le  l.V  degré.  1res  pi-ès 
de  la  Timi-bé*.  à  l'euïrée  de  la  superbe  haie  de 
Tasamlava  (cijUî  ctcciilenlale).  Elle  dresse  de  petits 
mollis  de  500,  GOO  tnèlres.  grauils  ou  volcaus  avec 
{'ratèri^s,  el,  d.ujs  ces  cratères,  des  laquiMs  jiro- 
(onds,  semblables  au  l'avin  d'Auvergne,  suif  (pie 
le  crocodile  y  nage, 

tJuoi(pïe  taillée  etj  j)enle.  (ju  peut  la  nonmier 
une  mèri*  des  liè\res,  tant  par  les  marais  îi  palé- 
tuviers du  rivage  que  par  la  tn)picalil(>  d'un 
climat  oiageux.  pluvieux,  où  les  «  fixiids  u  de 
IS  degrés  au-^Iessus  de  zéro  s(uil  chose  h  peu 
pr(*s  inconnue;  il  l(^nlbe  5  mètres  d'eau  |ar  an 
sur  la  capilale.  llellville;  e(»pendant  Nossi-Bé, 
jadis  enliéremenl  sous  Tombre,  a  perdu  presque 
toute  sa  rorêl. 


Hayotte.  —  A  200  kilomètres  vers  Toiiesl 
1.  Muts  :»iikiilavv5  :  lu  Gi'uitdu  Torn:i  Mu(Iu^s:»car. 


598 


LA    TKHr»K    A    VOL    [ïMlISEAU. 


No8si-Bé,  nous  possôdons  depuis  18i3  MuyolU\ 
île  fort  déctJupLU'  ayant  dos  ressemblances  de  deu- 
itîliJiv  avec  1.1  Marlinit[ue. 

Mayolte,  dans  le  eanal  de  MozainKiiqiie,  entre 
[o  12»  cl  le  13"  degré,  p<jr(<^  îï'JOO  personnes,  danl 
*200  Blancs  et  Oéules,  sur  oô600  lierUirt-s. 
(Juelques  dizaines  de  colons  venus  de  Bourbon, 
de  Maurice,  y  font  tiiivaillcr  des  champs  de 
canne  à  surre  nu  pied  <le  rjioriH'S  rouges,  ou  liis- 
seul  à  riieureu^i-  indolence  nu  pt'tjt  jfeupli'.  fort 
rn^hS  Cuivrés  issus  de  la  rencontre  du  Nègre,  du 
Mahtis,  de  TAralie,  Noirs  purs,  Arabes  direcis, 
toutes  ^^'iis  des  Comores,  de  Madagascar,  de  Zan- 
zibar, du  cunlinent  d'Afrique,  de  l'Inde,  qui  se 
Irouvenl  fort  liiou  d'un  climat  lourdement  chaud 
dont  nous  nous  trouvons  Rirl  ni;d.  La  forêt  aussi 
s'accommode  admiraldenn-nl  de  celte  chaleur  tra- 
versée de  jduies  ab(uuiaules;  elle  est  loulTue,  el 
de  charmants  petits  torrents  y  courent,  qui  trop 
souvent  litiisseiil   en  m:iï'ais  sur  le  littoral. 

I)/.;n)udzi.  simple  bourgade  à  la  cùle.  adiiiiuistre 
Mayolte,  volcan  de  Ofill  mètres  de  liaut,  que  des 
coraux  entourent. 


Comores.  —  Mayolte  est  l'Ile  sud-orientale  des 
Cuniurtïs,  nrcliipel  é;^;denïeii(  (lisï.inl  de  Mada^tas- 
curet.de  la  côte  orienlale  d'AIVique,  mais  n'ayant 
ni  même  l'aune,  ni  mi^me  flore  que  la  terre  nial- 
gfaelie  et  que  le  continent  lum*.  Les  trois  iinires 
Comores,  françaises  mainlenanl,  .^e  nomment  An- 
gazia,  Nzuuibii,  Mohila.  Le  l'oiul  delà  iiatitMi  y  eon- 
sisle  en  Nègr(*s  de  diverses  nuances  ci  en  Malais 
croiséy  d'AralK's  pn*clarnanl  la  lituange  au  Dieu 
uniqne  dans  la  Linf^ue  même  du  Coran,  car,  deve- 
nus Musulmans,  ils  [)arletit  un  arabe  [dus  ou  moins 
idiomatique. 

A  510  kilomètres  S.-S.-E.  du  cap  llelgado,  Ang;>- 
zia  est  notre  ilrande  (lomore.  Ses  llUOOtl  hec- 
tares, ses  32000  ^Imes  la  placent  au  premier 
rang  de  ces  lies,  qui  n'ont  rjue  ^2(tG  700  (jcctares  et 
60  000  honunes.  Mayolte  comjtnse.  Volcanique, 
avec  un  pic  de  !2'j08  mélres,  un  sol  poreux  y  Innl 
les  ciUiK  tlu  ciel;  elle  est  sans  torrenls,  s«ns  fou- 
laines,  réilnite  aux  citernes. 

Dans  la  nivissunte  Nzouànî  (12  000  liab.  sur 
57  500  lieclares),  notre  Anjounn  ou  iobanna,  les 
foréis  ont  de  l'opulenre,  autttur  du  Tinguidyou 
(157o  maires),  volcan  mori, 

Mohila,  volcan  connue  si^s  snuu's,  mais  beaucouji 
plus  Lasse,  iv'iittcinl  que  U^i)  mèlres;  on  lui  sup- 
j»ose  6000  Mobiiiens  suc  *-27%  100  hectares. 


Bourbon,  l'île  splendide.  —  Ofîiciellenn^nl. 
c'est  la  Héunion,  nom  banal  qui  lic  sort  ni  de  la 
nature,  ni  de  l'histoire. 

l^lle  snr'git  à  (>()(*  kih)nuHres  du  rivage  oriental 
de  Madagascar,  qu'elle  surveille,  qu'elle  coloni- 
sera. iriO  seulcnieul  la  stqiareni  de  l'oile  sœur  ». 
de  Maurice,  qui  eut  les  mêmes  Hmdaleurs,  qui 
a  gardé  la  môme  langue  el  veut  franciser  aussi 
la  r,ramle  Terre.  L'une  el  l'autre  ont  un  nom 
efvnnnuu,  firesquc  en  dèsuêlude  — lesMascareigncs, 
de  Mascarenhas»  leur  découvreur  portugais. 

Sous  le  21*  degré,  Bourîion  n'est  qu'un  haut  ro- 
cher, dans  la  mer  innnense  qu'aspirent  de  lour- 
noyanls  cyclones,  un  grand  bloc  tjiiUé  droit, 
sims  baies,  sans  poris,  ayant  »  peine  107  500  hec- 
t;in*s,  »[u'eulourenP207O00  mètres  de  rivages.  Mais 
elle  a  des  lieaulès  suprêmes,  un  volcan  de  toute 
licrlé,  le  l*iloti  des  Neiges  (ôOtîO  mètres),  un  rnoid 
fumant  encore,  le  Piton  de  Fournaise,  des  torrents 
d;ins  la  lave  el  basahe,  d4'S  cascades  de  pluie  el 
des  jduics  de  cascade,  des  forélis  tropicales,  des 
lonlaines  de  santé,  un  climal  joyeux,  un  sol  fé- 
cond, une  race  de  ("réoles  forte,  souple,  enthou- 
siaste, l'erlile,  liébordaiite,  vivant  avec  exulit'- 
ranci'  au  vent  de  la  mer.  sous  les  plus  beaux 
ai'bres. 

Ces  Créoles,  tous  Français,  ont  à  côte  d'eux  un 
petit  pfUjfle  de  MuhUres;  puis  viennent  les  Noii>. 
purs  ou  trop  ]Hni  mêlés  [mur  (|u'on  les  dise  mé- 
tis, i'I  entin  les  immij^rnnttr,  ces  derniei*s  amenés 
d'Asie  ou  d'Afrique  à  partir  du  join*  où  le  Nègre, 
délivré  de  si  chaîne,  s'éloigna  dos  plantations  de 
café,  de  girofle,  de  canne  à  suciv,  de  mais,  où  il 
avait  geint,  courbé  sous  le  fouet,  lui  paresseux 
avec  délices,  grand  enfant  qui  rit  aux  éclats  en 
nionirant  ses  tli»ti1s  hiauclies.  Les  inunigranls.  cou- 
lis de  rimle.  Chinois.  MalLMches,  Africains,  conq»- 
tent  [K)ur  ■\-\  OUOsur  les  171  000  Bourbonniens,  les 
Créoles  pour  20  000  ou  2500{l(?),  le  reste  étant 
ou  Nègres  ou  Mulàtr-es. 

Les  IH  a  nés  s'y  recrutent  d'eux-mêmes.  C'est  dire 
et  [irouvcr  en  même  tetn|is  la  salubrité  de  Bour- 
b[»n.  climat  d\ùtleurs  chaud,  entre  \'2  et  ôO*,  a^ec 
une  ntoyeime  dv  2t^  —  sur  la  côte  s'enteud.  car 
[)lus  on  monte,  plus  le  Créole  se,  rapproche  de  la 
tcnqtérature  modérée  où  vécurent  ses  ancéin's 
de  Bivtagtïe,  de  Normaoflie,  di*  Gascogne  ou  de 
toute  autre  province  de  la  vieille  France,  et  au 
Piliui  des  Neiges  les  blancs  frimas  durent  six 
mois  sur  d4iuze.  Par  malheiu',  les  engagés  appor- 
tent ii  Bourbon  leurs  maladies  contagieuses,  leur 
choléra,  leur  variole,  leurs  lièvres;  ces  né^ux  sV 


.MAHAGASCAn    ET   SES   SATELLITES. 


allent  aussi  sur  le  Noir,  l«»  Cuivre,  Ir  MulAlre,  le 
Blaiir,  t*t  HouriHMi  uv^i  plus  Itourhuii. 
I    Sjiint-Deiiis.  t'harniniito  ville  de  ô2  000  dînes,  âu 
boni  do  la  nier,  gouverut;  cette  colonie  expiiistve 


prèle   â  se  verser  sur  Mada^Mscnr   dont   elle    fui 
deux  cent  cinquanie  nus  la  pierre  d'adeide. 


Maurice-  —  tHI*"  s^nppelQJt  l'Ile  de  France  quand 


Bourbon  :  jirdin  «l'une  nutson  de  ville.  —  De«do  <le  Q.  Suick,  d'âpre  une  photographie. 


elle  èlail  nAIrO;  devenue  anglaise  |»ar  le  droit  du 
f  lus  fort  sur  nu-r,  elle  a  r>-pris  un  vieux  nom  hol- 
landais. 

Herveilleuseinenl  jjraeieuse,  idie  n'n  pas  la  puis- 
sance d'.'illureâ  de  t'ourhon.  ni  iniMiie  sa  |M*lile 
■  grandeur  i-,  rar  elle  eoniprend  à  peine  l9"itH>0 
hectares,  et  du  ^o!  voiranique  ne  hVlance  aucun. 


pic  de  1000  mètres  :  le  Piton  de  la  Ftixière  Noire, 
sa  roehe  supérieure,  ne  monte  qu'à  UOO  mètres, 
pas  le  liei-s  du  Pilon  d»'s  Neiges. 

Mais  il  y  a  là  un  gn»uillement  d'hommes.  Celle 
ile  entretieul  aTaoOO  |>erbtmnes.  mûI  195  |*ar 
kilomètre  carré»  la  France  n'en  ayant  que  72. 

Les  Mauriciens   sont  ou  des   Créoles,  Français 


600 


LA    TERRE    A    VOL    [l'OISEAU. 


dVxIrnction,  Fmiiçais  de  langue,  avec  un  certain 
nonilKv  d'Anglais;  puis  des  Mulâtres  et  des  Noii's 
francijpiiont^s  ;  ciifiii  et  snrlnul  des  engagés  dt* 
Chiun  et  d'AIViquc'.  importés  un  raïuplacemenl  dos 
e-Bclaves  noirs. 

En  Si}  rlpfrii'fi^nl  nul  ri*  mt'siiro,  en  passant  d'une 
splendeur  de  Ibrèl  \ierge  A  luliie  ijnn.ilité  d'un 
grand  ctiamp  de  canne  à  sucre  souveni  dévosté 
pnr  les  nuragntis,  ^Liurice  a  perdu  des  biinis  ines- 
liin.*il»les,  le  elinial  vgii\f  la  pluie  suflisaule»  la 
salubrité  ;  ses  rivières  enipîrées  en  torrents  exces- 
sifs ravap^nl  plus,  niTOsenl  moins;  soti  si»Ieil 
lirùle  au  lieu  ih*  rêeluiulTer  seulenieni;  son  lïir', 
iiiépurè  par  Tarbre»  transporle  la  fièvre,  la  pour- 
riture ol  les  épidémies  furieuses,  couvées  dans 
1  indiciltle  ordure  des  quartiers  où  les  <i  enga- 
gés t)  s'entassent;  saine  autrefois  comme  Bourbon, 
elle  est  devenue  plus  insalubre  <(ue  1'  n  île 
sœur  ï).  Devant  cette  dèj^radalioo  de  buir  pairie, 
devant  eetle  invasion  des  ti  Halnbars  »,  les  Mauri- 
ciens envoies  éniigrent  de  plus  en  plus  en  tout 
pays,  à  Porl-Nalal  et  dans  les  divei*ses  colonies 
anglo-bolbindriises  riti  C;ip,  aux  Seyclielles.  â  Saigon, 
en  Nouvelle-Calédonie,  et  ils  attendent  impatiem- 
ment d'envahir  Miidagascar  en  compagnie  de  leurs 
amis  de  liuurlKjn. 

On  eslime  i\  W  000  (?)  les  Mauriciens  blancs,  sé- 
parés de  la  France  depuis  iSIO,  les  MuhUres  cl 
Noirs  à  ir»0  000  ('.'),  les  gens  h  gages,  qui  se 
recrutent  presque  tous  d.ins  l'Inde,  à  plus  de 
200  000  (?). 

Port-Louis  (65  000  liah.),  capitale,  borde  un  de 
CCS  poris  excellents  connue  Mîimice  en  a  plusieui'a 
(c*C8l  pourquoi  les  Anglais  l'ont  prise),  comme 
B<mrbon  n'en  a  pas  un  seul.  Celte  ville  semble  en 
décadence,  ainsi  que  son  île;  elle  n'espère  plus 
devenir  une  a  liMellerie  des  nations  o. 

Maurice  a  trois  annexes  :  Rodriguez,  située 
conmu»  elle  près  <lu  50''  ilegré  ;  les  Ainiranles  et 
les  Seycbelies,  beaucoup  plus  au  nord,  vers  le  r)\ 

Rodriguez.  —  Ilot  de  granit  de  1  î  000  hectares, 
avec  1000  haltitonts,  Uodi'iguez,  ou  plus  exacle- 
inent  Oiego  Rodriguez,  sïdéve  à  presque  600  kilo- 
mètres à  l'oi-ienl  de  Maurice. 

AmiranlBB,  Seychelles.  —  Petites  îles  grani- 
tiques, Ilots,  rochci*s,  bancs  de  sable,  écueils  de 


corail,  ces  deux  égrénements  de  sporades,  jadis 
françaises,  maintenant  anglaises,  avoisinent  Miida- 
gascar  bien  plus  que  Maurice  :  de  la  plus  grande 
d'entre  elles.  Mahé,  l'on  n'a  pas  1500  kilomètres 
jusqu'au  cap  septentrional  de  la  terre  Malgache, 
contre  près  de  1800  jusqu'à  raocienne  ile  de 
l'rance. 

Les  douze, Amirantes,  plus  près  de  Madagascar 
que  les  Seychelles.  sont  des  corauv  boisés,  presque 
déserts.  Leur  vrai  mon.  qui  est  portugais,  ilhasdo 
Ahniranle,  les  Iles  de  l'Amiral,  consacre  le  sou- 
venir du  découvreur,  honmie  immortel  qui  s'ap- 
pelait Vaseo  de  Gauia.  A  peine  si  100  hommes  v 
séjtmrnent,  sur  8."00  hectares. 

l*ai*n»i  les  Seychelles  domine  Mahé.  (|ui  pur  le  un 
volcun  de  1920  nièlres;  l'raslin,  plus  prlite  *pii' 
Mahé,  est  plus  grande  que  Curieuse,  où  il  y  n  un 
h<^|)i1aï  de  lépreux.  Sur  ces  Irois  «grandes  »  lerres 
cl  sur  d'autres  qui  sont  moindres,  en  tout  20  400 
hectares,  environ  seize  mille  hommes  se  InissenI 
vivre  dans  une  nature  bonne  et  gaie,  sous  un 
joli  climat  sans  ouragans.  Créoles  blancs.  Noirs  et 
MulAti'es.  engagés  venus  de  Tlniie,  on  parle  ici  le 
doux  créole  français  de  Maurice  et  lîourbon.  Les 
Si*ychelliens  ont  p>ur  ancêtres  des  colons  arrivés 
di^s  îles  saMjrs  à  partir  île  1742  et  des  transportés 
politiques  exilés  ici  vers  l'an  1800  :  des  ISêgresses 
du  Mozambique  ont  foiu^ni  le  sang  noir. 

La  cîqnlale  appartient  à  Mahé;  c'est  Port-ViclorJa, 
sur  une  haie  très  sûre,  au  pied  du  Morue  Houge 
(  t50  mètres). 


Socotra  ou  Socotora.  —  Asiatique  presque  au- 
tant ipi  aCi'iriôiie,  cette  He  de  IS5H  OtK)  hectares 
l>arre  de  loin  rentrée  du  i^olfe  d'Aden,  c'est-à-dire 
de  la  nier  Rouge,  à  îhO  kilomètres  au  large  du  cap 
Cnardafui»  à  moiris  tie  400  de  la  ci^te  de  l'Iladra- 
maoul  (Arabie  méridionale).  Monis  df*  granit  allant 
jusqu'îi  tfi^O  nièlres.  vallons  el  coteiiux  de  cal- 
caire, rivage  bordé  de  corail,  Socotora  tint  jadis 
au  Cfinlinent  <rAfrii(ue,  el  c'est  la  mer  dèmolis- 
sensi'  qui  l'a  rouifme  d'avec  les  sierras  et  plateaux 
de  la  corne  de  (juardafui.  Elle  est  stérile,  dans 
une  nature  sèche,  avec  les  plagies  aromatiques 
des  climats  sereins.  Il  y  a  h\  douze  milliers 
d'iiommes,  Arabes  ou  métis  d'Arabes  el  d'Afri- 
cains, Musulmans  parlant  la  langue  du  «Livre». 
Leur  principal  village  a   nom  Tamarida. 


AMÉRIOIE, 


flOl 


■  Christophe  Colomb  et  ses  précurseurs  Scan- 
dinaves. —  l.'AiiUTiquo.  .\ouve:iii  MniHJi'  nu  'Soxi- 
vpîiu  (i<t(itiiri'ul.  recul  dos  Européens  bi*»n   av.inl 

IOirislophc  Oolornb,  dès  lo  dixième  siècle. 
IK^s  Norvégiens,  venus  de  Tlsliinde,  alors  pro- 
si>ère,  si  nous  en  eroyons  l'fiistoire  ou  tu  lé- 
gende, s'établirent  en  ce  lemps-l;j  dnns  le  Gro4?n- 
hnd,  puis  rt»rnnnurenl,  vers  le  sud,  el  |Mnit-élre 
niénie    C(douisêreut   le    liltor.'il    (piils    :i|»pe]éi'eMt 

IVinland  ou  |Niys  de  In  Vigne. 
Que   fureiil   ces   colonies   en    TiTre   verte  '   el, 
au  midi  ilu   golle   Saint -l..'uireut,  jusfpiïi    l;i  biiie 
Qies;i{>enke,  celles  du  pays  de  la  Vigne  sauvrtge, 
I   U  iiitti  soaiiiliuavo  Crocnlaiid  ^cul  dire  Ti'ne  voiic 


tut  forAl  de  II  Colombio  ati^'lai^^e.  ~  Dessin  de  Hoyoet 


AMERIQUE 


sur  une  rive  semblnhlc  par  ses  fionis  h  la  Nor\-ège 
et  à    risl'Uhie   iKitJiles? 

On  l'ignore.  Les  vieux  Scandinaves  en  conser- 
vèrent si  peu  la  mémoire  qu'on  ne  sait  au  jush* 
jpi.'Hïd  el  eomnit^nl  elles  périrent.  TiMit  re  qu'on 
en  j»eul  eroiir»,  c'est  tju'elles  restèrent  petites,  [mis 
que  les  Esquimaux  les  détruisirent  ou  tpie  la  mé- 
tropole les  abandonna,  ne  soupeoruiant  p.is  qu'elle 
perdait  un  nionde  où  elle  pouvait  reivouveler 
cent  fois  s:)  race  aventureuse. 

On  avait  profondément  nuïdié  ces  établissements 
islandais  qn;nnl  nn  liéttdis  au  service  de  ri''s[iagne, 
un  marin  déjà  vieux  dunt  l'âge  mûr  s'élnil  usé  h 
la  [loursuilo  lie  sa  grande  idee,llhriNt<qdie  ColontI». 

70 


602 


LA    TERRE    A   VOL    D'OISEAU. 


navigua  vers  TUri^'iil  |»ar  In  mer  àe  l'miosl  sans  se 
douliT  qu'un  ronlinent  fuî  Lnrrait  la  rouit?. 

L'iriiniin*t4^I  llnlii'u  rlu'i'rhail  l'Itirli*.  l;i  i^Iiii>o,  la 
t(  naissiitiri*  ih's  ('fjîrt's  n,  \v  (^nuuï  hhiiii  ûi*  Tar- 
larii'  qui*  la  vnix  ïiuhlîijiie  ilisail  hésiter  ontre  Ma- 
Uornel  et  Jésus;  il  iw  liutua  ni  IVïricnt  drs 
i''jnCL'S,  ui  Ir  potiMiïnt  faineïix  ;nii|Ut'l  il  jiai'liïil  ime 
lellrc  do  FVrtIinfiiid  vl  d'IsilR-ile  ti'Ks|iaf!ue;  il 
renconfra  rAnn'riquo  (li'.>2),  <]Ui  ne  [lorU'  junnt 
Sun  noïtï,  ï>iiîs((ir*lli'  a  |iris,  on  ignuii-  par  f|Ui*l 
lia:5urti,  celui  d'Anierigo  Vespucci,  cosm<»givij>Iie 
cl  navigulour  floiviiliii. 

Avoc  los  trésors  du  fiiiiige  vers  lequel  II  îivtiil 
cru  dn^der.  il  voulait  racheter  le  loiidK'.-^u  du 
Christ,  mais  les  mines  d\\Miérii[ae  no.  servlrerii  h 
aucune  rédeniption.  Pour  ^dlea  l'Kurope  cunuiiil 
deux  rriiTies:  elle  voulut  dèfniire  les  Indiens,  ellfi 
lit  Jii  cluisse  aux  IVuii-s. 


Les  deux  demi-continents.  Europe  et  Amë- 
ritjue.  —  Le  .Nouveau  Monde  l'umi|hviuJ,  du  nur<l 
nu  sud,  deux  grrandes  terres  unies  h  l'ouest  (lar 
risilune  très  inonlueux  «le  rArnêrii]ue  leiHntle, 
et  î»  l'esl  par  une  efi.dno  d'iles  brillantes  rnini- 
niêes  les  Anlilles.  (les  deux  lern'S  de  grandeur 
iiié;^'<ile  *iiit  il  fieu  près  la  uïènu*  figure,  relie  d'un 
ti'jan^de  dont  la  pidnle  re^.inle  le  midi. 

Avec  le  Cirocnland,  glucc.  neige  et  roelie  inutile, 
n\ec  la  uun  niuins  inutile  Airiériipie  polaire,  avee 
rAmêri(jue  l'eutivile  el  les  Atitilles  ipie  leur  «limai, 
leur  nainre.  leur  langue  principale,  ratlarlieiit 
plaint  à  ï'Air»éi'i([ue  du  SutI,  le  deriM-eontiMent  du 
Nord  .1  'J  hitlli;inls  77  niillimis  <rfieclinvs  ou 
"til  fuis  la  Lrance;  le  denn-i*aniiiieiil  du  Sud  en  n 
177"»  millions  ou  5')  â  34  luis  la  France  :  eu  (oui 
3  nûiliards  Shiï  luitliuus  d'iieclares,  environ  7'i  fois 
le  doniairu"  de  la  nation  qui  se  coucentre,  s'agite 
el  s'èltole  à  Paris. 

Leur  nondtre  d'Iioninies  n*est  pas  inoins  iiir^;il  : 
sur  12i*  millions  d'Aniéïieains.  il  y  en  a  pins  de 
KK  dans  rArnéritpie  du  >or<l,  el  la  popnlalion  y 
grandit  encore  plus  vile  que  dans  l'Amérique  du 
Sud,  par  ralti'acliou  di*s  l^llnls-l'nis  el  du  Nui'd- 
(>uest  canidien,  pays  tempérés  où  s'eijf;ouiri'ent  les 
Européens  las  de  LEurope  :  ils  y  vont  [uir  cen- 
taines de  milliers  chaque  année,  de  deux  n  trois 
l'ois  plus  riomhreux  que  ceux  qui  déliari|uent  en 
Amérique  du  Sud,  sait  au  Urésil,  soit  dans  ['Argen- 
tine, ri  Ville  espagnole  des  Êtul5-l"nis  anglais.  M 
datis  Inii  tu  dans  l'autre  des  doux  Iron^'ons  la 
pliice  ne  rn.UHiiiera  dt;  lon^Meiups  à  ceux  ffui. 
suivant  leur  Loune  ou  leur  maie  étoile.  quîMent 


li;  Vieux  Monde  pour  le  Mouvejju  ;  les  Indes  vierges 
révéléc»s  par  Colomb  peuvent  nourrir  3  niillinrds 
d'Iuunmes,    I(*   donhle  dr»   ta   présente  luiinanité. 

La  ((  Colombie  »  septentrionale  s'approche  bien 
plus  du  Pôle  que  la  a  Colombie  i»  méridionale, 
celle-ri  ne  descenilant  que  jusqu'au  55"  degré, 
tandis  que  relled.i  dé|»asse  te  7.'»".  Bout  â  bout,  les 
deux  ïrujnceaux  du  cmilinenl  ont  14000  kilomètres 
de  lonff  :  c'est  la  distain^e  du  cap  d'Kspafrne  le 
(ilus  viiisin  d'AtVique  au  cap  sibérien  le  plus 
voisin  du  Nouveau  Monde.  La  plus  large  de^  deux 
mnsses,  celle  du  >ord,  n  GOUO  kilomètres  d'am- 
[ilitude  i\  la  liautetir  du  détroit  de  Uelle-lsle.  et 
it  y«  oOOtf  kilomètres  dans  celle  tin  ^m\  entre  l;i 
Punta  Parina  (Péj'ou)  el  le  cap  Sainl-Hocli  (Brésil). 
L'Amérique^  dans  son  enseiutde,  est  donc  prés  de 
i\v\ix  fois  et  demie  plus  longue  que  ses  [dus 
grandes  largeurs  et  sa  rorme  allongée  coniraste 
avec  h  caiTure  de  l'Asie. 

Au  nord,  fAmêrique  louche  presque  à  LAsie. 
Elle  n'en  est  qu'a  oO  kilomètres  au  dêiruil  de  b<v 
ring,  l'un  des  deriuei-s  refuges  des  baleines,  chas- 
sées de  toutes  tes  mers  el  nrat  a  l'aise  dans  ces  eaux 
gincicdes  qui  ne  sojjI  jnis  leur  patrie.  A  partir  de 
ce  moindre  écart,  dû  h  rallongement  péniusulaîre 
des  ili'ux  piirtîes  du  monde,  l'Asie  coui-l  au  sud- 
ouest,  l'Amérique  fuit  vers  le  sud-est  ;  le  déiroil 
de  lii'ring  est  donc  le  lieu  d'approche,  el  presque 
de  contact,  de  deux  rives  qui  s'éloignent  ensuite 
de  plus  en  phrs  sur  un  océan  grandiss-mt  eu  bir- 
gour,  lellemeni  qu'il  y  a  lôOOO  â  IfîOOO  kilo- 
mètres deshou<'[iesdu  Mékong,  lleuve  asiatique,  à 
Panama,  ten-e  américaine.  La  disl^-mce  moyenne 
entre  li's  fleux  cujilineuts,  prise  de  la  Chine  à  la 
Vieille-Calirornie,  est  d'à  peu  prés  lïO  degrés,  le 
tiers  du  contour  du  Clobe. 

L*éloi<,meiiient  esl  bien  moindre  entre  rAméri(|iie 
tlu  Sud  el  l'AtVique  :  tic  lîrest  à  New-York  on  ne 
conqdc  que  5000  kilomélres,  du  cap  Vert  au  cap 
S.uiil-U(ïcli,  que  '28Utl.  Puis,  les  vents  et  les  cou 
ranis  niènenl  presque  aniicaleitu'Ul  les  navires  eu- 
ropéens vers  la  terre  colombienne,  alors  que 
d'Asie  en  Amérique  le  voyage  l'st  pénible,  inégal; 
In  cote  du  Pjiciliipie  américain  regardant  l'Asie  esl 
moins  découpée,  sauf  au  iiurd  el  loul  au  sud,  el 
benu4*onp  moins  h(*spitalièi-e  que  celle  de  TAllan- 
tique  (oui'iiée  vers  rKumpe:  erilin  tes  llocheuses  et 
la  Cordillère  des  Andes  ne  laissent  entre  elles  el 
le  (îrand  (Jcéïin  qu'une  ètrinte  lisière  avec  courts 
torrents,  tandis  qui"  te  double  continent  incline 
vei*s  l'Atlantique  des  plaines  iuunenses  d'une  fé^ 
condilé   sans  pareille,  sur  des  fleuves  de  5r>00  à 


dHi 


AMKRIOIK. 


oor. 


7000   kiloniMres   qui    soûl    U*^   prciiHi^rs    de    la 
Splièiv. 

L'AmtViquc  esl  donc  voisine  de  TRurope;  elle 
lui  tend  les  bras.  Et  dï-.s  quVtIrs  ^e  ruiiduiiMit,  In 
«  xii'illc  Europe  »  rt^gna  sur  In  u  jcuni'  ATiirriijiioit, 
non  comme  une  sœur  ninée,  douce  et  bonne,  qui 
renq>ljicc  une  inèiv,  mais  comme  une  implacable 
manllre.    Nous   lui  envoyâmes    alors    mille   scê- 


b'rals  pour  un  honnr't*»  linnuiie;  les  temps  sonl 
l'jiaiïgés,  mais  elle  ne*  le*;*»]!  poiii!  de  nous  mille 
lionntHea  luniimes  pour  un  sct-lênt. 

De  tiiu(  li'mps  sans  donle  TAiïït'rique  eut  des 
relations  avec  lAsic,  ne  lûl-ce  ipie  par  le  drlroil 
4le  Uêring  où  les  liivers  polaires  font  <les  llols  une 
daili?  solide  entre  les  deux  corttiniints.  Des  tribus 
d'Asie  oui  dû  passer  en  Amêriquej  ou  des  IriliUK 


Doni  la  Colombie  ^quatorUle.  —  Deuio  de  E.  Illou. 


d'Amérique  eu  Asie,   sur  un    poiil   do   »  glaçons 
amiTs  a. 

Mais  quand  l'idée  fixe  d'un  llnlien  et  Tbeureuse 
navigation  do  trois  caravelb^s  nndalouses  eurent 
«  dêmonirè  a  l'Amérique  à  l'Knrojie,  le  NimveflU 
Monde  entra  dans  un  autre  destin  :  il  fut  rnUre,  et 
en  trois  siècles  et  dt>nii  nous  en  avons  fait  au  nord 
une  Liurope  nouvelle,  qui  vit  plus  hâtivement  «pu* 
nous,  qui  vieillira  peut-t'lre  avant  nous  malgré  son 
renom   de  Jeunesse.  Itanb  le  sud.  les  Bloncs,   les 


ItMliens  el  les  Noirs  se  rnèb^nt  diversement  el  for- 
nient  des  petqdes  dont  l'avenir  semble  devoir 
dê[).'U(lre  des  <lt>sos  du  mêlante;  or,  depuis 
une  irenlaine  daniiées  les  l'^uropéens  du  Midi  s\ 
versent  en  loule»  de  siu'le  que  ce  denii-conlineMl 
devient  aussi  de  plus  eu  plus  une  Euro|H* — jeune 
ou  vieille,  nous  ne  savons. 

Le  littoral  et  les  îles.  —  l/Eui*ope  seule.  Irait 
délical  sur  ta  ligure  grossière  du  Vieu&  Coûtineul, 


604 


LA  tkhiïf;  a  vok  ir  OISE  au. 


rsl  plus  piMiriivi^  i]ue  t'.AiMiniqiiP  du  N<*i'ii  par  les 
goHivs  (lo  |ji  iiirr.  Si  I  AlritjiK'  possiVlt^  1  kiloniùlre 
(Ifcâlr  jHiur  1-i20  kilom^^lrt^s  c^nvs,  TAsie  1  pour 
763,  l'AusInilie  1  |iimr  ,V*i,  i'AniiTique  du  Noiti 
en  possrdc  I  |KH)f  407  :  cllf  vicul  rlonr  en  piv- 
niière  ligne  apivs  rKunijH*,  tjui  n  riiisi<j;np  faveur 
d<î  disposer  do  JOUU  inôtivs  do  lilloral  pour  28î)  ki- 
ItJinèfres  carnés,  ou  niênie  j)oui'2l2'.)  «ni  y  compre- 
nant It's  grandes  ik*s. 

1/ Amérique  hi'pleritrionak' a  ]*lus  de  iSÛUUki- 
InmMres  de  rivages;  pas  phis  que  TKurope  elle  ne 
ui;in<(ue  de  grands  bnis  péiiinsid-nres,  l.nfira<i(»r» 
Aeadie.  Floride,  Yutuilan,  Vieille-ilitLitbnûe,  Alaska, 
et  l'on  ne  c.oniple  pas  ses  denlelures,  golfes,  baies 
superbes,  sounds  mi  liords, 

L'Amérique  du  Sud,  au  conlraire,  senihl.ilile  à 
sa  plus  proche  voisine,  rAt'ri^iue,  manque  de  pé- 
ninsuli^s  el  n'uuviv  «le  viviïs  ^(dfes  ((u*;uj  loll^  de 
la  mer  <les  Aiililles  et  dnïïs  les  ,n'<'hipels  de  l;i  Va- 
tngunie  el  du  Chili*  nîéridiimal;  un  kilomètre  de 
e«Mo  y  répond  h  0^0  ktlonièlr-es  enrrés.  Mais  elle  a 
deux  graiuls  esluiiires,  l'Amaxone  el  l;i  ï'inl;^  et 
des  baies  merveilleuses,  (elle  celle  «le  Hio-ile-Ja- 
iieiro.  irailleui^,  sot»  clinial  plus  eli;uid  eoinpense 
généreuse  nient  relie  pauvi'elé  d'indenlidiuns,  el 
toutes  H(*s  crtques  servent  en  tout  temps,  tandis 
qu'au  nord  du  Nouveau  Monde  les  ^^dl'es  les  plus 
beaux  soni  rraeliés  pendanï  des  seittaijies  par  la 
[tr(jrne,    lennés    [wMid;int   des   mois    |i:ii'    la  glaee. 

L"Ainérique.  sep(euljii)uale,  en  rela  semblable  à 
TEuropt?»  a  son  cortège  d'iles  i  à  Test,  rogiu-dant 
rKui"o[n'  ou  l'Afrique,  iiitïnlenl  Terre-Neuve,  Anlî- 
cosli,  le  l'rince-Kdouiird,  Cap-lîretou,  Liuig-lsland, 
qui  calnic  les  eîuu  de  New-Vurk,  Cuba  el  Porlo- 
lUeo,  Saîid-Btuuingue,  la  JauiaFque  et  les  Antilles 
mineures;  ù  l'ouesl  s'élé\cnt,  en  face  el  près  ou 
liiin  de  l'Asie,  les  Aléouliejnies,  Kodiak,  Silka,  b' 
ï'iinee  de-<!iilïrs,  la  lU'ine-dbarlulIe  el  VajieoïivtM', 
L'AmV'rique  mériflionale,  en  cela  pareilb'  à  rAlVi- 
que,  est  peu  flanquée  d'iles;  elle  non  a  guère 
qu'au  sud,  dans  les  vapeurs  d'un  orag:eux  océan, 
sur  des  Mois  ipii  ne  senml  jilus  un  ;^rand  chemin 
des  navires  après  le  perretiient  de  lislfune  de  l*a- 
nanuK  mais  ces  iles.  Malouines  ou  ralkland.  Terre 
de  Feu,  archipels  de  la  pointe  auslrah'  et  de 
TArauranie,  Wellingbui,  Chîloé,  devi«nuirf>iil  quel- 
que jour  une  grande  piitrie  de  marins,  et  les  iiia- 
rius  sont  les  j)rentiei*s  tics  houHues,  b^s  plus  sim- 
ples el  les  plus  braves. 

Prédominance  de  la  plaine,  climats,  humi- 
dité» fleuves.  —  Kn  Amérique,  la  uioiila^fMe.  eri- 


core  qu'elle  soit  fort  hnule,  ne  domine  pas  comme  i 
en  Asie,  el  les  plaines  \  couvreut  en\ii*oii  1h  moilièl 
du  pays  dans  le  nord,  les  deux  tiers  dans  le  sud. 
Kïlornes,  pour  ainsi  dire,  au  continent,  les  cbainesl 
du  Nouveau  Miinde  le  bordent  plus  qu'elles  ne  IftI 
sillonnent.  Les  Kocbeuscs,  les  Andes  jellcnl  |>flr-l 
fois  lombre  de  leurs  volcans  sur  le  Pacifique;  dal 
leur  pied  à  la  mer  il  y  a  50,  40  kilomètres,  rai*< 
ment  100,  125,  150,  tandis  que  2000,  5000,   iOOOJ 
kilomètres  les  séparent  de  l'Atlantique.  Dans  rAraè*J 
rique  du  Nord,  le  mont  s*évase  bien  en  larges  et] 
bmus   pljleaux,   h'Is    que    rAtiabuac.   le  Nouveau-^ 
Mexique,    l'Llab.   mais  il    gartle    une   persist;Micâ 
luarqui^e  à  se  tenir  en  vue  du  Oand  (lct*an.  donl| 
il  esl  ileux,  trois  <*!  quatre  fois  plus  proche  que  de 
la  mer  de  New- York  ou  de  Terre-Neuve.  Les  autres! 
chaînes  ne  sont  pas  moins  extérieures  :  les  Aller;] 
gbatiies  sVcarlent  peu   de  la    rive  atlantique,  le 
monta  du  Véru^zuéla  pbfugent  sur  la  mer  des  An- 
tilles, les  Tuonis  de  la  Guyane  se  lèvent  ù  200,  400»] 
500  kilomètres  au  pbïs  de  la  plaine  liquide,  et  b?«| 
plus  liantes  serras  du  Ibésil  ferment  l'horizon  dej 
la  marinière  liio-de-Janeiro.  Le  centre   de  l'Ame? 
rique  septentrionale,  vers  Saint-Paul  de  Minnesota»! 
se   trouve  en    plaine,  près   des    sources  de  (rois 
longues    iivières   de   plaine,   Mississippi.   Rivière»] 
Houge  du   Nord    el    Saint-Laurent.   Le  cenlre  dfl 
l'Ainél'ique  méridionale  est  ;»  Cuyaba,  sur  de  si  va- 
gues piali'aux  qu'il  n'y  a  pas,  en  certains  lieux,] 
de  tranche  vlsibb*  enln*  le  bassin  de  l'Amazone  ell 
celui   de   la   Plata,   el   au    luu'd    comme  au  sud,J 
fuienf  des  cauipos  plats  nunnie  la  mer. 

nnnique  l'Amérique  dispose  une  grande  partiel 
de  ses   lerivs  entre  le  (lancer  el  le  Gipricorne*^ 
son  allottgtMuenl  entre  dtiux  océans  immenses    l^l 
livre  lellemenl  aux  vents  pluvieux  que  les  sahar» 
et  les  strppes  y  sont  bien  moins  vastes  que  dani 
h)  tropicale  Afrique,  l'Australie  et  l'Asie,  tjue  dâl 
Mauvaises  Terres»  de  déserts  d'Atacama.  de  Pam{Ki9l 
du  Tamarugal  entreraient  dans  le  Sahara  des  Afri- 
cains! 

Du  60**  degré  boréal  jusqu'aux  derniers  glâ(;ons 
niyés  pjir  un  traîneau  sur  la  roule  du  Pôle,  l'Aimé 
riquc!  du  Nord,  digne  de  la  Sibérie  la  pins  blan- 
che, n'est  que  gel  el  regel,  néant,  inhospitalité, 
désert  :  tes  frimas  presepie  éternels  y  IVint  séjour, 
sur  le  continent  et  dans  le  dédale  des  roches  sous 
neige  el  sous  glace  dont  on  m^  sait  si  elles  sont 
Iles.  ])resqu'ites  ou  terre  lenue  aniphipolaire.  Au- 
cune siena  supérieui'e  ne  barraïd  h  ce  NoiiJ  ter- 
rible, immense,  le  cliemin  du  Centre  et  du  Sud 
—  car  les   Laurentides,   orgueil   du  Canada,   ne 


^^^^ 


E 


Ijillliillliii' 


ê 


AMÉRIUII*- 


607 


p 


I 


lèvent  Icui'S  granits  qu'à  des  liaulcuitî  de  fiêrc  col- 
line —  les  aures  polaires  pcuwttl  sonriU'i-  ii  leur 
gré  dans  les  plaines  de  rAmérii|ue  sf[tIinilrioiïale; 
elles  font  rage  à  Sitinl-Luuis  du  Missouri  l't  jus- 
qu'à la  Nouvelle-I Orléans.  La  «  Cité  du  Croissanl  d, 
voisine  de  la  mer  du  Mexique»  sous  la  même  lali- 
lude  que  la  ville  des  l*yr;iniides,  grelotte  quiuid 
la  bise  lui  vjenl  de  Chic«igo. 

L'Anu^rique  du  Sud,  coupée  pjir  TÉquateur,  ne 
va  pas  aussi  prt*s  du  I*(Me  —  il  s'en  faul  de  20 
degrés  —  cl  elle  tn^  lui  prèsenle  qu'une  pointe 
au  lieu  d*iui  front  de  4()0()  h  .-jOOO  kiluiuèlres  : 
aussi,  malgré  de  li'ès  IiêuiIs  plateaux,  c'est  la 
moitié  tropicale  de  h  Colombie,  mais  ses  fleuves 
splendides,  ses  fonXs,  ses  [duies  drues  s'opposent 
à  ce  que  le  soleil  y  Iraie  des  déserts.  Toute  l'Aniê- 
riijueniéridioiiale  fournira desdenieures  à  l'Iiomme, 
elle  aura  peu  de  vides,  et  si  le  Nord  du  Nouveau 
Monde  semble  a\oir  pour  destin  de  lever  plus  de 
cheminées  d'usine  et  de  eMUSumer  jdus  liillive- 
nieut  ses  jours  à  la  reeherclie  de  l'or,  les  [teuples 
les  plus  denses  auront  leurs  niaîsotis  dans  le  Midi. 

I^^  versiuU  de  rhétni-i'ontjnenl  siqilenlrî'HiaK 
abrité  de  l'est  et  du  lun'd  par  les  Rocheuses,  c'esl- 
^dire  la  Colombie  auglatse,  le  Washington,  l'Oré- 
gon  et  (juehjues  cantons  de  ];i  tlalifornie,  rappellent 
l'Europe  occidentale  par  leurs  pluies  serrées»  leur 
lemiKTature  égale,  leur  végélaliou  qui  doit  son 
luie  et  sa  grandeur  h  l'Ijumidité  plirlol  qu*;iu 
soleil;  tandis  qu'à  l'orient  des  Monts  Hoeheux, 
dans  une  contrée  quinze  fois  plus  grande,  partout 
où  le  Souffle  du  Nord  [ïénélre  (et  peu  de  vallées 
lui  écliapp*»nl)  l:i  tetrq»énitun*  est  extrême  dans 
le  froid  comme  dans  le  chaud  :  Québec,  sous  le 
ciel  de  Nantes  ou  Poitiers,  a  des  étés  nubiens 
après  des  hivers  de  Sibérie;  Chicago,  sous  le  ciel 
de  Konie»  New-York,  suu6  celui  de  Naples,  frisson- 
nent après  des  mois  d'Afrique  parmi  des  glac(?s 
presque  Scandinaves. 

L'allongement  de  l'Amérique,  son  insularité»  sa 
pênétrition  p;ir  les  vents  de  mer,  ses  plaines  s.'ms 
lin,  s;ivanes,  llanos,  selv.is  où  rien  n  arrête  le  ruis- 
sellement des  nuées,  voilà  les  sources  de  riiumi- 
dité  qui  fait  l'opulence  du  Nouveau  Monde.  Qiin^ 
les  Imsses  terres  ses  fleuves  atteignent  jusqu'à  la 
monotonie  de  la  graruliur;  sur  les  sierras  et  serras 
du  Centre  et  du  Sud,  les  végéUtious  tombent 
comme  des  cascades;  dans  les  selvus,  la  liane, 
corde  vivante,  étreini  l'arbre,  et,  de  branche  on 
branche,  toute  la  forél.  â  travers  le  rio.  l'igarafié, 
Télang.  Même  iiu  septentrion,  sur  la  roche  lau- 
renliconc  que   l'hiver  enfouit  dans  une  immen- 


sité hlanciie,  les  pins  et  les  sapins  sombres  s*en 
vont  de  colline  en  colline',  contemplés  par  l'ours, 
reflétés  par  le  hie  et  jiar  le  torrent  :  nous  étions 
les  niaiti'os  de  ce  granit  qui  commande  aux  grands 
fleuves  du  Nord,  mais,  comme  a  dil  Voltaire, 
sec  et  frivole,  on  nous  débarrassa  de  ces  <»  quel- 
ques arpents  de  neige  ik 


Régions  naturelles  de  l'Amérique  du  Nord. 
—  Les  montagnes  de  l'Uuesl,  les  Hocheuses,  for- 
ment une  première  et  vasle  région,  moins  agricole 
(jue  pastorale,  moins  pastorale  que  minérale.  Elles 
dressent  leurs  pics  majeurs,  volcans  ou  non,  à 
3000,4000,  5000  métrés  et  plus;  leur  clininl  est 
très  dur  dans  rAniérîque  anglaise  el  sur  les  con- 
treforts qui  vont  dans  l'Abiska,  dur  encore  sur  le 
plitte;ni  dTlah;  il  tlevienl  cliaud  sur  le  socle  de 
r.Vnahuac,  au  sud  duquel  les  hautes  phiines  de 
rAiiiérique centrale  se  font  gloire  de  leurprinlemps 
perpétuel.  Ces  sous-i'égions,  qui  n"ot»t  iju'un  tj'ait 
ciimmun,  leur  £:rande  altitude,  couvrent  ensemble 
000  millions  (riiedares.  en  y  comprenatil  h'  vei'- 
sant  du  Pacifique  où  des  monts  dtVhirés  en  mille 
promontoires  gardent  merveilleusement  les  haies, 
sous  un  cliniîit  doux  au  iiorv',  délicieux  au  centre, 
sec  et  hrùlunl  au  sud.  Lu  Caliluinie  du  nord,  au 
milieu  de  celte  c^te,  est  lune  des  belles  con- 
trées de  rAmérîque  septentrionale,  sa  serre,  son 
janiin.  son  piirc,  son  vignoble,  sa  Li^'urie. 

Non  loin  du  rivage  opposé,  les  Alléghauies,  deui 
ù  trois  fois  moins  hautes  que  les  Hocheuses,  en- 
fern]ent  dans  teurs  sillons  piirallèles  une  cinf]uan- 
laine  de  millions  d'hectares;  à  Touesl  leurs 
eaut  limpides  se  versent  dans  le  long  Ohio,  tri- 
bufaiie  du  Mississippi;  à  l'est  cunmienreiil  el  s'a- 
chêveiil  bientôt  les  fleuves  côtiei*s  de  la  Nouvelle- 
Angleterre,  berceau  tUi  peuple  îles  Yankees. 

Kntre  les  Alléghanies  et  les  hucheuses  fuient, 
ondulés  ou  plats,  les  <"hamps,  les  prés,  les  bois, 
les  déserts  du  Mississippi,  2o0  millioMs  d'hectares 
sous  un  rlimnt  rude  au  septentrion,  doux  au  méri- 
dion,  Avjuit  (pie  lecliemin  deferihi  l'auitifpie  ouvrit 
aux  Américains  les  horizons  du  (ir.iiid  th'éaM,  celte 
rêgii>n  s'appidail  chez  eux  le  Far-West  ou  Grand- 
Ouest,  mots  qui  maintenant  nomment  aussi  les  pla- 
teaux des  Hocheuses  el  le  littoral  de  Californie. 
Dans  le  nornl  de  la  conque,  aux  savanes  succèdent 
h  l'inOni  d'autn's  savanes,  ftrairies  nues  ave*'  peu 
de  sources  où  dès  que  le  reg;iid  peni  le  s|K;ctacle 
des  eaux  on  s'attriste  devant  une  immense  mono- 
tonie: la  charrue  v  diminue  d'heure  en  heure  le 


i\m 


.X    TERHE    A    V(M.    D'OISEAU. 


domnincdos  bisons,  qui  ost  nusst  celui  des  Iridîeitîi. 
A  l'usl  du  lleuve,  le  bns^in  de  l'Oliio  est  une  con- 
tri''i»  liiHireiisp ,  graciouse,  fi'rlile ,  proilijçiiP  d»* 
houilli',  (11*  poirolo,  de  nuMiiux;  initis  k  I'oupsI, 
sur  le  Nrijiviska,  le  K.'ïnsiis,  l'Arkansas,  la  Cana- 
4litMitiL',  l;i  IUvit're-ll(Kig(»  du  Sud,  s'êteiidcnl  jus- 
qu'aux Mttuts  Uo<'ljiHix  JL'fi  Mauvaises  Tt»n'i^s  eX 
aulivs  déi^erU  sans  pluius.saiis  bois, sans  venturo, 


avec  des  rivières  lonjpies  el  sèches  Au  midi,  le 
Teias,  l'Alabauja,  la  Floride  sont  des  pays  senii- 
(n*|iii'niix.  i;à  et  là  m;ilsî»ns,  sur  un  lillnnil  où  les 
branrhes  dm)  delta  niênenl  au  golfe  du  Mexique 
le^  llols  du  Mississippi  fangeui. 

Au  nord  de  l'Oliio  el  des  Allêsiianies.  le  pays 
du  S^iinl-Laurent.  long  de  2500  kilomèlres»  large 
en  moyenne  de  OOU,  a  (mur  gloire  les  lacs  dans  le 


Dans  l'Alasîta.  (Voy   p.  tiU7.)  —  l>cïsin  do  \aii*   Ûarsenl. 


gneiss  el  le  granit,  parmi  les  forais,  el,  de  lac  à 
lac,  les  i'a|ddeï^  ou  rèfroulement  des  grandes  cas- 
cades entri!  la  roche  el  les  pins  lugubres.  Le  long 
de  son  (leuve  à  Timniense  end)oueliure  an  nnmle 
à  sa  MtHlilen'anèe  d'eau  d(Kiee,  Taile  de  six  la<-s 
ayant  oiisendile  plus  de  *22  millions  d'hectares,  le 
SupériiMir,  le  Mirbigan.  le  lluroi.  le  S;nnte-(]laire, 
rKi-iê.  rtMdario;  erîlie  oes  deux  derniers  le  lleuve 
s'appelle  Niagara,  c'est  toul  dire,  el  de  rOolario 
l'uil  le  large  Siunl-Lauivnl  veil. 


Les  grands  tributaires  du  Sainl-Laurenl.  TOu- 
laouais,  le  Saiii1-.Mf*nriee,  le  Saguenay,  coulent  des 
Laurenlides,  chaînes  sévères,  froids  plateaux,  lacs 
sans  nombre.  Sur  ces  Laurenlides,  à  Torient  du 
Siigueiiay,  c'est  le  Labrador,  lui  aussi  constellé  de 
lacs,  avec  sillons  de  granil  où  de  grands  fleuves 
s'avancent,  muets  en  hiver  sous  la  dalle  des  glaces, 
sileneieux  *'«  été  à  l'ombre  de  la  pierre,  entre  les 
sapins,  puis  loul  à  coup  élevant  la  voix  sur  des  m- 
[►ides  uu  roulajïl  en  sourd  tomierre  dans  un  goulTce 


'« 


AMERIQUE. 


C09 


de  ca«;cadc;  puis  ils  se  taisent  encore,  soit  par  pro- 
fomliMir.  soil  qu'ils  s'êpnndfMif  ou  l.ir.  \.(*  Labrador 
H  plus  do  grandeur  i\ue  tel  (Miipin\  et  poiirtanl 
il  m»urril  h  \mne  ([uelqitt's  milliers  d'incliotis, 
d'KîMpiiniaux  à  plut  visage,  et  aussi  (jurlijurs  mil- 
liers de  Canadiens-Français,  niarins»  pî^clieurs.  co- 
lons destinés  à  remplir  ces  solitudes  plus  revêclies 
que  rebellps.  Au  nord-est  du  labrador,  le  GroMi- 


lund,  rest-à-dire  la  glace, la  neige,  le  ror,  les  ours 
btaiirs.  les  |d)ôr]ues  et  dix  mille  K:j(piim;nn,  voilî 
loul  ee  que  les  Seamlinaves  ont  gardé  thi  nouveau 
continent  découvert  il  y  a  mille  ans  par  leurs  an- 
cêtres. 

Les  Plaines  Doréales  enlèvent  h  la  surface  arable, 
forestière  ou  pastorale  de  l'Âniérique  du  Nord 
une  rêjîion  où  il  y  aurait   place  pour  plusieurs 


k 


l>ADi  les  HontâgaM  Aoebomes.  —  DeolD  de  Dellel. 


I 


Frances.  Des  lacs  sans  nombre,  depuis  les  étangs 
ombragés  de  sapins  ou  bouleaux  justpi'aux  «  mei*s  i) 
du  (irand-Ours,  des  Kscla\es,  d'Atltabaska,  d'Oui- 
nipi*g;  des  blocs  erratiques  qui  valurent  au  pays 
son  nom  indien  de  «  Terre-Brisée  w;  des  fleuves 
puissants  eloués  sur  place  comme  les  lacs  par 
des  froids  qui  peuvent  descendre  h  60  degrés 
sous  zéro  :  deux  ou  tmis  mois  de  helti»  saison,  sous 
le  soleil  de  longues  et  cbaudes  journées;  ici  des 
moussi's,    lu   des  arbres  cagneux,  aux   meilleurs 


endroits  des  forêts;  des  Indiens,  des  Métis,  presque 

liHis  *Iemi-Frnni;.'iis,  quebjues  Itl;inrs  chassant  la 
bêle  a  fourrure  —  telle  s(.'  déroule  aux  yeux  l'Amé- 
rique polaire.  Mais,  û  l'ouest  en  se  rapprochant 
des  Rocheuses,  au  sud  en  se  ra|"proclianl  des 
Klats-lnis,  le  Grand-Ouest  canadien  ou  Nord-Uuesl, 
est  un  (tays  de  foins  et  de  grains  avec  ceinture  de 
forêts;  même  on  lui  prédit  r{u*aucune  contrée  du 
monde  ne  dressera  plus  d'épis  de  l»lé  :  1:^  gr.ui- 
dissent    déjii    des    nations,    dans    U*     M^initoUi, 

77 


M 


LA   TERRK   A   VOL   n'OISEAU. 


rAssiniboïa,   l'Albcrta,  la  Saskatclimian,   l'AMia- 
hnska. 


Régions  naturelles  de  lAmérique  du  Sud. 

—  Trais  pays  de  niontugnos,  trois  puvs  dv  [tlaiiies 
font  rAmèrique  méridionale, 

La  Conlillc^iv  des  Andes,  soniMahh^  aux  Bu- 
clieuses  comme  support  de  plateaux,  pointe  on 
«  nevados  »  de  0000  à  7000  nn^tres  n'ayant  de  ri- 
vaux (jti'en  Asie.  Mur  de  ^000  h  4000  mètres  de 
hauteur  au  sud,  puis  de  41*00,  r>(*00,  0000,  la  Cor- 
dillère se  bifurque  ou  li'ifurquc,  puis  se  noue 
pour  se  di'nouei".  se  renouer,  ainsi  de  suite,  h  huit 
reprises,  tantôt  portant  un  plateau  sur  deux  rlinî- 
ncs,  tjintùt  deux  hauts  plans  sur  Irais  êehines.  Des 
rentaiiies  de  millions  d'IierUnes  y  élève  ni  des 
jteuples  (]ue  le  soele  aêjien  de  leur  pairie  (irèser- 
vera  des  énervements  du  Tropique;  au-tlessus 
dVux  ils  ont  les  mousses  neigeuses  des  nevados, 
au-dessous  tous  les  climats  jusqu'îi  rêfenielleirienl 
humide  ou  u  rélernellemont  see. 

Les  monts  <Iu  llrèsil  sont  les  Allêghanies  de  l'A- 
mérique du  Su<l  :  tout  voisins  de  rAlhuilique.  ils 
sont  séjKirés  des  Andes  [lar  k*s  phiiru's  de  TAina- 
zone  et  de  la  IHala,  de  menu*  que  les  Allê/^lianies 
font  face  aux  Roeheuses  h  travers  les  plaines  du 
Mississippi.  Leurs  sommets  suprêmes  ne  vont  qu'à 
tiers  ou  nioiliê  des  pics  Audins,  comme  les  Al- 
légliiinies  comparées  aux  h  monts  de  la  noche*  )>. 
A  leur  orient  est  né  le  Nouveau-Porlupal  qui,  [)a- 
reil  à  la  Nouvelle-Anglelenv,  les  n  franchis  [)our 
s'avancerdansun  autre  cl  plus  hrillatit  Grand-OuesL 

Les  Andes  ef  les  serras  du  Drésil  avec  leurs 
vastes  plateaux  —  tel  celui  de  Minas  Oeraes  — 
c*esl  h'i  tonte  la  montagne  d'Amérique  du  Sud,  ô 
part  les  massifs  de  la  Guyane,  séparés  de  la  Cor- 
dillère par  les  Liarios  de  l'ilrénoque  et  des  monts 
brésiliens  par  les  selvas  de  l'Amazone.  Les  monts 
guyanaîs  sont  bas,  sauf  les  cimes  de  2500  mètres 
voisines  de  la  fameuse  hifureation  de  l'Orénoque 
et  du  Cassiquîaré  ;  autour  d'eux  rayonne  un  pays 
de  tiède  4q>ulenre,  forêt  vierge  et  savane  dont  on 
ne  peut  sortir  sans  passer  Tonde.  —  Car  la  Guyane 
est  une  île  entre  mer  et  larijes  eaux  courantes  : 
rOrénoque,  immense  quand  ]a  crue  submerge  les 
Lianes;  le  Cassiquiaré,  puissante  rivière  que  le 
fleuve  Orénoque  dirige,  t;u  se  dédoublant»  veis  le 
Rio  Negroi  le  Rio  Negro,  gigantesque  (lot  brun; 
l'Amazone,  qui  reçoit  le  Rio  Negro  et  tnwint 
tributaire  égal  au  Danube;  à  ces  quatre  courants 

1.  Nom  que  les  Canadiens  donnèrent  dans  le  principe  aux 
Hocheuscs. 


de  ceinture,  à  la  mer  que  borde  un  liséré  de  fu- 
nestes inaremnies,  les  rios  aceourent,  de  saut  en 
saut,  puis  se  calment  et  se  divisent  dans  la  len'e 
molle  ihj  littoral. 

Llioios,  Selvas,  Gran  Chaco,  Pamp,  tout  le  reste 
de  l'Amérique  méridionale  est  en  |daine. 

Los  IJanos  ou  Plans'  de    l'Orénuque,  entre  les 
monts  de  la  Guyane  et  les  premiers  coteaux  qui 
précédent  les  Andes,  s'étendent  sur  80  s\  00  mil- 
lions d'hectares,  le  ionfj  des  nflfhients  de  f^auclic  d« 
rOréuoque;  leur  égalité  de  sol  livre  aux  déborde 
ments  des  rios  un  charnp  dVipansion  prodigieuxj 
En  saison  sèche  le  Plan  de  l'nrénoque  est  une  pâ-3 
Mire  aride, mais  lorsque  ai*jive  le  temps  des|)luic»,1 
Portugueza,  Apure.  MeUi.  Guaviare.  Inirida,  toutes 
ces  rivières  grouillantes  de  crocodiles  fér*.>ccs,  de 
couleuvres  éleclrii|ues,  dépassent  leurs  bords  et 
s'en  vont  en  lac,  en  mer  dans  les  Llanos;  alors 
les  Indiens  grimpent  avec  leur  maisonnée  sur  lesj 
arbres,  car  ils  n'ont  prés  d'eux  ui  mont,  ni  r^ 
teau,  ni  tau|Mnière»ni  bulle.  Quant  aux  Européen^ 
ou  h  leurs  Métis,  rares  erieor'e,  ils  fuient  ce  pat 
dont   les  esteros»  dégagent  des  fièvres    dès   qu« 
le  soleil  cuit  les  limorïsde  la  crue,  sur  le  bord  des 
rios  rentrés  en  leur  lit  et  tout  autour  des  bour- 
beuses lagimes  que  chaque  fieure  du  jour  amoin- 
drit. La  saison  des  grandes  eaus  fiassée,  le  Plan  se 
couvre  d'herbes  savoureuses,  puis  ces  herbes  sè-j 
client,  et  tout  le  pays  comme  elles,  puis  la  crue 
revient  :  c'est  un  cycle  éternel.  ïiien  que  presque 
nus,  les  Llanos  ne  sont  point  incapables  d'arbres  J 
Vit  et  \h  gagne  sur  eux  la  forèl,  comme  nilleura 
la  foret  renversée  fait  [ilace  à  «les  savanes. 

Au  sud,  au  sud-<'sl  du  Plan  d'Orénoque,  dcpuM 
les  pics  andins  d'où  tombent  les  torreuts  jus- 
qu'aux bords  de  l'Atlnnîique  d'où  montent  Icji 
pluies,  et  des  sonutiels  de  la  Gu\ane  aux  pre 
mici-s  élancements  des  monts  du  Brésil,  les  Selva 
sont  infiniment  plus  grandes  que  les  Llanos.  v^ 
cnnqiris  ce  qu'elles  peuvent  avoir,  elles  aussi, 
de  savanes,  car  savane  et  forêt  ne  s'excluent  pas 
toujours.  Elles  fout  la  splendeur  de  TAniazonie, 
le  plus  bel  hériliige  dn  monde,  sur  le  plus  graud 
des  neuves,  et  le  hasard  en  a  tlolé  l'un  des  plus  pe- 
tits peufdes,  les  l'orlugais,  qui  en  ont  laissé  quel- 
que part  il  leurs  frères  et  ennemis  les  Espagnols, 
ceux-ci  au  pied  mente  dr  la  <j>rdillère.  Mais  ce 
«  Péninsulaires  »  intUinés  d'Indiens  et  de  Nègres' 
n'élèveront  leurs  empires  qu'eu  jetant  par  terre 

1.  Le  mat  espagnol  ilano  veut  dire  pUu.   ten'e   pUuei 
li'rre  plaie. 
*i.  Êtan^'s,  mores  lùssées  par  rinondation. 


AMÉRlUlîE. 


r.ii 


une  immonsilé  d'arbres,  et  l'Amazonie,  lerrc  plate, 
y  penlra  su  bonulé,  sa  fécondilô  pciil-iMre.  Toute- 
fois, elle  restera  longtemps  un  siiint  des  saints 
de  In  Terre,  et  l'homme  connaîtra  tous  les  pics, 
tous  les  saliles  av;jiit  devoir  nommé  tdulcs  les 
eaux  du  labyrinllie  aniazotiierï,  eaui  que  d'iùlleurs 
chaque  enchenle*  redisfrihue  A  nouveau  par  rap- 
port et  l'emport  des  alluvions.  la  perci^e  des  berges. 


la  trituration  des  terres  molles  :  l'Amazone,  élanl 
prodigieusement  fort,  ne  cesse  de  faire  et  défaire, 
et  comme  lui  ses  puissants  afiluents. 

A  la  t^le  des  tributaires  méridionaux  du  fleuve 
incomparable,  on  arrive  sur  dt-s  plateaux  indèciH 
aux  sources  des  rios  qui  font  le  Paraguay.  En 
descendant  avec  celle  rivière  jusqu'au  llio  de  la 
Plîdïi,  la  plaine  sud-américaine  des  Lianes  et  des 


tJ«i»  les  Andes.  —  iNsstm  ik  Ittou,  d apics  uut*  pbuiographle. 


Selvas  se  conlinue  par  le  Gran  Chaco,  puis  le  Gran 
Chaco  par  les  Pampas.  Le  (îrau  Cliaco,  c'est  encoK* 
la  Sciva,  mais  avec  une  tnoiiidre  iqjulence;  la 
Pampa,  c'est  le  Llano,  moins  tropical,  moins  cliaud, 
moins  mouillé,  moins  exubérant  quand  les  pluies 
ftonl  passées  ;  souvent  même  c^es^l  un  Llano  très 
sec.  (jui  tend  au  S;diara.  Pourtant  nulle  con- 
li'ée  d'Amérique  du  Sud  lu*  croil  si  vile  en  furce, 
en  stature,  en  wtgesse,  si  la  force  se  mesure  au 
I.  Mot  |KirlU(^ai«  :  U  crtic- 


nombre  et  la  sagesse  h  la  fortune.  Son  climat  en 
fait  une  seconde  patrie  des  Européens  de  ciel 
aride,  Italiens,  Français  du  Midi,  Espagnols,  et 
chaque  mois  des  dizaines  de  milliers  de  Latins 
d'Kiiro|>c  vont  s'y  pjertlrc  dans  la  nation  de 
langue  «  sonore  o  née  de  l'entrecroiseuïenl  des 
Indiens  et  des  (lastillans.  Ils  ne  se  jettent  pas 
seub-niont  sur  la  Pain[)a  chaude,  ils  vont  aussi 
pl.'iriter  leur  (eiiïi*  fort  an  sud  tic  Buenos  Avres, 
dans    la  Pampa  froide,  laide,   mêlée   de   déseris 


ftl2 


IK  TERRE  A  VOl  D'OISEAD. 


avec  lacs  «niés,  jusqu'aux  sli^ppes  sans  avenir 
de  la  PaUïgoiiit'.  f/t-sl  *|tKî  Pniiifrn  fioidi»  cl  R-irnp.i 
cliauiif  nourriruii*riL  luus  les  moulons,  lous  les 
bœufs,  lous  les  chcvaui  du  inonde.  La  jaguar  vit 
dans  celte  «  terre  j»nr  exeelleiice  »,  si  Pampa  est 
Lien  un  iiiui  de  l'indien  quilcliuua  qui  veut  dire 
terre.  Le  Nouveau  Monde  n'a  pas  d'animal  plus  * 
beau,  plus  fier,  plus  souple  que  ce  fri^re  o   nt^o- 


latin  »  du  tigre  d'Asie  :  sauf  cette  superbe  bête  de 
[)i'nie.  merveille  de  force  et  d'ondoiement,  ce  que 
rAïui^rifpje  a  de  plus  mihie  (larait  liumble  et 
mal  èquarri  quand  on  le  compare  aux  grands  fé- 
lins du  Vieux  Monde  :  le  lion  dWmérique  est  au 
lion  de  l'AUas  ou  du  Cap  ce  que  le  roquet  esl  au 
chien  des  Pyrênùes;  le  tapir,  g<5ant  de  la  «  Co- 
lombie p,  esl  à  rélêphant  ce  que  son  nidimeiit  de 


Cuuiijal  d'uu  Jttguar  el  d'au  devin.  --  Du^Ui  do  E.  lUou. 


trompe  esl  h  la  trompe  de  rniiinial  qui  porte  des 
tours;  rii^n  qui  appniehe  «le  riiijipopohmie.  du 
rhinoeêros,  du  l'Iiaïuiviu,  du  sangliei-^  des  gronils 
singes.  El  les  animaux  domestiques,  le  lama,  l'ai- 
pai'o.  la  viîj^ii^aie,  ne  se  pouvaient  t^galer  ^^  la  cour 
d'iiuds,  de  servidnn's  e(  de  vieïiines  que  le  rhieu, 
le  cheval,  l'ilne,  le  bœuf,  les  bibles  h  laine,  le  porc, 
les  vidailIcH,  faisitienl  h  t'Uomine  hhuie  avatd  qu'il 
eu  eût  dolè  l'AnaTiiiue. 


L'homme  américain.  Extirpation  des  Peau? 
Rouges  du  Nord.  —  Les  Eiuopcens  entrant  dans" 
le  monde   n<)uve,'iu  qu'ils   allaient  dévaster  virent 
des  hommes  auxquels  ils  douii^nmt  le  tiorii  d'In- 
diens» croyant  que  les  plages  qu'ils  avaient   dê- 
eouverles    êlaient   un   rivage   de  l'Inde, 

Ces  Sauvages,  du  moins  ceux  du  Nord,  frappi^s 
de  la  blancheur  des  Européens,  nous  appi»lènml 
les  Visjiges  [idles»  îious  lous.  laul  l'Andalot]  ijue 
TAnglats,  t'homme  de  TAlgarve  que  celui  delà  Frise. 


I 


dtt 


614 


IX  TERIIK  A  VOL  irOISEAU. 


Nous  errâmes  comm<?  eux  en  IrtiilnrU  tous  los 
Indiens  de  Peiiux-Roiiges,  nom  qui  U'uv  reste  en- 
core, et  le  vieux  [iroverbe  cs|iagnol  av;ut  tt»rt,  qui 
dig.*]!!  :  H  Tu  vois  un  Indien»  tu  les  vois  tous  u.  II 
y  a  des  Indiens  de  toute  gnindeur,  jusqu'aux  \\\- 
lagons  presque  f^^énnts,  et  c'est  en  moyenne  seule- 
ment qu'on  peut  dire  l'Indien  supérieur  en  taille 
îu  Blanc,  au  Nègre,  &  jilus  forle  raison  au  Jaune, 
De  mt^nie  il  y  a  des  Indiens  de  ïoule  nuancr,  du 
Idnne  nu  rou^*»,  du  rouge  nu  noir;  les  Charmas, 


sauvages  platèens,  avaient  la  peau  d'un  noir  vert, 
comme  certaines  tribus  e^itifoiniennes  semblable 
aux  pègres,  moins  les  cheveux  qui  sont  plats  ctl 
non  laineux  ou  frisés;  les  Sioux  Maudans  passe- 
raient sans  peine  pour  des  Européens  du  Nord  oiij 
du  Centre,    ils  uni   le  teiril  blanc,  l'util  bleu.  la| 
chevelure  blujjde.   ijuant  aux  vrais  Feaux-Bougei», 
ils  sont  vtt  f;:rande  rnajurîté. 

tjuand  Colomb  ilécouviit  l'Amérique,  elle  enfer^J 
maît  un  nombre  inconnu  d'Indiens  :  oO  à  100  niil*i 


-^^ 


>.        )      ' 


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7^¥^'î^0^. 


'^>i^^ 


i  Jl'ir.  l\oy.  p.  bli.;  —  Uc^^iu  de  Hiyu. 


lions,  disent  les  uns,  ôO  millions,  disent  les  autres, 
dont  le  tiers  au  nord,  Ptirmi  ces  hommes,  beaucoup 
s'étaient  déjà  réunis  eu  nations  policées,  le  reste 
se  divisait  en  une  Coule  innombrable  de  Irîbus, 
de  petites  confédérations,  et  pnrl;iit  des  centaines 
de  langues,  des  milliers  de  dialectes. 

Dans  le  Nord,  au  Canada,  dons  ce  qui  devint 
Nouvelle-France  et  Nouvelle-Angleterre  et  dans 
ce  qui  est  Grand-Ouest  et  Nord-Ouest,  celaient  des 
chasseurs  intrépides,  des  chci*cheurs  de  piste  pro- 
digieux, des  canoliers  ineompîirables,  descendant 
U's  n*]»id4's  sur  un  ftélc  canut  d'écoree  ou  diiiis 
un  Ironc  d'arbre  creusé.  Iléunissantà  rinlelligence 
humaine  les  sens  parfaits  de  la  hèle  fiiuvp,  intrépides 
jusqu'à  recevoir  sans  fuir  les  premières  balles  de  nos 


fusils,  ils  étaient  froids,  sérieux»  dignes,  solennels 
et  parlaient  ovec  emplinse  un  langage  imagé. 

Que  leur  manquait-il  donc,  puisqu'ils  furent 
abattus  si  vite? 

Il  leur  manquait  ce  qui  niniic|U4*  aux  Sauvages 
Und  h  coup  mis  en  face  des  Blancs,  la  faculté  de 
se  ployer  à  une  vie  nouvelle.  Cette  inflexibilité 
mena  ces  fières  tribus  à  Tubaltoir.  L'Anglais,  puis 
le  Yankee,  son  grand  fds  brusqmî  et  brutal,  dé- 
pouillèrent ces  vieux  maîtres  du  soi  cl,  chassés  des 
prairies  à  bisons,  des  lacs  à  poissons,  des  bois  à 
caribous,  les  Indiens  tlu  Nord  descendent  au  sé- 
pulcre. Peut-être  sont-ils  aussi  nombreux  qu'anUin, 
miiis  [H-mlaiil  qu'ils  déi-roissaienl  ou  croissaient  it 
peine,  les  Européens  devenaieni  légion  et  légion  de 


AMËIUQUK. 


61! 


légions;  aujourd'hui  c'est  un  lorreni  qui  loul  em- 
porta. t!n  vjiin  voudrait-on  racheter  Ips  crimes  ihi 
piisst^  par  un  soin  pieux  des  peuplades  restées 
vivnntcs,  rien  ne  sauvera  les  Indiens  comme  race; 
ils  ne  peuvent  que  se  perdre  dans  l'océan  anglais 


ou  duos  la  mer  française,  ne  laissant  d'eux  que 
des  mots,  quelques  idées  et  eoulumes,  quelques 
pratiques,  des  outils  et  instruments,  et  co  qu'ils 
auront  versé  de  sang  dans  les  veines  des  Aca- 
diens,  des  Canadiens,  des  Yankees. 


reao-Buuge  d«  rAioériquc  du  .Nonl.  —  iKjiain  da  A.  de  NeoTille,  d'après  uno  plu>tographï& 


Dans  le  Centre  et  dans  le  Sud,  aux  Antilles, 
sur  1rs  plate:iux   de   l'Anahuar,  dims  rAmériijue 

»istlimi<|ue*  sur  les  terres  élevées  du  Cundinainorca. 
de  Quito,  du  Cuzco,  les  Espagnols  trouvèrent  la 
même  race  d'lH»mme8,  mais  moins  énergique, 
douce  comnïc  le  climat  de  ses  meilleurs  vallons  el 
dèj  nantie  d'un  état  policé.  Dans  les  Llanos,  les 


Selvas,  les  Pampas,  les  monts  du  Brésil,  vivaient 
ausï^i  des  millions  d'indiens  ;  leurs  trihus.  lu 
plus  souvent,  étaient  Vcileureuses  dans  la  mon- 
tagne et  dans  les  terres  sèches  ou  froides,  indo- 
lentes dans  la  plaine  chaude,  presque  toi^ours 
en  raison  inverse  des  splendeurs  de  leurs  pays 
—  chétives  où    la  terre  et   le  ciel  prodiguaient 


616 


LA  TERRE  A  VOL  D'OISEAU. 


leur   beauk^  vaillanlos   où  h   iinlnn*   oubliîiil   de 
sourire. 

Que  sfrail-il  advenu  de  ces  barbares  et  de  ces 
demi-policés?  LViiorgie  des  sauvag^es  du  Nord,  la 
niuUôabililé»  t'iiittîlligenee  des  peuples  aiidins  pré- 
sageaient un  yasic  avenir,  mais  la  brulâlilé  des 
Etirupéens  sauva  riluinrne-ÏSuuge  du  souci  de  ses 
deslinées,  ol  les  Indiens  furenl  dispensés  dérouler 
àconlre-mont  l'tHernel  rocher  de  Sisyphe. 

Mélange  des  Rouges  et  des  Pâles,  ou  plutôt 
des  Bruns,  dans  l'Amérique  latine. — lïnns  le 
Sud.  à  piirHi'  du  Mesique,  hi  rrice  bhiticlïe  ne  du- 
min**  plus;  l<-i  race  rauge  s'est  mélangée  sans  dis- 
paraître auï  Européens  de  peau  brune  :  môme 
elle  garde  encore  ses  langues  anciennes  dana  de 
vastes  euntrées. 

Au  Mexique,  dans  les  Anlîtles,  dans  l'Amérique 
centrale  et  l'Amérique  du  Sud,  les  Kspopnols  et 
les  Porlir^ius  ftxlernunèrcnt  d'idjord  les  Indiens  «  ft 
la  faconde  l'interdit  »>,  comme  Isrdël  dans  Chanaan. 
Une  voix  intérieure  leur  eriail  :  n  Tue  !  ce  sont 
des  inlidcles,  des  Moros.  des  Sari'asins  rouges!» 
Il  y  eut  (les  conquistailores  qui  njas-sacraierit  douze 
Indiens  par  jour  en  révérence  des  douze  apùtres. 
Fous  de  fanatisme,  ivres  d'audace,  soûls  d'injus- 
(ice,  altérés  d\ïr,  les  Péninsulnires  ryuchèrenl  dans 
les  rornbals  et  dans  les  Iravaui  des  mines  d'abon- 
dantes moissons  de  Peaux-Rouges. 

Fn  einqiinnle  ans  ils  consumèrent  !a  popub- 
lion  dJIatti;  la  destrucliun  ne  fui  pas  moindre 
dans  l'ile  de  Cuba,  dans  TAnaliuac,  dans  l'Amé- 
rique isllimique  et  l'Amérique  du  Sud;  mais  la 
première  fureur  d'or,  de  conversion»  de  sang  apai- 
sée, les  conquistadores,  peu  nombreux  et  sans 
fetnmes  blanches,  s'allièrent  aux  Indiennes,  puis 
aux  Négresses  quand  il  leur  Hillul  recourir  à  la 
pullulante  Afrique,  les  Peaux-Rouges  ne  sufïlsanl 
plus  A  In  recherche  du  fauve  ou  du  blanc  métal 
dans  la  Sierra  des  Andes,  au  lavage  des  diamants 
rians  la  Serra  du  Rj'ésil. 

En  haine  du  IMeu  jaloux  prêché  par  l'égorgeur, 
bien  des  tribus  s'éloignèrent  du  RIane,  h  mesure 
que  celui-ci  remonlail  les  rtos  el,  mineur  ou  plan- 
leur,  gravissait  monts  et  plateaux  :  si  bien  qu'en- 
core aujourd'hui  des  Indios  bravos  ou  Indiens 
libres,  cassés  en  une  infinité  de  peuplades,  vi- 
vent, plus  ou  moins  retirés,  plus  un  nmins  ren- 
frognés, mutins,  sauvages,  dans  la  plupart  des 
Étals  de  l'Amérique  méridionale,  à  côté  des  Indios 


mansos  ou  Indiens  paisibles,  aussi  dénommés  rc- 
ihiridns  ou  réduits,  calcquisados  ou  catéchisés.  Mais 
la  grande  foule  des  indigènes  s'est  fondue  nvec  les 
gens  dt!  sangre  azul  ou  de  sang  bleu,  c'c^sl-a-dire 
avec  les  Rlnncs;  Indiens  el.  Blancs,  à  leur  tour,  se 
sont  im[>régnés  de  sang  noir.  Quant  aux  langues, 
hors  le  maya,  le  qnilehoua,  l'aymara,  le  gttar»ni 
etquelquesautres  idiomes  moins  parlés,  elle»  s'effa- 
cent dejouren  jour  devant  l'espagnol  et  l<?  portugsis. 

Ainsi  l'Amérique  latine  n'est  latine  que  de 
langage.  Les  Itlancs  n'y  dominent  comme  sang 
que  dans  la  Costa-Rîca,  voisine  de  Panama,  dans 
l'Argentine  et  ITruguay,  pays  riverains  du  HeoTe 
de  lu  Plata;  le  sang  indien  a  la  prépondérance 
sur  tous  les  liants  plateaux  des  Andes,  au  Véué- 
zuéla.  en  Bolivie,  et  sans  doute  aussi  chez  les 
tlhiliens;  le  sang  noir  l'emporte  au  Brésil  cl  sur 
certains  littoraux  voisins  de  TÉqualeur  ou  du 
Tropique.  Chez  les  Indiens  comme  chez  les  Nè- 
gres c'est  dans  les  villes  qu'il  y  a  le  plus  de 
Blancs,  purs  ou  à  peu  prés  purs. 

Pour  tout  dire,  il  y  a  maintenant  une  grande 
poussée  d'européanisme  dans  l'Amérique  romane. 
L'importation  du  noir  a  cessé  de  «  brunir  i>  les 
Néo-Latins  de  là-bas;  ce  n'est  plus  ù  l'Afrique 
éventrée  qu'on  arrache  les  germes  de  vie.  c'est 
LKurope  qui  les  donne,  et  justement  ITurope  la- 
tine. De  proche  en  proche,  à  partir  de  l'csluaire 
platéen,  le  grand  peu[ile  qui  partage  le  Nouveau 
Monde  avec  irïimensénient  d'Anglais  et  beaucoup 
de  Canadiens-Frane^ais  reçoit  désormais  l'élément 
blanc  par  pénétration  profonde. 

Quoi  rpfil  en  soit»  Blancs  de  toute  origine.  In- 
diens de  langage  castillan,  d'idiome  lusitanien  ou 
de  langue  «  autochtone  »,  Noirs  du  Brésil  ou  de 
la  terre  espagnole,  Métis  h  tous  les  degrés,  ce 
monde  bariolé  croit  nvec  vigueur  sur  son  commua 
héritage,  le  plus  beau  de  la  Terre.  Quel  sera  son 
avenir?  Les  amis  dos  Américains  latins  espèrent 
que  leur  race  unira  les  vertus  des  trois  humanités 
dont  elle  procède,  l'audace  du  Blanc,  sa  profon- 
deur d'espril,  son  amour  de  l'idéal,  la  santé,  ta 
gaieté  du  Nègre,  la  patience  de  l'Indien.  Il  se  peut  : 
mais  les  causes  inconnues  qui  firent  jadis  l'animal  *  ] 
du  Nouveau  Monde  inférieur  à  la  l>éle  d'Afrique 
ou  d'Asie,  et  son  lioïume  inférieur  à  l'homme  d'Eu- 
rope, ont-elles  cessé  d'exerciT  leur  occulte  em- 
pire ?  L'Amérique  du  Sud,  celle  même  du  Nord, 
peuvent-elles  garder  intact  ou  améliorer  ce  qu'elles 
n'avaient  encore  pu  créer  en  1492? 


AMERIQLE  DU  NORD 


CROENLAiND 


■si: 


Le  pays  des  Glaces  :  glaçons  des  côtes,  gla- 
ciers des  terres.  —  Le  (ircpnland,  aussi  voisiu 
de  ris|;inile  iju»*  de  rAtinVique,  est-il  une  lie.  In 
jilus  gninde  nu  monde,  une  presqu'île  énurnie. 
no  trainêe  d*aiThi[>els  cinient(>s  par  des  glaciers 

iiuMisesV  On  l'ignore. 

Le  cap  Farewell,  sa  pointe  méridionale,  effleure 

e  00"  dejt;r<^  di*  latitude;  au  i)t>i*d  il  s'en  \n  dans 

la  direction  du  P6]c,  îivec  une  largeur  ^aundis- 

nlr  ;  de  ce  côté-là,  s*il  est  presquMIe,  il  tient  à 
de«  terres  sur  lesquelles  pèse  l<i  m'Iare  éternelle; 
s'il  est  l)l<»e  insulaire,  il  sort  d'une  mer  dont  les 

ta  n'unt  jamais  vu  de  navire  et,  quand  ils  suul 
^p<'lé^.  jamais  fM)rl«'»  de  traîneau.  Le  rivage  nord-est, 
ladiii  le  stt*ge  de  hi  eoluiiie  ^eandiiutvc  d'où  pîir- 

0.  lUcLi:*.  La  Îumi  a  tul  d'uu 


tirent  les  premiers  découvreurs  de  rAmérique« 
est  profondément  indenlè,  les  fiords  y  succèdent 
aux  lioixls  :  avec  moins  de  pluie,  avec  plus  de 
glace,  les  Normands  v  n»trouvêrent  la  c«Me  pro- 
digieusement sciée  de  leur  Norvège,  celle  aussi  de 
leur  Islajidi\  IVndanl  les  mois  froids  qui  font 
presque  toute  l'année  grœnlandaise,  le  flot  gèle  de 
ce  littoral  jusqu'à  la  (irande-Banquise  qu'aucun  iHé 
ne  peut  foudre  et  qui  mène  au  loin  vers  l'Islande, 
vers  le  Spitzberg;  vers  J<*an-Mayen  accourent  de« 
flottilles  de  pécheurs  qui  cliassent  le  phoque,  race 
débonnaire,  et  qui  le  détruiront  malgré  son  fiom* 
bre  inflni,  tellement  ils  le  tuent»  souvent  |>ouj'  la 
brutalité  de  le  tuer. 

La  cOte  du  Sud-Ouest,  seule  liabitée,  donne,  éga- 

7H 


6» 


LA    TKRRK    A    VOL   D'OISEAU. 


lemenl  par  des  fionis,  sur  In  mer  int»^rieure  que 
formeut  la  diHroiL  tl*^  hawk  el  la  baie  tii!  Bafïïii, 
profonds  de  5000  à  -4000  mètres.  Le  détroit  de 
Davis  s'ouvre  sur  le  vaste  Atlantique  en  inômc 
liîmps  qun  h*  di'lruit  d'Iïudson»  qui  est  sur  ce 
mi^mtî  Oci'.iii  Li  porte  d'entrée  d(!  la  Baie  d'Ilud- 
son  ou  mer  Méditerranée  des  Canadiens.  De  l'eau 
vivante,  agitée  toujours,  le  dtMroit  de  Davis  mène 
à  la  Laie  de  llalïin.  scellée  loua  Jes  ans,  et  celte 
baie  de  Baflin  au  dédale  des  lies  polaires  ou  h  ce 
que  noxis  supposons  des  Iles  — sous  l;i  pestre  des 
glaces  éternelles  ce  qu'on  criot  terre  insuLure 
peut  n'être  qu'une  protubérance  continenble. 

Durant  le  rigide  hiver,  ce  littoral  efit  bloqué 
par  la  dalle  de  ^dace,  le  fiord  aussi  s*enipi*isnnne, 
fc  et  ce  qui  lui  saulail  eu  cascade  pond  en  stalactites 
^sur  Kl  blanclieur  iiiiniobile;  les  courts  luirenla 
s'arrêtent  S  tout  se  tait  et  la  neige  tombe.  Vient 
l'été,  de  tnqi  peu  de  jours,  mais  de  juurs  très 
longs;  alors  liord  et  nïer  s'amollissent,  et  sur  les 
flots  vogiuMil  des  glaçons  plus  énormes  que  les 
plus  gnis  monuments  des  hommes;  et  [lourlani  ils 
ont  les  six-septièmes  de  leur  masse  au-dessous  de 
la  ligne  des  eaux  :  un  bloc  de  80,  de  iOO,  de 
V2h  mètres,  vtûre  plus  —  car  on  en  a  vu  qui  dé- 
passaient cette  hauteur  —  prendrait  donc  une  allî- 
tude  do  700,  800,  ou  même  1000  mètres,  si  tout  ù 
coup  dis[KU'aissait  rOcéan  t\\ii  l'emporte. 

Ces  ^laetins  poliiijvs,  tours  carrées,  clochetons, 
obélisques,  aif^uilles,  grottes  vitreuses,  prennent 
processionnellenient  la  route  du  Sud.  Us  entrent 
dans  TAthmlique;  là  ils  valaient,  toujours  plus  [le- 
lils,  fondus  paj- l'air,  fondus  [iur  l'eau,  puiss'eiïaceii  t. 

Les  fjords  o!it  des  nunis  amples,  parfois  dénn'- 
surés,  qui  nous  semblent  barbares,  qui  h^  sejaient 
si  lout  ce  qui  n'est  pas  n  aryen  )>  îqqjartiMiait  à  la 
barbarie;  la  lanj^ue  île  ces  noms,  le  1res  a^fîluti- 
nanl  esquimau,  n'a  pas  plus  disparu  de  ces  rivages 
que  ta  race  de  buveurs  d'huile  de  poisson  (|ui  l'ha- 
bitîiil;  le  (irurnland,  bien  que  possédé  par  un  de 
nos  peu[i!est  a  gardé  son  vieil  idiome,  presque 
toute  la  iiuriîenchihjre  de  ses  lieux  et  son  sang", 
sauf  mélange  avec  les  Danois. 

Les  fioi-ds  sont  les  seuls  endroits  vivants  du 
Grœnland;  l'intime  coiïlart  avec  la  mer,  à  l'ahri 
des  vents  glacés  du  monl.  du  plateau,  leur  fait 
■une  température  encortî  humaine.  H  y  a  des  Eu- 
ropéens jusque  pW's  du  74'  degré,  des  Esquimaux 
jusque  sous  le  H'}";  ou  nnrd  du  SS"*,  c'est  l'in- 
connu jusqu'au  PtMe.  A  rexlrêmité  des  fiords,  les 

1.  Il  y  »  peu  de  Inrrf^iils  visibles  dans  le  {îrfprilîind,  on 
presque  toutes  les  eaux  couiciil  sous  la  gtdce. 


glaciei-s.  quelques-uns  monstrueux,  se  redressent 
et.  gravissant  la  penle,  vont  s'unir  à  leurs  névèsj 
ou  à  d'autres  glaciers  en  une  plaine  blanche,  qui 
semble  infinie,  chemin  terrestre  du  Pôle  aussi  ter-  j 
rible  que  toutes  les  routes  marines  lenlées  jusqu'à  | 
ce  jour  pour  atteindre  au  dernier  iieu  du  Nord. 

Nous  ne  connaissons  que  très  peu  l'intérieur  du  | 
Grœnland,  mais  \à  où  on  l'a  traverse  d'outre  en 
outre,  il   n'est  que  glace   et  toujours  glace  ou 
névé.  Des  monts  de  4  500  mètres  se  lèvent  près  de  I 
la  cûte  du  Nord-Est;  s'il  y  en  a  d'aussi  hauts  dans  ] 
le  milieu  du  pays,  altitude  et  latitude  conspirent 
contre  la  Terr*e-Verte. 

Est-ce  bien  la  contrée  que  ses  découvreurs,  leâ  i 
Scandinaves  d'Islande,  appelèrent  du  beau  nom  de 
Terre-Vei'te,   nom  qu'elle  a   gardé,  car  en  danois  | 
Cii-amland  ne  veut  pas  dire  autre  chose?  Furent-ils 
séduits  par  l'éclat  d'un  beau    jour,  dans  l'asile  j 
tranquille  d'un  fiord   ujéridional,  près   d'un  clair 
ruisseau  d'été  courant  Joyeusement  dans  l'bei'be, 
entre  les  simlcs?  Ou  bien  le  climat  a-t-il  empiré?  j 
Jusrpi'au  nord  du  Grœnland,  dans  les  plus  durs 
cantons,  au  milieu  des  neiges,  on  trouve  encore 
des  troncs  couchés,  des  troncs  debout,  des  souches  \ 
fossiles,  des  feuilles  conservées  par  la  pénéliTiliitu 
de  substances  calcaires  ou  ferrugineuses.  H  y  eut 
donc  des  forêts  dans  la  Terre-Verte  sous  deâ  cicux 
plus  cléments,  avant  qu'elle   niérilât  le  nom   do 
Sermerssouak  ou  tîrande-Glace  |»ar  le(juel  les  Es- 
quimaux désignent  l'intérieur  du  Grœnland. 

Anciens  établissements  Scandinaves.  Le 
Grœnland  danois.  Les  Esquimaux.  —  Rien  né- 
tiiil  resté  des  établissements  fondés  avant  l'an  1000 
sur  celte  rive  [ynv  les  Islandais,  et  le  souvenir  même 
en  était  obsurci,  quand  en  17^21  les  Danois  paru- 
rent dans  le  pays.  Ils  ne  voulaient  point  venger 
leurs  antiques  parents  détruits  dans  leurs  1^  j>a- 
roisses,  dans  leurs  500  hiimeaux,  par  la  guerre  ou 
In  pesie,  ou  le  froid  ou  la  faim,  ou  peut-être  le 
lout  ensemble  ;  ils  ne  pensaient  ni  à  conquérir  dî 
h  coloniser;  its  venaient  comme  patrons  cl  pro- 
tecteurs des  Frères  Muraves,  missionnaires  luthé- 
riens passionnément  dévoués  à  l'oeuvre  de  la  R^- 
demj>lion.  Les  stations  de  ces  (t  messagers  de  la 
Bonne  Nouvelle  »  attirèrent  des  indigènes  dont 
beaucoup  se  convertirent,  et  bientôt  le  Danemark 
régna  sur  l'empire  de  l'hiver. 

Il  y  dicte  (h*s  lois  débonnaires  à  dix  ou  ooxe 
mille  honunes,  (ous  chrétiens,  Esquimaux  ou 
iMétis  avec  très  peu  de  Dlancs,  missionnaires,  maï- 
U*es  décote,  administrateurs,  négociants — c'est  à 


CRŒNLANl». 


619 


quoi  se  réduit  en  Amérique  I.i  puissance  du  poupl*' 
européen  qui  fui  le  pionnier  de  l'Europe.  L'Iiuiiilile 
C(duiiie,  dispersée  sur  les  fiords  et  les  ilolô  de  la 
cMe  occidentale,  se  divise  en  deux  inspectorats  : 
ClirisliuDsIitiab  ;iu  nord,  Juliansliaab  au  sud. 

En  dehors  des  êtablisseinenls  danois  errenl  quel- 
ques niilliei*s  d'Esquinmux  ilenieurés  païens. 

Esquimau,  c'est    la  rorruption   de  ralgonqiiin 


Ayeskiméou,  dévoreur  de  chair  crue.  Dr  quoi  vi- 
vraient-ils, eux  qui  ne  sèment  ni  ne  plantent,  si- 
non de  poissons,  de  phoques,  d'oiseaux  pécheurs, 
et»  par  accident,  d'un  ours  blanc  tué  au  cou- 
teau, à  la  hache,  sur  d;dle  fixe  ou  glaçon  de 
dérive?  Eux-mi^mes  ne  se  connaissent  aucun  nom 
général  ;  ils  s'a(»pi*lli'ut  ici  les  Innoïl  ou  les  Ka- 
ralit,  ni!leu!-s   les  Tchiglit,  les  Agherlit,  les  Tak- 


EMfaJmaui. 


diout,  elc  El  tous  ces  noms  signifient  les  Hom- 
mes, suivant  la  coutume  universelle.  Petits,  trapus, 
gras,  avec  memhn^s  menus  el  grosses  télés,  ils 
ressemblent  éminemnient  aux  Chinois  et  h  plus 
d*une  peuplade  de  TAsie  d'Extrême  Noixl  vivant 
sous  le  nit'me  cliniiil  qu'eux,  de  chasse  el  suilout 
de  pèche,  velus  comme  eux  de  peaux  de  phoque. 
d'ours,  de  renne,  et  comme  eux  habitant  des  caba- 
nes chargées  de  neige. 

l'remiers  canotiers  du  monde»  ils  naviguent  de 
linrd  en  Hord,  sur  des   kaîaks  et  des  ouraiaks, 


barques  de  peau  où  souvent  les  os  de  baleine  rem- 
placent le  bois  ;  grâce  à  ces  bateaux  effilés»  prodi- 
gieusement légers  pour  k'ur  longueur,  ils  vont 
el  viennent,  voyageni,  éniigrent  au  loin  dans  leur 
immense  pairie  amphîpolaire,  qu'ils  aiment  pieu- 
sement. Pourtant  c'est  une  marAti-e. 

Us  eurent  jadis,  dit-on,  une  meilleure  mère, 
plus  souriante;  on  croit  qu'il»  demourérenl  dans 
les  pays  devenus  depuis  Acfldie,  Canada.  Nouvelle- 
Angleterre,  el  qu'ils  en  fuiynt  cliasséa  jmr  les  Iro- 
quois  et  les  Algonquins. 


620 


\A   TFÏÏRK   A    VOL    O'OISEAU. 


PUISSANCE    DU   CANADA   OU   DOMINION 


Immensité  de  la  Puissance.  —  Au  nord  des 
Élals-Unis»  de  l'Atlantique  uu  Pacifique,  l'Angle- 
iLMTtî  pusstVdo  un  pays  jiivs(|up  rgnl  ù  l'Kuropo. 
Il  y  0  la  800  A  l>0O  nulliiMis  d]u'('liirt's,  (tins 
t)U  moins,  duut  la  nuntié  i»e  viml  guiTe;  mais 
l'aiifri'  riioilir»,  nu  &ud  t'I  h  l'oiiosl,  \oH  l'adiilrs- 
CLMii*("  t't  vci'ia  h  vîrilJïr»  d'un  prnini  pLMipk*  lûljn- 
giic,  anfriais  ol  fraiiriiis,  qui  [unir  l'inslanl  so  di- 
vise en  douze  Étais  on  <lislricls.  L*iai  Je  eus  Élals 
l'île  de  Terre-Neuve,  se  gouverne  lui-mt^mc;  les 
onze  autres  se  surit  eonledeirs  en  Puissance  du 
Caiioda.  tlanada,  c'est  le  nom  du  vieux  pays  — 
vieux  pour  l'Amérique  —  d*où  part  le  rnouvc- 
nienl  d'expiiiisiuiu  de  crduiiîsalion,  de  fiVIêT.ilion  ; 
ruïssauce,  c'est  le  nuin  français  qu'a  rei;u  Ten- 
senible  des  pays-unis  h  partir  de  ISC7;  les  An- 
glais se  servent  du  mol  Dumintoti. 


Les  provinces  fédérées  s*adminislrcnl  comme  il 
leur  semble  bon,  chacune  chez  elle,  avec  son 
[lîirlement  lornl  ;  pour  leurs  affaires  coninmnes 
elles  cnvoienl  di's  députés  au  paileiiient  d*0(l,iwa, 
('af)ilal(ï  de  la  Pnis*iani:o  et  siège  du  vice-roi  qui 
représentt»  l' Vnf^lelerro. 

A  ce  parlement  on  use.  an  choix,  de  l'anglais  ou 
du  Crantais;  tons  les  doninients  officiels  sont  pro- 
mulgués ilansles  deux  l.inijues. 

Ces  onze  Étals  se  distribuent  en  quatre  pays  :  le 
Caiia(l;i,  parla^^é  en  Riis-Canada  ou  province  df 
Québi'c  et  flaul-CaïK-nla  ou  Utilario;  —  les  Provin- 
ces maritimes,  conqurnaiit  le  Nouveau-Drunswick, 
la  Nonvelle-Mcosse,  l'ite  du  Prince-Kdouard  ;  — 
le  Nord-Ouest,  qui  reuftM'iue  le  Manitoba  elJesdis- 
Iricls  d'Assiniboïa,  d'AIberla.  de  Saskatcliêouaii» 
d'Alliabaska;  — la  Ctdombie  anglaise. 


CANADA. 


621 


Le  doubffr  pont  du  ?liagira.  —  Dessin  de  Lancelot.  d'spfës  noe  photofrapltic 


CANADA 


Le  haut  Saint-Laurent,  les  Grands  lacs,  le 
Niagara.  —  Lt»  Sainl-Lauicnl  est  lo  lion  des  dtnix 
Ciiinil.is  «'l  dos  Proviiiri'S  m.-iritinios.  cl  c'osi  par  los 
Grands  l.irs  qurir»  nrrive  nu  Nord-Onesl. 

Sé»s  lininchos  les  plus  rorulèos  sont  It^s  torrents 
à  rapides  el  h  c:is(*ndes  qui.  do  la  llnuleiir  dos 
Terros  ovi  li^no  d»*  fîulo.  rourotd  vtM*s  le  lac  Supô- 
rioiir  on  se  reposant  de  leurs  violents  souliresauls 
dans  (|iiel(]iie  Inc  liinpidi*  enclwlssi^  pnr  l.i  nirhe 
»i  luuivnlieniie  ",  enlir  des  bois  piolnuds  nu  di-s 
Ironrons  de  foréls  dévorées  par  les  incendies  que 
déchaînent  insouciammenl  le  sauvage  Indien,  le 
coureur  des  hois,  le  marchand,  le  colon.  De  ces 
torrents  fournis  par  Irs  Étuts-l'iiis  comme  pnr  le 


Canndi,  les  prinrîpaux  son!  le  Saînl-Louis,  à  la 
fnmliêre  de  In  Puissanee  et  de  ITriion,  la  Knmi- 
!risli(]nin,  grand'roiile  entre  le  Supérieur  et  les 
plaines  du  Nord-Ouest,  et  suiiiMil  le  Nipiju^nn, 
l'ivi^re  qui  sort  d'un  nipi  mngnifique  :  un  nipi 
c'est  une  eau,  c'est  un  lac,  dans  la  langue  des 
Algonquins  Saniteux,  jadis  les  nmiires  du  haut 
Saint-Laurent  dont  rliaque  année  les  effnee  un  peii 
plus,  et  pour  loujimrs,  rar  ils  ne  pourront  sulisis- 
1er  qu'eu  devenant  aii*^lnp!u>ni'S  ou  Cmneoplumes, 
et  nV'Ianl  plus  eux-niènies.  i>  lac,  Nipigon  comme 
la  rivière,  s'îqNinche  nu  loin  dans  lu  roche  dure, 
très  clair  parce  que  Ttsui  luunf  de  ses  affluents  est 
pure  et  qu'il  dort  dans  des  aliimes  où  165  mètre» 


029 


LA   TERRE   A    VOL   D'OISEAU. 


dfi  cimli'  n'ont  p.js  ;dk*int  Ir  fund.  Long  do  HO  à 
1  ITi  kilitriR'Ircs,  .ivim:  uo  tour  lii'  rivi'S  de  1>00  h  0,'tO 
((jint  il  ;i  (il*  hîii('s»  (k*  [)t^tiinsules),  il  est  la  niL^r 
d'un  millir'iMriU^a  pI  d'îlots.  De  son  seuil  h  la  con- 
que dn  SiijH^riiMir»  la  rîvièiv  Nipîgon  dt*srend  d'uae 
cenlaine  île  nièlres.  en  80  ktloint'livs  setileiinnil, 
el  bleu  que  quatre  fois  amortie,  quatre  fols  sus- 
pendue en  I;ic;  nmis  de  lae  à  lae,  c'esl  un  lurrenl 
ijui  sViïondre  en  ivi[)ides. 

Le  Lie  Sii|H^rieur.  le  Kilehigami  des  Indiens,  le 
plus  paiid  des  liassins  d'eau  douce  de  la  Terïv, 
i'sl  v^î\\  à  diu\  llclvelies  el  à  lir»  ou  146  Lt'Uîîins; 
il  n  tiHOO  lulumèlres  de  tour  et  S  r>OrvûÛO  hectares, 
pur  IDI  rnèlres  d'allilude.  Des  roches  sauvages, 
des  monts  ferrugineux,  des  murs  de  granit  en- 
tourent ses  (lots  inij>altents  parfois  comme  ceux  de 
la  nu*r.  Quatre-vingts  torrents  se  nuMenl  h  sa  froide 
eau  de  cristal,  mais  ne  remptVeliont  pas  de  dimi- 
nuer; il  parait  avoir  haiHsé  fte  Vf)  A  1^2  mètres, 
néanmoins  sa  proCondenr  est  grande  encine,  jus- 
qu'il ôlO  mètres*  Uuelquefois.  de  la  rive»  on  le 
croirait  h  peine  capable  d'enjLjloutir  un  liomtiu"  à 
cheval  quand  il  recouvrirait  les  haules  feuilles 
d'une  forêt;  les  torrents  bruns  mais  limpides  qui 
l'abreuvent  lui  mènent  peu  de  sfuiillures,  el  ce 
qu'ils  lui  versent  d'ordurier  (leseend  sur  la  cou- 
che inconnue  de  roc  ou  d'alluvion  qui  tapisse  le 
lit  du  lac:  de  là  une  sin^i^ritè  de  flots  i>riidi- 
gieuse;  a  cinquante  pieds  on  voit  encore  le  fond 
h  lravei-3  ces  chastes  eaux,  et  le  glorieux  lleuve 
qui  naît  de  ce  glorieux  bassin  garde  jusqu'à 
IXleêan  cette  admiralïte  transparence;  s'il  perd  ;i 
chaque  ville  quelque  ehose  de  sa  pureté,  il  re- 
devient vierge  h  cliaque  lac. 

Ce  (pii  élail  entre  sous  quatre-vingts  noms  par 
quatre-vingts  couratits  i'essort  par  la  verte  Sainte- 
Marie,  rivière  aux  rapides  relenlissants.  La  Sainte- 
Marie  a  pour  tombeau  le  lac  lluron  (6  135  000  hee- 
lares),  qu'un  large  détroit  unil  au  lae  Mirliigan  : 
ce  dertïier,  dont  le  nom  est  lu  corruption  de  l'al- 
gonquin Michigangid  (Grand  lac),  appartient  en 
entier  aux  ELils-Unis,  tandis  que  les  autres  nappes 
de  la  Méditerranée  d'eau  douce  se  partagent  entre 
la  Puissance  et  l'Union,  la  Puissance  ayant  en  gé- 
néral la  rive  septentriimale,  et  l'Union  la  méri- 
dionale. Le  Michigan,  un  peu  supérieur  au  Huron, 
a  (>  tUOOOO  hectares  el  des  creux  de  200  mètres 
environ. 

Le  Ihiron  miroite  h  10  mètres  au-dessous  du  Su- 
périeur, avec  une  profondeur  niaxima  de  500  mè-^ 
1res.  Aussi  transparent  que  peut  Télre  une  onde, 
il  renferme   l'ile  Manilouline,  vénérée  par  les  In- 


diens C4)irnne  le    séjour  du  Grand   Esprit,    doulj 
la   demeure  esl  un  lac  à  ciMuture  boisée.    Mnni- 
touline  est  grande,  elle  a  des  forêts,  de<t  ours,  d***] 
fontaines  de  pétrole. 

Le  lac  Ilunui  verse  de  son  urne  inépuis;d)le  lj  i 
majestueuse  rivière  Siiinte-t'.laire',  bien  plus  ample  i 
que  \a  Sîiinte-Marie,  car  le  Michigan  cl  le  lluron 
confisquent  de  nombreux  et   puissants   torrents  : 
tels,  en  Canada,  la  Rivière  Française  et  la  Severii,  1 
tributaires  de  la  Ikie  Géorgienne  (lac  lluronj.  Ltl 
Severn  sort  du  lac  Simcoe,  la  Rivière  Frant/aise  dul 
grand  lac  Nipissingue.  Celle-ci  vei-se  en  niiiveniie 
Ô-40  mètres  cubes  par  seconde  à  la  «  Mer  doue*?  »  I 
de  Cliamplain  —  car  ce  fondateur  de  la  Nouvelle- 
France  avait  ainsi  nommé  le  bassin  lucide  el  froid 
que   nous   appelâmes   ensuite   le   lluron.   d'après 
la  peuplade  indienne  qui  vivait  sur  les  bord».  — 
C'est  un  admirable  torrent,  des  plus  beaux  en  ce 
Canada  si  fier  de  ses  grandes  eau\  coiiranles;  elle] 
sonuueille  en   lacs,   elle    fuit,   rapide,  entre    loaj 
rocs,  elle  mugit  sur  les  dalles,  elle  cric  dans  la] 
solilude,  parmi  les  pins  et  les   sapins;  mais  les] 
colons  s'en  approchent,  ces  colons  sont  des  Fran-I 
çais,  cl  il  n'y  aura  plus  comme  une  ironie  dans  cej 
nom  de    Frencb    River'  porté   por   une    eau    (pûj 
semblait  interdite  à  jamais  aux  Franc<qdiones  dont] 
In  séparait  le  bloc  des  Anglophones  ont^iriens. 

La  Siiinle-Claire  (75  kil.),  borne  entre  la  Puis- 
sance et  les  Étals,  toinbe  dans  le  lac  Sainle-j 
Claire,  petit  (930OO  lieelares)  el  de  peu  de  pro-j 
fondeur,  avec  rives  marécageuses,  \h  surtout  oui 
lui  arrive  l'alluvion  de  la  Tliames  ou  Tamise,] 
grande  rivière  onlarienne. 

Du  lac  Sarn!e-('[aire  part  la  rivière  Détroit,  qui.j 
Inrge  de  700  à  ITjOO  uièlivs,  sépare  aussi  les  deux] 
nations  :  ce  eoui-s  d'eau  magnilique,  entre  dal 
belles  rives,  sous  un  heureux  climat',  verse  enj 
moyenne  59116  nièli'es  par  seconde  au  lac  Krié;] 
plus  que  le  Pu.  le  Rhin,  le  Rhône  ensemble.  Il  aj 
iG  kilomètres. 

Sainte-Claire  el  Détroit  n'abaissent  le  niveau] 
d'eau  que  de  i  à  Ti  mètres,  et  ri'j-ié,  l'orageux  Érié, 
domine  encore  les  ïuers  de  \lh  mètres.  Supérieur 
de  plus  de  neuf  Lémans  à  rOntario,  ce  nVii  est  pas 
moins  le  dernier  des  cinq  Grands  lacs  pour  le 
volume  des  eaux  de  son  urne  S  parce  que  sa  pro- 
fondeur ne  descend    qu'à  85  métrés  contre   les  1 

1.  t'Ius   oominiHii^tnont,  mais  [uir  erreur  seiiible-Nil.  ri- 
vière Sniiil-CLiir  —  el  aussi  lac  Suint-Clair. 

^.  Nom  i^nictel  de  ta  Hiviérc  Fnujcaise  Uaus  là  profioee^ 
uii^luiso  d'Ontario 

ô.  C'est  h  latitude  de  Floronce. 

A.  L'Ériti  »  IOjS  kiljiui«trefl  de  tour. 


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094 


LA    TEHRE    A    Vol    DOISKAU. 


220  de  l'Ontario,  ol  que  presque  partout  il  i 
pou  fie  creux:  à  l'uuesl  sa  moyenne  allcinl  .'i 
peine  JO  inêli*es,  et  au  centre  20  niètres;  au  nord- 
est  l'onde  sommeille  sur  de  plus  noirs  ubînios. 
C'est  ipie  les  eaiii  f|ti'ap|iorle  on  nniont  le  mn^ni- 
iique  Détroit  dêpuseiil  près  de  leur  euibimchure, 
au  bief  d'orridenl,  presque  tout  ce  qu'elles  ]»eu- 
venl  Iniitu'i'de  débris;  elles  renihl.iyeiil  ainsi  plus 
vite  ec  IkuU  du  \nr  du  pays  des  Cerises',  qui,  visi- 
blement, se  comble.  Un  jour  viendra  où  la  plus 
méridionale  des  itums  canadiennes*  sei'ii  devenue 
pl;uiie  de  terre  s.jns  l'oes  et  sans  eailtoux,  spleu- 
ilide  ;illuvion  [ïoïjr  l'homme  eiilre  la  chaîne  de 
rollint's  qui  est  aujouid'hui  rive  onlariennc  et  la 
ligne  de  coteaux  qui  <'st  rive  dVlhiu,  i\v.  IVraisyl- 
vanie,  de  New-York.  Maisy  aura-t-il  alors  desOnta- 
ricns  el  des  Yankees?  Ce  lue  a  pour  maiti*e  aflluenl 
canadien  l;i  Grande  Ftivière. 

C'est  le  pèie  du  Niagara. 

Le  Niagara,  lorsqu'il  abandonne  rÉrio,  le  quille 
avec  une  jïuissanee  de  7rjOO  mètres  pnr  seconde, 
ou  même  de  I  MM>0.  suivant  de  rècenis  ealculs  : 
le  volume  de  (|uati'e  à  sii  Uliôues  qui  tomberaient 
ensemble  avec  des  Ilots  verls  aussi  beaux  que  ceux 
du  seuil  du  Léiriau. 

Niagara  ou  les  Hauteurs  du  Grand  Bruit,  c'est  la 
sonore  corru[>tian  de  deux  mots  de  l'iroquols, 
lan-^^ne  puissuïnrnenl  descriptive  ciurnue  tant  d'au- 
lies  tjue  nous  méprisons  ;ivec  arni^ance.  —  Rt> 
en  eflel,  le  fracas  de  la  chute  va  quelquefois  jus- 
qu'à 75  kilomètres  au  nord,  jiisqu'A  Toronlo»  sur 
laite  des  venîs  du  suil-est. 

C'est  après  de  nombreux  rapides  que  i'avalynclie 
d'eau  î;i  plus  fameuse  du  monde  s'abat  de  ii  à 
47  mt'lres  île  hauteur,  en  ihnw  bras,  avec  une 
épaisseur  de  (lot  de  6  *'i  10  mètres.  De  ces  bras, 
séparés  par  une  ile,  I'uîi  a  '^li},  l'autre  550  mètres 
de  larj^enr,  el  tous  dei^i  formetU  une  espèce  de 
fer  à  rheval,  calcaire  lenleiuent  rongé  (pii  recule 
insen^ililejiient  vers  le  sud,  en  même  temps  que 
la  cascade.  On  peut  prévoir  le  jour,  influimenl 
tMoignè  de  nous,  où  la  trombe  du  Niagara  ces- 
sera de  s'écrouler  avec  un  retenlis^ernenl  de 
tonnerre,  quand  la  rivière  atira  détruit  tout  le 
seuil  mémi*  du  lac  Éric. 

Il  y  a  ihi  mètres  de  profondeur  d'eau  dans  le 
gouffre  du  pied  de  la  chule;  il  y  en  a  55  dans  les 
Rapides  du  Tourbillon '.    couloir   obscur,   étroit. 

1.  Éiié.  mol  irtMHiuis,  sjj;in(lerail  :  pays  ries  Cerises. 

2.  I/Kiii'  s';]v:nne  iiii  pfti  plii<i  vers  ïp  inidi  i[!ii'  te  ]nc 
UichiKiin;  il  U^p^issa^uii  jiou  plus  (|uc  lui  le  4^i*  de^ré  de  h- 

ilihle. 
5.  WliirjXMïl  tUptds- 


|d('in  des  bouillonnements,  des   déchirements 
des  convulsions  du  Niagara. 

Le  tleuvc  broyé  dans  ce  courant  excessif,  plu» 
haut  de  dix  pieds  au  milieu  qu'aux  deux  bords, 
lïr  trouve  le  calme  qu'en  sortant  de  la  gorge  som- 
bre an-dessus  de  laquelle  pa>se,  do  roc  à  me, 
d'un  seul  élan,  et  portant  des  trains  de  chemin  de 
fer,  l'un  des  plus  hauts  ponts  suspendus  de  rAiné- 
rique.  De  rÉrié  jusqu'à  rOntario,  le  Sainl-Laurenl, 
sous  le  nom  de  Niagara,  s'abaisse  d'une  centaine 
de  mèlres  en  55  kilomètres  seulenuuit,  tant  est 
rapide  l'Eau  du  Cnind  Bruit  :  son  a  saut  mortel  ■ 
ne  la  précipitant  que  de  45  mèlres  environ,  elle 
descend  en  moyenne  d'un  mètre  par  kilomètre,  en 
dehors  de  sa  prodigieuse  cascade. 

Le  bas  Saint-Laurent  :  l'Outaouais,  le  Sa- 
guenay.  Anticosti.  —  Le  lac  Ontario,  vaste  de 
I  i)S2  0t*(>  hecU'tres,  descend  par  ses  gouffres  bien 
au-dessous  du  niveau  des  Océans,  puisqu'il  ôpand 
sa  n:ippe  à  75  mètres  ii  peine  d'altitude  el  que 
ses  trous  ont  jrjsqu'à  220  mètres  de  profondeur; 
tl  sépai'e  l'Ontario,  province  majeure  du  Cauutla, 
du  New-York»  État  majeur  de  l'I'nion  des  Yankees, 
Ce  plus  petit,  ce  plus  oriental  des  Cinq  lacs  est 
aussi  le  moins  tempétueux,  le  plus  commode 
à  naviguer,  le  plus  clément  aux  barques  des 
péc^luHHs  cl  aux  canots  de  plaisance.  Sa  gr-ande 
>ilte  canadienne  est  Toronto,  qui  souhaite  en  \7nn 
dï'clipser  Montréal;  son  grand  torrent  canadien 
est  le  Trenl,  aussi  souvent  lacustre  entre  un  torrent 
d'atriont  et  un  torrent  d'aval  que  lorreiitiel  entre 
u[i  lac  supérieur  et  un  lac  inférieur, 

L'Ontori*»  reçoit  le  Niagara;  il  renvoie  Ir  Saint- 
Laurent,  (pli  se  notnme  d'abord  d'un  nom  iro- 
quois,  du  moins  chez  les  très  rares  Indiens  de  ses 
rives  rCatorokoui,  c'est-à-dire  les  Rochers  Irempnt 
dans  l'eau.  H  bai^^ne  de  ses  (lots  Iransfwivnls  im 
lon^f  archipel  dites  charmantes  qu'on  appelle  Mille- 
Iles,  et  comme  il  est  en<'ore  fort  large,  el  lac 
(ilus  (pie  rivière,  ce  prolongement  de  TOntario  se 
tiomme  lac  des  Mille-Iles. 

Des  Mille-Iles  à  Montréal,  le  (leuve  se  con- 
tracte plusieurs  fois  en  «  St'iults  u  ou  rapides, 
ex;is|)éraliuiis  de  vagues,  aillons  et  crêtes,  écumes, 
eoui'ants  bruyants,  rcînous  muets  —  tels  les  Ra- 
pides des  Galops,  les  Rapides  Mats,  le  Long  Sault^ 
le  Hafiide  des  Cèdres,  le  Siinl!  &iint-Louis,  qui 
i.itei'disent  aux  vaisseaux  de  600  tonnes  l'accès  du 
[)lus  bas  des  lacs  de  la  Méditerranée  canadienne  : 
en  .'irriv.'itit  au  bas  de  ce  dernier  rebouille,  le  flt»t 
coui  t  à  la  vitesse  de  2p  kilométrera  riieure.  Lit-ux 


CA>AnA. 


mh 


fois  au  contraire  rct  Amazone  vert,  mille  fois  plus 
l»eau  que  TAmaziun'  jîujik^  et  Icnvux  (iu  Ihvsil, 
sV'pnnr.Miii  on  !;irs  jtfiprir-s  Saittt-Fnujrois  el  Suitït- 
Louis.  I/ile  <lc  MoDlns-ïUauHÎessous  du  Sainl-Louis, 
lave  à  h  fois  ses  berges  d«ns  le.  S.'iinl-L;iua*til 
el  dans  un   bras  i\o.  l'Oulaouiiis. 

Le  brunâtre  Our.-muuis  (Ollawu)  sori  d'un  c-in^lii- 
pel  de  lacs  sévùres,  dans  le  haut  sepleiilriou,  ou 


sein  de  forêts  que  les  l)ùrlïerons»»parpnenl  encore. 
TiUilôl  il  s'êlargil  m  lacs,  tnnlôl.  ses  deux  rives. 
dressées  en  noirs  escarpements,  confondent  pres- 
tjue  rouïbre  de  leui^s  ^'ranils,  de  leurs  pins  el 
sapins  (l.'uis  le  sombre  erislal  de  ses  eaux.  It  ruuH 
de  donnants  en  bouillants  el  en  cascades  :  Tune 
d'elles. devant  la  capitale  fédérale,  la  Chaudit-re,  est 
aussi  un  tonnerre  des  eaux.  Vers  Tan  diMix  mille 


Le»  MiUHIo;»,  i  U  btirUe  du  lac  OuLaho.  —  Ufûui  de  Pdul  liuut. 


il  y  aura  dans  son  bassin  tout  un  grand  peuple, 
français  pnd»abb>nient.  mais  on  n'y  voit  encore 
que  très  pou  de  |mroîsses  el  çâ  et  là,  dans  l'auslé- 
nfê  des  bois,  sur  le  bord  d'un  lac,  au  bas  d'un 
rapide,  au  «*  pied  v  d'un  courant,  quelques  ca- 
banes el  des  camps  d'ahatteurs  de  bois.  A  ceui- 
ci,  presque  tous  Fi'anco-ùmadiens,  il  ces  Immrnes 
colossaleuient  forts,  rudes,  violents  et  bons,  re- 
viendni  le  lamrtltable  lionueur  d'avoir  couché  |»ar 
tern»  en  deux  ou  trois  généralitms  l'une  des  plus 
priïfondes  furets  du  \onl.  U*s  troncs  jetés  à  bas 
par  le  bArfaeron  s*ass<Mnblen(  en  radeaux,  el  ces 
U.  Rko-o.  La  TfeMS  *  tuL  D'uuut. 


trains  de  bois  descendent  paisiblement  les  flots 
lents  et  les  expansions  lacustres  do  la  rivière,  mais 
on  les  déiruil  a  la  lèvre  dos  cascades  ou  tout  près 
de  l'ébranletiKuil  des  rapides  pour  abandonner 
chacjue  poutre  au\  Ilots  forcenés.  Kn  aval,  on  n'fait 
le  radeau  (|ui  iiriit  par  atteindre  b'  Saint-Laurent. 
Ces  flolteurs.  ou,  connue  on  dit  lâ-bns  chez  nos 
frères  d'Amërique.  ces  bonunes  de  cage,  sonl  aussi 
des  Canadiens-Français  d'une  force  athlétique. 

1500  h  1400  kilomètres  dans  un  bassin  de  t8  h 
âO  millions  d'Iiectarcs,  plus  de  /ïttOO  mètres  cubes 
de   porlée   moyenne,  un  étiage  égal   h  ceux  du 

7d 


C3« 


L\    TErtriE    A    VOL    ïi'dlSEAU. 


Ulu'ine  et  <\u  Rliiii  n'^unis  pnrce  que  ses  iiffliients, 
sûus-aflluiMils,  et  lui-mt^nie,  sont  tous  releniiB  ci 
soiiUmius  [tîir  dt's  lars,  mènio  lo  |M'til  ruisst'.nd 
dans  son  putil  valluii,  tel  t'sl  CUlluwa»  t|UL'  suivi'iil 
sur  lîi  vixa  droite  le  Hiclu'liou  ut  sur  In  iiv*» 
gaudic  le  puissanl  SaiiH-Mauricc. 

Le  IlicliL'Iit'ii,  grand  chpinin  ûvs  VAnh-Viiih, 
sort  du  hoau  lac  Chariiplain,  qui  devrait  Mrc  ca- 
uadioii  :  c'i'sl  coulrv  iiaLuiv  que  Ips  Yankees  y 
doiuiiH'ttl. 

Le  Snitil-Maurirp,  long  de  près  de  000  kiii»- 
nïèlres  en  irii  ljaï>siii  do  pins  de  ïj  millions  d'Iiee- 
(ares.  liunlie  dans  k'  lli'uvu  à  Truis-liivirres, 
en  aval  de  {'t'^pancniissenienl  du  SainI -Laurent 
nommé  Lie  Sf)inl-Piern\  Par  cPTiUincs  îl  hoil 
les  Lujuels  L^t  les  lacs,  et  peut-èlru  vaut-il  lel 
fl  pt*rc  des  eaux  h  quand  dans  le  bas  dt?  sa 
course  il  s'abîme  de  4.')  à  50  mètres  pnr  la  ler- 
rible  easeade  dt^  Cliaouini^'aii  :  du  j^'ouJTro  où 
îl  plonge  en  deux  bras,  du  ISerninis  ilu  Niable, 
il  sérbappe  pnr  un  gtvulol  qui  n'a  que  28  mètres 
de  large. 

Ilevaut  b'  tîer  jn'omonloire  d«»  Onèlun',  le  Saini- 
Laurenl,  subileuîenl  rétréci,  ua  plus^pu'  i!2(^0  niè- 
Ires  de  large,  eu  Ilots  profonds  portant  les  plus 
pesants  navires;  au-dessuus  de  i'ite  il'Orléaris  il 
s'élargit  en  estuaire,  avilit  des  monts  abrupts 
à  8â  rive  du  noid»  puis  h  Tadoussac  il  accueille 
le  Sagucnay. 

L'austèie  Saguenay  pari  d'un  lai*  <nj  s*unissenl 
des  lorrcnls  qui  ont  cons**rvi^  jusqu'à  ce  joui*  leut's 
noms  barbarvs  rrAelinpmourhouan,  Mislassini»  Pé- 
ril*unka>  Ouiatebouan,  Métalieleli*»uan.  etc.  Ce  lae 
est  le  Sainl-Jeau  des  (iatïadïeus-Franrais,  qui  alm- 
sent  et  surahuserit  du  unit  Satnt^  ;  e'est  le  Pikouîi- 
garni  ou  L:ie  Plat  des  Indiens,  peu  profond,  entre 
des  rives  basses. 

Tout  ce  que  porletit  au  Saiut-Jean  ees  rivières 
passant  h  cl]a(|ue  ÏTistant  du  silence  à  la  elameur, 
en  l'essful  |>ar  *leu\  rivières  (piî  bieulùl  s'uniaseni 
et  forment  le  Saguenay  sauvage. 

Cascades,  rapides  que  Tlndieii  ni  le  Canadien 
n'osent  deseemlre  In  us,  rennuis,  lounioieirienls, 
écumes,  grondements  ou  fracas,  le  Sagueuay  ne 
s'apaise  qu'à  Cliicoutinu.  Dt>s  lors,  sans  la  marée, 
il  serait  muet  dans  suri  [U'écipiee,  qui  est  romme 
une  faille  de  la  Terre;  large  de  lOOl) -i  7mo  mè- 
tres, prolbntl  ik  WK  de  ti(K),  de  T^OO.  il  dormi- 
rait sans  miinnure  au  sein  de  son  abinie,  à  l'orn- 
bri'  (le  ses  morues,  gneiss  el  gi-aiiils  de   1^00  à 

I .  Ms  vn  cii)t  iviapli  leur  Canada,  et  les  a  voyoRûurs  v.  les 
cliasscars  tle  leur  race  en  ont  couvert  l'hiiiiiense  Noi*d-Oue»l- 


180U  pieds  :  c'est  un  sombre  fleuve  t'n  u\i  sombr-e 
Hord. 

Au  eonllneril  de  celle  fameuse  ri\iére  fjiile  des 
neiges  el  des  pluies  de  7  millions  d'heelares. 
le  Saiut-Laurenl,  devenant  golfe,  a  25  kilomètres 
de  rive  gaurbe  a  rive  dri>ile:  il  en  a  150  au  Ira- 
vers  d'Antïeosti.  uoiuinée  de  la  sort(»  par  cor- 
ruption du  inol  indien  Naliscotec.  Celle  ile,  à 
70U  kiïoniètres  en  aval  de  Ouébec,  est  longue  de 
tU:M)(HI  utètres,  vaste  de  815  000  liecUires:  elle 
a  moins  d'honuïies  que  d  oui*s,  el  de  ces  Loitunes 
aucun  ne  cultive,  tous  sont  pêcheurs.  Cependant 
un  petit  peuple  eaiiadieii-franeais  pourra  vivre 
sur  celte  terre  de  périllcUL  abords  vûilt»c  de 
brume,  triste,  oLseure.  avec  falaises  calcaires, 
tourbières  immenses,  bois  de  pins  et  de  bouleaux. 
et  çh  el  là  sur  la  cote,  des  forêts  naines. 

Le  &unt-Laurerit  s'ouvre  sur  l'Allanliipje  entre 
les  Iles  de  Terre-Netive  et  du  Cap-Breton.  De  la 
source  la  plus  reculée  (|ui  prenne  le  ebemiii  du 
Supérieur  jusqu'à  siiii  anqde  embouchure  la  roule 
simunise  du  til  di*  ses  eaux  peut  avoir  5500  kilo- 
mètres en  un  bassin  de  107X00 000  lieelares. 
deux  fois  et  demie  la  Trance.  Le  débit  moyen  ne 
peut  pas  tHre  inférieur  h  15OO0  métrés  cul»es  par 
seconde  *. 

Les  Laurentides.  La  baie  d'Hudson.  le  Nord- 
Est.  —  Ihitaouais,  S;»iol-Maurice ,  Acliapmon- 
cbouan,  .^bstassini,  Péribonka,  mille  aulres  ri- 
vières, toute  I\m»u  qui  arrive  au  Saint -L»nurenl  |wir 
sa  rive  gauche  lui  vient  des  Laurentides.  eliainv 
ti'és  longue. 

Les  Laurenlides  traversent  de  l'orîent  h  roceiJ^ 
dent  tout  le  Labrador,  depuis  vis-à-vis  Tern»-^ 
Neuve,  tout  le  Iîas-1'anada.  tout  l'Onl^irio  où  elles 
ploiigeiil  sur  le  lluron  el  sur  le  Supérieur  |>ar  des 
morties  arides,  tout  le  lerritoire  de  Keewatin,  et 
vont  se  perdre  au  fond  du  Nord-IUiest  sur  les  lacs 
semi-polaires  el  le  lieuse  Mackenzie.  en  face  des 
contreforts  des  lîucbcuses.  Klles  sont  bassins*  mais 
leur  beauté,  lacs,  sfipins,  cascades,  .durera  tou- 
jours, sauf  moins  de  foréis,  quand  des  monts 
bien  plus  liera  auront  perdu  la  leur.  Granits  et 
gneiss,  le  lenifis.  l'onde.  \c  froid  les  monlent 
moins  profondérneiiï  qu'ils  ne  rongent  les  schistes» 
les  grès,  les  craies^  les  calcaires;  les  Laurentides 
garderont  pendant  des  Biècles  de  siècles  la  Ij'an- 
(juiile  (lureJé  de  buirs  coupes  d'eail  vive  el  la  tur- 
bulence de  leurs  niagaras. 

1.  Il  5crflit  do  52  0(J0  s'il  Tant  en  ciHitre  tes  cilc-uls  tle 
l;i  Committioit  (féolo^ique  tfe  fÙttawa. 


CANADA. 


627 


Sur'  tout»»  ctMlo  longue  ligne,  au  noi-fl  de  la  llmi- 
U'ur  dos  Terres',  lt"s  ri\it".'ivs,  aussi  brist-es  i\Ui\u 
bud  et  non  moins  t^pandues  en  lacs,  desccmltMit 
vers  la  baie  d'IIudson,  int-rù  plaçons  liîvoruîuix  t|ui 
D'est  navigable  t]iji'  pendiint  le  tiers  ou  la  inoilié  de 
Tannée,  mais  on  nous  la  disait  *i  lorl  prodigieuse- 
menl  froide,  élenielleriieiil  inbos[iflaIière,  itvei'  un 
detnirercle  dr-    (erres   t|ue  n'eatanieia  jaumis    la 


rbarrue,  Toul  nu  ronirairo.  les  mois  beaux  et 
eliauds,  qui  s<jiil  très  eliauds  et  1res  I)*»miix.  y 
mènent  les  cért^ales  à  n»nlnrilé  complète,  et  ee 
r|iii  borde  la  baie  James,  grand  golfe  mêi-idional  de 
celle  mer  de  lôO  millions  d'hectares,  est  bel  et 
bien  un  pays  de  colonisation,  tant  derrière  TOn- 
lîii'io,  sui'  les  brandies  de  l'Albany,  Heuve  h  peu 
piès  égal  h  rOulaouais,  et  sur  celles  de  la  .Moose 


Lthilaouais  :  Là  Cluudiërs  en  été.  —  De^in  du  Th.  Webcr,  d'après  une  pboLogiaphie. 


et  do  TAbbitibi,  que  derrièrc  le  llas-Cnnada,  sur 
de  vastes  rivières,  tout  le  lonr;  de  rilarrieannîivv, 
du  NiiLiway,  du  Itiipert.  issu  du  puiss.Mii  lae.  des 
Mislnssins,de  IKast  Main,  fleuve  aux  lar^res  flo!s.du 
Kisaisippi  ou  (irande  liiVière,  1res  (^Mande  eu  etïel. 
troisième  en  abondance  |)anni  relies  qui  se  per- 
dent dans  In  baie  rl'Iludsnn.  la  preiuière  élaril  le 
Nel.Hon.  la  becoude  le  Cliuirlitll.  et  ta  ((uatrièrrte 
I'AHmiuv,  etc.,  etc. 
I .  Ligne  dt  fuUe,  excellent  niot  cuiadk'n-fnuKait, 


Sur  tous  ceux  de  ces  fleuves  qui  finissent  h  la 
baie  James,  et  plus  h:in(  au  nord  jusque  VVjxu- 
Claire^  ini  luèjite  au  deL't.  dans  ce  qui  s'afipelail 
Terre  de  Kuj>erl  '  eL  que  de  plus  en  plus  on  nomme 
le  Nord-Est.  par  of)posjiiou  au  Nojti-(>uesl.  s'éten- 
dent, mêlées  de  fiïn^ls,  des  terres  vierges  qui  dou- 
blent le  domaine  direct  et  com|»a4-1  du  peuple 
francu-canadifui.  Uuand  il  en  aura  pris  possession, 

1.  Niiin  «le  Oailcnc.  rnppclani  un  neveu  U«  Cliarles  1" 
d'AntrIeleiT*. 


1^1^ 


638 


LA    TERRK    A    Vt»l    D'dISEAll 


ce  qui  n»^  lartirra  guriv,  la  iinlion  manifesltMticnl 
iiulcstrNi'tible  fiui  so  itcIîhih*  ici  de  In  Froiu'*.'  ne 
potiii'îi  plus  t'tro  tournée  par  In  coliuc  dos  «  An^Hi*- 
Siixona  »  ;  c'est  ullc  qui  les  lournern,  (lnirit>ro  h 
Huruii  et  le  Supérieur,  aux  deux  vorsanls  de  la 
Ilnid'ur  dt's  TtMTcs,  mire  des  lacs  sans  nombre, 
pqrini  (les  hitis  lUL'lîtnculiques. 

Climat.  —  Ce  fleuve,  ces  mers  d'eau  douce. 
ro((e  iiillnilê  de  lacs  et  rivières,  assurent  nu  Ca- 
imdn  rîmniensfi  avenir,  IK'  vasics  cnnlons  qu'on 
livre  criuiiiii'lli'nietil  nux  spériihileui's  l'ii  Concis 
n'y  vnudroiil  janinis  |>lus  re  qu'iU  vnlenl  «tujoui*- 
d'iiui  pai"  leurs  hoîs  du  Nord,  leurs  Arbres  feuillus, 
Uïs  nii^Mi<*s  que  les  niMres,  leurs  ('•pinettes  routes 
ou  Ininnrans  pres(|ije  inrorruptihles;  ninis  nussi 
que  di'  belles  rtMiiluies  d'nlluviuus  aulûui'des  Inrrs 
nutoindris  pni'  le  letn[)S,  que  dliniueuses  plntt'HUX 
nttciidnut  l.i  (dinrrue.  que  de  prairies  ou  ne  p^'^lira 
piiiiil  b'  h'tupenu  ! 

Un  cliuiitt  1res  rij:i:nnreux,  quoique  les  latitudes 
des  lieux  liabilês  oscillent  entre  celles  de  Lille  et 
de  Roiiu',  y  garnutirn  loujours  tli*  In  mollesse.  VA 
les  riverains  de  la  baie  d'Iludsen  ne  seront  pas 
nnn  plus  des  ainnguis.  Dans  le  Bas-Canada,  où 
gèle  rjuebpjefois  le  luejrure.  la  neif^e,  la  ^lace,  le 
lenips  (bi  IrainenUi  durent  ci(u|  mois  par  au;  deux, 
mois  seulernenl  dans  le  llnul-Canada,  qui  est  situé 
plus  loin  de  lu  mer,  iintis  [»lus  au  sud,  et  sur  les 
Grands  lacs  :  c'est  lin  tpji  a  des  latitudes  ita- 
liennes; le  lias-Canada  n'en  a  que  de  françaises 
ou  irijUeniandes. 

Les  Franco-Ganadiens.  leur  fécondité,  leur 
marche  en  avant.  —  Le  Canada  tut  le  plus  beau 
reiuiuvellenierit  tb*  nous-mêmes  sur  le  ennlinenl 
où  il  y  avail  plane  pour  la  plus  grande  nation 
de  ravenir.  La  France  te  laissa  misêrablenienl 
eluur. 

Mais  ninl!;ré  cent  lrenle-«inq  ans  de  sèpnralion, 
c'est  le  pays  d'outre-iuer  qui  retil'erine  le  plus  de 
Français  restés  Frnnçai».  Race  fri\ole,  nous  nous 
en  douions  à  peine,  et  nos  émigrants  vont  s'a- 
néantir près  ou  loin  de  là  dans  les  allopbones  el 
li*s  allopbyles, 

Kn  15'2i,  Françfjis  1"  prit  possession  de  ces  ri- 
vages, découverts  une  |)rerntère  fois  pnv  les  Scan- 
dinaves du  firoenland,  juiis  reconnus  vers  tTitiO  par 
iU'H\  ilalit'us.  Jean  el  Sél»nsïien  Cabot,  el  par  un 
Porfugais,  CttrtéiénL  tinze  ^nis  après,  un  Hreffin 
nnilouin,  Jaeques  Cartier,  remaniait  le  Saint-Lau- 
rent jusqu'au  premier  inpide.  d  Hocludaga,  silen- 


cieuse bonr^ïade  indienne  qui  est  aujourd'hui  In 
bruyante  Mtmlrêal. 

Mais  nous  étions  îdoi's  trop  étourdis  jwr  le  v,iin 
liiuiullL^  de  rf]nro[)e  pour  prêter  l'oreille  li  l*Ani»»- 
luque  :  c  élait  le  temps  des  guerres  d'Itilie,  du 
dnel  nvt'c  l'Espagne,  du  choix  entre  l'Kglise  el  la 
Uélorine.  VA  cependant,  il  y  aurait  aujourd'hui 
deux  millions  de  Français  pour  chaque  millier 
d'hommes  (hés  dans  l'Amérique  froide  entre  1555 
t't  1551),  Muaud  des  familles  saines  ont  l'espace 
dev:ant  elles,  sous  un  elirnal  sain,  fùt-il  dur.  elles 
doublent  en  vin>;t-t-iuq  ou  trente  ans  si  nul  ennemi 
ne  trouble  la  [mi  de  leurs  hameaux. 

Le  Canada,  qui  plus  que  FAIgêrie  élait  le  por- 
tique d'un  monde,  ne  reenl  fiucun  Français  jus- 
qu'aux preinières  amnVs  du  dix-seplième  siècle; 
mais  t|uand  on  eut  cessé  do  s'égorger  de  c^ilha- 
li<jue  a  prolestaul,  on  porta  des  regards  moins  dis- 
traits sur  la  (t  Nouvelle  France  ».  Le  Siiintongeais 
t^hanqdain  fonda  Québec  en  IG08.  De  même  que 
Cbrisloplie  Colomb,  dans  sn  roule  vers  l'Amérique. 
clierrhait  avant  tout  l'Inde  et  la  lerre  des  êpic»^, 
de  même  Samuel  tTbnmpInin  remontait  le  S;iiiil- 
Laurenl  pour  an-iver  riiez  les  Chinois.  Les  lettres, 
les  écrits»  les  poèmes  ûii  temps  eu  font  foi  :  tel  le 
sonnet  du  voyageur  Lesrarbot  »  au  sieur  de  Clium- 
plain,  géographe  du  roy  n  : 

Un  roi  imrnidien,  poussé  d^un  beau  d^sir, 
Fit  jadis  rechercher  la  sonirc  do  ce  fleuve 
Qui  le  |M?upïe  (ï'Kgyple  el  de  Libye  abreuve. 
J'renant  eu  son  pourtrait  son  unique  plaisir. 

Cliatnplain,  jà  de  longtemps  je  vois  que  Ion  loiàir 
SVmploye  obstinéiiienl  el  sans  aucune  Ircuve 
A  rechercher  les  (luts  (pii  de  la  ToiTc-Neuve 
Viennent,  après  nianUs  sauts,  les  rivages  saisir. 

Q*ie  si  lu  viens  à  ch^'fdft  la  bell*  entreprise, 
On  ne  peut  estimer  combien  de  cloire  un  jour 
AcipitiTiis  à  ton  umii  que  dès  jà  rh;ictm  prise. 

Car  d'un  Hcuve  iidnii  tn  cherclies  l'origine, 
Aûn  qu'à  l'avenir  y  faisant  ton  séjour. 
Tu  nous  fasses  par  là  parvenir  à  la  Cliine. 

Une  ville  de  la  banlieue  de  Montrt>al,  la  Chine, 
témoigne  eneoje,  par  sou  nom,  de  celb»  ambition 
(b'h  foudaleurs  du  Canada. 

La  colonio  lauguil  jusqu'A  Colberl,  Ce  grand 
Imnime  v  envoya  des  Percherons,  des  Poite\itis, 
des  Nofinands;  puis,  apivs  ce  Irop  court  effini, 
lorsque  le  clairvoyant  minisliv  ne  fut  plus  là.  la 
vieille    France    laissa    la    nouvelle    îi    l'abandon. 


f  ^ 


♦* 


CANADA 


ff5t 


Li*  OinHtia  dociniè  par  des  Iiilles  litToiques,  souvent 
virlorieuses»  contre  ses  liyfHicritrs  enneinis  d'Eu- 
ro|>i*.  les  Anglais,  et  ses  fanatiques  eunenii^  d*Aiiiê- 
ritjue,  les  Yankees,  ne  reçut  plus  que  de  rares 
calons.  Saintongeais.  Trovençaux,  gens  de  Ilrela- 
gnc.  de  Normandie,  de  Paris,  de  toutes  les  pro- 
vinces. Itans  le  siècle  qui  s  écoula  de  rétablisse- 
ment de  la  prêpondtVance  française  en  Europ* 
jusqu'à  la  ruine  de  toutes  nos  grandeurs  sous 
Louis  \\\  5000  liommes  et  4000  femmes  seule- 
ment, c'est  tout  ce  que  le  royaume  aloi*s  le  plus 
puiss.'tnt  du  monde  eut  l'heur  d'irnplunter  là-Las 
Mir  le  Saint-Liurent. 

Mais  ces  hommes  et  ces  femmes  étaient  de  souche 
rusiique  el  ].i  floraison  fui  prompte,  magnifique, 
malgré  la  lourdeur  du  temps.  Uuébm',  Montréal, 
Frontenac*,  Déti-oit»  sortirent  du  sol,  et  la  langue 
de  la  ptttrie  pcnêlra  jusqu'aux  solitudes  des  lacs 
polaires.  On  l'y  parle  encore  ;  ni  les  Indiens,  ni 
les  métis  Bois-Drùlés  ne  l'ont  oubliée,  et  les  Cana- 
diens-Français qui  s'établissent  auprès  d'eux  les 
aideront  à  la  conserver  longtemps  ou  toujours. 

En  même  temps  on  colonisait,  trop  lentement 
aussi,  l'Ac^idie,  ile  el  presqu'île  h  rcmLouchure 
du  Sïiint-Laurent,  el  des  explorateurs  partis  des 
Grands  lacs  marchaient  vei's  l'ouest  jusqu'aux  Mon- 
Lignes  du  Soleil  couchant;  vers  le  sud,  d'autres 
hommes  d'aventure  reronnnis^uent  l'Ohio  el  le 
Mississippi,  fondaient  le  Forl-LUiquesne',  Siiint- 
Louis.  et  le  long  du  fleuve  lun  grandes  eaux  ils 
descendaient  jusqu'au  comptoir  françiiis  de  la  Nou- 
velle-Orléans. Les  Anglais  ne  possédaient,  eux.  (|ue 
les  côtes  brumeuses  de  la  Nouvelle-Angleterre, 
mais  ils  avaient  eu  la  sagesse  d'y  envoyer  des  cen- 
laitiesde  milliers  de  colons. 

L'année  I7^>*.*  rivalisa  le  vœu  de  Voltaire,  (|ui  avait 
4'cril  à  M.  de  Chauvelin.  gïirde  des  sceaux  :  a  Si 
J'osais,  je  prierais  à  genoux  Votre  Excellence  de  dé- 
livrer la  France  du  C«inatla  ».  Pris  entre  les  Anglais 
d*Euro|>e  el  ceux  d'Amérique,  race  froide,  avide, 
haineuse,  pharisaîque.les  Canadiens,  peu  secourus 
p.ir  la  France,  à  laquelle  n'apprtenait  plus  la 
mer,  perdirent  Québec,  puis  Montréal.  Il  fallut 
changer  d'allégeance.  Iles  milliers  de  braves  gens 
étaient  morLs  dans  la  guerre  en  défendant  fi  la 
fois  leur  ancienne  et  Iciïr  nouvelle  patrie,  el  il  ne 
resta  sur  le  Saint-Laurent  que  oriOOO  Fninçais 
pour  continuer  le  vieux  peuftle  d'Europe  qui  avait 
eu  si  peu  de  souci  d'eux. 

Ces    05000    Français  catholiques  se  raidirent 

I.  SAinlcniiil  Kii^fhlon. 
3.  Aigourd'liui  |*ittfttfurç. 


contre  les  Anglais  protestants  et  souhai'.êrent 
fermement  de  n'en  point  apprendre  la  la;igue. 
Race  de  paysans  et  de  bt^cherons  aussi  mii-acoi- 
leusement  féconde  que  la  «  racine  d'Abraham  », 
ils  ont  merveilleusement  augmenté.  {)uc  faire 
contre  un  peuple  où  il  n'est  pas  rare  de  voir 
le  curé  de  la  paroisse  adopter,  suivant  la  coutume, 
le  vingt-sixième  enfant  d'une  famille  ou  bénir  des 
noces  d'or  après  cinquante  ans  de  mariage,  voitc 
des  noces  de  diamant  après  soixante? 

En  vain  l'Angleterre  voulut-elle  cerner  de  colo- 
nies anglaises,  écossaises,  trlandaisi^s,  yankees,  les 
quelques  jKiroisses  qui  formaient  la  nation  cana- 
dienne-française h  son  origine.  Ces  paroisses,  eu 
grandissant,  firent  éclater  la  ceinture  de  force. 

Puis  la  source  du  sang  canadien  gonfla;  devenue 
fleuve  débordant,  elle  couvrit  ou.  pou  à  peu,  couvre 
inexorablement  les  colonies  anglo-saxonnes  érigï^e» 
contre  elle. 

Depuis  cinquante  ans  les  Canadiens-Français  ont 
repris  le  nond)re  et  l'autorité  dans  Montréal,  la 
grande  ville  de  commerce;  ils  ont  ressaisi  la  plus 
grande  part  des  Cantons  de  l'Est,  beau  pays  de  mon- 
tagne à  la  frontière  des  États-Unis  urigifiairement 
colonisé  |tar  des  a  Loyalistes'  »;  en  Caspésie  el  sur 
le  basOutaouais  ils  ont  refoulé  l'élément  o  s;ixon  »  ; 
ils  ont  pris  pied  dans  le  Labi-ador  qui  a  1000 
kilomètres  de  front  sur  l'eau  salée,  dans  les 
pays  du  haut  Outaonais.  du  haut  Saint-Maurice 
el  du  lac  Saint-Jean,  sur  les  roules  de  la  l»aie 
d'Hudson  et  des  terres  du  Nord-Est — tout  cela  dans 
leur  l'anada  deux  fois  gr.md  comme  la  France  en 
y  comprenant  Labrador  el  Nord  cultivable. 

A  l'est  de  leur  Canada,  sous  le  nom  d'.Acadiens, 
ils  refleurissent  sur  les  rivages  de  leur  chère 
Acadie  d'où  les  avait  arnichés  un  abominable  ou- 
ragan; disjH'rsés  au  commencement  du  siècle  en 
misérables  hameaux  qui  ne  se  connniss.'iient  pas 
entre  eux.  ils  s'y  sont  groupés  en  peuple,  et  par 
leur  rérondité  supérieure  grandissent  plus  vite  que 
IVléiiHMit  étnmger  qui  les  presse.  A  l'ouest,  dans 
rOniîirio,  la  race  longtemps  dédaignée  s'empare 
visiblement  de  In  rive  droite  de  FlJutaouais.  en 
amont  conune  on  aval  de  la  capitale  de  la  Puis- 
sance, el  déjA  elle  y  a  la  majorité  dans  divers 
comtés  el  cantons:  elle  envahit  rapidement  les 
forêts  du  lac  Nipissingue  cl  se  répand  dans  l'ar- 
rière-pays  du  laclluron  et  du  lac  Supérieur.  Enfin, 

1.  Ou  nomma  Ix)Tali!tti>s.c'r5t-À-dirclopui  \à  I',\ii^lf*tL*rrei. 
les  rolous  qui  priitiit  |Mirti  (NUir  leur  niétrojii)li:  dafi>  m 
luUe  coqUy  lc)i  eUblisseiiirnls  d'Aiiii*rii|ue.  Ouand  l'iiide- 
pciidaiicc  des  Èlatç-I'nis  fui  sulriuiclldUiunt  rvcouiiuv,  de 
iioiribrrus  tnillirrs  d'cnlrr  eut  vitireiil  h*  li&er  eu  Cuiiada- 


L 


632 


LA   TEHUK    A    VOL    D'OISEAU. 


tout  tiu  Itïitï,  dnns  !<■  Nnrd-Ouosl,  ello  n  srmr  tl's 
[lîiroisses,  ^i-nnes  vigoureux  il**  r;iv*Miir,  sur  la 
Rivière-Houge,  l'AssiniboiiiL',  ïa  i)ui]\f\w\h\  lus 
deux  Siiskiilclit'ouiin. 

Ml  peiïd.itiL  ijii"ils  ivcoiiqut'r.îiriit  ainsi  sur  l'Aii- 
glnts  le  pays  roitqiïis  |:nr  leurs  |ièn's  sui"  In  soli- 
tude, ils  envoyaient  nitillïcui'eusctnenl  Uuit  tie  ia- 
milles  au3L  Éltils-L'nîsquo  TUuion  rcn  forme  ;i  riiourc 


pn'MMili'  environ  "ÔOOOO  rnnico-Cnn;idiens  *,  irioilié 
itfïus  U-s  villcb  jtiitii>>tri(*ltr>s  cl  dniis  {va  caiiipoj^ics 
de  la  Nouvelle-AngleU'rre,  moilit*  dans  les  délri- 
<:ÏK»rneji!s  du  <lriiiid-t*uosl. 

A V PC  les  1  i.VlOOO  qui  viveni  aujounriiui  (1892) 
diiiis  L'i  Puissiuict*,  celn  fait  plus  de  2  niilliuns 
triiumnios,  (ils  des  65  000  paysans  d'il  y  a  cent 
IrenU^cin*!  annùcs. 


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Uoulrèal  :  lei  quuis.  —  Dessin  do  Taylor,  d'après  une  pti«lugi-a[»liie 


En  s*en  tenant  aux  seuls  Canadtens-Frnnçjiîs  du 
Dorninion  —  car  ceux  d'enfre  eux  qui  no  re- 
viondrfMil  pas  des  l*]tiits-(Jnis  an  pfiys  sont  me- 
nacés d'engliinlissfuienl  <huis  Iîi  nier  yjinkee,  et 
sur  dix  qui  [inrlenl,  luiit  ne  revirnneni  jnui.iis,  — 
ce  pi'n[ïl<>  aura  lîicnlôl  uu  ewêdenL  de  naissances 
â  peu  près  êtïal  h  relui  de  la  France,  et  In  dispro- 
portion enliv  eux  et  udiis  diiiiinun  vile  :  en  I8ii 
les  Fran*;uis  n'Auiêriqu"'  rUiieul  au\  Fratirais  de 
France  comme  un  ù  soixanli*  nu  ou  soixante-deux; 
ils   sont    aujoiu'iritui    comme     un    à    moiits    de 


vinpl-sept'.  Avant  ctnquanlp  ans,  leur  cmil  sera 
plus  lori  que  le  nèti-c»  lous  Canadiens  des  Élals- 
Unis  à  pari. 

Ainsi  se  rWoIIû  contre  la  fortune,  ainsi  triompha 
d'elle  et  Irioniphe  toujours  ce  peuple  qui  n*a  ja- 
nuiis  désespéré.  Lonf;tciiips  il  attendit,  ininirnc 
encore,  le  retour  des  fleurs  de  lis;  Il  n'attend  rien 

t.  l'-s  ùvalualioris   voj'iiMit  eriU*e  500000  ou  400000   ui 

^1.  Cumuw  lui  a  dix-huit  ou  dix-heur  en  j^uuUul  les  Caiia- 
dieas-Fraiiv^is  de  rUoion  k  ceux  du  Doinmion. 


CANADA. 


G5S 


du  drapeau  tricolore,  mais  il  se  sent  désormais 
assi'Z  grand  pour  se  tracer  tout  seul  un  cheniiïi 
dans  le  monde.  Puissant  par  son  adossement  au 
p6le,  voyant  sa  rêconditô,  lisant  son  histoire  hé- 
roïque, il  a  foi  dans  sa  destinée  manifeste,  et 
l'avenir  lui  donnera  raison  s'il  cesse  eniln  de 
[fi'èparplUer  à  l'inHni  dans  les  villes  industrielles 
Ldis  Ùals-Uuis  et  dans  les  campagnes  du  Grand-Ouest 


C'est  une  race  d'hommes  hauts,  musculeux,  durs 
à  la  fuligue,  forts  contre  le  froid.  PassionnOinent 
calhoruiue,  elle  ne  parle  que  le  français.  Héritage 
des  paysans  normands,  picards,  percheronîs.  ange- 
vins, poitevins  du  dix-seplièrae  siècle,  leur  langue 
est  excellente  ;  elle  a  gardé,  par  cenlaiues,  de  bons 
vieux  mots  dont  les  pédants  nous  ont  appauvris; 
son  accent  paysan  réjouit  ceux  dVnijv  nous  Fran- 


MT 


K'n 


F- 


j.   -wJ 


/'     —  W.  ■w. 


lluntr<5«l  :  llarchtS  do  ïlon  Socouis.  —  l>ov>in  do  A.  Ueroy,  d'après  une  |)bo(ograpUl«. 


çaîs  qui  ont  vécu  dans  la  paysannerie  de  langue 
d'oil  ;  le  Normand  y  retrouve  l'accent  de  la  Nor- 
mandie, l'Angevin  celui  de  l'Anjou,  le  Berrichon 
celui  du  lierry.  et  le  Saiulougeais  celui  de  la  Suin- 
tongo. 

Les  deux  Canadas.  Décompte  des  races  : 
Français.  «  Saxons  »,  Indiens.  —  Le  Canada 
eonipri-nd  deux  pays  autonomes  (siiuf  en  matières 
fédérales),  séparés  par  la  grande  rivière  des  Ou- 

0.  RKCii^k  La  TsitiiK  a  vul  b'uisetp. 


taou.iis  :  au  nord-est  le  Oas-^lanada  ou  province  de 
Québec,  au  sud-ouest  el  h  l'ouest  le  Haul-Oinada 
ou  province  d'Ontario  :  eclle-ri  sur  les  (]rands  lacs, 
rt'lle-là  sur  le  Sinal-I.aurtnl,  Meuve,  estuaire  et 
golfe.  Ensemble  ils  avaient  75215000  hectares, 
dont  4HSr)7(î()0  pour  (juébec  et  'iOnJT.'.oO  pour 
Ontario,  lui-s  du  reeensement  décennal  de  1881; 
mais  depuis  loj*s  le  territoire  outJirien  a  plus  cpic 
doublé:  on  Va  prolongé  au  nord-ouest  jusqu'au  lac 
des  Dois,  au  nord  jusqu'au  Meuve  Alhany  «a  jusqu'il 

80 


m 


LA    TERRK    A    VOL    I)  OISEAU. 


la  baie  Jamos.  Québec  doit  iMre  aussi  rortaugniontr* 
par  recul  <li^  sia  fiotitirrc  softîciiti'iuiialo  jusqu'oui 
fleuve  East  MnJn,  e\  l'on  peut  dès  iiujouj-ii'lmi  docinir 
su  Canadn»  au  sons  f'iroil  du  mot,  une  ôlonduo  de 
loO  ijiillioïis  (rhpi'f;u'«»s. 

Le  roconsoiuoiit  de  1891  y  a  reconnu  5  601575 
lial>ilants,  danl  2  H2989  dans  rOutario  vi  \  488580 
dans  la  province  de  Onéhee  ;  le  Ilaut-Cnnada  est  d'un 
tiers  plus  jH'ujtlé  que  le  lîas-Canadn,  grdee  à  son 
climat  plus  doux,  à  sa  nature  moins  rude  et  héris- 
s<^e;  et  aussi  \ni\rv  qu'il  reeuiî  des  lunnii^ianls 
anglais, écossais,  irÎHnd.iis,  allemands,  par  ruilliers 
L'I  dizaines  de  milliers  lous  les  ans,  tandis  que  peu 


d'Furopéens  s'établissent  dans  le  Canada  français. 
Snr  les  I  488  580  habitants  du  lias-Canada,  en- 
viron 1  200000  sont  Français,  et  moins  de  r>OUOO{! 
Irlandais,  An^^lais,  Ëcossais,  etc.  Les  Franco-Cana^l 
diens  foririiMilplus  des  quatre  cinquièmes  de  la  po-l 
pulalion  :  en  1871  ils  élaienl  780 sur  JOOO,  702enr 
1801,  752  en  1851.  Dans  leur  Canada  les  neveux  dea 
colons  dn  lern|is  île  Louis  XïV  sont  donc  pr^s  de 
quatre  cinquièmes,  el  cAa  d'un  bloc,  c;jr  il  o'y  al 
guère  d'allo|dianes  que  dans  les  gi*andes  villes  dfl 
Quèliec  el  <le  Monirèal.  dîins  les  cantons  de  l'est») 
sur  le  biird  de  l'Oulaouais,  et  dans  la  Gaspésie.j 
presqu'île  montagneuse  du  golfe  Sainl-Laurenl. 


Ottawa  ;  la  cMv  <Ju  i'.il,ijs  Jii  ÏMrlemcul.  —  Desiin  de  Tjylor,  d'aprê»  une  pliotugrapUie. 


Sur  les  2  112089  ûntariens,  il  y  a  [trobablement 
150  000  Canailiens-Frarii^ais  :  le  cliiffie  exact  uVsl 
pasconnu.  Cet  èlêmiMil.  jadis  tout  d  fail  perdudans 
la  l'oule,  se  ressaisit,  se  concetilre,  s'auErmunle  par 
une  forte  inimi^raliou  desî.'-iMis  de  la  [troviuce  voi- 
sine, el  il  cjH>tt  désormais  plus  vile  que  les  autres. 
Vm  187 1  il  n'y  avait  dans  TOnlario  que  46  à  47 
Français  sur  lOOO personnes;  en  1881  on  eu  a  re- 
censé 55  à  54  ;  en  1801  il  s'en  trouve  01  pour  100. 
Presque  tous  habitent,  à  lest  du  pays,  la  rive 
droite  (le  FOutaounis  cl  la  capilale  fédérale  ou,  au 
nord,  la  ré^^tni  du  lac  Nipissingue,  ou  bien  encoie, 
tout  au  Fud-ouesl,  à  l'autre  extrémilé  de  la  pro- 
vince ;  ils  (»nl  de  belles  parois5.es  sur  le  lac  .M  la 
rivière  Sainle-l'hiire  i-t  sur  la  rivière  Oèlroil,  dans 
une  contrée  magnilîque,  la  plus  lempt^rèe  de  toute 
la  Puissance  et  jusquà  ce  jour  \n  seule  où  la  \igue 
donne uuboji  via. 


Quant  aux  anciens  mailres  du  Canada,  Iroquois, 
llurous.  Algonquins.  Abénaquis,  Tcbipp^^ouais.  Uu- 
taouais,  Muntagnais,  etc..  ils  ont  presque  l^ius  dis- 
paru. Les  llurons  de  la  Jeunc-Lorelle  et  les  Imtpjuis 
de  Saint-Hègis  travaillent  leurs  champs;  les  Iro- 
quois de  Cauglinawaga,  sur  le  sault  Saint-Louis, 
scint  mariniei^;  le  reste,  plus  lidèle  aux  instincts 
nomades,  vit  de  chasse  et  dt»  |>i''rlie.  ||  n'v  n  pas 
loriglfuips  encore,  ils  spmUlaienl  h  la  veille  de  pt^- 
rir,  tués  par  la  civilisation  qui  abolit  les  faibles  et 
casse  te  nerf  aux  forts,  mais  ils  onl  d'atiord  ressé 
de  dimiruier,  et  niaititenanl  ils  augnirntenl.  Au 
nombre  de  51  OOO  à  peine,  15  561  dans  le  Bas-Ca- 
naila,  17015  dans  l'Unlario,  parlant  presijue  lous 
soit  lelVaneais,  sitil  rau«îlais,  soit  cesdi'ux  langues» 
ils  n'ont  d'autre  avenir  que  celui  de  durer  obscu- 
rénienlen  petites  communautés,  puis  de  disparaili-e. 
Comme  naliou,  comme  race,  leur  sort  est  scelld 


3 
e 
2 


036 


LA    TERRE    A    VOL    U'OISEAU. 


Ce  que  l'Europt^  leur  a  pris  ne  leur  reviendra  jii- 

mnis  :  huntmos  «lu  th'»surl  et  do  In  forùt,  clmsseurs 
ot  péclieurs,  il^  I1^}nl  quiï  l'ait'o  au  milieu  des  gens 
qui  dêlriiiseiil  les  déserts  L't  melletil  la  farél  en 
sillons;  kl  louj'  f;iul  la  guerre,  et  tious  les  f()r(^'i>ris 
h  la  pati;  le  vaste  es[tai'e,  el  nous  couvi-oiis  leur 
pays  de  maisons,  de  haies,  de  fossés,  de  clôtures  ; 
h  lilierlè  sans  liorne.  et  anus  les  onft'nnmis  d,nis 
la  prisun  di-s  lois.  Il  y  a  aussi  quelques  milliers  de 
Nègres  dans  ce  paya  fruid,  mais  au  moins  vivent-ils 
presque  Irais  dans  le  moins  tlur  des  deux  Canadiis, 
dans  la  province  d'Ontario,  ils  dé[iasst'nt  ut)  peu 
12  QUO,    iït>rit    lit   dans  la  iM-oviiiCi'  de   Ouébec. 


Anciens  esclaves  ou  fils  d*osclaves,  ce^  Arricains 
sous  un  cii^l  qui  n'est  jms  le  leur,  viennent  de 
divers  Ltals  de  l'inion  américaine. 

Villes.  —  Deux  villes  canadiennes.  Monirêa!  cil 
Turonlo,  ont  plus  de  1(>0  OOO  duies.  Ottawa  possède' 
les  asseinblées  qui  aduiinislrenl  les  alTaires  de  la 
Puissance,    HuëbcL'.    a    le    parlenienl    du   Canad 
fraiivais,  Toroiilo  celui  du  L'anada  anglais. 

Otlîiwa,  ruutaouais  des  Franco-Canadieus,  data 
de  1827.  Capitale  depuis  1808,  c'est  une  ville  on-l 
taricniu\  sur  hi  rive  tlroite  du  superbe  OutaouaiSt' 
au  conflueui  du  Ilideau,  près  de  celui  de  la  puis- 


=^^ 


Pottl  Victoria,  à  Montrai.  (Voy.  p.  637.)  —  Dessin  de  Btou,  d'npnîs  une  phalogrophlc. 


I 


santé  GîUineau,  devant  la  Cliaudière,  cet  autre  Nia- 
gara—  non  pai  sa  hauteur  de  18  a  19  mèlres,  mais 
l>nr  l'elïorl  et  reiïnrenieiil  des  Ilots;  il  y  passe  eu 
moyenne  iîUDl)  mètres  cubes  par  seconde,  Ottawa 
n'a  que  ii 000  hajiilanis,  dont  15000  Français,  et 
avcL'.  IIuïl,  sou  faubourg  d"o:itre  rivière,  55  000 
duiil  bien  pi-ès  de  'J.'i  000  rraiiçais. 

Utiébec  (05  000  hab.,  dont  les  trois  grands  quarts 
Français).  la  ville  de  1008,  vieille  \nnir  l'Amé- 
rique, pays  sans  histoire,  a  pour  piédestal  le 
v:i\i  Oininatil.  (le  cap  domine  le  (leuve  de  plus 
de  100  ijiètres,  sous  un  eliruat  ïlont  la  moyetuie 
n'alleiul  niêrue  pas  -4  degrés,  si  bien  qu'une  rite 
dont  la  latitude  est  celle  de  la  Touraine  niéridin- 
nale  a  la  lempératui'e  fliuujelle  de  Troiidbjenu 
plaee  uorvégieune  [)eu  éloignée  ilu  Orcle  po- 
laire, Vil  ileuve  immense,  taiilût  lac  ouduyaul  et 
vaisseaux  de  Jiaut  bord,  tanti^t  dalle  immobile  ou 


dèbActe  de  glaee,  puis  de  nouveau  brillant  rniroîri , 
l'ile  d'Orléans,  la  haute  cascade  du  MonlnioreucrJ 
des  monts,  des  foréis,  des  falaises,  lout  ce  que  la' 
nature  a  de  pur,  de  fier,  de  beau,  de  grandiose, 
pare  la  noble  Stadaconna  :  ainsi  se  uomma  chez 
les  Indiens  le  campement  devenu  ca|Mtale  d'un 
peuple  fraurais.  Dluilieus»  il  n*y  en  a  plus  guère 
autour  de  Québec,  car  les  llurons  de  la  Jeune 
Lorctlet  sur  les  cascades  du  Saint-Charles,  n'ont 
plus  rien  des  sauvages  leurs  pères;  catholiques, 
vêtus  comme  nous,  laboureurs,  ouvriei-s,  sachant 
bien  le  fhuieais.  ils  sont  Français.  Les  llurons 
avaient  leurs  eliasses,  leurs  pèches  sur  la  rive  du 
gi'îuid  lac  ijui  garde  leur  uoiu.  Ce  n'est  pas  la 
France  qui.  de  nation,  les  a  faits  village,  leur 
fosse  Fut  creusée  en  Ki-iO  par  les  Iroquois,  fieuple 
frérCr  qui  vivaient  au  midi  du  Saint-Laurent,  dans 
les  vallées   des  montagnes  :    surpris,  cxlerminés 


tm 


658 


LA    TKRRE    A    VOL    D^OISEAU. 


dans  leurs  quinze  c.impemenls,  ils  rurent,  presque 
jusqu'au  dcrnii'i",  rayés  du  livie  (le  la  \u\ 

Morilirnl  qui  compte  217  000  hal)iliiiils,  oi  avec 
\oA  raulK>ur^s.  plus  de  *2rj0000j  rlmil  nu  delà  de 
15000U  Français,  bnrtfe  la  rivu  gijuclie  du  llouvt\ 
que  fraiichil  un  pont  de  chemin  de  fer  plus  long* 
que  beau,  dans  une  île  de  plus  der.»ÛOOO  liecUu*cs. 
Première  plaee  de  ennimorec  de  h  Puissance»  elle 
prétctid  ^Ire  un  jour  i\u  premier  rang  des  cités  de 
l'Amérique  cl  du  monde;  elle  y  a  droit,  merveil- 
leusement siluèe  comme  elle  l'esl  an  carrefour  de 
rOulaouais  el  du  Sîiinl-Lnurenl,  au  croisemenl  de 
la  grand'route  de  l'Ksl  à  l'Ouest  avec  celle  de  New- 
York  A  la  Laie  d'Iïudrsou. 

Toronto  (181000  liab.),  sur  le  rivage,  du  lac 
Oulariu,  se  développe  exlraordinuiretuenl. 

Labrador.  —  Kn  franchissant  le  Saguenay  à  son 
cmboui.'liufe  devant  Tadoussne,  on  ne  quille  pas  le 
Canada  français,  mais  on  entre  dans  un  jjays  dé- 
sert i^tinnu  souâ  le  nom  spécial  do  I>al>rador. 

Ce  nom  de  Labrador  .semble  la  ciu'ruîilion  de 
(I  bras  d'or  »  ;  nus  maj'ins  iitjrmauds,  bretons,  siiin- 
t(ingt;ais»dêaignaient  ainsi»  à  l'éfïoque  des  grandes 
décuuverles,  les  baies  de  sur  ah]'i,  di*  farib'  accès  : 
tels  te  Grand-Bras  dUr  et  le  iVLit-Itras  d'tir  qui 
traversent  l'île  du  Cap-Iïrelim  d'oulre   en  outre. 

Vu  [HMi  plus  dur  et  froid  que  te  Catkada.  dans 
les  mêmes  gneiss  et  granits  des  Laurenlides,  sur 
des  rivières  tantôt  molles  et  tantôt  frénétiques 
courant  au  même  Sainl-Laureiit,  le  Labrador  suit 
la  rive  septentrionale  de  ce  lleuve^  coitliiuu*  [lyr  un 
golfe  jusqu'au  dêtrotl  do  Belle-lslct  qui  sépare 
Terre-Neuve  du  continent  ;  là,  tournant  avec  la  c^le 
vers  te  nord-ouesl,  et  quillant  rallégeauce  cîuia- 
dienne  pour  celle  de  Terre-.Neuve,  il  va  faire  de 
loin  vis-îi-vïs  au  Gi'oenland  el  devient  glacial,  co 
dont  les   blsqntmaux,   ses   habitants,   s'êjnuissent. 

Le  Labrador  canadien  a  prèsd<Mnille  kiloniêlres 
de  langueur,  du  sud-ouesl  au  ûordn'st;  sa  largeur 
est  mal  déterminée,  car  on  n'a  remonté  que  la 
moindre  partie  de  ses  torrents  jusqu'à  la  llauti»ur 
des  terres.  Kn  lui  domiaiit  2.')0  li  r>00  kilomètres 
de  travers,  il  aurait  de  ^ià  50  millions  d'hectares, 
environ  ta  moitié  de  la  France. 

Elles  sont  grandes,  sombres,  terribles,  les  ri- 
vières laLradurJenoes,  ep  lutte  éternelle  conli'c  la 
pierre  de  leur  vallée  dans  les  gorges  qui  séparent 


J.  Le  itonl  luhulaire   Victoria,  long  <|e  a*i57  «100*6*.  en 
S5  arc  lie  s- 


leur  mille  et  mille  lacs  :  Betsiamile,  rivière  aux 
ilutardes,  Manicouagan,Moisie.  Manitou,  qui  tombe 
dans  l'estuaire  au-dessous  d'une  cascade  de  35 
mètres,  Homnine  dont  un  saut  serait  comparable  au 
bnnd  du  Niagara,  Naffiehcouan,  rivière  aux  Ksqui- 
m.-iux,  ces  courants  ipii  sont  de  ]>elits  Outaouais 
trouveront  ct>s  admiialeui^s  quand  les  Canadiens 
ouvrironï  <ies  v.iljèes,  aojuurd'luji  rarement  par- 
courues, llans  les  plaines  *pt'unt  déposées  ces  ri- 
vières et  sur  le  tour  de  beaucoup  de  leurs  lacs,  la 
terre  est  féconde,  sous  un  ciel  encore  caftable, 
ipioi  qu'on  eu  ail  dit,  lîe  dorer  des  moissons.  El 
maintenant  on  leur  prédit  les  champs,  [es  prai- 
ries, les  hommes  qu'on  leur  a  longtemps  refu- 
sés. 

(a*  sont  des  Français  qui  s*emparent  du  Labra- 
dor, Canadiens  et  surtout  Acadiens;  les  Canadiens 
lui  viennent  des  cotnlés  de  la  rive  méridionale  du 
neuve,  les  Acadiens  des  ilesde  la  Madeleine,  petit 
archipel  du  golfe  Saint-Laurent. 

Le  cens  de  IS8J  lui  ddiniait  8500  habitants, 
tlonl  près  de  0>(10  Kranrais  el  t  400  .Sauvages  —  le 
recensement  décennal  de  IHUI  n'y  signale  d'aug- 
nientatiou  qu'aux  environs  de  Tadoussac. 

.Jusqu'à  ce  jour  les  Labradoriens  pèchent  el  ne 
culliveut  pas,  sauf  çà  el  la  quelques  petits  jardins- 

Iles  de  la  Madeleine.  —  Cet  archipel  s'êlévo 
ilans  le.  gull'e  Saint-Laujent,  plus  prés  de  Tlla 
du  tVince-Édouani,  de  l'île  <lu  Ca|>-Ba*ton  et  même 
de  Terre-Neuve  que  du  Uas-Cuiiada,  donl  il  esl  il 
^JOO  kiloriièlres,  ci  au<|nel  il  appartient  cependant 
depuis  qu'on  Ta  détache  de  Terre-Neuve  pouvi 
l'unir  au  comté  de  Gaspc. 

Ces  îles  ont  23  000  hectares  et  4042  habitanls»| 
doid  4  .100  Français,  pour  moitié  peut-être  origi- 
[laires  de  nos  îles  de  .Sainl-I*ierre  et  Miquelon,  et,"' 
ptnir  l'autre  moitié,  du  Nouveau-Itrunsvvick,  de 
File  du  Prince-Édnuard,  et  en  général  de  l'Vcadie. 
Presque  Ions  sont  de  hardis  pècheui*s;  [)eu  cul- 
tivent, et  quel  gJiùl  aumienl-ils  à  le  faire,  puis- 
qu'ils ne  siinl  poirtl  les  |»r*ipriétaires  du  sol,  mais 
seulemonl  des  lenancieis  traités  avec  une  rigueur 
juridique  parla  famille  anglaise  qui  possède  l'ar- 
cbipel?  Aussi,  de  ces  pauvres  et  pittoresques  cy- 
clades  tiu  climat  humide,  ivlativement  doux,  des 
gnélettes  partent  souvent  vers  le  nord  et  le  nord- 
ouest,  el  elles  font  voile  pour  le  Labrador,  dur  El- 
dorado de  ces  bons  Acadiens.  La  seule  année  IS8:i 
a  vu  rit  familles  s'embarquer  pour  la  Norvège 
des  Canadiens-Fiançais. 


AGADIE  OD  PROVINCES  MARITIMES. 


639 


ACADÏE  OU   PROVINCES  MARITIMES 


Terrt*  -  Niniv*»  n^fusfint  o!isHnémoiil  dVnIrer 
dans  la  Piiis^nci\  k's  l'rovinccs  Mcirilinios  im 
coraprt'nn»>nl  que  Irois  Étrils  :  le  Notiveau-llruiis- 
wick.  la  NoutcIIp  -Krossc  4*1  l'île  tlu  l'riiict*- 
Éduuanl.  C'est  la  doleiile  Acadie,  (env  jadis  fniii' 


çaise  et  qui  le   redevient  un  peu   plus  tous  les 
jours. 

L'Aradie  a  15  niillions  d'hecUres»  le  quart  de  In 
France,  avec  88 J  000  iMljilants.  dont  prè!* de  i^OOtJO 
Irauniis,  d'après  le  dénombrement  de  181*1. 


NOUVEAU-imONSWICK 


Le  Saint-Jean.  Anglais  et  Âcadiens.  —  Le 
Nouveau- Brunswick  eoritimje  le  *^;iii,i<]a  français 
au  sud  do  la  presqu'île  appelée  Gas|)ésie,  par  delà 
la  Laie  des  Chaleurs,  que,  malgré  ee  nom,  ou  a 
pu  voir  gelée  dans  lou(e  sa  larjj[eui'. 

Compris  eulre  la  provinee  de  Huébee,  le  Maine. 
Étal  yankee,  l;i  Imiu  de  Kuiidy»  la  Mouveili'-Keosse 
et  le  golfe  Sainl-Uurent,  il  euilirassc  un  peu  plus 
de  7  millions  d'Iieelai-es  avec  521  OUO  liahilanls 
seulement,  car,  presque  tout  entier,  il  l'sL  encore 
forél,  avec  clairières  sur  le  lilloral.  le  long;  du 
Minimichi  et  des  petits  (leuves  cùliers,  et  surtout 
dans  la  vallée  du  Sttiiil-Jean> 

Le  Saint-Jenn  part  d'un  pays  de  lacs  |)erdus  dans 
les  t>ois,  d'une  contrée  pn*sque  déserte  que  se 
partagent  le  Maine  et  le  liâs-CatKula.  Avant  18i!2  le 
Nouveau-Brunswick  possédait,  de  droit  comme  de 
Élit,  un  territoire  aujouril'ljui  ynnkee  que  délient 
le  Maine  :  celle  année-I;i.  ce  canton  de  bois  et  de 
lacs,  ce  Madawaska  peuplé  d'Acadiens  lui  fut  tollu 
par  mensonge  au  profit  des  Étals-lnis*.  Meuve  de 
725  kilomètres  en  un  bassin  tle  t»  800  000  b*M'lares, 
le  Saint-Jean.  imir.Uiv  comme  des  eaux  qui  au- 
raient |uissé  sur  la  tourbe,  [unibe  â  Colebroi>k 
par  les  Gnmde^s  Chutes,  cascade  de  22  à  2r>  mè- 
tres de  haut.  11  reçoit  nondire  de  tributaires  venus 
de  plaines  et  de  plateaux  qui  ne  garderont  pas 
longtemps  leur  beauté,  car  celle  beauté  c'est  la 
profondeur  des  forets.  Dépouillé  de  ses  bois,  le 
Nouveau-Brunswick,  partout  où  il  est  vaguement 
ou  gauchement  ondulé,  deviendra  trivial  loin  de 
la  mer,  des  lacs  et  de  Teau  courante. 

L'anglais  règne  en  aval  des  Grandes  Chutes,  mais 
en  amont,   tant  dans  le  Nouveau-Brunswick  que 

1.  Par  le  traité  J'Asliburton. 


dans  le  Maine,  le  Siunt-Jean  n'effleure  que  des 
bnujgs  de  langue  franeaise.  Sur  les  521  000  lia- 
btïiitils  de  l'Kliil,  il  y  avait  en  1891  près  do 
05000  Acadiens,  Français  et  callioliques,  fixés  les 
uns  sur  le  haul  du  Reuve,  les  autres  au  long  de 
la  bniiî  des  Cluileurs  ainsi  que  sur  le  littoral  du 
golfe  Saint-Laurent  et  du  delrott  de  ISorthuni- 
berïand*  :  cela  fait  200  Français  sur  1000  habi- 
tants :  en  1S7!  ils  n'étaient  que  4oOO(»  sur  2^0(lOO, 
soit  157  pour  lOOt»;  ils  oui  donc  gagné  proporliou- 
nelleinenl  bien  prés  de  5  pour  100.  Relativement 
et  métne  absolurnenl.  les  autres  diminuent,  eux 
seuls  augmenicnl.  El  ces  65  000  lioinines  descen- 
dent de  quelques  centaines  de  faniiltes  crliappées 
il  y  a  cent  (|uaranle  ans  à  la  |jroscri[>tion  de  leur 
race,  qui  s'enfuirenl,  sans  but,  sans  espoir,  dans 
les  marais,  les  forêts,  les  fondiières  et  sur  les  pe- 
tits Ileuves  des  havres.  Mainlenaiil  le  peuple  res- 
suscité nomme  des  mandataires  au  parlement 
néo-brunswickois  et  aux  «  communes  »  fédé- 
rales. 

Le  siège  du  parlement  local,  Fredericlon,  sur  le 
Saint-Jean,  n'esl  qu'une  bourgade  de  0500  dmes, 
quatre  fois  moins  forte  que  Saint-Jean  (39  000  bal».), 
plaide  de  ronuneire  à  l Vniboucliure  du  lleuve  dans 
1h  baie  de  Fundy. 

Les  Indiens  n'ont  pas  enlièremenl  disparu  ;  il 
s'en  trouve  encore  1400,  divisés  en  Micmacs,  jadis 
Souriquois,  et  en  Milieiles.  jadis  Ëlaniînquois.  Ces 
débris  de  la  race  des  Algimquins  n'ont  que  dé- 
dain pour  nos  arts,  nos  hahiletéfi,  nos  richesses  : 
lils  de  la  forêt,  ils  n'aiment  que  la  forêt,  le  lac 
qu'elle  ombrage,  le  rapide  qu'elle  assourdit. 

t.  Ce  détroit  séptre  ITIe  itu  FrîDce-Ëduuanl  du  >ouveau- 
Fimiiâwick. 


640 


LA  TERRE  A  VOL*  D'OISEAU. 


NOUVELLE-ECOSSE 


Sol  dur,  riche  en  mines;  fiords,  baie  de 
Fuady.  —  Avi^-  l'île  du  Cap-Broloii  la  Nouwlle- 
Éf.'Ofiso  (léjiasse  *jLiel(iiï('  peu  l)  ^00  000  hectares,  que 
peuplent  Ah\  000  habilanls.  C'est  une  pres<nrile 
ograft'e  au  ronlinenL  \)ar  l'isllinie  étroit  de  Mem- 
rancouk  ou  île  Beatj-Sèj<Mjr',  (jiie  bal  îui  ïuird  Tenu 
du  golft;  Si'(iiil-Liiunni(,  nu  sud  le  flol  de  la  b^iie 
de  Fiindy.  Ses  purts  ailniirahles,  ses  puissantes 
mines  du  fiouille,  ses  niêlaux,  ses  l)uis,  lui  réser- 
vent un  avenir  que  ce  pays,  vaste  h  peine  comme 
neuf  départeinenls  fjaneais  ne  lireni  jamais  ni  du 
blé  ni  de  l'iierbr  ;  cl  d'ailleurs»  sur  une  terre 
osseuse,  brumeuse  et  mal  éelMtrêp,  les  moissons 
sei^cinl  toujours  pauvres»  lanl  dans  In  péninsule 
que  dans  l'Ile  qui  raeerin)p;ig"ne. 

Le  lidoral  dt*  eetle  lerre  aurifère,  rude  et  ru- 
gueuse, est  de  naluï'e  fiordiquo.  Partout  la  rocher 
âpre,  sombre,  nue  ou  aver.pins  et  sapins,  s'ouvre  en 
eslUiîii*(*s  qu'on  prerulraii  pour  des  lleuves  venus 
dj  mille  lieues:  mais,  quand  on  arrive  au  boiï( 
de  cesbavres  spleiïdides.  on  n'y  voil  entrer- qu'une 
petile  j'ivière.  voire  un  ruisseau,  déversoir  de  lar. 

Au  nord.  cVst  le  détroit  de  [SorUutmberland  qui 
pousse  dans  ces  fiords  sa  vague,  laquelle  n'est 
nuire  (jue  relie  du  ^nlfe  Saint-Laurent  :  ;*  l'est,  au 
sud,  eVst  l'Allanliqui^  Inmiidable  qui  bal  la  [lierre 
A  coups  de  bélier;  à  Touest,  la  baie  de  Fundy 
dont  le  flot  sVIéve,  ou  s'abaisse  enïre  Nouvelle- 
Keosse  et  Nouveau-Uruns\\ir;k. 

La  Laie  de  Fundy  a  200  kiloniélres  de  long  jus- 
qu'au cïip  de  Clii^NiecIo,  ru'i  elle  se  divise  en  deux 
sous-^nlfes  *  ;  elle  est  large  de  40  h  (SO,  elle  vide 
et  remplit  allerniilivenu'nt  ses  anses  avec  une 
inipéluosilé  magnifique  :  dans  rertaines  de  ses 
criques  les  jdus  étroites,  la  marée  monte  de 
21  mètres,  bnuleur  très  rnre,  unique  [leut-étre. 
;  Ces  estuaires,  ces  bouilles,  ces  mines,  ces  bois 
ont  déjà  fait  de  \n  Nuuvelle-Krosse  la  contrée  du 
monde  nû  tl  y  a  relativement  le  plus  de^arins,  le 
plus  de  navires. 

A  des  la(itudes  aussi  méridionales  que  celles  de 
l'Aquitaine,  la  température  moyenne  de  lannéi* 
n'y  est  pas  RUpéi'ieure  h  eelle  du  Julland,  t^ilué  à 
12  degrés  plus  au  nord,  et  le  climat,  dans  son  en- 
semble, a  de  grandes  ressemblances  avec  celui  de 
1    tlnie  des  Mines  et  baie  iJti  GJiigneclo. 


IFcosse  septentrionale.  Un  tiers  de  ses  habitants 
ét.'int.  pnr  surrroit,  d'origine  écossaise  (celtique  ou 
non),  il  se  trouve  que  ce  pays  brumeux,  très  pé- 
nêlré  par  la  mer,  très  fouetté  par  les  vents,  tout 
de  roches,  de  lacs,  de  bois,  de  bruyères,  de  uu'nes, 
a  sagement  été  nommé  par  ses  maîtres.  Presque 
toujours  découvreurs,  colonisateurs,  fondateurs, 
ioil  afifielé  ib^  noms  niais  les  nouvelles  terres  que 
leur  jijéserilail  h  Fortune. 

Les  Acadiens  :  le  Grand  Dérangement,  mort 
et  renaissance.  —  Parmi  les  iM  000  li.bil.ints 
que  le  cens  de  1891  aMril>ue  h  h  Nouvellc-ficosse, 
on  compte  peut-être  itt  000  Acadiens  :  le  rhilTro 
exact  manque  ;  le  recensement  des  gens  de 
linn^ue  française  y  a  été  fait  sans  soin,  sans  jus- 
lice»  sans  impartialité,  à  leur  très  grand  détri- 
ment. 

Ils  forment  trois  g^roupes  :  Fun  au  sud-ouesl 
de  la  péninsule,  au  bord  de  l'Océan  et  de  la  baie 
de  Fundy;  Fautrn  sur  le  détroit  de  Canso,  qui  dé- 
part File  du  Oip-Rrelon  du  c(Hilinent  néo-t^cossais; 
le  troisiètjie  sur  le  littoral  orcidental  de  celle  Ile. 

Quand  le  traité  d'Ulreclit  céda  FAcadic  à  FAn- 
gb'lerre  en  171"».  la  colonie  renfermait  quelques 
rares  milliei's  de  Français  descendus  d'aventuriers 
oi*i;^'inaires,  peul-étre  pour  une  très  petite  part, 
du  t'a|>-llreUm,  port  de  nos  Landes.  Ces  enfants 
[lerdu.s  avaient  renouvelé  dans  ces  parages  du 
Nord  les  exploits  des  conquistadores  espagnols. 
jiorlupais  et  inan»alueos  de  l'Amérique  ceulrale  et 
uiéridionale;  qu'ils  se  fussent  îissoeiés  ou  non 
au  sang  imlien,  letjlement  ils  avaient  fait  souche 
de  pécheurs  et  d'iionnnes  des  champs  1res  habiles 
h  arracher  des  terres  aux  (lots,  î\  endiguer,  à  creu- 
ser, <i  canaliser.  Ils  appelaient  abboitaux  les  vases, 
les  Nil»les  conquis  par  eui  sur  lu  mer. 

La  colonie  acadienne  avait  ses  meilleurs  abbui- 
tauï,  ses  pins  gaies  et  ses  plus  nombreuses  rhau- 
niières  dans  les  vallons  de  Grandpré,  sur  le  bord 
du  beau  bassin  des  Mines,  qui  est  un  sous-ren- 
trant de  la  bnie  de  Fundy. 

Elle  ne  se  recrutnil  point  en  France  et  ne  crois- 
sait que  de  ses  propres  forcer,  mms  avec  une  rapi- 
dité sans  exemple. 

Dons,  simples,  ne  demandant  et  n'espérant  que 


I 


WÊÊÊi 


NOUVELLE-ECOSSE. 


OU 


l'oubli,  ils  r-taifint  déjà  15  000  quand  tout  à  coup. 
en  septembre  1755,  comme  prélude  à  la  guerre 
do  Sopt  Ans,  les  Anglais  les  enlevèrent  «Je  force 
en  pleine  paix  et  les  dispersèrent  [ïour  les  punir 
de  leur  fidélité  ferme  à  la  langue  de  France»  h  In 
religion  des  aîeuï,  et  plus  eiicore  j»our  s'emparer 
des  abboitnux,  qu'ils  se  dislj'iljuéjent. 

Le  (H'tit  peuple  se  refoniia  près  des  lieui  lémoina 
de  cette  basse  trahi- 
son, mais  les  Angtai»  le 
guettaient,  et  encore 
une  fois  il  fut  tntqué, 
massacré,  dispersé  ;  les 
uns  furent  vendus 
comme  esclaves  sur  les 
marchés  prolesLmts 
des  ÉLits-lnis  :  d'au- 
tres, par  monts  et  par 
vallées,  arrivèrent  au 
Mississippi,  qu'ils  des- 
cendirent, et  allèrent 
se  fixer  en  lerre  fra- 
ternelle, en  Louisiane, 
dans  le  district  des 
Sachtitoches;  il  y  en 
eut  qui  gagnèrent  doux 
autres  piiys  français, 
Saint-Domingue  et  la 
Guyane  de  Cayenne; 
quelques-uns ,  lon- 
geant le  rivage  de  l'A- 
mérique du  Sud,  cin- 
glèrent vers  les  Ma- 
loumes  avec  Bougain- 
ville:et  beaucoup,  ren- 
trant dans  la  vieille 
patrie,  s'établirent  à 
Belle-lsle,ouau  sud  de 
Cliâtelleraultsurle  pla- 
teau d'entre  Vienne  et 
Gartempe.     Le     plus 

grand  nombre  se  sauva  chez  les  Canadiens,  ses 
voisins  et  ses  frèivs,  ou  se  cjicha  dans  les  l>ois. 
et,  l'cITarement  passé,  la  tempête  apaisée,  revint 
baiser  le  sol  sacré  de  la  terre  natale. 

Ce  |M»uple  naïf  nomme  ces  deux  années  de  dol 
et  trahison,  de  dispersion,  de  ruine  et  mori,  les 
années  du  Grand  Uéningement. 

Leur  misérable  reste  espéra  contre  toute  es- 
poir, et  le  voici  redevenu  (>euple.  par  sa  fécondité 
qui  dépasse  toute  croyance,  —  telle  qin^  treize  fa- 
milles du  siècle  dernier  sont  aujourd'hui  huit 
0.  HicLui.  la  Tkkm  a  tol  b'oistAC. 


Indigo  du  Cap-Breton  (Indienne  Miciiuc).  (Voy.   p.  639.J 
Dcftsiii  de  il.  BuiuscdU,  d'après  iiuc  photographie. 


paroisses  des  comtés  de  Yarmoulli  et  de  Digby. 
Sans  compter  ce  qu'ils  ont  essaimé,  ce  qu'ils  es- 
saiment au  Canadi.  ce  qu'ils  envoit-nt  de  ï'nrchi- 
|»el  de  la  Madeleine  au  Labrador,  ils  sont  aujour- 
d'hui plus  de  loOOOO,rien  que  dans  Tancienne 
Acadto,  dont  15  000  dans  la  cuntiée  du  haut  Saint- 
Je.in  dérobée  |iar  les  Ëtals-lnis.  rurtiuit  ils  crois- 
sent plus  vite  que  les  éléments  rivaux,  bien  qu'ils 

p<rdent  benucoupd'cn- 
Lre  eux  par  la  voracité 
de  la  mer  sur  laquelle 
ils  péclient  et  navi- 
guent, le  moindre  nom- 
breétanlgens  deglèbe. 
Ce  qui  n'est  point 
acadion,  dans  ce  pays 
qui  fut  TAcadie, appar- 
tient il  la  langue  un- 
glaise  ou  au  celle  écos- 
sais. 11  y  a  2 155  sauva- 
ges, Algonquins,  Mic- 
macs, et  un  peu  plus 
de  7000  Nègres, 

La  eapititk'.  Iliilifai 
POOO  hnb.),  sur  h 
côte  de  l'Océan,  doit 
son  rang,  s;»  richesse, 
à  la  splendeur  de  son 
port  libre  de  glace 
toute  l'année. 

Cap-Breton  :  les 
Bras  d'Or.  —  Ainsi 
nommée  suis  doute  de 
notre  Cap-Breton  du 
Sud-Ouest,  cette  île  n'a 
point  comme  le  bourg 
des  Laudes  gasconnes 
un  littoral  de  sables 
blancs  amoncelés  en 
dunes:  c'est  presque 
toujours  par  des  roches  sombres  qu'el  le  brave  la  mer, 
Atlantique  à  Test,  g(dfe  Saint-Laurent  à  l'ouest. 
Du  C(Jté  de  Toccident,  Caj>-Urelon  regarde  l'ile 
du  Prince-Edouard  et  l'arcbifiel  de  ta  Madeleine; 
au  nord,  elle  fait  face  à  Terre-Neuve:  au  sud.  le 
détroit  de  Cins*),  resserré,  gêné  d'ecueils,  la  stv 
pare  du  reste  de  la  \ouvelh»-Êcosse. 

On  dit  l'île  du  Cap- Breton,  il  faudrait  dire  les 
lies,  deux  expansions  d'eau  qui  n'en  font  qu'une  la 
divisant  en  deux  terres,  la  plus  vaste  i  l'occident. 
Graiïd  Bras-d'Or  au  sud.  Petit  Bras-d'Or  au  nord, 

81 


(Ji2 


LA    TERRR   A    VOL    D'OISEAU. 


les  Bras  d'Or  sonf  un  fiurd  avec  lenlaeules  ouvert 
aux  deux  bouls  sur  l'Ocôan,  un  h;issiu  d  ondes 
amères  (antiM  semblable  à  un  (leuve,  tanlAl  à  ua 
golfe,  tantol  h  un  lac. 

Écossais»  Acadiens.  —  Si  le  Cap-Drelon  d'A- 
iTn^riqiio  ne  rappelle  en  rien  le  Gap-Breloii  d'Aqui- 
laine  et  ses  duiu'K  ardentes,  i!  ressemble  encore 
plus  h  l'Ecosse  que  la  |ii-esqn'ile  de  son  voisi- 
nage. Avec  moins  de  grnndcur  qu'en  Calédonie 
rVst  la  mi^nie  riidt'  nature  el  le  même  climat 
brumeux,  sur  iles  (lords,  ties  lacs*  des  Iurr*;iils  u 
rapides.  On  y  parle  aussi  les  îutïmea  langues,  l'an- 
glais et  le  gaélique  ou  celti(]iie  d*Kcosse,  conservé 
par  beauiiiiup  de  familles  issues  des  Hif^hlanders 
et  des  insulaires  Héhridiens.  Sur  les  86  700  liabî- 
tanlsde  ses  \  l"o  000 hectares,  Cap-Iîrelou  compte 
près  de  GO  000  Écossais. 


14  000  Acadiens.  du  septième  au  huitième  de 
la  population,  y  conserveni,  avec  la  religion 
ealbûlique.  la  langue  de  la  France,  dont  après  la 
perle  de  TAcadie  continentale  Cap-Breton  fut  la 
eilailelle  i*»  rembouchure  du  Saint-Laurent:  nous 
dépensilmes  30  millif>ns  aux  loris  de  Louisbourg. 
Miteux  eût  valu  jeter  quelques  centaines,  quel- 
ques milliers  de  familles  de  plus  à  Québec,  à 
Montréal,  à  FroJileïiac.  à  Détroit.  Aujourd'hui  Louis- 
bourg  est  h  peine  un  village  et  les  Louisbour- 
goois  sont  Atig^lais,  Krossais,  Irlandais.  Les  Aca- 
diens du  Gap-Bretfin  lialiitent  trois  plages  :  l'île 
Madame,  en  face  de  IVnlrée  méridionale  du  Grand 
Bras-d'Or,  (jueh[ue5  rives  du  détroit  de  Ganso  el, 
sur  le  Itlloral  de  l'ouest,  Tilpre  cAle  do  Clicti- 
camp. 

La  seule  ville,  Sydney  (r»000  hab.),  exploite  un 
vaste  bassin  houiller. 


ILE  DU   PRlNCE-ÉDOUARD 


La  Perle  du  Golfe,  ses  4  latifundia  »,  ses 
Acadiens.  —  L'île  du  Prinre-Kdouai-d  sort  du  ^olle 
Saint-Laurent,  (out  à  (ait  au  midi  de  ce  IVoid 
bassin,  en  face  el  tout  prés  du  Nuuveau-Bruuswick 
el  de  la  Nnuvelle-Écosse  dont  le  dùtroiL  de  Nor- 
llmmberland  la  divise. 

Grâce  h  sa  latitude  presque  aussi  voisine  de  l'É- 
c[uateur  que  du  Pôle,  et  surtout  grike  à  IVnlour 
de  la  mer,  elle  n'a  pas  la  sêvérilè,  la  dureté  des 
autres  rives  de  Tonde  o  laurentienne  w;son  sol  est 
fécond,  ses  paysages  gracieux,  on  l'a  surnommée 
la  Perle  du  Golfe.  Les  .Acadiens,  ses  premiers  maî- 
tres, rappelaient  l'île  Sainl-Jean  —  un  nom  de 
sainleté  vaut  bien  un  ntjm  de  couHisanerie, 

Sur  552  400  hectares  de  feri'es  lellemeiil  éclian- 
crées  par  le  flot  qu'il  ne  lui  faudrait  pas  de  grands 
efforts  pour  couper  cette  île  en  trois  iles,  le  re- 
censement <te  I8SI  y  a  reconnu  la  présence  de 
iODOOO  habitants,  dont  un  peu  moins  de  liïOùi) 
sont  des  Acadiens,  presque  tous  fixés  dans  l'un  des 
trois  tronçons,  celui  du  nord-ouesl.  Tout  comme 
au  GajvBreton,  les  Ecossais,  la  plupart  fils  des 
Cottes  du  Ili^^iland,  forment  ici  le  piiucipal  élé- 
ment de  la  nation;  il  y  en  a  près  de  50000. 

Écossais,  Anglais,  Irlandais,  Acadiens,  ce  peuple 
pêche,  navigue  el  cultive  ;  mais  si  la  mer  est  libre. 


la  terre  ne  Test  pas.  Les  67  cantons  de  l'île,  da- 
mier aux  lignes  innesibles,  sauf  au  bord  de  la  mer 
et  des  golfes,  appartiennent  à  de  grands  propriê- 
laires  qui  tiennent  tous  leui*»  droits  du  hasard 
d'une  loterie. 

Cette  loterie  fut  tirée  à  Londres  il  y  a  cent  et 
ijuelques  années,  quand  le  gouvernement  anglais 
s'occupa  de  coloniser  Tlle  où  il  ne  restait  plus 
que  de  rares  familles  d'Acadiens  épouvantés,  ou- 
bliés par  la  proscription. 

L'urne  contenait  67  lois,  chaque  lot  répondant  h 
un  canton  de  plus  de  8000  hectares  en  moyenne. 
On  n'admit  au  tirage  des  parts  que  les  favoris  dont 
on  voulait  récompensiM'  les  services  ou  la  bassesse, 
et  le  sort  distribua  les  07  townsbips'. 

Incapables,  de  par  la  loi,  de  posséder  la  terre 
(|u'ils  travaillent,  beaucoup  d'hommes  de  la  Perle 
duGolFe  émigrent  —  suiMout  les  Acadiens,  qui  vont 
retrouver  leurs  frères  en  Gaspésie  et  dans  le  Nou- 
veau-BruHswick. 

La  capitale,  Chariot tetown,  ville  de  1 1  400  ha- 
bitants, est  un  port  sur  le  plus  vaste  el  le  plus  pro- 
fondément avancé  des  golfes  de  l'Ile,  espèce  de 
(lord  qui  s'ouvre  au  sud  sur  le  détroit  de  Northum- 
berland. 

I.  Tuwnship  est  plus  ou  moins  réqui^*aleiit  de  caiiTon. 


TERHK-NEDVE. 


(tri 


TERRE-NELVE 


En  attendant  IVnlrve,  sans  doute  proclinine,  di? 
Terre-Neuve  dans  la  confédération  canadienne,  on 
peul  d'ores  et  déjà  la  ranger  parmi  les  Provinces 
mariliinos  do  la  Puissance. 

Terre-Neuve.  Le  banc  de  Terre-Nemre.  la 
pêche  delà  morue.  Saiat-Pierre  et  Miqueloa. 

—  Terrc->'euve  fui  fi';nu;aise  comme  le  (Canada. 
puis  elle  devint  anglaise.  Klle  regaitle  de  loin 
l'Irlande  par  delà  des  flots  où  nul  gouffre  n'u 
0000  niêlres  de  profandcur  et  conlctnple  de  pr^s 
le  l.id»rador  |Kir-dessus  les  eaux  du  «lédoit  de 
Uelle-lsle.  Terre  in6ulaire  à  portée  du  euuiaiil  du 
Golfe,  elle  n'a  pas  la  rudesse  de  ce  proche  voisiu. 


On  l'accuse  à  tort  dV^ire  élernellenKMil  assiégée 
de  brouilEurds.  Des  bruntes  (^jiaques  llottent  sur 
&es  mers,  mais  l'île  elle-même  est  moins  lavée 
de  brume,  de  pluie  fine  et  froide,  que  beaucoup 
d'autres  pays  de  l'Ainéi-iquo  du  Nord,  le  Nouveau- 
Brunswick  ou  la  Nouvelle-Ecosse  par  exemple. 
Toutefois,  si  l;i  Terre  des  Morues,  nom  quVIle 
reçut  d'abord,  peul  paraître  aimalde  à  ceux  qui 
lui  doivent  leurs  plus  jeunes  ei  nnilfenres  années. 
elle  est  sans  attraits  pour  les  indiUérenls.  C'est 
une  de  ces  contrées  qui  ont  pour  seules  beaulés 
les  em(»ortemenls  de  la  nier,  les  voix  du  venl.  la 
course  des  nues,  un  pa\s  de  sol  dur,  de  locbes 
sombres,  de  ciel  lri>le,  d'horizons  ternes  et  cernés. 


<iil 


l\    TEUHK   A    VOl    DOISKAL. 


liH  liHiiprraturos'y  tinnl  presque  toujours  rm-dossus 
de  zéro,  mais  clk  (Jrpnssc  rarenitnïl  2^»  degrés. 

Ses  rivages  à  elle  aussi  st)nt  laîllos  en  fiords,  au 
grand  avantage  des  pêclieui's  veriaïil  tous  les  ans 
[irrntin*  350  mrllit>ris  deiuijrues  sur  le  fameux  banc 
de  Terre-Neuve,  haul-l'oud  qui  s'êlend  ù  l'esl  el 
au  sud-est  de  nie,  sur  7  à  8  degrés  de  latitude. 
II  doit  son  existence  au  Caurant  polaire  qui  haine 


dans  la  direction  du  sud,  A  pjirlir  des  rives  arcli- 
([ues,  d'ênuriiies  ^laçruiis  ciuieiifaiit  des  rues  el  di's 
|H*erres;  dans  les  (larages  <»i'i  ce  courant  du  Nonl 
8e  clioque  au  courant  du  Sud  les  glaçons  fondetd, 
îdiandoniiiinl  leurs  gravici-s»  leurs  roches.  Ainsi 
sVst  formé,  les  siècles  aidant,  ce  banc  immense 
dans  des  mers  exlréinenicnl  profondes. 

Les  Anglais,  Canadiens  el  Terru-Neuviens  pren- 


Saint-Jcau  lio  Terre-Neuve  :  vue  générale.  (Voj.  p.  6tô.)  —  Doisin  de  Le  Drelon,  d'Après  une  pbalograpitic. 


I 


norif  1.1  plus  grande  part  à  la  p^che  au  banc,  puis 
les  Yankees;  It's  Fi'aneais  n'nrriveni  qu'en  Irni- 
siêtne  lii'u — cependant  nous  y  envoyons  chaque 
année  jusqu'à  8000  matelots  sur  près  de  200  na- 
vires, comme  a  une  école  de  patience  e(  d'hé- 
roïsme. 

Saint-Pierre  et  Miquclon,  jiauvres  et  petites  îles 
1res  ]>rès  du  lîHoral  niéridiortril  de  Terre-Neuve,  à 
rentrée  di*  la  baie  île  Fortune,  nnus  sont  précieuses 
à  cause  de  leur  voisinage  du  grand  banc  des  mo- 


rues; pendant  ïa  péclie  nos  vaisseaux  s'y  donnent 
rendez-vous  \your  la  salaison.  Tourbe  sur  granit 
et  sable  entre  roches,  elles  ont  211G0  hcetares, 
dont  |irês  de  18ôi>0[uHtr  Mitpielon.el  6000  honmies, 
croiseinenl  de  lï.i^ques,  de  Itietons,  de  Normands. 
d'Aeadieiis,  d'Irlandais.  Ce  roc,  ces  sables,  ce 
noir  comlïustible,  des  sapins  nains,  Saint-Pierre, 
vilh'  de  bois,  vimIô  tout  ce  qui  nous  niîsie  du 
Saint-Lauivnt,  du  Mississippi,  des  Hocbeust'S,  du 
Grand-Ouest  el  du  N'ord-Oucsl.  Le  47"  dcgrtV  passe 


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646 


LA   TERnK   A    VOL    irOISKAU. 


sur  Ci'  tiolH'is  d't'ininro,  sornlin*  iin'-iii|n*l  dans  utic 
mer  sunibrc» .  oragousu,  à  G(i70  kilonit'lri's  d»! 
Brest. 

Les  Terre  Neuviens.  Le  French  Shore.  — 

Tuiik!  l;i  iiiiti'iti  Iriic-tK'uvienin',  tiUOOOO  huinines 
sur  H067  00Q  iiectares,  habile  au  long  des  côles 
une  foule  de  hatneauît  de  pùche,  des  bauf^ades 
cl  une  ville  e.i|jil;i!e,  Saint-Jean  {en  anglais,  Saint 
Jobn},  port  exeelleiil  ([ui  coniniuni(|t]eavee  In  mer 
par  un  chenni  eieessiveinenl  iiimii  :  SaiiK-Jean 
{5*2000  liab.)  renferme  a  elle  seule  plus  du  siiiètne 
de  la  population  de  Tile. 

Si  ces  insulaires  ont.  vécu  jtisfju'à  ce  ji>ursur  la 
rive  et  dans  les  îles  et  ilols  des  fiords»  dédale 
infini,  c'est  f|ue  les  Tcrre-Xeuviens  oureni  long- 
temps la  [lèL'he  pour  unique  idéal;  ïe  peuple  qui 
guide  les  destinées  de  Terre-Neuve,  l'AnglaiSt  lui 
aussi,  n'a  longtemps  fieiisê  qu'à  la  morue,  mais 
nous  arrivons  i\  l'instant,  précis  où  va  commencer 
In  vraie  colonisai  ion  de  l'ile. 

On  calonintnil  Terre-Neuve,  cortmie  on  calomnie 
le  Labiador  IVan4;ais.  L'iulérieur  n'est,  point  autant 
(|u'on  le  disait  roc  el  bruyère  autour  de  lacs  maus- 
sades, avec  daims,  loups  et  casiors  ;  on  n'eu  tirera 
pas  seuleiuenl  de  la  houille.  {\u  fer,  du  cuivre  ou 
tout  autre  inêlaL 

lïes  cnmjiagnes  y  soni  fécondes,  sur  le  llcuve 
G.mder,  sur  la  rivit>re  des  Ex[»loils,  li»  plus  grand 
courant  de  rile.  ipii  s'aliat  par  une  ciisi-ade  de 
45  mètres,  sur  le  Grand  F'ond  (50  000  liecLares), 
nappe  dVau  la  plus  vaste,  sur  le  Ilumber,  sur  la 
liaie  de  Saitil-Georj^'e.  Dislracliou  faite  des  terres 
fertiles  ou  de  celles  qui  i»ouri"ont  devenir  pasto- 
rales, Terre-Neuve,  où  proLableinenl  nulle  mon- 
tagne n'adeint  700  mètres,  est  un  jdateau  sté- 
rile; bouleaux,  pins,  sapins,  brandes  el  bruyè- 
res y  bordent  des  marais  ou  des  lacs  de  nom- 
bre infini,  dont  quelques-unà  s'écoulent  par  plus 


iVuti  déversoir,  lanl  la  table  du  sol  est  horizon- 
tale. 

Sauf  les  Français,  doul  on  ignore  absolument 
le  nombre,  les  deux  tiers  des  Terre-Neuviens  ap- 
partiennent à  l'origine  an^'laise,  l'autre  liei's  à  l'o- 
rigiur'  irlandaise;  moins  de  ta  moitié  professe  le 
catholicisme,  la  majorité  se  rattache  à  la  religion 
angiteane  ou  aux  sectes  dissidenles. 

Les  Esquimaux,  vieux  maîtres  de  ces  rives,  ont 
enlièreutent  disparu  :  le  dernier  d'entre  eux  mou- 
rut dans  l'hiver  de  1830,  ou  du  muîus  nul  de 
leur  race  ne  s'est  montré  depuis. 

Français  de  France,  Acadiens  Canadiens,  (ous 
péclieurs  de  nuirue,  prescjuc  tous  les  (ils  de  France 
y  vivent  sur  les  rivages  de  la  baie  de  Saint-George 
el  le  long  du  Frenrïi  Sliore  ou  Rivage  Français. 
On  nomme  ainsi  le  littoral  occidental  de  Terre- 
Neuve,  sur  le  goift*  Saint-Laurent  et  le  détroit  de 
Relle-lsie,  plus  uui'  partie  d<?  la  rive  Nord-EsU  du 
eap  Itaukl  jusqu'au  cap  Saint-Jean.  I)'aprês  les 
traités,  toute  cette  côte  est  exclusivement  réservée 
à  nos  [téclieurs,  les  Terre-Neuviens  eux-mêmes  ne 
s'y  pouvant  étaljlir  à  demeure. 

Telle  est  la  loi  stricte;  les  Anglais  la  violent, 
les  Terre-Neuviens  aussi,  qui  se  sentent  inlime- 
[nent  seuls  possesseurs  de  toute  leur  côte  de  fer. 

Labrador  terre-neuvien.  —  hans  le  Lalirador 
du  Nord-Fst,  dèpendatiie  de  Terre-Neuve,  qui  d'ail- 
leurs ne  s'en  soui-ie  aucunement,  les  seuls  Blancs, 
à  part  quelques  pêcheurs  égarés,  sont  des  mis- 
sionnaires moraves.  Sur  environ  i:200  kilomè- 
tres décotes  ftrofondétiien!  frangées,  jusqu'au  nord 
du  60*  degré  de  latitude,  errent  1500  Esquimaux 
ayant  des  attelages  de  chiens  forts  et  féroces  qui 
n'obéisserd  qu'à  la  terreur  des  coups. 

Le  Lnbiador  lerre-neuvien  ne  vaut  cerlei  pas 
celui  des  Canadiens-Français;  sa  stérilité  le  con- 
damne a  h  mort. 


.\ÛRD-0UKST. 


647 


NORD-OUEST 


Avant  tout  il  frtiit  rlistrairo  de  ce  pnys  immense 
les  lerres  polaires  qui  i*csleroiil  toujours  nues  el 
désertes. 

Terres  polaires.  —  L;i  ivgion  pol-'iire  dr  la 
Puissnnre  coiripivml  d'iilmnl  le  Aujillis  (l'iles  où 
des  Anginis  vi  drs  Ainéîii'îiiiis,  Tiiny.  Hoss.  Fran- 
klin, Knne.  Mac-Clure,  Hall.  Nares,  M.irckham,  des 
h^ros,  ont  cluMrht''.  Il*  passage  onire  Atlantique  cl 
ftcifique  ou  tt-nlé  dVirriver  au  IVdo  :  le  passflge 
a  été  trouvé,  mois  lo  ?è\e  m\  connaît  pns  encore 
les  navires  de  l'homme.  Malgn^  leur  élendue, 
malgré  leur  nombre»  ces  îles  gelées  en  toute 
saison  ne  valent  pas  le  moindre  vallon  de  la  zone 
tempér<?e. 

Klle  comprend  ensuite  rextrénie  noni  des  rives 
de  la  baie  d'Hiidsim  et  (ont  re  qui.  de  ces  rives, 
s'étend  au  nonl  et  nord-ouest  jusqu'à  l'Océan 
polaire,  dans  les  bassins  du  Grand-E'oisson,  de  la 
Mine-de-Cuivre.  du  Markenzie,  h  parl'w  du  60*"  ou 
du  Q\'  di;grê  de  latitude.  Ou  pluîiM,  njnrnie  il  n'y 
a  point  de  limite  aussi  mathématique  entre  le  ^ol 
Trappe  de  mort  et  celui  qu'on  peut  encore  labourer 
ou  qui  peut  donner  au  moins  quelques  légumes  et 
quelques  herbes  de  pâture,  cette  région  renferme 
ici  les  vastes  contrées  situées,  à  latitudes  dîvei^es, 
au  nord  drs  derm'ei^s  bords  de  lac,  drs  dt^rniers 
creux  de  vallée  capables,  à  force  de  soin,  de  rece- 
voir encore  une  semence  sans  la  glacer  pour  tou- 
jours. Au  norl  de  ces  ultimes  témoins  de  la  ftuis- 
sance  d'évocation  de  l'iioinme.  les  arbres  eessent  de 
croître  ;  on  ne  voit  plus  que  de  la  mousse  sur 
des  blocs  erratiques,  des  somldanLs  d'arhusle  au 
fond  des  vallons  que  la  l'îifale  des  neiges  oublie 
d'ensevelir  et  dans  les  fondrières  où  demeurent 
les  ours  chassés  par  l'Indien  durant  les  quelques 
jours  de  la  belle  saison»  quand  un  be;iu  solcit  luit 
sur  les  hcrl)es  qui  s'empressent  de  rajeunir  le  désert. 

La  région  des  eaux  indécises.  Fleuve  Hac- 
kenzie  :  Les  Grands  lacs  froids.  —  Les  lltnives 
qui  aftluent  h  la  baie  d'Hudson.  ceux  qui  courent 
à  la  mer  Glaciale  sillonnent  une  région  unique  au 
monde  par  la  foule  de  ses  lacs  :  à  même  surface, 
la  seule  Finlande  en  possède  autant.  C'est  aussi  le 
pays  des  lacsdouleux,  incertains  dans  leurs  pentes. 


coulant  souvent  vei*s  deux  lïassins  opposés,  quel- 
quefois vers  les  quatre  coins  de  l'horizon,  parfois 
ii*ayanl  dans  les  basses  eaux  qu'un  écoulement, 
en  ayatïl  ptusieui^s  et  vers  plusieurs  bassins  ipiand 
ils  ont  reçu  beaucoup  de  pluie.  C'est  par  excellence 
la  région  des  i^aux  jiassives,  îndidentes.  indécises, 
mais  les  rivières  de  cristal  fi-oid  qui  jetlent  entre 
ces  bassins  calmes  un  réseau  confus  d'eau  courante 
sont  au  contraire  extrêmement  agitées  par  les  ra- 
pides, souvent  déchirées  par  de  sublimes  cascades. 

Ici,  sur  plaine  et  plateau,  le  canot  de  l'Indien, 
du  Métis,  du  trappeur  canadien-français  vogue 
pendnnl  des  milliers  et  des  uiilliei^  «le  lit'ues  s'il 
plaît  à  ses  rameurs;  écorce  ou  tronc  d'arhre,  il 
va  de  lac  k  tac,  souvent  de  bassin  h  bassin,  puis- 
que tant  de  rivières  communiquent  par  des  <(  Lé- 
iiians  ft  de  [dus  d'un  dévcj'soir.  Rten  ne  l'arrête, 
pas  même  les  rapides  :  il  les  descend. 

fjuand  on  arrive  à  la  lôte  ou  au  pied  d'une  cas- 
cade, ou  dans  une  nnppe  saiis  autre  énik^saire  que 
celui  par  où  la  har<jue  a  monté,  les  nuueurs 
chargent  canot,  provisions,  bagages  sur  les  épaules 
et  portent  le  tout  à  la  prochaine  eau  fluviale  ou 
lacustre. 

C'est  ce  qu'on  nomme  portage  dans  toute  l'Amé- 
riifue  du  Nord.  Ce  mot  est  venu  des  Canadiens, 
hommes  d'aventure  qui  furent  dès  l'aurore  de  leur 
nation  les  amis  des  grands  voyages,  des  longues 
chasses  dans  les  solitudes  du  Nord*.  Ils  ont  en 
tous  sens  canoté,  [taliné  la  n  i*aquette  )»  au  pied, 
marché,  couru  par  traîneau  dans  tout  le  Canada, 
tout  le  Crand-Ouest,  tout  le  Nord-Ouest,  appre- 
nant te  français  aux  Indiens  avec  lesquels  ils  s'al- 
liaient pour  former  les  métis  Hois-Brûlés.  Tel  Iraj»- 
peur  franro-c;inadien  (il  maintes  fois  le  voyage  de 
Mmitrénlau  hu1  Tehippéouais,  surle  lac  Alhabaska  : 
c'est  un  (i.ïuadien,  Lacoulure,  qui  prit  en  lô6.'>,nu 
nom  du  roi  de  France,  possession  de  la  baie 
d'Hudson,  où  les  premiers  établissements  furent 
français,  non  anglais. 

Sous  un  ciel  plus  indulgent,  ces  vastes  rivières, 
ces  lacs,  ces  embrassements  de  bassins  feraient  du 
Nord-Ouest  un  très  vivant  empire,  car  il  y  aurait 

1.  \U  le  furent  beaucoup  plus,  malgré  roules  les  légendes, 
que  les  An^'laîs.  et  im'^iue  que  \es  Écossais,  qui  pourUiut  ont 
pris  une  fifrande  p«rt  k  l'eiplortition  du  Nord-Ouest. 


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64b 


lA    TERRE    A    VOL    D'OISEAIT. 


Tunioii  la  plus  intime  cnlre  les  terres  cl  les  (erres, 
les  terres  cl  les  eaux.  Sous  un  cliiual  demi-polains 
lout  cela  devient  iK'mnt  et,  plus  .lu  siul,  dnris  In 
zone  culonisaljle,  ces  voies  toutes  faîtes  ne  relie - 
ronl  jamais  des  villes  aussi  ricljes,  des  vailles 
aussi  peuplées  que  sous  un  meilleur  azur.  Au 
septentrion,  ces  fleuves  ùlargis  en  tacs,  ces  lacs 
allongés  en  lleuves,  ces  eaux  fiU()orheâ  ne  eonnaî- 
Iront  jamais  que  le  sauvage  el  le  trappeur  dont  le 
canot  se  perd  derrière  un  détour  de  la  rive,  un 
bouquet  de  bois,  un  voile  do  ijrunio,  pour  laisser 
le  lleuve  à  «on  silence»  traînant  vers  des  mers 
sans  navires  un  ilôt  Inutile  à  rAmérifiue.  Au  midi, 
ces  lacs  et  ces  fleuves  seront  très  animés  quelque 
jour;  mais  alors  l'Indien  et  le  Métis  auront  disparu. 

Plusieurs  de  ces  fleuves  sont  très  Leuux,  tanUH 
comme  un  Amazone  froid,  taiilôt  comme  un  torrenl 
de  Niirvége. 

Le  plus  grand,  le  Mackcnzie,  tient  son  nom  d'un 
voyageur  écossais,  Alexandre  Mackenzie,  (lacl  né 
sur  une  île  mouillée  par  l'embjun  do  la  itïcr  oia- 
geuse  qui  tourmente  h  la  fois  l'archipel  des  Hé- 
brides et  le  pied  dt*  Tacropole  des  llighlanders. 

Ce  voyageur  ne  le  déeouvj'it  [)as,  il  lo  roconnut, 
Tannonça  et  le  décrivit  le  preniiei'  en  i7HU,  c'est- 
à-dire  â  une  époque  où  il  y  avait  déjà  des  Métis 
franco-canadiens  sur  ses  bords.  Les  Bùis-Brùlés 
irani^aîs  rajipellont  lout  sini|demenl  la  (irande  ri- 
vièie;  quant  aux  Indiens  chez  lesquels  il  coule» 
ils  lui  dunnenl,  dans  leur*s  diverses  laugues , 
divers  noms  voulant  dire  soil  la  Grande  rivière 
d'en-bas,  soil  le  Fleuve  aux  rives  géantes;  ils  l'ap- 
pellenl  surtout  Naolclia.  C'est  un  fleuve  immense, 
ïuii  lies  pjemicrs  du  monde  pour  le  Iribul  versé 
dfuis  rOcéan  quand  le  dégel  airache  ses  innom- 
brables aflluents  à  la  torpeur  de  Tliiver.  Il  a  pour 
première  nourrice  l'Alliabaska,  large  rivière  née 
sur  les  mêmes  llocheuses  que  le  Fraser  et  la  Co- 
lombie, dans  un  [tarage  où  la  puissante  chaîne 
dépusse  oOOO  métivs,  par  le  monlHuoker  (5200  inè- 
Ires;  et  le  mont  Brown  (5500  métrés).  Le  Filet  de 
foin'  ne  reste  pas  longlemps  on  montagne. 

Dans  la  plaine,  TAlhabaska  baigne  une  vallée  à 
laquelle  on  prédit  dt^  l'avenir  malgré  la  rudesse 
de  son  climat,  et  qui,  certes,  renferme  de  glo- 
rieuses forêts.  Klle  pfisse  devnnt  (|uelques  forts  de 
la  Compagnie  de  la  i)aie  d'Iludson,  simples  palis- 
sades en  pieui  el  en  planches  renfennanl  deux  ou 
trois  maisons  en  bois;  c'est  assez  conlredes  llomnn-s 

t.  C'est  ce  que  veut  dire  le  nom  inilicn.  Athabosliaw  :  de 
ce  que  la  gnmdt-  crue  de  juillet  y  laisse  ù  dc^couvert  des  Ilots 
où  pousse  le  roin. 


Rouges  (lui  ne  connaissent  pas  la  noble  science 
du  canon.  D'ailleurs  les  Indiens  du  Nord-Ouest  ne 
scalpent  guère  rEurnpéen.  Autrement  respectés 
que  leurs  cousins  des  États-Lnis  par  le  peuple 
américain ,  traités  comme  des  hommes  et  non 
chassés  comme  des  bètcs,  reliés,  en  outre,  par 
des  intennariages  L-t  par  la  présence  de  familles 
hybrides  aux  Franco-I^anadiens,  aux  Caêls,  aux 
Ecossais  qui  vivent  en  demi-nomades  ou  à  demeure 
fixe  dans  l'immensité  du  dései't,  ils  attaquent  peu 
les  Blancs,  leurs  voisins»  guides,  amis  el  compa- 
gnons de  chasse;  et  quand  ils  tuent,  c'est  Uibu 
contre  tribu,  plutôt  que  race  rouge  contre  race 
blanche. 

Les  forts  et  comptoirs  de  la  haie  d'iludson  ont 
pour  habitants  quelques  Européens  cl  des  Canft- 
dietis  ou  des  Métis  en  lutte  avec  la  solitude  et  la 
fiimine,  en  proie  à  d'Iiorribles  hivers;  les  agents  y 
achètent  aux  Indiens  puur  un  peu  de  poudre,  uu 
peu  de  tabac,  un  peu  d'éloffe  et  quelques  provi- 
sions, les  fourrures  payées  plus  tard  au  jKïids  de 
l'or  par  les  heureux  de  la  Teirc. 

L'Alhabaska  se  jette  dans  le  lac  .Vthabaska,  l'A- 
rabascon  des  Indiens,  c'est-à-dire  le  lieu  d'union 
de  diverses  eaux.  De  plus  en  plus  désert,  car  les 
Indiens  diminuent,  les  bisons  s'en  vont,  le  lac  Alha- 
haska  fut  nonmié  par  les  premiers  Anglais  qui  le 
connurent'  le  lac  des  Colliues.  Ils  voulaient  dire 
des  rochers  :  ce  ne  sont  point  d'heureux  coteaux  qui 
fentouretit:  de  hauts  rocs  syénitiques,  chauves 
nu  couronnés  de  pins,  des  talus  de  sahie  enfer- 
ment ses  eaux  longues  de  570  kilomètres,  larges 
<ML  fuoyenne  de  20  h  25;  ses  îles,  ses  Ilots  sodI 
des  épaules  de  roche  dure, 

La  ri  vière  quitte  celle  sombre  prison  de  pierre  non 
loin  du  fort  Tchippéouais,  ainsi  nomme  dVne  tribu 
d'Indiens.  A  20  kilomètres  environ  du  seuil  du  lac, 
eUc  arrive  sous  le  nom  de  Rivière  de  Hoclie  t-Stony 
itiver)  en  face  d'une  eau  qui  laccroit  d*un  grand 
tiers,  sinun  d'un  volume  égal  au  sien. 

Cette  eau,  c'est  la  l'ais,  grande  rivière  de  prés 
de  1800  kilomètres  de  cours,  issue,  elle  aussi,  des 
Rocheuses,  qu'elle  perce  par  d'austères  cagnons;  si 
septentrionale  qu'elle  soit,  sa  vallée  a  des  terres 
do  grande  promesse,  des  prairies  de  toute  beauté. 
des  l)ois  superbes,  el  entre  prés  el  forêts  son  eau 
se  déroule  majestueuse  et  paisible  sauf  quelques 
rapides. 

La  Ooclie  el  la  Paix  s'unissent  en  un  puissant 
courant,  ta  rivière  aux  Esclaves  qui.  sous  le  OO*"  de- 
gré, s'iri'ite  en  violctils  rapides  à  la  rencontre  d'un 

1.  vViirès  les  Canadiens  Français,  bien  entendu. 


NORD-OUEST. 


ni'.i 


mont  :  cos  rapides  ont  dos  noms  français,  comme 
presque  tous  ceui  du  Nord-Ouesl,  les  CimndiLMis 
ayant  pr«\squt*  [kmÏihiI  piv(n''(Ir  les  «  Saxons  «  qui 
ont  usurpé  leur  gloire. 


L.i  riviôre  aux  Esclaves  s',icl»ève  tl.uîs  le  grand 
Lac  aux  Esclaves,  contenu  par  des  rives  st'»v^re9 
qui  pendant  six  mois  sur  douze  ne  contemplent 
qu'un  champ  de  neiges  entassées  sur  des  glaces. 


Trappeur  canadien.  —  Dessin  de  Ch,  Delort. 


r«r"ireîte  nappe  <le  %Tt<\  ktlomi''tros  de  longueur. 
sur  65  de  (dus  grand»*  larg*air,  roup*^e  par  lesGI', 
fi2',  05»  degrés  de  lalilude,  est  gek^e  d'un  Iwrd  ù 
l'autre  |HMidatd  la  moitié  de  l'année.  Le  Lac  aux 
Esclavt^s,  en  n'alilê  composé  de  quatre  vastes 
baies,  a  plus  de  Wi)  m&tres  de  profondeur  et  des 
eaux  dune  admind)le  pureté.  Parmi  les  rivières. 


quelques-unes  1res  grandes,  qui  froiivont  leur  tom- 
beau dans  son  sein,  la  *jueue  de  H>iu,  fille  du 
granit,  B*abat  par  une  des  plus  orageuses  cascadt*^ 
du  monde. 

De  ce  très  Froid  cristal  le  Mockenzte  sort  très 
froid;  il  roule  vers  le  noi^d-ouesl,  large  de  \W0  à 
!300   métrés,  avec  des  expansions  de   iOOO.   de 


fir>fr 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAD. 


filKïO,  de  8000,  dans  une  solitude  ipii  n'n  pas  di* 
bois,  qui  s.ins  doult»  n'en  aura  jamais.  Au  foil 
SiniiisDii  il  r(u;oit  h  gauche;  la  rivipie  aux  Linrds\ 
ijUH  les  lndii*ns  KsL'Iaves  nuïiuuonl  le  Courant  forl; 
el  en  elTel  ce  torrent  venu  des  Rocheuses  court 
dans  sps  cagnons  avec  une  fureur  IcrriMe;  les 
canotiers  TiK'lis  eux-rnOiiies,  les  liornrries  de  la  Terre 
qui  crai^nerU  le  moins  la  rage  des  eaux,  onl  peur 
de  h  rivière  aux  Li.irds  et  n'osent  la  descendre 
qu'attaihi's  au  ponl  dt'  la  barque;  sûrs  alors  de 
n'être  [wis  lancés  dans  les  (lots  par  la  véhémence 
des  ondes,  ils  se  hasardent  en  Ireniblanl  sur 
elle.  IMus  bas,  au  fort  Norman,  lui  arrive  une 
antre  rivitre  terrible,  large  elUuenl  du  Grand  Lac 
d'Ours. 

Le  Grand  Lac  d'Ours,  sous  le  nG*^  degré  boréal, 
est  une  eau  (rés  bleue,  très  profonde,  ens(*nible 
irrégulier  de  golfes  et  de  haies  sur  le  plus 
inisêrable  des  stejtpes  arctiques  :  on  lui  donne 
5COOO0O  heelares,  voire  5000  000.  Di*  ini-juillel  â 
nii-oclobre  il  est  liljre,  mais  pendnnl  les  neuf 
autres  mois  la  glace  Temprisonne,  épaisse  de 
7  h  10  ou  12  pieds,  sous  des  froids  de  plus  de 
50  degrés.  Son  déversoir,  la  rivière  d'Ours,  a 
25  kilomèlres  d'un  rapide  si  pressé  que  les  canols 
le  descendent  on  une  heure,  à  travers  grès  et 
granits,  sur  un  fond  de  roche  voleani(pie. 

Ouand  le  limoneux  Mackenzie  s*abiîrie  dans  l'O- 
céan (ilacial,  près  du  TO**  degré,  par  d'innombrables 
chenaux  dellaï(|ues.  sa  course  dépasse  4000  kilo- 
mètres» dans  un  bassin  de  près  de  152  millions 
d'hectares,  trois  fois  la  France. 

Bassin  du  Nelsoa  :  lac  Ouinipeg.  —  Ainsi 
donc,  la  partie  septentrionale  du  Mackenzie  pa- 
rait vouée  h  une  solitude  éterncllG  traversée  par 
quelques  indiens ,  quehpies  Ksquimaux ,  quel- 
ques Blancs  ou  iMétis.  tandis  que  la  portion  méri- 
dionale, sur  la  rivière  de  la  Paix  etsur  TAibabaska, 
semble  capable  d'avoir  un  jour  ses  provinces.  Au 
sud  de  ce  bassin,  partagé  de  la  sorte  entre  un 
désert  sans  espoir  et  des  terres  presque  vides  qui 
ne  le  seront  pas  toujours,  s'étend  une  immense 
contrée,  sur  diverses  rivières  finissant  toutes  par 
gagner  le  grand  lac  Ouinipeg \  dont  elles  ressortent 
en  un  seul  et  colossal  fleuve,  le  Nelson,  qui  fut  le 
lîourbon  des  Canadiens. 

Celle  conlrée-la  passe  pour  éminemment  habi- 
t.ilde.  Elle  a  eependani  quelques  dètracleurs,  ou. 

t.  Ijc  !i:ir(l  est  un  |)«*uplii::r  •  poputu*  tmïsmnifera. 
"J.  C'est  ù  lorl,  ()!u-u)l-il,  t|uc'  les  Anglais  écrivent  Wijinijie^ 
avec  deux  h 


pour  mieux  dire,  il  est  des  hommes  d'un  esprit 
froid  qui  redoutent  son  dur  climat,  ses  ouragans 
de  neige»  ses  gelées  de  printemps  et  d'été,  son 
indigence  en  bois  sur  de  très  vastes  espaces,  ses 
nuées  de  sauterelles;  tandis  que  des  hommes 
enthousiastes  y  voient  déj'i  «  le  grand  grenier  du 
monde  jj  el  la  «  nolvle  patrie  du  plus  j'obuste  des 
peuples  0. 

Dans  ce  pays  fait  de  plaines  sans  fin  presque 
absolument  nues,  côtoyées  au  nord  par  des  forêts 
profondes,  les  grandes  artères  sont  la  Hi\ière 
Houge,  la  Saskatchéouan  et  TOuinipeg. 

La  lîivière  Uouge,  lu  Saskatchéouan,  TOuinipeg 
disparaissent  tous  les  trois  dans  le  lac  Ouinipeg, 
vaste  encore  de  2 "200000  hectares,  mais  qui  fut 
Lien  autrement  grand  quand  ses  Ilots  touchaient 
nu  biin  vers  l'onesl  les  cajjs  devenus  les  monts 
Forc-Êptc,  les  nu>nts  Canard  et  les  monls  Dauphin  : 
il  couvrait  aloi^s.  d'abord  les  terres  basses  qui  le 
séparent  aiijnuixl'liui  de  TOuinipégous  ou  Petit 
(ouinipeg  et  du  Maiiitoba,  puis  les  fonds  qu'oc- 
cupent ces  lacs,  enfin  la  prairie  qui  va  de  leur 
rive  à  la  montagne,  ti'était  une  mer  intérieure. 

Son  tiom,  tiré  de  l'algonquin,  signifie  Marais 
sale,  et  de  fait  ses  flots  impurs  clapotent  souvent 
contre  un  estran  vaseux;  s'il  est  sans  transpa- 
rence, c'est  faute  de  pi^ofondeur  *  et  parce  que 
divers  tributaires  le  souillent  de  tout  ce  qu'ils 
arrachent  de  terre  aux  gi*andes  plaines.  Situé  par 
i*00  mètres  d'altitude  au  jdus,  rOuinijïeg  boit  les 
eauxde  HOniiIlions  d'hectares,  deux  fois  la  France. 
Ces  eaux  lui  viennent  pai'  des  rivières,  des  torrents 
qui  [lercenl  ii  Test  les  roches  primitives,  h  l'ouest 
les  calcaires  ou  les  plages  de  sable  avant  de  s'en- 
gloutir dans  le  t<  Marais  siile  ».  Quatre  affluents 
soûl  plus  grands  que  les  autres  :  le  Dauphin,  qui 
verse  la  sundjondance  de  deux  vastes  lac*s;  la  Di- 
vière  Rouge,  très  longue  ;  ï'Ouinipeg,  puissant 
et  superbe;  la  Sask.ilchéouau,  qui  a  près  de 
2000  kilomètres. 

Le  Dauphin,  courant  large  et  clair,  eau  rapide, 
dégorge  le  lac  Manitoba,  el  le  lac  Manitoba  dé- 
gorge le  lac  Ouinipégous. 

Le  lac  Manitoba,  qui  a  donné  son  nom  h  Tun 
des  jeunes  Etals  du  Dominion,  s'ap)>ellc  réellement 
cbeK  les  Indiens  Manitououil[mne,  ou  le  Détroit 
du  Manitou,  de  la  puissance  magique,  le  Détroit 
extraordinaire.  En  cela  semblable  à  TOuinipeg 
comme  à  l'Ouinipégous,  il  est  très  alhmgé  et 
souvent  se  contracte  :  long  de  j»resijue  *20U  kilo- 
mètres,   large  de  SO  à  55  au  [jIus  ample,   il  a 

I.  La  soniïo  v  descend  rarcmeat  it  douie  bi'asses. 


500000  hectares,  enire  des  terres  basses.  A  son 
nord-ouosU  lout  près,  el  roaliituiint  sa  (iirertioi», 
K'  lac.  Ouiuipêgous,  dont  îl  reçoit  le  triliul  par  la 
Pouk'd'eau,  lui  ressemble  ahsolunierU  en  longueur, 
en  largeur,  en  aspect,  il  a  prestjue  ntême  surface 
de  ÔOOUOO  hectares  et  sa  profondeur  est  pareil- 
lement minime.  En  somme*  Mnnitoba  et  Ouini- 
pégous   IhjuI  à  bout  funl  à  l'ouesl  de   l'Ouiuipeg 


6ht 

un  lac  de  même  orientalîon  *  que  lo  a  Marais  sale  » 
et  (i'une  longueur  à  peine  moindre  — car  Sdegrt^s 
de  htlitude,  le  51*,  le  52".  le  5o^  passent  t^gale- 
uient  sur  leurs  eaux  :  seulement  l'Ouinipeg  est 
beaucoup  plus  large. 

11  ne  Hiudriiil  pas  que  le  Nelson,  di^gorgeur 
ultime  de  ces  trois  lacs,  ressoudât  bien  haut  les 
roches  qu'il  a  descellées  et  rongées  pour  que  Ouï- 


I 


^^^^HksHR^ 


JJlgCi! 


Sur  ta  RiriOre  Hougr.  —  Dmuii  tle  Taylor,  ii'«t>r«»  uuti  |tliuitii{iu|ittif. 


nipeg,  Manitoba.  Ouini[M'gous  et  d'autres  moindres 
nappes,  se  rejoignant  par-dessus  les  terres  plates 
qui  les  environnent,  n^formetil  dans  son  plein 
lu  froide  Méditerranée  de  l'antique  Ouinipeg.  Il 
n'y  a  qu'une  faible  différence  de  niveau  entre 
les  trois  ^'rarids  restes  de  la  vieille  mer  inté- 
rieure :  rOuini|)eg  miroilant  à  200  méti^s  envi- 
ron nu-dcssus  des  mers,  le  Manitoba  ne  le  do- 
mine que  de  12  à  lij  mètres,  rachetés  par  les 
rapides  de  la  rivière  Liauphin,  et  à  son  tour  l'Oui- 


nipégous  n'est  qu'à  0  uu  7  mètres  au-dessus  du 
Manitoba. 

Rivière  Rouge.  —  La  Rivière  Rouge  s'appelle, 
de  son  nom  complet,  Ftiviére  Rouge  du  Nord,  p<Hir 
se  distinguer  de  la  llivière  Rouge  du  Sud,  aftluenl 
du  Mississippi. 

Mal  Donmiée  d'ailleurs,  car  si  les  eaui  qu'elle 
mène  sont  louches,  elles  ne  sont  pas  rouges,  mois 

t.  Nord-NordOu«sl. 


firi*.' 


LA    TKRIii:    A    VOL    D'OISE  Al. 


d'au  Uiuiu:  Umti^ux '.  La  llod  Hiver,  comme  disent 
les  Ang:luis,  iiali  dans  un  Inc  du  Minnesotat  |)rt*s 
dessourres  du  Mississippi.  T;uulisqiiu.  le  Mississip[>i 
marrlit»  d';d>tird  vers  U;  lïoi'd-i.'^ï,  coriiiui.'  jioui"  jiIIcj" 
se  perdrix  dans  le  lac  Supt^rieur,  la  Hivièr**  Uouge 
marche  vors  le  sud,  fimiiiie  jiour  cIkmtIkt  k* 
golfe  du  Mexique;  mars  bienlol  l'un  el  l'aulre 
trouranl  «changent  de  roule.  Le  Missibsipfii  Inunie 
au  sud,  la  ïlivièj'e  Houge  s'vn  va  vers  !e  nor*!,  el, 
dans  un  voyage  de  I  ir^O  kilomètres-,  se  promène 
au  sein  de  plaines  d'nne  fertilité  pi'odii^neuse,  tel- 
lement infestées  de  inuucheruns  à  dard  que  suuveiil 
leurs  nuises  bourdonnantes  sueent  en  quelques 
lieures  la  vie  ilrs  IkimiTs  et  des  chevaux»  comme 
il  n'y  a  pas  bien  lonylenips  eueur-e  elles  tuaient  les 
hommes  expost5s  par  les  Sioui  k  leurs  millions  de 
pirp'ires.  Eiiïrée  diins  la  Puissance,  elle  y  sépare 
Uuim'j>eg  de  Siiint-Bijnifat;e,  aulant  diie  les  Anglais 
des  Franrais,  el  lu  nièrne  recuit  une  eau  plus  pure 
que  la  sienne,  la  très  longue  maïs  faible  Assini- 
boiue,  qui  ;i  bu  la  faible  el  très  longue  Qu'appelle. 

La  Qu'appelle  tiall  près  de  la  Snskatclièouau  du 
sud,  en  une  eoulée  de  double  pente,  el  durant 
les  pluies  l'eau  du  marais  doui  elle  sourd  se  partage 
entre  les  deux  rivières,  la  petite  qui  n'est  pas  encore 
un  ruisseau,  la  grande  tpj'on  croii-ait  sans  peine 
un  ileuve;  un  barrage  de  iHî  mètres  de  haut  vide- 
rait la  SaskaU'Iiéouan  dans  la  Qu'ap|»elle  el  ferait 
de  celle-ci,  puis  de  l'Assiniboine,  enfin  de  la  ïii- 
viêre  ilouge,  un  murant  digne  des  hautes  ambi- 
tions de  la  Nûiivel!e-(]f]teago^. 

La  hivière  Flougi'  tombe  par  les  six  branr.ljes 
d'uu  delta  dans  l'Ouinipeg,  L  son  eslrëmilê  niéri- 
(liinude,  et  peu  à  jieu  son  fîol  lurbide  je(te  au  Unnl 
ÛH  lar  impur  les   éléments  d'une  plaine  féconde. 

Rivière  Ouinîpeg.  —  Bien  différent  de  la  lïiviére 
llouge,  fossé  tortu*u\  où  passe  une  eau  lourde,  le 
«  glorieux  »  Ouirupeg.  quami  il  ne  s'endorl  pas  en 
lacs  allongés,  bouillonne  en  rapides  ou  (ombc  en 
cascades  avec  une  inunense  masse  d'eaux  froide- 
ment Ijansparenles.  Ces  plongeons  lourbillonnanls, 
rette  écume,  ces  rapides,  récemment  encore  connus 
des  seuls  n  voyageurs  )s  qui  sont[K>urla  plupart  des 
Franco-Qmadiens  purs  ou  mélisses  de  sauvage,  ont 
ronservé  leurs  noms  français  jusque  dans  les  bou- 
ches anglaises.  En  enleniianl  nonuner  b-s  brusipies 
accidents  du  cours  de   l'Ouinipeg,  les  Dalles,  la 

1.  n  est  pos&iUle  que  son  nom  vieniii^  iluiit'  liataille  entre 
tniJiens  qui  nucait  on^iin^'laïUe  ne.s  ciiix. 

2.  Jijsqu  H  ht  siuort*  de  la  Chtyerme. 

5.  Titre  dont  ^i:  jiiirL'  la  ri.iiss.in(e  Utiinipcgr. 


Grande  Décharge,  la  rhute  à  Jacquot,  li>s  irois 
fVirlages  des  Bois,  la  Barrière,  la  grande  cliute  à 
rEsclave.  la  rliute  h  la  Loutre  et  vingt  autres,  on 
se  croit  difiicilement  dans  une  région  qui  appar- 
tient à  TAnglelerre,  et  qui  semble  destinée  â  se 
rouvrir  de  villages  où  soimera  l'anglais  û  côté  du 
fran<;ais  —  mais  ce  mot  de  somier  est  trop  gêné- 
reïix  j»our  une  langue  aussi  sourde. 

L'Ouinipeg  (800  kilomètres)  rassemble  les  dé- 
versoirs d'une  infinité  de  lacs,  vasques  presque 
toujours  luen  plus  longues  que  larges,  â  l'ouest 
du  Supérieur,  dans  une  portion  de  l'empire  An- 
glais qui  touche  à  Ihérilage  de  l'Oncle  Sam  — 
(ïiiele  Sam  est  l'un  des  subriquels  du  peuple  amé- 
rirain.  Frère  Jonathan  en  est  un  autre. 

Deux  rivières-lacs  ou  deux  lacs-rivières,  rar 
\ninienl  on  ne  sait  comment  appeler  ces  cau\ 
des  Laurenlides  et  du  Nord-Ouest,  se  renconlrenl 
â  o35  mètres  au-dessus  des  mei-s,  dans  le  vaste 
lac  à  la  Pluie  :  bien  françaises  de  nom,  c'est  la 
Seine  el  la  Midigne.  Le  lac  â  la  Pluie,  napj.»e  irré- 
gulière de  473  kilomètres  de  tour,  avec  rives 
plaies,  îles  sans  nombre,  émet  In  rivière  â  la 
l'iuie.couratit  de  200  à  500  mètres  «le  largeur  qui 
débute  par  une  cascade  de  8  â  0  mèti'es. 

L]nlre  peupliers,  trembles,  érables,  ormes,  til- 
leuls, hêtres,  bouleaux,  chênes,  pins  et  sapins,  elle 
coule,  gracieuse  tout  ensemble  et  majestueuse, 
pendant  ÎTiO  kiloniêlres,  jusqu'au  lac  des  Bois,  sis 
à  517  ou  r*IS  mèlres  d'altitude,  h  la  fois  chez 
Jidm  BulP  el  ebe/  Jonafhan.  ee  qui  est  aussi  le 
cas  du  lac  à  la  Pluie.  Beaucoup  plus  grand  que 
celui-ci,  le  lac  dfesBois  avait  la  double  beauté  des 
fiiréls  et  des  rocs,  mais  les  passants  iru[M'es  ont 
tant  bj'nïé  d'arbres  sur  son  rivage  i|u*il  ne  lui  reste 
plus  guère  que  le  gneiss  de  son  liltoral  et  de  ses 
ile:i,  et  ce  gneiss,  nu,  est  triste. 

Du  lac  des  Bois,  l'Ouinipeg  sort  k  travers  n^^ 
chcs  par  de  puissants  rapides  ayant  5  mètres  de 
chute,  dans  la  jeune  ville  de  Portage  du  Rat  ou 
Keewatin.  De  la  jusijua  son  embouchure,  sur  tîOO 
kîliuuèlres,  il  descend  de  106  mètres,  par  sauts 
qu'itUerronipenl  d(*s  eicpansions  calmes. 

Quel  est  le  plus  beau  percement  de  cet  Apre 
chemin  du  torrent  dans  la  pierre  des  Lauren- 
liiles?  Peut-être  les  chutes  d'Argent,  ou  la  rivière 
descend,  en  4'inq  ou  six  vagtni's  prodigieuses,  une 
pente  de  moins  de  200  mètres  de  long  j)our 
b  mètres  de  haut,  entre  des  gneiss  polis  par  la 
pluie  et  Tenibrun  des  flots  :  sa  largeur  est  ii'i  de 
1200  mètres,  ailleurs  de  2000,  de  3000  el  plus, 
].  SolniiiUL'l  (lu  |t'<ii)lo  niiglnis. 


65  i 


LA    TEriRE     A     VoL    iniISKAT 


tandis  f|u'à  certains  iMroils  \U  moires,  12  niêJres, 
iO  mètres  seuli^mcril  sôfiLii'ciit  h  roche  dos  deux 
rivt's;  et  pouriaat  c'est  plus  qu'un  Illiûne  qui 
passe,  car  on  dit  TOiiinipegr  égal  h  TOltawa  :  il 
roulerait  envii'(>n  i^riO  rrièires  tulies  par  s*'rôiide 
il  l'êliage,  5000  eu  moyenne,  et  plus  de  5000  eu 
crue. 

[le  cette  rivière  spltMidide,  irulissoluldement  liée 
au  Nord-duest  par  lii  direction  de  ses  eaux  et  |iju" 
son  app/u'lenauce  au  liiissin  du  lac  Ouinipeg,  une 
rlècisiou  du  Conseil  privé  d*Au^leterre.'  a  rêcem- 
iru'iil  fuit»  sur  presque  Inul  suii  coui^s*,  une  dé- 
pendance de  I;»  province  d'Ontario. 

Saskatchéouan.  —  La  Saskatcliéouan  a  pour 
vrai  nom  Kisiskatchéoufîn  "  au  Kivitire  rapide.  Deus 
j^raiids  courants  la  funrïeïil  :  l;i  Snskalehêouan  du 
ïu>j'd  et  la  S<-i&katehéouan  du  sud,  l'une  et  l'autre 
liées  dans  les  Monts  llocheux,  l'une  et  l'autre  de 
peu  de  clarté. 

On  donne  à  la  branche  du  sud*  1400  à  1150  kilo- 
mêlrcs  de  cotir:>.  100  de  plus  fjue  In  branche  du 
nurd.  A  leur  conllueiit.  la  Saskalctiéauau  méridio- 
nale, eau  d'un  brun  jaunâtre,  a  165  mètres  de 
Ifïrge  cl,  diï-nii,  1200  nn'^tres  ruhes  de  portée 
moyenne;  la  septentrionale,  verdàtre,  plus  claire, 
plus  froide  en  été  de  près  de  o  degrés,  a  128  mè- 
tres d'ampleur  el  nue  portée  de  900  métrés  cubes. 
Toutes  di'ux,  lidèh-s  à  leur  nom  siuv,igi\  couletd 
avec  vitesse. 

Vn'w.  en  un  ileuv*^  tn>uMe  <le  300  mètres  de 
largeur,  avec  7  mètres  de  prolondeur,  la  Saskal- 
cliéouan  coule  pendant  550  kilomètres,  par  d'am- 
ples détours. 

Kii  roule  elle  renconlre  un  lac  auquel  il  reste 
80000  hectares;  elle  l'a  singulièrement  ilindnué, 
elle  le  comblera  bienl'M,  :  c'est  le  lac  des  Cèdres, 
jadis  lac  Dourljon,  où  elle  arrive  à  travers  un 
delta  marécageux  <p]>lle  a  déposé,  siècle  par 
siècle,  et,  quoiqu'elle  y  laisse  tomber  dea  fanges, 
elle  nVn  ressort  (loint  tout  à  faire  pure. 

he  cette  coupe  don!  le  nom  rappelle  h  la  fois 
nos  vieilles  gloires  et  nos  vieilles  bontés,  elle 
passe  dans  le  petit  lac  Travers;  puis  un  inmiense 
nipide  la  broie,  l'un  des  plus  ècmnants  el  h>unanls 
de  toute  rAméritpie  :  la  rivière  y  tombe  de  plus 


1.  On  dit  rjne  ccUp-  décision,  de  nature  politique,  blesse 
cssontit'llomfiil  h'  droit  pt  l'histoire. 

2.  Sauf  qiH?l<|iJfs  lieues  vn  nmotit  du  lac  Ouiiiipp|;. 

3.  C'usl  (iTi  iiofii  dt*  lii  Iriiitîiii»  des  Cris. 

4.  I^s  Canaciiens-Franvais    l'af^pcllenl  Fourche    dea  Gros 
Venues,  du  ûoui  d'uuG  Iribii  iiiiuvai:o. 


de  13  mèlres,  sur  5350  mèlres  de  longueur,  avec 
largeurs  de  140  à  OOO  mètres  etïtre  roclies  cal- 
cair»'s.  Peu  apiès  l'Ile  cntn'  dans  le  lar  Oninipeg. 

Nelson.  —  Saskatchéouan,  Ouinipeg,  Rivière 
l'ouge,  Oîmpbin,  ri  plus  de  cent  lorreuts,  tout 
cela  s'écoule  par  le  .Nelson,  vaste  fleuve  boueiu. 
pienvuï.  Jieujlé,  violejil,  qui  court  à  la  l)aie 
d'fludson  par  un  péiuljlc  voyag«*  de  (îOOà  630  kilo- 
mètres à  travers  les  vieilles  roches  des  Lauren- 
lides.  De  rthu'nipeg  à  la  mer  il  descend  de  près 
de  tiUO  nièln^s,  tantôt  lac,  tantôt  délité.  Grand 
comme  quatre  fois  l'Ottawa  devant  la  capitale  ft^ 
dérale,  il  se  brise  souvent  par  d'énormes  ropidâa. 
11  porte  k  la  mer  l'eau  de  ll2(>  millions  d'hectares. 

Il  se  peut  que  le  Nelson  soit  un  fleuve  moderne, 
géologiquennuit  parlant.  Dans  ce  cas,  quand  il 
n'existait  pas  encore,  comme  il  n'y  avait  point 
ilautre  couloir  entre  TDuinipeg  et  la  mer  d'Hud- 
son,  ce  lac,  iiicoirqiar;iblement  plus  grand  que  de 
nos  jours,  s'épanchait  sans  doute  vers  le  sud,  et 
par  la  vallée  où  passe  aujourd'hui  le  Minnesota  il 
envoyai!  l'iminense  excès  de  son  onde  au  fleuve 
colossal  dont  les  cascades  grondaient  dans  une 
gorge  des  monts  Ozark.  Ce  dêvei'soir  de  ruuiuipeg 
était  la  plus  grandi'  des  deux  sources  de  l'antique 
Mississippi,  près  duquel  notre  Père  des  eaux  n'est 
pcutéirc  qu*une  humble  rivièi-e.  L autre  branche 
passait  aux  lieux  où  coule  maintenant  la  rivière 
des  Illinois  :  elle  amenait  le  flol  des  Grand»  lacs 
canadiens  auxquels  le  Niagara  n'ouvrait  pas  euatre 
une  porJc  vers  la  mer  Atlantique. 

Churchill.  —  I/impur  Neîson  l'emporte  sur  les 
aulres  (lenvcs  qui  sï'ugloutissenl  dans  la  baie 
d'Ihulsnn.  Aussitôt  après  lui  vient  le  pur  Chur- 
chill (1100  kilomètres),  qui  porte  bien  des  noms, 
traverse  bien  des  lacs  et,  parallèle  au  Nelson, 
s'achève  au  nord  de  celui-ci.  près  du  50^  degré, 
après  avoir,  lui  aussi,  brisé  les  Liurenlides.  Pour 
les  larges  el  les  étroits,  les  bouillonnements, 
l'écume,  la  splendeur  des  rapides,  c'est  une  autiv 
rivière  Ouinipeg. 

Blancs.  Indiens.  Boi@-Brûlés.  —  Sous  un  ciel 
terriblement  froid,  dans  ces  plaines,  dans  ces 
forêts,  sur  ces  lacs  et  ces  rivières,  il  n'y  avait  en- 
core il  y  a  quelqne  vingt  ans  que  de.s  Indiens 
et  des  Mélis  de  langue  française  ou  de  langue  an- 
glaise —  ces  derniers  moins  nombreux  que  les 
Bois-Brûlés  ou  Mélis  franco -canadiens. 

Toul  est  changé  maiulenanl.  Cnnadiens  de  Que- 


XORH-OLEST. 


055 


I  bec  oi  Mirloul  d'Onlnrio.  AnuMÎcaiiis.  Anglais» 
rxossflis,  Irlandais  se  jetCont  comme  avec  fn''nésie 
vers  co  NonJ-Oiiosl  ciiiadieii,  t|iii  scinliU*  litTiltM* 
du  (irand-Ôucst  des  Yankous.  Voici  tUjïi  1rs  Iiitliciis 

Iparqui^s  dïjris  des  «  réserves  n  que  ne  respectera 
jK'Ul-tHi-c  pas  longtemps  l'avidilè  des  colons,  v\ 
les  Mt^lis  errants,  «  voyageui*s  d»  frflppeui*s,  rlins- 
seurs  de  bisons,  c^nolicrs,  pt^ehcurs.  ii  ont  d'autre 


avenir  que  de  reculer  vers  le  Nord  ineullix.ible 
ou  de  se  résorber  dans  leur  êlénieut,  les  Mt^is 
nnglnis  dans  la  race  anglaise  et  les  Ilois-Drùb's 
dans  la  canadienne.  Contre  toute  attente,  les  Fran- 
çais du  Canad.T,  submergrs  par  l'inunigration  des 
fl  allophones  »,  n\»nt  pas  perdu  pied  dans  le  cou- 
rntit  eontraire:  ils  se  concenireiil,  ils  sont  inces- 
siuanient   renforets    non  seulement    du    p.iys   de 


Village  de  Sioui.  -~  DetùD  de  Jtiiet<>Laiige,  d'âpre  un  croquis. 


Québec,  mais  aussi  de  Fi-ance  et  de  Belgique,  et 
rien  ne  leur  înlerdil  l'espoir  d'iiêriter,  eux  aussi, 
de  ces  innnensitès  (|u'ils  onl  tlècmiverles. 

Le  rcceuseiuent  de  lHt}|  a  reconnu  dans  le  Ma- 
nîloba  et  le  fford-Ouest  la  présence  de  2t20(Jn  habi- 
tants,dont  46  000  Indiensconlre  170000  [lliuics.  Ainsi 
vinglannêesontsufli  pour  réduire  1*1  nV'lrepIusqu'une 
minorité  l'ensemble  des  peuples  pins  ou  moins  eui- 
vrcs,  et  diversement  sanva^res.  qui  rnrent  pendant 
tant  de  siècles  lei>  seul»  niaiUes  de  cette  innnensité. 


Parmi  les  Indiens,  Cris  et  Sauleui  et  Pieds 
Noii-s  sont  de  la  nation  des  Algonquins;  Sioux, 
Assiiiiboines  et  Sarcis^  dr  la  nation  des  llurons- 
Iroquois;  Monlagnais  d'ouest  <m  Tcbippêouéyanes, 
Mangeurs  de  caribou.  Couteaux  Jaunes,  Plats  cotés 
de  cliieiu  Esclaves,  Castors,  de  la  nation  des  D^nê- 
[ïjindié.  De  quelque  nom  qu'on  les  nomme,  quel- 
que langue  ou  dialecte  qu'ils  parlent,  ils  ressem- 
lïlenl  aux  Indiens  des  (liais  l'nis  par  le  courage. 
riinpassibililé  dans  la  sourfrance,  l'esprit  de  divi- 


656 


LA   TERRE  A   VOL   D'OISEAU. 


nation  quand  il  faut  suivre  la  piste  do  In  hHo  ou 
dt»  riioiiMUH,  ami  ou  onnt'an.  G'  qu'ils  oui  d't'^ruM- 
gio,  eu\  el  les  Métis  leurs  diMni-frùros.  ce  t)u'iLs 
endurent  SHDS  se  plaindre,  dôpasst*  loulo  crovflnce. 
A  moilir  nus,  sous  (li*s  citnix  abominablt*s,  on  en 
roiiiiait  fjiii  ihisseut  Itvus  ou  i|urilr('  jours  sans 
manger,  iriarr.lianl  di'  l'aube  au  soir  iM  liion  avnnl^ 
diuis  hi  nuit  soi-  la  Irrrc  noi^'inist^  el  sur  les  Inrs 
glacés,  diu'rniuil  <înns  îlierbe  dont  ils  ont  déblayé 
la  neige;  puis,  se  relevant  el  secouant  les  flocons 
tombés  peinLinl  h*s  lénèbres,  ils  ropn'unenl  nus- 
silôt  le  scïjlier  de  la  Viîille  vers  un  fort  de  la  Com- 
pagnie d(*  Il  baie  d'Huilson,  vers  un  campenienl, 
vers  une  tenïe,  I>ans  répidêmie  de  petite  vérole 
(pli  les  n  plus  que  décimés  en  1870  el  en  1871, 
ainsi  que  les  Métis  an^dais  ou  français  devenus  les 
enbériliers  de  leurs  déserts,  on  a  vu  des  Indiens 
nlteints  de  l'affreuse  maladie,  cl  déj.'i  mourants, 
IVaiirbir  plusieuis  l'ois  [a  large  et  froide  Saskat- 
rhéou:ni  du  nord  pour  vol(*r  uni*  bande  de  clievaui 
ippnrtennnt  A  la  Compagnie.  En  t^tat  de  santé,  en 
temps  d'abondanee,  ils  mangent  vinj^t  livres  tle 
vianrïe  [»ar  jour  el  n'en  sont  point  faligués. 

I«e  compagnon  de  ces  hommes  rTaeier,  le  ebien 
(lu  Non!-(biest,  est  plus  héroïque  encore.  Allelé 
avee.  ses  camarades  k  quelque  bnu'd  Naineat],  il 
Irolte  toute  In  journée  sur  la  neige  durcie,  pen- 
<Iant  des  mois  enlters,  erifi-e  un  départ  e(  une  arri- 
vée qui  peuvenl  être  plus  éloignés  (jue  Lisbonne 
de  Varsovie.  11  va,  sous  le  fouet,  sous  les  jurons, 
mangeant  peu,  etuich.'inl  sur  la  froiilure.  ayant 
ptmr  tout  bien  sa  journée  iinie,  son  devoir  rempli, 
son  aJYeclîon  prouvée,  el»  chaque  soir,  la  lumière  et 
la  clialeur  du  feu  que  le  niailre  allume  dans  une 
clair'ière  de  la  forêt,  an  pied  des  pins  el  des  Siipiiis 
vibrants. 

Compagnie  de  la  baie  d'Hudsan.  —  Avant 
que  [e  llaiinda  fit  1  acquisition  du  Nord-Ouesl  [>our 
former  avec  lui  et  avec  les  provinces  du  Ijolfe 
Tiimnense  Puissance  ou  Dominion,  tout  le  pays 
appartenait  à  la  Compagnie  de  la  baîe  d'Iludsoo, 
soriêtt-^  de  iîôD  actionnaires  qui  a  son  siège  à 
Londres. 

Celle  Compagnie  emploie  enviion  1700  hom- 
mes h  chasser  pour  elle  In  bêle  à  fourrure  dans 
les  bois  et  prairies,  et  les  castors  dans  les  étangs. 


iJe  ses  1700  serviteurs,  le  plus  grand  nond)ix\ 
Iî(»is-Brrdés,  de  pfres  canadiens,  de  rnéres  imlim 
nés,  parlent  le  français;  presi]ue  luus  If^  aulivs. 
également  Indiens  par  leurs  inères,  sont  ïxo^- 
sais  par  leurs  jn'res  —  non  pas  Écossais  de  langue 
anglaise,  mais  de  langue  celtique,  la  plupart  lïv^ 
a  vpyageurs  »  écossais  étant  venus  dos  Iles  Orca- 
dcs  ;  aussi  leurs  descendants  mêlis  poilcnt-ils  en- 
core le  nom  d'Orcadiens,  el  le  celle  nVsl  pas  tout 
û  fait  oublié  chez  eux. 

Elle  n*a  pas  seulement  dressé  les  Métis  à  son 
sei'vice.  Les  Indiens  chassent  pour  elle  et  vien- 
nent, h  des  époques  fixes,  recevoir  le  prix  de 
leui*s  fourrures  dans  l'un  (|U6lconque  de  ses  i5<) 
comploir-s  dispersés  dans  le  Noi-d-Ouest  juscjuaux 
bonis  des  lacs  les  plus  glacés,  des  lorrenls  les 
plus  jiolaires.  Elle  n'était  point  équitable  jadis. 
car  elle  payait  en  marchandises  qu'elle  taiait  elle- 
tnéine;  elle  n'était  point  btinne,  car  elle  s;icrilî.ii! 
tout  à  son  monopole  :  dans  ce  pays  des  fourrures 
ceux  même  qui  chassaienl  pour  elle  n*avaioul 
piiiiit  le  droit  d'en  porter,  dussent-ils  périr  de 
froid  dans  les  neiges;  tout  devait  enirer  dans  ses 
magasins  et  pai'tir  de  la  pour  l'Europe. 

Jalousement,  elle  cachait  la  vah»ur  du  .\ord- 
Uuesl,  ses  alluvions,  ses  splendides  prairies,  ses 
foréls,  ce  qu'il  y  a  de  chaud,  de  fécond  dans  son 
climat  hi'iflaid  en  élé. 

Mais  tju.ind  la  vérité  fut  connue,  il  lui  fallul 
déposer  son  privilège,  et  l'Angleterre  ouvrit  k  deux 
batinnis  la  [H>rte  aux  braves  colons  et  en  même 
temps  aui  lra(i<[uanls,  accapareui's,  spéculateurs, 
cbevaliei's  d'industrie  de  la  vieille  Europe  el  de 
la  jeune  Améi'ique, 

Alors  a  sonné  Theure  du  péril  pour  les  Indiens 
et  b's  Métis.  Se  (lassera-t-il  lieaueoup  d'années 
avant  que  le  Sauvage  el  le  demi-sang  aient  dis- 
paru de  In  Prairie,  du  Steppe,  de  laForét?Là  aussi 
des  nations  sont  menacées  de  mort;  elles  soni 
petites,  s;ms  savoir  et  sans  industrie,  mais  leurs 
fiomnies  valent  bien  les  nôtres:  chasseui*s  gros- 
siei's»  canotiei-s  ignorants,  rustres  violents  el  niais, 
ils  ne  connaissent  ni  l'envie,  ni  le  luxe,  ni  b* 
qu'en-dira-l-on.  ni  la  savante  hypocrisie. 

Le  Noî'4Ï-Oïjest  comprend  le  Manitoba .  l'Vssi- 
tiiltoîa,  i'Allu'rta,  le  Saskulehéouan,  l'Athabask^ 
le  Kecwatin  et  les  Terres  Vagues, 


MAMTORA. 


«57 


MANITOBA 


I 


Platitude  et  fécondité.  Manitoba,  Manito- 
bains.  —  Lo  Manilolj;*,  qti'oii  .lime  a  siirnonuncr 
(i^  n  JetiiiP  Klal  des  l*rairies  »,  esl  dt-rlm  dt*  ses 
ainhilions  depuis  qu'une  diVision  du  rimsetl  privt^ 
d'Anglelerrp  lui  a  ravi  tout  son  orionl  nu  [irolil 
di^s  Ontaricns.  Cel  orinnt.  c'étnil,  du  lac  des  Bois 
AU  Iflc  Supérieur,  h  pjiys  qui  son  va  de  roche  on 
\ocU(*,  ï^pre  sur  le  dos  des  LaurcnlidL-s,  dans  le 
Lnssin  de  la  rivière  Ouitiipej^. 

Uèduil  h  sou  orcideuU  rapidement  colonisé,  il 
s^Hend  en  plaines  basses  el  sans  bois,  très  rare- 
ment brist^es  |mu'  des  collines  fpie  leur  is<demenl 
élève  en  apparence  h  la  tniile  île  rnoritagiiL\  Il 
nlK>ndi*  en  hu's,  parmi  lesquels  beaucoup  ne  sont 
guère  que  des  demi- marais  ou  mémo  de  sinqiles 
marécages  en  voie  de  devenir  terre  ferme»  comme 
s<Mnble  l'ôtre  tout  ce  qu'on  voit  encore  de  l'an- 
rierine  mor  d'nuiiii|x^g  :  il  a  le  Maniloba.  dont  il 
II.  Rkluh.  La  Tukr  a  rm.  u'ovtkv. 


tient  son  nom,  presque  tout  COuinip^gous  el 
rcJuiriipeg  du  sut!  et  flu  rentre  justpie  près  du 
bù'  degré.  Ses  grfindes  eaux  courantes  (Oiiinipeg 
n  pari)  sont  la  Poule  d'eau,  qui  mène  nu  Mnniloba 
la  surabondance  de  l'Ouiiiipégous:  te  llauphin, 
(|ut  verse  le  Maniloba  dans  le  maître  lac  tiu  pays; 
Ja  ïlivière  Houge,  large  au  plus  comme  la  Seine 
à  Paris,  bien  qu'aussi  longue  qije  le  Rhin  en  fnee 
de  la  mer;  TAssiniboine,  également  très  longue  et 
fort  indigenle  :  on  dirait  la  .Marne,  et  son  cours 
dépasse  celui  de  la  Loire. 

Avec  ce  que  rOjii;irio  lui  a  ravi,  le  Mnnitoba 
comprend  ri8R;»i)<K*i>  beeinres,  où  je  recensement 
de  1891  n*a  constaté  que  )r)n(H)(>  babitants,  dont 
17  000  Français,  presque  lous  des  illanes,  car  les 
Bois-BrAlés,  qui  jadis  en  étaient  les  seuls  babilauls. 
seront  bienti^t  lous  partis  pour  le  Nord-Ouest  ou 
les  Klats  l  nis:  d'aillems  ces  Métis  cullivenl  peu  ; 

K5 


lAAi 


658 


\A    TKRFiE    A    VOL    D'OISEAU. 


fils  (Ig  forntncs  iiomados  el  d**  pi''r*'s  qui  i^Haienl 
à  demi,  ils  prOfi^renl  à  tout  le  canol»  les  rapides, 
la  forêt,  l'avojilure  de  laus  Is^s  jnurs.  y  eùt-il  au 
lioul  la  innrl  dans  une  Ciistade  ou  l'ensevelisse- 
ment sous  les  neiges  de  l'iiiver.  A  peine  û  dans 
ces  dernit-iTs  nnnées  (pndrpies-unes  de  leurs  Fa- 
inillês  (Mil  «-oninieiico  lU*  se  fixer  au  mjI.  Les  Tran- 
çais  se  répandent  peu  à  peu  dans  louti^  la  pro-' 
vince,  mais  ils  n'ont  la  ninjoritô  rpiu  sur  la  Ri- 
vière Uouge  eu  arnotîl  de  la  capitale  el  sur  ses  a(- 
iluents  de  droite  eidre  la  froulière  des  Etals- 
Unis  et  Saiul-Bonilucc, 
leur  arelievéchê.  vis-îV 
vîs  d'CIniriipeg.  Comme 
leui'  langue  est  oiricielle 
au  mAnip  litre  que  Fan- 
glais  dans  tout  rfitnt, 
qu'où  la  parle  à  la  (Cham- 
bre niauitobainc,  <pie  des 
renforts  leur  ari'iveul 
tous  les  jours,  qu'ils  pro- 
liffrrtînl  avec  une  rare  vi- 
gueur, qiï'ils  S4»  serrent 
forleniont  autour  ûc  leur 
ai'chevèque.  qu'enHii  ils 
ont  dans  tout  le  Nurd- 
Ouest  de  vieilles  tnidi- 
tions,  c'est  un  élémetil 
d'avenir,  plus  puissant 
que  son  notnlue. 

L'aceroissemenl  ne  leur 
vient  pas  seulement,  du- 
bonl  d*cux-mtîmes,puis  de 
la  piiivinre  de  tJuMbee. 
ensuite  de  ceux  des  Cana- 
diens des  États-Unis  qui 
jugent  utile,  honorable  de 
ne  plus  vagabonder  cFiez 
les   Yanliees,  d'usine    on 

usine  on  do  ferme  en  ferme  el,  rpii,  rculranl  dans 
leur  immense  patrie,  eboisissent  la  favunte  Prairie 
pour  le  lieu  de  leur  demeure.  Le  croît  leur  arrive 
aussi  du  vieux  jinys,  de  France  et  rie  Belgique, 
QuanI  aui  Maniinbains  anglais  ils  ont  toutes  les 
orif^ines,  Grande-Bretagne,  Allemagne,  Scandinavie, 
Islande,  Russie,  etc. 

La  capitale,  Ouinipeg  (26000  iiab.),  devient  tout 
à  fait  yninde  viller  el  hier  ce  n'était  i(u'un  village, 
ctavant-luer  un  bivouac  sur  le  st.e|)pe* 

Elle  borde  la  rive  gnuche  de  la  Civière  Rouge, 
au  confluent  de  l'Assiniboine.  Vis-à-vis,  sur  la  rive 
droite,  grandit  Suint-Bouii'ace,  arcbevOché  du  iSard- 


tHiest,  métropole  des  Manilobains  français  :  c'est 
exactement  comme  dans  le  Canada,  où  Hull.  ville 
francophone,  regarde  Ottawa,  capitale  polyglotte 
et  surtout  angloplione. 


HcUs  rrançais.  —  £>e5sin  de  P.  ScUicr,  d'après  une  pUoU^rapliie 


Assiniboïa.  —  L'Assiniboïa,  qui  couvre  pi'ès 
<le  lio  millions  d'hectares,  continue  à  l'ouest  le  Ma- 
niloba;  au  sij<l,  il  eoid'ronte  aux  Élats-tnis;  à 
l'ouest,  il  a  l'Alberla;  au  nord,  la  province  de 
Saskntcbèouan.  Sa  rivière  centrale,  la  Qu'appelle, 
pauvre,  sous  des  cieux  Irî^s  sers  et  très  froids, 
court  vers  TAssiniboine. 
tju'appelle,  c'est  un  nom 
bien  singulier,  U*aduc- 
tion  des  mots  cris  de 
KatapaîouFs  sippi  :  jadis 
une  voix  héla  par  deux 
lois  un  Indien  qui  des- 
cendait en  canot,  et  l'In- 
dien ne  sut  point  d'où 
venait  la  voix. 

Cette  rivière  traverse 
de  jolis  lace  dans  une 
vallée  très  profonde, 
.rensée  en  Iranebée  nu 
sein  de  la  Prairie;  fort 
longue,  surtout  par  sa 
torluositê  rare,  elle  n'ai^ 
rive,  au  bout  de  sa 
course,  qu'à  25  ou  50 
mètres  de  largeur  :  c'est 
un  ruisseau,  taudis  que 
Tautre  courant  de  la  pro- 
vince, la  Saskatchêouan 
du  sud,  est  une  vaste 
rivière  qui  a  ici  son 
(t  grand  coude  ». 

(jue  voit-on  dans  le 
naissant  Assiniboïa?  des 
prniries  fertiles,  des  steppes  altérés  que  parcou- 
rent des  rivières  longues,  étroites  et  maigres,  d*^ 
monts  qui  n'ont  que  la  taille  de  collines^  des  In- 
diens ((ifon  essaye  de  tenir  dans  des  réserv(»s,  des 
t'idoiis.  Anglais.  Écossais.  Irlandais,  dispersés  à  l'a- 
venture un  peu  (iart»tnl.  ûoif^  Itois-Brùlésde  langage 
français,  ilos  l'ranco-Canadiens  qui  ne  sont  encore 
qu'en   faible  minorité. 


Alberta.  —  Nommé  d'un  de  ces  noms  de  fkal- 
t^-iie  qui  grilee  aux  Anglais  s'étendent  comme  la 
gangrène.  lAlbcrta  s'appuie  au  sud.  ainsi  qno  le 
Manitoba  et  l'Assiniboia,  sur  le  49*^  degré  de  lati- 


660 


LA  TERRE  A  VOL   D'OISEAU. 


lude,  iiidexible  frontit-re  ou  se  renconlrent  U\ 
Puissance  et  les  Étals-Unis,  du  lac  des  Bois  au 
Pacifu|Uf*.  A  l\)uest,  elle  a  les  lloelieuses,  qui  la  sé- 
]iarenl  de  h  ('(duuilfie  :in;,Haise;  au  nord,  la  |iru- 
vince  d'AUiabaska;  ci  IVst,  celles  de  Saskatchêauan 
el  d'Asainiboîa.  A  ruccîdent  monlagtie,  à  l'orient 
prairii'  mêlée  de  steppe  et  foivt»  elle  possède*  eu 
ses  belles  vallées,  dans  ses  «  inonis  du  Sitleil 
couchant  *s  les  sources  des  torrents  éternels  qui 
font  la  SaskaleliêDuan  du  sud,  la  Saskatchéouan  du 
nord  el  TAlliabaska.  mère  du  Maekenzie.  Grande 
de  20  millions  d'hectares,  elle  ne  livi-e  encore  ses 
trésors  qu'A  bien  peu  de  Blancs,  gens  de  langue 
anglaise  et  Canadiens- Fnuir^nis  lenlenieiU  aug- 
mentés; ces  derniers  se  ^^roupeiil  surtout  le  long  de 
la  Saskatchéouan  du  nord,  près  de  Saint-Albert, 
siège  dY'\éché. 

Athabaska.  —  Cette  province  encore  h  peu  près 
vide  prulonge  au  nord  TAIberla  sur  lu  livière 
Athabaska,  sur  la  rtvièrL'  do  la  Paix,  sa  rivale,  el 
sur  un  nombre  infini  de  Incs  el  torrents,  du  o5* 
au  60"  degré  de  hilitude;  h  l'ouest,  elle  confronte 
à  la  Colombie  anglaise;  au  nurd,  à  l'est,  elle  a 
pour  limite  Il-s  Terres  vagues,  non  eneure  décou- 
péos  en  ÉtaLs,  et  peut-être  incapables,  vu  leur 
climat,  de  devenir  jamais  des  provinces  peuplées. 
L'AtIuibaska  est  encon»  presque  sar;s  Blancs  malgré 
ses  52  millions  d'hiictares  :  il  n'y  a  ï;h  el  là  que 
de  rares  familles  de  Franco-i^anadiens,  des  Bois- 
Brùiés,  des  tribus  d'Indiens. 


Saakatchéouan.  —  30  millions  dlieclares, 
prairie,  steppe,  foret  et  roche  des  Lïïurenlidi's,  les 
deux  Saskatchéouan  el  le  lleuve  qu'elles  (btit  eu 
s'unissant,  le  nord  de  rOuinipégous  et  de  l'Ouini- 
pi'g,  une  partie  du  rours  du  Castor  (Deavei-jjjranche 
du  Churchill,  c'i'sl  le  h>l  de  la  province  nou- 
vellemont  née.  Sauf  ses  Indiens,  elle  porte  encore 
peu  de  monde,  mais  les  rolons  s'y  portent  jiar  mil- 
liers. Les  Canadiens-Français  y  ont  une  forte  assise, 
sur  le  bas  de  la  Saskatchéouan  du  sud,  ou,  conuue 


ils  disent,  de  la  fourche  des  Gros  Ventres,  autour 
du  bourg  de  Baloche.  Compris  entre  lAssiniboia 
el  le  Manitoba  au  sud,  l'Alberla  à  Touesl,  cet 
État  touche,  à  l'est,  le  territoire  du  Keewalin. 


Keewaiin.  —  Le  Veut  du  Nord  '  renferme  des 
tenvs  dures  et  rebelles,  même  au  sud,  sur  des 
plateaux  des  Lnureiitides,  tnndis  qu'au  nord  du 
Nelson,  puis  du  Chureliill,  pèse  un  ciel  barbare- 
menl  froid.  Ayant  au  sud  le  Manitoba,  au  nord  il 
va  ïhéoi'iqufment  jus(iu'au  Pôle;  à  l'occident,  le 
100"  do^ré  de  lougitude  0.  de  Grcenwich  le  sé- 
pare des  Terres  vagues;  à  l'est,  la  baie  d'Iludson 
Imt  ses  rivages;  au  sud-esU  il  louche  aui  terres 
nouvellement  rerues  en  don  par  la  proviuce  d'Où- 
tarîo. 

Apre  uHtnre,  âpre  climat,  le  n  Vent  du  Nord  » 
est  condtimné,  semble-l-il,  h  n'avoirjumais  qur  peu 
de  champs,  peu  de  villes,  autour  de  quelques 
lacs,  dans  ((uelques  vallées  abritées,  el  seulement 
au  midi  du  pur  Chui'cliill  ou  de  l'impur  Nelson. 
Ce  pays  étant  un  séjour  très  dur,  sa  culture  plus 
qui*  difïicile,  on  peut  Tallribuer  d'avance  ù  l'élé- 
meiit  franco-canadien  de  la  nation  confédérée,  car 
cet  éléniL-nt  est  le  seul  qui  s'attaque  aux  sols  in- 
grats el  s'acconunode  sans  murnmre  à  la  pauvreté. 


Terres  vagues.  —  Les  Teires  vagues,  Maekenzie, 
haut  Yoiikon,  lacs  eflacés  pentlant  neuf  mois  par 
la  neige  qui  couvre  la  glace,  steppes  arctiques, 
îles  polaires,  il  y  a  là  des  centaines  de  millions 
d'hectares  qu'on  n'a  pas  divisés  en  provinces,  et 
qu'on  ne  divisera  pas,  sauf  peut-être  h  Test  de 
l'Ktat  d'AthalKiska,  an  nord  de  celui  de  Saskat- 
chéuuan,  le  long  du  <-liunhill  el  de  ses  aflluenL^. 
Ce  saint  des  saints  du  Nord-Ouest  restera  le  dernier 
asile  des  Indiens,  des  trappeurs,  des  Métis  cana- 
diens descendant  les  rapides  en  chantant  quelque 
vieille  chanson  de  France  :  A  la  claire  fontaine, 
—  Ihttli.  roulant^  ma  buitle  roulant^  en  roulant  ma 
bouhj  et  tel  aulre  refrain  des  «  voyageurs  u. 

1-  C'est  ce  qu«  si|;£iilic  le  nom  tudioo  de  KtïewaU'a* 


Cm.OMniE    AISGLAISE. 


ni'.i 


^::J  ^ 


mi^ll 


biOi  U  ColouUiiti  aiitjljiMi.  —  Desâiu  de  Leitcb»  d'apn-a  uu  cioquu. 


COLOMBIE  ANGLAISE 


I 


I 


Climat  doux.  Entassement  de  montagnes. 
—  A  In  lôte  des  rapulos  rivioivs  forinanl  l'une  et 
l'autre  Saskairhêounn,  l'AllKihyska.  la  Wih,  des 
culs  entaillent  les  monts  hoisés»  liniilri  de  iO(lO  h 
plus  de  ÎjOno  nii'tres,  polaires  .'i  leur  Hiile,  qui  mar- 
quent le  divorce  des  eaux  etitre  la  l»aie  dHudson 
et  le  («rand  Océan.  Dès  qu'on  roniineiice  à  descen- 
dre il  Touesl,  avec  les  torrents  qui  fuient  vei^s 
le  rivage  de  lu  plus  ample  des  mers,  ou  voit 
combien  ce  penclMul  de  rAniéri(|ue  anglaise  a 
d'avantage  sur  l'autre  :  abrité  par  le  uioîtt  «ontre 
les  froids  qui  rtoufllent  <)u  Pôle,  il  boit  par  tous 
ses  valions  rituniiditè  du  Parirrcpie,  vi  par  la  vertu 
des  pluies,  il  est  brumeus»  numilK^,  rmtrose, 
mais  bien  autrement  Itède,  à  mêmes  laliliubs,  h 
mêmes  hauteurs  de  sol,  que  les  |)laines  du  Nord- 
Ouost. 

I^ir  malheur,  la  Colombie  anglaise  est  faite  d'un 


tel  entassement  de  grands  monts  abrupts,  ello 
n  tant  de  plateaux  très  élevés,  si  peu  de  larges 
vallées,  que  la  terre  apte  à  la  charrue  n'y  fait  pas 
le  dixième  du  pays.  Certes,  peu  de  eantrèes  peu- 
vent se  mesurer  avec  elle  pour  la  sfdeiuliMir  ties 
liorcls,  le  nombre  des  lacs,  la  subliiiiilé  des  ca- 
gnons,  la  rapidité  des  torrents.  Par  ses  p;Uts,  ses 
métaux,  ses  vastes  forêts»  ses  eaux  vivantes  et  vio- 
lentes, elle  va  devenir  un  Étal  de  pasteurs,  de  mi- 
neurs, de  bûciKTons,  de  marins  et  d'usiniers,  mais 
il  \u:  semble  |ias  qu'elle  art  dans  son  destin  d'éton- 
ner nos  pelils-iieveus  par  la  fertilité  de  ses  sillons 
et  par  le  nombre  de  ses  habitants.  C'est  justement 
au  nurd-est  t|u*elle  possède  le  plus  de  sol  de  la- 
bour, là  même  où  le  ciel  a  le  moins  de  pluies, 
le  plus  de  rigueur,  dans  les  bnssius  de  la  Pnix  et 
de  la  l'ivière  aiii  Liards,  \rainienl  externes  à  la 
Colombie  anglaise  — mais,  par  suitf  de  loin'  pas- 


<)ti'2 


LA  TEKUE  A   VOL  IVOISEAtl. 


Hioii  jiuur  l;i  ligue  dri>iLL'.  pou)-  la  figure  gùorrit^tri- 
t\m\  les  Auxlais  oui  dùcidé  {|ue  \v  l'2U*  Lle;^iv  de 
long^itudi*  .'i  l'oupsl  de  GrocMnvicli  diviscniit  l.i 
Colombie  cl  le  Nord-Ouest  à  pni'lir  du  point  où  ce 
dcf(ré  coupo  les  nochcuses.  Et  (!*c.st  ]MHir<|iJ<)i  les 
«8-iÛÛOUO  hectares  do  «  l'Élnt  du  Pyciliijue  »  ne 
sont  pns  lous  sur  le  versnnt  de  eel  (ïcV'»ti  rruyeiir. 
De  nii^nu',  au  nord»  c'est  uiicoro  un  de^nV-,  le  fiO'- 
de  longitude,  qui  sr'jmre  lu  r.olondiie  et  le  Noi'd- 
Oiiest  par  une  ligne  inflexible. 


Le  Fraser.  Belles  forêts,  flords,  lies  inuom- 
brablee. —  Un  ileuve,  le  Fraser,  rugil  superbe- 
rnenl  d.uis  les  cognons  de  celte  contrée  riche  par 
■?es  nnnea,  par  ses  foréls  sans  fin  d'arhies  >i  grands 
(pi'on  y  taille  des  canols  pour  cent  hommes,  par 
SCS  rivages  infiniment  frangés,  suite  de  promon- 
toires, d'inlets  ou  fiords,  d'ilcs  si  nombreuses  qu'on 
en  conipfe  au  muins  vingt  mille. 

Il  a  bien  1200  kilomètres,  jamais  eu  plaine 
excepté  vers  son  embouchure,  toujours  en  vallée 


Sur  lo  Frafer.  —  Dessin  do  Leitch,  d'api-ûB  ua  croquis. 


serrée  ou  en  sombi*cs  dcfdés  souvenlefois  telle- 
ment [)ri'ssés  entiv  rocla^s  que  la  grande  crue  d'été, 
conipejisaiil  res[>ace  pni^  la  vitesse,  les  descend  lï 
ndson  de  25,  50,  el  ïnême  5:3  kilomètres  pnr 
heure.  Il  ne  forme  fiucun  Léman,  mais  il  y  a  des 
milliers  ile  lacs,  grands  ou  petits,  sur  les  torrenis 
qui  sontieniienl  son  cours,  nDU  moins  que  dans  les 
autres  bassins  ile  la  province,  au  nord-esl  sur  les 
bramhi's  mèrrsde  la  l*aix,  à  Touesl  sur  les  llcuves 
côlicj's.  au  sud-i'sl  dans  le  bassin  de  la  (Colombie 
ou  (ïrégon,  puissant  courant  tjui  se  continue  et 
s'achève  tliiiis  les  Élats-l'nis. 


Ce  n'est  pas  sur  le  Fraser  el  la  Colojiibie  que  le 
ciel  fond  éternellement  en  eau:  quoiipjc  à  l'ouest 
drs  llocheuscs»  (;es  tieux  lleiives  ne  reçoivent  point 
toutes  les  nuées  de  rOcéan.  Une  chaîne  de  000  ù 
iSUÛ  mélres,  la  Coast  Itange  ou  Rangée  liltorale, 
arrête  les  vents  sur  la  route  entre  mer  el  Hochcu- 
ses.  el  les  ondées  sans  lin  sont  \ntuv  les  fleu\es 
côliei's»  en  face  de  Vancouver  el  des  îles  de  la 
Rein*>Charlotte,  ou  vis-îUvis  de  la  vague  fruncbe; 
elles  sont  pour  b's  proForuis  estuaires,  les  vingt 
mille  iles,  les  pins  et  sapins  géants.  —  Au  sud  de 
la  Puissance,   dans  le    Washington,    l'Orégon,    la 


COLOMBIE  ANGLAISE. 


6155 


La(ift)mic  seplontrionnln,  nno  cliaîne  cAli»>rfl  con- 
fisqiio  aussi  pour  uno  grande  part  les  pluies  Ju 
I\iciliquG. 

Colombiens.  Indiens.  Le  chinouk.  —  Il  y  a 

livnU'  iuis,  lies  sU[)erjdiès  de  la  (!orti[KijiiiiL*  de  la  h:iie 
d'Iluiison.  quelques  vieux  Irappi'Uis  l'eliivs  el  de 
1res  rares  avenluriers  représenliiienl  seuls  ici  la 


race  des  Blancs,  pure  ou  m*^Ussée.  Jusqu'à  ce  jour, 
malgré  ses  raines,  son  air,  ses  eaux,  ses  bois,  ce 
pays  n'avait  pas  la  croissance  touTlue  des  colonies 
anglaises;  il  n'en  es!  plus  ain^i  tlepuis  que  le  <'lie- 
niin  de  fer  dti  Pacifique  ratluehe  le  fletive  Fraser 
au   lleuve  Sniul-Laiirenl. 

Le  recensement  de  1891  y  a  découvert  une  cen- 
taine de  mille    habitants,  dont  55000  Indiens,  le 


A 


'r.- 


■'^/"■.M^ 
^*\'^^ 


■r<r. 


L**s  tnrJiiAri  i\u  Fr\*»'r.  —  lW>sin  <lo  B'-llol,  a'a|ii'i'»  un  rroqins. 


reste  An*»lnis.  ïlcossais,  Irlandïiis,  rhinois.  Cana- 
diens-Français; l'iniinigration  des  (Juébecquois  ne 
reiiforcfl  encore  que  ti'ès  |m;u  ce  dernier  êlèmenl, 
ici  hicn  êloi*;iiê  de  son  lieu  de  sèvpct  suivant  tou'e 
vmiseinl)lanc(>,  il  n'y  aura  jamais  ici,  <levant  le 
Gnind-Oce.in,  qu'une  petite  avant-garde  de  Farmée 
des  «  Jean  Hnpiisles  u  qui  ne  francliiia  jamais  la 
(iivwHlt'-Ittirlicuse  ;  Irn  Chinois,  quon  ;ilduirTe,  aug- 
mentent, mais  Irnlement.  (Juant  aiiï  Indiens,  llai- 
dalis,Seccanais.ChemniesyanïiJlillacDnlas,naîlLsas. 
Noutkans,    Selielies,    Koulanis.    Tukalis  ou    For- 


leurs,  etc.,  ele.,  ils  nppartTemn*nt  (presque  tous  à  la 
Vtïco  des  Drm'djindit'.  iK-nis  IritJ's  ivliilions  iivrc  les 
Enr(»p*'îens,  ils  se  servent  encore  d'un  singulier  jar- 
{îon,  le  rliinouk.  fait  de  mois  Français  lorlun-s» 
de  mots  an^dais.  de  mots  indiens,  avnc  prédomi- 
nance de  P^K^meut  français  apporte^  depuis  plus 
longtemps  que  Fanglais  pr  «  les  voyagfiui*s  i>. 

Vancouver.  —  Vis-ft-vis  du  delta  du  Fraser  et 
d  une  inlinitt>  de  sounds  el  d  inlets,  entre  le  i8*  el 
le  51'  degré  de  latitude  (ou  à  jmhi  près),  Vancouver 


6G4 


LA   TEURE   A   VOl  D'OÎSEAU. 


est  sépîirée   de   h  cAle    frniio  par    une  manche 
ètruile  encombrée  il'.iirliîpi'ls. 

Celte  île  a  450  kiloiiièlres  <le  longueur  sur  GO  à 
80  (le  largeur,  et  4  144  000  lu^claivs  entre  des  ri- 
vages escarpés,  sauvages,  bi'umeux,  tout  en  rocs 
et  en  sapins  ;  et  l'inténeur  aussi  n'est  (\uv  bois 
et  roches,  monts  et  Incs,  avec  fleuves  A  rnpidcs 
conlinuôs  par  clos  iîords,  iialuce  d'une  l^ï^te  r| 
monotone  grandeur. 

Nul  névé,  nul  glacier  n'y  hiaucLil  la  iiionlagne 
noirriniMit  sombre  :  plu- 
sieurs de  ses  cimes  attei- 
gnent pourtant  ou  dépas- 
sant S.'ïOO  mètres,  sous  un 
climaLlrêshuiniJc. 

Les  colons  ne  gagneront 
g:uère  à  cou  cl  le  r  a  u  ra  s 
du  sol  la  foret  qui  couvre 
tinilr  l'île.  Vancouver  man- 
que de  terre,  de  Icrrenu, 
d*alluvious;  ce  qui  fera  sa 
force,  ce  sont  les  mines,  la 
houille,  les  hoiSf  les  pô- 
cheries  du  rivage,  le  pois- 
son des  torrents  et  des 
lacs,  les  ports  excellents, 
le  ciel  doux,  saluLi-e,  pres- 
que ^rn-v  neige  en  hiver, 

Vietoria,  capitale  non  seu- 
lement de  Vancouver,  mais 
aussi  de  toute  la  Colombie 
anglaise,  a  17  000  âmes. 
Vancouver»  ville  née  en 
queli[ue»  années,  sur  le  lit- 
toral de  la  terre  ferme,  en 
face  de  l'île  dont  elle  porte 
le  nom,  en  corn  pie  -ioCOO  : 
éblouie  de  sa  subite  croissance,  cîlc  prétend  deve- 
nir un  nouveau  San  Francisco. 


souflert  encore  de  Tavarice  affamée  des  DInncs, 
mais,  malheureusement  pour  les  Indiens  Haldnlis 
qui  en  sont  aujouid'hui  les  seuls  tenanciers,  les 
deux  grandes  îles  de  Tarchipel,  Graham  et  MoresLy, 
renfei'menl  des  mines  de  divers  métaux,  surtout  de 
cuivie,de  l'anlbracite»  de  superbes  forêts  de  grands 
résineux,  des  ports  de  respécc  des  ûords,  amples, 
abrités,  maguiflques. 


Indiftfrne  de  l'Ho  do  V.mcouvor. 
t)MsIii  de  WJiyrtijipr,  il'aprèB  uhl»  phatographi». 


Iles  de  la  Reine-Charlotte.  —  A  â^O  kilonié- 
Ircs  environ  au  nord-ouest  du  cap  le  plus  septen- 
trional de  Vancouver,  sous  les  5ti''  et  55"  degrés, 
c'est-ft-dîrc  non  loin  delà  limite  où  les  îles  mêmes, 
devenant  trop  froides,  refusent  ici  i\  l'honmit!  le 
fromeiil  dont  il-faît  son  pain,  l'arcbipel  de  la 
Reiiu?-Charlolte  bui^nic  dans  un  climiit  fort  doux, 
et  on  le  dit  plus  riche  que  Tlle  de  Vancouver  en 
sols  généreux. 

Ce  semis  d'Iles  montueuscs,  boisées,  n  a  rien 


Toutes  ses  terres  vagues  réunies,  tous  ses  blocs 
de  rocs  cnglacés,  toutes  ses 
provinces ,  hormis  Terre- 
Keuve.  la  Puissance  a  809 
millions  d'Iiei^tares  avec 
4  820  411  haliitants,  dont 
plus  de  1  450000  et  moins 
de  inOOtlOO  Français;  im- 
possible de  le  dire  au  juste 
à  cause  des  erreurs  invo- 
lontiires  ou  des  malversa- 
tions du  recensement  qui 
n'en  a  compté  quel  415000: 
erreurs  tellement  éviden- 
tes qu'on  a  promis  de  les 
reviser. 

Écossais,  Irlandais,  Alle- 
mands, vont  s'absorbant 
dans  l'Anglais,  tandis  que 
le  Canadien-Français  pousse 
devant  lui  sur  toutes  ses 
frontières  lu  foule  agitée  des 
anglophones;  mais  la  pous- 
sée de  notre  élément  perd 
beaucoup  de  sa  vigueur, 
par  suite  de  l'émigration 
insensée  vers  les  Étals- 
Unis.  Puysiins  libres,  gais, 
fiers,  ils  deviemient  en  Nouvelle-Angleterre  au 
jour  le  jour,  des  ouvriers  esclaves  des  manufactu- 
riers insolents  au  Heu  de  conquérir  au  moins  le 
Canada  d'OrienI,  avenir  qui  leur  semblait  promis, 
ils  préfèrent  élre  conquis  jjar  les  miniers  et  les 
niarrhands  de  Massarhuselts. 

lU9IOt)0  sont  ealholiques,  le  fi^ste  se  parta- 
geant entre  une  légion  de  sectes  protestantes,  qui 
son!,  à  partirdela  plus  puissante  :  les  Méthodistes, 
les  Presbytériens,  les  Anglicjns,  les  Baptisles,  les 
Luthériens,  les  Congrégatioualistes,  les  Disciplw 
du  Christ,  les  Frères  Moraves,  les  Advenlisles,  les 
Quakei-s,  lesUniversalisles,  les  Unitarieu3,elc.,elc, 


ÉTATS-UMS. 


Obj 


SouicL'»  da  Aldiiiinuulb.  (Voy.  p.  668.)  —  Nsciu  do  E.  Riou,  d'apii»  uuo  pliolugraphie. 


ETATS-UNIS 


Fondatiou  des  États-Unis.  —  ApriH  los  Scan- 
dinaves du  Groenland,  les  preiniei*s  EurojK'ens  qui 
s*ûtal)lir(>nl  sur  le  rivaj^eoù  vivtMil  les  »  Ynnkt'es  '  « 
&e[»lerilriou;iu\  funnit  des  |)tM*lieuj^  de  Itristol, 
\erîi  n»07  ou  1608;  innis  effrayés  par  la  rigueur 
de  l'hiver  américain,  ces  Anglais  repartirent  aux 
licaux  jours  pour  lour  vieille  Anglelurri'. 

l.  Nom  rniimnt  des  Amériraiiiit  du  NonI-  CVst  In  romip- 
lion  (lu  mot  <  l^tiplislt  f.  AiiKlai^t  :  les  ln<lions  <iii  Mossiirliii- 
sels  pnïnoi»c»foni  «  Ynnjjliis  ».  mol  qiioU's  llollsndnis  rit-  riluil 
s(in,  hatiiltu's  aii^  <'n(i«nnn(*s  iltiriv<,  tron^romiriviil  eu  rrlui 
dr  «Yftnkt»».  i>  ikhik  fwilnvpirl  dt*d.iipirtix  dnirs  lii  Upiirlir 
des  «  IhiiLNch  b.  [\\i\ji  diiii^  l'rlU-  di^s  solduts  nii^'InU  lofâ  de 
la  f^crrc  de  riiid^peiidiiricf.  tsl  resté  uni  Aiiienr&in»,  et 
plus  spécialiMiicnl  aux  cens  de  la  >o(ivHle-Augletrn*e. 

0.    tlfiCtUS.    Ik   TtliRC    k    VOL  ^'OKKAU. 


iVesque/i  h  même  »p>que,  une  centaine  d'Imni- 
nies,  Anglais  aussi,  débarquèrent  dan»  une  île  de 
ta  c<Me,  aujounl'hui  vir^iiiit'iiiie,  on  le  fleuve  Janu^ 
arrive:'*  la  mer.  T.cs  pioiuiircs  haiigitientêrenl»  len- 
leiiieiit  d'ahoi-d,  puis  aceélêréiricnt.  d'éléineiits  tr^a 
divers  :  gens  venus  de  leur  plein  gré.  Iwinnis  de 
ta  niélro|>ale,  criminels  aclietés  aux  enchères, 
frmnies  vendues  pour  quelques  livres  de  (altae, 
en^'agés  qui  élaiont  de  vériljddes  esclaves.  Plus 
Ijird  vinrent  les  Cavaliers,  nobles  fuyant  la  Hé- 
puhlique,  niait ri:sse  en  Angleterre  depuis  la  décol- 
ktion  de  leur  roi.  Kntin  la  traite  des  Noirs  aineii.i 
des  Africains  sur  ce  rivage  pres<|ue  (<»rride,  où  le 
liavail  en  plein  soleil  est  1res  dur  aux  Blancs. 

M 


60fî 


(.A  'ri:ia;i-;  a  vol  d'OIseau. 


An  nonï  ifii  IfUonil  virginicn,  li's  llolliiiKlais, 
iûovs  ihws  (mile  leur  fii'ur,  sVlahliiviil  l('  luiig 
du  IleiJve  lluiisoii,  i\  (wu'lir  île  1615.  Lmir  lïourg 
d'Oran^a»  est  (it-vi-nu  Albatiy;  Nt-w-Yoïk  sjdciiilil 
niniiiteiinnt  fi  la  phict'  de  liHir  Nuuvtilltî-Anistt'idiiiii. 
Krtute  dL'  c*)loJis,  Ivui'n  coloiiii-s  ii'av;iitMi(  t'iu;i>rt! 
fu  iCnri  (jue  20(10  porsomios,  dtîs  Nûfrhimiais, 
drs  Fl.iTM.iiidâ,  des  Wallons  auxquels  se  joigniretit 
di's  Ilu^aieiiols  di'  FiaiJi'd  ni»rvs  la  ri»v(ic;tliori  dv 
l'i'dil  do  NanU's  :  loulffiiis  ce  fui  seult'iucnt  vtïrs 
[700  que  la  lnngii(»  anglaise  prit  lo  pas  sur  la  liol- 
linidaisi'  ;\  New-York.  enlevVe  à  ses  Pondiileurs  \n\v 
l'Angleterre  di*|iuis  déjà  Irente-six  ans. 

En  lfi:20.  le  rodicr  de  New-Hymoulli,  au  nord 
de  New-Yurk.  reeni  \02  Ant;lais,  des  Purilaiiis,  las 
d'une  jKtU'ie  où  leur  seeU»  étnit  |iei'sèrutée.  Ces 
liomnies  et  ceux  qui  les  suivirent  jetèrent  la  prin- 
cip.ile  senienre  de  \a  nalicm  dont  li  croissTnce  nous 
etotme.  Ils  se  Axeieiit  tout  au  lon^,^  du  rivaj^e,  i\ 
'  Voneni  des  Alle<i,difmies^  duEis  un  pays  tr^s  arrosé, 
très  Iroid  en  Ijîver,  très  rli;iud  on  été,  auquel  ils 
donuèn'iille  nonide  NtKivelle-AîijU^leîerre.  Ils  avaient 
rthi(»rgie  de  leur  temps,  ril[)reté  de  leur  foi  ;  ils 
dèrj'ichèretd.  ils  biiUivul,  ils  essainiêrenl.  Li  can- 
ïrée  de  Boston  (uï  eelle  qu'ils  enifdirenl  de  [nv- 
réreiiee,  en  iriérne  lenï[>s  que  hi  Permsylvaiiiet  con- 
trée lïjonlagiicuse  dont  les  fourafils  d'eau  se  par- 
tîigcul  entre  l'Athudique,  U'.  Jac  Kriê,  l'Ohio  qui 
eourt  vers  le  toiutaiu  Mississifipi.  Trente  ans  après 
l'arrivée  des  l'urilains  à  New-Plyiuoulh,  il  y  avait 
déjà  dans  la  Nouvel le-AngletejTe  4000  f;nuilles  an- 
glaises, faisant  21  000  personnes,  dont  prorèderit, 
nous  iissure-t-on,  [dus  de  Iti  [oillioiis  de  Vatdvees. 

[>ans  le  défrichement  des  vallées  pennsylva- 
niennes.  les  An^lain  Turent  [uiissartnr»en]  aidés  par 
les  Alleniatids,  dont  le  sang  (rH)n  jias,  lanl  s'en 
faut,  la  langue)  est  aujourd'liui  eelui  de  (dus  <le 
8  millions  de  Yankees',  sur  plus  de  (J2.  H'aulres 
enfants  du  Noitl  élnient  égaleMient  aeeomus  vei-s 
ces  |)arages  :  des  Suédois,  reprenant  sans  s'en 
douter  le  clieniin  de  leurs  pères,  avaient  colonisé 
les  [ireniierïi  le  New-Jersey  et  \i\  lïelavsaro.  non  loin 
dn  lillor.il  découvert  en  Tau  mille  pîir  rislaudîiis 
Seîf,  (ils  d'Lric  le  ïîouj^e  ;  ces  Suédois  avaient  avec 
eux  quelques  Finlandais. 

Les  pivrniers  jt^ratids  renforls  etïvoyés  par  la 
niélrupide  arrivèrent  après  1640;  la  Pennsylvanie 
reçut  Penn  et  ses  Quakers  en  l(J82;  la  race  leu- 
lotine  débarqua  pai-  handes  à  [fai-tir-  de  1700,  et  de 
[dus  en  plus  les  négriers  atnenaienl  des  Nègres 
ein[>ilês  à  mori  dans  les  navires  :  bref,  il  y  avait 

l    1^'uutjvb  disent  iiii^iiic  \1  miltiuns. 


eu  17r»0  bien  prés  de  i  200  000  ;>mes  dans  la  Nou- 
velle-Angleterre et  dans  les  provinces  méridionales, 
Virginie,  (^iroliue  du  Nord  et  du  Sud,  Géorgie^ 
Aidés  par  rAiiglHerre  (la  mer  nous  élanl  liostile)J 
c'était  assez  pour  écraser  la  Nouvel le-Fr;un'e,  vingt 
fois  [ilns  faible  :  b-s  Canadiens  furent  battus,  une 
seule  l'ois,  à  (Juébec  (1759),  après  li>â  plus  belles 
victoires,  et  cette  défaite  chassa  du  Saint-Laurent 
les  Français. 

Uuebjues  annéi's  après,  vers  1772,  une  question 
de  douane  irrita  celle  race  impatiente.  La  guerre 
éclata  (177(1)  ruUv  la  undropide  et  les  Ireize  pi'o- 
vitices  qui  conqiosaieut  abjrs  la  robuiie.  Lm  France 
prit  parti  [lour  les  rebelles.  Par  nous  ils  Irioniphé- 
leid  l't   leur  iïulépendance  fut  reconnue  en  i7SI. 

Pas  plus  que  nous,  gens  du  Vieux  Monde  aux- 
quels la  Fable  seule  iit  jadis  ce  présent,  les  AniéH 
ricains  anglo[ïhoni^s  qui  saluent  orgueilleusement^ 
la  lîannière  étoib^o  n'ont  cliez  eux  le  lleuve  de 
réternelle  innnénioire;  mais,  sans  boire  au  Lélhé, 
les  Yankees,  après  cent  années  à  peine,  ont  aussi 
peu  gardé  le  souvenir  de  notre  ardente  amitié 
que  si  mille  et  dix  mille  ans  avaient  traîné  la 
lierso  de  l'oubli  sur  ces  généreuses  batailles. 

Depuis,  rien  n'a  contrarié  la  croissance  des  Fiais- 
lïiis.  hannexiiuis  en  annexions.  b\s  voici  quatre 
fuis  plus  grands  ipiau  jour  de  leur  délivrance. 

En  1805,  Bonaparte,  premier  consul,  leur  vendit 
pour  KO  millions  la  Louisiane,  c'esl-â-dire  les 
jtays  de  rininiense  Mississippi. 

Mn  1821,  l'Espagne  leur  abandonna  la  Floride. 

1845  leur  (ît  don  ibi  Texas,  supérieur  en  gnn- 
deur  à  la  France. 

18i0  leur  apporta  l'Orégon;  son  fleuve,  ses  su- 
perbes foréls.  Eli  IS48,  le  Mexique,  vaincu,  b'ur 
donna  rilali,  le  Nouveau-Mesjqne,  la  Californie 
spleudiile;  plus  tard,  il  céda  l'AnzoDa.  Enlin  la 
llussîe  leur  .i  livié  pour  sept  millions  de  dollars 
les    IndiiMis  gndotlanls  d'Alaska. 

Iront-ils  an  delfi,  maintenant  qu'ils  n'ont  plus 
autour  d'i'ux  des  horizons  sans  Vm  de  leri-es  vidi's? 
Au  nord,  le  Canaila,  b)*r.  prospère,  assis  en  avant 
du  Pôle,  conunerice  à  dresser  un  IVnnt  rival;  pres- 
que grand  comme  l'Europe,  il  îmttpathise  avec  les 
Fbiïs -Fuis  par  un  de  ses  maîtres  éléments.  Au  sud, 
le  Mexique,  sauf  quelques  Étals  secs  à  demi  saha- 
riens, est  un  pays  jïeuplé,  fait,  ayant  sa  religion», 
sa  langue  sonore,  ses  antiques  traditions,  ses  n*! 
sfnliîuenls,  ses  «colères,  sa  puissatde  inertie. 

Ini^'iieure  à  trois  dominalions.  à  l'empire  .\n- 
glais,  à  lu  liussie,  h  la  Chine,  mais  plus  vaste  qu<*- 
di'u\    autres,   la   Puissance  et   le  Brésil,   l'Fnion, 


f:TATS-UMS. 


667 


Brlinni  ^uv  î)21  iiiillioris  *rin'rlnri*s.  soil  plus  lit* 
(lix-:iejil  fois  Lt  Ijaiii'o.  el  le  (liMidiiilni'iiifiii  tle 
181>l  a  reconnu  près  de  03  iiiiilioiiïi  (i'juties. 
Tiois  [Mvs  seulement  sont  plus  peuplés  :  la  Cliine. 
riiule.  la  Itiissie. 


I 


I 
I 

I 
I 


Alleghanîes;  fleuves  et  lacs;  houille  et 
pétrole.  —  l/Iùiropôeii  (|iii  HlmnJe  en  Nutnelle- 
Anfîlelerro  voit  à  l'Iio- 
rizon  les  arèles  «les 
Alleghanios,  i'I  de  l.i 
rôk»  il  arrive  en  quel- 
ques heures  dans  leurs 
valliVs  fnreslières  où 
les  rt^sineux  se  nirli'ul 
aux  arbres  à  feuilles 
caduques,  le  long  do. 
rivières  qu*'  r.Vrnéri- 
raiii  du  Nord  tu*  laisse 
poinl  couler  sans  les 
asservir  h  (pielque  lia- 
vjiil.  Aux  ÉLals-L'nis, 
on  navigue  ^ur  toules 
les  eaux  navigables, 
on  eneliaîne  lous  les 
crtïirants  assez  foils 
pour  mi'ltre  une  usine 
en  brînile,  et  souvent 
les  barrages  sont  inn- 
liles  .  presque  lonles 
les  rivières  allèy;]ionien- 
nes  lundi.inf  dans  leur 
val  inférieur  par  de 
hautes  cascades.  Des 
villes  <rusini*s.  ^uv^^■ll , 
Lawrenre ,  M;in(hesfer, 
|*alerson  »  l'awfiïrkit  , 
Hi('liiin>rid,  Itoehester. 
el  eenl  antres,  doivent 
leur  existence  à  des 
sauts  de  tonvnts.  Si 
l'on  nlilis.'iil  toute  leur 

pente,  les  eauï  du  seul  Klal  du  Maine  leraienl 
autant  de  travnil  ipn'  vin^t-qualre  nsillions  d'rui- 
vriers  dans  ht  foire  de  liigi*  occupés  de  la  pre- 
mière à  la  dcrnièra  des  vin^'l-qualre  lieures  du 
jour, 

3044  mètres  tout  au  sud,  là  où  elles  s'appellent 
|duliM  les  Apnlaelies  .  \*J\1  Uui\  ;ni  tti^rd.  là  ou 
elles  ïi'apfiellent  MonIs-lUaruvs,  les  Alleghanies  sont 
de  taille  moyenne,  presque  petites,  (iraniliques  au 
septentrion,  dans  le  Maine,  le  Ne^-Hatufibliire.  le 


Un  iMin  atix  sources  du  MammouUi.  —  fkïuiii  de  E.  liiou 


Verrnont,  h»  New-Vork.  cjraniliques  étralenienl  au 
UM'cidimi,  etj  (lartdîne»  (ienr^ie,  Alabnina.  l'Iles  aji- 
fiarliennent  aussi  heau**oup  au  calcaire,  à  lu  craie» 
et  le  parallélisme  de  leurs  noinhreu:*;  elnnoons  les 
(ait  ressembler  singnlièrenu-nï  h  nuire  Juia.  t'es 
irhainons,  on  les  a  comparés  h  des  traînées  de 
cljeiiilles  rampant  cÔle  A  côte. 

Entre  deux  de  ces  rangées,  Adirondack  et  Monls- 
Vi-rls.  an  seuil  du  l«i- 
na<la,  le  beau  lac  Cliani- 
pl.tiru  lérn(*iri  des  bra- 
viinres  di'  Mt>ntrjilin.  n** 
domine  les  mers  que 
de  27  mèlrna;  il  a 
ynO  kilorm'lres  de  long, 
avec  uni'  lar«ieur  inllnî- 
ment  variable,  de  ipiel- 
ques  centaines  de  me- 
Ires  à  ^.'t'HïO;  sa  lim- 
pidité de  llul  es(  ailmi- 
lalile  :  on  mjîI  le  frmd  A 
ôlî  et  rnénie  <îO  joeds 
dans  ses  eaux  sincères 
on  la  sonde  deseentl  n 
120  mélres.  Sur  ses 
i'ivagea,  des  rolonies 
earïndiennes  -  rmu;aises 
eonlinniMil  dans  le  Neu- 
V<irk  et  le  Verrrnnit  la 
tialiiui  n  latine  n  dont  il 
dèjieiulil,  dont  il  devrait 
déjiendre.  Il  s'éeoule  nu 
noril  vers  le  Sainl-Lau- 
î'eul  par  la  rivière  \\l- 
rhelieii;  an  stid  il  est 
vnisin  du  llenve  de  New- 
York,  de  riluiison.  au- 
quel un  ennal  nnvi- 
^'able  l'uni L  ilmison  , 
tihatnjdaiii .  Itielielieu  . 
exaclemeut  orientés  du 
siul  an  noi'il,  fntit  une 
sente  et  m^mo  ligne  droite,  qu'occupèrent  jadis 
les  mêmes  eaux,  al(»rs  vaste  iiord. 

Les  Allé^^lumres  arrêtent  les  vents  de  l'Atlan- 
Itque  et  de  la  sorte  influent  sur  le  climat  de 
l'immense  bassin  du  Mississi|qn.  moins  t4'm|k*ré, 
motus  humidt*  à  latilmles  égales  que  les  vallées 
drs  Meuves  rùliers  :  Heuves  lids  que  le  beau 
lludson,  fameux  par  ses  «  palissades  m  ou  falaises 
de  150  nu**tj*es  de  hauteur  et  plus  encoi^  par 
V  n  impériale  »  New-York,   «a   porte  d'entrée  sur 


m% 


l\  TKIiltK  A   VOL   D-OISKAT- 


le  monde;  la  ni'l.iwaiv.  qui  vou\v  niajesdii'usoimnl 
devant  h  villi*  iji*  rAnumi'  di^s  frères';  le  VuU»- 
mnc,  fleuve  (!(•  Wiishiiigton,  prî^s  (lu(|ii('l  il  se 
perdil  tnril  d**  sang  anuTictiin  durant  In  grandi; 
guerre  rivilo  qui  divisa  pi^ndanl  plusimiti  annôps 
rt^nion  rn  deux  «Mmps  in/'ganx  :  le  Nord»  Wwn 
plus  ririic  on  hnmini*s,  on  argent,  en  navires;  le 
Sud,  t'inf]  lois  plus  fniLlf,  mais  mieux  -fait  pour 
les  arnips  el  délVudant  ses  fovers;  le  fleuve 
Jnrues,  qui  piisbc  â  Ilif^hituMid ,  place  ilunt  la 
oliulr  lerniinn  celle  snnglanti.^  épapre.  el  le  Sud 
vaiuru  fiiï  fffulé  liinulenj[>s  aux  jiieils  par  le  Nord. 

\/.\  (■onsliUili<»u  «MlcaiM'  des  Allt';j;îi<iui('s  eeu- 
Irales  délenin'ue  clie/.  ellrs  avec  nue  rate  irraji- 
deui'  les  arcidetils  IVéïpienls  dans  rrfle  nafuri'  de 
rorhes,  pertes  d'eau,  rivières  suulerraines ,  eas- 
cadea  obscures,  grottes,  foulnincs  limiilhninanïes. 
La  caverne  du  Mnîninonlh.  dnns  le  Kenlurky,  n'a 
pas  de  rivales  :  15  kil(niiètres  dr  Ittngiieur,  2i0  ki- 
lomi^tres  en  223  couluirs;  des  salles  si  vastes  el  si 
élevt^es,  que  leur  noirceur  n'eyl  que  raildenieuldis- 
sipt^e  l>ar  réclai  des  llanilieaux;  snurt  ces  vuùles, 
des  fflfs  buvant  ou  vm'sanl  l'eau  <l'aulJH>s  lacs  par 
iliïs  rivières  lordues  dans  les  aveugles  curridors. 
Les  Américains  ont  a|ïpelé  Slyx  el  Onryle,  eoiinne 
aux  Knfers,  deux  des  courants  de  h  grotte  du 
Manunoutli.  Des  anirnaux  êlranj^os,  un  |>oisson 
sans  yeux,  des  lézai*ds,  des  fri'illona  hideux,  dos 
l'als  géants,  e(  sans  doute  des  btMes  linnhrées, 
Iraînaules,  qu'un  n\^  coiiiiaîl  point  encore,  vivent 
dans  les  (lots  sombres  et  sur  les  rives  que  rKrfto, 
le  Ci>4'yle,  le  Styx  et  les  autres  eaux  plombiVs  de 
la  caverne  ahandoimeni  dans  leur  recul  de  l'été  : 
ces  rives,  le  lli»!  U'*nèbreux  Itss  Udie  quand  les 
grandes  pluies  lombèf's  dans  le  beau  bassin  de 
la  Rivière  Verte  ariivent  en  cascades  par  leurs 
myslérieuï  cbemins,  el,  moulant  le  long  du  ro- 
clier.  rem|disseiil  les  canaux  noctnrnea  jusqu'jï  hi 
clef  de  leurs  voûtes. 

(hi  sait  i^ai'iMuetit  (ni  court,  cherchant  son  repos, 
l'ondi*  sijilstie  entrevue  à  la  torche  dans  mille 
grottes  allèj^'tianîerujes.  Parfois  elle  glisse,  de  vas- 
que noire  en  vasque  noire,  jusqu'à  la  mer  Allan- 
li(pie  :  sur  la  cMv,  en  Caroline,  en  Géorgie,  en 
Floride,  des  ruisseaux,  des  rivières  surgissent  du 
fojid  marin,  quelquefois  avec  une  telle  force,  que 
leurs  eaux  douces  percent  Peau  sakV  el  viennerit 
jaillir  a  la  face  de  rOcénu.  On  a  vu  ces  courants 
hypogés  vomir  assez  di"  lleuve  poui"  ôlci*  à  dinni 
sou  aiuerlume  au  Ihd.  D^uitres  ne  vont  pasjusipi':i 
];i  Mter  sans  briller  au  jour,  el  souvent,  des  ombres 

1    l'hiladelphie. 


massives  de  quelque  palais  de  marbre  soulerrnin, 
soi!  tout  à  C4>up.  par  une  source  touji>urs  égale, 
une  joyeuse  rivière  qui  a  laissé  la  houle  de  sa 
boue  dans  les   lacs   cachés  sous  \h   pierre, 

tjuelle  ipie  soit  la  claire  abondance  de  ces  fdle^ 
dii  roc,  il  n'en  est  guère  qui  monte  à  la  lumière 
avec  autant  de  cristal  que  le  Silver  Spring  ou 
Fonl-d'Argenl  de  la  Floride,  gouffre  d'où  sù  ré- 
jiand  uni»  rivière  de  20  h  TiO  ?nèlri»s  de  largeur 
dont  aucun  été,  si  long  soil-il,  ne  fait  un  petit 
ruisseau.  On  croit  que  la  Soui*ce  d'Argent  est  la 
Foulaine  de  Jouvence,  racontée  aux  conquérants 
espagnols  par  les  Indiens  de  la  Floride,  ces  Tais 
el  ces.Séminoles  qui,  semblables  aux  Araucans, 
fireiil  payer  leur  soumission  par  plus  de  sing 
ï'aslillan  que  n'en  contèrent  les  pompeux  enipires 
t\i\  Mexique  et  du  Pérou  ;  et  dans  ce  si**cle-cî, 
(pinnd  l'Espagne  eut  cédé  la  Floride  aux  Yankees, 
ils  tuèrent  tôOOO  hommes  avant  de  courber  la 
télé. 

A  l'orient  ifun  chaînon  des  Allègbanies,  Pills- 
burg,  l'ancien  fort  buquesne  des  Français,  e^t 
devenn  le  tlirniingliam  et  le  Shellield  des  Klals- 
Unis,  grâce  aux  houilles,  aux  fers  de  ses  monts. 
Les  bassins  liouillers  des  Ftals-Hnis  n'ont  de  rivaux 
quVn  i-liine.  IJuand  FAnglelerre  elle-même  n'aura 
plus  ilc  cliarl»o[i  minéral,  l'inioii  enlèvera  toujours 
11*  noir  alirtn'ut  du  foyer,  de  la  forge  et  de  la 
<'fiauilière  aux  entrailles  de  ses  Alléghanies.  de  sa 
Peniisylvanie.  iW  sou  vaste  Illinois  dont  les  (|uatre 
cinquièmes  ap[)arliennent  au  terrain  houiller  et 
qui  pourrait,  dît-on,  donner  par  an  cent  millions  de 
tonnes  pendant  Ireize  mille  années.  D'autres  Étals 
encore  pourvoiraient  si  ceux-ci  faisaient  défaut. 

Comme  si  ce  n  était  pas  assez  de  ces  trésors, 
une  j^icbesse  prr^digieust»  s'ajoute  à  toutes  les  autres 
sous  ces  roclies  fécondes.  La  Pennsylvanie,  dont 
dépend  Pittsburg,  cache,  en  ses  obscurités»  sou- 
te ri'ai  nés,  des  jets  inlermitlenis,  des  ruisseaux, 
fpn'lquefois  des  rivières  de  pétrole;  un  grand  dis- 
trict en  a  pris  le  nom  de  Pélrolin.  I^a  pntfrsuite 
furieuse  de  l'huile  îuinérule  y  a  renouvelé  les 
scènes  de  l'Australie  et  de  la  Californie  loi-s  de  la 
déc»Hive]-te  des  champs  d'or,  tin  y  a  vu,  ou  y  voit 
en<'ore  les  aventures,  les  coups  de  dés,  les  ruines, 
les  trésors  intuiïs  jetés  au  hasard  par  le  destin 
sur  uiu'  l'ouïe  alTmnée  d'égoisme;  d'inunenses  for- 
tunes s'y  sont  faîtes  en  quelques  enni^es,  souvent 
en  (juelques  nmis,  même  en  quelques  semaines  ; 
il  y  a  dans  les  Ftntsl'nis,  de  pu'  le  pétrole,  une 
aristocratie  dont  les  gi*ands  seigneurs  attribuent 
leur  opulence  à  leur  mérite.  C'est  la  Pennsylvanie 


^ 


610 


LA    TÏ':URK    A    VOl    D'OISEAU. 


qui  n'iilLTiru'  li^  |ilus  de  f(>nntrs,  de  dislilliiliMjrs, 
de  iiiiiirliaiids  dr  [irtnd*\  mais  d'aulres  HUils  de 
rUnitm  rt  *|  uniques  ruirdés  <inl.'u*i('ns  possêdenl 
niissi  de  LMiUids  ivâervoirH  d'huile  de  loclie. 


Obio,  Mississippi.  Missouri.  Grand-Ouest.  — 
Pillsliur^,  l:i  ville  du  îvv  où  soiiiïent  les  în-'irtenns, 
occupe,  ,ï  207  mètres  iI'nKilude,  le  i*niilîner»l  di^  la 
pure  Allt^gliany  et  de  la  Mi>nongaljèïa.  deus  li- 
vi*>r*^s  plus  larg^es  et  plus  rapndt^a  que  profondes» 
(piel'pie  iiMU])ï?  recoiiiKiissfibJcH  dans  It*  lt(  ipii 
les  ritssernlde  i\  la  différence  de  rouleur  de  leurs 
eaux.  Allêghïiny,  c'esl  un  nom  indien.  Oui  n'eu 
(lir'ait  aulîiut  (le  Miiuonj^ahêL'i '?  F(  fHiinlanl  ee  mol 
sonore  ne  ^e^iil  ([u'uiie  corrui^ltuti  du  fj'aneais  : 
on  raison  de  son  ernboucluire  (liflicileaux  hnrtjues, 
les  Canadiens  l'avitii^nl  ;ipprlre  Li  Mîdeujtïueijlée. 

Aliégliariy  et  .Mnimni^Mluda  retjnies  prennent  le 
nom  d*Ohio,  terme  indien,  s'il  est  vrai  que  ce 
superbe  rnurant  s'appelât  Oliiio  Gahuunda,  c  est-à- 
djjv  la  lîi'lle  lliviére,  dans  la  langue  des  SiMiécas, 
pt^uplnde  iroquoisc. 

Belle,  en  effet,  el,  Inuluil  au  non  d'une  langue 
indi^n'-ne,  les  Français  du  Canada  el  de  la  Loui- 
siane ne  lui  dunuaieril  pas  danlre  tioui. 

Par  cet  Uliio,  par  le  Keiilneky,  Ih  Cunilierlaïul 
el  le  Tennessee,  ses  afHuenïs,  toutes  les  sotitres 
du  pEMH'lianf  oreideiilal  des  Allé^lianies  vont  s'en- 
gloutir ilaiis  le  Mississippi  luinUiin.  L'<lïii{),  Inug 
comme  la  Loire,  la  Seine  el  la  Garoiuïe  ensemble, 
eu  un  bassin  de  retendue  de  \n  Fi"iU4'e,  finit  par 
roulej'  en  nuiy*'nne  ^AlTt  nirtres  eulies  d'eau  j>ar 
seconde  dans  un  lit  avee  lieaucoup  d'îles;  mais 
celle  inovenne  *'st  une  de  celles  qui  trompent  le 
pins,  ear  elle  i^'snlti*  de  crues  l'normes  (■(uiijien- 
sanl  do9  ninigres  excessifs.  Taidôl  un  lleuve  sans 
pareil  y  nmgil  dans  un  canal  de  o'>0  u  ITjOO  mè- 
tres d*ainpleur  el,  des  deux  cAtùs,  sur  la  nialbcu- 
reuse  cimqjngne;  lantôl,  redevenu  grAvo  ou  aable 
plus  qu'i'iui,  toute  sa  rnagnilicence  a  dis|mru.  (lu 
la  vu  monter  de  It)  mètres  à  Cinciiinali,  \n  \\]us 
puisstinle  el  h  plus  <'Uid>ilieuse  des  villes  ipril  Ijvj- 
vei'se,  mais  aussi  on  l'a  vu  descoudre  à  ne  pas 
mOnn*  rouler  50  mètres  cubes  imr  secondo  devani 
\Vllee^iul,^ 

tresL  près  du  Cuire  —  nom  sinj^nliei-  \nfur  uu 
pays  sans  jwlniiers  comme  sans  bisloire  —  par 
02  mètres  il'altilirde,  ([ue  TïMiio  tombe  dans  le 
boueux  Mississippi;  il  ^arde  quelque  temps,  sur 
la  rive  pnr  laipndle  il  onlre,  la  teinte  qui  lui  n 
valu  l'mi  de  ses  noms  indiens.  W^basb  uu  lUvicre 


Itlanche:  mais  le  Mississippi  l'emporte,  el  bienlôU 
c'est  la  mùme  fange  animée. 

Le  [jrenner  Ruropêen  qui  conlenqda  le  Mississippi 
(U>59),  un  nventtirier  espagnol.  Ilern«ndez  de  Solo, 
ne  cberelwiit  ni  fleuve,  ni  lac,  ni  montage:  il  cou- 
rait a|)rês  la  Fontaine  de  Jouvence,  dont  nul  voya- 
geur ne  verra  jamais  le   merveilleux  cristal. 

C'est  toul  récemment  que  nous  avons  .ippris  sa 
véritable  origine.  On  le  faisait  sortir  dun  lac 
thi  Minnesota,  l'Itasca  uu  lac  do  la  Bicho,  situé 
à  .'tOSr»  kilomètres  du  golfe  du  Mexique  en  suivani 
le  fil  des  eaux.  Eu  prenant  le  Missiuiri  pour  l'ar- 
tère maîtresse,  le  Mississippi  a  7000  kilonièti'es, 
plus  (Ml  moins;  suttêriem*  au  Nil  lui-m(^me,  c'est 
le  plus  bm^  c(Hjranl  de  la  Terri'*. 

L'iliisca  remplit  un  creux  de  plaints  h  480  mè- 
Ires  d'altilude,  sur  un  plateau  que  nul  vigoureux 
tiilus  ne  sépare  <ies  ba.-^sins  du  SaiiU-Liurcnl  et 
du  Nelson.  Le  non»  de  n-  pt-tit  lac  a  trt>s  bol  air 
indien,  nuiis  il  n'en  esl  guêi-e  de  moins  sauvage, 
de  [dus  S(M)!a^lique  el  pèdanlesque.  Hn  le  doit  .i 
mi  Métis  de  père  blanc,  do  mère  indienne,  Scliool- 
craft,  qui  visila  ce  j»ays  en  lKr)2.  Dédaignant  le 
|iM*nu*  fnmi;ais  de  la  llicbe  et  lroti\anl  \e  Iprme 
indien  tiiq»  Innir.  —  qui  b^  blâmerait  d  avoir  sa- 
rrilié  le  nom  d'Omonskosisaougaouigoum.  li'iillurc 
sept  fois  barbare  ?  —  l'explonileur  prit  les  mots 
latins  signifiaut  vérilé  l'f  tête  «lU  source  :  il  obtint 
de  la  siu'to  veritas  aiput,  dmit  il  n(*  relinl  que  les 
trois  syllflbcs  cenlrales,  ce  qm  lui  donna  le  nom 
d'ilasea:  et  juslent^'Ul  ril-isea  *ni  lïicbe  n'est  pas 
rignnrensenienl  l'MlpIia  du  fleuve,  puisque  le  Mis- 
sissippi s'épanche  un  [m-u  plus  nu  sud,  du  lar 
Clazier,  dinit  le  niveau  est  il  i8l  mètres  au-dessus 
mers. 

Après  avoir  passé  à  moins  de  100  kilomètres  du 
lac  Supérieur,  le  Mississippi,  ayant  ac<|uis  ipielqne 
bure,  onire  dans  les  a  Prairies  »,  savanes  lier- 
beuses  qui  sont  en  partie  un  Fond  de  l'antique 
Médilen-anée  d'eau  douce  dont  il  resic  les  cini| 
Grands  Lacs.  Là  idusieurs  grands  Élats,  Minncs(»la. 
Wiscousin,  lowa,  Illinois,  |>rcsque  déserts  il  n'y  a 
pas  un  i^ge  d'homme,  ont  été  submergés  par  utie 
subite  marée  de  colnns,  Yankees  de  la  Nouvelle- 
Angleïerre,  Anglais,  Écossais,  Iiiandais,  Allemanils. 
Scandinaves,  Canadiens-Framjais-  Aussi  l'océan  des 
hautes  herbes,  avec  ses  élangs  de  castors,  ses 
«  îlots  »  de  bius.  et  çà  et  là  de  gi'andes  forêts  fai- 
sant   effet  de    i-ivage,  a-t-il    bien    vite    perdu    le 

1.  lit*  nouvelles  estimations  ne  donnent  au  9li»:Murt-Vi»- 

siasippi  que  0530  kilomètres. 


,A    TERRE    \    VOL    rroiSKAU. 


cliartiK'  (ju'il  [{'m\\  ilii  siUniro,  dt»  la  S(>lilud<>. 
<li's  liortzDtts  i]iïp  rii'ii  lui  liPMrte,  dt*  l.i  vie  lihro 
des  aniinniix,  du  tonilrunnl  pnssage  des  troiificaux 
de  bisons.  IM  plus  en  plus  11  devionl  Brie  ou 
BctTUce,  iii.jis  une  Iteauce  lujinide,  brilhinlée  de  ri- 
vières, et,  de  pju'  sou  inimenaitét  prodigieusement 
libérale  eu  épis. 

A  Sairiï-AiiliMjie,  le  jeune  Heuve  lornbe  de  7  h 
ft  mètres  *  en  une  cnscade  que  l'induslrie  désho- 
riorv  par  ses  scieriee  et  moulins,  ses  baraques  de 
plaiulies  avec  grineemenl  de  poulies  el  funiée 
triisiuos.  Que  de  spletidides  avalimcltes  d'eau  les 
Vanki'es  ont  déjà  coidisqiièes!  Jls  voulaienl  èpar- 
[>illL'r  le  Ningai'a  lui-inéiiie,  (|u'ftn  a  pu  siiuver  en 
déciarauL  «  Pair,  iialiaiial  »  les  roehers,  la  chute, 
les  Tourbillons  el  tuut  ce  qui  environne  de  près 
les  R  Ilaiileurs  du  grand  bruit  ». 

Tn  peu  plus  btis  il  haig-ne  S^iint-Paul,  la  rnpitale 
du  Minnesota,  ville  ilunl  le  climat  sec,  frais,  forti- 
fiant, attire  les  valêliidinairesque  fait  la  vie  cunlre 
nature  des  citiulins  yankees.  L'abus  de  la  (aide 
d'hôte,  les  repas  au  pied  levé,  les  excès,  les  viais 
ou  faux  alcools,  les  semaines  l>u  les  mois  en  vagon, 
les  nuils  sans  sonmu'îK  IVspril  (uujours  ballollê 
pai-  li'S  liasaj'ds  ile  cinipjaiiîe  affaires,  la  C(Mit'i'pti(ai 
tendue,  les  vœux  ambitieux,  la  pipi*,  la  cliiquo,  le 
crachoiruu'nt,  reite  vie  contre  nahire  brise  beau- 
coup de  Vaukeus»  de  qurdqm^s  vi^^oiiriMises  faruilles 
que  ce  peuple  descende,  el  [»armi  les  malades  qui 
vont  chercher  un  renouve;ni  sous  le  ciel  de  Saint- 
Panl  beaucoup  sont  cmutaninês  à  ne  plus  voir 
lelleurir  les  roses. 

lUentôt  lui  arrivent  les  grands  tribulaîres  :  le 
Mitmest»l;i.  cî'esl-à-din*  l'Kau  noire,  ferrugineuse 
en  l'ITel.  rbmt  ctM'taine  fiabu  d'Indiens  regarde  le 
conlluenl  avec  le  Mississippi  connue  le  centre  de  la 
Terre;  la  *Sainle-Croix;  le  Wisconsin.  cest-A-dire 
IMnfumé,  le  Ih'un,  rpii  roub*  comme  le  Minnesola 
des  ondes  leinlèes  [lar  le  fer;  la  rivière  des  Moi- 
nes; nilinuls»  qui  pcut-^lre  fut  jadis  le  fleuve 
principal,  (pjnnd  le  Niagai'a  n'avait  [tas  fait  sa 
trouée  et  que  les  Grands  Lacs  s'écoubiietd  vers  le 
Mississippi.  Enfin,  en  atnont  de  Sainl-Louis,  il  ar- 
rive on  face  du  Missouri. 

t-e  Missouri,  c'est  le  Pekîlanoni  ou  l'Eau  bour- 
beuse des  Indiens,  la  Mud  river  des  Anglais,  en 
rt7iru;ais  In  lîiviére  de  boue.  Ce  capricieux  courant 
qui  l'onge  ses  bords,  qui  dévore!  ses  îles,  qui  ni- 
velle, qui  creuse  et  qui  comble,  re  grand  boueux 
ne   naît  pas  connue   le  Mississippi  des  épancbe- 

I.  Avec  les  rapides  voisins,  le  ficuve  ilescend  ici  de 
23  métrés. 


rnenis  d'un  pays  de  lacs;  il  esl  faî!  o^  Trois  Tnr~ 
rerils  des  [Rocheuses,  Je(Tei*son,  Madison,  Galalin. 
In  cagnoii  de  400  mètres  de  profondeur,  2ft  kilo- 
mèlres  de  riii»ides  et  de  chutes  qui  rabaissent  do 
no  ntétres,  le  conduisent  de  lu  montagne  à  la 
plaine  où  jndi»  il  n'ouvrait  son  vaste  sein  qu'aux 
rares  canots  des  Hommes  Rouges,  el  maintenant 
ses  bateaux  h  vapeur  et  ceux  du  Mississippi  sont 
des  palais  flottants. 

Il  reçoit  de  très  longues  rivières.  Lien  moins 
abondantes  h  surface  égale  qiie  les  tribulaîres 
du  Mississippi,  parce  qu'il  tombe  beaucoup  plus 
d'eau  sur  ceux-ci  que  sur  celles-là.  Le  volume  de 
deux  courants  n'est  point  proportionnel  aux  aires 
di'.iinées:  de  33  à  34  millions  d'hectares  le  Mis- 
sissi(q)i  tire  en  moyenne  2975  mètres  cubes  |Wir 
seconde,  et  le  Missouri,  ce  Nil  de  5000  à  5500  kilo- 
ïnétres.  ne  rec^oil  que  33tî7  mètres  cubes  d'un  bas- 
sin de  154  millions  d'heclares  :  plus  de  deux  fois 
et  demie  la  France  pour  un  débit  qui  ne  double  pas 
celui  du  Ubône.  C'est  un  géant  pauvre. 

Ses  mailles  afilucnts,  bordés  conmie  lui  de 
noyers,  d'érables,  de  clièties  i'I  de  vergnes,  w»nl 
la  Yi'ltf»vv-S(ouc,  la  Xebraska  ou  Platle,  très  large  et 
s;ins  pr^d^mdeur,  le  Kansas.  I>eux  d'enire  eux,  la 
Nebraska  et  le  Kansns.  donnent  ainsi  que  le  Mis- 
souri, le  Mississippi,  TOhio  et  d'autres  enc^>re,  leur 
nom  à  des  Élats  de  l'Union.  Ouant  h  la  Yellow- 
Slone,  la  Pierre  Jaune  des  voyageuns  canadiens, 
les  merveilles  de  84)n  bassîu  supérieur,  ses  sour- 
ces chaudes,  ses  geysei*s,  ses  jets  de  v;qiinir,  son 
délilé  probmd  (h*  ÎH5  mèlres  dans  les  scories  et  les 
basaltes,  son  bond  de  45  mèlres  suivi  d'une  c;i<' 
c:nie  de  Til,  toutes  les  grandeurs  de  cette  nature 
extraordinaire  ont  lelbnnent  rra[q)t''  les  Yanket's. 
que  le  Congrès  de  Washington  a  fait  de  ce  district 
un  (t  Parc  national  ».  Les  terres,  les  mines,  les 
foréJs,  les  ponvoii^s  d'eau  y  sont  désormais  inalié- 
nables, comme  dans  les  deux  autres  «  Parcs  »  de 
la  naliouT  la  vallée  c^nlifornienne  deYoseniiti  et  la 
rive  américaine  de  la  cascadt-  du  Niagara. 

C'est  en  vue  des  monts  d'Ozark.  en  réalité  moins 
hnuts  qu'altiers  par  leur  isolement  dans  la  vaste 
plaine,  que  le  Missouri  s*flllie  an  Mississi|q>i.  ou 
plutôt  qu'il  se  précipite  sur  lui,  le  p«>usse,  le  re- 
foule el  le  pénètre.  La  luMe  entre  les  deux  rivières, 
entre  lem^s  deux  couleurs,  est  longue.  Le  Missis- 
sippi voudrait  resler  tiansparent  el  vert,  il  incline 
vers  la  rive  gauche,  loujoui's  plus  étroit,  di*\anl 
son  abominable  rival  ;  mais  le  grand  boueux.  «  Irop 
épais  pour  qu'on  y  nage,  tnip  ïhou  pour  qu'on 
y  marche  »,  l'envahit  de  plus  en  plus,  et  ii  5  on  C 


indl 


kilomMrPs  <!u  preinitrr  clioc  des  oodes  conti'iiitrs 
la  môino  i^^^norniiiie  ivgne  dans  loul  k'  llrin*'. 

D'itulnl(Mil  qu'il  triait,  dovonu  très  iMjàdts  le  Mis- 
disâippi  continue  ù  couLr  Ju  tiord  au  sud,  duus  une 


ÉTATS-UNIS.  T^^P  073 

largo  viillro.  Il  li.iigne  S;ïinL-Louis,  l'une  dos  cil<^3 
auxquelles  {'nvciiii'  proiti«»l  de  la  splendinir,  |iui9 
des  roelici-s  do  00  niètres  de  huuleur  s'élèvent  sur 
Icâ  deux  rives.   Jadis  ces  rocs,  appartenant    lutx 


Le  Grand  cagnon  de  la  YeHow-Stone.  (Voy.  p.67S.)  —  Dc!^iii  île  T.i)lor,  d'âpre  une  pliaiograplile. 


TnonLs  d'Oznrk,  n'avni»'nl  point  encore  été  scii^s 
pîir  h»  lbMiv«s  ils  fomiaifut  digue,  e(  de  leur  cr^le 
HAUt^iit  une  easeade  plus  juiissanlc  que  le  Niagara 
lui-mt^me;  rrroiii»'  drm^n*  eux,  lo  lleuve  iM;*it  un 
tae  immense  rfiniinuiiiquant  avtH!  la  nici'  dotiri*  du 
Canada,  et  peut-être  avec  le  lae.  Ouiiiipe^r,  qui  était 
alors  une  (^aspieime  froide  et  suis  eau  salée. 

0.  lUi.LLi.  U  Tiftui  A  vue  d'(Hu:ao. 


("est  au-dt'ssous  de  celte  gorge  sili^ncieuse,  où 
gnuid.irt  un  <(  tonnerre  des  eaux  ti,  tpie  l'Otiio  porte 
son  tribut  h  la  colossale  rivière. 

Colossale»  avons-nous  dit  :  elle  ne  vaut  cepen- 
dant ni  le  Saint-Laurent  d«^s  lianadiens,  ni  la  Mata 
des  Argentins,  ni  le  Yang-tsê-kiang  des  Oiinois,  ni 
le  Congo,  ni  surtout  TAmazone.  Tous  ses  affluents 

86 


674 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAC. 


reçus,  le  Mississipi  roule  en  moyenne  I9!li  niè- 
Ires  cubes  par  srconde  :  c'est  le  quart  do  l'Atnn- 
zonc;  aux  eaux  basses,  il  n  entraîne  que  6250 
mètres  cubes  :  c/esl  enviiNJo  le  tiers  de  ce  qu'cm- 
[>orle  alors  le  lleuve  brésilien;  en  gnuitle  crue. 
il  passe  avec  un  flot  de  40  000  h  42  000  mètres  : 
c'est  le  sixième  de  Vu  enclienlé*  i»  du  roi  des 
fleuves. 

(]oi"f,T  {ralluvions,  large  de  1800  h  2500  mètres, 
profond  de  10,  de  15,  de  20.  de  40  mi^lres,  voire 
de  70  au  pied  du  riilenu  defii-îiiid  fiuir,  il  lU'omrne 
des  i>roeessinns  d'ai'Iires,  il  as^^einble  ou  dis[>erse 
des  iles,  il  ronge  ses  rives,  il  perce  de  lits  nou- 
veaux la  plaine  de  ses  propres  alluvions  quand 
des  levées  laténiles  ne  IVn  enij^^dienl  pas.  vSos 
berges  sont  plates,  bordées  de  prairies,  de  maré- 
cages, de  fnréts,  rarement  de  collines.  Il  bni;;r[ie 
le  pied  de  quel(|ues  mornes,  sur  sa  rivi*  £;auclie, 
jamais  sur  sa  rive  droite,  et  du  baul  de  ci*s  tertres 
on  admire  le  grand  (leuve  el  la  t,MMnde  vallée. 

Les  levées  du  Mississi[f[)i,  ouvrage  des  [dus  gran- 
dioses, accompagneiïl  le  (li'uvc  depuis  le  ca|>  Gi- 
rardeau,  en  amont  de  l'ernbourhure  de  l'Uliio, 
jusqu'en  aval  de  la  Nouvidle-Orléans.  On  évalue 
à  -iOtHI  kilornêlres  la  longueur  de  la  double  rangée 
et  des  digues  secondaiivs.  Semblables  aux  autres 
murs  de  terre  opposés  par  Tbomine  h  la  colère 
des  eaux,  elles  ne  sauvegariiiMit  |>as  toujoui-s  la 
plaine  qui  leur  a  confié  le  soin  de  sa  défense,  el 
quatid  elles  crèvent,  le  Mississippi  fouille  furieuse- 
ment la  îfollande  rju'tm  lui  voudrai!  arnieher  :  llol- 
lanile  \}i\v  les  alluvions,  [)ar  la  platitude,  par  la 
lnutL'-]iuis.saiïce  el  la  toute-présence  de  l'eau;  mais 
sous  ce  climat  quasi  tropical  nù  le  Néjj;re  pullule, 
on  ne  retrouve  point  la  parfaite  ordonnance  tîes 
choses  néerlandaises,  les  prairies  animées  par  les 
plus  ricbes  troupeaux,  les  canaux  sons  nonibiv,  les 
routes  soignéi*s  eormue  des  avenues  de  parc,  It-s 
bourgs  luisant  de  propreté,  les  villes  monumen- 
tales, les  lieux  consacrés  par  vingt  sièeb^s  d'his- 
toire. Puis,  si  les  Mississippieris  et  les  Louîsianais 
ont  enlevé  des  marais  fi  leur  fleuve,  ils  n'ont 
point  encore  conquis  de  polders  sur  des  lacs  elsur 
des  golfes  de  l'Océan. 

La  dernière  des  collines  riveraines  est  celle  de 
Billoii-llouge,  humble  capiLile  de  la  Louisiane.  A 
la  \ouvelle-(*rléans,  le  Mississippi  n'a  guère  que 
1000  mèlr-es  ile  lar;çe  avec  40  de  piiifondtiur.  La 
belle  ville  baigne  dun  cAté  dnns  le  lleuve,  de 
l'autre  elle  touche  au  lac  r(mtchartrain,qui  s'ouvre 
sur  la  mer;  mais,  au  lieu  d',in*ivcr  au  (lot  par  cette 

1.  Hot  porluj^is  qui  veut  ûire  crue 


courte  voie,  le  Mississippi  fait  encore  100  kitomè 
Ires  entre  deux  rives  d'ulluvions  jusqu'à  la  l'ourche 
des  Passes  :  là  il  se  divise  eu  trois  bras  écartés 
comme  les  doigts  d'une  patte  d'oiseau  el  séparés 
des  eaux  du  gulfe  du  Mexique  par  de  minces  levéw 
de  vase  cuuveites  de  roseaux.  Puis  les  roseaux 
cessent,  la  teri-e  trempée  n'ayant  plus  assez  de 
fermeté  pour  composer  nn  sol;  peu  à  peu  l*?s  le- 
vées se  [lerdenl  dans  uni?  tVuige  délayée  qui  marche 
au  sud-est.  au  sud,  au  sud-ouest,  el,  toujours  plus 
liipnde,  passe  Irnlement  du  jaune  sale  d'un  fleuve 
impur  A  la  glauque  .transparen4-e  des  mers.  Le  Mis- 
sissippi n'est  plus»  mais  ses  alluvions  travaillent 
sous  l'onde  ù  grandir  TAmérique,  le  fleuve  ap- 
portant par  seconde  il  l'Océan  (i  nièlres  cubes  de 
boue  arrachés  à  530  millions  d'iieclares,  soit  près 
de  six  fuis  et  demit^  la  France.  Son  delta  gagne 
80  î\  100  mètres  par  an  sur  les  flots. 

Le  dernier  grand  affluent  du  Mississippi,  la  Ri- 
vière Houfçe  du  Sud  se  versait  autrefois  dans 
la  mer.  Cet  ex-ileuve  est  fameux  par  son  Oand- 
Radeau,  embarras  de  bois  de  dérive  qui,  de  proche 
en  proche,  est  n>monté  à  650  kilomètres  au-<lessus 
du  confluent,  à  raison  de  2  à  Ô  kilomètres  par  an- 
née. A  mesure  que  le  radeau  se  défait  en  aval,  il 
se  fait  en  amont;  après  vingt-deux  ans  de  li-avaux, 
riiomme  s'est  lassé  de  démolir  en  bas  ce  que  la 
nature  ne  cessait  de  construire  en  haut,  et  le  ra- 
deau, tourbe  de  l'avenir,  a  été  laissé  à  lui-même. 


les  Mauvaises  Terres.  Les  Rocheuses,  leurs 
plateaux.  —  A  mesure  qu'on  remonte  vers  leui*s 
sttnrcrs,  la  Rivière  Rouge  du  Sud,  TArkansas, 
long  de  SlïOO  kilomètres,  et  les  affluents  de  droite 
du  Missouri,  l'on  v(»il,  loin  du  grand  fleuve,  s'é- 
tendre des  plaines  arides  faute  de  pluie,  sillonnées 
ile  larges  lils  de  rivières;  mais  ces  rivières  sont 
indigentes  par  la  sécheresse  du  ciel.  La  Cana- 
ilienne,  maîtresse  tributaire  de  PArkansas,  est  quel- 
quefois sans  une  goutte  d'eau,  el  Ton  dit  qu'il  y 
a  tel  canton  où  Parmée  totit  entière  dispense  à 
peine  cinq  centimètres  d'humidité  (?).  On  pouirait 
appeler  Mauvaises  Ti-rres  tous  ces  vastes  espaces 
déserts  ou  demi-déserts,  de  peu  de  pluie,  de  peu 
d'herbes,  de  [tas  d'nrbn's,  en  imitation  des  Cana- 
diens-Français qui  avaient  donné  ce  nom  à  une 
région  comfjrise  entre  le  Missouri  et  les  Rocheuses. 

Mais  sur  le  haut  de  ces  longues  rivières  le.  sol 
se  tourmente;  on  arrive  aux  Montagnes  Rocheuses. 
mères  <les  milliers  de  clairs  torrrnts  à  c.ist^ndcs 
qui,  fuyant  vers  Pesl,  vont  passer,  réunis  en  eaux 


^ÉTATS-UNrS. 


07& 


jaunes,  dt'vant  les  quais  dn  lu  superbe  «  Crescenl- 
City  »  (Nouvelle-Orlénns).  D'autres  Lnriietil  leur 
camère  aux  jilale:m\  où  ilfi  î^aril  nés;  ils  sèchenf 
ou  vont  Unir  dans  des  lacs  sans  di^'ci-soir.  D'autres 
enfin  descendent  à  louest  vers  le  Pacifique,  par  la 
puissante  Cohjïnljie,  les  lleuves  californiens  el  le 
Itio  Colorado. 

Les  [(odieuses  nonl  rion  de  lïi  rhaine  normale, 
comme  par  exemple  le  Cauease  et  les  l*yrênt''es. 
Faites,  sur  le  territoire  des  Kta(s-rnis,  de  massils, 
des  chaînons,  de  cFiaines  qui  s'tMoignenl,  se  rap- 
procheul,  s'enlre-croisent  et  s'entre-môlent,  elles 


portent  d'immenses  plateaux  qui  sont  tout  un 
monde  froid,  tlur.  stérile,  nu,  sauf  dans  les  val- 
lons et  vallées  où  passe  leau  courante,  el  sur 
lelleou  telle  montagtie  drapée  d'herbe  ou  puissante 
en  foitMs. 

I*lus  ees  montagnes  sont  hautes,  —  et  il  y  en  a 
de  iOOO  mètres,  [tresque  de  4500,  nolanmienl  dans 
le  Colorado, —  plus  elles  concentrent  do  vapeurs, 
(iliis  elle  attirent  de  pluie,  sous  ce  climat  qiii 
eu  est  tellenienl  avare  ;  el  plus  elles  reçoivent  d'eau, 
plus  elles  eu  versent  aux  vallées,  aux  plaines,  il 
s'ensuit  que  ces  plateaux  valent  d'autant  mieux 


Le  lac  TeUûw-SUuie.  —  Oesiiu  do  Taylor,  d'âpre  une  pholograpUid. 


qu*ils  dominent  de  plus  haut  la  mer  :  au-dessous 
do  UHK)  mètres  d'allilude.  le  désert  règne,  par- 
fait Sahara,  sous  divei*s  noms  locaux;  de  1000  à 
1600  ou  1700  niètres,  c'esl  le  demi-dêscri,  qui 
n'a  pas  d'herbes  di'ues  et  où  peu  d'arhres,  même 
peu  de  broussailles,  bravent  Taridité  du  sol  et  des 
deux;  au-dessus  de  1700  mèlres,  rha(|ue  val, 
chaque  i*avin,  chaque  plaini'  reçoit  du  mont  quel- 
que onde  créatrice,  et  si  ce  mont  s'niqvroche  de 
r  «  enipyrée  n  il  entretient  une  ^^ande  oasis. 
Aussi  les  meilleures  de  ces  régions  anhydres  sont- 
elles  Justement  les  plus  élevées  :  Nevada  septen- 
trional, l  lah,  NVytinini;;,  Colorado,  part  du  Nou- 
veau-Mexique, tandis  que  le  Nevada  méridional, 
la  Californie  du  Sud,  TAri/ona,  ne  montrent  ^uère 
,   que  déserta  et  demi-désertâ. 


Uiah  ou  Plateau  des  Hormons  :  Grand  Bas- 
SlD.  Déserts  du  Sud.  —  P;irmi  les  plateaux  des 
Hoelieuses  aucun  n'a  tant  de  célébrité  que  celui 
d't'tah  ou  des  Mormons. 

L'I'lah  tient  son  grand  renom  d'une  sorte  do 
visionnaires  qui  l'ont  reconnu,  puis  défriché  sans 
relard,  après  avoir  atteint  le  bord  du  son  lac  par 
des  érnigiMlions  héroïques.  Les  Mormons,  gens 
oftîciellenienl  [lohgames,  suivent  la  doctrine  d'un 
révélateur  moderne,  Joseph  Smith,  auquel  des 
besicles  dites  Lrim-Thumim  permirent  do  com- 
prendre un  livre  divui,  spécialement  écrit  pour 
l'Amérique  dans  la  soi-disant  lanyin»  égyptiemie 
réformée.  Joseph  Smith  commença-t-il  jiar  être 
uu  esprit  vacillant,  un  songeur  de  chimères,  ou 
simplement  tm  fourbe?  Uu  l'ignoiv;  maïs  il  finit 


676 


IK    TKHRK    A    VOL    Il'OISEAU. 


par  croire  à  son  mensonge»,  h  son  êlerlion  par  k» 
Dieu  jaluux.  îi  l\*cryplifMi  n'Inrnu^  aux  bt^sirles 
rrijii-Tlitiitnm;  il  pttn'Iiii  si's  conles  avec  la  fer- 
M'ur  d'un  »p6!re,  il  souiïril  les  avanies  et  les 
persêculions  avec  la  constance  d'un  martyr,  il 
scella  tle  son  •sm^  su  doctrine. 

C'cîiien  1850  (lu'il  aviiil  rêvél»'!  son  piteux  Évan- 
gile, c'est  en  i8i-i  citi'il  fut  as.soinnïê  par  In  foule. 
Deux  ans  après,  le  «  IVufile  Klu  »,  l'uyanl  les 
tt  rioulils  »,  envoya  ses  premiers  jfioniHiTs  vers 
l'Ouest  ;  de  nouthreuîscs  lauiilles ,  ipiiLtanl  la 
«  Terre  de  l'Abuniinalioii  »,   p/issèrenl  le  Missis- 


sippi sur  la  glace  avec  leurs  douze  cenlfi  chariots 

pendant  l'hiver  de  18i6;  elles  narrivèreiil  que 
trente  mois  après  sur  la  rive  du  Grand  Lnr  Sdé, 
dans  un  pays  que  le  traité  de  (luadatnpe  llidnl;;o 
venait  d'arracher  au  Mexique. 

(a'tle  avanl-garde  des  n  Saints  du  Dcriurr  Jour  v, 
comme  s'apfK'Menl  volunliers  les  Mormons,  .nail 
iN^uellement  pâti  dans  son  voyage  à  travers  plaine 
el  munis,  |>ar  de  vastes  déserts  où  passiuenl  dea^ 
Indiens  s<*alpi>ui*s,  mais  où  nulle  colonie  n*olïrait 
ans  voyageurs  la  pauvre  hospitalité  des  gi-angeti, 
Aussi  salua-t-elle  avec  joie  le  plateau  froid,  dur, 


Lo  TalKîraaclo  ou  Grand  Temple  ilct  Hariauiu.  (Voy.  p.  (78.)  —  Descia  du  Tb^rond. 


i 


maussade,  qui  éliiit  pour  elle  la  «  Terre  de  la 
Pnunt^Sbe  w.  et  où  ivgna  hnigtcmps  Ip  ehurpciilirr 
Di-ighion  Young,  à  la  (bis  (i;i|h'  ou  klialile,  sullan 
|i(>lygaim'.ivv(''laleiir,  jH'éLlie.int,  propliête,  oraleur, 
lègisk',  adinini^tralour.  agrirullciir,  irulus!i-iLd, 
liunum^  d'Eî.rt,  enlreprenctu' di'  llièâdvs. 

Il  .s'est  trouvé,  il  si;  trouve  I(Mrjours  dans  les  îles 
llrilaiitiiques,  d.ins  les  pays  Scandinaves,  en  l'iii- 
lande,  eu  Alleuïagne,  très  peu  ailleurs,  de  nom- 
breux itiillieis  d*liommeH  pour-  donner  leur  fi^i, 
leur  vie  â  cette  révélation.  Souvent  encore  des 
navires  chargés  de  Mornïoirs  parleid  pour  l'Aitré- 
rique  avec  les  braves  gens  qui  croiejil  à  celle 
folie  sans  éclat,  sans  grandenr,  sans  Irudilions, 
sans  avenir;  ces  fanaliqurs,  iTïOO  à  2500  par  an 
suivant  les  succès   de  la  docd-iiie,  mcllenl    eutj-e 


I  eux  et  les  cités  pécheresses  de  leur  ancienne  patrie 
les  lîM'ges  flots  de  la  mer,  toutes  les  AMrgliani.»s, 
raitijilitude  entière  du  Mississippi-Missouri  el  la 
raideur  des  Rocheuses  pour  aller  écouler  des  fables 
eufaiilines  coulées  en  anj^lais  nasillanl  par  les 
jïréelieurs  de  la  Nuu\elle-Jêi'usalem;  ei  au^si  pour 
y  faire  forinne,  car,  malgré  sa  pauvreté  naturelle, 
ri  (aiï,  hi(*n  gouverné,  est  actif  el  prospère.  Les 
Mormons  sont  aujourd'hui  près  de  cent  cinquante 
mille. 

Cest  un  Irisle  |wiys,  une  terre  d'argile  sims 
t'outaines,  ce  haut  plateau  d'ilnh,  qui  chez  les 
Mnrmons  a  pcuir  nom  sacré  Déseret.  Les  pluies  ne 
pouvant  rrancliir  les  iNirois  californiennes,  il  ap- 
partient à  la  stérilité  dans  tous  le^  vallons  où  des 
t:auaux  Ji'a[jportcnt  jms  les  eaux  vives  de  la  grande 


678 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISKAU, 


►• 


P 


montagne.  Dos  touffes  dlicrbesde  \n  Saint-Jean,  des 
napjies  de  sl'I,  au  loin  dos  sii/iras,  un  clinial  fpip 
la  banteur  du  sut  fail  extr^ïme  i^l  rijili\  un  vasti* 
lac  salé,  de  pelits  lars  amers,  tel  se  dérout.ut  le 
plateau  d'Ulah  av.inl  de  devenir  plateau  des  Mor- 
mons et  de  recevoir  des  mains  pieuses  de  ces  po- 
lygames une  parure  d'arbres,  de  moissons,  de 
prairies  et  de  villes. 

Alors  San  seul  aspect  p^laçait  les  aventuriers  eji 
route  pour  la  Califurnie  dorée  —  car  le  chemin  de 
fer  de  New-York  à  San-Franciseo  n  existait  pas 
encore,  mOmc  en  rèvc.  Le  froid  ou  la  chaN'ur,  la 
f»im,  la  soif,  l'aceablenient  y  décimaient  les  con- 
vois; des  chasseurs,  des  mineurs,  des  passants 
furent  dévorés  par  ce  désert. 

Le  Gran<l  Lac  Salé  ou  Lac  des  Mormons,  à 
1280  mètres  au-dessus  «les  niei^,  reçoit  le  Jourdain, 
rivière  qui  sort  du  lacd'Llah,  plus  liant  de  58  mè- 
tres, et  baigne  h\  e:ipit.'tli>  des  Saitils  du  lli^rnier 
Jour;  celle-ci,  Great  Sait  Lake  Cily',  ville  de 
250QO  âmes,  groupe  ses  maisons  au  pied  du  «  Ta- 
berriacle  »,  indigne  muiiumenl  qui  ressemble  à  un 
innneuse  plaL  à  barbe  retourné,  porté  par  des 
piliers  de  gréa  rouge. 

De  ce  Jourdain,  de  TOurs  et  autres  tributaires,  il 
reçoit  en  miiyenne  lia  ITf  mètres  culjes  par  seconde, 
que  i'ôvaporation  fait  remonter  dans  le  cycle  des 
pluies,  cnr  le  hu:  <les  Mormons  n*a  pifinl  de  déver- 
soir. H  est  bien  plus  s.ilé  que  l'Océan  lui-même,  il 
tue  les  poissons  que  lui  mènent  ses  torrents,  et  ses 
Ilots  sont  d'une  telle  pesanteur  que  le  nnisTeur  peut 
dormir  en  toute  sûreté  sur  cette  onde.  Jadis  beau- 
coup plus  vaste,  il  lui  reste  iOO  kilomètres  de 
tour  et  l'on  ne  sait  trop  pour  quelles  causes  il 
grandit  depuis  une  vîngtiiine  d'armées,  après  avoir 
ionglenips  diminué.  Oies  et  canards  sauvages,  cy- 
gnes, mouettes,  pélicans,  des  oiseaux  sans  nombre 
animent  ses  eaux,  pi-afondes  parfois  de  10  mètres» 
en  nuiyeriiie  de  "-2. 

A  l'ouest  tiu  Grand  L:ic  &îlé,  dans  II^IeiI  de  .\é- 
vîHÎa,  te  llumboldt,  long  de  80fl  kiloinèires,  va  se 
perdre  dans  un  hc  bornoriyme  anKïindi'i  par  les 
âges.  Aurnn  bassin  fermé  iles  Roclieuses,  bassins 
ijue  l'on  compte  par  cwjtH  et  par  cents,  n'est  plus 
ample  (pie  erliii  de  ce  <i  ilcuvejj.  Platenu  des  Mor- 
mons, val  du  llmn[ïi.i!dt,  lacs  de  la  Pyramide,  Win- 
nemucca,  Carson,  Walker.  Tahoe  qui  miroite  à 
1890  mètres»  Mono  linut  de  t9G8,  et  des  centaines 
<le  dépressions  mineures,  (m  apfïelle  cela  le  Gran*l 
Bassin.  Il  y  a  là  près  d'une  France  et  demie,  lH 

1.  C'efll-ù-<lirc  1a  Gi*uode  Cité  Ju  Lac  Salé. 


millions  dliectai*es.  Si  dans  le  noni  ces  plateaux 
fermés  ondulent  h  1200,  1500.  1900  mètres  au- 
dessus  des  (Icéaus,  dans  le  sud  fuient  des  (daines 
peu  élevées,  ou  môme  inférieui*es  au  niveau  des 
mers  :  la  Vallée  de  la  Mort  (Dealh  Valley),  grande 
comme  douze  de  nos  départements,  est  |)ar  son  lieu 
te  plus  bas  à  bô  mètres  au-dessous  du  niveau 
marin,  et,  sans  la  Sierra-Nevada,  le  Pacifique  en- 
gloutirait ce  fond  creuse  à  500  kilomètres  en\inin 
nu  uord  de  la  pointe  septentrionale  du  golfe  do 
Californie.  C'est  dans  ce  midi  du  Grand  Itassin  <|u*il 
y  a  le  plus  d'affreux  déserts,  Vallée  de  la  Mort. 
déserts  de  Ralston,  deMoliavc,  du  Colorado,  etc. 

Colorado.  Arizona.  Nouveau  -  Mexique  et 
Texas.  —  A  l'orienl  des  plateaux  élevés  du  Grand 
Bassin  s'étend  le  Colorado;  h  l'orient  des  sidiaras 
méridionaux,  sur  la  frontière  du  Mexique,  s'éten- 
dent l'Ai'izona  et  le  Nouveau-Mexique  d'où  l'un 
descend  au  Texas. 

Le  Colorado  lire  son  nom  de  son  fleuve,  tributaire 
du  ^olfe  de  Cnïirornie.  c'est-â-dire  du  Paciiique, 
lleuve  pauvre,  portant  la  peine  des  cieux  d'airain 
sous  lesquels  il  se  tord  dans  les  délilés  les  plus 
grandioseiiient  réguliers  du  monde  ;  peut-être  ne 
roule-t-il  pas  en  moyemje  lUO  mètres  cubes  par 
seconde,  et  cependant  son  bassin  (58^00  000  bec- 
lares)  dépasse  en  étendue  la  Trance.  Le  couloir,  le 
cagnon  du  Colorado,  n'a  pas  moins  de  100  kilo- 
mè(i-es  de  long,  entre  falaises  hautes  parfois  de 
1^00,  de  1500,  même  de  1800  mètres,  pressant  le 
lleuve,  {|ui  souvent  ïi'a  (|ue  50  mètres  de  roche  h 
roche.  La  moyenne  hauteur  de  ses  parois  est  de 
900  mètres,  presque  deux  fois  la  profondeur  dos 
gorgi's  du  Tarn,  inei'veille  de  la  France  inconnue 
des  Ki"an*;.ais,  abime  mi  l'un  de  nos  torrents,  qui 
deviendra  rivière,  coule  ii  50U  ou  600  mètres  au- 
dessous  du  niveau  des  Causses.  Les  Américains,  qui 
pnssent,  locomolive  en  tète,  sur  le  gouffre  du  Nia- 
gara, sont  bonuucs  à  jeter  sur  un  étranglement  du 
Cîignou,  de  rive  h  rive,  un  [ïonl  vingt  fois  plus  haut 
que  les  (ours  de  Node-Daine. 

L'Étnt  de  Colorado,  à  l'orient.  Itano  ou  plaine 
8cmi -désertique,  est,  à  loccidenl,  dans  ses  hautes 
montagnes,  un  pmya  frais,  pourvu  de  rivières, 
capable  de  livrer  des  vallées  a  la  charrue,  des 
versants  aux  ti'oupcaux;  mais  dans  l'Arizona  et 
dans  la  bonne  moitié  du  Nouveau-Mexique,  aux 
jM»rtes  de  l'ancien  eînpire  de  Montezuma,  sous  un 
suleil  plus  vertical,  l'eau  manquera  toujours,  car 
elle  est  rare,  et.  jKjr  surcroît,  penlue  dans  d'af- 
freux cagnons.  Ni  dans  le  Nouveau-Mexique  ni  dans 


ÉTATS-DNÎS. 


679 


1,1  Terre  des  cactus*  on  no  rclrouvt'  le  rIouMe  ns- 
pi'ct  seplenirional  ci  ynnkoe  :  l'ArizMii.i  nninlre  des 
ruinosdo  nionumetils  èlovt''s  par  Ivtî  Indi<'ns  d'avant 
la  coiiquéto  espfl|;nole,  et  le  i\oijvoaii-M(xi(]ue  est 

I    surtout  li.'il)ité  par  des  catholiques  ri  des  caiililla* 
noplioncs. 
Ce  dernier  Étal  verse  ses  eaux  dans  le  Rio  Grande 
del  Norle,  tributaire  du  golfe  du  Mexique  et  lleuve 

»à  cagnous  coniuie  le  Culûrudo,  mais  av^lnoindrc 
hauteur  des  parois.  Cette  <i  Grande  Htvièrc  du 
Nord  ^>  tire  peu  d'eau  d*'  son  hassiu,  [tourlanl  su- 
périeur h  la  Kranre,  parce  qu'elle  reroit  peu  de  pluie 
du  ciel  et  s^épuise  en  irrigations  dans  un  bassin 
où  toute  culture  dépend  de  l'airosage.  Dans  les 
pays  espagnols  sans  averses  ti-upicales,  il  y  a 
beaucoup  de  a  Rio»  Grandes  m  qui  sont  petits, 
comme  les  «  Oued-el-Kébir  des  Arabes  :  (outefois, 
si  le  maître  eourajit  des  Rocheuses  niéridiouîiles 
manque  de  force  et  d'ampleur,  c'est  pour  la  course 
un  demi-Mississippi,  \m\^  de  î28tJ0  kilomôlres  en 
un  pays  de  G2  millions  d'heet:ii'es. 

i>m'  plus  de  moitié  linijjnenr  eu  parlant  de  la 
mer,  io  Rio  Grande  del  Norlesépre  le  Mexique  du 
Texas,  aneietun^  province  mexicaine  détachée   de 

Isa  métivjpole  dejmis  prés  de  cinqunn(eafis,alta4'liée 
aux  KtaLs-Lnis  «lepuis  prés  de  quarante.  I.e  Texas 
couvre  17  à  18  millions  d'hectares  de  plus  que  la 
France,  le  Um^  du  golfe  du  Mexique,  jusqu'aux 
cyprières  de  la  Louisiane.  Au  nord  de  cet  Étal, 
trop  vaste  pour  ne  pas  se  briser  tjuelque  jour,  dans 
les  LIanos  Kstacados,  galrqjenl  les  Comanches, 
Indiens  qui  ne  veulent  pas  obéir  aux  blancs  usur- 
pateurs de  leurs  horizons.  Les  LIanos  participent 
à  l'aridité  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  aride  au  ]>ied 
oriental  des  Ilorlieuses.  Il  y  pleut  à  peine.  Des 
lagunes  salues  qui  n  oïd  [toinl  la  beauté  des  lacs, 
pas  de  sources,  des  lits  de  rivière,  mais  pas  de 
rivières,  aucun  arhr*',  |iru  de  buissons,  point  d'ha- 
■  bitants,  voilà  ce  qu'on  voit  et  ce  qu  on  ne  voit  pas 
dans  ce  slepfn?  d  700-1200  métrés  d'altitude,  qui  a 
dû  son  nom  de  «   Plaines  Jalonnées  x  aux  pieux 

Ijdantês  dans  les  solitudes  pour  indiquer  la  nuite 
au  passant  ou  à  la  caravane. 
Au  nord,  au  itonl-est  de  lendjoucluire  du  Rio 
Grande  del  Norle,  jusipi'à  la  Louisiane,  des  rivières 
aux  noms  castillans  sourdement  écorchés  jwir  les 
Texiens  anglophones  courent  a  des  lagunes  que 

|sê|»arent  du  flot  des  cordons  de  sable;  en  les 
remontant  on  chemine  lanlôt  dans  des  plaines, 
tantôt  sur  des  collines  et  de  petits  monts,  sous 

i.  C'csl  ce  que  %'oudMit  tliro  le  tnol  indien  Arixoua  :  le 
pajs  devrai!  ce  nom  à  ses  |iiuiliayas  ou  cactus  gt^ants. 


un  ciel  ctiautl,  favorahle  nu  coton,  A  la  caone  k 
sucre,  à  diverses  cultures  dites  tropicales  ou  semi- 
tropicales  :  aussi  le  Texas  se  peuple-t-il  avec  une 
extrême  rapidité,  bien  qu'un  fteu  torrlde  pour  les 
Anglais  et  les  Allemands  qui  on  sont  les  colons  les 
plus  nombreux. 

Pour  en  revenir  aux  Rocheuses,  leurs  premières 
villes  furent  des  baraquemenlsde  mineurs.  Argent, 
or,  presque  tous  les  métaux,  ces  nu)iitagnes  sont 
par  excellence  région  minérale  et  minière.  Tel 
prodigieux  filnn  d'argent»  leCimjstock,  dans  l'État 
de  ^évadrt.  non  loin  du  f.]n*min  de  fei'  du  Paci- 
fique, a  donné  1621)  millions  en  vingt  ans;  les 
galeries  souterraines  y  ont  déjà  400  kilomètres  et 
les  extracteurs,  arrivés  dans  des  couches  li'ès  pro- 
fondes, y  travaillent  par  40,  42,  45  degrés  de 
chaleur  ;  c'est  le  Sahara  dans  les  entrailles  de 
monis  neigeux. 

Versant  du  Pacifique  :  Colombie  ou  Orégon. 

—  Au  nord  du  (ir.ïnd  Lac  )>idê  dvb  Moj'in<uis,  iln 
Nevada,  de  ses  platiMUX  lacustres  et  de  ses  monta- 
gnes mét^dliques,  les  eaux  des  torrents  trouvent 
un  chemin  vers  la  mer  :  la  longue  rivière 
Serpent  (Snake  river)  les  mène  au  beau  lleuve 
(^oloniliie  ou  Orégon,  l'une  des  eaux  les  plus  ma- 
jestueuses du  monde,  quand,  tour  à  tour  lac  ou 
torrent,  elle  passe,  muette  ou  sonore.  en(re  d'im- 
menses rochers,  aux  Chutes,  aux  Dalles,  aux  Cas- 
cades. A  ces  trois  passages,  la  Colombie  perce  la 
dinifie  litlor.ile  par  un  i-onloir  de  200  kibimélres, 
et  à  tel  éhaïïgli'ijietU  les  jïiirois  qui  rétreignent 
ont  tOOO  mètres  de  haut  :  uu  sud  s'élance  le  moût 
lï(K)d  (Ô726  mètres) ,  au  nord  le  Saint-IIelens 
(21*72  mètj'eb);  liei's  l'un  et  l'autre,  sans  aides  el 
sans  contreforts,  ces  deux  vieux  \olcans  neigeux 
semblent  éleinls;  au  septentrion  thi  Saint-Uelens, 
le  Itainier  (4404  mètres)  porte  des  glaces  éternelles. 

Des  deux  bratiehes  qui  font  ce  fleuve  pur  de 
1000  a  1200  uièlres  de  largi*ur,  la  moindre  est  jus- 
tement celle  qui  g;irde  te  nom,  !a  Colombie,  venue 
de  la  Puissance  oi*i  plus  d'une  fois  elle  s'épanche 
en  lacs  all(>tLgés.  Li  vraie  rivière  mère,  le  Snake 
ou  SeriHMit.  qu'on  nomme  aussi  Lewis,  a  ses  sour- 
ces dans  le  pays  très  merveilleux,  parmi  les  fon- 
taines ardentes,  les  jets  d'eau  chaude  du  Tare 
national  de  \eIlow-Slone,  et  elle  court,  comnu* 
ses  affluents,  par  sauts  el  ressauts,  en  cagnons  ou 
hors  cagnuns,  dans  un  chaos  de  moiils  te  plus 
souvent  d'origine  volGUiique. 

On  tb»nue  77  millions  *riterlarcs,  une  France  et 
demie,  au  bassin  de  ce  lleurp  superbe,  long  de 


'*  ; 


680 


LA  TERRE    A    \(\\.    D'OISEAU. 


2000  kilomùlros,  auquel  ont  pari  cinq  Èiiiis  :  la 
ColiKJibit*  .in^I.iiso,  le  Wasliirifi'fiin.  ITliV^gniu  lïtliilu» 
il  le  Wyotniug.  IVu  do  cunlivcs  vali'iil  cos  770000 
kiloiruMres  carrés  ayant  des  mines  âe  laul  inétuI, 
des  herbes  touffurs,  des  fortMs  d'un  spItMididt^ 
i5lan,  sans  rivales |iL"uti'*ln',  failcs  do  sapins  jauneb, 
de  pins,  de  cèdres,  vi,  en  moindre  nombre,  de 
clicMies  el  de  hOtri's.  La  puissance  de  ces  bois  qu'on 


dit  «»g3ux  on  ètfmdue  à  tous  ceux  du  reste  di's 
l^liils-lnis  linii(  h  la  siiialHUMlanoe  des  pliiirs  dans 
h*  niird-duest  <ie  TLiiion.  surtout  au  vei's.'nd  ocei- 
dtMital  delficiiaine  desl^iascades  :  il  pleut  lelleiufnt 
sur  la  l)asse  Colambie.  sur  l'ouest  du  Washinplon 
el  d(*  rorégon,  que  l'ironii^  populaire  a  donné  le 
nom  de  Palmijw^des  (Webfeet)  h  ces  riverains  de  la 
nier  Pacifique. 


La  rivléro  Serpenl.  —  Dessin  de  TayKir,  d'après  une  pliolo^rapliic. 


ft 


Sierra-Névada.  Californie.  —  A  l'occudenl 
(kl  Nèvadii  l'un  gravit  des  pentes  raides  avec 
le  fumeux  cbiMiiin  <Il*  fer  du  Pacifique»  lequel 
traverse  toute  PAmérlque  du  Nord»  de  New-Yurit 
à  San-Francisco ,  rapprochant  aitïsi  les  deux 
Océans,  ef  ITurope  de  rOrient  Kxlrêine.  (lelle 
voie  francbiL  toutes  les  liorheust's  par  drs  ram- 
pes excessives,  suivies  de  descentes  terribles; 
sur  les  fmssages  d'altitude  majeure  des  para- 
neiges  protègent   lu    voie  contre  ramoncellement 


m 


des  frimas  hivernaux.  Une  des  gares  Sliemiann, 
à  2r>(î9  mitres,  serait  la  plus  haute  du  Globe 
s'il  n'y  avait  des  slalion»  mexicaines,  et  sur- 
loul  des  péruviennes,  presque  deux  fois  plus 
élevées. 

Os  nïoutajTnes,  qui  se  nomment  la  Sierra-Névada, 
cachent  au  (irand  llassin  les  horizons  du  Pacifique. 
r/esl  un  faite  que  les  pluies  ne  dépassent  presque 
jamais,  pour  le  plus  ^rand  malheur  des  vastes 
plateaux  couchés  à  l'orient;  mais  â  l'oceidenl  erè- 


ETATS-UNIS. 


681 


vent  les  nues  auxquelloâ  celle  an^tc  a  biin^  le 
chemin  de  l'est.  Avec  la  puissante  houle  du  sol, 
partout    hérissé  de  vagues  monfagneust^s*  Tahon- 

tdauce  ou  tout  au  moins  la  «  ^ulïisauco  »  des  pluies 
fait  In  bt'aulé  de  la  Californie  seplenU'iûuale.  Le 
grand  him'.  des  sierras  einppt'iie  l'Jiumidit')  de 
l'Océan  de  se  disperser  au  loin;  elle  lombe  en 
avant  des  pics  de  l'ar^lc  névadienne;  |t  de  ces 


pics  jusqu'au  (loi  salé  que  clierchent  les  torrents, 
on  admire  un  lacis  de  monts,  de  dédlt's,  de  laes, 
dp  foréls  oii  les  premiers  sapins  du  monde  s'élan- , 
cent  à  250  pieds,  queli|ueloiâ  à  40U;  mais  les 
Californiens»  sans  amour  et  sans  rùvé.renee  pour  la 
forêt,  mère  de  nos  liviéjTs,  ahatlcnl  ces  géants, 
pour  {t  gagner  H,  conmie  jailis  les  Normands  cou" 
i-eurs  d  aventures  :  bientôl  peul-ôlre  h  peine  res- 


Dini  la  Siflira-Névada.  —  Dessin  do  Riou,  d'apré«  uno  phoU>graptu«. 


I 


lera-l-il  cpui  fpie  le  Gouvemcraenl  fédéral  a  confiés 
A  la  Californie  |)ourles  garer  de  toute  iiijure,  dans 
un  «  Parc  mitional  d,  comme  une  des  merveilles 
de  l'Univers.  Cel  Êlal  esl  le  joyau  de  ri'tuim  el 
sans  doute  un  des  pays  de  la  Terre  (jui  ont  droit 
de  prétendre  au  laurier  de  la  beauté,  surloul 
dans  la  vallée  où  tombent  de  100  h  iOO  el  800 
métrés  les  sublimes  cascades  il  *  Vosémiti  ;  la 
palme  de  la  richesse  appartint  pendant  une  ving- 
taine d*onnées  aux  mines  d'or  (]ui  ont  fait  le 
0.  Aictiifl.  Lk  Tnni  #  vol  d'omcat. 


nom  de  Californie  proverbial  sur  toute  la  ron- 
deur du  Globe. 

La  Sierra-Névatia  a  les  ensellemcnts  de  ses  cols 
aux  mêmes  niveaux  «pie  les  ports  des  Pyrénées, 
mais  ses  pica  surpassent  beaucoup  ceux  des  monts 
Il isjvmo- français.  Le  Whitney  (45il  mètres)  monte 
un  peu  plus  haut  que  les  cimes  cubnînanUîS 
mesurées  jusqu';*!  ce  jour  dans  les  Uocl 
du  territoire  yankee,  lesquelles  se  ticnneaf 
iOOO  et  4500.  Prés  des  frontières  orégom 


LA  TERRE   A   VOL   D'OrSKAU. 


I 


le  c(Vu*  du  volcin  Sliasita  se  lève  à  AM}i  iriù- 
tpes;  le  pie  de  Lassen  (3167  mètres),  autre  vieux 
volcnn,  so  reconn.iU  de  loin  h  la  rougeur  de  ses 
rm'lies*. 

U  Californie  pluvieuse  ne  s'étend  point  sur  les 
1200  kilornMrvs  du  iitlurnl  de  rÉIal,  ni  sur  ses 
4J  millions  d'iu'tlîuvs.  l'rès  de  la  moitié  de  ceth* 
surface,  i-gale  aux  quatre  cinquièmes  de  la  France, 
dê[)end  d'un  rivage  soc  et»  derrière  les  nujula- 
gue:4  côtif^Tes  du  sud,  de  plaines  arides  allant  finir 
au  morue  eagnon  du  C(dorado. 

Alaska  :  lies  Aléoutiennes.  —  Depuis  18C7 
les  États-Unis  posst'idcnt  par  delà  TAmérique  an- 
glaise le  grand  pays  d'Al;iskii.  russe  auparavant. 
Us  OJil  là  ITiO  inj|lii.ïns  d'heelares  de  piesque  nulle 
valeur,  toul  au  nurd^JuesLdu  contineul,  au  sepleu- 
trion  du  55'  et  surtout  du  00^  degr^. 

Alaska,  c'est  la  emrupliun  d'un  mot  esquimau 
qui  veut  dire  grande  terre,  continent.  Sur  ce 
«  bloc  de  glace  avec  cofpjilles  au  Lord  de  la 
mer»  vivent  une  Irentïiine  de  mille  honmies,  toutes 
iles  adjacentes  com[>rise8,  et  aussi  la  longue 
Irain^'e  des  Aléoutiennes.  A  sa  seule  silualion 
sur  le  Pacifique,  l'ècliauffè  jusque-h^  par  le  lièrle 
courant  du  Kouro  stvo,  ce  pays,  le  plus  vas  le  et 
le  plus  désfiérilé  de  rilnion,  doit  d'être,  malgré 
sa  haute  lalilude.  lialjilable  sur  le  rivage,  dans 
les  iles  et  dans  la  vallée  inférieure  de  certains 
fleuves.  Des  montagnes  de  première  grandeur 
font  descendre,  jusqu'il  frôler  le  rivage,  des 
champs  de  glace  en  diminution  lenle  :  lels  le 
glacier  du  Ileau-Temps  (Kairweaîlier,  4iOQ  mè- 
tres) et  celui  du  &iint-Élie  (4502  mètres,  ou 
5900?). 

Pics  et  glaciers  grandioses,  mais  rarement  on 
entrevoit  ce  puissant  spectacle  jusqu'au  faite  ar- 
gentin des  rnonts;  il  pleut  persèvêrammenl  aur  le 
littoral  d'Alaska,  région  de  nuages  sans  éclaircie, 
de  soleils  lamisés»  de  boues  profondes  qui  sont 
comme  un  u  cinquième  élément  r.de  ciel  somhre 
n'est  tout  îi  fait  glacial  qu'au  nord  *le  la  [u-esqu'ile 
où  le  Grand  Océan  devient  la  mer  de  Dering; 
pourtant  même  an  midi  l'année  y  est  dure  ii 
passer  :  à  Sitka,  r.incienne  capitale  russe,  dans 
l'ile  lïai-anoff.  le  froid  desceiul  h  28  degrés  au- 
dessous  de  zéro  et  la  clinleur  ne  monte  guère 
f\uk  20  degrés  au-dessus.  Dans  Tinlèrieur  de 
l'Alaska.  la  température  est  plus  chaude  en  été. 


1.  Pic  Blnnca  {44(W  mélrcs),  pic  Unrwai'd  (4504  méUvs), 
pic  Long  (4350  méIrL'H),  pic  l'ike  (4711  i  métrés). 


mais  au  copur  de  l'hiver  on  a  souffert  des  froids  de 
—  5(3  degrés. 

t'n  très  miijestueux:  fleuve  passe  dans  ce  pays  de 
longs  hivers,  de  blanclns  solitudes,  le  Youkon, 
navigable  pendant  ?5U0  kilomêlres  (plus  que  le 
iKmube  n*a  de  îongueuj*)  et  peut-être  aussi  puis- 
sant en  lîois  que  le  Mississippi  même.  Né  dans 
la  Puissance,  il  y  a  toul  son  cours  supérieur;  chez 
les  Yankees  il  devient  si  grand,  que  10  h  12  kilo- 
mèîj'i'»  séparent  parfois  sa  rive  droite  de  sa  rive 
gauche  :  alors  il  est  plutôt  lac. 

Les  pêcheries  de  la  côte  et  des  fleuves,  les  mines 
de  la  niontagne,  les  sapins,  les  pins,  les  cèdres, 
les  bouleaux,  les  pnupliei*s,  les  saules,  les  aunes 
des  vallées  empêcheront  l'Alaska  de  demeurer  tout 
à  fait  désert;  les  Américains  en  tireront  ce  qu'on 
en  jieut  tirer,  des  fourrures  de  renard  noir  el 
de  renard  argenté,  des  bois  de  construction  el 
de  nifUure;  ils  pécheront  la  baleine,  le  phoque, 
le  saunmn.  la  rnorue,  mats  toute  leuj'  industrie 
n'y  décuplera  pas  les  50  000  honuues  qui  s'y 
déballent  contre  l'indigence  de  leur  vie.  In- 
diens, Esquimaux,  Ah'nuiliens,  Russes,  métis  des 
Russes  et  des  indigènes,  Yankees  très  peu  nom- 
breux. 

En  même  lemfis  que  l'Alaska,  les  Yankees  ont 
reçu  des  dusses  les  iles  Aléoulientjes,  lesquelles, 
toutes  ensemble,  dans  leur  arc  de  cercle  de  2500  ki- 
lomètres, peuvent  avoir  I  700  000  hectares.  Écueils, 
îlots,  rochers  à  pari,  il  y  en  a  plus  ou  moins  150, 
séparant  la  mer  de  Dering,  au  nord,  du  Puciiique, 
au  sud. 

Pailles  portent  une  trentaine  de  volcans,  cimes 
de  la  chaîne,  en  partie  cachée  sous  les  ondes 
améros,  qui  va  de  la  péninsule  effilée  où  se  ler- 
iniue  l'Alaska  jusqu'A  des  vagues  peu  éloignées 
de  la  presipiîle  du  K.initchulka,  autrement  dit 
d'Amérique  en  Asie,  La  mer  qui  les  baigne,  enti-e 
51"  el  55*  ou  50"  de  latitude,  n'étant  pas  toul  à 
fait  sans  chaleur,  elles  connaissent  peu  la  gelée, 
mais  la  pluie  les  mouille  plus  que  le  soleil  ne  les 
cImulTe  el,  comme  le  promontoire  américain  qui 
les  contemple,  elles  reroivenl  pendant  des  saisons 
entières  une  espèce  de  déluge  tamisé;  le  blé  n'y 
peut  mûrir,  les  arbres  y  sont  rares,  saules,  Irem- 
bles»  sapins,  rliénes,  et  tout  petits,  mais  l'herlK? 
est  belle  et  drue.  Ounintak,  Ounainska,  les  plus 
grandes,  se  lèvent  toul  à  l'est  de  la  traînée,  près 
d'Amérique  et  loin  d'Asie;  sur  Ounimak,  !c 
Pogromski,  volcan  refroidi,  monte  à  1795  nu^- 
tres. 

Les    Alêoutes,   originairomenl    Esquimaux    ou 


I 


ÊTATS-rMS, 


683 


Kamlchîidales,  vivoiil  de  l;i  pt!chL\  de  la  chasse 
au  plioque,  de  lu  prise  d  une  baleine,  de  leinps 
en  temps,  et  f/esl  ajurs  un  inonslrucui  festin. 
l'elils,  mais  bieti  nuiiassrs  et  Itvs  forts,  re 
Bonl   des  maîtres  canotiere,  jamais  fatigues  pen- 


dant les  longues  journées  de  la  saison  de  p*- 
clie;  ils  passent  l'hiver  en  conimutt  dans  des 
ou;Uas,  espt'CPs  de  terriers  on  lant  de  familles 
s'i'Uliissienl  (ju  il  y  fait  ivon  cliaud  et  qu'on  y  vil 
presque   nus  cl   (mes.  On  a   toujours  \anlé    li.'ur 


Du  Taalice.  —  Besftiii  de  IL  RDigat,  il'«jiii^  uno  phtfU»grapliie. 


douceur,  leur  hon(é,  leur  lionniMple.  leur  mé- 
pris du  menson^f.  ils  ont  grandement  diminué 
de  nombre  depuis  L°i  [ireniière  apparition  îles 
ItUîtsrii  (174*0.  qui  s's  éliiblircnt  ronuni"  prilirur>. 
négociante,  urhctcurs  di*  fmirnnv.s.  [h*  tUUUU, 
ih  sont  descendus  à  1500  et  font  (ilace  insen- 
siblrrnenl  h  des  TniniMes  de  Métis  piiriaiit  riissi* 
jusqu'à    ce    jour.    Celle    longue   jetée   dites   sé- 


parées  par   de  larges  passes    n'a    rien   encore 
d'  <i  anglo-saion.  0 


Les  Yankees,  les  immigrants.  —  Tel  cbt  lo 
monde  yankee,  où  ne  s'éteint  jamais  le  soleil  : 
quiiitd  l'astre  se  couelie  sur  les  lacs  forestiers  du 
Maine,  il  se  li?ve  sur  les  Aléoulicuues  derrière  le 


684 


I.A    TEfUlK    A    VOL    D'OISEAU. 


voile  (lu  broiitlhird.  Tcllo  est  l;i  pjilj'ie  rn:i^^tiifi- 
quemenl  diverse  d'un  peuple  dont  ta  prùcoce  ado- 
lescence, ta  liAte  eflVéntiLS  raclivilè  sans  humes 
n'oni  pas  encore  eu  d'i''galesdariy  l'iijsloire.  En  1701 
le  territoii'e  cidonisi.^  par  les  Anglais  renfentuiil 
262  000  IjulutîinLs;  en  1749  plua  d'un  million; 
3  millions  en  1775;  4  millions  en  1700;  plus  de 
5  millions  en  ISOO;  plub  de  7  en  1810;  pr«>s  tic 
iO  en  iM^iU;  près  de  io  en  1850;  17  en  18 41); 
25  en  1850;  pr^s  de  52  en  «860;  près  de  59 
en  1870;  50  inillinns  if2  en  IS80;  et  niainte- 
n.iiil  In  nalion  des  n  Aniérieains  »  4'roil  de 
1200  000  k  1500  000  personnes  par  année,  par 
les  naissances,   par   riinniîgi'alion  : 

Far  les  naissances,  parce  que  le  climat,  sain 
(iresijue  partout,  encore  que  dur,  excessif  dans  le 
froid,  dans  le  cliaud»  convient  auîc  Européens  de 
loiilfs  les  zones;  [jarne  que  les  cuUtns  uni  devant 
eux  d'immenses  horizons  do  terres  vides,  et  t|u'en 
face  d'un  sol  vacant  les  enfants  sont  la  rîcliessc 
de  la  famille, 

l'ar  l'inimignatioa,  parce  que  la  plu[>arl  des 
ti  las  dTuropc  »  élisent  depuis  einipianle  an» 
la  cunli'ée  des  Vnnkees  pour  y  réaliser  leui^s 
i'<)ves  de  forlmie  —  en  (piui,  cei'tes,  ils  choisis- 
sent bien  —  et  quelrptes-uns  leurs  r»}ves  de  jus- 
tice, de  fraternité»  d'idéal  —  en  quoi,  certes» 
ils  oui  lurl. 

De  la  prcHiièj'e  année  de  lliuléperulanee  à  1820 
l'Union  reçut  au  plus  2500(^)1»  Immmes  ;  de  1820  A 
18Ô0,  le  Moi  grossit;  plus  empire  à  la  suite  de  la 
gratïde  famine  d'Irlande  (1847)  et  des  révolutions 
de  1848. 

1800  vil  venir  2'OOf)  personnes;  en  Î840  les 
Yankees  eu  ahs.^rbéreiil  84000;  ri70  000  en  1850; 
puis,  suivant  les  années,  200  000,  500  000,  500  000» 
et  jusqu'à  [>rès  de  800000. 

Anglais,  Irlandais,  furent  longtemps  les  seuls 
imnngrants,  mais  anjuut'd'luii  toutes  les  nations 
du  (ilulie  ont  part  à  eette  invasion  :  elle  remue 
(lins  de  monde  qu'autrefois  le  lerrîhle  ébranle- 
ment des  llarliares  qui  renversa  Home  et  son 
empire  universel.  Kl  cejiendant  les  États-Unis 
sont  un  pays  déjà  presque  «  vieux  h,  avec  villes 
énormes,  et  vh  et  là  rencomljremenl,  le  pro- 
létariat, la  misère,  les  grèves,  l'industrie  effrénée, 
tes  souiïrances  sans  nom.  Ils  abusent  de  tout, 
de  leur  sol,  de  leurs  foi'éls,  qui  fui'enl  sph'u- 
dides.  de  leurs  mines  de  tous  mélaux,  des  Va\- 
rojiéens,  d'eux-mêmes;  ils  ont  livq»  sjïéculé  sur 
toutes  leurs  richesses.  Leur  îig-e  d'or  est  derrière 
eux. 


En  lèle  de  l'immigration,  qui  se  rue  presque 
toute  sur  New-York,  arrivent  les  hommes  des  Iles 
iliitatniiqut^s.  Malgré  rimmensitê  de  Ttlmpire  .\n- 
glfijs.  le  elimat  sain  du  Canada,  la  chaleur  salu- 
l>re  et  les  iliamants  du  Cap,  l'or  de  l'Australie, 
la  beauté  de  la  iNouvelle-Zélande,  Anglais,  Gal- 
lois, Kcossaîs,  Irlandais,  les  Saxtms  comme  les 
Celtes  de  l'arehipel  «  inqM''i'i;d  w  s'expatrient  de 
pi'êférence  aux  tlals-rnis.  On  peut  dire  que  des 
conïlês  entiers  de  Tlrlande  sont  venus  s'y  en- 
gouffrer, dimiriuaril  chez  eux  le  dcmuûne  de  la 
vieille  langue  nalionale  pour  accroître  d'autant, 
par  delA  les  flots,  l'idiome  des  maîtres  détestés  — 
il  n\  a  sur  tout  le  territoire  yankee  qu'une  église 
où  l'on  prêche  eu  erse. 

Puis  viennent  les  Allemands,  taulOt  moins  nom- 
breux que  les  seuls  Irlatidnis,  tanlôt  plus  nuni- 
lueux  que  tous  les  ti  Ihelons  h  enseuïble,  100  000  à 
200  000  par  an,  les  lies  Ikilanuiques  en  fournis- 
saril  de  150  00(1  à  500  000.  Ile  1820  jusqu'A  nos 
jours  la  Germanie  aura  bienUU  perdu  6  millions 
de  Teutons  dans  Tahime  américain;  l'archipel 
anglais  y  a  noyé  depuis  lurs  plus  de  7  millions  de 
ses  lils.  tandis  que  la  France  n'y  a  guère  englouti 
que  iOO  000  rrani;ais  :  elle  y  émigré  beaucoup 
moins  que  la  Seaiidinavie  et  A  peine  autant  que  la 
Suisse,  mais  des  centaines  de  milliers  de  t^na- 
(lietis-rrant;ais  sont  venus  s'établir  dans  les  villes 
nianufactuiières  de  l'Iist  ou  dans  les  larges  champs 
de  l'Ouest,  et,  à  leur  louange,  ils  résistent  mieux 
qu'aucun  autre  peuple  au  yankêisme  puissant  et 
brutal.  Les  Allemands,  eux,  se  laissent  anéantir  dès 
la  pi*emièt%  ou  U  seconde  génération;  ils  ne  sont 
n'stés  eux-mêmes.  grAce  A  une  ancienne  colonisi- 
lion,  que  dans  un  eoin  de  la  Tennsylvanie,  entre 
Dclaware  ei  Susquehannn  :  U  ils  remplissent  de^ 
comtés  iMïliers  où  ils  ont  giTitlé  leurs  mœurs,  leurs 
traditions,  uu^ne  leur  langue,  si  toutefois  on  ptnit 
appeler  allemand  un  idiome  bAtard  tout  infiltré 
d'anglais. 

Ajirès  les  «  Deulsch  u  an'ivent  les  Scandinaves, 
Suédois,  îVorvéfîiens,  Danois,  Islandais  mêuie,  em- 
portés k  grands  lUtls  depuis  quelques  années  vers 
les  prairies  du  Grand-iïuest»  en  Michigan,  AVis- 
cotisin,  Minnesula,  ete.  Avant  qu'il  soit  longlemj.s 
1500000  à  1800000  de  ces  hommes  du  Nord 
auront  pris  le  chemin  du  volontaii'e  exil. 

Puis  re  sont  des  Suisses  des  trois  tan;,mes,  des 
Antrii'liiens  des  dix  langues,  des  Hollandais,  des 
lU-l^'ea.  (K's  Italiens,  des  Portugais,  des  Polonais, 
<]es  lUisses.  di's  Mexicains,  des  Amérii'îiins  du  Sud, 
des  Maronites,  et  autres  Arabes  du  Liban,  etc.,  etc. 


I 


m 


LA    THIUIE    A    VOL    D^OISEAU. 


L'iiTimigration  chinoise,  qu'on  Irouvail  meiiavanlP» 
a  été  entravée,  |niis  nrrvlèo  (k»  force. 

Que  sont  les  Tankees?  Que  font-ils  des  In- 
diens? Les  Nègres. —  Souvfiil  le  nurn  vil  quand 
la  chose  est  rîukrïe.  Les  Anglais  sont  toujours  Iniîtrs 
de  raee  angk>-saxonne,  par  un  incroyable  mépris 
des  ùlêmeiits  précel tiques,  celtiques,  &can*Iinaves, 
flamands»  rj'an(;ais,  wallons  (el  tanl  i!  autn's)  entrés 
dans  \q  sang  anglais.  Les  piunniers  des  Étals-Unis 
étant  venus  surtout  d'Angleterre,  on  nomme  Aiiglo- 
Saions  le  peii[ïle  liyfterhyLride  qui  bouleverse  im- 
palieumieiit  l'Amêriqne  du  Nord. 

Qui  pourra  dii'e  à  quel  degré  ce  nom  ment  au- 
jourd'hui, après  les  millions  d'Allemands,  d'Irlan- 
dais, de  Scandinaves,  de  Français  et  rranco-(bna- 
diens,  de  Néo-Lalins,  de  Slaves,  de  Chinois,  de 
gens  de  tout  visage  et  de  toute  pairie  dont  le  sang 
s'est  m*Mè  au  sang  des  premii>res  fainilles  anglaises? 
Sur  dix  navires  abonlant  aux  États-Unis,  il  en  est 
neuf  pour  y  augmenter  l'anarchie  des  races  :  l'un 
uméue  des  Celles,  un  autre  des  Germains,  urï  autnr 
encore  des  Tchèques,  des  Juifs  allemaruls  ou  [po- 
lonais, des  Mennoniles  germano-inisses;  celui-ci 
débarque  des  Frani^aîs  ou  des  Italiens  ou  des  Por- 
tugais des  Av<»res,  celui-là  des  Ilungi'ois  ou  des 
Slovaques.  Kl  tout  cela  s'ahirne  dans  la  nation  des 
Yankees,  profoiuie  comme  la  meretrecevanl  comme 
elle,  A  ne  pas  les  comjiler,  des  fleuves  dont  aucun 
ne  ressendjle  aux  autres. 

Dans  ce  brassage  éternel  dïdémeuts  divers  sous 
des  climats  qui,  bien  que  tempérés,  ne  sont  pas 
ceux  do  l'Eul'ope,  le  vieux  type  anglais  des  IVinda- 
leurs  s'est  déjà  transformé.  S'il  faut  en  croire  tout 
ce  qu'on  en  dit,  les  Américaitïs  se  distinguLMJt 
maintenant  des  Anglais  par  une  foule  de  caractères, 
maigreur  et  sécheresse  du  corps,  longueur  des 
os,  étroitesse  de  la  face  et  du  front»  nervosité,  folle 
activité,  lii^te  impatiettte,  viftx  nasounanle,  dents 
tombant  de  bonne  heure,  l^eul-étre  les  anlhrojm- 
logues,  ethnologues  et  autres  docteurs  ont-ils 
conclu  trop  vite,  suivant  l'usage,  mais  une  chose 
ne  peut  plus  se  nier  :  l'infécondité  des  familles 
vraiment  yankees  fixées  sur  le  sol  dt^puSs  cent, 
deux  cents,  deux  cent  cinquante  ans.  Les  enfants 
sont  rares  dans  la  [SouveKe-Anglelerre,  cIjoz  les 
arrièri'-[tetits-(ils  des  <i  Pères  pèlerins  h  dont  il  sctn- 
lilnit  d'alHU-ii  cjue»  la  j»ostéi  ile  serait  égale  en  [iom- 
biv  aux  sables  de  la  tuer,  suivajil  rexpressiiiu  du 
livre  lu'i  les  Puritains  cheicliaient  la  consolation 
dans  l'épreuve.  Soit  pardêcadtMU'i\  sidl  par  calcul. 
la  vie  n'y  réparerait  |ijus  lu  luorl  si  ces  vieux  États 


ne  recevaient  â  flots  dans  leurs  villes  de  commerce 
ou  d'industrie  les  Irlandais,  Anglais,  Allemands, 
Franco-Canadiens,  aussi  féconds  que  les  Yankees 
sont  deventïs  stériles. 

Quelle  que  soit  cette  race  venue  du  mélange  de 
toutes  les  nations  de  l'Europe,  avec  un  peu  d'é- 
léments indiens  et  d'éléments  noirs,  quelque  nom 
qu'elle  mérite  ou  qu'on  lui  donne,  elle  se  distingue 
entre  toutes  par  son  esprit  pratique,  sa  rapidité 
d'exécution,  sa  hâte  de  jouir,  son  activité  dévo- 
rante, fi  Chez  nous,  disent-ils,  Dieu  ne  se  serait  pas 
reposé  le  septième  jour.  i>  Aucun  peuple  n'entend 
aussi  bien  la  vie  pratique,  aucun  n'invente  tanl 
de  machines  ingénieuses,  nul  ne  fait  aussi  vite  au- 
tant de  chemitïs  de  fer,  nul  ne  remue  plus  le  sol. 
dessus  et  dessous. 

Pendant  que  les  Yankees  et  les  500000  Européens 
qui  leur  arrivent  tous  les  ans  donnent  le  spectacle 
de  grandes  forêts  coupées  en  quelques  jours,  de 
longs  chemins  de  ferélahlis  en  quelques  semaines, 
de  villes  bruyantes  bâties  en  quelques  mois,  les 
anciens  maîtres  du  sol*  les  Indiens  s'effacent.  Ils 
reculent  devant  le  défricheinenl:  les  champs  rem- 
placent le  bois  et  la  prairie,  le  bison  dis|>aralt.  les 
poissotïs  des  riviéirs  meurent  dans  le  détiMlns  des 
usines,  et  l'Indien  suit  dans  leur  fuite  les  bêles 
dont  la  chair  l'enlrelient.  dont  la  peau  le  couvre 
cl  le  chausse.  Quelquefois  des  tribus  s'indignent 
d'être  chassées  du  sol  des  ancêtres,  leur  colère 
écbile,  la  guerre  commence,  elle  dure  longtemps: 
les  Indiens  tondietit  tout  â  coup,  connue  des 
nues,  sur  un  village,  un  hameau,  une  ferme,  lui 
convoi;  ils  enlèvent  des  chevaux,  des  troupeaux, 
des  femmes,  puis  ils  fuient  avec  des  cheveluivs 
scalpées  sur  la  tète  des  lïlancs  vivants  ou  morts, 
et  ces  honteux  trophées  seront  rornement  de  leur 
wigwam'r  le  monument  de  leur  vaillance,  la 
gloire  de  leur  famille,  l'exemple  des  jeunes  guer- 
riei-s  de  la  tribu,  A  h^ur  tour,  les  fïlancs  les  tuent 
comme  on  tue  le  b>up^  te  serpent  on  la  taupe,  Siins 
remords,  même  avec  joie,  par  familles  cutiért's.  Que 
peuvent  quelques  centaines  de  Peaux-Rouges  contre 
des  soldats  blancs  ayant  den-ière  eux  cinquante 
millions  de  complices,  et  PEurope,  et  toute  la 
force  de  la  civilisation? 

On  ne  sait  conibleji  d'Indiens  vivaient  il  y  a 
deux  cerd  cinquante  ans  sur  le  lerritdire  des  Étals- 
l'nis  :  les  eslirnatioiis  varient  très  bul,  entre 
\mmi}  et  D  tMItJOOO-  Le  nombre  des  Indiens  chas- 
seurs pmivait  être  de  500000,  celui  des  Indien^i 
agj-iculteurs,  les  Séminoles,  les  Alibainuus,  etc., 
L  Mot  indien  :  cliaumiére. 


ÉTATS-UNIS. 


m 


\ 


n  esl  point  fixé  par  les  documents  espagnols  de  la 
première  conquête.  Forts  aujourd'hui  d'environ 
300  000,  ils  st'tnbleiil  arrivés  un  moins  ;ï  IVtal 
stable,  si  même  ils  n'augnicMitent  quelque  peu 
malgré  tant  d'ennemis  :  la  misère,  la  fuite  du 
bison,  la  friiiii.  le  (Vuld,  In  nge  d  être  dépouillt^s, 
le  d*^sespi>ii\  Ti^priî  smiliineiU  de  leur  faiblesse,  le 
fusil  des  spoliateurs,  l'cau-de-vie,  la  pelilc-vérole 


cl  la  syphilis.  La  nation  la  plus  nombreuse,  celle 
des  Sioui,  ne  comprend  guère  que  ."U  000  hommes 
en  bofïueoup  de  Iiibus.  Les  Indiens  li»s  jOiis  ter- 
ribles, les  Aparhes,  b's  Conianclies  et  les  Navajos, 
massarrenl  encore  des  Blancs  dans  le  Texas, 
l'Arizona  et  sur  toute  la  marche  du  Mexiiine. 

Ces  Indiens  ne  ressendileul  pas  tous  aux  lucres 
des  romans  qui  charmèrent  notre  enfance.  Certes 


Indiens  Sious.  —  Dessin  do  C.  Gilbert,  d'après  des  photograiifalos. 


la  plupart  de  b'urs  (rilïns  furent  toujoui*s  rlinsse- 
ress<rs;  courir  le  bison,  scalper,  (Mre  scalpa,  souf- 
frir les  tourments  sans  Laisser  le  regard,  sans 
changer  de  voix  cl  sans  diminuer  d'altitude,  ces 
quatre  choses,  et  la  sagesse  dans  le  conseil,  fai- 
saient chez  elles  l'Indien  parfait.  Mais  d'autres  na- 
tions pri>f<Vaienl  la  culture  aux  einimscndes  :  tel 
un  |Mruple  de  la  Floride,  h's  NabuntI,  qui  i'inHL''renl 
AU  Mexi(pie  In  puissance  renvera^e  par  Corlt^s; 
plus  lard,  les  premiers  Espagnols  qui  explorèrent 


le  sud  des  I\lals-Unis  y  renronlrèrenl  des  Indiens 
tixés  k  la  glèbe;  et  aujourd'hui  même,  sans  les 
massacres  de  la  dernière  guerre  civile,  il  y  aurait 
dans  l'iiiion  fiOOOO  IVaux-Rouges  sédentaires , 
avec  leurs  écoles,  leurs  journaux  dans  leurs  lan- 
gues, et  aussi  leurs  esclaves  noirs,  car  jusqu'à  la 
calastropho  a[q^elèe  guerre  de  la  S<Vession,  les 
Indiens  |Missédaient  qu*'l(pies  milliers  de  Noirs, 
qu'ils  traitaient  durement,  h  ta  sauvage. 

Toutes  les    tribus  ne  sont  pas  livrées  â  elles- 


688 


l\    TERRK    A    VOL    D'OISEAU. 


« 


mêmps,  prraiil  ou  hiihilnut  m  l)oti  leur  somiiii! 
dans  les  inimenâili^s  oncore  dissertes  des  Êtflbi.  A 
la  fois  pour  les  mainteuir  et  [foiir  les  sauver,  si 
possiljlt',  le  ijuuverueiuenl  a  parqu*'*  les  plus  civi- 
lisées duns  un  puys  qu'il  leur  î\  spêcialeinetit  Obsi- 
gnô,  dans  le  Territfiire  Indien. 

Le  Territoire  Indien  a  IT^jÛOI^OO  hectares  :  là, 
entre  Kansas,  Nouvertu-Mexi*pit%  Texas,  Arkiinaas 
et  Missouri,  aux  bonis  de  l'Arkansas,  de  la  Cana- 
diotuie  et  de  la  liivière  fiougo  du  Sud,  vivent 
5Û(IOO  Indiens,  h  vMè  de  10  000  ^egres  et  de 
5000  Ulancs  entrés  par  mariage  ou  par  adoption 
dans  les  diverses  nations  indiennes.  Ces  50  000  In- 
diens eomprenneid  4les  Irilnis  hvs  peu  assou- 
plies encoi'e,  (î(iniaiit:lies^  Usages,  Chèjeniies, 
Arrapalioes»  chacune  parlant  sou  idiome,  et  toutes 
ayant  adttplê  le  conianelie  eoninie  langue  «ij^uêrale. 
Quant  aux  ti  (riijus  civilisées  u,  Tcliirokies,  Séuii- 
noles.  Cris,  Tchoctaws  ut  Tchikusuws,  elles  fout  un 
petit  peufïle  iTune  trentaine  de  iTiilIiers  d'hommes 
paisibles^  dont  ioOOO  au  moins  parleut  Tanglais 
en  même  temps  que  leurs  langues  nationales. 

On  peut  cmindre  qu'un  jour,  peu  tVlûigné  peul- 
ûtre,  celte  a  Réserve  des  Indiens  u  ne  lojnbe  dans 
les  mains  grossières  des  pionniers,  el  que  ces 
.faibles  restes  des  anciens  ranitres  de  IWméritjue 
ne  soient  chassés  vers  quelque  sol  eueure  sans 
ebeniins  de  ler,  sans  routes,  sans  bdiom-eurs  et 
sans  boutifpiiers,  en  tout  an  moins  noyés  dans 
une  mer  d'Yankees  et  d'Kumpêens.  Outre  le  Terri- 
toire liuïien»  un  grand  uondïre  4le  n  Uéserves  a 
sont  disséiuiiiées  dans  divers  États  de  l'Union  et 
encore  plus  menacées  qu(^  lui  d'uuc  prochaine  iii 
vasiou  des  aventuriei^  bl:u»es.  Les  serments  sacrés, 
les  conventions  seellées  et  paraphées  ne  les  sau- 
veront pus  plus  qu'un  traité  solennel  ne  sîiuva  les 
Tchinikies  entre  1850  et  1840  :  celte  tribu,  qui 
avait  presque  doublé  en  seiKc  années,  car  de  HKJOO 
elle  était  montée  à  18  000,  vivait  tout  doucement 
dans  un  cijin  île  la  Géorgie  quan<l  eHe  fut  dépouil- 
lée du  sol  que  des  stipululions  inviolables  lui  as- 
suraient à  perpétuité,  et  déportée  en  1839  et  en 
1840  dans  ce  Territoire  Indien  oîi  n'habitent  que 
des  nations  spoliées  et  (rompées. 

Les  Nègres,  importés  d'Afrique  avec  loutes  les 
cruautés  d'us;tge,  pour  cultiver  les  planljiliiins, 
surtout  les  eotonniéi'es,  sont  devenus  libres  h  h 
suite  d'une  guerre  civile  qui  a  couvert  de  cinîetières 
plus  d'une  ean»f>af,'ne  idylltijue,  autour  i\i*  Wash- 
ington» Riehmond.  Atlanta,  dans  le  Maryland, 
la  Virgirïie,  lesCarolines,  laGeoi'gie.  le  Tennessee» 
r.4labama,   la  Louisiane,  sur  le  littoral,  dans  les 


Allegbantes,  et  jusque  sur  le  Mississippi,  qui  baijinie 
matnlenanl  des  mornes  tragiques  à  Mempbis  el  à 
Vickstiurg.  Les  filais  du  Nord  anii-esclavagisles  ont 
vaincu  les  Ktals  à  esclaves  du  Sud. 

Depuis  lors  les  Noirs  et  Mulâtres,  auxquels  on 
prédisait  une  ruine  rapide,  une  disparition  promp- 
(ts  iint  au  contraiiv  singulièrement  augmenté  : 
de  4  441000  en  1860,  avant  les  tragédies  de  la 
guerre  de  Sécession,  ils  sont  montésà  4  880000  en 
1870,  A  0lj8i  000  en  1880;  à  7  500000  en  1891  : 
d"oû  il  suit  que  «  Bon  Négro  i»  ne  sera  jamais 
extirpé  dejanuiitié  méridionale  du  NouveauMonde. 
connue  onTavait  prétendu.  Ils  s'accroissent  de  leurs 
proju'es  forces,  sans  être  incessamnieni,  énormé- 
ment acerus  connue  les  Blancs  par  rinunigration. 
Le  ciel  du  Midi  sourit  avec  indulgence?  h  leur 
liberk^  nouvelle;  ils  résistent  plus  que  le  HInnc 
aux  mîasnu'ii  des  terrains  bas.  ils  bravent  mieux 
la  fièvre  jaune,  ce  «  roi  des  épouvantements  »  pour 
ITuropéen,  qu'il  soit  du  Sud  ou  qu'il  soit  du  Nord. 
Ils  sont  pres<[ue  tous  massés  dans  le  pays  compris 
entre  l*Atlantique,  Washington,  Saint-Louis  du 
Missouri  et  l'embouchuri;  du  Rio  Grande  del  Xorle. 
Ils  k'ndeid  évidemment  h  se  concentrer  au  sud  **l 
au  sud-est  de  l'Lnion,  dans  la  Louisiane,  le  Missis- 
sippir  l'Alabama,  la  Floride,  la  Caroline  du  Sud» 
État  qui  na  tpie  se[it  Blancs  contre  dix  Nègres. 
Ces  pays-lâ  ont  de  vastes  marais  el  le  Noir  vit  heu- 
reux, robuste  et  tlispos  dans  les  vases  chaudes, 
eiumne  le  chevrier  sur  sa  montagne.  Les  Yankees 
ont  une  insurnionta[)le  lépulsion  (K)ur  les  Nègres 
el  (le  l'horreur  |)our  leur  allianee;  il  y  a  pourtant 
beaucoup  plus  de  btlOOÔO  MuhUres  aux  Êlals-l'uis. 

400  UnO  Africains,  vendus  jus(|u'en  1808,  année 
(k'i  rim[>ortation  cessa,  ont  dunné  naissance  â 
toutes  les  familles  noires  de  lu  République. 

Langues.  Religioas.  —  L'anglais  est  partout 
langue  nationale. 

Ttïus  les  Noirs  le  p^irlent,  h  la  nègre  s'entend, 
avec  distorsions  de  mots  et  syntaxe  enfantine; 
beaucoup  d'Indiens  le  connaissent;  les  Blancs  s'en 
servent  exclusivement  ou  k  côté  de  leurs  idiomes 
maternels.  L'allemand  régne  encore  dans  des 
cantons,  des  bourgs,  ries  quartiei^s  de  grandes 
villes»  et  dans  une  partie  de  la  Pennsylvanie  un 
jargon  comique  où  rnlleniand  se  mêle  h  l'anglais. 
Be  même,  les  langues  Scandinaves  a^sonnent  pour 
rinstant  parmi  les  colons  suédois,  danois  et  norvé- 
giens du  Cranil-Ouesl.  Le  français  se  parle  dans  les 
paroisses  franeo-ranailiemies  peu  éloignées  de  la 
province  de  Québec,   dans   le  nord  du  Maine,  du 


k. 


ÉTATS- 


689 


New-H.impsliire,  du  Vermont,  du  New-York;  dans 
de  nombreux  villages  ctinadiens,  français,  bel- 
gi'S,  wîillons,  suîsMi's  runians  du  Far-Wt'sl.  sur- 
IrtUt  dans  riltiiiois,  le  NVist'onsin,  le  Micliig.m, 
le  Minnesota,  le  l^acota;  enfin  dans  la  Loursiam*. 
qui  fui  niHrc  et  où  200  000  (?)  Lrmisiannis,  dont 
50000  à  lu  NuuvoJle-Urléans»  ont  loujuurs  le  friui- 
rais  pour  langue  maleniclle.  L'espaj^nol  s'em- 
ploie dans  dix  comtés  du  Nouveau  Mexique  sur 
treize  el  dans  quelques  dislricts  tic  TArizona  cl 
du  Texas. 

Aucune  de  ces   langues  ne    paniit  cajiable   de 


résister  bien  longtemps  h  la  |iression  de  l'anglais,, 
qui  est  le  parler  de  l'immeiise  majorité,  le  lien  des 
aiïaij'es  dans  un  pays  <m'i  les  alÏÏiirfs  sunt  tout. 
Seuls  les  Espagnols  voisins  du  Mi'xique  e(  les  Ca- 
nadiens voisins  du  Canada  ont  quelque  espoir 
de  survie.  Les  (îcmiains  sont  certes  benueniifi  plus 
nombreux  que  les  «  Caulots  m,  et  surtout  que 
les  Ca^lillairs  :  on  suppose  qu'il  y  a  au  moins 
0  millions  de  germariopbones  aux  Klals-lnis,  contre 
un  ttuni<jn  de  francophones  nu  plus,  mais  ils  s'as- 
similent très  vite  h  la  masse  aiiL,'loplione»  dés  la 
seconde  el  sauvent  dès  la  preiiiiùre  génération;  el 


Ils  ne 


Cliâiiip  lie  c^inne  à  sucre  au  midi  des  ftaU-Utiii.  •-  Dessin  de  Iltou,  <ra|ir^  une  pbututsrdpliiu. 


Il»  ne  s*appuient  pas  ù  un  peuple  de  frères  libres 
(le  la  maîtrise  anglo-saxonne. 

Le  protesUntisme  a  la  haute  main  dans  ri'nion, 
sous  une  cenlaincde  formes,  et  très  vivace  encore; 
souvent  le  pays  assiste  à  des  revivais  ou  réveils, 
conversions  en  foule  au  christiaiiisn»e  litlénil.  P^r 
les  Irlandais,  par  les  rranco-Can.idiens  et  les  Fran- 
çais, par  les  Italiens,  par  les  habitants  de  ce  qui 
fut  Mexique,  la  relignm  romaine  est  le  lot  de 
10  millions  d*hommes;  elle  f:iil  de  grands  progrés 
aux  Él»ts-Unis  el  converlit  [ïlus  riiez  les  prtttes- 
tants  que  cem^ct  chez  les  catholiques. 

États  et  Territoires.  —  Les  Ëtats-Unis  com- 
prennent en  ce  moment  : 
Un  district  fédénil  appelé  Colombie,  tout  petit 
0.  Rickc».  Là  Teiiki  a  rot  b'oix&o. 


pays  de  18  100  hocUires.  de  230000  habilants. 
autour  de  NVashingloii.  capitale  générale  de  tous 
les  Étals  de  la  Bannière  étoilée* —  le  drapeau  de 
rUnion  est  senu»  d'étoiles,  une  par  Fiat; 

Quaranlivqualre  Fiais,  souverains  chez  eux.  mais 
relevant  du  Congrès  de  Washington  pour  les  uiïaires 
communes; 

Quatre  Territoires  attendant  d'avoir  assez  d'habi- 
tants pour  être  admis  au  rang  d'État; 

Lt}  Territoire  Indien  ; 

L'Alaska,  s»'»paré  du  reste  de  l'Union*  et  qui  est 
conune  une  con4|uéte.  une  colonie  :  conquête  à 
prix  d'argent,  colonie  sans  colons. 

Le?  quuranle-quntre  Fiais  dilïï'rent  beaucoup 
d'étendue.  <le  population,  de  richesse  :  le  Texas  a 

1 .  Stur  tpangled  UatiHcr, 

87 


•-^ 


_2 


[m 


LA    TERIIE    A   VOL    O'OISEAO. 


pr^s  do.  69  millions  d'hectares,  la  (lalifortiii» 
A\  iiiillions,  le  Nêvftdâ  près  de  29  millions,  ic 
(jjlor.'Klii  |nvs  th  2'J,  rOn-gon  pivs  de  25,  Inridis 
{]Uii    if    (lliode-lslîind    no.    couvre    que    32"!  700 


heclares.    le    Delaware   5Ô0900,   le    Conneclicul 
12'J2.jOO.  le   New-Jersey  2021000,  et   le  Massa- 
diusotts2ir)-i000. 
l'^l  si  le  ^e^v-Yo^k  n'u  pas  moins  de  6  millions 


Luc  avenue  Ue  CLicago.  — DciiéinOe  E.  TUtroud,  il.i(]ii:»  uue  jplioloijrapliiu. 


ddraes,  la  Pennsylviiiiie  plus  de  5  inillions,  et  si 
nombre  d*ÉlaLs  dépassent  dix  fois  ccnl  mille  hommes 
el  s'approchenL  ceux-cidtî  ilrux  millions,  ceux-là  de 
trois  ou  de*[ualr'e,  beaucoup  n'nnt  pas500UUOûmes 
ou  seulement  lOOOOU,  vuire  50  000, 

S.inf  les  jinys  d'avant  la  dêdamliotï  d'indépen- 
dance, ceux  de  la  première  calonisalior»,  ceux  qui 


ont  conmieiicê  Ihistoire  et  longtemps  dirigé  les 
destinées  du  futur  ti  peuple  géant  »,  tous  ces  Étab 
ont  été  découpés  nu  hasard,  par  imm»*nses  lif^ues 
droites»  suivant  les  longitudes  el  les  latitudes, 
sans  souci  des  climats,  des  len^aius.  des  unités 
gêographi4|ues.  Ils  n'onl  pï'esque  rien  d'historique. 
Grands,  l'iehes,  insolemment  pros|>ère»,   usant  et 


^^SÊimâ 


Vue  des  ruine»  d'uu  pulais  lolUque.  —  Oessia  de  Sclliei*,  d'apr6i  uiie  |*liolMgra(iiiii!. 


MKXIOUE 


Amérique  latine.  —  Avec  le  M<»xiquo,  on  onlrc 
(l;iii»  l'AiiuTiquo  htlint».  ainsi  nppeliMS  non  de  vc. 
i|ti<*  lo  sfini;  (lit  Inlin  y  domino,  —  cVst  le  sang 
ÎMdiiMi,  —  mais  de  ce  (pie  la  langue  os|»ngtu>le  et 
la  langue  |X)rlngaise,  loiiles  deux  issues  du  lalin,  y 
fu>nt  loA  itiionii's  ofnriets,  et.  en  in«'*me  Icmps  (|ue 
le  parler  des  Diancs .  relui  d'uni»  foule  infinie 
d'Iuilii'ns  rlnvticns  et  soumis. 

Tenue  |>fndanl  trois  siècles  en  esclavage  jwir 
les  Fs(»(ï^nols  et  les  IVirlugais,  la  vaste  et  btrlle 
Aruèri(|ue  laline  sV*ntanci|ia  \oici  dèjti  soixante 
ans  passés,  L'Amérique  lusilanieiuie  ou  Brésil  se 
sépara  sans  douli'urs  de  la  niêlropole,  iiuiis  l'A- 
mérique castillane  se  déeliira  vinlrininenl  de  DLa- 
pagne.  Malgré  l'entliousiasnic  de  tiolivar,  malgré 
II*  courage  de  s«*s  lieutenants  et  la  ténacité  de 
résistance  qui  est  tout  le  caractère  indien,  In 
lutteauraît  fini  sûrement  parla  défaite  des  insurgés, 
n'eût  été  l'inmiiMisitè  tUi  pays  sans  ponts  et  sans 
roules  que  Casiille  et   Léon  avalent  ô  contenir.  Lu 


victoire  décistvo  inimorlalisa  les  champs  d'Ayaru- 
clio  sur  le  plideaù  péruvien  :  «  Armes  h  volonté, 
en  avant,  au  pas  de  vatnqueui*s!  u  avait  crié  le 
général  auiéi'icain  nu\  voloiilain*s  de  rirulépiMi- 
dance  en  leur  montriiit  les  soldats  espa^^nols  du 
vice-roi  de  Liuïa.  C'était  le  9  décenihre  Ixtii  et  In 
guerre  durait  depuis  ipiator/e  ans. 

Depuis  ces  jours  de  gloire,  cette  aurore  de  lilerlé, 
de  paix  et  de  bonheur,  les  Américains  du  Sud  (sauf 
le  Brésil  et  la  Coit  i-Rira)  ont  consumé  dans  les 
guerres  civiles  quarante  à  cinquante  années  de  la 
jeunesse  de  letn*s  Républiques.  Kt  même  aujourd'hui 
toutes  leurs  nations  ne  pourraii*nl  f  os  dire  comme 
les  fondateurs  de  la  P.u  ou  la  Paix,  \ille  bolivienne  : 

l^s  disirordes  en  cuncordia, 
Aniur  y  paz  se  juiil.inSii 
Y  pnetito  (11*  Piii  fumlar^n 
l'ara  etenia  nierooria  '. 

J.  L«s  discordant  9e  s»int  tinià  en  conronle.  imour  cl 
paix,  et  eu  titèinoiro  êieroullo  «ml  fondé    a  \illc  de  Vmx 

un 


69S 


LA   TERHE    A    VOL    D'UISEAU. 


Osl  que  par  une  puérile  imitation  de.  la  con- 
fôdt^rrttion  dos  Vîiitkees,  ces  Ri^puliliques  se  com- 
posenl  de  pruvinivs  nyan!  droil  aux  privilèges 
d'Ëlats  souverains;  elles  sont  remuantes,  mal  ci- 
menUVs,  tniVJHllées  par  des  nnlipiilhics  d**  rnee  : 
le  ninnc  y  méprise  le  Métis  et  l'Indien,  l'Indien 
jalouse  et  hait  le  Métis  et  le  lUanc,  le  Métis  envie 
le  niaiic  et  dédaigne  l'Indien. 


De  tii  des  pronunciamientos  ou  soulèvemenis 
sans  (in.  Un  avoent,  un  pénéral.un  politicien,  lève 
un  étendard  sur  lequel  il  éctil  li*s  mots  magrji- 
lirpus  :  Liberté,  Vérité,  Justice,  et  le  sang  rougit 
les  pueblos  et  les  eain|>os. 

Aussi  TKuropéen  fuyant  l'Europe  cingle-t-il  ra- 
rement vers  la  plu[>art  de  ces  beaux  rivages, 
même  vers  les  Tierras  templadâs  :  on  nomme  ainsi 


Sculptures  loU^qucs.  —  Ocftiin  de  SeUier,  d'ipriH  une  |ilioU.gxaphie. 


les  pays  de  rAnn'TÎqup  Inline  tempérés  par  t'alli- 
liide  ou  la  Intiliide,  contrées  merveilleuses  de  tout 
point,  où  se  trouve  la  fortune  aussi  liien  qu'en 
domaine  anglais  ou  jankee.  L'Ai-f^enline  surtout, 
011  la  rai:e  blanche  a  toute  prêpoud<'T;mee,  attire 
mainlennnt  les  Européens,  surloni  les  Européens 
du  Midi,  par  centaines  de  milliers  diîn['ii*  année  : 
c'est  le  ^^rand  lieu  dV'iiiigralion  des  Italiens,  des 
EspMgnuls  et  dfs  rrimrïùs. 

Le  Brésil  a  place  à  part.  C'est  un  empire  où  Ton 


parle  [wrtïigais,  et  son  peuple  est  fait  d'un  grand 
mélange  de  sang  blane.  de  sang  noir  et  de  sang 
indien.  Lui  aussi  reçoit  par  foules  nombreuses  les 
Euro|jéens  du  Midi. 

Toutefois  l'Amérique  porlugaistr  el  l'Amérique 
espagnole  se  ressemblent  en  un  point.  Les  hommes 
de  leurs  Terres  ehaudes  et  ceux  de  leurs  Terres 
temfiérées  i>ii!  pm  d'ardeur  pour  le  travail  :  dans 
les  Tierras  eiilirnïes  le  climat  les  épuise,  dans  les 
Tierras  lempladas  il  les  amollit,  tin  a   donné    le 


^ÊÊÊÊ 


im 


LA    TKIUIK   A    VOL    D'OISEAO. 


surnom  de  Santa  Siesta  (Sainte  SiGsle)  h  quelques 
villos  de  rAmûrique  lalirie;  on  pourrait  h»  donner 
h  toutes.  Talus  ïlrs  rriaiiis.  vÏÏtni  de  IVsprit.  l'ê- 
ni'rgie  d'eiiln^juvudiv,  la  l'on:e  di».  puut'suivrt',  la 
joie  d'achever,  ce  qui  est  peine  et  persévérance  re- 
bute les  Américains  nuM'IdiotKiux.  Chez  leurs  di- 
verses nations,  c'est  lotratï^ei-.  h'  grinj^o  reirardé 
de  lravei*s,  qui  con(;oil,  eoniLlDe,  enlrejireiid, 
exécute. 


Les  vieux  Mexicains  :  barbarie  de  leurs 
rites,  éclat  de  leur  empire.  —  Avant  ses  dé- 
rii^ir-s  avec  les  l']l;i(s-ljiis,  le  Mexique  avait  d<'ux 
luis  l'étendue  d'aujnurd'liui;  il  possédait  les  ler- 
ritoiros,  alors  très  sporadiquement  |ieu|di''S,  qui 
sont  tlevenus  Calirornie.  CiihiriHhn  Arizona,  Nou- 
veau-Mexique et  Texas,  tous  Éluls  de  i'Uniun  amé- 
ricaine. Ce  (jui  lui  appartient  encore,  les  pla- 
teaux eoloiiLsés  par  les  NuliualK  îii'r;ielirs  par  les 
Cunijuihladores  intv  empereurs  indiens ,  te  vrai 
Mexique  enferme  encore  lOrj  millions  d'heclari's, 
près  de  quatre  fois  la  France,  avec  10  millions 
d'iiiibitanls. 

Ce  grand  pays  n'a  donc  que  einq  personnes 
par  kilomètre  earrv,  malgré  son  rliinnl  [uvsr|ue 
partout  a^^réalile  et  sain,  le  nond>ro  déjà  grand 
d'années,  et  mémo  de  siècles,  qui  ont  disp;iru 
depuis  que  les  Mexicains  sont  un  peuple  policé, 
l'eul-èlrt;  méuïc  eello  supeiiie  région  cumprend- 
clle  maintenant  pr*'squc  aul;nil  de  hicHu^s  qu'à 
répof[u^\  déjà  vieille  ile  trois  cent  soixante  ans, 
on  rKstréuKulurien  Corlés,  suivi  de  six  cents  rou- 
tiers, renversn  l'enipiï'e  des  Azlè'|ues.  C'était  la 
pclile  troupe  d'isj'aël  contre  l'aimée  du  roi  de 
Damas  :  a  Elle  ne  paraissait  que  connue  iteux  tran- 
peaux  de  rhè\res  el  les  Syriens  reMifjïi>saieMt  la 
Icrrc  0,  niîiis  elle  av;iit  loi  dnits  les  paioles  éerites 
au-dcssoùs  de  la  Croix  sur  sou  élcndard  :  In  hoc 
»\(fno  vincc». 

KIU"  élablil  sur  ce  vaste  [ï.iys  le  pouvoir  tie 
riîispagne,  ol  le  Mexique,  devint  avec  les  régions 
qui  le  coaliruient  au  sud  Jusqu'au  détroil  de  Ma- 
ttel la  ii,  rmunejise  eMi[)ire  d<'s  Indes  lU'ridentales, 
n  la  lerre  de  décejilion  el  de  variilé,  tombeau  de  la 
ni>l>lesse  de  Castille  )*. 

Il  y  a  lieu  de  penser  que  les  lênioins  de  celle 
grande  euirvprise,  préJres  ou  guerriers,  oril  |)rodi- 
gieusenuMJt  eiajiérê  ta  puissance  de  remfiije  de 
Muntézuma,  la  richesse  de  ses  villes,  la  splendeur 
de  ses  arts,  le  nundu-e  de  ses  liomincs.  Cortès  ne 
fouailla   pas  uu  peuple  ajanl  conscience   i\v   lui- 


même,  sentant  dans  toutes  ses  tribus  l'injustice  faite 
à  Tune  d'entre  elles  ;  une  nation  pareille,  il  n'au- 
rait f>n  la  courber,  elle  se  serait  redressée  sous 
lui,  puis  reployée  sur  lui. 

La  VTaisembldnce  est  que  ce  très  grand  pnys 
élait  brisé,  suîvajit  ses  monts,  ses  plateaux,  ses 
vallées,  eu  une  foule  de  peuplades  de  langages 
divers,  obéissant  de  force  h  une  confédération 
tie  guerriers-brigands  formée  de  trois  villes  du 
lac  de  Mexico  :  —  Ténocblillan  (  plus  lard 
Mexico),  Tezcuco,  Plucajiuno.  Ile  ces  peuplades, 
(]uelquesunes  avaient  des  commencements  de 
IKlal  policé,  d'autres  gardaient  Tantique  sauva- 
gerie. 

Les  Aztèques  n'étaient  point  les  autochtones  du 
Mexique  ;  ils  avaient  remplacé  trois  ou  quatre  eenis 
ans  îHiparavant  des  tribus  originaires  eonmie  eux 
de  la  Floride,  et  dépendant  également  de  la  famille 
des  Nahuatl.  Les  Tollèques,  venus  vers  le  septième 
siècle,  avaient  ouverl  la  période  des  invasions  na- 
huatl; après  eux  élaienl  venus  les  Cliichiméques, 
puis  les  AzliH|ues.Mais  rien  de  tout  cela  n'est  bien 
sur,  el  tel  savant,  tel  explorateur,  tel  aiYbéologue 
lait  venij"  d'Asie  les  Tollèques  el  les  trouve  unis  [tar 
d'innombrables  tmils  aux  fils  de  la  Lune,  aux  eii- 
l'aïUs  du  Soleil  levant,  plus  ««ncore  aux  peuplades 
mal;>ises.  S'ils  proeedaitMit  de  la  (Jiine,  du  Japon 
ou  do  la  Malaisie.  b?  Mexi<]ne  et  rAniériqni»  cen- 
Irale  seraient  le  Fou-sang  des  légendes  ebinoises.el 
les  Asiatiques  aiu'îiient  été  conduits  ici  [lar  les  Ilots 
lin  Kunro-sivo.  (pli  nn'uie  en  ligne  courbe  de  la  nier 
japonaise  au  littoral  américain.  Ile  fait,  les  Indiens 
de  ces  plateaux  ressemblent  asse^  aux  Jaunes  de 
l'Asie. 

|)eui  cents  an^  avant  rKsïrémadurien.  dans  une 
ile  du  lac-lagune  de  Mexico,  se  bâiil  TêDocblillaii, 
le  grand  (eniple,  l'inexpugnable  citadelle^  le  lieu 
de  régne  cLde  cruauté.  Des  prêtres  sanglants,  nous 
dil  la  cbronitpio.  y  ofticiaienl  dans  tîOUO  maisons 
(riiloles,  élevées  à  divci^s  dieux  destrucleni-s.  dt* 
celui  des  Itaïailles  à  celui  de  la  syphilis,  Jl  v  cul 
des  années  où  le  couteau  du  sacrilicaleur  saigna 
jusipi'à  7t}|i{)0  liommes  sur  les  autels,  el  les  cou- 
qnéj'anls  espagnols  tronvèr(nl,  à  la  prise  dt* 
Mexico,  l'iÛOOO  crânes  de  victimes  dans  le  seul 
lenqile  d'Eluil/ilipo(*bllj,  lu  dieu  de  la  Guerre. 
Dans  les  gr-nnlcs  léles.  le  jieuple  s'arrachait  les 
déliris  d'une  slalue  géante  pétrie  de  fruits  el  de 
farine  avec  le  sang  denfanls  égorgés.  En  cer- 
laîns  jouj-s  de  liesse,  un  arrachait  h  la  fois  le 
ru'ur  à  des  centaines  de  victimes,  cl  cette  of- 
trunde   aux  doux  des  Nabuall   était   une   grande 


mm 


6«rnnri'»  liuniimm.  —  nt'i*»in  il<-  T.  fi.lil. 


709 


LA    TKRfïE    A    VOL    D'OISRAU. 


joie  pour  k:  |iou|»k\  l>r.s  ptxMivs  ik*  TkliKs,  iju'i 
présidait  h  la  pluie,  nniiigciiii*»!  h  k'ur  Lakk' 
rôv(.W'ôe,  en  compagnie  des  gr;inds  dv  TKiDpiiv, 
les  enfançons  évenWs  par  eux  suiviiiit  k*  ri(o, 
cl  c'était  uji  mots  bt-ni  pour  e(^s  ecck'siasliques 
et  CCS  SLMj^tuMn-s.  Plus  aruA  encore  que  Tlalocs, 
Xioulitécutli,  dieu  du  Feit,  voutnil  qu'on  soulTrit 
iriilto    morts  nv.int  do  rendre    le  dernier   soufHe 


au  pied  de  sa  slalue  :  ses  victimes  i^Uiienl  jetées 
sur  des  charbons  îirdenb.  dans  un  gi'and  bnssin, 
puis,  presque  r<^ties,  quand  eUes  allaienl  nioinir, 
les  prêtres  les  liraient  du  fournenu  et,  leur  ou- 
vrant lu  poitrine,  jeLiient  le  cœur  aux  pieds  du 
roi  des  Flaniines.  Si  ailleurs  on  a  désigné  les 
mois  d'après  les  saisons,  les  plantes,  les  dieui, 
les   rois,   dans   TAnaliunc   une  des   divisions   di> 


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Huincs  tolti^ques.  —  Dessin  de  Tjjlur,  dapril'S  une  pliolu^rapliic. 


Tannée  devait  son  nom  h  une  cérémonie  d'écur- 
uhement  d'hurniiies. 

Miùs,  toujours  d*ajin''s  h\  ïè;LîeiMir,  tnip  timbre 
sans  doute  pour  le  criinet  Irop  brillaiile  pour  la 
vei'tu,  en  dé[>il  de  la  noire  Ikèncralte  du  <les|io- 
lisrue,  <les  lois  do  sati^',  «les  sneiHiees  IniiiiMins, 
rAnuliuar  ou  j»faLoau  de  Ténoclititt.'»n  éUiit  nue 
terre  bien  ordonnée,  ayant  un  *i  liùtel  îles  Inva- 
lides n  et  une  sorte  de  service  des  postes  lait  par 
des  coureurs  esclaves.  A  ctMé  d'énormes  léocallî, 


luimilus  de  sacrîUce,  ils  avaient  élevé  des  olndis 
ipies,  des  temples»  des  palais.  Ces  Indiens  ronnais- 
saieiil  queli[ni'  peu  r.'islrononiie,  ils  écrivaient  ou 
|)lulôt  dessinaient  dt*s  symboles  sur  une  cs[»èce  de 
|tM|Her,  ils  dn'ssaienl  des  cartes,  iJs  avaient  des 
[fetndes,  des  seiil()tt'uvs,  «k's  forgerons,  des  arlia- 
tes  en  JMrl.uix,  ils  rullivnienti  ils  irriguaient,  et 
Ton  dit  (|ue  leurs  villes,  déjà  ilallèe^,  éelairées, 
(piand  i^aris  n  était  le  jtmr  qu'un  bourbier,  la  nuit 
qu'une  caverne  de  voleui's»  avaient  une  lointaine 


MKXirjlE. 


703 


resscmlilarice  av(.»c  l.i  glorieuse  Atliènes  :  à  Têno- 
clilitlaii.  à  Tezeuco,  h  Tlascalu.  riche  en  guerriers, 
k  Cholula,  pleine  de  temples,  onaiinnit  les  arts,  le 
luxe,  ies  bijoux,  l'orlevrerie,  les  tissus  élègniUs; 


on  y  étudiait  dans  des  «  fncull^s  ».  on  y  parlait  un 
pur  larijiÇHge.  Poul-^tre  que  le  fort  du  lac,  l'asile 
(les  hrifîaiuls.  la  Kuine  Mexicaine,  en  un  nmt  Téno- 
elitilliMi.  allait  bientôt  briser  ù  jamais  son  coulenu 


Indien  exlniranl  le  pmilqii^.  (Voj.  p   ?0i.)  —  Doisin  dt«  Riou. 


rouge  sur  la  pierre  du  sacrifice  fpjainl  arriva 
tout  à  coup  renvoyé  du  Deslin,  I  lionuiu*  de  M6- 
dellin*. 

Est-ce  h   la    terreur   de   ces  autels   sanjflanls? 
FM'Ce  k  rimmenwî    écart   qui,  ilevant   la  supé- 

1    Cor-tï^z  iMuil  àc  Mt^Jt'Uin.   viUe  riveminv  du  fiuaihana. 
en  Eslr^iuadiire. 


riorité  des  lllanc^,  se  fit  tout  ù  coup  entre  ce 
que  l«*s  Indiens  croyaient  être  et  ce  qu'ils  se 
vii-enl  devenir  sous  le  des|>oti8me  <fr^Mii*illeux 
des  cliréliens  pôiiinsuliiires?  Ivsl-ce  plutôt  à  une 
disposition  de  race  qu'il  faut  altributT  les  nllures 
nu)ro)>(>&  di^s  Indiens  du  Mexiqui'  ?  T(»tijours  est-il 
que.    sauf   clu'/.   d'uulrt's    peuples    de    la    même 


704 


ï.A    TFUîUK    A    VOL    [)'(WSEAll. 


souche  indii*nii<\  on  ni'  coniuiil  [ms  dr  iialinn 
plus  0|iiiiii'iln'rtKMit  retiivt»,  pins  rH\\v  avec  Iniii- 
quillUt',  plus  iiuiiflV'ivnlo  on  apparence  aux  lleurs 
dti  la  \ie,  quo  les  qunln?- vingts  à  quah'M-vin^l- 
dix  triluïs  tio  langiigcs  divers  f<»rni.iiil  îivfc  Us 
KurojX'ons  cl  •  les  Métis  ce  qu'on  est  convenu 
d'appidor  le  peuple  mexicain,  W^me  ivres  de 
poulquô  —  Umii"  l'au'de-vie  lirc*e  du  suc  d'un  grand 


îig.nr  —  cfs  hommes  ne  conn.iissent  pas  la  joveu^c 
ïuinn'ur  :  \c  poiilqtiê  Ifs  irrite  on  les  lorr:is?e,  il 
Il'S  mine,  il  les  ruine,  il  tarit  pour  ToviMiir  la  st*ve 
de  leur  rnee:  in.us  s'il  les  l'ait  rêver,  il  ue  les  fiul 
point  sourire. 

Terres  brûlantes,  Terres  tempérées.  Terres 
fraîches.  —  Que  du  golfe  du  Mexique  à  l'est,  de 


Dtins  les  Terres  irmp^rtc*  :  halo  de  cictui  arborcscciiL^.  —  Dessin  Je  A.  do  B;ir,  U'nprc-s  ime  pholofjraphro. 


l'Océ.'in  Pîieifiqne  ^  louesl,  des  terres  basses  de 
l'isthme  di*  Trlumnlép^^c  nu  sud,  on  niarehe  sur 
Moïieo»  l;i  (Htrhln,  Gu;u!nlîij;ira,  Gn:in;ijunto,  ou 
sur  irirrijMtrl*'  quflltî  gnituk'  villo  ini^xiniino,  on 
a  tonjouis  di*vanl  soi  de  liaules  nu>rilngui»s  l\ 
fjrnvir,  li*  Mexitiue  élnnt  Hiit  di*  plntraux  dt*  lOOM 
à  *JOUIJ  nirlrt's  d'altitude  v\  ;ni-d*'ssus  —  ]>lnleaiix 
de  plus  eu  plus  étroits  ;i  niesiU'e  (ju'ils  s'ap[ïrti- 
çhetil  de  l'istlune  de  Téliuatdé])et'-  Lar^a*  de  plus 
de  200    kiluinèlres    d'uue   mer    h    l'autre,   avec 


193  métrés  seulemrnl  d'nllitude  h  In  <t  mesa  wl 
ou  seîuil  de  Tnriffli  la  dépr.'ssion  de  Téhunniépec 
est  nue  cnssur'e  drs  tnonls  qui  font  l'épine  di>r- 
sïile  des  ûouk  Ainêri(|ues.  Le  lossè  qu'elle  Imefl 
sépnre  nellemenl  le  Mexique  de  rAinèriquc  ccn- 
Ir.de. 

Le  lon.ir  du  l'aerfiqnr  ;iu\  rieiix  see-s,  sur  le  golfe 
du  Mexique  un  eiol  surlnirnide,  la  râle,  pn»squ(? 
arcnparée  [)ar  I.i  innrjla^Mie.  est  l)rùléo  d:i  soleil, 
malsaine,   souvent    niurlelte.    Ae.-q:ulco,    port  du 


Il      tUill«      l.l    TkMAK    *    \Ui    BOIAlCAt 


«» 


Grand  Océan,  pflsse  pour  un  des  lieux  les  plus 

cliauds  du  monde  ri  sos  hnhilant?  racoiïtcnt  qu'un 
des  leui-s  éteint  mort  prit  le  chemin  de  rKnfer, 
mais  qu'à  la  iiuil  (und^.intc  il  remonta  sur  terre  : 
nt^  dans  la  fournaise  d'Acapulco,  l'hidalgo  ge- 
lait chez  lielzc'buth.  Sur  le  rivage  opposé,  la  plage 
de  la  Vera-Cruz,  qui  reçoit  plus  de  4  mètres  de 
pluie  jmr  an,  est  périlleuse  enrtéjHJur  le  Mexicain 
du  bas  pays  lui-Tnén»e,  et  presque  infailliblement 
funeste  à  l'Européen  qui  vient  y  mendier  un  sou- 
rire de  la  fortune  et  n'y  reçoit  d'elle  que  la  mort, 
douloureuse  aunl(^ne,  ou  s'il  résiste  aux  poisons 


de  Tair,  h  h  fièvre  jaune,  h  la  dysenterie,  il  dé- 
vient livide,  exsangue,  et  sa  coupe  se  tarit  sani 
qu'il  y  puise  à  pleines  lèvres. 

Cotte  lisière  de  terres  dangereuses  que  TEurO- 
f>éen  fuit  avec  s;igesse,  s'appelle  en  espagnol  Tier- 
ras  calienles  ou  les  Terres  brûlantes.  Sou«  les 
averses  dun  ciel  traversé  par  des  rayons  qui  cui- 
sent, dans  la  (épidité  molle  des  seiTes  chaudes, 
le  Bas-Mexique,  dont  la  moyenne  annuelle  est  de 
25  degnSâ,  appailient  h  la  zone  éclatante,  h  la  fois 
fauslf  et  néfaste,  où  c'est  Thomme  qui  végète  et  la 
piaille  qui  vit  :  elle  y  rroïl  avec  force,  avac  luxe. 


I  lie  lincicii  Ja.  (Vuy.  p   lui.)  —  Dessin  rie  A.  de  Bat,  d'3pK>«  iino  pltOUig;n|ii|}e. 


.avec  grâce;  aulant  que  l'arbre  lui-même,  la  liane, 

les  enroulenierils,  les  festons,  les  truirlamies  y  sont 
la  traîne  des  loréls.  Un  .idniire  4*1  ['ou  reil(tule  éga- 
lement cette  zone  en  Atiièrique  centrale,  en  Vene- 
zuela, dans  rfiquateur  et  les  deux  Pérous,  en  un 
mol  diins  (ouïes  les  rolimies  fondées  [>ar  les  Es- 
pagnols sur  les  sols  anlerits  du  Tropique  améri- 
cjiin.au  pied  ties  plateaux  isïliiiiiquesuu  des  sierras 
andines.  De  même,  on  y  rencontre  les  deux  autj'es 
zones  parfaitement  nommées  Tierrus  lempladas  et 
Tierras  frias. 

Sur  les  lianes  de  hi  montagne  ou  sur  ses  pla- 
teaux, les  Tierras  tenipladas  ou  Terres  leiiipèrées 
succèdent  aux  Tierras  calieiites;  elles  s'étageiit  ici 
entre  1000  et  2000  mètres.  Si  les  Terres  chaudes 
sont  laulôt  brûlées  de  soleil  see^  lanliM  tiédies 
comme  une  éluve  humide  par  des  pluies  orageuses 


tombées  eliin  eiel   électrique,  les  Terres  lemp 

rées,  sous  inie  moyenne  de  ^20  degrés,  sont  prea 
que  élernellenienl  égayées  par  un  printemps  ado 
raille. 

Au-dessus  de  20fK)  mètres,  les  Tierras  frias. 
Terris  froides  ou  phdiH  fraîches,  ont  encore  le  plus 
souvent  une  moyenne  égale  \\  celle  de  Marseille, 
avec  de  moindres  froids  et  de  moindres  chaleurs, 
lue  grande  partie  du  Mexique  appartient  à  cette 
zotte.  Au-dessus  de  2500  nièlres,  le  pouvoir  du 
l'ropique  faiblit,  l'altitude  triomphe,  et  déjà  se 
montre  eu  ses  variétés  le  Sjipin,  l'arbre  du  Nord 
et  des  hautes  régions. 

Sierras,  monts,  volcans  d'Anahuac.  —  Le 
jilaleau  ilAnabuac,  où  il  pleut  six  fois  moins  que 
sur  le  bas  pays,  est  un  réseau  de  plaines  au-dessus 


É. 


laïQcc. 


Wl 


I 


M  Tuai  pis  à  dt-s  b|miKS  lot^joors  tmoindri^ 
roulait  vns  1^  golfe  de  l'est  ou  Vocénn  do  Touest, 
en  UiitcdU  très  rapidt^s,  au  Tond  des  bamociis* 
uo  dus  l«&  ca£:noQs,  et.  (mr  intcmltrs,  dans  Ie5 
apkndideB  bssins  où  les  |ilarilations  sont  nT\^s>  : 
ravt  «Msi  le»  h  b;«riendas  a,  à  U  fois  fennes  en 
tempt  de  paii  rt  fini'.-ri*$ses  en  tem|>7>  de  n'Midte. 
Les  villes  soot  vastes»  mais  vides,  avec  de  luutxles 
bâUflses. 
I.  < 


l>es  plus  fiers  nHmis  du  llettqi?e  ne  m*  dn*sj4»nl 
pas  sur  les  sien^s  qui  suppi^rtent  ou  silUmnent  les 
pbleaiu  et  rentonlenl  au  nord  p«>ur  aller  s<'  con* 
tihuer  ilans  les  Ruislnis;  ils  s*»  lèvenl,  ïsoKS, 
entre  Meiico  et  ta  di^pression  de  Têhlianti^m^.  Ix* 
PopocalêiK'tl,  viâîlile  de  Li  cipitale,  a  MiO  nu^tres*. 
C'est  un  volean.  iWins  \a  g\wu\f  m^me  du  nton^lre, 
et  plus  proftnid^menl  eneorv,  dans  son  ^^m*•b^♦^u 
gosier,  dea  bomoMs  Mut  pendus  en  pleine  rlie- 

I.  Ou  «eyl— iFPtgaat. 


70« 


LA   TERRE    A    \0L    Il*OISEAD. 


minée  de  cratère,  h  (Jes  cordes  enroultVs  sur  un 
treuil,  lenus  par  ce  qui  peul  casser,  pnr  l'êloiipe 
tordue  ou  les  f.usreaux  de  fibre,  et,  (lollniit  sur 
l'abîme,  ils  recueiUenl  b^  soufre  dans  les  lissures 
de  h  rocbe. 

Le  Cillnlïépeil  ou  MmibF-foîlV^  ou  l'Ktoile  qui 
lirîlle  au  ciel,  autrement  dit  le  Volcan  d'Urizaba. 
cime  argentée,  monte  à  558 i  mètres;  peut-être 
même  —  car  ces  mesures  ne  semblent  pas 
déllnitives  —  (lolte-l-il  aussi  liaul  dans  rétlier 
que  le  Popocatépetl.  Les  noms  de  ces  deux  géants 
mexicains  nous  semblent  dni's  et  liarlunrs,  mais 
les  idionu's  a^^glomeivuils  rie  l'ArKibuac  seuil  ferliles 
en  mots  terribles  ayant  jus([u*à  dix-huil  sylbtbes. 

Viennent  ensuite  riztaci  ihu.-Ui  ou  l-eirune  Iîliin<*he 
{5iH5  inêlres)\  au  nord  et  l(*iit  pjvs  du  (•(ibis>e 
l*opocatépell;  le  Novado  de  Tûluca  (457t>  mètres)', 
le  Cofre  de  Perole  (-iUOU  u>êlres),  le  volcan  de 
(loliin;!  (">8tiG  mèli'es).  Ces  pies  et  d'autres,  (ous 
au  suil  du  vin;^Miême  degré,  sont  des  volcans 
éteints  ou  presipte  éteints  en  apjiarence,  qui  épar- 
gnent depuis  loni;terïips.  (pii  menacent  toujours. 
Les  plus  ébM'és  d'eiilrt^  tnw  rbûveut  une  grau(b» 
splendeur  à  l'isoleruenl  de  leur  jiyriuuule,  h  leurs 
forêts,  il  leurs  neiffos  quasi  étorrielles,  ninis  auciui 
nejelU*â  la  mer  im  gnuui  fb'uve.  .Snr  le  plateau 
grande  est  la  scclu*resse  cl  maint  rio  s*épuis*»  et 
s'arrête  eu  route  avani  de  descend  ri'  au  bas  pays 
par  b^s  aliiroes  «les  bjtrrancus.  Faute  de  pluie, 
rAiiahuar  est  ciuistellé  de  grands  ou  petits  sabaras  : 
qui  cbercbe  ta  tropicale  opulence  wv  l'v  trouvera 
jamais;  le  Mexique  d'en  liaul  est  au  contraire 
une  région  de  noble  nudité,  de  lignes  précises, 
de  ciel  serein.  Or  ce  haut  Mexique  est  le  vrai 
Mexicpic,  terre  dure  au  cidon;  mais  ce  colon  est 
dur  aussi,  de  par  son  origine  indienne  çà  et  là 
croisée  de  sang  (i  péninsulaire». 

Indiens,  Blancs.  Métis.  — Sur  les  12  milliouR 
de  Mesietiu;.  4  millions  sont  des  Indiens  purs,  à 
divers  degrés  de  science.  ricJiesse  et  sagesse,  de 
ceux  qui  fournissent  à  la  patrie  des  présidents 
de  la  Itépulilique  ",  des  écrivains,  drs  iriédec-iiis, 
jusiju'à  celte  tribu  où  le  malade  qu'on  veut  saigner 
est  fixé  h  un  poteau,  puis  criblé  de  pelilea  flè- 
ches par  un  w  docteur  i>,  (pïi  rencontre  enlin  la 
veine.  i]es  diverses  peuplades  paileut  51  langages, 
nolaniment  les  dialectes  de  l'âztèfiue,  idiome  qui 
dominait  dans  le  pays  h  l'arrivée  des  Conquistadores. 

4.  Ou  j(7l>î>  moires  soatL'mfint. 

2.  <hi  4:^)1)  î-'uutoiiicnU 

3.  Tel  le  Zaporèiue  Don  Iteiiito  Juai-cz. 


2  nn'liions  se  réclament  du  sang  «  caucasien  »?; 
ti  millions  sont  de  race  croisée,  entre  Indiens  el 
Blancs  sur  le  plateau,  entre  iihncs,  Indiens  et 
Noirs  dans  la  Tterra  calienle,  surtout  dans  le  pays 
de  la  Vera-Cruz.  Ces  «  mâtinés  »  parlent  tous 
res[ingnol,  exclusivemeid  ou  en  même  temps  que 
la  Inngue  «le  la  peuplade  indienne  à  laquelle  cha- 
cun d'entre  eux  se  rattache  malernellemenl.  Le 
castillan  marche  rapidement  à  la  conquête  des 
Indiens  purs  eux-mêmes.  Depuis  que  la  gente  sin 
vaionK  comme  elle  s  appelle  dans  sa  modestie,  a 
été  ra[)procliée  de  Mexico  pi\r  les  chemins  de  fer 
et  les  routes,  depuis  que  ses  hommes  sont  devenus 
(tropriétaires,  au  lieu  d'usufruitiers,  la  race  in- 
dienne du  Mexique  s'intéresse  h  la  vie  générale  de 
la  nation;  ses  dialectes  agglutinants,  impuissants 
el  barbares,  ne  pcuvei»!  plus  lui  suftire.  Aupara- 
vant c'était  assez  pour  elle  de  Loire  le  poulqué, 
de  diriger  un  filet  d'eau  sur  l'aridité  de  st  terre, 
de  se  ('haulfer  sous  la  capa  del  poLre,  le  manteau 
du  pauvre,  nom  que  les  Espagnols  d'Amérique 
donnent  ingénument  au  généreux  soleil.  En  pas- 
sant de  la  langue,  de  la  pensée  indienne,  h  la 
langue.  A  la  pensée  espagnole,  les  Indiens  oublie- 
ront enfin  leur  haine  pour  l'orgueilleux  étranger 
qui  les  a  latïl  foulés,  que  sous  ce  nouvel  esclavage 
ils  ont  pu  regretter  le  joug  de  leurs  oppresseui's 
Naliuiill  et  la  soif  de  sang  d'lluit/lli|)ochtli. 

Li's  ^2  niillio[isde  n  (Caucasiens  o  ne  i»ont  point 
Ions,  il  s'en  fuul,  des  Blancs  pui^;  ils  diminueraient 
singulièrement  de  nombre  si  l'on  eu  retirait  toutco 
<pù  n\'st  point  réellement  de  sang  européen,  de 
<'  saugre  a^ut*  n. 

Parmi  les  Mexicains  de  peau  plus  ou  moins  blaaH 
elle,  les  uns  descendent  des  Castillans,  Andalous,  ' 
Catalans,  Galiciens  et  Basques  venus  durant  les 
trois  derniej's  siècles;  les  autres  sont  des  Cbape- 
tonoe  (honunes  nés  en  Espagne)  ou  des  Européens. 
Parmi  ces  derniers  on  reJicontre  beaucoup  de 
(iascous,  et  snriout  d'Italiens  :  ceux-ci,  de  plus  eu 
[)lus  nombreux,  seront  bientôt  prépondérants, ainsi 
que  dans  presque  tout  le  reste  de  rAmêrique 
latine,  de  [dus  en  plus  envalue  [lar  les  fils  de  la 
vieille  Ten'c  de  Saturne.  Quant  aux  Nègres,  il  n'y 
en  avait  que  quelques  milliers  avant  la  guerre  de 
Cuba  qui  les  a  jetés  en  foule  sur  le  rivage  de  la 
Vera-Cioiz. 

Sans  compter  les  Indiens  tout  à  fait  rebelles  des 

!.  Gent  sans  întclti^encc. 

2.  Soiifrrc  ozul.  terme  ospopnol,  signifie  littéralement  san;; 
]ilt.*u,  et  lu  race  bluitctie  s'upjiclte  en  casliilan  raia  de 
sangre  aiut. 


710 


LA   TFItRE  A  VOI.    D'OISEAU. 


sefs  campos,  nomades  endurcis,  cavalîi'rs  solidis- 
siinos,  onneniis  rtiorfols  du  riJudiii  el  du  |ir<^prii^- 
tairi*  Liane  rorninc  du  laljinirtMti-  roitlciir  iU'.  bri- 
que, le  Mexique  enrermii  donc  oncore  Irois  peuples 
dislincls  |);ir  leur  histoire  et  hiir  ciuvMMi'jv.  les 
Indiens,  les  blancs,  les  Métis,  doul  Tus^ge  de  Tes- 
pagnol  fait  peu  à  peu  une  nation  plus  unie  qu'elle 
ne  le  fut  jamais  el  de  plus  en  plus  intimement 
niexiciiiiie.  Ce  [leuple, 
très  obstiné,  très  patient, 
profondément  catholi- 
que, est  maititenatil,  on 
peut  respêrer,  inassi- 
milrtble  aux  Anglopho- 
nes qui  le  convoitent  : 
les  Yankees  pourrtml 
s'emparer  du  Mexique, 
voire  srms  trop  do  ()eine, 
mais  ils  no  le  plieront 
pas  à  leur  langue,  h 
leurs  sectes,  à  leurs 
idées,  à  leurs  axiomes; 
le  Mexicain  gardera  suii 
castillan  qui  sonne,  et 
jamais  il  ne  dira  (]ue  le 
u  temps  estde  Taigent  <>. 

États,  Villes.— Par 

béate  iniil.ition  des 
Iriomplianls  Yankees  , 
les  Mexicains  on!  jug^é 
bon  dedéchirt.'f  leur  pays 
en  États  souverains  réu- 
nis par  un  lien  fédéral 
lâclie.  U  fullail  cimenter 
la  patrie,  ils  l'ont  épar- 
pillée au  hasard.  Le  cluV 
liment  a  suivi  île  près  lii 
Dnilc;  ils  ont  [>erdu  Tim- 
meuse Texas  Ja  bi'illanle 

Calirurnie,  des  monts  et  des  plateaux  sans  (in, 
horizons  secs  continuant  leurs  sierras  el  leurs 
llanos. 

Ce  qui  leur  reste  comprend  un  District  fédéral, 
Mexico,  prand  de  2ol00  hectares  avec  4Û00Û0 
dmes,  27  Étfds  et  tteux  teniloires,  celui  de  Tepicet 
la  Basse  ralifornie',  presqu'île  très  étirée  entre 
J*occan  racifiquc  au  couchant,  le  golfe  d*' Calirornii* 
au  levant —  cette  péninsule  di*  1 100  kilomètres  de 
leng,  toute  on  monts  gris  ou  fauves,  sans  humidité, 

i.  Ou  Vieille-Califomie. 


M»/(,- 


Tjpes  de  Mayas.  (Vùy.  p   711.) 
Dessin  de  Bunjal,  d'après  une  photographie. 


mais  riche  en  métaux,  n'a  pas  55  000  habitants  sur 
plus  de  1i  millions  d'hectares. 

Les  ^7  Klals  p^irterd  ou  des  noms  purement 
indiens,  comme  Tlascata,  Zacalecas.  Micboacan, 
Ghiliuahua.  ou  des  noms  purement  espagnols, 
comme  Vera-Cruz.  la  Puehia,  Nuevo-Leon,  Aguas 
Calientes,  ou  comme  Hidalgo,  consacrant  la  mé- 
moire du  «  curé  patriote  u  qui  poussa  le  premier 

le  cri  d'indépendance  en 
brandissant  la  bannière 
de  Nnestra  Senora  de 
Gundalupe.  Lestroisplus 
grands  ont  :  Chihunhua 
près  de2oiuinion&d*hec- 
lares,  Sonora  près  de  20 
Hiillions,  Coahuila  près 
de  16  millions;  les  trois 
plus  peuplés  :  Jali^co 
IJtîOilOI)  Anips,  Guaiin- 
juato  788000,  U^aca 
744  000. 

Mexico  (550  000  hab.). 
en  espagnol  Méjico.  dans 
les  Terres  fraîches,  a 
son  site  à  2rî77  nièlivs 
d'altitude,  sur  un  pla- 
te4iu  de  l'intérieur,  entre 
le  lac  salé  de  Tezcuco 
et  le  lac  doux  de  Xochi- 
ini  Ico,  un  peu  moins  loin 
du  golfe  du  Mexique, 
on  elle  a  son  port  de  la 
Vera-t:ruz(40  000  bah.), 
rpif  du  l*acifique.  où  sa 
Ville  denier  est  Acapnl- 
co.  Mexico  pass*»  pour  la 
plus  belle  ville  de  l'Amé- 
rique espagnole  et  c'é- 
tait la  plus  habitée  avant 
l'efllorescence  de  Bue 
!ios-Ayres,  devenue  la  première  des  cités  caslil- 
lanojilnmrs  après  Madrid,  qui  même  sera  bientél 
déjKissée.  Mais  une  banale  nature  environne  la 
ville  pïatéenne,  tandis  que  Mexico  contemple  des 
monts  magnifiques,  ie  Popocalépetl  el  rixlaccibuatL 
Cuadalajani  ('Jo  000  h.ib.)  est  ^  1550  mètres  au- 
dessus  des  mers;  la  Puebla  (80  0fJ0  bab.)  à  2  170; 
Guanajualo  (r>2000  hab.)  â  2  0-15.  Zacalecas  el  San 
Luis  Potosi  ont  plus  de  60  000  jîmes,  Monterey  plus 
de  40  000.  etc.,  etc. 

Le  Tucatan.  Les  Mayas.  —  A  l'orient  du  fossé 
de  Téhuantêpec,  les  États  de  Chiapas,  do  Tabasco 


MEXIQUE. 


711 


el  la  péninsule  du  YucaUin,  en  tout  près  de 
17 millions d'fiPcUii*esaYec  ptvsd'un  milliaiid'ûiiies. 
relèvent  polih'qiiement  du  \r'X!i|uts  ni;i(s  lYtnl 
en  réalKù  parlie  de  i'Aruérimio  ceiilralt'  dunl  ils 


r<>çoivenl  leurs  seuls  grands  rios,  le  Grijalva.  qui 
(inverse  loul  le  Chiapas,  et  rilsumacinta.  qui 
passe  daris  l(>  Tnbfispo.  l'un  t-t  Vinitvo  descendant 
du  plale.'tu  gualêmalt^'qiie.  Dans  le  Vucalan.  bien 


Dxmal  :  ruina  dn  lemps  des  Uajt».  fToy  p.  7tt.)  —  Oeuia  de  Taylor,  d'aprèft  une  pholofraphi« 


qu'embrassé  par  la  mer  pluvieuse,  golfudu  Mexique 
à  Touest  et  au  nord»  Ht^diterranée  des  Anliiles  h 
l'est,  il  n'y  a  pas  do  fleuvi».  pas  dv  rivii'Te;  à  [wine 
un  pauvre  niiss<*au  Uiriss;inL  Mir  un  sec  «'âlcaire. 
Une  toute  petite  partie  seulement  des  e^ux  yu<*a- 
tèqups  coule  ù  la  surface  du  S4)l,  dans  une  contrée 


aussi  basse  el  unifunne  qu'est  haut  et  varié  TA- 
nahuae  avec  ses  trois  grands  étages  de  climats  et 
de  planifs;  Ip  reslt*  emplit  des  lues  souterrains  où 
Irt-nil)!*'  V*'  '**  1*^  tiiicNpji'  ^lUseur  faisceau  de  lumière 
arrivé  par  les  fissures  des  cenotes  ou  puits  naturels. 
Ces  réservoirs  cachés  se  versent  dans  le  golfe  du 


AMrUh.MK    CK.NTnAI.K 


715 


I 


Gait^niila  :  *nr  lo  Bio  Utsumacinta.  (Voy.  p.  716.)   ~  Dessin  de  Hiou.  d'aprd»  une  photographie. 


AMÉRIQUE   CENTRALE 


Volcans  et  révolutions.  Blancs.  Indiens*  La- 
dinos.  —  L"Amcrifjufi  rc*nlnil<?  ressemble  nu 
Mexique  par  ses  Terres  froiiles ,  tempérées  ou 
ehaudcs,  ses  hautes  plaines  entre  les  deux  rnèines 
océans;  ses  platc^iux  sont  ê(î;dernenl  sillonnés  de 
volcans,  également  semés  de  mines  laissées  pnr 
d'attliques  peuples  indiens,  les  uns  encore  vivants. 
les  antres  morts.  «lesquels  plusieurs  ont  disparu 
de  la  nn>rnoire  dt*s  lionunes. 

Bien  mieux  située  que  le  Mexique,  l'Amérique 
centrale  dresse  ses  mesas  et  mesetas'  entre  les 
deux  étranglements  de  sol  qu'on  poinniil  appi»ler 
les  isthmes  de  Suez  du  Nouveau  Monde  si,  au  lieu 
de  snbles  arides»  Téhuantépec  et  Panama  n'avaient 

i   %oi  h  mot  l.ililri  cl  uIiIl'Ucs,  c'cfM-dtn»  filatcoiix. 


les  orages  tropicaux  el  les  plantes  magnifiques.  On 
percera  le  plus  commode  de  ces  isthmes.  Panama, 
ronime  In  langue  de  terre  égyptienne,  el  alors 
lAiriérique  cenirnh»  devit»n<lra  l'un  des  chemins  h»s 
plus  fréquoiités  du  nïond**. 

Mans  l'Aniénipie  riMilrale  on  Amérique  islhmique. 
p[us  étroite  que  l'Aniihurir*  les  rapit;iles  des  Lt;tls 
sont  plus  prés  de  lune  ou  l'autre  mer  que  les 
grandes  villes  du  Mexique,  sur  des  plateaux  plus 
lias  d'assis**,  plus  féconds,  ni'i  le  climat  est  mains 
éloigné  de  l'idéal  du  pi'inlenqis  perpétuel  ;  mais 
la  sJiison  des  pluies  y  ihirc.  ici  huit  mois.  \i\  six  : 
alors  rt*gne  une  humidité  inouïe  qui  peut  faire 
regretter  les  beaux  froids  durs,  secs.  e(  le  voya- 
geur, inaudissjinl  son  destin,  donne  en  v.'iin  de 
l'éperon   pour  dépêtrer  son  cheval  de    l'argileux 

DO 


lâ^ 


7U 


LA    TKHRK    A    MU.    Wmsi.W. 


bourbier  dos  ciciin'j'as*.  Sans  cdlo  iiioilir  irtUiiin» 
ni;niss:iJf*,  immilln'"!'.  moisir,  sjins  !l*s  vohnins. 
sans  Il's  Ironililfiiii'tils  dt*  lerro,  sans  la  (v^riWitïist* 
ALrnngèrc  qui  ï\  itôj;i  lancé  des  balai  lions  do  lli- 
biislicrs  ronttt*  rjlc,  l;t  Tt-rri»  islhnii(|nP  serait  If 
j(*yaii  tbi  Nduvi'au  ^l^^!nlt^ 

Piris,  tel  lùliii  LMih'i'  Ifs  doux  grandes  iium's 
fui  dt^  Inul  li'ni|ts  firodif^uo  ou  rrvolulioiis  don!  on 
|MHi(  diiv  (ju'rlb's  &i>nl  v.uiilr  dt'S  vanités.  Sous 
Ips  noms  frivtibîs  des  partit»  s  agile  un  liunenlablL* 
néant,  outroruidant-i*  et  liilhb'rii*  dr  rhék'uis.  b;issc 
ambition  du  rajtiliiiiiL'.ss.ius  Idossurt-s  mi  rrji|ï(n''s  imi 
pb»in  brigntïd«'if,a%  soif  d^ar^^uit,  d'IiiMiutnu'.s,  di' 
boclids,  t'ondann*  de  f|uelr|uo  plat  scribu  on  son 
propi'P  génio  :  <i  CtiiVv  :'»  l)iou,  nous  n'avons  ou 
rotin  année t|uo dons  Iroirdjlornonls  do  Iimto  i*t  trois 
révidutiuns  !  j>  l\'ïruU's  quo  l'on  prélo  à  un  ]*rvsidi'iit 
du  Salvador,  ol  quo  pout-étri'  il  a  ivollonionl 
jjronoinnVs. 

(juûitl  au\  vuli;;jus,  la  Torro  dos  Islhuios  en  a 
85,  dont  40  §^jH)gnaiit,  toussîiiit,  cracliaul.  lirùlaiiL 
onroudrîiut.  H  y  on  a  i\v  lon'îblos.  Au  soiziôrnt! 
biôrlis  dos  la  lionquèto,  TLyli.so  voulut  rarlioloi" 
ces  «  possédés  du  Démon  ».  De  païens,  tdle  \e^  fil 
r.lu'élions  par'  le  sacroujont  du  baptiVno,  mais  Toau 
bénito  vorséo  par  lo  piètre  dans  les  craléios  n'é- 
teignit aucune  dos  founmisos. 

[/Amérique  eenlrnle  va  do  l'istlnue  de  Tékunn- 
lépec  à  ristluno  do  l'anania^  dos  liou\  où  lond)onl 
les  sierras  do  l'Aïuériquo  du  Nord  à  couv  où  coju- 
nience  à  se  lover  la  Cordillère  de  l'Améiique  du 
Sud;  au  premier  do  ces  istlunes,  le  sol  doscond  à 
200  moires;  au  second,  à  00  méiros  seuleinenl. 

PolitiqueuionU  elle  n'atteint  [»as  oes  liudtes 
naturelles. 

Au  nord,  fe  Moïitpjo  a  [jrîs  ti'ois  do  ses  pays,  le 
Chiapas,  b^  Tiiliasro  ol  le  Yuoatan  ;  au  sud,  uu 
grand  tronçon  du  plaioau  de  la  Costa-Rioa  dépend 
de  la  Nouvolle-<.fn*ii;nlo;  enfin,  sur  le  i'ivaj<o  du  *;olfo 
du  Mexique  s'étend  la  colonie  an^^lcnse  do  Bélize. 

Ainsi  réduite»  la  Terre  istlmiique  n'a  que  -14  à 
45  millions  d'Iieclares,  avei;  2firiOOOO  babîlants^ 
6  au  kjlomélre  carré,  quand  la  Franoo,  moins 
baignée  de  pluie,  moins  eouvée  par  le  soleil,  on 
entrotienl  71.  Ihns  le  Salvador  il  y  a  T*0  |)t'rsonnes 
pour  100  heolares,  co  qui  en  fait  rfilat  le  plus 
densénienl  peuplé  dos  doux  Amériques;  il  y  en 
a  10  dans  le  Cuatémala,  A  dans  la  Cosla-llica, 
ô  dans  le  Honduras,  ^   <laus  le  Nicaragua. 

Les  Blancs  ne  dominent  que  dans  la  seule  Cosla- 

I.  Lieu  àv  fange,  de  boue,  du  latin  tœuvm. 


Wu'ii:  i^ai'loiil  ailleiH's  le  peuple  se  portage  csspq- 
lielli'Mit'nl  vt\\v*'  Indiens  et  Ladinos. 

I.adiuos,   r'est -à-dire    Lnlins!    Or    qu'onl-ils   de 
lai  in?  Presque  rien»  puisqu'ils  se  raKarliont  bejiu- 
oôup  (dus  par  le  sang  aux  diverses  nations  indien- 
nes ronquisos   qu'aux  Kspagnols  conquérants  qui 
envabireni  le  pays  à  partir  de  1524»  el  que  d'ail- 
leurs les  Kspaguols  sont  Celtes,  Ibères.  Berbères, , 
\raltes»  tout  ce  tpi'ou  voudra,  plutùl  que  Latins, 
Bnnie  ayant  iunninient  moiits  colonisé  qu'assimilé 
par  sor»   aduiiuîslralion,  soti  droîl,  ses  spectacles. 
Mi'iis  les  Ladiniis   parlent    la    sontplueuse    langue  ' 
néo- latine  dnul  leurs  ancêtres  entendirent  les  pi-e- 
ruiors  mots  sortir  de  la  bouche  des  Conquistadores 
en  paroles  de  commarulfuient.  Et  pou  .'i  peu  l'es- 
pagnol passe  son   niveau  sur  les  Indiens  soumis,  I 
Ir,ivaill*?urs  dans   les   oliamps  de  cacao,  de  café,  J 
dindfgo,  t\c   cocbonille,  patients  cultivateurs   du 
maïs  qu'aux  champs   les  [ilus  Féconds  le  sol  el  le  | 
soleil  [louveiit  ronouveler  jusqu'à  quatre  fois  par  j 
année;  il  empiéle  même  sur  les  Indios  bravos  et! 
restreint  chaipu*  jour  le  domaine  des  langues  in- 
diojuïos,  qu'elles  se  réclament  du  <|uitcbé  ou  du 
rnaya  ou  du  nahuaLl. 

Ce  pays  cojuprend  cin<]  lltals  inégaux,  diuit  le 
plus  pêlil.  le  Salv;]dMr.  tiendrait  sept  fois  dans  le 
plus  grand,  le  Nicaragua. 

Ces  cinq  Uépuldiques  ont  une  certaine  tondt^iiice 
h  se  féiléi'or,  mais  jusqu'à  ce  jour  elles  se  sont 
entre-battues  bi*ni  [dus  souveid  qu'unies  en  am  *ur 
et  sincérité.  Iiu  nord-ouest  au  sud-est,  on  les 
nonune  Guatemala»  Snlvador»  lloudui-as,  Nicaragua, 
Ctjsla-llica. 


Guatemala,  Guatémaltèques.  —  Ce  nom  de 

Cunlémala  uVsi  pas  espagnol,  malgré  sa  longueur, 
sa  rrancbo  harmonie;  il  ne  fut  point  donné  au 
pays  pur  son  conquistador  Don  F*odro  de  Alvaradu. 
Viendraii-il  de  l'indien  riuiteznia[lia,  «  Mont  qui 
voniil  Teau  *>'!  Ite  fait,  un  dos  volcans  guatémal- 
tèques a  plus  d'une  fois  lancé  soudain  un  afTreuK 
torrent  :  on  l'appelle  volcan  do  Agua,  volcan  de 
l'Eau. 

Le  fiualémala,  vaste  d'un  pou  plus  de  là  mil- 
lions d'hectares,  riche  de  1250  000  âmes,  con- 
fi'onle  i\  l'ouesl  au  Mexique,  au  nord  au  Yucatan, 
à  l'est  au  Salvador  ol  nu  Ibmduras.  Il  possède  le 
plus  haut,  le  plus  grand  plateau  de  la  pseudo- 
confédération  des  Isthmes  :  s'il  n'a  que  500  mè- 
ti'es  au-dessus  de  TtA-éan  vers  les  frontières  du 
Salvailor,  plus  au  nord  son  altitude  varie  entre  1300 
el  1950;  les  Altos  de  (Juelzaltenango,  oi!i  parfois  si» 


AMÊRIOIE    TKNTKALK 


715 


montit'  1.1  neige,  ont Mième 2àOO  iiiMres,  ol  c'est  l;i 
une  li't're  plus  (|iio  rraiclu\  presque  frinde,  p;iuvro, 
ïliin".  (Ï'ih'i  l*nii  riJiipi't»,  roinrnt*  de  MarrliP  cl  tlt» 
LiiiHiusiii,  coimiK'  (i'AiJVL'rgiu*. 


lies  volcans  luiigonl  (k*  loin  It*  filiurul  du  l':ici- 
n<|ii4\  où  l'invicrno,  saison  des  pluies,  romeL  en 
fniirlietJi'  ïcâ  planles  que  sèrlie  lo  venuio.  sjM's<ni 
des  clialeuis,  tnndis  que  près  du  gi^lfe  d'i  Meiiijni! 


T>(. 


ui.(>il<ii>tlv  :- 


UvïMii  lie  I'    KriU-l.  U'apiés  uix'  )iliuUjk't^|>liic. 


Il  n*y  a  guère  de  mois  sansavorses  :  auf^si  la  végé- 
liitio;i  ne  luiiguit-elle  jamais  sur  le  wrsanl  orien- 
Inl  du  pays  gnalêmnltêr|ue;  elle  a  mt^rne  lro[ï 
d'exubèrynre  touffue:  elle  y  presse,  elle  y  rêduil 
IlioniMie  diiUS  une  espèce  de  forètmaniis;  sur 
les  Allos.  plus  fi'oids  et  secs,  les  Ladinos  ont 
dt'jù  renversé  trop  d'arbres,  si  bien  que  d'un  bais 


vierge   on  monlern   bienlôl    sur  une  rhauve  Gis^ 
tille. 

Trois  volcans  nuinlenl  peut  i'*lre  au-dessus  de 
4(MI0  inélres  :  le  volcan  del  l-iie^o  (du  Feu),  son 
voisin  le  vole^n  de  Agua  (de  YKm)  el  l'Ac^lenang^), 
encore  ineiactenient  mesures.  Le  plus  haut  des 
Iroib,  le  Fucgo.  redoiita'jle   pic.  est  diverseinenl 


7ifi 


f,A    TTlirtE    A    V(M.    JrolSKAU. 


évalué  il  5740,  40OO,  i^JÎjO  iiirtres.  Il  n  ;i  dmi  1rs 
liti{)léjnal(è(|LiCî>2l  buupirnux  volcjmiques,  dont  filii- 
?it*urs  ignivoines. 
I/Uuesl,   le  Centre,  lo  Nord  du   [.nys   uni   Wur 


(UMifli.'inl  viTs  I**  Crijalvii,  {fraude  rivière  du 
Chiapas,  et  surtout  vers  le  tortueux  Ut.suniacinla, 
que  dierclienl  des  rios  sans  nombre  et  qui,  de- 
venu large  fleuve,  s'irrite  à   la  descente   du  pla- 


Types  loiiiiHis.  (Vuy.  p.  TlAi  ~  l>eMiii  de  Uuiijnli  U'après  une  ptiol< 


teau  vU  d(*  «  i'aiid;il  »  eu  «  raudat  »,  e'est-à-dire 
de  rapide  en  rapide,  arrive  à  la  easeade  de  Teno- 
citjue  :  alors  il  s'tijiaisp.  il  porte  des  hnrques.  el 
cessant  d'être  gualêriiallequc  pour  devenir  yucalè- 
que,  va  mourir  dans  le  goM'e  de  Carn|ȏclie.  Au 
nord  de  son  bassin,  un  lac  sans  départ  d'eau  visi- 
ble dort  sur  les  terres  de  la  République,  ù  prés 


de  quinze  cents  métrés  d'alïitudis  en  un  aliiniû 
qu'on  dit  profond  de  einf|  eents  métrés  —  c'esf  le 
Pélen  ou  lae  des  Ivleiii's. 

Les  Blancs  sont  peu  nombreux  dans  le  Guntt.^- 
mala.  l'une  des  cinq  Hépubliques  «  renirali's  m  où 
In  fusion  des  races  a  fait  le  moins  de  progrès;  on 
un  compte  100  OUO»  mais  combien  d'enti-e  eux  oui 


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LA   TKnitR   \    V(i|.    irtHSKAl 


à  pt^iiic  iitic  L;oijMi-li'llr  tlf  sangrt^  nziil  danis  lo 
(orront  ilw  s/iriy;  imiiirïl  T(His  (inrlont  l'espngnol, 
(|iii  conquiert  insensihiotneiit  à  sa  lui  Ils  t2G  lan- 
gues indiennes  vivant  encore  dans  ce  pays,  les 
unes  soiiies  du  raniefiu  mnya,  li's  ;nilr(>s  dri  ra- 
meau (juilrliô,  d'aulres  eianiro  du  rarnrau  nahuall  : 
déjà  bpoticoup  di;  Mt*(is  onl  nljandonm"'  pour  lui 
leurs  M*(^lulinanls  idiomes,  el  nnHne  lioauroni» 
d'Indiens  en  uiit  fait  nntntil.  l'arnii  rt^s  di^rniers  un 
^Tantl  nombre  son!  des  n  Jndios  bravos  i»  encore 
païens,  nolamnieril:  di's  Laranduurs;  mais  la  Foub* 
des  lîu;ilL'in«dliM(ut's  adiirro  à  la  rrH^nmi  clnv- 
ticnne  qui  jadis  apport»,  sni^altt  le  mot  du  Christ, 


a  non  la  \m\,  tw\i>  la  guerre  )>  aux  Iriluis  r|ui 
avairnt  sculpb''  li^s  rnoinimenls  de  Copân,  de  Ticnl 
et  de  I)olor*es. 

Sur  les  Altos,  en  Terre  lempV'rèe,  en  Tiorni 
ivdiriile.  Pseiido-Rlanes.  M/'Irs.  IndriMis,  croissent 
alli'gremenl,  sans  le  secours  d'aucune  iminigra- 
lion  êtranf^ère,  saul  de  temps  en  temps  quelque 
halit'n.  «fuelqne  Ksfwit^niol.  qurbpje  Fr.iri(;ais  nu 
quoique  Vniikt'c.  l.n  [loiiulalion  double  tous  les 
(rente  ans, 

La  eaidlalf,  Nut'va  (jualénwda  (r)(îOOO  bab.t.  a 
son  silc  à  I52i>  nn'Hres  d'alttlude»  à  \in^l  et  quel- 
ipj.s   kilomètres  seuleiiu-nl   du    IVicilique,  sur   le 


Sur  le  rvicri  ou  lac  des  Pleurs.  (Voy.  p.  716)  —  Dessin  d'Alosaudre  de  Bar,  d'après  uuo  |ibulu|;rQpliic. 


failc  entre  les  deux  iri(*rs,  près  de  deux  sourcil- 
leux voisins»  le  volcan  de  l'Iran  et  le  volcan  du 
Feu.  Elle  succéda  *m  1775  h  Viéjaraia(êmala,  l'an- 
cietme  métropole  espagunle  jnisf  à  loal  par  un 
treiulde-lerre;  el  celle-ci  remplai;ail  Antigua  Gua- 
lêniala,  résidence  des  rois  indiens  subitement  l'ni- 
portéi^  par  un  tleuviî  évfiilé  de  Lt  gueule  du  voiran 
de  AgUÉi  :  ainsi  Tun  de  ses  pics  ravine  *!  n  »ie. 
lîiulre  brûle,  et   Ions  deux  agitent  le  soL 


Salvador  et  Salvadoriens.  —  Le  Salvador» 
seul  des  cinq  Liais  qui  n'aille  |}oiid  du  Pacitique 
à  l'Allanlique,  ne  cou\to  im>me  |ws  1  9*10(J00  licc- 
tnres,  à  peine  lroî:>  dê(inr(enieiiïs  français,  mais  il 
entretient  5[)6000  lionimeâ;  il  est  donc  plus  den- 
sémenl  peuplé  que  cliez  nous  les  Basses-Alpes,  les 


Hautes'Alpcs,  la  Lozt^re,  cl  à  peu  prés  nutant  que 

la  Corse-  A  Touest,  il   touclic  au  Guatemala:   au 
tMU'd.  à  l'est,  il  a  le  Honduras. 

Celte  contrée,  que  ses  Indiens  nommaient  Cus- 
calL'in,  Terre  des  richesses,  dexint  l.i  proie  du 
ccïnquéranl  t)oii  l»ieg-o  de  Alvarado.  Elle  comprend 
une  étnnlc  lisière  nu  long  du  l'acilique,  des  ver- 
sants couverts  de  loréts  profondes  et  une  haute 
plaine,  altnchée  au  plaleaii  i\Q  llon^iiras.  laquelle 
est  large  de  50  kib)nn''tres.  élevée  en  moyenne  de 
GOO  mètres,  el  [)orle  des  volcans  continuant  ta 
l'iuigée  du  Guatétnala.  Sans  les  volcans  de  bouc. 
il  y  a  trenle  monts  du  Feu,  éteinte  ou  brûlants. 
rnlre  tUlOct  '2400  mètres;  les  plus  hauts  se  nom- 
ment San  Vicentc  ou  CUicontépec  (2-400  mùtirs?) 
el  Son  Miguel  (216Ô  mètres)  ;  daoclui-ci  coutèn'nt 


AMI-UKJUK    CENTHALK. 


;iï» 


nsscz  (le  l.ives  pour  remblayer  60(100  hertares. 
I/Uilco  (1S7<^  mètres),  soulevé  un  1705,  a  toujours 
gramli  ilepuis;  seul,  lier,  il  voit  l'Oct^in,  rOcèan 
le  voit.    uL  la   nuit,   quand   il    llujube,  sa  colonne 


de  Feu  fluide  le  navigateur;  c'est  le   (f   Faro   del 
Sulvndor'  t>. 

fïflns  son  e\ii;uitô  le  Salvador  n*n  |iiiiril  de  place 
|>our  créer  (lueiiiue  Amazone,  et  l'Amérique  ceii- 


Ticiil  ;  ruines  indienii«.  (Voy.  p.  7IH.)  —  l>efoin  d'Alciaiuln.*  Uo  U.ti .  li'jpiu;   une  (iliulogrijibio. 


Irale  cite-niùnie,  trop  n^sserrêe  entre  les  doux 
Océans,  ne  peut  envoyer  à  l'un  ou  à  l'autre  un 

neuve  lie  premii^re  grandeur:  néanmoins  le  Lampn 
porte  m  vmn  moyennes  400  mètres  ouIm's  par 
Aet'otuje  au  Tarinque,  tribut  d'un  It^issiu  de 
4  notMK)  lieelares.  l'armi  ses  lars,  l'ilopango  ron- 
serve  son  nom  uidien,  comme,  du  reste.  preï>quc 


tous  les  lieut  du  pays;  voisin  de  la  ville  de  San- 
Salvador,  il  ressemble,  sous  de  tout  autres  deux, 
au  lac  des  Quatre-t^^nlons  forestiers  par  sa  tortuo- 
sité,  ses  étroits,  ses  bras  allongés,  ses  motils  qui 
n'ont  ni  ueige.  ni  glace  comme  ceux  du  lac  de 
Lucerne.  mais  qu'éclairent  parfois  de  rougeàlivs 
t.  Vliatv  du  Sutvndor. 


7-:o 


LA   TtiURR  A    VOL    D'OISEAU. 


lueurs,  quand  quelquo  volcan  s'impatiente;  lon^ 
(Je  9200  mètres.  Iar-^i>  de  7.100.  profi>nd  d*^  200  cl 
plus,  ses  ^^oiiïTrps  dthoraictii  laiis  lt*s  ans  qualro 
\ierges  vout'es  à  Xaciiiquetzal,  Ilêesse  deseaus. 

Los  Ladinos  foiil  la  majorilt'' des  Salvaduriens; 
n[iri''s  vu\  vitMHii'iit  Ifs  Indit-ns,  i»sstjs  d'tmr  lijan- 
clie  des  Azttîques  mexicains  et  dont  quelques  vil- 
\ages  parlent  onrorc  le  naliuatl.  Les  lU.inrs  purs 
fornieiit  à  peine  le  (juarantièrne  do  la  nalion,  qii'ae- 
croil   Irès  nipiderneiil    l'exi-édeiit    d*'s    naissatiees. 

La  capitale,  S.iii-Salvador  (liOOO  liab.),  horde  lo 
Berineiiilio,  à  muitis  de  50  kiluniêlros  du  Paei- 
(ique,  îi  t)G7  iiir-lies  d'altilude,  au  pied  dn  Sarr- 
Salvador  ou  (Juelv.alléper,  haut  de  l^iî!  tjièlres. 
Sur  ce  sol  vacillant  de  l'Amérique  islluniquo,  le 
plus  ^vAm\  eniu'mi  des  villes  uVsl  ni  Tinrendie, 
ni  In  colère  d'un  (k-nve.  ni  le  canon,  c'est  la 
vibration  du  piédestal  di*  la  cite.  fvui-Salvador  a 
dans  ses  annales  une  di*  l'Os  rninnles  tjtii  sufli&eni 
à  relTiindi'enuMil.  de  nulle  palais,  l-^lle  l'ut  anéantie 
en  iSrii,  dans  la  nuil  du  jeudi  au  vendredi  saint  : 
les  San-Salvîiilorions  n'osèreiil  y  revenir  que  quatre 
ans  apivs;  eneoriï  n'éle\èrent-ils  [tas  la  nièirufiole 
renouvidèe  tout  à  fait  sur  U*.  même  site  que  In 
ville  défunte.  Depuis  sa  fondali(tn  en  iît'îX  Sari- 
Salvatl(tr  a  passé  par  uin*  dizaine  de  grarnis  Irem- 
Lleruenïs  de  (erre. 

Les  ruines  d'Dpico  el  de  T»*coluca  munirent  que 
les  aneiens  maîtres  du  Salvador  savaient  eon- 
slrnîre  de  vastes  inonunn'nts  comme  leurs  frêivs 
ri»aténinlUn|Utîs,  Houdurienset  Yuciitèques  -  frères 
ennemis  sans  doute. 


Honduras,  Hondureilos.  —  Vaste  de  12  mil- 
lions d'hectares  avec  550  DOO  âmes,  le  Honduras, 
autre  Uèjmhlique  de  langue  espa^^nole,  sépare  le 
Gualéjuala  (à  Touest)  dn  Nicaragua  (à  Test)  et 
borde  le  Salvador  au  se[>tenlriorï.  Il  a  p(MU'  toute 
pnrl  du  Grand  (leéan  la  haie  vaste  et  sûre  de 
Fonseca,  où  se  nurent  des  V4dcans;  sur  la  mer 
des  AnlilWs  ou  mer  dos  Caraïbes  il  déjdi»ie  de 
Inngs  rivages  nvee  un  porl  excelleul,  l'uerlo  Ca- 
bnllos,  qui  s  ouvre  sur  le  galte  évasé  de  llondui'as. 
Knire  ce  port  de  l'Atlantique  et  celU;  baii^  du  Paci- 
fique, la  LIauura  de  Comayngua,  vallée  transver- 
sale, aurait  pu  livrer  passage  au  Canal  d'eulre 
deux  luej's  s'il  n'y  faiblit  irieiUM'  les  varsse.iux  jus- 
qu'à près  de  850  métros  de  hauteur,  pour  l>*s  l'aire 
ensuite  redescendre  d'aulant  :  mieux  vaut  le  long 
dédale  du  dêli'eit  de  Ma^ell.oi.  ou  doubler  le  cap 
llorn  au  milieu  des  nnirvs  tempiMi's. 

Ou  eslinie  h  près  de   1000  mètres  la  moyenne 


élévation  du  plntc*an  dt>  llo!iduras.  où  no  se  lèvent 
que  deux  volcans,  el  à  2000-2500  mètres  ralli- 
lude  (le  ses  montagnes  suprêmes.  De  beaux  rios 
en  descendent  :  tels,  au  nord,  le  Paleca  el  lllea. 
t[ui  n  sr)M  lu>rim[iyme  dans  la  froide  Si.andinavîe, 
au  sud  ie  Clioluteca. 

Bian(.s  venus  dans  la  contrée  depuis  les  jours 
(lu  contpïéranl  Ibn  Cil  GonMlcs  Divila,  Indiens 
soumis.  Indiens  sauvag:es  de  la  nation  des  Caraïbes 
et  de  celle  des  Xicaques.  Noirs  originaires  de  Cuba 
ou  de  la  Jamaïque,  Mulâtres,  aucun  de  ces  élé- 
ments n'est  nombreux  dans  le  Honduras,  ou  donu- 
iienl  essenlii*tlernerit  les  Ladinos.  qui  sont  ici  des 
hommes  sobres,  constants,  durs  au  mal,  robustes, 
cap,nbtes  d  efforls  et  dliêroîsme.  Et  pourtant  ce 
pays  sommeille.  Ouand  il  se  réveillera,  les  llondu- 
renos  en  pnitriimt  lirei'dt's  Irésoi's  :  il  regorge  de 
mines,  il  exielle  en  [ei-iHulitè,  il  a  de  salubrcs  cli- 
mats doni  les  ino)ennes  varient  entre  15  el  20  de- 
^'rés  snivanl  la  hautetu'  ties  lieux. 

l'eutétre  <|ue  les  vieilles  cités  hondurieimes 
avaient  queJtpie  splendeur  el  les  ruines  de  plus 
d'une,  noianuneul  crtHancho,  le  feraient  presque 
croire;  mais  celles  d'aujourd'hui  ne  dépassent 
^'uère  la  iiKi^'ni(ï4'ence  d'un  grand  village.  Ti*guci- 
jj;;dpa  (12  000  hab.),  c'est-à-dire  Coteau  d'argenl, 
dans  le  bassin  du  Choluleca,  sur  le  versant  du 
Pacifique,  vient  de  succéder  comme  capitale  du 
pays  à  l'indigenle  (>omayagua  :  celle-ci,  prés  des 
ruines  de  Téiiampua,  est  h  COO  mètres  d'altitude, 
dans  ce  val  de  Comayagun  que  la  hauteur  de  son 
seuil  cmpôcho  seule  d'unir  les  deux  océans  par 
un  canal  de  grande  navigalion  :  dans  ce  val  el 
devant  cette  ville  court  un  rio  du  bassin  du  fleuve 
riea,  lequel  boil  environ  le  liers  des  eaux  du 
Honduras. 


Nicaraguat  Nicaragueâos.  —  C'est  le  conquis- 

tndui-  lUtn  llernatïdo  Ponce  qui  mena  les  l^spagnols 
à  Paswiul  de  celle  j'églun,  devenue  dans  la  suite  le 
plus  vaste  État  de  la  «  Confédération  centrale».  Il 
s'étend  sur  juès  de  15 -400 000 hectares,  mais 500 00« 
hommesà  piuiie  y  vivent  dans  l'indolence,  nu  (diaud 
l'I  beau  soleil,  entre  Atlantique  el  Pacifique,  au 
nord  de  la  Costa-ltica,  au  sud  du  Honduras. 

Ce  pays  triangulaire,  partie  la  plus  basse,  la 
jdus  tropicale  de  la  Terir  des  Isthmes,  envoie 
presque  loutes  ses  eaux  à  l'Atlantique,  au  nord 
par  le  Segovia  ou  Coco»  fleuve  de  500  mèti-es 
cuiies  de  portée  moyenne,  au  centre  par  divers 
rios.  au  sud  par  le  San  Juan,  déversinr  du  fameui 
lac  de  Nicaragua. 


db 


AMÉRIQUE    CENTRALE. 


T  I 


Aviv  SOS  «28  000  liLM'Inivs  ii  40  nic[ivs  d'-illi- 
lutlp.  \v  lac  de  Nirnrngua,  quVnluiireiit  dos  vol- 
cans, v:iijl  [ilus  df*  «jualorzo  Lôniatis,  et  im  rio 
îHicl{|iji*  peu  rnarrraj,n'U.v  du  ôU  kilaniùlrcs  lui 
apporlf  ic  trihul  d'un  lac  moindre  «'gai  û  près  de 
Iniis  fuis  Oaii  di*  (irm''»',  mais  il  n'a  pas  d'ahinn^s 
commo  le.  hassin  liloti  dt'  Suisso  et  Siivine.  la 
sondi    ti*y  descend  qu'à  80  mèlres.  Trois  cnntvs 


rh'inis  mon(i*nl  ilo  son  onde  brillante  que  le  veirl 
soulève  et  brise  en  vagues  presque  marines,  le 
Xtipatero,  le  Madera,  rOnïot»'qn^,  qui  est  de  grande 
laiile,  ayant  I.mS  migres,  sinon  J955.  Le  lac  (le 
Managua,  donl  le  Tipila|ïii  lui  amène  l'excès,  rem- 
plit une  eunqm'.  de  liT^ODO  lieclaivs,  i  i7  ou 
48  mètres  au-dessus  des  mers,  au  pi)»d  de 
beaux  monts,  dont  luu  est  le  célèbre  Momotondjo 


i' 


^- 


i^^^'^>^-^ 


t.itturc  du  Aicaro^iu  .  lu  vaUo  cociiû.  —  be%-%ia  tJti  Ito  ijal,  U'aprês  iioc  pliolo£ni|»lâic. 


[\^TA)  uïèlre.s) .  le  seul  vidam  de  l'Amèriqur 
centrale  (pii,  dit  la  légende,  n'ait  laissé  n'iles- 
ei»ndrc  aueuïi  di's  pri^tn'S  envoyés  pour  baptiser 
son  cratère  au  nom  du  [Mou  1res  h;iut  et  de  la 
Sjiinte  Église. 

Ces  lacs  qu'un  ample  n^nvi*  iinil  à  r\(l<-iMli(pn* 
donnent  tout  jirès  du  Parilitpit'.  où  il  srndde  qur 
h  nii)indre  seeousse  les  fi  rail  crouler,  e^'ir  le  dos 
de  sierra  qui  les  en  sépare  est  peu  élevé,  fort 
mince.  Ou  aurait  donc  naturellement  élu  eetle  dé- 
Ut  lUci,».  la  Tkhak  *  yvl  d'oklak. 


pression  pour  \o  pass^ige  iln  Grand  ranal  inlenieèa- 
ni(|ui^  :  d«»  l'un  ou  de  Taulre  des  deux  ((  lagos  t». 
la  nouvelle  n  voie  des  peuples  o  aurait  alli*int, 
d'êoluse  en  écluse,  lo  Taîte  d'une  Iranebée  dans  In 
pierre,  puis,  encore  d'écluse  en  écluse,  se  serait 
abaissée  vera  quelque  anse  i\u  Paeilicpu».  Mais  on 
a  fini  par  reroniudln*  invinr.iblenuMil  rjur  les 
capitaines  des  vaisseaux  marins  nt^  perdront 
jamais  leur  tem|)â  et  leur  argent  à  monter, 
puis  à  descendre   à  la   queue-leu-leu    des  biefs 

91 


7SS 


\.\    JVAinV.    A    \UL    IiOlSKAl'. 


êlagéâ  sur  deux  versnnls,  et  l'on  u  jnvfèjv  |kis- 
Bcr  en  tunnel,  sans  rupluivs  de  niv^nu,  sous 
it!s  rtïllint's  (h*  rislhnii^  p.iniiniriii*'n.  lï'fiilïi'iii's 
il  iiuroil  fnllu  doïnplci'  nvinil  lout  rêiniss.'nnî 
du  lac,  f(*  S;i[i  JiiiuK  ({Ut  i\  de  violents  i-njâdes 
au  Ct'islillo  cl  à  Marhurn,  des  sidiles,  (jup  peu 
d'(\nu  [Kiiir  le  pnisiide  voyage  des  givinds  iia- 
virus   :    il    n'en    roule    pas    moins    500    mètres 


culics   d'eau   par    seconde    en    nioyonno,    2G:Î    à 
i'êli;jge. 

I.o  p.iys  des  Nirarn^tenns  dresse  vîngl  vol- 
r.-ins  inui-ls  ou  non  niorls.  Le  plus  haut,  lo 
Tt'licn.  solant'c  â  2185  moires;  le  plus  ler- 
rihle,  le  Cosipuinn,  fpii  Uf»  monte  cpiVi  IITiS  wi^ 
Iretî,  d'îiuli'es  disi'Mt  8(i9  sridenu'nl ,  cnm- 
m;nule  la  IkjIc  de  Fonscca  :  il  couvrit  de  cendres 


Q.yLM^ 


Nicaragua  :  un  TiMagc.  —  DMâîn  J^  ^  uillr^ 


en    1855  un    immense    espace   (Te    terre    et    de 
mer. 

Les  races  sont  fort  iiiêlnnj,'êes  :  les  Linliiios  font, 
dit-on.  les  ln>ïs  rinqni«''mes  de  l;i  tinlion.  les  In- 
diens [Uirs  le  (|u;irl,  les  \oirs  et  Mulâtres  le  liix- 
seplième»  les  lllaru's  purs,  In  plupnrt  d'on^dne  ga- 
licienne, le  vin)4lcin(jnir'iJie,  QueNpieî»  Ij'ibus  de 
l'intèi'ieur,  dont  plusieurs  sorlies  du  ^^latid  Innic 
des  A/.lêqiu's,  [Kirleul  encure  les  dialeek'.s  de  leurs 
ancêtres,  entre  juln^^  leâ  Mosquilos  insoumis,  muis, 


dans  l'ensendïle*  les  Mcangiienos  emploient   un 
espagnol   dt»  moins  en  moins   mèlû  de   «  gîdicis-  ' 
mes  »*  et  d'indianismes. 

î>es  j,'ens  de  race  noire  y  prêlerenl  la  Terre 
chaude  aux  plaines  houles,  m  vit  de  prêfêronco 
ce  qui  a  rpielques  j^nultes  de  sim;^re  azul  dans  les 
artères.  La  population,  moins  Lelle  que  cliex  les 

I.  Et  non  c  palMrismeii  »  :  il  s'ngil  ici  des  idiotie- 
MieB  du  patois  (ic  \a  Golicic,  bien   plus  porlugaisr  i|u*esj<a- 

iïOOl. 


7i4 


LA    TERRE    A    VOL    D'OISEAl'. 


aulres  peupl*^»  de  l'Araériquo  centrale,  y  est  aussi 
jiluâ  indolenli'. 

La  capitale,  Managua  {('2  000  linb.),  rivoraiiir  ilii 
Lac  i\e  Sun  nom,  l'emporlt»  h  poine  sur  Grniinda, 
voisiiKî  du  lar  (k*  Nk'araizua;  olL»  ne  IV'rnporle  pas 
sur  Lôtjtj  (35000  liab.),  raïu'icniu*  capilaL'  fl  la 
ville  «  monumentale  »  do  In  RéimJjltqiio. 


Gosta-Ricat  Costa-Ricenses.  —  200000  lumi- 
nics  au  plus  donnent  le  nom  do  patrie  h'  ce  pays 
de  5 176000  hectares,  le  plus  mince  de  l'Amt^rique 
cenlrale. 

Nommée  d'abord  Cote  des  Obstacles  (Costa  de  los 
Contrastes),  elle  devint  ensuite  la  Cole  Hiclie,  sans 
doute  parce  qu'un  Li  crut  [u'aiiigne  eu  métaux 
donnant  opulence.  Son  dompteur  fui  Don  Ahvu'o 
de  Acuna, 

Ellt-nit^mc  très  haut  plateau,  clic  continue  le 
plateau  de  Véragua,  piédestal  de  fiOO  h  1000  rrirlres 
d'altilude  qui  connrience  à  la  dépression  pao;uuê- 
nieniie  et  devrait  relever  de  la  ronfédéraliou  des 
Isthmes,  non  pas  de  la  Nouvelle-Crenade  ou  Co- 
lombie. Ce  pMvs  de  Véragun,  c'est  la  Castille  d'Or 
de  Colomb  et  des  Coni[utsladores.  Côte-Riche  et 
Castille  d'Or,  seul  el  même  [lays,  nul  eu  ré;ililê 
même  aspect,  même  nature,  même  histoire  sous 
deux  noms  synonymes. 

Douze  volcans,  dont  (jtiatre  encore  très  dani^c- 
reuï,  garnissent  les  pluleaus  de  la  Cosla-flioa, 
dominés  aussi  par  une  cordillère  très  boisée  de 
2000  luèlreï;  d'élévation  m(>yemie.  Parmi  rcs 
volcans  N*s  |)lus  henus  sont  le  Turrialba  (r45ônïè- 
Ires,  peul-éire  r>8l2),  Mra/ai  (3505  mètres)  ou 
volcan  de  Cr'irtag'O»  visible  dfs  deux  mers,  el,  prés 
des  l'ronliéres  du  Vérai^^ua ,  le  Pico  IHim*'o 
(3578  mètres).  Le  plateau  principal,  l'((Allopln- 
nicie  »  de  Cartago,  se  déroule  entre  t'i^O  el 
IfiOO  mètres. 

La  Costa-Riea  apparlieiil  presque  entièrement  à 
la  nice  bliincho  pure  :  ebez  les  paysans  un  liomtMe 
sur  cinq,  chez  b-s  rihidins  un  sur  vingt  lout  au 
plus,  portent  quehiues  traces,  rarement  bien  visi- 


bles, d'un  mélange  du  sang  indien  avec  le  sang 
espagnol,  el  qui  dit  espngnnl  dil  ici  galicien.  le 
plus  grand  nombre  des  ancêtres  de  ce  petit  peuple 
étant  venus  de  la  pluvieuse  presqu'île  nord-occi- 
denlale  de  l'Ibérie,  <le  la  leriv  des  pelilesgens  qui 
cheichenl  leur  pelile  fortune  en  Portugal,  en 
Espagne  el  outre-mer.  Toulefois  le  pays  a  ses 
Indîos  bravos,  les  Cnaluzos  el  les  Talamancas. 

Les  Cnsla-Rieenses  sont  avenants,  polis,  doux. 
fidèles  h  leur  parole,  un  peu   serrés,  très  épar- 
gneurn,  tout  comme  les  finllegos  donl  ils  procè- 
dent. La  haute  plaine  où  s'augmenle  celte  peu{>lade 
rustique  n'a  malheureusement  qu'une  largeur  in- 
liirie,  et  pour  peu  qu'on  en  descende,  soit  vei-s  le 
(irand  0céiUî,5oit  vers  l'Allanlique,  on  tombe  dans! 
des  vallées  où   l'énergie  du  corps  el  la   sanlé  dcj 
l'îlme  souffrent  des  ardeurs  du  dixième  degré  de  j 
latitude.    Costa  Rica  n'a  pas    assez  d'espace  pour^ 
un  grand  avenir  des  Cosla-Ilicenses. 

La  cajntale,  San-José,  qui  n'a  qu'une  centaine 
d';nniées  d'exislence,  est  une  bonne  ville  de 
12000  âmes,  à  t2K8  mètres  d'altitude,  i  9G  kilo- 
nièlres  de  Punta-Ai'enas,  port  du  raeili<pie.  h 
t22  kilomètres  de  Limon,  port  de  l'Allanlique; 
elle  a  surcédé  à  CJrtago.  cité  de  12  000  habi- 
lants  toujours  menacée  des  colères  du  vohvin 
d'lra;^û.  et  déjà  deux  fois  démantibulée  depuis  lai 
fondation  de  Snn-Josè. 


Honduras  anglais.  —  Sur  le  rivage  guatémal- 
lèque  et  la  vùU'  mexicaine  du  Yucalaii,  h»  long  du. 
goUVile  Hotuluras,  s'étendent  les  1  OoH 000  hectares] 
du  Honduras  anglais,  colonie  de  forêts  et  marais,] 
de    climat    brûlant,  d'allures  tropicales,   où   les 
Indiens,  les  Métis,  les  Nègres  sont  séparément  plus 
nombreux  que  les  Blancs.  Et  tout  cela  fait  à  peine 
27  500  personnes,  parmi  lesquelles  se  propage  de 
plus  eu  plus  la  langue  caslillane»  grâce  à  l'immi- 
gration des  Espagnols  des  cinq  républiques  voisines 
et  de  Cuba   «  toujours  fidèle   ».   Bélize,   capitale 
sur   le  golfe    «  hondureùo  u,    e^t   un    bourg  de 
5000  âmes. 


-      ^' 


ANTILLES. 


735 


ANTILLES 


L 


La  Méditerranée  américaine,  le  Courant  du 
Golfe.  — Entre  les  rleiu  Anu'riqiiPS,  une  mer  étin- 
celle, (|ui  est  In  MiWliîerr.irnV'  tlu  Nouveau  Momie. 
iiieii  |iius  granile  qUi»  iiodv  glorieuse  mer  Inlè- 
rieure*,  elle  est  moins  fermée,  moins  intime,  et 
ne  fM>(>are  que  deux  demi-continents  et  non  trois 
papties  du  Globe  comme  la  Mer  des  Latins. 

Au  nord.  ol!e  baigne  les  eiMes  plaies  des  Klals- 
Inis,  f|ui  lui  envoient  le  Mississippi  terreux,  leur 
fl  Père  des  eaux  o  ;  au  sud,  la  Colombie  ou  Nouvelltv 
Grenade  el  le  Venezuela  jettent  sur  son  rivage 
l'ombre  de  leurs  sierns;  h  l'ouest,  le  Mexique  et 
l'Amérique  centrale  la  séparent  du  Pacifique  par 
leurs  ti'ois  étages  de  «  lierras  »  montanl  d'un 
littoral  empesté;  à  l'est,  de  !a  Pointe  de  hi  MoriJe, 
embrouillée  de  récifs,  jusfpj'aux  bouches  du  grand 
fleuve  Orênoque,  une  traînée  d'iles,  majeures, 
moyennes,  petites,  minuscules,  deronipireà  l'ilol, 
se  lève  entre  ses  flots  et  les  flots  de   rAllantique. 

Pareille  à  la  Méditerranée  classique  nettement 
divisée  en  deux  mei^s  (l'une  à  l'occident,  l'autre  à 
l'orient)  unies  par  le  large  détroit  d'entre  Tunisie 
el  Sicile,  la  .Méditerranée  d'Amérique  se  partage  en 
deux  bassins  :  au  nord-ouest  le  Golfe  du  Mexique  où 
le  Mississippi  s'engouffre;  au  sud-est  la  Mer  des 
Antilles  uu  Mer  des  Caraïbes,  qui  ne  boit  que  le 
Magilalena.  Entre  li^  deux  s'ouvre  le  canal  de 
YucaLin,  largo  passe  ayant  à  l'ouest  le  Yucatan, 
presqu'île  trapue,  à  l'est  Tile  de  Cuba,  faite  comme 
un  poisson  qui  aurait  plus  de  500  lieues  de 
longueur. 

Ces  Iles,  celles  du  nord-ouest  grandes,  les  autres 
petites,  sont  les  Antilles,  débris  peut-^tre  d'une 
vaste  terre  submergée,  car  leurs  plantes  et  leui*î* 
aniniaux  différent  beaucoup  de  ceux  de  Tune  et  de 
l'autre  Amérique. 

Du  10*  au  30"  degré  boréal,  sur  toute  cette  mer 
entre  terres,  le  soleil  est  roi.  C'est  donc  uue  e.iu 
tiède  qui  sort  de  la  chaudière  des  Caraïbes  el  du 
Mexique,  au  détroit  de  Bênini  sé|>arant  la  rangée 
des  iles  Bahama  des  coraux  de  la  péninsule  flori- 
dienne. 

A  l'issue  du  détroit  de  Dénini  rette  eau  s'unit  nu 
gnnid  Courant  équatorial.  chaud  de  TA)  degrt^s,  qui 

I.  Près  de  40')  mUlions  dtectAres  contre  iDOtnt  de  iOO. 


n  liiu^i'  le  littoral  du  Brésil,  puis  la  rive  de»  Guy.'i- 
nes,  puis  la  rangée  des  .\ntillcs  sans  laquelle  il 
enfreignit  dans  la  mer  des  Caraïbes.  Confondue  avec 
ee  Mol  iniiniment  plus  puissant  qu'elle,  l'onde 
surtie  ilu  golfe  Mexicain  garde  injusiement  son  nom 
de  Coumnl  du  Golfe —  à  l'anglaise  et  à  In  yankee, 
GulfsIream. 

Ce  grand  flux  de  mer  ne  semble  pas  revenir  â 
ses  points  de^départ;  il  y  revient  pourtant  (comme 
toute  chose  en  se  dissociant  retourne  à  son  origine), 
mais  pard'autres  roules,  par  d'autresocéans,  entre, 
sur  ou  sous  d'autres  flols. 

On  outrait  sa  puissance,  mais  on  n'exagérait  pas 
sa  grandeur:  s'il  ne  r*ègnepas  aussi souverainemeiil 
(pion  le  croyait  sur  le  climat  d'une  imrtie  do 
monde,  ce  n'en  est  pas  moins  le  plus  inunense  des 
fleuves,  el  fleuve  sans  rivages,  puisfju'il  roule  au 
sein  même  de  la  mer.  Après  la  rencontre  du  Courant 
équatorial  et  des  eaux  arrivées  par  te  passage  de 
lîéîiini  ou  canal  de  la  Floride,  il  se  déploie  sur  un 
i'ourant  polaire  marclnint  en  sens  inverse  à  quelque 
400  mêlres  de  profondeur;  sa  largeur  est  ici  de 
59  kilomètres,  son  épaisseui*  moyenne  de  570  mè- 
tres, sa  p«>rléc  de  r»Ô  millions  do  mètres  cubes  par 
seconde,  soit  un  million  de  fois  Tétiage  extrême  de 
la  Seine  sous  les  ponts  parisiens.  Il  roule  vers  le 
nord,  dans  sa  magnifique  expansion,  el  longtemps 
encore  il  reste  tiède  :  en  plein  Nord,  sous  les 
brouillards  de  Terre-Neuve,  au  choc  des  froides 
eaux  qui  ont  frôlé  Pôle,  Groenland  et  Labrador,  sa 
clialeur  atteint  ou  dépasse  encore  20  degrés. 

Climat  des  Antilles.  Nègres,  Blancs.  Mulâ- 
tres. —  T(»ufes  perles  comprises,  cet  écrin  de  la 
mer  s'épanouit  entre  le  10'  et  le  27*  degré. 

Sur  prés  de  24  millions  i/2  d'hectires  les  An- 
tilles n'ont  pas  tout  â  fait  5  millions  d'Iiommes, 
dont  uiiiquart  de  Blancs.  On  leur  conserve  encore 
le  nom  d'Iudes  (occidentales,  donné  lors  de  la  dé- 
couverte il  ces  îles  par  Christophe  Colomb,  qui 
crut  y  trouver  le  prolongement  de  l'Inde  dont  il 
convoitait  les  trésors  et  les  épiées.  Elles  rMsem- 
bicnl  quehpie  peu.  d'ailleura,  h  In  pres*ju'lle 
C^uigétique  [Mir  leur  immersion  dans  les  flots 
tropicaux,  leur  végétation  brillante*  leurs  forêts 
incoercibles,  leur  ciel  cliaud  orageui.  leurs  pluies 


L 


^^ 


730 


LA   TERRE    A    VOL    [ï'OISEAU, 


f 


telles  qu'il  en  tombe  jusqu'A  10  miMres  pnr  an  sur 
certains  moûts.  Kl  la  fièvre  jaune  y  lue  comme 
en  Inde  le  chairrn. 

Tuiiles,  ou  presque  toutes,  elles  se  dressent  eu 
moulagnes,  les  petites  comme  les  gi^andes.  Les 
petites  sont  ou  calr.aiiv s  ou  volcnni<|ue9  ;  sept 
monts  tie  feu  n*y  ont  pas  encore  èletnl  leur 
flanirne.  et  des  (reinhle- terres  y  déiruisoiil  en 
(|uel([ues  secoutles  ee  qui  avait  été  construit  en 
beaucoup  d'années.  L'archipel  est  malmeni^  par 
les  ouragans;  au  iliï-fiuilirini'  sié<'k',  une  laui'- 
mente  noya  dans  la  seule  Mdrliitirpie,  île  fran- 
çaise, quatre  mille  Jiommes  sur  quarante  navin's, 
di's  villes  s'éerasérenl  sur  neuf  mille  viclïrnes; 
dans  la  tniVuti  mer,  (;e  même  typhon  r*ia  la  Ikuhade, 
Ile  anglaise,  et  engloutit  devant  Sainle-Lucie  une 
lloth^  britannique  avec  sii  mille  marins.  Par  un 
contraste  iuuuï,  nulle  part  aumonife  la  vague  uV':^t 
[dus  transparente,  h*  ciel  plus  éclatant,  les  étoiles 
plus  lurnintîuses,  h's  sonflle^  plus  (ièih^s  et  plus 
embaumés  (pî^^  sur  les  p]a*;i*s  où  se  rtéchireiit  res 
ouragans  tragiques,  ténêlïj'enx,  luiiiullueus,  qui 
fionl  comme  un  nlle  de  la  nature,  lloureux  (pli 
passe  le  prinlrm[>s  de  sa  vie  dans  ce  priulenijis  de 
Ja  Ti'rre  î 

Pouiiant  lu  climat  de  ces  rivngos  flétrit  les 
lUancs  qui  te  braveut  sans  prudence  et  sans  so- 
briété; mais,  par  lionlienr,  grAce  à  leurs  morues, 
leurs  pilons,  leurs  mi>iJliigues»  les  Antilles  ont, 
comme  r\mériqne  lalirte  qu'elles  regardent  de 
touest  uuilu  nnrd,  des  terres  |etrq)èj'ées  au-dessus 
des  tenvs  chaudes,  des  terres  Iraîclies  au-dessus 
des  tempérées.  Le  fils  (l'Kurope  retrouve  dans  ces 
iles,  à  quelques  reniai ues  de  mèfres  d'altitudo, 
le  climat  périnuHhtcrrariéen,  et,  s'il  munie  plus 
haut,  il  seul  du  froid,  Ct  nuînie  p.iiTois  reçoit 
i|uelqu<'   neige. 

Lrs  terres  basses,  au  ciid  pluvieux,  souvent 
ploitïbé  de  nuages,  conviennent  aux  Noirs  t'I  h 
leurs  demi-fils  les  Mub'ilres  (pii  fiu-ment  ensendjli^ 
h  peu  prés  les  trois  qu^rls  de  la  naliun  bigarrée 
d(\s  Antilles. 

iiorume  chaciu»  sait,  les  Nègres  dfs  Antilles  ont 
piuir  ancêtres  de  buneutabb'S  esclaves  araaiiés  d'A- 
frique à  Iravere  mers,  fers  aux  mains,  aux  pieds, 
pour  renqdacer  los  linheus  Caraïbes  ou  liénarés, 
Ikommesdiujx  tidlenn^ril  diniiimés  par  la  cruautcde 


leurs  maîtres  que  sur  plus  d'un  million  d'HaitienB. 
pnr  exemple,  à  peine  en  rcstail-il  cent  rinqunnte 
mille  un  quart  de  sit>c]e  après  la  conquête  espa- 
gnole :  la  chnuiique  le  dit,  qui  souvent  exagêiw 

Pcudnnt  [très  de  (rois  siècles  et  demi»  les  Noii-ri 
délVichéreiil  les  Antilles  sous  le  fouet  des  siirveil- 
lanfs,  dans  les  champs  JéVarme  h  sucre,  de  café, 
de  rncao,  de  talïac.  de  eotnu,  d'où  sortirent  long- 
temps les  plus  resphuulissantes  fortunes  de  l'Eu- 
rope. Libres  aujoui'd'bui  datis  les  Antilles  françaises, 
hollandaises,  anglaises,  à  lu  veille  de  le  devenir 
d:ms  tes  îlus  espagnoles,  ils  protestent  par  une  tière 
inAoli'nce  contre  les  travaux  et  les^igustices  qui 
ctmi'bèrent  sm*  U'  s<d  les  généntions  dont  ils  des- 
ceu<lenl.  ['nurbs  remplacer,  les  planteurs  appellent 
d'Asi(^  <le  l'Inde  ou  de  la  (.ihiue,  des  coulis, 
huninies  de  peine. 

Deux  jietiles  iles.  la  Domîtuque  et  Saiut-Vinrenl, 
conservent  encore  quelques  familles  de  ûinjibes 
aulluMitiques,  25  ou  26  en  tout,  et  l'on  dit  que  le 
nord  iîe  la  grande  ile  d'Ilaili  renferme  des  niilliei*<i 
et  des  milliers  d'hununes  de  celte  race,  plus  ou 
moins  teintés  de  sang  noir.  Partout  ailleurs  ces 
hidiens  débonnaires  —  du  moins  riiisloire  les  fait 
tels  —  sont  descendus  dans  la  tombe,  e!  la  n)ort  de 
ce  peuple  est  un  crime  de  Tt^spagne.  Le  nom  ilo 
Caraïbes  est  une  corruption  de  Callinagos,  ainsi 
qu'ils  s'appelaient  réellement.  Us  se  rattachaient 
un  grand  Ironr  (b*s  t'iuaranis. 

Il.iïli  ne  dépend  d'aucun  peuple  d'Kurope  ou  d'A- 
nu''riqae,  mais  elle  est  française  par  le  langage  dt*s 
doux  tiers  de  ses  habitants,  espagiiolt;  par  l'idiumc 
de  l'autre  tiers;  le  reste  des  Antilles  reièvo  de 
l'Esfiagne.  de  l'Angleterre,  de  la  France,  de  la 
lluUande  ou  du  Danemark.  Suivant  que  tel  ou  tel 
de  ces  peuples  présida  dans  l'origine  h  la  coloni- 
satioji  des  diverses  iîes,  les  Noirs  y  ont  aditptc  telle 
ou  telle  langue  européemie  ou  l''lle  forme  de 
religion  chrétienne;  seulement  ils  ont  empreint 
ce  <'lïristianisme  de  supei-slifions.  il'idées,  de  sen- 
timents afjMeflins.  et  rei;jiîignol,  l'anglais,  le  fran- 
çais qu'ils  jargomient  ont  été  réduits  par  eux  h 
Télat  de  patois  enfantins,  mous,  zézayants,  désos- 
sés, sans  Irame  id  sans  granunaire.  En  somme, 
l'espagnol  est  parlé  dans  ce  petit  rnotide  par  prî's 
de  2(îlHWI00  hommes,  le  fr;nM;ais  )>ar  plus  d'im 
Tninii>u,  l'anglais  par  un  peu  minus  d'irit  milimn. 


ANTÏLLL'S    KSrAGNOLKS. 


727 


TiiysHgu  dans  l'île  de  Culia.  —  Dossio  de  Pau!  Ifucl. 


ANTILLES    ESPAGNOLES 


Les  AtiItlU's  rclev.inl  do  l'Espagm-  fiuii  .1  [uni 
prt's  \i\  nmilk''  de  r;irrlii(it>l  :  un  pou  plus  coninio 
Irrriluii'c,  l-'8l.*iO0O  hoclîiii»^  ;  ini  pou  moins 
ooiiuno  populnlion ,  ^  ^75000  hoinnies.  dont 
1300000  Dlanes  ou  prî-tomlus  tolâ. 

Cuba  :  sa  beauté,  sa  richesse;  ses  Blancs  et 
ses  Noirs.  —  Kn  upuleuoo,  on  f:r;iiitloui't  Guî)n  n'a 
pis  (II*  riv.tlo  p;ii-ini  It*s  riulros  Aiilillos.    ' 

Kilo  Q&l  égolemont  \oi^irle  do  l.i  FloriiJ^  ol  (lu 
YiirnLiu.T)o  la  prornitTO  la  sôpnro  le  oaiial  tlo  li 
l'Iorido  nu  «rM.itiiintis,  l:ir;;o  do  200  ;i  STiO  Kilo- 
mètres;  outre  cllo  cl  la  oiMo  Fenuo  dtt  Mo\i*iuo 
pnsâo    lo    not    du   raiial    Vucatc(|ue    duiit    l'uin- 


pleur  esl  presque  êgnle  h  collo  du  pnssage  d'Ala- 
njîîios. 

nu.iiid  Coliirtiii  y  posa  le  pied,  au  mois  d'uclolirc 
i  i92,  croyjitil  Hnilor  rorienl  de  TAsic.  il  y  U^uva 
200000  Iridi.'ns.  d'nuln's  disotil  5O0O00,  ou  niOine 
I  iiiillii^i.  Os  f;;uivji^v'îi  inoffoiisifs,  l's  CiUunoys 
ol  loiï  Gnnmtaliois,  tendirent  le  col  à  la  ehalue  et 
n'on  iMi'iront  (pie  |)lus  vite.  C'est  on  1512  qup 
l'Kspagne  s'otahlit  à  doniouro  dans  l'ilo  roman- 
diria.  comnte  on  dt^ignait  alors  la  teri'e  que  It» 
(icuuis  avait  appolôo  Juatia  et  qui  prit  ensuite  I08 
noms  do  Sanliaf];o  ol  ^' \.\k}  Maria  avant  do  rocovoir 
oolui  do  (iuha.  Houzo  ans  après,  la  rare  esciflvo  se 
rt^duisiit  à  20  000  honiines;  on  1500  elle  n'existait 


l\    TERRE   A    VOL   D'OISEAr. 


plus  t'ii  npparonro,  mnis  ro  âotm's'wvAe  no  r.jvail 
point  effacée  du  livre  de  vie,  vnv  déjù  de  ronilireux 
Sririfr-mi^lè  devateni  l'i^xistcntr  à  riininn  des  cfvn- 
*liu'i'an(s  avec  les  roimiies  indiftiiies  èiiarj^niées,  vi 


l'on  croit  qu'unv  part  drs  inonlirolrs  du  drp;ir- 
ïeinonl  Urienlfd  se  rallïiclie  par  ses  aïeules  à  Tori- 
giiie  vraiiiu'tïl  riihaino  el  vininit-nt  onH-ricaine.  Il 
se   passa  ele  longues  années  avant  (^c    Ki  nation 


0 


A%cnuc  de  paliuiera  à  Cubn.  —  Dessin  de  E.  du  Bi'ranl. 


ïleninnaîrire  eommenri'il  ;'i  reiulro  quelque  vie  un 
drsei-t  quVIle  aviitl  fait  de\;HiteMe.  L:i  lerre  ndrui- 
rnlile  qui  devint  plus  lard  la  perle  des  Aulilles  ue 
l'eleiiJiil  j>;és  plus  les  tristes  lils  drs  sieppes  de  \:\ 
Castille,  de  la  Mnuelu'  el  de  rKsIrêmadure  t|tjt' 
les  joyeux  i'nfaiits  de  rAndnliiusie.  Cunuiu'ul  luu- 
nil-elle  fail,  quuiul  il  y  ;ivail  sur  le  continent  des 


[lîiys  r\u  nom  m;igtque,  le  Mexique,  le  Pérou  el 
rel  Ll  I>or;jdu  Jamais  atteint  prés  duquel  tous  les 
trésors  de  IViiqùre  des  Incns  étaient  U  pauvreté 
même?  «^ 

L'élahlibseuïent  des  Kspagnols  ne  prit  de  consis- 
l;uiee  qu'h  p.irlir  de  la  lin  du  dii-sepliènie  siéeïe. 
A  cette  éjjoqiie.  la  Jamaïque,  grande  AnIille  qui 


ANTILLES   ESPAGNOLES. 


790 


relovait  de  Madrid,  lûmba  dons  les  iiintiis  hv- 
reliques  des  Aiiglaist  cl  1500  Espagnols'  nhan- 
dotmèronl  relie  Wv.  pour  roinmver  :i  Ciib.i  h'ur 
langue,  leur  religion,  leur  gouvernement  nn- 
lurcl  à  labri  des  murs  épais  de  la  Eiavane. 
A  la  fin  du  dix-luiiliènie  siècle  o\  dans  les  pre- 
mières années  de  noire  siècle  à  nous,  Tilo  re- 
çut d'aulres  milliers  d'exilés  volontaires,  des  Fran- 


çais de  Snint-Domingue  fuyant   la  vengeance  des 
Noirs. 

Fort  allorig-ée.  puipf|u'elle  a  ^"00  kiloinèïres 
d'ofeideiit  en  orient,  fort  éti-oile,  puisqu'elle  peut 
n'avoir,  du  nord  au  sud,  que  ^0  kilomètres,  et 
qu'elle  ne  dépasse  ;ruère  ITiO,  Culia  ne  ravil  que 
1  l^>t'>Ol»Û  herl.  au  domaine  dos  eaux.enire  II  000 
kilomètres  de  rivage,   toutes  criques  comprises  : 


Vue  g^^niimle  île  I»  lUiano.  (Vi')'.  P-  'l'^i)  —  Itcwin  de  Lancelut,  d-n-rés  une  |>liolog)A|ihic. 


non  pas  elle  seule,  mais  avee  elle  tttut  son  cor- 
tège d'îles,  dont  une  assez  notable,  l'iiios  l'ail  OOO 
Iiectares).  Là-dessus  vivejit  I  000  OOU  hommes. 

La  Havane,  Cienfuegos  ou  Jagiin,  Nuevilas,  .Nipe, 
Babia  Honda,  Malaguela,  Puerto  del  Padre,  Manati, 
ainsi  se  nomiuenl  les  plus  beaux  des  beaux  ports 
où  s'alangiiiL  sa  mer  li*Hle.  l)e  ces  porls  on  voit  des 
\égas,  des  coîtincs  ou  det»  montagnes, 

Les  végas,  plaines  ou  vallées  irriguées  ei  lieux 
'  1.  D'autres  disent  8tiO0. 

0.  RioAia.  La  Tsmu  a  vot  ft'otsui'. 


de  plaulaljon,  soûl  un  grand  miracle  de  fécondité; 
les  coleaux,  rnremeul  su[iérieurs  à  100  métros, 
rouvrent  une  bonne  part  de  Cuba;  parmi  les  tïiori 
lagïU'S  domine  le  Turquino  ("JuOO  mètres)  «pii,  (oui 
au  sud  de  Cuba,  regarde  à  travers  llolâ  les  pitons 
de  la  Jamitîrpie.  Maint  pic  su|H*rieur,  maint  vallon 
bien  en  laee  du  venl  de  pluie  reçoil  jusqu'à  \  mè- 
tr(*s  d'eau  dans  l'année;  ailleurs  il  en  tombe  3  ou 
'2,  ou  mémo  1  seulement,  mais  c'est  encore  assez 
pour  suflire  aux  deux  récolles  annuelles  du  mais, 


JA 


730 


LA    TEHRE    A    VOL    D'OISEAU. 


h  la  croissance  du  riz.  à  l.i  florosconcc  et  ntatu- 
rilé  de  la  cflnne  à  sucre,  h  l'arome  d'un  labac  uni- 

Malgiv  la  diaU'iir  cnervanle  des  lerres  basses 


que  n'cvenle  pas  la  brise  de  mer.  malgré  les  visites 
de  la  fièvre  jaune,  l'île  tonlieiit  plus  de  DInncsque 
di?  Noirs,  soit  jiarce  qu'elle  jouit  d'un  climat  sain, 
soit  parce  que  bos  colons,  presque  tous  nièridio- 


Coulis  cliinofï  A  Cuhji.  —  Dessin  Ùe  Telcoq,  d'après  une  pbotograpbfe. 


nmw,  ne  craigiienl  guère  le  Tropique.  Sur  f  GtiO  000 
hïiliilîuits.  1  061*000  uon(  rien  du  Nè^jn',  ou  fort 
|H'U,  cl  en  delmrs  des  années  où  l'allreux  «  vonnUi 
negro*  i»  met  des  liabils  de  deuil  dans  toutes  les 
familles,  ces  Dlanrs  rournissenl  en   nioveruie,  sur 


i'  L'un 


dci  deux  noms  espagnols  dt;  la  Qèvrc  jaune- 


1000    personnes,   41    naissances  par  an    contre 
^i'i  décrs  siMilenient. 

Les  Cubaï[is  blanci  ivclanienl  le  nom  d'Kspa- 
gnols,  eux-Uk^nies  ou  leui*s  ancêtres  t*tanl  voiu»s 
de  ri'^siiii^'ne,  des  riUïaries  ou  de  divrrs  lit'U\  de 
l'Amérique  latine,  tels  que  le  Mexique  et  le  Vene- 
zuela ;  ceux  d'entre  eux  qui  sont  nés  dans  la  très 


E 

5 


^^ 


732 


LA   TERRE    A   VOL    D'OlSEAn. 


ûère  pt^ninaule,  surtout  on  fialifo,  en  Gtlalogne, 
en  Atulitlousio.  en  pnys  BflS(|UG,  portent  le  t^urnoni 
(le  Petïinsnlares  ;  50  000  lirenl  Wuv  nrh^iw  de 
j'arehipel  des  Can.'iries, 

Les  Péninsulairt^s  ne  sout  point  annés  dans  l'ile 
«  toujours  (idêle  a,  comme  disaient  les  Espagnols 
avant  (]iféclal;U,  furieuse,  enra^a'e,  une  guerre  qui 
n'a  puint  donué  rindéjiendance  h  Cub»,  mais  de- 
puis qu'elle  a  rougi  le  coui'ai»t  des  rios»  L-s  Cubains 
se  sonviennent  qu'ils  savent  umurir  pour  leur  pa- 
irie; il  suffit  :  c'est  le  gernui  lie  e<;  (pu  s'nppellera 
bienUU  la  liberté  rectuKpiîse. 

Peiidiinl  ces  dix  nnuées  d'égorgements  sauvages 
mainte  eanipagne  a  jierrhi  [es  spleuditles  planta- 
tions qui  faisaient  de  Cuba  la  «  perte  des  Anlilles  ». 
Avec  la  puix  renaît  la  prospêiitê,  les  lielles  cul- 
tures n"j)rennrnl  possession  de  la  vèga  p:ir  le  tra- 
vail iles  .Viiirs,  dont  la  délivrance  lé^^ale  a[iprorlie» 
et  par  celui  de  journaliei's  chîtiots  qu'on  dit  mal- 
traités :  de  ceux-ci  l'on  compte  riOOOO;  il  y  a 
500  000  hornuK's  de  couleur. 

Parmi  les  Blancs  qui  ne  sont  pas  d*Espagne  par 
la  naissance  directe  ou  pnr  l'origine»  on  trouve 
uu  fort  gifuid  nombre  de  dascoris,  surtout  de 
Dêaniais  et  de  r.irondins,  à  lel  point  que  le  fran- 
çais pur  et  le  fram^ais  créole,  d'ailleurs  parlés  par 
les  fatïnlles  issues  de  Sainl-lïoniin^rue^  régnent  à 
côté  du  cnslillan  dans  beaucoup  d'lia<*iendas.  no- 
tamment vers  Cuantananio  et  Sanliago  de  (uiba, 
au  pied  méridional  de  la  sierra  majeure,  dans  des 
vallons  allant  h  la  mer  où  se  lèvenl  la  Jamaïque 
etSaiul-bomingue.  Pas  un  de  ces  Français  ulgnore 
le  castillan,  que  tous  les  Cubains,  E^ipagnuls  ou 
non,  stjnt  accusés  de  parler  sourdement. 

La  capitale  de  l'ile,  mélropole  du  cigare,  la 
Havane  (200  000  bab.),  lient  l'entrée  d'une  vaste 
baie  de  la  ciMe  du  Nord,  presque  en  face  des  récifs 
de  la  Floride,  Ville  l'iclie,  parce  que  son  île  est 
riche,  elle  a,  comme  toul  Cuba,  le  climat'  eni- 
vranl,  énervant  que  doit  avoir  une  terre  entourée 
de  mer  l'i  peu  [uvs  comprise  enirc  le  iîÛ"  degré  de 
latitude  et  le  Tropique  du  Cancer. 

Porlo-Eico,  —  La  Jamakpie,  satellite  naturel  de 

1.  n'uitc  moyenne  de  25*,4avcc  là  |>our  minimum,  ^  pour 
maximum. 


Cuba,  doit  obéissance  à  lAnglais,  non  li  l'Espagnol: 
Porlo-Rico,  satellite  politique  de  la  «  toujours 
lidéle  )»,  en  est  éloignée  par  toute  la  înasse  Irapuo 
d'Haïti.  Entre  hi  i^rande  Majorque  cl  la  gramie  Mi- 
norque  dont  se  com]*ose  l'Espagne  des  Anlilles»  il 
}'  a  sept  degrés,  d'occident  en  orient. 

Porto-Uieo,  vaste  d'un  peu  pUis  de  962  000  hec- 
lares,  quelque  cliose  comme  nos  Landes  ou  notre. 
Dordogne ,  est  i\ù  forme  très  régulière .  paral- 
lélogramnu*  pi*esque  parfait  que  les  150  kilomè- 
tres du  passage  de  Mona  séparent  du  littoral 
domijucain  dllaiti.  Cette  ile  cbarmante ,  mani- 
festement salubre,  n'êchafaudc  pas  de  hautaines 
sierras:  le  plus  grand  de  ses  monts  boisés,  le 
Yuncjue  ou  Enclume  de  Luquillo.  n*a  que  iH9 
inélres  :  c'est  une  «  Albêi'e  »,  et  bien  moins 
qu'une  «{  Cévenne  »,  sous  le  i8«  degré  de  latitude 
ou  à  peu  prés. 

Douze  h  Ireire  fois  moindre  que  la  terre  cubaine, 
elle  n*esl  guèie  que  deux  fois  moins  peuplée.  Avec 
ses  820000  Imbilants,  ce  qui  fait  85  au  kilomètre 
carré,  elle  dépasse  fort  la  densité  de  population 
des  deux  déjsartements  français  dont  elle  a  presque 
exarlenoMil  Pétetidue,  la  Dordogne  n'entretenant 
que  51  personnes  sur  tOO  hectares,  les  Landes  ô5: 
elle  rejnporte  sur  la  France  elle-même  qui,  vou- 
lant élre  riclie,  est  stérile,  teUemenI  ((u'elle  ne 
montre  que  7tî  Eiançaissur  l'espace  où  vivent  pres- 
que trois  fois  [dus  de  Ik'Iges. 

Conmie  dans  la  grande  ile  sœur,  l'avantage 
est  aux  blancs,  vrais  ou  faux,  au  nombre  de  prés 
de  500000  liouunes,   le  icsie    Noirs  ou  Alutâtres. 

L'immense  niajorilé  de  ces  Blancs  dérive  du 
Siing  es[yagnol  ;  il  n'y  a  que  peu  de  milliers  d'é- 
trangers, Italietis,  Français  de  (^orse.  Gascons  ;  éga- 
lement très  peu  de  Chinois.  Quant  aux  Indiens,  ils 
ont  disparu  depuis  des  siècles  el,  sur  celte  terre 
sans  mémoiie,  (Mis  un  monumenl,  j)as  une  sépul- 
ture, pas  un  \H\m  ne  raftpelle  aux  arrière-neveux 
des  proscriplen]*s  le  souvenir  de  la  race  que  leurs 
ancétj'es  couchèi'enl  si  rapidement  dans  le  cime- 
lière  des  nations  (uililiées. 

San-Juan  de  Porlo-Hico  (28  0ÛOhab.),  la  capi- 
tale, occupe  un  îlot  de  la  côte  du  Nord.  Ponce, 
ville  i)lu3  grande,  a  près  de  45  UOl)  unies,  cl  Ituyn- 
guez  près  de  50000. 


HAÏTI. 


r 


Une  babilaUou  Uc  pbbance  au  rort-3u-PriDcc.  (Voj.  p  740.)  —  Do^iii  <Jo  G.  Vuillicr,  d'après  une  phutographic. 


^  Haïti  ou  Saint-Domingue.  —  En  toute  vérité 
la  «  porto  des  Anlillcs  «  nVsl  pns  l'ojiulente  et 
unn^lniite  Ciilwi  ;  r'i'sl  Ifiiiti,  plus  s;m^lnri(t'  tniroro 
pt  plus  oxulK'rnnto,  qui  jus(|!j*à  eo  jour  m*  lire 
que  ln*s  laitOfutojit  i*.irti  «ic  son  ulierritinU';  ses 
Wèî^n's.  SOS  MuliUios.  si-s  Uhirics  so  luisscit  imiIlL*- 
inoiil  vivre  dans  le  pjiys  «créé  jadis  par  lïieii,  mené 
par  ie  diable  u. 

Sur  riuiinido  chemin  de  Cuba  à  Portn-Hico  se 
lève  cette  ilc  admirable,  h  8>j  kilomt>lrcâ  de  In  pre- 
mière, h  120  de  la  secunde,  à  180  de  la  Jamaïque, 
à  o70  au  nord  du  prumontoire  de  l'Amérique  le 
plus  voinin,  qui  est  le  cap  Goajire,  terme  septen- 
trional d'une  péninsule  partagée  entre  Colombie 
et  Vènézuélu. 


HAÏTI 


Sous  les  I7\  18*,  1!)'et  presque  20"  degrés  de 
latitude  Nord,  elK?  a  G-Vl  kilomètros  d'extrême  lou- 
ç^ueur,  2G0  dVxIriVm'  largeur  ;  elle  comprend 
7  7-iriOOIMii'elares'.  entre  i>lM)(lkilMii»élivs4Îe  eoles, 
soit  presque  autant  de  riva^'e  que  la  Frniiee  sur 
ses  trois  ou  quatre  mers,  laflOODO  hommes  y 
vivent,  un  peu  plus,  un  peu  moins. 

Terre  fraueaiseà  l'occident,  espagnob'  h  l'orient, 
partout  montagneuse,  partout  (grandiose,  ftartout 
splendidc. 

Do  ses  montagnes  elle  tirait  son  nom  indien 
d'Ibiili.  qu'elle  a  repris  après  s'être  appelée,  de 


1.  Toutes  Iles  de  sa  »uite  roin|iriâc9,  entre  fluirts  GuitDvc 
(74  500  beoUres}  et  Torlue  (50  300  liecUi'eftJ. 


751 


LA   TRRRE    A    VOL    D'OISEAU. 


par  (.'iliinii),  son  dtM'ouvriMirS  lÙiipariola  mi  IVlilt* 
Kspagiu*,  piiiti  Sainl-Damingue  rlu'z  sos  cobnis 
franrjiis,  Saiïto-noiiiiii^^o  clit'Z  ses  coluns  espngnolp. 
lluiti  voulail  djriï  h  In  inotUngtiouso  >). 

Sns  mun Lignes,  t'ilo  les  drosse  en  quatre  flinines 
parnllèlos,  ;\tîi's  fi.nili'iirs  pvivnôi'tines  :  à 'iîT  irmii'*- 
tn'sdaîïs  sn  lon.uur  iii-pstiiiitt»  de  Tiliuruii  ',  ;i  5  lit) 
dnns  la  Lorna  ^  Tind,  voisine  de  la  côte  du  sud  ol 


pic  suf>r*^me  des  Anlillt*»,  s.iul'  rr  f|ui»  priil  nous 
apprendre  Tavenir,  cur  le  nionl  Yaqiii  riva- 
lise avec  h  Loïiin.  Avec  de  pareillt?s  sierras, 
mus  un  ciel  de  grande  humidité  qui  dispense 
deux  saisons  de  pluie  par  .innée,  les  IleiMCs 
l'outent  aiioridaiiee  (]  <mii,  mais  ils  ont  peu  de  lnti- 
^meui'  dajjs  ce  pelit  curj^s  ovale  dont  les  inemhres 
ïjonL  des  pi^ninsules  :  loulefuis  on  donne  iOO  kilo- 


Types  baitioi:8.  —  Dessin  de  T.  Wu«l 


mètres  à  l'Ardbonile,  rpri,  en  cela  seniblaMe  aux 
autr<*3  rivières  et  rios  d'Haïti,  rassemble  une  in- 
lînilè  de  lorrents  clairs»  frais  sous  l'ornlu'agiî  des 
plus  beaux  aj'ljjes  du  monde*,  nithno  quand  la 
chaleur  sous  l'ombre  uiunle  à  son  niaiinium  de 
,^7  degrés. 

\.    0   lît'LLMOlU'C    1402. 

2.  CVsl-à-dife  du  HiNinin. 

3.  Ooliine,  moriliiiroi'. 

4.  Col  suilonl  li'llnili  que  \cnail  !Vxpre**smn  tic   •  bois 
des  Iles  if.  Jadis  appliquée  aux  arbres  k^  (.lus  pi'tcieux. 


Le  vieux  Saint-Domingue,  la  jeune  Haïti. 
—  Faite  pour  rester  une  et  indivisible,  Tile  roei*- 

vei lieuse  poile  di'ux  [leuples,  on  y  parle  deux 
langues,  elle  a  «leus  histoiies.  Klle  se  divise  en  un 
DceidenL  et  en  un  Orient,  celui-ci  plus  grand, 
celui-là  moins  vide. 

L'Occident  est  IVançals  ou  plutôt  rrnucophonp. 
ou  plus  exactement  encore,  ses  Nègres  usent  d'un 
palois  Iramjo-nè^re,  et  noire  langue  est  celle  de 
leurb  êculest  de  leui^  livres,  de  leurs  journaui.  du 


J7M 


LA  TERRE   A   VOL   D'OISEAU. 


leurs  proclamalions,  de  leurs  actes  authentiques; 
onfin  ils  sfi  sentent  et  se  disent  Françnis  malgré 
k*s  iniqiiiU's  que  nous  It'ur  fimos  suliir,  nialgn'' 
la  mer  ile  smij^^  qui  nous  sûjinm.  CtUto  aticiiMino 
colonie,  ce  Sninl-ltoming-ue  dont  le  nom  rêsunni* 
encore  si  soinuiif  riiez  tant  cK*  fiimillt^s  du  Sud- 
Oui'St  do  la  France,  s  appelle  i.ifllcieïleiiient  Huïli; 
quelquefois    aussi   on    la    traite    de    Uêpubliqur 


Noire,  Elle  occupe  une  petite  portion  du  tronc  de^ 
l'île  et  deux  longues  péninsules  sembL*ibles  nu 
i\o\n  (tinres  d'un  rndH»  nu  d'un  homard  qui  on 
aurait  jn^nlu  ta  moitié  d'une  :  la  pince  du  nord.  I.1 
plus  courle,  s'avance  jusqu'à  85  kilomùires  de 
Cuba;  celle  du  sud  se  f»orle  vers  la  Jamaïque^ 
plus  i'ioiguée  que  la  grande  terre  espagnole. 
Elle   fait    un    peu    plus    du    tiers  de    TAntilIfl 


4 


Uaiticnnes.  —  Lcssîn  de  T.  WusL 


iudépendaiile  :  2  800  000  hectares  sur  7  725000, 
mais  eili'  dispi>si^de  l'»70  kiltniu'*1res  de  rivages,  la 
lU'publiquetïoniiriieaiiieiù'Uîiyant  que  1330,  etelle 
pnrle  les  deux  tiers  des  habitants  do  l'île,  soit  un 
million  d'boitnîtns  sur  15(100110,  «m  5i  à  ^r»  jier- 
sonnes  au  kiliMr»r'tre  eiU'rè;  —  [fourlajit  Ilaïlî  l'st 
presque  disert,  sauf  au  hord  de  la  juer  et  dans 
qiiehïues  Vî:llri»s  Cinnme  celles  de  l'Artibnnile,  s;iiis 
rivale  en  Sfiinl-ÏKtminj^Mïc. 
Près  lie   la    rive   nord-ouest   de    celle  Antille, 


A  portée  du  conol  au  Vent  qui  sépare  Haïti  de  Cul»a, 
la  petite  Ile  de  la  Tortue  est  d'un  aburd  i>énib!e. 
l'ille  soj'vit  d'asile,  d;ins  la  preuûêrc  moilié  du 
sei/.ièmc  siècle,  h  des  Français  coureurs  d'aven- 
tures. Ilni'anl  les  guern's  nombreuses  que  nous 
Sf>utinr(ies  alors  conire  l'Ksp^ne,  ces  hommes  de 
Inrturie.  piivites,  boueam'ei's  ou  chasseurs,  s'atta- 
(|nêreul  jiotir  leur  CLinq^le  à  la  grande  île,  qui  ap- 
partenait alors  luut  entière  à  Castille  el  Léon. 
AvaiU  que  le  siècle  fût  à  son  ternie,  les  presqu'îles 


a 


U    Uhu.iia.  I.^  TriHiiK  *  vch.  i>'uiiiuv. 


or» 


7>H 


LA   TERRE   A   VOL   D'OFSKAU. 


de  I  ouest  H  h  gnmde  vallêo  de  ['iVi'ti bonite,  con- 
quises pnr  oïjx,  r^Ifiii^at  dcvenuiîs  (erre  française 
en  vtîi'lu  du  Imité  de  llyswick. 

De  ce  Imi  é  qui  nian|ua  l'une  des  dcrnitTcs 
annécsdu  di\-septièmo  sit-oln  (IG97)  jusqu^Mi  1780, 
nulle  rulotiie  à  planhilifins  ne  fui  |ilns  opulente  ; 
Anglais,  Mspnjïnols,  Poilnjtr-'iy,  liollnmlnis,  y  rc- 
eannaissnienl  jiilrïusemeiil  rétidiliîjsenu'nl  niodcMe. 

Survinl  \li<{),  f[in'  puivirenl  les  nnnt'es  tragi- 
ques, la  ^MU'i're  eivile,  In  fînilloline,  la  France  en 
lutte  conti'e  rKnnqio  sur  de  ^dorieux  eliaiups  de 
lijilaille,  et  p(*ndniiï  que  nous  condjnltions  [lonr 
nos  niilels'  et  mis  lViyer.s,  rèinnneipaliun  des  escla- 


ves dans  les  colonies.  A  llaîli  la  nouvelle  libellé 
du  Noir  fut  la  lirillante  nurore  d'une  journée  qui 
linil  pnr  l'ifurjgan,  nue  guerre  de  nices  êelala  ri 
Inentnl,  de  massacre  en  rnassacre,  les  Nègres  extir- 
pèrent les  planleui*s,  Désaslre  affreux,  car  prcs- 
qne  t(mtes  les  fiuniHea  nobles  de  In  France  cl 
presque  toutes  les  lanulles  l)our^'eois*»s  du  Sud- 
Ouest,  dans  les  pnys  de  la  basst?  Dordogne,  de  la 
fiaronne  et  de  rAdour,  avaient  des  pnrents  à  Sainl- 
[Kiniiii^uc 

Les  planleurs  L'c[iap|)t'S  aux  condjats,  aux  sur- 
[>rises,  aux  embûches  nocturnes,  h  l'incendie,  se 
dispersèrent.  Les  uns,  passant  le  canal  au   Vent, 


VUlflge  haflien.  —  Dcsiln  de  G.  Viitlticr,  «raprâs  une  pliolognipltlc 


sVtnldiri';it  à  <lu]ia;  tranlrcs  préféivront  les  Antil- 
les di'  lan;;tie  franniisc,  ta  Iloniiin((Uf',  Saînle- 
|ji(;ie,  !n  Guadt'lou[)<',  la  Marlinii|u«';  beaucoup 
nllrri^nl  fondrr  la  potid»  iialton  crt'-ob*  do  la  Tri- 
iiilr;  (ranircri  [KM'lireni  jpnirr  In  LfHii^^iaiie;  d'anli'es 
i'ufin  iv^atînèrenl  la  Krani'tv  Si  li!s  inilliei's  d'Iioni- 
rnes,  de  lony^lonips  habihu's  au  sideil  tropical, 
qui  abînuloniièreid  alors  Sainl-Honiingne,  s'èlaienl 
jetés  sur  la  Guyane,  dont  ils  élaienl  capables  d»* 
vaincre  le  dijuat,  celle  pauvre  colonie  aurait  peut- 
être  trouve  cfic/  eux  les  prres  de  son  ofuilenci*  et 
inêrilé  le  nom  de  «  Kmnee  Kqninoitiale  d,  t]i>nnê 
jadis  dans   la  ferveur  des  premiers  jours. 

Outdques  atnict's  après,  une  [juissanîe  armée 
partit  ]HHir  Saint-Dominiïue.  Faite  des  vainqueurs 
de   toute    l'Ivurope,   celte    force    organisée    OInil 

1,  A  vi-ai  dii'e.  U  y  avait  ali»rs  absence  d'autels. 


plus  (ei-rible  que  1rs  Né^^rcs  qu'tdle  devait  dornp- 
ler,  mais  elle  ne  jjut  rien  contre  Fennenii  <*  lellu- 
ii(jue  »,  les  miasmes  la  tuèrent,  elle  fondit  sous 
Faslrc  des  Antilles,  puis,  diminuée  par  lescou|s 
4ic  sûb'il,  la  bèvre,  la  dysenlerie.  elle  se  rendit 
ans  Aiij^lais,  qui  venaii-nt  do  recommencer  la 
j^'^iK-rre  4'(ïn(re  la  Frnn(»e. 

Ikqiuis  <[ue  ces  i\oii-s  el  ces  sang-nièlé  ont 
dnns  leurs  mains  la  destinée  d'Haïti,  il  ne  sem- 
ble pas  qu'ils  en  aient  fait,  comme  on  fcspê- 
rait  d'eux,  le  pliarr  brillant  de  leur  rnvi^.  Ni 
des  antres  Antilles,  ni  du  bas  Mississippi,  ni  îles 
Guyanes,  ni  du  lîrésil.  ni  des  loiiilaines  rives 
d*AI'ri(pie,  on  ne  reeborclio  en  eux  l'cienqde  du 
Iravail  el  de  la  sagesse.  Ne  de  la  vengeance,  le 
peuple  bailien  a  vécu  dnns  la  haine.  Après  avoir 
proscrit  le  Blanc  il  se  proscrit  entre    frères,  de 


P^rfi>,rif||J|:  ,lf 


3 


no 


LA    TERRE    A    VOL    ti'OISEAU. 


Mulâtre  à  Nègre,  de  Nègre  à  Muhîlro,  et,  c^mme 
chez  le  reslo  dos  lnHiinics,  rie  libiM-inix  à  consor- 
vatours,  d'avanc/'s  à  ivtjogradrs,  mats  partout 
vides  de  sens  pruPoriLl  :  c'est  rairain  qui  r^^soniie 
et  Li  ryiuïiul*^  qui  retenlil.  De  ^iiorre  civile  en  {îuoiTe 
civile.  Sfiïïy  versé  qui  ne  liive  jmiiil.  li's  forfaits  et 
les  bassesses  des  agitateurs,  ta  petite  luilion  franco- 
riêgre  et  franroplione  tie  respire  jiuiKiis  liljreirteiU. 

L.'ï  France  ijourrail  l'aider,  et  s'ijider  a'ïi  même 
teiiïps,  eu  puisant  chez  elle  des  ouvriers,  des  maj- 
Ires  d'ècolc,  des  nioniteui's,  des  fouclioiinaireH, 
voire  des  paysans  pour  son  Afn(|ue  tropicale,  Si'- 
nêgîil  et  ISiger,  Guinée  et  OgAoué,  Congo,  Oubau- 
gui,  Madagascar  :  c^est  chose  préciuusc  aujour- 
d'hui que  de  possêdur  une  réserve  de  Noirs.  Les 
outrages  et  carnages  de  la  fin  du  siècle  dernier 
sont  sortis  la-bas  de  toutes  les  mémoires  :  les  liai- 
tiens,  qui  s'instruisent  cliez  nous,  se  vantent  hnu* 
leniPDt  d'ainuT  la  France,  e(  l'on  trouverait  ilans  la 
llépubtique  Noire  plus  de  iVègres  vaillants  qu'il  ne 
nous  eti  faut  encore  de  Saint-Louis  àSaï,  de  Lihre- 
vilîe  au  Cliari.  et  du  cap  d^Ambre  au  cap  &unte- 
Maric  de  Madagascar. 

Au  Port-au-Prince  réaide  le  gouvernement  de  ces 
Fi'an<;ais  plus  que  bi'ojizi's.  calholiques  fort  i^nfari- 
tins  et  superstitieux  ihml  la  graride  luajorilt*  vé- 
nère bien  plus  le  serpent  u  vaudou  n  qu'elle 
n'obéit  en  esprit  et  en  vérité  aux  enseignements 
de  snji  Ccitéebisnie.  Le  l'orl-au-Priuce  est  une  ville 
de  98  000  âmes,  sous  un  climat  orageux,  h  la 
racine  de  la  péninsule  du  sud,  au  bord  du  grand 
golfe  de  l'Ouest,  où  monte  l'ile  de  la  (ionave. 

Au  temps  cnliuual,  la  métropole  de  l'île  était  le 
Cap  Haïlieu,  sni"  le  littoral  du  Nord. 

République  Domînlcaiiie.  —  4855000  hec- 
tares avec  500000  habit^mts  sont  la  part  île  cet 
Étal  de  langue  espagnole  occupant  le  centre  cl 
l'est  de  Tîle,  dont  elle  possé4te  les  plus  fiers  som- 
mets. Des  l'oj-èts  splendides,  acajuu,  cèdre,  ébé- 
nier  et  autres  arbres  de  prix  sans  fui  ni  compte, 
descendent  avec  les  monts  jusque  dans  des  plaines 
fécondes  :  parmi  ces  bois,  ceux  d'Yuna  bnrdenl 
uDe  rivière  navigable  qui  s'achève  dans  la  superbe 


baie  de  Samana,  tn^s  conyoitée  par  les  États-Unis. 
Ce  fut  le  premier  établissement   des  Castillans 

en  Aniéi'ique. 

Celte  colonie  conunença  par  toutes  les  splen- 
deurs: les  hidalgos,  les  routiers,  les  chercheurs 
d'or,  les  converlisseurs  de  la  rëninsules'y  eng(»u'- 
frèrent  à  milliers,  de  belles  >illes  y  fleurirent.  F.n 
même  tenqjs  iliniiunaieut  les  Caraïbes,  de  9<*0000 
h  6t)0lïO  eu  douze  ou  quinze  ans.  dJt-on,  puis  à 
4000  quarante  et  un  ans  après  la  découverte.  Leur 
race  pourlaiit  sui-vil  ;  car  les  Fspagnols  n'ame- 
naient pas  de  fenmies  avec  eux  dans  le  Nouveau 
Monde,  où  ils  venaifut  pour  ravir  de  l'or  et  non 
pour  fondai-  des  familles;  ils  s'unirent  aux  lilles 
des  Caraïbes  el  la  nation  dominicaine  doit  son  ori- 
gine h  l'alliance  des  KnrojM'ons  *»l  des  Indiens 
plutûL  qu'au  mélange  des  Blancs  el  des  Nègres'. 
C'est  l'inverse  dllatli,  d'où  le  sang  caraïbe  a  pres- 
(|ue  disparu,  on  l'élénu^nl  unir  dniriiiie  neuf  fuis 
l'élément  mulâtre,  et  où  rèlément  blanc  ne  se 
voit  plus. 

Cortex  fut  quelque  temps  fonctionnaire  dans  un 
bourg  de  l'ile.  Ouand  ce  cajiitaine  eut  dompté  le 
Mexique,  les  Dominiciiins,  éblouis  de  sa  haute 
forlune,  énn'irtvreiil  eu  fuule  vers  le  continent, 
et,  si  vivante  jusqu'alors,  la  i^olouie  sembla  uu>urir. 
Elle  est  loin  d'avoir  repris  sa  première  vigueur; 
la  guerre  civile,  les  combats  contre  l'Étal  voisin, 
la  paresse  des  hnbilants,  ne  sont  pas  faits  pour  la 
relever,  mnis  depuis  quelques  années  des  Dlancs 
de  Cuba,  de  Porlo-Itico,  de  la  Jamaïque,  viennent 
secouer  la  mortelle  apathie  des  Dominicanos.  Et 
maiutenanl  ce  peuple,  espagnol  et  catholique,  s'ac- 
ci'oit  très  rapidement. 

La  capitale,  Santo-Domingo  (25  000  hab.),  la 
première  ville  bâtie  par  les  Européens  eu  Amé- 
rique, indique  remboucliure  du  fleuve  Ozama. 
Sous  Charles-tjuinl,  la  grande  aflluence  des  aven- 
turiers en  avait  fait  une  cité  vivante,  pompeuse, 
pleine  des  solides  monuments  que  les  Espagnols, 
nouveaux  Ilomaius,  planlaient  dans  le  sol.  en  ce 
seizième  siècle,  le  plus  glorieux  de  leur  épopée. 

1.  L'êlémenl  autocltlone  est  surtout  re[n-é«enl«  dans  le 
naixl  du  pays. 


4NTILLES    FRA^ÇAISES. 


Ul 


Saiiil-PierK-t  a  U  ibitinique.  (Voy.  p.  744.)—  Dcs.iii  de  t.  Ut*  Lciuu 


ANTILLES  FRANÇAISES 


Toutes  l«'s  Aniilles  françaises  n'appartj<ninorit 
pas  ù  11  Fj'niu't».  S;uis  parltîr  de  l.i  »  Iti'jitiljliiiu** 
noire  »,  nolro  langue  règne  encore  plu:^  im  moins 
exclnsiveniciit  d.ins  j>lijsi(Hirs  |:eliles  Anliïles  ào- 
Vînmes  .'in^'ljiist's,  la  |)iimini(|ne,  S;iinle-Lireie.  Ui 
(Ireiiade  et  1:)  Triiiiti'. 

la  liUiideliuifie  et  la  Morliniqtie  î^ont  les  îles 
qui  nous  restent,  plus  ilivers  iluls  dépeudiints 
de  liî  iiii;ii!eliui|ie  —  en  tout  277  000  hetUares  nvec 
3ÔG000  li.-ibitants. 

Guadeloupe.  —  Nom  esp.np:n(»!.  Me  franeiiise. 
CtdiMnl),  qui  la  (lêcuiniil  en  1  iOri»  la  consaera  à  la 
Sainte  Vierge  de  Guadalupe,  qu'un  n^vi^rait^  qu'on 


révère   encore   en    plus   d'une   église   d'Kspnpne, 
nulaninunil  toul  pri's  de  la  Ki'nnee,  en  liiei'   d'Ilfii 
daye,  au-dessus  de  Funlarabie,  sur    un  mamelon 
du  moiil  J.ii/fpriiiel. 

Le  Hi'"  de^rr  il«'  lalilude  la  coupe  en  son  midi, 
ou  [dulôt  il  passe  sur  la  plus  méridionale  des 
i\v\n  îles  d(tt*l  elle  se  eorriptise,  sur  la  (iuatli'loupe, 
la  plus  sepleïilriojiale  ôlaiil  la  (iraiide-Tei-re  — 
enler  elles  «leiix  passe  uu  chenal  marin  de  oO  ù 
i20int'(resde  largeur,  la  lliviêrc  Salue. 

La  Grande-Terre  (ôCOOO  heelares)  esl  juslenienl 
la  i)lus  petite  des  deux,  surtout  la  moins  Ixdle. 
Comme  à  la  Bcauce  il  ne  lui  manque  en  tout  que 
les  eaux,  les  bois,   les  collines;  elle  craint   les 


742 


l\   TERUF    A    VOL    D'OISEAU. 


b 


si^clieresses,  g11<*  sait  comnieni  1rs  IrcmhJtMruMits 
do  tcrrp  ivnwrsf^nt  lf*s  hourtrinlos.  Li  riu;i(l*'hni[H' 
(82000  heclaros)  lu  sût  aussi,  iiuiis  elle  est  Lrlh' 
autant  qu*î  la  tiranil^r-Tfrre  est  laide;  gorges  enliv 
mollis.  foiVM^,  volr.ins  rleinls,  loriviils  qu'c^iiti'c- 
lieniient  '211*  riMiliinrliN's  di»  [iliiiiv  tAU^  irioMtt»  à 
il85  mètres,  ;iii  tVi'im  {]o  h  Snuriièiv. 
C'est  là   le  i(>r|>s  de  la   iipliiiiir.  Kilo  a    \u\nv 


membres  dispoi'sês  :  la  Dt^siradc,  vieux  volcan  de 
L*7nO  hectares,  ifiii  ne  erneln»  plus,  (|iii  ne  lonsse 
plus;  Marie-Galante  (iO  5U0  heclares);  les  Siiiiiles, 
grandes  de  140O  lieclares,  en  cinq  Ilots  liêrissês 
de  eariDîis;  et  au  loin,  au  nord,  ver*s  le  18"  de- 
gré, an  iniliiMi  d'iles  anglaises.  Sainl-Bartliéleniy 
(!!^lr)(i  iiertarcâj»  ilôt  sans  câu.  jadis  volran.  que  h 
Suède  nous  a  resliluè  en  1878;  enfin  la  moitié 


r,i  Polnlc-î\-Pilrc.  à  lu  Guadeloupe.  —  Dessin  de  E.  de  Etérard. 


majeure  de  Saitil-Marîin,  soîi  5200  lieclares,  t'aulre 
inoiliè  relevant  de  la  linllmide. 

Toul  cela  fait  177000  Iiectares,avec  159000  lin- 
bilants:  lîlanrs  de  niuïus  en  moins  tionilireux  i|ui 
ne  sauraient  aisément  s'arcanmiodei'  de  '-IW  di^grérs 
de  chaleur,  moyenne  du  liMoral  ;  Nègres  **t  Mul.i- 
Iresqui  sVn  aeeeiumodent  f<nl  liieii  :  IraviHlIeiii's  à 
gaj^es  venus  de  l'Indr,  iif^  l'Aiinruiu  do  la  r,hiiie.  <ir 
l'Afrique.  En  dehors  de  ces  «  engagées  n,  on  estime 
que  h's  Ulaiics  font  7  pour  100  de  la  n;itioii  ^mjm- 
deloU|>ienne,  les  Noirs  7s\  \min  WK  h's  Mula- 
Ires  62  pour  100.  Un  ne  [irol'esse  guère  ici  que 


la  reli^j-ion  eatlïolitpje  et  l'oti  ne  parle  que  le  fran- 
rais,  h  lu  Irançaise  imi  à  la  nè^'re. 

Basse-Terre  (12000).  dans  la  Guadeloupe,  ne 
v;nit  [i.'is.  quoi^iue  r.qtilidi',  la  r'ointe-à-Filrc 
i172r>0    hal>.),  darts    la    Grande-Terre. 

Martinique.  —  Tue  île  d'allégeance  angl.iise, 
mnis  linijiiiirs  <te  laiî,t,Mgi^  français,  la  t^ominiqu**. 
brise  In  niei-  de  lUO  kilomètres  qui  sépare,  au 
sud-est,  ia  Ciuadeleupe  de  la  Marlinique. 

Avec  ses  Vôïeatts  (pi'orit  sculptés  les  niêlêurt*s, 
ses  bois  profonds,  ses  rivières  dont  les  cascades 


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LA    TF:finK   A    VOL    DOISEAU. 


ne  sp  tnisoiil  jamais  et  riigissonl  souvent,  lors  d(? 
ces  tMiiii'rriPs  avurscs  qui,  toutes  ensemblL',  versonf 
ici  iLuiH  Inrincc  217  ronliiiiMivs  ^Ic  [îliiir,  rviU^  Ile 
vM  rnvïssnrilp,  UKiis  ^MIp  os(  pndlo.  'JX700  lirr- 
larcà.  ,cola  ne  fait  qu^  cinq  à  six  canlons  do 
Krnnr*' t  pourLiiil  I77(JOO  [H'isotirns  y  vivont  sur 
un  sul   qui  i)r:itjlt'  eu   (roniMoini'nls  nulflut  qu'à 


in  Guadeloupe,  soit  près  de  iSO  par  kilonièli-e 
cnrrê,  quoique  les  pl.'in*nlion8  ne  couvrent  pos 
.f^ncoro  toute  lu  rondeui'  cic  lile  ol  fpie  les 
(^îOOOO  hectares  de  nionUigtic  appartiennent  tous 
il  lu  for4*t„  à  la  savane,  k  la  roche,  aut  fourrés, 
îuix  herbes  que  frôle  le  fer-de-lance,  vipère  mor- 
teilc. 


Paysage  à  la  Pninle-.':-l'iirr.  —  bo-siu  tlo  t.  du  UcranI,  dnprès  iiiitiim 


Sur  ers  l77  0Hï>  insuluii'os  il  n'y  ci  plus  j^uère 
que  ItMKM»  lîiatH's,  Iniiilis  qu'il  y  en  aviiil  K»000 
vers  1750,  nit'tjs  ((fis  plus  it-i  qi»*;i  In  Gii;ulrlnii|ir 
la  cùW  n'est  lîivuivdjle  aux  Français  :  êUtcirûnlc, 
elle  a  pour  moyenne  27  degrés.  Comme  llk'  s'èlèvc 
jusquVi  1Ô50  m*''lres,  ;i  In  ntontn^'iie  Prlén»  il  s'y 
trouve  dfs  lerio^  (oiiqjorêes,  même  l'i-iiclifti,  où 
les  planteurs  n'ont  point  planté;  de  loul  temps 
ib  se   sont   tenus  dans   la    Wrve    toni4e.    Noii*s 


el  Mulàlies  francophones  y  font  le  gros  du  peuple, 
puis  viennent  les  engagés  aiq>t*lês  d'Asie  ou  d'AI'ri- 
qiu*  pour  prêter  le  secours  de  leurs  bras  à  In  Ma- 
diiiiii.'i  iies  (laraïhes ^ 

Fort -de-France  (ITiOGO  liab.)-  capitale  el  pori 
suptM'be,  est  trÛB  infêrieuro  A  la  ville  de  Sainl- 
l^ierre,  (irtiplée  de  '20  0011  pei*soimi's. 


I.  Miiliîié  sôh  Apparence  U'ançdisc,  Je  nom  de  Marûmque 
vitMil.  par  eorruiiUon,  de  Tniiliquc  dialoclc  indien  t'c  TUc. 


« 


Jb 


ANTILLES  ANGLAISES. 


lis 


Ile  de  Huiitsernt  (V07.  p.  7iS-|  -  Uetêia  do  £.  Uu  Ucnrd,  d'apré»  une  fOiutogTBpbks. 


ANTILLES  ANGLAISES 


Jamaïque  — Sows  le  18'  degrô  de  lalttiiJe,  \j 
Jaifiaifitif  continue  A  louci^t  rorirnialion  dv  P»irîo- 
Hico  cl  ii'll-"*ili,  il  Ia(jurIU»  ello  ressemble  en  IrmuIi» 
Ttioiiidr^  oii  ffrindcur  moindre,  tn  moindre  liuu- 
tour.  140  liilotnètres  la  s<''(wiren(  de  Cuba,  155 
d'IluKi,  6<v>  (lu  oaj>  Gracia^  h  l)io5,  promontoire 
nicnniguefio.  AiKune  autre  Anitlle  anglaise  ne 
U  vaut  en  êleiiduo  et  en  nombre  d'honimes; 
230>kiliPin6lrt>s  l'ont  sa  (dus  grande  ](Mi^nieur.  50  h 
60  sa  lanceur.  800  son  tour  de  C(^tes.  Sur  I  OXGOOO 
lïerhnes  581  00!)  habitants  y  vivent,  dont  siMile- 
mrnl  liOOU  liLinrs.  abirs  qu'il  y  m  avait  :2SOO0 
vei>  la  lin  du  tiiècle  dernier.  El  uu^me  les  blancs 
ne  sont  |ws  H 000.  ear,  i\  cha«iuff  recensemenl, 
des  Nègres  s'inscrivent  comme  lilancs  pour  peu 
iju'ils  n'aient  |kis  tout  à  fuit  la  couleur  de  Li  suie. 
tl'ebt  aussi  ce  que  font  les  Mèlis  de  l*An)eri(|ue  la- 
tine; c'est  ce  qu'ont  souvent  fait  les  vaincus  et  les 
pauvres.  Que  de  Gaulois  se  disaient  Romains,  que 
d'Irlandais  se  vanleni  liêlrt'  Anglais,  (pie  d'Aile 
mapds  s'applaudissent  d'iMre  Yankees  t 

Celte   i|p   semble   faite  potir   les  Noirs  el,    pa- 

reilb*   à  la  |ilnparl  doft  Antilles,  elle   finira  t^am 

doulo  par  dê«*orer  uiio  k  une  les  familles  blunclies 

qui  riialiit^t  encore,  au  moins  celles  qui  st^jour- 

0.  IIeclv*.  Lb  Ttiinit  a  n>b  p'msliv. 


nent  dans  le  bas  pays.  Loa  Espagnols,  plus  opics 
que  les  Auglais  au  climat  tropical,  y  auniîent 
planb^  stVcment  leur  nation,  muiâ  ces  preniier-s 
etilonisateurs  quittèrent  l'Ile  quand  l'Angleterre  en 
devint  lu  maîtresse  (ItMo). 

Son  ancien  nom  indien  de  Xflimaca  signifiait, 
assure  l-on,  le  pavs  des  FortMa  cl  des  Hivières,  cl 
vraiment  elle  abonde  en  (orients  ;  c'est  <|u'il  y 
pleut  beaucoup,  sur  de  liants  monts  de  ^rès  avee 
calcaires  el  traces  d'une  ère  a  plutoniennc  x. 

Anr-une  tie  ses  montagnes  n'atteint  la  nrij^L- 
éternelle  ou  même  la  neige  de  longue  durée  :  on 
est  ici  sous  le  Tropique,  el  l'extrême  bumiditê  des 
mois  moiiillés  se  n^ut  en  averses  et  non  ims  en 
flocons  blancs.  Vers  l'orient  de  l'ile,  dans  les  lilue 
Mounlains,  le  Cold  lïidge  s'élance  à  2iH8  mètres, 
le  Great  Cascade  à  !23t>l.  Ulue  Mounlains  ou  Monts 
nleus.  Itlue  Hidge  ou  Crête  DIeue,  Ulue  Hills  ou 
Collines  Itlenes.  termes  ilt>nl  les  Anglais  oui  beaii- 
crijup  usé  dans  les  di\ers  pays  soumis  par  vux  à  la 
langue  saxonne;  mais  csl-îl  uu  nom  plus  nalun*! 
pour  des  escarpements  sans  frimas,  ^Tiporoux  et 
bleus  quand  on  tes  conleiiiple  de  l«in? 

Ce  n'i^st  point  sur  les  épaules  de  ces  moula* 
giies,  terre  tempérée,  ni    sur   leui*s  têtes»  zone 


7VG 


LA    TERïîK    A   VOL    D'OISEAf. 


fraiclie,  que  le  Blanc  souffre  de  la  cl»;iltvui'  lourde^ 
orageuse,  malsaine,  dôUilitrinlo.  de  la  (k^vre,  de  la 
dysenlerie,  du  vomilo  xu'j^'ro,  qui  dêpîjsse  rare- 
ment -400  rtiirlres  on  altitude  el  jamais,  dil-on,  7à0  ; 
c'est  en  lins,  d.ins  los  (iLiim^s,  vjilh'cs,  cirques,  rji- 
guons,  t'li'aM;:ft<Jiietits  (tu  |iaurlour  de  rivage.  Vax 
s'éleviuil  il  [lanc  de  nionL  11  trouverait  à  diverses 
liauteui's  le  rliiniit  iiu'i)  lui  faut  suivant  ï^iin  â<;e, 
s:i  santù,  son  ori^iin';  mais  l(*s  fondati^urs  de  colo- 
nies n'ont  jamais  cherché  que  In  fortune:  ils  s'êla- 
hlisseitt  (Ml  il  pousse  de  l'or,  sur  In  côte,  dans  !a 
plaine,  an  |*ic  du  soLûl.  si  ce  sokil  fcconde.  Ainsi 
(inniL  les  Anglais  dans  la  Jamaïque, 

Los  rois  du  pays,  les  >"oii*s,  arrivî*rent  dans  la 
JarnjiHjue  d^s  i^ioH,  ijuand  la  race  iiidii^cne  eut 
èlê  t'Dnsumée  nu  service  du  conquérant,  sauf  ci* 
que  les  femmes  nirfig'Mies  avaient  iiïti'oduit  de 
sang  indion  ilans  les  ()jvrnii'iVH  fjuiiilk's  des  en- 
vahisseurs v\  brutalisours.  Lorsque  l'Anglais  eut 
chasse  l'Kspagnol,  il  inonda  d'Africains  son  An- 
lille  majeure,  et  de  10.S0  à  1817  il  y  engloutit 
2  8.10  01)0  bois  il'rhène;  or,  on  n'en  trouva  que 
^1  i  OlIO  sur  ce  sid  nêt^rovore  loi-squ'Alhion  y  abolit 
l'esclavage  (I8r»S).  Anglais  de  langue  avec  Jargons 
M  la  nègre,  ces  Imnnnes  de  enuleur  passent  pour 
chrétiens,  pri>leslants  ou  catholiques  (avec  quel- 
ques juifs),  mais  la  plupart  adorent  en  réalité  les 
fanlasniagoj-ies  a[>prprtéeHdi>  la  fantastique  Afrif[ue. 
Incaj>al>les  jusqu'à  ce  jour,  ]k\v  une  puresse  r|ue 
semble  excuser  la  splendeur  du  climal,  de  cultiver 
toute  leur  jb%  ils  en  ont  soumis  i\  peine  le  cin- 
tpiième  h  l'élevage  du  iïélail  et  au  régime  des 
plaulîilions,  café,  maïs,  et  surlouL  canne  h  sucre 
pour  h.'  sucre  et  le  rhum.  A  cAté  d'eux  15000  à 
tiOOOD  engîigés  travaillent  dans  les  grands  do- 
maines, aux  Irais  i\ps  Blancs  qui  les  ont  appelés 
d'Inde  ou  de  t'hinc  en  Janiaïqmv 

Le  nom  de  la  cafiilalo,  Spatiisli  Town'.  rappelle 
(juo.les  Castillans  régnèrent  sur  File  avani  les  An- 
glais :  quand  les  (<  IVninsnlaires  »  dominaient  le 
K  pays  lies  bois  et  des  eaux  »,  elle  s'appelait 
Simtiago  de  la  Vega. 

Petites  Antilles  anglaises^  —  Ces  iks,    la 

plupart  très  petites,  sont  fort  nombreuses.  Iki 
nord-ouest  au  sud-est,  de  Porlo-ltico  jusqu'à  la 
Trinité,  qui  louche  presque  rAmérique  du  Sud, 
leur  arc  de  cende  surgit  de  l'Oéan,  comme  un 
brise-L'unes  bordant  à  l'orient  la  mer  dis  Caraïbes, 
mer  fermée  au  lïord  par  les  Grandes  Antilles,  nu 
sud  par  le  conlinent  de  l'Amérique  nn^ridiottale,  à 


louest  par  rAmérique  ceftirale,  islhme  des  isthmes. 

Iles  Vierges.  —  Égrenées  à  Test  de  Porto-Rieo, 
elles  n'ont,  sur  lOTiOO  liectare.s,  que  5300  hahi- 
tanis,  d*uit  120  de  race  blanche.  La  plus  grande 
se  nomme  Torlola.  mot  espagnol  •. 

Saint-Christophe.  —  Sainl-Christojdie,  aussti 
nonmiée  S;nnl-l\itls,  couvre  17(>00  hectares.  Le 
Misery,  volcin  mort,  s'y  lève  h  \  1*28  mètres.  Avec 
Angnilla  (tïtXJO  heclares),  lie  sans  ndief,  elle 
forme  un  tout  petit  gouvernement  de  ^6700  hec- 
tares, peu[>lé  de  i>*JOCIO  âmes. 

Névis. —  Avec  Ued'UHla,  Névis  a  12000  h;d)i- 
lants,  sur  près  de  12  000  heciyres  d'une  terre  salu- 
bje  et  bien  arrosée  :  c'est  un  volcan  de  750  mètres 

de  hauteur. 

Antlgua.  —  Celte  ile  de  55000  hommes  sur 
2.Î  000  hectares  ]>orle  le  nom  d'une  vieille  église 
de  Séville,  donné  [Kir  le  fameux  (jénois,  qui  peut- 
être  était  Corse;  calcaire, sans  rus,  sans  Hmls,  elle 
ne  monte  f|u'à  271  mètres.  Son  Mmexe,  Darbuda, 
très  basse  (00  mètiiis),  enferme  à  peine  1000  ha- 
bitants sur  10  200  hectares,  liongferaps  propriété 
privée  d'une  famille  anglaise,  elle  a  été  louée  jKmr 
nond>re  d'années  à  diîux  opulents  chasseurs,  éga- 
lement H  nrilons  )>.  La  capitale  de  ces  deux  terres, 
gratules  ensimdde  de  iiOOO  hectares,  avec  543'JI 
persoimes,  Sinnt-Jolin  (16000  Ual>.),  commande  en 
même  temps  à  tout  le  groupe  des  Ilejà-sous-Ie-Vent 
(Leeuard  Islaudsj.qui  romjïi'end  les  Vierges.  Saint- 
Christophe  et  Anguilla,  Névis  et  Redonda,  Antigxia 
et  Barbuda.  Minilserral  et  la  Dominique  :  en  tout 
18:!'ÏU0  hectares  et  119399  iusulaires,  pamù  les- 
quels 2500  Blancs. 

Montserrat.  —  Ainsi  appelée  par  Colomb  h 
cause  de  sa  ressemblance  avec  le  Monlserral  catalan. 
cette  ile  esl  volcaiiiipie,  el  son  pic  de  la  Soufrière 
dégoi'ge  encore  des  vapeurs  :  sur  ses  8300  hecta- 
res vivent  1(1300  personnes,  dont  quelques  Blancs, 
qu'on  dit  d'origine  iilandaîse. 

Dominique.  —  Entre  la  Guadeloupe  el  la  Marti- 
nicjue.  terres  de  France,  la  Dominique,  qui  nous 
appartint*  est  restée  française  de  langue.  Sur  ses 
75400  ficctares  il  y  a  28  200  habilants.  dont  quel- 
ques-uns de  nicc  caraïbe  pure  :  à  peine  20  f;iniilles, 
parlant  le  créole  de  l'ile.  Un  lac  y  bouillait  dans 
un  antique  volcan,  par  lu  sous-pression  d'une  sol- 

1.  La  TuurtL'rcHc. 


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748 


LA    TKRUK    A    VOL    O'OISKAU. 


falare.  mais  il  n'oxiste  plus  depuis  1880.  Parmi  ses 
pies,  aulrcfois  flnnirnivomes,  1g  Dialilolin  s'élc'inre 
à  1800  nii-'lres.  La  cnpilale  esl  Kuscau  (;iO()(l 
hab.). 

Sainte-Lucie.  —  Au  sinl  do  noire  Marlîniquo, 
Sainte-Lucie  peut  avoir  1000  ULnits  cuiiln^  ôt)  000 
Noii*»,  sur  01  400  lieclari's.  Ancienne  colonit!  fran- 
çaise, elle  a  conservé  nnire  Inngue.  Dans  si's  fyrûls 
serpenle  le  venimeux  Ijotluups  ou  fei-de- lance, 
i^gakment  rotiouté  dans  la  Martiuiifue,  el  qui  n'iin- 
bile  que  ces  doux  Iles,  runlinent  à  part.  Le  cli- 
mat do  Siiinle-Lucie  est  humide;  iii*s  lonenls  toni 
l>enl  de  son  niassif  volcanique,  dominé  par  les  deux 
pilons  de  la  Soufrière. 

Saint-Vincent.  —  Saint-Vincent  (3^2  100  hec- 
tares) a  dt^H  monts  de  1200  mètres,  des  Lois,  dos 
rivières,  un  bon  climat,  do  superbes  i>almiers,  drs 
chnriifis  iU*  cnnne  à  sucre^  un  volcan  vivant»  dît 
Morne  (iari'ou,  cl  40500  insulaires,  dont  27]t>'.i 
Blancs  en  partie  descendus  de  I*orti!^ais  des  îles 
africaines,  el  cinq  h  six  Familles  de  CûraïLcs  au- 
thentiques |>arl.'nit  rno<;l;jis  cjvolo  de  l'île. 

Barfaade.  — C'est  fa  plus  orionl;dc  de  toutes  les 
Antilles.  MMe  entretient  17:2  UOD  Imijitants,  sur 
4rj  000  lioefan's  d'un  Sol  calcaire  qui  ne  se  relève 
que  jusqu'à  34il  mèti'es  ;  cela  fait  400  personnes 
au  kilonièlriî  carré,  cinq  à  six  fois  la  France;  peu 
d;?  cantons  ont  une  popLilatton  si  serrée. 

Sous  un  climat  s^ilubj'c,  balayé  d'ouragans,  la 
Barbade,  avec  ses  145  centimètres  de  pluies,  est  la 
nneux  cultivée  des  Antilles,  l'arfui  les  17!2  00O  in- 
snlaii-es,  il  y  a  plus  de  40  OUO  Mulâtres  et  10  000  i\ 
17  0^)0  lUancs.  O  dornier  élément  du  peuple  bar- 
hadjcn  reste  slalioniiain.-  ou  même  diminue*  tandis 
tjue  rrlérnent  unir  et  niulillre  granilil  loujouis  en 
dépit  d'une  forle  émigration  vers  les  autres  Antilles 
et  vers  la  Guyane  an^rlaise.  Le  chef-lieu*  Bridge- 
Inwn,  est  une  cité  di'  'J500Û  ûmes. 

Grenade.  —  Avec  les  Grenadines,  mince  ar- 
chipel de  SOOO  hectares  el  7000  hommes,  Gre- 
nade a  43  800  halntanls,  dont  (1000  Blancs  (?),  sur 
43  000  hectares.  Ile  assez  înalaaluhre,  mais  très 
gracieuse,  où  il  tombe  185  centimètres  d'eau  par 
an,  ni  sources  ni  lorreiMs  ne  lui  manquent.  Le 
Morne  Michel,  le  Muine  Rouge  (1145  mètres), 
cime  culminante,  tl'aufns  noms  de  pics,  de  ri- 
vières, rap[jelb'nt  que  la  France  colonisa  la  Gre- 
nade. Le  créole  frane.ais  y  résonne  encore. 


Tobago.  —  Vaste  de  59  500  hectares,  elle  ignore 
les  ouragans;  elle  n'a  pns  de  mont  supérieur  à 
.'iHI  mètres.  Il  s'y  trouve  ISTiOt)  [tei'sonnes,  parmi 
lesquelles  si  peu  de  Blancs  qu'on  n'en  compte  pas 
plus  d'un  sur  i2^  k  Tabagiens  »).  Il  se  peut  que 
celte  lie  ,'iit  donné  sun  noïn  au  tobac,  triste  cadeau 
de  rAtnérique  au  monde;  il  se  peut  aussi  que  la 
feuille  stupéliaiito  s  appelle  ainsi  d'après  le  pays 
de  Tahas(;o,  province-  mexicaine  sur  le  golfe  de 
Campèclie,  à  l'est  de  l'islfime  de  Téhuantepec,  le 
long  du  Grijalva  et  de  ITtsumacinta. 

Sainte  Lueie,  Suinl-Vincenl,  la  Barbade,  Grenade 
et  les  Grenadines,  Tobago,  forment  ensemble  le 
sous-gouvernemeni  des  Ilesdu-Vent  (Windward  Is- 
iands)  :  215  OOJ  hectares,  avec  315  000  âmes. 

Trinité.  — C'est  la  plus  grande  des  Petites  An- 
tilles, en  même  temps  que  la  plus  méridionale, 
près  du  dixième  degré  de  latitude. 

La  texture  de  ses  roches,  sa  proximité  du  con- 
lirïcnt  d'Anu'MÎque  vis-à-vis  du  dclla  d'Orénoque, 
en  font  une  dépendance  du  Venezuela,  une  île  de 
l'Aniériifue  du  Suil  plulèl  qu'une  Antille.  Elle  n'a 
|>as  niinns  de  45'>400  In'ctares,  mais  un  vingtième 
seulement  du  sol  est  soumis,  le  reste  appartenant 
aux  bois  prufonds,  aux  s;jvanes,  aux  marécages,  à 
des  UK>nl.igfies  qui  proKoigi^nl  en  réalité  les  Andes 
el  dont  le  pic  majeur,  le  Turulché,  se  dresse  à 
9li>  mètres.  Le  climat,  très  cliaud.  n'a  rien  d'hos- 
tile, exee|)lé  sous  le  vent  des  mai-aîs,  et  les  oura- 
gans y  sont  rares.  Ayant  été  peuplée  vei-s  la  lin 
ilu  dix-liuilièmc  siècle  par  des  émigrés  de  la  Ilo- 
miniquc,  de  Sainte-Lucie,  de  Grenade,  lies  fnn- 
çiiises  cédées  à  l'Angleterre,  et  aussi  par  des  gens 
de  Saint-Domingue,  de  h  Martinique,  de  la  Gua- 
didoupe,  la  Trinité  a  pour  langue  la  plus  répan- 
due II*  franeais  rrénîe.  Sni*  l.'i^lïOO  ludiiliinl^,  un 
n'y  couqile  ipie  ipielqnes  inilliei-s  de  Blancs  purs, 
surtout  des  i*ortugais  de  Madère. 

La  Tiinilé  a  pmir  chef-lieu  Port -d'Espagne 
(2^2  000  liab.),  en  anglais  Port  of  Spain,  qui  sf 
nomma  ISu'lo  de  Fspana  pendant  toute  la  dunV 
de  ta  donitnaliiui  easiillane,  jnsipi'en  1707.  F^  Tri- 
nité ne  cessa  d'être  esiiagnole  que  pour  devenir 
anglaise;  aucun  auii'c  pouvoir  n'a  régné  sur  celle 
Me.  Ainsi,  quand  la  langue  française  a  perdu  tant 
de  régiims  explorées  par  nous  avant  tout  aulre 
peujde,  il  y  a  sui*  1  •  lilttoiil  di*  lAiiiérique  du  Sud 
une  terre  en  couuuuunuîé  d'idiome  avec  la  Frain-e, 
bien  qu'elle  ne  nous  ail  pas  appartenu  un  seul  jour. 

Bahamas  ou  Lucayes.  —  Ce  sont  là  les  Antilles 


750 


LA    TKfUlK    A    V(H.    D'OISEAU. 


anglaucs.  L'Anglelcrre  iwssède  aussi  dans  ces  mer&, 
au  nord  do  Cubn,  nu  sud  est  de  lu  Kloiido,  Tnr- 
cliipol  des  Iî.-diam;is  ou  LuiMvos,  ik's  rniulivjMjri 
qiu's  iiu  iioniljro  do  |uvs  do  TUJ,  |jluâ  t!iOO  ôcuoils, 
i)a(lus  par  un  nauTragoux  océan,  L'archipeU  acoi'u 
do  nos  jaurs  etioto  par  do  nouvoaux  cvn*;iux,  a 
iruil)  kilrjmolrcs  do  longuour,  du  'ih'  mi  ''21"  do^rù 
do  liilitudo,  dflns  une  mer  de.  5000  n  -iOlfO  mèlrcs 
do  freux,  et  1  ôDOnOO  hectares  avec  les  Caieos  et 
les  Turk.  Très  h;isses,  SDUvenl  peu  supérieures 
aux  linules  marées,  très  sèches,  c^r  l'eau  se  perd 
sur  ce  h\i\  de  4'oriiJl,  de  calr:iiro.  de  salde,  les  lia- 
Ijinnas  a^iiil  encore  «jue  50  000  ludiilaiils,  dé|>en- 
danccscotnpi'is«*s,  et  là-dossus  (juelqut;  (ÎOOO  lilaucs, 
le  reste  rnotïirnnt  peau  noire.  C'est  par  l'une  d'elles, 
on  ne  sail  h*o(>  ipiollo»  ijuo  (IfjrisLophe  C<domh 
décuuvriL  rAiiiérûiue.  La  pi'iucipale  place,  Nassau,  " 
sï'l^ve  dans  l'ile  l'rovidence. 


Bermudes.  —  A  1000  kilomètres  du  cap  llaltc- 

las,  pruluborance  des  Klals-l'nis,  à  1200  des  Ba- 
liHUias,  en  plein  Allanliquo,  les  Ilermudes  sortent 
<i'iiije  onde  vivante  cl  vivifiante,  profonde  de  r»600 
inètres.  C'est  un  archipel  de  corail,  loO  Ilots  bas, 
sans  puits,  sans  fontaines,  et  réduits  â  et»  que  le 
ciel  verst»  clans  li's  citernes,  mais  le  climat  y  sourit 
il  rhominc  et  peu  de  maladies  y  importunent  Cliam 
et  Japhot.  celui-ci  représente  par  5000  à  0000 
Itlanrs,  celui-là  par  KOOO  h  9000  Noii-s  :  on  tout 
l-iGOO  hommes  sur  ôOOO  iiecliires.  Les  Auglais  y 
ont  un  ai'senal  ol  des  chantiei's  de  construclion 
avec  I.jOO  f^'alériens  pour  oitvrîors.  La  capitale, 
simple  bourgade,  se  nomme  Ilarnillon. 

Berniudes,  Itahainas.  IVtiles  Antilles  et  Jamaïque 
ujoutenl  iyr»<ÎOU0  hommes  et  r>-45C000  hectares 
îi   riinmensilé  de  l'empire  anghiis. 


ANTILLES  HOLLANDAISES 


liôOOO  hectares,  -44000  hommes,  c'est  tout  ce 
que  valent  les  Antilles  Néerlandaises. 

Curaçao.  —  Cette  île,  grande  de  55  000  hec- 
tares, avec  25400  i^mes,  se  lève  Iros  luin  des  autres 
Antilles,  saul'  d'Arulia  et  de  Bonaire,  hollandaises 
aussi;  elle  est  vers  le  12"  dcçrc  de  Jalilude,  à 
75  kilom<Mres  senlomont  d*^  la  vMe  du  Yônôzuêla 
occidenLiK  Sans  ifolles  mojjta^^'nos,  ayant  poureime 
suprême  un  coteau  de  305  mèti'os,  sèclie  et  point 
furlile,  on  y  parle  moins  le  hollandais  qu'un  patois 
fait  de  nèerlaridais,  d'ospa^^nol,  de  [mrtuibfais  ap- 
porté par  4les  .luil's,  de  livitM'ais,  d  uidieti  fçonjirn. 
liC  diel'-ltou  s'appolie  Wilhelmstadt. 

Buen  Ayre.  —  Buon  Ayre  ou  Duunire.  à  Test  de 
Curaçao,  sort  éj^;domoJi(  tlo  Ilots  tjui  ]>rôs  ijo  là  se 
heurtent  à  des  caps  de  l'Amérique  méridionale; 
terre  élovéo,  nan  sans  forêts,  5200  pin'sonnes  y 
vivent  sur  5»"  500  hiTîaros. 

Aruba.  —  La  montagneuse  Aruba  ou  (ïrulia  se 
lève  à  l'ouest  de  Curaçao,  jikis  jiros  rueore  de  la 
lerre  ferme,  vis-li-vis  de  la  grande  presr|u'ile  qui 
mar*jue,  du  cOtê  de  rorieul,  l'entJ'ée  du  goH'e  de 


Maracaïho  ;  elle  cuntribuo  aux  Antilles  hollandais 
pour  5600  honmies,  pour  16  5(jO  hectares. 

Si  Cuj'aoao,  lîui'U  Ayre,  Aruba,  vraiment  véné- 
zultennesprir  leur  situation  sur  le  littoral  du  Vén<5- 
zuéla,  intei-rompenl  le  Ilot  sous  le  12"  degré  de  la- 
tikido,  (nul  au  sud  <le  la  mordes  Caraïbes,  les  Iroia 
autres  iles  uéei'Iaudaisos  hriseni  la  mer  fort  loin" 
rie  ce  rivage,  vers  le  18^'  degré,  h  lest-sud-est  de 
Porlo-lliro,  i>rirmi  des  petites  Antilles  anglaises, 

Saba.  —  C'est  une  énorme  tour  calcaire  de 
1285  hectares,  inaccessible,  hors  au  sud  pur  une 
petite  anse  sablonneuse  d'où  grimpe  en  zig/ag  un 
sonliei'  dîiris  la  roche.  Ses  2220  liabilants  construh 
sont  dr's  baliMus  l'I  tricotent  dos  bas. 

Saint-Eustache.  —  Les  2250  hommes  de  cell 
île  de  2070  hectares  où  le  D<d-à-[^incli  ouvre  un 
*'ralère  de  500  mètres  de  profondeur,  uVnteuden( 
jastr  aucun  ruisseau;  chez  eux  pas  une  goutte  d'eau 

i\i'  source. 

Sainl-Martin,  —  Française  pour  5500  hectaresj 
Saiiil-M;ii'lin  esl  imllamiaise  pour  ilî80,  avec  33l)0' 

persuuues. 


Ihî 


LA    TEIIUE    A    VOL    L'OISEAL'. 


àl^' 


sf^KSI 


Vue  de  Sainl-rhomos.  —  Des»io  de  E.  de  B^rard. 


ANTILLES  DANOISES 


Moimiros  qiio  lus  AriMllos  Ni'cplnndaîses  elles- 
iiit''nit's>  1rs  h.iiHiisi's  iw  fornpn-MHH'iil  t]ut\  oT»  JStIO 
Ik'ctari's  et  riîiîiOO  linlHlaiils. 

VAhis  sont  en  rênlitô  boaucaup  pliïs  an^^iaiscs 
qiK*  (Innoiscs. 

EUds  n'augmriiliMU  en  rien  liaiis  lo  mmuif  l;i 
puissance  du  tivs  pulil  (leuple  qui  possède  meurt» 
l;i  s;iiiviJjj:e  Ul.iïjdi?  t'I  LHiiM-nlNtiil,  ,t;h>ci' AlrnM'lIc, 
liiiiis  ipji  ito  pa.^sr(]<^  plus  Ir  S(hli's\\tg-lliilsl('iii. 

Il  y  4'ii  a  Irais,  à  TinI  dt?  Porlo-Flico,  au  aord  ou 
flU  siui  (ht  18"  tl('i;iv  : 

Saiiilo-CruÎK  (til  87)3  Jïoctorcs),  dont  Ips  9760  n^- 
sidents  na  parle^nt  pas  lu  danois,  in.iis  l'an^dûis  ; 

Saint-Thoi)i;is  (XCI7  luxinivs).  nn^Haist'  aussi  par 
le  laii^'aj^iî  de  ses  IS^.'i)  in>ulaircs,  ul  doni  le  poil 
est  le  rondcz-vous  d*uno  riutllttudu  do  l)al(?au!c  h 
vapeur  iToisniil  ici  Lnns  lignes  ; 

Saiiil-.li'an  (5440  hcrtares),  terre  malsaine  où  ne 
Vivent  que  Oil  personnes. 


De  ces  tropicales  Cyclades  aux  Ijoîs  èlêganls,  aal 
eîel  orngpuï,  si  l'on  jiasse  au  conlJnenl  hereê  papa 
les   (lois  les  plus  méridionaux  de  celle  nier,    il 
semble  qu'on  n'a  pas  quiltê  les  lièdes  vallées  des 
Aniillcs.  Un  y  refrouve   les  .\oire.  les  planleui-s,! 
les  lestons  gracieux,  l'air  clémenl,  la  terre  d'où 
la  malaria  monte  et  le  ciel  d'où  descend  l'indo- 
lence;  nu  y  eiileml  éi^'alenient  un  jar^-on  hollandais, 
l'anglais  i]é*;re,  le  rraiu;iiis  créole,  cl  sLUti^ul  l'i- 
diome   le  plus  parlé  des  hidcs  Occidentales,  la 
langue  Irup  longue,  trop  sonore  et  balancée  dt*s 
CunquiriTadores. 

C'esl  ainsi  qu'en  passant  des  Cyehidcs  ^'cc^es 
à  rAllîque.  au  Péh»ponèse,  â  la  nndie  lonie,  on 
retrouve»  en  Asie  comme  en  Europe,  les  roches 
nues,  les  précipices  broutés  par  la  chùvre,  les 
rolenux  nrumalitpu's,  l'olivier,  et  le  même  fan- 
[jiige  grec  dans  de  bla  iches  villes  in  aniphi- 
tiiéâtre. 


ÉTATS-UNIS  DE  COLOMBIE  OU  NOUVELLE-GRENADE 


La  Colombie  de  Bolivar.  —  Quand  lo  «  LiIkt 
Uïdor  "  ïîttlivnr  «ml  arCniru  lii  I*'  nurd-^juosl  df  l'A- 
rnrriqu*»  du  Sud.  magnifique*  tronçon  dp  IVmpin» 
possôilt»  dans  L»  Nouvo.tu  Mondt»  par  la  v.iillantc 
Espnfrnf*  mnintriinnl  Viiiiiciic  par  aussi  vaillant 
qtrelle.un  ^rand  Ktat  se  t'onria  dans  ce  nord-oui'itl, 
sur  ii's  d«'nt  înrrs  \tlini!i(|ue  rt  raritique. 

Il  s'appt^Ia  tlolondji!»  «mi  riiorinour  do  Colomb. 

Il  fiait  mal  ajust»'*,  fait  de  races  diverses,  bien 
que  sous  la  domination  d'une  nu^me  langue  civi- 
lisée el  d'un  mAme  ralboticisme  ;  il  se  conqiosait 
de  pays  liisstnnblanls.  ici  de  1res  basses  plaines, 
là  de  très  liants  plateAu\;  il  était  sans  roules, 
presque  sftns  n^utins.  el  par  cela  m^me  îl  avait 
pu  secouer  le  joug  es|>ognoL 

0.  llKCLts.  La  TiniiK  a  vut  b'umuo. 


Estados  Unidos  de  Golumbia.  —  Avec  llero- 
dia  el  Delalcazar.  (lOiizalo  Jitnenez  do  tjuesodn, 
bomme  andalou,  fui  un  des  ennquéranls  de  celle 
régiiin  des  Andes.  A  son  arrivée  dans  la  Iniute 
pl.'iine  de  [tugolà.  le  Conquisladi^r  trouva  ce  vieux 
lac  vidé,  qu'entourent  des  montii,  très  sembla- 
ble au  splendide  val  frrenadin  que  (lenil  et  l>arro 
baignent  au  pied  ib»  la  Sien-a  Ne\ada,  et  beaucoup 
de  ses  compagnons  le  rouvérent  comme  lui.  car 
SJi  Iroupe  était  riclu  en  Andalous.  les   uns  Sévil 


154 


LA  TERRK   H   VOL   D*OISEAU. 


Lins,  les  nulres  drenadins.  Il  l'appeLi  donc  iVum-a 
Granada  ou  Nouvolle-Grounde.  Aujoiird'liui  le  nom 
oHici*')  «lu  pays  est  Ke^lados  l'iiidos  itt'  Co!iiirilji;i. 
KUils-Lriis  de  Culinubie. 

83  niillîonij  d'heclnres,  plus  do  100,  vi  lui'uw 
153  uiillions  avei:  les  torrifoirr-s  dispiilôs  au  Xcuè- 
zurLi.  nu  lliv^il,  au  l'i'iou,  à  ri'-ciiïidur,  iorriiL'Ul  k' 
doniaiîH'  dp  celd*  iialion,  Kllc  dis[K>se  donc  d'uno 
étendue,  bien  plus  viisU"  qite  lu  l'Vance.  mais  nvof 
moins  i\o  3r»00fH)Ô  habtLints,  dispersés  piviipie 
tous  sur  le  liers  environ  du  jKiys,  lout  au  loï)g  di* 
ses  trois  Cordillères. 

Parmi  les  lerriloires  en  litige  avec  ses  voisins. 


la  >ouvelIe-Grcnade  a  Irouvù  bon  de  sVn  adjuger 
un,  relui  qu'arrose  en  son  coui-s  inlùrieur  le  liio 
Puluinayo.  1res  ^rand »  très  long  tributaire  de 
l'Atnaztuie:  4levîmç;jHl  les  Téruviens,  les  Grenadinâ 
ont  occupé  de  fait  ce  plat  pays  vers  1875,  et  le 
Pérou,  renversé  de  sa  force  cl  de  sa  gloire  par  le 
Chili,  ne  le  leur  eonleslera  [dus. 

Isthme  de  Panama.  —  Kn  même  temps  qu'il 
sépare  deux  mers,  l'islbint»  de  F^inama  divise  très 
nelleîiiiMit  les  deux  inr>itii'.s  du  Nouveau  Monde,  qut» 
cependant  il  rnlluefie.  C'est  comme  une  cassure, 
ou  du  moins  un  col  1res  bas,  enire  rAmêri»|ue  du 


jraJTÀVî^tewÈii. 


ti  KII'.IL    'inmiflind'Illl  tlll  11  m 


Lc«  qui»  lie  Colon  —  Dessin  de  G.  Vuiiilier,  J'upr^s  une  photogripliie. 


Sud  et  l'Amérique  Centrale,  bastion  terminal  de 
l'Ainéi'ifjue  du  Nonl. 

De  cette  dépression  entre  deux  demi-continents 
profite  le  chemin  de  fer  interocL^anique  de  CoIoïi 
k  Fnnaïua,  ton*(  de  80  kilomètres,  fletle  voie  un 
pns  besoin  de  nn>nter  à  plus  de  80  mètres  au- 
dessus  de  l'Océan.  On  y  répare  sans  cesse  les  dè- 
gi^Is  faits  par  des  jdiues  pressées,  par  des  insectes 
qui  rotïL:rri(,  l'I  surluut  jjnr  d*'s  Imis  opituAtjes. 
Toujoui*s  il  faut  lutter  pour  ([n'nrie  nouvelle  forêt 
tropirale  ne  couvre  pas  la  vaic  ol  h^s  sl;ifioris 
elles-niéMH's  :  rqnvs  quelques  ans  d'abundiiu  la 
nahjre  aurait  lout  repris. 

(^e  sillon  de  fer  entre  deux  océans  part  d'un 
bourg,  il  s'arrête  ilitns  une  vjlie  ruinée.  La  cité 
dérhue»  c'est  Pan.<intii.  qui  a  de  foiles  nHjratlles 
assiégées  innintenan!  p.Tr*  ravant-«^'nrtli*  île  In  forêt. 


et,  sons  un  snteil  [)esant.  ^0  000  Panaméniens  dont 
un  tiers  «le  Illaru's»  tieux  liei*s  de  Nègres  et  de 
MuLUres.  Le  bour«,'  purte  ileiix  noms  :  chex  les 
«  Saxons  )>  Aspimvall.  cliez  les  «  Latins  »  tlolon. 
Aspinwail  s'appelle  ainsi  du  l>anquierqui  u  lança  u 
la  ligne  pananiénienne.  Colon  est  la  forme espa^rnole 
de  Colomb.  Le  navigateur  qui  a  le  jdus  a;^Mandi  la 
eiM*te  fin  MoTide  y  n  si  statue  sur  une  place,  prés 
de  cabanes  de  Nègro.  au  vent  des  marais,  sous  un 
lourd  ciel  fiévreux  :  il  présente  une  vierge  timide, 
J'Aniériqur,  h  nrte  matrone  qui  est  ITurope.  Si 
quelque  chose  peut  faire  oublier  les  fièvres  de  la 
bourgade  ou  la  tristesse  de  In  ville  tombée,  c'est 
la  beauté  des  vallées  de  rislhme  :  !«•  train  gronde 
el  siflle  dans  le  bois  vierge,  il  fait  vibrer  les  p(»nts 
sur  des  rios  souillôs  jiar  les  caïmans  slupide>,  il 
erOeure  des  troncs  svelles.  des  rameaux  bi-illanïs. 


ÉTATS-IMS  DE  COLOMBIE. 


755 


cii's  archos  de  f*'uill.igt>  ogayiVs  par  dos  chnnts  d'oi- 
seaux» doa  littnrs  qui  sonl  h  corde,  le  trapè^ex  les 
aiuip.iiiv  et  1.1  b;*h*n(;i)in.'  de  r.clh'  rii*ust'  fiiiiiillc 
di's  singes  uù  lini  ii.-mI  iwin-,  ];i  pnssiun  du  gymii.ise. 
En  ce  moment  ni(?me,  \n  bourgade  el  la  ville  pré- 
li*nd<Mil  ;']  di'  iiwij;tiiiii|U('s  d*'slnu''es  :  Tuiu»  sur 
r.UKiiilitiuo,  t^.'iulri-'  iiur  io  l'acilifiuc,  elles  seroul 
lûtes  du  gi'and  canal  interocéauique  de  Patinmaf 


lequel  Iranohera  rislliine  d'outre  en  outre,  de  ni- 
veau, saniî  une  seule  «'»ehisc,  avec  Iruncliée  gigan- 
tes(|uo  A  long  tunnel  sous  la  ligne  de  fai(e.  On  le 
creuse  déjà.  La  France  l'a  projeté,  elle  le  perce,  el 
comme  à  Suez  d'aulres  eu  protilei-onl. 

L  isthme  do  Vjiiiama,  in'eTi  qu'en  réalilê  situé  dans 
I  Anu'ri(pie  ik'iilriile,  lait  politiquenient  partie  de 
la  Nouvelle-Grenade»  le  seul  pays  de  rAniérique 


ËgllM  San-fnncibco  A  rifuma,  —  LK-siio  de  Tiylor,  O'aprts  une  pliotognplii«. 


du  Sud  à  la  roi»  haigné  par  le  Pacifique,  rpril  horde 
par  ti.VJO  kilivniMres  de  ci'd«\  el  [lar  rAtlanlii|ue» 
au^piel  il  fait  front  sur  '2250  kilomètres,  l'ar  sa 
situation ,  la  Nouv^dkMîivnade  ressetublerail  au 
Maroc  si  le  délroil  de  (îihnillar  élall  i^lltnie.  ihi 
si  L'isthme  de  l'nnumn  élail  déiroil.  Mais  quel(|ue 
heau  que  soil  le  Maroc,  il  ne  vaul  |>as  la  N»uivelle- 
(irenadi*  :  miu  llif  ursi  pas  un<^  Sierra-Nevada  de 
Sainte-Marthe,  il  manque  d'un  lleuvc  comme  le 
Magdulena  doublé  du  Cauca.  il  n'a  point  de  hautes 


plaines  tempérées  capables  d'enfermer  des  nations, 
enlin  son  vieil  Allas  regarde  au  loin  les  .sables  et 
les  rocs  brûlants  d'un  i»ays  mort  :  tandis  que  les 
monts  grenadins  plongent  sur  de  înagnillques 
\allées,  sur  des  mers  de  forêts,  sur  des  plaines 
luiraculeuscnient  fertiles  dont  les  larges  rios  vont 
au  maître  des  lleuves. 

Les  trois  régions,  les  trois  cordillères,  la 
Sierra-Nevada  de  Sainte-Marthe.  —  Trois  ré- 


756 


L.i    TKnriK    A    VOL    fl'OISEALl. 


gtons  naturoll«s  se  (listriLuenl  \e  payb  vu  dviiors 
de  la  division  normale  des  pays  îindins  en  Terro 
hmiautt'.  Terre  leuïpérée,  lovva  fruid**. 

La  n'tjioti  dt*s  Andos,  ;ui  ceiiire.  inonlngnrs  cl 
h;iul.s  plalcaux,  conipread  les  Terres  froides  et  les 
TeJTOH  Icnipû'tV's  di*  l'Ktnf,  les  valIcL'sde  printemps 
pi'i'|n;Uiel  qui  in^  (lrv(H"i'iit  luia  rtiuropûen  coninu' 
le  fail  la  sirène  des  Tropiques  ; 

L'èlroite  lisitM'o  du 
PiiciHquc,  il  Touesl,  esv 
une  Torro  chaude  ; 

LesLbiiiusoiiplaiiieïî, 
Il  l'est,  sont  une  ;mLre 
Terre  ctï.'tudc,  au  pied 
orienlîil  ties  Andes,  sur 
de  lungs  ol  solennel  le- 
meut  larges  aDluiMits 
de.  rAniiizoïie  et  do 
rOrénoque. 

A  leur  onU'iu»  sur  le 
territoire  coloinbien  en 
venant  du  sud,  les  An- 
des, divisées  en  dcuK 
(haines,  simt  un  héris- 
eenienl  de  volcans  allis- 
simes,  dominés  par  le 
Cunihal  (i8t)0  rnélrcsK 
le  Chiles  (\U\>  métrés) 
el  TAzurrai  (4000  inê- 
U'os),  ou,  eonime  {li- 
raient nos  4'ivoles  des 
Antilles,  la  Soufiière  de 
Tufiuerres  :  avee  leCer- 
ro  ih'  Paslo,  <[tji  nn^nt*^ 
à  4(iOU  Mièlres,  t'c  sinit 
làlesiuonlsde  Tuquer- 
res  ou  nionls  de  l'asîo. 

Iîiejit6t,  au  lien  de 
deux  rliaînes,  il  s'en 
dresse  trois,  qui  vont 
viTs  le  N.-N.-K. 

UiConlillère  du  Vn- 
cifique  s'élanec  à  Torei^lenl,  entre  le  Pacifique  et 
la  profonde  vallée  du    Cauea  :   la  plus  Lasso  des 
trois,  elle  no  dêjwsse  pas  *2MlO  mètres  do  nniyenne 
alfifudc,  aver  des  pies  de  oOOO  à  niOO. 

La  L<)rditlère  (■entrale,  ou  Lin'dillére  des  Vol- 
cans, sépare  le  v.tl  de  Cauea  du  val  de  Ma<fdjih'na. 
Plus  qu'al[iestre.  du  moins  \tav  ses  altitudes  égales 
aux  élévations  du  Caucase,  elle  aligne  des  pics 
tels  que  le  Pnraeé  (iDO^  nïélres),  que  sa  dernière 
èrupliun^  eu  18i'J,  aurait  diminué  de  850  pied», 


Ln  sUUic  (le  Christoplic  Colomti  h  Colon.  (Vo)-.  p.  751.) 
bessiu  de  Cha^^uts,  irA(M'6s  une  phutui^rapliie. 


le  Huila  (5700  mètres)  aux  trois  sommets  neigeux. 
le.  Névado  de  Quindiu  (51^0  mètres),  le  volcan  de 
Tolima  (.'iGHî  nièhes),  le  Ituiz  (5.100  mètres),  la 
Mesa  de  llerveo  (*>5'J0  nièires). 

La  Cordillère  orientale,  entre  le  Magdalena  et  les 
LIanos  .uissî  ]dats  que  ta  mer  et  presijue  aussi  bas 
qu'elle,  reçoit  jiarrois  le  nom  de  Montes  de  la 
Suma  Paz  ou  Monts  de  la  Paix  Éternelle,  d*un  de  ses 

maîtres  pics,  le  Nevado 
de  Suma  Paz,  qui  a  juste 
la  hauteur  du  Moat- 
Dlanc  fi810  mètres). 
C'est  elle  qui  lève  lu 
roidic  suprême  de  lou- 
(<'s  ces  Andes,  à  5981 
mètres,  dans  la  siernide 
lioeutoudeChita.  glaces 
et  névés  èlincelants. 

Cfiiles.  Cunibul,  Azu- 
fral,  Pasîo,  Puraeé.  Hui- 
la, Tolinia. sept  volcans, 
sur  les  douze  des  Andes 
grenadir*cs,  sif  réveil- 
lent encore  parfois  de 
leur  ]on^  sommeil. 

Aiisolumenlisoléedes 
chaînes  nndiîiespar  une 
demi  -  ceintiu*c  d'allu- 
vions,  bordée  ailleurs 
par  la  nu'r  desAnliltcs. 
la  Sierra  -  Nevada  de 
Saiule-Martlie  porte  sur 
nn  [liédestatà  peine  égal 
a  notre  ilépartenienl  do 
la  Gironde,  et  cepemlanl 
SCS  aiguilles  glacées 
montent  à  5Ô00  nu^- 
Ircs.  Telle  est  sa  majesU> 
qu*onluienattribuad*a- 
bord  0000.  7Ût»0.  uïéme 
702fi.  Nul  massir  du 
Globe  n'est  si  haut  pour 
un  si  petit  socle,  util  aussi  grandiose,  vu  d'en  bas  : 
c'est  cuinnie  un  Puy  de  Dôme  brillante  de  glace 
qui  monterait  cinq  fois  plus  haut  dans  le  ciel 
(ju'au-dessus  de  Clermont  le  maître  volcan  d'Au- 
veigne  ;  ou  au-dessus  de  Chamoiiii  un  Mont-Blanc 
couronné  dune  Cèvenne,  et  la  grande  mer  à  lentour. 

Rios  :  Magdalena,  Âtrato.  rivières  des  Lia- 
nos.  —  Les  vents  de  l'Atlantique  soufllenl  des 
pluies  abondantes  sur  les  cordillères  grenadine&t 


ÉTATS-UNIS  DE  COLOMBIK. 


75ft 


cl  dans  cerlainos  sierras  voisinos  do  la  incr,  *lnns 
le  Cliucâ  par  exemple,  il  tunib^  du  ciel  presque 
niitnntdVau  qiu»  sur  l'Himalay;!  oricMilnl  lui-m^me  : 
;i  [liii'ïiûvoiUurii.  il  [tUmi  onze  mois  sut*  tluu/.e  (*?). 
11  lombc  annueth-moiit  i  à  5  mî-lres  d'eau  sur  le 
fleuve  Alralo,  25i  cetilinu'lres  sur  le  rivoge  de 
rAllnnti^iuc,  1 J07  ù  Bogoli^,  st^pnrce  pourlatil  des 
grandes  urnes  de  la  pluie  par  de  1res  hautes  mon- 
tagnes. 

Aussi  la  Colombie  ubonde-t-elle  en  grands  nos. 

Le  Magd.ilena,  son  arlere  aorle,  a  près  d^>  IXtfO  ki- 
lomùlres  el  roule  eu  luojennc  7jOO  nièlres  cubes 
par  seconde»  Irilnil  d'un  bassin  grand  comme  une 
demi-France.  Il  est  navi*,Mble  sur  ll»00  kiloiiiMrrs, 
à  partir  desraudalesou  bouillontieinoiitsde  llouda, 
il  100  kilomètres  seulement  de  la  capitale  —  mais 
Honda  ne  domine  la  mer  que  de  210  mèlres  el  la 
mèIrLJpole  f,'renadine  a  san  sile  ù  Sfiïï'J.  Dès  (pi'il 
esl  des4:endu  des  liautes  alliludes,  sa  vallée  cerclée 
de  montagnes  g-éantes,  abîmée  de  soleil,  sans  un 
souflle  d'uir,  esl  puissanun*  ni  lorride  el  très  mal- 
saine, moins  h  cause  de  l'atroce  cbaleur  que  du 
poison  des  eaux  extravasées,  qui  croupissent  el 
pourrissent  —  vraie  terre  de  Nègres,  le  Nègre  y 
pullub*  1*1  le  lîlanr  veiné  d'Indien,  ou.  pour  j^arler 
vrai,  l'Indien  veuié  de  Klanr,  y  souflre  el  languit, 
lui  dont  la  race  prospère  sur  les  plateaux,  les 
pàramos,  les  mesus,  au  bord  des  liauls  lorrenls  (ils 
des  névados.  Le  tiaura  vaul  presque  le  Magdalena 
quand  il  le  rencontre;  sou  val,  plus  élevé,  repousse 
moins  i'Iiornme  issu  d'Kurope. 

L'Alruti),  niuiiis  lun^  que  la  Seine  dans  un  bussin 
deux  fois  moindre,  [Misse  dans  une  contrée  telle- 
ment fouellée  par  les  pluies  qu'il  entraîne  iMOO  (?) 
mètres  eulies  à  la  seconde,  dix  Tois  le  débit  moyen 
duUeuve  franvaisàson  ernboucbure  dans  la  Munctie: 
il  se  perd  dans  le  fjolfe  de  Darïen,  cerné  de  pta^'es 
malsaines.  Setublabb-s  h  ro  Ikis  Alralo,  li'sri\esdu 
Pacifique  el,  à  l'orient  des  Andes,  les  LIanos,  tous 
pays  de  pluies  drues,  de  très  elinud  sdieil,  n'atten- 
dent que  beaueou|)  dïionnnes,  surtout  tieaneoup 
de  Blancs,  pour  user  la  pelle  el  la  pioche  des  fos- 
soyeurs. 

Les  LIanos  ou  Plans',  tout  plats,  ce  nom  le  dit, 
s'allongent  à  perle  d'horizon  vers  l'est,  de  s;ivane 
en  savane,  de  sylve  en  s}he.sur  dinlerniinables 
riosqui,  de  torrents  dans  la  monlagne,  deviennent 
dans  la  plaine  d'énormes,  d'infinies  rivières,  mers 
en  mouvement  dans  la  saison  diluvieime  :  ainsi 
courent  (vers  l'Amazone  ou  le  Rio  Negro)  le  Pulu- 

I.  C'est  aios)  f|iril  faut  traduii-c,  mol  A  mot.  Uaiios. 


mayo,  le  Caqueta,  TUaupes,  et  (vers  l'Oréncque)  le 
Guaviare  et  le  Meta.  L*homme  est  rai*e,  presque 
absent  sur  ces  fleuves  soleimels.  lV.Triére  un  pres- 
tigieux décor,  c'est  le  royaume  du  vi<le. 

Les  Colombiens  ou  Grenadins.  —  Les  Plans 
à  part,  l'Étnt  néo-gi'enadin  consiste  sur-lout  en 
Terres  tenq^èrées  el  en  Terres  Fraiebes,  el  le 
climat  du  haut  pays  n'y  lève  aucun  trihut  sur  les 
familles  de  souche  européenne.  Les  centaines  de 
milliei's  d  hommes  qui  fuient  Ions  les  ans  leur 
vieille  j»a1rie  1rouver;iient  malaisément  parmi  les 
nations  neuves  un  séjour  plus  beau,  plus  ave- 
nanl,  plus  sain,  mais  les  gens  las  de  nnlre  Eu- 
j'ope  el  les  personnes  moutonnières  qui  franchis- 
sent l'Océan  parce  que  d'autres  l'ont  traversé  avant 
elles,  ne  connaissent  pas  encore  les  chemins  du 
pl.'ilenu  de  tlnlotnbie. 

tlhemins  d'ailleurs  prodigieusement  dui*3  sur  les 
(lancs  ardus  et  pnrfuls  immensément  hauts  des 
Cordillères,  ipiand  de  leurs  piinnnos,  de  leurs 
névados,  on  descend  dans  les  vallées  creusées  en 
gouffre,  ou  qtie  de  ces  abimes  on  monte  en  casse- 
:tïU  sur  les  plateaux,  et  de  ces  plateaux  aux  neiges 
de  leurs  sierras. 
^  Aussi  la  belle  C(dnnd»ie  n'a-l-elle  pas  d'unilê. 
l'eul-élre  n'en  aurat-elle  jam.^is.  Comment  le  Hoga- 
tano.  rinnimie  du  haut  lioyaea  ou  du  Sant.'inder,  fds 
des  hauts  plateaux,  pounaienl-ils  jamais  ressem- 
bler, sous  leurs  climats  d'une  moyenne  de  10,  de 
12.  de  13,  H,  l'»  *le£:rés,  aux  rares  Llitnenis  en- 
soleillés de  la  plaine  orientale  qui  seront  un  jour 
légion  sur  leur  sol  bas  où  les  rios  s'épanchent 
tous  les  ans  en  lars  sans  rivages?  Le  montagnaixi 
antioqueno,  défricheur  paisible,  deviendra-t-il  pa- 
reil au  Nègre  du  CuUca,  son  tuibulent  voisin,  k 
rimbitanl  du  Bolivar  et  du  .Magdalena,  terres  de 
Noirs,  tiu-ridi*s,  miMSmaliqm's,  avec  27  degrés  de 
chaleur  lounle  pour  la  moyenne  de  l'année? 

Même  dans  l'étroite  enceinte  de  tel  des  Etats 
(I  souverains  »  qui  font  la  ddombie,  grandes,  es- 
sentielles sont  parfois  I(»s  différences  nées  des 
lieux,  des  hauteui"s,  des  climats,  des  origines,  des 
courants  el  contre-courants  de  rhistoire.  Dans  le 
Cauca,  le  Pastuzo  *  se  rattache  inlitnement  aux 
Kcuadoriens  plus  ou  moins  (Juitchouas,  ses  frères 
el  voisins  du  sud.  tandis  que  le  Po[iayanejo*,  qui  a 
dans  les  veines  beaucoup  de  sang  castillan,  n'est 
point  pareil  au  Pastuzo,  encore  moins  au  Nègre  du 
bas  Cauc«. 

1     lloniinp  tlii  pa%%  do  Pnf^to. 
"i.  llonune  du  pays  de  Popftyan. 


im 


\.\  TKnnE   \   \0L   irOÏSEAT. 


C'osI  i\u\  Iiv5  câsnimantâ  Antioquenos  assis  «ux 
dtniï  lïonis  dn  C;uic.'»,  sur  [;)  (■(tnlillt''i'('  du  F*:u*i- 
lir(ïii^  e\  [.1  nirdillri'i'  4lrs  V(»l('iiiiS.  r')*s(  ;'i  n'flc  nirc 
dôjfi  diHjiM'dnrilo  (|ii'iiii  jH'oiiit'l  Ir  riifiMiMir  lurnii' 
en  NiJUViMI*' finMhiilt'.  Pnnni  Iriii-s  ;iri('('lros  il  veut 
nombir  tJe  .liiifs  et,  illl-diu  4lrs  M<im'c.s  :  oUc  ji  It^ 
goût  rlu  travail,  l'itisliurf  do  Vi'iinr^ïw,  l'espiût  d** 
suite.  l'I  dos  Dirnîtli's  [i;ifi'i:iiT;ili's  di^  12  à   15  on 


18  oufanls  y   roconn.iissonl  pii>usemcnt  rauloritê 
(lu  \H'VO,  du  grMiid-[ièiv.  d(»  r.iioul. 

Sur  1rs  ,^  MHI  (3(10  Nro-llrorimlins.  i20  000  Iridios 
n^vos  (Indiens  sauvages)  etSOOOOO  Indiens  soumis, 
de  r«r«»  pure,  sorU  le  seul  reste  des  S  niilliMns(?) 
de  IViiux-Iiouges  que  les  L]uii(|uis(;idures  renr.on- 
trèrenl  ici  sur  les  phleaui  H  dans  les  valles  et 
<[iiel)md;is.   Les   Indiens   indomotès   doivent    leur 


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II^IlI  Ul  SVashingtou  h  Colon.  —  Dv&sîii  de  G.  Vuinior^  d  après  une  photographié. 


liberté  dans  le  mont,  le  bois  ou  le  marnis  prèti- 
aément  h  ces  marnis,  h  ces  monts,  à  ces  bois  cffer- 
vescejjls  où  il  e^il  <^i  dur  et  si  lon^  de  U'.icer  des 
Iroebns*,  à  bi  matnria  qui  n.nït  du  sol  et  qui  flotle 
dans  l'air  en  maints  vastes  lieux,  dans  le  Choco, 
le  Cliirii|ui,  le  Daiien  ;  ailleurs,  h  l'est  des  monts 
erieiibuix,  le  long  du  Meta,  qui  roiiH  ;i  TiHé- 
noque,  ils  la   doivent  a  j'imniensilé  du  Ll.um  de 

1-  Senliers  friUii|Ui!'s  ù  ti-nver?  fouiTOs  et  linric?î,  ît  coitp^ 
du  loti^  couleu!!  qui  s'ajipcUu  inachotc. 


Cîjsanare  ;  ailleurs  enRn,  à  l'absence  d'eau  à  boire» 
dans  cette  péninsule  des  Goujires  qu'on  croirait 
|)lus  que  prodipie  ert  sources,  puisqu'elle  s'avance 
dans  la  nier  Atlantique  ait  pied  de  li  Sierra-Nevada 
de  Sainte-Marlbe. 

Ces  8  rnilliims  d'Indiens  appartiennent  à  diverses 
races  qiir  rKspaLrnfd  cunibatlil  et  amenuisa  l'une 
après  Faulre.  Les  unes,  Panebes,  Paecos,  Andaquis 
des  pays  du  sud,  fiuanes  du  pays  de  Socorro,  Aga- 
las,  Tuncbus,  Lacbes  de  la  Sierra-Nevada  de  Cucui, 


ÉTATS-UNIS  DE  COLOMBIE. 


761 


IrihiJS    dures    et    mnimamlêes    [kh-    «k*    v.iillants 

lioinriies,  se  ilt*f<Mi(iiiTnt  à  ri-stn^mc ;  k's  outres  se 
sounûreiit  sfuis  hiMo  ou  pentimil  tj'ii[t  lui  l'csiioir 
cl  U'itr  Vm    fut  iHomptc. 


U^  plus  policés  tit*  tous,  los  I  501)000  (?)  r.hib- 
clins  t»u  Muiscas  vivui*»!il  sur  1500000  horlares 
(l«"s  li.iiili's  pUiiiii^s  (le  r.iiinliti.iinarca  ol  do  IIi>y;mm  : 
li'ur  graml  iuvliv  olliri.iil  ii  Siigariioso.  \U'   li'ui*s 


Dm  indigène  de  Sainie-XarUie.  —Dessin  do  A.  de  Kenrille,  d'après  an  croquis. 


propres  Torci^s,  ou  du  moins  nous  ne  savons  s'ils 
eureril  des  nluciUeurs ,  ils  ;nai«'iil  iic(|uis  dôjà 
queli|U('  cuUun*  (luaiiil  Irur  arnvi'Tt'iil  1rs  routiers 
chrétiens,  uriginairrs  prest|ue  tous  de  la  (laslille 
ou  des  villes  andahuises  de  StHiUo  et  do  Grenade; 
luulerds  ils  u'nv.iitMïl  pas  nirore  prouvé  leur  ^énie 
naturel    par  de    grands    monuments   comme    les 

0.    RkCLI».    tk   TuiftC  A    TOi   ft'oOKAV. 


Aztèques  du  Mexique  et  les  Mayas  de  FAmérique" 
centrale;  ou,  romme  les  HiiiU-Ijouas  du  rènui, 
par  dt*  vastes  r4>nquêles  sur  une  Foule  de  peuples 
d'abord  foulés,  puis  orgauisf's  et  as>iniilés  à  la 
romaine.  Les  coupe-jarrels  espagnols  exlerminé- 
ri'id  les  t^liibehas  ou  s^'alliérenl  avec  eux  dans  dfs 
unions  nombreuses,  d   les   enf'trils   issus    de   ces 


763 


LA    TEnfir    A    VdL    D'OISEAU. 


m 


alliniiros  parliMml  raslrllnn  vl  fuirtil  cnlhriliqiH's. 
Ct:s  l'uni JK's  nii'*ir'i'ï^,  fonds  nj'iutipul  ilu  jM'ii]'!*' 
gn-nniliti,  ont  cerl.'iii]emt'nl  jilus  do  sjuig  indien 
que  d^i  sang  Oi^pagtial,  nv\h  elles  oui  luul  à  l'ail 
oublié  les  plus  ninnUruiix  dv  lours  anrélrtîs,  v\ 
h'wii  p^'u  {|o  Mi'o-tirt'n.'idins  juirlonl  il'cux-mônios 
sans  vanter  la  noblessi^  Je  leur  origine  aniîalouse 
ou  l'astillatie.  Combien  d'entre  eui  pourlanl  sonl 
sniittut  les  lils  de  Thniiihle  niee  4[ni  r.orninenrait 
ù  niîîi'(juer  de  su»  empreinte  les  lunds  pl.ikviux  du 
CuiuJiiiamarca!  Dans  toutes  les  nations  de  la  Terre, 
il  y  il  d*'  njêiiie,  et  par  luillioiis,  des  lioninies  qui  se 
louent  de  itoiilor  d'une  source  de  vie  qui  n'eî<t  pas 
k  leur. 

Les  Blancs  purs  ou  peu  ni^lês,  habitant  surluul 
le  (AJndin.'nnart'a  et  le  Sanlaiider,  0)inptenl  jump 
MïOOUt)  i\  (ÎOOOOO;  eo  qui  p«sse  pour  ^Ire  aussi  le 
nombre  que  font  ensemble  les  Nègres  pui'S,  es- 
limés  î\  lOOUOO  uu  I2U000,  les  Mulâtres  et  Zrun- 
bus,  en  Ttiiijorilè  d;nis  le  Magdalenu,  le  Hulivar,  le 
nord  du  C;iuea.  Le  reste  tle  la  [lalion  se  eiMîipose 
diî  plus  de  ^i  millions  d'Indiens  nïêliingés  à  lous 
les  de*,^rês  iin;igirjabb's  avee  les  Ivspagnols»  nia;L;fna 
prêdoiuinanl  danâ  les  si?^  États  de  t^undtnaniun-a, 
Boyaca,  Saulander,  Pauania,  AnIûVquia,  Tulima. 

Siiiis  autre  innnigi'atioi]  qui%  delem|isen  temps. 
un  haniiiKS  uur  raniille,  une  bande  de  quelques 
compagnons,  la  naliou  in^o -grenadine  cî'oll  avec 
r;qiidiiê  [j;ir  uit  merveilleux  déploiement  de  nais- 
sances, surtout  ehez  les  Antiotjuenos.  En  1810  eu 
peuple  était  fait  dun  million  de  pei-soiines,  ou 
même  de  HOO  fltJO  seulement.  Il  duuble  toutes  les 
trente  à  trente-cinq  années,  et  cependant  il  n'aug- 
nieote  que  dans  le  haut  pays  et  le  pays  Uioyen,  au 


sein  des  climats  saluLres  où  certains  districts  de 
D(tvaca  et  de  Snntander  sont  aussi  densêmcnl  peu- 
plés (jue  bien  des  n  parti^los  »  de  la  Gastille  cl 
nntres  provinces  de  riCspugiie  centrale.  Suj'  la  côle 
et  le  liui^'  du  bas  Magdalena  et  du  bas  tiauca,  la 
nation  se  multiplie  peu,  si  nit^me  elle  se  multiplie 
malgré  les  laides  maladies  qu'y  souffre  le  Nègre, 
notamment  la  monstrueuse  éléphantinsis,  la  lL»pre 
martelle,  les  colorations  et  décolorations  do  la 
peau.  Dans  les  Llanns  elle  recule,  devant  deux 
Iléaux,  rougeole  et  variole. 

Tous  les  tAitomliiens  professent  la  religion  cu- 
lliolirpie.  Tous  parlent  esjijignul,  à  Texception  de 
quelques  tribus  sauvages. 

Cette  fédération  rje  tieuf  Êt;its  souverains,  avec 
un  district  fédéi'îil  reufeMuant  h*  "  (Ifqulole  »  de 
la  nation,  a  pour  siège  de  son  parlement  une  ville 
de  100  000  times,  l' a  Athènes  hispano-américaine  «, 
lliigntâ,  oUi  tout  au  long,  Santa-Fé  de  Bogota.  Ville 
régulière,  BogoU^,  fondée  |ïnr  (Juesada  en  1558,  a 
son  site  sous  un  climat  de  gr;m<le  uniformité,  la 
moyenne  du  mois  le  moins  froid,  M  degrés,  y 
éj^nlant  jMVsque  etdle  du  imds  le  plus  rliaud» 
l(j  degrés:  à  titlVi  mèlres  d'altitude,  el!e  est  bâtie 
dans  une  savane,  lit  d'un  lac  écoulé,  que  dominent 
le  Monserral  vi  le  (iu.'idalupe.  Ses  rios  courent  vers 
un  triliulaire  du  Magdalena,  le  Fuuza  ou  Bogota, 
qui,  d'une  roche  de  l-ifi  luètresSs'abatde  la  Tierra 
fria  dans  la  Tierra  (einplada  ]iar  le  sublime  salto  de 
Tcquendama.  Plus  belle  encore,  dit-on,  pour  le 
moins  beaucoup  plus  haute  ('250  mètres),  est  la 
lond)ée  du  Gundalupe.  souS-aflluenl  du  Cauca  par 
le  Perce,  dans  ÏEUd  d'Anliôquia. 

1.  Ou  seulejnent  de  15t>. 


k 


m 


m 


'tÉNÉZUÉLA. 


7ti3 


Dam  les  Llanos.  (Yoj.  p.  lui.)  —  Ûc&sin  de  niou,  d'a|»r^s  un  croquis. 


VENEZUELA 


Sierras  vénézuéliennes.  —  En  espagnol,  Vé- 
nrzui»l;i  veiil  *liiv  iVlilo  Voiùso  :  l<^  pays  entier, 
SioriMs  ol  Llanos,  a  pris  le  nom  clonii*^  f>ar  lo  dr- 
coitvrtMir  (>j(*da,  qirarrotiipngnail  Ann^rigo  Vcs- 
piu''"i,  .i  (li\s  ivibaïu's  trinilit'Jis  èh'vrrs  sur  piloli> 
au  liord  dt's  flots,  «  village  des  eaux  »  si^inîjlable  \\ 
Venise,  reine  de  1j»  irier. 

Ensuivant  les  Antilles  depuis  la  hrillanle  Ouba, 
on  arrive  à  la  Trinilê,  faite  de  iiitirilagnes  qui 
proion^'eiit  en  mer  les  siernis  de  ];i  terre  ferme. 
La  Trinilê  n'est  séparée  du  eonlinenl  de  l'Améri<(ue 
du  Sud  que  par  le  dêlmil  de  Bouche  du  Di^gon.  et 
flti  large  delta  «Fun  grand  lleiive  que  par  le  pas- 
sage appelé  eaij.it  tlu  Ser[M'nl. 

Ces  montagnes  sont  la  principale  t^ire  frairhe 
du  Venezuela;  ce  delta  leiirtine  rOrênoipn'.  fleuve 
auqui'l  accourent  les  rivières  des  Terres  cfiiiudes 
les  plus  vastes  de  l'f.lat  vénézuélien  et  divers  rios 
nés  dans  les  monts  de  la  Ciuyane,  terre  tenip*^rée. 

111  nnllions  d'hectares,  nu  plus  de  deux  lois  la 
France  sans  des  plaines  réclamées  aussi  par  la 
roloinltie.  ce  beau  ilomaine  comprend»  du  nord  au 
sud.  une  Terre  rliaiide,  l'estran  de  nier,  une  Terre 
(empêrùe,  qui  est  hi  sierra  cdtiùre,  une  nouvelle 


et  très  ample  Terre  chaude  nonimée  Llanos,  enfin 
des  Terres  (eni(»érées  dans  h's  parties  hautes  de 
la  Guyane  de  Venezuela. 

La  première  Terre  chaude  l)nrde  la  mer  des  An- 
tilles —  rhautie  jiar  le  soleil  du  \(\''  dej^ré,  Inrride 
par  la  réverbér.'ilinii  des  montagnes  lîltoniles  et  ^< 
In  placidité  <te  l'air.  (»n  n'y  voit  encoiv  que  de", 
petites  viUes  l'iuun'anles,  Maracaïho.  qui  a  rem- 
placé la  Petite  Venise  irOjeda  sur  le  clien:il  menant 
de  la  mer  au  lac  niaracaihieii.  ruerto-f^aheMo,  jiorl 
de  Valence  et  du  v.il  d'Aragua,  qu'on  suiiKtnnnc  le 
Jardin  de  l'Amérique;  la  Guayra,  port  de  (!arâcAs; 
la  a  vjbranti'  »  Cnmana*,  patrie  du  Libertador  Uoli- 
var  :  là,  dans  la  saison  u  froide  m,  l'îijr  nr  «lescend 
pas  au-dessous  de  24  degrés,  et  la  moyenne  de 
Tannée  oscille  entre  27  et  TO. 

Mais  cette  zone  est  sans  largeur,  et  tr^s  pn^s  <]u 
rivage,  parfois  du  Ilot  ink^me,  s'élance  une  cordil- 
lère à  penle  effroyable,  abritant  dans  son  flanc  des 
valions  tempérés  dotd  l'un  renlmne  (l;ir/ie^is.  Knire 
cette  capitale  et  In  mer  des  Antilles,  la  Silla 
de  Canicas  a  pour  léles  le  O'vvo  de  Avilâ  (2665 

I.  t>ein  rois  mséc  |>ar  treiul)leiiit.*iit  tic  Icrn*,  eu  1706 
et  cil  185.1. 


# 


Vfil 


LA    TERllK    A    VOL    IVOISEAlî. 


mèdvs),  rori  fuMu  vu  ih'  U\  inêtrapole,  et  l'aiguille 
dt?  Niji;4iial;),   iiivbibltî  Je  CiHViiMS. 

CcMe  chîiinii  riveraine  osl  un  i^pîinouisscnu'nl  du 
h  ^rainli'  roi'ililIt'jT  Vriu-zolanequi  [lorle  K»s  priii- 
cip.'j(i»s  Ti'i'i'i'it  IV.iîfljcs  (lu  pays,  ol  celte  eorilill^re 
W'nêzulaiu'  ello-iiionic  n'est  qu'un  pnilt>ïi;^'*'tnoiil, 
innt'*elii  vi-rs  la  nonl^si,  de  k  plus  aiitMilnN*  des 
(rois  longues  bierras  néo-grenadines.  Elie  semble 


.'ivoir  pour  uionl  culminant  le  Neigeux  *  de  Mêrida  : 
ce  géani  se  lève  à  4ôH0  niMres,  dans  le  liaul  enlo- 
hlement  de  la  sicnvi  de  Mérida,  jetée  «  sidérale- 
inenl  »  entre  l'^s  plages  basses  de  l'immense  la- 
^Miue  marine  (pii  se  nomme  lac  de  Maraeaibo  cl 
te^*  LIjuios  irtdélinis  du  Venezuela  el  de  [a  Nou- 
vidle  (iren.'ide.  (JuoMpu.^  prèsdu  8"  degré  de  latitude, 
un  mont  pres(|ue  aussi  grand   (|ue  le  Ruse  et   le 


Uue  corrida  de  bétail  dans  les  LIanos.  ~  beuin  de  Riou. 


niaiie  ]M"*ut  g.irder  très  longtemps  chaque  année 
Son  fronton  de  neiges  vier^'es. 

LIanos.  — ÎK'  In  ei^rditlère  de  Mi'TÎda  on  des- 
eend  p;ir' des  vers.tnis  r.iides  suj'  les  phiiiies  lusses 
de  rOjvjioipie.  rMusr;iiit.  sinjs  le  nom  de  LIanos,  80 
à  !*0  niillJuMS  d'h-Mlnn^s  rh'i  les  Vêjiézuli*ns  il  les 
(irenjuliiis.  Leur  sh],  uni  eunuiie  un  mimir  de  l.ie, 
porte  de  loin  eu  loin  des  niesasS  anciennes  Iles 

1   Tables. 


de  l;i  mer  qui  ivin^>lissnit  jadis  ces  sieppes,  el  des 
hanros  tHJ  l>aucs»  lignes  d'antiques  êeueils  en  grès 
ou  eu  ealrairo  aulrefois  battus  par  les  mêmes  Ilots 
(]ue  les  luesas.  Pas  d'nrbres  pendant  lie  longues 
j'iunièes  de  inareïu»,  sinon  quelquefois  des  pal- 
miers: ])eu  d'arbres  plul4M,  car  voici  que  les  LIanos 
se  i^elioiseiit  iusensililerneul  dVux-niêmes,  exeeplc 
d.nis  les  canipos  dt'  l'Apure.  iJans  la  s.usorï  des 
pluies,  le  o  l'ian  i).  uù  tous  les  rios  débordent  au 
1.  C'efit  ce  que  \eut  dire  te  mot  espagnol  Nevado. 


"liO 


LA    TERUK    A    VOL    D'OISEAU. 


h 


loiiir  Sl"  CDiivri'  iVuiw  mer  aussi  trouhkî  que  put 
ôlre  aziirr  rilcônn  qui  a  (Iisp;iru.  Li's  iiK'sas  en 
rinei'genl,  iisilr  du  j.'ig;u;u-  A  des  boMiTsi,  îles  th».'- 
vaux.  des  uiulols  <(iie  lu*  ganK*  pluï?  Ir  (*  llaiitM'o  »>, 
cavalier  iiTenvtTsaMe  fjui  n  daus  les  vrliios  du 
sang  d?  IlIaiK*,  du  sai»;^' d'Indirti,  du  ï^ang  de  Noir: 
alors  le:;  huueos  nul  disjiaru,  ('{jr  ils  n'out  ^uêre 
<|u*uii  .î  (IfHjx  lllèl^^s  de  fi.mfeur.  Oii:ind  riuoiuhi- 
liou  re*:ule.  ces  (daiiiosi  t\\}  sul  adjiiiralde  devieu- 
neut  un  savoureux  pâ(urage. 

Mais  il  ivehauHe  aussi  hier*  des  plaiih's  fuiiesti^s. 
Lien  des  btMes  nuilraices,  le  iua;^MiiliiHJe  suleil  ijui 
luit  sur  ces  ti'iToauï  fcrvcsconis,  sur  ces  grauds 


lleuves  ;i  pleiu  Iturd  et  ces  litM'bes  SHpides*  Les 
LIaniis  ont  des  feuilles  Iraurhantes,  des  arbustes 
vénéneux,  des  fruits  empoisonneurs,  des  nuiVs  de 
niousliques,  des  re|>tiles  nu  rajùde  veujn,  des  pois- 
sons éJeelriques,  des  raies  ê[)ineuses.  des  serpents 
iï\^iiu  si  forls  qu'ils  éluuCTi'id  de  leurs  plis  les  plus 
robuslos  taureaux,  des  eardjés.  poissons  all»''rés  de 
sang,  dont  la  dent,  rapaldc  de  ]iercer  le  ù*i\  aj^rau- 
dil  les  Ijli'ssures  que  les  crocodiles  font  à  leur 
cuii*asse,  au  temps  du  reuuuveau,  dans  dos  coni- 
hais  allnnH-s  ]iar  raniiMii*  e(  la  jalousii*.  F.l,  danger 
plus  grand  <iue  serpeul.  alli^alor  un  ja^^uar,  tous 
les  nus,  la  fièvre  naît  dans  les  «  esleros  i>,  marais 


Lu  !-er(H'nl  dVau.  —  Dessin  de  A.  dp  .\  miviUo. 


que  les  débordements  tles  rios  ne  se  lassetd  jamais 
de  reniplij"  et  le  stdeil  (ïamoindrir  nu  de  vider. 
C'est  elle,  sous  ees  btillaiils  j^'a/A)rïs,  qui  cjeusr 
le  [«lus  de  fosses  pour  le  dernier  sommeil  dos 
LIanoros. 

Oréaoque^  —  Le  Guaviarê,  le  Meta,  TApur^s 
larges  aflluenls  de  rtlrvnoquo,  se  déploient  dans 
les,LIauôS. 

L'Orénoqne,  en  espagnol  Uriiioco,  sort  de  la 
sierra  IVnitna»  montagne  guyanaise.  Ses  soiirn*s. 
qui*  nul  Kuropéeu  n*a  eotilenqjïées.  doivent  jaillir 
à  HiUO  ou  a  \liH)  mèlres  au-iiessns  des  mers.  l>es- 
eendn  dans  la  plaine,  il  se  divise  au  pied  4ln  mont 
lïuida,  juu'  AUiï  mètres  d'al(ilud<*  :  uti  bras  lartie 
4le  iOO  inèli'es,  ju'otoiul  de  10,  le  Cassiquiare,  va 
l»oiier  ses  eaux  blanelies  aux  (lois  brinis  du  llio 


Negro»  tributaire  énorme  de  l'Amazone;  Inulre 
J'este Orinttrii.  V.n  auetni  (iay>  deux  bassins  ne  com- 
rnuniquiMiL  par  mie  ïi',]eie  aussi  grandiose. 

Par  les  n  i-audales  »  île  Maypures  et  d'Alures, 
rtnu'anls  élomilissauts  et  petites  chutes.  l'Orénoque 
entre  dans  le  juiys  bas,  où  il  s'élale  entre  <les 
Manos  à  gaucbe  cl  des  forêts  à  droite,  gôiiê  de 
hauts-fonds,  de  langues  de  vase,  d'îles  d'alluvîoiis, 
de  joncs  à  cannaiis  et  tortues.  Argileux,  l>lanebâlre, 
cl  souvent  grossi  de  rivières  laiteuses,  il  serait 
eiu'ore  plus  hïatn*  s'il  ne  recevait  aussi  des  rivières 
noii'es  (il'jiileuts  Iraiisparejiles  jusqu'à  5.  (î,  |t)  iné- 
tri's  de  profoudeurf,  singulièrement  eucbevèlrées 
avec  celles  de  couh'ur  opp(tsée,  lelleinenl  i]iw.  plus 
«l'un  Ilio  Negro  coule  culro  deux  liios  [tiancus.  plus 
d'un  lUo  lîlanco  entre  deux  Itins  Negros. 

A  Angoslura  nu  Tiudad  Itolivar.  la  largeur  de 


768 


LA   TERRE  A   VOK  D'OISEAU. 


I 

f 


ii^ 


lienne,  mais  plus  vaste  que  l'anglaise^  la  nt^der- 
landrtise  et  la  française,  les  trois  siuiles  coiitiiV:^ 
sud-iiiiUTicaiiics  qui  n'obéissent  pas  k  des  Ainôri- 
cains  du  Sud.  Plus  vnsle,  plus  saine  aussi,  par 
riit^ureuse  îrn'li liaison  du  sui,  vt  pourt.itit  pn^sqnp 
vides  :  quoique  êlalant  au  loin  des  quailz  hvs 
veinés  d*or,  ce  territoire,  qu'enveloppe  sur  lOOO  ki- 
lotnèdvs  le  [niissaiil  <)réJio(|iu\  ne  nourrit  pas, 
malgré  m  fauve  rieiiesse,  50  000  liahitauls  sur5S  ;* 
^0  millions  d'heelares.  aire  t^gale  à  une  ll;die  ijui 
aurnit  deux  Sanlaignes  e1  (hnix  Sieiles. 

Au  sud  e?[(rêine  se  dènujie  sur  26  à  27  millions 
d'hectares  {e"est  presque  l'H^ilie.  c'esl  une  deini- 
Frane*^)  un  injh'e  territoire  ul>errinie,  aussi  vide  et 
vaeaul  ipje  l;i  lluyaiie  vénezotaue.  11  s'éleud  sur  les 
deux  bords  du  fiaut  Orénoque,  elsur  les  branches 
supérieures  du  Uio  Ne^ro,  friliutaire  dr  rAniazone 
—  ce  qui  jusiilie  à  demi  son  iioui  de  Teniturio  de 
Amazonas. 

Amazonas  el  (iuyane  font  les  trois  eînquiùmes 
du  sol  vénézolan;  avec  les  LIaiios,  ils  en  sont  en- 
core !e  dt-scrJ,  par  opposition  k  la  Cordillère,  où 
vit  à  de  hautes  ou  h  de  moyennes  altitudes  le 
peuple  presque  entier  de  la  n  Petite  Venise  ». 

Les  Vénézolanos.  Les  Isleâos.  —  La  poptiln- 
lion  n'a  doue  4piel(|ue  di'risilc  ijue  sur  la  cordillère 
riveraine  el  sui*  la  graiule  clinine,  aux  environs  de 
Car/ie.as,  de  Valence.  <1(î  Mêrida.  Un  recensement 
rêrenl  la  porte  à  2075  000  hommes,  dont  500  000 
h  (lOOOOO  se  fftnt  passer  pour  blancs,  mais  qui  ne 
sait  que  les  Blancs  de  l'ArniVique  tropicale  sont 
bien  souvent  des  Indiens  plus  ou  moins  tcinlôs  de 
sang  europiVn,  quelquefois  (rès  peu?  Apporté  par 
les  Conquistadores,  puis  par  les  trah^iuanls  ou 
plauleurs  galiciens,  calalans,  andaJous  {sans  parler 
des  Escualdunacs^  qui  furent  parmi  les  plus  luun- 
breux  des  inïmigrards),  l'espagnol  se  parle  presftue 
partout*  et  le  catholicisme  esl  la  religion  com- 
mune, sauf  chez  quelques  petites  peuplades  non 
catéchisées. 

De  rnênie  que  les  autres  colonies  espagnoles, 
le  Vi^nézuéla  soulTril  beau^'oup  de  l'êgoïsme  et  des 
injusîices  de  la  nuMrojiole  :  Miiilrid,  Séville  et  Cadix 
rem|dissjnenl  leurs  culTivs  de  doublons  grâce  h 
TAniérique,  mais  ne  faisaienl  rien  pour  elle  sinon  d*y 
planter  des  lurleresses,  d'y  bûtir  de  banales  églises. 


Quand  les  CoiH[uisladores  eurent  achevé  leur 
œuvre;  quand  |»armi  tant  de  nations  indiennes  ils 
eurent  ané^mli  les  unes,  avili  les  autres;  quand  ils 
emvnt  a[>pris  de  leurs  victimes  quels  «'îlaient  les 
niiuils  du  métal;  <|uand  ils  eurent  usé  des  mil 
lions  dlioinnies  à  la  rcehei'che  de  l'or,  dt^  l'argent 
el  qu'il  ne  leur  resta  plus  à  trouver  que  deux  mer- 
veilles, hi  Fontaine  de  .louveiice  et  l'El  ï)oi*ado, 
l'Kspa^me  avait  devant  elle  un  monde  'i  remplir, 
mais,  au  lieu  d'y  jeter  des  Espagnols,  elle  les  en 
éloigna  par  un  arsenal  rie  lois  scvéïvs.  Elle  ne 
pt-nsa  j>oint  d'idjtird  au  bordieur  dos  Indiens,  et 
plus  lard  elle  ne  devina  pas  quelle  gi-andeur  pro- 
mettait l'Amérique  aux  Castillans;  elle  ne  voulut 
que  trois  choses  :  grossir  le  trésor  du  roi  de  Ma- 
drid; enrichir  fonctionnaires,  soldats,  favoris;  ap- 
prendre iiux  Indiens  le  signe  de  la  Croix.  La  capi- 
tainerie généi-iile  de  Caracas  (c'esl  plus  ou  moins 
le  Venezuela  de  nos  jours)  ne  recevait  pas  en 
moyetjne  plus  de  cent  colons  par  an;  il  ne  lui  en 
arrive  l'jH'ore  que  fort  peu  de  milliei's  chaque 
année»  attirés,  quehpjes-uns  par  la  culture  ou  Té- 
levage  dans  ce  pays  de  toute  exubérance  au  voisi- 
nage des  rios,  beaui*ouj>  par  le  commerce  et  aussi 
par  les  mines  d'or  de  Caralal,  nouvelle  Californie 
en  Guyane  vénézuélienne,  dans  le  bassin  d'un 
allluenl  de   rOréuoque.  le  Caroni,    rivière   noire. 

Jusqu'à  ces  derniers  lenqis  les  seuls  [(ïrains  qui 
aidnsseut  les  Vénézolanos  à  multiplier  leurs  fa- 
milles étaient  des  honuiphones,  les  Isleilos,  c'est- 
à-dire  les  insulaires  des  Caruiries,  gens  d'avance 
acclimatés.  Depuis  quarante  a  cinquante  ans  il  en 
est  venu  40  000. 

Piturlnnt  h'  (►euple  vénézuélien  s'augmente  :  il  a 
plus  que  doublé  depuis  18Ô8.  puisqu'il  approche 
de  2  tOO  000,  el  qu'alors  il  ne  se  composait  que  de 
887  000  personnes,  d'autres  disent  de  i  048  000. 

Caracas  (56  000  hab.),  fondée  en  1567  a  plus 
de  800  mètres  d'allitude,  à  20  ou  25  kilomètres  de 
la  (luayra,  fort  mauvais  port  sur  une  côte  mal- 
saine, jouit  d'un  elirn.'il  chartnanï,  jamais  fr*jid, 
jamais  trop  chaud,  d'une  moyenne  aninielle  de 
2t  degrés,  avec  maximum  de  2(î  el  minimum 
de  12.  Kn  l'an  1SI2,  uti  (reniblemeril  de  terre  la 
renversa  :  sur  dix  maisons,  neuf  y  jonchèrent  h» 
sol;  sur  40  000  *'i  50  000  Caraqueùas,  la  moitié 
fut  écrasée  ou  se  dispersa. 


L 


ECUADOR. 


709 


Le  Cotopaxi,  vu  de  l'allo  de  Puinasqui.  (Vo}-,  p.  770.}—  Dessin  de  Riou,  d'aprè»  un  croquis. 


ECUADOR 


Andes  Équatoriales,  hauts  volcans.  —  Ëcu.i- 
dor,  nom  i's|Kigïi(.»L  vcul  dire  Éi|u;itinir,  et  en  effet 
La  ligru'  des  joui's  vgnui  iujx  niiils  jmsse  sur  le 
nord  de  ce  jtays,  au  soj>tenlriun  et  non  loin  de  sa 
c.'i|>il;de. 

I/Éeuîiilin'  îi  oO,  65»  75  et  jusqu'à  95  millions 
d'Iioclares,  suivnnt  ffu'uii  recule  ses  limites  vei^ 
l'usl  <l;ir»?i  1.1  (it;iiiie  de  l'Amazone,  î\  (ravcrs  des 
alhiviiMis  i[ue  le  s*»:  ne  relourue  p;is  encore  cl  des 
forais  pleines  de  magnificence,  respeclêes  jusr[u'ù 
ce  jour,  faute  di»  roules,  [lar  I.i  hncïic  et  In  torche. 
Avec  In  zone  colière  du  (Irinid-llet'.iii,  <*e  lijissin  de 
basses  phiiaes  très  mollcrnenl  inclintVs  vers  le 
puissent  M.ii'af,'non,  compose  les  Terres  chaudes 
de  VÈUil  c(pj;iloriaL  Knlre  In  mer  et  ces  vastes 
plaines  se  lève  la  double  chaîne  des  Andes,  avec 
Terres  tempérées.  Terres  fraîches,  Terres  froides, 

U.   HCCLLB.      I^  TUAC  à   VOL   DOlttAli. 


ces  dernières,  1res  petites,  dansThiver  éternel  des 
névados. 

Knlre  le  Piicifujuc  cl  les  Amies  pelKe.  est  la  pl.K^e. 
et  raboteux  TcsjKice  ,  loul  en  boursouflemculs 
de  monts,  en  cagnans,  Imrrnncos  cl  quebi*adfis  : 
aussi  les  Terres  chaudes  oitl-ellcs  peu  d'ampleur 
sur  colle  rive  de  850  kilomètres  que  vient  de 
ipiillor  â  lii  pointe  Pariri.i  le  froid  coijraul  de  lUiM* 
.'iri'ivi''  du  iMle  nustral  eu  loiigeaul  le  (ihiti  et  le 
Pérou.  Mais  il  pleut  assez  pendant  l'invierno.  qui 
dur»*  plus  de  la  moitié  de  Tauttée.  |:our  que  des 
rjos  Inr^res  cl  violents  y  roulent  el  y  croulent  : 
entre  tous  IT.sJiU'raldas  au  nord»  el  au  sud  les  tor- 
rents qui  s'unisseul  |)our  former  le  Guayas  cm 
Guaya([uiK  fleuve  tenant  ce  second  nom  d'un  pori 
de  mer  où  flotte  êlenicllemenl  dans  Tair  le  poison 
de  la  lièvre  jaune. 

97 


•t 


770 


LA    TKRRK    A    VOL    D'OISEAU. 


i 


Vingt  volcnns,  voisins  des  ôvciifs  do  la  Nouvelle- 
Giviindi*  mais  s^^parés  des  chaudières  du  P^h-ou 
ni(''j'idionîd  par  ir»nO  kilo!n**hvs,  soiU  à  la  fois  la 
()his  ^îi'juuU'  hrairlô  tk*  rKquîilour  vi  sa  plus 
grando  éponvnnie.  Tniis  de  ces  «  monsd'os  «,  \e 
Pii'hinihw,  li*  Culopaxi,  le  S^uigay,  vibrent  enr^nv, 
i!s  jfroudrnl.  ruiiu^nt  et  viiinissenl;  cinq  oui  fnil 
vuii"  aux  Hlancs  qu'ils  élaicnt  vivants,  et  niaiiilr- 
nanl  ils  sunl  tuorJs  ou  se  reposent  ;  huit  n'onl 
janiats  reniui*  depuis  les  Ci>rM|uislM{lnres  cl  l'on  ne 
paît  h  quelle  époque  ils  sVHei^^nireul  (s'ils  i^nnl 
éteints).  Douze  se  drcî^sont  dans  la  Cordillère  Orien- 
lale.  [julL  datïs  r(H'ci<lenlale. 

iKtns  la  Chaîne  Oeciiienl;ile  ou  Cordillère  du  V;^- 
ciliqui*  se  love  le  Tnaîlre  mont  île  Tlùujador,  le 
Clurnhornzo,  qui  passa  longlenips  pour  le  sujnvtne 
Bi)!urnel  de  la  Terre  :  ee[»eiid;Mit  son  ili^rni'  volca- 
nique ii'alleinl  que  (iâlO  niêlres,  on  rnt^nie  fi'J.'jo 
seulement,  soit  2000  h  2500  de  moins  que  les  Ti- 
tans de  niinialaya;  dans  les  Andes  iriOnn^s  il  a  des 
ëyaux  eldes  snpi^rieurs.  Au  nord  de  ce  nrvado*  s'é- 
l.inceat  le  Carihuninizu  (5100  m.);  lUiniza  aux 
deux  têtes  (UTtii^y  m.);  le  Corazon  dos  Espagnols 
(1787  m.),  Cluujialari  des  ImHriis,  fidl  de  falaisis 
nues  ;  le  Picliincha  (4787  m,)  et  le  Colocaehi 
(lO'îi)  m.).  Lo  Pit'hinchd,  réellement.  Gua^ua-Pi- 
elniirha,  e'esl-à-dire  le  Mtnil  Honi liant,  <'st  un 
vuleatï  superhe  on  i7u>me  lemps  qu'un  suporhe  né- 
v;»do;  ses  quatre  pics  découpent  le  ciel  de  (Juilo, 
el  dans  son  seiji  s'ouvre  un  cralèi'e  tel  qu'on  n'en 
a  pas  encore  trouvé  de  plus  creux,  ayant  de  la  lèvj-e 
au  Fond  de  ta  cmqio  7.VI  mètres  de  profondeur. 

Ile  lu  Cordillère  04:eidenta!e  à  POrieuLale  ou 
Hoyale*,  qui  lui  est  paiallèle.  la  distance  ne  varie 
que  de  00  à  Go  kilomètres,  suj"  un  plateau  d'en- 
viron 5ÛO0  mètres  d'alliLude,  |dus  ou  moins,  vers 
le  centre,  dans  h-  pays  de  Huilo;  de  2^200  à  2^00 
bculeiuent,  au  nord  conuue  au  sud,  à  la  hurdure 
de  Colombie  comme  h  celle  de  Pérou*  Celte  haute 
plaine,  des  chaînes  tl'uniijn  liant  Tnne  a  l'autre 
les  di'ux  sierras  lontlnincntales  la  divisent  en  huit 
sotis-pliiteaux  nus  ou  dont  les  bois  n'onl  aucune 
puissance  et  j^ranileur.  aucune  excessivilé  tropi- 
cale. C'est  plus  lias,  sous  pins  de  pluie,  au  Vi-nl 
du  Paeiliipie  ou  sous  les  orages  sans  fui  soumés 
par  Allanlique  à  (nivers  Itrésil  tout  le  long  du 
roi  des  rios,  c'est  dans  la  Tierr.T  caliente  que  hi 
sève    équaloriale    bouillonjie    avec    eiiqjortemenl 

1.  Cliiiiibuu  R;i/uu,  nom  indien  (iotit  Cliiiiibioi*aso  est  ta 
corrujiLJui],  îtif;iiiliu  Muut  Neigeux. 

2.  I-cs  tispairnols  df  la  Coriquètt»  nomrrM'^i'Piit  rp-ttp.  chîiliie 
'^>lllille^a  Ileul,  de  il*  ritiVIle  nvail  au  \tu:d  b  jj'raridVoute 
rovxile  ou  ]iii)>éria]e  des  lucas.  du  Cuzco  ù  Uuito. 


parmi  la  forêt  diue,  magnifiquement  robuste,  qui 
triomphe  des  no'uds  coulants  de  la   liane  el  du| 
cancer  des  ji;irasi(es  en  s'êlaiiçant  toujours  plus 
haut  vers  la  lumière. 

Pans  la  Cordillère  Orientale,  tout  au  sud,  lr6ne 
le   Sanj^^ay  (5323  m.),  volcan   toujours  en   crise, 
lonjours  en  vomissement  spasniodique   de   laves, 
d'eau  ou  de  fange,  eu  éructation  de  cendres  qui] 
volent  jusqifi^    l.i   mer  de  Cuayaquil:   voilà  cent] 
einquante-rinq  ans  que  fluient  st^s  transports  sans! 
qu'il  se  soit  jamais  calmé,  jamais  einhumi  :  c'est] 
l'igniviMne  le  [)lus  exasftéré  du  momie.  A  son  nord] 
est  l'Altar  ou  Au!el(o40i  m.),  (|ue  l'Indien  nomme  \ 
Cn|>ae  (Hu'cou  ou  \\m  dos  Monts;  on  tlit  qu*',  jadis  ' 
snpéiMi»ur  au  CliimLorazo  lui-mt5nie,  il  a  perdu  le 
premier  rang   parmi  les  pics  L^quatoriaux  depuis 
un  élMiulrmont  qui  lil  nmh'r  la  ciine  en  bas.  qu;t- 
torze  ans  avant  Tarrivëe  des  hommes  qui   allaient! 
changer  son  nom   paier  de  Capac-Ourcou  en  unj 
nom  caslilhui  et  ehrèlieii.  Puis  se  suivent,  entre] 
autres,  du  su*!  au  nord,  le  Tunguragua  (5087  ni.),l 
ceint  de  forêts,  qui  jota  des  fleuves  de  bouc  cal 
1797;    lo    C(ilo[pasi   (594."  m.)»   uiagnifique    Ci^ue1 
tronqué.  ca]>able  de  «  lancer  à  14  kilomètres  desl 
roches  de  200  tonnes,  plus  grossc^â  que  des  chau- 
mières d'indii'iis  i>  — moins  de  dix  ans  nous  sé- 
[taretit  di*  s;i  d*'rnière  convulsion  (1877);  aucun^ 
volcan  fumant  encore  n'cslson  rival  en  liauteur,  el 
pour  la  noblesse  il  lutte  avec  le  Foudzi-yama  lui- 
même;  —  l'AntisatKt.  (pii  monte  h  5740  mètres; 
le   Cayanihé-Ourcou    (5840   m.),    sous   l'Equateur 
même;   Undtabura  (4582  m.). 

Llanos  équatoriens  :  le  Napo.  —  La  nation 
prestjue  entière  des  Écuadoriauos  est  concentrée 
dans  le  pays  élevé,  surtout  dans  le  biujt  plateau 
barré,  tant  h  roceideiit  (pr'à  l'orient,  par  les  volcans 
el  les  non  -volcans^  les  névados  et  les  non-nêvados 
do  deux  cordillères  :  là  le  climat  charmant  res- 
semble tonte  l'atuiée,  suivant  l'altitude,  à  VM  ou 
â  Tautormie  des  pays  tenq>êrés. 

Lu  solitude  se  fait  bi  mesure  qu'on  descend  vers 
fe  sud-ouest,  avec  les  rivières  issues  du  Iiaut  mont, 
à  travers  iles  bois  où  croit  le  quirupiina,  ipii  jxnte 
In  santé  dans  ses  fibres.  Cet  arbre  est  la  plus  riche 
des  richesses,  mais  on  le  détruit  pour  un  peu  d'or, 
avec  une  hàli*  indigne. 

Par  ces  rivières  ou  arrive  nu  Maragnon,  en 
amont  ou  en  aval  du  Pongo  de  Manseriche,  cagnon 
péruvien  h  l'issue  duiiuel  ce  Mariij;non  passe  en 
[daine  et  devient  le  [>remier  cours  d'eau  du  Globe 
sous  le  nom  de  tleuve  des  Amazones. 


ECUADOR. 


77f 


Los  grands  rios  riv  l'ÉquaU'ur  serpentent  sur 
ce  versanl;  ils  coininenci?nl  par  des  gorges,  des- 
ceiuliîiil  rurk'UsenuMit  [lar  des  nisriides,  puis» 
au  pivd  d'une  drniiéjv  rliute,  ils  s*;ip.'iiseiit,  de- 
viennent très  larges  et  enlreul  dans  lu  fin'Ot  vjerjfe 
f]iiî  1rs  fouduil  nu  M;inignon.  Ainsi  fuit  le  plus 
hug  de  tous,  un  (ils  du  (IiiIojïîjxI,  le  Napo,  ipji 
reruil  des  barijues   à  partir  de   b  cataracte  du 


r^ndo;sa  largeur  varie  entre  400  et  JOOO  mùtres; 
ses  euu\  tranquilles  et  très  claires  ne  dispaniisseiit 
tout  à  fait  dans  le  courant  i!n[>êrieiiï,  knirl)il- 
lunuunt  et  tniiiblc  di*  rAnia/.oiie  i\uh  \>hi>u'\u'A 
lieues  du  l>ec  di*  n-neonliv. 

Les  Écuadorianos,  leurs  langues,  leur  capi- 
tale. —  n  poul  y  «voir  de  1000(10  ;'i  200  000 
(1  hidios  bravos  n  dans  l'tjrieiite,  c'est-à-dire  dans 


Le  Cliimbonio.  (Voy.  p.  770.)  —  Otstm  de  fliou,  d'gpr^  un  croqutL 


le  territoire  de  LIiin(>s  tlonl  la  Colombie,  le  Pi^rou, 
le  Bn^sil  disputeiïl  |.>s  l;iïidie;inx  h  rFvf|uateur.  Ces 
insiiutriis,  res  tnui  rr«  IkiiuMit  [M)>srd«"'s  /i  piirt. 
rKfundor  |)asse  pour  renlV-nner  D50  000  hahitanls, 
vivant  prescpie  lotis  entre  la  Terre  tempérée  et 
la  Terre  froide.  (I.iiis  la  zone  Fort  bien  nommée 
Tierra  fresra  '.  qui  est  h'  pays  de  nuit*». 

La  petite  moitié  est  faite  d'une  centaine  de  mil- 
liers de  Blancs  et  de  SOOOOO  u  4(tilOOO  Métis  de 

1.  Terre  Iralctic. 


Blancs  et  d'Indiens,  la  grande  moilié  d'indios 
calequizados,  aulrenienl  dit  d'Indiens  caléeliisés, 
eatholicisés.  Ilares  soni  les  Néj^res  et  leurs  sang- 
mêlé  avec  te  Blanc  ou  l'Indigène. 

Si  presque  tous  les  aborigènes  des  reni  dix-sepi 
tribus  du  royaume  de  Licau',  du  nxdns  ceux  du 
Mont,  du  Plateau,  de  la  i]Mi.%  ont  cru  de  gré  ou 
de  force  i\  la  sainte  révélation  des  chrétiens,  si 

t  Ainsi  M-  itoinmnil  tii  roitlivi'  do  Qiiilo  nvuiit  m  mnqtK'-tc 
par  les  liica»,  qui  {UTcrda  de  cinqiioiile  nu»  l'nhssion  dei 


^ 


778 


LA  TERRE  A  VOL   D'OISEAU. 


I 


môme  iis  sont  maintenant  dV*xcelK»nts  calholiqucs 
avec  foi  naïve  pI  ferveur  cojii'ontrée»  s'ils  salutMil 
les  passants  d'un  pieux  (i  AIuIjiliIu  »ea  el  santisimo 
sncramenlo  del  allnr  )^  ',  ils  n'ont  pas  tous  renié 
le  vieux  parler  des  IVnniens,  li'  liuilrhoua  de  Unirs 
pères»  que  frnuvr'reiil  ici  les  Kspajtjnalîi  d<»  lïel- 
alcazar,  loi^quVn  l'an  1554  ils  arrivèrenl  h  Quilo. 
Le  castillan  règne  dans  les  villes,  mais  n'y  vi^'^ui^ 
pas  seul,  el  le  iiuilelioua,  corrompu,  mêle  do  nutls 
espagnols,  domine  luul  h  fait  à  la  campagne;  il 
n'en  ilispiUMÎIra  pas  moins  devant  l'idiome  ^éiii-ral 
des  llis[iattu-Ami-itrains.  Pour  rinstanl»  it  y  a  donc 
comme  deux  peuples  dans  l'Equateur  :  la  plupart 
des  urbains,  ce  qu'an  appelle  iri  la  ^v.nh'  disiiii- 
guida  ou  gent  distinguée,  cmpïuient  l'idionu^  n-- 
lentissanE;  mais  la  génie  de  pueMo,  le  peuple  dos 
ruraux,  race  paisible,  modeste,  relirôe,  rôsignée, 
on  un  mot  vraimoni  indioune,  n'a  trahi  ni  Tidiome 
du  Cuzco,  ni  le  souvoriir  des  gloires  de  l'ompire 
auquel  pourtant  ello  n'a  guère  appartonu;  el  c'est 
nn  signe  de.  deuil  [lour  la  grandour  pass<ye  des 
Ineas  qun  licauroni*  d'Keiiadorianns  jiorlont,  dil- 
on,  le  ponclio  noir.  Os  hommes  doux  et  lions,  si 
mous  t|u'on  ifesp*>rc  guère  en  tirer  un  peuple 
viril,  oui  lo  caractère  plus  gai.  le  visago  plus 
ôciairé,  les  lèvres  plus  souriantes  «[ue  les  autres 
Indiens  Quilchouas.  On  les  dit  d'une  salett!  mémo- 
rable; «  ils  ne  trouvoront  jamais  l'or,  si  l'ur  est 
caeliô  dans  du  savon  ii.  Ile  leur  bonté,  do  leur 
douceur,  on  abuse  pour  les  fouler  aux  pieds,  poiir 
les  ffmetter  m^mo  a  Toccasion;  ils  sont  criblés 
de  doltos  au  pntfit  des  riladins,  des  gens  d'af- 
faires, des  politiciens,  des  marchands,  l'no  troi- 
sième nation ,  fort  dispersée  celle  là ,  et  forl 
«  déniant tbuléo  )>,  c'est  colle  des  ludions  de 
rtïriiTilo,  hommes  non-Quitehouas  dont  on  a  voulu 
faiiv  une  raro  à  part,  dite  raco  d'Anlisana. 

rjuito  (80  000  bah.)»  la  capitale,  h  2!  kilomèlres 
seuletneril  de  l'Kquatem*,  sur  <les  rios  du  bassin  de 
l'Esmeraldas»  esl  â  28j0  mètres  d'attitude,  au  piod 
du   i'iehincha,  sous   un  climnl  bais   (l."°,l)  dis- 

1.  Béiïi  soil  ]c  très  saint  sacreiiicril  de  rnutd! 


pensant  1185  millimètres  de  pluie  en  161  jours. 
De  la  terrasse  du  pal.iis  présidentiel  on  voit  le 
Chimborazo,  lo  Cotopaxi  futnant.  onze  monts  nei- 
geux el  une  vallée  où  loutes  les  plantes  de  l'Eu- 
rope lempérée  prospèreni  â  côlé  do  la  canne  à 
sucre,  du  cocolior  et  (h^  l'indigotier.  <t  Vivre  à 
Quilo.  et  dans  le  ciel  un  petit  Irou  pour  voir  Quilo  )), 
disent  les  Écuadorianos. 

IMvors  pueblos  ôquatoriens  ont  conservé  des 
ruines  do  Tère  péruvienne,  chaussées,  forteresses, 
tombeaux,  loniples  ihi  Soloil  et  palais  d'Incas.  Ces 
débrih  valonl  bien  les  lourdes  églises  el  les  cou- 
vents-casornes  élevés  par  les  Blancs  depuis  la  con- 
quête fisp.ignolo.  Ci'i'Ios  il  y  avait  aussi  dans  los 
vieilles  villes  d"l'>uro])o  de  vastes  quarliei*s  mouas- 
liquos,  cathédrales,  cloîtres,  arceaux  mn^-ls,  cours 
obscures,  jardins  sond)res,  et  derrière  l'abside,  ou 
sons  les  arcades  conventuelles,  ou  dans  un  coin 
du  jardin,  avec  plus  d'horbos  qtie  de  Heurs,  Ten- 
clos  mortuaire  jjour  le  dernier  repos  de  coux  qui 
de  leur  vivant  élaioiil  déjà  morts.  Toul  cela,  bâti 
par  dos  mains  ferventes,  était  pieux,  digne,  aus- 
tère, et  fortifiait  le  croyant  ou  tcmcliait  rinfidèle. 
En  Amérique,  temples  el  couvents  ne  sont  que 
des  moellons,  du  mortier,  dos  adobes  (briques). 

Galapagos.  —  Loin  dans  le  Pacitiquo,  à  1000  k[-{ 
lomètros,  les  Galâpngus  soilent  d'une  mer  très 
profonde,  compai*alivonienl  fj*oi(!e,  bien  cju'on  si»it 
ici  sous  l'Equateur,  mais  Tarchipel  des  Torlues' 
est  dans  lo  courant  de  llnmboldl  ou  courant  froid 
du  iVrou.  De  t^es  7iïitfOO  lioctaros,  427  5flÛ  appur- 
tiennont  à  l'île  d'Albermnrle,  qui  porte  un  pic  de 
I550  mètres,  le  <Hjlmen  des  Galapagos. 

C'esî.  un  uKindo  misénible,  pauvre  en  plantes  el 
de  plantes  pauvres,  tout  on  laves  anciennes  el  mo- 
dernes, avec  volcans  h  peine  éteints,  si  même  ils 
lo  sont,  et  peut-èlro  deux  mille  cralèros  qui  ifêja- 
culenl  plus.  r)0  â  00  liabilaiits  y  vivent  cl  des 
troupeaux  sauvages  provenus  de  hôtes  doniosliques 
introduites  jadis,  bœufs,  chevaux.  Anes,  cochons, 
chiens,  cïiats,  clièvros. 

1.  Galafiagos,  mot  espagnol,  veul  dU*e  tortues. 


PÉROC. 


773 


Temple  du  Soleil  d^iLS  l'Ile  de  Tilicaca.  •  Dessin  de  Riou,  d'après  ud  croquis. 


PÉROU 


Empire  des  Incas.  Conqnête  du  Pérou.  — 

L»*s  voi>iiis  et  «  frùrrs  n  dfs  Prruvieiis,  Ifs  Chi- 
liens, vainqueui'S  dans  une  guerre  sans  pilié,  sntis 
pardon,  vimiuMït  d'enliner  au  l'rrou  sou  drp.irln- 
nii'iiL  iiii"*ri*lioanl,  Tarapacâ,  vi  K*  IVrou,  si  [Kiuvir 
niidjj^rt'  son  renom  simore  il'opulence,  n'a  plus  qur 
t07  à  lOS  n»illi*nis  il'lii'ct.ïrvs,  dtMix  fois  !;i  l-rano'. 
Il  L'rnhr.issait  onc  ;iirt' Lii'ti  aulriTricnt  vasIiMjiiand 
il  îillail  du  Hit)  Mayo,  voisin  de  Pasio  Mir  l.i  fron- 
lit're  «les  (ireniulins  et  des  Éfiualurieiis,  jns(|i]\'iu 
Ilio  MiUile  «les  Cfnlenos  :  alors  il  s*.ij»peln!l  le 
Taluianlitisiiyn  ou  les  Quatre  ConlriVs  du  inonde  el 
rniM|jrenait  l'Antisuyo,  leCuntisuyo,  leChinrlinsuyo 
el  If  <:o|losuyo,  c'est-à-<lire  l'Est,  l'Ouest,  le  >ord 
et  le  Sud.  Il  posstkiait  h  retle  époque,  avnnl  l'ar- 
rivée dt>8  Espagnols,  les  ré)^ions  devenues  deftuis 
lors  Ecuador,  Pérou,  Bijlivie,  Chili  septentrional, 


et  il  renfermait  pour  le  moins  une  douzaine  de 
iiiilhuns  friionimeâ. 

Les  Indierjs  Quilrliouas  u^^iient  fondé  sur  les 
rives  du  lac  de  Titicara  et  sur  !es|»laleau\  du  Cnzro 
un  empire  appuyé  sur  la  religion  déhiumaire 
(iu\ivait  précliée  au  onzième  siècle  (dit  la  légende) 
Maneo-Capae.  fils  du  Soliîil,  li  premier  dieu  des 
liorniiies  du  IMaleau,  eonune  Viiacorha,  ilè(»sse  de 
la  mer,  élail  la  première  divinité  des  hommes  du 
Littoral.  Ainsi  que  les  Aztèques,  iU  eullivaient  avec 
s;>iii,  ils  ari*osaïent  avec  art;  ils  élevaient  au  Soleil, 
leur  père  et  leur  dieu,  des  temples  ruisselant  d'or, 
des  palais  à  leurs  princi's;  Ils  kMissaient  des  for- 
teresses massives,  el  leurs  quatre  grandes  roules, 
parlant  du  Cuzco.  cœur  di?  l'empire,  valaient  les 
V(ties  romaines.  I/Inra  ou  empereur  réunissait  tous 
les  pouvoirs*  mais  son  despotisme  était  plus  ou 


À 


774 


'LA    TERRE   A    VOL    n'OTSRAU. 


i 


moins  tt^mpêré  par  1rs  préceptes  de  inansuelude 
quavafl  laissés  le  révèlaleur.  TouleCoïs,  pour  ne 
rien  cacher  de  la  vêrilé  vraie,  les  peuples  soumis 
par  le  fer  A  Li  nalion  prêpoudéivinli*  êl;uent  t'otilês 
par  leurs  ni.'iHres  avec  oulrecuidance,  et  là  aussi 
les  Iiomnies  étaient  des  frères  ennemis. 
Si  toute  cette  histoire  n'a  pas  él«  embellie  paj* 


les  conleurs  espagnols,  il  n'y  eut  point  de  nation 
plus  heureuse.  Les  Téruviens  d'aujourd'hui,  sortis 
en  très  grande  part  des  anciens  Quitchouas,  peu- 
vent céléhi'er  li'urs  pt>rep,  qui  donnèrent  au  Nou- 
veau Monde  ses  lois  les  plus  douces.  Le  sang  des 
hommes  ne  rougissait  pas  les  autels  de  leurs 
temples;  les  vieux  Pôiliviens  n'avaient   ni   dieux 


{      V 


I 


4 


T|pes  d'incast  liras  de  l'arbre  gi^néalogiquc  ou  descondance  inip^iale.  —  Dessin  do  EîoiL 


grotesques,  ni  dieux  sanguinaires,  mais  a  rarrivée 
des  hlanes  tout  ce  Lordieut'  sV'ijfuit  cormue  un 
songe. 

C'est  au  Pérou  surtout  que  Tlilspagnol  détruisit 
comme  conquénuil  plus  qu'il  ne  créa  comme 
maître.  [ïe  la  eluite  du  dernier  des  Incas  au  jour 
qui  vil  ]>arlir  l'ullirne  soldat  des  gnrnisons  castil- 
lanes, le  tHindire  des  Indiens  y  descendit  au-des- 
sous de  i-e  qu'il  était  à  l'arrivée  iles  routiers  eu- 
ropéens, à  eette  époque  inouïe  où  les  Péruviens. 
éLrauglés  de   surprise,    virent    s'avancer  sur  les 


sentiers  pavés  conslruils  par  les  Incas  une  faible 
troupe  ayant  à  sa  télé  Fraii(;ois  l'izaire.  aupara- 
vant porehep  dans  l'Estrémadure. 

Ce  enpilîiine  de  voleurs  ne  savait  pas  lire,  et  il 
ne  conunaiiiî;iit  pas  à  nulle  sold.-jls.  mais  ces  sui- 
dais étaient  des  Croisés  autant  que  des  sc«>lérats, 
des  hommes  extraordinaires  par  leur  foi  calho- 
lique,  leur  tierlé  d  Kspagnc»!,  leur  endurance  pliy- 
sique,  leur  courage  au  danger,  leur  ardeur  à  la 
mort. 

Avuul  de  parcouiir  en  converlissews,   en  bri- 


77(> 


LA   TKRRK   A  VOL    D'OISEAU. 


^aiids»  en  exécuteurs,  ce  pays  aux  temples  dorés, 
Piz.irre  el  ses  ni.rlîiiidrins  avaienl  soufTerl  comme 
alf>rs  on  Siivait  souffrir.  I);nis  uïi*^  [ireniitM'o  ex|H'- 
dilifHi.  ()ouf  truinjier  sa  f;iiiiu  raticieii  gariifur  de 
porcs  avait  rongr  le  cuir  de  pompe  de  suri  vyjsseau; 
il  avait  été  blessé,  laisst^  pour  niurl  sur  la  place; 
puis,  le  courage  de  ses  lioiiiities  fléchissant,  il 
fraf;a  sur  le  saiiIe  une  ligue  avec  son  épée  : 
<i  Que  ceui  qui  veulent  aller  de  l'avant  sautent 
par-dessus î  »  cria-l-il,  et  parmi  les  fïuelrjuos  sol- 
dats de  sa  Inntpe  ahiniée  il  se  Irouva  seize  Espa- 
gnols pour  fraiicliir  la  raie  d'un  liond.  Tanl  de 
constance  eut  son  prix  t  le  chef  des  Ilueract^clia 
s'ejMjiara  de  l'erirpire  des  liicas.  —  Ihh'i'acocha 
ou  lécunie  de  la  nier,  c'était  le  rtoiu  (juifclioua 
doijiif  jiar  les  Péruviens  aux  liLuics.  que  ces 
pauvrrs  Indiens  croyaient  sortis  du  sein  des  mers, 
et  ce  niini  ils  nous  le  consenent  encore. 

La  nation  des  Quîtchouas  n'est  pas  morte. 

—  Si  lt\s  IVruvii-ns  (ierriaiuiéicjit  Irop  tôt  latnan  à 
la  Iroupe  des  bandits,  c'est  parce  que  depuis 
plusieurs  générations  ils  avaient  perdu  le  souci 
d'eiix-niémes.  Srrviles  par  respect  et  par  crainte 
du  trône,  confianls  dans  leui-s  |)rélres,  surs  de  la 
bienveillance  de  leur  P*^re  eùleste,  le  Soleil,  en- 
doi'niis  par  un  communisme  qui  assurait  à  chacun 
son  humble  destin,  ils  furerd  hW-hes  el  semblables 
aux  moutons  chassés  par  les  louj^is  dès  qu'ils  virent 
leur  roi  vaincu,  leurs  prêtres  hésilanls  el  le  Soleil 
neutre  dans  la  lutte  entre  sou  peuple  et  les  étran- 
gers. 

Voici  trois  cent  cinquante  ans  que  les  Indiens  des 
Andes  Péruviennes  rerurent  le  joug  ignomirneui 
el  ils  n'ont  point  encore  renoncé  puiu'  toujours  à 
leur  inflépendanci!.  Ils  se  sont  parfois  révoltés, 
séparément  ou  en  masse,  iM  sans  doute  que  plus 
d'un  complot  dV3:lenninalion  con(;u  par  eux  dans 
l'ombre  n'éclata  pas  au  grand  jour. 

On  raconte  que  des  chefs  jiîlérenl  deux  lamas 
dans  un  lorj'enl  SiH'li  du  lacis  des  souri'.es  ef  des 
lacs  de  la  Cordillère.  De  ces  lamas,  Tun  était 
blani' :  Tautre  était  noir»  ei  dans  l'esprit  des  chefs 
il  i\'[*résrntail  la  race  indienne.  Le  Innia  blanc  se 
noya,  les  conjurés  virent  dans  sa  mort  un  présage 
sinistre  pour  leurs  oppresseurs,  ils  soulevèrenl 
leur  peuple  :  mais  le  présage  avait  menti.  Plus 
tard  ils  lancèrent  encore  dans  la  rivière  un 
lama  blanc,  un  lama  noir.  Celte  fois  le  noir 
disparut  dans  le  courant,  et  les  conspirateurs, 
effrayés  de  Tauj^nire,  n'osèrent  en  appeler  5  la 
justice  inunaucnlct  éternelle. 


Aujourd'hui,  si  les  vœux  sont  les  mêmes,  Tes- 
poir  diminue.  Que  faire  contre  les  hommes  de  la 

côte,  qui  ont  des  canons  tuant  h  dix  mille  pas, 
des  navires  enirainés  par  le  feu  sur  le  lac  sacré 
de  Tilicaca,  des  (Iles  de  chars  qui  passent  en 
soufllant  dans  le  venire  des  {>»rdillén^s? 

Parmi  leurs  révoltes,  la  plus  terrible  fut  celle 
de  17SI),  conduite  par  le  (Juitclioua  Toupac-Ama- 
rou,  descendant  des  Incas.  Vm  cent  jours  elle 
immola  -iOOOU  Blancs,  et  sans  les  secoui*s  arrivés 
de  Ilnrnos-Ayres  elle  dressait  un  Pérou  libre. 
pour  peu  de  temps  sans  doutf,  pour  loujour: 
peul-éire.  Kn  l'année  JHrii,  un  ly|»hus  qui  décim; 
b's  Indiens  sauva  les  Blancs  d'une  altaqm»  long- 
lemps  Uïédilée.  Un  soulèvement  avorta   en   1800. 

La  Costa.  —  Boi'dc  du  cn!é  des  terres  pai- 
1  Équali'ur,  le  Brésil  et  la  llojivie,  le  Pérou  con- 
lionU*  vt'rs  l'ouest  à  l'Océan  Pacifique,  le  long 
è\m  cnnraiîl  froid  venu  «lu  sud  :  c'esl  le  courant 
de  Ilumbohll.  dont  les  eaux  ont  ici  près  de  douze 
degrés  de  moins  que  la  mer  qui  les  presse. 

La  7one  conquise  entre  le  Grand-Océan  el  le 
jji'd  do  bi  montagne,  la  Costa,  dur  nvago.  esl  une 
Terre  chaude  où  lo  soleil  brrtle  et  où  il  pleut  si 
peu  que  vingt  el  Irente  ans  n'y  donnent  pas  une 
averse.  Or,  pas  d'eau,  pas  de  jïlanles.  Dans  les 
ft  vallcs  de  la  Costa  h,  il  n'y  a  de  culture  qu'au 
long  des  torrents  andins  et  sur  leurs  canaux 
d'irrigation. 

Ke  18i7  h  1877  rien  ne  tomba  du  ciel  sur 
Payla,  ville  littorale  dans  le  Pérou  du  nord,  et 
quand  enfin  l'orage  s'abattit  sur  elle,  dans  le 
canipo  [julvérulent  coub»ur  de  cuir  j'an\e.  au  mi" 
lieu  des  saliles  morls,  des  horizons  arides,  il 
délaya  ses  maîsonst  qui  ne  sont  que  murs  de 
terre  et  carcasses  de  bambou,  traça  des  lits  de 
torrent  dans  ses  rues  ei  dégrada  le  chemin  de  fer 
menant  ïi  Piura,  ville  sur  la  route  des  Andes  nu 
bord  d'une  rivière  verte  issue  de  la  haute  mon- 
tagne. Dans  ci'tte  Payla,  non  plus  qu'à  Lima  et 
autres  villes  de  la  zone  riveraine,  on  ne  con- 
naît le  roulemenl  du  tonnei-re  el  le  zigzag  de 
iï'clûir;  lel  vieillard  n'a  jamais  oui  les  «  rapides 
frêmissemenls  et  les  grainis  murnmres  mena- 
çants i>  ^  de  la  foudre  ;  on  dit  que  la  métropole 
péruvienne  ne  les  a  pas  une  seule  fois  entendus 
de  I8Û5à  1877. 

Andes   Péruviennes;   lac  de    Titicaca.   La 

1 .  El    rapidi  fremila»    et    murmura    magna   titittnrum* 

;Lucrâct:.) 


Pl-ROl. 


777 


Montafia.  —  En  mnint  endroit  so  drrssont.  entre 
le  lillor.'il  cl  l«"5  Amio;*,  ik'  pt'liU'S  nuïtjLi'fnrs  cA- 
lirres.  l'ne  de  ces  chaînes,  dans  le  IVtou  du  nord, 
fitrmo  la  vallée  de  Saiiln,  plus  arrostS'  que  les 
auhvs,  à  rause  d'une  Invrhe  des  Andts  pnr  où 
passent  les  vi*nl^  ali/és  :  ertle  vflllêe,  hvs  v'wUc 
au  temps  des  Inoas.  redevient  .uijftiird'liui  le  gre- 
nier des  Liniéniens. 
En  gMvissanl  les  Andes,  un  monte  aux  Terres 


tempéives  et  fraîrlies,  avenir  de  rArn(*'rif|ur  espa- 
gnole, el  |Mirliculi«'*remen(  du  iVinu. 

Sur  les  talus  desTJerrus  t»'ni[d.idas  eldes  Tirrras 
frins,  sur  leurs  plateaux»  le  Itlunc  ne  erainl  ni 
les  êpidi-mies  de  In  xone  lorride,  ni  ranêniie  et 
lîi  ruine  du  r4ir|is,  ni  la  <léeiideiiee  de  l'àm*',  ni  In 
mûri  de  la  volonté,  ni  la  lin  de  la  faniille.  Même 
les  Andes  Péruviennes  sont  par  excellence  une 
région  de  grande  longévité. 


Dam  lec  Aiitlcc  PéfnTienaes.  —  Dcttio  de  Rioti 


K 


Aû-dessus  des  sables  do  l'Aliicama,  littoral  de- 
venu cliilien,  de  bolivi<m  qu'il  ôImI,  la  Cordillère 
se  dédoulde,  en  venaril  du  sud. 

l^  eliaine  de  droite  sVn  va  dans  la  llolivie, 
relie  de  gauche ^  h  laquelle  ont  pari  Bolivie  el 
Pérou,  est  une  des  crêtes  suprêmes  iJe  l'Ami^ 
riqne  du  Sud,  un  long  el  haut  chaos  désolé,  pres- 
que sans  blancheurs  de  neige,  aride  el  sec,  on 
sous  peine  île  mort  il  faut  suivre*  les  senliei's 
lmct»s,  jusqu'à  des  cols  ouverts  en  moyenru'  à 
4000  nièlres  an-dessus  des  mei^s,  On  iginin*  le 
nombcc  di*s  volcans  de  celte  échine  et  l'altilude 
de  pn*sque  tous  ses  gramis  pics;  le  l.irima.  au- 

0.  RrcLD».  Ia  TiCHMir  *  tol  l'uismi. 


quel  on   donnait  généreus4*menl   7150  mètres,  a 

cessé  d'élre  p^'TUvien  d*^puis  la  perte  df  la  pro- 
vince de  Tnrapac.'i;  le  \nlran  lluallatiri  monte  k 
0000  mètres;  le  l'arinaei»i;i.  liiil  aussi  de  laves  el 
basaltes,  à  i\7tl6\  le  Pomanipé,  son  voisin»  t'i  tî'i5t); 
le  Tacora  ou  C.hipicani.  li  0017:  le  Misli  ou  volcan 
d'Aréquipa.  à  01(10;  après  quoi  la  sierra  s'abaiss4« 
et  l'on  ne  trouve  plus  de  numls  nammiféres  quVi 
ir>0<*  kil»»mè|res  nu  seplrntrion,  chez  le  peuple 
des  Ecuad<«rianos. 

A  quelque  hauteur  aérienne  que  ces  moiilagnes 
colossales  du  Pérou  portent  la  tête,  vues  du  pié- 
destal dêjlï  céleste  qui  les  porte,  elles  n'ont  sou» 

U8 


778 


LA    TRRRE    A    VOL    D'OISEAU. 


vi'iir  ni  Ih'auLr,  ni  diversilé,  ui  graudi'ur;  boau- 
vmi[i  stHit  trapus  el  gauches,  presque  lous  sont 
lit;;'i(l>i'ps.  nuis  [iltis  d'un  est  spliMulido.  Ti'l  It? 
Misli,  la  |iyraiiii(i«'  yran(Jiosi'  ijut»  pcr-soiinG  pncort* 
n'a  gravio  jusqu'au  faite  cl  qui  depuis  plus  de 
trois  fpiils  nns  ii\i  vruni  ui  (Vu  ni  pâli*  etiHam- 
nuV;  il  domine  Amjuîpjj  dans  son  heureuse 
oasis  du  lleuve  Chiri,  qui  est  à  2556  mèlres  d*ul- 
lilude;  —  celle  ville  est  une  îles  plus  viliiniilos 
qu'il  y  ait  :  ou  Ireud'-ipialn*  ou  (reule-riui]  iius, 
de  1811  h  lNir>,  If  sol  y  a  trcniLlé  820  lois  :  soit, 
on  moyenne,  deux  chocs  par  mois,  ou,  comme 
disaient  si  hien  nos  niicêlres,  auxquels  noua  re- 
jKvnuns  ce  mol,  deux  li'end>Ii'lei'res. 

l'jitre  les  parages  do  la  (viinlillm^  Occidetïtalo 
où  se  drosse  le  Misti  ot  la  ivgîoii  de  la  Cordillère 
Oi'ienlale  d'où  sVlaiiicnl  les  plus  grands  rnotits 
do  Holivio,  Itliniaiii.  liuaina  l'olosi,  ^evado  do  So- 
rata,  plus  hauts  que  le  Misti  ini>nie,  s'èl*»nd,  froid 
el  séVL>ro.  un  lias -fond  de  10  à  11  uulli^vns  d'hec- 
lares  :  bas-Cond  parce  qu'il  a  des  Andes  h  sou 
tev,'uU,  des  Andos  à  son  couchant,  mois  le  grand 
hu;  que  clierclieïit  ses  rlus  réilécliil  le  soleil  ou 
la  nuit  sereine  à  unt*  élêvalioii  qui  drjiasse 
de  438  mètres  la  hauteur  4le  la  plus  nllièrc 
des  Pyrêio'MîS. 

Ce  IMaleau  pL^ruvirn  ou  Plateau  de  Tilicaca 
porte  â  bon  droit  ces  deux  nf>ms  :  Plateau  de  Tili- 
caca  parce  que  le  fond  de  sa  cuvetle  est  reuqdi 
[lar  le  h'j^u  de  liticaea  ou  de  tJiucuilo;  Plateau 
Pôruvitiu  parce  que  d'une  île  do  ce  lac  sortirent 
les  législateurs  du  Pérttu,  Maneu-Capac,  le  pre- 
mier des  Incas.  el  sa  cojnpa<,Mie  Marnnia  Oello.  Le 
Tilicaca  sepand  sur  HiOOOO  hi'ctares,  h  ôXA'i  n»tV 
Ires  d'altitude;  il  a  pour  émissain*  un  paisilde 
«  desaguadero  m,  une  rivière  holivienne  qui  n  ai- 
teint  |ias  rOcèflu. 

La  w  Sierra  allisinia  '  »  holivienne  qui  mante  à 
l'urienl  du  lac  devient  peu  après  péruvienne  et 
s'avance,  Ttioins  élevée  qu'en  Polivie,  mais  1res 
lière  encore  et  prodi';ieuseiucut  sciée  par  une 
infinité  de  torrents  du  bassin  des  Amazones  for- 
mord  les  inuncnses  rios  nommés  Madré  de  Dios, 
Quillabauiba,  Apurirnae,  Mantaro;  l^d  de  ses  pics 
dt^passe  5300  mèircs,  dans  la  ré^aon  du  Cuzco, 
qui  (»sl  le  pays  des  graiuls  souvenirs  du  peuple 
iiuiteliou.'t.  (|uand  ii  était  magnifique,  an  moment 
menu»  de  devenir  pauvre,  bas  el  désespéré.  Au 
Cerro  de  Pasco  (.i,30'2  niê(res)  les  deux  sierras 
d'Est    el  d'Uuest   se  rejoignent    pour   se  séparer 

1.  Uot  à  niût,  cliatne  tr^  Imute. 


bieulôl,  el  celle  foison  trois  chaînes  :  Cordillère 
d'Orient  ou  de  l'Amazone,  Cordillère  Centrale, 
Cordillère  d'Occident  ou  du  Paeilique,  ou  encore 
de  la  Costa.  (Àdle-ci,  la  plus  «  exaltée  »  des  trois, 
est  écliancrée  de  cols  fort  accessibles  qui  li'oul 
guère  que  220D  â  2i()0  mètres  dans  le  pays  de 
Cajamarca  :  l'épine  vertébrale  de  rArnérique  du 
$uû  est  ici  comme  à  demi  sciée  entre  la  dépiv»- 
sion  panainénienne  el  la  cassure  de  Pcrcz  IV)sa- 
lès,  dîins  le  Chili  méridiiuial. 

La  Cordillère  Occideidale  et  la  Centrale  vont  se 
ressouder  au  nœud  de  Loja,  dans  l'Ecuador  du 
Sud.  L'tJrieidîde  ne  les  rejoint  pas  et  va  se  perdre 
sur  les  plaines  de  l'Amazone  :  vue  de  là,  d'un 
piéde.-lal  bien  moins  élevé  que  les  autres  Andes 
Pèruvitmnes,  par  cela  même  elle  [laraîl  plus  gran- 
diose, el  comme  elle  est  infiniment  mieux  aï-rosée, 
elle  a  plus  du  sites  gracieux,  plus  d'harmonie, 
plus  de  terres  fécondes.  Les  plaines  sans  fin  qu'elle 
domine  poiienl  h'  nom  de  los  liosqnes.  ou  les  Bois, 
les  Futaies,  et  plus  gêtiéralemeiit  celui  de  Mon- 
taùa  :  ce  qui  ne  veut  point  dire  Montagne,  comme 
un  Finançais  riinajzine  aisément,  mais  hien  pa\s 
de  Ibrèls,  de  juènie  t|ue  le  mot  u  moule  n  désigne 
plus  souveiil  un  bois,  nue  colline  boisée  qu'un 
nnint. 

Kl  de  fuit,  dans  celte  Montana,  d'immenses  fo- 
rêts se  suivent  d'horizon  en  horizon,  miraculeu- 
sinneiit  touffues  par  le  souverain  pouvoir  des 
jiluies  chaudes.  Si  rien  au  inonde,  pas  même  en 
Sîihara,  n'est  plus  sec  el  cuit  que  la  Costa  loin  des 
nceqnins',  rien  en  Amérique  n'est  plus  mouillé  que 
la  Montaiia,  plus  exiravagant  en  plantes,  Hottes. 
tiges  enroulées,  jets  incoercibles;  là  seulemonl 
est  le  Pérou  (ortunè  (quoirpie  moins  riche  en  or), 
le  Pérou  Iropical,  où  pénétrèrent  peu  les  tjui- 
t^'lionas,  peu|ile  de  plaleau^  et  aussi  de  littoi-iil, 
qui,  né  dans  un  pays  chaud  en  lias,  froid  en  haut, 
partout  indigent  et  sobre,  semble  avoir  redouté  la 
Mmitana,  ses  cognons  obscurs,  ses  bois  plus  (d)s- 
cm^  encore,  sou  ciubérance  insolente,  ses  sau- 
vages invisibles,  guettant»  la  lléche  h  Taix',  et  sur 
la  lléche  un  poison  mortel. 

Le  Maragnon,  TUcayali.  Prodigieux  che- 
mins de  fer.  —  l>e  même  que  les  pluies  s(uit 
rai'issiitjes  sur  le  vei^sanl  du  Pacifique,  de  même 
il  y  a  relativement  |>eu  de  neige  sur  la  montagne 
<»ceidenlale  ou  ceuti'ale,  cela  jtar  l'extrême  siccilé 
de  l'air  :  sous  l'Éfjuateur  ménie,  les  Andes  ont 
plus  de  neiges  persistantes  que  sous  le  20*  degi'é 

t .  Canaux  d'irrigatiou. 


L 


éééM 


770 


dans  Irft  t'nrtiilKnos  [(tTUvioniies.  Aussi  les  tor- 
reiils  du  (Vrou  nH'*ridi(»niil  outils  peu  uu  pas 
d'ciu,  rpt'ils  loriilnMit  dans  los  Ynlli's,  qu'ils  dos- 
ctuidt.*nl  au  Tilio.iea,  qu'ils  s*»''gai't'iit  sur  d*îs  pla- 
Ieau\  cliargi's  du  salptUro,  de  borate,  dt*  tii(i*ate  cl 
l'i'FdorcsJN^iu'iw  di>  Si*!,  mais  a  snii  oriciil  rhur^i*' 
rli*  pluies  !('  IVtou  rompos**  les  grands  rios  d'où 
liait  r.Vnmzont'. 

I.o  M.7rni,^non,  qu'on  regai'do  à  lort  ronniu*  la 
hraurhe  inallressi*  du  tnaitiv  des  lU*uves,  roule 
des  monts  du  Corro  de  Pasco.  Il  a  pour  souivc 
ti^  Nitpe,  tio  de  fiO  kiloniètros  qui  nièli*  i^on  onde 
à  celle  de  rèniissaire  du  Lauricoclia. 


Le  Laiiricoelia,  qui  passa  Itnigtemps  pour  la  pre- 
mière urne  du  fleuve,  reflèle  un  riel  <;laeial.  à  ViOO 
mètres  au-dessus  des  mei-s,  à  moins  de  'JOO  kilo- 
mèlresduPaeiiique,  h  plus  de  5000  de  J'Allanlique 
uù  le  Heuve  a  son  tombeau  :  pour  eoin|mrer  le 
petit  au  très  ^'rand,  noire  Loiiv  nail  ainsi  près  de 
la  lijédilerranèe  et  va  se  perdre  dans  l'Atlantique. 

Le  cours  supérieur  du  torrent,  car  la  future 
mer  rl'eau  douce  ii'esl  qu'une  rivière  inqiéhteuse, 
a  8ÛU  kiloriiêlJ'es.  la  longueur  du  Hliône.  Il  passe 
près  de  Oajainarca,  l'antique  cilé  où  vivent  des 
descerïdards  des  Iiicas,  la  ville  sacrée  pour  les 
Quilcliouas    qui   rêvent   encore    d'indépendance: 


Dans  les  marais  de  li  f'ainp.i  iJcl  Sacramcnto  (Voy.  p.  7W)  — DftStin  de  Hiou. 


puis,  au  lieu  de  percer  ii  l'ouest  In  Cordillère  de  la 
Casta  pfMir  tomber aussit(\t  danslePacilique,  iléven- 
lre;i  Test  la  Cordillère  Centrale  par  ilouze  à  quinze 
pongos  ou  délités  :  dans  le  dernier  de  ces  passages, 
au  pongo  de  Manserichc.  il  se  conlracle  à  ÔO  mè- 
In^s.  au  lieu  des  ^00  mètres  de  large  qu'il  a  tant  à 
l'amonl  qu'à  l'aval.  Ces  éiroils.  ces  rapides  n'op- 
|Mjscnt  pas  d'o!jsla(*le  insunnonlalde  aux  lianpies. 
Leur  iiivru  de  pon^o  est  rallêratiun  du  mot 
quiti'lioua  «  pounc<»u  m.  (|ui  \eut  <lire  porte;  ret 
iilifinie  régnant  i'ni'on*  dans  le  pa\î*.  une  l'ouli* 
de  noms  de  lieux  »onl  les  marnes  qu'avant  la 
Conquête;  les  aulie**  sont  espagnols  imi  bi/urre- 
nicnl  compostas  «le  ternies  \n\^  aux  deux  langues, 
comme  Polvoruyncou,  rivière  de  la  Poudre.  Cocha 
(lac),  yacou- (rivière),  ail  (pont),  ourcou  (mont). 


cnjas  (hauteur),  pampa  (plaine),  llaela  (pays), 
rounii  (pierre),  pouma  (lion),  haloun  Igrand),  ou- 
tehou  (fietil).  ynna  (noir),  youra  (blanc),  poucn 
(muge),  etc.,  ces  radicaux  et  d'aulres  contribuent 
.'i  nonmier  un  grand  nombrt^  de  lieux. 

L)ès  lors  le  Meuve,  qui  a  déjà  son  lit  h  moins  de 
ir>^l  mètres  d'allilude,  ciujIc  vers  l'est,  en  pliiincs 
boisées  ou  en  cam|»os  nus  qui  di>nnent  à  la  nation 
péruvienne  un  grand  tlistrirl  de  Terres  chaudes.  Il 
y  reiH'ontn*  le  lluallag;i,  Im'Hc  rivière  na\igable 
qui  devient  de  plus  en  plus  la  roule  normale 
entre  l'EunqH*  et  le  l'érou,  puis  il  m-  double,  il 
se  triple  peul-éire  par  l'accession  de  l't Cayali, 
large  et  tortuiMix  torrent  venu  de  bien  plus  tuiu 
que  le  Maragiion  lui-même. 

LTc^yali  nail  h  cinq  degrés  au  moins  plus  au 


780 


LA  TF.HRE  A  VOL  D'OISEAU. 


sud  qiie  le  Maragnon,  diiïis  l«*  fouillis  df  monls 
qui  d'Arêquifia  sf'piireiil  Ir  Cuzco,  par  un  rliaos 
dt;  sîprriis,  cuinbrcs^  parairios»  vallées,  prôcipti'cs. 
Sous  le  nom  d'Aixturiiiiati ',  c'est-à-diro  de  Grand 
lap.'iji.»Mr\  il  ('iniK'  daos  dos  gorf4;i^s  Irrrildes,  hoil 
If  Miinlarc»,  If  Uuillaîianiljii,  puis,  lurgL'  t^oiunu»  les 
grands  lliMives  vaiiupipurs  de  la  grandi*  montagne, 
il  s'rpatKHiit  iMi  Iji-as,  il  sr  lumclc  l'ii  aniph*s  an- 
tiL'aus  d.iris  les  plaints,  marais  el  ioriMs  de  la 
Pampa  del  Sircramento  et  ccniduil  au  Maragnaii 
une  eau  visildeinent  Mijiérieure  à  h)  rivière  êcliap- 
piMMtu  pnn^^ii  de  Maiiserie-he.C"esï  la  vraie  tt  mère  » 
du  fleuve  des  Amazones. 

l'ouï-  unir  au  (Jraiid-Oeèarj.  par-dessus  le  dos 
lièrissé  des  Aud>'s,  les  alOuents  iiavi«;ables  de  ce 
fleuve  des  Amazones,  qui  est  comme  un  g<dfe 
énorme  de  rAllanïiipie,  le  Pérou  vient  de  vim- 
struire  les  eliemttts  de  fer  les  plus  liaixlis  du 
monde. 

Si  le  i'arneux  l'acilii|ue  des  Yankees,  dans  sa 
roule  enlre  les  plaines  du  («rand-Ouest  cl  l'heu- 
reuse Kriseo"\  Intvcrse  li's  Boehenses  et  la  Sierra 
Nevada  par  des  nds  de  SMHI  niètrvs  d"allitude,  les 
voies  péruviennes  s'élèvenl  à  des  liauleni-s  dépas- 
sant i'itlù  niiMres.  Un  tildu'al  sans  pluies  oii  l  été 
na  ni  comnienirinejit  ni  lin,  elles  montenl,  le 
long  ties  cagnons  granditvses,  par  eorniclies,  cuur- 
bi's,  f»on|s,  li'anrhées  et  Innnels,  justpji*  sur  les 
p/ii'iMrms  où  l'élè  liii-nuMne  est  glaré  par  In  bise  : 
telles  la  li;5me  dr  Linja  a  la  Oroya  el  celle  de 
Moltendo  à  Piuio.  port  du  lai-  de  Titîeaea.  Tes  on- 
viajtîes  iMUil  de  péruvien  i[ue  le  sol  ipii  les  porte 
e(  nue  partie  des  terrassiers  fpii  les  élalilircnl; 
eeux  *pii  les  ont  eornrus,  eeux  <[ui  les  otit  tracés 
venaient  de  l'élranger.  tlt*  sont  des  Yankees  cm  tIes 
Kuro]>éens  qui  relieiit  entre  eux  les  tronçons  du 
futur  euïpire  laliti,  aliaisseïil  les  rnonis  de  TAnié- 
riqne  es|ia^^niite  ou  |iorlnf;aise.  longent  par  des 
voies  rajndes  les  u  raudales  i>  et  les  casrades  qui 
trasseni  le  eouis  des  grands  rios,  el  taillent  des 
roules  en  ligne  droite  au  cheval  de  fer  dans  les 
[Kimpas  philêennes. 

Les  Quitchouas,  leur  langue  Races  et  Tilles. 
—  (In  aeeorile  au  Pérou,  sans  en  étrn  bien  sùv, 
tiTODOOLÏ  Péruviens,  vivant  aux  ahiUides  les  plus 
diverses,  du  niveau  de  la  mer  a  4-y.>4  métrés, 
hauteur  de  la  maison  du  eol  di»  Hiinahuasi  ojitre 
le    (lu^co   et   l'uno. 

\ .  SoininpLs. 

;!.  ÏVs  mtiiïi  quifrluvia*.  ajtou  —  inaini;,  sciync'ur  —  el 
rhtiac  —  IruyaoL 

3.  Nom  jj'ijjulaii'e  de  Son-Fmncisco. 


Là-dessus,  on  suppose  que  I  555000  appartien- 
nent il  la  race  indienne.  372  000  à  la  race  blanche, 
070 000  à  la  race  croisée,  aux  Métis;  53OO0  sont 
des  Nègres,  51  000  des  Chinois. 

Les  Indiens  sont  eu  majorité  des  Quilchouas, 
bordés  au  sud  par  des  Aym.^ras  qui  parlent  une 
langue  très  différenle  pour  les  mots,  mais  gram- 
maliralement  coulée  dans  le  uxètûp  moule. 

Les  (Juilehouas  lirent  ce  nom  iTun  mot  de  leur 
langue  signifiant  coulrée  tempérée,  par  oppo- 
silimi  à  Puna,  contrée  froide.  On  dinil  que  ces 
homnu's  olivâtri^s  el  laids  portent  le  deuil  de  la 
grandeur  de  leur  race:  il  n'y  a  id  gaieté  ni  bon- 
heur de  >ivre  derrière  la  mélaneolique  résigna- 
tion de  leur  visage.  Foulés  jadis  aux  pieds  par  les 
«  ilueracocha  »,  —  et  ils  le  sont  toujours,  mal- 
gré leur  vain  ren(*m  de  liberté»  —  ils  ne  les 
aiment  point  et  se  retirent  d'eux  autant  qu'ils  le 
peuvent.  Celle  sauvagerie  ajoute  encore  à  leur 
tristesse  nalurelle;  jusipi'à  la  joie,  tout  chez  eux 
semble  sortir  d'un  cœur  désabusé.  Volontiers 
diraient-ils  comme  telle  autre  peujïlnde ,  in- 
dietme  aussi,  voisine  iUi  Pacifique  lUr'xieain  :  «  Le 
phnier  grandit,  le  c*irail  s'éhunl,  l"ln>mme  s'en 
va  i). 

Cette  timidité,  cette  sournoiserie  d'allures,  cel 
espril  morose,  cette  âme  qu'on  dirait  fatiguée, 
toute  cette  vieillesse  apparente,  cachent  le  senti- 
ment ihi  devoir,  un  amour  profond  du  pays,  une 
invincilde  téiiacité.  Sans  le  liasard  de  la  conquête 
espagnole,  ils  seraient  devenus  un  giiuul  iMU|di^ 
croissant  à  la  romaine  par  rétablissement  des  fa- 
milles conquérantes  sur  le  territoire  des  tribus 
cunqidses;  tandis  que  par  la  huigue  brutalité  de 
fenrs  rnailr**s  ils  sont  un  tiiiiipeau  d'es^daves  qui 
n'espère  plus  briser  ses  ciisines,  et  qui.  prenant 
la  vie  pour  un  voyage  dans  le  travail  el  la  dou- 
li^ur,  fait  sa  tâche  et  soulTre  sans  se  plaindre, 
aya[it  [huit  joies  sa  solitude,  ses  chants  en  vieux 
langage  indien,  quehjues  fêtes,  l'ivresse  obtuse 
avec  Peau-de-vie  de  cliîcha,  el  la  feudle  de  coc^i 
qui,  lentement  mâchée,  bande  ses  nerfs,  tremp<'- 
ses  muscles. 

Les  Péruviens  de  souche  indienne  ont  adopté  la 
religion  romaine,  mais  ils  ont  retenu  leurs  idio- 
mes nationaux. 

Dans  la  contrée  du  Sud  régne  encore  l'aymani; 
au  centre,  au  nord^  dans  la  majeure  partie  des 
Icrn's  de  l'Llat,  c'est  Ir  quitchoua»  l'ancien  parler 
des  Incas,  langue  diflicile,  compliquée,  aux  longs 
mots,  exlraordinaireirienl  poétique  et  presque  faite 
pi>ur  exprinier   l'inexpiîmable.  Co  langage  moulé 


I 


782 


LA    TKIIHE    A    V(»L    D'OISRAU. 


sur  l'âmt?  prafoiide»  obscure  et.  réservée  cK»  Tln- 
dien  est  m^mc  employt^  par  do  nombreux  fils  des 
Cnnquisl.idort>s.  I^BDODO  n  l  500  000  FV-ruvii^ns 
n  oril  p.'i:^  d'jiutrc  itluiim;  djins  les  di'parltMiïenïs  dn 
Punu,  du  Cuzcu,  d'Ayacuclio.  dans  une  portion  de 
ceux  de  lluaneavrlica  ei  ile  1nuj:i.  et  (!<•  I,i,  spora- 
cli<iuptiioril.  jusrpie  iUms  riJiualeiir;  iiver  li's  E([ua- 
loriens.  les  Boliviens  et  le  peu  d'Argenlins  qui  lui 


soiil  restés  fidèles,  ii  es(  l'organe  de  presque 
doux  millions  d'hommes. 

L'espagnol.  I.nngne  dis  iiï;*in*s,  ci  genle  dislin- 
guida  t>y  domine  sur  le  litloral,  dans  les  Vallès, 
dans  les  grandes  villes,  el  sert  partout  de  lien  oni- 
ci*'!;  il  ionf|uierl  peu  à  peu  le  pays.  Utï  le  pai-jiî 
ici  forï  iiien,  cLureniniL  hainionieusement. 

Si  déjà  plus  de  50000  Ciiinais  sont  (ixés  dans  le 


Lima  :  vue  géoéralc.  —  Dessin  de  Lanc«luL 


Pérou,  18000  européens  seulement  sont  venus  de- 
mander la  foiluiH.^  ou  seulement  la  subsistance  h 
coUe  contrée  si  peu  esfia^niolisée  enroiv,  Inon  (pio 
jadis  elle  rerùl  plus  d'Espajj^nols  (et  aussi  de  lïas- 
(piesj  que  la  [jJupart  des  |iays  de  TAnjérique 
latine. 

Parmi  eux  les  Italiens  doniiruMit,  puis  les  Fran- 
çais. Pres(|ue  tons  vivent  .i  Lima  ou  dans  les  villes 
de  la  cote;  l'url  peu  MumterH  sur  les  plritcaux, 
mais  on  houve  un  peu  partout  riioiume  aux  yeux 


bridés  venu  pour  tout  travail,  extraction  de  guano, 
chemins  de  ler,  plantaliims.  niétioi-a  divei-s.  Jean 
de  Cliiru'  est  univoi'sel. 

La  rainlale,  Lima  (100000  liai».),  ville  de  |>lai- 
sirs,  delêgance,  d'irutidenee,  de  bon  t*iii,  borde 
le  liimar.  c'est-à-dire  le  brn\ant,  ilesrendu  de  la 
l'onlillêre  de  la  Costa,  Ses  m.M>ÉUis  d'un  élage.  s*'s 
banales  églises,  brillantes  dor  et  d'argent,  ses 
cloîtres  déserts  portent  sur  un  iiol  souvent  agile, 


pfinor. 


78S 


par  I7r>  nn'Mivs  t»nviroii  d'allilude.  h  li  kilomèlres 
(In  (]i*llao  {,"4000  hah.),  son  port  sur  Taiît'an 
l'nrifi<|in'.  Sttuôe  tians  la  zoru*  stTi'iiissime  du 
IV'i'uu,  il  n'y  pirui  jamiiis.  Que  deviendrait  celle 
ville  tle  l>rî(|ues  si^'hées  au  saleil  si  de  grands 
orages  y'aUiKîiii'iil  sur  (dlo?  Connue  le  faubour*; 
do  Toulouse  ojihiiitiL*  pw  1j  GaruiiHc  liii  lK7'»,  la 
rite   des   Liitieiueimes,   qui   sont   les    plus  jolies 


femmes  de  ^'Arriêriipie  i'spagni)le.  prendrnii  avec 
le  Rimao  le  clu'miii  du  iimiid-Ocêîiu.  La  «  ville 
des  rois  »,  ou  plutôt  des  viee-rois,  masse  ^rise 
sous  un  ciel  griï^,  d.iiuier  de  maisons  basses  au 
bni'd  de  rues  étï'oites,  possède  les  plus  vigilants 
des  entrepreneurs  de  salulnil*'  puldiipie,  neltovAo 
qu'elle  est  par  de^  vauloui's  à  loule  heure  *lu  jour 
Cl  de  la  nuit  :  du  hnul  des  airs,  à  de  prodigieuses 


Le  Ciuco  :  Tu«  génénle.  —  Dessin  de  Luicetot. 


distance^,  rcs  clinuves  oiseaux  vomces  voient  et 
serileni  la  moindre  clinrogne  abandonnée  sur  le 
pavé  de  la  Ciipil;de;  ils  ne  se  dérangent  dewuil 
personne  el  personne  tie  les  (l«W'ange. 

Le  r.nzco,  sur  un  tributaire  de  nVayali.  [cir 
3405  mètres  d'allilude.  ne  renferme  que  18000  b.i- 
bilnnls.  ladiens  pour  la  majeure  partie.  Auteui-  de 
eette  ville  eornirieneu  l'empiie  d<'s  Incas;  sur  une 
de  ses  places  le  dernier  deseendani  du  Soleil,  le 
elief  des    partisans    de   rindèpendance  ,   Toupac- 


Amnron.  wïigna  sous  le  glaive  espagnol  <ivee  toute 
sa  rdniilli»;  e'esl  dans  le  [>ays  où  l'ile  s'élève  et 
dans  celui  de  Puno  que  1rs  Quileliouas  ont  le  mieux 
g;irdé  la  jHireté  de  li'ui*  sang;  enlin  e'esl  dniis  les 
maisons  du  (Ativo  que  ivsoune  le  meilleur  langage 
de  ce  peuple.  Les  Indiens  lu  regardaienl  (-onnue  le 
nombril  de  la  Terre,  ainsi  qu'on  (éninigne  le  nom 
mêïne  de  Lozvco,  qui  signilie  ijimiliril.  helplies, 
cliez  les  Grecs,  fut  aussi  le  nomliril  dti  monde  ;  il 
nVn  reste  que  des  cliautnières.  tandis  que  le  (  JI2C0 


781 


KA    TfJUlK   A    V(lL    n'niSKAF. 


gavdi'  encore  quoUjuo  chose  du  rang  et  des  hon- 
neurs truno  grande  ville,  mais  c'est  un  lieu  Irisle, 
avec  peu  de  pnlais  et  henin'oiiji  de  <'ahnnes,  entre 
des  rnoiUs  sêvtres,  sous  un  eiel  fruid»  neit^eux, 
brusquonienl  ehangeanl,  moins   l'ail  d'azur  suhfii 


que  de  nuiiges  luurds  d.ins  dos  vents  lugubres;  il 
y  pleut,  dit  le  proverbe.  400  jours  par  an,  el 
nulle  SnTison  n'y  calme  les  rumeurs  du  iluatinay. 
torrent  rapide. 


EEploitatioa  du  guano  aux  Ues  CUinctiafi.  —  Dcs&in  de  A.  de  NcuvUIe.  d'après  une  fibotograpUio. 


Iles  Chinchas.  —  Près  de  la  rMe,  au  mitli  du 
(a'iïl.ui ,  surt:issenl  les  Iniis  îles  t^liineluis,  ijui 
furenl  le  (résor  du  Pérou  par  leurs  amas  de  f^uaiio 
iimniouinr.al,  engrais  qu'ont  lentement  acruniuk^ 
les  déjoctioiis  des  oiseiiux  de  mer.  siius  un  elinial 
sans  pluie,  où  l'ordure  reste  en  place  el  devient 
colline  avec  les  aniȐes.  Ce  futnicr  trouve  grande 


faveur  dans  l'Europe  occidenlale,  et  c'est  pour 
nos  (erres  (lue  les  Chinois  rensarlienl  :  sous  les 
bluffées  d'un  aij-  qui  prend  à  ta  ijorge,  ils  ont  en- 
levé jusqu'au  di'riiier  les  douze  h  quinze  millions 
de  ionnejux  d'excrèmenls  pulvérnlents  des  trois 
Cfiinehns,  mais  ce  TiUoj'al  possède  beaucoup  d'autres 
roches  à  guano. 


BOLIVIE. 


7S5 


s^. 


-O^; 


U  PtiDibra^a.  —  Oostia  de  Ta^lor,  d'aprcs  une  |iliolo{p*apIiic. 


IJOLIVIE 


Andes  Bolivienues  :  Puna,  Puna  brava. — 

Avant  hi  ^MM-rrc  l'iilro  irôri*s  »|ui  a  fli'cliiiv  Irois 
pays  Miil-arn*''i'i(*iii»s,  le  l'.ir.'iguiiv  i'U\'t\  h' seul  VA»i 
du  double  conlinent  qui  nViV  auriiii  rivage  de 
iiUT.  Ihpiiis  i[Ut'  If  Chili.  Viiinqueui'  «li*  U  IWllvit* 
<•!  ilii  l'éjiiu  ligut's roiitrc  lui,  s'(»sl  i'mj>;iivj't  «  tout 
jaiunis  d  du  dt^SLTt  d'Alarîuii.).  Iill(»r;ildu  Pacilitiu^'. 
les  Ikdiviens,  pi'ivi's  d»;  rc  Siiliara  priidigu**  i-u  inô- 
taux.  sont  (lovcuus  un  ixMijdc  i'Ss»'iitJ»'IU'ini'nt  ron- 
tincntal  ronunr  1rs  r>uuninis  ni.tl  cspa^tiulisês  du 
Paraguay. 

IK'incruhr'LMïïi'ur  Af  lanrirniH'  vicc-royaul*'  du 
Pérou.  I«  li*t|i\i('  (Hirle  uu  nom  tout  modcrni-  i|ui 
n'a  aucune  raciue  dans  le  \i**ux  sol  des  \yniaras 

0.  lUckUs.  La  Tenue  t  tm   u'iM^tai;. 


il  des  ï>uitrhouas.  Kilo  eCit  dû  s'appeler  Bolîvaric 
puisi|n't'lli*  doit  ('•liM'iiisi'r  la  rornoiin'  do  Bolivar. 
Il»  pniiripal  Ih'tos  '  do  rindt'pfMulanci»  di^s  Aniêri- 
cains  laltiis.  Brésiliens  à  pari. 

Lrs  nnli\i*»ns  ne  s'accordent  pas  sur  les  Iiinil4s 
de  la  Bolivie  avec  leurs  voisins  à  l'orient  des  AndeH 
Le  eoidlil  porte  sur  des  d*Vrts  :  jug^  contre  lii 
lUdi\it\  il  lui  enlève  de  grandes  valliS*!i,  mais  tr^s 
peu  de  !titli>ii'ns.  Ku  UCT.  uu  président  o  cédé 
nus  Néo  Lusitaniens  un  vaste  territoire  en  litige  ; 
en  1880.  les  ChtlieuH  ont  confisqué  rAt.icnmn  ; 
re|K'ndant  il  reste  encore  h  la  répul>!iijue  des 
Punas  et  de»  Yuuf;as  environ  12.*)  niilliouit  d'Iiec- 

|.  AstT  tio  lidiuine  de  IWrxi'iiliur.  le  gmônil  San  Martin. 


786 


LA   TERRE    A    VOL    ll'OISEAU. 


lares  non  conU'slés.  avec  peut-être  '2ô!25  000  hnbi- 
tanU  qui  ne  craisscnl  que  d'eux-mêmes  sans  au- 
cune arrivée  d'imnugra«ts, 

La  Dolivte  est  toule  en  PunasTroidoselenYungns 
tempérées  ou  torrides.  Bien  que  privée  de  mer, 
elle  a.grAce  ;\  ses  S^'lvas 
et  k  ses  LInmis  de  liasse 
altitude  «  les  trais  étages 
des  pays  andîus,  les 
Tierras  calienles,  frias, 
tcmpladas. 

Il  y  a  deux  Punas. 
De  Zb\)i)  à  4001»  inùlres, 
on  est  dans  la  Puua  pro- 
pre» dans  la  coulrêe  de 
l'orge,  de  la  puninie  do 
terre,  des  (lâlurages  où 
hrouteul  le  guanaque, 
li;  lama  dèbotmaii-e,  la 
vigogne,  Tjdjjaea,  Uêles 
de  soinitto  et  porle-laiiie 
des  pl.'iteatax  audîns.  Au- 
dessus  de  4000  mètres 
s'êletid  la  l*una  lira  va 
ou  Initia  Niuiviige,  ijui 
iiioiite  jusqu'aux  iiri^'iîs 
Icuaccs,  aux  glaci«.'r« , 
aux  plaiucs  mortes,  aux 
sommets  polaires  où 
riiomme  ^rouffre  eu  res- 
pirant :  il  est  en  Bo- 
livie Hi's  pAramos  d'une 
telle  allilutli'  i[Uii  le  so- 
roclié  ou  mal  de  nion(a- 
gtie  en  rend  te  st'ijour  dif- 
licite  aux  Punêi'os,  iin- 
possihlt^  aux  Kiiro|K'"ens. 
llonmie  tel  couvent  tibê- 
Liin*  comme  la  inaisoti 
du  eol  péruvien  de  Hi- 
nialuiasi,  San(a-Ana,  vil- 
lage de  Bolivie,  est  un 
des  séjours  Immains  tout 
l\  Fait  (I  ^utdimes  »i  ;  qui 
vil  à  Portugalete  vil  h 

4990  mètres  au-dessus  des  mei*s;  qui  respire  a  Po- 
tosi  respire  à  4052  mètres  d*altiUide.  h'nutros 
villes,  des  bourgs,  nombre  de  hameaux  sont  ainsi 
b:Uis  dans  l'air  extrême,  dans  les  punas  bravas  et 
les  pâramos  gélides  où  la  froide  sêeiieresse  di*s 
cieux  ne  laisse  croître  que  le  lirhen  venblliv 
appelé    llareta    :    la    neige    y    lontltillonne  ,    li* 


[iidigiéno  bulîvion   —  l)t:»iii  de  HaiUirl. 


veiU  sifUc,  l'arbusle  gémit,  il  se  courbe,  grêle, 
torture,  glacé,  et  la  caravane  passe,  le  masque  au 
visage  *. 

Avant  que  des  mesures  exactes  en  eussent  autre- 
ment décidé,  on  croyait  que  la  Bolivie  dresse  les 
têtes  supérieures  des  An* 
des.  et  l'on  donnait  ii 
rillampu  ou  Névado  de 
Surata  7494  métrés,  au 
lieu  de  6550,  sa  vraie 
iiauteur.  A  sa  sortie  du 
Chili,  la  Cordillère  des 
Andes  prend  tendance  à 
se  doubler,  à  se  tripler; 
les  chaînes  qui  s'écartent 
ainsi  vont  s'embrasser 
plus  loin,  puis  se  séparer 
encore,  puis  se  rassera- 
Iderenunnouveaunœud. 
Il  y  a  plusieurs  de  ces 
nœuds  en  liolivie.  Kntre 
les  chaînes  qui  s'y  dé- 
Iflclient  u«  s'y  rejoignent 
sont  couchés  de  terribles 
jK^iramus,  des  pampas  sé- 
r'hes,  (les  fonds  marêca- 
^Hix,  des  plumes  de  sa- 
ble, des  lagunes  salées  : 
ta  laideur,  le  Aoid,  la 
pauvreté  A  quelques  heu- 
res ou  quelques  journées 
(le  marche  de  la  beauté, 
tte  la  cijaleur,  des  foivts, 
les  rivières,  de  toute  la 
enne  opulence  di*s  Yun- 
';as. 

En  [jerdanlsa  province 

littorale    tl'Atacama ,   la 

Uolivie  a  perdu  toute  sji 

[tari  de  la  grande Coitlil- 

lère  Occidentale,  séparée 

delà  Cordillère  Orientale 

ou  Royale  par  tout  le  bas 

pays  du  Titicaca  et  du 

Pésaguadéro,  <^  bas  par 

comparaison,  quoîqull   soil  immensément  haut  : 

tout  au  plus  y  eunserve-t-elle  le  mont  lluallaliri 

(OOOO  mètres),  fj'ontiére  avec  le   Pérou,  et.  tout 

entier  sur  son  terriloire,  le  Sajami  (0415  mètres). 

Mais   la    liOi'dillera    Real    lui    reste,    haute  en 

moyenne  de  4701  mètres,  avec  5200  mètres  comme 

1.  Pttiir  9.0  KUi'aiilir  des  blessures  de  l'air. 


BOIJVIK. 


787 


• 


limilo  inférieure  dos  neiges  pei^sévérîintrs  (ranl  est 
gi'ariJe  ici  la  séclierossc  de  l'air).  Lt*s  noms  de  ses 
pies,  pai'fois  sonnivs,  pomp^^tix  vi  vniriirti(  i»spa- 
gnols»  nippollt'iil  souvlmiI  pïir  U'uis  IVn-inos  ôlrangos 
que  ces  monts  jetlent  leur  ombre  sur  des  vallées 
où  rimlieu  mîiinlienl.  ses  langues  contre  la  hiiigiie 
de  ses  itppresseurs. 
A  quel  pic  est  la  roynulê  dans  celte  Sierra  Hovule 


I  qui  dresse  850  kilomètres  de  cimes  granitiques 
I  loujours  blanches  entre  punus  et  punas  ou  punas 
et  \nng;is?  FsImv  h  l'Illanqui  {fir)50  mi  CtiHH  mè- 
tres), qui  porte  le  nom  plus  liarniiuiieux  de  Ne- 
i  vado  de  Sorala?  Est-ce  au  Nevado  de  llliniani 
(lîriOî)  nu  rMÎ)0  mètres)?  Le  Chachaeoniani  sï'iance 
il  t)204  mètres,  le  lluiiïn!ï-t*oli>si  î\  Gl  i8,  et  bien  des 
a  neigeux  »  montent  au-dessus  de  5500. 


L«  NtfvatJo  Jtf  inimani.  _  lio^n  de  Lancelot,  d*flpr^«  un  erorpiis. 


Oe  la  Cordillern  Real  se  détachent,  à  l'orient, 
d'nutres  Andes  hérisséi's  de  cirncs,  de  diVmes,  de 
pointes  sujx'rieuivs  h  5tM)i>,  niArne  ù  ôàOO  mï'tn.»s. 
I*his  (ni  miKris  pi'rpeiHtieiih»ir<'s  ;\  la  sierra  mûre» 
plus  ou  itiuins  purnllèlrs  entre  elles,  ces  sous-ror- 
(lillères  s'en  vont  «u  loin  \ers  le  Ix'vant  dans  les 
pays  de  Coi  li.ilKimhn,  de  Sucre,  de  Potosi,  jus- 
qu'au-dessus de  plaines  rahulrusement  vastes, 
ilunos,  selvas,  pampas,  terres  de  B<divie,  de  Brésil, 
de  Paraguay  et  d'Argentine  mollement  inclinées 


vers  les  deux  fleuvrs  gisants  de  TAmf^rique  du  Sud. 
Amazone  et  IHata.  {\r^cv  ù  ces  monts  conun;uïrlant 
ces  plaines»  l'iirnfpule  de  Bolivie  est  la  clef  de 
vortte  de  l'Kspagiie  américaine,  comme  le  Minas 
Geracs  est  la  clef  de  voûte  de  la  Néo-Lusilanie. 

lllampu  et  lllimani  voient  de  loin  le  rivage  du 
lac  de  Tîticaca  et  le  val  du  Dôsaguadéro. 

Titicaca  et  Bésaguadéro.  Déserta  de  Lipez. 
—  Le  Tilie^ca,  lac  sacré  des  i*éruviens  dont  il  vit 


788 


LA    TKRnK    A    V0|,    li'UlSKAlJ. 


naître  les  dogmes,  les  lois,  les  légendes,  se  divise 
entre  le  Pérou  cl  ta  Ilolivie,  celle-ci  possédani  i;i 
partie  ^n*reiil;(lee(  h  rn**'ri(lionakv»  qu'isole  |>res{|ij(' 
euïièrvineiil  du  reste  «Irs  eaux  la  Imigni'  pri'sinj'ile 
do  CnjKieiilmn.'i.  (irand  de  SiOOOO  hectares,  avec 
218  mètres  d'exlrOnie  profondeur,  à  o84!2  mètres 
d'alliludo.  il  hrise  les  rayons  du  soleil  A  deux  fois 
la  hauteuj'  du  VitiImux,  mais  ce  siileil,  qui  est 
pourtant  cekii  du  HV"  de<îrê,  n'en  échaulie  el  nVri 
allume  pas  les  (lois  autant  fjiie  l;i  nuil  les  glace  el 
(|ue  les  t<turniente  ['l'ipre  sonHl'  d<'s  nevados. 

Kniièremeiit  Ll^liv^ert,  lo  llesa^uadèro,  ce  qui 
veut  dire  exaelenieut  le  drversoir,  épnnche.  les 
eaux  du  Titie;iea.  H  va  vers  lesl-sud-est,  comme 
les  deux  sieri'as  colossales  d'est  et  d'uues!  t]UJ 
ètreijfiicïil  co  haut  bassin  ferniiS  relte  jilnine 
d'Oruro  sise  eidnr  Tii\Ki  el  itîori  rnèln-s,  el  où 
viveul  uru^  ^^rande  parlie  des  llulisiiMis.  Large  de 
50  h  IGO  mètres  el  d'un  eiHjrs  Irampiille,  car  il  ne 
dosceml  que  i\v  14tî  iiirUrs  en  7t'li\  kilomètres,  il 
arrive  nn  l';mi()a-Atilla^as  (7(700  iitMres),  hic  fort 
creux  qui  reçoit,  tant  du  Désaguadi'ro  i\iw  de  la 
sierra  voisiïic  ;i  l'orient,  [dus  de  IOt>  itièires  culies 
par  Bccondi'  en  (etnjts  sec,  mais  qui  nVn  rend 
qu'un  seul.  El  ce  ruisseau  d'un  mèltv  cuhe.  fils 
d'un  lleuve  et  de  plusieurs  rivières,  va  se  piM'dre 
dans  la  Cienega  de  fjiipasa  (!>()8j  mètres},  bas-fond 
qui  n'est  jjoint  lac,  hien  que  la  haute  mont:igm% 
Sajama  cl  lluallatiri,  hii  jette  une  moyenne  de 
54  mèlres  cubes  par  seconde.  Ainsi  s'achève  le 
|ïèsa;.,Miad(^ro,  rfui  ja<lis  penl*^(re  allait  rherrher  ;ni 
liKU  rocéan  Aïlat»li(|ue,  par  le  rio  de  [a  l'a/„  le 
Béni,  h*  Madeira  el  l'Amazone.  Si  l'émissaire  du 
lac  péruvien  n'a  plus  la  force  d('  dépasser  la  Cie- 
nega,  c'est  que  l'urne  dont  il  s'épanche  s'est  en 
partie  vidée  dans  la  suite  des  Ages  :  il  y  a  quehpies 
siècles  à  peine,  an  tenq>s  des  Incns,  la  ville  de 
TiH'i-IIuanaeou,  aloi^  grande  el  biillanle,  baignait, 
dil-on,  ses  rrmrs  dans  le  Tilicaca;  maintenant  il  y 
a  20  kilomètres  du  lac  h  la  vieille  cité;  quelques 
centaines  d'années  ont  suî'li  pour  abaisser  le  niveau 
des  eaux  iliine  quarantaine  de  ?nètres. 

Il  M",  peut  ijue  lévaporation  ni»  soit  pas  la  seule 
cause  des  misérables  destins  du  rio  qui  emjK)rle 
le  Titicaca;  la  croyance  [topiilaire  de  ces  lien\ 
attribue  ;i  des  peiles  du  Désaguadéro  diverses 
sources  du  rio  Loa,  (leuvc  atacarnénien  qui  court 
au  l*;iei(ii|ue.  i*t  la  naissance  d'îtLIni'iits  tlii  F*îlc(>- 
mayo,  lou^'ue  l'ivière  qui  gagrte  le  l'nrogtiay  prè.^ 
de  l'Assomption.  Ainsi  le  Désaguadéro  disi>arûi' 
trait  t'u  pmiii'  piïr  (b*s  eourartls  cachés,  de  même 
qu'il  sérail  à  moitié  foiiné  pin    des  l'ouranls  in- 


connus, car  il  parail  que  in  déversoir  du  Tilicaca 
puise  au  lac  deux  fois  plus  d'eau  que  celui-ci  n'en 

reritii  de  ses  afïUienls  visibles:  des  sources  de  fond 
e^xnpléteiaiettl  la  rivièiT  qui  s'échappe  du  seuil. 
Au  sud  des  lieux  où  s'évanouit  ce  qui  restait 
encore  du  Désaguadéro  le  plateau  reste  plateau,  et 
de  plus  en  plus  aride;  c'est  par  le  hasard  d'un 
or;ige  que  li*s  cagnons,  les  sillons,  les  ger<;un's  du 
.ol  poussent  un  mascaret  d'eau  subite  jusqu'au 
lago  de  S^ilinas.  immense  charrq)  d'un  sel  qui,  sui- 
vant les  eiidniils.  est  pur  el  brillant,  ou  boueux, 
ou  liquide.  l!iusi[uemenl.  les  rios  temporaires  en 
font  un  lac  qui,  de  loin,  peut  tromper  le  voyageur; 
mais  antour  de  ce  faux  Léninn  règne  la  nudité,  sur 
sa  rive  il  y  a  la  fange  el  dans  son  sein  LanuT- 
Imtte.  Ce  triste  pays  est  vide,  c'est  un  dt'spoblado 
que  les  Indiens  nomment  les  déserts  de  Lifx'z. 

Grands  rios  :  Madeira.  Yungas.  — La  l*una 
comiiiero*e  vers  7*50!»  nièîres.  An-dessous  «le  celle 
îdliludf't  jusqu'à  TïUOO  riièlri*s,  on  est  dans  h's  Ca- 
beceras  de  valle  ou  Têtes  do  vallée,  pays  du  mais 
el  du  blé.  De  30013  à  1600  ou  1500  mètres  descen- 
denl  les  Vallès  (vallées)  ou  Mi'dios  ynngas,  el  au- 
rli^ssons  de  i6()0  mètres  s'étend  la  terre  torrîde, 
les  Yungas.  d'un  mot  aynuara  qui  sigiiilie  val  biû- 
l-ml. 

Les  Ynn^as,  on  le  jagiinr  épie,  sont  des  leiri^s 
de  toute  .prodigalité,  dans  un  réseau  de  rios  sans 
uoudu'e  formant  rimmense  Sîadeira.  Ces  rios  s'u- 
tiissenl  d'abord  en  qualre  couranis  superbes  :  le 
courant  oriental,  le  Guaporé,  nail  dans  le  Matio 
Grosso,  province  brésilienne,  non  loin  des  têtes 
du  Paraguay,  sur  les  pentes  indécises  des  Campos 
Darecis  où  nuinl  lac,  maint  itrarais,  maint  rio 
hésite  entre  l'Amazone  el  là  Plata  et  se  déci<le 
pour  tous  les  deux  quand  les  grandes  pluies  l'ont 
gonllé.  Le  GuafKtrè.  long  de  liOO  kilomètres,  dans 
un  bassin  de  *^0  millions  dlieclares»  porte  au  Ma- 
moré  0G3  h  50(i(t  nn>ti*es  cub(*s  on  plus  par  se- 
conde, sehin  la  sécheresse  ou  riuiinidilé  de  la 
s  rison. 

Le  Manioré,  bien  plus  long  tjue  le  (inajan'é.  parce 
qu'il  se  déroule  en  une  boucle  immense  autour 
des  hauts  monts  du  pays  de  tlochabamba.  amène 
an  n'iidez-'vous  H7ût  mèli-es  cubes  par  secundo  A 
7000  ou  plus  :  le  Mamuré  gaide  le  nom  ;  -c'est 
une  Muqde  rivière  qui  roule  (h?  1**00  ;i  plus  de 
V2\)m  m.hvs  rubes. 

Le  Ueni  (l.'iro  kil.)  ou  Veni  fui  le  premier  lleuve 
de  lii  Terre,  s'il  est  vnii  qu'il  éeiuila  par  le  rio  de 
la  Taz  le  grand  lac,  on  peut  <lire  la  nirr  intérieure 


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790 


LA    TERHE    A    VOL    D'OISEAU 


du  Pérou,  (iont  il  ne  resle  jjIu»,  entre  li»ti  cordil- 
lères moilrosfios,  que  le  Titicuca,  le  Pampn  Aul- 
Ingas,  la  Kirnega  rt  dos  pliilnos,  des  vallées,  des 
sulinus.  di'8  pampas,  dus  désiM'ts  :  c'était  alors  la 
lèle  des  Aniazoïu*».  Accru  prc^H  de  sa  rencnrilrr 
avec  lo  Matnon^  par  la  Madro  de  iJios,  plus  puissaiilt? 
rjue  lui,  il  appnrio  |>our  sa  pari  11^83  ù  plus  de 
iSOOO  iiîètjvs  fubcs  par  seconde. 

Erïsenihle   les  quatre   courants    font    un    neu\e 
d'une  port*»e  moyenne  de   14612    mètres  cubes. 


d'un  êtiage  de  4142,  dont  les  cnies  sont  un  large 
diMuge  sur  les  campos  et  dans  la  forél. 

Au-dessus  du  coiilluent  du  lien!  Ii'  rlo  Marnori^ 
aunlessous  de  ceconlliienl  Ir  Miidriia,  qui  prend  là 
son  nom,  descendent  les  marches  d'un  escalier  de 
saltos  :  une  quinzaine  do  rapides  et  les  quatre  ca»- 
rades  de  Bananeira,  de  Hibeirào,  de  Girîio  et  de 
Tlirolonio  leur  f*int  doscemire  la  pente  de  579  ki- 
loniiHres  par  laquelle  le  haut  pays  les  verse  à 
rinimensilé  des  plaines.  Au  pied  du  dernier  do 


Qiliklioiisfl.  —  DiMisiri  ^e  Rinu. 


ces  vingt  dérhaînemenls  il  reste  encore  au  Mn- 
deira  jusi[U*;i  r\ni;i/oni>  près  rie  l()'»(J  l^ihïtni'lrvs 
d'un  paisilde  viijajj;e.  jbns  t^a  course  rnrérieure, 
cette  rivière  de  prés  de  TmUO  kilontèlres,  ainsi 
nonnuiM^  du  nio(  portugais  niadeîra  ^  à  cause  des 
arbres  rpiVlle  llolle  jusiprauv  Aiiiii/ones,  n  rnoyen- 
nerrienl  trois  ï\m  la  lar^'t'ur  tle  la  baronne  devant 
Bordeaui,  îjOO  h  1800  uïrtres. 

Ilirbes  etuore  des  rnrlaits  (fui  (ireni  bi  forliine 
de  ï'otusi,  les  Arub's  Jïulivieriues  dtuuinerd  des  val- 
lées de  climats  divers  selon  les  altiludetf.  Qui 
cbei'clie  le  Tropique  lïuiuide,  n|tirl('[i(,  le  Inuive 
dans  les  jardicts  merveilleux  des  Vungas;  qui  vent 

1.  Bois,  madrier. 


l'air  frais  n'a  qu'à  monter  sur  les  plateaux;  qui 
suuiiaile  le  ri'oid  4iur,  le  sot  sans  gazon,  la  sierru 
sans  .ij'bres,  le  ciel  sans  sourire,  les  vents  sans 
baume  et  sans  lii^deur.s'iilève  jusqu'aux  pâranios  de 
la  ï*unn  brava.  Ce  dernier  triage  habitable  de  la 
derneure  bolivienne,  en  nn^nie  lenïps  (lue  le  plus 
maussade»  est  le  plus  sain  de  tous  :  l'iiomnio, 
l'Européen  »urtout,  se  porte  mieux  dans  la  I*una 
que  dans  les  Vallès,  et  dans  le»  Vallès  que  dans 
les  Yungas;  celles-ci,  vrai  jmradis,  ressemblent  à 
tous  les  (I  pays  de  cocagne  »  :  air  trop  doux,  ciel 
trop  brilïaril,  vie  Irtqt  iiisve;  on  y  perd  la  volonté, 
on  s'y  flétrit»  on  s'y  etTeuille  avant  l'rtge. 

Aymaras,  Quitchonas,  Guaranis.  —  En  de- 


liULIVIK. 


791 


hors  des  Imlios  bravos,  danl  poi*sonnc  ne  sait  le 
lïoiiïLro  *.'l  que  pourlanl  on  évalue  h  2^)0  000, 
la  Uolivii*  passe  jiour  posséder  h  cette  lieure 
^r»'jr*OOÛ  itoliviens.  Elle  n'en  avait  pas  un  million 
après  la  eorirpiele  de  l'Indépendance,  elle  en 
aurait  plus  de  trois  si  elle  ji'avait  prodigué  son 
énergie,  son  temps,  son  sang  dans  des  guerres 
civiles  sans  honneur  et 
sans  loyauté, 

tue  grande  pari  de  ce 
peuple  se  dit  de  descen- 
dance espagnole  ,  bien 
quY'Iant  au  fond  d'wri- 
gine  indienne,  avec  peu 
ou  pas  de  «  wmgre  aziil  n 
dans  les  artères;  le  sang 
«  latin  i>  ne  domine 
guère  que  dans  le  pays 
de  Tarija,  dont  les  eaux 
vont  â  la  Pl.ila  par  des 
aflluents  du  Paraguay,  et 
là  il  esl  surtoul  [ii'épori- 
(léraiit  diins  les  villrs. 

Ainsi  <(u*au  Térau  , 
Ouilchouus  et  Ayniaras 
forriieiil  réb'inetil  vrai, 
piotond,  iinlériour  et  su- 
périeur de  la  nation  boli- 
vienne. 

I.es  Quitcliouas  vivent 
dans  le  sud  et  Test,  dans 
les  régions  de  Potosi,  de 
Chayanta,  de  Sucre,  de 
Cocliabarnba,  honnnes  pe- 
tits, ramassés,  ntal  équar- 
ris,  forts  de  troue,  eourtà 
de  jambes,  laids  de  visa- 
ge, el  donnant  naissance, 
lorsqulls  s'allieul  avec 
les  Blancs,  à  des  métis 
sans  beauté. 

I^es  Aymaras  habitent 
Vouest,  le  pavs  d'Mriiro  ou  plnteau  de  Titieaca 
et  le  |)âys  de  la  Pa/,  puis,  Iraiiehissiuit  la  fron- 
lière,  s'étendent  sur  le  midi  du  Pérou,  d'Aréqui|m 
jusque  près  du  Cuivit^  au  sud-est  d'une  ligne 
après  laquelle,  au  noj'd-ouesl,  le  peuple  des  <Jui- 
(('houas  ivcommence.  Ils  sont  donc  pressés,  serrés, 
au  seplenlriiMi,  »u  niéridioru  |(;ir  la  nalion  des 
Inras.  leurs  anciens  nKiKjvs.  Au  nondire  «le  peut- 
t^tre  un  million  d  liomntes.  dont  trois  cinquièmes 
en  Bolivie,  les  Aymajas  dépassèrent  jadis,  el  peut- 


Imlieimo  Ayinara,  h  la  l*ax.  —  Dessin  do  Lancelot 


être  de  beauroup,  ces  dix  fois  cent  mille;  mais 
la  race  de  Tilieai:a  ^  comme  on  la  nomme  quel- 
quefois, du  lac  qtrenlouren!  ses  boui'gndes,  a 
suulTerl  longlemps  toujours  :  d'abord  dos  Qui- 
tcliouas qui  la  foulèrent,  puis  des  Espagnols  qui 
l'nsèretil  dans  les  mines  et  les  plantations.  .Sou- 
vent rebelles,  mais  toujours  donq^tés,  du  temps 
des  Incas  comme  de  celui 
des  vice  rois  castillans, 
ces  hommes  incroyable- 
ment tenaces,  qui  vivcnl 
presipie  tmts  enire  5000 
et  ûOO<]  mètres  d'altitude, 
ont  conservé  leur  langue, 
qui  est  fort  compliquée, 
souple,  élemlue,  en  même 
temps  énergique  el  gra- 
cieuse, et  qu*on  tlit  su- 
périeure au  (|uileltowa; 
et ,  sauf  un  callioli  - 
cisme  extérieur,  ils  gar- 
dent tout  riiérilage  du 
|assé.  C(nuis ,  trapus, 
laids  aulaal  ou  plus  que 
les  Quitcliouas,  les  fa- 
liiilles  qu'ils  fondent  en 
>^r  mêlant  aux  gens  de 
"  sang  bleu  »  gardent  la 
grossièreté  de  fonues  du 
peuple  de  Titieaea. 

L.CS  Guaranis,  venus  du 
Paraguay  ï>ar  le  Pilro- 
maya,siMit  rélémenl  prin- 
cipal de  plusieurs  lUa- 
Iriels,  vers  S^uita-Cruz  de 
la  Sierra.  Dans  les  Vallès. 
il  y  a  un  quart  de  Nè- 
gres. 

La  religion  catholique 
a  |>our  adhérents  tous  les 
Boliviens  qui  ne  sont  [wis 
Indios bravos.  L'espagnol, 
langue  des  ftlanes.  idiome  des  livres,  des  jour- 
naux, des  affaires,  na  j*as  enrore  vaincu,  tant 
s'en  faut,  te  guttural  quitchoua,  aux  mots  longs, 
aux  formes  dinieiles.  non  plus  que  t'aymara,  son 
fi'ère  en  gutturalilé,  fu  longueur  de  nntts,  en  dif- 
licultés  de  formes;  mais  il  les  vaincra,  bien  qu'à 
eux  deux  ils  soiecd  les  vraies  langues  nationales  de 
Tk  mtlliinis  d'hommes,  presque  tous  montagnards, 
en  trois  grands  pays,  Kquateur,  Pérou,  Bolivie. 
1.  TiticACa,  mol  aymaiii,  veut  dire  la  Pierre  à  étAÎa. 


L 


792 


LA    TKUUK    A    Wir    ll'OISKAl. 


L'icHome  (^^'  ('orv;inti'»s,  si  répandu  dans  I»»  ni*tn(li\ 
et  pniit"^  pîir  lant  lic  jourics  peuples  en  AinLTi(|ui\ 
no  ppiil  riTuliM-  di'vatU  deux  langages  des  ilk'lln's 
de  la  i;ordilli'i'i\ 

Yllles.  —  Depuis  18^7»  le  gouvornemrnt  boli- 
vien ït'siile  i\  h  Vî\£  lie  Ayaeuclii).  —On  siil  rpiel 
ainiïur  eurent  hnijoura  les  Péninsubiri^s  pour  ks    i 


iKUîis  lirilhïilSr  îtmiiouiês.  gonoros,  enfin  rflslil- 
Ijjiis,  r'i'sl  tout  dire;  mais  le  lemps.  qui  ronge 
les  rnnrhros,  qui  fnddil  les  soK'ilt»,  a  Lienl6l  dé- 
voré la  irioilié  de  ces  vîiina  ornt'nionU  :  ainsi  la 
IV  de  AvicikIio*  esl  devtMUie  la  Paz.  (Mte  ville 
de  26  000  âmes,  dans  une  vallée  ceiclée  de  hauts 
monts,  borde  un  torrent  qui  devient  le  lïeni. 
i>ranclie  du  Madeira.  et  qui  s  engageant,  en  aval 


U  viUc  baâM  de  U  Faz.  —  Dc&sin  de  Uiicelul,  d'après  un  i  ruquli. 


de  la  capitale,  dans  les  gorges  de  la  Angos- 
lui'H.  descend  de  jtrés  de  2400  inèires  eu  75  kilo- 
nièlres  d'un  cours  hrisé.  I^es  gens  de  la  Paz 
JmMlciil  à  TiÔiO  niéites  d\dlitude,  à  ^2  kilo- 
inMi'i'8  en  ligne  djoite  du  Nevado  t\v  llliiiiiini, 
il  M)  du  lac  Tilieacîi;  les  riuil;^  y  sont  fraîches 
ou  froides*  l'air  sec,  et  l.t  moyenne  de  rannée 
égalf  i'ï  ]K'U  prés  à  celle  diî  Paris,  environ  10", 
et  cependant  la  Paz  a  son  site  entre  le  Tropique 
cl  riù]uat«'ur,  tandis  que  Paris  louche  presque 
au  ^iy'  degré. 

AnliiJi,  laulonlé  siégeait  à  Sucre  (1*2000  Ii;i[ï.), 
ville  ainsi  nommée  d'un  général  di*  1  Imlépeii- 
daucc,  mais  qui  s'appelait  auparavant  Cliutpiisaca 


ou  pluliH  Cliuquichaca,  le  Ponï-iPtlr.  Les  Sucriens 
vivent  à  '28-10  métrés  d'allitude,  prés  du  faite  entre 
le  Madeira  tjui  court  à  TAmazone,  el  le  Pilcoinayo 
qui  cimrt  à  la  Plala  ;  ils  ne  parlent  guère  que  le 
quttiiiuua. 

Potosi  (  M  000  flmes)  avait  I7O00O  liahilants  en 
1711.  C'était  aluj's  la  pn^miére  cité  de  l'Améj-ique 
du  Sud,  la  ville  des  faliuleux  trésors,  des  fortune:» 
soudaines  et  des  ruines  rapides  faites  par  le  luxe 
H  In  folie;  ses  mines  d'argent  n'avaient  point  de 
rivales  :  on  en  a  retiré,  suivant  les  évaluations,  de 
9  à  oi  milliards. 

1-  l/t'  surrtuiii  d'Auctulio  rapielle  ta  victoire  'jui  inU  Ûii 
â  la  guciri'  des  roluiiios  esp^ignoies  cmiU^rtsjuig^uc. 


nui], 


Lift  Aiulca  FucgieuiiM.  —  Doskin  do  G.  TuilUcr,  d'api'^  lutc  |ihutograpUio. 


CHILI 


Terre  de  Feu.  Détroit  de  Magellan.  —  Cesl 
dliik»'  (*l  non  pas  Ciiili  que  ce  livs  long  pays 
s'ii(i|M'lte» 

KiMi  iij^'ïxmdi  ou.  pour  mietiK  (iti\\  l\n1  allongé 
por  so!»  victoires  dans  uno  ^ern:  au  coutciiu 
r(in(ie  Ifs  FôruviiMis  vi  les  Ftolivieiis  l'o^lisês»  le 
Chili  possède  à  celle  heure  7^  à  70  miitioiis  d'hcc- 
lares,  avec  un  peu  moins  de  3  200  000  ImbiUnts. 

Snns  llnnos  et  rnmpos  e(  iray-uil  <ians  sn  zone 
Iropic^de  ipi'uii  tenihle  disert  d'aiiuiii,  le  Chili  tw 
se  divise  pas  aussi  bien  que  les  autres  contrées 
(Mslîllnnophones  de  l'Anirrique  en  Terres  chaudes, 
lein|»éréeb,  hiiide^:  il  ^-e  iwirlaue  plutôt,  du   nord 

1.  On  (trotioiice  Tchilc- 

D.    lUCLOS.    Là    TUBK    4    VOL   u'ulSLAV. 


au  sud,  en  Terre  M'che,  Terre  rtii-sèche.  Terre  hu- 
mide, et,  de  lotiesl  n  Tesl,  on  OMe  et  en  Sierra. 

l.eM  AndrN  liiiil  letir  [n'eiiitèn*  appiintinn  dans  les 
an  hipels  rurheu\  ([{jî  llanqueitl  au  ^\n\  la  grande 
lie  de  la  Terre-de-Feu  :  la  plus  avancée  heurle  de 
son  fameux  cap  llitrri^  iin<*  mtT  redoulre,  h  la 
pointe  iiiêridiouale  df  l' Amérique.  G»  promontoire 
est  un  des  ti  Gnislerre  u  du  monde. 

Lji  TeiTc-de-Feu  fst  jusic.meiil  la  lerre  des  gla- 
ces, ou  plulnl  la  lerre  des  hrunii's  que  ne  dèeliire 
presque  jamais  le  soleil.  Peu  de  goITi*»,  peu  de 
monts,  peu  de  forêts,  de  marais,  de  tourbes  sont 
aussi  rarement  éclairés  que  cette  Ile  où  Ichrouil- 

t-  lU^Ueiuent  Cobu  de  lluruus. 

ICO 


L 


794 


LA    TERUE    A    VOl    D'OISEAU. 


I.'inl  Hi^gfuilît»,  siirliiiH  Jnifs  l;i  |wHiit'  (»cri(it*ri(nl»», 
qui  tli''|i('ii(l  (lu  (Jiili.  La  piirlio  orirnhtli*.  linrnaino 
des  Argenliijs,  est  iriiiit"  iwiture  plus  sèclie,  (tins 
stTi'ini*  L't  iiliis  Imniiioiisi»,  d'un  clîuïal  luaiiis 
iriiifiirmêriK'iit  ^ris  l'I 
inoutlli^  t\u\  n  plus  lie 
Ixsuix  jours  cl  (le  belles 
Iteuri's;  conliuuunt  la 
pauijin  palagone,  elLr  a, 
itiaïiçrè  l'oiitour  de  la 
mer,  fjuel(jue  eliosii  dtî 
In  prunpiHMiiic  îij-idilé  fin 
ciol,l;iïidis  que  laTerre- 
de-Feu  chilieiiue  reçoil 
ou  la  pluie  ou  li»  neigo 
peudnnt  25juura  de  cha- 
que mois,  aussi  Lien  Lêlé 
que  l'hiver  :  même  ;i  l'è- 
jiiKpjr  i]vii  plus  loiji^^ues 
journées,  il  peut  arriver 
que  la  terre  y  soil  IuuIg 
Iilamlie  sous  l'hermine 
des  neiges  pr'ofarules*  ; 
cl  souvent  aussi  lilanehe 
csl  au  loin  1.1  ruer  vt-rtc 
louL  le  long  de  In  e(Me, 
lanl  les  venis,  plusinfa- 
lignliles  iei  que  partoiH 
ailleurs  ,)u  rtioude,  sotj- 
lèveiil  lies  vagues  moii- 
slruenseft  dont  la  volufe 
relomhe  en  iV'ume. 

A  Tesl,  clioz  les  Aru-iMi- 
lins,  vivent  des  l^alagons 
1res  pniirisi  à  l'ocejileitl 
lial)ilejit  (le:>  Fué^^iens, 
de  taille  plus  Immhic, 
ayant  1res  grosse  t<He  et 
l)usle|>uiss'utt,tj'apu,snr 
cuisses  et  jambes  grûles, 
—  Iiouuues  aux  cheveux 
omniêirs  en  Furie.  Us 
ptVhent  tout  sêjournaiil 
lie  l'otide,  jusrpi  a  la  ha- 
L'iui';  ils  eluissenl,   hn- 

hili'.s  il  Tare,  experts  en  la  fronde,  h  demi  nus 
sous  Taffreux  elimaï  auquel  ils  u'opposeril  qu'un 
niarïteau  de  peau  di*  f,^uana<[UL'  ou  de  peau  de 
phoque.  En  vain  sont-ils  féeonds.  (lomruerit  les  en- 
fants ne  mourraienl-ils  pas  prescpie  tous,  dans  la 

I.  Li  moyeuuc  de  Yvlè  ne  rciiii>nrlc  ici  que  de  4  i'i  *»  de- 
grés sur  celle  de  l'hiver 


Femme  rticgieiinc.  —  Dc%^itl  du  PniuisLinikufrt 
d'ajtrèf  une  |iliolui,T8plik-. 


ujaussarh^  humidilê  des  f)!uies,  des  neiges. 
eiriluniis  fie  mer  i*l  des  ouragans?  En  huil,  Pala- 
gons  el  Fuêgions  sont  au  nombre  de  peul-êlre 
tOOOO  hommes.  C'est  sur  le  domaine  du  Chili 
que  montent  le  Darwin 
(^JlOO  ujùlres)  cl  le  Siir- 
niiento  (2070  mètres), 
pi-enuères  grandes  An- 
des, 

Terre  de- Feu,  île  Cla- 
renoo,  îleS;ïnla-lnès,  île 
Désolation,  bordent  vis- 
à-vis   du    rontincnl   un 
tortueux  détroit  menant 
[lar  des  eaux  intérieures, 
d'Allanliqui'  à  Parilique, 
les  navires  c|u*èpouvaii- 
h'iil  le  eonlour  du  c^ip  j 
llorn.  les  vents,  la  vague  j 
énorme  de  la  mer  exlé 
lieure.  Ce  passe  nonuuol 
di'lroit  de  Magellan,  tl'.v-i 
|irês  le  navigateur'  qui 
s'y  engagea  le  premier, 
suivi  ties-  trois  earènesl 
4]ui    firent   le   tour    duj 
monde  avant  tout  aulrcj 
u;ivire:  il  i*sl  long  el  lar- 
ge, épandu  eu  lacs,  bru- 
meux, orageux,  sévère. 
Sa   bourgade  chilienius 
l'unla  Areaas',  a  Itî(H)  à 
lt>00    hnbi(anls,  exilés» 
etmcessiomiaii'es  de  ter- 
niiis,    mineurs    d'une 
Imuille  médiocre,  honï- 
iiîesquicherelienl  le  lui- 
sant Hîéîal  dans  les  tor- 
rents aniîrèrrs  du  voisi- 
nage, aventuriers  |><)U8- 
sés  [liirle  liasard  jus<|u'à 
celte   Ihima  Thule  des 
Chilenos. 


Andes,  Tolcans.  lacs, 
rios. —  Passée  des  îles  au  ronlinenl,  îa  Coixtillère 
dos  Andes  s'en  va  vers  le  nord,  déjà  puissante  et 
séparant  rivuK-lienient  deux  natures  contraires  :  h 
Torienf  sVpandenMVoi^ls,  monotones, de  vie  i»auvrp, 
les  plateau>L  argenlttis  de  In  l'at:)gonie  qui  se  sui- 

1    (ioluit  lut  l'orlii^nis,  de  son  \i:ii  itoiii,  Mjii^alltAea. 
2.  Pointe  des  Sublcii. 


niiLF. 


705 


vriil.  loujours  l<'S  iiiôiiits,  jiisi|!riui  livs  loiiit;iin 
All*iiitiqiU';  i'i  rocriilcnl,  la  mut  Pacifiqu*»  esl  loul 
près,  serrùe,  tordue  en  clienaiix  par  do  gnmdos  ou 
de  |H'liri*s  îles  en  notnljre  infini.  On  la  voit  des  pifS 
neijL;ru\,  prres  dr  liiirriiLs  courl:^  t*l  r;ipidi's,  ou> 
pour  mieux  dire,  on  la  verrait  sans  la  liruine  et 
sans  la  pluie.  Le  ciel  ici  pleure  (plutôt  qu'il  ne 
sanglote)  jaiir  et  nuiU   hiver,  êtiS  sur  le;*  liaules 


lies»  sur  le  fouillis  d'ilols.  le  dédale  de  fiords,  les 
fort^ls  (II'  lu^lres  toujours  veris.  les  lorreuls  loul  en 
CJisrades,  les  yl.uiers  (pii  desirendent  jusfprà  ImisiT 
la  mer,  lanl  grande  est  riiumiditê  de  ce  \en»anl  des 
Andes.  Juscpie  souâ  le  M\*  de«jn*',  des  glnûer»  sont 
ItVhrs  par  l'dcèan  :  c'est  comme  si  la  glace  éter- 
nelle frôliiit  I  e  rivage  de  la  Sainlonge  ou  du  fVulou, 
auqu«'l  maii(|uent,  il  esl  vrai,  des  monts  de  tiOOO 


JlouM  dâiit  Im  Ande»  Ciûlictiuo*.  —  berna  de  Riou,  d'd|irÉs  une  plioto(n'*pli>o. 


à  3870  niMres,  hfluleur  du  Saint-Valentin.  Panni 
ces  nêvados.  les  uns  sont  des  volcans  éleinls  ou 
actifs,  —  on  l'ignore  encore  de  beaucoup  d'entre 
eux  —  les  aulres  onl  toujours  été  muets. 

C'esl  1»  sans  aucime  espèce  île  coin|»araîson  le 
rivage  le  plusfi-angt^  de  l'Amérique  du  Sud,  si  (>eu 
diVouptV,  et  m^me  l'un  des  plus  déchiquetés  de 
la  Terre.  S<»s  deux  Iles  majeures  s'app4»||ent,  l'une, 
au  sud,  Wellinglon,  nom  qui  d^lomo»  sur  ce 
littoral  espagnol   et  indien,   l'autre  Chiloê.   |>our 


Chilé-hué,  cest-A-*lire  partie  de  Chili  :  celle-ci, 
supérieur»' il  noln*  Cor^ït*,  de  p,'ir  ses  H iO  0(M)  hec- 
tares, a  78  000  iiisulairus,  Indiens  castillanisés. 
Vis-à-vis  d'elle  monte  nu  ciel  un  pays  magique, 
hauts  pics,  névadt»s,  v<dcjins,  et.  ;i  leur  pied,  U*s 
fonUs,  les  lacs  de  crisL'il.  tes  puissauli»  torrents 
trïmsparents,  les  lours  et  délours  de  la  mer  empri- 
sonnée —  le  plus  heau  des  Cliilis  si  la  suprême 
beauté  va  sans  la  supériorité  de  lumière.  Toulcftiis 
nul  côue,  filmant  ou  nou,  n'y  aUeiul  5000  mêtrcjs* 


706 


LA  TPinRE    A    VOL    D'OISEAU, 


L'un  fin  cpiix  ffiii  pnrfois  frrfindont.  I(»  voirnn 
d'Uï^m'rio  (22^7  nirlirs).  iliiiniiu'  le  niirnir  liu  I.iv 
riiîiti  cfiifieri,  le  Ll.'Jii<|iJiliin'.  |)i't»fijnde  coupp  (iVaij 
pi'l luciole  nyniit  jtn'^fjiic  200  kilortirlivs  de  lour, 
h  ifi-il  Tiièlros  d'alfiliidr  :  nridr  frniilf,  \c  Lhin- 
quiliin''  se  vtM'se  par  It's  ^tiO  nH-ltvs  puI»ps  à  ]m  sf- 
coiidi'  qiii  sont  la  ruitaiiu'  (]u  Rouvo  Maiilliii. 

Au  nord  du  Maiilliu»  un  nulrt»  grand  rîo  de  fiiiî- 
rlip  tmosparonoo,  ]o  lînono.  piiiso  h  trais  hirs  du 
Las  dos  monls.  au  Uapuneo,  au  Puyôgui"',  au  Hanco; 
do  niï^mi»,  lu  rivître  de.  Vîildivia  rpanclu^  le  Calaf- 
(juon,  le  Patifj^uipiilli.  h  Itiniliué:  purs,  vu  alhitd 
lcnijoUï*s  au  S(*[»ti'nlrion»  nn  (i-norsi*  Ig  Toltcri, 
sorli  du  hw  de  Villarim  dont  l'azur,  A  rerlaînes 
ln'irn's,  rsl  Ik'UMÎ  jku'  IVuidH**  d'un  volr;iii  su[H'rlir, 
K*  Villariru  (4K77  nirlirs),  |»lus  luiul  niu!  lu  Mout- 
Blanc;  puis  le  CauliMi  ou  Impérial,  qui  cuule  on 
tern^  nrnucano;  puis  le  Hiol)!*»,  rpii  drpassr  en 
laii«;Mi'ur  tous  1rs  ili-uv^^s  cliilirtjs;  erditi  Ir  Mauh\ 
fjui  ni;u*(]Uîiit  au  sud  la  frunliôri»  de  l'euipiro  des 
Ineas.  Mais,  à  mesure  qu**iu  avance  dans  la  rt^;^'ion 
chaude,  on  pnsse  de  la  zone  1res  niouilh'e  dans 
la  zone  nii-sèelie,  el  les  riviùi*es  pei'diîut  leur 
vive  aLoniianee;  cependant  la  sierra  devient  de 
plus  en  plus  altii'*re»  en  Fnt^nu*  temps  f|ue  de  moins 
en  moins  n  candide  »  :  au  nord  du  Ite^cahezado  de 
Maide  il  tfy  a  de  nevés.  de  glariers  éternels  qu'aux 
alliludes  tout  à  Tuit  souveraines. 

Les  ^ranls  rhilimis  se  dressent  prr»s  de  Santiago, 
la  nn''lr()[iole,  a  son  sml-est»  à  son  orietd,  h  son 
nord-esl,  à  son  nord  ;  volcan  Maipô  (5^84  m.)', 
vidraii  San  .losé  (GO(Ki  m.);  volcan  Tupuir^ato 
((j178  n».)^  derniiT  a  i^niivorne  h  dans  la  dii'ectJon 
du  nord  jusqu'aux  monts  de  feu  du  paya  de  ré- 
cente annexion,  jadis  lioliviens  et  péruviens; 
Jurical  (rȔti2  ni.);(lerro  de]  M'^rcedario  ou  Ligua 
{li71}8  m.)  :  ce  plus  allier  des  monts  du  Chili  ne  le 
rède  que  de  ôfi  mï'tres  (ou  de  172}  à  TAcnncagua 
des  Ai'^entios^  dominateur  des  Andes  et  de  l'Amé- 
rique. Il'aulres  «  Coliaths  i>  de  iMH)  mètres  l't 
|)lus,  h  vrai  dire  es(inu*s  plutôt  que  mesurés, 
se  lèvent  aussi  dons  le  nord  de  la  Uépuldique, 
nu-dessus  de  rAlacama. 

L'Atacama.  —  Alacnnia  propre  et  Pampa  de  la 
['atieufia  <vniquis  sur  la  Bolivie,  Pampa  dcl  Tatna- 
rugiil  prise  au  Pérou,  ces  trois  déserts  font  l'Atit- 
cnma,  Saliara  le  moins  m*millé  (le  (out  l'I'nivers. 
La  pluie  n'y  tmidie  jnmais.  l'air  y  est  lellenient 
sec  que  la  forme  lunnaine  y  dure  des  années, 
jusfiu'à  des  siècles»  dans  les  sables  imprégnés  de 

1.  tl'uilknirs  voisiodu  Cliili,  un  tiurd-csl  de  Saiiti»^i>. 


sel  el  de  salpêtre.  Il  y  n  même,  dil-on,  dans  ce 
pays  sans  moisissure,  des  ciuielières  l\  air  libre; 
an  lieu  de  pourrir  dans  le  wd  ou  do' se  dissoudiv  au 
hùcher,  les  morts  y  dorment  imtnuahlemenl,  tou- 
jours eux-mêmes  si  le  iiec  de  l'oiseau  les  épargne, 
assis  ou  couchés  en  rond,  chacun  ayant  son  |)ol,  el 
dans  une  cruche  son  mais  funéraire. 

Faute  de  puits,  mdme  artésiens,  faute  de  torrents 
(rar  In  corilillére  voisine,  entourée  d'un  nir  arirle, 
a   malfjré  sa    hauteur    peu    de    neiges,    peu    de 
sources,  el  ses  rivières  expirent  en  entrant  dans  le 
déserl),  faute  en  un  mot  d'eau   [totiilde  (mi  inipo- 
laide,  c'est  à  la  mer  qu'il  laul  puiser  [mur  lioire. 
Les  flots  salés  sont  distillés  dans  de  grandes  usines, 
puis  lrans[iorlés  an  loin  pour  l'usage  des  milliers 
d'hommes  attirés  dans  ce  tcrrihte  désert,  chaud  le 
jour  et  froid  la  nuit,  par  des  mines  de  métal  d*uno 
fabuleuse  richesse.  Ainsi  ce  littoral  ne  subit  ni  la 
pluie,  ni  l'orage,  ni  les  saisons  ;  il  n'a  point  d'hiver, 
ptiint  d'automne,  point  de  splendeur  veniale:  il  ne] 
connaît,  que  Tété.  Toutefois,    si  les  forces  de   lu 
nature  y  dorment,  il  leur  arrive  de  se  réveiller 
avec  une  subite  fureur.  ¥.n  18^8,  un  tremblement 
de  terre  couciia  sur  le  sol  Arica,  ville  côliéi-e,  en 
même  temf»sque  deux  vagues  du  Pacilique  levaient^ 
l'une  après  l'aulie  leur  crêtt'  contre  quatre  bourga- 
de la  cote  ci  les  engloutissaient  avec  leurs  habi- 1 
lants.  En  1877*  une  vague  plus  haute  encore  monta  - 
jusqu'il  (j'i  pieds,  sur  Mejiilofies. 

Gïtnme  pour  inlligrr  le  supplice  de  T;mlale  aux 
cités  altérées  que  l'homme  n  bîUies  sous  cette  votïte  I 
dViJraiii,  des  nuées  épaisses  y  Iiarienl  le  ciel,  non' 
pour  urn'  heure,  un  jour,  mais  sonvcjit  pour  des 
semaines.  Cette  nuée,  qu'on  nomme  garua,  ne  parlû 
de  [duie  qu*à  Pêtranger  qui  ne  connaît  pas  le  pay» 
éti'rnellemeid  sec;  elle  ne  tombe  jamais  en  ondées» 
c'est  en  imperceplibles  rosées  qu'elle  se  résout, 
dunniiiit  ainsi  qui'lque  fraîcheur  aux  luîrbes  peu 
drues  des  lomas';  quant  aux  vallons  dominés  |»ar 
ces  lomas,  ils  ne  re(;oivc'nl  rien  de  ce  brouillard 
invisible. 

Sur  les  iOOO  kilomètres  el  même  plus  de  lon- 
gueur qu'a  le  Chili,  la  part  du  Tnmarugual  el  de 
rAlacania  dépasse  800. 

Chiliens,  Araucans.  —  L'Atacama  el  le  Tama- 
rugal  ensemble  ont  à  (teine  120 UUO  Ames  et  il  n'y 
a  que  quelques  milliers  d'hommes  au  sud  de  la 
jirovince  tlu  LIanquibué  el  de  l'île  de  t^hilnê. 
Allant  du  21"  au  ôfi-  degré,  le  Chili  concentre 
presque  tous  ses  Chiliens  entre  le  27»  el  le  43*,  do 

l.  Cutlines.  monlu^iies. 


VuMclon  chilien  —  DcsMn  de  Jules  L«Té«.  d'iprH  une  phototcnipblo. 


m 


\.\   TKÎÎT^K  A   VOL   D'OISEAU 


la  nuT  au  pk-ildo  la  CorJilIviv,  on  (livo(St\s  sierras 
et  eiilre-siorras.  car  île  rA!l;uiliqut»  aiii  Gr.indes 
Andi^s,  il  y  a  thnn  nioriir'ns»  doux  rlfscentos,  au 
moins  dans  le  «  Chile  j'  [>eu[^ll^  ffuicsl  le  «  Chil*^  » 
Central.  P;irti  du  rivagi*.  «^n  irravil  la  rordillti-ïi 
de  la  ('(»sln  ou  (Ihaiiu^.  lillor.'di'.juiur  descendra  dans 
des  fl  vallos  »;  puis  on  ni(Uil.<^  li*  roi'i[ill<'ra  i\A 
Medio  ou  Cfiaiuc  utr Jiniir,  d  où  l'on  UnuW  daii^^  les 


Vulk's  audiuos  ou  Valléi^s  audines,  cl  à  leur  ori*»nt 
on  se  bulle  h  l.i  a  curdillern  Alliiiinia  h  ou  Cliaiue 
très  lumtr*.  Il  s't'Jisiïil  qm'  d.ins  lo  Ciiili  niovfn 
tout  g^rand  lormil  uonual  CMuh  des  Neiges  allis- 
simos,  saute  dans  un  Vaile  andino,  tranche  la  Cor- 
dilir-redu  milieu,  s\ipnise  ensuite  dans  un  nouveau 
(t  val  f),  puis  peifure  la  Cordillère  de  la  ciMe  et 
s'engloutit   eiilln   dans  l'abime  des  abîmes  après 


avoir  arrost^  des  campos  qui  sans  lui  resteraient 
slri'iles,  par  rareté  des  |>luii's: —  mais  gnict-  aux 
canaux  des  rins  aiidiiis  le  long  pays  n  pu  s'ap- 
peler Jardin  (In  ^Nouvrau  Monde  ft,  à  eansi^  di' 
ses  Idês,  drenier  du  rarifiijue, 

La  nation  ehilienne,  quia  beaucoup  de  naissnneea 
et  beauenup  de  nioi-ls,  croîtrait  de  40  000  à 
COOOO  personnels  par  au  si  v\U*  n'envoyail  pas  (ant 
d'êmigranls  au  dehors,  mineurs,  terrassiers,  ou- 
vriers, colons.  C'est  le  Piémont  de  l'Amérique  la- 


rîîti.i. 


feux-ci.  las  de  si»  comiier  sur  lo  sol  ou  t\o  gard*  r  | 

les  bêïos  |>(iur  h'  eoin|ilo  d'un  autre,  s'en   vont  j 

non  seulement  dans  l'Argentine,  mais  encore  et  i 

surtout  dans  1rs  Ji.uiles  vallées  urnivifuncs,  ou  In  I 

terre  esl  :'t  luui  ui.ireiïé.  Kii  une  seule  .'innéo,  l'è-  i 
Iroile  Itêjiuldique  a  essainiê  "ïOOOO  de  ses  enfants. 
Et  il  lui  vient  jh"u  d'Furopéens  :  l'Europe  esl  trop 

luin.  I 


Les  riiilit^ns,  Mm  :iulrem«Mil  eurnp«'Mr(isr*s  que 
li's  llidiviens.  les  F.4pj.d(»rii*fis  <ui  1rs  lV'ru\irtis  des 
plaleaux,  n'ru  sont  pns  moins  rn  gr;nide  |inrl  de 
sang  indien,  du  eiVlê  de  leurs  lurn^s.  ils  provien- 
nent du  mélange  îles  Arauratis  rU)lf>rliloues  rt  des 
BInncs  envoyés  pzir  la  péninsule  Ibérique  k  cette 
rive  luinlaifie.  Les  Ariun\tns,  qui  ;iv;iieiï(  anlrends 
leurs  u\aul-publes  à  Iniée  du  drsiMl  d'Aturarua,  cL 


Vac  de  NcJiUoncs.  (Voy.  p.  706.J  —  Des&in  do  J.  Hoyaet,  d'aprte  nite  pliotiib'tspUte. 


qui  de  là  sVHendaient  jusqu'à  la  pointe  de  TAmé- 
rique,  n'avaient  p.'is  conservé  leur  in<iépendance 
dans  (oui  ce  territoire;  le  nord  do  leur  pays,  du 
fleuve  Maule  Jusqu  h  la  solitude  endiraséi!  qui  les 
séparait  du  peuple  péruvien,  subit  le  joug  dos 
Inc^ns;  mais,  à  larrivéf  des  nmliers  espagnols,  les 
em|>e«'eurs  du  Cuzco  n'avaient  point  encore  eu  le 
temps  de  pétrir  les  Araïuaiis.  de  les  mêler  de 
colons  quiteliouiis,  dt*  les  assimiler  à  la  grande 
race  qui  semblait  deslince  h  fm;omuT  le  demi-con- 


tinent des  Andes.  C'est  donc  au  milieu  des  Araucans 
purs  que  déhîU'quèrenl  les  Conquistadoivs,  hommes 
espagnols  qui,  mal^nr  la  date  beaucoup  plus  an- 
cienne de  leur  venue,  n'ont  peut-éliv  pas  autant 
contribué  que  les  Ikisques  h  In  formation  de  la 
société  chilienne. 

Les  Il;is(|ues  commencèrent  à  se  porter  vers  le 
Qilli  entre  il(H)  et   1750.  ap|H)rlaut  avec  eui  la 
rare  vertu  des  Kscualdunacs,  l'âtiie  sînq>le  «Uns  un 
I    eorps  sans  vices.  Kl  de  la  sorte  la  race  chilienne, 


800 


LA   TRUIIE    A    VOI.    D'UlSKAl. 


aiiiu',  sago,  nli^rl*\  iluri:»  nii  (rnv.ïil,  ii'uiiil  de  roj'l(*s 
origines,  puis*]iiVlle  i\  jiouj'  -nnvd'i's  dt's  CusLillnns 
(avec  beaucouj)  d'AnduIous  joyoux  et.  de  Gallt'gos 
obsttur*s),  ili^s  iTioiita^Mi.'Jt'ds  Cant.ihivs  el  îles  Arau- 
caiis,  iioLL's  sauvages,  liomau's  d'iiiiR  arlîou  virile, 
d'un  esprit  fier,  d'une  paiolf  sûre,  usiiit  d'une 
langue  sutiore  rumme  IVs[MgnoI.  êlotjiieiite,  ima- 
gée, riclie,  régulière  el  concise. 

Dans  les  liautrs  Andt's,  le  satig  indien  a  rc<;u 
[>eu  de  sang  lilaue;  dans  les  dislricls  halutês  an- 
ciennt'meid,  fa  fusion  des  raees  est  à  peu  près 
complète  aujininlliui ,  mais  nu  smt,  à  partir  du 
Tullen,  sur  i^0  kilontèlres  de  liUoral,  les  Araucans 
sont  encore  très  peu  nn>lés.  Ces  sauvages  d'un 
brun  passablenienl  clair  résîslm'ul  [u-ndant  di^ux 
cent  cinqu.'Mile  ans  à  l'Kspagne  et  lui  lirenl  per- 
dj'e  plus  de  soldats  que  tous  les  peuples  de  lan- 
cienne  Ann''rif|ue  enseniïjle,  siuif  les  Floridien?^, 
cl  les  Ciiar'i'uas  de  l'Argentine,  cL  ils  ne  turent 
pas  exterminés  ciïninie  ceux-ci  ou  duuiplês  comme 
ceux-là  :  seulement  ils  [lerdiient  leurs  drsirirts 
st'ptenirionaux ,  jku-  l'aelitm  lente  de  la  fusiini 
[dutôt  que  devaiil  la  furce  des  armes.  Au  nu'di 
du  Tnlten,  ils  ont  U-nu  lê(e  aux  Kspagiuils,  puis 
aux  CUiliens,  successeurs  des  droils  ou  des  pré- 
teiilious  et  des  injustices  de  (Instille,  et  ils  ouf 
gardé  leur  langue,  leurs  coulurnes.  Iléeennm'nt.  ils 
avaient  ]m[iv  ilief  un  avoué  perignurdîn  (pi'on  a 
bafoué  sans  pilié.  Antoine-tlréïie  1""  (c'esl  son  rtoni 
de  roi),  M.  de  Touneus  (c"<!sl  son  nom  de  Fran- 
çais), était  un  homme  d'énergie,  et  peul-élre  un 
couipiistadur  aux  vastes  desseins;  beaucoup  de 
vainquiîurs  honorés  pai'  l'Iiisluire  ne  valaient  pus 
ce  malheureux  aventurier  qui  repose  dans  le  cime- 
lièrc  de  Tourtoirac,  piés  des  Ilots  sombres  de 
rAuvézèi*e. 

Si  les  cent  el  (]uel<iues  caciques  araucaiis  léu- 
nissaient  toutes  les  forces  des  cinq  liUjus  de  leur 
eonfédéralioti,  ils  disposeraient  de  17  000  Iniires, 
tout  ce  que  peut  fournir  un  peuple  de  70  000  âmes. 
Peuple  qui  s'en  va  :  la  Iradiliuiu  l'Iiistoirtv  les  sili:!S 
abandonués,  les  vergers  suns  maîtres,  nous  disejjt 


qu'il  lut  aulrefois  plus  nonduTUX.  Il  continue 
dinninuMv,  taudis  qin»  chaque  nouveau  soleil  se  lève 
sur  un  Chili  plus  riche,  plus  policé,  plus  peuplé. 
t\"sliuheiis  plirni  lentement  devant  lesdenn-blancs 
qni  sunt  Irur'S  deuïi-frères  et  qui»  port;uil  leurs 
garnisons  toujours  plus  avant  dans  le  sud,  sVnipa- 
reid  de  la  cùte  par  des  ports,  des  bourgs,  des 
ehernins,  des  puits  île  bouille,  des  mines,  des 
forges,  des  palis,  des  euUures.  Le  sort  de  ce  der- 
nier li'onçun  de  rAniéri(|ue  libre  est  désormais 
scellé,  mais  lejouroù  le  dernier  soupir  du  dernier 
de  ces  sauvages  se  sera  dispersé  dans  I  aii*.  (pii 
saura  dire  combien  de  eoiurs  chiliens  refoulei'ttnt 
un  sang  qui  sera  non  seulement  espagnol  et  ralho- 
li(pu\  mais  encore  hérétique  el  araucan?  Tous  les 
Chiliens  sont  catholiques,  tous  parlent  espagnol, 
avec  une  prononciation  sourde,  dil-on. 

Ln  capitale,  Santiago  (a^ÔOOO  hab.).  s'élève 
entie  merci  mont, à  150  kilomètres  du  Grand-Océan 
el  h  îj(ïl»  mèlres  au-dessus  de  lut,  sur  le  Mapoclio, 
torrent  qni  cinjrt  au  (leuve  Maypo.  Connue  \alpa- 
raiso,  son  port,  elle  a  sous  les  pieds  un  sol  qui 
frémit  et  souvent  se  tlérobi*. 

ValjiiU'iiiso  (nUOOU  liab.f,  sur  un  sec  el  Irisle 
rivage,  nuilgré  son  nom  édènique*,  est  l'une  des 
j  remières  places  de  coiiunerce  du  l'jcilique.  m 

Juan-Fernaiidez.  —  In  arehi(iel  dépend  du 
Chili,  bien  jn-tii,  bien  isnté,  fait  de  deux  îles  :  Mas 
à  tierra  (îloOO  hectares),  Mas  à  fuera  (850O  hecta- 
res)» et  d'un  îlot  de  .')00  hectares,  Sauta-Clara, — 
soit  18  500  hectares  et  00  habitants.  Mus  à  lierni 
ou  Plus  ù  terre,  â  5C5  kilonièlres  du  continent, 
jiorte  un  mont  de  ï*8'»  niêlres;  dans  Mas  ;i  fuera 
ou  Plus  au  large,  â  irô  kilomètres  du  littoral, 
s'élance  un  pic  de  1850  mètres.  L*upe  el  l'autre 
mit  des  furets,  des  cascades,  un  ciel  humide, 
un  cihiiiil  <bmx,  sans  miasmes,  incessuminent  ré- 
généré jiai"  le  vent, 

1 .  VatjMimiâo  signiHc  :  Val  du  Paradis- 


IHENTINE. 


p"^ 


•^?r- 


OlIIj  du  laiji.j.  -  Dvtiin  Jl'  E.  Uiou»  d'a^Tùs  un  croquii 


ARGENTINE 


Andes  argentines.  —  fjuohtuL'  peu  scriiblaLlt' 
aui  Élals-lnis,  iiMts  Li^n  trois  fois  mi>[ii(lri\ 
l'ArK^TiliiH»  ;i  s*in  Ohk»  <I;ms  li»  Panini^,  son  Mis- 
sissippi dans  le  l'ara|;uay,  son  Mi.^souri  dans  le 
Pîkoiïiayo;  elle  n  son  Granii-Out'sl  impluvioux, 
Jiii<i<\  jii:^qtt';ui  pit'd  (li's  Andi's,  qui  sont  si's  Uo- 
clit'iiscs.  Muis  il  lui  fiianque  uno  (^ulifornic, 
puisqu'elle  ne  possède  pas  le  Chili,  et  aussi 
une  Nouvelle-An^delerre,  puisque  la  [tjuide  Orien- 
tale csl  indépemianle  et  que  le  Rrêsil  méri- 
dional porte  une  race  étrangère  et  près  d'élre 
ennoinie. 

I/Argenline  s'éleiid  sur  280  millions  dhocliïrcs 
environ,  soil  un  peu  plus  de  cinq  fois  la  France, 

0.    fUCLr«.    la    TcBRft  A    VOL  DOLMLAf. 


mais  avec  de  lonj^s  tq  larges  dose  ri  s  ou  trop  i-liauds 
on  lr!)p  froiïls,  et  trop  secs,  et  ce  jeune  pays,  qui 
a  tous  les  espoirs  el  les  esaUalions  de  la  jeunesse, 
ne  porte  pas  luême  ôTiOODUO  liounnes,  ^ur  qua- 
torze provinces  consliluèes,  neuf  u  terrilorius  ua- 
cionales  »  et  un  disiriil  fédéral. 

A  l't^si,  elle  confronte  h  rAllantiquc,  au  rio 
Uruguay,  au  rio  Paraguay;  îi  l'ouest  elle  a  pour 
liorne  hautaine  la  Cordillère  des  Andes  pendant 
plus  de  5OU0  kilonîèlres,  à  150  kilomètres  ii  peine 
de  loccau  Pacifi(|ue.  Cotte  chattio  colossale,  faite 
de  deux  sierras  parallèles,  droite  connue  un  mur, 
et  d'un  seul  élan,  envoie  peu  de  eontreforU  il 
l'orient;  aussi  l'Argenlinc  apparlienl-elle  presque 

101 


802 


LA    TKRRE   A    VOL    M^niSEAU. 


eiitiiTcnicnl  h  h  |ihniit',  ÏViriipas  au  centrv.  [';iIîi- 
goiiie  au  sud,  fimriii  Clinro  iiti  nord. 

Si  i<i  Cordilii'-if  est  êlroite,  (?lle  sV^ancc  aux 
froides  alllLudes,  ;i  tiOttO ,  h  GOOO .  h  près  de 
7000  molTL^s.  L'Aroiicugua  rnonle  n  C85i  njrltvïs, 
sinon  m^nio  à  6970,  cl  li*s  Argi'nlins  saluent  vn 
lui  le  rai  de  leurs  iiûvados  t?n  môino  1<m»i[>s  (juiî  lo 
monarque  de  lous  les  pics  amt-ricains  :  jusr|u'à 
preuve  coijtrriiro  aucune  sierra  du  Nouveau  Monde 
ne  dresse  un   pilier  supL'rieur. 

Il  se  lève  tout  pn'-s  du  Cliili,  mais  (ont  entier- 
dans  l'Arg-enli  ne.  LeCrrrodel  Mereed;iri(mj7î*><  niO» 
le  voltau  Tupuiï^'.-Uo  (OllH  m.),  le  volcan  SanJosé 
(0096),  sur  la  Tryiitière  nu^met  divisent  les  deux 
nalifiiis.  Parmi  les  l'uls  (pii  brisenl  cetle  arOle»  les 
uns  oiil  de  5000  ;*  4000  niêln-s;  les  uuljes,  très 
bas,  servent  de  passage  aux  <]liilieus  qui  viennent 
se  fixer  dans  les  Kïaïs  argentins  de  IViuesI,  eonime 
aussi  ils  Innjsmettenl  de  l'un  ïi  l'auli'e  pays  <ies 
troupeaux  de  liœufs  et  dos  convois  de  marolian- 
dises.  L'un  de  ces  <i  puerlos  »  ne  tardera  pas  à 
pi'èler  ba  doeile  échancruix*  au  elu-niin  de  fer 
alhuit  fie  mer  a  mer,  de  Duenos-Ayres  h  Sun- 
tîago  de  Chili. 

Sans  largeur  à  J'iiorizon  de  Moudoza  el  de  San- 
Juari,  tes  Andes,  dans  leur-nmle  vers  le  seplentrion, 
s'épanouissent  v\\  cnnli-efurls  t|ui  se  pndongont 
dans  les  provinces  de  la  liioja,  de  Calani;irea,  de 
Sajiliayn-det-i']s!ei*o,  de  Tueuinau.  de  Salla  cl  de 
Jujuy;  au  iiurd  de  l'Argentine,  ces  coiiU^eforls 
orientaux  sont  1res  élevés  el  la  sierra  de  Acnn- 
quija,  (pii  monte  au  euneliaiit  de  Tueuman,  flotte 
par  ses  pointes  suprêmes  entre  5000  el  0000  mi^- 
li-es;  elle  est  plus  éthérée  que  les  Alpes,  égale  ou 
supérieure  au  Caucase.  Dans  les  provinces  de  San- 
Luis  et  de  r,ordol>a,  des  massifs  réunis  en  une 
espèce  d'acropole  triangulaire  dominent  des  plai- 
nes n  perle  de  vue;  leur  maître  mont  n'a  guère 
que  2350  mètres. 

Cn  toutes  ces  sierras  dorment  de  puissants  filons 
mélalliques;  elles  n'épanchent  que  de  pauvres 
lorreitls,  4'ar  îl  tombe  très  ]k'li  de  nci^r^  i-t  il  y  a 
très  peu  déglace  éternelle  sur  ces  grandes  monla- 
gnes  sèches,  uniformes.  Même  il  y  en  a  de  moins 
en  moins;  on  remarque  sur  ee  versant  des  Andes 
une  diminution  graduelle  des  frimas  de  la  Cordil- 
lère, et  dans  les  campos,  des  sources  tarissent, 
des  rivières  portent  au  loin  vers  l'aval  les  fontaines 
qui  leur  donnent  l'élre,  d'aulres  cessent  de  couler  : 
c'est  un  Sahara  qui  s'accroît.  Néanmoins,  dix  des 
quat<irze  Élnts  argentins  tloivent  leur»  cultures 
aux  rio&dos  Andes  ot  des  Alpes  cordohiennes. 


Rio  de  la  Plata  :  Paranâ,  Paraguay,  Uru- 
guay. —  Trois  grandes  rivières  argentines  \oïiI  à 
la  ?uer  par  IVsluaire  de  la  Plata. 

Kntre  la  Bande  Urientale  el  l'Argentine,  l'csluaire 
de  la  Plata  tcnnine  un  Lassiu  fluvial  ((ui  est  le 
premier  du  demi-conlinent  après  ct-lui  des  Ama- 
zones cl  prélève  à  lui  seul  près  de  500  millions 
d'hectares  sur  l'Amérique  du  Sud.  Cet  estuaire 
reçoit,  aux  eaux  hasses,  l>*  S\t^  mètres  cubes  par 
seconde,  plus  que  l'ètiage  de  rAmazone.  plus 
que  la  moyenne  du  Mississippi;  aux  eaux  moyennes, 
il  en  engloutit  ^i'J  KOO.  L*'s  bnleaux  à  vapeur  ont 
devant  eux  plus  de  5UU0  kilomètres  depuis  le  seuil 
do  la  mer  jusquù  la  brésilienne  Villamaria.  ijui 
est  riveraine  du  Paraguay,  l'un  des  fnns  maîti'es 
courants  du   bassin. 

Le  rio  de  la  Plola  s'ouvre  par  un  évaseinenl  de 
2r»0  kilomètres,  et  [lendant  toute  la  longueur  d'une 
de  nos  rivières  moyennes  il  n'a  jamais  moins  de 
35  h  iO  kil<mièlres  do  largeur,  lia  fécondité,  l'am- 
pleur des  régions  dont  il  est  l'aorte,  le  destinenl  à 
porter  un  jour  autant  de  navires  que  n'importe  quel 
estuaire  du  nn)nde.  11  rei/oil  le  I*aranâ,  grossi  du 
Paraguay,  et  l'Uruguay. 

Kn  Inngue  guaranie,  ParanA  signifie  également 
nn*r  et  rivière.  Pans  l'esprit  des  Indiens,  ce  niuri 
veut  tlire  ici  la  rivière  par  eKN^lIenee,  et  en  effet 
le  Parante  est  tellement  le  véritable  fleuve  du  bassin 
quVii  faibles  eaux  i\  conduit  |iar  seconde  h  l'i'S- 
luaire  liOOO  mètres  cubes  d'oiules  loi-siiuc  l'Uru- 
guay en  amène  seulenienl  4!2Uj;  quant  au  Para- 
guay, alllui'iit  du  Paranâ,  ce  uVsl  [)as  uji  courant 
de  première  grandeur. 

Le  l^aranâ  quitte,  déjà  très  puissant,  le  Brésil, 
son  [kays  natal,  au  conOurnl  de  la  \uste  rivière 
Yguassou',  a  queh^ue  disiance  eu  aval  du  Grand 
saut  de  Maracavu  ou  de  Guaira,  ou  encore  des 
Sept  Cliutes  (Sete  Quedas),  tombée  de  17  mètres  oii 
la  largeur  du  fleuve  se  réduit  soudain  do  4150  nii^ 
1res  h  00.  En  anmnt  de  Con-ienles,  api-ès  r>0OO  ki- 
lomètres de  voyage,  il  rencontre,  il  entraîne,  il  en- 
gloutit le  Paraguay,  bien  des  Ibis  inférieur  au  Pa- 
ranâ, nuilgré  ses  2000  kibimèlres,  mois  le  Paranâ. 
barré  par  sa  cascade,  oIVre  aux  navires  moins  dt> 
course  navigable  que  1*^  l*araguay. 

Argentin  par  nin.^  seule  rive,  la  droite  (l'autre 
éliuit  paraguayenne),  le  Paraguay  mène  les  navires 
jusqu'en  plein  Brésil  dans  le  pays  de  Cuyaba;  il 
va  dnut  du  Nord  au  Sud,  point  rniude.  sous  un 
beau  climat, d'ardeur  tropicale  et  pourtant  fort  sain, 

1.  (^c  nnm  veut  Ju.steineut  dire  :  Grande  rivière. 


ARGENTINE 


voir»»  [lour  les  HLirirs  iips  rn  Kuniptv,  fiii.TTul  niènn* 
Ci'lli'  Kur*)|ii'  *'sl  cv\U'  du  ^t'|ihMilri(»n.  Jt  Uni  ilfux 
langues  rivières,  faibles  courants,  le  Pilcoiiwyo, 
i|ui  «.'sl  bulivietu  parafîunyt^n,  ;irgt^nltn,  et  le  Bt-r- 
niejo,  ;u'lL'rt:  ceiilialc  du  ^îraïul  CIkico. 

Ou  Pîira^niîiy  â  ITruguay,  le  Pnranà  se  conlente 
rarenu*(j|  il'uii  lit  de  moins  de  T)  kilomètres  de 
l;irge;  il  en  a  15  en  moyenne,  en  un  laeis  d'îles 


avec  bois  npulenis,  lanière  du  Inîliv  jno^inr.  Le  lit 
majenr  eoïnfïjuniijue  pnr  des  canaux  sans  nombre 
îivec  le  (ïlet  des  UniÀ  inmeurs.  domaine  anijihibie 
que  la  grande  crue  annuelle  rache  sous  6  à 
H  mèlres  de  Ilots  lurbides.  Au  plus  (>lroil  de  son 
cours,  â  la  pflsse  d'Obligado,  séparée  de  la  It^le  de 
l'esluaire  par  environ  I7r>  kiloniMres,  le  fleuve 
n'a  [Kis   plus  de  0."tî  nii'tres  de  Lngeur,  mais  cet 


mètres,  en  deux  bras  èlroils  que  sépare  une  Ile  de 
basalte  :  ro  bond  oti  plutul  ce  raudal.  ce  rapide,  a 
!Î700  nu'tres  de  long:  quand  les  ean\  du  rio  sont 
hautes,  les  enibarra lions  se  liasardent  à  le  des- 
cendre. En  aval  du  saul  de  Concordia,  uruguayen 
h  gaucho,  argentin  à  droite,  Tl^ruguay  n'oppose 
aucun  olislaclede pente  insurrnonlable  aux  bateaux, 
ntais  il  n'ei^t  vraiment  et  grandement  navigable 
qu'il  partir  du  lieu  jusqu'où  lenlle  et  le  soulève  le 
flot  de  la  marée. 


80  i 


l.\    TKRRE    A    VOL    D'OlSF.Ail. 


Hissions  et  Mésopotamie  argentine.  — Entre 
l'I'riigiiîiy  el  lo  l*arrî!i;'i,  (iniis  nue  ronirêo  qui  tiY-- 
lïiil  \r.\s  si  vi^lt'  il  y  i\  cent  vi  qih^hjues  îinrnVs,  In 
BolilutJo  a  rcpl'is  i'unipiru,  et  qijel(|ucs  hainenux 
auxquels  se  mâlont  de  [wîiivrps  embryons  de  ville 
et,  dîins  les  rljiirièif*^,  des  tronçons  li'êfclise. 
rapjK'Ilfinl  seuls   f<^s  Immenses  Ibiidées  par  les  Jè- 

RUitilS. 

I,es  bons  Pores  avaient  compris  les  fiuaranis. 
iMimiites  de  di^'ijiUno;  ils  les  avaient  parqués,  bien 
catéchises,  dans  des  communautés  bien  ordonnées, 
et  les  Indiens  des  Missions  él.jient  heureux,  leur 
race  n'étant  pas  de  celles  qui  jrgi'eltent  it  mourir 
lespace  et  la  liberté.  Dans  cette  œuvre  d'éducation 
qui  exigeait  finesse,  feniielé,  science  cl  persévé- 
rance»  les  Jcsiiilcs  ne  furetil  aidés  de  (lersomie. 
Espagnols,  portugais,  princes,  grands  seigneurs 
et  quelf[uer<ïis  évéques,  on  no  viuilail  des  Indiens 
que  leur  or,  leurs  iHaniants,  leurs  terres,  leur 
(t  Kl  rior.idi)  t),  leur  t(  Fontaine  de  Jouvence  u,  et 
aussi  leurs  muscles,  au  besoin  leur  vie,  pour  tous 
les  travaux  des  champs  cl  des  mines,  mais  on  ne  se 
souci;iit  guère  de  les  aimei"  comme  frères  en  la  foi 
qui  sauve. 

Les  Jésuites  lutlèrenl  tant<!it  contre  les  gnu- 
vernanls  de  Madrid,  Intilôt  contre  les  \ice-rois 
américains,  laulôl  cimlrc  les  évèqucs,  larilOl  contre 
les  Indiens  mêmes  :  non  contre  les  Indiens  purs, 
mats  ronlrtr  les  Peaux-Houges  lusifanisés  qui  s'ap- 
petaienl  Mainetonr.s.  Après  plus  d'un  désastre,  les 
Guaranis  chrétiens  commandés  par  les  Pères  Hni- 
renl  par  battre  ces  Manialm'os.  L'ouvrage  des 
Jésuiîes  a  péri,  et  voici  les  Missions  vides,  mais 
déjà  les  Européens  frappent  à  la  porte  de  ce  pays 
Iropicaleinenl  fertile,  liés  chaud,  avec  trop  de 
moustiques.  Jusqu'à  ces  dernières  années,  l'espa- 
gnol y  ét^iit  presque  langue  élrangèrer  on  y  par- 
lait le  guarani,  le  jïorfugais,  fort  peu  le  casiillan. 

Kgîdenient  entre  Iruguay  et  l'aranâ»  les  provinces 
d'Knlre-Uios  cl  ik*  Corrientes.  plates  ou  doucement 
manudoiinées»  sont  de  fécond ilé  grnnd<^  et  salubres 
malgré  l'ai'dent  climat,  malgré  les  lagimes  sans 
proriunleiM'  tloiiï  une  très  vaste,  l'Eau  brilbuitc*, 
dirige  à  la  fois  ses  déversoirs  vers  l'ruguay  et  vers 
Parana.  Ces  deux  provinces  ord  quelques  forêts  ; 
elles  forment  la  Mésojiot.'uuie  ar-gentine^  terre  d'a- 
venir, mais  elle  n*a  jioinl  tle  passé,  el  lo  siècle  qui 
vient  lui  ravira  sa  plus  belle  parure,  la  solitude, 
les  Lois,  les  eaux  vag^diondes.  Les  cidons  ipii 
recherchent  ses  t'xubéiMnIs  c;inqms  l'auront  hietdôt 
dénudée,  violée,  desséchée,   draimV,  soumise  au 

I.  )bcra,  en  guarani. 


soc,  taillée  en  champs,  coupée  de  chemins  droits 
passant  par  des  bourgs  réguliers,  l'ne  rictie  nation 
ainvi  h'i  ses  demeures,  dans  une  presqu'île  allongée 
dont  on  pourrait  faire  une  île  en  rejetant  l'L'ruguay 
d:ms  le  ParanA,  à  travers  leur  isthme  étroit. 

La  Mésopotamie  des  Argentins  n'aura  pour  elle 
rpie  son  opulence.  Il  lui  manquera  ïlabel,  Ba- 
bylone  et  Iki<>dad,  qui  sont  la  gloire  de  la  Méso- 
poi.nnie  vraie;  elle  aura  des  villes,  des  n»ag;isins, 
d'imrneiises  troupeaux,  des  boucheries  monumen- 
tales, des  quais  magni[i(|ues  sur  ses  doux  fleuves. 
mais  il  s'écfmU'ra  des  siècles  avant  qu'on  ne  l'aime 
[tas  seulement  pour  ce  qui  vil,  mais  aussi  et  sur- 
tout pour  ce  qui  vécut»  cités  elTacéos  du  soLiiiines 
croulantes,  peu|de3  éteints,  deuils  de  l'histoire. 
Va  c*.'t  amour  est  plus  i)roftind  que  l'aulre. 

Le  Grand  Chaco.  —  Argentine,  Paraguay,  Bo- 
livie se  partagent  le  Grand  Chacodont  les  Argentins 
ont  de  beaucoup  la  [dus  grande  part  :  ils  possèdent 
font  le  Chaco  austral  au  nord  du  rio  ïvdado,  au 
sud  du  rio  Bermejo*,  et  tous  les  llanos  de  Manso 
déj'oulés  i»nlre  Bt-rniejo  et  Pilciunayn;  Panguayens 
et  liidiviens  se  divisent  le  Chaco  boréal.  Chaco» 
nom  guarani,  veut  dire  Pays  désert,  mais  gil)oyeuii 
lieu  de  grandes  chasses. 

Cette  anqïle  contrée  se  déroule  en  plaines  vides, 
sans  pente,  avec  rios  extravasès  pendant  In  saison 
des  pluies,  en  lagunes  salées,  en  forêts  où  nVde  le 
jaguar,  en  steppes,  savanes,  arènes  stériles,  bou- 
quets de  palmiers,  boia  de  mimosas,  buissons  et 
cnctns.  Dans  cette  solitude  qui  demain  sera  four- 
millîjntc,  parmi  des  tribus  dindios  bravos,  na- 
tions décadentes»  naissent  <léjà  dos  bourgs  euro- 
péens. 

Tel  est  dans  sa  grandeur  monotone  le  Chaco,  le 
Cratul  Nord  du  peuple  argiMilin,  tpii  a  aussi  un 
CratuI  Sud,  mais  point  de  véritable  Grand  Ouest, 
ce  riMé  du  lerriloire  étant  (piasi  s.aharien,  avec 
aussi  peu  de  pluies  que  le  Sahara  classique  de 
l'Afrique  française. 

Salado,  lïermejo,  Pilcoinayo,  les  longs  rios  du 
Chaco,  manquent  4r;itn[deur  et  d'abondance.  Cou- 
lant sur  des  sols  imperméables,  ils  s'épanchent  pen- 
dant rhivernagc  en  une  sorte  de  mer  plate  et  sans 
[irofondenr;  l'eau  tombée  sur  leur  bassin  s'écoule 
ou  s'évapore,  mais  ne  se  iMssemble  ptiinl  sous 
terre,  dans  des  cavernes,  en  sources  inmiorlelles. 
Le  Snlailo  dont  bî  nom  dit  les  eaux  siilées  et  le 
Bennejo  vieinient  des  hautes  montagnes   andines 

t.  I^s  Arpenlins  écnvcnl  iilutiM  tlenncju  que  \irnicju, 
comme  Cordubu,  au  lieu  de  Cordora. 


SOli 


LA   TERRF  A   VOL  DOISEAU. 


qui  recouvrenl  loa  doux  provinces  de  Jujiiy  cl  d*» 
Sjiltn.  belles  contrées  qui  sont  ou  seront  un  n  jiu'tlin 
^dc  rAnièriquc  du  Su<l  t)  non  moins  <|ue  letu*  voi- 
"^sine,  Tucunian,  le  berceau  de  rindépcndanee*. 
Le  Salado  gagne  le  Piiranà  près  de  &mla-Fé;  le 
Berniejo  lornhe  dans  le  Pani^ny  :  ce  que  fui!  niiss;i 
le  Pilcornayo,  né  dans  la  Uolivie,  chez  les  Uuilcliouas 
boliviens,  qui  lui  ont  donni^  son  nom  de  Piscou- 
Miiyou.rivit'ie  desdisenux.  Le  Paraguay conimenoo 
sur  une  haute  sierra  qui  il'n  in  les  iîiiïncnses  m'ij^^es 
ni  les  pluies  niisselanlts,  ^juoiquc  élevée  de 
5000  h  COOO  uiMres;  sorti  de  la  iniiiilagne,  il  ne 


reçoit  qîie  peu  <ie  fonluines  ri  peu  de  rivières;  il 
s'épond,  il  se  jierd,  il  est  bu  |)ar  les  l<i<L(unes,  les 
inarnis,  les  bois,  les  licrl)es.  lestdeil,  si  bien  qu'il 
arrive  au  Paraguay,  en  amont  de  l'Asuneioti,  non 
comme  le  fleuve  qu'annoncerait  sa  longueur,  mais 
eomme  une  rivière  de  50  mêlrori  de  lar^'e,  lelle- 
nient  sinueuse  qu'on  a  pu  la  sui'uoinuiier  un  t;  (jre- 
bouclion  liquide  ". 

Pampa  et  Patagonie.  —  l'anipa.e'esl  la  plaine» 
on  langage  quitchoua. 

Maine  en  cfret,  belle  d'iînniensitê,  mais  morne. 


Sur  le  pLlcomnyii   —  Octstn  A»  C.  Riou. 


sêclie,  aride  el,  puisqu'or*  va  la  sounnMtre  h  la 
rullure,  destinée  â  la  laideur  de  la  lleaueêt  des 
deux  (-aslilies,  de  l'Efitréniadure,  de  certains  pla- 
teaux de  l'Atlas,  en  un  tnot  de  toutes  les  grandes 
terres  ù  hlê. 

C'est  uuChaco  moins  chaud,  moins  boise,  moins 
humide,  avec  des  rivières  mnîjidres  .qui  n'attei- 
gnent pas  toutes  l'Océan  pai'ce  *iue  le  dépéri  les 
boit  parfois  en  chemin.  Jadis  elles  avaient  beau- 
coup pins  de  fori'c  el  s*?  réunissaient  eu  un  vaste 
cour.'inl  qui  i^'afînaiL  le  Colorado,  Iribul.tire  encore 
vivant  di'  l'Atlantique  :  aujouid'hni  cette  j^oul- 
liére  commune  porU:  le  triste  nom  de  Salado,  le 
&dé,  ou  du  moins  le  Sautuâire,  c'est-à-dire  aussi 

1.  C'o«t  »  Tunininn  (lu'eiit  Ueu  (1810)  la  iléclaratiou  d'iti- 
de|:oiulutife  du  |Kiys  ik  la  E'lut:r 


l'iïued  indigeni,  iraînant.  impur,  allani  par  (laipies 
el  tillralions;  el  cel  oued  s'arrête,  sauf  en  Iri-s 
grandes  pluies,  ^lons  un  bebedero,  lagune  dVva- 
puration. 

Que  voil-oïi  dans  la  Pampa  du  nord?  Bos  lau- 
quen  ',  osleros,  bafnulos  el  earrizales,  eaux  slag- 
nanles  pompées  par  le  soleil,  des  bas-fonds  sa- 
lins, des  nuHJninis,  dunes  éparpillées  par  le  vent, 
tles  plantes  épineuses,  des  4-hardona  d'origine  eu- 
ropéenne, des  pâtures  que  la  pluie  ravive  peu. 
mais  dune  lelle  immensité  que  nombreux  y  sont 
les  millions  iU'  moutons.  En  liianl  au  suil,  le  di- 
sert argentin  prend  quelque  fraîcheur;  il  devient 
herbage,  el  encore  herbage.où  le  voyageur  déplace 

1.  >uin  indiuri  iIl-s  bgunes  de  1»  Pauipa. 


ARGENTINE 


il  l'iurini  I*'  ri'Jitiv  du  iiii^niu  liori/tMi.  I)e  loin  t*n 
loin,  iim'  l'slanciii,  rliàtoaii,  ferme,  rlililr,  rcurie 
et  linras,  !ogi»  les  Iroupeauxdc  bii-iifs,  de  clieviujx, 
de  moutons,  (|ui  sunt  la  richesse  de  l'Argentine  \ 
et  leurs  pnsteurs  liis|>fin(>-indiens,  les  Gauchoâ. 
dont  le  nom  vient  de  rarâucanien  giitr.liuu,  ouma- 
rade. 

Ces  chevanclieurs  qui  valent  bien  les  Hongrois 
galopent  dans  la  grande  l^sztn  de  rAmtViquo  du 


Sud,  aussi  sèclie  près  de  son  lleuve  i'nornie  que  l.i 
IHiszta  nui|;yfU'e  entre  son  h/inuiii»  el  &a  Tisza,  Ils 
aiment  la  l*<inifui,  mais  la  Pampa  n'est  p<'is  aim.ilib'. 
Elle  n'a  point  d'oinbret  on  ne  se  désaltère  pns  h 
ses  fonts  saunu'ities,  il  n'y  n  pas  de  fraîcheur 
dans  ses  rios  pour  h*  eavjdier  rouvert  de  poussière» 
el  quelques  zêphvrs  que  promette  tin  ciel  aussi 
méridional,  c'est  un  vent  froid,  sor.  et  dur  qui 
siffle  dans  In  lande.  Cette  nature  extrême  a  hit  im 


TtuiiCï  \iii  iialluivri  i)atis  \e  Pilcomoyo.  —  [>esàn  t\e  t.  Riou,  d'tprès  an  croquis. 


pcii[*le  violent.  Lfs  Pamp<^ens  sont  moroses  comme 
leur  Pumpa,  infatigables  romme  leurs  chevaux. 
avares  de  part)lrs  connue  si  te  vent  leur  cou[i;iit 
les  mois  d.ms  la  gorge;  ils  aiment  lt>s  alcools  faute 
de  sources  pures,  la  viande  faute  de  fruits  et  de 
bli^.  Tuant  la  hiMe  eux-mêmes,  ils  aîmiMit  le  car- 
nage*. 

En  franchissant  le  Colorado,  rivit'^re  rapide  entre 
de;*  parois  de  grès,  sans  aflluenls  dès  qu'elle  a 
quitté  la  cordillère  natale,  on  passe  de  la  Pampa 
dans  la  Palagonie,  autre  Panqia  singulièrement 
dure   el  déserte,  plat(*AU  sur  grès  oii   Us  froids 

I  Itnns  lu  H^ultr  |<j*u*  lier  de  Itu^nos  Ayrcx  il  y  a  70  mil- 
lions d«  moulons.  7  inifltoiu  do  litvufs. 


sont  très  rude.s,  les  vents  ^glacés,  dessêchant&  et 
niêchnnls.  De  distance  en  distance,  dea  lleiives- 
lorrents  èpaticliés  par  d';(rlmirables  lacs  undins 
s'y  sont  (;iillè  dc!j  vallées ,  oasis  avec  s;ui|t>s , 
arbres,  arbustes,  alluvions  noyées  tous  les  ans 
f»ar  la  grande  fonte  des  neiges,  par  la  grande 
chute  dvn  pluies.  Une  fois  Mbrs  de  leurs  monts 
lacustres,  les  rios  [latngons  n'ont  plusiletriltulaires. 
Tel  le  plus  M^ptentrional  après  le  Colorado,  le 
superbe  rio  "Nègro,  c  lUiin  paljîgonw,  issu,  »ous 
le  nom  de  Limay,  du  beau  Naliuel-Hunpi  ou  lac 
des  Tigres  ;lel  le  tJiubut;  tel  le  \iolenl  Santu-Criiz 
où  se  versent  b*  San-Martin,  le  Viedma,  rArgentin» 
Iransparenls  Lèmnns  d'entrc-mon(«  ou  de  pied  des 


SG8 


LA  TKTIHK  A   VOL   irOlSEAU. 


monts;  loi  oiilin   h  Gallogos,  di'jà  voisin  Ju  de- 
Iruit  do  Mîigt'lian. 

P;ii'  un  di'slm  furit'slp,  In  P;*L'if^oiiii\  hvs  largo 
VL'i'sajjt  orit-ni,!!  dv.^  Aruii's,  n't;oîl  jh'u  do  pluios, 
tandis  que  io  Chili  du  Sud,  très  ôlmit  versant 
orridiTiLd,  soi'l  raiviiiiMil  du  ruissellcrnrrït  dos 
iHjt's  t'L  du  ^a>utl(MiUMit  dos  tjriiiiios.  Si  lo  (i[jili  du 
Sud  vaul  peu,  faule  de  terre,  la  f*ampa  de  la  Pala- 


ponio  vaul  moins  onroro,  faulo  d'eau.  Presque  irdia- 
l*ityij!e  inu's  des  vallons,  des  vallées,  des  rivages. 
U'  («arnporo,  vont  d*.*  fiLiiuo.  ol  l'Apre  sonflle  de 
l;j  Cordillère,  iniprôgiié  de  neige,  n'y  secouent 
tiiH^  des  buissons  et  dos  épines;  ils  ;ddent  ou  con- 
Inuionl  «lans  s.i  rouisse  lautruelie  australe,  le 
nondou,  rapide  cornnK*  la  Mèelio;  ils  fout  fris- 
sonner sous  leurs   peaux  de  bêt<*  le»  Indiens  de 


fes-A   . 


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.\f'»'.%_-»V^:S^-&*<^' 


>    ^' 


^^'^Û^h  J 


Caravane  dans  la  Pampa.  —  bc^sin  de  J.  Ihiveau. 


celle  immense  Chnmpa^Mio    pouilleuse,   mais  non    | 
iTayeuse. 

Ces  Iruiiotis  du  sLoftpo  glaeé.  forls  pout-étro  en 
tout  de  20  000  JionMnos  plus  im  irioiiis  apparenlès 
à  lii  race  araut-aue,  1rs  Téhuolclios,  los  IVliion- 
clies,  etc.,  ont  quelques  Iribus  qui  rempoi'knii 
pour  la  grandeur  de  l'humme  cl  de  h  femme 
sur  les  peuples  les  pbts  haiil  laillo*  du  Cluho; 
Ws  géautvS  y  iionl  oonumms,  les  lnHiiines  potils 
rareSr  ^^  souvent  une  robe  do  ]M"aux  Irainanle 
élève  encore  en  apparence  In  stature  de  celle  race 


d'un  brun  rougeâtn*.  Ces  Indiens,  d'ailleurs,  ne 

môriloni  [>as  leur  nom  espagnol  de  Palagons,  c  est- 
■i-diro  Grands-Pieds;   ils  ont,    au   contraire,   les 

estrénulês  In's  fines. 

Les  Argentins  :  rimmigration  des  Méri- 
dionaux d'Europe.  —  L  Aigentine  pos.st'<le  les 
IÎ7/IO0  de  \ii  zone  oxlralropieale  de  PAmorique 
du  Sud-  Kilo  est  par  cela  môme  accessible  aux 
Europé«fts,  sti'Iout  aux  Méridionaux,  enfants  d'un 
climat  semblable  à  celui  de  l'Argontine  centrale 


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^H                          0.  RXU.C9.  U  Teaac  a  vol  i>*ottiL*6 

■ 

1^ 

1 

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8iO 


LA  TERRE   A   VOL  D*OISEAU. 


erilro  k»  Cliaro,  prosijue  lorriiio,  »:l  le  [tlfjk'îui  dis 
P^i(;it;oiis,  presque  ^d;iL*iiil. 

Telle  année  lOil  000  ii  \o(i  000  immigrants,  Argen- 
tins de  revenir,  dèlianjLieriL  à  Uuojios-Ayres  ;  lellc 
aiilre  près  do  ïi.VOOUO.  La  nmilié,  les  deux  tiers, 
piirrois  les  tmis  (piai-is  uu  plus  viennent  il'lUiliiS 
les  autres  îirnvenl  surlont  de  TEspaj^ne  caslilLme» 
taliilarie,  f^iilicienne  uu  l)as(|ue,  uu  de  In  Fi*ynee 
du  Sud-Ouest  et  du  Midi  ;  puis  des  Suisses,  des 
Allemands,  des  Irh-indais,  ele. 

L>*s  jïrovinces  pn''féfêes  par  ee  flut  d'IirnuTues 
stnit  lltiéiiûs-Ayres,  SîUilii-Fé,  Coitiidia,  làilre-lîios, 
Corrienles.  De  là  Ift  courant  gagnera  Lienlôl  les 
mitres  Élals,  puis  drbiirdera  sur  les  ecnilrées  linii- 
Iroplies,  et  l'eslnaitt*  de  la  Plnta  sera  pour  une 
grande  partie  de  l'Amérique  dite  latine  ce  que  le 
rivage  ile  Boston  et  Li  Virginie  furent-  pour  rAmé- 
rique  <Hle  anglo-saionne  :  le  pays  de  début,  el  en 
quelque  sorte  la  seconde  métropale. 

Dans  les  provinces  transformées  [tar  les  Euro- 
péens méiidionanx,  l'origine  Idancke  domine  iiii- 
niensément,  malgré  d'anciens  mélanges  avec  les 
indigènes;  dans  les  autres»  le  sang  est  hispano- 
indien,  ou  inilien  tout  à  fait.  Dans  nombre  de 
vallées  andines  du  nord-ouest^  en  des  recoins  des 
provinces  do  Sanliago-del-Estero,  de  Jujuy,  de 
Salta,  deCatamarca,  l'idiome  quilehoua  l'ègno  en- 
rnrn.  cl  le  guarani  dans  une  partie  du  [)aya  de 
Eorrientes.  Partout  ailleurs  c'est  le  castillan. 

L'élément  négrc  eut  très  peu  de  part  a  la  nais^ 
sance  du  peuple  argentin,  le  climat  n'exigeant  pas 
de  bias  servîtes  comme  dans  les  régions  tropicales 
ou  équaloriales.  Les  Cliarruas,  Indiens  en  moyenne 
plus  grands  que  les  Européens,  liahitaient  entre 
Paraguay  et  Uruguay;  ils  avaient  la  peau  noire. 
Ils  ne  aont  plus,  mais  l'anéanlissement  de  cette 
seule  tribu  conta,  dit  un  luslorien.  plus  de  sfing 
espagnol  que  les  anrnVs  réunies  de  Montézuma  et 
des  Incas.  Déjà  réduits  h  quelques  centaines  au 
commencement  du  siècle,  ils  livrèrent  leur  combat 
suprême  en  IHot.  Parmi  les  survivants,  plusieurs 
furent  acbctés  par  un  montreur  de  merveilles; 
ils  coururent  les  foires  et  sans  doute  qu'on  s'en 
moqua  comme  de  faux  sauvages  —  l'un  d'eux,  la 
fin  peut-être  de  sa  race,  mourut  dans  un  luqiilal  de 
Paris  au  sortir  de  la  baraque  d'un  saltimbanque. 


Buénos-Âyres.  —  Buénos-Ayres*,  sur  la  rive 
droite  de  IVstuaire  platéen,  large  en  ce  lieu  de 

50  kilomètres,  est  un  damier  d'îlots  de  maisons 
sur  des  rues  régulièrement  parallèles  ou  perpen- 
diculaires eiïtre  elles,  une  métropole  industrieuse, 
animée,  commerçante,  la  Nouvelle-Orléaiiï*  de  l'A- 
méj-iiiue  du  Sud.  Si,  comme  la  grande  ville  du  bas 
Mississjfqâ  ou  comme  Hio-de-Janeiro,  elle  ap- 
|>roJ(ende  maintenant  chaque  année  l'arrivée  de  la 
fièvre  jaune,  c'est  par  la  faute  des  Duénos-Ayriens: 
saine  de  sol,  de  climat,  elle  n'est  (tas  encore  abso- 
lument propj-e,  sous  un  soleil  qui  ne  [Kirdoune 
qu'aux  cités  pures.  Son  port  n'admet  point  de 
grands  navires,  el  les  vaisseaux  calant  5  mètres 
ancrent  â  lU  kilouiètres  du  bord.  IJuénos-Ayrcs 
espère  devenir  une  reine  du  monde;  ses  000  000 
Porlefios*  en  font  déjà  la  première  ville  de  toute 
l'Aînérique  latine  et  de  tuute  la  langue  espagimle  : 
d'ores  el  déjà  Madrid,  princes:$c  des  Espagnes,  n'a 
plus  que  le  second  rang. 


Iles  Falkland,  —  Kn  face  des  rôles  de  la  Pala- 

gonie,  pivsque  vis-â-vis  de  rentrée  orientale  du 
détroit  de  M.'igellan,  à  ^^00  kilomètres  en  mer.  des 
îles  l'elèvent  de  la  toute-présente  Angleterre  :  ce 
sont  les  Falkland  des  Anglais,  les  Malouines  des 
Français,  prises  injuslement  par  Albion,  insolem- 
ment gardées  par  elle. 

Sous  uji  climat  humide  ot  salubre,  semblable  à 
celui  du  Hevonshire,  de  la  Bretagne  ou  du  Colen- 
lin,  cet  arc]iii>el  coupé  par  le  52"  degré  de  latitude 
contient  1205200  hectares,  en  190  ites,  avec 
2000  habitants.  Falkland  d'Est  et  Falkland  d'Ouest, 
les  deux  îles  maîtresses,  ont  de  petites  monLïgnes, 
jusqu'à  700  mètres  (mont  Adam),  des  pâtures  sîi- 
voureuscsi  de  vastes  tourbières,  des  fioi-ds  profou- 
démenl  |»énélranls.  Des  vents  y  soufilenl,  de  toute 
fréquence  el  de  toute  violence,  mais  ils  n'y  cour- 
bent pas  d'arbres,  tout  l'archipel  étant  herbe  ou 
tourbe  ou  nudité.  Stanley,  capitale,  n'est  encore 
qu'un  hameau. 

I.  En  fi-ancais  •.  It<m  Air. 
3.  Eli  français  :  Utibilauls  du  port  (sousenleuilu,  de  Buè- 
nofr-Ayres}. 


BANOE   ORIENTALE   OU    IRKUAV. 


8H 


L'aliaUgc  des  l>c«liaux.  —  îhsAÏa  de  Û,  MaiUanl.  d'apri»  on  croHuis. 


BANDE   ORIENTALE   OU   URUGUAY 


L'Uruguay.  Troupeaux  et  boucheries.  —  Sur 
i8  nïillions  d'hectares,  presque  exaclement  le  tiers 
do  lu  France,  avec  un  tiioïlleiir  riol  que  le  nôIre, 
cl  [leiit-i^lre  un  meilleur  bol,  h  Buuile  Orien(ale 
n*a  guère  que  700  000  Âmes,  dont  le  cinquiùnie 
pour  Li  ^eule  MoiiltAitlt^ti,  cnpiUile. 

Biiiide  iKtetilale,  eela  veut  dire,  lunrcho,  lisitïrt? 
d'orient,  par  rapport  à  l'Argenlino  et  à  Uut^nos- 
Ayres,  jadis  séjour  des  vieo-rois  de  !;i  IMaln.  Si  les 
Portugais  avaient  domine  sur  la  rive  droite  du  grand 
estuaire  plntêeii.  iU  auraient  |>u  nonuiUM*  Aleni- 
prata  le  pays  4e  la  rive  gauche,  connue  ils  appellent 
Aleiuleju  ce  qui  s'étend  A  la  gauche  du  Tage. 


Pressi^  et  comme  pelotonné  entre  la  mer  Atlan- 
tique, l'estuaire  pl.iléen,  la  vaste  rivière  qui  lui 
donne  son  autre  nom  li'l'nif^^uay  et  Tinnuense  Bré- 
sil,  il  envoie  I.j  plupart  de  ses  rios  audit  Iru- 
guay,  et  notiimmeiit  le  plus  beau  de  tous,  le  rio 
.Xégro,  courani  rentrai  du  pays. 

Un  anionl  de  leur  coniluent.  l'ruguay  et  rio 
Nègro  bonlent  l'un  et  l'autre  le  Coin  des  poules' 
ou  presqu'île  de  Frny-Benlos,  l'un  des  lieu\  du 
monde  où  l'on  égorge  le  plus.  De  même  que  I  Ar- 
gentine et  le  Brésil  méridional,  la  Bande  Orientale 

1   Ea  cspagtiul  ;  Riucon  de  bâ  gsUiau. 


81S 


LA   TERRE    A  YOL   D'OISEAU. 


fftîirnil  h  di^  colossales  hieries;  dos  millions  do 
botes,  soil  biouls,  sfiît  mniitons,  y  sonl  onin'aissi''e9 
dans  1rs  (.'.stJuiri^is,  [mis  abnllues  nvcc  uiu'  [n'odiga- 
lilt^  inipio  pour  lo  suif,  la  ponu  ol  In  biino,  IVxIrail 
«l(?  viiiiulo. 

Los  montngnes  do  rL'ruj:,'^u;iy  onl  jours  IVoiils 
ciilminnnls  près  des  bornos  du  Rio-Gr«nde-do-Sul, 
vors  los  sowrcos  du  fb;irni.Tnl  TacunroTiibo,  trïbïi- 
tïiiro  du  rio  NVgro,  dnns  fo  district  qui  sora  lo 
plus  riclio  do  la  ILindo  Oriontale  pnr  sos  moissonn 
ei  SOS  mînos. 

Lu  mùnio  elles  n'ont  pas  1000  moires  d  alliludo  : 
vers  louesl  et  vers  lo  sud,  elles  s'abaissent  on  ra- 
vissants ooteaux  au  piod  desquels  passent  dos  ri- 
vières ni.'i^^iiiiiijuos  en  roulo  pour  lo  flouvo  ['vu- 
guay.  Celui-ci,  le  plus  grand  des  rias  nrientaui, 
va  ronrotilrer  lo  I\irati.*,  son  maître,  devant  l'île 
graniliffuc  do  M;u'iin-tlnrcia,  qui  est  la  clef  du 
Paranâ  et  de  l'Uruguay. 

Orientaux  et  Gringos.  —  Si  la  concorde 
soulo  peut  snuver  los  Sorbes  (c'est  uu  dicton  du 
llas-Danubo),  la  discorde  pourrn  perdre  les  «  Ih'ien- 
lanx  w. 

Arrôlô  nu  lovant  par  l'ocoan  Atlantique,  et  au 
midi  par  le  golfe  du  rio  de  la  llata,  leur  tout 
petit  pays  ne  porte-l-il  pns,  h  l'ouesl  et  au  nord, 
lo  poiils  do  di'iix  iiaticins  qui  deviendront  prodi- 
gioasoiiu'nl  lounles?  Ln  nulior»  d'occident,  l'Ar- 
gentine, est  seize  fois  plus  Viiste,  cinq  fats  plus 
[touplre;  ci'Ile  du  nord,  lo  Brôsil,  a  qll;u■nnto-(^illq 
fois  plus  ih'  terres,  elle  a  vingt-cijuj  fois  plus 
d'habitants. 

Les  Argorilins  pourront  rt^clamer  lii  Bande  Orien- 
tale en  vt*rlu  des  souvenirs  de  ritisloire,  de  la 
communauté  d'origine,   de  l'identilé  de    langue, 


puisque  le  castillan  se  parle  également  sur  lo» 
doux  rives  do  l'osluairo;  les  Brf'»siliens  proclame- 
ront que  le  nord,  peuple  de  Lusitanisonis  qtii  ont 
Iravei-si^  la  frontière,  use  du  portugnis  bien  plus 
que  de  roiipagiiol.  Depuis  longlernps  les  honmies 
([ui  habitent  ïe  «  splendide  empire  n  rêvent  du  rio 
de  la  IMala  comme  de  leur  limite  naturelle.  Ce  large 
(louve  est  Iimïi'  lïbiii.  Ils  ont  de''jà  posso<lô  la  torrO| 
d'I  ruguay  vi  ]»out-ètre  que  plus  d'un  Lusitanien 
flAnioriquo  la  regarde  comme  une  Alsace-l-orraine. 

Sur  7illMjnr>  Orionlaui,  environ  '>00  OtiO  sontj 
des  firingos  ou  étrangers,  et  40IHIOO  lies  llijos  del 
pais  ou  Fils  du  pays;  mais  ces  deux  nombres  nal 
donnent  pas  la  vraie  proportion  des  advènes  et) 
des  nationaux,  parce  que  lous  les  enfants  nés  suri 
le  sol  (1  oriental  d,  quel  que  soit  le^r  pèce»  sont 
rangés  parmi  les  Hijos  del  pais. 

En    rèalilè    les  Européens  dominent,    qui  sont 
presque  lous  des  Espagnols,  des  Italiens,  dos  Fran-j 
çais,  ainsi  que  dans  l'Argentine.  Parmi  los  Espa-| 
gnols,  beaucoup  viennent  dos  (U'ovinces  Basques ;ï 
parmi   los    Françai:?,    un   grand    n<nnbro  arrivont 
légalement  tle  la  terre  des  Escuabhuiacs  nu  de  la 
\orVi\  des  llôarnais,  leurs  voisins  nés  près  des  Gaves 
rolontissnuts. 

Les  Indiens  ont  disparu  de  cette  contrée  de- 
venue tout  h  fait  européenne,  ovec  le  calliolicismftl 
pour  roliiridiK  et  res[)agnol  pinir  Inn^^uo.  sauf  dans 
tes  deparlements  du  nord,  qui  louclimt  au  lUo- 
Grande-do-Sul  :  là  on  parle  plutôt  le  lusitanien  de 
la  «  très  savante  i>  Ciijiid)re  que  le  caslillau  de  la 
«  très  docte  »  Sabiuianque. 

Montevideo,  la  capitale,  ville  de  17r>  000  Ames, 
s'élève  en  ainpbillu'iMio  sur  la  rive  soptenli'ionale 
du  rio  do  la  IHala,  li  180  kilonuHres  à  Torienl  de 
Buénos-Ayres. 


PARAGUAY. 


8)3 


;;i^Ëi«iiêt^ 


Le  rio  Panguty  i  l'Assomption  (voy.  p  SU). 


PARACl  \Y 


Le  Paraguay,  les  Paraguayens,  leur  langue  : 
un  peuple  qui  s'en  va.  —  Avant  que  !;i  Bulivie 
eul  |»i'nïu  Sun  Aîncîiin.i  d'airain,  U*  l*rtr.T*;u;iy  t'IaJI 
le  seul  pays  sudarnt'riiîain  sans  frouliore  irinrino, 
mais  sa  rîvïi're  portant  des  vaisseaux  le  mariait 
dt*  loin  avoc  rOrt'^.in.  Vnïncu  ronimc  la  BoIi\i*'.  et 
bien  plus  vaincn  quV'llo,  d;iiis  une  hiKt*  canin» 
les  doux  colosses  Argentine  et  lijvsil.  il  lui  reste 
ce  que  lï'onl  pu  lui  ravir  la  République  et  l'Eni- 
pire  coalisés  contre  lui,  sa  race  et  sa  langue,  ses 
S(Miv(uiirs  de  deuil.  In  ritéinnire  *Iu  siin;?  proditjué 
jusqu'à  la  juorl,  et  le  vœn»  sinon  l'espoir  de  la 
vengeance;  mais  îl  esl  si  dèlubrê  que  rien  présen- 
tement ne  f**'Ut  le  nijeunir,  ^i  «lésanné  qu'il  ne  se 
défendrait  pas,  si  petil  que  le  poids  de  ses  en- 
nemis récrase  :  il  dépasse  peu  25  millions  d'hec- 
taivs,  Brésil  et  Argentine  en  couvrant  1115  mil- 
lions, on  (|Uîirante-qua1re  à  quaranle-etn()  (ois  [)tus. 

Les  25  310  000  hectares  du  Paraguay  sVlendenl 
sur  deux  légions,  le  Paraguay  proprement  dit, 
entre  la  rivière  l*:uaguay  et  le  lleuvo  I*aranâ;  le 
Grand  (lliaeo  du  nord-est,  encore  désert,  entre  le 
rio  Paraguay  et  le  rio  Pilecimayo.  Tel  quel,  le  pays 
a  pimr  barrières  :   à  l'uiiosl  et  au  sud,  l'Argeu- 


tine;  au  nord,  le  Chaco  de  Bolivie  et  le  Matto 
Grosso,  province  brésilienne;  h  l'est,  le  Paran*^, 
fititr**  pnivince  de  Brésil. 

La  rivière  Paraguay  est  aisément  navigable  tout 
le  long  du  territoire.  Le  Paranà,  dix  fois  plus  puis- 
sant, bien  plus  courant,  ne  s'ouvre  aux  bmrdes 
carètïes  que  dans  le  bas  de  ses  eaux,  jusqu'à 
'200  kilomêlres  en  amont  du  coulluent  du  Para- 
guay :  là  les  bouillons  d'Apipé  fornienl  un  [(re- 
ntier obstacle;  plus  loin,  il  faut  InUer  cotitre  ie 
Salto  Cliico  ou  Ivïilc  Chute,  et.  sous  le  2i''  degré, 
contre  le  Salto  grande  de  (iuaira  ou  des  Siete  Cai- 
das'  (les  Stq»t  Cascades),  où  le  fleuve  s'abaisse  de 
17  mètres. 

Du  nord  au  sud  la  nature  varie  en  Paraguay, 
mais  toujours  féconde,  souriante  et  bonne,  agréa- 
blement et  salubremenl  tropicale.  Dans  le  nord  (et 
sur  le  faile  entre  Paraguay  et  Paranâ)  se  lèvent 
des  monts  qui  ne  sont  ni  sourcilleux,  ni  glacés,  < 
i-aremenl  supérieurs  ;i  1000  mètres,  jamais  à  1500. 
Dans  le  midi,  la  plaine  domine;  tdie  p<>rte  des  cer- 
ros,  cônes  isolés,  couverts  d'arbres,  elle  envoie 

1.  Sietc  Caidas.  c'est  le  nom  cspafoiol.  Sele  Queda»  Ir  nom 
portugais. 


814 


LA   TERRF   A    VOL   D'OISEAU, 


des  ruisseaux  ii  dos  esteros  el  h  des  banailos,  lagw- 
m*s  et  marais  t\u\  hm^('\i\  lo  Pnr.i^uyy  ^H  \e  Vnnmà. 

Sans  le  soleil  brilbuit,  dans  un  cliriial  très  sâîii 
nifllgrê  les  eaux  pnssives,  un  peuph*  croissait  l't 
niulli[>liai(  nvaril  lu  guerre  de  la  Trijile  Alliance  ^ 
Ce  n'est  pas  qu'on  puisse  croiro  a  des  faLles  telles 
que  celle  d'une  nalicin  quaUiurdècupl/'e  ensoixonle 
annt'es  sans  aueun  scronrs  \onu  rlu  defiors.  Ln 
\Hiil  un  prétendu  recensement  trouvait  I  ri.Mï  0(10 
Paraguayens  sur  un  lerritoii'e  qui  en  aurait  eon- 
tenu  lOUOOO  à  piMniî  on  1707.  L'un  ou  ["autre  de 
ces  deux  nonilires,  nu  pluliM  tous  les  di-ux  sont 
faux,  un  tel  croît  n'étant  possible  qu'avre  des  hmi- 
forls  extérieurs;  or  (lendant  ces  soixante  ans  le 
Paraguay  resia  fernié  comtue  le  furent  le  Japim, 
in  Cfiirie  el  la  Coi*ée. 

Les  Paraguayens  ou  Paraguécnssont  cnlholiques, 
avec  l'espagnol  pour  langue  of(ieî(.'tle,  rt  voilà 
presque  tout  ce  qu'ils  ont  d'européen.  Les  Conquis- 
tadores n'avaient  que  faire  d'un  pays  sans  mines 
d'or  et  d'argent  ou  ne  coulait  point  ta  fontaine  do 
Jouveneo,  passionnétnenl  chorcliêe  par  eux;  aussi 
ne  versérenl-îls  dans  le  sang  paraguéen  que  quel- 
ques gouttes  de  sang  castillan  et  de  sang  llaniatid, 
Lientôt  perdues  dans  la  mer  du  sang  indien.  Le 
visage  de  ces  (iuaranis  demeura  guarani.  U  se  rap- 
proche assez  de  la  face  chinoise,  cl  la  plupart  des 
hommes  de  celte  nation»  Irapus  et  bus  sur  jambes, 
sont  dune  ligure  sans  noblesse,  d'un  teint  jaune 
tirant  sur  le  rouge. 

La  langue  eu  usage  à  l'arrivée  des  Espagnols  a 
persisté  dans  ses  mots,  datis  ses  formes,  échaf*paut 
plus  qu'aucune  autre  à  l'anêanllssenient  qui  a  dé- 
truit jusqu'au  nom  de  tant  de  dialectes  inihens. 
Hors  du  doTuaine  oHiciel,  les  Paraguayens  ne 
parlent  que  leur  vieux  guarani,  dont  usenl  aussi 
heaueiiu[ï  d'huïiens  et  d»*  Métis  dans  les  contrées 
limitrophes  du  lirésil  et  de  l'Argentin**. 

Les  Paraguayens  sont  donc  un  peuple  qui  ne 
relève  que  de  lui-même»  mêlant  h  la  bonté  d'une 
âme  enfantine  une  malléabilité  qui  les  lit  modeler, 
comme  au  pouce  la  cire  molle,  par  les  pères 
Jésuites,  el  plus  tard  par  les  dictateurs;  le  courage 

t.  U  Ltande  Orientale  prit  pari  ùt  la  ^erre  de  l'Ar^enUoc 
el  du  Uvésa  conlre  le  l'arag^uay. 


inouï  qui  a  failli  lu'iser  les  forces  réunies  du  Rio- 
de-Janeiro,  de  Hm»no&-Ayres.  de  Montevideo,  n'éUiit 
qu'une  immense  abnégation.  L'histoire  ne  connaît 
pas  de  nation  qui  ail  [dus  saigné  pour  riudépen- 
daiice.  Kilo  en  rendi-a  toujours  témoignage.  Kl  le 
dira  qu'oprès  la  guerre  la  moitié  ou  les  trois  quarts 
des  Paraguayens  étaient  couchés  sous  le  &ol  de  la 
pafri(\  ruorls  du  feu,  di^  la  fiim,  de  la  (iévre,  les 
mis  dans  les  cond)als.  les  autres  dans  les  misères 
de  leniigralion  en  niasse,  quand  le  dict;ilcur  Lopez 
vida  It*  pays  devant  l'ennemi,  des  rives  du  Paraguay 
h  Tarèle  de  la  Cordillère  centrale,  brnlanl  villages, 
hameaux,  tirant  sur  ses  trainartls.  El  la  pairie 
fut  j>erduc. 

(Jneire  misérable!  Les  pullulants  Guaranis  du 
Paraguay  ne  semblaient  point  destinés  à  s'efTaccr 
si  vile.  Au  contraire,  ils  remplissaient  i*apidenienl 
leur  beau  pays.  Peut-être  même  allaient-ils  se  ré- 
})andre  sur  le  Grand  CJiaco,  h  la  rencontre  des 
pneblos  de  Bolivie,  cl  qui  sait?  peut-être  com- 
mencer à  s'agrandir  <*n  se  soudant  aux  peuples  de 
langage  guarani  ([ui  vivent  nu  ibdit  des  fn»ntières, 
dans  la  province  argentine  de  Corrientes,  dans  les 
Missions,  dans  une  portion  du  lïrésil  parauayen  el 
flans  jdus  d'une  vallée  bolivienne. 

Maintenant  les  voici  réduits  à  5^0000  personnes, 
dont  la  moindre  partie  en  hommes,  le  terrible 
Lopez  ayant  consommé  presque  tous  les  mâles  du 
pays,  et  il  leur  faut  renoncei'  à  l'espérance  de 
ressusciter  le  midi  de  l'antique  Guaraide  qui 
jadis^  forte  de  quatre  cents  tribus,  s'étendait  de 
l'estuaire  plaléen  jusqu'aux  Antilles»  où  les  Caraï- 
bes étaient  de  sa  race. 

Et  voici  que  remontant  les  rios,  Italiens,  Espa- 
gnols, Kran(;ais,  Argentins,  Portugais,  Drésilieni 
envahissent  la  <t  Pologne  américaine  i>,  qui  ne  sera 
point  partagée,  mais  sera  submergée,  el  dont  la 
langue  nationale  ne  surnagera  pas  :  l'espagnol  la 
remplace  chaque  jour  un  [ïeu  [dus. 

La  capitale,  l'Assomption*,  ville  de  25  000  âmes 
aux  rues  sabloniuHises,  borde  le  Paraguay,  large 
ici  de  000  à  2000  méires,  à  77  mètres  seulement 
d'altitude,  bien  qu'à  plusieurs  centuiues  de  lieues 
de  la  mer. 
1  En  espagnol  :  Asuncion 


RRfiSIl. 


Hlo 


L 


^'#^N^ 


.'i.'iV^'i^ .. 


:^r,;M- 


J*' 


tens  la  Sem  dos  Orçlos  [Toy.  p.  gl6.)  —  Dessin  de  £  Uiou,  li  après  uuc  pboU)gr«tilue. 


BRÉSIL 


Grandeur  du  Brésil.  Origine  du  nom,  ori- 
gines du  pays.  —  Le  niorveilleui  empire,  W 
(iraml  I^orlu^jal  loui:lie  à  tous  les  ÉUils  de  l'Amé- 
rique méridionflïe,  hors  au  Chili.  Sur  une  moi- 
lit^  de  son  pimrlinir  immense»  il  a  pour  Lor- 
nes  l'océan  Allanlique  pendant  7000  kiloinùlres, 
puis,  sur  I  uutre  moilié,  la  Guyane  Française,  la 
(iuxani*  ïlollandaise,  la  Guyane  Anglaise,  le  Wnê- 
zuêla,  la  Colombie,  rÉ*iuateur,  le  [*êrou.  Li  Bo- 
livie, le  l'aniguay,  l'Argenlinc  cl  la  Bande  Orien- 
tale. 

856  millions  d*hectares,  c'est  moins  que  tout 
l'Empire  colonial  anglais,  moins  que  le  bloc  de 
toutes  les  Hussies,  moins  que  la  Chine  avec  ses 
dépendances,  moins  i|ue  la  Puissance  du  Canada, 
mats  c*est  61/tOOO  des  terres  émergées,  'il8/IOOO 
du  Nouveau  Monde,  471/1000   de  l'Amérique  du 


Sud,  855/ 1000  de  l'Europe;  73millioiïsd'hectaPGsde 
plus  que  l'Auslralicprésde  IG  fois  la  France,  plus  de 
05  fois  l'ancienne  m«>tropole,  les  «  îles  adjacentes  » 
comprises,  El  s'il  n'y  a  guère  encore  que  15  mil- 
lions de  Brésiliens,  il  y  en  aura  500  millions,  ou  un 
milliard,  prodigieux  avenir  des  Lusilanisants. 

Brésil  vient  de  lu  même  racine  que  notre  mot 
français  braise  :  la  tcne  a[)pelée  d'abord  ilc  de 
Vera-Cruz,  puis  Santa-Cruz  par  les  l'ortugaisqui  en 
avaient  pris  possession  pour  le  roi  de  Lisbonne, 
re(;ut  bient*M  le  nom  de  Brésil,  d'un  l)*»is  de  l^'inture 
couleur  de  braise  apporté  en  Lusilanie  par  les 
explorateurs. 

C'est  en  1-409  que  c<^  rivage  fui  entrevu  pour  la 
première  fois,  par  Amérigo  Vespucci;  en  1500, 
Pinzon.  Diego  Lopé,  Alvarez  Cabrai,  aperçurent 
quelques  bords  de  mer;  puis  on  remonta  des  fleuves. 


8ia 


LA   TKniïE  A  VOL   hOlSKAL'. 


on  égorgea  des  Indiens,  im  clijtssa  dos  Irihus  à 
oulrance.  Ceux  que  le  fer  épargna  devinrenl  k-s 
cscliïVfs  lnîplis<"s  de  leurs  opjtresseui'b;  quand  il» 
nt?  suriirenl  plu.s,  on  importa  des  .\<'e:res  pour  hn>»i' 
le  sa[)Ie  et  la  vase  l'j  dîarnanU.  cherclier  l'or,  pio- 
cher et  pl.'tnU'i".  Ainsi  ('i>tntLeiu;n  et*  rnaf^nifi'jiïe 
empire  que  les  llnlldndais  disputèrent  rpielqne 
temps  aux  Lusitaniens,  cl  avant  les  llolkndais 
les  Français,  premiers  fondateurs  du  IUo-de-.la- 
neiro. 

Brésil  tempéré.  Brésil  amazonien.  —  Il  y  n 
deux  Bré.sils  ayant  [M>ur  Irait  roiintiun  le  luxe 
des  forêts,  l'ar  ailleurs  elles  diffèrent.  La  région 
du  sud  et  du  centre,  moins  excessive  en  platiles, 
mais  plus  Siiine  a  rinwnnie  blane,  est  la  seule  di^s 
deux  qu'on  puisse  dire  habitée,  (tolicée,  la  seule 
qui  reçoive  par  milliers  ou  dix  milliers  les  colons 
d'oulre-nier.  Là  est  le  IJi'ésil  européen,  l'autre 
élanl  plutôt  indien  et  nègre;  là  se  lèvent  les 
njonlagnes  et  ondulent  les  phdeauï  d'entre  serras, 
frais  de  par  leur  allitnde  à  quelques  lîeue-s  de 
vallées»  île  riv;ijL,^es  aeeahlés  de  rhali'Ui".  C^i  lîrêsil 
tempéré,  le  Tropique  le  coupe  en  deux  :  au  sud, 
trois  provinces,  lUo-(îrande-di>-SuI ,  limitrophe  de 
rUru^uay  eit  de  la  Mésopotamie  ar{,^'nline,  Sanlu- 
Gallianna,  F*aranâ,  qui  luurhe  nu  Paraguay,  et  le 
midi  de  Sào-Paulo,  appartiemient  deux  fois  à  la 
;cone  ti'inpérée,  comme  eï[raîi*o[neales  et  comme 
ayant  leurs  pjine(j*ales  leries  fort  au-dessus  de 
l'Océan;  au  nord  tlu  Tj'optque,  le  seplenlrioti  de 
Sào-Paulo ,  Ftio-de-Janeiro ,  Minas-Géraés,  Bahia, 
Goyaz,  Ma Uo-(i rossa»  ne  retêveiit  du  climal  ji»odérê 
que  par  leurs  plateaux,  leui-s  serras. 

Au  nord  du  lîrésil  tempéré,  riiomme,  le  Blanc 
surtout,  lant^uil  dans  Tiiutre  moitié  de  lenqnie, 
dans  le  Brésil  éqnalorial  ou  anniztniien,  splendide- 
ment Iropîciil.  La  planle  au  contraire  y  triomphe, 
et  nuire  Blanéle  n'a  rien  déplus  beau  que  lesselvas 
de  rAmaziMii';  mats  cette  merveilhvuse  nature 
manque  do  maîtres  et  d'admirateurs,  comme  aussi, 
faule  d'Kurofvéeris,  elh*  est  encore  à  TaLia  des  pr*.»- 
funes.  Si  les  selv^s  gardeni  leur  honljeur,  c'est  cpie 
les  coloits  qtà  se  lunt  gloire  d'incendier  un  horizon 
de  forêts  pour  défricher  un  jardin  ne  se  sont  pas 
encore  emparés  de  rAmazcttiîe  :  il  n'y  a  dans  le 
Brésil  équalorial  que  Nègres  iitsinniants.  Indiens 
apathiques  et  Blancs  ou  dcuii-Blancâ  sans  énergie 
tnoniphante. 

Serras.  Campes,  Sertâo.  —  Les  montagnes 
du   Bré>il   ne  tb-pa^setit   lUjMe   part  HOOO  mètres. 


ce  qui    n'est    pas    même    lu   moitié    des    Cordil- 
lères. 

mies  ne  s'allacïient  point  aux  Andes. 

Leurs  chaînes  paraliêles  à  TAllautique,  les 
chaînons  qui  liont  ces  chaînes,  les  plateaux  ou 
carnpos  qu  elles  jiorteiit,  les  valléivs  ou  vallons  qui 
mijHeinetit  v  s*'rppnt4Mi1,  les  cirques,  les  abîmes 
qui  les  lailleid  el  tranchent,  c'est  tout  un  monde 
couvrant  275  millions  d'hectares  ou  cinq  fois  la 
France. 

Fai  général,  les  pics  les  plus  élevés  s'éloignent 
peu  de  l'Océan;  plus  d'un  regîirde  le  rivage  élia- 
celant  du  iïio-de-Jarn'iro.  Les  uns  se  dressent  dans 
la  Serra  do  Mar  ou  Chaîne  de  la  Mer,  et  certes  elle 
est  bien  nommée,  puis*[ue  ses  pics  contemplent  de 
(irès  le  lleuve  Océan,  j»ar-dessus  les  chaudes  plan- 
tatiojis,  les  jardins  éclatants,  les  villes  paresseuses 
de  la  Beiraniar  (littoiMl).  l^n  bien  des  endroits,  on 
gravit  en  peu  d'heures,  à  partir  de  la  frange  des 
Ilots,  celle  Serra  do  Mar,  el  dès  l'aréle  on  voit  des 
eaux  couler  vers  l'occident,  en  quête  du  grand  rîo 
l'aivuià,  qui  ne  rencontre  l'Océan  qu'à  plusieurs 
milliers  de  kilomètres  jilus  loin  :  si  bien  ipie  tel 
ruisseau  atteindi'ait  en  quelques  lieues  la  grande 
urne,  tandis  qu'il  préfère  s'anéantir  dans  le  l*aranà, 
jiour  s'avancer  a\ec  lui  dans  l'intérieur  du  conli- 
lu'nt,  sépjircr  le  Brésil  du  l'aragiiay,  s'épandre 
vn  estuaire  devant  Buénos-Ayres  et  Montevideo. 
Bans  la  Seira  dos  Oi'gàos,  en  vue  du  Rio.  se  dresse 
un  pit^detîOij  mètres;  dans  la  Serra  de  .Manli(]ueira 
(m  d'Espinliaço,  h  l'ouest  de  la  niélropolc,  l'Itatia- 
ios^ou  monleâ2904  mètres^  altitude  contestée  d'ail- 
leurs, —  les  uns  le  font  un  [leu  jdus  liaul,  d'autivs 
ne  lui  dorment  que  2712  mètres;  —  co  pic  serait  le 
Mont-Blanc  du  Brésil,  et  h  son  défiiut,  cet  honneur 
revicndraita  une  cime  4fes  Pyrénées  (2î)â2  nn-lres?), 
dans  la  province  de  Coyaz.  L'ilaliaiossou  ou  «  (irand 
roc  qui  llanibe  »  aurai!  jadis  été  volcan;  ses  trois 
sonunels,  les  Aiguilles  >uires,  reçoivent  tous  les 
uns  de  hi  neige,  mais  cetlt3  neige  lient  raamient 
plus  lie  quinze  jours. 

Des  diamants  moins  beaux  ([ue  ceux  de  Tlnde, 
l'or,  tous  les  métaux,  toutes  l(»s  pierres  précieuses, 
veinent  les  lianes  de  ces  montagnes  ou  se  cachent 
dans  les  alluvions  de  leurs  rivières.  Sans  les  mines 
qui  adirèrenlles  aventuriei'S  portugais  et  pour  los- 
quclles  on  acheta  dos  Nègres  sarisliu  ni  conqtle,  le 
Brésil  aurait  peu  d'habitants  de  lexlureeuropéenne, 
les  Noirs  y  seraient  raivs,  et  à  la  place  de  IVnipire 
Lusitanien  nous  verrions  aujourd'hui  sur  les  eam* 
pos  des  États  guaranis  semblables  au  Paraguay. 

Ce  n'est  jias  tant  dans  la  roche  des  serras,  dans 


BRÉSIL, 


817 


la  bouc  ot  le  gravier  des  rios  quo  gît  aujourdliiii 
la  fortune  du  llrvsil;  i*!Il»  est  dans  Icsnimpos  encore 
hnbilK's  de  furvls  ou  foiivei'Ls  du  •.^'ann-ti  de  nnti- 
vaisi*  udt'iir  ajtindf  l'apim  gordosii;  i-lli'  esl  tL-ïiis 
les  fazendns  ou  IVrines  qui,  prenant  h  \\hw.  do  l.i 
savrtni*  vl  des  bois  vierges,  se  vèUMil  de  jir;iirii*s, 
de  tabar,  de  <*atV'iers,  de  colonnîei^.  ife  riuines  à 
sucre,  de  ct^réales,  de  mais,  de  vu,  de  [4airk-s 
médicinales  ou  lincloriales,  en  un  mot  do  tout  ce 
que  donnent  Terres  cliaudcs  el  Terres  Icniiiêrècs. 


Mais  en  dehors  des  plateaux  les  moins  lorrides 
du  Sud,  quelle  lutte  cnnlre  une  nature  si  vivante 

ijuc  si\s  Iji'iisqiK's  s.iuh  ilo  rhaïeur  diurne,  de 
IVoid  ntirlurue  ou  prênialinal,  de  scrlieresse,  d'bu- 
tiiiditê»  dï'Iectrifilê,  endettent  n*pidemenl  roches, 
js^ranils,  ^nieiss,  hii^iUes,  calefures,  ernies,  et  les 
il.tcoluniiles,  ees  grès  qui,  nonnnrs  ainsi  d'tin  pic 
de  la  Serra  dus  Verlentes,  couvrent  au  lirêsil  des 
rcnïaiiies  de  millions  d'hectares!  Sur  certains  cIkv 
niins  de  fer,  il  a  ÏMu  vêtir  de  briques  les  granits 


Aécolte  du  café.  —  Dessin  de  X  de  nenvillo,  d'après  une  ptiotographic. 


eux-mêmes  pour  les  emptVlier  de  se  désngréger 
et  de  tomber  dans  les  tranchées.  Les  Iremble- 
ferres  y  disloquent  raremenl  les  villes»  mais  que 
de  p*'ines  pour  {r.\x:er  des  roules,  quels  soins  pour 
les  conserver,  elles  el  les  ponts  de  tant  de  riviè- 
res, sous  uu  climat  versant  pendant  six  mois  de 
Tannée  des  pluies  [»areilli's  à  des  cascades  qui 
laiîisenneiil  passer  du  uMtl  et  des  éclairs!  Dans 
Il  plupart  des  monts  br*'»siliens  les  orages  sont 
de  toutes  les  heures  :  au  pays  de  S;V*-I'aulo  el  île 
l'aranâ,  et  en  général  dans  la  lieiramar,  un  jour 
wins  pluie  est  presque  aussi  rare  que  l'est  un  jour 
de  pluie  sur  certains  parages  du  Pacilique  sud- 

O.    UftTJ.Uli.    ta  TàBAC  *    %UL  b'uC5UU. 


amérienin.  Quand  après  le  déluge  le  soleil  reparaît 
dans  sa  gloire,  les  chaussées,  leurs  ponceaux,  leurs 
ponts  s'enfuient  vers  l'Allanlique  avec  la  |}oue  des 
lorrcids. 

dette  èli'ciricilé  constante,  Tescessive  el  perpô- 
luelle  humidité,  la  chaleur  lounle.  moite,  les  lon- 
gues séelieresses.  la  fermentation  des  eaux  êpiin- 
rliées  au  loin  sur  le  eanipo.  déiruiseid  pi*esfiue 
ii»raillildetnenl  le  planteur  qui  n'a  pas  élu  quebjue 
haut  site  épuré  par  des  venKs  salubres.  S'il  a  bien 
cliiMsi  le  lieu  de  sa  demeure,  il  lui  resle  encon^ 
des  adversaires.  Iles  que  la  pic.ula  (sentier)  qui 
part  de  sa  case  utleinl  la  forêt,  le  colon  pénètre 

103 


818 


LA    TERRK    A    VOL    D'OISEAU. 


avec  elic  ilitiis  l'  srjotir  île  sps  ennemis  :  lu  nVïo 
l'onçii  (jaguar),  qui  lùve  s.i  dime  sur  l(*s  Irouju'aux 
de  la  fazenda  ;  aux  l>rancliPS  dos  arbres  gnsticulciil 
avec  dos  hiirlomenls  moitié  fuiloux,  mollir  sar- 
casliqucs,  les  singes  barbus  qtii  pilkuit  1rs  cbainiis 
<le  maïs;  des  serpents  veiiirneuît,  lois  que  b?  jara- 
raca  et  le  souroucoucou,  des  reptiles  énormes 
comme  le  bna,  foulenl  de  leur  veiiire  le  lapis  élas- 
tique di*  la  Ibrét  Tiiil  de  terreau,  de  lianes  lombêes. 
de  feuilles  mortes;  dans  le  sol  prospèrent  par  une 
sage  .•nlministralion  b*s  républifpies  de  fnnrmis 
qui  rbiisserit  parfois  b*  fazendeiro  de  sa  fa/emla; 
dans  la  vase  des  rios  patauge  le  jacai-é,  qui  est 
le   rriiriidib*  brésilien, 

Toulefiiis  le  s*^rtAo  recule  partout,  même  dans 
les  vallées  de  tiède  moisissure  où  leau,  où  l'air 
empoisonnen!  —  le  serlâo,  c*esl-à-dire  le  lointain 
pays,  l'iiitéj'ieur,  le  bois  siiuvage»  Fasile  et  l'ébat 
des  fauvi*s,  la  terre  indienne,  lusilanisée  peu  à 
peu.  Qu'il  soit  sertûo  trop  mouillé.  sorUW  trop 
sec,  catinga ',  agreste,  ou  tout  autre  nom;  qu'il 
selende  eu  canipos  ou  qu'il  si»it  ni.'iKo',  forél, 
fiallier,  brousse,  demi-nudité  :  le  lîrésilien.  le  Por- 
tugais. l'Italien,  aidés  par  les  Allemands  dans  les 
provinces  du  Midi,  lui  ontdérlaié  la  guerre.  D'Iia- 
brlLitle  on  distingue  deux  espèces  de  canipos,  les 
rerrados  et  les  abcrtoa  :  cerrados  (loulîus)  quand 
grike  h  des  bois  ils  sont  rouris  d1iori/on;  aberlos 
(ouverts)  quanJ  ils  ne  portent  que  des  buissons  et 
ile  riierbe. 

Paranâ  et  Uruguay  :  les  provinces  du  Sud. 

—  Une  moitié  de  Tcmpire  appartient  au  bassin  de 
l'Amazone,  un  quart  au  bassin  de  la  Tlala,  le  drr- 
nier  ipiarl  au  S^o-Francisco  et  aux  petits  lleuves 
littoraux. 

Cinq  grands  cours  d'eau  boivent  les  mille  ri- 
vièj*es  du  Brésil  tempéré  :  trois  vont  au  sud, 
le  Paian/i,  Tllruguay  et  le  l'aragnay;  deux  au 
nord,  le  Toranlins  et  le  S^^o-Francisco;  deux  vont  ,'i 
la  mer,  le  Faranâ  et  le  SAo-Francisco  ;  les  trois 
autres  vont  ,^i  d'aulres  rivières,  h  sufiposer  que  le 
Tocanlins  ne  soit  pas  lui-même  un  puissant  lleuve 
allant  jusrpi'à  l'Océan. 

Le  l'arana  diâl  ses  premiers  rios  ;i  des  jnrs 
d'une  serra  proi:lie  du  Kio-de-Janniro,  dans  la  pro- 
vince de  Minas-Géraés;  mais,  au  lieu  de  courir  en 
quclqm^s  lieuH'S  v*m's  Ifs  rivages  de  cette  reine  du 
lîrésîl,  il  pmid  un*^  roule  contraire,  à  l'miesl, 
puis   au  sud,   pour  n'entrer  dans    l'Ucéan   qu'au 

1.  Ain?i  nppplè  li'mi  nrhre. 
^.  Ou  maUa,  c'ost  ù-dii-e  boia. 


bout  de  l'estuaire   de  la  Plala,  après  3700  kilo- 
mètres de  voyage,  l'n   de   ces   rios   descend   de 
ritatiaiossu,  ce  qui  fait  que  le  second  des  fleu 
ves  brésiliens  nail  de  la  première  montagne  du 
brésil. 

La  brandie  mère  a  iium  rio  Grande.  Presque 
aussi  gi*ands  qu'elle  sont  les  affluents  Paranahyba. 
Tiété,  Paranapanéma.  et  (piand  le  Paran:^  quitte 
l'enqure  par  uni'  île  ses  rives,  Ifl  droite,  qui  de- 
vient paraguayenne,  c'est  un  courant  immense 
dont  on  dit  (1res  à  Itul)  qu'il  roule  plus  d'eau 
que  tous  les  lleuves  de  FFuiope  ensemble.  A  quel- 
ques lieues  en  amont  de  son  premier  contact  avec 
la  jH'lite  réftnblitpie  des  Guaranis  (pii  vont  s*<*s- 
fiaguolisect  il  perd  sa  largeur  spleudide  et,  de 
-iOÛO  mètres,  s'étrangle  à  60,  puis  s'écroule  de 
!7  mètres,  non  pas  en  cascade,  mais  en  rapide 
forcené,  sur  une  pente  de  60  degrés  :  c'est  un 
ImatJ'a  plus  puissant  et  moins  pur  qu'on  n«nimie 
Sallo  Grande  ou  Grand  Saut,  Salto  de  Maracayu, 
Salto  de  Guayra  et.  le  plus  souvent,  les  Sept 
Chutes. 

Plus  grandiose  encore,  et  même  incomparable, 
assure- 1- on,  est  un  autre  salto  de  ce  pays,  en  aval, 
sur  rVf^uassou  ;  ce  mngnillque  Iributairo  que  les 
as[n'Mités  et  les  dents  de  la  roche  divisi^nt  en  uni» 
Irenlaine  de  bras,  londie  de  50  .*i  60  mètres,  et  la 
corniche  d'on  il  croule,  fer  à  cheval  connue  au 
Niagara,  vomit  ces  trente  cascades  sur  'i  kilonïè 
1res  de  cintre. 

Pans  son  cours  inférii'ur,  au  sein  des  plaim*s 
argentines  et  jiaraguéetuies,  le  Taranâ  donne  accès 
aux  plus  grands  vaisseaux;  bordé  de  forêts  et  de 
savanes,  très  large  ou  divisé  en  chenaux,  il  tombe 
dans  Tesluaire  plaléen  en  compagnie  de  l'Uru- 
guay. 

L'Uruguay  a  lui  aussi  ses  saltos.  C'est  un  petit 
Paranâ  fjui,  de  même  que  le  grand,  couimenee 
dans  une  serra  littorale  et  coule  à  l'ouest,  puis 
au  sud-ouest,  lirésilien  par  les  doux  tiei-s  de  son 
cours,  îl  enveloppe  le  Rio-Grande-<io-Sul,  province 
la  plus  méridumnle,  la  [dus  tempérée,  jusqu'à  ce 
jour  la  mieux  colonisée  de  l'empire,  presque  égale 
en  étendue  au  Paraguay  —  250o5000  hectares, 
coniri'  î!5:ill)000. 

Semblables  au  nio-(îrandc»-do-Sul  par  l'agï-é- 
ment,  par  la  salubre  excellence  de  leur  climat, 
nnlurelb'nienl  un  p<'u  plus  chaud  h  nu'suro  qu'on 
remonte  vers  1*^  nord,  c'est  à-dire  vers  riv|ua(i'ur, 
se  suivent  trois  belles  provinces  qui  doivent  leur 
fraîcheur  relative  aux  altitudes  du  sol.  et  plus 
encore  aux  vents  qui  souillent  du  sud  par-dessus 


L 


830 


LA    TERFIE    A    VOL    DOISEAIL 


les  platitudes  do  h  PaUigonie  et  des  Pampas  ; 
\o  sud,  en  cet  liémisphère  austral,  est  le  pôle  ilu 
froid. 

Ces  provinces  soûl  :  SaiiLi-nalliarina  (7  415000 
h('Clares),  qui  va  do  ITruguay  ;i  LYguassou;  l'a- 
mni  (2'i  1IÏ2  0U0  lierlares).  qui  s'étiMul  de  l'Vgijns- 
sou  au  Paranfipaiiêrna  ;  Si\o-Paulo  (20  rtûllions 
d'hectares),  tiu  Parnn;'i[iaiuMna  au  Paranâ  supérieur, 
dit  Rio^irande.  Aver  Jlitias-Cit'Taês,  qui  succùde  h 
Sào-Paulu,  ces  quatre  pays  forment  le  Brésil  iiio- 
déré,  non  Iropicnl,  nple  à  l'Europénn  et  de  plus 
en  plus  envahi  par  lui,  sutïuLil  par  le  Porlugais, 
l'Italien  et,  à  moindre  degré,  l'Allemand. 

Rio  Paraguay  :  le  Matto- Grosso.  —  Le  lio 
Paraguay,  le  plus  long  aniuenl.  tUi  Paranâ,  coule 
des  canqjos  de  Parecis,  si  peu  liosselés  qu'ils  no 
séparent  [tas  toujours  avec  francliîse  le  versant  du 
la  Phila  de  celui  des  Airni/ones  :  ainsi  le  (lUaporé, 
brauclic  du  Mfideira.  et  le  Jauru,  IribuLiire  du  Pa- 
raguay, naissent  au  milieu  de  plaines  dont  la  saison 
pluvieuse  fait  nue  la^^uru*  qui  se  verse  liidifféreni- 
rueut  dans  une  riviêie  ou  dans  l'autre.  Il  n'y  a  pas 
non  plus  de  talus  bien  visible  entre  de  plats  cani- 
[n)s  teiiiLuit  au  sud  vers  le  Pilromayn,  sujet  du 
Panguay.  et  au  nord  vers  le  Miiuïoré,  brandie 
supérieure  du  Madeira.  Celte  égalité  de  sol  entre 
les  deux  grands  revers  sud-amérieaiufi  fera  tôt  ou 
tard  du  rio  Paraguay  l'un  des  maîtres  dieniins  de 
l'Amérique  du  8ud;  d'ailleurs,  cette  rivière  va 
droit  au  midi  par  la  voie  la  plus  courte  entre 
l'Amazone  et  Buénos-Ayres,  Grossi  de  rivières  qui 
roulent  des  diamants,  en  roulant  luî-méme,  le 
Paraguay  serpente  dans  des  paiilanales»  prairies  si 
basses  que  les  hautes  eaux  l'y  dispi^rsenl  en  un  lac 
marécageux  de  plusieurs  centaines  de  milliers 
d'hectares,  peut-être  d'un  million,  qu'on  nomme  le 
lac  de  Xarayes. 

La  province  du  Mal  to-Grosso.c'est-fi-dire  du  Grand 
Bois,  sur  le  haut  Paraguay,  n'est  pas  la  prejuiére 
venue  :  elle  tient  le  centre  de  rAniêrique  du  Sud, 
olle  est  féconde»  elle  est  immense,  elle  a  des  mines 
d^  diamants  et  dinlermînaLles  forêts;  mais,  si  loin 
du  rio,  si  loin  de  la  mer,  nul  Européen  n'y  porte 
SCS  pas;  à  peine  y  respire-l-il  autant  d'hommes 
<[ue  dans  une  ville  moyenne,  ronune  par  exemple 
Limoges  ou  Mines  —  80000  personnes  environ  sur 
138  nïillions  d'hectares. 

Tocantins.  Sào-Francisco.  Miuas-Géraés.  — 
Le  jHiissanl  'foeiitilins  est  le  niaidv  rio  de  l'é- 
norme province  de  (joyaz  (75  millions  d'hectares. 


avec  212  000  habitants)  :  il  a  tîoOO  kilomètres,  une 
ampleur  mfigmfique,  des  caclioeîras,  chutes  ou 
rapides  que  suit  jusqu'au  fleuve  des  Amazones 
un  lit  assez  profond  pour  les  vaisseaux.  Son  gi*and 
aflluenl,  l'Ai-agiiayn,  vaut  presipie  les  plus  beaux 
fleuves  de  l'outreeurdanle  Eunqie,  A  prenuère  vue, 
le  Tocantins  semble  appartenir  au  liassin  de  l'Ama- 
zone, mais  eïï  réalité  c'est  un  rio  indépendant, 
nuMue  Lun  des  plus  abondants  du  monde,  (jui  com- 
munique avec  le  fleuve  suprême  par  l'étroit  chenal 
de  Tagioura. 

Le  Sào-Francisco ,  long  de  2000  kilomètres, 
amène  2800  mètres  cubes  d'eau  par  seconde  à  la 
mer  en  temps  sec.  Des  montagnes  de  grès  et  des 
chapadas  ^  de  Minas-Géraés  ou  Mines  Générales, 
descendent  ses  branches  mères,  le  Sâo-Francisco  et 
le  l'io  das  Velbas,  roulant  à  leur  confluent,  le 
jjremier  4-i6,  le  second  21)9  uîètres  cubes  par 
seconde  à  l'éliage.  Minas-Géraés,  grande  province 
minière  et  cœur  de  l'empire  néo-lusitanien,  a  pour 
meilleur  dislriel  h  diamants  le  territoire  élevé  du 
Serro  do  l'Vio',  dojit  le  chef-lieu  se  nomme  Tijuco; 
la  rivière  qui  a  fourni  le  plus  de  pierres  précieuses 
esi  la  iequilinhonha.  On  estime  que  cent  mille 
cheicheurs  de  diamants  sonl  morts  dans  les  rios 
(lianiantins,  de  coups  de  s(deil  ou  |iar  la  putridité 
des  vases.  Cent  mille  î  et  les  joyaux  sortis  des 
scjras  du  Urésil  ont  plus  enlaidi  la  laideur  des 
laides  qu'ils  n'ont  jeté  d'éclairs  sur  la  beauté  des 
belles. 

Minas-Géraés,  vaste  de  S7  millions  i/2  d'hectares, 
porte  sur  ses  hauts  plateaux  une  race  vigoureuse 
de  5  millions  d'honiuîes.  mineurs,  éleveurs,  pas- 
leurs  et  planteurs,  IJhains  et  ruraux  s'y  multiplient 
vile,  mais  la  nation  des  Mineiros  n'égale  peut-être 
pas  encoi*e  le  peuple  des  victimes.  Indiens  ou 
Nègres  couchés  sous  ce  sol,  qui  moururent  ici, 
((  crevés  »  dans  les  lavages  de  diamants,  dans  les 
mines  d'or,  roués  de  coups  dans  les  plantations  ou 
tués  par  les  Sertauistas,  avenluriei-s  du  Sertâo. 
Métis  lusitano-indiens  des  hautes  plaines  de  Pira- 
lininga,  dans  la  province  de  S.îo-Paulo,  ces  serta- 
uistas chassaient  à  Tliomme  en  même  temps  qu'ils 
ilécouvraient  des  rtos,  des  serras,  des  selvas,  des 
rampos,  des  mines,  pendant  leur  ardente  recherclie 
<le  la  montagne  des  Kmeraudes,  fuyani  El  Dorado 
des  Portugais  d'Amérique. 

Ouand  t)  n'est  encore  que  torrent  dans  les  mon- 
tagnes de  Minas-^iéraés,  province  clef  de  voûte  de 
l'enq>ii'e,  le  SdcwFrancisco  fe'abime  de  205  mètres  à 

i    Maleaui. 

'i.  te  Mont  du  froid. 


BRÉSIL. 


821 


\i\  Casca  d'Atiln;  puis,  rn  amonl  du  rio  das  Velhas, 
i!  s'émt»ul  bruyamment  auï  rapides  de  Pirapora.  A 
ioOO  kiloîiK^Ires  plus  hns.  quand  i!  a  déjà  travorsi*, 
non  sfulemonl  Itml  Kf  Minas-lioraos,  mais  encore 
presque  loule  la  province  de  Bahia*,  il  s'irrite,  il 
et}Lr(?  en  déincnr»»,  el  soixanle-qijinzi»  lieues  de 
COUrntïIs  violeiils  le  jKJUssenl  au  bord  tiu  gouflVe 
*\e  l'auIo-AKonso. 

Le  Meuve  S;V)-Francisco,  plus  que  Rhin  et  plus 
i^ue  Uhùnc,  réduil  ea  grande  sécticreâse  a  15  mè- 


tres 1/2  de  largeur,  enlre  dans  cinq  déchirures 
d'une  roche  de  grès  vert  et  s'abat  de  85  mètres,  en 
trois  bonds  de  10,  15  et  60  mètres,  tonnerres  sourds 
qu'on  entend  â  25  kilomètres  on  veut  favorable.  Kl 
sa  fureur  n'est  pas  encore  apaisée;  jusqu'aux  eaux 
am|)li's  el  plnriiles  il  s<?  brise  encore  dix-sept  fois 
au  fond  de  g.irgaiitas*  tordues  qui  ont  jusqu'à 
2ô0  mètres  d  abime. 

Ijuand  le  S;^o-Francisco  arrive  en  lin  vis-à-vis  de 
la  mer,  il  a  reçu  les  eaux  d'un  bassin  égal  ù  la 


Embouchure  de  l'Amaione.  —  Dessin  d«  lUou,  d'apiôs  un  croquis. 


France,  déjà  peuplé  de  près  de  2500000  hommes, 
le  sixième  des  Brésiliens. 

Fleuve  des  Amazones  :  rio  Négro.  Hadeira. 
—  Les  rivières  du  Bi'ésil  terninVè  nu  demi-tempéré 
n'égalent  peint  le  rio  du  iïrésil  équatorial.  le 
Maragnon  ou  fleuve  des  Amazones. 

Les  Brésiliens  appellent  li*  (leiive  des  Amazones, 
Maranliûo*  en  aval  du  conilueut  du  rio  Négro,  et 
rio  de  Soliniées=  en   amonl.    Pour   les   Indiens, 

1 .  1  055000  tiab.,  sur  près  de  45  miUioiu  d'bectarcs. 
S.  Proiioncex  MaraKiiaii. 
5.  l'rouoncez  Soliiuouïnoli. 


c'était,  c*cst  encore  le  Tunguragua,  le  ParnnA- 
guassou  (Grand  Fleuve),  le  Paranàtinga  (Fleuve 
Boi).  Près  de  6000  kilomètres  de  course';  une 
largeur  telle  que  souvent  un  bord  ne  se  voit  pas 
de  l'autre  et  que  le  voyageur  suivant  le  milieu 
n'aperçoit  que  des  eaux  jusqu'au  cercle  de  l'bo- 
ri/,o!i;  JÛO  kibiinèlres  d  ampleur,  ^200  même, 
ifuainl  les  grands  riéborderrienls  élèvent  le  Ilot  do 
li  mètres:  50  à  [dus  de  HMi  métrés  de  profon- 
ileur;  un  bassin  di*  7U()  niilhotiN  d'hectares,  Irel/.e 
fois  la  France;  un  éliage  de  ITOOOà  18000  mètres 

K  Gorges. 

3.  5710  BU  moins. 


822 


lA    TERRK    A    VOL   n'OISEAD. 


cubes  par  secomlo,  un  fléint  moyen  de  8OO00,  et 
250000  di.*vaiil  le  bourg  il'Ubiilos  lors  de  la  grande 
monloe  dea  eaux,  drlug?  imnieuî^c  qui  descend  i*ï(r 
sa  firapro  forets  cor  l.j  pente  esL  presque  nulle*; 
750  kiloiniMres  de  in;ut}e  jun(|u*û  ce  mêïnc  Obitlos 
où  le  rio  ti'a  que  1566  nièlrcs  de  lai*ge,  —  ce  qui 
serait  Lie  [mur  nos  ruisseaui  e,st  déHIé  pour  lui. 
—  50  000  kilonièlres  iiavi;,^d>Ies  sur  son  bras 
majeur,  <(  sur  ses  furus,  ou  fausses  rivières,  sur  ses 
igarapés"  ou  bras  hilêraux,  sur  ses  afïlueuls  et 
les  Iriliutiiires  el  sous-lr-ibutaires  de  ses  aflliK-iits  ; 
des  euelirnlés  ou  inondalions  à  perle  de  vue;  cent 
vingt  jours  de    hautes  eaux  recouvrant  des  iles 


sans  nombre  et  changeanl  en  un  vaste  In-?  Tcm- 
boucliure  de  rivières  grandes  comme  Rhône,  I>a- 
tiulte  )iu  Volga;  des  Iriliutaires  de  loule  couleur  : 
larilùf  bîiMts,  Liiitûl  bbiucs  ronune  le  laiteux  Ma- 
deira,  le  Yapura  ou  le  Purus.  tantôt  gris  comme 
le  Xingû,  lanlùt  VLM'dàtres  conmie  le  Tocanlins 
dont  le  vert  lire  sur  le  jaune,  ou  le  Tapajoz  doni 
le  verl  tire  sur  le  brun,  taiilôt  d'un  noir  ambré 
connue  le  rio  Négro  dont  la  leinle  ressend)le  au 
brun  ti-ansparenl  des  rivières  du  granit  canadien; 
di>s  (eïn[nMcs  funestes,  des  vagues  comme  eu  mer. 
des  courants  violents  comme  sur  un  rivage  océa- 
nien; trois   fois   plus  d'espèces  de  poissons   que 


Végétation  des  rives  Ou  bas  AiDaïune.  —  Dessin  de  ttioa. 


dans  l'Allanli(ptc  :  avec  lout  cela  TAmazone  est 
bien  le  vrai  «  Père  des  Eaux  n,  mais  non  des  eaux 
pures  :  il  ne  vaul  i>as  le  Saint-Lfinrent. 

Le  Brésil  ne  possède  pas  le  hanl  du  Marnnhào, 
pnq>riélé  du  Pérou.  Arrivé  dans  la  Néo-Lusilanio  ;i 
Tabaling;i,  le  llenve  s'étale  en  îles,  en  bras  et  Hnix 
bris,  en  mai'ais.  en  bigiinrs.  Sauf  de  grands  rendis, 
il  marclie  droit  à  l'est,  tout  près  de  la  Lii^ne,  au 
sud  :  aussi  Tut-on  nomnu>  l'Équnleur  visible.  Au 
nord  comme,  au  inidî,  c'est-à-dire  iiguuclie  «"ornuie 
à  dreili',  le  stdennel  rio,  l'ail  ti'eau  sans  trtJispa- 
reiice,  IVâle  «les  forêts  infinies  cimenlées  par  des 
lianes,  double  lenture  d'arbres»  de  tiges  flexibles, 
de  palmos   qui  uni  jusqu'à  Î5   mètres  de    long. 

1    15j  nuHrt^s  scMilenieiit  du  pied  des   monls  à  la  mer, 
distance  de  \QOi)  kiloni^-tres. 
S  Mot  à  mol  :  deiitiurs  Ue«  cauott. 


C'csl  la  plus  pompeuse  forêt  du  fîlobc.  les  selvns, 
gloire  du  Drésil,  avec  les  rivières  pour  choniins, 
les  ruissiMUX  pour  sentiers,  pour  soûls  liôles  les 
Indiens,  et  des  ItL-nn:»  qui  reclierchonl  l'arbre  à 
caouleliouc.  La  hache  ouvrira  bientôt  au  soleil 
leurs  immensilés  obscures,  anivn^  inique  tanl  elle 
sera  i'a|iide,  égoïste*,  folle  et  désordonnée.  t<*est 
j>arce  que  le  dôme  de  la  forél  garde  rios,  igarapt's, 
lacs  et  Lignnes,  eaux  dormanles,  eaux  counmies, 
humide  fraiclieur  du  sol,  lout  le  trésor  des  pluies 
pour  la  sîiison  sans  pluies,  que  le  .Miiranhào  roule 
s<m  énorme  lame  d'eau,  qui  peut  aller  eu  grande 
crue  jusqu'au  quart  des  flots  courants  du  monde  (?). 
Les  selvas  pressetd  lellemenl  l'Amazone  que  les 
villes,  voire  les  liaujeaux,  y  sont  une  rarelé  :  on 
uval  du  confluent  du  rio  Négro,  175  kilomètres 
eu  moyenne,  la  distance  de  P&ris  h  Blois.  séparent 


BRÉSIL. 


83S 


le»  vill.igps  riverains;  et  en  amont  240.  dislnnce 
(le  Paris  il  Tours.  H  n'y  a  qu»:^  rC>0  000  ;'inios  dans 
la  |iroviiico  de  l'Amazone  inférieur,  Grào  Para, 
vaslo  de  ilT)  niilltonî^  d'Iieclares,  sur  le  Maranhâo 
ou  l»as  fleuve,  sur  le  Toeanlins,  le  Xin^û,  le  Ta- 
pajuz:  ol  70001»  à  peine  dans  celle  du  llaul- 
Amazone,  Alto-Amazonas,  grande  de  TJO  niiïlions 
d'fii'cl.ires,  sur  le  Solimôes  ou  Auïnzone  supé- 
rieur, le  Madoira,  le  rio  Nrgro,  le  Purus. 

Iknix  Irilniloires  de  l'Amazone  rivalisent  presque 
de  ^rîuirïi'iir  .tvee  lui  :  le  rio  Nrgro  sur  la  rive 
gauefio  e(  h-  M^nleira  sur  la  rive  droite. 

Le  rio  Xégro,  que  les  tndiens  nomment  i^urana, 


l'Eau  Noire,  est  ce  puissant  courant  qui  reçoit  le 
Cassiquiarê,  hranclie  du  lleuvc  Orénoque.  C'est  bien 
une  onde  brune  et  ce  nom  de  Cunina  ne  ment 
pas;  les  peuples  enfants,  ceux  que  nous  Iriiilons 
de  sauvages,  s:ivent  désigner  d'un  mot  leurs  ruis- 
seaux, leurs  monts,  leui's  rochers,  toute  la  na- 
ture qui  les  entoure  de  ses  sévérités  ou  de  ses 
magnilii-ences,  dans  des  langues  qui  vont  mourir, 
que  nous  méprisons,  qu'il  vaudrait  niieux  regret- 
ter. Au  confluent  avec  le  rio  de  Solimùes,  près 
de  .Manaos  ou  Barra-do-flio-N'égro,  ses  eaux  cou- 
leur de  café»  limpides  cependant,  arrivent  avec 
cnlnie  et  lenteur  en  face  du  fleuve  bourbeux  qui 


Embouchure  du  Puras.  —  De^in  de  Riûa. 


se  jette  sur  elles,  les  secoue,  les  lord  et  les  pénMre. 
11  y  a  un  tel  contraste  entre  la  fougue  du  SolimÔes 
el  rind*dence  du  r'ut  Négro  que  les  Irnliens  de 
Manaos  appellent  le  fleuve  la  Hiviére  Vivante,  et  le 
rio  Négro  la  Rivière  Morte.  Au  point  culminant  de 
ren)*Iietilr,  ce  c  (jirana  »  monte  de  ITi  mètres  et 
ri-rouvre  ;iu  Intn  la  contrée.  Le  Maranhjlo  et  ses 
autres  tributaires  s'élèvent  î"!  pareille  liauteur  pen- 
dant les  (duies  — seulement,  les  affluents  de  la  rive 
gauche  montent  quarwl  ceux  de  la  droite  baissent, 
el  quand  ceux  de  la  gaucho  baissent,  ceux  de  la 
droite  montent  :  entre  autres  causes,  voil;^  pour- 
qu*>i  le  débit  du  flmve  est  énorme  en  tout  temps. 
Le  Madeirn,  qui  finit  h  quelque  distance  en  nv;d 
du  rio  Négro,  descend  des  sierras  Iwliviennes  dans 
la  plaine  des  selvas  par  un  escalier  de  rîq)ides  et 
de  chutes  peu  élevées  qui  a  570  kilomètres  de  long 


pour  Gi)mèlresde  pente.  Plus  bas,  c'est  le  Tapajoz 
qui  vientméler  ses  eaux  d'un  brun  verd;ltre.-uix  flots 
gits  cendrés  de  l'Amazone;  i\  ce  eotifluenl  se 
livre  la  bataille  habituelle  (*nlre  les  rivières  dtver- 
sir(dores(pii viennent  des'unir<lans  un  lilennmiuti, 
tulle  qui  précisément  s'est  engagée  plusb.'uit  entn^ 
le  Madeira  et  l'Amazone,  plus  haut  encon»  l'uli'e  le 
rio  Négro  et  le  Solimôes.  Le  Tapajoz  rencontre  le 
fleuve  près  de  Sanlareni,  nom  portugais  rappelant 
celui  d'une  ville  du  Tage  :  les  Lusitano-Américains 
ont  couvert  l'empire  de  noms  de  cites  portugais<*s, 
comme  les  Yankees  ont  émaillé  les  Êtats-L'nis  de 
noms  de  cités  anglaises.  Et  l'Afrique  Franvaise 
n'a-t-elle  pas  déjà  Nemours,  Siiint-Denis,  Saint- 
Cloud.  Aumale,  Orléansville,  ChAteaudun? 

Après  avoir  baigrié  les  collines  d'Almeirim  et  In 
Serra  do  Erere,  le  Marauhào  preud  en  passint  le 


824 


LA  TFRrir-:  a  vol  l'oiseau. 


I 

i 


bleuXingù*.  Les  serras  d*Almeirim  o(.  il'Eroiv  triml. 
que  ^Ui)  a  7M  rriL'lnîs,  innis  sur^i&spnl  de  k'Ilcs 
plaitiL's  qu'elles  oui  majesté  de  iiionlajjiu». 

Dans  le  golfe  d*i  l'ciiiliauchure,  divise^  en  d^'iix 
par  \i\  ^nimli;  île  dt»  M:ir;ij<»,  l.*  |>i»nj]'or;i,  inasr*in't 
géanl  camino  son  lïeuve,  se  lève  en  trois  viigues 
successives  h  diîs  hauleurs  do  10  et  Vi  nièlriîs. 
L'Aninz'Hie  ne  se  termina  point,  ainsi  (jue  Missis- 
sippi, liliône  ou  Nil,  piir  un  dtdla  reloulant  la 
nier,  et  ses  alluvions  sonl  emportées  par  un 
L'uuj'aiit  vers  la  Guyane.  Si  ses  boues  restaient  sur 
place,  elles  b<Uiraieut  un  grniid  pays. 

Blancs,  Noirs,  Rouges,  inûnis  mélanges.  — 

Indiens»  Nègres  el  Lianes  se  suiil  inlinu  riienl  péné- 
trés au  Brésil.  Même  dans  celle  Aniériquc  méri- 
dionale, terre  par  excellence  des  croisements,  i]ul 
pays  n*a  de  peuple  aussi  mêlé  (pie  l'empire  néo- 
portugais, où  se  reneonlreiil  des  Métis  de  l(jut 
nf>m^  de  toute  couleur. 

Blancs.  —  Stu'  environ  ITi  rniflinns  dfioinmes 
que  renlérmo  l'empire,  un  peu  plus  du  liers,  soit 
5  millions  passés,  se  rangent  parmi  les  llrancos  ou 
Hlan(!s  :  on  les  divise  nalurellenieul  en  Urasilèiros 
et  liiurnpêos. 

Les  Drasiléiros  ou  Brésiliens,  dont  beaucoup  sont 
plus  ou  tiiuins  associés  en  réaUté  au  sang  indien 
et  au  siiiig  nègre,  descemlent  des  Portugais  de 
Forliigal  cl  des  Portugais  des  îles.  Les  Açores, 
Madéi'e,  rarcUipel  du  Cap-Vert,  petites  Lusilanies 
égarées  dans  rAllantique ,  i*nt,  Imites  réunies, 
520000  ûmcs  û  peine,  mais  elles  émigrérent  lanl, 
elles  émigreril  toujours  tellement  au  lïrésil,  que 
leur  part  à  la  l'ormalîon  de  la  nation  brésilienne 
est  presque  »  iinniense  ».  Des  Açorcs  parlii-ent  no- 
tamment les  premiers  colons  des  |>ays  devenus  Ilio- 
f^rande-do-Snl  et  Sanla-lialliarin;».  Avec  les  Por- 
lugais  enntinenlaux  ou  insulaires  arrivèrent  aussi, 
dans  les  années  vieilles  maintenant  de  plus  «le 
trois  siècles  tiui  furent  l'aurore  du  Brésil,  un  cer- 
tain nomljre  de  Juifs  et  des  Siganos  im  liohémiiMis, 
en  partie  maquij^mons.  Ce  furent  là  les  élénieuls 
purs  dont  nnquil  la  nation;  et  déjfi  que  de  brigands 
chez  ces  aventuriers,  que  de  vils  IrorrquMirs  chez 
CCS  Juifs  et  ces  SiganosI  Les  éléments  impurs 
vinrentdes  cachots  portugais,  mèniedeceui  qui  ne 
devaient  s'mivrtr  qu'au  jour  del'expiatinn  suprême, 
un  déci'et  royal  ayant  fait  de  Siinla-Cruz  un  asile 
pour  tous  les  condamnés  lusitaniens,  hormis  ceux 
quon   avait  convaincus  d'hérésie,    de    haule    tra- 

1.  Pronoiicci  Cliingciu. 


bison,  de  fausse  monnaie  ou  de  crimes  contre  na- 
tnr'e.  Sauf  les  Israélih's  et  les  maquignons,  Rome 
ne  vltit  [ms  au  monde  autrement. 

Vi>ilà  comment  l'énorme  empire  commença 
trétre  colonisé  par  le  fietit  reiuo  de  novenla 
léguas  ou  royaume  de  iionaiite  lieues,  comme  les 
Brésiliens  aiment  à  suruonuner  le  Portugal;  ils 
l'afkpellenl  aussi  rlérisoiremeni  Terrinha,  la  toute 
pi'tite  teri-e,  le  tout  petit  pays. 

Les  Européos  ou  Européens  viennent  avant  tout 
du  Portugal,  et.  depuis  peu  d'amiées,  de  l'Italie; 
puis  de  rAllern.'igne  el,  en  nioiiidiv  nioubi'e,  d'Ks- 
pagne  (surtout  de  Galice),  de  France,  d'Auglelenv. 
puis  de  tout  pays  sur  la  terre  habitable. 

Ce  sontsurtvtul  les  Portugais,  race  virile  el  dure, 
qui  soutiennent  le  Brésil;  ils  y  retrouvent  leur 
langue,  leurs  usages,  ils  en  supporlenl  mieux  le 
climat  ipje  les  autres  enfants  il<*  l'Europe.  B'jil- 
leurs,  une  partie  sort  de  terres  chaudes»  des  îles 
du  Ca[)-Verl.  de  Madère,  des  Açores;  mais  le  plus 
grand  nombre  arrive,  par  Porto,  de  rKiiIre-Douro- 
e-Minho,  du  Trnz  os-Monfes  et  di'  la  Beira,  c'est-à- 
dire  du  Portugal  septentrional.  Les  Portugais  qui 
se  fixent  au  Brésil  varient,  suivant  les  années,  eu- 
Ire  douze  et  vingt-cinq  à  trente  mille.  Les  Brésiliens 
les  Ij'ouvent  lourds  et  rustiques;  ils  les  appellent 
pé-dé-chumbo  ou  picd-de- plomb,  el  se  don- 
nent h  eiix-niémes.  jiar  (qqtosilîoii,  le  nom  de 
jK'-dé-cabi"a  ou  pied-de-chèvj*e.  Pai*  une  autre  op- 
position, si  les  Brasilâiros  sont  des  Gllios  da 
Tei'i'a,  fds  du  pays,  ttatifs.  les  Puiiugais  sonl  des 
filbos  do  Reino,  îles  lits  du  Boyaume,  du  Portugal. 
(^n  les  surnomme  aussi  Marinheiros,  niarins,  c'est- 
à-dire  venus  par  mer,  et,  avec  une  intention  mé- 
chanle,  Gallegos,  Galiciens,  en  d'aulres  l**rrnes, 
grossiers,  lourdauds,  manants,  bien  que  les  Gali- 
ciens soient  des  hommes  bons,  dignes,  simples. 
Ikièles.  ilurs  à  l'ouvrage. 

Ouelque  intimement  ressemblnnts  (|ue  soient  ces 
deux  éléments  pi'ineipaux  de  la  rîice  blanche  au 
Brésil,  bien  qu'avant  la  jouissance  d'une  même 
langue  riche,  poétique,  nasjile,  la  même  religion 
cnlholique,  el,  du  moins  du  côté  paternel,  les 
nïémes  glorieui  aucéli-es.  Brésiliens  et  Portugais 
ne  s'ainu'nt  pas  autant  qu'il  est  du  devoir  des 
frères.  De  même  qu'avant  l'émancipatioti  les  Lusi- 
taniens d*Europc  tyrannisèrent  ceux  d'Amérique, 
ainsi  depuis  lejour  où  Dim  Pedro  jela  lecri  fameux 
d'  (t  Inilepeuilenciû  ou  morte!  »  aux  échos  de  la 
vallée  d  Vpiranga  (1822).  les  filhos  drt  Terra  ont 
fait  plus  d'une  fois  sentir  le  poids  irune  injuste 
colèi'e  aux  (illios  do  Heino  qui  vivent   au  Brésil. 


BTif-SIl. 


e)s 


Ainsi  li*s  Yjinkpos  déleslenl  les  Anglais,  (»t  li's  Espn- 
gnol9  ni*  smit  point  aimés  dans  rAiiiêrlque  oi'i  lu 
castillan  ivsonne. 

\)t\  tIrtU*  rt'ooiile,  mais  déjà  bitMi  plus  nombreuse 
que  ritiirnigralioii  liisidniieiuio,  l'ilalicnne  verse 
aiinnolleiiii*nL  itn  Itrêsil  finqunnie  ^i  cent  mille 
hommes  niséiiieril  iisMiiiilables,  de  p.ir  leur  iiri^'iiie 
méridionale,  et  do  pur  leur  langue  semblable  m 


portugais.  1/inimîpralion  nllemnnde.  (pii  eom- 
nieiiça  par  quelques  Hunilles,  vet-s  t82j,  iimèiie 
trois,  riiiq»  Imit  mille  personnes  pnr  an  :  elle  vient 
^url^ut  i\v  l.-i  Prusse  Itht'nune,  de  Ki  >VeîilplKdie,  de 
lu  Pomérnuie.  et  des  rolom«5  germaines  de  la  IUjs- 
sie  iiiêridionulc. 

Italie  et  Germanie  envoient  surtout  à  l'empire 
lusitano-nègre   des  agriculteurs  qui  l'ont    soticlie 


HodMo  ««r  l'AinaKMM).  —  Ontin  ût  Vifnii,  d'aprM  un  croquis. 


de  paysans  et  d'ouvriers,  chose  rare  dans  co  Rn^- 
sil  qui  longtemps  n  eut  que  des  fonctionnaires, 
des  Sfddïil.'^,  des  rniumerrants,  des  planteurs,  des 
mineurs,  des  esclaves.  Dans  le  Jtio-Grande-du-Sul 
et  le  pays  de  S/mta-ralliarina,  les  cuinnics  alle- 
mandes formaient.  nVemmenl  encore  une  petite 
naiion  gardant  une  fidélité  |)rem]ue  entière  ù  son 
origine,  une  espèce  d'fllul  dans  rÉlal.  IW  hommes 
ont  écrit  (pie  erllc  imperceplil)|e  IVutonie  (inirn 
par  absorber  l'Amérique  du  Sud,  ou  tout  au  moins 
0.  Rkclus.  La  Tbmmr  *  Tôt  o'oissac. 


le  Brésil.  Ces  hommes  sont  des  Allemands  qui  no 
prennent  point  garde  aux  trois  cent  mille  Mériilio- 
naiix  entrant  tous  les  ans  dans  le  demi-continent 
latin;  d'ailleui*»  pour  eux  mille  <<  Romans  n  ne  l'ont 
pas  uu  «  Sfixon  k.  Mais  le  fait  est  lA.  conliH;  lequel 
aucun  raisonnement  ne  prévfiut  les  IliHiens 
envahissent  aujourd'hui  les  méuics  provinces  méri- 
dionales que  cclleft  oh  S'élaborait  la  p«*tilc  nation 
teutonne;  ils  y  viennent  en  nondnv  décuple, 
paysans  e(   ouvriers  coujme  les  Allemands,  nusȔ 

m 


826 


l..\    TKRÏIK   A    VOL    |ï'OISE\U. 


pn)lifi(|tu's  H  i-ovhnnp.meni  ini(*u\  nrnii'*s  qii\'u\ 
eorilre  <'tM[ii'il  [khiI  y  avoir  ilv  li-ii[»  rnriirtioiiîil  djuis 
le  climat  du  |]r**sil  Icrnprrv;  ils  invsstMil  «lùjà  les 
colonÎPH  gni'ïiiaini'.s,  ils  les  ôhHiffrroiil,  pour  In  plus 
gmiidc  unité  tli*  h  l.iisilniiii*  <lrrn(^suivt\  rnr  les 
n  Ausouioiis  »  ii'él^vtMtt  pus  ici  auUtI  conli'i*  aulol  ; 
aisément  ils  dovionnent  Portugais  ol  n'ont  aucun 
dt'sir,  imriiu  s^iuci  de  garder  OqvîîI's  el  contre  tuus 
leur  palois  de  U^u- 
rie,  de  l.oriibanlie, 
d'Abruzzc. 

Les  folonies  alle- 
man<les  n'ont  pro- 
spère que  dntis  la 
Région  nii'^ridiuniilo; 
nillours  ollcs  onK 
péri,  soil  p.'ir  le 
climat,  1,1  fièvre  des 
foriMs  ol  l;j  iiévre 
dts  marais,  soit  pnr 
Tabsence  de  roules, 
soit  p.ir  ïe  TU.'intpie 
de  secours  vt  ]Kir  l.i 
pression  du  drsi'rl, 
soit  enrori'  p;n'  l'a- 
vidil»^  des  coni[iji- 
gnies  d'éinigralion 
et  la  mauvaise  foi 
des  fazettdeiros  ou 
grands  propritHaires, 
qui  sont  de  vrais  sei- 
j^neurs  féodaux.  La 
inoiïiê  rlu  Brésil  ap- 
]ïar(ionl  à  sk  mille 
faïcndeiros  dont  les 
fazêfidas  ,  cultivées 
par  des  esclaves,  s'ê- 
lendent.  avec  plu- 
sieurs lioriziifis,  sirr 
des  canipos  sans  fin 
dans  un  océfiii  de  fo- 
rêts. S'il  n'y  u  vrai- 

ineiil.  pas  plus  de  siï  mille  grands  possesseurs  du 
sol  pour  la  moitié  de  l'empire,  la  fazenda  couvre 
en  nioyoïitie  70  000  Itcrtares,  plus  du  in'uvièrrïe 
d'un  ilép;irlertunil  fiançais  :  soil,  pour  louto  lu 
Krani  e,  775  fazendeiros. 

Nègres  et  Mulâtres.  —  les  Noirs  brésiliens 
s'élèvent  ^2îjU0U(J0  parmi  lesiiucls  il  n'est  plus 
d'esclaves.  Uéeeunuenl  encore,  livs  vaisseaux  né- 
griers débanjnaitMit  chaque  nmiée   50  00U  «  bois 


Lue  Uauuluca.   (Voy.  p.  ft27 
d'après  une 


<lV'ljêne  n  au  pays  du  bois  couleur  de  braise. 
Exceftlé  dans  les  eanlons  méridionaux,  où  les  Blancs 
cullivenl  impunément  le  sol,  les  Nègres  sont,  bon 
gré  mal  gré,  les  travailleurs  du  Brésil;  sur  eux 
liuidienl  le  soleilleuv  bibeur  des  [danlations.  les 
juities.  ie  la\age  des  diiimants,  les  méliers  pénibles, 
obscui's.  Les  [dus  atldétiques.  les  plus  beauï,  les 
plus  obstinés  dans  la  j>assion  de  la  liberté  sont  les 

Minas,  originaires  de 
la  côle  occidentale 
de  rArri<|ue.  el  fort 
nondïieux  »  surlont 
dans  la  province  de 
R.ibia  :  quand  la 
Iraile  les  renforçait 
encore,  ils  se  réval- 
laient  souvent;  de-, 
puis  la  fin  du  trafic 
de  ebair  noire  leurs 
Innlllions  s'elTacenf, 
mais  leur  visage' 
reste  plus  noble  que 
la  face  des  AlVicains 
descendus  de  Nègres 
de  la  ConliTïcosIa  — 
les  iVirtugais  nom- 
ment ainsi  le  Mozam- 
bique, par  rapport  au 
Congo. 

«  Dans  les  mej-s 
du  Couchant,  sous 
des  cieux  indigo, 
vois  se  lever  uu 
géant  :  c'est  Santa- 
Ci-uz,  c'est  le  Bré- 
sil. »  Ainsi  parle  un 
chunl  biiVsilien.  ('e 
gèan!  pouri-ail  lom- 
ber,  car  ses  pii'ds 
sont  d'argile  :  cette 
nation  a  trop  de 
sang  noir.  Mais  si  ce 
sang  a  tellement  pénétré  le  lissu  du  peuple  brést« 
lien  qu'il  ncn  peut  plus  disparaître,  s'il  sembla 
destiné  h  rester  lonj^temps  encore  l'élément  vital 
de  L'i  niee  lusîtano-aniéricaine,  ou  plnlôl  lusilano- 
nègre,  il  est  ix  la  veille  d'y  dominer  de  moins  en 
moins.  L'esclavage  n  nM;u  le  coup  de  mort  au 
Brésil  dès  le  jour  où  la  loi  déclara  libre  toute 
bumaine  créature  née  sur  le  sol  de  S;mta-Cniit,  son 
père  et  sa  niére  fussent-ils  encore  diius  les  fers.  Le 
pays  ue  reçoit  plus  de  Noirs,  et  de  plus  en  plus  il 


.)  —  ftessin  «le  A.  de  NeuviUe, 
pliùlt^raiihic. 


HRf.SIL. 


8l'7 


reçoit  (Tes  Illancs,  80  000,  100  000,  150000  di^jà 
\mr  i*innt''4\  <l(»ux  ii  Irois  fois  r**  (ni'il  lui  ^irrivntt  do 
ISèyivâ  africaiiis. 

Les  Mulâtrps,  au  naml»n'  d'environ  fi  niillinus, 
fornïont  environ  les  doux  rinqniômes  do  la  nation 
uco-lusilanienne. 

Indiens,  Mamalucos,  Paulistas. —  Ouaiul  Al- 
varez CabruI  ahorda 
sur    le     rivage     de  j^, 

Porto  -  St'guro,  juste 
nu  milieu  du  Itltora] 
bn^ilicn,  avoMt  toute 
chose  il  élova,  dit- 
on,  sur  le  boi'd  de 
la  nier,  une  croix, 
un  gilit't.  L's  Ittdiriis 
rttnnurenL  liieiiLôt  la 
ri^eur  do  rc  di- 
lomino,  el  tours  [ïi"- 
chos  00  los  sauvè- 
rent \ni^,  r.riix  qui 
courhôroiil  la  t^He 
sou»  le  bpplèiny  pô- 
rircnl  au  dur  service 
de  leui.i  maîtres; 
ceui  qui  &{'.  cobrô- 
rcnl  nioiiruivnt  suus 
le  jilornb  el  sous 
répL^c;ceii\  qui  s'en- 
fuiront an  loin,  der- 
rière les  0:1  |is  dos 
fitri^ts ,  diuiinuôrent 
do  jour  en  jour,  leurs 
lorriloiros  do  (nllago 
et  de  guorio,  do 
chasse  et  do  pûche 
reculant  devant  l'in- 
vasion portugaise. 
Des  couvertures d'hA- 
pital  empoisonnées 
par     les      varioleux 

dont  elles  avaient  chauffé  l's  pustules  portèrent 
ranôanlissernont  à  des  tribus  qui  san^^oute  s*^- 
laîcnl  glorifîô'''s  un  ins(:iiil  do  cq  radeau  perddo'. 
Ainsi  dis|uirurot»l  des  |)onpIosotei'noll*!Mient  effacés 
de  la  mémoire  dos  Sauvages  leui*s  frères  ol  des 
l'orlugais  loui-s  bourreaux.  A  l'arrivée  des  t  jniquis- 
ladores.  les  Indiens  dominants  étaient  les  Tupis. 
(\i*  la  même  race  que  les  Guaranis;  les  autres 
upimrtcnaiont  à  la  famille  des  Tapuyas. 

t.  Ct*jlce  (\\tc  raconle  b  tégeiiile. 


^^SrGtte  Min«.  —  Dcmîii  iIc  A.  do  NeuvUlei 
•  d'ji{ir<^  uno  pholoftHipliie. 


Ainsi  que  dans  rAmérique  es[Mgnûle,  les  Indiens 
(la  Urosil  sont  des  Indiens  soumis  on  dos  Indios 
bravos,  appelés  ici  Indios  do  matlo,  ce  qui  veut 
dire  Indiens  du  hois^tibi^cloa  ou  cuivrés,  et  Hugrcs  : 
ce  dernier  rnol,  de  tournure  toute  française  dès 
qu^ni  [frononce  son  u.  ou.  ne  doit  pas  être  tra- 
itait. Sur  le  rio  Mucury  el  dans  les  solitudes  du 
Mînas-Géraês  er]*eDt  encore  les  lk)tocudos.  sauvages 

hideux    (jui    se  pas- 
.   ^-^  sent  dans    la   lèvre 

*  inférieure  un  énorme 

disque  do  bois  :  en 
portugais ,  botoque 
—  d'où  leur  nom. 
On  pourrait  nonnner 
cent  autres  tribus. 
Le  dénonibretnonl 
de  1H72  comptait 
Amam  Indiens  sou- 
mis el  il  sn[>p*tsait 
1  niitlîon  d'Indiens 
sauvages. 

En  s'atliant  aux 
premiers  rddeurs 
portugais,  b's  Tupis 
donnèrent  naissance 
à  des  guerriei-s  sans 
merci,  h  des  cava- 
liers rapides  que  fit 
nommer  Mamalucos 
ou  Mameloucs  la 
cruauté  de  leurs 
razzias  sur  les  In- 
diens du  territoire 
castillan;  peu  à  peu 
ce  nom  gagiia  tous 
les  sang  -  luélé  du 
Blanc  et  de  r[cdion. 
Los  Miuniilucos,  vail- 
lants bofumos,  ex- 
plorèrent! combatti- 
rent el  conquirenl 
an  loin,  le  long  des  rapides  «  rios  grandes  »  qui 
parl(?nt  de  leur  plateau  nalal.  A  eux  surtout  la 
l.usitanio  tropicale  doit  d'être  un  emftire  innnense 
mi  liiMi  d'un  étroit  tiltoraU  d'un  l'ortugal  améri- 
cain bien  jdus  long,  mais  non  beaucoup  plus 
l.irgo  que  le  l*urlug.il  <rKurope,  et  ce  sont  leurs 
aventures,  leurs  coups  de  main,  leur»  pillages,  (|ui 
lontonii'nl  porteront  le  Urésil  vers  b'  centre  et  vers 
le  sud  du  demi  continent,  sur  des  plateaux,  dans 
des  vallées  ()ui  semblnienl  d*nboi*d  devoir  tomber 


LA    TKRIlE    A    VOL    I)'OISEALT. 


aux  Cnslill.iiKs  ou  n'slor  aux  Indiens  Guarniiis. 
Touk'^oi^.  t'es  Mania lucos  »  ([ui  iiV'IaÛMil  pas  s^-ulc- 
jnenl  Lu^ilauii'ï.i».  nuiis  encore  (jii(!l([ut'  jmhi  l>|tn- 
gnols  [Hir  leui-s  fiôn»»  di^lruisironl  «ulant  qu'ils 
di^couvrireut  et  Im'rent  plus  d'hommes  qu'ils  n'itiil 
jusqu'à  CL'  jour  ii'iirrii'reiiL'veux  dans  ce  Urèsil 
dont  leur  poslêritt^  peuple  les  meilleures  ruii 
In^es.  Gens  de  sac  el  dU'  corde,  ïistinssîns,  niNis- 
SL'urs  cl  pilliti'ds,  ils  l'aisaicol  suiluul  In  chasse  à 
riutnitne  :  rien  qu'en  livn(c  et  quelques  mois,  de 
1628  h  1050,  ils  aïnericrcnl  6OOO6  Indiens  ei»- 
chaint-^s  au  marché  du  lîio-de Janeiro. 

Les  Paulisla»  ou  ^'cns  de  SAoI*auli>,  qui -di^cou- 
\Tirenl  laal  de  mines,  reconuuivul  tant  île  ri\ières, 
fondèrent  tant  de  bourgs  et  de  villes,  sont  en 
majorité  Manialucos  d'oriiçint»  ;  commw  les  Mùioiros 
du  Miiias-Gèraés.  qui  iml  aussi  beaucoup  de  sang 
manielouc  dans  le  cœur,  ils  dépassent  les  autres 
Itrésiliens  en  vi;^nieur,  en  agilité,  preslvsse,  acli- 
vilé,  courage,  euduraiice,  et,  semblables  aux  Au- 
tergnals  en  France,  ils  éniigreul  par  haniles  dans 
tout  le  Itrésil. 

Ou  nonuiie  ici  Cafuzos  les  mclis^e  Noirs  cl  d'Iu- 
diens  qu'on  appelle  Zambos  dans  les  pays  Ue  rAïaê- 
rîfjuc  cspa;^'nol«. 

Langues.  —  Sur  tous  ces  liommes  de  naissances 
varices,  de  couleurs  divei'ses,  courusémenl  mêlés 
et  se  mêlant  t(*ujouj*s,  |«isse  le  doultle  niveau 
d'une  înérae  religion,  d'une  même  langue.  I'res*|ue 
tous  les  [trrsiliens  sont  ratlt()|i<[ues,  presque  tous 
parlent  portugais. 

Cependant  le  gUAntni.  co  vieil  idiouïe  indien,  est 
encore  parlé  dnns  plusieurs  cantons  des  bassins  du 
--  Paraua  et  du  Parai^n.n,  priiicipalenienl  dans  la 
province  de  Sùo-Paulo.  La  lin*,'on  gérâl«  corruption 
du  tupi,  règne  «J^ec  le  lusitanien  (hnm  I4  provijn'i' 
du  riffto-Para,  et  presque  seule  dans  le  Alto-Anta- 
zonas.  Sou  liom  de  JanjLîue  {^^énéj'nle  lui  \ieiU  de  ce 
qu'elle  sert  aux  relations  des  Jiidiejis  (nUre  eux  et 
h  ci'lles  des  iVrtngais  avec  les  Iiuliens  dans  une 
pajiie  du  hrissir»  de  l'Aniiuon*'. 

Aux  inissionnniri's  des  siéclis  de  jimpagande 
dit'  doit  sa  vaste  difrusitin.  Voyant  I "inifiossibilité 
de  prèclier  ehncune  des  trilnis  du  Drrsil  diins  S(ni 
idiome,  les  apélres  de  la  Toi  roiiiainc  cliereîiércut 
un  langage  indigène  qui  put  devenir,  de  proche  m 
pro<'.he,  Torganc  d'onh'iilo  sur  l'immense  (t-rre  de 
Saiila-Crii/.  Us  elioisirenl  le  lii[)i,  devenu  dés  lui*» 
le  sabir  du  tirésil,  en  attendant  que  rem[ûre  perde 
tous  ses  fjalois  élevant  le  m^o-liitin  ilu  grand  iA- 
nioeus,  lel  qu'il  se  parle  au  Itto-de-Jaueii'o,  avec 


plus  de  ricliesse  encore  qu'on  Portugal,  grâce  h 
de  nninbreux  mots  empruntés  aux  langues  in" 
dii'nui'?  et  aux  jargons  nègres  apportés  jadis  par 
les  cargaisons  vivantes. 

En  réalité  celti»  lingoa  g^al  n'est  qu'un  dialecte 
du  guarani,  chose  toute  natuivlle  puisque  les 
(Juaranieqs,  aujourd'hui  si  menaces  de  mourir,  ré- 
gnaient, il  y  a  quatre  cenis  ans.  de  l'Uruguay  aux 
Antilles.  Klle  dilTère  peu  du  paragmi\eu  ou  du 
tangnge  itidigèue  du  Corrienles  et  du  Sâo-Paulo, 
et  pendard  la  gueiTC  de  la  Tritdt?  Allianc^^,  1rs 
onicici-s  brésiliens  nés  sur  l'Ama/one  cl  le  rio 
Negm  coBiprttBttienl  san»  p.  mh-  I.  tit^  ennemis  les 
soldats  de  Lopcz.  La  lingoa  g^nd  a  bien  n'eu  des 
ilêmenls  portugais,  vi  le  guarani  méridional  des 
tMémenls  *'spagnol»,  mais  ni  le  lusitanien  an  noiti, 
ni  le  cuistdlan  au  sud,  n'ont  beaucoup  altéré  le 
vieilidio  me  indien.* 

Rapide  accroissement.  —  Uieu  que  ne  t^ce- 
vaut  encore  que  deux  h  trois  dÎMines  de  niill« 
Kui*opéens  par  an.  la  nation  lusilano-amérieaine 
grandit  jiromptement. 

11  y  avait,  rndl-on,  1 900  000  Bi'ésilieitt  en  «776. 
et  ntîOOOOO  ru  1818,  nombre  que  1856  «Me va  Jus- 
qu'à prés  de  8  nnllions,  et  maintenant  les  15  nul- 
lions  sont  atteints  ou  dépassés.  Ij^crolt  amitiel  est 
de  'J50000  h  500  000  âmes.  SbnUi-Crui  a  f^^s 
misères,  ses  fléaux,  ses  épouvantements,  la  iiévi-e 
jaune  surtout,  et  parfois  en  certaines  province» 
dalTrcuses  séchoresses  :  telle  en  «es  dernién*s 
années  celle  qui  a  tari  les  fontaines  d^^èarâ,  bu 
même  de  grands  rios,  durci  la  (erre  en  airain, 
dispei^é  les  Cean^nses  en  Amazonie,  el  jusrprau 
lliu  d<'  Janeiro,  jusfpi'aux  campos  du  Sud»  sé- 
cheresse qui  a  aussi  niis  à  mal  les  ainres  pn»- 
vi!ices  dç  ce  littoral,  Kfluhy,  Maranbâo.  Hio-(irande- 
do-Norte,Pirahyba,  iVrnambuco.  Alagoas.  Scrgipe. 
Mais  le  pays  est  normal]  e  m  eut  si  fiVond,  ilc^tsi  beau, 
Itf  climat  si  sain,  que  les  naissances  y  dominent  de 
très  haut  les  d^cès,  cl  que  dans  cet  empire,  pro- 
(liguir,  iiarait-il,  eu  ultr.f.  ti(.  naires,  la  population 
tl'ud»le  d'elle-même  en  tn-ntc  à  quarante  années. 

In  jourfctpeu()lée  seulenient  à  l'égal  de  la  France, 
la  Néii-Lusilanie  aura  se»  000  millions  d'homnn's, 
et  l'un  peut  lui  en  prédire  sans  outrecuidance  un 
milliard. 

Mais  (pii  oserait  prédiiv  que  l'enqure  ruerveil- 
li'U\  ne  s'éparpillera  pas  conune  l'Amérique  esp/i- 
guitle?  Les  Uio-Grandensi^s  n'onl-ils  jias  déjà  levé 
dans  le  Sud  I.1  main  contre  leurs  frères?  Le 
iiio-lirunde-du-Sul,  peudanl  neuf  ans  de  gueriv. 


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LA    TERRK    A    VOL    hTIlSKAi:. 


vécut  h  part  sous  1*»  nom  de  Piraliriiia.  Au  reiilrt», 
1p  MiiïJis  G<''r;n''S  prit  aussi  livs  îirnu'S  conlre  Ii»s 
tJ('*rt.MiSi'ui's  eli*  l'utiili^  «It*  i'eMi|Hn*;  cl  aviiiil  co!t,tï 
province  du  contre  et  cMa  pruvince  du  sud,  jh'u 
npK'S  In  prurlnmalion  i\o.  riiult''pL'iulîiiH't',  IVrnam- 
bnuc  se  j>ro('lanin  citpiUtlt^  tl»*  la  coiin'di'ralion  de 
rÉijualeur,  laqut^lle  compieiiail  quatre  provincos  ; 
IVrtiamljour. .  Hi<i-(iramliMli>-Ni>rle,  Paraliylj.i  ot 
tlêara. 

Villes.  — Les  trois  villes  brésiliennes  au-dessus 
de  100  000  Ames  sont  toutes  les  truis  des  cités  de 
Beirainar, 

Le  [tio-de-Janeiro  (500  000  Itab..  avec  les  fau- 
bourgs) succéda  euTiiine  e;ipilîile  à  Bnliia  vers  le 
milieu  du  ilix-liiiiliènie  siAcle.  l'rt^sipK'  smis  le  Ti'o- 
pi(|ue  auslral  brille  une  petite  uier  de  t!00  kilo- 
mètres de  lour,  séparée  de  la  grande  par  la  serra 
d'en! fi'  lU'wx  eaux  on  se  lèvent  la  Gavia,  la  Tijui'a, 
le  Dmxovado  (1050  mètres);  sur  cette  baie,  ((  mi- 
racle du  monde  »,  près  de  la  passe,  s'êpunuuiL  le 
Rio,  en  vue  du  Cnrruviido  b(tisé  el  des  monts 
bizarres  de  la  Serra  dos  ()r;;;V>s,  sipus  le  eiel  étîn- 
celaut  d'où  linube  la  chaleur  Kuirile»  liumide, 
êleelrique.  êri(«r\anU\  tjui  fait  [»ayer  liii-n  cher  aux 
Bré^ilit'us.  el  surlout  aux  étrangers,  les  s[ilendeur.s 
de  la  Heinimar.  Le  Rio  est  un  port  rempli  de 
navires,  une  ville  nniniee,  règuli^n-e.  élégante  ou 
laide,  selon  que  ses  rues  lugejil  des  Fluininenses* 
blancs  ou  noirs. 

1.  Itio  voulimï  ilire  rivière,  fleuve,  ses  habitaiiU  se  aoiil 
di>tiné  le  uoiïi  dû  Kluuuticnftcs. 


Près  du  \ù'  degré,  Bahia  {180  000  bab.)r  qui  a 
pour  banlieue  le  noeoiienvo,  jai'din  tlu  lirêsi!  el  sa 
campagne  la  plus  tifnsèmt'nl  peuplée,  renfi'rme 
lanl  de  Nègres,  tant  de  Muhltres,  que  les  Brési- 
liens eux-mêmcâ  la  Iratteut  île  Guinée-Nouvelle  el 
lui  donnent  avec  quehjue  nuantîe  de  mépris  le 
surnom  de  Velha  Mulata*.  Autrefois  raêlrupolede  la 
rutonie,  elle  a  conservé  de  son  ère  vice-rovide  des 
jKiliiis,  des  couvents,  des  é^'lises,  au  flanc  de  rue^ 
escar|)ées,  loul  un  air  d'antiquité  |»resquo  vénà 
table,  bien  rare  au  >'ouveau  Blonde.  La  baie 
liahtîi,  dite  de  Tous-K-s-Saints.  serait  la  première  I 
de  re]M|H're  si  celle  du  Hio  n'existait  pas  :  elle  a 
tSÛ  kilninêlres  de  contour,  des  pr(jfondeui*s  de 
00  mètres,  el  dans  la  passe  qui  l'ouvre  h  la  meri 
Atlantique  h's  navires  voguent  pleinement  surSOl 
40  mètres  d'eau. 

IVrnainhouc  (150000  liab.).  autre  port  de  ïi 
cviiu,  près  du  S*  degré,  se  rt>nq)ose  en  réalité  do 
quatre  villes  :  Uucile,  nom  qu'on  donne  austû 
quelquefois  à  rénsemble  de  ces  quatre  cités,  Sâo- 
Antonio,  Boa  Yista  ou  liellevne.  Olinda.  celte  der- 
nière a  5  kiloMu'^lres  de  h  mer,  sur  un  coteau. 

Fernâo  de  Noronha.  —  A  TM  kilomètres  desj 
dunes  mobiles  du  cap  Saint-llorh.  lile  Feiiiâo  iU*. 
Noronliii  est  h»  grand  pénilencier  <iu  Brésil.  Elle 
a  10  kilotiïètres  sur  2.  de  bautes  falaises,  un 
valc;iu  mort  de  100  mètres,  et,  avec  des  ilôts 
[innexes,  une  aire  de  1500  heclai-es. 

I.  Vieille  mulâtresse.  W 


GUYANE. 


8r.i 


L 


Dans  le  Harais.  —  Dessin  de  Rioj,  d'ipi'6s  ua  croquis. 


GUYANE 


L'île  guyanaise,  son  humidité,  ses  miasmes, 
sa  fécondité.  —  Quoique  la  Guyane,  pivs(|up 
('•gale  à  ([uahv  fais  b  Frnnc»s  no  soit  pus  en  iiut, 
on  n'iMi  [ii'nl  surlir  siiiis  tir;iv»»rs(»r  l'eau  :  nu  luu'il 
gronde  rAll;in1i(|iie,  jMi-toul  .'lillcurs  passent  di* 
larges  rounïiHs,  Ainazinie,  rio  Negro,  (]assiqiiiaré, 
Urcnoque. 

A  qui  vient  lie  la  nier,  elle  s'aniionee  par  <les 
vases  et  toujours  des  vases,  boues  du  Heuve  des 
Aina/oites  et  de  ses  propres  fleuves,  de  moins  en 
moins  fluides  à  mesure  qu'un  approche  des  nian- 
glieis  <lu  liUural. 

A  ce  perp«Huel  brassement  des  Fanges  salées  et 
des  fanges  d'eau  douce  succède  une  plaine  basse, 


terre  encore  inconsistante  chaque  fois  que  la  saison 
des  pluies  la  trempe  de  son  déluge,  toute  d'allu- 
vions,  péntHrèe  d'onde,  inondtV»  do  soK'il,  sil- 
I<jnnée  de  marigots,  de  riviôres.  dVsl  un  inaruis. 
rVst  une  forint  puissante,  c'est  un  jardin  pour  qui 
1  ose  cultiver,  et  pour  le  Blanc  c'est  un  tombeau, 
Là  où  le  soufllo  n)arin  ue  vivifie  pas  l'air  mou, 
tiède,  empoisontK'. 

Kii  quittant  \e  Marais,  paradis  d'iMres  rampanlj^, 
délices  des  crapauds  ù  cornes  et  des  crapauds  pipa 
qui  dé^KissiMit  les  dernières  limites  de  la  liideur, 
un  monltï  le  long  des  criques,  l't  l'on  entiif  dans 
les  Savane»,  que  recouvre  aussi  pendant  des  mois 
Texondance  anouetle  des  rivières. 


832 


LA    TERRE     A    VOL    D'OISEAU. 


Les  Savanes,  ti*nv  niiTvt'ilk'USi'rncnf  bonne  ou 
mrdiocre  ou  nu'cliflnle.  suivant  les  roclit^s  du  sous- 
sol  et  les  n]>i>orts  du  hnul  jmvs,  s'en  vont  jusqu'où 
pied  des  monts  guynnais,  qui  s(»nt  gr.nnit,  gneiss, 
micaschiste,  otsêpnri'nl  les  bassin»  des  fleuves  cA- 
tier?i,  nu  nord,  du  donmine  de  l'AnKizmie,  jiu  sud. 

Uielica  on  or  dans  les  veines  du  quarti,  ces 


montagnes  envoient  des  pn^elles  de  cet  or  aux 
alluvions  de  la  c5le  pnr  le  clieinin  des  rios  qui 
courent  de  rapide  en  mpitle  en  «n  lit  de  pierre 
duie.  Aussi  la  Guyane,  où  l'on  exploite  te  métid 
jaune,  devi«nl-elle  une  Cdifornie.  elle  qui  fut 
longtemps,  d.ins  les  rêve»  des  voyngeurs  et  des 
Confjuiâtadores,  la  terre  êblouisstuite,  étincelante» 


,^;  «^-^  "  ^- 


iV-t»^-' 


K^^''^"^''-^ 


Ibni  une  for^l  do  In  Guyane.  —  Dessin  de  Hiou,  d  apr6s  un  croquis. 


aveu^'Lmte  où  réf^nail  l'Rl  Dorado,  le  Doré,  maître 
de  tn'sors  diM'endus  jiar  des  dragons  â  Ttialcine 
de  (lamnio  :  or  ce  roi  splendidissime  dont  la  Lé- 
gende suseita  (nnt  d'héroïsme,  fit  verser  lanl  de 
sang  i'\  changea  pour  sa  purl  les  destin;;  de  l'Amé- 
rique, ne  fut  sans  doule  qu'un  pauvre  elief  de  sau- 
vnges  vivruil  dans  un  rocher  où  luisaient  des  pail- 
lettes de  mira. 

Les  monts  guyanais,  peu  ronnus,  sont  bas;  à 
l'occident  seulement,  sous  le  nom  de  Sierra  Pa- 


rima,  là  où  les  entoure  le  majestueux  Orénoque, 
ils  montent  à  des  haulairs  qui  ne  sont  jdus  cidU^s 
do  simples  collines.  Aucun  ne  porte  sa  tèlo 
dans  la  région  glarée  de  l'air  :  h  peine  les  plus 
hardis  alleiguerU-ils  25{J()  mélrt»s. 

1,1^  Rrèsil  possède,  nu  midi  des  monts,  dans  son 
Amazonie,  une  moitié  de  l'Ile  guyanoise;  le  Véné- 
aiéla  en  lient  un  ijuart,  h  l'ouest,  vers  TOrépoque; 
l'autre  quart  se  divise  entre  France,  Hollnnde, 
Angleterre. 


GUYANE    FKANCAISE. 


S33 


BMfïl  du  gooTorncur  i  Uyeane.  —  Denin  4o  lUou.  d'aprèi  uim  photographie. 


GUYANE    FRANÇAISE 


France  Équinoxiale.  Des  Terres  mouillées 
aux  Tumuc-Humac.  —  IVts(|uo  (Mjuinoxialr  «mi 
«•nVît,  ci'ttt»  |);uivri*  Frnriro  vn  clti  fî^  nu  ""1*  degn^ 
de  l:ililinit»  nonl.  sur  jiliiïi  de  12  iiiillicins  d'hec- 
tares, sans  compter  vahix  *]\ûA]o  rvcLiriu*  vain**- 
ment  au  Itrêsil:  eonntinlt\  indolonlo,  oublieuse,  la 
France  n'a  Jamais  su  inonunieuter  ses  droits. 

Avec  ce  qu*on  ne  lui  conteste  pas,  elle  s'(^tend 
du  fleuve  Maroiii,  qui  la  sépare  de  la  Guyane  Hol- 
landaise, au  fleuve  (hnpork,  <piî  la  sépare  du  terri- 
"toire  en  litige.  Le  Mamni.  escalier  de  biefs  Irnu- 
miilles  qui  se  versent  l'un  dans  l'autre  par  des 
sSuts.  lanlAI  rasendes  et  laiiliJl  rapides,  roule  {(H)0 
mi^tres  par  seconde  nu  milieu  de  la  saison  st'clie; 
il  D*a  pourtant  que  650  kilomètres  de  long-,  et  les 
Turniie-Huinac,  ses  inonJafrii«'s  nal;des,  n'atteignent 
qui?  100  mètres,  mais  atieune  poulie  d'eau  ne  se 


perd  sur  ses  roehes  dures,  sur  son  sol  d*nrgile,  et 
il  pleut  ènomuMuenf  sur  la  Guyane  française; 
aittsi.  par  exemple,  il  loiidte  à  (^ayemu',  suivant  les 
années,  2  mètres  1/9,  S  mètres.  X  mètres  et  j»lus, 
avoe.  une  moyenne  do  5  nièfres  3tî  centimètres. 
1/Ûyapock,  pins  eourt  de  l.'iO  à  tîi)0  kilomètres,  est 
un  Maroru  moindre,  [»ien  que  de  grande  aboudaneo. 
également  fait  de  luji^s  doi'mants  et  de  sauts  brefs, 
comme  aussi  les  fleuves  plus  petits  qui  coulent 
entre  rOyapock  et  le  Maroni,  tels  que  Mana,  Sin- 
namari.  Comté,  Approuag-ue,  etc. 

Pe  rembourlmre  de  l'un  qmdconque  de  ces 
fleuves  ti  sa  souree,  on  rencontre  toujours,  d'a- 
bord la  région  des  Terres  mouillées,  puis  celle 
des  Savanes  et  collines,  enfin  celle  des  Monts, 
et  sur  ces  trois  régions  l'immense  Forêt  (^lya- 
naise. 

•  105 


854 


LA  TERRE   A  VOL   D'OISEAU. 


Lt^s  Ti^rrps  moiiillt'i^s,  r'psl  hnno  inroliéri^nli*  nir 
boni»  tlurrit».  irvanj^rliers,  ft'i(|nos  rnvusécs,  marais 
dessiTliês  (jifun  noijunt'  pinolit*ivs*,  vastes  t'haiii|is 
d'Iierhrs  sur  fjingrs  molles,  tourbières  de  rnvcnir 
qu'on  .npjirllr  savajjos  tremblantes.  Klles  voient  de- 
puis Jl«ux  reiU  einquanlc  ans  l'avortement  dt>  la 
France  Équinoxialc,  car  c'est  là  que  depuis  10r>ri 
nous  tentons  vainement  de  coloniser  la  Guvane,  là 
aussi  que  vivent  tous  ses  hubitanls  civilises  ou  tout 
au  moins  h  demi  policés. 

Il  n'y  a  t[ue  des  Indiens,  Emftrilloiïs,Oyacoulols, 
lUmcouyènes,  Oyampis,  pauvres  petits  peuples, 
dans  la  savane  et  autour  de  ses   pripris  qui  sont 


pAture  en  temps  sec,  marais  ou  lagunes  en  temps 
liumide;  et,  à  eôlê  de  ces  Indiens,  tles  Nègres, 
.peiils-lils  d'esclaves  enfuis  des  plantations  de  la 
Terre  fiiouillée;  enfin  çà  et  h'i  quelques  clier- 
cheui's  d'or  dans  Talluvion  des  cri<pies. 

La  Montagne  non  plus  n'a  que  des  Indiens,  et 
bien  rares.  Toute  en  roches  anciennes,  compactes, 
elle  a  nom  Tumuc-llumûc.  On  n'y  a  pas  encore 
gravi  de  cime  supéricui'e  à  4(X)  mètres. 

Oui  croirait  qu'il  y  a  quatre  fois  plus  de  Fran- 
i;nis  sur  les  sables  el  les  granits  de  Saint-Pierre 
el  Miqiielon.  archipel  de  ti4  000  hectares  perdu 
dans  la  brume  transissante,  que  sur  ces  12  mî]- 


Les  monls  Tumuc-Utimnc.  —  DcsaÎii  de  Riou,  d'aprÈs  une  aquarelle. 


lions  d'hectares,  notre  part  de  l'Anièricjue  du 
Sud,  qui  est  une  terre  de  ma^^uificenciî?  Sur  peut 
Atre  55  000  hommes  que  renferme  la  France 
Éqiiiiioiiale,  on  compte  à  peine  1200  Itinnes  sans 
les  sohlais,  les  marins»  les  fonctionnaires.  Leur 
nondjre  fui  bien  plus  grand  quand  on  vidait  les 
bafîot^s  dans  notre  (îuyane,  maïs  la  colonie  ne 
reçoit  [dus  Iiîs  lorrats  de  Fi'ance,  qu'on  réserve 
pour  hi  ÎVouvelle-f^alédonie,  el  il  ne  lui  arrive  que 
des  f^^aleriens  annamiLes.  arables  ou  nègres,  plus 
capables  de  supporter  son  climat. 

Il  se  ];eu(  qu  il  lui  vienne  avarjl  loii*rtemps  de 
nouveaux  Français,  non  certes  par  choix  votonlaire. 
Elle  a  été  désignée  comme  un  des  lieu.t  d'exil  de 
nos  récidivistes,  plus  nombreux  à  eux  seuls  que 

1.  De  leurs  palmiers  pinots. 


toute  In  [Mvpulalion  de  la  France  Fnpn'noxiale  :  on 
eoujple  les  êlablir  sur  la  rive  du  Maroni,  là  même 
où  Ton  il  déjà  (enté  de  créer  quelques  colonies  de 
galériens  agriculleui*s  el  planteurs. 

Le  fond  de  ht  nation  consiste  en  Noirs  issus 
des  esclaves  el  parlant  un  créole  français  assez 
pareil  à  celui  de  la  Lmiisiane  lointaine  ou  des 
Antilles  voisines.  Cet  êlèmeril,  qui  dépassera  bien- 
tôt 20000  personnes,  s'augmente  quelque  peu  |»ar 
une  iriimigralion  congénère  venant  surtout  de  la 
Mai'titiiifue  jiour  chercher  l'or  dans  les  rivières. 

Telle  est,  d.îns  toute  son  huniililê»  In  colonie 
dont  les  fondateurs  rôvaietil  un  illublre  einpire  avec 
royaulé  sur  le  maître  des  lleuves. 

Coyenne  (Il  000  huh.), capitale,  sur  un  estuaire. 
est  une  chantianle  ville  créole. 


GUïiNE  IIOLLAIVDÂISE. 


835 


Vue  de  Paramaribo*  (Voy.  p.  856)  —  Dessin  de  Aiuu,  d'après  une  pholograpUie. 


GUYANE   lïOlJ.ANDVISE 


Surinam,  ses  Nègres.  —  KuUv  l\  Guyane 
Fmnriiise  cl  relie  que  rAiiglelern;  cultive  par  le 
bnis  (les  lliiidf»u$,  des  4]ltJi)ois,  des  Diii'li>'idiens  et 
des  Nègres,  la  Guyane  IKdhmdaise  eu!  jmur  priiici- 
pau\  fondateurs  des  Français  riTugiês  en  Hollande 
après  la  n^vonatioii  de  l'i''dit  de  Nanles. 

Sur  près  de  \T)  inilliuns  d'Iiectares,  elle  n'en 
a  pas  18  000  de  cullivc^.  Le  Marais,  le  Bois,  la 
Savane  gardent  le  irste  el  le  garderont  longlem[>s, 
car  un  rlirnal  perfide  en  écarte  les  Kuropéeiis. 

Les  Nègres,  donl  le  servage  a  graduellement 
diminué  depuis  1805,  n'y  défrichenl  guère;  ils  em- 
pêchent h  peine  la  nature  libre  de  reconquérir 
les  planlMtions. 

Non  pas  ([ue  les  huiis  Noirs  n'y  vivent  du  travail 
de  leurs  mains,  dans  des  jardinets  délieieux,  à 
luurlet  de  la  forèl,  au  ln»rd  ffuiie  rivi»>re,  d'un 
ruisseau,  d'un  de  ees  canaui  que  la  sagesse  du 
Peuple  Caslor  a  tracés  dans  le  vosle  marécage  ap- 
pelé Guyane  Ilidiandaise. 

Mais  c'est  en  vain  qu'ils  cultivent  indolemment 
autour  de  leurs  pauvres  chaumières,  en  viiîn  qu'ils 
prêtent  suis  murmurer  leur  temps  aux  planletirs, 
ces  plus  laborieux,  ces  plus  paisibles  des  Nègres 


coloniaux  ne  gagnent  point  sur  le  Bois  Vierge. 
Ils  ne  le  peuvent,  ayant  chez  eux  clinque  «'innée 
moins  de  négrillons  pendus  h  la  mamelle  que  de 
morts  à  confier  â  la  terre.  Quelque  *<  tropicaux  i» 
qu'ils  soient,  ils  diminuent  sur  ce  marais,  sous 
ce  climat,  surtout  Tiiite  de  soins  pour  la  première 
enfance. 

Quant  aux  Nègres  marrons,  leurs  trois  tril)U5> 
qu'on  porte  à  15  000  ou  I8O00  lionmi»»s,  fournis- 
si^rit  [»eu  de  travailleurs  aux  plantations  di»  surre, 
de  eafê.  de  cacao.  Libres  depuis  tantôt  1 12  ans  sur 
un  territoire  ïibre,  en  vertu  d'un  traité  légal  signé 
par  le  gmiverueur  nêdcilandais.  ils  \ivent  heureux, 
sans  elTorts,  au   fond  des  hois   luvuriants. 

La  Guyane  Hollandaise,  Surtiuim,  connue  on 
l'appelle  aussi,  du  grand  fleuve  qui  baigne  sa 
capitale,  muForme.  en  dehors  de  ses  10000  Nègres 
marrons  ut  de  peu  d'Indiens  toujours  décroissants, 
5i000  habilanls.  dont  moins  de  70O  («luropcens  el 
de  4r>00  coulis,  Hindous  ou  Chinois  amenés  dans  la 
colonie  pour  remplacer  sur  les  grands  domaines 
les  Nègres  (|ui  arrivent  au  terme  de  leur  esclavage 
après  un  stage  de  libération  jugé  nécessaire  par  les 
Néderlandais. 


83fi 


LA    TEIÏRK    A    VOL    D'OISEAU. 


Les  Moraves  ou  FrArcsdi*  llorrnfiul,  seclpoxlréme 
flu  lulhi''rîiiHsiiR\  onl  ici  !2r>()00  ndln'rr'nls:  ils  on( 
cinivciU  jihjs  ile  pîik'Ms  <|IH*  !t's  mitres  ô;i[lisrs  |n*(>- 
testntilos  ou  que  les  apôlros  du  cnlholicisine.  Suri- 
n.'irii  no  leur  lîtiil  pas  seulement  eos  ciuiversioiis; 
rc  snnt  ini\  <|ui  iiislriiist?nl  l«*  plus  d'enfaiils,  eux 
encore   i|ui    ]uir    leui'S  parok'S   de    paix    bêjuonl 


depuis  loiigU'ïnp!*.  lu  eoncordo  rnlre  li^s  Binncs  i^l 
li*s  Niiii's.  I.n  Iliillandi'  Équinoiiale  aurail  pu  (juir 
l'onirii*^  Snitil-Putningm'. 

Ainsi  ta  Guyane  llonandîiise.  semblable  ii  la 
Française,  mais  iiiitMiï  drainée,  mieux  travaillée, 
L'sl  loujiHirs»  runuue  il  y  a  di'ux  siècles  passés,  un 
marais  lilloral  ii  la  lisière  d'une  forèl  profonde. 


KiittLC  Ju  neuve  Maroul.  —  De«&i»  <ie  lliuu,  d'jitiés  une  aquarena. 


Sur  ce  marais  vivent  les  Nègres  soumis,  qui  sont  les 
us  el  la  moelle  de  la  nation;  dans  les  elairières  de 

celte  fiH'èl  demeurenl  les  Nègres  marrons,  et  (|uel- 
ques  rauiille^  ^l'Indierïs  filassent,  [HH'herit,  i*ace  qui 
s'en  va,  ntélaiirolique,  indolente,  indiiîérenle,  lais- 
sant le  monde  à  la  convoitise  des  foi'Is. 

La  langue  ollicielle  est  le  litdlaiidais;  l  idiome 
général  est  un  créole  enfantin,  urt  salïir  négro- 
anglo-lusitano-hollandais,  simple  v\  doux  comme 
tous  les  parlers  puérils. 


Paramaribo,  la  capitale,  s'élôvcau  bord  du  large 
Surinam,  fleuve  jaune,  el  sur  des  canaux,  comme 
urn-  auUv  Venise,  ou,  pour  rester  en  terre  néder- 
landaisc,  ainsi  tju'une  lumineuse  Amsterdam  peu- 
plée de  28  000  hommes,  presque  tous  Noirs.  Uien 
que  régulière,  elle  est  charmante,  sousd'admiralïles 
ombrages. 

Kn  traversant  le  Maroni,  on  passe  de  la  Gfiyane 
Fran(;aise  à  la  Hollandaise;  en  Fi'anchissanl  le  Co- 
renlyne,  on  passe  de  lu  llullandaisc  à  l'Anglaise. 


GUYANE  ANCLAÎSE. 


837 


Calaracte  dus  U  CuTiinc  Anglaise.  —  Dcsun  de  E.  d«  Bénid. 


GUYANE   ANGLAISE 


La  plus  belle  des  trois  Guyanes  coloniales. 
—  iH'Miit^tiiUré  dr  U  Guyani»  lloilaiuI;iise.  t'ii  IKITi. 
CCI  <M.il)lissi'riii*iit  anglais  ii':ï  lie  limites  précisas 
qu":iu  nord  el  ù  TpsI.  Au  nord  monte  et  (li'scpnd 
rAtInniique,  à  lesl  un  fleuve  Irace  la  fronlii're 
avfc  la  Nêderlande  (rAmt'Hqut»;  mah  im  sud  l'An- 
pleU^rre  coulesle  avec  le  Itirsil,  e1  à  l'ouest  iiwi:  le 
Vénézuéln. 

Jugés  eontre  l'Angleterre,  ces  litiges  ne  Liisse- 
raient  â  la  Guyane  Atvglaise  que  moins  de  7*  2UQO0O 
hectares.  Jugés  en  sa  faveur,  ils  lui  en  attribuant 
plus  de  28  millions.  Or,  ni  les  Brésiliens,  ni  les 
Vênèzuêlieus,  ni  personne  an  monde  n'ose  deman- 
der «^oniple  11  lu  dôvornnle  Albion  :  d'où  il  suit  que 
cette  Gnv;im'  An^'laise  est  la  plus  grande  des  Irois 
Guyaues  coloniales  iui  lieu  d'être  h  plus  jH'tile. 


C'est  aussi  la  plus  belle.  Kll»i  seule  a  de  grandes 
montagnes,  des  cascades  lombanl  du  ciel,  el,  au 
bout  de  ses  fleuves,  de  longs  et  larges  estuaires. 
Des  ii]lu>ïons  profondes  remontant  jusqu'à  tîO,  40, 
et  mtHne  70  kilomètres  de  la  côle,  donnent  h  sa 
zone  riverîiinc  une  largeur  supérieure  â  celle  des 
Terres  mouillées  de  Gaycnne  et  de  Surinam.  El 
(juand  du  Marais,  à  travers  forât  spleudide,  oit 
arrive  aux  Terres  Hautes,  on  s*»  heurte  à  d(*s  monts 
de  plus  de  2000  mètres,  non  plus  îi  des  coteaux 
de  400  ù  500.  Près  de  In  lii»riie  du  Venezuela,  le 
Roraîma  s'élim«*t'  à  2400  mètres.  I<'nniné  par -une 
tour  rocheuse  de  i'ïO  rnèlres  de  hauteur  d'où 
s*abhnent  des  cascades  partagées  entre  trois  fleuves 
inégaux,  l'Arna/one,  rOiH^noquc,  l'Essé<piibo. 

L'Ksséi|uibu.  le  maître  fleuve  de  la  Gu\ane  an* 


858 


LA    TEïïRE    A    VOL    D'OISEAU. 


glaise,  reçoit  li^  Pol.iro*  dont  l.i  cascade  est  une 
inenTille  de  la  merveilleuse  Ahhm  i*|iu'. 

La  grande  rascade  du  Putoro.  qii'iMi  nomme  le 
hiiui  de  Kaïeteur.  a  2l*i)  môLrrs  i\o.  liMrdire»  el  ce 
n'est  pas  un  Gave  naissant,  un  l\ei4:lKMibucli,  une 
[joussière  d'eau  romrnc  le  Slauijl>îirlu  mais  une 
Loire  qui  firrive  au  hurd  du  goulTre  nvi'c  litO  nié- 
très  de  jjïr^auir  sur  7  niMrcs  de  praraticieui",  H 
vomit  daïis  l'abîme  50  niilliens  de  mètres  rubt's 
d'eau  jiar  jour,  ou  près  de  six  cents  par  seconde. 

Ce  pays  do  pluies  excessives,  sur  un  snl  point 
absorbant,   est  prodigue  de  cascades  qui  ne  sont 


pas  des  escaliers  de  rapides  où  se  démène  un  ruis- 
seau, mais  des  gouffres  terribles,  où  s'élancent 
d'un  bond  de  vastes  rivières  enflées  deux  fois  par 
;ni,  |i.ii'  la  grande  rt  la  jtetitc  saison  des  (duies 

Dion  plus  cultivée  que  ses  voisines  à  l'orient, 
pIIc  a  aussi  beaucoup  |)lus  d'babilnnts.  et  ses 
[>lnnlalions  s'élendeiil,  ses  villes  s'augmentent,  sa 
populnlion  monle  —  ce  qui  n'est  pin'nl,  lant  s  en 
faut,  le  cas  des  deux  autres  Guyanes  coloniales. 

Ses  résidents  sont  au  nombre  d'environ  âJ^OOOO, 
descendants  de  Nègres  libérés,  Hindous.  Africains,] 
Clûnoiset  Aoirs  des Ajililles  engagés  pour  le  travail^ 


:^  V  ^  r^^ .   ^i -^'-^^^^^  /': 


Pirogue  sur  rt)s&cquibo.  —  D««5in  de  nioa,  tTij'i^  un  croquù. 


des  ftlanlntioïis  de  canne  h  sucre.  Indiens  plus  ou 
intjitïS  plies  à  la  vie  des  (t  Civilisés  n\  et  quelqiUî 
vingt  mille  blancs. 

Il  ne  faut  cliercher  les  plus  nombreux  de  ces 
Blancs,  ni  djins  la  nation  qni  fournil  les  premiers 
planteurs  à  la  plus  Horissantc  des  trois  (iuyanes, 
ni  dans  celle  qui  lui  succéda  sur  ces  rivages  lor- 
rides. 

Ni  les  [lollandais  ui  les  Anglais  n'ont  ici  b 
mnjnrilé. 

Les  fVirtugais  dominent,  qui  dépassent  17)000, 
dont  6000  nés  dans  la  Cuyane  inénn*.  On  sait  (jue 
de  buts  les  peuples  colonisaleurs,  l<*s  Lusitaniens 
sont  celui  qui  délie  le  mieux  les  climals  tuants  : 


h  plus  forte  ratsrui  tpiand  ils  vieniwnt  de  Madère, 
celle  lie  africaiiic  situé*'  vis-à-vis  du  Mnroc:plu$ 
encore  quand  ils  ont  vu  le  jour  dans  les  îles  du 
Cap-Vert,  cet  yi^eliipcl  rpii  n*garde  le  Sénégal  cl 
renferme  sui  tout  des  familles  niéhini^éi-s,  en  réalité 
moins  bl.'m4-.hes  que  noires.  Or,  presque  tous  les 
Prtrtugais  th^  la  (inyane  arrivent  de  Minière  on  des 
îles  du  Cap-Verl.  Kpiriers,  bouliquiers,  petits  mar- 
chands, ces  Itonnnes  sobres  liubitenl  généralement 
les  villes  et  tes  houigs. 

La  capitale,  Georgetown  (47  000  bah.),  borde,  à 
"1  kilomètres  de  la  bairi'  (jiii  contrarie  son  entrée 
en  mer,  le  Heuve  Dcnjcrara,  large  ici  de  prè 
de  2000  mèlies. 


HÉMta 


^Êm 


Ml 


"«fiafc^fc^é^ 


Ucs  niadr«poriques.  —  Dessin  de  E.  de  Dcnrd. 


OCÉANIE 


Anstralie.  Grands  et  petits  archipels.  Iles 

madréporiques.  —  \  ikhI  un  coutiaonl,  l**  plus 
pelil  de  la  Terre,  ce  cinquième  lambeau  du  Globe 
se  comfwsG  d'iles  disséminées  sur  des  espaces  mn- 
rins  immenses. 

Il  mérite  son  nom  d'Océanie,  mais  il  s'appelle- 
r.iil  Nouveau  Monde  à  meilleur  droit  que  l'Amé- 
rique, sa  dêcouv(»rl**  elnnl  Le:iU(7oup  plus  lécenle. 

LOeéanie  comprend  : 

Un  continent  tr.ipu,  peu  arïiculê.  l'Australie, 
terre  anglaise  rorrn.tnl  ;i  elle  seule,  siuis  In  T.is- 
manie  son  .mnexe,  les  7/10  de  lii  partie  du  monde, 
évaluée  i\  1095  millions  d'hectares,  en  y  compre- 
nant les  iles  de  la  Sonde  et  les  Philippines.  1095 
millionsd'Iierlares.f'Wt  plus  de  vingt  l'oïsla  Fniiire. 

fX"  très  grande»  iles,  les  plus  belles  sur  terre  : 
Nouvel le-€uiiu*c,  Java,  Sumatra,  Doniéo,  Célébes, 
les  Philippines,  toutes  aâiatiqu<*s  autant  qu*océo- 


niennes,  sauf  la  Nouvelle-Guinée.  D'habitude  on 
les  range  dans  l'Asie,  mais  il  semble  naturel  d'at- 
tribuer à  rUcéanie  ce  qu'il  y  a  de  plus  splcndide 
en  l'Océan,  Où  trouver  d'ailleurs  la  vraie  frontière 
entre  le  plus  compact  des  continents  et  la  plus 
égrenée  des  parties  du  monde  ? 

La  Nouvelle-Zélande,  admirable  archipel  avec 
deux  longues  ih^s. 

Une  multitude  d'iles,  d'écueils,  de  bancs,  épar- 
pillés au  loin  sur  le  l'acitique.  dans  la  direction  des 
Étals-l'niset  de  l'Amériipje  espagmile.  Presque  tous 
ces  archipels  sur^Mssent  au  sud  de  IKquatenr,  aussi 
les  appelons-nous  souvent  Iles  de  la  mer  du  Sud. 

IkMix  cent  quatre-vingl-iiix  de  ces  iles,  sans  tenir 
compte  des  Ilots,  ont  été  lenlenuait  bdiies  sur  des 
plateaux  sous-marins  très  voisins  de  la  surface  des 
mers  |>ar  des  madrépores  qui  ont  ajouté  de  la  sorte 
5  millions  d'hectares  k  lu  teri*e  habitable. 

toc 


842 


tA    TKÏtRE   A    VOL    D'OrSEAl. 


Les  iles  madrê|u>riques  s'cMôvenl.  R\ec.  le  sccoiii's 
(li's  (l'Tiips  iniineiisrs,  |)ar  cuiirlies  (l'iiiio  Î!n|it'r- 
ccpttble  rnincoiir.  Où  In  mer  ('.Uùi  iMirii*;  et  bl**ui', 
clic  (irai  [lar  se  briser  cl  p^ir  Ijlajicliii'  sur  uti  récif. 


Ce  trnvnil  cyclopéen  de  nains  innombrables  se 
rouliniio  tlf  nos  jours.  Iticessaïiiniont  ;i|ij»arjissenl 
(b's  écucils  :  h  peiue  hors  du  llol,  Tilnl  mndrrpo- 
rique  »e  couYr<i  de  pluutes,  i'boniintî  vient  ciiiuilo, 


lies  raaiJr^poriques  :   Uoraliora.  —  Ut^^uu  ût:  E.  île  CtMtiril 


quiliilitsa  cabane ftrornbri^  ciespaiiniors gracieux. 
n  y  ;»  bien  40  tnillions  diuibihiitls  ibns  les  iles 
de  l;i  Sutïdc  et  les  lliilipjârics,  r'esl-à-diiv  jusU'uieiit 
dans  le  prestigieux  areliipi'l  que  Ton  aUribuedliiibi- 
tudc  â  l'Asie.  Mais  tout  le  reste  de  rUcêanie,  si  vaste, 


nu  du  moins  dispersé  sur  de  si  largos  mers,  ne  pos- 
sède eiK'iire  que  (î  millions  d'bommes,  d'ailleurs 
nuihsairi  en  Ausltalie  et  eu  Nouvel le-Zùhuide  avec 
une  rapidité  presrjue  sans  exemple,  uu  profil  des 
lioniines  d' VIbion  el  de  Itnir  langue  ^ou^de  et  brève. 


AUSTRALIE. 


tU5 


AUSTRALIE 


Beaa  rivage,  intérieur  stérile.  Infériorité 
de  ce  continent.  —  L'Australie,  \o  seul  coiitinoiit 
linil  ;'i  liiil  ;tustj-;)l,  relève  en  entier  de  l'Angloli^rre. 
I»nns  8i>n  enceinte  de  14000  ù  15  000  kilonuMres  de 
cibles  riiides.  point  indentt'es.  elle  enferme  763  inîl- 
liona  d'hectnres.  plus  de  cpiatorze  fois  la  France, 
mats  avec  moins  de  5.'>00  000  âmes. 

Il  y  a  des  raisons  de  croire  qu'elle  fut  jndis  une 
Asie  méridionale,  nouée  à  l'Asie  actuelle  par  un 
islluiie  que  les  volcnus  et  la  mer  Lransformèrent  en 
une  éxrlubou.ssure  li'iles. 

En  ceci  pareille  à  l'Asie,  elle  racbe  un  sec  et 
stérile  inlérirur  dï'rrit're  jii  ri^Ji^'e  jhTré  de  sèdur- 
lions.  A  la  rive  de  lu  mer  de»  Uide^  les  baies  bril- 


lantes, les  ravins  toutTus,  les  rliArmnnles  vallées, 
les  foi'Ats.  les  monts  grandioses,  les  pluies,  le  cli- 
mat ti'mpéré  par  le  v*miI  n»arin;  derrière  re  rideau 
magnifique,  les  plats  campos*  les  vallées  effac^^es* 
les  rivières  sjms  eau,  les  marais,  les  herbes  sèches. 
les  épines,  la  solitude  et  les  vents  de  fournaise.  Le 
cenlre  de  l'Austridie  ressemble  nu  S;diara  par  Tari- 
dite,  le  ciel  lorride  el  l'inmiensité  des  dési^rls. 

Kn  vain  lAusIralie  occupe  autiint  d'espace  que 
12i8  départenunls  frnneais,  la  nature  l'a  visible- 
ment maltraitée.  Il  est  possible,  même  prolwiljle, 
que  le  quatorzième  seulement  de  cet  êaonne  bloc 
est  caiwblc  i!f  vraie  en  hure  :  ce  qui  le  ramêm*  h 
la  valeur  de  la  France  ou  un  peu  plus. 


S44 


LA    TERRE    A   VOL    U'OISKAU. 


Animaux,  hommes  et  plantes.  L'eucalyptus. 
roi  des  arbres.  —  Eu  Aiishnlk'.  la  |ilaiii<^  IVin- 
porliî  sur  la  juontngne,  la  jvgion  luiride  ou  cliiiuilc. 
sur  la  n^gion  kMiipéréo;  h  désert,  avec  sos  piaules 
(L'pint'USi^s,  pririit*  la  terre  l(aliiïaLI(\  la  zone  smis 
eau  dépasse  e»  étendue  Li  zone  arrosée.  A  [ïeine  si 
quelques  pies  entrenl  dans  la  région  du  ciel  uû  [a 
ïiei^a^  ne  fond  [tas;  les  plus  grands  fleuves  y  sont 
des  chajielels  d'étangs,  les  lacs  des  inaïaîs  de  six 
pouces  de  profondeur. 

A  l'arrivée  lïes  pi-eiuiei's  découvreurs  euro- 
péens, la  solitude  australietuie  ai>|»arti*nait  A  des 
êtres  misérables  :  son  plus  grand  quadrupède,  le 
kangourou  voroce,  n'eût  |jas  vaincu  les  moindres 
bêles  de  pruie  du  Vieux  Monde,  et  si  de  nom- 
breuses Iriljus  d'oiseaux  muets  ou  peu  li.iruïo- 
nieux,  mais  de  lirillont  jïlurtïage,  riageaierit  dans 
l'ait'  nusiralien,  et  des  manunifères  marins  dans 
Tenu  salée  des  côtes,  les  nionls,  les  ravins,  les 
bois,  les  épines  du  eonlinenl  rudimentaire  avaient 
pour  luMes  des  animaux  sans  élégance,  les  uns 
étranges,  les  antres  ridicules.  Quant  à  l'homme, 
il  était  nu-desHous  de  loul  ce  f|ue  les  voyageurs 
avaient  vu  jusqu'aloi-s.  L'Kuropéen  et  les  servi- 
teurs muets  tpji  lui  font  cortège  ont  reiufdaeé  le 
Nègre  austral  cl  les  iuiijuaux  à  poclïe  ou  à  bec 
de  ciuiard;  ils  prospèrent  sur  ce  sol,  mais  ils  n'en 
sont  pas  originaires;  l'Australie  les  souffre,  et 
probablement  les  énerva,  mais  elle  ne  les  a  pas 
créés.  Seule  Tengeance  des  serpents  avait  ici 
quelque  puissance,  plusieurs  de  ces  espèces  distil- 
lant un  venin  niorlel. 

La  flore  australienne,  originale  comme  tout  ce 
que  porte  ce  continent,  se  présente  avec  quelque 
grandeur.  Elle  a  peu  de  variélé.  Tel  district  n'olTre 
jusqu'à  riiorizou  qu'une  plante,  et  la  moitié,  sinon 
le  plus  grand  nombre  des  artjres,  appnrlientà  deux 
genres  seulement,  aux  «icacias.  aux  gommiers, 
mais  cerlains  eucalyptus  montetït  à  plus  de  cinq 
cenl.s  [neds  anglais  ou  151}  mètres  de  liaul,  si  bien 
que  la  llècfie  de  Strasbourg,  le  dùine  de  Saint- 
Pierre  et  la  pyramide  de  Cbéops  cacheraient  leur 
sommet  dans  les  dernièjvs  lirunches  de  ces  co- 
.  losses.  Si  Teucalyptus  australien  ne  IVmporte  pas 
en  diamètre  sur  les  sapins  de  la  Californie,  il 
défiasse  en  (aille  les  plus  ailiers  de  ces  résineux 
dont  il  faut  pourtant  clierclier  la  cime  â  150  mè- 
tres d'élévatiun. 

Malgré  ses  odorants  eucalyptus,  malgré  d'autres 
arbres  hauLs,  élancés,  la  forél  ii'Auslralie  n'a  ni  la 
grandeur  sévère  des  bois  du  nord  de  l'Europe  et 
du  Canada,  ni  les  teintes  automnales  des  furél    des 


Rtats-l'nis,  ni  la  grâce  des  palmiers  oasiens.  ni  la 
fougue  des   selvas   de  l'Amazone.    Des    branchesJ 
rares    il    ne   descend  aucun  chant  d'oiseau  ;    un 
feuillage  terne  et  sans   abondance    laisse    passer 
pli.s  de  soleil  qu'il  ne  verse  d'omljre  sur  un  gazon 
grisâtre;  peu  de  sous-bois,  point  de  lianes  entre 
les  troues  droits  et  distants  d'où  s'exhale  un  arôme. 
Qu'il  y  a  loin  de  ces  hois-clairières  îi  nos  portiques 
de  sapins,  h  la  nef  de  nos  chênes,  à  uos  ténèbres 
fraîches,  à  la  grande  ombre  opaque  de  nos  rameaux 
toujours  verts!  Sur   le  rivage  de  Queensland,  etj 
dans  les  régions  du  nord,  tournées  vers  l'Equa- 
teur, la  forêt  australienne  est  plus  touffue;  elle  j 
ses  palmiers,  ses  enlacements  de  lianes,  ses  parois  ' 
serrées,  ses  voûtes  obscures;  elle  dolent  à  sa  fav^u 
«  foiôt  vierge  » 

Monts  littoraux.  Plaines  centrales.  Avenir 
médiocre.  —  Dans  le  territoire  que  les  Anglais 
occu{>èrent  d'abord,  au  sud-est,  une  riante,  char- 
mante, ravissunle  zone  maritime,  région  variée,  un 
peu  liuuleusc  de  M)  h  50  kilomètres  de  largeur, 
s'adosse  à  île  jolies  montagnes,  Alpes  d'Australie 
où  le  Kosciuskti  monte  à  ^!Ji1  mètres,  le  Dogoiig 
à  2Uô7,  un  peu  plus  qu4*  b^s  moids  d'Auvergn;». 
Lien  moins  que  ies  Pyrénées,  cl  pas  même  la  moi- 
tié des  Alpes. 

llauleurs  trop  basses  pour  une  contrée  tropicale 
par  la  ujoilié  de  ses  terres,  chaude  par  l'autru 
moitié,  BOUS  un  ciel  sans  pluies  pendant  de  lon- 
gues saisons,  dans  des  plaines  où  le  flamboiement 
de  Tair  j)eut  monter  à  D!2  degrés,  le  soleil  en 
danler  72  h  75. 

Faute  de  blocs  immenses  d*eau  gelée  accrochés 
aux  monts,  réservoirs  dont  le  soleil,  les  lièdcs 
averses,  les  vents  brûlants  ou\Tent  les  écluses, 
faute  de  torrents  vomis  avec  colère  par  les  gla- 
ciers, les  Australiens  n'auront  jamais  que  les  eaux 
que  le  ciel  voudra  leur  verser  en  orage,  et  de  ces 
Ilots  rapides  ils  garderont  seulement  ceux  qu'ils 
auront  arrêtés  par  des  remparts  de  pierre  ou  des 
levées  de  terre. 

Au  somniet  des  chaînes  littorales  on  trouve  de 
petits  plateaux,  puis  on  descend  û  l'occident, 
comme  du  haut  des  xVndes  vers  l'orienl,  dans  des 
plaines  inlérieures,  presque  toujoui's  d'une  telle 
huriznnlalilé  qu'on  y  voit  en  ^>lus  d'un  lieu  les 
rivières  remojiter  au  lenq)s  d'inondation  dans  le 
sens  de  leur  source.  En  Auirrique,  ces  plaines, 
Lianes,  Selvas  ou  Pampas,  amollies  par  des  pluies 
abondantes,  sont  di»s  t<*rres  de  splendide  avenir 
qui  n'attendent  que  l'iionnue,  ses  entreprises,  ses 


à 

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LA    TEflRE    A   VOL   O'OISEAU. 


soins,  e(.  par  nmUieur,  ses  pillages;  mais  wi  Aus- 
tralie la  pluie  lanibe  rarement,  jmr  cnprices,  et  les 
plates  régions  de  l'intériouren  soufTn^nt  deux  fois  : 
la  sécheresse  h's  iVit'it,  |njis.  quaiul  le  elei  ouvn;  h 
deux  baltanls  la  porte  de  ses  fontaines,  elles  de- 
viennent inaniis;  les  sables  secs  et  lirùlês  des  ri- 
vières sanl  eiivîdjis  pnr  d'immenses  torrents  l'urieux 
qui    nniletit,  hiuvunt  déluge,   des  bœufs  et  des 
tiiouLons  morts  de  soif 
a  utiles  lies  sources  Ta- 
ries. Uiw  seule  saison  sè- 
che (I883-I88i)  a  coulé 
5  millions  de  moutons 
à  la  Nouvelle-Galles  du 
Sud. 

Un  pareil  pays  vaut 
mieux  poui'  l'éleveur  de 
besti.iin  que  f)uur  h*  jar- 
dinier ou  le  laboureur 
des  chanips.  Si  Tannée 
esthuinide,  ehevîiux,  bê- 
les à  inine  el  bêles  ît  cor- 
nes y  croissent  nierv*'il- 
leusemciil  eu  nombre; 
leurs  [leans.  leur  suif, 
leur-s  toisons,  l'ont  I.J  for- 
tune du  pionnier.  Quaiifl 
le  soleil  grille  les  her- 
bes» qu'il  ïyn'ïl  les  fontai- 
nes, les  lr(ni|)eaux  dépê- 
rissenl,  ftuis.  dès  que  les 
nuage»  sont  revenus,  Té- 
curie,  r/*lable,  la  berge- 
rie se  rejH'upIent, 

C'est  pourquoi  l'Aus- 
tralie passe  pour  la  leire 
promise  des  éleveurs:  à 
ses  pAturages  sans  lK>^ 
nés  autant  qu'à  S(>s  mi- 
'Ties  d'or  elle  a  dA  le  ra- 
pide essor  de  sa  richesse, 
mais  l'intermittence  des 

pluies  y  est  trop  jurande»  Hïr  sources  trop  rares. 
Faibles  et  promptes  à  tarir,  les  montai;»es  tivqi 
humbles,  le  soleil  trop  dm*  sous  un  air  ti-op  aride. 
Les  feuilles  lonibées  de  la  forèl  n'y  pourrissent  pas 
en  terreau;  elles  sêclient  et  sous  elles  le  roc  reste 
roc;  le  sabli\  sable;  l'ai'gile,  arf^ile;  et  le  désert 
ne  peut  fleurir. 

L'or  trouvé  par  millions  et  milliards,  les  bétes 
à  laine  qui  bienlùl  seront  plus  de  IllO  milliims, 
les  toisons  iicbes,  le  suif,  l'extrait  de  viande,   le 


l,it  Australien.  — 
il'apfi'S  tnie 


colon,  la  canne  à  sucre,  l'essai  des  plus  riches 
cultures,  les  colons  arrivant  par  peuplades,  les 
ti*avjtil leurs  imi»ortés  des  Iles  d*'  la  mer  du  Sud, 
les  déseil^  ([ui  se  réveillent  villes,  comtés  ou  pro- 
vinces, les  universités,  les  jourmiux  ipn)tidiens 
qu'il  f.ml  une  semaine  pour  lire,  le  brouhaha  do 
cinq  pailenients,  tout  IVclat  de  cette  jeuness*'  ne 
doit  pas  uous  aveugler  sur  l'avenir  de  l'Australie. 

Ce  gi'and  Sidiara,  bordé 
d'un  long  Tell  :i  Torient. 
n'a  droit  qu'à  des  deslins 
modestes.  Malgré  son 
énomiilé,  l'AusIralîe  ne 
vîmt  pas  le  pays  que  fe- 
raient ensemble  la  Nou- 
velle-Zélande et  la  Nou- 
velle-Guinée, qui  sur  la 
carte  ne  sont  que  ses 
humbles  satellites. 

Culture  snr  le  rivagf»/ 
p;Uurr  dans  Tinlérieur, 
mines  dans  la  montagne, 
les  facultés  de  ce  conti- 
nent ne  sont  j)as  en  pro- 
portion de  sa  grandeur. 

Les  Anstraliens  in- 
digènes. —  Lsl-ce  parce 
(pie  le  sfdeil  leur  enle- 
vait ressort,  audace  et 
volonté,  ou  parce  que  la 
terre  natale  ne  leur  of- 
frait pas  H  l'épi  d'où 
naissent  les  cités  )>,  les 
plantes  et  les  animaux 
sans  lesquels  il  n'y  a 
pas  de  société  durable, 
est-ce  pour  toute  autre 
raison  ?  les  Européens 
renconli'érent  en  Austi*a- 
lie  une  race  noire  hi- 
deuse, faible,  sans  intel- 
ligence, insouciante  et  paresseuse;  avec  cela,  fanati- 
que d'espace  el  de  liberté  nomade,  incapable  de  se 
plier  à  une  idée,  à  une  demeure.  Comme  toujours 
les  Blancs  ont  aussitôt  bandé  l'arc  contre  les  Sauva- 
ges; même  jamais  et  nulle  part  ils  n'ont  plus 
piétiné  dans  b'  sang  du  clH'*tif  et  du  nu. 

Par  leurs  cheveux  lisses  les  s^mvages  d'Austmlie 
se  distinguent  des  Nègres  à  cheveux  laineux  ren- 
contrés par  les  Malais  dans  l'archipel  qui  va  du 
continent    ausli'al    aux    pointes    méridionales   de 


Dessin  de   E,  lU>njat, 
phuU>^apliie. 


ÎÎOUVKMK-riALLES  DU  SUD. 


84U 


Suc  générale  de  Sydney.  (Voy.p.  fiK)  )  —  Dcscin  do  lUicUy,  d  nprès  une  |tlio(ogra|ihte. 


NOIVELLE-GALLES  DU  SCI) 


La  Nouvelle -Angleterre  australe.  Le  Hur- 
ray.  —  Ainsi  qiu'  li^s  aulit's  Kliils  iiustralii'us,  hi 
Nouvi'lle-(liill*'s  du  Sud  s'nïiininistre  ù  son  grô  jmi' 
des  nss<*nibïiV's  éliji^s. 

80  iniltions  «rJuH'Uires,  uii  |iou  |ilus  du  dixiènu' 
du  rontiiuMit,!  170000 hnlMlanls  environ,  soit  plus 
du  liiM*s  des  Aiislivdtcns,  v'v}>i  l.i  |>;irl  di*  la  rolonii* 
((  anU'Tieurc  p,  qui  fut  tout(î  l'Australie  outiv  17^8 
e(  I8â9«  nnntV  où  se  fonda  la  colonie  de  IVrIli  ou 
de  la  rivière  des  Cygnes,  devenue  lu  province 
<r Australie  Occidenlai<>. 

Des  sierras  voisines  du  rivage  portent,  du  nord 
nu  midi,  les  nunis  de  monts  de  la  NouvetlrAngle- 
lerre ,  ntunl^  de  Liverpool,  Montiignes  Bleues, 
0.  Rectr»,  I.a  Trnuc  a  vol  d'qikcad. 


elifiines  de  Cullarîn.  de  rioiirnrk.  de  Manero,  i\o 
Muniong  :  en  tout  7  eliainesel  l!l  cluiinons.  lièris- 
sements  (pil  divisent  lu  Nouvelle-Galles  ilu  Sud  en 
lieux  rt''gions.  Tune  pefite,  variée,  dtarniante, 
l'autre  grande  et  monotone. 

La  [Hîtite  région,  celle  de  l'est,  etili't!  luonts  el 
mer,  est  la  «  Nou^elle-Aiiglelerre  n  eu  même 
temps  que  le  Tell  d'Australie.  —  Tell  de  5Ô  à  05 
kilomètres  de  largeur,  el  quelquefois  de  05  ù  HO 
ou  112,  ayant  pour  Chéliff  une  rivière  de  5.10  ki- 
lomètres, le  llawkesbury.  Les  pluies  n'y  sont  point 
rart^s,  et  si  telle  année  n*y  donne  qu'une  luiuleur 
d'eau"  de  55  eenlîmèlres,  telle  autre  en  précipite 
jus(|u'â  !210,  et  la  moyenne  est  de  127. 

407 


850 


LA   TEUHE    A    \0l    irOfSEAT 


l)i*  ve  liltniMl  on  j^'i'^ivil  tirs  rluiîiiL's  quHti  [hmiI  1 
compmrrîiuv  Alli'^^Ii;mirs  vi  dont  l\*xtrêiiio  iiir^M^ur 
niti'int  \7ji)  kilomèlros.  Passe  ce  fuîlt' dt»  I  200  à 
1 500  inclrcs,  on  es!  sur  un  plat<*audc  50  à  85  kilo- 
nitîtrns  de  liviv^rs.  d*'  7(55  riirlrcs  titi  inoyj'iinc  fllli- 
lude,  on  iloiiiincnl  les  toclies  priiiiilivcs  lellas 
(fuc  le  grnnit,  ot  d'où  Ion  dévnie  pnr  les  Peulês 
do  rOuesL*,  ahiusseinent  d'environ  lio  kiloiiù'dvs 
fu'i  paîsstnil  les  jdns  ln^ani  rii*irinns  d'Australie. 
VA  iilnrs  vipnn<*nt  If  s  [dîunfs  bnssps,  mais  on  n'y 
Innivn  .■uiciin  0|jii>  nii^iMnt  vt^rs  un  Mississippi  quo 
snivrvjiiMil,  flans  U*  lomt-nii,  di^s  ïîoclii'uses. 

I-n  lît'iraniar  du  Nfnv-Sonlli-Walos*  no.  mérite 
pas  st^tiliMtit'iil  l*  iiuin  il*  ^^HIv^'lIe-An!,4t'lr^r^.'  [»ar 
sa  situîMiiMi  à  i'csl  <Ii.'s  monls,  sur  h*  hovû  \W  Vemi 
marine;  c'est  surtout  liisturiipienH'iit  qu'elle  y 
ppu!  prélrruln^  :  ri  le  a  roru  I(*s  prrmiiTS  An^^laîs 
dr  rt'jnpiji-  iiii>ti;dii*ti,  ronniir  If  ri\a«:i'  Imslon- 
nais  vit  nrriv<T,  puis  rroiln'  h>s  Pnnïrdns  (|ui  lii- 
rfnt  l'assisn  du  fioiiplc  \ankci\  Mnts  cpiaud  It^s 
Nôo-Anf^lais  ii'Anit'riqti*'  allci^'^nin^Ml  la  rnMc  drs 
AMr^linnips  il  restait  devant  eux  un  nmnde  h  vnr\- 
[>lir:  les  valIiM^S(|irils  avait'ntsoiiniist's  h  la  cltarnio 
n'ètaiont  rion  à  vMv  des  alluvions  (|ue  ïonr  inou- 
Irnit  l'UreidouL  dos  sources  do  TOIiio  jusqn';i 
Wnw  du  rar.ifiifnc.  ;  landis  fjtje  les  Néo-An^Mais 
d'Australie»  arrivés  à  r.iréle  de  leurs  jieliles  Alpes 
d*ot'i  In  mer  <!e  l'Kst  est  visihie  encore,  oui 
déjà  (k'ri'ièro  eux  les  lucilkures  tenues  de  leur 
continent. 

Oiri'sl  le  Tirand-OKest  des  f  Gnnisurkers  d  ? 
lue  iruniense  plaine  à  pîUure  exlrtîmemenl  sèclic, 
cxtn^nieaienl.  cfjaude,  où  d'aucuns  placent  même  le 
lion  le  plus  lirùlarU  i\c  ta  Toi-io,  vers  le  ronflin»nl 
du  Dartiof,^  avee  le  Murray.  Do  loin  en  loir»  s'y 
lèvent  des  coteaux  hos;  des  eaux  y  cou  ion  V  en 
loinfis  de  pluie,  lurf^os,  expansivos,  mais  lai-ies 
IijentAt.  iJeeeseaux,  les  utn*s  fout  partie  du  Inissin 
de  (pjelipu^  lleuvofpii  les  emporte  intermiltemnient 
jusf(u'ii  la  mer;  la  pluparl  vont  â  qrjolque  misé- 
rable Ingnio'  :  enenre  s  anélent-elles  eu  niute  dès 
que  le  ciel  a  re[U'is  sa  sérénité. 

Murray  (I80ri  kit.).  Murruniliid^i  (217t!  kit.). 
LactitiHi  (1127  kil.).  Miici|uario,  Durling(l870  kit.), 
les  plus  grandes  rivières  néij-gatloiînesde  ce  Grand- 

1.  Wc'slern  Slojirs. 

%  ^otl>  aitgtajii  tie  la  NouvctieGuUcs  du  Sud. 


Ouest  rttulenl  des  flots  incontaminés  dans  leurs 
gorges  natales,  en  plein  mont;  arrivées  dans  la 
terre  sans  pente,  elles  se  souillent,  elles  diminuent 
par  la  soif  de  la  lerre,  la  soif  des  herbes  et  des 
plantes,  la  soif  de  l'air.  Le  Murray,  qui  reçoit 
toutes  ces  rivières  el  beaucoup  d'autres  plus  lon- 
gues que  profondes  et  vives,  est  le  fleuve  des  Ama- 
zones du  confinenl,  dans  un  bassin  de.  70  millions 
d'hectares.  H  naît  sur  les  lïancs  du  Kosciusko, 
thmt  le  Siuumet  plane  sur  1800000  hectares, 
sépare  fa  Niinvetto^îalles  de  Vieloria,  arrose  les 
plarnoR  do  la  lliAerina  ri  tombe  dans  la  lagune 
Alexaudrina,  qui  communique  avec  la  mer  du  Sud. 
Or,  il  a  ses  sources  tout  prés  de  la  mer  de  l'Est  :  ce 
ciis  n'est  pas  rare  —  ainsi  ftiul,  entre  autres,  l'Ama- 
zone, et  elle/  nous  la  Luire.  Pendant  une  partie 
do  l'année  le  Murray  porte  des  bateaux  à  va- 
peur; avee  le  Mnn'iiiidûd^i,  c'est  la  Sfule  rivière 
de  l'intérieur  qui  coule  ici  toute  l'année. 

Coiiirne  l'eût  dit  Sully,  agi'iculture  el  pàtcu'c  sont 
les  deux  mamelles  ât}  la  iNouvidte-tlaltes,  où  il  y 
a  près  de  40  montons  [Huir  un  homme.  De  nom- 
Imvux  mineurs  rlierchenï  l'or,  fendent"  le  quartz, 
touillent  t'attuvion  ou  courent  par  le  pays,  rejifnr- 
dant  avidement  ipnd  hloc  de  j-orhe ,  quid  sable 
de  crique  rerderun*  peut-être  le  métal  adoré.  De 
ces  inincui*s  beaucoup  sont  des  Chinois,  «  bons 
Jaunes  ji  dont  la  Nouvelte-iiatles  possède  unei 
dizaine  de  milliers.  Il   n'y  a  pas  JCoO  Indigènes. 

Les  convois  de  galériens  n'ayant  cessé  qu'en 
|84ô,  nombre  de  Néo-Galtojs  rmt  [lour  pères  ou 
grauds-pèi-es  di*s  scélérats  du  'l'riple-lloyaume. 

Il  n'y  a  ici  d'autre  langue  que  l'Anglais,  et  In 
religi'Mi  protestante  domine  de  beaucoup,  avec  un 
grarui  lu.ve  de  sectes. 

Ce  peuple  croît  vile,  et  por  l'immigration  et  par 
les  naissances,  deux,  presque  Iroîs  fois  sup<''rieures 
aux  décès.  Il  a  pour  capilale  une  ville  toute  j^i'o- 
cieuse  et  belle,  Sydney,  forte  de  -400  000  Ames,  les 
faubourgs  compris,  l't  première  cilé  d'Australie 
pour  fl  ratjliipiilô  »  '.  linduslrie,  la  culture  de 
l'es^irit,  ragr'ément  du  séjour  :  la  haie  dont  elle 
barde  qtieh|ueâ  découpures  a  peu  de  rivales  au 
moitdo  jmur  l'ampleur,  la  sûreté,  le  dessin  des 
fninges. 

1.    Elle  n'a  pas  CQCore  cent  ans  d'existence,  ayant  èlé 

roadt:e  eii  1788. 


OUKENSLAMJ. 


855 


ir:-     -  .♦     j-_ 


L 


^■i^r*^ 


Villûgo  diju  les  Darling  TK>wiis.  (Voy.  p.  SSi  j  —  Dessia  do  C.  Vuillicr,  d'après  une  photographie. 


QUEENSLAND 


Le  Pays  de  la  Reine.  —  Lîi  seronde  province 
dt'lacluV  (le  la  Nouvelie-(lalli*s  du  Siul,  en  1859, 
c'est-à-diiv  huit  ans  après  Viclori;i,  i^erut  le  nom 
de  Oueenslîiiui  ou  Pays  de  la  Beine. 

Elh'  [M>ssède,  au  nord  du  pays  nêo-gallt>is,  loulc 
l'iiniiuMise  rive  orientid*-  rjiii  se  d^Toule  jusqu'au 
dêtroil  de  Torrès,  et  sur  le  rivage  seplenlrian;il  du 
continent.  la  aMe  est  et  la  côle  sud  du  1res  vaste 
golfe  de  Car[wMilarie;  puis,  dans  rinlérieur,  des 
steppes  sans  fin. 

C'est  en  tout  173  millions  d'hectares,  plus  de 
trois  foi»  la  vieille  Fram'.e,  miiis  lj"»***"sland  ne 
gardera  pas  longteni[»s  une  lelle  vastitude  :  le 
Nord  y  demande  à  se  sc»parcr  du  Sud  avec  lequel 
il  a  des  antipalhies,  par  divergences   d'intérêts. 

A  unt*  distance  variable  du  litlurul,  la  mer 
f|uee^:^lauduise  bouillonne  sur  des  îlots  inadrêpo- 
riques.  Le  long  de  cette  levée  de  récifs  incessani- 
mtMil  aciTii.**  par  leurs  hund>les  arc  hiloetes.  les 
navires  sont  en  danger  de  naufrage,  mais  ils  trou- 
vent pK's  de  là  des  abris  dans  les  bassins  protégés 
par  la  digue  des  coraux,  et  <les  criques  sûres 
eflraiigent  le  rivage. 

La  bordure  marine  de  Queensland  peut  recevoir 
encore  le  nom  de  tempérée  prés  des  ft'ontières  de 


la  Nouvelle-Galles  du  Snd,  maïs  h  mesure  qu'on 
s'avance  vei-s  le  nord,  le  climat  prend  la  lorridilé 
naturelle  aux  pays  inondi'S  de  rayons,  de  rlinleur, 
do  lumière;  or  l'homme  issu  d'Angleterre,  ôJ$f 
cosse,  d'Irlande.  d'Allemagne,  c'est-à-dir-e  riiomnie 
du  Nord,  est  à  peu  près  le  seul  tenancier  de  cet 
immense  désert.  Dans  les  comtés  niéridionrttix,  le 
Blanc  peut  à  la  rigueur  (ravniller  en  plein  soleil, 
et  c'est  là  que  jusqu'à  ce  jour  se  sont  portés  sur- 
tout les  colons,  soit  parce  qu'il  y  fait  moins  chaud, 
soit  plutôt  à  cause  du  vojsinage  de  la  iSouvelte- 
Galles,  d'où  (Jueensland  a  reçu  ses  fondaïeurs. 
Diins  les  comtés  du  nord,  plus  voisins  de  rÉqini- 
teur,  il  faut  qui*  le  Itlanc  appelle  h  son  secour's 
des  hommes  «  tropicaux  »,  et  il  fait  venir,  cnlie 
autres,  des  insulaires  de  l'archipel  Marshall  v{  dos 
Néo-llébridais,  prétendus  travailleurs  libres  qu'on 
tire  de  leurs  Iles  par  la  fourberie.  On  leur  lail 
signer  des  contrats  qu'ils  ne  comprennent  |>as. 
puis,  sur  les  navires  de  la  nation  qui  st*  fait  gloire 
de  i^endro  les  négrier»,  ils  sont  transjwrlès  dans 
le  pays  de  Queensland  pour  y  vivre  en  réalité  de 
In  vie  des  esclaves.  Nulle  part  non  plus  on  n'est 
aussi  cruel  envers  les  Indigènes.  |uiuvrpB  inof- 
fensifs  :  plus  d'un  Blanc  glorieux  de  sa  race,  dû 


8;)t 


L\    TERftE    A    VOL    D'OISEAU. 


sa  religion,  de  sa  lan^^ue,  de  son  Uabeas  corpus  et 
de  ses  droits  coTislitu(ionni»ls,  y  lire  joyeusement 
sur  II*  [trotnior  Nî*grn  qui  passe. 

IK'i'ni'Tf  (Irs  rjiiïincs  liltonilcs  rouliniKint  les 
monts  du  pays  t\v  Sydney,  cliainns  qui  sont  un 
nioyeniie  i\  80  kilornèfres  de  IV-cnnio  tH*é;niiqius 
s'éd'tid  le  pays  des  Downs,  ospèfe  tie  pl.jteiJij  huisê, 
mais  assez  maigrement,  avec  prairie!^  bonnes  aui 
nioutiKis  el,  pai"  emiroils,  fonds  do   Irrre  excel- 


lenti?  rjui   ne  tromperont   le   laboureur  que   si  le 
ciel  souvent  avare  Jour  refuse  des  pluies. 

Api't'S  Ifs  Diiuns,  (ris  qiio  [hirling  Downs  d  Peak 
Duwns,  fuient  an  loin  vers  le  marâtre  milieu  de 
TAustraiie  des  étendues  pastorales  semblables  h 
celles  qui  eornmencenl  i\  la  base  orientale  des 
Munlfignes  lilt'ues  dans  la  .Nouvelle-Galles  du  Sud; 
senlenienl  il  y  fait  encore  plus  chaud,  vu  les  la- 
titudes, et   tes   montagnes,  moins  liumideï>,    n'y 


•--.^i 


^Àà 


^^' 


Eucioc  A  bœufs  dans  Itîs  Darliiiff  Ik>wns.  —  Gravuro  extriite  du  Sfmth  Au*trali(u 


nllnilpnt  pns  do  courants  comme  le  Murray  el  le 
MurrumUidi^M.  Les  moutons  s'y  propagent  vile,  ils 
y  lont  hi  fortune  des  éleveurs,  en  même  lemps 
que  relie  des  irîarcUïiiids  de  laine^  de  [tentix,  de 
suif,  dont  le  coiuinerce  rejiosR  sur  regorgement 
de  l'onirnal  le  plus  innocent  de  la  Terre.  Parmi  les 
rivières  de  ces  steppes,  [dusieiii-s,  telles  que  la 
r.oiidamine  et  te  Warrégo,  s'en  vont  vers  le  fleuve 
Murray;  d'auli-es  forment  le  Cooper  ou  Barcou,  le 
Diamendna,  rilejberl,  qui  descendent  lentement 
vers  le  lac  Kyre*»  déplorable  layune  l\  peine  su[»ê- 
rieure  au  niveau  de  ta  mer;  une  infmitt^  s*arrù 
I.  Dam  l'Australie  UéridiooaJti. 


tent  en  route,  Inies  d'en  haut  par  le  soleil. 
ou  d'en  bas  par  le  sable,  le  sol,  les  trouâ  sau- 
mAtres. 

Ilans  son  ensendde,  malgré  son  ciel  joyeui, 
malgré  ses  pluies  qui  sans  t^lre  excessiv*'s  nimè- 
nent  à  saison  n.Ti?  la  fraîcheur  aux  sols  brCklês,  la 
saveur  aux  herbes  fléli'ies  et  le  tuormurant  cristal 
aux  fonlaiues,  la  Terre  de  la  Heine  est  de  splen- 
deur ntédioere  pour  peu  qu'on  la  compare  aux 
divers  pays  (rofiicnix  qui  font  au  filobe  des  hu- 
mains deux  brilliiiiles  ceintures,  l'une  au  nord, 
TauEre  au  midi  de  la  ligne  êquatoriale.  Il  lui 
manque  ce  qui  fait   la  meilleure   beauté  de  tant 


'^H* 


La  beifcr  lustnlien.  —  Cuinposiiton  do  D.  Mtltlart 


860 


LA  TERRE   A    VOL    D'niSKAU. 


i 


visage  ami  daus  re  Lnil.ml  d*^serl  où  rrC4*mmeiil 
encore  la  mort  ^elUil  h*  passant,  explorateur  ou 
nvenlurier;  la  soif,  la  iairii,  rr^iuiscTiiciil,  In  ur.t- 
laiiie,  It's  Nuii-s  y  uiit  vaitiru  pour  luujuur^  |ilus 
li'uti  liomnit*  tU*  Ter. 

Aujourd'hui   les  saiivn^ns  ont  disparu,  et   Ton 
tit^UYe  euUf  n'pus,  soiatiicil  dans  It's  stations,  mais 


ni  bois,  ni  vordun*,  ni    fraîcheur,  ni    ruisseaui 
joyeux  sur  celte  malheureuse  pairie  des  buissons 
d'é[Hne.  CVst  là   et   dans   TAustrah'e  Oceidentalej 
qu'il  y  a  le  moins  d'avenir  pour  la  jeune  et  Irt 
orgueilleuse  nafion  qui  se  croit  destinée  ci  régen- 
ter riuHnisphére  nuslral. 
L'Australie  Méridionale  a  commencé  en   1856: 


l'Mlais  ilo  jtislicc  â  Adi'laldo.  —  Dessin  de  0.  Catetiaccî,  d'après  une  pholograpiiie. 


elle  s'est  peuplée  malgi-é  la  rareté  des  eaux  vives, 
parce  que  l'espace  s'y  ouvre  à  rinQui  devant  les 
jeiuies  finnilles  et  (juo  l'air  y  est  magniliquenieut 
salubre,  tellement  que  les  niussances  y  sont  aux 
morts  comme  10  est  à  A, 

Toutes  les  pluntes  ajtportées  par  les  Rolons  euro- 
péens y  réussissent,  le  blé,  nos  fjuits,  nos  légu- 
mes, la   vigne,  l'olivier,  l'oranger. 

L'Étal  sud-australien  renferme  présentement,  sur 
tout  sou  domaine,  d'une   mer  à  l'autre,  environ 


r>al  000  personnes,  issues  des  Trois  Royaumes  et, 
pour  un  certain  nombre,  de  l'Allemagne.  I*eul- 
élre  y  a-l-il  7OU0  Sauvages  dans  la  pnninee,  et  de 
OOOO  ù  70nO  Cliinois. 

La  capitale,  Auél.iîde  (120  0n0  hab.),  s'élève  près 
de  la  rive  oceirieniale  du  golli*  Saijit  VineenI,  qui 
est  une  gi'ande  indenlali*in  de  la  mer:  a  son  orient 
se  lèvent  de  peliles  monlagties  séparant  ce  golfe 
des  tristes  plaines,  du  Irisle  rivage  où  finit  le 
lleuve  Murray. 


AUSTRALÏK   OCCIDENTALE. 


Payiige  austniien.  —  D^shi  de  Karl  CiranJpt. 


AUSTHALIE    OCCIDEMALE 


253  millions  d'hectares,  47  000  habitants!  — 
Cinq  fois  i^nind)'  coiunie  la  FranO)'  «.'l  iais;iiU  (juasi 
le  tiers  du  LNHilincnl,  TAuslralio  Ot^cidcnlalt*  n'a 
que  47  On<»  ïioiTHiies  sur  2rj3  millions  d'hectares  : 
relativemciil,  la  t-rancc  e&t  quatre  mille  fois  plus 
habitée. 

Quand  nu^nti*  Ir^  neuf  di\ir'in**s  de  ci's  t^lendues 
prwMjut'  iiK'oiinui's  encore  (du  moins  dans  le  détail) 
ne  seraient  que  f^mviers,  sables,  spiniTex,  lande 
inciphle,  lo  n-sle,  sous  un  climat  d'une  salubrilt' 
sans  si^oonde,  niMirrir.iit  aisément  un  fwMiple  ct*nl, 
deux  cenlA  fois  plus  nombreux.  Et,  pour  tout 
dire,  de  récents  voyaifcs  ont  montré  ipn*  le  sud- 
ouest,  où  se  conceulrait  jusqu ïi  ce  jour  la  colonie. 


ne  vaut  pas  le  nord-oucsi.  où  Ton  a  découvert  de 
belles  piilures.  sovis  un  ciel  plus  humide,  !»•  lonf? 
des  fleuves  Murrhison,  Gascogne,  AsUburlon.  For- 
tcscue»  defiriM-,  Fitz-Hoy. 

Mais  rEuro(ie  énngrante  ignore  presque  ces  pa- 
rages dont  la  première  4x;cupati4»n  (1829)  remonte 
(Kturtanl  a  plus  di*S4M\anti*  aimées. 

A  rAté  desnaissmces,  lorl  supérieures  nui  décès, 
le  seul  renfort  qu«  l'Aiigleti-rre  euvoyâl  à  ce  pa>*s 
consistait  en  galériens.  Mais  aucun  filât  australien 
ne  ri'roil  maintenant  de  curidainnés. 

Pertli  (10  000  hab.)i  capitale,  »e  mire  dans  la 
Swan  Hiver  ou  Itiviére  îles  Cygnes,  qui  se  jette  préa 
de  \i\  dans  la  mer  de  loccident. 


86« 


L\   TERRE   A   VOL   iroiSEAU. 


TASMANIE 


La  Tasmanie,  belle  et  gracieuse.  Les  défunts 
ïasmaniens  Noirs.  —  Le  dt^-troit  de  Bass,  largo 
(lo  240  kilomètres  environ,  sc^paro  le  liltoi'al  Vic- 
torien de  rile  de  Tnsmanie,  .-njiKirnvanl  noiïiMice 
Van  Dièmmi,  île  cent  dimzp  fois  plus  petite  que  le 
cmitiiifiU  qu'elle  nccompaj^çnc.  —  Etie  nVii  n  pii!^ 
moins  0  790  000  heelares,  nu  nord  et  au  midi  du 
4'J*  de^ré  de  latitude,  qui  passe  assez  exactement 
par  son  milieu. 

La  ïasrnftnie  est  la  ville  dèlê  de  rAuslratie. 
rornnie  la  Cornit^he  on  la  rive  algéneune  est  notie 
\ilk*  d'hiver.  ÀVons  eliercluins  la  rlialeur  iï  Cannes, 
à  Nice,  h  Bordighera;  les  Australiens  lalifjuéw  des 
vents  liirrides,  les  Anj^lais  tlt^  l'Inde  et  de  la  (^liitie 
alanguis  par  le  Tropiiiue,  viennent  goûter  d.jns 
celte  Ile  heureuse  la  fraîcheur,  l'humidilé,  l'omhre, 
la  santé,  la  joie. 

La  Tîisrnanie  est  charmante.  Sur  des  cfttcs  bien 
fi'anfîées.  élevées,  aspirant  les  vents  frais  et  (ièdes, 
s'ouvrent  de  ravissantes  vnllèes  montanl  vers  des 
plateaux  brillantes  de  lacs»  vers  des  croupes  ehar- 
gees  de  lorùts,  vers  des  pies  que  la  neige  éelaire 
pondant  la  moitié  de  l'année,  l'as  de  frimas  persis- 
tants, nul  pie  ne  dépassant  beaucoup  IjOO  mètres, 
mais  le  climat  verse  assez  de  jduies  pour  f|ue  les 
rivières,  les  cascades  et  les  gazims  ne  manquent 
jamais  d'eau.  Mt^me  il  pleul  trop  aup  toute  la 
cAiG  occidentnle,  dans  le  pays  de  l'élain,  Lois  et 
bruyères  mélancoliques,  sombres  granits,  nature 
éplorée.  Partout  ailleurs,  sous  moins  de  vents  et  de 
nues,  ses  roches  primitives,  ses  schistes,  laves 
et  basaltes,  ses  fougères  arboiescentes,  ses  fourrés, 
ses  forêts,  ses  lacs  ravissants,  sont  h  la  fois  et  la 
Suisse  et  l'Ecosse  —  Suisse  mignonne,  Kcosse  lumi- 
neuse, aux  latitudes  de  Naples  cl  d'Ajaecio. 

Ses  premiers  Blancs,  des  gab'îriens,  lui  arrivèrent 
en  180,",  et  pendant  cinquante  ans,  jusqu'en  1853, 
il  lui  vini  des  Trois  Uoyaunies,  eonvni  par  convoi, 
dos  assassins,  des  voleurs,  des  faussaires,  des  vio- 
lents, sournois  ou  cyni((ues  érluippés  h  la  r,«rde. 

En  \HM\  il  y  avait  06 000  Tasmaniens  lilanrs, 
dont  2Î>00|}  foreals;  en  180ft  l'île  ne  porte  encore 
(|ue  lôU  ÙOO  pe(*sont»es,  La  population  n'y  monte 
pïis  comme  une  marée,  ainsi  que  dans  d'au- 
tres colonies  anglaises  :  la  Tasninnie  reçoit  peu 
4rinimigj-ant5,  malgré  l'excellence  de  son  clijnal, 


la  grAce  édéenne  de  ses  vallons,  la  bonté  de  beau- 
coup de  ses  terres;  et  malgré  ses  mines  d'or  et 
d'étain  elle  perd  ses  jeunes  gens  qui  s'en  vont  h 
Melbourne  el  ailleurs  en  Australie  et  dans  In 
Nouvelle-Zélande. 

Les  Tasuïaniens  Noirs  n'existent  plus.  On  ne  sait 
combien  deniilliersd'Iionunesde  leur  race  vivaient 
dans  l'île  ît  l'arrivée  des  [U'einiers  scélérats  eum- 
péeus;  en  18lo  ils  étaient  encore  5000.  Bés  18t)i 
la  chasse  aux  (t  corneilles  noires  »  faisait  les  dé- 
lires des  fort^ats,  el  la  loi  ne  punissait  que  du 
fouet  l'Liuropéen  qui  coupait  le  nez  ou  les  oreilles 
il  un  Nègi*e,  ou  lui  eidevail  le  petit  doigt  pour  sea 
faire  un  bourre-pipe.  Après  1815  la  «  citasse  h 
courre  )>  s'éleiidil  sur  toute  la  Tasmanie;  elle  était 
devenue  niélbudique  :  couvicls,  soldat.s,  colons» 
lous  les  ((  (uvilisaleurs  »  de  l'Ile  y  prenaient  part, 
aecompagnés  de  dogues  et  tuant  pour  tuer.  Un 
aballatt  un  sauvage  pour  le  livrer  aux  chiens  ou 
pour  le  voir  dégringoler  d'un  roc,  d'une  berge, 
d'une  braïudie  des  bois;  on  jetait  la  v  vermine  » 
dans  les  lisons  du  foyer  qui  la  réchauffait,  on 
offrailau  ninïlieureux  Nègre  une  bouteille  d*eau-dc- 
vie  etnpoisotniée. 

ilienlôl  le  puiïvnir  colonial  s'allia  pour  la  tuerie 
aux  ï»ionniers  de  la  li-és  nofïle  race  anglo-saxonne. 
A  la  (In  de  1853  plus  de  trois  mille  hommes, 
parmi  lesquels  un  quart  de  g.ilériens.  s'ébranlèrent 
en  cent  diï-neuf  compagnies,  bénits  par  tm  prêtre 
anglic^in,  pour  combattre  Amalec  et  rexterminer 
c(  à  la  façon  de  l'inlerdil  ». 

A  partir  de  1855  on  déporta  ce  qui  restait  de  la 
race,  210  individus,  dans  la  petite  île  de  Bruni, 
puis  dans  celle  de  Flinders.  Elle  est  aujourd'hui 
descendue  tout  entière  darts  le  néant,  sauf  une 
vieille  fenmie  que  le  parlement  tasmanien  vient  de 
doter.  r,'esl  la  dernière  de  son  peuple;  Tavant- 
dernière  était  Lalla-Iloukli,  morte  en  1870. 

Lalla-Houkh  avait  été  reine  :  mariée  cinq  fois, 
elle  eut  cinq  rots  pour  maris,  et  le  cinquième  de 
ses  époux,  t]uan<l  il  rendit  l'âme  en  iS(î9,  était  le 
seul  Tasmanien  du  sexe  fort  qui  habiljM  encore  la 
denn'ure  des  vivants.  Llle  ne  laissa  ni  (ils,  ni  fille, 
ni  perils-enfanis  derrière  elle  sur  cette  terre  d'em- 
bûches et  de  massacre  :  l'herbe  de  sa  fosse  marque 
la  fin  d'une  k  dynastie  m,  le  tertre  de  l'autre  vieille 


9 


8ti4 


LA    TKRUE  A   VOL    OOlSKAU. 


niar(|irei^;i  Ki  lin  d'un  |Hn][Tl(';  il  n'y  aura  {iliis  tU 
Tuamnu'iviis  que  ceux  qui  dnrincnl  sous  le  8ol, 
pasuu  seul  ne  marchera  sous  le  ciel  ayant  derrière 


It"  (Vonl  les  i*ltV»s  de  sa  rare,  el  sur  ses  lèvres  Ja 
laii«,'ue  liariiionieuse  où  LnlIa-fUmkh  s'ap|K'Iail 
Liiigïouidgi-Tr(»ucanuuni.  Si  la  jmuvre  reine  ou  si 


iMns  une  lortîi  tle  Tasmanie.  —  Des!.io  àa  A.  de  Ber,  d'appèi  luio  |tliotographie. 


sa  survivanle  a  son  iruMunnenl  funi'bre,  el  stu'  la 
pierre  sonuotn^sun  si*rt  el  et-lui  di'  s;i  naliarit  t'i'st 
le  remords  du  crime»  el  non  le  souci  de  riiisUiire. 
qui  dt'vra  d'^ige  en  âge  raviver  les  lellri's  de  son 
é[iitri('hH. 


llol)ni-(-Tfnvn  (S5  0OO  hah.),  capitale,  sur  l'es- 
luaire  du  ïlcuve  I>er\\eul,  au  pied  d'un  nioni  de 
1*200  mt'tres.  ;,'raudit  datiïi  le  plus  l»eau  pays  dfl 
l'Ile,  à  sou  midi  :  IfUtetncnt.  eumme  la  Tasinunic 
idle-iuènte. 


NOUVELLE-ZÉLANDE. 


805 


Cf)-!>urs  et  sources  llicrmalcs  le  toiig  du  WaiUlo.  (Yuy.  \t  &^.)  —  iJc^iu  du  UiuteluL 


NOUVELLE-ZÉLANDE 


Maoris  et  Pakéhas.  —  Lo  proinier  capilninp 
eun>|iéea  <jtii  conli'initla  ces  rivages,  en  lCi2,  êtflil 
le  navigateur  dont  In  Tasnianio  a  pris  le  nom.  Abel 
Jenîieii  TaMiinri,  tiii  llun^ttiduis.  L'île  iiieniinue, 
vaste  cntasseiiienl  dt*  li.auls  munts,  \olcan.s  puiiiUiï^. 
glaciers,  torrents,  Tut  honorée  par  lui  d'un  nom 
rappelnnt  In  NéderLimle,  ses  sables,  ses  vases,  s(*s 
marais,  sa  plate  alluvion.  Nous  disons  l'ile,  car  ot\ 
crut  d'ahurd  que  c Vlail  une  seule  et  m(>mc  terre. 
Cook  reconnut  le  premier  la  passi*  sèpiinint  l'île 
du  Nord  et  liie  <lu  Sud,  passe  qui  s'apjM'Ile  au- 
jourd'hui le  dt^roit  de  Cook  :  cite  n'est  pas  telle- 
ment larpe  *   qu'on   ne  puisse  espérer  d'unir  un 

1.  â4  kiloiiic*Lrcs. 

0.  ncCLVs.  La  Tmjlc  4  vuc  roifuir. 


jour  par  un  tunnel  les  deux  prands  tronçons  nt^o- 
zêlandaia. 

Dans  les  dernièn»s  années  du  premier  quart  de 
ce  >iêrïr,  des  péchi'urs  de  haleines,  <les  marins 
lus  de  navij,'uer,  des  avenluriei-s,  des  scélérat» 
échappés  de  Sydney,  se  IJxérent  l'un  après  l'autre 
sur  le  |>ourtonr  de  la  lïaie  des  Iles,  dans  le  sep- 
tentriiin  de  la  Terre  du  Nord,  sur  la  rive  tournée 
vers  rOrient. 

Ij)  Nouvelle-Zélande  avait  alors  pour  seuls  liahi- 
tants  des  Maoris. 

Les  Maoris  appartiennent  à  celte  beifo  race  po- 
lynésienne qui  s'étend  do  la  Nouvelle-Zélande  aux 
Iles  Sandwich  sur  G70U  kdomètres,  des  Sandwicli 

1W 


866 


LA   TKRRE   A   VOl,   I>'OISEAU. 


h  rile  de  Pâques  sur  6800,  el  de  l'île  de  Pâques 
h  la  terre  des  Maoris  sur  6500  :  empire  immense 
fil  l'Océan  n  etail  ici  presque  tout,  lu  terre  presque 
rien,  en  arehipeU  isolés. 

A  une  époque  inconnue,  Ireize  eent  dix  nns  avant 
noire  ère  d'après  les  uns.  Ireize  ou  quatorze  cents 
ans  après  suivant  les  autres,  une  (lottille  uvait 
débarqué  dnns  l'île  du  Nord  quelques  rerilîiines  de 
guerriers,  les  ancêtres  de  la  race.  Ces  guerriers 
n'y  rencontrèreiil  que  de  rares  autoclitones,  des 
Nèjjres  australiens,  qui»  sans  doute,  n'ont  point, 
disjiaru  sans  laisser  de  traces  de  leur  êlre  dans  la 
texture  du  peuple  issu  des  envahisseurs.  Ils  ve- 
naient, d'après  leurs  ti'adilious,  de  l'îli*  d'ilaouaikl, 
site  iiieonuu,  —  o'tsl  vraisetnbl.iïilfiïR-nt  Mlijouaï 
des  Sandvvieh  ou  la  Saunai  de  l'archipel  de  ïianioa. 

Quand  les  l^ikélias'  débarquèrent  sur  ees  riva- 
ges, il  y  avait,  donc  des  centaines,  pi^ut-ètre  des 
milliers  d'années  que  les  Maoris  habitaient  la  Nou- 
velle-Zélande, presque  tous  dans  l'ile  Septentrio- 
nale, disloqués,  triliu  contre  tribu. 

Mais  VI'.  [)eiipl*"  intelligent,  éncriïique.  beau,  vi- 
goureux, de  belle  et  t'iirte  taille,  nabdiquu  point 
son  droit  a  lui-nràme,  son  droit  à  sa  terre,  et.  son 
san^  eiuila  par  luisseaux;  de  tout  tefrq)s  traîlleurs 
il  l'avait  prodif^^atement  épaudu  :  ces  beaux  tatoués 
adoraient  la  ^erre,  ils  s'assommaient  souvent  à 
coups  de  massue;  ils  ét^iient  iuit[u"o|H)pbfi^rcs  el,  la 
bataille  Unie,  les  vaimjueurs  mangeaient  les  vaincus, 
^  On  espérait  que  cette  forte  race  verrait  la  civi- 
lisation sans  monrirt  mais,  petite  en  nombre  el  peu 
féconde,  ronnncut  pouvait-elle^  vivre  en  son  plein 
devant  les  Blancs,  familles  fertiles  attirées  par  mil- 
lici*s  et  dizaines  de  milliers  en  Nouvelle-Zélande 
par  les  mines  d'or,  les  belles  herbes,  le  pasloiat, 
la  wiine  splendeur  du  climat? 

Y  avait  il  seulement  1200000  Maoris  dans  la  iUu- 
bleile  lors  du  voyjjge  de  Cook7Mn  en  peut  douter. 
Y  en  avait-il  \ï(\  m\  en  1S407  Ce  serait  beaueou[» 
dire;  mais  il  est  de  toute,  évidence  qu'ils  ont  sin^ai- 
lièremenl  diminué:  ils  ne  sont  plus  rjue  10  000; 
plus  *i::iO(i  Métis.  Kt  cela  contre  |irès  de  050001) 
Blancs.  A  chaque  Maori  font  face  au  nioius  seize 
colons.  Et  bientôt  ce  sera  vingt,  puis  trente. 

Car  ils  ne  saccroissHtit  point;  peut-être  même 
décioisscnt-ils,  tandis  que  les  Pakéliaa  aug^iueutL'nt 
verligineuscmont.  Dans  Tile  du  Sud  il  ny  en  x 
même  pas  2  000';  prestpie  toute  la  race  est  sur 
file  du  Ngrd,  dans  le  districl  des  suui'ces  tiédes 
et  des  fonls  bouillantes,  la  même  où  elle  a  livrô 

1.  Nom  qtm  îcs  Mnltoris  donueul  aux  Bluiics. 
'J.  18U5  buulcnicnl. 


ses  derniers  combats  pour  l'indépendance  :  lutte 
héroïque  dans  le  beau  bassin  du  Waikato,  derrit're 
des  renqiarts  de  terre  el  des  palissades  de  pieui, 
mais  ils  n'avaient  pas  les  seuls  Anglais  pour  en- 
nemis, ils  durent  aussi  lever  le  bras  sur  leurs 
fivres.des  tribus  s'élant  alliées  à  l'Angleterre  pour 
consommer  la  perle  de  la  nation  libre.  —  Ainsi 
liri'ut  des  peuples  fçaulois  contre  la  Gaule,  pour 
le  Uomain;  ainsi  font  pour  le  !'ran(;ais  des  Aral»es 
et  des  Kabyles  dans  l'Afrique  du  Nord. 

Aujourd'laii  leur  sort  est  clair.  Ils  savent  que 
le  Pakêha  ne  reculera  jamais,  que  lentement  ou 
vilement  il  héritera  de  tout  leur  domaine;  ils  ne 
vendent  [il us  leurs  terres  aussi  naïvement  qu'aux 
premiers  jours,  après  1859,  quand  ils  cédaient  à  la 
«  Compagnie  de  la  Nouvelle-Zélande  »  des  plaines. 
des  vallées  entières  pour  dos  objets  de  menue  tui- 
Itïtte,  des  brosses  à  dénis,  des  pains  de  savon,  de  la 
Ibmelle  rouge»  des  lambeaux  de  toile,  et  surtout 
jH)ur  des  fusils,  but  eïtrême  de  leurs  vœux.  C'est 
à  beaux  deniers  d'or  qu'on  les  leur  paye,  mais  ils 
n'en  sont  pas  moins  déprmillés  de  plus  en  plus  de 
leui'  pairie,  conmie  ils  l'ont  été  de  leur  religion 
naturelle  par  les  missionnaires  anglais.  Devenus 
chrétiens,  leur  ferveur  Ht  la  joie,  l'édincalion  de 
la  chrëlirtité  des  Deux  Mondes,  el  maintenant  leur 
tiédeur  la  désole, 

l)imr,  ils  s'i'u  vont,  ilisjtai'aissaul  [»our  une  p.irl, 
el  pour  l'autre  [jart  se  foud;int  parmi  les  l'akélias 
eu  une  race  de  fort  beaux  Métis. 

Colonie  très  anglaise  par  le  sang,  et  même  une 
des  plus  ((  brelotincs  »  qu'il  y  ait,  la  Nouvelle- 
Zélande  f^iillii  être  la  proie  du  peuple  qu'on 
nomme,  de  l'autre  côté  de  la  Manche,  FrenchlKïgs*, 
Frogeaters  ',  Johny  Crapaud,  el  nous  n'avons  pas 
plus  de  révérence  pour  lui  qu'il  n'en  a  pour  nous. 

Vers  1840  la  France  eut  quelque  idée  de  se  re- 
nouveler flans  les  mers  Australes;  elle  désira  la 
Nouvelle-Zélande,  qui  n'appartenait  alors  otTu'iel- 
lenieut  à  personne.  Par  grand  hasard,  celb'  admi- 
rable contrée  n'avait  pas  allumé  de  convoitises 
visibles,  si  bîeu  qu'en  dé[Ht  Avi  proverbe  :  o  aux 
tard  venus  les  os  »,  nous  pouvious  encore  nous 
H  ébaudir  a  sur  une  terre  qui,  sauf  pour  l'étendue, 
;i  bien  peu  de  rivales.  Vers  184*2  on  envoya  dans 
rite  du  Sud,  à  la  [>resqu'ile  d'Akaroa,  une  soixan- 
taine de  familles,  que  quelques  autres  rejoignirent; 
et  ce  fui  tout.  L'Angleterre  annexa  la  Nouvelle- 
Zi'lande,  et  de  ce  send)lant  d'elïorts  il  ne  reste 
que  trois  ou  quatre  vieillards  dont  les  enfants  et 

I.  Cliions  français. 

3.  Haii^^cut-^  de  grtiuouiUes.' 


NOUVELLE-ZÉLANDE. 


867 


polils-enfanls  sont  devenus  Anglais.  En  quelques 
axintV^s  ils  ont  êtr»  noyés  dans  un  ilouhlt;  fini  dV'xis- 
tenci'S,  celui  q\u*  vonU\  [inr-dossus  mo\\  rinimi- 
gralioa  du  Triple  Royaume,  tvlui  qui  nall  en  Zé- 
landi*  riiènio,  de  In  rroissaticc  des  ramilles,  ri\r  ïn 
les  l'akélins  sont  livs  frconds  el  la  niorl  les  ê()artîne 
longtemps  :  peu  de  climats  valent  celui-ci,  de  nom- 
breux Yieillai*ds  sains  et  robustes  en  témoignent. 


I/ilo  du  Nord  ayant  \  I  2i1  600  îiprtarcs,  Tile  du 
Sud  liO.VJSOO  (en  y  compreuanl  file  StewarM  el 
rite  rjialltam  10480(1,  ce  majuMiifique  archipel  ne 
vaut  pas  tout  Â  fait  la  nuïitiù  do  la  France,  mais  il 
^\'M  faut  de  peu- 

Ile  du  Nord  :  volcans,  geysers,  fonts  bouil- 
lantes. —  Kn  langue  maorie  lilc  du  Nord,  ueuplêe 


Le  biTre  d'Auckland.  (Vor.  p.  870.]  —  Deuin  de  Ltncclot. 


de  270000  habitants  en  1889,  s'appelle  Té-lka-a- 
Maoui,  le  Poisson  do  Maoui,  parce  que  Maoui,  llor- 
rub'  ou  Samson  polynésien,  pécha  celle  terre  ii  la 
li^ne  dans  les  Ilots  de  la  mer  Australe.  Le  nom 
oniriel  de  New-Mster.  tiré  d'une  ancienne  province 
d'Erin»  n*a  jamais  été  employé  que  par  des  admi- 
nistrateurs, des  paperassiers,  des  Tiiseurs  de  rap- 
IK)rls,  et  peut-être  par  quelques  Irlandais. 

La  Nouvelle-Zélande  émergeant  au  sud  de  TÉ- 
qualeur,  lile  du  Nord,  plus  proche  du  Tropique, 


est  en  réalité  Tile  du  Sud  par  le  climat,  les  herbes, 
les  plantes,  les  essences  forestières.  Sa  pointe 
septentrionale  finit  h  peu  près  sous  le  parallèle  de 
Itiskara,  sa  pointe  méridionale  sous  te  |)aralléle 
de  home,  mais  le  climat,  tenqN*ré  par  l'inunen- 
silé  des  plflines  marines  d'où  sort  rarchi(»el.  n'y 
brûle  nulle  fiart  auUmt  qu'à  Bîskara,  et  imrtnut, 
sauf  dans  la  inontagne,  il  est  plus  éf^al  que  celui 
de  Home.  \a'>  poitrinaires  y  i^uérisseut,  dit-on,  plus 
sûrement  qu'il  Madère. 


^^m 


LA    TKRRE    A    VOT-    D'OISEAU. 


IVaufres  maladies  y  onl  leur  remède  en  d'innom- 
brables soun:t's  thermales,  jaillissant  iruti  distriel 
(le  valrans  êk'ints,  cnulêes  de  laves,  laes  eiicli;Usês 
dans  quelques  vieux  cmléres.fonliiines  bouillantes, 
rumerulies,  si>lfatiires,  gnutds  jets  inleiinitlents 
comme  les  geysers  d'Islande  un  ceux  d».'  la  Yellow- 
Stone.  Près  du  point  cetUral  de  T/'-Ika-a-Muoiii,  au- 
dessus  du  Taupa,  inîiilre  lar  de  Tile  et  réservoir  du 
WaikîilOt  son  plus  gi-atid  lleuve,  fe  Tonfj'ariro  n*csl 
pas  erieore  morU  et  il  entretient  ((Mijonrs  deux 
solfabres.  Son  voisin,  le  Huapeliou  1*12  Kl)  i  mètres), 
éteint  maintenant,  porte  à  son  sommet,  le  plus  élevé 
dcTé-lka-a-Maoui,  des  créneaux  de  neijije  éternelle. 

Ces  deux  monis  rotilemplent  des  j;r*(>u|ii\s  ili-  pe- 
tits satellites  que  les  Maoris  appellent  les  «  femmes 
et  les  enfanls  des  deux  ^^éanls  Tany;arin>  cl  !tua- 
pehouiK  La  légende  raconte  conmienl  un  Iniisiéiiie 
géaril,  Taranakî.  battu  par  les  deux  autres,  s'enfuit 
vers  bi  eôle  oçcid*'filale,  où  il  se  dresse  aujour- 
(l'hui^  grand  \r-u'  son  isolemi^iit,  élégant  par  sa 
pyramide,  blanc  et  beau  par  sa  neige  :  c'est  i'Eg- 
moiit  (2.VJ0  métrés). 

Ile  du  Sud  :  les  Âlpes  australes.  ~~  A  l'Ile 
du  Nord  la  giike  najuditaine  avec  des  volcans 
plus  bauls  et  plus  beaux  ipi'à  Naples,  le  ciel  loul 
en  lumière  et  le  inerviMlleux  décor  do  la  fougère 
arborescente.  A  rîle  du  Sud  les  farauds  mords  st''- 
v^res,  les  glaciers,  les  lorretils  froids  et  traîtres, 
le  vent  lu^^nbre  et  la  plnie  sur  les  fioids. 

Té-<)uahi-!'ouruiinou,  l'île  du  Jade,  n'a  pas  plus 
gardé  son  nom  ofliciel  de  New-MunsLer  que  file  du 
Nord  le  nom  de  New-l'lsler.  Son  cap  septenltifttia! 
tombe  eu  nu*r  a  peu  près  sous  la  latitude  de 
Naples,  son  pixjmonloire  méridional  sous  celle  de 
la  Suisse  ceninde.  En  somme,  rar(lnf»el  Néu-Zé- 
landais,  si  l'on  {'liKi^eaiL  son  pronionloire  du  uurd 
daiiTS  le  lac  de  (constance,  traverserait  la  Suisse, 
couvrirait  loute  Tllalic  et  se  lerminejMil  dans  le 
Sabara  luiiisii^ii.  Aussi  tjuidle  série  de  climats  sur 
une  terre  qui  ne  serait  pas  lellement  étroite  et 
pressée  de  tous  ctMês  par  un  si  vaste  océan! 

l/ile  du  Sud  avait  ,>5(}(10U  Tunes  en  l«Slh  Allatd 
bien  plus  loin  que  l'ile  sœur  à  la  rencontre  ilu 
l*iWe,  et  sous  des  montagnes  plus  baules,  elle  ne 
jouit  d'une  lempéralure  aussi  douce  qu'au  déJroil 
de  Cook  :  encore  ce  boi"d  de  mer  est-il  éternelle- 
ment assailli  par  des  vents  intempérants,  curmue 
tf)ut  le  lillural  ouest  et  loute  la  rive  sud.  A  Nelson, 
(pli  rr;;arde  b'  iiiird,  comme  à  ïlukilika,  (pu  regarde 
roccidetit,  connue  It  Itivercur^j^ilL  qui  est  tournée 
vers  le  midi,  une  journée  sans  vent  lient  presqucdu 


miracle;  sur  l'orient  de  Tile,  air  plus  cvilme.bien 
que    souvent   déchiré,  ou  compte  80  à  90  jours 
paisibles  par  an.    pas  même   le  quart  des  douze 
mois.  Mais  h  ces  vents  violents  ou  respire  la  force. 

Du  nord  au  sud,  les  climats  s'y  suiveid  connue 
cens  de  la  France  sejdenthonale,  de  l'Anglelerre 
et  de  l'Ecosse,  et  sur  les  moûts  régnent  des  froids 
polaires,  car  les  Alpes  Australes  y  montent  h  une 
ahiludc  intermédiaire  entre  les  Pyrénées  et  les 
Alpes  :  le  mont  Cook  atteint  57G4  mèlres;  c'est  Je 
Moul-blane  des  Nèo-Zélandais. 

Les  Alpes  Australes  plongent  â  Touest  dans  un 
orêrin  presque  insondable,  sur  une  côte  extrénn*- 
mcul  pluvieuse,  et  Iburnitlilé  de  l'air  enlrctienl 
dans  leurs  goi'ges  des  glaciers  comparables  à  ceux 
des  Alpes  d'Europe  les  plus  cuirassées.  L'un 
d'eux,  II*  j^lacicr  de  Waiau,  laisse  échapper  un 
^Miuid  lorieut  d'une  caveitie  azun^e  semblable  h 
rarcbe  de  l'Arvéron,  jn'olle  r|ui  ne  s*ou\Te  point 
dans  la  blanrlie  ré^don  île  la  nujrt  par  le  froid, 
mais  dans  une  cbarmante  forèl  d'aciculaires  et  de 
fougères  arborescentes,  A  212  mètres  seulement 
iui-dessus  du  niveau  des  mers,  et  cela  sous  une 
laltlude  qui  voit  en  France  même,  dans  In  Pro- 
vence, le  palmier  grandir  en  plein  air.  Il  faut 
aller  dans  les  [lays  ]iolaires  pour  trouver  des  gla- 
ciers à  eetti'  bninide  allilude.  Sur  le  versant  orien- 
tal, il  pleut  quatre  fois  moins  et  les  glaciers  ne 
di'S(HnHÏent  pas  aussi  bas  :  le  glacier  de  Tasman, 
sous  le  même  parallèle  que  4'.elui  di*  Waiau.  s'ar- 
rête à  852  uïètres;  il  est  cependant  plus  vaste, 
plus  pesant. 

Si  la  c.tMe  uccidtMilale  de  Tile  du  Sud  est  serrée 
contre  la  mer  par  un  très  liaul  talus  de  montagnes,  la 
ctMe  orientale  est  sêporée  des  Alpes  uèo-zéinndaises 
pni"  de  vastes  plaines,  sillons  de  l'avenir,  et  il  y  a 
loin  de  bytticton  ou  de  bunedin  aux  glaciers,  iiux 
lacs,  aux  gi'ands  pins  kaurî  de  cet  Dbcriand.  Par 
l'éïendue  des  terres  arables,  par  un  ciel  assez  froid 
|iou]'  maintenir  en  joyeuse  bunomi'  de  travail,  les 
deux  districts  de  ce  versant,  Otagu  et  r^nterburvt 
cbarnps  uns  mais  féconds,  paraissent  destinés  h 
comtnandir  un  jour  en  Nouvelle-Zélande  ;  d'ailleurs 
ils  ont  pour  liabilanis  les  plus  nombreux  les 
hommes  d'uin>  race  t]ui  réussit  partout  :  n  Où  croit 
seiilemenl  nu  cfiardun.  l'Ecossais  fait  fortune». 

Beauté  rare  de  la  Nouvelle-Zélande.  —  De 
la  Nouvelle-Zélande,  les  <leux  liei-s  ser<mt  cliauqis, 
jai'dins  ou  prairies;  l'autre  liere  restera  nioul  re- 
belle^ rue,  lacs,  maiais,  torrents,  terre  vague  et 
sans  humus,  sol  stérile.  Même  ce  tiers  n'est  point 


m^^k 


870 


lA  TERRE   A    VOL   D'OISEAU. 


k 


Ifliil  [lerrlu  ;  tirs  rivi^rts  y  roulonl  n\rc  Irurs  eaux 
le  iiK-i«l  noble  ou  vil  suivnnt  h  main  d'où  il 
tomlic;  dos  roohos  y  cacluml  In  liouillo,  Ir  cuivR' 
et  Itis  veines  d'or  qui  ont  (huinô  tlnns  n's  d<'i  iii^tvs 
années  tint  d'essor  à  la  Nouvello-ZélanJo.  Malgré 
tous  les  dons  de  la  nature,  Tarcliipel  recevait  peu 
iliî  riumdi*  ni  l'Ile  i\n  Siid  i*fail  presipie  viili-  f|uatïd 
la  drTfïïivt'rlti  iii's  rliarnps  d'*)r  d'Otago  lui  mena, 
par  logions,  des  aventuriers,  bientôt  suivis  par 
les  jardiniers,  les  lalfoureurs,  l*^s  ouvriers,  les 
spéculateurs  probes,  et  les  iniprobt^s,  qui  soiU  une 
année.  Maintenant  aussi  l'île  du  Nord  a  sa  Cali- 
fornie,' le  \otv^  de  lu  Tluunes  on  Tarnii^e. 

iK's  lionirnes  iiiilês  du  nom  taux  qui  désignées 
pays  ont  voulu  le  rebaptiser  :  les  uns  oui  proposé 
de  l'appeler  S^uth  Albion  (Albion  du  Sud),  d'uu- 
Ircs  South  Iiril;iin  (lVetaj;ue  du  Suil)t  d'autres 
encore  Greal  lirilaiii  of  the  Soutli  ((irande-liretagne 
du  Sud),  et  de  lu»r»s  .<  loyalistes  j>  ont  rériataé  le 
nom  de  Vietorîa  Islarid  (île  Yieloiia). 

I*e  l'ait,  bi  situalton  de  la  Nouvelb'-Zélaïnb'  aux 
antipodes  di*  llùiropo  oeeidentale,  el  S[u'rialernrnl 
des  Trois  lUiyamues,  son  partîige  enlre  deux  grandes 
îles,  sotî  aire  pres(|ue  exîietement  é^ale  à  eelle  de 
la  (irande-llieta^ue,  ses  hautes  et  noires  l'alaises, 
sor»  rivage  bruyanl,  sévère,  orageux,  sous  un  eiel 
luiitiiite  et  babiyé  des  veiils,  ses  trésors  souter- 
rains, ses  villes  où  la  langue  sourde  ncst  guère 
parlée  epie  ]>ar  des  Anglais  et  des  Écossais,  lui 
donnent  des  droits  évidejils  au  rang  d'Albion  des 
mers  du  Sud. 

Mais  le  nom  qui  lui  conviendrait  le  mieux  se- 
rait d'excessive,  d'impossible  longueur,  [misqu'il 
devrait  rafqjeler  â  la  Fois  rAngleleij'e,  la  Suisse, 
l'Italie,  rislaïule,  la  Nouvelle-Zélande  ressernlilaid 
à  ces  quatre  pays;  Imitefois  la  verte  prairie  d'Éiiu 
on  il'lletvétie  lui  manque,  et  ses  animnnx,  ses 
plantes  lui  af"i'.irtieiuien(  en  proju'e  jusqu'à  t'aîj'e 
eniire  que  la  doubli*  ile  est  le  reste  visible  d"un 
contini'itt  qui  sombra  dans  les  flots.  Hèeenunent 
enecire,  elle  a  ]M'rdn  le  nioa.  giganles<itie  oiseau 
(il  avait  Jus(|U*à  doti/.e  [ïieds  de  liaul),'et  siujs  nos 
yeux  verdissent  de  grvuules  fougères  et  des  furets 
4pii  remémorent  une   aulre  èie  de  la  Planète. 

Le  siège  du  iKuiemetit  néo-zébujdais,  Welling- 
ton, dans  l'île  du  Nord,  a  31000  habitants;  elle 
borde  la  baie  tle  Port-Nieli(dson,  ample,  [iroforub* 
et  suie,  (jui  s'ouvre  sur  le  déti'oît  de  f.onk.  Sou 
sol  branle  parfois,  la   Nauvellc-Zélaude  étant  un 


pays  de  Iremble-ferres  :  aussi  les  Anglais  a  anti- 
}»(jdaux  »  bâlissenl'its  leurs  demeures  en  briques, 
en  Ihhs,  phUôl  qu'en  pierre. 

Wellitigton  est  en  Nouvelle-Zélande  la  ville  de 
la  plus  noire  aniicjuité,  puisqu'elle  date  de  I8i0, 
mais  ce  n'est  poîut  la  j>lus  grande  cité  de  ff  l'ar* 
eïiilH'l  aux  1.->  rnillitiiis  de  moutons  »,  ni  même  de 
l'ib'  du  .\ord,  oii  domine  Auckland  (55  OUO  liab.) 
—  Auckland,  assise  sur  un  isthme  boursoufli^  de 
volcans  éteints  :  sur  un  espace  égal  h  peine  à  trois 
de  nos  cantons  rrani;ais,  soixante  monts  au  moins 
y  voinirenl  des  flammes,  et  des  eaux  de  sa  baie 
s'élance  le  Rangilolo  ou  tt  t>iel  sanglant  ». 

La  eilé  maitiesse,  l^unédirï  (iîjOlHt  hab.),  appar- 
tient à  l'île  du  Midi,  sur  la  côte  sud-est,  dans  le 
district  d'Olïigo,  ijue  parcourt  le  Molyneux,  Heuve 
le  plus  aboinlant  de  l'arcbipel.  I)unédin,  c'est  le 
nom  gaélicpje  d'Kdimbourg. 

Petites  îles.  —  Tirande  de  180  400  hectares 
aver  500  habitants  est  l'ile  Stewarl.  la  llakioua 
des  Maoris;  elle  regarde  au  nord  le  Soulhland,  qui 
esl  le  district  méridioria]  de  l'ile  du  Sud,  et  par 
fonséqui'nl  sa  tern'  la  plus  froide. 

L''^;  iles  l'.halbam  ont  ensemble  154  SOO  hectares 
et  218  insulaires.  ClIes  sortent  des  eau\  aniéres  .î 
l'est  de  l'ile  ilu  Suil.  sur  la  route  du  détroit  de 
Cook  à  l'isthme  de  l'auama.  Ktles  avaient  pour  ha- 
bitants un  millier  de  Monoris  quand  en  iSTi't  des 
Maoris  de  la  côte  deîaranaki  detii-endireul  dans  ce 
petit  archipel.  Ces  Néo-Zélaudais,  partis  de  chex  eux 
poui*  maiif;»^!'  les  Morioris.  les  mangèrent  moins 
(pielqucs  familles.  Aujourd'hui  les  iles  Chatham  ne 
jtortejit  que  quelques  Morioris  el  des  lionuues  des 
races  les  [dus  diverses:  on  dirait  que  chaque  peu- 
|de  de  l'ijuvers  y  a  envoyé  quelqu'un  de  ses  tils, 
sauf  peul-élre  le  peuple  français. 

Au  nordn'sl  de  l'ib*  se[tlentrionale,  â  dislance 
égale  f-ritre  Nouvelle-Zélande  et  Nouvelle-Calédonie, 
â  I"i00  kilomètres  de  l'australienne  Sydney,  Norfolk, 
lie  de  \7ùiU  hectares,  isolée  dans  la  mer  inmiense. 
(bjjcnd  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud.  715  honunes 
vivcjil  h  l'unibre  de  ses  raagnillques  ai^aucarias  e( 
de  ses  fougères  arborescentes,  sur  une  c(Me  sans 
abri.  Ce  sont  des  sang-niélé,  Iransporlcs  dans  l'ile 
en  18^)6;  ils  habitaient  auparavant  Técueil  polyné- 
sien de  rileairn,  où  leur  race  naqidt  h  la  fin  du 
siècle  dei'iuer  tle  l'alliance  de  matelots  anglais  el 
de  femmes  laîtienuea. 


NOUYELLK-GCnÉE. 


871 


C;_ 


TypM  Papous.  —  Destin  de  Hesplùs. 


NOUVELLE-GUINÉE 


Nonvelle-Guînée  ou  Paponasie  :  les  Pa- 
pouas-  —  Le  |ilus  polit  dr^j  coniiiieiils,  lAus- 
tnlit»,  fi  pour  annexe  la  plus  grande  des  îles,  là 
Nouvelle-Guinée. 

Au  nord  do  l'Australie»  !iu  bout  d'une  presquHe 
que  peu  d'éleveurs  el  de  idauteurs  ont  clioisic  pour 
séjour,  le  détroit  de  Torrês  seeoue  îses  eaux  dan- 
gereuses sur  des  roches,  des  coraux  el  des  bancs 
tic  snble.  Périlleux  depuis  qu'on  le  connaît,  il  le 
devient  de  plus  en  plus,  le  corail  ne  cessant  d'y 
former  de  n<»uve.'tu\  récifs,  el  il  finira  par  être 
inipriUic;ilde  aux  navires,  menacés  d'ores  et  déjà 
par  IbO  écueils,  tandis  qu'il  n'y  en  avait  que  2(î  h 
l'époque  de  lu  rlécuuverte. 

Ce  détroit  de  Torrès  s'ouvre  enlpc  le  continent 
cl  la  Noïividle-lïUinée.  île,  on  dirait  f>resquc  conli- 
nenticule,  do  25UU  kilomètres  tic  long  sur  des  lar- 


geurs très  varintiïes  allanl  jusqu'à  CriO  kilomètres. 
Klle  a  78  500  000  hertîuvs,  et  avec  les  îles  dont 
elle  est  la  grande  terre,  80  800000,  la  France  el 
rilnlie  réunies  avec  des  monls  égaux  ou  supérieurs 
aux  ut^tres.  On  donne  51011  mètres  aux  monts 
Cliarles-Louis,  sur  le  grand  coq»»  de  l'île;  AO'Ii  h 
rOwen-Stiinley^sur  la  presrprile  du  sud-est;  2  002 
ai^x  Arlaks,  sur  la  péninsule  du  nord-ouest,  mais 
aucune  de  ces  altitudes  n'est  bien  certaine,  et  il 
resle  encore  inliniment  à  découvrir,  à  mesurer 
diuis  celte  Ile  majeure. 

Dans  le  peu  qu'on  connaît  de  l'île  on  n'a  ja- 
mais vu,  de  prés  ni  de  loin,  fumer  un  volcan, 
mais  on  présume  que  les  ignivonies  de  Tïtrclii- 
pel  Bismarck  peuvent  avoir  ici  des  voisins  et 
des  frères,  dans  la  montagne  du  Finislerro.  de- 
venue allemande  ainsi  que  leâ<lites  ilos  de  Biî^ 


872 


LA    TERR! 


VOL  D'OISEAU. 


nirurk  qui  !ui  fonl  vis-^h-vis;  flans  lo  delrnit  de 
DiiinpiiT  se  liivsst^  à  ItîOO  inètivs  uit  vniraii  vi- 
vant. 

Ainsi,  des  soniniols  nltissiintîs  ;  deux  grands 
fleuves,  rAnibenio  ou  Mumbéran,  iiisdes  neigosdos 
munis  Charles-Louis,  el  la  F!y,  descendue  du  la 
r}iain*>  Vi(!lor-Ennnanuol;  df^s  foivls  li'opifalenient 
luxuiiaules  là  oii  ivasscnt  Ik-uvcs  el  loiTctits  et 
rivières;  dans  ces  bois  les  orseaux  le  plus  brilLirn- 
incnl  iMnpLMinês:  des  plantes,  (b'S  animaux  qui  se 
nipproL'henl  de  ceux  de  TAuslralie.  bien  qne  celle-ci 
soit  un  pays  do  vents  secs,  tandis  que  la  Papouasic 
est  une  leire  humide  —  voiîî^  nuire  scicnt^e  néo- 
guinétnine. 

Mais  plus  d'un  voyageur  explore  en  ce  moment 
ces  mystères.  L'Anglais,  ou  pluscxactenuml  l'Aus- 
tralien, u  coriiiiHMU'é  A  s\nn[Kirer  de  la  partie  orieti- 
lale  du  [)e!il  inuiiile  papouaii,  l'occid^'tiUde  étant 
terre  de  Hollande;  il  s'esit  jeté  sur  ce  féeund 
désert  sous  prêlexle  que  la  France  ou  l'Italie 
le  regardaient  avec  des  yeux  de.  rotivoitise,  puis 
tout  à  eoup  l'Allimiagne,  s'inslallatil  sur  le  ri- 
vage du  nuixl.  est  venue  prendre  à  ses  fi^ères 
s,iX(»ns  pres«]ue  la  moitié  de  leur  proie,  et  la 
Nouvelle-Uuinée  est  triplement  ètreiijle  par  l'Eu- 
rope. 

ju>(]u'à  ces  enlre[*nses  très  récentes  '  les  seuls 
NédiMian<l;iis  avaieid  tci  lente  quelque  chose,  à 
pai'lir  de  iS'iS;  leur  souveraineté,  toute  nominale, 
se  réiluit  h  des  archipels  aMîei-s,  à  (pielqucs  dis- 
tricls  du  rivage,  et  s'ds  quitliiietit  lile  demain, 
leur  trace  disparaîtrait  aussitôt.  Il  en  serait  ainsi, 
à  un  de<:ré  moindre  de  ra[>idité,  dans  les  autres 
Indes  Néderlandiiises,  si  l'armée  qui  les  garde 
retitr:iit  pour  toujours  en  Europe.  Uîen  nViigendre 
autant  le  néant  que  la  puissance  initîtaire  quand 
elle  se  borne  à  dompter  et  h  contenir  et  qu'elle 
n'a  derrière  i^lle  que  les  agents  du  fisc  avec  leurs 
lïsti's  d'irupéts.  Eût  elle  planté  dans  le  sol  de  pe- 
santes forteresses,  son  œuvre  est  aussi  vaine  que 
les  (ignres  tracées  sur  le  sable  roulant  des  dunes. 
Les  seuls  conquérants  qui  impriment  une  marque 
ineffaçable  après  eux,  ce  sont  les  hommes  de  la 
pioche,  ceux  tjui  laissent  leurs  os  dans  les  champs 
qu'ils  ont  défriclïés. 

On  suppose  que  850000  sauvages  vivent  ici,  fort 
h  Taise,  en  une  terre  si  longue  que,  plaquée  snr 
rKurope,  elle  aurait  asseï  exacleuient  le  bout  de 
sa  pres^pi'ile  du  m^nl-ouesl  à  Brest  et  celui  de  sa 
presqu'île  du  sud-est  à  Athènes.  Ces  sauvages  en- 

t.  ïjï  prise  (le  posscssiou  pu'  rAlletuagnc  date  de  cette 
aiméii  niiïme  (1885). 


core  païens,  les  Papous,  sont  pour  la  plupart  de 
lïommes  d'une  taille  moyenne,  d'un  teint  intermé- 
diaire, entre  le  noir  et  le  jaune  qtii  rappelle  la  cou- 
leur ebaude  di^  certains  bruns  très  olivâtres  de 
rFuropc  et  des  colonies.  Il  y  a  chez  eux  de  beaux 
visages  avec  noble  nez  proéminent,  barbe  noire, 
.'dKOid.'iiite  et  Irisée;  leur  clievelure  est  immense, 
presiiue  laineuse,  facile  ù  échafauder  eu  prodi- 
gieuse coiflure. 

Kace  énergique,  de  courage  impétueux,  d'ar- 
dente bonne  humeur,  avec  conmiencements  d'art, 
de  science,  de  société.  Leur  fin  s'avance.  OU'»n<l 
ils  n'ont  eu  sur  leur  Ile  que  les  quelques  Hol- 
landais établis  à  l'ouest  dans  le  territoire  aui|uel 
prétend  la  Néderlande,  ils  ont  pu  naître,  vivre 
et  mtnu'ir  en  Papous,  sous  le  ciel  des  anciMres, 
mais  devant  ta  furenr  île  «  progrès  o  des  An- 
glais, des  Allemaiids,  il  leur  faudra  maintenant 
travailler,  s*'  soucier,  compter  les  heures,  et 
jiêrir. 

La  part  de  la  Niuiveile-Guinée  qu'administre 
phjs  ou  nmins,  d*ailleui*s  très  peu,  la  Hollande, 
comprend  tout  l'occident  de  Pile;  on  Pestlnie  ii 
59  7*JtHK»0  hectares,  suit  à  un  peu  plus  de  la  moi- 
tié du  territoire,  avec  1*50 OUO  habitants  ou  nmins 
du  tiei's  de  la  po[)ulation. 

L'Atijîleteri'e  et  rAlIemagne  se  parlapMil  le  reste. 
Albion  a  pris  le  sud,  avec  la  grandi;  vallée  de  la 
Fly,  derrière  un  littoral  bas,  marécageux,  mal- 
s;iiji,  sans  bons  pojts;  ta  Teulonie  a  pris  le  nord, 
derrière  un  rivage  jdns  élevé,  plus  sain,  découpé 
en  belles  baies. 

Nous  ignorons  encore  comment  les  Anglais  ap- 
pelleront leur  domaine  néo-gninéen,  grand  de 
22!»l(»00a  hectares  avec  près  dft  500000  âmes  — 
on  peut  compter  sur  eux  pour  un  nom  sans  saveur. 

Les  Allemands  ont  ap[>elé  leur  nouvelb»  colonie, 
vaste  de  ISlOoOUO  hectares.  Terre  de  l'empe- 
reur finilïanme.  Kaiser  Wilhelmshiud  :  il  y  a  là, 
pense-i-on,  i  10  000  sujets  du  ■"  jeune  et  glorieux 
empire  ». 


Archipel  Bismarck.  —  Fn  même  temps  que  le 
nordH*st  de  la  NouvelbMJuinét^  l'Allimiagne  a  mis 
sous  sa  protection  l'archipel  auparavant  appelé 
Nouvel le-Bretagru*,  nmn  que  vient  de  remplacer 
celui  d'archi{>el  Bismarck. 

Quoique  rangé  d'iiabilude  parmi  les  Iles  de  la 
Mélanésie,  dont  c'est  même  l'archipel  majeur,  IVx- 
Nouvelle-llcetagne  s'èlè%'e  dans  les  eaux  de  la  Nou- 
velle-Guinée, près  du  rivage  oriental  de  1q  grand' 


NOUVEM.E-rilJINÉE. 


873 


lerro  lioflando-anglo-allemande.  Également  \m^u- 
pire  de  Papuiis,  c'est  une  annexe  nalurelle  de  la 
P<n|HUiasie,  en  niAnie  temps  qu'une  annexe  pnliti- 
qu*".  depuis  que  son  sort  esl  lié  à  la  jeune  fortune 
de  la  Kaiser-Willieliiis-Land. 


Les  Anglais  avaient  honon^  les  trois  îles  majeures 
de  cet  archipel  de  noms  de  toute  banalitt\  tous  les 
trois  anglais,  rnêiTie  celui  de  Nouveau-Hanovre,  car 
il  fut  attribué  en  l'Iionneur  de  la  maison  régnante 
d'AngJclerre.  Les  Allemands  ont  ix^inplacé  Nouvelle- 


r^lrouî  pûUSéaul  liuc  piroffuc.  -^  Dc55ln  de 


Bretagne  par  Neu-Pommern,  \ouv«'11c-lr!ande  par 
Neu-Mecklenburg,  et  Nouveau  Hanovre  e&l  resté 
tel  quel  :  Neu*IIauorer  en  allemand. 

l^  NouvelIt'-Pom^i-anie,  l:i  plus  voisine  de  la 
NouvelKMiUinée,  esl  eu  nuMnc  temps  de  beaucoup 
la  plus  vaste,  ayant  TiOOOÛOO  d'hecUires,  soil 
près  do  cinq  di^partenients   français,  et   notable- 


ment  plus  que  la  Sanlais-ne,  plus  que  In  Sicile.  Une 
partie  dr  sa  cOte,  basse  et  palu&ire,  enfièvre  et  ruine 
ou  détruit  rapidemeul  le  Blanc,  mais  des  nionlagnes, 
des  volcans  donnent  de  hauts  districts,  des  tenvs 
fraîches  à  ce  pays  très  chaud,  presque  équalmial. 
coupé  par  le  5*  degré  de  latitude  australe.  Parmi 
ces   volcans,  qui   se  pressent  en  grand    nombre 

liO 


874 


lA   TERIIE   A  VOL  DTIISEAU. 


dans  h  presqu'île  dtî  Glouccsior,  corne  lorininnlo 
de  Ttlo,  hoïuiconp  ne  sont  point  morts,  pas  mtunu 
endormis. 

Le  Noiiveau-Mecklonibourf^  est  séparé  de  la  Nou- 
vel!o-P(HM('r«inie  pnr  tiii  (KHroil  <itn'  los  Aiijiliiis  mil 
nommé  le  cfina!  i\c  S;iinl-George.  Moins  fltvigruV  de 
l'É<lUîHeur  que  hi  lerre  majeure  du  groupe  — 
elle  s'en  apfïroclie  rori,  jiis(|ii*à  2'*,^"),  —  co!l(* 
TuntlKim  des  itniîgL'nes  porte  des  monliigiics  di' 
2000  (?)  luêîrL's,  ici  culcaii'cs,  là  volcaniques, 
mais,  d  vrai  dirr,  nn  l.i  coniuiît  pt:u.  Mlle  est  lrt>s 
supérieure  en  gr.uuîmjr  h  la  (]oi'se,  de  par  ses 
1 500000  hectares.  La  IroisiL^iP  grande  terrtî.  le 
Nouveau-Hanovre  (117  fiOO  lieclares),  inontoâ'io  ki- 
lomètres iut  nord  de  la  Nouvelk-lrhuide,  ù  l'aulre 
bord  du  détroit  de  Byron. 

(In  admet  <|ue  les  trois  îles,  couvertrs  {lu  bois 
immonsos,  bien  mouillés,  bien  luxuiiiints,  fou- 
gueux, incoercibles,  mnis  pauvres  en  gi'unds  et 
l>eaux  animaux r  fornieiil,  en  y  comprenant  des 
ilellos  annexes,  un  beau  domaine  de  i/lOOHO  hee- 
laros,  <H  i|u'idl('s  donmMil  support,  asiiiî  ol  nourri- 
ture à  i8S0(J0  Papous  vi^^t^ureux,  impL'tut'ux, 
passés  maîtres  en  antfjropopfiagie.  Maïs  les  voici 
rontraitils  d'ahattdontn*r  celte  plus  précieuse  des 
coutumes  du  «  bon  ttimps  \)  ;  îles  missionnaires 
anglais  fonl  honte  à  maint  gimrmel  de  ses  glo- 
rieux repas  de  cannibales,  el  l'Allemagne  est  là, 
qui  arrêtera  les  guerres  civiles  el  les  dîners  de 
chair  bum;iine.  Ils  ont  à  belles  dénis  mangé 
qut'l(]ues-uns  de  ces  riiissiounaircs:  de  riiomnie, 
ils  [):*éréraient  la  cuisse;  de  la  femme,  le  sein; 
chaque  clief  avait  deux  grands  luinislrt^s,  le  porte- 
|);u*t»!ts  u  ministre  sans  [lorlefeuille  )>,  et  le  bour- 
reau-boucher dépeeeur.  A  part  cela,  sauvages  fort 
inlelIigenlSp  habiles  de  leurs  mains/propresdeleui* 
personne  dans  leurs  demeures  en  bambens  iivcc 
feuilles  de  paudanus.  Ils  tiintenl  a  se  ptMiidre  le 
corps,  con)me  jadis  Pietés  et  Pictaves  de  noire  race 
celtique    :  des    r-aîes   jaunes,    rouges»    blanches, 


noires,  une  chevelure  gigantesque  en  boule  ou  en 
bitiinel  à  poil,  ainsi  (ju'il  est  d'usage  p.irmi  les 
l'apous,  à  cela  on  les  peut  reconuuitre  de  loin. 

Iles  de  TAmirauté.  —  A  l'ouest,  au  nord-ouest 
(bt  Nouveau-Hanovre,  lAlleniagne  a  fait  main  basse 
sur  d'autres  archipels  et  d'autres  ilols  et  récifs 
S(»lilaires,  nolammeul  sur  les  îles  de  TAmiraulé. 

Les  quaiante  îles  de  l'Amiraulé,  cercléesde  corail, 
couvertes  de  cocotiei-s,  peuplées  de  2000  Papous, 
cominvunent  ensemble  lî»o200  hectares;  l'une 
d'eUes,  profusémeul  airosée  sous  un  cliiual  hyper- 
humide,  Taoui  lève  un  volcan  de  900  métrés. 

A  peu  près  un  quart  de  la  Nouvelle-Guinée, 
archipel  llismarck,  Amirauté,  moitié  nord-uuesl 
iies  Salonion,  puis  de  très  humbles  sporades  ou 
cyclades  et  des  îles  dispersées,  rAlIcmagne  vient  de 
s'ocliviyer  ici  plus  de  2.j000OÛO  dbectaivs  avec 
400000  Papous»  à  côté  desquels  il  n'y  a,  pour  ainsi 
dii'e,  pas  encore  d'Alleuiands,  sinon  çà  et  l;i  quelque 
fonctiorïnaire,  quelque  direcli^ur  de  plantation, 
quelque  explorateur,  quelque  prédicanl. 

Louiaiade.  —  L'Angleterre  a  fait  comme  l'Alle- 
magne :  elle  a  désiré  protéger  el  protège  les  îles 
voisines  de  la  rive  néo-guiïiécnne  dont  elle  s'est 
proclamée  maîtresse. 

Parnù  ces  iles,  il  n'est  qu'un  seul  archipel  du 
quelque  valeur  et  consistance*  la  Louisiade. 

L(*s  iles  de  la  Louisiade,  les  unes  pelites,  les 
autres  minuscules  jusqu'à  nélre  que  rûpes  el 
récifs,  continuent  oxaclement  la  grande  presqu'île 
sud-est  de  la  NouvelkMiuinée,  sous  le  12-  degré 
de  lalilude  austt;;de.On  les  a  peu  parcourues  autre- 
ment que  sur  les  baies  de  la  c6le,  el  l'on  ne  sait 
encore  combien  d'Iiidutauts  leur  allrihuer.  Papous 
qu'on  croit  caimibales  et  qui  resseinbleul  fort  aux 
tnstdaires  des  iles  Sidomon  par  leurs  lalouages. 
teurs  us,  leur  genre  de  vie,  leurs  habiletés  el 
capacités  de  piroguiers. 


MM:ALONfiSIE. 


875 


Piroguei  papoues.  —  Dessin  Ue  J.  Ho)iiet. 


MICRONÉSIE 


Micronésie,  Hélanésie.  Polynésie.  —  A  Tosl. 

au  snri-esl  tir  l;i  Mi'f^Mlotn'siiv.  <l(*s  ilt's  poliltvs  ou 
três|)elil('s  snnldisprrsi'fs  tiansli*  [*liis  vaslo  (h't'nti, 
de  l'Asie  ei  lii»  l'Aiislralie  jusque  vers  la  double 
AmiTJque  :  là  est  le  pûle  des  Mers,  l'espace  fluide 
avec  le  mains  de  ruclie  et  de  soi,  la  Micro- 
nésie. 

La  Mici-onésie  ou  Peliles  Iles,  par  opposition  a 
h  Mê^^KxK-sie  ou  (jiMrHl(>s  iles,rnni|H'end  la  Miero- 
nésie  dans  le  sens  i-tiuil  ilu  nml,  É*Vsl-ù-diir  les 
îles  Minimes,  k  Torient  des  Miilippines;  la  Mèla- 
nésie  ou  Iles  des  Noirs,  u  ri>rient  de  la  Nouvellc- 


fiuitu^e.  encore  m^'gre.  l'tdi*  l'AusIralie,  qui  ne  l'est 
plus  gut're;  la  Polynésie  ou  les  îles  Nouibreuses,  à 
l'orieul  de  Micronésie  el  de  Polynésie. 

Les  peuples  niicronêsiens,  pelitij  el  frêles,  n'ont 
aucun  es|M)ir  de  durée.  I^s  uns  ont  chez  eux  l'An- 
glais qui  leur  fait  é|K'Icr  s^i  Bilite  et  leur  impose 
siMi  paluis;  les  autres  apparlienueul  fi  l'Espagne  ou 
à  la  France  el  il  faudra  bien  qu'ils  deviennent  C«)S- 
lillans  ou  Français  de  langage  et  qu'ils  disent  à 
liiur  passé  de  primitifs  un  éternel  adieu;  enfin 
l'Allemagne  annexe  aussi  des  8|K>rtides  en  Micro- 
nésie, saas  souci  des  hauL»  cris  d'Albiou. 


L 


876 


LA   TERRE    A    VOL    D'OISEAIT. 


ol  parées,  eljes  sortent  parfunities  des  flols.  Alors. 
&'iuf  pi'ul't'lro  une  passe  entre  Lornboc  et  liyli. 
r'i''l;iit  litn»  soiic  dWsii?  ronli'jili'  fjidi»  IWsi*^  ilii 
rmnl  el  i'Aushnlio  ou  Asie  du  sud,  (•{iiiune  TAmt'- 
rn[U(*  rt'iilnlc  vuUv  les  doux  inoiliôs  du  Nouveau 
M(M)dt\ 

[telles  ol  pL'didt^s  comme  la  sirèiiis  leur  nier  est 
terriLle  :  en  1883  une  vague  de  ra»  de  murée 
a  pnssû  dans  st  force  cl  sa  plénitude  sur  une 
Cidiinc  de  lôO  pieds 
d'où  toute  une  foule 
enfuie  du  rivage  eon- 
leui[datl  sans  la  crain- 
dre la  Liérneiu'e  île  l'O- 
céan. Leur  monl;igne 
est  (errible.'iussi  et  leurs 
CiJni's  de  nubien  Hure  ne 
sont  pas  des  ci'alères 
"merles;  plus  d'un  ne  le 
cède  gni'W.  en  arlivité 
dévtu'aii  te  aut  [ilus 
grimdants  el  aux  plus 
ilarjilMiilsdeï>ciin|4'eiits 
volcans  vibrants  de  la 
Terre. 

Drux  rialures  se  par- 
lagenl  la  Mêgaloiiésie. 
A  grands  Iraits,  les  îles 
occidentales,  celles  qui 
se  rapprochent  de  l'A- 
sie, ont  des  for4^ts  de 
IouIg  exubérance  n[i- 
pelanl  l'Inde  et  l'Iiulo- 
Chine,  des  éléplmnls. 
des  rliinocêros,  el  le 
lierre  nïval,  el  les  sin- 
ges, experts  gjitnaeiers, 
et  ù  côté  de  ces  res- 
semblances extérieures 
avec  le  grand  conti- 
nent, des  civilisidions 
el  des  religions  venues 

des  Asiatiques,  llans  les  îles  orientales,  rien  ou 
peu  de  chose  de  cornumn  avec  l'Asie,  ni  bêles 
énormes,  ni  félins,  ni  singes,  mais  le  kangourou, 
rornilhorliYni[ije,  le  easoar,  les  eucalyptus  et  les 
acacias  d\\uslralie. 

Dans  la  longue  el  belle  traînée  méridionale 
appelée  les  îles  de  la  Sonde,  le  détroit  de  Dali 
s'ouvre  entre  llali  à  l'ouest  et  Lornboc  à  lest; 
il  divise  neltenieul  la  Mégalouésie  asiatique  de  la 
Mégalonésie  australienne.  Il  parait  toutefois  qifon 


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Fcinmo  malats«.  —  Dessio  de  Tliirîal,  d'ajtii'S  uue  phutograpUi». 


a  grandement  exagéré  la  dilTérence  de  ces  deux 
essaims  d*îles. 

Négritos.  Malais.  Chinois.  Européens.  — 
Les  pieniiere  habitants  de  ces  jardins  de  lÉquateur 
nous  sont  iiuronnus.  tout  autant  que  dans  n'im- 
]iorte  quel  pays.  Les  plus  anciens  parmi  ceux  qui 
vivent  cncoiv  sur  ce  sol  trépidant,  les  Négi-itos. 
{Mirlant    différents    noms   locaux,  liabiteul  va  et 

là,  dispersés,  disloqués, 
toujours  païens,  tou- 
jours barbares,  en  di- 
verses vallées  de  Tin- 
lérieur,  dans  plusieurs 
de  CCS  îles,  nolanmient 
dans  le  lron(;on  septen* 
Irional  de  Luçon.  qui 
est  la  plus  vaste  des  Phi- 
lippines, fionnne  leur 
nom  le  dit,  ce  sont  di*s 
hommes  petits  cl  de 
visage  noir,  plus  ou 
moins  parents,  sans 
aucun  doute,  des  in- 
digènes australiens  et 
des  jwuplades  nègres 
que  les  conquérants 
Arjas  trouvèrent  jadis 
dans  le  centre  el  le 
midi  de  l'Inde. 

Les  Malais,  hommes 
dont  Torigine  est  ob- 
scure, envahirent  les 
Iles  des  Négi'itos;  ils 
anéantirent  ou  refoulè- 
rent CCS  Si'juvages,  ou 
encore  et  surliuit  se 
Mïélèrent  avec  eux  et 
les  absorbèrent.  Depuis 
des  siècles  ils  sont 
devenus  la  grande  na 
lion  de  la  Mègïdonésie. 
Divisés  par  la  religion,  unis  par  une  langue  tivs 
simple,  riche  et  sottore,  doiyl  le  commeree  a  fait 
ridiomegénêraldcce  coin  du  monde,  ils  gagnent  sur 
les  peuplades  albqihone.'^.  à  toutes  leurs  frontières, 
nolanmienlsureequi  reste  eiieoredes  .Négritos  el,  è 
l'orienl,  sur  les  Papous.  Bien  au  loin  dans  1.1  mer 
des  Indes,  on  f;ice  de  l'Afrique  zambèz.ienne.  VWt 
majeure  des  Africains,  Madagascar,  paile  un  tlia- 
lecle  de  leur  langue.  Ils  ont  couru  toutes  ce»  mers 
sans  trop  de  naufrages  :  leurs  grands  canots  sont 


. 


878 


LA    TEURE    A   VOL    n'OISEAU. 


lourds,  de  maniement  ilifdciks  mais  ils  ue  clia- 
\  iront  pas. 

Il  y  eu  a  de  païcrîs,  il  y  on  a  de  chnVltens,  sur- 
tout dans  les  Philippines,  mais  le  jilus  grand 
nombre  invotjue  le  lïieii  Iniijue  ol  Mîiliomel  yon 
Iirojdiète.  Quelque  religion  que  professent  ees 
liotnnies  qui  jadis  flêchissaieul  le  genou  dovaut  les 
llieuK  dti  Panlliêon  de 
l'Inde,  (ju'ils  soient  agri- 
rulleurs,  nt'gociantslrès 
subtils,  mai'iiïs,  pirales» 
qu'on  les  range  [larini 
les  civilisés,  les  denii- 
policùs,  les  sauvages, 
les  Malais  mauquenl 
presque  tous  de  beauté. 
Ix-ur  faee  a  reinpreJiiLe 
tiu>iim>le.  leur  nez  est  pe- 
tit, obtu3,  écrase;  leurs 
pommettes  sont  saillan- 
tes, leurs  noirs  yeux 
lé^^èrement  oblitiues  ; 
leui' chevelure  eslnoij*e, 
leur  peau  d'un  brun 
rougeAtre.  leur  harlie 
rare ,  leur  poil  point 
tmiïTu.  leur  corps  Ir.i- 
j.n,  l!»ur  jambe  courte, 
leur  lorso  robuste.  Un 
les  dit  traîtres,  cruels, 
sombres,  sournois,  sans 
essor,sansariipluurd'in- 
lelligencc  :  ainsi  tes  ju- 
f^ecms-nous;  eux,  com- 
ment   nous   jiij^'t'iil-ils? 

Ils  dominaienl  dans 
leurs  iles  quand  arri- 
vèrent les  Européeriïï, 
d'abord  les  Portugais, 
puis  les  Hi>llandais  et  les 

l'^spagnols,  et  voici  qu'ils  ne  s'appartiennent  plus. 
Ils  (obéissent  aux  lilanes,  striclenu'uL  nu  non.  sui- 
vant le  tiegrê  de  servitude  luiquel  l'homme  dTu- 
mpe  a  jugi"^  bon  de  les  abaisser.  Mais  jusqu'à  ce 
jom-  le  (■onquêraiil  ne  leur  a  rien  ravi  de  ee  qui 
soutient  une  race;  il  a  plus  appris  leur  langue 
qu'ils  n'ont  appris  la  sienne  et  n'a  guère  niêlé 
son  sang  dit  ai'veu  au  sang  dit  malais,  si  ee  n*esl 
quelque  peu  vUci  les  Espagnols,  aux  Philippines, 

Les  (ifjinuis  au  contraire  se  sont  beaucoup  unis 


Un  n^Tilo.  —  Detsio  de  Ë.  Roiijal,  d*a|)rès  une  photographie. 


et  s'unissenltoujouî-saux  Malais.  Nullement  éprou- 
vés par  le  climat  liêde  el  brillant  de  ces  iles,  ils  y 
viennent  à  milliers;  nullement  fîers  de  la  noblesse 
de  leur  extraction,  ils  y  font  ménage  avec  les  Ma- 
laises, et  rapidement  s'accroil  le  peuple  issu  de  ce» 
doux  origiui'S.  Si  près  de  la  Chine  mèridionule» 
qui  est  lu  rucbe  essaimante  de  rhumanitê  jauntfr 
la  Mégalonêsie  peut  de- 
venir pour  la  Chine  ce 
que  rAmériquedu  Nord 
est  pour  r«  Anglo- 
Saxon  H,  l'Amérique  du 
Sud  pour  le  u  Latin  i». 
IV'jà  toute  ville  de  cesj 
arcliiiK'ls  a  son  (|uartier  j 
chinois ,  toute  mine 
toute  carrière,  ses  mi-J 
neurs,  ses  carriers  de  * 
Chine ,  et  l'on  pense 
qu'un  grand  milUon  de 
l'ils  de  llan  vit  main- 
tenant en  Mègal«»nésie, 
extrayant  l'or.  Tétain. 
les  métaux,  coupant  les 
liois  fins,  tek  .  êbéne. 
aeajou,  sanlal,  recueil- 
lunl  camphre,  poivre, 
girode,  muscade,  can- 
nelle, cultivanl  le  riz, 
les  pieds  dans  l'eau  d*ir- 
rigalinn,  travaillant  chez 
les  planteurs  de  canne  à 
sucre,  de  cacao,  de  r^fê, 
d'indigo;  faisant  tout,  le 
faisant  bien,  sans  h^le, 
comme  sans  fatigue. 

Vingt  fois  moins  noni- 
bi'eux  que  les  Chinois 
sont  les  Blancs  Hollan- 
dais dans  les  colonies 
hollandaises,  Espagnolsdansleseolonieses|»agn<»les; 
plus,  chez  les  uns  el  chez  les  autres,  des  cosmopo- 
lites venus  de  louL  pays  d'Europe  ou  d'.Vmérique. 
A  cette  heure  il  y  a  plus  de  Itlancs  dans  les  (les 
Nèderlandaisesque  dans  les  Philippines,  mais  dans 
celles-ci  l'immigration  esjiaguole,  faite  de  gens 
presque  acclimatés  d'avance,  croît  d'année  on 
annt'c,  et  hieiilnl  les  Métis  y  n»ronl  un  élément 
notable  de  la  population  —  ce  qui  n'est  point  le  caa 
sur  les  terres  de  Hollande. 


ILES  NÉDERLANDAISES. 


870 


PayM^  à  Java.  —  Drssin  de  A.  ilc  Bar.  d'aprib  une  pliolograpliio. 


ILES  NÉDERLANDAISES 


On  estiiiio  à  prt>s  de  52  millions  d'hommes  sur 
environ  ISH  (aillions  (i'In-rliin's  Iji  populalion  ili's 
Indes  nédf  rlaiulaises,  Nouvi'lle-iiuinÙL'  comprise. 

Parmi  ces  52  millions  d'insulaires  beaucoup 
n'obéissent  «jne  nomiiiiiloment.  I.i  Hollande  ne  con- 
nais:»ant  même  pas,  lanl  s'en  l'.tul»  loul  le  lerriUiire 
qu'elle  est  censée  dominer.  Elle  tient  ces  archipels 
d'une  aire  égale  à  près  de  li'ois  fois  et  demie  In 
France  iivee  une  petite  aimée  on  il  «vii  guère  que 
i2000  Européens;  quant  aux  Blancs  a  civils  »,  on  on 
compte  50000,  dont  plus  îles  quatre  cinquièmes 
nés  dans  ces  lies,  et  un  septième  en  llol  lande. 


Si  les  Européens  sont  nncorc  si  rares  dons  up 
îtrchïpel  (jui  en  a  tnnl  absorbé  depuis  des  siècles, 
il  faut  l'altriLuer  non  seulement  au  climat,  mais  A 
ce  que  les  Holland.iia  ne  se  fixent  pas  dans  ces  lies 
sans  esprit  tie  retour:  dès  qu'ils  ont  une  fortune, 
même  pe(ib\  la  plupnrt  n^gagnent  la  Hollande, 
surtout  la  province  de  Gucldre. 

(l'est  de  l'Ile  merveilleuse  avant  (oui**  autre,  de 
Java,  que  règne  ici  la  Hollande,  sur  un  empire  fan- 
tastiquement lieau,  cinquante-sept  fois  plus  grand 
que  la  mère  patrie,  et  &  peu  prés  sept  fois  plus 
peuplé. 


8$0 


LA    TERRE    A   VOL    l)*OISEAU. 


JAVA 


•4 


Java,  ses  volcans,  sa  splendeur.  —  Jnva» 
((  chef-d'œuvitî  de  la  crL*ation  )».  t\st  une  casscltt' 
dorée  pour  Tavide  Nêderlandais,  Avec  Madoura  son 
annexe,  p^ande  de  528  ÛOO  heclares,  pcnpiée  tlo 
i  i:>0000  allies,  elle  onirelient  23:570000  hommes 
sur  13 173300  hectares  seulement.  Pruplèe  au 
mt>nie  dec^rts  In  Fnince,  où  lanl  de  millions  de 
pei*sonnes  demandent  leur  pain  à  des  industries 
inconnues  ehez  k-s  Javanais»  carnpleridi  9î>  millions 
d'iîmes  au  lien  de  58.  On  dil  qu'en  1780  ce  peuple 
n  elail-  que  de  2  millions,   de  4H00UIÏ0  en    1810, 

Déveioppemenl  inouï  qui  vieiiï  cerUtiiienienl  de 
la  paix  pi'olonde  régnant  depuis  longtemps  sur 
ces  belles  vallées  et  du  grand  progrès  des  cuUures 
sous  la  surinlendanco  des  IlolLuKlais, 

Mais  la  aiuse  intime  est  peul-i>lre  l'indivision  du 
sol.  il  n*y  a  pas  de  propriété  personnelle  dans  l'île; 
chaque  famille  d'une  couuuune  reçoit  son  l(d, 
grand,  médiocre  ou  petit  suivant  l'élendue  du  mu- 
uicipc  et  le  nondjrc  des  enfants  de  la  maisonnée. 
Cl  Les  renards  ont  leur  lanière,  les  oiseaux  du  ciel 
ont  leur  nid  d  ;de  inOiue  tout  Javanais  a  sa  part  au 
soleil,  et  plus  un  père  a  d'enfants,  plus  on  lui 
donne  de  lerre  ^  cultiver.  Aussi  les  chefs  de  fa- 
mille de  l'île  exubérante  n'ont-ils  jamais  volonlai- 
renienl  privé  leur  chaumiè]*c  du  sourire  innocent 
des  nouveau-nés. 

Orientée  iie  l'est  h  l'ouest,  sur  1065  kilnmêlrcs 
de  long,  avec  195  de  plus  ample  largeur,  enirc: 
5530  kilomètres  de  littoral^  Java,  louleen  volcans, 
dresse  au  moins  cent  monts  encore  ignivomes,  ou 
(]iii  le  furent,  ou  le  redeviendront  peut-ôlre, 

nan;;;és  d'un  bout  h  l'autre  de  l'île,  beaucoup  de 
ces  gounongs\  quelquefois  visibles  de  l'une  ei 
Taulre  mei*,  secouent  l'île  eu  frissons  et  tremble- 
ments ou  couvrent  au  loin  de  cendres  la  lerre  et 
les  Ilots  ou  vomissent  des  laves  sur  leui-s  épuules. 
Leui^  lueurs  sanglanles  firent  surnommer  Java  la 
paupière  de  l'Knfer.  Quand  du  chaos  en  lulte  con- 
fuse émergèrent  harmonieusement  les  éléments  de 
la  nature,  abus  naquit  Java  la  belle,  disent  les 
Javanais.  Oscillante,  elle  ne  savait  où  se  fixer;  un 
clou  divin  la  cloua  au  centre  du  monde:  la  léle  du 
clou,  j>rés  de  Magelan,  c'est  la  colline  Tidar. 

i.  MonI,  un  lang^ue  matoise. 


Très  pressés  à  Touesl,  dans  la  région  sounda- 
naise,  les  gounongs  sont  plus  dégagés  à  lest,  daiis 
la  région  javanaise,  plus  indépendants  et  liers.  plus 
beaux»  ave<"  de  jibis  grandes  plaines  h  leurs  pieds, 
de  plus  amples  vallées,  de  plus  longs  et  plus 
larges  fleuves;  un  grand  nombre  d'entre  eux  dé- 
passent 3000  mètres. 

C'est  dnns  cet  orient  de  Tile  que  le  Sémérou, 
mont  suprême,  s'élance  à  5071  uiétres,  c'est  aussi 
U\  que  coulent,  dans  un  o  para<lis  i»,  le  Solo  et  le 
Branlas,  premiers  des  rios  javanais.  Toutefois,  bien 
que  portant  les  plus  hauts  monts  et  déployant  les 
plus  grandes  rivières,  la  région  javanaise,  exposée 
a  des  soïifftes  secs  venus  de  l'Australie,  n  moins 
fl'huniidilé,  moitïs  d'ériat,  de  magnifique  opulence 
que  la  région  soundanaîse. 

Au  pied  des  volcans,  sur  le  littoral,  dans  le» 
vallées  et  vallons,  jusi[u'â  COO  mètres  d'altitude,  la 
Terre  chaude,  niainliïuant  presque  veuve  de  forêts, 
nouriit  1«  peu[de  de  Java  de  son  riz;  lii  croît  la 
canne  à  sucre,  l;ii  poussent  les  plantes  qui  font  In 
forluiie  du  pbiuteur;  au-dessus,  jusqu'à  1400  mè- 
tres, dans  la  Terre  tempérée,  rt'gne  déjà  la  forêt, 
avec  son  lek.  arbre  défianl  presque  éternellement 
la  pourriture,  el^dans  les  clairières,  le  café.  Plus 
haut,  dans  la  Terre  fraîche,  c'est  encore  plus  In 
forêt,  sur  les  batnu-angas  ou  rocs  IwrtIés,  c'est-à- 
dire  les  coulées  i\o  laves.  Par  ses  élagcs  do  climatâ 
Java  ressemble  aux  pays  latins  des  Andes;  par  ses 
bois  d'où  le  tigre  anthropophage  lève  un  tribut 
sur  les  hameinii  elle  ressemble  à  l'Inde*  à  l'Indo- 
rbine. 

Ainsi  des  hautes  laves  de  Java  ou  ne  voit  que 
forêts  et  jardins  presque  équaloriaux.  rilo  étant 
aussi  près  ou  plus  prés  du  tv  que  du  10*  degré  de 
lalitude  sud.  Quand  les  Javanais  adoraient  les  forces 
naturelles,  le  soleil,  les  astres,  les  typhons,  le^j 
tonnerres,  et,  f>lus  lard,  quand  à  partir  du  premier 
siècle  ils  furent  Itralnnanisles,  et  après  c^la  lîoud- 
dhistes,  avanlde  devenir  Musulmans,  ils  révéraient 
leurs  volcans  comme  les  plus  lerribles  serviteurs 
du  dieu  de  la  Mort.  Ces  monts  lumèretït  sur  des 
vallées  où  des  milliers  de  pèlerins  adoraient  leurs 
déilés  dans  des  temples  mngniliques.  honneur  d«3 
l'art  javanais.  Après  la  tin   du  quinzième  siécic. 


8S3 


A  TrriflK   A    VOL    D'OISKAT. 


qui  fui  l'/'poqu'>  (In  lriom|ilic  définitif  du  Coran 
dfins  ï\h\  les  iriiHniiriiuils  insjiirôs  pav  l'Inr!*»  vom- 
nuMii'èn'iil  ;i  s'i'friiiitlivi';  toutes  k-urs  ruiiit's  ii'otil 
pas  (lis[jani  :  eu  inuiiils  lieux  dans  la  profondeur 
(li^s  iniis  il  rri  iY*slt*  (]i*s  di'hi'is  gntndidses. 

lïiuis  le  L'iMi(i'('  (le  Jiïva  \o  piiitls  des  ans  écrasi? 
di»  mervoilltnix  édifices;  l'anienle  végétation  dps- 
cello  briiiuf's.  |>i(*i'i'i's,  pnlais.  foilci'*issf»s,  loiri- 
pli'S,  tiqin'iiucs,  hains,  lainiK'aux.  Chaque  lioun* 
i\\in[  uno.  statue  plus  gi'ande  que  nature,  chaque 
second*'  (*iï;u'e  ut*  tiiiil  îiux  Ims-rcitt'fs  infinis  tpti' 
dfs  légions  d'^rtislo  avaient  riselrs  dans  le  ihiv 
Irachyte.  Des  routes  en  briques  menaient  de  tem- 


ple i*  temple  o!  de  ville  i\  ville,  liui  c^icht^es 
diins  les  Iierlies,  éeflrtelêes  par  les  racines,  inoi- 
sies  par  la  pluie  des  ai'bres  sous  le  jour  ténébreux 
de  la  furet  qui  les  ronge. 

Les  Javanais,  leurs  langues. —  Les  Javanais, 
sortis,  eela  va  sans  dire,  de  la  trituration  de  tribus 
broyées  par  la  guerre,  amalgamées  pîtr  les  mariages 
eu  un  peufile  malais,  se  divisent  en  trois  petites  na- 
liu.ns,  Japonais  au  eentre,  Soundanais  l'i  l'ouest, 
Madouriens  à  l'est  et  dans  l'Ile  de  Maduura. 

F'^iitii'  elles  (rois  il  y  a  différences  dialectiques, 
différences  de  race,  différences  d  esprit  et  de  ca- 


.^7*A*I 


^j*-:-'_«>f^î. 


Font  de  bombout  A  iava.  —  Detsin  Je  U    ilr  Moljns. 


raelèrp.  Les  Javanais  passent  pour  les  mieux  fails; 
les  très  jR'tils  Soutidanais  soûl  les  plus  doux  el 
nionilenienl  les  meilleurs;  les  Madouriens  ont  le 
plus  d'énergie,  de  fierté.  Des  trois  nations,  toutes 
trois  idivAfri's,  laides,  jnesque  imberbes,  la  phis 
nonïbreu^e  et  puissante,  celte  que  l'Inde  a  le  jiïus 
modifiée  de  corps  el  d'esprit,  celle  dont  la  langue 
s'étend,  dimt  les  coutumes  et  les  idées  se  ré[)an- 
deiit,  «**esl  la  nation  centrale  des  Javanais*  forte  de 
plus  de  15  iriillions  d'Iiommes,  les  Soundanais  eo 
aviuit  CTjOOOOO,  el  les  Madouriens  1500000.  Leur 
iilioirn*  a  Imis  diaii'elrs  vivants,  un  dialecte  mort: 
les  trois  vivants  se  nomment  krama,  n^oké,  madja^ 
cl  le  rnori,  kavi.  Le  knuna,  javanais  noble,  serl 
aux  (Masses  siï[iéj'ieiires,  aux  bninmes  du  bon  tmi, 
La  fdule  use  du  npoké:  les  gens  l;uppès  lui  parlent 
son  ngoké,  elle  leur  parle  leur  ki'aina.  Le  mndja. 


(1  langue  des  confidences  amicales  o,  est  une 
H  bouille-abaisse  d  du  ki-ama  et  du  ngokê.  Le  kavi, 
né  du  rapproclienieul  du  malais  avec  le  sans<.'ril 
apporté  dans  l'île  par  les  envahisseurs  hindous, 
est  malais  par  la  syntaxe  et  par  l'allure,  sanscril 
par  les  racines.  C'est  lui  qui  fil  vil)rer  la  lyre 
javanaise  au  jeune  temps  des  chefs-d'anivre,  des 
grands  poèmes  religieux,  des  invoculious,  des 
odes,  des  tragédies  nu  comédies,  pendant  la  flo- 
raison du  peuple  de  la  plus  belle  des  îles;  il  sert 
eiieoi'e  de  nos  jours  aux  poètes  de  Java,  de  Madoura, 
de  Bidi.  surtout  aux  échaHiudi^urs  *te  drames. 

Bien  que  des  villes  de  la  mer  aux  plus  hauts 
hameaux  de  montagne  les  Néerlandais  dominent 
ici  depuis  di's  siècles,  i\u  parle  très  peu  leur  bas- 
allemand  guttural  dans  Java,  qui  lui  btnglemps  le 
Irésoi'  des  Pays-lias.  Jusqu'à  ces  dernières  années 


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881 


(.A    TKlUiE    V    V(*L    r^'OISKAll 


In  Tlollnndiï  tirai!  ilc  grands  revenus  de  ce  domaine 
donl  elle  t'tin'giinonlr  h»s  paysans  A  son  profit, 
tout  le  monde  devant  travailler  pour  le  ^gouverne- 
ment, à  certains  joui's,  et  cultiver  des  plantes  qu'il 
achète  aui  prix  qu'il  lui  convient  de  fixer. 

Java,  c'est  une  usine  gigantesque  dont  les  indi- 
gènes sont  les  ouvriers,  les  43000  à  43  000  Hollan- 
dais et  Européens  les  conlremailres,  la  Néderlande 
le  patron,  qui  lyrannisr  avec  sagesse.  Les  254000 
Chinois  rthississeut  dans  tout  ce  qu'ils  font,  du 
métier  le  plus  obscur  à  toutes  les  splendeurs  de 
la  Iiaule  banque. 


Batavia  (101 000  hab.),  fondée  par  les  Portugais 
sur  une  terre  malaise  appartenant  maintenant  à 
des  Hollandais,  porte  uu  nom  qui  n'est  ni  portu- 
gais, ni  bas-allemand,  ni  malais,  mais  ce  nom 
veut  dire  Hollande  en  latin.  Au  dix-septième  siècle, 
cette  c;q)itflle  des  Indes  Orientales  .Néerlandaises,  au 
lK)rd  d'un  golfe  sans  profondeur,  sur  des  canaui, 
h'  dispiilail  en  opulence  aux  premières  i>laces  de 
coiiiiuerce  do  riiiivers;  sîï  richesse  a  singulit^ 
remenl  diminué.  Les  Eurof>éens  n'halulenl  plus 
aujourd'hui  raiicieniu?  el  1res  insalulire  Batavia; 
ils  ont  porté  leurs  demeures  à  une  petite  distance 


Cm  rue  de  Baiarii.  —  Dessin  de  M.  de  HoJii». 


de  \.i  côte,  sur  le  fleuve  Tjilivvotig,  dans  un  fau- 
lji»ur}î  cliarmanl  h  la  fois  ville  et  parc,  Welto- 
vreilcn,  en  français  la  Paix  du  Mimde.  Le  gouver- 
neur n'^side  tout  k  fait  dans  linténeur,  en  pleine 
montagne,  à  Builenzorgou  Sans-Souci,  ville  ombra- 
gée, plus  r;!  vissa  nie  cncoi'c  que  Weltevreden, 

Sourabaya  (132000  hab.)  borde  la  mer  du  Nord 
en  fjce  de  I  ile  Madoura. 

Les  [dus  fameuses  ruines  javanaises  se  montrent, 
on  peu!  aussi  bien  dire  se  cachent  dans  le  pays  quia 
IMHir  maîtresses  villes  Souracarla  et  njocjocarla.  Au 
nord  de  celle-ci.  qualiv  allées  gaitlées  par  des  mons- 
tres de  pierre  conduisent  aux  qunire  coins  du  (em- 
[de  de  Bouripuboudour,  quia  bravé  jusqu'à  ce  jour 
l'hornnie,  la  forêt,  le  volcan,  les  sui'sauts  el  bran- 
lenieiil.s  lUi  sol,  tous  les  ministres  de  la  dotruetion. 

Itorouboudour  porte  sur  uu  tertre  fuit  de  uîain 


d'homme,  en  rue  du  volcan  de  Mérnpî  (2807  raê- 
tre^).  C'est  une  immense  pyramide  de  granit  sans 
mortier,  un  éliigcmenl  de  sept  terrasses  en  retraite 
avec  un  dôme  au  sommet.  En  tout  sens,  du  haut 
en  bas,  à  l'intérieur,  à  l'extérieur,  se  déroule  sur 
les  parois  une  époj)ée  sculpturale,  un  monde  inouï 
de  bas-reliefs  consacrés  è  Phistoire  de  Bouddha, 
qui  est  l'âme  de  ce  lempîe  et  que  célèbrent  encore 
4000  s!;ilues  dans  iOÛO  niches  ou  clochetons  à 
jour.  Tel  est  ce  monimicnl  priMligieux,  gloire  des 
anciens  Javanais,  iioule  des  Javanais  nutdenies, 
nation  de  20  millions  d'esclaves  qui  ne  bâtit  que 
des  masures.  Les  vastes  restes  de  Bnindtanam  se 
voient  prés  du  cliemîn  de  fer  de  Djocjocarta  à 
S.Hiracjrrta  ;  Goumuig-Praou  est  à  fiO  kilomètres  au 
bud-ouest  de  Saniarang  (72  0(Hi  liab.):  quant  à 
Kédiri  et  â  Malung,  on  les  visite  de  Suuniba\a. 


ém 


SVVATRA. 


84Û 


-ir^-  f^r^v- 


^^^ 


L  liMiiiiputtia-  (Voj.  p  M(.)  —  Ikettiu  «lo  Ta}lur,  d'aine  uue  pUuU^riiibM. 


SIMATRA 


Le  détroit  de  la  Sonde.  —  Dos  poinlos  ocridtMi- 
laK's  il*'  l.-i  ifvvi'  jnvonaist'  aux  faj>s  sudHirient.iiix 
de  Suriialra.  Ii'aii  (r;i;:i(|ih'  du  ilclroil  4I1'  ta  SmmIo 
ne  (Jorl  pas  (auj^iurs  avoc  iiuiolcnci'  eii(n>  l»'s  deux 
gnindt^s  ilos,  ttiollt'iiicnl  iKilaiicÔL'  [ar  le  llux  el 
rellux  qui  t*sl  la  rrs[)iratioii  do  IVcôau. 

Ed  \HHT},  lajidis  qtir  h&  vulraiis  qu'il  tMiibfas^* 
lanraii'iitdu  ffti.  rrarhaieiit  di^s  pienrs,  liiiisiiaicnt 
dt^  cendrvs,  |M*ndant  qiio  leur  n*|MMidnirii(  1rs 
a  gounoiigs  I»  de  Java,  de  Siiinada,  vi  <|Uo  (out  ce 
coiii  de  lerrt*  rtflil  rbratdr  jusqu'en  ses  fundemenlst, 
lo  flol  du  dôln>il  s'élevait  en  raz  de  martV  en 
même  temps  que  montaient  ou  sund>raienl  desiltils 
et  des  lies:  il  passiiit  sur  les  villes  du  rivngi*  nvec 
la  foree  et  la  lourd(*ur  df  la  mer,  ta  itrofondeur 
cl  les  lênèbtes  de  l'aLiuie,  el,  daiis  un  êlau  su 


pn^me.  s'enbndrail  sur  de  hautes  collines'.  Aloi*s 
fn(»urure[U  des  dizaines  de  milliers  d'honnues. 
Telle  fut  la  ralnslnqdie  de  Krnkatoa,  ainsi  nom- 
mée d'une  ile  du  détruit,  mont  lirùlant  dont  Té- 
ruption  euinmenvii  ce  dés'istre. 

D'après  une  tradition  javanaise,  le  divorre  de 
Java  d'avec  Sumatra  nous  auniil  |  lérêdés  d'un 
millier  d'années  seulement.  Le  dèli-uil  n'u  quiuie 
vinj^'laine  de  kilomètres  île  largeur  il  son  lieu  le 
plus  rrssrné,  «1  onron'  au»:  interruption  d'iles. 

Sumatra,  ses  >•  gounongs  >,  S'îs  peuples. 
Iles  littorales.  —  Sumatra  lait  faee,  dr  loin  h 
l)(»rnéo,  de  près  U  In  pre&qu'Ue  de  Malaer^   dont 

I.  Vur.  \n;:ia'  nu\n  toute  u:ic  foide  iur  b  cîii.c  (l'un 
uiunu;  de  I^Uà  *30  |>ùil»  tic  linulcur* 


880 


i\  TKnnn  a  vol  doiseau. 


la  sôpart»  un  dtMroil  do  peu  de  largcnir  el  profon- 
dour  fjLiohlilèrenl  çii  el  \h  di.?s  assemhliN's  <l'ilc'S. 

Lu  France  nt*  l'emporte  quo  de  0  iiiillioiib  sur 
celle  île  superbe,  annexes  caniprises,  Sumati'n 
renCermaiil  nvcr  ses  dependiiiices  ii  h  45  ruiMiuiis 
d'hecl.'uvs,  luul  im  nurd  rjuim  midi  du  l'Lquateur  : 
la  Ligne,  en  clfet,  coupe  assez  exaelement  Sumatra 
parie  niilieu  de  sa  longueur  de  1<>J0  kllomêtrus, 
la  plus  yraiide  largeur  uKaul  ù  540. 


Accahlôe  de  rayons^mnis  pluvieuse*, elle  n'en  est 
que  plus  fcrliic,  au  pied  dos  «  guunongs  n  donl 
hi'nueoup  sont  des  volcans,  vivants  ou  morts  ou  qui 
seniljtenl  finis.  Sur  les  dix-neuf  munis  plutuuiens 
reconnus  jusiprâ  ce  jour,  sopl  (mi  linil  sont  encore 
agissants.  Leur  jirince,  le  Guunong  Korinlji  (3690 
int^ïres),  porle  un  aulre  el  plus  beau  uoni,  Indra- 
poura  lui  l'ilê  d'Indra  :  c'est  donc  un  Ul;jmpc,  un 
séjour  i\v^  Dieux.   Près   de  lÉqualeur  s'élance  un 


1^  ilAiang-Uarij  près  île  Djambi.  —  Dessin  de  Th.  Webor,  d'uprei  une  phocograpUie. 


monl  terrible,  le  Mêrapi,  c'esl-à-dire  le  Feu  des- 
Iructcur  (2818  mètres). 

Ln  cordillère  granitifpie  où  ils  se  lèvent,  le 
Iloukit-Barissan,  ne  pèse  point  sur  Taxe  de  file, 
Rejetée  presque  au  Imrd  du  liltoral  tie  l'ouest,  elle 
plunge  droit  sur  lui,  avec  couris  ton'etils  el  pas 
de  plaines;  mais  sur  le  versant  d'orient,  longs  sonl 
les  neuves,  anqiït's  les  canïpagues,  infinies  les 
forêts  (0*1  l'oi'aniç-oul;tn;L,r  se  promène,  ^rave  el  risi- 
Ide.  Parmi  ces  lleuves,  deux  uni  ipielqui'  firandcni". 
le  llaiang-llari  on  lleuve  ile  Hjandïi,  <[ue  les  petits 
vapeurs  remuatcut  pendant  OUUUUU  luétrcs.  cl  le 


Moussi  de  Pîdendianf;.  Dans  les  rivières.  barhouilU^ 
d«'  ïi}Uf^i\  vit  le  croeodile  idiot  el  pourtant  rusé  : 
nulle  pnrl  le  euintssé  rampant  u'esl  jtins  grand 
qu'ici*,  nulle  ])art  plus  féroce;  rien  que  dans  la 
résidence  de  Falenibatu:  il  manfre  mille  hommes 
par  îin.  QneU]ues-Uiis  di'S  torrents  de  la  montagne 
jiuisenl  à  cle  irraiulA  el  beaux  lacs,  donl  le  plus  vaste, 
le   Toba    ^lâOOOU    lieelaresj   brille  a   i»UO  niivlres 

1.  .\\vr  ik'  priifidos  \;ui(itK)iD$  j-uivatlt  lc$  lîctu  :  U  tomtie 
tV2  rt'ntimetivs  de  [ilim*  fi:o'  an  n  KoMn-Kailj»,  ri  "(KHI  à 
J'a-l:Hi;^'-I':mj:iiij:.  il  780  iiitlics  d'nUilii«]c,  sur  li^  \ei-%aut 
iMxitlrnl.Tl.  iiiii  isl  «le  l.oîiu (.011)1  Ir  plus  huroîdc. 

'i.  Ua  en  \uit  cjui  oiil  'iô  picils  de  luug. 


SOMATUA. 


Wi 


d'allitude;  le  SÎDgkarn.  dans  la  contn^e  où  le 
SinggaUng  ei  le  Mêrapi  duininoiit,  s'écoule  dans 
le  lleuve  ludraghiri. 

Malais  musulmans  ou  païens  vivant  dans  le 
I  Grand  empire  ■>  de  Djanibi.  que  traverse  le  Ba- 
tangllari.  et  dans  les  valU'i^s  du  versant  oriental 
en  remonlanl  au  nord-ouest  jusipie  vi-rs  le  fleuve 
Ilok.in  :  Lampoungs  du  détroit  de  la  Sonde  ;  Redjangs 
de  ESencouleo  ;  Ekiltas  anthropophages  du  plateau 


de  Toba,  autour  du  grand  lac  et  sur  les  deux 
versants  jusi^u'iiux  deux  tuer»;  et*  tout  au  nonl- 
ouest.  les  Atchinois  iuliabile<ii  au  joug,  —  conibîen 
de  Suniatrans  font  ensemble  ces  peuplades,  et 
quelques  moindres  autres,  onze  en  tout,  nous 
dil-on? 

On  l'ignore,  mais  il  y  o  plusieurs  millions  d'hom- 
mes, huit  d'après  les  uns*  six  d'après  les  autres, 
ou    seulement   Irois,  sur  cette    ile    malaise   plus 


Demeure  du  sultan  de  l^anbi.  —  ïhaàn  de  Tajior,  d'apits  une  phelngrtphie* 


N 


longue  et  moins  large  que  notre  Madagascar,  qui 

est  malaise  aussi,  mais  m.ilaiso  autrement. 

Sumatra  peut  passer  |MMir  une  terre  malaise 
|mrce  que  les  Malais  y  occupnt  autant  ou  plus  do 
terrain  que  les  autn's  iialions  eiisrnii>l»\  (hiito 
qu'ils  gagnent,  en  même  temps  que  leur  langue, 
sur  le  ri*ate  de  l'ile,  mais  les  origines  des  Suma- 
transsontsiiif^ulit^ivineiil  diverties.  Tourne  nommer 
que  b\s  I  ^000<K)(7)  Italtas  et  les  AtrhiniMS,  ces 
deux  peuples  sortent  évidemment  d'un  remuement 
et  bouillonnement  de  i^ees  iiisulairt^s  et  continen- 
laie»;  Ifs  iLill.-is,  gens  «le  Ihmu  visage  et  de  belle 


allure,   ressemblent    peul-tHre   plus  aux   Blancs 
qu'aux  Malais,  tous  mt^langos  ix  part. 

Les  Molbmdais  régnent,  ofliciellenient  ou  non, 
sur  la  majeun*  (Kirt  de  Sumali'a,  bien  qu'ils  oient 
laissé  quelques  ^ul\-^emblants  d'intiépendanre  à 
des  empin^s  et  sultanats.  Ils  s'efforrenl  de  con- 
quérir le  seul  féM  ouvertement  libre  de  l'Ile,  â  $a 
pointe  nonl-ouest.  rAlebin  ou  Atclieh,  mais  leur 
patience,  leur  di:>eipline,  li'ur  «  sa^'esse  »,  Imrs 
canons,  leurs  navires,  et  les  ruisseaux  de  sang, 
n'ont  pas  encore  tout  à  fait  soumis  ce  petit  sultanat 
peuplé  peuUUre  df  40UOOO  d  UlOUOO  Alcliinois, 


888 


L.\    TF.r\f\R   A    VOL    D'OISEAU. 


peiif-ôtre  aussi  d'un  million  (?),  voire  de  \  500  000  (?) 
d'apri>s  les  estimateurs  les  plus  généreux.  Cesl 
que  les  Nêderlniidais  ont  ici  cnnlrc  eux  le  (4int.'it, 
Jes  marais,  les  ïovéH  mouillées,  les  jikuiÏs  sans 
routes  et  le  faïKiltsiiie  et  fjitalisriie  des  Alcliinuis, 
qui  ^oni  (les  Musulnums  très  ê>ideiiinient  séparés 
du  resli'  des  Snnialr.uis  p;ir  dt-s  dilTéreiues  d'ori- 
gine et  par  une  lan^nie  qu*on  raliaclie  au  tronc 
polynésieti.  La  meilleure  portion  de  la  Sumfdra 
nédeilandiiise,  celle  ou  il  y  h  le  plus  de  cultures, 
le  plus  de  cafêièn's  et  autres  plantations  du  Tro- 
pique, c'est    le    pays  de    I*adaiig,    lisière  étroïlo 


plaquée  h  l'occideDt  de  Tlle  contre  La  chaîne  ot^ 
U'fiiu'  l'Iiulraponra;  mais  la  maîtresse  ville  de 
l'île,  l'ale(nl);irit;  (70000  liai).),  appartient  au  ver- 
sant oriental  :  située  sur  le  Moussi.  h  la  fourche 
de  son  dello,  beaucoup  de  ses  maisons  uu  pluti)t 
de  ses  c^ïm^s  llollent  sur  des  radeaux  de  bam- 
bous ancrés  au  rivage  cl  montant  ou  descendant 
de  5,  A,  5  mètres  suivant  le  mouvement  de  la 
marée. 

Nias.  Banca.  Billîton.  —  Sur  la  mer  profonde 
qui  se  déroute  à  l'intiiii  vers  le  sudH>uest»  des  ilcs 


tiabibtious  noUaiiies  i  Uiamlji.  —  Dessin  de  Th.  Weber»  d'après  une  plmtogriplitc. 


montagneuses  s'alignent  du  nord-ouest  au  sud-est, 
parallèlenierit  à  la  cordillère  de  Sumatra  :  Sinialon, 
peuplée  (rAlcliiiiois,  les  Banja»  Nias,  les  ïlatlou, 
les  Mentûveï. 

Nias  est  la  plus  grande;  son  peuple,  d'environ 
2r>0000  âun's,  liidjile  Je:>  irioiits  dt?  grès  de  COO  à 
700  mètres,  des  conux  soulevés  ù  divei'ses  hauleui's 
par  une  poussée  volcanique,  de  riches  vallons  e^ 
vallées  II*  long  de  rivières  remplies  jusqn\iu  bord 
ar  ^00  jours  de  pluie  liieu  distribués  lout  le  long 
de  l'annéo;  il  se  raltaclie  aux  Diittiis  par  lorigine 
et  pur  le  liui^jage. 

La  grande  île  de  la  couIre-ciMe,  Uiuica.  voit 
d'assez  [irès  le  délia  du  Moussi;  peu  fècunde  Ijien 
que  [duvieuse  et  forestière,  elle  ne  dresse  pas 
d*î   gounong   à    seulement    850    nu*'(i'es.   Sur  ses 


I  2fi8  000  heelflres  ne  demeurent  encore  que  78  000 
luininiL'5.  Les  dens  <Ie  h  inoîjtagne  «  (Oranggou- 
n(tng)  y  soûl  un  débris  de  la  race  jilus  ou  moins 
autochtone  que  trouvèrent  ici,  que  foulèrent  et 
irfuiilèrent  les  eiivabisseurs  malais;  puis  il  y  a 
des  Malais,  plus  nombreux  que  ceux  dont  ils 
prirent  la  [tlace^  et  21  000  i^Iiinois  extrayant  un 
excellent  élain. 

liillituu.  que  le  détroit  de  Gaspar  a  divertit  b  ds 
Ranea,  lui  ressendile  [»ar  la  modestie  des  monts 
dont  aucun  ne  dépasse  050  mètres,  par  le  climat, 
par  les  Forêts,  par  les  mines  d'étain.  par  les 
ran's,  aborigènes  repoussés  dans  Pinténeur.  |»ar  les 
Malais»  les  Cbiïiois  ;  mais  elle  u'eufermc  que 
38  000  personnes  sur  481000  hectares.  Elle  n'est 
guère  pins  luit)  dt^  noniéo  (jue  de  Sumatra. 


^^^^ 


PETITES  ILES  DE  LA  SOMiE. 


&$9 


l^fsage  de  lile  4k  Tuuor.  (Voy.  p.  fcW.;  -   l>e$«iii  de  ivrrjr.u. 


PETITES  ILES  DE   LA  SONDE 


Bali.  —  Cn  détroit  mince,  presque  un  étroit, 

&i'i»;ire  (le  FIîïII  l'exlr^rnc  ori«*nl  de  Java. 

Ikili  n*aurait  été  disirailo  de  l.i  terre  javnnaisc 
qu*en  Tan  1204.  par  une  convulsion  volcniiiquo. 
et  les  500000  Italinais.  qui  sêjoumeni  sur  540  000 
hectares,  sont  des  Javanais,  ei  spêcialeiiienl  des 
Madouriens  par  la  raci*  et  l'idiome. 

Mais  ils  s'en  distinguent  en  ce  qu'ils  restent 
fidèles  a\i\  religions  a  loufTues  n  de  l'Inde  que  les 
Javanais  abandonnîTcnt  pour  la  relif^ion  simple, 
sobre,  sêclie  de  M;ilioniet;  ils  sont  Brahmanîstes  ou 
Sivaïstes.aver  quelque  peu  de  Bouddhistes,  et  cer- 
taines idées  et  institutions  de  l'Inde  ont  conservé 
de  l'autortlê  chez  eux. 


C*est  une  île  très  élevée  dont  le  maître  irounong, 
celui  d'Abantrou  pie  de  Rdi.  dépasse  5â00mêtn^s; 
elle  est  très  pluvieuse,  profusénienl  a n\>sée.  magni- 
fiquement féconde  :  le  rix,  dont  vil  Tbabitanl.  y 
donne  «lenx  Kt'ûlles  par  année. 

Ses  radjahs  ou  sult-ms  obéissent  à  la  lUdlnnde. 

A  l'est  de  Ekuli.  le  détn)it  de  Lomboc  où  passe 
une  eau  rapide  et  profonde,  larpede  Tifi  kilomètres» 
sépare  Rnlî  de  Loudioc.  et  eu  nit^me  temps  les  îles 
qiie  leur  naliin*  nillaehe  h  l'Asie  de  celles  qui  oui 
un  air  de  ressemblance  avec  l'Australie. 

Lomboc.  —  «>tte  terre  de  o4.'îr>00  hectares, 
avant  pour  ville  M;itaram,  se  relève  en  un  vulcao 


L 


800 


LA   TKKHK    A   VOL    D*01SEAIJ. 


colossnl,  lo  rïiinljnni,  r|iii  n  4200  mètres.  Fie  sèclie 
ûi}  climat  mais  (h*s  lonvnts  diijcipîirirs  on  canaux 
y  versent  û  des  cliaiu|is  en  tLM'rasses  une  ft'tîoinliU" 
qui»  chaque  arroscment  ravive;  le  tigre,  inconnu 
dans  Sounihîi\a,  File  voisine  n  Test,  y  guetïo  h's 
nniniaux  des  bois.  A  l'inlêiieur.  dans  Lt  (nonlagni\ 
vivent  les  .Sassaes»  MaLTis  nialu»mêlans,  eU  sur  le 
tour  de  ï'i\i\  des  M;ilins  hnliiii;inistrs  venus  jadis 
de  lîyli  :  en  U)iil  riUOlîUi»  jnntnnes.  dunl  In  Hol- 
lande est  suzeraine.  Kntre  Lonibuc  et  Suuinbava  la 
mer  se  nomrae  dêlroil  irAllîïs. 

Soumbava  parla^^e  son  lerriloire  de  près  de 
HOl)  01*0  heclares  euliv  des  fieTs  malais  Icnnnt 
des  l'aysrBiis  leur  suzerainelè.  Son  volcan  de  jh'o- 
digieuse  nmlfaisaiico,  le  Timboro  ou  Tambora,  n'a 
plus  que  ti75G  mètres,  au  lieu  des  4^)00  d'iivanl 
l'éruption  do  Î8ir»,  Tune  des  plus  terribles  de 
rbistoire  :  le  ctVne  tr.'ujua  et  s'éerouhi;  le  hruil 
s'en  entendit  jusqu'à  Ternaie,  jusqu'à  Ueneoulen, 
ville  de  la  ctMe  4icc'ii!enlale  de  Sumatra,  jusfpi'en 
Anslr.die,  jusqu'à  lîonu'o:  la  unit  rouviil  en  plein 
midi  terre  et  nier  h  ')0i»  kilomètres,  et  sur  lout 
cet  océan  fhit  de  beaux  détroits  et  de  grands  lacs 
marins  nng^eait  la  pierre  piinre  vomie  pnr  le  gt*u- 
non;^^  ('onsulsioniiaiie;  100  OUO  huiurnes  (diL-on) 
périrent,  soit  de  la  catastrophe,  soit  peu  apivs,  de 
funiine  ou  d'épidémie — un  Lie  dorl  anjtturd'hui 
dans  le  fond  du  eralère.  Le  Tindn)ro  n'est  [kis  le 
seul  ennemi  de  Souiulmvu,  ou  y  redoute  aussi  le 
Péiv  Srnid  (Vadrr  Sniï<i). 

Celle  ile  allorji,V'e  pi'ul  bien  avoir  ir>0000  Jiabi- 
laiils.  Malais  qu'on  croit  parents  des  Boughis  de 
(lélébes.  \i\\v  est  peu  salubre,  avec  des  eaux  mal- 
saines, sur  une  terre  sèciie  où  se  bérisseul  des 
plantes  épineuses. 

Sonmba  et  Savou.  —  Soumba  s'appelle  aussi 
TcbiiMlaiiii,  et.  de  l'arbre  odorattt  qu'on  y  coupe, 
Sandi'lbosrhi  mot  hollaudnis  ijui  veuL  dire  Uoîs  de 
sandal.  Mi-néderLuidatse,  mi-libre,  ses  Soumbanais 
soitl  de  même  ra^-e  que  les  ^-^i^ns  habilaid  roceident 
de  Sounïbava.  Soundtn,  .Somiibava,  c'est  d'ailleurs 
le  niéuie  nom.  En  lui  ajoutant  Savou,  île  assez  éloi- 
gnée à  l'est  dans  la  direction  de  Timor,  elle  com- 
prend lioGOOO  iieelares  ave<'.  ^J 00  000  ànu^ti.  Les 
insulaires  de  Savou,  beaux  luumnes,  scniblent 
icuuir  en  eux  le  sang  malais  ii  l'arabe  ou  à  Lin- 
dien  de  l'Inde. 

'      Florès.  —  A  FliM'ês  ou  b*s  Fleurs,  nom  porlu- 
gais,  ta  Hollande  a  bàli  quelques  IbrlSy  mais  elle  y 


a  établi  bien  pou  de  Hollandais,  n'ayant  eu,  li^ 
comme  ailleurs,  souci  que  de  commerce.  Les 
1  5(31  000  licctnres  th.  celle  terre  étroite  et  allon- 
gée, qui  a  bien  7ûl)  kilomètres  de  l'occident  à 
l'oriejit,  appartiennent  dans  riutêrieur  à  des  Nè- 
f^t^oldes  ^'^runls  el  forls,  semblables  aux  Papous 
de  Timor  el  de  lu  Nou\eHe-Guiuée,  el  sur  la  côte 
à  des  Maluis,  surtout  à  des  Boughis  originaires 
de  ('.élêbes.  Les  n  Tortugais  noirs  n,  métis  des  an- 
ciens colons  lusiLniiens  et  des  feuuncs  du  puvs, 
ra|)pellet)t  cjicoim;  le  passage  triomphant  des  v  fils 
do  Lusus  n  :  de  moins  en  moins  Itlaucs,  de  plus 
eji  plus  MaLiis  ou  Noii-s,  ou  les  reconnaît  encore 
â  la  coupe  du  visage. 

Six  volcans  n'y  sont  pas  éteints,  dont  le  plus 
fier,  le  (iounong-Kéo,  monte  à  2705  uiélivs. 

Oe  rfoj'ès,  jadis  Kïidrb,  :"i  Timor,  le  navigateur 
rencontre  Solor,  Sabrao  ou  Adénara.  Lomblem, 
Pantur,  Umbaaï,  grande  de  2'20O(»O  hectares. 

Timor.  —  Ttnmr,  la  plus  vâste  de  ces  petites  ou 

moyenni's  terres,  [)asse  pour  contenir  800  000  per- 
suniu^s  en  un  territoire  de  oO.jOOOO  hectares, 
sans  y  coriqu'cndrc  des  îles  annexes. 

Parmi  ces  îles  plus  ou  moins  littorales,  on 
nonune  :  lUftli,  dont  on  suppose  la  belle  race  issue 
[le  l'alliance  «les  Maluis  avec  les  Arabes  ou  les 
Hindous:  —  h>ulo-C;imbing.  sinqde  volcan  de  3250 
rnélies;  — Ouetter  ('27ti  lOO  hectares),  ginmde  Ile 
volcanique  stiTile;  —  Iloma,  égaletncnt  volcanique, 
égaleuM'id  aride;  —  Kisser,  de  M>n  vrai  nom  Jê- 
laouîuuta,  petite  et  qui  rTit  même  pas  10000  habi- 
tants, mais  qui  doit  quelque  célébrité  à  ses  1^50 
psendo-tloïlandais,  ib',>i:end:mts  de  Néderlan- 
dais,  de  Finançais,  d'Allemands  amenés  comme 
soldats  à  partir  de  llîOr»  par  la  (Compagnie  des 
Itules  (frienlales  ;  il  ne  leur  resie  guère  d'européen 
que  leurs  noms,  et,  clïez  quelques-uns,  la  cheve- 
lure bbuide  ou  les  yeux  Ideus  ou  le  teint  ni  noir 
ni  jaune;  à  part  cela  jiulygruues  de  plus  en  plus 
i[irusés  de  sang  indigène,  parraileiuenl  ignoraiitâ 
(b^  la  langUi^  lioll.iudaise.  et  iiepînLml  que  l'idiome 
de  Kisser,  quidqm's-uns  te  malais. 

La  volcanique  Timor  send)le  dresser  présen- 
tement peu  lie  volcans  vivaiit>i.  Le  pic  de  Timor  se 
tail  depuis  ll]r»K,  mais  Lai-nubjubar  et  Bîbilouto, 
dans  le  noj'd-esl,  viemieut  de  prouver  qu'ils  ne 
r>oid  jas  morts.  Parmi  ses  monts,  la  plupart  nus  ou 
mi.mcés  d'herbes  arides,  le  Gouuong-Allas,  au- 
flessus  de  h  ctVte  sud-est,  se  lève  à  5758  mètres. 
Le  sol  de  l'Ile  est  peu  libéral,  son  ciel  parcimonieux 
de  pluie;  sa  forêt  peu  variée,  point  touffue,  mp- 


PETITES  ILES  DE  LA  SONDE. 


89t 


peWe  celle  dp  l'Auslraliet  oolaroment  par  sos  hauts 
eucalyptus. 

Les  lloll.iiuLiis  occupant  le  sud-ouest  de  l'ile, 
chez  les  peuplades  spécialement  timoriennes  ;  leur 


capitale  est  Koupang.  Le  Portugal,  qui  gouverne 
avec  indolence  ce  seul  dt^hris  de  son  antique  maî- 
trise dans  Toct^^in  des  Indes,  |K)Ssède  le  nord-est 
(avec  Poulo-Cambing);  il  a  Dillt  pour  ceulro  de 


Vu  olMaa  ât  paradis,  —  Dettin  Je  A.  Uasaol. 


domination.  Les  peuplades  qui  lui  obéissent  (de 
nom)  nppaiiiennent  ii  hi  l'iniille  Têlo. 

Télo.Timoriens.  très  disloqués  en  tribus,  parlent 
une  qunrant.'iine  de  tangues.  Souvent  m  guerre, 
clan  contre  clan,  peuple  contre  peuple,  ils  res- 
semblent diî  li'ès  près  aux  Papous  néo-gninéens  par 


le  teint,  les  traits,  la  chevelure,  le  caractère  impé- 
tueuï;  ils  n'ont  certes  rien  de  malais,  sauf  quel- 
ques mélanges.  Sur  le  rivage,  dans  les  établis- 
sements i*uropéens.  an  trouve  des  Malais,  des  métis 
de  Papous,  de  Malais.  d'In  'iensde  l'Inde,  quelques 
Chinois,  très   peu  de  Blancs.   Chei  le»  a  flls  de 


893 


i\  terrk:  \  voi  roisEAU. 


Lusus  I),  les  Portugais  noirs,  forl  lutiis  on  rfli-t. 
descetuk'nl  drs  conquistadores  lusitaniens  v\  dos 
femmes  de  Timor. 


De  Timor  à  la  Nouvelle-Guinée.  —  Les  ilcs 
Sei*niatta  s'égrènent  entre  Timor  el  rarciilpel  de 
Timiir-Laout. 

Timor-Laout.  —  Ce  nom  malais  veul  dire  la 
Fleur  de  Tiinur.  Ces!  vn  iirrhi[>el  ap^u'lé  fiussi 
Tèiiimber,  qu'un  prit  jus«|u'n  res  derniers  temps 
pour  une  île  uni<[ur.  Des  Paf»ous  y  demeureni, 
ainsi  que  dans  Anui  et  dans  K<>.  Les  îles  boisées 
de  TinuH-Liioul,  nom  malais  qui  veul  dire  l'Ori^Til 
des  mers,  peuvcnl  avoir  125  000  insulaires  sur 
environ  5à0  000  lieclares. 

Arou.  —  Arou  la  eoraillêre  porte  aussi  le  nom 
de  Tana-Bousîir  ou  Grande  Terre;  i\  c6\ù  d'elle,  en 
effel,  les  iles  de  son  areliipel  sont  de  simples  îlols. 
Elle  n  170  kilomèties  de  lon;^,  sur  35  â  75  de 
large,  eLlS  OOU  hommes  y  demeurent  sur  une  aire 
h  peu  près  égale  h  relie  de  la  Corse. 

Ile  siiij(ulii'*re  ilont  les  ï'a[njus  el  les  »  Pn'*- 
papous)»,  si'uijjlaliles  aux  .\oirs  d'Australie,  restent 
ndêles  h  leurs  vieux  dieux,  Tana-Bousar  est  divisée 
en  six  terres  Lasses  [laj-  einq  ehmaiu  d'eau  salée, 
espèces  de  lleuves  de  L'DO  h  î<UO  nirtivs  de  lai'ge, 
de  3  à  5  de  profondeur.  Ces  six  terres  ont  nom, 
du  nord  ou  sud,  Vouriaino,  Kola,  Volcimi,  KoLrôr» 
Maikôr  et  Taran^nn, 

Des  furets  profondes,  retraite  sombre,  y  cacheni 
l'oisiMu  de  [taradis,  le  kangourou,  le  gibier  vo- 
lant ou  liondissaiit  que  pêne  de  sa  llèelie  l<*  Papou, 
infaillilile  areher;  elles  s'éleodi'nt  égidenuuit  sui* 
les  terres  (dates  du  nord,  du  rentre,  et  sur  les 
collines  calcaires  du  sud  qui  plongent  dans   la 


nu^r  I  ar  une  falaise  où  Tinsulaire,  h  des  hauteurs 
[téi-illeuses,  va  eherrfier  Ii's  nids  comestibles.  Des 
Chinois,  des  Bougliis  résident  à  Dohbo,  place  de 
eotnmcrce  dans  une  petite  île  du  nord-ouest;  ils 
a('Uéteril  les  nids,  les  perles,  le  trépaug.  les  cara- 
paces de  tortue  que  leur  portent  les  l^apous  des 
Iles  de  l'est. 

Iri  aussi  l'on  trouve  des  mois  lusitaniens  dans 
la  langue,  el  maint  Annjari  marque  par  ses  traits 
que  les  insulaires  d'Arou  se  mêlèrent  jadis  au  ûer 
s^uiffuie  Ciiimaràes. 

85  [letites  iles  ferment  le  cortège  d'Arou. 

11  n'y  a  que  IjO  kilomètres  des  Arou  h  la  Nou- 
velle-Guinée, par  une  mer  profonde,  el  nul  doute 
que  la  jiettti»  ile  ne  dépendait  jadis  de  la  grande; 
ridentité  de  plantes,  d*aaîmaux,  d'iusectcs  le 
prouve. 

Ké  oîj  Keï.  —  L*arcliipel  des  Ké,  tout  aussi  voisin 
que  les  Arou  du  polit  <;ontinent  néo-guinêeu,  C4»ni- 
Iml  riJeéan  par  des  falaises  calcaires.  Li  Grande 
Keî  a  0H200  heelares,  la  Peliïe  Kei  5-2  800.  puis 
viennent  vingt-cinq  îlots  ou  iles  menues.  Les 
20  000  habitantSi  païens  sauf  5000  musulmans. 
rou[)ent  dans  leurs  foréls  des  bois  qu'on  dit  plus 
inr-(^rruptiljles  que  le  tek  lui-même  et  ils  en  font 
des  pirogues,  élégantes  au  repos,  solides  à  la  tem- 
(léle.  Il  reste  <les  mots  purtugais  dans  le  malais 
dont  use  la  raei»  de  Ké,  mêlée  et  peu  nombreuse, 
<{ui  donne  à  ses  iles  le  nom  d'Ev^ir,  Keî  étant  un 
nom  malais. 

Voilà  les  iles  qui  rompent  la  vague  de  l'ouest  à 
l'est,  entre  la  mer  de  l'Inde  et  les  Ilots  nêo-gui- 
néens.  En  retournant  de  l'orient  h  roceidenl.  de 
la  Noiivelle-(iutnèe  à  la  rive  îrido-eliirioise.  on 
l'eneontre  d'abord  les  Moluques,  de  grandeurs  di- 
verses ;  puis  Célêbes,  très  vaste  el  superbement 
découpée  ;  entin  Bornéo,  immense  el  massive. 


Les  Molnqties  êmaFIIerit  uno  mor  d'un  blou  lr^5 
.  Elle>  roîiipn^nnent  trois  gramlcs  ïU^,  (iilolo. 
Céntn.  Bourou,  et  beaucoup  de  |>etîles  dont  les 
plus  connues  sont  Tcrnate»  Tidoro.  Ambnine  et 
Banda.  On  apftelle  aussi  les  Moluques  îlc>  des 
Épiées,  de  lt>ur  noii  de  muscade,  de  lours  can- 
nelle, gingembre  et  cimi  de  girt»fle  sflvnmmeni 
exploités  par  U*s  Hollandais.  L"archi[»ol  s<*  rallache 
plus  ou  moins  intimement  par  des  Iles,  des  ilols. 
des  écueils.  à  la  Nouvelle-Guinée,  aux  Philippines, 
h  Célèbes,  à  Timor. 

Gilolo.  —  L'ile  bîiarre  que  ses  insulaires  nom- 
ment  Batotsima,  ses  voisins  Halmahcira  *.  et  nous 
Gilolo. ressemble  Irail  pt^ur  traita  Tile  deCélèbea, 

1.  Ccst-A-dirc  Untuile  Terre, 


onze  A  douze  lois  plus  grande  et  non  moins  sin- 
gulière, qui  sort  de  mer  h  4.S0  kiloniMres  cnvirt>n 
à  Touest. 

Gilolo  (1666000  hecUres)  est  faite  do  quatre 
{uv^qu'iles  en  patte»  d'amigniV  dnei^vant  d'un 
trtuic  commun.  iK^s  nKinlai^nes  l:i  chargent. 
ftiiVts  la  couvrent  :  fi»réls  de  gran<riu\uriancc 
ê<|uatoriale  (car  l'Equateur  coupe  ta  pluvieuse  liai 
maheira).  iiionlagiii*s  volcaniques  dont  la  |>1usin<^ 
chante  est  le  Gounon^-Kanor.  Kt  cW  pourquoi 
celte  Ile.  miraculeusi>ment  iquilenle  et  In^lle,  dont 
les  cafis  tombent  tl.ins  une  nier  où  le  flot  blanrliit 
sur  des  n>chcs  <!»•  corail,  est  |>arfois  tou  M)uvenl) 
K*veillée  bnis<{uenieiit  de  sa  Ungueur  équatoriale 
|vir  les  tn^pidalions  de  sol,  le»  cmchals  de  la>e, 
les  pluies  lie  cendrt»s. 


894 


I.A    TEUKE    A    VOL    DOISKALf. 


(iounong-Kanor,  ce  soûl  mot  dil  quo  fiilulo  ost 
tinlrée  d.uis  l'orliitc  iniilniso:  de^uiis  Itmglmnjis 
ellt*  n  rcssr  iravnir  |ioïir  soûls  lrn;uii_*ii'rs  ses  lïavix- 
l'onis  miAll"uuret?.,qui  se*  niUiK-litnU  suil  aux  l*i*poiJS, 
soit  uui  [Utvaks.  Ces  lloruforas,  hommes  do  haute 
stature,  de  leint  nii-clair,  assez  harbus,  de  ina- 
ïiières  vives  et  iViiiiehes,  de  joyeux  caractère,  ehas- 
senU  pochent,  culliveul  dans  l'une  des  quatre 
péuiiisules,  tout  h*  reste  de  l'île  appfU'tiînanl  à  des 
Midids  fiui  invoquent  lïi<'u  et  Mntjomet  son  pro- 
phète. Ou  suppose  h  Ciilolo  i'20  UOU  haljilnnls.  In 
f;raiule  aiuii'xe  du  nmd-esl  cumprise,  la<[uel!e  a 
11(1)11  Murot.iK 

Sous  la  suzeraiiielt^  de  Ja  ll*»li;uidL',  Malais  et 
Alfoures  (ml  Ici  di'ux  niailres:  au  nord  I*'  sultan 
de  Ternah'. 'au  sud  K'  sultan  i\i}  Ti<lore.  Le  long  de 
la  eote  tnrri(ieut;de  s'idc-vont,  d*i  in^nl  ;iu  sud,  h's 
îles  TeiMiate,  Tidore,  Mjri'h,  Mutir,  Makian,  Kaioa, 
lîalehian,  pairies  du  clou  de  girolle. 

Ternale.  —  Teruaie»  où  souvcul  le  sol  braule, 
éclaire  jkmTihs  des  ron^^es  lueurs  de  son  volcoii  le 
lilioral  lie  la  Lfrande  \h'  voisiiu?  :  «  Vois  Ternate 
el  Tidore  avtv  k*ur  tiinr  hrûlarilL"  ([ui  lance  d'uii- 
ijoyanles  (launnes;  vois  les  îjiIucs  portant  les  clous 
ardents  qu'arUrlera  \c  s-uif(  poiiu^ais!  Il  y  a  dans 
trs  îles  drs  oiseaux  d*or  4|ui  no  so  poseul  jamais  à 
Iciiv  :  un  iiL'  les  contemple  que  morts'.  » 

On  y  reiM^ontre  qiieh|uos  Hollandais,  des  Malais 
inalKHiif'Ians»  It'j^t'ii'nient  inèlos  iuitrolbis  avec  des 
sauvaj^es  de  Giloli»,  comme  le  témoigne  leur  lanj^ue, 
et  des  Orang-Siraiii  (Ui  Nazarènes:  ces  derniers 
parlent  niahiis.  mais  s'ils  ont  ju'rdu  \e  portugais 
de  h'Ufs  aiirt^lres  européens,  ils  oui  gardé  la  reli- 
gion ehrt'tienne.  Tertiate  el  Tidore  n'ont  ensem- 
ble, y  compris  nombre  d'ilols,  (jue  ^J8  tiOO  hectares, 
avec  50  000  àines.  Ce  sont  les  vraies  Mohiques. 

Tidore,  Mareh,  Motir,  Makian,  les  Saïoa. 
—  Dans  Tidore,  beau  vobatt  pyramidal,  dominent 
des  Malais  serlateurs  de  l'Islaïu. 

Mareh  s'entoure  de  corail,  non  moins  que  Mette, 
cône  élt'int. 

Makian  doi'l  à  Tomhre  d'un  volcan  diminu«>  par 
réruplion  de  1(U6,  qui  en  lit  sauter  la  cime.  Ce 
volcan  n'est  poirit  mort,  on  Ta  bien  vu  en  Î8112 
quand  Sîi  rendie  vola  jusqu'à  T«Tnate,  à  80  kilo- 
mètres au  nord. 

Dans  les  Kaioa»  ceintes  de  oornux,  Tlslam  règne 
sur  des  Malais  croisés  de  l'apous. 

1.  Le  Canioens. 


Batjan.  —  La  volcanique  Baijan  (216  400  hec- 
tares), plus  amplo  que  ses  sœurs,  a  des  fon- 
taines chaudes  et  des  geysers  comme  l'Islande,  la 
Nouvelle-Zélande  l't  le  Porc  National  de  la  Vellow- 
Slone.  Malgré  ses  métaux»  sa  houille,  sa  résine  de 
dammar,  ses  forêts,  sa  beauté,  peu  d'hommes  ani- 
iiunil  sa  c6te  el  il  n'y  a  guère  <^nie  qui  vive  dans 
les  liauts  monts  de  l'intérieur.  Les  Malais  musul- 
mans de  cette  île  parlent  un  idiome  hybride,  ma- 
lais veiné  (b-  papouan.  A  célê  d'eux,  les  t)rang-Sirar 
se  distin|j:uciit  ()ar  leur  religion  clu'élienne,  leurl 
visa^^e  plus  brun  que  la  face  malaise,  mais  où  pa* 
raisseul  quelqui»s  traits  européens,  leur  dialeel 
malais  où  soniienl  encore  des  mots  lusitaniens.] 
Rileliian  a  pour  annexe  Tavalli  (50  800  hectares),, 
Mandioli  (17  100  hechires)»  et  avec  ces  deux  ilca 
il  se  peut  qu'elle  contienne  25  000  personnes. 

Obi.  —  tliii.  peu  inférieure  à  llatchian,  sort  de 
ondes  au  sud  de  celtt'-r i,  dans  la  p*Uite  Méditer-| 
ranée  des  Molut)n(^,  laquelle  est  comprise  ce 
Gilolo,  f^roMi  et  Bourou. 

Damar.  Ghéhi.  Morotaï.  Raou.  —  Sans  un 
tout  pi'lil  détroit,  hainar  (9^00  lieetares)  liendrail 
au!t  caps  méi'idiunaux  de  tîitolû. 

Ghêhi,  loji]L'ue  de  iO  kibmiêtres,  avec  5  à  8  de 
lai'ge,  s'élève  entre  uni.'  des  deux  fiointes  orientales 
de  Gilolo  et  Tandiipel  néo-guinéen. 

Mi>rotaï  (*2fiî>800  hectares),  sable  entouré  de 
corail,  a  dû  jadis  tenir  à  llalmaheira  dont  elle  est 
la  plus  vaste  annexe.  Près  d*elle  surgit  Itaou 
(2G  400  hectares). 


Bourou.  —  lloui'ou  (877  000  hectares),  entre 
la  nii'i-  des  Molinpips  au  nord  el  la  mer  de  Banda 
au  sud,  a  Titi  OUI)  habitants,  à  la  lisière  dévastes 
forèls,  à  l'ombre  de  gounon.irs  (ju'on  ne  connaH 
guère,  comme  d'ailleurs  toutt^  l'Ile,  qui  n'appar^l 
tient  que  de  nom  aux  Hollandais.  Elle  donne  asile 
à  des  Malais  seclateuï*s  de  ITslam  el  il  des  Hara- 
foras  parents  de  ceux  de  l'ile  de  Gilulo.  Selon 
quelques  traditions  des  Tonga  el  des  Samoa,  cette 
Ile  atJrait  laiiri'?  la  flottille  légendaire  i|ui  portait 
les  preruiei's  fondateurs  des  petits  peuples  polyné- 
siens dispersés  dans  la  mer  du  Sud. 

Céram,  Hisol,  Vaïghéou.  —  A  lesl  de  Bou- 
rou, Cératn,  [dus  exactement  S('rang  ou  Sirang. 
toute  eu  forêts,  n  a  de  demeures  humaines  que  sur 
le  rivage,  le  long  iJuquel  les  habitants  [dauleut  le 
cacao,  h*  café,  ou  vivent  sans  travail  à  rond)re 
du  palmier  sagou.  Un  lui  attribue  ^00  000  âmes 


soe 


l\    TERUE    A    VOL    [)  OISKAD. 


sur  1820  0(10  hccUircs,  vall(5os  sup<?ii)Os,  çou- 
nongâ  de  2000  k  3000  inèlres  alijj^nrs  di'  rauesl  à 
l'est  sur  les  Zoi)  kilomî'tres  qui  sunl  lu  lori^^UL'ur 
de  celle  île  (Hroilir.  Cêruin  so  parlage  eiUw  drs 
sultans  nialaia  lenaiil  ïouv  inveslilui*e  de  la  Nô- 
derlande  :  ces  pi  incipicules  masuïniniis  hiMuuist'iil 
des  Alfoures  pareils  à  ceux  de  Bouroii,  de  (iiloln. 
Mïsid,  h  100  kiloniMres  nu  nord  tli'  Crivini, 
Bur  le   chemin   de    hi    Nouvelle  Guinée,    ressem- 


Me  i\  Ciram  par  ses  Malais  du  littoral,  par  ses  Al- 
foures  de  riritérieur,  qui  sont  visiblement  parents 
di»  lu  grande  race  des  Papous  néo-jjuînèens. 

Du  nu^nio  à  Vjn^liêou,  séparée  de  la  n  Pa|K)uasie  i 
[lar  h'  dèlruit  de  Dampicr,  de  (îilolo  par  le  détroit! 
(i'Ilalniylieïra,  le  fond  de  la  po[»nlaliun  consiste  en 
Nt'^^roided  avec  aristt.icralie  du  Malais.  Ensemble, 
Misiil,  Vaighêou  et  les  ilrs  annexes  n'ont  guère  qua 
15  000  unies,  sur  778  800  hectares. 


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î*ÏT^^[^#rV— i£!r^^ 


ViUago  &  Wram.  —  Dessin  do  J.  Moyael. 


Amboîne.  —  Près  du  cap  terminant  au  î^ud  la 
presqu'île  occidentale  de  Ccnim.  AmlH/me  sui'git, 
rAtnbouiï  malais,  Ile  faîti»  df  dein  tenvs  alliées 
par  un  islhtnc  de  sabli*.  Petite  Java  dtml  le  Hollan- 
dais lire  de  grands  proUts,  sa  lerre  rouge  que  perce 
le  corail  tient  son  opulence,  non  [kis  latd  d'iHle- 
méme  tjue  de  la  pruibsion  des  [diiies  :  'j(18U  mi  111- 
mèlres  par  an.  Là  croît  le  muscadier  dans  toute 
sa  vigueur,  tuais  les  riches  cullures  n'occupent 
point  l'île  entière;  amples  son!  encore  les  forêts 
dans  la  mnnlagm;  mi  les  volcans  mil  cessé  d'érom- 
pre.  Sur  ses  68  ÔOO  hectares  habitent  r»0  000  hom- 


mes, avant  loul  diis  Malais,  puis  des  métis  de  Ma- 
lais ut  de  Papous,  des  Chinois,  des  Hollandais^  des 
Oranj^-Sirarii.  rhrètiens  dont  le  visage  porlo  l'em- 
preiule  lusiLanienne,  dont  le  malais  a  gardé  des 
mots  portugais. Dans  lavilled'Aniboine  (lOOfJOliab.) 
réside  le  gouverneur  des  Molui|ues  néderlanduiscs. 

Iles  Banda.  —  A  100  kilomètres  au  sud  de 
Cérarn.  dans  une  mer  d'excessive  profondeur,  les 
lies  Daiida  portent  les  muscadiers  les  plus  répu- 
tés du  monde.  En  ce  cltmat  qui  ne  connaît  pas  h 
sécheresse,  sur  un  s  )1  volcanique  ébranlé  pardesou- 


898 


l\   TEIinE    A    VOl    D'OISKAU. 


lerraines  secousses,  la  noii  de  niusrade  miu'il  h 
l*onil>re  de  grands  firbri-s  :  «  Vois,  dit  le  Camoens, 
<lu'on  poïMTnit  ciler  crni  fois  ?i  prapos  rie  ers  mers, 
ploinos  jailis  de  la  givindcin-  |Hir!ii;^'aisi',  vois  1rs 
ilt's  de  Iknjd.i,  énuiillres  de  couleiii's,  de  fj-nils 
rouges,  d'oiseaux  diversleolorfs  vivant  du  Iribiil 
de  l;i  noit  verle  i).  Le  superbe  volcan  de  Uaiidii, 
cône  êlôgani,  fume  toiijnLïrs,  Les  8  000  h;d)i- 
tants  de  ce  piMit  archipel  apparliennenl  p.'ir  leur 
maîtresse  origine  à  la  ^^ninde  nation  des  Papous, 
mats  ils  nul  al^sorhr  di»  malais,  de  l'aj'fihe.  du 
poiiugais.  du  lU'diuhindais.  (hi  appelli»  \n  l'iM'kr- 
niers  les  descendants  de  soUlaïs,  de  niarins  iM 


Fonetionnaires  installés  h  Riinda    par  la  llullan 
en  1021,  h  condition  de  cultiver  la  muscade  dans] 
les  perk,  c'est-à-dire  dans  les  jKircs,    les  enclos 
(|u'ils  tenaient  de  la  librralilé  du  gouvernement. 

GouQong-Âpi,  Ouetter,  Roma.  —  Au  sud-ouest 
d(r  Banda,  la  chaîne  volcanique  de  cet  océan  se  con- 
liiuie  pfir  le  (iounorig-A[ii.  v(dr.'an  perdu  sur  les  con- 
fins de  la  merde  Banda  cl  île  la  mer  de  Flores.  1!  n'y! 
a  rpie  cent  et  quelques  kilomètres  du  Gounong-Apl' 
à  Uueller  et  a  Borna,  situées  dans  l'orbite  de  Timorj 

De  Céram  aux  Arou-  —  Des  caps  urienlat 


Lu  vulcaa  d«  Uauda.  —  Utis^di  «lo  U.  CIcrgeU 


de  Céram,  une  Irnînre  de  petites  îles  se  dirige  au 
sn<l-i?[>(.  à  la  rencontre  de?  Kei  et  des  Arou.  ^Ui 
les  nomme  Kilvarou,  t'.éram-Laoul,  (ioram,  Mana- 
voka,  Oualoubella,  elc. 

Kilvarou,  très  petite  Ile  de  sable  et  île  corail, 

porte  une  ville  sur  pibïlis  rrérpienlêe  par  des  né 
gociaiits  boughis  et  des  marcliands  de  Céram. 

CêraniLaout  ou  l-'leur  de  t^êrarn,  cnvinunièe  di^ 
coraux,  "a  pn!n*|>lus  nondin^jv  habitaiils  desAllou- 
res  iriusuliuanisês  venus  de  rérani. 

Mîinavoka  (1-^*'^)  liedan-s  )  n'entend  bruire 
aucun  ruisseau  sur  ses  roches  de  corail;  ses 
lOllU  habilanls   sunl  Papous  et  païens,  avec  une 


arislocratie  de  Malais  el  de  Bouphis  dans  les  vei- 
nes de  laquelb^  est  entré  peu  à  peu  du  sang  né- 
groïde; ils  prient  le  nuMne  langage  que  les  gens 
de  Gtnani  leurs  voisins,  et  que  ceux  d<»  l'orieul 
de  Céram. 

La  maliométane  Goram,  cerclée  de  coraux,  a 
TitiOG  hommes.  Malais  adultérés  dLVIfoures,  qui 
vont  Irafitjuer  au  loin  dans  de  simples  canots  sur 
une  mer  hérissée  d'êeueils. 

Les  ilesOuatoubelhi,  Kisivoï.Oula..sonl  protégées 
t]n  large  par  une  ceinture  de  corail  ;  des  l*apouâ  y 
denirurenl,  qui  sont   idolâtres. 

l'iir  Téor.  égalen*«'nt  |iaieiuie  et  paptme,  par 
Boon.  par  Kanilôr,  on  arrive  aux  îles  de  Ké. 


CÊLÈULS. 


SUK 


Due  ne  a«  Macuur.  —  Dessin  de  B.  ClergeU 


»         « 


CKLEBES 


Célèbes,  sa  beauté,  ses  Boughis.  Les  cou- 
reurs d*amoc.  —  «loujuV  pnr  l'Éiiuiiifur  [Luis  sa 
[H^iiihsuk*  s^*pléiilri(>n;ilts  r.t'lêlies  donne  |t;ir  s<in 
plus  long  littoral,  celui  dv  l'uiie^t.  sur  lu  dèU*uit 
de  MiK'iisiiiir  \  en  faro  di*  Bï»nico,  ilunt  elle  est  h 
i20-;2M)  kilfinit'tres.  Ainsi  voiî^ines,  H  sous  Ifî* 
m^'incs  latitudes,  ces  deux  Iles  difR'renl  pourtant 
par  toute  leur  nature,  par  leurs  oiseaux,  leurs 
animaux  ^^rands  ou  petits.  On  vn  ju!i<]U*à  d'itv  que 
CélèlH>s.  penhie  dans  un  fiiuillis  fl'jles  reniées 
entre  l'Asie  el  l'AusIraliis  di^penilil  d'un  centn' 
de  rn'Mtion  élnin^er  à  l'une  el  ;t  r.iuln*  de  ces 
deux  {Nirties  du   niondi*  :  ijue  (»eul-êlre  elle  tint 

1.  Le  vrai  num  v^t  VaiiKkauâr. 


jadis  h  \n  n  LAmurie  o,  comme  on  se  plaît  à  nom- 
mer le  continent  prol>l(^mnlif|ue  dont  la  loint;iine 
H.idagiiscMr  re>leniil  le  plus  vaste  témoin. 

fur  ses  17  73:2  000  hectares,  plus  de  20  millions 
avec  les  Iles  aiuiexes,  Cêlèbes  remporte  en  jfran- 
drur  sur  Jnvii,  qu'elle  r*;ale  en  tV'ctMiditr;  niai»  sa 
richesse  est  bien  moindre,  les  ||»Il.indiiis  ayant 
jusqu'à  ce  jour  dêdaif^m*  de  rexfilniti.T  à  fond. 
A  [>euie  A-t^'lle  un  million  d'i^mes:  |>enplêe  comme 
J;j\a.  elle  en  aurait  plus  de  30  millions. 

Quatre  presqu'îles  nouées  à  un  tronc  qui  regarde 
Rornéo  forment  celle  ile  étranjfemenl  tailli'e  dont 
tjilolo,  oTue  foi^  plus  jietile,  imite  as^e/  bien  les 
cmilours*  à  l'est.  Trois  grands  golfes.  Tomiui  et 


000 


l.\  TKIîKK   A    VOL   IKOISEAU. 


Toniori.  qui  s'ouvrent  à  roiiiMil.  Boni,  i[iji  a'ouviv 
nu  initli,  st'parrrjt  ces  pi'iiinsuU's  rhargêes  dv 
rnniila  voIc;tniqu*^s  —  la  iilupîirl  ék'ints,  in.'iis  non 
tous.  Lf  iiioul  de  ril5<^  nif*lrps,  i\uon  suppose  U' 
[dus    liiUil    lir^    Colèbos,   s't'Iancp  ;ni    \umX    de   la 


jnVulnaule  mêridioriali»,  appeltV  Irrre  dt»  Marassar. 
lïf  pK'S,  de  loin,  ces  vieux  volcans  dominent  des 
SMvas,  vallées  el  riziêivs  qui  sont  le  jardin  de  celle 
îlo  admirable  partout  pénélrt'e  de  mor,  partout 
inondée  de  pluie  el  cependant  saine,  car  elle  n'a 


ChuiG  de  la  iiviùrc  à  Tondano.  (Voy.  p.  902.)  »  Oc^n  de  U.  Clcrgct. 


ni  boues,  ni  doltns,  ni  stagnation  dVaux  ^pnncliées. 
Ses  lacs  clirirninnts  sont  dfs  lacs  d*'  innntaf^nc;  si*^ 
lorj-ents  coun'id  sans  s'finvli'i-  jusqu'à  la  mer  de 
Célèbes.  an  détruit  de  M.ncassar,  à  la  mer  de  Florès, 
à  cellf*  dt*  la  Sondo.  aux  trtus  fïrands  s^olfes;  ils 
grondent  et  [oH  niisseiiux  bnliilbniUlans  l'ouibreuse 
furél  qui  monte,  oijulenle  el  hrilbmle»  d'un  pro- 


fond sol  il'  basalte  décomposé;  aucun  tigr«  H^j 
l'ôde,  nulle  panthère  n'y  guette  sournoisemenl, 
neenmpie  sur  le  vendx»  et  prèle  à  délendiv  pour 
un  bond  terrible  le  ressort  de  ses  quain»  pattes: 
rêb!*bes  n'a  ni  félins  Iraitres  el  beaux.  îti  le  rliino- 
réros,  ni  rêléplianl  ;  sa  seule  im^clinnle  et  laide 
bête,    c'est  le  crocodile;   le    siiïge   pullule  dans 


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902 


LA    TERRR    A    VOL    D'OISEAU. 


les  bois,  il  eu  fait  If  bniil,  la  vie,  tl  i-n  r>t  !<• 
rire  <*l  la  gniole, 

Tnul  CêK'bfS  obôil  h  h  llollrtruio  en  rp  que  los 
sulintis  rnaLiis,  gnimls,  moyi'ns  ou  pelils,  ivcon- 
uaissenl  plus  ou  luuius  In  suzeraineté  des  Pays- 
H.is.  nirtis  lt*s  Ilollaïuhiis  n'oirïijii'jit  tlo  f;iil  *\nv  In 
moitulrc  partie  de  ï'ilr;  ils  y  Lnilliveiit  If  c;ilv.  ils 
y  survt^ïllent  des  iilaiitaliuns.  lïans  J^*ur  proviucc 
du  tinrrl,  |Kiys  4le  l)eaulL^  su]>r<5me,  d.iiîs  le  Mîiin- 
li.isn.  (lui  est  hi  pointe  de  la  presipi'ile  .seplenlrio- 
iiîib',  hi  plus  longue  cl  la  plus  efIHée  des  quatre, 
ils  oui  h  demi  policé  des  sauvages  d'origine  mixlo, 
Pii|i(His  D'uirîès  d(^  Mtilais.  Vei's  1800  ces  indlgiines. 
encore  harbaros,  cannibales  peul-éire,  pnïlaietil 
plusieurs  langues;  k  eelte  heure  ils  cuUivenI 
paisiblenieni  le  café;  ils  aj>prennent  le  malais 
pluItU  *|ne  le  lifillaisdîiis,  nuque!  les  rnnMres  qni  le 
jurk'iil  n'ont  point  (.'ivê  de  rnynulf*  dnns  ces  iles 
malgré  deux  cents  ans  de  domination.  Dès  que 
le  [MHïvoir  lui  t'ehnppei'.'i,  la  Ilollnnde  sera  moins 
visible  rpie  le  Poilug.d  dans  la  jflupart  tles  «  iles 
merveilleuses  \>. 

Le  niveau  mal'iis  n  passé  sur  la  fdiipinl  de  ces 
insulaires,  (pii  usent  niijiiilenaid  pi*e:^que  luus  du 
iiiahiis  et  qui  presque  lous  sont  devenus  musulmans. 

Mais  celle  uniformité  dapitflrence  coehc  des  di- 
versités de  race,  et  eji  li^l  reenin  du  pays  le  niidais 
bérile  de  trente  langues  parlées  pur  des  tribus  4|ui 
n'élîiieiit  point  mîdaises.  Les  ti'nits,  la  Iritlle,  toute 
rii.'ïlhilude  dti  corps  montre  4jue  Coughis  portés 
au  négoce,  Mneassars  el  autres  nations  de  l'île  se 
ratt:icliaietil  dans  l'origine  à  la  nn^ine  fannlfe  que 
les  Dayaks  de  Uoniéo,  les  lînïlaks  de  Sumnfr.t,  les 
divers  Ibu-aloras  ou  All'iiuj'es,  c\"St-iHtire  ans  l'n- 
pous  et  rolyiiésiens.  autrement  grands,  beaux  et 
gênéreuï  qm.^  les  Malais  petits,  laids  et  rusés. 

bevenus  dotie  ou  (b'veiiiint  Mnbiis  par  b's  ertiise- 
mujitSr  [lar  les  dialectes,  les  gens  île  Célèbes  eou- 
reiil  souvent  l'amoc.  Courir  l'amoc»  c'est  prendre 
un  kriss,  fnjignnrd  tniMu»  et  bondir  dans  la  rue  en 
huriitnl  :  Arnoc  !  amot;  !  puis  (ner  botmnes,  fenunes, 
eufanis.  vieillards,  animaux;  mais  le  fiiuifile  s'a- 
itKisse,  il  poursuit  le  fou  sanglant  et  TnlKit  connue 
un  chien.  A  Macussar  on  coLii't,  ce  dit-on,  Tamuc 


une  ou  deux  fois  par  mois.  Celte  frénésie  res- 
siMnble  îuj  e;ij)ooii'agenî  des  Nègres  brésiliens  qui, 
eux  aussi,  se  lancent  parfois,  J'arme  à  la  main, 
dans  la  ville. 

Macassar  ou  Mangkassnr.  vainement  nommée 
Vliiardingen  prir  les  llullandais.est,  sur  son  excel- 
lente r:jde,  hi  ville  majeure  du  sud,  et  Ménado celle 
dn  MinnhasH.  Ménado  inan|ue  l'embouchure  d'une 
liviêïe  qui  s'fdiat  de  150  mètres  peu  après  sa  sortie 
du  l.ie  de  Tondano. 

Sanghir,  les  Toulour,  les  Sonia,  Bouton, 
Saleyer.  —  lin?  trainéf»  d'îles,  d'ilôts,  létes  énier- 
géi'S  de  pics  inunergés.  va  du  [U'omonloire  septen- 
trional do  Célèbes,  du  cap  de  Polinsang,  au  cap 
méridional  de  Mindanao ,  dans  les  Pbilîj)|»ine3; 
leurs  b:diitants  lessemblent  eu  tout  et  [>our  toul 
aui  gens  du  Mînnhasa.  On  y  distingue  Siao,  simple 
vobmn,  et  Sanghir»  plus  vasie,  que  ravagea  son 
cratère  4Mj  ISU. 

Au  nord-est  de  Sanghir,  TaiThipel  des  Toulour 
{ou  Tabiout)  se  lève  juste  h  nii-dislance  de  Min- 
danao il  (nlobt,  Ensendiïe  les  Touh)ur  et  San^diir 
pnssenL  pour  (enir  80  000  habitanis  sur  170200 
beclares. 

Le  golfe  de  Toniini  n  son  anbifiel  des  Toghean, 
vaste  de  <î7  7<K)  lu»clares;  le  golfe  de  Tomori,  ses 
iles  l*êling,  prolongées  à  l'orient,  en  tii-anl  à  la 
fois  snr  iiilolo,  Céram  et  Bourou,  par  les  îles 
Soubi,  peuplée  di*  Malnis  islaniites.  Les  iles  Soula 
sont  Taliabo  et  Mangoula,  toutes  deux  ntlongêes 
de  l'ouest  à  Test  à  la  suite  l'une  de  l'autre, 
connue  do  petites  Java,  et  Uessi.  terre  moindre, 
qui  va  du  nord  au  sud. 

En  vue  des  a  finisterres  h  de  la  patte  sud-est 
de  CélèI)Os,  Ilouton,  mi>ntagneusc,  mais  non  très 
élevéi\  Mouna,  la  haute  K;il>;uua,  les  Toukang- 
Bessi,  Vovoni,  etc.,  ffu-nient  mi  archipel  d'avanl- 
garde  ayant  prés  d'un  mîllitui  d'hectares,  dont 
moitié  pour  Diuilon,  ijvec  des  insulaires  de  dia- 
lecte niabiis  pareils  h  ceux  du  littoral  d'en  face. 

Saleyer  (^7  100  hectares),  fort  longue  cl  fort 
étroite,  regarde  le  cn[»  sud  oriental  de  \a  péninsule 
de  Macassar;  elle  poj'le  51KJ00  hommes. 


BORNÉO, 


1103 


Cases  de  |iécbeiirc  à  Bomùo.  —  De*&m  de  TU.  Weber^ 


BORNÉO 


Bornéo,  ses  Dayaks  —  A  HoniAo,  lii  ïlollunde 
et,  (Ifiririv  iirie  ^'r;mtle  comp;i;ïui'.'.  l'.Vu^^lrdMTi*. 
rùgiitMil.  Ir  plus  sfiiiYi^nl  ilo  nom,  c.>llr-t:î  ihins  lo 
noiti,  celle-là  dans  le  sud.  Ce  qu'ellr»  ddftiinenl, 
ce  qui  roâle  libro  en  a|»|t;M'('riro  oti  vu  rvîili(*\  loiil 
cela  fiiil  une  jti'lile  »  irriirtvusilô  i>,  ecU**  ile  rlanl 
l.'i  dt'iixièuie  du  monde,  inférieure  à  l;i  seule  Noii- 
voîle-GuifH'e.  Bornt'^o,  siipérioure  à  la  France  d'un 
Ikhi  tiers,  ronlieul  7."  (î'iO  0(1(1  htn'l;uvs,  iles  Jintiexrs 
et)n»iirisrs»  mais  avec  1  7i(M)(l()  anies  sruicnient. 

Ce  nom  de  lîrtriiêd  ii'ii  riiui  de  national.  C'est 
une  légère  corniplion  de  ftrounri,  liruniii;  on  a;»- 
pellc  de  la  S(*rlc  un  fanilieau  du  liiîoral  nord- 
ouest,  enirevu  en  Kril  p.ir  1rs  Esp.ipiols  rpii  fai- 
saieni  le  premier  tour  ihi  monde. 

Bornéo,  qui  disposi»  sa  terre  aux  eiMês  de  IK- 
quateur.  est  jusqu'à  re  jour  presque  i^Mioive,  quasi 
déserte,  près  de  Java,  toute  coniuu' et  surpeuplée. 

On  n'a  Ivim  pratiqué  ipir  srs  di^i'isi's  ri^es, 
lesquelles  ont  derrién*  rllej*.  surloiil  tlans  le  sud, 
de  vnstes  plaines  détrempes.  II  n'y  u  ^ère  de  vil- 
laires  qu'au  liord  dt'  la  mer.  dans  |i>s  di'llas  et  le 
Ion*;  di*  IleuM's  tfjs  qu<'  le  lku'i(i>.  ipii  a  l(HM)  kilo- 
méths,  en  un  bassin  de  10  millions  d'heetares.  ti* 
llldiukkom.  les  deux   ka|H)uas.   It*   Itedjang.  A    ees 


neuves  airivent  des  rivières  vaseuses,  lentes,  indé- 
cises, fîénéralenn'nl  noires  à  la  suite  des  orales, 
sans  dmilL'  i^  rause  drs  vastes  champs  de  houille 
amiMiraiit  leurs  eaux  qu'agite  le  crocodile. 

Ilornéo  ri'jroi^'e  de  Irêsois,  houille,  mines  d'or 
foutUées  par  les  Chinois,  diamants,  antimoine  et 
métaux  divers,  les  plantes,  les  bois  de  luxe,  d'ébè- 
nislerie.  do  teinture,  les  épices  de  celle  éblouis- 
sante iv*;ion  de  la  Terre.  D'inleruiin.ibles  loréls 
av<»e  oran^'-4»ulangs.  éléphants,  (i^^n^s.  rhinoréros, 
buffles,  pelfis  oni\s  noii-s.  onduU'Ut  avec  les  colli- 
nes iU}  la  /ont'  riveraine;  elles  ^'ravissent  les  nion- 
la^'ues  de  riiilèritMir.  ajoul.nil  tous  It's  ans  une 
ciiurlie  de  ffiiilles  à  l'humus  accumulé  sur  le  sol 
depuis  des  siècli'S  de  siècles. 

Les  monts  bornéens.  tels  qu'on  les  connaît  jus- 
qu'il ce  jour,  semblent  n'avoir  jamais  été  soumis 
aux  forces  souterraines  qui  soulevèi-ent  tanl  de  vol- 
cans du  stMii  lies  niersdf  l'airhipel  nié<:alonésique  : 
Itornéo  serait  donc  un  petit  'continent  non  vol- 
cniiiquc  enlouiv  d'Iles  h  volcans.  On  donne  nu  Kini- 
llilou.  cVst-ti-diiv  A  la  »»  Veuve  Chinoise  ».  moni 
de  rexlrénie  muti  supposé  pic  majeur,  tantôt 
il75  mètres,  et  tiuitùt  5  400  tnéln*s  seulement. 

Sous  le  uom  général  de  Onynlts  vivent  dans  Itor- 


004 


LA   TKRRE    A    V(H-    O'OISEAIJ. 


néo  des  Malnis  païens  qu'on  H  il  (rois  fois  plus 
iiuiiiltreux  (|ue  lt*s  Miilats  niusuliiiHiiïs  dt'S  vilk's  el 
boiir^H  iltï  la  (.(Me.  Les  Dayaks,  phis  blancs,  plus 
g^ramls  ijue  les  Miihiis,  bi'aueoii[»  nioiris  plats  do 
visîige,  otil  toiil  i*.*»!!*  d'ajtjiartenir  ù  une  aiiln' 
liunM»iitê.  mais  do  plus  en  plus  ils  lendetil  à  se 
mêlera  ces  intrus  lii'lénxiuxesi  qui  (Mil  en  main  les 
sulLniafs,  la  ricliesse,  le  roli(?f  social,  cl  aussi  à 
d  autres  et  plus  réceuls  envalnsseui*s,  les  Chluois. 
C'est  une  race  qui  a  fonte,  courage,  loyauté,  fran- 
rhise,  el  qui  eepond;Hil  eliasse  il  riioninie  avec 
ruse  et  cruauté,  par  une  espèce  de  dogme  reli- 
gieut.  Celles  de  leurs  tribus  qui  coupent  des  lêtes 
le  f(itd  pour  s'assimiler  Icï*  vertus  et  puissances 
des  (nés,  (U  ces  l(H(:s  s(Mit  rlioyécs  liMuIrement  pHir 
[o.  guerrier  qui  les  n  séparées  du  trtHie,  Elles  lui 
cinicilirtit  l'esprit  des  nmrts;  il  y  tient  iiïus  qu'à 
sa  tV)rlune^  aulattt  (ju'à  sa  vie;  c'est  riiénla^e  de 
sa  fiimille.  Heureui  qui  eu  a  vio;^Lqualre,  sa  ca- 
bane est  un  palais!  IU'auron[i  de  ces  ll.naks  man- 
gent l'huninie;  ils  disent  (pie  nus  épaules  sont 
nméres,  noire  cervelle  et  la  pauiue  de  la  main 
douces  de  goùl.  Anthropophagie,  chasse  aux  télés, 
vieilles  coutumes  disparaissent  à  mesure  qoe  les 
Kur(q>éens  remonlcnl  les  rivières  bornéunues. 

Les  Malais,  parfaits  commer(;aiilâ  et  jusqu'à  ces 
dertiiers  temps  excellenis  pirati-s,  méjjrisenl  agri- 
rullnre  et  métiers,  peu  a  [)ihi  devenus  rullire  du 
Cbintus.  A  lîurnéo,  [dus  ipie  dans  toute  autre  terre 
de  Méf;aIonésie,les  <!  tils  du  Milieu  it  ont  place  nelle 
devant  eux  ;  à  [»eme  s'ils  y  snnl  1(M)00*K  mais  îls 
[ieu[dent  déjà  les  districts  de  l'oj",  el  rien  ne  dit  que 
Dornco  ne  deviendra  pas  une  pelile  Chine.  Si  les 
Jaunt's  lie  s'emparent  pas  de  sou  sol,  mi  ne  voit 
trop  quel  peuple  de  l'Orirril,  sauf  les  Javanais, 
pouri-a  en  remuer  les  alluvions» 

Les  i\éderlandais,  dans  la  poi'tlun  de  l'ile  qu'ils 
gouvernent  nu  qui  est  censée  leur  obéir,  n'ont  pas 
gagné  |(*s  Bornê(îns  û  l'usage  de  leur  «  neder- 
duîlsch  )i  ;  les  Aujjïais  non  plus  n'ont  guère  em- 
piété sur  le  malais,  grand  langage  de  Bornéo,  nî 
dans  le  sulîanat  de  Siuawak,  organisé  on  Ktat  ré- 
gulier pai'  Laventurier  James  lîruok.  ni  sur  les 
vastes  terrilr)ires  de  la  Comi)agnie  du  >ord. 

La  Bornéo  des  Hollandais.  —  Bien  n'éfail 
plus  Fueile  â  la  Hollande  ((iie  île  mettre  la  main 
sur  ttuite  l'île,  mais  elle  n'eut  souci  de  le  taire  et 
ne  s'élaldil  que  sur  les  eûtes  regardaiiï  au  sud  Java. 


à  Test  Célèbcs,  à  l'ouest  Sumatra,  et  non  sur  le 
rivage  du  nord-est,  qui  fait  face  aux  l'Iiilippineâ. 
et  sur  celui  du  nord-ouesl,  qui  contemple  la  Co- 
chincliine  et  l'Annam.  S^i  pari  est  très  grande.  Elle 
a  plus  des  deux  lins  de  lï<»rnéo,  puis(|u'on  lui 
reconnaît  52?*9(JtMlO  licctaivs,  soit  l'étendue  de  la 
France,  avec  IJOOOOO  t^  1200000  dmes,  contre 
"liOTtîOlXHI  fieelares  el  600<HMHutnmies  laissés  à 
eux-mêmes  i>u  à  l'Anglais.  A  elle  les  longs  fleuves 
et  les  grandes  vallées;  à  elle,  sur  li»  littoral  d  occi- 
dent, Pontiatiak  ou  la  a  Ville  du  Fanti'ime.  w,  qui 
horde  im  des  br'as  du  delta  du  ka[»onas;  ri,  sur  la 
eiMc  du  sud,  Uauiljermassing.  la  »  Venise  boi^ 
néeime  m,  dans  un  uiarais,  au  boi'd  d'une  rivière 
qui  e(uumuiii(jiie  avec  le  bas  du  iletive  lîarilo. 

La  Bornéo  des  Anglais.  —  La  Grande  Corn- 
[lagiiit'  de  [ilaiitiilions,  mines  el  commerce  derrière 
lat|ui^H(*  se  déguise  l'Angleterre  n  ses  ports,  ses 
postes,  ses  agt'nce:?  dans  le  nord,  à  rorienl  sur  la 
mer  de  Célébes,  au  sejilentridïi  sur  la  mer  des 
.Siulou,  à  l'occident  sur  la  mer  de  Chine.  Elle  ne 
[losséde  ([ue  de  pelits  fU^uves,  mais  sa  leirc  porli? 
la  nmntagite  suprême  ou  censée  telle  do  loule  l'ile 
de  Itoriiéo,  le  Kinî-Iîalou,  Ses  sujets's'adrninislreiit 
de  Sandakan,  bourg  qtr<ui  a  vainenienl  lente  d'ap- 
peler» d'un  nom  de  l'Inde.  Klnp^nn-a  ou  Belle  ville, 
l'unr  défricher,  planter,  fouiller  le  sol,  créer  des 
lichesses,  la  compagnie  du  .\ord  de  Bornéo  coniple 
moins  sur  le  Malais  el  le  Hayak  du  pays  qu(»  sur  le 
Chinois,  lequel  est  essentiellement  riniunue  à  bon 
marché  sur  toute  la  Ilanêle,  et  aussi  le  moins  exi- 
geant des  tî^cheixins  el  des  terrassiers.  Elle  essaie 
dune  d'altij'ei'  Jean  de  Chine  sur  son  domaine  qui, 
s'il  a  moins  d'aiiq)leur  que  celui  des  Hollandais^ 
semble  être  bien  plus  varié,  bien  plus  beau  de  nn- 
ture,  bien  plus  réelletnenl  rielir,  avec  infuiimenl 
moins  lie  terres  mouillées.  La  prise  de  iK)ssession 
par  l'Angleterre  date  en  réalité  de  I8il,  année  où 
rAu;,dais  James  Brof^k  devint  le  rajah  du  pays  de 
Sarawak,  en  l'ésidence  t'i  Saranak  ou  Koutcliing 
(10000  hab.).  Celle  ville  borde  le  fleuve  qui  adonné 
son  nom  au  sultanat,  le  S;u'awak.  jusque-là  navi- 
gable aux  vaisseaux  grAce  à  la  marée. 

Sur  la  côte  nord-ouest  de  celle  «  (irandi^  Terre  t. 
LalKJuan  n'ajoute  à  l'empire  univei*sel  anglais  que 
78UU  hertares,  (iriOU  pei-sonnes,  un  port'  de  coro- 
merce,  une  mine  de  houille. 

1    I.c  mot  mnlûis  Labouan  signitl?  jufloniont  port. 


PHlLirriNESL 


Bade  de  Soalou.  —  Dessin  Je  1.  d«  Biir,  d^p^  um  |ihMii|riplite. 


PHILIPPINES 


Iles  Jolô  ou  Soulou.  —  Au  nord-est  du  littoral 
bomêen,  des  iles  espagnoles,  les  Jolô,  nos  Soulou, 
font  peut  entre  Bornéo  el  les  (Philippines.  On 
leur  suppOM>  100000  «  Jolonnos  *  sur  prt^s  do 
-473900  hectares,  l'île  de  Basilan  comprise. 

Cest  un  montagneux  aivliipel.  Il  se  divise  en 
quatre  sous-aiThi|)els,  qui  sont  les  Tauui-'laoui, 
les  Tapoul,  les  Jolô.  les  Pntigoutaran^.  Avant  si 
récente  conquête  par  les  armes  de  Casiille  el  lA»on 
ses  Malais  musulmans  écumaient  les  mers  de  cel 
Orient  avec  autant  de  généreuse  ardeur  que  jadis 
les  corsaires  d'Alger,  de  Salé,  de  Tunis»  les  eaux  de 
notre  Méditerranée;  ils  pillaient  surtout  les  iles 
Yistiyas,  celles  des  Philippines  dont  le  langage 
ressemble  le  plus  au  leur,  et  ils  y  ravissaient  une 
moyenne  de  5000  capliTs  par  an.  Leur  ville,  dnns 
l'ile  spécialement  nonuuée  Jolô,  êl^iil,  elle  est 
encore,  une  petite  la  Mecipie. 

Les  Philippines  :  excellence  de  cet  archipel. 
bonté  de  ses  maîtres  —  Avec  tes  Philipiunes 
on  s'éloigne  notabLMuent  de  riu|uateur  pour  st> 
rapprocher  du  Tropique  duljinrer,  en  inéni(»lenqïs 
que  du  rivage  méridional  de  Chine  :  de  lt(Kig- 
kong,  port  chinois,  au  rivage  le  plus  rapproché  de 

0.  lUcLM.  La  Tctuu  a  rgc.  d'oisuv. 


Luçon.  I1lc  majeure  des  Philippines,  il  n'y  a  guère 
que  la  dîstanee  de  Marseille  a  Alger. 

âO  a  50  millions  d'heelaros  efreelivement  ou 
noniinalenienl  occupés  par  rit^iiagne  et  7  millions 
d'habitants,  cest  le  lot  do  cetarthipel,  volcanique 
autant  que  Java  et  valant  cette  île  en  opulenee  de 
sol  et  de  climat,  mais  point  en  riehesse  aripiisi*. 

Ses  n)ailres  n'ont  pas  daigné,  comnn*  l'auraient 
fait  des  Anglo-Saxons  ou  des  llis-Allemands.  sai- 
gner à  hianc  la  nature  des  l'Iiihppuies;  les  Espn- 
gnids  de  Manille  ont  surtout  h;)ti  des  églises,  des 
cloiln's,  et  cnlcVhisi'*  les  indigènes.  Il  est  peu  de 
colonies  où  l'on  ail  ver>é  moins  de  sang,  il  n'en 
est  jKis  où  le  peujdt*  sounns  ait  moins  de  haine 
pour  ses  |M>ssesseurs  el  légi<ilateur».  l)éjA  si  favo- 
risés par  un  charmant  climat,  les  hulieiis  des  Phi- 
lippines ne  sont  |>oint  méprisés  par  leurs  maîtres, 
ils  ne  les  détestent  pas  non  plus,  et  l'on  doit  les 
compter  parmi  les  hiMireux  de  la  Terre, 

Ils  roulent  noiiehalammeiit  leurs  jours  i\  l'ondirc 
des  Torélsde  tout  bois  de  construction  et  de  mâture 
qui  ne  cachent  aucun  fauve,  au  pied  des  palmiers, 
au  hont  des  houquels  d'ahaca  ou  chanvre  de  Ma- 
nille, el  des  carrés  de  tabac  valant  relui  de  la  l4)U- 
joui*s  fidèle  Cuba»  qui,  malgré  cet  adjectif  (larlant 

114 


M6 


LA    TERnii;    A    Vol    D'OISEAU. 


d'ï^torniLi^»  »e  1.init?ra  guère  fi  «.Vlinpporî»  rUspagn*'. 
Sur  li*s  i}2  provinces  de  l'an'hipel,  qu'on  se  propose 
di^  réduire  h  18,  Mindanao  mise  à  ptul,  il  "'y  t*n 
a  pas  une  qui  ne  puisse  devenir  lerrc  de  grarïde 
culture,  fjràee  à  l'excellence  du  sol,  aux  six  mois 
de  pluies  de  la  saison  des  u  collas  a  ol  aux  six 
mois  do  soli>il  de  l.i  saison  dos  <i  norlndas  ». 

Les  Philippines  [irirotil  Iouj-  nom  du  roi  qui 
gouvernail  ù  l'Escorial  quand  eu  1^71  l'Kspague 
iiiii  le  pied  sur  cel  archipel  que  Magellan  avail 
dr'C(nivert  ciiiqîiunte  années  aupftr.ivntil.  Ce  navi- 
g.iteur  portugais  au  si-rvice  des  L^sjïîignols,  appelé 
li\  son  vrai  nom  Magalliaes,  avail  abordé  en  1521 
à  Bulunu*  sur  la  f^riuule  ile  de  Miudiumo,  el  peu 
après  il  itioiirail  d'une  flèche,  dans  un  marais  de 
l'Ile  de  Mactam  :  là  il  repose  au  milieu  de  grands 
paléluviers. 

LuçoD,  ses  volcans,  ses  peuples»  ses  lan- 
gues* ses  annexes.  —  Lu(;i>ii,  ou,  à  res[Kigni>le, 
Luzoji,  passa  sous  le  joug  espagnol  [)iiv  la  patience 
des  missionnaires  nuLint  que  par  les  exploits  des 
soldais. 

C'est  une  ile  volcanique  de  If)  a  il  millions 
d'iiei'tares.  très  longue  el  liizarre.  La  hriie  di*  ^l.tiiiKe 
réchaucre  et,  là  même*  le  vaste  lac  de  Bay  l'éduiL 
siagulièreinent  la  lerre  ferme;  puis»  après  un 
renneutout.  Luçon  s'effile  en  un  islfime  étroîL  h 
langue  de  Tayahas,  qui  la  radache  vers  le  sud-est 
à  la  presqu*ile  splendide  de  €amarines  ou  pêuiit- 
stile  des  Vii  ois,  faulrtsliquenn.*td  découpée,  Parjiii 
les  uiiMits  de  l'eu  luçunieus,  le  plus  lauieux,  nu 
sud  de  Manille,  le  Taal  aux  (rois  crnléres,  surgit 
du  lac  de  Bouihon  dont  sort  un  court,  fleuve  eu- 
sablé  :  JKuit  <le  254  mètres  seulement,  il  fui  ter- 
rible, surtout  en  175i,  lorsqu'il  (il  la  nuit  en  plein 
midi  sur  la  ville  capitale,  éloignée  de  75  kilomè- 
tres ;  sa  vi(di4ice  est  amortie,  et  dans  l'un  des  cra- 
lértîs  un  lac  dort.  A  J'esl  du  Taal,  le  sujierbe 
Mahnyhay  (2257*  inèlres)  se  tait  deyiuis  1730.  Dans 
la  terre  des  Vicols.  TYsarog  (ISIjC  mèlres)  un  pas 
grondé  defjuis  qu'où  lobserve;  TYriga  (121*2  mè- 
tres) commande  le  ravissant  lac  de  lluhi,  né,  dit- 
on,  le  4  janvier  1611,  dans  une  éruption  qui  lit 
crouler  un  des  côtés  du  cratère;  le  Mayon  (257i 
mètres)  ou  volcan  d'Albay,  magniAquerueul  régu- 
lier, s'exaspère  souvent;  le  Uulusan  resseitible  au 
Vésuve. 

Dans  les  campagnes  du  centre  de  Luçon,  si  fé- 
condes que  les  o  pueblos  »  de  10  000  à  200(10  ha- 
bitants y  foisonnent,  le  peuple  donïinant  est  le 
peujtle  tagale,  tandis  que  les  Vicols  régnent  dans 


ta  majrure  |»arlie  de  la  péninsule  de  flamarines  et  I 
que  toutes  sortes  de  pelils  peuples  vivent  dans  te  i 
nord  et  le  centre  du    grand   Imnçon   de    l'ilc   : 
llocanos    envahissants,    rnmji^mgos    belliqueux, 
Igorrotes   monticolcs,    païens   vaillants,    durs  au 
mal,  quoa   dit  veinés  de  sang  chinois,  Pangasi- 
tians,  Ifugaos  ciiasseui*s  de  léles,  non  convertis  h 
\\   foi    romaini',    Ibauags,   aujounrhui   chrétiens, 
qui  lutlérenl  bravement  pour  leur  indépendance; 
et, dans  les  lieux  les  plus  élevés,  les  plus  reculés, 
des  >'êgri(os  on  Aëlas,  sauvages  autot'htones  qui, 
leur  nom  espagnol  le  dit,  sont  de  petits  Nègres, 
des  hommes  lippus,  aux  cheveux  laineux,  au  nez  ] 
écrasé  :  ils  ne  furent  pas  sans  influence  sur  la  for- 
m;ilion  de  la  race  lagale,  car  on    doit  admellnî 
t]ue   le  [ïcuple  prépondérant  de  Luçun   tire  son  | 
origine  du  mélange  des  indigènes  avec  les  Musul- 
mans  qui   eu\alitrt'ut    raii-liipel  il   y  a    déjà  dix 
siècles.  On  ne  trouve  pas  seulement  les  Négritos  i 
dans  Luçon,  il  y  en  a  dans  Mindanao,  dans  Négros, 
qui  en  tire  son  nom.  dans  d'autres  îles  :   en  tout 
do  2Û(»0U  à  25  000. 

Les  Tagales  ou  Tagalocs,  tels  que  façonnés  par  j 
les*  missionnaires  d'Kspagne,  sont  une  race  débon- 
naire, aimable,    innffeiisive;  l'agilité  plus  que  la  | 
force  les  distingue;  paurlant  la  vigueur  ne  manque  | 
[ms  à  leur  corps  souple  el  bien   pris.  Ainsi  que 
beaucoup  de  peuples  orientaux,   ils  endurent   le 
mal  avec  ténacité,  pres<iue  avec  iruiifférence,  etj 
regardetil  la  mort  en  face.  Pour  leurs  maîtres  ilsj 
se  battent  avec  héroïsme,  mais  ils  Iravuillent  sans 
éui'rgie  :  race  [lassive,  mâchant  le  bétel,  mangeant  ^ 
le  riz,  passionnée  pour  le  théâtre,  les  combats  de  | 
<:oi[s,   le   clianL  la  datise,  les  plaisirs.  Ayant  «'hcz 
eux  Marïille,  caravansérail  de  Lu<;on,  ils  ont  subi 
[dus  de  croisements  que  la  plupart  des  autres  «  Fili- 
[tinos  i)  et,  parait-il,  s'écartent  [dus  du  type  malais  i 
que,  par  exeni[)]e,  les  \isayas.  Leur  lagaloc  gagne 
au  nord  sur   les  divers  idiomes,  à  Test    sur   les 
Vicols;  depuis  qtie   les   Esjiagnols    sont  là,   celle 
lanji^ue  a  dénationalisé  l'ouest  du  Camarines  et  les 
lies  Hlindoro,  Marinduque,  Potillo.  1500  000  hom- 
mes la  parlent.  Elle  est  abondante  et  surabondante 
en  particules,  en  atTixes  modificateurs  du  sens  des  I 
verbes  jusqu'à  îles  nuances  très  fines;  coïuparée 
au   malais,   beaucoup  moins  muni   de    ptU'ticulcs 
V  altéiantes  ir,  c'est  un  idiome  diflicilc.  Le  tigaloc  , 
avait  un  al|ihabe(  qu'on  a  déserté  pour  les  lettres 
latines;  à  part  quelques  chansons  plus  ou  moins 
obscènes,    des  clianls   runéraiiH.^s,    des    bribes  et  | 
landjeaux,  sa  littéralure  est  vide,  nulle»  avec  pla- 
titudes imitées  de  l'espagnol. 


PHILII'PiNES. 


907 


Les  400  000  Vicols  orriipont  la  pliisgnndo  pari 
di*  la  presqu'île  de  Camarines  et  diverses  (les  lit- 
torales. Nation  calme,  obéissante,  qui  ne  vaut  pas 
les  Tugnies  en  force,  fier(ê,  courage,  ils  ont  pi*esque 
lous  adopté  depuis  lon^s^lemps  le  Dieu  pn>ch6  par 
les  missionnaires,  et  rEspajL,'nc  a  peu  de  sujets 
aussi  soumis.  Malais,  ils  parlant  un  dialccle  ma- 
lais fort  rapprocht^  du  t^igalœ. 


On  ignore  le  nombre  exact  des  Chinois  dans 
Luçon  ;  Manille  en  a  plus  de  ^0  (HtO  et  les  Pliilip- 
pines  entières  une  cinquantaine  de  mille  pentnMre. 
Le  Filipino  ne  les  aime  point,  |»areo  qii  ils  jar- 
dinent, cultivent  et  pâchent  mieux  que  lui;  le 
Ijlaiic  les  liait  parce  qu'ils  trouvent  richesse  là 
où  rKuro[K'eii,  moins  patient,  moins  sobre,  ne 
rencontre  que  misère  ou  médiocrit*.^  Les  Espa- 


Lc  iUwii,  vu  U^  U  UiM  Itcal  d'Alliajf.  -  l>e»&iii  d«  A.  tlo  Olr,a'»prte  uuc ptu>to(n|) tue. 


^ols  ont  longtemps  essayé  de  les  éloigner  par  de^ 
capitalions,  des  imp<\ts  plus  que  rigoureux,  des 
droits  d«'  patente  exorhihiiils  Les  Sangirvs,  comme 
on  nomme  iri  les  t'.liinuis.  oril  été  «pinlre  ou  rinq 
fois  égorgés,  pendus,  assommés  par  niillitirs;  cv 
qui  (V'happail  au  eouti'MU.  :i  Li  r*urd«-.  au  bâton, 
allait  se  pi'rdre  en  mer  ou  mourir  dans  les  bois, 
et  quand  fiar  hasard  on  ne  le^  tuait  pas,  on  les 
exilait  en  bloc.  Mais  toujours  les  exilés  sont  reve- 
nus, les  morts  ont  été  remplacés,  et,  de  nouveau. 


Indiens  et  Blancs  ont  vu  laisance  entrer  dans  la 
cabane  du  jardinier,  du  pécheur,  de  l'ouvrier  san* 
kIcv,  la  fortune  s'asseoir  au  bureau  du  conmn»r- 
eanl.  au  rouiptoir  du  banquier  l'hinois.  Et  peu  ù 
|»eu,  de  l'allinnce  de  n>s  élrangei*s  aliliorré»  avec 
l»*s  fernirh>s  tii^^alcs  qui  se  laissent  ^a^'rjer  pur  eux, 
naît  une  Kraiide  raee  de  métis,  les  Meslizos  clii- 
nos  ou  Mestizoâ  de  Sangley*.  déj^  forte  de  plus 
de  200000  personnes  (7). 

1    KigtiuifUïcfiK'iK,  to5  Ur^lizo»  de  San^Mf'y  on  Saittclevel 


908 


LA    TKnHE    A    VOL    lïOISEAU. 


Enrnrc  peu  nombrenx  sdnl  (es  Dl.incs.  prosqui- 
lous  Oiislillaiis,  ci  ptMit-èlre  y  a-l-il  tloui  fois  moins 
d(î  CRntIcs  (jiii'  do  illùiiois  dnns  lt*ul  rnrcliijK.'l- 
on  peut  supposer  qu'ils  sont  dix  milliLM*s  dans  L 


seulo  Manille.  L'espagnol  s'empare  lentrmeni  des 

êcolf's.  du  l'onimorre,  iiiîiis  n'est  enrorc  vraiment 
rôp;indu  qu'auprès  de  la  rapilnle,  dans  les  provinres 
de  Miïnillc  et  de  Cavilc.  A  lui  l'avenir  sans  doute. 


lijuii  l'ile  do  tufuu.  —  l>o>m  uu  Liiiceioi. 


Tous  ces  êlrmeuls  chrétiens  ou  païens,  ces 
T.igalocs,  ces  Yicult?,  eps  Chinois  cl  Sauf^leyes,  ces 
Ohmes  et  Créales,  Il's  soumis  ol  Jus  indisciplinés, 
fout  3000000  hwmiues,  iles  annexes  comi»rises. 

soiit  les  hybrides  issus  Ju  mariage  léîfsl  du  Cliinoin  aver  In 
fcrnim^,  tmlitr^ne;  Ic$  métis  sortiit  des  uniorisi  illéifales  sont 
beaucoup  j  \\Xi  iiuiiibruu.\  que  les  SaiiglefeA  |)roj>remeiit  diL5. 


Parmi  ces  lies  dépendantes,  les. principales  sont  : 

(nul  iiu  nord,  les  volcaniques  Fl{d)uyttnes;  —  h  Test. 
IVilillo  (7(iOU0  hectares),  qui  parle  tapaïoc;  h 
IVirient  de  In  péninsule  de  Caniarines,  Catandaiiies 
(l()'2  000  hectares),  qui  parle  viçol  ;  —  au  sud, 
Miiidoro  ([tSoOOO  Iiectires),  qui  de  plus  en  plus 
se  ta^'atiso;  —  Muiiuduquc  (74500  hectares),  qui 


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LA  TERRE  A  VOL  D'OISEAU. 


se  tagalise  aussi;  —  Burins  ot  TicaOt  qui  ont  le 
vicol  pour  langue;  —  Mnsba te  (330000  hectares), 
vicole  au  iiord^  yiaaya  au  sud. 

Iles  des  Visayas.  —  Mnliiis  comme  le  snnt  les 
Tagjiiôcs  et  les  ViouJs,  avec  un  dialecle  très  proche 
parent,  les  Yisnyas,  hien  plus  nombreux  que  les 
uns  el  les  autres  ensemble,  atteignent  2  400000 
persannes. 

Ils  vivent  dans  des  îles  magnifitiues,  aire  de  ô  à 
7  milliims  dlierlîiri's»  sariti  roinpler  ce  qu'ils  pos- 
sèdent sur  le  littoral  orienlal  et  septentrional  de 
Miridanao,  où  ils  sont  un  notable  «élément.  Chré- 
tiens polices  sur  le  rivage,  «  infidèles  h  dans  la 
montagne,  «  purs  »  s'il  en  est  de  n  purs  h  ou 
môles  de  sangs  divers,  notamment  de  sangnêgrito, 
les  Visayas  possèdent  en  propre  :  le  midi  de  Mas- 
bale; — Samar,  île  de  12^2  000  Jiectares  et  de 
200  000  i^nies.  qu'un  détroit  sans  largeur  sépare 
de  Leyte,  grande  de  703  700  lu?clures  el  peuplée 
de  250000  personnes;  —  Bohol  C29fiO0O  hec- 
tares; et  avec  Siipiijor»  ^2.^  000  hnliiïanis),  qui 
n'qst  pas  volcanique;  —  Cebou,  qui  parle,  dit-on, 
le  meilleur  visaya;  celte  île  très  longue,  Irès 
étroite,  iriHiiiment  gracieuse,  est  comme  Rnliol  :  elle 
n'eut  jamais  de  cratères,  elle  n*a  ni  basaltes  ni 
laves;  près  de  4u0  00Û  hommes  y  jouissent  de  la 
vie  sur  550000  hectares; —NY'gros  (866  000  hec- 
tares), avec  un  mont  de  "2500  mètres,  le  Males[>iiia. 
seul  volcan  vivant  des  Vïsavas;  sur  ses  200  000 
Jiomnies  h  peine  s'il  y  a  10  000  de  ces  Nègritos 
doni  elle  tire  son  nom;  —  Panay,  1res  peuplée, 
puisqu'elle  a  800  000  ûmes  sur  1  183000  hecta- 
res;—Tablas  (7Û0Û0  heclares),  Hombhm  et  Si- 
buyan,  <iui  ont  ensemble  55  000  persomies  sur 
133800  hectares;  —  la  Parâgua  (ou  Palaouan). 
fort  étroite,  mais  longue  de  près  de  -iàO  kihunè- 
Ires  el  vasie  de  1406  500  hectares;  elle  porte 
un  muni  de  2086  mètres  :  longtemps  négligée  par 
l'Espagne»  encore  peu  connue,  peu  conquise,  c'est 
une  des  plus  belles  terres  du  bel  archipel  espa- 
gnol qui  vaut  plusieurs  îles  de  (luba;  —  enfin» 
au  nord  de  la  Pan^guu,  sur  la  roule  de  Mindoro, 
rarclupcl  iles  Catamianes. 

MindanaO'  —  *j  er^l  une  fie  superbe,  Tune  des 
plus  vastes  de  la  Mègalonésie,  avrc  près  de  10  ntit- 


lions  d'hectares,  mais  l'Espagnol  n'a  pas  encore 
pu  ou  voulu  la  réduire  tout  entière  A  sa  loi.  h  sa 
foi;  il  n'y  possède  réellement  que  des  lambeaux 
de  côtes;  tout  le  reste,  insoumis,  apprlient  h  des 
hibtis  monticoles,  qui  sont  en  général  païennes, 
el  à  des  «  Moros  »,  suivant  l'expression  castillane, 
autrement  dit  à  des  Musulmans,  Malais  pirates 
auxquels  In  prise  de  possession  des  ilesJolô  a  cassé 
bras  et  jambes.  La  Miiidanno  chrétienne  et  «  la- 
tine i>  se  borne  h  quelques  forts  el  pueblos  de  la 
province  de  Surigau,  (|ui  occupe  la  pninle  nord 
de  nie,  el  à  la  province  de  Zamboanga,  terme  de 
la  grande  presqu'île  occidenlale  qui  est  h  Mindanao 
ce  que  la  grande  presqu'île  orientale  des  Vîcols  est 
a   Luçon. 

Ce  très  peu  d'Espagnols  avec  les  Tagalocs  qui  les 
ont  suivis,  les  Visayas  du  littoral  Nord  el  du  lit- 
toral Fst,  les  Malais  des  divers  sultanats,  les  Iribus 
de  l'intérieur,  les  Négrilus  autochtones  refoulés 
au  plus  profond  du  bois,  nu  plus  reculé  du  mont, 
ou  estime  tout  ce  peuple  à  600  000  personnes 
seulement,  qui  [larfois  voient  fumer  lescinies,  car 
Mindanao  la  volcanique  est  le  socle  d'au  moins  trois 
volcans  non  glacés  par  l'ftg^.  L'Apo  (01-45  mètres), 
qu'on  croit  le  plus  haut  des  pics  de  Tile,  domine 
le  golle  de  Uavao,  magnifique  indentalion  du  lit- 
toral méridional. 

Parmi  sesamiexes,  Duiagat  (107  000  lieclares)  et 
Siargao,  toutes  deux  visayas,  s'élèvent  en  avant  de 
la  pointe  septentrionale  de  Mindanao,  et  Basilan 
(ou  Isabella)  devant  ta  pointe  méridionale,  sur  la 
roule  de  Zamboanga  aux  îles  Jolù.  Iksilan  (128300 
hectares),  monlueuse  comme  toute  Philippine. 
a[*par(ieul  h  des  Malais,  pirates  ù  jamais  troublés 
dans  leur  induslrie. 

Manille  (150  000  hab.)  commande  A  Luçon.  en 
mémo  ten)ps  qu'à  tout  l'archipcL  Elle  borde  la 
grande  baie  de  Manille,  (|ui  a  150  kilomètres  de 
rivage,  ii  l'embouchure  du  Pasig,  rivière  issue  du 
lac  de  Day.  Sur  une  rive  s'élève  la  Manille  oITiciellc 
et  guerrière,  place  murée;  sur  l'autre  rive,  des 
faubourgs  commerçants,  dont  le  plus  chinois,  en 
d'autres  termes  le  plus  actif,  se  nomme  Binondo. 
Comme  la  Havane,  Manille  est  une  «  mère  des  ci- 
gares». Les  (remhlemi'uls  de  terres  de  1796,  1821, 
f  K55,  1863,  1882,  VànX  fort  niallrailêe. 


^■ta 


MlCltONÉSIK. 


Oit 


Véranda  d'une  case  mahise.  —  Dessin  de  Dosso,  d*aprés  ua  croquis. 


MÉGALONÉSIE 


Les  plus  belles  des  Iles.  —  (>n  [w^ul  rpganier 
la  NouvtUle-Guini'o  coniine  une  siinpU»  i»niu'xo  de 
l'Australie:  ou  peut  aussi  la  considérer  cumme  lu 
terre  la  plus  orientale  et  en  même  temps  la  plus 
vaste  de  la  Mégalonésie. 

De  l'Australie  à  rirido-Giine,  à  la  Chine»  des 
lies  sont  h  l'ancre  sur  une  mer  êquatoriule,  grandes, 
splendides,  récri(|ues,  avec,  un  corlège  d*lles  moin- 
dres, et  non  rnoîns  magiques. 

11  y  a  là  tout  uu  monde  animé,  vivifié,  tempéré 
par  rOcéan. 

Ua  |ieut  rap[ieler  Mêgalonésie  ou  Grandes  Iles, 
par  opposition  h  la  Mirronésïe  ou  Petites  lies  {per- 
dues entre  l'Auslralie  et  les  deux  Amériques  sur 


l'immensité  des  mers  du  Sud  :  à  son  tour,  cette 

Micronésie  se  divise  d'habitude  en  Micronésic 
propre,  Mèlanésie,  Polynésie.  ^ 

Ici  nominalement,  là  de  fait,  l'Europe  domine 
en  Mêgalonésie.  L*Espa.^ne  a  les  Phili[>pines.  l'An- 
gleterre se  glisse  au  nord  de  Bornéo,  le  l'urlugîil 
a  conservé  quelque  territoire  h  Timor.  A  tout  le 
reste  commande  le  Néderlandais  :  du  délivil  de 
Malacca  jusqu'à  lu  Nouvelle-Guinée  ses  îles  sont 
rangées  comme  une  escadre. 

Sumatra,  Java,  les  Iles  de  la  Sonde,  Bornéo, 
Célébes,  les  M<duipti>s  e^t.  au  nord,  les  Philippines, 
il  se  peut  que  les  île»  de  la  ftlégalonéïiie  aient  jadis 
réuni  les  deux  continents  entre  lesquels,  brillaiilea 


913 


LA   TERRE  A  VOL    D^OISF.ÂU. 


PETITE  MICUONÉSIE 


Les  Iles  Miaimes,  leurs  charmants  insu- 
laires. —  Les  arcliijK'ls  rnirmiiésit'iis  ru»  sont  '|UP 
niadivpons  avoir  la^juii*^  ronîralc.  Ils  lu^  rouviviil 
pas  la  «]inn-niilliêiin?  \mr\'w  di»  It^ur  hht,  rjui  a 
vingt-cinq  fois  Valvei  de  la  France.  C'est  entre  It'S 
îles  Polynésiennes,  les  îles  des  ^"^g•res»  les  Philip- 
pines et  le  Japon  qu'ils  émergenl  du  Grami  Oeêan 
Paciliiiue. 

Pi'lil  ]îays,  petite  nature.  Les  plantes  ne  sont  pas 
variét's  sur  ces  îh's,  les  aaiinaux  rjon  jilus,  et  ïnn 
n'y  voit  aucunu  livle  [luissonle  ou  splendide. 

LesOSOOaf?)  habitants  des  600  îles  do  la  Micro- 
nésie,  lesquelles  ne  font  ensemble  que  5oi0û0 
liectrti't's,  sonl  les  plus  aimabl*?s  des  insulaires. 
Aussi  loin  de  Pimpudeur  de  Tuili  que  du  canni- 
balisme des  Néo-Zélandais  et  des  Fidjiens,  ils  onl 
frappé  pîïr  rexcellenee  île  U'iir  naliii'e  les  nns- 
sionnaires  eux-mêmes, toujours enelins  à  dêt:ouvi-ir 
riiez  les  hommes  ce  qu'ils  appellent  les  mistVaiiles 
suites  du  pêche  originel. 

Ils  sont  très  fms  cl  très  bien  faits  plulôl  que 
^arids  et  robustes.  Trt^s  semblables  aux  Polyné- 
siens, avec  les(piels  ils  se  sont  mêlés  dans  leurs 
archipels  du  sud-eïsl,  ils  ont  une  barbe  longue» 
mais  peu  fournie,  de  beaux  elieveux  noirs,  et 
l'on  rencontre  chez  eux  de  très  nobles  visages, 
ils  se  laliuu'nt. 

La  mer  ne  leur  fait  pas  peur.  Dans  leurs  iles  si 
petites  ils  vivent  face  à  face  avec  l'Océan  et  se 
fjiniiliaiisent  dès  leurs  jeunes  ans  avec  sa  colère  : 
aussi  manœuvrent-ils  leurs  pirogues  avec  une 
audace,  un  coup  d'œiL  une  sûreté  extraordinaires. 

Leurs  idiiiirirs,  influencés  jvar  le  [toljnésien  dans 
les  arctiipels  orienlaux,  ont  moins  de  mo|]<^sse 
que  les  dialectes  de  ce  dernier  langage  et  ne 
inau(|uent  pas  comme  lui  de  consonnes  dures  et 
sifilanles. 

Les  missionnaires  ont  converti  beaucoup  de  Mi- 
cronésiens,  soit  au  calliolicisnie,  soit  à  diverses 
sectes  protestantes. 

Marîannes.  —  Les  Espagnols,  qui  règ^nenl  ici 
depuis  lôflG,  ont  oiïicifllement  raltactïé  cet  ar- 
chipel à  leurs  Pliilippincs.  comme  55"  province. 


Peu  connues  sous  leur  nutre  nom  d'Iles  des  Lar- 
rons» elles  s'alignent  du  sud  au  nord,  a  peu  près  à 
mi-nnite  entre  .\onveilt'-(ltiinée  et  Japon,  sur  une 
di/.aine  de  degrés,  du  10'"  au  'itK.  Elles  n'ont  pour- 
tant, toutes  ensemble,  que  114000  hectfln»s,  avec 
((uelque  10000  habitants,  vivant  presque  tous  dans 
l'ile  majeure,  Guajarn,  laquelle  est  volcaniquenieul 
montag-neusc,  comme  les  auti^s. 

(Juiuul  Mafïellan  découvrit  ces  terres,  on  Id2l, 
on  prétend  qu'idlcs  portaient  100  000  insulaires, 
d'autres  disent  5000U  ou  moins.  La  race  ao 
luelle  descend  de  ce  qui  survécut  et  se  mélangea» 
saild'Esp;ignols  vtnms  un  par  un  des  Philippinea 
et  du  Mexique,  soit  et  surtout  de  Tagaiocs  arrivés 
do  Luc ou. 

Le  gouverneur  habite  Agana,  dans  Guajam* 


Carolînes  et  Falaos.  —  Les  Carniinos,  espa- 
gnoles depuis  1755,  sonl  si  dairseuiétis  qu'il  y  a 
2870  kilomètres  entre  la  première  à  l'ouest  cl  la 
dernière  à  l'est,  du  h"  au  lO-^  degré  de  lalilude 
nord;  elïoulcelane  fait  que  1  ioOOO  hectares, avec 
513000  hotumes,  Palaos  comprises,  sur  àOO  iles  ou 
ilôts,  dans  un  admirable  climat  toujours  égal,  tant 
la  terre  est  fK^lite  i(n,  tant  la  mer  bénigne  est 
glande,  qui  verse  vu  toute  saison  sur  ces  minus- 
cules archipels  abondance  et  surabondance  de 
pluie  tiède  ou  chaude. 

Les  Gaiolines,  parmi  lesquelles  58  seulement  ne 
sont  pas  tout  à  fait  des  îlots,  ont  deux  sortes  de 
nature.  Les  imos  sont  montagneuses,  pleines  de 
ruisseaux,  luxuiianles,  pirées  d'admirables  fou- 
gères ;  les  autres  basses,  plates,  sèches,  corail  «ride 
avec  arhr**s  sans  opulence  tiètris  par  le  snnflîe 
salé  des  mers.  Trois  seul(*ment  onl  quehjue  hau- 
teur :  la  toute  gracitîuse  Oualan  (»u  Kousai,  qui  est 
une  petite  nuM'veille;  lïouk  ou  Trouk  ou  flogolou. 
t]ui  renfernu»  à  elle  seule  une  moitié  des  Carolinos 
(d'autres  disent  nu  tiers);  Ponapi,  la  plus  grande 
parmi  les  TjOO  :  elle  n'a  pourtant  que  '20  kilomètres 
de  travers;  un  mont  s'y  élance  h  908  mèlxes. 

Cette  Potnipi  on  Ascension  (6000  hab.)  est  une 
des  terres  caroliniennea  où  le  protestijntisme  ap- 


011 


LA    TEUFIE    A    VOL    D'OISEAD 


porté  par  des  mtssionn.'ûroa  woslcyriis  a  lo  moins 
dùtruil  Tanliqui»  urigiimlili»  fit)  jn'ïjplc  ;  iL'a  niis- 
sionnnîresd'un  i\utro  oi'ilrr,  prolV's  iMï  tiMit  \tvi\  U'S 
jiôcluMirs  dn  linleine,  y  onl  aidé  It's  rnvi'ivnds  datis 
l'œuvre  de  l;i  iiropaj^^Uioii  d*i  rîin*çUiis,  qui  est 
assez  rùpaiulu  à  Toiinpi,  non  inoîtis  que  dans  la 
plupart  de  ces  îles. 

Lue  des  Caruliiies  basses,  Ya[»  ou  Gitunp,  qui  n'a 
plus  que  ^20(10  àuit's,  fui  beiiucuup  plus  rîrlie  en 
hujuïiu's  quand  un  n'y  connaissait  pas  encore  lus 
DIaiies.  De  nii^rru*  Poiiapi,  uù  \ivnient,  dit-on,  il  y  a 
MPiilenuMil  (renir  iuis,  plus  de  ir>000  personnes;  ili* 
luènie  eneore  K^jusîiï,  qui  a  des  ruines  eyelojK''eji 
nés,  murs  basnllîtjues  de  5  à  6  mèlri's  d'ùpaisseur 
lértKMguant  ([u'une  race  |>lus  ênergitpU!,  plus  ha- 
bile, plus  nonibieusL'  fit  srjwur  «latis  li's  C.imlincs, 
sporades  où  S(î  sont  éviiletinuent  reneonln's  di^s 
Polynésiens,  des  Malais,  des  Jaunes,  et  sans  doute 
des  Papous.  —  De  ces  éléments  s'esl  fait  iiu  iieujde 
gracieux  où  la  beauté  n'est  rare  ni  cliez  LfiomuH- 
ni  clu'z  la  femme,        , 

Ij'ri  l*.diii»s  se  lèvent  à  Touesl  desCaroliui/s,  sur  le 
theuiin  d(»  Mindnrwin.  10  000  honunrs  y  diNiieurenl, 
petit  peuple  apat[ii(|ue  et  découragé,  seul  reste  de 
40000  ou  TïO  000  insulaires  heureux,  gais,  éveil- 
lés, ingénieux  et  industrieux.  C'esl  dejïuis  qu'ils 
voieJil  des  Européeris'^  qu'ils  s'aban<lonnenl  et 
meurent  :  pourtant  l'Europe  ne  les  a  point  extor- 
qués, ni  foulés,  ni  t^onlaniinés. 


Iles  Marshall.  —  Au  nord  et  au  sud  du  U)"  de- 
gré, les  madréporiques  Marshall,  devenues  alle- 
mandes, se  divisent  on  lies  lïalik  (à  l'ouest),  et 
en  îles  Batak  (à  l'est).  Au  nombre  de  vingt-huit 
à  trente,  sans  y  compter  les  infinitésimales, 
peut-être  fitul-rlli's  un  «  empire  i>  singîdîère- 
ment  éparpillé  de  41  000  hectares,  avec  moins 
de  13  000  habitants,  où  les  phmleurs  anglais 
de  flueensland  et  des  Fidji  reerulriil  des  travail- 
leurs a  libres  ».  Ce  va-el-vien(  d'engagés  dont  un 
priit  nombre  relournenl  au  pays  après  l'expiration 
de  leur  roiitriit,  et  l'apostolat  des  itûssionnatres 
protestants  ont  ïqqiris  la  laui^ue  anglaise  à  nondu'c 
de  ces  insulaires;  ils  y  onl  surtout  aboli  des  idées, 
des  manières  d'être,  des  eoutuiries,  des  etpstumes, 
des  oi'iienienls,  et  lue  l'Inonme  en  r^urlque  4'liose. 
car  rimmanilé  sortira  mutilée  du  grand  oiuvre  de 
la  n  eivilisatinn  ». 

Jalouit  est  un  des  maîtres  atolls  des  Marshall, 


iifttll  si  vaste  que  du  milieu  l'on  voit  mal  le  ri- 
deau de  palmiers  ifes  U(\  îlots  ipii  fdid  son  en- 
ceinte lOtH)  hommes,  ou  peut-être  500  seulement, 
ont  leurs  cabanes  sur  ces  56  levées  de  corail. 


Iles  Gilbert  ou  Kingsraill.  —  L'Equateur  coupe 
eel  archipel  de  dix-huit  lies  basses»  atnlls  étii-ts 
sui"  un  espace  de  8,'tO  kilomètres  et  n'ayanl  ce- 
pendant loua  ensendjle  que  4:2  8oO  hectares,  duut 
4000  pour  le  plus  grand.  Étant  de  comil,  elles 
ne  sont  piiinl  fécondes,  faute  d'eau,  faule  de  sol, 
et  s'il  y  poussait  des  grains,  le  rat.  qui  Joisonne, 
les  dévoivrait.  Mais  il  y  régne  un  (hmx  el  sainbre 
climat  régi  par  le  vent  de  mer,  el  55  000  houunes 
au  moins  y  vivent  près  des  pandanus  el  des  co- 
cotiers, à  l'ourlet  de  la  mer,  qui  les  sépare  et 
qui  tes  unil;  ils  proviennent  de  l'union  de  La- 
roliriiens  el  de  Polynésiennes  des  Samoa.  Tépou- 
léjiéoua,  aussi  nommée  Prummond,  a  même  7500 
habitants  sur  2o00  heclares,  soit  500  par  kilo- 
mètre carré,  ou  quatre  fnis  la  densité  de  la  popu- 
laliim'  de  France.  Tous  pêcheurs  très  liabiles  à 
faire  leurs  pirogues,  ils  ont  leurs  petites  dt»mcures 
eu  de  grands  villages,  derrière  les  hangars  à  ca- 
nots, à  l'ombre  des  arbres  qui  leur  donnent  l'huile 
de  coco,  qu'ils  vendent,  et  lu  kamka,  dont  ils 
s'enivreuL  Iles  n  hôlels  de  ville  «  dominent  leui*s 
assemblées  de  cases,  maisons  communes  et  cham- 
bres de  conseil  merveilleusement  agencées,  puis- 
(pie  telle  d'entre  elles,  sur  File  de  Itouritari,  a 
KO  mètres  de  long  sur  [dus  de  50  de  large  :  or 
ces  hommes  de  la  nature  ne  dis[iosent  ni  du  fer 
ni  des  clous,  el  c'est  avec  la  libre  du  palmier  à  coco 
qu'ils  lient  ces  vastes  édiiices. 

Les  missionnaires  anglais  prêchent  et  catèclusenl 
dans  les  Gilbert,  devenues  anglaises.  Les  recru- 
teui's  d'engagés  y  \iemienl  des  lies  Fidji,  des  Sa- 
moa, de  l'australienne  Quecnsland,  et  aussi,  mais 
rjHvmont,  de  Taïli  cl  de  la  Nouvellc-t^alédonic.  En 
contractant  cette  espèce  d'esclavage,  les  insulaires 
échappent  aux  guerres  civiles,  aux  égorgements.  à 
la  tyrannie  des  forts. 

Iles  Ellice.  —  Purs  madrépores,  les  huit  Ellic<?, 
grandes  ensendvlfi  de  .'700  hectares,  sont  répan- 
ilues  sur  tes  Ilots  à  rpu^bpu's  degrés  au  tn\n\  des 
Fidji,  dn  tl>'  nu  15'  de  latitude  australe.  11  n'y  a 
là  que  *250l>  hommes,  dont  HïOO  à  >'anoméa,  sous 
la  souveraineté  de  l'Auglclerre. 


Mf:LANK&lK 


915 


Paysage  aux  Nouvellcs-Bëbrides.  —^Dessin  de  Meiplèt. 


MÉLANÉSIE 


La  grande  lerro  t\o  M^lnnAsie,  le  plus  vaste  asile 
{|»»s  pjipoiis,  r'esl  la  Noiïvi'ïli'-liuinêe,  que  le  voisi- 
nage rallaclie  à  l'Aiihlraiie,  mais  que  sa  tJJIIe 
vi\n\;o  en  Mégalottêsie. 

!'j]  di'Inn-s  de  la  >*otivel!e'(iiiim'*o  el  dt^  rarohi|iel 
lie  Ijisniarck,  los  .s|)nratlL's  eleyclades  un'-lauesieujies 
se  noinmenl  Iles  Saloinoii,  Iles  Sainte-Croix,  Nou- 
velles-IU'hrides,  NouYelle-Calêdonie,  îles  Fidji, 


Iles  SalomoD.  —  Kiii's  prolongent  au  sud-est 
l'Ile  (lu  .\onvnui-Mcrkk'in!)i)urj:,  ta  i^ecoiide  en 
f^randeur  de  lairhipel  llisinarck,  à  peu  pivs  eiiln' 
les  5*  et  12"  de  latitude  sud  ;  toutes  sont  monta- 
gneuses, d'origine  volconiqui',  anu*  onlonr  do  ma- 
drépores, et  s'alignonl  coairne  ijuit,  du  iiitnl-oucsl 
au  sud-est  : 

Hou^rainville  porte  le  nom  du  <rrand  navigateur 
qui  a  le  plus  lail  pour  l'cxploraliou  de  ce  recoin 


des  mers;  son  mon)  Ualhi  Irôno  en  gloiro  A  5100 
riit'Ires;  —  f.lïoiseul  est  ainsi  appelée  d'un  eonlem- 
poraiu  de  Itou^MÏu ville,  d*un  ministre  ardent, 
reriuianl.  patriote,  qui  voulut  coloniser,  mais  ne 
II*  [uiL  la  Kraih'e  l'I.iiiI  ;i|ors  ciuhrque,  el  ne  le  sut, 
ear  ou  ignorait  les  lois  des  t'Iimiits  eu  oe  teuq>s 
de  pliilostfpliie  el  de  cosnjopolilisme;  —  dans  \si\- 
W\\*\  II'  Mare^rifl  (I  IHÎ)  mrlres)  domine  di's  r<irèls 
pi'ofoudes;  —  Malaîta  cuviriuiiie  un  mont  di'  ITtO^ 
mêlix's;  —  A  Guadaleauar.  un  pic  s'élance  h  21 W) 
irtMres;  —  San-*']irisli>val  s'a|)[ie[le  aussi  Baouro. 
—  En  tout  -l^'JOliOO  litMMiMvs.  avee.  p.'Ut-**tre 
i7M>f)0  Papous,  liouHues  de  force  et  d'agilité» 
«rune  vue  perdante  et  d'un  odorat  canin,  qui  sont 
d'admirables  conductoui's  de  pirogues,  de  liv» 
gnmds  amis  du  latouiige  el  des  os  ou  des  anneaux 
passés  dans  la  cloison  du  ne/  et  dans  le  gras  de 
l'oreille. 


310 


LA    TKRFir    A    VOL    D'OISEAU. 


L'AIlemngno  a  mis  sou  prolpcloral  sur  In  [iIua 
grande  moitié  de  ces  îles,  dans  k»  nord  do  Tôgro- 
nt'tïHMil,  siii*  H*)UL';iinvilli\  riioisoid,  Isalwlli'.  etc.  : 
soit  sur  -'2-2:»  IKIU  lierhnvs  *'l  K9  IKMI  hoiunirs. 


Iles  Sainte-Croix.  —  Aurîun'  dV>!lps  n'est 
grande  :  pas  ui^nm  Sainle-tjoix  (nrlUTueiit.  Ni- 
letuli).  qui  donne  son  noiii  h  ces  sporades;  pas 
uièine  Yanikoro.  finnourtc  par  le  n.iufra^e  de 
l.i  l'i't'onse.  On  leur  aceorde  5000  Noii-s,  sur 
î>3  800  hectares. 

Situées  du  lO'"  au  12"  degré  de  latitude,  elles 
conliiiuetit  nonu;denieiil  vei-s  le  noi*d  lo  gi*and 
îiirhipel  des  Nouvelles-Hébrides. 


Nouvelles-Hébrides.  —  La  Fraure  et  TAngle- 
lerre  exiTeetil  un  condiiiniiHuin  sur  ees  îles  à  la 
l'oi:i  laotU.'igneuseâ  et  piiludéeunis. 

Leurs  habitants  sont  des  Papous  à  liMe  laineuse, 
ù  hat'he  forte,  de  rarartère  doux,  excepté  dmis  la 
guerre,  que  ieruùïieiit  souvent  des  diuers  de  can- 
nibiiles.  Les  Anglais  de  Qneensland  et  des  Iles 
Fidji,  les  Français  de  la  Nouvelli'-ilalédôiiie  em- 
ploient ces  sauvages  dans  leurs  plantations;  il  vn 
]);trL  aussi  pour  les  Samoa  et  les  Sandwieii. 

En  U'oi*  ajoutant  les  îles  de  Bauks,  annexe 
nalnivile,  il  y  il  là,  crint-t>ii,  KjOUO  Noirs  sur 
i  ilfi.TOU  liertares.  Le  15"  degré  passe  sur  Espirilu 
Santo,  la  terre  la  plus  vaste,  In  plus  peuplée. 

Fspiriln  Santo  (4K,'wOtl  herlares),  de  son  vnii 
nom  .Méjvnu»  nourrit  2ÔU()0  hoinnics;  elle  s'allonge 
sur  Itî9  kilomètres,  avec  fJi  de  largeur;  c\h*  a  de 
heanx  monts,  deux  jolies  rivières  nommées  Jour- 
dain et  San-Salviolor,  tl*»  grands  bois  sans  cfiants 
d'oiseau  :  très  rare  est  ici  la  genl  empennée,  rares 
aussi  les  .-juiniaus  de  quelque  grandeur. 

A  Mallïcolo»  cerclée  de  madrépores,  la  fetinue  vauï 
de  si:t  k  dix  cochons,  suivant  sa  beauté,  ou  plutôt 
sa  laideur;  seconde  en  grandeur,  cette  ile  u 
2*2ri800  lier-tares  el  10  000  3nu^s. 

Andu'ym,  tm  l'urne  un  volcan  de  1007  mètres, 
est  très  riche  en  eocoders,  très  pauvre  en  eau 
douce.  Sur  su  j>etite  voisine,  Lopévij  pèse  un  volcan 
de  l.>!ii4  mètres  (ju'on  snp[K>se  le  mont  le  plus 
allier  des  Nouvel les-Hébjides. 

La  inadrépori(pje  nniis  très  féconde  Sandwich, 
FFr^t  ou  la  Vatè  des  Néo-Iléhiidais,  ne  poi'te  que 
qnelrjues  centaines  dliabilants,  qui  m»ngent  (ou 
mangeuient)  scrupuleusement  leui*s  ennemis. 


Erromango,  corail  avec  fort  peu  de  torn>  dessus, 
n'en  est  pas  moins  opulente  on  arbn^s  et  Ion  en  a 
f  iré  heaucoiqi  de  bois  i\o  sandal.  Troisième  en  gran- 
4lenr.  elle  n'entretient  que  2'>00  habitants  sur 
10  H  00  heclarcs. 

A  Tanna,  duid  le  volcan  Yasaoua  u  esl  pas  éli'inl, 
les  insulaires,  [lelits  mais  de  beau  visage,  sem- 
blent avoir  reçu  du  sang  polynésien.  Une  Tcmmc 
ne  vaut  ici  (pi'un  cochon  gros  et  gi-as.  On  y 
mange  l'hoonni'.  quand  on  Tallrape,  et  tpi'il  n'est 
pas  du  clan.  Malheureux  le  naufragé  que  son  des- 
tin jette  sur  ces  rives  de  baScilte  I  le  c<issc-tèle 
Tahal,  ou  la  lance,  lu  hache  de  pierre,  le  javelol, 
la  fronde,  la  llèche  empoisoruiée,  el  déjà  la  cara- 
bine; puis  l'on  déjeune  de  sa  chair.  On  n'y  dévore 
pas  seulement  le  forain,  Tenneini»  mais  aussi 
rioonme  de  la  tribu,  l'unii  même,  loi'squ'il  est 
mort  do  sa  mort  nalurelle,  car  on  ne  l'égorgé 
point  pour  cela.  Parfois  c'est  d'nn  c^idavre  on  dé- 
but de  di'Uqiiesceiice,  tiré  puant  de  la  fosse,  que 
festinent  à  belles  dents  les  Tannaitcs.au  nombre 
de  12  000,  dît-on.  Au  porc,  môrac  en  bon  point, 
on  préfère  le  Blanc  ;  mais  au  Blanc»  viande 
rsriace  et  salée,  on  préfère  le  Noir. 

Analoin  est  madréporique  A  Fentour;  ses  monts 
s'élèvent  ^  tOOO.  TiOO  mètres;  des  Écoss.iis  ont 
f.iiL  *le  ses  liabilfnds,  grands  et  beaux  Mélunésiens, 
une  petite  communatJlé  chrétienne.  Sur  celle  terre, 
la  plus  méridiiuu'de  des  Hébrides,  on  est  au  Fud 
du  20''  degré,  vis-à-vis  des  Li>yaulé,  qui  font  partie 
de  la  Nouvelle-Calédonie. 

Ce  ne  sont  pas  \l\  toutes  les  Nouvelles-Hébrides, 
mais  les  principales  de  ces  iles,  dont  la  race 
décroît,  par  la  gnern»  de  tribu  h  tribu,  par  la 
sypliilis,  les  épidémies,  le  petit  nombre  d<?s  nais- 
sîtnces  {les  femmes  y  éUml  grand(*inenl  inférieures 
en  ttombre  aux  InnnnM's),  et  surtout  par  Fémigra- 
tioii.  Telle  année  en  a  vu  parlir  6000,  et  jamais 
il  n'en  revient  que  la  moitié  ou  les  deux  tiers;  le 
reste  s'anglicise  ou  se  francisa  de  langue,  s'adonne 
à  lies  mœurs  plus  douces  el  s'attache  à  la  seconde 
patrie. 

Les  Français  y  ont  acquis  *le  très  vastes  teri'aîns. 
ici  des  iles  entières,  nalurellinnenl  des  petites,  lâ 
de  grands  domaines  sur  les  iles  majeures.  F;s[)iritu 
Santo.  Mallicolo,  Sandwich,  ele.  liienbM  la  simva- 
gerie  cl  Fanlhro^Hijdiagie  en  auront  disparu,  non 
moins  i|ue  les  vingt  ou  trente  langues  qu'on  parle 
nujoui'd'hui  dans  rurehipel. 


TOUVELLR-CALÉDOME. 


•JI7 


Vallée  aux  environs  de  Nouméa,  -—  De^n  de  Moyiict,  d'après  une  pbotographie- 


NOUVELLE-CALÉDONIE 


Salubrité  de  la  Calédonie.  Galériens  et 
Canaques.  —  Elle  no  rt^slora  pas  longlemps  ini'- 
lam'sii'nnc  et  daus  quelques  anni»i»s  U's  lîlaiics  y 
dt^passeronl  les  Noirs.  K>w  a  d'abord  ndmis  trop 
ItlKH'îik'iiifïil,  roiiinii'  c'i'sl  hnijoiirs  le  cns  tni  [mys 
incuiuiu*  (ju\'IU'  îivjiil  ôOOOO  l\  OOUOO  Noirs,  el  il 
n'y  en  a  que  2i  000  dans  celle  île  si  mal  nommée. 
—  Quel!»*  resst'niMaïu'e  a-t-elle  avec  la  bruineuse 
et  souvent  pn^sque  l«*'nél>reuse  Ecosse?  Les  cieux 
n'y  sonl  certes  pns  les  iniViiies,  ni  les  monts,  ni  la 
fortM,  ni  riiumme.  entre  20"  10'  pI  22*  26'  d.'  luli- 
tude,  à  1500  kilomètres  \\  l'orient  du  littornl  aus- 
tralien de  tjueenshmd. 

La  Nouvelle-Cali^donie  déploie  U'ès  peu  de  plai- 


nes; elle  oITre  peu  de  largos  vallées  au  colon 
blanc,  qui  n'a  rien  k  craindre  de  son  1res  beau. 
1res  égal  climat,  magniUqueineiil  sain  malgré  les 
marais.  %vt{fv  aux  brises  marines,  à  la  pente  du 
sol,  à  la  pcrniiNibilitr  de  la  |)lupart  des  l'oclies  el 
peul-*^lre  au  ruyrle  arotnalique  appelé  uiaouli.  Elle 
est  presque  toute  en  montagnes  où  domine  la  ser- 
prnline  :  montagnes  ici  niies.  là  sylvestres,  pres- 
que |)artout  minèrdlt'8  avec  pi-ofusion  de  fer,  df 
cuivre,  de  nickel,  de  cobalt,  dantimoine,  d'or. 
Au  sud  règne  le  fer,  parmi  des  volcans  éteints, 
nature  sécbe  avec  herbes  dures;  au  nord,  c'est 
le  métal  adoré,  surtout  dans  le  pays  qu'arrose 
le  Dïahot,  niuitre  fleuve  de  l'Ile  né  près  des  monts 


918 


LA    TEÏÎRE    A    VOL    U'OISEAU. 


supposés  mfijours  (1700  mi'lras).  Plus  courts  que 
le  IHahol,  mais  abondants  parce  qu'il  IoiiiIr'  ;ui 
iiuiins  un  lui'liv  de  jiluie  par  lui,  dtî  1res  jolis  iur- 
ivals  s'i-nomirt'iil  tu  <;ast:aile>  dans  Li  prfiti?  Iirira- 
niar,  qui  fait  le  tour  de  la  Colrdoiiit';  plusieurs  se 
vciseril  dau9  drs  baies  spKndides,  pelilcs  mers 
d'Iiuili*  gararilies  de  la  nier  h  grandi?  vagut;  et 
férocL'  ïernpête  par   la  ceinture   des  madn^[>ores. 

Tel  paysriclie  en  grands  Lois  est  pauvre  en  for- 
tes LtMes.  Ainsi  la  Calêdonie,  où  nul  puissant  aniriial 
ne  rôdait  avant  l'arrivéo  des  Kuropéens  dans  les 
vastes  forêts  où  se  dressent  d'adnuruLles  pins 
colonnaires,  des  kaoris,  des  araucarias,  des  pal- 
miers el  cocotiers,  et  le  banam'er,  le  haniliou. 
l'arbre  à  caoulcliouc,  l'arbre  à  pain,  le  houp  qui 
ne  se  corrompt  pas  el  dont  on  fait  des  barques.  Il 
n'y  avait  sur  Vile  (jne  des  bestioles  el  des  oiseaux 
peu  chanteurs  :  eesl  le  Blanc  qui  a  Tut  don  du 
cheval,  du  boeuf,  du  cerf,  du  mouton,  de  la  chèvre, 
du  (Rochon,  aux  vallées  silencieuses,  dêseiies. 

Celte  nature  riche  sans  opulence  nirriluil  de 
servir  d'asile  A  nos  meilleures  familles  de  paysans, 
mais  la  France,  ici  installée  depuis  18j3,  ri'a  su 
qu'y  verser  des  condamnés  politiques  (rappelés 
peu  après  par  elle)  et  qu'y  vomir  des  galériens, 
voh'urs,  incendiaii'es,  parricides,  matricides,  fra- 
tricides,  assassins  qui  sont  des  déments. 

Sur  les  11}  OOU  Calédoniens  blancs,  environ 
10000  a[qiartiennent  à  ee  monde  cynique,  hors 
des  gonds,  qu'on  doit  plaindre  et  qu'on  peut  mé- 
priser :  les  uns  sont  aux  fers,  d  autres  ont  Uni  leur 
IH'ine,  mais  ne  peuvent  rentrer  en  France;  beau- 
coup ont  reçu  des  concessions  dans  des  pénilen- 
ciers  a*;ricoles.  Bien  trop  [telite  est  n».ilheuren- 
semeuL  la  Nouvelle -Calédotiie  pour  que  la  ioule 
des  gens  censés  honnêtes  y  absorbe  aisément  la 
troupe  manifestement  crapuleuse  qui  déjà  peu[ïle 
en  parlie  sa  ville  et  sa  plus  fertile  campagne.  Ce  qui 
tut  possible  en  Australie  ne  l'est  pas  dans  une  Ile 
440  foisjdus  petite. 

Aux  iDUOU  titanes  font  face  24  000  Papous  dont 
le  uoir  a  la  nuance  du  chocolat.  Luids  sont  ces 
hommes  *pji  se  l'asent  la  barbe  avec  un  tesson 
de  bouteille,  alïreuses  h-urs  femmes  à  cheveux 
crépus,  k  poitrine  pendante,  el  toujours  la  pipe 
à  la  bouche.  Avant  d'avoir  reçu  les  leçons  de 
missionnaires  catholiques,  ce  peuple  était  anlliro- 
[)0[jhage,  il  ii'esL  plus  qu'ignamopliage  et  laro- 
Yore.   l'eu  à  peu  il  s'appropj'ie  le  français. 

19  OUO  [ilancs,  24  000  Noirs,  cela  fait  40  000  per- 
sonnes sous  la  voi'ite  clémente  «lonl  il  ne  descend 
ni  froid  ni  chaud,  le  therniotuclre  variant,  sur  le 


rivage,  enire  9  el  5*2  déférés.  A  cps  45000  Calédo- 
niens il  faut  ajouter  1500  Nêo-llébridais,  Chinois, 
Nègres  d'Afrique  el  Indiens  Malabares.  travail- 
leurs â  gages  qui  restent  pour  la  plnparl  dans 
l'ile  â  l'expiralion  de  leur  contrai,  —  soit  prés  de 
ioOOO  âmes  —  el  65  000  avec  l'île  des  Pins  el  les 
Lovimlé. 

Ainsi  donc.  4ri0(J0  hnbitnnls  sur  1  750  000  hec- 
tnres.  avec  3tlt2  kilomèlrcs  de  lonf::nenr  i?t  40  à  60 
de  largeur,  <Ians  un  ejilour  de  lOOO  kilomètres  de 
côtes,  le  versant  oriental  étant  beaucoup  plus  étroit, 
beaucoup  plus  raide  que  roccidenlal. 

Nounu'-a  (.MJOO  hab.),  la  capitale,  sur  la  rive  du 
sud-ouest,  est  un  beau  porl,  sur  un  beau  rentrant 
des  eaux,  près  du  Mont  dOr  (77.')  mètres),  qu'on 
dit  ainsi  nommé  par  un  oflicier  originaire  d'Au- 
vergne, —  ce  serait  alors  le  Monl-Dore. 

La  Nouvel le-Cialédonic  a  deux  dépendances  :  à 
r>0  kilomélres  au  sud-est.  File  des  Pins;  h  100  ki- 
lonïètrcs  il  l'est,  au  delà  d'une  eau  profonde,  l'ar- 
chipel des  Loyauté. 

Ile  des  Pina.  —  Des  coraux  Fenvironnenl,  corail 
elle-même  avec  collines  littorales  dont  la  plus 
élevée  monte  h  4o2  mètres.  Le  centre  est  une  es- 
pèce de  plateau  oii  croissent  des  fougères;  les 
collines  el  vallons  du  littoral  ont  pour  parure  et 
pour  oi'uement  ta  forêt  des  kaoris,  hauts  pins  colon- 
naires  qui  lui  ont  valu  son  nom  français  d'ile  des 
l'ins,  le  nom  indij^èeie  étant  Kounié. 

Après  avoir  servi  de  prison  politique,  h  l'instar 
de  la  (t  Grande  terre  p,  mais  n'en  recevant  que  des 
centaine*  de  proscrits  jM'ndanI  que  la  Calédonie  en 
recevait  des  milliej-s,  Kounié  est  devenue  la  rési- 
dence de  condamnés  impotents  qu'on  lui  envoie 
di,"s  pi'isons  calédnniennes.  On  ne  |>ouYait  leui* 
clioisir  un  meilleur  asile,  car  cv  cliiuat  au  vent 
de  la  mer  est  doux  et  bienfaisant.  Ses  Papous,  qiii 
furent  mille  alors  (pie  nous  prenions  possession 
de  l'île,  ne  sont  [Ans  ipie  ôOO  à  lîOO. 

Iles  Loyauté.  —  Ces  Lnyalty  des  Anglais  com- 
prennent tniis  grandes  îles  el  beaucoup  de  petites 
orientées  parallèlement  à  la  Nouvelle-Calédonie,  du 
nord-ouest  au  sud-est:  en  tout  2I.j0O0  hectares 
avec  16  500  insulaires.  C'est  un  archipel  de  corail 
qu'une  poussée  intérieure  a  levé  h  quelques 
dizaines  de  mètres  au-dessus  des  Ilots. 

La  plus  vaste,  et  en  même  tem[is  l'ile  centiTile, 
c'est  Lif<)U,  grande  de  115  0^0  hectares,  haute  de 
î>0  mètres,  peu}dée  de  iJOÔU  hoiunios.  A  son  sud- 


NOUVELLB-CALÉhûME. 


Ot^ 


est  elle  a  Mare  ou  Nengon*^  (65  000  hectares),  qui 
monte  à  près  de  100  mètres;  à  son  nord-ouest  Ou- 
iva,  donl  la  graudeur  n'est  que    de    16  000  hec- 
tares. 
Ces  iles,  une  forùl  de  coeoliers  les  eutourei  au 


long  de  la  mer;  derrière  les  palmiers  vi^nt  la 
Soûl;  derrière  la  Soùt  est  la  forêt;  enlin.  (oui  au 
centre,  s'élève  un  plateau  de  corail  nu,  rouvert 
d'une  herbe  sans  fraîcheur  et  saveur.  C'est  dans  la 
Soùt  et  non  ailleui*s,  en  des  bas-fonds  où  quelque 


In Jiçtncs  des  llo»  Lo]auUî.  —  Dessin  de  A.  do  Neuville,  d'iprés  une  pbolugripluc. 


terreau   s'amasse,  que   le  Cati^Hpie  des   Lojaulè 
cultive  ses  plantes  nourricièivs. 

Des  missionnaires  ont  converti  les  hommes  des 
Loyauté,  qui  suivent  maintenant  presque  tous  la 
fiti  protestjuite  ou  la  eathuhque  et  qtii  fwrleiit. 
à   c(Hè  de    leurs    dialectes    maternels,    ou  rati- 


fiais ou  le  français,  et  surtout  le  bielielamnr, 
sahir  enfantin  nii  se  mêlent  polynésien.  |).-ipoua, 
langue  d'Angleterre  et  langue  de  France.  Le  birlie- 
lam.tr  ne  règne  pas  seulement  dans  cri  archipel, 
on  en  us<>  en  Nouvello-Catédonie,  aux  llebrides, 
ailleurs  encore. 


02Û 


LÀ  TKlttlE  A  VOL  U'OJSEAU. 


ILES  FIDII 


Les  Fidji,  les  Fidjiens,  maîtres  en  anthro- 
pophagie. —  Co  fiH't  bfl  arcliijiel  sVk'iul  à  pou 
pit's  liii  !(>■'  nu  SU*"  (iogré  de  liililudo  iiu.s(rnlo,  h 
tiOOi)  UiK>rnt'lr»?s  de  la  iiôo-zéiandjuse  Ain^klarul,  ù 
501)0  de  l'ati^lralioiUK*  Sydney,  à  près  de  8000  de 
i'umôrifaino    S;ui-l'raiicisi'o. 

Il  est  lait  do  doux  grandes  îles,  Vili-Lévou. 
c'osl-à-iiii'o  Vili-la-^ntrido,  Vaïioiia-Lr!Vi>u,  c'osl-à- 
dire  TorrvUi'iJiKie,  ol.  do  peul-ôlre  Uois  ccnlâ  pe- 
liles  il(;s,  la  plupart  cordées  do  coraux. 

Viîi-l;i-(irLiiHlo,  Vili-Lôvou,  N'avili -Li'voiu  sous  le 
18'  tioj^iv,  .s\''k'iid  sur  l-iU  ou  I.MI  kiluiiièlrt'S  de 
l'est  h  l'ouest»  avec  40  A  100  du  nord  au  sud  ;elle 
apprurlie  de  1  iOOOOO  heclaros.  Une  lisiôro  de 
tt'i-ii's  â  folon  cl  cauiio  à  sucre,  largo  vers  le  sud- 

csl,  très  élroite  ailleurs,  v  fi*il  le  tour  de  voirons 

• 

ùLeiiiis  hauts  de  it)00  à  1500  iiuHro^.  Vili-LéviMi 
possè4le  la  riviêro  niajeure  do  i'arcltipol,  la  ISôvn- 
]\{'\:\,  [lurliuil  on  iiioyemie  à  rticôan,  par  quatre 
i^nilxmrljurt's,  ''ITtl  inêlrcs  euj»e.s  à  la  soeunde. 
Suu"  une  lerro  si  [lolile.  ladite  Héva-nêva  mérite 
bien  s\tu  autre  nom  de  Via-Lôvou,  (irand  Fleuve; 
elle  duil  son  abondance  à  la  pradigaliié  des  pluies: 
on  estime  que  le  ciol  verse  eu  moyenne  2700  niil- 
linièlies  d'eau  p;ii'  au  sui^  l'arolii[*ol  lidjîeii,  eu 
155  jours  :  iei  *J500,  là  TiOOO,  un  iOOO,  et  monie 
0000  aux  lieui  où  passe  la  mousson. 

Teri'e-(irande ,  Yanuua-LL^vuu  »  au  luird-est  de 
Vili-la-tininde,  entre  lo  10"  et  le  17*  degré,  est  un 
peu  plus  longue  que  l'île  sœur,  de  par  ses  100  kilo- 
niolros,  niais  beaucoup  moins  large,  n'ayant  guère 
que  40  kilotiièlivis  de  mer  h  nier,  —  aussi  n'ar- 
rivivl-oMi'  p;is  à  (Î5(H)U0  lieolares.  K^jalonuMit  vol- 
canii|ue  dorigiue»  elle  parnît  ètiu'  deux  fois  Mioins 
hauUs  avec  cimes  culminantes  de  700  on  800  uiù- 
Iroa  â  peine. 

A  càMv  de  ces  deux  petits  continents,  où  le» 
forêts  sont  hautes,  toufftaes,  prol'ondes,  les  autres 
ili's  no  comptent  guère;  nu^ine  le  [►lus  t;rand 
nombre  u'esl  qn  ilols,  ècueils  de  corail  faisant  île 
cette  mer  une  onde  dangereuse.  Eu  tout,  l'arelii- 
pcl  couvre  un  peu  nmins  de  liîlOt^OOO  liei'lares 
cl  porte  tout  au  plus  125  000  l'idjieuï^,  ini  pUiIul 
Viliens  ;  car  ces  îles  s'appellent  réellement  les  Viti, 
mni^ï  les  Arigl'iis,  leurs  nouveaux  maîtres»  ont 
adopté  le  nom  do  Fidji,  devenu  dès  lors  oriiciel. 


Soumises  aux  Hlaucs,  les  terres  Hdjiennes  ont  peu 
de  Planes  etu'ore,  à  pou  près  !2000,  presque  fous 
an;j;loldionos  ndmitustrant,  régissant,  tratiquant. 
ou  culliv:iiit  dans  do  1res  féconds  domaines  h*  café, 
la  banane,  le  rarno,  surtout  la  canne  h  suore  et 
autres  plantes  aimant  la  gi'ande  chaloui*  et  la 
gnmde  pluie.  Ce  petit  nombre  des  Anglais.  Auslra- 
lii^ns,  Vankoes,  Allemands,  n'a  pas  sa  cause  dans 
la  inalveiliauee  du  climat  pour  rélémenl  européen. 
.Malgré  sa  moyenne  annuelle  de  26',  avec  !5",75 
cl  r».'»'^  f)our  extn^nios,  l'areliipol  est  saluhro,  gnice 
aux  brises  de  la  mer,  à  la  monlagiie,  â  la  pente  du 
sol,  à  la  prompte  course  des  rivières.  Les  Blancs 
des  Fidji  ne  rimment  point  le  s*d  eux-mêmes.  Ils 
ejn|doieut  à  ce  sjutU  travail,  plus  noble  ijue  tous 
ceux  de  rorgucillcuse  industrie,  dos  engagés  do 
provenances  diveï'sps,  Hindous,  Néo-llébridais  de 
Tanna,  insulaires  des  îles  Gilbert  oii  de  l'areliipel 
de  llismarek.  <Jiiatil  aux  indigènes,  qui  dêlesli'iil 
de  suer  poni*  le  blond  nu  raii^i'  étranger,  il  y  en  a 
111000.  reste  des  150  000  do  lS7i'. 

r.à  et  là  mélangés  avec  le  sang  des  Polynésiens 
des  Tonga  el  des  Wallis,  les  l'idjions  soûl  des  Papous 
it  l'énorme  chevelure  formant  boule  :  de  loin  on 
dirait  tpi'ils  [lorleiit  un  li.iut  turban  noir,  un  bonnet 
de  sapeur  aussi  large  qin*  liant,  iluti  pied  et  demi 
de  diamèlre.  Jusqu'à  une  époque  recrute  (à  peine 
séparée  de  nous  par  vingt  à  Ironie  ans)  ils  man- 
goaiont  l'houune^avecdédain  pour  notre  chair  civi- 
lisée, à  leur  goiU  trop  amère. 

Ce  cannibalisme  avait  sa  source  dans  In  gourman- 
dise, non  son  excuse  dans  la  nécessité, connue  chez 
les  sauvages  des  archipels  indigents.  Lui*s  du 
«  bont(*mps  »,  les  chefs  y  engraissaient  des  esclaves 
pour  l(»s  mangei".  On  leur  rass;iit'  la  tôle  à  cou|:s 
de  massue,  on  leur  fendait  le  crâne  sur  la  pierre 
à  tlècerveler.  Aux  corjks  fraicliomeni  abattus  ou 
l*référait  les  cadavres  faisandés.  Un  ne  tuait  pas 
toujours  k*  long  cochon*,  avant  de  le  nMir;  des 
milliers  furent  cuits  vivants  dans  lc&  fours,  sur  un 
lit  do  pierres  brûlantes,  sous  une  cuuche  do  terre 
et  de  feuilles.  Souvent  on  disait  h  la  victi?ne  : 
(i  Oresse  le  fi»ur  où  lu  rôtiras,  ramassi*  le  bois  de  la 
flambado  cl  du  lètissogel  »  El  la  victime  obéissait. 

1     Aiiiu'e  fl(?  l:i  jr-is*'  de  m^issfSiion  par  les  .\ilgUiis. 
'J   >um  qu'ils  Uuimait'iU  à  la  viujide  humaine. 


0.    llKCUv.    l.i    Tl.Rni.    i    VOL    U'OISKAU 


\Ui 


on 


l\    TEUIU*:    A    VOL    nilJSEAU. 


Cliaqtio  fois  (ju'un  osclavc  avait  êlô  broyi'^  par 
ses(lpnlsprinci*Vcs.  Ir  dh-f  cfunu  des  tribus  qui  sl^ 
partagoaioiil  co  sol  itilmniain  porliiit  une  f,M*ussi* 
pioiTi'  dans  un  Itcu  l'IkiisI  p;ir  lui  pour  st  Il^uuc 
dL3  livres.  Quand  il  niourul»  sans  être  encore  Lr^s 
YÎeux,  les  pifires  (nonl^'ilnil  en  colline  :  i[  aviiil 
mangé  huit  cent  soixnnlt'-duuzi'  lontrs  rurlions, 
tant  ainis  et  féaux  sujets  qu'iiidilTrients  nu  en- 
nomis.  Le  menu  po]>uliiiiv  n'iinitatt  (jue  de  loin 
ce  gnnd  seigneur,  non  ji;ir  vertu,  mais  par  im- 
puissante pJiuvrL'tè. 

Les  inissionnaiies  ont  fait  perdre  aux  Fidjîens 
l'linl>[ludp  des  banquets  de  chair  humaine,  el  ils 
ontrnnverli  Moriil)re  lîe  sauvages  aux  divers  prot(»s- 
t.'intisnn\s  aii},dais  ;  néanmoins  la  niajorilé  reste 
fiJèle  ans  antiques  idées  de  sa  race,  à  sa  vieiHe 
eoneejïtion  dti  visil^le  el  de  l'invisible,  à  son  culte 
d'S  lorres  ou,  ^i  Ton  veut,  à  son  paganisme.  Les 
ncophyles  ont  adopté  les  vâleraenls  européens,  et 
de  uns  el  propres  tes  voilà  sah*s,  couverts  île 
vermine. 

Avant  que  les  Européens  devinssent  les  maîtres 
du  destin  de  cet  archipel,  le  long  cochon  était 
trop  eslinié  sur  la  table  des  grands,  la  eliasse  ù 
Thonime  trop  ardente,  les  guerres  trop  nom- 
breuses, les  mêlées  trop  san^ïlanïes,  ponj*  que  la 
ii.-ilion  fidjieune  au^^rnenlilt.  Ik'puis  que  les  lllanes 
ont  défendu  les  repas  de  chair  fraiernelle,  eitir- 
panlairisi  de  ce  peuple  tune  des  principales  causes 
de  sa  morî,  li*s  Fidjiens  ne  [irofilent  point  de  la 
paix,  dont  sans  doute  ils  n'avaient  Janinis  long- 
temps gonlé  les  douceurs.  - 

Ils  ii'aij^raudissenl  point  leurs  lluntlles;  loin  de 
là,  ils  iliitiiiiueiil  mèfric,  inm  [lar  i*\cès  <le  trépas, 
mais  par  tnamiue  de  naissances.  On  cile  chez  eux 
des  bourgades  ou  {dus  de  vingt  derniers  soufRes 
expirent  r|Uimd  il  naît  à  («imuc  deux  ou  trois  vies 
nouvelles,  el  te  pays  est  plein  de  villa^'i*s  vides 
autour  de8i|uels  lonilie  en  ruini's  le  rnoc  t\f  piirri' 
qui  les  défefïdait  eonlre  les  soudains  assiiuls  d<'s 
(lemi-l*(dynrstt'ns  de  Tonga,  (leux-ci  furent  justjua 
c«s  dernières  décades  les  ennemis  héréditaires  des 
Fiiljiens.  l'I  en  même  temps  les  lionmïes  qui  pê- 
nt'tiaient^  de  i;ré,  «le  foj'ce,  dans  rélènuMil  p:qi*m 
[niiji'  Ini  donner  [>lns  tli'  béant/',  de  ^Tàce,  tU'  vi- 
gueur t'[  d  intt  llitrence. 

Dans  rensi-mble.  celli'  race,  quoique  forte  et 
musclée,  est  molle,  uu  peu  liuhe,  et,  bien  que  très 
ingénieuse,  d'une  grnnde  |)arcsse  d'esprit.  Est-elle 


au  déclin  de  ses  jours?  On  le  pounMÎt  croire 
devant  des  épidémks  qui  font  en  un  an  le  vide 
rpie  fait  en  vingt  années  la  dorninancc  des  décès. 
iVu  après  l'anin'xion  à  rAn^li-terrc.  une  espèce 
de  varioloide  ou  de  rougeole  enleva  quarante 
mille  personnes,  un  grand  ([uart  de  la  nation 
d'alors  —  ou  (diili'd  (|uaranle  mille  y  moni'ur»'nl 
des  maux  qu'amène  la  rougeole  mal  soignée,  du 
désespoir  el  de  l'abandon  do  soi-même  devant  le 
fléau,  des  liùvres  malignes  qu'engendre  la  pourri 
turc  dos  cadavres  nuil  enfouis,  de  la  famine  qui 
suit  la  disparition  des  ouvriers  du  sol. 
Mois    si   les   Fidjiens   disparaissent,   ila  auront 

laissé  des  rnélis  :  nu  dernier  recensement  îl  v  eu 

« 

avait  déji^  près  de  lUÛO. 

La  langue  fidjieune,  d'abord  puremenl  paï>ouc, 
a  été  fortemenl  înnueni'èe  i)ar  le  polynésien  des 
colons  (pii  adullérèrenl  la  rare,  [triucipalement 
sur  le  lilïtnal;  elle  a  méjuc  changé  de  caraclère 
et  se  rapprorhe  anjonrd'tmi  de  la  langiu'  des 
Tongii.  Un  la  dit  très  i*ielie,  très  line,  très  diilicile 
à  bien  acquérir  faute  de  ternies  gént^raux.  Ainsi 
[)as  de  verbe  exprimant  l'idée  de  ramper  en 
tlelioi-s  de  l'animal  qui  ranqie  :  le  serpent  a  son 
verbe,  le  ver  a  le  sien,  el  tout  animal  qui  se  traîne 
SOI'  le  venire;  suivant  ce  (]U*(Hï  r-oupe  il  y  a 
qiialor/e  verbes,  selotï  re  qu'on  bal  il  y  en  u 
seize;  pour  les  subslanlifs,  niètne  fécondité  slé- 
l'ile.  On  prétend  qnVlle  a  de  grands  rapports  de 
synonymie  avec  h's  langues  de  l'Afrique  centrale 
qui  se  niltachenl  au  banl(*u. 

Mbaou,  sur  la  rive  orientale  de  Terre-Grande, 
au  jioid  tles  lïouches  de  la  Réva-Iléva,  fut  lu  Uome 
des  Fidji;  sa  gloii^e  s'est  éclipsée  devant  Taslre 
naissant  de  Lcvouka,  bourgade  salubre  el  station 
ruaîlresse  des  HIancs,  dans  l'Ile  d'Ovalaou:  puis 
Lévïjuka,  nUscurcie  a  son  tttur.a  cédé  la  splendeur 
du  (ireniier  rang  !t  S<»uva,  bon  port,  sui"  la  ctMe 
sud-est  tic  Terre  Grand*',  non  loin  de  ce  même 
ilelta  de  l.-i  ltêva-Ué\a. 

Eu  passant  des  Fidjiens  à  leurs  voisins  les  gens 
ries  Tonga,  qui  les  ont  si  profondément  modiliés, 
on  passe  de  la  Mêlanêsie  à  la  Fidynêsie.  où  les 
\ngl:iis  ont  rérermuenl  annexé  une  |KUile  Ile  moo- 
In^^neuse,  fîohmma.  terre  à  cocotiers,  sous  r2*'3o' 
de  latitude  ^nil  :  UMUJO  hommes  y  vivent,  sem- 
blables aux  Taîticus,  mais  qui  se  disent  issus  des 
Suinoa. 


POLYNÉSIE. 


033 


POLYNÉSIE 


Les  Polynésiens.  Beauté  de  leurs  îles,  gaieté 
de  leur  vie.  —  Sur  It*  va^ll'  Hrcjiii  on  il  y  a  \v 
moins  de  terres,  les  Maoris  de  la  Nouvel  li^Zéianile 
no  sont  pas  les  seuls  honuiies  de  leur  niee.  Ik»  la 
double  ili^  idIoEigèejusfiua  l'archipel  des  S.indwi(di. 
el  des  Ta%'a  jus<[u*;i  l'iïe  do  IVi(|ues,  des  sauvages 
êlégîuils,  qui  sotït  les  cousins  des  Maoris,  peuplent 
des  sp(*rades  et  cyclades  sans  nombre,  tellement 
petites  que  tuules  réunies  elles  feraient  à  peine  un 
menu  royaume. 

Ils  soûl  grands  ou  très  grands,  souples,  gracieux, 
de  heîiu  visage,  ciHileur  de  euivre  ou  de  lu'on^e  el 
non  eouleurde  suie.  ISaee  imMêe,  ils  ord  rrrlaiiie- 
menl  parmi  les  ancôlres,  à  côlé  du  Négroïde  et  du 
MalïiJs,  une  <f  iiiunaiiilê  »  de  peau  blaui'lie,  de 
traits  nobles,  i'arl^ujt  tous  des  dialerds  d'une 
mthne  langue  douce,  trop  molle  et  voyelleuse,  ils 
ont  munies  nuTurs,  même  cyele  d'idées,  mt^nu^s 
légi'iult'S,  rni'nie  nrnour  pour  la  inei',  même  pas- 
sion pour  le  canot,  bans  les  plus  délicieuses 
pairies  qu'on  puisse  riHer,  lotir  vie  est  gnie.  laeile 
et  &1MS  rud  souci  d'avenir,  sous  descieux  brilhiuls. 
au  bord  d'un  océ;m  luinineux*  sur  des  pla^'es  le- 
corides,  ii  l'ombre  des  arbres  h  pain  qui,  à  trois 
seulement,  Cottl  vivre  un  homme  tout  le  long  de 
ses  jours. 

C'est  bonfieur  et  malheur,  car  si  le  Polynésien 
coule  doucement  des  heures  inerlcs  en  des  iles 
merveilleuses  (les  atolls  exceptés,  qui  sont  un  corai  ! 
sec  et  pauvre),  la  beauté  même  de  ses  séjours  allire 
des  Bluncs,  et,  sauf  quelques  missiiynnaires.  ces 
Itlancs  viennent  ici  pour  «  commercer  ».  c'est-à- 
dire  pour  piller;  pour  o  régner  »,  nulrement  dit 
pour  injurier  el  détruire. 

Ces  insulaires  ont  ndopïé.  du  moins  »'u  a|*pn- 
rence,  et  pour  le  plus  grand  (louibre.  b»  proli'slatt- 
tistnc  ou  le  catholicisme,  et, avec  ferveur  |dus  pro- 
fonde el  plus  vrjie.  les  vices  dont  les  avi»iiluriers 
blancs  se  sont  faits  les  ajKMres,  si  tant  eslijne  IVai- 
vo\^e  put  enseigner  quelque  chose  à  des  sauvages 
effrovablemeni  «»orrompus  d'eux-mêmes.  Mais  si 
nous  n'avons  pas  appris  :iu\  hommes  de  la  miM' ibi 
Sud  des  ahominiitions  qui  s'y  élahienl  avant  nons 


au  grand  jour,  si  les  mnux  qu'on  nous  awuse  d'a- 
voir apportés  aux  Polynésiens  avaieid  déjà  lait  des 
ravages  dons  leurs  îles,  si  même  nos  alcools  ne 
leur  ont  point  révélé  l'ivresse  ignoble  et  moi*- 
telje,  car  ils  avaient  aussi  leur  eau-de-vie,  ils 
tit-nncnt  de  notre  conlact  les  éruptions  épidé- 
rniques  el  la  phtisie  conlagieust\ 

Depuis  notre  arrivée  ils  ont  dépéri,  pou  féconds 
d'ailleurs  i*l   pratirpinnts   de    rinl';inlieide. 

Les  m:iladies  de  poitrine,  la  petite  vérole,  la 
ron'.N'ide  el  autres  Méaux  venant  en  partie  de  ce 
qu'ils  priMinetU,  quitlenl.  re[ironnent  les  liibils. 
plus  qu'inutiles  en  ces  dinuits  tiédes,  mais  que 
le  missiimnaire  les  a  contraints  de  revélîr,  tout 
cela,  plus  la  syphilis  ri  les  alcools  cnipoisonués 
par  la  fraude,  menace  de  mort  leurs  tribus,  cl 
il  se  peut  qu'un  jour  le  soleil  du  Pacilique  de 
Polynésie  se  lève  sur  des  flots  diml  le  dernier 
Polynésien  viendra  de  disparaître,  —  Métis  à  |»art, 
puisque  aucune  race  ne  sombre  loul  entière.  — Et 
le  Plane  dira  :  (i  J'ai  civilisé  It^s  mers  4hi  Sud  ». 

Il  n'aura  pourtant  rien  fail  pour  S(HjU*iur  des 
frères  penchés  sur  la  fosse,  et  souvetd  il  les  y  aura 
poussés  avec  In  joie  blême  de  l'héritier. 

S'ils  n'ont  pas  phisPunilé  de  race  que  les  autres 
races  de  la  Terre,  si  l'on  rencontre  chez  eux. 
d'île  en  île,  de  caste  en  caste,  iriuimme  à  Jionniie. 
des  têtes,  des  corps  rapftelnnl  l'enlilé  imire.  renlilé 
jaune.  l'eiMilé  blanche,  ils  ont,  dialectes  à  part, 
l'unité  de  langue  sur  ces  mers  grandes  comme 
trois  fois  l'Europe,  et  aussi  Punilé  de  pensée, 
d'idées,  d'institutions,  de  coutumes.  P'nn  bout  h 
l'autre  de  leurs  sj>on»des  charmantes,  les  Polyné- 
siens se  sont  passionnément  adonnés  et.  çii  el  là, 
s'adonnent  encore  à  l'anthropophagie  avec  toutes 
ses  appartenances  et  dépendances,  guerres  el  mas- 
sacres, razziAs,  engraissement  d'esclaves.  Tous 
aussi  se  tatouent,  c'est-à-dire  s*^  grnvtMil  des  des- 
sins ineffaçables  sur  la  peau  du  visage,  de  la  [loî- 
trîne  el  des  membres,  espèces  do  documents  do 
htin  visibles  où  sont  écrits  en  hién»y:lvphes  leur 
élnf  liul,  lein*  caste,  leui's  litres  rie  noblesse  et 
leurs  actions  d'éclat. 


ou 


LA   TEUKK  A  VOL   DOISEAU. 


i 


ILES  S\MOA 


27K70(>lifclares,nr>000  linbitniils,  vnil;\  tnu(  vv 
que  vaut  ct*l  ;iiTlji|K-!  f^rru'iiMix  iloiil  nii  a  |»;irîr 
tant,  h  boiicirp  |»lcine^  à  muse  de  rivniitr's  din- 
(luenrc  entre  les  Anglais^  les  Yankees  et  les 
Teuhiiis. 

Oji  Si  proposé  d'appeler  ees  île»  siluêes  sous  le 
14"  (iff^rè  iiustral,  nreliipel  de  lîiiu*:aiiiville,  du 
nom  du  fameux  nnvig.ileur  Cnuiçais  qui  les  visita 
l«>  première»!  détail  (17l>8).  Quaique  ee  groupi'  et 
Toiigatîdiou  soient  les  seules  terres  j^olynèsietiiies 
où  la  langue  ait  une  simanle.  il  vnudniil  peul-èlre 
mieux  dire  ILinioa  que  Snnioa. — Quiitit  an  ri'itn 
dlieîî  di'S  Navigateurs,  il  traduit  exncteinerd  celui 
d'Hanion,  mais  il  pourrnil  lout  aussi  bien  désigner 
u'iiiqierte  quelles  aulres  4'yelades  peuplées  par 
les  Polynésiens,  lioinnies  habiles  dans  le  niaiiiiv 
iiienl   des  [lirngues. 

AviH^  les  T'oign,  el  à  un  degré  supérieur,  les 
Samoa  sord  ia  tnétropole  de  la  INilynésie.  La  eom- 
pamiïton  des  Iriidîtioiis,  des  généalogies,  des  rlinids 
populaires  de  toutes  les  tribus  disséminées  sur 
CCS  flîois,  met  le  T^iit  pres(]ue  hors  de  <loiile.  Les 
SamoauR,  comme  aussi  les  Tongans,  veaflient  du 
nord-ouest,  peut-i>lre  de  Bournu.  l'une  des  grflt»des 
M^duques.  Otjfïnd  ils  eurent  suffisamment  rem|)li 
leur  petit  airliipel,  ils  voyagèrenl  au  loin  sur  le 
sentier  moiivnnl  des  vagues,  dans  des  Ibillilles  de 
canuts  légers,  rarement  rliavtranls,  et  de  la  sorte 
ils  peuplèrent  Taïtj.  qui  devînt  métropole  à  son 
tour,  les  Marquises  méiidiorinles,  peut-être  la 
Nouvelle-Zélande,  el  envoyèrent  des  émigrnnts 
jus(pi'nux  îles  tiillïert,  vu  Mirronésie.  D'où  ta 
pres(pte  ideiililê  de  langue  et  la  rornnunie  res- 
feeniljl.ince  de  viange  siïr  les  lies  dispersées  de  In 
vaste  mer  pidynésîenne. 

Les  Sanioana,  indépendants  ou  cens*^s  tels,  sont 
comme  nos  Taïtiens  :  ils  ne  diminuent  plus,  ils 
augmentent  un  peu.  Ile  se  montent  h  ')(»  000,  reste 
des  80  000  du  sièele  dernier,  si  l'ajeliipel  eut 
jamais  80tHMI  fiommes,  v.e  dont  on  doit  douter, 
comme  de  toutes  (*es  (évaluations  liAlives  où  l'on 


prend  un  concours  de  peuple  en  un   lieu  donné 
P'iur  la  normale  du  pavs. 

Sur  ces  ri(iÛ00  personnes,  le  protestantisme  en 
réclame  environ  TiOOOO,  le  catbolicisme  a  reçu 
dnns  son  giron  les  COOO  autres.  400.  500  Hlancs 
représentent  les  boutes  cl  puissantes  nations  dé- 
nalionalisantes,  l'Angleleri'e  et  les  KlJils-I'nis  en 
tt^te,  l'AlItMriagne  ensuite. 

Malgré  la  pro[»agande  que  les  missionnaires  pro- 
lestants ont  faite  à  la  langue  anglaise,  b?  polynésien 
des  Samoansvit  ttmjours,  écrit,  parlé,  prt^clu*  dans 
les  tem|iles  vi  rliapelles.  efiaiité  darïs  les  elianis 
rbrétiens,  et  |dus  encore,  il  n'est  nul  doute,  dans 
les  eliants  obscènes  dont  les  Polynésiens  ont  toute 
abondance  :  il  ressendde  essentiellement  au  dîa- 
lerte  de  Taili,  et,  saul  divers  cbangerneiils  de  con- 
sonnes de  ]  un  h  l'autre  langage,  la  fdupart  des 
mois  sont  idi'nliques. 

Les  Saînoans  sont  parmi  les  plus  grands  de  tous 
les  honnues  de  la  Terre,  cl  certes  partra  les  mieui 
faits;  ils  ont  la  grâce,  la  dignité,  le  couragi*  dont 
ils  usaient  el  abusiiient  dans  des  guerres  civiles. 
Taloués  des  genou\  jusqu'au  tour  du  corps,  ils  ne 
montrent  plus  aofant  qu  aufi*ef(tis  res  di'ssins  dont 
ils  étaient  si  fi<'rs,  car  iitimbiv  d'entre  eux,  renon 
4;;int  à  Satan  et  i\  ses  p(Miq)es.  onl  abandonné  In 
semi-nudité  de  jadis,  et  le  missionnaire  tend  A  l(>s 
Indiiller  entièreïnent  â  l'européenne.  Leurs  îli-s 
majeures  sont  : 

Oupoulo,  si  gracieuse  qu'on  peut  la  préférer  A 
Taili  même;  elle  porte  des  monts  boisés,  molle- 
ment arnnnlis,  *le  liauletjr  modcsle  (01 1  inèlres). 
Là  est  ApiOr  btongade  nn-t'uropécnne-* 

Savnii,  plus  élevée  (1070  nuHres),  beaucoup  plus 
grande,  dîsfHJlsitil  h  l'ILivai  «les  Saridwirb  Tbon- 
nt'or  d'étrv  rili*\aïki  légendaire  d'où  parfit  la  lîle 
decanols(pii  mena  lesMnorisen  Nouvel le-Zélaude. 

Tou!ouila,  Manrmn,  voisine  d'im  volean  Sous- 
marin.Sili,  tllou,  etc.elc.,  toutes  b>sSunioa,  Savaii 
et  Oupoulo  comprises,  ont  pour  brise^lamos  un  ■ 
ceinture  de  corail. 


I.KS  TONGA. 


9S5 


Le»  lies  Willis.  —  Domiii  tl«  Th.  Weber,  il'iprëi  un  vroqnis. 


LES   TONGA 


On  a  cessé  d'nppnlnr  cet  nrflii|"'l  l''s  llca  de» 
Amis,  nom  L.itimI  issu  du  )iiis:ir4l  tl'uii  inomenlt 
(l'unt*  iiii|)resf;îi>u  fugiliv**  ivruu  i^n  passijnl  |i,'ir  lo 
(ii'*i:ouvreur  ;  I*î  linsflrii  d'un  autri'  moment  eût  pu 
le  fjiire  nommer  aussi  hiou  les  îles  «les  Ennemis. 

iju;nil  nu  nom  de  Tonf^r-i.  Itvïi  Ii:ukiI  «'gnlenieitl, 
il  si^niifie  en  polynésien  les  lies  ;  d*uû  il  suit 
(jucn  disant  iles  Tonga  nous  commotions  nn  laii- 
tulo^isme. 

C*'ï  areliijii^j  .1  IM)  p(»tiies  lle.^  el  ihifs,  m»  fiiis.inl 
guère  ensemble  qu'un  peu  moins  de  iDOiMIt)  ticc- 
Uin^s.  Presipje  toutes  ws  terres  sont  basses,  sur- 
loni,  rouun»'  il  va  dr  sni,  t*'s  nlnlls  **(  b's,  rrueils 
de  corail,  et  peu  d'elles  inonti-ut  amb'ssus  tie 
î»0  mêln*».  niles  émîiilletil  h  mer  entre  le  10"  et 
le  ^t"  degré  de  latitude  iiu^lnde. 

Elites  sont  Insib'  de  '22  000  ji  25000  hommes. 
bcnux  giùll.irds  lend.-iiil  au  négroïde,  el  snns  doul(* 
forlemont  mêb's  de  snng  (idjien,  si  même  ils  ne 


soni  pas  des  Ftdjiens  innuencés  par  un  élément 
plus  <i  [^olynèsvicn  »  rjne  ne  l'eîfl  le  Pjipou.  Race 
lorl  essMiiiKinte,  ils  oui  envï»yé  cfu  monde  vers  di- 
vers*«s  iles  du  Pjieitique.  injtinmienl  vers  les  Fidji  : 
ils  Duraient  donc  relUié  vers  les  sourres  de  leur 
orijLiine,  m^iii»  en  efuiipièrauts  plul<'it  quVu  nuiis. 
(.l's  iruin,  espèces  desdaves,  desc<'ndenl de  vaincus 
du   lem[>s   paî^siV 

hevenus  tous  chrétiens  de  nom  el  de  rites,  mais. 
CLinime  on  le  doit  su|»piiser,  tout  impréfjués  encore 
de  leur  science  el  consrietice  lèulique,  ils  ont 
TijOO  eufnnts  à  l'école  el  se  Ininsmuent  l'i  Teuro- 
péenne,  du  moins  en  nppnrence,  s-ous  une  sorte 
de  gouvernemonl  couMitulionnel  uvec  |MU'lenu'nt, 
droite,  gauche,  conlro,  jeu  frivole  et  fvutsionné  des 
partis.  HiMuieoup  il'enlre  eux  écrivent  et  imrlent 
l'anglais  npporté  p:ir  h'  coinmeree  et  p.u-  les  mis- 
liions  protestante».  (|uiout  fait  plus  d'adhérents  que 
les  mission»  catlioliques. 


936 


L\  TKnnE  A  VOL  n'OISEAl. 


La  tcrro  ninjouro,  qui  fjiil  pivs  du  lioi-s  d»' 
r.ircliipnl  t*n  t'ipnduo.  plus  du  tiors  en  popu- 
Liliim .  s*a|ipellf  Tongataboii ,  «'.'esl-y -dire  TiK» 
SainU». 


Y.ivao  peiipLi  ?îouka-Hiva  ci  les  auh^cs  Marquises 
du  Nord. 

Ln  b;isdlique  et  dolt^ritiquc  Tofoiia  porte  un 
vulcnn  dangerrux  de  854iiu'lres. 


ëgllso  do  la  mbsion  des  llos  WalUs.  *  Ik^ssin  Je  Th.  Wcber,  d'apnH  uno  photographie. 


Le  Kao  (152t  mMi'os)  est  le  ruimen  des  Tonga. 

Les  WalUs  et  les  Fotouna.  —  Au  nonl  dt-s 
Tontjn.  les  l'oniillrrvs  Wallis  (9600  heeUnvs)  oui 
pour  ile  prîtirifiali'  Ouvra.  Leurs  4000  lirHiiL-uits, 
convertis  au  calliolicisine  par  des  Françiti.s,  aiment 


In  France  el  sonl  prolt'fri^s  par  elle.  Ils  ne  diini- 

niienl  p.is. 

Au  sïid-oiiest  tles  >V;dlis,  les  Foloiinn  (45000 
lieclîires),  îlots  voironiqnes.  imrlent  2500  Iioni- 
ines.  hons  calholiques,  également  prott'gès  |mr  h 
France, 


L 


AV 


JLES  COOK. 


917 


UaliiUUuus  de»  indigènes  daiiï  les  lie»  Cook.  —  Dossiti  du  Ittou^  d'après  une  iiliotcgrapUie. 


ILES  COOK 


On  appelle  ninsî,  d'npivs  son  (I/Touvrciir.  rnl 
nrcliipi*!  inainUMUiil  .-initiais,  qui  [tùvW  rfriïleiiiriW  Ir 
THiiii  tilles  H'incy  :  ik*  dntv  do  ses  lenvs  1rs  plus 
pclilrs  t*\  Ifs  plus  (ii'tifi  li'.s. 

I.es  ('*ook  ue  sotil  giiÎTC  g^niiidcs,  eiilro  ifui'» 
bordures  de  coi-ail,  au  nord  ou  au  sud  du  20*=  de- 
gré :  TiOSOO  lu»»;l;iiL's  vn  tout,  avor  StXK»  h.ibitanls. 

Neuf  d'iMitiL'  L'ilfs  st.'ulomeiil  ne  sonlposdi*  sim- 
ples ilôts.  Ltrs  moins  uxiguês,  et  en  moitié  tenipA 
It's  SfMiIrs  qui  porliMil  d<'  îii  vmie  ituinl.i^nr,  sr 
iioniinciit  Maiigaûi  (6700  hccljin's)  r(  H;iri)longii 
(8000  heclan^s),  colle-<ri  haute  de  près  de  150<hnè- 
Ires,  el  d'tu'i  l'im  croit  (|uo  piirlin*td  plusieurs  des 
riuigr;ili4)ns  <|ui  pfujdèronl  lii  Polynésie  il'une  r.iro 
homogène. 

Le  Cîinnibnlisiue  y  Hiis^iit   rage;  il  en  :i  disparu 


depuis  t]ue  ces  insulaires  vont  au  prAne  angbiis. 

Sporades  polynésiennes.  —  Des  Cook  pnrl  nu 
lii''s  Idii;:  t'|Mr|Hll<'m«'iiî  d'îles  fort  peliles,  sur  le 
elk'Uiiti  des  Siuidwirli,  distantes  de  40  de^'rés, 
les  Saudwieli  élaul  sous  20  degrés  de  Inlitudeuoi-d, 
et  rarebipe]  oîj  prirn»'  HaruloiiL;a  mjus  20  de<rrês 
de  lalilud".'  auslrnle.  I»aiis  leur  i'iiseiiîble,  on  les 
.'ip|>elle  Sporades  polync'sjeiines,  aMX  diffrrents 
noms  de  g^roupe.  (Euvre  des  niiidrêpores,  elles 
sont  basses,  toutes  (»u  presque  toutes  avee  coco- 
tiei*s,  beaucoup  avec  ^ximxo  qu'exploitent,  qu'ont 
déjà  [tresquc  partout  rpuis.'-  tles  An;:!ais  ou  des 
Yaiikees  A  peiuf  peul-on  eil»'r  Malden  (XîHH)  b^^ 
Ijire^).  aride  et  vide;  Noél,  dt'serte.  qui  v  83  kilo- 
niètn-s  lie  tour;  les  Iles  Karinin^'.  ete  .  ele. 


928 


LA  TERRE  X  VOL   D  OlSEAl 


ILES   SANDWICH 


Après  la  Nouvel U^-Zi'-lamlr  c\'sl  là  le  plus  ViisUï 
;irtiii(M*l  dfs  roljni'siens,  mais  aussi  l'un  de  ceux 
011  lii  rnce  gracieuse  décroît  Ijïiueiitnhlcnu'nt.  \k* 
plus  en  plus  ou  noiurue  cos  lies  les  llav;*ïi,  da  la 
principiile  d'etiltv  elles,  qui  dépiisse  I  lOfHJOOhec- 
Uiros»  sur  les  I  70HHU^  ilu  ^Toupe  entier. 

Les  Siindwirli  sortent  de  flots  très  éloig^nês  de 
ceux  (]ui  ^rotulcnt  ou  niurnuirrnt  condv  li*s;iu(res 
lerros  ik-  la  nation  polyrïêtsîenne:  Elles  rompent 
la  uu'v  dans  le  voisiuri<^'«>  du  Troplipio  du  Cnncor, 
snr  la  nitile  de  la  llalifoniii*  :i  la  Cliiiie,  à  l'ar- 
chipel ludo-Cliinois,  à  l'Iiuie. 

Havaïi:Maouaa-Loa,Kilaouéa.—navaïi.  qu'on 

appell'roil  la  jiierrf  .insulaire  si  elle  ne  faisait  eu 
même  temps  le«  deux  tiers  de  l'édifice,  monte  au 
sud-est  de  rai'tliipel,  sous  le  19°  et  le  20*  dej^^é, 
vaste  de  !  ir».%CfMj  Fieclares,  avec  2r>U0O  liouirnes. 

Elle  dresse  le  plus  puissant  volcan  de  la  Terre, 
le  Maoïiiia-Lon. 

ï.e  MaoïMia-Loa  (AlAb  mètres),  ou  Grand-Mont, 
est  bien  pluliH  un  Mout-Fuurant,  nn  Mont-Rouge, 
et  nul  cratère  ue  brasse  dans  sa  eliaudière  aul.'mt 
de  lave  en  int*andeseetM*eque  son  lenilile  Kihtouéa» 
enfer  r|ui  s'ouvre  sur  le  fîatit^  dugt^aul  Maouria-Ï.oa, 
par  rilO  mètres  d'altitude,  eu  une  ellipse  iU* 
l'f  kilouuVlrcs  de  luur.  Quand  sa  chaudière  se 
ville,  tomme  en  l^iU.  eu  isrifi,  en  18K0-t88l,  sa 
prulonileur  est  iK;  4.jO  mèlres  jusqu'iiu  soupirail 
où  commencent  les  lêuèbi'es  noires;  quaitd  palpile 
iia  lave  ardente,  quand  il  t(ume  et  dètomi»'.  tjn'it 
siffle  et  Juuii',  il  éftaurlu'  un  fleuve  lourd  qui  va 
lirûlatit,  raholatil,  dévorant  l'île,  et  loi'sque  ce. 
fleuve  s'aii'ète.  il  a  eaihê  vallées  et  vallons.  L'êru[i- 
liuii  de  l><80-l8Ki  a  duré  ^01*  jours  et  eonduil  sa 
vague,  éclairée  la  nuit  par  des  colonnes  de  feu 
sanj;lant,  jusffi'à  OC  000  mètres  de  la  gueule  du 
Kihujuêa»  (oui  prvs  dn  [turf  tle  llilo. 

lit  peu  plus  haut,  bien  mnins  faUil.  est  le 
Maouua-Kêa  (itiO^  mètres)  ou  Monl-Jllane,  ainsi  dit 
de  tpielque.s  neiges  d'élê,  dans  (juelqui  s  replis.  ]Ai 
Miiuuua'lloualalaï.qui  fut  un  mauvais  compère,  est 
assoupi  depuis  la  [uvjuiêre  année  do  ce  siècle. 

Tout  connue  l'Islaude.  bien  que  sous  un  .luIre 
climat,  Ilavaiidoit  sou  intértililé  givuule  à  la  cui- 
rasse de  la\es  (jue  le  Maouua-Luu  repaie  toujours 


avant  que  le  temps  l'ait  usée,  brisée,  émiettée, 
délilée.  Hors  quebpies  jolis  vallon»,  hors  quelques 
gratules  forêts,  c'est  un  bloc  dur,  sec,  aride,  avec 
peu  de  rivières,  Teau  s'en  allant  [lar  des  fissures 
dans  les  pridondeurs,  sous  la  carapace;  au  nord 
du  (]rajid-Munl,  l'un  de  ses  torrents,  le  Vaipio, 
simie  de  près  de  700  mètres. 

iVair  plus  d'nn  savant,  llavalî  est  l'IIavaiki  de  la 
tj'adttioiu  ranlique  métropole  des  Maoris. 

Les  petites  Sandwich.  —  Les  autres  Sandwich 
s'alignent  régulièrement  vei*8  le  nord-ouest,  jusqu'à 
lûioual  et  Miîliuou,  situées  sous  le  2!2<^  degré. 

Maoui  (ItiGSOO  hectares),  à  iO  kilornèlres 
flUavaii.  porte  un  mont  <lc  5100  nu''ln's,  le  llaléa- 
Kala  ou  ftlaison  du  Soleil,  volcan  tiri.  et  domie 
asile  à  16  000  h^mitiii's.  La  prinei|iah'  de  ses  citu\ 
lies  anneies  u  uoni  kaJioulavi  (1450U  lu*cUjresj. 

î.anaî  (^0 100  hectares)  n'entretient  que  214  per 
soïuies,  étant  fort  aride  parce  qu'il  tombe  très 
peu  de  |duie  snr  son    sol   volcanique. 

Mtdoknï  (49  lOO  hectares),  ile  efllanquée,  a 
'J4(MJ  li;iï)i(;itils.  Nul  mont  n'y  ntleinl  lOOO  mètres, 
ou  seuleineiil  KUO  :  elle  n'eu  est  pas  moins  très 
liacbée,  (ailladée,  à  tel  point  rpie  son  nom  usuel, 
Kaaïn.'qmli,  veut  dire  la  Tei're  des  précipices,  il  y 
a  là  l'une  des  jdus  tristes  colotiies  du  niondi*,  un 
village  de  800  lé[)i'eux  sévèrenn^ut  isolés  du  n'sle 
des  lioiimies  :  la  guérison  les  amnistierait,  mais  ils 
ne  guérissent  pas. 

Oah(>u,  plus  féconde  r|ue  ses  sœurs,  volcanique 
ainsi  qu'elles,  avec  numl  de  !Î86  mètres,  possède 
In  nu'Iropote  de  ces  îles,  llouoloulou  (!2I  000  liab.). 
port  splendide.  Sur  les  lt>8U0U  hectares  d'Ualjou 
vivent  28  000  hommes. 

Kaouaï  (141  800  hectares),  vieille  laveatlemb'ie, 
divisée  par  les  météores  depuis  (|ue  ses  volcans  si* 
ivjiosiMit  dans  la  ïtiorl,  est  une  terre  fei'lile  où  la 
caruM'  à  sucre  [U'ospère,  où  Ton  acclimate  l'oli- 
vier; elle  ne  nourrit  pourtant  fjue  S8tJ0  personnes, 
dans  de  belles  vallées,  «ra^lniii'ables  ciri|ues.  l*n 
pi(^  de  IHUO  luètivs  jette,  aux  heures  oblujues  de 
la  journée,  son  ombre  sur  d'harmonieux  contouri 


É_ 


SPORADKS  FRA.NCAÎSES. 


031 


Papéiti.  —  Des&io  de  Iliou,  d'après  une  pbotugraphifl. 


SPORVDES  FRANÇAISES 


Iles  de  la  Société  :  Taïti.  —  Wrs  h  17'  dogn» 
di>  laliluilr,  T;iïli  (*sl  l.i  [»ltis  tvlt'îbre  des  îles  do 
In  SL*t'it''tô,  la  |dus  hello  (»l  lu  jdus  vîisUî,  do  [inr 
SOS  10120(1  liorl;iivs. 

lïi'ux  ilos  la  conipiisonl,  i^é^^■^ll^s,  nuijs  st»  res- 
si^mlïl.ml  IVn'l,  Icrros  IhnuU's  qu'a  soudoes  un  islhmi» 
Ikis.  D'une  furirio  iiilortikHli.iiri'  »nilJo  li»  (rorrlo  ot 
rellipsc.  elles  ont  inôiiir  gràco  el  mémo  graiidouiv 
S4HIS  un  idoiii  rliniat  <l'u!u'  rnoyonne  do  2^'*  dans 
les  plaines  et  Viillnrjs  (hj  jmtirLour.  avee  10".  15''. 
I  i"  ]H>ur  Texeès  de  rr*»id,  Til*  à  TiÔ'*  pour  IVieès 
de  rfinud.  l*rc»3(juo  toule.  la  nation  Ifiitieiine,  hommes 
li;iuls  o!  ehnrnifirds,  PeniiniV'^  j'dtes  ri  e;Uînes,  vit 
sur  le  rivage,  parmi  les  arUieH  fruiliersou  sylves- 
tres tirés  du  sein  maternel  de  la  Tern?  pur  le  soleil 
el  la  pluie  de  e«'tte  zone  heureuse  (|ue  temp<?re  la 
brise  d'uni'  immense  ev|Kinsi(Hi  d*or*'an. 

tn  s*éli>ign:inl  des  Mots  on  monte  pres<|ue  dès  la 
rive.  Dans  la  grande  ile  on  peut  grimper  jus(|u'à 
2237  mètres,  hauteur  de  rOrohènn  ;  dans  la  petite 
Ne.  dite  Tainnipou,  le  Niou  ne  se  dresse  qu'à 
inUÔ  méires.  riusieur*s  monts  y  furent  des  volcans, 
tous  devenus  muets  —  tel  le  Diadème  —  et  c'est 
souvent  entre  de  noirs  hasiilles  que  le  soleil  irise 
les  cascades  Siius  noinlire  sur  des  torrents  iiiiioni- 
brnbles,  toujours  en  nuueur.  cnr  la  niorttague 
est  mide,  la  pente  raboteuse,  la  pbiie  dnie  et  de 
longue  dur''"^. 


On  ne  pense  pas  que  Taiti  possède  plus  de 
jO  000  hectares  cnltivablos  dans  son  entassemeni 
de  moutagnt's,  mais  de  ces  TAH)  liilotnôtres  carrés 
on  frrait  un  jardin  d'Arrnide  mi  seraient  heureux 
tîOOIlOO  Tailiens.  Or  nie  nen  eulrelier»!  pas  12  01)0, 
en  y  comprenant  sa  ^^rande  annexe  de  l'ouest, 
Moorêa  ou  Kiriiér»  (ir»2rt7  lieelares),  très  ^'Cacieuse, 
autour  d'un  inoal  de  plus  de  1200  mètres,  el 
deux  a  ilettes  o  qui  sont»  nu  nord  Tétouaroti,  h 
l'est  Maïléa  (4S7  mètres).  Les  Taïliens  se  laissent 
viviv  :  ils  cueillent  le  iVuit  de  l'arhre  à  [>aiut  la 
banane  cl  la  noix  de  coco;  Ils  adorent  le  soleil  du 
malin  et  dn  soir,  l'iMnlire  à  midi;  ils  s'êliatlent 
dans  les  ruisseaux  clairs,  dans  la  iiirr  souriaiile. 
Ils  avaient  toutes  les  joies  des  primilits,  ils  les 
conservent  encore,  ceux  du  moins  qui  n«*  tiennent 
f^as  de  nous  les  soucis,  anètuies  et  nialadii's  des 
décadents.  Ils  sont  fous  de  ploisii's  el  de  voluptés, 
insouciants,  puérils,  ivrognes  des  eaux-de-vie, 
qu'elles  soient  fram-hes  ou  fausses,  el  de  quelque 
fermentation  qu'elles  viennent. 

Issus,  dit-on,  des  Samoa,  ce  sont  eux  qui  en- 
voyèrent au  loin  dans  le  nord,  du  moins  on  le 
croit,  les  preniiei*s  honmies  qui  virent  Mainber  les 
volcans  d'Ilavai.  Klaieiit-ils,  conune  on  l'a  pré- 
tendu, 80  000  quand  Cook  aborda  dans  leur  ile 
avant  tout  autre  Eun>pèen,  ou  quand  l^)U^ainville 
èuitTvt'ilIr    la    nomma   la    Nouvolle-C^thère?    .Non 


933 


L,\   TERTiK    V   VOL  IfOlSEAU. 


sûnîà  nul  doute,  mats  depuis  lors  ils  ont  ](iriiîttMii[>s 
el  beaucoup  ditiiiriiiè.  Mémo  nn  les  a  vvus  jieidus. 
Depuis  quelques  années  ils  augmentent.  La  Fi'niice, 
lentement  coinnisatrice,  no  les  a  point  submergés. 
Le  piMiteetorîil  de  18i2  étant  devenu  possession 
diri'ele.  elle  les  pressera  (dus  f|u':iup;irnvnnl. 
Toulefois,  comme,  vivant  de  peu.  ils  Mandent  |*eu 
leurs  terres,  ils  ne  dispai-alIrorU  (|iJe  [inr  1;j  Inn^ue; 
ils  uni  knil  le  temps  de  s'unir  ù  unus  en  métis- 
sage H  do  survivre  sous  le  nom  et  l'apyiarence  de 
Français.  Sur  les  11  08i  honinies  liahil.itit  le  pjiy^ 
en  l'an  1888,  plus  tie  lOOU  soiil  îles  Français»  près 
dti  600  des  Lwropéens  on  Ainérieains,  prés  do 
500  des  Cliinois,  faisant  ec  cpic  font  les  Chinois, 
tout  ce  qui  se  peut  liiire.  Kii  grande  majorité 
proleslauts,  le  reste  ralludiqucs,  —  et,  dans  l'iii- 
timilê  des  choses,  tous  païens,  —  les  Polynésiens 
de  ces  îles,  b  pinjiarl  convertis  par  des  mission- 
naires de  la  p:irtoiil  prêdie;Hili^  Anjrleterre,  ont 
longtemps  suLi  l'inlhience  anglaise  plus  que  la 
IViinçaise,  el  beaucoup  d'eniro  eux  [wrleul  la  lini- 
giic  où  nnus  avons  pnisé  rarp':ot  di*s  eonrses. 

La    rapilali*,   Papêilj,   simple   hourgade,  est    un 
piu'l  U'és  si'ii ,  iK'olégé  par  le  corail. 


Houahiué.  Raïaléa.  Tahaa,  Borabora.  —Les 

autres  îles  de  la  Soeiètr,  maintenant  ])rolégées, 
voire  [Hissédêes  par  la  France,  snnt  : 

llouahiné  (7500  herlares),  à  U»0  kilomètres  vcre 
rouesl-nnrd-ouesl  de  Tiiti.  Le  corail  l'entoure, 
fr>l)0  rolyuésiens  y  di^nieurent  sur  une  terre  \i"l- 
canique  partagée  en  deux,  comme  notre  Guade- 
loupe, par  m»  r-ïjenal  d'*ingine  moderne. 

ïtaraléa  (UMOO  hectares,  avec  21)00  Ames), 
BYlévc  à  fiOO  mètres,  ceinturée  do  corail,  romme  sa 
voisine  an  nard,  T.dian.  nolle-ei,  qui  a  8'2tM)  hec- 
tares, pmte  UHlO  hahilanls  environ. 

ïtoraliora.  mont  de  000  nièlres  à  deux  cimes, 
csL  comme  ses  smur's,  cnviroimée  de  récifs  ma- 
dréporiques.  (>()0  personnes  rii:d)ilenl,  ayant  î^  leur 
disposition  Ô800  hectares.  Toubaï  ou  Motouiti  et 
Maonpiti  simt  pareilles  aux  autres. 

Ces  insulaires  ressemblent  à  nos  Talliens.  Dos 
missiounaiies  anglais  fcs  ont  amenés  A  confesser 
le  nom  de  Christ  sui>ant  la  r^rmule  anglaise. 

En  toul,  ces  îles  font  58  hOÙ  hectares,  avec  un 
petit  peu|)le  de  5;i00  à  GOOO  hommes  plus  ou 
moins  vernis  î^  Fcuropéenne  el  très  enclins  h  sa 
parer  de  nos  vices. 


Les  Marquises.  — Encore  moins  assimilées  que 
Taïli  sont  jusqu'il  ce  jour  les  Marquises  on  il  n'y  a 
que  lOU  Français  pour  faire  face  à  prés  de  100  Eu- 
ropéens et  d  îiQOO  Polynésiens  —  le  loul  sur 
127  400  luTlares,  en  onze  îles  volcani(]iA>s  essai- 
niées  eulre  le  8'  el  le  10*  degré  1/2  de  latitude 
auslmle,  à  250  lieues  vers  le  nord-ouesl  de  la 
a  Nouvelle-I^ythére  ». 

Oeux  (le  ees  îles  ont  plus  d'ampleur  que  les 
autres,  Nouiio  Hiva  cl  Hiva-Hoa. 

\onka-IIiva  touche  pres(|ue  le  ^  degré  par  ses 
c.iïps  rnéndionaux.  llarmonietise  en  s^  mer,  en  sa 
montagne,  en  son  ciel,  cVsl  ilne  autre  Tailî,  moins 
belle  et  plus  petite.  Elle  dn^se  sa  maîtresse 
roche  h  !I78  mètres,  la  moitié  de  FOrohéna 
taitien.  Il  y  a  là  une  espèce  de  plateau  centi*al, 
le  Tovii,  d'où  les  torrents  tombent  comme  Fava- 
lanche  h  la  rîve  prochaine,  et  l'un  d'eux  saute  de 
37),"»  métrés,  on  dit  même  de  650.  Au  bord  des 
Oolson  rencontre  ça  el  là  quehpie  ê|»miouiss<'ni4^^ 
di!  vallon  ofi  terre,  soleil,  [iluie.  sont  propices "^ 
l'arhre  à  pain,  an  coetMier.  au  bananier,  à  la  canne 
h  sucre,  au  coton»  ati  tan*  dont  l'indigène  aime 
la  racine,  au  roloimn»r,  aucatier.  \ouka-lliva  don- 
nerait tout  el  ne  {foruie  rien.  Presque  partout  dé- 
serte, de  plus  en  [»liis  \eine  de  ses  Canaques,  elle 
n'avait  que  2700  insulaires  en  1855,  el  dix-sept 
ans  après  il  ne  lui  en  leslait  pas  KîdO.  Quant  aux 
Français,  ils  habitent  [*resque  tous  h  Taiohac,  sur 
une  jolie  baie  de  ta  ciMe  du  sud.  Ce  village  est 
la  «  capitale  »  <lep  Marquises. 

lliva-ïloa'nous  ap|iarlict(t  de  nom,  £omme  tout 
Farehipel.  ihqaiis  18i2,  mais  nous  n'y  avons  pris 
pied  qu'i'n  ISSO.  pour  venger  deux  n».itelols  man- 
gés l'année  préc.é(h'nt.e  par  ces  cannibales  tatoués, 
(l'est  nn  bkjc  volcan i(pie  île  40000  bectaivs,  élevé 
de  PiOO  mètres  et  le  plus  haut  de  Farcbijtel. 

Solitaire  en  presque  tous  ses  vallons,  il  n'y 
restait  en  IS72  que  nOlîO  dmcs,  contre  OOOd  en 
18o5.  Kt  il  iMi  est  de  même  dans  les  autres  Mar- 
quises :  à  Taouata,  le  montagneux  satellite  de 
Iliva-IIoa.  ces  dix-sept  ans  ont  abaissé  la  poptda- 
tion  de  (îOO  à  oÛO;  à  F;jlnn-llîva,  volcan  éteint  de 
1 120  mètres,  vivaient  1200  fîmes  en  1855.  lé  où  il 
n'eu  subsistait  plus  que  2.%0  en  1872;  Hou.qRiou 
(I  180  mètres)  est  descendue  de  I  HJO  j'i  OOO,  lloua- 
Ilouna  (740  mélres)  de  300  à  19;  Hiaou  est  et  Tut 
de  titnl  temps,  il  semble,  une  terre  déserte,  un 
bonrsoullernenl  de  (ViO  mètres. 

1 1  UifO  hommes  en  i855,  seulement  CO-15  cD 
1872!  Ft  seuUniient  5000  aujourd'hui  !  D'où  vient 
ce  Irépas  rapide? 


dkl 


r 


♦ 


Type»  Ullien».  —  UoMn  do  lUxvn»,  <l'ii|>r^  une  (ibulugrapiiH 


L 


054 


LA  TKHRE  A    VôL   iroîSEAU. 


Ce  n'est  pas  Vexc^s  d'i^migralio»  qui  dépeuple 
les  Marqtjisrs,  conitni*  eïle  I*'  ffiit  (J'iTiii,  innis  l;i 
mort,  qui  ne  recule  pas  dL*v;Mil  un  flol  d'arrivées  :\ 
la  vie.  La  Frtinre  pourhal  n'a  ^^uère  linilalist'  les 
Polynésiens  des  Manpiisos;  elle  lésa  laissas  à  leur 
passé  de  sauvages  éparpillés  en  tribus  taluuéi's. 
«nirorniérnenl  asservies  aux  mêmes  maxinit*s  de 
gouvenienn'nt,  aux  mêmes  fêtirliisïiies.  .aux  nit^nu's 
mirages  de  pensée  e(  de  fdjilosepliie;  mais  elle  a 
mis  un  tenue  h  leurs  guerres  civiles  et  proscrit 
les  rejjus  de  chair  îiinriaiite  «font  rnainl  piierrier 
r^ve  encore.  Ils  devrai(*nt  dune  i:niitre.  l'I  ils  dé- 
croissent comme  les  Maoris,  les  Fidjiens,  les  ILi- 
vaïons.  i\:ul-étre  avant  de  somlirer  remunleronl-ils 
au  jour,  ainsi  que  Taïliens  et  Sainaans,  ijnand  le 
contactdu  Diane  aura  pourri  ceux  qu'il  doit  pouirii'. 


Les  Touhouaî.  — A  quelques  centaim^sde  liilo- 
im'itres  ïui  sud  de  Taîli.  tant  au  nord  qu'au  Tiîidi 
du  Trojiiipie  du  ra|*rieo!7n',  les  Touluniaï  S(M]| 
n<Mrcs  depuis  1881.  liicn  jjelit  aceroissenienl 
d'enijuue  que  ces  îles  qui  m;  metli'nt  pas  vu  lif^tie 
200t)  insulaire?,  sur  23  900  liecl.trrs  doni  THiOO 
ptmr  RiHvavaê,  la  terre  la  plus  haute,  el  lilôClU 
pour  Touhouaî,  tlont  le  gi*oui>e  tient  son  uont.  Ces 
deux  Iles  ijirtjpurrs,  niinatar.ï,  iHuléj-oa  au  Hnurou- 
lou,  Narounily,  iliil  vide,  lunl  cel  liunddennliipel, 
qui  porte  aussi  le  nom  d'îles  Ausiralj?»,  manque 
presrpie  toialemenl  de  ¥nu  çiis. 

11  n'y  avait  personne  dans  1rs  Tindiouaï  quand 
leur  an'ivêrcril  des  'raîlieris,  vers  la  fin  t\u  siècle 
dcrniei".  Les  Toubouaïens  se  rallaclienl  doue  à  la 
plus  Lelle,  à  la  inoîn&  décroissante  des  faniilles 
polynésiennes. 


Oparo.  —  A  cent  vinj^l  lieues  au  sud-est  des 
Tunbourtî,  Opnro  ou  Hapa,  devenue  IVauçaisej  n'a 
que  la  valeni"  d'un  relais  de  mer  sur  la  loule  entre 
l'Kurope  el  la  Nouvelle-Zélande  par  Panauja.  4700 
hectares,  en  lui  ajoutant  l'îlol  annesr»  de  Moi'oliri. 
lui  pic  de  (iTiTt  inêli'es,  K%0  k  lai'opha^'^es  d,  hnnnnes 
bien  fjils,  doux,  ;^a»nlils,  sous  un  ciel  d'une  prodi- 
gieuse mansuêiude,  (elle  esl  celte  Oparo  sur  sa  mer 
infinie  S<ditairc  entre  les  quatre  venis,  eMe  ntf 
voit  que  des  tluts  sans  limon  el  le  soleil  dans^s<*i 
gloire. 

Les  Touamotou.  —  A  l'est  et  au  sini-est  île 
r«ile   Gracieuse  ]> ,   les  Touamotou  nous  appar- 


tiennenl  aussi.  Ce  nom  polynésien  veut  dire  les  Iles 
lointaines,  et  en  effi't  elles  s'en  vnnl  hien  loin 
de  Taïti»  par  une  puissante  éclaboussure,  cuire  14 
et  25  degrés  de  latitude  australe.  Mais  en  vain  la 
lij^ne  di'oile  lirée  de  la  première  au  nortl-cmesl  à 
la  dernière  au  sud-est  a-l-tdle  'ioOO  kilomètres, 
presque  aulanl  qu'en  Lurope  la  distiincc  de  Paris 
à  Mosc<»u;  en  vain  sont-elles  soixanle-dix-neuf  sans 
li'S  iluls,  les  S(»us-ilots.  les  simples  récifs,  elles  ne 
donnent  à  la  France,  leur  souveraine  depuis  I8i2, 
que  5100  tioimnes  sur  900000  lieclares.  De  ces 
MlHJ  itisulaires,  iOOO  vivent  dans  Aiiaa. 

Avant  de  s'appeler  Touamotou.  c'était  les  l'omo- 
lotj,  les  «  Conquises  ».  Par  égard  pourses  nouveaux 
nis  la  Trance  eu  n  lait  les  n  Lointaines  n,  mais  les 
riuilli'ins  noms  sont  les  anciens  noms  :  Iles  llasi-es 
ou  Andiipel  Dan^jereux  —  Basses,  car  les  forces 
d'en-dessous  nù  les  ofit  guèi'e  levées  au-dessus  du 
niveau  que  leur  donnèrent  Ieui*s  fondateurs  et 
eimenteurs  les  [tolypes;  Dangereuses,  car  leun 
êfueils  êvenlrenJ  les  navires. 

Les  Touamotou.  sans  rnonis.  sans  rus,  sans  fonts 
vivi's,  sèches  de  sol,  sièriles.  n'offrent  pas  de  vraie 
leri"»  «réatrice  à  leurs  homriu's,  Polynésiens  de 
lauj^ie  plus  que  de  ruée  ([luisque  les  Taïtiens  s'y 
jL^reffèieiit  sur  des  Néji^'roides  donI  on  ignore  l'ap- 
parentage).  (In  y  mange  du  poisson,  el  aussi  de  la 
rarine  de  laro,  et  des  noix  de  cocotier:  ce  palmier, 
arbre  essentiel  d**s  ceiiitun's  de  corail,  croil  ici 
sur  In  rive  extérieure,  h  Pestnin  de  mer,  ou  sur  la 
rive  inlérii'uri'.  au  bord  des  lagunes  vert  i»àle.  eau 
d'océan  qu'avivi^  h»  détroit  laissé  par  les  madré- 
f)oresdans  la  digue  annulaire  d<'  l'atoll. 


Iles  Gambier.  —  Au  sud-est  des  Touamotou. 
dans  les  environs  du  t^ipri<*orne.  les  iles  (iambier 
iiu  Mangarévii,  protégées  depuis  I84i.  sont  le  ciuie- 
lière  d'un  peuple  polynésien  (|ui  décline. 

1K00  i\  2000  en  I8ii,  mjjourd'Imi  IK»,  vodà 
depuis  cinquante  ans  ï  d  accroissemenl  »  des  Man- 
gnréviens.  anihropophages  que  des  missionnaires 
callioliipies  oui  amenés  au  christianisme.:^  la  |>ais, 
à    la    mansuétude. 

Les  Mangaréviens  lienucut  leur  nom  de  la  |>oinle 
humide  et  cependant  fertile  Mangaréva.  leur  ilc 
majeure,  huile  eu  n»onlagnes  avec  un  volcan  dé- 
crépit, le  OutT  (401  mèlres).  Tarav.ii,  Akamarou, 
Aokéna.  kamakha,  etc..  ajoulr*nl  à  la  petitesse  de 
Mangai'éva  leur  piopre  inlinitésimalité  pour  eom- 
plèler  Ihumble  anliipel  de  2400  licctiires. 


Jii 


ILE-   [)E  PAOUES. 


935 


bUlues  géantes.  —  Dessiu  ûc  A.  de  Bar,  d'aprto  un  croquis 


ILE  DE  PA(.>LES 


Les  Dieux  géants.  Un  peuple  qui  meurt  — 
L'ilt'  lit*  IV*()iies  l'sl  Yei*s  It*  -7"  lU'giv  dt*  la!i- 
lud»'  iUl^l^al^^  loin  des  Sporndcs  rran(;«ises,  el 
mèuic  un  |>ou  plus  près  de  l'Aiiiêrique  inêridio- 
ludc  *\tw  de  Tai(i.  SiMile  sur  des  mers  sans  bornes, 
vWt*  appiu-tient  au  (iliili. 

On  l'appelU*  ôi^alenien!  Vailum,  MaU-Kitér;ighé, 
HapH-Noui.TéfHto  U^-Kénou.'i'.  Il  n'i'sl  aucun  doctes 
noms  iiuli^*'m's  qui  ne  vaille  a  sept  l'ois  seplnnlc 
fois  siqit  lois  »  le  iiont  rixilisê  donné  à  cette  rortm 
en  l'an  1722  par  raniiral  hollandais  qui   le  pre- 

1.  C'esl  le  iiiitit  \cntalile. 


mier  la  reconnut  ;  c'i^tail  le  n  jour  de  la  résur- 
rection, I)  el  Têpilo  té-Fénoua  devint  I  ilr  4le 
Pâques. 

Elle  n'a  pos  même  50  kilomètres  de  tour,  avec 
il  77.^  hectares. 

Ses  volcans  sont  muets,  mais  elle  a  conservé 
leurs  rougeâtrcs  cr»U<tres;  l'uu  d'eux,  celui  de 
Kaou.  immense  puils  réj^ulier.  ii  plus  de  5  kilo- 
nirlres  de  four  et  Tai)  mètres  de  firufondeur. 

t.a  iiitintagne  lu  phis  liante  n'y  domine  les  n(»(s 
que  de  hDW  mètres.  Tèpito-lê-Fénona,  lave  rouge  el' 
pieire  ponce,  n'a  que  des  ariustes.  pas  d ambres. 


956 


LA   TKURK   ,\  VOL   D'OISEAI'. 


peu  d'eau.  Quoique  sous  la  mènu'  L'ililiide  que  h' 
noi'd  de  la  mer  U(>ug{»,  elle  n'est  point  eléinenle; 
rOcéau  y  souï'flo  éperdumeul,  iatatig-ihlemenl,  et 
il  n'y  a  douceur,  liédt'ur  ou  cliuleur  que  daus  ]n 
conque,  des  cralùros  éteints,  à  Tabri  du  mistral  dy 
ces  mers,  '-^ 

Hèceminerit  encore,  en  IHiJO.  vWo  avîiit  trois 
mille  ^  hommes,  Polynésiens  païens  venant,  d*a[)rès 
leui*s  traditions,  eu  deux  pirogues,  d'une  île  Tort 
éloignée  dans  l'ouest*.  Quaud  abordt'renl  ci's  navi- 
gateurs poussés  par  le  vent  d'occident,  Têpilo-tê- 
Fénoua  nelaît  pas  déserte;  ils  y  trouviîreul  uu 
peu|»le  ihiui  ils  tuèrent  tous  les  niAles,  puis  ils 
prirent  pour  eux  les  femmes  et  les  filles. 

De  l'allianee  des  égorgeurs  et  des  épargnées 
naquit  la  race  des  hommes  qui  (aillèrent  les  deux 
cenis  slîiïues  de  G  à  H  uïèlres  de  haut  «[u'on  ren- 
contre dans  l'île,  debout  ou  courbées,  brisées  ou 
iidègres. 

Deux  fois  |>lus  haute  que  les  plus  graudes,  l'une 
d*elles  a  même  23  mètres,  mais  le  sculpteur  ne 
l'a  poini  terminée. 

A  vrai  dire,  elles  ne  sont  pas  des  statues,  mais 
des  bustes,  comme  le  Sphinx;  et  de  ces  bustes 
la  figure  prend  k  moiliê,  face  qu'on  dit  très  sem- 
blable aux  visages  taillés  jadis  par  les  Aymaras  du 
Pérou. 

Ces  bustes  étaient  des  idoles.  Dieux  rouges, 
puisqu'on  les  coupait  dans  la  lave,  chacun  avait 
son  nonip  qui  n  est  pas  oublié  des  vieillards,  bien 
que  deux  siècles  cl  demi  se  soient  écoulés  depuis 
que  les  artistes  de  l'ile  aux  (juatrc  ou  cinq  noms 
ont  cessé  de  tirer  du  roc  Timage  des  maîtres  sou- 
verains du  Ciel  et  de  la  Terre,  Comme  tel  de  nos 

\.  On  dit  aussi  1000  seulement. 
ï.  Uangarùva,  jtcut-iïU^ 


vieux  sculpteurs  s'usait  h  son  portail  de  cathédrale, 
le  statuaire  polynésien  donnait  toute  sa  vie  à  ces 
divins  colosses,  heureux  si  de  la  jeunesse  à  la 
vieillesse  il  avait  la  force  d'eu  ciseler  ua  ou  deux. 

Toui'nés  au  catholicisme  par  des  missionnaires 
français,  mais  restés  ]iaïens  ;ni  fond  de  l'Ame,  les 
Canaques  de  llapa-Noui  croient  encore  à  la  puis- 
sance de  ces  divinités. 

Nou  («is  de  ceMes  dont  l'idole  est  \mv  terre,  car 
celles-h\  sont  mortes  *lans  la  luiil  d'une  l/ataille 
entre  les  statues  :  lout  Dieu,  tout  Génie  dont  le 
buste  fut  brisé  par  le  buste  d'un  (léuie,  d'un  Dieu 
rival,  rendit  l'âme  tlès  qiit'  htndja  sou  simulacre. 
mais  les  tout-puîssants  dont  le  colosse  resta  debout 
gardèrent  leur  anli(|ue  verlu. 

Ils  n'ont  pdint  sauvé  leui'  peuple,  les  Dieux 
géants  de  Yaïliou.  De  trois  mille  tombés  à  cent 
cinquante  \  ces  insulaires  diminuent  encore.  Il 
n'y  il  plus  chez  eux  que  67  hommes,  59  feitmies, 
4i  petits. 

Pour  un  eiifanl  ipii  morde  a  la  lumière  du  jour, 
trois  vivants  y  descendeni  dans  la  nuit  de  la  mort, 
et  liienlnt  rien  ne  l'eslera  de  la  tïalion  solitaire  suj 
son  rochei',  |iarini  des  \ents  éternels. 

Elle  fut  pourtant  jeune,  vivante,  agissante,  quand 
dans  sn  ferveur  elle  ajoutait  les  Dieux  de  pierre 
aux  Dieux  de  pierre  :  peiit-éire  eut-elle  jusqu'à 
0000  hommes  qui  cultivaicut  lesol  issu  des  volcans 
ou  |>échaieut  la  mer  (uiissonneuse. 

On  lui  a  pris  ses  lits  pour  les  plantations  des 
îles  Polynésiennes  et  pour  les  guanos  du  Pérou; 
la  variole,  l'astliiue,  la  phtisie,  la  syphilis  ont  ravi 
les  aulres,  et  rirmuortelle  nature  n'y  renaît  plus^ 
d'elle-même. 

t .  tvont  20  Taïliens. 


Fin. 


p 

! 

INDEX   ALniABËTlQUE' 

■ 

1 

Aar  (1/),  Ml. 

Aipucs-Mortcs,  162,  hu. 

Iridié,  122-125;  —  CD  Amê- 

An^'laise  (Langue),  58-50. 

1 

Abnï  ou  Nil  Bleu,  478. 

Aiguillon  [Anse  de  1*),  100. 

liqiio.  6H4. 

AnK'le.spy(||od*),  54. 

^^^^H 

AWché.  5'i8. 

Ain  (L"),  169. 

Aiii*T(i;).  loij. 

An-letori-e,  32-42. 

^^^^1 

AlHÏokotiIo,  voy.  Yorouba. 

Aïnos.  450. 

Alhiuf^fRaied'),  iOÔ. 

Aii^'licane  (fgli.<îe),  40. 

^^H 

A!)ordorn.  48. 

AiravAti,  voy   Ir.nouaddi. 

Aliiiadon,  190. 

Aii^lo  Saxons:  o?rte.ip|)ellalion 

^H 

i 

Abkliasie,  502. 

Ailnue  [Foivt  d').  184. 

Alpes  (Les). 20,  25-20.  \:^,  155; 

eî^t  inexacte,  p.  38. 

^^1 

Alm,  1*2. 

Aix-la-Ch3ï»ellc,  107. 

—  Al|ies  suisses.  130-1 ÏO. 

Au-.da  (L). 553-555. 

^H 

Aboiney,  Mi». 

Ajaccio.  18.1. 

Al^ihéi'  iMeuve),  200. 

Vn-utula,  478,  482. 

^^^ 

Abraiàlos.  2UK. 

Akkas.  457. 

AUare- lorraine.  112. 

Atu'oi-a.  319. 

^^1 

Abnir-zes  (Les),  22". 

Alajcou  (L'),  ll»0. 

AlUï  (Monts),  208,  280-281. 

Ani.'oul(>me,  100. 

'^^^ 

Abyssiiûe.  477-48$. 

Aland  (llesi,  U2. 

Alîar  iMfini),  770. 

Aiï^'ra  l*cquen;i.  550. 

^H 

AbvsMiiicMP,  4K0-48I. 

Alaolra  (Uc),  504. 

AlliUido  (L)  :  ^a  j  uissancc  el 

Anio(L*)ou  Teverone.  219. 

^^M 

Acaiiie.  «5l»-fil2. 

Alaska,  007.  (W18.  082-083,  OM». 

siiiiiiinueiue,<l-7; — allilud*.* 

Ankolicr,  478.  4»2. 

^^^^Ê 

Aca(Ji<>iis.  (151.  63U-0M. 

Albanais.  228. 230, 242-244  ;  — 

nioyuniit.'  de  l'Eiimpe,  10. 

Anuam.  3ï)0,  402-401 

^^^^M 

1 
1 

Acapulco,  7U4.  7Uil,  *71t>. 

eu  Gi-cce.  205. 

Allunâ,  lOti. 

Arniainilt*ïi,  402-101,  407. 

^^^^H 

Acnnmnio.  258. 

Albanie.  242-241.  247. 

Alvielln  (Source  de  1").  208. 

AtJiiecy  (Lmc  d').  151. 

^^^^H 

AeatoiuuKO  (Mont),  715. 

Allano  (Uc  dl,  210. 

Aniai-âpoura,  3'J2. 

Vunoboirijlle].  &1I0. 

^^^^1 

Aclia»e-Eli(it%  200. 

ALbauv,  Oi»4. 

Ama7i>nt's     Tlruvc    des).   821- 

AnsuiitOi.    329.  530. 

^^^^^ 

Achaiitis,  512. 

Albany(L'),  C27. 

824.—  Voy.  Mura^non. 

Antilirs,  102.  li;3. 

^^1 

t 

Achcloii»  (Fleuve),  258. 

Albay,  000,007.908. 

AmbtMue  (tic  ri    ville  d'),  890. 

Auli-Caucjseti;).,*502. 

^^^^H 

1 

AcIieroD  (I/),  242. 

Albéivs  (Les),  150,  I<i2. 

Ambrym  (Ue).  010. 

At.ti^uadle;.  710. 

^^^^H 

Aconcaîîuafi;|.796,  802. 

AIU'H  {Lac}.  403,  4C4-465. 

Aiin^rii'fliiis     indigène?,     612- 

Anti-Liban  (L).  324.  320. 

^^^^1 

Acore?  [Wes],  585-584. 

AlberUi,  «58.  000. 

010. 

Anlilles    (IIm;.     7->5-7.Vi  ;    — 

^^1 

Adam.itnia  (!/],  ri27. 

Albordji  (ilonl.sl.5i0. 

\iin'rique,  001 -K58;  —  gônërjt 

au^'laiso^,  7 45 -7. M)  ;    —  da- 

^^^^M 

i 

Ad(ia  (1/).  2l»i. 

Alcali  de  lléiiiu-ês.  IIK». 

lius.  GOI-012. 

uoisci,  752  ;   —  espngnnU'S, 

^^^^H 

Adélaïde.  857.  -800. 

Alcaiilai-nlPcmld'],  100. 

Anithiiue  Centrale,  715-724. 

727-752;     franoùs**''.     741- 

^^^^H 

1 

AdelsUM-g  (Cavonie  d'i.  116. 

AlcaïDr  {V).  180. 

Ainénipie   du    Nord.  017-752. 

744;  _    hoUaiidoises,   750 

^^^^H 

Adeu.  335,  55(1,  557-558. 

%iemk*jo.  208. 

Amérique    du    Sud.    755-858. 

751. 

^^^^H 

Adinn(ï.).2l7. 

Vli'oiites.  082-IW5. 

Aniènque  latine.    607-700. 

Anlioiiu*.  32li. 

^^^^H 

Ad»ur(L*\  !«7. 

AkMmtieiincs  (Iles),  682-083. 

Ainluira.  480.  481. 

Aiili|Kiros  (Ondied'i.  202. 

^^^^H 

Adn»'(L*}.  ^12- 

Alt'p.  350. 

Amious.  180. 

Anlisanad/),  770. 

^^^^H 

Al^banistan,  347-550. 

AU'ria.  183. 

Amii*aate5L  (llf^s).  600. 

AuMi-^,  129.  T^. 

^^^^H 

Afi^baiis.  r.J8-.V.«». 

\let:«dUGlacierd*).  140. 

Amirauté  (Iles  de  T).  874. 

Aoum-h  IL'I,  48i-483. 

^^^^1 

Afrique.  4.M-(KKI;  —  ^run  i 

Vlotandra  tLac).  402. 

Ahïou  (L).  2t>4. 

Aoudjila,  488. 

^^^^H 

btes,  45I-4G0. 

AlPiandric  d'É^ypte.  472. 

\mour  (Fleuve).  283-280. 

Aoumgheu  (Les),  4M. 

^^^^1 

1 

Afrique  Mineure.  452-455. 

Alexandrie  d'Italie.  232. 

\ninliiar.  '575,  370, 

Aoussa  (L\  183. 

^^^H 

AKiy  (b-).  l«7. 

Alfa  (Mer  d).  400.  -rO:.. 

Inisterdam.  15M. 

Apcbvrtiu  (Pir.'Mprilc  d'),  18. 

^^^^1 

i 

Ajrra.  575. 

Alfa'ld  (D.   118.  Ml». 

Analmar  [l'Inteau  d'),  700-708. 

Apennins  (Les),  218. 

^^1 

Agram.  124. 

Altcarve,  208  20t) 

Anatolie.  ."12-344. 

Apo(Uniit).0i0. 

'  ^^M 

AKiiprnlo.  225-220. 

Al>fer,  4U6.  4117,  'MO. 

\ndalousie,   ll»8. 

Arabe  (Langue).  534: 3.5. 

^^M 

A«un  (VolMH  de),  :!5. 

AlpLn*ie.  1711.401-510. 

Auilanuin  (llrs).  5S8,  5S0»3il0. 

Arabes.  534-356.  490-401,195, 

^^M 

AKueda  (f),  188. 

AlirniKpiins.  021.  «iôO. 

Andefi    (Cordillère    des),  TdO. 

500  :>(?8. 

^^M 

Allinedahad.  577. 

Albiindira  (I/i.  20r.,  200. 

OU.  750,  700-770.  770-778. 

AriUc.  272,  331  338. 

^^^H 

Absa  (l.}.  558. 

\liiii;i  (L),  r>52. 

785-787.  793.794-708.801- 

Arvn.  101. 

^^^H 

Ait;oual  IL*;.  130. 

MIalinbad,  358.  *576. 

802. 

Aran  (Val  d'),  150. 

^^^^1 

Allrghtnits  [Moûts).  007.  007- 

Andnnople,  210. 

Aranjuei.  190,  WH. 

^^^^H 

670. 

.Angara.  282. 

Arirat  (Mont),  272.302.  '312. 

^^^^H 

'  Le»   num^rtH  pn'cùtlé»  d'un 
ast^ri«i|ue  cl  eut  rotl^  piir  un 
irHit  il'umim  ili>^t;;iiciit  la  |in^'c  ou 

AUeKhfluy  (Ririeiv).  670. 
Allpmn;;n«'.  97-112. 

Au-ai-aYèm.«0i(Ll.î8«-2«2- 
Ani^er*^.  180. 

Araucans,  8(X). 
Aravali  iMonl;»).  302. 

^1 

V  lrûiiv«  la  dcvriiptîon  la  plu» 

Alleniaridr  (Unj;iie).    103-101. 

\n;;k»r.  504.31)5. 

Ai.in'  (L  ),  :m. 

^^^^1 

compU'tc  'lu  iiijel  dt'Mgiu'. 

Allriuands.  102-100;  —  eu  Aii- 

AutjLits.  55-kO. 

Are  (L),  170. 

^^^1 

0.  Rbcui.  Ix  TCMt  4 

• 

VuL  u'oiStAU. 

118 

m 

- 

B 

^MM 

^F              INOfciX    ALIMUltÉTIQlH:. 

^H 

Arvaclion  (tîassin  d),  10*2. 

• 
Ayouthia,  301. 

Batnuni.  302. 

Bokbara.  207,  *308.500.      __^Ê 

Arcadie.  "im».  -l&l. 
f                              Ardêche  (f).  11:.,  170. 

Azof  (Her  d*).  80.  82. 

Rituro4is(Lcs}.  190. 

Pol^Niry.  78.                          ^^^1 

Itavièro,  110-111. 

Bolob'ue.  332.                       ^^^H 

Anlennes(Les).  150. 

Bay  (Lac  do).  006. 

BoL<eiia  (Uc  de),  219.         ^^B 

Aï-équipa  (Volcan  d)  ou  Misli, 
777,  77«. 

B.ib-el}laiidcb(Dôti'oitdo).332. 

H(-aui'^-  iU),  156. 

Bulton,  41.                                 ^M 

Babil  (Hutte  de),  520. 

Beiramar  (La),  816,  S-O. 

Bombay,  570.  -374.                      ^ 

Arfats  (Monts).  870. 

IlalKir  (Loi.  -iOlV 

Ur-iroul.  350. 

Bombay  (Ppè«ideiice  de),  374. 

Aiv*.'ns[L'),  17(1. 

Ii;.buy.-iueii(I|.>K|,  008. 

lî.-bMniTuurde).2U. 

Bon  (Cap'i.  404.                            ^J 

ArKciUiije    {llêpublique),    801- 

Dabyloup.  319.  323.  524. 

Bellasl.  52. 

HAne.  496.510.                            ^M 

81U. 

HidAliiiiic.  324,  325. 

llrirnil  (Troiiêr  de).  152. 

Borabora  (lie).  842.  032.            ^M 

ArKoliJe-ct  CoriiiUiie,  'iOO. 

(J.itlnane.  300. 

bL-Iffiiiue.  120-134. 

Bordeaux,  178,  '180.                  ^1 

Arços, '259,  2ti\ 

liadiijoz.  VM). 

Ib-Mn.do.  250,  251. 

Itonlj-bon-Ari'ridj.  498.             ^H 

Argos(Golff  d'),  200. 

ïlaiiiiktlmi.  300. 

Bduf.  724. 

Bornro.  903  004.                            ^M 

Ariètfc  (L'),  166. 

Uad..'   (Grand-Dudié  de),  107- 

Ilelle-Isle.  150. 

Bondiolm  (lie  de).  68,  60.          H 

Arizona.  678. 

lOK. 

IMt  iU).60. 

Hurystêue  (Le),  81.                       ^M 

Ai-kmisas  (L),  674. 

H:imn  iBaie  de).  018. 

Bouaco  (Uc).  216. 

Boscbjesmaonen  (Les),  506.  ^^^Ê 

Arkhaii^;.'!.  75.  82. 

Hall  II-  (Le),  530. 

BfiiarOs,  374. 

Bosna  (U),  Uô,                  ^^^1 

Arles,  168.  109. 

Hagdad,  310-320.  322, '324. 

Upiifiale,  360. 

Bosna-Sérai.  240.               ^^^1 

Annénic,  *>7*2,27.-j,  312-31  i. 

nat'biniii  (Le).  527-5'28. 

Ilrii^MJ*'  (Pï-èsidence  de),  572. 

Bosnie.  2.36.  248-340.          ^^H 

Aniu-meuH.308.  310,310. 

Ila}:JinmU  (U),  358. 

BfUtiJïi.  486. 

Bospboi-e  (Le),  238.              ^^^H 

Arnhem,  138. 

Ualuiiiias  (Ueâ)t  748,  750. 

Beiii  (Le).  788-7iMI. 

Boston,  tm,  604.                ^^^H 

Aruo(L*].  217.  218.2'>0. 

Itahia.  830. 

Béitiu  (lioire  de),  536. 

Botnie  (Goir«>  de).  57.           ^^^H 

Arou  (llcsl,  802,  89*. 

IJahiMJ-Ghaial  (Le),  406. 

lien  Nevis  (Le).  44. 

BiiUicudos.  827.                      ^^^B 

Arracan  (L*).  587. 

Dida-ein  (Uos),  532. 

BrnTic,  258. 

Bon.ldhLsine  (Le).  366.  442.        ^M 

Aruba(Ile),750. 

Il.iic-d'lludson   (Compapnic   df 

It.MlH.iPs.  452.455.  400,  41*"?. 

Bouk'  (Lej,  87.                               ^M 

Arve  (I/).  1G7. 

lai.  050. 

:»UJ-50«.i. 

Bouffie,  496.                               ^H 

Arvert  (Pre.sf|(j'ile  d),  1(il. 

il:iïkal[Uc),281.  282. 

B^rhiTii-.  4524.^.5,  489-514. 

Botilo^Mie-sur-yor,  159.              ^H 

Aryos,  12,  3G6-Ô70. 

flakboy  (Le).  TtôO. 

BiTt'idiia  (La).  81.  85. 

Uoiir)Mui(lle).  509-600.               ^M 

Aricii,  41)6. 

Unkus-Tal(l,ac  de),  S.'tO. 

BfTlm.  106. 

Boiirnou  (Le).  527.                      ^H 

Asama  (Mont),  4W. 

Dola-ïnssar.'347.  3*0. 

Itnrimidp.^  (I|eîs).750,  751. 

BiMiniu  (Ile),  894-                          ^M 

Ascension  (Uo  de  1).  >01. 

(ia  la  lions  (Le).  150. 

B^'i'iM-,  14  i. 

Bonrouboudour    (Toniplo  de),   ^M 

Asie.  207-490;  —  gei.urnlilôs. 

U.mIuUmi  (Lac),  110. 

Brin-  [iiUHiii  do),  162. 

883.  *884.                                   H 

m    ■                          207-270. 

RAk-,  144. 

liesaïjcon,  Ï80. 

Bouton  (lie),  002.                         ^M 

^^^^                Asie  Mineure.  272-275.  311. 

hal.^nn-s^M.  103.  105-106. 

Betsibnka  (Le).  591. 

Bracciana  (Uc  de),  219.               ^M 

^^^K                 Asie  Itu»se,  277-288. 

[iali.  889. 

Ib-ners.  107. 

Bnidford.  41.                                ^1 

^^H;                Asir,  357. 

Uali  (Détroit  de).  870,880. 

lilnmlan(Le).  378. 

Brahmanes  (Les).  372.                  ^H 

^^^H                 Asomontc  ^L'),  218.  223. 

Ikilkadi  (Laot.  21»2,  438. 

Bialra  ^Golt't^  de),  536,  543. 

Brabinanisme.  370,  372.               ^H 

^^^^F                Aï>pinwnH^  vay.  Colon. 

llalkan  (H^uLM,  234. 

ibarritz,  162. 

Bralini.'i[)OUtrr  (Le).  358-350.              ' 

^^^K                    AsiTO-Potanio  (L'|,  208. 

flah.iitdiistan.  351-352. 

nias  (Le),  356. 

llriknas  [Los).  531. 

^^^P                 Ass;ib,484. 

lianiinorc,  691-695. 

Bieloukbn  (U).  280- 

Br-anibaiiam  (Ruines  de],  884. 

^^■P                   Assal(i;),483. 

lînUii|ue  (Mer).  57-58. 

BiUil.m  (Ile).  888. 

Brantas  (Fleuve).  880. 

^^^                    Ai^saiii,  359  300. 

I{jlti.|UL's  (Provinces),  88-90. 

Umao]  [Mnnl).3l2. 

Bn-iiK*.  107. 

^^M                       Assinibûi.i,  tirt8. 

n;iniljai-a<,  .^52. 

[titkcnlioad.  41 

Brenne(La).  158. 

^H                         A  s^tni^.  r>30-540,  54 1 . 

ttaniniuknu,  521.  520. 

Birmanie.  301-392; — Birma- 

Brescia. 232. 

^H                         As:^omftlion  (L).  K13.  Kl  i. 

Iï;uua  (lie),  HtW. 

nie  anKinisc.  387. 

Brésil.    210.    211.    211,    813- 

^m                         Astrabliaii,  78,  K5,  8). 

liquida  (lies).  806,  808. 

Biiinaiis.  302. 

830. 

^H                           Aâtuncs  (Us),  102. 

Brtiidjfnmi-isin»,',  904- 

Bit  riiiii^'bani,  41. 

\irè^ï\  (Monts  du),  610. 

^H     '                    At^ti'.-iina  (nt'.sert  d),  8.  7^. 

Kanjîaloiv,  375. 

Biskara.  :j08. 

Breslau.  100. 

^m                         Attinm(L').  478<4:0. 

Iïanf;kok.303,  '394. 

Bismarck  (Arcbipcl).  871.  R72- 

Brest,  459.  U5.  180. 

^^^^                   Atcliin.  887-888. 

iLm^'OiiÉlo  (t^c),  545.  546. 

8-4. 

Brest  (Rade  de).  150. 

^^^H                Atlinba»ca  (L').  648.  'Cm. 

Uaiiks  (Iles).  016. 

iïiva  (I^c).  4M. 

Bretagne.  150.  103. 

^^^m                Miumvs,  205,  '205. 

Ilui'bïide  (l.a).  748. 

Biiferte.  406. 

Brie  (La).  158. 

^^^F                 Athoâ  (Mont),  24N:i2.  21:*. 

Barcelone.  203. 

IH:i*:kbnrn.42. 

BriKbton.  41. 

^^P                   Atlas  tMonli,496-j00.  511-512. 

Bareilly,  377. 

UbuL-  (Cap),  496. 

Brisbane.  855.  850. 

^V                       Atrato(L'),  750. 

Bar(,2'.2. 

BUinca  (Pic).  682. 

Bristol,  41. 

^H                       Atli<|ue,  258. 

Barka,  48.5-486. 

UUiidie  (Mer),  75. 

Brrwken  (Le),  97.  98. 

^B                        Attok.  355.  350. 

Barnicn,  l(M5. 

Blandie  (Race).  9, 12. 

Bi-ounéï,  004. 

^^                      Aube  (L'},  164. 

Baroda,  377. 

Blancs  llussiens.  80. 

Brousse,  519. 

^V                         Auckland.  867.  870. 

Ban-e-des-Ècriufc  (La),  151. 

Bl.'ii   (Fleuve),  voy.  Yang-L*é- 

Browu  (Mont),  648. 

^H                           Aude  (L'),  167. 

Baï^-Caii;iila,  vuv.  Canada. 

kian;:. 

BiniKCS.  154. 

^^L     r                Auni;illuch  |Uoc>4  d).  103. 

lîa.silrïn  (ib-).  910. 

Blœmfonlfin.  570. 

Brunn,  127. 

^H                        Aui-êâ  (Molll^,,  !i»9. 

nas.iue^.  IWl-lOi. 

Dtilmkroaen^'  (Monl),  OOO. 

BnixpUes.  134.                                      1 

^H                       Auslralie,  841.  843-861. 

Bass  tllelroilde),  848,  862. 

Rnd,  voy.  Tihel. 

Ruc.irest.  254. 

^W                       AuU-K-hc,  1-20  127. 

Bassein,  379. 

Bndensee  (Le),  412. 

Bucovinc,  120-121,  127. 

^H                        Autrii-tR*  Hongrie.  113-138. 

Dasse-Terre.  742. 

U.><Ts(LP5).5r»7.  502-568.  560. 

Budapest,  127. 

^H                        Ava.  392. 

BasMira.  322. 

571 -.^72. 

Bude,  127. 

^H                        Avatchn  (Haie  d'i,  284.  ^fj. 

Iia3^oi2tns.550,  561. 

HotjdoKouren.  436. 

Biien  Aytv  (Ile).  750. 

^H                        Av<>rtie  [J.'l.  231. 

lîasiu.  183,  184. 

llo(;do  Lama  (Le),  449. 

Buénos-Ayivs,  810. 

^^M                         Aviennn.  108. 

OûLuig  Iliri  {Lo).  886. 

Ito^'onjc  (Mont).  852. 

BulTolo.  ëîKJ. 

^H                        Avil.-i,  1H7. 

Uotavb,   881,  '881. 

BoKMlâ,  762. 

Bukke  (Fiord  dp),  er 

^^^^                Axmim.  478.  481. 

BLîtcbiaii  ilb?),^. 

Bohême.  110,  121-122.  127. 

EïnlÉinres.  247-248. 

^^^^^L                Ayarucbo,  607. 

Batbursl,  532. 

Boht^miens,  236. 

Bulgarie.   78.  230.  24li.    247- 

^^^0              A)'maras  (Les],  79t.                  | 

BâtoI^Houge,  674. 

Boliol  (Ile),  910. 

248.  240.  253. 

• 

r 

^^ 

F                      INDEX    ALPIlABfiTIQUE 

030 

à 

ntirgos.  18G,  20J. 

Cavéry  (U).  305. 

Chiiqiii^ca.  702. 

Costa  iU),  776. 

^^M 

Ityuiiice.  240. 

Cavvnpore,  370. 

Clmrehill(Le).  654 

Costa-Uica.  104,  724. 

^^H 

Cayauibe-OurcdU  (Le),  770. 

Chyfirt».  518-51». 

Crtie-dOr.l51.-V.)y.  0r(C6le 

^^1 

Cayenne,  833.  834. 

riiuinn.-ili,  OO.'i. 

d*). 

^^1 

Cahinda  (Le).  5». 

Tayor  (Lac).  530. 

i:iji»rh.nlnis.  382.  383. 

Coïenlin(Le),  LSO. 

^^^ 

Cahoiil.  547.  310.  '7i50. 

CaznidM^  .548. 

Cintra  (.Si.»na  de),  212. 

C.*ïo|.ftxi  (Le).  700,  770. 

^tt^^l 

Labi*nl(Hiviére  dr).  548.  55«. 

r>bou{llf').010. 

Circiissiens.  235,  23(S. 

Coiiniassic,  542. 

^^^^^^ 

Cacticinir  (Le),  350.  5ti0.  3«1, 

Celanu  (Lac).  2t0. 

Cjsleithanie,  voy   AuU'icbc. 

Conrlnnrle.  80.  W. 

^^^^1 

•370. 

G.Mèbes(llcs),  8DP-902. 

Cittja.Ton  [M(»nt|.  258. 

O)Vïidon(?n(t»éliltïsde).102, 

^^^^H 

CacJix,  200. 

(U>lesles  (Monts),  208.  '200. 

Clarke  (Muni).  844. 

Craeovie,  128. 

^^^^H 

Caentanron  (Château  do),4t,V2. 

OItM.  171. 

CK'veland.  006. 

Cn'nione,  210. 

^^^^H 

Cafrei  ie,  5<K»-562. 

<:éphaIomei;itedeï,  203. 

CliDiaU,  4-0. 

C4^le(IJo  de),  244-246. 

^^^^H 

Cafi-es.  506.567-508.  570. 

Ceram  (Ile),  894.  806. 

Clitumne  (Le).  218. 

Ci'eus(C.p).  194. 

^^^^H 

Ciiii*  (Le).  il\. 

Cm- (La).  147.  148. 

ClydelLi),  44.48. 

Creuse  (La),  100. 

^^^^1 

OïlaNrp.  223. 

Cerigo  (Ile  de).  203. 

Coalinila  (l^iat  de).  710. 

CriuicV  (la).  04. 

^^^^H 

Cilculla.  .3r>8.  300,  Vi72. 

Cerrode  Avilâ  (MonI).  705-704. 

€oc(iiiHhiue  française.  300- 4(li. 

Croalio.  127. 

^^^^H 

(MiK'ddiiien  (l^nal).  44 

Cen-Tï   del   Mercedano   (Moni), 

Cocyte  n.«îl.242. 

Ciési]diou.  319.  Sî3,  '324 

^^^^H 

Cnlifornie.  080-084.  000. 

790.  802. 

Oifre  de  Perole  (Mont),  708. 

Cuba  file  de).  727-732. 

^^^^H 

CoUao(Le)\785. 

Cervin  (U).  25.  130,  145, 

Comïbto.  208.  214. 

Ctuii.iua,  703. 

^^^^H 

CAlle  (U),  406. 

Celte.  102. 

rnlc'liide.  302. 

Ctitubal  (Mont),  li>0. 

^^^^H 

Camargue  (La),  168-100. 

CelUnjé,  252. 

Cold  IlidKC  (Mont).  74.%. 

Cuniborlond.  33,  34. 

^^^H 

Cainarones(J'ic  de),  537. 

Cévcniies  (Les).  148150. 

Coliimi  (Viilcan  de).  708. 

Cumç^o  (Ile).  7.^0. 

^^^^M 

Ganibod^p.  402. 

Ceylan  (Ile  de),  380.  382-58^ 

rolotrne.   107. 

Cuyaba.  centre  de  l'Aint^rique 

^^^^Ê 

Cambridge,  34. 

Cèze  (Li),  170. 

Cidnnil.  (CliriFïophe).  601-002. 

nii-ridinnale.  004. 

^^^^H 

Campaiiio.  223. 

Chacd((iraiid),  804.806. 

Culoiulie  ou  Orégou  (Fleuve). 

Ctuco  (Lo).  783-784. 

^^^^H 

Camp.V.lio,  712. 

Cliainjviiïne  Pouilleuse.  158. 

071MW0. 

Cyclades(lle3i:).  2(Ï2. 

^^^^H 

Carnpioe  (La).  120.  130. 

Chainpbjji  (Lie),  020. 

Colombie  (Élals-Unis  de).  755- 

Cjrénnïcjue.  485-480 

^^^^H 

Canada  (I<c),  172. 179.  «2a.fitU. 

OuM'i-aliu  (Mont).   431. 

762. 

CyK'ue.  480 

^^^^H 

606. 

Chandernapor,  ."80.  581. 

Colombie  anglaise.  601-004. 

CyUiéi-e  (lie de).  203 

^^^^Ê 

Canada(Bas).  633.  a34. 

Chanp-haï.  4'r>-424.  420. 

Oïlouiliie  des  Êlals-llnis,'08î». 

Cfcuslochowa,  87. 

^^^^^Ê 

Conadi.m«:.  fi."2J)36,  0;i8.  064. 

Uiao-hiii;;.  425. 

Colombien."?.  759-762. 

^^^^H 

Can!ïdiciis-FraiK:tis,  028-055. 

Chnouïnigan  (('ji^fomle  de).  (îM. 

Colombo.  384. 

^^^^^Ê 

Camw)U(*s.  fH7-0IO.  050. 

Clisrenlt*  (Li).  101.   164.  MtUi. 

Colon.  -754.756,760. 

lïaîtoii.  510. 

^^^^^M 

Canaries  (lle<).  585-588. 

Chari.52l.  S25. 

Cnlonisafioîi  lia),  9-10. 

l»acoln,  092. 

^^^^H 

Candaliar.  350. 

Cliarles- Louis  (Monts),  871. 

Colf.rado  (KtJit  du).  flOO. 

I»a;;hc<lan,  302.  304,  3(fô. 

^^^^H 

Cûiidio,  vov.  Crt^te. 

ChaHottelown.  042. 

l>>ï.>rado  (Ke^ion  du).  078C7O. 

h»Ku>.  0(1. 

^^^^H 

Caiiee  (La).' UW. 

ChaiTuas.  614,  810. 

tiolorado  (Kio),  070.  678. 

Dabnu  (Le).  354. 

^^^^M 

*               Cani^ou  [Mont),  150. 

Chatham  (Iles),  870. 

Coniayagua.  720. 

Uabouiey.  542-543. 

^^^^^Ê 

Caïuios,  103. 

Cbaltnd-.Vrab  (Lej,    312.    3'20- 

CùmelLac  de).  210. 

[»akor.  532. 

^^^^^Ê 

CaiilahrcsiMnnts).  V.H\-VJ\. 

325. 

romores(iM.''08. 

Dal(Le),  02. 

^^^^H 

Cautat  (UonU  du).  U7,  U8. 

aiaiidièretLa),025.627. 

Coiilius    militaires   (Les),  IS3, 

tbbii-lnina  (Le),  442. 

^^^^H 

,             Canto».  42j-42(i. 

UielilT(UM.  408,  *  500. 

127.  128. 

a-)tnmtie.  110-118.127. 

^^^^1 

Cap  (Lo).  504.  500. 

Cheuinilz.  107. 

Congo.   545-55U;  —   fi*ancais. 

Uauiar  (Ile).  804. 

^^1 

Cap  (r.olotiies  dul.  557  500. 

aii'noua  (Monls),  408. 

ri4U-550;  —  poiiu^ois,  555- 

[^aina^,350. 

^^^^H 

Cap-Ui-ettih  ;iledu).04IOI2. 

CJier  {Le).  IfiO. 

555. 

llaneniark.  08-72. 

^^^^1 

Cap-lluilion  lUl.  73t>,  7W, 

Cherbourg,  150.  162-103. 

Con^o  (Etat  Libre  du).  548. 

Uangra  (Mont).  440. 

^^^^H 

Ca|-\ert  [llrs  du).:»8«. 

i:iierclieU,4»0.498. 

Ci»nj;o  (Fleuve),  ^45-548. 

Unnoi*,  OU- 70;  —  leur  Rouvc- 

^^^^^ 

Cnnicas.  7(i8. 

(:bcsa[icalte  lUaie  df),  094. 

CouiiecUcut  (Le).  OUO. 

iijr  dans  les  iioni«  de  plu- 

^^^^M 

Cariutbie.  127. 

aiiU-Iias(U-s).7«l. 

Constant.' (Uh  dr).  U'Jt. 

sieui^  localiti^s   noniiandeî>, 

^^^^H 

CarUrutie.  108. 

chintp'.  tW7.  ow).  oori-noo. 

CoiisLiiitine.  ;iO0,  .%04.  510. 

70. 

^^^^H 

Caniac  (Ali^inTiieiits  do).  i59. 

CbKlK-n-llza.  712. 

Quistauliiicpl'?.    255,  258-^40 

Dwiiliij:.  107. 

^^^^1 

Carniolc.  120. 

Cbiclunieques.  700. 

Cook(llesj.  l»27. 

Danube  (Le).  1(«.  113-115.  2.34. 

^^^^H 

*               Carolim»s|!l.*i.  0I2-1H4. 

Cbilïa  ^Gor^e  de  la).  407. 

(AK*k  (Mont).  808. 

Diip*:Mm'  (Mnnt),  3M. 

^^^^1 

Can»alPs  (Munis).  !î5.  'MO.  120. 

Cbihuatmi  (Kiat  de).  710. 

Copaïs  (Lac).  258. 

Dsnluiirlles  (Le-*).  258. 

^^^^H 

Carrantuohill  (Lr).  50.  5t. 

Cliili.  7113-800. 

Copt>nbafriie,  70. 

l>ardisLJU(Le).550. 

^^^^H 

^              Car9o(PUlrauduj.  115,  116. 

Chiliens.  700-800. 

Ct>ptcs.  470 

DardjilinK.  378. 

^^^^H 

*   Cniiàtco,  724. 

Chillouks.  474-475. 

(>>rbit'Te.s  (Les).  I.W. 

OaiTour,  470. 

^^^^H 

CarUiape,  404.  510. 

C»»iU»r(IIe).795. 

Conlilleia  Real.  7WV-787. 

11.11  ial  (Gorge  du).  502,  303. 

^^^^H 

CatihnKène.  206. 

Cbimborazo  (Mont).  770.  771. 

CordiUcix*  des  Andes,  voy.  An- 

DHrIinK(Li-).8riO 

^^^^H 

Casineniie  (Mer),  78-70. 

CliMtdiay  (Ile«).  784. 

des. 

Oarwui  (Mont),  704. 

^^^^H 

Uassonfjo.  518. 

Chme.  274-270,  4O0-430. 

Cordiiuan  (Phare  de).  101. 

Davalagliiii  (Le),  .Vi4. 

^^^^1 

Castillans  (Lf^l.  100. 

Cbinois.  12.  275-270.  4mMll. 

Cortlouo.  2<Hi. 

Ilnvis  (Détroit  de).  018. 

^^^^H 

Castille.  186.  187. 

412.  415,  416.  417-422,427. 

Ou-oo.  431-454. 

DjiyMks.  004. 

^^^^H 

Cauilans.  1W4-105. 

007.  930. 

Corfou,  200. 

Uebra  Tab«>r,  478.482. 

^^1 

CalJilojnir.  104-105. 

ChtnoiB  (RnipireV  400*442. 

Corfou  (Ile  df).  202. 

Debreczeti.  128. 

^H 

ùiliinduuues  (Ile).  008. 

Cliinotiie  (Lau^ui^').  420. 

O.iinUie.  2;>l». 

I>*»ta5  (1rs).  480. 

^^1 

Cataiie,  232 

Chutou.  166.  108. 

Conntlie(lsUuiic  de),S58,  250. 

l»*l»kttn.3<il.3(i2-304,308.  374 

^H 

Cnttaru  (Golfe  de),  117,  118. 

Cliio  (Ile  de),  318. 

0.rk,  52. 

iK^lnK».!  (Ibiic).  575. 

^^1 

Cnuca  (Lo).  7:>0. 

Clui-ui.ïil.  34(L 

Cornouadlr  antrlai*.  34,  35,30. 

helaw.^re  (Elat  de).  litKI 

^^1 

Cauca»>  (Monts).  17.   18.  23. 

r.lioii(U).4M1.482 

(!<iroinaudt'l  ii'.Mc  de),  363. 

Dilbi.  371.  374-375. 

^^1 

3W-302. 

r.lM>lul£i,703. 

Cornl  (Un,  50 

DrlUs.  490. 

^^1 

CauoiMn.  501^10. 

i:bounda.  248 

Corite.  182-184. 

IkHos.  202. 

^H 

OIU98C9  (Les).  150. 

GhriMiania,  65. 

• 

Cosaques.  •  82. 85, 

lH|dies.  2:.5.  258. 

1 

m 

^^v                                 ^ 

^^p           INDEX    ALFEIABÉTIQUE.                    ^ 

^H 

^^^B             DémaTcnd  {Volcan  du) .  272.  ZZO. 

Dunkerque.  158. 

Everesl  (Mont),  voy.  Gaourisan- 

Galice.  103.  208.                   ^^^| 

^^^M 

DiirniinMLa!.  108,  J70. 

kar. 

Galicic.  119-120.  127.            ^^H 

^^^^m             D'MrK'rara  (Fleuve],  83K. 

DusscbJorf.  107. 

Gadas.  482.                              ^^^B 

^^^^B             Ifùnè-I^jindic  (Los),  IMSS. 

l>\jiiadu  .Nonl  (La),  75. 

Oalle^os.  101.  208.                  ^^^B 

^^^H              JiL^atrua(iéro(U-).  788. 

Dvina  ncciileiitiile,  88. 

Fairweatlier(Le).082. 

Gallfs  (Pays  de).  42.  45.         ^^^B 

^^^K            Déâii-nde  (La),  74^2. 

Dz:mg-fio  (Lo),  410. 

Kalico  (Le).  520. 

GnUois  (LeV).                              ^^^B 

^^^^■r~           Di*'p^ri.ipcrnts  (DéGlê  de],  11)7. 

Dzouii^ïaiie.  458. 

Knlkland  (Iles).  810. 

lianibie  (La),                          ^^^^B 

^^^H 

Kidater  (lle),00. 

Gambier  (Iles).  034.              ^^^B 

^^^H             [>e*;pot<H[)3^U  (ïoiits],  23«. 

Inn-vvell  (Cap),  017. 

^^H 

^^^H            IV'troit,  m\. 

Èbie  (L'),  104. 

Farina  (Cap).  4  '4. 

^^^^H 

^^^^M             Détroit  (rnii-rr),  C'22.  0'2-i. 

Écoï'iiais,  40-&8. 

Farsir^tan.  342. 

Gaiiduk  (Le),  358.                  ^^^B 

^^^^H            Dôlroiis  (tubUssomeaU   des\ 

Ecosse,  43-48. 

Kar-West  (Le),  G07. 

Gaudo  (U),  536.                     ^^^B 

^^^H 

Ecuador  {V),.  709-772. 

[■'al.uidliva  (Mont).  03Î. 

Gange  (Le),  358,  365.              ^^^B 

^^^^V             I)put5chl;ti]d,  voy.   Allenjagii^. 

Édiinbourp,  48. 

Kam-illes  (Mont?),  151. 

Gaouaiti.  350.                         ^^^H 

^^^B        "     Uêvoluy  (U).  lt>3. 

Edough  (L');  40«. 

f-elbbs.  467.  470,474. 

Gaourisankor  (Monl).   %  267^     ^B 

^^^^H               DùYoïiieiis  (Monts).  54. 

Égine.  200.  2G1. 

KcrnandoPA.    587,  589,   501, 

208.  -55i.                                      H 

^^^H             niarbi-kir,  324. 

Épypie,  401-470. 

502. 

Garabit  (Viaduc  de),  147.             ^B 

^^^H             Uitoog  (L'-).  350. 

Égypie  propre.  46-2-472. 

Kernào  do  Noronha  (Ile).  850. 

Gard  (Le).  170.                              ^B 

^^^H             Dicté 

Éjrvplieus.  470-472. 

Ferrape,  252. 

Gard  (Pont  du).  176.              .^^^B 

^^^^^1 

Ëhsloiiie,  88-00. 

E*s.  513.514. 

Gardal'ui  (Cap  de).  485.          ^^^B 

^^^H 

Kil'el  (Monts),  <J8. 

Fez/aulLc).  480.488. 

Garde  (Lac  de),  210.                ^^^B 

^^^H 

KJbe  (lie  d*).  222. 

Fibreijo  (l'ouluine  du),  5.10. 

Gari^liauo  (l.ae  de).  210-              ^^M 

^^^^K              Dinagat  ,[IIl^),  !M0. 

EUm'  (L),  10(1, 121.  m 22. 

Ficbl^d^rebifKt»,  98. 

Garonne  (La).  15(î,  100.                  ^B 

^^^H                                  bt^. 

Llbeift^td.  100. 

Fi.ljil  Iles).  020-922. 

Ga<icof,'ne  (Golfe  de),  102.              ^^Ê 

^^^V              fïii:)  d'Aumale  (Uoiits).  4!>8. 

EHhmiis  (MouU).  5-iO. 

Fluvial  (Gi'oilede;'.55.  50. 

Gâtinais  (Le).  158.                  ^^^^Ê 

^^^^K 

Klbixjus  ou  Elbnuiz  (Mont).  IH, 

Fiidaiide.W. 

^^^B 

^^^H               hjn^guaâtti.  362. 

74.  27j.  301-302. 

Fiulaii.Ic  (Oolie  de).  80. 

Gaulois.  171.172.                   ^^^B 

^^^^                l>j:Htms  [Itrj],  377. 

EUHie(['aDuioi^  d').  H». 

Fiuuoi^,  84. 80. 

Gnuri.saiikur  (1^),  voy.  Gnouri        ^B 

^^^|f                                 37(î. 

Eliice  (Hi'si.'JU. 

Finsieraaiiiorn  (Lo),  150. 

^B 

^^K                  Djatnbj,  8X6,  8K7,  888. 

Ellora.  374. 

Fioiiic  (Ile).  00. 

Gavarnie  (Cascade  et  cirque  de).      ^B 

^^^f                  Djamna  (L<';u  358. 

El-Obeid,  475. 

Fioi-ds  (Les).  50-00. 

150.                                           ^B 

^V^                     Iljebol  \khd:tr  (U).  332. 

ElstMiPur,  OH. 

Finbs   Les).  44. 

Gave  de  Pau  (le).  107.                  ^B 

^H                       njrbcl  Arnuur,  4m>-5(H). 

ÉmJrnc  (Plateau  d'],  505. 

Flainnuds.  130.  132,  loi.  170. 

Gédrosie.  551.                          ^^H 

^^^                   Djéti  Cb;iUr.  voy.  Turkeiitao  clii- 

Koïieniies  (lies),  225. 

Fknidre.  13(H31. 

^^H 

^^M 

Epliéi^e,  310. 

Flfueiice.  225.  252. 

^^^^B 

^^                     njbiliiiit  ([.e),  350,  359,  370. 

Èfiidfuu'c,  2D9. 

Flort's  (Ile).  800. 

Georpelown.  8.38.                    ^^^B 

^H                    |)jidj(-lli.  m\. 

Erit*  (Lac),  622. 

Floriile,  «00. 

GéorKteus.  500,  307.  300              ^B 

^^r                    Djiboini  (l.c),  314. 

Ériri,  40. 

Flï(Li),  872. 

GiM-tiirr  de  Jonc  [|^i,  100.             ^^M 

^m                       DjiitJjun  (lej.  40.1-497. 

Erivan,  310. 

Foera-er  (lie»),  09,  70. 

OliadanuV,  488.                               ^B 

^B                         [liiJÙ]H>r  (Ll'),  81-82. 

Eriie{L'),  50. 

Fulterouneri  (.Névé  du),  58,  5  L 

Ghàte^;  (Monts),  301,  303.               ^B 

^H                       huu'slci-  [Lt!),M2. 

Ei-ltiyad,  538. 

FonlihrelLi).  194. 

Gbaznn.  348.                                ^B 

^K                      UodoiiP,  t>ii. 

Eiiotiuiiiffo  (lie),  Ob'», 

IW,  vov.  D.Ji*rnir. 

Ghebi(llo).  801.                      ^^H 

^B                      tlori  iiics  (>loijt.s).  58,  50. 

KryiiuKitln-  (Honl),  20(1. 

FonH-Nnire(LT).  08,  10(. 

Gbila  N/i^diè  (Lac),  401.         ^^H 

^B                     Dôme  [>Kiiits].  i4r>. 

Eiveioiini,  307,  *310. 

Forc£(Uonts  du).  151. 

Ghor  (Vallée  du).  320.            ^^^B 

^^B                       lIoiniiiic-iiiiLe  (Itcpulliqiic),  7iO. 

Er-ïKcbifge.  08. 

iMii-mose  (Ile).  428-450- 

^^^B 

^^B                   Dominion,  voy  Canada. 

Esc^ul  (L').  129-130,  170. 

Fort-do-Fraiice,  744. 

GiUM^rt  (lle-s).  014.                 ^^H 

^B*                      Lloitùiiiquc  (La).  74t),  748. 

Esclaves  (Lac  .lui).  ti49. 

Fotciuia  (Iles).  020. 

Gilolo  (Ile),  803-804-              ^^^B 

^1                        lion  (Le),  78.  80. 

Esclaves    [Uivicre    aux),   ti48- 

F»udj{Lcs).  3.-3.33». 

Girgcnti,  225.                  ^^^^^^Ê 

^B                      Donau.  voy.  Danube. 

0^9. 

Fnulalis,  523-524,  527.  532. 

^^^^^^Ê 

^^M                       Doncts  (La)  et  son  bassiuhoutl 

E.sclavnuie.  127. 

Foijlbup.  voy.  Fmilahs. 

Gironde  (La),  iOC.          ^^^^^B 

^B 

E^cualduuacs,  101. 

Foula-Djalbu(l.c).550. 

^^^^^^H 

^^H                      llon^'uln,  474. 

Escuara  (Ujiffue),  l!H. 

Fomi-yania  (Le),  443.  •441 

Glenniore  (Lo),  44.        ^^^^^^H 

^H                      Coi'flogiic  (La),  iGO.  *  1G7. 

Espii-tic,  1,2,4,185-200. 

Français,  170179. 

Glonimen  (U.').  G2.                ^^^H 

^B                       DoreiMoiiN).  MO. 

Espntîiiolp   (Langue).  2(K)-i!0'2, 

Fi-ançai-ie  {Langue),   172,  175. 

^^^^^1 

^^B                        Douaiih?  {1.C.4),  531. 

i:>pa«iiuls.    2i),    lOïl-202,  20J. 

France,  145  184. 

Gobi  (Désert  tle).  434-455.     ^^^B 

^B                       Doiibs  (Li.>)>  24.  im)-t70. 

Espiiitu  Sailli»,  voy.  SlOrciin. 

Fivi!icrotï-sur-U'-Mein.  107. 

Gocbt'n  (Le).  572.                  ^^^1 

^H                       Doubs  (Saut  du).  170,  171. 

Es<[uinKiuXt  018-019. 

Frani;i)is*Josepb  (Terre  dé),  07- 

Godavcry  (U).  302.                ^^^B 

^B                       Doui-i>  (Le).  Yov.  Duorn. 

E^séquibo  (L").  837-838. 

Francouie.  IIU. 

(iœta  (La),  02.                        ^^^B 

^B                       riovre  (UoiiU).  bK  »l». 

Essuiirip  (L*),  104. 

Fraser  (Le).  W2.  003. 

Ga^leborg.  03.                       ^^^B 

^H                      Downs  (Plutcau  des),  S53,  854. 

KstR'IUi  (Sierra  de).    207-208. 

Fredcricl(Mi,030. 

Gœtlaud  (lie  de).  GO.             ^^^B 

^B 

Esiièmaiiuiv.  1«8.I90. 

Freelowu.  .^34. 

Go^ra  (La).  358.                     ^^^H 

^B                       Drac  {le).  170. 

Etuis- luis.  065  000. 

Fiiégiens  (Les),  704. 

Gok-Tchaï  (Lac).  304.           ^^^B 

^H                     Di-avc  (La),  114. 

KUia(iImit),224,  225.  251. 

Fuetto  (Vnk-au  del),  715. 

Golconde,  374.                      ^^^^B 

^^Ê                      Dravidiciinct;  (Liii;^cs).  37U. 

Élolio.  258. 

Fuiiiée-Toimaiite  (La),  576, 577- 

Goldes,  283.  287.                            ^B 

^B                      Urt'sdc,  107. 

ÉtniHiues.  220. 

Fuuclial.584. 

Goire   (Courant   du)  ou    GuU-      ^B 

^B                      Di-6ino  (L.i].t70. 

Eubee.  ^Hn. 

Fundy  (Uaicdei,  040. 

stream.  19,  725.                         ^B 

^B                       Druzes.  328. 

Eucîdvptus    d'Australie,    841, 

Fycn  (lie),  00. 

Gondar,  478,  *48l.                   ^^M 

^B                      Dublin,  4U. '52.55. 

m. 

Gondokoro.  475.                    ^^^^Ê 

^^1                       Dubrovnik.  110. 

Euplii'Jtlc  (L'),3i  0-323. 

Gonds,  366,  307.                   ^^^B 

^H                     Duero  (Le).  180,  187,  208,  214. 

Eure(L'].  104. 

r.abès  (Golfe  de).  404. 

Goram  (Ile).  898.                  ^^^B 

^V                      Dunn  ;La),  88. 

Eumpe,  17-260;— généralités. 

(;abuii.550-5.V2. 

Gotliie  (La).  70.                     ^^^H 

P                             Dundee.  -i8. 

17-31, 

GalâptiK"^  (Iles).  772. 

Goudxuratc  (U),  377.           ^^^H 

1                             Duuédin,  870. 

Européens.  20  SI. 

Galutz,  254. 

Guufl  (Le}.  406.                    ^^^B 

F 

i 
t 

r 

^r               IM»K\    ALrilABÉTi*JlIE. 

^^V 

m 

Gouina  (CaUracle  de),  53(1. 

caisc.    833-831;  —   lmll:ni- 

llulyrood  (Palais  d*).  48. 

Isère  (L'),  170. 

^^M 

Gmilelti*  (U).  41U,  TilO. 

(laise.  8.35-830. 

n<Mi<lo(ll'^).443-Ui. 

I^fahan,  Toy.  li^pnhnn. 

]^^^^H 

Gounoi»},' -  Kaui»r   yMout),    81*, 

Gwjlior.  374. 

lloniliiras,    720;    —    anglais. 

Isker.  278. 

^^^^^1 

Xî»*. 

723,  724. 

Islande,  70-72. 

^^^^H 

Gouiiong-Kéo  (Monl),  «00. 

lltiKK-KunK.  430. 

Isie  (L),  107. 

^^^^H 

Gounoiip-Roriiiiji    (l>?^,   885, 

Habi-a(L-).,500. 

Ibn-rrie.  118-110.127. 

Uma'îli»,  472. 

^^^^^^ 

MAG. 

n.'idruimmut.  338. 

Uonpi-oi?,  124,  120. 

l-ola  Sacra.  218. 

]^^^^H 

GourmMr  (M,  342. 

Iliiideiabad,  374. 

lionoloulou,  m». 

Uonio  (L").  110.  120. 

^^^^^1 

«ioy.ier  (Liffiicile).857. 

tiail,  :>TiH, 

Hood  (Hont).  070. 

Ispahan.  340. 

^^^^^ 

Grampiaiis  (Les),  ♦.">,  ^iJ. 

Ilnïinn  (Ile  d'].  404,   420  450 

Iloo^e  Veenen,  ou  plaines  ma- 

I^sik  (i;).292. 

^^^^1 

(jian.ida,  7*Jj|. 

aiti.  733-740. 

réeapntises   de  la   llul  lande, 

l>(rie,  127.  210. 

^^H 

1 

Gr,'iii  CUuco  (le),  Cil. 

^ikodalê,  450. 

135.  130-137. 

lial.e..    2I.V2.32;   —  péninsu- 

^^^^M 

Gi".m  Sasso  Ile}.  *i18. 

Hiilê;.-Knla  (Mont),  928. 

flooker(Mnnt).  048. 

laire.  218-225;    inMilaire, 

^^^^H 

GrniHl-Uas^aiii,  53K.  55',» 

Ilalilnx,  041. 

floreb  (Mont).  320. 

223-227. 

^^^^H 

t 

Grande  (Rin).  81K. 

Il;dl.\  107. 

ïlorn  (Goji),  71*3. 

Italie  (llanlel.  215-218. 

^^^^H 

Granii*»-[ïiil^',iri(»,  246; 

Iljdys  (1/).  313. 

lltiU-'rvïuls.  5(il.  TiOO. 

llulieiine  [Lanpue),  228. 

^^^^H 

(irande-t;iiarlr»'iisc  (La),    154. 

iLuiibnurp,  IflG. 

Ilotiainin:  (lli-  .  032. 

llalwns,  227-228. 

^^^^H 

iiraiuli'-lirèco,  223. 

Ilatndoii  Albhi.  520. 

ïloij^îli  II/),  ',m. 

Itasca  (Lac),  070- 

^^^^H 

liriiiides-ïïiïiies  ^Les),  3. 

llaniiiK'rfesl,  IK. 

liovas,  5y5.5VHi. 

Ilaliaioïisou  (MonI), 

^^^^H 

Criiiidos  IUjiissps  (Les),  154. 

Ilnmouij  ;U').  3*8. 

Iludsfln  (Haie  d*),  627. 

lElia(|iiL',  2Fj3. 

^^^^H 

Grande- Terro,  741-742. 

\hn,  vuy.  Chine. 

IIeic,  401,  400. 

hizn.  tlKi.lDO. 

^^^^H 

Grand-lkniioii  (Le).  520. 

IL-iii;;'U!k-mm.  424. 

Itui.  2lt8. 

U.'MnaI.  712. 

^^^^1 

Grands-Lacs  (Les),  022. 

lïatl-limui,  428. 

Huila  (Muni),  750. 

Ezba,  ou   maison   de  paysao 

^^^^H 

Grands-llusâes  ou  Grands-Rus^ 

Hanoi;  404.  40*ï,  '408. 

Uull.41. 

russe,  75. 

^^^^H 

siens  19,  84. 

ïlainnit*,  107. 

Iluinbei-  (L').  34. 

Utaccihuail  (MonI),  708. 

^^^^1 

Gratz.  127. 

Ibùvan^f,  428. 

Huinbuldt  (Lae  et  riviùrc  de), 

^^^^H 

GrealSall  Laie  City,  678. 

Ilaoti^sa  (Le),  520. 

078. 

^^^^1 

Greco.  255-200. 

Ilardwar.  358. 

Hurdes  (Les).  190. 

lalisco  (Étal  de),  710. 

^^1 

Grére  |lro|^^r■[tlcnt  dite,  258. 

tlai-l«>rii  (Mer  de),  138. 

Huron  (Lac),  022. 

Jatnaïc)ife.  745-746,  747. 

^H 

Grerquc  tUcliiriiui).  H7. 

Ilarrar,  483. 

Hvdnspp  (L),  voy.  Iijluljtii, 

J:iniua    212- 

^^1 

i 

Gitvs.  25n,  2C4-2fl6;  —  li'Aîiio, 

Mavward  (Pie).  08Î. 

Hyères  [Iles  d').  103. 

Janina  [Lac  dej.  242. 

^^M 

510. 

llaiz  (Le).  98 

Uymetfe  (Moul},2i8.  2G5. 

J.ipoii,  270,  4i3-4r>n. 

^H 

Grédos  [Sierra  de).  187,  102. 

llant-Cnnada.  033.  034. 

Jajwnais,  447-449. 

^^^^M 

Grenade.  203.  '200. 

llatiM  lloiieck  (Le),  151 

Ja*sy.  254. 

^^^^H 

Greniïhli',  IK2. 

ILntlr-Italic.  voy  Ualiç  (Uaule). 

lucres  (Les),  171,  172. 

Jaune  (Fleuve),  voy.  lloang-llo. 

^^^^H 

Ghjnlva  iilio).71l. 

ILiv:ii  file),  028. 

Ibéiie  {Monts  d*),  25. 

Jaune  (Uace).  12,  13, 

^^1 

■ 

GriUinias  (Les).  502. 

Ilavajiu  [Lai,  751,  '752. 

[bi  Gamin  (>]ou(),  358. 

Jainie  (Ttne),  409,  412.  414. 

^^^^Ê 

,  GHsïins  [Les),  145. 

ILnre  ll,i'|,   IW». 

Ida  (Monl),  m. 

Java.  879.  881^88.*. 

^^^^M 

GniMiland   ou   Groenland,    10. 

Ilavp  ;La}.  138. 

leWalL'rinbourK,  288. 

Jean  Mnycn  (lie  de].  72.  617. 

^^^^^Ê 

«H.on-oïu. 

llei.ndes(Les).  54-55. 

lêna,  107. 

Jei-ez  de  la  Krontera,  200. 

^^^^^M 

Grou  llle  d**).  15*1. 

Ilcdjaï,  33<}-.>37. 

Ile-ile-France,  145. 

Jersey  (Ile  de),  54. 

^^^^^1 

Gmiiiii^n»'.   158. 

Ileul.'Uw^r^'.  108.  100. 

lli  fL),  438. 

Jeiïey-Gitv.  094. 

^^^^H 

Grost-tlIiirkïK'f  Je  ,  1 15. 

Ilékia  (M<»iifi.70. 

Illaoïpu  (Mont),  787. 

Jéi-usaleni',  529.  530- 

^^^^1 

1 
1 

Guadatijara,  710. 

Ilelf<..l.ind  (Ile  d").  tflO,   Ifll. 

llmen  (Lac).  80. 

JykuUa  (Le),  71. 

^^^^H 

1 

Gua(la)a>i»r  ile).  \W\, 

Mëhcan  [Mont].  2j8- 

Iinalra  (Hapide  d").  80,  92. 

Jid6  (lies),  voy.  Soulou. 

^^^^H 

Guadalc.inal(lle].015. 

IlellaJe,  ^ir^O-258. 

Inibrii.  240. 

Jourdain  on   Gherial  elKéLir. 

^^^^H 

Guadalete  (tt.'itaille  du).  m>. 

Ilelléiiie,  255-250. 

ImiiërinI  (Canal).  417. 

j'J). 

^^^^1 

Guadalrpiivir  [Le).  108.200. 

Ilellr^lHiiit  (l/i-  238. 

Incas  (Les),  77S-770. 

Joui'oumlcUal  IHoni).  234,  248. 

^^^H 

Guadarr.itiia  (.Sierra  de),  IH^l, 

tletMiiKfors,  92. 

Indr.271-272,  353-384 ;—lVan- 

Jurin-feiiuiiidex  (Iles),  800. 

^^^^1 

187. 

Ifeiï^inuDr,  08. 

caise.    380;    —   poptuga'fte. 

Juifs.  12. 

^^^^1 

Guadeloupe  ll^),  711-742. 

HcraU  STjO. 

3:  «379. 

JuiK-.iKMoiil),  7W.  798. 

^^^^H 

Gnadi«ii;i  (Lr).  lîK». 

Ilei-ault  (L),  167. 

Indiens,  680-OH8. 

Junclraii  ^La).  20.  139. 

^^^^H 

r.mnajMato,  710. 

Itt'ieulaniun.  231. 

Indje  Kai-a-Sou.  234, 

Jura  (le),  24,  151-153. 

^^^^H 

GnDnajii.-iti>  ;Ëtat  de).  710. 

Ilertncuj|inlis,  2iiO. 

luda-Clune,  272.   3R5-408;  — 

Juslcdalftbneeii  (Nevc  du),  58. 

^^^^^ 

1 
' 

GuajMirë  (1^).  788. 

Ilené^'ovine.  2,30.  249-Î30. 

aI^gblI84^  587-390:  —  ri':in- 

Jutlaud  (Le),  00. 

^^^^H 

Guaranis.     791.     804.     KU. 

llida(Mur)t),  441. 

çnise,  390-408. 

^^^^H 

1 

818. 

llit?hlandei-s  (Les).  .32. 40-47. 

Indi'uiKiura,  voy.  Gounong-Ko- 

^^^^^ 

♦ 

GuaUVinaU  Nuera.  Vioja*  Anli- 

Ililiueud  (i;).  348. 

rintji. 

KMrUi(Le),531,535. 

^^^^H 

1 

Kua.  718. 

lliniAlaya    (XonU).  207.   2GS. 

Indre  (L'j,  100. 

Kab>lc^.  452.  507,  50». 

^^^^H 

Guat(>inaL'»    (République    de), 

354-355. 

Indus  (L*).  355-358,  440. 

Kaehan,  340. 

^^^^H 

713.714-718. 

Hindi  (Lanffue).  370. 

lnKOur(L'),30l,  302. 

KacliKor,  437,  438. 

^^^^H 

Guaténiallètiues,  714. 

Ilindnu-KuucJi  [L'I.    208.  500. 

Inn  (L-).  102.  140.  143. 

KaOrislan  (Le).  550. 

^^^^H 

Guayaquil,  701). 

347-34».  350. 

Ioniennes  (Iles),  202-265. 

Kaîetour  (Saut  dei,  838. 

^^^^1 

Guayra  (Ln).  705. 

lUvD-lloa  (Ile).  032. 

Iran,   275.    359-340;  —  pay* 

KaEfouiig.  428. 

^^^^H 

Giii'Lres.  ('45-1j40. 

HoanK-Ho  (Le).  400.  411,  412. 

drUirlk-s  d«.'  llrau,  347-352. 

Kaïlas()lonl).  440. 

^^^^H 

GueLvilIeriDallon  de).  151 

414. 

ïraiiienv,  2tML 

Kaloa  (Ib'sj,  804. 

^^^^H 

Guortirsoy  (Ile  de),  .'»4. 

llobart-ToftTi.  864. 

Iraouaddi  (L').  3.50.  387.  '391. 

hairouan,  505.500. 

^^^^H 

1 

Guernica  (Clu^iie  do),  \iï\ . 

Ilodna  (La),  503. 

Ii-aru  (Mont),  724. 

Kaisarieb,  319. 

^^1 

1 

GuiinaraîHt.  208. 

Ilœmu^  Mnnl),  234. 

lrkoutsk.2«8. 

Kajnha,  373. 

^^^^H 

Guinée.  537-544. 

H.diLMiitdlern  (Le).  110.  ïll. 

hl:nidyis,  54V52. 

K.iliiliari  (Désert  do).  574. 

^^^^^ 

Gulfslreain  '1^1.  10,  725. 

Hnliandais,  137<138. 

Irlandaise  (LiU(fUG),  52. 

K:d3l,  351.  352. 

^^^^H 

Guyane.  010.  K31-838;  —  .in- 

ILdIiiiide.  I.V>-138. 

IHuniJe.  40-50. 

K.dimmks.  206,454. 

^^^^H 

(flnise.    K37-H38;    —    frau- 

Uolstein,  00. 

Irtych.  27». 

Kama  (La).  78. 

■ 

• 

â 

V 

^^^1 

^V^            INDEX  ALPUAIiÉTIQUE.                   ^ 

PH 

Kameroun.  545-541. 

Kosi  (Le),  358. 

Léopol,  127. 

Luxembourg,  158.              ^^^^| 

Kaiiitcliatk.i.  3K4.  2g((-ï 

Ko'iin  (Larde),  282. 

Lèpantp  (Golfe  de).  259 

^^H 

Kuiidy.  3»4, 

Kouarig-loung,  425-420. 

Leine  (\aruis  de),  2«i0. 

Lycée  (Uout),  200.                ^^^H 

K:méiava.  4Ô0. 

kotibaii  (l-leiiv.-).  504. 

Iclica  Oi-i  (Uouts),  244. 

(Fiord  de).  00.              ^^^^| 

Kario,  527. 

Koiico-louii   (Molli-),  455,  458, 

Liivouka.  022. 

^^^H 

Kaiisas  {État  el  rivière  de), 672. 

•450. 

Lcyde,  1.58 

Lysel  (Fiord  de),  60.           ^^^B 

^^^^^^^^v* 

Kaoujiï  (Ilo).  1*28.050. 

Koufrj,  488. 

Lpytc  (II.*).  010. 

^^^^H 

Kamk.n28.52l». 

hiiukaoua,  527,  528. 

Lfi(Le).  107. 

^^^^H 

Kankonmin.  282. 

Kimkûii-nor  (Uo).  435. 

Lhnssn.  442. 

mbB  (Les).  528.                   ^^H 

Kardkorouni  (Monts  du),    351- 

Kouliljn.  458. 

Liiio-b»  (Le).  431-452. 

Hacao.  430.                            ^^M 

:>5iî,  557. 

KtMini,  545 

LiLaii  (Le).  3*24. 

Hacissar.  89».  902.                       ^1 

Kani-Soii  (Le),  254. 

kniuidoii/.  "jOO. 

1  it.éna,  535-550. 

H;icas$ar  (Oèirtiil  de),  809.900.     ^1 

KaraU'^liiri  fie),  50rt. 

Kuuia  (Lu).  502. 

Lic-ma  (U).  552. 

M.-icassars.  902.                               ^M 

Karnvniikn  (1^).   115. 

K.iuides.  5I(Î.5I7. 

(  iètie.  154. 

».ieedninp,  24Uii2.                       ■ 

KîirikaU580. 

Koiiide.s  (Monts).  520.522. 

Liï'.'ù  (Me).  918. 

MaaMo-Vlaqwrs,  252-255.               H 

Kars,  51(1. 

hoiirJistaij.    515.    5Ï0,    520. 

Li^'Ui-cs,  171.  172. 

Mackenzic  (Fleuve).  647,  648^_^| 

Kar1i-hi  [U'].  450,410. 

522.  524. 

Uffurie,  215-217. 

^^^B 

Kas-nagh(Moiit|.3IO. 

Koiirgaiipp,  ou  bulles  funérai- 

Lille, 180. 

Uac^ruaric  (Le),  850.             ^^^| 

Katlogat  (l.e).0«.  GO. 

res  en  RuBsi*»,  75. 

Lima.  7S2-7K5. 

MarM  (  La).  500.                     ^^^H 

Kszak:^.  vnv.  Kir^Hiacs. 

Knunles  (lies),  440. 

Linino  nu  Leiimos.  246. 

yUiUi'^ascar,  595-597.            ^^H 

Kazati.  7H.  82,*  UO. 

Kiiiit.'liiiip,  ".HH 

Limoi:es,  180. 

Madeu-a  (Le).  788.  789-700,  HSl^B 

Kiwbck  (M.Mil.  501. 

Knikottia,  885. 

Li;»ari  (lies),  225. 

H 

Kchulrvasdês),  572. 

Kiviiilid  (Le),  95. 

Lipei  [  Désert  de),  788. 

Madeleine  (lies  de  la).  G58.           ^1 

Ké  (IWs}.  81*2. 

Kioiimirs.400. 

Liriina  (Mont).  777. 

Madère  (  lie  de),  584.                       ^H 

Kfewafiii.  Otïi». 

KnHiniirs(l|oiil»  des).  490. 

Lisbonne.  207.211-212. 

Haduun  {Uc},  880,  882.                ^1 

mal.  351.  352. 

Kituis  (Los).  550. 

U'im(Le),  155.  170. 

Madiiis.  374.                                   ^H 

Kcrlicllîi.  322. 

Kydnos  (Le).  314. 

Litelir,  482. 

Madeus  (r*T*ésidcnce  de),  374.        ^H 

Koïkn  (La).  HO. 

Kymi-is,  171.  172. 

LifJiuanie,  0<). 

Madrè|>oriqnes  (Iles).  842.             ^M 

Kpiklia{l,L-}.  522-325. 

Kytiieka  (Source  de),  310. 

Liverpoid,  40. 

Ua>lrid,  202-205.                   _^^H 

Krny  (MiiiiLs  .lu).  .M».  M. 

Lives,  00. 

tln^'dalena  (Le),  759.              ^j^^h 

KcilHi  (lloiroit  (11').  80. 

Livoiùe,  80.  00. 

UaK^el)ijui>r.  107.                 ^^^^| 

Kli:illilia^  (Los).  45t. 

Lasland  [Ile),  00. 

Ijvounie,  252. 

MageUau  (Détroit  de).  794.            ^H 

Khai vïJii,  "  500. 

Labe.  voy.  Elbe. 

LJMi-d  (Cup).  34. 

Ma^nars  (Le.'^).  118.  119,   122.      ■ 

Kluirkol,  %. 

Liibouan,  IH^i. 

Ljubotiu  (\l ont),  2.54. 

M2i.  120.                                     H 

Kli^uoiiii  (Le).  522-323. 

Lnlji'ailor(Lo).  OOS-OOO,  -058. 

Llinos    (Les,),   0)0.    070.    753. 

U;i)i:inaildi  (Le],  362.                    ^H 

hîiai'Jniiiii,  475.  474. 

Lneandoiu*»;,  jJ'i.  718. 

705-7OJ.  70*î.  770-771. 

Mahayliiiy  (Muntj,  900.            ^^^H 

hhutiiiaiidoii,  578. 

Lncblaii  (Le),  850. 

LwiTiiro.  549.  553. 

Muiie  (Ile),  000.                      ^^^^1 

hUcrsrtii,  82. 

LucoHÎe,  200. 

Lol>nor  (Lac).  456. 

Mahé.  580.                                 ^^B 

KUivn,  298. -SGO. 

LadliiO!*,  im  Laljnosdr  l'Amt^ri- 

Loch  Ness  (Le),  44,47. 

Maînn  (La)  ou  Hagne.  204-365.     ^1 

Kl.mei-s,  3l)i.4<)2. 

qm'  ceiilrale,  7H,  710.  720. 

l.oloten  (lies),  Gli. 

Hjine  (La).  160.                              ^M 

Kliiii-Khiuii  (Les),  Yoy.  tloUeii 

Udoj^a  (Luc).  80. 

Loliit  (l.e),  550. 

U<ijnote4,  204-20ri.                         ^M 

lois. 

Lii^os,  540. 

LoinK(Le).  104. 

Majeur  (Luc^  142.  216.           ^^^1 

KliiHi^'  (i:uLiraclcs  de),  50G. 

LaJn.re,  '370,  377, 

Loir  (Le),  HMi. 

Najonjue,  195.  100.                ^^^H 

Islii>ti>ii.  458. 

l-anai  (llef,  028. 

Luire  (La),  100.  lOUflO. 

Uukian    lie).  804.                       ^^^| 

KlKMJliii  (Le),  5W). 

Laiiark  (Cascade  de).  44. 

Loiua-TliiB  (MoMls).  754 

MalaU-ir  (Côte  doj,  302,  505.         ^H 

KïmvnivAin  'Mi-r  de),  204 

Landes  do  Gasco(fPC  (Les),  15M. 

Lomoiid  (Lni),  44.48. 

UabiM'n.  3X8.  390.                   ^^^M 

hitiliiiiiir.  'Hl. 

100. 

Londres.  57,  '40. 

Malitdelia  (Ui).  27.                  ^^^| 

Kidfinidtli  (Mont),  558. 

Laiids  End  [Cap).  54.  5tl. 

Loii^'  (Pir).  (W2. 

Mâl«ga.  204.                           ^^H 

Kiel.  81.  ''JO. 

Un^ue  (Ln  plus  Udle)  de  l'Eu- 

Lonif-Uljiid, (U)4. 

Mal.-iis,585.  588.  875.870.  877-      ^H 

hil:u.[uj  (Le),  028.  029. 

rope,   00. 

LoDgwood.  502. 

878.  887.  894.  902.  9U4.  910.      ^M 

KiiiaiL:i).^i54. 

Lanp-ues  majeures  [Les   ciurj), 

Lorriei   (lioclier   do   la).    I0:i. 

Haldi\es  (Iles).  584.                          ^H 

KiliMu.->dj;in)(Le).  458. 

20-51. 

102. 

llalKSches.  51(5.  597.                       ^H 

Killaniev(Lacde).  49.  50. 

LuiuiPHieriii  (l'Ialoau  de),  ICO, 

Uirienl.  I5î»,  Iim. 

MalliAo  dn  Serra  (Le),  !M»8.           ^M 

Kii[djt'rIey.5lI2. 

Lantcli^ou,  42R. 

Lnl(Le}.  150,  -107. 

Malines,  154.                           ^^^^H 

hiijtfsmill  (lbs\i)Ii 

Laotien?,  504. 

Lonabola  [Le).  540. 

«aliukês.  .Vi5.  521.  552.         ^^^1 

Kiiililiiiidjiiii^'a    5:(4. 

Lui«iiiie.  05-00. 

Louanj^-PiaLaiit'.  408. 

NuLliculo  (Ile),  910.                  ^^^1 

Knr-ïieiiliavii.  voy.  Copciiliaguc. 

LîKpiedives  (Iles),  384. 

Loue(Li).  170. 

Malouïa  (La).  404,  498.           ^^^M 

Kiolu.  vijy.  Sliiiko. 

LMio(M,21tî. 

Loiiismde{llcsdela),874. 

Maloulis  (Uoi)L^),  500.             ^^^H 

Kiousi.iu  tllej,  iiO. 

Larzac  (Le),  151. 

Loiiisvitle,  005. 

N:dte,  226.                                   ^^M 

Kir^îiises,  -281».  2îH),  205. 

Lasseu  (Mont).  082. 

LoukuuKa  (Le),  546. 

M:un.'it[icot;.  X20.  827.  828.              H 

Kisser(lle),  KIH). 

La-siU  (Mont),  au. 

LiiuTain,  154. 

Maturnoitlh  (Caverne  du),  06^.       ^H 

Kistm  (Le),  3tJ3. 

LûUns.  2ft-30. 

Lowlaiidei-s  (Lesl,  46. 

Uainmoiilli  (Sources  duj,  005.       ^H 

KiïiMrm;.k(Le).  315. 

Liureiitides  (Les),  020-028. 

Loyijuté(lleii).  918-919. 

607.  rm.                           ^M 

Kja-lc!i(HojHs),  58.  59. 

Leeds.  41. 

Lozcir  (Monts),  148. 

Hamort-  (Lf  ).  788.                            ^H 

hiitnitelieI(M(ml),  2WK 

Leicesler,  41. 

LucRves  (Iles),  748,  750. 

Maurllede).  5-1.                      ^^H 

KtcnigsUeix.  107. 

Ltij'ïiy.  107. 

Lnekiiow.  574. 

Mariaar  (Golfe  de),  580.           ^^^M 

Kœni^'sslhul  (Fuluises  du),  00. 

LeiUi,  48. 

Luçiin,  UOii-lHO. 

Mana^ia.  724.                          ^^^H 

Kulii-Uaba  (>]oiil),  547. 

Leiilta  (La).  126. 

Lueciiies.  252. 

Maiiukova  [llo),  898.                          ^H 

Kohlsl.'m  (Le),  207. 

Léniaii  (Uc),  142. 

LuderiUluud  (Le),  550. 

Manas  du  Btioutiin  (Le).  S59.         ^H 

Ktdlas  (Les),  480. 

Lernher^.  127. 

Lulea  (Le),  02. 

Nancbe  (ta).  51-32.  54.  150.          ^1 

Kongs  (Mojiïs),  537. 

l-ciia  (La).  282-283. 

Luiid,  t>3. 

Manche  (Plaine  espagnole    de       ^U 

Knrdoftii,  i75-47«. 

Léon,  180,  187. 

Lnsilanie,  207 

la).  188.                                         ^1 

^^^B 

Kusctusko  (Uoni).  850. 

Lêou  de  Nicarjujua,  724. 

Lusitanienne  (Race).  210. 

Mmidicsler,  41 .                         ^^H 

1 

Hp          index  alphabétique. 

045 

■ 

Mnn.bhN  302. 

Uèkon^    (Le),    303.    500-300. 

Huii|;olft,  4.34. 

Naxos.  362. 

«  ^^^^^ 

MnnHcliourio.  (51-453. 

403. 

Mrtikiiu-Sanlyk{Lo|,  282. 

Nea^'h(Uc).50. 

^^^^H 

Han»(nri*v»  {Ile},  954. 

M^'IaiiL'sie.  015022. 

Mtinoniolapa  (Le),  576. 

Nebo  (Mont),  327. 

^^^^^ 

Mantu-im.  t08. 

M**lbminifl.  8.51-852. 

Mnnon^raheln  (lûviére).  070. 

Nebraska  (Étal  et  rivière  de). 

^^^^^Ê 

MnnilK  UtMi,  0(11.908,  '010. 

Menipliis.  471. 

Muiirovin.  530. 

072. 

^^^^^M 

Mauitoba,«5«.  057-6ttO. 

Mèriarfo,  ÎH)2. 

Honstrmt  (Le),  203. 

Nei'kar(U),102. 

^^^^^Ê 

■ 

Maniloba  (Lac |.  650.  »i5l. 

Mciiam  (Ln).  393. 

Montafia  (Ln),  778. 

Nrdj.^d  |L.').  534.  530,  338. 

^^^^^1 

ManiloutiiKMlle),  023. 

Merapi  (Volcan  de).  884. 

M.-nt-Blanc  (Le),  25-20, 139. 155, 

Ne-ljrf  (Lac).  321. 

^^^^1 

Mans   UM.  182. 

Mouton,  H»3. 

ailj. 

Néerlandais,   Nt'erbnde,   vny. 

^^H 

Mnns.iraour  (Lac),  356,  4-10, 

Muréna  (lli':.  010. 

Moiu-Ceiiis  (Tunnel  du),  154, 

UoUnnde. 

^I^H 

Manliiit-e.  '1^^. 

Mi^rida.  187.  100. 

MiiciU- Ciiiki  iU),  1R4. 

N.STlaiidHses  (lies\  878,  870. 

^^1 

Maiitono.  "lUi. 

Méridaik'  Hoxii|iio.  712. 

Mdiitém'trro.  251. 

Nëfoiid  (Les).  334. 

^H 

M:iiiz;itiar(--<{L(»).  llM),  20:», 

Mt>rs  (I^s),4,  7.  14-15. 

Munie  BuUiiido  (Le),  181. 

Nepoi  (Mont),  110.  2,V2. 

^^Ê 

Maori!^.  H«iri-*(*i«,  1Ï23, 1*28. 

Mers^l-Kt^bir.  400. 

MontoVHÎôo,  812. 

Nègres  d'Afrique.  4.58-400. 

^^^^H 

Maoui  (Ik'K  lïtJH. 

Mmliyr-Tydlil.  42. 

Motirpollii  r,  IHO. 

Ntigritos  X76,  877.  878. 

^^^^1 

Naottna-Ki'a  [le).  828. 

Mcrv.  20.-).  207. 

Hoiiti-cal.031,  032,033.  *050. 

Nc^gi-o  ( h io^.  706,823. 

^^^^H 

Maoiiria-Loa{Le),  !«Ô. 

llesa  de  Iteneo  (M»nt),  756. 

*k'8. 

Nc^pros  (lU*).  IW«>.  010. 

^^^^H 

Nararaibo,  7t>3. 

ML'?cïiatébi>,  voy.  Mis?issi|)i. 

Moiii-Uose  (Lo).  20.  130,  210. 

Nelson  (Le).  0.50-)»5l.  05i. 

^^^^H 

Maïa^MiiHi  (lej,  770.  771.  77K- 

MesojKit/irnio.  310-323. 

MolH-^aint-Michel  (Le).  150. 

Népal  {|/?).S77-378. 

^^^^1 

7RU.  821-824,  825. 

apsr-i'l-Ciihirah,voy.Caii-e(Le). 

Mnniscrrat  (Ile  do),  74^),  740. 

Nepubi-Nior  (Mont).  74. 

^^^^^Ê 

: 

Marais  d*^  Guyane  (Le).  H51. 

Messéne.  250. 

Moui-L'urire  iLe).  140. 

Nesie  (U),   100, 

J^^^^^Ê 

Mnrais  ï'i.ntins  (Lp*^,  2IU. 

SK-ssrnic,  200. 

M.iorea  (Ile).  031. 

Nelhou  [Le).  150. 

'^^^^^Ê 

Marajo(nt'j.  824. 

M*'ssinp,  2.32. 

Hi>ravps   Krères).6l8. 

Neucbâlel(Lac  de),  140. 

^^^^H 

M;ir:iiUiâti.  vny.  M.ii*ag^nc>ii. 

Uètèim  (Ile  de).  318. 

Muravte,  127. 

Neva  (U).  79.  HO.  04. 

J^^^^^Ê 

Harl>orc(Le)."l5(i. 

Hclz.  112. 

Moibjljan  (U),150. 

Nevada  (ÈUl  de),  000. 

'^^^^H 

Narbri-s  (Cast-jdL' dos),  218. 

Meuse  (L.i),  130,  170. 

Morée,  202. 

Nevada  (Sierra).  25.  108,080- 

^^^^^1 

MaMi  (Mo),  soi. 

M«icain-%  700- 7(U,  708-710. 

Morena  (Sicn*a).  190. 

682. 

^^^^1 

Mareminps  (Us),  198. 

Mexico,    700.    70V,    703.    jOV. 

M..rnions(l>îS).  075-078. 

Nevado  de  IIUmnni.787. 

^H 

Hai'K'i-ridoda).  liH. 

700.  -710. 

Momai  (Ile).  804. 

Nëvado  deQiiindiu,  7541. 

.^H 

NaiiniHics  [Iles).  t»]2. 

Meiiqu<\  007-712. 

Morte  (Mer),  320-327. 

Nevado  de  Somto.vov  lllaiiipii. 

^H 

Marie-Galâiilf,  742. 

Mptiquc  (Gulfp  du),  704. 

Mor\aniU^),  151. 

Nevado  de  Tiiluca  (Mont),  70". 

^H 

M:iriniliit|iie(Elc).  008.  01l>. 

Mcïtnic  [Iv),  H8. 

Moscou,  73.  70,  81,82. 'OV 

Nevis  (Ile).  746. 

^^Ê 

Maiirsa  (La),  234. 

Miako,  440.  450. 

MoM'lietU).  170. 

Newark.  004. 

^^M 

Marii.ain(Mer.Ie).  238. 

Michi^-an  (Lac).  022. 

Moskva  (La),  73,  76,  70.  95. 

Newcaslle,  41. 

^^M 

Slanic  (Li),  104. 

M  icmrtësit»,  011-050. 

Mossoul,  324. 

New-Ji-rsey.  000. 

^^^^Ê 

Maroc,  514. 

Midi  de  lïiporrc  (Pic  du).  156. 

Uo&tagaQcm,  400,  498. 

New-York.  092, '094. 

^^^H 

Maiiic  [Le).  51 1  514. 

Mibii,  231-232 

Uoslar.  250. 

New  York  (Liât  de).  OOO. 

^^^^1 

Maroiii  (Le),  853,  850. 

Miini.  31  i.  319. 

HoTir  (Ile),  804. 

Nganii  (Lac),  574. 

^^^^Ê 

MaroïiiU's,  328. 

Mihana.  408. 

Mouala-Yanivo,  548. 

Niagara  (Le).  021,023,024. 

^^^^H 

Mai-quises  Jles),  032-933. 

MiUiMIrs  (Les).  C23. 

Monkden,  432. 

Niari(Le).  552. 

^^^^1 

t 

Marseille,  102,  *J80. 

ïlilu-atikeo.  000. 

Moulniein.  387. 

Nias  (He).  8*^8. 

-^^^^H 

Narshall  (Iles).  014. 

Milo(llo  de).  202. 

Uourcbidabad.  373. 

^ico^apl^,  720-721. 

^^^^H 

i 

Marïiiiique,  741.  742-744. 

U^n3ï;  ou  Mineiros.  530.  837. 

Monrzouk.  480.  48i(. 

?iiearagiia  (Uc  do).  721 

^^^^1 

Nasbate  (Ile).  010. 

Minus  Goraês.  210.  820-^21. 

Moï^mbitiue  (Canal  de).  503. 

Nice.  103.  180. 

^^^^^Ê 

Mascafc.  338. 

Minrio  (Le).  215. 

MiillMnisc,  112. 

Nicobar  (Iles),  300. 

^^^^^^M 

UaMiia  (U).  510. 

Uiudana  (Ile).  9:0.  910 

Mimia  (Pic  de  la).  150. 

Nicosie.  318. 

'^^^^^M 

Massadiusfits,  CIM). 

MindoTO  (Ile).  008. 

Muiiidi.  111. 

Niéinan  (Le),  99. 

^^^^H 

Ma-^saoïi,!,  484. 

Minchasa  (lx').902. 

>Iuraille(r.r3nde).410  4U.4!2. 

Nieusedcl  (Lac).  110. 

.^^^H 

Matapau  (C.-iit),  SfiO,  2G4. 

Miupriilie.  302. 

«urcif,  100,  200. 

Niger  (Le).  457.  5l0-:.ïl. 

^^^^^1 

Maliraoaua    (Cascade    de    l.i}, 

Minimes  (Iles),  912. 

Hunay  (U).  850 

Niger  français,  524,  520. 

^^^^H 

504. 

Miiki  ou  Minho  (Le).  104,  *im. 

MurnjnibidnïlUl.850. 

Nijni-Novoeorod,  70. 

^^^^1 

Matlcrboni,  Yoy.  Cervin. 

Mirmcsora.  070.  "072. 

Mvoiitan  Nzigbè  ;Uc),  v«y.  Al- 

Nikko  (Hontj,  444. 

^^^^1 

Malto-rin.sso,  820. 

Minnesota  (Hivière).  C7i, 

lïcrt. 

Niki.|.iief.O0. 

^^^^H 

Maurice  (Ile).  500-000. 

Hiiiorque,  100. 

Mycénes,  250. 

Nil    (Le).  402-408.   473.  474, 

^^^^1 

i 

Mauvaises  Tenvs  (Les).  C74. 

Miquelon,  OU. 

470.  478. 

^^^^H 

1 

UBps(l^).  710-712. 

Mis^ne  (Cap).  231. 

Ninus.  180. 

^^^^H 

Mayenco,  111. 

Mi!»ol  (Ile).  890. 

Nagasaki,  450. 

Niui^in-UngU  (Monl).  UO. 

^^^^H 

I 

Mayoïine  (Lhi.  ino. 

Mississipi  (Le).  070  674. 

Natfoya,  450. 

Niag-po.  425. 

^^^^H 

Hayon  {N<nit),  OOG,  907. 

MissoloiiKhi.  250. 

Nancy.  IHO. 

NJnive.  510,  323. 

^^^^1 

Mnyotte.  500.  :m. 

Missouri  (Le).  000.072. 

Nauda  Devi  (Mont).  358. 

Njpipon    (Lac   cl   rivière   de). 

^^^ 

Maiafraii  (l>').500 

Missouri  (ÉUt  du).  000. 

N.iijjni  l'arbat  (Monl).  350. 

021-022. 

^^1 

Mbaou.  1»22. 

Mudone,  232. 

Nauking.  424. 

Nipissinguc  (Lac).  622. 

^^1 

Mtuiulre(le).  514. 

Mod1in.87. 

.Njii-tcbanK.  438. 

Nii>pon.  voy.  Japon  et  llondo. 

^^1 

■ 

MtolL^d,  341. 

Murbrrn  (Lac).  63,61. 

Nantes,  180- 

Niyania   (Lac),    voy.     Victori*- 

^^1 

Mfciiiic  (la),  330-537. 

Mm>u(lk'|,08. 

N;.p'»*^.  2"»0-i5ï. 

Nivanza. 

^^^^Ê 

Mt-diiie,  3r>7. 

Moplireb.  489. 

Nypiouse.  330. 

NoRiiW  (Lef).  91. 

^^^^Ê 

Mt'djerda  (La).  404.49;»,  'ôiKi. 

Motokai  (Ile).  028. 

Na|Hi  (Le),  771. 

Noir  (Canssc),  150. 

^^^^H 

' 

NediK-  (Lp),  100. 

Mr.lm]!jo<i  {\\o^\.  803-f9M. 

Napolie.  222-223. 

Noire  (Race),  11,  12. 

^^^^H 

Ue*;aluii«5ic.  875010. 

Mon:f(nr  de).  51. 

Nar  (l.e).  218. 

Noirrooulier  (Ile  de),  100. 

^^^^M 

. 

Mi-K'hma  (Lo),  3iW 

Mi'n.'uti,  103. 

>arbad.T  (b'I,  3*U. 

lord  (C«p).  00.  07. 

^^^^H 

1 

Mrin(l.o),  102.111. 

Munastîr.  -?40. 

.Salai  (Élal  de),  507-56''. 

N.M-d  (lie  du),  807  808. 

^^^^H 

1 

Ui^jnn  (Causse),  150. 

MoiifTo  ma  loba  iMont),  544. 

Naun)use  (Col  de).  140. 

Nord  (Mer  du).  158. 

^^^^1 

MrjiUoues,  700.  700. 

Mongolie.  434-430. 

NaviâdeTolosaiUs),VOO. 

Norfolk  (Ile),  870. 

M 

1 

^Ê 

■ 

94i                      ^^W! 

PJJP               l>f>EX    ALHilARKTlOUE.                  ^ 

PH 

^^H 

Normandes  (nes\  51.  i:»9J7'>. 

Oi-cndes  (Ues),55. 

rolmn,  106,  200. 

Petcbora  (UK  7.5.              ^^^| 

^^^^H 

Normandie,  ÎS'J. 

Oiilioniène.  250. 

l'ntmas  (Ln^).  5K8. 

Péteii  (Lac).  710,  718.          ^^^1 

^^^^B 

Norle  (Rio  del),  079. 

Orii^cou  ou  Colombie  (Klcuvt-)» 

Paltnyre,  321. 

PetiLs-Russiens,  84.              ^^^^Ê 

^^^^^K 

Norvège,  05-05. 

670-080. 

l'alli  (Ijc).  440. 

PtS'i-olia.068.                        ^^H 

^^^^^k 

Norvék'ÏRns,  G^t. 

OréK»»"  (Étjil  d').  fiOO. 

Pahis  M<ïofido  (Le),  80. 

Pouls,  voy.  PouLilis.              ^^^H 

^^^^^V 

Nossi-Dé.  tiOO. 

Orel,  00. 

Pamir  (Monrs).  *i08,  "200. 

Pbanar.  Pbanariotcs,  240.     ^^^H 

^^^^^ 

Notlinghini.  41. 

OrtMio(ïuc(L'),  76G-7G7. 

l'jimpas  (Les).  011,  612.   800- 

Phare  de  ttes^^ine,  223-                ^H 

^^^^B 

Nouka-Hiv:i  (Ik-).  93J. 

On-muiue  {l'Iîiii  d'),  OlO. 

808. 

Phase  (Le).  302.                     ^^^1 

^^^^K 

NnuniL-a.iM?.  018. 

Org;îos    (Srna  dan),  815.  810. 

Panama  (Ulbme  de),  713,  TA- 

Philadelphie,  604.                ^^^H 

^^^^^1 

Nuuviviu-Driinswifk.  »r)0. 

Orjliuek,  100. 

755. 

PhiUp{>eville.  406.                9^^| 

^^^^H 

Noiiveriu-llaiiovro,  871. 

Orissa  (L).  3<i2. 

Patiiiicia.  '751,  755, 

Philippines  (Iles),  878,   90C^^^| 

^^^^H 

Nouvfflii-Mi'xniui*.  078-070. 

Oriinba  (Volcan  d'),  708. 

Pauay  [IM,  010. 

Jg^H 

^^^^H 

Nouvelle-Brot.'igiie,  X7j-874 

OrU'aiis,  180. 

l'aiidjab  (Le).  350. 

Philippopidi,  240.                  ^^^H 

^^^^H 

Noiivpllr«-r:alt:'tîouic,  917  02» 

Orkaiis  (FortH  d'),  150.  104. 

Pniiicruid  (Lac).  530. 

^^H 

^^^^H 

Nouvdlt-Castilîe.  ÎRâ. 

Orne  (ï/).  i»U. 

l'anldlaria(lU').  225. 

Piavc  {In),  217.                    ^^^1 

^^^^H 

NouvcUe-Écosstî,  640-042. 

UitEfa  (Mont),  71 - 

Taptili,  031,  !t52. 

Pichincho  (Le).  770.             ^^^H 

^^^^^B 

NoiJVfi!k'-t;,'jUf5   du   Sud.  «i8. 

Oroliêii;i(MonI).  031. 

Papoussio,  voy.  Nouvelle-Giii- 

^^^H 

^^^^^H 

84U-»5(K 

Oroiiic'  [L"),  320. 

née. 

Pierre-.sur  Haute,  151.         ^^^H 

^^^^^1 

Noiiveltp-GiiiiK'e,  871-874. 

OrUer{L*),  115. 

P.i|>uus  ou  Papouas,  871,  015. 

PietiT-MantjlHmi-g,  568.              ^H 

^^^^^B- 

Nouv.lîe-Irloiidc,  874. 

Osiïiîudi?,  \oy.  Turcs. 

010.  020. 

Pikp  (Lr<,  i;S2.                                 ^H 

^^^^H 

Noijvelle-Orltïaus  (U),  074, 0S4, 

Oi-ss  [Mul],  257. 

P.'iques  [lledr^),  035-036- 

Pilut(Mont).  L5t.                           ^M 

^^^^^B 

'ti%. 

Ottawa.  025.034,  'OSC. 

Parâgua  (La).  Oin. 

Pilcoinayo  (Le).  ïOO,  807.           ^H 

^^^^^M 

Nouvent-s-nùliiides,  î»IO. 

Ouiid,iï  (Le),  528. 

Paraguay    (  fU'publi<iuc    du  ) . 

Piiide  (Le).  257.                    ^^^M 

^^^^^K 

Nûuvtllt:-Sibcnt\  285. 

OtiiihnbJtos,  338. 

813-814. 

(IhMlPs}.OI8.                ^^^H 

^^^^K 

Nouvulle-Zûlaudc.    841,    8tl5- 

Ouaidn,  543. 

Paraguay  (Hio),  802-803,  80<>, 

Piii.sk  {Haniis  de).  81.           ^^^B 

^^^^^Ê 

870. 

Oiiîilaii  (IIo),  012. 

813,814,  S20. 

Pique  d'Estats  (La).  150.              ^H 

^^^^^^^Ê  • 

Novaia  Zcnd'a  (la),  74. 

Oubsa-nor  (Lac),  43-^. 

Paramaribo.  835.836. 

Pirt-e  (Le),  266.                            ^H 

^^^^H 

Novibazar,  248. 

Oudii>(!Honl),  477. 

Paranà  (Le).  801,  802-803.  810. 

Pise.  332.                                      ^1 

^^^^B 

Nnliic.  47:v474. 

OuP(l-nl-Kébir(i;),5O0. 

818. 

Pitliiburt;,  608.  070,  *005.             ^M 

^^^^H 

Nurn-lii  (U-s],  227. 

Otjei-hien,  423. 

Parc  national   (Le),  071,  67 J. 

Piukn  (La),  110.                           ^H 

^^^^H 

>'ureml*ej*g,  KIK.  lll. 

Oucllc  (Kleuvc).  545,  547. 

070.081. 

Pinser^'a  (La).  188.               ^^H 

^^^^^1 

Ny«iigoijè  (Kniiidesde),  M7. 

Ouc'ii  (L'J.  414. 

P.trJnacola  (Moul),  777. 

^^^1 

^^^^^1 

.Nyassa   tLac),  458,  576,   578. 

Out'ssjiU  (Ile  d'J.  150. 

Palis.  147»  '180,  181. 

Plata  (Kio  de  la),  80i.         ^^H 

^^^^H 

Ou-Gaiidri  (L'}.  4lU. 

Parnasse  (Moiil).  2:)C,  2"»8. 

P}oiiib  du  Cantal  (Le),  147.          ^H 

^^^^H 

Otiiiiipog,  t)5X. 

Paillés  (Mûiil),  2.58. 

UlyincMUh.42.                          ^^^Ê 

^^^^H 

Oîijaca(Étald').  710. 

Oïiiiïiiieg(Ki\jtro),  C52. 

Punis  (Ile  ûi'l  '2(»2. 

Pih'nn-Péiih.402.                    ^^^M 

^^^^H 

Oalioii.  DiîH. 

Ouiiijjiog  (l,acj,050,  Uîil. 

Pasjiiidava  (U:iie  de),  500. 

PÔ(Lo),  210-217.                     ^^H 

^^^^V 

{H)(i;).  271K281. 

OuijiJjitJgous  (Lac),  05O. 

Pa.'ito  (Monts  de).  750. 

FoiuIe-;i-i'iIre(La).  742.  744.^^H 

^^^^H 

Obi  (ile),  804. 

Oiinyana-ij,  547. 

Pala^îons.  014.  704,  808.   8C0 

Pniiite-dc-Gulle,  38(.                    ^1 

^^^^H 

Olwk,  482,  48n. 

Ouolols,  531. 

PaLcbaiiah,  voy.  A%lians. 

IVdi's  (les;.  10.                               ^1 

^^^^H 

Oc&iiiie.   841-Ur»!»;  —  gêucra- 

UiifK.uIo(Ilc),024. 

Paljnos.  515. 

Poliltndlo).  008.                             ^1 

^^^^V 

likVs  841-842. 

OiiiTii  (llouvu),  78,  70. 

Patna,375. 

ro|.«gnr,  87^.                                 ^1 

^^^^^L 

tldtT  (1/).  IK). 

Oural  (Monts),  18,  74. 

l'alras,  206. 

r>ol(iri:ti^,  80,  87:  — en  Russie.    ^M 

^^^^^^ 

Odessa,  82,  -05.  05. 

Ourdou  (Langue).  300  3:0. 

l'anlislas.  «28. 

124;  —  en.^uLriche-iloagrie.    ^^Ê 

^^^^^F 

iKiUlii  Moud*»  (!/),  490. 

Our^a,  430. 

l'uvir,  215,  -211). 

■ 

^^^^^b 

U-land  iUed').Oô. 

Ourique  (BalaiUc  d"),  '.'08. 

Paun  (bic).  UO. 

rotx-nèsie,  023-9:^6.                       H 

^^^^p 

iKMîlMIed'),  90. 

Ounnia  (Lac  d';,  340. 

P.iyta.  776. 

Poinai-a|ié  (Monl),  777.                  ^M 

^^^^H 

UUi  tMoiilj,2r»K 

Ourno.  527. 

Pai  (La).  007,  702. 

Poinêranie,  08.                              ^H 

^^^^H  -- 

Ogô.MiO  (Flcuvr).  r»50-:)52. 

Ours  (Lac  d'),  050. 

Peaux-IlouKOS.  012-015,687. 

PoiiK>l4>u(Jlei>),voy.Touafnotou.    ^^ 

^^^^H 

OliiiïlL),  •ti70,  072,  «73. 

Oussouri  iL'l,2mi. 

i'éRiJU(Lc),  387. 

Poiu|»ete,  2»>1.                                ^H 

^^^^K 

Ohio  (État  de  1).  lîUtl. 

Uubouais  (l'j,  025,  b27. 

i'oï|ioiis  (Uc).  8tl. 

Ponupi(lle),OI2,  OU.                   ^1 

^^^^H 

OhoMka.  4:i0. 

Ouidiaiig,  428. 

Pékin.  42],4i!2-423,  424,  425. 

P<mdichèrt.  378-380-             ^^M 

^^^^K 

Oise  (L'),  104. 

Ou-lcbeou.  420. 

Pêlulg(^*^-i),002. 

^^^1 

^^^^^B 

okn(i;].70. 

OuibegK,  200,  300. 

Péliiiii  (Mont),  257. 

Pi>IMK*aléi>cll,  705,  707.         ^^^^| 

^^^^^1 

(iklioisk  (Mor  d'),  440. 

Oweu  Slauley  (Umits),  870. 

Pûlf»|«'iinése.  258-202. 

Population:    sa    plus    gratiîïrr^^H 

^^^^^B 

OIinda,242,  248. 

Oxford,  34. 

Peivoux  (Munt).  154. 

densité  cii  Europe.  107.             ^| 

^^^^V 

Oldbain,  41. 

Oja|.ock  (L'J,  833. 

Péuée  (Le),  257-258. 

Porl-au-Priiice  (U')»  735,  '  740.      ^M 

^^^^B 

Olêrmi  (lied).  100. 

Pennsylvanie.  OOtJ.  tk>8.  OOlï. 

Porlendik,  530.                               ^M 

^^^^H 

0l)7ti(>e  (Mont),  281,  24t. 

IVnléliipie  (Mont).  2,S8. 

Poi-U^sde  K*rr  (OéUtédc^),  115.      ^M 

^^^^H 

Olynipie,  250. 

Padan};»  888. 

|'L'iek(«p(lslliiiie  de),  40 

Port-Ltiuis,  000.                             ^M 

^^^^^ 

Oman,  3"8. 

raduia  (Le},  360. 

PôriKuein,  107- 

p4Prr-ïl;tlu>Ji,  1!»0.                               ^H 

^^F 

Oiiibla  (L),  110. 

Padoue.  232. 

rèrim(lledf).  331. 

PorC->:iliil.  r>t)8.                            ^H 

^^H 

Omlii-ûiie  (V),  220. 

Paçi)ii,3yi.302. 

Peiiiainbour,  830. 

Porto.  212,  214.                    ^^^1 

^^■^ 

Onèya  (Lac),  70. 

l'aix  (Rivière  de  la),  0i8. 

IVn^u,  773-784. 

Portf^Pi-aya.  588.                     ^^^H 

^^^^^- 

Oulaho  (Uc),  022,  024. 

Pakéïias,  800-807. 

Pcnius*MLî>t;»M.  210. 

Porto-Rico,  732.                    ^^^1 

^^^^^b 

Oparo  (Mo),  933. 

l'alaos  (llt^s).  013,014. 

iVi^aiie  (Langue),  344-343. 

Poiin-Yecchio(Le),  183.         ^^^| 

^^^^^K 

Opiio.  7*iO. 

l'alaoïiau  illc],  010. 

iVrsans,  342-540. 

Pûrt-.S:iid,  472.                       ^^^1 

^^F 

Op{(:i'ited').  MO. 

l>alaLi(iat,110. 

pprsi^jiolis.  345,  346. 

Ptit-t  âinoiith  .41.                             ^^M 

^^H 

Oi-a»,  40[j,  408,  .MO. 

Palemliang,  880,  '888. 

Pei-se,  330-340. 

Portu;;nis  200.  210  211                H 

^^V 

Orange  (lleuvo),  S^ïfl, 

hdeiiqitc,  712. 

rerses.  342.  345. 

Porlu};aise   (Langue).  216-211      ^M 

^^B 

Orange   (État   Libre   d'},  5U0 

l'alerme,  232. 

Pci-siiiue  {Golfe),  532,  340. 

Portugal,  307-214.                          ^1 

^^H 

570. 

Trili  (i^anpue),  367. 

Peilli,  801. 

Posloina  (Grolirtfe  la).  116.        ^M 

^ 

Orb  (L'),  107. 

Palk  :  Détroit  de),  380. 

Pest.  127. 

Poli.  502                                ^^M 

1 

^^^^^^^^^         INDEX   ALPIlARÉTHilE.                   ^^^^^^^^T        g^ 

-^^^^^^^^^^1 

Potomac  (Le),  608. 

Rhôneile).  142,  162,  Mfl7-170. 

Sainl-Élie  (Mont),  682. 

Sandwich    des    Nouvelles-Hé- 

^^H 

INitosi.  792. 

Hîdielieu  (I-e).  626. 

S.iirU-È*ietinp-en-Forei.  180. 

brides.  916. 

^^^^1 

' 

Cotschcblroom,  579. 

Hi*»tfengebirKe  (Le),  98. 

Saiiit-Kustnclie  (llej,  750. 

San-Franciîco,  695,  "696. 

^^^^H 

l'ourkliïouîi  Kwa.  voy.  Afglia- 

flit  (Le).  512 

Sailli  Gnriianï  [Mont),  UO,  142. 

Siingay  (Le),  770. 

^^^^H 

nislaii. 

Riga.  m\  •115. 

SninMK'k-ns  [Moutj.  671*. 

Sanghir  (Ile),  003. 

^^^^H 

l'ouille,  *223. 

Rilo   M«nUl,  234. 

Saint-Jean,  (J39. 

San-Jiisé,  724. 

^^^^1 

Foulo-PiJiaiiK.  390. 

HiiidJHDi  (Mont).  800. 

Saint-Jean  (Fleuve),  659. 

Saii-Juan  de  Pnrto-Rico.  732. 

^^^H 

ï'ouiia.  37-i. 

Rio-dr-Janeiro  (U),  829,  8."»0. 

Saint  Jean    ilc    Terre-Neuve, 

San-Salvador,  720. 

^^^^H 

t 

I*oyatiK  (lac).  410. 

hioi)  (le).  302. 

64 1.  (Utt. 

Sattscrile  (langue).  306-367. 

^^^^1 

r 

PragiiL»,  1*27. 

Rimi-Kiou  (Iles),  446-447. 

Saint-laurent  (Le).  608,  621. 

Sanla  Barbara   (Chaudière  de), 

«^^^^H 

Praslaw.  ^8. 

liiukuiir>.>s    (Cascade   du).    61, 

024-626. 

51*3. 

^^^^1 

l'rAsidins  (Les)»  514. 

62. 

Saiiit-1/iuis  du  Missîssipi,  675. 

Sanla   Crux  de  Santiago,   588. 

^^^^1 

l'K't.nia,  574. 

Rcxlie  (Rivière  de),  648. 

im. 

S.mliapo  du  Chdi.  KOO. 

^^^^1 

' 

['rince  (lU*  (iu).  590. 

rioclierort,  163,  166. 

SaJut-Louîs   du  Scncgal,   52!). 

Saido-linnMngo.  740. 

^^^^1 

Priiice-EUouard  (Ue  Hu),  642. 

RodiolIe{L:i),  160. 

532. 

Sfto-Franpisi'n(lc),820  83l. 

^^^^1 

hi|.el  (L.»),8l. 

Itocheuses    (  Montu^nes),    607, 

Sainl-lotip  (Pic).  167. 

Saône  (La).  169. 

^^^^1 

1 

PnivHirc  {la).  170. 

600,  074-675.  07Î. 

Saiiil-Maio,  159. 

Sa6.Paulo  de  Luanda.  553.  554. 

^^1 

iVovencf*  [CMi^  elc),  1G1,1fl5. 

RrMÏri^Cï  (Ue),  600. 

Saint-Marlin(Ile),  742,  750. 

Sappoid,  450. 

^^^ 

ProvidpiH-e.  mi. 

Rolaiiil  ([tréctie  de).  157. 

Saint-Maurice  (Le),  626. 

Saragosse.  194. '206. 

^^1 

Prusse.  105  107. 

lUiiuaiiie  (Campagne),  210,232, 

Saint-Paul  de  Minnesota,  604, 

Sai^tof,  96. 

^v^^^H 

Pnith  (Le).  252. 

2iô.  '230. 

672. 

Snrawak.  904. 

I^^^^H 

rsUorili  (Le).  241. 

Rome.    220.    221.    222,   227, 

Saint-Pétersbourg.  80,  83,04 

Sardaigno,  183,  226. 

^^^^H 

f*uerlo-€al»llo.  703. 

228-230. 

95. 

Sargasses  (Mer  des).  584. 

^^H 

1 

Puissance  (La),  voy.  Canada. 

Ronda.204.  206. 

Saint-Pierre  de  la  Martinique. 

Sarhadd  (le).  542. 

^^1 

Ptinas  [Lc-i,),  785-786. 

Ross  CasLle,  49. 

711.745,  "U. 

Sarttfs,  290- 

^^1 

Piinta  Arems.  704. 

Rostof.  06. 

Saint-Pierre   de    Terre-Neuve. 

.Sarlhe  (La).  166. 

^^1 

hiracé  (Mon!).  756. 

Roloiima  fUe).  022. 

(>434î4i. 

Sa.skntcheouan.654.  '660. 

^^1 

I^i-us(l^),  8^2.  8i5, 

Rotterdam.  138. 

Saint-Thomas  (Ile),  590. 

Satiedj  (Le),  356,  440. 

^H 

Pusila  tU}.  1Ï8.  lift,  122. 

Kolli  (liei,  890. 

Saim-Valeuliri  (Monl).  795. 

SauveteiTe  (Causse  de).  150. 

^^1 

Puy  de  Dùine,  146. 

RoulKi^'a,  464. 

Saint-Vinceul  (lie),  748. 

Savaiî  (Ile).  924. 

^^1 

riiydeSancy,  146. 

Ruubaîx,  180- 

Suinte-Claire  (Hiviéredc),  022. 

Savalaii  (Hunt).  340. 

^^^^H 

Pyramides  dXpypte  {Les],  471. 

Houeu,  164.  179.  '180. 

Sainte-Croiï  (Ile;.  916. 

Savanes  (les).  832. 

^^^^1 

Pyrénées  (Les),   24.  27,    155- 

Rouergue  (Catisses  du).  15t. 

Saiiili'-Èiiimie     (Souixes     de). 

Savo(La),  114. 

^^^^H 

154. 

Rou^e  (Fleuve).  406.  407. 

150. 

.Savou(ile),  890. 

^^^^^ 

RoutfeiMer),  331-332. 

Saintfî-llélùne  [Ile),  501-502. 

Saie.  107. 

^^^^H 

Rouge  (Race),  10.  15. 

Sainie-lucie  (lie),  748. 

Saxons.  311 

^^^^H 

(3u'appelI*>(La),6.=.8. 

RouRfi  du  Sud  (Rivière).  650. 

Sainte-Marie  (Iliviére  de),  622. 

Si'aiidiiiiives,  (ifll. 

^^^^^ 

. 

Qualre-Canlons  {Lac  de^î),  142- 

6,M,  652.  674. 

Sainte-Hurie    de    Madagascar. 

Scatidinavps  {Moi;ts),58. 

^^^^H 

QuC'l«c,  607.  •  636.  637. 

Rouk(Ile].9l2. 

596. 

Scamlinavie,  19.  57-07. 

^^^^H 

Ôncrndûud.  8j3-856. 

Rouki  Ile).  î»48. 

Saintc-SIaiihe    (Monta),    75C. 

Striielde,  vu-,  tscaul. 

^^^^1 

Quercy  (Causses  du),  151. 

Roumains.  230.    252-254;   — 

761. 

Sdielland  (iVs).  56. 

^^^^H 

QaelUh,  351- 

f'ti  Transylvanie.  126. 

Sairam  'Uc).  438. 

Sddeswig.Hulst*'în  (lel,  69. 

^^^^1 

Ouiberou  (l'resqu'îte  de),  159. 

Roumauie.  252-254. 

Sajama  (Mont),  786. 

Sch wanwald,  \oy.  Forét-Noire. 

^^^^1 

IGO. 

Roimiélie.  230.  23K. 

Sakalnves.  595. 

Scurari  d'Albanie,  242. 

^^^^H 

Quilchouas(Lcs).  773-776,  780- 

RoumMie  orientale.  24tî. 

Sakaria  (Le |,  313. 

Sciit.art  ô'Ai^'ic,  240,  '319. 

^^^^1 

782,  7ÎW-79I. 

Uoya  (La).  170. 

Sakhalieu  (Ile),  280,  443. 

Sébaou  [Ici.  500. 

^^^^H 

Quito,  772. 

Royaumo-Uiïi,  31-56. 

Sakkarah  (Pyramide  de),  471- 

Scbaslï»]K»l.  89,  94. 

^^^^H 

Ruûpcliou  iMout),  868. 

472. 

Sccundra,ri75. 

^^^^^Ê 

nageii(llede).  98,  99,  100. 

Salomvria  (I*),  Î34. 

Seeland  ou   Sja'Uand  (Ile),  68. 

^^^^M 

Races,  0-14;  —  leur  vigueur 

Ruii  (Vout).  756. 

Salât  [l.e\  166. 

Ségou-SikMro.  520,  '536,  527. 

^^^^^ 

Cl  leur  vtiatitè.  38. 

Russes,  28.  83-87,03.  94. 

Salé  {\ir..nd  Lac).  676,  078. 

Ségovie,  189. 

^^^^M 

Ra^se,  116. 

Russie.  17.  19.  20.  75-96. 

S.dpmbria  [Iv],  257. 

Seïhoun  iLo).  314. 

^^^^M 

asïatéa  file).  052. 

Rutliéneïi,  86.  124. 

Sal-^vei'  (llf'K962. 

Seine  (La),  159.  "164. 

^^M 

Raiuier  i)im)l).679. 

Stfifard.  41. 

Selenga  (La).  282. 

^^M 

Ram  Gangn  (Le),  358. 

Soltes-U  Source    (Cirque    de). 

Séleucie,  31».  .'i24. 

^^Ê 

Rannoun,  587. 

Saale(La),  t07. 

IJt. 

Sélinoute.  225. 

^^^^^ 

Ranu  (ll<>),  804. 

Saba  (lie),  750. 

Salonion  (lies),  915. 

Sdvas(Les),  5.  «11 

^^^^M 

Raveriiie,  ^232. 

Sacramcnto  [Pampa  dcl),  779, 

Sakmiquc,  242. 

Sénirrou  (Monl),  H80. 

^^^^H 

Ravi  (Le).  356. 

780. 

Solouen  (Le).  3t>l-39î. 

Sémites,  12. 

^^^^H 

R(^(llede).  160. 

Sagnïn.  392. 

Salvador  (République  du),  718- 

Semmering  (Passage  du).  115. 

^^^^1 

iWh  (Le),  478.  470. 

Sahara.  3.  455-450.  457.  515- 

7'JO. 

Sénégal.  530-5Ô2,  535. 

^^1 

♦ 

HfH'ife,  voy.  Pernajnbouc 

518. 

Salzbourjt  (Le).  127. 

Sénégal  (Heuvp),  530-531. 

^H 

lieirns.  180. 

Sahara  alg(^ricn.  456.  503. 

Saiiiar  (lie),  910. 

Sénéganibie,   530-536;  —  an- 

^^1 

neiiH'-i:harlo(le    (Iles    de    la). 

Sahel  (1^],  493,  494.  500- 

Samarcande,  '297,  299. 

glaise,   .532;  —  portugaise, 

^H 

661. 

Sahel  (Fleuve),  5(0. 

Samarie,  330. 

532. 

^^1 

Religions  :   nombre  de  leurs 

Sahel  d'Alger  (Le).  497.  500. 

Samé-Rdnam,  66. 

StMmt.  454. 

^^1 

adeptes,  14. 

Saigon.  400.  401.  '402.  405. 

Saineladx  ou  lapons,  05-66. 

Séraj'-vn,  240. 

^^^^Ê 

Rennes,  180. 

Saïma  (Lac).  8(1.  92. 

Samhar  (U).  4K0. 

Sérang,  voy.  Cérain. 

^^^^H 

Réunion,  voy.  Bourbon. 

SaintBarthcIcmy  (Ile),  743. 

Samo  (Ile  de),  318. 

Serines  %iO. 

^^^^H 

Ri-ykjavik,  72. 

Sainl-Uoiiifiice.  658, 

Samoa  (Ilesj,  924. 

Serbie.  '238.  249,  250-251. 

^^^^H 

llJiin  (U^),  10.'.  136.  140-142. 

Saint-Clu'istophe  (Ile).  746. 

SamothrBki,246. 

SeriK^nt  (Rivière].  679,  6X0. 

^^^^^ 

hhofle-hljttid  (Le).  600. 

Sainl-iMnis  de  la  Ri>union.  599. 

Saiidùkan.  rH)4. 

Sertio  (Le).  8IK. 

^^H 

Rhodes,  51«. 

Saint-Domingue.  733-740. 

Sandwich  (lie?).  928  930. 

Sélo-ouLsi(lo).44i. 

^^^H 

0.  Riiaiis.  L\  TKini  a  vol  h'oi^vau. 

À 

■ 

^^^U           i>43                       ^^^B 

^Pr            I>DEX    ALPHABÉTIQUE, 

^B 

^^^K            Sévanga  (Lac),  504. 

Soudan  d'Egypte.  474-i75. 

Tablas  (11^).  010. 

Terr&-de-Feu  (U),  793-794.         ^M 

^^^V            Seveni  (La).  43. 

Souda»  maritime.  520-532. 

Taelikeni,  *i07. 

Teri<c-\euve,  043-646.                   ^B 

^^^V              Sévitle,  205-204. 

Souk-Arhas   (Moiit:i   de),   408, 

Tadjiks,  voy,  Persans. 

TeiTe-îieuvicns  (Le«),  640.            ^B 

^^^H              Sêvrc  N'iortaise  (La),  160. 

500. 

Tfidjuura  (Baie  de).  483.  484. 

Terres    polaireâ    du    Canada.     ^B 

^^^^^             S(^ïhou?e  (La),  500. 

Soulu  (lies).  002. 

TîitiHi  (U).  498.  500.- 503. 

■ 

^^^f            Scychcnes  (lies],  000. 

Soulina  (La),  254. 

Tagales  ou  Tagalocs,  906 

Terre-Verte  (La).  618.                    ^H 

^^^H               Slkannon  (le),  50. 

SoiiMofes.  242. 

Ta-ejLe).  188. 

Tessin  'Le^  142-143,  216.            ^B 

^^^H              Shasta  (Monl},  082. 

Soukiu  (lies),  005. 

Taiiaa  (Ile),  032. 

TiH  (La).  167.                         _^^H 

^^^H 

SoullE  (UaU(.n  de),  151. 

T.'U-nuan,  voy.  Foraiose. 

^^H 

^^^B              Siah-roch^  350. 

Souiiib.-»  (ïk'l.  WO. 

T:iili  (Ile  de)!  031-0:>2. 

Této(Les).  801.                       ^^M 

^^^m             Siam.  7iU5-ô05. 

Soumbava  (Ile  ,  800. 

TïDvuan  lou,  428. 

Teveronc  ouAnio  (Le).  210.        ^H 

^^H              Sittérie.  27i,  378-288. 

Soun^ari  (Le).  284,432. 

Tîtkuzï.^  (l,e).  478-480. 

Texas  (Le],  079,  080-iJ90.              ^M 

^^^H               Sichcm,  330. 

Sourahaya.  884. 

Ta-Ki;ing,  ^oy.  Yant;-Ué-kiang. 

Teyde  (Pic  de)  ou  de  Tt^nérifé.      ^1 

^^^1              Sicile,  225-22G. 

Sou-lchéini.  424. 

TakLvMakau  (Le).  458. 

586.                                           ■ 

^^^H            Sioyone,  250. 

Sûiiïd;d,  70. 

Tjiujan  (Pi-esqu'lle  de),  301. 

Teicuco  (Lac  de),  710.                   ^H 

^^^H              Sidon.  :^50. 

Spanisli  Town.  740. 

Tiiinioojn  (i,e\  520. 

Thaï  ou  Siamois,  ZVA.             ^^^^M 

^^^H              Sicri-a-Léon6,  534. 

Spurle.  259.  200- 

Tuuiise  (La),  35.  54- 

Tlisr  (Désert  de),  360.            ^^^H 

^^H              (Le),  m. 

SpL'ssarl  (Le).  US. 

Tiina  (Lac).  477.  478. 

Ttiaso  (lie  de),  246.                ^^^1 

^^^B              Sikaram  rMont),  348. 

Spïiakiates,  240. 

TauaïsfLe).  80. 

Tliau  (Éting  de).  182.             ^^H 

^^^^^H              Sikhs,  575-370. 

Spîiiiix   des    rjrauiides    (Le), 

Taiianurive,  506. 

Thèbes  d'bgypte,  465,  468.           ^B 

^^^V             Si-kiang  (Le).  417. 

471. 

Tatiganyika    (Lac),   458,   546. 

rtieiss  (La).  114,  118.            ^^H 

^^H              Sikkim  (1^},  r>78. 

Spit2berg(U).6tK 

•547,  576,  578. 

Ttiennopyles  (Les),  257.          V^^B 

^^^1              Sikok  [Wcl  444.  440. 

Sporades  (Ites),  202. 

Tamia  (Ile),  010. 

Theisalie.  257.                           t^™ 

^^^H               Sil^sie,  lOG,  127. 

Spnrades  jtolviiè  sien  nés  (Les), 

Tapaiia  (Le). 822.  823. 

Thian-Clian  (UoiiU),  2(i8,  *  200.      ■ 

^^^1               Simén  (Le).  4K0. 

U27. 

Tapti  (La),  364. 

Tfiorshavn.  70                               ^B 

^^^H               Simla,  353,  55G.  372.  578. 

Spréc  (U).  106. 

Tai-anukli-Laina  (Le).  456,  442. 

Ttmriiiger  Wald  (Le),  98.              ^M 

^^^B              Siiiaï  (Mont),  520. 

Srinagar,  370. 

Tar^'ot  (Woiil),  440. 

Tibériade  (Lac  do),  320,  32T.        ^B 

^^^^H 

Stabies,  231. 

Tari!  ;Le),  15*».  *  160-167. 

TibesliiLc).  488.                           ^1 

^^^V              Si-ngmi-fou.  411.  412.  '428. 

Stnna  (llede).  55.  50. 

Tasmaiiie.KW.  862-8C4. 

Tibesli  (Monts  du).  521.                 ^M 

^^^^H                SiiiKajiour,  300. 

MeUfl  (Le),  572. 

Tassissoudoii.  378. 

Tibet  (LeK  436,  4.38-442.                ^1 

^^^^              Sinfo  (CiiUe),  448-4tO. 

Slepjie  d'Asie,  272.  274. 

Taira  iMoni).  110.—  Bergers 

libre  (Le),  218.                     ^^B 

^^^^^B               Sioualii  472. 

Steppe  du  Diiit-poi\  20. 

duTatra,  121. 

Tiburoii  (Cup).  734,  735.         ^^^B 

^^^1              Sioux.  OU.  655,  687. 

Stcp(»es  (Li's),  20,  *7j. 

Taupo(Lac;,  868,  860. 

Tieal,                                     ^^^1 

^^^H               Sir  (Le),  202,  204. 

Stettiii,  11)7. 

Tauris.  341.  '346. 

Ttdore  (lie),  k94.                     ^^^M 

^^^B 

Stewiiil  (Ik-),  870. 

Tauini.s  (Uuut),  312-314. 

^^^H 

^^^^B              Sivasamoudrain  (Saul  de],  3(Î3. 

Stockhului,  «3. 

Tay  (Le),  44. 

^^^1 

^^^B               Sjoellaiid  (lïe),  08. 

Stok(-,  41. 

Taygète  (Monl).  250,  260,  264. 

Tigre  (Le),  322.                     ^^H 

^^H              Sknjzer-ltak  (Le),  03. 

Slrasboiirp,  11  /. 

Tchad  (Lac).  457.521^22. 

Tigré  (Le).  480.  4K!.             ^^^B 

^^^H               Skapt8r{L(?). 

Stmiiiboli  (Vidcan  de).  225. 

Tebang-lflia,  428. 

Timave  (Le),  116.                  ^^^| 

^^H               Ski.TiTaard  (Lr).  OG. 

Strouma  (Lit),  234. 

Trhang-tcliL'ou,  425. 

Tiinbon»  (Mont).  bWl.                  ^^^M 

^^^H               Skipùlares,  242-244. 

Stnidel  [Le}.  H3,  114. 

Tchèques,  122.  124. 

Tinw.r(ll«»  de).  8'9,  800  802.        ^1 

^^^M 

StutlLTat-t.  110. 

Tclicrkesses,  304-306. 

Tinior-Laout  (lie»  de),  803.            ^H 

^^^K              Skudra  (Lac  de).  242. 

Si>mplKde(Lacde),  200. 

Tchesmeh-i-AU,  ou  Font  d'Ali, 

Tiritch-MiriUoul),  STiO.                ^B 

^^^H               Slaves,  30.  84.   102-103.    122, 

Stirif,  12a. 

340. 

Tirnova.  248.                                  ^B 

^^^m                 123-124.  25tK  210. 

Suciavn,254. 

Tciiinab  (Le),  356. 

Tista  du  Sikkim  (Loj.  350.            ^B 

^^^^V              Slavo-grecque  (Preîvqu'ile),  233- 

Sucre,  voy.  Chuqui.saca. 

Tchiug-lou,  420. 

Ti&za  (U),114,  118.                     ^1 

^^^P 

Sud  (UeduU8««. 

Tclïipiïéouêyancs  (Indiens).  653, 

Titicaca   (Lac  et  Ile  de),   773.      ^B 

^^^B               Slovatries.  122. 

Suéde.  62-fi3. 

055. 

775.  778.  787-788.                     ■ 

^V                     Srnolensk.  81. 

Suédois,  63. 

Tclioiiiuzioni  (Le),  70. 

TIsscala,  703.                                H 

^H                      Smvi-ne,  31j,  '319. 

Suejt.  472. 

Tchoniukli  (le),  302. 

Tlemcen.  507.  510.                       H 

^B                        SociMé  [lies  df  la).    031-034. 

Sue/ [Canal  de\  472. 

Tcliouries.  K4. 

ToboUk,285,  288.                           ^1 

^B-                      Socotra  ou  Socotnra  (Ik-).  000. 

Suisse.  159-Ui  ;  —  aJlemande. 

Tchoung-trlicng.  420,  428. 

Tocantins  (Le).  820,  822.       ^^H 

^m                     Sora]n(Le\,570. 

143:  —  InmcaiAn,  143-141; 

Tebriz,  voy.  Tauris. 

Togliean  (Iles),  1)02.               ^^^B 

^H                       Sofic  ou  Sopliia,  248. 

—  italienne,  144; — romau- 

Terh{i.e).  167. 

Togo                                        ^^^B 

^H                      Sokota,  478. 

che,  144. 

Téculuc»,  720. 

TokJû,  Toy.  Yédo.                 ^^^^| 

^B                       Sokoti),  ."lâO. 

Sumalra,  885-888. 

TegucipaljMi,  720. 

Tolède.  1»<8.  209.                   ^^H 

^B                       Solo  (tVuvc).  880. 

Sund  (Le),  08. 

TéhêraJi,  346. 

Tolimii  (Volran  de),  750.          ^^^B 

^H                      Soloime  (La).  15K. 

Suiiderl^iid.  41. 

Téliuanlépec  (IsUnne  de),  704. 

Tolt^Kiues.  697,  008.  r>99.  *  700.      H 

^B                        Somalîs  {l>ï*s),  580,  581. 

Supt'rieur(Lac),  622. 

T.dl  (Le},  400. 

■ 

^B                       SondefOélnnl  de  lu).  K85. 

Surate,  377. 

Tell  marocain  (Le),  512. 

Tombouclou,  520.  522,  '326.        ^1 

^B                       Soiido  (Petites  îles  de  la),  880- 

Surinam.  835.  830. 

Tell-ro^ls  (Mont).  74- 

Totnsk.  288.                             ^^^B 

^B 

Suldiémi,  428. 

Tcmbi  (Lo],5'20. 

TondiÏDi)  (Lac  de).  002.          ^^^H 

WF                        Soue  (La),  S'.R. 

Svarlis  (Nèvé  de),  58. 

Teju|>é  (Vallon  de).  2.*)8, 

Tf.nga  (lies),  02.V926.            ^^M 

W^                            Soiiitikcs,  53l-rw2. 

Swaïisea,  42. 

Té  lia  s  s'- ri  in  (Le),  387. 

Toufïariro  (Vont).  808.                   ^B 

f                              Sorioi-a  (ÈU-il  iU'\  710. 

Sydney,  642.  848,  840,  '850. 

TL-nerifé,  585,  5WL 

Tongatabou  (lie),  020.           ^^^1 

1                               Sora  [CasiMdi's  di*),  210. 

Syracuse.  225. 

Telles,  406. 

Ton;;ouses,  282,  283.              ^^^B 

f                                 Soracle  (Moiilj,  21K. 

Syrie,  524-330. 

Ti^ngri-nor  (Lac).  440. 

Tongouska  fLa),  282.             ^^^B 

SorRiics  (La).  105,  170. 

Syrte  ((îr;indr),  480. 

Teniet-el-!lât|  (Monts  de),  408. 

Ti>iaè-.S:,[.  (Lac).  304.  3ft(V               ^1 

*                                Sorliiigues  (Los),  ri4. 

Syrie  {Pi'lile),401. 

TnKH'htillnri.  voy.  Mexico. 

Toulé-Sap   (Iliviérr).  3îHl.  303       ■ 

Si>ual>C!(La).  108.  110. 

Szabadka.  128. 

Tniveira  lliel,  585. 

Tonquiii.  404-407.                            ■ 

i                               SouanôtUps,  300. 

Szegcd  ou  Szegedin,  118,  128. 

Tomate  (lie),  895,  894.  805. 

Toiiquiuois,  408.                             ^B 

l                             Soudan,  450-457. 

Teri^^  (L'i)  :  pa  foniie,  sa  jieli- 

Topino  (Le).  218.                          ^1 

[                             Soudan  central,  510-528. 

îaal  (HoDt),  006. 

tt'sse.  âa  superficie,  1-4. 

Toi-inês  (Le),  188.                        ^B 

i:«DEX    ALPHABÉTIQUE. 


w 


Tornea(La).65. 
Toronto.  62*,  '655,  638. 
Torrte  (Détroit  de),  871. 
Toscane.  210-Î22. 
TouAiiiotDU  (lies].  054. 
Touart'i:».  45t.  522. 
TiMibotini  (lltis).  033. 
Toula.  SO 
Tuulou.  162,  180. 
Toulour  (Iles),  902. 
TouJouse.  1«0. 
Toiin^-liug  (I.ac).  416. 
TuuruiJ  ou  Grand-Steppe.  273- 

Ï7i.  •t!W0-2O2.  293. 
Touraiic  (Haie  de^.  403. 
Touraiiieiis,  204-206. 
Tourtvoing.  182. 
Tours,  1H2. 
Touvre(La),  lOt- 
Toui-Gfïl(Lac}.3t4. 
Ti*ansl(>itJiaiiip.  l'-2C. 
Traiis(M>r(s  [Hiviiiiy»  des),  voy 

liiipcrial  iCflnslj. 
7i*ansvaal  {le),  67Ï-572. 
T^an^ylvanîe,  119,  M27. 
Tranas,  531 

TraMiuèiit»  (Lac  do],  219. 
Tr«j-Oiv-Moiites,  208,  290-210, 
Trèbiionde.  308. 
Trii'sle.  127. 
Triîïlav  (Le),  115. 
Trimai)  {le),  356. 
Triiiconiali,  3K4. 
Trinité  (Ile  de  la'.  748.740. 
Tripr.li.  4H6,  487. 
Tri[»olil4ihe,  485-488. 
Trislaii  duCuniia  (Ile).  592. 
Troie.  519. 

TrûiimoiisD  (Cirque  do),  13(5. 
Tiuyère  (La).  147. 
Tsiaf.'ùavona  (Mont),  594. 
Tsigaïu^s,  125. 
Tsouiio-yania  (Le).  441-440. 
Tsmapora,  'iM. 
TuLUiijan,  KOfi. 

Tuiiiuc-ltumac    ( Moûts»,   ^54. 
TiiiiguraKua  (Le>.  77U. 
Tunis,  494. 
Tunis  (lioire  de).  404. 
Tunis  (Réijencc  dej,  404,  510. 
TuijueiTM  {Honlsde),  750. 
Turcûâoaas.  202,  205. 
Turcs  (Les).  235-206.  237,  230; 

~  d'Asie.  315  318;  —    eu 

Ciucasie,  308. 
Turia  (Uj.  19G. 
Turin,  232. 
Turkestan,  289-300;— tiiitiois. 


436438,  430;  —  russe,  289- 

300. 
Turque  (Langue),  236. 
Turquie  d'Aftie.  311. 

Turquitio  (Moiil],  720. 
Turrialba  (Mùiil),  724. 
Tuscaroia  (Le),  U,  16. 
Tyr.  330. 
Tyrol,  127. 

rcayaU  (I/),  779-780,  781. 

rim.  110. 

Upsnla.  63. 

Trupuay   {Républltjue    de   V), 

Ktl-812. 
Drufîuay  (Rio).  «03,  818. 
Uskudar,  vov   Scutari   d'Asie. 
Utah(L').  675.678. 
(Uiipie.  404. 
Itredit,  138. 

ruumaciuta  (Rio),  711,  713. 
Uxtnal,  711,  712. 

Vaal  (La),  500.  .'i62,  560. 

Vaïchyas  (Les),  372. 

Vaïgalch  (Ile  de),  74. 

Vaîgbéou  (Ile).  806. 

Viîhou  (Iles).  935-936. 

Vaïpio  (Le).  928. 

Votais  (Le).  142. 

Voliques.  236. 

TaldoiiteUo  [ Forêt  de),  184. 

Valence.  196,  '203. 

Valette  (Ul,  226. 

V*llndolid,  187,  '200. 

V^lparaiso.  8U0. 

Van,  314,  315. 

Van  (Ucde).314.  315. 

Vanc^juver,  663-664. 

V.m  Diémen,  voy.  Tasinanie. 

Vanoise  |La),  153. 

Vanouii-Lèvou  (Ile),  920. 

Var  |Le;.  170. 

Vardar  (Le),  334. 

Varna.  248. 

Varsovie,  K3.  '95. 

Yatna  Jickull.  70,  71. 

Vaucluse   (Fontaine   de).   153. 

Ili3-164. 
Vaufluso  (Uonts),  153. 
Veddahs.  384. 
Velay  «Monts  du).  147. 
Véliko-Kusses,  84. 
Venise,  230,  '232. 
VéaéiuéU(Lel.  763-768. 
Vcn(oux(«ont),155. 
Vera-Cnu.  710. 


ViïroDe,  233. 

Versailles,  182. 

Vésuve  (U|,  231. 

Via  Mala  (La).  140,  14t. 

Vicols.  207. 

Vicliuia.  851-852. 

Vif^tnria  (Lac).  294. 

Victoria  de  Vancouver,  6(54. 

Vtcloria-Niyanza    (Lac),   462. 

464. 
Vidourle(Li?),  107. 
Vieille  Casiille,  186. 
Vienne,  127. 
Vienne  (Ln),  166,  168. 
Vierï(îs(Ilos],  746. 
Vijfnemale  (Le),  156. 
Vitrine  il^j.  159-160,  164. 
ViUnrica  iMonl),  796. 
Vilno,  96. 

Vindhya  'Monts),  360,  302. 
Vis  (La).  107. 
Visayas,  910. 
Visayas  (lies  des).  910. 
Visia,  vov.  Vistule. 
Vistule  (La),  87,  99. 
Viti,  voy.  Fidji. 
Vili-Lévou.  920. 
Vilim  (Le).  28i,  283. 
Vivaniis(Le}.  145,  148. 
Vlftdiinir.  76. 

Vœriugtos  (Cascade  du),  62. 
Vogelberg  (MonU),  08. 
V<Ana  (U),  480. 
Vol^a  (La).  26,  76-79.  80. 
Vomrlberg  (Le).  127. 
Vosges  (Les),  23. 24,  131-153. 
Vulcano  (Ile).  225. 
Vuoxeu  (Le),  80,  02. 

Wabash    ou    Hivière-Blancbe , 

070. 
Waikato  (Fleuve],  865,  868. 
Wales,  voy.  Galles. 
\Vailinskoski(Kapidesder),02. 
\V.-itIis  :lles).  0i5,  926, 
Wallonie.  131-132. 
W.illons,  120,  132,  134. 
Wash  (Le),  31.  34. 
Washington.  6K0,  091.  'OOl. 
Wcichsol,  voy.  Vistule. 
Wellintrlon.  8*70. 
Wellington   lie).  795. 
Wonern  (Lac),  60,  02. 
Wcser  iLe).  102. 
Wettcrn  (Lac>,02. 
Wigbt  ;  Ile  de).  54. 
Windermerc  (Lac).  34. 
Wiiiuipeg  (Lac),  voy.  Ouinipeg. 


Wirbcl  (Le),  113. 
Wisconsin  (Le),  672. 
Wilney  (llont),  681. 
Woumo,  527. 

Wurtemberg  (Le),  108,  110. 
Wurïbotirfî,  111 
Wydali.  543. 

Xiugu  (Le).  822,  824. 

Yakoutcs,  283. 
Yaloung.  (L).  414. 
Vaniiua,  510. 
Vauaon,  380. 
Yang-lclu*ou,  424. 
Yaug-tsé-kiang    (Lr),    414-416. 
Yankees  (I.C5),  665. 666,685-<i89. 
Vaqui  (Mont),  734. 
Varkand,  438. 
Variisl.ivl,  76. 
Vcdo.  445,  449-450. 
Yellow-Stone  (Le),    671,    672, 

673.  679.  681. 
Yémen,332.  333,  *337. 
Yéniséi  (L),  282. 
VermakTimorûief,  premier  con- 

quêi-aiil  de  la  Sibérie,  278. 
Ypfso(llo).446. 
Vetuurtinp  (Ile),  446. 
\vu  t)li<(i'j.  160. 
Ywd,  340. 

Ytnestjeld  (Nont).  59. 
Vukobama.  273,  450. 
Yonne  (LJ,15I.  *I64. 
Yoroulia,  543. 

Yoséniiti  (Ca!>cades  de),  080. 
Youkon(Le).682.  68.1. 
Ypiranga  (Valk'O  d'),  824. 
Yuoatan,  710-712. 


Zaccar  (Le).  498. 
Zafariiies  [Iles],  512. 
/.«K'bouan  (Le).  406. 
Za^^rab.  124. 

lainhéze  fU).  575.  576-578. 
?jmora.  187. 
Znnte.  266. 
■Aanlc(lle  de],  263. 
/-iniibar.  578-5tiO,  381. 
Zarafchan  (Le),  204.  297. 
7.eibi.  483. 

Zoulous  (Les).  567,  568.  572. 
ZuK^pitxe  (Uont).  98. 
Zuideraée.  135-136. 
Zurich,  144. 
Zurich  iLac  de).  144. 


TABLE   DES  GRAVURES 


i,  L'Espagne  aride.  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  une  ifue  de  Henri  Regnault 1 

2.  L'Espaf;ne  pluvieuse.  —  Dessin  de  <î.  Doré, 2 

5.  Sile  du  Sahoj'a  :  les  Grandes  Dunes.  —  Dessin  de  G.  Yuillier,  d'après  une  photographie 5 

4.  Stîlva  ou  forél  Iropicale  de  TAniériqne  du  Sud,  —  Dessin  d'Éniile  Bavard 5 

5.  Site  du  dr'serl  d'Alacarna.  —  Dessin  de  J.  Moytii'l,  d'après  une  pliolographie 8 

0.  flai:e  bhinche.  —  Dessin  de  A.   de  Neuville fl 

7.  Uace  tioire.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  photographie Il 

8.  R:ire  jaune.  —  Ik'ssin  d'i^drit'ii  Marie,  d'après  une  ptioto^'raphie , 15 

y.  Haee  rouge.  —  Dessin  de  A.  Hjïim^s,  d'après  une  photographie 15 

10.  Le  C:mcase.  —  Dessin  de  Diariehard *   * i7 

11.  La   Plaine    russe  :  Steppe  du  Dnieper.   —  Dessin   de   Lancclol,   d'après  une  photographie tîO 

1*2.  ilonta^Mies  moyennes  :  les  Vos^îes.  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  une   photographie 2ô 

15.  Une  ilusi^  du  Jura,  sur  le  Doiibs.  —  Dessin  de  Th.  Weher,  d\tprès  une  photographie *i'i 

14.  Les  Alpes  :  thaîne  du  Monl-Dlanr.  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  une  photographie 25 

15.  Les  Tyrènèes  :  Li  Maladelta.  —  liossin  de  Taylor *27 

10.  Russe  :  nuisieien  de  village.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville 28 

17.  Kspnpnol  :  berger  de  l'Alava.  —  iJessin  de  G.  Doré. •  20 

18.  lli^hbmler,  d'après  un  ilessin  de  W,  Sniall. 32 

1*1.  Lîi  Tamise.  —  iJessin  dp  W,  May 35 

20.  Une  usine  de  L-nivre  en  Cornouaille.  —  Dessin  de  Duraiid-Brager 35 

21.  Le  cap  Laiid's  End,  —  Ilessin  de  Weber,  diaprés  une  photographie 56 

22.  Londres  :  la  Tour  Vicloria.  —  Dessin  de  \V.  May 57 

25.  lue  pointe  du  Cortiouaille.  —  Dessin  de  Duraud-Drager 59 

24.  Le  château  de  (laêrnarvon.  —  Dessin  de  Benoi>l,  d'après  une  photographie  .   , 41 

2b.  La  chaîne  des  Grarnpians.  -^  Dessin  de  W.-M.-J,  Root 45 

26.  Falaises  sur  la  eùle  du  pays  de  Galles.  —Dessin  de  P.  Leifch 45 

27.  Loeli  Ness.  —  Dessin  de  \V,-11.-J.  Root 47 

28.  L<K'li  Luninnd  et  hen  Loinond.  —  Dessiji  de  Weber,  d'après  une  photographie 48 

29.  Lae  de  Killarney  :  Ross  CasHe.  —  tïessin  de  \\>b*^r,  d'après  nue  phologi'aphie ; 49 

50,  Les  iiionls  du  Kerry  :  le  Carrantuohill.  —  lïessiri  de  ïlarry  Fcnn -  M 

51.  La  ("hatjssi'e  dos  Géants,  —  Dessiti  de  ïlarry  Fenn. ■    •   •  53 

32.  Viie  de  iHiblin.  —  Dessin  de  Weher,  d'après  une  photographie 55 

55.   Ile  de  Staffa  :  groKe  de  Kingal.  —  l>es^iii  de  Sorrieu,  d'après  une  photographie 56 

Si,  Seandinavie  :  lorèts  uiaUngres,  névës  sans  lïornes.  —  Dessin  de  P.  Langlois 57 

55.  Le  Folkcronrieii.  —  Dessin  de  J.-D.  Woodward '.    .  59 

50.  Le  fiord  de  Bukke.  —  Dessin  de  G,  Doré 60 

57.  Le  Riukanlos.  —  Dessin  de  G.  I>oré 61 

58.  Le  lac  Ma>Iaren.  —  l)essin  de  J.-D,  Wuodward 64 

59.  Types  et  costumes  de  la  Laponie.  —  Dessin  de  Lix,  d'après  une  photographie 65 

40.  Le  cap  No  ni. — Dessin  de  A.  de  .Neuville , 67 

41.  (^te  septentrionale  de  Bornholni.  —  Dessin  de  F.  Sorrieu,  d*aprèsune  photographie 68 

42.  Vue  de  Reykjavik.  —  Dessin  dr  Jules  Noël 72 

45.  La  Moskva  â  Moscou  :  vue  prise  du  Gué  des  Criinéens.  —  Dessin  de  J.  Hoynet,  d\iprès  nature 73 

44.  Izba  :  maison  de  paysans.  —  [lessin  de  J.  Moynet.  d'après  nature. 75 

45.  Déforestation.  —  Di»ssin  de  J.  Moynel.  d'après  nature ,  77 

46.  Rive  gauche  de  la  Volga.  ~  Dessin  de  J.  Moynet,  d'apK's  nature 79 

47.  Rive  droite  de  b  Volga.  —  Dessin  de  J.  Muynet,  d'après  nature b« 


£150  ^^^^^^^P  TABLE    DES   GRAVURES. 

^8.  Le  Dnii^per  à  Kiof. — Dessin  dr  IL  Clrpgot,  d'après  une  ptiolographie 81 

49.  l'assape  do  la  U('ï*t*ziria.  —  Dessin  d'Éiiïile  lïayard 85 

50.  Cosaqups.  —  Dp^isiu  de  A.  de  Neuville,  d\»pr^s  iiii  croquis 85 

t>\.  l'fie  routp  »:'ïi  Livoiiîp.  —  Dossiii  de  d'Jlenriel,  d'ajirrs  nature 88 

î>2.  lîaie  de  Si'lïJStopoK  —  Dessin  de  Weber.  d'après  une  pliolofimphie 89 

55.  Église  SaiIll-Va^ili,  sur  la  place  Rou^e,  à  Moscou. —  Dejisin  de  Tliêrond,  d'après  une  photographie.    ...  91 

5i.  l'opf  russe.  —  Uessiii  de  A.  de  Neuville,  d';iprèii  une  pliolopraphie 95 

5.*i.  Siinit-lVtersbûurg  :  le  paUiis  d*lliver.  —  Dp?,siu  de  j.  Moyiiet 95 

5H.  La  fihiL'e  Catherine  à  Odessa.  — Dessin  d'HtilHTt  CK^rget,  d'après  une  photographie 96 

57.  Le  lîrockeii.  —  Dessin  de  S(rooh;inl,  d'afiivs  ii;»!uro 97 

58.  lU"i«:eii  !  falaisi?s  (1*1  hœiiigsslhul.  —  Dessm  do  Taylor,  daprès  une  photograpliie 99 

59.  Lerorlior  de  la  Lorelei.  —  Dessin  de  K.-l\  Leilch 100 

60.  La  Korét-Noire.  —  Dtfs^^in  de  W.-IL-J.  Uool 101 

Cl,  llelgohind. — Dessin  de  Tnyloi\  d'iiprès  une  pholograpliie -. 10-1 

0*2.  Allemand.  —  Dt.'ssiii  de  L.  Thiriat 105 

03.  Nuremberg  :  Paniersplalz.  —  Dessin  de  Tliérond»  d'après  une  photographie 108 

(H.  Ileidellierg  :  entrée  du  eiiàLeau.  —  Dessin  de  Slroobaiit,  d'après  naUire 109 

05.  Cliàleau  de  llohenzullerti.  —  Dessin  do  Tajlor,  d'après  une  pliolofrrapliie. il! 

00.  Mel2  :  vue  K"'ïièraie.  —  Dessin  de  IL  Clergel,  d'après  une  pliolograiihie llî 

67.  Danube  :  le  Wirbi'L  —  Dessin  de  Laitcclol^  d'après  natui'e 115 

08.  Ilaniilie  :  le  Strndel.  —  i^essin  de  Laneelol.  d'aj>rês  n.nlnre ,  *   .   .  114 

69.  Danube  :  dèlib'  des  Portos  de  Fer.  —  Dessin  de  Lanieiof,  d'après  nature.  ...        »   .    .  ^'^ 

70.  Le  golfe  de  Callaro.  —  De-isiii  de  llioii 117 

71.  Cnrpales  :  laiiiaiiie  du  Taira.  —  Dt^ssin  de  <î.  Vnillii'i,  d'aprè-s  une  photographie. 120 

7t!.  lierpTS  du  Taira.  —  Dessin  de  G.  Vnillier,  d'après  une  pholograjihie .    .  131 

73.  Puits  dans  la  Piiszta.  —  Dessin  de  Valéria.  d'après  nature VJ2 

74.  Un  poste  des  Contins  militaires.  —  I^essin  de  Viilêrio,  d'après  nature 125 

75.  Carnpempnt  de  Tsif^anes  dans  la  Puszta.  —  Dessin  de  Valpno,  diaprés  naturp 135 

76.  Colon  des  Confins  militaires.  —  Dessin  de  Valèno,  d'après  naliire 128 

77.  Dunes  de  la  Catupine.  —  Dessin  de  Tb.  Verslraete,  d'après  nature 129 

78.  L'Escaut  dpvant  Teriuonde.  —  Dessin  de  E.  Clans,  d'après  nature. 150 

79.  ïnondation  aux  environs  de  (iand.  —  Dessin  de  E.  Clans,  d'après  nature .    .  151 

80.  Une  sortie  de  fahrique  à  lland.  —  Dessin  de  \.  Mellery,  d'après  nature 133 

81.  Hrufs'es  :  h'.  Ileffroi.  —  Dessin  de  Barvlay,  d'après  nae  photographie .  155 

82.  Waterloo.  —  Dessin  de  J.-F.  Taolniaiis,  il'après  nature .        .  151 

85.  Ilooge  Vtv[iet!,  près  de  Dordrecbt,  —  Dessin  de  Th.  Weber,  d'après  nature 15^ 

84.  Amsterdam  :  \ne  du  L'iuial.  — Dessin  de  Thèrond,  d'après  une  photographie 157 

85.  La  Jun^fran.  —  Dessin  de  Disen.   .    ^ ir»9 

86.  Lu  Via  Mala.  —  Dessin  de  E.  Eckenbrecher 141 

87.  LeCervin.  —  Dessin  île  Whyniper.  .   .    , 145 

88.  En  Vivarnis  :  sur  l'Ardèche,  —  Dessin  de  Sorrien,  d'après  une  photographie, . 145 

80.  Plan  de  Paris  ol  de  ses  environs  an  Irmps  de  Julien.  —  Gravé  par  Thuillier..  ^ .                .  147 

90.  Dans  le  Cantal:  la  Gère.  —  Dessin  de  Lancelot.   . 148 

9!.  Cavalier  gaulois.  —  Ifossin  de  A.  de  Neuville •    .  140 

92.  Dans  les  Vosges.  —  I>essiu  de  Tayl^r,  d'après  une  pholopraphie 153 

i)ô    La  source  du  Lison.  — Dessin  de  Weher,  tf après  une  photographie. 155 

9t.  Le  Pelvoux,  vu  de  MonI -Dauphin.  —  Dessin  de  Wbyniper.  , 154 

yà.  Vanchise.  —  Dessin  de  Karl  Cirardet,  d'après  une  plintn;,Ta]dne 155 

%.  Motils  detiavarnie  :  la  Brèche  de  HolanrL  —  Dessin  de  P.  Skelton 157 

97,  Lande  rase  avec  bonqnels  de  pins.  —  Dessin  de  G.  Dore,  dapiès  nature 160 

98,  Cùte  de  l'roveure  :  palmiers  a  ilonaeo.  — Dessin  de  Hyrry  Fenn 101 

99,  Les  murs  d'Aiguës- Jlorles.  —  !^essill  de  Taylor,  dapiès  une  photiigraphio 163 

100.  Côte  de  Pruvetice  :  oliviers.  —  Dessni  de  Tavlor,  d'après  une  pliotographie 105 

lOK  La  Vienne  à  Chinon.  —  iMssin  de  TavUir,  d'après  une  photograpliie 168 

102.  La  tlainar^ïnc.  —  Dessin  d'Eugène  DurnautI 109 

103.  Le  Saut  du  Doubs.  —  Dessin  de  Tayli^r,  il'nppès  ime  photographie 171 

104.  Le  Pont  du  tiard.  —  Ik>ssin  de  Vuillier,  d'ai>rès  une  pbotogpa|ihie 176 

105.  Lyon.  —  Dessin  de  Tiiylor,  <i'après  une  phoUigraphie 177 

100.  bordeaux.  —  Dessin  de  lîenoist,  d'après  une  pholo^rraphie 178 

J07.  Donc n  :  vue  prise  de  Don-SiToiir.'^. —  Dessin  de  Deuoist,  d'après  une  photofiraphie 170 

108.  Paris  :  vue  de  niôlel  de  Vilte.  —  Dessin  de  Deroy,  d'aftrès  ime  photographie 181 

109.  iirenobie  et  la  chaîne  de  DullL'doitne.  —  Dessin  do  Taylor»  d'après  une  photographie -  183 

110.  Hasiia,  — Dessin  de  Taylor,   d'après  une  photoi^raphie 185 

111.  Bojûracio.  — Dessin  de  Taylor,  d'après  une  phottïgraphie 184 


n 


TABLE  DES  GRAVURES, 


051 


112. 
H5. 
114. 

115. 
tlfi. 
117. 
118. 
119. 
120. 
12K 
122. 
ll!ô. 
124. 
125. 
120. 
127. 
12«. 

i2y. 

150. 
13t. 

i:î2. 

154. 
135. 
15C. 
157. 
158. 
151». 
140. 
til. 
112. 
145. 
Hl. 
lis. 
Hfi. 
147. 
148. 
14!ï. 

mo. 

1j1. 
152. 
153. 

154. 
1  Tio. 

i:>(i. 

157. 
\hK 
159. 
160. 
ItiL 
102. 
163. 
104. 
105. 
160. 
167. 
168. 
10». 
170. 
171. 
172. 
175. 
174. 
175. 


Sur  le  pottt  d'Alicante.  —  Dessin  de  G.  Doré ,  ^P^^^^^^^  .  ,  185 

Une  noria.  —  Dessin  de  G.  Dnré.    •   ,    . 186 

L'aqneiiiir  rotnain  lïe  Mt^riiîa.  —  Dessin  de  G.  Doré 187 

St'povii' :  r.VIcuïar.  —  Dessin  do  H;irry  Feuii 189 

Le  parc  il'Aranjuea.  —  Uessi»  do  G.  Doré 192 

Dans  1.1  Sierra  majonjuino  :  rocs  d'Autnallnoh.  —  Dessin  do  G.  Doré 1^5 

U's  palmHTs  d'Elrho.  —  Dessin  de  G.  Doré 195 

Le  drfilé  do  Despenapcrros.  —  Dessin  de  G.  Doré 197 

Un  Gil:nio.  —  Dessin  de  G.  Doré 1il9 

Les  Ijonis  du  Ginidalquivir.  —  Dessin  do  G.  Doré **^*'* 

MonasdTO  de  Ins  lluflgas  n  Iturgos.  —  Dessin  de  G.  Doré 2*^' 

Grenade  :  l'AlhamUra. —  D*.^ssin  de  G.  Doré 205 

Le  pont  de  Ronda.  —  Dessin  de  Harry  Fenn 204 

Espat'nols.  —  Dessin  do  0,  Doré 205 

Gibraltar.  —  Dessin  de  G,  Dore.    . ,.....■■•  206 

Lishonno  :  place  du  Commerce.  —  Dessin  de  Barclay,  d'après  nne  photographie 207 

Portugaises.  —  Dessin  do  Hoiijal,  d'après  nne  pholograplïie Î09 

Lisliornn?  :  tour  de  Belem.  —  Dessin  de  Tliéroiid,  d'après  nne  photographie 211 

l'orto  :  vue  ^mérale,  —  Dessin  de  Caleiiaeci.  diaprés  une  photopraphie ■    ■  212 

Ralallia,  cntn;  Lisl)onne  et  Coîmhre  :  porto  do  la  chapelle  Inipsi  (aile.  —  Dessin  de  Thérond 215 

Coimtjre:  vue  générale.  —  Dessin   de  Taytor,  d'après  une  photographie 214 

l'avie  :  vue  de  laChartn?use.  —  Dessin  do  Harry  Fcnn»  , , 5^5 

Sur   l'Arno 217 

Chèvres  de  (a  Cam[»agnc  romaine.  —  Dessin  do  Henri  Recnanlt.  d'après  nature 219 

Rome:  1;*  loggia  des  Farnese.  —  Di^ssin  de  Hi:nri  ftegnanll,  (ï'après  naturo 220 

Home  :  mines  des  Thermes  de  Caracalla.  —  Dessin  dii  J.  l'etnt,  d'après  une  photographie, 221 

Mojufs  de  la  .Campagne  romaine.  —  Dessin  de  Ht'iiri  hriinanll,  d'après  nature 222 

Ik-rgk.T  do  la  Canipa^'uo  romaine.  —  Dessin  de  Henri  Re;;naiilt,  d'après  nature 295 

L'Etna,  vu  de  Taorniine.  —  Dessin  de  IL  Clerget,  d'après  une  photographie .    .  221 

Fioponee  :  la  l'oiilaine  de  Neptune.    ..,,,,,,. 225 

Rome:  une  Transh^verine 227 

Rinne  :  le  Môh-  d'Adrien  et  le  |Mint  S;»int-An£:e.  —  Dessin  de  II.  Clerget,  d'après  une  photographie.    .    .    .  229 

Venise:  vue  générale.  —  Dessin  di>  J.  Moynet,  d'après  une  photographie 250 

>'aples  el  le  Vésuve,  vus  du  P.iusilippe S31 

Un  Iman 255 

Conslarilinople  :  la  Corne  d'Or,  vne  prise  des  hauteurs  d'Eyoub.  —  Dessin  de  F.  Sorrieu 255 

Gend;ïrnie  turc.  —  Dessin  d'fimile  llayard,  d'aptè>  une  photographie 257 

\}n  li:nhicr  tiin*.  —  Dessin  di'  M.  Anl«)nin   l'niusl 259 

Constaiilinofih-:  les  citernes 240 

Le  moiil  Olympe.  —  Dessin   de  Taylor,  d'après  nn  croqnis. .    .  241 

La  mosquée  de  Sa!uni(|ue.  —  Dessin  de  Karl  tiirarflet.  d'après  M.  Antonin  Proust.  245 

Mnnl-Alfios:  l;i  confession. —  Dessin  de  llida 245 

Types  et  costumes  alt>anais.  —  Dt^ssin  de  Ronjat.  d'après  une  phetographif* ,    .  217 

Une  ville  Imïgaro-tunjue  :  Monaâtir.  —  Dessin  de  Thérond,  d'ajirès  une  photographie.    .    .  249 

Fi'mrrii's  Inripaes.  —  Itessin  de  Vierge.    ...   -, 251 

Mendiant^  liulgares.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  photographie 253 

"                                                -    '  2r»5 

.  256 

.  257 

.  259 

.  261 
265 
264 


Vue  de  IMpUes.  —  Dessin  de  F.  Sorrieu,  d'après  une  pliologr.iphie 

Le  Parnasse.  —  Dessin  do  Schrader 

Le  détilé  des  Thermopyles.  —  Dessin  de  Lancelot 

Sparte  el  le  Taygèle.  —  lïessin  de  Schrader ; 

Le  temple  de  Minerve  h  Êgine.  —  Dessin  de  A.  Deroy,  d*aprè$  une  photographie 

La  plaine  d'Argos.  — Dessin  de  H.  Clerget,  d'après  nue  photographie 

Fenmies  de  Mégare.  —  Dessin  de  Riions,  d'après  une  photographie 

Athènes  el  le  mont  Rymette.  —  Ikîssin  de  Taylor 265 

Grec.  —  l^ssin  de  Ronjat.  d'après  une  photographie 2t»6 

Himalaya  :  le  Gaourisankar.  —  Iw^ssin  de  F.  Schrader 267 

L'entrée  du  tirand  Steppe  :  Porte  de  Tanterlan.  —  Dessin  de  Taylor.  d'après  une  photographie 271 

Japtm  :  un  j.irdin  à  \okohama.  —  Dessin  ile  Thérond,  d'après  une  photographie 273 

La  rivièri' An^jara. — iK-ssin  de  Taylor,  d'après  nne  photographie 275 

Forél  de  mdèzes.  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  nne  phetograpliie 277 

Vue  de  l'Altaï.  —  iVssiu  de  Taylor,  d'après  une  phutographie 280 

Uc  ïtaikal.  —  Dt^ssin  de  Sahatier .281 

Le  fleuve  Amour,  dans  les  monts  Khingan.  —  Dessin  de  Grandsîre 285 

Kanilehatka:  volcans  de  1.1  baie  d'Avatc.ha.  —  Ikessin  di*  U'hymtHT,  d'après  nature 284 


959  mmer^mar  -  TABLE  DES  OnAVURKS. 

170.  Tobolsk  :  vue  générale.  —  Dessin  de  Duraml-HiMp-cr,  d'après  une  pholoçraphie ^^^^T  .   .  285 

117.  Goides:  types  et  costumes.  —  Dessin  de  t'rani'ihdikofi',  d';ij»rès  une  photographie 987 

178.  Un  repas  kir^diiiie.  —  Ikîssiii  de  "WjisMielzolT,  d'iiprés  utu*  phiïlofrraphie. 281) 

170.  Kirpliisrà  cheval.  —  Dessin  de  Wassiiclztdï,  d'après  une  photographie.    , 291 

180.  Dans  le  fïniini  Steppe.  —  Dessin  de  ^iiiiaiid,  d*après  Atkinson 295 

181.  FViimie  kir^diise  en  grand  eoslume,  —  Dc&siii  de  Wnssrielzutr,  d'après  une  photographie 295 

18ti.  La  nnis(pjre  de  II:izrel  ;ï  Tiirkestan.  —  Dessin  de  Taylur,  d'après  une  photographie 296 

183.  Enhïnts  il'nrie  mde  nmsnhiiaiie  ;i  [tokliara.  —  Ik-ssiti  de  Runjat,  d'après  une  pliolographie.    .,.,..  297 

!8i.  CijJH'lière  inusiilitiaii  à  Khi\:i,  —  Ik-ssiri  de  lï.  Clerjt,'el,  d'a[irés  un*'  photOiLfraphie 298 

185.  Saniarcande  :  ta  ïtiastpièe  de  (^hir-l)ar.  —  Dessin  île  Tlièroiid,  il'après  une  photographie 299 

186.  Vallée  <h'.  IMngour.  —  Dessin  de  Taytor,  d'après  une  plndo>fr;iphie .    .  501 

187.  Dèlilé  du  Daria!,  —  Ik'ssin  de  Blaïuhani,  d'après  une  phnhij^raphie 505 

188.  liaxar  liUcrkesse.  —  Dessin  do  A.  Kerdiuandus,  d'après  une  [iholoi^raphie. 505 

189.  Sonanithes.  —  Dessin  de  IVanishnikoiï,  iraprès  une  phnïoi^raphîe 306 

190.  LeTchefte»  minaret  à  Erzerouïit.  —  Dessin  **e  Th.  DeyrotJe^  d'après  nature 507 

191.  Le  rivage  à  Trébizonde.  —  Dessin  de  Th,  Ik'yroite,  d'a[très  nature 308 

192.  Soldats  géorgiens.  —  Dessin  de  E.  Kurnand.  d'après  une  photographie 309 

103.  Jeune  Arméaienue.  —  Dessin  de  Th.  Dcyrotle,  d'après  nature 310 

194.  Le  ninut  Ararat.  —  Dessin  de  Taylor»  d'après  Khodzsko 311 

195.  Monts  du  Kourdislaii  :  \uo  prijc  du  village  de  tîharzeu.  —  Dessin  de  J.  Laurcns»  d'après  nature 315 

19(5.  Lxe  et  forteresse  de  Van.  —  Dessin  de  J.  Laurens,  d'après  nature 315 

197.  l^hef  kourde.  —  iKissin  de  Th.  Deyrotle.  d'après  nature 517 

■198.  I/Euphrale  :  liuïle  de  Daliil,  d'après  un  dessin  inédit  de  Félix  Thomas 320 

199.  Ruines  de  Pahnyre  :  porti(juo  de  la  colonnade.  —  Dessin  de  l*h.  Denoist,  d'après  une  photographie.   .   .  521 

200.  Cïésiphon:  are  de  Chosroès.  —  Dessin  do  Taytor,  il'après  une  phoïogra]ïhie 323 

201.  luils  do  Raljylonio,  —  Dessin  de  K.  de  ^euvllî^^  d'après  une  jïhotngraphie 325 

202.  l'apyrus  fin  lac  de  Tihériade.  —  Dessin  de  t'.  Langluis,  d'après  une  photographie.    .    .    .    .' 527 

203.  L'idiàleau  de  Karak.  —  Dessin  de  Tayïor,  d'après  unr  pholegraphie 528 

204.  Jérusalem  :  église  du  Saint-S*'ptikTe,  —  Dessin  de  Thérond,  d'après  une  photographie 529 

205.  Un  caïup  de  pèlerins.  —  Dessin  de  Vuilïier,  d'après  lady  A,   Ulunl 331 

20lî.  lin  fnuldj.  —  Ih'ssin  de  Vuillier.  d'après  lady  A,  blunt 553 

207.  lia  interprète  à  Aden.  —  llessin  de  lladaniai'd,  d'après  une  pholopraphie 535 

208.  Un  puits  dans  le  Nedjed.  —  iM'ssin  de  Vuiliier,  d'iiprès  lady  A.  Blunt 556 

209.  La  Mecque:  vue  de  la  Kaaha.  —  Dessin  de  Tomaszkiewicz,  d'après  une  photographie 557 

210.  Dans  le  Djebel  (ihoiumer,  —  Dessin  de  Vuillier 358 

211.  Le  Dt'mavend.  —  Dessin  de  Jules  Laurens 339 

212.  Forteresse  de  Tauris.  —  Dessin  de  Taylor 541 

215.  Tombeau  de  Katuia  à  Koum.  —  Dessiji  de  Taylor,  d'après  une  photographie. 543 

214.  Dame  persane.  —  Dessin  de  Thiriat,  d'après  une  photographie 344 

215    Ï'er3ép(dts:  taureaux  ailés  à  léle  d'homme.  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  une  photographie.    .....  545 

210.  Dida-llîssar,  eitadelle  de  Caboul ' '   .    .  347 

217.  INirle  de  liala-Hissar 31J 

218.  Knlat  :  vue  générale.  —  Dessin  rli^  Sloni,  d'après  une  photographie 351 

219.  Mfudiant  batoutdie.  —  Dessin  de  A.  Sirouy,  d'après  une  pholugraphic 352 

220.  Le  sanatoire  de  Sinila.  —  Dessin  de  G.  Vuillier,  d'après  une  photographie 553 

221.  L"lndu3  à  Altok.  —  Dessin  de  IL  Clerget 555 

222.  Vue  des  monts  du  Karakorouui,   dans   la  vallée  de   Chigar.   —  Dessin  de  G.  Vuillier,   d*apK's  une 

photographie 3ô7 

225.  Au  boid  du  Djhilam  (Hydaspe).  —  Dessin  de  E.  de  Itérard,  d'après  une  photographie 559 

224.  Noble  cachemirien.  —  Hessin  de  E.  Honjat,  d'après  une  photographie. .  56'J 

225.  Cachemiriens  cultivateurs.  —  Dessin  de  E.  Zier,  d'après  une  photographie 5(ïl 

226.  Dans  losOhites  :  le  Duke's  nose,  à  Kaudallah.  —  Dnssin  de  Laneelot,  d'après  une  photographie 363 

227.  Le  (iange  à  Cavvnpore.  — Dessin  de  II.  Clerget,  d'après  une  pliolograpbie 505 

228.  (Miet  gond.  —  Dessin  de  sir  John  Campbell 367 

229.  lîne  piatdalion  de  tlié  dans  l'Inde.  —  Dessin  de  P.  l.anglois,  d'après  une  photographie 568 

230.  Bombay  :  ouvriers  du  juairbé  an  colon.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  fitiotographïc 509 

251.  [}n  earrefoiir  fi  llelhi. —  Dessin  de  A.  de  iVeuvilïe,  d'après  ruie  photographie 571 

252.  Le  temple  de  Maliadéva  à  Kajraha.  —  Di^ssin  de  E.  Thérondp  d'api'ès  une  phologruphie 575 

233.  Indigène  de  Hadnis.  —  lïes^in  de  E.  Bayard,  d'après  une  photographie 574 

25i.  Seeundra,  près  d'Agra  :  mausolée  du  granti  Akher. —Dessin  de  Ttiéroinl»  d'après  une  photographie.    .    .  575 

255.  Le  temple  d'Amrilsan  —  Dessin  de  Tliérond,  d'apiè>  une  photographie 576 

250.  Le  palais  de  Lahore. — Dessin  de  E.  Thérond,  daprès  une  photogr.iphie 577 

237.  Une  place  à  Pondichéry.  —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  photographie 578 

258.  Cocotiers  à  CeyLin. — Dessin  de  A.  de  Har,  tl'aprÊs  une  (diolographic 579 


TABLR  DES  GRWGRES. 


05& 


259.  Un  m.inhand  maurr  à  Ceyian.  —  Dessin  d<*  E.  HaycirH,  d*après  un<^  pholographio .    .... 

940.  t^haiidprii,-i«or.  —  Dessin  do  J.  Moynet,  d'après  uiio  photographie .       ,    . 

34t,  r.in^halais.  —  Dossin  de  E.  Baynrd,  d'après  uiir  phntoffi-aphio 

iiiâ.  Nîioulchui  ou  hayadère.  —  Dessin  de  A.  de  NenviJJe.  d'après  une  photographie.    .       

245.  Moulin  à  riz.  —  Dessin  de  Hohin.  d'après  une  phnlofn'.-iphie 

244.  L'Iraonaddj  au  counurnl  du   Myit-Nge.  —  Dessin  de  1*.  Ilui'l 

945.  Indigène  de*i  Iles  Atuianian.  —  hessin  de  (î.  Kalh,  d'après  une  photographie 

346.  Lalarner,  drtiis  l'Ile  île  la  Grande  Andanjan.  —  Dessin  dr  A.  de  Dar.  d'après  urif'  photo^rapJtie 

947.  Temple  miné  de  Pagan.  —  Dessin  de  Lancelot 

248.  Une  rue  à  UanKlcok.  —  l>essin  de  liarclay,  d'après  une  pholofrraphie 

949.  Iluir»es  à  Angkor.  —  Dessin  de  Thêrond,  d'après  nne  photr^raphic.    .  .  ... 

950.  lx)nnucnl  du  Mékong  et  du  T*>nl«'-Sap.  —  Dessin  de  Sahalier 

951.  Sflîrfats  et  ravahers  de  Saigon.  —  Dessin  de  1*.  Fritol,  d'après  une  photographie.    .    .        ...... 

252.  Rade  de  Saii^ïon.  —  Dessin  de  Th.  \Vel»er,  d'après  une  photographie 

255.  Un  bras  du  Mékong  à  Vinh-Loii^.  —  Dessin  de  A.  de  Dar,  d'après  une  plioiotrraphie 

954.  Grand  mandarin  aniiamile. — Dessin  de  E,  Ronjal,  d'après  une  phota«;r.iplne .    . 

955.  Scène  prise  au  marché  de  Saigon.  —  Dessin  de  D.  Maillarl.  d'après  une  photographie 

250.  Hué:  rue  rie  la  ville  marchande.  —  Dessin  de  P.  KaufTniaim,  d'après  un  croquis 

257.  Courrier  annamite,  —Dessin  de  E.  llurnand,  d'après  un  croquis ..... 

258.  tianoi  à  vol  d'oiseau.  —  Dessin  de  II.  Clerget 

259.  Cours  du  Hoang-ho  :  falaises  de  Terre  Jaune.  ^-  Dessin  de  Lancelot 

9t)0.  Vue  de  Si-ngan-rou.  —  l>essin  de  Th.  Weber 

961.  Jeune  Chinoise.  — Dessin  de  E.  Ronjat 

262.  La  iirande  Muraille-  —  Dessin  de  Dosso 

263.  Intérieur   d'une  ferme  chinoise   dans  la  proTince  de   Canton.  —  Dessin  d'Adrien    Marie,  d'après  une 

photographie 

264.  Chinois.  —  Dessin  de  E.  Rnnjal 

265.  Chinoise  aux  pieds  mutilés.  —  Dessin  de  E.  Ronjat,  d*aprè.s  une  photographie. 

266.  Ctiarrette  chinoise.  —  Dessin  de  E.  Ronjat,  d'apK»s  une  photographie 

207.  Teiiiple  de  Confucius  à   Pékin,   vue  prise  du  côté  des  jardins.  —  Dessin  de  Thèrond,  d'après   une 

photographie 

268.  Vue  générale  des  forlilications  de  Pékin.  —  Dessin  de  Tayjor,  d'après  une  phologi-aphie.    ..... 

2t»l*.  Porto  Tciène-inènc  à  Pékin. —  Dessin  de  Taylor,  d'apivs  une  jdmlngrapliip 

270.  Pékin  :  rue  de  la  Légation  de  France.  —  Itessinde  Taylor,  d'après  une  photographie,    .    .  . 

271.  Porte  à  Chang-haî.  —  Dessin  de  Th.  Welwr 

972.  Tragtnliens  chinois.  —  Dessin  de  E.  Ronjat,  d'après  nne  photographie 

973.  Formose:  chasseurs  montagnards.  —  Dessin  de  D.  Madiart 

974.  Fonnose  ;  sur  la  côte  sud-ouest.  —  Dessin  de  J.  Moynel 

275.  Le  pidau(|utn  :  costume  de  pluie  des  Coréens.  —  Dcssm  de  A.  Marie 

276.  Coréen,  —  Dessin  de  E.  liorijal,  d'après  une  photographie .        .    . 

277.  Le  désert  de  (ioh*.  -  Dessin  de  Taylor 

278.  Exercice    des   troupes    chinui^es    de    la  garnison    de   Kachgar.    —    Dessin    de    Delorl,    d*.iprés    une 

photographie 

979.  Un  fauconnier  du  Turkestan  chinois.  —  Dessin  de  Delort,  d'après  une  photographie . 

2SIK  Tri  lama  revêtu  de  ses  hahits  sacerdotaux 

981.  Monastère  Ltouddhique.  —  Dessin  de  Thêrond 

989.  l'n  houtouktou,  ecclésiastique  d'un  ordre  supérieur.    .  ^ 

983.  Le  Fouzi-yama  :   vue    prise  des  campagnes  du   sud-ouest.  —  Dessia^  de  F.    Schrader,  d'après    une 

photographie 

S84.  Yêdo  :  gardes  de  la  légation  suisse.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  photogrnphie 

985.  Bonses  en  prière.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  photographie 

986.  Un  temple  de  la  religion  de  Kami.  —  Messin  de  E.  Thêrond,  d'après  une  photographie 

287.  Touaregs.  — De.ssin  de  Hadamard,  d'après  une  photographie 

988.  Sahara  algérien  :  village  de  Touaregs  près  des  ruines  de  tîliadamès.  —  Dessin  de  Taylor.  d'après  une 

photographie 

289.  Dunes  du  Sahara.  —  Dessin  de  Vuillier,  d'après  nue  photographie 

9U0.  Nègre  de  l'Afrique  centrale. — l>essui  d'Adrien  Narif.  d'apris  une  photographie.    ,    .    . 

99t.  Négroïdes  :  Abyssiniens.  —  Dessin  de  ttayard,  d'après  des  photographies 

999.  Le  Nd  :  Tue  prise  de  l'île  de  Pliilie.  —  llessin  de  Taylor,  d'après  une  photographie.    .  .... 

995.  Le  lac  AJIntI.  —  Dessin  de  Crandsirr.  d'après  Raker 

994.  Thcbes  :  tiolosses  du  Rarnesséuia.  —  Dessin  de  lleuoist.  d'api^s  une  photographie  de  M.  Déchard.    . 

2λ5.  Fenune  ft«|lah.  —  Dessin  de  Ronjat.  daprès  une  pliotographio 

296.  Barque  sur  le  haut  Ml.  —  Dc'-sin  de  J.  Moynet 

997.  Le  Caire:  tH»rteurs  d'eau. — Dessin  de  Pranishnikoff,  d'après  une pliotographic 


580 

5H1 
5K3 
584 
3H5 
5S7 
ri«8 
7m 
301 
5î»3 
31)4 
599 
4U0 
401 
403 
404 
405 
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408 
409 
411 
412 
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415 
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419 

421 
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425 
426 
427 
429 
450 
451 
453 
455 


457 
439 
440 
441 
449 

U3 
445 

447 
449 
451 

456 
457 
459 
460 
ilil 
465 
465 
467 
469 
471 


0.  Rwxi».  U  Tt»—  ^  rot  »*OMi«. 


120 


951 


TABLE  DES  GRAVUREgt, 


299. 
300. 
301. 
302. 
303. 
304. 
505. 
3Ûii. 
307. 
008, 
501». 
310. 
3il. 
31-2. 
315. 
314. 
515. 
310. 
517. 
3IH. 
310. 
520. 
521. 
522. 
523. 
524. 
525. 
526. 
527. 
528. 
520. 
330. 
531. 
332. 
535. 
354. 
555. 
35(i. 
557. 
358. 
559. 
540. 
341. 
342. 
343. 
544. 
345. 
346. 
547. 
548. 
540. 
550. 
3ùl. 
352. 
355. 
554. 
555. 
3Dfî. 
557. 

5r»8. 

550. 
360. 
301. 


Lp  Sphinx.  —  Dessin  de  P.  Beiioist,  (i'apn*s  un*?  photographie 

Khsrtoutii  :  vuo  gpiitM'nlc.  —  IJessin  di?  Slotii.  d'apu's  une  photographia 

Conllut'ul  du  Nil  Blanc  et  <in  Nil  lUeu  au  Kro  do  Kliartourïi 

Dans  le  Sloppi^,  entre  KordoCân  et  Darfour.  —  Dessin  de  K.  Girardel,  d'après  un  croquis. 
Sur  le  Nil  fUanc  :  musiciens  nègres.  —  Ikîssin  do  Roiijal,  d'après  une  photographie.   .   . 

Le  lac  Taua.  —  Dessin  de  E,  Cirèri,  d'après  un  rroquis 

Cascade  sur  le  lïeb  mf*5rieur.  —  Dessjii  de  K.  Cirt^ri.  d'après  un  croquis 

Ethiopienne.  —  Dessin  ri'après  une  photographie  de  M.  fiulcha 

La  rade  d'Obok.  —  Dessin  de  Weber,  d'après  une  photojn'aphie .   - 

La  baie  de  Tadjour.i-  —  Dessin  de  A.  de  Har.   .    ,    , 

Mosquée  aux  environs  de  Ti'ipoli.  —  Dessin  de  L:uic*'lot,  d'après  une  ptrolopraphie,  -   .   . 
Tripoli  de  U:*rh;irie  :  ^ue  générale.  —  Dessin  de  K.  de  (((îrard^  d'après  une  photographie    . 

Jardinii'rs  trîpolitahis.  —  Dessin  de  Uadamard,  d'après  um»  photographie 

Uerbères  agricuUcurs  ;  tm  dotiar.  —  Dessin  de  Vuillier,  d'après   une  photographie.   .    . 

.Vrabe,  type  et  coslume.  —  Dessin  de  E.  Honjat,  d'après  unv  photographie 

Le  Satiel  tunisien  :  Hammamel.  —  Dessin  de  En^.   liirardel 

Campement  arabe.  —  Di^ssiu  de  d,  Vuillier.  d'après  des  errMpiis 

Femme  berttère  à  Oiiarijla.  —  IJessm   de  Vudiier.  d'après  une  photographie 

Mer  d'alfa.  —  Dessin  d^  A.  de  Bar. 

Le  ravin  du  Roumel  û  Coiislaiitine.  —  Li'ssin  df»  F.  Si-hrader,  d'après  une  photographie.    , 
K:iirouan  :  façade  postérieure  de  la  Grande  Musquée.  —  Dessin  d'Eug.  GirardeL   *   .    .    . 

Tlemcen  :  vue  générale.  —  Dï'ssiin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  photographie .   . 

Uiskara  :  la  Cast>a.  —  Dessin  de  Vuillit'r,  d'après  une  photographie 

Maraboul.  —  Dessin  de  P.  Fritd,  d'après  une  photographie 

Types  marocains.  — Ik'ssin  de  ttiséo 

Fès.  —  Dessin  do  Vuillier,  d'après  une  phûlogi'aphie 

Cavalier  marocain.  —  Dessin  de  Itiséo .        .... 

Le  simoun.  —  Dessin  de  G,  Vuillier 

Effet  de  mirage.  —  Dessin  de  G.  Vuilher 

Le  Niger  à  Yarnina.  —  Dessin  de  Tournois 

Sur  le  lac  T(',li;*d 

Tombonctou  :  vue  générale.  —  Dessin  de  Lancolot 

Jeune  .M;iltNké.  —  iMssin  de  Moujal,  d'après  une  pholographie 

Jeime  fille  Malinké.  —  Di^ssin  de  Itinu,  d'après  un  croquis 

Sur  le  Chari.  —  Dessin  de  hanishnikofl .    .    . 

Le  Xtger  à  Uammakou.  —  Dessin  de  Uiou 

Maison   à  Sègou-Sikoro.  —  Dessin   de   Tournois 

Vue  de  Koukiioua.  —  Dessin  de  Pranisîuukolf 

.Saint-Louis  :  vue  générale.  —  fh\ssin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  photographie 

Cataracte  do  Gouina.  —  Jtessin  de  Hiou,  d'apivs  une  photographie 

Femmes  du  Haut  Sènègaï.  —  Dessin  de  E.  Hayard.  d'après  une  photographie 

Casernes  de  Freetown.  —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  photographie 

Sur  le  plaîeau,  an  pied  des  Korij^s.  —  Dessin  de  A.  de  Kar .    .    . 

Nègres  de  Gumêe,  —  Dessin  de  E.  D;iyard,  d'après  une  pholographie . 

l'oste  du  Grand  Bassain.  —  Dessin  ih'  A,  de  Bar,  d'après  une  photographie 

Assinie. — Dessin  de  A.  de  lîar,  d';iprès  une  photographie 

Lagos.  —  Dessin  de  A.  de  Dar,  d'iiprès  uiw  plifitographie, 

Nègres  d'Assiuie.  —  l>essin  de  Ritens,  d'après  une  photographie 

Groupe  de  palétuviers.  —  Dessin  de  Théroud,  d'après  une  photographie 

Jeune  Dahoniieu.  —  Dessin  de  Ronjal,  d'après  une  pholographie 

lîn  bnohah,  —  Dessin  de  E.  de  Hérard 

Le  lai"  lîan^oiiéln.  —  Dessin  de  Weber 

Sur   le  lac  T:inganvika , 


Hutte  au  tiord  ilu  lac  Tanganyika.  —  Dessin  de  Lavieille 

Sur  rOfjôoué.  —  Dessin  de  Riou 

Village  gabonais,  dans  les  bois.  —  Dessin  de  Théroud,  d'après  une  photographie.  .    .    . 
Clmle  de  Bôoué,  surl'Ogùoué,  d'après  un  croquis  de  M.  K.  ColTûnnières  de  Nordeik.    .    . 

Gabonais.  —  lh!ssiii  de  Ronjat,  d'après  une  plmtographie, , 

Sao-Panlo  do  Loauda  :  vue  générale.  —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  pholographi».  ' . 

Sur  la  c<Me  d'Angola.  —  Dessin  de  Weber 

Le  port  d'Angra  Peijueua , 

Boers  et  Cafres.  —  Dessin  de  Prauishnikoff,  d*après  un  croquis 

Bassoutos.  —  Dessin  de  St.  de  Drée,  d'après  une  photographie 

Uu  parc  à  besliaui,  —  Desîin  de  Si.  de  Drée,  d'après  une  photographie .   . 


472 

475 
474 
475 

476 

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479 

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483 

484 

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488 

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491 

4U3 

405 

41*7 

400 

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605 

507 

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5il 

515 

51  il 

515 

517 

519 

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522 1 

525< 

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554 

53£»< 

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552 
555 
555 
556 
557 
559 
561 


TABLE  DES  GRAVURES. 


956 


3B:2.  Ferme  d'un  Boor.  —  D**ssin  de  SI.  de  l>rée,  d'apn^  une  photoprapliie.   .,,.,., 

5(î5.  Convoi  venant  d*'s  mines  de  diamanls.  —  Dessin  de  Si.  de  Drée.  d'après  une  pholograpliie 

564.  Le  Cap.  —  Dessin  de  St,  de  Orée,  d';iprès  nne  p[K>t%Taphie , 

565.  l'ne  mine  do  di;imants.  —  [k^ssin  dr*  St.  de  Oiôe,  d'après  une  plioto^TapKie 

360,  Cafres  Zoulous,  —  Dessin  de  Si,  de  Orée,  d'après  une  pliolo^aphie 

367,  Sur  le  Yaal  :  lavage  de  diamanls,  —  Dessin  de  St.  de  Drée.  d'après  une  pholoçraphie 

568.  Caverne  chez  des  Cafres  jadis  cannibales  de  l'Élal  Libre.  —  Dessin  de  Si.  de  Drèe,  d'après  nn  rroquis. 
360,  Dans  les  monts  Maloulis.  —  Dessin  de  Si.  de  Drêe.  d'après  une  pho(oj<rapbie 

570.  Voiluro  de  voy;i;:e  dans  l'Afrique  AnKlo-lïoll.itirLiise,  —  Dessin  de  Si.  de  Drée,  d'après  un  ci*oquis.   .    , 

571.  Antilopes  au  lK>rd  du  Ngami.  —  Dessin  de  Whyuiper 

57*2.  Rapide  snr  le  Zarnbèze.  —  l^essin  de  Wbyniper,  d'après  Livin|;stone.  

575.  La  Fumée-Torifiiiuïe.  — Ut'ssin  do  A.  iJi*  lîar,  dapres  Liviii);;slone . 

574,  Zanzibar  :  vue  générale.  —  Dessin  de  Hiou,  (i'aprè."»  une  fihotographie 

57r».  Musulman  de  Zanzibar.  — (îravnve  de  Thirial,  d'après  ime  pliolographie 

576.  Somalis.  —  lïessiri  de  Ronjal»  i]*après  une  phologr^ipliie 

577.  Zanzibar  :  marrbè  aux  fruits.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  nne  photographie 

578.  Villa^v  somali. — Dessin  de  Riou,  d'après  une  pholopraphie 

571*.  Pic  de  Ténérifé.  —  Dt^ssin  de  I>aiibi^ny , 

5S0.  Fernamlo-Pô  :  îlot  Ilenrique.  —  l)*\ssinde  W'eber,  d'après  une  pholof:raphie 

581.  Fernando-Pô  ;  iKue  ilc  Sainto-lsabelle.  —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  photograpliîe.    ...... 

58'i.  Ht'  du  Prince.  —  De'isia  de  A.  de  Har,  d'après  un  croquis 

585.  Ilabilalion  à  Fernando-F'fl.  —  l»essinjJe  A.  de  Bar,  d'après  une  phntojrraphie 

5X4,  Die  iîe  Fernandol'û.  —  IVssin  de  A.  de  Bar,  d'après  luie  pholontraphie ... 

385.  Mdde  de  transport  à  Madagascar  :  h»  lacon.  —  De.ssin  de  G.  StaaI.  d'après  une  photographie 

380.  (lUerrifr  malgache.  —  Ikîssin  de  (îèrôme,  d'après  une  pboto^Taphie 

587.  Femmf-s  mali:;iches.  —  Dessin  de  Bida.  d'après  une  photographie 

588.  Bourbon  :  jardin  d'une  maison  de  ville,  —  Bessiu  de  II.  Stock,  d'après  une  pholopraphie 

580.  lui'  forêt  de  la  Colombie  anglaise,  —  Dessin  de  Moynel 

ôyO.  Dans  Ja  Colond»ie  èqualoriale.  —  Dessin  de  K.  Riou 

30t.  Dans  l'Alaska.  —  D-jssin  de  Yan'  Dardent 

30*J.  Uans  ks  Montagnes  Rocheuses.  —  Dessin  de  Bellel 

505.  Dans  les  Andes.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  une  pholo^'raphie ... 

504.  Combal  d'un  j.ignar  et  d'un  devin.  —  l>essin  de  E.  Riou 

30o.  Peanx-Rouj^es  de  TAméiique  du  Sud. —  Dessin  de  E.  Rorijal}  d'après  une  pliotographie 

306.  Tapir.  —  l»essin  de  Riou . 

507,  Feau-Rouf:e  <le  l'Amérique  du  Nord,  —  De.ssin  do  A.  de  Neuville,  d'après  une  photographie.  . 

508.  In  liord  en  hiver.  —  Dessin  de  E,  Crandsire,  d*après  une  photographie 

500.  Esquimauï 

400.  Dans  le  désert,  au  Nord-Ouest, —  Dessin  de  Taylor,  d'après  nne  photographie.   ...... 

401.  Le  double  pont  du  Niagara.  —  Ifcssin  de  Lmcelol,  d'après  une  photographie 

40i.  Les  chutes  du  Niagara.  —  Dessin  de  l*anl  Iluet,  d'après  une  photographie. 

405.  Les  Mill'*-lles,  à  la  sortie  du  lac  Ontario.  —  I>essin  de  f'aul  Iluet 

404.  L'Outaouais  :  In  Chaudière  en  êlè.  —  iJes.sin  de  Weber,  ti'après  une  photographie 

405.  Montréal  :  les  quais.  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  une  photographie 

406.  Montréal  :  m.irché  de  Bon-Secours.  —  Dessin  de  A.  Deroy,  d'après  nne  photographie 

407.  Ottawa  :  la  cMe  du  Palais  du  J*arlemenl.  —  I>essin  de  Taylor,  d'après  une  photographie 

408.  Toronto  :  l'I  niversilé.  -^  l>es>-in  de  \    (Kjroy.  «l'après  une  photographie 

400.  Tont  Victoria  A  MoDlréal.  —  Dessin  de  Rioti,  d'après  une  photographie 

410.  Ouèlwc  :  vue  générale.  —  Dessin  de  H.  Cler^et,  d'après  mie  photographie 

411.  Ituligèiie  du  Cap-Breton  (Indienne  Hicniac).  —  Dessin  de  IL  Rousseau,  d'après  nne  pliotographie.  .    . 

4l*i.  Saint-Pierre  :  vue  générale.  —  Dessin  de  Le  Breton,  d'après  nue  pliotographie 

415.  S;iint-Jeaa  de  Terre-Neuve  :  vue  générale.  —  Dessin  de  Le  Breton,  d'après  une  photographie.   .    .   . 

414.  Pèche  à  la  morue  sur  le  grand  banc  de  Terre-Neuve.  —  Dessin  de  L<' Breton 

415.  Trappeur  c^padien.  —  Ikrssin  de  Ch.  T^'lorl 

416.  Sur  la  Rivière  Rouge.  —  Ik'ssin  de  Taylor,  d'après  une  photographie.   .    .  

417.  ludieiis  Tchippéouêyanes. —  Dessin  de  Dupuy,  d'après  une  photographie 

418.  Village  deSioux.  —  iMssin  de  Janel-Langc,  d'apri's  un  en^quis, .    .    , 

410.  Sur  l'Athabaska. — De.ssin  de  Leitcb,  d'après  nn  croquis 

4120,  Métis  français.  —  Dt^ssin  d'  P.  ScUior,  d'après  une  photographie 

421.  Htirberons  canadiens.  —  Dessin  de  Ta>Ior,  d'après  une  photographie ,    . 

42!2.  Itans  la  Colonilûe  amdaiae.  —  Dessin  de  Leilcb,  <l*après  nn  cro<]uis 

425.  Sur  îe  Fraser.  —  IVssin  de  Leilcb,  il'après  un   croi]uis 

424.  Les  terrasser  du  Frajcr.  —  l*essin  de  Bellel,  d'après  un  cnxïuis 

425.  Indigène  de  Tllede  Vancouver,—  Dessin  do  Whyniper,  d'après  une  photographie 


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litï3 
664 


056 


TAHLK  DES  GRAVURES. 


426.  Sources  dti  Mammoulb.  —  I)c>iiin  (1p  E.   Rioii,  d'après  uno  photographie,   .... 
4ïi7.  tïi  l)ain  ;mx  soiiriN'N  lin  Mamcnuulli,  —  iMssin   de  E.  Riou 

428.  Grandes  ihulês  du  Missouri.  —  Dessin  de  iules  Lmirens 

429.  Geyser,  diuis  le  Pari:  iialimial.  —  Dessin  de  E.  Iliou,  d'après  une  plîoLo§rr3pliie 

450.  Le  Giand  Cagnon  de  Iei  Vellow-Stone.  —  Dessiu  de  Taylor,  d'après  une  photographie 

4">l.  I.e  |;ic  YelloAv-SloMJ».  —  Dessin  de  T.-iylur.  d'nprês  un*-  phiilt>to*''iphie 

43'J.  Le  T,iliernncle  ou  Unnul  Temple  des  Monuuas.  —  Dessin  de  Thcntiid 

455.  Dvtiis  les  Moiil;ii;tii"S  flotlienses.  —  Dessin  de  Taylor,  d'apirs  uut'  phutographie 

45t.  Larivièr*!  StTïH'Ml.  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  une  plmU^^^aphie 

455.   Dans  la  Sierrn-.Nèvada.    —  Dessui  de  Riou,  d'après  une  pliofo^Tajdtie 

43<i.  L'n  Yankee.   —  Dessin  de  E.  Runjid.  d'après  une  pholographie.    . 

457.  Gauiiïement  indien  au  huM  du  iVuve  VtMikon.  —  Lessin  de  Van'  l^argent 

438.   Irntiens  Sioux.  —  Dessin  de  C.   Gillirrl,  d'après  des  I^llotO|:;r■aplli^N 

458.  (Iiatnpde  canne  «'i  sucre  au  midi  des  Elals-l;nis.  — Dessui  de  Dion,  d'après  une  photographie 

440.  l'ïn- av("nue  Je  Chicago.  — Dessin  de  Thrroiid,  d'après  niii'  phûlogiMphie 

411.  Le  Capitule  à  >Vasïiitii;loii.  ^  Dessiii  di'  \.  Uerov,  «l'apn's  une  plio(o<;raphie 

412.  ^ew-Vork  :  le  clieuiin  de  fer  aêneii.  —  Dessin  lie  Ik-rnif.  d'a[)rès  une  ph*«(ni.'raplne 

413.  La  Nouvelle-Orlrau^  :  lep(n'l.  —  Di-ssin  de  Welw^r,  d'adirés  une  pholngrapliie 

4H.  FUie  MonlfîOMierjf  à  Saii-Fraiiriseï).  ^Dessin  de  Dh.  Beunisl,  d'après  um*  photographie   ,    .  .    . 

415.  Vue  lies  rnitK's  d'un  palais  tollèque. —  Dessin  de  Sellier,  ifaprès  iims  photograpliie 

410,  Si^iilptiires  tollèipies,  —  Dessin  de  Seliier,  d'après  une  photographie .    .    . 

447.  Jeun<"  (ille  toltètjne,  d'après  des  types  indiens  modernes.  —  Dessin  de  P.  Frilcl.    .    .    , 

418.  Sacrifices  luuuains.  —  Dessin  de  !*.  Frilel . 

4iy.  Ruines  lolléques.  —  Oe.ssin  de  Taylor,  d'après  une  pholograpliic  .,,....... 

450.   Indien  exlrayatit  le  poniqu<\  —  Dessin  de  Riou ,   ,•»   ^ 

4âl.  Dans  les  Terres  lentpên-es  :  haie  de  caclas  arlmresrenls.  —  Dessin  de  Â.  de  Bar,  (l*après  une  phoïographie. 

452.  Le  Popoeah'pt'tL  —  Dessin  de  Taylor,  d'afirès  une  pludoicraphie 

45.">.  L'ne  lia[*ienda.  —  [îessin  de  A.  de  bar,  iliiinês  une  [diolugraphie 

45V.   Meïico  :  eour  du  couvent  de  la  Mrrei.   —  Desr^in  de  Oilciiacri,  d'après  une  photographie   .    .  . 

455.  Aiinador  â  Mexico.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  une  pholn,[;raphie 

45(i.  Types  de  .Mayas.  —  Di'ssin  di*  Roujal,  d'a[nès  inie  photographie. 

457.  Ixinal  :  ruines  dn  h^inps  des  M :i vas.  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  une  photographie 

458.  CauiptVhe  ;  vue  trnérale.  —  Dessin  de  Rion.  d'après  une  photographie ,       .   .   . 

45y.  Gualèniala  :  sur  le  rio  l'tsnmacinla.  —  Dessin  de  Rion,  d'après  une  photographie . 

4ti0.  Types  de  Lacaudones,  —  Dessin  de  P.  Kritel.  d'après  une  photot^raphie .    . 

4til.   Tjpes  hidinos,  —  Dessin  de  Ronjal,  d'après  une  phutograpîne 

4ti2.  (îuatèniala.  exploit:iliou  d'une  t'orèl  d'acajou.  — Dessin  de  Riou 

4(i3.  Sur  le  Pélen  on  lac  des  Fleurs.  —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  photographie 

4G4,  Tical  :  ruines  indiennes.   —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  photographie. 

4t)5.  Voilure  du  i>i€ar:igua  :  le  volan  coché.  —  Dessin  de  lloujat,  d'après  une  photographie 

4()0.  Nicaragua  :  un  vill;i<;e.  —  [dessin  de  Vuitlier 

4tï7.  Dans  une  Torèt  du  [londuras  anglais.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  une  photographie 

408.  Paysage  dans  Pîte  de  Cuba.  —  Dessin  de  Patd   llnel 

409.  Avenue  do  pidiin»'rs  à  liiiki.  —  Dessin  de  E.  de  Iti'-rard . 

471).  Vtie  générale  lîe  la  Ravanf^.  —  Dessin  de  Laneeloï.  d'après  une  photographie 

471.  Coulis  chinois  a  Cuba.  —  [Iessin  de  IVleoq,  il'après  tuie  pholo|;raphie. 

472.  Caihédrale  de  la  Havane.  —  Dessin  de  Navlet. . 

475.  Line  habitation  de  jdaisiiiice  au  I*ort-au-Pnjice.  —  Dessin  de  G.  YuiHier,  d'après  une  photographie.    .    . 

47 i.  Types  haïtiens.  —  Dessin  de  T.  WnsL 

475.  Vue  du  bourg  du  cap  Tiburun  au  tetnps  de  la  possession  Française.  —  Dessin  de  Th.  Weber.  ,   .   .    .    . 
47t).  Ibiitiernies.  —  Dessin  de  T.  Wust.   ,   , 

477.  I*aysage  hailieti,  —  liessiu  de  Th.  Weber. 

478.  Village,  hailien.   —  Dessin  de  G.  Vuiltier,  d'après  une  photographie 

47'J.  Vue  générale  du  Cap-lla»tien.  —  î^essiu  de  Taylor j    ■        ■        ■ 

480.  Saint-Pierre,  à  la  Martini^pie.  — Dessin  de  K.de  Bérard,    . 

481.  La  t*oinle-à-Pilre,  à  la  Guadeloupe.  —  Dessin  de  E.  de  Bérard ,   .   .    .    . 

482.  An  Jardin  holanitjue  île  Saint-I*ierre  (Martinique),  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  une  phoiograpliie  •  .    . 

485.  Paysage  à  la  Potnlc-à-Pitrc.  —  Dessin  de  E.  de  Rèrard,  d'après  nalunr 

48i.  Ile  de  Moutserrat.    —  DessindeE.de  Dérard,  d'après  une  phologi*aphie 

48^  Cùtes  de  la  Jatiiaïqne.  —  Dessin  de  E.  de  Hérard    ,,...., 

48ti.   Port  d'Espagiit»  (Trinité).  —  Dessin  de  K.  <îe  Hérard 

487.  Vue  des  Iteruniih^s,  —  Dessin  de  E.  de  Hérard 

488.  Vue  do  Saint-Thomas.  —  Dessin  de  E.  de  Hérard 

489    Ijjie  ferme  dans  les  Terres  tempérées.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d*apn''s  un  croquis 


tî«>7 

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751 
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TABLK  DES  GRAVURES. 


057 


490. 

4yt. 

49*2. 
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495. 
49*î. 
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510. 
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52  J. 
522. 
523. 
524. 
525. 
520. 
527. 
528. 
539. 
530. 
531. 
552. 
535. 
534. 
555. 
536. 
557. 
558. 
539. 
540. 
5i1. 
542. 
543. 
514. 
545. 
5i6. 
547. 
&i8. 
549". 
530. 
551. 
552. 


Les  quais  de  Colon.  —  Dessin  de  G.  Viiillier,  d'après  une  photoffrapliic ^^^^^^^^^P:   .  7^4 

Eglise  Saii-Fraruisi'o  à  P:n»aina*   —  Dfssid  de  Tnylor,  d'.iprês  une  pholopraphie 755 

L;i  stalue  (il*  Clïrisloplio  Ooloinlï  à  Toloiî.  —  Dessin  ctt- Chapuis,  irapn's  iiiip  photographie 756 

HAtrI  de  Wa^hinplon  à  (^olon.  —  iVssin  de  il.  Vuillicr,  d'apivs  «no  pholo|fraphic 700 

Vue  iriili^enr  de  Sa  in  te- Marthe.  —  Dessin  dt*  A.  de  Neuvtïle,  d\ipr«\s  un  croquis 701 

Dans  les  Lhnos.  —  Di'ssin  d^  Kiou,  d'apn's   un  croquis 705 

Une  ronida  de  bélîiil  dans  li's  Llanos.  —  Dessin  de  Kiou. 764 

Combat  de  (-ot|s  dans  un  villa^'e  vénézuélien.  —  Dessin  de  A.  de  NeuviUe,  d'après  un  croquis 705 

Un  serpent  d'i*au.  —  Dt'Ssin  «le  A.  de  Neuville 7G0 

Didiyèues  vêiiézolans.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  ua  croquis 707 

Le  l^olopaxt,  vu  (tî  l'alto  de  l'ainasqui.  —  Dessin  de  Riou,  diaprés  un  croquis 709 

Le  ChimliOPiizo.  —  Dfssin  de.  Riou,  d'après  un  iTOqnis 771 

Temple  du  Sideil  dans  l'ile  de  Titicaea.  — Des^-iti  de Uinii,  d'après  un  croquis 773 

Types  d'Incas,  tirés  de  l'arbre  péiiéaloK'iqiie  ou  doicendance  impériale.  —  Dessin  de   Riou 77i 

Vue  du  lac  de  Tilicaca,  —  Dessin  de  Kiou 775 

Dans  les  Atidcs  pi'*mviennes.  —  Dessin  de  Riou 777 

Dans  les  marais  de  la  Pampa  del  Sacramenlo    —  Dessin  de  Riou '.    -    .  779 

Sur  rUcayali,  —  Dessin  de   Riou , 781 

Linia  :  vue  générale.  —  Dessin  de  Lancelot.    .    ^  ,»,   ,*•. 782 

Le  Cuzfi»  :  vue  •générale.  —  Dessin  de  Lancelot 783 

Kiploiluîion  du  triiano  aux  Ites  Cliinchas.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  photographie.    .       .  784 

Dans  la  l'uiia  hrava.  —  Desisin  de  Taylor,  d'aprt's  une  photographie "ÏSS 

Indigène  bolivien.  —  Dessin  de  Maillaj-t •  786 

Le  Ne\;idt>  de  llllinani.  —  Dessin  de  Laneclol,  d'après  un  croquis. 787 

Sur  le  Madcn^a 789 

Oiiilchouas.  —  Dessin   de  Riou 790 

Indienne  Ayinara,  à  la  Paz.  —  Dessin  de  Lancelol 791 

La  ville  basse  de  la  I*az.  —  Dessin  de  L:ineeloU  d'après  un  croquis 792 

Les  .^ndes  fiiégiennes.  —  Dessin  de  G.  Vuillier,  d'aî»rès  une  photographie 705 

Kernnïe  furK^ienne.  —  Dessin  de  DranishnikafT.  d'après  une  plioIufTapIne '9i 

Route  d:uis  h's  Andes  ebili*'imos.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  une  photographie 795 

Musicien  ehilien.  —  Dessin  de  Jules  Lavée,  d'après  une  pbotOfn*'ipfiie ''^^ 

LeJnmal.  —  Dessiji  de  Taylor.  d'après  une  photographie m  ,    P •  ''''^ 

Vue  de  Mojillwnes.  —  Dessin  de  J.  Jloynet,  d'après  une  pholographie 799 

Délia  dn  Paranà.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  ut*  croquis 8^1 

lïe  à  la  bouche  du  Paranâ.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  uii  croquis 805 

K^lise  inatiievt'e  de  la  unssion  de  iésus.  —  Dessin  de  Thérond ^05 

Sur  le  Pïlconiayn.  —  Dessin  de  Riou 800 

Troues  de  palmiers  dans  le  Pilcoinayo.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  un  croquis 807 

Caravane  dans  la  Panipu.  —  Dessin  de  J.  Duveau 808 

Danseurs  paUiKons.  —  Dessin  de  Caslelli. ' 809 

L'abatagedes  bestiaux.  —  Dessin  de  D.  Haillart,  d'après  un  croquis 811 

Le  rio  Paraguay  à  l'Assomption 813 

Dans  la  serra  dos  Orgiios.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  une  plvolojrraphie, 845 

Récoile  du  café,  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  photographie .  817 

Repas  après  !a  cueillette  du  café.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  photographie 819 

Emhourhurc  de  PAmazonc.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  un  croquis  . 821 

Végétation  des  rives  du  bas  Amazone.  —  Dessin  de  Riou 822 

Enibauchure  du  Punis.  —  Dessin  de  Riou 825 

Raduau  sur  l'Amazone.  — Dessin  de  Vignal.  d'après  un  croquis 825 

Une  .Manialuea.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  pli(*lographle 820 

Négresse  Mina.  —  Dessin  de  A.  de  Neuville,  d'après  une  photographie  .   , 827 

Un  faubourg  du  Rio-de-Janeiro.  —  Ikessin  de  Riou,  d'après  une  photographie 829 

Dans  le  Marais.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  un  eroqiiis •   .    .    .    .  851 

Dans  une  forêt  de  la  tiuyane. — Dessiti  de  Riou.  d'après  un  croquis 832 

Ilôlel  du  gouverneur  à  Cayi-nne.  —  Dt*ssin  de  Riou,  d'après  une  photograpliie »  835 

Les  monts  Tunuic-llumac.  —  Des&in  de  Rioii,  d'après  une  aqn.irelle 834 

Vue  de  Paramaribo.  — Dessin  de  Riou,  d'après  une  photo^,'raphie 835 

Entrée  du  lleuve  Maroni.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  ini*'  aquarelle 830 

Cataracte  dans  la  (iuyane  Anglaise,  —  Dessin  de  E.  de  Hérard.       .    , 837 

Pirogue  sur  TEsséquibo.  —  Dessin  de  Riou,  d'a4>rè5  un  croquis 838 

Iles  madréporiqnes.  — Dessin  de  E.  de  Bérard 841 

lies  madréporiqnes  :  Bomboni.  —  Dessin  de  E.  de  B«'4*ard •   .  84i 

Indigènes  australiens.  —  Dessin  de  Riou,  d'après  une  photographie 845 


958 


TABLE  DES  GRAVURES. 


554. 

555. 
556. 
557. 
558. 
559. 
500. 
f561. 
562. 
563. 
56i. 
565. 
566. 
567. 
568. 
569. 
570. 
571. 
572. 
573. 
574. 
575. 
576. 
577. 
578. 

57y, 

580. 

581. 

582. 

5K5. 

584. 

585. 

580. 

587. 

588. 

581). 

5î»0. 
k591. 
'592. 

51*3. 

504. 

595. 

596. 

597. 

598. 

599. 

eoo. 

601. 
603. 
603. 
601. 
605. 
606. 
«07. 
608. 
609, 
OtO. 

eti. 

Cl'i. 
615. 
614. 
615. 
616. 


Eucalyptus  <h  130  mètres  de  hautpur.  —  Dessin  de  Taylor,  d'nprès  une  photographie. 

Un  Australien.  —  Dessin  de  E.  Roiij;»!,  d'après  une  photographie 

I.n  lontt*  des  moulons.  —  Dessin  de  A.  Sirouy 

Vue  générale  de  Sydney.  —  Dessin  de  Barclay,  d'après  une  photographie 

Rue  Collins  A  Melbourne.  —  Dessin  de  H.  Cler^'el,  d'après  une  photographie 

Villayc  dan>  les  iKirlinp  Downs.  —  De_ssin  de  ii.  Vuillier,  d'après  une  photographie.    . 
Enclos  à  (Ki'ufs  dans  les  Itarlitig  Dowas.  —  Gravun*  extraite  du  Soulh  Australia, 


.  845 

.  846 

.  847 

.  849 

.  851 

.  853 

.  854 

Vur  d("  BrisLane.  —  Dessin  fie  Titylor,  d'après  une  photographie 855 

Dans  les  Peak  Dovviis. —  Gravure  extraite  du  5ow/A  Âtw/m/m 856 

Ftue  du  Roi-William  à  Adélaïde.  —  D^^'ssiti  de  U,  Catenaeci,  d'après  une  photographie  .       857 

Araucaria  australien.  —  Dessin  de  TayUir.  d'après  uni»  phûtograjihie ....  858  , 


LiC  hergcr  nu>tralien, — Composition  diiU.  Maillart 

Palais  de  justice  à  Adélaïde.  —  Dessin  de  H.  Catenacei,  d'après  une  photographie.   . 

Paysage  australien.  —  Dessin  de  Karl  Girardet 

Fougères  arborescentes.  —  Dessin  de  Darclay,  d'après  une  photograpliie 

Dans  une  forOl  deTasmaiiie.  —  Dessin  de  A.  de  Biir,  d'après  une  pliotographic 

(îeysers  oi  sources  (hrrmalrs  le  long  df»  Waikato.  —  Dessin  de  Lancelol 

Le  havre  d'Auckland,  —  Dessin  de  Lancelol 

Le  lac  Taupo.  —  Dessin  U'Eur.  Cicéri t   -, 

Types  Papous.  —  Dessin  de  Hesplès. 


859 
860  j 
8611 

803 

mi 

865 
867 
869 
871 

Papous  poussant  une  pirogue.  —  [ïessin  de  Mesplès 873 

Véranda  d'une  case  malaise.  —  Dessin  do  Dosso,  d'après  un  croquis 875 

Femme  malaise.  —  Dessin  de  Thirial,  d'après  une  pliolo^aphie ^16 

Habitations  de  Nègritos.  —  Dessin  de  Mesplès ....  877 

Un  Nègrito.  —  Dessin  de  Honjat,  d'après  une  pliotographie.    ,   .    ,    -    .  . 878 

r.'iysage  à  Java.  —  Dessin  di' A,  de  Bar.  d'après  une  phalographie 879 

Marchand  de  paniers  à  Batavia.  -    Dessin  de  Bida,  d'après  une  photographie 881 

Puut  de  tiauibous  à  Java.  —  Dessin  de  M.  d<'  Molins 883- 

Ruines  du  temple  de  Uorouhoudour.  —  Dessin  de  E,  Thèrond,  d'après  une  photographie 883^ 

Lue  rue  de  Batavia.  —  Dessin  iie  M.  de  Molins %  »   -    .  884 

L'iudraponra,  — Dessin  de  Tajlor.  d'après  une  photographie •.•*..  S85 

L#>  Bataug-firiri,  près  de  Dpnihi.  —  Dessin  rie  Th.  \Yeber,  d'après  une  photographie 886 

Demeure  du  suïtan  de  [>jarabi.  —  Dessin  de  Taylor,  d'après  une  photographie 887 

Habitaliûus  flottantes  a  Djambi.  —  Dessin  de  Th.  Wcber^  d'après  une  photographie 888 

Paysage  de  l'ile  de  Timor.  —  Dessin  de  Sorrieu 88U 

lin  oiseau  de  Paradis.  —  Dessin  de  A.  MesncI ,    .    .    .'      .    .  891 

Maison  hollandaise  à  Ternate .  893 

Mosquée  h  Ternate.  —  Dessin  de  Mesplès. 895 

Village  h  Céram    —  I^essin  de  J.  Moynet 896 

Un  marché  auv  îles  Aroïi.  —  Dessin  de  J.  Moynet 897 

Le  volcan  de  Banda.  —  Dessin  de  11.  Clerget 898 

Une  rue  de  Macassar.  —  Ltes^iu  de  IL  Clerget - 899 

Chule  de  la  rivière  à  Tond  ano.  —  Dessin  de  H.  Cïerget 900 

Dnc  vue  à  Célèbes.  —  Dessin  de  11.  Ctergot .  001 

Case  de  pêcheurs   i\  Bornéo.  —  Dessin  de  Th.  Weber 905 

Rade  de  Soulou.  —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  pliot*>graphîe. ....  IK)5 

Le  Mayon,  vu  de  la  Lasa  Real  d'AIftay.  —  Dessin  de  A.  de  Bar,  d'après  une  photographie.   ...       .  907 

Dans  nie  de  Luçon.  —  Drssin  de  Lancelot , 908 

Drame  et  hallet  au  théâtre  d'Alhay.  —  Dessin  de  îkisso 909 

Pirogîies  papoues.  —  Dessin  de  J.  Moynet  , 911 

Dans  les  îles  Palaos.  —  Dessin  de  Mesplès 913 

Paysage  aux  Nouvelles-Hébrides.  —  Itessin  de  Mesplès 915 

Vallée  aux  envirmis  de  Nouméa.  —  Dessin  de  Moynet,  diaprés  une  photographie 917 

Indigènes  des  Mes  Loyauté.  —  Dessin  de  A.  de  iNeuville,  d'après  une  photographie. ".    .    .    .  919 

Danse  de  guerriers  lidjiens.  —  Dessin  de  G.  Doré. ,  »   .    .    .    .  931 

l..es  îles  W'allis.  —  Dessin  de  Th.  Weher,  d'après  un  croquis 9^5 

Eglise  de  ta  mission  des  îles  Wnllis.  —Dessin  do  Th.  Wetïer.  d'après  une  photographie.   -   .  ' 9'J6 

Habitations  des  indigènes  dans  les  lies  Cook. —  Dj'ssin  de  Rion.  d'après  une  photographie 927 

Le  Kilaonéa,  —  Dessin  de  Riou,  d^iprès  une  phot*)graphie 9*29 

Sur  la  cAte  d'Oahou.  —  Dessin  de  II.  Clrig*^,  d'après  une  photographie 950 

Papéili.  — Dessin  de  tlinu,  d'après  une  photographie.       . 931 

Types  taîtiens.  —  Dt-asin  de  Riiens,  d'après  ime  photographie 935 

Statues  géantes   —  Dessin  de  A.  de  Dar,  d'après  un  croquis 935 


TABLE   DES  MATIERES 

m  m     


I 


La  Tprrt*.  la  Ver.  les  Hommes 1 

EUROPE 17 

Roy.nnito-rni  de  Grande-BreUgne  et  d'Irlande.  ,  .  31 

Anglolerre 53 

Ecosse iô 

Irbiidr 49 

S4;imiiiiavip 57 

[>anoni;irk 68 

Russie 73 

AHeinairiie 1*7 

Autriche-Hoii^io 113 

Mj:uiue      ." l'jy 

Hollande .  155 

Suisse 151* 

France 1 15 

Eî^pafme .    , 185 

Porlu(îal 307 

flalie 315 

Hretiqu'ile  sl.iv(vsrrecque 255 

Grèce 255 

267 


ASIE ^  .^ 

Asie  Russe 377 

Sibérie.   . 378 

Turkestan  Busse 280 

Caucasie 301 

Asie  Niiieure  ou  Turquie  d*Asie 31 1 

Arabie 351 

Perse  ou  Iran  .    J 359 

Pays  (lêlaeliês  de  rirnu 347 

Afifliaiiistnn , 347 

Balouti'hislan ,   .   ,   ,    .  551 

Inde , ,.  553 

Indo-Chine 5fô 

Indo-Chine  Anglaise ...  M7 

Birmanie 591 

Siam 51*3 

Indtv-Cliine  Française 39*î 

.400 

431 

.        .  Ai3 

451 

461 


Liiipire  Chinois 

Pays  rassaux 

Japon    

AFRIQUE.  ,  .^U.   . 

Egypte A     '    ' 

Dépendances  de  Vh^jpio 


Abvssinie 477 

Tri^Kilit.iine i^.% 

BcrWrie 4SSi 

Aigrie 405 

Maroc 511 

Sahara 515 

Nij^er  et  Tchad  ou  Soudan  Central 510 

Sou  !aii  inariliine. 5^0 

S'iK'pambie ...       530 

Sierra-Léon»'* 534 

LitM'ria 635 

Guinée *♦ 537 

Pjysdu  Oongro.    . 545 

Ouest  Atrieam  ou  Congo  Français &48 

Ançol.1  ou  On^o  Portugais 553 

Luiloritzland.  .  % 559 

Colonies  du  Cap 557 

Cap  et  dépendances. 558 

^alal 567 

État  Libre  d'Orange 569 

République  Sud -AfricMf» 571 

Désert  austral 574 

Zarabtfze  et  cÔtp  oriontaln 575 

lies  d'Afrique  :  les  .\çoiVs 585 

.Madère ', 584 

Canaries 585 

Iles  du  Cap-Vert 588 

IIps  du  golfe  de  Guinée ■        ...  580 

Madagascar  et  ses  sateUitcs 595 

AMÉRIQUE GOl 

Amêriqîb  du  ^'onD 617 

Grœnland 617 

Pui.ssance  du  Canada  ou  Dominion 629 

Canada 621 

Acadie  ou  Provinces  maritimes 659 

Nouveau-Brunswick.  ..   ,   , 639 

Nouvelle-Ecosse 640 

Ile  du  Prince-Edouard       643 

Terro-Neuve .  643 

iNord-Ouesl 647 

1l|:iiiitol»a      ..,.»-  657 

Colonibii»  anglaise  . 661 

Étals-lnis 665 

Mouuue 697 


960 


TABLES  DKS  MATIKRES  ET  DES  CARTES. 


All^.RtQt'K  CBTfTRALE 

Anlillos 


7i5 

.  .  72:) 

Anlillos  Espag:iiolos.    .   •  ,^»   .  ^^^^^L  .  VU 

Huili  ' .   .  ^^^B?  .        •  755 

Atilillos  Franvaisrs 741 

Anltïlos  Anphiisps .  745 

Aniilli's  Hnllandaiscs  .    ■ Voi) 

Anlillcs  I>;uioisGs 752 

Amérique  dd  Sdd .  753 

£*lnls-Uius  de  Colûinbio  ou  >'ouvplle-Grenade  .    .    ,  753 

Vi'nézuéla 765 

Ecuador 7G9 

P*?rou 773 

Bolivie ■ 785 

Cliili,    . 703 

Argentine.   .   •  ^ 801 

Unndo  Onenliile  ou  Uruguay 811 

l'nnipuay 815 

Brésil .^çr;   .   .    .    .  815 

8; 


fin va ne. 


1 


Gujîino  Fran^AÏse 835 

Guynne  IloUaiidiiiâe 835 

(iiiyant'  Ani,4aise 857 

ÛCÉANIB 841 


Aiï^Iraliv 

Mouvelle-G;iilos  du  Sud 


815 

841) 


Virtoria. 

(Jupf*iisl:*ud 

Ausirjlio  M(''rîdiou;jlp. 
Auslr.'ilii'  Oi'cidorilj|(\    . 
Tasin;niio.   .    . 
NouvclIc-Zt'lûUdr. 
Nouvollo-Guinée  .    . 

Mi'galttnésie 

llos  NfMJorlaudaiscs.    . 

Java 

Siinialpa 

(Vliti's  ilos  de  la  Sonde  , 

Moliïqurs , 

OIrt«*s 

Itoiui'o 

l'IiilippiiiPS 

Mirrniv'sio 

ÏVlitf  Microiiébie.  .    . 
.M<n;inOsie ....... 

Nouvplle-Calédonie .    . 

lîps  Fidji 

Polynésie  .    .^^.   .    - 
Ilos  Samoa  ^B^.    . 
Los  Ton^'a    .   * 
lloi  Cook  .... 
lïj's  S:indwirlj       .    . 
Sporades  FraiigaiBes  . 
Ile  de  Pâques  .... 


851 

855 

857 

861 

802 

805 

871 

875 

87i] 

8801 

885 

889 

895 

899 

903 

905 

911 

912 

915 

917 

930 

9-25 

m 

925 
927 
928 
951 
955 


TABLE   DES  CARTES 


1.  Europe 21 

2.  France. 175 

3.  Asio 209 

4.  Iiido-Clune 397 

5.  Afrique 455 


6.  AlprrÎP 501 

7.  Ainrrtque  du  Nord *î05 

8.  Cnuiida  Fraa(;r)js  ,    .  G29 
0.  AiULTique  du  Sud 757 

10.  Océanif*  ocddentalp.  .....                  .    .  839 


114fil.  —  ïmpriini'rir  A.  Inlitirn,  nio  do  FHims.  0.  ;i  Paris. 


G     122  R292  1893  f  CI 

La  t6rr«  a  vo<  d'oiseau  / 

Stanford  Universfty  Ubrartês 


6105   039  644 


I 

i 


^v^i 


CECiL  H.  GREEN  LIBRARY 

STANFORD  UNIVERSITY  L1BRAR1ES 

STANFORD,  CALIFORNIA  94305-6004 

(650)  723-1493 

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