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Full text of "La Tribune de Saint-Gervais; revue musicologique de la Schola Cantorum"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Toronto 


http://www.archive.org/details/latribunedesaint191016pari 


LA 


Tribune  de  Saint=Qervaîs 


REVUE   MUSICOLOGIQUE         Lfi<^%-2^^ï 

SCHOLA     CANTORUM 


Fondée  pour    encourager 

L'exécution  du  plain-chant  selon  la  tradition  grégorienne 

La  remise  en  honneur  de  la  musique  palestrinienne 

La  création  d'une  musique  religieuse  moderne 

L'amélioration  du  répertoire  des  organistes 


SEIZIÈME    ANNEE 
1910 


PARIS 

269,  rue  Saint- Jacques,  269 


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Tnim 


de 


aint-Gemis 


REVUE    MUSICOLOGIQUE 


DE    LA 


hola  QBntoPUtn 


Seizième  Ar.née  —  1910 

N»    1-2 

Janvier-Février 


f 


BUREAUX 

269,  rue  Saint-Jacques,   PARIS 

Pour  i,a  Belgique  ; 

V.  GEVAERT,  P.  &  A.  BEYER,  Succ^^« 

14,  Digue  de  Brabant,  14 

GANO 


Très    importants 


Afin  d'épîter  toute  difficulté  et  retard  dans  les  correspondances  et  échanges, 
nous  prions  très  instamment  nos  amis  et  lecteurs  de  tenir  compte  des  adresses 
suivantes^    auxquelles    ils    devront  faire  parvenir  leurs  envois. 

1°  Adresse  de  la  Rédaction  : 

{Pour  insertion  de  comptes  rendus,  bibliographie,  échangea  de  périodiques,  etc.) 

RÉDACTION 
de  la  Tribune  de  Saint-Gervais 

269,   rue    Saint-Jacques,  PARIS  (V^) 
ou  au  nom  de  M.  Amédée  Gastoué,  rédacteur  de  la  Tinbune. 

2""  Adresse  de  l'Administration: 

(Abonnements,  commandes,  envoi  de  catalogues,  payements^  etc.) 

BUREAU  D'ÉDITION 
de    la    Schola    Cantorum 

269,  rue  Saint-Jacques,  PARIS  (V^) 
ou  au  nom  de  M.  Hérelle,  gérant  du  Bureau  d'Edition. 

S""  Adresse  de  l'École; 

(Renseignements  sur  les  cours,  inscriptions,  concerts,  insertion 
dans  les    Tablettes  de  la  Schola) 

SECRÉTARIAT 
de    la    Schola    Cantorum 

269,  rue  Saint-Jacques,  PARIS  (V^) 
ou   au  nom  de  M.  J.  de  la  Laurencie,  secrétaire  général. 


Les  publications  périodiques  qui  veulent  bien  faire  avec  nous  le  service  d'échange 
sont  priées  d'envoyer  exclusivement  leurs  numéros  à  /'adresse  no  1  ci-dessus. 

Celles  qui  désirent  également  l'échange  avec  les  Tablettes  de  la  Schola  sont 
priées  d'envoyer  leurs  fascicules  en  double  exemplaire,  a  la  même  adresse 
no  1.  La  Rédaction  de  la  Ivi^mnQ  centralise  les  envois,  qui  sont  ensuite  î^épartis 
dans  les  différents  services  de  la  Schola. 

Faute  de  tenir  compte  de  ces  observations.,  le  service  déchange  ne  poun^ait 
être  assuré. 


La 

Tribune  de  Saînt-Qervaîs 


LA 


Fribune  de  Saînt=Qervaîs 


REVUE    MUSICOLOGIQUE 


de    la 


SCHOLA     CANTORUM 


Fondée  pour    encourager 

L'exécution  du  plain-chant  selon  la  tradition  grégorienne 

La  remise  en  honneur  de  la  musique  palestrinienne 

La  création  d'une  musique  religieuse  moderne 

L'amélioration  du  répertoire  des  organistes 


SEIZIÈME    ANNEE 
1910 


Ci 

PARIS 

269,  rue  Saint- Jacques,  269 


Seizième   Année  N°  1-2  Janvier  Février  1910 

LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 

REVUE    MUSICOLOGIQUE 

DE    LA 

Bcljala    Cantarnm 

ABONNEMENT   COMPLET  :  J  BUREAUX:  l     ABONNEMENT  RÉDUIT  : 

(Revue  et  Encartage  de  Musique}       |   26g,     rue    Saint- Jacques,     269   \  {Sans  Encariage  de  Musique! 

France  et  Colonies,  Belgique.     10  fr.  paris  (v^  |  po-^p  uu    \^^  Ecclésiastiques, 

Union  Postale  (aatres  pays'.    11  fr.  |  \      les  Sousciipleurs  des  h  Amis 

r      .,  ,       ,   ,  ,       .,</_/,  Digue  de  Brabant,  14     \      de  la  Schola  il  et  Ics  Elèvcs     6  îl. 

Les  Abonnements  partent  du  mois  de  s  ^  "  \   -i  n       ^  rt  r 

Janvier.  j  GAND  (Belgique)  }    UniOn  POStale.  7  IF. 

l.e  numéro:    G    fr.  60  sans  tnca  ';ige  ;   1  fr.  avec  encariage. 

SOMMAIRE 

Les  trois  états  de  la   tonalité Aug.    Sérieyx. 

Nouvelles   musicales. 

La  Cantate  et  VOratorio  {fin) '    F.  de  La  Tombelle 

La    logique  du  rythme    musical  {fin] Abbé  G.  Marcetteau . 

Petite  Correspondance  musicale. 

Nouvelles  publications  du  Bureau  d'édition F.  Raugel. 

Bibliographie  :  Ouvrages  nouveaux,  Revue  des  revues.     .     .       A.     .Sérieyx,    Henry 

Noël,  A.  Gastoué. 


Les  Trois  États  de  la  Tonalité 

■a  La  vraie  philosophie  n'est  ni  la  foi, 
ni    la    science,   mais   l'union   et  la 
combinaison  des  deux,  » 
Lacuria. 


INTRODUCTION 

L  La  foi,  point   d'appui  nécessaire  à  toute  science.  —  IL   Immobilité;   oscillation 
translation.  —    III.    Lieu  musical  et  tonalité. 


I 

Nous  ne  sapons  rien. 

Ainsi  se  résument  toutes  nos  études,  y  compris  les  onze  années  con- 
sacrées à  la  musique,  qui  aboutissent  à  ce  modeste  travail  comme  à 
leur  légitime  couronnement. 

Et  cette  constatation  contient  peut-être,  en  son  cruel  laconisme,  le 
meilleur  hommage  qu'on  puisse  rendre  au  maître  '  qui  nous  a  menés, 
par  les  voies  les  plus  sûres,  à  cette  salutaire  conviction. 

I.  M.  Vincent  d'Indy,  dans  la  première  série  de  ses  Classes  de  Composition  musi- 
cale, de  1897  à-1907,  à  la  Schola  Cantorum. 


Nous  ne  savons  rien. 

Il  y  a  en  nous  un  certain  nombre  de  crofances. 

Seules,  celles  que  l'Autorité  traditionnelle  nous  affirme  avoir  été 
révélées  par  une  puissance  extérieure  à  nous  offrent  un  degré  de  fixité 
suffisant  pour  qu'on  en  puisse  faire  la  base  stable  de  quelques  obser- 
vations scientifiquement  vraies. 

-  Toutes  les  autres  ne  formeraient  qu'un  amas  vague  et  confus,  où  notre 
expérience  débile  et  contradictoire  tâtonnerait  sans  cesse,  si  elle  n'y  pre- 
nait pour  unique  point  d'appui  —  consciemment  ou  non —  la  Vérité 
révélée. 

L'acte  scientifique  de  l'esprit  est  donc,  par  excellence  et  par  néces- 
sité, un  acte  de  foi  :  qu'on  le  veuille  ou  non,  il  se  résume  en  une  subor- 
dination totale  de  nos  connaissances  à  l'Axiome  indémontrable,  à  l'Au- 
torité fixe,  indiscontinûment  confirmée  par  les  témoignages  de  la 
tradition,  aussi  loin  que  nous  puissions  remonter  dans  le  passé. 

Cette  essence  du  «point  fixe  »,  de  Y  axe,  de  Y  axiome,  une  fois  constatée, 
acceptée  et  crue  —  mais  non  démontrée  —  toute  opération  de  notre 
esprit  devient  susceptible  de  logique,  d'ordre  et  de  vérité  relative  : 
elle  est  légitimement  «  scientifique  »,  parce  qu'elle  s'appuie  volontai- 
rement et  consciemment  sur  l'indispensable  «  acte  scientifique  de  foi  ». 

Que  l'authenticité  de  cet  acte  soit  niée  ou  seulement  remise  en  dis- 
cussion, et,  par  cela  même,  nulle  constatation  n'est  plus  victorieuse- 
ment opposable  à  nulle  autre,  nulle  contradiction  n'est  plus  soluble, 
nulle  recherche  sûre,  nulle  science  possijble.  Gar  un  fait  quelconque 
n'étant  jamais  susceptible  d'être  constaté  autrement  que  par  rapport 
à  nous-mêmes  perd  toute  valeur  et  toute  utilité  scientifiques,  du 
moment  qu'on  admet  la  contestation  de  notre  principe,  de  notre 
raison  d'être  ou  de  notre  existence  même,  —  c'est-à-dire  du  point  fixe 
par  rapport  auquel  le  fait  a  pu  être  valablement  établi. 

De  cet  acte  de  foi  dépend  toute  connaissance  ;  de  ce  point  fixe,  toute 
appréciation  saine  et  utile  des  faits  ;  de  cet  axe  ou  de  cet  axiome,  toute 
coordination  logique  ;  de  cette  autorité,  toute  science. 

Nulle  manifestation  de  notre  activité  n'est  exempte  de  cet  asservis- 
sement, dont  l'humble  acceptation  confère  à  chacun  de  nos  actes  la 
seule  «  noblesse  »  à  laquelle  il  puisse  prétendre. 


II 

.  Tout  acte    conscient,   même  le  plus  simple,   implique    ti^ois  phases 
distinctes  et  plus  ou  moins  successives  : 

1°   Inattention^  sorte  de  recueillement  préalable,  caractérisé  par  Vim- 

mobilité  ; 

2°  La  7^ey?ex/ow,  avec  son  cortège  d'hésitations  et  de  comparaisons, 
caractérisées  par  Y  oscillation  ; 

3°  V exécution,  caractérisée  par  le  déplacement,  la  translation,  la 
circulation,  la  gravitation,  etc.. 


—  3   — 

Aucune  de  ces  trois  phases,  que  nous  retrouverons  partout,  ne  sau- 
rait être  séparée  de  l'être  agissant  qui  les  traverse,  c'est-à-dire,  ici,  de 
nous-mêmes  :  aussi  bien  dans  Vimmobilité  que  dans  Voscillation  ou  la 
tr^anslation,  le  «  point  fixe  »  (ou  supposé  tel)  le  «  fait  permanent  »  sub- 
siste, soit  qu'il  s'agisse  du  simple  examen  d'une  idée  que  notre  esprit 
adopte  ou  rejette,  soit  qu'il  faille  accomplir  un  geste  extérieur  quelcon- 
que..., un  vo3^age  sur  mer,  par  exemple  : 

En  ce  cas,  le  navigateur,  avant  de  s'embarquer,  examine  attenti- 
vement, dans  l'état  d'immobilité,  les  instruments  de  précision  auxquels 
il  va  «  confier  »  la  direction  de  sa  route. 

C'est  la  première  phase. 

Il  les  compare  entre  eux,  par  le  moyen  d'essais  sur  un  parcours 
connu,  d'oscillations  successives,  qui  permettent  d'apprécier  leur  exac- 
titude relative. 

C'est  la  deuxième  phase. 

Il  part  enfin,  et  l'axe,  ainsi  déterminé  sur  sa  boussole  et  son  bâ- 
timent en  état  de  tr^anslation,  va  devenir  sa  «  ligne  de  foi  »,  en  laquelle 
il  croit  et  il  doit  croire,  s'il  veut  effectuer  avec  quelque  sécurité  le  parcours 
prévu. 

C'est  la  troisième  phase,  ...  pleine  de  périls  sans  doute,  mais  qu'im- 
porte ?  Le  navigateur  confiant  n'emporte-t-il  pas  avec  lui  son  axe,  de- 
meuré immuable  depuis  le  départ  ?  N'a-t-il  pas  sans  cesse  sous  les  yeux 
sa  «  ligne  de  foi  »,  commune  aux  trois  états  de  son  navire  :  immobilité, 
oscillation,  trwislation  ?  Et  n'est-il  pas,  lui  aussi,  le  «  point  fixe  »  par 
rapport  à  ces  phases  successives  d'attention  immobile,  de  réflexion  oscil- 
lante et  d' exécution  translationnelle  ? 

Et  cette  grossière  constatation,  «  être  quelque  part  »,  n'est,  en  défini- 
tive, que  celle  de  l'existence  de  la  place  ou  du  lieu  occupé  par  le  point 
fixe  (ou  supposé  tel).  Elle  fait  partie  de  ces  inéluctables  «  axiomes  »,  qui 
s'imposent  à  M.  de  la  Palice  et  à  nous  tous,  avec  la  même  rigueur. 

Nous  sommes  dans  un  lieu  que  nous  ne  pouvons  abandonner  sans 
nous  trouver  dans  un  autre  ;  et,  pour  apprécier  respectivement  ces 
deux  lieux  occupés  successivement  par  nous,  il  faut  nous  placer  à  notre 
«  point  de  vue  »,  à  co.  point  fixe,  dont  il  vient  d'être  question,  c'est-à- 
dire  en  nous-mêmes...  et  non  ailleurs  ! 


III 

La  musique,  —  puisqu'aussi  bien  c'est  de  musique  qu'il  s'agit, 
encore  qu'il  n'y  paraisse  guère,  —  la  musique  n'est  point  soustraite  à 
cette  obligation  d'être  «  quelque  part  »...  et  non  ailleurs!  Mais  son 
«  quelque  part  »,  à  elle,  ne  pourrait  être  confondu  avec  «  celui  »  d'un 
bateau  ou  d'une  maison  ;  car  la  même  musique  existe  partout  où  on  la 
fait  entendre. 

11  ne  saurait  donc  être  question  ici  du  «  lieu  »  vulgaire  et  matériel, 
qui  contient    tel  manuscrit,  telle  partition,  tels    exécutants  ;   la  Sym- 


—  4  — 


phonie  héroïque  de  Beethoven,  par  exemple,  qu'elle  soit  jouée  à  San- 
Francisco  en  l'an  2000  ou  au  Conservatoire  de  Paris  en  1828,  demeure 
une  seule  et  même  chose,  reconnaissable  notamment  à  ses  premières 


mesures 


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Cependant  cette  œuvre  offre,  entre  autres  particularités,  celle  d'avoir 
«  quelque  chose  de  commun  »  avec  le  grand  Prélude  d'orgue  de  J.-S. 
Bach  : 


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et  avec  le  début  du  Rheingold  de  Wagner 


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En  rapprochant  l'un  de  l'autre  ces  divers  ouvrages,  nous  ne  pouvons 
nous  refuser  à  constater  que  certains  faits  musicaux,  —  l'harmonie 
initiale  notamment,  —  y  apparaissent  «  à  la  même  place  »,  comme  si 
l'œuvre  de  Bach  et  celle  de  Wagner  se  mouvaient  ici  dans  le  même 
«  endroit  musical  »,  dans  le  même  «  lieu  »  que  celle  de  Beethoven. 

«  —  En  quoi  sont  donc  ces  trois  œuvres  ?»  pourrions-nous  demander, 
à  l'instar  de  l'ingénieux  brigadier  qui  posait  au  canonnier  Dumanet 
cette  légendaire  interrogation  : 

«  —  En  quoi  sont  les  rayures  d'un  canon  ?  » 

«  —  En  hélice,  mon  brigadier!  »  affirmait,  tout  en  rectifiant  la  posi- 
tion, Dumanet,  qui  savait  à  la  lettre  sa  théorie. 

Et  nous  répondrions  pareillement  : 

«  —  En  mi  bémol  majeur  !  » 

Etre  en  un  ton,  dans  un  ton  ;  sortir  de  ce  ton,  y  rentrer  ;  s'en  éloi- 
ger,  s'en  rapprocher^  etc..  . 


—  5  — 

Autant  d'expressions  familières  à  tout  musicien,  et  généralement  intel- 
ligibles, par  l'analogie  étroite  qu'elles  révèlent,  entre  l'idée  de  ton  et 
l'idée  de  lieu. 

Musicalement,  en  effet,  \ç.ton,  la  tonalité,  remplit  le  rôle  du  lieu  dans 
le    domaine    physique.   Et    de  même    que   toute  appréciation  du  lieu 
part    nécessairement   d'un   certain  point  de  vue  fixe  (ou  supposé   tel), 
.  ainsi,  toute  perception   musicale   s'opère  relativement  à  un   «  fait  per- 
manent »  :  la  ionique. 

En  résumé,  la  tonalité,  c'est  le  lieu  musical. 

La  tonique,  c'est  le  point  de  vue  (on  devrait  dire  \e  point  d'ou'ie)  indis- 
pensable à  toute  constatation  d'ordre  tonal. 

Dans  toAJt  fait  isolé,  ce  point  demeure  fixe. 

Dans  tout  fait  tonal  complexe,  ce  point  peut  se  trouver  : 

î°  En  état  d'immobilité  ; 

2°  En  état  d'oscillation  ; 

3°  En  état  de  translation. 

Examiner  chacun  de  ces  trois  états  de  la  tonalité  ;  montrer  leur  cor- 
rélation avec  certaines  phases  de  l'art  musical  et,  plus  généralement, 
des  sociétés,  des  idées  et  des  gestes  humains,  à  quelque  domaine  qu'ils 
appartiennent  :  telle  serait  notre  intention  dans  le  présent  travail  voué, 
d'ores  et  déjà,  aux  plus  graves  imperfections,  en  raison  de  sa  brièveté, 
de  sa  rapidité  et  de  la  limitation  des  connaissances  de  son  auteur. 


IMMOBILITÉ   TONALE 

I.  Définition   de   la    tonalité    et  du    lieu.    —    II.    Le  chant    grégorien,  seul  point  de 
départ  des   observations  tonales.  —  III.  Mécanisme  tonal  de  la  monodie. 


I 

On  appelle  tonalité  l'ensemble  des  phénomènes  musicaux  que 
l'entendement  humain  peut  apprécier  par  comparaison  directe  avec  un 
phénomène  constant  —  la  tonique  —  pris  comme  terme  invariable 
de  comparaison  ^ 

Le  fait  de  la  tonalité  est  donc  une  détermination  d'un  ordre  spécial 
dans  les  phénomènes  musicaux  :  cette  détermination  provient  des  pro- 
priétés particulières  dont  jouissent  certains  d'entre  eux,  à  l'exclusion 
des  autres. 

En  géométrie,  on  désigne  sous  le  nom  de  lieu  toute  figure  dont 
tous  les  points  jouissent  d'une   propriété  déterminée,  à  l'exclusion  des 

I  Voir  le  Cours  de  Composition  m/z-v/ca/?,  par  Vincent  d'Indy  ;  Premier  Livre, 
page  io8  (Durand  et  C'^,  éditeurs)  Le  présent  travail  étant  un  corollaire  de  ce  Cours, 
le  lecteur  est  prié  de  s'y  reporter,  pour  la  vérification  de  plusieurs  assertions  dont  il 
a  paiu  inutile  de  renouveler  ici  les  démonstrations. 


-  6  — 

autres  :  la  sphère,  par  exemple,  est  le  lieu  géométrique  des  points  éga- 
lement distants  d'un  point  unique  appelé  centre  ;  c'est-à-dire  que 
tous  les  points  d'une  sphère  donnée  jouissent,  à  l'exclusion  de  tous  les 
autres,  de  la  propriété  d'être  à  la  même  distance  du  point  central. 

La  définition  géométrique  du  lieu  n'est  pas  très  différente  de  l'ac- 
ception vulgaire  de  ce  mot:  elle  est  seulement  plus  rigoureuse.  Un  lieu 
est  une  portion  déterminée  de  l'espace  :  cette  portion  ne  peut  être 
déterminée  que  par  l'existence  et  la  constatation  de  propriétés  parti- 
culières, qui  la  différencient  de  toute  autre. 

Transposons  toutes  ces  notions  dans  le  domaine  sonore  spécial  à  la 
musique,  et  nous  pouvons  appliquer,  mutatis  mutandis,  à  la  notion  de 
tonalité  presque  tout  ce  que  les  mathématiciens  appliquent  au  lieu  géo- 
métrique, et  les  philosophes  à  l'idée  de  lieu  dans  sa  généralité. 

La  caractéristique  du  lieu  -^  ou  de  la  tonalité  —  étant  la  subordina- 
tion à  un  point  fixe ^  qui  sert  de  repère,  de  commune  mesure,  de  terme 
de  comparaison  implicite  ou  explicite,  toute  considération  élémen- 
taire sur  la  tonalité  comporte  Vimmobilité  de  ce  point  fixe,  de  la  to- 
nique ;  et  une  opération  beaucoup  plus  complexe  de  l'esprit  sera  déjà 
nécessaire  pour  s'élever  à  la  conception  d'un  point  ^xe  relativement, 
mais  susceptible  aussi  d'oscillation  ou  de  translation  sans  perdre  sa 
stabilité  relative. 

Ce  qui  revient  à  dire  qu'en  musique,  logiquement  et  organiquement, 
le  fait  de  la  tonalité  est  antérieur  à  celui  de  la  cadence  (oscillation)  et  à 
celui  de  la  modulation  (translation). 


II 


Ce  que  nous  pouvons  savoir  aujourd'hui  de  l'histoire  musicale  con- 
firme pleinement  la  précédente  assertion. 

Sans  attacher  plus  d'importance  qu'il  ne  convient  à  la  légende  attri- 
buant à  la  lyre  d'Orphée  les  intonations  caractéristiques  d'une  tonalité 
(P""  degré  ou  tonique  ;  IV^  ou  sous-dominante  ;  Y^  ou  dominante  ; 
VHP  ou  réplique  à  Voctave),  on  peut  rappeler  ici  que  Pythagore 
avait  constaté  l'importance  de  ces  mêmes  degrés,  sur  lesquels  s'ap- 
puient encore  de  nos  jours  la  plupart  des  musiques  exotiques  assimi- 
lables, par  leur  état  d'imperfection  relative,  aux  musiques  antiques. 

Si  défectueuse  qu'elle  soit,  cette  image  actuelle  du  passé  musical  de 
l'humanité  est  encore  préférable,  croyons-nous,  aux  transcriptions  plus 
ou  moins  authentiques  d'hymnes  grecs  ou  romains  en  notation 
moderne.  Au  reste,  ces  transcriptions  elles-mêmes  n'infirmeraient 
pas  notablement  non  plus  les  constatations  relatives  au  rôle  originel 
des  degrés  constitutifs  de  la  tonalité. 

Toutefois,  la  vérification  que  nous  apporte  l'art  musical  du  moyen 
âge  est  infiniment  plus  sûre.  Les  meilleurs  travaux  existants  sur  les 
chants  grégoriens  tendent  à  considérer  leur  modalité  comme  une  con- 


tinuation  des  modes  antiques  ^  grecs,  latins  ou  orientaux.  Quelle  que 
soit  la  part  de  vérité  contenue  dans  cette  hypothèse,  il  y  a  entre  les 
modes  antiques  et  les  modes  ecclésiastiques  une  différence  de  fait 
qui  doit  primer  ici  toute  autre  considération:  ceux-ci  sont  les  seuls,  en 
effet,  dont  l'exécution  nous  soit  connue,  par  une  tradition  que  l'unité 
de  l'Eglise  catholique  romaine  a  su  maintenir  constamment,  en  dépit 
des  abominables  déformations  introduites  trop  souvent  par  certains 
vandales  professionnels  de  l'art  liturgique,  chantres  ou  maîtres  de 
chapelle  patentés. 

Du  trésor  grégorien  nous  possédons  à  la  fois  le  texte,  restauré  dans 
son  intégrité  par  les  savants  et  patients  travaux  des  RR.  PP.  Béné- 
dictins, et  l'interprétation,  très  suffisamment  reconstituée,  dans  les  cas 
les  plus  importants,  par  une  judicieuse  comparaison  des  diff"érentes 
variantes  :  le  contrôle  des  théories  par  les  faits  demeure  donc  ici 
toujours  possible. 

Rien  de  pareil,  au  contraire,  pour  la  musique  antique,  même  en  ce 
qui  concerne  l'époque  gréco-latine  :  on  ergote  indéfiniment  sur  des 
ouvrages  théoriques,  dont  nulle  application  ne  nous  est  parvenue..., 
sauf  celle  que  nous  transmet  la  tradition  de  la  liturgie  chrétienne,  seul 
point  de  départ  stable  de  toute  observation  vraiment  musicale. 

En  eff'et,  de  deux  choses  l'une  :  ou  la  musique  gréco-latine  était 
conforme  à  certaines  modalités  ecclésiastiques,  et,  dans  ce  cas,  les  chants 
liturgiques,  seuls,  permettent  aujourd'hui  de  nous  rendre  compte, 
au  moins  approximativement,  de  ce  qu'elle  était;  ou  cette  musique  était 
absolument  différente,  et,  en  ce  cas,  elle  demeure  perdue  à  tout  jamais 
pour  nous  en  tant  que  idéalisation,  le  point  de  vue  spéculatif  squ\ 
demeurant  plus  ou  moins  accessible  à  nos  investigations  par  l'incertaine 
traduction  des  textes  qui  s'y  rapportent. 

III 

L'observation  générale  du  chant  grégorien,  tel  qu'il  nous  est  connu, 
permet  de  conclure  assez  sûrement  à  son  immobilité  tonale  originelle. 

Les  chants  les  plus  anciens  {Credo,  Gloria,  etc.)  se  meuvent,  comme 
toute  musique  primitive,  entre  certains  degrés  généralement  distants  de 
quinte  ou  de  quarte,  et  quelquefois  de  tierce.  Ces  degrés  constituent,  à 
eux  seuls,  presque  toute  la  mélodie.  Peu  à  peu  on  voit  apparaître 
autour  de  chacun  d'eux  des  formules  d'ornement  de  plus  en  plus 
complexes,  malgré  leur  caractère  accessoire  2. 

1.  L'emploi  des  mots  mode,  modalité,  dans  une  acception  synonymique  de  ton, 
lonalité,  est  ici  parfaitement  légitime.  Que  la  place  relative  des  demi-tons  de  la 
gamme  par  rapport  à  la  tonique  soit  un  fait  modal  ou  un  fait  tonal,  ceci  n'a  aucun 
intérêt,  en  matière  de  monodie  non  modulante.  C'est  seulement  avec  le  dernier 
état  de  la  tonalité,  la  translation  tonale,  impliquant  la  transposition  ou  rétablisse- 
ment artificiel  d'un  mode  donné,  sur  des  degrés  différents,  qu'interviendra  utile- 
ment la  distinction  entre  le  7node  et  le  ton. 

2.  Voir  le  Cours  de  Composition  musicale,  par  Vincent  d'Indy  ;  Premier  Livre, 
chapitre  iv. 


Dans  une  monodie,  en  effet,  le  caractère  accessoire  ou  principal  d'un 
degré  ne  dépend  pas  seulement  de  la  fréquence  de  ses  répétitions  :  il 
dépend  aussi  de  sa  position,  conjointe  ou  disjointe  relativement  à  ses 
voisins.  Car  les  intervalles  disjoints  (tierces,  quartes  ou  quintes)  déter- 
minent entre  leurs  degrés  constitutifs  de  véritables  rapports  harmo- 
niques^ beaucoup  plus  affirmatifs  de  la  tonalité  que  les  successions 
mélodiques  par  intervalles  conjoints  (secondes). 

En  outre,  l'importance  relative  de  chaque  degré  varie  notablement 
selon  la  forme  même  de  ce  qu'on  pourrait  appeler  la  courbe  mélodique- 
Celle-ci,  comme  toute  courbe,  passe  par  des  points  maxima  ou  minima. 
La  note  la  plus  haute  [maxima]  ou  h  plus  basse  (minima)  d'un  fragment 
ou  d'un  neunie,  celle  sur  laquelle  s'opère  le  changement  de  sens  (ascen- 
dant ou  descendant)  est  forcément  plus  apparente  que  les  notes  par 
lesquelles  la  courbe  mélodique  ne  fait  que  passer  pour  y  parvenir. 
Ainsi  s'explique,  du  reste,  la  facilité  avec  laquelle  certaines  notes  de 
passage  échappent  à  l'audition. 

Or,  dans  les  monodies  ornées,  ce  sont  précisément  ces  notes  de 
passage  qui  occupent  le  plus  souvent  les  degrés  les  moins  importants, 
tandis  que  les  notes  en  évidence,  soit  par  leur  fréquence,  soit  par 
leur  disjonction,  soit  par  leur  position  [maxima  ou  minima)  appa- 
raissent de  préférence  sur  les  I"  et  V^  degrés,  ou  sur  les  P""  et  IV",  ou 
même  sur  les  P*"  et  IIP,  suivant  le  mode  ou  le  ton. 

Dans  le  plain-chant,  la  tonalité  s'affirme  donc  par  la  fréquence,  par 
la  disjonction  et  par  la  position  de  ces  degrés  prépondérants,  qui 
maintiennent  les  circonvolutions  mélodiques  entre  des  points  de  repère 
tellement  apparents  que  la  chute  finale  de  la  phrase  n'a,  pour  ainsi 
dire,  aucun  rôle  tonal    obligé. 

En  effet,  sauf  dans  la  psalmodie  et  les  pièces  primitives  qui  s'en  rap- 
prochent par  l'étroite  rigueur  de  leurs  formules  terminales,  celles-ci 
sont  extrêmement  variables  :  on  les  rencontre  souvent  sur  le  P""  degré 
de  chaque  mode,  assurément  ;  mais  il  n'est  pas  rare  non  plus  qu'elles 
aboutissent  au  IIP,  au  IV^ou  au  V\  Dans  les  cas  fréquents  où  une 
mélodie  ornée  finit  sur  une  cliris  longue,  c'est  souvent  la  première  note 
de  ce  neume  qui  occupe  l'un  des  degrés  importants,  tandis  que  la 
seconde,  la  finale,  placée  immédiatement  au-dessous,  tombe  ainsi,  par 
voie  de  conséquence,  sur  un  des  degrés  les  plus  faibles  tonalement. 

La  tonalité  étant  immobile,  on  s'explique  assez  aisément  qu'elle 
n'ait  aucun  motif  d'être  affirmée  plus  fortement  parles  dernières  notes 
de  la  monodie.  Cet  usage  des  conclusions  tonales  est,  sans  doute,  une 
conséquence  des  perturbations  plus  ou  moins  graves  survenues  posté- 
rieurement à  l'état  d'immobilité  primordiale  ;  et  il  est  permis  d'attri- 
buer aux  habitudes  harmoniques  acquises  par  les  musiciens  qui  étu- 
dièrent le  plain-chant  depuis  l'époque  de  la  Renaissance  ces  intermi- 
nables querelles  sur  le  rôle  des  finales,  en  tant  que  caractéristique  des 
modes  grégoriens. 

Ces  modes  ou  ces  tons  sont  immobiles  ;  leur  immobilité  n'est  même 
pas  infirmée  par  la  présence  du  b,  tantôt  molle  h),  tantôt  quadratum  <^t!), 


par  Taltération  da  si,  qui  intervient  le  plus  souvent  à  titre  d'adoucis- 
sement euphonique,  dans  certaines  formules  ornementales  où  le  voisi- 
nage trop  rapproché  du  fa  pourrait  troubler  par  l'àpreté  de  l'intervalle 
de  triton  le  caractère  de  recueillement  intime  inhérent-à  ces  admirables 
cantilènes  sacrées. 

Les  mêmes  phénomènes  d'immobilité  tonale  se  retrouvent  dans  beau- 
coup de  polyphonies  primitives,  où  la  modalité  seule  abandonne  la 
riche  variété  du  plain-chant  pour  se  cantonner  dans  les  deux  types 
{majeu}'  et  mineur)  demeurés  traditionnels.  Si  leur  formule  conclusive 
prend  une  rigueur  plus  grande,  elle  n'en  demeure  pas  moins  facultative, 
en  ce  qui  concerne  le  choix  entre  le  P'"  ou  le  V^  degré.  Quant  aux 
très  rares  accidents  qu'on  y  rencontre  (abaissement  du  VIP  degré,  élé- 
vation du  IV^),  ils  proviennent  aussi  d'inflexions  passagères  dictées  sur- 
tout par  la  crainte  salutaire  du  redoutable  triton. 

Sans  doute,  entre  ces  accidents  euphoniques  et  le  véritable  dépla- 
cement tonal,  caractéristique  du  deuxièiTie  état,  entre  cette  alternance 
facultative  des. conclusions  sur  le  1"^  ou  le  V^  degré  et  de  véritables  ca- 
dences harmoniques  oscillatoires,  la  démarcation  est  parfois  douteuse  : 
une  si  longue  coexistence  de  la  monodie  et  de  la  polyphonie  ne  va  pas 
sans  de  mutuelles  compénétrations,  qui  rendent  la  question  des  ori- 
gines de  l'oscillation  tonale  assez  obscure.  Mais,  que  l'apparition  de 
certaines  formules  modulantes,  dans  des  plains-chants  relativement 
récents,  soit  un  effet  des  «  mœurs  musicales  »  de  la  polyphonie,  ou  que 
celle-ci,  au  contraire,  ait  emprunté  l'usage  du  repos  provisoire  sur  la 
dominante  aux  monodies  antérieures,  cela  importe  peu. 

La  préexistence  du  fait  d'immobilité  tonale,  par  rapporta  Voscil- 
lalion,  ne  saurait  être  mise  en  doute;  elle  suffit  à  confirmer  historique- 
ment la  conformité  des  faits  musicaux  avec  les  autres  manifestations  de 
l'activité  humaine,  en  ce  qui  concerne  leur  ordre  respectif  d'appa- 
rition successive. 

Jusqu'au  moment  de  ses  premiers  pas,  l'enfant  est  confiné  dans  le 
lieu  où  il  est  né  :  il  prend  conscience  de  ce  lieu,  avant  que  l'oscillation 
de  la  marche  lui  fournisse  un  moyen  de  translation  vers  d'autres  lieux. 

L'unité  familiale  subsiste,  en  état  d'immobilité  elle  aussi,    jusqu'à  ce 
■que  les  enfants,  parvenus  à  l'âge  d'homme,   oscillent  vers    d'autres   fa- 
milles, avec  lesquelles  ils  contractent  des  alliances  réalisant  une  trans- 
lation plus  ou  moins  définitive. 

La  vie  intime  des  premiers  siècles  du  moyen  âge  participait  égale- 
ment à  cette  immobilité,  préalable  aux  oscillations  ultérieures  que  nous 
révèle  l'histoire. 

Ainsi  se  retrouveraient  partout  les  trois  phases  successives  que 
nous  avons  signalées  en  commençant  et  dont  il  convient  maintenant 
d'étudier  la  deuxième,  l'oscillation  tonale. 


—     lO    - 


OSCILLATION    TONALE 

I.  Rôle    de   Vhannonie    dans  l'oscillation  tonale.  —  II.  Erreur    du  parallélisme    des 
gammes  majeure  et  mineure.  —  III.  Les  effets  de  la  cadence  harmonique. 

I 

La  véritable  raison  à  laquelle  doit  être  rattachée  le  fait  de  Y  oscillation 
succédant  à  l'antique  immobilité  tonale,  c'est  l'harmonie,  en  tant  qu'u- 
sage de  faire    entendre  simultanément  des  sons  différents. 

Tant  que  la  conception  monodique  existait  seule,  l'importance  de  la 
fonction  tonale  de  certains  degrés  dépendait  exclusivement  de  la  fré- 
quence plus  ou  moins  grande  de  leurs  répétitions,  surtout  dans  leurs 
successions  par  mouvement  disjoint,  et  de  la  situation,  plus  ou  moins 
apparente  rythmiquement,  qu'ils  occupaient  dans  les  neumes  ou 
groupes  mélodiques. 

Avec  les  superpositions  d'intervalles  de  quinte  ou  de  quarte  et,  plus 
tard,  de  tierce,  une  conception  nouvelle  s'est  formée  :  celle  de  la  fonc- 
tion relative  des  degrés,  considérés  les  uns  par  rapport  aux  autres  dans 
leur  simultanéité,  et  non  plus  dans  leur  succession. 

Dès  lors,  l'ancienne  immobilité  tonale  devient  de  plus  en  plus  pré- 
caire :  chaque  degré  n'emprunte  plus  sa  valeur  tonale  à  sa  situation 
propre,  à  son  rang,  à  son  entourage  mélodique  :  les  autres  degrés  qui 
coïncident  avec  lui  dans  les  mélodies  superposées  harmoniquement 
réagissent  plus  ou  moins  nettement  sur  lui,  soit  pour  renforcer  puis- 
samment son  pouvoir  tonal,  soit  au  contraire  pour  l'atténuer  ou  même 
le  modifier  complètement. 

Avec  la  consonance  et  la  dissonance  harmoniques,  le  sens  tonal  est 
entraîné  alternativement  dans  deux  directions  opposées  ;  le  chant  n'est 
plus  «  plain»  au  sens  littéral  de  ce  mot  :  des  montagnes  et  des  vallées 
y  apparaissent.  La  musique  est  livrée  à  un  perpétuel  antagonisme  : 
elle  oscille  sur  ses  bases...  on  pourrait  même  dire  «   sur  ses  basses  ». 

Quand  un  même  degré,  en  effet,  reparaît  très  fréquemment  et  sur  des 
points  très  apparents  dans  une  monodie,  il  y  remplit  bientôt  une 
fonction  de  premier  ordre,  dominante  ou  tonique,  sans  qu'on  puisse 
aisément  modifier  cette  affirmation  mélodique. 

Mais  si,  à  la  faveur  de  la  polyphonie,  ce  même  degré  apparaît  en 
état  d'opposition  persistante,  de  dissonance  perpétuelle  relativement 
aux  degrés  entendus  simultanément  avec  lui,  lesquels  s'obstinent  à 
affirmer  harmoniquement  par  leur  mutuelle  consonance  la  prépondé- 
rance tonale  d'un  autre  degré,  —  la  lutte  ne  saurait  être  de  longue  durée, 
et  la  victoire  appartiendra  toujours  à  l'affirmation  harmonique  des  cojt- 
sonances,  des  rapports  numériquement  simples. 

Telle  est  en  effet  la  puissance  du  7iombre,  symbole  de  l'ordre,  qu'elle 


—   Il   — 


domine  toutes  les  autres,  d'autant  plus  impérieusement  que  le  nombre 
se  rapproche  de  Y  unité. 

Ainsi,  par  la  simplicité  des  rapports  de  vibrations  simultanées,  la 
conson'ance  harmonique,  naguère  inconnue,  est  investie  dès  son  appa- 
rition d'une  autorité  désormais  souveraine  sur  tous  les  phénomènes 
de  tonalité. 

Dans  ce  nouveau  régime,  la  fonction  prépondérante  des  anciens  degrés 
^jer  g^  ye^  ^^  plaln-chaut  s'accroît  encore  par  la  puissance  harmonique 
du  rapport  de  quinte.,  le  plus  simple  de  tous,  puisqu'il  réalise  en  lui 
V unité  ternaire  indivisible  i.  La  comparaison  entre  les  harmonies  na- 
turelles à  .distance  de  quinte  devient,  par  cela  même,  le  fait  tonal  pri- 
mordial ;  et  dans  cette  comparaison,  le  point  fixe.,  \atonique,  occupera 
de  préférence  le  degré  le  plus  grave  de  la  quinte  tonale,  tandis  que  le 
degré  le  plus  aigu  conservera  son  rôle  naturel  de  dominante,  identique 
en  apparence  à  celui  de  l'ancienne  dominante  mélodique  du  plain- 
chant,  différant  en  réalité  par  sa  valeur  principalement  harmonique. 

La  tonique  et  la  dominante.,  à  distance  de  quinte,  forment  ainsi  les 
limites  naturelles  de  l'oscillation  harmonique  la  plus  simple  qui  se 
puisse  concevoir,  la  seule,  d'ailleurs,  qui  fût  pratiquée  dans  les  pre- 
mières polyphonies  et  qui  ait  persisté  jusqu'à  nos  jours,  du  moins  dans 
notre  mode  majeur. 


II 


Tout  autre  fut  la  destinée  du  mode  mineur,  sur  laquelle  pesèrent 
lourdement  les  néfastes  contradictions  imputables  aux  théoriciens  pos- 
térieurs à  la  Renaissance. 

Tandis  que  la  symétrie  réelle  des  deux  modes,  seuls  survivants  des 
modalités  ecclésiastiques^  avait  pour  conséquence  logique  la  restitution 
au  IV''  degré  (en  tant  que  quinte  grave  de  la  tonique)  de  son  ancienne 
fonction  pythagoricienne,  sinon  orphique,  perpétuée  par  la  tradition  gré- 
gorienne .des  tétracordes  sous  forme  d'authentes  et  de  plagaux,  à  dis- 
tance de  quarte,  —  l'erreur  du  parallélisme  obligé  des  deux  gammes 
sapait  lentement  à  la  base  cette  reconstitution  de  Tordre  traditionnel, 
entreprise  par  Zarlino,  sans  doute  après  beaucoup  d'autres. 

La  fausse  science,  dont  on  devait  éprouver  plus  tard  l'intiuence  dé- 
vastatrice, voulait,  au  nqm  d'on  ne  sait  quelle  fausse  égalité,  que  le 
mode  mineur  eût  sa  dominante  à  la  quinte  aiguë,  tout  comme  le  mode 
majeur  ;  qu'il  eût  aussi  sa  tonique  au  grave.,  avec  sa  petite  sensible  au 
demi-ton  inférieur,  comme  son  grand  frère  :  le  plus  singulier  résultat 
de  cette  «  fausse  sensiblerie  »,  si  l'on  peut   dire,  fut  l'apparition  inso- 


I.  On  sait  que  le  rapport  de  quinte  est  égal  à  3.  Le  rapport  d'octave  (égal  à  2) 
n'ayant  aucun  effet  harmonique  différent  de  Vunisson,  la  quinte  ascendante  (i/3)  ou 
descendante  (3/i)  est  donc  indiscutablement  le  plus  simple  de  tous  les  rapports 
harmoniques. 


lite  d'un  faux  accord  parfait  majeur  sur  le  V"  degré,  fausse  dominante 
du  faux  mode  mineur  ! 

Et  l'on  vit  la  «  tonalité  des  esprits  »  oscille?^,  elle  aussi,  entre  la  lo- 
gique de  Zarlino,  conforme  aux  traditions  des  premiers  polyphonistes, 
et  le  prestige  du  paî\jllélisme,  plus  séduisant  peut-être  pour  les  esprits 
superficiels,  mais  voué,  de  par  ses  antinomies  originelles,  aux  contro- 
verses inutiles  ou  nuisibles  des  musicologues,  aux  transgressions  ins- 
tinctives ou  géniales  des  musiciens,  en  attendant  la  désuétude  et  l'oubli 
qui  guettent  tour  à  tour  toutes  les  erreurs  humaines. 

Toutefois,  les  puissances  de  tradition  n'ont  cessé  de  réagir  contre  ce 
parallélisme  contraire  aux- principes  et  aux  faits.  Sans  doute,  de  toutes 
les  formes  adoptées  en  pratique  pour  Y  oscillation  tonale  du  mode 
mineur,  la  plus  logique,  celle  qui  aboutit  à  l'harmonie  mineure  de  la 
quinte  grave,  est  restée  la  plus  rare;  l'usage  lui  préféra  presque  tou- 
jours celle  qui  va  vers  la  quinte  aiguë  dite  dominante.  Mais  lorsqu'il 
s'agit  d'une  oscillation  de  quelque  durée,  le  bon  sens  du  musicien  main- 
tient l'unité  modale,  par  l'emploi  de  l'harmonie  mineure  du  V^  degré, 
aux  dépens  de  l'omnipotente  sensible,  exigeant  l'accord  majeur. 

Dans  cet  état  de  trouble,  on  voit  peu  à  peu  les  auteurs  recourir  aux 
vieux  plains-chants,  pour  demander  à  la  tradition  l'appui  qu'elle  ne 
pouvait  manquer  de  leur  fournir  ;  certains  modes  grégoriens  fortement 
apparentés  à  notre  mode  mineur^  le  deuxième  par  exemple  ^,  avec  sa 
finale  (nous  dirions  sa  tonique)  sur  le  /a,  avaient  leur  dominante  sur  le 
IIP  degré,  tierce  mineure  [ut).  Il  n'en  fallait  pas  davantage  pouratté- 
nuer  par  une  solution  transactionnelle  les  effets  de  l'incohérence  de  ce 
malheureux  mode. 

Ainsi  s'explique  très  probablement  l'usage  de  Vosçillation  tonale  entre 
le  I"  et  le  IIP  degré  du  mode  mineur,  entre  la  tonique  et  le  relatif  ; 
usage  qui  prévalut  de  plus  en  plus  pour  les  oscillations  de  longue 
durée,  au  cours  de  cette  deuxième  phase  de  la  tonalité,  qu'on  pourrait 
appeler  la  phase  de  la  cadence. 


III 

La  cadence  est  la  formule  harmonique  par  laquelle  se  manifeste 
Vosçillation  tonale  ;  la  cadence  suspensive  ou  demi-cadence,  allant  de  la 
tonique  à  une  autre  fonction,  correspond  à  une  demi-oscillation  ;  la 
cadence  conclusive  avec  retour  à  la  tonique.^  à, une  oscillation  entière. 

Réduite  à  sa  forme  la  plus  simple,  une  cadence  complète  est  une 
simple  affirmation  tonale  harmonique;  ainsi  envisagée,  elle  participe 
encore,  sans  aucun  doute,  de  l'iminobilité  tonale  originelle.   Mais  cette 

1.  Ou  le  sixième  (finale  ut,  dominante  mi)  ;  ou  même  le  quatrième  avec  bémol 
(finale    mi,  dominante  sol,  ou  finale  si  dominante  ré). 

Tous  ces  renseignements  techniques  sur  les  modalités  ecclésiastiques  sont  em- 
pruntés au  savant  ouvrage  de  M.  Amédée  Gastoué  :  Cours  théorique  et  pratique  de 
Plain-Chant  romain  grégorien  (Bureau  d'édition  de  la  Schola  Cantorum).  Voir  aussi 
les  Origines  du  Chant  romain,  du   même  auteur. 


-    i3  — 

affirmation,  toute  différente  de  l'ancienne  affirmation  mélodique,  parti- 
cipe également  du  mouvement  par  l'aller  et  le  retour,  le  va-et-vient, 
V oscillation.  Elle  nous  révèle  donc  un  véritable  état  intermédiaire  entre 
V immobilité.,  qu'elle  n'est  déjà  plus,  et  la  translation,  qu'elle  n'est  pas 
encore. 

On  peut  affirmer  que  toute  composition  musicale  harmonique,  pos»- 
térieure  aux  monodies  et  antérieure  aux  véritables  modulations,  est 
une  émanation  immédiate  de 'la  cadence.  L'étude  des  principales 
formes  apparues  pendant  cette  période  de  l'histoire  donne  pleinement 
raison  à  cette  assertion. 

On  sait,  en  effet,  que,  des  premières  polyphonies  sacrées  ou  pro- 
fanes, réduites  elles-mêmes  aux  cadences  les  plus  simples,  sont  issues 
respectivement  :  la  fugne^  d'une  part,  grande  cadence  harmonique,  où 
chaque  accord  est  représenté  par  une  exposition  intégrale  du  sujet 
dans  une  ou  plusieurs  parties,  —  la  siiite^  de  l'autre,  véritable  ca- 
dence tonale  élémentaire,  dont  chaque  morceau  accomplit  dans  sa 
premièy^e  partie  une  demi-oscillation  allant  de  la  tonique  à  la  dominante 
(ou  au  relatif.,  en  mode  mineur),  et  dans  sa  seconde  partie.,  une  autre 
demi-oscillation  revenant  à  la  tonique  \ 

C'est  donc  bien,  en  définitive,  le  principe  dtV  oscillation  cadentielle  qui 
régit  toutes  les  formes  musicales  connues,  depuis  la  Bataille  de  Mari- 
gnan  jusqu'aux  premières  sonates.,  à  peine  différentes  de  la  forme  5zn7e, 
depuis  Clément  Janequin,  Okeghem  et  Josquin  Deprés,  jusqu'aux  pré- 
décesseurs immédiats  de  Beethoven,  en  passant  par  Jean-Sébastien 
Bach,  Haydn  et   Mozart. 

Sans  doute,  chez  ces  derniers  on  voit  apparaître  de  timides  essais  de 
translation  modulante,  dont  Vair  de  danse  avec  trio  contient  peut-être 
la  plus  ancienne  manifestation.  Cette  disposition,  en  effet,  demeure 
conforme  au  système  de  la  cadence  oscillante,  en  raison  de  la  répétition 
de  l'air  initial  à  la  tonique  après  le  /r/o  ;  mais  lorsque  celui-ci  est  établi 
dans  un  autre  ton.,  même  très  voisin,  il  prend  un  caractère  translatif 
de  tonalité  absolument  indéniable. 

Tant  il  est  vrai  que  nulle  démarcation  formelle  n'est  possible  dans 
les  faits  :  ce  dont  il  faudrait  bien  se  garder  d'inférer  qu'une  démarcation 
virtuelle  dans  les  idées  n'est  pas  toujours  indispensable. 

C'est  donc  bien  par  V oscillation  de  la  cadence^  comparable  à  celle  du 
pendule  ou  du  battant  de  la  cloche,  que  la  tonalité  révèle  son  aptitude  à 
se  mouvoir,  en  esquissant  ses  premiers  pas,  encore  indécis  comme  ceux 
d'un  enfant.  On  la  verra  bientôt,  s'enhardir  progressivement  par  des  ex- 
cursions passagères,  comme  le  navigateur  audacieux  quise  prépare  en  de 
brèves  croisières  à  quelque  immense  expédition,  vers  des  régions 
encore  inexplorées. 

he  pouvoir  harmonique  du  nombre  SiUVB.  permis  de  fixer  l'immuable 
ligne  de  foi,  au  cours  de  ces  petites  croisières  cadentielles. 

I.  Voir  le  Cours  de  Composition  musicalepar  Vincent  d'Indy,  Deuxième  Livre, 
Première  Partie;    chapitres  i  et  ii. 


—   14  — 

Fort  de  cette  ligne  de  foi,  l'esquif  tonal  peut  affronter  dorénavant  la 
haute  mer  mouvante  et  modulante,  à  travers  laquelle  la  vertu  enhar- 
monique des  rapports  lui  permettra  d'atteindre  tout  un  nouveau 
monde,  naguère  insoupçonné  du  musicien. 

[A  suivre.)  Auguste  Sérieyx. 


— 5+ê- 


Nouvelles  Musicales 


Les  dernières  obsèques  de  Charles  Bordes.  —  C'est  le  jeudi  20  janvier,  à 
9  heures,  qu'ont  eu  lieu,  à  Vouvray,  en  Touraine,  les  obsèques  définitives  du  corps 
de  Charles  Bordes,  qui  avait  provisoirement  été  conservé  à  Montpellier. 

Un  service  très  simple  a  eu  lieu  à  l'église  paroissiale  de  Vouvray,  d'où  dépend 
La  Roche-Corbon,  lieu  natal  de  Ch.  Bordes.  Le  corps  fut  ensuite  conduit  au  cime- 
tière par  MM.  Poujaud,  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris,  Gervais,  de  Montpellier, 
André  Hallays,  Vavasseur,  maire  de  Vouvray,  Jouanneau,  juge  de  paix  à  Vouvray, 
et  Horace  Hennion. 

La  Société  littéraire  et  artistique  de  Touraine,  dont  Charles  Bordes  était  membre 
d  honneur,  avait  joint  l'offrande  d'une  belle  couronne  à  celles,  nombreuses,  envoyées 
à  leur  directeur-fondateur  parles  Chanteurs  de  Saint-Gervais,  les  Schola  Cantorum 
de  Paris,  Montpellier,  Saint-Jean-de-Luz,  le  Quatuor  Zimmer,  la  Fédération  des 
Sociétés  musicales,  etc.,  etc. 

Le  paysage  gris,  d'une  âpre  mélancolie,  faisait  un  cadre  de  seyante  tristesse  à 
cette  ultime  cérémonie  où  un  cortège  d'amis  et  admirateurs  accompagnait  une 
dernière  fois  les  restes  mortels  de  notre  cher  et  regretté  fondateur... 

Chanteurs  de  Saint-Gervais.  —  Les  Chanteurs  de  Saint-Gervais,  sous  la  direc- 
tion de  notre  ami  M.  Léon  Saint-Requier,  qui  a  succédé  à  Bordes,  ont  exécuté  le 
jour  de  Noël,  à  l'église  Saint-Gervais, pour  la  grand'messe  du  ']our,\a Missa  brevis  de 
Palestrina;  O  magnum  mysterium,  de  Vittoria  ;  Hodie  Christiis  natiis  est,  de  Nanini, 
et  tout  le  propre  grégorien. 

Les  Chanteurs  ont  donné,  le  17  janvier,  un  concert  superbe  au  grand  Théâtre 
royal  d'Anvers,  où,  devant  un  public  choisi  et  des  plus  nombreux,  ils  ont  fait 
entendre  : 

1°  Sanctus  et  Benedictus  de  la  messe  du  Pape  Marcel  ;  1°  deux  répons  de  la 
Semaine  Sainte  (Vittoria)  ;  3°  a,  Trope  à  sainte  Cécile,  b.  Alléluia  :  Salve  Virgo 
(succès  étonnant  rappels  sur  rappels  !);  40  Mignonne,  allons  voir  si  la  rose;  Au  jolj- 
jeu  de  pousse-avant  ;  50  trois  chansons  populaires  françaises  (bissées)  ;  6°  La  Ba- 
taille de  Marignan. 

Ce  programme  était  entoure  de  musique  d'orchestre.  Sous  la  conduite  de 
M.  Mortelmans,  chef  d'orchestre  très  distingué  delà  Société  des  Nouveaux-Concerts 
d'Anvers,  l'orchestre  a  exécuté  avec  précision,  souplesse  et  beaucoup  d'expression, 
une  ouverture  de  Mendelssohn,  Le  Priniemps  de  Glazounow,  et  la  Sympho-'ie 
rhénane  de  Schumann  pour  finir.  C'est  la  Société  des  Nouveaux-Concerts  d'Anvers 
qui  avait  engagé  les  Chanteurs  de  Saint-Gervais,  grâce  à  l'initiative  de  IVl.  Fester, 
son  président,  qui  les  reçut  de  la  façon  la  plus  aimable  :  à  lui  tous  nos  remerciements, 
ainsi  qu'à  notre  confrère  M.  IMortelmans,  chef  d'orchestre. 

Le  lendemain,  continuant  la  tradition  des  Voj'-ages  de  propagande,  chevs  à  Bordes, 
les  Chanteurs'donnaient  avec  un  grand  succès  Esther,  de  J.-B.  Moreau,  à  la  salle  de 
la  Société  industrielle,  à  Lille. 


-   j5  — 

SociétéPalestrina.  —  Avec  la  Société  qu'il  a  fondée  et  qu'il  dirige  parallèlement 
avec  les  Chanteurs  de  Saint-Gervais,  M.  Saint-Requier  vient  de  donner  deux  con- 
certs des  plus  intéressants  aux  Concerts-Rouge,  à  Paris,  avec  le  concours  de 
Mme  Lacoste,  M.  Gébelin  et  M.  Jose,)h  Bizet.  Relevé,  parmi  les  pièces  du  pro- 
gramme : 

Noël,  pour  orgue,  édition  Al.  Guilmant,  Daquin  ;  Le  Messie,  air  :  «  Il  garde 
ses  ouailles  »,  Hacndel  ;  Monodi.^s  grégoriennes  pour  la  fête  de  Noël;  Suite,  pour 
orgue,J.-K.-F,  Yischer;  Deux  Noëls  Wallons  (xvie  siècle);  Rédemption,  Franck; 
Alléluia  du  Messie,  Hœndel  ;  Partita,  pour  orgue,  L.  Krebs;  Domine  non  secimdum 
(motet),  César  Franck  ;  Passame:^:{0,  avec  variations,  pour  orgue,  Scheidt  ;  Aii' 
de  Josué,  Hsendel  ;  Loué  sois-tu,  Jésus-Christ,  H.  Schùtz  ;  L'Harmonieux  Forge- 
ron, pour  orgue,  Htendel  ;  Choral  final  de  la  cantate  «  Wachet  auf  »,  J.-Séb. 
Bach. 

A  partir  du  i5  février,  tous  les  mardis  de  carême,  à  4  heures,  la  Société  Pales- 
trina  donnera,  dans  le  même  local,  une  série  de  Concerts  spirituels,  &vqc  le  concours 
de  l'orchestre  des  Concerts-Rouge. 

Société  H,«ndel. —  La  Société  a  repris  ses  concerts  mensuels  ;  le  premier  com- 
prend le  beau  programme  suivant  : 

I.  Ouverture  de  V Oratorio  :  Les  Pèlerins  au  Tombeau  de  notre  Sauveur  (première 
audition  en  France),  J. -A.  Masse  (1699-1783);  2,  Chœur  de  l'opéra  «.Olimpiade^^^ybG) 
(première  audition  en  France),  traduction  de  M.  F.  Raugel,  J.-A.  Hasse  ;  3.  Con- 
certo pour  orgue  en  sol  mineur,  M.  Ch.  Quef,  G. -F.  Haendel  [lôSS-ijbg)  ;  4.  a)  Air 
de  Kaleb  et  Chœur  de  Josué,  G. -F.  Haendel  ;  b)  Prélude  du  Je  acte  et  Air  du  Sommeil 
de  Sémélé,  traduction  de  M™«  Henriette  Fuchs,.  M.  G.  Jourde,  G.-F.  Haendel  ; 
3.  Chœur  de  Salomon,  traduction  de  M.  F.  Raugel,  G.-F.  Haendel  ;  6.  Exauce-moi, 
concert  spirituel  à  2  voix,  Mi'es  Lucie  Hamelle  et  Fanny  iVIalnory,  H.  Schùtz  (i585- 
1672)  ;  j.  Sonate  pour  violon  et  piano,  MM.  Borrel  et  Tricon,  W.  Rust  (1739-1796)  ; 
8.  Histoire  de  Jésus  au  Temple  (première  audition  en  France),  traduction  de 
M.  F.  Raugel,  H.  Schùtz  ;  soli,  chœurs  et  orchestre  ;  Jésus  :  MUe  Malnory  ;  Marie  : 
Mme  Fouqué  ;  Joseph  :  M.  Jourde.  9.  Cantate  :  Gott  Hilf  Mir,  traduction  de 
Mme  Henriette  Fuchs,  D.  Buxtehude  (1637-1707)  ;  soli,  chœurs  et  orchestre  ; 
Mlles  L.  Hamelle  et  F,  Malnory,  M.  Jourde.  Réalisation  du  continuo  au  piano  et 
à  l'orgue  par  M.  Tricon.  Orchestre  et  chœurs  de  la  Société  G.-F.  Haendel,  sous 
la  direction  de  M.  Félix  Raugel. 

Le  prochain  concert  aura  lieu  le  mercredi  16  mars,  avee  une  sélection  delà 
Passion  de  Htendel,  l'audition  intégrale  des  Sept  Paroles  de  Schùtz,  etc. 

Manécanterie  des  Petits  Chanteurs. —  M.  Ch.  Simon,  avocat  à  la  Cour  d'appel, 
devant  un  public  très  nombreux  et  très  sympathique,  a  prononcé  une  belle  confé- 
rence sur  la  Musique  religieuse  et  l'Œuvre  de  la  Manécanterie,  dans  la  grande  salle 
de  l'Institut  catholique,  le  19  janvier.  Un  très  beau  salut  au  Saint-Sacrement,  avec 
chants  grégoriens,  œuvres  de  Vittoria,  Palestrina  et  Bach,  en  l'église  des  Carmes,  a 
suivi  cette  conférence. 

La  Manécanterie  avait  également  organisé,  pour  le  2  février,  (mais  ce  concert  a  dû 
être  remis  au  26,  par  suite  des  inondations,)  un  très  beau  concert  au  profit  de  sa 
colonie  de  vacances, avec  le  concours  de  M.  V.  d'Indy,  M"e  Bl.  Selva,  MM.  Tourne- 
mire  et  Enesco.  Au  programme  :  Domine  non  sum  dignus,  de  Vittoria,  Alléluia  du 
jour  de  Noël,  en  chant  grégorien,  Ave  Maria  de  Palestrina,  Choral  final  de  la 
Passion  selon  saint  Jean,  de  Bach,  Choral  pour  orgue  de  Franck,  Fugue  et  concert 
pour  deux  pianos,  et  Sonate  pour  violon,  de  Bach. 

—  Milles  Pironnav  et  M.  Landormy  ont  continué,  avec  un  succès  croissant,  leurs 
belles  auditions-conférences  sur  les  Grandes  Epoques  de  la  musique.  Les  dernières 
furent  consacrées  à  Schùtz,  Buxtehude  et  Kuhnau,  Bach,  Hcendel,  Haydn,  Mozart; 
aux  trois  suivantes,  Beethoven. 

Nantes.  —  Le  mois   de   novembre  passé   est    un    peu   loin  :  il  n'est  pas  trop  tard 


—   i6  - 

cependant  pour  parler  du  beau  triduum  qui  fut  donné  à  la  cathédrale  pour  les  fêtes 
de  Jeanne  d'Arc,  sous  la  direction  de  M.  l'abbé  Portier,  maître  de  chapelle,  et  avec 
le  concours  de  M.  l'abbé  Courtonne,  organiste,  ancien  élève  de  la  Schola.  Des 
pièces  très  choisies  ont  été  exécutées,  soit  par  la  Chorale  de  la  cathédrale  et  le 
Grand  Séminaire,  soit  par  les  groupements  des  œuvres  et  confréries.  Nous  rele- 
vons, parmi  les  chants  :  le  cantique  à  Jeanne  d'Arc,  Bienheureuse  libéi-atrice,  de 
M.  l'abbé  Courtonne  ;  Je  vous  adore,  du  P.  Sandret  ;  l'ancienne  hymne  au  Sacré- 
Cœur,  Cor  dulce.  Cor  ornabile,  de  1669;  Mon  âme,  ô  Dieu,  du  bienheureux  de 
Montfort  ;  chœurs  de  cantates  de  Bach,  etc.  Le  dernier  jour,  à  la  grand'messe  pon- 
tificale, messe  Regiha  cœli,  à  4  voix  d'hommes,  de  J.  Kerle  ;  le  soir,  faux-bourdons 
de  M.  l'abbé  Perruchot,  cantate  de  M.  de  La  Tombelle,   Te  Deum  grégorien,  etc. 

Au  grand  orgue,  M.  l'abbé  Courtonne  a  fait  entendre  diverses  pièces  de  Bach  : 
prélude  en  la  mineur,  prélude  et  fugue  en  si  bémol,  prélude  et  fugue  en  ré  mineur, 
fugue  en  mi  mineur  ;  allegro  du  premier  concerto  en  sol  de  Htendel;  toccata  et  pré- 
ludes de  Dubois,  Guilmant,  Boëllmann,  etc.  *. 

Saint-Brieuc.  —  Grand  succès  pour  la  maîtrise  de  Saint-Michel  et  son  zélé  direc- 
teur, M.  l'abbé  Dutertre,  qui  se  font  les  apôtres  de  la  bonne  musique  en  ce  côté  de 
ia  Bretagne.  Ils  ne  reculent,  ni  les  uns  ni  les  autres,  devant  des  concerts  de  propa- 
gande, et  ont  ainsi,  cet  hiver,  au  patronage  de  la  rue  de  l'abbé  Josselin,  prêté  leur 
concours  pour  une  séance,  où  le  répertoire  ordinaire  de  ces  sortes  d'exécutions  était 
tout  étonné  de  se  voir  en  partie  remplacé  par  les  pièces  suivantes,  qui  soulevèrent 
un  enthousiasme  considérable  : 

1°  Cantate  à  sainte  Cécile,  de  La  Tombelle  ;  2°  Conférence  sur  la  musique  reli- 
gieuse, par  M.  l'abbé  Dutertre,  directeur  de  la  maîtrise  ;  3"  Cantate  à  Jeanne  d'Arc, 
de  La  Tombelle  ;  4°  Prière  à  Jeanne  d'Arc,  Gounod  ;  5"  Projections. 

Quête  au  profit  de  l'œuvre  de  la  maîtrise. 

10  Epithalame,  petit  chœur  a  cappella,  Blondet  ;  2°  Allons,  gay,  gay,  bergère', 
rondeau,  G.  Costeley  ;  3o  Cinématographe;  40  Bataille  de  Marignan,  grande  fan- 
taisie à  4  voix,  C.  Jannequin  ;  5°  Cinématographe. 

Bordeaux.  —  La  fête  de  la  Présentation  de  la  sainte  Vierge  a  été  célébrée  avec 
un  grand  éclat  au  Grand  Séminaire.  S.  E.  le  cardinal  Andrieu  et  plus  de  cent  cin- 
quante prêtres  ont  manifesté  haut. ment  leur  impression  de  satisfaction  pour  les 
chants  exécutés  par  les  étudiants,  sous  la  direction  de  M.  l'abbé  J.  Dupont.  A  la 
messe  :  L  Kyrie,  Sanctus,  Agnus,  de  la  petite  messe  Ave  verum  corpus,  de  A.  Gastoué  ; 
Gloria,  édition  Vaticane,  IL  In  festis  solemnibus  ;  Credo,  5e  ton  (des  Anges)  ;  can- 
tique no  I,  du  dernier  recueil  de  Dom  David  et  de  l'abbé  Brun  ;  O  Jesu,  mi  dulcis- 
sime,  Palestrina  ;  Choral,  Bach  ;  Magnificat^  mélodie  des  Cantus  mariales,  de 
D.   Pothier  ;  Tantum  ergo  ;  chœur  final,  Alléluia,  Hœndel. 

Champvallon  (Yonne).  —  Au  village  de  Champvallon,  agréablement  situé  aux 
environs  de  Joigny,  notre  érudit  confrère,  M.  l'abbé  Villetard,  qui  en  est  depuis  peu 
curé,  commence  à  réaliser  d'excellentes  choses.  Et,  pour  célébrer  Jeanne  d'Arc,  il 
n'a  pas  craint  de  faire  appel  à  la  Manécanterie  de  la  Croix-de-Bois,  qui,  soit  en 
musique  polyphonique,  soit  en  chant  grégorien,  a  donné  de  beaux  exemples  à  la 
population  chrétienne  de  Champvallon  et  à  la  foule  venue  des  pays  environnants. 
Un  programme  élégamment  disposé,  avec  une  petite  notice  très  courte  et  très  claire 
sur  chaque  pièce  et  chaque  maître,  permettait  aux  assistants  de   suivre  sans  efforts. 

Carentan  (diocèse  de  Coutances).  —  A  l'Ecole  de  théologie  de  Garentan,  qui 
remplace  l'ancien  Grand  Séminaire   de    Coutances,    M.    l'abbé  Nolais  commence  à 

I.  Nous  relevons  dans  les  dates  données  au  programme  une  petite  méprise.  Le  cantique 
Mon  âme,  0  Dieu,  n'est  pas  de  «  Dcnizot,  xvue  siècle  »,  mais  les  paroles  en  ont  été  écri  es, 
au  xviie  siècle,  par  le  bienheureux  de  Montfort,  et  la  mélodie  sur  laquelle  on  les  chante  est 
celle  d'un  Noël  de  Denisot  (auteur  des  paroles),  dont  la  musique  est  d'un  composiieur 
inconnu  (i555),  mais  qui  pourrait  bien  être  Costeley  ou  Mauduit.  De  même,  le  Credo  3  de 
l'édition  "Vaticane  n'est  pas  du  xvne  siècle,  mais  du  xv''  siècle,  et  est  donné  [  ar  les  mêmes 
documents  que  le  Credo  4. 


faire  goûter  le  chant  grégorien,  qui  enthousiasme  la  communauté.  Jusqu'ici,  on  n'y 
connaissait  guère  que  les  Varice  preces,  et  encore  en  de  rares  occasions.  La  plu- 
part du  temps  le  chant  corrompu  encore  en  usage  dans  le  diocèse  était  tant  bien  que 
mal  exécuté.  Maintenant,  plusieurs  classes  par  semaine  sont  exclusivement  réservées 
à  l'étude  du  chant  grégorien.  Mgr  l'Evêque  de  Coutances  et  les  prêtres  qui  l'accom- 
pagnaient, à  lune  des  dernières  solennités,  n'ont  pas  ménagé,  leurs  éloges,  et  se 
sont  montrés  ravis  de  l'exécution  des  pièces  du  Graduel  Vatican,  des  Varice  preces  et 
des  Cantiis  mariales  de  Dom  Pothier. 

NÎMES  (Petit  Séminaire).  —  Vigoureusement  lancée,  il  y  a  plusieurs  années  déjà, 
par  M.  l'abbé  Soulié,  dans  l'interprétation  du  plain-chant  grégorien  et  de  la  vraie 
musique  d'église,  la  Schola  de  l'Institut  Saint-Félix  (Petit  Séminaire)  continue,  à  la 
satisfaction  très  sincère  et  des  jeunes  exécutants  et  de  leur  auditoire,  à  s'inspirer, 
dans  tous  ses  offices,  des  directions  du  Motu  proprio.  Remarquons,  au  programme 
de  Noël  :  Kyrie,  Gloria,  Credo,  de  la  messe  des  Anges  ;  Sanctus  et  Benedictus  de  la 
messe  O  quam  gloriosum ,  de  Vittoria  ;  Dixit  Dominus,  de  Garolus  Andréas  ;  Ave 
Maria,  de  Foschini,  exécutés  a  cappella  ;  Ave  veruin  et  Tantum  ergo  sur  des 
chorals  de  Bach  ;  Cœur  de  Jésus  Enfant,  d'Alexandre  Guilmant. 

De  même,  au  Grand  Séminaire,  M.  l'abbé  Vigouroux  obtient  les  meilleurs  résul- 
tats. Depuis  la  fête  de  l'Immaculée  Conception,  on  se  sert  exclusivement  du  Graduel 
Vatican  ;  on  y  était  préparé,  depuis  une  quinzaine  d'années,  par  les  Varice  preces, 
puis,  dès  son  apparition,  par  le  Kyriale  Vatican,  immédiatement  adopté.  Le  succès  a 
dépassé  de  beaucoup  les  espérances.  Le  public  qui  a  entendu  les  séminaristes,  le 
jour  des  premières  messes  et  le  jour  de  Noël,  a  unanimement  exprimé  son  admira- 
tion pour  ces  mélodies  si  religieuses.  Quant  aux  étudiants,  ils  s'y  portent  avec 
entrain.  Les  exercices  de  solfège  et  les  exécutions  musicales  en  honneur  dans  la 
maison  les  ont  d'ailleurs  admirablement  prépares  à  rendre  les  mélodies  grégo- 
riennes. 

Marseille.  —  Le  Secrétariat  social  des  Alpes  et  de  Provence  a  eu  l'excellente 
idée  d'organiser  un  concours  populaire  de  chants  religieux  pour  les  patronages, 
maîtrises,  groupements  divers.  Dès  les  premières  annonces,  ce  concours  a  eu  beau- 
coup de  succès,  et  les  adhésions  sont  venues  de  tous  côtés.  On  ne  peut  qu'espérer 
beaucoup  de  semblable  initiative.  Contrairement  à  ce  qui  avait  été  primitivement 
annoncé,  aucune  édition  ne  sera  imposée  aux  concurrents  :  chaque  groupe  partici- 
pant au  concours  sera  libre  de  choisir  celle  qui  lui  conviendra  le  mieux. 

Nous  émettons  seulement  de  fortes  réserves  sur  des  «  principes  »  distribués  aux 
concurrents,  et  où  on  leur  parle  de  questions  bonnes  à  embrouiller  la  pratique.  Que 
viennent  faire,  dans  un  programme  de  chant  populaire,  des  règles  sur  l'intensité  ryth- 
mique, les  rythmes  thétiques  forts,  rythmes  thétiques  faibles,  ictus,  et  autres?  Tout 
cela  est  matière  à  querelles  de  savants  ;  de  grâce,  ne  l'introduisons  pas  dans  le 
domaine  pratique.  Parties  accentuées  et  non  accentuées,  c'est  là  tout  le  secret  de 
l'exécution  grégorienne.  Nous  regrettons  également,  et  nous  protestons  contre  ce 
qui  paraît  être  une  règle  imposée  aux  concurrents  au  sujet  de  l'accompagnement  : 
on  y  lit  que,  s'il  faut  changer  les  accords,  «  il  faut  le  faire  à  la  thésis  ».  Pourquoi  ?  Il 
n'est  aucun  musicien,  à  commencer  par  M.  V.  d'Indy,  qui  puisse  admettre  une 
telle  pratique,  absolument  antirythmique. 

Saint-Etienne.  —  M'ic  Jeanne  Ferrier,  avec  l'aide  d'un  certain  nombre  de  dames 
et  demoiselles  de  la  société  stéphanoise,  a  fondé  une  schola  de  dames,  qui  a  déjà  fait 
goûter  et  apprécier  le  chant  grégorien  et  la  bonne  musique  religieuse.  Pour  la  fête 
de  l'Immaculée  Conception,  en  laquelle  la  jeune  schola  a  fait  ses  débuts,  elle  a  fait 
entendre,  sous  la  direction  de  M"«  Ferrier,  plusieurs  pièces  grégoriennes,  avec  la 
messe  à  trois  voix  de  Lotti,  a  cappella,  et  VAdoramus  te  et  le  Tantum  à  deux  voix  de 
M.  Gastoué.  Le  succès  a  été  grand,  même  pour  la  prononciation  en  ou,  qui  n'a  pas 
été  sans  susciter  maints  étonnements.  Mais  Saint-Etienne  s'y  est  déjà  accoutumé. 
Bonne  chance  à  la  nouvelle  schola,  qui  se  délasse  en  étudiant  les  charmantes  Chan- 
sons de  mon  pays,  publiées  par  MM.  Guichard  et  Grospierre. 


—  I«  — 

Besançon.  —  Les  Chanteurs  de  Saint-Pierre,  avec  le  concours  de  l'excellent  or- 
chestre du  Grand-Théâtre,  viennent  de  donner  une  remarquable  exécution  du  Messie, 
de  Hasndel,  avec  la  version  originale,  premiè:re  audition  en  France.  Ce  succès  est  dû 
à  l'initiative  éclairée  de  M.  Forien,  avocat,  président  des  Chanteurs,  qui  a  fait  appel 
à  notre  ami  et  collaborateur  M.  F.  Raugel,  Directeur  de  la' Société  Hsendel,  ravi 
d'une  telle  idée. 

Le  succès,  nous  écrit-on  de  Besançon,  a  été  énorme.  Les  Chanteurs  et  l'orchestre 
se  sont  très  vaillamment  comportés  :  les  solistes  furent  MUe  Forien,  M^^^  Philipp, 
M.  Plamondon,  M.  Mary  (des  Concerts  Colonne).  Depuis  l'accueil  fait  à  cette  remar- 
quable audition,  il  a  été  décidé  de  la  répéter  le  i'^'"    mars,   au  Kursaal. 


ITALIE 

Le  Congres  de  Pise.  —  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  les  détails  déjà  donnés  dans 
la  Revue  à  propos  de  la  préparation  de  ce  congrès.  La  belle  réussite  est  due  avant 
tout  à  l'énergie  et  à  l'esprit  d'organisation  du  P.  Athanase,  carme  déchaussé,  sou- 
tenu résolument  par  S.  E.  le  cardinal  archevêque  de  Pise,  Mgr  Maffi.  La  partie 
«  cécilienne  »  du  congrès  se  réduisit  à  peu  de  chose,  vu  l'état  actuel  de  désorgani- 
sation de  la  société,  dont  le  bureau  fut  renouvelé  par  suite  de  la  démission  du 
R'ne  p.  Amelli,  devenu  abbé  de  Florence.  Nous  n'insisterons  pas  sur  les  détails  de 
l'horaire  et  de  l'organisation,  ni  sur  les  programmes  des  auditions  (très  intéressant 
concert  d'orgue)  et  des  messes  solennelles,  où  le  chant  grégorien  et  la  bonne 
polyphonie  furent  exécutés  d'une  façon  fort  satisfaisante,  sinon  toujours  absoluaient 
idéale,  par  des  séminaristes  et  des  enfants  de  plusieurs  Scholae  puerorum.  La  parti- 
cipation de  la  masse  des  assistants  au  chant  du  Veni  creator,  du  Te  Deum,  de  la 
Messe  dite  des  Anges  produisit  un  résultat  merveilleux,  et  cette  réussite  fut  pour 
tous  un  grand  motif  d'encouragement  et  de  confiance  ;  les  mélodies  de  la  messe  de 
Requiem,  —  directeur  du  chant,  le  P.  Athanase,  —  furent  particulièrement  bien  in- 
terprétées. Malheureusement,  en  un  sens  du  moins,  le  programme  comportait  l'au- 
dition répétée  d'un  bel  oratorio  du  maestro  Bagnoli,  intitulé  Saint  Ranieri  ;  et 
ce  hors-d'œuvre  fort  apprécié  des  congressistes,  qui  firent  une  ovation,  absorba  une 
partie  des  efforts  qui  auraient  pu  s'appliquer  au  chant  liturgique  ^. 

De  remarquables  rapports  furent  présentés,  etles  discussions  parfois  fort  animées 
se  maintinrent  toujours,  sous  la  direction  du  P.  Athanase,  dans  les  bornes  d'une 
vraie  utilité. 

Le  R.  P.  Paul  Ferretti,  abbé  de  Torrechiara  (Parme),  traitant  de  «  l'action  des 
séminaires  dans  la  réforme  du  chant  grégorien»,  propose  et  fait  accepter  une  régle- 
mentation rigoureuse  des  cours  de  chant,  avec  un  horaire  fixe,  un  programme  unique 
et  bien  déterminé,  et  l'obigation  pour  les  clercs  de  passer  un  examen  satisfaisant  s'ils 
veulent  être  admis  aux  ordres  sacrés.  Le  R.  P.  Athanase  fait  observer  à  ce  propos, 
aux  applaudissements  de  l'auditoire,  que  le  prêtre,  avant  de  parler  théologie  et  phi- 
losophie, doit  savoir  prier,  et  que  la  pretnière,  la  plus  belle  prière,  c'est  le  chant  litur- 
gique, celui  dont  le  Saint  Père  veut  la  restauration. 

Le  R.  P.  Ambroise  Amèlli,  abbé  de  Florence,  insiste  sur  la  participation  du  peuple 
au  chant  liturgique.  Il  rappelle  l'impression  produite  par  les  40.000  pèlerins  fran- 
çais chantant  le  Credo  à  Saint-Pierre  de  Rome,  impression  partagée  par  le  Souve- 
rain Pontife,  qui  exprima  aux  évêques  sa  satisfaction,  en  souhaitant  que  pareil 
usage  se  répandît  dans  toutes  les  églises. 

Très  remarquée  aussi  la  manière  dont  M.  R.  Casimiri,  maître  de  chapelle   de    la 

I.  S.  Ranieri  est  le  patron  principal  de  la  ville  de  Pise.  Le  jeune  compositeur,  chrétien, 
folide  et  pratiquant,  a  traité  son  sujet  avec  une  maîtrise  surprenante.  La  vie  du  saint  ayant 
eu  trois  phases  :  licence,  pénitence,  sainteté,  le  compositeur  s'est  permis  pour  la  première 
toutes  les  «  licences  »  du  chromaiisme  ;  dans  la  seconde,  le  chromatisme  se  purifie,  pour 
aboutir  dans  la  troisième  au  pur  diatonisme.  Les  chœurs  de  siyle  palestrinien,  en  grande 
partie  inspirés  de  thèmes  grégoriens,  soulevèrent  un  véritable  enthousiasme. 


—  19  — 

cathédrale  de  Verceil,  traite  du  chant  des  cappellc  (à  peu  près  nos  maîtrises),  des 
maîtres  de  chapelle  et  des  chantres.  Parmi  les  propositions  qu'il  soumet  à  l'assem- 
blée, signalons  celle  que  les  parties  variables  de  la  messe  soient  toujours  exécutées 
en  grégorien,  sauf  à  chanter  en  musique,  aux  grandes  occasions,  les  seuls  graduels 
et  offertoires  ;  et  celle  que  l'on  abandonne,  dès  que  le  nombre  des  chanteurs  le  per- 
mettra, le  détestable  usage  de  faire  alterner  l'orgue  avec  le  chant  dans  les  Kyrie, 
Gloria,  etc. 

Le  R.  P,  J.  Ricci,  Vallombrosain,  parle  avec  grande  compétence  et  décision  des 
conditions  que  doit  réunir  un  orgue  pour  être  vraiment  liturgique,  pour  permettre 
de  bien  accompagner  le  chant  et  d'exécuter  la  bonne  musique  d'orgue. 

Le  P.  Athanase,  promoteur  du  congrès  toscan,  expose  et  commente  un  pro- 
gramme complet  d'enseignement  du  chant,  de  la  musique  figurée  et  de  la  musique 
d'orgue,  programme  approuvé  par  l'immense  majorité  des  congressistes.  L'espace 
nous  manque  pour  en  donner  le  détail. 

Sans  doute  les  propositions  formulées  par  le  congrès  ne  seront  pas  réalisées  du 
jour  |au  lendemain.  Mais  quand  on  songe  que  tout  l'épiscopat  toscan  donna  son 
adhésion  au  fait  et  à  l'objet  de  ces  réunions,  et  que  la  plupart  des  évêques  y  assis- 
tèrent en  personne,  il  est  difficile  de  ne  pas  admettre  que  ces  journées  mémorables 
feront  époque  dans  l'histoire  de  la  restauration  grégorienne  en  Toscane  et  en  Italie. 
Citons,  pour  finir,  et  comme  indice  de  l'esprit  qui  anime  les  pasteurs,  ces  paroles  de 
S.  E.  le  cardinal  Maffi,  répondant  à  certaine  allusion  sur  le  rôle  des  évêques  : 
«  Sans  doute,  les  évêques  ne  seront  pas  toujours  musiciens,  mais  ils  sauront  cher- 
cher de  l'aide  auprès  des  gens  compétents  ;  nous  ne  sommes  pas  non  plus  archi- 
tectes, et  pourtant  nous  avons  parmi  nos  cathédrales  de  vrais  joyaux  d'art  ;  nous  ne 
sommes  pas  peintres,  et  cependant  nous  avons  des  tableaux  qui  sont  l'honneur  et 
l'illustration  de  l'Italie  entière.  »  Et  l'archevêque  ajouta  qu'un  comité  de  plusieurs 
évêques  était  dès  maintenant  institué  pour  la  mise  en  pratique  des  délibérations  du 
congrès. 

Nous  apprenons,  avant  de  mettre  en  pages,  que  ce  comité  s'est  mis  à  l'œuvre  sans 
retard  et  que  la  promulgation  de  ses  décisions  est   imminente. 


CANADA 

Chicoutimi  (Province  de  Québec).  —  A  l'Eglise  du  Sacré-Cœur,  appartenant  aux 
Révérends  Pères  Eudistes,  les  fêtes  de  Noël  ont  été  remarquables.  La  jeune  chorale 
grégorienne,  sous  la  direction  du  P.  G.  Louer,  qui  l'a  fondée  il  y  a  cinq  ans,  a 
vraiment  étonné  plus  d'un  auditeur.  Je  me  hâte  de  dire  que  ce  qui  a  été  remarqué 
fut  surtout  le  caractère  de  piété  et  de  grandeur  du  plain-chant.  L'introït  Dominiis 
dixit  fit  vite  oublier  le  Noël  d'Adam  :  cet  introït,  chanté,  comme  du  reste  tout  l'of- 
fice, dans  l'édition  Vaticane,  par  un  groupe  de  70  hommes  et  enfants,  fut  très  impres- 
sionnant. Le  Kyrie  et  le  Gloria  de  la  Messe  Magnae  Deiis  potentiae,  le  Sanctus 
des  An^es  et  VAgnus  Dei  n°  VI.  C'était  un  peu  hardi  pour  cette  jeune  chorale,  mais 
le  directeur  a  tant  de  patience  et  les  choristes  une  telle  bonne  volonté  que  tout  a 
réussi  au  gré  de  tous  ;  l'ancien  invitatoire  Christus  natus  est  nabis,  avec  les 
strophes  Adeste,  etc.,  fut  également  donné  avec  l'entrain  qui  lui  convient.  L'in- 
troït Puer  natus  est  respire  une  sainte  joie  qu'on  a  ressentie  en  écoutant  cette 
mélodie  caractéristique  ;  on  peut  en  dire  autant  deV Alléluia  particulier  au  temps  de 
Noël.  Les  cantiques  français  étaient  bien  nuancés,  et  j'ai  admiré  au  milieu  des  autres 
le  noël  ancien  ;  «  Bergers,  écoutez  l'angélique  musique...  »,  modulé  par  six  ou  huit 
sopranos  bien  choisis.  Le  directeur  a  imposé  à  ses  chanteurs  la  prononciation  pure- 
ment romaine  du  latin  qui  n'est  guère  usitée  dans  la  province  ecclésiastique  de 
Québec  ;  et  qu'est-il  arrivé  î  C'est  que  les  membres  de  la  chorale  ne  peuvent  plus 
supporter  la  prononciation  dite  «  française  ». 

Ils  suivent  la  bonne  voie  et  méritent  les  félicitations  et  les  encouragements  de  tous 
les  gens  de  goût. 


L'Oratorio  et  la  Cantate 


{Suite  et  fin.) 


Avec  Berlioz,  dans  V Enfance  du  C/wist^,  et  Félicien  David,  dans  ses 
œuvres  profanes,  la  musique  pittoresque,  évocatrice  d'images,  allait 
maintenant  s'étendre. 

C'est  Ruth,  c'est  Rébecca,  de  César  Franck  ;  ce  serait  ses  Béatitudes, 
si  le  sujet,  plus  métaphysique  que  les  précédents,  s'y  prêtait  davan- 
tage ;  ce  sera  le  Paradis  Pei^du,  de  Théodore  Dubois,  dont  le  Prélude, 
exprimant  le  pré-paradis  terrestre,  est  dans  la  filiation  d'Ha3^dn  comme 
grandeur  d'inspiration  ;  ce  seront    ses   Sept  Paroles,  dont  la  première 


I.  Un  musicologue,  érudit  et  soigneux,  m'a  adressé  deux  observations  au  sujet  du 
paragraphe  concernant  YEnfance  du  Christ.  Il  paraît  que  ce  fut  seulement  l'épisode 
de  V Adieu  des  bergers,  dans  la  Fuite  en  Egypte,  qui  fut  joué  à  la  salle  Sainte- 
Cécile  le  12  novembre  i85o.  Plus  tard,,  cet  épisode  figura  dans  la  seconde  partie 
de  l'Enfance  du  Christ,  jouée  pour  la  première  fois  le  12  décembre  1854.  C'est  de 
cette  exécution  que  je  parlais.  La  genèse  de  cet  ouvrage  eût  donc  été  la  même  que 
celle  de  la  Damnation,  dont  quelques  morceaux  parurent,  longtemps  avant  le 
reste,  sous  le  titre  :  Episodes  de  la  vie  de  Faust,  —  ou  quelque  chose  d'approchant. 
Un  des  exemplaires,  ultra  rares,  se  trouvait  dans  le  fonds  Richault  avec  un  manus- 
crit, peu  intéressant  du  reste,   mais  curieux,  signé  :  l'Abbé  Charles  Gounod  ! 

La  seconde  observation  est  au  sujet  de  l'air  d'Hérode  et  de  son  do  bécarre.  Je  re- 
connais que  j'ai  commis  une  double  erreur,  mais  il  me  sera  pardonné  en  faveur  de 
ce  que  la  seconde  erreur  s'appliquait  à  la  Fuite  en  Egypte  et  ne  constitue  en  fait 
qu'une  erreur  de  pagination. 

Donc,  l'air  d'Hérode  est  en  50/  mineur,  et  si  son  fa  est  bécarre,  il  ne  fut  pas  attri- 
bué à  Pierre  Ducré. 

Par  contre,  le  prélude  de  la  Fuite  en  Egypte  en  fa  dièse  mineur  présente,  à  la 
deuxième  mesure  (page  104  de  la  partition  d'orchestre),  l'annotation  —  vii  bécarre 
et  non  dièse  —  que  j'attribuais  à  tort  au  songe  d'Hérode.  C'est  ce  passage  avec 
clarinettes  et  cor  anglais  dont  l'archaïsme  apparent,  délicieux  autant  que  roman- 
tique, fut  accepté  sans   broncher,   par  toute  la  critique,  comme  étant  du  xvii^  siècle 


pur 


IM 


Néanmoins,  l'air  d'Hérode  a  continué  à  taquiner,  même  encore,  la  plupart  des 
chanteurs.  Il  est  en  sol  mineur  avec  la  bémol  et /a  bécarre,  c'est-à-dire  une  espèce  de 
3e  ton  transposé.  Alors  les  chanteurs  lui  assignent  latonique/zf  etla  broderie  5o//a  G 
50/ devient,  dans  leur  esprit,  celle  des  5e  et  4e  degrés.  Or  on  sait,  de  par  l'éducation 
italienne  d'une  mauvaise  époque,  le  mal  qu'on  éprouve  à  obtenir  un  véritable  ton, 
entier,  sur  cette  broderie. 

Mauvais  goût,  ignorance,  ou  loi  du  minimum  d'efiTort,  peu  importe  :  la  cause,  le 
fait  persiste,  et  les  compositeurs  de  salon,  italiens,  se  chargent  de  le  perpétuer. 


—    21    — 


audition  à  Sainte-Clotilde  fut  une  révélation.  Ce  sera  la  Lyre  et  la 
Hatye  et  l'éclatant  Déluge  de  Saint-Saëns,  sur  lequel  nous  revien- 
drons. 

Toutes  ces  œuvres  sont  des  oratorios,  non  plus  comme  celui  dont 
Mendelssohn,  en  Allemagne,  avait  gardé  la  tradition,  mais  de  vastes 
compositions,  sur  des  sujets  religieux,  empruntant  au  théâtre  son  outil- 
lage instrumental,  mais  s'arrêtant  judicieusement  dans  son  emploi  à 
tout  ce  qui  pourrait  rappeler  l'éclairage  par  la  rampe . 

Puis,  ce  fut  Gounod,  qui,  après  avoir  été  le  novateur  que  l'on  sait, 
ou  plutôt  qu'on  a  oublié  de  savoir,  devint  éperdument  l'apôtre  des 
formes  anciennes,  et  composait  un  oratorio  :  Rédemption,  en  voulant 
s'inspirer  des  grands  modèles  du  xvin^  siècle.  Mais,  malgré  lui,  Faust  et 
Roméo,  Marguerite  et  Juliette  continuaient  à  chanter  dans  son  âme. 
Fut-ce  un  bien,  fut-ce  un  mal,  qu'importe.  Il  en  est  résulté  Rédemption^ 
qui  est  superbe,  et  Mors  et  Vita,  qui  est  admirable  et  durera  certaine- 
ment bien  longtemps  après  que  ses  œuvres  théâtrales  auront  terminé 
leur  carrière  glorieuse  sous  l'action  fatale  et  désagrégeante  du  temps  ! 

La  musique  religieuse  de  Gounod,  messes  ou  motets  destinés  à  l'of- 
fice, peut  évidemment  supporter  la  critique  d'être  d'un  mysticisme 
exalté  et  sensuel  en  désaccord  avec  l'austérité  du  temple,  quoique  à  vrai 
dire,  parmi  ses  détracteurs,  et  malgré  la  Justesse  fréquente  de  leurs  cri- 
tiques, plusieurs  n'ont  pas  discerné  que  le  temple  catholique  a,  par 
essence  et  par  origine,  des  besoins  visuels  et  mystiques  ignorés  de  l'ora- 
torio protestant.  Mais  il  ne  faudrait  pas,  en  généralisant  cette  critique, 
oublier  que  Gounod  fut  le  premier,  et  le  seul,  à  réagir  contre  ces  com- 
positions tumultueuses,  puérilement  expressives,  ou  désordonnément 
bruyantes,  qui,  sous  le  nom  de  messes,  faisaient  de  la  tribune  d'une 
maîtrise  un  tréteau  de  théâtre,  et  du  pire  ! 

De  plus,  il  faut  savoir  qu'il  fut  longtemps  le  premier,  et  le  seul,  à 
étudier  et  honorer  Bach  autrement  qu'à  travers  la  pédagogie,  et  si, 
aujourd'hui,  on  ne  critique  plus  un  organiste  qui  Joue  du  Bach  (ce  qui 
fut  textuellement  reproché  à  Saint-Saëns  quand  il  était  à  la  Madeleine), 
si  le  Clavecin  bien  tempéré  est  aujourd'hui  sur  tous  les  pupitres  de  piano, 
c'est  dû,  en  grande  partie,  à  l'instigation  de  l'auteur  de  Faust,  qui 
prêchait  cet  évangile  à  une  époque  où  beaucoup  de  ceux  qui  le  com- 
mentent aujourd'hui  ne  le  connaissaient  ni  ne  désiraient  le  connaître. 

De  plus,  si  le  choral  pour  orgue  n'est  plus,  jalousement,  une  forme 
de  chant  protestataire  de  l'Église  réformée,  s'il  a  franchi  le  seuil  des 
temples  catholiques,  s'il  est  devenu,  sous  l'inspiration  de  Franck  et  de 
tant  d'autres,  un  système  thématique  des  plus  féconds,  il  faut  se  rappeler 
que  Gounod,  vers  1860,  fit  paraître  le  premier  un  recueil  de  chorals 
choisis  dans  Bach,  analysés  et  déduits  de  la  façon  la  plus  savante  et  la 
plus  élevée,  qui  devint  le  bréviaire  de  toute  une  génération. 

Il  est  intéressant  de  rappeler  que  ce  fut  Mendelssohn,  de  passage  à 
Rome,  alors  que  Gounod  était  pensionnaire  à  la  villa  Médicis,  qui 
l'initia  aux  splendeurs  du  choral.  Et  ce  n'est  pas  le  moindre  titre  de 
gloire  pour  Mendelssohn  que  d'avoir  été  le  premier,  au  xix^    siècle,     à 


reprendre  en  la  rénovant  cette  forme  et  cette  utilisation  de  thème  com- 
plètement délaissées  par  ses  devanciers.  On  n'en  trouve  pas  trace 
chez  Haydn,  à  peine  chez  Beethoven,  pas  plus  que  chez  la  plupart  des 
auteurs  de  la  fin  du  xvin^  siècle. 

On  aurait  donc  tort  de  formuler,  à  l'excès,  d'après  des  clichés,  la  cri- 
tique facile  de  la  musique  religieuse  chez  Gounod,  surtout  si  l'on  consi- 
dère qu'il  termina  sa  carrière  en  écrivant  une  messe  a  cappella  exécutée 
à  Reims  sous  le  vocable  de  Jeanne  d'Arc,  sorte  de  testamentà  l'encontre 
de  ses  œuvres  antérieures,  et  leur  donnait  une  conclusion  en  exigeant, 
pour  son  service  funèbre,  le  Requiem  en  plain-chant,  à  l'exclusion  de 
toute  autre  musique. 

On  lui  donna  cette  posthume  satisfaction  dans  l'église  de  la  Made- 
leine, au  grand  désappointement  de  nombreux  «  amateurs  »  s'attendant 
avoir  défiler  tout  l'orchestre  de  l'Opéra,  sans  les  danseuses,  malheu- 
reusement !  et  à  entendre  une  fois  de  plus  le  fameux  Ave  Mariai  A  la 
sortie,  Saint-Saëns,  qui  était  à  l'orgue,  joua  magistralement,  sans  la 
paraphraser,  une  des  plus  belles  inspirations  àt  Mors  et  Vita. 

Gounod  fut  donc,  à  notre  avis,  le  bon  laboureur  qui  défricha  le 
terrain  embroussaillé  par  toutes  les  ronces  de  l'art  vulgaire  découlant 
du  style  italien,  et  le  rendit  propre  à  recevoir  la  semence  jetée  par  le 
Alotu  proprio,  graine  qui  n'eût  certainement  pas  germé  à  une  époque 
antérieure  comme  elle  le  fait  aujourd'hui.  Nous  pourrions  presque  citer 
aussi,  de  même  que  nous  l'avons  fait  pour  Joseph  de  Mehul,  Samson  et 
Dalila,  opéra  puisqu'il  est  joué  au  théâtre,  mais  dont  le  P'"  et  le  IIP  acte 
sont  du  domaine  de  l'oratorio  pur.  C'est  le  second  qui  a  le  plus 
entraîné  le  public;  avec  raison,  malgré  tout,  car  lorsqu'on  est  à  l'Opéra, 
on  est  là  d'abord  pour  y  faire  du  théâtre,  ce  dont  quelques-uns  parais- 
sent douter...  Mais  quand  on  aura  bien  entendu  Dalila  chanter  éperdu- 
ment  :  «  Ah  1  réponds  à  ma  tendresse  »  ;  quand  tous  les  contraltos  se 
seront  épuisés  à  ravir  les  amateurs  de  voix  graves,  prises  jusque  dans 
les  talons,  les  deux  actes  bibliques  de  Samson  et  l'admirable  tableau  de 
la  meule  resteront  comme  une  des  plus  belles  illustrations  musicales 
de  l'histoire  sainte. 

Parmi  les  morts  et  parmi  les  plus  illustres  vivants,  deux  noms  restent 
à  citer  :  Liszt  et  Massenet. 

Mais  c'est  à  dessein  que  nous  les  faisons  figurer  en  dehors  de  cette 
chronologie,  car  leurs  oeuvres  ne  sont  ni  la  conséquence  ni  le  point  de 
départ  d'une  école. 

Liszt,  qui  prétendit  parfois,  non  sans  raison,  être  capable  de  tenir 
sous  ses  dix  griffes  de  pianiste  phénoménal,  toute  la  philosophie,  toute 
la  littérature,  toute  la  poésie,  l'art  entier,  écrivit  des  messes,  des  orato- 
rios, des  motets,  des  paraphrases  instrumentales  d'une  élévation  incon- 
testable, d'une  technique  sûre  et  originale,  mais  à  travers  la  lentille 
démesurément  grossissante  d'un  Moi  sur-majuscule  et  d'un  orgueil  sans 
précédent.  La  composition,  chez  lui,  était  énorme,  démesurée,  et  tou- 
jours conçue  par  un  cerveau  de  virtuose  à  travers  la  forêt  de  sa  cheve- 
lure broussailleuse,  accoutumé  et  certain  de  conquérir  san  public   rien 


—    23    — 

qu'en  se  montrant  lui-même,  et  le  mettant  en  extase  par  une  seule  note 
frappée  d'un  doigt  prophétique  sur  le  clavier  soumis,  mais  avec  quel 
geste  !  quel  œil  !  quel  cheveu  ^  !  Dans  sa  messe  de  Gran,  il  semble  que 
c'est  son  évangile  musical,  à  lui  Liszt,  qu'il  a  voulu  présenter  faisant 
face  au  véritable  2.  Dans  ses  oratorios  il  semble  que  tous  les  Pères  de 
l'Église  sont  là,  en  aréopage.  L'immensité  et  l'audace  de  son  vol  pla- 
nant étaient  telles  que  dans  deux  simples  morceaux  de  piano,  il  com- 
mente, illustre,  déduit,  et  prétend  symboliser  l'existence  et  l'œuvre 
de  deux  saints.  On  pourrait  presque  les  citer  comme  des  oratorios  sans 
texte.  Il  paraît  que,  pour  les  jouer,  il  se  faisait  entourer  de  plusieurs 
caisses  de  piano  ouvertes  dont  l'office  était  de  résonner  à  l'unisson 
du  sien  ! 

C'était  le  dompteur  au  milieu  des  fauves  ! 

Mais  toutes  ces  œuvres,  pour  sublimement  orgueilleuses  qu'elles 
soient,  procèdent  d'un  cerveau  dont  la  force  géniale  est  indiscutable, 
si  l'on  adapte  le  mot  génie  à  l'unique  faculté  d'invention,  indépen- 
damment de  la  valeur  de  forme  et  de  déduction  qui  seule  peut  créer 
une  école. 

Pour  Massenet,  c'est  autre  chose.  Si  jamais  fut  un  initiateur  entraî- 
nant, une  originalité  captivante,  telle  qu'il  ne  puisse  pas  écrire  quatre 
mesures  après  lesquelles  sa  signature  serait  nécessaire  pour  lui  en  attri- 
buer la  paternité,  c'est  bien  lui.  Et  avec  ce  don  merveilleux,  quelle 
habileté,  quelle  souplesse,  quelle  intelligence  et  quel  esprit  !  Mais  l'ob- 
jectif constant  du  théâtre  l'a  empêché,  hors  du  feu  de  la  rampe,  de 
modifier  son  style,  sa  mentalité,  tout  son  être.  Partout  il  est  Massenet, 
ce  qui  déjà  est  assez  glorieux,  mais  Massenet  pensant,  voyant,  sentant 
par  et  pour  le  théâtre. 

Aussi  les  deux  pages  qu'on  pourrait  appeler  religieuses  dans  son 
œuvre,  Eve  et  Maine-Magdeleine,  admirables  d'inspiration,  de  couleur 

1.  Sa  poitrine  disparaissait  sous  une  constellation  d'ordres  de  tous  les  pays  d'Eu- 
rope, jusqu'à  un  sabre  d'honneur  qu'il  passait  en  bandoulière  pour  s'asseoir  au 
clavier.  Ce  fut  lui  qui,  le  premier,  fit  des  tournées  avec  un  piano  à  queue,  espèce 
alors  presque  inconnue  dans  bien  des  villes;  et  l'auditoire  était,  dès  le  début,  surex- 
cité par  l'aspect  d'un  instrument  pesant  quatre  cents  kilos,  au  temps  des  diligences, 
devant  lequel  se  présentait  un  général  hongrois  !  Ce  fut  le  bluff  de  cette  époque  où 
l'on  faisait  personnellement  sa  réclame.  Aujourd'hui  la  publicité  a  changé,  sauf  pour 
quelques  violonistes  Absalons.  C'estl'impresario  qui  s'en  charge,  et  il  est  loisible  au 
virtuose  de  garder  les  allures  simples  d'une  individualité  bon  enfant. 

2.  Cette  exécution  de  la  messe  de  Gran,  à  Saint-Eustache,  fut  étonnante.  Liszt 
arriva  par  la  grande  porte,  attendu  par  le  clergé  et  les  suisses  et  fit  une  entrée  épis- 
copale  !  Après  toutes  ses  croix,  ses  plaques,  ses  cordons  et  ses  sabres,  il  n'avait  rien 
trouvé  de  mieux,  pour  étonner  encore,  que  de  revêtir  une  soutane,  ayant,  à  cette  fin, 
reçu  les  ordres  mineurs.  Et,  traversant  l'assistance,  il  esquissait  de  la  main,  de  cette 
main  qui  fit  tant  de  gammes  en  tierces,  des  gestes  discrets,  qui,  pour  un  peu,  eussent 
été  une  bénédiction.  Devant  lui,  un  enfant  de  choeur  portait  la  partition  monumen- 
tale, sur  papier  de  format  inconnu  ! 

Puis  il  alla  s'asseoir  sur  un  trône,  et,  de  cette  cathedra,  il  présida  l'exécution  de  sa 
messe  dirigée  par  Deldevez.  Ce  spectacle  inoubliable,  nous  l'avons  vu.  Et  tout  cela 
était  si  sincère  que  personne,  sur  le  moment,  ne  s'est  senti  ridicule.  Mais  le  lende- 
main, on  en  a  souri  I  et  le  surlendemam  le  parisianisme  gouailleur  reprenait  ses 
droits  I 


—   24    — 

et  de  charme,  veulent  être  des  oratorios,  mais  sont  des  partitions  échap- 
pées du  théâtre  et  n'ayant  pas  oubHé  où  se  trouve  l'entrée  des  artistes. 
Du  reste,  saint  Jean,  dans  Hérodiade,  n'a  pas  pu  se  décider  à  en  sortir  ! 

Certes,  Taudition  de  ces  ouvrages  vous  captive  au  dernier  point  ; 
c'est  vibrant,  exalté,  chatoyant  et  décoratif;  mais  on  ne  peut  s'empêcher 
de  trouver  qu'Eve  est  bien  parisienne  et  que  Marie-Madeleine  est  faible- 
ment calmée  pour  une  pécheresse  convertie. 

La  sensualité,  confinant  à  la  neurasthénie  moderne,  qui  se  dégage  de 
ces  œuvres,  tout  enveloppantes  qu'elles  soient,  donne  l'impression 
que  ces  personnages  bibliques  sont  plus  près  de  la  m3^thologie  que  des 
deux  Testaments,  que  leur  séjour  est  dans  l'Olympe  plutôt  qu'au  Para- 
dis. 

Le  succès  dont  elles  jouissent,  complètement  légitime  quant  à  la 
valeur  musicale,  de  premier  ordre  comme  tout  ce  qui  sort  de  cette 
plume,  estdû  aussiau  public,  auquel  ne  déplaît  pas  de  faire  de  la  religio- 
sité mondaine,  et  d'aller,  sous  prétexte  d'ascétisme,  écouter,  la  semaine 
sainte,  des  ouvrages  lui  donnant  du  théâtre,  tout  en  n'étant  pas  qualifiés 
«  spectacle  ». 

Si  donc  l'on  fait  discrètement  le  procès  de  paganisme  à  l'oratorio  de 
Massenet,  c'est  le  public,  en  fait,  qui  devrait  bien  plus  en  supporter  la 
critique.  Des  esprits  chagrins  diront  :  Il  a  tort  d'y  condescendre.  C'est 
facile  à  dire  ;  mais  pour  conseiller  à  un  compositeur,  tout  de  charme, 
d'élégance  et  d'amoureuse  sensualité,  de  devenir,  par  volonté,  austère, 
dogmatique  et  théologien,  autant  demander  à  une  jolie  femme  de 
n'être  pas  coquette,  dans  le  sens  le  plus  courtois   et   bienséant  du  mot. 

Un  jour  pourtant  Massenet,  dans  un  de  ses  plus  complets  chefs- 
d'œuvre,  à  notre  avis,  a  donné,  de  la  façon  la  plus  exquise  et  émotion- 
nante,  l'impression  du  mysticisme  monacal,  c'est  dans  le  Jongleur  de 
Notr^e-Dame.  Il  n'est  pas  possible  d'exprimer  d'une  manière  plus  déli- 
cieuse le  calme  attirant  du  cloître  ni  la  manifestation  de  la  foi  naïve  jus- 
qu'au sacrifice.  Mais  c'est  encore  du  théâtre,  et  du  meilleur  et  de  l'ex- 
cellent ;  et  si  cette  œuvre  est  à  ce  point  idéale,  c'est  peut-être  parce  qu'il 
n'y  a  pas  de  rôle  féminin.  Manon,  pénétrant  dans  ce  doux  monastère, 
en  eût  vite  fait  une  abbaye  de  Thélème  ! 

De  tous  les  compositeurs  cités  jusqu'ici,  à  part  ceux  de  la  première 
époque,  aucun  ne  s'est  livré  exclusivement  à  la  forme  de  l'oratorio. 

Ils  cultivèrent  également  la  composition  théâtrale,  ou  symphonique, 
ou  plus  intime,  comme  la  musique  de  chambre  ou  celle  de  clavecin. 

Bach  utilisa  toutes  les  formes  connues  en  son  temps,  sauf  pourtant  le 
théâtre,  lequel  occupe  une  grande  place  dans  l'œuvre  de  son  rival 
Hœndel.  Il  faut  arriver  jusqu'à  nos  jours  pour  retrouver  des  compo- 
siteurs n'écrivant,  comme  les  primitifs,  que  de  la  musique  sacrée.  Trois 
noms  figurent  en  première  ligne,  le  père  Hartmann,  Don  Lorenzo 
Perosi  et  Edgar  Tinel,  par  ordre  alphabétique. 

Chacun  symbolise  le  génie  de  sa  race.  Perosi  est  Italien,  Hartmann 
Hongrois,  Tinel  est  Flamand.  Si  ce  dernier  a  rénové  l'art  religieux  en 
Belgique,  il  s'adonna  néanmoins,  en  débutant,  à  la  composition  sym- 


2?    — 


phonique,  tandis  que  les  deux  autres  n'ont  jamais  écrit  autre  chose  que 
des  messes  ou  des  oratorios,  ainsi  que  les  maîtres  contrapointistes 
du  XVI®  siècle.  Il  est  vrai  qu'ils  sont  prêtres  l'un  et  l'autre.  Perosi  est 
abbé,  et  Hartmann  est  franciscain.  Perosi  est  le  plus  jeune  des  trois, 
et  aussi  celui  dont  le  nom  eut  le  plus  d'expansion;  c'est  par  lui  que 
nous  finirons. 

Edgar  Tinel  est  le  musicien  flamand  par  excellence.  Le  caractère 
religieux  de  son  œuvre  est  bien  celui  du  pays  qui  montre  dans  ses 
musées  et  cathédrales  V Agneau  de  Van  Eyck,  la  Mise  au  tombeau  de 
Quentin  Metzys  et  la  Châsse  de  Memling.  Comme  ces  peintres  primi- 
tifs qui  accouplaient  sur  leurs  toiles  l'invention  mystique  avec  la  repré- 
sentation rigoureuse  de  la  vie  qui  les  entourait,  Tinel  associe,  dans  ses 
oratorios,  les  légendes  flamandes,  naïves  et  populaires,  à  la  trame 
religieuse  de  son  sujet,  obtenant  ce  mélange,  toujours  si  attirant,  de 
métaphysique  expressive  et  de  localisme,  sans,  pour  cela,  se  servir  des 
moyens  convenus  du  théâtre  et  du  décor  pittoresque. 

Les  principales  œuvres  de  Tinel  sont  F  ranci  s  eu  s  ex.  Sainte  Godelieve. 
Ce  sont  des  oratorios  de  toute  beauté,  rappelant  les  grands  classiques 
par  la  sérénité  religieuse  de  leur  inspiration,  et,  en  même  temps, 
s'afïranchissant  des  entraves  pédagogiques  et  ne  renonçant  à  aucun 
système,  aucun  moyen,  aucun  procédé  contemporains. 

On  peut  dire  de  Tinel  qu'il  écrit  dans  le  style  que  les  grands  maîtres 
emploieraient  si,  renaissant  de  nos  jours,  ils  pliaient  leur  génie  aux  uti- 
lisations modernes  qu'ils  ne  pouvaient  concevoir  de  leur  temps. 

Chez  le  père  Hartmann,  la  plume  est  plus  austère  et  plus  traditiona- 
liste. Ses  compositions,  fortement  empreintes  de  cette  musicalité  hon- 
groise, brillante,  énergique  et  originale  dont  le  prototype,  l'exemple,  le 
prophète,  fut  Liszt,  n'eurent  pas  recours  à  l'adjonction  pittoresque  d'au- 
cune légende  locale.  En  cela  les  œuvres  du  père  Hartmann  s'adressent, 
moins  que  celles  de  Tinel,  au  sentiment  populaire  et  national  d'une  con- 
trée. Elles  sont  de  tous  les  pays.  Les  idées,  la  facture  et  le  style  en  sont 
très  particulièrement  intéressants,  les  développements  extrêmement 
ingénieux  et  l'orchestration  en  est  admirablement  adroite,  surtout 
comme  connaissance  du  quatuor  à  cordes,  avec  une  richesse  prime-sau- 
tière  de  timbres  et  une  utilisation  de  l'harmonie  des  plus  remarquables. 

Chez  Perosi,  c'est  le  don,  poussé  au  miracle,  de  la  sonorité,  de  la  belle 
et  instinctive  ordonnance  des  voix  et  des  instruments,  qui  fait  rendre  à 
une  exécution  tout  son  maximum  possible  d'effet.  En  cela  il  possède,  à 
un  suprême  degré,  le  génie  italien  prime-sautier,  coloré,  allant  droit  au 
point  saillant,  mais  de  façon  si  franche  et  si  spontanée  qu'il  en  résulte 
une  beauté  impressionnante  au  premier  titre. 

C'est  l'art  religieux  dans  sa  plus  complète  acception  pour  le  pays  du 
soleil,  sous  le  ciel  de  Veronèse  et  du  Titien  ! 

Tout  jeune  encore,  (il  est  à  peine  âgé  de  trente  ans),  ses  œuvres  sont 
connues  dans  les  deux  mondes  et  légitimement  appréciées.  Elles  suf- 
firaient déjà  à  la  gloire  d'un  artiste,  mais  la  plume  de  Perosi  est  trop 
alerte  et  fébrile  pour  s'arrêter  lorsqu'elle  peut  encore  ajouter,  à  l'œuvre 


—  2b  — 


déjà  réputée,  d'autres  pages  destinées  à  la  grandir  encore  et  la  faire  par- 
venir à  l'apogée. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  particulier  chez  Ms'""  Lorenzo,  c'est  son 
absolue  manifestation  d'art  italien  du  xix^  siècle  dans  une  forme  de 
composition  qui  semblerait  tout  d'abord  devoir,  par  principe,  s'y 
soustraire. 

Il  est  vrai  que,  par  l'utilisation  extrêmement  habile  de  la  mélodie  gré- 
gorienne et  de  ses  tonalités,  il  en  a  fait  un  art  qui,  tout  italien  qu'il  soit, 
devient  sous  sa  plume  éminemment  religieux. 

L'art  italien  prête,  en  effet,  essentiellement  à  la  musique  de  théâtre 
dont  Verdi  fut  le  maître  applaudi  et  justement  honoré.  Il  semble  que 
cet  art  doive  être  mal  à  Taise  pour  se  plier  à  l'expression  de  l'austérité 
religieuse.  Or  par  une  contradiction  qui  pourrait  être  fertile  en  déduc- 
tions, alors  que  beaucoup  d'Italiens,  compositeurs  pour  le  théâtre,  se 
mettaient  à  renoncer  à  leurs  qualités  instinctives  pour  chercher  à  s'in- 
corporer, sans  y  parvenir,  celles  de  la  nébuleuse  Allemagne,  c'est  à  ce 
moment  que  Perosi,  affirmatif  et  fier  de  sa  race,  produit  du  magnifique 
art  religieux  en  ne  demandant  qu'à  l'Italie  de  lui  fournir  son  inspira- 
tion. 

Et  l'œuvre  de  Perosi  aura  peut-être  cette  influence,  heureuse,  de 
faire  comprendre  à  ses  compatriotes,  quelle  que  soit  la  branche  d'art 
cultivée  par  eux,  qu'ils  ont  tout  à  perdre  à  douter  d'eux-mêmes,  et  à 
chercher  dans  les  productions  septentrionales,  si  sublimes  qu'elles  puis- 
sent être,  un  idéal  illusoire  où  se  noie  leur  génie. 

C'est  le  soleil  qui  fond  les  brumes,  et  les  vapeurs  incertaines,  toutes 
irisées  ou  chatoyantes  qu'elles  soient,  n'arrivent,  quand  il  s'égare 
parmi  elles,  qu'à  fausser  son  éclat. 

Nous  avons  promis,  non  de  remonter  au  déluge,  mais  de  revenir  à 
celui  de  Saint-Saëns,  et  nous  tenons  notre  promesse. 

La  forme  n'en  est  pas  celle  des  grands  oratorios.  Le  Déluge  est  plus 
près  de  la  symphonie  dramatique  que  de  cette  prière  collective  hors  du 
temple  définie  par  nous  plus  haut.  C'est  une  magistrale  fresque  musi- 
cale illustrant  la  Genèse.  Il  y  a,  dans  cette  œuvre  immense,  des  trou- 
vailles d'invention  devant  lesquelles  bien  d'autres,  même  les  ayant 
pressenties,  eussent  reculé  devant  la  difficulté  matérielle  de  la  réalisa- 
tion. 

Par  exemple,  ce  parti  pris  d'écrire  toute  la  première  partie,  avant  le 
cataclysme,  rien  qu'avec  les  instruments  à  cordes,  sans  pour  cela 
renoncer  à  aucune  polyphonie  orchestrale,  par  une  utilisation  étonnam- 
ment adroite  d'archets  solos  faisant  les  tenues.  C'est  à  ce  point  parfait 
qu'on  ne  s'en  aperçoit  pas  toujours  à  la  première  audition. 

Mais  dès  le  début  de  la  partie  suivante,  à  la  première  attaque  des 
cuivres,  quel  effet  et  quelle  sonorité  !  C'est  d'une  profonde  philosophie 
d'art  que  d'avoir  voulu  représenter  par  là  le  calme  et  la  pureté  du  monde 
antédiluvien. 

Puis,  pour  exprimer  le  déluge  lui-même,  combien,  et  non  des 
moindres,  auraient  déchaîné  toutes  les  sonorités  de  l'orchestre  aboutis- 


—    27   — 

sant  à  un  effondrement  gigantesque  pour  lequel  se  seraient  réunis  tous 
les  efforts  des  exécutants  époumonnés  !  Saint-Saëns,  avec  la  sûreté  et 
l'élévation  coutumières  de  sa  pensée,  ne  s'y  est  pas  trompé,  et  il  con- 
clut la  deuxième  partie  de  son  Déluge  par  plusieurs  pages  pianissimo, 
sereines,  en  calme  plat,  évoquant  la  vision  de  la  plaine  liquide  infinie, 
de  l'immensité  d'eau  qui,  n'a3'ant  plus  rien  à  détruire,  reprend  son 
niveau  immuable  sur  lequel  ne  déferle  plus  seulement  une  vague. 

Et  puis  la  dernière  partie,  Tépisode  de  l'arche,  et  la  renaissance  du 
monde.  Quelle  superbe  invention,  que  d'avoir  pris,  comme  thème  du 
chœur  final,  celui  du  déluge,  déjà  pressenti,  dans  l'ordre  de  Dieu  à 
Noé,  mais  d'un  déluge  diminué,  humanisé,  consolant,  reconnaissable 
encore,  comme  exprimant  que  le  monde  humain  devait,  in  aetermnn, 
garder  le  souvenir  de  la  catastrophe  qui  l'anéantit  un  jour  et  dont  il 
s'échappa,  grâce  à  la  colombe. 

Dans  son  Déluge,  Saint-Saëns  a  créé  de  pair  avec  les  grands  poètes  de 
toutes  les  époques,  et  c'est  sur  cette  œuvre  que  nous  considérons,  avec 
les  Béatitudes^  purs  échos,  celles-là,  des  splendeurs  célestes,  comme 
étant  deux  apogées  de  l'oratorio,  que  nous  terminerons  la  partie  chro- 
nologique de  cette  étude. 

F.  DE  La  Tombelle. 


La  Logique  du  Rythme  musical 


[Suite  et  fin.) 


XIII 


La  vieille  école  de  Solesmes  avait  sagement  établi  sa  rythmique  gré- 
gorienne sur  le  double  élément  fondamental  du  rythme  oratoire,  l'ac- 
cent et  les  divisions  de  la  phrase,    incises  et  kola. 

La  jeune  école  s'est  contentée  de  maintenir  ces  dernières  au  rang  de 
facteur  essentiel  et  a  relégué  l'accent  parmi  les  nuances  d'expression, 
puisque,  d'après  elle,  «  l'intensité  ne  crée  ni  la  mesure  ni  le 
rythme  ^  ». 

Dom  Mocquereau  croit  avoir  trouvé  deux  principes  primitifs,  généra- 
teurs bien  plus  vrais,  bien  plus  féconds  :  le  rythme  ternaire  iambiqué 
ou  inégal,  puis  le  rythmée  binaire  spondàique  ou  égal. 

De  plus,  par  un  singulier  phénomène,  l'individualité  de  ces  deux 
facteurs  disparaît  en  quelque  sorte,  pour  se  fondre  en  un  principe 
simple,  unique,  qui  est  «  la  forme,  l'àme  du  rythme,  le  rythme  lui- 
même  »,  et  ce  principe  créateur,  vivificateur,  c'est  Vélan  et  le  repos  de 
la  voix,  deux  éléments  qui  ne  font  qu'un,  qui  «  sont  unis  entre  eux 
d'une  réunion  indissoluble  -  ». 

Tel  est  le  dernier  mot  du  maître  au  sujet  de  la  génération  du  rj^thme, 
dans   son  ouvrage  officiel  récemment  mis  au  jour. 

Rien  d'étonnant,  en  vérité,  que  les  adversaires  de  l'école  bénédictine 
s'emparent  de  cette  théorie  pour  battre  en  brèche  celle  du  pur  rythme 
oratoire  grégorien. 

Aussi  avons-nous  à  répondre  à  une  dernière  objection  qui  naît  natu- 
rellement de  cette  divergence  d'enseignement. 

Pendant  près  de  vingt  ans,  l'école  de  Solesmes  nous  a  enseigné  à 
l'unisson  une  rythmique  grégorienne  fondée  sur  la  théorie  de  l'accent 
et  des  divisions  naturelles  de  la   phrase. 


1.  Le  Nombre  musical,  p.  5a. 

2.  Ibid.,  p.  52-53. 


—  29  - 

Depuis  dix  ans  environ,  une  nouvelle  école  s'est  formée  dans  son  sein 
avec  des  principes  divergents.  Où  est  la  vérité,  et,  dans  ces  conditions, 
la  loi  du  rythme  oratoire  peut-elle  s'imposer  à  la  mélodie  grégorienne 
avec  une  autorité  indiscutable  ? 

—  Oui,  répondrons-nous,  parce  que,  Dieu  aidant,  nous  espérons 
pouvoir  démontrer  que  les  principes  fondamentaux  de  l'école  néo- 
solesmienne  ne  reposent  sur  rien  de  solide,  rien  de  réel. 

Et  d'abord,  quoi  de  plus  nouveau  que  la  présentation  du  rythme 
ternaire  iambique  comme  facteur  primordial,  fondamental  du  rythme  ? 

C'est  ce  qui  vous  trompe,  répond  l'auteur  ;  rien  de  plus  ancien  que 
cette  théorie,  puisque  la  paternité  en  revient  à  Aristote  lui-même. 
Écoutez-le  plutôt  :  «  L'iambe,  'dit-il,  est  le  discours  ordinaire  ;  c'est 
naturellement  en  iambes  que  l'on  s'exprime.  »  [Rhét.,  III,  VIII.) 

Nous  avouons  que  pour  nous,  comme  pourbien  d'autres  sansdoute; 
ce  texte  est  tout  simplement  une  énigme.  Dès  lors  qu'Aristote  parle  ici 
de  discours,  c'est  bien  de  prose  qu'il  s'agit  et  non  de  poésie. 

Eh  bien,  nous  serions  vraiment  curieux  de  voir  une  page  de  littéra- 
ture grecque  ou  latine  conçue  dans  le  style  iambique  !  Non  moins  curieux 
d'entendre  un  orateur  ou  un  déclamateur  décomposer  en  iambes  le 
discours  grec  ou  latin  qu'il  voudrait  servir  au  public  !  Ce  genre  de 
déclamation  oratoire  aurait  au  moins  le  mérite  de  la  nouveauté  ! 

Etc'est  pourtant  sur  une  affirmation  aussi  énigmatique  que  Dom  Moc- 
quereau  s'appuie  comme  sur  un  roc!  Il  avait  son  idée  fixe,  sa  construc- 
tion rythmique  id^ilQ  a  priori,  il  fallait  bien  lui  décrocher  l'approbation 
de  quelque  rhéteur  ! 

N'insistons  pas  sur  la  question  d'autorité,  qui  nous  semble  de  peu  de 
valeur  en  la  circonstance  ;  attachons-nous  uniquement  à  l'étude  intrin- 
sèque du  principe  qu'énonce  le  savant  plain-chantiste,  à  savoir  que 
l'iambe,  avec  sa  brève  et  sa  longue,  est  «  le  rythme  primordial  »  i. 

i°La  relation  de  durée  entre  les  sons  suffit-elle  pour  créer  un  rythme 
parfait  ? 

Dom  Mocquereau  nous  l'affirme  catégoriquement,  mais  sans  le  prou- 
ver, suivant  sa  coutume,  quand  il  dit  d'une  part  que  «  l'intensité  ne 
crée  ni  le  rythme  ni  la  mesure  »,  et  de  l'autre,  que  «  l'iambe  est  le 
rythme  primordial  ». 

Nous  l'avons  suffisamment  démontré  dans  une  de  nos  leçons  précé- 
dentes, la  relation  de  durée  est  comme  un  agent  matériel  qui  a  pour 
effet  de  modeler,  de  ciseler  en  quelque  sorte  la  matière  sonore,  de  lui 
imprimer  une  forme  esthétique,  de  manière  à  constituer  ce  que  nous 
avons  appelé  par  analogie  le  corps  du  rythme. 

Quant  à  l'élément  vital.,  spirituel^  quant  à  Vâme,  il  faut  la  chercher 
ailleurs  ;  elle  ne  réside  que  dans  l'accent.  Accentus  anima  vocis. 

On  trouve  même  nombre  de  mélodies,  etnous  en  avons  cité  un  exem- 
ple, où  la  relation  de  durée  faisant  totalement  défaut,  c'està  l'accent  seul 
que  revient  alors    le  pouvoir  de  créer  et  le  corps  et  Vdme  du  rythme. 

I.  Le  Nombre  musical,  p.  45. 


—  3o  — 

Donc,  à  raison  de  sa  portée  universelle  jointe  à  sa  vertu  vivificatrice, 
l'accent  doit  être  considéré  comme  le  premier  générateur  du  rythme, 
tandis  que  la  relation  de  du?~ée,  agent  purement  matériel,  ne  pouvant 
produire  qu'un  rythme  imparfait,  un  rythme  doué  d'un  corps,  mais 
privé  d'âme,  ne  peut  prétendre  qu'à  un  rôle  secondaire,  bien  qu'émi- 
nent,  dans  la  production  de  cet  élément  mâle  de  la  musique. 

D'où  vient  alors  laméprise  de  Fauteur  du  Nombre  musical  grégorien  ? 
De  ce  qu'en  réalisant  au  moyen  de  la  voix  une  formule  élémentaire 
comme  celle-ci  :  J^  J,  il  fait  de  l'accentuation  sans  s'en  apercevoir  et 
qu^il  attribue  injustement  à  la  relation  de  durée  la  meilleure  part  de 
l'effet  rythmique  produit  par  le  rapport  d'intensité.  La  preuve,  nous  la 
trouvons  dans  ses  propres  paroles  :  «  La  brève,  dit-il,  paraît  un  début, 
un  point  de  départ,  un  élan,  elle  semble  animée,  vivante  ^.  » 

Tout  cela,  en  vérité,  n'implique-t-il  pas  l'accentuation  ? 

Un  son  peut-il  être  vivant,  animé,  si  on  le  produit  mollement,  sans 
coup  d'archet,  sans  accent  ? 

L'éminent  prieur  de  Solesmes  ne  réfléchit  pas  que  l'accentuation  est 
un  besoin  impérieux  de  notre  sens  rythmique  plus  encore  que  l'emploi 
des  valeurs  relatives  de  durée,  et  qu'il  faut  se  surveiller,  se  faire  vio- 
lence en  quelque  sorte,  pour  s'y  soustraire.  Qu'on  s'applique  donc  à  réa- 
liser-soi-même  ce  mouvement  iambique  ^  J,  sans  le  concours  de  l'ac- 
cent, et  l'on  verra  clairement  que  l'effet  produit  sur  l'oreille  n'est  que 
celui  d'un  rythme  sans  vie,  sans  élan,  sans  âme,  d'un  rythme  simple- 
ment ébauché,  imparfait,  tel  que  sait  en  créer  la  relation  de  durée,  aban- 
donnée à  ses  propres  ressources. 

2°  La  relation  de  durée  spéciale  à  l'iambe  tient-elle  le  premier  rang 
parmi  les  agents  matériels  qui  contribuent  à  la  formation  du  corps 
rythmique  ?  Est-elle  sur  ce  point  l'élément  primordial  et  fonda- 
mental ? 

Il  nous  suffit  d'un  coup  d'oeil  d'ensemble  pour  pouvoir  affirmer  sans 
hésitation  que,  dans  la  musique  moderne  comme  dans  le  plain-chant, 
l'iambe  n'a  point  droit  de  primordialité  parmi  les  éléments  matériels  du 
rythme  et  que  les  autres  pieds  s'y  rencontrent  au  même  titre.  C'est  un 
fait  que  la  musique  moderne  a  emprunté  la  partie  matérielle  de  sa 
rythmique  à  la  métrique  d'Aristoxène.  Mais  personne  jusque-là  n'avait 
affirmé  que  l'iambe  en  était  l'élément  jL7r/77ZorcT(/67/. 

Qui  ait  primordial  dit  :  «  quelque  chose  servant    d'origine  au  reste.   » 

C'est  Littré  qui  nous  l'enseigne.  Or,  comment  l'iambe  (w_)  pourrait- 
il  donner  le  jour  au  pyrrhique  (^v^),  au  trochée  (_w),  au  dactyle  (-^w),  au 
spondée  (__)  et  à  bien  d'autres  pieds  reposant  surdes  combinaisons  mé- 
triques inverses  ou  différentes  ? 

Pourquoi  l'iambe  serait-il  le  rythme  primordial  ?  Serait-ce  en  vertu 
d'une  priorité  d'origine  ?  Aurait-il  eu  l'honneur  et  l'avantage  de  sortir 
le  premier  du  cerveau  d'Aristoxène  ?  En  vérité,  cela  importerait  peu. 
Serait-ce  parce  qu'il  constitue  une  des  formes  les  plus  simples  du  corps 

I.  Le  Nombre  musical,  p.  45. 


rythmique  ?  Sur  ce  terrain,  c'est  assurément  le  pyrrhique  (w^)  qui  tient 
le  record. 

En  dépit  de  son  cachet  de  simpHcité,  l'iambe  est  et  sera  toujours  un 
composé  des  deux  éléments  primordiaux  de  la  métrique,  les  seuls  qui 
aient  un  droit  réel  à  ce  qualificatif,  nous  voulons  dire  la  brève  et  la  longue^ 
et,  comme  tel,  l'iambe,  n'a  pas  plus  de  privilège  que  le  trochée,  le  dactyle^ 
V anapeste  e\.  le?  autres. 

Chaque  pied  reposant  sur  une  combinaison  spéciale  de  la  brève  et 
de  la  longue  ou  de  l'une  des  deux,  forme  une  entité  rythmique  propre, 
indépendante,  autonome;  en  conséquence,  la  question  de  primordialité 
ne  saurait  se  poser  sur  ce  point. 

Fort  bien,  dira-t-on;  mais  n'est-ce  pas  cependant  l'iambe  qui  adonné 
naissance  à  notre  genre  de  rythme  à  trois  temps  ? 

—  Et  vous  croyez  que  le  trochée  n'y  a  pas  eu  sa  part  ? 

Écoutez  donc  l'éminent  philologue  musical  qu'est  J.  Combarieu  : 

«  Le  genre  à  trois  temps  chez  les  anciens,  dit-il,  comprenait  les  pieds 
suivants  :  l'iambe  (o--)  et  le  trochée  (_w),  La  résolution  de  la  longue 
dans  l'un  et  l'autre  cas  produisait  un  tribraque  [■^•^J).  » 

Mais  est-ce  donc  là  le  seul  module  usité  dans  le  rythme  mesuré  ? 
Écoutez  encore  le  savant  auteur  :  «  Les  anciens  avaient  également  le 
genre  à  quatre  temps  formé  des  pieds  suivants  :  le  dact3''le  {-^■^),  l'ana- 
peste {^^-)  et  le  spondée  ( — )  K 

Vous  paraît-il,  j.usque-là,  que  l'iambe  joue  un  rôle  exclusif  de  géné- 
rateur dans  le  rythme  musical  ? 

Voyons  donc  maintenant  ce  qui  se  passe  au  sujet  du  même  pied 
dans  la  mélopée  grégorienne.  Son  sort  y  est  plutôt  piteux  ;  car  en  ad- 
mettant le  fait  de  l'intervention  de  la  métrique  en  un  certain  nombre 
de  pièces  à  chant  neumé,  il  faut  feuilleter  des  pages  et  des  pages  avant 
d'avoir  la  chance  de  tomber  sur  quelque  trace  d'iambe  ;  tandis  que  le 
trochée^  le  pyrrhique^  le  tribraque  et  les  péons  y  sont  largement  repré- 
sentés etcomposentdans  ces  pièces  latrame  ordinairedu tissu  rythmique. 

Mais  où  notre  déception  monte  à  son  comble,  c'est  en  considérant  la 
série  d'exercices  de  vocalisation  que  Dom  Mocquereau  a  inventés  pour 
apprendre  à  l'élève  le  mécanisme  des  formules  grégoriennes. 

Là,  nous  mettons  au  défi  l'homme  le  plus  clairvoyant  du  monde  de 
découvrir  le  moindre  vestige  d'iambe^  puisque  les  neumes  dont  il  use 
sont  formés  d'une  succession  de  notes  égales,  sauf  la  dernière  de  chaque 
incise  et  divisés  en  sections  de  deux,  de  trois  et  même  de  quatre  sons. 
Jugez-en  plutôt  par  l'échantillon  suivant  -  : 


^^-. 


Evidemment,  l'auteur  ne  s'est  plus  souvenu   de  son  principe  fonda- 
mental quand  il  a  écrit  sa  série  d'exercices, 

1.  Théorie  du  Rythme,  p.  Sg. 

2.  Le  Nombre  musical^^.  414. 


Mais,  pardon,  nous  semblons  oublier  nous-même  qu'après  avoir 
traité  du  rythme  inégal  iambique  (  ,^  J  )  et  nous  l'avoir  exposé  comme 
le  rythme  primordial,  DomMocquereau  nous  parle  ensuite  d'un  rythme 
égal  on  spondaïque  (  J^  J^  ),  qu'il  nous  présente  comme  la  réduction 
du  premier  ^.  Et  voilà  maintenant  que  le  rythme,  qui  reposait  essentiel- 
lement sur  l'inégalité  des  durées  et  principalement  sur  la  valeur  quan- 
titative de  l'iambe,  subit  une  métamorphose  et  ne  s'appuie  plus  que 
sur  des  valeurs  égales.  Mais  si  l'inégalité  dans  la  durée  est  l'essence 
même  du  rythme,  comme  l'a  affirmé  le  docte  plain-chantiste,  dites-moi 
donc  à  présent  le  moyen  de  concevoir  cette  essence  soumise  à  la  loi 
d'égalité  ?  Le  savant  prieur  de  Solesmes  a  plus  d'une  corde  à  son  arc  et 
n'est  jamais  pris  au  dépourvu,  même  quand  il  s'agit  «  de  concilier  des 
inconciliables  ». 

«  Il  faut,  dit-il,  appliquer  à  ces  rythmes  égaux  les  principes  qui  ont  été 
déjà  décrits  ;  donner  de  la  vie,  de  l'animation,  de  l'élan  au  premier 
temps,  et  au  second  un  allongement,  si  minime  soit-il,  ou  au  moins  le 
sentiment  d'un  temps  de  repos  provisoire,  d'un  simple  temps  d'appui-.» 

Que  l'ingénieux  auteur  nous  dise  donc  enfin  à  quel  élément  nous  de- 
vons recourir  pour  donner  de  la  vie,  de  l'animation  au  premier  temps, 
puisque,  dans  sa  théorie,  l'accent  est  impito3'ablement  écarté  comme 
facteur  r3^thmique.  Et  cet  allongement,  si  minime  qu'il  soit,  comment 
peut-on  le  concevoir  dans  les  sections  intermédiaires  de  neumes  comme 
ci-dessus  et  comment  le  pratiquer  sans  rompre  l'unité  de  la  formule  ? 
Et  ce  temps  d'appui,  comment  la  voix  peut-elle  le  réaliser  sans  une 
impulsion  quelconque,  c'est-à-dire  sans  le   secours  de  l'accent  ? 

Dom  Mocquereau  a  prévu  toutes  ces  difficultés,  et  pour  les  trancher 
d'une  façon  radicale,  il  opère  une  seconde  métamorphose,  qui  consiste  à 
réduire  ces  deux  principes  en  un  seul^  lequel,  après  lui,  est  Vessence  et 
la  quintessence  même  du  rythme,  Vélan  et  le  î^eposde  la  voix. 

Il  faut  vraiment  avoir  de  la  souplesse  d'esprit  pour  suivre  l'auteur 
dans  toutes  ses  volte-face  ! 

«  Ce  mouvement  unique,  dit-il,  avec  son  début  et  sa  fin,  son  élan  et 
son  repos,  est  l'élément  essentiel  et  en  même  temps  le  moins  matériel  du 
rythme,  par  suite  le  plus  difficile  non  pas  à  saisir,  mais  à  expliquer  ^.  » 

D'après  cette,  théorie,*  il  suffit  donc  d'avoir  un  début  et  une  fin  de 
mouvement,  c'est-à-dire  un  premier  et  un  dernier  son,  pour  posséder 
l'essence  du  rythme? 

Voyons,  expliquons-nous  simplement,  autant  que  possible  sans  mé- 
taphore et  sans  figure,  afin  de  couper  court  à  toute  équivoque. 

Supposons  que  la  voix  émette  une  succession  de  sons  comme  la  sui- 
vante : 


1.  Le  Nombre  musical,  p.  5o. 

2.  Nous  protestons,  au  nom  de  la  métrique,  contre  l'application  du  mot  spondée  à 
un  rythme    composé  de    deux  brèves   prosodiques  (     h      h    )  ;   il  n'y    a    là    qu'un 

pyrrhique  pur  et  simple.  Le  spondée  ( )  renferme  quatre  unités  de  temps  ou  brèves 

au  lieu  de  deux. 

3.  Le' Nombre  musical,  p.  5o. 


—  33^ 


Ex.   I.  Ex.  2.  Ex.  3.  , 


fe=:«^— JÉrzij— d=3— iÉ=]]=iÉ=:rt-]— JÉ- 
Ta    la,:. 

Le  premier  exemple  nous  donne  une  série  de  sons  égaux,  juxtapo- 
sés, incohérents,  émis  dans  une  parfaite  indépendance  les  uns  des 
autres. 

Dans  les  2®  et  3"  exemples,  ils  sont  groupés  symétriquement,  sur  le 
papier;  sans  doute,  c'est  un  soulagement  pour  l'oeil,  mais  assurément 
de  nul  effet  sur  l'oreille.  Seule  la  voix  guidée  par  le  sens  musical  a  le 
pouvoir  d'établir  dans  cette  série  de  sons  une  ordonnance,  une  symétrie, 
un  groupement  proportionnel  que  la  vue  ne  saisit  pas  et  qui  est  exclu- 
sivement perçu  par  l'ouïe. 

Mais  alors,  quel  sera  donc  le  procédé  employé  par  la  voix  pour  grou- 
per symétriquement  une  file  de  sons  égaux,  où  n'intervient  point  la 
relation  de  durée  ?  Il  s'agit  de  faire  sentir  à  l'oreille  le  groupement  des 
sons  établis  pour  l'oeil  dans  les  exemples  2  et  3. 

Dom  Mocquereau  nous  dira  :  Y  élan  de  la  voix  sur  la  première  note, 
son  i^epos  sur  la  seconde  de  chaque  division,  et  voilà  le  r3^thme  créé 
dans  son  essence.  Et  cet  élan  et  ce  repos,  en  quoi  consistent-ils?  C'est  bien 
simple,  regardez  la  figure  117,  à  la  page  log  du  Nombre  musical  gré- 
gorien :  «  Une  balle  posée  à  terre  est  au  repos  ;  mais  dès  que  le  coup 
[ictus)  de  crosse  l'a  soulevée  et  projetée  en  l'air,  elle  entre  en  mouve- 
ment, elle  s'élance,  s'élève,  puis  fléchit  et  retombe  ;  mais  le  coup  même 
qui  l'arrête  en  sa  chute  la  relance  et  la  conduit  à  une  nouvelle  chute  ; 
ainsi  d'élans  en  élans,  de  chutes  en  chutes  jusqu'à  la  dernière,  l'impul- 
sion première  du  coup  de  crosse  et  celle  des  /c/z/5  successifs  s'épuisant 
progressivement,  la  balle  atteint  enfin  son  repos  définitif»  ^ . 

Et  c'est  là  vraiment  l'image  du  mécanisme  de  la  voix  quand  elle  crée 
une  série  de  mouvements  à  l'unisson  comme  ceux-ci  : 


alors  elle  s'élance,  s'élève,  puis  fléchitet  tombe  pour  s'élancer  à  nouveau, 
etc..  ? 

Et  c'est  là  vraiment  l'image  du  rythme  qui,  suivant  la  théorie  de 
Dom  Mocquereau  lui-même,  est  étranger  aux  ondulations  de  la  mélodie 
et  dont  la  ligne  d'activité  est  simplement  horizontale  ? 

Où  trouver  ces  étranges  évolutions  r\^thmiques  ailleurs  que  da  s 
l'imagination  de  l'auteur?  Quel  est  donc,  en  effet,  ce  terrain  sur  lequel  la 
voix  évolue  comme  la  balle,  en  élans  et  en  chutes  ?  —  C'est  celui  de 
l'élément  sonore  que  vous  voyez  là  représenté  sur  le  papier.  —  Mais 
l'élément  sonore,  c'est  la  voix,  et  celle-ci  évolue  donc  sur  elle-même  ?  A 
moins  qu'on  ne  prenne  la  notation  pour  un  terrain  réel  et  vivant,  ser- 
vant de  champ  de  manœuvre  à  l'organe  vocal,  ce  qui  serait  un  comble  I 

i.  Le  Nombre  musical,  p.  108. 


-  34  -     ■ 

Et  quand  il  exécuterait  sans  le  secours  de  la  notation,  sur  quoi  évolue- 
rait-il alors  ?  On  se  demande  naturellement  qui  a  pu  donner  à  l'illus- 
tre théoricien  l'idée  d'une  comparaison  qui  est  sûrement  aux  anti- 
podes des  phénomènes  vocaux  en  matière  de  rythmes  Voici  la  clef  du 
mystère. 

Il  y  a  quelques  années,  au  moment  de  la  polémique  qui  se  déroula 
si  curieusement  dans  le  London  Tablet  à  propos  de  la  rythmique 
néo-solesmienne  et  à  laquelle  nous  eûmes  quelque  part,  nous  fûmes 
amené  à  dire  qu'à  force  de  décrire  dans  l'espace  des  mouvements  de 
levé  et  de  baissé,  l'imagination  du  Maître  s'était  tellement  frappée  qu'il 
avait  fini  par  avoir  la  claire  vision  de  la  voix  s'élevant  et  s'abaissant  avec 
le  geste,  et  par  confondre  le  mouvement  horiiontal  du  rythme  avec  le 
procédé  vei^tical  de  la  mesure.  Nous  ne  nous  étions  pas  trompé,  puis- 
que son  ouvrage  officiel  le  hJomhre  musical  gi^égorien,  le  proclame 
d'un  bout  à  l'autre. 

Il  l'a  réellement  composé  en  entier  sous  l'influence  de  cette  illusion, 
témoin  toutes  les  ondulations  chironomiques  qui  surmontent  chacun 
des  exemples  et  qu'il  affirme  répondre  exactement  aux  ondulations 
rythmiques. 

De  cette  illusion  singulière,  le  Maître  et  les  disciples  ne  reviendront 
jamais, quand  même  on  les  condamnerait,  sous  peine  d'excommunication 
ipso  facto,  à  exécuter  désormais  les  mélodies  grégoriennes  les  mains 
derrière  le  dos.  En  effet,  cette  gymnastique  de  la  mesure  s'est  si  forte- 
ment imprimée  dans  leur  esprit  que  leur  tête  s'est  changée  en  un  métro- 
nome vivant,  et  cela  à  tel  point  qu'on  ne  peut  exécuter  devant  eux  une 
succession  quelconque  sans  que,  sous  prétexte  de  créer  le  rythme,  ils 
la  décomposent  mentalement  au  fur  et  à  mesure  en  levés  et  en  baissés, 
en  élans  et  en  repos^  comme  il  nous  a  été  donné  d'en  faire  maintes  fois 
l'expérience  !  Et  ce  qu'il  y  a  déplus  incroyable,  c'est  que  cette  formation 
artificielle,  mécanique,  métronomique,  qui  est  le  fruit  d'un  usage  cons- 
tant et  irréfléchi  de  la  mesure,  nos  braves  théoriciens  la  regardent 
comme  un  attribut  naturel  du  génie  musical,  constituant  le  sens  ryth- 
mique lui-même,  que  dis-je,  comme  «  le  rythme  vivant  à  l'intérieur  ». 
Quel  est  donc  en  réalité  le  phénomène  vocal  qui  se  produit  dans  la  réa- 
lisation rythmique  d'une  suite  de  mouvements  binaires,  tels  que  les 
exemples  2  et  3  nous  les  représentent  sur  le  papier?  Faites  abstraction 
de  toute  idée  de  mesure,  de  levés  et  de  baissés,  puis  écoutez  simple- 
ment la  voix  qui  émet  suivant  les  pures  lois  du  rythme  cette  série  de 
groupes  binaires.  Que  percevez-vous  ?  une  alternative  de  sons  forts  et 
de  sons  faibles,  de  contractions  et  de  détentes,  comme  en  produit  le 
ressort  de  la  montre,  et  tout  cela  en  vertu  du  seul  fait  de  l'accentuation 
qui,  supprimée,  ne  laisse  plus  que  des  sons  isolés,  incohérents,  anti- 
rythmiques. Et  ce  phénomène,  nous  le  figurons  ainsi: 


-  35  — 

Nous  défions  n'importe  qui  de  donner  à  cette  série  de  sons  égaux  une 
forme  rythmique,  réellement  perceptible  à  l'oreille,  où  Taccent  ne  figure 
pas  comme  facteur  essentiel  et  unique.  Et  voilà  que  Dom  Mocquereau, 
après  avoir  répudié  l'accent  comme  générateur  du  rythme,  se  fait  fort 
d'imprimer  à  cette  ligne  de  sons  un  sens  rythmique  au  ni oy en  de  son 
principe  d'élans  et  de  ?-epos.  En  vérité,  y  a-t-il  là  autre  chose  qu'une 
confusion  d'idées  produite  par  une  confusion  de  termes  ? 

Écoutez  son  exécution,  elle  est  de  tout  point  semblable  à  la  nôtre  ; 
il  fait  de  l'accentuation  ainsi  que  nous,  mais  comme,  suivant  une  habi- 
tude invincible,  il  accompagne  son  chant  de  force  gestes  de  levés  et  de 
baissés,  son  esprit  fasciné  par  cette  mimique  ne  peut  s'empêcher  de 
reporter  sur  la  voix  l'effet  produit  par  l'élan  et  le  repos  de  la  main,  de 
sorte  que,  pour  lui, les  phénomènes  vocaux  de  contraction  et  de  détente, 
qui  dans  le  cas  présent  sont  les  seuls  faits  rythmiques,  s'effacent  entiè- 
rement devant  ceux  du  geste  ! 

Que  l'illustre  théoricien  se  serve  tant  qu'il  voudra  de  ces  deux  mois 
élan  et  j^epos  à  titre  de  métaphore  et  de  s3/-mbole  ;  mais  qu'il  ne  vienne 
pas  nous  affirmer  que  ces  deux  termes  appliqués  au  rythme  répondent  à 
quelque  chose  d'aussi  réel,  d'aussi  objectif  que  la  durée^  Vacuité^  le 
timbre  du  son... 

En  conséquence,  les  termes  d'appui.,  de  touchement,  qui  ont  eu  tant 
de  succès,  n'ont  pas  plus  de  vérité  dans  la  circonstance.  En  effet,  un 
appui,  un  touchement,  ne  suppose-t-il  pas  nécessairement  un  double 
élément  ac^f/'etjcass//,  l'un  qui  s'appuie  et  touche,  l'autre  qui  est  appuyé 
et  touché?  Or,  encore  une  fois,  comment  la  voix,  ce  phénomène  imma- 
tériel, invisible,  qui  n'est  assurément  pas  distinct  du  son,  pourrait-elle 
réaliser  cette  merveille  de  s'appuyer  sur  elle-même  ? 

Oui,  mais  il  y  a  Vicius,  le  fameux  zc/i/s  dont  le  sens  mystérieux  a  pi- 
qué la  curiosité  de  tant  de  gens  sans  avoir  pu  souvent  la  satisfaire. 

Uictiis,  d'après  les  néo-solesmiens,  n'est  pas  autre  chose  que  l'ap- 
pui et  le  touchement  dont  nous  venons  de  parler. 

Ictus  vient  du  mot  latin  «  icere  »  qui  signifie  frapper,  donner  un 
coup. 

La  vieille  école  de  Solesmes  l'appliquait  par  analogie  et  avec  beau- 
coup de  sens  au  coup  de  voix,  à  l'accent.  La  jeune  école,  qui  se  pique, 
en  nombre  de  points,  de  ne  pas  penser  comme  son  aînée,  l'identifie  avec 
le  frappé  de  la  main  ou  du  pied,  de  sorte  que  ce  mot,  qui  répondait  au- 
paravant à  un  fait  de  rythme  musical  objectif,  ne  répond  plus  mainte- 
nant qu'à  un  effet  de  geste  absolument  facultatif  et  qui  n'est  assurément 
pas  du  domaine  de  l'oreille.  Et  c'est  au  moyen  de  V ictus  ainsi  entendu, 
que  Dom  Mocquereau  divise  la  phrase  grégorienne  en  sections  de  deux 
et  de  trois.  Aussi  pouvons-nous  dire  en  toute  assurance  que  l'auteur  du 
Nombre  musical  grégorien,  par  l'effet  d'une  illusion  inexplicable, 
fait  de  la  mesure  du  commencement  à  la  fin  de  son  Traité,  tout  en 
croyant  sincèrement  faire  du  rythme. 

«  Il  ne  croit  pas  à  la  mesure  en  soi,  il  la  considère  comme  un  moyen 
«  d'exécution  qui  peut  coïncider  ou  non  avec  le  membre  r3''thmique. 


-   36  — 

«  qui  dans  tous  les  cas  s'en  distingue  :  or,  par  une  inconséquence  s4n- 
«  gulière,  il  croit  aux  ictus,  lesquels  ne  sont  que  les  jalons  puérils  de  la 
«  mesure  mal  entendue  ^  ». 

C'est  ainsi  que  s'expriment  MM.  Emmanuel  et  Gastoué  dans  une  sa- 
vante et  judicieuse  critique  du  livre  en  question. 

D'ailleurs  Dom  Mocquereau  se  trahit  lui-même  dans  ses  paroles  et 
dans  ses  procédés  qui  nous  révèlent  la  confusion  flagrante  qu'il  fait  de 
rythme  et  mesure. 

Il  enseigne,  et  avec  raison,  qu  élan  et  repos,  levé  et  frappé,  c'est  luiuni 
et  idem.  . 

«  Changer  dans  une  mélodie  la  place  régulière  des  élans  et  du  repos. 
«  dit-il,  ou,  pour  parler  à  la  manière  moderne,  la  place  des  levés  et  des 
«  frappés,  c'est  la  bouleverser.  Reculez  ou  avancez  les  barres  de  me- 
«  sure  dans  une. pièce  de  Beethoven,  de  Mozart,  de  Wagner,  tout  sera 
«  saccagé.  Rien  donc  de  plus  réel  que  l'élan  et  le  repos  des  sons  2  ». 

Et  nous  affirmons  à  notre  tour  que  rien  n'est  moins  vrai  et  moins 
réel. 

Puisque,  d'après  l'auteur,  élan  et  repos,  levé  et  frappé,  ne  sont  qu'une 
même  chose,  ce  que  nous  ne  contesterons  pas,  il  va  nous  suffire  de  dé- 
montrer l'inanité,  l'impuissance  de  ces  derniers  à  l'égard  du  rythme 
pour  que  la  théorie  des  élans  et  des  repos  s'en  aille  en  fumée. 

Faisons  donc  l'expérience  sur  la  phrase  de  Beethoven  déjà  exploitée, 
du  prétendu  bouleversement  et  désastre  rythmique  qu'entraîne  le  chan- 
gement de  place  des  levés  et  des  frappés. 

La  voici  d'abord  telle  que  le  grand  compositeur  l'a  mesurée  lui-même 
avec  le  jeu  d'accents  que  nous  y  ajoutons  pour  donner  plus  de  préci- 
sion à  la  démonstration  : 


^=^g^g^g?^g!FgËÉggËg^p^^-^£^! 


Changeons  maintenant  la  place  des  levés  et  des  frappés  comme  suit  : 


Quel  bouleversement  cette  nouvelle  disposition  des  barres  de  rriesure 
a-t-elle  donc  opéré  ?  Aucun  dans  la  mélodie,  bien  entendu  Mais  dans 
le  r3^thme  ?  Le  premier  groupe  ternaire,  qui  était  au  frappé,  se  trouve 
maintenant  au  levé  ;  le  second,  qui  était  au  levé,  coïncide  présentement 
avec  le  frappé,  et  ainsi  de  suite.  Sans  doute,  c'est  une  modification  dans 
l'impression  de  l'œil  soit  vis-à-vis  du  geste,  soit  vis-à-vis  de  la  no- 
tation, mais  qu'en  est-il  pour  l'oreille  ?  Rien,  absolument  rien,  car  en 
dépit  du  changement  de  coïncidence  que  nous  venons  de  signaler,  le 
jeu  du  temps  fort    est  resté  le  même  et  par    conséquent  le    rythme    n'a 

1.  La  Tribune  de  Saint-Gervais,  nov.  igo8,  p.  262. 

2.  Le  Nombre  musical,  p.  49. 


-  -V  — 

rien  souffert  dans  son  objectivité.  Et  quelle  intiuence  physique,  maté- 
rielle, le  geste  pourrait-il  avoir  sur  le  son  ? 

Le  seuldommage  qui  résulte  de  cette  perturbation  graphique,  c'est 
la  gaucherie  de  mimique  qu'elle  entraîne,  puisqu'elle  fait  terminer  la 
main  ou  le  pied  en  l'air. 

Voilà  donc  à  quoi  se  réduit  tout  ce  bouleversement  qui  émeut  si  fort 
Dom  Mocquereau  ! 

Il  est  à  croire  que  Beethoven  lui-même  en  eût  fait  moins  de  cas  ! 
Que  ressort-il  donc  de  cette  démonstration  ?  Simplement  ceci  : 

Les  levés  et  les  frappés^  abstraction  faite  des  temps  forts  officiels,  bien 
entendu,  nont  aucune  action  j-ythmique^  puisque  leur  déplacement  ne  nio- 
dijîe  en  rien  l impression  de  r oreille. 

Or,  d'après  la  théorie  du  prieur  de  Solesmes,  levé  et  frappé,  élan  et 
repos.,  ne  forment  qu'une  seule  et  même  chose.  Concluons  que  le  pou- 
voir rythmique  de  ces  derniers  est  tout  aussi  vain  et  imaginaire. 

Est-il  assez  évident  que,  croyant  faire  du  rythme,  le  grand  plain-chan- 
tistene.  réussit,  avec  son  principe  <X élan-repos.^  qu'à  faire  de  la  mesure?' 

Il  suffit  pourtant  d'un  instant  de  réflexion  pour  comprendre  que  les 
phénomènes  qui  regardent  la  vue,  comme  le  levé  et  le  baissé  de  la 
main,  et  ceux  qui  concernent  l'ouïe,  comme  une  succession  de  sons 
musicaux,  constituent  deux  ordres  de  choses  essentiellement  différents 
qui  peuvent  s'accompagner,  mais  ne  sauraient  se  compénétrer,  ni,  à  plus 
forte  raison,  devenir  une  même  entité. 

Abbé  C.  Marcetteau; 

• 

A'.  B.  —  Notre  distingué  collaborateur,  M.  l'abbé  G.  Marcetteau,  nous  a  promis 
une  «  conclusion  »  qui  résumera,  en  quelques  pages,  la  remarquable  série  d'études 
qu'il  donne  ici  depuis  l'an  dernier.  Cette  conclusion  paraîtra  dans  le  tirage  à  part 
que  nous  annonçons  dès  aujourd'hui  de  ces  articles,  sous  le  titre  :  La  logique  du 
rythme  musical,  et  seront  spécialement  dédiés  aux  Grands  Séminaires. 


PETITE    CORRESPONDANCE 


N.  B.  —  //  est  répondu  dans  cette  7'ubrique  aux  demandes  de  renseignements  suscep- 
tibles d'intéresser  nos  lecteurs.  La  réponse  sera  donnée  ici  même,  sauf  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  une  réponse  personnelle. 

En  raison  des  nombreuses  demandes  de  renseignements  qui  nous  sont  adressées  par 
nos  abonnés  ou  autres  personnes,  il  ne  nous  sera  possible  de  répondre  personnellement 
désormais  qu'aux  lettres  qui  contiendront  o  fr.  3o  en  timbres-poste. 

Dans  cette  rubrique,  nous  insérerons  volontiers  au  titre  Demandes  les  questions  qui 
nous  seront  envoyées  par  nos  abonnés.  Les  personnes  autres  voudront  bien,  pour  frais 
d'insertion,  joindre  o  fr.  3o  à  leur  demande. 


Demandes! 

Nous  recevons  de  M.  Diderot,  à  Draveil  (Seine-et-Oise),  l'intéressant  renseigne- 
ment qui  suit  : 

«  En  visitant  l'église  de  Villeneuve-Saint-Georges  (Seine-et-Oise),  j'ai  lu  sur  le 
sifflet  d'un  tuyau  d'orgue  l'inscription  suivante  : 

MM.  les  Administrateurs... 

de  l'église  Saint-Jean... 

...  Gervais,  François 

Couperin,  organiste. 

«  Quelqu'un  pourrait-il  me  donner  une  explication,  par  la  voie  de  la  Tribune  ? 
Nous  renvoyons  cette  demande  à  notre  ami  M.  Pirro,  qui  certainement  éclaircira 
ce  point. 

Réponses. 

M.  G.  Fournier.  —  Le  choix  de  chants  religieux  de  MM.  les  abbés  Brune,  dans 
leurs  diverses  collections,  a  été  fait  dans  un  très  bon  esprit.  11  y  a  lieu  de  se  méfier 
des  pièces  religieuses  mises  sous  les  noms  de  Haydn,  Himmel,  Mendelssohn  ou 
Mozart  ;  à  part  le  célèbre  Ave  verum  de  Mozart,  ÏAve  Maria  et  le  Tu  es  Petrus  de 
Mendelssohn,  la  plupart  des  autres  œuvres  sont  supposées,  ou  adaptées  à  des 
compositions  profanes.  Les  compositions  de  MM.  Perruchot  et  Chérion  sont  très 
bonnes. 

M.  Poujol  de  Lavit.  —  Le  Dies  irae  est  presque  sûrement  dû  au  cardinal  francis- 
cain Thomas  de  Celano,  poète  liturgique  du  xiii^  siècle.  L'œuvre  originale  se  ter- 
mine aux  mots  Gère  curam  mei  finis.  Le  reste  est  une  addition  dont  vous  trouverez 
les  raisons  dans  «  Etudes  Franciscaines  »  (Paris,  Poussielgue,  ipoS). 

M.  Victor  D...  —  Non,  certainement,  on  ne  peut  pas  considérer  comme  pouvant 
être  jouées  à  l'église  certaines  marches  de  théâtre,  même  lorsqu'elles  sont  dites  reli- 


-  39  - 

gieuses,  comme  celles  d'Alcesle,  de  Gluck,  de  la  Flûte  enchantée,  de  Mozart  ;  ces 
pièces,  pour  belles  qu'elles  soient,  sont  en  effet  intimement  liées  à  l'action  scénique, 
où  elles  accompagnent  les  évolutions  des  prêtres  d'Apollon  ou  d'Isis  et  leurs  panto- 
mimes sacrées.  Elles  ne  peuvent  pas  trouver  place  à  l'église,  parle  rappel  nécessaire 
qu'elles  donnent  du  théâtre.  De  même  la  prière  du  Freyschïtt^,  etc. 

La  question  que  vous  nous  posez  sur  la  marche  dite  des  Rois  amène  une  réponse 
différente.  Si  Bizet  l'a  traitée  (non  pas  d'ailleurs  comme  action  scénique,  mais  comme 
intermède),  il  a  pris  là  purement  et  simplement  un  noël  populaire  provençal,  dont 
la  mélodie  est  connue  comme  telle.  Lully  est-il,  comme  on  le  prétend,  l'auteur  de 
cet  air  ?  C'est  possible,  sans  être  certain,  mais  cet  air  était  déjà  très  connu  en  Pro- 
vence dans  les  premières  années  du  xviiie  siècle,  sous  le  nom  de  Marche  du  régi- 
ment de  Tiirenne. 

M.  Aug,  Buisson  (Marseille).  —  Oui,  la  version  authentique  des  messes  de 
Du  Mont  est  celle  qu'ont  publiée,  d'abord  M.  Guilmant,  avec  harmonisation,  puis 
M.  Gastoué.  La  version  qu'ont  cru  devoir  donner  les  bénédictins  n'est  qu'un  arran- 
gement moderne,  que  nous  regrettons  d'être  amenés  à  déplorer.  Musicalement,  ce 
dernier  arrangement  nous  paraît  sans  valeur,  tandis  qu'au  contraire  l'œuvre  origi- 
nale de  Du  Mont,  avec  laquelle  concorde  d'ailleurs  l'ensemble  de  la  tradition  popu- 
laire, —  a  son  caractère  particulier  et  une  certaine  grandeur. 

Sur  les  caractéristiques  de  ce  qu'on  appelait  autrefois  le  «  plain-chant  musical  », 
vous  pouvez  lire  l'avertissement  placé  en  tête  de  la  petite  plaquette  sur  la  messe 
royale  du  ler  ton,  de  M.  Gastoué. 

Pour  la  troisième  question,  savoir  quelles  sont  «  les  vues  de  Rome  »  sur  ce  sujet, 
elles  sont  bien  simples.  Le  Pape,  en  restaurant  le  chant  grégorien,  n'a  pas  entendu 
par  là  obliger  de  ramener  à  ce  chant  toutes  les  pièces  de  musique  qui  y  ressemble- 
raient quelque  peu.  A  ce  compte-là,  il  faudrait  chanter  à  la'  grégorienne  les  chorals 
de  Bach  ou  les  psaumes  du  xvie  siècle  :  ce  serait  ridicule.  D'ailleurs,  c'est  à  peu  près 
ce  que  Pie  X  a  répondu  récemment  à  Mgr  Péchenard,  évêque  de  Soissons,  qui  l'in- 
terrogeait sur  la  question.  Les  messes  de  Du  Mont  appartiennent  à  un  genre  de  mu- 
sique aussi  populaire  en  France  que  le  sont  en  Allemagne  les  chorals  :  personne  n'a 
jamais  eu  l'idée  de  grégorianiser  ceux-ci.  Chantons  donc  Du  Mont  tel  qu'il  est 
écrit. 


^^^  iSf^^^  -C^^b  -^^"^ 


Nouvelles  Publications  du  Bureau  d'Édition 


REPERTOIRE  MODERNE 


SERIE  VOCALE  : 

N°  1 14.  Inyiolata  à  2  voix  égales,  par  le  Dr  Wagner.  —  N"  1 15.  Credo  à  4  voix 
mixtes  pour  alterner  avec  le  chant  des  fidèles  {Credo  des  Anges),  par  Amédée 
Gastoué.  —  N°  116.  Les  quatre  antiennes  à  la  très  sainte  Vierge  à  2  voix 
égales  {Aima  Redemptoris  Mater  ;  Ave,  Regina  caelnnim  ;  Regina  caeli,  laetare  ; 
Salve,  Regina),  par  l'abbé  G.  Boyer.  —  117.  In  dominica  Resurrectionis,  à 
4  voix  inégales  et  orgue,  J.  Vai.dès.  —  118.  O  salutaris  Hostia,  à  l'unisson  ou 
à  4  voix  mixtes  avec  orgue  ou  harmonium,  A.  Le  Guennant.  —  120.  Ego  sum 
panis,  à  trois  voix  mixtes,  avec  orgue  ad  libitum,  par  Léon  Saint-Requier.  — 
121.  Messe  dite  «  des  Anges  »,  arrangée  pour  deux  voix  mixtes  et  un  chœur  popu- 
laire, par  M.  Is  Gh.  Perruchot.  —  122.  Ave  Maria  à  4  voix  mixtes,  par  Victor 
Fumet.  —  i23.  Messe  de  mariage,  dédiée  à  S.  S.  Pie  X,  pour  soli,  chœur  et 
orgue  {Deiis  Israël  ;  Relinquet  homo  ;  0  salutaris  Hostia;   U.xor  tua),  par  Arthur 

GOQUARD. 

Ges  ouvrages,  que  recommande  assc  z  le  nom  de  leurs  auteurs,  ajoutent  un  nouveau 
cycle  de  pièces  pratiques  au  répertoire  moderne,  et  empreintes  du  plus  pur  esprit 
liturgique.  M.  Valdès  affectionne  le  dialogue  entre  le  chœur  et  l'orgue  ;  l'accompa- 
gnement commente  habilement  le  texte  liturgique  et  l'écriture  vocale  est  d'une 
belle  sonorité.  Gette  composition  illustre  musicalement  toute  la  séquence  Victimae 
paschali.  Quelle  que  soit  la  beauté  de  la  musique,  nous  avouons  préférer  à  toute 
polyphonie  l'incomparable,  la  toute  belle  mélodie  liturgique.  Le  Credo  de  M.  Gas- 
toué et  la  messe  de  M.  Perruchot  proposent  un  exemple  intéressant  de  la  musique 
contrapontique  alternée  avec  le  plain-chant,  problème  qui  ne  laisse  pas  d'être  très 
délicat  à  résoudre,  en  raison  des  tendances  contraires  des  deux  styles.  L'O  salutaris 
Hostia,  nouvelle  composition  du  maître  de  chapelle  de  Saint-Nicolas  à  Nantes,  est 
d'un  caractère  recueilli,  non  dénuée  d'expression,  et  bien  écrite  pour  les  voix. 

Le  texte  du  motet  de  M.  Saint-.Requier,  directeur  de  la  Société  Palestrina,  est 
emprunté  à  un  répons  du  IL'-  nocturne  de  la  Fête-Dieu.  La  forme  musicale  est  inté- 
ressante :  le  choral  du  début  deviendra  en  diminution  la  mélodie  de  V Alléluia  final. 
Sur  les  paroles  :  si  quis  manducaverit  panem  hune,  un  unisson  expressif  qui  se 
développe  ensuite  en  style  fugué.  Ce  motet  a  sa  place  toute  trouvée  au  moment  de 
la- communion  et  dans  les  cérémonies  d'adoration  perpétuelle. 

L'Ave  Maria  de  V.  Fumet  est  une  sorte  de  choral  fleuri.  La  ligne  mélodique 
s'inspire  rythmiquement  de  la  souplesse  des  mélodies  grégoriennes  ;  dans  ce  mor- 
ceau tout  est  volontairement  calme  et  recueilli,  toute  expression  est  adoucie,  et 
même  Vet  in  hora  mortis  nostrae  ;  d'oia  une  impression  de  grisaille  qui  ne  manque 
pas  de  poésie. 


—  4'    - 

La  Messe  de  mariage  de  M.  Arthur  Coquard,  dédiée  à  S.  S.  Pie  X,  est  d'un 
sentiment  musical  résolument  moderne. 

Les  textes  sont  tirés  de  la  messe  pro  sponso  et  sponsa.  L'œuvre  comprend 
4  parties  :  i.  L'introït  :  Deiis  Israël  ..  2.  L'offertoire,  dont  le  texte  est  emprunté  à 
l'Evangile  selon  saint  Marc  (ch.  x)  :  Relinquet  homo  patrevi  et  matrem.  3.  O  saluta- 
ris  (à  4  voix  sans  accompagnement).  4.  Alléluia.  Le  texte  est  celui  du  graduel  delà 
messe  de  mariage  :  Uxor  tiiasicut  vitis  abundans...  avec  comme  refrain:  Alléluia  î 

Cette  messe  est  une  des  très  rares  oeuvres  composées  expressément  pour  un 
mariage  :  empruntant  toute  son  inspiration  aux  textes  liturgiques,  les  illustrant 
d'une  musique  originale,  affranchie  de  toute  influence  étrangère,  et  formant  un  tout 
complet  ;  c'est  donc  une  œuvre  très  intéressante  à  plus  d'un  titre. 

La  couleur  harmonique  n'y  fait,  certes,  pas  défaut,  et  la  mélodie  est  dessinée  avec 
fermeté,  mais  non  sans  charme.  Parfois,  certains  accents  très  expressifs,  mais  ici 
autorisés  par  le  texte.  Il  y  a  plusieurs  modulations  fort  heureuses  et  d'un  grand 
effet  :  tel  le  passage  subit  du  mineur  au  majeur,  au  Gloria  Patri  de  l'introït,  et  dans 
l'offertoire,  la  modulation  en  solb  (fal^  majeur)  contrastant  avec  la  tonalité  de  la, 
SUT  ces  mots  :  Sacra7iientum  Jwc  magnum...  U Alléluia  est  fort  séduisant  avec  sa 
vive  couleur  et  ses  rythmes  de  cloches  nuptiales.  C'est  une  page  ensoleillée,  par- 
faitement de  circonstance. 

Félix  R.\ugel. 

CHANT  POPULAIRE  : 

Noëls  anciens,  ler   fascicule  ;  publiés  par  A.    Gastouk,  avec  remise  en   partition, 
réalisation  de  la  basse  continue  et    accompagnement  ;  in-4°  de  lô  pages,  2  fr,  5o. 

Ce  is""  cahier  renferme  des  noëls  des  xvi«,  xviie  et  xvine  siècles,  avec  leurs  textes 
originaux,  —  l'orthographe  est  toutefois  moderne  et  certains  tours  de  langage 
vieillis  ont  été  légèrement  modifiés,  —  les  mélodies  sont  tirées  du  recueil  des  Jé- 
suites de  1623,  de  recueils  du  xvie  siècle,  et  du  premier  et  du  deuxième  livre  de 
Noëls  et  cantiques  spirituels  d'Auxcousteaux  \  parus,  le  premier,  d'après  une  note 
de  Sébastien  de  Brossard  (p.  162  de  son  catalogue  manuscrii),  «  en  i653  ou  54  »,  et 
le  deuxième  en  i655. 

l'armi  tous  ces  cantiques  plusieurs  sont  harmonisés  à  4  voix  mixtes  pour  être 
chnntés  a  cappella,  mais  tous  ont  un  accompagnement  pour  l'exécution  à  l'unisson. 

M.  Gastoué  a  écrit  des  accompagnements  dans  le  goût  de  l'époque  et  a  utilisé 
chaque  fois  qu'il  les  a  retrouvées  les  basses  dt  s  autturs,  pour  en  offrir  une  simple 
réalisation. 

Ce  recueil  de  noëls  a  donc  l'avantage  d'être  à  la  fois  un  document  musicologique, 
en  même  temps  qu'un  parfait  modèle  de  chant  populaire. 

C'est  la  première  fois  que,  depuis  les  Ballard,  Anus  Auxcouteaux  est  réédité  ;  nous 
allons  donc  nous  efforcer  de  rappeler  quelques  traits  de  sa  physionomie  portraic- 
turée  pyr  Gantez  dans  son  Entretien  des  musiciens,  et  Sébastien  de  Brossard, 
mai  re  de  chapel'e  des  calhédrales  de  Strasbourg  et  de  Meaux,  dans  ses  papiers 
inédits  ^. 

Arthur  Auxcousteaux  (f  .656)  fut  élève  de  Bournonville,  puis  chantre  à  la  cathé- 
drale de  Noyon,  ensuite  maître  de  chapelle  à  la  collégiale  de  Saint-Quentin  et  à  la 
cathédrale  d'Amiens,  enfin  maître  de  musique  de  la  Sainte-Chapelle. 

Auxcousteaux  fut  apprécié  de  son  temps  et  tint  le  premier  rang  parmi  les  com- 
positeurs de  musique  d'église  ;  il  a  laissé  des  cantiques,  des  psaunies  à  4,  3  et 
6  voix,  des  messes  et  une  collection  de  faux-bourdons  pour  tous  les  tons  du  Magni- 

1.  Bibl.  nat.  Res.  Vm  '  19g.  les  deux  recueils  sont  reliés  avec  3  autres  d'auteurs  dififé- 
reiiis. 

2.  I  f.  le  «  Catalogue  des  livres  de  musique  théorique  et  pratiique,  vocalle  et  instrumen- 
tait-, tant  imprimée  que  manuscripte,  qui  sont  dans  le  cabinet  du  S""  Sébas'ien  de  Bros- 
sard, chanoine  d^  Me-aux.  »  Bibl.  nat.  et  Michel  Brenet,  (Vofes  sur  Sébastien  de  Brossard, 
prêtre,  compositeur,  écrivain  et  bibliophile,  d'après  ses  papiers  inéJits. 


—  42  - 

ficat.  Il  a  mis  aussi  en  musique  les  Quaù-ains  de  Mathieu  à  3  voix,  et  les  a  dédiés  au 
premier  président  Mathieu  Mole,  garde  des  sceaux  de  France,  «  la  bonté- duquel  il 
éprouvait  [disait-il  dans  sa  préface]  tous  les  jours,  dans  la  conservation  de  sa  petite 
fortune  et  de  son  honneur  ». 

Dans  sa  27*  lettre,  Gantez  parle  ainsi  de  lui  :  «  Celuy  que  j'ay  trouvé  en  ce  pais  le 
plus  agréable  en  la  musique,  c'est  Veillot,  maistre  de  Nostre-Dame,  et  celuy  que 
j'ay  rencontré  le  plus  grave  en  la  sienne,  c'est  Péchon,  maistre  de  Saint-Germain  ; 
mais  Haut- Cousteau,  maistre  de  la  Saincte-Chapelle,  fait  parfaictement  les  deux  ; 
car,  encore  qu'on  die  qu'il  ne  tient  ceste  maistrise  qu'à  la  faveur  du  i^^  Président, 
on  doit  pourtant  dire  qu'il  n'a  que  ce  qu'il  méritte,  et  qu'on  scait  bien  que  nous 
sommes  en  un  siècle,  que  bon  droit  a  besoin  d'ayde,  joint  que  si  celuy  qui  l'a 
protégé  n'estoit  pas  grand  homme  de  bien,  ne  favoriseroit  pas  un  homme  inca- 
pable... Mais  de  quelle  façon  que  ce  soit,  je  vous  asseure  qu'ils  sont  tous  trois,  je 
veux  dire  tretous  de  braves  gens,  puisqu'il  y  a  plus  (proche  deux)  de  quoy  apprendre 
que  de  quoy  prendre,  car  sur  ma  foy  ils  ne  donnent  rien,  et  à  ce  que  je  voy,  on 
n'attache  pas  dans  Paris  les  chiens  avec  des  saucisses  comme  l'on  m'avait  fait 
accroire...  Mais  pour  ne  me  pas  esloigner  de  mon  subject  je  vous  diray  que  les 
Picards  en  ce  pais  icy  sont  les  plus  estimés  en  la  composition.  »  Auxcousteaux  était 
et  resta  toujours  ung  franc  picard,  ainsi  qu'en  témoigne  de  Brossard  :  «  J'ay  ouï 
dire,  au  reste,  par  le  feu  S''  Christophe  Ballard,  dont  le  Père  a  imprimé  beau- 
coup de  la  musique  de  cet  auteur,  que  c'estoit  un  pédant  fieffé,  qui  ne  vouloit 
suivre  que  sa  teste  »,  et  plus  loin  :  «  au  reste,  pour  avoir  vielly  de  8  ou  10  ans,  il 
n'en  estoit  pas  moins  costique  ny  moins  mordant.  Il  y  a  un  avertissement  au  com- 
mencement de  cet  ouvrage^  où,  après  avoir  parlé  des  modes,  il  ne  peut  s'empescher 
de  critiquer  les  musiciens  de  son  tems,  et  il  prétend  que  leurs  ouvrages  doivent 
uniquement  leur  réputation  aux  belles  voix  qui  les  exécutent...  »  Nous  arrêterons  là 
ces  citations  à  propos  de  quelques  cantiques,  espérant  qu'elles  intéresseront  ceux 
qui  pensent  que  rien  n'est  indifférent  du  caractère  ou  de  la  vie  d'un  auteur  ^ncien, 
pour  s'aider  à  le  comprendre  ou  l'aimer  ;  il  y  a  quelquefois  plus  d'art  dans  un  petit 
cantique  tout  simple  :  charmante  pâquerette,  ou  sombre  violette  des  champs,  que 
dans  un  motet  pompeux  et  retentissant. 

FÉLIX  Raugel. 


SÉRIE  U ORGUE  : 

Recueil  pour  harmonium,  Dix  pièces  de  différents  styles,  René  Vierne. 

I.  Entrée  {ut  majeur).  —  2.  Prélude  funèbre  (ut  mineur).  —  3.  Prière  {ré  \,  ).  — 
4.  Prélude  fugué  [ut  ^^  mineur). —  5.  Sortie  (ré  majeur).  —  6.  Postlude  {ré  mineur)._ 
—  7.  Caprice  [mi  ^,  ).  —  8.  Absoute  [mi  \,  mineur).  —  9.  Pastorale  [mi  majeur).  —  i  o. 
Camfona  {mi  mineur). 

Ce  premier  fascicule  de  la  collection  de  pièces  pour  harmonium  fera  désirer  l'appa- 
rition du  suivant.  L'auteur  continuera  à  parcourir  le  cycle  des  tonalités,  et  ce 
recueil  si  pratique  aura  sa  place  à  côté  des  recueils  similaires  de  César  Franck, 
Gigout,  Tournemire,  Boëllmann. 

M.  Vierne  y  affirme  de  nouveau  d'une  manière  fort  intéressante-  sa  fine  et  dis- 
tinguée nature  artistique.  Art  raffiné  mais  non  précieux.  Le  Prélude  fugué,  la  Pas- 
torale (sur  l'antienne  Asperges  me),  la  Cancana,  sont  de  fort  beaux  morceaux  d'une 
note  bien  personnelle.  Dans  quelques  pièces  une  note  un  peu  bien  «  franckiste  »  ; 
mais  est-ce  bien  là  un  reproche  ?  Quel  est  l'auteur  qui,  prenant  conscience  de  ses 
forces,  n'a  pas  trahi  ses  «  affinités  électives  »  ?  Est-il  permis  de  conseiller  à  l'auteur 
de  boire  de  nouveau  à  la  source  grégorienne  qui  l'a  déjà  si  heureusement  inspiré 
(versets  pour  les  vêpres  du  commun  des  saints)  ? 

Marche  nuptiale  pour  grand  orgue,  de  Jean  Cras  (28),  d'allure  solennelle,  peut- 

T.  SuittcJe  l^  I  prrtie  d^s  Quatrains  de  M.  Mathieu,  chez  BalUrd,  i652. 


-  43  - 

être  un  peu  uniforme,  —  l'auteur  indique  [8»  basse]  dans  les  passages  de  force;  nous 
pensons  que  c'est  une  erreur,  car  l'absorption  formidable  des  basses  produirait  à 
l'orgue  un  balbutiement  de  ténèbres  énormes,  destructeur  de  la  pensée^musicale. 

Interludes  grégoriens  de  M.  Pineau,  pour  le  Magnificat  du  i"  ton,  pour 
harmonium  ou  orgue  sans  pédales. 

Encore  une  série  qui  devrait  s'additionner  de  sept  autres.  Ces  pièces  faciles, 
simples,  rigoureusement  grégoriennes  dans  la  tonalité  et  de-ci  de-là  dans  la  ligne 
mélodique,  fort  habilement  écrites,  sont  un  exemple  d'art  sobre  et  «  à  sa  place  », 
concourant  parfaitement  au  but  poursuivi. 

Félix   Raugel. 


^iysti^k0kmk0kmk0^i^k^s0ms^éimm^mkmkmkmimm^mmim 


BIBLIOGRAPHIE 


F.  DE  La  ToMBEf.LE  t  Les  Sept  Paroles  de  N.-S.  Jésus-Christ,  paraphrases 
pour  grand  orgue,  chœurs  et  soli  alternés  ;  texte  latin  de  Tabbé  Jarry.  Partition 
in-4°  de  87  pages,  net,  12  fr.  Partition  vocale  seule,  1  fr.  5o  net.  Biton,  éditeur, 
Saint-Laurent-sur-Sèvre,  Vendée.  En  dépôt  au  Bureau  d'édition  de  la  Schola. 

Les  Sept  Paroles  du  Christ  en  croix  sont  un  sujet  qui,  depuis  Schûtz  au  moins,  a 
tenté  à  diverses  reprises  les  musiciens.  Le  bel  oratorio  du  P.  Hartmann,  dont  M.  de 
La  Tombelle  rendait  compte  ici  même  Tan  dernier,  est  le  dernier  venu  en  date,  et 
paraissait  à  peu  près  en  même  temps  que  l'œuvre  aujourd'hui  analysée  dans  ces 
pages.  C'est  dire  que  nous  sommes  un  peu  en  retard  pour  en  parler:  mais  la 
prochaine  célébration  des  offices  de  la  Passion  sera  notre  excuse,  de  faire  con- 
naître cette  composition  assez  à  temps  pour  ea  préparer  l'exécution. 

Je  ne  ferai  pas  ici  l'histoire  musicale  des  Sept  Paroles,  —  ce  serait  tentant  cepen- 
dant, —  autrement  que  pour  en  faire  remarquer  les  genres  que  se  sont  partagés  les 
compositeurs. 

Schùtz,  le  premier,  à  ma  connaissance,  qui  ait  traité  ce  sujet,  l'a  conçu  en  soli 
dont  le  texte  est  découpé  dans  l'Evangile,  et  qui  se  suivent  ;  par  deux  fois  seulement, 
le  quatuor  vocal  apparaît  dans  le  centre  de  l'œuvre.  Un.  chœur  d'entrée  et  une 
symphonie,  une  autre  symphojiie  et  un  chœur  final,  complètent  cet  ensemble  *.  Au 
siècle  suivant,  un  chanoine  espagnol  suggère  à  Haydn  d'écrire,  pour  traduire  chaque 
parole,  des  pièces  instrumentales  destinées  à  paraphraser  les  paroles  du  prédicateur. 
Haydn  les  conçut  comme  des  «  sonates  »  symphoniques,  accompagnées  d'un 
«  tremblement  de  terre  »,  et  il  fut  tout  étonné,  quelques  années  plus  tard,  d'entendre 
des  chœurs  adaptés  à  ses  symphonies,  chœurs  que  lui-même  remania  pai  la  suite. 
Plus  tard,  Gounod,  à  ses  débuts  comme  maître  de  chapelle  des  Missions  étrangères, 
écrivit,  en  suivant  rigoureusement  le  texte  sacré,  sept  motets  à  quatre  voix,  a 
cappella,  simples  pastiches  du  genre  palestrinien.  Puis,  brochant  sur  le  tout,  il  y  a 
les  Sept  Paroles  en  forme  u'oratorio,  souvent  plus  que  théâtral,  et  dont  les  exemples 
sont  innombrables. 

M.  F.  de  La  Tombelle  a  voulu,  dans  sa  composition,  résumer  les  caractéristiques 
de  ces  diverses  formes.  Son  œuvre  est  ainsi  conçue  :  pour  chaque  parole,  un  chant 
assez  court,  écrit  sur  un  texte  latin  en  vers  saphiques,  est  confié  tantôt  au  chœur, 
tantôt  aux  soli.  11  y  a  ainsi  successivement  un  chœur  à  trois  mixtes  (genre  pales- 
trinieij),  un  à  quatre  voix  (choral),  un  solo  de  baryton,  un  unisson  de  voix  d'enfants 
(en  style  grégorien),  un  chœur  à  quatre  voix  d'hommes,  un  solo  de  soprano,  un 
chœur  mixte.  Chacune  de  .ces  petites  pièces  vocales  est  suivie  d'une  «  paraphrase  » 
du  grand  orgue.  Un  chœur  d'entrée  et  un  de  sortie  préparent  et  concluent  l'œuvre. 

Les  Sept  Paroles  de  M.  de  La  Tombelle  ont  ainsi  cet  avantage  pratique  d'offrir 
soit  aux  organistes  qui  n'ont  pas  de  chœur  à  leur  disposition,  soit  aux  maîtrises  qui 
manquent  de  grandes  orgues,  des  pièces  instrumentales  ou  des  motets  qui,  rattachés 
dans  un  ensemble  par  le  sujet  et  les  thèmes,  peuvent  cependant  en  être  détachés. 
La  partie  d'orgue  demande  un  bon  organiste  au  courant  des  pièces  modernes  :  les 
pièces  vocales  sont  à  la  portée  de  toutes  les  maîtrises  ordinaires. 

A.  Gastoué. 

I.  Il  y  a  une  édition   pratique  des   Sept  Paroles  de  Schûtz   dans  l'édition  Capra  (texte 
atin^  partition,  5  fr.,  paities  vocales  et  insirumentales,  chacune,  o  fr.  40  (port  en  isus). 


-  45   - 

Nouveautés  grégoriennes,  Graduale  Sacrosanctae  Romanae Ecclesiae,  etc.,  repro- 
duction de  l'édition  Vaticane,  éd.  in-12  sur  papier  indien  ;  Dessain,  éditeur  à 
Malines.  Dépôt  à  Paris,  chez  Magnin.  rue  Honoré-Chevalier.  —  OJficium  pro 
defunctis,  même  édition  '. 

L'édition  Dessain,  que  nous  regrettons  de  ne  pas  avoir  connue  plus  tôt,  est  cer- 
tainement, parmi  les  éditions  complètes  du  chant  Vatican,  la  plus  pratique.  Malgré 
un  format  extrêmement  réduit,  le  type  adopté  pour  les  caractères  la  rend  très 
lisible,  et  très  digne  d'être  recommandée  pour  l'usage  des  chœurs.  La  même  maison 
a  publié  également   le  graduel    complet   sur    papier   plus   ordinaire,    et   les    divers . 

extraits  susceptibles  d'être  demandés  pour  la  pratique  des  maîtrises. 

H.  N. 

Officium  fro  defunctis,  édition  Schwann.  Ti  ;  gr.  in-S^)  ;  2  fr.  70. 

Suite  des  belles  publications  grégoriennes  de  la  maison  Schwann,  cet  office  des 
morts  en  grand  format  est  très  beau.  Des  leitres  en  caractères  gras  ou  soulignés 
indiquent  les  points  de  départ  des  cadences  psalmodiques. 

Congrès  grégorien  des  Sables-d'Olonne,  compte  rendu,  un  beau  vol.  in-S°-de 
278  pages  et  i5  phototypies  hors  texte,  papier  de  luxe,  couverture  artistique, 
net,  2  fr.  ;  2  fr.  5o  franco.  Chez  M.  l'abbé  Méfray,  28,  rue  Nationale,  les  Sables- 
d'Olonne,  ou  au  Bureau  d'édition  de  la  Schola. 

Ce  volume,  dont  nous  avons  annoncé  l'impression  récemment,  est  en  vente  main- 
tenant. En  dehors  des  souscripteurs  et  des  congressistes,  ce  volume  est  du  plus 
haut  intérêt  pour  le  mouvement  grégorien  ;  il  intéresse  tous  les  professeurs  de 
chant  d'église  et  les  maîtres  de  chapelle. 

Gh.-G.  Simon  :  Discours  prononcé  à  l'occasion  des  noces  d'or  sacerdotales  de 
M.  R.  du  Botneau.  Luçon,  imprimerie  Pacteau,  in-12  de  3o  pages. 

Ce  discours  est  aussi  un  document,  puisqu'il  est  consacré  à  l'un  des  plus  ardents 
apôtres  de  la  pratique  grégorienne,  Mgr  du  Botneau,  archiprêtre  des  Sables- 
d'Olonne.  Il  renferme  de  fort  beaux  aperçus  sur  la  musique  d'église  (nous  en  don- 
nerons des  extraits  dans  la  Tribune),  et  complète  utilement  le  volume  plus  haut 
annoncé. 

Abbé  A.  Vigourel  :  La  Liturgie  et  la  vie  chrétienne,  in-80  de  504  pages.  Paris, 
Lethielleux. 

Ce  livre,  bien  que  destiné  à  alimenter  la  piété  chrétienne,  sera  encore  des  mieux 
accueillis  par  tous  ceux  qui  s'intéressent  au  chant  d'église.  Le  chant  religieux 
n'est-il  pas  l'un  des  principaux  adjuvants  de  la  piété  ?  Aussi,  l'étude  des  pièces 
chantées,  antiennes,  répons,  hymnes,  etc.,  tient-elle  dans  cet  excellent  livre  la 
place  qui  lui  revient  de  droit.  Des  traductions,  des  notions  historiques,  V explication 
mystique  des  chants,  rappellent  l'enseignement  de  Dom  Guérange.r,  cependant  que 
le  plan  suit  à  la  fois  les  «  Exercices  »  de  saint  Ignace. 

M.  l'abbé  Vigourel,  s'inspirant  des  anciens  auteurs,  a  tenté,  et  fort  heureusement 
réalisé,  une  traduction  française  des  hymnes  pouvant  être  chantée  sur  la  mélodie 
liturgique  du  texte  latin  :  nous  citerons  ce  passage  du  Veni  creator  : 

N'es-tu  pas  le  consolateir, 
Du  Très-Haut  le  précieux  don, 
Kau  vive,  leu,  brûlan;e  ardeur, 
Spirituelle  et  douce  onction  ? 

et  cet  autre  du  Verbum  supernum  : 

Il  naît  pour  habiter  chez  nous. 
Il  naange  et  se  fait  aliment. 
Il  meurt  et  nous  rachète  tous, 
11  règne  :  au  Ciel  il  nous  attend. 

I.  On  peut  deman 'cr  cette  édition,  avec  son  catalogue  spécial,  au  Bureau  d'édition  de 
la  Schola. 


-  46  - 

Julien  Tiersot  :  Gluck  (collection  des  Maîtres  de  la  musique).  Alcan,  éditeur, 
io8,  boulevard  St-Germain,  Paris,  3  fr.  5o. 

Gluck  est  un  maître  aimé  à  la  Schola,  et  cet  ouvrage  ne  pourra  qu'être  bienvenu 
parmi  nous.  M.  Tiersot  a  suivi  pas  à  pas  la  carrière  et  l'œuvre  de  cet  admirable 
penseur,  et  relève  très  heureusement  l'éclosion  progressive  de  son  génie.  La  nou- 
veauté du  volume  est  la  curieuse  étude  de  la  première  partie  de  la  vie  de  Gluck, 
quand  le  futur  auteur  dCOrphée  et  âCIphigénie  composait  surtout  des  opéras 
comiques,  tels  que  l'Ile  de  Merlin  ou  V Ivrogne  corrigé  :  M.  Tiersot  en  donne 
d'amusants  extraits. 

Adolphe  Jullien  :  Reyer  (collection  des  Musiciens  célèbres).  Henri  Laurens, 
éditeur,  6,  rue  de  Tournon,  Paris,  3  fr.  5o. 

Agréable  volume,  où,  d'une  plume  alerte,  M.  Ad.  Jullien  a  rassemblé  sur  Reyer 
des  souvenirs  précis,  qui  rendent  intéressante  et  vivante  cette  biographie  consacrée 
à  l'auteur  de  Salammbô. 

Paul  Landormy  :    Histoire  de   la   musique,   in-i2    de  vi-358  pages.  Delaplane, 

48,  rue  Monsieur-le-Prince,  Paris. 

Un  guide,  aussi  complet  que  possible,  au  courant  des  recherches,  manquait  pour 
l'histoire  musicale.  Notre  confrère  M.  Landormy  vient  très  heureusement  de  com- 
bler cette  lacune.  Cette  petite  Histoire  de  la  musique  est  très  clairement  divisée, 
heureusement  conçue,  et  conduit  le  lecteur  depuis  la  musique  antique  jusqu'à 
Cl.  Debussy.  Chaque  chapitre  est  suivi  d'une  liste  de  «  lectures  recommandées  », 
ouvrages  de  critique  et  d'histoire,  et  textes  musicaux. 

Antologia  moderna  orgânica  Espaiiola,  publiée  par  le  R.  P.  N.  Otano,  S.  J., 
petit  in-40  oblong,  de  n6-xx  pages.  Bilbao,  Lazcano  y  Mar,  12  fr. 

Intéressante  et  excellente  collection,  où  sont  rassemblées  des  œuvres  presque 
toutes  inédites,  des  meilleurs  organistes  espagnols  modernes  ;  nous  y  lisons  avec 
plaisir  les  noms  de  M.  de  Gibert,  élève  de  la  Schola,  de  M.  J.  Valdès,  dont  nos 
lecteurs  connaissent  bien  les  œuvres,  du  P.  Otaîlo  lui-même,  que  nous  avons  loué 
maintes  fois.  Cette  Antologia,  dont  la  préface  est  écrite  en  espagnol  et  en  français, 
sera  utile  à  tous  les  organistes,  en  deçà  comme  au  delà  des  Pyrénées. 

Jeanne  d'Arc,  scènes  lyriques,  scénario  de  H.  Le  Sablais,  musique  de  A.  Gastoué. 
Partition  piano  (réduction  d'orchestre)  et  chant.  Maison  de  la  bonne  Presse.  Paris, 
b,  rue  Bayard,  in-4°  italien  de  28  pages,  2  fr. 

Cette  petite  légende,  destinée  d'abord  à  accompagner  des  projections,  et  facile  à 
représenter  même  avec  des  éléments  très  restreints,  montre,  en  une  série  de 
tableaux  succincts,  les  épisodes  les  plus  frappants  de  la  vie,  de  la  mort  et  de  la 
béatification  de  Jeanne  d'Arc,  tour  à  tour  Choisie,  Envoyée,  Triomphante,  Marty- 
risée et  Glorifiée. 

Des  fragments  mélodramatiques,  des  récits  chantés  et  des  chœurs  très  simples, 
alternant  avec  de  touchantes  cantilènes  dites  par  la  bienheureuse  elle-même  :  tel 
est  le  fond  musical  de  cette  partition,  dont  M.  Amédée  Gastoué  a  su  rehausser 
encore  l'intérêt  par  l'adaptation  opportune  de  vieilles  chansons  populaires  médié- 
vales, bien  françaises  dans  leur  naïveté  un  peu  archaïque. 

A.  Sérieyx. 

Editions  recommandées,  de  la  maison  Lazcano  y  Mar,  de  Bilbao  : 

V.  G01COECHEA  :  Messe  à  4  voix  (soprano  et  trois  voix  d'hommes),  sur  des  thèmes 
grégoriens,  pour  les  dimanches  d'Avent  et  de  Carême,  2  fr.  5o  ;  Ave  Maria,  à 
4  voix  d'hommes  et  orgue,  i  fr.  5o;  Christus  factus  est,k  5  voix,  i  fr.  25  ;  Miserere, 
à  4  et  6  voix,  alterné  avec  le  grégorien,  3  fr.  —  R.  P.  Otano.  Christus  factus  est,  à 
3  voix  inégales;  Miserere,  à  3  voix  et  orgue,  2  fr.  25.  —  Rodriguez,  Messe 
Mater   Immaculata,  à   3  voix  mixtes  et  orgue,  4  fr.  5o. 


-  47  —  . 

Editions  recommandées,  de  la  maison  Bertarelli,  de  Milan  : 

Biblioteca  dell'   organista,    répertoire    pour   orgue   et  harmonium.  Volumes  I, 

2  fr.  ;  il,  I  fr.  25  ;  III,    i  fr.  ;  IV,  i  fr.  ;  V,  2  fr.  5o  ;    VI,  i  fr.  5o.   Les  six  réunis, 

7  fr.  5o. 

Cette  «  bibliothèque  »  est  extrêmement  pratique,  et  contient  beaucoup  de  bonnes 
pièces  (sauf  le  3^  volume),  dont  un  grand  nombre  de  versets  très  faciles  sur  les  divers 
tons  grégoriens.  Nous  la  recommandons  volontiers. 

De  la  même  édition  :  G.  Pagella  :  Raccolta  di  pe^^i  facilissimi  e  pratici  (Recueil 
de  pièces  très  faciles  et  pratiques)  pour  orgue  ou  harmonium,  2  fr.  5o  ;  Messe  XI 
facilissima,  à  2  voix  égales  ou  inégales,  avec  orgue,  2  fr.  5o.  —  R.  Casimiri  :  Sex 
s;radualia  et  tractus  (six  graduels  et  traits)  à  3  voix  (alto,  ténor  et  basse),  pour  le 
Carême,  i  fr.  5o. 

F.  Mawet  :  Missa   pro  defunctis  (accompagnement  de  la  messe  grégorienne  de 
Requiem)  ;  o  fr.  73,  chez  l'auteur,  à  Liège. 

Accompagnement  excessivement  facile,  à  trois  parties,  qui  respecte  ordinairement 
l'accentuation  rythmique  et  la  modalité.  Le  système  de  transcription  adopté  ne 
nous  paraît  pas  pratique. 


LES  REVUES    {articles   à  signaler) 


Les  Chansons  de  France  (no  i3,  janvier),  consacré  entièrement  aux  Noëls  et  Giiil- 
lannées  (chants  pour  la  nouvelle  année). 

Revue  musicale,  no  23.  —  J.  Combarieu  :  Petites  études  d'histoire  musicale  :  les 
divers  genres  de  composition  ([),  no  24.  —  H.  Quittard  :  Paër  et  Beethoven  :  à 
propos  de  la  Marche  funèbre  de  la  12e  sonate  de  piano.  [Très  curieux  rapproche- 
ment, d'oij.  il  résulte  que  Beethoven  a  suivi  entièrement  la  forme  et  la  disposition  de 
la  marche  écrite  par  Paër  dans  son  opéra  Achille.] 

Revue  du  chant  grégorien,  n°  2.  —  D.  Pothier  :  Les  Litanies  de  S.  Joseph  :  note 
sur  le  rythme  du  chant  grégorien.  —  D.  Luc.  David  :  La  volonté  de  l'Église  dans  la 
restauration  actuelle  du  chant  sacré.  —  D.  Luc.  David  :  Mise  au  point  [sur  la  ques- 
tion des  signes  dits  «  rythmiques  ».]  —  A.  de  Saint-Grégoire  :  Trois  proses  à  sainte 
Cécile,  tirées  des  anciens  manuscrits  d'Albi. 

Bulletin  S.  I.  M.,  n°  12.  —  A.  Gastoué  :  L'Édition  Vaticane  et  la  réforme  grégo- 
rienne. —  no  1  (910).  —  Très  remarquable  numéro,  entièrement  consacré  à  Haydn, 
avec  la  collaboration  de  C.  Debussy,  P.  Dukas,  R.  flahn,  V.  d'Indy,  M.  Ravel,  Ch.- 
M.  Widor  pour  la  partie  musicale  ;  et,  pour  la  partie  érudition,  Henry  Marcel,  Th.  de 
Wyzewa,  L.  Greilsamer,  William  Ritter,  prof.  Tandler,  Gustave  Lyon.  Ce  numéro 
renferme  un  grand  nombre  d'illustrations  des  plus  remarquables,  et  une  charmante 
sonatine  inédite  de  Haydn,  récemment  découverte.   Prix  :  i  fr.  5o. 

Courrier  musical,  n»  24.  —  William  Ritter  :  Anton  Bruckner. 

Musique  sacrée,  n°  12.  —  Article  nécrologique  sur  Ch.  Bordes  (à  sz/zVre).  Encar- 
tage  :  Tota  pulchra  es,  a  3  voix  égales  et  orgue    ad  lib.,  de  E.  Belliard. 

Sant.i  Cecilia  (Turin),  no  VI  (126).  Encartage  :  Credo  «des  Anges»  avec  chœur 
alterné  à  deux  voix  égales  et  orgue,  de  T.  Tassi. 

Recueil  de  la  Société  internationale  de  musique  (1  10  année,  1.  II)  :  Julien  Tier- 
sot  :  Notes  d'ethnographie  musicale  :  La  musique  che^  les  peuples  indigènes  de  l'Amé- 
rique du  Nord  [chants  profanes  et  religieux  (chrétiens  et  païens)  des  Indiens  et  des 
Nègres]. 


48 


NOTRE    SUPPLÉMENT 


Messe  des  Anges,  de  M.  le  Ch.   Perruchot. 

La  Messe  de  M.  Perruchot  est  un  modèle  de  musique  polyphonique  destinée  à 
alterner  avec  la  mélodie  traditionnelle.  Les  thèmes  des  versets  destinés  à  la 
«  maîtrise  »  dérivent  pour  la  plupart  de  la  mélodie  primitive.  L'auteur  a  illustré 
ainsi  toute  la  messe,  sauf  le  Credo.  —  Le  Benedictus  est  destiné  tout  entier  à  la 
maîtrise.  —  La  science  musicale  et  le  sentiment  liturgique  de  l'éminent  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Monaco  s'affirment  une  fois  de  plus  ;  nous  le  remer- 
cions de  nous  avoir  mis  à  même  de  faire  profiter  nos  lecteurs  de  cette  œuvre  si 
utile  et  qui  était  écrite  depuis  déjà  plusieurs  années. 


Le   Gérant  :    Rolland. 


Société  irançaise  d'Imprimerie 


Supplément  à  La  Tribune  de  S*-Gervais.  —  Janvier-Février  1910- 

répertoire:  moderne 

DE   LA 

ScHola   Cantorum 


De$  J1nae$ 


pour  2  voix  mixtes  et  Chœur  populaire 


PAR  LE 

Chanoine  Ir.  Perruchot 

Maître  de  Chapelle  de  la  Cathédrale  de  Monaco. 


Partition  Chant  et  Orgue,  net:  2.25 
Parties  de  Chœur net  :  0.40 


BUREAU  D'ÉDITION  DE  LA  SCHOLA  CANTORUM 

269,  Rue  Saint=Jacques,  PARIS 


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BARCELONE  —  BILBAO  —  MADRID 


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LAUSANNE    —    VEVEY 


À  Monsieur  VAbbé  GREA  Chanoine 
Curé  de  St  François  Xavier 


MESSE  dite'DES  ANGES" 

ARRANGEE  POUR  DEUX  VOIX  MFXTES  ET  UN  CHŒUR  POPULAIRE 


3X5122 


parleClianoine  L.  PERRUCHOT 


KYRIE 


ENFANTS 


HOMMES 


I^^Kyrie  à  2  voix 
Audante  "/ 


S 


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Partition  net:  2f25. -Parties  de  choeur  Ot40 
Répertoire  moderne  de  la  Schola  CatitoruaL( Série  Vocale) 


Tous  dcflits  réservés  ■ 


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Et  in      ter»  ra     paxhomLui^bus     bonrtîvo_lun_ta. 


air^ffr-rf#f^r  ^'  \-n^^^^^'i 


Unisson 


Etinter_ra       paxhomi-uibiis 


bona-^YoIunia  _ 
Unisson 


1:^,1  ih^-^iJih:  j.î|][inii,|  I  II  ^^^ 


*^        _     tis  Lauda  _  mus  te  Benedici.mus        le  A-do-ra  _    mus  _  te 


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Benedici_mns        te 


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Do  _  mi_ue      De.usRex    cce.les  _    tis 


De    _    us       Pa    _ 


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Do  _  mi_ue      De  _      _  iis  Rex  cce  _  îes-tis  De  -  us        Pa  _       _.    ter       om  _ 
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Seizième  Année  N°  3  Mars  1910 

LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 

REVUE   MUSIGOLOGIQUE 

DE    LA 

Bc\)o\a    (Eantorum 

ABONNEMENT   COMPLET  :  I  BUREAUX:  |     ABONNEMENT  RÉDUIT  : 

(Revue  et  Encartage  de  Musique!       |    26g,     rue    Saint- Jacques,     269   \  (Sans  Encartage  de  Musique) 

France  el  CoLonies,  Belgique.    10  fr.  paris  (v^  Pour  mm.  les  Ecclésiastiques, 

Union  Postale  (autres  pays).    11  fr.  les  Souscripteurs  des  h  Amis 

r      ,,  ,       ,   ,j       •    >   î     14,  Digue  de  Brabant,  14     \      de  la  Schola  11  et  les  Elèves     6  fr. 

Les  Abonnements  partent  du  mois  de  \  ^  °  s-T-ni  nr 

Janvier.  \  GAND  (Belgique)  i   UniOn  FOStâle.  7  tr. 

Le  numéro  :    G   fr.  60  sans  encartage  ;  1  fr.  avec  encartage. 

SOMMAIRE 

Paroles  du  Pape Arthur  Coquard. 

Nouvelles  musicales. 

Récitatifs  pour   les   chants  ornés A.  Gastoué. 

Les  trois  états  de  la   tonalité  (suite) Aug.  Sérieyx. 

Petite  Correspondance. 

Bibliographie:  la    Nouvelle    méthode  de  chant  grégorien,  de 

M.  A.  Gastoué Abbé  Vigourel. 

Ouvrages  divers. 

PAROLES    DU    PAPE 


Comment  Pie  X  envisage  l'avenir  de  la  musique  sacrée 


Notre  éminent  confrère,  M.  Arthur  Coquard,  dont  nous  avons  loué,  dans  le  der- 
nier numéro,  la  belle  Messe  de  mariage  dédiée  à  S.  S.  Pie  X,  raconte,  dans  VÉcho 
de  Paris,  l'audience  qu'il  a  eue  avec  le  Souverain  Pontife.  En  reproduisant  cet 
article,  qui  rentre  si  bien  dans  les  vues  que  nous  avons  toujours  exposées  ici,  et  cor- 
respond aux  nouvelles  musicales  données  d'autre  part,  nous  ajouterons  que  le 
Saint-Père  et  Mgr  Perosi,  après  avoir  lu  la  messe  de  M.  A.  Coquard,  lui  en  ont 
exprimé  toutes  leurs  félicitations; 

La  question  de  la  musique  religieuse  ou,  plus  exactement,  de  la  mu- 
sique à  l'église,  pendant  les  offices  sacrés,  est  d'une  importance  qu'il 
.est  superflu  de  démontrer.  Au  cours  du  dix-huitième  et  surtout  du 
dix-neuvième  siècle,  l'invasion  du  chant  profane  était  arrivée  à  de  tels 
excès  qu'une  réforme  devenait  nécessaire. 

Avant  que  le  pape  Pie  X  fît  entendre  sa  grande  voix  aux  fidèles  du 
monde  entier,  certains  artistes  avaient  jeté  le  cri  d'alarme.  Il  y  a  bien 
une  vingtaine  d'années  que  Charles  Bordes,  dont  nous  déploiions 
récemment  la  perte,  s'était  élevé  avec  énergie  contre  la   prétendue   nm- 


—  5o  — 

sique  religieuse  des  compositeurs  à  la  mode,  en  remettant  en  honneur 
les  belles  mélodies  grégoriennes  et  les  chefs-d'œuvre  de  la  musique 
a  cappella.  Nous  avions  nous-même  avant  Charles  Bordes,  dès  notre 
entrée  dans  la  carrière  de  compositeur  et  de  critique,  exposé,  dans  une 
série  d'articles  publiés  par  le  Monde,  il  y  a  quelque  trente  ans,  tout 
un  ensemble  d'idées  qui  sont,  si  j'ose  dire,  comme  une  préface  du  Moiu 
proprio. 

En  décembre  igoS,  le  document  pontifical  vint  mettre  fin  à  la  lutte 
et  trancha  de  façon  souveraine  les  questions  depuis  longtemps  pendantes. 
Au  premier  plan,  le  chant  grégorien.  Après  lui,  mais  encore  en  grand 
honneur,  la  musique  polyphonique  des  maîtres  des  seizième  et  dix- 
septième  siècles.  Enfin,  nul  n'ignore  que  le  Souverain  Pontife  a  net- 
tement affirmé  et  sanctionné  les  droits  de  la  musique  moderne,  sous  la 
condition  expresse  qu'elle  soit  conforme  à  l'esprit  de  l'Église,  c'est-à- 
dire  conçue  et  exprimée  dans  un  sentiment  religieux. 

Telles  sont  les  conclusions  pratiques  auxquelles  aboutit  le  Motu 
proprio. 

Malgré  l'admirable  netteté  du  document  pontifical,  quelques  détails 
d'application  n'en  ont  pas  moins  provoqué  Jes  hésitations  et  même  des 
polémiques.  Le  plus  surprenant  est  que,  pris  d'un  beau  zèle  et  plus 
catholiques  que  le  pape,  certains  ecclésiastiques  aient  osé  soutenir  qu'il 
fallait  frapper  d'interdit  toute  musique  moderne,  condamner  d'avance 
et  par  principe  toute  tentative  nouvelle...  Comme  s'il  était  dans  les 
habitudes  de  l'Église  de  fermer  à  Parties  portes  du  sanctuaire  !  Pareille 
intolérance  n'a  rien  de  nouveau,  d'ailleurs.  Elle  est  de  tous  les  temps, 
et  l'on  sait  qu'aux  jours  de  Palestrina  un  certain  nombre  de  Pères  du 
concile  de  Trente  se  déclarèrent  hautement  les  adversaires  de  cet  «  art 
nouveau  ».  Mais  ce  qu'il  y  a  de  consolant,  c'est  que  le  génie  de  saint 
Philippe  de  Néri  et  la  clairvoyance  inspirée  des  papes  eurent  raison  de 
cette  opposition.  Et  la  musique  «  moderne  ^>  conquit  au  seizième  siècle 
sa  place  à  l'église. 

A  ceux  qui  hésiteraient  encore,  je  me  contenterai  de  répondre  par 
un  argument  de  fait  absolument  décisif,  en  mettant  sous  leurs  yeux  le 
programme  musical  du  service  religieux  célébré,  à  la  chapelle  Sixtine, 
en  présence  du  Souverain  Pontife,  à  l'occasion  des  funérailles  du  roi  des 
Belges,  le  lundi  17  janvier  1 910,  sous  la  direction  de  Mgr  Perosi,  maître 
de  chapelle  perpétuel  de  Sa  Sainteté  : 

Requiem  (Anerio).  Kyr^ie  (Palestrina).  Absolve  (Casciolini).  Dies  ii^ae 
(Perosi).  Offertoire  (Palestrina).  Sanctiis  (Perosi).  Agnus  (Perosi). 
Libéra  (Perosi). 

Ainsi,  sur  huit  morceaux,  quatre  appartiennent  au  répertoire  pales- 
trinien  ;  les  quatre  autres  sont  signés  de  don  Perosi,  le  célèbre  maître 
de  chapelle  de  la  Sixtine...  Voilà  qui  coupe  court  à  toute  discussion 
théorique  sur  les  droits  de  la  musique  moderne. 

Mais  si  une  telle  question  ne  supporte  pas  l'examen,  il  reste  plus 
d'un  point  obscur,  ou,  du  moins,  obscurci  par  la  mauvaise  volonté... 
Je  serai  plus  juste  en  disant:  par  la  faiblesse  et  l'inertie  de  certains  de 


—  5i   — 

ceux  qui  ont  la  garde  des  décisions  pontificales.  Ainsi,  tandis  que 
quelques  paroisses  de  Paris  —  un  très  petit  nombre,  hélas  !...  parmi 
lesquelles  nous  citerons,  en  première  ligne,  Saint-François-Xavier  et 
Sainte-Clotilde  —  donnent  le  plus  salutaire  exemple,  qui  nous  expli- 
quera comment,  dans  un  si  grand  nombre  d'églises,  les  œuvres  musi- 
cales du  caractère  le  plus  profane  continuent  de  régner  à  peu  près  sans 
partage  ?  Les  messes  de  mariage,  en  particulier,  sont  de  véritables  con- 
certs où  s'étalent  des  œuvres  d'un  caractère  théâtral,  airs  ou  duos  à 
grand  effet,  soli  de  violon,  de  violoncelle...  que  sais-je  encore  ? 

Une  autre  question  doit  préoccuper  également  ceux  qui  ont  à  cœur 
d'assurer  le  triomphe  de  l'art  religieux.  En  présence  de  la  désorganisa- 
tion des  maîtrises,  de  l'insuffisance  notoire  des  voix  d'enfants  que,  dans 
l'état  actuel  des  choses,  il  est  de  plus  en  plus  difficile  de  recruter,  nous 
nous  heurtons  à  cette  conséquence  douloureuse  :  l'impossibilité  dans  la 
plupart  des  paroisses  d'aborder  le  répertoire  grégorien,  aussi  bien  que 
]a  musique  des  maîtres  du  xvi^  siècle  ou  des  compositeurs  modernes. 
Que  faire  ?  Recourir  aux  voix  de  femmes  ?  Beaucoup  y  inclinaient.  Il 
m'a  paru  qu'il  était  opportun  d'obtenir  du  Saint-Père  une  réponse  sur 
ces  différents  points. 

Dans  une  audience  privée,  que  Sa  Sainteté  a  bien  voulu  m'accorder, 
il  m'a  été  permis  de  développer  tout  au  long  les  raisons  pour  lesquelles 
beaucoup  d'artistes,  se  plaçant  au  point  de  vue  français,  Jugeaient 
opportun  et  profitable  au  développement  de  l'art  sacré  de  remplacer 
ou,  du  moins,  de  renforcer  les  voix  d'enfants  par  des  voix  de  femmes, 
soprani  et  alti.  Il  leur  semblait  possible  d'éviter  tout  caractère  pro- 
fane en  recourant  a  certaines  mesures  :  interdiction  du  solo  proprement 
dit,  lequel,  en  mettant  en  évidence  la  personnalité  du  chanteur,  aboutit 
forcément  à  la  î^eprésentation,  c'est-à-dire  au  concert  ;  les  chœurs, 
soustraits  aux  regards  de  la  foule.:,  et  autres  détails  qu'il  m'a  été  permis 
d'exposer. 

A  ces  considérations,  le  Saint-Père  a  répondu  de  telle  façon  que  sa 
parole  doit  être  considérée  comme  une  véritable  et  définitive  règle  de 
conduite.  En  voici  le  résumé  fidèle  : 

«  Il  se  peut  que,  bien  compris,  l'emploi  des  voix  de  femmes  à  l'église 
ne  présente  aucun  inconvénient  dans  certains  milieux.  Mais  le  pape  voit 
l'ensemble  du  monde  chrétien  et  un  tel  acte  aurait,  dans  la  plupart  des 
cas,  de  tels  inconvénients,  il  entraînerait  de  tels  abus,  que  nous  ne 
saurions  en  autoriser  l'essai,  en  aucun  cas,  ni  dans  aucun  pays. 

«  —  Que  faire,  pour  remédier  aux  difficultés  de  l'heure  présente, 
pour  assurer  la  renaissance  du  beau  chant  chrétien  ?  » 

Ici,  le  Souverain  Pontife  nous  a  développé  sa  pensée  avec  une  hauteur 
de  vues  merveilleuse,  ouvrant  à  notre  esprit  des  horizons  nouveaux  et 
insoupçonnés. 

«  Qu'on  s'organise  !  Il  y  a  une  chose  qui  se  pratique  en  certaines 
villes  d'Italie,  d'Allemagne  et  de  France,  et  qui  donne  déjà  d'excellents 
résultats.  On  n-iet  aux  mains  des  fidèles  —  hommes  et  femmes  —  des 
manuels  de  chant  grégorien.  Là  où  des  hommes  compétents  ont  pris    à 


—    32 


cœur  d'instruire  les  foules,  on  est  arrivé  promptement  à  des  exécutions 
d'un  effet  imposant.  Le  chant  grégorien,  dit  à  l'unisson  par  des  masses 
de  voix  —  hommes  et  femmes —  est  d'une  incomparable  beauté.  Qu'on 
s'y  applique  !  Le  Saint-Siège  admet  ainsi  Talliance  de  toutes  les  voix. 
Ce  qu'il  ne  tolère  pas  et  ne  tolérera  jamais,  c'est  le  concert  à  l'église.  » 

.Mais,  à  condition  que  ce  péril  soit  évité,  rien  n'empêche  qu'on  inter- 
prète largement  la  pensée  de  Pie  X.  Ainsi  le  pape  ne  verrait  que  des 
avantages,  nous  en  sommes  persuadé,  à  ce  qu'un  groupe  nombreux, 
mêlé  au  peuple,  chantât  seul  certains  fragments  auxquels  répondrait  la 
grande  masse  des  fidèles.  De  ces  oppositions  résulteraient  une  variété  et 
une  magnificence  d'expression  sans  égale,  le  jour  où  une  belle  œuvre 
serait  interprétée  avec  perfection.  Et  plus  tard,  quand  on  aura  fait 
l'éducation  des  foules,  pourquoi  ce  groupe  d'élite  ne  chanterait-il  pas, 
sans  cesser  de  faire  partie  du  peuple,  telle  page  de  musique  palestri- 
nienne  ou  moderne,  à  laquelle  les  masses  répondraient  par  le  formi- 
dable unisson  du  chant  grégorien  ?  On  aurait  alors  cette  magnifique 
ordonnance  :  en  haut,  la  maîtrise,  composée  comme  aujourd'hui  de 
voix  d'hommes  et  d'enfants  ;  en  bas,  l'immense  chœur  des  fidèles,  duquel 
se  détacherait,  à  certains  moments,  une  élite,  elle-même  considérable 
parle  nombre  et  la  qualité  des  interprètes...  Et  ce  triple  chœur,  alter- 
nant et  se  répondant,  parfois  aussi  s'unissant  et  soutenu  par  la  voix  des 
grandes  orgues,  donnerait  à  l'office  sacré  un  éclat  incomparable. 

Avais-je  tort  de  dire  que  de  nouveaux  horizons  s'ouvraient  à  l'acti- 
vité de  tous  ceux  qui  ont  à  cœur  de  développer  dans  le  peuple  l'amour 
du  chant  religieux  et  de  revêtir  les  cérémonies  sacrées  de  la  parure  dont 
elles  furent  trop  longtemps  privées  ? 

Le  Saint-Père  a  bien  voulu  aborder  ensuite  une  autre  question  d'un 
grand  intérêt  artistique,  qui  lui  tient  fort  au  cœur.  Il  me  paraît  à  pro- 
pos d'en  ajourner  l'exposé. 

Arthur  Coquard. 


A''.  B.  —  Nous  apprenons  que  Mgr  Perosi  doit  venir  prochainement  à  Paris  diriger 
deux  de  ses  principales  et  nouvelles  œuvres  :  nous  convions  d'avance  tous  nos  amis 
à  leur  audition. 


Nouvelles  Musicales 


Grenoble.  —  Cours  de  chant  grégorien.  —  Des  cours  de  plain-chant  grégorien 
et  de  musique  d'église  se  sont  ouverts  à  Grenoble,  le  mardi  i8  janvier  1910,  sous 
le  haut  patronage  de  Sa  Grandeur  Monseigneur  Henry,  évêque  de  Grenoble. 

Ces  cours,  dont  l'entrée  est  publique  et  l'enseignement  gratuit,  auront  lieu  pour 
les  Dames,  tous  les  mardis  de  2  heures  à  3  heures,  et  seront  donnés  dans  la  chapelle 
del'évêché,  sous  forme  de  prône  catéchistique. 

Pour  les  messieurs,  les  cours  commenceront  à  une  date  et  dans  un  local  qui  seront 
ultérieurement  fixés. 

Il  ne  s'agit  là,  à  proprement  parler,  ni  de  conférences  artistiques  ni  de  leçons 
de  chant.  Ces  cours  sont  destinés  à  la  formation  d'une  Schola  ayant  pour  but  l'exé- 
cution et  lapropagande  du  chant  grégorien  et  de  la  musique  religieuse  selon  l'esprit 
du  AJotu  proprio  de  S.  S.  Pie  X.  C'est  dire  qu'il  s'agit  avant  tout  d'une  œuvre  reli- 
gieuse. 

Ces  cours  s'adressent  à  toutes  les  personnes  qui  ont  le  goût  de  la  véritable  mu- 
sique d'église  et  le  désir  de  la  faire  connaître  et  aimer.  Une  connaissance  préalable 
du  solfège  et  une  voix  juste  sont  naturellement  exigées.  Les  études  porteront  sur 
la  lecture  et  l'exécution  correcte  du  grégorien  et  sur  la  connaissance  des  grands 
maîtres  polyphoniques  anciens,  sans  négliger  d'ailleurs  la  musique  religieuse  mo- 
derne répondant  aux  exigences  des  fonctions  liturgiques. 

Il  n'est  pas  inutile  d'indiquer  ici,  en  quelques  mots,  l'intérêt  que  présente  pour 
des  personnes  du  monde  l'étude  de  la  langue  chantée  de  l'Eglise  et  des  règles  qu'elle 
a  tracées  à  l'art  musical  en  le  faisant  participer  aux  splendeurs  de  son  culte. 

Intérêt  artistique.  —  Beaucoup  de  personnes,  d'ailleurs  cultivées,  ne  connaissent 
que  par  ouï-dire  ce  qu'est  le  chant  grégorien.  Complètement  oublié  dans  notre 
diocèse  pendant  de  longues  années,  il  y  renaît  peu  à  peu  depuis  l'ordonnance  du 
22  novembre  1900  de  Mgr  l'évêque  de  Grenoble,  qui  l'a  introduit  dans  ses  sémi- 
naires et  dans  sa  cathédrale,  et  surtout  depuis  les  instructions  formelles  du  Sou- 
verain Pontife  à  ce  sujet.  Le  grégorien  est  un  chtnt  magnifique,  qui  a  fait  l'admira- 
tion de  tous  les  maîtres  de  la  musique,  et  c'est  travailler  à  une  véritable  éducation  du 
goiàt  musical  populaire  que  de  le  faire  connaître. 

Il  y  a  d'ailleurs  des  réformes  à  faire  dans  la  musique  d'église.  Toutes  les  per- 
sonnes de  goût  comprennent  qu'une  romance  ou  un  air  de  théâtre,  quelque  beau 
qu'il  puisse  être  en  soi,  n'est  pas  à  sa  place  dans  le  saint  lieu  :  il  y  a  là  une  faute 
d'harmonie.  Et  c'est  faire  œuvre  artistique  que  de  remplacer  cette  musique  profane 
par  la  musique  liturgique  créée  par  l'Eglise  et  adaptée  par  elle  à  ses  cérémo- 
nies. 

Intérêt  chrétien.  —  Le  chant  grégorien  est  le  chant  officiel  de  la  liturgie  catho- 
lique. Il  a  été  imposé  à  toute  l'Eglise  par  le  Motu  proprio  de  igoS.  En  travaillant  à 
sa  diffusion,  nous  sommes  donc  assurés  d'obéir  aux  ordres  du  Pape  et  de  faire 
œuvre  de  bons  chrétiens.  D'ailleurs,  une  formation  chrétienne  est  incomplète,  s'il  y 
manque      l'intelligence      des     cérémonies,     qui     ne     sont    que    la    manifestation 


-  54  - 

extérieure  delà  doctrine.  Or,  dans  les  cérémonies,  une  part  est  réservée  aux  fidèles  : 
c'est  le  chant.  La  musique  liturgique  n'est  pas  autre  chose  qu'une  prière  collective. 
Il  faut  comprendre  l'étude  et  la  pratique  du  plain-chant  comme  un  moyen  de  sanc- 
tification personnelle. 

Mais  c'est  aussi  un  moyen  d'apostolat.  Les  personnes  initiées  à  la  musique  de 
l'Eglise  seront  en  mesure  de  se  rendre_très  utiles  dans  les  œuvres,  catéchismes, 
patronages,  etc.,  où  leur  enseignement  préparera  le  chant  populaire  tant  souhaitable 
et  tant  souhaité  ;  et  cela,  avec  d'autant  plus  de  chances  de  succès  que  dès  à  présent 
une  seule  et  même  édition  [VEdition  Vaticane)  doit  être  partout  en  usage  pour  les 
chants  liturgiques.  Ajoutons  que  le  chant  grégorien,  au  moins  pour  la  partie  réser- 
vée au  peuple,  est  infiniment  plus  facile  à  apprendre  et  à  enseigner  qu'on  ne  se  l'ima- 
gine généralement. 

Les  personnes  qui  désirent  suivre  ces  cours  sont  priées  d'envoyer  dès  maintenant 
leur  adhésion  à  M.  l'abbé  Poncin,  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale,  4,  place  Vau- 
canson,  Grenoble. 

A  cet  exposé,  nous  ajouterons  qu'à  la  suite  d'une  remarquable  conférence  du 
R.  P.  dom  Latil,  de  l'Ordre  de  Saint-Benoît,  un  groupe  de  personnes  zélées  a  de- 
mandé que  la  Manécanterie  de  la  Croix-de-Bois  vînt  à  Grenoble.  Les  petits  chan- 
teurs s'y  font  entendre  le  jour  de  saint  Joseph,  et  le  lendemain,  jour  des  Rameaux, 
préparant  sans  doute  la  fondation  d'une  œuvre  analogue  pour  Grenoble  et  la  région. 


Reims.  —  Les  chanteuses  de  Nostre  Dame.  —  Sous  ce  vocable,  un  groupe  s'est 
formé,  de  dames  et  de  jeunes  filles  de  la  ville,  pour  l'étude  et  la  pratique  de  la  mu- 
sique sacrée. 

Son  répertoire  comporte  :  i^le  plain-chant  ;  20  les  œuvres  polyphoniques,  origi- 
nales ou  inspirées,  du  xvie  siècle  ;  3°  les  compositions  de  style  moderne  en  confor- 
mité avec  les  principes  rappelés  dans  le  Motu  proprio  de  S.  S.  Pie  X,  du  23  no- 
vembre 1903. 

Les  chanteuses  de  Nostre  Darne  se  sont  placées,  comme  leur  titre  l'indique,  sous 
le  patronage  de  la  très  sainte  Vierge  Marie. 

L  —  But  :  \°  Faire  connaître  et  faire  aimer,  par  des  exécutions  soigneusement 
préparées,  le  véritable  chant  d'église. 

20  Rendre  service  à  MM.  les  curés  :  ou  bien  collectivement,  à  l'occasion  des 
solennités  auxquelles  pourrait  être  convié  le  groupe  entier,  —  en  principe  à  une 
cérémonie,  chaque  année,  dans  chacune  des  paroisses  de  la  ville  ;  —  ou  bien  indi- 
viduellement, par  les  services  qui  pourraient  être  sollicités  de  leur  bonne  volonté, 
à  l'endroit  du  chant,  dans  les  organisations  paroissiales:  catéchismes,  patronages, 
associations  pieuses,  etc. 

30  Pénétrer  davantage  leur  piété  personnelle  de  la  «  prière  chantée  »  de  l'Eglise, 
en  y  prenant,  sans  s'écarter  des  règles  ecclésiastiques  les  concernant,  une  part  plus 
active. 

If.  —  Membres  :  1°  Peut  devenir  membre  actif  toute  personne  :  a)  offrant  les  qua- 
lités chrétiennes  de  rigueur  ;  b)  possédant  une  voix  suffisamment  juste  et  les  con- 
naissances musicales,  —  si  possible,  plain-chantales,  —  élémentaires  ;  c)  présentée 
par  au  moins  un  membre  du  groupe. 

20  Les  membres  honoraires,  c'est-à-dire  les  personnes  qui  veulent  bien  offrir  une 
cotisation  annuelle  de  cinq  francs,  sont  directement  et  régulièrement  intéressées  à 
toutes  les  manifestations  de  la  vie  du  groupe.  Une  réunion  annuelle  en  leur  honneur 
sera,  pour  «  Les  chanteuses  de  nostre  Dame  »,  l'occasion  de  témoigner  leur  recon- 
naissance à  leurs  dévoués  membres  honoraires. 

30  Sont  considérés  comme  membres  bienfaiteurs  au  groupe  les  personnes  qui 
l'auront  favorisé  d'une  exceptionnelle  générosité,  ou  bien  auront  contribué  à  sa  pros- 
périté d'une  façon  plus  particulière. 

III.  —  Organisation  :  1°  Un  conseil,  —  renouvelable,  —  est  chargé  de  discuter  les 
différentes  questions  intéressant  le  groupe.  Il  comporte,  outre  le  directeur  du  chant, 


—  55  — 

une  présidente  et  deux  conseillères,  une    secrétaire,  une  trésorière,  une   bibliothé- 
caire  K 

2°  Le  groupe  entier  des  chanteuses  ^  est  réparti  en  trois  sections  :  la  Schola  ou 
petit  chœur  (S),  la  SQCûon  Sainte-Hildegarde  {W),  et  la  section  Sainte-Cécile  (C). 
Cette  division  est  nécessitée  par  l'exiguïté,  dans  certaines  des  églises  ou  chapelles 
de  la  ville,  de  l'endroit  où  peuvent  se  tenir  les  choristes.  La  Schola  ou  petit  chœur 
participe  à  toutes  les  exécutions,  les  sections  Sainte-Hildegarde  et  Sainte-Cécile, 
alternativement,  quand  précisément  le  groupe  entier  manquerait  de  la  place  néces- 
saire. Il  y  a,  dans  ce  dernier  cas,  obligation  pour  les  membres  empêchés  de  se  faire 
remplacer  par  un  membre  de  la  section  restée  libre. 

3o  Toute  la  musique  nécessaire,  timbrée  au  chiffre  du  groupe  et  au  numéro  de 
chacune,  est  mise  à  la  disposition  des  chanteuses.  Elles  en  demeurent  respon- 
sables. 

IV.  —  Fonctionnement  :  i°  Il  y  a  normalement  deux  répétitions  par  mois,  les  ven- 
dredis 26  et  4e,  de  la  mi-octobre  à  tin  juin.  Elles  ont  lieu  à  5  heures  très  précises, 
6,  rue  des  Chapelains,  salle  Saint-Grégoire.  Les  chanteuses,  même  celles  ne  prenant 
pas  part  à  l'exécution  en  préparation,  se  feront  véritablement  un  devoir  de  l'assiduité 
aux  répétitions. 

2°  Les  exécutions  sont  exclusivement  à  voix  égales,  et,  en  règle  très  habituelle, 
dans  la  forme  chorale,  cette  forme  convenant  comme  aucune  autre  à  la  prière  litur- 
gique, essentiellement  collective.  La  mantille  est  de  rigueur. 

3°  Chaque  fois  que  les  chanteuses  prennent  part  à  un  office,  une  traduction  des 
chants  exécutés,  avec  un  bref  commentaire  liturgique,  est  mis  en  vente.  Ces  petits 
Indicateurs  des  chants  permettent  aux  fidèles  de  se  pénétrer  du  sens  des  prières 
chantées  ;  de  s'y  unir  mieux,  à  l'occasion  même  d'y  prendre  part.  Ils  sont  dans  le 
présent  format,  faciles  à  emporter  dans  un  livre  de  piété.  On  peutse  les  procurer  chez 
les  libraires  catholiques  et  marchands  de  musique,  et  à  l'église  même  avant  l'office  '■^. 
V.  —  Avantages  personnels  :  \°  Au  premier  rang  de  ces  avantages,  les  «  chanteuses 
de  nostre  Dame  »  escomptent  la  bénédiction  de  Dieu  et  une  spéciale  protection  de 
la  sainte  Vierge,  leur  patronne.  L'apostolat  du  chant  sacré  comme  le  veut  l'Eglise 
n'est  pas  le  premier  de  tous,  mais  c'est  un  apostolat  :  Dieu  doit  le  bénir,  à  une  époque 
surtout  où,  par  la  voix  de  son  vicaire,  il  en  a  rappelé  les  raisons  et  l'obligation. 

2°  Un  autre  avantage  consiste  dans  un  développement  du  goût,  une  aisance  et 
une  sûreté  dans  l'interprétation  qui  seront  naturellement  le  fruit  d'une  pratique 
active  sur  un  programme  de  choix.  Les  chanteuses  d'ailleurs  qui  voudraient  de  leur 
côté  organiser  des  chants,  ont  la  faculté  d'emprunter  au  groupe  les  parties  vocales 
nécessaires  ;  le  règlement  pour  ce  «  prêt  de  la  musique  »  est  en  élaboration  mais  ne 
pourra  guère  être  mis  en  pratique  avant  octobre  prochain. 

3°  Avec  l'autorisation  de  M.  le  curé,  sollicitée  par  l'intéressée,  le  groupe,  —  une 
section  ou  une  délégation,  —  se  charge  des  chants  de  la  messe  de  mariage  de  chacune 
de  ses'adhérentes. 

Enfin,  disons  que  la  formation  et  la  fondation  de  ce  groupe,  préparées  depuis 
plusieurs  années,  aura  pour  corollaire  la  formation  d'un  groupe  analogue  pour  les 
hommes  et  les  jeunes  gens,  qui  déjà  ont  donné  leurs  prémices  à  diverses  occasions, 
et  spécialement  pour  les  grandioses  fêtes  de  Jeanne  d'Arc. 

Tours.  —  La  Société  littéraire  et  artistique  de  la  Touraine,  dans  sa  soirée  du 
1  5  février  1910,  a  consacré  toute  une  partie  de  son  programme  à  la  mémoire  de 
Charles  Bordes.  — I.  Etude  biographique  et  critique,  ^a^r  M,  Horace  Hennion.  La 
famille  de  Ch.  Bordes.  —  Sa  naissance  à  Vouvray  (12  mai  i863)    ;  son    enfance,  — 

1.  Présidente  :  M">e  A.  Souillé.  —  Conseillères:  M'i«  D.  Laignier  et  Mme  c.  Matrigant.  — 
Secrétaire  :  M'i^  Odelin,  49,  rue  Talleyrand.  —  Trésorière  :  M"»  H.  Simon,  m,  rue  des 
Capucins.  —  Bibliothécaire  :  M"e  M.  Cornent,  14,  rue  de  l'Université  (décembre  1909.) 

2.  Quatre-vingts  à  sa  fondation. 

3.  Les  membres  honoraires  du  groupe  les  reçoivent  aussitôt  leur  apparition. 


-   56  — 

Ses  études  avec  César  Franck.  —  Sa  mission  au  pays  basque.  —  Ch.  Bordes,  fon- 
dateur et  directeur  des  Chanteurs  de  Saint-Gervais  et  de  la  Schola  Cantorum.  —  La 
musique  religieuse  ;  les  maîtres  primitifs  des  xve  et  xvie  siècles  ;  sa  décadence. 
—  Les  anthologies  et  reconstitutions  scéniques  de  Ch.  Bordes.  —  Sa  retraite  à 
Montpellier.  —  Sa  mort  à  Toulon  (8  novembre  1909).  —  Son  inhumation  à  Vou- 
vray(i9  janvier  1910). 

n.  ^Audition  d'œuvres  de  Charles  Bordes.  —  1°  Deux  fantaisies  rythmiques,  pour 
piano  (M"«  M.  Wyder).  2»  Mélodies  pour  chant  et  piano,  a)  J'allais  par  les  chemins 
perfides  ;  b)  Paysage  vert  ;  c)  O  triste,  triste  était  mon  âme  ;  d)  Dansons  la  gigue  ! 
(poésies  de  Paul  Verlaine).  (M°i«  M.  de  la  Barthe  et  MUe  M.  Wyder).  3°  Rapsodie 
basque,  pour  piano  et  orchestre  (Réduction  de  l'orchestre  au  2c  piano  par  Gustave 
Samazeuilh)  (MUe  M.  Wyder  et  M.  R.  Liéron). 


BELGIQUE 

Malines.  —  S.  E.  le  cardinal  archevêque  de  Malines  vient  de  promulguer  un 
remarquable  règlement  sur  la  musique  d'église  :  le  format  du  présent  fascicule  ne 
nous  permet  pas  aujourd'hui  de  le  faire  connaître  plus  au  long,  nous  l'analyserons 
dans  le  prochain  numéro.  En  attendant  nous  publions  les  suivantes 

Notes  sur  les  célèbres  carillons  et  carillonneurs .  —  Les  auditions  qui  ont  eu 
lieu  à  l'occasion  du  grand  congrès  catholique  remettent  en  lumière  les  origines  du 
fameux  carillon  de  Malines,  instrument  unique  au  monde,  dont  la  ville  s'enor- 
gueillit à  bon  droit. 

Les  origines  du  carillon  de  Malines  sont  confuses  parce  que  lointaines.  Des  docu- 
ments de  la  comptabilité  administrative  et  un  curieux  manuscrit  de  1648,  dû  à  Théo- 
dore de  Sony,  carillonneur  de  Saint-Nicolas,  à  Bruxelles,  conservé  aux  archives  de 
cette  ville,  nous  fournissent  à  ce  sujet  quelques  données  précises. 

A  Malines,  comme  ailleurs,  le  carillon  doit  vraisemblablement  son  origine  à  l'habi- 
tude répandue  dès  le  xie  siècle  de  faire  précéder  la  sonnerie  de  l'heure  du  tintement 
alternatif  de  trois  ou  quatre  cloches.  C'étaitune  sorte  d'avertissement  préalable  qu'en 
pays  flamand  on  appelait  le  «voorslag  ^).  Ce  tintement  était  obtenu  au  moyen  d'un 
appareil,  du  reste  rudimentaire,  que  les  documents  de  l'époque  appellent  «  tintinna- 
bulum».  Plus  tard,  les  progrès  de  l'horlogerie  permirent  de  perfectionner  ce  méca- 
nisme :  on  inventa  les  tambours  dont  les  dents,  par  leur  mouvement  circulaire, 
actionnent  des  leviers.  Le  premier  tambour  en  usage  à  Malines  date  vraisembla- 
blement de  1441  (le  tam.bour  actuel  a  été  placé  en  décembre  ijSS).  Plustard  encore, 
vers  i557,  grâce  aux  progrès  réalisés  dans  la  confection  des  clavecins,  on  imagina 
d'employer,  en  même  temps  que  le  tambour,  une  sorte  de  clavier,  et  de  substituer 
la  mélodie  ■Variée  et  libre  à  la  mélodie  mécanique  monotone.  Le  clavier  lui-même 
subit  diverses  transformations  dont  la  plus  importante  fut  l'adjonction,  aux  leviers 
actionnés  par  les  mains  ou  par  les  poings,  de  leviers  actionnés  par  les  pieds. 

Tel  est,  en  deux  mots,  le  clavier  sur  lequel  s'exercent  encore  aujourd'hui  l'adresse 
etlavigueur  du  carillonneur.  En  i583,  il  augmentede  deux  clochesnouvelles  et  d'une 
troisième  venue  du  couvent  d'Hansvvyck.  De  1600  à  1644,  le  magistrat  le  dote  de 
onze  cloches  nouvelles  et,  d'après  le  tableau  que  dresse  Théodore  de  Sony,  lecarillon 
de  Malines  devait  occuper,  dans  nos  provinces,  le  sixième  rang  et  venir  après  les 
carillons  de  Bruxelles  (38  cloches),  d'Anvers  (3i),  de  Gand  (3i),  de  Montaigu  (33), 
d'Afflighem  et  de  Ninove  (27).  Mais  il  a  eu  sur  ses  rivaux  d'alors  cette  double  su- 
périorité de  se  développer  et  surtout  de  leur  survivre. 

En  1679,  le  magistrat  communal  décida  le  remplacement  du  carillon  ancien,  jugé 
insuffisant  ou  défectueux,  par  un  carillon  nouveau  dont  les  33    cloches  furent  com- 
mandées à  un  célèbre  fondeur  d'Amsterdam,  Pierre  Hemony.  De  l'ancien  jeu,  il  ne 
fut  conservé  que  1 1  cloches,  auxquelles  il    faut  ajouter  la    série  des  bourdons,  dont- 
«  Salvator  »,  d'un  poids  de  9.000  kilos,  est  d'une  admirable  et  puissante  sonorité. 


Tel  est  le  cariljon  actuel   de  Malines.  Il  comporte  quatre   octaves  et  se  prête  mer- 
veilleusement aux  fantaisies  du  carillonneur...  qui  sait  s'en  servir. 


Ces  quelques  lignes  suffiraient  déjà  à  montrer  avec  quel  soin  jaloux  les  magistrats 
communaux  de  Malines  se  sont,  aucours  des  siècles,  préoccupés  de  leur  carillon.  Et 
parce  qu'ils  en  étaient  fiers,  ils  avaient  pris  soin  de  stipuler  dans  leurs  règlements 
que  le  carillon  devait  être  associé  à  toutes  les  manifestations  de  la  vie  mali- 
noise. 

-  C'est  ainsi  qu'aux  termes  d'un  règlement  datant  de  1592,  encore  en  vigueur  dans 
certaines  de  ses  dispositions,  le  carillonneur  devait  «  tonner  et  bateler  sur  les  clo- 
ches »  les  veilles  et  les  jours  de  grande  fête,  les  dimanche,  lundi  et  samedi,  les  jours 
de  marché,  matin  et  soir,  pendant  une  heure,  tous  les  jeudis,  à  la  messe  du  Saint- 
Sacrement  et  au  salut. 

Pareil  règlement  assez  sévère  et  assez  exigeant  ne  pouvait  être  imposé  que  si  on 
avait  un  carillonneur  sous  la  main.  De  fait,  et  bien  qu'aucun  Conservatoire  n'ait  fait 
figurer  l'apprentissage  du  carillon  au  programme  de  ses  cours,  jamais  le  carillon  de 
Malines  n'a  chômé  faute  de  carillonneur. 

On  a  pu  dresser,  à  l'aide  des  documents  administratifs,  laliste  des  25  carillonneurs 
qui  se  sont  succédé  sans  interruption  depuis  1557. 


^-^■to         df^^         df^-Sfe 

j^  ^J^^l^  ^^ft^  ^^fftV^  ^J&S'^  ^^TOV^  ^. 


Les  Trois  États  de  la  Tonalité 


{Suite} 


TRANSLATION  TONALE 

I.  Rôle  de  V enharmonie  dans  la  translation    tonale.  —   II.    Nécessité  du    tempéra- 
ment pour  circonscrire  l'orbite  tonale.  —  III.  Les  grands  systèmes  modulants  : 
Beethoven,  Wagner,  Franck. 

Le  fait  delà  translation  tonale,  postérieur  à  celui  de  l'oscillation  ca- 
dentielle,  paraît  avoir  pour  raison  profonde  Venharmonie,  en  tant  que 
substitution  des  fonctions. 

On  est  convenu  dans  la  pratique  de  réserver  le  mot  «  enharmo- 
nie »  aux  seules  substitutions  de  fonctions  harmoniques  comportant 
l'emploi  de  sons  identifiés  par  l'oreille  mais  différenciés  par  l'écriture  : 
c'est  là  restreindre  à  un  fait  purement  graphique  le  sens  d'un  terme, 
dont  toute  la  valeur  consiste  à  signifier  précisément  ce  qui  ne  saurait 
être  écrit,  ce  qui  se  passe  à  rintérieur  de  l'harmonie  {Evàoy.ovia). 

La  nécessité  graphique,  toute  conventionnelle,  qui  fait  substituer  un 
sol  dièse  à  un  la  bémol,  dans  l'écriture  de  telle  ou  telle  superposition 
harmonique,  est  à  Venha?v7ionie  ce  que  la  mesure  est  au  tythïne  .'"elle 
coïncide  parfois  avec  la  réalité,  mais  elle  contribue  très  souvent  à  la 
dissimuler. 

Tel  passage  d'une  partition  d'orchestre,  transcrit  en  ni  bémol  par 
exemple,  pour  en  faciliter  l'exécution  sur  la  harpe  Érard,  tandis  que 
tous  les  autres  instruments  sont  écrits  en  si  naturel,  offre  un  cas  indis- 
cutable d'enharmonie  exclusivement  graphique^  inexistante  en  réalité  i. 

Tous  les  cas  d'enharmonie  «  pour  l'œil  »  ne  sont  pas  aussi  apparents 
que  celui-ci.  Mais  combien  plus  importants  et  plus  fréquents  sont  les 
cas  où  l'enharmonie  réelle  n'est  pas  révélée  par  l'écriture. 

Comparons,  par  exemple,  les  deux  formules  ci-dessous,  dont  la  pre- 


I.  Cette  amphibologie  inhérente  au  mot  enharmonie  a  été  fort  opportunément  si- 
gnalée et  étudiée  par  M.  Maurice  Gandillot  dans  son  récent  et  remarquable  ouvrage  : 
Essai  sur  la  Gamme  (Gauthier-Villars,  éditeur). 


59  - 


mière  seulement  (a)  présente  une  enharmonie  à  la  fois  graphique  et 
réelle  : 


:=b:J±: 


f-F3-l 1 


tp=ti:pr 


:tî:idi 


^EE£ 


EûS^ 


iÊ 


:td::zrU 


trp==tj:pi:r:z==:: 


±=^tt 


Au  point  de  vue  du  «  contenu  harmonique  »  [sv  à^iio'jiodj^iX  n'y  a 
pas  de  différence  entre  ces  deux  formules. 

Dans  l'une  comme  dans  l'autre,  Viit,  qui  occupait  au  début  la  fonction 
de  tierce  majeure  de  la  bémol,  prend  à  la  fin  la  qualité  de  tiei^ce  mi- 
neure de  la  naturel,  sans  avoir  aucunement  changé  d'intonation  ;  qu'on 
ait  passé  ou  non  par  la  modification  graphique  du  la  bémol  en  sol  dièse, 
la  substitution  de  fonction  demeure  identique  dans  les  deux   formules. 

C'est  précisément  dans  cette  substitution  que  consiste  la  véritable 
enharmonie  :  Vut  {b),  tierce  mineure  de  la  naturel,  est  enharmonique  de 
Vut,  tierce  inajeure  de  la  bémol,  absolument  au  même  titre  que  le  50/ 
dièse  [a],  tierce  majeure  de  mi  naturel,  est  enha?vnonique  de  la  bémol, 
quarte  juste  de  mi  bémol. 

On  pourrait  appliquer  cet  exemple  aussi  bien  aux  successions  modu- 
lantes qui  exigent  l'emploi  d'enharmonies  graphiques,  qu'à  toutes  les 
autres,  sans  exception  ;  d'où  il  faut  conclure  que  Venhaivnonie  réelle 
consiste  dans  la  propriété  que  possède  tout  son  fixe  d'occuper  successi- 
vement des  fonctions  ou  des  degrés  harmoniques  différents,  sans  changer 
d'intonation. 

Toute  la  notion  de  la  translation  de  la  tonalité  est  contenue  dans 
-Cette  définition. 

Tant  que  la  cadence  tonale  n'eut  d'autre  effet  que  d'affirmer  plus  ou 
moins  longuement  les  fonctions  respectives  des  divers  degrés  d'une 
même  tonalité,  aucune  moiî//af/o;/  véritable,  aucun  changement  d'état 
caractéristique  dans  la  fonction  impartie  à  chaque  degré  n'était  pos- 
sible. 

Tel  est,  même  au  point  de  vue  historique,  l'état  tonal  de  la  période 
transitoire  que  nous  venons  d'examiner;  les  modifications  tonales  ap- 
parentes n'atteignent  pas  la  fonction  primitive  de  chaque  degré  ;  si 
l'on  rencontre  parfois  une  dominante  de  la  dominante  principale,  c'est  à 
titre  de  renforcement  de  cette  dernière,  ou  de  prolongement  momen- 
tané de  la  <iemz-05r///a/zo«  cadentielle  vers  les  quintes  ascendantes ',  les 
marches  d'harmonie  elles-mêmes  sont,  dans  la  plupart  des  cas,  émi- 
nemment affirmatives  de  la  tonalité  générale  établie. . 


-60  — 

Mais  il  en  est  de  ces  velléités  modulantes  ce  qu'il  en  fut  naguère  du 
b  molle  ou  quadj^atum  :  il  n^était  certes  pas  chromatique^  mais  il  permit 
à  la  musique  de  le  devenir  ;  il  n'était  pas  tempéré  et  il  obligea  la  gamme 
entière  à  l'être.  U oscillation  cadeutielle  n'était  pas  modulante  :  elle  per- 
mit à  l'harmonie  de  le  devenir  ;  elle  n'était  pas  enharmonique  :  elle 
obligea  toute  la  musique  à  l'être,  en  y  introduisant  définitivement 
l'usage  de  la  substitution  des  fonctions. 

Du  jour  où  l'on  eut  senti,  sinon  compris,  qu'un  son  quelconque,  la 
quinte  aiguë  d'une  dominante.,  par  exemple,  pouvait  cesser  d'occuper 
la  fonction  de  deuxième  degré  d'une  tonalité,  pour  revêtir  enharmoni- 
quement  (c'est-à-dire  sans  chausser  d'intonation)  le  rôle  de  dominante 
d'un  ton  nouveau,  dans  lequel  tout  se  passerait  comme  dans  le  ton 
initial,  avec  cette  différence  que  l'ancienne  dominante  y  exercerait  doré- 
navant les  prérogatives  d'une  tonique.,  de  ce  jour-là,  la  modulation  était 
née,  la  translation  tonale  devenait  un  fait  concret,  aisément  praticable, 
et  la  répercussion  de  ce  petit  fait  enharmonique  sur  toute  la  musique 
ultérieure  devait  avoir  des  effets   inouïs  et  incalculables  ! 


II 

Cependant,  la  timide  modulation,  messagère  des  enharmonies  de 
l'avenir,  ne  tendait  à  rien  moins  qu'à  la  destruction  de  toute  tonalité, 
c'est-à-dire  de  toute  musique. 

Toute  substitution  de  fonction,  toute  permutation  tonale  devenant 
loisible  à  l'aide  de  l'enharmonie  pure,  la  modulation  indéfinie  eût  en- 
traîné la  tonalité  vers  un  anéantissement  inévitable  :  tel  un  astre  désor- 
bité  qui  s'abîme  dans  l'infini  suivant  quelque  gigantesque  parabole. 

Une  seule  force  pouvait  "soustraire  la  modulation  à  cette  chute  irré- 
vocable :  celle  de  Vaxe  inébranlable,  de  la  ligne  de  foi  salvatrice,  du 
point  d'appui  impérieusement  requis  pour  la   sauvegarde  de  la  tonalité 

Ce  lieu  tonal  d'un  nouveau  genre,  où  la  modulation  pourrait  désor- 
mais graviter  avec  ordre  et  en  toute  sécurité,  lui  fut  fourni  par  le  te77ipé- 
r(2me;zi,  limitant  au  cycle  fermé  des  dou^e  quintes^  l'horizon  des  tona- 
lités, comme  le  cycle  fermé  des  douze  constellations  du  zodiaque  cir- 
conscrit notre  horizon  astral. 

Mais  cette  sorte  d'orbite  tonale,  close  relativement  à  nous  par  le  tem- 
pérament, demeurait  ouverte  virtuellement  dans  l'infini,  de  même  que 
les  orbites  planétaires,  circulaires  ou  elliptiques  en  projection,  sont  elles 
aussi  très  probablement  ouvertes  suivant  une  spire  hélicoïdale,  image 
idéale  de  nos  aspirations,  illimitées  de  tendances,   circonscrites  de  fait. 

Protégée  par  le  tempérament  contre  le  péril  extérieur  de  la  chute 
tangentielle,  la    modulation  courait  encore  d''autres  risques  :  un   péril 


I.  Voir  le  Cours  de  Composition  musicale  par  Vincent  d'Indy:  Premier  Livre,  cha- 
pitres VI  et  VII  ;   Deuxième  Livre,  Première  Partie,  chapitre  iv,  p.  252  et    suiv. 


~  6i  — 

intérieur  presque  aussi  redoutable  la  menaçait  au  sein  même  du  cycle 
fermé  des  douze  quintes  tempérées. 

Si  l'éternel  principe  d'unité,  subordonnant  toute  tonalité  de  transla- 
tion à  la  tonalité  de  départ^  tout  lien  temporaire  au  lieu  d'origine, 
venait  à  être  transgressé,  la  modulation  allait  être  condamnée  à  errer 
perpétuellement  sur  l'orbite  des  quintes,  sans  retrouver  jamais  son 
point  de  départ,  c'est-à-dire  son  unique  raison  d'être. 

Mais  ce  principe  traditionnel,  nettement  pressenti  déjà  par  les  anti- 
ques monodistes,  avait  reçu  de  la  cadence  harmonique,  éminemment 
déterminative  de  l'unité  tonale,  une  puissance  telle,  que  chez  les  musi- 
ciens géniaux  tout  au  moins,  il  devait  toujours  résister  victorieusement 
aux  assauts  formidables  que  ne  cessait  de  lui  livrer  Venharmonie,  si  sé- 
duisante en  ses  subtils  effets  de  pénétration   mutuelle  des   tonalités. 

Enharmonie ,  modulation ,  tempérament^  apparaissent  ainsi  indissolu- 
blement liés  à  l'essence  même  de  notre  système  tonal,  depuis  l'époque 
de  l'immortel  Wohltemperiî^te  Clapier  )usqu  a.  nos  jours.  Toutefois,  si 
cet  admirable  ouvrage  de  Jean-Sébastien  Bach  exprime  nettement  par 
son  titre  l'acquiescement  des  musiciens  de  son  temps  au  dogme  du 
tempérament  et,  par  suite,  de  Venharmonie,  c'est  seulement  au  siècle 
suivant  qu'on  en  devait  constater  les  effets  décisifs  sur  la  translation 
tonale. 

Il  appartenait  à  Beethoven  de  réaliser  enfin  l'équilibre  dans  la  modu- 
lation, la  translation  avec  esprit  de  retour  au  ton  initial.,  la  circulation 
ordonnée  des  tonalités  accessoires  autour  de  la  tonalité  générale,  uni- 
que et  immuable.  Magistrale  affirmation  du  principe  d'unité,  auquel 
des  novateurs  incontestés,  comme  Wagner  et  Franck,  ont  cru  pouvoir 
se  soumettre,  sans  rien  perdre  *de  leur  puissante  originalité. 


III 


Gomme  tout  phénomène  musical,  la  ti^anslation  tonale  ne  peut  être 
appréciée  que  par  comparaison  avec  son  point  de  départ,  le  ton  principal^ 
dont  la  prépondérance  s'établit  par  les  mêmes  moyens  que  celle  des 
notes  tonales  d'une  mélodie  :  c'est-à-dire  par  Vinteusité  de  l'affirmation 
initiale  de  ses  harmonies  caractéristiques,  par  la  durée  de  ses  réappari- 
tions, plus  longues  ou  plus  fréquentes  que  chacune  des  stations  succes- 
sives dans  des  tons  transitoires,  et  par  la  distance  plus  ou  moins 
grande  qui  sépare  ceux-ci  du  ton  principal  i. 

Ainsi,  l'on  voit  les  tons  se  hiérarchiser  entre  eux  à  la  façon  des  de- 
grés mélodiques,  le  ton  principal  Jouant  ici  le  rôle  de  la  tonique  et  de  ses 
dépendances,  demeurant  toujours  plus  apparent,  soit  par  sa  durée,  soit 
par  son  intensité  soit  par  sa  place,  tandis  que  les  autres  tons  gardent  un 

I.  Voir  le  Cours  de  composition  musicale  par  Vincent  d'Indy,  Deuxième  Livre, 
Première  Partie,  chap.  iv,  p.  246  et  suiv. 


-    62    - 

rôle  ornemental,  comparable  à  celui  des  notes  accessoires  d'une  mélodie. 

De  là,  deux  sortes  de  tons  transitoires,  comme  il  y  avait  deux  espèces 
de  notes  artificielles  :  la  broderie,  revêtant  ici  l'aspect  d'une  modula- 
tion à  un  ton  plus  ou  moins  voisin,  avec  retour  immédiat  au  ton  prin- 
cipal ;  \e passage,  ou  emploi  d'un  ton  intermédiaire  entre  le  ton  initial 
et  un  autre  plus  ou  moins  éloigné. 

La  distance  entre  les  tonalités  résulte  de  la  plus  ou  moins  grande 
affinité  enharmonique  entre  les  degrés  importants  de  chaque  ton  en 
présence.  Dans  notre  cycle  musical  des  douie  quintes,  cette  affinité  est 
extrêmement  variable  ;  on  admet  généralement  qu'elle  est  d'autant  plus 
grande  que  les  enharmonies  sont  pratiquées  entre  les  fonctions  tonales 
les  plus  caractéristiques  :  une  dominante  devenant  une  tonique,  une 
médiante  devenant  une  tojiique,  une  7nédiante  devensint  une  dominante, 
ou  réciproquement.  Dans  chacun  de  ces  cas,  il  y  a  parenté  réelle  entre 
les  tons  ainsi  reliés  par  Venharmonie  d'une  des  notes  composant  leurs 
accords  parfaits  de  tonique  respectifs. 

Toutefois,  les  questions  de  préséance  entre  ces  diverses  parentés  ont 
donné  lieu  à  des  appréciations  différentes,  suivant  les  époques,  les 
pays  ou  les  compositeurs.  Quant  aux  effets  de  la  distance  qui  sépare 
deux  tonalités  l'une  de  l'autre,  ils  sont  immuables  : 

1°  Plus  les  tons  transitoires  sont  éloignés  du  ton  initial,  plus  leur 
pouvoir    absorbant   s'accroît  au  détriment  du  sentiment  tonal  général. 

2°  A  distance  égale,  de  part  et  d'autre  du  ton  initial,  dans  le  sens  des 
quintes  ascendantes  {dominantes)  ou  dans  celui  des  quintes  descen- 
dantes [sous-dominantes),  le  pouvoir  absorbant  est  plus  grand  du  côté 
de  ces  dernières. 

Ce  pouvoir  absorbant  de  certains  tons  relativement  à  d'autres  a  été 
pressenti  ou  redouté  de  tous  les  musiciens.  Mieux  connu  de  quelques- 
uns  d'entre  eux,  il  sert  dans  leurs  ouvrages  à  mettre  en  valeur  les  mo- 
dulations, sans  jamais  oblitérer  avec  excès  le  sentiment  de  la  tonalité 
principale. 

[A  suivre.)  Auguste  Sérieyx. 


FORMULAIRE    DE     RÉCITATIFS 

POUR  LES  GRADUELS  ET  CHANTS  ORNÉS 


La  liturgie  comprend,  avec  des  prières  et  des  cérémonies,  un  certain  nombre  de 
chants.  Mais,  dans  beaucoup  d'églises,  par  le  fait  de  la  diminution  des  moyens 
vocaux,  ou  du  peu  d'habileté  dans  le  chant,  on  trouve  insurmontable  la  prépara- 
tion régulière  des  répons-graduels,  des  versets  alléluiatiques  et  des  autres  chants 
ornés. 

En  certains  pays,  on  se  contente  de  la  récitation  à  mi-voix,  par  le  célébrant,  des 
passages  dont  on  omet  le  chant:  c'est  évidemment  méconnaître  l'essence,  comme  la 
tradition,  de  la  liturgie,  c'est  aller  contre  ses  règles  formelles,  le  graduel  surtout 
étant  le  principal  chant  de  la  messe,  en  ses  parties  propres.  Ailleurs,  pour  ne  pas 
contrevenir  à. l'esprit  liturgique,  on  récite  ces  textes  au  choeur  à  haute  voix,  soit 
recto  tono,  soit  sur  une  formule  psalmodique  ordinaire  :  c'est  en  soi  peu  intéres- 
sant. 

On  peut  concilier  facilement  tout  cela.  11  y  a  déjà  sept  ou  huit  ans,  nous  avions 
eu  l'occasion  de  présenter  à  un  comité  des  essais  d'adaptations  de  formules  fixes, 
moins  monotones  que  celles  de  la  simple  psalmodie,  et  que  leur  retour  fréquent 
rendait  faciles  d'exécution.  Pour  une  cérémonie  de  mariage  dont  on  a  volontiers 
parlé,  nous  eûmes  l'occasion  de  faire  exécuter  divers  passages  de  la  messe  sur  d'an- 
ciens récitatifs  tombés  en  désuétude.  Sur  l'instance  de  diverses  personnes,  nous  avons 
mis  à  point  ces  adaptations,  en  les  offrant  aujourd'hui  au  public. 

Les  formules  publiées  ci-après,  ton  par  ton,  pour  les  chants  ornés  qui  séparent 
l'épître  de  l'évangile,  ont  en  général  été  empruntées  à  des  formes  liturgiques  en 
faveur  à  certaines  époques,  spécialement  en  France  :  telles  les  épîtres  solennelles, 
diverses  psalmodies  en  solo,  certains  chants  anciens  de  répons.  Quelques  excursions 
ont  également  été  faites  dans  le  chant  mozarabe  de  l'Eglise  de  Tolède  et  les  mé- 
lopées ambrosiennes  de  l'Eglise  de  Milan,  apparentées  de  très  près  à  la  fois  aux 
chants  grégoriens  et  aux  anciennes  mélodies  en  usage  en  France. 

On  croit  que  cqs  antiques  formulaires,  rénovés  ainsi,  aideront  à  faciliter  l'exécu- 
tion des  graduels  et  chants  similaires.  En  choisissant  de  préférence  des  tons  et  des 
cadences  appropriés  aux  mélodies  grégoriennes  de  ces  chants,  on  en  prépare  l'étude 
et  la  bonne  exécution. 

Dans  les  graduels,  on  s'est  souvenu  que  la  forme  originelle  et  parfaite  de  ces 
chants  est  celle  du  7-épons,  et  c'est  pourquoi  on  a  choisi  de  préférence  des  timbres 
mélodiques  se  prêtant  à  la  reprise. 

Pour  les  alléluias,  on  a  pensé  que  le  choix  d'un  des  chants  romains,  quant  au  mot 


-  64  - 

alléluia,  s'imposait  :  en  prenant  les  plus  usités  rencontrés  dans  le  graduel,  on  leur 
a  adapté,  pour  le  verset,  des  formules  simples  en  rapport  avec  eux. 

Enfin,  les  i7'aits  ne  sont  pas  une  psalmodie  simple,  mais  ornée.  C'est  afin  de  se 
rapprocher  de  la  tradition  qu'on  a  choisi  pour  ces  psaumes  des  formules  anciennes, 
plus  simples  que  les  mélodies  grégoriennes,  mais  d'une  forme  analogue. 

Nous  avons  l'espérance  que  le  succès  couronnera  ces  efforts,  et  qu'on  pourra 
trouver  ici,  suivant  le  vœu  de  la  Commission  Grégorienne  Pontificale  en  1904,  le 
noyau  d'un  «  Graduel  à  l'usage  des  petites  églises  »,  permettant  à  tous  de  suivre  plus 
exactement  la  liturgie,  véritable  et  principal  soutien  de  la  piété  chrétienne. 

Amédée  Gastoué. 


Chacune  des  formules  qui  suivent  est  donnée  en  notation  grégorienne  et  en  nota- 
tion moderne  avec   une  judicieuse  transposition. 

I.  La  récitation  sur  une  même  note  n'est  pas  indiquée  spécialement  dans  laportée 
grégorienne  ;  dans  la  notation  moderne  on  l'a  marquée  par  cette  figure  p|. 

II.  Les  syllabes  survenantes  ou  supplémentaires  sont  indiquées  en  italique.  On 
n'a  pas  cru  devoir  les  noter  ;  on  se  rappellera  que  ces  syllabes  sont  chantées  sur  le 
même  ton  que  la  suivante  ;  les  quelques  exceptions  ou  difficultés  sont  notées  en  leur 
lieu,  en  petites  notes  ou  entre  parenthèses. 

III.  Lts/lexes  marquées  par  une  croix  se  feront  comme  dans  la  psalmodie  ordi- 
naire :  savoir  en  abaissant  la  voix  d'un  ton  dans  les  ler  et  7e  tons,  d'une  tierce  dans 
les  4e  et  5e.  Les  autres  cas  sont  notés. 

IV.  Deux  notes  ou  neumes  compris  sous  une  accolade  indiquent  qu'on  les  groupe 
ou  qu'on  les  sépare,  dans  l'exécution,  suivant  qu'il  y  a  au-dessous  une  seule  syllabe 
ou  deux. 


Exemple  I. 


cujus  est  Dômiaus, 


eu-  jus    est  Dô-  mi-  nus 


Exemple  II. 


EE=J^ 


Al-  tis-    si- mus 


De-      us 
Al-  tis-si-raus 


Exemple  III-    apud  Deum  :  f 


De-  um  :  -f  on  De-  um  :  f 


Exemple  IV. 


—  65 


De-        us 
hdmi-  num 


EWEiE^ 


=ts=^3==i 


De-       us        bô-     nii-  num. 


Pour  chaque  ton  des  pièces  qui  suivent,  on  trouvera,  sous  les  numéros  d'ordre 
correspondants,  d'abord  le  répons,  ensuite  le  verset  ;  ils  suivent  en  général  l'ordre 
de  l'année  liturgique  ;  une  table  détaillée  terminera  le  travail. 


—  66 


Graduels  du  1er  ton 


? é~ y  - — =^ ■ 


V ^ •  — H«— 


S 


-^r 


î:^: 


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1. 

U-    ni- 

vér- 

2. 

Sci-  ant 

gen- 

3. 

Mi-   se- 

ré- 

4. 

Cu- 

stô- 

5. 

Be- 

â- 

6. 

Ec- 

7. 

Ti- 

mé- 

8. 

Glo-  ri- 

6- 

9. 

Sa-  cer- 

dô- 

10. 

Os 

ju- 

11. 

Con- cu- 

pi- 

12. 

Sa-   pi- 

én- 

13. 


14.    O-mnesffen- 


15.    De-  si-  dé- 


si  *  qui     te     ex- 

tes  *  quôniam  nomen   ti-     bi 

re  *   mei,  Deus,  -j-  mise-     ré-    re 

di       me  *,  Domine, -j-  ut  pu-  pil-lam 

ta       gens  *,[  cujus  est  Dominas  De-  us      e- 


spéc-     tant. 
De-        us  : 

me-  i  : 
6-  eu-  li  : 
6-        rum  ; 

cùn-     dum, 

e-         jus  : 

is  ; 


su- 
là-  ri  : 
en-  ti-  am, 
tu-        um, 


ce  *  quam  bonum  et  quam  ju- 

te *    Dôminum,  omnes  san-   cti 

sus  *  Deus  in   san-  etis 

tes  *  ejus  induam    sa-    lu- 

sti*   meditàbi-  tur    sa-    pi- 

vit  *  rex  de-    cô-  rem 

ti-      a  *  hujus  mundi 

stullitiaest  apud  Deumrfscriptum  est  e-       nim 

ni  *  David  servum  meum  :  -j- 

oleo  sancto  mec  un-   xi  e-       um 

ma-  nus  enim  niea  auxili-  à-     bi-  tur  e-  i  : 

tes  *  quascùmque  fecisti  véni- 

ent  et  adorâbunt  ce-  ram  te,         Dô-mi-ne: 
ri-  um  *  cordis  ejus  tribu-     i-     sti  e-  i  : 


:r=         .y^: 


zlË 


1. 

Vi- 

as 

tuas. 

Domine, 

2. 

De- 

us 

meus, 

pone  illos 

3. 

Mi- 

sit 

de  cae- 

lo. 

4. 

De 

vul- 

tu  tuo  1    judici- 

um 

5. 

Ver- 

bo 

Dômini  |    cae- 

li 

6. 

Sic- 

ut 

unguén- 

tum 

7. 

In- 

qui- 

rén- 

tes 

8. 

Déx- 

te- 

ra  tua, Domine, 

1  glorificâta  est 

9. 

11- 

luc 

prodù- 

cam 

10. 

Lex 

De- 

i  ejus 

in  corde 

11. 

Au- 

di, 

fili- 

a,  1 

12. 

Per- 

dam 

sapiéntiam 

13. 

Ni- 

hil 

proficiet 

inimicus 

14. 

Quô- 

ni- 

am  magnus  es 

tu,  1  et  fâci-  ens 

15. 

Quô- 

ni- 

am 

praeve- 

et 


no- 

tas 

fac 

mihi  : 

ut 

ro- 

lam, 

li- 

be- 

râvit 

me  : 

tu- 

um 

prôde 

at  : 

6r- 

ma- 

ti 

sunt  : 

in 

câpi- 

le  : 

au- 

tem 

Domi 

nu  m 

in 

vn-- 

tù- 

te  : 

cor- 

nu 

Da- 

vid  : 

1- 

psi- 

us  : 

et 

vi 

de: 

sa- 

pi- 

énti 

um  : 

in 

e- 

0  : 

mi- 

ni- 

ra- 

sti 

bili- 
e- 

V 

um         ^ 

67  - 


Gradualia  I'  toni 


g=S= 


^iE 


— I    ,    I — I — I r««. — i««i 


-sa- 


non     con-     - ..-.._...     fy^.    jj^n- 


tu      so-  lus  Altissimus  "|-  su- 

quô-  ni-  am  in  te  confidit 

sub    um-  bra  alàrum  tuà- 

p6-    pu-  lus,  quem  elégit  Dô/jinius  f    in  hae-    re- 

ha-     bi-  ta-     ------------   re 

quô-   ni-  am  nihil  deest  ti- 

nii-    râ-  bilis  in  niajestàte,  |  fà- 

et      san-  cli  ejus  exsultatio- 

et      lin-  gua  ejus  lo- 

quô-  ni-  am  ipse  est 


pcr 


a- 


ni- 


rum  pro- 

di-  tâ- 

fra-  très 
nién-  ti- 

ci-  ens 

ne  ex- 

qué-  tur 

D6-  mi- 


-f^-Rr 


tur,       Domi- 
mnem    ter- 
ma         me- 


te- 
tem 


pro- 
sul- 

ji'- 
nus 


ge 
si- 


digi- 

tà- 

dici- 

tu- 


ne. 

rani. 

a. 

me. 

bi. 

num. 

um. 

a. 

bunt. 

um. 


Do-   mi-      nus  novit  cogitatiônes  sapién/i-um  -|- 


quo- 


et      brâ-     chium  meum 


for 


tâ- 


bit 


et      glo-     -------- 

et      vo-      luntâte  labiôrura  ejus 


rificà-      bunt  no- 
non      frau-  dà- 


men 
sti 


um. 
um. 


:=S= 


-^— *ï!- 


=iH*=i=^ 


D.C. 


et      se-     mitas                          tuas  é-     do-  ce          me.*  r{. 

et       sic-     ut  slipu-                     lam  an-    te       fâ-    ci-   em  ven-      ti. 

de-    dit     in  opprôbri-                um  con-  cul-  cân-   tes         me. 

6-     eu-    li  tui  vi-     de-  ant    ae-  qui-  ta-         tem. 

et      spi-    ritu  oris  e-                  jus  o-    mnisvir-  tus      e-  6-          rum. 

quod  de-    scéndit  in  bar-            bam,  bar-bam    A-     a-  ron. 

non    de-  ficient  o-   mni  bo-        no. 

déx-   te-     ra  manus  tu-              a  con-  fré-    git     in-     i-  mi-        cos. 

pa-    rà-    vi  lucér-                       nam  Chri-  sto  me-       o. 

et    non    supplantabùn-            tur  .  gres-sus  e-           jus. 

----------------      et  in-    cli-    na    au-rem  tu-         am. 

et    pru-  dén-tiam  prudénti-   um  re-  pro-  bà-        bo. 

et      fi-      li  us  iniquità-              lis  non    no-    ce-   bit  e-   ^ss^^f^TTlv?^ 

^f>.-^  ^  >-  ^  *  Y      *^ 

-  ------------------     tu       es    De-    us  sfip>'^    lus.     .     "= 

-  ------------      in  benedi-  cli-      6-      ni-  bus  dul-  ce-    ffli-o  O  ^s. 

(A    suivre). 


PETITE   CORRESPONDANCE 


N.B.  —  Il  est  répondu  dans  cette  rubrique  aux  demandes  de  renseignements  suscep- 
tibles d'intéresser  nos  lecteurs.  La  réponse  sera  donnée  ici  même,  sauf  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  une  réponse  personnelle. 

En  raison  des  nombreuses  demandes  de  renseigneinents  qui  nous  sont  adressées  par 
nos  abonnés  ou  autres  personnes,  il  ne  nous  sera  possible  de  répondre  personnellement 
désormais  qu'aux  lettres  qui  contiendront  o  fr.  3o  en  timbres-poste. 

Dans  cette  rubrique,  nous  insérerons  volontiers  au  titre  Demandes  les  questions  qui 
nous  seront  envoyées  par  nos  abonnés.  Les  personnes  autres  voudront  bien,  pour  frais 
d'insertion,  joindre  0  fr.  3o  à  leur  demande. 


Réponses 

Abbé  L.  Jacquemin. —  lo  Vous  trouverez  les  principaux  éléments  d'une  bibliogra- 
phie de  l'histoire  de  la  musique  dans  l'ouvrage  de  M.  Landormy,  dont  on  a  donné 
un  compte  rendu  dans  notre  dernier  numéro.  2°  Esquisse  d'une  bibliographie  de  la 
chanson  populaire  en  Europe,  par  Pierre  Aubry  ;  Histoire  de  la  chanson  française, 
par  Julien  Tiersot. 

Abbé  G.  Duprey.  —  Voici  les  renseignements  que  vous  nous  demandez  sur  les 
premières  années  de  la  Paléographie  musicale  des  bénédictins  de  Solesmes. 

Elle  fut  fondée  sur  l'inspiration  de  Dom  Mocquereau  (qui  en  devait  être  le  prin- 
cipal rédacteur),  en  1888.  Dom  Pothier  lui-même  commença  la  publication  en  en 
traçant  le  plan;  celui-ci  fut  inséré,  sous  forme  d'articles,  par  divers  journaux  et 
revues  catholiques.  (Cf.  la  Bibliographie  des  Bénédictins  de  France,  publiée  par  Dom 
Gabrol,  ire  éd. ,  1SS9  ;  2"  éd.,  1906.)  Dans  le  tome  I,  ce  fut  le  choix  de  Dom  Pothier, 
de  concert  avec  Dom  Mocquereau,  et  à  Saint-Gall  même,  qui  détermina  la  repro- 
duction du  ms.  339,  et  d'un  certain  nombre  de  planches.  Dom  Mocquereau  tint  la 
plume  pour  V Introduction  générale  et  l'explication  des  planches  :  Dom  Pothier 
revoit  le  tout,  modifie,  ajoute  ou  retranche,  de  bonne  entente  avec  Dom  Mocque- 
reau. Les  pages  sur  la  bibliothèque  de  Saint-Gall  et  la  description  du  ms.  sont  de 
Dom  Gabrol  et  de  Dom  Cagin.  Dans  les  tomes  II  et  III,  le  choix  des  planches 
dépend  aussi,  en  notable  proportion,  de  Dom  Pothier.  Dom  Pothier  rédigea  le 
tome  II  en  collaboration  avec  Dom  Mocquereau  ;  à  celui-ci  et  à  Dom  Delpech  il 
confia  le  soin  de  dresser  les  tableaux  annexes,  dont  lui-même  avait  tracé  le  modèle 
bien  des  années  auparavant.  Les  tableaux  de  désagrégation  des  formules  grégo-. 
Tiennes  appartiennent,  en  effet,  en  propre  à  Dom  Pothier,  qui  les  utilisait  pour  ses 
cours.  Un  prêtre  de  nos  amis,  professeur  dans  un  grand  séminaire,  en  possède  des 
copies  datées  de  1875.  Cf.  aussi  les  tableaux  de  neumes  publiés  déjà  par  Dom 
Pothier  en  i  877,  et  ceux  que  renferment  ses  Mélodies  grégoriennes  (1880). 

Un  religieux  a  pu  ainsi  caractériser,  dans  les  premières  années  de  cette  œuvre, 
l'ensemble  du  travail  :  «  Parmi  les  ouvrages  que  les  Mélodies  grégoriennes  ont 
inspirés,  il  faut  donner  la  première  place  à  la  Paléographie  musicale,  qui,  sous  la 
haute    direction    de    Dom    Pothier,  est  rédigée    par  le  P.  D.  Mocquereau,  avec  le 


-  69  - 

concours  de  ses  confrères  de  Solesmes.  »  (D.  Choisnard,  dans  la  Revue  du  chant 
grégorien,  IV,  année  iSgS,  p.  140.)  La  même  impression  ressort  de  la  Bibliographie 
déjà  citée,  de  Dom  Gabrol. 

On  peut  donc  bien  dire  avec  exactitude,  et  c'est  l'expression  de  la  vérité,  que 
Dom  Pothier  commença  la  publication  de  la  Paléographie  musicale,  et  que  les 
premiers  tomes  furent  le  résultat  de  sa  collaboration  avec  Dom  Mocquereau. 

La  rédaction  du  tome  III  donna  lieu  à  des  remaniements  divers  ;  Dom  Pothier, 
qui  avait  commencé  ce  tome,  avait  alors  quitté  Solesmes,  pour  devenir  prieur  de 
Ligugé,  monastère  de  la  même  congrégation.  Diverses  feuilles  furent  imprimées  à 
nouveau  avec  une  rédaction  différente,  et  Dom  Mocquereau  assuma  seul,  dès  lors, 
la  direction  complète  de  la  publication. 

Sur  les  points  plus  particuliers  que  vous  nous  citez,  pour  vous  mettre  en  garde 
contre  des  affirmations  pseudo-scientifiques  et  tendancieuses,  voyez  la  réponse, 
aussi  documentée  que  précise,  de  Dom  Pothier,  dans  la  Revue  du  chant  grégorien, 
VI,  année  1897,  p.  18-19. 

M.  Alb.  Diimont.  —  Les  vieilles  chansons  françaises  exécutées  par  les  Chanteurs 
de  Saint-Gervais  dans  leurs  concerts,  ont  été  publiées  par  M.  J.  Tiersot,  et  éditées 
par  lui  chez  Heugel,  rue  Vivienne,  à  Paris.  (Vous  les  aurez  facilement  par  l'inter- 
médiaire du  Bureau  d'Edition  de  la  Schola.) 


!êikiU^kJ2^^kmjCiiiSikmk}l4k&h0k)2^jlSik!2^ 


BIBLIOGRAPHIE 


Nouvelle  Méthode  pratique  de  chant  grégorien,  par  Amédée  Gastoué.  Paris, 
Société  d'éditions  de  chant  grégorien  (Lecoffre,  Lethielleux,  Biais),  1910,  in-8°  de 
96  p.  Prix  :   1  fr.  65. 

M.  Gastoué  nous  avait  déjà  donné  le  Cours  théorique  et  pratique  de  plain-chant 
romain  grégorien .  C'était  le  cours  supérieur.  Grâce  à  lui,  quiconque  voulait  com- 
prendre ce  qu'est  vrainient  le  chant  sacré  pouvait  en  approfondir  la  technique  et  se 
convaincre  que  sa  restauration,  alors  entreprise  à  Rome,  nous  donnerait  dans  sa 
pureté  cette  forme  de  musique  rtligieuse  que  le  catholicisme  a  inspirée.  Les  Ori- 
gines du  chant  romain,  du  même  auteur,  nous  ont  fait  remonter  aux  sources  et 
montré  le  chant  grégorien  synthétisant  tout  ce  que  l'art  antique  gréco-romain  aussi 
bien  qu'oriental  avait  produit  de  plus  beau. 

A  l'heure  actuelle,  les  travaux  des  savants  ont  conduit  à  des  résultats  qui  désor- 
mais doivent  entrer  dans  la  pratique  du  culte,  faire  partie  intégrante  de  la  vie  litur- 
gique de  l'Église.  L'art  doit  donc  se  vulgariser.  Une  nouvelle  méthode  s'impose, 
simple,  précise,  accessible  à  tous. 

Nul  mieux  que  M.  Gastoué  n'était  préparé  à  nous  la  donner,  autorisé  qu'il  est  par 
ses  études  antérieures,  par  une  longue  pratique  de  l'enseignement,  par  sa  collabo- 
ration aux  travaux  de  la  Commission  romaine.  La  Nouvelle  Méthode  pratique  de 
chant  grégorien  réalise  pleinement  ce  qu'on  pouvait  désirer  pour  répondre  aux 
nécessités  actuelles. 

Un  avertis-sement  préalable  fait  savoir  qu'en  grégorien  le  bon  chanteur  doit  être 
tout  d'abord  un  bon  lecteur,  bon  lecteur  du  texte  latin.  De  plus,  le  lecteur  doit  être 
en  mesure  de  rendre  le  texte  sonore  soutenu,  de  manière  à  lui  donner  la  puissance, 
la  pénétration,  l'expression  qui  convient  au  chant.  Après  cet  avi«,  trois  leçons  préli- 
minaires apprennent  à  l'élève  ce  qu'on  doit  nécessairement  observer  dans  la  pro- 
nonciation pour  qu'elle  soit,  tant  pour  les  voyelles  que  pour  les  consonnes,  accep- 
table ;  ce  qu'on  pourrait  y  ajouter  pour  la  rendre  parfaite. 

Mais  prononcer  correctement  les  syllables  latines  ne  suffit  pas  à  donner  la  vie 
au  texte,  Vaccent  doit  l'animer,  et  voici  les  règles  d'accentuation  si  peu  usuelles 
en  France  qui  sont  illustrées  par  d'heureuses  analogies  avec  des  mots  français. 

Enfin  les  principes  sur  \a  pose  et  la  gymnastique  de  la  voix  transforment  le  bon 
lecteur  en  excellent  chanteur. 

Ces  premiers  principes  préparent  toute  exécution  musicale  de  textes  liturgi- 
ques. 

Mais  ici  il  s'agit  de  la  musique  officielle  de  l'Eglise,  et  voici  le  corps  de  l'ouvrage. 
Une  première  partie  donne  la  technique  et  la  pratique  de  ce  qui  convient  à  fous  les 
chants  grégoriens  :  lecture  des  notes,  phrasé,  rythme  qui  résulte,  sous  l'influence 
de  l'accent  et  de  la  mora  vocis,  du  groupement  des  sons  unis  ou  séparés,  enchaînés 
ou  divisés. 

La  deuxième  partie  distingue  les  diverses  sortes  de  chants  qu'offre  la  litur- 
gie. C'est  d'abord  la  psalmodie  avec  tous  les  chants  qui  s'y  rattachent  :  antiennes, 
traits  et  répons. 

On  étudie  dans  la  dernière  partie  les  autres  chants  du  répertoire  grégorien  : 
hymnes  versifiées  ou  non,  proses,  invocations  litaniques,  petits  versets  et  réponses 
diverses.  On  le  voit,  il  n'est  pas  un  détail  de  la  liturgie  chantée  qui  ne    trouve    dans 


-  71  — 

cette  méthode  les  règles  de  son  exécution  :  règles  clairement   énoncées,    illustrées 
de  nombreux  exemples  tous  choisis  dans  l'édition  vaticane  même. 

Et,  pour  plus  de  clarté,  notation  moderne  venant  éclairer  pour  les  musiciens, 
moins  familiers  avec  l'ancienne  notation,  jusqu'aux  plus  délicates  nuances  de  l'exé- 
cution. Cette  méthode,  arrivant  à  point  nommé,  ne  peut  manquer,  grâce  à  la  noto- 
riété de  l'auteur,  dont  les  travaux  grégoriens  ont  été  couronnés  récemment  par  une 
décoration  pontificale,  d'avoir  le  succès  qu'elle  mérite  et  de  concourir  efficacement 
à  la  rénovation  tant  désirée  par  Sa  Sainteté  Pie  X. 

Abbé  A.  ViGouREL. 

Lully,  par  Henry  Prunières  (collection  :  les  Musiciens   célèbres).    Henri   Laurens, 
éditeur,  6  rue  de  Tournon.  i  vol.  in-8o,  broché,  2  fr.  5o. 

Depuis  l'admirable  portrait  tracé  par  Romain  Rolland  dans  ses  Notes  sur  Lully 
{Musiciens  d'autrefois,  Hachette,  1908),  voici  le  premier  livre  offrant  une  vue  d'en- 
semble sur  la  vie  et  les  travaux  du    fondateur    de    l'Académie  de  musique. 

Cet  artiste  grand  seigneur,  qui  fut  le  musicien  favori  de  Louis  XIV  et  collabora 
avec  Molière,  Racine,  La  Fontaine,  Quinault,  les  deux  Corneille,  Boileau  ;  ce 
créateur  du  drame  lyrique,  le  plus  compris  et  le  plus  encouragé  des  artistes  ;  ce 
Florentin  qui  resta  l'un  des  plus  français  de  nos  musiciens  et  fut  l'interprète  le 
plus  fidèle  de  l'âme  du  grand  siècle,  est  aujourd'hui  trop    oublié. 

Si  l'on  connaît  son  nom  glorieux  et  sa  légende,  l'œuvre  est  presque  ignorée  :  cette 
œuvre,  qui  fut  admirée  «  du  monde  entier  »,  disait  Muffat,  l'un  de  ses  élèves,  et 
qui  eut  tant  d'influence  en  France,  en  Italie   et  en  Allemagne  ! 

Il  fut  même  un  temps  où  l'admiration  de  Lully  «  fut  érigée  en  une  sorte  de 
dogme  musical  ».  A  ce  point  de  vue,  il  serait  nécessaire  de  renouer  avec  cette 
musique  trois  fois  séculaire,  pour  l'apprécier  à  sa  valeur,  et  même  en  tirer  d'utiles 
leçons. 

Le  livre  de  M.  Prunières  nous  invite  au  souvenir-,  il  fait  revivre  la  puissante 
figure  du  Florentin  et  nous  la  rend,  pour  un  moment,    familière. 

L'ouvrage  est  divisé  en  deux  parties  :  la  première  consacrée  à  la  biographie,  la 
seconde  à  l'étude  de  l'œuvre.  Nous  apprenons  d'abord  la  date  véritable  de  la  nais- 
sance de  Lully  (29  nov.  i632)  K  Fixant  ensuite  définitivement  le  peu  que  l'on  sait 
des  premières  années  de  sa  vie,  M.  Prunières  détruit  la  légende  de  Lully  marmiton. 
Le  futur  auteur  d'Amadis  fut  amené  en  France,  à  l'âge  de  12  ans,  par  le  chevalier 
de  Guise,  pour  faire  la  conversation  avec  Mlle  de  Montpensier,  qui  apprenait 
l'italien.  C'est  ensuite  l'histoire  des  débuts  de  Lully  à  Paris  ;  ses  études  musicales 
sous  la  direction  de  Métru,  Roberdet  et  Gigault,  «  tous  sçavans  musiciens  »  ; 
son  mariage  ;  la  fondation  de  l'Académie  de  musique.  Avec  une  ardeur  incroyable, 
Lully  s'occupe  de  tout,  à  la  fois  artiste  et  parfait  administrateur  ;  ses  rivaux  sus- 
citent contre  lui  une  formidable  cabale,  un  procès  retentissant  :  mais  l'artiste 
triomphe,  et  triomphe  royalement.  Il  est  nommé  conseiller  secrétaire  du  roi 
avec  le  titre  de  gentilhomme  ;  à  55  ans,  en  pleine  gloire,  il  meurt,  «  roulant  dans 
son  esprit  de  vastes  projets  d'avenir  ». 

Après  une  esquisse  du  caractère  physique  et  moral  de  l'homme,  commence 
l'étude  de  l'œuvre  : 

I.  Musique  de  Cour.  Ballets.  Comédies-Ballets.  Pastorales.  Motets.  —  H.  L'O- 
péra, esthétique  et  évolution  (Le  Récitatif.  Idéal  littéraire  de  l'opéra  lullyste). 
—  III.  La  Musique  de  Lully  (son  génie  infiniment  varié,  son  sens  comique,  son 
sentiment  de  la  nature,  ses  rythmes).  —  IV.  L'Œuvre  pratique  (Sévère  discipline  de 
l'Académie  de  musique.  Formation  d'une  troupe  qui  fit  l'admiration  de  l'Europe. 
Perfection  et  soins  donnés  aux  exécutions  sous  la  direction  de  Lully).  —  V,  Gloire 
et  popularité  de  Lully.  Son  influence. 

I.  Cf.  aussi  la  Jeunesse  de  Lully,  par  H.  Prunières  et  L.  de  La  Laurencie  (2  articles 
parus  dans  le  Bulletin  de  la  S.  1.  M.,  mars-avril  1908),  où  l'on  trouvera  les  références  dont 
nous  regrettons  de  ne  pas  retrouver  au  moins  Ks  principales  dans  le  livre  d'aujourd'hui. 


—  72  — 

Le  volume  se  termine  par  des  indications  bibliographiques  et  la  liste  des  oeuvres 
de  Lully  qui  nous  ont  été  conservées.  Ajoutons  qu'il  est  illustré  de  fort  intéressantes 
gravures  et  d'une  lecture  fort  agréable.  Puisse  cet  hommage  à  Lully  contribuer  à 
ressusciter  quelques-unes  de  ses  admirables  tragédies  en  musique  !  «  On  sera  sur- 
pris de  leur  jeunesse.  Elles  sont  sœurs  de  celles  de  Racine,  et  pas  plus  que  Phèdre, 
Amadis  ne  peut  vieillir.  » 

FÉLIX  Raugel. 


NOTRE    SUPPLÉMENT 


Trois  motets  à  3  voix  égales,  de  M.  le  ch.  Perruchot, 

C'est  encore  une  œuvre  de  M.  le  chanoine  Perruchot,  œuvre  nouvelle  et  très 
facile,  que  nous  offrons  aujourd'hui  à  nos  lecteurs.  Ces  trois  motets  au  T.  S.  Sacre- 
ment commencent  en  même  temps  un  Nouveau  répertoire  à  voix  égales^  que  vient 
d'inaugurer  le  Bureau  d'Édition,  et  dont  nous  parlerons  plus  longuement  dans 
notre  prochain  numéro. 


Le   Gérant  :    Rolland. 


Poitiers.  -  Société  française  d'Imprimerie 


Supplément  a  La  Tribune  de  Saint-Gervais.  —  Mars  1910. 

NOUVEAU  RÉPERTOIKE  D'OEUVRES  MODERNES 
1^  SÉRIE:  MOTETS  ETWESSES  AVOIX   ÉGALES. 


Partition 
net,  2/ 


A  Monsieur  Alex.  GUILMANT 
très  respectueux  hommage 

TROIS  HYMNES  ET  MOTETS 

AU    SAINT   SACREMENT 


Voij-  seules 
net.ofQo 


à  3  voix  ég"ales 


L.PERRUCHOT 


1"  AVE  VERUM  CORPUS 


K  VOIX 


2':  VOIX 


3':  VOIX 


Andante 


A_ve 


P 


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A_ve 


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m 


ve_rum 


ve_rum 


J=^=Fg 


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cor    _ 


cor     _ 


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na.ti 


na-tum 


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de    Ma  _ 


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ri  „   a 


de  Ma    _  !  ri  _   a 


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ii^^s^ 


V 


ir  _  2:1- 


Vir_  gi_ 


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A_ve      ve_rum        cor     _       pus         na.tum   de  Ma    _     ri  _  a      Yir  _  gi 


_  ne  cu_jus  la_tus     per_fo    _    ra_tum    un_da         fluxitcumsan     gui  -  no 


i 


prsegus  _  ta_ 


mor-Tis 


cresc. 

PL. 


in    e     _     xa_mi 


'0 •     •" 

0       Je_su      dul 


 


^ 


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0 


Je_su 


li     Ma- 


ri 


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Je  -SU 


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Ma     _ 


ri_ 


_ae     tu 


no 


ÏEESt 


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f 


f 


Jo  _  SU        pi 


O        Je_su       fi      _       li    Ma  _  ri 


tu 


«1 


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_  bis 


ini_se  _    rc- 


É 


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mi_ 


_se   _    re 


re. 


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tni 


se 


re 


re 


se_  re_ 


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P 


g^-_U^-lj-^-i^^-i=^ 


fï 


no      _       DIS 


mi  _  se  _    re 


re    mi    _    se_re_ 


-.re^ 


POUR   LA  PROCESSION  DU   S<.  SACREMENT 


.3 


2PVERBUM    SUPERNUM 


a  3  voix  ég'ales 


L.PERRUCHOT 


Les  voix  d'hommes  doivent  être  accompagnées  une  octave  en  dessous 

Andante 


1^  VOIX 


2e  VOIX 


3?  VOIX 


r 


^^ 


# 


i._    Ver_ 
f 


^m 


•N 


2._     In 
/ 


^^ 


bum  su  _ 


mortem 


)er_num 


dis 


J^-^-^^-^ 


^ 


pro_di    _ 


ci_pu     _ 


en  s 


lo 


Efe 


Née 


Da_tris 


^ 


Su  J.   is  ira  _ 


^ 


iinquens 


dendus 


3.-  Qui_bussub     bi_na     spe_ci     _  e 

4.^  Se      nasjcens  de_dit  .  so_ci     -  um 

5._  O        sa_lu_ta_ris     hos_ti    _  a 

6._  U  _  ni  tri  _  no-que     Do_mi  ._  no 


Car_  nem  de_  dit   et 

Con  _ves_cens  in     e   , 

Qiiae    cœ_li     pan^dis 

Sit    seîn_pi  _ter_na 


z 


t 


^ 


1._      dex_te 


^É 


2.-      ae  _  mu 


ram 


-c — 
lis 


^ 


Ad 


i 


o  _  pus 


Pri  _    us      in 


^f       * 


su_  um 


É^ 


vi  _tae 


e  _  XI     _ 


^É 


fer_  eu 


ens 


!o 


Ve    _ 


Se 


a^ 


f 


^=^-=^^5 


"\ 


3._ 

san-,gui    _ 

nem 

4._ 

_  du  _  ii 

um 

5._ 

os_ti 

um 

6._ 

glo_  ri 

a 

Ut         du_pli    _      cissubs  _  tan_  ti 

So        mo-ri      _    rns    in        pre_ti 

Bel  _    la    pre  _    munt  hos  _  ti  _  li 

Qui  vi.tam        si  _  ne       ter_  mi 


W 


ao 

To 

um 

Se 

a 

Da 

no 

No 

^ 


,-^.i-.  J  L,-.-,.a_iJU_^i.,  ^  ^fWf^ 


t 

3., tum  ci  _  ba_ret      ho  _  mi    _  nem 

4,_       re_gnansdat  in      proe_mi    _  um 

5._        ro_bur    fer   au  _  xi  _   li     _  um 
6._  _  bis    do  _   net    in       pa  _  tri    _      a 


t-r 


iXaUR  LA   PROCESSION  Dli  S^.  SACREMENT 


5"  SAGRIS    SOLEMNIIS 


à  3  voix  ég^ales 


L. PERRUCHOT 


VOIX 


2^  VOIX 


;>n'Oix 


Chantée  par  des  voix  d  hommes,  cette  hymne  doit  être  accompag"ne'e  une  octave  en  dessous 

I    ,     fAndante 


3.„Post  a_gnum  ty_pi  _  cum 
4.  _  De _ dit  fra  _  gi-li  _  bus 
5._  Sic  sa_cri  _  fi_ci  _  um 
^>.--  Pa_  nis  an  _  ge_li  _  eus 
J Te    tri_na      de_i   _   tas 


expie _tis,       e  _  pu  _  lis 
corpo_ris      fer_cu_lum 

is_tudins  _  ti_tu  _  it 
fit  pa_nis      ho_mi  _  num 
u  _  naque      posci  _  mus 


Corpus  do- 
De_dit  et 
Cu_jus   of_ 
Dat  pa_nis 
Sicnos-tu 


3 mi_ni_  cum 

4.._  tristi_bus 
5._  _fi_  ci_  um 
^.—  cœ_li_cus 
7._    vi_si  _  ta 


da_tum  dis  _  ci_pu_lis  Sic        totum       om_ni_bus  quod    totum 

san_gui_nis       po_cu_lum  Di  _  cens  ac  _  ci_pi_te  quod    trado. 

com_mit_ti         vo_lu  _  it  So    _  lis  près  _  by_te_ris  qui_bussic 

fi   _  gu_  ris      termi.num  0        res  mi    _  raJbi_lis  man_dueat 

si  _  eut    te        co_li_^mus  Per       tu_as        se_mi_tas  duc     nosquo 


—^ s- 

2._    e:i_ti_ma 


Pr 


^ 


m 


eis 


É= 


in  _  duLta 


0     _    pe 


pa_tri     _ 


-y^v- 


buî 


=± 


A  _     -    _ 


j:^ 


mcn 


-  JUS 

_    nés 


3._  singujia  E     _ 

-4._-  vaseulum  Om    . 

5._  ci.v.-îTi'uit  Ut  su'_ 

'>  doinunum  Pau    _       _    per 

~ .  -  -  tundi_mus  A.d  lu 


fa  _   temur    ma_ni  _ 

ex        e_o       bi_bi  te 

_  mant   etdentcce_te  _  ris 

ser  _  vus  rt    hu_mi  _  lis 

oem    quamin-,  ha_bi  _  tas 


Sup|)lément  a  La  Tribune  de  Saint-Gervais.    -  Avril  1910. 

NOUVEAU  RE PEROIRE    d'oeuvres  MODERNES 
r.  série: MOTETS  ET  WESSES  A  4  VOIX  EGALES 


Partition 
net,  2f. 


au  cher  Abbé  Georges  TAILLEFER^Curé  de  Capdrot 

PETIT     SALUT 


à  2  voix  ég-ales 


PANIS  VIT/E 


(1) 


Voix  seules 
net,  Of.2'^ 


Abbé    C.  BOYER 


lent(Jz50) 


te.  VOIX 


2n  VOIX 


^s 


I 


rTT'r 


p 


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Pa     _ 


nis 


&- \ 


Vi  _  tae . 


i 


pa    _    nis 


^^ 


Pa  _   nis     VI   _  tae,        pa_    _       _   nis      an_ge_   lo  _ 


^ 


r//. 


^ 


m 


^s 


^ 


an_ge_lo._ 


rum. 


Je  _     su 


Chri'  _  ste. 


m 


rit. 


û 


ï 


é 


_  rum. 


Je_    su    Chn'_  ste^  Je    _  su 


ve      _     ra 


mun. 


-di 


^^^^ 


VI    _    ta,  qui     sem  _   per    nos 


^=^ 


re'_   fi_cis. 


m 


Chr{ _    ste 


mun 


m  _-  di         VI   _   ta,  qui     sem  _  per  nos        re  _  fi_ois,  in 


L'u  peu  moins  letil 


te     nunquam   dé  J^"  _  fi   .ois:  nos         ah    0    -  mni    eu_ra_lan_guo    re,        \^;£BB^ 


(•)  Les  paroles  de  ce  motet  sont  extraitesde  l'office  primitif  du  StSacrement  composé  par  S*.^  Julieune  de 
Liè?e  et  le  Frère  Jean  (V.BoUandistes) 


ut_te. 


no tstcojvi-a.  ti  4  eo.  in  terra 

'   é 


recre_a 


ti, 


to      0    _ 


ô  _     stro.vLa-  ti_  co 


terra  re     _      cre_â   _  tij 


replenis_si_mo    mandu  _ 


=çt 


-s) s»- 


tt±^îUm 


ce  _ 


'  te       o replenis^i- mo.înandu_ee' _ 


m 


_   mus  inaeter_ 

ûllar, 


rJ'        b< 


_  pum. 


P^^ 


_   mus  in  £e_ter 


~csr 

num. 


SUB  TUUM  PR^SIDIUM 


l-^VÛLX 


2ȔV0IX 


,       ,.Leut  (JriS6  )         „ 


l^-S- 


rit 


mus,  san-cta 


De   _     i 


^=^^^ 


Ge  _     ni    _ 


trix: 


Sub      tii  _  um  prae_ 


^  si  -  di_um con_fii  _  gi-mus,  con_fu  ,  gi_mus,san_  cta      De  _    i         Ge  _    ni_ 


x.^?^- 


nd_ stras 


depreea_  ti  4  o     _  nés,  ne 


de_spi_oi  _ 


as       m   ne 


# 


trix; 


noLstras      depreca.  ti   _   0     _  nés,  ne de_spi_oi_as      in   ne_ 


_ees_si_ta_  ti  jbus, 
rit. 


_  ces_si  _ta  _  ti  _  bus, 


sed       a    pe 


r{   _    cu_lis 


cunc    _  ils 


sed       a    pe  _    rî    _     eu_lis       eune  _  tis    ll_be- 


lî_be_ 


ra   nos  sem.per, 

9 


Vfr  _  go,  glcLri   _  o  _ 


_  ra  nos  sem  _        _  per,  Vfr    _    go,     Vfr  _  go  gIo_ri  _  6  _ 


_sa 


_  sa 


TANTUM   ERGO 


J.5 


Leut(Jz54) 


1«V0IX 


2^  VOIX 


W 


Tan_  tuflî 
Gc  _    ni 

P 


m 


A=à 


er_go 
to_  ri 


Fï=^ 


Sa  _  ora 
Ge  _   ni 


m 


mén_tum 
to_ que 


W~9 


Ve   _  ne 
Laus     et 


i^p^^ 


re     _  mur 
ju    .    bi    . 


Tan_tum  ër_go  Sa  _  ora   _     menJtum  Ve  _    ne  _      re    _    mur 

Ge   _  ni      _   t6_ri  Ge  _  ni      _     t6_  que         Laus    et         ju    _     bi  _ 


Ép 


cer    _ 


nu 

ti 


pi* 


Et       an 
Sd.    lus, 


ti_quum 
ho  _ non, 


^ 


do   _  eu 
vir  _  ti'.s 


^? 


men_  tum 
quo_que 


■^ 


^:=^a-=iN=^Ml3 


cer    _     nu    _    i; 
_   la     _      ti    _     0, 


Et         an     -        tLquum  do  _    eu    _       mén_tum  ;  -°^^ï 

Sa  _    lus,  h6_nor,  vïr  _  tus  quo_  que  '^3^^^ 


^ 


^ 


No  _     vo 
Sit         et 


ce 
be 


dat    _ 

ne   _' 


ri    _ 


tu 

cti 


Prae  _  stet 
Pi"o    _    ce 


fi      _      des 

dén    _     ti 


^i! 


mm 


^m 


f^^ 


TÂZ 


No  _     vo  eé    _     dat  _    rî    -       tu 

Sit        et  be    _      ne   _    df      _     cti 


Prae  _  stet       fl      -      des 
Pro  _     ce  _    dén    _     ti 


,P 


^ 


nï. 


^^ 


^ 


sup 

ab 


ple- 
u  _ 


mén   _     tum 
tro     _      que 


Sén  _      su  _ 
Com  _    par 


um 
sit 


cie 
lau 


t 


h= 


^ 


fe  otu 

da     -     ti 
rît. 


1 

0 


riJizr 


sup 
ab 


pie  _   mén   _      tum      Sen    _      su  _     um  de  fé 

u    _   tro     _      que      Co'm    _     par       sit  lau    _    da 


ctu 

4i 


A_ 


LAUDATE  DOMINUM  OMNES  GENTES 

FAUX  BOURDONS  (3^' ton) 


\^  VOIX 


2*^  VOIX 


W=^ 


Quôniam  confirmata  est  super_nos_miseri 
Sicut   érat  in   prinefpio     et 


^ 


eor  _   a:  _  a 
nune      et 


^ 


e    -   jiis  - 
sem  _  per 


^  Quoniam  confirmataest  super  nos  miseri    _      co'r  _   dï      a         é   _    ji 

Sietit  érat  in  prineipio     et  nune      et  sém  _.per 


'^V- 


et  véritas    Domini 
^t       in  sécula 


-k 


=H: 


S 


^ 


ma  _  net     in      ae    . 
se  _    eu  _  lo'  -  rum 


î£ 


tér_ 
A_     - 


_  num 
-  men 


et  veritas    Domini 
et       in  secul'a 


:^ 


mâ_  net     in      ae    _     tér_ 
se  _  ou  -  lo  -  rum        A_ 


_  num 
_men 


Seizième   Année  N»  4  Avril  1910 

LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 

REVUE    MUSICOLOGIQUE 

DK    LA 

Sel) 0 la    (Hautorum 

ABONNEMENT   COMPLET  :  J  BUREAUX    :  l     ABONNEMENT  RÉDUIT  : 

(Revue  et  Encartage  de  Musique!       ?   260       rue    Saint-Jacques,     260   \  {Sans  Encartage  de  Musique) 

France  et  Colonies,  Belgique.    10  fr.  |  paris  {v«)  j  Poiii-  jiM.  les  Ecclésiastiques, 

Union  Postale  (autres  pays).    11  fr.  les  Souscripteurs  des  11  Amis 

...   5      14,  Digue  de  Brabant,  14     \      de  la  Schola  11  et  les  Elèves     6fr. 

Les  Abonnements  partent  du  mois  de  s  ^  °  <   -t   •       n        1  n  r 

Janvier.  ]  GAND  (Belgique)  i   UniOU  FOStale.  7  ir. 

Le  numéro  :    G   fr.  60  sans  encartage  ;  1  fr.  avec  encartage. 

SOMMAIRE 

Le  deuxième  volume  du  Cours  de  composition  de  M.d'Indy.     .       Albert  Groz. 

Nouvelles  musicales  :  règlement  pour  le  diocèse  de  Malines  ; 
lettre  du  Cardinal  Préfet  des  Rites  sur  le  rythme  grégorien. 

Les  trois  Etats  de  la  tonalité  {suite  et  fin) Aug.  Sérieyx. 

Réponses  à    des  polémiques  grégoriennes A.   Gastoué  ;    abbé 

G.  Marcetteau  ;  La  Tribune. 

Nouvelles  publications Henry  Noël. 

Bibliographie  :  le  Répertoire  populaire  de  la  musique  Renais- 
sance Je  M.  Henry  Expert  ;  pièces  anciennes  pour  clavier  et 
instruments  à  cordes,  rééditées  par  V.  d'Indy,  J.  Peyrot  et 
Rebuffat A.  Gastoué. 

Œuvres  diverses  :  Revue  des  Revues ,     .       Les  Secrétaires. 


Le  deuxième  volume  du 

«  Cours  de  Composition   t> 

DE    M.    D'INDY 


Nous  possédons  enfin  depuis  quelques  semaines  le  second  volume 
du  Coulas  de  Composition  de  M.  Vincent  d'Indy.  On  l'attendait  impa- 
tiemment. L'intérêt  suscité  par  la  lecture  du  premier  volume,  l'impor- 
tance sans  cesse  accrue  de  l'enseignement  du  Maître  à  la  Schola  durant 
les  huit  années  qui  se  sont  écoulées  depuis  la  publication  de  la  pre- 
mière partie  de  cet  ouvrage,  justifiaient  amplement  une  telle  curiosité. 
Elle  ne  sera  point  déçue. 

Il  est  généralement  aventuré  de  chercher  à  se  faire  une  opinion  dé- 
finitive sur  une  œuvre  quelconque  avant  son  complet  achèvement.  Le 
cas  n'est  pas  tout  à  fait  le  même  ici  et,  par  fortune,  ce  que  nous  connais- 
sons maintenant  de  la  grande  œuvre  didactique  de  M.  d'Ind}^  permet 
d'entrevoir  fort  bien  ce  qu'elle  sera  quand  il  l'aura  parfaite.    Les  deux 


-  74  — 

volumes  parus  contiennent  en  effet  tout  l'essentiel  de  sa  doctrine  pro- 
fessorale, dont  les  volumes  suivants  n'offriront  plus  désormais  que  le 
développement  logique  et  nécessaire.  Il  semble  donc  qu'on  soit  dès 
à  présent  en  droit  d'assigner  à  l'œuvre  entière,  comme  si  elle  était  déjà 
terminée,  la  place  qui  lui  reviendra  dans  l'ordre  des  connaissances  qui 
ont  la  musique  pour  objet.  Et  l'on  peut,  à  mon  sens,  affirmer  sans  exa- 
gération qu'avec  cet  impérissable  monument,  M.  Vincent  d'Ind}^  est  en 
train  de  fonder  en  fait  la  science  de  la  composition  musicale. 

Rien  de  comparable,  en  effet,  n'existait  jusqu'à  ce  jour.  Les  rares 
travaux  du  même  genre  qu'on  pourrait  citer  se  réduisent  à  de  simples 
essais,  vagues  et  inconsistants.  Les  plus  honorables  n'off^rent  à  l'ap- 
prenti musicien  que  des  indications  de  première  nécessité,  les  recettes 
d'un  empirisme  incertain.  On  sait  assez  d'autre  part  combien  dans 
tous  les  conservatoires,  y  compris  le  nôtre,  l'enseignement  de  la  com- 
position est  dépourvu  d'esprit  de  méthode  et  de  valeur  critique.  La 
plupart  du  temps  le  professeur  qui  en  est  chargé  n'a  lui-même  sur  la 
matière  que  des  notions  superficielles  ;  il  se  borne  à  proposer  à  ses 
élèves  la  lecture  et  l'imitation  des  maîtres,  sans  se  douter  qu'il  commet 
ainsi  une  véritable  pétition  de  principe,  car  une  assimilation  féconde 
des  chefs-d'œuvre  du  passé  suppose  avant  tout  la  connaissance  des 
lois  qui  ont  présidé  à  leur  création.  Jusqu'ici  ces  lois  ne  se  trouvaient 
réunies  nulle  part  ;  on  les  trouvera  désormais  dans  le  livre  de  M.  Vin- 
cent d'Indy.  Nul  avant  lui  n'avait  encore  tenté^  avec  autant  de  rigueur 
dans  l'analyse  et  de  minutie  dans  le  détail,  un  aussi  vaste  effort  syn- 
thétique. Son  traité  est  une  véritable  Somme.  Il  embrasse  toute 
l'histoire  de  la  musique  ;  il  reconstitue  de  façon  sensible  et  vivante  toute 
la  succession  évolutive  des  formes  multiples  que  la  pensée  musicale  a 
revêtues  à  travers  les  âges.  On  ne  peut  se  défendre  de  songer  avec  un 
étonnement  admiratif  à  tout  ce  qu'une  tâche  si  colossale  a  néces- 
sairement exigé  de  lectures,  de  réflexions,  de  labeur  clairvoyant  et  de 
courage  tenace.  On  accuserait  en  vain  cette  œuvre  de  n'être  qu'une  ma- 
gnifique compilation.  Comment  oublier  l'intelligence  profonde,  le  sens 
divinatoire  avec  lesquels  l'auteur  a  su  dégager  de  la  masse  des  docu- 
ments accumulés  les  principes  primordiaux  qui  régissent  la  composi- 
tion musicale,  ceux  sans  lesquels  il  n'est  pas  d'œuvre  qui  puisse  durer, 
ceux  que  l'instinct  du  génie  a  toujours  respectés,  quelle  que  fût  la 
forme  adoptée  par  la  sensibilité  d'une  époque  ? 

Je  ne  m'attarderai  pas  davantage  à  louer  une  œuvre  dont  les  lecteurs 
de  la  Tinbune  de  Saint-Gervais  sont  aussi  capables  que  moi  d'ap- 
précier le  mérite  ;  il  est  temps  d'analyser  en  quelques  mots  le  contenu 
du  volume  qui  vient  de  paraître. 

On  se  souvient  que  le  Premier  Livre,  après  quelques  chapitres  con- 
sacrés à  l'expression,  au  rythme,  à  la  théorie  de  Tharmonie,  à  l'histoire 
de  la  notation,  etc.,  nous  avait  conduits,  avec  l'étude  du  motet,  de  la 
chanson  et  du  madrigal,  jusqu'à  la  fin  de  la  période  polyphonique.  Le 
second  volume  forme  la  première  partie  du  Second  Livre,  lequel  a  pour 
objet  l'étude  des  formes  symphoniques,  le  Troisième  Livre  devant  être 


consacré  à  l'étude  de  la  musique  dramatique  et  de  toutes  les  formes 
qui  s'y  rattachent.  Au  moment  donc  où  nous  ouvrons  le  second  vo- 
lume, nous,  nous  trouvons  reportés  au  début  de  la  période  harmoni- 
que et  nous  assistons  d'abord  à  la  naissance  de  la.  Fugue.  Nous  voyons 
se  constituer  peu  à  peu  ses  divers  éléments  :  rythmiques,  l'imitation, 
le  canon,  les  marches  ;  mélodiques,  le  sujet,  la  réponse,  le  contre-sujet  ; 
enfin  harmoniques,  la  cadence,  l'ordre  tonal  des  expositions,  les  épi- 
sodes, etc.  Tout  ce  qui,  dans  ce  chapitre,  touche  aux  rapports  de  la 
fugue  et  de  la  tonalité,  est  absolument  remarquable  et  d'une  grande 
nouveauté.  Le  caractère  unitaire  de  cette  forme,  tant  au  point  de  vue 
tonal  qu'au  point  de  vue  thématique,  a  été  magistralement  mis  en  lu- 
mière ;  c'est  là  une  vue  d'une  justesse  définitive  et  d'une  surprenante 
perspicacité.  On  observera  aussi  qu'au  rebours  de  ce  qui  avait  lieu 
jusqu'à  présent  dans  tous  les  ouvrages  qui  traitaient  de  la  fugue,  M.  V. 
d'Indy  considère  celle-ci  comme  une  véritable  forme  de  composition, 
non  pas  caduque  et  périmée,  mais  encore  aujourd'hui,  vivante  et  riche 
en  moyens  d'expression.  Et  il  prend  soin  de  nous  avertir  qu'à  ses  yeux 
la  fameuse  «  fugue  d'école  »  ne  constitue  qu'un  gabarit  conventionnel, 
sans  autre  valeur  ni  utilité  que  celle  d'un  simple  exercice. 

Vient  ensuite  l'étude  de  la  forme  binaire,  caractérisée  sous  l'aspect 
de  la  Suite,  issue  des  formes  populaires  de    la  danse  chantée. 

Enfin  c'est  la  Sonate,  la  grande  forme  ternaire  qui  a  joué  depuis  le 
xviii''  siècle  un  rôle  si  prépondérant  dans  les  progrès  de  l'art  musical. 
L'importance  même  de  ce  rôle  explique  que  les  deux  tiers  de  ce  gros 
volume  de  5oo  pages  soient  consacrés  à  cette  seule  forme.  Ses  trans- 
formations, ses  acquisitions  successives  ressortent  très  clairement 
de  la  division  historique  en  Sonate  prébeethovénienne.  Sonate  beetho- 
vénienne,  et  Sonate  cyclique  ou  moderne.  Ici  encore  abondent  les  idées 
ingénieuses  et  les  vues  nouvelles.  On  lira  avec  une  attention  toute  par- 
ticulière les  pages  relatives  à  Vidée  musicale,  ainsi  que  celles  sur  le 
Développement  et  la  modulation. 

Une  substantielle  étude  sur  la  Variation.,  envisagée  à  un  point  de 
vue  très  élevé  dans  ses  rapports  avec  le  mécanisme  du  développement 
de  la  pensée  musicale,  complète  ce  beau  travail.  La  partie  qui  traite 
de  y  Amplification  thématique  présente  un  intérêt  très  vif.  L'existence, 
l'histoire  et  la  technique  de  la  variation  amplificatrice,  nous  sont  ré- 
vélées ici  pour  la  première  fois. 

Le  plan  général  de  ce  volume,  où  l'on  traitait  des  sujets  si  divers  et  si 
complexes,  reste  néanmoins  d'une  parfaite  clarté.  Chacun  des  chapitres 
que  nous  venons  d'énumérer  rapidement  est  divisé  en  deux  sections, 
une  section  technique  et  une  section  historique.  M.  Vincent  d'Indy  a 
pris  soin  de  nous  informer  lui-même  qu'il  s'était  réservé  la  rédaction  de 
la  section  historique,  laissant  à  son  ancien  élève,  M.  Auguste  Sérieyx, 
professeur  à  la  Schola  Cantorum,  et  dont  la  Tribune  de  Saint-Gei^vais 
publie  en  ce  moment  même  une  subtile  et  sagace  étude  sur  les  «  Trois 
états  de  la  tonalité  »,le  soin  d'ordonner^  rédiger  et  au  besoin  compléter  la 
partie  théorique  et  technique.  C'est  donc  ici  le  lieu  de    rendre   hom- 


--  76  - 

mage  au  talent  avec  lequel  le  collaborateur  de  M.  d'Indy  a  réussi  à 
s'acquitter  de  la  lourde  tâche  qui  lui  incombait.  Ses  définitions  sont 
courtes,  précises,  complètes  malgré  leur  brièveté  ;  ses  exposés  sont 
clairs,  d'un  parfait  enchaînement  logique,  présentés  sous  une  forme 
élégante  et  aisée.  Rien  ne  ressemble  moins  à  l'ordinaire  et  banale  mise 
au  net  de  «  notes  prises  au  cours  »,  que  ce  travail  intelligent  et  minu- 
tieux où  M.  Sérieyx  a  su  compléter  sans  jamais  la  trahir  la  pensée  de 
son  Maître,  et  touten  sachant  se  renfermer  modestement  dans  les  limites 
du  rôle  qui  lui  était  assigné,  faire  preuve  d'une  solide  érudition  person- 
nelle. 

Je  ne  veux  pas  négliger  d'attirer  également  l'attention  sur  le  soin  avec 
lequel  les  deux  auteurs  ont  raccordé  leurs  textes.  Le  danger  inhérent  à 
toute  collaboration  a  été  ici  adroitement  évité.  L'ensemble  garde  toute 
son  unité.  Il  me  semble  même  qu'à  ce  point  de  vue  un  certain 
progrès  ait  été  réalisé  sur  la  première  partie,  en  raison  peut-être  de  la 
place  plus  discrète  occupée  par  des  aperçus  généraux,  des  professions 
de  foi,  des  digressions  philosophiques  qui  encombraient  un  peu  le  pre- 
mier volume,  et  qui,  s'ils  ajoutaient  sans  doute  à  l'ampleur  du  sujet 
traité,  lui  ôtaient  en  même  temps  quelque  peu  de  sa  rigueur  scientifique, 
en  ce  qu'ils  appelaient  la  discussion  et  risquaient  trop  souvent  de  ne 
point  rencontrer  l'approbation  bénévole  de  la  généralité  des  lecteurs. 
A  propos  de  lecteurs,  j'ai  eu  la  curiosité  de  me  demander  entre 
quelles  mains  le  nouveau  volume  allait  tomber  tout  d'abord.  «  Va,  petit 
livre,  et  choisis  ton  monde  »,  disait  le  Genevois  Toppfer.  Ce  livre-ci 
n'aura  guère  le  temps  sans  doute  de  suivre  le  plaisant  et  ironique  con- 
seil. Trop  de  gens  l'ont  attendu,  et  depuis  trop  longtemps,  qui  vont  se 
Jeter  sur  lui  et  le  dévorer.  Il  y  en  aura  de  bien  des  sortes,  et  l'on  peut 
prévoir  que  ceux-là  ne  seront  pas  les  moins  acharnés  à  l'étudier  en  se- 
cret qui  le  dénigreront  le  plus  ouvertement.  Mais  laissons  les  détracteurs  ; 
je  ne  veux  faire  sur  le  dos  de  personne  l'éloge  du  Cours  de  Composi- 
tion. La  Schola  sait  rester  impassible  quand  se  déchaînent  les  petites 
tempêtes  dans  un  verre  d'eau  de  la  polémique  musicale.  Imitons-la. 

Il  3^  aura  les  sansonnets,  les  étourneaux,  tous  les  oisillons  de  peu  de 
cervelle  et  de  complexion  délicate,  incapables  de  s'assimiler  une  aussi 
riche  substance.  La  somme  de  leurs  connaissances  n'arrive  jamais  à 
faire  qu'une  demi-science.  Ils  trouveront  ce  mil  un  peu  gros  ;  le  moin- 
dre grain  de  rien  du  tout  ferait  bien  mieux  leur  affaire.  Ils  entr'ouvriront 
le  livre  et  le  refermeront  presque  aussitôt,  juste  le  temps  d'y  becqueter 
de-ci  de-là  quelques  formules  qui  leur  permettent  de  passer  pour  grands 
clercs  aux  yeux  de  leurs  pareils.  Qu'ils  aillent  en  paix  :  ils  ne  sont  pas 
toujours  nuisibles.  Amusons-nous  du  spectacle  qu'ils  nous  donnent  et 
laissons-les  semer  partout  les  petits  pavés  de  leurs  bonnes  intentions. 
Il  y  aura  ceux  encore  qui  dans  les  classes  de  composition  de  la  Schola 
ont  recueilli,  ou  recueillent  à  l'heure  actuelle,  de  la  bouche  du  Maître, 
l'enseignement  dont  ces  pages  nous  offrent  une  si  fidèle  reproduction. 
Ceux-là  sauront  trouver  d'eux-mêm.es  dans  leur  lecture  une  occasion  de 
revoir  leurs  notes,  de  les  compléter,  de  réfléchir  à  nouveau  sur  ce  qu'ils 


—  11  — 

ont  appris.  Leurs  premiers  essais  nous  apporteront  bientôt  les  fruits  de 
cette  réflexion  ;  on  peut  être  assuré  qu'en  ces  jeunes  musiciens,  si  for- 
tement exhortés  au  respect  de  la  tradition,  ce  n'est  pas  un  esprit  d'imi- 
tation servile  qui  se  manifestera,  mais  cette  originalité  de  bon  aloi  qui 
sait  également  bien  adapter  à  de  nouvelles  fins  les  formes  déjà  existantes 
ou   s'en  inspirer  pour  créer  des  formes    nouvelles. 

Enfin  il  y  aura  ceux  qui,  loin  du  foyer,  dispersés  aux  quatre  coins  de 
la  province,  —  ou  du  monde,  — attendaient,  repliés  frileusement  sur  eux- 
mêmes,  que  quelque  rayon  de  chaleur  parvînt  jusqu'à  eux.  Je  ne  le 
cache  pas,  ce  sont  ceux-là  qui  m'intéressent  le  plus.  Ils  adorent  la 
musique  ;  le  calme  de  leur  vie  les  prépare  admirablement  à  tirer  tout  le 
profit  possible  de  cette  œuvre,  qu'ils  liront  sans  se  presser,  page  à 
page,  comme  il  convient.  Certes,  ils  ne  deviendront  pas  pour  cela  des 
créateurs  ;  on  sait  en  quelle  piètre  estime  nous  tenons  l'autodidactisme. 
Mais  dans  le  silence  et  la  méditation,  ils  développeront  leurs  facultés 
d'analyse  ;  durant  les  paisibles  veillées  provinciales,  ils  grouperont  leurs 
amis  autour  d'eux  ;  on  ouvrira  de  nouveau  les  partitions  des  maîtres  et 
la  joie  naîtra  d'en  découvrir  enfin  le  sens  mystérieux  et  profond,  d'en 
saisir  les  nuances  les  plus  subtiles,  d'en  percevoir  l'intégrale  beauté.  Qui 
sait  combien  de  cœurs  de  bonne  volonté  apprendront  ainsi  à  mieux 
comprendre  et  à  mieux  chérir  les  chefs-d'œuvre  ?  Aussi,  puisqu'en  tête 
du  Cours  de  Composition  aucune  dédicace  n'est  inscrite,  rien  ne  nous 
interdit  de  penser  qu'en  réalité  c'est  à  ,ces  amis  inconnus,  à  ces  disci- 
ples lointains,  que  ce  livre  —  chef-d'œuvre  lui-même  —  est  dédié. 

Albert  Groz. 


Nouvelles  Musicales 


FRANCE 


Paris.  —  En  la  basilique  Sainte-Clotilde,  M.  Jules  Meunier,  maître  de  chapelle,  a 
fait  exécuter  un  Salut  en  mémoire  de  Ch.  Bordes,  le  dimanche  i3  mars.  Cette  céré- 
monie devait  avoir  lieu  le  3o  janvier,  mais  l'inondation  l'empêcha.  Les  chants  exé- 
cutés furent  : 

Verbinn  caro  factuni  est  ;  Aima  Redemptoris  mater  ;  Tantum  ergo  ;  Laudate  Do- 
minum,  omnes  gentes  \  Xous  molQls  de  Charles  Bordes;  et  le  Tu  es  Petnis  de 
Jacques  Clemens  non  Papa. 

Etampes.  —  M.  le  curé  de  Saint-Gilles  d'Etampes,  si  zélé,  et  depuis  longtemps, 
pour  le  chant  grégorien  et  la  bonne  musique,  a  fait  appel,  en  faveur  de  ses  œuvres 
paroissiales,  à  nos  amis  MM.  Joseph  et  Alexis  Civil,  J.  de  Fraguier,  et  Mme  AUe- 
gret,  qui  ont  donné  le  beau  programme  suivant  : 

I.  Sonate,  pour  piano, [op.  27,  no  2,  L.  Van  Beethoven  (1770- 18  27)  (M.Joseph  Civil)  ; 
2.  a)  La  Cloche  qui  marche,  mélodie,  b)  Joli  Papillon,  chanson,  R.  Schumann  ; 
(i8io-i856).  Enfants  de  la  maîtrise  de  Saint-Gilles;  3.  Suite  en  sol,  pour  violoncelle 
et  piano,  J.-S.  Bach  (i685-i75o)  (MM.  J.  de  Fraguier  et  J.  Civil)  ;  4.  a)  Hymniim 
trium  puerorum,  mélodie  mozarabe  sans  accompagnement,  b)  Alléluia.  Salve,  virga 
florens  (xie  siècle)  ;  c)  O  Mysterium  ineffabi le,  motet,  L.-N.  Clérambault(i  676- 1749) 
(-]Vlme  Allegret,  MM.  A.  et  J.  Civil  et  J.  de  Fraguier).  5.  Sonate  pour  piano 
et  violon,  op.  23,  L.  Van  Beethoven  (MM.  J.  et  A.  Civil).  6.  a)  Viens,  douce 
Mort,  mélodie,  J.-S.  Bach;  b)  La  Birodon,  chanson  populaire,  J.  Civil  ;  c)  La  Pro- 
cession, César  Franck  (  1822-1890)  (Mme  Allegret,  accompagnée  par  M.  J.  Civil). 
7.  Trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  70,  n°  i,  L.  Van  Beethoven  (MM.  J.  et 
A.  Civil  et  J.de  Fraguier).  Ce  très  intéressant  concert  fut  accompagné  d'une  cau- 
serie musicale,  par  M.  Joseph  de  Fraguier,  vivement  applaudie.  Coïncidence  cu- 
rieuse :  dans  la  même  matinée,  au  théâtre  de  la  ville,  à  l'occasion  d'une  matinée  au 
profit  des  victimes  des  inondations,  ç]\ie\.c{Vie?>  premiers  prix  du  ConservatoirenetvoM- 
vaient  à  faire  entendre  que  des  morceaux  de  Goltermann,  Vienawski,  Dunkler,  Pop- 
per.  Sans  commentaires  ! 

Saint-Aubin  près  Coucy  [Aisne].  —  Le  premier  mars,  jour  de  la  fête  patronale, 
grâce  à  l'initiative  du  curé  de  la  paroisse,  M.  l'abbé  H.  Rousseau,  tout  dévoué  à  la 
cause  de  la  vraie  musique  sacrée,  eut  lieu  à  l'église  un  concert  spirituel  organisé  par 
la  Société  G. -F.  Haendel. 

Schùtz,  Bach,  Haendel,  Clérambault,  Du  Mont,  César  Franck,  firent  les  frais  "du 
programme,  à  côté  des  mélodies  grégoriennes  chantées  avec  goût  et  talent  par  un 
chœur  des  jeunes  filles  de  la  paroisse.  MM.  A.  Renault,  maître  de  chapelle  de 
Notre-Dame  de  Paris,  Borrel,  F.  Raugel,  Lynch,  violoncelliste,  et  Maignien,  harpiste 
de  l'Opéra,  prêtaient  leur  concours  à  cette  belle  fête,  qui  fut  fort  appréciée  des 
paroissiens  de  ce  petit  pays  de  400  habitants. 


—  79  — 

Reims.  —  Pour  la  messe  annuelle  de  la  Croix-Rouge,  le  dimanche  6  mars,  la  maî- 
trise de  Notre-Dame,  sous  la  direction  de  M.  l'abbé  Thinot,  a  exécuté  les  morceaux 
suivants  : 

Kyrie  eleison,  de  la  messe  Benedicamus  Domino,  à  4  voix  mixtes,  L.  Perosi, 
maître  de  la  Chapelle  Sixtine  ;  Salve  Regina,  prière  à  la  très  sainte  Vierge,  motet 
pour  3  voix  d'hommes,  G.  Martini  {1706- 1784);  Domine,  non  secundum  peccata  no- 
stra  facias  nobis,  imploration  à  la  miséricorde  de  Dieu,  trio  pour  soprano,  ténor  et 
basse,  C.  Franck  (1822-1S90);  O  vulnera  doloris,  méditation  sur  l'amour  pour  les 
hommes  du  Christ  rédempteur,  solo  et  tutti  de  basses,  G.  Carissimi  (1604-1674)  ;  Li- 
béra me.  Domine,  supplication  extraite  de  l'office  des  défunts,  répons  à  4  voix  mixtes, 
P.  Piel,  Ecole  Cécilienne  (1835-1904);  Entrée,  Interludes  et  Sortie  parle  grand  orgue, 
tenu  par  M.  l'abbé  Duval. 


BELGIQUE 

Anvers.  —  La  maîtrise  de  l'église  Notre-Dame  a  chanté  les  répons  et  lamenta- 
tions de  Vittoria  et  de  Palestrina  aux  offices  de  la  Semaine  Sainte.  Les  récentes 
instructions  épiscopales  interdisant  d'une  façon  formelle  l'emploi  des  instruments 
à  ce  moment  de  l'année  liturgique,  ces  chants  ont  été  admirablement  interprétés  à 
cappella  sous  l'artistique  direction  de  M.  Wambach.  L'impression  religieuse  en  a  été 
d'autant  plus  forte,  et  c'estun  succès  de  plus,  à  Anvers,  pour  la  musique  conforme 
aux  desseins  de  l'Eglise. 

Malines.  —  L'ordonnance  de  S.  E.  Mgr  le  cardinal-archevêque  de  Malines,  sur 
la  musique  d'église,  commence  de  tous  côtés  à  porter  d'heureux  fruits.  Il  est  bon  de 
faire  connaître  ce  remarquable  document,  l'un  des  plus  complets  et  des  plus  précis 
sur  la  musique  d'église  qui  aient  paru  depuis  le  Motu  proprio  papal  du  22  novembre 
1903.  Analysons-le  brièvement. 

I.  Création  de  maîtrises.  —  Il  importe  avant  tout  que  chaque  église  dispose 
d'un  groupe  de  quelques  chantres,    d'une    Schola  cantorum,  en  termes  liturgiques. 

Sans  exclure  les  chantres  actuels,  la  Commission,  suivant  d'ailleurs  le  Motu 
proprio,  demande  que  les  Scholae  soient  surtout  composées  d'enfants  et  de 
jeunes  gens.  Puisque  de  récentes  prescriptions  épiscopales  ont  mis  l'enseignement  du 
chant  liturgique  au  programme  de  nos  écoles  libres  et  adoptées,  il  sera  facile  de  se 
faire  désigner  par  l'instituteur  les  meilleurs  petits  chantres. 

IL  Conférences  au  centre  des  doyennés. — Cette  formation  d'un  groupe  de  chantres 
requiert  des  connaissances  réelles  en  fait  de  musique  religieuse  ;  —  connaissances 
qu'on  est  en  droit  d'exiger  de  tous  ceux  qui  tiennent  à  remplir  les  fonctions  d'orga- 
niste ou  de  sacristain-organiste.  Aussi  l'autorité  diocésaine  avisera-t-elle  aux 
moyens  de  pourvoir  à  l'avenir  à  la  nomination  d'hommes  vraiment  compétents  au 
triple  point  de  vue  de  la  liturgie,  du  jeu  de  l'orgue  et  du  plain-chant. 

Mais  malheureusement,  dans  mainte  paroisse  ce  fonctionnaire  suffisamment  au 
courant  fait  encore  défaut  ;  et  c'est  pour  cela  que  MM.  les  doyens,  de  concert  avec 
les  curés  de  leur  district,  devront  organiser  au  plus  tôt  au  centre  des  doyennés  des 
conférences  et  leçons  périodiques  de   musique  religieuse. 

Les  différentes  paroisses  du  doyenné  se  cotiseront  à  cet  effet,  et  MM.  les  curés 
peuvent  et  doivent  obliger  à  assister  à  ces  leçons  tous  ceux  qui  ont  la  direction  de 
la  musique  religieuse. 

IIL  Encouragement  et  rétribution.  —  Dans  ce  chapitre,  le  règlement  s'arrête 
surtout  aux  moyens  de  promouvoir  et  d'entretenir  le  zèle  des  «  volontaires  »,  pré- 
venir les  fléchissements,  et  empêcher  ainsi  la  défection  des  chantres.  Divers  encou- 
fragements  sont  préconisés  :  excursions  instructives  au  point  de  vue  du  chant,  assis- 
tance à  des  auditions  ou  à  des  congrès  de  musique  religieuse,  récompenses  pour  les 
enfants  chantres,  etc.  ;  mais  surtout,  l'assistance  de  M.  le  curé,  de  temps  à  autre, 
aux  répétitions  et  aux  réunions  plus  intimes  de  la  société. 


-  8o  — 

L'énumération  se  termine  par  un  petit  conseil  dont  l'expérience  ne  montre  que 
trop  la  valeur  :  «  Usons  plutôt  sobrement  du  moyen  de  rétribution  et  d'encourage- 
ment le  plus  en  vogue  :  les  fêtes  de  sainte  Cécile  !  » 

IV.  Attributions  de  la  maîtrise.  —  Là  où  le  chant  collectif  du  peuple  est  en  usage, 
les  chœurs  ou  les  Scholae  conservent  néanmoins  leur  raison  d'être  et  toute  leur 
importance.  Les  fidèles  ne  chanteront  jamais  que  l'ordinaire  de  la  messe  et  les 
chants  usuels  des  vêpres  et  du  salut, 

V.  Répétitions.  —  On  adoptera  partout,  comme  «un  strict  minimum  obligatoire  », 
une  grande  répétition,  ou  mieux,  deux  répétitions  plus  restreintes  par  semaine. 

VL  Répertoire  de  musique  figurée.  —  Le  choix  des  morceaux  est  restreint,  à  partir 
du  i^''  janvier  1910,  aux  seuls  catalogues  approuvés.  Aucun  catalogue  ne  sera  publié 
pour  le  diocèse  de  Malines,  mais  ceux  de  Namur,  Gand,  Tournai  et  Liège  y  seront 
considérés  comme  officiels.  Sont  autorisées  aussi  les  compositions  publiées  par  le 
Caecilien-Verein,  de  Ratisbonne,  par  la  ISederlandsche  S.  Gregorius  Vereeniging, 
ainsi  que   par  notre  Société  Saint-Grégoire  ^. 

Toutefois,  dans  le  choix  des  morceaux,  il  importe  souverainement  de  veiller  à  ce 
qu'ils  répondent  aux  forces  des  chantres. 

VII.  Instruments  et  orchestre.  —  A  partir  du  icr  janvier  19 10,  aucune  maîtrise  du 
diocèse  ne  pourra  se  servir  d'instruments  autres  que  l'orgue,  à  moins  d'en  avoir 
obtenu,  sur  demande,  la  permission  expresse  de  l'autorité  diocésaine. 

Les  abus  visés  ici  sont  ceux  qui  se  rencontrent  le  plus  souvent  aux  messes  dites 
«  de  Saint-Hubert  »,  aux  messes  et  cérémonies  de  mariage,  à  l'issue  des  proces- 
sions, des  Te  Deiim  ou  en  d'autres  occasions  semblables. 

VIII.  Processions.  —  Une  fois  pour  toutes,  l'autorisation  requise  pour  l'usage  de 
fanfares  ou  d'harmonies  dans  les  processions  hors  de  l'église,  est  accordée  par  les 
présentes  «  Instructions  ».  —  Les  curés  exigeront  des  directeurs  de  leurs  sociétés  de 
musique  qu'ils  écartent  de  leur  programme  les  morceaux  dhin  caractère  banal,  trop 
léger, ou  tirés  d'œuvres  profanes. 

IX.  Emploi  de  l'orgue.  —  A  partir  du  i^''  janvier  19 10,  les  Messes  basses  avec  audi- 
tion d'orgue  seront  proscrites.  Il  est  permis  seulement  d'exécuter  des  morceaux  de 
chant  (non  des  soli)  avec  accompagnement  d'orgue,  et  des  interludes  pour  orgue 
relativement  courts. 

Il  est  absolument  défendu  d'exécuter  sur  l'orgue  des  morceaux  profanes,  c'est-à- 
dire  non  écrits  pour  l'église,  ou  non  écrits  pour  Torgue. 

X.  Parties  chantées  de  la  Messe. —  Dans  toutes  les  messes  chantées,  sans  exception 
aucune,  il  est  absolument  de  rigueur  que  tout  ce  qui  est  contenu  dans  le  livre  du 
Graduel,  et  qui  appartient  à  cette  messe,  soit  exécuté  intégralement. 

Les  rubriques  permettent  toutefois  la  «  récitation  »  à  voix  intelligible  (la  psal- 
modie   recto   tono)  de   certaines  parties. 

XI.  Prononciation  du  latin.  —  La  prononciation  romaine  du  latin  est  obligatoire 
dans  le  chant  et  pour  toutes  les  parties  qui,  dans  les  offices  solennels,  relèvent 
du  chant  :  psalmodie,  leçons,  épître,  oraisons,  etc. 

XII.  Emploi  de  langues  vulgaires.  —  Leur  usage  est  complètement  interdit  à 
«  toutes  »  les  messes  «  chantées  )>,  y  compris  la  sainte  Communion  qui  serait  dis- 
tribuée pendant  ces  messes  ;  et  aussi  «pendant»  les  saluts  du  T. -S. -Sacrement. 
11  est  autorisé  dans  toutes  les  autres  occasions,  même  pendant  les  messes  basses 
devant  le  T.  S.  Sacrement  exposé. 

Les  chants  en  langue  vulgaire  ne  peuvent  en  aucune  façon  revêtir  le  caractère  de 
«  soli  »,  de  (\  duos  »  ou  de  pieuses  romances  ;  les  «  Instructions  »  cherchent  sur- 
tout ici  à  encourager  le  chant  collectif  des  fidèles. 

Tous  les  chants  en  langue  vulgaire  devront  être  tirés  de  collections  approuvées  par 
l'autorité  ecclésiastique. 

XIII.  Edition   Vaticane.    —    L'édition   vaticane    du  Graduel  («    Ordinaire    »    et 

I.  Nous  regrettons  de  ne  pas  A/^oir  figurer  dans  ce  règlement  le  répertoire  de  notre  Schola  ; 
pourquoi  cet  oubli  ?  (N.  D.  L.  R.) 


—  «I  — 

«  Propre  »  de  la  Messe,  «  Tons  communs  »  pour  le  prêtre  à  l'autel  et  «  Réponses  » 
au  chant  du  prêtre,  «  Messe  de  Requiem  »  et  tout  ce  qui  s'y  rapporte)  devra  être 
adoptée  dans  le  diocèse  entier,  à  partir  du  lei'  janvier  1910. 

XIV.  Chant  collectif.  —  C'estun  des  plus  longs  chapitres  des  «  Instructions».  La 
Commission,  faisant  allusion  aux  fréquentes  lettres  et  exhortations  de  Son  Eminence 
sur  ce  sujet,  expose  les  principaux  moyens  d'aboutir  à  un  résultat  réel  et  solide. 
Elle  préconise,  comme  ayant  déjà  fait  leurs  preuves,  les  méthodes  suivantes  : 
r  «  éducation  »  musicale  de  la  paroisse,  surtout  en  agissant  sur  les  enfants  ;  —  la 
formation  de  groupes  de  chantres  dans  les  patronages,  les  congrégations,  les  cercles 
ouvriers  ;  —  les  instructions  sur  la  liturgie,  et  la  traduction  des  textes  à  l'usage  des 
fidèles  ;  —  l'organisation  de  répétitions  pour  les  fidèles,  particulièrement  dans  les 
grandes  villes  ;  —  la  vulgarisation  des  livres  de  prières  liturgiques  ;  —  enfin  et  sur- 
tout un  zèle  ardent  et  soutenu  qui,  en  chaire  ou  au  confessionnal,  dans  les  cercles, 
dans  les  réunions,  et  même  dans  les  familles,  viendra  corroborer  tous  les  autres 
moyens,  et  leur  donner  leur  pleine  efficacité. 

Tel  est  cet  important  document  épiscopal,  que  la  Tribune  de  Saint-Gervais  est 
heureuse  de  faire  connaître  à  ses  amis.  Puisse-t-il  en  susciter  d'analogues  dans  les 
divers  diocèses  où  le  chant  n'est  pas  encore  organisé  conformément  aux  vues  de 
l'Église  ! 

Pour  compléter  et  assurer  le  fonctionnement  normal,  dans  le  diocèse,  des  divers 
groupements  de  chant,  Son  Eminence  vient  de  nommer  inspecteur  diocésain  le 
Révérend  M.  Valvekens,  si  zélé  pour  la  cause  grégorienne,  et  qui  a  obtenu  déjà  de 
si  excellents  résultats. 


ALLEMAGNE 

UNE  DÉCISION  ROMAINE   SUR  LE    RYTHME    DU   CHANT  GRÉGORIEN. 

Nous  venons  de  prendre  connaissance  de  la  lettre  qui  vient  d'être  écrite,  par  ordre 
de  Sa  Sainteté,  à  l'érudit  et  artiste  Mgr  Haberl,  directeur  de  l'École  de  musique 
sacrée  de  Ratisbonne  ;  elle  vise  les  discussions  passionnées  qu'a  suscitées,  surtout 
dans  les  pays  germaniques,  le  rythme  du  chant  grégorien.  Le  Saint-Siège  ne  veut 
pas  que  de  telles  discussions  continuent  :  d'autres  que  les  membres  du  Caecilien- 
Verein  pourront  faire  leur  profit  des  conseils  donnés  par  cette  lettre  remarquable. 

<(  A  Monsignore  Fr.-Xav.  Haberl,  prélat    domestique  et  président  général  de  l'As- 
sociation Sainte-Cécile  d'Allemagne,  à  Ratisbonne. 

«  Il  est  venu  à  la  connaissance  de  Sa  Sainteté  que  spécialement  en  Allemagne  et 
parmi  les  nationaux  allemands  des  États-Unis  d'Amérique,  se  répand,  au  sujet  de 
l'édition  vaticane  du  chant  liturgique,  une  opinion  absolument  fausse  en  elle-même 
et  très  préjudiciable  à  la  restauration  uniforme  de  ce  même  chant  dans  l'Église 
universelle.  On  va  jusqu'à  insinuer  que  le  Saint-Père  n'avait  pas  l'intention,  en 
publiant  cette  édition,  d'y  indiquer  une  forme  spéciale  du  rythme  à  observer,  mais  de 
laisser  à  chaque  maître  de  chant  la  faculté  d'appliquer  aux  séries  de  notes  prises 
matériellement,  tel  rythme  qu'il  jugerait  convenable. 

«  Cette  manière  de  voir  est  grandement  erronée, comme  onpeut  le  reconnaître  par 
le  simple  examen  de  l'édition  vaticane.  Les  mélodies  y  sont,  de  toute  évidence, 
disposées  d'après  le  système  dit  du  rythme  libre,  dont  les  principales  règles  d'exécu- 
tion sont  exposées  et  inculquées  dans  la  préface  du  Graduale  Romanum  ;  par  là  tous 
les  chanteurs  sont  amenés  à  exécuter  le  chant  d'église  d'une  façon  uniforme  dans 
toutes  ses  parties.  En  outre,  on  le  sait  fort  bien,  la  Commission  pontificale  instituée 
pour  la  publication  des  livres  liturgiques  du  chant  grégorien  a  eu  dès  le  principe,  et 
avec  l'approbation  notoire  du  Saint-Siège,  l'intention  de  formuler  les  mélodies  de 
l'édition  vaticane  dans  ce  rythme  déterminé.  Enfin  l'approbation  donnée  au  Graduel 
Romain,  sur  ordre  du  Saint-Père,  par  la  Sacrée  Congrégation  des  Rites,  s'étend  non 
seulement  à  toutes  les  formalités   nécessitées  par  l'édition   vaticane,  mais  encore  à 

* 


—    82     - 

la  forme  rythmique  des  mélodies,  qui  ainsi  devient  inséparable  de  cette  édition.  Par 
conséquent,  dans  la  présente  restauration  grégorienne  il  a  toujours  été  et  il  est 
encore  contraire  à  l'intention  du  Saint-Père  et  de  la  Sacrée  Congrégation  des  Rites 
d'abandonner  au  bon  plaisir  de  chacun  une  chose  aussi  importante  et  essentielle  : 
à  savoir  le  rythme  des  mélodies  de  l'Église. 

((  Etant  donnée  la  grande  autorité  dont  vous  jouissez  comme  Président  général  de  la 
Société  bien  méritante  de  la  Sainte-Cécile  d'Allemagne,  Votre  Seigneurie  est  priée 
de  porter  le  présent  avis  à  la  connaissance  de  tous  les  membres  de  ladite  Associa- 
tion ;  elle  exhortera  aussi  tous  les  zélateurs  de  la  musique  sacrée  à  se  désister  de 
toutes  tentatives  qui,  dans  l'état  présent  des  études  archéologiques,  littéraires  et 
historiques,  ne  sauraientaboutir  àaucun  résultat  sérieux  et  acceptable.  Ces  tentatives 
ne  servent  qu'à  troubler  les  personnes  peu  expertes  et  à  indisposer  les  esprits  contre 
la  restauration  grégorienne  qui  est  dans  les  vues  du  Saint-Père.  Cette  restauration 
a  été,  quant  au  rythme  également,  non  seulement  acceptée  et  expliquée  de  mieux  en 
mieux  par  de  nouvelles  et  utiles  études  de  tous  les  plus  insignes  théoriciens  grégo- 
riens, mais  encore  mise  en  pratique  avec  un  plein  et  consolant  succès  dans 
d'innombrables  écoles  de  toutes  les  parties  du  monde. 

■  «  Par  spéciale  injonction  de  Sa  Sainteté,  j'ai  accompli  mon  devoir  en  vous  faisant 
cette  communication. 

«  Avec  les  sentiments  de  sincère  estime  et  dévouement. 

«  Rome,  i8  février  1910. 

«  Fr.  Sebastiano,  card.  Martinelli, 
«  Préfet  de  la  Sacrée   Congrégation  des  Rites.  » 

En  portant  cet  avis  à  la  connaissance  de  tous  les  intéressés,  Mgr  Haberl  déclare 
qu'il  se  soumet  entièrement  à  la  volonté  et  au  désir  de  Sa  Sainteté  et  du  Cardinal- 
Préfet.  Il  décide  qu'aucune  de  ses  deux  revues  périodiques  {Miisica  sacra  et  Flie- 
gende  Blàtter)  ne  publiera  désormais  les  nombreux  articles  envoyés  à  cet  effet  sur 
le  rythme  du  chant  liturgique,  pas  plus  que  les  travaux  purement  scientifiques  de 
divers  auteurs  sur  la  même  matière.  Enfin  il  exhorte  les  céciliens  d'Allemagne  à  se 
conformer  au  désir  et  à  la  déclaration  du  Saint-Père. 

Le  fait  est  qu'il  était  grandement  temps  d'opposer  une  digue  efficace  aux  flots 
d'encre  inondant  les  librairies  et  les  tables  d'étude  sous  forme  de  brochures,  de 
journaux  et  de  périodiques  ;  cela  devenait  inquiétant  comme  les  inondations  de 
cette  année.  Rome,  une  fois  de  plus,  a  fait  entendre  la  parole  qu'il  fallait  et  au 
moment  voulu,  et  cela  avec  une  sagesse  admirable  et  d'ailleurs  connue.  Rome  a 
parlé,  la  cause  est  entendue.  Qu'on  se  le  dise  ! 

J.  BOUR. 


Les  Trois  États  de  la  Tonalité 


{Suite  et  fin.) 


Nous  ne  pouvons  entreprendre  ici  l'étude  détaillée  des  judicieuses 
combinaisons  de  tonalités  dont  l'histoire  musicale  de  ces  derniers  siècles 
offre  d'innombrables  exemples.  Rappelons  seulement  qu'on  peut  les 
rattacher,  en  général,  à  trois  systèmes  principaux,  synthétisés  et  im- 
mortalisés par  les  noms  de  Beethoven,  Wagner  et  Franck. 

Le  système  beethovénien  repose  principalement  sur  l'équilibre  des 
translations  tonales  autour  du  ton  initial  :  c'est  celui  de  la  hiérar^chie 
par  excellence.  Les  modulations  claires  ou  obscures  sont  ordonnées 
le  plus  souvent  suivant  des  proportions  équivalentes,  la  prédominance 
du  ton  général  demeurant  intacte  et  très  puissamment  affirmée  au  dé- 
but et  à  la  fin  de  chaque  œuvre  ou  de  chaque  pièce  *. 

Le  système  wagnérien  repose  sur  l'attribution  dramatique  des  tona- 
lités :  c'est  celui  delà  localisation  par  excellence.  Un  ton  est  lié  à  un 
personnage,  à  un  état,  à  un  fait,  et  reparaît  avec  lui  dans  la  plupart  des 
cas.  UiDîité  to7îale  devient  ainsi  comme  la  «  quatrième,  dimension»  du 
drame  soumis  déjà  aux  trois  unités  classiques  de  temps,  de  lien  et  d'ac- 
tion :  en  réalité,  elle  est  la  i^ésultante  musicale  de  Vunité  d'action  -. 

Le  système  franckiste  repose  sur  V antagonisme  des  tonalités.  Il  pro- 
cède directement  du  système  beethovénien  par  la  soumission  prééta- 
blie du  ton  antagoniste,  du  ton  ennemi,  au  ton  général  ;  mais  il 
en  diffère  par  une  curieuse  bilocation  des  thèmes  :  un  même 
thème  étant  susceptible,  d'après  Franck,  d'habiter  presque  en  même 
temps  deux  lieux  différents,  deux  tons^  qui  se  disputent  sa   possession 


I.  L'un  des  plus  beaux  exemples  de  cette  orientation  des  modulations,  chez  Bee- 
thoven, est  \e  développement  du  mouvement  initial  de  la  VI'=  Symphonie  (Pa5fora/e). 
Une  première  étape  de  ce  développement  va  de  si  t>  majeur  à  ré  majeur  (plus 
clair)  ;  une  seconde  étape  va  de  sol  majeur  à  mi  majeur  (encore  plus  clair),  et  le 
retour  au  ton  initial,  fa  majeur,  s'opère  ensuite  progressivement,  de  façon  à  ne  lais- 
ser aucun  doute  à  l'auditeur  sur  la  tonalité  générale  de  toute  la  pièce. 

•2.  Il  faut  lire  par  exemple,  dans  Parsifal,  les  deux  scènes  du  Graal  où  l'accom- 
plissement du  mystère  du  sang  coïncide  avec  le  retour  de  la  tonalité  de    mi  mineur. 

De  même,  dans  les  Maîtres  chanteurs,  l'application  du  ton  à'ut  majeur  à  l'idée  de 
tradition   (la  corporation,  les  maîtres,  sont  en  ut),  etc. 


-  84  - 

définitive.  C'est  là  une  conception  semi-dramatique,  qui  rapprocherait 
Franck  de  Wagner,  par  cette  localisation  double  et  quasi  simultanée 
du  personnage  thématique  ^. 

Chez  Beethoven,  les  tonalités  obéissent  a  leur  chef. 

Chez  Wagner,  elles  agissent  selon  le  drame. 

Chez  Franck,  elles  luttent  pour  se  soumettre. 

Mais  ['obéissance  ou  la  lutte  sont-elles  autre  chose  que  des  modes  de 
l'action,.,  ou  de  la  réaction  ? 

Et  toute  translation  tonale^  tout  parcours  déterminé  sur  l'orbite  des 
quintes  n'est-il  pas  en  définitive  une  action  ?         ^ 

Que  les  personnages  thématiques  ou  dramatiques  agissent  en  quel- 
que lieu  tonal,  que  ce  lieu  tonal  agisse  avec  eux  ou  réagisse  même 
contre  eux,  qu'importe,  si  l'action  est  belle,  c'est-à-dire  ordonnée,  éner- 
gique et  confiante  ? 

Croire  et  agir.  Ainsi  peut  se  résumer  le  mystère  tonal,  dans  lequel 
la  tonique,  le  ton  initial,  demeure  le  point  fixe,  Vaxiome  nécessaire 
mais  indémontrable,  la  Vérité  révélée,  vers  laquelle  s'ordonnent  les 
actions  modulantes  :  inutiles,  si  elles  se  répètent  plusieurs  fois  dans 
les  mêmes  lieux  et  par  les  mêmes  voies,  nuisibles  si  elles  tendent  à  dé- 
truire leur  propre  ^erm^,  c'est-à-dire  le  ton  initial,  qui  les  a  produites 
et  dont  elles  ont  laissé  usurper  la  place  intangible  et  souveraine. 

Sont  donc  seules  utiles,  saines  et  belles,  les  modulations  indéfiniment 
variées,  dont  chacune  apporte  à  l'œuvre  le  concours  de  son  action  nou- 
velle, plus  lumineuse  ou  plus  sombre,  mais  subordonnée,  directement 
ou  indirectement,  à  l'autorité  constante  de  la  tonalité  principale,  vers 
laquelle  toutes  les  translations  tonales  finiront  par  converger  harmo- 
nieusement. 

Ne  voit-on  pas,  en  effet,  que  l'abandon  définitif  du  ton  initial  res- 
semble à  quelque  stérile  expatriement  et  enlève  tout  intérêt  aux  modu- 
lations de  départ.,  sinon  à  l'œuvre  elle-même,  divisée  en  autant  de  frag- 
ments incohérents  qu'ily  a  de  stations  successives  dans  chaque  tonalité 
employée  inconsidérément  et  sans  esprit  de  retour? 

Il  en  est  de  même,  à  plus  forte  raison,  du  S3^stème  qui  consiste  à 
n'avoir  jamais  été  fixé  dans  aucun  ton,  à  ef^rer  sans  trêve  entre  d'impré- 
cises et  chato^^antes  grappes  de  notes,  qui  se  succèdent  à  l'aventure, 
sans  autre  effet  appréciable  que  celui  de  se  faire  oublier  mutuellement 
Tune  par  l'autre.  Cette  négation  tonale  vide  de  sens,  exemple  frappant 
d'erreur  atone  et  vague,  n'est-elle  pas  plus  stérile  encore,  parce  qu'elle 
réduit  l'œuvre  à  l'état  de  poussière  impalpable  et  neutre,  qui  se  disperse 
au  gré  des  brises  inconstantes  de  la  mode  ? 

I.  Voir  notamment  la  Symphonie  en  ré,  où  le  premier  thème  s'expose  en  7'é  mi- 
neur, puis  en /a  mineur.  Ces  deux  tonalités  luttent  dans  le  développement,  pour 
aboutir  au  triomphe  final  du  ton  de  ré  devenu  majeur  dans  la  sublime  péroraison  du 
premier  mouvement. —  Dans  le  grand  Choral  d'orgue  en  mi,  le  thème  principal 
s'expose  pareillement  en  mi,  puis  en  sol  majeur,  et  ces  deux  tonalités  restent  en 
conflit  jusqu'à  l'apothéose  finale  sur  la  phrase  conclusive  du  Choral.  Ces  simples 
exemples  suffiront,  croyons-nous,  à  faire  comprendre  au  lecteur  en  quoi  consiste 
chacune  de  ces  différentes  conceptions  du  rôle  de  la  tonalité. 


—    «D    — 


De  telles  négations  ont  pourtant  rencontré  des  adeptes...  et  peut- 
être  dans  tous  les  temps,  car  elles  procèdent  d'une  idée  de  contradiction, 
de  révolte  et  de  destruction,  qui  est  aussi  vieille  que  Thumanité.  Ceux 
qui  '^se  font  gloire  aujourd'hui  de  revenir  à  ces  anciens  errements, 
n'auraient,  en  ce  cas,  pas  même  le  mérite  d'une  nouveauté  qu'ils 
s  obstinent  à  chercher  là  où  elle  n'est  pas.  Et  s'ils  pouvaient  comprendre 
un  jour  à  quel  point  notre  époque  est  dévoyée  intellectuellement  par  la 
pernicieuse  passion  de  la  discussion  de  tout,  les  exemples  de  génies 
tels  que  Beethoven,  Wagner  et  Franck,  dont  toutes  les  œuvres  sont  si 
nettement  affirmatives  du  principe  traditionnel  d'imité  tonale,  suffiraient 
alors  à  les  convaincre  que  ce  principe  appartient  à  la  catégorie  de  ceux 
«  qu'il  ne  faut  jamais  remettre  en  discussion  »,  suivant  la  belle  parole 
d'un  de  nos  plus  grands  philosophes  nationaux  contemporains. 


CONCLUSION 

I.  Les  sons  dans  la  tonalité  et   les  individus  dans  la   société.  —  II.  La  loi  philoso- 
phique des  ((  trois  états  »  appliquée  à  la  tonalité.  —  III.  Tonalité  et   conscience. 

Le  point  fixe  :  la   foi. 


I 

Abstraction  faite  de  son  application  musicale  concrète,  la  notion  de 
tonalité  est  une  des  plus  générales  qui  se  puissent  concevoir  :  dans 
quelque  catégorie  de  nos  connaissances  que  ce  soit,  «  apprécier  un  en- 
semble de  phénomènes  par  comparaison  directe  avec  un  phénomène 
constant  «constitue  l'opération  normale  de  «  l'entendement  humain  ». 

A  défaut  de  détermination  plus  spéciale,  ce  «  phénomène  constant», 
c'est  notre  existence,  nous-mêmes  peut-être,  et  cette  «  comparaison 
directe  »,  c'est  la  simple  conscience  de  ce  qui  est  ou  agit  en  dehors  de 
nous,  par  rapport  à  nous-même. 

Ainsi  pourrait-on  dire,  presque  sans  métaphore,  que  nous  nous  com- 
portons comme  une  tonique,  relativement  aux  choses  et  surtout  aux 
êtres  parmi  lesquels  nous  vivons  et  qui  forment  notre   tonalité. 

L'ordre  tonal  se  présente  ainsi  à  notre  esprit  comme  une  image 
fidèle  de  l'ordre  du  monde,  et  une  analogie  saisissante  apparaît,  entre 
l'organisation  des  sons  en  tonalité  et  celle    des  humains  en  société. 

Partout  se  retrouve  cette  même  nécessité  supérieure  du  point  fixe, 
de  Vaxiomeindémonirah\e,de\si  lignede  foi,  dont  nous  avons  reconnu 
la  perrnanence  à  travers  les  t?^ois  états  successifs  de  la  tonalité  ;  par- 
tout, cette  hiérarchie  qu'une  absurde  prétention  décorée  du  nom  de 
«science  »  s'attarde  seule  à  contester,  tout  en  la  subissant;  partout, 
cette  force  ordonnée  et  consciente,  une  dans  son  principe,  variée  dans 
ses  effets,  seule  capable  enfin  d'assigner  une  place  à  chaque  chose  et 
de  remettre,  avec  l'aide  du  temps,  chaque  chose  à  sa  place. 


—  86  - 

Certes,  cette  restauration  de  Tordre,  dans  la  musique  comme  dans 
les  sociétés,  ne  va  pas  sans  de  pénibles  conflits,  nécessaires  sans  doute, 
comme  toute  erreur,  pour  rappeler  a  notre  humanité  sa  déchéance 
initiale  :  mais  ces  conflits  eux-mêmes  ont  un  ordre,  un  sens,  une  orien- 
tation ;  et  une  compendieuse  transposition  du  domaine  phil^bsophique 
général  dans  le  domaine  musical  particulier  fournira  peut-être  quel- 
ques indications  vraisemblables  sur  les  avatars  futurs  de  la  tonalité. 


II 

Suivant  une  doctrme  philosophique  célèbre  qui,  jusqu'à  la  récente 
publication  de  commentaires  tout  à  fait  impartiaux  ^,  semblait  n'avoir 
pas  été  mieux  comprise  par  ses  défenseurs  passionnés  que  par  ses  dé- 
tracteurs systématiques,  toute  société  passerait  successivement  par  U^ois 
états  :  dans  le  premier,  le  dogme  règne  souverainement  ;  son  autorité 
est  omnipotente,  aveuglément  acceptée  par  tous,  sans  discussion  ni 
contrôle  :  cest  Vétat  théologique  \  dans  le  deuxième,  la  recherche  des 
causes  préoccupe  tous  les  esprits  ;  la  discussion  aborde  tous  les  pro- 
blèmes ;  des  essais  de  toute  nature  sont  entrepris,  et  les  opinions 
les  plus  subversives  sont  soutenues,  concurremment  avec  les  plus 
saines  et  les  plus  raisonnables  :  c'est  l'état  métaphysique  ;  dans  le  troi- 
sième, la  raison,  ayant  exploré  tous  les  domaines  de  l'erreur,  reconstruit 
à  la  lumière  des  faits  l'édifice  social  par  sa  base,  en  y  replaçant  néces- 
sairement le  dogme  ,  dont  l'autorité  sera  dorénavant  reconnue  et 
acceptée  consciemment  :  c'est  l'état  scientifique  ou  positif. 

La  principaleerreur  commise  par  l'homme  de  génie  auquel  on  doit 
cette  fameuse  «  loi  des  trois  états  »  résulte  d'une  illusion  de  sa  part 
sur  le  degré,  de  réalisation  auquel  était  parvenu,  de  son  vivant,  le  troi- 
sième état.  Il  en  salua  l'avènement  avec  quelque  outrecuidance  :  nous 
sommes  autorisés  aujourd'hui  à  juger  son  enthousiasme  un  peu  pré- 
maturé et  à  reculer  jusque  dans  un  avenir  indéterminé  la  date  de  cette 
transformation  désirable. 

Cette  réserve  faite,  on  ne  peut  se  refuser  à  constater  qu'il  en  est,  dans 
le  domaine  musical,  de  Vétat  tonal  immobile,  comme  de  Yétat  théolo- 
gique dans  notre  société  :  l'ère  du  dogme  indiscuté  de  la  tonique  im- 
muable est  close.  Elle  eut,  certes,  sa  beauté,  et  nous  lui  devons  un  hom- 
mage, puisque  la.  ligne  de  foi,  qu'elle  nous  a  léguée  et  que  nous  retrou- 
vons encore  dans  V oscillation  cadentielle,  demeure  et  demeurera  notre 
guide.  Mais  la  modidation  n'en  reste  pas  moins  un  fait  acquis,  et  sans 
doute  irrévocablement,  car  on  entrevoit  assez  ihal  la  possibilité  de  sa 
suppression. 

Qui  ne  verrait,  dès  lors,  que  nous  sommes  en  pleine  période  de  doute, 
de  négation  et  de  discussion  à  outrance,  en  plein  état  jnétaphysique,  et 

I.  Léon  de  Montesquieu  :  Le  Systemepolitique  d'Auguste  Comte  (Nouvelle  Librairie 
nationale).—  Pierre  Félix  :  Essai  sur  les  principes  fondamentaux  des  gouvernements. 


-  87  - 

que  cette  prodigieuse  conquête  de  la  modulation  fut  pour  nous  comme 
le  fruit  de  l'arbre  de  la  science  du  bien  et  du  m.al  ?  Quels  abus  formi- 
dables n'a-t-elle  pas  entraînés,  jusqueset  y  compris  celui  qui  consiste  à 
nier  la  hiérarchie  tonale  elle-même,  comme  on  a  nié  l'ordre  divin,  et 
toutes  les  hiérarchies  sociales  traditionnelles  qui  en  sont  l'émanation 
directe  et  constante  ? 

En  considérant  chaque  son  en  lui-mêmte,  avec  ou  sans  une  réso- 
nance harmonique  plus  ou  moins  frelatée,  puis  en  juxtaposant  ces  sons 
ou  ces  résonances  suivant  le  caprice  et  la  fantaisie  pour  en  faire 
résulter  on  ne  sait  quelle  impression  grise  et  vague  substituée  à  la  tona- 
lité, on  souscrit,  consciemment  ou  non,  à  cette  grande  erreur  contem- 
poraine, qui  prétend  ne  voir  dans  la  société  qu'une  juxtaposition 
confuse  d'individus,  dans  l'intérêt  collectif  que  la  somme  des  intérêts 
particuliers,  dans  le  pouvoir,  enfin,  que  l'expression  de  la  volonté  de  ceux 
contre  qui  il  s'exercera  nécessairement,  pour  la  sauvegarde  même  de 
leur  intérêt  collectif.  Comme  si  l'autorité  pouvait  venir  d'en-bas,  la 
hiérarchie  des  subordonnés,  la  tonalité  d'une  juxtaposition  quelconque 
d'éléments  réputés  égaux,  au  lieu  d'être  soumis  préalablement  à  un 
ordre  venu  d'en  haut,  à  des  fonctions  prédéterminées! 

Tels  sont  pourtant  les  effets  caractéristiques  de  la  décomposition  so- 
ciale et  tonale  qui  règne  en  ce  début  du  vingtième  siècle  ;  telle  est  l'a- 
narchie intellectuelle  dans  laquelle  nous  avons  le  droit  de  reconnaître 
encore  présentement  la  continuation  de  cet  état  métaphysique  dont  on 
s'était  imprudemment  vanté  d'avoir  libéré  l'humanité, 

Sommes-nous  donc  sur  le  point  de  nous  élever  au  troisième  état,  à 
Vétat  scientifique  ou  positif  dans  lequel  l'ordre  intellectuel  reconstitué 
doit  reproduire  consciemment  l'ancien  ordre  théologique,  en  renouant 
avec  lui  la  tradition,  un  instant  chancelante,  du  dogme  ? 

Sans  doute,  ce  n'est  point  en  ces  termes  que  l'auteur  de  la  «  la  loi  »  des 
trois  états  nous  définit  Vétat  positif,  tel  qu'il  le  conçoit  ;  mais  il  y  a  lieu 
de  croire  que  l'état  vers  lequel  nous  nous  acheminons  serait  plutôt  con- 
forme à  notre  définition.  Et  si  de  graves  symptômes  peuvent  donner  à 
penser  que  l'avènement  de  cq  troisième  état  n'est  pas  très  éloigné,  ce 
n'est  point  ici  le  lieu  d'en  montrer  les  raisons...  dans  le  domaine  social, 
tout  au  moins. 

Bornons-nous  à  observer  ce  qui  se  passe  dans  la  musique. 

A  côté  des  «  décompositeurs  professionnels  »,  qui  continuent,  par- 
fois même  avec  de  bonnes  intentions,  leur  œuvre  dissolvante,  on  dis- 
tingue déjà  de  robustes  défenseurs  de  la  tonalité.  Dans  la  voie  tracée 
par  Wagner  et  Franck,  de  solides  pionniers  travaillent  sans  relâche. 
Une  nouvelle  hiérarchie  tonale,  plus  vaste  et  plus  consciente,  s'élabore 
lentement,  mais  sûrement  ;  elle  participe  à  la  fois  de  l'ancienne  immobi- 
lité, qui  sert  maintenant  aux  expositions  successives  des  thèmes  dans 
des  tons  différents  ;  de  Voscillation  cadentielle,  qui  équilibre  leurs  mou- 
vements ei  leurs  repos  provisoires  ou  définitifs  ;  et  de  la  tt^anslation,  qui, 
parlq  moyen  àeV enharmonie^  les  fait  monter  vers  la  lumière   ou   des- 


cendre  vers  l'obscurité,  dans  leurs  développements  progressifs  sur  le 
cycle  des  quintes. 

Au-dessus  de  cette  variété  infinie  des  modulations,  le  principe  d'u- 
nité fixe  les  relations  de  durée  et  de  parenté  entre  les  tonalités  transi- 
toires et  le  ton  initial   auquel  elles  sont  toujours  subordonnées. 

Sans  doute,  cette  organisation  tonale  à  grande  envergure  ne  s'est  point 
encore  imposée  à  tous  ;  longtemps  encore  elle  sera  discutée  et  fera  tou- 
jours sourire  de  pitié  quelques  «  jeunes  »  de  tous  les  âges,  qui  la  qua- 
lifieront de  «  rétrograde»  sans  voir  que  leur  «  progrès  w  destructeur, 
seul,  est  rétrograde.  Car  pour  «  marcher  en  avant  »,  il  faut  fouler  le 
même  sol  que  nos  devanciers,  et  dans  le  même  sens  ^«'ewx,  puisque  nous 
sommes  leur  prolongement.  Et  si  nous  voulons  vraiment  nous  élever, 
nous  ne  le  pouvons  qu'en  ajoutant  nos  propres  efforts  à  ceux  qu'une 
tradition  séculaire  a  accumulés  avant  nous  et  pour  nous. 

C'est  ainsi,  et  seulement  ainsi,  que  sera  conquise  définitivement  cette 
«  tonalité  positive  »,  ce  troisième  état  que  nous  entrevoyons,  et  dont 
nous  sommes  plus  rapprochés  peut-être  que  les  plus  «  modernes  » 
parmi  les  «modernes». 


III 

Au  milieu  du  désarroi  des  esprits,  nous  aurons  recueilli  cet  inesti- 
mable avantage  d'avoir  compris  le  vrai  progrès  de  la  musique  :  le  per- 
fectionnement de  la  tonalité.  Des  œuvres  de  toute  époque,  de  toute 
forme,  de  toutes  tendances,  auront  passé  sous  nos  yeux,  par  centaines, 
par  milliers  peut-être,  tandis  que,  inlassablement,  le  secret  de  leurs 
«  assises  tonales  »  nous  était  dévoilé,  confirmant  chaque  fois  sa  puis- 
sance ordinatrice  et  féconde. 

Au  cours  de  la  vision  magique  de  ces  sociétés  sonores  qu'on  nomme 
compositions,  partout  les  sons  nous  seront  apparus  liés  entre  eux,  sou- 
mis aux  lois  des  fonctions  qui  règlent  leurs  perpétuels  antagonismes. 
Nouvelle  et  surprenante  vérification  du  néant  complet  de  ces  illusions 
communes,  qui  s'obstinent  à  ne  voir  jamais  que  des  hommes  libres, 
égaux...  frères  ! 

Et  par  cette  éducation  technique,  plus  agissante  sur  nous  en  raison 
même  de  notre  amour  passionné  pour  notre  art,  notre  esprit  se  sera 
élevé  peu  à  peu  jusqu'à  la  notion  infiniment  rare  et  précieuse  du 
«  sens  de  la  vie  ». 

Car  la  vie  procède,  dans  le  domaine  delà  conscience,  comme  la  mu- 
sique dans  celui  de  la  tonalité  ;  et  pour  le  musicien,  cette  transposition 
est  à  peine  perceptible. 

Nous  naissons  dans  un  lieu  —  dans  un  ton  —  et  notre  affirmation 
tonale  native  est  bien  le  prolongement  harmonique  immobile  de  l'éter- 
nel accord  parfait. 

Nous  viVons  dans  les  tribulations  —  les  modulations  —  de  toute  es- 
pèce ;  et  nos  oscillations  cadentielles  vitales  n'ont  de  valeur  qu'en  fonc- 


-  89- 

tion  de  la  tonalité  initiale,  des    institutions  patriarcales  qui  nous  ont 
formés,  en  nous  montrant  la  voie  à  suivre,  la  ligne  de  foi. 

Nous  mourons  enfin,  comme  une  mélodie  qui  s'éteint  dans  le  silence 
après  avoir  affirmé  dans  une  dernière  translation  sa  conformité  au  plan 
tonal  de  l'œuvre,  sa  soumission  volontaire  et  consciente  à  l'ordre  har- 
monique divin,  sa  croyance  inébranlable  dans  l'axiome  indémontrable 
et  révélé,  sa  suprême  et  scientifique  constatation  que  :  Nous  ne  savons 
rien. 

Auguste  Skrieyx. 


Réponses  à  des  Polémiques  grégoriennes 


Je  prie  les  lecteurs  de  m'excuser  si  j'insère  ici  quelques  réflexions  à  propos  d'une 
polémique  où  l'on  m'a  placé,  et  qu'ils  peuvent  connaître  par  ailleurs.  De  telles 
polémiques  ne  sont  point  mon  fait. 

Un  mystérieux  anonyme,  qui  ne  sait  pas  autrement  signer  que  par  des  initiales, 
m'a  ainsi  attaqué  dans  une  revue  qui  s'imprime  à  Rome.  Il  a  prétendu  que  j'avais 
dit,  à  telle  page  d'un  de  mes  ouvrages,  dans  une  note  citée  par  lui,  telle  chose.  Le 
fait  est  manifestement  faux,  et  je  réponds  que  la  note  en  question  est  inexactement 
citée.  On  me  rétorque  alors  que,  si  je  ne  l'ai  pas  dit  à  cet  en(iroit,  je  l'ai  dit  ailleurs. 
Je  laisse  mes  lecteurs  juger  de  la  bonne  foi  avec  laquelle  on  engage  une  polémique, 
en  attaquant  ainsi  avec  traîtrise. 

On  m'a,  en  somme,  tendu  un  piège,  dans  lequel  je  suis  candidement  tombé.  Mais 
il  est  toujours  facile  de  faire  rire  la  galerie  aux  dépens  des  autres,  lorsqu'on  est  com- 
modément abrité.  Un  passage,  hâtivement  écrit,  de  ma  lettre  de  réponse,  — je  le  con- 
fesse, —  renferme  un  mot  ou  qui  est  de  trop,  ou  qui  aurait  besoin  d'être  complété  *. 
L.  R.  (?)  se  donne  le  malin  plaisir  de  délayer  ce  lapsus  évident  durant  trois  colonnes. 
C'est  ce  qu'on  appelle  enfoncer  une  porte  ouverte.  Mon  contradicteur  en  a  évi- 
demment le  droit,  mais  l'exercice  de  certains  droits  est  parfois  ridicule...  Que  dirait- 
il  si  je  recherchais  toutes  les  pierres  d'achoppement  où  lui  et  ses  amis  se  sont 
heurtés  r  Je  puis  me  reconnaître  en  tout  cas  le  mérite  de  ne  pas  attaquer  la  probité 
scientifique  des  autres  :  tous  ne  peuvent  pas  en  dire  autant...  Il  y  a  quinze  ou 
vingt  ans,  ceux  qui  faisaient  profession  de  se  rattacher,  de  près  ou  de  loin,  à  l'école 
bénédictine,  étaient  dans  de  tout  autres  sentiments  envers  les  uns  les  autres;  une 
sorte  de  commune  fraternité  les  groupait,  in  omnibus  caritas.  Une  nouvelle  école  a 
changé  tout  cela  :  rien  n'égale  le  bonheur  de  certains  de  ses  partisans,  lorsqu'ils 
peuvent  dénicher  quelque  petite  faiblesse  dans  les  travaux  des  érudits  qui  ne  sont 
pas  «  eux  ».  Ils  appellent  cela  la  Science. 

Mais  cette  science  est  tout  de  même  quelquefois  en  défaut,  et  L.  R.  (!?)  même 
semble  insuffisamment  renseigné  (lui  aussi)  sur  certaines  questions  qui  touchent  de 
près  les  manuscrits  grégoriens.  Je  n'ai  pas  l'habitude  de  discuter  avec  des  person- 
nages masqués;  mais  je  me  serais  volontiers  engagé,  si  j'avais  su  à  qui  j'ai  affaire,  à 
lui  indiquer  les  manuscrits  qu'il  ignore,  et  qui  contiennent,  en  latin  et  en  grec,  non 
seulement  des  Gloria  et  des  Credo,  mais  des  introïts,  puisqu'il  en  réclame,  et  encore 
d'autres  chants.  Mais  il  est  peu  probable  qu'il  se  dévoile;  qui  sait,  en  effet,  dans 
l'œuvre  de  celui  de  qui  émanent  de  tels  renseignements,  si  je  ne  relèverais  pas  de 
bien  autres  griefs  que  les  pauvres  lapsus  qu'il  lui  a  plu  de  relever  dans  la  mienne  î 

Amédée  Gastoué. 

I .  En  parlant  par  mégarde  de  manuscriis  «  de  Cologne  »  à  propos  des  œuvres  de  Pamélius 
(xvi«  siècle)  qui  furent  éditées  à  Cologne,  avec  des  manuscrits  encore  conservés  en  cette  ville. 


* 
*  * 


Dans  une  note  bibliographique  due  à  la  plume  de  A.  D.  S.,  \a.  Rassegna  Gregoriana 
(Janv,-Fév.  1910,  col.  1 1 1)  apprécie  en  ces  termes  notre  XII"  étude  sur  le  Rythme 
musical  :  «  L'auteur,  dit-elle,  tout  en  admettant  que  le  rythme  se  résout,  en  dernière 
«  analyse,  en  des  proportions  binaires  et  ternaires,  s'acharne  ensuite  à  en  com- 
«  battre  l'application  faite  par  Dom  Mocquereau.  >> 

Est-ce  bien  vraimant  notre  logique  qui  est  en  défaut  ou  celle  du  critique  ano- 
nyme ? 

De  ce  que  dans  l'économie  du  rythme  on  constate  la  présence  d'un  minimum  bi- 
naire ou  ternaire,  s'ensuit-il  que  ce  minimum  doive  être  imposé  à  toutes  les  formules 
et  en  devenir  la  règle  absolue  ? 

C'est  un  fait  que  dans  le  chant  syllabique,  par  exemple,  on  trouve  quantité  de  for- 
mules mélodiques  de  deux  ou  trois  sons  adaptées  à  des  mots  de  deux  ou  trois 
syllabes. 

Mais  qui  donc,  avant  le  Prieur  de  Solesmes,  avait  affirmé  que  ces  monades  ryth- 
miques ont  droit  de  décomposer,  de  frapper  à  leur  effigie  tout  mouvement  vocal 
dépassant  la  limite  de  leur  ambitus  respectif  ?  «  Le  rythme,  dit-il  avec  autorité, 
marche  nécessairement  à  pas  binaires  et  ternaires.  » 

Nous  avons  démontré,  dans  l'étude  susmentionnée,  que  cet  exclusivisme  estatten- 
tatoire  à  la  nature  même  du  rythme  autant   qu'à  la  liberté  du  sens  musical. 

Nous  avons  ajouté  c[m' Aristoxene  le  condamne  par  la  multiplicité  des  pieds  qu'il  a 
inventés  ;  que  Guy  d'Are^:^o  confirme  cette  sentence  par  le  tableau  des  proportions 
rythmiques  qu'il  nous  a  laissé  en  héritage  et  que  la  Rassegna  Gregoriana  nous 
remet  sous  les  yeux  dans  le  premier  article  de  la  même  livraison,  en  reproduisant, 
sans  daigner  le  nommer,  les  travaux  et  les  conclusions  de  Mgr  Foucault. 

De  nos  dix  grandes  pages  d'argumentation,  on  ne  souffle  pas  mot.  Il  est  autrement 
facile  de  tronquer  une  affirmation  pour  arriver  à  mettre  l'auteur  en  contradiction 
avec  lui-même  I  En  fait,  il  n'y  a  pas  l'ombre  de  contradiction  dans  nos  paroles,  puis- 
qu'après  avoir  accordé  l'existence  à' nn  minimum  binaire  et  ternaire,  nous  ajoutons 
aussitôt  que  ce  minimum  comme  tel  ne  saurait  devenir  le  module  fixe  et  exclusif  du 
rythme,  ce  que  nous  démontrons  abondamment.  En  conséquence,  nous  sommes  au- 
torisé à  dire  que  le  principe  de  D.  Mocquereau  et  l'application  strictement  méca- 
nique qu'il  en  fait  sont  plus  qu'arbitraires. 

Nous  aurions  tort  de  nous  plaindre  de  ce  manque  de  loyauté  ;  il  nous  fait  la  partie 
trop  belle  et  nous  fournit  un  moyen  trop  aisé  de  nous  défendre. 

Mais  voyez  d'ici  le  trouble,  la  confusion  qu'un  peu  de  logique  et  de  bon  sens  a 
semés  dans  le  camp  néo-solesmien  !  On  dirait  une  déroute,  puisqu'on  s'empresse  de 
jeter  par-dessus  les  buissons  ce  qui  est  depuis  dix  ans  la  grande  arme  de  combat, 
nous  voulons  dire,  le  principe  absolu  du  rythme  binaire  et  ternaire.  Vrai,  c'est  à  ne 
pas  y  croire  !  Ecoutez,  en  effet,  la  finale  de  la  note  bibliographique  ;  on  ne  peut 
s'empêcher  en  l'entendant  de  songer  au  pavé  de  la  fable.  «  Croire  que  D.  Mocquereau 
«  procède  à  coups  de  deux  et  de  trois,  comme  ferait  le  trot  d'un  cheval  poussif, 
«  c'est  lui  attribuer  injustement  ce  qu'il  n'a  jamais  songé  à  enseigner,  w 

Il  faut  avouer  que  c'est  un  singulier  moyen  de  défendre  un  ami  que  celui  de  renier, 
de  réprouver  coram  populo  sa  théorie  la  plus  chère,  celle  qu'il  a  méditée  et  mûrie 
pendant  nombre  d'années,  qu'il  a  mise  à  la  base  de  tout  un  système,  qu'il  a  déve- 
loppée et  appliquée  dans  plus  de  100  pages  d'un  ouvrage  pompeux,  enfin  qu'il  a 
incrustée  dans  une  longue  série  d'exercices  vocalises  auxquels  la  Rassegna  Grego- 
riana  fait  une  si  puissante  réclame  ! 

Notre  honorable  critique  a-t-il  jamais  jeté  les  yeux  sur  une  des  cent  premières 
pages  du  Nombre  musical  grégorien  ou  sur  une  seule  des  vocalisations  de 
D.  Mocquereau  ?  On  pourrait  croire  que  non. 

Peut-être  est-il  plus  vrai  de  dire  qu'il  est  l'ami  intime  du  maître,  le  confident  de 
ses  pensées,  de  ses  ennuis,  et  comme  tel,  mieux  renseigné  que  nous  ;    que  la  phrase 


—    02    — 

à  sensation  de  tout  à  l'heure  est  un  premier  son  de  cloche  à  double  sens  :  d'abord  le 
glas  funèbre  d'un  principe  dont  on  a  reconnu  la  vanité  et  qu'on  veut  enterrer  sans 
trop  de  solennité  ;  puis  l'annonce  de  la  naissance  d'une  théorie  nouvelle  qui  lais- 
sera dans  l'oubli  toutes  celles  qui  se  sont  succédé  tour  à  tour  et  avec  fracas  sous  la 
même  plume  !  Chi  lo  sa  ? 

Abbé  C.  Marcetteau. 


Nous  protestons  également,  au  nom  de  la  Schoîa  en  général,  contre  la  façon  vrai- 
ment outrecuidante  dont  certains  rédacteurs  de  la  même  revue  croient  devoir  nous 
traiter.  A  propos  du  Ti'aité  d'' accompagnement  de  notre  ami  M.  l'abbé  Brun,  que 
toute  la  presse  spéciale  a  loué  grandement,  un  rédacteur  de  cette  revue  (vraisem- 
blablement un  de  ces  nouveaux  venus  dans  les  rangs  des  grégorianistes,  comme  il 
en  est  tant,  et  qui  sont  persuadés  qu'on  n'a  rien  fait  avant  eux)  le  condamne  impi- 
toyablement et  avec  lui,  de  quelle  façon  détachée  !  l'enseignement  tout  entier  de  la 
Schola.  L'auteur  de  ce  compte  rendu  aurait  bien  fait,  avant  d'écrire,  de  se  rendre 
compte  qu'on  n'a  jamais,  chez  nous,  enseigné  ni  suivi  «  la  règle  pour  la  règle  »,  mais 
que  les  principes  donnés  par  notre  école  sont  moins  des  formules  de  pédants  que 
des  directions  artistiques. 

Quant  au  principe  des  «  accents  métriques  »  des  hymaes,  dans  lequel  le  critique  en 
question  a  voulu  trouver  chez  M.  l'abbé  Brun  une  antithèse  avec  d'autres  principes, 
il  devait  savoir  que  nous  suivons  à  la  Schola  les  principes  traditionnels  de  l'école 
de  Solesmes,  tels  que  Dom  Pothier  les  a  formulés  il  y  a  trente  ans,  tels  que  Dom 
Delpech  les  a  appliqués  dans  le  LîVre<i'or^Me  publié  à  la  célèbre  abbaye.  Que  d'autres 
aient  cru  devoir  changer  depuis,  c'est  leur  affaire,  et  non  la  nôtre. 

D'ailleurs,  la  Rassegna  Gregoriana  semble  habituellement  bien  peu  au  courant  de 
l'histoire  de  la  restauration  grégorienne.  Elle  reproduit,  avec  d'autres  revues, 
une  lettre  aux  affirmations  erronées,  émanantde  correspondants  de  l'Univers,  parfois 
mal  renseignés,  au  sujet  des  premières  années  de  \d.  Paléographie  musicale.  C'est,  au 
fond,  la  suite  de  toute  une  campagne  menée  contre  Dom  Pothier  et  les  vieux  amis  de 
l'œuvre  tout  entière  de  Solesmes;  nos  lecteurs  ont  déjà  par  avance  trouvé  la 
réponse  en  notre  dernier  numéro,  et  ils  peuvent  être  assurés  que,  puisée  à  sources 
authentiques,  elle  ne  craint  aucun  démenti. 

LA  TRIBUNE. 


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Nouvelles  Publications  du   Bureau  d'Édition 


Œuvres  de  M.  l'abbé  F.  Brun.  —  Cantate  à  Jeanne  d'Arc,  partition,  net,  2  fr.  ; 
parties  de  chœur,  net,ofr.  25. —  Cantiques  grégoriens,  adaptations  à  despièces 
du  Kyriale.  Partition,  net,  2  fr.  ;  parties  de  chant,  o  fr.  25. 

M.  l'abbé  Brun,  qui  avait  déjà  donné  d'intéressantes  Cantilenes  latines  et  fran- 
çaises (dont  nous  recommandons  à  nouveau,  à  l'approche  du  «  Mois  de  Marie  »,  les 
chants  en  l'honneur  de  la  sainte  Vierge),  vient  de  composer,  d'une  part,  une  Cantate 
à  Jeanne  d'Arc,  très  facile,  pour  soli  et  chœur  à  2  voix  égales  ou  4  voix  mixtes,  que 
les  fêtes  de  la  bienheureuse  Jeanne  d'Arc  vont  permettre  de  faire  entendre  en  beau- 
coup d'occasions.  Le  genre  grégorien  et  les  thèmes  liturgiques  circulent  dans  cette 
œuvreite,  lui  donnant  de  la  vie  et  de  la  couleur. 

Le  même  auteur  vient  d'écrire  un  accompagnement  et  des  interludes  pour  une 
curieuse  publication  :  le  R.  P.  Dom  David  a  en  effet  adapté  à  des  mélodies  popu- 
laires de  l'Ordinaire  de  la  messe,  des  invocations  en  français  à  la  sainte  Vierge  et 
à  la  très  sainte  Trinité.  Les  Kyrie  «  Aime  Pater  »,  «  Firmator  »,  «  Cunctipotens  », 
sont  ainsi  mis  à  contribution,  et  proposent  dès  lors  une  forme  nouvelle  du  cantique 
français,  dont  Mgr  Foucault  avait  déjà  tenté  des  essais. 

NOUVEAU    RÉPERTOIRE   D'ŒUVRES    RELIGIEUSES  MODERNES 

No  I.  Trois  hymnes  et  motets  au  Saint- Sacrement  [Ave  veruni  corpus,  Ver- 
bum  supernum,  Sacrissolemniis,k  3  voix  égales  et  orgue,  par  M.  l'abbé  Perru- 
CHOT.  —  N°  2.  Petit  salut  à  2  voix  égales  et  orgue  [Panis  vitae,  Sub  tuum 
praesidium,  Tantum  ergo,  Laudate  Dominum),  par  M.  l'abbé  G.  Boyer.  —  N°  3. 
Quatre  motets  tirés  de  l'office  de  la  Passion,  à  3  voix  égales  [Crux  jldelis, 
O  vos  omnes,  Vinea  mea  electa,  Vere  languores  noslros),  même  auteur. —  N«  4. 
Sub  tuum  praesidium,  pour  3  voix  d'hommes  et  orgue,  par  M.  l'abbé  J.  Valdès. 
Ghaque  partition,  net,  2  fr.  ■,  parties  de  chœur,  o  fr.  25. 

Nos  lecteurs  connaissent  déjà,  par  l'encartage  de  notre  dernier  numéro,  la  nou- 
velle publication  commencée  par  le  Bureau  d'Edition.  Gette  collection,  qui  com- 
plète si  avantageusement  le  Répertoire  moderne,  sera  entièrement  consacrée  aux 
voix  égales  pour  la  partie  vocale,  aux  pièces  d'orgue  sans  pédale,  ou  pour  har- 
monium, dans  la  série  orgue.  Le  Répertoire  moderne,  à  l'avenir,  contiendra  seu- 
lement les  compositions  vocales  à  voix  mixtes,  et  les  pièces  d'orgue  avec  pédale 
obligée  :  le  Nouveau  répertoire  d'œuvres  religieuses  modernes  se  montre  déjà  digne 
de  son  aîné,  avec  les  motets  expressifs  et  faciles  de  MM.  Perruchot  et  Boyer,  dont 
il  nous  est  inutile  de  faire  un  plus  ample  éloge  ;  nous  y  joindrons  le  nom  de 
M.  l'abbé  Valdès,  déjà  bien  connu  de  nos  lecteurs,  et  qui  comptera  au  nombre 
des  meilleurs  musiciens  modernes  d'église. 

Henry  Noël. 


^&;^^;^;^^;^^;^;^;^^^;^;^;^;^;^;^^;^;^^^ 


BIBLIOGRAPHIE 


Répertoire  populaire  de  la  musique  Renaissance,  publié  par  Henry  Expert. 
Sénart,  Roudanez  et  C'c,  éditeurs,  9,  rue  de  Médicis,  Paris.  Chaque  pièce  (partie 
de  chœur),  suivant  l'importance,  de  i5  à  25  cent. 

Notre  éminent  confrère  M.  Henry  Expert,  de  qui  l'on  connaît  les  si  exactes  ré- 
éditions d'œuvres  du  xvie  siècle,  vient  d'être  heureusement  inspiré  en  commençant 
ce  nouveau  Répertoii'e  populaire  de  la  musique  Renaissance,  qui  comprend  des 
pièces  profanes,  mais  surtout  religieuses,  latines  et  françaises.  Il  en  est  certaines 
qui,  déjà,  sont  connues  du  public,  grâce  aux  belles  publications  de  notre  regretté 
Ch.  Bordes,  mais  la  plupart  étaient  inédites,  et  M.  Expert  rend  un  grand  service 
à  l'art  et  à  la  musicologie  en  les  faisant  connaître. 

Plusieurs  d'entre  elles  pourront,  dès  à  présent,  entrer  dans  le  répertoire  des  maî- 
trises, comme  le  curieux  Sancta  Maria  d'Orlande  de  Lassus,  en  forme  de 
double  canon,  pour  soprano,  alto  ou  haute-contre,  ténor  et  baryton.  Mais  nous  vou- 
lons surtout  attirer  l'attention  sur  les  «iwo^  du  même  auteur.  On  nous  a  souvent  de- 
mandé s'il  existait  des  exercices  pratiques  à  deux  voix,  des  vocalises  surtout,  pour 
préparer  à  l'étude  de  la  musique  palestrinienne.  Les  pièces  d'Orlande  de  Lassus 
répondent  à  ce  besoin.  M.  Expert  les  a  toutes  transcrites  à  deux  voix  égales,  pour 
la  pratique,  quoique,  à  vrai  dire,  certaines  soient  originairement  écrites  pour  un 
dessus  et  une  voix  d'homme.  Elles  renferment  toutes  les  combinaisons  de  la  musi- 
que palestrinienne  qui  peuvent  être  écrites  avec  deux  voix,  et  chacune  forme  un  tout 
très  complet. 

Ces  pièces  à  deux  voix  sont  en  forme  de  petits  motets  sur  des  paroles  diverses, 
comme  des  sortes  de  courtes  antiennes.  Nous  citerons  ici  :  Beatus  vir  ;  Justus  cor 
suum  tradet  ;  Ocuhis  non  vidit  ;  Sancti  mei  ;  Qui  sequitur  me  ;  Exspectatio  justorum  ; 
Justi  tulerunt  spolia  ;  Beatus  homo  qui  invenit  ;  Sicut  rasa  inter  spinas  ;  Serve  bone  ; 
Qui  vult  venire  post  me  ;  Fulgebunt  justi.  Ces  pièces,  on  le  voit,  conviennent  sur- 
tout pour  les  fêtes  de  saints,  martyrs  ou  confesseurs,  sauf  le  Sicut  rasa,  qui  est  un 
charmant  duo  en  l'honneur  de  la  sainte  Vierge. 

M.  Henry  a  également  publié  des  Extraits  des  maitres  musiciens  de  la  Renaissance 
française,  détachés  de  sa  grande  publication,  où  nous  relèverons,  en  les  recom- 
mandant :  Tristitia  obsedit  me,  à  5  voix,  de  Claude  le  Jeune  ;Du  fond  de  ma  pensée 
(paraphrase  du  De  profundis),  à  4  voix,  d'O.  de  Lassus  ,  Descende  in  hortum  meum, 
de  Ant.  Févin,  auteur  si  peu  connu  jusqu'ici  ;  et  des  extraits  des  beaux  Psaumes 
mesurés  à  l'antique,  de  Jacques  Mauduit,  tels  que  En  son  temple  sacré,  à  5  voix, 
sur  des  paroles  de  Baïf.  On  se  rendra  bien  compte,  à  leur  lecture,  du  genre  de 
rythme  si  aimé  de  nos  ancêtres,  et  dont  les  fameuses  messes  de  Du  Mont  sont  le 
dérivé  direct. 

Puissent  ces  nouvelles  publications  de  M.  Henry  Expert  répandre  plus  en- 
core chez  nous  la  connaissance  et  le  goût  surtout  de  cette  belle  musique  du 
xvie  siècle  ! 

Nouvelle  édition  française  demusique  classique,  à  2?  centimes  le  m,  publiée 

sous  la  direction  artistique  de  Vincent  d'Indy.  Même  maison. 
Edition  populaire  française,  musique  de  chambre,  école  ancienne,  revision 

par  P.  Peyrot  et  J.  Rebuffat. 

La  maison  d'édition  Sénart  et  Roudanez,  qui    prend    rapidement  place  parm.i   les 


—  9^  — 

meilleures,  vient  d'adjoindre  à  ses  publications  antérieures  plusieurs  séries  de  pièces 
anciennes,  dont  le  fonds  est  destiné  à  se  développer  de  plus  en  plus,  en  mettant  à 
la  portée  des  bourses  les  plus  modestes,  les  chefs-d'œuvre  oubliés  des  composi- 
teurs les  plus  illustres. 

Ici,  je  relèverai  principalement  les  belles  publications  pour  piano  et  violon,  et 
pour  instruments  à  cordes,  qui  viennent  de  paraître  :  celles  de  la  première  série  ont 
été  choisies  et  revues  par  M.  d'Indy.  Elles  renferment,  pour  violon  solo  avec  accom- 
pagnement au  clavier,  des  pièces  de  diverses  forces,  d'auteurs  français  et  étrangers, 
choisies  parmi  les  plus  caractéristiques.  Elles  comprennent,  entre  autres,  une  Gavotte 
eniit,un  Largo  de  J.-M.  Leclair,  la  5e  Sonate  en  fa,  de  J.-S.  Bach,  en  trois  fasci- 
cules, la  Sonate  en  ré,  deTartini,  et  celle  en  sol,  de  Locatelli,  toutes  deux  également 
en  trois  fascicules. 

Ces  rééditions  complètent  à  ravir  la  belle  collection  des  Maîtres  français  du  Violon 
au  xvirie  siècle  (mêmes  éditeurs),  dans  laquelle  M.  J.  Debroux,  l'éminent  violoniste, 
nous  avait  déjà  révélé  des  œuvres  de  Leclair,  Francœur,  Branche,  etc. 

MM.  Peyrot  et  Rebuffat  (qui  comptent  parmiles  «  primiciers  »  de  la  Manécanterie 
de  la  Croix  de  bois)  ont  édité  de  même  une  collection  analogue,  pour  divers  instru- 
ments concertants,  clavier,  violon,  flûte,  etc.  Ils  ont  donné  déjà  d'excellentes  pièces 
dont  plusieurs  assez  faciles,  et  qui  ne  contribueront  pas  peu  à  redonner  le  goût  de 
nos  vieux  auteurs.  Cette  collection  de  l'Edition  populaire  renferme  déjà  des. sonates 
et  concerts  de  Couperin,  Rameau,  Clérambault,  Mondonville,  parmi  les  auteurs 
français  ;  Corelli,  Masciti,  parmi  les  Italiens. 

Ces  diverses  collections  sont  appelées  au  plus  brillant  succès. 

Amédéf,  Gastoué. 

Abrégé  du  Graduel  Romain,  pour  les  dimanches  et  les  fêtes  doubles,  etc.  ;  avec 
traduction  française.  Un  beau  volume  in-8°,  édition  Schwann,  U  2,  6  francs. 

Une  heureuse  innovation  vient  d'être  introduite  dans  la  publication  des  livres  de 
chœur  par  la  maison  Schwann,  déjà  si  bien  méritante  du  chant  grégorien.  Une 
nouvelle  édition  du  Graduel  abrégé  à  l'usage  des  paroisses  vient  d'être  donnée,  avec, 
au  bas  des  pages,  la  traduction  de  tous  les  textes  chantés-  Ceux  qui  ont  à  diriger  des 
chanteurs  auxquels  il  est  besoin  d'expliquer  le  sens  des  pièces  exécutées,  apprécie- 
ront vivement  cette  belle  innovation.  Cette  traduction,  très  élégante,  est  due  à  Dom 
L.  David, bénédictin  de  la  Congrégation  de  Solesmes,  du  monastère  de  Saint-Wan- 
drille,  et  qui  dirige  la  Revue  du  chant  grégorien. 

Graduai ia,  versus  alleluiatici  et  tractus  in  cantu  simplici  (graduels, 
versets  d'alléluia  et  traits  en  chant  simple),  publiés  par  J.  Bas.  Même  édition.  3  fr. 

Cette  publication  procède  du  même  esprit  que  le  Formulaire  de  récitatifs  de 
M.  Gastoué.  Toutefois  la  publication  de  M.  Bas  est  plus  complexe,  et  les  mélodies 
utilisées  par  lui,  d'après  les  chants  ambrosiens,  aquiléiens,  etc.,  nous  paraissent  un 
peu  trop  ((  arrangées  ».  Des  chants  d'antiennes,  par  exemple,  qui  sont  des  chœurs, 
adaptés  à  des  versets  d'alléluia,  qui  sont  des  solos,  ne  nous  paraissent  pas  répondre 
aux  nécessités  esthétiques  que  demandent  semblables  adaptations. 

Nouveautés  musicales  de  la  maison  Schwann  en  dépôt  au  Bureau  d'Edition. 
Te  Deum,  à  3  voix  d'hommes,  de  Chlondowki,  i  fr.  60  ;  Litanies  de  saint  Joseph,  de 
A.  Millier,  i  fr.  10  ;  20  graduels  pour  les  principales  fêtes,  de  H.Biiuerle,  3  fr.  20. 
Messe  en  l'honneur  de  saint  Antoine  de  Padoue,  à  3  voix  mixtes  et  orgue,  de 
Jos.  Scheel,  2  fr.  10  ;  Litanies  de  saint  Joseph,  pour  2  voix  (soli  et  chœur)  avec 
orgue,  du  P.  Petrus  Sinzig,  o  fr.  80  ;  24  courts  morceaux  d'orgue,  de  G.Erlemann, 
I  fr.  60  ;  Accompagnement  d'orgue  du  Commune  Sanctorum,  de  Wiltberger, 
4  fr  5o. 

Toutes  ces  publications  sont  bonnes  et  ne  peuvent  que  favoriser  le  développe^ 
ment  de  la  musique  d'église. 

H.  N. 


-  96  - 

LES  REVUES    [articles   à  signaler)  : 

S.  I.  M.  —  No  2  :  Les  Origines  du  style  classique,  par  Romain  Rolland  ;  une  Inter- 
view de  Loren^o  Perosi,  par  Gen.  de  Leva,  —  No  3.  Lettres  de  Morit^  Hauptmann 
publiées  par  A.  de  Bertha  ;  un  Nouveau  Chiffrage  delà  basse,  par  H.  Keefer. 

Revue  musicale.  —  N°*  2  et  suïvanxs:  Histoire  dudraïue lyrique  [suite],  par  J.  Com- 
barieu.  —  Nos  3  qi  suivants  :  Nature  et  rôle  du  système  musical  traditionnel,  par 
Léon  Boutroux  [très  lucide  et  très  remarquable  exposé  de  la  formation  historique 
de  la  gamme  ;  gammes  antiques,  grégoriennes,  modernes]. 

Musique  sacrée  (Toulouse).  —  No  2.  Pédagogie  musicale  :  les  Recueils  de  chants 
pour  écoles,  séminaires,  patronages,  orphéons. 

L'Ouest  artiste  (Nantes).  —  Nos  i  7  et  suivants  :  Études  sur  la  musique  d'église,  de 
P.  Davriés  [écrites  dans  un  excellent  esprit,  et  très  pratiques]. 

Le  Guide  musical.  —  N»  6  :  Paul  Magnette,  une  Symphonie  de  jeunesse  de  Bee- 
thoven. 

Musica  sacra  (Namur).  —  No  7.  Encartage  :  Tota  pulchra  es,  à  3  voix  égales  et 
orgue,  de  A.  Meulemans. 

Musica  sacra  (IVlilan).  —  No  i  :  Le  chant  des  femmes  à  V église  [éd.ns  le  même  sens 
que  nos  conclusions  plusieurs  fois  déjà  présentées  ici]. 

Santa  Cecilia  (Turin).  —  No  127.  Encartage  :  Missa  in  honorem  S.  Jacobi  apostoli, 
à  2  voix  égales  d'hommes  et  orgue,  de  D,  Torres, 

Psallerium  (Pérouse).  —  No  1-2.  R.  .Casimiri,  Pourléchant  religieux  du  peuple. 

Rassegna  Gregoriana.  —  N°  1-2.  P.  Ferretti,  V Introït  «  lerusalem  »  [c'est 
«  Laetare  Jérusalem  »]  di<  IVo  dimanche  de  Carfme  [étude  rythmique  très  intéres- 
sante, entièrement  basée  sur  les  travaux  de  Mgr  Foucault,  qui  n'est  pas  nommé  une 
seule  fois  dans  l'article].  —  J.  Delaporte,  l'Edition  Vaticane  et  les  propres  diocé- 
sains. 

Caecilia  [Strasbourg).  —  N°  12  (1909).  [Consacré  à  l'oratorio  Christus,  de  Liszt, 
qui  vient  d'être  donné  à  Strasbourg,  le  16  janvier,  par  les  chœurs  paroissiaux,  réunis 
sous  la  direction  de  M.  l'abbé  Victori,  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale].  —  No  2. 
L.  T.,  le  Genre  théâtral  à  l'église  et  le  genre  religieux  au  théâtre  [excellente  étude 
qui  commence  par  les  cantiques  français  dits  «  traditionnels  »  hélas  !  en  montrant 
leurs  origines  suspectes]. 

Gregorianische  Rundschau  (Gratz).  —  N^s  i^  2  et  3  :  JVIax  Springer,  lEsprit  mo- 
derne et  la  musique  d'église  [admet,  dans  l'accompagnement  du  plain-chant,  la  bro- 
derie ou  la  note  de  passage  chromatique.  Très  curieux  exemples  d'accompagnernent 
de  ÏHaec  dies,  dans  le  n°  3j. 

Die  Kirchenmusik  (Paderborn).  —  N"  9-1  o.  A.  Baumstark, /e5  A?îne;2?îe.y  Hodie 
du  Bréviaire  romain  et  leurs  parallèles  grecs. 

Musica  Sacro-Hispana.  —  N°  9.  D.  Sunol,  le  Chant  espagnol  du  «  Pange  lingua  », 
fin.  [L'auteur  conclut  que  ce  chant  appartient  bien  à  la  liturgie  mozarabe  ;  les  monu- 
ments notés  ne  permettent  pas  de  remonter  plus  haut  malheureusement  que  le 
xni*  siècle,  mais  la  mélodie  est  celle  d'autres  hymnes  de  cette  liturgie,  attribuées  à 
saint  Isidore  de  Séville.  La  version  donnée  parles  anciens  manuscrits  d'Espagne  est 
légèrement  différente  de  celle  qu'illustra  Vittoria  et  qui  est  répandue  chez  nous,  de- 
puis que  Bordes  et  Dom  Pothier  l'ont  tout  d'abord  popularisée.)  —  N°  10,  F.  Pedrell, 
une  Nouvelle  Version  du  chant  de  la  Sibylle  (xivo  siècle)  [pour  la  nuit  de  Noël,  re- 
trouvée à  Mayorque  et  exécutée  par  le  peuple  aux  matines  de  Noël.  C'est  une 
version  en  langue  vulgaire  du  célèbre  Jz/iizcn' 5i^HMm  publié  par  Dom  Pothier.] 


NOTRE    SUPPLÉMENT 


Petit  Salut  à  2  voix  égales,  de  M.  te  ch,  Boyer. 

Nous  continuons  d'offrir  à  nos  abonnés  des  spécimens  du  Nouveau  Répertoire 
d'œuvres  modernes  à  voix  égales.  Ces  motets  nouveaux- de  M.  le  ch.  Boyer  auront 
tout  le  succès  des  précédents. 

Le   Gérant  :    Rolland. 

Hoitisi's.  -  Saciétà  rrançaico  d'irrorimerie 


Supplément  à  La  Tribune  de  Saint-Gervais.  —  Mai-Juin  1910. 

NOUVEAU  RÉPERTOIRE  D^flEUVRES  MODERNES 
1**  SÉRIE:  MOTETS  ET  MESSES  A  VOIX  ÉGALES. 


A  Monsieur  Charles  BORDES 


Partition 
net,   2f. 


QUATRE     MOTETS 

TIRÉS  DE  L'OFFICE  DE  LA  PASSION 


Voijr  seules 
net,  Of.30 


à  3  voix  ég*ales 


Abbl  C.BOYER 


I._  GRUX   FIDELIS 


1«  VOIX 


2'!  VOIX 


3?  VOIX 


Lent(J  =  fif>) 
,  ,   TUTTI   PP 


^iW-f^j^^^ 


Crux    fi  I  dé 
TUTTI  PP 


Crux  fi 
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lis,eruxfi  . 


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Crux    fi  -  dé  _ 


-lis,  orux 


û     -      na  no  -  bi      _      lis:  mil    _    la    si'l_va  talem    pro     _       fert 


W      -,  _ 


Schola  Cantorum  269  rue  S!  Jacques 


S.  1303.^'^  C. 


Tous  <^roi(s   réserves 


taulempro      _       fert        Fro'n_  de,  f lo  _      _    re,     ger     _     mi    _   ne; 


SOLI 


su 


i    _     sti  _   net,  diil  _ 


_  ce  pon    _      dus     su     _     sti  _  net 


1*:  VOIX 


2*:  VOIX 


3*?  VOIX 


II 

0  VOS    OMNES 

Lent(Jr46) 
pplU'[l\     ,  rit.poco 


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O     vos         o'    -    mnes,  o       vos        o      _    mnes, qui     tran_- 


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I      r 
sie_ut  dcLlor 


ss 


me 
rit. 


t^ 


m 


J--^-^ 


si    est  dd    _      lor, 


do    _   lor  sic  ut  d6_lor       me     _ 


_    us  At_  tc'n_di_t(.-,  u_ni_  versi    p6_pu_li,  et  vLdé    _     te  do_lô„rem 


rit. 


TUTTI  trèsdoi'oc 


^ 


^m 


£^ 


me_ 


um. 


rit. 


TUTTI 


Si  est  dd    _     lor      sic_ut 
très  douoc 


do_lor  me     _ 


us        si  est 


me_ 


_  Uili. 


Si   est  do    _    lor,  si  est_dd   _ 


rit.  VPP . 


_  lor. 


dô  _  lor         sie_ut^dQ_lor   mé_ 


T5 

—US 


i»;  VOIX 


2«  VOIX 


;^':voix 


III 
VINEA   MEA  ELEGTA 


Lent  (Jr  58) 


TUTTI 


[^^a^J=jj^;^^^ 


VLne_amé_a  e  _  lé.cta,  é    ,      go    te  planta  _  vi, 


-  go  te     plan    _      ta 


_go 


te         plan^tâ_vi,diei\. 
•> 


Do'_ 


teplanta    _     vi_,     dLoit    Do 


_  mi_ 


^^g#^^==^É^ 


nus  :  et 


tu       faota  es 


_  mi  _  nus:  et    tu        faeta  es 


mi_hi   nimis    a  _  ma   _         _  ra:         Qui  _  a    pa_ra     _    sti,  pa_ra   _ 


m 


_  sti,  pa_râ_sti 


i^ 


cru_  eemSal 

2. 


w 


rit. 


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S 


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""^^ ^~ "-^^t^ 


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SOLIi> 


me  _  us. 


— ^         *     0    r^ 


55 


_  rasti  cru  _ 


^ 


cemSal 

9 


_    va_to'_ri  4  tii - 
rit. 


_     0 


Pôpuk 


mo   _  us, 


SOLI  ji. 


1^ 


W^ 


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H^sz 


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Popule  me    _   us, 


_    _   sti  cru  _         _    cemSal  _  va_to_ri  _  tu 


_    0 


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quid       fe_ci   .  ti    _     bi,aut 


£_ 


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eontri_stâ_vi  _ 


PP 


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p6_  pu  Je 


me  _    us. 


Éfe^^#^^ 


quid       fé_ci 


ti    _    bi, 


lut 


aux        in 


quo       cent ri  _ 


^m 


^ 


^ 


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po_puJe     me  _    us^       quid      fé_ci    _    ti    _    bi,  sut        In     quo      coniri  _ 


_stâ_vi   te? 


spon 


hi_         Qui  _  a   pa_râ  _ 


TUTTI 


P^^ 


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±3kS: 


Qui. 


fe^ 


a  pa_ra    _ 

5 


sti,  pa_rsLsti 


oru_eem  Sal 


_  vaJ:o_ri 


m 


tu- 
rit. 


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_   0 


-^"^^ 


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^S 


a    pa_ra _ 


sti,  pa  _ 


rasti  crû  _ 


cem  Sal 


_     va_to_ri   .  tu_ 


7'2t. 


_   0 


-Ci- 


*^l* 


^J   ^-^   -V 


f 


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"^-^ 


-^—d 


^ 


_  sti,  pa_  ra  _ 


l^  VOIX 


2^  VOIX 


3?  VOIX 


_  _         _  sti  crii  _       _    eem  Sal  _    va_t6_ri  _  tii  _ 

IV 
VERE  LANGUORES  NOSTROS 


_  o  _ 


Lent  (J -52) 


^ 


Ve_  reian_ 


guo_res 


^ 


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nô_  stros, 


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ve_  re  lan_  gud  _rps  nostros  Lpse_ 


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J  ^  liJ  J 


vé_  re  lan_gud  _res         nostros  î_pse_ 


ii'i  JJl'ii^ 


Vé  _  re  lan_guo_res      no  _  stros,  vé_relan_gud    _     res    nostros  î_ps e_ 


_tiî_ 


_  lit,        et  do_ 


16   . 


res, 


et        do_ 


lo'_ros  no_ 


_    stros 


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ci  — 2^- 

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..  lit,       et  do  _ 


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lo   _  res, et 


do_  lo     _ 


res         no  _ 


^IjjJJ  1^— J  j  I  j  -^ 


3S' 


^-^^  l^jj^^-^^ 


■jS 


-tû_ 


_  lit,  et       do  _    lo    _    res,  et  do_  lo    _      res         no_ 


_    stros 


1    _    pse porta  _ 


vitjli_vo_re 


e    _    JUS  sa .    na_Ti   su  _ 


_  stros         î       _     pse        por  _  ta    _     vitj  et    li_vd_re      é  _    jus  sa  _  na_ti  su 


_  mus,sana_ 


mus:  Ve_  relan_guo'_res 


^ 


-   re  langue    _ 


res      no  _    stro^anguores 


f 


no   _    stros 


W^ 


1  _    pse 


ve  _    relan_guores   no  _     stros 


^m 


1    -      pse,      Lpse     tû_ 


do_lo_res      no  _  stros         i   _   pse    por_    ta 


1 


Seizième  Année  N°   5  Mai  1910 

LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 

REVUE    MUSICOLOGIQUE 

DE    LA 

9cl)ola    (Eantorum 

ABONNEMENT   COMPLET  :  \  BUREAUX    :  l     ABONNEMENT  RÉDUIT  : 

[Revue  et  Eiicartage  de  Musique)       |   26g,     rue    Saint- Jacques,     269   \  (Sans  Encartage  de  Musique) 

France  et  ColoDies,  Belgique.    10  fr.  \  paris  (vo  j  Pour  MM.  les  Ecclésiastiques, 

Union  Postale  (autres  pays).    11  fr.  ,  les  Souscripteurs  des  h  Amis 

,      ,,  ,       ^     j       .   ,  \     14,  Digiie  de  Brabant,  14     l      de  là  Schola  11  et  les  Elèves     6îr. 

Les  Abonnements  partent  du  mois  de  )  ^  °  <   -t   •      n        1  n  r 

Jamner.  \  GAND  (Belgique)  \   UniOn  Postâle.  7  tf. 

Le  numéro  :    0   fr.  60  sans  encartage  ;  Ifr.  avec  encartage. 

SOMMAIRE 

Nouvelle  et  dernière  leçon  sur   le   rythme .      AbbéC.  Marcetteau. 

Nouvelles  musicales  ;  le  texte  des  hymnes  ;  Voffice  de  Jeanne 

d'Arc 

Petite  correspondance. 

La    Prière    liturgique G.  du  Passage. 

Bibliographie  :  Revue   des  Revues  ;  notre  encartage.     ...       La  Rédaction. 


Nous  pilions  instamment  itos  correspondants  :  i° de  bien  vouloir  n'écrire 
leurs  communications  que  d'un  seul  côté  de  la  feuille^  2". de  toujours  sépa- 
rer soigneusement  ce  qui  concerne  la  rédaction  et  Vadnimistration. 


Nouvelle  et  dernière  leçon  sur  le  rythme 


Tout,  dans  la  méthode  rythmique  de  la  nouvelle  école  de  Solesmes, 
atteste  hautement  l'ingérence  de  la  m.esure  et  sa  folle  prétention  de 
vouloir  se  substituer  au  rythme  sous  de  trompeuses  livrées. 

Le  principe  élan-repos  que  nous  avons  discuté  précédemment  en  est 
une  démonstration. 

Le  procédé  des  ictus,  au  moyen  desquels  Dom  Mocquereau  entend 
diviser  la  phrase  grégorienne  en  sections  exclusivement  binaires  et  ter- 
naires, nous  le  démontre  encore  plus  clairement. 

«  Ce  qui  caractérise  essentiellement  Victus  rythmique^  dit-il,  c'est 
((  qu'il  se  trouve  toujours  au  point  d'appui,  de  repos  d'un  rythme 
«  simple.  » 


-.  98  - 

Puis  il  ajoute  en  note  :  «  L'ictus  rythmique  correspond  au  frappé 
«  de  la  musique  moderne  ^  » 

Il  nous  affirme  également,  dans  un  autre  passage,  que  «  Victus  ne 
diffère  pas  de  la  thesis  du  r3^thme  ». 

S'il  en  est  ainsi,  sa  place  dans  une  notation  mesurée  est  celle  qui  suit 
immédiatement  la  barre. 

Or,  en  mettant  une  barre  avant  chaque  ictus  des  mélodies  du  Ma- 
nuel en  notation  moderne  de  igoS,  qu'obtenons-nous  comme  résultat 
graphique  ? 

Des  divisions  de  deux  ou  trois  sons,  puisque  les  ictus  échelonnés  sur 
la  ligne  mélodique  viennent  invariablement  après  deux  ou  trois  notes, 
comme  en  témoigne  l'exemple  suivant  que  nous  extra3^ons  du  susdit 
Manuel  :  • 


ig=£JEJJE^|gggË^gEgjË^ggËg|Eg^g|EggEJEgi^g|p 


San- ctus,  San-       ctus,  SanctusDo-   mi-  nus  De-    us        sa-      ba~        oth. 

N'est-il  pas  clair  et  lumineux  comme  le  jour  que  «  le  rythme  marche 
nécessairement  à  pas  binaires  et  ternaires  »  ? 

Mille  excuses,  mon  Révérend  Père  ;  encore  une  fois,  est-ce  le  rythme 
ou  la  mesure  qui  marche  ainsi  ?  Et  ces  divisions,  qui  sont  réelles  sur  le 
papier  et  pour  l'oeil,  le  sont-elles  aussi  véritablement  dans  l'exécution  et 
pour  l'oreille  ? 

A  qui,  en  effet,  appartiennent  ces  sections  en  modes  binaire  et  ter- 
naire ?  Dom  Mocquereau  veut  bien  nous  renseigner  lui-même  sur  ce 
point  :  «  La  mesure  en  chant  grégorien,  dit-il,  n'est  qu'un  temps  com- 
«  posé  binaire  ou  ternaire.  »  Et  quelques  lignes  plus  loin  :  «  Les 
«  rythmes  chevauchent  sur  les  barres  de  mesure,  tandis  que  les 
«  mesures  sont  renfermées  entre  deux  barres  -.   » 

S'il  en  est  ainsi,  comment  les  divisions  de  la  mesure  peuvent-elles 
devenir  celles  du  rythme  avec  un  cadre  aussi  foncièrement  distinct? 

Comment,  en  bonne  vérité,  peuvent-elles  se  transformer  en  réalités 
rythmiques,  vraiment  perceptibles  à  l'oreille,  quand  les  limites  qui  les 
renferment,  les  barres  dans  la  notation,- les  frappés  dans  le  battement, 
n'ont  assurément  rien  qui  puisse  atteindre  l'organe  de  Inouïe  ? 

Il  n'y  a  donc  que  la  voix  qui  ait  le  pouvoir  d'en  marquer  la  distinc- 
tion, de  les  faire  entrer  dans  le  domaine  du  réel  et  les  frapper  à  l'effigie 
du  rythme. 

Or  elle  n'a  que  deux  moyens  pour  cela  : 

Ou  bien  une  prolongation  sensible  sur  la  dernière  note  de  chaque 
sectionnement  métrique,  ou  un  accent  sur  la  première.  La  continuité 
irrésistible  du  mouvement  dans  les  incises  précitées  excluant  le  pre- 
mier moyen  et  Dom  Mocquereau  rejetant  le  second  comme  agent 
essentiel  du  rythme,  il  s'ensuit  fatalement  que  ces  divisions  métriques 

1.  Le  Nombre  musical,  p.  ii8. 

2.  LeNombre  musical,  ^p.  ii8. 


—  99  — 

sont  vouées  à  l'impuissance  et  qu'elles  ne  peuvent  prétendre  à  d'autre 
réalité  qu'à  celle  de  figurer  sur  le  papier  ou  dans  le  geste,  c'est-à-dire 
sur  le  terrain  de  la  mesure. 

Aussi,  en  dépit  des  sectionnements  artificiels, graphiques  ou  mimiques, 
les  incises  du  r3^thme  resteront-elles  toujours  les  suivantes  dans  cette 
phrase  mélodique  : 


j=^£JEJ^^3^£ëiËigEgE^ËgEgEEg=Ê^^i^g^^fl 


-'^■H 


San-ctus,  San-      ctus,  Sanctus  Do- mi-   nus  De- us       sa-      ba-        oth. 

Telles  sont  les  divisions  naturelles  du  rythme,  les  seules  qui  aient  un 
sens  musical  ;  ce  sont  les  mots  de  la  phrase  mélodique  auxquels  les 
théoriciens  du  moyen  âge  appliquent  le  nom  de  neumes. 

Sectionner  ces  neumes,  les  partager  en  plusieurs  tronçons,  à  la  façon 
de  Dom  Mocquereau,  c'est  faire  œuvre  de  décomposition,  œuvre  d'ana- 
l3''se,  et  par  conséquent  œuvre  antirythmique,  puisque  le  rythme  est 
une  synthèse  et  que  les  éléments  qui  composent  chacune  de  ses  incises 
sont  aussi  indivisibles  que  les  syllabes  d'un  mot  dans  le  discours. 

Mais  c'est  surtout  faire  œuvre  de  mensuration,  et  là  encore  l'illusion 
du  Maître  est  flagrante  !  Il  croit  avoir  trouvé  dans  l'artifice  des  ictus  le 
facteur  le  plus  vrai,  le  plus  puissant  du  rythme,  et  voilà  que  cet  artifice 
se  tourne  contre  lui  en  le  déposant  peu  courtoisement  sur  le  terrain 
froid  et  stérile  de  la  mesure  ! 

En  effet,  est-il  rien  qui  en  réalise  aussi  parfaitement  le  processus, 
puisque  chaque  division  créée  par  Victits,  au  lieu  de  commencer  avec 
un  levé,  comme  dans  le  procédé  des  élans-repos,  débute  avec  un 
frappé  \  comme  suit:  l  'r^  \  'f^  \  ]  ,  ou  ï  JT!  I  'JTI  i  >  ^  de 
sorte  que  l'illustre  théoricien  affirme  une  vérité  quand  il  dit  que 
«  l'ictus  .correspond  au  frappé  de  la  musique  moderne  »  ?  Oui,  sans 
aucun  doute,  il  y  a  même  entre  les  deux  une  correspondance  si  intime 
que  nous  défions  l'auteur  de  nous  démontrer  dans  Victus^  tel  qu'il 
l'entend,  une  autre  réalité  que  celle  du  frappé,  ou  du  moins  que  celle 
d'une  des  deux  phases  de  mimique  qui  constituent  la  mesure  ! 

C'est  peut-être  parce  qu'il  a  pressenti  l'attaque  sur  ce  point,  qu'il 
s'empresse  d'ajouter  que  «  Y  ictus  ne  diffère  pas  de  la  thesis  du  rythme  ». 
Voilà  donc  le  vaillant  théoricien  qui  essaye  de  sauver  son  ictus  en 
péril  en  le  débarquant  prestement  sur  ce  qu'il  croit  être  le  continent 
du  rythme  ! 

Mais  si  Yictus  est  la  thesis,  c'est-à-dire  la  fin  du  mouvement  rythmi- 
que, comment  peut-on  le  concevoir  en  tête  d'une  incise,  tel  que  dans 
les  trois  SancLus  de  l'exemple  cité  plus  haut  ? 

I.  On  bat  la  mesure  moderne  en  commençant  an  frappé  ;  affaire  de  convention,  le 
sens  inverse  eût  été  aussi  légitime. 

On  bat  le  rythme  en  partant  au  levé  ;  question  de  convenances  ;  dans  les  deux 
cas,  c'est  un  acte  de  mensuration  qui  s'opère  à  l'aide  d'un  module  composé  de  deux 
ou  de  plusieurs  unités  de  te.mps. 


lOO    — 


Qu'est-ce  donc  enfin  que  cet  être  fantastique  capable  de  prendre  toutes 
les  formes  et  surtout  de  réaliser  la  merveille  d'être  à  la  fois  tête  et 
queue,  début  et  fin,  arsis  et  thesis  ? 

Dom  Mocquereau  nous  dit,  en  effet,  sans  l'ombre  d'hésitation,  que 
«  l'ictus  r3^thmique  qui  commence  chaque  temps  composé  peut  trouver 
«  sa  place  tantôt  à  Va?^sis,  tantôt  à  la  thesis  ^  ». 

Voilà  une  affirmation  qui,  on  s'en  souvient,  a  soulevé  des  flots  de 
récriminations  des  quatre  points  du  monde  grégorianisant . 

Vraiment,  on  en  eût  fait  moins  de  cas,  si  on  avait  observé  que  ce 
phénomène  est  dû  à  un  procédé  de  mensuration  qui,  comme  tel,  ne 
peut  avoir  aucune  action  sur  le  rythme. 

En  effet,  sur  quelle  base  repose  cette  étrange  assertion  ?  Supposons 
une  série  de  sons  comme  la  suivante  SZ"^  J^~3  J  •  Dom  Mocquereau 
veut-il  en  faire  ce  qu'il  appelle  l'analyse  métrique  ;  il  la  mesurera  ainsi  : 
f  J~J"2  I  J~J~J  I  J  ;  pas  d'erreur,  il  est  certain  qu'en  pareille  occur- 
rence, ictus  et  frappé  coïncident  à  merveille. 

Et  maintenant,  s'il  lui  plaît  d'en  faire  l'analyse  soi-disant  rythmique, 
au  lieu  du  module  |,  qui  compte  chaque  unité  de  temps  par  section  de 
trois,  il  usera  du  f,  qui  condense  trois  unités  en  un  temps  de  triple 
valeur  :  |  J~"j  J"7T'  I  J  ;  il  est  clair  qu'en  vertu  de  ce  second 
procédé,  le  point  de  Victus  se  rencontre  tantôt  avec  le  lei'é,  tantôt  avec 
le  baissé  de  la  main;  il  est  tantôt  arsis  et  xa.mot  thesis. 

Mais  alors  quel  changement,  même  accidentel,  s'est  produit  dans 
l'évolution  naturelle  de  cette  formule  rythmique  ?  Aucun  ;  car  qu'on 
évalue  cette  incise  en  |  ou  en  | ,  abstraction  faite,  comme  de  juste,  des 
temps  forts  officiels,  c'est  toujours  la  même  impression  pour  l'oreille. 

Il  n'y  a  donc  là  qu'un  simple  jeu  de  mensuration  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  un,  pur  travail  d'analyse.  Le  prieur  de  Solesmes  ne  connaît  pas 
d'autre  terrain  que  celui  de  la  mesure  ;  c'est  là  qu'il  opère  sans  relâche, 
et  cependant  il  persiste  à  nous  donner  ses  résultats  comme  des  faits 
rythmiques  !    , 

Voilà  qui  nous  étonne  !  Soit,  nous  ne  faisons  aucune  difficulté 
d'accorder  "que  Victus  prenne  place  à  Vaî^sis  ou  k  là  thesis,  au  levé  ou  au 
frappé. 

Mais  qu'est-il,  en  fin  de  compte,  ce  petit  être  qui  a  la  prétention  de 
vouloir  à  lui  seul  régler  et  conduire  le  rythme  ?  A  quoi  répond  réelle- 
ment le  point  qui  surmonte  la  notation  à  des  intervalles  fixes  de  deux 
ou  de  trois  sons  ? 

Est-ce  à  l'accent  du  rythme  ?  Dom  Mocquereau  le  nie  en  reléguant 
l'accent  parmi  les  nuances  d'expression,  puisque,  d'après  lui,  «l'intensité 
ne  crée  ni  le  rythme  ni  la  mesure  ». 

Est-ce  à  une  valeur  proportionnelle  de  durée,  à  une  longue  ou  à  une 
brève  métrique  ?  Il  n'en  paraît  rien  dans  l'usage  courant. 

Mais  alors  quelle  qualité  rythmique  peut-il  donc  avoir  en  dehors  de 
là?  «  Il  commence  chaque  temps  composé  »,  dit  le  maître. 

i .  Le  Nombre  musical,  p.  70. 


—     lOI     — 


L'ictus  est  la  première  note  de  chaque  temps  composé  ;  il  est  aussi 
la  dernière  de  l'incise  ;  sans  doute,  c'est  un  merveilleux  privilège,  mais 
suffit-il  d'être  premier  et  dernier  son  d'une  formule  pour  devenir 
facteur  essentiel  du  rythme  ?  Y  a-t-il  là  un  élément  de  proportion 
suffisant  pour  le  produire  ? 

—  Oui,  nous  réplique-t-on  avec  assurance,  parce  que,  de  ce  chef, 
Victus  ne  fait  qu'un  avec  l'élan  et  le  repos,  Varsis  et  la  thesis,  qui  sont 
les  éléments  constitutifs  du  r^z-thme. 

—  Fort  bien  ;  seulement  il  nous  semble  avoir  démontré  assez  péremp- 
toirement dans  une  précédente  leçon  que  les  prétendus  élans  et  j^epos  de 
la  voix  ne  sont,  au  regard  du  rythme,  qu'une  métaphore,  qu'une  fiction, 
qu'ils  n'ont  d'autre  réalité  que  le  levé  et  le  baissé  de  la  main. 

D'autre  part,  Dom  Mocquereau  lui-même  nous  en  dira  autant  d'm^sis 
et  de  thesis^  qui,  nous  affirme-t-il,  «  représentent  l'élévation  et  l'abais- 
sement du  pied  ou  de  la  main.  » 

Il  faut  donc  être  hypnotisé  en  quelque  sorte  pour  trouver  dans  les 
ictus  néo-solesmiens  autre  chose  que  les  jalons  de  la  mesure,  qu'un 
jeu  de  notation  ou  de  mimique  ! 

Cet  argument  des  ictus,  qui  accuse  si  éloquemment  l'ingérence  de  la 
mesure,  nous  voulons  le  reproduire  sous  une  autre  forme,  pour  mettre 
encore  mieux  en  relief  l'arbitraire  qui  a  présidé  à  la  conception  du 
nouveau  système  rythmique  de  Solesmes. 

Après  avoir  affirmé,  en  tête  de  son  ouvrage,  que  «  le  rythme  est  une 
«  synthèse  «  et,  plus  loin,  «  que  le  mouvement  qui  le  compose  est  un  ; 
«  que  si  on  parle  de  deux  temps,  Varsis  et  la  thesis,  l'élan  et  le  repos, 
«  ce  n'est  pas  qu'on  puisse  les  séparer,  qu'il  n'y  a  là  que  deux  phases 
«  d'un  mouvement  un  et  indivisible  ^  »  ;  voilà  l'honorable  théoricien 
qui,  sur  ces  affirmations,  s'évertue  sans  cesse,  dans  ses  démonstrations, 
à  isoler  ces  deux  temps  et  à  faire  de  cette  isolation  même  le  fond  de  sa 
rythmique,  car  son  principe  de  proportions  binaire  et  ternaire  ne  repose 
pas  sur  autre  chose. 

Supposons  la  formule  suivante  évidemment  quaternaire  :  JTZ^  » 
et  qui,  avec  des  intervalles  divers,  conclut  si  souvent  les  incises  et  les 
kola  dans  la  mélodie  grégorienne,  comment  arrivera-t-il  à  la  faire 
entrer  dans  sa  gaine  rythmique  ? 

Rien  déplus  simple  au  moyen  de  Victus,  dont  il  affectera  la  première 
et  la  dernière  note,  en  cette  sorte  :  SZ^  J^  •  ce  qui  équivaut  exactement 
à  la  figuration  suivante  :  J"^"^  I  J^  ,  d'où  une  ar^/s  constituant,  d'après 
le  Maître,  un  temps  composé  ternaire. 

Mais  ce  temps  composé  ternaire  a-t-il  donc,  àlui  seul,  le  pouvoir  de 
créer  un  rythme  ?  Non,  d'après  la  théorie  énoncée  plus  haut,  puisqu'il 
faut  pour  cela  les  deux  phases   d'arsis  et  de  iliesis. 

Oui,  d'après  le  principe  qui  fait  marcher  le  rythme  à  pas  binaires 
et  ternaires  -. 


1.  Le  Nombre  musical,  p.  41  et  53. 

2.  L'auteur  nous   accusera  sans  doute  de  dénaturer   sa  pensée.  Il  n'entend   point 


—    102    — 


Il  faut  avouer  que  l'auteur,  avec  ses  assertions  contradictoires,  nous 
met  dans  une  singulière  impasse  au  point  de  vue  de  la  discussion. 

Nous  en  sortirons  toutefois  par  le  dilemme  suivant  : 

De  deux  choses  l'une  :  ou  bien  il  y  a  division  réelle  entre  Vaj^sis  et  la 
thesis  ;  que  devient  alors  la  synthèse,  l'union  indissoluble  qu'on  nous  a 
prêchée  si  haut  tout  à  l'heure  ? 

Ou  bien  cette  division  n'est  que  fictive,  n'a  de  réalité  que  sur  le  papier 
ou  dans  le  geste,  et  alors  comment  peut-elle  donner  lieu,  en  de  sem- 
blables occurrences,  à  la  formation  d'un  rythme  ternaire  vrai  et  objectif  ? 

Or  c'est  précisément  dans  cette  dernière  hypothèse  que  se  trouve  la 
vérité,  car  la  division  qu'on  vient  de  créer  dans  cette  formule  n'a 
évidemment  pas  l'ombre  de  réalité  rythmique  objective  ;  elle  affecte 
l'œil,  c'est  vrai,  mais  que  dit-elle  à  l'oreille  ? 

Parnotre  sens  auditif,  nous  percevons  ce  que  la  voix  nous  donne  et 
non  ce  que  le  geste  ou  la  barre  nous  suggère,  une  succession  de  quatre 
sons  se  fondant  tous  dans  l'unité  de  la  formule,  sous  l'infîuence  d'une 
même  impulsion. 

Telle  sera  l'impression  de  tout  homme  qui  sait  percevoir  les  choses 
dans  leur  objectivité,  distinguer  les  phénomènes  de  la  voix  de  ceux  du 
geste,  le  rythme  de  la  mesure. 

Et  dire  qu'il  y  a  des  esprits  méti^onomisés  à  ce  point  d'être  hermétique- 
ment fermés  à  des  distinctions  aussi  élémentaires,  et  de  ne  plus  pouvoir 
apprécier  les  faits  rythmiques  qu'à  travers  le  prisme  trompeur  des  ictus. 

Voilà  donc  où  aboutit  fatalement  la  distinction  réelle  et  effective 
qu'on  veut  établir,  en  dépit  des  principes,  entre  Varsis  et  la  thesis,  à 
un  effet  de  mensuration  pur  et  simple. 

Arsis,  thesis,  voilà  certainement  une  terminologie  dont  on  fait  grand 
cas  et  qui  n'est  pourtant  pas  de  ces  choses  qui  s'imposent  par  leur  ab- 
solue nécessité. 

Que  désigne-t-elle,  en  effet  ?  Le  début  et  la  fin,  le  premier  et  le  der- 
nier son  d'un  mouvement  musical,  deux  éléments  qui,  quand  on  les  dis- 
tingue et  qu'on  les  isole,  sortent  de  la  synthèse  du  rythme  pour  entrer 
de  toutes  pièces  dans  le  domaine  de  V analyse. 

Arsis  et  thesis  expriment  donc  simplement  deux  faits  analytiques.  Si 
ce  n'est  que  cela,  qui  empêche  de  substituer  à  cette  terminologie  celle 
d'alpha  et  d'oméga  ? 

—  Ah  !  pardon  ;  ce  sont  là  deux  termes  sacrés  auxquels  on  ne  peut 
toucher  ;    ils  représentent  quelque  chose  de  si  suggestif  ! 

Eh  !  quoi  donc  ?  —  Mais  l'élévation  et  l'abaissement  du  pied  ou  de  la 
main.  —  Ah  !  oui,  le  levé  et  le  baissé  de  la  mesure,  n'est-ce  pas,  quand 
elle  entreprend  d'évaluer  un  rythme  ? 

qu'un  pas  binaire  ou  ternaire  puisse  à  lui  seul  constituer  un  rythme,  mais  seule- 
ment une  partie,  une  arsis  ou  une  thesis,  un  temps  composé.  Soit;  mais  alors,  ce 
n'est  plus  le  rythme  immuable  dans  sa  synthèse,  dans  son  unité,  qui  marche  ainsi  à 
pas  binaires  ou  ternaires,  c'est  l'analyse,  c'est  la  mesure.  D'ailleurs,  qu'on  aille  donc 
chercher  le  pas  binaire  ou  ternaire  dans  ce  genre  de  formule  :  J^  \  J^  si  familière 
au  chant  syllabique  ! 


-     lO?    — 

Telle  est,  en  effet,  Tapplication  qu'en  faisaient  les  Grecs  ^  Les  mots 
aj^sis  et  thesis  employés  dans  le  sens  que  leur  attribue  Dom  Moc- 
quereau  sont  donc  bien  la  propriété  de  la  mesure  2. 

Aussi  les  traduisons-nous  en  français  par  lepé  et  baissé,  élan  et 
repos. 

Cependant  si,  au  liea  de  pratiquer  le  battement  vertical,  il  nous  plaît 
d'user  du  geste  horizontal,  à  l'exemple  du  métronome,  n'excluons-nous 
pas  du  même  coup  l'idée  de  levé  et  de  baissé,  et  alors  les  mots  arsis  et 
thesis  ne  deviennent-ils  pas  vides  de  sens,  du  moins  dans  l'interpré- 
tation qu'en  fait  la  nouvelle  école  de  Solesmes  ? 

Cessons  donc  de  leur  attribuer  une  valeur  rythmique  à  laquelle  ils 
n'ont  sûrement  aucun  droit  ;  ils  appartiennent  tout  simplement  à  l'a- 
nalyse, c'est-à-dire  à  la  mesure  qui  en  est  le  seul  instrument  dans  le 
système  de  Dom  Mocquereau. 

N'exagérons  pas  leur  portée  même  à  l'égard  de  cette  dernière, 
puisque,  employés  dans  le  sens  de  levé  et  de  baissé,  ils  ne  répondent 
qu'à  un  seul  genre  de  battement,  celui  qui,  par  convention,  s'exerce 
dans  le  sens  vertical. 

Ce.  sont  deux  termes  fort  anciens,  conservés  par  les  théoriciens  du 
moyen  âge,  voilà  tout.    , 

Jugez  alors  de  la  valeur  réelle  des  deux  synonymes  e/<2;z  et  î^epos,  dont 
l'application  si  peu  justifiée  au  mécanisme  des  rythmes  purs  a  été 
néanmoins  regardée  par  l'école  néo-solesmienne  comme  une  merveil- 
leuse trouvaille  et  comme  le  dernier  mot  de  la  rythmique  grégo- 
rienne. 

Et  maintenant,  que  ressort-il  de  toute  cette  discussion,  sinon  que  les 
procédés  dont  use  le  prieur  de  Solesmes  pour  analyser  le  rythme 
grégorien,  nous  voulons  dire,  les  arsis  et  les  thesis,  les  élans  et  les  re- 
pos, aussi  bien  que  les  ictus,  proclament  hautement  la  souveraineté  qu'il 
accorde  en  fait  à  la  mesure  et  que  tout,  bien  considéré,  ce  soi-disant 
travail  d'analyse  rythmique  n'est  qu'un  pur  na.va.'û  de  mensuration,  ou, 
si  l'on  veut,  de  décomposition. 

Nous  pouvons  donc  conclure  avec  assurance  que  le  nouveau  système 
rythmique  de  l'école  de  Solesmes  n'a  rien  de  réel,  rien  de  solide,  puis- 
qu'il repose  sur  le  vide  ào.  la  mesure. 

■  Les  divisions  binaires  et  ternaires  que  crée  cette  dernière  et  qui 
devraient  constituer  la /orme  du  rythme,  ne  pouvant  prétendre  à  au- 
cune réalité  objective  parce  qu'elles  ne  disent  rien  à  l'oreille,  et  d'autre 
part  l'accent,  ce  principe  de  vie  de  toute  exécution  musicale,  étant  re- 
jeté comme  facteur  essentiel,  il  s'ensuit  que  le    rythme  tel  que  le   con- 


1.  Le  Nombre  musical,  p.  loi. 

2.  Mais  avec  la  différence  qu'ils  commençaient  par  la  thesis,  et  indépendamment 
de  toute  idée  de  temps  fort  ou  d'accent.  Toutefois,  cette  théorie  primitive  ne  subsista 
pas,  et,  aussitôt  que  nous  arrivons  aux  temps  chrétiens,  les  Grecs  alexandrins  et  les 
rythmiciens  romains  commencent  par  Varsis,  avec  le  sens  d'accentuation,  de  temps 
fort,  de  «  bruit  »,  sens  conservé  à  travers  tout  le  moyen  âge. 

Cf.  A.  Gastoué,  Les  Origines  du  chant  romain,  p.  Bf)  et  s.,  176  et  s. 


—  I04  — 

çoit  Dom  Mocquereau  est  quelque  chose  qui  vit  sans  coj^ps  et  sans  ânie, 
quelque  chose  de  purement  imaginaire,  de  purement  fictif. 

Voilà  bien  qui  explique  comment  les  vieux  amis  de  l'école  bénédictine 
peuvent  aller  à  l'île  de  Wight  entendre  le  chant  des  offices  que  dirige  par 
lui-même  ou  par  d'autres  le  docte  religieux  et  demeurer  tout  ébahis  en 
constatant  que  rien  n'a  changé  dans  l'ensemble  de  l'exécution,  que 
Dom  Pothier,  en  dépit  de  la  distance,  est  toujours  là  avec  ses  accents  et 
son  phrasé,  avec  son  interprétation  coulante,  aisée,  parce  que  ration- 
nelle, de  la  mélodie  grégorienne. 

Les  ictus,  les  fractions  binaires  et  ternaires,  les  élans  et  les  repos, 
l'œil  les  perçoit  dans  le  geste  du  maître,  dans  des  mouvements  de  levé 
et  de  baissé  où  ils  résident  exclusivement,  tandis  que  l'oreille  de  celui 
qui  les  anathématise  n'en  est  nullement  offensée  parce  qu'ils  appar- 
tiennent à  un  ordre  de  choses  qui  n'atteint  pas  le  sens  auditif. 
De  là  une  réflexion  qui  vient  naturellement  à  l'esprit. 
Comment  se  fait-il  que  Dom  Mocquereau  se  soit  recueilli  durant 
nombre  d'années  pour  vaquer  à  la  création  d'un  système  rythmique 
qui  ne  modifie  en  rien  l'exécution,  parce  qu'il  n'aboutit  qu'à  des  phéno- 
mènes de  notation  ou  de  mimique  auxquels  la  voix  n'a  sûrement  aucune 
part,  et  qu'il  n'ait  pas  eu  la  sensation  du  vide  sur  lequel  il  cherchait  à 
s'appuyer? 

En  vérité,  une  telle  conception  du  rythme  grégorien  n'est-elle  pas 
renversante,  après  la  voie  si  lumineuse,  si  rationnelle,  que  Dom  Pothier 
avait  ouverte  aux  plain-chantistes,  en  établissant  ses  théories  sur  les 
lois  naturelles  du  langage,  l'accent  et  les  divisions  de  la  phrase? 

On  a  voulu  se  payer  la  satisfaction  d'inventer  une  rythmique  nouvelle, 
personnelle,  à  côté  de  l'ancienne,  et  comme  la  vérité  est  une,  on  est 
fatalement  tombé  dans  l'arbitraire,  dans  la  confusion,  dans  le  vide, 
dans  une  sorte  de  modernisme  artistique  qui  ne  pouvait  manquer  d'ap- 
peler la  censin^e  de  toutes  parts. 

Et  le  résultat  d'une  telle  entreprise  a  été  de  jeter  le  désarroi  dans  les 
notions  rythmiques  aussi  bien  que  dans  le  parti  solesmien,  désarroi  si 
profond  que  nous  n'avons  trouvé  qu'un  seul  moyen  de  rétablir  l'ordre, 
de  résoudre  les  dissonances,  celui  de  la  logique  jointe  à  l'étude  du 
rythme  dans  son  objectivité,  dans  ses  rapports  avec  l'oreille. 

Avons-nous  réussi  à  dégager  nettement  la  silhouette  de  cet  élément 
fondamental  de  la  musique,  à  en  donner  une  conception  vraie  et  pré- 
cise ?  Le  lecteur  attentif  et  impartial  en  jugera. 


CONCLUSION 

En  terminant  cette  étude,  il  nous  semble  bon  de  récapituler  en  peu 
de  mots  les  points  du  rythme  qui  nous  paraissent  désormais  acquis  à  la 
Métaphysique  de  l'art  musical. 

ï°  Le  rythme  est  la  fusion  symétrique  proportionnelle  des  sons,  au 


—   io5  — 

moyen  d'un  double  agent  :  l'un  quasi  matériel,  qui  façonne  en  quelque 
sorte  le  corps  rythmique,  c'est  le  rapport  de  durée  entre  les  kola,  entre 
les  incises,  entre  les  sons  eux-mêmes  ;  l'autre  vital,  quasi  spitHtueU  qui 
communique  à  ce  corps  la  vie,  l'expression,  l'àme,  c'est  le  rapport 
d'intensité  déterminé  par  le  jeu  de  l'accent. 

Celui-ci  a  le  pouvoir  de  créer  par  lui-même  un  rythme  parfait  ;  celui- 
là  ne  le  peut  sans  le  concours  du  précédent. 

2°  La  mesure  pure  et  simple,  avec  ses  lei^és  et  ses  baissés,  ses  a?^sis  et 
ses  thesis,  ses  élans  et  ses  repos,  aussi  bien  qu'avec  ses  barres,  n'a  aucune 
influence  réelle  sur  la  matière  sonore;  son  rôle  consiste  à  apprécier,  à 
marquer  la  valeur  temporaire  des  sons,  à  assurer  l'ensemble  et  la  pré- 
cision dans  les  exécutions. 

Elle  s'adresse  à  l'esprit  par  l'intermédiaire  de  l'œil,  sans  nul  effet 
sur  l'oreille;  son  empire  est  le  temps  et  l'espace  qu'elle  divise  au 
moyen  du  geste  ;  elle  est  donc  essentiellement  distincte  du  rythme,  qui 
ne  se  meut  que  dans  le  temps  au  moyen  du  son  et  qui  dépend  exclusi- 
vement du  sens  de  l'ouïe  dans  son  côté  réel  et  objectif. 

3°  Le  rythme  naturel  régulier  et  le  rythme  naturel  libre,  telle  est  la 
distinction  que  nous  impose  la  raison. 

L'un  repose  sur  des  incises  et  des  kola  de  proportions  égales;  l'autre 
sur  des  divisions  d'étendue  variée,  mais  toutefois  conformes  à  l'instinct 
de  Toreille. 

Ce  dernier  se  subdivise  au  rythme  libre  musical,  renfermant  des 
combinaisons  de  valeurs  métriques  qui  laissent  néanmoins  à  la  phrase 
sa  liberté  d'allure  ;  puis  en  rythme  libre  oratoire  ou  grégorien  avec 
des  sons  d'une  égalité  relative. 

Quant  au  rythme  mesuré,  artificiel,  dont  les  incises  correspondent 
au  cadre  des  pieds  métriques,  nous  devons  le  mettre  à  Vindex  parce 
qu'il  est  contre  nature. 

4°  Le  rythme  oratoire  est  le  rythme  natif  du  chant  grégorien  ;  les 
autres  systèmes  qu'on  a  essayé  de  lui  appliquer  ne  s'accordent  ni  avec 
l'enseignement  traditionnel  ni  avec  la  constitution  rythmique  des 
neumes  ;  lui  seul  se  dégage  naturellement  de  la  structure  de  la  phrase 
comme  une  fleur  de  sa  tige. 

5°  Le  principe  absolu  des  rythmes  binaire  et  ternaire  est  un  prin- 
cipe faux,  gratuit  et  attentatoire  à  la  liberté  du  sens  musical. 

L'exécutant,  tout  aussi  bien  que  le  compositeur,  peut  élargir  à  son 
gré  le  cercle  des  proportions,  pourvu  qu'il  ne  dépasse  pas  les  limites 
que  déterminent  l'oreille,  le  goût  et  la  logique. 

6°  Comme  l'a  éminemment  enseigné  la  vieille  école  de  Solesmes,  le 
rythme  oratoire  repose  essentiellement  sur  le  double  élément  de  l'accent 
et  des  divisions  naturelles  de  la  phrase,  incises  et  kola. 

Au  point  de  vue  du  rythme  objectif,  Vélan  et  le  repos  de  la  voix  ne 
sont  qu'une  fiction  ;  rien  autre  chose  que  le  levé  et  le  baissé  de  la  me- 
sure, c'est-à-dire  de  purs  effets  de  mimique. 

Tel  est  l'enseignement  général  qui  ressort  de  nos  études  ;  tels  sont 
les  divers  articles   de   notre  symbole   rythmique   qui   semblent   devoir 


—   io6  — 

s'imposer,  jusqu'à  preuve  du  contraire,  à  la  créance  publique,  dans  le 
monde  des  musiciens  et  des  plain-chantistes. 

Que  si  cette  exposition  raisonnée  du  r3Athme  qui  apparaît  avec  le  pres- 
tige de  la  nouveauté  et  à  laquelle  nous  avons  travaillé  avec  tant  de  sin- 
cérité de  conviction,  ne  réussit  pas  à  triompher  des  illusions,  des  pré- 
jugés en  cette  matière,  nous  ne  demandons  qu'une  chose  à  nos  hono- 
rables opposants,  c'est  qu'à  notre  exemple  ils  mettent  loyalement  leurs 
théories  en  présence  de  la  logique  et  de  l'analyse  rythmique  des  faits, 
alors  seulement  ils  pourront  les  apprécier  à  leur  juste  valeur. 

C.  Marcetteau. 


A''.  B.  —  Des  lecteurs  attentifs  et  réfléchis  trouveront  peut-être,  dans  certaines  de 
nos  premières  leçons,  deux  ou  trois  affirmations  passagères  quelque  peu  en  contra- 
diction avec  des  démonstrations  subséquentes.  Nous  avons  cru  devoir  sacrifier  un 
moment  à  des  idées  courantes,  donner  quelque  satisfaction  aux  vieux  préjugés,  et 
attendre,  pour  les  congédier,  que  leur  tour  arrive  de  passer  au  crible  de  la  logique 
et  de  l'analyse. 

C.  M. 


Dans  de  nouvelles  et  récentes  publications  en  notation  moderne,  nous  avons  vu 
avec  plaisir  Dom  Mocquereau  ajouter  à  la  préface  habituelle  de  ses  publications  un 
alinéa  nouveau  et  très  suggestif,  en  forts  caractères, sur  le  rôle  de  ses  notes  ictiques. 
C'est  sans  doute  ce  qu'il  a  écrit  de  plus  clair  et  de  plus  précis  sur  le  sujet.  Or,  dans 
cet  alinéa,  Dom  Mocquereau  fait  remarquer  que  cet /c/w5  n'a  pas  de  rapport  avec 
celui  de  la  musique  moderne,  moins  encore  avec  les  temps  forts  {firmioribus 
notulis)  ou  les  accents  ;  que  la  force  des  sons  réside  dans  l'imporLance  de  la  syllabe 
ou  du  neume.  On  ne  saurait  mieux  rendre  hommage  à  la  critique  serrée  et  ingé- 
nieuse de  notre  remarquable  collaborateur  :  nous  ne  pouvons  que  nous  féliciter  de 
voir  Dom  Mocquereau,  qui  semblait  avoirprêché  une  doctrine  différente,  s'exprimer, 
en  somme,  de  la  même  manière  que  M.  l'abbé  C.  Marcetteau,  dont  la  fine  dissection 
de  la  théorie  néo-solesmienne  a  pu  amener  ces  déclarations   nouvelles.  [N.  d.  1.  R.J 


Nouvelles  Musicales 


Rome.  — Le  texte  des  hymnes  dans  l'Antiphonaire.  —  La  Rassegna  gregoriana  a 
publié,  à  propos  des  travaux  en  cours  de  l'Antiphonaire  Vatican,  les  nouvelles  sui- 
vantes :  «...  Les  rédacteurs  de  la  vaticane  crurent  pouvoir  étendre  la  correction  [du 
texte  des  hymnes,  faite  dans  le  Graduel]  aux  hymnes  du  nouveau  Vespéral  romain, 
et  l'impression  avait  été  poussée  dans  ce  sens.  Nous  savons  maintenant  que  par 
disposition  supérieure  cette  réforme  du  texte  des  hymnes  a  été  77iise  de  côté,  et  par 
conséquent  il  a  fallu  refaire  la  composition  typographique  d'un  grand  nombre  de 
pages  du  nouveau  Vespéral  grégorien,  et  ceci  explique  le  retard  extraordinaire  de  sa 
publication.  » 

Ce  dernier  point  est  complètement  exact,  sauf  que  le  retard  ne  sera  pas  jugé  si 
extraordinaire  par  ceux  qui  connaissent  les  difficultés  et  longueurs  nécessaires  du 
travail.  Pour  le  reste,  nous  sommes  en  mesure  d'affirmer  :  lo  que  si  les  rédacteurs 
de  la  vaticane  «  crurent  pouvoir  »  introduire  d'abord  le  texte  ancien  dans  le  corps 
de  l'Antiphonaire,  ce  fat  en  vertu  d'une  décision  expresse  de  l'autorité  supérieure, 
qui  jugea  ensuite  opportun  de  changer  ses  instructions  ;  2"  que  la  réforme  du  texte 
des  hymnes  n'a  pas  été   mise  de  côté. 

Quant  aux  raisons  du  changement,  la  Rassegna  insinue  le  critérium  insuffisam- 
ment ((  critique  »  qui  a  présidé  à  l'établissement  des  hymnes  du  Graduel.  Qu'il 
nous  suffise  de  dire  que  lorsque  l'autorité  supérieure  décida  tout  d'abord  l'admis- 
sion du  texte  ancien  dans  l'Antiphonaire,  elle  se  prononça  nettement,  au  sujet  de 
certaines  variantes  d'antiennes  et  d'hymnes,  contre  la  version  archéologique  certaine, 
et  connue  comme  telle  :  s'en  tenant  en  cela,  d'accord  avec  les  rédacteurs  de 
l'Antiphonaire,  aux  principes  exposés  dans  la  Préface  du  Graduel,  et  suivis  dans  le 
choix  des  variantes  de  l'Edition  vaticane. 

[Revue  du  chant  grégorien.) 


—  Le  nouvel  office  de  la  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc,  paru  trop  tardivement  pour 
que  nous  ayons  pu  en  parler  dans  notre  dernier  numéro,  a  été  superbement  im- 
primé par  la  typographie  Vaticane.  Le  fascicule  de  l'édition  typique  de  l'office  et 
de  la  messe,  tiré  à  un  nombre  restreint,  pour  les  évêques,  les  éditeurs,  et  quel- 
ques personnalités,  a  été  immédiatement  réimprimé  pour  l'usage  pratique  ;  nous 
signalons  ces  éditions  d'autre  part. 

Les  paroles  ont  été  composées  ou  centonisées  par  M.  l'abbé  Branchereau,  ancien 
supérieur  du  Grand  Séminaire  d'Orléans,  M.  l'abbé  Vie,  supérieur  du  séminaire  de 
Pontlevoy,  avec  la  collaboration  de  quelques-uns  de  leurs  confrères  ;  les  mélodies 
ont  été  adaptées  ou  composées  par  Dom  Pothier.  L'office  est  entièrement  propre, 
avec  premières  vêpres,  matines,  laudes,  f)etites  heures,  vêpres,  messe.  Pour  les 
répons  de  matines,  l'auteur  des  paroles  les  a  empruntés  aux  anciens  répons  extraits 
des  histoires  de  Judith,  d'Esther,  des  Machabées,  etc.,  avec  les  accents  par  lesquels 
l'Ecriture  Sainte  loue  les  héros  d'Isr.aël.  Cette  belle  idée  a  permis  aux  Bénédictins 
de  faire  revivre  les    mélodies   authentiques  de  ces  vénérables  répons,  et,   rien  que 


—     I0«    — 

pour  eux,  un  certain  nombre  de  manuscrits  des  xe,  xie  et  xne  siècles  ont  été  mis  à 
contribution. 

Pour  les  chants  de  la  messe,  dont  les  textes  sont  également  tous  empruntés  à 
l'Ecriture,  mais  sont  d'un  choix  nouveau,  Dom  Poihier  les  a  très  heureusement  cen- 
tonisés,  suivant  la  plus  pure  et  la  plus  heureuse  tradition  grégorienne.  Le  choix  des 
Alléluias,  en  particulier,  est  d'un  goût  parfait. 

Les  antiennes  diverses  de  l'office  sont  de  deux  ordres  :  on  a  tiré  ou  imité  les 
unes  des  textes  sacrés,  et  spécialement  composé  les  autres.  Dom  Pothier,  pour 
la  musique,  s'est  inspiré  de  ce  double  choix  :  les  premières  sont  en  général 
mises  sur  les  timbres  grégoriens  les  plus  usités  ;  dans  les  autres,  l'artistique  restau- 
rateur du  chant  liturgique  a  suivi  les  formes  préférées  des  auteurs  de  nos  anciens 
offices  propres  français. 

Le  tout  forme  un  ensemble  des  plus  heureux  et  qui  sera  rapidement  goûté.  La 
célébration  delà  fête  de  la  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc,  qui  reviendra  régulière- 
ment avec  le  rite  double  majeur,  pour  les  églises  de  France,  le  dimanche  dans 
l'octave  de  l'Ascension  *,  permettra  de  répéter  annuellement  ces  beaux  accents. 

On  doit  signaler  la  double,  remarquable  et  peut-être  providentielle  coïncidence 
qui  met,  d'une  part,  la  première  célébration  de  la  fête  liturgique  de  Jeanne  d'Arc 
un  8  mai,  jour  anniversaire  de  la  délivrance  d'Orléans,  qui  tombe  cette  année  un 
dimanche,  et,  d'autre  part,  ce  fait  singulier  que  l'office  de  la  Bienheureuse  est  le 
premier  office  en  chant  grégorien  chanté  uniformé^nent  par  toutes  les  églises  de 
France.  N'est-ce  pas  d'un  heureux  présage  ?  Et  la  sainte  de  la  patrie  serait-elle 
aussi  la  protectrice  de  la  réforme  de  Pie  X  ? 

A''.  B.  —  Au  dernier  moment,  nous  apprenons  qu'un  éditeur  français  très  connu, 
se  disant  catholique,  tenté  plus  sans  doute  par  l'appât  d'un  bénéfice  immédiat  que 
par  l'obéissance  aux  ordres  du  Pape  et  des  Evêques,  a  osé  publier,  en  employant 
la  notation  de  Nivers,  un  «tripatouillage  »  éhonté  de  l'office  de  Jeanne  d'Arc.  Cette 
élucubration,  véritable  et  impudente  contrefaçon  de  l'édition  typique,  a  été  en- 
voyée par  son  auteur  en  divers  diocèses,  et  répandue  à  des  milliers  d'exemplaires 
dans  les  campagnes.  Nous  savons  que  plusieurs  évêques  sont  décider  à  protester 
contre  ce  factum,  lequel  ne  porte  d'ailleurs  aucun  imprimatur. 

Paris.  —  Les  jeudis  14  et  21  avril,  nous  avons  eu  le  plaisir  d'applaudir  Mgr  Lo- 
renzo  Perosi,  directeur  de  la  chapelle  Sixtine,  dont  la  Société  des  Grandes  Audi- 
tions avait  organisé  l'exécution  du  nouvel  oratorio  Dies  iste,  en  l'honneur  de 
l'Immaculée  Conception;  cette  œuvre,  très  gracieuse,  contient  en  sa  seconde  partie, 
et  surtout  dans  le  Tota  pulchra  es  qui  la  clôt,  d'intéressants  passages.  L'emploi  du 
thème  liturgique  traité  en  choral  au-dessus  d'une  fugue  d'orchestre  exposée  d'abord 
par  les  basses  des  cordes,  produit  un  grand  effet.  Les  chœurs  étaient  ceux  de  la 
Schola,  qui  ont  donné  aussi  au  même  concert,  sous  la  direction  de  M.  V,  d'Indy, 
le  Stabat  Mater  à  deux  chœurs,  de  Palestrina,  VAve  Maria,  le  Veni  sponsa,  et 
l'admirable  Peccantem  me  à  cinq  voix,  dont  l'audition  a  causé  une  impression  pro- 
fonde. A  l'occasion  du  passage  à  Paris  du  cher  maestro,  plusieurs  maîtres  de 
chapelle  l'avaient  invité  à  venir  entendre  et  même  diriger  leurs  chœurs.  Surchargé 
par  ses  occupations,  Mgr  Perosi  avait  dû,  de  la  façon  d'ailleurs  la  plus  aimable, 
décliner  la  plupart  de  ces  invitations,  mais  il  a  tenu  à  venir  entendre  les  enfants  de 
l'église  Saint-François-Xavier,  sous  la  direction  de  notre  ami  M.  Drees.  Les  pièces 
polyphoniques  et  modernes,  ainsi  que  les  belles  mélodies  grégoriennes  qui  accom- 
pagnaient la  messe  du  jour,  ont  été  merveilleusement  rendues,  et  Mgr  Perosi,  qui 
déjà  était  enthousiasmé  de  l'exécution  palestrinienne  des  chœurs  de  la  Schola,  a 
témoigné  hautement  son  entière  satisfaction  d'avoir  constaté  les  beaux  résultats 
■  auxquels  parvient,  depuis  tantôt  quinze  ans,  la  maîtrise  de  Saint-François-Xavier 
et  son  zélé  directeur. 

I.  Sauf  dans  le  cas  de  coïncidence  avec  une  fête  d'un  degré  supérieur,  ce  qui  renverrait 
celle  de  Jeanne  d'Arc  après  la  Pentecôte. 


—   lop  — 

—  Le  jour  de  la  Penlecôte,  à  la  grand'messe,  les  Chanteurs  de  Saint-Gervais  ont 
exécuté  la  messe  O  quam  gloriosum  est  regnum  de  T.  L.  da  Vittoria,  ainsi  que  des 
motets  choisis  de  Palesirina,  O.  de  Lassus  et  Grégor  Aichinger. 

Le  17,  ils  ont  donné  une  exécution  de  chansons  françaises  à  quatre  voix,  delà 
Renaissance,  au  théâtre  de  la  Comédie-Royale,  en  matinée.  —  Cette  audition, 
accompagnée  d'une  conférence  de  M.  René  Garnier  sur  la  Chanson  populaire,  a  eu 
le  plus  grand  elle  plus  franc  succès. 

—  Le  Messie  d'Haendel  au  Trocadéro,  23  avril.  —  On  ne  saurait  trop  louer  la 
Société  Haendel  et  ses  vaillants  directeurs  MM.  F.  Raugel  et  E.  Borel  de  nous 
avoir  fait  connaître  le  Messie,  tel  qu'Haendel  le  faisait  exécuter  lui-même  à 
Londres  au  «  Foudling's-Hospital  »,  fondé  par  lui  pour  recueillir  les  enfants  aban- 
donnés. —  La  seule  version  connue  du  public  était  celle  dont  l'instrumentation  a 
été  complétée  par  Mozart.  L'audition  du  Trocadéro  prouve  que  la  sobre  orchestra- 
lion  du  vieux  maître  suffit  amplement  à  colorer  son  chef-d'œuvre,  qui  d'ailleurs  ne 
comporte  aucune  teinte  violente.  En  voulant  la  colorer  davantage  par  l'adjonction 
de  timbres  non  prévus  par  Haendel  (tels  que  celui  des  clarinettes),  et  en  voulant 
renforcer  constamment  les  sonorités  accompagnantes,  Mozart  a  touché  au  caractère 
de  l'œuvre. 

Si  quelques  pages  paraissent  avoir  une  raideur  un  peu  trop  scolastique,  elles 
n'en  sont  pas  moins  magnifiques  de  richesse  sonore,  et  l'œuvre  dans  son  ensemble 
reste  un  monument  splendide  de  pensée,  d'expression  et  de  musique,  avec  une  cer- 
taine lourdeur  qui  ne  le  dépare  pas  :  taillé  à  même  le  roc,  c'est  la  matière  elle-même 
qui  l'alourdit,  mais  qui  par  contre  le  garde  intact  à  travers  les  siècles.  Quatre  cent 
cinquante  exécutants,  dont  les  chœurs  étaient  formés,  pour  la  majeure  partie,  d'un 
bon  nombre  d'élèves  de  la  Schola,  de  la  Société  Haendel,  des  Chanteurs  de  Saint- 
Pierre  de  Besançon,  qui  avaient  tenu  à  venir  donner  à  leurs  confrères  de  Paris 
cette  marque  de  fraternité  artistique,  étaient  groupés  sous  l'experte  direction  de 
notre  ami  F.  Raugel.  Ils  donnèrent  au  Messie  la  parfaite  interprétation  chorale  et 
instrumentale  que  réclame  cette  œuvre.  Le  maître  Al.  Guilmant  complétait  à 
l'orgue  cet  ensemble  déjà  fort  imposant  :  les  auditeurs  eurent  encore  la  bonne  for- 
tune de  lui  entendre  exécuter,  avec  sa  maîtrise  si  simple  et  si  sûre,  le  concerto  en  fa, 
de  Haendel,  entre  la  deuxième  et  la  troisième  partie,  suivant  l'usage  d'ailleurs  inau- 
guré par  le  compositeur  lui-même.  De  même,  notre  maître  V.  d'Indy  avait  tenu  à 
prendre  part  à  cette  manifestation  d'art  pur  :  et,  donnant  une  admirable  leçon  de 
simplicité,  il  n'a  pas  paru  se  sentir  humilié  de  remplir,  le  plus  modestement  du 
monde,  le  rôle  de  timbalier,  qui  lui  rappelait  ses  débuts  comme  musicien  d'or- 
chestre. Pour  ceux  qui  connaissent  le  maître,  ce  très  noble  geste  n'a  rien  qui  puisse 
surprendre. 

Quant  aux  solistes,  disons  que  Mmes  Mellot-.Toubert  et  Marthe  Philip  furent 
parfaites  ;  que  M.  Plamondon,  trop  habitué  au  théâtre,  a  cru  devoir  transporter 
dans  l'interprétation  d'une  telle  œuvre  les  «  effets  »  accoutumés  à  la  scène,  et  abusé 
du  port  de  voix  (sa  voix  cependant  si  belle  et  si  caressante,  et  qu'il  manie  si  mer- 
veilleusement) ;  que  M.  Mary,  auquel  était  confié  le  rôle  de  la  basse,  a  paru  à 
beaucoup  d'auditeurs,  malgré  son  impeccable  diction,  froid  et  inexpressif  :  cet 
excellent  artiste  n'aurait-il  pas  été  victime  de  l'immense  salle,  et  craint-il  de  ne 
pas  être  suffisamment  entendu  ? 

En  résumé,  à  paît  les  très  légères  défaillances,  causées  surtout  par  trop  de  scrupule 
artistique,  que  nous  notons  ici,  et  qui  d'ailleurs  ont  échappé  à  une  grande  partie  de 
l'immense  auditoire  (environ  cinq  mille  personnes),  l'exécution  du  Messie  organisée 
par  M.  F.  Raugel  a  été   une  des  plus  grandes   manifestations  d'art  auxquelles  il  nous 

a  été  donné  d'assister. 

LÉON  Saint-Requier. 

Au  moment  même  où  ce  numéro  est  sous  presse,  le  Messie  est  l'objet  d'un  nouveau 
triomphe.  Devant  le  succès  de  l'audition  du  28  avril,  la  Société  Haendel  a  décidé 
de  répéter  l'œuvre  à   nouveau,  le  11  mai,  en  matinée,  avec  les  mêmes  éléments. 


—     I  10    — 

—  Les  Chanteurs  de  Saint-Pierre  de  Besançon,  le  lendemain  même  de  la  belle 
séance  du  23  avril  au  Trocadéro,  ont  tenu  à  donner  encore  leur  concours  à  la 
grand'messe  de  l'église  Notre-Dame  de  la  Croix,  dont  M.  Raugel  est  maître  de 
chapelle.  Ils  ont  interprété  à  la  perfection  la  messe  de  C.  Franck,  et,  à  la  fin,  VAlle- 
luia  du  Messie. 

—  Le  dernier  concert  de  la  Société  Haendel  aura  lieu  le  iS  mai,  avec  la  belle 
Anthem  écrite  par  Haendel  pour  le  Foundling's-Hospital,  un  concerto  pour 
orgue  de  W.-Fr.  Bach,  joué  par  M,  Louis  Vierne,  des  chœurs  d'Héraklès  de 
Haendel,  etc. 

Fréjus.  —  L'inauguration  des  grandes  orgues  de  la  cathédrale  de  Fréjus,  cons- 
truites autrefois  par  la  maison  Cavaillé-Goll  et  restaurées  et  complétées  par  les 
frères  Vignolo  de  Marseille,  a  été  un  vrai  succès  pour  la  grande  musique  religieuse. 
La  fête  était  présidée  par  Mgr  Guiliibert,  évêque  de  Fréjus,  en  présence  de 
Mgr  Sueur,  ancien  archevêque  d'Avignon,  et  de  MgrEscoffier,  évêquede  Métropolis. 
Le  discours  fut  prononcé  par  M.  Marbot,  ancien  vicaire  général  d'Aix,  musicien 
distingué  qui  sut  plaire  à  la  fois  aux  musiciens  et  aux  profanes  en  expliquant  le  rôle 
de  l'orgue  dans  l'église. 

Le  programme  très  chargé  comprenait,  du  côté  des  chants,  le  choral  de  Bach, 
Loue^  le  Dieu  puissant  (traduct.  de  Mahot,  n"5o)  ;  Ego  sum  panis  vivus  de  Pales- 
trina  ;  Regina  caeli  de  Aichinger;  Tu  es Petrus  de  Clemens  non  Papa  (les  2  parties); 
Tantum  ergo  sur  un  choral  de  Bach;  chœur  finaldu  A/e55ze  de  Haendel. 

Tous  ces  morceaux  furent  exécutés  par  la  Schola  forojulienne  qui,  fondée  depuis 
peu  de  temps  par  l'abbé  Canova,  maître  de  chapelle,  se  révéla  parfaite  interprète 
de  la  musique  palestrinienne. 

L'orgue  fut  joué  par  l'excellent  organiste  de  la  cathédrale  de  Nice,  M.  Charles 
Pollet,  qui  interpréta  magistralement  la  Fantaisie  en  50/  mineur  et  la  Toccata  et 
fugue  en  ré  mineur  de  J.-S.  Bach,  et,  entre  les  versets  du  Magnificat  en  faux- 
bourdons  de  l'abbé  Perruchot,  fit  valoir  toutes  les  ressources  de  l'orgue,  en  impro- 
visations fort  goûtées. 

Assistaient  à  cette  fête,  et  ne  ménagèrent  pas  leur  satisfaction  :  MM.  l'abbé  Gréa, 
curé  de  Saint-François-Xavier  de  Paris  ;  le  chanoine  Perruchot,  dont  les  conseils  ne 
sont  pas  étrangers  à  ces  heureux  résultats  ;  Fromer,  organiste  de  Cannes,  et  un 
grand  nombre  de  musiciens  venus  de  tous  les  coins  du  diocèse.  Il  est  à  remarquer 
aussi  que  Mgr  Guiliibert,  dans  le  toast  qu'ilprononça  à  l'issue  du  banquet,  salua 
en  Mgr  Sueur  un  des  premiers  propagateurs  de  la  musique  grégorienne  en  nos  con- 
trées, par  la  préparation  du  célèbre  congrès  d'Avignon,  et  rappela  les  services  émi- 
nents  rendus  à  ce  sujet,  à  la  musique  d'église,  par  V.  d'Indy,  Ch.  Bordes,  A.  Gas- 
toué,  et  leurs  amis  si  zélés. 

Bordeaux.  —  Nous  avons  le  plaisir  de  faire  part  à  nos  lecteurs  de  la  naissance 
d'une  nouvelle  sœur,  la  Schola  peregrina,  de  Bordeaux.  Pourquoi  ce  nom  ?  Parce 
que  ses  fondateurs,  jeunes  gens  ardents,  étudiants  du  grand  Séminaire,  ont  conçu 
le  projet,  complètement  approuvé  et  encouragé  par  leurs  supérieurs,  de  consacrer 
leurs  vacances  à  pérégriner,  pionniers  du  chant  grégorien  et  delà  bonne  musique 
d'église,  à  travers  toutes  les  églises  du  diocèse  et  d'ailleurs.  Nos  meilleures  félicita- 
tions, et  bonne  chance  à  la  Schola  peregrina. 

Vesoul.  —  Nous  sommes  également  heureux  de  faire  connaître  et  d'encourager 
la  naissante  5c7îo/a  de  Vesoul  qu'organise  M.  Chapuis,  organiste  de  l'église  Saint- 
Georges,  élève  de  M.  L.  Saint-Requier  ;  c'est  un  groupement  mixte  d'une  douzaine 
de  voix  seulement  et  qui  arrive  à  force  de  travail  à  donner  du  Palestrina,  du  Lassus, 
etc.,  et  commence  à  chanter  du  Perruchot,  ainsi  que  des  motets  de  laTombelle  et  de 
Saint-Requier.  La  jeune  Schola  s'est  particulièrement  distinguée  le  Vendredi  saint 
et   à  Pâques.  —  Il  y  a  là  un  effort  très  méritant  qu'il  faut  encourager. 


Vannes.  —  Programme  des  chants  exécutés  par  la  maîtrise  de  la  cathédrale  aux 
offices  delà  Semaine  sainte  et  de  Pâques,  sous  la  direction  de  M.  l'abbé  D.  Pirio, 
maître  de  chapelle. 

Dimanche  des  Rameaux .  —  Chant  de  la  Passion  de  Tomas  Luis  da  Vittoria 
(1540-1608).  —  A  l'offertoire  :  Eram  quasi  agnus  iniïocens,  répons  de  la  Semaine 
sainte  composé  à  quatre  voix,  par  L.  Viadana  (i565-i65o).  —  Vendi~edi  saint. 
Avant  le  sermon  de  la  Passion  (8  heures  du  soir),  chant  du  O  vos  Oinnes,  répons 
de  la  Semaine  sainte  compoié  à  quatre  voix,  par  T.  Vittoria.  —  Après  le  sermon, 
chant  du  Miserere,  d'ALi.EORi  (1560-1652),  composé  à  cinq  voix  (i^"  et  2^''  soprani, 
alto,  ténor  et  basse). 

Les  autres  offices  en  chant  grégorien  d'après  le  texte  Vatican  officiel.  -:<-  A  l'office 
du  Vendredi  saint,  au  matin,  un  groupe  de  100  chanteurs  a  donné  les  réponses  de 
la  foule  pendant  le  chant  de  la  Passion. 

Dimanche  de  Pâques.  —  Chant  de  tierce  avant  la  messe  pontificale  avec  ÏHaec 
dies.  — Introït,  Graduel,  Alléluia,  Prose  et  Communion  furent  exécutés  en  chant 
grégorien  officiel. 

Kyrie,  Gloria,  Saiictus,  Benedictus  et  Agnus  à  quatre  voix  mixtes,  de  la  messe 
dite  O  quam  gloriosum  est,   de  Vittoria,  l'auteur  des  Turbes   de  la  Passion. 

Vêpres.  —  Chant  du  Deus  in  adjutorium,  à  quatre  voix,  d'après  Vittoria.  Les 
psaumes  chantés  également  en  chœur  à  quatre  voix.  O  filii  et  filiae,  soli  et  chœurs. 
Chant  populaire  arrangé  à  quatre  voix,  par  R.  P.  Lhoumeau.  —  Tu  es  Petrus, 
chant  grégorien.  —  Regina  caeli  laetare,  à  trois  et  quatre  voix,  par  G.  Aichinger 
{i365-i62o),  de  l'école  allemande.  ■■ —  Tantum  er^o,  à  quatre  voix,  par  Pierluigi 
da  Palestrina  (1524-1594),  chef  de  l'école  italienne  dite  «  palestrinienne  ». —  Can- 
tate Domino,  chœur  final  à  quatre  voix,  par  Léo  Hasler  (i  564-1612),  école  alle- 
mande. —  Ces  différentes  pièces,  prises  dans  les  meilleurs  représentants  de  l'école 
palestrinienne  du  xvi"  siècle,  furent  exécutées  a  cappella. 

Notons,  à  propos  des  Turbes  de  Vittoria,  l'intéressant  article  d'histoire  et  d'es- 
thétique signé  A.  Guyot,  dans  la  Setnaine  religieuse  de  Vannes,  et  destiné  à  expli- 
quer ce  que  sont  ces  chœurs,  en  montrant  le  rôle  non  point  de  recherche  drama- 
tique, mais  exclusivement  liturgique,  de  ces  réponses  célèbres.  Nous  reproduirons 
quelque  jour  cet  article,  qui  intéressera  certainement  les  lecteurs  de  la  Tribune. 

Le  Mans.  —  Alors  qu'à  Paris,  à  l'occasion  de  la  solennité  de  Pâques,  les  maîtrises 
des  principales  paroisses  avaient  fixé  leur  choix  plus  spécialement  sur  les  messes 
de  Samuel  Rousseau  et  de  Gounod,  —  au  Mans,  M.  l'abbé  Moinet,  le  distingué 
maître  de  chapelle  de  Notre-Dame  de  la  Couture,  faisait  exécuter  à  la  Société  des 
Chanteurs  de  la  paroisse  une  messe  composée  de  fragments  de  Tebaldini,  Aichinger 
et  Palestrina,  et  aux  vêpres,  le  Tantum  ergo,  de  Vittoria  ;  —  avec  la  prose  de 
Pâques  dialoguée  en  plain-chant  grégorien,  la  maîtrise  de  la  Couture  se  conformait 
ainsi  au  désir  du  Souverain  Pontife  sur  la  liturgie  vocale. 

La  Société  des  Chanteurs,  grâce  à  l'impulsion  énergique  de  M.  l'abbé  Moinet,  est 
arrivée  à  exécuter  en  perfection  cette  musique  sacrée,  qui  renferme  de  si  belles 
pages;  la  fusion  des  voix  est  complète,  les  nuances  sont  observées  avec  un  réel 
souci,  le  sentiment  est  exprimé  clairement  ;  on  pourrait  seulement  souhaiter  que  le 
nombre  des  ténors  fût  augmenté. 

Nous  devons  surtout  attirer  l'attention  sur  le  sympathique  organiste  M.  Gautier, 
dont  la  modestie  égale  le  talent,  et  qui  est  arrivé  à  faire  entendre  les  meilleures  et  les 
plus  difficiles  compositions  pour  orgue  que  l'on  connaisse  ;  il  y  a  acquis  une  auto- 
rité incontestable  et  est  devenu  un  maître  hors  de  pair  sur  cet  instrument. 

Voici  d'ailleurs  le  détail  du  beau  programme  organisé  par  M.  l'abbé  Moinet. 

10  Grand'Messe.  —  Introït  en  plain-chant  grégorien;  Kyrie  et  Gloria  (à  4  v.) 
(Tebaldini)  ;  Prose  de  Pâques  dialoguée  (plain-chant)  ;  5a;zca<5  de  la  Messe  brève 
(Palestrina)  ;  Benedictus  et  Hosanna  (messe  du  pape  Marcel)  ;  Agnus  Dei  (Aichinger)  ; 
Alléluia  du  Messie  (Haendel). 

2°  Vêpres.  —   Cantique    de   Pâques  (abbé    Bruneau)  ;  Regina    caeli  (Aichinger)  ; 


—    112    — 

Jesii  dulcis  memoria  (à  4  v.)  (Mendelssohn)  ;  O  filii,  à  3  voix  ;  Tantum  ergo  (Vit- 
toria);  Choral  de  Bach,  Loue^  le  Dieu  puissant.  —  Grand  orgue,  Symphonie 
(Louis  Vierne),  Fugue  en  ré  majeur  (Bach). 

On  ne  peut  que  hautement  féliciter  la  société  palestrinienne  des  Chanteurs  de  la 
Couture  et  son  zélé  fondateur,  qui,  depuis  trois  ans,  et  malgré  une  poussée  consi- 
dérable d'opinions  contraires,  ont  réussi  à  imposer  au  Mans  —  le  mot  n'est  pas  de  trop 

—  par  l'autorité  de  la  direction  et  la  sûreté  de  l'interprétation,  les  chefs-d'œuvre 
de  la  vraie  musique  d'église. 

Notre-Dame  de  Buglose  (Landes).  —  Ce  sanctuaire,  dédié  à  la  Madone  des 
Landes,  toi^t  près  du  berceau  de  saint  Vincent  de  Paul,  dont  la  Tribune  a  déjà 
parlé  à  maintes  reprises,  célébrait  le  dimanche  3  avril  les  fêtes  de  Jeanne  d'Arc. 
Elles  ont  été,  pour  tous  ceux  qui  y  ont  assisté,  un  vrai  régal  et  de  piété  et  d'élo- 
quence et  de  musique  sacrée. 

Le  programme  des  chants  était  pleinement  conforme  au   Motu  p7'oprio  de    igoS. 

—  A  la  messe  de  communion  :  O  Jeanne,  triomphante  aux  deux  (de  J.  Praneuf, 
maître  de  chapelle  au  berceau  de  saint  Vincent)  délicieuse  prière  pleine  d'une 
certaine  tristesse,  avec,  à  la  fin  du  refrain,  une  invocation  plus  pressante  à  la  Vierge 
lorraine;  Concordent  nostris caelica  (cantilènedeMgr  Foucault).  — A  laGrand'Messe: 
Propre  de  l'office  de  Quasimodo  (Graduel  Vatican)  ;  Messe  royale  de  H.  Dumont 
(afin  que  la  foule  eût  aussi  sa  part  à  la  fonction)  —  Aux  Vêpres  :  Faux-bourdons 
palestriniens  (L,  Viadana)  ;  cantate  à  Jeanne  d'Arc  (De  la  Tombelle).  —  Au  Salut  : 
O  .sa/M/ar/5  (Perruchot);  O  filii  (Lhoumeau)  ;  Tantum;  A  VEtendard  (de  l'abbé 
Laurent). 

Toutes  nos  félicitations  au  Grand  Séminaire  de  Poyanne  (o/?m  :  Aire-sur-l'Adour) 
qui  a  su  si  bien  composer  et  exécuter  un  pareil  programme.  D'ailleurs  sa  renom- 
mée ne  date  pas  d'aujourd'hui  et  la  Tribune  n'a  qu'un  regret,  celui  de  ne  pou- 
voir pas  se  faire  plus  souvent  l'écho  des  tentatives  et  aussi  des  succès  de  ces  jeunes 
séminaristes.  Il  lui  suffira  aujourd'hui  de  dire,  pour  l'édification  de  ses  lecteurs, 
que  depuis  plus  d'un  an,  grâce  à  l'initiative  des  supérieurs,  le  graduel  Vatican  est 
devenu  dans  ce  séminaire  l'édition  de  chant  officielle. 

Ainsi  donc,  dans  les  Landes  aussi,  la  «  cause  grégorienne  »  va  son  chemin.  Son 
succès  est  assuré  :  étant  la  cause  de  Dieu  et  de  l'Eglise,  elle  a  avec  elle  les  bénédic- 
tions du  ciel.  Mais  puissent  bientôt  tous  les  séminaristes  de  France  faire  leurs  les 
désirs  et  les  sentiments  de  S.  S.  Pie  X,  et  contribuer  à  avancer  et  à  rendre  plus 
beau  ce  succès  tant  désiré  ! 

Un  Pèlerin. 

Lyon.  —  Un  salut  solennel,  célébré  le  20  mars  à  l'église  Saint-André,  à  l'occa- 
sion de  la  fête  des  Rameaux,  me  fournit  l'occasion  de  consacrer  quelques  lignes  à 
une  société  de  musique  sacrée,  qui  existe  depuis  un  an  ou  deux  et  qui  a  prêté  son 
concours  à  la  cérémonie,  la  Schola  palestrinienne. 

On  a  rappelé,  il  y  a  quelques  mois,  à  l'occasion  de  sa  mort,  les  tenaces  et  intelli- 
gents efforts  déployés  jusqu'à  son  dernier  jour  par  le  regretté  Charles  Bordes,  en 
faveur  de  la  restauration  de  la  musique  religieuse.  C'est  lui  qui,  secondé  par  l'ad- 
mirable phalange  de  ses  Chanteurs  de  Saint-Gervais,  a  remis  en  honneur  les  œuvres 
trop  oubliées  des  Palestrina,  des  Vittoria,  des  Roland  de  Lassus,  et  son  active  pro- 
pagande, en  ce  sens,  n'est  pas  demeurée  vaine,  puisqu'elle  a  reçu  d'abord  la  haute 
consécration  de  l'approbation  pontificale  dans  le  Motu  proprio  promulgué  par 
Pie  X,  dès  le  début  de  son  règne,  et  puisque  ensuite  elle  a  rencontré  des  imitateurs. 

La  Schola  palestrinienne  est,  en  effet,  directement  issue  du  mouvement  dont  il  a 
été  l'initiateur.  Née  depuis  peu,  elle  ne  compte  jusqu'ici  qu'un  petit  nombre  de 
membres.  Telle  qu'elle  est,  toutefois,  elle  est  déjà  parvenue  à  un  excellent  résultat, 
auquel  ne  peuvent  que  rendre  hommage  tous  ceux  qui  l'ont  entendue  dans  les 
motets  et  les  chants  pieux  exécutés  par  elle  :  la  Plainte  des  Damnés,  de  Carissimi, 
le  cantique  de  Schùtz,  O  pieux  amour,  le  Tantum  ergo  de  Roland  de  Lassus,  et  les 


—   113    - 

deux  cantilènes  grégoriennes  inscrites  encore  à  son  programme.  Elle  est  merveil- 
leusement disciplinée,  et  ses  voix,  aussi  bien  équilibrées  que  bien  conduites,  se 
plient,  avec  une  égale  souplesse,  aux  effets  de  douceur  et  de  puissance  les  plus 
opposés. 

On  sait  que,  dans  les  diverses  paroisses  de  Lyon,  les  maîtrises  sont  dirigées  par 
des  vicaires  dévoués,  dont  le  goût  musical  très  judicieux  sait  créer  et  interpréter 
un  répertoire  excellemment  choisi.  Les  nombreux  fidèles  qui  assistent  aux  fêtes  de 
la  cathédrale  apprécient  justement  la  haute  valeur  de  la  vieille  et  toujours  jeune 
maîtrise.  Mais  la  Schola  palestrinienne  a  déjà  montré  qu'elle  avait  le  droit  de 
prendre  sa  part  dans  la  restauration  du  goût  des  grandes  et  belles  œuvres,  comme 
celles  qu'elle  nous  a  fait  entendre  à  cette  occasion. 

[Salut  Public.) 

Reims.  —  La  fondation  que  nous  annoncions  récempient,  comme  urgente,  d'un 
groupement  musical  religieux  d'hommes  et  de  jeunes  gens,  est  chose  faite.  Nous 
empruntons  à  V Avenir  de  Reims  les  lignes  suivantes  : 

La  Schola  de  Reims  .  —  «  Un  groupe  d'amateurs  qui,  depuis  plusieurs  années, 
avaient  l'occasion  de  se  rencontrer  dans  une  pratique  commune  de  la  musique 
d'église,  vient  de  se  constituer  en  société  régulière  sous  ce  vocable  :  la  Schola  de 
Reims.  Ce  groupement,  qui  ne  comportera  que  des  «  amateurs  »  —  il  en  compte 
quarante  à  sa  fondation   —  a  son  siège  6,  rue  des    Chapelains,  salle  Saint-Grégoire. 

«  Le  but  de  la  Schola  de  Reims  sera  précisément  le  chant  sacré  à  l'église,  dans 
l'esprit  et  selon  les  directions  du  Motii  pj-oprio  très  connu  sur  la  question.  Pour 
réaliser  leur  program^me,  ses  membres  :  1°  suivront  régulièrement  un  «  Cours  de 
Chant  grégorien  et  Principes  de  Musique  sacrée  »  établi  pour  les  hommes  rue  des 
Chapelains;  ce  cours  a  lieu  tous  les  deuxième  et  troisième  lundis  de  chaque  mois, 
à  8  h.  1/2  très  précises  du  soir;  20  s'appliqueront  avec  un  zèle  particulier  à  la  prépa- 
ration des  offices  chantés  auxquels  ils  pourraient  être  conviés. 

'«  On  peut  se  faire  inscrire  à  la  Schola  de  Reims,  ou  même,  sans  faire  partie  de  la 
Schola,  aux  «  Cours  »  susdits.  S'adresser  78,  rue  de  Vesle,  à  M.  l'abbé  Thinot,  qui 
recevra  avec  reconnaissance  l'adhésion  des  membres  actifs  ou  honoraires. 

«  De  plus  amples  détails  sur  la  vie  de  la  Schola  de  Reims  seront  donnés  à  l'occa- 
sion d'une  séance  que  ses  membres  ont  le  projet  d'offrir  à  leurs  amis.  » 

Ajoutons  que  la  5c/îo/aie  i?en725  s'est  fait  entendre  aux  dernières  fêtes  célébrées 
à  la  cathédrale,  ajoutantun  fleuron  de  plus  aux  résultats  obtenus  par  l'infatigable  et 
bien  méritant  abbé  Thinot. 

Orléans.  —  Les  fêtes  de  Jeanne  d'Arc,  qui,  par  suite  de  circonstances  tout  exté- 
rieures, n'ont  pu  avoir  l'éclat  musical  habituel  de  l'orchestre,  aux  cérémonies  à  la 
cathédrale,  ont  emprunté  cependant  un  nouveau  lustre  à  la  célébration  du  nouvel 
office  avec  messe  propre,  composé  pour  la  fête  de  la  Bienheureuse.  L'ordinaire  de  la 
messe  fut  la  Messe  de  Jeanne  d'Arc,  deGounod,  superbementexécutée  par  l'imposante 
masse  de  cinq  cents  chanteurs  que  dirigeait  M.  l'abbé  Marcel  Laurent,  le  distingué 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  Sainte-Croix.  Les  mêmes  chanteurs  interprétè- 
rent, avec  un  ensemble  parfait,  le  propre  de  la  messe  et  de  l'office  en  grégorien.  Notons 
que  pour  la  préparation  des  nouveaux  chants,  Mgr  l'Evêque  d'Orléans,  sur  la  pro- 
position de  M.  l'abbé  Laurent,  avait  prié  M.  A.  Gastoué  de  venir  les  faire  travailler 
aux  divers  chœurs,  encore  inaccoutumés  à  la  souplesse  grégorienne;  les  mélodies 
avaient  été  transcrites  à  Rome  en  notation  moderne,  par  un  Bénédictin  élève  de 
Dom  Pothier,  et  autographiées  spécialement,  le  tirage  de  l'édition  grégorienne 
n'étant  pas  encore  prêt  alors. 

Le  grand  séminaire  et  la  maîtrise,  les  élèves  de  l'institution  Saint-Euverte,  la 
chorale  des  anciens  maîtrisiens,  une  masse  imposante  d'amateurs  appartenant  à 
toutes  les  classes  de  la  société,  tels  étaient  les  éléments  du  chœur.  Tous  ont  montré 
un  entrain  et  une  bonne  volonté  remarquables,  dans  l'étude  d'un  genre  auquel  ; 
(à  part  le  séminaire  et  la  maîtrise),  ils  n'étaient  pas    accoutumés.  Des   chantres  des 


—  114  — 

diverses  paroisses  de  la  ville  et  des  faubourgs,  venus  ^parfois  de  quatre  à  cinq  kilo- 
mètres, avaient  tenu  à  étudier,  de  concert  avec  les  chanteurs  de  la  cathédrale,  le 
propre  de  l'office  du  8  mai.  Le  succès  le  plus  'considérable  a  couronné  ce  bel  effort, 
qui  sera  certainement  pour  Orléans  le  signal  de  l'adoption  de  l'édition  Vaticane,  sous 
les  auspices  de  Jeanne  d'Arc. 

Marseille.  —  Le  concours,  si  intéressant,  de  chant  religieux,  entre  les  patronages, 
cercles,  maîtrises,  etc.,  qui  devait  avoir  lieu  le  24  avril,  a  été,  à  cause  des  élections 
législatives,  reculé  d'un  mois.  Voici  les  morceaux  de  plain-chant  imposés  pour  le 
concours,  et  où  chaque  chorale  pourra  faire  un  choix,  en  chantant  avec  l'édition 
qu'elle  aura  choisie  : 

1°  L'Introït  de  la  Sexagésime  Exsurge  (sans  le  psaume). 

■2.0  L'Introït  de  la  fête  des  SS.  Pierre  et  Paul  (29  juin),  Nunc  scio  vere  (sans  le 
psaume). 

3°  L'Offertoire  de  la  messe  de  la  sainte  Vierge,  de  Pâques  à  la  Pentecôte, 
Beata  es. 

Chaque  groupement  présentera  de  plus  un  morceau  de  musique  (latin)  ou  de  plain- 
chant  au  choix,  à  l'unisson  ou  à  plusieurs  voix.  Les  offices,  avec  l'exécution  d'en- 
semble des  diverses  sociétés,  comprendront  :  la  Grand' Messe,  avec  l'ordinaire^ie  Beata 
(messe  n°  9  de  la  Vaticane)^  et  le  Credo  JII  (des  Anges)  ;  et  le  soir  un  salut  solennel. 

Nos  meilleurs  vœux  pour  le  succès  de  cette  intéressante  innovation,  organisée  par 
le  Secrétariat  social  des  Alpes  et  de  Provence,  avec  le  concours  de  M.  l'abbé  Chabot, 
le  distingué  maître  de  chapelle  du  petit  séminaire. 

Un  programme  grotesque.  —  Parmi  les  nombreux  et  éclectiques  programmes 
suscités  par  les  fêtes  de  Jeanne  d'Arc,  on  nous  communique  le  suivant,  qui,  publié 
par  un  journal  du  centre,  a  été  exécuté  dans  une  petite  ville  de  la  région.  On  verra 
où  peut  conduire  l'ignorance  de  la  bonne  musique  et  le  respect  des  fonctions  litur- 
giques. Nous  le  reproduisons  intégralement,  en  supprimant  seulement  les  noms  des 
artistes  : 

«  A  10  h.,  grand'messe,  à  laquelle  assistera  l'orchestre  du  patronage.  Le  piano  (!) 
sera  tenu  par  M"^..,  professeur.  L'offertoire  sera  joué  par  l'orchestre  entier  (!  ?)  ;  à 
l'élévation,  O  Salutaris  (sic)  de  X...,  par  Mlle  V...,  avec  accompagnement  d'orgue  ; 
à  la  communion,  solo  de  violon  avec  accompagnement  de  piano,  puis  sortie  par  l'or- 
chestre.  Aux  vêpres,  à  2  h.  1/2,  après  le  Magnificat  en  musique.  Ode  symphonique 
de  Magnin,  chœur  de  mandolines  (!!!)  ;  «  Ballade  des  dames  guerrières  »,  chantée 
par  Mi'e  V...,  panégyrique  et  salut  ». 

Et  dire  qu'en  plein  xx^  siècle  il  se  trouve  encore  de  braves  gens  capables  de  per- 
pétrer un  pareil  programme,  et,  bien  entendu,  pour  en  admirer  l'ordonnance  ! 


PETITE   CORRESPONDANCE 


N.  B.  —  //  est  répondu  dans  cette  7'iibn'que  aux  demandes  de  renseignements  suscep- 
tibles d'intéresser  nos  lecteurs.  La  réponse  sera  donnée  ici  même,  sauf  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  une  réponse  personnelle. 

En  raison  des  nombreuses  demandes  de  renseignements  qui  nous  sont  adressées  par 
nos  abonnés  ou  autres  personnes,  il  ne  nous  sera  possible  de  répondre  personnellement 
désormais  qu'aux  lettres  qui  contiendront  o  fr.  3o  en  timbres-poste. 

Dans  cette  rubrique,  nous  insérerons  volontiers  au  titre  Demandes  les  questions  qui 
nous  seront  envoyées  par  nos  abonnés.  Les  personnes  autres  voudront  bien,  pour  frais  ' 
d'insertion,  joindre  o  fr.  3o  à  leur  demande. 

Demandes. 

Nous  recommandons  à  nos  lecteurs  la  demande  suivante  d'un  de  nos  abonnés, 
nous  reconnaissant  dans  l'impossibilité  d'y  répondre  : 

«  Connaîtriez-vous  un'e  opérette  ou  pièce  chantée  pouvant  être  exécutée  par  des 
enfants  et  des  jeunes  gens,  sans  rôle  de  femme  P  Elle  pourrait  durer  environ  une 
heure.  Il  serait  souhaitable  d'avoir  des  pièces  qui  fussent,  par  exemple,  de  la 
valeur  de  la  Croisade  des  enfants,  de  Pierné,  écrite  pour  le  concert.  Cela  ne 
tenterait-il  pas  quelques  auteurs  ?  » 

Prière  de  nous  adresser  les  réponses,  que  nous  transmettrons. 

Réponses 

A.  Brun.  —  i.  Le  célèbre  «  Art  du  facteur  d'orgues  »,  de  Dom  Bédos,  ne  peut  se 
trouver  que  par  occasion.  La  construction  de  l'orgue  a  été  tellement  transformée 
depuis  un  demi-siècle  que  cet  ouvrage  n'a  plus  surtout  qu'une  valeur  documen- 
taire. Mais  il  en  existe  une  réimpression,  avec  complément  par  Hamel  et 
J.  Guédon,  gr.  in-8"',  avec  64  gravures  et  atlas  de  48  planches,  chez  Mulo,  12,  rue 
Hautefeuille,  Paris  (20  fr.). 

2.  M.  Tournemire  est  organiste  de  la  basilique  Sainte-Clotilde,  à  Paris. 

3.  M.  Albert  Serre  est  organiste  de  choeur  à  Notre-Dame  de  Paris. 

4.  M.  Albert  Mahaut,  à  l'Institution  des  jeunes  aveugles,  boulevard  des  Invalides, 
Paris. 

Abbé  J.Louis.  —  Comme  suite  à  nos  premiers  renseignements,  on  nous  signale 
Henri  IV  en  famille,  que  vous  trouverez  chez  M.  l'abbé  Mégemont,  140,  rue  de 
Clignancourt,  Paris. 

Vous  avez  pu  voir  que  votre  demande  a  été  mise  en  bonne  place. 

R.  P.  Al.  Curcio.  —  En  dehors  des  recueils  bien  connus  de  César  Franck,  de 
Guilmant,  de  Gigout,  Boélmann,  Dubois,  il  n'existe  guère  de  publications  analogues 
pour  l'orgue  ou  surtout  l'harmonium.  Les  seuls  éditeurs,  ou  à  peu  près,  quiont  publié 
soit  en  pièces  séparées,  soit  en  recueils  divers,  des  pièces  convenables  à  leur  objet, 
sont  le  Bureau  d'édition  de  la  Scliola,  MM.  Biton,  à  Saint-Laurent-sur-Sèvre,  Janin, 
à  Lyon,  et  Delépine,  à  Arras. 


La   Prière   liturgique 


Nous  trouvons  sous  ce  titre,  dans  une  excellente  publication  de  l'A.  C.  J  F., 
l'article  suivant,  qui  rentre  trop  dans  notre  cadre  pour  que  nous  ne  soyons  pas 
heureux  de  le  reproduire. 

«  La  moisson  est  abondante,  mais  les  ouvriers  peu  nombreux.  »  Le 
temps  de  la  moisson  qu'évoque  le  Sauveur  s'étend  à  toute  l'année  pour 
l'Église  qu'il  a  fondée. 

Voilà  qui  fera  ressortir  toute  l'importance  du  second  membre  de 
phrase,  celui  auquel  on  prête  généralement  le  moins  d'attention  : 
«  Priez  donc  le  maître  de  la  moisson  afin  qu'il  envoie  des  ouvriers  à 
son  champ.  » 

Après  avoir  constaté  que  la  moisson  est  mûre  et  le  travail  pressant, 
il  est  remarquable  que  le  Maître  n'ajoute  pas  :  «  Allez  et  courez  à  mon 
travail.  » 

Non,  son  geste  semble  retenir  d'abord  la  foule  qu'il  a  conquise  et 
qu'il  enseigne. 

Et  je  ne  connais  rien  de  plus  justement  mortifiant  pour  l'orgueil 
humain,  exaspéré  de  nos  jours  par  l'individualisme  révolutionnaire,  que 
cette  grande  leçon  à  la  fois  si  consolante  et  si  peu  comprise. 

C'est  le  rappel,  avec  l'indication  en  plus,  du  rôle  de  la  prière,  du  : 
«  Si  le  Seigneur  ne  bâtit  pas,  c'est  en  vain...  » 

Si  vous  ne  voulez  être  éternellement  en  petit  nombre,  construisant 
à  grands  efforts  des  abris  sur  le  sable,  qui  s'éboule  à  mesure  que  ces 
abris  s'élèvent,  commencez  par  prier  ;  c'est  l'ordre  du  Sauveur. 

Mais  engranger  une  moisson  cela  suppose  un  ordre,  une  organisation, 
une  habitude  traditionnelle  du  travail  à  faire. 

N'y  a-t-il  dans  la  prière  quelque  chose  à  observer  de  ce  point  de 
vue  ? 

Sans  doute  la  prière  est,  en  son  essence,  une  élévation  de  l'âme  vers 
Dieu  pour  lui  rendre  hommage  et  lui  demander  son  aide. —  Mais  elle 
revêt  diverses  formes.  —  Elle  peut  être  individuelle,  quand  l'homme 
s'adresse  directement  à  Dieu  ;  elle  peut  être  commune,  quand  plusieurs 
chrétiens  se  réunissent  en  vue  de  prier  ;  elle  peut  être  enfin  publique, 
liturgique,  quand  une  communauté  de  fidèles,  une  paroisse,  se   réunit 


pour  prier  Dieu  aux  heures  marquées  par  l'Église  et  dans  les  formes 
que  la  liturgie  fixe  à  travers  les  âges. 

Et  cette  dernière  forme  est  la  plus  haute,  la  plus  puissante  sur  le 
.cœur  de  Dieu,  car  c'est  son  peuple  qui  lui  parle  tout  d'une  voix.  Et 
pourtant  cette  dernière  forme  de  prière  est  la  moins  comprise  de  nos 
jours.  Ce  qui  suffit  à  expliquer  bien  des  persécutions  triomphantes. 

Lorsque  les  âmes,  unies  à  leurs  pasteurs,  ne  savent  plus  constituer, 
au  pied  des  autels,  et  inspirées  par  la  liturgie,  un  véritable  faisceau, 
elles  perdent  le  pouvoir  d'opposer  un  faisceau  de  bonnes  volontés  à 
leurs  persécuteurs,  et  ces  derniers  en  ont  raison  une  par  une. 

Je  sais  —  par  moi-même  —  combien  il  est  difficile  de  saisir  ce  point 
de  contact,  entre  la  prière  publique  et  la  force  de  cohésion  et  d'apos- 
tolat des  catholiques  ;  on  pourrait  cependant  le  deviner  à  voir  l'achar- 
nement des  ennemis  à  faire  de  la  religion  une  chose  individuelle,  un 
tête-à-tête  solitaire  inspiré  du  protestantisme,  entre   l'homme  et  Dieu. 

En  pays  rhénan,  ce  point  de  jonction  se  manifeste  aux  3'eux  du  plus 
mauvais  des  observateurs!  Là,  il  est  saisissant  de  voir  aux  cérémonies  de 
l'Eglise,  dans  les  plus  petits  villages,  le  peuple  chrétien  ne  former 
qu'une  seule  âme,  consciente  de  son  rôle,  pour  adresser  à  Dieu  la 
prière  que  lui-même  a  inspirée  à  son  peuple,  et  il  n'est  pas  moins 
saisissant  de  penser  que  ce  peuple  chrétien,  qui  sait  ne  faire  qu'un  à 
l'heure  de  la  prière,  a  su  ne  faire  qu'un  à  l'heure  de  la  persécution  sour- 
noise ou  violente  et  lasser  ses  persécuteurs  par  son  union,  ces  der- 
niers fussent-ils  conduits  par  le  chancelier  de  fer. 

La  prière  publique,  la  manifestation  publique,  traditionnelle,  de 
l'Eglise  étant  comprise  et  pratiquée,  la  moisson  fut  sauvegardée. 

Or,  souvent  se  retrouve  sur  les  lèvres  de  nos  chefs  la  formule  «  Re- 
faire iin  peuple  chrétien  ».  Un  peuple  chrétien  se  refait  par  une  foule 
d'actions  dans  des  domaines  différents  ;  mais  en  premier  lieu  vient  son 
éducation  au  point  de  vue  de  la  prière,  et  de  la  prière  publique,  litur- 
gique. Beaucoup  de  nos  groupes  tiennent  à  honneur  de  pratiquer  le 
chant  à  l'église,  c'est  un  bon  début,  un  début  d'avenir.  S'ils  le  veulent, 
ils  peuvent  être  le  grain  de  sel  qui  fait  lever  la  pâte,  à  condition 
d'avoir  conscience  de  la  grande  portée  de  leur  action,  à  condition  de 
ne  pas  chanter  des  lèvres,  mais  du  cœur,  et  de  s'essayer  à  comprendre 
les  enseignements  divins  et  humains   de  la  liturgie. 

G.  DU  Passage. 


^ÉAià^ii&^^^^i^^^^i^^^^^^^^ià^^^^^ 


BIBLIOGRAPHIE 


Félix  Raugel  :  Répertoire  de  la  SociétéG.-F.Haendel.jBeZ/^mcere  e  godere,  de 
l'opéra  Poppée,  de  Haendel;  i  fr.,  à  la  Société  des  compositeurs,  36,  rue  Notre- 
Dame  de  Lorette,  Paris*,  C ara  tomba,  de  l'opéra  Mitridate,  de  Scarlatti,  i  fr.  75, 
chez  Durand,  4,  place  de  la  Madeleine,  Paris.  Avec  traduction  française. 

Les  succès  considérables  remportés  aux  concerts  de  la  Société  Haendel  parnombre 
d'airs,  de  duos,  et  pièces  diverses,  d'auteurs  du  xvii®  et  du  xviiie  siècle,  et  inconnus 
de  nos  contemporains,  ont  décidé  M.  F.  Raugel  à  publier  un  Répertoire  de  la  Société 
G.-F.  Haendel,  contenant  surtout  les  pièces  inédites  rentrant  dans  le  cas  des  précé- 
dentes. Ce  répertoire  est  édité  en  partie  dans  chacune  des  maisons  d'éditions  ci- 
dessus  indiquées,  et  comprend  déjà  un  certain  nombre  de  numéros.  Parmi  eux, 
il  y  a  des  compositions  choisies  de  J.-S.  Bach,  Haendel,  Scarlatti,  Buxtehude,  etc. 
Les  deux  derniers  parus,  que  nous  venons  de  recevoir,  donnent  une  haute  idée  de 
l'inspiration  de  leurs  compositeurs.  Le  pathétique  de  Cara  tomba  n'a  d'égal  que 
l'exquise  et  étonnante  souplesse,  semi-grégorienne,  du  Bel  piacere.  La  traduction 
française  est  due,  pour  une  partie  de  ces  airs,  à  la  plume  artiste  et  impeccable  de 
M"""  Henriette  Fuchs,  et,  pour  l'autre  partie,  à  M.  F.  Raugel  lui-même,  qui  a  trans- 
crit les  mélodies  et  les  partitions,  réalisé  les  basses  et  annoté  le  tout.  Le  choix 
des  pièces  éditées  dans  cette  collection,  et  profane  et  religieuse,  les  fera  partout 
accueillir    avec  succès. 

Office  complet  de  la  Bienheureuse  Jeanne  d'Arc. 

Nous  regrettons  de  n'avoir  pu  parler  de  cet  office  en  notre  dernier  numéro,  mais  il 
n'était  pas  encore  publié.  Toutefois,  comme  la  fête  liturgique  de  notre  héroïne  va 
être  célébrée  chaque  année  à  pareil  jour,  l'annonce  que  nous  en  faisons  seratoujours 
d'actualité.  Nous  en  avons  reçu  les  éditions  suivantes,  que  nous  recommandons  à 
nos  lecteurs  : 

ï°  Office  complet,  reproduction  exacte  de  l'exemplaire  typique  de  Rome  ;  fascicule 
in-80  de  32  pages;  o  fr.  3o  c.  Paris,  à  la  Société  d'éditions  du  chant  grégorien  (74 
et  90,  rue  Bonaparte,  10,  rue  Cassette).  Ce  fascicule  contientles  chants  despremières 
vêpres,  matines,  laudes,  petites  heures,  deuxièmes  vêpres,  et  de  la  messe.  En  dehors 
des  mélodies  des  offices  habituellement  célébrés,  il  offre  donc  un  choix  abondant 
d'autres  pièces  qu'on  pourra  dire  à  la  procession  ou  au  salut. 

2°  Messeet  vêpres,  avec  traduction  française, peines  feuilles.de  propagande  à  o  fr.  10 
chacune  Revoie  du  chant  grégorien,  à  Grenoble. 

30  Messe,  petites  heures,  premières  et  secondes  vêpres,  en  notation  musicale  ; 
o  fr,  3o,  chez  Aug.  Goût,  passage  du  Loiret,  à  Orléans. 

40  Accompagnement  de  la  m.esse  et  des  vêpres,  par  M.  l'abbé  F.  Brun  ;  chez 
Janin,  10,  rue  Président-Carnot,  Lyon. 

On  ne  saurait  donc  s'excuser,  pour  ne  pas  fêter  liturgiquement  Jeanne  d'Arc,  de 
ne  pas  avoir  ce  qu'il  faut  pour  cela.  Les  excellentes  publications  que  nous  venons 
d'annoncer  seront  en  même  temps  un  des  meilleurs  moyens  de  propagande  grégo- 
rienne sous  les  auspices  de  la  bienheureuse  héroïne. 


-   119  — 

Séquence  en  l'honneur  de  saint  Jean-Baptiste  de  la  Salle  ;  mélodie  de  Dom 
Pothier,  transcription  en  notation  musicale  et  accompagnement  par  un  Frère  des 
Ecoles  chrétiennes.  Paris,  à  la  Procure  générale,  78,  rue  de  Sèvres. 

Charmante  composition,  et  accompagnement  élégant  et  fortement  rythmé,  qui 
augmentent  agréablement  le  bagage  grégorien  moderne,  nécessité  par  les  fêtes 
nouvelles. 

Publications  de  la  Revue  du  chant  grégorien. 

Les  RR.  PP.  Bénédictins,  qui  dirigent  cette  excellente  revue,  ont  considérable- 
ment augmenté  les  éditions  pratiques  publiées  jusqu'ici  par  ce  périodique.  Signa- 
lons, parmi  les  derniers  tirés  à  part  : 

Dom  Lucien  David  :  La  Volonté  de  VÉglise  dans  la  restauration  actuelle  du  chant 
sacré,  rapport  présenté  au  Congrès  de  Malines,  o  fr.  5o.  Ce  rapport  peut  être 
répandu  comme  moyen  de  propagande,  parmi  le  clergé  et  les  musiciens  d'église. 

La  même  revue  publie  des  «  Petites  feuilles  »  à  ofr.  10.  Les  dernières  contiennent: 
n°  20,  O  salutaris  et  Tantum  ergo,  6  chants  ;  no  21,  litanies  de  saint  Joseph  ; 
répons  Fidelis  servus  ;  antienne  Virginum  custos;  le  tout  avec  traduction  française  ; 
n°  22,  chants  au  Sacré-Cœur:  répons  Ego  dormio,  antienne  avec  verset  Vulne- 
ratus  est  ;  antiennes  Sanctificavi  et  Pone  me  ;  Cor  Jesu,  7  chants. 

L.  Saint-Requier  :  Vêpres  du  Saint-Sacrement,  à  3  voix  égales,  avec  accom- 
pagnement et  interludes  d'orgue  ou  d'harmonium,  net  :  2  fr.  25  ;  partition  des  voix 
seules,  net  :  o  fr.  5o,  n^  19  des  Selecta  opéra.    Biton,  à    Saint- Laurent-sur-Sèvre. 

Notre  confrère  M.  Saint-Requier  vient  de  composer,  pour  les  Vêpres  du  Saint- 
Sacrement^  un  ensemble  de  faux- bourdons  à  frozs  voix  égales,  et  d'interludes  d'orgue, 
qui  sont  vraiment  à  signaler.  Le  Deus  in  adjutorium,  chacun  des  5  psaumes,  et  le 
Magnificat  ont  des  versets  qui  tantôt  suivent  le  chant  liturgique,  tantôt  s'en  ins- 
pirent. Le  Pange  lingua  Vatican  a  un  accompagnement.  Enfin,  l'ensemble  comprend 
sept  interludes  d'orgue  sur  le  thème  des  antiennes  correspondantes,  et  trois 
versets  pour  l'hymne.  Les  interludes  d'orgue  sont  fort  intéressants,  en  ce  sens  que, 
rattachés  à  la  tonalité  grégorienne  par  l'ensemble  de  la  pièce  et  le  choix  du  thème, 
M.  Saint-Requier  les  a  traités  d'une  façon  moderne  et  chromatique,  d'une  moder- 
nité de  bon  aloi,  qui  ne  choque  en  rien,  mais  s'harmonise  très  bien  avec  le  tout  ;  le 
genre  d'inspiration  de  ces  interludes  rappelle  dans  sa  réalisation  le  Franck  des 
Béatitudes,  avec  la  note  grégorienne  en  plus.  Je  ferai  une  réserve  seulement  sur  le 
premier  interlude  où  M.  Saint-Requier,  tout  en  employant  le  premier  motif  de  l'an- 
tienne Sacerdos,  du  ler  ton,  finale  ré,  l'a  traité  d'après  la  finale  psalmodique/a,  qui 
est  secondaire:  c'est  là,  à  mon  avis,  une  erreur  esthétique.  A  l'exécution  on  pourra 
ne  pas  le  remarquer  si  l'on  ne  chante  pas  la  répétition  de  l'antienne  après  le 
psaume,  et  qu'on  la  récite  simplement  ;  mais,  si  l'antienne  est  répétée  par  le  chœur, 
le  postlude  causera  un  effet  d'incertitude  tonale  fâcheuse.  Souhaitons  prochainement 
d'autres  Vêpres  de  M.  Saint-Requier  ;  il  a  adopté  là  une  forme  très  heureuse  de 
réalisation  artistique. 

Amédée  Gastoué. 

Nouveautés  de   l'édition   Schwann,    en  dépôt  au  Bureau  d'édition. 

R.  P.  BoNviN  :  Ave  Maria,  pour  soprano  et  alto,  avec  accompagnement  d'orgue 
ou  d'harmonium,  o  fr.  80  ;  R.  Matthay  ;  Messe  à  trois  voix  mixtes  (S.  A.  B.),  en 
l'honneur  de  saint  Antoine  de  Padoue,  i  fr.  10.  —  J.  Plag  :  Trois  Jubilate  pouvant 
servir  d'offertoire,  A,  pour  chœur  mixte,  B,  pour  chœar  d'hommes,  i  fr.  60.  — 
A.  ScoRRA  ;  Messe  en  l'honneur  du  Sacré-Cœur,  à  4  voix  mixtes,  i  fr.  10.  — • 
D'"  H.    Bauerle  !  accompagnement  des  Ile  niissa  est  et  Benedicanius,  i  fr. 


LES  REVUES    [articles   à  signaler)  : 

S.  I.  M.  —  No  4.   H.  Quittard  :  U accompagnement  au  théorbe. 

Recueil  de  I2  S.  I.  M.  —  Livr.  3,  Ch.  Em.  Ruelle  :  Le  tnusicographe  Aristide 
Quinîilien. 

Revue  musicale.  —  No  7.  H.  Quittard  :  Le  «  Cours  de  composition  musicale  »  de 
AL   Vincent  d'Lidy  [critique  très  serrée  et   très  remarquable  de  l'ouvrage]. 

Revue  du  chant  grégorien.  —  N"  4.  Dora  Pothier  :  Ancien  chant  de  Litanies  à  la 
Procession  des  Rogations.  —  Camille  Couillault:  La  prononciation  du  latin  et  le  chant 
grégorien.  —  Dom  David  :  Analyses  grégoriennes  pratiques  :  L'introït  «.  Laetare». 

Musique  sacrée. —  N»  3.  Pédagogie  musicale  :  Recueils  de  chants  religieux  fran- 
çais. [Excellentes  définitions  et  critiques  des  «  cantiques  »  vulgaires.] 

L'Ouest  artiste.  —  N°'  25  et  26.  —  P.  Davriès  :  Etat  actuel  de  la  musique  d'église 
[suite  et  fin]. 

La  Critique  indépendante.  —  i^r  avril.  —  David-Bernard  ;  Musica  sacra  ;  Du 
caractère  populaire  de  la  musique   religieuse. 

Gregorianische  Rundschau  —  No  4.  Dom  Beck  :  Johann  Josef  Fux  [esquisse 
biographique  sur  le  célèbre  compositeur  et   professeur,   1660-174  1]. 

Musica  Sacro-Hispana.  — No  11.  —  Felipe  Pedrell  :  Une  bonne  œuvre  sociale  [excel- 
lent et  sympathique  article  de  l'éminent  musicien  sur  la  Manécanterie des  petits  chan- 
teurs à  la  croix  de  bois,  «  le  patronage  harmonieux  ».]  Encartage  :  Salve  Regina,  à 
trois  voix  mixtes  (S.  T.  B.)et  orgue,  sur  les  motifs  du  chant  liturgique,  de  Martin 
Rodriguez. 

Musical  Tunes.  —  No  8o5.  La  vieille  Musique  d'orgue  anglaise  [à  propos  de  la 
publication  de  M.  John  E.  West,  qui  a  édité  un  choix  des  anciens  organistes  anglais 
depuis  Henry  Purcell.J 


NOTRE    SUPPLÉMENT 


Motets  pour  la    Passion,  à  3  voix  égales,  de  M.  le  Ch.  Boyer. 

Nous  continuons  la  publication,  en  encartage  offert  à  nos  abonnés,  du  Nouveau 
répertoire  à  voix  égales  annoncé  en  notre  dernier  numéro.  Les  motets  de  M.  l'abbé 
C.  Boyer  que  nous  donnons  aujourd'hui  sont  parmi  les  meilleurs  que  cet  excel- 
lent compositeur  ait  écrits. 


Le   Gérant  :    Rolland. 


Poitiers.  -  Société  française  d'Imprimerie 


Seizième  Année 


No  6 


Juin  1910 


LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 


REVUE   MUSICOLOGiQUE 


Bc\)o[a    <!tantorttîn 


ABONNEMENT   COMPLET  : 

{Revue  et  Encartage  de  Musique) 

France  et  Colonies,  Belgique.    10  fr. 
Union  Postale  (autres  pays).    11  fr. 

Les  Abonnements  partent  du  mois  de 
Janvier. 


BUREAUX   : 

269,    rue    Saint- Jacques,    26 
PARIS  (V«) 

14,  Digue  de  Brabant,    14 
GAND  (Belgique) 


ABONNEMENT  RÉDUIT  : 

(Sans  Encartage  de  Musique) 

Pour  MM.  les  Ecclésiastiques, 
les  Souscripteurs  des  n  Amis 
de  la  Schola  n  et  les  Elèves     6  fr. 

Union  Postale.  7  fr. 


Le  numéro  :   0   fr.  60  sans  encartage  ;  1  fr.  avec  encartage. 


SOMMAIRE 

«  Explication  de  la  lettre  qui  est  imprimée  dans  le  cinquième 
livre  de  Madrigaux  de  Claudio  Monteverde  » 

Nouvelles  musicales  :  l'office  de  Jeanne  d'Arc;  polémiques  ;  Né- 
crologie :  Mgr  Perriot. 

Formulaire    de    récitatifs  pour  les  chants  ornés   [suite).     .     . 

Petite  correspondance. 

Correspondance  :  Orgue  et  harmonium.    . 

—        De  certains  intervalles  dans  le  chant  grégorien. 

Nouvelles  publications  du  Bureau  d'édition 


Bibliographie  ;  Revue  des  Revues. 


M.  L.  Pereyra. 


A.  Gastoué. 

Abbé  A.  Lhoumeau. 

R.  P.  Bonvin,  S.  J. 

Henry  Noël. 
('  Abbé  Vigourel. 
;  F.  de  La  Tombelle. 


La  Rédaction. 


(( 


Explication  de  la  lettre  qui  est  imprimée  dans 
le  cinquième  Livre  de  Madrigaux  de  Claudio 
Monteverde  )). 


AVANT-PROPOS 


•    L'explication  de    la    lettre  ^   qui  est   imprimée  dans   le   cinquième 

LIVRE    DE    MADRIGAUX    DE    CLAUDIO    MONTEVERDE    -     fut     publiée     par    GulHo 

Cesare  Monteverde ^  son  frère,  comme  lettre-préface  aux  5cAer^f  musicali 

1.  Dichiaratione  délia  lettera  stampata  nel  quinto  libro  de  suoi  madrigali  (madri- 
gaux de  G.  Monteverde). 

2.  Né  à  Grémone  en  i568,  mort  à  Venise  en  1643, 

3.  Né  à  Grémone  en  1573,  il  fut  musicien  à  la  cour  des  Gonzaga  de  Mantoue  et  a 
laissé  :  Affetti  musici,  lib.  I,  ne  quali  si  coniengono  Motetti  a  una^  2,  3,4  e  6  voci, 
col  modo  per  conccrtati  nell  Basso  per  Vorgano,  B.  Magni,  1620,  Venise  ;  puis 
3  pièces  imprimées  à  la  suite  des  Scherp  de  Glaudio  Monteverde  de  1607  :  Deh,  chi 


—     122    — 


de  Claudio  Monteverde  (Amadino,  1607,  Venise) '.  Elle  se  trouve  égale- 
ment dans  les  éditions  des  Scherii  de  1609,  161 5,  1628  _(Amadino, 
Venise). 

Or  cette  lettre  de  Claudio  Monteverde  :  Studiosi  lettori  non  vi  mara- 
vigliale  ch'io  dia  aile  stampe  questi  madrigali,  ecc,  commencée  par  lui 
en  i6o3  2,  ne  parut  qu'en  i6o5,  dans  le  cinquième  livre  de  madrigaux, 
i6o5  (Amadino,  Venise). 

C'est  la  réponse  aux  critiques  ^  formulées  par  Giovanni  Maria  Artusi, 
chanoine  régulier  delà  Congrégationde  San  Salvatore,dans  sonouvrage: 
U Artusi  ovvero  délie  Imperfettioni  délia  moderna  miisica.  —  Ragiona- 
menti  dui  (P^  partie,  1600  ;  IP  partie,  i6o3,  Venise,  Giac.  Vincenti). 

Les  madrigaux  de  C.  Monteverde  qui  en  font  l'objet  sont  les  suivants: 
Cruda  Amarilli  ^  Anima  mia  perdona  s,  Che  se  tu  se  il  cor  mio  ^.  Vu  la 
date  des  Imperfettioni,  Artusi  a  certainement  dû  connaître  ces  com- 
positions sur  manuscrits,  car  la  première  fait  partie  du  cinquième  livre 
de  madrigaux  et  les  deux  autres  du  quatrième,  i6o3  ''.  Mais  après  la 
publication  de  ce  cinquième  livre,  Artusi,  sous  le  nom  d'emprunt  de 
Braccini  da  Todi,  répliqua  à  Claudio  Monteverde  par  un  Discorso 
musicale  di  Antonio  Braccini  da  Todi  (1606  ou  commencement  de 
1607). 

Ce  pamphlet  n'a  pas  été  conservé,  et  seul  le  début  de  «l'explication  » 
[dichiaratione)  de  G.  C.  Monteverde  dans  les  Sc/ïer^zmw5îca// de  1607 
le  mentionne  ^. 

Enfin  en  1608,  parut  un  :  Discorso  secondo  musicale  di  Antonio 
By^accini  da  Todi  per  la  dichiaratione  délia  lettera  posta  nei  Scher^i 
musicali  del  Sig.  C.  Monteverde  '-^  où  Artusi  revenait  encore  une  fois  à  la 
charge  sur  C.  Monteverde  en  attaquant  directement  les  Scher^i  :  Dami- 
gella  tutta  bella  ^0  et  O  Roseita  ^K 

Qqs  S  cher  :{i  musicali  sont  en  réalité,  comme  le  dit  G.  C.  Monteverde, 
de  1599  ',  ils  furent  composés  au  retour  du  voyage  que  fit  son  frère  avec 
le  duc  Vincenzo  Gonzaga  aux  bains  de  Spa,  et  d'où  il  rapporta  le  canto 
alla  francese  ^-. 


tace  il  bel  pensiero,  Dispiegate  guance  amate,  De  la  belle^^a  le  doviite  Lodi  (ballet), 
Dans  les  Nuovi  Fioretti  di  Am.  Franconi  (1607)  se  trouve  encore  une  autre  compo- 
sition de  lui:  Ochi  nidi  d'amore,  3  voci  con  B.  C,  enfin  G.  C.  Monteverde  écrivait 
le  quatrième  intermède  pour  Vldropica  de  Guarini  jouée  à  Mantoue  en  ido8,  dont 
la  musique  est  perdue. 

1.  Exemplaire  à  Bologne.  ■ 

2.  Voir  p.  38. 

3.  Imperfettioni  :  Ii«  partie,  p.  40  ;  IP  partie,  p.  10,  ff. 

4.  Imperfettioni  :  exemples  i  à  7. 

5.  Impèi'fettioni  :  exemple  8. 

6.  Impe7'fettioni  :  exemple  9. 

7.  Amadino,  Venise. 

8.  Voir  p.  I. 

9.  Vincenti,  Venise.  Exemplaire  à  Bologne  et  à  Florence. 

10.  No  6  du  recueil  ;  texte  de  Gabriello  Chiabrera. 

11.  No  8  du  recueil  ;  texte  de  Gabriello  Chiabrera. 

12.  Voir  p.  40. 


-    123    - 

Voici  la  traduction  de  la  lettre  de  C.  Monteverde,  que  G.  G.  Mon- 
teverde  commente  dans  la  dichiaratione  : 

«  Ne  vous  étonnez  point  que  je  livre  ces  madrigaux  à  la  presse  sans 
répondre  d'abord  aux  observations  que  m'a  faites  l'Artusi  à  propos  de 
quelques  minimes  fragments  de  ces  madrigaux.  Étant  au  service  de 
cette  Altesse  Sérénissime,  je  ne  dispose  pas  de  tout  le  temps  qu'il  mefau- 
drait,  mais  j'ai  malgré  tout  écrit  ma  réponse  pour  faire  connaître  que 
je  ne  fais  pas  les  choses  au  hasard.  Et  aussitôt  qu'elle  sera  recopiée,  elle 
paraîtra  avec  le  titre  de  seconde  pt^attica  ou  bien  des  perfections  de  la 
musique  moderue,  à  la  stupéfaction  de  quelques-uns  pour  lesquels  il  ne 
peut  exister  d'autre  «  prattica  »  que  celle  qui  est  enseignée  par  Zarlino. 

«  Mais  soyons  assurés  que  pour  ce  qui  regarde  les  consonances  et  les 
dissonances,  il  y  a  encore  une  considération  bien  différente  de  celle 
qui  vient  d'être  énoncée.  Or  cette  considération,  tout  en  satisfaisant  la 
raison  et  le  bon  sens,  devient  le  principe  de  la  composition  moderne. 
Voilà  ce  que  j'ai  voulu  vous  dire,  au  cas  où  ce  terme  de  seconde  «  prat- 
tica ))  serait  employé  par  d'autres,  et  aussi  afin  que  les  esprits  novateurs 
puissent  acquérir  suffisamment  de  liberté  pour  entrevoir  un  autre  but 
que  la  simple  harmonie. 

«  Et  croyez  que  le  compositeur  moderne  bâtit  sur  les  fondements  de 
la  Vérité,  et  vivez  heureux  !  » 


DICHIARATIONE»  DE  G.  C.  MONTEVERDE 


Explication  de  la  lettre  qui  est  imprimée  dans  le  cinquième  livre  de 
madrigaux  de  claudio  monteverde. 

Il  y  a  quelques  mois,  parut  une  lettre  de  mon  frère  Glaudio  Monte- 
verde que  certaines  gens  (sous  le  nom  d'emprunt  de  Antonio  Braccini 
da  Todi)  essayèrent  de  faire  passer  aux  yeux  du  public  comme  une  chose 
chimérique  et  vaine. 

G'est  pourquoi,  poussé  par  Taffection  que  je  porte  à  mon  frère,  mais 
bien  plus  par  toutes  les  vérités  que  cette  lettre  contient  (et  ne  pouvant 
souffrir  que  ses  œuvres  soient  ainsi  blâmées),  je  me  suis  donc  proposé 
de  répondre  pour  cette  fois-ci  aux  observations  qui  lui  ont  été  faites  ; 
car  mon  frère,  lui,  a  pour  principe  de  n'attacher  de  prix  qu'aux  seuls 
faits,  et  non  aux  paroles. 

J'affirmerai  donc  à  nouveau,  point  par  point,  et  en  plus  de  détails,  ce 
qu'il  a  brièvement  consigné  dans  sa  lettre,  afin  que  l'on  apprenne 
qu'elle  est  bien  différente  de  tout  ce  que  son  adversaire*  a  tenté  de 
démontrer. 

I.  L'adversaire  est  le  chanoine  Giovanni  Maria  Artusi,  contrepointiste  et  théori- 
cien célèbre  qui  mourut  à  Bologne  en  i6i3.  A  part  l'ouvrage  dont  il  est  question  ici, 
il  a  laissé    :    l'Arte  del  Contrapunto,  1 586-1  598,  et  un  livre  de  Ganzonette  à  4  voix, 

1598. 


—   124  — 

La  lettre  disait  donc  : 

Ne  vous  étonne\  point  que  je  livre  ces  madrigaux  ^  à  la  presse  sans 
répondre  aux  observations  que  m'a  faites  l'Artusi. 

Par  Artusi,  il  faut  comprendre  l'ouvrage  suivant  :  L'Artusi  overo  délie 
Imperfettioni  délia  jnoderna  musica.  Or  bien,  l'Artusi,  ne  tenant  nul 
compte  du  civil  précepte  d'Horace  :  «  Nec  tua  laudabis  studia  haud  aliéna 
reprendes  »  [Epist.,  lib.  I),  dit  tout  le  mal  qu'il  peut  de  certaines  com- 
positions musicales  de  mon  frère  Claudio,  ou  plutôt  à  propos  de  quel- 
ques mîjîimes fragments  de  ces  madrigaux. 

Ces  minimes  fragments,  appelés  par  Artusi  passages^,  qu'il  a  déchi- 
rés de  cette  façon  dans  la  deuxième  partie  de  son  ouvrage,  appartiennent 
au  TddiàngdiXCruda  Amarilli^^  où  l'harmonie  naît  pour  ainsi  dire  de  la 
mélodie  générale  de  la  pièce  ^. 

Voilà  pourquoi  mon  frère,  ayant  égard  à  ce  qu'est  réellement  la 
mélodie,  les  appelle  fragments  et  non  pas  passages. 

Étant  au  set^vice  de  cette  Altesse  Serénissime  ^,  je  ne  dispose  pas 
de  tout  le  temps  qu'il  me  faudrait. 

Voilà  ce  que  mon  frère  a  écrit,  car  il  a  non  seulement  la  charge  de 
la  musique  tant  d'église  que  de  chambre,  mais  encore  de  toutes  sortes 
de  services  extraordinaires. 

A  la  cour  d'un  si  grand  prince,  la  majeure  partie  du  temps  est 
occupée  tantôt  par  des  tournois  et  ballets,  tantôt  par  des  comédies  et 
divers  «  concetti  »  ^  ;  enfin  par  des  concerts  pour  deux  violes  bastardes, 
dont  la  pratique  et  l'étude  ne  sont  peut-être  pas  aussi  faciles  que 
semble  le  faire  entendre  l'adversaire. 

Ce  n'est  pas  tant  pour  toutes  ces  raisons  que  mon  frère  a  tellement 
tardé  à  lui  répondre,  mais  parce  qu'il  sait  que  :  «  prospérantes  omnia 
perverse  agunt  »  et  que  la  perfection  ne  peut  marcher  de  pair  avec  la 
rapidité.  Cette  perfection  réclame  tous  les  efforts  de  l'homme,  et 
surtout  quand  il  s'agit  de  traiter  de  choses  qui  ont  été  envisagées  assez 
vaguement,  il  faut  le  dire,  même  par  des  théoriciens  intelligents  ^  (ce 
que  n'a  pas  fait  l'adversaire  !),  car  :  «  Nota  lippis  'atque  tonsoribus  ». 
Mais  fai  malgré  tout  écrit  ma  réponse  pour  faire  connaîtt^e  que  je  ne 
fais  pas  les  choses  au  hasard,  a  dit  mon  frère. 


1 .  Le  ¥>=  livre  de  madrigaux,  i6o5. 

2.  «  Les  «  passages  »  ne  sont  pas  nécessaires  à  la  bonne  manière  du  chant,  mais  je 
crois  plutôt  à  un  certain  chatouillement  de  l'oreille  de  ceux  qui  ne  savent  pas  ce  que 
c'est  que  de  chanter  avec  passion.  Rien  au  monde  n'est  plus  contraire  à  l'émotion  » 
(affetto).  Nuove  Musiche  [\6qi),  Gaccini. 

3.  Cruda  Amaritli  est  la  première  pièce  du  Vo  livre  de  madrigaux,  dont  le  texte 
est  tiré  de  la  secondescène  du  Pastor  Fido  de  Battista  Guarini,  1597-1612. 

4.  «  Harmonia  propria  adunque  è  mistura  di  suoni  gravi,  di  acuti,  tramezati  o  non 
tramezati,  laquai  percuote  soavemente  il  senso  :  nasce  dalle  parti  di  ciascuna  canti- 
lena  per  il  procéder  che  fanno  accordandasi  insieme  fine  a  tanto  che  siano  pervenute 
al  fine.  »  Zarlino,  Istitutioni  harmoniche  (i558).  Ile  partie,  ch.  xii. 

5.  Le  duc  de  Mantoue,  Vincenzo  Gonzaga  (i563-i6i2).  Monteverde  resta  à  son 
service  de  iSgo  à  16 12. 

6.  Bons  mots. 

7.  Théoriciens  de  l'harmonie  :  Teoriçi  armoniçi  . 


—    125    — 

Dans  le  genre  de  musique  dont  il  est  question,  son  intention  a  été 
que   la  parole  fût  maîtresse  de  l'harmonie  ',  et  non  point  sa   servante. 

Le  madrigal  de  mon  frère  devra  donc  être  jugé  au  point  de  vue  de  la 
composition,  dont  Platon  a  dit  ^  :  «  Melodiam  ex  tribus  constare  :  ora- 
tione,  harmonia,  rythmo  »  ^ ,  et  un  peu  plus  loin  :  «  Quin  etiam  ^ 
consonumipsum  et  dissonum  eodem  modo,  quandoquidem  rythmus  et 
harmonia  orationem  sequuntur  non  ipsa  oratio  r3'thmum  et  harmoniam 
sequitur.  » 

Pour  donner  encore  plus  de  signification  à  ce  mot  «  oratione  ^  » 
(parole,  déclamation),  il  ajoute  :  «  Quid  vero  loquendi  modus  ipsaque 
oratio  nonne  animi  affectionem  sequitur  ^  ?  »  ;  puis  :  «  orationem  vero 
cetera quoque  sequuntur^  ».  Mais  dans  tout  cela,  Artusi,  tel  un  bon  péda- 
gogue, s'attache  à  quelques  petits  fragments  ou  passages  (comme  il  dit) 
du  madrigal  de  mon  frère,  Criida  Amarilli,  et,  ne  se  préoccupant 
nullement  de  l'expression  des  paroles,  les  bouleverse  de  manière  telle 
qu'il  semblerait  qu'elles  ne  dussent  jamais  avoir  eu  aucun  rapport 
avec  la  musique.  Ces  passages  sont  donc,  grâce  à  lui,  privés  de  leurs 
paroles,  de  l'ensemble  de  leur  harmonie  et  de  leur  rythme  s. 

[A  suivre.) 

Traditction  et  commentaire  de  M.-L.  Pereyra. 


1.  D'après  Zarlino  (ht.  harmoniche,  iii^  partie,  ch.  xxvii),  harmonie  est  un 
terme  qui  s'applique  à  toute  espèce  de  composition  musicale  ou  de  contrepoint. 
La  parole,  selon  Monteverde,  devra  donc  être  toute-puissante  sur  la  composition 
musicale,  la  musique  en  général. 

2.  République,  m. 

3.  «  Et  se  ben  pare  che  l'harmonia  propria  non  habbia  da  se  tal  forza  tuttavia 
l'acquista  col  mezzo  del  numéro,  dell  Oratione,  cioè  del  Parlare  o  délie  Parole,  che 
se  lo  accompagnano;  le  quali  tanto  più  omeno  commoveno  quanto  più  o  meno  sono 
accomodate  al  Rithmo  o  veramente  al  Métro.  La  onde  poi  da  tutte  queste  tre  case 
aggiunte  insieme,  cioè  dall  Harmonia  propria,  dal  Rithmo  e  dalT  Oratione  nasce 
(corne  vuol  Platone)  la  Melodia.  »  (Zarlino,  ht.  harr.oniche,  Ile  partie,  ch.  xu.) 

4.  République,  m   (dans  le  texte  italien). 

5.  «  Il  parlare  ».  (Zarlino,  hl.  hannoniche,  Ile  partie,  ch.  xii.) 

6.  République,  m. 

7.  République,  m. 

8.  Traduction  littérale.   Voir  notes  2  et  r,  p.  4  et  7. 


Nouvelles  Musicales 


Paris.  —  l.e  jour  de  la  Pentecôte,  l'œuvre  de  la  Manécanterie  de  la  Croix  de 
bois  a  été  chargée  du  service  du  chant  à  la  messe  pontificale,  célébrée  à  Notre- 
Dame  par  S.  G.  Mgr  l'Archevêque. 

Le  propre  de  la  fête  a  été  exécuté  suivant  l'Édition  Vaticane  ;  les  Kyrie,  Gloria, 
Sanctus,  Benedictus,  étaient  ceux  de  la  messe  Quarti  toni  de  Vittoria,  avec  VAgnus 
de  la  messe  Sine  nomine  de  Palestrina.  A  la  fin,  le  Christiis  vincit  antique. 

Les  chants  ont-été  remarquablement  exécutés  sous  la  direction  de  M.  Pierre 
Martin,  et,  à  la  fin  de  la  cérémonie,  S.  G.  Mgr  Amette  a  tenu  à  recevoir  à  la  sa- 
cristie les  «  manecantores  »  et  à  les  féliciter  grandement.  En  particulier,  S.  G.  a 
fait  remarquer  que  le  dernier  chant,  le  Christus  vincit,  contenait  des  acclamations 
au  Pape,  à  lui-même,  au  clergé,  mais  qu'il  en  manquait  une,  qu'il  se  réservait  d'a- 
jouter, aux  membres  de  l'œuvre,  auxquels  il  souhaitait  vita  et  salus  perpétua.  Et 
immédiatement  Mgr  l'archevêque  improvisa  une  acclamation  aux  jeunes  canto- 
ribus. 

—  Le  samedi  28  mai,  Mme  Jumel,  professeur  de  chant  grégorien  à  la  Schola,  a 
donné  dans  la  grande  salle  de  l'école  une  audition  grégorienne,  avec  le  concours 
des  élèves  de  son  cours  privé.  Le  programme  comportait,  avec  des  pièces  de  plain- 
chant,  des  œuvres  de  musique  s'en  inspirant.  L'ensemble  a  eu  un  joli  succès  près 
des  nombreux  auditeurs  ;  en  voici  le  détail  : 

Sanctus  de  la  messe  de  la  Vierge  ;  Alléluia,  ^.  Justus  germinabit  ;  Ave  verum  à 
3  v.,Josquin  de  Près;  cantique  populaire,  P.  Sandret;  Diffusa  est,  graduel;  Diffusa 
esta  4v.,Nanini;  Antiennes  pascales;  «  Conductus  »  Orientis  partibus,  de  la  fête 
«  des  fous  »  ;  Benedicta  es  tu,  à  3  v-,  de  La  Tombelle  ;  cantique  populaire, 
Ch.  Bordes  ;  Alléluia,  ^.  Rosa  vernans;    Christus  vincit. 

—  La  Société  artistique  des  Amateurs  avait  organisé  une  conférence-audition  sur 
la  musique  grégorienne  et  palestrinienne.  La  conférence  a  été  prononcée  par  M.  le 
marquis  de  Trévise  qui,  dans  un  langage  aussi  fin  qu'élevé,  a  présenté  les  qualités 
respectives  du  chant  liturgique  et  de  la  polyphonie  du  xvie  siècle.  Les  exemples 
étaient  chantés  par  la  Manécanterie  de  la  Croix  de  bois. 

Cette  conférence,  qui  fut  très  goûtée,  a  eu  lieu  dans  la  chapelle  des  catéchismes 
de  l'église  Saint-Étienne-du-Mont  ;  les  petits  chanteurs  ont  ensuite  donné  un  salut 
solennel  dans  l'église. 

—  A  la  basilique  Sainte-Clotilde,  pour  la  fête  de  Jeanne  d'Arc,  M.  J.  Meunier, 
maître  de  chapelle,  a  fait  exécuter  les  pièces  suivantes.  A  la  messe  :  Kyrie  et  Agnus 
de  la  messe  solennelle  de  C.  Franck;  Gloria,  Credo  et  Sanctus  de  la  messe  ponti- 
ficale de  Perosi  ;  au  salut  :  O  salutaris,  A.  Coquard  ;Alma,  Bordes  ;  Tu  es  Petrus, 
Clemens  non  papa  ;  Tantum,  choral  de  Bach  ;  et,  à  la  sortie,  VAlleluia  du  Messie 
de  Haendel. 

Nantes.  —  Notre  ancien  élève  M.  Le  Guennant,  qui  a  fondé  avec  M.  Mahot  et 
dirige  à  Nantes  la  société  A  Cappella,  a  demandé  à  M.  de  Serres  de  venir  diriger  le 
beau  concert  qu'il  avait  préparé,  avec  son  chœur  de  70  exécutants,  et  le  concours  de 


—    127   — 

M""  Blanche  Selva.  Voici  le  programme  :  Première  Partie.  —  i.  Choral  :  Christus 
der  uns  selig  macht,  version  française  de  A.  Mahot  (J.-S.  Bach);  O  vos  omnes,le 
groupe  «  A  Cappella  ».  —  20  Rigaudon  et  Musette  [Raueau]  ;  Gigue  en  fa  dièse 
mineur  (Haendel)  ;  Burlesca  (Scarlatti),  Mi'e  Blanche  Selva.—  3.  Trois  chansons 
françaises  anciennes  et  modernes  :  Puisque  en  amour  (Claudin  de  Sermizy)  ;  Si 
vous  n'êtes  en  bon  point  (Roland  de  Lassus)  ;  Yver,vousn  estes  qu'un  vilain  (Debussy), 
le  groupe  «  A  Cappella  ».  —  4.  Prélude  et  Fugue  en  ré  majeur.  Clavecin  bien  tempéré 
n»  5  (J.-S.  Bach)  ;  Concert  italien  en  trois  parties  (J.-S.  Bach),  MUe  Blanche 
Selva. 

Deuxième  Partie. —  i.  C/^(a?Mr extrait  delà  cd.nX^XQFreuedich,  erloste  Schaar, version 
française  de  l'abbé  Lhoumeau  (J.-S.  Bach  ),  le  groupe  «  A  Cappella  ».  —  2.  Sonate 
op.  III,  maestoso,  allegro  con  brio  ed  appasionato  ;  Arietta  con  variazioni  (Beetho- 
ven). Nocturne  en  mz  bémol  mineur  (G.  Fauré),  M"«  Blanche  Selva.  —  3.  Peccantem 
me,  motet  à  cinq  voix  (Palestrina)  ;  Ave  verum  (Liszt)  ;  deux  cantilènes  grégo- 
riennes :  Tubas  cum  cytharis,  Tota  pulchra  es,  le  groupe  «  A  Cappella  ».  — 
4.  Poème  des  Montagnes  :  le  Chant  des  Bruyères,  Danses  rythmiques,  Plein  air 
(Vincent  d'Indy),  MUb  Blanche  Selva.  —  5.  Chœur  final  de  la  cantate  Wachet  auf, 
version  française  de  A.  Mahot  (J.-S.  Bach),  le  groupe  «  A  Cappella  ». 

M"e  Blanche  Selva,  l'éminente  pianiste  de  la  Schola  Cantorum,  prêtait  son  con- 
cours. Elle  obtint  un  magnifique  et  légitime  succès.  Elle  fut  rappelée  trois  fois 
après  la  Sonate  op.  III  de  Beethoven,  et  l'admirable  Poème  des  Montagnes,  de 
Vincent  d'Indy,  fut  pour  elle  l'occasion  d'un  véritable  triomphe. 

Quant  aux  chœurs  de  l'.-!  Cappella,  il  convient  de  les  louer  sans  réserve  ;  ils 
interprétèrent  en  véritables  artistes  les  œuvres  pourtant  si  différentes  de  style  et 
d'époque  inscrites  au  programme. 

Chacune  d'elles  était  admirablement  au  point,  rendue  avec  une  justesse  d'ex- 
pression, une  intelligence  artistique  qui  se  retrouvait  dans  les  moindres  détails.  Un 
ensemble  parfait,  une  belle  et  pleine  sonorité,  une  observation  scrupuleuse  des 
nuances  et  —  qualité  rare  —  la  sûreté  et  la  franchise  des  attaques,  tout  était  réuni 
pour  mettre  en  valeur  les  beautés  de  ces  morceaux,  redoutables  pour  les  exécutants, 
car  ils  ne  supportent  pas  la  médiocrité. 

Constatons  en  terminant  que  le  programme,  pourtant  sévère,  avait  réuni  un  audi- 
toire nombreux  et  enthousiaste,  qui  applaudit  chaleureusement  et  longuement 
chaque  chœur,  et  bissa  même  l'un  d'eux. 

Mont-de- Marsan.— Aux  fêtes  de  la  Pentecôte,  la  messe  solennelle  avait  attiré  une 
affluence  extraordinaire  :  la  vaste  enceinte  de  l'église  de  la  Madeleine  était  archi- 
comble.  Chants  liturgiques,  pages  des  grands  maîtres  religieux,  tout  fut  exécuté 
par  la  maîtrise  de  la  Madeleine  avec  cette  assurance  et  cette  piété  auxquelles  elle 
nous  habitue  depuis  quelque  temps. 

Plus  d'un  admira  aussi  (et  c'était  justice)  la  tenue  irréprochable  de  l'orgue...  En 
dépit  du  programme,  M.  de  La  Tombelle,  empêché  par  ses  fonctions  de  président 
du  Jury  du  concours  musical,  n'était  point  au  clavier;  mais,  de  l'aveu  de  tous, 
M.  l'abbé  de  Javel  s'était  surpassé. 

Tous  les  artistes  connaissent  M.  le  baron  de  La  Tombelle,  lauréat  de  l'Institut. 
Il  n'est  pas  un  bon  organiste,  un  bon  directeur  de  maîtrise  qui  ne  fasse,  dans  ses 
programmes,  une  part  large  au  maestro  de  la  Schola  Cantorum  de  Paris. 

M.  de  La  Tombelle  est  l'artiste  catholique  vrai  et  consciencieux  qui,  pénétré  de 
son  rôle  sacré  et  faisant  fi  de  tout  apparat  tapageur,  accompagne  et  souligne  le  drame 
chrétien  plutôt  qu'il  ne  s'y  affiche. 

L'orgue  est  un  royal  instrument,  non  un  fastueux  piédestal  1 

Ces  principes,  en  honneur  à  la  Madeleine,  dans  nos  séminaires  ainsi  que  dans 
plus  d'une  paroisse  de  nos  Landes,  le  Maître  nous  en  fait  une  application  des  plus 
pratiques,  le  lundi  de  la  Pentecôte,  à  la  messe  de  10  heures.  Avec  la  maîtrise  au 
complet,  renforcée  même  de  plusieurs  orphéonistes  amis  de  l'art  sacré,  et  M.  de  La 
Tombelle  à  l'orgue,  nous  avons  eu    un  office  catholique  parfait.   La  maîtrise  fut  à 


—     12»    — 

la  hauteur  de  la  circonstance  ;  son  directeur  reçut  les  félicitations  du  Maître  et  ses 
encouragements  pour  persévérer  dans  une  voie  qui  est  la  bonne.  Quant  à  M.  de  La 
Tombelle,  il  ravit  tous  ceux  qui  eurent  la  bonne  fortune  de  le  voir  et  de  l'entendre. 
Pastorale,  Élévation,  Toccata,  versets  improvisés  ou  œuvres  encores  inédites, 
inspirées  des  mélodies  grégoriennes,  tout  fut  détaillé  par  le  Maître  avec  cette  séré- 
nité calme,  respectueuse  et  savante  du  talent  vrai,  du  bon  goût  et  de  l'inspiration 
chrétienne. 

Abbé  Laglaye. 

Vannes.  —  Le  dimanche  8  mai,  à  l'occasion  de  la  fête  de  Jeanne  d'Arc,  M.  l'abbé 
Pirio  a  fait  chanter  par  la  maîtrise  de  la  cathédrale  les  pièces  suivantes  : 

Grand'rnesse.  —  Introït,  Alléluia  et  Communion  de  l'office  de  Jeanne  d'Arc  com- 
posé en  chant  grégorien  par  le  R.  P.  Dom  Pothier.  —  Kyrie,  Gloria,  Sanctus  eiAgnus 
de  la  messe  O  quam  gloriosum  est  regnum  de  Vittoria  (xvie  siècle),  chantée  à 
4  voix  mixtes  sans  accompagnement,  —  Credo  de  la  messe  royale  (plain-chant  mu- 
sical de  Du  Mont). 

Vêpres,  —  Antiennes  et  hymne  de  l'office  de  Jeanne  d'Arc,  par  D.  Pothier.  —  Psau- 
mes alternés  :  maîtrise  et  foule.  —  La  maîtrise  a  chanté  les  versets  impairs  en  faux- 
bourdons  à  quatre  voix. 

Salut  du  Saint-Sacrement.  —  O  salutaris  à  quatre  voix,  par  Pierre  de  la  Rue.  — 
Tu  es  Petrus  (grégorien).  —  Sancta  loanna  (invocation  à  quatre  voix).  —  Regina 
caeli  à  quatre  voix,  par  G.  Aichinger  (xvie).  —  Salut  à  l'étendard  de  Jeanne  d'Arc,  par 
M.  Laurent. 

Ce  programme,  comme  ceux  que  la  Tribune  di  dé']a  publiés,  montre  le  succès  gran- 
dissant de  l'excellente  maîtrise  formée  et  dirigée  par  M.  l'abbé  Pirio.  Elle  est  d'un 
bel  exemple  pour  tout  le  diocèse,  et  d'un  exemple  qui  porte  des  fruits,  car  le  diocèse 
de  Vannes  est  l'un  de  ceux  où  la  réforme  grégorienne,  relativement  nouvelle,  s'est  le 
plus  rapidement  avancée  (prononciation  en  ou  comprise),  grâce  aux  efforts  pratiques 
d'un  certain  nombre  de  prêtres,  amis  ou  élèves  du  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale, et  à  la  haute  et  bienveillante  autorité  de  Mgr  l'Évêque  de  Vannes. 


A  PROPOS  DE  l'office  DE  Jeanne  d'Arc.  —  L'eutrchlet  que  contenait  notre  dernier 
numéro  sur  une  entreprise  de  librairie  concernant  l'office  grégorien  de  Jeanne  d'Arc 
a  causé  une  véritable  stupeur  chez  nos  amis  et  lecteurs.  Nous  sommes  heureux  de 
leur  annoncer  que  l'affaire,  prise  en  mains  par  plusieurs  évêques,  et  transmise  à 
Rome  même,  est  en  train  de  recevoir  une  élégante  solution.  Déjà  certains  d'entre 
eux,  comme  S.  G.  Mgr  Gouraud,  à  Vannes,  avaient  interdit  dans  leur  diocèse 
non  seulement  l'usage,  mais  la  vente  même  de  l'édition  incriminée.  De  son  côté, 
S.  G.  Mgr  Touchet,  évêque  d'Orléans,  avait  directement  écrit  à  l'éditeur,  et 
obtenait  de  lui  le  retrait  de  son  factum,  et  la  promesse  de  réimprimer  l'office  de 
Jeanne  d'Arc  en  conformité  avec  l'exemplaire  Vatican.  Enfin,  de  l'archevêché 
de  Rennes  même,  d'où  dépend  cet  éditeur,  on  lui  a  fait  défense  formelle  de  réim- 
primer quoi  que  ce  soit  avec  son  système  habituel,  et  ordonné  de  se  procurer  les 
caractères  grégoriens  nécessaires   à   l'impression    des  livres  liturgiques. 

L'exemple  était  nécessaire,  car,  encouragé  par  cette  entreprise,  un  libraire  reli- 
gieux d'un  diocèse  de  Normandie  avait,  de  son  côté,  perpétré  une  monstruosité  ana- 
logue, quoique  autre,  aggravée  de  ce  fait  qu'il  n'avait  pas  obtenu  de  son  évêché  le 
concordat  des  paroles,  à  défaut  de  celui  delà  musique  ;  or  ce  tirage  ainsi  irrégulier, 
qui  ne  portait  même  pas  le  nom  de  son  éditeur,  ce  qui  est  un  comble,  a  été  cepen- 
dant envoyé  par  lui,  d'office  pour  ainsi  dire,  à  tous  les  curés  et  chantres  du  diocèse  ! 
Nous  tiendrons  nos  lecteurs  au  courant  de  la  question,  s'il  y  a  lieu. 


—    I  29   — 


*  * 


Polémiques  grégoriennes.  —  La  Musica  sacra  de  Milan,  ordinairement  mieux 
inspirée,  a  cru  bon,  en  mentionnant  les  réponses  à  des  polémiques  grégoriennes, 
publiées  dans  notre  numéro  d'avril,  de  citer  la  revue  contre  laquelle  nous  nous  dé- 
fendions comme  «  représentant  le  parti  plus  scientifique,  en  contraste  avec  ceux  qui 
restent  fidèles  aux  théories  de  Dom  Pothier  ». 

CtXa^Toxxve  qxieXd.  Musica  sacra  nous  a  mal  lu  ou  mal  compris.  L.^,  Tribune  de 
Saint-Gervais  a  la  prétention  d'être  tout  aussi  «  scientifique  »  que  n'importe  quelle 
autre  revue  du  même  ordre  ;  les  nombreux  travaux  publiés  par  elle  en  font  foi.  D'un 
autre  côté,  la  phrase  est  ridicule,  car  elle  semble insinuerun  contraste  entre  de  pures 
théories  et  des  faits  scientifiques.  Or,  sans  Dom  Pothier,  sans  ses  recherches  ardues 
pendant  vingt  ans  et  plus,  où  en  serait  aujourd'hui  la  restauration  du  chant  grégo- 
rien ?  N'en  déplaise  à  nos  critiques  italiens,  la  «  science  »  grégorienne  est  tout 
autant  du  côté  de  Dom  Pothier  qu'ailleurs.  Mais,  de  grâce,  n'appelons  pas  science 
exclusivement  la  manie  du  «  document  »  à  outrance. 

Enfin,  nous  ne  voyons  pas  bien  en  quoi  il  est  plus  ou  moins  «  scientifique  »  de 
soutenir  tel  ou  tel  système  idéal  de  rythmique,  ou  d'accompagner  le  chant  par  tels 
ou  tels  accords. 


NECROLOGIE 

Nous  avons  appris  avec  peine  la  mort  de  Mgr  Perriot,  protonotaire  aposto- 
lique, directeur  de  la  revue  l'Ami  du  clergé,  et  consulteur  de  la  Commission  pon- 
tificale pour  les  livres  liturgiques  grégoriens.  Mgr  Perriot  était  né  en  iSSg, 
et  avait  longtemps  éié  supérieur  du  grand  séminaire  de  Langres.  Il  s'était  toujours, 
pratiquement  comme  théoriquement,  occupé  du  chant  liturgique  et,  bien  qu'avec 
certaines  idées  particulières  sur  son  interprétation,  n'avait  pas  cru  que  celles-ci  fus- 
sent une  raison  suffisante  pour  s'ériger  en  chef  d'école  Aussi  s'était-il,  dès  long- 
temps, rallié  à  la  restauration  bénédictine,  qu'il  avait  suivie  dès  ses  débuts,  et  il  était 
fort  lié  avec  Dom  Pothier. 

Mgr  Perriot,  depuis  1904,  était  consulteur  de  la  Commission  grégorienne, 
et  montra  beaucoup  d'activité  dans  ses  nouvelles  fonctions,  où  malheureusement 
la  maladie  l'immobilisa  depuis  l'année  dernière.  R.  I.  P. 


FORMULAIRE     DE     RÉCITATIFS 

POUR  LES  GRADUELS  ET  CHANTS  ORNÉS 

(Suite) 


Graduels  du  2e  ton 


SzrE 


-fl: 


f  1- 

Hô- 

die*  sclétis,  quia 

vé-    ni- 

et 

Dô- 

721  mus. 

et 

2. 

Tecumpria- 

ci- 

piuni*  in  die 

vir-   tù- 

tis 

tu- 

ae  : 

in  s 

plendôri! 

3. 

An- 

ge-lis  *  suis 

man-dâ- 

vit 

de 

te, 

ut 

cu- 

4. 

Dô- 

mine,*  1  refùgium 

fa-  ctus 

es 

no- 

bis 

5. 

Ni- 

mis*  hoDorâti  sunt 

amici     tu- 

i, 

De- 

us  : 

6. 

In 

0- 

mnem  *  terram  exivit 

so-  nus 

e- 

ô- 

rum 

7. 

De- 

ri- 

vén- 

tur* 

fontes    tu- 

i 

fo- 

ras. 

8. 

Dis- 

pér- 

Bit*  1 

de-   dit 

pau 

-pé- 

ri-bus 

9. 

Ju- 

stus*   ut 

pal-  ma 

flo- 

ré- 

bit. 

sic- 

ut 

10. 

U- 

xor*  tua  1  sicut 

vi-    tis 

ab- 

ùn- 

dans 

, 

11. 

Ni-  hil 

in- 

qui- 

nâlum  *  in 

e-    am 

in- 

cùr- 

rit: 

can 

-  dor  est 

12. 

Ex- 

sul- 

tâ- 

bunt* 

san-  cti 

in 

glô- 

ri-  a  : 

13. 

Qui 

âm- 

bulat  *  fraudulénter. 

rêvé-   lat 

ar- 

câ- 

na  : 

sal-vâ-  bit    nos 


stô-di-  ant   te 


cedrus  Li-  ba-  ni 
lu-cis     ae-  tér-nae 


-(«)- 


:'=:(i): 


el. 

in-    tén-        de  :  f 

Dô- 

mino  me-         o  :  -f 

fi-    e-rent,t 

e-          os  ; 

f.  1.  Qui  re-  gis  Isra- 

2.  Di-xit  Dôminus 

3.  In  mâ-nibus 

4.  Pri-  ùs-  quam  montes 

5.  Di-  nu-merâbo 

6.  Cae-  li  enâr- 

7.  Ju-cùndushomoquimiseré-    tur  et  cômmodat  :  f  dispônetsermônes 

8.  Po-tens  in  terra 

9.  Ad   an-  nuntiândum         ma-   ne 

10.  Fi-   li-    i  tui 

11.  E-  go    dilécto  me-    o, 

12.  Can- ta-  te 


13. 


i  Dô-  mi-  ne,  quis  habitâbit 


i  qui  non  egit  dolum 


qui  dedùcis  vel-  ut 

ovem 

Jo- 

seph 

Séde     a 

dextris 

me- 

is  : 

por- 

tâ- 

bunt  te, 

aut  formaré-  tur 

terra  et 

or- 

bis  : 

rant 

glôriam 

De- 

i  : 

es                     su-  os 

in  ju- 

di- 

Cl-     0, 

e-  rit 

semen 

e- 

jus: 

mise-  ri- 

côrdiam 

tu- 

am  : 

sicut  novél-lae 

oli- 

vâ- 

rum 

et  dilé-  ctus 

meus 

mi- 

hi. 

Dômi-  no 

cânticum 

no- 

vum, 

in  ta-  ber- 

nâculo 

tu- 

0, 

ii 

lingua 

su- 

^t 

♦ 


—  i3i 


Gradualia  Ili  toni 


et     ma- 

ne 

vi- 

clé-   bi-    tis 

gld- 

ri- 

an-  te 

lu- 

ci-    fe-  rum 

gé- 

nu 

in 

6-  mni-bus 

a     ge- 

ne- 

_     -     . 

-     - 

-     -     ra- 

ti-     6-     ne 

ni-  mis 

con- 

for- 

ta-  tus  est 

prin- 

ci- 

et    in 

fi- 

nés 

or- 

bis  ter-  rae 

ver- 

ba 

et    in 

pla-  té-    is 

a- 

quas 

ju-  sti- 

ti- 

a 

e- 

JUS  ma- net 

in 

sae- 

mul-ti- 

in 

pli- 
la- 

câ-   bi-   tur 
té-    ri-  bus 

in 

do- 

et    spé- 

cu- 

lum  sine 

màcu 

a  Dei  ma- 

je-    stà-  tis, 

et 

i-  r 

lae- 

ta-  biin-  tur 

in 

eu- 

qui  au- 

tem 

fîdélis 

est 

à-    ni-  mi. 

ma-  go  iJO- 


jus. 


- 

-     -     1 

te. 

VI-    is 

tu-           is. 

et  pro- 

ge-  ni-    e. 

pâ- 

tus     e- 

o-        rum 

er- 

6-        rum 

tu-   as 

di-  vi-  de. 

- 

-  eu- lum 

saé-cu-  li. 

mo 

Dô-mi-  ni. 

do-  mus 

tu-          ae. 

tâ- 

tis     il- 

li-          us. 

bi- 

li-  bus 

su-         is. 
ce-        lat. 

eepe 


l^^^z 


■ 

■        , 

■ 

Ts 

■ 

r» 

1 

% 

1 

"                                        1 

qui 

se-    des 

super  Chérubim,  appâre  f 

coram  Ephraim,  Bénj 

amin 

et 

Ma- 

nâs- 

se. 

do-   nec 

ponam  inimicos  tuos  f 

scabéllum 

pe- 

du  m 

tu- 

6- 

rum. 

ne 

un-quam 

offéndas 

ad  lâpi 

-dem 

pe- 

dem 

tu- 

um. 

a 

saé-  cu- 

lo,  1 

et  usque 

in  saecu 

-lum 

tu 

es. 

De- 

us. 

et 

su-   per 

arénam 

multi- 

pli- 

ca- 

bûn- 

tur. 

et 

6-     pe- 

ra  manuum  ejus 

annùntiat 

fir- 

ma- 

mén- 

tum. 

qui- 

a     in 

aetérnum 

non 

com- 

mo- 

vé- 

bi- 

'  tur. 

ge-     ne- 

ratio  rectôrum 

be- 

ne- 

di- 

cé- 

tur. 

et 

ve-     ri- 

tâtem 

tu- 
tu 

am 
men- 

per 
sae 

no- 
tu- 

ctem. 
ae. 

qui 

pas-    ci- 

tur 

in- 

ter 

li- 

li- 

a. 

laus 

6-    jus 
re-  qui- 

•  in  ecclé-     -     -     -     -     -     - 

si- 

a 

san- 

ctô- 

rum. 

p.     ■      fs- 

.     S 

aut 

éscet  in  mon-  te  sanc-  to 

tu-  0? 

nec 

fe-    cit 

prôxi- 

mo 

su- 

0 

ma- 

lum 

—    l32   — 


Graduels  du  3^  ton 


a 

ES! 

ZJjlÉZ 

,^_ _ J  J  Jl    J^    ^ : 

^^ 

^^^^ 

=i^ 

- 

i— 

■ 

3" 

■                                           f.       1  ■      ■      ■ 

r» 

■      f" 

r  1  ■■■  ■ 

'  9 

Pi 



.  1. 

Spe- 

ci- 

ôsus  *  forma                                                      prae 

fi- 

li-    is 

homi- 

num  : 

2. 

Sal- 

vos 

fac  nos,*  Domine  Deusnoster,-}-  et    côn-  grega  nos 

de 

na-  ti- 

oni- 

bus  : 

3. 

Ad- 

.i"- 

tor*  in  opportunitâtibus, 

in  tribulations;  fsperentin te 

qui 

no-  ve- 

runt 

te  : 

4. 

Tu 

es   * 

Deus,  qui  facis  mira- 

bi- 

li-   a 

so- 

lus: 

5. 

Ex- 

sùr- 

ge,  *  Domine,  |                                                non  prae- 

va- 

le-  at 

ho- 

mo  : 

6. 

E- 

ri- 

pe  me,  *  Domine,  j                                         de  in- 

1- 

mi-  cis 

me- 

18  : 

7. 

Ju- 

râ- 

vit  *  Dôminus,  1                                            et  nonpae 

-ni- 

té-  bit 

e- 

um  : 

8. 

Con- 

fi- 

teâWtur  *  Domino  j                                         miseri- 

c6r- 

di-  ae 

e-  • 

JUS  : 

9. 

Lau- 

dâ- 

te  *                                                                   D6- 

mi-num  de 

cae- 

lis  : 

10. 

Be- 

ne- 

dicite  *  Dôminum,  j                                     omnes 

An- 

ge-li 

e- 

JUS  : 

11 

Hic- 

est* 

qui  venit  per  aquam 

et  sânguinem, 

Je- sus 

Chri- 

stus 

fl:-b_                ■    zr^  _ 

t~z:, — 

=_:_:_^ 

3    J  T 

....r|  -IT- 

J p^ [S—- 

\ îfi 

trt— 

S— 

■        ■ 

— à-J — 

p. 

— Ji— .1 — ^ 

-j a 

'•       .         5-P 

F« 

1    ■        ■ 

Eru- 

Tu, 

Quôniam 

Libe- 

In  conver- 

Libe- 

Dixit 

Quia  sati- 
Lau- 


cta- 
Dô- 
non 


ten- 
râ- 


vit  cor  meum 

mine, 

in  finem  oblivio 


ver-  bum  bo- 
pa-     ter   no- 


num  :  -f   di-  co 
ster  :  f     et    red- 


rit    pâupe-  ris  :  f 


Dôminus  | 


dâ- 


sti  in  brâchi-    o     tu-  o  f 

do  ini-  mi-  cum  me-  um  7 

tor  meus,  Domine, 

de  géntibus      i-        ra-  cùn-  dis  ;  f 

vit  ânimam 
te  eum, 


pa-  ti- 
p6-  pu- 


ego  opéra 

ém-     -     -     -     - 

éntia  pâuperum 

non  peribit 
lum 


ab    in-    surgéntibus  in  me 
Do- 
om- nés    Ange- 


jX 


Bé-  nedic,  |  anima  me- 
Tres  sunt  qui  testimônium  dant  in  cae- 
Et  très     sunt  qui  testimônium  dant  in  ter- 


lo  :  -f     Pa-  ter,    Verbum  et  Spi- 
ra  :  7     Spi-  ri-    tus,  aqua, 


—  i33 


Gradualia  Illi  toni 


:ts=^ 


^ 


Ëgg^Egg±— ZZ^EE^E^j^-jr:^ 


:tj: 


■--(iV 


dif-  fù-    sa    est  g'"à-    ti-    a 

ut  con-fi-te-     à-  mur  nôminl  sancto       tu-  o, 


quonl-    am  non   de- 
notam  fe-ci-  sti     in 
judi-       cén-tur 

do-  ce    me 
Tu  es  sa-cérdos   in 
et        mi-ra-bi-    li- 
lau-         dé-   te 
poténtes 

non  in    a-  qua 


re- 

lin-  quis 

gén- 

ti-  bus 

gen-tes 

fâ- 

ce-  re 

ae- 

ter-  num 

a 

e-  JUS 

e-  um 

vir- 

tù-  te, 

so-  lum. 


in     là-    bi-    is  tu-      is. 

et  glorié-mur  in    glô-    ri-     a  tu-       a. 

quae-rén-  tes    te,  Dô-mi-     ne. 

vir-   tù- tem         lu-     am. 

in  con-spé-ctu         tu-       o. 

vo-lun-  ta- tem        tu-     am. 

secùndum  6r-   di- nemMel-chi-se-  dech. 

fi-     li-     is     hô-mi-num. 

in     ex-  cél-  sis. 

qui  fâ-ci-  tis     verbum         e-   jus. 

sed  in  a-     qua   et     sângui-  ne. 


-m. 


:%=aX 


me  a 

Re- 

ptor 

no- 

in  ae- 

tér- 

tu- 

re- 

trôr- 

ex-  al- 

tâ-bis 

mmo 

me- 

in- 

â- 

li 

e- 

gi  :  lin-  gua  mea  câlamus     scri-    bae            velôci-ter  scri-  bén-  tis. 

ster  :      a      saé-  culo                                                               no-  men  tu-  um. 

num:  ex-  sûr-  ge,                        Dô-niine,    nonpraevâle-  at        ho-  mo. 

um,        fi-   li-  os                                                             Israël  et        Jo-  seph. 

sum,  in-  fir-  mabùntur,  et  péri-      bunt               a  fâci-  e         tu-  a. 


me. 


me  :  a    vi-  ro  in-  i-  quo                     en-  pi-  es 

o  :  Se-  de                                                                       a  dex-  tris  me-  is. 

nem  :  et    â-  nimam  esuri-  en-  tem                sati-à-  vit  bo-  nis. 

jus  :  lau-  dâ-  te  e-  um,  omnesvir-tù-  tes  e-  jus. 


a      Do-mi-  num,     et     6-        mnia  interiôra  me-         a     nomen        sanc- tum    e-  jus. 

i-tus      San-  ctus,     et      hi      très  u-num  sunt. 

et       san-  guis:  et  hi  très     u-       num     sunt. 


3a  — 


Graduels  du  4^  ton 


3^ 


:|^-Tr— fn 


3^BE 


^^=S: 


:tt 


n-ir-^-T-r^^ 


^^-J^-;^-J=:J^=£g 


:l: 


-r 


a 


8- 


-ft 


1.  Te- nu-  i-      sti*inanum  déx- te-ram  me-am:  in   vo-lun- tâte  tu-     a  de-    du- 

2.  Do-  lo-  rô-   sa  et  la-         cri-mâ-bi-  lis    es,  Vir- go      Ma- 

3.  Mi-  hi    au-  tem  *  ab-       sit   glo-  ri-  â-      ri,     ni-  si     in    cruce  Dômini  no-stii  Je-     su 

4.  Me-mor  fu-    i  *  judici-       6- rumtu-  6-    rum     a  saé- eu-  lo,  D6-mine,et  con-  so- 

5.  Do-  mi-  ne,*  prae-  ve-  nis-  ti     e-     um      in  be-  ne-  di-     -     -     -    cti-6-ni-  bus  dul- 

6.  Be-  ne-  di-    cta  *  et  ve-  ne-  râ-  bi-lis       es,  Vir- go     Ma- 


-H- 


1. 

)  Quam  bo- 

nus  Israël  Deus  1 

re-    ctis 

cor- 

de  ! 

(     qui-    a 

zelàvi  in 

pec-  ca-    tô- 

ri- 

bus, 

2. 

Vir-    go 

Dei  Génitrix,  | 

quem  totus  non    ca-    pit 

or- 

bis. 

3. 

Non    ju- 

dicâvi  me  | 

scire  â-  li-    quid   in- 

ter 

vos. 

4. 

Ju-      sti- 

tiam  tuani  non  abscôndi  | 

in     cor-  de 

me- 

o  : 

5. 

Vi-     tam 

pé- 

ti- 

it  : 

6. 

Vir-    go 

Dei  Génitrix,  | 

quem  totus  non     ca-    pit 

ôr- 

bis 

i35 


Gradualia  IV  toni 


'^^^M^^^: 


q=^ 


SS 


m 


'z^ 


— 1                                   .                       "  T 

S 

■ 

a 

■ 

'  ■ 

■ 

B 

^4 

!    [il     ■ 

n* 



"♦♦ 

■      1 

xi-sti   me  :  et 

ri-         a  :     staas  jux- 
Chri-     sti  :      per  quem 
là-tus  sum  :  de-    fé- 
cé-  di-  nis  :  posu-i- 
ri-  a  :     quae  si- 


cum  glô-ri-  a  as-sumpsi-  stl  me. 

ta  crucem  Dômini  Je-      su,    Filli  tu-        i     Red-   em-  pto-  ris. 

mihi  mundus  cruci-      fi-xiisest,  et      e-    go  mun-  do. 

ctio  ténuitme,  [propeccatô-ri-busderelinquéntibus  le- gem  tu-  am. 

sti  in  câpite  ejus  co-        rô-     nam  de  iâpide    pre- ti-  ô-  se. 

ne  tactu  pudôris  in-       venta  es  Mater  Sal-  va-  tô-  ris. 


__J^_y_J_^ 

rf  ?*=- 

ygm 

— J=i=?=^^^^êiiS^SEÉl] 

. 

g           ■     1  a 

s     ■ 

%        ■     ■  ■        •                   ■ 

■ 

^                    ^       •   .Je     i—  '  . 

me-i  autem  pêne  moti  sunt  pe-  des,  pêne  effûsi  sunt  grès- sus 
pa-eem  pec-  ca-  tô-  rum 
hoc  cru-  cis  fert  suppli-cium,  auctor  vi-  tae  fa-  ctus 
ni-  si  Je-  sum  Christum,  et  hune  cru-  ci- 
ve- ri-  tâtem  tuam,  |  et  salutâ-  re  tu-  um 
et  tri-  buisti  ei  longitûdinem  dié-  rum,  in  saé-  eu-  lum 
in   tu-    a  se  clausit  visce-  ra       fa-  ctus 


vi- 

dens. 

ho- 

mo. 

fi- 

xum. 

di- 

xi. 

saé-  eu-     li. 


ho- 


i36  — 


Graduels  du  5^  ton  (dominical) 


^^Ê 


l^r^  ji^J-^; 


^^ 


.  1.  Ex     Si-    on  * 

2.  Pro-  pe     est  D(5minus  * 

3.  Ti-   mé-  bunt  *  gentes 

4.  Tri-  bu-    latiôues  *  cordis  mei 

5.  Im-  pro-  périum  * 

6.  Pro-  pi-   tius  esto,  *  Domine, 

7.  Pro-   té-   ctor  noster  * 

8.  Con-vér-  tere,*  Domine, 

9.  Va-    ni-   te, 

10.  Es-     to     mihi  *  in  Deumprotectô-rem,-[-  et     in 

11.  Dô-  mi-  ne  * 

12.  In     De- o  *  speràvit  cor  meum, 

et  adjùtus  sum  ;  -J-  et    re- 

13.  Ré-  spi-  ce,  *  Domine, 

14.  Bo-  num  est  * 

15.  Bo-  num  est  * 


spécies 

de-   cô-   ris 

e-         jus  : 

invo- 

cân-  ti-  bus 

e-          um 

no- 

men    tu-  um. 

D6-77ii-  ne. 

di-    la- 

ta-  tae  sunt 

exspec- 

tâ-  vit    cor 

me-        um. 

pec-câ-   tis 

no-         stris 

a-    spi-  ce. 

De-          us  : 

a-     li- 

quân-<u-lum 

fi- 

li-      i,*  au 

di-    te   me 

lo- 

cum  re- 

fû-    gi-    i, 

Dô-  mi-  nus 

no-         ster. 

flô-  ru-     it     ca-  ro  me-           a  : 

in  te-  sta-méntum        tu-          um, 

confi-  dé-     re    in          Dô-  mi-  no, 

con-  fi-        té-    ri          Dô-  mi-  no  : 


Ê^ 


:^^^ 


m 


^i^zz\W-i^ 


h  1. 

Con- 

gre- 

gâ- 

te  illi 

2. 

Lau-dem 

Dô- 

mini 

3. 

Q 

jôniam  ae- 

di- 

fi- 

câvit 

4. 

Vi- 

de 

hu- 

militâtem  meam,  f 

5. 

Et 

sus- 

ti- 

nui  qui  simul  contristarétur,  f 

6. 

Ad- 

.ju- 

va 

nos,  1  Deus  salu- 

7. 

Dô- 

mi- 

ne. 

8. 

Dô- 

mi- 

ne. 

refùgium 

9. 

Ac- 

cé- 

di- 

te  ad  eum,  | 

10. 

De- 

us. 

in 

te 

11. 

Qudniam  e- 

le- 

vâ- 

ta  est  1                                            r 

12. 

Ad 

te, 

Dô- 

mine. 

13. 

Ex- 

sùr- 

ge. 

Domine,  |                                     et 

14. 

Bo- 

num 

est 

spe-     --     -     -     -     -     -     -- 

15. 

Ad 

an- 

nun- 

tiândum  mane  1 

san-       ctos 

e- 

JUS, 

loqué-/ur  os 

me- 

um 

Dô-  mi-nus 

Si- 

on. 

et  labô-         rem 

me- 

um 

,  -j-              et           non 

fu- 

it: 

ta-         ris 

no- 

ster 

De-  us  vir- 

tù- 

tum. 

fa-  dus  es 

no- 

bis. 

et  illu-         mi- 

nâ- 

mi-  m  : 

spe- 

ra- 

VI 

magnificén-fi-     a 

tu- 

a 

cla- 

ma- 

VI 

et  jûdica  eau-     sam 

me- 

am 

-     -    -     ra-  re    in 

Dô- 

7?ii-no, 

misericdr-di-  am 

tu- 

ara. 

—  i37  — 


Gradualia  Vi  toni  (dominicalis) 


i^g3^ 


_ 

h 

■ 

" 

!♦» 

•. 

De- 

US 

ma 

■  ni- 

fé- 

ste 

vé- 

(•)     ■ 
ni-  et. 

6m 

ni- 

bus  qui 

in-    vo-  cant 

e-    um 

in 

ve- 

ri- 

tà- 

te. 

et 

0- 

mnes  re-  ges 

1er-  rae 

glô- 

ri- 

am 

tu- 

am. 

de 

ne- 

cessi- 

. 

tcâ-    ti-  bus 

me-  is 

é- 

. 

ri- 

pe 
et 

me, 
mi- 

Do- 

sé- 

nu-  ne. 
ri-  am. 

ne- 

quan-do 

di-  cant 

gen-tes  ; 

Ubi 

est 

De- 

us 

e- 

6- 

rum  ? 

et 

ré- 

spice 

su- 

per 

ser- 

vos 

tu- 

os. 

et 

de- 

piecare 

su- 

per 

ser- 

vos 

tu- 

os. 

ti- 

mô 

-rem 

Dô- 
ut 

mi- 
sal- 

ni 
vu  m 

dô- 
me 

cé- 
fà- 

ho   vos. 
ci-  as. 

quani 

ad- 

miiàbile 

est 

no-men 

tu-  um 

m  u 

ni- 

vér- 

sa 

ter- 

ra. 

et 

ex 

vo-     -     - 

- 

-    lun-  ta-    te 

me-  a 

con- 

fî- 

té- 

bor 

il- 

H. 

et 

â- 

nimas  pau- 

pé-rum  tu- 

6-  ru  m 

ne  oblivi-scâ- 

ris 

in 

fi- 

nem. 

quam  con- 

fidé-     - 

-     - 

-     -     -     - 

-     - 

- 

-     - 

re 

in 

hd- 

nu'-ne. 

et 

psâl- 

1ère 

nômini 

tu- 

0, 

Al- 

tis- 

SI- me. 

a 

^ 

/ 

s            «la 

"           r 

■ 

■        .- 

qui  ordina-  vérunt  testaméntum    e-       jus 

et  bene-  dicat  omnis  ca-      ro 

et  vi-  débitur 

et  di-  mitte  ômnia 

et  qui  consola-  rétur,  | 

et  propter  ho-  nôrem  nominis  tui.     Domine, 

ex-  âudi  preces 

a  generati-  ône 

et  faciès  vestrae 
Domine, 


memor 
quam  spe- 
et  veri- 


Deus  meus,  ne 
esto  opprôbrii 


si-  leas 


tatem 


su-  per     sa-    cn- 

no-  men  san-ctum 

in  ma-         je-    stâ-    te 
pec-   cà-    ta 
et     non    in- 
li-     be- 
ser-  v6-  rum    tu- 

et     pro- 
non   con- fun- 
nonconfùndar     in      ae- 
-     -     -     -     -       su-  per 
dis-   ce-    das 
vô-  rum    tu- 
-    re       in     prin- 
tu-  am     per 


ne 
ser 


JUS. 


me- 

vé- 


nos. 
rum. 


ge-  m- 
dén- 
tér- 


cae- 


tur. 

nu  m. 

los. 

a  me. 

6-         rum, 

ci-     fi-bus. 

no-  ctem. 


{A    suivre.) 


PETITE   CORRESPONDANCE 


N.B.  —  Il  est  répondu  dans  cette  rubrique  aux  demandes  de  renseignements  suscep- 
tibles d'intéresser  nos  lecteurs.  La  réponse  sera  donnée  ici  même,  sauf  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  une  réponse  personnelle. 

En  raison  des  nombreuses  demandes  de  renseignements  qui  nous  sont  adressées  par 
nos  abonnés  ou  autres  personnes,  il  ne  nous  sera  possible  de  répondre  personnellement 
désormais  qu'aux  lettres  qui  contiendront  o  fr.  3o  en  timbres-poste. 

Dans  cette  rubrique,  nous  insérerons  volontiers  au  titre  Demandes  les  questions  qui 
nous  seront  envoyées  par  nos  abonnés.  Les  personnes  autres  voudront  bien,  pour  frais 
d'insertion,  joindre  o  fr.  3o  à  leur  demande. 

Réponses. 

R.  P.  Arnold.  —  Vous  pouvez  vous  servir  du  Manuel  de  V accompagnement  de 
l'abbé  Chassang  :  il  suffira  pour  ce  que  vous  désirez.  Voyez  aussi  le  Traité  d'har- 
monie de  Fleuret.  Chacun  de  ces  ouvrages  est  d'un  prix  modeste  (5  à  6  fr.). 

J.  Couëdic. —  10  En  prononçant  à  l'italienne,  ecce,  excelsis,  se  prononceront 
ek-che,  ek-chelsis.  —  2°Vous  êtes-vousadresséàla  Compagnie  Pathé?  Ily  aune  dizaine 
d'années,  cette  maison  a  fait  enregistrer  des  chants  grégoriens  pour  phonographe 
par  divers  PP.  Bénédictins,  Ch.  Bordes  et  A.  Gastoué.  Nous  ignorons  ce  qu'il  est 
advenu  de  ces  essais.  —  3°  A  Paris,  vous  pouvez  entendre  le  chant  grégorien  Vati- 
can dans  un  certain  nombre  d'églises.  Celles  qui  l'exécutent  le  mieux  sont  Saint- 
François-Xavier  (maître  de  chapelle  M.  Drees),  Saint-Sulpice  (maître  de  chapelle 
M.  Bellenot),  et  la  chapelle  des  Bénédictines,  20, rue  Monsieur.  (Aller  de  préférence 
à  la  grand'messe.) 

A.  Louis.  —  On  nous  signale  une  saynette  en  deux  actes,  Les  Rossignols  du  cime- 
tière, d'Alphonse  Daudet,  chez  Fasquelle  et  Charpentier,  rue  de  Grenelle,  Paris, 
dont  la  partie  en  vers  vient  d'être  mise  en  musique  par  M.  l'abbé  Louis  Boyer,  à 
l'unisson  ou  à  deux  voix  égales.  Cette  composition  est  très  musicale  et  d'un  carac- 
tère très  moderne.  Pour  paraître  prochainement  chez  Sénart  et  Roudanez,  9,  rue  de 
Médicis,  Paris. 

Au  sujet  de  la  Réponse  de  M.  A.  Brun  dans  la  Tribune    de    mai,   page  11  5,  no  i  : 
On  pourrait  trouver  un  exemplaire  en  excellent  état  de  VArt  du  facteur  d'orgues 

de  Dom  Bedos   chez  M.    Renner,  accordeur  de  pianos,  à  Marseille,  iSg,  boulevard 

de  la  Madeleine. 


$:.^^:^^^:^^^^:.^:.^:^,-^i:^^:^JS:.3Sj^ 


CORRESPONDANCE 


Nous  avons  reçu  les  deux  communications  suivantes,  qui  nous  pa- 
raissent susceptibles  d'intéresser  vivement  nos  lecteurs  : 

ORGUE   ET   HARMONIUM 


L'harmonium  n'est  qu'un  accordéon  perfectionné  ;  c'est  entendu.  Mais,  puisqu'il 
doit  remplacer  l'orgue  qu'en  tant  de  lieux  on  ne  peut  se  procurer,  pourquoi  ne  pas 
cherchera  le  perfectionner  dans  ce  but  ?  Il  faudrait  pour  cela  le  rapprocher  le  plus 
posible  de  l'orgue  et  le  rendre  plus  apte  à  jouer  de  la  musique  d'orgue. 

On  peut  considérer  la  sonorité,  puis  la  combinaison  des  jeux  qui  composent 
l'instrument.  Jusqu'à  ce  jour,  les  facteurs  sont  restés  dans  des  modèles  tixés 
depuis  longtemps,  et  qui,  malgré  le  charme  de  certains  jeux  de  détail  ou  de  cer- 
taines qualités  de  son,  ne  rendent  pas  l'instrument  propre  à  l'exécution  de  la  mu- 
sique d'orgue.  En  effet,  dès  qu'on  veut  un  instrument  assez  fort,  on  met,  avec  des 
jeux  de  huit  et  de  quatre  pieds,  un  jeu  de  seize  pieds,  désigné  communément  par 
bourdon-clarinette.  Ce  seize  pieds,  dans  les  instruments  à  anches  libres,  n'a  pas  du 
tout  l'effet  du  seize  pieds  dans  l'orgue  à  tuyaux.  Dans  ce  dernier,  la  sonorité  des 
huit  pieds  domine  et  forme  le  ton  fondamental  de  l'instrument  ;  dans  l'harmonium, 
au  contraire,  ce  seize  pieds  emporte  tout  et  rabaisse  nettement  d'une  octave  le  ton 
de  l'instrument  ;  de  telle  sorte  que,  si  vous  voulez  jouer  avec  le  seize  pieds  (bour- 
don-clarinette) le  même  morceau  que  vous  jouiez  tout  à  l'heure  avec  un  huit  pieds 
(cor  anglais-flûte),  il  vous  faudra  remonter  les  mains  et  jouer  sur  le  clavier  une  oc- 
tave plus  haut,  sous  peine  de  descendre  dans  des  sonorités  ultra-graves  et  confuses. 
Mais  alors,  au  point  de  vue  de  la  sonorité  générale,  il  se  produira  un  effet  criard  : 
les  huit  pieds  chanteront  en  quatre  pieds    et  les  quatre  pieds  en  deux  pieds. 

J'avais  pensé  remédier  à  cet  inconvénient  en  composant  un  instrument  avec  des 
seize  pieds  et  un  ou  deux  huit  pieds,  selon  le  nombre  de  jeux,  pour  éclaircir  la 
sonorité.  Les  instruments  ainsi  composés  ont  une  rondeur  et  une  puissance  satis- 
faisantes qui  les  rapprochent  de  l'orgue;  mais  j'ai  constaté  (et  d'autres  avec  moi)  cet 
inconvénient:  c'est  que  cette  manière  de  jouer  l'harmonium  avec  un  ou  plusieurs 
seize  pieds  produit  d'excellents  effets  pour  certains  morceaux  à  accords  plaqués  ou 
dont  les  parties  sont  assez  distantes  ;  mais  quand  on  veut  jouer  la  musique  d'orgue 
polyphonique  à  tissu  harmonique  serré,  ces  jeux  de  seize  pieds,  même  joués  à  l'oc- 
tave, même  éclaircis  par  une  sonorité  de  quatre  pieds,  ne  donnent  rien  de  net.  C'est 
un  brouhaha,  une  sorte  de  bruissementharmonique  qui  réduit  à  néant  la  plus  claire 
des  exécutions.  Par  exemple,  jouez  de  la  sorte,  c'est-à-dire  avec  des  seize  pieds,  à 
l'octave  (clarinette,  voix  céleste-bourdon  et  cor  anglais),  même  en  y  ajoutant  un  huit 
pieds  et  en  remontant  les  mains  une  octave  plus  haut  *  soit  le  finale  en  ré  de  la  der- 

I.  Une  troisième  main  jouant  la  pédale. 


—  140  — 

nière  sonate  d'orgue  de  Mendelssohn,  soit  les  trois  fugues  en  mf  bémol  de  Bach,  qui 
font  suite  à  son  grand  Prélude  en  mi  bémol  majeur  (et  particulièrement  la  première 
et  la  troisième)  ;  lorsqu'on  arrive  dans  les  hauteurs,  c'est  une  confusion  perpé- 
tuelle. —  Jouez  au  contraire  des  morceaux  avec  des  jeux  de  huit  et  de  quatre  sur 
le  même  instrument,  alors  tout  est  clair  et  parle  nettement. 

CONCLUSION,  —  Le  seize  pieds  introduit  dans  l'harmonium  dérange  l'écono- 
mie de  l'instrument  au  point  de  vue  de  la  musique  d'orgue,  puisque,  si  vous  le  jouez 
à  l'octave  ordinaire,  c'est  la  confusion  au  grave,  et  que,  si  vous  remontez  les 
mains  d'une  octave,  c'est  la  confusion  à  l'aigu,  augmentée  des  sonorités  criardes  si 
l'on  a  plusieurs  jeux  de  huit  et  de  quatre  ;  sans  compter  que  les  deux  mains  étant 
ainsi  remontées,  la  main  gauche  ne  pourra  pas  donner  les  sonorités  graves  de  l'ins- 
trument, qui,  à  l'instar  de  la  pédale  dans  l'orgue,  produiraient  bon  effet  et  seraient 
utiles  à  plus  d'un  point  de  vue. 

Il  résulte  de  ces  observations  que  la  composition  idéale  d'un  harmonium,  en  vue 
de  l'orgue  et  du  service  d'église  (je  ne  parle  donc  pas  des  instruments  de  salon) 
serait  un  ensemble  de  jeux  de  huit  et  de  quatre. 

Mais  on  m'objectera  :  Et  les  sonorités  graves  du  seize  pieds  dont  on  peut  avoir 
besoin,  soit  pour  jouer  une  partie  de  pédale  obligatoire  dans  la  musique  d'orgue, 
soit  pour  renforcer  la  sonorité  de  la  basse,  vous  ne  les  aurez  plus  avec  un  pareil 
instrument  ?  —  Assurément.  Et,  pour  résoudre  ce  problème,  je  brise  le  moule  étroit 
et  routinier  où  se  confinent  les  facteurs...  Tout  le  monde  connaît  les  orgues  dits 
américains  (Estey,  Mannborg,  etc.).  Ces  instruments  descendent  plus  bas  que  nos 
harmoniums  français  ;  au  lieu  de  s'arrêter  à  Vut  grave,  ils  ont  un  ravalement  jus- 
qu'au/a.  Allons  plus  loin,  descendons  jusqu'à  Vut,  et  nous  aurons  donc  ainsi  toute 
l'octave  grave  des  seize  pieds  ;  car  le*s  huit  pieds  descendront  en  seize  pieds  par 
cette  octave  supplémentaire  et  les  quatre  pieds  descendront  en  huit  pieds.  Nous 
aurons  donc  ainsi  un  instrument  d'une  tonalité  de  huit  pieds  toujours  claire,  plus 
ou  moins  puissante  suivant  le  nombre  de  jeux,  et  la  possibilité  en  même  temps 
d'avoir  les  sonorités  graves  du  seize  pieds.  L'étendue  de  ce  clavier  ne  sera  guère 
plus  grande  que  celle  de  nos  instruments  modernes,  surtout  si  le  transpositeur  (à 
supposer  qu'on  en  ait  un)  ne  comprend  que  deux  tons,  au  lieu  de  trois  et  quatre, 
comme  il  a  lieu  d'ordinaire. 

Sur  un  tel  instrument,  on  pourra  donc  jouer  toute  musique  d'orgue  ;  et,  de  plus, 
faire  jouer  par  une  troisième  main  une  partie  de  pédale.  Il 'sera  donc  très  propre  à 
la  musique  d'ensemble.  Inutile  de  dire  que  cet  instrument  peut  être  fait  à  deux  cla- 
viers. 

Je  soumets  donc  ces  combinaisons  aux  réflexions  de  MM.  les  organistes,  en 
sollicitant  leur  avis.  Et  si  un  certain  nombre  d'entre  eux  désiraient  un  pareil  instru- 
ment, je  leur  saurais  gré  de  m'en  donner  avis.  J'obtiendrai  d'un  de  nos  meilleurs 
facteurs  d'établir  ce  modèle  à  des  conditions  très  modérées,  s'il  est  assuré  de  la  vente 
d'un  certain  nombre  d'instruments.  Par  exemple,  je  crois  qu'on  aurait  un  instrument 
de  deux  huit  pieds  et  un  quatre  pieds  pour  700  fr.  environ,  et  un  instrument  de 
quatre  jeux  (trois  huit  pieds  et  demi)  pour  800  fr.  environ,  —  indépendamment,  bien 
entendu,  des  perfectionnements  de  détail  qu'on  peut  apporter  (double  genouillère, 
etc.,  etc.).  Divers  essais  m'ont  fait  espérer  qu'il  y  avait  là  un  progrès  et^  qu'un  tel 
instrument  serait  très  utilisable  tant  pour  l'étude  que  pour  le  service  de  l'église. 

Sai7it-Laurent-sur-Sevre  {Vendée).  A.  Lhoumeau. 


—  141  — 


De  certains  intervalles  dans  le  Chant  grégorien 

ET  DES  «  APPUIS  »  DANS  L'ACCOMPAGNEMENT 


Monsieur  le  Rédacteur, 

Je  viens  de  recevoirlenuméro  d'avrildela  Tribune  de  Saint-Gervais.  J'y  ai  lu  votre 
protestation  contre  une  critique  insérée  dans  la  Rassegna  gregoriana  à  propos  du 
Traité  d'accompagnement  de  l'abbé  Brun.  Gela  m'a  fait  relire  cette  critique.  Peut-être 
trouverez-vous  à  propos  de  communiquer  à  vos  lecteurs  les  quelques  remarques 
qui  me  vinrent  à  l'esprit  en  cette  occasion.  Elles  ne  me  paraissent  pas  être  dénuées 
d'intérêt,  quoiqu'elles  ne  révèlent  rien  d'inconnu  aux  initiés. 

Le  critique  de  la  Rassegna  écrit:  «  Il  (l'abbé  Brun)  admet,  comme  matériel  harmo. 
nique,  les  accords  de  7e  à  l'exception  de  celui  de  79  de  dominante.il  est  en  effet  une 
école  d'harmonistes  grégoriens,  qui,  tout  en  pensant  être  logiques  avec  le  caractère 
propre  des  mélodies  liturgiques,  croient  bon  d'utiliser  aussi  les  accords  de  7e  et 
basent  leur  opinion  sur  le  fait  qu'on  rencontre  de  tels  intervalles  mélodiques  dans  nos 
mélodies  liturgiques.  Il  faudrait  dire,  ce  nous  semble,  pour  être  vraiment  logique, 
qu'on  ne  rencontre  dans  nos  chants  grégoriens  jamais  d'intervalles  directs  de  sixième 
et  de  septième,  mais  à  l'état  d'intervalles  à.écom'posés  seulement  q\.  ceux-ci  encore  asse:^ 
vaguement  déterminés .  » 

Le  critique  fait  erreur.  Je  puis  me  dispenser  d'aller  moi-même  en  quête  des  inter- 
valles que  le  critique  croit  ne  pas  avoir  été  usités  en  style  grégorien.  Un  article  du 
D''  Mathias  publié  dans  le  Gregoriusblatl,i  go5 ,  n°j,  a  récusé  d'avance  les  assertions 
que  je  viens  de  souligner  dans  le  passage  cité  de  la  Rassegna.  Le  Dr  Mathias  garle 
et  donne  aussi  des  exemples  de  la  quinte  diminuée  ;  le  critique  n'en  nie  pas  l'exis- 
tence dans  le  chant  grégorien  ;  cependant  je  pense  bien  faire  en  reproduisant  aussi 
ces  exemples,  ils  peuvent  intéresser  les  lecteurs  de  la  Tribune. 

Voici  donc  ce  qu'écrit  le  D""  Mathias  :  «  Le  chant  grégorien  n'aime  pas  à  employer 
la  sixte  mineure  et  l'octave  ascendantes  dans  le  cours  d'une  ligne  mélodique;  mais, 
par  contre,  il  fait  entrer  dans  la  composition  de  la  mélodie  :  a)  la  sixte  majeure,  et 
même  b)  la  septième  mineure...',  d)  la  quinte  diminuée  obtenue  au  moyen  d'un  mou- 
vement rapide  de  tierces.  Les  exemples  suivants  sont  pris  de  l'édition  solesmienne 
é.M  Paroissien  Romain,  Rome  et  Tournai,  i  goS.  L'exemple  b)  est  tiré  du  Cod.  la  de 
l'abbaye  de  Neuweiler  (Alsace).  Le  passage  cité  se  trouve  dans  l'anitenne  antétri- 
dentine  :  O  gloriose  en  l'honneur  de  l'apôtre  saint  Thomas  : 

a)  p.  io33  p.  471.  b)  fol.   10  r.  d)  p.  598 

+  +  +    +  +    +  +      + 


Sp^EE?i^€pf^|]EE.^i^=g^?Ji|EJiË&3ES5 


coeli-tus  Lu-cis  tu  nos  suppli-ces  o-    -----    -    para 

p.  ^77 


(justitiam) 


De  même  3  tierces  s'emassent  très  souvent  en  un  essor  léger  les  unes  sur  les 
autres  et  tracent  directement  un  accord  de  septième  mineure  ou  majeure.  Dans 
V^\\&\\x\?i.  :  Post  dies  octo  (Dim.  Quasimodo,  p.  424),  l'accord  de  septième  majeure 
ainsi  exécuté  constitue  même  le  motif  principal  du.  jubilus,  la  3°  fois  sans  change» 
ment  et  7  fois  avec  intercalation  d'un  ré  entre  do  et  mi  ».  Voici  un  exemple  : 


—    J42    — 
e)  p.  1048.  p.   1022. 


:2rr3r3Ér* 


^e?e^s?ss^;e^ 


îS^=ë 


Ange-  lo rum  o-    -    -    -      mnes 

Il  n'est  donc  pas  conforme  à  la  réalité  grégorienne  de  dire  «  qu'on  n'y  trouve 
jamais  »  d'intervalles  directs  de  sixième  et  de  septième,  mais  à  l'état  d'intervalles 
décomposés  seulement  et  ceux-ci  encore  assez  vaguement  déterminés.  Les  exem- 
ples a)  et  b)  contiennent  des  intervalles  de  sixte  et  de  septième  directs,  et  l'intervalle 
de  septième  en  forme  d'accord  décomposé,  dans  l'exemple  e),  ne  laisse  absolument 
à  désirer  comme  clarté  et  dessin  bien  déterminé,  pas  plus  que  l'exemple  d),  par 
rapport  à  la  quinte  diminuée. 

Quant  à  l'appui  harmonique  donné,  dans  le  Traité  de  M.  l'abbé  Brun,  tantôt  à  la 
note  qui  correspond  à  la  syllabe  portant  l'accent  du  mot,  tantôt  à  celle  qui  a  l'accent 
dynamique  dans  la  mélodie  (qu'on  se  plaise  à  l'appeler  ictique,  métrique  ou  tout  autre- 
ment, peu  importe),  ce  procédé  paraît  au  critique  de  la  Rassegna  manquer  de  consé- 
quence et  de  vue  bien  fixée.  C'est  pourtant  assez  simple.  Je  n'ai  pas,  il  est  vrai, 
examiné  à  nouveau  les  exemples  cités  par  le  critique  ;  mais  il  m'est  permis  de  sup- 
poser des  cas  où  les  deux  accents,  celui  de  la  mélodie  et  celui  du  mot,  ne  sont  pas 
d'accord  ;  il  se  peut  bien,  en  effet,  que  les  compositeurs  au  moyen  âge  aient  agi 
comme  plus  d'un  de  nos  collègues  contemporains  qui  traitent  cavalièrement  leurs 
textes.  Que  fera  l'harmonisateur  dans  ce  cas  ?  S'il  ne  peut  mettre  d'accord  les 
deux  éléments,  il  se  décidera  en  faveur  de  l'accent  musical  ;  car  dans  le  chant  c'est 
bien  la  musique  qui  prime  :  si  l'on  n'avait  en  vue  que  l'intelligibilité  du  texte,  on  y 
parviendrait  bien  plus  sûrement  en  le  déclamant  simplement  ;  si  on  le  chante,  c'est 
bien  parce  qu'on  veut  avant  tout  faire  de  la  musique.  Sans  doute,  puisque  les  deux 
arts,  la  musique  et  la  déclamation,  s'unissent  pour  constituer  un  art  nouveau,  le 
chant,  il  faudrait  que  les  deux  éléments  ne  partissent  pas  en  guerre  l'un  contre  l'autre 
et  ne  se  fissent  pas  violence,  mais  qu'au  contraire  ils  se  donnassent  la  main  en  amis 
et  s'aidassent  mutuellement.  C'est  bien  ce  que  nous  demandons  d'un  bon  compo- 
siteur, qui  doit  avoir  à  cœur  également  les  intérêts  de  la  musique  et  ceux  du  texte, 
et  par  conséquent  faire  correspondre  les  deux  accents.  Une  même  force  aura  alors 
une  double  fonction,  elle  sera  en  même  temps  l'accent  dynamique  de  la  mélodie  et 
du  mot.  Je  crois,  en  cela,  être  d'accord  en  principe  avec  tout  musicien  un  peu 
conservateur  des  usages  de  l'art.  Le  critique,  lui,  je  le  sais  bien,  est  d'un  avis  tout 
opposé.  Son  accompagnement  du  Kyriale  Vatican  frappé  au  coin  des  fameux 
fragments  binaires  et  ternaires,  en  fait  foi  à  chaque  page.  Il  se  plaît  à  semer,  de 
propos  délibéré,  la  dissension  entre  les  deux  accents,  même  lorsqu'il  pourrait  inter- 
préter la  mélodie  de  façon  à  faire  coïncider  les  accents  de  la  musique  avec  ceux 
du  texte. 

Canisius  Collège^  Buffalo  N.-Y. 

L.  BONVIN,  S.  J. 


Nouvelles  Publications  du  Bureau  d'Édition 


VIENT  DE  PARAITRE  : 

La  logique  du  rythme  musical,  spécialement  dédié  aux  grands  séminaires, 
par  M.  l'abbé  C.  Maucetteau.  Une  brochure  gr,  in-8°  de  52  pages,  2  fr.  C'est  la 
mise  en  volume  delà  remarquable  étude,  parue  ici  même,  de  notre  distingué  colla- 
borateur ;  nous  ne    saurions  trop   chaleureusement  la  recommander. 

Salut  à  2  voix  égales  (no  5  du  Nouveau  Répertoire),  de  M.  l'abbé  F.  Brun,  2  fr.  ; 
parties  de  chœur,  o  fr.  25  c.  —  Cantiques  et  cantilènes,  3"  cahier  (collection  du 
Chant  populaire),  à\x  même  auteur.  Ces  deux  fascicules  comptent  parmi  les  meilleurs 
de  cet  excellent  auteur  :  à  signaler  la  très  intéressante  prière  Entre  vos  mains,  cal- 
que français  de  Vin  manus  tuas  liturgique.  2  fr.  ;  chant  seul,  o  fr.  5o  c. 

Choix  de  plains-chants  et  chorals  populaires  français  des  XVII*  et  XVIII* 
siècles,  transcrits  d'après  les  textes  originaux,  harmonisés  à  quatre  voix  dans  le 
style  ancien,  par  A.  Gastoué  {Chant  populaire).  —  Cantiques  traditionnels  et  nou- 
veaux, 2^  fasciscule,  pour  la  communion  et  diverses  circonstances,  du  même  au- 
teur (même  collection).  Chacun  :  2  fr.  ;  édition  chant  seul,  o  fr.  5o.  Ce  fascicule 
offre  le  même  intérêt  et  le  même  charme  que  celui  paru  déjà  sous  le  même  titre. 
Le  Choix  de  plains-chants  rendra  les  plus  signalés  services  :  trop  souvent  on  nous 
donne  des  «  tripatouillages  »  (même  à  la  grégorienne)  de  VO  salutaris  de  Du  Gué, 
du  Salve  des  Oratoriens,  de  tel  Panis  ou  Tantum.  On  les  trouvera  ici  non  seulement 
dans  leur  forme  originale  (M.  Gastoué  les  avait  déjà  en  partie  publiés),  mais  avec 
une  harmonisation  vocale  dans  le  style  de  leur  époque.  Ces  pièces  seront  très  utiles 
pour  aider  les    petites   maîtrises  et  les  entraîner  vers   la  polyphonie  ancienne,    au 

moyen  de  ces  petits  motets,  faciles  d'exécution. 

Henry  Noël. 


BIBLIOGRAPHIE 


Abbé  F .  Brun  :  Accompagnement  de  la  Messe  et  des  deuxièmes  Vêpres  en 
l'honneur  de  Jeanne  d'Arc  (filditionVaticane).  Chez  Janin,  éditeur,  10,  rue 
Président-Carnot,  Lyon. 

M.  l'abbé  F.  Brun  est  déjà  l'auteur  d'un  Traité  de  l'accompagnement  du 
chant  grégorien  dont  nous  avons  eu  l'occasion  de  parler  de  lafaçon  laplus  élogieuse 
dans  la  Tribune.  Ce  Traité  était  évidemment  pédagogique,  mais  en  plus,  et  surtout, 
musical.  Le  nouvel  ouvrage  de  l'abbé  F,  Brun  manifeste  ces  deux  qualités.  Nous 
irons  même  jusqu'à  dire  que  la  musicalité  domine  au  point  que  quelques  esprits, 
férus  d'école,  trouveront  peut-être  à  redire  à  certaines  septièmes  attaquées,  certaines 
dissonances  non  résolues  et  parfois  ascendantes  qui  ne  nous  choquent  nullement, 
bien  au  contraire.  Si  donc  nous  les  signalons  ici,  ce  n'est  pas  dans  une  intention  de 
critique,  mais,  bien  différemment,  pour  aller  au-devant  des  observations  que  certains 
lecteurs  pourraient  formuler  d'après  un  goût  trop  enclin  à  la  lettre  d'abord. 

L'édition  en  est  très  soignée,  en  notation  moderne,  très  claire  et  très  facile  à 
suivre.  Nous  croyons  que  cette  messe  harmonisée  à  sa  place  marquée  sur  tous  les 
pupitres  de  maîtrise,  où  elle  satisfera  les  exécutants  comme    les  auditeurs. 

F.  DE  La  Tombelle. 


—  144  — 

Psalmiet  cantica  exofficio  pro  defunctis  cutn  cantu  gregoriano  editionis 
vaticanae,  par  Amédée  Gastoué,  Paris.  Société  d'édition  de  chant  grégorien 
(Lecofire,  Lethielleux,  Biais),  in-S"  de  5o  p.  Prix  :  o  fr.  75. 

Quelle  que  soit  la  précision  des  règles  de  psalmodie  données  par  M.  Gastoué 
dans  sa  méthode  pratique,  l'application  de  ces  règles  ne  laisse  pas  que  d'être  déli- 
cate. Il  est  des  textes  compliqués  dont  le  chant  ne  saurait  être  livré  à  l'improvisation. 
Si  le  détail  n'a  été  prévu  et  précisé  d'avance,  un  choeur  est  dans  l'impossibilité  de 
l'exécuter  avec  ensemble. 

M.  Gastoué  a  fait  le  travail  préalable  pour  toute  la  psalmodie  de  l'office  des  morts, 
le  premier  publié  de  l'édition  vaticane  parce  qu'il  est  le  plus  usuel.  Chaque  psaume, 
chaque  cantique  de  la  cérémonie  des  funérailles  et  des  vêpres,  matines  et  laudes  de 
l'office  des  défunts,  s'y  trouvent  au  complet,  avec  la  notation. 

Ouvrez  le  livre,  la  mélodie  et  le  texte  sont  devant  vous,  allant  d'une  extrémité  à 
l'autre  des  deux  pages  que  vous  avez  sous  les  yeux.  En  haut,  du  côté  gauche,  sont 
notées  l'intonation  et  la  médiation  ;  à  droite  se  trouvent  la  suite  de  la  teneur  et  la 
terminaison.  Les  versets  se  succèdent,  tenant  chacun  une  ligne.  Grâce  au  rejet  que 
subit  la  teneur  si  elle  est  trop  longue  ou  aux  espaces  blancs  si  elle  est  trop  courte, 
chaque  syllabe  de  la  médiation  et  de  la  terminaison  se  trouve  sous  la  note  qui  lui 
convient  et  chaque  survenante  sous  une  note  accessoire  placé  entre  parenthèses  ; 
la  note  accentuée  mélodiquement  porte  un  accent  très  apparent,  chaque  Jlexa  est 
notée  à  part  quand  il  y  a  lieu.  Le  psaume  fini,  le  premier  verset  du  suivant  est 
noté,  en  quelque  partie  de  la  page  que  l'on  se  trouve.  On  imaginerait  difficilement 
disposition  plus  claire  et,  pour  un  chœur,  moyen  plus  efficace  d'arriver  du  premier 
coup  à  un  ensemble  parfait. 

Souhaitons  bon  succès  à  cet  essai,  qui  garantira  la  bonne  exécution  de  la  partie 
la  plus   importante    des  saints  offices,  la  psalmodie. 

A.  ViGOUREL. 


LES  REVUES    [articles   à  signaler)  : 

Revue  musicale,  no*  S  et  9.  —  J.  Combarieu  :  suite  des  Cours  du  Collège  de 
France. 

S.  I.  M.,  no  5.  —  Romain  Rolland  :  Les  plagiats  de  Haendel.  —  P.  M.  Masson  : 
Deux  chansons  bachiques  de  Rameau.  —  W.  Landowska  :  Le  clavecin  che\  Bach. 

Lemou^i,   n°  160.  —  Chants  populaires  du  Limousin. 

La  Critique  indépendante,  nos  3  et  4.  —  E.  David-Bernard  :  Musica  sacra.  — 
[Suite  d'une  intéressante  étude  pour  l'organisation  de  la  musique  sacrée  ;  propose 
de  former  des  «  groupements  de  bons  chanteurs  bien  assouplis  à  l'exécution 
intelligente  et  convaincue  du  plain-chant  grégorien  ».  C'est  ce  que  notre  Schola  a 
tenté  depuis  longtemps,  ce  à  quoi  vise  aussi  le  cours  pratique  de  M.  Gastoué  à 
l'Institut  catholique  et  celui  de  M">e  Jumel  à  l'Institut  Rudy  :  à  ces  efforts  dans  le 
sens  pratique,  malgré  les  fréquents  appels,  les  membres  du  clergé  et  les  musiciens 
d'église  parisiens  n'ont  presque  jamais  répondu ] 

Guide  musical.  —  N"  19.  —  Michel  Brenet  :  Le  vrai  Messie  de  Haendel  [à  propos 
des  belles  exécutions  organisées  par  F.  Raugel]. 

Rassegna  gregoriana,  n°'  3  et  4.  —  R.  Baralli  :  D'un  cas  étrange  de  liquescence 
qui  se  trouve  dans  l'Edition  Vaiicane{\d.  liquescence  devant  m  seule]. 

N.  B.  Le  dernier  numéro  de  la  Tribune  ayant  contenu  un  encartage  double,  nos 
lecteurs  n'en  trouveront  pas  dans  le  présent  numéro. 


Le  Gérant  :    Rolland. 


Poitiers.  -  Société  française  d'Imprimerie 


Supplément  à  la  Tribune  de  S?int=Gervais.   —  Juillet  1910. 

NOUVEAU  RÉPERTOIRE  D^ŒUVRES  MODERNES 

1''SÉRIE:illOTETS  ET  MESSES  A  VOIX  ÉGALES. 


A  Monsieur  l'Abbe  HERBERT,  Vicaire  a  S*  Pierre  de  Chaillot.Paris 


Partition 
net,//25 


QNr4     ^ 


SUB  TUUM  PRAESIDIUM 


Voix  seules 
net,  0//5 


à  3  voix  ég-ales 
et  orgue 

Andante  moderato 
A 5 ^ P 


L'Abbe  JULIO   VALDES 

Op.  9. 


TENOKI       As  (*.      «       - 


TENORII 


JÎASS.US 


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Schola  Cantorum  269  rue  Sî^, Jacques 


Tous  droits  réserves 


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Seizième  Année  No  7  Juillet  1910 


LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 

REVUE   MUSICOLOGIQUE 

DE    LA 

0cl)oU    €antorum 

ABONNEMENT   COMPLET  :  i  BUREAUX    :  l     ABONNEMENT  RÉDUIT  : 

{Revue  et  Eiicarlagc  de  Musiqiicl      \  26g,     me    Saint-Jacques,    26g  \         (Sans  Encarlmje  de  Musique) 

PARIS  (V")  Pour  MM.  les  Ecclésiastiques, 


France  et  ColoDies,  Belgique.    10  fr. 
Union  Postale  (autres  pays).    11  fr. 

Les  Abonnemenls  partent  du  mois  de 
Janvier. 


les  Souscripteurs  des  «  Amis 
14,  Digue  de  Brabant,  14     \      de  la  Schola  ii  et  les  Elèves     6{r. 

Union  Postale.  7  fr. 


GAND  (Belgique) 


Le  numéro  :    0   fr.  60  sans  encartage  ;  1  fr.  avec  encartage. 


SOMMAIRE 

De  remploi  du  chromatisme  dans  l'accompagnement  grégorien.  A.  Gastouée 

Nouvelles  musicales- 

«  L'explication  de  la  lettre  de  Cl.  Monteverde  [suite)  ».    ,     .     .  M.  L.  Pereyra* 

Un  monument  à  Charles  Bordes Henry  Noël. 

Petite  correspondance. 

Nouvelle  organisation  du  Bureau  d'édition.     . Le  Comité. 

Bibliographie  ;  les  Revues;   notre  encartage La  Rédaction. 


jx^^iris 


Le  prochain  numéro  de  la  Tribune  formera  un  double  fascicule.^  et, 
en  raison  de  la  période  des  vacances,  paraîtra  fin  septembre. 


De  l'emploi  du  Chromatisme  dans 
l'Accompagnement  du  Chant  grégorien 


Notre  rédacteur  M.  A.  Gastoué  vient  de  publier  un  Traité  d'harmonisation  du  chant 
grégorien,  sur  un  plan  nouveau,  récemment  paru  chez  MM.  Janin  frères,  éditeurs, 
rue  Président-Carnot,  Lyon.  Auteur  et  éditeurs  nous  ont  autorisé  à  détacher  de 
l'ouvrage  le  chapitre  suivant  (Appendice  I),  qui  intéressera  vivement  nos  lecteurs. 

Dans  V Introduction  du  présent  ouvrage,  nous  parlons  de  certaines 
cadences  qu'on  peut  employer  dans  des  cas  bien  déterminés,  sans 
tomber  pour  cela  dans  les  abus  du  genre  chromatique,  et,  surtout, 
sans  ériger  en  système  l'emploi  si  détestable  des  «  sensibles  »,  par 
oia    diverses  personnes   croient    ajouter   de  l'intérêt  au    chant    litur- 


—   146  — 

gique,  alors,  au  contraire,  que  de  telles  notes  n'en  sont  qu'une  effroyable 
corruption. 

Dans  quels  cas  et  de  quelle  façon  pouvons-nous  donc  admettre,  à  titre 
d'ailleurs  passager,  l'emploi,  dans  l'accompagnement  du  plain-chant,  de 
notes  chromatiques  ? 

§  I .  —  Notes  chroinatiques  autorisées  par^  la  tonalité. 

L'alternance  du  bémol  et  du  bécarre,  dans  les  mélodies  liturgiques, 
est  déjà  une  manière  de  chromatisme,  de  «  coloration  »  (c'est  le  sens 
original  du  mot),  des  éléments  constitutifs  de  ses  gammes.  Donc, 
l'emploi  éventuel  du  bécarre,  dans  l'accompagnement  d'un  mode  qui 
admet  habituellement  le  bémol  (ou  vice  versa).,  peut  déjà  être  considéré 
comme  un  indice,  très  sérieux,  d'intention  chromatique.  Nous  allons 
le  prouver.  Le  premier  ton  et  le  troisième  sont  écrits  finales  ré  et  mi  ; 
cette  façon  de  noter  donne  dans  le  premier  ton,  au-dessus  de  la  finale, 
un  intervalle  d'un  ton,  et,  dans  le  troisième,  d'un  demi-ton.  Or,  il  y 
a  des  chants  de  ces  modes  (l'introït  Exaudi  pour  le  premier  ton,  la 
communion  Beatus  pour  le  troisième)  qui  sont  notés  finale  la,  avec 
tantôt  les/  naturel,  tantôt  le  5/ bémol.  Si  nous  écrivons  ces  pièces  dans 
leur  tonalité  ordinaire,  cela  donne,  pour  le  premier  ton,  un  mi  tantôt 
naturel,  tantôt  bémol,  et,  pour  le  troisième,  un  fa  tantôt  naturel,  tantôt 
dièse. 

Les  chants  du  deuxième  ton  appartiennent  essentiellement  à  la 
gamme  de  la.  Lorsqu'ils  sont  notés  en  ré,  il  faut,  par  conséquent, 
supposer  le  5/ bémol  constant,  afin  d'avoir  une  semblable  échelle  : 

la      si    do      ré      i7ii      fa 
ré     mi    fa      sol      la       si  b 

Mais  ces  chants,  notés  en  ré,  offrent  parfois  le  si  bécarre  (et  c'est 
même  la  raison  d'être  ordinaire  de  cette  transposition  en  ré).  Qui  ne 
voit  que  ce  si  bécarre,  dans  la  gamme  de  re,  n'est  autre  que  le  fa  dièse, 
dans  le  ton  original  de  la  ? 

la      si    do      ré      mi      fa  îî 
ré     mi  .  fa      sol      la       si. 

La  même  démonstration  peut  être  faite  pour  le  quatrième  ton,  soit 
pour  le  quatrième  en  A,  soit  pour  le  quatrième  en  E  ou  B.  De  même 
pour  le  sixième. 

En  ne  tenant  pas  compte  de  la  transposition  pratique  des  chants, 
mais  en  les  prenant  simplement  dans  l'échelle  où  ils  sont  notés,  nous 
dirons  donc  que  c'est  déjà  une  sorte  de  chromatisme  que  d'employer 
le  bémol  dans  un  mode  qui  demande  habituellement  le  bécarre  — 
c'est  le  cas  des  authentes,  i"",  3®,  b""  —  et,  vice  versa,  d'employer  le 
bécarre  dans  un  mode  qui  demande  habituellement  le  bémol,  comme 
hs  plagaux^  2®  en  ré,  4^  en  mi  (deuxième  espèce),  6^  en  fa.  Cette  déro- 


^  147  — 

gation  au  pur  diatonisme,  nous  l'avons  vu,  se  rencontre   dans  la  mé- 
lodie elle-même. 

§  2.  —  Corollaire  de  ce  qui  précède. 

Mais,  dans  les  modes  plagaux,  lorsqu'ils  sont  notés,  le  2^  en  la,  le 
4^  en  si,  le  6^  en  do,  c'est  en  même  temps  l'emploi  du  fa  dièse  qui 
ressort  de  cette  double  manière  de  noter.  Nous  pourrons  donc,  dans 
une  finale  de  4^  ton,  écrit  ou  transposé  en  5/,  admettre  la  note  chroma 
tique  *  suivante  : 


i=^=ï=Ë=i^iE 


C'est,  en  somme,  l'emprunt,  dans  le  mode  plagal,  d'une  cadence  de 
i'authente.  Judicieusement  amenée,  elle  peut,  et  doit  produire,  surtout 
si  son  emploi  est  rare,  un  excellent  effet. 

Dans  le  même  quatrième,  l'emploi  de  la  psalmodie  tantôt  en  A 
(c'est-à-dire  pour  la  finale  la  et  la  teneur  re),  tantôt  en  mi,  avec  la 
teneur  la,  autorise  pareillement,  lorsque  le  cas  se  présente,  l'emploi  de 
la  même  note  : 

Teneur 
Psalmodie  pour  le  4e  en  yl  :     ^^==^=^^  g  i^W) 

Accords  :  ré,  ou  sot-,  (majeur) 

Teneur 

Psalmodie   pour  le  4«  en  E  :    jj^ ——--H        — ■^-— V^l^^^^^ 

Accords  :  la,  ou  ré  (mineur) 

La  parenté  de  la  psalmodie  indique  donc  que,  le  cas  échéant,  le  second 
des  accords  indiqués  ici  peut  être  mineur  ou  majeur  :  de  part  et  d'autre, 
c'est  identiquement  la  même  formule  de  psalmodie,  dont  on  n'a  donné 
ici  que  la  teneur. 

Nous  n'avons  pas  parlé,  dans  le  premier  paragraphe,  du  mode  de 
50/  (tetrardus,  7^  et  8^  ton).  Or,  de  ce  qui  précède  il  résulte  une  con- 
séquence remarquable.  Les  chants  du  4^  ton,  nous  l'avons  dit,  sont 
à  beaucoup  d'égards,  des  chants  du  même  mode  que  le  7^,  mais 
terminés  sur  la  tierce,  sur  la  troisième  note  de  l'accord  fondamental 
(7^  ton,  finale  50/,  4%  finale  si;  accord  de  chacun  :  sol  si  ré).  Or,  si  la 
tonalité  du  4^  ton  en  si  —  cela  est  plus  haut  amplement  démontré  — 
autorise  à  l'occasion  l'emploi  éventuel  d'un  fa  dièse,  nous  pourrons 
aussi  quelquefois,  pour  éviter,  par  exemple,  la  monotonie  de  certaines 


—  148  - 

cadences  harmoniques  trop  répétées,  employer  aussi  la  même  note  dans 
l'accompagnement,  pour  les  chants  du  tetrardus. 

Toutefois,  cette  dérogation  au  diatonisme  ne  pourra  s'employer  : 
1°  qu'avec  une  phrase  mélodique  qui  ne  fasse  pas  entendre  le  fa  natu- 
rel ;  2°  qui  soit  basée  sur  les  notes  sol  si  ré.  (Voir  par  exemple  la  fin  du 
répons-graduel  Libei^âsti  nos,  à  comparer  avec  la  fin  du  Vidérunt,  et  la 
fin  du  verset  du  répons-graduel  Clamavérunt^  à  comparer  avec  les 
cadences  des  versets  de  graduel  du  5®  ton.) 

La  même  licence  peut  parfois,  et  dans  des  cas  analogues,  être  étendue 
aux  mélodies  du  3^  ton,  lorsqu'elles  font  une  sorte  de  modulation  dans 
le  ton  de  sol,  ainsi  que  le  montre  l'exemple  de  transposition  si  curieux 
de  la  communion  Beatus  vir. 

Enfin,  les  transpositions  analogues  des  i"et  2^  tons  montrent  que, 
si  la  chose  se  présente,  pour  faciliter  une  cadence,  une  modulation, 
l'emploi  éventuel  du  77z/ bémol  (rarement  dans  le  i'^'"  ton,  plus  fréquem- 
ment dans  le  2*  en  ré)  peut  pareillement  être  admis. 

Tels  sont,  rassemblés  en  principes,  tous  les  cas  de  modulations  chro- 
matiques, c'est-à-dire  par  l'emploi  d'un  bémol,  d'un  bécarre,  ou  d'un 
dièse  de  plus,  que  permette  l'examen  raisonné  de  la  tonalité  grégo- 
rienne. 


§  3.  —  Emploi  d'autres  cadences. 

En  bloc,  ces  autres  cadences,  qui  n'appartiennent  en  rien  à  l'essence 
du  plain-chant,  sont  les  cadences  soit  «  parfaites  »,  soit  «  à  la  domi- 
nante »,  de  l'harmonie  musicale  traditionnelle.  Il  en  est  qu'il  faut 
absolument  rejeter;  d'autres  peuvent,  en  certaines  circonstances,  être 
admises.  En  voici  le  détail,  et  les  raisons  de  leur  rejet  ou  de  leur  admis- 
sion: 

i**  Cadences  parfaites  du  mode  majeur,  c'est-à-dire  avec  sensible.  — 
Appartenant  à  un  mode  absolument  semblable  au  6^  ton,  ces  cadences 
sont  donc  très  bonnes,  employées  dans  ce  mode,  et  même  dans  le 
5^  ton  (mais  moins  bonnes,  à  cause  du  si  naturel  de  l'échelle  du 
5^  ton). 

2"^  Ne  sont  tolérables  en  d'autres  modes  (i^""  et  2%  7^  et  8^)  que  pour 
amener  soit  une  modulation  à  cause  d'un  chant  qui  va  suivre  dans  un 
autre  ton,  soit  une  conclusion  finale  brillante.  Nous  admettrons  donc 
parfaitement  ces  harmonisations,  dans  les  cas  indiqués  ici  : 

Fin  d'une  pièce  du  7^  ou  du  8'  ton,  suivie  d'un  chant  du  6®  : 


6e  ton,  fa 


149  - 


Fin  d'une  pièce  du   i^"*  ton,  suivie  d'une  autre  du  5^  : 


1    h  h 


5^  ton,  ré 


m 


3°  Cadence  parfaite  du  mode  mineur  (avec  sensible).  —  Absolument 
incompatible  avec  la  tonalité  liturgique,  introduisant  perpétuellement 
une  note,  la  «  sensible  »,  complètement  étrangère  aux  modes  grégoriens 
à  forme  mineure. 

4"  Cadence  à  la  dominante,  du  mode  majeur.  ~  Comme  ci-dessus 
i«  et  2°. 

5°  Cadence  à  la  dominante,  du  mode  mineur.  —  C'est  celle  par 
laquelle  certains  organistes  terminent  encore  les  chants  du  3^  et  du 
4"^  ton,  comme  : 


l^ 


Absolument  intolérable  dans  le  4^  ton,  qui,  à  part  la  première 
espèce,  ne  comporte  pas,  avec  la  finale  mz,  d'autre  accord  que  ceux  de 
do  ou  de  la.  Plus  tolérable  avec  le  3%  mais  seulement  dans  les  cas 
prévus  au  2°. 

Dans  le  3^  ton,  en  effet,  ce  n'est  plus  que  la  substitution  d'une  har- 
monie majeure  conclusive,  à  la  modalité  mineure  de  la  pièce. 

6°  Enfin,  cette  dernière  réserve  nous  amène  à  une  forme,  très  em.- 
ployée  dans  les  anciennes  compositions  polyphoniques,  et  qui,  dans 
l'accompagnement  du  chant  liturgique,  produit  un  excellent  effet. 
C'est,  dans  les  modes  à  harmonie  mineure,  de  terminer  soit  par  un 
accord  majeur,  soit,  si  on  ne  veut  pas  trop  brutalement  conclure  par  ce 
changement  brusque,  un  accord  sans  tierce.  Voici  des  exemples  pour 
les  modes  qui  rentrent  dans  ce  cas  : 


I"  ton  (ou  2^) 


a)  sans  tiei'ce. 


;^ItI 


l^^.iE^=^^Û^ 


m 


^^ 


b)  majeur. 


i"'  ton 
c) 


^E^^^EEE^- 


i^ii 


■(^)S= 


Comparez  plus  haut,  2° 


i5o 


3«  ton 


4"  ton 


«)  sans  tierce 


b)  majeur 


3^^^3i 


SE 


aÉ=at 


?^ 


s 


Comparez  plus  haut,  5" 


a)  sans  tierce. 


6)  majeur. 


gE5=J 


^:^i=^ 


E^E 


^Jzz 


:^= 


î^^l=sf 


Amédée  Gastoué. 


Nouvelles  Musicales 


PARIS 

Ecole  Niedermeyer.  —  Nous  apprenons  avec  plaisir  la  nomination  de  M.  Pé- 
rilhou  à  la  direction  de  l'École  Niedermeyer,  à  la  place  de  M.  Gustave  Lefèvre, 
décédé  en  mars  dernier,  M.  Périlhou,  ancien  élève  de  cette  école,  s'est  fait  connaître 
à  la  fois  par  des  compositions  originales  et  d'excellentes  harmonisations  de  chansons 
anciennes.  Nos  félicitations  au  nouveau  directeur  et  à  l'École. 

=  Une  œuvre  nouvelle  de  musique  religieuse  vient  d'être  fondée  à  Paris  :  la 
M anécanterie  Jeanne  d'Arc,  groupement /émznî'n,  due  à  l'initiative  éclairée  des  Fran- 
ciscaines missionnaires  (parmi  lesquelles  nous  comptons  d'anciennes  élèves  de  la 
Schola).  Composée  de  fillettes  et  de  chanteuses  plus  grandes,  la  manécanterie 
Jeanne  d'Arc  se  propose  de  faire  connaître  dans  les  chapelles  des  communautés  de 
religieuses  et  des  patronages  de  jeunes  filles  le  chant  grégorien  et  la  musique  la 
plus  conforme  aux  désirs  de  l'Église.  Tous  nos  encouragements  à  notre  jeune  sœur. 

=  La  société  des  Chanteurs  de  Saint- Grégoire,  sous  la  direction  de  MM,  Uhrwil- 
1er,  Rousselon  et  Potel,  s'est  fait  entendre,  le  ij  juin,  au  «  vendredi  musical  »  du 
Lyceum,  club  féminin  parisien.  La  séance  était  consacrée  à  faire  connaître  le 
motet  palestrinien  :  au  programme  :  Ego  sum  panis,  Palestrina  ;  O  rex  gloriae, 
Marenzio  ;  Diffusa  est,  Nanini  ;  Je%u  dulcis  et  Tantum  ergo,  Vittoria  ;  Regina  caeli, 
Aichinger. 

=r  Notre  collègue  M.  Georges  Jacob  a  continué,  à  la  Schola,  ses  Concerts 
Anthologiques  et  Populaires,  consacrés  surtout  à  la  littérature  de  l'orgue.  Cette 
année,  M,  Jacob  a  fait  entendre  toute  une  série  de  pièces  empruntées  surtout  aux 
grands  organistes  français,  italiens  et  anglais,  des  xvie,  xvii»  et  xviiie  siècles.  Nous 
y  relevons  les  noms  de  Gabrielli,  Palestrina,  Byrd,  Scheidt,  Lebègue,  Raison, 
Boivin,  Marchand,  Dandrieu,  Titelouze,  Frescobaldi,  de  Grigny,etc,  Chaque  concert 
était  couronné  par  un  prélude  et  fugue  du  maître  des  maîtres,  J.-S,  Bach,  A  chaque 
concert,  des  interludes  de  chant,  par  M™"'^  Marthe  Philip,  M.  et  F,  Pironnay, 
MM.  Gibert  et  Bourgeois. 

FRANGE 

Blois.  —  Les  fêtes  de  la  Pentecôte,  à  la  cathédrale,  furent  un  intéressant  exemple, 
et  un  beau  succès,  pour  le  chant  grégorien  et  la  musique  religieuse,  grâce  à  notre 
ami  M.  l'abbé  Bruneau,  maître  de  chapelle.  Le  grand  séminaire  exécutait  le  plain- 
chant,  la  maîtrise,  renforcée  de  quelques-uns  de  MM.  les  séminaristes,  chantait  les 
pièces  polyphoniques,  savoir  :  A  la  messe,  missa  /F'  toni,  Vittoria  ;  au  salut,  Tan- 
tum ergo,  choral  de  Bach;  Regina  caeli,  abbé  Bruneau.  Le  lundi,  messe  Puer  natus 
est,  de  M.  l'abbé  Bruneau,  à  4  voix  mixtes  ;  au  salut,  chorals  de  Bach,  Tu  es 
Petrus,  de  Perruchot  ;  Tantum  ergo,  de  J.  Brosset,  organiste  de  la  cathédrale  ; 
Alléluia  du  Messie,  de  Haendel. 


—    l52    — 

Caro  (Morbihan).  —  Caro  est  une  petite  campagne  du  diocèse  de  Vannes,  où 
le  zèle  de  M.  Jos.  Couëdic  a  opéré  des  merveilles.  Chant  grégorien  Vatican,  dès  que 
Mgr  Gouraud  en  eut  exprimé  le  désir,  prononciation  latine,  bonne  allure,  accen- 
tuation, ensemble,  les  ralentissements  et  adoucissements  des  finales  bien  amenés, 
produisent  le  meilleur  effet.  Cette  petite  église  a  maintenant  six  chanti'es,  tous  de 
bonne  volonté,  qui  exécutent  les  parties  propres  de  la  messe  et  entraînent  la  masse 
des  fidèles.  La  paroisse  de  Caro  est  un  exemple  pour  les  paroisses  rebelles,  qui 
attendent  encore  qu'on  leur  donne  des  ordres  formels  ;  comme  si  le  désir,  si  nette- 
ment exprimé  par  Mgr  l'Évêque,  n'était  pas  encore  suffisant  ! 

CouTANCEs.  —  Le  diocèse  de  Coutances,  pendant  longtemps  l'un  des  plus  à  l'écart 
du  bon  plain-chant  et  de  la  bonne  musique,  entre  résolument  dans  la  voie.  Déjà, 
depuis  quelques  années,  les  Variae  Preces  de  Solesmes  servaient,  en  diverses 
occasions,  aux  séminaires  et  à  la  cathédrale.  Mais  maintenant  les  livres  dits 
diocésains  (et  qui  représentent  une  des  plus  détestables  routines)  sont  mis  de  côté 
et  le  Graduel  romain  est  placé  à  son  rang,  au  moins  au  grand  séminaire,  dont 
le  chant  est  dirigé  par  M.  l'abbé  Nolais.  Aussi  un  certain  nombre  de  paroisses,  de 
la  campagne  même,  ont-elles  suivi  l'exemple.  On  nous  cite  un  vénérable  curé  de 
quatre-vingt-deux  ans,  qui,  lui  aussi,  veut  se  mettre  au  grégorien,  et  a  franchi  allè- 
grement les  quelques  kilomètres  qui  le  séparent  de  Biville,  pour  aller  assister  à  la 
fête  du  bienheureux  Thomas  Hélye,  afin  d'en  tirer  une  leçon  pratique.  Voilà  des 
exemples  à  faire  connaître. 

Reims.  —  Les  Chanteuses  de  Nostre-Dame  et  la  Schola  des  hommes  et  jeunes  gens 
se  sont  plusieurs  fois  fait  entendre  avec  le  plus  grand  succès,  en  donnant  le  meil- 
leur exemple.  Pendant  le  mois  de  Marie  et  pour  les  fêtes  du  Saint-Sacrement  et 
du  Sacré-Cœur,  plusieurs  réunions  religieuses,  avec  des  pièces  françaises  et  latines 
choisies,  ont  eu  lieu  à  la  cathédrale  et  en  diverses  paroisses  et  chapelles,  avec  le 
concours  des  Chanteuses.  Une  réunion  annuelle  a  eu  lieu,  sous  la  présidence  de 
M.  l'archiprêtre  ;  elle  comprenait  :  un  «  exposé  de  la  vie  du  groupement  »,  par  les 
dames  du  conseil  de  l'œuvre  ;  le  chant  du  Kyrie  n°  lo  et  d'un  motet  grégorien  ;  une 
conférence  entre  plusieurs  associées,  sur  «  le  chant  des  femmes  à  l'église  à  travers 
les  siècles  »  ;  l'exécution  du  Sancta  Maria,  de  V.  d'Indy,  et  du  Vinea  mea  electa,  de 
l'abbé  Boyer  ;  une  série  de  projections  où  M.  l'abbé  Thinot,  maître  de  chapelle  de 
la  cathédrale  et  directeur  de  l'œuvre,  retraçait  les  phases  de  ses  excursions  alpestres 
de  l'été  dernier  ;  enfin,  le  chœur  Sous  l'ombre  fraîche  des  palmiers,  extrait  de  Re- 
becca,    de  César  Franck. 

Les  hommes,  de  leur  côté,  ont  tenu  une  réunion  en  l'honneur  des  membres  hono- 
raires et  des  amis  de  la  «  Schola  de  Reims  »,  sous  la  présidence  de  M.  l'abbé 
Neveux,  vicaire  général.  Après  quelques  mots  sur  le  groupement,  sa  fondation,  sa 
vie,  ses  espérances,  l'assemblée  a  chanté  le  Christus  vincit.  M.  l'abbé  Thinot  fit 
ensuite  une  causerie  sur,  le  chant  sacré  et  dirigea  le  Salve  Regina  de  Valdès,  et 
Très  sunt  horae,  extrait  des  Sept  Parole?,,  de  de  La  Tombelle.  Puis  une  série  de 
projections,  et  enfin  la  Cantate  à  Jeanne  d'Arc,  de  de  La  Tombelle. 

La  Schola  de  Reims  alternait  avec  la  maîtrise,  et  s'était  chargée  d'entraîner  la 
foule,  pour  le  congrès  eucharistique.  Les  chants  de  la  procession  comprenaient  : 
le  psaume  Laudate  Dominum  par  les  soprani,  avec  l'antienne  Adoremus  trois  fois 
répétée  par  la  foule  ;  le  psaume  Credidi,  après  chaque  verset  la  foule  répétait  le 
verset  Quid  rétribuant  ;  Verbum  siipernum,  à  4  voix  mixtes  (Hardouin),  parla  maîtrise  ; 
Tantum  ergo,  à  4  voix  égales  (Van  Berckel),  par  la  Schola  des  hommes  ;  psaume 
Quam  dilecta,  les  versets  étant  chantés  alternativement  par  les  soprani  de  la 
maîtrise,  les  hommes  de  la  Schola,  et,  après  chaque  double  verset,  l'acclamation 
par  la  foule  :  Jesuni  aeterni  Patris  Filium,  venite  adoremus,  qui  est  salus  et  vita 
nostra  (dans  le  Cours  de  A.  Gastoué,  page  82)  ;  Laudate  caeli,  à  5  voix  mixtes 
(Benevoli),  par  la  maîtrise  ;  et  enfin  le  psaume  Misericordias  avec  antienne  par  la 
foule,  comme  ci-dessus.  La  cérémonie  s'est  clôturée  avec  le  Te  Deum,  le  Tantum 
ergo,  le  Christus  vincit,  chantés  par  la  foule. 


—  i53  — 

Nous  sommes  ravis  de  nous  étendre  ainsi  sur  ce  qui  se  fait  à  Reims.  Les  pro- 
grammes d'exécution  et  d'action  sont  d'un  grand  intérêt  pour  les  œuvres  similaires, 
et  nous  pouvons  dire  que,  grâce  au  zèle  et  à  l'esprit  d'ordre  de  M.  l'abbé  Thinot, 
c'est  à  Reims  que  le  chant  religieux  liturgique  et  populaire  est  le  plus  puissamment 
organisé  en  France. 

Vesoul.  —  L'installation  d'un  nouveau  curé,  M.  l'abbé  Saunier,  par  Mgr  Gauthey, 
archevêque  de  Besançon,  a  donné  à  la  jeune  Schola  vésulienne  et  à  l'organiste, 
M.  Chapuis,  l'occasion  de  prouver  devant  une  nombreuse  assistance  leur  bon  goût, 
leur  zèle  et  leurs  talents.  Au  cours  des  cérémonies  ont  été  exécutées  les  pièces  sui- 
vantes ;  Messe  :  Marche  pontificale,  grand  orgue,  de  Widor;  Toccata  et  fugue  en  ré 
mineur,  J.-S.  Bach;  Tollite  hostias,  à  quatre  voix,  Saint-Saëns  ;  Minuetto,  Gigout  ; 
Finale,  César  Franck.  —  Salut  :  Salve  Regina,  à  quatre  voix,  de  Soriano  ;  O  salu- 
taris,  quatre  voix,  Perruchot  ;  O  gloriosa,  (\uàiTQ  voix,  Palestrina  ;  Tantum  ergo, 
quatre  voix,   Perruchot  ;  Marche  religieuse,  grand  orgue,  Guilmant. 

On  doit  à  M.  Chapuis  l'introduction  et,  nous  voulons  l'espérer,  l'adoption  défini- 
tive, dans  l'église  paroissiale  de  Vesoul,  d'un  répertoire  trop  longtemps  ignoré  de 
ses  prédécesseurs.  La  Schola  vésulienne  que,  sous  son  impulsion,  dirige  un  «  ama- 
teur »,  M.  F.  Boucherit,  compte  une  dizaine  de  chanteurs  et  quelques  mois  d'exis- 
tence. Ses  débuts  vraiment  remarquables  donnent  pour  l'avenir  le  meilleur 
espoir. 

RouBAix.  —  La  Schola  de  l'Institution  Notre-Dame-des-Victoires,  dirigée  par 
M.  l'abbé  Bayart,  a  cette  année  encore  bien  mérité  du  chant  liturgique,  qu'elle  a 
fait  de  plus  en  plus  connaître  et  goûter,  soit  à  l'intérieur  de  l'Institution,  soit  dans 
diverses  églises  de  la  ville  où  son  concours  fut  plusieurs  fois  demandé  et  apprécié. 
En  particulier,  lors  de  la  cérémonie  des  premières  communions,  tous  les  assistants 
se  sont  déclarés  ravis  et  convaincus.  Le  chant  grégorien  a  triomphé  dans  le  propre 
de  la  messe  (Ascension,  Ed.  Vat.),  le  Gloria  II,  ie  Credo  IV,  les  vêpres  tout 
entières.  De  musique  figurée  on  a  entendu  de  jolies  pièces  du  répertoire  de  la  rue 
Saint-Jacques,  et  en  outre  un  Sacris  solemniis  sur  un  choral  de  Bach  (0  Gott,  du 
frommer  Gott),  ainsi  qu'un  Kyrie  et  un  Sanctus  écrits  pour  la  circonstance,  en  con- 
trepoint, sur  l'intonation  du  G/or/a// de  l'Édition  Vaticane.  Ce  futune  belle  journée 
pour  le  chant  liturgique,  et  ce  fut  pour  beaucoup  encore,  hélas  !  —  une  révélation  : 
un  chant  d'église  intelligent,  agréable,  vivant  et  noble  !  Ajoutons  qu'il  faut  donner 
une  grande  part  d'éloges  au  chœur  formé  par  quatre  centaines  d'élèves,  qui  tous  les 
dimanches  chantent  leur  partie  de  l'ordinaire  de  la  messe  et  les  vêpres,  avec  un 
ensemble  et  une  perfection  étonnants.  Il  y  a  des  moments  d'enthousiasme...  ! 

Et  après  cela,  le  maître  de  chapelle  s'est  entendu  poser  cette  question  par  un  de 
ses  confrères:  «  Mais,  qu'est-ce  qui  prouve  que  le  chant  grégorien  vaut  mieux  que 
Vautre  in  II  n'a  pas  répondu... 

P. 

BELGIQUE 

Namur.  —  Mgr  l'évêque  de  Namur,  jugeant  que,  depuis  le  commencement  de  la 
publication  de  l'Édition  Vaticane,  il  s'est  écoulé  suffisamment  de  temps  pour  que 
chacun  se  mette  au  courant,  a  ordonné  qu'à  partir  de  la  fête  de  l'Assomption,  le 
Graduel  Vatican  sera  obligatoire  dans  toutes  les  églises  et  chapelles  du  diocèse. 

Les  prêtres  seront  obligés  de  se  conformer  aux  Toni  communes  pour  les  oraisons, 
préfaces,  etc. 

Monseigneur  engage  les  doyens  à  organiser  des  conférences  pratiques  à  ce  sujet 
pour  les  prêtres  de  leur  canton. 

Nous  extrayons  ces  deux  derniers  paragraphes,  qui  concernent  la  musique  d'or- 
gue et  les  concours  pour  chantres  et  organistes  : 

«  Nous  appelons  de  nos  vœux,  comme  corollaire  du  progrès  accompli  dans  le 
domaine  du  chant  et   de   la   musique  sacrée,  le   placement  d'orgues  dans  un  grand 


—  1 54  — 

nombre  d'églises.  Un  travail  de  cette  importance,  chacun  le  comprend,  doit  se  réali- 
ser partout  dans  les  conditions  les  plus  favorables,  tant  au  point  de  vue  de  la  soli- 
dité de  la  facture  que  des  qualités  instrumentales  requises  pour  l'exécution  de  la 
vraie  musique  d'église.  Aussi  ne  saurions-nous  trop  vivement  engager  ceux  que  la 
chose  concrerne  à  ne  recourir  qu'aux  facteurs  éprouvés  et  habiles.  De  plus,  Nous 
voulons  que,  préalablement  à  tout  contrat.  Nous  soit  soumis  un  dossier  comprenant  la 
composition  détaillée  de  Vorgue,  le  dessin  du  buffet,  un  plan  situant  l'instrument  dans 
le  jubé,  les  devis  et  cahier  des  charges. 

«  Complétant  Notre  règlement  sur  les  nominations  aux  places  vacantes  de  chan- 
tres et  d'organistes  (circulaire  no  69,  novembre  1905),  Nous  avons  décidé  qu'en  ce 
qui  concerne  les  organistes,  Messieurs  les  curés  pourront  proposer  à  la  nomination 
du  Bureau  des  Marguilliers,  sans  concours,  les  élèves  diplômés  de  l'École  interdio- 
césaine de  Musique  religieuse  de  Malines.  Le  concours  reste  cependant  prescrit  s'il 
se  présente  plusieurs  candidats  porteurs  de  diplômes  de  ladite  École.  » 

Le  diocèse  de  Namur,  comme  d'ailleurs  nos  diocèses  de  Belgique,  se  montre  plus 
avancé  dans  la  voie  d'organisation  de  la  musique  d'église  que  telle  grande  nation 
voisine. 

Liège.  —  A  l'orphelinat  Saint-Jean  Berchmans  (Œuvre  de  Dom  Bosco),  la  fête 
de  Notre-Dame  Auxiliatrice  a  été  célébrée  de  la  plus  religieuse  et  de  la  plus  artis- 
tique manière.  Voici  le  détail  des  chants  exécutés  sous  la  direction  de  M.  Ant.  Auda  : 

A  la  messe  de  communion  :  Cantilène  à  la  sainte  Vierge,  Ch.  Bordes  ;  Homo 
quidam,  chant  grégorien  ;  Avant  la  communion^  abbé  Brun;  Tota  pulchra  es,  Dom 
Pothier. 

A  10  heures,  Grand'Messe  :  Missa  «  Gaudeamus  »,  à  quatre  voix,  F.  Mawet  ;  le 
Propre,  en  chant  grégorien  (Édition  Vaticane). 

A  3  heures  1/2,  Compiles  solennelles  :  harmonisations  de  C.  Andréas,  L.  Viadana 
et  H,  Moreau;  Vene^,  Créateur  de  nos  âmes,  P.  Sandret. 

Salut  solennel  :  Domine  Deus,  k  trois  voix,  G.  Franck;  Alléluia.  Rosa  vernans, 
chant  grégorien  ;  Tantum  ergo,  chant  grégorien  ;  Laudate  Dominum,  à  quatre  voix, 
V.  Ruffi. 

ITALIE 

Le  mouvement  de  rénovation  de  la  musique  d'église  s'étend  puissamment,  grâce  à 
la  réorganisation  et  à  l'influence  de  l'Association  Sainte-Cécile,  depuis  le  congrès  si 
beau  tenu  à  Pise  l'automne  dernier.  Le  Bolletino  Ceciliano,  organe  de  la  société, 
vient  de  faire  paraître  son  second  numéro  :  il  renferme  le  beau  discours  du  cardinal 
Maffi,  au  congrès  national,  sur  les  raisons  de  la  musique  sacrée,  une  remarquable 
allocution  du  R.  P.  A.  de  Santi  à  la  salle  Pia  de  Rome,  sur  le  sens  déprécatif  qui 
doit  se  dégager  de  la  musique  d'église,  la  musica  orante,  à  l'occasion  de  la  première 
réunion  régionale  du  groupe  du  Latium,  à  la  fin  d'avril,  enfin  le  rapport  de  M.  l'abbé 
P.  Vannutelli,  secrétaire  du  groupe,  sur  cette  assemblée.  Le  mouvement  grégorien 
est  très  puissant  ;  la  rénovation  de  la  musique  proprement  dite  est  plus  longue  et  se 
tourne  surtout  du  côté  allemand.  Tandis  que  les  œuvres  modernes  de  Haller,  Mit- 
terer,  Renner,  etc.,  sont  l'objet  d'une  grande  diffusion,  nous  avons  vu  avec  étonne- 
ment,  dans  les  divers  chœurs  de  la  région  latine,  que  les  noms  de  Bordes,  de  Perru- 
chot,  de  Boyer,  étaient  inconnus.  Cependant,  les  compositions  de  la  jeune  école 
française,  beaucoup  plus  mélodiques  que  les  œuvres  germaniques,  ont  par  là  tout 
ce  qu'il  faut  pour  plaire  aux  oreilles  italiennes. 

On  vient  de  fonder  à  Rome  des  examens  de  chant  grégorien  organisés  par  l'Asso- 
ciation, Le  règlement  prévoit  deux  degrés  pour  l'obtention  des  diplômes  ;  le  pro- 
gramme a  recueilli  des  suffrages  unanimes,  sauf  en  un  point,  puisque  les  auteurs  de 
ce  règlement  ont  cru  devoir  yintroduireles théories  néo-solesmiennes  dessignes  pré- 
tendus rythmiques,  ce  qui  est  absolument  contraire  aux  décisions  votées  au  Congrès 
national  de  Pise,  Pour  l'accompagnement,  nous  ferons  la  même  remarque  que  plus 


-   i55  — 

haut:  alors  que  parmi  les  étrangers  les  Belges  et  les  Allemands  sont  nommés,  on  n'y 
souffle  mot  des  Français.  Cependant  on  a  le  projet  de  fonder  à  Rome  une  école  supé- 
rieure de  musique  sacrée,  sur  le  modèle  des  premières  années  de  la  Schola  de  Paris. 

Gr. 

Palerme.  —  Un  congrès  régional  de  l'Association  cécilienne  italienne  a  été  tenu 
à  Palerme,  14,  i  5,  16  juin  igto.  L'association  Santa  Cecilia  est  connue  des  lec- 
teurs de  la  Tribune.  Calquée  sur  le  Caecilienverein,  elle  tâche  de  grouper  en 
Italie  toutes  les  bonnes  volontés,  tout  en  donnant  une  place  plus  importante  au 
plain-chant  et  propageant  l'Édition  Vaticane  et  le  rythme  libre.  Son  siège  est  à 
Rome,  et  son  président,  le  R.  P.  de  Santi,  en  assure  l'orthodoxie.  —  Deux  congrès 
nationaux,  Turin  et  Pise,  ont  prouvé  la  vitalité  de  la  Santa  Cecilia. 

Jusqu'ici  rien  n'avait  été  tenté  en  Sicile,  l'association  comptait  quelques  membres, 
mais  pas  de  groupements.  Aujourd'hui  la  situation  s'est  modifiée.  En  février  1910,  il 
y  eut  une  réunion  des  évêques  de  Sicile,  et  entre  autres  questions  envoyées  de 
Rome,  Nosseigneurs  devaient  répondre  sur  l'exécution  du  Motu  proprio  dans  leurs 
diocèses.  C'est  alors  qu'ils  nommèrent  un  délégué  régional  chargé  de  provoquer  un 
congrès  de  la  Santa  Cecilia,  et  désignèrent  un  délégué  diocésain  chargé  de  les  repré- 
senter en  ce  congrès. 

Ce  fut  le  congrès  de  Palerme  des  14,  i5,  16  juin  dernier,  modeste,  il  est  vrai,  par 
le  nombre  de  ses  adhérents,  mais  revêtu  quasi  d'une  mission  officielle. 

Qu'y  fit-on,  à  ce  congrès  ?  A  l'extérieur,  assemblées  générales,  discours  d'apparat, 
présidence  du  cardinal  Lualdi,  deux  ou  trois  exécutions  grégoriennes  plutôt  mal 
réussies,  une  soixantaine  d'auditeurs,  prêtres  pour  la  plupart,  bien  que  les  laïcs 
stipendiés  aient  la  part  principale  dans  les  exécutions  musicales.  A  l'intérieur,  on 
apprit  à  se  connaître,  on  put  mesurer  ses  forces  ;  les  principes  étant  les  mêmes,  on 
put  se  grouper.  L'union  se  fit.  Comme  tout  congrès  qui  se  respecte,  le  nôtre  eut  ses 
motions,  qui  pourraient  se  résumer  en  un  seul  point  :  faire  pénétrer  le  plain-chant 
et  la  musique  religieuse  dans  les  séminaires,  en  instituant  des  classes  régulières,  des 
exécutions  publiques  et  des  examens. 

Partout,  dans  les  séminaires,  il  y  a  eu  un  effort  considérable  ;  je  cite  au  hasard  : 
Catania,  Caltanisetta,  Noto,  Piazza,  Nicosia,  Aciréale,  Caltagirone,  ont  adopté  l'Edi- 
tion Vaticane.  Les  jeunes  sont  pleins  d'entrain;  malheureusement  plus  qu'en  France, 
le  plain-chant  s'est  perdu,  sa  tonalité  a  fui  les  oreilles  siciliennes  :  les  parties  varia- 
bles de  la  messe  sont  lues,  les  Kyrie,  etc.,  confiés  à  des  chantres  qui  ont  la  préten- 
tion de  s'élever,  au  moins  une  fois  dans  leur  vie,  à  la  dignité  de  compositeurs  de 
messes,  dont  le  thème  n'est  guère  différent  de  celui  des  chansons  napolitaines. 

Le  service  des  cathédrales  est  plus  mal  assuré  encore  :  souvent  l'orchestre  dépend 
du  conseil  municipal,  et  dans  ce  cas  nul  doute  que  la  séparation  de  l'Eglise  et  de 
l'État  ne  produisît  un  effet  salutaire.  S'il  fallait  parler  des  orgues,  ce  serait  pire  : 
un  délégué  déclarait  que  le  tremblement  de  terre  avait  été  une  vraie  Providence  en 
détruisant  les  orgues  de  Messine  ;  du  moins,  ajoutait-il,  on  pourra  se  procurer  quel- 
ques harmoniums  liturgiques. 

A  Caltagirone,  les  secousses  sismiques  n'ont  pas  accompli  le  miracle  complet, 
mais  seulement  détraqué  quelques  vieilles  machines.  II  en  reste,  hélas  !  un  grand 
nombre. 

Au  séminaire  on  travaille  ferme  :  peu  à  peu  l'oreille  s'habitue  au  rythme  grégo- 
rien :  tous  les  dimanches,  messes  et  vêpres  en  plain-chant;  les  jours  de  fête,  les 
séminaristes  chantent  à  la  cathédrale  les  parties  variables  de  la  messe  (l'orchestre  se 
charge  des  Kyrie  et  Gloria  :  son  répertoire  s'est  amélioré,  on  y  entend  de  temps  à 
autre  Foschini  et  Botazzo). 

Voici  comme  exemple  le  programme  d'une  première  communion  (19  juin)  :  Venite 
populi  (Rheinberger,  2  voix  égales)  ;  O  mon  bon  Jésus  (Sandret);  Devoti  ti  adoriamo 
(air  :  Adoro  te)  ;  Jour  précieux  (Edg.  Tinel).  —  A  la  bénédiction  :  Adoro  te  (de  La 
Tombelle,  3  voix  égales)  ;  Ave  Maria  (Boyer,  3  voix  égales)  ;  Tantuni  ergo  (prélude 
3  voix  égales);  Aux  cantiques  de  la  terre  (Ch.  Bordes).  L.  D. 


i56  — 


ESPAGNE 


Le  quatrième  centenaire  de  Antonio  de  Gabezdn  (i5io-i566),  le  «  patriarche  de 
l'orgue  »,  suscite  un  élan  remarquable  parmi  les  musiciens  d'église  de  la  péninsule. 
Il  doit  y  avoir  une  fête  à  Valence,  avec  un  concert  historique  d'orgue  au  palais  de 
l'Exposition,  et  une  solennelle  fonction  religieuse  à  la  cathédrale.  Déjà,  notre  ami  et 
élève  M.  V.-M.  de  Gibert,  pour  l'inauguration  du  nouvel  orgue  des  PP.  Capucins 
de  Notre-Dame  de  Pompéi,  à  Barcelone,  a  réuni  sur  le  programme  le  nom  de 
Gabezôn  à  ceux  de  Bach  et  de  Franck.  Voici  le  détail  des  œuvres  exécutées  par  M.  de 
Gibert  sur  ce  bel  orgue,  construit  par  le  facteur  Xuclâ,  avec  trois  claviers  manuels 
(6i  notes;,  pédalier  (3o  notes),  3i  jeux  et  i3  pédales  de  combinaisons  : 

Ant.  de  Gabezdn:  Tiento  ;  Diferencias  sobre  el  Canto  del  Caballero  ;  Tiento  de 
Cuarto  tono  i. 

J.-S.  Bach  :  Petit  prélude  et  fugue  en  si  bémol  majeur;  Aria,  en  io  mineur  ; 
Fantasia,  en  sol  majeur  ;  Trio  sur  le  choral  Wachet  auf  ;  Toccata  et  fugue  en  ré 
mineur.  G.  Franck  :  Pastorale  ;  Choral  en  la.  Ce  concert  d'orgue  a  valu  à  M.  de 
Gibert  et  aux  maîtres  qu'il  interprétait  le  plus  grand  succès. 

La  revue  Musica  Sacro-Hispana,  qui  est  en  Espagne  l'équivalent  de  la  Tribune, 
publie,  à  l'occasion  des  fêtes  de  Gabezdn,  un  superbe  numéro  que  nous  recomman- 
dons à  nos  lecteurs.  Ce  fascicule  renferme  des  articles  remarquables  des  meilleurs 
musicographes  espagnols,  des  photographies  des  œuvres  de  Gabezdn  pour  orgue,  de 
trios  pour  clavier,  harpe  el  vihuela,  avec  remise  en  partition  et  annotations  de 
F.  Pedrell  et  de  V.-M.  de  Gibert. 


I.  On  sait  que  les  œuvres  de  Cabezôn,  \e  premier  en  date  des  maîtres  qui  aient  spéciale- 
ment écrit  pour  l'orgue,-  ont  été  éditées  par  le  maître  Felipe  Pedrell  chez  Dotesio.  On  les 
trouverai  au  complet  dans  la  grande  coWecion  ds  VHispaniae  Schola  Musica  Sacra,  ou,  plus 
pratiquement,  dans  El  Organista  lilûrgico  Espanol  ou  VAntologia.  de  organistas  cldsicos 
Espafioles. 


P.  S.  —  Nous  apprenons,  au  moment  de  mettre  sous  presse,  la  mort  de 
M.  Bourgault-Ducoudray,  qui,  professeur  d'histoire  de  la  musique  au  Conservatoire 
de  Paiis,  accepta  d'être  vice-président  de- la  Schola  alors  naissante.  M.  Bourgault- 
Ducoudray,  dont  plusieurs  d'entre  nous  furent  les  élèves,  avait  déjà  dià  interrompre 
ses  classes  il  y  a  près  d'un  an.  Il  a  été  remplacé  par  notre  collègue  et  ami  M.  Maurice 
Emmanuel,  professeur  de  solfège  supérieur  à  la  Schola. 


Explication  de  la  lettre  qui  est  imprirnée  dans 
le  cinquième  Livre  de  Madrigaux  de  Claudio 
Monteverde  )). 

(Suite) 


Or,  si  dans  les  passages  que  lui  (Artusi)  trouve  mauvais,  le  public 
s'avisait  de  remettre  les  paroles  à  leur  place,  il  reconnaîtrait  aussitôt 
l'erreur  du  jugement  dudit  Artusi,  pour  lequel  toutes  ces  choses  ne 
seraient  que  chimères  et  châteaux  en   l'air  ^  ! 

Quoique  ces  passages  n'aient  pas  été  entièrement  faits  selon  les 
règles  de  la  première  «  prattica  »  ^,  mais  suivant  celles  du  bon  sens, 
il  est  certain  que  si  on  avait  administré  pareil  traitement  aux  madri- 
gaux de  Cipriano  ^  :  Dalle  belle  cont?^ade  *,  Se  ben  il  duol  ^  Et  se  pur  mi 
mantieni  amor^,  Poiché  m  invita  amore  '^,  Criidel  acerba  ^,  Un  alti^a 
volta  9,  et  d'autres  encore,  dont  l'harmonie  est  pour  ainsi  dire  la  ser- 
vante attentive  des  paroles,  ils  ressembleraient  alors  à  des  corps  sans 
âme,  étant  privés  de  ce  qui  est  l'élément  capital  de  la  musique  ^o. 

1.  Traduction  littérale  :  castelli  in  aria. 

2.  Le  mot  «  prattica  »  (pour  l'usage  pratique)  est  opposé  à  «  theorica  »  (musique 
théorique  ou  spéculative).  Zarlino,  ht.  harm.,\\\^  partie,  chap.  i.  Dans  ce  même 
chapitre,  le  contrepoint  est  appelé  :  «  musica  prattica  », 

3.  Cipriano  di  Rore,  i5i6-i565.  Né  à  Malines,  élève  de  Willaert,  il  fut  nommé 
maître  de  chapelle  à  Saint-Marc  de  Venise  en  i563,  après  la  mort  de  son  maître. 
G.  di  Rore  est  considéré  par  Claudio  Monteverde  comme  un  précurseur. 

4.  V"  livre  de  madrigaux  à  5  voix  et  dans  le  P""  livre  des  Vive  Fiamme  (i3ô5). 

5.  IVe  livre  de  madrigaux  à  5  voix. 

6.  I*r  livre  des  Vive  Fiamme. 

7.  Publié  dans  le  Recueil  de  G.  Bonagiunta  :  Vive  fiamme  de  vaghi  e  dilettevoli 
madrigali  delV  eccell  musico  Cipriano  Rore. 

8.  Ile  livre  de  madrigaux  à  4  voix. 
9-  Ile  livre  de  madrigaux  34  voix. 

10.  La  musique  dramatique.  «Lavoix,  les  instruments,  tous  les  silences  mêmes  doi- 
vent tendre  à  un  seul  but  qui  est  l'expression  ;  et  l'union  doit  être  si  étroite  entre  les 
paroles  et  le  chant,  que  le  poème  ne  semble  pas  moins  fait  sur  la  musique  que  la 
musique  sur  le  poème.  »  Lettre  de  Gluck  à  La  H-AT\)t.  [Journal  de  Paris,  12  octo- 
bre 1777.) 

«  Le  point  central  qui  vivifie  l'expression  dramatique,  c'est  le  vers  déclamé  par 
l'acteur,  avec  la  mélodie  qui  lui  est  propre.  »  Richard  Wagner  (IV,  237V 

«  La  base  indispensable  de  toute  expression  artistique  qui  vise  à  la  perfection 
est  la  parole.  »  Richard  Wagner  (IV,  262). 


-    i5R  — 

Voilà  le  résultat  atteint  par  l'adversaire  en  jugeant  ces  passages  sans 
leurs  paroles,  car  tout  le  bon  et  le  beau  doivent  résider  (suivant  lui) 
dans  l'observation  exacte  des  règles  de  la  première  «  prattica  »,  qui 
supposent  l'harmonie  comme  seule  maîtresse  de  l'expression  des 
paroles. 

Aussi  mon  frère  lui  prouvera  que  la  musique  (la  sienne  du  moins) 
doit  viser  à  la  perfection  de  la  mélodie  \  et  laisser  l'harmonie  ^,  qui 
jusqu'ici  avait  été  seule  maîtresse  de  la  parole,  se  subordonner  à 
celle-ci. 

L'expression  de  la  parole  devenant  toute-puissante  sur  l'harmonie  s, 
voilà  le  but  de  la  seconde  «  prattica  »  *  ou  l'usage  moderne. 

S'appuyant  sur  ces  principes  qui  sont  la  vérité  même,  il  démontrera  à 
son  adversaire  que  la  musique  ^  du  madrigal  Cruda  Amarilli  ^,  n'a 
point  été  faite  au  hasard.  Elle  est  au  contraire  le  produit  de  bien  des 
recherches  artistiques  et  de  beaucoup  d'étude,  ce  que  l'adversaire  n'a 
point  l'air  ni  de  savoir  ni  de  comprendre  ;  c'est  pourquoi  mon  frère 
lui  prouvera,  par  sa  prose,  que  tout  ce  que  celui-ci  avance  sur  la  per- 
fection de  la  mélodie  n'est  pas  fondé  sur  la  vérité  de  l'art  '^. 

En  jugeant  le  madrigal  de  mon  frère  d'après  les  règles  de  la  pre- 
mière «  prattica)^  ^  (c'est-à-dire  celles  qui  ne  font  point  de  cas  de  la  per- 
fection de  la  mélodie),  l'Artusi  agit  comme  ceux  qui,  à  l'affût  des  erreurs 
dans  les  œuvres  des  autres,  se  mettent  à  en  relever  les  fautes  d'impres- 
sion I  car  :  «  Purpura  iuxta  purpuram  deinde  cauda  »  [sic)  !  On  ne 
doit  pas  seulement  objecter  que  des  paroles  aux  faits  d'autrui  ! 
Horace,  II  :  «  Nil  agit  exemplum  litem.quod  lite  resoluit.  » 


1.  Mélodie,  en  tant  que  mélodie  appliquée  à  la  déclamation. 

2.  Harmonie  est  pris  ici  dans  le  sens  de  contrepoint,  polyphonie,  accords  simul- 
tanés de  mélodies  (Padre  Martini),  et  de  composition  musicale  en  général.  Il  y  a 
aussi  une  allusion  à  l'état  de  la  musique  a^ant  Monteverde,  musique  purement  mu- 
sicale, régie  par  le  contrepoint,  tout  le  contraire  de  la  sienne,  qui  n'avait  pour  but 
que  l'expression  dramatique. 

3.  Voir  p.  4  et  i3,  note  2. 

4.  Voir  la  définition  du  mot  «  prattica  »,  p.  10,  note  2. 

Monteverde  a  dénommé  l'ouvrage  où  il  se  proposait  d'exposer  ses  théories:  Melo- 
dia  overo  seconda  pratica  musicale,  dont  il  ne  reste  que  deux  lettres  (22  octobre 
i633  et  2  février  1634).  Venise.  {Arch.  di  stato  de  Parme.  Carteggio  farnesiano,  Istit. 
mus.  de  Florence.) 

5.  Le  texte  italienporte  :  «  armonia  del  madrigale  Cruda  Amarilli.  »  «  Armonia  » 
est  pris  dans  le  sens  de  composition  musicale  ;  voir  p.  7,  note  i. 

6.  «  La  musica  rappresentativa  del  5°  libro  de  madrigali  del  sig.  Claudio  Monte- 
verde, regolata  dalle  naturale  espressione  délia  voce  humana  nel  movere  gli  aflFetti, 
influendo  con  soavissima  maniera  negli  orecchi,  e  per  quelli  facendosi  de  gli  animi 
piacevolissima  tiranna,  é  ben  degna  d'esser  cantata  e  udita,  non  già  ne  si  pascoli  ;  e 
trà  le  mandre  ;  ma  ne'  ricetti  de  più  nobili  spiriti,  et  nelle  régie  corte,  e  pub  ancora 
servire  a  molti  per  infallibiie  norma  et  idea  di  comporre  armonicamente  conforme 
aile  legge  migliore,  madrigali  e  canzoni.  »  Copini,  Il  seconda  libro  délia  tnusica  di 
Cl.  Monteverde.  Milan,  1608. 

7.  Traduction  littérale. 

8.  «  La  mia  intenzione  è  di  mostrare  con  il  mezzo  de  la  nostra  pratica  quanto  ho 
potuto,  trarre  de  la  men^^e  de  que'  filosofi  a  servitio  de  la  bona  arte,  et  non  a  prin- 
cipii  de  la  prima  pratica  armonica  solamente.  »  [Melodia  overo  seconda  pratica  musi- 
cale, 2  février   1634.) 


—  I  59  — 

Et  comme  Artusi  ne  se  perd  qu'en  paroles  inutiles  sans  donner  aucun 
exemple  des  théories  qu'il  avance,  qu'il  laisse  donc  le  public  être  seul 
juge  des  œuvres  de  iTion  frère  ;  de  même  un  malade  ne  louera  pas  les 
connaissances  de  son  médecin  rien  qu'en  l'entendant  discourir  sur 
Hippocrate  et  Galien,  mais  bien  lorsque  la  science  dudit  médecin  lui 
aura  fait  recouvrer  la  santé  1 

Pareillement  le  monde  ne  consacrera  pas  le  talent  d'un  musicien  rien 
qu'à  ses  babillages  ^,  sur  les  honorés  théoriciens  de  l'harmonie  ! 

Timothée  -  a-t-il  incité  Alexandre  à  prendre  les  armes  seulement  par 
ses  exhortations  ?  Non,  mais  grâce  au  pouvoir  de  ses  chants  ^.  Le  but 
démon  frère  sera  donc  d'amener  son  adversaire  (et  non  pas  les  autres) 
à  ce  point  de  vue  pratique. 

Respectant  lui-même  toutes  les  opinions,  il  invite  Artusi  à  en  faire 
toujours  autant,  afin  que  celui-ci  ne  reste  attentif  qu'au  chant  ''  et  non  à 
la  parole  écrite  ;  à  l'exemple  du  divin  Cipriano  Rore,  du  seigneur 
prince  de  Venosa  s,  Emilio  di  Cavalière  ^\  du  comte  Alfonso  Fonta- 
nella  '',  comte  di  Camerata^,  du  chevalier  Turchi  '"^,  Pecci  ^^,  et  autres 
maîtres  de  cette  école  héroïque,  sans  se  préoccuper  des  bavardages  et 
des  raisons  illusoires. 

Et  aussitôt  qu'elle  seî^a  r^ecopiée^  elle  paj^aîtra  avec  le  titre  de  seconde 
«  prattica  ». 

Le  but  de  l'adversaire  étant  de  ne  combattre  la  musique  moderne 
que  pour  défendre  l'ancienne,  remarquons  que  ces  deux  sortes  de 
musique  sont  en  réalité  très  différentes  l'une  de  l'autre,  parla  manière 
dont  les  conssonances  et  les  dissonances  s'y  trouvent  employées.  Mon 
frère  l'expliquera  du  reste  plus  tard  ;  or  cette  différence  ne  semble  pas 
être  reconnue  par  l'adversaire,  et  il  serait  nécessaire  que  l'on  comprît 
d'une  façon  absolument  évidente  en  quoi  consistent  exactement  ces  deux 
genres  de  musiques  que  mon  frère  honore  et  approuve  toutes  les  deux, 

1 .  «  Maneggi  di  lingua.  » 

2.  Poète  et  musicien  grec  né  à  Milet  vers  446,  et  mort  en  358. 

3.  Exemple  classique  de  la  puissance  de  la  musique,  cité  par  Zarlino  et  Galilée. 

4.  A  la  musique. 

5.  Don  Carlo  Gesualdo,  prince  de  Venosa,  né  vers  i56o,  mort  à  Naples  en  1614, 
publia  six  livres  de  madrigaux  à  5  voix,  de  1594  à  161 3. 

6.  Né  à  Rome  vers  i  55o,  mort  à  Florence  en  1602, intendant  de  la  musique  du  duc 
Ferdinand  de  Médicis  jusque  en  iSgô,  auteur  de  la  Rappresentatione  di  anima  e 
Corpo,  1600.  Voir  l'étude  de  Romain  Rolland  dans  la  Tribunedâ  Saint-Gervais,v,  i3ô. 

7.  Un  des  principaux  musiciens  de  Florence  vers  1610,  cité  dans  l'avertissement 
aux  lecteurs  de  VEuridice  de  Péri,  comme  grand  admirateur  de  cette  œuvre.  II  resta 
au  service  du  duc  Alfonse  II  d'Esté  à  Modène  et  fut  un  compositeur  estimé  de  .ma- 
drigaux, dont  Orazio  Vecchi  publia  à  nouveau  le  premier  livre  (Ferrare,  1695). 

8.  Jacopo  Corsi,  gentilhomme  liorentin,  qui  mourut  en  1604.  Il  s'occupa  de  la 
composition  de  la  Dafne  avec  Rinuccini  et  Péri  ;  cette  œuvre  fut  même  jouée  dans 
la  maison  de  Corsi  au  carnaval  de  i5gy. 

9.  Giovanni  del  Turco,  florentin,  chevalier  de  l'ordre  de  San  Stefano,  élève  de 
Marco  da  Gagliano.  Il  composa  des  madrigaux  et  fut  intendant  de  la  musique  du 
grand-duc  deToscane  de  1614  à  i6i5. 

10.  Tomaso  Pecci  de  Sienne,  membre  de  l'Académie  des  Filomeli,  auteur  de  plu- 
sieurs livres  de  canzonette  à  trois  voix,  de  madrigaux  à  cinq, voix,  et  de  musique 
religieuse.  Il  mourut  en  1606. 


—   i6o  — 

Il  a  donné  à  l'ancienne  musique  i  le  nom  de  première  «  prattica  », 
ayant  été  consacrée  la  première  par  l'usage  pratique,  et  à  la  moderne 
celui  de  seconde  «  prattica  »,  c'est-à-dire  ayant  servi  la  seconde  ^  à  l'usage 
pratique.  Il  faut  donc  entendre  par  «  première  prattica  »  le  genre  de 
musique  cherchant  avant  tout  la  perfection  de  l'harmonie,  et  où  cette 
dernière  n'est  pas  commandée  par  l'expression  des  paroles,  mais  l'as- 
servit au  contraire." 

Cette  musique  fut  inaugurée  par  les  premiers  maîtres  qui,  en  nos 
caractères  d'imprimerie  actuels,  écrivirent  des  cantilènes^  à  plus  d'une 
voix  ^.  Grandement  développée  par  Ockeghem  s,  Josquin  de  Près  ^, 
Pierre  de  la  Rue  \  Jean  Moutton  ^,  Créquillon  9,  Clemens  non  Papa  '«^ 
Gombert",  et  autres  musiciens  de  ce  temps,  elle  fut  perfectionnée  en 
dernier  lieu  au  point  de  vue  de  l'application  pratique  par  Messer 
Adriano  i^,  et  par  l'Eccell.  Zerlino  ^^  (s/c),  qui  formula  à  cet  égard  les 
règles  les  plus  judicieuses.  Quant  à  la  seconde  «  prattica  »,  elle  eut 
comme  premier  rénovateur,  toujours  dans  nos  caractères  d'imprimerie 
actuels,  le  divin  Gipriano  Rore  (comme  le  fera  voir  mon  frère).  Ce 
genre  de  musique  fut  non  seulement  cultivé  et  élargi  par  les  maîtres 
ci-dessus,  mais  encore  par  Ingegneri  ^*,  Marenzio  ^s,  Giaches  Wert^^, 
Luzzasco  ",  Giacopo  Péri  ^s,  Giulio  Caccini  ^9,  et  enfin  par  les  esprits 
les  plus  élevés  et  les  plus  connaisseurs  de  l'art  véritable. 


1.  École  de  musique. 

2.  C'est-à-dire  :  ayant  servi  après  la  première  «  prattica  ». 

3.  Mélodies.  Zarlino  {ht.  haj-m.,  Ile  partie,  chap.  xvi). 

4.  Polyphonie,  musique  polyphonique. 

5.  Né'vers  1430,  mort  entre  1494  et  1496,  maître  de  chapelle  de  Charles  VII  et 
de  Louis  XL  Sur  ce  maître  et  les  suivants,  voir  les  articles  de  F.  de  Ménil, 
Tribune,  années  III,  IV  et  V. 

6.  1450-152:. 

7.  Pierre  Pierchon,  Peti-us  Platensis,  né  avant  1477,  mort  après  i5io. 

8.  Jean  de  HoUingue,  dit  Mouton,  né  vers  1475,  mort  en  i522,  à  Saint-Quentin  ; 
il  fut  élève  de  Josquin  de  Près  et  maître  de  Wiliaërt.  Voir  Michel  Brenet,  Tribune, 
V.  323. 

9.  Thomas  Crecquillon,  flamand,  né  au  début  du  xvi"  siècle,  mort  en  155/  à 
Béthune. 

10.  Jacques  Clément,  Flamand,  né  vers  1475,  mort  avant  i566,  fut  premier  maître 
de  chapelle  de  Charles-Quint  à  Vienne. 

11.  Nicolas  Gombert,  de  Bruges,  fut  nommé  en  1 537  premier  maître  de  chapelle  de 
Charles-Quint  à  Madrid. 

12.  Adriano  Vv^illaërt,  né  à  Bruges  vers  1480,  mort  en  i562,  maître  de  chapelle  de 
Saint-Marc  à  Venise,  en  1 527.  On  lui  attribue  la  création  du  chant  à  deux  chœurs. 

i3.  Giuseppe  Zarlino,  né  à  Ch'ioggia  en  017,  mort  à  Venise  le  14  février  ibgo.  Il 
fut  élève  de  A.  WiUaërt,  et  succéda  àCipriano  di  Rore  comme  maître  de  chapelle  de 
Saint- Marc  en  i565.  Théoricien  célèbre,  il  écrivit  :  Istitutioni  harmoniche,  4  parties 
(Venise,  i558)  ;  Dimostrationi  harmoniche,  5  parties  (Venise,  1574);  Sopplimenti 
musicalt  {Venise,  ibSS). 

14.  Marc  Antonio  Ingegneri,  né  à  Crémone  vers  i545,  mort  en  1  592  ;  il  fut  maître  de 
chapelle  du  duc  de  Mantoue  et  maître  de  Claudio  Monteverde. 

i5.  Luca  Marenzio,  né  entre  i55o  et  i56o,  mort  en  1599,  auteur  de  la  musique  du 
Comb.tttimento  di  Appoline  col  serpente,  joué  en  1589  à  Florence  pour  le  mariage 
de  D.  Ferdinando  Medici  et  Madame  Christine  de  Lorraine,  et  d'un  très  grand  nom- 
bre de  livres  de  madrigaux. 

16.  Giaches  de  Wert,  flamand,  1 536-1596,  maître  de  chapelle  du  duc  de  Mantoue. 

17.  Luzzasco  Luzzaschi,  de  Ferrare,  le  plus  grand  organiste  italien  du  temps,  a 
laissé  des  canzone,  ricercari,  toccate,  et  des  livres  de  madrigaux. 

18.  i56i-i633. 

19.  i55o-i6i8. 


—  i6i  -^ 

Cette  musique  est  donc  celle  qui  met  tout  son  effort  à  la  perfection  de 
la  mélodie  ^  et  où  l'harmonie  est  commandée  par  l'expression  des 
paroles. 

C'est  donc  pour  ces  diverses  raisons  que  mon  frère  la  dénomme 
seconde  «  prattica  »  et  non  pas  nouvelle  «  prattica  »  ;  il  écrit  :  «  prattica  » 
et  non  «  theorica  »  '^,  car  tous  les  arguments  qui  y  sont  énoncés  traitent 
de  l'application  des  consonances  et  des  dissonances  pour  la  pratique 
seulement. 

Il  ne  dit  pas  davantage  :  Istitutioni  melodiche  3,  ne  considérant  pas 
son  oeuvre  comme  assez  importante  pour  mériter  la  peine  d'une  entre- 
prise aussi  considérable,  préférant  laisser  au  chevalier  Ercole  Bottri- 
gari  ^  et  au  révérend  Zerlino  le  privilège  de  la  composition  des  nobles 
écrits.  Ce  dernier  a  du  reste  appelé  un  de  ses  ouvrages  Istitutioni  har- 
moniche  parce  qu'il  y  exposait  les  lois  et  les  règles  de  l'harmonie  ;  au 
lieu  que  mon  frère,  en  disant  seconde  «  prattica  »  (c'est-à-dire  second 
usage  pratique),  montre  bien  qu'il  ne  songe  par  là  qu'à  l'application  de 
principes  ayant  la  seule  mélodie  ^  comme  but  et  dont  il  se  servira  (de 
quelques-uns  au  moins)  dans  sa  défense  contre  Tadversaire. 

Ou  bien  des  pe?^fections  de  la  musique  moderne 

Mon  frère  ajoute  :  perfections  de  la  musique  moderne,  s'inspirant  de 
Platon  qui  a  dit  :  «  Nonne  e  musica  circa  perfectionem  melodicC  ver- 
savit  'J  ». 

[La  fin  au  prochain  numéro.)  [A  suivre.) 

Traduction  et  commentaire  de  M.-L,  Pereyra. 


1.  La  mélodie  expressive  appliquée  à  la  déclamation. 

2.  Théorique,  c'est-à-dire  musique  théorique. 

3.  Institutions  mélodiques. 

4.  Ercole  Bottrigari,  né  en  i53i  à  Bologne, y  mourut  en  16 12,  Doué  d'une  culture 
très  étendue,  il  écrivit  :  IlPatripo  ovverode'  tetracordi  armonici  diAristosseno  (  i  SgS)  ; 
Ildesiderio  ovvero  dei  concerti  di  varii  stromenti  musica li  (i5g4.)  ;  Il  Melone,  dis- 
corso armonico  (i632). 

Dans  la  seconde  partie  des  :  Imperfettioni,  intitulée  Considerationi  musicali, 
Artusi  attaque  non  seulement  à  nouveau  Claudio  Monteverde,  mais  le  chevalier 
Bottrigari  à  qui  ces  Considerationi  sont  dédiées  !  Celui-ci  se  défendit  dans  :  Alete- 
logia  di  Leonardo  Gallucio  à  benigni  e  sinceri  lettori.  Lettera  apologetica  del 
C.  H.  B.  (cavalière  Hercole  Bottrigari).  Autographe  au  «  Liceo  musicale  »  de 
Bologne. 

5.  «  Die  einzige  Form  der  Musik  ist  die  Mélodie  ;  ohne  Mélodie  ist  die  Musik  gar 
nicht  denkbar,  und  Musik  und  Mélodie  sind  untrennbar.  »  R.  Wagner,  vu,  166. 
ft  Die  kunst  eine  gute  Mélodie  zu  machen  begreifft  das  wesentlichste  in  der  ganzen 
Musik.  »  J.  Mattheson,  Volkommene  Kapellmeister  (1739). 

6.  Gorgias,\v\  princi.  (dans  le  texte  italien). 


Un  monument  à  Charles  Bordes 


Les  amis  de  Charles  Bordes  ont  pensé  qu'il  était  bien  juste  de  per- 
pétuer la  mémoire  de  notre  principal  fondateur,  d'une  manière  qui 
rappelât  à  tous  l'œuvre  de  ce  grand  apôtre  de  la  musique  sacrée. 

On  a  pensé  qu'à  l'imitation  de  ce  qui  s'est  pratiqué  autrefois  pour 
les  maîtres  qu'il  aimait  tant,  un  marbre  commémoratif,  érigé  dans 
l'église  de  Saint-Gervais,  à  Paris,  serait  la  meilleure  façon  de  rappeler 
son  souvenir.  Il  ne  saurait  s'agir  là  d'un  monument  fastueux,  bien  éloi- 
gné des  idées  de  notre  regretté  ami,  mais  d'un  wemorm/ mentionnant 
ses  titres  de  gloire,  dans  l'église  qu'il  illustra  et  qui  vit  la  fondation  de 
la  Schola. 

Une  souscription  (qui  ne  doit  point  être  publique)  est  ouverte.  Nous 
V  convions  les  lecteurs  et  amis  de  la  Tribune  de  Samt-Ge?^pais.  L'école 
ayant  en  ce  moment  fermé  ses  portes,  à  cause  des  vacances,  les  sous- 
criptions de  nos  lecteurs  seront  envoyées  au  nom  de  M.  Al.  Rouart, 
qui  est  chargé  de  les  centraliser. 

Henry  Noël. 


PETITE   CORRESPONDANCE 


N.  B.  —  //  est  répondu  dans  cette  rubrique  aux  demandes  de  renseignements  suscep- 
tibles d'intéresser  nos  lecteurs.  La  réponse  sera  donnée  ici  même,  sauf  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  une  réponse  personnelle. 

En  raison  des  nombreuses  demandes  de  renseignements  qui  nous  sont  adressées  par 
nos  abonnés  ou  autres  personnes,  il  ne  nous  sera  possible  de  répondre  personnellement 
désormais  qu'aux  lettres  qui  contiendront  0  fr.  3o  en  timbres-poste. 

Dans-cette  rubrique,  nous  insérerons  volontiers  au  titre  Demandes  les  questions  qui 
nous  seront  envoyées  par  nos  abonnés.  Les  personnes  autres  voudront  bien,  pour  frais 
d'insertion,  joindre  0  fr.  3o  à  leur  demande. 


Réponses. 

A.  Brun.  —  i°  Les  lettres  de  Mendelssohn  se  trouvent  en  édition  française  dans 
les  ouvrages  de  F.  Hiller,  Félix  Mendelssohn-Bartlioldy,  lettres  et  souvenirs,  et 
A.  Rolland,  Lettres  inédites  de  Mendelssohn.  20  L'orgue  de  la  Schola  n'a  pas  de  voix 
humaine  parce  qu'on  n'a  pas  cru  devoir  en  mettre,  ce  jeu  étant  d'un  emploi  à  peu 
près  inconnu  dans  les  pièces  classiques.  Cependant,  ce  n'est  pas  à  dire  que  ce  jeu 
doive  être  condamné  ;  mais  la  plupart  des  réalisations  en  sont  défectueuses,  et  les 
organistes  médiocres  sont  trop  portés  à  en  abuser. 

Abbé  T.  —  1°  L'accompagnement  de  l'abbé  Mathias  pour  l'Édition  Vaticane  est 
publié  chez  Pustet,  à  Ratisbonne;  les  Cantus  varii  des  franciscains  et  ceux  des 
dominicains,  chez  Desclée,  à  Tournai.  20  Au  sujet  de  la  théorie  des  «  signes  rythmi- 
ques ))  de  certains  bénédictins,  vous  pouvez  consulter,  pour  :  le  Nombre  musical, 
de  Dom  Mocquereau,  qui  est  l'ouvrage  type  de  cette  école  ;  contre  :  les  divers 
articles  de  Dom  David,  dans  la  Revue  du  chant  grégorien,  les  Etudes  de  chant 
grégorien,  de  l'abbé  Lhoumeau,  le  compte  rendu  de  MM.  Emmanuel  et  Gastoué, 
dans  la  Tribune  de  novembre  1908.  3"  Nous  vous  recommandons  le  recueil  de 
faux-bourdons  de  M.  l'abbé  Laurent,  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  d'Orléans, 
en  modifiant  las  passages  nécessités  par  la  Vaticane  (se  trouve  chez  l'auteur). 


Nouvelle  organisation  du  Bureau  d'Édition 


A  la  suite  de  la  mort  de  Ch.  Bordes,  la  liquidation  de  sa  succession  a 
amené  diverses  modifications  dans  la  direction  et  le  fonctionnement 
du  Bureau  d'Édition  de  la  Schola,  définitivement  réglées  en  ces  der- 
niers temps.  Un  don  généreux,  geste  noble  d'une  «amie  de  la  Schola  », 
qui  veut  rester  anonyme,  mais  que  notre  devoir  est  de  remercier  ici  pro- 
fondément, a  permis  d'entreprendre  une  première  œuvre  de  longue 
haleine  :  la  correction  d'un  certain  nombre  de  publications  dans  les- 
quelles nous  avions  eu  jusqu'ici  à  déplorer  des  fautes  de  gravure  les 
dépareillant.  Sur  ce  premier  résultat,  d'autres  se  grefferont,  et  nous 
espérons  en  mentionner  de  nouveaux  et  d'intéressants  dans  notre  pro- 
chain numéro. 

Pour  éviter  à  l'avenir  les  inconvénients  graves  que  peut  amener  la 
disparition  de  l'un  de  nous,  —  tout  homme  est  mortel,  —  M.  Vincent 
d'Indy  a  constitué  un  Comité  de  direction  du  Biweaii  d'Édition  de  la 
Schola.  Toute  communication  artistique  relative  aux  publications  de- 
vra simplement  être  adressée  au  «  Comité  de  direction  »  ;  tout  ce  qui 
concerne  le  côté  matériel  sera  au  nom  de  M.  l'Administrateur  du 
Bureau  d'édition  ;  M.  A.  Gastoué  reste  chargé  spécialement  de  la  rédac- 
tion de  la  Tribune. 

Nous  prions  une  fois  de  plus  nos  lecteurs,  pour  quelque  communi- 
cation qu'ils  aient  à  nous  faire,  de  ne  pas  les  insérer  dans  le  cours  d'une 
lettre,  mais  sur  des  feuillets  séparés^  écrits  seulement  au  verso,  avec 
mention  du  service  auquel  on  s'adresse  :  i"  Comité  de  direction, 
2°  administration,  3°  rédaction  ;  c'est  le  seul  moyen  d'obtenir  la  régu- 
larité des  réponses,  et  d'éviter  une  perte  de  temps  et  de  travail  inutile. 

Le  Comité  de  direction  du  Bureau  d'Edition. 


BIBLIOGRAPHIE 


VIENT  DE  PARAITRE 


Les  trois  états  de  la  tonalité,  de  M.  A.  Sérieyx,  tirage  à  part  de  l'étude  si 
intéressante  parue  dans  nos  derniers  numéros  :  i  fr. 

Du  même  auteur  :  La  musique  à  l'église,  conférence  prononcée  à  Paris,  au  Cercle 
du  Luxembourg,  tirage  à  part  des  Tablettes  de  la  Schola  :  o  fr.  75.  Ces  deux  publi- 
cations sont  appelées  à  une  grande  diffusion. 

A.  Abrégé  du  Graduel,  avec  titres  et  rubriques  en  français,  et  traduction  française 
de  toutes  les  pièces  chantées.  Édition  Schwann,  grand  in-S"  :  6  fr. 

B.  Messe  et  office  de  la  bienheureuse  Jeanne  d'Arc,  avec  traduction  française 
des  pièces  de  chant,  lectures  et  prières,  in-80  de  28  pages,  o  fr.  40. 

Ces  deux  publications  se  recommandent  d'elles-mêmes  par  la  traduction,  très 
précise  et  infiniment  élégante,  qu'elles  contiennent,  et  qui  est  due  au  R.  P.  Dom 
Lucien  David,  directeur  de  la  Revue  du  chant  grégorien.  On  regrette  souvent,  pour 
le  sens  à  donner  à  l'interprétation  des  pièces  grégoriennes,  de  ne  pas  avoir  une  tra- 
duction sous  la  main  :  ce  livre  et  ce  fascicule  donnent  entière  satisfaction. 

A.  Liber  usualis  inissae,  d'après  1  Édition  Vaticane,  en  notation  moderne,  avec 
les  signes  solesmiens  :  4  fr.  5o  broché,  Desclée. 

B.  Cantus  missae  et  officii,  pour  les  principales  fêtes,  d'après  l'Édition  Vaticane 
et  celle  de  Solesmes,  même  transcription.    Broché  :  2  francs. 

Ces  deux  derniers  livres  ont  tous  les  avantages  de  la  notation  moderne,  et  aussi 
tous  ses  inconvénients,  lorsqu'elle  est  compliquée  de  signes  qui  ne  lui  appar- 
tiennent en  rien  (pas  plus  du  reste  qu'à  la  notation  grégorienne).  Toutefois,  la  ligne 
est  en  général  moins  surchargée  que  dans  les  publications  en  notation  grégorienne 
de  même  origine,  et  on  peut  négliger  les  «  épisèmes  ictiques  »,  propres  seulement  à 
jeter  la  confusion.  Chaque  mélodie  porte  une  indication  métronomique  précise,  qui 
nous  paraît  une  erreur.  Sur  quoi  se  peut-on  baser  pour  attribuer  à  l'introït  de 
Pâques  la  valeur  J^  =  i52  ou  à  la  séquence  J^  =  144  ?  C'est  du  pur  arbitraire,  et 
rien  de  plus.  Les  indications  chronologiques  données  en  tête  des  pièces  de  l'Ordinaire 
ne  peuvent  aussi  que  prêter  à  la  confusion  :  ces  dates  ne  sont  pas  celles  de  la  com- 
position de  ces  chants,  mais  des  manuscrits  connus  des  annotateurs  de  cette  édition. 
Orj  il  y  a  parfois  des  manuscrits  plus  anciens  que  ceux  qu'ils  connaissent.  Par 
contre,  nous  avons  constaté  avec  plaisir  que  ces  éditions  ne  renferment  plus  d'arran* 
gement  grégorien  de  la  messe  royale  du  ic  ton  de  Du  Mont.  C'est  un  progrès. 


—  i66  — 

Kyriale  harmonisé  à  3  parties,  pour  orgue  ou  harmonium,  par  l'abbé  Henry,  à 
Sainte-Menehould  (Marne),  petit  in-40  de  i52  pages,  prix  net  6  francs,  chez  l'au- 
teur. 

Nous  possédions  déjà  divers  accompagnements  de  l'Ordinaire  de  la  messe. 
M.  l'abbé  Henry,  auteur  de  divers  travaux  et  compositions  d'ordre  musical,  vient 
d'en  publier  un  nouveau.  Le  but  est  excellent  :  parmi  les  accompagnements  publiés 
jusqu'ici,  plusieurs  ont  parfois  une  armure  de  transposition  compliquée,  une  harmo- 
nie trop  large  pour  les  organistes  novices.  L'auteur  de  ce  nouvel  accompagnement 
s'est  imposé  la  règle  d'éviter  le  plus  possible  les  accidents  à  la  clef  :  c'est  à  peine 
si  l'on  trouvera  quelques  chants  avec  deux  dièses  ou  bémols.  L'harmonie  presque 
constante  à  trois  parties  est  ordinairement  satisfaisante,  non  toutefois  sans  quelques 
effets  de  creux,  provenant  de  ce  que  l'auteur  a  voulu  éviter  les  écarts  de  doigts. 

L'ensemble  de  l'accompagnement  de  M.  l'abbé  Henry  est  écrit  d'une  manière 
qui  soutient  généralement  bien  le  rythme  et  la  tonalité.  Nous  avons  constaté  avec 
plaisir  le  soin  que  l'auteur  a  pris  de  marquer  l'accent  secondaire  des  polysyllabes  ; 
au  point  de  vue  tonal,  il  y  aurait  à  reprendre  les  cadences  du  IV"  ton,  terminées  ha- 
bituellement par  l'accord  de  la  finale,  ce  qui  dénature  cette  tonalité.  Ses  accompa- 
gnements ont  parfois  aussi  des  accords  chromatiques  peu  heureux  {Ite  missa  est  de 
Pâques)  ;  je  ne  suis  pas  personnellement  l'ennemi  du  chromatisme  dans  l'harmoni- 
sation du  plain-chant,  mais  a  il  y  a  la  manière  ».  Pourquoi  cette  publication  se 
termine-t-elle  par  une  adaptation  grégorienne  (une  de  plus  !)  des  messes  de  Du 
Mont,  ne  respectant  pas  plus  que  les  autres  le  rythme  de  l'auteur? Nous  ne  compre- 
nons pas  non  plus  pourquoi  l'auteur  a  surnommé  le  Credn  H,  «  cantus  primitivus  », 
et  le  I,  «  de  ritu  semiduplici  ».  Gela  n'est  conforme  ni  à  l'histoire,  ni  à  la  tradition, 
ni  à  l'Edition  Vaticane.  Le  Credo  I  est  le  tonus  authenticus,  le  H  est  une  variation 
«  ad  libitum  «usitée  en  certains  pays. 

Ces  réserves  faites,  je  crois  que  l'ouvrage  de  M.  l'abbé  Henry  —  qui  renferme 
encore  un  aperçu  succinct  de  l'histoire  et  de  la  théorie  du  chant  liturgique  —  pourra 
rendre  de  réels  services. 

Amédée  Gastoué. 


Nouveautés  des  Selecta  opéra,  publiées  par  L.-J.  Biton,  à  Saint- Laurent-sur- 
Sèvre,  en  dépôt  au  bureau  d'édition  de  la  Schola. 

Pièces  d'orgue  no  4  :  Suite  d'orgue  sur  des  thèmes  grégoriens,  pour  orgue  ou  har- 
monium :  I,  offertoire  ;  II,  élévation  ;  III,  sortie,  par  F.  de  La  Tombelle,  net  : 
I  fr.  25.  —  N»2o  :  Cantique  au  Saint- Sacrement,  et  no  21  :  le  Memorare 
de  saint  Bernard,  paroles  du  bienheureux  de  Montfort,  par  F.  de  La  Tombelle, 
chacun  net,  i  fr.  25  ;  édition  sans  accompagnement,  0,1 5.  —  Première  messe, 
chœur  à  deux  voix  égales  et  orgue,  par  M.  l'abbé  G.  Boyer  ;  net,  2  francs  ;  voix 
seules,  o  fr.  5o, 

Le  nom  des  auteurs  de  ces  œuvres  dispense  de  les  louer  plus  longuement  :  elles 
font  honneur  à  la  collection  pratique  et  intéressante  entreprise  par  M.  Biton. 

Lluis  Millet  :  Cantiques  populaires  catalans,  publiés  pour  le  petit  oratoire 
de  Saint-Philippe  de  Néri  à  Barcelone  ;  chacun,  o  fr.  10,  à  la  Hormiga  de  Oro, 
plassa  de  Santa  Ana,  Barcelone. 

Treize  numéros  sont  parus  de  cette  collection  populaire,  que  nous  recommandons 
à  ceux  de  nos  lecteurs  qui  s'intéressent  aux  diverses  formes  du  chant  populaire,  ou 
à  la  composition  des  cantiques  vulgaires.  Le  maître  Millet  est  un  des  excellents 
musiciens  qui  mènent  à  Barcelone  le  bon  combat,  et  dont  l'Orfeo  Catald  est  le 
grand  moyen  d'action.  Ges  cantiques,  écrits  dans  un  style  moderne  inspiré  des 
anciens,  pourraient  avantageusement  être  utilisés  dans  la  partie  de  la  France  dont 
les  parlera  locaux  sont  apparentés  au  catalan» 


—   167  ■ — 

R.  P.  DoM  CÉLESTiN  VivELL  :  Initia  tractatunm  musices  ;  Gratz  (Styrie),  librairie 
Ulr.  Moser  ;  grand  in-S»,  prix  de  souscription  :   i5  fr.  70. 

La  librairie  Moser  (Meyerhoff),  déjà  connue  pour  les  rééditions  phototypiques 
qu'elle  a  données,  des  grandes  publications  des  Scriptores  de  Gerbert  et  de  De  Cous- 
semaker,  imprime  en  ce  moment  un  beau  travail  de  dépouillement  des  anciens  traités 
de  musique  dû  à  Dom  G.  Vivell,  bénédictin  de  Seckau.  Ce  dépouillement,  qui  vise 
tous  les  traités  parus  dans  les  Scriptores  et  ceux  édités  depuis,  sera  une  des  sources 
de  travail  des  plus  remarquables  pour  ceux  qui  veulent  étudier  ces  traités  si  curieux 
du  moyen  âge.  L'ouvrage  comprendra  des  index  alphabétique,  analytique  et  chro- 
nologique, de  tous  les  traités  de  musique  du  moyen  âge  jusqu'ici  connus. 

La  Petite  Maîtrise,  tel  est  le  titre  que  font  revivre  quelques  ecclésiastiques  du 
diocèse  de  Perpignan,  pour  une  «  revue  de  musique  »  ayant  obtenu  l'approbation  de 
S.  G.  Mgr  l'évêque  de  Perpignan.  On  s'y  propose  d'y  publier  de  la  musique  conve- 
nable à  l'église,  cantiques  et  motets.  Nous  sommes  obligés  malheureusement  de 
constater,  à  l'examen  des  premières  pages  de  cette  revue,  que  les  pièces  choisies 
tombent  complètement  sous  les  censures  du  Mon/ proprio  de  Pie  X.  Pièces  con7 
traires  aux  règles  liturgiques,  mal  écrites,  ou  d'une  pauvreté  musicale  rare,  ne  peu- 
vent qu'aider  à  précipiter  la  décadence  de  la  musique  d'église  dans  ce  pays. 


LES  REVUES    {articles   à  signaler)  : 

Les  Chansons  de  France,  n»  14.  —  Numéro  consacré  à  des  chansons  de  Limousin 
et  de  Bretagne  ou  à  des  versions  de  chansons  populaires  françaises  recueillies  dans 
ces  deux  provinces. 

S.  L  M.,  n°  6,  —  J.  Écorcheville  :  Le  dogme  en   musique  [«  Le  musicien  s'affirme 
donc   naturellement  et    légitimement    par  le   moyen    des   dogmes    musicaux  ;  ses 
dogmes  ne  sont  que  l'émanation  de  sa  foi   artistique  »].  —  J.  Tiersot  :  Un  thème  de, 
Haendel  che^  Beethoven. —  H.  Quittard  :  Le  îhéorbe  comme  instrument  d'accompa- 
gnement. 

Revue  du  chant  grégorien,  n»  5.  —  Dom  David  :  analyses  grégoriennes  pratiques  : 
l'introït  Gaudens  gaudebo.  —  Dom  Vivell  :  le  tonus  peregrinus. 

Recueil  de  la  Société  internationale  de  musique,  livr.  4.  —  F.  Pedrell  :  Quelques 
commentaires  à  une  lettre  de  l'insigne  maître  Victoria.  H.  Quittard  :  Un  recueil  de 
psaumes  français  du  XVII&  siècle  [les  célèbres  psaumes  de  Desportes,  que  saint 
François  de  Sales  recommandait  à  sainte  Chantai,  mis  en  musique  par  le  musicien 
inconnu  Signac,  entre  1618  environ  et  i63o]. 

Revue  musicale,  no  11.  —  J.-G.  Prod'homme  :  Les  princes  dilettantes  sous  l'ancien 
régime  :  les  Esterha^y.  —  Lucien  Chevallier  :  Monteverdi,  le  récit  dans  Orfeo  et 
Poppée.  [Très  remarquable  étude  d'expression  dramatique,] 

Musique  sacrée,  n«  5.  —  Encartage  :  abbé  Ghassang  :  O  gloriosa  virginum,  à  deux 
voix  mixtes  et  orgue.  —  N»  6.  —  J.  Gandareau  ;  deux  pièces  d'orgue. 

Santa  Cecilia,  n»  xii  ([32).  —  D.  P.  G.  :  Papes  et  saints  musiciens  [saint  Léon  II, 
Léon  X,  saint  François  de  Borgia,  saint  Alphonse  de  Liguori], 


NOTRE   ENCARTAGE 


Sub  tuum,  de  J.  Valdès,  à  2  voix  égales. 

C'est  encore  an  Nouveau  Répertoire,  dont  nous  poursuivons  la  publication,  qu'est 
emprunté  notre  encartage  de  juillet,  motet  intéressant  écrit  pour  deux  voix  d'hommes 
et  orgue  par  le  jeune  et  distingué  compositeur  espagnol,  bien  connu  déjà  des  parti- 
cipants de  la  Schola. 


Le  Gérant  :    Rolland. 


Poitiers.  -  Société  françalso  d'Imprimerie 


Supplément  à  la  Tribune  de  Saint-Gervais  —  Août-Septembre  19 lo 

NOUVEAU  REPERTOIRE  D'ŒUVRES  MODERNES  , 
r;  SÉRIE  :  WOTETS  ET  MESSES  A  VOIX  EGALES 


A  Monslf'ux'  René  YIERNE  organiste  de  Notre-Dame  des  Chimps. 


Partition 
net:  2/ 


à  2  voix  égales 


SALUT 


!  Voix  seules 
i  net:0f2^ 


Abbé  F.  BRUN 


I.-O  SALUTARIS 


SOPRANI 


AITI 


Andante 
P 


O       sa  _  lu   _ 
U  _  ni    tri  _ 


y>V  ^    "  '^    à.  J 


ta   _     rishos  _    ti 
no    _    queDo  _    mi 


_    a 

-  no 


0      sa  _     lu.ta.rishos    _      ti       _       a 
U  _  ni         tri_noqueDo    -mi      _     no 


Quœ.    cœ  _  li 
Sit     sem_pi 


Quœcœ  _li 
Sitsem  _   pî 


r\ 


^ 


pan_  dis  os  _  ti    _ 
_  ter  _  naglo_ri    _ 


um 
a 


Bel 
Qui 


la 
vi_tam 


premunthosti    _     li 
si  _  ne       ter  _    mi 


_    a 

-    no 


pan    _     dis    os_ti  _  um 
_  ter    _     na  glo.ri  _  a 


Bel    _    la       premunthosti  _li       _        a 
Qui   vi_tam     si  _  ne      ter_mi      _       no 


Da 

No 


ro     _      bur 

bis    do  _  net 


fer         au_xi  _  li 

in  pa_tri     _ 


r\ 


um 
a 


Da  ro     _     bur  fer     au  _  xi    _      li    _     um 

No     _      bisdo-  net    in  pa  _     tri   _     a 


A 


r\ 


-     men 


A     _ 


men 


Schola  Cantorumi269_rue  SÎ  Jacques, Paris 


Tous  druits  reserves. 


II. -SALVE  REGINA  CŒLÎTUM 


SOIO 


Abbé  F.BRUN. 


Allegretto 


Sal_ve     Re  _    gi  -  na    cœ  _  li   _   tum       0      Ma   _    ri  _ 


_  a        In       ter  _  ra         spes     vi  _  ven  _  ti    _     um  0      Ma    _     ri  _ 

CHOEUR  (SOPRAMALTI) _^ 


^^^ 


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Ju    _    bi_  la  _  te 
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Che    _      ru_bim 


Ex  _  ul  -ta  _  tt 


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Se     _     ra     _    phim             Con     _     so  -  la    _    te             per  -   pe   -    tim 
Lent ____ ______^ 


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Sal    _     ve        Re     _      ei     _     na 


Sal 


ve         Ma     - 


n     _      a 


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•n?^ ^ 


Sal     -va       Re    -      gi     _      na 


Sal 


ve        Ma     -     ri      _      a 


-::J?i. 


Mater  misericordia? 

0  Maria! 
Dulcîs  parens  clementise 

0  Maria  ! 
Jubilate  etc . ,. 


3 

Tu  vitaj  lux  fons  gratiae 

0  Maria  ! 
Causa  nostrse  lœtitiae 

0  Maria! 
Jubilate  etc.  =  , 


4 

Spes  nostra  salve  Domina 

0  Maria  ! 
Extingue  nostra  crimina 

O  Maria! 
Jubilate  etc. 


La  Souche  Juillet  1909 


III.-TANTUM  ERGO 


Abbé  F. BRUN. 


SOPRANI 


ALTI 


^-6-^ 


I 


m^ 


Andante 


P¥^ 


'V 


^ 


Tan.tum 
Ge_ni   . 


^m 


er    „    go 
io    _     ri 


^^ 


sa 


cra 
ni 


men   . 

to   - 


tura 

que 


P 


Ve 
Laus 


ne 

et 


i 


i 


Tan.tum       er    _    go       sa 
Ge_ni    _    to    _      ri       ge 


cra. 
ni_ 


Jrt  ë-1 


i^^-i— ^ 


^^^ 


_  re     _ 
ju     - 


mur 
bi   _ 


cer 
la 


nu 
ti 


Et     an 
Sa  _  lus 


ti     _ 

ho     _ 


é*à 


w^m 


quum 
nor 


m 


m 


_   men    _    tum 
«  to     «       que 


Ve  _  ne  _  re  , 
Laus    et    Ju 


-  mur       ccr    _ 
_^i    -     la      _ 


nu 

ti 


Et 
Sa     _ 


éUè^ 


e 


î 


do      _ 
vir 


eu  _ 

tus 


men    _     tum 
quo     _     que 


No 
Sit 


vo 

et 


ce 

be 


dat 

ne  _ 


ri 

die 


tu 
ti 


ià 


g 


^ 


m 


m~:r-^ 


=s 


an  _  ti 
_  lus     ho 


quum      do_cu  _  men     _     tum      No     -       vo        ce  _  dat    ri_tu 
nor         virtus      quo     _      que      Sit  et        be  _  ne  _  dic.ti  . 


^i4=^ 


S 


^ 


^^ 


_    1 

_     0 


PraBs_tet 
Pro  _  ce 


fi 

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des 
ti 


sup_ple 
ab 


u   _ 


men 

tro 


tum 
quo 


*>> 


Wn-Tji 


-    i     Praes  _tet         fi       _      des 
_    0     Pro  -  ce  _     den     _      ti 


sup-  pie 
ab 


u     _ 


men  _ 

tro  - 


tum 

que 


retenez 


Sen  _      su   _ 
Com   -     par 


-^ 


^^^^^ 


um 

sit 


de    _ 
lau  _ 


fec 
da 


tu- 
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tu     _      i 
ti     _       0 


Sen     -      su    _    um 
Com    _      par       sit 


de    _    fec 
lau  -    da 


men 


AMEN 


SOPRANlij,'! 

j  A  ,L  +*  12': 


A    _ 


A_ 


_  men 


IV.-LAUDATE  DOMINUM 


^g 


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-jt-f 


^ 


Lau_da_teDominumomJies  gen.tes;     Iaudateeumom_nes        po_pu_li 
Gîoria         PatrietFilio;          et  spiri  _tu_i  sanc    _  fo 


^Hk^f--- 


SOPRA.M 

Allegro  maestoso 


trr^^ 


wm 


s 


Quoniam    conf irmata  est  super  nos  miseri 
Sicut       erat  in   principio    et 

.AITI 


_   cor  _  di  _  a 
nunc 


et 


e 
sem 


JUS 

per 


Quoniam  conf  irmata  est  super  nos  miseri  _    cor  _   di  _  a 
Sicut      erat  in   principio    et  nunc  et 


e 
sem 


JUS 

per 


^^^^ 


et  Veritas  Domini 
et      in        ssecula 


ma 
sa> 


net 
eu 


in 
lo 


rum 


ter 
A 


et  Veritas  Domini        ma 
et      in        saoeula         sac 


net     in 
eu  -  lo 


se 
rum 


ter 
A 


num 
men 


num 
men 


"*  dit'de  Dresde '*emp!oyp  par  A\agner  comme  thème  de  la  Prière  dans  "  Parjsif'al," 


Seizième  Année 


Nos  8-9 


Août-Septembre  1910 


LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 


REVUE   MUSICOLOGIQUE 


Scl)ola    €antorttm 


ABONNEMENT   COMPLET  : 

(Revue  et  Encartage  de  Musiquel 

France  el  Colonies,  Belgique.    10  fr. 
Union  Postale  (autres  pays).    11  fr. 

Les  Abonnements  partent  du  mois  de 
Janvier. 


BUREAUX   : 

269,    rîie    Saint-Jacques,    269 
PARIS  (V') 

///,  Digue  de  Brabant,    14 
GAND  (Belgique) 


ABONNEMENT  REDUIT  : 

(Sans  Encartage  de  Musique} 

Pour  MM.  les  Ecclésiastiques; 
les  Souscripteurs  des  11  Amis 
de  la  Schola  11  et  les  Elèves     6  Ir. 

Union  Postale.  7  fr. 


Le  numéro  :    0   fr.  60  sans  encanage  ;  1  fr.  avec  encartage. 


SOMMAIRE 
Nécrologie:  M.  Pierre  Aubry,MM.  Georges  Berger,  Bourgault- 

Ducoudray,  Arthur  Coquard La  Rédaction. 

Petits  problèmes  historiques  :  Guy  d'Are^^o R.  P.  Dom  Vivell 

Nouvelles  musicales.  et  A.  Gastoué. 

«  Explication    de  la  lettre    de    Cl.   Monteverde   [suite).   .     .     »       M.  L.  Pereyra. 

Récitatifs  pour  les  chants  ornés  {suite) A.  Gastoué. 

Petite  coj-respondance  ;  nouvelles  publications  du  Bureau  d'édition. 
Bibliographie  :  Les  musiciens  de  la  Sainte-Chapelle,  par  M.  Mi- 
chel  Brenet  ;    Haendel,  par  M.  Romain  Rolland;  ouvrages 

divers A.    Gastoué,     F. 

Raugel;  les  Secré- 
taires. 
Les  Revues  ;  notre   encartage. 


NÉCROLOGIE 


M.  PIERRE  AUBRY;  M.  GEORGES  BERGER; 
M.  BOURGAULT-DUCOUDFAY  ;  M  ARTHUR  COQUARD 


Ces  mois  de  vacances  ont  amené  le  deuil  dans  notre  Schola  ;  succes- 
sivement, nous  avons  eu  à  enregistrer  quatre  décès,  dont  le  plus  récent, 
qui  nous  touche  de  plus  près,  s'empreint  d'une  horreur  tragique. 


Notre  ami  M.  Pierre  Aubry,  inspecteur  des  classes  à  la  Schola.,  en  vil- 
légiature à  Dieppe,  y  pratiquait  les  sports  qu'il  aimait  volontiers.  Déjà 
vainqueur  d'un  tournoi  d'escrime,  il  s'entraînait  en  vue  du  prochain 
concours,  lorsque,  le  3 1  août,  au  cours  d'un  assaut,  dans  un  mouvement 
inexpliqué,  l'arme  de  son  adversaire,  glissant  sur  le  plastron,  vint  s'en- 
foncer sous  le  bras  gauche,  déterminant  une  blessure  profonde.  A  peine 


—  170  — 

avait-on  eu  le  temps  de  transporter  M.  Aubry  à  l'hôtel  où  il  était  des- 
cendu, et  d'appeler  un  prêtre  et  M""^  Aubry  à  son  chevet,  que  notre 
pauvre  ami  rendait  le  dernier  soupir,  à  la  suite  d'une  hémorrhagie 
interne   ! 

Pierre  Aubry,  qui,  fils  d'un  commerçant  parisien,  était  né  en  1873, 
fut  l'un  des  plus  brillants  élèves  du  Collège  Stanislas.  Lauréat  du  Con- 
cours général,  à  l'époque  oij  une  politique  funeste  n'avait  pas  encore 
écarté  le  vieux  collège  des  concours  officiels,  Pierre  Aubr}',  avec  ses 
études  littéraires,  menait  de  front  la  pratique  des  instruments  à  cordes. 
.Entré  à  l'École  des  Chartes,  il  tourna  immédiatement  son  activité  vers 
la  musique  du  moyen  âge,  et,  en  1898,  soutenait  sa  thèse  de  sortie,  qui 
lui  valut  le  diplôme  d'archiviste  paléographe,  avec  une  étude  des  plus 
intéressantes  sur  la  musique  des  trouvères. 

En  même  temps,  et  dès  les  débuts  de  la  Schola,  Piejre  Aubry  était 
l'un  des  nôtres.  Il  fut  de  la  vaillante  pléiade  qui  inaugura,  en  1897,  les 
conférences-auditions  mensuelles  de  la  Schola,  alors  données  dans  la 
grande  salle  de  l'Institut  Catholique.  Bientôt,  et  en  même  temps  que 
M.  Vincent  d'Indy  y  commençait  son  cours  de  composition,  Pierre 
Aubry  fut  chargé  d'inaugurer  à  l'Institut  Catholique  une  classe  de  musi- 
cologie, destinée  d'abord  aux  seuls  élèves  de  la  Schola.  Toutefois,  le 
peu  de  succès  de  la  matière  enseignée,  bien  que  le  cours,  des  plus  inté- 
ressants, ait  été  ouvert  à  d'autres  élèves,  amena  sa  disparition  au  bout 
de  trois  ans. 

Pierre  Aubr}^  en  1 904,  au  moment  oia  la  maladie  immobilisait  Bordes, 
prit  la  direction  de  la  Tribune  de  Saint-Gervais\  il  la  garda  pendant  deux 
ans,  aux  applaudissements  des  amis  de  la  musicologie,  et  futalors  choisi 
par  M.  Vincent  d'Indy  pour  l'un  des  inspecteurs  des  classes,  à  notre 
École  supérieure.  On  ne  pensait  pas  qu'Aubr}^  taillé  en  colosse,  dût 
garder  si  peu  de  temps  ce  poste  où  il  excellait,  et  le  conseil  d'administra- 
tion de  la  Schola  regrettera  en  lui  l'un  de  ses  membres  les  plus  actifs. 

Nous  n'avons  pas  à  redire  l'importance  du  travail  d'Aubry  dans  la 
musicologie  médiévale.  Les  plus  anciens  scholistes  se  rappellent  la  pri- 
m.eur  de  son  talent,  avec  V Inspiration  religieuse  dans  la  poésie  lyrique  en 
France,  du  moyen  âge  à  la  Révolution,  ses  études  sur  les  E pitres  farcies, 
les  Proses,  le  Chant  arménien,  les  Recherches  sur  les  ténors  français  et 
latins  dans  les  motets  du  xni''  siècle,  etc.  Ailleurs,  dans  la  Revue  musicale, 
dont  il  était  l'un  des  premiers  administrateurs,  dans  le  Mercure  musi- 
cal et  les  publications  de  la  S.  I.  M.,  Aubry  publia  d'importantes 
études,  tant  sur  les  questions  médiévales  que  sur  d'autres  plus  actuelles. 
Son  oeuvre  est  considérable  :  aux  opuscules  dont  les  titres  précèdent,  nous 
joindrons  encore  les  Estampies,  ou  danses  royales,  V Essai  de  bibliogra- 
phie de  la  chanson  populaif^e  en  Europe,  des  études  plus  importantes  sur 
La  musique  et  les  musiciens  d'église  en  Notmiandie  au  XIIP  siècle,  sur 
la  Poésie  tonique  et  l'accent  dans  le  chant  liturgique  oriental  et  occidental, 
Vlter  hispannicum. 

Pierre  Aubry  avait  entrepris  la  publication  de  mélanges  musicologi- 
ques,  collection  où  il  édita  successivement,  en  beaux  et  grands  volumes, 


—  17'  — 

La  musicologie  médiévale^  les  Proses  d'Adam  de'Saint-Vicior  (en  colla- 
boration avec  M.  l'abbé  Misset),  \qs  Lais  et  descors  français  du  XllL 
siècle  (avec  MM.  Brandin  et  Jeanroy),  les  Plus  anciens  monumenls 
delà  musique  française. 

Aubry  eut  également  l'idée  de  fonder,  de  concert  avec  l'éditeur  A.  Pi- 
card, une  autre  collection,  sous  le  titre  de  Bibliothèque  musicologique, 
dont  il  avait  la  direction.  Enfin,  dans  les  publications  de  la  S.  I.  M., 
Pierre  Aubry  donna  son  colossal  labeur  des  Cent  motets  du  XIIP  siècle^ 
avait  commencé  l'essai  de  transcription,  en  notation  moderne,  du 
fameux  Chansonnier  de  V Arsenal  et  travaillait,  depuis  un  an,  à  prépa- 
rer l'édition  d'un  des  plus  remarquables  et  des  plus  curieux  manuscrits 
de  chant  mesuré,  jusqu'ici  ignoré,  dont  l'un  de  ses  voyages  en  Espagne 
fut  l'occasion  de  la  découverte. 

Tel  fut  ce  travailleur  acharné  et  fécond,  dont  la  perte  sera  irréparable 
pour  la  musicologie  médiévale.  Consummatus  in  brevij  explevittempora 
multa. 


Nous  avions  à  peine  eu  le  temps,  en  notre  dernier  numéro,  d'annoncer,  au  moment 
du  tirage,  la  mort  de  M.  Bourgault-Ducoudray,  que  nous  apprenions  celle  de 
M.  Georges  Berger,  naguère  encore  l'un  des  plus  fermes  piliers  du  Conseil 
d'administration  de  notre  École.  Nous  réunirons  dans  un  même  souvenir  ému  ces 
deux  noms,  l'un  d'un  compositeur,  l'autre  d'un  amateur,  tous  deux  fervents  amis  de 
la  Schola,  dès  sa  toute  première  heure. 

M.  Georges  Berger  est  une  figure  toute  différente  du  musicien  professionnel  ; 
à  ses  côtés  elle  place  l'amateur  éclairé  qui  sait  apporter  à  toutes  les  manifesta- 
tions de  l'art  Je    concours   de  son  talent,  de  ses  relations  et  de    sa  fortune. 

La  carrière  de  M.  Georges  Berger,  dont  nous  n'avons  pas  à  retracer  ici  tous  les 
détails,  est  celle  d'un  ingénieur  de  talent,  qui,  sorti  de  l'Ecole  des  Mines,  sut  promp- 
tement  faire  distinguer  en  lui  de  précieuses  facultés  de  direction  et  d'organisation. 
Né  à  Paris  le  5  octobre  1834,  M.  Georges  Berger,  à  trente-trois  ans,  fut  sous-direc- 
teur des  sections  étrangères  à  l'Exposition  universelle  de  1867,  et  dès  lors,  les 
grandes  expositions  le  virent  tour  à  tour  directeur,  commissaire  généra!,  directeur 
général. 

Le  double  attrait  de  M.  Georges  Berger  pour  sa  profession  et  pour  les  manifes- 
tations artistiques  est  bien  manifeste  dans  les  principaux  titres  officiels  dont  il  rem- 
plissait les  fonctions:  vice-président  du  Conseil  de  Perfectionnement  au  Conserva- 
toire des  Arts  et  Métiers,  et  membre  du  Conseil  supérieur  des  Beaux-.Arts  et  du 
Conseil  des  Musées  nationaux,  M.  Georges  Berger,  on  le  sait,  porta  également  son 
activité  sur  le  terrain  parlementaire,  conscient  de  la  force  sociale  qu'il  représentait  : 
depuis  1889,  il  était  député  du  IXc  arrondissement.  Une  illustre  sanction  de  ses 
efforts  le  plaç  lit  bientôt  parmi  les  membres  de  l'Institut,  oi^i  il  siégeait  à  l'Académie 
des  Beaux-Arts. 

Critique  d'art  an  Journal  des  Débals,  M.  (jeorges  Berger  fut  l'un  des  premiers  à 
voir,  dans  la  fondation  de  la  Schola,  le  mouvement  idéal  qu'il  était  de  son  devoir  de 
favoriser  hautement.  Dès  qu'il  connut  les  projets  de  Bordes,  il  les  adopta  avec 
enthousiasme.  Il  est  bon  de  faire  ressortir  cet  appui  courageux  donné  à  notre  œuvre, 
au  moment  où  tant  d'autres  s'en  méfiaient,  la  craignaient  ou  l'attaquaient. 

Cet  appui  donné  à  la  Schola  n'a  jamais  failli,  et,  dès  la  fondation  par  actions  qui 
devait  assurer  à  l'École  déjà  vieille  de  plusieurs  années  un  développement  plus 
certain,  M.  Georges  Berger  fut  l'un  des  premiers  à  s'inscrire.   Membre  du  comité  du 


—     172    — 


Conseil  d'administration  de  notre  École,  M.  Georges  Berger  fut  l'un  des  plus  actifs 
Arnis  de  la  Schola,  et  contribua  puissamment  à  nous  faire  connaître  ou  à  nous 
défendre  dans  tant  de  milieux    qui   nous  ignoraient  ou  voulaient  nous  ignorer. 


Né  à  Nantes,  le  2  février  1840,  Bourgault-Ducoudray  ne  fut  pas  tout  d'abord 
destiné  à  la  musique.  Après  de  solides  études  classiques,  ce  fut  le  droit  qu'il  tra- 
vailla; à  vingt  ans,  il  était  inscrit  au  barreau  des  avocats.  Mais  il  borna  là  ses  succès 
juridiques,  et  vint  à  Paris,  où  il  entra  au  Conservatoire,  pour  y  développer  la 
technique  d'un  art  qui  le  sollicitait  depuis  longtemps.  Nous  n'avons  pas  à  redire 
ici  les  succès  scolaires  de  Bourgault-Ducoudray  :  sa  carrière  musicale  est  plut 
haute  que  ses  diplômes. 

Compositeur  distingué,  et  souvent  des  plus  intéressants,  Bourgault-Ducoudray  sut 
donner  à  toute  son  œuvre  un  cachet  très  personnel  :  l'emploi  surtout  des  tonalités 
anciennes,  qu'il  se  consacra  à  faire  revivre,  donne  à  ses  pièces  un  caractère  tout 
spécial.  Est-il  besoin  de  rappeler  ici  Thamara,  Y  Enterrement  d'Ophélie,  sâ  Rapsodie 
cambodgienne  ?  Nous  voulons  au  moins  mentionner  une  de  ses  compositions  les 
plus  oubliées,  envoi  qu'il  fit  comme  élève  de  Rome  en  i863,  un  Stabat  Mater  : 
cette  fresque  musicale  assez  importante  renferme  des  pages  inconnues  de  nos  con- 
temporains, et  qu'il  serait  bon  de  faire  entendre. 

Musicologue  et  passionné  pour  les  vieux  maîtres,  Bourgault-Ducoudray  fut  un 
des  précurseurs  du  mouvement  de  la  Schola.  Peu  de  temps  après  son  retour  de 
Rome,  il  songe  à  donner  à  Paris  des  exécutions  des  grands  compositeurs  d'autre- 
fois, et,  en  1869,  parvient  à  fonder  une  société  d'amateurs,  sur  les  programmes  de 
laquelle  voisinent  les  noms  de  Bach,  de  Palestrina,  de  Haendel  et  de  Janequin, 
d'Orland  de  Lassus  et  de  Rameau.  Puis  ce  sont  ses  missions,  d'où  il  rapporta  des 
trésors  de  musique  bretonne  et  orientale,  avec  les  Souvenirs  d'une  mission  musicale 
en  Grèce  et  en  Orient,  les  Études  sur  la  musique  ecclésiastique  grecque,  les  Trente 
mélodies  populaires  de  Grèce  et  d'Orient,  et,  plus  tard,  les  Mélodies  populaires  de  la 
Basse-Bretagne  dont  il  fit  une  édition  remarquable. 

Aussi  n'est-il  pas  étonnant  que,  professeur  d'histoire  de  la  musique  au  Conser- 
vatoire (depuis  1878),  il  ait  en  même  temps  accepté  avec  empressement,  dès  que 
Bordes  fonda  la  Schola,  d'être  vice-président  de  notre  société  naissante,  titre  qu'il 
devait  conserver  pendant  près  de  dix  ans.  Si  Bourgault-Ducoudray  est  un  des  musi- 
ciens modernes  à  qui  la  musique  doit  le  plus,  pour  son  amour  et  son  désintéres- 
sement envers  son  art,  la  Schola,  dont  il  fut  l'un  des  premiers  amis,  lui  doit  un 
spécial  souvenir. 

*  * 

C'est  avec  peine  que  nous  avons  appris    également,   au    cours   de  ces   vacances, 
le  décès  de  M.  Arthur  Coquard,  compositeur   et  critique   apprécié.  Sans  avoir  été^ 
jamais  mêlé  activement  au  mouvement  de  la  Schola,  M.  Coquard   fut  toujours   l'un 
de  nos  amis,  et,  tout  récemment  encore,  il  nous  donnait  une  intéressante  œuvre  reli- 
gieuse, éditée  au  Bureau  d'Edition; 

M.  A.  Coquard,  né  à  Paris  en  1846,  était  l'aîné  des  élèves  de  composition  de 
César  Franck,  et  ses  œuvres  furent  les  premières  où  le  mouvement  de  rénovation 
sorti  de  l'œuvre  du  maître  se  soit  révélé  dans  celles  des  disciples.  Nos  lecteurs  con- 
naissent trop  bien,  pour  que  nous  insistions  sur  elles,  les  œuvres  de  M.  Coquard, 
pièces  surtout  de  concert  et  de  théâtre.  Pris  par  le  charme  de  la  mélodie  pure,  son 
dernier  dessein  était  de  se  tourner  vers  la  musique  religieuse  ;  on  a  pu  lire  dans  les 
colonnes  d'un  grand  journal,  depuis  un  an  et  plus,  les  comptes  rendus  très  sugges- 
tifs donnés  par  M.  Coquard  sur  le  mouvement  grégorien  ou  sur  l'avenir  du  chant 
liturgique.  C'estun  excellent  homme  et  un  bon  musicien  qui  disparaît  ;  sa  mort  sera 
regrettée  de  tous  ses  confrères. 

Requiem  aeternam  dona  eis  Domine  ! 


PETITS    PROBLÈMES    HISTORIQUES 


NOTES  BIOGRAPHIQUES  ET  BIBLIOGRAPHIQUES 
SUR   GUY    D'AREZZO 


I.  —  ÉTAT  ACTUEL  DE  LA  QUESTION. 

II  est  deux  traités  fameux  sur  la  musique,  écrits  au  xi*  siècle,  et  qui, 
par  leur  importance,  ont  excité  les  érudits  à  en  rechercher  les  origines 
et  en  identifier  les  auteurs.  Nous  voulons  parler  du  Dialogue  sur  la 
musique,  attribué  à  Odon,  et  du  Mict^ologue  de  Guy.  Mais  de 
quel  Odon  s'agit-il,  et  de  quel  Guy?  Et  ces  attributions  sont-elles 
exactes  ? 

Pour  Fétis  à  la  critique  légère,  l'Odon  du  Dialogue  n'est  autre  que 
saint  Odon  de  Cluny,  lui  aussi  musicographe  :  un  manuscrit  ancien 
de  ce  traité  l'attribue  formellement  à  cet  auteur,  et  c'est  la  seule  auto- 
rité de  Fétis.  Mais  on  lésait,  en  matière  de  nom  authentique,  il  ya 
fréquemment,  dans  les  manuscrits,  des  erreurs.  D'ailleurs,  le  contenu 
même  de  l'ouvrage  indique  que  cette  attribution  est  fautive,  puisque 
l'auteur  se  réfère  formellement  au  «  tonaire  »  de  saint  Odon;  sa  doc- 
trine aussi  est  bien  celle  des  confins  de  l'an  looo.  Il  y  a  longtemps  que 
Gerbert  l'avait  fait  remarquer,  et  personne  aujourd'hui  ne  soutien- 
drait l'assimilation  entre  saint  Odon,  abbé  de  Cluny,  et  l'auteur  du 
Dialogue.  De  quel  Odon  s'agit-il  ? 

Dans  un  article  très  fouillé,  notre  éminent  confrère  M.  Michel 
Brenet  ^  fait  remarquer  qu'il  y  a  eu  un  Odon  de  Cluny,  à  l'époque 
indiquée  (992),  chantre  de  la  célèbre  abbaye,  et  probablement  le  même 
personnage  que  l'abbé  Odon,  qui  gouverna  le  monastère  de  Saint- 
Maur-les-Fossés  de  1006  jusqu'à  1029  ou  une  date  postérieure,  c'est-à- 
dire  un  contemporain    de   Guy.  Cette   identification    provisoire  a   été 


I.  Tribune  de  Saint-Gervais ,  VIII,  p.  ia6  (avril  1902). 


—  174  — 

reprise  par  M.Amédée  Gastoué,  et  fortifiée  de  nouvelles  observations  *. 
M.  Michel  Brenet  faisait  également  ressortir  que  la  doctrine  du  Mi- 
crologue,,  dont  l'auteur,  Guy  d'Arezzo,  ne  fait  aucun  doute,  est  tout  à 
fait  celle  du  Dialogue^  qu'elle  est  aussi  la  doctrine  française  du  même 
temps,  et  que  le  procédé  préconisé  par  Guy  d'Arezzo  pour  les  syllabes 
appellatives  de  la  gamme  est  attribué  formellement,  dans  un  ancien 
traité,  à  Ponce  le  Teuton,  abbé  de  Saint-Maur-les-Fossés  peu  de 
temps  avant  Odon^.  Cela  fait  la  seconde  fois  que  nous  rencontrons 
le  monastère  de  Saint-Maur  sur  la  route  du  Dialogue  et  du  Mz'cro- 
logue. 

Entre  temps,  Dom  G.  Morin,  en  1888^  et  1S91  ^,  Jetait  dans  la  ques- 
tion de  nouveaux  éléments.  Il  révélait  que  certains  manuscrits  attri- 
buent le  Dialogue  à  Guy,  et  qu'il  est  nommé  à  diverses  reprises  Guy 
de  Saint-Maur.  Il  avait  trouvé,  dans  un  manuscrit  originaire  de  cette 
abbaye,  un  éloge  de  ce  Guy  de  Saint-Maur  où  était  célébrée  sa  science 
musicale,  rapportant  qu'il  avait  été  élevé  dans  son  enfance  à  la  schola 
de  ce  monastère.  L'identification  paraissait  donc  assez  aisée,  et  Dom 
Morin  conclut  à  l'origine  française  de  Guy  d'Arezzo  ou  de  Saint-Maur. 
Cette  identification  fut  complètement  acceptée,  et  reproduite  depuis 
ce  moment  par   les  musicologues. 

Mais  un  nouvel  élément  de  discussion  parut.  On  remarqua  d'autres 
manuscrits  portant  le  nom  de  Guido  Augensis  {àoniFéûs  SiVSÀtïaii'k 
tort  un  Guy  d'Auge),  c'est-à-dire  Guy  d'Eu,  et  un  érudit,  M.  Henri 
Stein,  reprenant  et  concluant  ce  qui  précède,  crut  y  trouver  la  preuve 
de  l'origine  plus  précisément  normande  de  Guy,  né  à  Eu,  élevé  à  Saint- 
Maur-des-Fossés,  devenu  abbe  de  la  Croix-Saint-Leufroy  au  diocèse 
d'Évreux,  puis  enfin  ayant  porté  en  Italie,  à  Arezzo,  la  méthode  qui  le 
rendit  fameux  ^. 

Cela  fut  admis  sans  conteste,  et  M.  l'abbé  Terrasse  6  s'en  fit  l'écho 
en  ces  termes  : 

«  Il  paraît,  d'après  de  récentes  découvertes,  que  le  fameux  Guy 
d'Arezzo  est  né  à  Eu,  diocèse  de  Rouen.  Il  a  été  moine  à  la  Croix-Saint- 
Leufroy  ;  son  surnom  d'Arezzo  lui  viendrait  du  séjour  qu'il  fit  dans 
cette  ville.  Le  cardinal  Mai  avait  signalé,  dès  i83o,  un  traité  de  musique 
qui  n'a  jamais  été  imprimé  et  dont  le  titre  est  Magistri  Guidonis  Augen- 
sis,  «  par  maître  Guy  d'Eu  ». 

On  pourrait  même  ajouter  à  cela  qu'un  autre  manuscrit,  cité  plus 
bas,  au  cours  de  la  présente  étude,  dit  en  termes  formels,  au  titre  du 
Micrologue  :  Isle  Giiido  monachus  abbas  coenobii  de  criice  Sancti  Leiifj^edi 
ordinis  sancti  Benedicti.-»  Ce  n'est  donc  pas  d'aujourd'hui  que  Guy  était 
reconnu  comme  abbé  de   ce    monastère    normand,   bien   que  le  même 

1.  Histoire  du  chant  liturgique  à  Paris,  p.  78;  Origines  du  chant  romain,  p.  i3o. 

2.  Nous  renvoyons  à  l'étude  citée  pour  les  références. 

3.  Revue  de  l'art  chrétien,  p.  1 33  et  s. 

4.  Revue  des  questions  historiques  :  numéro  du  i«r  avril,  p.  547  et  s. 

5.  Bulletin  de  la  Société  nationale  des  Antiquaires  de  France,  1900,  304.,  p.  237. 

6.  Revue  du  clergé  français,  i5  avril  1902,  p.  439. 


-175- 

manuscrit  le  citât  sans  hésiter  comme  originaire  d'Arezzo,  patriae 
^r^/m«s.  Mais  alors,  l'identification  Guy  d'Arezzo  =  Guy  d'Eu  était- 
elle  bonne  ? 

Une  première  réponse  fut  faite  par  un  savant  ecclésiastique  rouen- 
nais  bien  connu,  M.  l'abbé  Vacandard,  d'abord  dans  le  Bulletin  reli- 
gieux de  larchidiocèse  de  Rouen,  puis  dans  la  revue  précédemment 
citée  ^.  M,  Vacandard  montrait  que  Guy  d'Eu  «  est  sûreynent  un  person- 
nage différent  de  Guf  d'Areiio. 

«  Montfaucon  signalait  au  Vatican  -  la  présence  de  quatre  manuscrits 
ayant  pour  titre  :  Guidonis  Augensis  libri  de  Musica...  Le  Tonale 
sancti  Beî^nardi  en  fournit  la  preuve  :  Qiiaere  musicam  Guidonis  Augen- 
sis 3. . . 

«  Mais  ce  Guido  ou  Guy  peut-il  être  identifié  avec  le  célèbre  Guy 
d'Arezzo  ?  Le  Tonale  sancti  Bernardi  va  encore  répondre  à  cette  ques- 
tion. Guido  Augensis  était  le  disciple  de  Guillaume,  premier  abbé  de 
Rievaulx,  en  Angleterre  ''.  Or,  Guillaume  devint  abbé  de  Rievault  en 
II 32  ».  Il  y  avait  plus  de  quatre-vingts  ans  alors  que  Guy  d'Arezzo 
était  mort. 

Toutefois,  l'origine  française  de  Guy  d'Arezzo  ne  fait  aucun  doute 
pour  M.  Vacandard. 

Cependant,  fait  curieux,  aucun  des  érudits  qui  s'étaient  occupés,  en 
France  et  ailleurs,  de  la  question  Guy,  n'avait  eu  connaissance  d'une 
note  de  Dom  G.  Morin,  dans  laquelle  le  savant  bénédictin,  revenant 
sur  son  premier  travail,  en  déclarait  lui-même  les  conclusions  renver- 
sées par  de  nouvelles  découvertes.  Guy  de  Saint-Maur  ne  pouvait  être 
identifié  non  plus  avec  Guy  d'Arezzo,  et  lui  serait  postérieur  de  cent 
ans.  Peu  de  temps  auparavant,  le  même  bénédictin  indiquait  divers 
Guy,  qui  pouvaient  être,  et  avaient  même  été  confondus  avec  celui 
d'Arezzo  ^. 

Voici  le  résumé  de  cette  étude  de  Dom  Morin,  fait  par  lui-même 
en  fin  de  la  note,  après  avoir  rappelé  l'identification  Guy  d'Arezzo  =  de 
Saint-Maur  : 

«  Mais,  d'autre  part,  je  sais  maintenant,  à  n'en  pouvoir  douter,  que 
le  «  Guido  Oeagrius  »  des  mss.  de  Saint-Maur-des-Fossés  est  un 
personnage  du  douzième  siècle,  et  non  du  onzième.  Or,  au  douzième 
siècle,  un  autre  Guy  nommé  parfois  Guido  Augensis,  d'autres  fois  Guy 
de  Gherlieu,  au  commencement  du  traité  qu'il  adresse  à  son  ancien 
maître  des  novices,  Guillaume,  abbé  de  Rievaulx  (et  non  saint  Bernard, 
comme  on  l'a  souvent  répété  à  tort),  parle  de  la  révolution  accomplie 
par  lui  dans  l'enseignement  du  chant,  tout  à  fait  dans  les  mêmes  termes 


1.  Revue  du  clergé  français,  i5  mai  1902,  p.  55o. 

2.  Bibliotheca  Bibliothecarum,  I,  gi. 

3.  Patrologie  L.ui>ie,  CLXXXII,  1166. 

4.  Loc.  cit. 

5.  Revue  bénédictine,  iSgS,  p.  SgS.  Id.,  p.  ig5.  Une  confusion  de  chiffres  entre 
ces  deux  pages  m'avait  laissé  négliger  l'indication  de  la  principale  de  ces  notes  de 
Dom  Morin,  dans  un  précédent  ouvrage. 


-   ^7(^  - 

que  l'auteur  de  l'éloge  consacré  àGuyOeagrius.(Coussemaker,  Scriptor, 
de  mus.,  t.  II,  p.  i5o.)  De  plus,  on  attribue  dès  le  xiii^  siècle  à  ce 
Guy  Augensis  les  traités  les  plus  authentiques  de  Guy  d'Arezzo.  (Cf. 
L.  Delisle,  Cabinet  des  tnss.^  II,  237  ;  Montfaucon,  Bibl.  bibL  mss., 
p.  1473,  col.  I.)  »  - 

J'ai  consulté  récemment  Dom  Morin  à  ce  sujet,  et  voici  ce  que  le 
savant  bénédictin  a  bien  voulu  me  répondre,  en  confirmant  son  sen- 
timent : 

«  Je  puis  vous  assurer  que  dès  1895  mes  recherches  m'avaient  amené 
à  reconnaître  qu'en  effet  Guy  de  Saint-Maur  n'a  vécu  qu'au  xn*'  siècle 
et,  par  conséquent,  ne  peut  être  le  mêrne  que  Guy  d'Arezzo,  quoi- 
qu'on lui  ait  attribué  une  œuvre  assez  semblable  à  celle  qui  a  rendu  ce 
dernier  si  célèbre.  » 

Cependant,  malgré  cela,  M.  le  Ch.  Ulysse  Chevalier,  dans  son  Réper- 
toire bio-bibliographique,  t.  I,  éd.  de  1905,  qu'on  pourra  consulter  à 
l'article  Guy  d'Arezzo,  maintient  que  Guy  de  Saint-Maur  =  Guy 
d'Arezzo. 

Ces  différents  travaux  ont  permis,  en  somme,  d'acquérir  à  la 
science  une  nouvelle  et  intéressante  documentation  sur  les  musico- 
logues ayant,  aux  xi^  et  xu^  siècles,  porté  le  nom  de  Guy.  Elles  per- 
mettent de  distinguer  : 

1°  Guido  Augensis^  Guy  d'Eu,  abbé  de  la  Croix-Saint- Leufroi,  vers 
ii5o,  ayant  fait  ses  études  en  Angleterre,  duquel  Dom  Montfaucon, 
au  xvni*  siècle  et,  plus  tard,  le  cardinal  Mai,  signalaient  déjà  les  traités 
inédits  ; 

2°  Guido  a  Sancto  Mauro,  Guy  de  Saint-Maur,  élevé  dans  son  enfance 
à  Saint-Maur,  vivant  à  la  même  époque  que  le  précédent,  et  pareille- 
ment auteur  de  traités  de  musique. 

Ces  deux  personnages  n'en  formeraient-ils  pas  qu'un  seul  ? 

Dès  le   xni^  siècle,  l'un  et  l'autre  sont  confondus   avec  : 

3°  Guido  Aretinus,  Guy  d'Arezzo,  personnage  énigmatique,  puis- 
que, à  part  ses  dernières  années,  sa  vie  nous  est  jusqu'ici  inconnue. 
Nous  n'en  savons  qu'une  chose  :  c'est  que,  pendant  longtemps,  Guy, 
originaire  sans  aucun  doute  d'Arezzo,  persécuté  par  des  confrères  ja- 
loux, fut  obligé  de  soigneusement  se  cacher,  de  s'exiler  loin  de  sa  patrie. 
Où  séjourna-t-il  ainsi,  et  quels  travaux  l'y  sollicitèrent? 


177  — 


II.   LA  PART  DE  GUY  D'AREZZO  DANS  LE  DIALOGUE. 


Dans  la  Revue  de  Vart chrétien  (Lille,  Desclée,  XXXI,  1888,  p.  333), 
D.  Germain  Morin,  O.  S.  B.,  a  publié  quelques  textes  inédits,  dont  il 
conclut  que  Guy  d'Arezzo  était  élevé  dès  son  enfance  à  Tabbaye  de  Saint- 
Maur-des-Fossés,  près  Paris,  y  enseignait  la  musique  aux  enfants,  et 
qu'il  est  Tauteur  du  Dialogue  de  musique,  attribué  par  ailleurs  à  Odon. 

En  renvoyant  le  lecteur  à  cette  revue-là  pour  tous  les  passages  y  rap- 
portés à  l'appui  de  cette  assertion,  je  me  borne  à  en  signaler  ici  seulement 
les  plus  significatifs,  pour  en  ajouter  après  cela  quelques  autres,  qui 
jetteront  peut-être  un  peu  plus  de  jour  sur  la  question  encore  assez 
obscure  de  la  vie  et  des  œuvres  du  musicologue  Arétin, 

Le  codex  2273,  p.  12,  de  la  bibliothèque  de  Troyes,  primitivement  de 
Saint-Maur-des-Fossés,  contient,  f°  36  ss.,  une  hymne,  dans  laquelle 
est  célébré  Guy,  l'inventeur  de  la  notation  sur  lignes,  dès  son  enfance 
élevé  au  monastère  de  Saint-Maur  : 

Nos  Fossacenses  monachi... 


Haec  ',  ut  dixi  supertiis,  antiquos  diu  lattiit, 
Donec  Giiido  Oacrius  -  nobis  eam  aperuit  ; 
Hune  autem  ab  infantia  nutrivit  haec  ecclesia. 


Dans  le  codex  763  de  la  collection  Landsdav^ne  au  Musée  Britannique, 
Guy  est  appelé  Guy  de  Saint-Maur,  f°  56  "'  :  Boicius...  deinde  Guido 
de  Sancto  Mauro,  inventores  artis  musicae  aequeformis. 

A  la  même  page,  l'auteur  du  Miœologue  porte  le  même  surnom:  Guy 
de  Saint-Maur  :  in  tranquillis  delectabiles,  in  prosperis  exsultantes,  se- 
cundum  Guidonem  de  Sancto  Mauro  in  sua  Musica.  Ce  texte  musico- 
théorique  se  trouve  dans  le  Micrologue  de  Guy  d'Arezzo.  (V.  Gerbert, 
Script.,  II,  ïj  a.) 

De  même  f°  66  :  De  commoda  vel  componenda  modulatione  secundum 
Guidonem  de  Sancto  Mauro  «  Igitur  quemadmoduni  »...  (Gerb.,  /.  c, 
p.  14.) 

Il  serait  donc  à  croire  que  Guy  a  passé  beaucoup  de  temps  dans  la  cé- 
lèbre abbaye.  Mais  il  semble  même  avoir  rédigé  le  Dialogue.  Ainsi  on  lit 
dans  le  codex  281  Harleiem,  f°20  ''  :  «  Explicit  trocaicus^.  Incipit  tertius 
liber  ejusdem  Guidonis  in  musicani  sub  Dialogo...  Discipulus.  Quid  est 
musica  ?  [Odonis  Dialogus  de  Musica  ;  Gerb.,  I,  252.) 

A  cette  preuve  apportée  par  D.  Morin  pour  la  qualité  d'auteur  du 
Dialogue  peuvent  en  être  ajoutées  d'autres  qui   se  trouvent  dans  des 

I.  Se.  methodus  addiscendi  cantilenas. 

1.  Oacrius,   =  Oeagrius,  surnom  poétique,  synonyme  ici  de  bon  musicien  [l.  c). 
3.  L.  c,  1°  12  V.  :  trocaicus  :  Musicorum  et  cantorum  magna  est  distantia...  (Regu- 
lae  rhythmicae  musicae  Guidonis  ;  Gerb.,  II,  2  5.) 


-  i78  - 

traités  d'une  part  encore  inédits,  d'autre  part  déjà  publiés  par  Gerbert 
et  De  Coussemaker. 

Plusieurs  textes  inédits  sont  fournis  par  le  codex  10162  (s.  xiv-xv) 
de  la  bibliothèque  royale  de  Bruxelles,  qui  appartint  autrefois  à  l'ab- 
baye Saint-Laurent  à  Liège  et  est  la  copie  d'un  codex  du  monastère 
Saint-Jacquesde  la  même  ville,  selon  une  note  de  ce  manuscrit-là,  f"  47  : 
Si  hic  est  defectus  nescio,  quia  in  libido,  ex  quo  scripsi  [de  S.  Jacobo), 
adhuc  majus  est  spatium  derelictum.  Or  dans  le  susdit  codex  de  Bruxelles 
se  lit,  f°  28  '',  à  la  finde  l'épître  de  Gu}^  adressée  au  moine  Michel  (Gerb., 
II,  43-5o)  :  Explicit  imisica  domiii  Guidonis.  —  Incipit  dialogus  ejus- 
dem.  Qiiid  est  musica?  M.  Veracitercanendi  scientia...^  comme  chez  Ger- 
bert, I,  262,  Odonis  Dialogus  de  Musica. 

Dans  un  traité  anonyme  et  inédit  du  même  codex,  f"  Sy'"'  :  Quomodo 
aiitem  Jîat  istud  monochordum,  Guido  in  siio  dialogo  describit  ibi.  Qiiid 
est  musica  ?  Veraciter  canendi  scientia...  (Gerb.,  /.  c.) 

Puis  f*'  Sg'^  :  Tonus  ergo  ut  hic  sumitur  est  i^egulaquae  de  omni  canin 
in  fine  dijiidicat.,  sicut  ait  Guido  in  dialogo  suo.  Ce  texte  est  justement 
celui  d'Odon.  (Gerb.,  I,  \b"  b.) 

Enfin  f°  41  '' :  Unde  Guido.,  sunt  autem,  inquit,  horiim  pliirimi  cantus 
qui  ad  A  et  B  non  deponuntur  et  ad  decimam  non  elepantU7\  {Y.  Ger- 
bert, I,  260  a  :  Sunt  autem  horum  plurimi  cantus  qui  ad  gamma  et  pri- 
mant A  et  secundam  B  non  deponuntur.,  ad  decimam  vel  undecimam  non 
elevantur .  —  Odonis  Dialog.) 

Non  moins  clairs  que  les  manuscrits  sont   les  témoignages  publiés  : 

Jean  de  Mûris,  à  plusieurs  endroits  du  Spéculum  mus..,  1.  VI,  c.  xxvi  : 

1°  Guido  vero  in  suo  Dialogo  dicit  sic:  tonus  velmodus  est  régula  quae 
de  omni  canlu  injinedijudicat.  (Couss.,  II,  242  b.) 

2°  Secundus  tonus  sive  plaga  proti.,  ut  ait  Guido  in  taclo  suo  Dialogo^ 
fînitur  in  eamdem  vocem  D  in  qua  et  primus,  et  ascendit  cum  primo  usque 
ad primam  nonani  b  ;  ad  decimam  vero  c  et  undecimam  d  non  pervenit 
(Mur.,  Spec.  mus.,  l.  VI,  c.  xlui;  Couss.,  II,  242,  b.)  Cf.  Odon.  Dialog  : 
Secundus  autem  tonus  similiter  Jinitur  in  eamdem  vocem  D  et  ascendit 
cum  eo  usque  ad  nonam  primam  ;  ad  decimam  vei^o  vel  undecimam  non 
pervenit.   (Gerb.,  I,  259  Z'.) 

3°  Tertius  tonus  secundum  Guidonem,  ubi supra  secundum{?,\c  1}  ///  suo 
Dialogo  Jinitur  in  voce  quinta  E  proceditque  in  iinam  diapason  usque  ad 
eamdem  e  acutam  per  tonos  et  semitonio.  [L.  c,  c.  xliv  ;  Couss.,  /.,c.,  264  è.) 
Cf.  Odon.  Dial.  :  Tertius  modus  in  quint am  Jinitur  vocem  in  E  procedit- 
que uno  diapason  usque  ad  eamdem  literam  e  acutam  per  tonos  et  semito- 
nio. (Gerb.,  L,  260  b.) 

A  ces  témoignages  extérieurs  semble  être  contradictoire  la  matière  du 
texte  lui-même  des  traités  ;  par  exemple  : 

I.  —  La  notation  en  lettres  est  usitée  dans  le  Dialogue,  tandis  que  Guy 
a  inventé  la  notation  en  neumes  placée  sur  et  entre  quatre  lignes.  Mais 
cette  difficulté  disparaît  par  la  considération  que  les  théoriciens  préfé- 
raient les  lettres  ou  les  neumes  in  camp 0  piano  à  la  notation  lignée  pour 
gagner  de  la  place  avec  le  coûteux  parchemin.  Du  reste,  c'était  aussi  Guy 


—   '79  — 

qui  pour  les  exemples  de  chant  s'est  servi  des  lettres,  comme  dit  Jean  de 
Mûris  :  Giiido  in  notando  praedictam  anliphonam  et  alias  militas  de  qui- 
tus escrificat  (sic  !)  pro  nobis  utitur  monochordi  literis^  licet  aliis  notis 
utatur  quandoque.  (Gouss.,  II,  247  a.)  Mais  ce  texte  se  trouve  parmi  les 
endroits  que  le  docte  écrivain  a  empruntés  au  Dialogue.  Cependant  le 
Micrologue  de  Gu}-  est  aussi  muni  d'exemples  de  chant  notés  en  lettres, 
et  cela  non  seulement  dans  l'édition  de  Gerbert  (I,  10,  12,  i  3,  i  7,  18,  20, 
23),  mais  aussi  dans  les  manuscrits  des  Bibliothèques  d'Admont,  494, 
Vienne,  2602,  Bruxelles,  f.  Fétis,  5206,  Bruxelles,  10162  '. 
■  A  cela  on  pourrait  opposer  qu'Aribon  a  dit  que  Guy  n'a  pas  illustré 
ses  préceptes  par  des  exemples  :  Guido  lias  praeceptiones  suas  sine  exein- 
plis  i^eliquit  :  {Gerb.,  II,  226);  or  les  exemples  dans  les  manuscrits  ne 
sont  pas  de  la  plume  de  Guy,  mais  des  copistes.  A  cette  opposition  je 
réplique  :  Aribon  n'}^  parle  que  des  préceptes  touchant  les  variations:  has 
praeceptiones^  qui  en  effet  aussi  dans  l'édition  de  Gerbert  sont  dépour- 
vues d'exemples  de  chant,  tandis  que  d'autres  textes  de  Guy  ont  des 
exemples  notés  en  lettres  vocales.  —  Ajoutez  à  cela  que,  d'après  les 
témoins  cités,  Guy  se  serait  trouvé  h  Saint-Maur  pendant  les  années  de 
sa  jeunesse. 

De  l'autre  côté,  nous  apprenons  de  la  plume  de  Guy  lui-même  que 
c'était  en  Italie,  or  après  son  retour  présumé  de  la  France,  qu'il  a 
inventé  sa  notation  sur  lignes  :  Doninum  Guidonem  Pomposiae  Abba- 
tem...  nostrum  antiphonarium  vidit,  exemplo  probavit^  et  cr^edidit  no- 
strisque  aeniulis  se  quondam  consensisse  poeuiiuit  etut  Poniposam  veniam 
postulavit  :  suadens  mihi  monacho  esse  praeferenda  monasteria  epi- 
scopatibus,  maxime  Pomposae  propter  studium  -  quod  modo  est  per  Dei 
gratiam  et  i^everendissimi  Guidouis  industriani  nunc  primum  in  Ifalia 
7~epertum.  [Guidonis  Epistola  ad  Michaelem  mon.  ;  Gerb.,  II,  44  b.)  Or, 
Guy  ne  pouvait  pas  déjà  pendant  sa  demeure  à  Saint-Maur  communi- 
quer à  Odon  une  méthode  nouvelle  qu'il  ne  connaît  pas  encore  lui- 
même.  Mais  après  avoir  fait  son  invention,  il  abandonnait  la  méthode 
d'Odon  de  noter  les  chants  par  les  lettres  du  monocorde  :  Librum 
quoque  Enchiridion,  quem  Reverendissimus  Odo  Abbas  luculentissime 
composuit,  peidegat^  cujus  exemplum  in  solis  figuris  sonorum  (c'est-à- 
dire  la  notation  par  lettres)  dimisi.  (Gerb.,  II,  5o  b.)  Il  est  à  remar- 
quer que  Guy  n'a  écrit  ses  traités  et  les  épîtres  éditées  par  Gerbert  que 


1.  Ce  codex,  f"  21,  se  distingue  des  autres  manuscrits  cités  par  l'emploi  de  signes 
singuliers,  qui  sont  différents  des  notes  grecques,  mais  semblables  aux  chiffres  ara- 
bes du  moyen  âge;  ils  sont  aussi  similaires,  quoique  de  valeur  différente,  aux  notes 
dites  Dasian  de  la  Musica  Enchiriadis,  auxquelles  l'auteur  fait  peut-être  allusion  en 
disant  :  Sunt  et  alla  plura  plurium  sonorum  signa  inventa  antiqiiitiis  quibiis  evitatis 
has  faciliores  hic  inserere  curae  fuit  notas.  (Gerb  ,  I.  i53,  a-b.) 

2.  Le  soin  {studium)  àe  donner  des  leçons  de  chant  se  trouve  aussi  mentionné  dans 
la  lettre  de  Guy  à  Theodald  :  Cum  vestrae  ecclesiae  etiam  pueri  in  modulandi  studio 
perfectos  aliorum  usquequaque  locorum  supei-ent  senes...  (Gerb.,  11,2)  et  dans  le 
Prologue  qui  fait  suite  à  l'Épître  :  Cum  me  et  naturalis  condilio  et  bonorum  imita- 
tio  communis  utilitatis  diligentem  faceret,  ccepit  inter  alia  studia  musicam  traders 
pueris .    [L.  c,  p.  3.) 


—  i8o  — 

dans  un  âge  fort  avancé,  à  savoir  au  moment  où  il  pressentit  la  fin  de 
sa  vie  terrestre  et  voulait  à  ce  but  se  retirer  dans  la  solitude:  Dum 
solitariae  vitae  saltem  modicam  exsequi  capio  quantitatem .  [Giiidonis 
Epktola  ad  Theodaldum  episcopum  Aretinum ;  Gerb.,  II,  2.)  Mais 
malgré  les  prières  d'objection  de  Guy,  Tévêque  lui  demandait  de 
donner  au  public  le  fruit  de  tout  ce  qu'il  avait  appris  en  fait  de 
musique  :  Vestra  aiictoritas  jiissit  preferre  in  publicum  (/.  c). 

Où  l'avait-il  étudiée,  et  qu'avait-il  fait  au  cours  de  sa  vie  ?  Autant 
de  questions  restées  sans  réponses,  mais  vers  la  solution  desquelles 
peut  nous  acheminer  la  périphrase  d'une  des  copies  du  Micf^ologus, 
publiée  par  D.  Morin  :  «  Guy  d'Arezzo  »,  /.  c,  p.  336  a  :  Praefatio 
auctoris  :  Ciim  jam  aetatis  nostrae  cana  séries  miiltis  anfractibus  labo- 
rata  requiei  tempus  exposceret,  ut  depositis  saeculariiim  curis  mens  spe 
retributionis  aeternae  omnino  Dei  servitio  libéra  vacaret^  placuit  aucto- 
ritati  aiithenticae  personae  Theodaldi  Pontifiais^  sibi  tanto  obnoxium 
benefîcio    ad  laborem    revocare    studii   ut    quidquid   musicae   utilitatis 

ARCTICIS   FINIBUS  PER   VARIA   TEMPORA  ADQUIRENDO  LABORASSEM,   regllHs  lieU- 

matibusque  figuratis  ^elo  communis  (?)  in  commune  communiter  expen- 
derem.  (Codex  Harléien,  281,  f°  i,  avant  la  lettre  àThéodald.) 

II.  —  Un  autre  contraste  du  Dialogue  vis-à-vis  du  Micrologue  est 
la  dénomination  distinctive  du  Dialogue  :  prima  noua  (  ^  )  et  secunda 
nona  i^)^  qu'on  ne  rencontre  jamais  dans  les  traités  de  Guy. 

Cependant  aussi  cette  difficulté-là  se  réduit  à  rien  quand  on  songe 
que  le  maître  parrenu  à  sa  maturité  pouvait  abandonner  quelque  peu 
de  ce  que  le  docile  élève  avait  appris. 

III.  —  Une  troisièmedifficulté  qui  s'oppose  à  l'assertion  que  Guy  soit 
l'auteur  du  Dialogue  est  que  dans  beaucoup  de  traités,  soit  manuscrits, 
soit  imprimés,  le  Dialogue  se  trouve  attribué  à  Odon. 

I"  Gerbert  en  cite  quatre  dans  les  Scr/jc/or^s,  I,  262,  note:  Codex 
Vindobonensis  hune  praefert  titulum  :  «  Incipit  Dialogus  a  Domino 
Odone  compositus  de  arte  musica.  »  —  Codex  San  Emeramensis  istum  : 
«  Incipit  Dialogus  quem  composuit  Domnus  Odo  Abbas  de  arte  7nu- 
sica  qui  Enchij^idion  dicitur.  »  —  Admontensis  vero  saeculo  XIII  cire, 
ita  inscribitur  :  «  Incipit  Dialogus  de  musica  arte  Domni  Odonis  Abbatis 
primi  Cluniacensis  coenobii  quem  Enchiridion   appellavit.  » 

«  A  la  vérité,  les  manuscrits  du  Roi  369  et-721 1  contiennent  chacun 
un  traité  de  musique  qui  porte  le  nom  d'Odon.  »  (Gerb.,  I,  praef., 
p.  XXXIII.)  —  In  codice  Vaticano  reginae  Sueciae  n°  72  dialogus  a  domno 
Odone  compositus  de  arte  musica  notatur.  (Gerb.,  I,  praef. ,  xxxv.) 

2°  Guillaume,  abbé  de  Hirschau  :  Otto  in  Enchiriade  sua  satis  de- 
clarat.  [Musica,  c.  vu  ;  Gerb.,  II,  168  b.) 

3°  Engelbert,  abbé  d'Admont,  en  Styrie  :  ...  Posteriores  musici  sicut 
Odo  Cluniacensis  in  suo  Enchiridioni,  manuali  opère  de  rjiusica  ince- 
perunt  tetrachorda  a  T  ut,  quod gamma  tantum  valet  in  graeco,  quantum 
G  litera  in  latino.  [Musica^  c.  xiii  ;  Gerb.,  II,  296  a.) 

Le  même  :  Et  istae  sunt  sex  consonantiae  simplices  et  primae  secun- 
dum praedictas  sex  conjunctiones  pocum,  quibus  solis  ponendis  pro  con- 


—  I«I  — 


sonantiis perfectis  Guido  m  sua  Musica  voliiit  esse  contentus  et  Odo  in 
suo EnchiiHdio  de  musica.  (L.  c,  c.  xxviii;  Gerb.,  II,  3i8  è.)VoirIe  texte 
correspondant  dans  le  Z)fa/o^we  d'Odon.  (Gerb.,  I,   255  b.) 

4°  Adam  de  Fulde  :  Haec  sane  divisio  Odonis  in  Enchiriade  habeiur. 
[Musica,  P.  II,  c.  VII  ;  Gerb.,  III.,  849  b,) 

Plus  haut  nous  avons  vu  que  trois  témoins  attribuent  le  Dialogue  à 
Guy  d'Arezzo,  et  maintenant  six  témoins  nomment  Odon  l'auteur  de  ce 
traité-ci.  Comment  ces  deux  attributions  contraires  peuvent-elles  être 
conciliées  ? 

Elles  sont  d'abord  tranchées  par  Guy  lui-même,  qui,  dans  sa  lettre 
au  moine  Michel  [loc.  cit.),  le  renvoie  à  VEnchiridion  (le  Dialogue) 
d'Odon,  qui  forme  le  fonds  de  sa  doctrine.  Mais  comment  se  fait-il  que 
ce  Dialogue  ait  été,  à  plusieurs  reprises,  attribué  à  Guy  lui-même  ^  ? 


Une  autre  difficulté  vient  de  l'emploi  du  gamma  T  dans  la  notation 
par  lettres  usitée  dans  le  Dialogue  et  le  Micî^ologue,  pour  marquer  le 
son  le  plus  grave  du  monocorde.  Ceux  qui  ont  fait  honneur  de  cette 
invention  à  saint  Odon  de  Cluny  l'ont  fait  dans  la  persuasion  que  cet 
auteur  avait  écrit  le  Dialogue  :  or,  comme  il  ne  l'a  pas  écrit,  cette  attri- 
bution n'a  aucun  fondement.  Odon  le  jeune  en  est-il  l'inventeur  ? 

Cette  question  nous  est  difficile  à  résoudre,  parce  que  nous  ne  possé- 
dons plus  tous  les  traités  composés  avant  le  xi^  siècle.  Nous  devrons 
donc  ajouter  foi  aux  écrivains  qui  étaient  encore  en  possession  de  tous 
les  traités  antérieurs  et  qui  ont  parlé  de  cette  affaire.  Malheureusement 
ce  sont  (que  je  sache)  des  écrivains  d'une  époque  assez  reculée  du 
premier  millénaire  :  Jean  de  Mûris,  Adam  de  Fulde  et  Gerbert.  Or, 
ces  trois  témoins  disent  que  Guy  a  inséré  le  gamma  graecum  au  mo- 
nocorde : 

1°  Jean  à  trois  reprises  :  Secitndiim  Guidonem  qui  ad  pat^tem  gravis- 
simam  vocem  unam  apposuit.  (Specul.  mus.,  1.  VI,  c.  xix  ;  Couss.,  II, 
222  b.)...  Qiiod  Guido  considerans  in  sua  Musica  sequens  Gt^aecos 
gamma  posuit  ad  designandam  primam  chordam  ut.  »  [L.  c,  c.  lxiii, 
p.  284  b.)...  Hoc  autem  Guido  conside?^ans,  in  Musica  sua  gamma 
posuit  ad  designandam  primam  chordam.  (L.  c,  c.  lxxii,  p.  304.) 

Nous  savons  déjà  que  Jean  de  Mûris  tient  Guy  pour  l'auteur  du 
Dialogue.  Mais  son  contemporain  l'abbé  Engelbert  distingue  nettement 
entre  la  Musica  de  Guy  et  VEnchiridion.,  c'est-à-dire  le  Dialogue 
d'Odon  :  Guido  in  sua  Musica...  Odo  in  suo  Enchiridio.  (Voir  ci- 
dessus.)  Il  est  donc  possible  qu'aussi  Jean  entendait  sous  le  mot 
Musica  le  Micj^ologue  de  Guy.  Cependant  Adam  de  Fulde  dit  que 
Jean  veut  que  le  gamma  ait  été  inventé  avant  Guy,  —  Johannes  tamen 
vult,  ante  Guidonem  gamma    esse  adinventum  (Gerb.,  III,  342  b),  — 

I.  Il  nous  paraît  inutile  d'imaginer  le  cas  où  un  ms.  mal  copié  ou  mal  lu  aurait 
laissé  lire,  pour  le  nom  de  l'auteur,  au  lieu  de  Odo,  Udo,  transformé  en  Guido.  A  la 
vérité,  on  trouve  Otto  pour  Odo,  et  ce  nom  même  changé  en  Utto. 


I«2    — 


quoique  Adam  lui-même  soit  d'un  autre  avis.  Il  n'est  guère  à  croire 
qu'il  voulait  désigner  par  «  Jean  »  l'anglais  Jean  Cotton,  car  il  venait 
de  nommer  Jean  de  Mûris  parmi  ses  autorités.  [L.  c,  p..33i  a.)  Quoi 
qu'il  en  soit,  l'auteur  du  Dialogue  nous  apprend  que  déjà  de  son 
temps  le  gamma  était  en  usage,  quoique  rarement  :  In  primo  capite 
fîionochoî^di  ad  punclum  qiiem  siipevius  diximus,  T  literafn,  id  est  G 
graecum  pone,  qiiae,  quoniam  raro  est  in  nsu,  a  multis  non  habetiir. 
(Gerb.,  I,  253  a.)  Odon  ne  peut  donc  pas  avoir  introduit  le  gamma 
graecum. 

2°  Adam  de  Fulde  attribue  à  Guy  l'apposition  d\x  gamma  :  Guido... 
siiperaddens  infra  Proslambanomenov.  T  (^Miisica,  P.  II,  c.  i.  ;  Gerb., 
III,  3^2  b)  et  :  «  Guido..,  subjecit  ProslanomenaT.  {L.  c,  c.  xvin  ; 
Gerb.,  p.  35o  a.) 

3°  De  cet  avis  est  aussi  Gerbert  :  Mentio  gammae,  dit-il,  quant 
monochordo  addidit  Guido.  (Gerb.,  I,praef.,  p.  xxxvii.)  Serait-il  possible 
que  ces  deux  savants  musicologues  n'aient  pas  connu  le  passage 
renommé,  où  Guy  lui-même  dit  dans  son  Micrologue  que  la  lettre 
grecque  en  question  a  été  ajoutée  par  les  modernes?  gamma  graecum 
a  modernis  adjunctum  [Alicrol..,  c.  ii  ;  Gerb.,  II,  4  a)  ;  et  en  versifiant 
ses  traités  prosaïques  dans  les  Regulae  rliythmicae^  Guy  s'en  exprime 
encore  plus  précisément,  en  nous  informant  que  quelques-uns  posent  le 
^•awma avant  la  première  lettre:  r  graecum  qiudam  ponunt  ante  primant 
litera77i.  (Gerb.,  II,  26.)  Il  s'ensuit  que  l'usage  de  cette  lettre  grecque 
existait  déjà  au  temps  de  Guy,  mais  qu'il  était  encore  nouveau  au  seuil 
du  onzième  siècle,  et  que  la  lettre  A  valait  chez  quelques-uns  seulement 
pour  la  première  lettre  du  monocorde,  c'est-à-dire  pour  la  lettre  du 
plus  grave  son  qui  était  écrit  sur  cet  instrument  d'école,  quoique 
déjà  l'auteur  de  la  Musica  Enchiriadis  se  fût  servi  d'un  signe  propre 
pour  le  son  qui  précède  le  son  de  l'A.  (Voir  Gerb.,  I,  162  ss.,  dans 
Hnçtaldi  Musica  Enchiriadis.) 

La  question  de  l'ancienneté  du  Dialogue  vis-à-vis  du  Micrologue 
serait  éclaircie,  si  nous  pouvions  prêter  foi  au  témoignage  d'Adam  de 
Fulde  qui,  au  passage  déjà  mentionné,  dit  que  le  moine  de  Cluny 
Odon  a  imité  Guy  en  admettant  vingt  cordes  et  se  servant  de  la  main 
poup  les  enseigner  aux  élèves  :  Guido...  quindecim  chordis  non  con- 
tentus  subjecii  Proslambanomeno  T  ctc  netae  Ii./perbolaeon  superaddidit 
excellentes  quatuor,  viginti  ponens  chordas  ac  modo  leviori  manu 
discendas  instituit  :  quod  demum  per  Odonem  Cluniacensem  monachum 
prosecutum  esse  creditur.  [Musica,  P.   II,  c.  vni  ;  Gerb.,  III,  35o  a.) 

C'est  aussi  l'avis  de  Gerbert,  qui  dit  tout  nettement  que  l'emploi 
fréquent  du  gamma  graecum  (que  Guy  a  ajouté  au  monocorde)  dans 
\e  Dialogue  démontre  la  postériorité  de  ce  dernier  traité:  Quo  nulhim 
luculentius  haberi  potest  argumentum,  Odonem  hune  Dialogi  aucto- 
reni  [queni  etiam  post  Guidonem  scripsisse  frequens  mentio  gammae, 
quam  monochordo  addidit  Guido,  prodit)  ab  Odone  nostro  (c'est-à-dire 
du  saint  abbé  de  Cluny)  diversum  esse.  (Gerb.,  I,  praef.,  xxxvn.)  Je  me 
borne  à  signaler  seulement  cette  démonstration    de    Gerbert  mise  en 


—  i83  — 

doute  déjà  ci-dessus,  parce  que  Guy  lui-même  dit  que  l'insertion  du 
gamma  est  une  invention  moderne  et  qu'il  était  déjà,  de  son  temps, 
employé  par  quelques-uns.  Mais  au  surplus  aussi  la  raison  (sur  laquelle 
Gerbert  fonde  son  avis  que  le  Dialogue  serait  écrit  après  Guy,  à  savoir 
sur  la  mention  du  gamma  plus  fréquemment  faite  dans  le  Dialogue) 
manque  de  réalité.  Je  me  suis  donné  la  peine  de  compter  les  pages 
dans  lesquelles  les  traités  d'Odon  le  jeune  (G.,  I.,  25i-3o2)  et  ceux  de 
Guy  d'Arezzo  (G.,  II.,  1-49)  font  mention  du  gamma  ;  en  voilà  le 
résultat  : 

Odon  jeune  :  G.,  I,  p.  253,  254,  267,  260,  278,  274,  278,  280,  281, 
282  ; 
Guy  d'Arezzo  :  G.,  Il,  p.  4,  5,  6,  19,  20,  25,  26,  27,  29,  36,46., 
Le  nombre  des  pages  de  Guy  surpasse  par  une  les  pages  d'Odon  ; 
Gerbert  s'était  trop  confié  à  sa  mémoire.  Adam  de  Fulde  est  donc, 
que  je  sache,  le  seul  témoin  d'une  composition  post-guidonienne  du 
Dialogue  et  de  l'invention  du  gamma  attribuée  à  Guy. 


Mais  il  y  a  des  preuves  favorables  à  la  composition  anté-microlo- 
gienne  du  Dialogue. 

Si  Ton  pouvait  appliquer  à  Guy  les  paroles  du  manuscrit  de  Saint- 
Maur-les-Fossés,  l'élève  Arétin,  «  doué  d'une  rare  aptitude  pour  toute 
sorte  de  savoir,  confia  jeune  encore  à  sa  mémoire  tout  ce  qu'on  peut 
savoir  en  fait  de  chant  :  » 

Mira  discendi  gratia  sibi  datiir  ad  omnia 
Nain  canendi  scienliae  plenam  satis  notitiam 
Comtnendavit  memoriae  infra  adolescentiam 
Quant  paginis  inserere  non  ignoravit  etiani 
Velocitey-que  scribere  bonam  tenons  niateriani 

(Cod.  2273  de  Tro3Aes,  f»  87)  ;  Guy  et  Odon  le  jeune,  également  doués 
de  talent  et  d'aspirations,  avaient  environ  le  même  âge  ;  on  est  tenté  de 
croire  que  l'un  trouva  en  l'autre  un  coopérateur  dans  là  composition 
du  Dialogue.  Et  c'est  justement  ce  que  l'auteur  de  ce  traité  avait  l'in- 
tention de  dire  dans  le  prologue  de  son  œuvre  :  «  Je  me  suis  adjoint 
un  frère  qui,  en  comparaison  des  autres  chantres,  me  semblait  être  le 
plus  parfait  »  :  assumpto  quodam  fratre  qui  ad  comparationem  aliorum 
cantorujn  judebatur  perfectus,  antiplionarium  sancti  Gregorii  diligentis- 
sime  investigavi.  [Odouis  Prolog,  in  Dial.,  Gerb.,  I,  25 1  a-b.)  La 
même  pensée  en  d'autres  termes  se  trouve  exprimée  dans  le  titre  du 
Tonaire  d'Odon  de  Saint-Maur  :  Incipit  intouarium  a  Domiio  Odone 
Abbate  diligentcr  examinatum  et  ordinatum,  a  Guidone  sanctissimo 
monacho.,  optimo  musico  examinatum,  pi^obatum  légitime,  approbatum 
et  authenticatum  tamquam  opus  ad  cantorum  periliam  necessarium, 
Ecclesiae  Dei  honorificum,  Deo  gratijicatum  in  eo  phirimum  collaude- 
tur.    (Gouss.,  scr.,    II,    117   a.)  Si   ce    titre   du    Tonarium    édité   du 


-   i84  — 

manuscrit  de  Saint-Dié,  s.  xiv  (v.  Couss.,  I,  xii)  est  authentique,  Guy 
aurait  été  le  coopérateur  supplémentaire  d'Odon  pour  l'achèvement 
définitif  du  Tonaire. 

C'est  donc  par  la  coopération  de  Guy  avec  Odon  que  se  serait 
aussi  achevé  le  Dialogue^  de  sorte  qu'il  pouvait  être  intitulé  non 
moins  l'œuvre  de  l'un  que  l'autre  :  Dialogiis  Odonis,  Dialogus  Guidonis. 
Ainsi  se  concilient  facilement  ces  titres  en  apparence  contradictoires, 
et,  de  plus,  s'expliquerait  parfaitement  i°  que  Guy  d'Arezzo  ait  été 
nommé  Guy  de  Saint-Maur,  puisque,  collaborateur  d'Odon  de  Saint- 
Maur,  il  aurait  tout  naturellement  séjourné  dans  le  même  monastère  ; 
1°  que  Guy  d'Arezzo  ait  importé  en  Italie  la  méthode  toute  française 
d'Odon,  et  les  procédés  de  Ponce  le  Teuton,  abbé  de  Saint-Maur-îes- 
Fossés. 


III.    NOTES   BIBLIOGRAPHIQUES 


Cette  hj^pothèse,  —  que  tout  semble  devoir  confirmer,  —  nous  per- 
mettrait de  revenir  au  texte  publié  par  Dom  Germain  Morin  ;  et,  sans 
prétendre  que  la  notice  du  ms.  de  Saint-Maur-des-Fossés  s'appliquât 
en  tout  à  Guy  d'Arezzo,  il  est  bien  permis  de  supposer,  devant  ce  qui 
précède,  que  la  confusion  entre  celui-ci  et  Guy  Oeagrius  se  fit  tout 
d'abord  au  monastère  même  de  Saint-Maur-des-Fossés.  De  cette  iden- 
tification entre  ces  deux  personnages,  admise  sans  conteste  depuis  vingt^ 
ans,  on  a  conclu  que  Guy,  l'auteur  du  Mia^ologue,  est  né  dans  les 
environs  de  Paris.  Pourtant  cette  opinion  ne  se  maintient  pas,  car 
selon  deux  documents  assez  croyables  sa  patrie  est  l'Italie,  probable- 
ment la  ville  d'Arezzo. 

i"  Adam  de  Fulde,  en  énumérant  les  principaux  écrivains  de  musi- 
que, nomme  après  Boèce  notre  Guy  en  ces  termes  :  Venit  post  Jioc 
Giiido  Italicae  nationis  homo,  non  inceleb?^atus  musicns.  {Miisica,  P.  II, 
c.  VIII  ;  Gerb.,  III,  35o  a.)  Guy  est  donc  Italien  de  naissance. 

2°  Le  codex  10162  de  Bruxelles*,  déjà  mentionné  ci-dessus,  contient 
une  glose  marginale  apposée  au  titre  du  Micrologus  [Episiola  Guidonis 
ad  Theodaldum  episcopian),  f"  i3  :  Iste  Guido  monachus  abbas  coenobii 
de  cruce  sancli  Leufredi  ordinis  sancti  Benedicii,  patria  Aretiniis.  Le 
lieu  natal  de  Guy  est  donc  Arezzo.  Ce  manuscrit,  on  le  voit,  le  confond 
déjà  avec  Gui  d'Eu,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut. 

D'autres  ont  confondu  Guy  d'Arezzo  avec  le  saint  et  grand  abbé  Guy 
de  Pompose,  quoique  le  musicologue  Arétin  lui-même  l'eût  appelé 
«  son  père  et  une  partie  de  son  âme  »  :  Patrem  vesU^um  atque  meum 

I.  Nous  sommes  heureux  de  cette  occasion  de  pouvoir  aussi  devant  le  public 
exprimer  notre  profonde  gratitude  à  la  Direction  de  la  Bibliothèque  Royale  de 
Bruxelles,  qui   a  eu  la  bonté  de  nous  prêter  le  dit  manuscrit. 


—  i85  - 

Dommim  Guido?iem  Pomposiae  Abbatem,  vhum  Deo  et  hominibus  merito 
virtutis  et  sapienliae  clari^simum  et  animae  meae  partem.  {Guidonis 
Epistola  Michaeli  monacho  de  ignoto  cantu  difecta  ;  Gerb.,  II,  44  a.) 

De  fait,  quelques  manuscrits  du  Micrologue  donnent  à  Guy  d'Arezzo 
le  nom  d'abbé.  Les  Annales  de  Camaldule  nous  font  effectivement  con- 
naître que  Guy  aurait  plus  tard  gouverné  aussi  l'abbaye  d'Avellana,  près 
Pompose  :  Sa^iptores  Annalium  Camaldulensiiim  (1.  11^  p.  43)  non  abho- 
rent  ab  opinione,  Guidonem  Abbatem  monasterii  Avellani  fuisse.  (Gerb., 
Scr.,  II,  praef.,  p.  ni.)  S'il  nous  est  permis  de  croire  aux  auteurs  de  ces 
Annales,  cette  résidence  tomberait  alors  aux  temps  que  Guy  passait 
dans  quelqu'un  des  monastères  soumis  à  la  juridiction  du  saint  abbé 
(juy  de  Pompose  (f  1046),  soit  avant  la  fuite  du  moine  musicien  à 
Arezzo,  c'est-à-dire  dans  la  solitude,  d'où  l'évêque  d'Arezzo  Théodald 
le  faisait  venir  à  sa  cathédrale,  soit  après  le  séjour  de  Guy  dans  sa 
ville  natale,  d'où  il  fut  rappelé  à  Pompose  pour  obéir  à  son  abbé  et 
pour  illustrer  son  monastère  par  son  oeuvre  de  musique  [Tanti  itaque 
Patris  orationibus  fïexus  et  praeceptis  obediens  prhis  aiixiliante  Deo 
volo  hoc  opère  tautufn  et  taie  monasteinum  illustvare  meque  monachiim 
monachis  praestare  (Gerb.,  IL,  44  b)  et  pour  y  trouver  sa  dernière 
retraite,  dtim  solitariae  vitae  saltem  modicam  exsequi  ciipio  qiiantitatem. 
[L.  c,  Gerb.,  IL,  2.) 

En  outre,  c'est  du  docte  abbé  Engelbert  d'Admont,  que  nous  ap- 
prenons qu'en  son  temps  Guy  passait  aussi  pour  un  homme  de  Can- 
terbury  :  Guido  vero  Cantuariensis  addidit  in  siio  eodem  Micrologo 
demusica  ad  praedictas  (r,  G,  g)  a  la  mi  ré  siiperiorem,  et  b  fa,  g  mi  et 
°  sol  fa  e/ j  la  sol,  uitimas  et  aciitissijnas  vocum,  assej^ens  meliiis  esse  in 
pocibus  miisicis  abiindare  qiiani  dejïcere.  {Musica,  c.  xni  ;  Gerb.,  IL 
295  a.)  La  mention  du  Micrologue  et  les  mots  abuudare  quam  defîcere 
dont  Guy  s'est  servi  au  chapitre  11  (Gerb.,  IL,  4  b)  ne  laissent  aucun 
doute  que  le  témoin  cité  entendait  Guy  d'Arezzo. 

Le  surnom  Cantuarien  nous  paraît  une  erreur,  provenant  d'une 
confusion  avec  un  homonyme  anglais.  Cependant,  à  supposer  la  véra- 
cité de  cette  notice-là,  ce  surnom  nous  rappellerait  :  i"  à  la  périphrase 
plus  haut  reproduite  qui  faisait  dire  à  Guy,  dans  la  Praefatio  auctoris 
de  son  Micrologue^  qu'il  avait  demeuré  et  travaillé  dans  les  contrées 
septentrionales,  arcticis  finibus  ;  2°  à  Tépître  de  Guy  adressée  au 
moine  Michel,  dans  le  début  de  laquelle  il  proféra  ses  plaintes  à  son  ami 
en  disant  que  ses  envieux  le  poussent  d'un  séjour  à  l'autre,  de  sorte  qu'il 
est  abattu  par  les  multiples  détours  des  adversaires,  mais  toujours 
relevé  et  supérieur,  per  anfraclus  muUos  dejectus  et  auctus,  et  exilé 
aux  pays  lointains,  ji?ro/Lv/s  ^;h'^z/5  exulatuni.  (Gerb.,  II,   43  a.) 

Exilé  jusqu'à  Canterbury,  il  y  serait  demeuré  longtemps,  de  manière 
qu'on  le  croyait  un  habitant  de  cette  ville  [Cantuariensis).  Toutefois, 
les  termes  mêmes  des  mss.  de  Guy,  «exilé  en  de  lointains  pays»  «  ayant 
travaillé  longtemps  dans  les  pays  du  Nord»,  ces  termes,  disons-nous, 
peuvent  être  parfaitement  entendus  de  la  banlieue  parisienne  par  rap- 
port à  Arezzo.  Mais,  d'autre  part,  il  faut  aussi  remarquer  qu'un  séjour 


—  i86  — 

de  Guy  en  Angleterre,  après  sa  collaboration  éventuelle  avec  l'Odon  du 
Dialogue  n'est  pas  improbable,  si  l'on  tient  compte  de  ce  fait,  juste- 
ment remarqué  par  Dom  Germain  Morin,  que  ce  sont  surtout  les 
copies  anglaises  du  Micrologue  qui  donnent  à  son  auteur  le  surnom  de 
Guy  de  Saint-Maur. 

Pour  résumer  ce  que  nous  venons  d'exposer  en  vertu  des  documents 
sûrs  ou    probables,   la  vie  de  Guy  se  trace  à  peu  près  en  ces  lignes  : 

L'auteur  du  Miœologiie  est  Italien  sans  conteste,  et  d'Arezzo. 
Obligé,  sur  son  propre  témoignage,  de  s'éloigner  loin  de  son  pays,  et 
particulièrement  dans  une  contrée  plus  septentrionale,  il  collabora, 
durant  cet  exil,  avec  Odon,  l'auteur  du  Dialogue,  qui  cite,  sans  oser  le 
nommer,  le  chantre  éminent,  cantoi^um  perfectus^  des  conseils  duquel 
il  s'entoure,  mais  dont  le  Tonaire  porte  à  son  titre  même  le  nom  du 
collaborateur.  Si  les  divers  témoignages  externes  et  internes  touchant  le 
Dialogue  permettent  ajuste  titre  de  reconnaître  son  auteur  en  Odon  II 
de  Saint-Maur-les-Fossés,  c'est  donc  en  cette  abbaye  parisienne  que 
Guy  d'Arezzo  aurait  alors  séjourné,  sans  préjudice  d'un  séjour  éven- 
tuel (?)  à  Cantorbéry.  De  retour  plus  tard  dans  son  pays,  il  devint 
abbé  des  Camaldules  d'Avellana,  monastère  près  de  Pompose,  revint 
dans  son  lieu  natal  Arezzo,  plus  tard  à  Rome,  subséquemment 
encore  une  fois  à  Pompose,  où  il  voit  le  dernier  jour  de  sa  vie  agitée, 
dans  un  âge  d'ordinaire  encore  assez  vital,  mais  d'un  corps  petit  et 
faible,  trop  tôt  brisé  par  ses  nombreux  voyages  et  mésaventures,  un 
moine  ingénieux  et  énergique,  partout  recherché,  partout  persécuté 
et  enfin  estimé  comme  ne  le  fut  guère  un  autre  homme  de  son 
temps. 

D.  CÉLESTIN  ViVELL,  O.  S.   B. 

et  Amédée  Gastoué. 


Nouvelles  Musicales 


M.  ALEXANDRE  GUILMANT,  D''  EN  MUSIQUE. 

Notre  vénéré  maître  et  président  de  la  Scliola,  M.  Alexandre  Guilmant,  vient 
d'être  l'objet  d'une  distinction  flatteuse,  dont  l'initiative  revient  aux  musiciens  de 
l'Université  de  Manchester.  On  sait  que  le  maître  organiste  est  depuis  longtemps 
bien  connu  au  delà  du  détroit,  et  que  même  des  sociétés  musicales  portent  son 
nom.  A  Manchester  en  particulier,  M.  Guilmant,  à  plusieurs  reprises,  s'était  fait 
entendre  en  des  récitals  d'orgue  sur  le  célèbre  Gavaillé-Goll  du  Town-Hall  de  cette 
importante  ville. 

Son  confrère  M.  le  Dr  J.  Kendrick  Pyne, organiste  de  la  Town-Hall,  et  professeur 
à  l'Université  ',  a  profité  de  la  présence  de  M,  Guilmant  pour  un  récent  récital 
donné  par  lui  dans  la  grande  salle  de  l'Université,  et  proposé  à  ses  collègues  et  au 
Chancelier  de  conférer  au  grand  organiste  français  le  titre  de  Docteur  en  musique 
H.  G.  [honoris  causa),  ainsi  qu'il  est  dans  l'usage  des  universités  anglaises,  pour 
honorer  les  maîtres  qu'elles  veulent  distinguer. 

A  la  suite  du  récital  qu'il  venait  de  donner,  le  icr  juillet,  M.  Guilmant,  le  jour  sui- 
vant, fut  introduit  devant  l'assemblée  des  professeurs  en  robe,  présidés  par  M.  le 
Ghancelier  de  l'Université,  auquel  M.  le  D'"  Pyne  a  adressé  le  speech  suivant,  en 
présentant  M.   Guilmant  : 

Sir, 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  présenter  un  éminent  artiste,  pour  en  faire  l'apologie. 

«  Créateur  musical.  —  On  peut  sans  exagération  l'appeler  une  sorte  «  d'admi- 
rable créateur  »,  car  il  a  essayé  toutes  les  branches  de  son  art,  et  toutes  avec  un 
succès  consommé,  sans  égal  dans  une  période  abandonnée  au  spécialisme  pur  et 
simple. 

«  Exécutant.  —  Un  calendrier  moderne  de  l'art  qui,  par  devoir,  serait  forcé  de 
placer  chaque  célébrité  à  la  place  propre  qu'elle  doit  occuper,  désignerait  infail- 
liblement dans  sa  critique  musicale  notre  récipiendaire  comme  le  premier  de  tous 
les  artistes  exécutants  sur  son  instrument,  le  roi  des  instruments  en  France.  On 
peut  même  aller  plus  loin,  et  dire  en  toute  confiance  qu'il  est,  lui  premier,  à  la  tête 
de  tous  les  exécutants  d'Europe,  où  il  est  bien  connu. 

«  Ecole  anglaise.  —  En  opposition  à  l'école  anglaise  enchaînée,  consacrée  aux 
innombrables  services  quotidiens  de  l'église,  les  maîtres  de  chapelle  friinçais  et  les 
musiciens  de  musique  sacrée  sont  moins  tenus  et  emprisonnés  ;  ils  ont  un  champ 
plus  vaste,  et  plus  de  liberté.  Par  une  conséquence  toute  naturelle,  M.  A.  Guilmant 
a  pu  se  rendre  tout  à  fait  le  «  pèlerin  musical  »  de  sa  génération,  et  presque  tous  les 


I.  M.  Kendrick  Pyne  est  un  des  plus  remarquables  organistes  anglais,  élève  de  Samuel- 
Sébastien  Wesley. 


-   i88  — 

centres  d'art  musical  ont  pu  se  délecter  à  l'entendre,  et  admirer  l'agilité  de  ses 
doigts  merveilleux  ;  ils  ont  pu  écouter  avec  respect  la  superbe  interprétation  des 
divins  messagers  des  grands  maîtres. 

((  A  la  Trinité.  —  Malheureusement,  il  ne  nous  est  plus  donné  de  l'entendre  sous 
les  voûtes  sonores  de  la  Trinité.  C'est  là  que,  pendant  de  longues  années,  on  a  pu 
écouter  ces  hymnes  et  cantiques  admirables  ;  mais,  s'il  s'est  retiré,  «  ses  œuvres  le 
suivent  ».  11  a  laissé  derrière  lui  en  effet  un  héritage  :  c'est  ce  genre  déjà  tradition- 
nel, de  traiter  le  plain-chant  de  l'Eglise  gallicane,  genre  qui  pour  cela  restera 
longtemps  un  monument  durable  de  son  style. 

«  Compositeur.  —  Ses  compositions  sont  nombreuses  et  très  populaires  ;  nulle 
part  davantage  qu'à  Manchester,  où  depuis  trente-trois  ans,  elles  sont  fréquem- 
ment exécutées.  Al.  Guilmant  prouve  qu'il  est  concret  dans  la  forme,  fin  en  harmo- 
nie, complexe  en  contrepoint,  et  par-dessus  tout  harmonieux.  Al.  Guilmant  possède 
ce  don  spécial  de  la  mélodie  simple  et  pure, maintenant  si  rare,  hélas  1  et  que  l'on 
peut  dire  être  le  plus  grand  charme  de  la  musique,  sans  laquelle  tout  en  effet 
semble  fade,  faible   et  sans  profit. 

((  Improvisateur.  —  11  est  un  des  derniers  grands  improvisateurs,  race  à  peu  près 
éteinte.  Entendre,  en  effet,  improviser  Al.  Guilmant  sur  un  thème  donné  est  une 
«  éducation  musicale  »  des  plus  précieuses.  Nous  avons  eu  l'extrême  bonheur 
d'apprécier  son  talent  dans  ce  genre,  dans  cette    même  salle,  hier  soir. 

«  Musique  ancienne.  — C'est  aussià  M.  Al.  Guilmant  que  nous  sommes  redevables 
d'avoir  «  fait  revivre  l'antiquité  ».  Il  a  sauvé  bien  des  créations  musicales  qui  sont 
devenues  familières,  en  les  préservant  d'un  oubli  immérité.  Il  a  réédité  ces  œuvres 
anciennes  ;  il  a  pour  ainsi  réincarné,  à  l'usage  des  amateurs  d'œuvres  délicates  et 
raffinées,  ces  douces  jouissances  des  temps  passés,  d'époques  non  moins  laborieuses 
que  tenaces. 

{{  Influence.  —  Enfin,  il  a  exercé  une  influence  bienfaisante  sur  son  temps,  et 
soyez  persuadé.  Sir,  que  beaucoup  de  ses  élèves,  disciples,  admirateurs  et  amis, 
seront  heureux  de  le  voir  honorer  aujourd'hui.  Je  crois  pouvoir  affirmer  que  ce 
fait  augmentera  notre  influence  et  cimentera  toujours  davantage  l'amitié  qui  existe 
entre  notre  nation  et  cette  grande  nation,  si  avancée  dans  la  civilisation,  dont  il  est 
un  brillant  joyau. 

«  C'est  pourquoi,  Sir,  je  vous   recommande  M.  Félix-Alexandre  Guilmant  : 

«  Commandeur  de  l'ordre  pontifical  de  Saint-Grégoire  le  Grand  ; 

«  Chevalier  de  l'ordre  de  Saint-Sylvestre  ; 

«  Chevalier  de  la  Légion  d'honneur  ; 

«  Organiste  du  Trocadéro,  à  Paris  ; 

«  Professeur  d'orgue  au  Conservatoire  national  de  France  et  à  la  Schola  ; 

'(  Pour  tous  les  degrés  du  doctorat    en  musique.   » 

A  la  suite  de  cette  allocution,  M.  le  Chancelier  a  proclamé  M.  Guilmant,  revêtu 
de  la  robe  et  du  bonnet  traditionnels,  Docteur  en  musique  de  l'Université  de  Man- 
chester. 

En  adressant  toutes  nos  sympathiques  et  respectueuses  félicitations  à  notre  cher 
maître,  et  toute  notre  gratitude  aux  Chancelier  et  Professeurs  de  l'Université  de 
Manchester,  nous  ne  serons  ici  que  les  légitimes  interprètes  de  tous  les  amis  de  la 
Schola. 

Rappelons  que  le  dernier  docteur  promu  dans  les  mêmes  conditions  que  M.  Guil- 
mant est  le  célèbre  chef  d'orchestre  allemand  Hans  Richter. 


Notre  sympathique  confrère  M.  Henri  Quittard,  qui  fut  pendant  longtemps  un 
de  nos  actifs  collaborateurs,  vient  de  recevoir,  à  l'Académie  des  Beaux-Arts,  une  des 
plus  hautes  récompenses  pour  son  remarquable  travail  sur  Henri  Du  Mont,  paru 
dans  nos  pages,  complété  par  les  motets  du  même  auteur  publiés  au  bureau  d'Edi- 
tion. C'est  sur  le  rapport  du  maître  Saint-Saëns  que  ce  prix  bien  mérité  a  été 
accordé.  Toutes  nos  amicales  félicitations  à  M.  Quittard. 


—    i89    — 

Epinal.  —  La  Schola  d'Epinal,  elle  aussi,  travaille  à  la  diffusion  de  la  musique 
religieuse  recommandée  par  le  MoUi  pi'oprio  de  Pie  X. 

Le  3  juillet  de  cette  année,  invitée  par  M.  le  curé  de  Mirecourt  (Vosges),  elle  a 
exécuté  à  la  messe  les   morceaux  suivants  : 

1°  Messe  brève  de  Palestrina  ;  20  Alléluia  grégorien  (Edition  Vaticane)  ;  3o  O  vos 
omnes  (Vittoria)  ;  40  Ave  verum  (Josquin  des  Prés). 

Dans  un  concert  donné  le  même  jour,  à  Mirecourt  aussi,  elle  a  exécuté  : 

lo  Un  chœur  de  Judas  Machabée,  de  Haendel  ;  2°  un  chœur  de  Castor  et  Pollux, 
de  Rameau  ;  3°  un  chœur  profane,  de  Orlando  Lassus  ;  40  Chanson  de  la  Ro^e,  de 
G.  Gosteley  ;  5o  enfin  la  Bataille  de  Marignan,  de  Janequin,  qui  a  obtenu  le  plus 
vif  succès  puisqu'il  a  fallu  immédiatement  en  donner  une  seconde  audition. 

Le  tout  a  cappella,  naturellement,  messe  et  concert. 

Vannes.  —  La  fête  des  saints  apôtres  Pierre  et  Paul,  à  la  cathédrale,  a  donné  Heu 
au  beau  programme  suivant,  préparé  par  les  soins  de  M.  l'abbé  Pirio: 

Messe  :  introït,  graduel,  alléluia,  communion,  de  l'office  grégorien  (vatican)  ; 
Kyrie,  Gloria,  Sanctus,  Benediclus,  Agnus,  de  la  messe  Tertia,  de  M.  Haller.  — 
Vêpres  :  psaumes  grégoriens,  —  Salut  :  O  salutaris,  a  4  voix  mixtes,  P.  delà  Rue  ; 
Tu  es  Petriis  (grégorien)  ;  Ave  Maria,  j^  voix,  xvie  s.  ;  Tantum,  4  voix,  Palestrina  ; 
Dieu  soit  loué,  chœur  final,  4  voix,  extrait  des  psaumes  de   Goudimel. 

Léhon  (diocèse  de  Rennes),  —  Nous  sommes  heureux  de  reproduire  la  note  sui- 
vante, parue  il  y  a  quelques  semaines  dans  la  Semaine  religieuse  de  Rennes,  et 
qui  nous  est  parvenue  trop  tardivement  pour  être  insérée  dans  notre  dernier 
numéro.  Elle  montre  le  chemin  que  font  les  bonnes  idées  dans  le  pays  rennais, 
si  tenace,  mais  aussi  si  réfractaire  jusqu'ici  dans  la  restauration  de  la  vraie 
musique  de  l'Eglise  : 

«  Le  regretté  recteur  de  Léhon,  M.  l'abbé  Fouéré-Macé,  était  Malouin  d'origine. 
Chercheur  patient  et  archéologue  érudit,  il  a,  pour  ainsi  dire,  reconstruit  pierre  par 
pierre  l'ancienne  chapelle  de  la  fameuse  abbaye  ;  et  si  le  temps  et  l'argent  ne  lui 
avaient  fait  défaut,  il  eût  vraisemblablement  cherché  à  relever  aussi  les  vénérables 
ruines  du  couvent  tout  entier, 

«  Il  y  a  quelques  jours,  lorsque  M.  l'abbé  Méheust,  recteur  actuel  de  la  paroisse, 
voulut  évoquer  le  souvenir  grandiose  des  liturgies -bénédictines  et  faire  revivre  un  ins- 
tant dans  son  église  restaurée  les  mystérieuses  harmonies  d'autrefois,  il  fit  appel  — 
pour  honorer  davantage  la  mémoire  de  son  digne  prédécesseur  —  à  deux  prêtres  du 
pays  malouin.  Voilà  pourquoi,  lundi  dernier,  M.  l'abbé  Verdier,  recteur  de  Hirel, 
et  M.  l'abbé  Ruellan,  son  vicaire,  se  trouvaient  à  Léhon,  près  Dinan,  avec  la  maî- 
trise de  leur  paroisse.  Car  il  ne  s'agissait  pas  ici  de  conférences  historiques  ou  de 
promenades  archéologiques  ;  ils  étaient  simplement  venus  pour  ofi'rir  à  Dieu,  en 
cette  solennité  pentécostale,  les  purs  échos  du  chant  traditionnel  de  l'Église. 

((  Au  début,  les  quelques  amateurs  de  musique  religieuse  qui  se  trouvaient  là  ont 
dû  certainement  regarder  avec  une  ironique  indulgence  cette  humble  maîtrise  de 
campagne,  composée  d'une  quinzaine  de  voix  à  peine,  et  malheureusement  privée 
dans  la  circonstance  de  deux  de  ses  meilleurs  chantres.  A  vrai  dire,  la  quantité  et  la 
qualité  de  ses  interprètes  semblaient  ne  pouvoir  répondre  aux  difficultés  d'une  exé- 
cution sans  prélude  ni  accompagnement.  Mais  nous  jugions  en  profanes  des  effets 
et  de  la  puissance  du  chant    grégorien. 

«  Dès  les  premières  paroles  de  l'introït,  nous  sommes  transportés  dans  un  autre 
m  :)nde,  en  dehors  de  toutes  les  conventions  classiques  et  de  tous  les  préjugés  mon- 
dains qui  empêchent  ordinairement  le  peuple  chrétien  de  comprendre  et  d'aimer  sa 
vieille  musique  religieuse,  si  belle  pourtant,  si  fraîche  et  si  libre  dans  son  inspira- 
tion et  son  mouvement,  si  vraiment  populaire  ! 

«  Pendant  toute  la  messe,  nous  écoutâmes,  immobiles  et  muets,  mon  compagnon 
et  moi,  profondément  impressionnés  par  l'ensemble  de  ces  voix  inégales  si  admira- 
blement fondues.   Nous  nous  laissions  emporter  sur  les  ailes  du  mélos  liturgique,  à 


—  igo  — 

la  fois  déconcertés  et  ravis  par  les    accents    de  cette  prière  u'  anime  et  sincère  dont 
l'intime  ardeur  d'expression  pénétrait  jusqu'à  nos  âmes,  . 

«  Ce  sont  des  moments  précieux  que  ceux-là,  et  dont  le  souvenir  réconforte  et 
console  de  la  pitoyable  décadence  où  nous  vivons.  Pour  retrouver  les  véritables 
émotions  artistiques  et  religieuses  que  doit  faire  naître  en  nous  ce  chant  inspiré,  il 
faut  entendre  laSchola  cantorum  de  Hirel.  Il  est  impossible  de  rendre  avec  plus  de 
simplicité,  de  naïveté  et  d'élan,  tous  les  sentiments  de  foi  et  d'amour  que  la  musique 
grégorienne  a  traduits  si  fortement  et  si  exactement,  parce  que  je  crois  qu'il  est 
impossible  de  rencontrer  chez  un  maître  de  chapelle  plus  de  talent  et  d'enthou- 
siasme, et  chez  ses  disciples  plus  de  candeur  d'âme  et  d'oubli  de  soi,  plus  de  vraie 
piété. 

«  Nous  avons  eu  dans  l'église  de  Léhon,  en  cette  mémorable  journée,  l'impression 
que  si  l'art  grégorien  n'a  presque  pas  d'admirateurs,  c'est  qu'il  est  encore  trop  peu 
connu,  et  que  ces  sortes  de  manifestations  musicales,  quand  elles  sont  conduites 
par  de  pareils  maîtres,  deviennent  une- forme  d'apostolat  inappréciable. 

«  C'est  le  mot  de  reconnaissance  que  je  devais  à  ceux  qui  m'ont  si  grandement 
réjoui  et  édifié, 

«  J.  D.» 


BELGIQUE 

LE  CONGRÈS    LITURGIQUE  DE    LOUVAIN. 

Nous  regrettons  de  n'avoir  pu  mentionner  dans  notre  dernier  numéro,  —  l'envoi 
de  notre  correspondant  ne  nous  étant  parvenu  que  pendant  l'impression  du  fasci- 
cule de  juillet,  —  les  beaux  résultats  par  où  la  musique  est  intéressée,  dans  les 
remarquables  sessions  du  Congrès  liturgique  de  Louvain. 

Ce  Congrès  fut  organisé  par  lesRR.  PP.  Bénédictins  de  l'abbaye  du  Mont-César, 
à  Louvain,  à  la  suite  de  la  diffusion  de  leur  excellente  revue-paroissien,  la  Vie 
liturgique. 

Quatre  cents  hommes,  prêtres  ou  laïques,  se  pressaient  dans  les  cloîtres  du  monas- 
tère, sous  la  présidence  du  cardinal  Mercier,  archevêque  de  Malines.  Les  moines 
avaient  choisi  cette  occasion  pour  l'inauguration  de  leurs  nouvelles  orgues,  sorties 
des  ateliers  de  M.  Georges  Cloetens,  l'excellent  organier  de  Bruxelles.  MM.  Georges 
Cloetens,  le  facteur,  Dom  Ermin  Vitry,  organiste  de  l'abbatiale,  M.  Joseph  Jongen, 
le  professeur  bien  connu,  ont  fait  valoir  les  jeux  de  ce  bel  instrument,  avec  des 
pièces  de  Haendel,  Tinel,  César  Franck,  Widor,  Bach,  Scarlatti. 

Des  vœux  adoptés  par  le  Congrès  nous  détachons  les  suivants,  en  rapport  avec 
ce  qui  se  pratique  déjà  dans  un  certain  nombre  d'églises  de  Belgique  : 

«  Dans  les  classes,  les  maîtres,  s'ils  veulent  que  leur  enseignement  du  catéchisme 
porte  des  fruits,  feront  bien  d'initier  les  enfants  à  la  liturgie  et  au  chant,  en  leur 
donnant  l'intelligence  du  temps  liturgique,  des  cérémonies  sacrées  de  la  messe, 
l'explication  de  l'épîtfe  et  de  l'évangile  du  dimanche  suivant,  et  en  les  exerçant  au 
chant  des  psaumes  et  des  hymnes. 

«  Il  est  infiniment  préférable  que  tous  les  enfants  qui  ont  fait  leur  première  com- 
munion assistent  à  la  grand'messe,  celle-ci  étant  plus  intuitive  et  plus  instructive  à 
tous  égards. 

«  Il  est  nécessaire  de  bannir  des  cérémonies  sacrées  tous  les  chants  non  liturgi- 
ques, tous  les  cantiques  en  langue  vulgaire  qui  ne  sont  pas  irréprochables  au  point 
de  vue  littéraire  et  musical,  et  de  serrer  de  très  près  dans  le  choix  de  ces  composi- 
tions, le  temps  liturgique  et  le  cycle   des  fêtes. 

«  On  s'efforcera  de  créer  une  chorale  d'enfants  choisis  parmi  les  enfants  des  caté- 
chismes de  9  ans,  loans,  et  de  persévérance.  Cette  chorale,  bien  recrutée  et  bien 
stylée,  serait  chargée  de  chanter  l'ordinaire  de  la  messe. 

«  Nous  mentionnerons  aussi  le  remarquable  rapport  de  dom  Ermin  Vitry  sur 
VEsthétique  du  Chant  grégorien.  Il  dégage  la  portée  esthétique  du  Motu  proprio  de 


—  igi  — 

Pie  X  et  établit  que  le  chant  grégorien  est  véritablement  un  art  doté  de  quatre 
qualités  essentielles  :  la  concentration  de  l'idée  dans  ses  formules  synthétiques,  la 
logique  du  développement  de  la  cantilène  sacrée,  la  souplesse  des  mélodies,  enfin, 
l'alliance  de  la  pureté  et  de  l'onction  qui  communiquent  à  l'âme  les  plus  puissantes 
émotions  religieuses.  » 

Polémiques.  —  Notre  confrère  de  Rome,  la  Rassegna  gregoriana,  aime  décidé- 
ment la  polémique.  On  peut  différer  d'opinion  sur  certains  points  :  In  dubiis  liber- 
tas.  Nous  ne  pouvons  pas  tolérer  qu'une  revue  qui  se  pique  de  suivre  une  ligne  de 
conduite  analogue  à  la  nôtre  ne  perde  pas  une  occasion  de  nous  molester,  en 
nous  traitant  Dieu  sait  comme  !  Nous  protestons  une  dernière  fois  contre  le  genre 
de  rédaction  acerbe  et  outrecuidant  adopté  par  cette  revue,  et  puisque  L.  R.  con- 
tinue d'être  gêné  par  la  Tribune,  nous  lui  ferons  une  simple  réponse,  peu  en  peine 
de  la  mise  en  demeure  qui  nous  est  faite  d'une  réparation,  due  à  notre  «  propre 
honneur»  !  En  vérité,  L.  R.  s'en  accroît  donc  beaucoup,  de  traiter  ainsi  ses  con- 
frères en  les  accusant  de  mauvaise  foi  ? 

Qu'on  en  juge.  Dans  notre  numéro  de  mai  1910,  nous  avons  ajouté  à  la  fin  de 
l'étude  de  M. l'abbé  Marcetteau,  «  notre  remarquable  collaborateur  »  (bien  que  cette 
expression  ne  plaise  pas  aux  amis  de  L.  R.),  une  note,  où  nous  avons  fait  remarquer 
que  Dom  Mocquereau  avait  précisé  plus  nettement  certains  points  de  son  système. 
Que  nos  lecteurs  veuillent  bien  s'y  reporter  :  ils  pourront  eux-mêmes  se  rendre 
compte  si  nous  «  blessons  le  respect  dû  à  la  vérité  »  [sic).  Nous  n'avons  jamais  dit 
que  Dom  Mocquereau  avait  prêché  une  doctrine  contraire  ;  nous  avons  dit,  en 
propres  termes,  que  «  nous  avons  vu  avec  plaisir  Dom  Mocquereau  ajouter  »  à  ses 
publications  habituelles  «  ce  qu'il  a  écrit  de  plus  clair  et  de  plus  précis  sur  le  sujet  » . 
Nous  nous  félicitions  —  et  en  cela,  c'est,  nous  semble-t-il,  manifester  l'amour  de 
l'a  paix  —  que  «  Dom  Mocquereau,  qui  semblait  avoir  prêché  une  doctrine  diffé- 
rente »,  s'exprimât,  en  somme,  d'une  manière  plus  nette,  de  la  même  façon  que 
M.  l'abbé  G.  Marcetteau. 

Où  est  la  victoire  ?  Où  la  déclaration  nouvelle  ?  Nous  cherchons  en  vain  ;  il  faut 
les  yeux  de  L.  R.  pour  voir.  Nous  savions  depuis  longtemps  ce  que  Dom  Mocquereau 
avait  dit  :  nous  nous  sommes  réjoui  qu'il  l'ait  à  nouveau  redit,  et  souligné  en  forts 
caractères. 

Voilà  les  procédés  de  la  Rassegna  :  ils  sont  ridicules,  pour  ne  pas  dire  plus.  Libre 
à  cette  revue  de  se  battre,  tel  don  Quichotte,  contre  des  moulins  à  vent  ;  ce  n'est 
pas  notre  habitude.  Nous  ne  la  suivrons  pas  sur  ce  terrain. 

La  Rédaction. 


((  Explication  de  la  lettre  qui  est  imprimée  dans 
le  cinquième  Livre  de  Madrigaux  de  Claudio 
Monteverde  ». 

{Suite) 


A  la  stupéfaction  de  quelques-uns,  pour  lesquels  il  ne  peut  exister 
d'autre  aprattica  »  que  celle  qui  est  enseignée  par  Zerlino. 

Il  met:  quelques-uns  et  nqn  :  tous,  car  il  ne  veut  comprendre  par  là 
que  son  adversaire  et  les  disciples  de  celui-ci. 

Il  écrit  :  à  la  stupéfaction,  parce  qu'il  sait  bien  que  ces  gens  igno- 
rent non  seulement  la  seconde  «  prattica  »,  mais  encore  une  grande 
partie  de  la  première  (ce  que  mon  frère  fera  voir  plus  loin)  ;  et  ensuite  : 
pour  lesquels  il  ne  peut  exister  d' autre  n  prattica  »  que  celle  qui  est  ensei- 
gnée par  Zerlino,  ce  qui  veut  dire  :  «  pour  lesquels  il  ne  peut  exister 
d'autre  «  prattica  »  que  celle  qui  est  enseignée  par  Messer  Adriano  ^  ». 

Or  le  Révérend  Zerlino,  comme  il  l'ajtïirme  lui-même,  n'a  pas  eu  l'in- 
tention de  traiter  d'une  autre  «  prattica  »  que  celle-ci  ! 

«  Mon  intention,  dit-il  donc,  n'est  pas,  et  n'a  jamais  été,  de  décrire 
l'usage  de  la  «  prattica  »  employée  par  les  anciens  (Grecs  ou  Latins), 
quoique  j'en  fasse  quelquefois  mention.  Je  ne  parlerai  que  de  ceux  qui 
ont  retrouvé  notre  manière  actuelle  de  faire  chanter  à  la  fois  un  grand 
nombre  de  parties'^  au  moyen  de  modulations  et  de  mélodies  diverses, 
selon  le  genre  adopté  par  Messer  Adriano  -^  »  Le  fait  du  Révérend  Zer- 
lino reconnaissant  que  la  «  prattica  »  enseignée  par  lui  ne  soit  pas  la 
seule  et  unique  à  considérer,  est  une  raison  de  plus  pour  que  mon 
frère  ne  cherche  à  s'appuyer  que  sur  les  principes  de  Platon  ''  (consa- 
crés par  le  divin  Cipriano  et  l'usage  moderne),  qui  sont  opposés  à  ceux 

1.  Adriano  Willaërt,  voir  p.  24,  note   i. 

2.  Polyphonie. 

3.  Sopplijjienti  musicali,  i588,  livre  I,  ch.  I  (indication  mentionnée  dans  le  texte 
italien). 

4.  «  Quando  fui  per  scrivere  il  pianto  del  Arianna,  nan  travando  libio  che  mi 
aprisse  la  via  naturale  alLi  imitazione,  ne  nieno  che  mi  illuminasse  che  dovessi 
essere  imitatori  altri  che  Platone  per  via  di  un  suo  lume  rinchinso  cosi  che  appena 
potevo  di  lontano  con  la  una  debil  vista  quel  poco  che  mi  mostrassi.  »  (Melodia 
overo  seconda  pratica  musicale).  (Lettre  du  22  octobre  i633.) 


-  193  - 

que  préconise  le  Révérend  Zerlino  (mis  en  pratique  par  MesserAdriano). 

Mais  soyons  assuj^és  que  pour  ce  qui  regarde  les  consonances  et  les  dis- 
sonances^ ce  qui  veut  dire  :  «  que  l'adversaire  et  ses  disciples  soient 
assurés  que  pour  ce  qui  regarde  les  consonances  et  les  dissonances  » 
(c'est-à-dire  de  la  manière  de  s'en  servir),  il  y  a  encore  une  considération 
bien   différente  de  celle  qui  vient  d'être  énoncée. 

Dans  la  considération  qui  précède  et  qui  a  trait  à  l'emploi  des  conso- 
nances et  des  dissonances,  mon  frère  vise  spécialement  les  règles  du 
Révérend  Zerlino  à  la  troisième  partie  de  ses  Istitiitioni . 

Ces  règles  ^  cherchent  à  établir  la  perfection  de  l'harmonie  au  point 
de  vue  de  la  pratique,  et  non  celle  de   la  mélodie  pour  le   même  but  ^. 

Les  exemples  musicaux  ^  donnés  à  l'appui  de  ces  lois  ^  le  prouvent 
bien,  car  il  n'est  tenu  aucun  compte  de  l'action  exercée  par  la  parole,  et 
l'harmonie  reste  nécessairement  la  maîtresse  (et  non  la  servante)  de 
celle-ci. 

Mon  frère  démontrera  aussi  à  l'adversaire  et  à  ses  disciples  que  dans 
la  manière  de  pratiquer  les  consonances  et  les  dissanances,  l'harmonie 
devra  toujours  être  soumise  à  l'expression  des  paroles  ^  ;  elle  ne  pourra 
donc  plus  être  envisagée  de  la  façon  qui  vient  d'être  mentionnée  ^^  et  pas 
davantage  non  plus,  comme  il  va  en  être  question  dans  ce  qui  va 
suivre. 

Or  cette  considération^  tout  en  satisfaisant  la  raison  et  le  bon  sens, 
devient  le  principe  de  la  composition  moderne. 

En  satisfaisant  la  raison,  c'est-à-dire  que  l'harmonie  devra  se  baser 
sur  les  consonances  et  les  dissonances  "^  telles  qu'elles  ont  été  reconnues 
par  les  mathématiciens.  Et  mon  frère,  tout  en  traitant  néanmoins  de 
leur  usage,  s'appuie  aussi  sur  la  puissance  de  la  parole,  qui  est  la  véri- 
table patronne  de  l'art  ^,  et  sur  la  mélodie  parfaite,  comme  la  considère 
Platon  dans  la  troisième  partie  de  la  R.  P.  •\ 

Voilà  donc  pourquoi  mon  frère  a  adopté  ce  terme  de  seconde  «  prat- 
tica  ». 

Et  le  bon  sens.,  ce  qui  veut  dire  qu'en  plus  de  l'expression  des  paroles 
mêmes,  qui  commande  au  rythme  et  à  l'harmonie  (je  dis  «  commande  », 
car  la  composition  musicale  ne  vaut  pas  seulement  par  le  perfectionne- 
ment de  la  mélodie  pure),  ces  deux  facteurs  ^"^  devront  eux  aussi  remuer 

1.  Zarlino,  Ist.  harm.,  III*  partie,  ch.  xlii  :  «  Delli  contrapunti  diminutivi  a  due 
voci,  in  quai  modo  si  possono  usar  le  dissonanze  ». 

2.  Le  but  pratique. 

3.  Les  règles  et  les  exemples  de  Zarlino  ne  s'appliquent  qu'au  contrepoint. 

4.  Les  règles  de  Zarlino  dont  il  vient  d'être  question. 

5.  Claudio  Monteverde  considère  la  combinaison  des  consonances  et  des  disso- 
nances comme  moyen  expressif  servant  au  drame  ;  de  même  R.  Wagner. 

6.  D'après  les  règles  de  Zarlino. 

7.  «  E  questa  Harmonia  non  sjlameute  nasce  dalle  consonanze,  ma  dalle  disso- 
nanze ancora  :  perciochè  i  buoni  musici  pongono  ogni  studio  di  fare  che  nelle  Har- 
monie le  dissonanze  accordino,  e  con  maraviglioso  effetto  consuonino.  (Zarlino, 
Ist.  harm..  Ile  partie,  ch.  xu.) 

8.  «  Signora  principale  dell'arte  »  ;  c'est  l'art  dramatique  qui  est  visé  ici. 

9.  La  République. 

10.  Le  rythme  et  la  mélodie. 


—  194  — 

les  passions  de  l'àme  comme  le  dit  Platon  ^  :  «  solo  enim  melodia  ab 
omnibus  quotcunq  ;  [quotcunque]  distrahunt  animum  retrahens 
contrahit  in  se  ipsum  ». 

L'harmonie  seule,  aussi  parfaite  qu'elle  puisse  être,  n'arrive  pas  à  ce 
résultat  et  le  Révérend  Zerlino  lui-même  l'avoue  par  les  paroles  sui- 
vantes :  «  Si  nous  prenons  la  simple  harmonie  ^  sans  rien  lui  ajouter, 
elle  est  impuissante  à  produire  un  effet  extrinsèque  quelconque  »  ;  et 
un  peu  plus  loin  il  met  :  «  Elle  ne  fait  que  préparer  et  disposer  à  un 
certain  état  intrinsèque,  à  l'allégresse  ou  bien  à  la  tristesse,  mais  cela 
n'induit  pas  qu'elle  puisse  exprimer  aucun  effet  extrinsèque  ^.  » 

Voilà  ce  que  fai  voulu  vous  dwe  au  cas  où  ce  terme  de  «  seconde  prat- 
tica  »  serait  employé  par  d'autres. 

Mon  frère  informe  donc  le  public  que  ce  terme  est  bien  de  sa  propre 
invention  pour  qu'on  le  reconnaisse  et  qu'on  en  soit  convaincu,  lorsque 
ses  adversaires  signifieront,  à  la  suite  d'Artusi  :  «  la  seconde  «  prattica  » 
n'est  en  vérité  que  la  lie  *  (le  dépôt)  de  la  première  ». 

Voilà  ce  qu'il  ^  a  déclaré  pour  médire  des  œuvres  de  mon  frère,  si 
bien  qu"en  l'année  i6o3^,  celui-ci  se  proposa  de  commencera  lui  répondre. 
Or,  à  peine  cette  expression  lui  était-elle  sortie  de  la  bouche  qu'Artusi, 
l'attrapant  pour  ainsi  dire  au  vol,  se  mettait  à  attaquer  et  le  terme  et 
la  musique  de  mon  frère  !  Et  pour  quel  motif  ?  Que  celui  qui  le  sait  en 
fasse  donc  part,  et  si  quelqu'un  peut  en  trouver  la  raison  écrite  n'im- 
porte où,  qu'il  nous  la  montre  î  Mais  pourquoi  l'adversaire  s'en  étonne- 
t-il  au  point  de  dire  à  ce  propos  dans  son  discours  :  «  Vous  paraissez 
tellement  jaloux  de  ce  nom  '^  que  vous  craignez  qu'on  vous  le  vole.  »  Ce 
qui  équivaut  presque  à  dire  :«  Inutile  de  vous  alarmer  d'un  pillage 
semblable,  car  vous  n'êtes  pas  un  personnage  assez  méritant  pour 
qu'on  vous  imite  et  qu'on  vous  prenne  la  moindre  des  choses.  » 

Eh  bien  1  je  fais  savoir  à  Artusi  que  s'il  considère  la  chose  de  cette 
façon-là,  mon  frère,  lui,  aurait  bien  des  arguments  en  sa  faveur  et  parti- 
culièrement pour  ce  qui  regarde  le  canto  alla  francese  ^. 

Ce  genre  de  musique  si  moderne,  livrée  à  la  presse  depuis  trois  ou 
quatre  ans  seulement,  n'a  point  cessé  d'être  admirée  depuis,  soit  à  l'é- 
tat de  motets,  soit  à  celui  de  madrigaux,   chansonnettes  et  airs  ^.  Qui 


1.  Le  Timée,  ch.  xxx  (annotation  citée  dans  le  texte).  Voir  aussi  la  préface  des 
Madrigali  Guerrieri  e  Amofosi  de  Claudio  Monteverde,  i638. 

2.  Ist.  hartn.,  IIr  partie,  ch.  vu  (dans  le  texte). 

3.  «  On  chercherait  en  vain,  dans  la  combinaison  des  notes  qui  composent  le  chant, 
un  caractère  propre  à  certaines  passions  ;  il  n'en  existe  point.  Le  compositeur  a  la 
ressource  de  l'harmonie,  mais  souvent  elle-même  est  insuffisante.  «  (Gluck  à  Goran- 
cez.) 

4.  Traduction  littérale  :  feccia. 

5.  Artusi. 

6.  Voir  avant-propos,  m. 

7.  Du  nom  de  seconde  «  prattica  ». 

8.  «  Ghant  à  la  française  »,  c'est-à-dire  style  des  chansons  françaises  de  l'époque. 

9.  L'édition  des  Scherp  musicali  de  i632  est  intitulée  :  Scherzi  musicali  cioè  arie 
e  madrigali  in  stil  recitativo.  (B.  Magni,  Venise.)  (Bibl.  du  Conservatoire  de  Paris.) 
Voir,  en  France,  les  Chansons  en  manière  d'air. 


—   195  — 

est-ce  qui  l'a  rapportée  le  premier  en  Italie,  si  ce  n'est  mon  frère,  à  son 
retour  des  bains  de  Spa  en  l'année  ibgg? 

Et  qui  l'a  appliquée  avant  lui,  aussi  bien  à  des  paroles  latines  que 
profanes  dans  notre  langue  ? 

N'est-ce  pas  lui  qui  a  écrit  ces  Scherii  ^  alors  ? 

Voilà  des  faits  qui  parlent  pour  lui  et  d'autres  encore  que  je  passe 
sous  silence  (la  chose  ne  pouvant  être,  comme  je  l'ai  dit,  envisagée  dans 
ce  sens-là).  Quant  à  la  dénomination  de  seconde  «  prattica  »,  elle 
s'explique  par  l'usage  qui  en  a  été  fait  ;  mais  elle  pourrait  être 
aussi  bien  appelée  première  «  prattica  »,  en  ne  considérant  que  son 
origine. 

Et  aussi  afin  que  les  esprits  novateurs  puissent  acquérir  suffisamment 
de  liberté  pour  entrevoir  un  autre  but  que  la  simple  harmonie. 

Un  autre  /'z/^,  c'est-à-dire  que  ceux-ci  ne  doivent  pas  se  borner  à 
croire  que  toutes  les  exigences  de  l'art  résident,  en  n'importe  quel  cas, 
dans  l'observation  des  règles  de  première  «  prattica  ». 

Car  l'harmonie,  dont  la  puissance  expressive  est  nécessairement  limi- 
tée, n'a  pas  les  moyens  de  se  transformer  au  fur  et  à  mesure  de  la  diver- 
sité des  mélodies  -,  et  elle  ne  peut  non  plus  s'adapter  parfaitement  à 
l'expression  de  la  parole  ,  ce  qui  est  donc  tout  l'opposé  de  la  seconde 
«  prattica  »  (ou  la  perfection  de  la  mélodie). 

Qiie  la  simple  harmonie. 

Il  ne  faut  pas  entendre  par  là  celle  qui  s'applique  à  quelques  frag- 
ments de  la  mélodie,  mais  bien  celle  de  la  mélodie  entière. 

Et  si  l'adversaire,  se  plaçant  à  un  point  de  vue  plus  général,  avait 
considéré  l'harmonie  du  madrigal  de  mon  frère  O  Mirtitto  ^  de  cette 
manière-là,  il  n'aurait  pas  écrit  tant  d'énormités  au  sujet  de  sa  tonalité. 
L'Artusi  a  également  critiqué  et  démontré  la  confusion  qui  se  produit 
dans  les  mélodies  commencées  par  un  ton,  continuées  en  un  autre,  et 
terminées  dans  un  troisième  complètement  éloigné  du  premier  et  du 
second. 

«  Cela  fait  le  même  effet,  remarque-t-il,  que  d'entendre  les  propos 
d'un  fou  qui,  aux  prises  avec  un  tonneau,  frapperait  au  hasard  (comme 
on  dit),  soit  sur  le  bois,  soit  sur  le  cercle  du  tonneau.  » 

M.-L.  Pereyra. 
{La  fin  prochainement.) 

1.  Scherp  ?nustcali. 

2.  Le  sens  de  ce  paragraphe  peut  être  étendu  à  ceci  :  les  esprits  novateurs  (les 
compositeurs  novateurs)  doivent  rechercher  autre  chose  que  la  simple  musique  : 
pour  eux,  cette  dernière  ne  doit  pas  être  un  but,  mais  un  moyen  qui  mène  à  ce  but  : 
l'action  dramatique.  R.  Wagner  a  écrit  :  «  L'erreur  où  est  tombé  le  genre  de  l'opéra 
consiste  en  ceci,  qu'on  a  fait  de  la  musique  le  but  de  l'œuvre,  alors  qu'elle  ne  doit 
être  que  l'un  des  moyens  d'expression,  et  que,  par  contre,  le  but  même  de  ce  qu'il 
s'agit  d'exprimer,  c'est-à-dire  le  drame,  n'a  plus  été  considéré  que  comme  un  moyen 
d'expression.  »  (III,  282.) 

3.  Cantilene  dans  le  texte  italien.  Voir  la  note  2,  p.   22. 

z^.  Deuxième  madrigal  du  V»  livre  (i665)  sur  les  paroles  de  la  seconde  scène  du 
Pastor  Fido  de  B.  Guarini. 


Formulaire  de  Récitatifs  pour  les  Graduels  et  Chants  ornés 

(Suite) 


Graduels  du  5*  ton  (festival  n°  1) 


^^^Êm^^^^^^^^^^^^^^^ 


-j -■ j — ■ ^a ■ »^- 


1^.  1.    Ad   Dô- minum  *  cuni  tri-  bu-   là-    rer  cla-  nià-        vi, 

2.  Ex-    âl-  teiit  eum  *  in    ec-   clé-  si-      a      pie-       bis, 

3.  Qui     o-  peràtus  est*  Petro         in       a-    po-  sto-  là-        tum,    o-    pe-  râlus  est  nii-  hi  in-        ter         gentes  ; 

4.  E-    lé-   cti  mei  *  non  la-   bo-    rà-  bunt        fru-       stra,  ne-  que  germi-     nà-   buntincontur-     ba-  ti-    6- ne  : 

5.  Quem-àd-niodum*  deside- 

rat  cer-vus  ad    fon-  tes     a-  quà-    rum, 

6.  Com-mu-nicàntes* 

Christi  passi-     ô-    ni-  bus.gau-         dé-         te, 

7.  Dô-  mi-ne,  *  spes  mea  a     ju-ven-fii-  te  me-        a:    in     te    confir-     ma-  tus        su  m  ex  lUero: 

8.  Ju-    stô-rum*  ànimae  in    ma-   nu  De-  i   sunt  : 

9      -         - _..._._..._...-...._-. 

10.  Be-    à-    tus  vir  *  qui    li-     met  Dô-nu"-num  : 

11.  Ju-stus*,cum  ceci-  de-   rit,  non    col- li-   dé-        tur, 

12.  A-    ni-    ma  nostra,*  sic-    ut    pas-  ser    e-    ré-  pta  est, 

13.  Ec-  ce*  sacérdos  magnus, 

qui  in     di-      é-     bus  su-  is 

14.  Ad- ju-  vàbit  *  eam  De-  us  vul-  tu  su-  o: 
15-  Spé- ci-  e  tua,*  et  pul-chri- tii-  di-  ne  tu-  a, 
16.    Dif-  fû-    sa  est  *  gràtia                in      là-    bi-    is     tu-  is, 

17-18.     U-uam   pctii*  a  Dôml-  no.hanc  re-  qui-     ram, 

19.  An-    ge-  lus*  Dômini    Ràpha-  el  ap-  pre  hén-      dit  et      li-         gâ-       vit       dae-m6-ne| 

20.  Con-    fi-    teàntur  ti-     bi*     pô-pu-    li,   De-        us: 


]^z^=:=i =E^gEg;(-^:*^Efc^: 


k;:u=== 


s.. 


.  1. 

Dô- 

mi- 

ne. 

2. 

Con- 

fi- 

te- 

3. 

Grâ- 

ti- 

a 

4. 

Côr- 

po- 

ra 

5. 

Si- 

ti- 

vit 

fi. 

S 

Si 

ex- 

pro- 

{  quôni 

-am 

quod 

est 

7. 

Me 

au- 

tem 

8. 

Vi- 

si 

sunt 

9. 

Et 

con- 

sti- 

10. 

Po- 

tens 

in 

11. 

To- 

ta 

di- 

12. 

Là- 

que- 

us 

13. 

Non 

est 

in- 

vén 

14. 

Flù- 

mi- 

nis 

15-16. 

Propte 

r  ve- 

ri- 

tà- 

17. 

ut 

vi- 

de- 

18. 

Be- 

à- 

ti 

19. 

Ma- 

gnus 

D6- 

20. 

Be- 

ne- 

di- 

libéra  ànimani  nieam 
àntur  Ddmino 
Dei  in  me 
ipsôrum 

bràmini  in  nômine  Christi,  f 
honoris,  gloriae, 
propter  innocéntiam 


tuisti  eum  f 
terra  erit 
e  mise- 

contritus  est,  -j- 
tus 

impetus  [ 

tem  et  mansueti'idinem 
am 

qui  habitant 
minus 


a  làbiis            in- 

i- 

quis  : 

misericôr-di-ae 

e- 

JUS  : 

vâcua          non 

fu- 

it  : 

in  pa-  ce  se- 

pùl- 

ta 

sunt  : 

a-     jii-ma 

me- 

a 

risti,t         beà-            ti 

é- 

i-i- 

tis  : 

et  virtù-         tis 

De- 

i. 

sus-       ce- 

pi- 

sti: 

én-  ft-um 

mo- 

ri  :     . 

se-       men 

e- 

jus  : 

ré-  tur  et 

côm- 

mo- 

dat: 

et  nos  libéra-          ti 

su- 

mus  : 

si-  nii-  lis 

il- 

li, 

laetificat  cività-        tem 

De- 

i  : 

et          ju- 

sti- 

ti- 

a  m  : 

voluptà-       tem 

Do- 

mi- 

ni  : 

in  domo  tu-          a. 

D6- 

mi- 

ne  : 

no- 

s  ter. 

)ster,  -rbene-  di-  cat  nos 

De- 

us  : 

—   '97  - 


Gradualia  V'  toni  (festivalis  I) 


^m 


=^=^: 


:^^ 


-*z=5i 


:::j= 


-■-(•)— 


et 


et  in  cathedra    se-    ni-    ô-     rum 
et  cogno-        vé-  runt  gi"tt-  ti-    am  De-       i 

quia  se-  nien  benediclôruni       Do-  mi-    ni   est,  et  ne- 


ex-   au-       di-  vit  'me. 

lau-  dent  e-  uni. 

quae       da-  ta  est   mi-  hi. 

pô-  tes   e-  6-  rum  cum  e-  is. 


ita  desiderat 


m-  ma  me- 


a 


ad 


te. 


De- 


us. 


ut  in  revelatiô-               ne                                      glô-  ri-    ae     e-      jus      gaude-  à-    lis  ex-  sul-  tân-   tes. 

de                     ven-          tre                                              ma-tris  me-     ae       tu  es    pro-  té-  etor  me-     us. 

et                                      non  tan-  get    il-     los  tor-  mén-  tum  ma-  li-  ti-  ae. 

G16-          ria                                               et     ho-  nô-     re  co-   ro-  nâ-  sti  e-       um. 

in                                     man-dâ-    tis     e-      jus  eu-  pit  ni-      mis. 

quia  Dô-                          mi-  nus  sup-  p6-     nit  ma-  num  su-      am. 

-----------------------de  là-  que-  o  ve-  nàn-fi-um. 

------------------------------  plâ-  eu-  it  De-      o. 

Deus  in                            mé-  di-     o      e-      jus,  non  com-  mo- vé-î»itur. 

in-  tén-  de,pr6s/)ere  pro-cé-  de,  et     re-    gna. 

pro-              ptér-           ea  bene-                            di-  xit     te    De-     us  in  ae-  ter-    num. 

ut  in-              hâ-            bitem                                 in    do-    mo  Dô-nu'ni,       omnibus  di- é-  bus  vi-  tae  me-    ae. 

confite-           an-            tur  tibi                             p6-  pu-    li     o-      mnes  :  terra  de-  dit  fru-  ctum  su-           um. 


■ S ■ — ^— ■ ï — ' j ■ ■ 

-     ------------------------       et  a  lin-grua  do-     16-        sa*  r 

et  mira-  bilia  ejus  fi-   li-  is      ho-  niinum. 

sed  gràtia  ejus  in         me    ma-        net. 

et  nomen  eorum  vi-        vit  |  in  generatiônem  et  gène-    ra-         ti-       ô-  nem. 

-----------------  ad  Deum  for-      tem,    vi-        vum. 

et  qui  est  ejus      spiritus  super  vos  re-        qui-     é-         scet. 

et  confir-  miisti  me  in  conspéctu      tu-        o  |  in         ae-    ter-        num. 

illi  autem  sunt        in      pa-        ce. 

-----------------  super  ôpera  mânuuni  tu-     à-       rum,  Dô-;ju'-ne. 

gène-  ratio  rectorum  bene-        di-     ce-        tur. 

et  semen  ejus  in  benedicli-     -     -     -     -       ô-         ne       e-  rit. 

adju-  torium  nostrum  in  n6mineD6-;m'ni,  |  qui  fecit  caeZum  et      1er-        rani. 

qui  conser-  vâret  legem  Ex-   cél-         si. 

sanctifi-  câvit  tabernâculum  su-iini  Al-     tis-  si-  mus. 

et  de-  dûcet  te  niirabiliter  déx-/e-  ra      tu-         a. 

---------  -  _--.  et  visitem  tem-    plum    e-  jus. 

in  saécula  saecu-     ------     -  I6rii;iilau-  dàtiniHe. 

------------------  et  magna  vir-       tus      e-         jus. 

et  métuant  eum  omnes  fi-       nés     ter-        rae. 


—  igS 


Graduels  du  5e  ton  (Solennel) 


Ëi 


_o_,i. 


I^.  1. 

Bene- 

di- 

2. 

Vi- 

dé- 

3. 

Se- 

dé- 

4. 

Ex- 

5. 

0- 

6. 

Bene- 

di- 

7. 

Bene- 

di- 

8. 

Sus- 

cé- 

9. 

Flo 

10. 

Pri- 

ùs- 

11. 

Con- 

sti- 

12. 

Pro- 

bâ 

13. 

Propterveiilà 

14. 

Locus 

i- 

15. 

Di- 

ci- 

16. 

Sicut 

li- 

dus  *  qui  venit  in  nô-   mi-  ne 

runt  omnes  *  fines  terrae  |  salulàre     De-    i 

runt*  principes,  et  advérsum  me                         lo- que- 

iit  *  sermo  in-  ter 

mnes  *  de  Saba  vénient,  |  aurum  et  thus  de-  fe- 

ctus  es,  *  Domine,  |  qui  intué-  ris    a- 

cta  es  tu,*  Virgo  Maria,  |  a  Domino  De- o    ex- 
pimus*,  I  Deus,  misericôrdiam  tuam  in  médio  tem-pli 


res  *  apparuérunt 


quam  *  te  formârem 

tues  eos  *  | 

sti,* 

tem*,  I  et  mansuelùdinem, 

ste 

te* 

lium  * 


in     ter-  ra 

tempus  putatio-     nis    âd- 

in  ù-     te-    ro, 

principes  super     o-mnem 

Dômi-  ne,   cor 

et     ju- 

a    De-      o 

fi-     li-      ae 

in-    ter 


Dômi-  ni  : 
no-         stri  : 


bân- 

fra- 

rén- 

bys- 

cél- 

tu- 

no- 

ve- 


tur, 
très, 
tes, 

SOS, 

so, 
i, 
slra  : 
nit  : 
no-wi    te  : 
ter-      ram  : 
me-      um, 
sti-fi-  am  : 
ta-ctus  est. 
Si-      on  : 
spi-      nas. 


:îï=si 


È=^ff=ï 


1. 

A 

Dô- 

mino 

fac 

tuin 

est  : 

2. 

No- 

tum 

fecit  Dominus 

salutâre 

su- 

um  : 

3. 

Ad- 

ju- 

va  me,  Domine,  f 

Deus 

me- 

us  : 

4. 

Sed 

Sic 

eum  volo  manére,  7 

donec 

vé- 

ni- 

am  : 

5. 

Sur- 

ge, 

et  illuminâre, 

Je- 

rû- 

sa- 

lem: 

6. 

Be- 

ne- 

dictus  es.  Domine, -,- 

in  firmaménto 

cae- 

li: 

7. 

Tu 

glô- 

ria  Jérusalem,    | 

tu  laetitia 

Is- 

ra- 

el. 

8. 

Si- 

cut 

audivimus, 

ila  et 

vi- 

di- 

mus 

9. 

Sur- 

ge, 

arnica  mea,  speciosa 

mea,'{-                     et 

ve- 

m  : 

10. 

Mi- 

sit 

Dôminus 

manum 

su- 

am, 

11. 

Pro 

pa- 

tribus tuis 

nati  sunttibi 

fi- 

li- 

i  : 

12. 

I- 

gne 

me 

exami- 

nà- 

sti, 

13. 

Au- 

di, 

filia,  et  vide,t 

et  inclina  aurem 

tu- 

am  : 

14. 

De- 

us, 

cui  adstat 

Angelôrum 

cho- 

rus. 

15. 

Non 

e- 

rit  tristis, 

neque  turbu- 

lén- 

tus  : 

16. 

Di- 

lé- 

ctus  meus  mihi,  f 

et  ego 

11- 

li. 

199  - 


Gradualia  V  toni  (Solemnis) 


E^£^E-: 

-fe— ^ 

rir^Éz 

=i^- 

\m 

-1— 

I 

=^^=S^m 

— i*i«. 

■  1   9 

m       «■ 

-r-— ^ 

- 

a       ■    û." 

,  . 

,  s 

-    -(s) 

,i 

...,  1%    _ 

!■! 

%        ■ 

De- 

us     Dd- 

mi- 

nus, 

et      il-  hï- 

xit 

no-   bis. 

ju- 

bi-    lâ- 

te 

De- 

0 

o- 

mnis 

ter-    ra . 

et    in- 

i- 

qui 

per-  se-   ci'i- 

ti 

sunt  me. 

quod 

di-   sci- 

pu-  lus 

il- 

le 

non 

mâ- 

ri-     tur. 

et     lau- 

dem 

Dô-    7Ju'-no 

an-  nun- 

ti- 

an-    tes. 

et 

se-  des    su- 
su- 

per 
per 

Cbé- 

ru-  bim. 
ter-  ram. 

prae  6m- 

ni-  bus 

mu-  li- 

é-        ri-  bus 

i- 

ta      et 

laus 

tu- 

a 

in    fi- 

nés 

ter-  rae. 

vox     tùr- 

tu-    ris 

au- 

di- 

ta  est 

in    ter- 

ra 

no-  stra. 

et  ân-te- 

quam 

ex-     i- 

res    de 

ven- 

tre, 

san-  cti-   fi- 

câ- 

vi      le. 

nié- 

mo-  res 

e- 

runt 

né 
et 

■  mi-   nis   tu- 

vi-    si-    tâ- 

déx-  te- 

1, 
sti 
ra 

Dô- 

mi-  ne. 
no-  cte. 
tu-     a. 

et  de- 

dû- 

cet     te 

mi-  ra- 

bi- 

Zi-ter 

in-ae- 

sllmâ- 

bi-    le 

sa-  cra 

-  mén- 

tum, 

irrepi-ehensi- 

bi- 

lis      est. 

Ec-ce 

Rex 

tu-    us 

ve-   nit 

ti- 

bi 

man- 

su- 

é-      tus. 

sic 

a-     mi- 

ca 

me- 

a 

in- 

ter 

fi- 

li-      as. 

^—m-'=P-~'=^—'^-'F^\— 


tz(it)=rt 


■       1 

%                                                                                 ■ 

■ 

~* 

% 

et  est  mi- 

râbile                                                                               in 

ô-     cu- 

lis 

no- 

stris.*  i\\ 

ante  con- 

spéctum  géntium  |                                 revelâvit  ju- 

sti-    ti- 

am 

tu- 

am. 

salvum 

me  fac^l                                              propter  mise-ri- 

côr-  di- 

am 

tu- 

quê- 
ta 

am. 

re. 
est. 

quia 

glôria  Dômini 

su-  per 

te 

or- 

et  lau- 

dâbilis 

in 

saé- 

cu- 

la. 

tu  honorifi- 

céntia 

p6-  pu- 

li 

no- 

stri. 

in  civi- 

tâte  Dei  nostri,  |                                               in  mon 

-  te    san- 

cto 

e- 

jus. 

co- 

liimba  mea  in  foraminibus  petrae,  |          in     ca- 

vér-  na 

ma- 

cé- 

ri- 

ae. 

et 

tétigit  os  meum,  | 

et     di- 

xit 

mi- 

bi: 

proptérea 

pôpuli                                                                    confi- 

te-  bùn- 

tur 

ti- 

bi. 

et 

non  est  inventa 

in     me 

in- 

i- 

qui- 

tas. 

quia  concu- 

pivit  Rex 

spé-  ci- 

em 

tu- 

am. 

ex- 

âudi  preees                                                                     serv6-rum 

tu- 

ô- 

rum. 

non  cla- 

mâbit,  1                                                   nec  audiétur 

vox     e- 

jus 

fo- 

ras. 

qui 

pasci- 

tur    in- 

ter 

li- 

li- 

a. 

200     — 


Graduels  du  7e  ton 


f^^ 

._z p,_q^_^^__ 

-fv    TY- 

'W~ 

=7^-^ 

-^ 

te^riL 

■ 

■ 

■ 

Idr 

■       ■ 



— 

s- 


15.  Tes-tis   mi-hi 


.  1.   Qui    se-  des.  Domine,* 

2.  Be-  ne-  dictus* 

3.  Lae-  ta-  tus  sum  * 

4.  O    vos  o  ni  nés,  * 

5.  Jac-  ta*  cogilâtum  luuni 

6.  Be-  ne-  dicam*  Dominum 

7.  Di-   ri-  gàtur  * 

8.  Li-  hn-  râsti  nos,  *  Domine 

9.  De-  us  *  qui  praecinxit  me 

10.  Au-  di,  filia,*  et  vide,  f 

11.  Cla- ma-  vérunt  justi,*  | 

12.  Di-    le-     xisti  * 

13.  Ro-  gà-    te*  quae  ad  paeem  siint 

14.  E-   gre-    diétur  *  virga 
est   De-    us,*  (  quômodo  cùpiam  omnes  vos'j" 

[in  viscéribus    Je-  su 


super  Ché-  ru- 

bim, 

Dôminus  Deus  Is-  ra- 

el. 

in  his  quae    dicta  sunt 

mi- 

hi 

qui  transitis    per 

VI- 

am 

in 

D6- 

Hll- 

no 

in   0-    mni 

tém- 

po- 

re 

oràti-  o 

me- 

a 

ex  afïligén-  ti- 

bus 

nos 

vir- 

lû- 

te 

ct  inclina  au- rem 

tu- 

am 

t  Dôminus  exaudi-  vit 

e- 

os 

j"- 

sti- 

ii' 

a  m 

it                        Jerù-  Sa- 

lem 

de  radiée    Jes- 

se. 

Chri- 


iètî^i;^ — K      ri — i^-i-s-e-d^-— ^-^ 

— ^=?=rr-^ — 

— ff—i—w   ^  ^-w-^0^  r 

Ç^^    9  ' ^ *  J    m      f  <     ^  é      é     ^ 

'* — ^ — —^ — 

^         ■ 

— K— t?^t^— ' — h- — p- + 

■                       _.■■■..« 

L.   -^ 

■   ■    ■    1      ■     ■ 

ri             r.     ■             ■    ■ 

.     '                                                                                                1 

f.  1.  Qui    re-    gis    Is-          ra-    el,                                                                                      in-  tén-  de  : 

2.  Sus-  ci-     pi-    ant       mou- les                                                                               pacem  popido  : 

3  13.  --------------     Fi-  at       pax                in   vir- tiï- te  tu-     a, 

4.  Cvmi   di-     le-    xis-       set     su-  os,  qui    e-                                         rant  in  mun-do, 

5.  Dumcla-mà-     rem    ad    Dominum,  ex-  au-  di-  vit  vo-cem  me- am 

6.  In      Do-   mi-  no  |  lau-dà-     bi-                tur    à-  ni- ma  me-    a  : 

7.  E-      le-    va         ti-       o  ma- nu-                                      um  me- -       à-  rum  : 

8. _.-.--.     -In     Deo  laudà-  bi-mur  to-  ta  di-     e, 

9.  Qui    do-    cet   ma-       nus     -------------     me- as    ad  praéh'um, 

10.  --------------    Spé-  ci-      e  tua,  et  pulchritiï-  di-  ne         tu-    a, 

11.  Jux-  ta      est    Do-        mi-  nus  |  his    qui     tribu-              la- to        sunt  cor-  de, 

12.  Pro-ptér-     e-    a]  un-  xit      te                   De-us  De- us         tu-   us, 

14.  Et     re-    qui-é-  scet      .--- -      su- per        e-  um 

15.  -------------Ut     pro-  bé-tis  po-  ti-         6-    ra. 


—    201    — 


Gradualia  VII>  toni 


J^' — J— S2 ^ — r. — hî — r. — • — r. — s- 


rfczrttrrfc: 


ii-^l^giï^i^iJ 


,    ■ 

•  .   *~ 

= — ■ — 

1      " 

r. 

s 



p 

■ 

■    ■ 

V» 

■ 

■ 

■ 

et 

ve-       ni. 

a 

saé-cu-lo. 

D6- 

mi- 

ni 

i-hi-  mus 

sic- 

ut 

do- 

lor 

me-      us. 

et     i- 

pse 

te 

e- 

nù-fri-et. 

e-    JUS 

m 

0- 

re 

me-      0. 

con- spé- 

ctu 

tu- 

0, 

Dô-nu'ne. 

p 


éx-  ci-  ta  po-tén-    tl-am    tu- am, 

qui    fa-  cit  mirabi-  H-    a     magna   so-  lus, 
in    do-  mum 

at-tén-dite,  et  vi-  dé-  te       si  est    do- lor 

semper  laus 

sic-  ut     incénsum  ir 

et    e-    os  qui  nos  o-  dé-     runt  con-fun-  dén-     tur. 

et   p6-  suit  imma-   eu-  la-      tani     vi-  am      me-    am, 

qui-  a  concupivit   Rex    spé-     ci-  em       tu-     am. 

et     ex    omnibus 

[tribulatiô-   ni-  bus  e-     6-  rum  |  li- 

et      o-  disti 

-3— î — et      ab-undànti-     ------------a     di- 

et     flos  de  ra-     di-    ce 


Ethocoro.ut     câ- ritas  vestra 

[magis  ac  ma-  gis    ab-ûn-  det  |  in  sciéntia  et 


be- 

ru- 

vit 

e- 

os. 

in- 

i- 

qui- 

tâ- 

tem 

li- 

gén- 

ti- 

bus 

te. 

e- 

jus 

a- 

scen- 

det. 

in 

0- 

mni 

sen- 

su. 

-S 


S- 


:15; — :_(,)_,^ï 


qui  de-       dû-      cis  vel-ut      o-    vem     Jo-         seph. 

-------------------        et     col- les  ju-  sti-  ti-  am. 

etabundânti-        a                                                                                 in    tûr- ri-  bus          tu-  is, 

-----------------    in     fi-   nemdi-  lé-  xit          e-  os. 

----------------  ab   bis  qui  ap-  pro-  pin-quant        mi-  hi. 

au-      diant                                                       man-  su-  é-      ti,    et  lae-        tén-  tur. 

------------     ---       sa-   cri-   fi-  ci-   um  ve-  sper-       ti-  num. 

et                  no-      mi- ni  tuo                                                 con-  fi-  té-    bi-  mur  in  saé-  eu-  la. 

et  posu-      i-          sti  ut   brâehi- uni    aé-  re-um,                                brâ- chi-       a           me-  a. 

in-               tén-      de,                                                     prô-spe-  re    pro-cé-  de  et           re-  gna. 

et                  hù-       mi-                                                                    les    spi-  ri-  tu  sal-         va-  bit. 

--------------------6-      le-o  lae-  t-   ti-  ae. 

-     --------------------    Spî-ri-  tus  De-  mi-  ni, 

ut  sitis  sincé-        ri,           et  si-   ne     of-fén-sa  1                                   in  di-  em        Chri-  sti. 


—    202 


Alléluia  du  lei  ton  (I) 


Ê 


— =iN:=?ivf=±£5in!E53^S5;;i^^ 


Al-   le-       liï-        ia.  * 


^: 


^■aV 


(^): 


1. 

Lae- 

tâ- 

tus  sum  in  his 

quae  dicta 

sunt 

mi- 

hi: 

2. 

Sur- 

ré- 

xit  Dôminus 

de 

se- 

pùl- 

cro, 

3. 

De  qua- 

ciim- 

aue  tribulatiône 

clamâve- 

rint 

ad 

me. 

4. 

Sur- 

ré- 

xit  Christus,  | 

et  illù- 

xit 

no- 

bis, 

5. 

Lo-que- 

bân- 

tur  vârils  linguis 

A- 

p6- 

sto-    li 

6. 

Can- 

là- 

te  Domino 

cânti- 

cum 

no- 

vum 

7. 

Qui 

ti- 

ment  Dôminum 

sperent 

in 

e- 

G  : 

8. 

Di- 

lé- 

xit 

André- 

am 

Dô- 

mi-  nus 

9. 

Tota 

pul- 

chra  es,  1 

Ma- 

ri- 

a  : 

10. 

Se- 

nex 

piierum 

p  or- 

tâ- 

bat  : 

11. 

Flo- 

res 

appa- 

ru - 

e- 

runt 

12. 

Sapi- 

én- 

tiam  ipsôrum 

nar- 

rent 

pô- 

pu-  li  : 

13. 

Con- 

câ- 

luit 

cor  me- 

um 

in- 

tra  me  : 

14. 

Re- 

plé- 

ti  fructu  justitiae, 

per  Je- 

sum 

Chri- 

stum, 

15. 

Sol- 

ve,  jubénte  Deo,  | 

terrârum 

Petre, 

ca- 

té- 

nas: 

16. 

0 

J6- 

achim  sancte,  !  con; 

ux  Annae 

,  1  pater  al- 

mae 

Vir- 

gi-    nis, 

17. 

Manum 

su- 

am 

apéru- 

it 

in- 

o-      pi. 

18. 

Posu- 

i- 

sti.  Domine,  ] 

snper  ca- 

put 

e- 

JUS  : 

19. 

Ju- 

sti  epuléntur,  |  et 

exsùltent 

in      conspé- 

ctu 

De- 

i  '. 

20. 

Ju- 

stus  germinâbit 

sic- 

ut 

11- 

li-     um 

21. 

Ju- 

stus 

ut  palma 

flo- 

ré- 

bit, 

22. 

Be- 

nedicà- 

mus 

Pa- 

trem 

23. 

Pro- 

pi- 

tius  este.  Domine, 

1 

peccà- 

tis 

110- 

stris 

24. 

Ec- 

ce 

con- 

ci- 

pi-    et. 

25. 

Be- 

â- 

tus 

qui 

lingua  sua 

non 

est 

la-  psus, 

—    203    — 


Alléluia  I'  toni  (I^ 


^j^=jl^^j^5^S^Eg^3E^^ggE£a^^S5Êg^g^^î 


Al-   le- 


lù- 


-tT*f — I        .       ,       I       I 1 1_— I ] 1 ««—«^ 1 «—•,■»=! -{ K 1 M T*-. 


E£^=^E 


:iEÏ 


^=iÉi 


Ê^^Ê^ 


=ïW^=at 


^^ 


4%: 


in        domum                              Do-  mi-   ni 

qui  pro       nobis                          pe-    pén-  dit     in 

exâudiam       eos,  |  eteroprotéctor     e-  6-  rum 

quos  rcd-     émit                                    sân-  gui-  ne 

--------------        ma-    gnà-  li-      a 

quia  mi-      rabili-     -----    a  fe-    cit 

ad-      jiïtoi-  et                   pro-  té-  ctor    e- 

in  G-         dorem                                su-  a-     vi- 

et  macula  origi-        nà-     ------     lis  non  est 

puer          autem                                se-  nem  re- 

----------------       in  ter-   ra 

et  laudem  e-        6rum                       ni'in-  ti-  et     Ec- 
et  in  meditatio-ne        mea                            ex-   ar-  dé-  scet 
in        glôriam                             et  lau-deni 
qui  facis  ut  pâteant  cae-     léstia                                re-  gna    be- 
hic  fâmulis         confer                                 sa-  lu-    tis 
et  primas     suas                           ex-    tén-  dit    ad 
co-       rônam              de  lâpi-    de  pre-   ti- 
de-      le-                            ctén-  tur  in    lac- 
et florébit  in  ae-       ter-                                      num  an-    te 
et  sicut       cedrus                                mul-  ti-    pli- 
et         Filium,  |                           cum  San-cto 
nequândo  dicant     gentes  :  |  Ubi           est    De-  us      e- 
et  pâriet         fili-                                     uni.  Je-  sum 
----------        et  qui  non  ser-  .vi-  vit     in- 


li- 

seni- 

su- 
De- 
Dô- 
6- 
tâ- 


no- 
clé- 
i- 

De- 
â- 
o- 

pâu- 
6- 
ti- 
D6- 
câ- 
Spi- 
6- 

Chri- 
di- 


bi- 

mus 

gno. 

per. 

G. 

1. 

mi- 

nus. 

rum 

est. 

tis. 

te. 

bat. 

stra. 

si- 

a. 

gnis. 

I. 

tis. 

pem. 

pe- 

rem. 

so. 

ti- 

a. 

mi- 

num. 

bi- 

tur. 

ri- 

tu. 

rum. 

slum. 

gnis 

se. 

—    204 


Alléluia  du  l^r  ton  (II) 


3^ 


Al-   le-      lu-  ia.    * 


-^ 


9. 
10. 
11. 

12. 
13. 
14. 
15. 
16. 
17. 

18. 


Laudem  Dômini 

E-  go    sum 
Christus  resûrgens  ex  môrluis,  | 

Re-gnâ-vit  Dômlnus 

D6-rai-ne  Deus  meus,      in     te  spe-râ-       vi: 

Dô-mi-ne  Deus  meus, 

[clamâvi  ad  te     et  sa-  nà-sli  me 
O-mnesgentes, 
Ti-mé-  bunt  gentes 
Chri-sto 
De-  di-   sti  mihi 
Sa-  pi-   éntiam  hujus 

[mundislultitia  est  a- pud  De-   um 
Ve-rùm-taraeaexistimo  omnia 


lo-  quétur  os    m^e- 

pastor  bo- 
jam  non  mô-  ri- 
super  omnes  gen- 
sal-vum  me  fac  ex  omnibus 

[persequénti-  bus 


e-   du-  xisti 

plàudite 

nomen  tuum, 

confixus  sum    cru- 

protectiônem  saliitis    tu- 


um, 
nus 
tur 
tes  : 


ab  in-  féi-- 

no 

mâ-  ni- 

bus 

Dô-   mi- 

ne: 

Christus  passus 
De-  cli-  nàbo 
E-  go     vos 
Ro-  gâ-    vi 
Per  te,     Dei  Génltrix, 

[nobis  estvita  pér-di-  ta   da- 
I-    pseest  diréctusdivinitus 

[in  paenitén-ti-  ani  gen- 


scriptum  est    e- 
detriméntum  es- 
bis,  vobis  relinquens   ex-  ém- 

um  quasi  flûvium    pa- 

e-    légi  de    mun- 

pro    te,  Pe-     tre,    ut    nondeficiat  fides    tu- 


est  pro   no- 
su-  per    e- 


plum, 
ois, 
do. 


ta  :  quae  de    caelo  suscepisti     pro-      lem 


tis,    et   tu-    lit  abominatiônes 

[impi-e-   tâ- 


19.  Fran-ci-  scus 


pauper   et     hiimilis,  cae-lum  dives 


ingré-  di- 
paenitébit  e- 
tenlali-  ô- 


20.  Ju-    rà-  vit  Dôminus,  et    non 

21.  Be-     â-  tus  vir,  qui  suffert 

22.  A-    ve,  Rexnoster  :  tusolus 

[nostroses  miseràtus    er-    rô-     res  :  Pa- tri  obédiens, 

[ductus  es  ad  crucifi-  gén- 

23.  Quae  est  ista,  quae  progréditur 

[quasi  aurôra  con- sûr-gens,  pulchra  ut  luna,  elécla  ut 


tis  : 

tur. 
um  : 
nem  : 

dum, 
sol, 


—    205    — 


Alléluia  li  toni  (II) 


Al-  le-     liï- 


:fï==K: 


te»= 


=j::^zr-fv-rg:-| .rr^Bi r: 


î ■ ■ — -i — -        ■   ~-i •-A^* i i- 

^ ♦ !^_ , 

et                   benedi-  cat      o-mnisca-        ro      no-    -    -    -      men  san-ctume-  jus. 

el                      cognô-  SCO       o-  ves    me-      as,      et.                    cognô-  scunt  me     me-  ae. 

----------     mors    il-     li     ul-       tra     non                     do-  mi-  nâ-    bi-  tur. 

-  -     -    ---------     De-  us     se-       det     super              sedem  san-  ctamsu-  am. 

--------------------          ---      et  li-  be-     ra  me. 

-------------------------  â-  ni-mam  me-  am. 

ju-  bi-    là-     te    De-        o       in  voce          exsul-  ta-  ti-      ô-  nis. 

et                            o-mnes  re-   ges  1er-      rae                                glô-  ri-  am     tu-  am. 

vivo                        e-    go,  jamnon  e-         go,     vivit               vero  in    me     Chri-  stus. 

-------------------       et  déxtera      tua  sus- ce-     pit  me. 

Do- mi-  nus  novitcogitatiô-  nés     sa-    pi- en- ii-um,    quô-     -     -     -    ni-  am  va-     nae  sunt. 

propter    eminéntem    sciénti-  am     Je-    su  Chri-    sti,                               Dô-  mi-  ni      me-  i. 

ut     se-   quâmini                                                                          ve-                       sti-  gi-  a        e-  jus. 

-  -     -    ------     et  qua-     si     tor-rén-    tem     inun-                 dân-  tem  glô-  ri-  am. 

ut     eâ-    tis,                     etfructum     af-     fe-   râ-       tis,      et  fructus          ve-  ster  ma-  ne-  at. 

et     tu                                      a-    li-   quàn-doconvér-  sus,    confir-               ma  fra-  très    tu-  os. 

et  mun-do     --------------       genui-                sti  Sal-  va-    tô-  i-em 

^et     gu-  bernâvit  ad      Dôminum   cor      i-    psi-      us  : 

fet     in      diébus               pecca- tô-  rum                                  corrobora-         vit  pi-  e-       ta-  tem. 

hy-mnis-    ----------------  caelésti-             bus  ho-  no-    râ-  tur. 

Tu     es     sa-                          cérdos     in      ae-  ter-    num,  seci'uidum  ôrdincm  Mel-chi-  se-  dech. 

quô-  ni-    am                     quumpro-bâ-   tus     fù-  e- jit,    accipiet              co-  rô-  nam  vi-  tac. 

_____-.     -ut  a-  gnus  man-su-   é-         tus     ad                       oc-  ci-   si-      6-  nem. 

ter-    ri-    bilis                      ut   cas-    trô-rum   a-         ci-     -----     es  or-   di-     nâ-  ta. 


—    200    

Allelaia  du  2e  ton 


:&s±i.~.:Rr-î^K;: 


Al-  le-    lû    ia. 


1^— ïi— z 

=iï^:^:i=ï^s— =- 

,fl                                          1                               ,         i . . 

iS_^j 

S         ^— ! 

S— iij — s f« (•)-|-a 

S  ♦ 

2. 
3. 
4, 
5, 
6. 


Dô-  minus  regnà-vit,                 decô-  rem  iu-     du-     it  :                 in-                    duit 

E-     ripe  me  de  inimicis  me- is.                      De- us     me-    us:                          et                      abinsur- 

Confi-té-    mini  Domino, - .--       et  invocd-  te 

In  éx-  itu  Israël  de  Aeg.'-pto,    ---------------------- 

Lo-québar  Domine,  de  testimôni    is      tu-      is                            in-                     con- 

Sta-batsancla  Mari-    a,                   caeli     Re-    gi-      na,                         et 

0-    culus  Dei  respéxitillumin       bo-    no,                 et  e-ré-                     xit  eum 

Qui  se-  quitur  me,     -------------------    non  ara-  bulat 

Cor- pora  sanctô-rum           in  pace    se-    pûl-    ta     sunt,  et           nô-                   mina 

Propter  veritâ-  tem,        et  mansu-  e-      tù-     di-  nem,                et 

A-     ve  Mari-     a,  grâti-  a       pie-  na: ------- 

De-  us  autem,  Rex  no-ster,                     an-  te      saé-  eu-     la:      ---------- 

I- ni  -    tio  cogno-vi    de  testimôni- is      tu-     is,                             qui-                  a 


Alléluia  du  3«  ton 


^-izzp6-.gzdEJ^g;g£Egg^E£^;^^£| 


Al-     le-     lû- 


i^ 


-««^- 


q^==S=q^?1. 


^iii=i3;^^:SÊg^g 


.rH: 


=g:i:iÉ=*:izrit 


1^ 


--ÏÏK 


«f)=| 


f.  1 

2 


Ve- 
Ju-bi-la- 
3.    Cognové- 
f  lu  te  Dô- 

^       in-clf- 

5.  Dô- 

6.  Pa-râ" 

7.  Bene-di- 

8.  ^'      Si   fi- 

'       si    ta- 

9.  De-fé- 


10.  Be-  â- 

11.  Si  testimô- 

12.  Addu-cén- 

13.  Be-  à- 
U.  Quis 


ni,  Domine, 
te  Deo 

runt  discipuli 
mine    sperâvi. 


et  no-  li  tar-    dâ- 

o-  mnis         ter- 

Dô-minum  Je- 

non  confiiudar  in     ae-  tér- 


na  ad  me 

mine  Deus 

tum  cor  meum,  Deus, 

ctus  Dôminus 

lii, 

men 

oit  caro  mea, 

tus  quem  elegisti 
niuni  hôminum 
tur  régi  virgines 


au -rem 
salû-  tis 
parâtum  cor 

De-  us 
et   hae- 
com- 
et  cor 

et  as- sum- 
ac- 
post 


ti  qui  habitant  in  domo  tu-     a, 

sicut  Dôminus  Deus  nosler,!  qui    in    al-   tis 


tu- 

me- 

me- 

me- 

ré- 

pà- 

me- 

psi- 


Dô- 

h  li- 


re : 
ra  : 
su  m 
num  : 

am  : 
ae, 
um  : 
us, 
des, 
ti-  mur, 
um  : 

sti  : 
pi-mus. 


mi-  ne 
bi-  tat. 


—    207    — 

Alléluia  Ili  ton! 


Al-      le-        lii- 


^i^^i^Ëêii!?^ 


'.^- 


^^M 


ï—f^ 


Dominas  for- 


^5rri^ç 


^1-- 


jus  : 


gen- 
àte 


mundi  Dd-  mi-   na, 


in     té-  ne-  bris, 
e-    (5-     rum 
ju-  sti-  ti      am  : 
D6- mi-nus  te-    cum  : 


do- 

-     -     -     -     -     -     -  spé- 

juxta  crueem 

[Domini  nostri  Je- 

ab         humilitâ-  te 


sed  ha- 

vivent 

et 


-     -     -     -      bé- 

in  gène-        ra- 

dedùcet  te    mi- 

be- 

operàtus        est 


ti- 


bit 
ti- 
ra- 

ne- 
sa- 
ae- 


ti'i- 


bus  in 

ter  gen- 

mus  Ja- 

ctu  re- 

su  Chri- 

i-  psi- 


lu- 

ô- 

bi- 
di- 
lû- 

tér- 


— rs-fiii^- 


%-s 


di-nem,  et  prae- 

[cinxit  se  vir-tû-     te. 


me 

li-be-  ra     me 

tes 

ope-ra    e-      jus 

cob 

de  populo    bârfcaro. 

gum, 

et  non  confundé-  bar 

sti 

do-lo-  rô-     sa. 

us, 

et  exal- 

[tdvit  caput  e-    jus 

men 

vitae  ae-    tér-nae. 

ne 

et  generati-      6-  nem 

li-    ter 

déxtera      tu-    a. 

cta  tu 

in  muli-      é-ribus 

teni 

in  médio       ter-rae. 

num 

fundâsti    e-      a. 

Alléluia  III>  ton! 


Al-        le-        lu 


^i^^E^i^?^=3^^^ 


éEÏ^:é:^-^E 


^ifeîi 


-t:i- 


E5:^:ii33 


iz*:J=i:«t*at 


«i^:^^ 


J' M(î) 


f. — aî^»t*- 


re-    la- 
ser- vi- 
in     fra- 
in     tu- 

ac-    cé- 
in      di- 
can- tâ- 
qui    do- 
hae- re- 
ut 
Dé- 
pars 
in- 
mô- 
prô- 


xa 

te 


'    et 


sti- 


in     sae- 
hu-  nii- 


fa-  ci-         no-  ra 
Dô-       mi-  no 


pie- 
lae- 


a      justitia  libéra 

[me,  et  éripe         me 
lera-    -------- 

e  cla-  nii'i-     vi, 

bo,  et  psallam  ti-         bi, 

cet  manus  meas  ad  praé-  li- 
des  quidem  De-       i, 

et  conglo-     ------ 

us  cordis  me-       i, 

mea  Deus     ------ 

ha-    bi- 


-     -  ut  e- 

et  no- 

glô- 

um,   etdigitosme- 

cohaerédes 


tù- 


bit 


ni- 


cu- 
lia 


um- 


De- 


niae  ejus 

[afleréntur  ti- 
la  saeculo- 


))i  in 

rum 
spi-  cit    in       caelo 


n- 
cte 


au- 
ri- 


In- 


lac- 
lau- 
et 


bis  tu- 
ti-  ti- 
ne    pa- 


pi- 
co- 
a 

ad 

tem 

fi- 

ae- 


as 
ram 

me- 
bel- 
Ch  fi- 
ce- 


lé r- 
is       tu- 
nia-  jus 

ti-       ti- 
d;i-    bunt 
in       ter- 


me, 
le. 
a. 

lu  m. 

sti  : 

mur. 


est. 


te. 


—    20i 


Alléluia  du  A^  ton 


T-N 


Al-  le-     lù-     ia. 


!;ii=g: 


:il:;tij:*=itz= 


Z^IÉZ 


1 

♦i 

f' 

• 

■ 

■'       •          ■ 

1. 

Ex- 

ci-    ta, 

Dômi- 

ne. 

S 

po- 

tén-  ti- 

am  tu-     am  : 

2. 

Lau- 

dâ-   te, 

pû-e- 

ri, 

D6- 

mi-num  : 

3. 

Déx- 

te-     ra 

De 

i 

fe-   cit 

vir-  tû-    tem  : 

4. 

A- 

scén-  dit 

De- 

us 

in 

ju- 

bi-    la- 

ti-     6-      ne, 

5. 

Gau- 

dé-   te. 

ju- 

sti. 

in 

Do- 

mi-  no  : 

6. 

Vox  tiïr- 

tu-    ris 

au- 

dita 

est. 

(il.  Allelûia) 

7. 

(Pro  6- 

rani-bus 

mortuus  est  Chri- 

stus. 

(ut  et  qui 

vi-   vunt. 

jam 

non  si- 

bi      vi-    vant  : 

8. 

De  ex- 

cél-  so 

misit 

i- 

gncm 

in 

6s-  si- 

bus  me-     is  : 

9. 

Laetâ- 

mi-   ni 

cum  Je- 

rùsa- 

lem. 

et  ex- 

sul- 

tâ-   te 

in       e-        a. 

10. 

Benedi- 

ci-     te 

Dômi- 

no, 

om- 

nes 

vir-  tû- 

tes      e-      jus  : 

11. 
12. 

Preti- 
Amàvit 

A               c-n 

in 
et 

conspé- 
or-  nâ- 

ctu     Dômi-ni 
vit      e-      um  : 

e-      um 

Dômi- 

nus. 

13, 

Haec  est 

vir-go 

sâpi- 

ens. 

14. 

0      quam 

pulchra 

est 

ca- 

sta   ge 

ne-     rà-ti-  o 

15. 

Post 

par-  tum 

vir- 

go, 

invio- 

lâ- 

ta    per- 

man-  si-       sti  : 

16. 

Lau-da 

Je- 

nisa- 

lem 

Dô- 

mi-  nuni  : 

17. 

Qui  pô- 

su-   it    -    - 

-     -     -     . 

.     .     . 

-     - 

.     .     .     . 

fi- 

nes  tu- 

os    pa-   cem. 

18. 

Bene- 

di-    cat 

vo- 

bis 

Dô- 

mi- 

nus  ex 

Si-  on  : 

19. 

Qui 

fa-    cit  -     - 

.     -     .     . 

.     .     . 

-     - 

An- 

ge- 

los   su- 

os      Spiri-  tus  : 

20. 

Sûs- 

ci-    tans 

a  terra 

ino- 

pem 

et  de  stércore 

e-     ri- 

gens  pâuperem  : 

21. 

1  Quam 
(pedesaiini 

lîiil-  chri 

super 

mon- 

tes 

et 

praedi-  cân- 

tis   pa-    cem. 

22. 

In  con- 

spé-  ctu 

Ange- 

16- 

rum 

psal- 

lam  ti-       bi 

209 


Alléluia  IV^  toni 


^=ÊS^=Ê^iË^Ê=^^^ 


Al- 


le- 


lii 


— ^     I     I- 
:itiÉ=i= 


::^~ 


-* — *- 


iâEE:-^*; 


E^Î^S 


:^s=q= 


et     ve-         ni,  | 
lau-  dâ-        te 
déx-  te-    ra    D6-7jjini 
et     Do -mi'-nus 
re  ctos    de-       cet 


ut  sal-  vos    fâ-   ci-  as        nos. 

no men  Dômi-    ni. 

ex-    al-    ta-  vit        me. 

in    vo-  ce  tu-       bae. 

col-lau-  dâti-        c 


sedeiquipro  i-     psismôr-tu-  us         est,                                         et     re- sur-      ré-  xit. 

-----------------.----et      e-    ru-  di-  vit  me. 

o-  mnes  qui  di-    li-  31-  tis  Dômi-  num. 

mi-  ni-stri     e-   jus  qui    fâ-  ci-  tis                                   vo-  lun-  ta- tem       e-  jus. 

--------------------       mors  san-ctô-rum       e-  jus. 

sto-  lam  glô-  ri-  ae                                            in-   du-   it          e-  um. 

et     u-        na                            de  niï-  me-  ro  pru-  dénr  tum. 

----------------------     cumcla-  ri-  ta-  te. 

De-    i     Gé-ni-trix,                             inter-    ce-  de  pro  no-  bis. 

-----------------     -      lauda  De-   um  tu-  um.  Si-  on. 

et     â-  di'-pe                            frumén-  ti      sa-  ti-  at  te. 

qui  fe-         cit                                          cae  lum   et  ter-  ram. 

et     mi-  ni-      stros                              su-    os  flaramam      i-  gnis. 

ut  col- lo-  cet     e-    uni cuinprin- ci-pi- bus,      cumprincipibus     p6-  pu-   li  su-  i. 

an-nun-  ti-  au-    tis    bo-      num,                       praedi-  càn-  tis     sa-  lu-  tem. 

adora- bo    adtemplumsanctum  tu-       um,  et  confitébor  nômi-  ni      tu-    o,    Domi-  ne. 


(A  suivre). 


A.  Gastoué. 


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PETITE   CORRESPONDANCE 


N.  B.  —  //  est  répondu  dans  cette  rubrique  aux  demandes  de  renseignements  suscep- 
tibles d'intéresser  nos  lecteurs.  La  réponse  sera  donnée  ici  même,  sauf  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  une  réponse  personnelle. 

En  raison  des  nombreuses  demandes  de  renseignements  qui  nous  sont  adressées  par 
nos  abonnés  ou  autres  personnes,  il  ne  nous  sera  possible  de  i  épondre  personnellement 
désormais  qu  aux  lettres  qui  contiendront  0  fr.  3o  en  timbres-poste. 

Dans  cette  rubrique,  nous  insérerons  volontiers  au  titre  Demandes  les  questions  qui 
nous  seront  envoyées  par  nos  abonnés.  Les  personnes  autres  voudront  bien,  pour  frais 
d'insertion,  joindre  0  fr.  3o  a  leur  demande. 


Demandes. 

Nous  recevons  la  lettre  suivante  : 

Besançon,  le  14  juillet  igio. 
Monsieur, 

Voulez-vous  me  permettre  de  vous  poser  une  question  relative  à  la  prononciation 
du  latin  dans  l'exécution  du  chant  grégorien,  question  dont  la  solution  intéresse- 
rait peut-être  vos  lecteurs. 

Il  arrive  quelquefois  que  la  syllabe  ae  se  chante  après  un  e  sur  le  même  degré  : 
exemple  meae  d&ns  la  communion  du  9e  dimanche  après  la  Pentecôte,  et  dans  celle 
du  2«  dimanche  de  Carême.  Pour  que  la  syllabe  ae  pût  s'entendre,  avec  la  pronon- 
ciation usuelle,  il  faudrait  introduire  un  coup  de  glotte  devant  Vae,  ce  qui  produi- 
rait à  peu  près  l'effet  d'un  h  aspiré  ;  cela  défigurerait  le  mot  et  donnerait  au  chant  un 
caractère  staccato  de  mauvais  goût.  Il  faut  donc  distinguer  e  de  ae  par  la  pronon- 
ciation :  l'un  sera  prononcé  comme  le  français  e,  l'autre  comme  é. 

Mais  lequel  des  deux  doit  être  prononcé  é  ? 

La  diphtongue  latine  ae  vient  du  grec  at  (atÔT^p,  aether),  ce  qui  conduit  à  lui  donner 
le  son  è. 

D'un  autre  côté,  les  manuscrits  montrent  que  jusqu'au  xiie  siècle  on  écrivait 
caelorum,  aeterna,  puis  (xnie-xviie  siècle)  celorum,  eterna,  puis  (xvjiip  siècle)  cœlo- 
rum,  œterna  ;  on  a  donc  d'abord  distingué  dans  l'écriture  ae  de  oe  ;  puis  on  a  repré- 
senté ces  deux  diphtongues  par  une  même  graphie  e,  et  à  partir  du  xvnie  siècle  on 
les  a  de  nouveau  distinguées  dans  l'écriture.  Ceci  paraît  prouver  qu'au  moins  à 
partir  du  xiue  siècle  on  ne  les  distinguait  pas  dans  la  prononciation.  Leur  pronon- 
ciation commune  ne  pouvait  être  que  é.  Ce  serait  une  raison  pour  prononcer  ae  :  é. 

D'ailleurs  J'ai  entendu  dire  que  les  Italiens  donnent  actuellement  à  tous  les  e  le 
son  ouvert,  qu'ils  prononcent,  par  exemple,  meam  :  me  —  am. 

D'après  cela  il  semblerait  préférable  de  prononcer  meae  :  me  —  é.  Mais  alors  il 
faudrait  donner  le  son  ouvert  à  tous  les  e,  ce  à  quoi  on  serait  peu  disposé  en  France, 
à  ce  que  je  crois. 


211    — 

Il  est  bien  probable  que  je  ne  serais  pas  seul  à  désirer  votre    avis    éclairé  sur  ce 
point  dans  la  Tribune. 
Veuillez  agréer,  Monsieur,  l'assurance  de  ma  considération  la  plus  distinguée. 

LÉON  BOUTROUX, 

Professeur  à  l'Université  de  Besançon. 


Réponses. 

La  lettre  précédente,  d'un  de  nos  plus  distingués  abonnés,  contient  en  elle-même 
presque  tous  les  éléments  de  ;a  réponse.  En  effet,  —  indépendamment  de  la  pro- 
nonciation antique,  qui  ne  peut  être  restituée  que  dans  ses  grandes  ligne?,  — la 
prononciation  courante  des  diphtongues  ae,  oe,  est,  depuis  de  longs  siècles,  pure- 
ment et  simplement  é. 

D'un  autre  côté,  si  l'on  donne  uniformément,  en  certaines  contrées,  à  Ve  latin  la 
prononciation  è,  cette  manière  n'est  point  cependant  universelle,  ni  dans  le  temps, 
ni  dans  l'espace  :  elle  appartient  essentiellement  à  Ye  [ae,  oe)  accentué. 

(Cf.  A.  Gastuué,  Nouvelle  Méthode  pratique  de  chant  grégorien,  p.  S  et  lo  ;  Paris, 
Société  d'éiiiions  du  chant  grégorien  ;  et  C.  Couillaud,  Li  Prononciation  du  latin, 
Paris,  Bloud.) 

Dans  Prophéta,  fiJéli';,  amavérunt,  caelum,  coena,  Ve  se  prononcera  donc  comme 
dans  les  équivalents  français,  prophète,  fidèle,  aimèrent,  ciel,  cène.  Donc,  meae  se 
prononcera,  transcrit  à  la  française  :   mè  (accent)  é. 

Abbé  Brun.  —  lo  Dans  les  Conseils  aux  musiciens,  de  Schumann,  l'auteur,  dans  la 
phrase  suivante  :  «  Un  beau  livre  sur  la  musique  est  celui  de  Thibaut  »,  etc.,  fait 
allusion  à  Thibaut,  Ueber  Reinheit  der  Tonkust  {«.Sur  la  pureté  de  l'art  des  sons  »), 
Heidelberg,  1825.  L'ouvrage  a  été  réédité  en  i85  i,  par  Bahr.  lien  existe  une  traduc- 
tion anglaise  de  Gladstone,  Londres,  1877.  Nous  ne  croyons  pas  qu'on  trouve  encore 
ce  livre,  sinon  d'occasion.  Adressez-vous  par  exemple  à  Léo  Lipmanssohn,  anti- 
quariat,  Berlin,  Bernburgerstrasse,  ou  à  Paris,  à  G.  Legouix,  4,  rue  Chauveau- 
Lagarde.  —  2"  La  traduction,  par  A.  Rolland,  des  Lettres  de  Mendeksohn,  Paris, 
chez  Hetzel,  rue  Jacob  ;  \es  Souvenirs  de  F.  Hiller,  traduits  par  F.  Grenier,  Paris, 
Baur. 


Nouvelles  Publications  du   Bureau  d'Édition 


VIENT  DE  PARAITRE  : 

Grandes  œuvres  d'orgue  de  J.-S.  Bach,  publiées  avec  un  commentaire  expli- 
catif par  Georges  Jacob,  professeur  à  \&  Schola  Cantoriim.  N»  i,  Prélude  et  fugue 
en  mi\>  ;  net,  3  fr.    No  2,   Pastorale  tn fa  ;  net,  i  fr.    5o. 

Il  est  un  certain  nombre  d'organistes  que  diverses  raisons  ont  empêchés  de  suivre 
les  cours  de  maîtres  éminents,  et  qui,  parfois,  sont  embarrassés  dans  l'interpréta- 
tion des  piècei  anciennes  et  classiques.  M.  Georges  Jacob,  l'excellent  professeur 
d'orgue  à  la  Schola,  a  voulu  aider  ses  confrères,  en  publiant  ces  grandes  œuvres  : 
elles  sont  annotées  en  détail,  de  manière  à  en  faciliter  la  compréhension  formelle, 
rythmique,  organistique,  par  l'indication  des  parties  dont  se  compose  chaque  pièce 
(exposition,  développement,  sujets  et  contre-sujets),  et  la  manière  dont  la  jouent  et 
l'interprètent  les  meilleurs  maîtres. 

Déjà,  l'enseignement  du  piano  possédait  des  publications  de  ce  genre  ;  pour  l'orgue 
il  y  avait   là  une  lacune  sérieuse  :  M.  Jacob  vient  de  la  combler. 

A.  Gastoué,  Récitatifs  ou  chants  simples  pour  les  graduels,  traits,  alléluias. 

In-8»  de    44  pages;    net,    i  fr.  25. 

Une  lacune  aussi  vient  d'être  comblée  par  M.  Gastoué  avec  la  publication  pré- 
sente, dont  nos  lecteurs  ont  eu  la  primeur.  Depuis  longtemps  on  souhaitait,  et 
divers  essais  l'ont  tenté,  d'avoir  le  moyen  d'exécuter  les  textes  chantés  entre  l'épître 
et  révangile  sur  des  mélodies  simples,  qui  ne  présentassent  pas  la  difficulté  ou  la 
longueur  d'exécution  des  vocalises  grégoriennes^  et  fussent  de  plus  d'intérêt  qu'une 
simple  récitation  ou  qu'un  chant  de  psaume.  Dans  ce  fascicule  on  trouvera  toutes 
les  pièces  de  ce  genre  susceptibles  d'être  chantées  dans  les  églises  ordinaires, 
avec  un  choix  de  récitatifs  simples  et  caractéristiques,  extraits  des  anciennes 
liturgies. 


sikmmm^kmk0kjstimmkm&kmk&km& 


BIBLIOGRAPHIE 


Michel  Brenet  :  Les  musiciens  de  la  Sainte-Chapelle  du  Palais,  Documents 
inédits,  recueillis  et  annotés.  Publication  de  la  S.  I.  M.  (section  de  Paris).  Paris, 
Picard,  82,  rue  Bonaparte,  un  vol.  petit  in-4°  de  882  pages,  avec  illustrations, 
i5  francs. 

«  Les  musiciens  de  la  Sainte-Chapelle  du  Palais  ^>,  titre  court  ;  mais  il  laisse 
entrevoir  un  intérêt  puissant,  qui  se  soutiendra  à  travers  tout  ce  beau  volume  au- 
jourd'hui annoncé. 

L'histoire  et  les  archives  de  la  Sainte-Chapelle  ont  donné  lieu,  depuis  longtemps, 
à  des  travaux  estimés.  Les  vieux  ouvrages  des  chanoines  Dongois  (1709)  et  Morand 
(1779-1790),  relui  tout  récent  de  M.  Vidier,  les  dépouillements  publiés  par  MM.  Ca- 
sati,  Moranvillé,  etc.,  ont  familiarisé  les  érudits  avec  le  personnel,  les  règlements, 
les  fondations,  l'histoire  intime  de  la  célèbre  «  compagnie  »  instituée  en  1246  et 
1248  par  le  roi  saint  Louis,  pour  le  service  de  l'admirable  châsse  de  pierre  et  de 
verres  translucides  qui  contenait  les  reliques  de  la  passion  du  Christ,  apportées 
d'Orient. 

Mais,  si  la  Sainte-Chapelle  tient  une  place  importante  dans  notre  histoire  de 
France,  on  ne  s'était  pas  jusqu'ici  préoccupé  de  la  part  non  moins  considérable 
qu'ont  eue  ses  chanteurs  dans  l'histoire  de  la  musique  en  notre  pays.  L'ouvrage  de 
M.  Michel  Brenet  a  pour  but  de  combler  cette  lacune,  et,  disons-le  tout  de  suite, 
cet  ouvrage,  monument  admirable  de  patience,  l'est  autant  pour  l'histoire  des  musi- 
ciens français  entretenus  par  le  célèbre  chapitre. 

C'est  que,  dès  son  début  au  xiii-  siècle,  jusqu'à  sa  suppression  par  la  Révolution 
en  1790,  les  fondateurs,  bienfaiteurs  et  dignitaires  du  chapitre  de  la  Sainte-Cha- 
pelle ont  entendu  faire  profiter  leur  église  de  tout  ce  que  l'art  français  produisait  de 
meilleur.  Le  soin  accordé  au  choix  des  voix  d'enfants,  des  clercs  chantres,  des 
maîtres  de  musique,  les  traditions  musicales  très  développées  qui  furent  de  règle  à 
la  Sainte-Chapelle  pendant  les  cinq  cents  ans  de  son  existence,  tout  cela  forme  un 
ensemble  des  plus  curieux  et  des  plus  intéressants,  que  nous  font  connaître  avec 
fidélité  les  documents  publiés  ou  recueillis  par  l'éminent  auteur. 

Ce  n'est  pas  en  effet  une  histoire  qu'a  voulu  écrire  M.  Michel  Brenet;  c'est  en 
donner  la  plus  importante  base,  qui  nous  fait  pénétrer  les  traditions,  les  habitudes, 
les  mœurs  de  ce  petit  coin  de  Paris  mêlé  à  tant  d'événements  fameux.  Ce  sont  les 
personnages  eux-mêmes  qui  nous  parlent  :  sur  le  vif,  nous  saisissons  la  pensée  de 
«  Messieurs  de  la  Sainte-Chapelle  »,  la  fidèle  ténacité  à  leurs  privilèges,  —  on  la 
connaissait  par  le  Lutrin  de  Boileau,  —  mais  aussi  la  sollicitude  dont  ils  entouraient 
leurs  musiciens. 

Que  de  mentions  touchantes  sur  les  enfants  de  chœur  que  la  mue  obligeait  de 
quitter  leur  service  1  Tantôt  les  chanoines  leur  paient  des  bourses  pour  taire  des 
études,  si  leurs  aptitudes  les  y  portent,  tantôt  ce  sont  des  gratifications  pour  per- 
mettre à  d'autres  d'attendre  un  emploi,  ou  bien,  apprenant  que  tel  ancien  chanteur 
est  malade  et  nécessiteux,  la  «  compagnie  »  prend  à  sa  charge  des  frais  de  médecin 
et  de  médicaments,  de  garde-malade  et  de  convalescence,  vote  des  crédits  pour 
leur  offrir  «  quelques  douceurs  ».  Au  milieu  de  mentions  d'archives  sèches  et  mono- 
tones, quel  éclairage  soudain  dans  telle  ou  telle  résolution  de  «  Messieurs  »  I 

Vouloir  analyser  et  faire  ressortir  dans  tous  ses  détails  l'ouvrage  de  M.  Michel 
Brenet,  serait  le  refaire  sous  une  autre  forme,  tant  l'abondance  et  l'intérêt  des 
sujets  s'y  prête.  Avec  une  telle  publication,  on  pourrait  entreprendre  la  mono- 
graphie de  tel  ou  tel  point  de  l'histoire  musica'e  de  la  Sainte-Chapelle  ;  et  cette 
monographie,  à  elle  seule,  aurait  une  couleur  toute  spéciale.  Qu'on  prenne,  par 
exemple,  les  orgues  et  les  organistes  :  immédiatement,  le  sujet  prend  de  la  valeur, 
quand  on  verra  que  le  plus  ancien  document  musical  qui  concerne  la  Sainte- 
Chapelle  dans  le  compte  rendu  de  Pierre  de  Mirecourt  pour  l'année  1299,  mentionne 
déjà  une  gratification  à  l'organiste  :  «  Moderatori  organorum...  de  graiia,  20  s.  » 

Ceci  est  d'autant  plus  remarquable  que,  si  les  orgues  étaient  des  instruments 
connus,  ils  étaient  fort  rares  encore  au  xnie  siècle  ;  la  plupart  de  nos  grandes  cathé- 


—    214  — 

drales  n'en  avaient  pas,  et  ils  ne  s'y  répandent  guère  qu'au  xve  siècle.  On  trouve 
bien,  à  la  vérité,  dans  les  anciens  cartulaires,  tels  que  celui  de  la  cathédrale  de 
Paris,  le  vocable  or^^»z5ie,  mais  ce  terme  désignait  les  clercs  chargés  de  chanter 
Vorganiim  vocal,  et  nullement  un  musicien  exécutant  sur  un  instrument,  moderator 
organorinn.  Une  mention  de  ce  genre  dans  les  archives  de  la  Sainte-Chapelle,  au 
xiiie  siècle,  laisse  entrevoir  que  cette  église  fut  la  première  à  Paris  à  posséder  cet 
instrument  ^ 

Quel  était  alors  le  rôle  de  l'orgue  ?  On  l'ignore  avec  certitude.  Toutefois,  d'après 
les  mentions  retrouvées  dans  les  anciennes  délibérations  du  chapitre  et  dans  les 
comptes,  il  est  probable  que  cet  orgue  n'était  entendu  qu'à  certains  jours  de  fête,  et 
jouait  seul.  Peut-être  est-il  possible  de  supposer  qu'il  servait  aussi,  en  pareilles 
occasions,  à  accompagner  les  messes  ou  les  motets  harmoniques,  à  orgue  et  à 
trèble-,  que  prisait  le  roi  saint  Louis  ;  ce  nest  toutefois  qu'une  présomption.  A  une 
époque  beaucoup  plus  récente,  et  oi^i  l'habitude  d'accompagner  les  chants  sur  l'or- 
gue s'introduisait,  un  document  publié  par  M.  Michel  Brenet  spécifie  nettement 
quels  versets  l'orgue  doit  jouer  ou  non,  et  ce  rôle  d'accompagnement,  en  1642,  est 
encore  rare.  {Ordo  de  la  procession  de  la  Résurrection,  op.  cit.,  p.  SSq  et  s.) 

L'ouvrage  dont  nous  parlons  ici  est  divisé  en  quatorze  chapitres,  divisés  chrono- 
logiquement. Des  notes  extrêmement  nombreuses  éclairent  le  texte  et  facilitent  son 
emploi.  Par  une  heureuse  idée,  à  la  dernière  fois  qu'apparaît  le  nom  d'un  musicien, 
M.  Michel  Brenet  résume  en  quelques  lignes  les  mentions  précédentes  qu'on 
trouve  de  son  nom.  C'est  là  un  élément  biographique  extrêmement  intéressant. 
D'ailleurs,  pour  les  maîtres  les  plus  célèbres,  qui,  aux  xvi%  xviic  et  xviiie  siècles, 
dirigèrent  la  musique  de  la  Sainte-Chapelle,  l'auteur  a  écrit  en  appendice  des 
notices  bio-bibliographiques  plus  développées,  et,  parfois,  excessivement  curieuses. 
Elles  contribueront  à  rectifier  quelques  assertions  couramment  émises  sur  ces  musi- 
ciens ;  elles  sont  consacrées  à  Pierre  Certon,  Bournonville,  Formé,  Picot,  Artus 
Auxcousteaux,  Thomas  Gobert,  Loulié,  Ouvrard,  Marc-Antoine  Charpentier,  Marin 
de  La  Guerre,  Bernier,  François  de  la  Croix. 

C'est  là  un  bel  et  bon  ouvrage,  que  nous  ne  saurions  trop  recommander  à  tous 
ceux  qui  s'intéressent  à  l'histoire  de  la  musique  en  France,  qui  doit  tant  déjà  à 
notre  éminent  collaborateur  M.  Michel  Brenet  ^. 

Amédée  Gastoué. 


Haendel,   par  Romain    Rolland    (collection  :  les  Maîtres  de   la  tnusique).    Paris, 

Alcan,  1910,  in-8",  245  p. 

Continuant  son  histoire  de  l'Opéra  en  Europe.  M.  Romain  Rolland  s'est  arrêté 
longuement  à  l'étude  de  la  vie  et  des  œuvres  de  Haendel  et  de  ses  contemporains, 
et  a  consacré  à  l'auteur  du  Messie  en  ses  conférences  de  la  Sorbonne  un  colossal 
chapitre. 

Le  livre  qui  paraît  aujourd'hui  offre  en  quelque  sorte  la  substance  de  ces  leçons 
magnifiques  ;  on  est  surpris  par  la  richesse  du  contenu,  autant  que  séduit  par  le 
caractère,  loyal  et  indépendant,  qui  s'y  affirme  à  chaque  page. 

M.  Romain  Rolland,  étudiant  d'abord  la  vie  de  Haendel,  ses  années  d'enfance  et 
d'études,  crayonne  au  passage  les  profils  de  Zachovv,de  Mattheson,  de  Buxtehude  et 
de  Keiser  ;  puis  il  raconte  le  voyage  en  Italie  où  Haendel  se  lie  avec  les  Scarlatti, 
Corelli,  Pasquini,  Marcello,  et  rencontre  l'évêque  Agostino  Steffani,  kapellmeister, 
légat  apostolique,  et  ambassadeur  des  princes,  qui  lui  offre,  avec  son  amitié  et  ses 
conseils,  son  poste  de  kapellmeister  à  la  cour  de  Hanovre. 

En  1710  et  1712,  voyages  de  Haendel  à  Londres,  George  de  Hanovre  devient 
tout  à  coup  roi  d'Angleterre  sous  le  nom  de  George  ler.  —  Pendant  plusieurs  années 
Haendel  oscille  entre  l'Allemagne  et  l'Angleterre,  entre  la  musique  religieuse  et 
l'opéra  ;  en  1717  enfin,  il  se  fixe  définitivement  à  Londres. 

A  partir  de  1720,  commence  cette  lutte  de  20  ans,   pendant  lesquels  Haendel  use 

....    „x„;„  „   ^  i„  .A^u« :i„„„i„   j„  f„;_„ . A   r j_„„ „„x.,n    ii-r.l.'/^n   ».r,^Ki. 


-  P^— " ..-,..,.„... ,     

((  de  chefs-d'œuvre,  il  devait  arriver  au  taîte  de   son  art,  aux  grands   oratorios  qui 
«  immortalisent  son  nom  ». 

Au  cours  du  récit  de  cette  vie  qui  fait  penser  à  celle  d'un  Berlioz,  il  n'est  pas  une 
œuvre  de  Haendel  qui  n'ait  été  mentionnée  ou  analysée  dans  ses  grandes  lignes  ; 

1.  La  plus  ancienne  mention  de  ce  genre  connue  jusqu'ici  datait  de  1494. 

2.  C'esi-à'dire  en  organum  triple    (Contratenor,   Ténor,    Dessus).  Le  soprano    est  encore 
appelé   treble  en  anglais  ;  c'est  le  tiple  des  Espagnols. 

3.  Une  petite  faute  typographique,  p.  2?,    a   laissé  «  Jacobin   »    à  la  place  de    «  Corde- 
liers  »,  et  vice  versa  ;  il  sera  facile  de  la  corriger. 


-     21$    - 

cependant  dans  la  deuxième  partie  de  son  livre,  consacrée  à  l'esthénque,  M.  Romain 
Rolland  indique  les  caractères  généraux  de  l'art  haendelien  et  reprend  tour  à  tour 
l'étude:!.  Des  opéras  ;  II.  Des  oratorios;  111.  Des  compositions  pour  claviers  ; 
IV.  De  la  musique  de  chambre  ;  V.  De  la  musique  d'orchestre  ;  il  établit,  contraire- 
ment aux  préjugés  répandus,  qui  font  de  l'auteur  du  Messie  seulement  un  musicien 
pompeux  et  guindé,  écrivant  pour  une  éliie  de  dilettantes,  qu'Haendel  est  un  grand 
musicien  dramatique  au  génie  évocateur,  comme  l'était  un  Gluck  ou  un  Beethoven. 
M.  Romain  Rolland  insiste  sur  le  caractère  populaire  des  oratorios  : 

«  Cette  musique,  sans  jamais  se  départir  d'une  forme  souverainement  belle,  qui 
ne  fait  nulle  concession  à  la  foule,  traduit,  en  un  langage  immédiatement  accessible 
à  tous,  des  sentiments  que  tous  peuvent  partager.  » 

«  Ce  génial  improvisateur  était  comme  ces  orateurs  antiques,  qui  avaient  le  culte 
de  la  forme  et  l'instinct  de  l'efifet  immédiat  et  vivant.  » 

Ceux  qui,  après  avoir  lu  les  réflexions  de  M.  Romain  Rolland  sur  l'art  de  Haendel, 
se  mettront  à  étudier  les  oeuvres  elles-mêmes,  se  rendront  compte  delà  solidité  des 
raisons  qui  autorisent  ces  jugements,  ils  comprendront  pleinement  pourquoi  un 
Haydn,  un  Beethoven,  professaient  pour  l'auteur  de  Saûl  et  d'Israël  en  Egypte  une 
si  enthousiaste  admiration. 

«  11  est  notre  maître  à  tous,  s'écriait  en  pleurant  l'auteur  des  Saiso}2s,  en  enten- 
dant le  formidable  Hallelujah  du  Messie  exécuté  à  Londres  par  un  millier  de  voix  ; 
et  l'auteur  de  la  Messe  en  ré  écrivait  à  l'archiduc  Rodolphe  :  «  Parmi  les  anciens 
maîtres,  seuls  l'allemand  Haendel  et  Sébastien   Bach  eurent  du  génie.» 

Le  livre  de  M.  Romain  Fîolland,  l'un  des  plus  remarquables  de  la  collection  «  bleue  » 
des  «  Maîtres  de  la  musique  »,  fera,  nous  l'espérons,  mieux  connaître  et  aimer 
Haendel  :  génie  robuste  et  héroïque,  en  même  temps  que  noble  cœur  inépuisable- 
ment généreux. 

L'ouvrage  se  termine  par  le  catalogue  complet  des  œuvres  de  Haendel  placées 
dans  l'ordre  chronologique,  et  par  une  bibliographie  des  principaux  ouvrages  inté- 
ressant l'auteur  du  Messie. 

Félix  Raugel. 

Gard.  Katschthaler,  archevêque   de    Salzbourg  :   Storia  délia    musica    sacra, 

traduite  en   italien,   avec  un  appendice,  par  l'abbé  Paolo  Guerrini    Turin,  Société 
tipografiico-editrice  nazionale  (Edizione  Marcello  Capra,  no   i5o3)  ;  net,  3  fr. 

Élégante  publication  italienne,  nouvelle  édition  refondue  et  améliorée,  par 
M.  l'abbé  P.  Guerrini.  de  l'histoire,  bien  connue,  de  la  musique  sacrée,  écrite  par 
S.  E.  le  card.  Katschthaler.  L'ensemble  est  clair,  excellent,  en  général  bien  au 
point.  Nous  avons  lu  avec  plaisir  les  mentions  consacrées  à  notre  Schola  et  au 
mouvement  important  qui  en  est  parti.  Tous  ceux  de  nos  lecteurs  qui  lisent  l'italien 
voudront  posséder  ce  beau    manuel  pratique  et  fort  bien  fait. 

Messe  et  vêpres  de  la  bienheureuse  Jeanne  d'Arc.  Gr.  in-i6o  de  8  pages, 
chant  grégorien  et  texte  complet  des  oraisons,  lectures,  etc.  Vatar,  éditeur  à 
Rennes. 

Nous  sommes  heureux  d'annoncer  ici  à  nos  lecteurs  la  publication  prochaine,  par 
la  maison  Vatar,  de  Rennes  (dont  nous  avions  dû  précédemment  regretter  une  autre 
publication),  de  la  messe  et  des  vêpres  de  la  bienheureuse  Jeanne  d'Arc,  absolument 
conformes  à  l'édition  typique.  L'ensemble,  où  l'éditeur  a  su-fondre  habilement  les 
habitudes  typographiques  des  éditions  de  Rennes  et  l'aspect  bien  connu  de  la 
notation  grégorienne,  est  très  élégant  et  contribuera,  dans  une  large  mesure,  à  la 
diffusion  des  bons   principes  et  des   ordres  de  l'Eglise. 

Ernst  von  Werra,  professeur  à  l'école  de  Beuron:  Beitrâgé  zur  Geschichte  des 
franzôsischen  Orgeispiels,  tiré  à  part  du  Kirchenmusikalischen  larhrbuch  de 
1910.  In-S"  de  20  pages.  Pustet,  Ratisbonne. 

Excellente  étude  du  distingué  professeur  à  l'école  de  musique  sacrée  de  Beuron. 
Cette  contribution  à  l'histoire  des  organistes  français,  établie  d'après  les  travaux 
de  M.  Guilmant  .et  de  notre  ami  M.  Pirro,  sera  très  utile  pour  faire  connaître  en 
pays  allemand  l'importance  de  notre  école  d'orgue  française,  à  commencer  par 
Titelouze. 

Publications  de  la  maison  Bertarelli,  de  Milan.  —  Nous  sommes  heureux 
d'annoncer  et  de  recommander  quelques  publications  nouvelles  de  musique  sacrée 
de  la  maison  Bertarelli  [Stabilimento  Pontificio  d'arti  grafiche  sacre),  qui  sont  de 
nature  à  intéresser  nos  lecteurs  : 

GiNO  Visona:  Benedictus ;  Christus  factus  est;  Miserere:  Vexilla  Régis:  AdoramuS 


—   2  l  6   — 

te,  pour  le  Carême  ou  la  Semaine  Sainte,  à  voix  mixtes  (A.  T.  B.)  ;  net,  2  fr.  — 
Don  Bentivoglio  :  Inviolata,  à  deux  voix  égales  et  orgue  ;  net,  o  fr.  jb.  —  Gino 
VisoNA  :  La  messe  letta  nel  tempo  del  Santo  Natale  (La  messe  basse  au  temps  de 
Noël),  pièces  d'orgue  ou  d'harmonium  ;  net,  i  fr.  5o.  —  O.  Ravanello,  Otto  pe:j[- 
^ettifacili(h\Jih  petites  pièces  facile^-  pour  orgue  ou  harmonium  ;  net,  2  fr.  5o.  — 
P.  Amatucci,  Miserere,  à  trois  voix  égales,  pour  alterner  avec  le  chant  grégorien  ; 
net,  I  fr.  25.  —  K.  Pigi^ix,  XVI 1 1  versets  pour  les  vêpres  de  la  sainte  Vierge,  sur  les 
thèmes  grégoriens  ;  net,  1  fr. 

Nouveautés  delà  maison  Sch"wann  (recommandées). — Missae  in  summis  feslis 
(messes  des  grandes  fêtes),  éd.  Vaticane,  in-8°  de  45  pages,  o  fr.  75.  — D^  J.  Sur- 
ZYNSKi  :  Missa  pro  defunctis,  c  Requiem»  à  4  voix  inégales  et  orgue,  3  fr.,  parties  de 
choeurs  à  o  fr.  3o  .  —  J.  Weith  :  Fronleichnams-Hymnen  (Hymnes  au  Saint- 
Sacrement),  édit  A,  à  4  voix  mixtes  ;  édit.  B  à  4  voix  d'hommes  :  avec  orgue.  — 
R.  P.  Zahlfleisch  :  Missa  brevis  in  hon'^rem  S.  Moiiicae,  à  4  voix  mixtes  et  orgue, 
2  francs. 


LES  REVUES    {articles  à   signaler): 

S.  I.  M.,  no  7.  —  Romain  Rolland  :  Les  plagiats  de  Haendél.  Maurice  Duhamel: 
Les  richesses  modales  de  la  m  isique  bretonne. 

Revue  musicale,  n»  i3.  —  H.  Quittard  :  La  Sonate  en  ut  majeur  (op.  33)  de  Bee- 
thoven. 

Guide  musical,  n"^  29-30.  —  L.  de  La  Laurencie  :  Les  De  Caix  et  h  s  De  Caix 
d'Hervelois. 

Gregorianische  Rundschau,  n»  7/8.  —  Johannes  Dold  :  La  communion  «  Tu  es 
Petrus  »  [étude  de  forme  et  de  pratique]. 

Rassegna  gregoriana,  n"^  5-6.  —  Dom  Mocquereau  :  Contre  la  «  médiante  rom- 
pue »  [à  propos  des  médiantes  rompues  dans  la  psalmodie,  dont  la  Vaticane  con- 
serve la  tradition,"  à  l'encontre  du  sentiment  de  D.  M.,  qui  cherche  à  ruiner  les 
raisons  données  par  D.  Pothier  à  ce  sujet] . 

Psalterium  (Pérouse),  n°^  4-5.  — D.  R.  Massei  :  Le  chant  sacré  dans  les  sémi- 
naires de  l'Ombrie  depuis  le  concile  de  Trente  [étude  historique  avec  extraits  d'ar- 
chives]. 

Musica  Sacro-Hispana,  n"  14.  —  Rafaël  Mitjana  :  Tomàs  Luis  de  Victoria,  étude 
biographique  conforme  aux  documents  les  plus  récemment  découverts  [très  re- 
marquable travail]. 


NOTRE    ENCARTAGE 


Abbé  F.    Brun  :  Salut  à  2  voix  égales. 

C'est  le  dernier  numéro  publié  dans  notre  Nouveau  Répertoire  à  voix  égales  :  ce 
salut,  publié  avec  orgue,  intéressera  vivement  les  chœurs  qui  ne  disposent  pas  de 
voix  mixtes  et  ne  chantent  que  les  dessus.  Le  Tantum  ergo  s'inspire  dudcbut  du 
thème  liturgique  ;  un  Laudate  final  est  bâti  sur  le  thème  de  VAmen  fameux  de  la 
chapelle  de  Dresde,  joint  au  5«  ton  F. 


Le  Gérant  :    Rolland. 


Poitiers.  -  Société  française  d'Imprimeri» 


Seizième  Année  N^  10  Octobre  1910 

LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 

REVUE    MUSICOLOGIQUE 

DE    LA 

Scl)ola    €antorum 

ABONNEMENT   COMPLET  :  |  BUREAUX    :  l     ABONNEMENT  RÉDUIT  : 

[Revue  avec  Supplément  et  Encartaqe  \      ^  o    ■    t    j  ^  .  „^      ^^^    \       (Sans  Supplément  ni   Encartage 

deMnsiquel  269,     rue    Saint-Jacques,    269  de  Musique) 

France  et  Colonies,  Belgique.    10  fr.  j  paris  (v=)  |  pour  MM.  les  Ecclésiastiques, 

Union  Postale  (autres  pays).    11  fr.  \      les  Souscripteurs  des  ii  Amis 

r     ,,         '  .       ,   .,       .    ,         14,  Digue  de  Bvabant,  14     \      de  la  Schola  11  et  les  Elèves     6{r. 

Les  Abonnements  partent  au  mois  de  )  ^  °  <   -t   •       n       1  or 

Janvier.  \  GAND  (Belgique)  ]   UniOn  POStale.  7  tr. 

Le  numéro  :    G   fr.  60  sans  encartage  ;  1  fr.  avec  encartage. 

SOMMAIRE 

Le  rnensuralisme  expliqué  par  un  mensuraliste  et  Notre  réponse.       R.  P.  Bonvin  et 

A.  Gastoué. 
Nouvelles  musicales  :  le  Quatuor  vocal  des  «  Chanteurs  de  Saint- 

Gervais  y);  nécrologie,  F.-X.  Haberl. 

Explication  de  la  lettre  de  Cl.  Monteverde  [fin] M.-L.  Pereyra. 

Petite  correspondance. 

Nouvelles  publications  du  Bureau  d'édition. 

Bibliographie  :   le  Traité    d'harmonisation  de  M.  Gastoué  ;  les 

Saluts  grégoriens  ie  M.  l'abbé  F.  Brun F.de  LaTombelle. 

Œuvres  diverses  ;  les  Revues  ;  notre  encartage La  Rédaction. 


Le  mensuralîsme  expliqué 

par  un  mensuraliste 


Sous  ce  titre,  le  R.  P.  Bonvin,  S.  J.,  professeur  au  Canisius  Collège  de  Buffalo, 
U.  S.  A.,  et  compositeur  très  apprécié  de  musique  religieuse,  nous  demande  d'in- 
sérer un  exposé  des  principes  du  rnensuralisme  en  chant  grégorien,  avec  les  bases 
sur  lesquelles  pensent  s'appuyer  les  partisans  de  ce  système.  Le  R.  P.  Bonvin  nous 
autorise  d'ailleurs,  et  même  nous  demande  instamment,  afin  de  jeter  la  lumière  sur 
ce  point,  d'exposer  à  notre  tour  la  façon  dont  nous  répondrons  à  ces  arguments. 
Nous  estimons  que  cette  joute  est  susceptible  d'intéresser  nos  lecteurs  et  ne   peut 

que  faire  du  bien  à  la  «  foi  grégorienne  d. 

A.  G. 

Dans  la  Tribune  de  Saint-Gervais  de  l'année  dernière,  au  cours  d'une 
série  d'articles  sur  «  la  Logique  du  rythme  musical  »  écrits  avec  beau- 
coup d'esprit,  l'abbé  Marcetteau  (pp.  214-216  et  228-230)  a  traité  du 
rnensuralisme  dans  le  chant  grégorien  au  point  de  vue  d'un  adhérent 
du  système  à  notes  égales.  J'ai  pensé  qu'il  ne  serait  pas  sans  intérêt  pour 
les  lecteurs  de  voir  le  même  sujet  exposé  par  un  mensuraliste  même  ; 


—    218    — 


car  la  lumière  ne  peut  manquer  de  jaillir  de  la  mise  en  présence  des 
opinions  opposées. 

Je  tiens  d'abord  à  dire  ce  que  le  mensuralisme  n'est  pas.  Gela  pré- 
viendra des  malentendus.  Le  mensuralisme,  donc,  n'est  nullement 
équivalent  au  système  des  mesures  de  la  musique  moderne  ni  à  Tordre 
et  à  la  régularité  des  pieds  métriques  de  la  poésie  classique  des  Grecs 
et  des  Romains.  Le  mensuralisme  voit  dans  le  chant  grégorien  des 
combinaisons  de  notes  longues  et  de  notes  brèves  à  durée  déterminée 
et  proportionnelle,  de  sorte  que  les  mélodies  qui  en  sont  composées 
puissent  être  battues  régulièrement,  comme  l'attestent  les  auteurs  gré- 
goriens (i),  mais  battues  par  temps  et  non  pas  (systématiquement  du  'j 
moins)  par  groupes  ou  mesures,  quoique,  comme  l'attestent  encore  ' 
les  auteurs  médiévaux,  de  pareils  groupes  se  présentent,  «  tel  ayant 
une  forme  dactylique,  tel  autre  une  forme  spondaïque,  etc.  » .  Il  est  à 
remarquer,  en  effet,  que  les  mensuralistes  n'ont  pas  pu  jusqu'à  présent 
se  convaincre  que  les  textes  cités  par  le  P.  A.  Fleury,  l'un  des  leurs, 
en  preuve  de  son  opinion  personnelle  contraire,  doivent  nécessairement 
être  pris  dans  son  sens;  et,  de  fait,  ces  mêmes  mensuralistes  ne  trou- 
vent cette  régularité  parfaite  des  pieds  métriques  ou  des  mesures  mo- 
dernes ni  dans  le  rythme  que  donne  le  déchiffrement  des  signes  neuma- 
tiques,  ni  dans  le  chant  liturgique  oriental,  qui  a-pourtant  conservé  le 
rythme  primitif. 

Selon  la  conviction  des  mensuralistes,  il  y  a  donc  dans  léchant  gré- 
gorien tel  qu'il  a  été  composé  et  chanté  jusqu'à  l'époque  de  la  déca- 
dence rythmique,  c'est-à-dire  jusque  vers  la  fin  du  xi^  siècle,  un  assem- 
blage de  notes  longues  et  de  notes  brèves,  et  ces  diverses  notes  ont  une 
longueur  ou  une  brièveté  déterminée  et  proportionnelle  (2). 

L  Le  chant  grégorien  a  des  notes  de  durées  diverses  (3)  ;  car  les  auteurs 
grégoriens  du  moyen  âge,  surtout  Hucbald,  Guy  d'Arezzo,  Bernon  de 
Reichenau  et  Aribon  le  Scolastique,  font  indubitablement  mention   de 


NOTRE  RÉPONSE 

(1)  Mais  nous  aussi,  sans  être  pour  cela  des  mensuralistes,  nous  voyons  aussi  cela 
dans  le  chant  grégorien,  tel  que  la  tradition  nous  le  fait  connaître,  et  avec  ses  règles 
pratiques,  que  nous  a  données  Dom  Pothier.  La  preuve  en  est  dans  ceci  :  les  analyses 
rythmiques  publiées  par  Mgr  Foucault  dans  cette  revue  même,  sans  déformer  ni 
modifier  en  aucune  manière  la  phrase  grégorienne  telle  que  les  bénédictins  la  chantent, 
ont  montré  clairement  ces  proportions.  Cf.  nos  Origines  du  chant  romain,  p.  tSjàaoo. 

(2)  Jusqu'ici,  tout  le  monde  est  d'accord,  et  V école  de  Solesmes  n'a  jamais  parlé 
autrement. 

(3)  C'est  ici  que  commence  la  différence  d'opinion  que  les  mensuralistes  manifestent  m 
en  opposition  avec  la  tradition.  Il  est  exact  de  dire  que  la  notation  moderne  a  des 
notes  de  durées  diverses,  car  cette  notation  est  basée  sur  la  proportionnalité  des  figu;  es 
de  notes;  mais  nous  nous  refusons  à  dire  que  le  chant  grégorien  a  des  notes  [c  est- 
à-dire  des  signes,  des  figures)  proportionnelles.  Les  textes  qu'on  va  citer  ci-après 
parlent  en  effet  de  sons  dont  la  durée  est  variée  et  proportionnelle,  mais  non  pas 
d'une  notation. 


—  2  19  — 


notes  longues  et  de  notes  brèves  dans  ce  chant.  Je  ne  puis  citer  ici  que 
quelques-uns  de  leurs  textes  ;  mais  ceux-ci  suffisent. 

Voici  donc  ce  que  Hucbald  (ix''  et  x*"  siècle)  écrit  dans  sa   Musica  en- 
chiriadis,  I  (ap.  Migne,   i32,  col.  998  sq.)  ; 


«  Quid  est  mimerose  canere?  Ut  atten- 
datur,  ubi  productioribus,  ubi  brevioribus 
morulis  utendum  sit.  Quatenus  uti  quae 
syllabae  brèves,  quae  sunt  longae  atten- 
ditur,  ita  qui  sont  producti  quique  cor- 
repti  esse  debeant,  ut  ea,  quae  diu,  ad  ea, 
quae  non  diu,  légitime  concurrant;  et 
veluti  metricis  pedibus  cantilena  plauda- 
tur.  » 


«  Qu'est-ce  que  chanter  avec  nombre 
(rythmiquement)  ?  C'est  observer  (dans 
les  sons)  les  durées  longues  et  les  durées 
brèves.  De  même  qu'on  distingue  (en 
poésie)  des  syllabes  brèves  et  des  syl- 
labes longues,  de  même  (en  musique),  il 
faut  observer  les  sons  longs  et  les  sons 
brefs,  afin  qu'il  y  ait  une  juste  proportion 
entre  les  longs  et  les  brefs  et  que  la  mélo- 
die soit  battue  comme  cela  se  fait  dans  les 
pieds  métriques,  » 


Et  après  un  exemple  (4)  qui,  il  y  a  quelques  années,  a  donné  lieu  à 
maintes  discussions,  Hucbald  dit  encore  une  fois  : 


«  Sit  itaque  numerose  est  canere,  longis 
brevibusqiie  sonis  ratas  morulas  metiri, 
nec  per  loca  protrahere  vel  contrahere 
magis  quam  oportet,  sed  infra  scandendi 
legem  vocem  continere,  ut  possit  melum 
ea  finiri  mora,  qua  cepit.  » 


«  Chanter  avec  rythme ,  c'est  donc 
donner  aux  sons  longs  et  aux  sons  brefs 
leur  juste  durée,  sans  les  prolonger  ou  les 
abréger,  ici  et  là,  plus  qu'il  ne  (le)  faut, 
mais  en  réglant  (au  contraire)  les  mou- 
vements de  la  voix  sur  les  lois  de  la  scan- 
sion, afin  que  la  mélodie  puisse  se  ter- 
miner dans  le  même  mouvement  qu'elle 
a  commencé.  » 


{4)Mais  c'est  précisément  cet  exemple  et  ce  qui  l'environne  qui  est  typique,  car 
est  la  plus  grande  preuve  de  l'erreur  d'opinion  des  mensuralistes,  et  en  même  tem^^^ 
l'un  des  plus  fermes  appuis   de  la  tradition  grégorienne  tout  entière.  Voici,  en  effet, 
ce  que  l'auteur  dit  ici,  entre  les  deux  textes  cités  plus  haut  par  le  R.  P.  Bonvin  : 


il 

ps 


Age,  canamus,  exercitu  usu  :  plaudam 
pedes  ego  in  pra  cinendo,  tu  sequendo  imi- 
tabere  : 


Chantons  donc  un  exercice  :  je  frapperai 
les  pieds  en  chantant  d'abord  ;  vous,  suivez 
en  m'imitant  : 


l 


S 


-P« 


a 


ir- 


Ego  sum  vi-  a,    ve-ri-tas  et  vi-ta,      alle-Iu-ia,  alléluia. 

SoLAE  in  tribus  membris  ultimae  longae.  Seules,  dan?,  cqs  lxo\s  m.e.mhvQ?,,  les  derniùies 
RELiQUAE  BREVES  suut.  Sic  itaquc  numcrosc  sont  longues,  les  autres  sont  brèves.  Voilà 
est  canere,  etc.,  ut  supra.  donc   ce    qu'est   chanter  avec   rythme^   etc.j 

comme  ci-dessus. 

C'est  donc  bien  exactement  ce  que  nous  avons  toujours  fait,  et  la  règle  observée  par 
la  tradition  tout  entière.  Nous  avons  d'ailleurs  d'autres  textes,  plus  précis  encore^ 
que  nous  donnerons  plus  loin.  Or,  les  mensuralistes  ont  essayé  les  transcriptions 
rythmiques  les  plus  extraordinaires  de  cet  exemple,  telles  que  : 

7     I  J   I   J     J   I    M     I  \-  -    M   J    J   I    1    I  I     I   II 

Ego       sum  vi-       a  ou  IL-     go    sum   vi-  a 

Où  est  là-dedans  l'observation  de  la  règle  de  la  Sc.holia  enchiriadis  :  «  Seules  les 
dernières  sont  longues,  les  autres  sont  brèves  »  ?  Ce  simple  exemple  ruine  toute 
l'argumentation  qui  suit. 


220    — 


L'existence  de  sons  longs  et  de  sons  brefs  est,  dans  ces  passages,  si 
clairement  affirmée,  qu'une  explication  serait  superflue.  Tout  au  plus 
puis-Je,  pour  ceux  que  les  sons  longs  feraient  penser  au  prolongement 
indéterminé  de  la  note  finale  {mora  ultimae  pocis),  faire  observer  qu'il 
n'en  peut  être  question  dans  ce  texte  de  Hucbald.  En  effet,  si  l'auteur 
n'avait  eu  en  vue  que  cette  note  finale  retardée,  qui  à  elle  seule  établirait 
toute  la  différence  de  durée  dans  les  notes  de  la  phrase,  comment  se 
serait-il  exprimé  de  façon  à  faire  croire  à  un  assemblage  de  longues 
et  de  brèves  servant  de  base  à  une  scansion  semblable  à  celle  des  vers 
métriques?  Le  but  même  que  Hucbald  assigne  à  ces  combinaisons  de 
sons  longs  et  de  sons  brefs  montre  qu'il  ne  peut  s'agirici  du  retard  de 
la  dernière  note.  Ce  but,  c'est  de  former  les  justes  proportions  entre 
les  notes  {ut  a  quae  diu,  etc.)  et  de  rendre  possible  une  scansion  ou  un 
battement  régulier  et  égal  (5)  du  commencement  jusqu'à  la  fin,  (ut  veluti 
metr^icis  pedibus  cantilena plaudatur  ;  infra  scandendi  legem).  Mais  ces 
retards  de  fin  de  phrase  évidemment  ne  peuvent  servir  à  former  de 
justes  proportions  ni  une  scansion  régulière  ;  ils  n'arrivent  d'ailleurs 
qu'après  coup,  au  bout  des  phrases,  etc.,  après  que  celles-ci,  ou  leurs 
membres,  ont  déjà  dû  être  rythmées  et  scandées  ;  et  là  même,  loin  de 
servir  de  base  à  la  scansion,  ils  l'entravent  plutôt  à  cause  de  leur  durée 
indéterminée. 

D'ailleurs  dans  un  autre  traité,  Commemot^atio  brepis{ap.  Migne,  i32, 
col.  loSg  sq.)  Hucbald  distingue  clairement  les  notes  longues  d'avec 
le  retard  de  la  note  finale  des  «  distinctions  »  (phrases)  :  «  Que  toutes 


(3)  Voilà  justement  le  grand  point  par  oîi  les  mensuralistes  se  détachent  de  nous. 
Qu'on  puisse  écrire  certaines  pièces  grégoriennes,  interprétées  selon  la  tradition,  avec 
des  mesures,  scansions  ou  battements  réguliers  et  égaux  du  commencement  jusqu'à  la 
fin,  cela  est  certain.  Les  analyses  et  transcriptions  de  Mgr  Foucault,  celles  que  d'au- 
tres, et  moi-même,  avons  données,  le  prouvent  jusqu'à  l'évidence.  Mais  que  cela  soit  la 
régie  ordinaire  de  la  mélodie  grégorienne,  nous  le  dénions,  textes  en  mains.  Il  serait 
ici  un  peu  long  de  les  citer  en  entier  ;  nous  renverrons  aux  Origines  du  chant  romain  : 

jo  Les  «  pieds  musicaux  »  sont  réglés  par  les  accents,  {Théodoric,  lettre  à  Boéce  ; 
Aldhehn,  Lib.  de  septen.).  Cf.  Origines,  p.  l'jô- 

2°  Dans  la  cantilène,  les  «  pieds  »  sont  mêlés  à  la  manière  de  la  prose,  pedestri 
régula,  et  il  est  très  difficile  de  les  y  reconnaître.  (Aldhelm,  ep.  iv.)  Id.,  p.   184. 

30  Même  en  tenant  compte  des  «  pieds  métriques  »,  on  peut  les  mêler  de  diverses 
manières  ou  les  joindre  par  «  quelque  égalité  ».  Quest  cette  égalité,  à  laquelle  pré- 
tendent les  mensuralistes?  C'est  celle  qu'offrent  »  des  membres  étroitement  liés, soit  par 
autant  de  demi-pieds,  soit  avec  un  nombre  inégal  de  demi-pieds  ;  ou  même  par  quel- 
que égalité,  comme  3  et  4,3  et  5,  5  et  y,  6  et  7,  8  et  7,  ou  enfin  7  et  g  ».  (S.  Augustin, 
de  Musica,  /.  //,  c.  xi  ;  Rémi  d'Auxerre,  Comm.  sur  M.  Capella).  Id.,  p.  i83-i84. 

4°  Guy  d'Arei^^o  proclame  lui-même  trois  genres  employés  dans  le  rythme  des 
pièces  grégoriennes  :  a,  des  chants  prosaïques;  h,  des  chants  métriques  ;  c,  des  chants 
oii  les  pieds  et  les  mètres  sont  mélangés.  (Microl.,  c.  xv.)  Id.,  p.  184-186. 

5°  Enfin,  un  auteur  un  peu  plus  tardif,  puisqu'il  date  de  l'époque  des  mélodies 
mesurées  à  la  façon  des  trouvères  et  troubadours,  Beda  Aristote,  par  opposition  à 
celles-ci,  parle  du  «  rythme  libre  »,  avec  lequel  sont  composées  les  pièces  anciennes. 

Ces  textes  sont  évidemment  le  plus  fort  argument  en  faveur  de  l'interprétation  tra- 
ditionnelle et  démolissent  complètement  les  divers  systèmes  des  mensuralistes. 


2  2  I     - 


les  longues,  dit-il,  soient  également  longues,  et  les  brèves  également 
brèves  »  (ce  que  ne  pourraient  être  les  morae  ultimae  vocis,  elles  qui 
sont  indéterminées  et  variables  selon  les  différentes  places  qu'elles 
occupent),  «  sauf  à  la  fin  des  distinctions,  qu'il  faut  avoir  soin  de  mar- 
quer »  (par  un  ralentissement).  «Qu'entre  les  longues  et  les  brèvesil  yait 
donctoujours  juste  proportion  rythmique,  etc.  :  Omnia  quae  diu,  ad  ea, 
quae  nofi  diu,  legitimis  inter  se  morulis  numerose  concurrant.  » 

C'est  donc  bien  de  sons  longs  et  de  sons  brefs  diversement  distri- 
bués dans  le  cours  même  de  la  phrase  que  parle  Hucbald,  et — on 
l'aura  remarqué  —  ce  sont  des  sons  longs  et  des  sons  brefs  proportion- 
nels, un  point  qui  ressortira  plus  explicitement  d'autres  documents 
que  je  citerai  dans  la  deuxième  partie. 

On  ne  pourrait  non  plus  voir  dans  les  sons  longs  de  Hucbald  ceux 
qu'on  obtient  aujourd'hui  en  additionnant  les  notes  équisonnantes  qui 
composent  le  strophicus  (bi  et  tristropha),  ou  celles  du  pressus  et  de 
Voriscus.  Et  cela  pour  plusieurs  raisons,  dont  voici  quelques-unes  :  Il 
faudrait  avant  tout  des  preuves  à  l'appui  de  la  supposition  que  les 
anciens  formaient  des  sons  longs  par  addition  (6)  ;  or  non  seulement  il 
n'a  pas  été  possible  de  découvrir  dans  les  auteurs  antérfeurs  à  la  déca- 
dence aucun  texte  en  faveur  de  celte  manière  de  voir,  mais  on  en  trouve 
au  contraire  plusieurs  qui  y  sont  explicitement  opposés.  C'est  ainsi 
par  exemple  qu'Aurélien  de  Réomé  (ix^  siècle),  en  décrivant  l'exécution 
de  la  tristropha^  parle  de  trois  notes  émises  séparément  ati^ina  vocis  re- 
percussione  ».  Le  nom  même  de  notae  i^epercussae  (notes  répercutées, 
frappées  à  plusieurs  reprises,  donc  séparément)  donné  à  ces  notes  accou- 
plées prouve  qu'elles  ne  formaient  pas  un  son  unique  prolongé.  Comme 
le  remarque  le  P.  Dechevrens,  «  les  tropes  et  les  séquences  compo- 
sés sur  des  mélodies  préexistantes  démontrent  la  même  chose;  car 
dans  l'adaptation  des  paroles  à  la  musique,  les  notes  répercutées, 
quelles  qu'elles  fussent,  bi  et  trivirga,  di  et  tristropha^  pressus  major  qx. 


(6)  Cette  preuve  existe,  et  en  abondance.  On  sait  pertinemment  que,  déjà  à  une  haute 
époque,  on  pratiquait  la  «  résolution  des  longues  »,  et,  à  l'inverse,  la  formation  des 
longues  par  additions  de  brèves.  Je  renvoie  ici  aux  textes  des  métriciens  grecs  et 
romains,  et  aux  ouvrages  de  Gevaert,de  Vincent,  de  Laloj-,  etc.,  oii  on  trouvera  de  plus 
la  preuve  que  les  anciens  connaissaient  et  pratiquaient  le  rythme  oratoire.  C/.  Origines, 
p.  3'j-40.  Cela  pour  montrer  que  ces  choses  existaient  déjà  avant  l'art  grégorien  : 
quant  à  la  notation  de  celui-ci,  voici  deux  textes  capitaux  :  jo  le  traité  Quid  est  can- 
\us,  qui  peut  être  du  X"  siècle,  appelle  brève  la  note  «  simple  »,  ■  ou'i,  il  appelle 
longue  les  mêmes  notes  dans  les  cas  oie  on  doit  les  allonger  selon  les  règles  du 
solfège  grégorien  (ex.  la  mora  ultimae  vocis)  et  leur  composition  en  groupes  ;  par 
exemple  let\  sont  des  longues.  {Cf.  Origines,  p.  i68  et  seq.)  2"  Le  traité  découvert 
par  Dom  Pothier,  à  la  bibliothèque  de  Louvain  (v.  Revue  du  chant  grégorien,  XVI, 
p.  44),  qui  assimile  ainsi  les  neumes  aux  pieds  : 

Pyrrichius  Spondeus  lanibus  Trocheus 

^^w»  —      —  w      —  —      \j      etc. 

■    ■         ^   r*       ■    3       r*   * 

Quoi  de  plus  convaincant? 


minor,  ne  sont  jamais  traitées  comme  un  son  unique  et  long  :  chaque 
note  composante  reçoit  une  syllabe.  »  D'ailleurs,  quant  au  strophicus, 
D.  Pothier  (Mél.  grég.,  trad.  par  Kienle,  p.  1 17  sq.)et  D.  Mocquereau 
[le  Nombre  musical  grég. ^  p.  336)  sont  du  même  avis. 

Voici  maintenant  un  texte  où  Hucbald,  tout  en  distinguant  des  sons 
relativement  longs  et  brefs,  nous  fait  connaître  en  même  temps  deux 
figures  neumatiques  qui  désignent  ces  durées: 

«  Sane  piinctos  et  virgulas  ad   distin-  «  Nous  écrivons  bien  les  points  et  les 

ctionem    ponimus   sonorum    brevium    et  vh-gas  qui  servent  à  distinguer  les  sons 

longorum  \  quamvis  hujusgeneris  melos  brefs  et  les  sons  longs"^  ;  mais  le  propre 

tam   grave   esse   oporteat    atque   moro-  de  ce  genre  de  musique   (organum)   est 

sum,  ut  rythmica  j-atio  vix  in  eo  servari  d'être  si  grave  et  si  lent,  qu'on  ne  peut 

queat  -,  »  (Ap.  Coussemaker,  Script.,  II,  guère  y  observer  les  proportions  rythmi- 

45.)  ques'.y) 

Il  est  vrai  que  dans  ce  passage  (7)  il  est  question,  directement  du 
moins,  de  la  mélodie  grégorienne  entant  qu'on  s'en  servait  comme  de 
voix  principale  dans  la  diaphonie  organale.  Mais  il  est  évident  que,  puis- 
que les  figures  rythmiques  (points  et  virgas)  désignant  des  sons  relative- 
ment brefs  et  longs  ne  pouvaient  pas  s'observer  dans  Torganum,  elles 
n'ont  pas  été  inventées  pour  lui,  mais  qu'au  contraire  elles  étaient  pro- 
pres au  chant  grégorien  qu'on  continuait  d'écrire  en  sa  notation  usuelle, 
même   lorsqu'il  faisait  partie  de  l'organum. 

Nous  possédons  d'ailleurs  un  texte  de  Guy  d'Arezzo  qui  confirme 
nettement  ce  que  Hucbald  vient  de  nous  dire  de  la  signification 
rythmique  des  figures  mêmes  des  neumes.  Dans  son  traité  Regiilae  de 
ignoto  cantu  (ap.  Migne,  141,  col.  416),  Guy  écrit  en  effet  :  «  Quand  les 
sons  deviennent  liquescents,  s'ils  doivent  être  unis  ou  séparés,  lesquels 
sont  longs  et  lesquels  sont  brefs  ou   tremblants...   tout  cela  peut  être 


1,  A  ce  propos  je  désire  faire  observer  que  si,  avec  Hucbald,  les  mensuralistes 
parlent  quelquefois  de  la  virga  comme  d'une  figure  de  neume  indiquant  une  durée 
longue,  ce  n'est  que  relativement  à  une  note  plus  courte,  c'est-à-dire  par  rapport 
au  point  rond  en  composition  avec  elle. 

La  virga  en  elle-même  est  pour  les  mensuralistes  une  note  commune  ou  77ioyenne; 
elle  devient  longue  proprement  dite  quand  elle  est  surmontée  de  l'épisème  ou  de  la 
lettre  «  t  >;. 

2.  Ces  figures  neumatiques  établiraient  donc  des  proportions  rythmiques  si  l'exé- 
cution lourde  de  l'organum  ne  l'empêchait  pas.  Cette  habitude  organale  finit  par 
influer  sur  l'exécution  du  chant  grégorien,  même  lorsqu'on  le  chantait  seul,  c'est-à- 
dire  indépendamment  de  l'organum  ;  et  cet  organum  fut  ainsi  la  cause  ou  l'occa- 
sion de  la  décadence  rythmique. 


(7)  Texte  qui  ne  prouve  rien  :  1°  comme  le  remarque  Vhonorable  R.  P.  Bonvin 
lui-même,  parce  qu'Une  s'agit  ici  que  de  /'organum;  2^'  pour  une  raison  beaucoup 
plus  forte,  à  savoir  que  l'auteur  de  cet  ouvrage  ne  se  sert  pas  de  la  notation  neuma- 
tique  ;  ses  points  et  ses  virgules  ne  sont  donc  pas  les  punctum  et  virga  de  cette 
notation,  mais  des  additions,  des  signes  explicatifs  ajoutés  à  la  notation  «  dasienne  » 
qui  est  la  sienne. 


—    223    — 

facilement  montré  dans  la  Jîgiire  même  des  neumes  (8),  pourvu  qu'elles 
soient  bien  écrites.  »  Et  en  effet  le  P.  Dechevrens,  avec  une  perspicacité 
remarquable,  est  parvenu  à  déchiffrer  et  à  déterminer  la  valeur  ryth- 
mique des  différentes  formes  de  neumes,  avecdes  résultats  divers  de 
certitude,  de  très  grande  probabilité  ou,  dans  d'autres  cas,  au  moins 
d'une  probabilité  qui  peut  suffire  pour  la  pratique.  Mais  il  serait  trop 
long  de  le  démontrer  ici. 

Terminons  cette  première  partie  en  citant  simplement  un  passage  du 
bénédictin  Bernon  de  Reichenau  (première  moitié  du  xi'^  siècle)  :  «  Il 
faut  aussi,  dit-il,  observer  avec  grand  soin  dans  les  neumes  à  quels 
sons  il  faut  donne?^  line  durée  brève,  et  auxquels  une  durée  longue,  afin 
de  ne  pas  chanter  rapidement  et  sans  une  durée  suffisante  les  notes 
que  l'autorité  des  maîtres  anciens  a  voulu  faire  longues  et  tenues...  De 
même  donc  qu'en  7nétrique  on  compose  les  vers  de  pieds  dont  la  mesure  est 
déterminée^  de  même  tout  chant  se  forme  par  un  assemblage  apte  et  har- 
monieux (9)  de  sons  longs  et  de  sons  brefs  :  «  ita  apta  et  concordabili  bre- 
vium  longorum  sonoruni  copulatione  componitur  cantus.  »  [Prologus 
in  Tonarium,  ap.  Migne,  142,  col.  114.) 

II.  Les  diverses  notes  du  chant  grégorien  ont  une  longueur  ou  une 
brièveté  déterminée  et  proportionnelle.  —  Une  lecture  attentive  des 
documents  cités  dans  la  première  partie  de  cet  article  ferait  déjà 
facilement  trouver  la  preuve  pour  cette  thèse  ;  mais  les  textes  suivants 
offrent  une  démonstration  plus  palpable  et  indiquent  même  explicite- 
ment la  proportion  i  :  2  qui  existe  entre  les  notes. 


(8)  En  effet,  voir  plus  haut  note  6.  Point  n'est  besoin  pour  cela  de  chercher  des 
valeurs  différentes  à  chaque  note. 

(g)  «  Assemblage  apte  et  harmonieux  »  veut-il  dire  par  là  une  régularité  absolue?  Si 
l'assimilation  aux  vers,  que  fait  ici  Bernon,  peut  le  laisser  de  prime  abord  supposer, 
c'est  faute  d'une  lecture  attentive.  En  effet,  ;o  les  vers  latins  n'ont  pas  ordinairement 
la  régularité  qu'on  voudrait  ici  trouver  ;  ainsi  les  vers  ïambiques  [rythme  ternaire) 
admettent  d'ordinaire  le  spondée  [rythme  binaire)  aux  pieds  impairs,  et  dans  telle  et 
telle  œuvre  d'Horace,  le  poète  «  s'éloigne  volontairement  du  type  »  régulier  pour  le 
«  rapprocher  de  la  prose  »,  dit  son  dernier  éditeur,  M.  J.-B.  Lechatellier ;  2°  le 
grand  contemporain  de  Bernon,  Guy  d'Are^^o,  qui  est  le  plus  complet  sur  la  question, 
emploie  la  même  analogie,  disant  que  le  musicien  doit  agir  comme  le  métricien,  «  sauf 
que  le  musicien  n'est  point  lié  par  la  nécessité  d'une  aussi  importante  loi  ».  On  ne 
saurait  plus  clairement  faire  allusion  à  la  liberté  rythmique  du  chant  grégorien. 

(A  suivre.)  R.  P.  Bonvin  et  A.  Gastoué. 


Le  Quatuor  vocal  des  Chanteurs  de  St-Gervais 


Depuis  longtemps  déjà  nos  amis  réclamaient  la  formation  d'un 
quatuor  soliste  de  «  Chanteurs  de  Saint-Gervais  »  reprenant  à  travers  la 
France  les  tournées  de  propagande  artistique  que  Charles  Bordes  avait 
entreprises  à  travers  la  France  avec  son  admirable  quatuor  vocal  de  la 
Schola.  —  C'est  aujourd'hui  chose  faite. 

Des  artistes  dont  se  composait  au  début  le  quatuor  vocal  de  la  Schola, 
seul  notre  ami  Albert  Gébelin  (maintenant  titulaire  d'une  classe  de 
chant  rue  Saint-Jacques)  nous  est  resté,  le  pauvre  J.  David  ayant  pré- 
cédé dans  la  tombe  le  regretté  «  Pater  »,  et  M'"®^  Marie  de  la  Rouvière 
et  Jarvis  de  la  Mare,  bien  qu'arrivées  à  peine  à  l'apogée  de  leur  talent, 
ayant  renoncé,  malgré  les  plus  pressantes  sollicitations,  à  se  faire  en- 
tendre en  public. 

Le  Qiiatuor  vocal  soliste  des  Chanteurs  de  Saiiit-Gervais  est  constitué 
dès  maintenant  de   la  manière  suivante  : 

M"*"  Fanny  Malnory^  soprano  ; 

jYjme  Proche-Charpentier,  contralto; 

M.  Paul  Gibert,  ténor  ; 

M.  Albert  Gébelin,  basse. 

Nous  n'avons  nullement  besoin  de  présenter  aux  lecteurs  de  la  Tribune 
ces  vaillants  artistes  qu'ils  ont  eu  l'occasion  d'applaudir  fréquemment 
tant  à  Paris  qu'en  province. 

Léon  Saint-Requier, 
Directeur  des  Chanteurs  de  Saint-Gervais. 

Toute  communication  concernant  le  «  Quatuor  vocal  »,  aussi  bien  que  l'Associa- 
tion des  Chanteurs  de  Saint-Gervais,  doit  être  adressée  à  M.  L.  Saint-Requier.  36, 
boulevard  Saint-Germain,  Paris,  qui  reçoit  en  outre  le  lundi,  de  lo  heures  à  midi. 


Nouvelles  Musicales 


Paris.  —  La  Société  Haendel  (MM,  E.  Borrel  et  F.  Raugel,  directeurs)  met  à 
l'étude  pour  l'année  1910-Ï911  les  œuvres  suivantes  :  Haendel,  Saiîl;  Te  Deum,  de 
Dettingen;  Coronation  Anthem. 

Fragments  de  la  Fête  d'Alexandre,  de  Josué,  de  VOccasional  Oratorio,  Concerti 
grossi,  etc. 

LuUy  :  Extraits  d'Jsis,  Atys. 

Schûtz  :  Concerts  spirituels. 

Gossec,  Stamitz,  Fasch  :  œuvres  instrumentales. 

S'adesser  pour  tous  renseignements,  par  correspondance  ou  le  lundi  matin,  de 
10  heures  à  midi,  à  M.  E.  Borrel,  55,  rue  Jouffroy. 

Saint-Jean-de-Luz.  —  L'ancienne  Schola  de  Saint-Jean-de-Luz,  qui  a  pris  le 
nom  de  «  Société  Charles  Bordes  »,  a  donné,  le  10  septembre,  un  grand  concert  très 
réussi,  d'œuvres  anciennes  et  modernes,  avec,  comme  partie  principale,  tout  le 
deuxième  acte  6.' Orphée,  de  Gluck, dans  sa  version  primitive,  tel  qu'il  a  été  restitué 
à  la  Schola  de  Paris. 

Berceau  de  saint  Vincent  de  P<3î// (Landes).  —  Il  est  de  tradition  au  Berceau  de  faire 
de  la  bonne  et  pieuse  musique,  même  le  jour  de  la  fête  de  saint  Vincent  de  Paul  ; 
c'est  bien  surprenant:  les  fêtes  ne  sont-elles  pas  le  plus  souvent  rehaussées  des  fastes 
d'une  musique  plus  spécialement  mauvaise  ?  Il  est  vrai  que  M.  Preneuf,  le  distingué 
maître  de  chapelle  du  Berceau,  ne  cesse  pas  de  faire  de  la  bonne  musique,  en  sorte 
que  la  belle  cérémonie  de  la  Fête  est  en  quelque  sorte  l'aboutissement  d'un  travail 
pas  très  grand  mais  continu  ;  avec  peu  de  temps  et  des  moyens  médiocres  comme 
qualité  et  comme  quantité,  il  a  réussi  à  donner  une  exécution  en  tout  point  très  ar- 
tistique de  la  Messe  du  Pape  Marcel,  puis  aux  vêpres  des  faux-bourdons  du  xvie  siè- 
cle, d'un  hymne  de  Perosi  à  4  voix,  du  psaume  Beatus qui  intelligit  à  4  voix  mixtes 
de  Gounod,  de  chorals  de  Bach  et  du  Tantiim  de  Vittoria.  Mgr  Gieure,  évêque  de 
Bayonne,  honorait  ces  vêpres  de  sa  présence  ;  il  a  dû  penser  combien  la  splendeur 
religieuse  de  ces  chants  se  serait  bien  déployée  sous    les  voûtes    de  sa   cathédrale... 

R.  G. 

BELGIQUE 

Malines.  —  L'art  des  carillonneurs,  qui  fut  jusqu'au  déclin  du  xviiie  siècle  une 
particularité  des  Pays-Bas  néerlandais  et  belges,  serait-il  à  la  veille  de  refleurir  ? 
Toujours  est-il  qu'il  y  a  quelques  années  déjà  on  organisa  des  concours  dans  le  but 
de  stimuler  le  zèle  des  quelques  virtuoses  qui,  dans  les  Flandres,  ont  continué  de 
pratiquer  le  jeu  du  carillon. 

Déjà,  un  «    concert    de  carillon  »,   qui  a  été   donné  à  Malines  par  le  carillonneur 


—    220     — 

bien  connu  de  la  ville,  M.  Joseph  Denyn,  en  juillet  dernier,  préludait  au  concours 
plus  important  qui  devait   avoir  lieu  au  mois  d'août. 

Le  programme,  composé  par  M.  Denyn,  comportait  des  airs  flamands  connus  et 
des  vieux  airs  français  des  xv^  et  xvu«  siècles.  I!  y  avait  aussi  un  prélude  de  la  com- 
position du  distingué  carillonneur. 

Une  foule  considérable  s'était  massée  dans  les  rues  voisines  de  la  cathédrale  pour 
assister  à  cette  audition.  Et  quand  les  huit  coups  de  l'heure  eurent  sonné  à  Saint- 
Rombaut,  un  silence  religieux  s'étendit  sur  cette  multitude. 

L'exécution  de  chaque  morceau  fut  parfaite  en  tous  points  et  le  public  fit  une 
chaleureuse  ovation  à  M.  Denyn,  qui  fut,  après  le  concert,  complimenté  par  le  pré- 
sident du  Nederlandsch  Verbond,  ainsi  que  par  les  étrangers. 

Les  2  1  et  22  du  mois  suivant,  eut  lieu  le  concours  international  de  carillonneurs, 
pour  lequel  une  douzaine  de  concurrents  étaient  attendus.  Trois  étaient  hollandais, 
les  autres  de  Belgique  ;  six  d'entre  eux  furent  classés  dès  le  premier  jour.  Les 
premier,  deuxième  et  troisième,  Jules  Van  de  Plas,  de  Dienst,  Alphonse  Rolliers, 
de.St-Nicolas,  Ferdinand  Redoute,  de  Mons,  concoururent  le  lendemain  pour  les 
grands  prix.  Le  grand  prix  d'honneur  offert  par  le  Roi  des  Belges  fut  attribué  à 
Alph.  Rolliers  ;  celui  du  comité  des  Attractions  de  Malines,  par  Ferdinand  Redoute  ; 
enfin,  J.  Van  de  Plas,  obtint  un  certificat  d'honneur. 

M.  J.  Denyn  conclut  le  festival  par  un  7-écital  de  carillon,  qui  comprenait  entre 
autres  un  air  avec  variations,  spécialemenl  écrit  pour  la  circonstance  par  W.  Starmer, 
et  le  prélude  que  M.  Denyn  avait  fait  entendre  une  première  fois  le  mois  dernier. 

On  estime  que  la  'foule  qui  couvrit  de  ses  applaudissements  ce  brillant  tournoi 
s'élevait  de  3o  à  40.000  personnes. 

Bruxelles.  —  Le  groupe  de  Bruxelles  de  la  Société  internationale  de  Musique  a 
donné  d'intéressantes  séances  de  musique  ancienne.  Le  16  septembre,  le  pro- 
gramme de  la  onzième  séance  comprenait  avec  de  vieilles  chansons  flamandes  et 
françaises  harmonisées  a  cappella  par  MM.  Cl.  Van  Duyse,  E.  Ciosson  et  A.  Béon, 
des  pièces  d'orgue  de  Pachelbel,  deux  airs  de  Lulli,  une  belle  sonate  pour  deux 
flûtes  et  clavecin  de  J.-B.  LœiUet,  des  pièces  de  clavecin  de  Scarlatti,  d'Aquin, 
avec  des  transcriptions  de  pièces  de  luth  de  A.  Francisque  par  M.  Henri  Quittard. 
Interprètes  :  MM.  Demont  et  Gilson,  Mme  Béon,  et  le  Nouveau  Quatuor  vocal  Gan- 
tois. 

Liège.  —  A  la  distribution  des  prix  de  l'œuvre  salésienne,  le  28  août,  un  heureux 
programme  musical  changea  les  habitudes  de  ce  genre  de  cérémonie.  On  y  enten- 
dit en  particulier,  sous  la  direction  de  M.  Ant.  Auda,  la  Cantilène  à  sainte  Cécile, 
publiée  par  Dom  Pothier,  le  graduel  Christus  factus  est,  une  partie  de  la  i^e  Béati- 
tude de  César  Franck,  les  chœurs  des  Woisins  et  Wois'énes,  de  J.-Noël  Hamal 
(finale  de  Le  Ligeois  égagi,  op.  corn,  de  1757)  et  la  chanson  d'Or,  de  Lassus,  Quand 
mon    mari  vient  du  dehors. 

Tous  nos  compliments  à  la  jeune  Schola  liégeoise,  et  à  son  zélé  directeur. 


ALLEMAGNE 

NÉCROLOGIE  :  Mgr  F.-X.  HaberL  —  De  récentes  informations  nous  avaient 
appris  l'inquîétant  état  de  santé  du  célèbre  musicologue  allemand,  le  D""  F,-X. 
Haberl,  lorsque  la  nouvelle  de  sa  mort  nous  est  parvenue.  La  place  tenue  dans  le 
mouvement  musical  religieux  contemporain  par  ce  musicien  est  considérable.  L'un 
des  membres  les  plus  en  vue  des  associaiions  céciliennes  des  pays  germaniques,  il 
était  devenu  depuis  longtemps  le  président  général  du  Cœcilien  Verein  et  le  direc- 
teur de  l'importante  Ecole  de  musique  d'Eglise  de  Ratisbonne,  où  il  enseignait  la 
composition,  et  nombreux  sont  ses  élèves. 

Mgr  Haberl,  —  car  il  était  prélat  de  la  maison  du  pape,  —  a  un  titre  spécial  à  la 
reconnaissance  des  musiciens  religieux  par  le  labeur  immense  de   la  grande  édition 


—    227    — 

complète  des  œuvres  de  Palestrina,  qu'il  acheva  presque  seul,  en  trente-trois 
volumes.  Les  manuscrits  originaux  de  l'auteur,  les  copies  anciennes  soigneusement 
conservées  dans  les  chapelles  romaines,  les  éditions  rares  furent  entièrement  trans- 
crites et  remises  en  partition  par  l'infatigable  chercheur.  On  sait  comment  le  savant 
professeur  remit  en  même  temps  au  jour  la  fameuse  et  détestable  édition  Médi- 
céenne,  que  des  autorités  sans  valeur  attribuaient  à  Palestrina.  Aussi  F.-X.  Haberl 
fut-il  mêlé  d'une  manière  considérable  aux  polémiques  qui  visèrent  ce  travail  ; 
pendant  longtemps  il  fut  l'ennemi  acharné  de  Dom  Polhier,  mais  au  cours  de  ces 
dernières  années,  il  avait  fait  amende  honorable,  et  s'employa  le  premier  à  faire 
adopter  l'Edition  Vaticane  par  les  membres  de  l'immense  groupement  qu'il  prési- 
dait. 

C'est  au  cours  des  derniers  tomes  de  l'édition  des  oeuvres  de  Palestrina  que  ses 
travaux  l'amenèrent,  en  recueillant  les  pièces  douteuses  ou  apocryphes  attribuées 
à  ce  maître,  à  prouver  que  Marc-Antoine  Ingegneri,  le  maître  vénitien,  était  l'auteur 
des  fameux  répons  de  la  Semaine  Sainte,  ordinairement  attribués  à  Palestrina. 

Mgr  Haberl  travailla  de  même  à  l'édition  des  œuvres  d'Orland  de  Lassus  :  son 
labeur  est  donc  considérable,  et  le  résultat  des  plus  profitables  à  l'art  musical  reli- 
gieux. 

Mgr  F.-X.  Haberl,  né  le  12  avril  1840  à  Oberellenba^h,  dans  la  Haute-Bavière, 
est  décédé  le  7  septembre  à  Ratisbonne. 


CANADA 

Un  de  nos  confrères  canadiens,  M.  J.-N.  Charbonneau,  maître  de  chapelle  de 
l'église  Saint-Charles,  vient  de  donner,  dans  la  Presse  de  Montréal,  les  impressions 
recueillies  par  lui  lors  d'un  récent  voyage  en  Europe.  Nous  les  reproduisons  volon- 
tiers, certains  d'intéresser  nos  lecteurs. 

Voici  cet  article,  avec  les  quelques  lignes  d'introduction  dont  le  journal  les  fait 
précéder  : 

Le  professeur  J.-N.  Charbonneau,  le  maître  de  chapelle  de  l'église  Saint- 
Charles,  est  de  retour  d'un  voyage  de  quelques  mois  en  Europe,  où  il  est  allé  étu- 
dier la  musique  religieuse,  sous  les  maîtres  les  plus  en  renom.  A  Rome,  il  a  été 
l'élève  de  Dom  Lucien  David,  à  l'abbaye  de  Saint-Anselme  ;  il  a  également  passé 
quelque  temps  à  l'abbaye  des  bénédictins  de  Solesmes,  dans  l'île  de  VVight,  dont  le 
prieur  est  Dom  André  Mocquereau,  puis  à  Dijon,  où  il  a  pris  des  leçons  de  M.  le 
chanoine  René  Moissenet,  directeur  de  la  maîtrise  de  Dijon,  sans  contredit  l'une  des 
meilleures  de  France.  M.  Charbonneau  s'est  prêté  de  bonne  grâce  à  l'interview,  et 
voici  le  résultat  de  ses  observations  quant  à  la  musique  religieuse  en  Europe  à 
l'heure  actuelle  : 

«  J'ai  reçu  partout,  a-t-il  dit,  l'accueil  le  plus  sympathique  et  j'ai  fait  de  précieuses 
connaissances  dans  le  monde  religieux  et  musical.  Il  me  sera  très  agréable  de  con- 
tinuer, par  une  correspondance  assidue,  mes  bonnes  relations  avec  ces  nouveaux 
amis  d'outre-mer. 

«  Comme  vous  le  savez,  j'étais  parti  dans  l'intention  de  me  renseigner  sur  les 
genres  de  musique  cultivés  dans  les  principales  maîtrises  de  France  et  d'Italie. 

«  Le  mouvement  musical  religieuxdu  côté  de  la  réforme  est  très  prononcé. 

((  Une  armée  de  rénovateurs,  semblable  à  la  garde  noble  du  Vatican,  travaille 
avef  zèle  à  la  protection  du  Saint-Père  dans  l'œuvre  musicale  sublime  que  Sa  Sain- 
teté a  entreprise. 

((  Dans  les  monastères  et  les  communautés  religieuses,  où  le  genre  de  vie  sévère 
s'harmonise  si  bien  avec  la  gravité  du  plain-chant,  on  cultive  uniquement  et  avec 
raison  le  chant  grégorien.  Dans  les  églises  principales  et  les  séminaires,  où  les  res- 
sources et  les  moyens  d'exécution  ne  font  pas  défaut,  la  belle  musique  palestri- 
nienne  est  cultivée  sur  la  même  échelle  que  le  chant  grégorien. 

«  La  cause  de  la  musique  religieuse  a  donc  fait   son  chemin.  Néanmoins,  je  dois 


—    228     — 

mentionner  un  cas  bien  regrettable  et  qui  semble  se  propager  en  plusieurs  endroits  : 
c'est  de  croire  que  le  Pape  défend  toute  musique  moderne  à  l'église. 

«  Quelle  erreur  !  quel  dommage  pour  l'art  religieux  !  quelle  mauvaise  opinion  de 
ce  pape  musicien  !  L'éducation  musicale  si  répandue  aujourd'hui  et  les  progrès  pro- 
digieux de  la  science  harmonique  sont  des  raisons  plus  que  suffisantes  pour  per- 
mettre l'introduction  de  la  musique  moderne  dans  l'église. 

<(  Ce  vers  de  Boileau  :  «  L'ennui  naquit  un  jour  de  l'uniformité  »,  est  vrai  par- 
tout, à  l'église  comme  au  théâtre.  C'est  le  mélange  convenable  des  genres  ou  des 
styles  qu'il  importe  d'observer. 

((  Le  chant  grégorien  doit  avoir  la  place  prépondérante;  autour  de  lui,  comme 
pour  mieux  le  faire  ressortir  et  apprécier,  doivent  se  grouper  la  polyphonie  pales- 
trinienne  et  la  musique  moderne.  D'ailleurs,  c'est  l'enseignement  du  Motu  proprio. 
Après  avoir  loué  les  qualités  du  chant  grégorien  et  de  la  polyphonie  classique  du 
xvi^  siècle,  Pie  X  reconnaît  celles  de  la  musique  moderne.  Seulement,  de  même 
qu'il  ne  permettrait  pas  qu'on  renîplaçât  les  statues  de  Saint-Pierre  de  Rome  par  les 
statues  du  Capitole,  le  Saint-Père  défend  que  la  musique  théâtrale  ou  qui  aurait  un 
caractère  profane  prenne  la  place  de  la  musique  religieuse  moderne.  Pour  cela,  il 
établit  avec  sagesse  qu'une  composition  moderne,  pour  être  admise  à  l'église,  doit 
posséder  une  réelle  valeur  artistique,  être  liturgique  et  écrite  dans  un  sentiment 
religieux. 

«  Aussi,  trouve-t-on  dans  le  répertoire  moderne  beaucoup  d'œuvres  très  acceptables 
à  l'église.  Cependant  il  y  a  un  choix  à  faire;  tel  Kyrie  d'une  messe  sera  convenable, 
tandis  que  son  voisin  le  Gloria  ne  le  sera  pas  du  tout.  Il  faut  donc  avoir  une  cer- 
taine science  et  un  goût  judicieux.  Mais  ceci  ne  doit  nullement  exclure  du  réper- 
toire de  nos  maîtrises  toute  la  musique  religieuse  moderne.  Ce  serait  une  abomi- 
nation, un  manque  total  de  goût  et  une  preuve  d'ignorance. 

«  Je  dois  avouer  aussi  que  j'ai  éprouvé  un  gros  désappointement  en  plusieurs  églises 
de  France  et  d'Italie. 

«  Le  mauvais  goût  dénoncé  parle  Saint-Père  en  igoS  règne  toujours  «  en  maître 
souverain  ». 

«  Cela  est  dû  sans  doute  au  petit  nombre  de  musiciens  et  de  chantres  aimant  réel- 
lement le  genre  d'église. 

«  La  musique  dramatique  a  toutes  les  prédilections,  absorbe  toutes  les  intelligences. 
On  passe  sa  vie  dans  l'étude  exclusive  de  la  musique  de  théâtre. 

«  Loin  de  moi  la  pensée  de  vouloir  qu'on  ignore  les  admirables  chefs-d'œuvre  qui 
abondent  dans  ce  genre  de  composition. 

«  Seulement,  je  déplore  à  l'église  le  manque  de  sentiment  religieux,  causé  par 
l'engouement  presque  général  de  l'unique  musique  dramatique. 

«  Une  autre  cause  qui  a  pu  retarder  en  quelques  endroits  les  progrès  du  chant 
sacré,  est  la  division  survenue  entre  les  grégorianistes,  lors  de  l'apparition  des 
éditions  rythmiques. 

«  Quand  les  divergences  d'opinions  auront  été  réglées  par  de  sages  discussions, 
une  seule  et  même  théorie^sortira  claire,  précise  et  définitive  du  rythme  grégorien. 
Alors  le  chant  de  saint  Grégoire  redeviendra  populaire  et  se  chantera  avec  intelli- 
gence dans  toutes  les  églises  de  la  chrétienté. 

«  Ces  remarques  ne  doivent  pas  éloigner  de  la  restauration  ceux  de  mes  confrères 
qui  sont  bien  intentionnés;  mais  elles  font  voir  que  les  mêmes  difficultés  existent  en 
Europe  comme  au  Canada.  Il  importe  donc  que  les  musiciens  d'église  se  groupent 
et  suivent  les  ordonnances  du  Motii  proprio,  qui  est  le  Code  de  l'esthétique  musi- 
cale religieuse. 

«  Seulement,  n'exagérons  pas.  Cultivons  avec  amour  le  chant  grégorien,  qui  doit 
toujours  avoir  sa  place  dans  nos  offices  liturgiques.  Que  les  maîtrises  bien  organisées 
chantent  souvent  de  cette  austère  et  pieuse  polyphonie  classique. 

«  Ce  sera  le  meilleur  remède  à  opposer  à  l'engouement  excessif  de  la  musique 
dramatique.  Mais  ne  chassons  pas  de  nos  églises  nos  compositeurs  modernes  qui 
veulent  travailler  comme  Palestrina  et  Vittoria  à  la  gloire  de  Dieu. 


—    229    ~ 

«  Dans  ce  but  si  louable,  cessons  nos  luttes  fratricides,  et  n'imitons  pas  en  cela 
nos  cousins  de  France.  Unissons-nous  dans  cette  année  si  célèbre  du  Congrès 
eucharistique  de  Montréal,  où  les  regards  du  monde  entier  sont  tournés  vers  le 
Canada.  Formons  une  espèce  de  confédération  canadienne  de  musique  religieuse. 
Nous  avons  ici  tous  les  éléments  voulus  :  Couture,  Fortier,  Lavallée-Smith,  Leton- 
dal,  P.  J.efebvre,  Cartier,  Pelletier,  Dussault,  Tremblay,  Gagnon,  Bernier  et  tant 
d'autres  qui  font  la  gloire  de  la  musique  canadienne. 

«  Alors,  nous  aurons  dépensé  nos  efforts  en  commun  pour  une  des  plus  nobles 
causes  :  la  restauration  de  la  musique  religieuse  moderne.  Musiciens  d'église,  nous 
aurons  travaillé  pour  l'église,  dans  la  pensée  de  l'église,  et  nous  aurons  fait  une 
œuvre  durable.  » 


((  Explication  de  la  lettre  qui  est  imprimée  dans 
le  cinquième  Livre  de  Madrigaux  de  Claudio 
Monteverde  )). 


[Suite  et  fin. 


Le  malheureux  ne  s'aperçoit  donc  pas  qu'en  essayant  de  paraître  pé- 
dagogue en  la  matière  aux  yeux  du  monde,  il  tombe  dans  l'erreur  de 
la  négation  des  tons  mixtes  ! 

Alors  l'hymne  des  apôtres,  qui  débute  dans  le  troisième  ton  et  finit 
par  le  quatrième,  se  trouverait  donc  dans  le  cas  de  celui  qui  frappe  tan- 
tôt sur  le  cercle,  tantôt  sur  le  bois  d'un  tonneau  ?  Il  en  serait  alors  de 
même  pour  Tintroït  Spiritus  Domini  replevit  or^bem  terrarum^  et  mieux 
encore  pour  le  Te  Deum  laudamus  1  Josquin  *  n'aurait-il  pas  été  un 
ignorant  ?  car  sa  messe  Fait  faut  Regre^,  commence  par  le  troisième 
ton  et  conclut  dans  le  second.  Et  le  madrigal  Nasce  la  pena  mia  ^,  de 
l'Eccell.  Striggio^  (dont  la  musique  considérée  d'après  les  règles  de  la 
première  «  prattica  »  peut  être  appelée  divine),  serait-il  aussi  une 
chimère?  Il  est  cependant  construit  dans  une  tonalité  composée  des 
premier,  huitième,  onzième  et  quatrième  tons  !  Et  le  madrigal  du  divin 
CiprianoRore  :  Quando  Signor  lasciaie^  qui  commence  par  le  onzième 
ton,  puis  gagne  vers  le  milieu  le  deuxième  et  le  dixième,  pour  conclure 
par  le  premier  ?  Quant  à  la  seconde  partie  du  madrigal,  elle  finit  dans 
le  huitième  ton  ! 

Tout  cela  semble  avoir  été  de  la  part  de  Cipriano  un  acte  bien 
futile  ! 

Comment  pourrait-on  alors  qualifier  Messer  Adriano,  qui  a  fait  dé- 
buter son  motet  Ne  proicias  nos  in  tempore  senectiitis  ^   par  le  premier 


1.  Josquin  de  Près, 

2.  Premier  livre  de  madrigaux  à  6  voix  (i56o),  qui  eut  jusqu'à  neuf  éditions,  la 
dernière  datant  de  1592. 

3.  Alessandro  Striggio,  né  vers  i535  à  Mantoue,  resta  au  service  des  Médicis  de 
I  56o  à  1  586  ou  i  Sgo.  A  part  deux  livres  de  madrigaux  à  6  voix,  cinq  livres  de  madri- 
gaux à  3  voix  à  éditions  nombreuses,  parmi  lesquels  le  fameux  Cicalainenlo  délie 
donne  al  bucato,  il  écrivit  des  intermèdes  tels  que  VAmico  fido,  etc.,  pour  les  fêtes 
données  à  Florence  en  i  569  et  1579. 

4.  «  Motets  à  cinq  voix  d'A.  Willaërt,  à  la  fin  du  premier  livre  »  {sic  !)  (iSBg).  Indi- 
cation donnée  ainsi  dans  le  texte  italien. 


—    33  I     — 

ton,  tandis  que  la  partie  médiane  se  trouve  dans  le  second,  et  la  fin  dans 
le  quatrième  ton  ? 

Mais  que  l'adversaire  lise  donc  le  chapitre  XIV  de  la  quatrième 
partie  des  Istutitioni  dn  Rev.  Zerlino  ;  car  c'est  là  qu'il  trouvera  matière 
à  s'instruire  ^. 

Et  croyei  que  le  compositeiu^  moderne  bâtit  sin-  les  fondements  de  la 
véiHté,  et  vive^  heiu^eux. 

Voilà  ce  qu'a  dit  mon  frère  en  dernier  lieu,  car  il  sait  bien  que  le  corn- 
positeur  moderne  n'observera  pas  et  ne  pourra  observer  les  règles  de  la 
«  prattica  »  ^  à  cause  de  la  suprématie  exercée  par  les  paroles. 

Et  lorsqu'un  art  est  accueilli  pour  ainsi  dire  à  bras  ouverts  par  le 
monde,  et  consacré  aussi  complètement  par  l'usage,  mon  frère  ne 
pourra  pas  croire  et  ne  croira  jamais  (quand  bien  même  ses  raisons  ne 
seraient  point  assez  bonnes  pour  soutenir  les  principes  de  vérité  qu'il 
avance)  que  le  monde  se  trompe,   mais   certainement   son  adversaire  3. 

Et  vivez  heureux  ! 

M.-L.  Pereyra. 


TEXTE   ORIGINAL 

DIGHIARATtONE    DELLA    LETTERA  STAMPATA    NEL    QUINTO     LIBRO 

DÉ  SUOI  MADRIGALI 

Tu  dalle  stampe  (alcuné  mesi  adietro)  publicatauna  letteradi  Claudio  Monteverde 
mio  Fratello  ;  la  quai  diede  materia,  onde  altri  s'affaticassero,  sotto  finto  nome  di 
un  Antonio  Braccini  da  Todi  di  far  la  parer  al  mondo  una  chimera  e  vanità  ;  ond'io 
spinto  si  dall  amore  che  porto  al  mio  Fratello,  ma  molto  più  délia  Verità,  che  in 
essa  lettera  si  contiene  ;  vedendo  lui  compiacentesi  d'attendere  a  fatti  poco  prezzar 
l'altrui  parole  ;  ne  potendo  soffrir  che  l'opère  sue  fossero  a  si  gran  torto  biasimate, 
ho  voluto  par  questa  volta,  rispondere  aile  oppositioni  fattele,  dichiarando  di  parte 
in  parte,  più  largamente,  quel  tanto  che  mio  Fratello  ha  in  detta  lettera  sotto  brevi 
termini  ristretto  ;  affinchè  quegli  conosca  e  chiunque  il  segue  la  verità  che  in  lei  si 
contiene,  esser  molto  différente  da  quel  chégli  nel  suo  discorso  dimostra.  Dice  adun- 
que  la  lettera  cosi. 

«  Non  vi  maravigliate  ch'io  dia  aile  stampe  questi  Madrigali  senza  prima  rispon- 
dere a  le  oppositioni  che  fece  l'Artusi»  per  l'Artusi  si  ha  da  intendere;  l'Artusi  overo 
délie  Imperfezioni  délia  moderna  musica,  libro  che  porta  in  fronte  questo  titolo  ; 
che  nuUa  prezzando  quel  civil  precetto  d'Horatio  :  «  Nec  tua  laudabis  studia  haud 
aliéna  reprendis  »  [Epist.,  lib.  I)  e  senza  alcuna  causa  dattali,  al  torto, perciô  dice  quel 
peggio  che  puô  di  alcune  compositioni  musicali  di  Claudio  mio  Fratello  :  a  Contro 
alcune  minime  particelle  d'essi  ».  Quelle  particelle  dette  da  l'Artusi  passagi  e  che  si 
veggono   cosi    lacerati    dal     detto   Artusi,   nel   ragionamento    secondo  ;    son    parte 

1.  Ce  chapitre  est  intitulé  :  Délie  Modi  communi  e  delli  Misti. 

2.  La  première  «  prattica  ».  Pour  Claudio  Monteverde,  la  composition  moderne 
est  donc  la  musique  dramatique,  c'est-à-dire  la  Seconde  «  prattica  »,  ou  bien  des 
perfections  de  la  musique  moderne. 

3.,«  Die  wahre  Kunst  ist  hoechste  Freiheit,  und  nur  die  hoechste  Freiheit  kann 
sie  aUs  sich  Kundgehen  kein  Befehl,  keine  Verordnung,  kurz  kein  ausserkuenst- 
lerischer  Zweck  kann  sie  entstehen  lassen.  »  (Richard  Wagner,  III,  i3.) 


—    2  32    

deU'armonia  del  Madregale  C)-uda  Amarilli  di  mio  Fratello,  e  l'armonia  di  esso 
parte  de  la  melodia  ond'è  composto,  percib  in  rispetto  al  tutto  di  che  consta  la  melo- 
dia  particelle  ha  quelli  nominati  e  non  passaggi. 

«  Perché  essendo  io  al  servitio  di  questa  Serenissima  Altezza  non  son  padrone 
di  quel  tempo  che  tall'hora  mi  bisognerebbe  »  ciô  ha  detto  mio  Fratello,  non  solo 
per  il  carico  de  la  musica  tanto  da  chiesa  quanto  da  caméra  che  tiene,  ma  per  altri 
servit!)  non  ordinarij  essendo  che  (servendo  a  Gran  Prencipe)  la  maggior  parte  del 
tempo  si  trova  occupaîa  hora  in  Tornei,  hora  in  Balletti,  hora  in  Comédie  e  in  varij 
Concetti,  e  finalmente  nel  concertar  le  due  Viole  bastarde,  il  quale  carico  e  studio, 
non  e  forsi  comune  come  si  potrebbe  dare  ad  intendere  l'oppositore  ;  e  non  tanto 
per  la  detta  ragione  e  vera  scusa  prodotta,  ha  tardato  e  va  tardando  mio  Fratello, 
ma  perché  conosce  ancorache:  «prospérantes  omnia  perverse  agunt  »  ;  e  che  il  bene 
non  sta  conil  presto,  conciosia  cosa  che  la  verità  délia  virtù  vol  tutto  l'homo,  e 
tanto  più  cercando  di  trattar  di  cosa  a  pena  tocca  di  lontano  da  intelligenti  teorici 
armonici,  e  non  come  ha  fatto  l'oppositore  di  cosa  ;  «  Nota  Lippis  atque  tonsoribus». 

«  Ho  nondimeno  scritta  la  risposta  per  far  conoscere  ch'io  non  faccio  le  mie  cose 
a  caso  »,  dice  mio  Fratello,  che  non  fa  le  sue  cose  a  caso  ;  atteso  che  la  sua  inten- 
tione  è  stata  (in  questo  génère  di  musicà)  far  che  l'oratione  sia  padrona  del  armonia 
e  non  serva;  e  in  questo  modo,  sarà  la  sua  compositione  giudicate  nel  composto  dél- 
ia melodia,  del  che  parlando  Platone,  dicequeste  parole  :  «  Melodiam  ex  tribus  con- 
stare  :  oratione,  harmonia,  Rithmo  »,  e  poco  più  abasso  :  «  Quin  etiam  (nel  terzo  de  Rep) 
consonum  ipsum  et  dissonum  eodem  modo,  quandoquidem  Rithmus  et  Harmonia 
orationem  sequuntur  non  ipsa  oratio  Rithmum  et  Harmoniam  sequitur  »,  dopô  (per 
dare  più  forza  all'oratione)  seguita  con  queste  parole  :  «  quid  vero  loquendi  modus 
ipsaque  oratio  nonne  animi  affectionem  sequitur  »?  e  poi  :  «  orationem  vero  cetera 
quoq.  sequuntur  »  ;  ma  in  questo  l'Artusi,  da  buon  maestro  piglia  certa  particelle  o 
passagi  (came  lui  dice)  del  Madregale  Gruda  Amarilli  dimio  Fratello,  nulla  curandosi 
dell'oratione,  tralasciandola  in  maniera  taie,  come  se  nulla  havesse  che  fare  con  la 
musica  ;  mostrando  di  poi  detti  passaggi  privi  de  la  sua  oratione,  del  tutto  de  la 
sua  armonia  e  del  suo  Rithmo,  ma  s'havesse  nelli  passaggi  notati  da  lui  per  falsi 
sposta  l'oratione  loro,  il  mondo  senza  altro  havrebbe  conosciuto  dove  è  trascorso  il 
suo  giudicio,  e  egli  non  havrebbe  detto  che  fosse  chimère  e  castelli  in  aria;  per  non 
essere  osservanti  interamente  de  le  regole  de  la  prima  pratica,  ma  délia  ragione 
sarebbe  certo,  se  sifacesse  il  simile  anco  de  li  Madregali  di  Gipriano  : 

Dalle  belle  contrade  ;    Se  ben  il  duol  ; 
Et  se  pur  mi  mantieni  amor  ; 
Poichè  m'invita  amore  : 
Un  crudel  acerba.  Un  altra  volta  ; 

e  finalmente  altri,  l'armonia  de  quali  serva  esattamente  alla  sua  oratione, 
che  certo  rimarebbono  come  corpi  senz'anima,  rimanendo  senza  questa, 
più  importante  e  principal  porte  de  la  Musica,  significando  l'oppositore  col 
sindicar  senza  l'oratione  questi  passaggi  ;  che  tutto  il  buono  e  il  bello,  si 
stia  nella  osservatione  esatta  de  le  dette  regole  di  prima  prattica  li  quali 
pongono  l'armonia  signora  dell'oratione  (come  ben  farà  vedere  mio  Fratello)  il 
quale  sapendo  al  sicuro  la  musica  (in  tal  génère  di  cantilena  come  questa  sua) 
versar  intorno  alla  perfettione  de  la  Melodia,  nel  quai  modo  l'armonia  considerata 
di  padrona  diviene  serva  al  oratione,  e  l'oratione  padrona  de  l'armonia,  al  quai  pen- 
samento  tende  la  seconda  prattica  overo  l'uso  moderno,  per  tal  fondamento,  vero 
promette  mostrare  contro  l'oppositore  che  l'armonia  del  Madregale  Gruda  Amarilli 
non  è  fatta  a  caso,  ma  si  bene  a  bel  arte  e  a  buono  studio  non  inteso  da  l'Aversario 
e  non  conosciuto  e  perché  mio  Fratello  promette  mostrare  con  la  prosa  ;  contro 
l'oppositore  in  rispetto  alla  perfettione  délia  melodia,  che  le  cose  scritte  da  l'Aver- 
sario non  sono  fondate  nella  verità  del  arte,  l'oppositore  anch'egli,  contro  al  Madre- 
gale di  mio  Fratello,  con  armonia  osservante  le  regole  de  la  prima  prattica,  cioè  non 
risguardante  alla  perfettione  délia  melodia,  nel  quai  modo  considerata  l'armonia,  di 


—  233  - 

serva  divien  padrona,  mostri  l'errore  d'altri  per  mezzo  délie  stampe  con  sitnile  atto 
pratico  ;  perché  ;  «  purpura  iuxta  purpuram  diiudicanda  »  ;  che  per  dir  solamente 
parole  contro  afatti  d'altri.  Horat,  2  :  «  Nil  agit  exemplum  litem  quod  lite  resoluit  ». 

E  lasci  all'hora  che  il  mondo  sià  poi  giudice,  e  non  mostrando  egli  fatti,  ma  dicendo 
solamente  parole,  e  i  fatti  essendo  quelli  che  lodano  il  Maestro,  mio  Fratello  ritro- 
verassi  a  meritar  la  Iode  e  non  egli,  che  si  corne l'amalato  nonpredica  laintelligenza 
nel  Medico  per  udirlo  solamente  trattare  d'Hippo.  E  di  Galeno,  ma  si  bene  all'hora 
quando  per  mezzo  del  suo  ragionamentc  ottiene  la  sanità,  cosi  il  Mondo  non  pre- 
dica  la  intelligenza  nel  Musico,  per  udirlo  far  maneggi  di  lingua,  sopra  gli  honorati 
theorici  armonici,  che  Timoteo  non  mosse  Alessandro  all'armi  in  cosi  fatta  guisa  ; 
ma  si  bene  col  canto,  o  questo  atto  prattico  invita  mio  Fratello  l'oppositore  e  non 
altripoichè  a  tutti  cède,  tutti  honora,  riverisce  ;  e  a  questo  l'invita  per  sempre,  per- 
ciô  che  vole  attendere  al  canto,  e  non  alla  prosa,  fuori  che  l'una  sol  volta  promessa, 
se  guitando  il  Divino  Cipriano  Rore,  il  Sigr  Principe  di  Venosa,  Emilio  Gavagliere, 
il  Conte  Alfonso  Fontanella,  il  Conte  di  Camerata,  e  il  Cavalier  Turchi,  il  Pecci,  e 
altri  Signori  di  quiesta  Eroica  scola,  e  non  attendere  aile  ciancie  e  chimère. 

((  Et  tosto  che  sia  rescritta  uscirà  in  luce  portando  in  fronte  il  nome  di  seconda 
pratica  »,  perché  intende  l'oppositore  far  contro  alla  Moderna  Musica,  e  diffendere 
la  vecchia,  le  quali  veramente  trovansi  différente  fra  di  loro,  (nel  di  adoperare  le 
consonanze,  e  dissonanze,  come  ben  farà  vedere  mio  fratello)  non  conosciuta  cotai 
differenzà  dall'oppositore,  per  maggior  chiarezza  adunque  del  vero,  sia  intesa  da 
tutti  quai  sia  l'una,  e  quai  sia  l'altra,  amendue  honorate  da  mio  fratello,  riverite,  e 
lodate  ;  alla  vecchia  ha  posto  nome  prima  prattica,  per  esser  primo  uso  pratticale,  e 
la  moderna  ha  nominato  seconda  prattica,  per  esser  seconde  uso  pratticale  ;  prima 
prattica  intende  che  sia  quella  che  versa  intorno  alla  perfezione  dell'armonia  ;  cioè 
che  considéra  l'armonia  non  comandata,  ma  comandante,  e  non  serva  ma  Signora 
dell'orazione,  e  questa  fu  principiata  da  quel  primi  che  ne  nostri  caratteri  composero 
le  loro  cantilene  a  più  di  una  voce,  seguitata  poi,  e  ampliata,  da  Occhegem,  Josquin 
Depres,  Pietro  délia  Rue,  lovan  Motton,  Crequillon,  Clemens  non  Papa,  Gombert, 
e  altri  di  que  tempi  perfezionata  ultimamente  da  Messer  Adriano  con  l'atto  prattico, 
e  dall  Eccellentissimo  Zerlino  con  regole  giudiciosissime  :  Seconda  prattica,  délia 
quale  è  stato  il  primo  rinnovatore  ne  nostri  caratteri  il  divin  Cipriano  Rore,  come 
ben  farà  vedere  mio  Fratello,  seguitata  e  ampliata,  non  solamente  da  li  Signori 
detti,  ma  dall'  Ingegneri,  dal  Marenzo,  da  Giaches  V.  Vert,  dal  Luzzasco,  e  pari- 
menti  da  Giacopo  Péri,  da  Giulio  Caccini,  e  finalmente  da  li  spiriti  più  elevati,  e 
intendenti  de  la  vera  arte,  intende  che  sia  quella  che  versa  intorno  alla  perfezione 
délia  melodia,  cioè  che  considéra  l'armonia  comandata,  e  non  comandante,  e  per 
signora  dell'armonia  pone  l'orazione,  per  cotali  ragioni  alla  detta  Seconda  e  non 
nova  ;  ha  detto  prattica  e  non  Theorica  perciô  che  intende  versar  le  sue  ragioni 
intorno  al  modo  di  adoperar  le  consonanze,  e  dissonanze  nell'atto  prattico,  non 
ha  detto  instituzioni  Melodiche,  perciô  che  egli  confessa  non  esser  soggetto  cosi 
grande  impresa,  ma  lascia  al  Cavaglier  Ercole  Bottigari,  e  al  Rêver.  Zerlino  il  com- 
ponimento  di  cosi  nobili  scritti,  che  perciô  disse  instituzioni  Armoniche,  perché 
voile  insegnare  le  leggi  e  le  regole  dell'armonia,  ma  mio  Fratello,  ha  detto  Seconda 
prattica,  cioè  secondo  uso  pratticale,  perché  vol  servirsi  délie  considerazioni  di 
questo  uso,  cioè  délie  considerazioni  melodiche,  e  ragioni  sue,  adoperando  quel 
tanto  di  loro  solamente,  che  a  lui  appartiene  per  diffendersi  dall'oppositore. 

«  Ovvero  perfezioni  délia  moderna  musica.  » 

Pla.  Gor.  in  princi:  chiamer  alla  perfezioni  délia  moderna  musica,  mosso  dall' 
autorità  di  Platone  che  dice  :  «  Nonne  e  Musica  circa  perfectionem  melodiae  ver- 
sa vit  ?» 

«  Dal  che  forse  alcuni  si  ammireranno  non  credendo  che  vi  sia  altra  prattica  che 
la  insegnata  dal  Zerlino  »,  ha  detto  «  alcuni  »,  e  non  tutti,  per  solamente  intendersi 
l'oppositore,  e  suoi  seguaci,  ha  detto  «  si  ammireranno  »,  perché  sa  al  sicuro  mio 
Fratello  questi  essere  privi  non  solamente  délia  cognitione  délia  seconda  prattica, 
ma  gran  parte  ancora  délia  prima  (come  ben  farà   vedere)  non  credendo  che  via  sia 


—  234  — 

altra  prattica  che  la  insegnata  dal  Zerlino,  cioè  non  credendo  che  visia   altra   prat- 
tica  che  quella  di  Messer  Adriano,  che  d'altra  prattica 

Primo  libro  e  Primo  Cap  :  ne  Suppli  :  il  Rêver.  Zerlino  non  s'intende  traltare  corne 
bene  affirma  dicendo  ;  non  fu  mai;  ne  anco  è  mià  intenzione  di  scrivere  l'uso  délia 
prattica,  facendo  il  modo  de  li  Antichi,  o  Greci,  o  Latini  se  bene  a  le  fiate  la  vb 
adombrando  ;  ma  solamente  il  modo  di  quelli,  che  hanno  ritrovato  questo  nostra 
maniera,  nel  far  cantare  insieme  moite  parti,  con  diverse  modulazioni  e  diverse  arie, 
specialmente  secondo  la  via  e  il  modo  tenuto  da  Messer  Adriano  ;  Si  che  dunque 
l'istesso  Rêver.  Zerlino  confessa,  non  essere  quai  una  verità  e  sola  de  la  pratica  la  sua 
insegnata,  e  percio  mio  Fratello  intende  servirsi  de  le  ragioni  insegnate  da  Platone 
e  pratticate  dal  Divino  Cipriano  e  dall'uso  moderno  differentemente  dalle  insegnate, 
e  determinate  dal  Rêver.  Zerlino,  e  pratticate  da  Messer  Adriano. 

«  Ma  siamo  sicuri  che  intorno  aile  consonanze  e  dissonanze  »  ma  l'oppositore  e 
suoi  seguaci,  siano  sicuri,  che  intorno  aile  consonanze  e  dissonanze,  cioè  che  intorno 
al  modo  di  adoperar  le  consonanze  e  dissonanze. 

«  Vi  è  anco  una  consideratione  différente  délia  determinata  »  per  la  conside- 
ratione  determinata  che  versa  intorno  al  modo  di  adoperare  le  consonanze,  e 
dissonanze  ;  intende  mio  Fratello,  quelle. Regole  del  Rêver.  Zarlino,  che  nel  terzo 
délie  sue  Istitutioni  si  vedono  ;  le  quali  tendono  mostrare  la  perfettione  prat- 
ticale  dell  armonia,  e  non  de  la  melodia,  (come  ben  si  scopre  questa  da  li  esempi 
musicali  suoi  in  quel  luoco)  li  quali  mostrando  in  atto  prattico,  il  contenuto  de 
li  detti  document!,  e  leggi,  si  vedono  senza  riguardo  di  oratione  ;  percio 
mostrano  l'armonià  esser  signora,  e  non  serva  ;  per  il  che  provera  il  mio  Fratello 
all'oppositore  e  a  suoi  seguaci,  l'armonià  serva  all'oratione,  nel  modi  di  adoperar  le 
consonanze,  e  dissonanze,  non  essere  determinata  nel  modo  suddetto,  percio  questa, 
différente  da  quella  in  questa  parte, 

«  La  quale  con  quietanza  délia  ragione,  e  del  senso,  difende  il  moderno  com- 
porre  ». 

Con  «  quietanza  délia  ragione»;  perciocchè  appoggierassi  sopra  le  consonanze  e 
dissonanze  délia  mattematica  aprobate,  percio  ha  detto  intorno  al  modo  di  adope- 
rarle,  e  appoggierassi  parimenti  sopra  il  comando  dell'oratione,  signora  principale 
dell'arte,  uella  perfezione  délia  melodia  considerata  (come  afferma  Platone  nel  terzo 
de  R.  P.)  percio  ha  detto  seconda  prattica,  «  con  quietanza  del  senso  »,  perciocchè  il 
composto  di  oratione  comandante  il  Ritmo  e  armonia  servente  a  lei  (edico  servente 
che  non  vale  il  composto  solo  a  perfectionare  la  melodia)  muovono  le  affetioni 
dell'animo;  nel  Tim.  a  cap.  XXX,  e  ecco  Platone  :  «  solo  enim  melodia  ab  omnibus 
quotcunq;  distrahum  animum  retrahens  contrahit  in  se  ipsum,  »  e  non  l'armonià  sola, 
sia  pure  perfetta  quanto  si  vuole,  e  confessa  il  Rêver.  Zarlino  con  queste  parole. 

A  cap.  VII,  nella  seconda  parte  de  le  Insti.  Se  noipigliamo  la  semplice  armonia  senza 
aggiungerle  alcuna  cosa  non  ha  vera  possanza  alcuna,  di  fare  alcuno  effetto  estrinseco, 
e  aggiunge  più  a  basso,  prépara  e  dispone,  ad  un  certo  modo  intrinsecamenîe  alla 
allegrezza,  overo  allamestizia,  ma  non  induce  pero  ad  esprimere  alcuno  effetto  estrin- 
seco. 

«  Et  questo  ho  voluto  dirvi  si  perché  questa  voce  seconda  prattica  tall'hora  non 
fosse  occupata  da  altri  »,  ha  fatto  sapere  al  mondo  mio  Fratello  questa  voce  essere 
sicuramente  sua,  e  ciô  che  si  sappia,  e  si  concluda  che  quanto  l'avversario  disse 
secondo  Artusi  queste  parole  ;  seconda  prattica  che  si  pub  dire  ogni  verità  essere  la 
feccia  de  la  prima,  che  cib  disse  per  dir  maie  de  le  opère  di  mio  Fratello  è  che  fu 
nell'anno  i6o3,  nel  quel  tempo  propose  mio  Fratello,  d'incominciare  a  scrivere  per 
difendersi  del  oppositore,  che  a  pena  questa  voce  seconda  prattica  ei  si  era  lasciato 
uscire  di  bocca,  indi  cio  vero,  che  vorrebbe  potere  l'avversario,  lasciare  nella  istessa 
aria,  non  che  in  iscritto,  le  parole  di  mio  Fratello,  e  le  sue  note  insieme;  e  per  quai 
causa  poi  ?  diccalo  chi  lo  sa,  vedalo  chi  lo  pub  trovare  in  carta,  ma  perché  si  stu- 
pisce  l'avversario,  in  quel  suo  discorso,  sopra  a  cio  dicendo.  Ve  ne  mostrate  tanto 
geloso  di  questo  nome,  che  temete  non  vi  rubbano.  —  Quasi  voglia  dire  in  suo  lin- 
guaggio,  non  occorre  che  temiate  di  rapina  taie,  perché  non  sete  soggetto  mérite- 


—    2?5    ~ 

vole  da  essere  knitato,  non  che  rubato  ;  li  faccio  sapere  che  se  si  havesse  a  conside- 
rare  la  cosa  per  questo  verso,  havrebbe  non  pochi  argomenti  in  suo  favore,  mio 
Fratello,  in  particolare  per  il  canto  alla  francese  in  questo  modo  moderno  che  per 
le  stampe  da  tre  o  quattro  anni  in  qua  si  va  mirando,  hor  sotto  a  parole  di  motetti, 
hor  de  madrigali,  hor  di  canzonette,  e  d'arie,  chi  fu  il  primo  di  lui  che  lo  riportasse 
in  Italia  di  quando  vanne  da  li  bagni  di  Spà  l'anno  iSgg  ?  E  chi  incomincib  a  porlo 
ad  oratione  latine  e  volgari  -nella  nostra  lingua,  prima  di  lui  ?  non  fece  questi 
scherzi  all'hora  ?  dunque  ;  vi  sarebbe  che  dire  in  suo  prb  ;  e  di  più  ancora  (s'io 
volessi)  per  altre  cose  ;  le  quali  mi  taccio  perché  corne  ho  detto,  la  cosa  non 
si  ha  da  intendere  per  questo  verso  ;  chiameralla  seconda  prattica  in  quanto  al 
modo    di  adoperarla,  che  in  rispetto  all'originale  si  potrebbe  dir  prima. 

«  Si  perché  anco  l'jngegnosi  possino  fra  tanto  considerare  altre  cose  intorno  all'ar- 
monia.  » 

«  Altre  »,  cioè  non  star  fermi  nel  credere  che  tutto  il  bisogno  dell'arte,  in  altro 
luogo  non  siaper  ritrovarsi,  che  solamente  nel  comando  de  le  regole  di  prima  pra- 
ttica, perché  l'armonia  sarebbe  sempre  una  in  tutti  li  generi  di  cantilene,  essendo 
terminata,  e  cosi  non  potrebbe  servire  al  oratione  perfettamente,  seconde  cose,  cioè 
cose  versanti  intorno  alla  seconda  prattica  o  vero  alla  perfetione  délia  melodia  ; 
Intorno  all'armonia,  cioè  intorno  non  aile  particelle  délia  cantilena  solamente  ma 
allô  suo  frutto;  che.se  havesse  in  tal  guisapensato  l'oppositore l'armonia  del  Madri- 
gale  O  Mirtillo  di  mio  Fratello,  non  havrebbe  in  quel  suo  discorso  detto  quelle 
esorbitanze  intorno  al  tuono  di  esso,  se  ben  pare  che  parla  in  générale,  havendo 
detto. 

Ha  parimenti  ragionato  l'Artusi  e  dimostrato,  la  confusione  che  apportano  aile 
cantilene  quelli  che  incominciano  di  un  tuono  ;  se  guitando  di  un  altro  al  fine  ter- 
minando  di  quello  che  totalmente  e  del  primo  e  secondo  pensiero  lontano,  il  che 
è  come  sentire  un  pazzo  ragionare,  il  quale  dia  un  colpo,  come  si  dice,  hor  sopra  al 
cerchio  e  hor  sopra  la  botte  ;  poverello  e  non  s'avvede,  che  mentre  vol  mostrarsi  al 
mondoregolato  precettore,  cade  nel  terrore  del  negareli  tuoni  misti,  le  quali  (e  non 
vi  fossero  «  l'Inno  de  li  Apostoli  »  che  incomincia  del  terzo,  e  finisce  del  quarto,  non 
darebbe  hor  sopra  al  cerchio,  e  hor  sopra  la  botte  e  parimente  l'Introito  «  Spiritus 
Domini  replevit  orbem  terrarum  ?   »  e  maggiormente  il    (v    Te    Deum   laudamus  ?  » 

Josquinb  non  sarebbe  stato  un  ignorante,  ad  haver  incominciato  la  messa  sua 
«  Fait  faut  Regrez  »  nel  terzo,  e  finita  nel  secondo?  «  Nasce  la  pena  mia  jj  del  Ecel. 
Striggio,  l'armonia  del  quai  canto  (nella  prima  prattica  considerata)  ben  si  pub 
chiamar  divina  ;  non  sarebbe  una  chimera,  essendo  fabricata  sopra  d'un  Tono  che 
consta  di  primo,  di  ottavo,  di  undecimo  e  di  quarto?  Il  Madrigale  del  Divino  Ci- 
piianoRore,((  Quando  Signor  lasciate»  che  incomincia  del  undecimo  nel  mezzoscorre 
nel  secondo,  e  decimo,  e  la  fine  conclude  nel  primo,  e  la  seconda  parte  nel  ottavo  ; 
non  sarebbe  stata  questa  di  Cipriano  una  vanità  ben  leggera  ?  e  Messer  Adriano 
che  si  chiamerebbe  egli  ad  aver  principiato,  «  Ne  proicias  nos  in  tempore  senec- 
tutis  (Motetto  a  cinque  che  si  trova  nella  fine  del  suo  primo  libro)  del  primo  tuono, 
e  il  mezzo  fattolo  dal  secondo,  e  la  fine  del  quarto  ?  ma  che  legga  il  Rêver.  Zarlino 
l'oppositore  nel  quarto  de  le  Istitutioni,  a  cap.   xiv,  che  imparerà. 

«  Et  credete  che  il  moderno  Gompositore  fabrica  sopra  li  fondamenti  délia  verità 
et  vivete  felici  »,  questo  ha  detto  mio  Fratello  ultimamente,  perché  sapendo  che  il 
comporre  moderno  non  osserva,  e  non  pub  osservare,  in  virtù  del  comando  dell'ora- 
tione,  le  regole  de  la  prattica  ;  e  porre  cotai  modo  di  comporre,  vien  dal  mondo 
abbraciato,  in  maniera  taie  che  uso  con  giusta  ragione  si  pub  chiamare,  percib  non 
puô  credere,  ne  credera  mai,  quando  anco  le  ragioni  sue,  non  fossero  bone,  per 
sostentamento  délia  verità  di  cotai  uso  che  il  mondo  s'inganni,  ma  si  bene  l'oppo- 
sitore e  vivete  felici. 


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PETITE   CORRESPONDANCE 


N.  B.  —  //  est  répondu  dans  cette  rubrique  aux  demandes  de  renseignements  suscep- 
tibles d'intéresser  nos  lecteurs.  La  réponse  sera  donnée  ici  même,  sauf  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  une  réponse  personnelle. 

En  raison  des  nombreuses  demandes  de  renseignements  qui  nous  sont  adressées  par 
nos  abonnés  ou  autres  personnes,  il  ne  nous  sera  possible  de  répondre  personnellement 
désormais  quaiix  lettres  qui  contiendront  o  fr.  3o  en  timbres-poste. 

Dans  cette  rubrique,  nous  insérerons  volontiers  au  titre  Demandes  les  questions  qui 
nous  seront  envoyées  par  nos  abonnés.  Les  personnes  autres  voudront  bien,  pour  frais 
d'insertion,  joindre  o  fr.  3o  à  leur  demande. 


Demandes. 

Est-il  permis  déchanter  en  français  pendant  la  bénédiction  solennelle  du  Très- 
Saint-Sacrement,  et  pourrait-on  organiser  un  programme  ainsi  :  i»  O  salutaris  ; 
20  chant  français  ;  3»  Tantum  ?  —  A.  L.  L. 

M.  Ph.  de  Brémond  d'Ars,  notre  abonné,  nous  écrit  qu'il  a  découvert  à  Orgelet, 
dans  le  Jura,  «  un  orgue  ancien  dont  l'unique  clavier  est  enfermé  dans  un  placard, 
de  sorte  que,  pour  jouer,  on  ouvre,  non  pas  un  couvercle,  mais  deux  battants. 
Quelqu'un  de  compétent  pourrait-il  me  dire  si  cette  disposition  constitue  un  carac- 
tère d'une  certaine  époque,  et  de  laquelle  ?» 

Nous  confions  cette  demande  à  ceux  de  nos  amis  qui  s'occupent  spécialement 
d'orgues. 

Réponses. 

A.  L.  L.  —  Votre  question  comprend  trois  points  :  i"  ce  qui  regarde  la  bénédic- 
tion du  Très-Saint-Sacrement  ;  2°  ce  qui  regarde  l'exposition  et  3o  ce  qu'on  nomme 
en  nos  pays  «  salut  ».  Or,  la  bénédiction,  solennelle  ou  non,  du  Très-Saint-Sacre- 
ment ne  comprend  liturgiquement  qu'uN  seul  chant,  qui  est  le  Tantum  ergo.  On 
peut  néanmoins  —  et  c'est  l'usage  à  Rome,  —  faire  précéder  ce  chant  d'un  autre  : 
le  plus  souvent,  ce  sont  les  litanies  de  la  sainte  Vierge,  et  alors,  tandis  que  les 
chantres  entonnent  Kyrie  eleison,  on  apporte  à  l'autel  et  on  expose  le  Très- 
Saint-Sacrement.  En  France  et  en  quelques  pays,  on  a  pris  l'habitude  de  joindre 
cette  bénédiction  à  la  très  ancienne  dévotion  des  «  saluts  »  ;  l'ordre  en  est  habituel- 
lement, pour  chaque  diocèse,  réglé  par  l'Ordinaire,  et  si,  autrefois,  on  y  chantait 
aussi  bien  en  langue  vulgaire  qu'en  latin,  cette  coutume  est  disparue.  Mais  si  l'on 
expose  simplement  le  Saint-Sacrement,  sans  autre  fonction  liturgique,  rien 
n'empêche  ensuite  d'employer  la  langue  vulgaire,  et,  vers  la  fin  de  la  réunion  pieuse, 
alors  seulement  arrivent  les  officiants,  tandis  qu'on  commence  le  Tantum  ergo. 


Nouvelles  Publications  du  Bureau  d'Édition 


Abbé  P.    Chassang,    Messe  de  Saint-Philippe,  à  trois  voix  égales  et    orgue, 
partition,  2  fr.  5o;  parties  de  chœur,  o,5o. 

On  demandait  depuis  longtemps  des  Me^^f'^  pratiques  à  voix  égales.  La  Messe  de 
Saint-Philippe,  de  M.  l'abbé  P.  Chassang,  un  de  nos  plus  anciens  auteurs,  comble 
cette  lacune.  Ecrite  pour  trois  voix  égales,  trois  voix  d'hommes  de  préférence,  elle 
s'adresse  spécialement  aux  collèges  et  séminaires.  Son  exécution  est  assez  simple  : 
le  Credo,  alterné  avec  le  plain-chant,  sera  certainement  goûté  particulièrement,  et 
l'effet  général  de  l'œuvre  est  tout  à  fait  excellent. 

Chants  en  l'honneur  du  Très-Saint-Sacrement,  de  la  sainte  Vierge,  des 
Défunts,  petites  feuilles  en  notation  grégorienne,  l'unité,  0  fr.  10,  la  douzaine, 
1  franc.  Remises  par  grande  quantité. 

Les  petites  feuilles  déjà  éditées  par  la  Schola,  telles  que  la  «  Gantilène  à  sainte 
Cécile  )),les  deux  motets  grégoriens  modernes,  l'ancienneprose  Veneremurvirginem, 
et  particulièrement  les  Tracts  grégoriens  si  pratiques  pour  la  propagande,  s'enri- 
chissent aujourd'hui  de  publications  nouvelles.  Quatre  feuilles  àO  fr.  10  viennent 
d'être  éditées,  comprenant  uniquement  des  chants  antiques,  pour  la  plupart  inédits 
et  qui  méritent  de  reprendre  leur  place  dans  le  répertoire  grégorien.  Viennent  de 
paraître  les  numéros  IV,  chants  grégorien,  mozarabe  et  ambrosien  du  Gustate, 
etc.  ;  V,  anciens  versets  et  tropes,  Sanctorum  exaltatio;  Fons  indeficiens  ;  Celsa 
nunc  omnes,  etc.  ;  VI,  la  célèbre  antienne-  5w&  tuam  protectionem,  avec  ses  quatre 
mélodies  anciennes,  la  litanie  O  Mater  Dei,  l'hymne  Eva  nos  ;  no  VU,  pour  les  dé- 
funts, antienne  antique  avec  versets  Anima  mea,  versets  Qiiid  ego,  etc. 


BIBLIOGRAPHIE 


Amédée  Gastoué  :  Traité  d'harmonisation  du  chant  grégorien,  sur  un  plan 
nouveau,  in-8°  de  i3o  pages, 6  fr.;  Janin  frères,  lo,  rue  Président-Garnot,  Lyon. 

Ge  traité,  conçu  sous  une  forme  nouvelle  et  un  plan  aussi  nouveau,  qui  nous 
était  annoncé  depuis  quelque  temps,  vient  d'être  publié.  Je  ne  me  bornerai  pas  à  le 
signaler  avec  éloges,  comme  j'en  ai  déjà  cité  d'autres  ici.  Ge  traité  mérite  une  atten- 
tion spéciale,  à  divers  titres,  par  la  liberté,  l'indépendance  et,  en  même  temps,  la 
correction  liturgique  dont  il  fait  preuve.  Gombien  d'auteurs,  en  effet,  confondent 
cette  dernière  qualité  avec  le  maintien  entêté  de  certaines  formules,  et  certains 
usages  qui  ne  sont  que  la  perpétuation  d'idées  fausses  et  d'interprétations  surannées  ! 
Et  lorsque  la  pédagogie  hargneuse  vient  s'enter  là-dessus,  il  en  résulte  ces  tom- 
bereaux de  musique  lourde,  ennuyeuse,  sans  repos,  sans  clarté,  roulant  pesam- 
ment dans  l'ornière  du  convenu  avec  leurs  incoercibles  quatre  parties,  comme 
quatre  roues  embourbées. 

M,  Gastoué  en  juge  et  en  disserte  autrement.  Et  je  ne  saurais  trop  conseiller  à 
beaucoup  de  lire  (pages  69  et  suivantes)  ce  qu'il  dit  à  ce  sujet.  C'est  la  sagesse,  l'in- 
tuition et  le  «  goût  »  mêmes. 

Puisse  ce  chapitre  être  lu  et  compris,  et  qu'on  n'entende  plus  tant  de  gens  consi- 
dérer l'unisson  comme  de  la  musique  profane  (cela  m'a  été  dit,  et  si  je  divulguais 
par  qui  !!)  et  un  arrêt  quelconque  dans  les  quatre  parties  scolastiques  comme  une 
défaillance,  une  paresse,  une  tiédeur,  ou  un  manque  de  talent  (ce  qui  m'a  égale- 
ment été  dit!). 

On  lira  aussi  avec  le  plus  grand  fruit  tout  le  chapitre  commençant  page  79,  con- 
cernant le  style  de  l'harmonisation.  A  citer  aussi  l'appendice,  qui  met  parfaitement 
les  choses  au  point  au  sujet  du  chromatique,  du  rôle  de  l'orgue,  de  l'interprétation 
large  —  du  Motu  proprio  qui,  du  commencement  à  la  fin,  est  une  prescription 
—  large  —  dont  la  compilation  —  étroite  —  aboutit  aux  deux  extrêmes  de  la  —  lett?-e  — 
rendue  sotte  à  force  d'observance  au  delà  de  ce  qu'elle  exige,  ou  du  pharisaïsme 
subtil  pourr  s'en  dégager. 

Geux  qui  cultivent  particulièrement  la  composition  d'orgue  liront  avec  grand  pro- 
fit tout  ce  qui  est  exprimé  page  128  (et  qu'on  croie  bien  que  je  ne  le  dis  pas  ici 
parce  que  M.  Gastoué  me  fait  l'honneur  de  m'y  citer). 

Enfin,  et  c'est  par  cela  que  je  termine,  je  vois  dans  ce  traité  la  définition  vraie  des 
grammes  grégoriennes,  le  seule  qui  soit  logique,  et  qui  se  rattache  aux  théories  de 
Niedermeyer  et  aux  exemples  de  Gigout,  n'hésitant  pas  devant  les  si  bécarres  quand 
ils  se  trouvent,  ni  devant  le  sol  non  dièse  du  troisième  ton.  Que  de  lances  n'ai-je 
pas  rompues  ici  même  à  ce  sujet?  Que  d'encre  n'ai-je  pas  versée  à  soutenir  des  con- 
troverses pour  attaquer  comme  liturgiquement  monstrueuse  la  cadence  en  jni  majeur 
(50/ fl  )  donnant  à  ce  malheureux  troisième  ton,  le  plus  beau  de  tous,  une  parenté 
dégénérée  avec  notre  la  mineur.  J'y  mets  donc  un  amour-propre  que  l'on  me  par- 
donnera, à  voir  enfin  une  plume  autorisée  comme  celle  de  M.  Gastoué  venir  à 
mon  aide  pour  arracher  à  l'esprit  de  quelques-uns  cette  dernière  ivraie  harmo- 
nique^ 


—   3.'' 9   — 

Dois-je,  pour  finir,  exprimer  non  une  critique,  mais  un  regret  ?  J'aurais  voulu,  au 
chapitre  traitant  des  modes,  un  tableau  synoptique.  Niedermeyer  en  mit  un  dans 
son  traité,  mais  il  eut  le  tort  de  vouloir  le  faire  trop  complet  et  d'y  faire  figurer  des 
tons  qui  pourraient  exister,  mais  qui,  en  fait,  ne  sont  pas  dans  la  pratique. 

Et  j'ajouterai  (ceci  est  une  opinion  personnelle)  qu'un  tableau  synoptique  de  ce 
genre  aiderait  peut-être  à  prouver  ou,  du  moins,  à  argumenter  que  les  clefs  d'ut  ou  de 
fa  n'étaient  point  autrefois  arbitrairement  spécifiées,  mais  bien  étaient  définies  à  l'in- 
tention des  voix  aiguës  (ténors)  ou  des  voix  graves  (basses);  les  authentiques  réservés 
par  les  ténors,  les  plagaux  pour  les  basses.  M.  Gastoué  l'indique  un  peu  au  27  bis 
de  la  page  43.  Mais  ma  conviction  (personnelle)  est  qu'il  y  avait  là  une  règle,  et 
qu'il  y  aurait  grand  intérêt  à  la  suivre  et  à  ne  pas  transposer,  à  tort  et  à  travers, 
comme  on  le  fait  constamment. 

Que  dirait-on,  si  on  pensait  que,  dans  sept  ou  huit  siècles,  nos  partitions  actuelles 
seraient  chantées  sans  tenir  compte  des  tessitures,  mêlant  indifféremment  les  soprani 
et  les  barytons,  les  contrebasses  et  les  petites  flûtes? 

Lisez  le  traité  de  M.  Gastoué  et  vous  aurez  beaucoup  appris. 

F.  DE  La  Tom belle. 

Abbé  F.  Brun  :  les  Saluts  grégoriens,  collection  de  pièces  grégoriennes 
publiées  pâvla.  Revue  du  chant  grégorien,  harmonisées  pour  orgue;  10  livraisons, 
chacune,  2  fr.  net.  Janin  frères,  éditeurs,  Lyon. 

Ces  saluts,  qui  viennent  de  paraître  chez  Janin  frères,  éditeurs  à  Lyon,  forment 
une  collection  divisée  en  dix  séries  et  publiée  par  livraisons.  Les  accompagnements 
de  M.  l'abbé  Brun  sont  parfaitement  corrects,  harmonieux  et  musicaux  ;  j'insiste  sur 
cette  dernière  qualité.  Ces  pièces,  dont  les  unes  sont  extraites  de  l'Édition  Vaticane, 
les  autres  tirées  du  répertoire  antique,  ou  composées  par  le  Rme  D.  Pothier,  ont 
été  publiées  sans  accompagnement  par  la  Revue  du  chant  grégorien  sous  le  titre  de 
«  Petites  feuilles  grégoriennes  ».  C'est  donc  cet  accompagnement  que  publie  .aujour- 
d'hui l'abbé  Brun.  Il  a  sa  place  sur  tous  les  pupitres  de  maîtrise  lorsque  l'on  voudra 
faire  de  la  bonne  musique  grégorienne. 

F.  DE  La  Tombelle. 


NOUVEAUTES  A  SIGNALER 


Édition  L.-J.  Biton,  de  Saint-Laurent-sur-Sèvre  :  O.  van  Durme,  Missa  in  hono- 
rem  B.  M.  V.  Reginae  Cordium,  Messe  en  l'honneur  de  Marie,  reine  des  cœurs  », 
à  2  ou  3  voix  égales,  ou  4  voix  mixtes,  avec  orgue,  n»  22  des  Selecta  opéra,  2  fr.  ; 
voix  seules  0  fr.  40.  — F.  de  La  Tombelle,  Jérusalem,  cantate  à  4  voix  mixtes  ou 
4  voix  d'hommes  et  chœur  d'enfants  ad  libitum,  avec  orgue  (ou  orchestre),  6  fr.  ; 
parties  séparées,  0  fr.  25. 

Édition  Bertarelli  :  P.  Branchina,  Litanies  de  saint  Joseph,  à  2  voix  égales  avec 
accompagnement,  1  fr.  25.  —  Bottigliero,  Tantum  ergo,  à  2  voix  égales  avec 
accompagnement,  0  fr.50.  —  Terrabogio,  Elevapoite,  pour  harmonium,  0  fr.  25. 

Nous  venons  de  recevoir  le  Chant  choral,  recueil  de  mélodies  et  d'exercices 
scolaires,  par  M.  J.  Combarieu  ;  le  prochain  numéro  en  contiendra  un  compte 
rendu. 

LES  REVUES    {articles  à  signaler)  : 

Courrier  musical,  no  i5.  —  H.  Kling  :  L'ouverture  tf'Iphigénie  en  Aulide  de  Gluck, 
avec  le  finale  attribué  à  Mozart. 

Revue  du  chant  grégorien,  n°  6.  —  Dom  Pothier  :  Répons  Discubuit  Jésus  de 
l'office  cistercien  du  Très-Saint-Sacrement.  —  Mgr  Fuzet  :  De  la  participation  des 
fidèles  au  chant  dès  offices. 


—  240   — 

Musical  times,  n°  8r  2.  —  Arthur  T.  Froggatt  :  La  Viola  (l'alto)  [contribution  à  l'é- 
tude historique  et  à  l'emploi  de  cet  instrument  depuis  le  xvie  siècle].  —  Grattan 
Flood  :  Lettre  sur  La  religion  du  Z)r  Ariie,  l'auteur  célèbre  du  Rule  Britannia  ; 
Arne  était  catholique,  et  fut  organiste  de  la  petite  chapelle  de  Lincoln's  Inti  Field 
entre  1756  et  1764  environ,  la  seule  que  les  barbares  lois  contre  les  catholiques 
aient  laissée  ouverte  à  cette. époque. 


NOTRE   ENCARTAGE 


Chants  anciens  au  Trés-Saint-Sacrement  et  à  la  sainte  Vierge. 

Pour  faire  suite  aux  petites  feuilles  déjà  éditées  par  le  Bureau  d'Édition,  M.  Gas- 
toué  a  transcrit  et  publié  les  chants  dont  nous  parlons  plus  haut.  Nous  offrons 
aujourd'hui  à  nos  lecteurs  un  spécimen  de  ces  chants  antiques,  en  grande  partie 
inédits,  qui  sont  appelés  au  succès  pratique  le  plus  grand. 


Le   Gérant  :    Rolland. 


Poitisrs.  -  Société  trançaise  d'Imprimerie 


Seizième  Année  N°  11  Novembre  1910 

LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 

REVUE    MUSICOLOGIQUE 

DE    LA 

9cl)ola    (Eantorum 

ABONNEMENT  COMPLET  :  $  BUREAUX    :  i     ABONNEMENT  RÉDUIT  : 

(Revue  avec  Supplément  et  Encartaqc  \       ^  c    ■    j    t  ^      \       (Sans   Supplément   ni    Encarlaqc 

de  Musique)  269,     rue    Saint- Jacques,    269  de  Musique)  _ 

France  et  Colonies,  Belgique.     10  fr.  |  paris  (v«)  |  pom  MM.  les  Ecclésiastiques, 

Union  Postale  (autres  pays).    11  fr.  \  |      les  Souscripteurs  des  h  Amis 

j      .,  ,       ,   ,  ,       .  j  \     ij,  Digue  de  Brabant,  14     \      de  la  Schola  11  et  les  fî'èves     6{r. 

Les  Abonnements  partent  du  mois  de;  -no  <-ini  ne 

Janvier.  \  GAND  (Belgique)  \   UniOn  PoStale.  7  tr. 

Le  numéro  :    0   fr.  60  sans  encanage  ;  1  fr.  avec  encartage. 

SOMMAIRE 
Le  rnensuralisrne  explique  par    un   mensuraliste  et  A'otre  ré- 
ponse [suite  et  fin) R.   P.  Bonvin  et 

A.  Gastoué. 
Nouvelles  musicales. 

Formulaire  de  récitatifs  [suite). A.  Gastoué. 

Petite  correspondance. 

Bibliographie:  les  Cantiques  grégoriens  de  Dam  L.  David.     .       F.  de  La  Tombelle. 

Ouvrages  divers;   les  Revues  ;  notre  encartage. 

Le  mensuralîsme  expliqué 

par  un  mensuraliste 

[Suite  et  fin.) 


Au  commencement  du  chapitre  xv  de  son  Micrologiie,  le  célèbre 
moine  bénédictin  Guy  d'Arezzo  (première  moitié  du  xi^  siècle)  parle 
d'abord  de  l'analogie  qui  existe  entre  les  éléments  du  chant  et  ceux  de 
la  poésie  métrique.  C'est  le  «phrasé  »  nécessaire  à  toute  langue,  qu'elle 
soit  littéraire  ou  musicale  ;  mais  pas  plus  que  toute  autre  musique  le 
chant  grégorien  ne  pourrait  s'en  contenter;  il  lui  faut  le  rythme  pro- 
prement dit  ;  et  en  effet,  après  avoir  fait  mention  de  ce  «  phrasé  »  et 
indiqué  la  manière  de  bien  faire  sentir  cette  division  de  la  mélodie  en 
syllabes  musicales,  en  neumes  (parties  de  phrase),  en  distinctions  ou 
phrases  {quemadmodwninmetris suntlitterae  et  sjllabae,  etc.),  Guy  ajoute 
aussitôt  que  la  phrase  doit  être  rythmée  par  notes  longues  et  brèves 
proportionnelles  [duplo  longiorem,  duplo  brevioreiiï)  de  manière  à  pou- 
voir être  battue  régulièrement  [quasi  metricis pedtbus plaudatu?^).  Voici 
ce  dernier  passage  où  il  revient  à  l'analogie  entre  le  chant  et  les 
mètres  : 


- —    242    — 

«  Sicque  opus  est,   ut   quasi   metricis  «  Ainsi  il  est  nécessaire  que  la  mélodie 

pedibus  cantilena  plaudatur  ,  et  aliae  soit  battue  comme  on  fait  des  pieds  mé- 
voces  ab  aliis  morulam  duiplo  hngiorem,  triques;  que, parmi  les  son?,, les  uns  aient 
vel  diiplo  breviorem,  aut  tremulam  ha-  une  durée  deux  fois  plus  longue  ,  les 
béant,  id  est,varium  tenorem,  quem  Ion-  autres  deux  fois  plus  brève,  que  d'autres 
gum  aliquotiens  '  litterae  virgula  plana  aient  une  «  morula  tremula  »,  et  qu'ainsi 
apposita  significat.  »  la  teneur  (durée)  soit  variée  ;  la  teneur 

longue  est  parfois  *  indiquée  par  une 
petite  barre  couchée  qu'on  place  sur  la 
lettre-neume.  » 

Ce  passage  (9)  nous  donne  d'une  même  haleine  et  le  signe  de  longueur 
et  la  proportion  déterminée  dans  la  durée  des  notes  :  «  Les  unes  ont 
une  durée  deux  fois  plus  longue,  les  autres  deux  fois  plus  courte.  » 

Comme  pour  le  texte  de  Hucbald,  cité  dans  la  première  partie  de  cet 
article,  jetiensà  faire  remarquer  qu'il  ne  saurait  être  question  ici  delà 
jnoj^a  ullimae  vocis,  et  cela  d'abord  pour  la  même  raison  donnée  à  l'oc-- 
casion  du  texte  de  Hucbald  :  cette  tenue  indéterminée  et  finale  ne  peut 
pas  servir  à  la  scansion  que  Guy,  lui  aussi,  demande  ici  {ppus  est,  ut 
quasi  metricis  pedibus  cantilena  plaudatur).  Il  ne  faudrait  pas  se  laisser 
induire  en  erreur  par  une  tournure  de  pHrase  qui  de  prime  abord  est 
susceptible  d'un  double  sens.  On  la  trouve  dans  un  passage  qui  précède 
immédiatement  le  dernier  texte  cité  ;  la  voici  :  Ténor  vero^  id  est  înora, 
ultimae  vocis.  Cette  phrase  peut  signifier  :  «  Teneur  de  la  note  finale,  et 

I.  Ce  signe  de  durée  longue,  la  petite  barre  appelée  épisème  à  Solesmes,  Guy  la 
dit  être  employée  parfois  (aliquotiens);  en  effet,  la  petite  barre  n'est  pas  le  seul 
signe  de  longueur  employé  dans  la  notation  neumatique;  peut-être  aussi  s'exprime- 
t-il  ainsi  parce  qu'en  Italie,  où  Guy  vivait,  on  n'en  faisait  pas  un  usage  aussi  fré- 
quent qu'en  d'autres  contrées.  Comme  on  le  sait,  elle  se  montre  par  contre  en  grand 
nombre  dans  une  partie  des  codices  de  Saint-Gall. 


(9)  Ce  passage,  où  les  mensuralistes  cherchent  un  appui  à  leur  opinion,  la  ruine 
précisément,  car  dans  ce  passage,  Guy  i^  traite  de  la  mora  ultimae  vocis,  qu'il 
nomme  en  termes  formels  : 

nie  ténor  vero,  id  est  mora  ultimae  vocis,  Cette  tenue  ou  durée  du  dernier  son  {mora 

quae  in  syllaba  quantuluscumque,  amplior  ultimae  vocis),  qui,  dans  la  syllabe  musicale, 
in  parte,  diutissimus  vero  in  distinctione,  est  la  plus  petite  qui  soit  [c'est-à'dire  brève], 
signum  in  bis  divisionibus  existit  ;  sicque  plus  grande  [c'esi-à'dire  longue],  dans  la 
opus  est  ut  quasi  metricis,  etc.,  ut  supra.  pariic  de  phrase,  plus  longue  encore  dans  la 

distinction,  est  le  s'gne  de  ces  diverses  divi- 
sions; et  ainsi  on  peur,  presque  comme  avec 
des  pieJs  métriques,  etc.,  comme  plus  haut. 

Cf.  Origines,  p.  ig3-ig4,  sur  le  sens  des  mots  ténor  et  mora.  2^  Guy  ne  parle 
pas  du  tout,  dans  la  virgula  plana  apposita,  d'une  petite  barre  ou  t(  épisème  »  ajoutée 
à  la  notation  neumatique,  car  il  ne  se  sert  pas  ici  de  la  notation  neumatique,  mais 
alphabétique,  oii,  de  fait,  les  «  teneurs  variées  »,  les  tremulae  ou  strophici,  comme  on 
le  voit  par  de  nombreux  passages,  sont  en  effet  indiquées  par  un  petit  trait,  une  petite 
virgule  couchée  apposée  à  la  lettre,  comme  K,  F,,  F  —  f'  k".  {Cf.  ms.  de  Montpellier, 
p.  20,  24,  3i,  35,  36,  etc..  Paléographie  musicale,  t.  viii). 

Cette  note  et  la  précédente  répondent  donc  à  la  suite  de  l'argumentation  du  R.  P. 
Bonvin,  dont  une  partie  repose  d'ailleurs  sur  la  confusion  commise  par  quelques- 
uns  entre  mora  vocis  (durée  du  son),  et  mora  ultimae  vocis,  durée  du  dernier  son). 


-    243  - 

par  «  teneur  »  j'entends  durée.  »  Les  mots  idestmora,  «  c'est-à-dire 
durée  »,  forment  une  parenthèse  explicative  de  l'expression  «  teneur  ». 
Teneur,  ici,  signifie  donc  simplement  durée  quelconque  des  notes, 
durée  en  général,  que  les  notes  se  trouvent  dans  le  cours  de  la  mélodie 
ou  à  sa  fin,  peu  importe.  Toutefois,  la  phrase  prise  à  elle  seule  et  sans 
rapprochement  d'autres  passages  pourrait  aussi  avoir  le  sens  suivant  : 
«  Teneur,  ce  qui  est  le  nom  delà  durée  de  note  finale  »,  de  sorte  que 
partout  où  il  est  question  de  «  teneur  »,  il  faille  entendre  «  durée  de 
note  finale.  »  Mais  outre  que  nous  aurions  en  tout  cas  le  choix  entre  les 
deux  significations,  il  est  certain  que  Guy  ne  restreint  pas  la  significa- 
tion de  «  teneur  »  à  la  durée  de  la  note  finale  ;  car  dans  son  Epilogus, 
De  modoriim  formiilis  (ap.  Migne,  141,  col.  4(7,  I),  il  donne  dumot 
«  ténor  »  la  définition  suivante  :  Ténor  est  mora  uniuscujusque  i^ocis, 
quamiit  tempiis grammatici  in  syllabis  levibus  etlongioribus  superscri- 
biint  :  «  Teneur  est  la  durée  de  tout  son  que  les  grammairiens  indiquent 
pour  les  syllabes  brèves  et  longues.  »  Et  Aribon,  l'interprète  de  Guy 
d'Arezzo,  dans  un  passage  que  je  citerai  plus  tard  en  entier,  dit  tout 
court  :  Ténor  dicitur  mora  vocis  :  «  Teneur  signifie  durée  du  son.  »  Et 
puis  Guy,  dans  le  chapitre  xv  du  Micrologue,  parle  de  teneur  longue  et 
de  teneur  brève,  ce  qui  ne  convient  pas  à  la  mora  ultimae  vocis,  qui  est 
quelque  chose  de  long  :  Nec  ténor  longus  in  quibusdam  brevibus  syl- 
labis, aut  brevis  in  longis  sit,  quia  absonitatem  parit  :  «  On  aura 
soin...  de  ne  pas  placer  des  teneurs  longues  sur  des  syllabes  brèves,  ou 
des  brèves  sur  des  longues,  parce  que  cela  produirait  un  mauvais  effet.  » 

D'ailleurs  l'épisème,  qui  selon  Guy  est  le  signe  des  teneurs  longues, 
ne  se  rencontre  pas  seulement  sur  les  notes  finales,  mais  aussi  en  grand 
nombre  dans  le  cours  même  de  la  phrase,  comme  les  manuscrits  le 
démontrent.  Donc  «  teneur  »  signifie  durée  tout  court  et  non  pas  seu- 
lement durée  finale. 

Aribon  le  Scolastique  (fin  du  xi®  siècle)  confirme  le  texte  de  Guy  en 
écrivant  :  «  La  tremula,  quand  elle  porte  la  petite  barre,  est  deux  fois 
plus  longue  (que  la  brève),  comme  le  dit  Guy  d'Arezzo  ;  sans  la  petite 
barre  elle  est  brève  et,  comme  Guy  l'enseigne  aussi,  deux  fois  plus 
brève  :  Tremula  longitudinem  de  qua  dicit(Guido)  duplo  longiorem  cum 
subjecta  plana  virgula  dénotât,  sine  qua.,  bî^evitate?7i,  quœintimatur  per 
hoc  quod  dicit  vel  duplo  breviorem.  »  Ici,  je  le  remarque  en  passant,  le 
mot  teneur  n'apparaît  pas,  ni  la  mora  ultimae  vocis,  et  cependant  il  y 
est  question  de  note  longue  ;  et  tremula  ne  signifie  pas,  ni  est  néces- 
sairement une  note  finale. 

Aribon  nous  offre  encore  un  autre  texte  de  même  portée,  mais  dans 
lequel  il  nous  fait  connaître  trois  autres  signes  de  durée. 

Déjà  au  ix^  siècle  Notker  avait  expliqué  la  signification  des  lettres 
dites  romaniennes,  entre  autres  celle  des  c,  t,  m  :  « c»,  ut,  c/7o  vel  ce' /er/7er 
dicatur,  certificat  ;  «  t  »  trahere  vel  tenere  debere  testatur  ;  «  m  »,  medio- 
crz7er,  melodiam  moderari,  etc.  Mais  ses  indications  sont  (d'ores  et  déjà) 
trop  concises  et  vagues  pour  que  nous  puissions  en  conclure  avec 
certitude  à  des  durées  déterminées  et  proportionnelles.  Toutefois  quant 


—  244  — 

au  «  t  »,  nous  pourrions,  avec  le  P.  Fleury,  raisonner  comme  suit  : 
«  la  Paléographie  musicale  (IV,  p.  20-2  i)  constate  dans  les  divers  codices 
que  pour  rythmer  les  mêmes  passages  mélodiques  cette  lettre  «  t  »  et 
l'épisème  romanien  «  sont  souvent  mis  l'un  pour  l'autre  et  ont  par  suite 
un  sens  équivalent.  Or,  l'épisème  romanien,  nous  l'avons  vu,  aie  sens 
catégorique  d'une  durée  prosodique  longue,  morulam  duplo  longiarem. 
Donc  le  «  t  »,  qui  a  le  même  sens,  exprime  cette  même  durée,  » 

Mais  Aribon  ne  nous  laisse  pas  de  doute  raisonnable  sur  la  signifi- 
cation des  trois  lettres  c,  t,  m  ;  car  il  écrit  : 

«  Aut  in  ratione  tenorum,   ténor   dici-  «  Ilya  proportion  de  teneurs  —  teneur 

XUT  77îora  vocis,  qui  in  aequis  est,  si  qiia-  signifie  durée  —  lorsque,  dans  les  neu- 
tuor  vocibus  duae  cornparantur  et  quan-  mes  égales,  par  exemple,  dans  ^ewx  «ofe5 
tum  sit  numeriis  duarum  minor,  tanliun  répondant  à  quatre,  la  durée  des  notes  qui 
eorum  mora  sit  major.  Unde  in  antiquio-  sont  en  plus  petit  nombre,  2,  augmente 
ribus  antiphonariis  ulrisque  c,  t,  m  repe-  dans  la  mesure  même  de  la  diminution 
rimus  persaepe,  quae  celeritatem,  iardi-  du  nombre.  C'est  pourquoi  dans  les  plus 
tatem,  mediocritatem  innuunt.  anciens  antiphonaires  nous  trouvons  très 

souvent    les  lettres    c,    t,    m,    qui    indi- 
quent la  brièveté,  la  longueur  et  la  durée 
moyenne. 
«  Antiquitus  fuit  magna  circumspectio  «  Dans  les    temps    anciens  non  seule- 

non  solum  cantus  inventoribus,sed  etiam  ment  les  compositeurs  du  chant, mais  éga- 
ipsis  cantoribus,  ut  quilibet  proportio-  lement  les  chanteurs  apportaient  un  très 
naliter  et  invenirent  et  canerent.  Quae  grand  soin  de  garder  la  proportionnalité 
consideratio  jamdudum  obiit  ,  immo  en  composant  et  en  chantant;  mais  ce 
sepulta  est.  Nunc  tantum  sufficit,  ut  ali-  soin  est  mort  depuis  longtemps,  voire 
quid  dulcisonum  comminiscamur,  non  même  enterré.  Aujourd'hui  on  croit  avoir 
attendentes  dulciorem  collationis  jubila-  tout  fait  en  combinant  de  douces  harmo- 
tionem  1.  »  (Ap.  Migne,  i5o,  col.  i3.<|i,  nies  (diaphonie,  organum)  ;  on  ne  s'in- 
1342.)  quiète  pas  de  la  joie  plus  douce  que  pro- 

curent les  proportions  (rythmiques)  '.  » 

Aribon  ici  indique  d'abord  nettement  la  proportion  exacte  des  notes  : 
celles-ci,  dit-il,  ont  entre  elles  un  rapport  de  2  ".  4  (soit  de  i  :  2).  Le 
chant  grégorien  a  donc  des  notes  à  durée  relative  déterminée  et  propor- 
tionnelle. Aribon  ajoute  aussitôt  quels  moyens  on  avait  pour  exprimer 
ces  durées  et  maintenir  cette  proportionnalité.  «  Cest  pourquoi,  unde, 
dit-iL  dans  les  plus  anciens  antiphonaires  nous  trouvons  très  souvent 
les  lettres  c,  t,  m,  qui  indiquent  la  brièveté,  la  longueur  et  la  durée 
moyenne.  »  La  lettre  «m»,  que  Notker  avait  expliquée  d'une  manière 
encore  plus  concise  et  vague  que  les  autres,  Aribon  la  nomme  d'une 
même  haleine  que  les  deux  autres  ;  «  m  »  (mediocritatem)  est  donc, 
comme  elles,  un  signe  rythmique,  et  cela  pour  la  durée  moyenne  -(10). 

1.  La  première  moitié  du  texte  cité  suffisait  pour  la  démonstration  ;  j'ai  cepen- 
dant tenu  à  soumettre  aussi  au  lecteur  le  dernier  alinéa,  parce  qu'il  contient  un  des 
documents  qui  font  clairement  allusion  à  la  perte  du  rythme  vers  la  fin  du  xi^  siècle 
et  la  déplorent.  On  se  souviendra  d'avoir  lu  précédemment  un  autre  document  indi- 
quant, lui,  la  cause  de  cette  perte  de  rythme.  (Sane  punctos  et  virgulas,  etc.  Huc- 
bald.) 

2.  En  notation  moderne  on  peut  lui  donner  la  valeur  de  la  noire  (  I)  ;  la  longue 
alors  est  équivalente  à   la  blanche  (I)  et  la  brève  à  la    croche  (  h).   Si  l'on  prend  la 


(to)  Nous  répondrons  à  notre  tour,  comme  on  l'a  déjà  fait  plusieurs  fois,  que  cette 


-   245  - 

Inutile  de  dire  que,  comme  le  remarque  Aribon,  ces  lettres  se  trouvent 
en  grand  nombre  dans  les  anciens  manuscrits,  d'abord  dans  ceux  de 
notation  sangallienne,  jadis  répandus  dans  presque  toute  l'Allemagne, 
et  puis,  ou  elles-mêmes  ou  sous  forme  de  lettres  équivalentes,  dans 
d'autres  codices.  Dom  Mocquereau  nous  les  a  déjà  montrées  dans  des 
extraits  des  «  manuscrits  d'écriture  messine,  répandus  dans  un  rayon 
assez  étendu  autour  de  Metz,  et  même  jusque  dans  la  Haute-Italie  ».  Le 
dixième  volume  de  la  Paléographie  musicale^  qui  a  com.mencé  de 
paraître  en  livraisons,  va  nous  donner  la  reproduction  phototypique 
d'un  codex  de  cette  école,  celui  de  Laon,  n°  239  (x*"  siècle)  qui  contient 
les  lettres  rythmiques  susdites. 

Dans  un  article  remarquable,  publié  dans  le  numéro  de  juillet  1906 
de  la  Rassegna  gregoriana,  Dom  Mocquereau,  appuyé  sur  l'étude  «  de 
400  manuscrits  »,  déclare  que  les  signes  et  les  lettres  rythmiques  des 
meilleurs  manuscrits  de  Saint-Gall  ont  des  équivalences  dans  la  forme 
même  des  neumes  et  dans  les  lettres  des  manuscrits  de  divers  pays. 
«  La  tradition  rythmique  de  l'école  sangallienne,  que  l'on  peut  dire 
aussi  allemande,  n'est  point,  écrit-il,  isolée,  comme  on  Ta  cru  jusqu'ici. 
La  notation,  les  signes  rythmiques, les  lettres  romaniennes  (11)  employés 
par  les  moines  de  la  grande  abbaye  ne  sont  que  l'expression  graphique 
de  l'exécution  mélodique  et  rythmique  primitive  des  mélodies  grégo- 
riennes, exécution  qui  se  trouve  reproduite  dans  les  manuscrits  des 
diverses  écoles  sous  des  formes  graphiques  différentes,  mais  équiva- 
lentes, en  Italie,  en  France,  en  Europe  et  partout...  Quant  aux  codices 
qui  n'en  ont  presque  plus  rien  ou  même  rien  conservé,  ils  ne  sauraient 
aucunement  contredire  les  différentes  classes  de  manuscrits  rythmi- 
ques ;  leur  témoignage  n'est  que  celui  du  silence,  l'argument  est  donc 
purement  négatif.  Les  codices  non  rythmiques  sont,  par  rapport  aux 
rythmiques,  comme  le  serait  un  texte  littéraire,  sans  ponctuation,  sans 
accentuation,  en  face   d'un   texte  soigneusement  accentué   et  ponctué... 

commune  (brève  par  rapport  à  la  longue)  comme  unité  de  temps,  on  voit  ici  que 
cette  unité  peut  se  diviser  (et  se  subdiviser  encore),  car  la  brève  (commune)  grégo- 
rienne n'est  pas  la  syllabe  brève  (ou  temps  premier)  indivisible  delà  métrique  grec- 
que, comme,  en  général,  la  rythmique  grégorienne  ne  dérive  pas  du  système,  soit 
métrique,  soit  musical,  des  Grecs  classiques,  quoiqu'elle  lui  ressemble  en  bien  des 
points.  Dans  la  musique  liturgique  orientale  cette  unité  de  temps,  appelée  chronos, 
se  subdivise  bien. 


argumentation  d' Aribon  est  loin  d'être  convaincante.  1°  Le  même  auteur,  cherchant  à 
expliquer  les  «  sentences  obscures  >■•  de  Guy  d'Are^^^o,  avoue  lui-même  qu'il  n'y  re- 
connaît pas  grand' chose.  2'^'  A  propos  des  fameuses  lettres  significatives,  il  n'en  parle 
que  par  ouï-dire,  et  la  preuve  ,  c'est  qu'il  accorde  à  la  lettre  m  un  sens  de  nuance 
rythmique,  alors  qu'il  parait  bien  prouvé  qu'il  s'agit  ici  non  pas  d'une  «  durée  » 
modérée  de  la  mélodie,  mais  d'un  «  intervalle  »  modéré.  Cf-  Baralli,  dans  Rassegna 
gregoriana,  igo5,  col.  5i5  et  s.  Divers  signes  ou  lettres  interprétés  comme  signes 
«  rythmiques  »,  sont  donc  tout  simplement  des  signes  «  diastématiques  »  ,  indiquant 
l'espèce  d'intervalle  à  franchir. 
(11)   Voir  la  note  précédente. 


—  246  — 

Il  y  a  d'un  côté  précision,  de  l'autre  incertitude,  ici  perfection,  là 
imperfection,  et  non  contradiction.  »  Et  j'ajouterai  que,  même 
dans  les  manuscrits  des  temps  antérieurs  à  la  décadence  rythmi- 
que, l'absence  de  quelques  signes  s'explique  d'autant  plus  facilement 
qu'alors,  ainsi  qu'on  le  sait,  le  chant  grégorien  s'enseignait  et  se  rete- 
nait plutôt  de  mémoire  que  par  l'écriture,  et  qu'en  ces  temps  où  les 
communications  étaient  plus  difficiles  et  moins  fréquents  les  rapports 
entre  les  différents  pays,  certaines  régions  et  certaines  écoles  pouvaient 
fort  bien  avoir  fait  dans  la  notation  moins  de  progrès  que  d'autres  plus 
favorisées.  Et  puis,  faut-il  s'étonner  qu'en  maints  endroits  et  dans  maints 
codices  la  notation  du  rythme  ait  été  défectueuse,  lorsque  dans  l'écri- 
ture neumatique  la  mélodie  elle-même,  c'est-à-dire  les  intervalles  mu- 
sicaux mêmes  étaient  notés,  et  cela  partout,  d'une  manière  imparfaite, 
au  point  d'être  presque  inutile  à  la  pratique  du  chœur? 


Je  termine.  Après  avoir  jeté  un  coup  d'oeil  rétrospectif  sur  l'ensem- 
ble des  documents  présentés  dans  cet  article,  et  après  avoir  considéré 
la  pratique  restée  primitive  du  chant  liturgique  en  Orient  (i  2),  celle  de 
toute  musique  profane  et  religieuse  du  monde  entier  à  travers  les  âges, 
et  y  avoir  constaté  partout  et  toujours  des  notes  de  diverses  durées  pro- 
portionnelles, serait-il  vraiment  si  difficile  de  nous  rendre  à  cette  évi- 
dence documentaire  et  pratique  et  de  nous  résoudre  tous  à  chanter  à 
Téglise  dans  un  rythme  d'une  nature  commune  à  toute  musique  connue 
et  sans  lequel  toute  autre  musique  nous  paraîtrait  antiartistique  et,  à 
la  longue,  même  insupportable  ?  .  - 

Canisius  Collège,  Buffalo,  N.  Y. 

L.   BoNviN,  s.  J. 


(12)  Ceci  est  loin  d'être  prouvé.  Le  style  le  plus  courant  dans  le  chant  des  églises 
orientales,  à  l'heure  actuelle,  est  celui  qui  fut  illustré,  pour  le  chant  arménien,  par 
Baba  Hampartsoum,  et,  pour  le  chant  byzantin,  par  Pierre  de  Péloponnèse  son  émule, 
mort  à  Constantinople,  en  1777  î  Nous  somynes  loin  du  ynoyen  âge  l  D'ailleurs  le 
système  du  khronos,  auquel  se  réfère  le  R.  P.  Bonvin,  date  de  la  même  époque,  et 
l'un  des  auteurs  de  la  réforme  nous  le  dit  en  termes  formels.  Cf.  Pierre  Aubry,  Le 
Rythme  tonique,  etc.,  p.  48  et  passim. 


NOTRE  CONCLUSION 

En  résumé,  l'exécution  et  l'interprétation  traditionnelle  du  chant  liturgique  repré- 
sentent chez  nous  une  co7iviction,  basée  sur  des  faits.  Ce  qu'a  fait  Dom  Pothier, 
c'est  de  compulser  et  de  comparer  les  auteurs  des  traités  et  les  livres  de  chant 
manuscrits  ;  il  en  ressort  de  lumineuses  preuves  du  bien  fondé  de  la  théorie  grégo- 
rienne; un  signe  simple  équivaut  à  un  temps  ordinaire,  au  khronos  .protos  du 
rythme.  Cet  enseignement,  qu'il  soit  exprimé  ou  sous-entendu,  est  à  la  base  de  tous 
les  traités,  de  tous  les  manuscrits,  et  de  la  tradition  tout  entière.  Nous  ajouterons 


-  247  — 

encore  un  texte,  qui  a  trait  à  l'origine  des  proses  et  des  tropes.  On  sait  que  primiti- 
vement ces  pièces  comportaient  des  paroles  écrites  sur  une  mélodie  préexistante, 
ordinairement  vocalisée.  Or,  si  Notker,  au  ix^  siècle,  ses  prédécesseurs  et  ses  imi- 
tateurs ont  traduit   rythmiquement  : 


S 


i-V 


s 


Allélu- 


ia,      par    Epiphani-am  Domino     canamus   glori- o-sam. 


et  vice  versa,  c'est  en  vertu  de  l'adage  traditionnel  formulé  par  Yson  de  Saint-Gall, 
à  la  même  époque  :  Singuli  motus  cantilenae  singulas  syllabas  debent  habere,  ou,  en 
d'autres  termes  :  A  chaque  mouvement  de  la  cantilene  on  peut  faire  correspondre 
autant  de  syllabes.  On  ne  saurait  donner  une  preuve  plus  convaincante  du  genre  des 
chants  que  Beda  Aristote  nous  dit  formellement  être  composés  en  rythme  libre. 

A.  Gastoué. 


Nouvelles  Musicales 


FRANGE 


Paris.  —  Le  cours  de  chant  grégorien  professé  par  M.  Gastoué  à  l'Institut  catho- 
lique s'est  ouvert  le  i5  novembre.  Après  chacun  des  exercices  pratiques,  cette  année 
sera  consacrée  à  l'étude  des  chants  de  l'Offertoire  du  Commun  et  du  Propre  des 
Saints,  du  Sanctus,  etc.,  dans  leur  état  actuel,  et  avec  leurs  anciennes  amplifications 
(versets,  tropes,  etc.). 

r—  Mme  Jumela  repris  égalementle  cours  annuel  (5e  année)  qu'elle  donne  à  l'Institut 
Rudy,  53,  avenue  d'Antin,  et  qui  est  surtout  destiné  aux  dames  du  monde.  On  se 
rappelle  les  intéressantes  auditions  qui  clôturent  chacune  des  années  de   ce  cours. 

—  La  paroisse  Saint-Antoine  des  Quinze-Vingts  marche  résolument  dans  la  voie 
du  chant  des  fidèles,  sous  la  forte  initiative  de  M.  le  curé  Lentant.  Au  cours  du  mois 
d'octobre,  près  de  deux  cents  paroissiens  ont  assisté  aux  leçons  pratiques  de  psal- 
modie, et  chanté  très  liturgiquement  les  vêpres  à  deux  chœurs,  hommes  et  dames, 
alternant  avec  un  ensemble  et  une  accentuation  très  suffisants. 

—  Mais,  si  certaines  paroisses  donnent  un  heureux  exemple,  en  combien  d'autres 
n'avons-nous  pas  des  choses  navrantes  à  signaler,  comme  : 

16  Dans  une  paroisse  très  mondaine,  VAgnus  Dei  chanté  tantôt  sur  une  transcrip- 
tion de  VArlésienne,  et  tantôt  sur  1'  «  intermezzo  »  de  Cavaleria  rusticana  (!) 

20  Dans  une  autre  paroisse  du  centre  de  Paris,  le  curé  ne  trouvant  rien  de  mieux, 
pour  célébrer  saint  Denys,  le  grand  et  célèbre  apôtre  de  Paris,  que  de  faire  venir  la 
fanfare  des  incurables  de  Saint-Jean-de-Dieu,  œuvre  évidemment  des  plus  intéres- 
santes au  point  de  vue  philanthropique  et  social,  mais  peu  désignée  pour  l'exécution 
de  la  liturgie.  A  signaler  notamment  l'accompagnement  du  Tantum  ergo  liturgique 
avec  coups  de  cymbales  pour  renforcer  les  fins  de  phrase  1!1 

30  Pour  un  grand  enterrement  récent,  un  orchestre  a  exécuté  une  transcription 
(toujours  des  transcriptions)  de  V Adieu  de  Schubert,  avec  solo  de  hautbois. 

40  Une  entreprise  vient  de  se  former  pour  introduire  dans  les  églises  et  chapelles 
parisiennes  des phonographes  liturgiques  II! 

En  dépit,  d'ailleurs,  des  récents  décrets  de  la  S.  Congrégation  des  Rites,  qui  a  con- 
damné pareille  inconvenance.  Mais  à  Paris,  que  valent  les  décrets  de  la  S.  Congré- 
gation, à  en  juger  par  tout  cela  ? 

Voilà  le  goût  encore  régnant  dans  certaines  églises  de  Paris  en  l'an  de  grâce  1910, 
sept  ans  après  le  Motu  proprio. 

—  La  Société  G.  F.  Hccndel  est  chargée  de  l'organisation  de  la  solennité  de 
la  Sainte-Cécile^  à  l'église  Saint-Eustache,  le  mardi  22  novembre  à  3  heures.  Elle  y 
exécutera  intégralement  le  Te  Deum  de  Dettingen  de    G.   F.    Hœndel    (1743). 

Un  salut  solennel  suivra,  composé  de  motets  de  Josquin  des  Près,  de  pièces  grégo- 
riennes et  de  YHallelujah  du  Messie,  sous  la  direction  de  M.  Félix    Raugel. 

M.E.  Barrel  exécutera  un  Largo  de  J.-M.  Leclairpour   violon  et  M.  J.  Bonnet, 
organiste  au  grand  orgue  de  Saint-Eustache,  interprétera  avec  le  talent    qu'on  lui 
connaît    le    Choral  en   la  mineur  de  César  Franck  et    la   Toccata  en  fa  de  J.-S 
Bach. 


—  249  — 

Tours.  —  On  nous  écrit  de  Tours  :  «  La  Jeunesse  Catholique  au  pays  de  Charles 
Bordes. 

«  S'il  est  un  coin  de  France  oùles  idées  de  Charles  Bordes  ont  dû  trouver  un  écho, 
c'est  bien  la  Touraine,  qui  lui  inspira  ses  premiers  rêves  et  qui  veille  sur  son  der- 
nier sommeil. 

«  La  Touraine  n'a  pas  attendu  la  mort  de  Charles  Bordes  pour  se  mettre  à  l'œuvre. 
Dès  la  première  heure,  au  temps  où  Bordes  commençait  sa  publication  de  l'Antho- 
logie, la  musique  religieuse  et  le  chant  grégorien  étaient  l'objet  d'une  étude  attentive 
au  petit  séminaire  de  Tours,  grâce  à  l'intelligente  initiative  d'un  ami  personnel  de 
Charles  Bordes,  alors  professeur  de  rhétorique,  aujourd'hui  vicaire  général,  et  main- 
tenant encore  ils  fontle  charme  et  la  beauté  des  offices  dans  la  coquette  chapelle  du 
grand  séminaire.  Mais  c'est  une  beauté  dont  malheureusement  le  public  ne  jouit 
guère. 

«  Il  était  réservé  à  la  Jeunesse  Catholique  de  Touraine,  toujours  au  premier  rang 
quand  il  s'agit  d'obéir  au  Souverain  Pontife,  d'inaugurer  dans  les  églises  de  Tours 
le  culte  scrupuleux  du  Motu  proprio.  Il  y  a  deux  ans,  sur  l'invitation  d'un 
prêtre  ami,  les  Jeunes  constituèrent  une  chorale  qu'ils  placèrent  sous  le  patronage 
d'un  saint  dont  le  nom  est  inséparable  de  Cluny,  mais  qui  avait  été  d'abord  «  maître 
de  chant  »  de  l'antique  basilique  Saint-Martin  :  saint  Odon  ;  c'est  à  Saint-Martin 
précisément  qu'Us  avaient  obtenu  la  faveur  de  se  faire  entendre. 

«  Une  chorale  qui  débute  est  une  petite  chose,  dont  la  vie  est  précaire  et  dont  les 
sceptiques  sourient.  Il  y  a  des  tâtonnements,  des  répétitions  pénibles,  une  ou  deux 
exécutions  risquées  ;  mais  une  foi  sincère  dans  l'idéal  triomphe  de  tout...  Les  six  ou 
sept  courageux  de  la  première  heure  ont  dépassé  la  vingtaine,  et  maintenant,  à 
chaque  fête,  la  basilique  Saint-Martin  a  l'avantage  d'entendre  un  salut  de  belle  mu- 
sique religieuse  où  les  initiés  reconnaissent  tour  a  tour  les  inspirations  diverses  de 
Vittoria,  de  Nanini,  de  Bach,  de  Théodore  Dubois,  de  Ch.  Gouriod,  de  César 
Franck,  les  plus  intéressantes  compositions  du  «  Répertoire  moderne  »  de  la  Schola, 
voire  quelques  motets  de  chant  grégorien  ;  et  les  difficiles,  plus  d'une  fois,  n'ont 
pas  caché  leur  admiration  ni  ménagé  leurs  éloges. 

«  Les  éloges,  les  jeunes  artistes  de  la  Jeunesse  Catholique  ne  les  cherchent  point  : 
leur  unique  ambition,  comme  ils  le  disaient  récemment  dans  une  déclaration  écrite, 
est  de  mettre  en  honneur  la  musique  vraiment  religieuse  et  d'offrir  gratuitement 
leur  concours  aux  prêtres  et  aux  églises. 

«  L'exemple  vaut  la  peine  d'être  cité.  Ce  que  fait  la  Jeunesse  Catholique  de  Tou- 
raine, pourquoi  d'autres  groupes  ne  le  tenteraient-ils  pas  ?  Quel  pas  décisif  ferait  la 
réforme  artistique  préconisée  par  Pie  X,  si,  sur  tous  les  points  de  la  France,  des 
chorales  se  formaient,  animées  du  même  esprit,  jalouses  d'être  catholiques  partout, 
partout,  même  au  pied  des  autels  !  » 

X. 

ALSACE 

Strasbourg.  —  Ce  n'est  pas  la  première  fois,  ni  assurémentla  dernière,  qu'un  cours 
théorique  et  pratique  de  plain-chant  est  donné  à  Strasbourg.  Le  promoteur  de  la 
musique  religieuse  en  Allemagne,  Mgr  Haberl,  que  la  mort  a  enlevé  il  y  a  peu  de 
jours,  vint  donner  le  premier  cours  de  ce  genre  à  Strasbourg  en  l'année  1897. 
Depuis,  à  intervalles  de  2  ou  de  3  ans,  ces  cours  d'instruction  ont  été  repris,  et  le 
dernier,  qui  a  été  donné  en  août-septembre  de  cette  année,  peut  passer  à  bon  droit 
pour  un  modèle  du  genre.  Et  de  nouveaux  cours  ont  été  annoncés. 

Favorisés  par  la  bienveillance  de  l'autorité  scolaire,  qui  leur  a  accordé  le  congé 
nécessaire,  près  de  100  instituteurs-organistes  ont  pu  se  réunir  soir  et  matin,  du- 
rant quatre  jours,  tantôt  dans  la  grande  salle,  tantôt  dans  la  chapelle  du  grand 
séminaire. 

M.  l'abbé  Victori,  le  zélé  et  dévoué  maître  de  chapelle,  a  su  intéresser  et  instruire 
son   auditoire   d'organistes    auxquels  se  joignaient  chaque  jour  une  quarantaine  de 


—   25o    — 

prêtres  et  près  de  vingt  religieuses,  sans  compter  le  chœur  de  chant  'du  pensionnat 
de  la  Providence.  La  méthode  de  M,  Victori  est  simple,  et  par  cela  même  elle  s'im- 
pose 1  l'attention  et  porte  de  bons  fruits.  Un  cours  théorique  répondant  aux  «  pour- 
quoi »  des  moindres  difficultés  eut  lieu  chaque  jour  matin  et  soir,  précédant  soit  les 
vêpres,  soit  la  grand'messe,  et  leur  servant  de  préparation  immédiate.  Après  cette 
mise  en  pratique  de  la  leçon  donnée,  on  se  réunissait  pour   entendre    la  critique. 

Estimant  que  l'on  doit  la  vérité  à  ceux  qui  viennent  pour  l'entendre,  M.  Victori  ne 
craignit  point  de  faire  voir  le  côté  fâcheux  de  certaines  accentuations,  de  certaines 
coupures  fautives  du  texte,  de  séparations  de  notes  dans  un  même  neume,  etc.,  etc., 
qu'une  habitude  invétérée  rend  traditionnelles,  et  qu'on  se  figure,  on  ne  sait  pour- 
quoi, ne  pouvoir  ni  ne  devoir  réformer.  L'auditoire  reconnut  très  volontiers  le  bien 
fondé  de  toutes  les  observations  et  de  toutes  les  critiques,  et,  rompant  en  visière 
avec  la  sacro-sainte  routine,  arriva  dès  le  deuxième  jour  à  exécuter  un  chant  vraiment 
beau  dans  son  ensemble. 

Mais  rien  ne  vaut  un  bon  modèle,  et  M.  Victori  le  produisit  en  la  personne  des 
demoiselles  de  la  Providence,  ses  élèves.  Nous  ne  saurions  oublier  que  la  modestie 
est  une  des  vertus  qui  parent  le  mieux  la  jeune  fille  ;  aussi,  pour  ne  pas  déparer  les 
jeunes  chanteuses  et  par  contre-coup  leurs  dignes  maîtresses  en  blessant  leur  mo- 
destie, nous  nous  bornerons  à  dire  qu'elles  chantèrent  à  la  perfection  le  Specie  tua, 
et  le  Filiae  i'egum,  au  point  qu'il  nous  semblait  entendre  les  chanteuses  de  la  Schola 
Cantorian, 

Aussi,  profitant  d'un  si  bel  exemple,  le  choeur  des  participants  exécuta  de  façon 
impeccable  les  derniers  morceaux,  et  principalement  la  grand'messe  de  Requiem, 
chantée  pour  les  défunts  de  la  Caecilia.  Cette  messe  clôtura  le  cours  d'instruc- 
tion. 

Avant  de  se  disperser  à  travers  l'Alsace,  où  ils  porteront  les  semences  fécondes 
recueillies  durant  ces  jours  trop  vite  passés,  les  participants  au  cours,  par  l'organe 
de  M.  Mûller,  professeur  au  séminaire  de  Golmar,  remercièrent  M.  l'abbé  Victori  de 
son  zèle  et  de  son  dévouement  inlassables.  Les  paroles  vibrantes  et  chaudes  de 
M.  Millier,  chacun  les  goûta,  les  approuva  et  les  applaudit. 

Notons  en  terminant  qu'un  monstrueux  gramophone,  réclame  tapageuse  de 
quelque  maison  de  vente,  fut  installé  dans  la  grande  salle  et  s'efforça  —  en  vain  —  à 
plusieurs  reprises  de  nous  persuader  que  sa  voix  nasillarde  et  prétentieuse  était  un 
écho  de  Solesmes.  Oh  I... 

De  grâce,  ne  nous  faites  pas  chanter  le  plain-chant  par  les  gramophones,  ce  n'est 
pas  dans  leurs  condes,  si  on  peut  dire.  Que  cet  énervant  cornet  à  ritournelles  se  ré- 
serve le  monopole  de  la  musique  profane  et  ne  se  mêle  pas  de  reproduire  nos  chants 
sacrés,  de  cette  même  voix  artificielle  qui  fait  se  pâmerd'aise  les  piliers  de  brasserie  ; 
ce  serait  presque  une  profanation. 

Le  voisinage  de  cette  concurrence  en  fer-blanc  a  dû  bien  gêner  M.  Victori.  Aussi 
a-t-il  fini  par  la  reléguer...  après  ses  cours. 

L.  T. 
{Caecilia,  de  Strasbourg.) 

Le  manque  de  place  nous  oblige  à  remettre  au  mois  prochain  le  compte  rendu  de 
la  troisième  année  d'études  de  V École  dé  musique  d'église  de  Beuron,  et  celui  du 
«  Cours  pratique  »  tenu  à  Vabbaye  d'Emmans,  à  Prague. 


FORMULAIRE     DE     RÉCITATIFS 

POUR  LES  GRADUELS  ET  CHANTS  ORNÉS 

(suite) 


Alléluia  du  5e  ton 


r^~ 


!tl3 


Al-    le-        lu- 


1.  Non    de-  relinquet  Dôniinus  sanctos    su-        os  : 

2.  As-  sùm-  pta  est  Maria  in    cae-     lum 

3.  Te    glo-  riôsus  Apostolorum  cho-      rus 

(    Be-     à-  tus  vir  sanctus  Martinus,  urbis  Turônis,  -j-  requl-    é-         vit  : 

'(quenisus-  cepérunt  Angeli,  atque  Archângeli  ■]-,  -------- 

5.  Te     mâr-  tyrum  candi-    dà-       tus 

6.  Be-     à-  tus  vir,  qui  timet    D6-7m"num 

7.  Ex-     i-  te  de  niédio  Baby-    16-         nis 

8.  Be-   ne  fundàta  est  domus   Dô-nji-  ni 


Alléluia  du  6e  ton 


j 1 ■-•-■-■-?•■- 


Al-    le-     lii- 


^^==^    '^' 


^E^Si?3ii-^=^Êi= 


rr^:*:?: 


jt^:iDt 


:^^^î^i^9^: 


sAO- 


î^= 


-■■-s (■) B-H 


f.    1.  Dô-  mi- 

2.  Ma  gni-  fi- 

3.  Dô-  mi- 

4.  Ec  30-  Vir- 


ne, 

in   virlù- 

te  tu-a  laetii-  bi-     Jùr"^.  '^  ^-''l/\ 

cat 

ânima  me- 

a                       Dô-  mi-^  t    i 

nus 

dabit   ver- 

bum    evangelizân-  ti- 

go 

conci- 

piet,  1  etpâriet  fi-      li- 

-   253 


Alléluia  Vï  ton 


Al-    le- 


lû- 


^^. 


S^s^? 


rjzjjfcif: 


in      ae-    térnum  con-  ser-     va-    bùa-    tur. 

gaudet  ex-ércitus  An-       ge-     16-      rum. 

-------------------    lau-     dat  Dô-/m'-ne. 

Throni,  Domina-  ti-     6-      nés,  et       Vir-  tù-         tes. 

-     -----------------  laudaf  ex-    ér-  ci-  tus. 

in     man-  dâtis  ejus  eu-      pit    ni-  mis. 

mun- dàmini,  qui  fertis  va-       sa    Dô- /ni- ni. 

----------------    supra  fil'-    mam  pe-         tram. 


Alléluia  Vli  toni 


4ï=iti=i=iÉ. 


iEg^^^£JEÊ^gi^^^^f^g^ 


Al-  le-      lu- 


^^^^s^^'^E^m 


— ' 1-  '■         ■ ^^ — • ^an^^ — ^^K^ — ^^— •— - 


Êi^^i^E^iiËS 


^vs 


^vP- 


rex  :        et  super   sa-    lu-    tâ- 
num  :     et      exsultâ-    vit    spi- 


bus 


vir-  tù- 
et      vocâbi-   tur  no- 


re  tuuni    |         exsultàbit  vehemén-  ter. 

ritus  meus,  |  in  Deo  salutari  me-  o. 

te  mul-  ta. 

men  ejus  |      Emmanuel. 


— '  2  54 


Alléluia  du  7e  ton 


^^^F^^^i^=?^^»^'^~^vF^^^^ 


Al-   le- 


lù-  ia. 


|ë 

^ 

J^ 

=ï^ 

=iF 

1                                    fm 

:^i^5=^ 

* 

g 

■ 

S     ■      ■                   ■ 

S            fo  (  1 

9 

1 

> 

% 

' 

...    % 

■ 

d 

f.  1. 

Multifâ- 

rl- 

am  olim  | 

Deus  loquens  inpro- 

phé-   tis. 

no-  vis- 

2. 

Iq 

di- 

6          resurrectiônis 

nie-  ae  |  ,                             dicit 

Dô-     mi-nus 

praece- 

3. 

Postdi- 

es 

octo. 

jânuis 

clau-  sis, 

ste-  tit 

4. 

Exi- 

vi 

a  Pâtre,  1 

et  veni  in 

mundum  : 

i-      te- 

5. 

Ca- 

ro 

mea  vere 

est 

cibus,  et  sanguis  meus  vere  est 

po-    tus  : 

qm  man- 

6. 

De- 

us 

qui  sedes 

super 

thronum,  et  jùdicas        aequi- 

ta-       tem  : 

e-   sto 

7. 

Ma- 

gnus 

Dominus 

et             laudâbilis 

val-     de. 

in    Cl 

8. 

Te 

de- 

cet  hymnus. 

Deus,  1  in 

Si-     on  : 

et     li- 

9. 

Exsultâ- 

te 

Deo            adi 

utôri 

no-stro,  1             jubilâte  Deo 

Ja-     cob  : 

su-  mi- 

10. 

Dô- 

mi- 

ne, 1 

refùgium  factus  es 

no-    bis 

a      ge- 

11. 

Veni- 

te. 

exsultémus 

Dô-    mi-no 

ju-    bi- 

12. 

Quô- 

ni- 

am  Deus 

niagnus 

D6-     mi-nus 

,     et     Rex 

13. 

D6- 

mi- 

ne,  exâudi 

oratiônem 

me-  am. 

et      cla- 

14. 

De  profûn- 

dis 

clamàvi 

ad  te. 

Dô-    mi-  ne 

:      Dô-  mi- 

15. 

Tu 

glô 

-  ri-  a 

Jerù- 

sa-lem,  |                  tu  laetîtia 

Is-       ra-  el 

:      tu    ho- 

1  . 

Quinque  prudén- 

tes 

virgines    accepérunf 

6-  /eum    in  vasis  suis  cum  lam- 

pà-      di-bus 

:     mé-  di- 

17. 

Can- 

dor  est  lu-cis 

ae- 

tér-  nae,  |          spéculum   sine 

ma-    eu-  la 

:       et     i- 

18. 

Levi- 

ta 

Lauréntius 

bonurh  opus  ope- 

râ-     tus  est 

qui  per 

19. 

Concùs- 

sumest  mare,  | 

et  contrémuit 

ter-     ra. 

u-    bi 

20. 

Solé- 

mnitas 

[gloriôsae  Virginis  Ma 

ri-  ae,    |                      ex  sémine 

A-      brahae 

or-  tae 

21. 

Confitebùn- 

tur 

caeli 

mirabilia  tua. 

Dô-     mi-ne 

:       et-    e- 

22. 

Adorâ- 

bo 

ad  templum  sanclum 

tu-     uni  : 

el     con- 

23. 

Exàu- 

di 

oratiônem 

meam. 

Domine,  |         et  deprecatiônem 
[lâcrimas 

me-    a  m  : 
me-     as  : 

au-  ri- 
quôni- 

24. 

Lln 

-  gua  pravôrum 

per- 

i-         bit  : 

lin-gua 

25 

A  sum-mo 

caelo 

egréssio 

e-        JUS. 

necest 

255 


Alléluia  Vil'  toni 


i^^- 


Ê^=zj^ri^^3E5^ 


Al-    le- 


^^:?^l^ÊS=g5^ÊpÊ^i^35^^?^S^j 


lù- 


sinae                              di-     é-      bus    i-           stis                                lo-     cii-  tus   est     no-        bis     in  Fili-      o. 

dam  vos     ------------------------in  Ga-    li-  laé-     am. 

Jésus  in  médio 

[d!scipu-lô-     runisu-     6-         rum,                                        et                      di-        xit  :    Pax  vo-      bis. 

rum                              i-e-     lin-   quo    mun-  dum,                                        et                      va-  do       ad  Pa-    trem. 

ducat  meam 

[carnem,  |  et  bibit  me-   um    sân-     gui-  nem,  in     me     ma-  net,  et             e-  go       in  e-         o. 

refiï-    gi-     um    pàu-     pe-   rum,                               in     tri-          bu-  la-       ti-  6-        ne. 

-     -     -     -     -     -     -     vi-    ta-     te       De-        i,                                    in      mon-              te  san-    cto  e-       jus. 

bi  reddélur  votum  ]------------- -----in      Je-  riïsa-  lem. 

te  psaltérium    ---------------------  ju-    ciin-  dumcum  citha-     ra. 

ne-  ratiône  --- ■" ------et      pro-  géni-     e. 

lémus  Deo  |                                                                                                                         sa-    lu-        ta-    ri  no-    stro. 

magnus  | -.--   su-  per  o-     mnem     ter-    ram. 

mor  meus     -     -     -     ^ ad     te  véni-    at. 

ne,  exâudi """".  "^'O"    ^em  me-    am. 

no-    ri-     fi-       cén-        ti-a|       ---------      pé-  pu-   li  no-     stri. 

a  autem  nocte,    cla-  mor   fa-  ctus  est  :  Ec-    ce       sponsus    ve-    nit  : 

[es-     i-       te        ôb-           vi-    am  Christo  Domi-  no. 

màgo     ----------------------    bo-    ni-    ta-       tis     il-  li-       us. 

signum  crucis  i-- -----      cae- cos             il-         lu-    mi-  nà-      vit. 

Archângelus -- Mi-  cha-           el  tu-    ba  ceci-     nit. 

de       tri-    bu     Ju-           da,                                        cla-  ra              ex         slir-pe  Da-     vid 

nim                          veri-      ta-     tem    tu-           am                                         in    ec-             clé-       si-    a  sanctô-rum 

fitébor     -------- - -.-   nô-       mi-  ni  tu-        o. 

bus  pércipe  „,         :  , 

am  advéna                ego     sum   a-      pud       te,                                                                    et          pe-    re-  gri-.,ri.us. 

autcni  sapiénii-     --- uni  est      su-  ni-  "lasr 

qui   se     abs-    côn-     dat                                        a                       ca-        16-     re  e-       jus. 


256  — 


Alléluia  du  8e  ton 


^[5z:Hlv??È5: 


J=^ 


Al-     le-  lu-  ia. 


Al-  le-    liï-     ia.  * 


'^^- 

J^'T'rrTj 

1 -^-^ 

33=9-^=?^^3-:i 

J=ï^ 

^=5=;= 

1*^ TMa ,- 

Vr — 

-1— 1- 

?-i^j-j^-j-j-^ 

J-4^^U ^-'-^ 

ii:«_*_ 

^-^•^ 

-é-^_Z.^  ^- 

1 

'-«---«-~-. 

1 

■ 

■  "K 



, 

■         ■      Ta' 

il» 

'     ■            ■     a'awj 

"♦♦ 

a.»-. 

sr>    ■ 

r.v.. 

"V 

' 

^l. 

Osténde  no- 

1- ■  -1% 

bis. 

D6- 

nizne, 

miseri-côi-- 

di- 

am 

tu-      am  : 

2. 

Crâstina  di- 

e 

delé- 

titui- 

in-i- 

qui- 

tas 

ter-     rae  : 

3. 

Dô-mi- 

nus 

dixit  ad 

me  : 

Fili-us 

me- 

us 

es        tu. 

4. 

»             1           r\f 

TU  mi 

des-cén- 

dit 

de 

cae-      lo  : 

5. 

Fac  nos  inné-cu- 

am 

Jo- 

seph. 

de-cûr- 

re- 

re 

vi-     tam  : 

6. 

Ddminus  in  Si- 

na 

ui  san- 

cto, 

a-scén- 

dens 

in 

al-       tu  m. 

7. 

- 

-     -     -     . 

-     -     -  Spiritus  San- 

ctus 

do- 

cé- 

bit 

vos 

8. 

Benedi-ctus 

es. 

Domine  De- 

us 

pa- 

trum     no- 

strô-   rum, 

9. 

Discite  a 

me. 

quia  mi- 

fis  sum, 

et  bû- 

nii- 

lis 

cor-     de  : 

10. 

Conver-ti- 

sti 

planctum  nie- 

um 

in  gâu- 

di- 

11  m 

mi-       hi  : 

11. 

D 

eus  judex  ju- 

stus. 

for- 

tis 

et 

pâti-     ens  : 

12. 

Diffù-sçi 

est 

grâ- 

ti-a 

in  lâ- 

bi- 

is 

tu-       is  : 

13. 

Dô-mi- 

nus 

sal-vâ- 

vit 

ma-num 

tu- 

am 

ti-       bi  : 

14. 

Tanto  tém-      po- 

re 

vo-bis- 

cum  sum 

,  et              non 

co- 

gno- 

vistis    me  ? 

15. 

Di-ci- 

te 

in  gén- 

ti-hus. 

-     - 

.     .     . 

.     .     _     _ 

16. 

Dulce  li- 

gnum. 

dulces  cla- 

vos, 

dùlci-  a 

fe- 

rens 

ponde-  ra  : 

17. 

- 

-     .     .     . 

....      Vi-dé- 

fct-tis, 

et  gau-  dé- 

bit 

cor 

ve-strum  : 

18. 

Haec  estve- 

ra 

fra-tér- 

nitas. 

quae    vi-cit 

mun- 

di 

crimi-  na  : 

19. 

Sancte  Pau- 

le 

A-  pô- 

siole. 

piaedicà-tor 

ve- 

ri- 

ta-      tis, 

20. 

Fe-lix 

es. 

sacra  Virgo  Ma-ri- 

a. 

et  omni  lau- 

de 

di- 

gnissi-  ma  ; 

21. 

Vos  e- 

s  lis 

qui  permansistis  me- 

cum  in  tentatiô- 

ni- 

bus 

me-      is  : 

22. 

_ 

.     -     -     _ 

-     -     -     -      Di-spér- 

sit, 

de- 

dit 

pau- 

péri-   bus  : 

23. 

Sancte  Micha- 

el 

Ar-chân- 

g-ele. 

defénde 

nos 

in 

praéli-    o  : 

24. 

Ni- 

mis 

hono-râ- 

U  sunt 

ami-ci 

tu- 

i 

De-     us  : 

25. 

Venite  ad 

me. 

0- 

mnes 

qui 

la- 

bo- 

rà-    tis 

26. 

Saucti  tu- 

i 

Dô- 

jju'ne, 

florébunt 

sic- 

ut 

lili-   um  : 

27. 
28. 

Tu  es  sa-cér- 

dos 

in  aetér-num. 

a    et 

pulchri-  lii- 

di- 

ne 

tu-     a, 

29. 

Virga        Jes- 

se 

flô- 

ruit,  V 

irgo 

[Deum  el   hô- 

mi- 

nem 

génu-    it  : 

30. 

\T            t 

es 

Rex 

ab- 

scôndi-tus, 

31. 

Audite,  16- 

ges, 

et  âu- 

j'ibus 

per-ci- 

pi- 

te 

princi-pes  : 

32. 

S   I 

n  multitù-di- 

ne 

presb3'te-r6- 

rum 

pru-dén- 

ti- 

um 

sta: 

f 

et  sapiénliae  il-16- 

rum 

ex    cor- 

de 

con- 

junge-    re 

2  37    — 


Alléluia  VlIIi  toni 


*"  _  _  J^^: C/»  _  f^/. 


Al-         le- 


lù- 


Al-  le-     lu-    ia.  * 


ËS^ 


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^E'ÏSE^ 


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' 

et     sa-    lu- 

tare 

tLl- 

et      re-    gnâ 

■bit 

su- 

per 

e-      go     hô- 

die 

génu- 

i 

et      ac-    cé- 

dens 

re  vol  vit 

lâpi- 

sit-    que  tu- 

o 

sem- 

cap-  ti-     vam 

duxit 

caplivi- 

tâ- 

quae-cùm-que 

dixero 

vo- 

et     lau-  dà- 

bilis 

in 

saécu- 

et     in-     ve- 

niétis 

rcqui- 

con-  sci-   di- 

sti  saccum 

me- 

iium-  quid  i- 

ras- 

cé- 

prop-  ter-    e- 

a  benedixit 

te 

De- 

qui-  a        prae 

-lia  Dômini 

tu  praeli 

-    â- 

Phil-ip-     pe, 

qui 

videt 

qui-  a        Dô- 

minus  regnâvit 

a 

li- 

quae  so-    la 

fuisti  d 

igna 

sus- 

tiné- 

um  da 

uos  Sal- 

te.  li  (pj.  AUelûia.) 
dem,  et  sedébat 

per  tuta  pa- 

iera. Il  (i^.  Alléluia.) 

bis.  Il         id. 
la.  Il  id. 

eni  a-  ni- 

um,  etcircumdedistime 


00-    gno-  scé-    tur  manus  Dômi- 

Cbii-stum  se-     cùta  est  |  inclyta  tenens       re- 

et    doc-    tor  génti- 

qui-  a         ex    te  ortus  est  |        sol  jus-      titi- 
et     e-        go    dispôno  vobis  regnuin  | 
[ut     se-      de-  à-  tis  super      se- 


ju-    sti-  ti-     a  ejus 

ut    non  per-  e- 

ni-  mis  con-  fortâtus  est  ] 

et     o-  ne-    râli 

et     sic-  ut 

se-   Clin-  duni 

in-  lén-  de,     prospère 


manet  in    saécu- 
â- 
princi-pâ- 

e- 
odor  bâlsa- 
ôrdi- 
pro-      cé- 


tur 
us 

ris.  Il 
me, 
gno. 
re 
ni 
gna 
um, 
ae. 


lum 

mus 

tus 

stis  ; 

mi 

nem 

de 


per       sin- 
in 
(Ri.  Alléluia.) 

vi- 
i    (fJ.  Allelùia.) 
Regeni  caelôrum 
ser- 
cae- 
inter-  cé- 
Chri-  stus 

judicântes 

[duôdecim  tri- 
saé- 
in  tremén-do 

et  ego  re- 

e- 

Mel- 
et 


su- 
tro- 


ma- 
lae- 
gu- 


det 

et 

vis 

lé- 

de 

De- 


bus 

ju- 
e- 
fi- 
runt 


pa-  cem   De-  us  réddidit,  j  iu  se  recon-     cili-       ans  i-  ma 

De-  us      Is-     rael  Salvâ-      tor.  ||    (i^i.  Allelùia.) 

e-     go      sum  quae  Domino  ca-         nam,    psallam 

[D6n)ino  De-      o 


ut     c-    mnem  narratiônem 


De- 


pos-   sis 


no-  bis. 
tor     mundi. 

per    e-     um. 

ci-     ni-     o. 


bus     ve-  stris. 

ti-     ti-       a. 
los    dl      es. 

ae-    térnum. 

et     Patrem. 

Do-  minum. 
e-  jus. 
sti-  a. 
pro    no-  bis. 
us     no-  ster. 


Is-    ra-  el. 

eu-  H. 
di-     ci'    o. 

6-  rum. 
ci-  ani  vos. 
an-  te     te. 
chi-  sc-dech. 

re-  gua. 


Is-,  ra-    el. 

au-  di-ê-ié;: 


!58  — 


Tractus  II>  toni 


«f 

Intonatio 

5         4    3        2            1 

1- 

_     ■        •  » 

■«                        B            ■ 

■ 

■-■p.         -a-     -        '\           a  -- 

S           B          ■ 

f.  1,3,5,  etc.  Qui   hà-  bltat adjutôrio        Al-  tis-    si-  mi:  *   in  pio-lec-ti-    6-  ue 


ii^5^-^r^W-:t 

1=^ f°^*m am^ 1~ 

^ 

p^---^-^w-i— a— 

-^-*^-*'-^-J— sl-d 

] 

3     2    1 

4    3       2 

a|                          3               1 

— ■ — 

j 

Is s— f^ s-«- 

-  Q Pa 1 a— 

i 

De  -i     cae-li  commo-  râ-  bitur. 


/a  Dom.  Quadragesimae.  |  /^"^  Dmi.   de  Carême. 

f.l.  Qui  habitat  in  adjutôrio  Altissimi  :  *  in  prolectiône  Dei  caeli  |  commoràtitur.  ^.  2.  Dicet 
Domino  :  Suscéptor  meus  es,  *  et  refiigium  meum,  Deus  meus  |  sperâbo  in  eum.  y.  3.  Quôniam 
ipse  liberâvit  me  de  lâqueo  venântium  :  *  et  a  verbo  iispero.  f.  4.  Scâpulis  suis  obumbràbit 
tibi,  *  et  sub  pennis  ejus  sperâbis.  ^.5.  Seulo  circiïmdabit  te  véritas  ejus  :  *  non  timébis  a 
timoré  noctùrno.  f.  6.  A  sagilta  volante  per  diem,  f  a  negotio  perambulânte  in  ténebris,  *  a 
ruina  et  daemônio  meridiâno.  t-  7.  Cadent  a  lâtere  tuo  mille,  f  etdecem  millia  a  dextris  tuis  :  * 
tibi  autem  non  appropinquâbit.  y.  8  Quôniam  angelis  suis  mandûvit  de  te,  *  ut  custôdiant  te  in 
omnibus  viis  tuis.  y.  9.  In  mânibus  portâbunt  to,  f  ne  unquam  offéndas  *  ad  lâpidem  pédem 
tuum.  f-  10.  Super  àspidem  et  basiliscum  ambulâbis,  *  et  conculcâbis  leônem  et  dracônem. 
f.  11.  Quôniam  m  me  sperâvit,  liberàbo  eum,  *  prôtegam  eum,  quôniam  cognôvit  nomen  meum. 
f.  12.  Invocâbil  me,  et  ego  exâudiam  eum  :  *  eum  ipso  sum  in  tribulatiôue.  y.  13.  Eripiam  eum, 
et  glorificâbo  eum  :  *  longitûdine  diérum  adimplébo  eum,  |  et  osténdam  illi  salutâre  meum. 

//*  Dom.  Quadragesimae.  |  7/^  Dim-  de  Carême. 

f.  1.  Confitémini  Domino  quôniam  bonus  :  *  quôniam  in  saéculum  misericôrdia  ejus.  Y-  2. 
Quis  loquétur  poténtias  Dômini  :  *  auditas  fâciet  omnes  laudes  ejus.  f.  3.  Beàli  qui  cuslôdiunt 
judicium,  *  et  fâciunt  justiliam  |  in  omni  tém/jore.  f.  4.  Mémento  nostri,  Domine,  in  beneplâcito 
pôpuli  tui  :  visita  nos  in  salutârituo. 

Dom.  Palmarum.  |  Le  Dim.  des  Rameaux. 

f.  1.  Deus,  Deus  meus,  réspicc  in  me  :  *  quare  me  dereliquisti.  y,  2.  Longe  a  salûte  mea  * 
verba  delictôrum  meôrum.  f.  3.  Deus  meus  clamàbo  per  diem,  nec  exâudies  :  *  in  nocte,  et  non 
ad  insipiéntiam  mihi.  f.  4  Tu  autem  in  sancto  habitas  *,  laus  Israël,  y.  5.  In  te  speravéruilt 
patres  nostri  :  *  speravérunt,  et  liberâsti  eos.  f .  6.  Ad  te  clamavérunt,  et  salvi  facti  sunt  :  *  in  te 
speravérunt,  et  non  sunt  confùsi.  f.  7.  Ego  autem  sum  vermis,  et  non  homo  :  *  opprôbrium 
hominum,  et  abjéctio  plebis.  f.  8.  Omnes  qui  vidébant  me,  aspernabântur  me  :  *  locùli  sunt 
lâblis  et  movérunt  caput.  f.  9.  Sperâvit  in  Domino,  eripiat  eum  :  *  salvum  fàciat  eum,  quô- 
niam vult  eum.  f.  10.  Ipsi  vero  consideravérunt,  et  conspexérunt  me  :  *  divisérunt  sibi  vesti- 
ménta  mea,  |  et  super  vestem  meam  misérunt  sortem.  f.  11.  Libéra  me  de  ore  leonis  :  *  et  a 
côrnlbus  unicornuôrum  |  humilitâtem  meam.  f.  12.  Qui  timétis  Ddminum,  laudâte  eum  :  * 
univérsum  senien  Jacob  magnificàte  eum.  f.  13.  Annuntiàbitur  Domino  generâtio  ventûra  :  *  et 
annuntiabunt    caeli  |  juslitiani  ejus.  f.  14.  Populo  qui  nascétur,  *  quem  fecit  Dônimus. 


—  259  — 


Traits  du  2o  ton 


Lt_-=l^tK,- 


/illE 


j{.2,4,6,etc  Di-cet   Domino...  f  me- 


+H — d 1 P- 1— si — 1 — 

=^^tv=35^:==f=^-^E:tq^-5^=^^-^-;  ]— = 

5        4            3          2          1 

Kl                                 1                           " 

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\                    m         B      a 

— 5 1 (3 ^ _^ U 

et      re-   fù-    gium,  Deus   me-us  spe-  râ-    bo 


Finalis 


.^=i^^ 


^^n- 


E3^^JE^=3==^^^— ^= 


salutâ- 


me-        uni. 


Fer.   Vl'^  in  Parasceve,  \  Le  Vendredi  Saint. 
Tractus  P.  |  I'^'"  Trait. 

f.l.  Domine,  audivi  auditum  tuum,  et  timui  *  :  considerâvi  opéra  tua,  ;  et  expàvi.  ^.  2.  In 
médio  duérum  aiumàlium  innotescéris  :  *  dum  appropinquâverint  anni,  cognosceris  :  |  dum 
advénerit  tem-pus,  ostendéris.  f.  3.  In  eo,  dum  conturbâta  fùerit  anima  mea  :  *  in  'ira,  mise- 
ricôrdiae  memor  eris.  f.  4.  Deus  a  Libano  véniel,  *  et  sanctus  de  monte  umbroso  et  condense 
jl'.  5,  Opéruit  caelos  majéstas  ejus  :  *  et  laudis  ejus  plena  est  terra. 

Tractus  II«.  |  2«  Trait. 

f.  1.  Eripe  me.  Domine,  ab  hômine  malo  :  *  a  viro  inîquo  libéra  me.  V.  2  Qui  cogitavéruut 
malitias  in  corde  :  f  tota  die  constituérunt  praélia.  y.  3.  Acuérunt  linguas  suas  sicut  serpentes  :  * 
venénum  âspidum  sub  làbiis  eôrum.  y.  4.  Custôdi  me,  Domine,  de  manu  peccatôris  :  *  et  ab 
hominibus  iniquis  libéra  me.  f.  5.  Qui  cogitavérunt  supplantâre  gressus  meos  :  *  abscondéruct 
supérbi  làqueum  mihi.  y.  6.  Et  funes  exlendérunt  in  lâqueum  pédibus  mais  :  *  juxia  iter  scàn- 
dalum  posuérunt  mibi.  y.  7.Dixi  Domino  :  Deus  meus  es  tu  :  *  exàudi.  Domine,  vocem  oratiônis 
meae.  f.  8.  Domine,  Démine  virtus  salùtis  meae  :  *  obùmbra  caput  meum  in  die  belli.  t.  9.  Ne 
tradas  me  a  desidério  meo  peccalôri  :  *  cogitavérunt  advérsum  me  :  ne  derelinquas  me.  |  ne 
umquam  exalténtur.  f.  10,  Caput  circùitus  eôrum  :  *  labor  labiôrum  ipsorum  opériet  eos. 
f.  11.  Verùmtamen  justi  confitebùntur  nômini  tuo  :  et  habitàbunt  recti  cum  vullu  luo. 

In  festo  Catliedrae  S.  Pétri.  \  A  la  fête  de  la  Chaire  de  S.  Pierre. 

f.  1.  Tu  es  Petrus,  et  super  banc  petram  *  aedificàbo  Ecclésiam  meam.  t-  2.  Et  portae  inferi 
non  praevalébunt  advérsus  eam  :  *  et  libi  dabo  claves  regni  caelôrum.  y.  3.  Quodcûmque  ligâ- 
veris  super  terram*,  erit  ligatura  et  ia  caclis.  f.  4.  Et  quodcûmque  sôlveris  super  terram,  * 
erit  soli'itum  et  in  caelis. 


{La  fin  au  prochain  numéro.) 


T  T  T  T  T  T  T  T  *f  T  T  T  'f  T  *f  *f  ^  *f  Y  T  T  ^  T  T  T  T  T  T  T 


PETITE   CORRESPONDANCE 


N,  B.  —  //  est  répondu  dans  cette  rubrique  aux  demandes  de  renseignements  suscep- 
tibles d'intéresser  nos  lecteurs.  La  réponse  sera  donnée  ici  même,  sauf  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  une  réponse  personnelle. 

En  raison  des  nombreuses  demandes  de  renseignements  qui  nous  sont  adressées  par 
nos  abonnés  ou  autres  personnes,  il  ne  nous  sera  possible  de  répondre  personnellement 
désormais  qu'aux  lettres  qui  contiendront  o  fr.  3o  en  timbres-poste. 

Dans  cette  rubrique,  nous  insérerons  volontiers  au  titre  Demandes  les  questions  qui 
nous  seront  envoyées  par  nos  abonnés.  Les  personnes  autres  voudront  bien,  pour  frais 
d^insertion,  joindre  o  fr.  3o  à  leur  demande. 


Réponses. 

L.  W.  [Reiningen).  —  L'édition  Vaticane  de  l'Antiphonaire  diurnal  ne  tardera  pas 
beaucoup  à  paraître,  et  il  est  problable  que,  à  la  prochaine  fête  de  Pâques,  elle 
sera  en  usage  dans  toutes  les  grandes  églises.  Par  conséquent,  les  accompagnements 
qu'on  pourra  publier  du  Vespéral  ne  se  feront  plus  beaucoup  attendre.  Vous  pour- 
riez, avant  ce  moment,  utiliser  les  accompagnements  des  chants  des  Vêpres  publiés 
par  M.  l'abbé  D»'  Mathias,  chez  F.X.  Le  Roux,  à  Strasbourg. 

Abbé  L.  DuPUY.  —  i"  11  n'existe  pas  encore  de  psautier  divisé  comme  vous  le  de- 
mandez, pour  la  même  raison  que  plus  haut  ;  cependant,  les  psaumes  des  vêpres 
des  morts  ont  déjà  paru  à  Paris,  à  la  Société  française  d'Editions  du  chant  grégo- 
rien ;  2°  sur  la  valeurde  la  pausede  médiante,  —  grande  médiante  et  petite  médiante, 
—  voyez  laNouvelle  Méthode  pratique  de  M.  Gastoué,  p.  53,  no  z|4. 

Abbé  Louis  J,  —  i°  Vous  trouverez  les  livres  liturgiques  les  plus  corrects  de  rite 
grec  à  l'usage  du  célébrant  dans  les  éditions  de  la  Propagande  de  Rome,  spéciale- 
ment r£'t/A*/io/oo-îo;2  (missel-rituel)  et  l'iî/oro/oo-zon  (office  canonial)  ;  pour  les  livres 
de  chant,  adressez-vous  à  Constantinople,  à  la  librairie  Depasta-Sphyra-Gerardon,  où 
se  trouvent  les  éditions  officielles  des  Heirmologion,  Doxastarion  et  autres  livres  de 
chant  de  ce  rite  (qui  sont  d'ailleurs  vendus  fort  cher).  Vous  trouverez  néanmoins, 
à  défaut  de  ces  livres,  une  grande  quantité  d'exemples  notés,  soit  en  notation  byzan- 
tine, soit  en  notation  moderne,  dans  Bourgault-Ducoudray,  Etudes  sur  la  musique 
ecclésiastique  grecque,  Paris,  1877,  et  dans  Rebours,  Traité  de  psaltique,  Paris,  1907, 
chez  A.  Picard,  rue  Bonaparte.  2"  Pour  le  chant  ambrosien,  il  y  a  les  trois  tomes  de 
VAntiphonarium  ambrosianum,  édités  sur  les  manuscrits  ;  ce  livre  renferme  à  la  fois 
les  chants  de  la  messe  et  de  l'office.  Mais,  si  vous  n'êtes  pas  parfaitement  au  cou- 
rant de  ce  rite,  il  est  absolument  nécessaire  que  vous  en  possédiez  le  missel  etle  bré- 
viaire, qu'on  ne  trouve  que  d'occasion.  L'Antiphonarium  coûte  45  fr.  Cependant 
chez  Palma,  à  Milan,  vous  trouverez  diverses  petites  plaquettes  à  bon  marché  con- 
tenant des  chants  divers  :  compiles,  hymnes,  chants  au  Saint-Sacrement,  etc.  Il  y 
a  aussi  une  Brève  metodo  teoricopratico  di  canto  ambrosiano,  par  Andreoni,  chez 
Bertarelli,  à  Milan,  i  fr.  5o.  3«  Pour  le  chant  mozarabe,  vous  n'avez  d'autres  res- 
sources   que  de    consulter   la  réimpression   du  missel  et   du   bréviaire  mozarabes 


dans  Migne,  Patrologie  latine,  tomes  LXXXIV  et  s.,  et  Vlter  hispannicurn  de  Pierre 
Aubry,  Paris,  chez  Geutliner,  rue  Mazarine.  40  L'édition  de  Reims-Cambrai  est  en 
partie  épuisée  ;    plusieurs  de  ses  volumes  n'existent  plus. 

L.  D.  —  Le  graduel  typique  Vatican  est  de  1908.  Les  réimpressions  faites  par  les 
différents  éditeurs  en  1908  et  1909  sont  conformes  à  ce  graduel,  lequel  est  lui-même 
conforme  au  missel  romain  intégralement,  pour  l'excellente  raison  qu'il  a  été  fait 
à  Rome  même,  imprimé  au  Vatican  et  que  ses  textes,  par  les  décrets  spéciaux  de 
S.  S.  Fie  X,  ['emportent  sur  ceux  du  missel. 

Les  fêtes  indiquées  par  le  correspondant  qui  pose  la  question  :  lo  comme  celles 
des  saintes  Perpétue  et  Félicité,  Ursule,  saint  Paulin,  sont  au  graduel,  avec  l'indica- 
tion de  leur  messe  ;  2°  celles  des  SS.  Colette,  Odilon,  B.  Vianney,  etc.,  ne  sont  usi- 
tées qu'en  certaines  églises,  et  ne  peuvent  donc  figurer  au  missel,  pasplus  qu'au  gra- 
duel. Si  certains  éditeurs  les  ajoutent  au  pi  0  aliquibiis  du  missel  et  du  bréviaire, 
c'est  leur  affaire  ;  il  n'y  a  pas  de  proaliqiiibus  complet  officiel.  C'est  pourquoi,  pour  le 
pro  aliquibus  du  graduel,  afin  de  ne  pas  avoir  un  volume  exagérément  grossi,  les  cor- 
recteurs romains  ont  fixé  les  fêtes  les  plus  répandues  parmi  celles-là  ;  les  autres 
figureront  dans  les  propres  diocésain?,  régionaux  ou  nationaux  (Bienheureuse 
Jeanne  d'Arc,  par  exemple,  qui  est  propre  à  la  France). 


NOTRE    SUPPLÉMENT 


Suivant  ce  qui  a  été  récemment  annoncé,  nos  abonnés  à  10  fr.  recevront,  en    même 
temps  que  le  présent  numéro,  les  Tablettes  de  la  Schola,  à  titre  de  supplément. 


NOTRE    ENCARTAGE 


Credo  de  la  messe  de  Saint- Philippe,  par  M.  l'abbé  Chassang. 

Nous  commençons  aujourd'hui,  en  encartage,  la  publication  du  Credo  de  l'œuvre 
nouvelle  de  M.  l'abbé  Chassang.  Ecrit  à  trois  voix  égales,  ce  morceau  intéressant 
est  destiné  à  alterner  avec  le  chant  liturgique.  A  ce  titre,  nous  le  signalons  particu- 
lièrement. Venant  après  le  Credo  de  M.  l'abbé  Perruchot,  à  2  voix  mixtes,  après  celui 
de  M.  Gastoué,  à  4  voix  mixtes,  cette  pièce  de  M.  l'abbé  Chassang  continuera  utile- 
ment la  série  de  ces  Credo  où  le  problème  de  la  coexistence  de  la  polyphonie  et  de 
la  monodie  est  abordé. 


BIBLIOGRAPHIE 


Dom  L.  David  et  R.  Senga  :  Cantiques  grégoriens,  avec  accompagnement 
par  l'Abbé  F.  Brun.  Chaque  livraison,  2  francs  net  ;  Janin  frères,  éditeurs,  à 
Lyon. 

Signalons,  avec  le  plus  grand  plaisir  et  le  plus  vif  intérêt,  ces  cantiques  qui  cons- 
tituent une  nouveauté  réelle  dans  la  musique  religieuse  et,  presque,  un  point  de  dé- 
part pour  la  musique  profane. 

Si,  en  effet,  nous  remontons  aux  premières  sources  musicales  liturgiques,  que 
voyons-vous?  Une  prosodie  impeccable,  faisant  toujours  dépendre  de  l'articulation 
des  paroles  une  musique  non  rythmée,  dans  l'acception  de  rythme  par  temps  forts 
de  mesures  binaires  ou  ternaires,  simples  ou  composées,  dont  est  formée  toute 
notre  musique    depuis  cinq  siècles  environ. 

Or,  des  grégorianistes  modernes  ont  eu  l'idée  d'écrire  des  Cantiques  sans  mesure, 
car  ici  les  barres  n'ont  plus  la  même  signification  que  dans  l'autre  musique.  Il  en 
résulte  une  prosodie  parfaite,  une  facilité  d'exécution  remarquable,  un  charme  par- 
ticulier. Et  c'est  ainsi  que  l'ultra  perfectionnement  du  rythme,  de  la  quintessence 
prosodique  arrivant  à  demander  à  l'outillage  musical  plus  qu'il  ne  peut  donner, 
aboutira  peut-être  à  la  simplification  extrême  et  à  la  mélopée,  qui  fut,  à  n'en  pas 
douter,  la  première  musique.  J'ai  la  conviction  que  là  est  l'avenir  de  la  musique 
moderne,  de  même  que  la  routine  d'une  armature  à  la  clef  disparaîtra  par  l'excès 
même  du  chromatisme,  des  gammes  par  tons,  le  tout  d'un  système  en  désaccord 
actuel  avec  les  errements  anciens. 

Je  ne  le  critique  pas,  certes  ;  mais  pourquoi,  alors  qu'on  est,  la  plupart  du  temps, 
dans  un  ton  inconnu,  pourquoi  ne  pas  accidenter,  pour  une  fois,  toutes  les  notes, 
et  ne  rien  mettre  à  la  clef  ?  Ce  serait  plus  logique,  plus  pratique  et  plus  crâne. 
Lorsqu'on  réforme,  il  faut  aller  jusqu'au  bout.  Et  le  solfège,  tel  qu'il  est  encore 
enseigné  et  utilisé,  est  aussi  suranné,  relativement  à  la  technique  moderne,  que 
l'étude  des  canons  du  xvi^  siècle  ou  des  agréments  du  xviii'^,  intérêt  archéologique 
à  part,  bien  entendu. 

Tout  en  louant  ainsi  l'auteur  des  Cantiques  grégoriens,  je  dois  à  la  vérité,  néan- 
moins, de  citer  ici  le  Père  Lhoumeau  comme  ayant  déjà  fait  un  essai  sembla- 
ble il  y  a  une  douzaine  d'années.  D'aucuns  l'en  critiquèrent  ;  d'aucuns,  et  j'étais  de 
ceux-là,  dirent  qu'il  y  avait  dans  cet  essai  un  avenir  certain.  M.  l'abbé  Bruneau  l'a 
réalisé  depuis;  le  R.  P.  Dom  David  et  ses  collaborateurs  le  réalisent  plus  excellem- 
ment encore. 

Lisez  ces  cantiques,  essayez-les,  et  vous  serez  vite  convaincus  que  telle  est  la 
meilleure  forme  de  cantique  qui  soit. 

Pour  le    moment,  il  n'y  en  a  qu'une    livraison,    contenant    quatre    cantiques.  Je 

souhaite  la  venue  des  autres    livraisons,  en  leur  présageant  un   succès  que  j'estime 

certain. 

F.  DE  La  Tombelle. 

Gi  J.  d'Adhémar  :  Adhémar  de  Monteil,  évêque  du    Puy,  légat  d'Urbain  II,  1079- 
1098.  ln-80  de  52  pages.  Le  Puy,    Peyriller  et  C'e. 

Intéressante  plaquette  sur  une  intéressante  figure  historique,  qui  se  recommande 
à  l'attention  des  musiciens  en  ce  que  Adhémar  de  Monteil  paraît    devoir  être  consi- 


I 


—  263  — 

déré  comme  l'auteur  du  Salve  Regina.  Aux  raisons  données  jusqu'ici,  M.d'Adhémar 
ajoute  la  mention  donnée  par  le  troubadour  Guillaume  de  Saint-Didier  :  «  Prends 
mon  livre  d'heures  et  lis-moi  ce  Salve  Regina  composé  par  notre  pieux  et  saint  évê- 
que,  Monseigneur  Adhémar.  »  (Nous  pouvons  d'ailleurs  annoncer  que  la  Tribune 
de  Saint-G errais  donnera,  prochainement  sur  cette  question  une  étude  très  complète 
et  probablement  définitive.) 

R.  P.  DoM  L.  LÉvÊQUE  :  Saint  Grégoire  le  Grand  et  l'ordre  bénédictin.  In-8o 
de  33o  pages,  4  fr.  5o.  Leihielleux,   10,   rue  Cassette,  Paris. 

Ouvrage  écrit  avec  intérêt  et  un  grand  attachement  à  son  héros,  par  un  de  ses  des- 
cendants spirituels.  En  attendant  une  biographie  française  complète  de  la  colossale 
figure  de  saint  Grégoire  le  Grand,  le  livre  de  Dom  Lévêque,  écrit  sur  un  point  plus 
particulier,  seralu  avec  charme  par  tous  ceux  qui  veulent  connaître  les  divers  aspects 
du  premier  pape  bénédictin. 

Diocèse  de  Paris,  Direction  de  renseignement  libre  :  Organisation  pédagogique 
et  Programme  d'enseignement  des  écoles  primaires  libres,  année  scolaire 
1910-191 1.  Petit  in-40  de  34 pages,  de  Gigord,  i3,  rue  Cassette,  Paris. 

Cette  publication  pédagogique  intéressera  particulièrement  nos  lecteurs  en  ce 
qu'elle  contient  à  sa  place  normale,  sous  le  titre  IX,  l'organisation  que  le  chant  et  le 
solfège  scolaires  doivent  avoir  dans  les  écoles  libres  du  diocèse  de  Paris.  Nous 
sommes  d'autant  plus  heureux  de  le  signaler,  que  le  Directeur  de  l'Enseignement 
diocésain  à  Paris  est  M.  l'abbé  Audollent,  l'un  des  tout  premiers  amis  de  la  Schola, 
et  auquel  on  doit  la  publication  de  ces  programmes,  qui  sera  utile  pour  toutes  les 
écoles. 

La  Vie  liturgique,  supplément  mensuel,  juillet-septembre  1 9  îo.— Compte  rendude 
la  réunion  liturgique  des  7  et  8  juin.  Abbaye  du  Mont-César,  Louvain,  Belgique. 

L'excellente  revue  des  RR.  PP.  Bénédictins  de  l'abbaye  du  Mont-César  donne  le 
Comipte  rendu  du  congrès  liturgique  dont  nous  avons  parlé  dans  le  n»  d'août-septem- 
bre de  la  Tribune.  Ce  compte  rendu  contient  le  texte  des  discours  et  rapports  lus  et 
discutés,  et  en  particulier  les  magistrales  pages  de  Dom  Ermin  Vitry  sur  L'esthétique 
du  chant  grégorien,  dont  nous  demanderons  aux  moines  du  Mont-César  la  permis- 
sion de   reproduire  dans  un  de  nos  fascicules  les  passages  les  plus  saillants. 

Publications  nouvelles  (recommandées)  de  la  maison  Marcello  Capra,  de 
Turin  : 

Mitterer  :  Missa  in  honorem  S.  Secundi  Martyris.  Partition,  4  fr.  ;  parties  de 
chœur,  o  fr.  40  (messe  à  3  voix  d'hommes  et  orgue,  assez  facile).  — Amatucci  :  Vespe- 
rae  completae,compvenanxDoniine  ad  adjuvandum,  Dixit,  Confitebor,Beatusvir,Lau' 
date  pueri,Laudate  Dominum,  Magnificat,  à  2  voix  égales  avec  accompagnement  d'or- 
gue ou  d'harmonium.  Partition,  3  fr.  7b  ;  parties  de  chant,  chacune  o  fr.  40  (bien 
que  ce  genre  de  morceaux  ne  soit  pas  en  usage  en  France,  nous  signalerons  cepen- 
dant le  Domine  ad  adjuvandum,  et  surtout  le  Laudate  pueri,  délicieux  de  grâce  et  de 
fraîcheur,  qu'on  pourra  chanter  en  diverses  occasions).  —  Pagella  :  Va  la,  fortuna 
chœur  madrigalesque  à  4  voix  d'hommes  (très  bon  modèle  de  chant  pour  chorale), 
o  fr»  40. 

De  la  maison  Schavann,  de  Dusseldorf  : 

Di'.Hermann  Bauer  :  5.  Barbaramesse,  messe  à  4  voix  mixtes  (facile),  2  fr.  ; 
Bill  :  Landmesse,  messe  à  2  voix  égales  et  orgue,  2  fr.  5o  ;  Emile  Dethier  :  AJissa 
à  2  voix  égales  et  orgue,  2  fr.  5o  ;  Joh.  Mùller  :  Messe  en  l'honneur  de  saint  Lau- 
rent, à  4  voix  d'hommes,  2  fr.  25. 


—  264  — 
LES  RE  VUES    {articles  à   sif^naler)  : 

Les  Chansons  de  Fi-ance,  n»  i5.  —  Versions  très  remarquables  de  La  fille  du  roi 
Loys  et  autres  chansons  populaires  apparentées  à  cette  curieuse  et  vieille  com- 
plainte. 

S.LM.  n°  10.  —  G.  Capellen  :  L'exotisme  et  la  musique  de  l'avenir  [avec  exemples 
d'harmonisation  d'un  chant  japonais  écrit  dans  la  gamme  du  icr  mode  grégorien]  ; 
Ch.  Kœchlin  :  Pièce  javanaise  orchestrée  pour  instruments  européens  [également 
à  rapprocher  des  gammes  grégoriennes]  ;  M.  Brenet  :  L'origine  du  «  crescendo  »  [est- 
ce  l'école  de  Mannheim  et  les  symphonistes  du  xviiie  siècle  ?  Non]. 

Revue  du  chant  grégorien,  n"  i .  —  J.  Bleyon  :  Vestiges  d'un  «  Kyrie  »  farci  en  fran- 
çais [version  méridionale  de  Chantons  tous  à  la  naissance,  donné  pa-v  i.  Tiersot  d'après 
la  tradition  bressanne,  dans  la  Tribune  de  décembre  igoS,  p.  876]  ;  G.  Meister  : 
Causerie  sur  V accompagnement . 

Musique  sacrée,  n°*  8-9.  —  J.  L.  :  Six  versets  d'orgue  pour  le  «  Magnificat  »  [ton 
royal). 

Rassegna  gregoriana,  n"'  7-8.  —  G.  Bogaeris  :  Le  chant  du  «  Benedictus  »  avant  la 
consécration  ou  après,  selon  le  Ceremoniale  Episcoporum  [excellent  article,  conclut, 
textes  en  mains,  que  la  rubrique  qui  rejette  \q  Benedictus  après  la  consécration  s'ap- 
plique aux  chants  en  musique  ;  et  prouve,  par  le  Cérémonial  lui-même,  l'excellence 
de  la  pratique  de  chanter  le  Benedictus  en  corps  avec  le  Sanctus,  quand  le  célé- 
brant n'a  pas  à  attendre,  donc  avec  la  presque  totalité  des  Sanctus  grégoriens]. 

Musical  Times,  no  811.  —  G.  Green  :  Les  orgues  de  la  cathédrale  de  Strasbourg 
[c'est  en  1260  que  fut  construit  le  premier  orgue  de  cette  cathédrale]. 

Die  Kirchenmusik,  n"  4.  —  Dr  P.  Wagner  :  La  messe  de  J.  Obrecht  :c  Je  ne  de. 
mande  »  [excellente  étude  historique  et  thématique  à  l'occasion  de  la  publication 
des  œuvres    d'Obrecbt   par  Joh.  Wolf]. 

Musica  Sacro-Hispana,  n»  17.  —  R.  P.  Otaiîo  :  La  culture  liturgico-musicale  du 
Clergé,  comme  le  moyen  le  plus  efficace  pour  l'application  des  dispositions  sur  la 
musique  sacrée  [mémoire  excellent  présenté  au  congrès  de  Séville].  —  Nos  i5  et  16. 
—  F.  P.  de  Vinaspre  :  De  l'adaptation  du  texte  dans  les  compositions  musicales  litur- 
giques [très  bonne  leçon  de  composition,  à  recommander  aux  jeunes  composi- 
eurs]. 

La  Petite  Maîtrise  (Perpignan),  n"  4.  —  Nous  avions  déjà  signalé  l'insuffisance  et 
l'incorrection  absolue  des  œuvres  (?)  publiées  par  cette  «  revue  de  musique  du  dio- 
cèse de  Perpignan  ».  Aujourd'hui,  nous  sommes  heureux  de  constater  que  son  ré- 
pertoire tend  à  se  modifier.  Au  milieu  de  pièces  dont  il  vautmieux  ne  pasparler,  men- 
tionnons un  excellent  «  Ave  maris  Stella  »  à  trois  voix  égales  ou  mixtes  de  J.  Fabre, 
un  O  salutaris  du.  même  auteur  en  forme  de  choral,  pour  la  même  disposition  vo- 
cale, un  très  bon  O  silutaris  de  M.  l'abbé  Ghabot,  pour  deux  voix  égales  ou  trois 
voix  mixtes,  et  une  Prière  pour  orgue  ou  harmonium  de  M.  L,  Paraire. 

*  - 

*  * 

Signalons  parmi  les  revues  qui  donnent  place  à  la  musique,  V Ecole,  revue  hebdo- 
madaire de  l'enseignement  primaire  libre  du  diocèse  de  Paris,  qui  contient  d'excel- 
lents conseils  pédagogiques  et  pratiques  de  M.  Brenet,  F.  Raugel,  etc.,  toutes  les 
deux  semaines  ;  et  V  Eucharistie,  publiée  par  la  maison  de  la  Bonne  Presse,  où 
M.  Gastoué  étudie,  dans  une  série  suivie,  les  chants  liturgiques  consacrés  du  culte 
eucharistique. 


Le   Gérant  :    Rolland. 


Poitiers.  -  Société  française  d'Imprimerie 


Supplément  à  la  Tribune  de  Saint-Gervais.  —  Novembre  19 lo. 


NOUVEAU  REPERTOIRE  D^ŒUVRES  MODERNES 
1»:«SÉR1E:  WOTETS  ET  (KIESSES  A  VCIX  ÉGALES  . 

A  sa  Grandeur 
Monseigneur  MEUNIEB,  Evèque  d'Evreitx 

MESSE  DE  SAINT  PHILIPPE 


[oiie 


Avec  Credo  pour  alterner  le  chant  litur^que 

A  TROIS  VOIX  D'HOMMES 
et  accompag-nement  d^org-ue 


P.CHASSANG 


CREDO 


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Seizième  Année  N°  12  Décembre  1910 

LATRIBVNE  DE  SAINT-GERVAIS 

REVUE    MUSIGOLOGIQUE 

DE    LA 

Scljala    (Eantarum 

ABONNEMENT  COiVlPLET  :  !  BUREAUX    :  l     ABONNEMENT  RÉDUIT  : 

{Revue  avec  Supplément  et  Ëncariaqc  \       ^  c    ■    ,    r  /:      i       (Sans   Supplément   ni    Encartaqe 

de  Musique)  -^     \2(^9.     rue    Saint-Jacques,     269  de  Musique)  ^ 

France  el  Colooies,  Belgique.    10  ir.  |  paris  (v=)  |  Pour  MM.  les  Ecclésiastiques, 

Uiiioïï  Postale  (autres  pays).    11  îr.  |  |      les- Souscripteurs  des  n  Amis 

r      .,  ,       ,   ,  ,       .,/./,  Digue  de  Brabant,  14     {      de  la  Schola  i)  et  ics  Elèves     6îr. 

Les  Abonnements  partent  du  mois  de  s  ^  "  '        '       5  . 

Janvier.  \  GAND  (Belgique)  i    UDIOU  Postale.  7  IF. 

Le  numéro  :    0    fr.  60  sans  encanage  ;  1  fr.  avec  encartage. 

SOMMAIRE 

Note  sur  l'instrumentation  du  a  Messicy)  de  Haendel.     .     ...     .  Félix  Raugel. 

Nouvelles  musicales. 

U Ecole  liégeoise  au  XII"  siècle Ant.  Auda. 

Formulaire  de  récitatifs  {fin) A.  Gastoué. 

Petite  correspondance. 

Variétés;  L'orgue  au  service  de  la  Compagnie  de  Jésus.     .     .  L.  T. 

Bibliographie:  45 0  Noëls  harmonisés  par  AT.  Marcel  Rouher  .  A.  Gastoué  et  F.  de 

La  Tombelle. 

Œuvres  diverses,  les  Revues La  Rédaction. 


Note  sur  rinstrumentation  du  "Messie"  de  Haendel 


Nous  ne  ferons  pas  ici  Thistoire  ni  l'analyse  du  Messie,  mais  nous 
indiquerons,  après  quelques  explications  sur  l'instrumentation  originale, 
les  principaux  ouvrages  traitant  du  célèbre  oratorio. 

Les  documents  n'ont  pas  manqué  pour  établir  la  version  authen- 
tique du  Messie. 

D'abord  les  autographes  de  Haendel  : 

1°  Le  manuscrit  original  écrit  du  22  août  au  14  septembre  1741, 
contenant  :  Touvrage  tel  qu'il  fut  exécuté  à  Dublin,  et  trois  morceaux 
ajoutés  plus  tard.  Il  se  trouve  au  Buckingham-Palace. 

2"  Quelques  morceaux  séparés  d'un  recueil  d'autographes  de  Haendel  : 
également  au  Buckingham-Palace. 

3°  Une  série  d'annotations  de  Haendel,  sur  la  partition  d'orchestre 
qui  lui  servit  à  Dublin  pour  la  direction  de  l'exécution.  Cette  partition 
copiée  par  Christophe  Schmidt  ou  Smith,  le  copiste  et  Tami  de  Haendel, 
est  aujourd'hui  à  Oxford  (Tenbury  Collège). 

4°  Quelques  notes  et  esquisses  sur  des  feuilles  volantes,  à  Cambridge, 
au  Fitzwilliam-Museum  ^ 

I.  Ces  renseignements  sont  extraits  de  la  remarquable  préface  de  RL  le  Dr  Seiffertj 


-  266  — 

La  reproduction  photographique  de  tout  ce  matériel  a  été  publiée  en 
1892  par  Frédéric  Chrysander  ;  tout  le  monde  peut  donc  étudier  ces 
documents,  indispensables  à  la  parfaite  connaissance  de  l'œuvre. 

En  plus  des  autographes,  il  existe  3  copies  faites  par  Schmidt,  de  la 
grande  partition^  qui  servaient  à  la  direction,  à  l'accompagnement  au 
cembalo  et  à  l'orgue  :  la  première  est  à  Oxford,  la  seconde,  à  la 
bibliothèque  de  Hamburg,  la  troisième  est  à  Londres  en  la  possession 
de  M.  Otto  Goldschmidt. 

Il  y  a  encore  enfin  la  partition  léguée  par  Haendel  (codicille  du  4  août 
17,57)  au  Foundling-Hospital  de  Londres  avec  le  matériel  complet  des 
parties  séparées  d'orchestre  et  de  chœur. 

Oubliées  pendant  fort  longtemps,  ces  parties  furent  enfin  retrouvées 
en  1 896  au  Foundling-Hospital,  dans  un  vieux  placard  attenant  à  l'orgue, 
par  l'organiste  H.  Dawan  Wetton. 

Cette  «  invention  »  com.pléta  définitivement  l'ensemble  des  sources 
authentiques  du  Messie\  ces  parties  séparées  sont  d'autant  plus  pré- 
cieuses, que  c'est  le  seul  matériel  qui  soit  parvenu  jusqu'à  nous  de  tous 
les  oratorios  de  Haendel. 

Aussitôt  Chrysander  donna  dans  le  Jahrbiich  der  Miisikbibliothek 
Peters  (II),  un  article  fort  important  sur  ces  parties  de  chœur  et 
d'orchestre  ;  nous  allons  en  donner  le  résumé  : 

La  partition  consiste  en  3  volumes,  dont  chacun  renferme  une  partie  , 
de  l'oratorio. 

Les  parties  séparées  comprennent  28  fascicules  [n*^^  1  ài5  :  parties 
d'instruments  ;  n°^  16  à  28  :  parties  de  solistes  et  du  chœur,  avec  les 
noms  des  exécutants].  Il  ressort  de  ces  parties  que  : 

—  Les  solistes  chantaient  dans  les  chœurs  [les  chœurs  d'ailleurs 
étant  composés  d'éléments  de  choix,  et  formés  comme  des  solistes]. 

—  Il  3^  avait  un  équilibre  parfait  entre  le  nombre  des  voix  et  celui 
des  instruments  ;  équilibre  également  entre  la  masse  des  instruments 
à  archet  et  celle  des  instruments  à  vent. 

—  L'orchestre  était  divisé  (d'après  les  mentions  que  portent  les 
couvertures  des  parties  séparées)  en  concertino  et  concerto  grosso\  le 
premier  se  comiposant  de  solistes  accompagnant  les  airs,  le  second  de 
tout  l'orchestre  accompagnant  les  chœurs,  et  encore  y  a-t-il  souvent 
Une  différence  de  nuances  entre  le  concerto  grosso  «  senia  rip  »  et  le 
concerto  grosso  a  cou  rip  »  (ou  tutti  général);  Haendel  écrivant  toujours 
cette  nuance  sur  sa  partition,  c'est  au  chef  d'orchestre  à  s'j^  conformer 
en  divisant  logiquement  les  éléments  dont  il  dispose  K 

11  est  vraiment  extraordinaire  qu'armés  d'un  ensemble  de  docu- 
ments aussi  certains,  les  musiciens  aient  pendant  si  longtemps  oublié 
les  vrais  principes  d'exécution   des  œuvres   de  Haendel;  et   cela,  non 

à  la  partition  critique  du  Messie  qui  forme  le  volume  XLV   de   la  grande  collection 
Haendel. 

I.  Cf.  dans  le  Haendel  de  Fr.  Volbach,  la  disposition  adoptée  aux  exécutions  des 
œuvres  de  Haendel  .à  Mayence,  pour  265  exécutants. 


—  267  — 

seulement  en  Allemagne,  mais  aussi  en  Angleterre,  où  le  Messie  était 
exécuté  chaque  année  du  vivant  et  après  la  mort  de  l'auteur. 

Le  grand  et  immortel  Mozart  fut  le  premier  qui  remania  la  partition 
du  Messie^  pour  la  mettre  «  à  la  mode  »  de  son  temps  et  faciliter  une 
exécution  sans  orgue. 

Le  grand  nom  de  Tauteur  de  la  Flûte  enchantée  aida  certainement  à  la 
diffusion  du  chef-d'œuvre  de  Haendel.  Mais  ce  n'était  plus  le  monument 
primitif  dans  sa  grandiose  simpligté  :  Mozart  avait  supprimé  l'an- 
cienne division  entre  le  concertino  et  le  concerto  grosso  ;  toutes  les 
basses  chiffrées,  primitivement  réalisées  avec  souplesse  par  le  cembalo 
ou  l'orgue,  étaient  instrumentées,  et  enfin  l'adjonction  de  flûtes,  de  cla- 
rinettes, de  cors,  apportait  de  nouveaux  éléments  de  coloris  non 
prévus  par  Haendel. 

Enfin,  les  parties  de  trompettes  étaient  complètement  changées,  et 
les  hautbois  et  bassons,  au  lieu  d'être  un  simple  redoublement  des  voix, 
étaient  traités  d'une  façon  concertante  et  indépendante,  à  notre  manière 
moderne. 

Il  faut  dire,  pour  être  impartial,  que  le  travail  de  Mozart  est,  au 
point  de  vue  Mozart,  un  chef-d'œuvre  de  tact  et  d'habileté  ;  il  y  a  beau- 
coup à  apprendre  à  l'étudier  en  détail.  Cependant,  au  point  de  vue 
haendelien,  il  est  inutile  et  trahit  les  intentions  de  l'auteur  du  Messie. 
Mozart,  réinstrumentant  le  chef-d'œuvre  de  Haendel  trente  ans  après  la 
mort  du  maître,  ne  pouvait  reconnaître  les  mérites  d'une  technique 
autre  que  la  sienne  \  il  s'arrêtait  à  la  surface  et  restaurait,  aurait  dit 
VioUet-le-Duc,  sans  être  pénétré  de  l'esprit  qui  avait  dirigé  l'ancien 
constructeur. 

A  la  suite  de  Mozart,  une  nuée  d'arrangeurs  se  précipita,  qui  s'attaqua 
aux  autres  oratorios,  aux  Te  Deum,  aux  cantates,  etc.,  et  le  fit  alors  sans 
tact  ni  talent,  jusqu'à  ce  que  Fr.  Chrysander,  en  publiant  les  textes 
dans  leur  intégrité  primitive,  donnât  à  tous  le  moyen  de  connaître  la 
vraie  pensée  de  Haendel. 

Mais  il  est  temps  de  revenir  aux  parties  séparées  retrouvées  au 
Foundling-Hospital  ;  leur  intérêt  principal  consiste  en  ce  qu'elles 
contenaient  des  instruments  non  explicitement  indiqués  dans  la  parti- 
tion (hautbois  et  bassons). 

Or  ces  parties,  nous  apprend  Chrysander,  «  ne  contenaient  pas  une 
note  qui  ne  fût  dans  la  partition  »,  rien  autre  chose  que  la  reproduction 
des  parties  de  chœur  jouées  à  l'unisson,  rien  de  nouveau,  excepté  l'in- 
dication plus  exacte  des  parties  isolées,  qui  étaient  écrites  dans  la  parti- 
tion sur  une  seule  ligne. 

Haendel  évidemment  a  voulu  dans  le  Messie  (de  même  que  J.-S. 
Bach  dans  la  Passion  selon  saint  Matthieu)  se  passer  de  luxe  instru- 
mental ;  il  a  dû  y  être  incité  par  les  ressources  restreintes  que  Dublin 
lui  offrait. 

I.  Cf.  Pirro  :  l'Esthétique  de  J.-S.  Bach.  Introduction,  p.  6. 


—  268  — 

Cependant,  revenu  à  Londres,  et  disposant  de  grandes  ressources,  il 
ne  changea  rien  à  l'instrumentation  primitive.  Il  écrivit  dans  un  nou- 
veau chœur  [Par  tout  runivei^s)  seulement  deux  parties  de  hautbois 
indépendantes. 

Et  dans  tous  les  remaniements  que  Haendel  lui-même  fit  subir  à   sa 
partition  selon  les  éléments  dont  il  disposait  (récits  remplaçant  les  airs, 
transpositions  pour  différentes  voix,  coupures,  chœurs  remplacés  par 
des  airs,  soli  remplacés  par  des  ensembles),  //  ne  retoucha  jamais  l'or- 
chestration. 

Il  en  faut  chercher  la  vraie  raison  dans  le  cœur  de  Haendel  :  il  avait 
senti  son  œuvre  terminée  ;  il  avait  compris  que  le  Messie,  chef- 
d'œuvre  de  foi  intense  et  d'ardeur  intérieure,  n'avait  pas  besoin  de 
chatoiement  extérieur. 

L'œuvre  s'imposait  «  dans  sa  robe  de  pierre  »,  comme  sous  d'autres 
cieux  la  nef  de  la  cathédrale  d'Amiens. 

Faut-il  insister  sur  le  rayonnement  de  la  foi  dans  le  Messie^  qui  en 
est  la  beauté  spéciale  ? 

Sans  doute,  VHalleliijah  célèbre  et  les  acclamations  formidables  de 
la  3^  partie  comptent  parmi  les  apothéoses  les  plus  grandioses  de  toute 
la  musique  ;  mais  il  faut  chercher  ailleurs  la  véritable  beauté  de  l'œuvre: 
dans  les  airs  les  plus  humbles  et  les  chœurs  les  plus  émus. 

Qui  ne  pense  aussitôt  à  l'air  du  Bon  Pasteur,  à  l'air  d'alto  :  «  Il  fut 
méprisé,  honni  »,  qui  forme  avec  l'admirable  chœur  qui  suit,  a  écrit 
M.  Beîlaigue,  «  l'un  des  Ecce  homo  les  plus  compatissants,  les  plus 
indignés,  de  la  musique  entière  »  ? 

Et  les  récits  du  ténor  pendant  la  Passion  ! 

Et  cet  air  du  soprano,  divinement  inspiré  :  «  Seigneur,  tu  ne 
livreras  pas  ton  Bien-Aimé  à  la  corruption  du  tombeau  !  » 

Et  enfin  le  sublime  morceau  qui  ouvre  la  3^  partie  :  a  Je  crois,  je  sais 
qu'il  est  vivant,  mon  Rédempteur.  » 

—  «  Qui  donc  en  douterait  encore,  ayant  entendu  cet  air  ^  ?  » 

Quand  il  l'a  voulu,  Haendel  a  su  employer  des  raffinements  d'orches- 
tration inconnus  avant  lui  :  ses  40  opéras  sont  à  cet  égard  remplis  de 
découvertes  ;  et  dans  ses  oratorios,  si  certains  ont  une  instrumentation 
particulièrement  soignée,  cette  couleur  est  voulue  pour  cadrer  avec 
l'allure  dramatique  du  sujet  {Sai'il,  Israël)  ou  pour  réaliser  une  peinture 
musicale  spéciale  {VAlleg?^o,  Séinélé,  Acis  et  Galathée).  «  Rien  n'est  donc 
plus  important,  écrit  M.  Romain  Rolland,  si  Ton  veut  rendre  exacte- 
ment cette  musique,  que  de  ne  point  changer  l'équilibre  des  propor- 
tions de  l'orchestre  sous  prétexte  de  l'enrichir  et  de  le  moderniser.  Le 
pire  défaut  serait  de  lui  enlever,  par  une  surcharge  inutile  de  couleurs, 
sa  souplesse  de  nuances  qui  est  son  charme  principal.  » 

Et  Chrysander  disait  :  «  Notre  devoir  est  de  ne  rien  ajouter,  mais 
aussi  d'employer  tout  ce  dont  Haendel  faisait  usage,  et  de  nous  en 
servir  dans  les  mêmes  proportions  que  lui-même  avait  adoptées  2.  » 

1.  Camille  Beîlaigue  :  les  Époques  de  la  musique,  t.  I. 

2.  Jahrbuch  Peters  {i8q5). 


—  269  — 

Les  noms  les  plus  illustres  ne  doivent  pas  justifier  des  restaurations, 
même  entreprises  avec  soin,  quand  les  auteurs  de  ces  restaurations  ne 
se  sont  pas  pénétrés  de  l'esprit  qui  a  dirigé  les  anciens   constructeurs. 

Même  et  surtout  en  musique,  il  est  bon  de  se  souvenir  du  principe 
énoncé  par  Viollet-le-Duc,  dans  la  préface  de  son  Dkiiounaire  d'Archi- 
tecture. Il  y  a  deux  choses  dont  on  doit  tenir  compte  avant  tout  dans 
l'étude  d'un  art,  c'est  la  connaissance  du  principe  créateur,  et  le  choix 
dans  l'œuvre  créée. 

Félix  Raugel. 


BIBLIOGRAPHIE 

C,  Bellaigue  :  les  Époques  de  la  musique,  t.  I.   1909. 

M.  Brenet  :  le  Vrai  «  Messie  »  de  Haendel  {Guide  musical,  8  mai  19 10). 

BuRNEY  :  Commémoration  of  Handel,  1785. 

Fr.  Chrysander  :  G.  F.  Haendel.  3  volumes,  185S-1867,  Leipzig. 

»  Fac-simile  des  autographes  de  Haendel.  Hamburg,  1892. 

»  Hândels  Biblische  Oratorien.  Leipzig,  Breitkopf,   190G. 

»  Etude  sur  les  parties  séparées  du  «  Messie  ».  Jahrhuch  Peters,   1895, 

Musical  Times  (i"^!  mai  1902)  :  The  Foundling-Hospital  and  ist  Music. 

RocHLiTZ  :  Flir  Freunde  der  Tonkiinst.  Leipzig,  1824-1832. 

Romain  Rolland  :  Portrait  de  Haendel  [Revue  de  Paris  du  i5  avril  1910). 

))  Haendel.  Alcan,  1910. 

D''  M.  Seiffert  :  Préface  à  la  grande  édition  critique  du  «  Messie  ».  Vo- 
lume XLV  de  la  collection  Haendel. 

»  Die  Verzierung  der  Sologesànge  in  Hàndel's  «  Messias  »,  dans  le  Recueil 
de  la  Société  internationale  de  musique.  8^  année,  livre  IV. 

Fr.  Volbach  :  G.  Fr.  Handel  [Verlag  Harmonie),  Berlin. 

Wilhelm  Weber  :  Der  Messias.  Augsburg,  1900. 


Nouvelles  Musicales 


FRANGE 


Paris.  —  Mme  Pierre  Aubry  vient  de  faire  don  à  l'École  des  Hautes-Études,  à  la 
Sorbonne,  de  la  bibliothèque  et  des  collections  (photographies,  clichés,  etc.)  de 
notre  regretté  ami.  Cet  ensemble,  qui  portera  son  nom,  sera  ouvert  au  public,  aus- 
sitôt que  l'aménagement  de  la  salle  qui  doit  les  contenir  et  le  catalogue  général  en 
seront  publiés. 

=  Le  mois  prochain,  lundi  3o  janvier,  à  5  h.  1/4,  commencera  la  série  de  confé- 
rences que  doit  doit  donner  à  l'Institut  catholique  M.  Amédée  Gastoué,  dans  la 
section  d'apologétique.  Ces  conférences  —  il  y  en  aura  dix  —  seront  consacrées  à 
la  musique  religieuse.  En  voici  le  programme  : 

iro  leçon:  Qu  est-ce  que  la  musique  d'église}  —  Place  de  la  musique  dans  l'acti- 
vité intellectuelle.  —  Les  grands  penseurs  chrétiens  :  Clément  d'Alexandrie,  saint 
Augustin,  Boèce,  saint  Thomas  d'Aquin.  —  Les  mystiques  :  de  sainte  Hildegarde  à 
M.  Olier. 

26  leçon.  —  Abus  et  réglementations.  —  Premiers  rappels  :  saint  Léon  IV.  —  En- 
vahissement des  genres  profanes  :  Guibert  de  Tournai,  Jean  XXII,  Benoît  XIV. 
—  Temps  modernes  :  Pie  X. 

3e  leçon  :  Le  code  juridique  de  la  musique  sacrée  (Motu  proprio  de  Pie  X). 

4^  leçon  :  Le  chant  liturgique  et  la  vie  chrétienne. 

5"  leçon  :  L'esthétique  du  chant  liturgique.  —  Décadence  et  restauration  ;  l'œuvre 
des  Bénédictins  :  Dom  Pothier. 

6e  et  y^  leçon  :  Le  chant  populaire  latin.  —  Les  premiers  chants  des  fidèles.  — 
Cantiques  primitifs  oubliés. 

8e  leçon  :  La  musique  polyphonique,  de  l'organum  primitif  aux  classiques  et  aux 
modernes. 

9e  leçon  :  Le  chant  en  langue  vulgaire.  ~  Son  rôle  ancien,  moderne.  —  Les  plus 
anciens  chants  français  :  cantilène  de  sainte  Eulalie,  épîtres  farcies,  lais,  descors  et 
chansons  pieuses.  —  Les  «  noëls  ».  —  Psaumes  et  cantiques  du  xvi»  siècle  au  xxe, 

io<^  leçon:  Conclusion. —  Les  conclusions  de  Pie  X.  --  L'œuvre  de  la  Schola  : 
Charles  Bordes. 

=  Notre-Dame  delà  Croix.  —  Le  vendredi  25  novembre  a  eu  lieu  l'inauguration 
du  «  nouvel  orgue  d'accompagnement,  érigé  dans  la  nef,  en  vue  de  favoriser  le  chant 
de  tous  les  fidèles,  de  les  intéresser  aux  offices  et  de  rehausser  ainsi  l'éclat  des  solen- 
nités religieuses  »,  dit  l'invitation  à  la  cérémonie.  M.  l'abbé  Igonel,  curé  de  la  pa- 
roisse, vient  en  effet  de  doter  son  église  d'un  nouvel  instrument,  construit  par  la 
maison  Mutin,  disposé  spécialement  en  vue  de  son  objet,  et  comprenant  :  quatre 
jeux  de  huit  pieds,  diapason,  flûte,  salicional  et  trompette  ;  deux  de  quatre  pieds, 
principal  et  soprano  ;  un  plein-jeu  de  trois  rangs  ;  et,  au  pédalier,  un  bourdon  et 
une  tuba,  chacvin  de  seize  pieds. 

S.  G.  Mgr  Amette,  archevêque  de  Paris,  a  bien  voulu  bénir  cet  orgue,  et  aprisun 
plaisir  particulier  au  programme  du  concert  spirituel  et  du  salut  qui  ont  suivis,  avec 


—  271   — 

le  concours  de  M.  Eug.  Gigout,  l'éminent  organiste  de  Saint-Augustin,  M.  et 
M™e  Ach.  Philip,  de  la  Schola,  M.  Mary,  des  Concerts  Colonne,  nos  sympathiques 
amis  MM.  Eug.  Borrel  et  Félix  Raugel,  et  le  cours  d'ensemble  de  Mlle  A.  Lefèvre. 

L'audition  comprenait  : 

Pi'élude  et  fugue  en  mi  mineur,  J.-S.  Ba:h;  Largo,  pour  violon  etorgue,  J.-M.  Le- 
clair;  Communion  et  Toccata,  E.  Gigout;  airs  à.\i  Messie  et  du  Te  Deum  de  Ha.endel; 
Suite  gothique  diQ  Boellmann  ;  Concerto  en  ré  mineur  pour  orgue  et  orchestre,  de 
Haendel,  avec  le  concours  de  la  Société  Haendel. 

Au  salut  :  Ave  veriim  de  Gigout  ;  Ave  Maria  de  César  Franck  ;  Tu  es  Petrus,  de 
Mendelssohn  ;  Tantum  ergo,  choral  de  Bach  ;  Laudate,  de  Viadana. 

Bourges.  —  Au  grand  séminaire,  sous  la  direction  de  MM.  les  abbés  Huchet  et 
Pinson,  on  marche  à  merveille  dans  la  bonne  voie.  Les  séminaristes,  d'ailleurs, 
voguent  à  pleine  voile  dans  le  sillage  grégorien  ;  ils  étaient  déjà  bien  préparés  :  l'en- 
couragement et  les  ordres  de  S.  G.  Mgr  Dubois  les  ont  confirmés  de  plus  en  plus 
dans  leurs  bonnes  habitudes. 

Au  jour  de  la  Présentation  de  la  sainte  Vierge,  le  21  novembre,  avec  les  offices  en 
grégorien,  un  salut  solennel  a  compris  :  Venite  populi  (petites  feuilles  de  la  «  Revue 
du  chant  grégorien  »)  ;  Beata  es,  à  3  voix  égales,  de  Ch.  Bordes  ;  Oremus  pro  Pont.i- 
fice  (édition  de  Solesmes);  Tantum  ergo  espagnol  ;  Adoremus  et  Laudate  Dominum 
(«  Principaux  chants  liturgiques  a  de  M.  Gastoué)  ;  Salve  Regina  caelitum,  abbé 
F.  Brun. 

Sens.  —  En  nombre  d'endroits  du  diocèse  de  Sens,  l'impulsion  grégorienne  donnée 
depuis  longtemps  par  notre  éminent  confrère  M.  l'abbé  Villetard  profite  autant  au 
plain-chant  qu'à  la  musique. 

En  dernier  lieu,  signalons  que  pour  la  Toussaint,  à  Saint-Eusèbe  d'Auxerre,  un 
groupe  d'amateurs  a  chanté,  avec  le  propre  de  la  messe  en  chant  grégorien,  les 
Kyrie,  Gloria,  Sanctus,  Agnus  de  la  Miss.r  brevis  de  Palestrina,  sous  la  direction 
de  M.  Berthier,  avec  un  très  grand  succès. 

A  Auxerre  même,  la  Manécanterie  de  la  Croix  de  bois  a  prêté  son  concours  à 
la  messe  annuelle  de  la  Croix-Rouge,  oîi  le  Libéra  grégorien  a  fortement  impres- 
sionné l'assistance,  et  chanté  un  salut  solennel  à  la  chapelle  de  l'École  Saint-Elme, 
en  présence  et  avec  les  félicitations  de  S.  G.  Mgr  l'Archevêque. 

Profitons  de  la  circonstance  pour  féliciter  M.  l'abbé  Villetard  *  de  la  nouvelle  dis- 
tinction dont  ilvient  d'être  l'objet  de  la  part  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres,  en  vue  de  son  étude  des  anciens  livres  liturgiques  du  diocèse. 

Reims.  —  Les  Chanteuses  de  Notre-Dame,  sous  la  direction  de  M.  l'abbé 
Thinot,  ont  donné  leur  concours  aux  vêpres  et  au  salut,  le  6  novembre,  à  l'église 
Saint-Maurice.  Magnificat  à  3  voix,  spécialement  écrit  par  M.  Ch.  Penaud  ;  Salve 
Regina  grégorien,  antiennes  grégoriennes  et  ambrosiennes  ;  Adoro  te  k  3  voix,  de 
La  Tombelle  ;  cantiques  de  MM.  Lhoumeau  et  Brun, 


ITALIE 

Rome.  —  Afin  de  ne  pas  trop  faire  attendre  l'apparition  de  l'Antiphonaire  Vati- 
can, et  permettre  de  s'y  préparer  par  l'application  immédiate  de  la  psalmodie,  les 
Bénédictins  préparent  dès  maintenant  les  Toni  communes,  qui  contiendront  les 
tons  des  psaumes  avec  les  règles  de  la  psalmodie,  le  chant  des  versets  divers,  des 
Benedicamus,  etc.  Ces  Toni  communes  ,  dit-on,  vont  incessamment  paraître. 


I.  Qui  vient  de  faire  célébrer  dans  sa  paroisse  une  solennelle  «  journée  liturgique  »  pour 
laquelle  nous  regrettons  de  ne  pas  avoir  reçu  de  compte  rendu  de  notre  correspondant  habi- 
tuel. La  poste  n'y  serait-elle  pas  d'un  oubli  de  plus  ? 


~    272 


ALLEMAGNE 


Nous  sommes  heureux  de  signaler  la  nomination  de  M.  l'abbé  Dr  H.  MûUer,  pro- 
fesseur de  théologie,  à  Paderborn,  comme  successeur  de  Mgr  Haberl  en  qualité  de 
Président  général  du  Cecilien  Verein.  Le  nouveau  Generalpràses  est  un  excellent 
musicien,  et  un  non  moins  bon  grégorianiste.  L'un  des  membres  actifs  du  Congrès 
de  Strasbourg  en  igoS,  M.  le  Dr  Mùller  rédigeait  la  petite  revue  Die  Kirchenmiisik, 
qui  déjà  s'était  fait  une  large  place  parmi  les  publications  allemandes. 

Ratiseonne.  —  Le  successeur  de  Mgr  Haberl  comme  Directeur  de  l'École  de 
musique  sacrée  de  Ratisbonne  est  le  professeur  Dr  Karl  Weinmann,  excellent  mu- 
sicien et  grégorianiste  fervent.  Le  Dr  Weinmann  est  bien  connu  par  ses  écrits  sur 
l'histoire  musicale,  et,  depuis  quelques  années,  rédigeait  le  Kirchenmusikalischen 
Jahrbuch  de  la  célèbre  Ecole. 

Beuron  (Forêt-Noire).  —  La  troisième  année  d'études  du  cours  annuel  de  mu- 
sique d'église  de  la  Gregoriusgesellschaft  des  Bénédictins  de  Beuron  a  eu,  comme 
précédemment,  un  très  grand  succès.  On  sait  que  ce  cours  comprend  l'enseigne- 
ment du  chant  grégorien,  de  l'histoire  de  la  musique,  de  la  liturgie  (nous  souli- 
gnons ces  deux  points),  du  piano  et  de  l'orgue,  de  l'harmonie,  de  l'accompagne- 
ment, du  contrepoint  et  des  éléments  de  composition,  du  chant  et  de  la  direction 
des  chœurs. 

Il  y  a  eu  cette  année  33  élèves.  A  la  séance  de  clôture,  on  a  exécuté  des  pièces 
d'orgue  de  Bach,  Rheinberger,  Guy  Ropartz  (larghetto  en  mi  mineur),  et  Guilmant 
[Méditation,  op.  20).  Nous  sommes  heureux  de  signaler  ainsi  la  place  donnée  à  nos 
auteurs  français  et  «  scholastiques  »  dans  cette  école  d'art-allemande,  et  lui  souhai- 
tons une  nouvelle  année  de  semblable  succès. 


AUTRICHE 

Prague.  —  La  célèbre  abbaye  bénédictine  d'Emaûs  a  eu  cette  année  la  primeur 
d'une  «  semaine  pratique ■>^  de  musique  sacrée.  Les  religieux  du  monastère  s'étaient 
chargés  de  ce  qui  concernait  le  chant  grégorien,  et  à  la  célèbre  chapelle  musicale 
de  la  cathédrale  de  Ratisbonne  était  confié  le  soin  des  exécutions  polyphoniques  ; 
chaque  jour,  il  y  avait  trois  conférences  pratiques  consacrées  alternativement  au 
chant,  à  l'orgue,  à  la  liturgie,   plus  grand'messe  et  vêpres. 

Après  chaque  messe  il  y  eut  encore,  pendant  trois  jours,  un  concert  spirituel  de 
maîtres  anciens  :  Palestrina,  Marenzio,  Vittoria,  Orland  de  Lassus,  Anerio,  Hasler, 
Vecchi  et  Aichinger. 

Le  succès  le  plus  considérable  a  couronné  cette  tentative,  analogue  aux  «  Assises 
de  la  Schola  »  créées  par  Bordes,  et  l'on  s'est  promis  de  la  renouveler  chaque 
année. 


Échos.  —  Le  mot  «  nouveau  »  signifie-t-il  toujours  quelque  chose  de  «  neuf  »  ? 
Sans  doute,  du  «  neuf»  sera  toujours  du  «  nouveau  ».  La  réciproque  est-elle  vraie  ? 
Voilà  le  hic,  et  il  ne  servirait  à  rien  de  créer  des  malentendus  là-dessus.  Notre  con- 
frère L.  R.  s'amuse  à  ces  jeux  d'esprit  :  mon  Dieu  !  qu'il  continue  si  cela  lui  plaît  ; 
des  dissertations  lexicologiques  sur  la  bonne  manière  d'écrire  le  français  sont  tou- 
jours intéressantes.  Mais  nous  ne  saurions  nous  permettre  d'écrire  en  tête  de  la  Tri- 
hune,  avec  caractères  ordinairement  réservés  à  matière  plus  sérieuse  que  ces  passe- 
temps  :  Toujours  l'humeur  chicanière  deL.R.?  Peut-être,  «  à  nouveau»,  prétendrait- 
on  «  encore  »  que  nous  «  lâchons  quelques  gros  mots  »  ?  Cependant... 

La  Rédaction. 


L'ÉCOLE  LIÉGEOISE  AU  XII^  SIÈCLE 


L'OFFICE  DE  SAINT  TRUDON 


I.  —  L'Abbayr  de  Saint-Trond. 


Liège,  dans  le  hautmoyenàge,  tenait  une  place  à  part  dans  les  «  villes 
d'art  »  où  la  musique  était  spécialement  en  honneur.  Les  plus  hauts 
personnages,  les  plus  illustres  représentants  de  l'Eglise  ou  de  la  société 
civile  tenaient  à  honneur,  dans  un  large  rayon,  d'avoir  passé  par  ses 
écoles  célèbres  ;  et,  au  milieu  de  celles-ci,  particulièrement  renommés 
étaient  l'enseignement  et  la  haute  culture  de  l'abbaye  de  Saint-Trond. 

Bien  que  la  fondation  de  l'abbaye  de  Saint-Trond  soit  très  ancienne, 
puisqu'elle  remonte  à  la  seconde  moitié  du  vn^  siècle,  cependant  plu- 
sieurs monastères  étaient  déjà  pour  le  pays  une  source  de  progrès 
intellectuel  et  moral. 

Le  plus  ancien  est  celui  de  Nivelles,  fondé  par  Ita,  épouse  de  Pépin 
de  Landen  ;  sa  fille  sainte  Begge  fonda  à  Andenne  un  monastère  qui 
plus  tard  prit  le  nom  de  chapitre  noble  de  Sainte-Begge  '. 

Les  abbayes  deLobbes  et  d'Aulne  furent  fondées  par  saint  Landelin. 
Celle  de  Lobbes,  une  des  plus  illustres  qui  aient  été  fondées  dans  le 
pays,  dépendait  au  spirituel  du  diocèse  de  Cambrai  et  faisait  partie,  au 
temporel,  de  la  Principauté  de  Liège. 

A  la  même  époque,  saint  Remacle  fonda  les  monastères  de  Stavelot 
et  de  Malmédy.  Nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  celui  d'Andage 
ou  Andain  en  Ardennes,  érigé  au  commencement  du  siècle  suivant  par 
Bérégisse  et  qui  en  823,  après  qu'on  y  eut  transporté  les  restes  de  saint 
Hubert,  prit  le  nom  de  ce  saint.  Bérégisse,  originaire  d'une  famille  noble 
du  Condroz,  avait  été  envoyé  tout  jeune  faire  ses  études  à  Sarchinium, 
au  monastère  de  Saint-Trond  ;  il  fut  par  conséquent  un  des  premiers 
disciples  de  saint  Trudon  (voir  ,^  II). 

La  discipline  qui  régnait  dans  le  monastère  et  les  études  qui  s'y 
faisaient  attirèrent  bientôt  l'attention  des  seigneurs  de  la   contrée,  qui 

I.  Baron  Misson,  le  Chapitre  noble  de  Sainte-Begge.  Société  belge  de  Librairie, 
Bruxelles,  1889. 


—  274  — 

s'empressèrent  d'y envoyerleurs  enfants.  Nous  voyons,  par  exemple, 
Sigramme  et  son  épouse  Landrade,  sœur  de  Pépin  de  Herstal,  nobles 
de  la  Hesbaie,  y  placer  leur  fils  Chrodégarig,  lequel  s'y  forma  à  la  vertu 
et  aux  belles-lettres.  Après  qu'il  eut  quitté  la  cour,  où  il  était  référen- 
daire ou  garde  des  sceaux  sous  Charles  Martel,  il  fut  élevé  sur  le  siège 
de  Metz  ^  (742).  En  cette  qualité,  il  était  le  chef  temporel  de  l'abbaye 
de  Saint-Trond  ;  il  devint  même,  avec  le  consentement  des  religieux, 
leur  chef  spirituel.  On  sait  la  réputation  que  s'attira  l'école  de  Metz 
sous  son  épiscopat. 

A  cette  même  époque,  Saint-Trond  devint  le  lieu  d'exil  d'Eucher, 
évêque  d'Orléans.  Ayant  eu  le  courage  de  reprocher  à  plusieurs  grands 
seigneurs  et  à  Charles  Martel  lui-même  de  disposer  arbitrairement  des 
biens  de  l'Église,  ce  prince,  après  sa  victoire  sur  les  Maures  à  Poitiers 
(732),  manda  Eucher  à  Paris,  l'exila  à  Cologne  ;  puis  il  fut  relégué  au 
fond  de  la  Hesbaie  et  placé  sous  la  surveillance  de  Robert,  duc  de  ce 
pays.  Ancien  moine  bénédictin,  l'évêque  d'Orléans  manifesta  le  désir 
de  se  retirer  à  Tabbaye  de  Saint-Trond  où  il  ne  pourrait  donner  aucun 
sujet  de  défiance  au  gouvernement,  Robert  y  consentit.  Là  il  édifia 
tous  les  religieux  par  ses  vertus  et  son  exacte  observance  de  la  règle. 
Il  y  mourut  le  20  février  743  -  et  fut  enterré  dans  l'église  de  l'abbaye. 
Son  tombeau  devint  un  lieu  de  pèlerinage,  à  cause  des  miracles  qui 
s'y  opéraient  par  son  intercession  ^.  Il  est  considéré  comme  un  second 
protecteur  de  la  ville  de  Saint-Trond. 

Le  comte  ou  duc  Robert  se  montra  très  bienveillant  envers  l'abbaye 
et  lui  fit  don  de  nombreuses  terres,  comme  en  fait  foi  une  charte  du 
7  avril  741  datée  de  Cartessen  *. 

Ce  fut  l'an  880,  après  la  défaite  des  Normands  dansla  forêt  «la  Char- 
bonnière »,  où  ils  laissèrent  neuf  mille  morts,  que  l'abbé  Emmeran  et 
ses  religieux,  voulant  honorer  le  corps  vénérable  de  leur  saint  fonda- 
teur, invitèrent  à  cet  effet  Francon,  évêque  de  Liège,  qui  ouvrit  le 
sépulcre  en  présence  du  clergé,  des  frères  et  du  peuple.  Il  prit  ensuite 
les  corps  précieux  des  saints  Trudon  et  Eucher  et  les  plaça  sur  un 
autel,  au  milieu  des  chants  d'une  mélodieuse  psalmodie  et  des  prières 
ardentes  de  la  foule  ^. 

Deux  mois  plus  tard,  le  bruit  se  répandant  que  les  Normands  allaient 
revenir,  on  pensa  à  cacher  en  hâte  les  restes  glorieux  de  ces  deux  saints 
dans  unecr3^pte  préparée  à  cet  effet  sous  la  chapelle  de  Saint-Trudon.  Ils 
3^  restèrent  ensevelis  jusqu'en  1 169,  où  il  furent  de  nouveau  solennelle- 
ment transférés  par  l'évêque  Radulphe,  sous  l'abbé  Wiric. 

Ce  fut  pendant  cette  terrible  invasion  des  Normands  que  Libert,  fils 

1.  Gh.  Daris,  Histoire  du  diocèse  de  Liège,  p.    146.  Liège,  Demarteau,    1890. 

2.  Chronique  de  Saint-Troni  (Édition  du  Chevalier  de  Borman),  t.  I,  liste  des 
abbés  de  Saint-Trond,  p.  i.  Liège,  Grandmont-Donders,  1877. 

3.  Ch.  Daris,  Histoire  du  Diocèse,  op.  cit.,  p.  147.  Act.  S  S-  ord.  S.  Bened.,  t.  III, 
p.  554.  Voir  aussi  son  office  avec  Antiennes  et  Répons  propres,  Bibliothèque  de 
l'Université  de  Liège,  Ms.  no  24,   fol.  53-86-  i23. 

4.  Piot,  Cartulaire   de  Saint-Trond,  t.  I,  p.  i. 

5.  Chronique,  op.   cit.,  t.  II,  p.   119. 


—  275  — 

d'Adon,  comte  de  Malines,  voulant  échappera  la  horde  sauvage  qui 
était  à  sa  poursuite,  vint  à  Saint-Trond  chercher  un  refuge.  Les  bar- 
bares forcèrent  le  monastère  et  massacrèrent  Libert  devant  l'autel  de 
saint  Trudon  où   il  était  en  prières  1.  Le  feu  fut  mis  à  l'abbaye. 

Cette  désolation  dura  longtemps  parce  que  les  évêques  de  Metz,  qui 
en  étaient  les  seigneurs  temporels,  ne  pouvaient  y  consacrer  leurs 
soins,  absorbés  qu'ils  étaient  par  les  travaux  de  restauration  dans  leur 
propre  diocèse.  Aussi  quand  le  roi  Otton  vint  à  Saint-Trond,  versoSb 
ou  937,  il  fut  touché  de  compassion  en  voyant  ces  ruines  et  donna 
des  secours  à  l'abbé  pour  y  exécuter  les  travaux  de  restauration. 

Les  lettres  étaient  cependant  restées  florissantes  et  nombreux  sont 
les  moines  qui  y  ont  acquis  une  renommée. 

Après  Bérégisse  et  Chrodégang,  nous  mentionnerons  : 

DoNAT,  originaire  delaHesbaie,  où  il  passa  sa  jeunesse,  fit  ses  études 
et  devint  moine  à  Saint-Trond  vers  790  2,  puis  devint  diacre  de  la  ville 
de  Metz.  Il  est  le  premier  biographe  de  saint  Trudon  s. 

Gui-KART,  abbé  de  saint  Trond  en  990,  qui  écrivit  une  vie  du  même 
saint  en  langue  vulgaire,  qu'il  possédait  parfaitement  au  dire  de  ses 
contemporains  -^. 

Les  auteurs  de  V Histoire  littéraire  de  France  ^"^  et  à  leur  suite  M.  Th. 
Gobert  *5,  croient  que  la  plus  ancienne  composition  musicale  belge  dont 
les  siècles  nous  auraient  transmis  le  texte  serait  due  à  un  moine  de 
Saint-Trond  du  nom  de  Golumban.  C'est  une  complainte  sur  la  mort 
de  Charlemagne'.   Certains    auteurs,  comme   d'Ortigue  ^  et    Pety  de 

Thozée  ^,  l'attribuent  à  un  moine  de  Stavelot,  portant  le  même 
nom. 

Ce  qui  est  certain,  c'est  que  l'abbaye  de  Saint-Trond  était,  vers  Tannée 
780,  sous  la  direction  d'un  abbé  nommé  Golumban  ^'^. 

1.  Chronique,  op.  cit.,  t.  H,  p.  SS-i/o  et  189.  Voir  aussi  son  office  dans  Ms. 
no  24,  folios  24-73-118,  et  dans  le  Bréviaire  liégeois  au  14  juillet. 

2.  Abbé  S.  Balaud,  les  Sources  du  pays  de  Liège,  pp.  49-5 1,  Lamertin,  Bruxelles, 
1903. 

"3.  Cette  vie  a  été  publiée  par  Mahillon,  AA.  SS.  O.  S.  B.  sozc.  Il,  pp.  i023  et 
suivantes  ;  Ghesquières,  Acta  Sanctorum  Belgii  selecta,  t.  V,  pp.  23  et  suivantes  ; 
des  extraits  dans  Bouquet,  Recueil  des  Ecrivains  des  Gaules  et  de  la  France,  t.  III, 
p.  636. 

4.  J.  Demal,  Notice  /n'^/on^z/e,  Vanwerst-Pluymers-Saint-Trond.,  p.  8,  note  4. 
Nous  ne  trouvons  aucune  mention  de  Guikart  dans  la  Chronique.  Il  n'y  a  pas  de 
doute  cependant  à  ce  sujet,  car  Thierry,  qui  écrivait  au  xi^  siècle,  nous  dit,  dans 
sa  préface  de  la  Vie  de  saint  Trudon,  qu'on  avait  déjà  écrit  deux  Vies  de  ce  saint, 
et  il  nous  énumère  les  auteurs  :  l'une  par  Donat  et  l'autre  par  Gui]s:art.  Biblio- 
thèque de  l'Université  (Ms.  no  12,  folio  70).  Se  trouve  aussi  dans  Surius  et  dans 
Ghesquières,  au  22  novembre. 

5.  Histoire  littéraire  de  France,  t.  IV. 

6.  Th.  Gobert,  les  Rues  de  Liège,  t.  I,  p.  323,  Demarteau,  Liège,  1890. 

7.  Bibl.  nat.,  Paris,  latin  1 1  Sq,  I"  i  32.  Le  texte  et  la  notation  ont  été  publiés  par  De 
Coussemaker  dans  son  Histoire  de  l  harmonie  au  moyen  âge,  p.  90-91  et  planche  H, 
n»  I . 

8.  D'v)rtigue,  Dictionnaire  de   plaiii-chant. 

9.  Pety  de  Thozée,  Discours  sur  la  Musique  dans  ra)icien  pays  de  Liège. 

10.  Chronique,  op.  cit.,  t.  I,  liste  des  abbés,  p.  i. 


-   276  - 

N'oublions  pas  de  mentionner  l'abbé  Guntram  (io34-io5  5), qui  accepta 
cette  charge  à  la  demande  des  religieux  de  Saint-Trond  et  à  celle  de 
l'impératrice,  auprès  de  laquelle  il  jouissait  d'un  très  grand  crédit. 
Jeune  encore,  il  avait  été  distingué  par  Poppon,  pendant  son  séjour  au 
monastère  ^,  qui  l'avait  emmené  à  Stavelot  pour  compléter  sa  formation. 
Ce  fut  encore  par  l'intermédiaire  de  Poppon  qu'il  se  rendit  à  Hersfeld, 
dans  la  Hesse,  où  il  revêtit  la  dignité  de  cameraj^ius  abbatis.  Devenu 
abbé  de  Saint-Trond,  il  fut  l'ornement  et  la  gloire  du  monastère.  Il 
possédait  une  voix  de  basse  si  estimée  par  sa  force,  son  étendue  et  son 
harmonie,  qu'aux  jours  solennels  on  le  "faisait  venir  à  Liège-,  pour 
diriger  le  choeur  des  chantres  de  la  cathédrale.  Là,  il  captivait  tous  les 
regards  par  sa  belle  prestance  et  il  charmait  toutes  les  oreilles  par  la 
beauté  de  son  organe  '^.  Le  chroniqueur  ajoute  :  «Jamais  dans  le  pays  on 
n'avait  eu  connaissance  d'une  voix  semblable,  et  je  doute  que  dans  la 
suite  on  en  trouve  une  qui  puisse  l'égaler.  »  Il  fut  un  admirateur  des 
beaux-arts  et  fit  ciseler  une  châsse  précieuse  pour  contenir  les  reliques 
des  saints  Trudon  et  Eucher. 

Le  moine  Stepelin  .  ou  Stephelin  composa  une  histoire  des  miracles 
de  saint  Trudon  jusqu'en  io5o,  elle  fut  terminée  par  Etienne,  religieux 
du  même  monastère,  qui  la  mena  jusqu'en  1082.  Libert  et  Stepelin 
travaillèrent  de  concert  à  un  recueil  de  sentences  choisies  des  Pères  et 
des  canons  de  conciles,  qui  fraya  la  voie,  disent  les  auteurs  de  Y  His- 
toire littéraire,  aux  fameuses  Collections  de  Pierre  Lombard  et  de  Gra- 
tien  ^.  Ils  étaient  tous  deux  très  versés  dans  les  sciences  littéraires  et 
ecclésiastiques  ^. 

Ce  fut  à  cette  époque,  sous  Adélard  II,  en  io58,  que  le  bourg  de 
Sarchinium,  où  se  trouvait  l'abbaye,  passa  au  rang  de  ville  et  commença 
à  être  appelé  Saint-Trond  par  contraction  de  Saint-Trudon. 

Les  miracles  opérés  au  tombeau  de  saint  Trudon  eurent  pour  effet 
déporter  lemonastèreà  un  état  de  très  grande  prospérité.  Les  offrandes 
étaient  en  nature  ou  en  argent.  Aussi  le  relâchement  de  la  discipline 
s'ensuivit-il  bientôt,  malgré  les  instances  de  l'évêque  de  Metz  pour 
maintenir  strictement  la  règle  de  saint  Benoît.  L'école  resta  cependant 
florissante. 

Un  déluge  de  maux  ne  tarda  pas  à  venir  s'abattre  sur  le  monastère. 
A  la  mort  d'Adélard  II,  les  moines,  comme  c'était  leur  droit,  élurent 
pour  abbé  leur  prévôt  Gérard,  homme  remarquable  en  tout  point  ;  mais 

1.  Chronique,  op.  cit.,  t.   I,  livre  I,  ch.  v,  pp.  1 1  et  suivantes. 

2.  Ibid.,  t.  I,  livre  I,  ch.  ix,  p.  i5.  Abbé  S.  Balaud,  les  Sources,  op  cit.,  p.  229. 
Ch.  Daris,  Histoire  du  diocèse,  op.  cit.,  p.  356.  Clément  Lyon,  Jean  Guyot  du  Chà- 
telct,  p.  27,  V""  Delacre,  Charleroi,  1879. 

3.  Vocalitas  in  eo  (erat)  instar  tubae  altissona  [Chron.,  p.  11),  tam  mirabili  tubeae 
suae  vocis  novitate  atque  organica  fistulati  gutturis  dulcedine  totum  chorum 
ipsumque  maxime  abbatem  permulsit  [ibid.,  p.  12),  pulchritudine  magni  corporis 
pascens  visus  astantium  et  dulcedine  vocis  tubeae  aures  delectans  eum  ammiran- 
tium.  [Ibid.,  ch.  ix,  p.  t  5.) 

4.  Histoire  littéraire,  t.  VII,  p.  29. 

5.  Chronique,  op.  cit.,  t.  I,  livre  III,  chap.  x,  p.  45. 


ce  choix  ne  fut  pas  agréé  par  les  éyêques  de  Metz  et  de  Liège,  qui  pré- 
férèrent Lanzo,  abbé  du  monastère  de  Saint-Vincent  de  Metz.  Cet  acte, 
qui  détruisait  l'élection  des  frères,  leur  parut  illégal  et  ils  convinrent 
de  quitter  le  monastère  ;  ce  que  tous  firent  en  effet,  à  l'exception  de 
deux  moines. 

Nous  ne  parlerons  point  des  terribles  événements  qui  suivirent  ;  le 
monastère  livré  aux  flammes,  l'installation  à  main  armée  du  nouvel 
abbé,  les  révoltes  des  Saintronnaires  contre  les  religieux  et  les  inter- 
ventions belliqueuses  de  Tévêque  de  Liège  et  du  comte    de  Looz'. 

Ce  fut  seulement  en  l'année  1082  que  le  prince-évêque  de  Liège, 
affligé  des  calamités  qui  depuis  silongtemps  avaient  désolé  Saint-Trond, 
voulut,  avec  le  consentement  de  l'évêque  de  Metz,  offrir  aux  moines  de 
choisir  eux-mêmes  un  abbé  propre  à  les  gouverner.  Le  choix  tomba 
sur  Thierry,  homme  prudent  et  digne,  qui  rétablit  l'ordre  dans  le  mo- 
nastère, y  fit  exécuter  les  travaux  de  restauration  que  bénit  Otbert, 
évêque  de  Liège.  Il  rendit  la  vie  et  l'activité  à  la  ville  en  y  rétablissant 
le  culte.  Il  eut  pour  l'aider  dans  cette  grande  tâche  Rodulphe,  qui  fut 
son  successeur  dans  cette  charge. 

Ces  deux  personnages  étant  les  auteurs  présumés  de  l'office  de 
saint  Trudon,  nous  arrêterons  là  ces  quelques  notes  historiques,  et 
nous  étudierons  cet  office  et  son  héros  d'un  peu  plus  près. 


IL  —  Saint  Trudon 

Saint  Trudon  (ou  saint  Trond)  naquit  en  628  sur  les  rives  de  la 
Cisindria,  à  Sarchinium,  de  parents  aussi  illustres  par  leur  noblesse 
que  par  leur  vertu.  Wicld)olde  son  père,  cousin  en  ligne  directe  de 
Childéric,  était  issu  du  sang  des  rois  francs,  et  Adèle  sa  mère,  fille  des 
ducs  d'Austrasie,  était  cousine  germaine  de  Pépin  de  Landen-. 

Wickbolde  était  seigneur  d'un  vaste  domaine  ou  com.té  à  Sarchi- 
nium dans  la  Hesbaie  ^,  à  Helechteren  dans  la  Taxandrie  (Campine), 
à  Zeelem  et  à  Webecom  dans  les  Flandres. 

Le  jeune  Trudon,  fils  unique  de  cette  noble  famille,  fut,  dès  sa  plus 
tendre  enfance,  élevé  dans  les  plus  purs  sentiments  religieux:  «  Paren- 


I.  Voir  les  détails  dans  la  Chronique,  op.  cit.,  t.  I,    p.  280. 

2.J.  Demal,  Discours  sur  saint  Trudon,  p.  i3.  Vanwest-Pluymers-Saini-Trond, 
i86i. — A.  Courte']oie,  Histoire  de  la  ville  de  Saint-Trond,  p.  14.  Vanwest-Pluymers- 
Saint-Trond,  1846.  — Manuscrit  n»  12,  fol.  70  ^0,  Bibliothèque  de  l'Université, 
Liège. 

3.  Hesbaie,  en  latin  Hasbauia,  était  une  contrée  de  l'ancien  pays  de  Liège 
bornée  d'une  part  par  le  Brabant  et  de  l'autre  par  la  Meuse  et  la  ville  de  Liège  ; 
Saint-Trond  en  était  le  chef-lieu.  Elle  était  si  considérable  qu'au  ixc  siècle  on  la 
divisait  en  4  comtés.  Elle  faisait  partie  de  l'Austrasie.  Pépin  de  Landen  en  était  le 
duc  et  avait  pour  capitale  la  ville  de  Metz.  (J.  Demal,  D/.s-coi/rj,  op.  cit.,  p.  i5,  en 
note.)  La  Hesbaie  a  été  le  berceau  de  la  race  carolingienne,  comme  la  Taxandrie 
celui  de  la  race  mérovingienne. 


—  275  — 

tibus    sane    christianissimis    et    religiose     ditissimis    editus  1  »,   nous 
apprend  son  historien. 

Il  avait  à  peine  six  ans  que  de  ses  petites  mains  il  rassembla  un  jour 
des  pierres  dans  un  champ,  en  construisit  une  chapelle  et  fit  vœu  de 
bâtir  plus  tard  une  église  au  Seigneur.  Or,  un  jour  qu'il  y  était  en 
prières,  une  femme  grossière  renversa  d'un  coup  de  pied  ce  frêle  édifice, 
et  sur-le-champ  elle  perdit  la  vue.  Elle  fut  guérie  quelques  jours  plus 
tard,  à  la  prière  que  le  saint  enfant  adressa  pour  elle  au  Seigneur. 

Trudon  avait  i5  ans  quand  sa  mère  s'endormit  dans  le  Seigneur;  un 
an  après,  le  comte  Wickbolde  alla  rejoindre  sa  sainte  épouse.  Seul  héri- 
tier d'une  immense  fortune-,  et  se  souvenant  de  la  promesse  faite  de 
bâtir  un  monastère  à  Sarchinium,  il  songeait  au  moyen  d'exécuter  son 
projet,  quand  un  ange  lui  apparut  et  lui  dit  d'aller  trouver  saint  Re- 
macle,  qui  venait  d'être  nommé  évêque  de  Tongres.  Trudon  se  hâta 
d'obéir  et  rencontra  le  saint  àZepperen,  où  il  était  en  tournée  pastorale. 
Il  fut  reçu  comme  un  fils,  puis  le  saint  prélat  lui  conseilla  d'aller  trouver 
l'évêque  de  Metz,  ajoutant  :  «  Donnez  à  l'église  de  Saint-Étienne  tout  ce 
que  vous  possédez  dans  la  Hesbaie,  car  j'ai  moi-même  appris  par  l'ange 
que  cela  sera  agréable  à  Jésus-Christ  Notre-Seigneur  3.  » 

Dès  le  lendemain,  le  jeune  Trudon  se  mit  en  route  et  ayant  été  favo- 
rablement reçu  par  le  saint  évêque  Clodulfe  (saint  Cloud),  qui  était  son 
parent  '\  et  se  conformant  au  conseil  de  saint  Remacle,  il  lui  fit  don  de 
tout  son  patrimoine  de  la  Hesbaie.  Voilà  pourquoi  nous  verrons  Clo- 
dulfe et  ses  succcesseurs  combler  de  bienfaits  le  monastère  que  Trudon 
fondera  dans  son  domaine  paternel. 

Trudon,  qui  s'était  mis  avec  ardeur  auxétudes^y  fit  bientôt  de  rapides 
progrès,  car  en  une  année  il  savait  chanter  tout  le  psautier  par  cœur,  et 
ses  progrès  dans  les  connaissances  humaines  allaient  de  front  avec 
ceux  qu'il  accomplissait  dans  la  vertu. 

Dès  que  Clodulfe  jugea  son  instruction  suffisante  ^^  il  lui  donna  la 
prêtrise,  Tan  du  Seigneur  655  ;  il  avait  alors  27   ans.  Quelques  jours 


I.  Manuscrit  n»   1  2,  fol.  70''°. 

3.  La  maison  de  Wickbolde  était  une  des  plus  puissantes  de  l'Austrasie,  avec 
celle  d'Arnould  de  Metz,  de  Pépin  de  Landen  et  de  Bavon  de  Wintershovem,  toutes 
quatre  unies  par  des  liens  de  famille  et  de  sainte  amitié.  (J.  Demal,  Discours,  op.  cit., 
p.  2  1-22.) 

3.  Manuscrit,  op.  cit.,  fol.  74^°.  —  Saint  Remacle  succéda  à  saint  Amand  sur  le  siège 
épiscopal  de  Tongres.  Il  était  français  et  fils  d'un  chevalier  de  Besançon.  Il  fut  abbé 
de  Solignac  près  de  Limoges,  vicaire  général  de  Noyon  et  premier  ministre  du  roi 
Dagobert.  Etant  évêque  de  Tongres,  il  construisit  une  douzaine  de  monastères, 
entre  autres  ceux  de  Stavelotet  Malmédy.  Ilfut  secondé  dans  sestravauxpar  Sigebert, 
roi  d'Austrasie.  —  Jean  Herbeto,  Explication  historique  et  morale  sur  saint  Remacle, 
p.  7  et  suiv.  Chez  Louis  de  Milot,  Liège,  i  703. 

4.  Saint  Cloud  était  le  fils  d'Anségisse,  l'époux  de  sainte  Begge,  fille  de  Pépin  de 
Landen  et  sœur  cadette  de  sainte  Gertrude.  Anségisse  était  fils  de  saint  Arnould, 
précédemment  maire  du  palais,  puis  évêque  de  Metz.  (J.  Demal,  Notice  historique 
sur  la  ville  de  Saint-Trond,  Appendice, p.  20.  Vanwest-Pluymers-Saint-Trond  (18..?). 

3.  L'école  de  Metz  était  une  des  plus  célèbres  de  la  Gaule  :  Unam  de  primis  Gal- 
liarum  urbibus.  Manuscrit  n**  12,  fol.  74"^°. 


—  279  — 

après,  il  appela  le  jeune  prêtre  et  l'engagea  à  retourner  dans  son  pays 
pour  gagner  à  Dieu  les  habitants  de  la  Hesbaie,  dont  beaucoup  étaient 
encore  adonnés  au  paganisme. 

En  retournant  à  Sarchinium,  il  guérit  à  Seny  ^  un  seigneur  du 
Condroz  qui  souffrait  horriblement  de  la  lèpre,  à  tel  point  qu'il  en 
était  devenu  aveugle  '^.  En  reconnaissance  de  sa  guérison,  ce  chevalier 
lui  offrit  sa  seigneurie  et  tout  l'héritage  légué  par  ses  ancêtres  ^'. 

Arrivé  à  Tongres,  où  se  trouvait  saint  Remacle,  il  se  mit  sous  sa  di- 
rection, devint  un  de  ses  disciples  et  mérita  de  partager  la  besogne 
pastorale  de  son  maître*. 


I  .  J.  Brassinne,  Un  poème  de  Rodulf  de  Saint-Trond  dans  les  Mélanges  Godefroid 
Kurth,  r.  II,  pp.  ii3  et  ss. 

2.  C'est  probablement  à  cette  guérison  miraculeuse  qu'il  faut  attribuer  le  grand 
concours  de  lépreux  qui  venaient  à  Saint-Trond  honorer  les  reliques  de  saint 
Trudon. 

3.  Chronique  de  Saint-Trond,  op.  cit.,  t.  II,  p.  94-95, 

4.  Saint  Trudon  est  le  sixième  fils  spirituel  de  saint  Remacle.  Il  y  a  d'abord  saint 
Théodard  (t  656),  saint  Lambert  (f  696),  saint  Hubert  (f  727),  saint  Floribert 
(t  746),  qui  furent  successivement  évêques  de  Tongres,  après  leur  maître,  enfin  saint 
Adelin  l'ermite  de  Celles,  près  de  Dinant.  (Jean  Herbeto,  Explication  historique,  op. 
cit.,  p.  74.) 


{A  suivre.^  Ant.   Auda. 


FORMULAIRE     DE     RÉCITATIFS 

POUR  LES  GRADUELS  ET  CHANTS  ORNÉS 

[Suite  et  fin.) 


V:rijij}e.  I  Pour  une   Vierge. 


f.  1.  Audi,  filia,  et  vide  j,  et  inclina  aurem  tuam  :  *  quia  concupivit  rex  spéciem  tuam.  f.  2. 
Vulluni  tuuni  deprecabùntur  omiies  divites  plebis  :  *  filiae  reguni  in  honore  tuo.  f.  3.  Addu- 
céntur  régi  virglnes  post  eain  :  *  pioxiniae  ejus  affcréntur  tibi.  y.  4.  Adducéntur  in  laetitia  et 
exsultatiône  :  *  adducéntur  in  teiilpluni  régis. 

In  missis  votiuis  de  Sp.  Sancto.  |  Aux  messes  votives  du  S. -Esprit. 

^.  1.  Emitte  Spiritum  tuum,  et  creabùntur  :  *  et  renovâbis  fâciem  ten-ae.  f.  2.  O  quam  bonus 
et  suàvis  est,  'Domine  *,  Spirilus  tuus  in  nobis.  f.  3.  Veni,  sancte  Spiritus  f,  repletuorum  corda 
fidélium  *  et  tui  aniôris  |  in  eis  igneiïl  accénde. 

De  S-  Cruce.  |  De  la  S.  Croix. 

^.  1.  Adoràmus  te,  Christe,  f  etbenedicimus  tibi:  "••' quia  per  Crucem  tuam  redemlsti  mundum.  y. 
2.  Tuam  Crucem  adorâmus  Domine,  ■ftuam  gloriôsam  recôlinius  passiônem  ;  *  miserere  nostri,  qui 
pasSV. s  es  pro  uobis,  y.  3.  O  Crux  benedicla,  quae  scia  fuisli  digna  *  portâre  Regeni  caelôrum, 
et  D Cminum. 

De  Passione.  1  De  la  Passion- 

f.  1.  Vere  languôres  nostros  ipse  tulit,  *  et  dolôres  nostros  ipse  portâvit.  y.  2.  Et  nos  putâvi- 
mus  euni  quasi  leprôsum,  *  et  percùssuni  a  Deo,  et  humiliâtum.  y.  3.  Ipse  aulem  vulnerâtus  est 
proptcr  iniquitàtes  nostras,  *  attritus  est  propter  scélera  uostra.^.4.  Disciplina  pacis  nostrae  super 
éum  :  *  et  livôre  ejus  sanâti  sumus. 

De  B.   V.  Maria.  \  De  la  B .  Marie. 

^A.  Gaude,  Maria  Virgo,  *  cunctas  haéreses  sola  interemisti.  f.  2.  Quae  Gabriélis  Archân- 
geli  *  ^ictis  credidisli.  f.  3.  Duni  Virgo  Deum  et  hôminem  genuisti  :  *  et  post  partum, Virgo,  | 
invioUUa  permansisti.  f.  4.  Dei  Génttrix,  *  intercède  pro  nobis. 

De  SS.  Corde.  \  Du  Sacré-Cœur. 

f.  1.  Ego  autem  suni  vermis,  et  non  honio  :  *  opprôbrium"  hôminum,  et  abjéctio  plebis.  f.  2. 
Omnes  vidéntes  me,  derisérunt  me  :  *  locùti  sunt  làbiis,  et  movérunt  caput.  f.  3.  Sicut  aqua 
efï'ùsus  sum,  -j-  et  dispersa  sunt  ômnia  ossa  mea  :  *  factum  est  cor  meum  tamqiiam  cera^liqué- 
scens  I  in  médio  ventris  mai. 

In  festo  S.  Gabriélis.  \  Fête  de  S.  Gabriel. 

f.  1.  Ave,  Maria,  grâlia  plena  :  *  Dôminus  tecuni.  '^.  2.  Benedicta  tu  in  rauliéribus  :  *  et  bene- 
dictus  fructus  ventris  tui.  f.  3.  Ecce  concipies,  et  paries  filiuni,  *  et  vocûbis  nomen  ejus  |  Em- 
manuel, f.  4.  Quômodo,  inquit,  fiet  istud,  -f  quôniam  virum  non  cognôsco  ?  *  Et  respôndens 
angélus,  dixit  ei  :  f.  5.  Spiritus  sanctus  supervéniet  iivte,  *  el  virtus  Altissimi  |  obumbrâbi 
tibi.  f.  6.  Ideôque  quod  nascétur  ex  te  sanclum  *  vocâbilur  Filius  Dei. 


28l 


SS.  Angelonim.    |    Des  SS.  Anges. 

f.  1.  Benedicite  Dôminuni,  oiiines  Angeli  ejus  :  *  potéiites  virti'ite,  qui  fâcitis  verbum  ejus, 
■j!'.  2.  Benedicite  Domino,  omnes  virilités  ejus  :  *  minislri  ejus,  qui  fticitis  voluntâtem  ejus. 
j\  3.  Benedicite  Domino,  omnia  ôpera  ejus  :  *  in  omni  loco  doniinatiônis  ejus,  |  bénedic  anima 
nica  Domine. 

De  necessitale.    |  Pour  toute  sorte  de  nécessités. 

y.  1.  De  necessitâlibus  meis  éripe  me,  Domine  :  *  vide  humilitatem  meam,  et  labôrem  meum  : 
et  dimitte  omnia  peccâta  mea.  f.  2.  Ad  te,  Domine,  levâvi  ânimam  meam  :  *  Deus  meus,  in  le 
confido,  non  erubéscam  :  neque  irrideant  me  inimici  mei.  y.  3.  Eténim  univérsi  qui  te  exspé- 
ctant,  I  non  confundéntur  :  *  confundàntur  omnes  faciéntes  vaiia. 


1         ri 


1.  Impro-pé-rium  *  exspectâvit  cor  meum,  et  mi-  sé-ri-am  :       et     suslinui,  qui  simul  mecum 

2.  T61-lite  *  portas,  prin-ci-pes    ve-   stras  :     et     elevâmini 


-i 


contristarétur,  et  non    fu- it  :  con-so-h'intem  me  quae-si-vi,     et  non  in-vc-    ni.  f.  De-     dérunt 
portae  ac- ter-    nàles  :    et    iii- troi     -------       bit  Rex  glôriae.  y.Quis^    ascén- 

aut  quis 


in  escam  meam  fel,  et  in    si-    li  mea  {lotavérunt   me    a-      ce-     to. 

det  in  montem  Dômini,  f 

slabit  in  loco  sancto     e-jus  ?    In-no-censmâ-nibus,  et    mun-do      cor-  de. 


6n 


3.  Be-     â-    tus    vir  *   cujus  est  nomen  D6-   mi-    ni    spes               e-     jus,  et     non            respéxit 

4.  Prop-ter  *         fratres  meos,  et    pr  j-  xi-    mes  me-    os  lo-    quéliar 

5.  E-  van-ge-  lizâre  *  paupé-ri-    bus    mi-    sit  me,  sa-    nâre 

6.  Me-men-tô-    te*  mirabili-    um     e-    jus    quae  fc-       cit  :  pro- digia           ejus,  et 


,       i ■ -    1 



_ ^ 

b 

*=§      ■ 

.                                         '                                                                                                     "                  . 



■   ■    ^♦  . 

.._.■-.      a-      s 

«       ."         " --.,.._. 

in  vanità-  tes,     et     in- 


judi-  cia 


sa-    ni-  as     fal- 

pa-  cem  de      te. 

tri-   los  cor- 

o-    ris  e- 


sas.  y.    E-  go     au- tem  mendicus  sum.et  pau- per  :-J- 

Cu-  stô-  di  innocénfiam 

de.        Pa-  rà-    sli      in    dulcédine  tua 

jus.       P6-  su-    it       in    ea 


I-" 


Dôminus  sollici-tus      est    me-     i.     Ad-  jù-    tor  meus,  et  proléclor  me-us  tu  es.  u\ 

et  vide    ac-    qui-  ta-   tem:qu6-ni-  am  sunt  reliquiae  hômi-  ni    pa-ci/ico. 

p;'iupe-ri.    De-    us  :  D6- mi- nus  dal)it  verbum  evangelizânlibus  virlvi- te  multa. 
verba  si-gnôru/n  su-  ô-  rum,  et    pro-digiôrum  su-  ôruniinter-ra. 


=s=^- 


—  282  - 


Tractus  VlIIi  toni 


:®z-^ 


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3e^eëbësee£ 


:5z^ra:H= 


5    4 


3     2 


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f. 1,3, 5, etc.  Ef-  fu-     dérunt  ..  sânguinem  san-  clô-  runi  *       vel-    ut       aquam.  .  Je- 


;î 1\% 


-F-i 


le  m. 


SS.  Innocentium.  |  Des  SS.   Innocents. 

^.  1.  Effudérunt  sânguinem  sanctoruni  *  velut  aquani,  in  circûitu  Jérusalem,  f.  2.  Et  non 
erat  qui  sepelirct  *.  y.  8.  \^indica,  Domine,  sânguinem  sanctôrum  tuôium,  *  qui  efFûsns  est 
super  terram. 

In  Septuagesima.  |  A  la  Septuagésime, 

f.  1.  De  profùndis  clamâvi  ad  te,  Domine  :  *  Domine,  exâudi  vocem  meam.  f.  2.  Fiant 
aures  tuae  intendéntes  *  in  oralidnem  servi  tui.  f.  3.  Si  iniquitâtes  observâveris,  Domine  :  * 
Domine,  quis  sustinébit  ?  f.  4.  Quia  apud  te  propitiâtio  est,  *  et  propter  legem  tuam  sustinui 
te,  Don! me. 

In  Sexagesima.  |  A  la  Sexagésime. 

f.  1.  Commovisti  Domine  terram,  *  et  conturbâsti  eam.  t.  2.  Sana  contritiônes  ejus  *,  quia 
motaest.  y.  3.  Ut  fùgiant  a  fâcie  arcus,  *  ut  liberéntur  elécti  tui. 

In  Quinquagesima.  I  A  la  Quinquagésime. 

f.  1.  Jubilâte  Domino  omnis  terra  :  *  servite  Ddmino  in  laetitia.  y.  2.  Intràte  in  conspéctu 
ejus,  *  in  exsultatiône.  y.  3.  Scitôte  quod  Dominus  ipse  est  Deus  *.  y.  3.  Ipse  fecit  nos,  et  non 
ipsi  nos  *  :  nos  autem  pôpulus  ejus,  et  oves  pâscuac  ejus. 

///a  Dom.  Quadragesimae.  |  III"  Dim.  de  Carême. 
f.  1.  Ad  te  levâvi  ôculos  meos,  *  qui  habitas  in  caelis.  f.  2.  Ecce  sicut    oculi  servôrum  *  iu 
mânibus  dominôrum  suôrum.  f.  3.  Et  sicul  ôculi  ancillae  *   in  mânibus  dôminae  suae  :  j' .  4. 
Ita  ôculi  nostri  ad  Dôminum  Deum  nostrum,  *  donec  misereâtur  nostri.  y.  5.  Miserere  nobis, 
Domine,  *  miserere  nobis. 

IV^  Dominica.  |  IV'^  Dimanche. 
y.  1.  Qui  confidunt  in  Domino,  sicut  nions  Sion  :  *  non  commovébitur  in  aetérnum,  f  qui  habi- 
tat in  Jérusalem    f.  2.  Montes  in  cirCÙitu  ejus  :  *  et  Dôminus  in  circûitu  pdpuli  sui,  t  es  hoc 
nunc  et  usque  in  saécidum. 

Don}.  Passionis.  \  Dim.  de  la  Passion. 
f.  1.  Saepe  expugnavérunt  me  a  juvenlùle  mca.  *  f.  2.  Dicat  nunc  Israël  :  *  saepe  expugna- 
vérunt  me  a  juvénilité  mea.   f.  3.  Elenini  non  potuérunt  mihi  :  *  supra  dorsum  meum  fabiica- 
vérunt  peccalôres.  y.  4.   Prolongavérunt  iniquitâteni  sibi  :   *  Dôminus  justus  concidet  cérviccs 
peccatôrum. 

In  festo  Purificationis.  \  A   la  fêle  de  la  Purification. 
f.  1.  Nunc  diniittis  servum   tuum.  Domine,    *   seciïndum  verbum  tuum  in  pace.  f.  2.  Quia 
vidérunt  ôculi    mei  *    salutâre  tuum.  f.  3.    Quod  parâsti  *    ante  fâcicm    omnium  populôrum. 
f,  4.   Lumen  ad  revelatiônem   géntium,  *  et  glôriam  plebis  tuae  Israël. 


—    283^-  — 


Traits  du  8«  ton 


tr: 


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5    4         3 


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^,2,4,6,  etc.  Et  non  e-  rat 


qui  se-      pe- 


ziizÊz 


Ei~i=M^^^. 


-(,i._ 


m 


— i^-ni-on- 


l>ev         ter- 
sae- 


ram. 
lum. 


In  festis  sanctorum.  \  Aux  fêtes  des  saints.  1. 

f.  1.  Desidérium  ânimae  ejus  tribuisli  ei  .  *  et  voluntâte  labicrum  ejus  non  fraudàsti  eum. 
;j!'.  2.  Quôniam  praevenisti  eum  *  in  benedictione  dulcédinis.  f,  3.  Posuisli  super  caput  ejus  * 
corônam  de  lapide  pretiôso. 

Alias.  I  Autre.  2. 

f.  1.  Beâtus  vil-,  qui  timet  Dominum  :  *  in  mandâtis  ejus  cupit  nimis.  f.  2.  Potens  in  terra 
erit  semen  ejus  :  *  generdtio  rectôrum  benedicétur.  f.  3.  Gloria  et  divitiae  in  domo  ejus  :  *  et 
justitia  ejus  manet  in  saéculum  saéctili. 

Alius.  I  Autre.  3. 

f.  1.  Qui  séminant  in  lâcrimis,  *  in  gâudio  nietent.  f.  2.  Eûnles  ibant,  et  flebant,  *  mit- 
téntes  sémina  sua.  f.3.  Veniéntes  autem  vénient  cum  exsultatiône,  *  portantes  manipules  sues. 

Pro  virgine.  |  Pour  une  vierge. 

t.  1.  Veni,  sponsa  Christi,  âccipe  corônam,  *  quam  tibi  Dôminus  praeparâvit  in  aetérnum  : 
[*  pro  cujus  amôre  sânguinem  tuum  fudisti].  ^1^.2.  Dilexisli  justitiam,  et  odisti  iniquilalem  :  * 
proptérea  unxit  te  Deus,  Deus  tuus,  ôleo  laetitiae  piae  consôrlibus  tuis.  f.  4.  Spécie  tua  et  pul- 
chritùdine  tua  *  inténde,  prospère  procède,  et  régna. 

In  missis  votiuis  de  S.  Sacraniento.  \  Aux  messes  votives  du  S.  Sacrement. 

jl.  1.  Ab  ortu  solis  usque  ad  occâsum  *  magnum  nomen  meum  in  génlibus.  il.  2.  El  in  ônini 
loco  sacrificàtur,  f  et  ofFértur  nômini  meo  oblâtio  muuda  :  *  quia  magnum  est  nomen  meum  in 
gentibus.  y.  3.  Venite,  comédite  panem  meum  :  *  et  bibite  vinum,  quod  miscui  vobis. 

l'ro  sponso  et  sponsa.  |  Aux  mariages. 

f.  1.  Ecce  sic  benedicétur  omnis  homo  *  qui  timet  Dôminum.  y.  2.  Benedicat  tibi  Dôminus  ex 
Sion  :  *  et  videas  bona  Jérusalem  omnibus  diébus  vitae  tuae.  f.  3.  Et  videas  i'ilios  filiôrum 
tuôrum  :  *  pax  super  Israël. 


"  284 


In  niissi's  votwls  de  SS.  Trinitaie.    |    Aux  messes  votives  de  la  T.  S.  Trinité. 

f.  1.  Te  Deum  Patrem  ingénitum,  f  te  Filium  unigénitum,  f  te  Spiritum  Sanctum  Parâcli- 
tum,-  *  sanctam  et  individiiam  Trinitàtem,  tolo  corde  confitémur,  laudâmus  atque  benedicimus. 
f.  2.  Quôniam  magnus  es  tu,  et  fâciens  mirabilia  :  *  tu  es  Deus  solus.  f.  3.  Tibi  laus,  tibi  glo- 
i-ia,  t  tibi  gratiârmu  âctio  in  saécuîa  sempitérna,  *  o  beâla  Trinitas. 

Pro  pace,  \  Pour  la  paix. 

f.  1.  Notus  in  Judaéa  Deus,  *  in  Israël  magnum  nomen  ejus.  f.  2.  Et  factus  est  in  pace  locus 
ejus,  *  et  habitâtio  ejus  in  Sion.  f.  3.  Ibi  coufrégit  poténtias  ârcuum,  *  scutum,  glâdiura,  et 
bellum. 


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■    *                «■       B       B 

7. 

0-cu-li    omnium  in  tesperant,D6-mi-ne 

et  tu  das  il- lis  escam  in  tempo-  re     oppor-tù-no. 

fi 

B       n'"''"aii''l»^"^^ 

^            S        "     c                         m 

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p,     B               ma            1 

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B     a     ' 

'   *     B     °     "   '  *     a 

f.  A-pe-ris  tu  manum  tu-ani,  et  impies  omne  à-ni-mal  be-ne-  di-cti-  6-        ne. 
AUelùia,  pag.  26. 


-Oi*. 


^ 


8.  y.  In  conspé-ctu      An-ge-16-  rum  psallam  ti-  bi:    D6-mi-ne  De-us  me-us. 
AUelùia,  pag.  30. 


i- 


a- 


-s h 


-h 


9.  f.  Ti-    bi  gl5-   ri-      a,      ho-  sân-  na  :      ti-     bi     triiïmphus  et    vie-    tô-    ri-      a: 

10.  Ex-  sul-  ta-    bo      et       lae-  ta-  bor  in  misericôrdi-  a       tu-  a,        qu6-ni- 

11.  Ju-    bi-    la-    te    Dec  omnister- ra  ;       ser- vi-     te  Domino  in  lae-    ti-    ti-      a:         intro- 


-P= 


-^=-p=;-S-»z— =-3 


ti-   bi  summae  laudis  et  honô-   ris    co-  rô  -  na. 

am  respexisti  humi- li-   ta- tem    me-  am  :      sal-và-  sti  de  necessitàtibus    â-  nimam  me-  am, 

i-    te                     in  conspé-  ctu     e-     jus          in    ex-                                            sul- la-  ti-     6-  ne. 

AUelùia,  pag.  32. 


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12.  ji^.Miltat  vo-     bis  Do-      minus     au- xi-    li- um    de       san-cto  :     et  de    Si- on  tu- e- 

iziip^zizz^rzzQ :  izzz::^:zz:=zzz 


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PETITE   CORRESPONDANCE 


N.B.  —  Il  est  répondu  dans  cette  imbrique  aux  demandes  de  renseignements  suscep- 
tibles d'intéresser  nos  lecteurs.  La  réponse  sera  donnée  ici  même,  sauf  pour  les  per- 
sonnes qui  désireraient  une  réponse  personnelle. 

En  raison  des  nombreuses  demandes  de  renseignements  qui  nous  sont  adressées  par 
nos  abonnés  ou  autres  personnes,  il  ne  nous  sera  possible  de  répondre  personnellement 
désormais  qu'aux  lettres  qui  contiendront  o  fr.  3o  en  timbres-poste. 

Dans  cette  rubrique,  nous  insérerons  volontiers  autitre  Demandes  les  questions  qui 
nous  seront  envoyées  par  nos  abonnés.  Les  personnes  autres  voudront  bien,  pour  frais 
d'insertion,  joindre  o  fr.  3o  à  leur  demande. 

Réponses. 

M.  Brémond  d'Ars.  —  Ces  orgues,  dont  les  claviers  sont  enfermés  dans  le  buffet, 
sont  ordinairement  de  construction  extrêmement  ancienne.  Viollet-le-Duc,  dans 
son  Dictionnaire,  signale  les  xive  et  xv"  siècles  comme  époque  caractéristique  de 
cette  disposition,  qui  a  pu  toutefois  se  perpétuer  longtemps  en  certains  pays.  A 
Paris  il  y  a,  dans  la  salle  de  répétitions  de  la  maison  Gavaillé-Coll,  un  petit 
orgue  ancien  fort  curieux  qui  offre  les  mêmes  particularités. 


Nous  sonnnes  heureux  d'annoncer  à  nos  lecteurs  la  reprise  des  Chro- 
niques des  Grands  Concerts,  que  M.Alb.  Gro^  tint  pendant  deux  ans 
avec  tant  d'autorité  et  de  succès. 

M.  Eug-.  Borrel,  l'un  des  directeurs-fondateurs  de  la  Société  Haeudel, 
a  bien  voulu  se  charger  de  cette  rubrique.,  et  nous  en  donnera  chaque 
mois  le  plus  intéressant  compte  rendu. 


ifi,f,fii,fiimfim,ffii,f|jff,ff.fmim 


VARIETES 


L'orgue  au  service  de  la  Compagnie  de  Jésus.  —  A  notre  époque  l'orgue, 
tout  en  jouant  un  rôle  secondaire,  est  cependant  associé  à  la  liturgie  catholique,  au 
point  que  le  culte  semble  ne  pouvoir  se  passer  de  ce  roi  des  instruments.  La  ques- 
tion de  l'orgue  est  donc  plus  que  jamais  à  l'ordre  du  jour  des  grands  congrès  de  la 
musique.  Il  sera  curieux  pour  nos  lecteurs  de  connaître  les  sentiments  d'un  des 
grands  ordres  religieux,  les  jésuites,  à  l'égard  de  l'orgue  et  du  chant.  Nous  emprun- 
tons à  notre  excellent  confrère  la  Caecilia,  de  Strasbourg  (n»  de  juin),  ces  lignes 
intéressantes. 

Dans  le  i^r  vol.  de  son  Histoire  des  Jésuites  dans  les  pays  de  langue  allemande,  le 
P.  B.  Duhr,  S.  J.,  en  arrive  à  parler  des  orgues  et  du  chant  à  l'office  liturgique.  Il 
nous  donne  les  détails  suivants. 

Les  constitutions  de  la  Société  de  Jésus  défendent  dans  toutes  les  maisons  de 
l'ordre  les  offices  solennels  et  l'emploi  des  instruments  de  musique.  Elles  excluaient 
l'orgue  et  les  instruments  des  églises  de  la  Société  et  en  défendaient  l'usage,  même  en 
dehors  des  offices,  à  tous  les  membres. 

Jusqu'à  la  fin  du  xvi«  siècle  les  généraux  et  les  visiteurs  de  l'ordre  tinrent  une 
main  ferme  à  l'exécution  de  la  Règle,  allant  jusqu'à  faire  enlever  les  instruments  ins- 
tallés in  fraudem  legis . 

Le  peuple  réclamait  à  grands  cris  contre  cette  prohibition.  Par  ailleurs  elle  con- 
cordait avec  l'usage  nouvellement  introduit  par  les  calvinistes  de  supprim.er  tout 
culte  extérieur,  allant  jusqu'à  détruire  le  mobilier  des  églises,  les  orgues  y  com- 
prises, bien  entendu.  Les  fidèles,  enfin,  fréquentant  moins  qu'auparavant  les  églises 
des  jésuites  d'où  les  orgues  avaient  été  enlevées,  le  général  Aquaviva  consentit  à 
tolérer  l'orgue,  à  condition  que  l'on  s'en  servirait  avec  modération.  Cette  concession 
ne  s'étendit  qu'aux  grandes  églises  de  Vienne,  Munich,  Ingolstadt.  Peu  à  peu,  au 
cours  des  siècles  suivants,  l'ordre  des  jésuites  trouva  avec  ses  Constitutions  un 
accommodement  qui  permit  de  donner  dans  leurs  églises  une  digne  place  à  l'instru- 
ment qui  prie,  pleure  et  chante  si  bien  avec  l'âme  humaine. 

De  nos  jours,  chaque  chose  en  l'Église  tient  sa  place  et  y  reste.  L'orgue,  arrivé  à 
l'apogée  de  sa  perfection,  prête  à  la  liturgie  ses  mélodies  les  plus  suaves  comme  ses 
accents  les  plus  déchirants,  se  souvenant  que,  s'il  lui  est  permis  de  pleurer  et  de 
chanter,  il  doit  le  faire  sans  ostentation,  comme  il  convient  à  une  servante. 

Le  chant,  lui-même  si  longtemps  exclu  de  leurs  offices  par  les  jésuites  (ce  n'est 
qu'exceptionnellement  qu'un  membre  de  la  Compagnie  de  Jésus  était  autorisé  à 
chanter  une  grand'messe  dans  une  église  de  la  Société),  a  trouvé  grâce  devant 
leurs  Constitutions.  Il  ne  pouvait  enêtre  autrement,  lorsque  léchant  sacré,  dépouillé 
de  ses  oripeaux  mondains,  redevint  l'expression  la  plus  pure  et  la  plus  parfaite  de 
la  prière  liturgique. 

L.  T. 


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BIBLIOGRAPHIE 


Marcel  Rouhf.r.  —  450  Noëls    classés  par  tons,  harmonisés   pour   orgue  ou   har- 
monium, 2  vol.,  net,  lo  fr.  chacun.  Biton,  Saint-Laurent-sur-Sèvre,  Vendée. 

11  est  vraisemblablement  conforme  au  tempérament  français  de  goûter,  au 
tomps  de  Noël,  les  accents  de  chansons  plus  ou  moins  «goliardes  »,  déguisés  du  nom 
de((  noëls  »,  résonner  sous  les  voûtes  des  temples.  Encore  que  divers  conciles  aient 
formellement,  et  à  diverses  reprises,  interdit  cet  usage  de  jouer  à  l'orgue  ces  «  chan- 
sons de  Noël  »,  la  défense  s'est  toujours  heurtée  à  la  force  d'inertie.  Les  noëls  même 
les  plus  remplis  de  trivialités  ont  ainsi  forcé  la  porte  des  églises,  et,  certes,  person- 
nellement, cela  nous  est  pénible  d'entendre  parfois  entre  les  antiennes  des  vêpres 
résonner  tels  ou  tels  accents,  dont  la  plupart  sont  destinés  à  des  réjouissances  très 
profanes... 

Mais,  cette  réserve  faite,  et  en  prenant  l'usage  tel  qu'il  est,  nous  ne  pourrons 
que  féliciter  M.  Rouher  d'avoir  si  bien  traité,  et  avec  tant  de  variété,  ces  noëls, 
dont  il  a  fait  un  choix  si  étendu.  Il  est  telle  ou  telle  de  ces  petites  pièces  qui  est  un 
bijou  de  goût  harmonique.  M.  Rouher  a  respecté  le  plus  possible  les  lois  des  an- 
ciennes tonalités  :  nous  dirons  même  qu'il  les  a  trop  respectées,  car,  en  des  pièces 
bien  authentiques  des  xviic  et  xviiie  siècles  il  a  supprimé  les  «  sensibles  »  de  la 
gamme  mineure,  même  lorsqu'elles  sont  écrites  dans  les  originaux. 

Les  mélodies  reproduites  sont  données  (à  part  le  détail  précédent)  dans  l'état  où 
la  tradition  populaire  les  a  amenées  jusqu'à  notre  temps.  La  mention  d'origine 
placée  au  titre  de  chacune  ne  vise  donc  pas  ces  airs,  mais  les  paroles  avec  lesquelles 
M.  Rouher  les  a  recueillis,  et  avec  lesquelles  ces  noëls  sont  habituellement  le  plus 
connus  dans  telle  ou  telle  province. 

Ce  travail,  très  fouillé,  fait  honneur  à  son  auteur  ;  il  est  un  bel  exemple  de  ce 
qu'on  peut  faire  sur  les  thèmes  vulgaires.  Ce  genre  côtoie,  en  effet,  plusieurs  écueils, 
parmi  lesquels  on  peut  citer  :  la  maladresse  de  métier,  l'ignorance,  combien  fréquente, 
du  style  adéquat,  la  lourdeur  prétentieuse,  ou  la  réalisation  enfantine.  Personne  ne 
me  contredira  à  cet  égard. 

Or,  Marcel  Rouher,  par  son  savoir,  son  goût  affiné  et,  par-dessus  tout,  son  in- 
dépendance, a  su  mener  à  bien  ce  travail  formidable,  d'une  plume  toujours  alerte, 
toujours  nouvelle,  sans  croire  faire  de  l'originalité  en  s'inféodant  à  tel  ou  tel  système 
d'écriture  —  ou  de  non-écriture  !  De  plus,  l'analyse  des  gammes  de  certaines 
mélodies  très  anciennes  était  parfois  des  plus  délicates,  et,  là  aussi,  Marcel  Rouher 
a  fait  preuve  d'une  connaissance  peu  commune  de  ces  modalités. 

L'ouvrage  est  superbement  présenté  par  l'éditeur  Biton.  Il  est,  de  plus,  relié,  non 
point  avec  une  vague  apparence  de  colle,  mais  par  un  solide  brochage  entoilé.  Ce 
détail  pratique  aura  son  importance  aux  yeux  de  beaucoup.  En  tête,  on  y  peut  admi- 
rer une  belle  reproduction  de  la  Nativité  de  Domenico  Ghirlandajo,  belle  page  de 
l'école  florentine  du  xvc  siècle.  C'est  donc  une  édition  d'art  au  premier  chef,  où 
le  contenu  est  à  la  hauteur  de  la  parure. 

A.  Gastoué  et  F.  de  La  Tombelle. 


—  288  — 

Jules  Combarieu.  —  Le  chant  choral,  méthode,  morceaux  choisis,  in-8o  de  x  et 
iiS  pages,  I  fr.  5o.  Paris,  Hachette,  boulevard  Saint-Germain,  79. 
Le  distingué  professeur  d'histoire  de  la  musique  au  Collège  de  France,  qui  est 
en  même  temps  inspecteur  chargé  du  chant  dans  les  lycées  de  l'Académie  de  Paris, 
vient  de  publier,  pour  les  cours  élémentaire  et  moyen,  le  recueil  que  nous  annon- 
çons, et  qui  pourra  rendre  grand  service  à  ceux  qui  ont  à  diriger  des  classes  d'en- 
fants. M.  Combarieu  a  rompu  en  visière  avec  l'enseignement  et  les  programmes 
ordinaires  des  solfèges  :  à  notre  avis,  il  eût  pu  rompre  plus  encore  (rythme  et  me- 
sure). Mais  ce  qui  fait  le  prix  de  son  ouvrage,  c'est  que  le  chant  populaire,  le 
«  vrai  »  chant  populaire,  en  est  la  base.  Dans  les  soixante-dix  sept  mélodies  que 
renferme  l'ouvrage  de  M.  Combarieu,  s'il  en  est  quelques-unes  qu'on  peut  négliger, 
la  bonne  partie  est  excellemment  pratique  et  sera  fort  utile. 

R.  P.  DoM  Lucien  David.  —  Analyses  grégoriennes  pratiques,  in-8  de 
44  pages,  Revue  du  chant  grégorien,  4,  place  Vaucanson,  Grenoble. 

Nous  sommes  heureux  d'annoncer  l'apparition  de  cette  Première  série  d'analyses 
grégoriennes  pratiques,  publiées  par  l'éminent  bénédictin  qu'est  le  R.  Dom  David, 
rédacteur  de  la  Revue  du  chant  grégorien.  Elles  sont  nées,  nous  dit  l'avant-propos, 
de  la  constatation,  trop  vraie  :  «  on  ne  connaît  pas  le  chant  grégorien  ».  Aussi,  en 
appliquant  à  diverses  pièces  grégoriennes  le  procédé  ordinaire  de  la  conférence- 
audition,  le  R.  P.  Dom  Lucien  David,  a-t-il  fait  ressortir,  avec  charme  et  intérêt, 
l'application  pratique  et  l'émotion  très  réelle  de  la  cantilène  liturgique. 

Cette  première  série  comprend  les  introïts  Justus  ut  palma,  Laetare,  Gaudens 
gaudebo,  Vocem  jucunditatis.  Dans  chacun  de  ces  morceaux,  le  monastique  confé- 
rencier envisage  la  mélodie,  la  forme,  l'esthétique,  le  sentiment  expressif,  l'interpré- 
tation pratique.  Les  analyses  pratiques  de  Dom  Lucien  David  ne  peuvent  qu'être 
un  excellent  moyen  de  propagande,  propre  merveilleusement  à  faire  goûter  l'art 
grégorien. 

William    Gousseau.    —    Choix  gradué   de   mélodies    grégoriennes    (édition 
vaticane),  pour   l'enseignement.    Plaquette  de  8  pages,  Desclée  et  Cie. 
Notre  excellent    confrère  a  réuni  sous  ce  titre  des  exemples  gradués   qui   doivent 
servir  à  illustrer  les  leçons  du  professeur,  dont  il  donne  un  schéma  directif  en  tête 
de  la  publication. 

Erratum.  —  La  biographie  d'Adhéraar  de  Monteil  annoncée  dans  notre  dernier 
numéro  est  en  vente  chez  l'auteur,  M,  d'Adhémar,  à  Clamart  (Seine);  prix  ;  2  fr. 
franco. 

LES  REVUES    [articles  à   signaler): 


Guide  musicsil.  —  No  48,  Ernest  Closson  :  L'iconographie  instrumentale  a  Vexpo- 
sition  de  l'art  belge  au  XVII^  siècle  [très  curieux  inventaire  de  toutes  les  particu- 
larités musicales  de  ces  peintures,  qui  permettent  parfois  de  les  dater]. 

Musique  sacrée.  —  N°  10.  A  propos  du  millénaire  de  l'abbaye  de  Cluny. 

Musica  sacra  (belge),  —  N^  3.  Dom  C  Vivell  :  Cloches  et  clochettes  [dans  la  fac- 
ture instrumentale  et  la  mélodie  médiévale] .  Encartage  :  Quatre  motets  de  F.  Verhelst. 
[Compositions  où  dominent  une  platitude  et  une  insignifiance  rares  ;  trop  souvent 
elles  ne  rappellent  qu'une  mauvaise  imitation  du  plus  mauvais  plain-chant  des  «  gros 
chantres  «  de  paroisse.] 

Die  Kirchenmusik  {Pa.ô.Qrhov'n).  —  No  56.  Dom  C.  Vivell  :  La  notation  des  inter- 
valles de  Hermann  Contract. 


En  raison  de  la  publication  intégrale  du  Credo  de  M.  l'abbé  Chassang  dans  noire 
dernier  numéro,  le  présent  fascicule  ne  contiendra  pas  d'autre  encartage  que  la 
table  des  matières  (alphabétique  et  analytique)  de  l'année  1910. 


Le  Gérant  :    Rolland. 


Poitiers.  -  Soeiété  française  d'Imprimerie 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


Ant.  AUDA.  —  L'école  liégeoise  au  XI I^ 
siècle  ;  l'office  de  Saint-Triidon,  p.  273. 

R.  P.  L.  BONVIN,  S.  J.  —  Correspon- 
dance :  De  certains  intervalles  et  des 
«  appuis  »,  dans  le  chant  grégorien, 
p.  141. 

R.  P.  L.  BONVIN  ET  Am.  GASTOUÉ.- 
Le  tnensuralisnie  expliqué  par  un  nien- 
suraliste  et  Notre  réponse,^,  iij,  241. 

Léon  BOUTROUX. —  Correspondance  : 
Prononciation  latine,  p.  210. 

Arthur  COQUARD.  — Paro/es  du  Pape, 
p.  49. 

Amedée  GASTOUE.  —  Formulaire  de 
récitatifs,  "Ç).  63,  i3o,  196,  25i,  280.  — 
De  remploi  du  chromatisme  dans 
r  accompagnement  du  chant  grégorien, 
p.  145. —  Réponse  à  des  polémiques  gré- 
goriennes, p.  90.  —  Bibliographie  :  Les 
Sept- paroles,  de  M.  de  La  Tombelle, 
p.  44;  Maîtres  du  XF/e  siècle,  publiés 
par  M.  H.  Expert,  p.  94;  Vêpres  du 
St-Sacrement ,  de  M.  Sainl-Requier, 
p.  119;  Les  musiciens  de  la  Sainte- 
Chapelle,  de  M.  Brenet,  p.  212. 

Albert  GROZ.  —  Le  deuxième  volume 
du  Cours  de  composition  de  M.  V-  d'Indy, 
p.  73. 

F.  DE  La  TOMBELLE.  —  UOratorio  et 
la  Cantate  (fin),  p.  20.  —  Bibliogra- 
phie :  Accompagnement  de  l'Office  de 
Jeanne  d'Arc,  par  M.  l'abbé  F.  Brun, 
p.  143  ;  Traité  d'iiarmonisation,  de 
M.  Gastoué,  p.  238;  Saluts  grégoriens, 
de  M.  l'abbé  F.  Brun,  p.  239;  Canti- 
ques grégoriens,  de  Dom  L.  David, 
p.  2G2  ;  Noëls  ,  harmonisés  par 
M.  Rouhcr,  p.  287. 

Abbé  A.  LHOUMEAU.  —  Correspon- 
dance :  Orgue  et  harmonium,   p.  139. 


Abbé  C.  MARCETTEAU.  —  La  logique 
du  7-ythme  musical  (fin),  p.  28.  — 
Réponse  à  des  polémiques  grégoriennes, 
p.  91.  — ■  Nouvelle  et  dernière  leçon  sur 
le  rythme,  p.  97, 

Henry  NOËL.  —  Nouvelles  publications 
du  Bureau  d'édition,  p.  g3,  143,  —  Un 
monument  à  Charles  Bordes,  p.    162. 

Abbé  G.  du  PASSAGE.  —  La  prière 
liturgique,  p.  116. 

M.-L.  PEREYRA.—  «  Explication  de  la 
lettre  qui  est  imprimée  dans  le  cin- 
quième livre  de  madrigaux  de  Claudio 
Monteverde  »,  texte,  avant-propos,  tra- 
duction et  notes,  p.  121,  i52,  172,230. 

Félix  RALGEL.  —  N'ote  sur  l'instru- 
mentation du  Messie,  de  Haendel,  p.  2Ô6. 

—  Nouvelles  publications  du  Bureau 
d'édition,  p.  40.  —  Bibliographie  : 
Lully,  de  M.Prunières,  p.  71;  Haendel, 
de  JM.  Romain  Rolland,  p.  214. 

LA  RÉDACTION  ;  NOS  CORRESPON- 
DANTS. —  Nouvelles  musicales,  p.  14, 
53,  78,  107,  126,  i5i,  187,  225,248,  270. 

—  Petite  correspondance,  p.  38,68,  11 5, 
i38,  i63,  211,  236,  260,  2S5,  —  Biblio- 
graphie :  Ouvrages  divers,  les  Revues, 
notre  Supplément,  notre  Encartage, 
p.  45,  72,  95,  118,  144,  i65,  2i5,  209, 
261,  262,  288.  —  Nouvelle  organisation 
du  Bureau d' édition ,  p.  164.  —  Nouvelles 
publications  du  Bureau  d'édition,  p.  21 1, 
237.  —  Réponses  à  des  polémiques  gré- 
goriennes, p.  92,  129,  191.  —  Nécro- 
logie :  Mgr  Perriot,  p.  129;  MM.  Pierre 
Aubry,  Georges  Berger,  Bourgault- 
Ducoudray,  Arthur  Coquard, p.  i6g  et  s. 

LÉON  SAINT-REQUIER.  —Le  quatuor 
vocal  des  Chanteurs  de  Saint-Gervais. 
p.  224. 


Auguste  SÉRIEYX.  —  Les  trois  états 
de  la  Tonalité,  p.  i,  38,  83.  —  Biblio- 
graphie :  Jeanne  d'Arc,  de  M.  Gas- 
toué,  p.  46. 

L.  T.  —  L'orgue  au  service  de  la  Compa- 
gnie de  Jésus,  p.  286. 

Abbe  VIGOUREL.    —    Bibliographie  : 


La  Nouvelle  méthode  pratique,  de 
M.  Gastoué,  p.  70.  —  Psaumes  et  can- 
tiques notés,  p.  144. 

R.  P.  DoM  VIVELL  ET  A.  GASTOUÉ. 
—  Petits  problèmes  historiques  :  Guy 
d'Are^^o,  p.  lyS. 


TABLE   ANALYTIQUE 


Chant  grégorien  et  liturgique. 

Atit.  Auda:  L'école  liégeoise  au  XlJe  siè- 
cle, l'office  de  saint  Trudon,  p.  278. 

R.  p.  L.  Bonvin,  S.  J.  :  Correspondance  : 
De  certains  intervalles  et  des  «  appuis» 
dans  le  chant  grégorien,  p.   141. 

R.  P.  L.  Bonvin  et  Amédée  Gastoué  :  Le 
mensuralisme  exposé  par  un  mensura- 
liste  et  Notre  réponse,  p.  217,  241. 

Amédée  Gastoué  :  Formulaire  de  récita- 
tifs, p.  63,  i3o,  196,  25i,  280.  —  De 
l'emploi  du  chromatisme  dans  le  chant 
grégorien,  p.  145.  —  Réponse  à  des 
polémiques  grégoriennes,  p.  90. 

Abbé  C.  Marcetteau  :  La  logique  du 
rythme  musical  (fin),  p.  28.  -  Réponse 
à  des  polémiques  grégoriennes,  p.  91  . 
—  Nouvelle  et  dernière  leçon  sur  le 
rythme,  p.  97. 

La  Rédaction  :  Réponse  à  des  polémi- 
ques grégoriennes,  p.  92,  129,  191. 

R.  P.  Dom  Vivell  et  A.  Gastoué  :  Petits 
problèmes  historiques  :  Guy  d'Arezzo, 
p.  173. 

Musique  polyphonique. 

F.  de  La  Tombelle  :  L'Oratorio  et  la 
Cantate  (fin),  p.  20. 

Abbé  A.  Lhoumeau  :  Correspondance  : 
Orgue  et  harmonium,  p.  i3g. 

M.-L.  Pereyra  :  «  Explication  de  la 
lettre  qui  est  imprimée  dans  le  cin- 
quième livre  de  madrigaux  de  Claudio 
Monteverde  »,  texte,  avant-propos,  tra- 
duction et  notes,  p.  121,  i52,  192, 
23o. 

Félix  Raugel  :  Note  sur  l'instrumenta- 
tion du  Messie  de  Haendel,  p.  266. 

Auguste  Sérieyx  :  Les  trois  états  de  la 
'1  onalité,  p.  1,  58,  83. 

Mouvement  musical  ;  divers, 

Léon  Boutroux  :  Prononciation  latine, 
p.  210. 


Arthur  Coquard  :  Paroles  du  Pape,  p.  49. 

Henry  Noël  :  Un  monument  à  Charles 
Bordes,  p.   162. 

Abbé  du  Passage  :  La  prière  liturgique, 
p.  I  16. 

La  Rédaction  :  nos  Correspondants  :  Nou- 
velles musicales,  p.  14,  53,  78, 104,  126, 
i5i,  187,  225,  248,  270.  —  Petite  cor- 
respondance, p.  38,  68,  ii5,  i38,  i63, 
21 1,  236,  260,  285. —  Nouvelle  organi- 
sation du  Bureau  d'édition,  p.  164. 

Léon  Saint-Requier  :  Le  quatuor  vocal 
des  Chanteurs  de  Saint-Gervais,p.  224. 

L.  T.  :  L'orgue  au  service  de  la  Compa- 
gnie de  Jésus,  p.  286. 

Bibliographie. 

A.  Gastoué  :  Les  «  Sept  paroles  »,  de 
M.  de  La  Tombelle,  p.  44;  «  Maîtres 
du  xvie  siècle)),  publiés  par  M.  H, 
Expert,  p.  94;  «  Vêpres  du  Saint-Sa- 
crement», de  M.  Saint-Requier.p.i  19; 
«  Les  Musiciens  de  la  Sainte-Cha- 
pelle »,  de  M.  M.  Brenet,  p.  212. 

Albert  Gro^  :  Le  deuxième  volume  du 
Cours  de  composition  de  M.  V.  d'Indy, 
p.  73. 

F.  de  La  Tombelle  :  Accompagnement 
de  l'office  de  Jeanne  d'Arc,  par  M. l'abbé 
F.  Brun,  p.  148  ;  Traité  d'harmonisa- 
tion, de  M.  Gastoué,  p.  238;  Saluts 
grégoriens  ,  de  M.  l'abbé  F.  Brun, 
p.  239;  Cantiques  grégoriens,  de  Dom 
L.  David,  p.  262;  Noëls,  harmonisés 
par  M.  Rouher,  p.  287. 

Henry  Noël  :  Nouvelles  publications  du 
Bureau  d'édition,  p.  93,  143. 

Félix  Raugel  :  Nouvelles  publications 
du  Bureau  d'édition,  p.  40;  «  Lully  », 
de  M.  Henri  Prunières,  p.  71  ;  «  Haen- 
del »,  de  M.  Romain  Rolland. 


La  Rédaction  :  Ouvrages  divers,  les 
Revues,  notre  Supplément,  notre  En- 
cartage,  p.  45,  72,  gS,  118,  144,  i65, 
2i5,  239,  261,  262,  288.  —  Nouvelles 
publications  du  Bureau  d'édition,  p. 
211,  287. 

A.  Sériej-x  :  «  Jeanne  d'Arc  »,  de 
M.  Gastoué,  p.  46. 


Abbé  Vigourel  :  La  «  Nouvelle  méthode 
pratique  »  de  M.  Gastoué,  p.  70.  — 
Psaumes  et  cantiques  notés,  p.  144. 

Nécrologie, 

Mgr  Perriot,  p.  129;  MM.  Pierre  Aubry, 
Georges  Berger,  Bourgault-Ducoudray, 
Arthur  Coquard,  p.  169  et  s. 


Poitiers.  -  Société  française  d'Impnmene 


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