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p
LA TUNISIE
DEPUIS
L'OCCUPATION FRANÇAISE
DU MÊME AUTEUR :
Le Lieutenant Palat, son exploration et sa mort tragique,
brochure publiée à la suite d'un voyage de recherches dans le Sud de
TAlgério, en 188iî. Gr. in-8° avec carte. {Epul^i.)
Le Livre d'or de l'Algérie. Gr. in-8" rnisin do-lîôO patres, avec préface
du colonel Trumclet. Challamel. éditeur. 1889. {2" tdit'nm) ... 7 fr. 6<)
Alger, brochure in-18 formant les numéros 1 et 2 de V Afrique iilustréc,
collection publiée par la '' Ligue de propagaude et de vulgarisation
algérienne". Challamel, éditeur, 189*2 1 fr.
rorjî PARAiTiiK piiocnArxKMEsr .-
Histoire de TAlgérie : 1830-1892. — Cmni^uktk, (Vm.onisation ;
HiSToiHE roLiTi'^i'E, An.Mixi>*TU.\Ti\ E KT KrnNOMi«,Mi:. Un fort voluin»*
grand in-8" raisin. — Challamel, éditeur.
TYPor;[l4PIIIF. FlllMlM-DintJT I.T i.'-. — MK>MI l».«I;r!.
NARCISSE FAUCON
Ancien nsUictonr en chof >\o VÉetitt d/ff^^ ilo VlmUpfnânnt tU rt,n*inntine , otc.
LA TUNISIE
AVANT ET DEPUIS
L'OCCUPATION FRANÇAISE
HISTOIRE ET COLONISATION
LETTRE-PREFACE DE M. JULES FERRY
La Tunisie osi apitelée à devenir, en vingt a««,
une de» pi un IniHes colonies du monde.
P. I.F.KnY-RF.Ari.lF.U.
TOMK II
rOLONISATIOX
PAHIS
A L* G c s T I iN i] II A L li A M K L , K d i t k u k
I.IRIIAIUIK rOLOViALE
5, lirK JA"OB, KT RFK Kl'RSTENr.KRiî , 2
V
/
/
LA TUNISIE
DEPUIS L'OCCUPATION FRANÇAISE
LIVRE IV
AGRICULTURE ET FORÊTS
I
LES CEREALES
Mysiam Libyamque largis aiunt aburt'
dare frumentis.
Colunielle, De re rust., III, viii.
Dès la plus haute antiquité , TAfrique du Nord était déjà re-
nommée pour sa fertilité en grains. D'après une tradition con-
servée par Polémon d'Ilium ^ c'était de la Libye que le froment
avait été importé à Argos. Dans la notice des dignités de Tem-
1. Toûto inX xûv 'Apvetiov elaiQYaY<^' iittit^ xal 'ApY^iov; oUe [(&£y^] çpovoOvra;,
«•< èv T^ 'Apyctq^ oitapévroc tcôv n^ipûv axipfiaTOC) éx At6ÛY)ç "Apyou (ieTaTtefi^'aiiÉ-
vov»* diô xod ilVjaviTpo; \i6ùo<niz Icpàv tSpu^cv èv Tâ> 'ApYEi, èv XapàSpa oOrb) xa)ov-
|iiv({» TÔxi)» &ç 9T)ai noXé|AMv. /ra^. XII.
LA TUlflSn. — T. II. 1
2 LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPA TIOX FR.%>ÇAISE
pire, TAfrique procoDSulaîre — la Tunisie actuelle — esl re-
présentée sous la figure d*une femme ten.int un épi dans cha-
que main et debout sur deux vaisseaux char^irês de blé. On sait
que les Romains, après avoir soumis cette contrée, en firent
le grenier de Fltalie, et ce surnom a survécu comme signe
distinctif d'une aptitude spéciale. Dans un chapitre de son His-
toire universelle intitulé .• De la fertilité du blé en Afrique,
Pline a réuni de nombreux témoignages d'une fécondité exceo-
tionnelle. Un boisseau de blé, rapporte-t-il . produisait jusqu'à
150. L'intendant de l'empereur Auguste lui envoya un pied de
froment d'où sortaient près de iOO tiges. On adressa de même
à Néron 360 épis provenant d'un seul grain L Ces exemples ne
seraient pas difficiles à renouveler s'Us avaient un autre intérêt
que celui de la curiosité. On m'a souvent montré des pieds de
blé riches de 80, 100 et 150 épis en très beaux grains; j'ai
vu, Tannée dernière, dans une propriété des environs de Tunis,
un pied d'orge contenant 21 â épis.
La supériorité des conditions naturelles de production en
Tunisie y comme en Algérie, se reconnaît surtout à lensemence-
ment. Pour obtenir ce que l'on regarderait en France comme
une bonne récolte, il suffit de gratter la terre — les Arabes ne
font pas autre chose — et de semer de 1 à 1 hectolitre 1.2 de
blé par hectare, tant il talle abondamment : même réduction
proportionnelle pour les autres céréales. Au mérite de tallage
s'ajoute le poids, mesure de la qualité. 11 n'est pas rare de ren-
contrer des blés qui pèsent jusqu'à %\ kilogrammes à Thectolitre.
Le poids de 78 kilogrammes est commun dans les bonnes an-
nées, au point que l'intendance a pu l'exiger habituellement
1. Utpote qiium e modio, si sil aptum solum, cfuale in Bysacio Africac campo,
cpnlpni quinquageni modii reddantur. Misit ex co loco divo Augusto procurator
ejuA ex uno grano (vix credibile dictu) quadringenta paucis minus gennina, oxs-
tantquc de câ re epistolae. Misit et Neroni similiter trecenta et soxagenla stipulas
ex uno grano. Pline XVIII, xxi.
ACRICULTCRK ET FOUIÎTS
dans les fournitures militaires que lui foui les colons algériens'
en même leinps que celui de 60 kilogrammes pour l'orge,
Privilèges du sol et du clim-it, ces faits n'oul rien de nouveau
ni dVsceptionnel, car déjà Pline mettait le blé de la province
d'Afrique au nombre des blés les plus estimés de son temps
pour le poids et la qualité-. Dans le cours du moyen ftge, les
Errains furent une des principales marcbandises d'échange des
États barbaresques avec l'Enropc. Aux dix-sèptième et dix-
huitième siècles, les compagnies du cap Nègre et de Tabarka
expédiaient chaque année une quantité considérable de
grains qu'elles vendaient avec grand profit en Provence, dans le
bas Languedoc, en Espagne, en Ilalie. Shaw'' estime que la
quantité de grains exportés par les marchands anglais vers
le milieu du siècle dernier, était de 7 à 8.000 tonnes. De 1792 à
1. En Tunisie, l'inlenilnare u'acb^'lc qui; des farines.
2. D'a|ir^ Pline, les évalualioiis. converties en valeurs franr^lscs, ilrs iioiila dca
blés les |>lus rcchercliés i Rome élnient :
Blés des Gaulea et de Chersonise (lar modiui 0'530
Il Sardaigne ~ n.Ufla
■ Alexandrie et Sicile
— 6.li2B
Afrique — 7.09C
IUlic, au delà du Pu ~ a.iïc
Cludum — 8.4T(:
* Le |<uids de l'hectolitre ciainine <lans l'anliquilé et acluellemcnt ii
'^iTtdr varié d'une nianière bien sensible, surtout ai l'a» a égard à ce qu<
nés du minislvre du commerce sur lesquelles a été basé ce calcul , sn[
les blës de première qualité :
les inoyer
» Gaule T&'.il France, msft. général... 76^100,
Cbetsonésc (Crimée) ... 75.117 go •
Sardaigne 77.081 7H.ias
Alexandrie 'CAW 75 •
Skîlc 76. 449 78 . 750
1 Tunis 78.750
Afrique SI.77G ) DAne 78.1!ô
t AlffiT 7a.tîj
SuïianL l'Iine, le blé d'Afrique donnait su |iuur luo de farine et 30 (lotir 100
3. Travtî* in Barbary, jwgeîOri,
i LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
1796, nos populations méridionales et nos armées furent
provisionnées de blés d'Afrique , source première du conflit a '
amena la conquête d'Alger. Sous l'empire, l'armée employée en
Espagne et le corps du maréchal Suchet furent nourris nar
des exportations de la province d'Oran. Reprenant ce rôle his-
torique l'Algérie, fécondée par la charrue française , alimente
comme autrefois les marchés de la métropole , et la Régence
affranchie des entraves douanières, répand aujourd'hui son
grain sur les quais de Marseille comme jadis dans les cre-
niere d'Ostie.
Les terres de l'Afrique du Nord sont toujours dis>nes de
leur ancienne réputation : la Tunisie demeure comme par le
passé la province frumentaîre par excellence. De Tabarka
cap Bon , du Djerid à Carthage , parcourez les chaudes vallées
gravissez les Hauts Plateaux à l'époque priatanière : c'est le blé
que vous apercevez sans cesse, le blé qui vous enveloppe de
toute part, plus dru et mieux venant dans les sillons européens
plus rare et plus chétif sous le léger labour indigène; ce sont
de tous côtés et à perte de vue, jusqu'aux montagnes lointaines
qui ferment l'horizon , non point des champs, pour ainsi dire
mais comme des espaces infinis et des déserts de céréales*
C'est sous le grand soleil de juin qu'il faut voir dans ces im-
mensités fertiles, cet océan de moissons mûres, ces flots des
épis d'or qui frissonnent sous la brise, puis ces troupes robustes
des moissonneurs berbères, répandus en longues files dans
l'espace dévoré de chaleur et flamboyant de lumière, la tète
protégée de hauts chapeaux de paille, jetant hasles poignées
d'épis du mince tranchant de leui*s faucilles, charmant leur
rude labeur de quelque chanson nasillarde , et de leurs bras
bronzés amoncelant les gerbes épaisses.
1. L'AUjerie romaine, t. I, |>. 40.
ACRir.Cl.TCRE ET FORETS
In Afn'ca ad Bijzncium item px inodio nasci centiim, AU
Varron ' , et l'expression esl toujours vraie ; elle le sera demain
pour tous ceux qui sauront restituer au sol ses richesses en
azote et CQ acide pbosphorique. Car il ne faut pas oublier que
semblable à la vie animale, la vie végétale n'est que le
produit d'échanges. Pour donner naissance A des végétaux la
terre dépense, en plus ou moins grande quantité suivant leur
espèce et leur genre, maïs pour tous elle dépense de l'azote,
de l'oxygène, de l'hydrogène, du carbone, de l'acide pbos-
phorique, du soufre, du chlore, du manganèse, de la ma-
gnésie, du fer, de la chaux, de la soude, de la potasse et de
la silice -. Ce sont là les éléments constitutifs, la pAte minérale
et organique que la nature amalgame, triture et distille dans
SCS entrailles mystérieuses pour créer <« depuis le cèdre jusqu'à
l'hysope, depuis le blé jusqu'à la ciguO, depuis l'ortie vésicante
jusqu'à la framboise savoureuse et parfumée. » Et si le sol géné-
rateur est appauvri, épuisé par une production irrationnelle,
surabondante, il n'en sortira plus qu'une végétation pauvre,
clairsemée, des plantes frêles, molles et rabougries : de même
dans l'ordre animal un être affaibli par les privations n'en-
gendre plus que des sujets malingres, rachitiques et scrofu-
leux.
Or, depuis trois mille ans — car les Carthaginois étaient déjà
très adonnés aux travaux des champs^ — les terres d'Afrique
I
ti De re nsliea, 1, xuv.
'4. Coniul tel pour ISRenâsc Tégëtalr les éludes agronDiiiiiiups Je M. GeorgpiiVilli'
Oehérain; Chîmit et physiologie appliquées à l'Agriculture et à ta iytviciil-
lnre, |>sr L (iraudeuu; Traité d'anatyie des matiires agricoles, du rnSme; Ptiy-
tlologit eteutture du bti. parEug. Risler; les Engrais, par Hiiolz et Girard; Élude
du loi algérien, par Ladureau ; £fude rlu JoJ tunisien, par E, llertaïncbind; et
on article Irts reniari)uaUi- d'Eiulli' Gautier dans le supplément du Fii/aro du
10 octubre 1891.
3. Pulfbe (XII, 3) parie stcc adiuiratioa des campagnes arrlcalues à l'époque pu-
nique. UAereo dans aes fdéet jur la relalioiu politiques et eosmercialet lUs
6 LA TCMSIE DEPUIS L*0CCUPAT10N FRANÇAISE
ont beaucoup donné et n'ont que peu reçu. Dans Tantiquité,
quand la Zeugitane et la Byzacène étaient peuplées d'une po-
pulation très dense, qu'elles étaient couvertes de millions
d'animaux , la terre retrouvait des éléments nutritifs dans les
matières organiques qui lui étaient abandonnées. Toutefois
les restitutions en acide phosphorique étaient insuffisantes pour
des terres à céréales. Survint la conquête vandale , puis la con-
quête arabe (VII* siècle), et l'état d'anarchie qui s'ensuivit, les
luttes religieuses entre les diverses sectes mahométanes, Thos-
tilité permanente qui existait entre elles et les chrétiens, ame-
nèrent peu à peu le dépeuplement et l'abandon d'une partie du
territoire. D'un autre côté, le déboisement progressif altéra
de plus en plus le climat et les nouveaux conquérants surent à
peine tirer du sol la production nécessaire à leur propre subsis-
tance. Entre les mains arabes cette contrée qui avait été la nour-
rice de Kome et de l'Italie se vit réduite à s'approvisionner à son
tour de blé à l'étranger. M. de Mas-Latrie rapporte que « dès
le douzième siècle et moyennant un léger tribut, les rois de
Tunis s'étaient réservé la faculté d'importer en franchise les
blés de Sicile dans leurs États ^ ». Mais au dix-septième siècle,
Othman-Dey ayant eu le bon esprit d'attirer à lui les Maures
chassés d'Espagne par Tlnquisition (V. t. I, p. liO) ceux-ci,
essentiellement cultivateurs, rendirent de nouveau l'agriculture
anciens peuples de l'Afrique (Irad. franc, 2. vol. Paris, an VIII) va plus loin : il
affirim; (t. 1, p. 67) que ragricullure fut plus honorée chez les Carthaginois que le
coiniiierœ. 11 rappelle que, d'après leur histoire, il ne parait pas que leurs premières
familles eussent exercé le commerce, tandis qu'on y trouve, dans plusieurs pas-
sades, la preuve qu'elles possédaient de grands fonds de terre.
11 est vrai que les Carthaginois avaient plusieurs traités d'agriculture; celui de
Mngon, ouvrage en vingt-huit livres, résumant la science agricole à cette époque,
parait avoir été tout à fait icmarquable, car de toutes les œuvres que contenait la
bibliothèque de Carthage, elle fut seule sauvée des flammes lors de la destruction
de celte ville; le Sénat romain en ordonna la traduction en langue latine et la
propagea parmi les cultivateurs italiens comme le code de {'Agronomie rationnelle.
1. Relations et commerce de T Afrique septentrionale au Maghreb avec les na-
tions chrétiennes du moyen dgc^ p. 307.
AGRICL^t-TURK ET TORÉTS 7
* florissante en Tunisie. Néanmoins [es procèdes de cnlture
restèrent tout ce (]u'il y a de plus primitif et la terre privée
d'amendement et de funmrc eût été vite épuisée si les habi-
tudes nomades des indigènes et l'insécurité de la propriété
foncière n'avaient toujours laissé en friche la majeure partie
du territoire, La terre se reconstituait donc d'elle-même. Déjà
riche en azote, elle en puisait encore dans l'aïret, comme
pour le blé la dominante fertile est l'azote, pour peu qu'on
raclftt le sol et qu'on y jetdt un peu de semence, on obtenait
et on obtient encore des récoltes de 5 à 6 hectolitres à l'hec-
tiu-e, .\vec uDC température favorable le rendement atteint
uQ peu plus. Les Arabes qui n'ont que fort peu de besoins se
contentent de cela; mais les conditions d'existence de nos
colons sont tout autres : il leur faut obtenir une production
triple ou quadruple. Rien n'est plus aisé; à condition que la
terre possède tous les éléments fertilisants à doses convenables.
Or, très riches en potasse, riches en azote et assez bien appro-
visionnées en chaux, les terres de la Régence sont générale-
ment pauvres en acide phosphorique.
On estime qu'un sol arable doit renfermer 1 gramme 50 d'a-
cide phosphorique par kilogramme de terre sèche pour être
dans un bon état de fertiUté moyenne, ce qui correspond
& 6,570 kilogrammes par hectare '. M, Schlœwig, dont la com-
pétence fait autoi-ité en cette matière, admet même le chiffre
de 1 gramme 70 comme représentant la richesse moyenne
en acide phosphorique des terres susceptibles d'être cultivées ;
et la richesse moyenne des terres tunisiennes ne dépasse par
1 gramme.
J'ai sous les yeux les cartes agronomiques du bassin de l'Oued-
Hiliune que vient d'achever le directeur du laboratoire de
I. LidurMU, Buttelin du minUltre de fAgrimlCure. B° ■nuée, n"
8 LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
chimie agricole et industrielle de la Régence : sur celle qui
a trait à lacide phosphorique la teinte jaune (de O*' fr à l'^
par kil.) couvre les deux tiers de la superficie étudiée.
Comme les céréales sont très friandes d'acide phosphorique,
que cet élément contril)ue beaucoup à la formation du grain,
qu*il est absolument indispensable à la vie de toutes les plantes,
les cultivateurs de la Régence ne doivent pas oublier que
pour élever leurs rendements en céréales, en fourrages, en
légumineuses, pour préserver leur vignoble d'une déchéance
physicjue , en un mot pour rendre au sol sa fécondité prover-
biale , il est nécessaire de réparer par l'apport d'engrais phos-
phatés les pertes énormes que depuis trente siècles il a subies
en acide phosphorique, par suite des magnifiques récoltes
qu*il a produites et dont la majeure partie ont été exportées
hors du pays, et plus encore par suite des mauvais procédés de
l'agriculture arabe.
Cette régénération de la terre est d*une importance capitale
pour l'avenir agricole et viticole de la Tunisie. On en jugera
par l'avertissement que M. Ladureau donnait il y a trois ans
aux colons algériens, dont la situation est identique. « Si on
n'a promptcment recours à un emploi judicieux des phos-
phates on verra bientôt les rendements en céréales s'abaisser
de plus en plus et la vigne s'étioler, puis disparaître peut-être
rapidement, comme cela a eu lieu dans le midi de la France,
par suite de Tépuisenient du sol, consommé peu à peu parla
négligence, Tignorance et l'incurie des viticulteurs ».
La dépense à faire n'est d'ailleurs pas considérable. Le la-
boratoire de chimie agricole et industrielle de la Régence
exécute les analyses de terre gratis pro Deo. Chaque proprié-
taire n'a donc qu'à s'y adresser pour connaître exactement les
besoins de son sol et, par suite, les dosages qu'il réclame. Quant
à Tengrais, la Tunisie possède de riches et nombreux gise-
AGRICCI.TIIRE i
ri
monts de phosphates (voyez le chapitre spécial) dont la teneur
en phosphates tribasiques de chaux va de 35 A 75 ^, et leur
prochtiiiie exploitation permettra aux colons tunisiens de se
procurer ces phosphates à très hon marché.
Ceux d'un dosage supérieur se maintiendront à des prix éle-
vés en raison de leur exportation réniunératrice en France, en
Angleterre, en Allemagne et en Belgique, pour leur transforma-
tion en superphosphate. Mais il résulte des observations de
H. L. Grandeau à sa ferme deDombasle, près Nancy, qu'il y a
lieu de préférer l'emploi du phosphate finement pulvérisé A ce-
lui (hi superphosphate. 11 y a tout profit. En effet, pour trans-
former 1,000 kilogr, de phosphate à 70 se en superphosphate
propre à la fabrication de l'engrais intensif, il est nécessaire
d'ajouter un poids égal d'acide sulfurique; on obtient de la
sorte 2,000 kilogr. de superphosphate A 16. 03 ?f. d'acide phos-
phorique équivalant à 35 pé de phosphate de chaux. Celui-ci
ainsi transformé coûterait, prîs.à l'usine, 80 francs les 1,000
kilogr. envirou, tandis qu'une tonne de phosphate à 35 j^ ne
peut valoir guère plus de 25 à 30 francs. Ce sera le prix de cet
igTais, à Tunis, dans quelques mois.
Blé Dt'R. — Le blé dur {irtlicnin durum) on arabe ghemn .
était la seule variété connue en Afrique avant la conquête
d'Alger. On le reconnaît à la couleur brune du grain, A son
écorce qui craque sous la dent, à sa cassure vitreuse, à sa
farine moins blanche que celle du blé tendre.
Quand les premières fortes pluies d'automne ont détrempé
suffisamment la terre , c'est-à-dire vers la mi-novembre , le
cultivateur arabe éparpille sa semence ' à la volée sur la terre
garnie d'herbe, A travers chicots et souches des broussailles
1, Outre à cinq nuibu it l'hectare, «oit lïo à iM Iilr«i
10 LA TUNISIE DEPUIS l'OCCCPATIOX FRANÇAISE
incendiées ; puis , pour la recouvrir, il rAcIe le sol avec un araire
tout à fait primitif consistant en un simple coutre fixé, — par-
fois à l'aide de cordes , — A un morceau de bois en flèche.
Toute la charrue ne pèse par vingt-cinq kilogrammes! Aussi se
passe-t-il facilement de chevaux et de bœufs pour les labours.
Ueuv petits bourriquets lui suffisent pour gratter la terre ; car il
ne fait pas autre chose : le fer ne pénètre pas le sol à plus de dix
centimètres. Cependant sur les Hauts Plateaux et dans le
Sud, Tarabe attèle le dromadaire, et rien n'est plus falot que la
silhouette dégingandée du nonchalant animal qu'on aperçoit
traînant distraitement cette charrue minuscule comme un grand
enfant ferait un joujou.
Le champ est tantôt couvert de lentisques et de palmiers-
nains, tantôt de joncs et de lauriers-roses; le laboureur indigène
contourne purement et simplement les uns et les autres,
étant trop paresseux pour les arracher, encore qu*ils enlèvent
au terrain la majeure partie de son acide phosphorique.
Cette méthode de travail aussi simple qu'expéditive est la
plus ordinaire dans les ferres faciles, déjà défrichées en partie
et par conséquent peu garnies de broussailles. Dans les autres
on procède au labour avant la semaille. Quelques cultivateurs
soigneux en donnent même un second pour enfouir la se-
mence; mais la plupart s'en remettent à la pliiie pour cette
opération.
La bonne graine pousse comme elle peut avec la mauvaise
qui n'a pas été brûlée, et au milieu de toutes les broussailles
qui prennent bientôt le dessus. La herse est inconnue de
l'arabe. En mai, juin ou juillet, quand la moisson est mûre,
les indigènes saisissent les tiges par le haut et les coupent avec
de petites faucilles à dents, en laissant le chaume sur presque
toute sa hauteur. Les gerbes sont battues sous les pieds des
l)œufs, mulets ou chevaux. Le grain nettoyé et séché est conservé
AGRICULTrRE ET fORKTS
de vastes fosses en forme d'amphore , que les indigènes
appellent malhmai- ou silos.
Ch. Tissot ' est d'avis que silos doit venir du mot rrctfo'; dont
OQ se servait, en CappEtdoee et en Thrace, pour désigner des
réservoirs du même genre. En tout cas, contrairement à l'o-
pinion généralement reçue , ces excavations parfaites , dans les-
quelles le blé peut se conserver cinquante ans et le millet pen-
dant un siècle, n'ont pas été inventées par les arabes. LesCar-
tliaginois les utilisaient déjii et Salluste nous apprend {de
Bello Afric. LXV) que les soldats de César furent nourris avec
les réserves de blé qu'ils trouvèrent dans les silos de la Byza-
cène.
Le rendement de la culture arabe, je l'ai déjà dil, n'est que
de 5 à 8 hectolitres à l'hectare : à qui l'effleure d'une charrue
paresseuse el légère le sol est rebelle ou peu généreux; il ne pro-
digue ses trésors qu'à celui qui, le délivrant d'abord de toutes
les plantes parasites , le défrichant au pris de ses sueurs , le dé-
chire profondément, disons-le aussi, savamment'. Celui-IA
en obtient, — c'est le cas de nombreux colons, — 25 à 30
-bectolitres , et quelquefois au-delà.
Ou évalue les cultures européennes et indigènes en hlé dur,
,ns la campagne de 1891, à V07,740 hectares, ayant produit
1,997,583 quintaux métriques d'une valeur (fninco bord) de
49,949,575 francs.
^poi
Blk TKWtnE. — Le blé tendre est une importation des co-
ms européens en Tunisie, comme il l'a été en Algérie. On le
reconnaît A sa couleur claire et blonde, à son écorce facile à
casser sous la dent, à sa farine blanche.
Uoins rustique en sa gaine que le blé dur, il est plus sujet A
12 LA TUNISIE DEPUIS L*OCCUPATION FRANÇAISE
la verse ; il ne s'acommode pas de tous les terrains ; il aime
les coteaux, les points aérés; il craint les brouillards et les in-
tempéries et demande beaucoup plus de soins que le blé dur.
Aussi sa culture est-elle insignifiante; elle n'atteint pas deux
cents hectares.
Un autre motif de la défaveur dont parait jouir cette variété
de froment en Afrique, c'est qu'elle s'y transforme en blé dur.
Dès les premières années, il s'y trouve des graines plus cornées,
qui ne font qu'augmenter en nombre, si on ne choisit pas les
semences avec soin. Ne faut-il voir là qu'un simple phénomène
d'hybridation, les blés durs étant toujours à proximité des
tendres? C'est difficile à admettre, étant donné le mode de
fécondation de cette graminée.
Cependant M. Vilmorin est de cet avis. Il explique ainsi le
phénomène : « Le pollen du blé dur, lequel est cultivé sur
d'immenses surfaces , est entraîné parles vents, répandu par-
tout : il en arrive, par conséquent, quelques grains aux éta-
mines du blé tendre, dont ils modifient la nature, sans pouvoir
la changer brusquement, ni totalement; car il n'est pas
d'exemple de blé tendre devenu complètement dur. La méta-
morphose, qui est assez ordinaire aussi dans le midi de la France,
consiste simplement à rendre le grain glacé et demi-dur : en
cet état, on l'appelle mitadin. Cette conversion change assu-
rément les propriétés physiques du grain en modifiant sa com-
position chimique : il est déprécié aux yeux de l'acheteur; ce-
pendant la forme extérieure reste la même ; mais il n^est pas
rare de trouver un grain glacé dans un lobe et opaque et tendre
dans l'autre , ou glacé même dans un seul bout. »
M. Ch. Millot dans Touvrage * duquel est rapportée cette opi-
nion de M. Vilmorin, pense que la transformation doit ètreim-
1. Traité pratique dC agriculture algérienne , p. 1G5.
AGBICCI,TCBK KT FORÊTS
putée aux terrains et à leur orientatiou par rapport aux vents,
plutôt qu'au croisement des variétés de blé.
Quelle que soit la raison de cette méinmorphose, elle n'est
pas un empêchement absolu ù. la culture de blé tendre, et son
écoulement facile plaide en sa faveur auprès des colons.
»\ Ohcb {en arabe chair). — La culture de l'orge ne le cède
point en Tunisie A celle du blé. tes iDdigènes en sèment beau-
coup; ik l'emploient principalement pour In nourriture des che-
vaux et des mulets, et les pauvres lu. consomment aussi pour
leur alimentation. Elle est également cullivée comme fourrage
vert, soit à pftlurer, soit à faucher. L'orge donne de meilleurs
rendements que le blé dans les terrains nouvellement défrichés
et non ameublis; elle craint moins la sécheresse et mûrit en
moins de temps; aussi peut-on. dans bien des cas, substituer
avantageusement sa culture à celle du blé et les Arabes , sou-
vent très en retard pour leurs semailles, trouvent dans la
culture de l'orge le grand avantage de pouvoir poursuivre
très tard leurs labours : ils sèment, parfois, encore jusqu'en
lévrier.
■ La variété d'orge cultivée par les indigènes jusque dans
Hks oasis, et que les Européens ont généralement adoptée
comme l'espèce la plus productive, est l'orge à six rangs {/tor-
cleum hexaslicum). Ils cultivent aussi une orge noire dont j'i-
gnore le nom. Quelques colons ont introduit l'orge nue ou
céleste. f*our les semailles tardives on conseille In petite orge
carrée. On sème environ deux hectolitres à. l'hectare, et on en
bécolte une moyenne de vingt-cinq à trente.
H Les orges de Tunisie , très convenables pour la fubrication de
la bière , sont recherchées pour cet usage sur divers points de
l'Europe, notamment en Angleterre.
En 1891, la culture de l'orge s'est étendue sur 429,244 hec-
L
i
14 LA TUNISIE DEPUIS L^OCCUPATION FRANÇAISE
tares qui ont produit 1 ,854,290 quintaux métriques d'une valeur
(franco bord) de 2,874,150 francs.
Avoine (en arabe cortane), — L'avoine est, en Afrique,
une importation européenne comme le blé tendre. Avant 1830
les indigènes algériens n*avaient jamais cultivé cette céréale,
et ils Font accueillie avec défiance. Ils n'osaient pas la donner
à leurs bètes; mais ils ont fini par reconnaître qu'elle constitue
une excellente nourriture pour les chevaux de trait pendant
l'hiver, sans avoir l'inconvénient de les échauffer. Puis, ce qui
les a tout particulièrement invités à cette culture, c'est la fa-
cilité avec laquelle son grain s'écoule. La place de Marseille la
recherche en effet activement. Au printemps, époque à laquelle
il lui faut renouveler ses stocks, elle est obligée de s'adresser
en Afrique, où l'avoine se moissonne deux et trois mois plus tùt
qu'en France; elle paye alors le quintal de 15 à 18 francs.
Uès mars , on passe des marchés à livrer. Aussi cette culture se
developpe-t-elle de plus en plus dans notre grande colonie. Les
chiffres suivants montrent la progression constante :
Nombre d'hectares ensemencés en 1880 28.515 hectares.
— — 1881 30.715 —
— — 1882 31.743 —
— — 1883 33.018 —
— — 1881 33.227 —
— — 1885 35.455 —
— — 1886 45.303 —
— — 1887 50.526 —
— — 1888 51.248 —
— — 1889 53.C94 —
— — 1890 54.767 —
Est-ce par ignorance du profit qu'ils pourraient tirer de cette
céréale que les colons tunisiens ne la cultivent pas? Je ne vois
pas d'autre raison. Car les terres s'y prêtent admirablement.
AGRICULTUIE ET FOKÉTS 15
L'avoine, du resle, pousse dans tous les lerrains; eltc ne craiut
pas les sols arides, elle résiste longtemps à la sécheresse; elle
n'exige pas d'ameublissement soigné; elle se contente d'un
seul labour et, ce qui est pour plaire aus indigènes, elle se
développe malgré les mauvaises herbes, A tant de qualités, elle
joint celle de donner une paille de bonne qualité, qui
double la valeur de la récolte en grain.
J'ajoute que, dans plusieurs régions de la Tunisie, il serait
possible de moissonner plus t6t que partout ailleurs, et d'ar-
river de ta sorte bon premier sur le marcbé de Marseille.
»11 y a là une source de revenus que j'invite les colons tunisiens
ne pas négliger.
C'est l'avoine blanche d'hiver qui est cultivée en Algérie;
les autres variétés s'ab<\tardissent très promplement.
En 1891 , 102 hectares ont été ensemencés en avoiue dans la
banlieue de Tunis et 710 dans le contrôle de Souk-el-Arba, soit
pour tonte la Tunisie, 822 hectares qui ont produil 1^8,003
quintaux métriques d'une valeur (franco bord) de 788,173
francs.
Skigle. — La plupart des terres de Tunisie étant propres
à la production du froment, le seigle n'y saurait être qu'une
culture très secondaire, motivée par des convenances excep-
(ionnelles de localité ou par des besoins spéciaux. Aussi n'en
rencontre-t-ou que quelques emblavures par ci par là. J'en ai
remarqué un hectare cet été dans la propriété de M, Géry à
l'oued Zergua ; la paille en était dure, cassante, et l'on m'assure
qu'il en est toujours ainsi. Le diss et le palmier-nfiin sont
donc préférés pour les liens de gerbe auxquels, en France , on
emploie principalement la paille de seigle.
J'ai vu, en Normandie, mêler de la farine de seigle à celle
du blé pour maintenir le pain frais. En Tunisie, pendant l'été.
16 LA TUNISIE DEPUIS L*0CCrPATI03l FBAXÇAISE
il pourrait y avoir là uae utilisation très appréciable de cette
farine.
Maïs (en arabe ierki). — Le mais jouit d'une grande iaveor
]mrticulièi*en)ent auprès des indigènes; ceux-ci le cultivent
dans les oasis du Sahara non moins que dans le Tell. Cette
céréale produit très abondamment; on a pu compter jusqu'à
700 grains sur un épi de mais. Dans de bonnes conditions, en
tern* irriguée par exemple , elle rend 70 à 80 hectolitres à
l'Iieclare. Mais elle réclame une terre forte, riche en azote et
Vil potasse.
Dans les secanos ou terrains irrigables, on sème les espèces
|)etii(*s et précoces, le mais quarantain , le mais à poulet, sur le
pied (le 50 litres à Thectarc. Dans les terrains non irrigables
on préfère le grand jaune ordinaire, le blanc dit des Landes,
le grand d'Amérique à grains aplatis dont la farine est plus
blanche et plus abondante.
On sème seulement 30 litres à Thectare. Son principal emploi
est comme fourrage vert ou paille sèche. Les indigènes pilent
le grain, le délayent dans Teau avec du beurre et le mangent
n bouillie. Les pauvres le font tout simplement griller sur la
rendre v.\ le mangent en grains ^ Les Européens s*en servent
|»our rengraissein(înt des porcs.
Kn 1891, il a été cultivé en maïs 3,706 hectares qui ont pro-
duit 00,7 V'i^ quintaux métriques d'une valeur (franco bord) de
1.032,0V8 francs.
Sonr.iio (en arabe hrchna). — Le sorgho demande une
terre forte, comme le maïs; mais il réclame moins de fumure
que celui-ci.
1. Parrois tiiAtm* il» avalent les grains tout crus. J'assistais dernièrement à une
aiito|>Hi(! pratiquer par un habile médecin de Tunis, le D** Deloulme; la cavité stoma-
cale (lu ca<lavre — relui d'un Arabe d'une quarantaine d années — était remplie de
grains de maïs crus, pour la plupart non mastiqués.
(
AGRicLiLTtrni': f.t kohkts 17
Oa ne cultive guère en Tunisie que V/inlcus spîcatus, vulgaire-
ment connu sous le nom de millet à chandelle et que les Arabes
appellent benitche. Il en a été ensemencé en 1891 : 640 hectares
dans le conlrAle de Béjà, 1,500 dans le cercle de Mondenine,
5,000 dans celui de Zarzis, en tout 7,20!) hectares dont
j'ignore le rendement. Dans le conlrûle de Bizerte 108 hectares
ont été cultivés en beclma, sorgho hlanc, et 2 hectares et demi
en dra, sorgho noir.
En Algérie, aux environs de Philippeville, on cultive le
grand sorgho {/lolcus sorghum), dont le grain est rouge et dont
les panicules forment d'excellents balais.
Les petites graines du sorgho donnent une farine avec la-
quelle les indigènes confectionnent du pain sous forme de ga-
lettes; ils en tirent également du couscouss et de la semoule.
« Pour l'engraîssemenl des animaux de basse-cour, le becluui
cuit ou cru, a des qualités qui ne le cèdent en rien à celles du
mais, et le dra a une vertu astringente qui préserve les volail-
les de la diarrhée '. -
Les tiges de cette graminéc sont consommées comme fourrage
vert en juillet et août.
Millet (en arabe kaoh). — Le millet commun, ou millet
A panicule, n'est cultivé que par les indigènes, et exclusivement
dans le Sud. Le millet A grappe ou millet des oiseaux, appelé
aussi aipisle, est seul récolté dans le Nord, et en faible
quantité.
Dans les contrôles de Sfax et de Djerba on obtient de 3,000 à
3,â00 kilogrammes de graines à l'hectare.
En 18«1 , il a été cultivé en millet 2,782 hectares qui ont
uit près de 100,000 quiutaux métriques.
^Mdi
18 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
II
LA VIGNE
I^ Tunisie n'est pas seulement la terre à céréales par excel-
lence ; son climat convient encore admirablement à la culture
de la vigne , car cet arbuste des Dieux aime la chaleur. Viiis
iepore lœtaturj nous dit Pline. Pour prospérer, il demande un
sol très approvisionné en potasse, et le sol tunisien est très
riche en potasse, on peut dire d'une richesse excessive. C'est ce
qui résulte des analyses effectuées par le directeur du labora-
toire de chimie agricole et industrielle de la Régence. Voici
une note qui accompagne les premières feuilles agronomiques
qu'il vient de publier :
« Les terres du bassin de l'oued Miliane sont d'une richesse
excessive en potasse; certains endroits en contiennent jusqu'à
8 grammes pour 100, c'est une quantité énorme, et l'on peut
assurer que de semblables terres pourront, pendant longtemps,
se passer d'engrais potassiques.
« Je crois qu'il est assez rare dans les annales agronomiques
de trouver des résultats semblables. Nous nous trouvons de ce
chef sur un sol extrêmement favorable à la culture de la vigne,
et les résultats obtenus jusqu'à ce jour viennent confirmer ce
que nous avançons. * »
Cette note répond péremptoirement aux ignorants — il n'y a
pas d'autre nom à leur donner — qui ont prétendu que la cul-
ture de la vigne était quasiment impossible en Tunisie, autant en
raison de la nature de ses terres que de ses conditions climato-
logiques.
1. Élude du sol lunisien, p. 40.
AORirctTURE KT FORÊTS IB
i reste, l'esemplc des résultats obtenus tlaos l'anliquit*'!
-il pas lA pour guider noire condiiîte? L'Afrique ne Fut pas
nlement le grenier de l'Italie, elle en fut aussi le cellier. La
gne y était cultivée depuis des sif^cles lorsque les Romains s'en
mparèrent. Diodore nous apprend que les pampres formaient
Ta moitié de la richesse des vergers de Carthage '. Et non
seulement ils festonnaient de pourpre la banlieue de la capitale ;
mais ils s'étendaient de proche en proche jusque dans le Sud ,
dans les golfes Syrtiqucs, àTacape {aujourd'hui Gab(''s) où ils
donnaient une double récolte - et à Tripoli dont les crus
étaient fort estimés^.
Brunes et blondes, les lourdes grappes savoureuses s'en al-
laient A pleins vaisseaux en Italie, ainsi que iepassmii, via li-
quoreux que l'on fabriquait " en battant vigoureusement les
raisins avec des baguettes après les avoir séchés au soleil dans
une corheille de jonc tressée lâche; lorsque les grains étaient
rompus on soumettait la corbeille à l'action du pressoir et In
liqueur recueillie était conservée dans un vase, comme du
miel*. " On s'en délectait à Rome.
Le Koran interdisant ans fidèles Tusagc des boissons fcr-
mentées, la vigne disparut du Nord de l'Afrique avec les conqué-
rants arabes. Cependant, au dîx-septii^me siècle, les Maures la
rapportèrent d'Espagne, et la replantèrent, A partir de ce mo-
I, 'Il îi XÛpa il |iÊv r,v àitREÏÔf uio; , -f, 'A iintfi;ai,
3. Svpet omnia eit, biferam titein bU aano vindeiitiare. Pline, XVIti, il.
3. Ch. Tiisot, op. ri/., p, 303. On lira arec inlérei cette page cl la sai«inle iliins
tr«iuell«s le tarant auteur noas Tait connaître coinmcnt les anciens rullivaient l.i
*ïgoe. lia ^tilaiunt, aranl tout, d'exposer les ceps au midi. Uagun recnmmanJail
lie Im planter du eW du nord. Les vignes, en général, n'ëlaii-nl |ias maintenues
debout comme dans certaines contrées: la violi-nce du lenl aTïit dit adopter la
IMlbode encore ciiiplojiée aujnard'hui au Maroc : la vigne rampait A terre ; on l'ap-
pelait pour cela linea humi projecla. (PI.) C'est i ce procédé ijn'on allrîbuail U
déreloppement extraordinaire que prenaient les grappes. On admieinsaîl l'aprelé
ilei tins iftf du plltre et dans certaines régions, avec de la rliaui ; A frira Qijpm
mitigat aiperilatem, ner non aliquibus mi parlibus caler. PL XIV, 24.
4. Cfc. Tiuei^oe. cit. traduct. de Ptlladiu» XI. 19.
âO LA TCMSIE DEPriS L OCCCPATIOX FftASrÇAISB
ment elle a été de nouveau cultivée en Tunisie, soit en treille,
soit en plein champ. p>ur la production des raisins de table.
En 1881 nous avons donc trouvé, non pas des vignobles pro-
prement dits, mais des vismes indigènes et des lambruches ré-
pandues à travers tout le pays, dans les environs de Tunis, à
Khad^s , à la Marsa. au cap Kamart. à la Sokra, dans la pres-
(]u*Ue du cap Bon, et sur tout le littoral depuis Hammamet
jusqu*2\ Sfax. Au nord et au nord-est de Tunis, la région de
Bizertc, de Porto-Farina , Rafraf. Ras-el- Djebel produisait
déjA de grandes quantités de raisins de table cultivés par les
indigènes.
1^ végétation florissante de l'arbuste , malgré le peu de soins
dont il était lobjet. réfutait par avance les prédictions des
pessimistes. Aussi des capitalistes avisés, intelligents, ont-ils
planté avec une entière confiance , avec une certitude de réus-
site que Texpérience a vérifiée.
Dès 1881, la compagnie Bùnc-Guelma prêcha d'exemple en
plantant quelques hectares à Toued Zergua. le long de la ligne
du chemin de fer. A la même époque, M. Géry, président du
conseil d'administration de la com^Kignie Bône-Guelma, et
M. lA»maire, son associé, constituèrent dans leur domaine de
Toued Zergua, un magnifique vignoble qui atteignit bientôt
119 hectares *. L'élan était donné. Ou sait avec quel entrain ad-
mirable il a été suivi : n'était le découragement qu'ont fait naître
les barrières douanières, si longtemps insurmontables, le vi-
1. Dans son Rapport sur la Viticulture en Tunisie, |»réM?nlé ao jury de la classa
73 E\|H)$itioa univorM'Ue de 1881> M. H. Sa\i^non rend hommage à l'iniUalive
de la Compagnie Rùne-Ciuoliiia el de MM. Géry et Lemaire qui <v doivent être con-
sidérés, dit-il, comme les fondateurs de la colonisation française dans la Régence :
L'exemple qu'ils ont donné témoigne de leur courageuse initiatiTe et a d'ailleurs
eu les plus heureuses consé(|ucnces, car il a été sui%i depuis |Kir beaucoup de nos
com|>atriotes. Si ces derniers ont rencontré, comme eux. les difficultés et le« mé-
comptes inséfïarables des débuts de toute grande usine agricole, ils n'ont certes pas
eu, comme c^s pionniers, à luller contre l'inst'curité des premiers temps, à laquelle
a succédé la S4'»curité parfaite du temps présent ».
AGRIOCLTURK ET FOHÉTS
21
gnoblc tunisien aurait le double de superficie et il est déjà de
7000 hectares!
11 faut citer les propriétaires suivants qui ont planté presfjue
tout d'un coup :
Ij société fniiico-ari'icaiuc, à l'Enfidij .... 300 hectares.
— — à Sidi Taiiel ... 180 —
M. Polin, il Bordj-Cedria 443 —
MM. Picot, Lcray-lleaulieii elC', ù Setiuiggiii. 313 —
M. Crcté el 0*. i Créléïille T2i —
GéryelC'à l'oiied Zergua 1.^3 ^
— à Bordj Touni 20 S '^^ ~^
SiivigiiDD, à Bir KassaA 171 —
ttunibert, à Bir Cliana . l(il —
Terras, plaine du Mornak .140 —
t'aère, à Soiik-el'Klicmis . UO —
Giiesnon, an Kliangat-Hudjaj 131 —
D'Espaigne, h Hassen-Bey. ....... MO —
De Lagrenée, à CliSouat 100 —
Piiter, â Ksar-Tyr lOO —
[Mettant à profit l'expérience aciiuisc par leurs voisins, les
Dtlons de la Kégcnce ont propagé les cépages qui avaient fourni
les meillcui's résultats en Algérie. La, Carignane, le Moras-
tel, leMourvèdre, le Grenechc, le Petit-Bouc lie t sont les varié-
tés qui forment la base du vignoble, La Clairette, l'Aramon,
le Picpoul, le Cinsaut, l'Aspiran se rencontrent moins abon-
damment, l^nfin dans certaines exploitations on trouve une col-
lection de cépages fins tels que le Cabernet, le Cot ou Malbec,
la petite Syrrbii, le Hnot et le Pédro-Xi menés.
Dans un rapport au Késident général (aoi\t 1886), M. Gastine,
délégué du Uinislèro de l'Agriculture, donne les avis suivants :
« Il n'est pas douteux que les vins i\a\ pourront être obtenus
de ces dilTércnts cépages, convenablement associés, ne suffisent
à asseoir la réputation viticule du pays. Tous peuvent réussir, à
22 . LA TUMSIK BEPriS l'OCCDPATION FBAXÇAISK
l'exccptiou peut-être du Piuot, dont les qualités sont facilement
altérées dans les climats méridionaux.
(( Les cépages qui forment le groupe le plus important,
Carignane, Mourvèdre et Morastel, associés à TAramon plutôt
qu*au Grenache, pourront, dans les plaines à sol profond et
relativement frais, fournir un vin abondant, coloré et franc,
tel que le réclame le commerce pour la grande consommation.
Le Cot, le Cahernet, la petite Syrrha, soumis à une taille lon-
gue, sans laquelle leur récolte serait insuffisante, ajouteraient,
en les associant au Mourvèdre et à la Carignane, beaucoup de
finesse au produit; TÂspiran, le Cinsaut, la Clairette peuvent
aussi se marier avantageusement avec les précédents. Le Grena-
che, plant fertile et précoce, fournit, associé au Mourvèdre et
au Morastcl, des vins de valeur. Mais il semble plus avanta-
geux de le traiter à part pour éviter des fermentations prolon-
gées et racescence qui peut en résulter. Ce cépage donne un vin
qui jaunit et le mieux sera sans doute de le réserver à la pro-
duction des vins blancs liquoreux dont la réussite est facile en
Tunisie et dont les indigènes seront assurément consomma-
teurs. Le goût particulier du Grenache ressort d'ailleurs avec
mérite dans les vins liquoreux, tandis que dans les vins rouges,
la qualité principale doit être avant tout la franchise et la fraî-
cheur plutùt que la vinosité.
« Le Pédro-Xiniénès, associé peut-être à la Clairette et au
Picpoul, pourrait fournir des vins blancs secs ou doux de
précieuse qualité.
« Mais il ne faut pas perdre de vue que l'association de trop
nombreux cépages à la cuve n*a jamais conduit î\ des résultats
heureux. Deux ou trois variétés peuvent se compléter et se cor-
riger mutuellement par leurs qualités propres, un plus grand
nombre donne trop souvent des vins sans franchise de goût ou
d'arôme.
i.GRICtTLTtIBB KT FORÊTS
23
" D'ailleurs ea pareille matière, les expériences sont néces-
saires et l'essentiel ponr pouvoir les réaliser est de s'attacher
dans les plantations à réparer aussi complètement que possible
les divei-ses qualités de cépages. C'est là une condition primor-
diale pour la bonne vinification, mais aussi pour lu bonne cul-
ture; car chaque cépage réclame des soins spéciaux de taille,
d'entretien , de défense même contre les maladies parasitaires. •>
[>e son côté, l'inspecteur de l'agiicullure de la Tunisie ap-
précie ainsi la situation :
<■ Ciel pur, toujours attiédi dans ses ardeurs par des brises
marines constantes, sans brusques variations durant toute
l'année viticole, torride seulement aux approches de la ma-
turité qu'il précipite; sans gelées tardives amenant la cou-
lure, sans pluies excessives affadissant Tarome et salissant les
grains d'éclaboussures du terre... telles sont les conditions
générales ambiantes dans lesquelles la vigne repose et vit en
Tunisie.
" Si le grain n'est pas volumineux comme sous d'autres at-
mosphères pluvieuses ou humides, du moins concentrc-t-il ses
principes dans leur pure essence, et est-il amené sans souillure
et plein de soleil dans la cuve < ».
[^fortune, comme on voit, est entre les mains des viticul-
teurs tunisiens; il ne leur reste plus qu'à la faire valoir par
une bonne vinification , par une œnologie bien entendue.
C'est là le difficile, et ce dont, en général, les propriétaires,
ne sont pas assez pénétrés. Ils donnent les plus grands soins à
l'ameubtissemeut du sol, à la plantation, ' à la taille, aux la-
bours, en un mot à ce qui constitue la culture proprement
dite de la vigne; ils s'etl'orcent d'obtenir une bonne vendange
I. Voir Jouranl offieUl (uiiiitrn, n« 15 du nn^ctniirc I8BB.
3. Ir cnnwilleaux futurs villcullpuri d'éviter àc (ilanler sjr les anciens empla-
rr-iiicnls de sebkhi ; plusieurs l'ont tail et ont lieu de le rt^rettcr : le chlorure de
sodium use la Tigne. 11 j a lieu défiler aussi tes lerreia« magnêaiens. N. F.
±i LX TTXISIE DCFCIS l'oCCCTATIOX FmA3IÇAlSE
et la plus abondante possible ; mais après je ne sais pas éloigné
de croire qo*ils considèrent leor besogne terminée et qne c'est
à la Natare seole à achever rœnvre de la fabrication. L'ins-
tallation de la râierie. Tacquisition et lentretien de la vaisselle
vinaire indispensable, l'observation des phases de la maturation
da raisin, le cuvage et le décavage, etc. sont trop sou-
vent mis au second plan.
J'ai visité de nombreuses caves : bien peu de propriétaires
ont les connaissances œnologiques nécessaires à une bonne vini-
fication. Us procèdent le plus souvent à la bonne franquette.
Ils faisaient de telle façon dans l'Hérault, en Bourgogne, je
suppose ; ik font de même en Tunisie.
Mais les conditions thermométriques ne sont plus les mêmes
de ce côté de la Méditerranée; la fermentation y est plus tu-
multueuse et exige conséquemment des soins tout spéciaux,
de même que la nature du sol impose des procédés parti-
culiers de culture, des principes de préparation qui diffèrent
de ceux en usage dans la métropole.
Pour les viticulteurs qui arrivent de la mère-patrie, il y a
à, dans ces divers éléments, un écueil difficile à éviter, si
la théorie et Texpérience ne viennent modifier des habitudes
qu*une longue pratique dans d'autres conditions de lieux et
de milieux leur a suggérées.
Eq thèse générale, on peut dire que le soleil et le climat
donnent aux raisins de la Tunisie une richesse saccharine
énorme. Il en résulte que la fermentation de la cuve ne peut
arriver, quelle qu'en soit l'activité, à convertir tout le sucre
contenu dans les raisins; qu'alors il se produit dans le chai
plusieurs fermentations successives qui ont pour effet d'aug-
menter, chaque fois qu'elles se produisent, la richesse alcooli-
que, si elles se passent bien, ou la dégénérescence du vin,
si elles se passent mal.
AGRICOLTDBE ET FORÉ1
11 arrive an^i que la vendange se faisant à une époque où,
dans le milieu du jour, le thermomètre marque souvent 40°
centigrades à l'ombre, les grappes entrent en fermentalion
aussîtJ^t qu'elles ont élé cueillies, et avant même de passer au
moulin qui les broie pour leur entrée en cuve. Cette disposi-
tion naturelle, produite par la chaleur sur le fruit de la vigne,
doit être combattue pour éviter des fermentations heurtées.
Il y a donc toute une étude à faire sur les diverses phases par
lesquelles passe le fruit avant de produire le vin. Il y en a
encore une autre sur la manière dont le vin doit être traité
au chai, jusqu'à la transformation complète du sucre en al-
cool.
Ma conclusion est donc celle-ci. Les vins tunisiens ont été
accueillis avec faveur sur les marchés français (V. 1. 1'', p. 4i8),
ils ont été diplômés à diverses expositions, la Régence est «u-
jourd"hui un pays vinicole sérieux. La vigne y vient comme
au pays de Chanaan et certains vins y sont déjà à prime, en-
core qu'ils soient à la période embryonnaire. La fortune de
lu Tunisie est là. Qu'on ne la cherche pas ailleurs. L'olivier, cer-
taines cultures intensives peuvent donner de fort beaux béné-
tices : le produit par excellence sera toujours le vin; car les
résultats de l'heure présente permettent d'apprécier ceux, bien
autrement brillants, sur lesquels on est en droit de compter,
quand les tâtonnements, les erreurs et les fautes inhérentes
à tout début auront fait place à une culture rationnelle de la
plante précieuse, ainsi qu'il une œnologie méthodique et pré-
cise en ses données.
Sans aucun doute, nos viticulteurs retrouveront alors en
Tunisie les millions que le phyllo-vera leur a fait perdre dans
la mère-patrie.
Je voudrais le démontrer mathématiquement en établissant
ce <jue colite la création d'un vignoble en Tunisie et ce qu'il
26 LA TUNISIE DEPriS L*0CCCPATI05 FRANÇAISE
rapporte dans la plus grande majorité des cas. Je me sers , en
les rectifiant , de chiffres fournis dans une brochure officielle
sur la viticulture algérienne.
Je suppose la terre en friche :
Le défrichement peut aller jusqu*à 100 fr.
Le défoncement à la vapeur avec hersage 310
La plantation : achat de plants 50
La mise en terre 50
Ce qui conduit pour la dépense totale nécessitée poui
la création d'un hectare de vigne à 510 fr.
En admettant qu'il y ait lieu de défricher; mais non
compris l'achat du sol.
La culture pendant la première année comporte les trois
façons réglementaires s'élevant à 95 francs, ce qui, pour les
trois premières années, constitue une dépense de 285 francs.
La taille pour les trois premières années, occasionne une
dépense de 8 -h 10 -h 12 fr. , soit 30 francs. Mettons encore
25 francs pour les soufrages des deuxième et troisième années.
Nous avons ainsi le prix de revient d'un hectare de vigne
au moment oii Ton commence à récolter. Il est de 850 francs
non compris Tachât du terrain. Si Ton a payé 250 francs Ta-
chât du sol, le prix de revient d'un hectare de vigne à la troi-
sième année sera donc de 1,100 francs.
Ajoutons à ces chiffres le prix du matériel viriaire qui est
toujours supérieur à 1,000 fr. , et Tinstallation du chai qui
peut être de 250 à 1 ,000 fr. Puis ajoutons le cheptel mort et
vivant dont la valeur est d'au moins 200 fr. et nous arrivons
à un prix de revient pouvant aller de 2,500 francs à 3,600 francs.
Sans vouloir nous arrêter aux dépenses de culture et au
revenu d'une vigne de 3 ou 4 ans, c'est-à-dire qui n'est pas
en plein rapport, ce qui élargirait trop le cadre de ce devis,
nous allons immédiatement nous occuper de ce que coûte la
AGRIClt,TCRE HT FORÊTS 27
culture d'un hectare de vigne en plein rapport cl comparer
avec ie produit annuel .
Pour Ift dépense, le compte sera facilu :
1* L'intérêt h 6 0/0, par enemple, du |)riv moyen de créiitiun du vigno-
ble et l'établissement du elixt, évalué à 3. DUO Tr. . . . 120 Tr.
I 3° t /amortissement du malériel vioaire k TO 0/0 sur 1 .000, suit 100
3° l.'araortissemeut du eheptel mort rt vivant à 20 0/0 pour
200 fr., soit 40
I 40 La taille, dont on peut étiibltr la moyenne à 30
I 5" Les trois faisons 05
I 6" Les soufrages 24
' Les Trais de vendange oo
[ 8" Enfin pour loiiles les Taçons accessoires et certains Trais gé-
néraux 50
Cela donne un total de 5i!> fr.
Pendant les huit ou dix preinifrres années de sa création un
vignoble en Tunisie, à de rares exceptions, peut se passer de
fumures; mnis plus tard il convient, si l'on veut maintenir
la production, d'ajouler aux dépenses une somme d'au moins
100 francs pour une fumure trisannuelle de la valeur de 300.
En regard de la dépense étaiilissons ce que peut être la
^(>ductio^.
Nous distinguons trois catégories de vignes : celles ipii ne
peuvent produire que VO hectolitres à l'hectare et dont le vin
de très bonne quiililc peut môme en ce moment, malgré la
» baisse de ce produit, atteindre et souvent dépasser 25 fr. l'hec-
lolitre. Celles dont la récolle peut arriver à 80 heclolitres et
âont le produit peut i^tre vendu il un prix moyen de IG fr.
Celles enfin qui, plus généreuses encore et plantées dans des
alluvtons très' ricUes peuvent atteindre et dépasser 150 hecto-
litres di- vin nistîment vendu 12 fr.
Dansées trois cas nous arrivons atix rendements de 1.000,
1.200 et 1.800 francs l'hectare.
Lu cc*Dclu<â>zi pATiâl bk^ fîmpk maiDlenant. U^iin dtié
519 francs dr depen^ie». dr l'autir 1.000, l.âOO et 1.800 fr.
do rt^\enu. i.>s1-iii-Jire i*! fr.. 681 fr. et 1.281 de bénéfices
dvMit il faut dnlinrf cepeniant encore U raleor da temps ou
do la |H-ine que s est dc4inr le prctpriètaire • ou les appointe-
monts d'un régisseur.
Et ivtto conclusion doit se r>ésumer en deux mots :
Il faut planter a\eo d'autant plus de courase que le vignoble
tuni>ion o>t indemne du phylloxéra et que. d'une part sa situa-
tion toj>i^cra|iIni]ue. de l'autre les mesures prises, lui garan-
tissent une immunité quasi-complète.
lit
LOLIVIEK
Apivs la viîrne, roli\ierest la plus riche culture A entrepren-
div on Tunisie, où il on^lt sjKMitanêment et acquiert des pro-
portions ênormos. Los oliviei^s de la Provence semblent des
arhustos nupi*ès do ceux de la Récence. - ces géants aux belles
ol roluistos formes »• , pour mo st*rvir do Texpression de M. de
Lanossan K Haiis los plaines fertiles et sur le bord des cours
d'oau ils atteignent on oHot communément de 3 à ^ mètres de
cireonforonco sur 10 A \'l motivs de hauteur.
Ils poupleat la plupart des régions do la colonie, soit en
épais et magnifiiiuos massifs, siàt en bouquets isolés d'une
luxuriante végétation, soit on tiges frutescentes perdues au
milieu des myrtes et dos lentisques. Favorisés par un climat
où los gelées ne les atteignent jamais, ils n'ont pu être détruits
par la dent des bestiaux, ni par Tincendio périodique, ni par
la hache des Arabes.
1. La Tunisie, p. 21.
AtiBICCLTlRE ET FOHKTS
l'ourlant ce symijole de la paix a souvent éié victime des
guerres qui ont ensanglanté l'Afrique et il est telle contrée ou,
dans l'antiquité, son essence était vingt fois plus répandue.
H Une des plus anciennes colonies phéniciennes de la région
syrtique, Zùha ' devait ce nom A ses plantations d'oliviers-, et
la légende locale conserve, sous une forme un peu étrange, le
souvenir de cette richesse spéciale, lorsqu'elle affirme qu'un
acqucduc portait à Zarzis, port, de Zitha, l'énorme quantité
d'huile qu'elles produisaient ^. »
Mais au septième siècle la Kaiiina fit couper tous les arbres
pour arrêter la marche de Sluley-Hassen et il a fallu que l'olivier
justiliAt l'opinion de Cohmielle : prima omnium arùonn» ,
qu'il occupflt le premier rang parmi les arbres utiles pour que
les Arabes se décidassent A le replanter; car, outre les soins qu'il
réclame et qui conviennent mal à leur indolence, il a le grave
défaut de ne croître que lentement et de ne produire de récolle
sérieuse qu'au bout de dix années do plantation.
Si l'on joint A cela les mille cl une obligations édictées par
llo gouvernement beyiîcal relativement A la culture, A la ré-
l'Colte, A la vente des olives, A la fabrication de l'huile, au trans-
port des grignons, au payement de l'achour ou de la dlme. elc. ,
a sera surpris que la Tunisie puisse encore posséder une des
s d'oliviers les plus considérables du monde.
D'après de récentes évaluations ollicielles, que la direction
î l'agriculture A Tunis veut bien me communiquer, voici la
^partition du peuplrment par conlrAle et la production de
huile en 1891 :
à27.i-24 oliviers
2.59U.85I —
,700 litres d'Iuiile.
, A Dion rd' Il ni Rns-erli-L'Lrriininhl:
t'S. Zilli* ilérite ilc rhrbrpii oléa.
H«. Cb. Tiuol, l. I. p. 385.
30 LA TUMSIB DEPUIS l'OCCDPATION FRANÇAISE
— 50.750
— •
— 150.000
— 21.751
Béjà
37 . 357
Souk-el-Arba
G. 000
Le Kef
7G.093
Maktar
44.326
Nebeul
\
Soliman
Nebenl
1.700.000
355.000
sr.ix
533.481
Kairoiian
80.000
Soiisse
4.000.000
Djerba
450.000
Tozpiir
101.770
Gouv"» de l'Arad
251.904
-- \
1.000.000 —
4.500.000 —
41.000 —
17.500.000 —
1.600.000 —
130.000 —
310.000 —
Soit en tout 10,755,906 oliviers qui ont donné 27,228,913
litres d'huile.
Il suffit de jeter un coup d'œil sur la statistique qui précède
pour se rendre compte des différences considérables de produc-
tion d'une région à Tautre; mais voici des chiffres qui accusent
plus nettement ces différences.
Avec 4,533, V81 oliviers, les contrôles de Sfax et de Sousse ont
produit dans les trois années 1887, 1888 et 1889 un total
de 25,150,000 litres d'huile.
Avec 5,270,075 oliviers, le caïdat de Soliman et les contrôles
de Tunis, de Bizerte et de Djerba en ont produit 12,159,910
litres seulement.
A en croire certaines personnes, le sol et le climat de la région
du Sahel seraient plus propices à Tolivierque ceux du Nord et du
Sud. C'est là une opinion que pour mon compte je ne partage
point. Il ne faut chercher la différence de production que dans
la différence de culture. Dans les contrôles de Nebeul, de Tunis
et de Bizerte, les arbres ont été plantés très serrés. 11 y en a
120 à 150 par hectare. Dans le contrôle de Sousse, ils ont été
plus espacés, il n'y en a plus que 60 à Thectare. Dans le con-
trôle de Sfax, ils l'ont été plus encore, car il n'y en a plus que
20 i\ 25. Or, les arbres espacés, on le conçoit aisément, donnent
ACBICDLTCHE ET FORÊTS
31
un rendement plus avantageux que ceux qui sont tr(>s rappro-
chés. Un olivier planté dans de bonnes couditioos et bien soigné
doit donner de 15 à 20 litres d'huile ; il en est qui produisent
le double '.
Bien soigné, ui-je dit? Voici ù ce sujet les observations du
jury de l'oléiculture au concours agricole de Tunis en 1888 :
" A Sfax, la taille et la forme données à l'arbre sont très ra-
tionnelles et en parfaite concordance avec ce qui est indiqué
par les professeurs d'arboriculture. Dans la région de Sousse
la taille est déjA moins bonne, et dans celle de Tunis, les arlires
sont hachés sans aucune méthode ni aucune précaution. Aussi
voit-on les troncs se creuser et se pourrir rapidement; l'aibre
n'est alimenté que par une partie de son aubier ou se renou-
tarelle de ses rejetons grâce i\ une énorme vitalité. i>
P Là est la véritable raison de la décadence de l'olivier aux en-
virons de Tunis et de Bizerle. Tandis que les uns labourcut
trois ou quatre fois par an le pied de l'arbre, qu'ils l'émondent ,
greffent les sauvageons; qu'avec beaucoup d'ingéniosité et do
sens pratique, ils utilisent les procédés d'irrigation que les Mau-
res leur ont apporlés d'Espagne, et en traçant des rigoles autour
de l'olivier conduisent , retiennent et décuplent les bienfaits de
l'eau des pluies, les autres aliandonnent l'arbre à lui-môme,
leurs olivettes sont envahies par l'herbe et l'olivier est la proie
■de ses ennemis. Le sol manquant de fraîcheur, le ver spécial
'à ce fruit {Miisca oleœ seu osctnis) fait de grands ravages. Les
autres insectes pourtaut, si l'on excepte la psylle, se développent
peu eu Tunisie; du moins, j'en ai peu remarqué : une coclie-
Rîlle par-ci par-là, maïs cela ne constitue pas une maladie. Il
1. tin pitssa^e ie M.ijton, cilé par Plinf. constate qu'il piislail ea Arrii|ue beau-
coup d'oliïk-r» qui rt'nJ»icnl jiiBqj'â milita livres d'Imile par an, ri qui avaîeiil
rrru en ronstijurnci' le nom de ■ milliaircs » : In Afiica vero milliariai vocari
muUa* nurmnt a ponderf alei quod feront amiuo provetiCa. Pi. XVUt, m. —
Ch. Ittiol, l. 1, p. 2fi&.
k
3â LA TCXISIE DEPriS L*OCCCPAT10X FMAXÇAISE
n'en est pas de même des champignons. La mouffle est com-
mune et encore davantage Taffection connue sous le nom de noir
ou de morf^e. Il y a quelques années, la morfée fit beaucoup
de mal dans les jardins de Sfax ; mais les indigènes, travailleurs
courageux, ont suivi les recommandations qui leur étaient fai-
tes. Us ont aspergé les oliviers d'eau de chaux ; ils les ont taillés
énergiquement et se sont rendus maîtres de la maladie.
Dans le Nord si les oliviers s'étiolent et périssent sous Taction
altérante du cryptogame. TArabe ira demander une amulette à
son marabout pour conjui^erle sort ou il s'endormira dans une
muette résignation en disant : Mektoub! C'était écrit! Quant à
chercher un remède scientifique , jamais.
Est-ce donc que les indigènes de la banlieue de Tunis sont
moins intelligents que ceux du Sahel? Non point. Sont-ils plus
apathiciues? Pas davantage. Leur apparente résignation à la
volonté divine n*est qu'une manière de masquer leur découra-
gement et de courber le front sous le joug. Si les revenus que
peut procurer Tolivier les incitaient à sa culture, ils sauraient
bien lui donner les soins qu'il réclame, car ib sont âpres au
gain; mais le régime fiscal basé sur la dlme est si vexatoire et
les règlements beylicaux qui en découlent sont une telle servi-
tude cjue les indigènes des pa>'s à dîmes abandonnent Foli-
vier.
Dans les contrôles de Sousse et de Sfax, l'impôt est dû en es-
pèces, suivant une taxe fixe pour chaque pied d'olivier. Cela
se nomme le kanoun zittoun ou kanoun sur les oliviers. L'im-
pôt acquitté, le propriétaire dispose librement de son olivette,
la cultive et en traite ou en vend les produits à son gré. Ce
système d'impôt le pousse à augmenter les rendements autant
qu'il peut, car plus le revenu d'un arbre est élevé, moins l'im-
pôt qui le frappe est lourd.
Dans les contrôles de Djerba, de Xebeul, de Tunis et de Bî-
AGRICrLTCBB ET FORETS
33
zerle, les oliviers étant très vieux il a paru injuste de les frapper
(l'un impôt de capitation , la récolte qa'ils peuveut donner étant
très incertaine; on les a soumis à la dlme de l'huile, c'esl-à-diro
que sur l'huile tirée des olives récoltées l'blat prélève un dixième.
L'impôt parait plus équitable ; mais étant ainsi directement in-
téressé dans les résultats de la récolte, le gouvernement bcy-
lical a été entraîné à intervenir dans tous les détails de la
culture de l'olivier et de la fabrication de l'huile, afin de s'as-
surer qu'on ne lui porterait pas préjudice, soit par négligence,
soit par fraude. Il a donc fixé un minimum de labours obliga-
toires et, en cas de non exécution, il sest chargé de les exécu-
ter au lieu et place du propriétaire, il a fait de même pour la
taille. M ne laisse ramasser les olives qu'avec son autorisation. 11
désigne les moulins où elles doivent être pressées. Il règle
l'ordre dans lequel chaque propriétaire peut faire presser et le
nombre de tours de presse après lequel il doit interrompre sa
fabrication pour faire place au suivant. Il ne laisse enlever
l'hnile fabriquée qu'en présence des notaires chargés de vérifier
le prélèvement de la dlme.
Quelque servile qu'il soit, l'indigène tunisien s'assujettit
mal à tant de règlements et de contraintes; et puisque le bey-
lick acceptait de prendre sa place, il la lui a abandonnée. Si bien
que ce qui devait rester l'exception est en train de devenir la
règle. Presfiue partout l'État est obligé de labourer et de tail-
ler les arbres. A l'initiative individuelle, qui a porté les olivettes
de Sfax à un si haut degré de perfection, s'est ainsi trouvé
substituée l'administration de la tjlitiha, impuissante à gérer
convenablement une forêt de plusieurs millions d'arbres.
D'ailleurs, l'État ne peut pas plus être arboriculteur qu'il n'est
boulanger ou cordonnier, et alors qu'un olivier dans le Sahcl
rapporte de 10 A 15 francs et plus, le revenu moyen d'un arbre
en pays de dimc est évalué à 0,G0.
3V LA Tl'MSIE DEPUIS L0CCCPATI05 FftAXÇAlSB
Il eo va de même nécessairement poar les oliWen domaniaux,
au nombre de 269.56» :
Contrôle du Kef 1 ,200
— de Nebeul t4a,864
— de Soussi- 39,^00
— de SÊix 80,000
et la situation n*est pas meilleure pour les oliviers habbous qui
sélèvent à 1 ,958,087 :
Contrôle de Bizertf S3,224
— de Tunis 1,413,864
— de Sousse 337.701
— de Sfax 99,910
— du Kcf 5,979
— de \cbcul 1 16,389
— de Rairouan l,o55
— de Tozeur 6,343
— de Djerba . 43,063
[/administration française s*est préoccupée depuis long-
temps, comme bien on pense, d*un état de choses si préju-
diciable à la fortune publique; mais, pour divers motifs, il a
fallu jusqu'ici s*en tenir au statu qiw. L'heure semble venue
d'une réforme sérieuse et, par arrêté en date du 22 octobre
1891, M. Massicault à institué une Commission chargée de re-
chercher les modifications qu*il y a lieu d'apporter à la légis-
lation fiscale des oliviers.
Cette Commission est présidée par M. Bourde qui regarde,
ajuste titre, l'olivier comme une des principales richesses de
la Régence et fera tous ses efforts pour en développer la culture.
Je n'ai donc pas à m'appesautir sur ce sujet. Dans quelques
semaines, des dispositions seront prises qui, certainement, ne
tarderont pas à porter leurs fruits.
AGRICCLTtTBE ET FORÊTS 3ô
M. Bourde a déjà fait adopter les mesures suivanles, qui me
paraissent on ne peut mieux comprises :
r Abolir la dlme et la remplacer par un régime fiscal qui
tout en sauvegardant les întërôts du Trésor assurera à l'indiis-
trio européenne la liberté qui lui a permis de se développer
si rapidement dans le Sahel, et stimulera les propriétaires A
bien entretenir leurs oliviers;
2" Louera long terme les oliviers de l'État groupés en quan-
tité suffisante pour se prêter k une exploitation rationnelle;
3" Vendre les oliviers de l'Ktat qui sont trop dispersés pour
être l'objet d'une exploitation semblable;
'»' Provoquer la location également à long terme des oliviers
habbous.
5" Régulariser la situation des propriétaires qui ont occupé
des terrains sialins ' dans le contrôle de Sfax sans acquitter le
prix de trois piastres un quart par merdja. Pour cela dresser
des titres accompagnés d'un plan et les délivrer contre paye-
ment. Pour donner satisfaction aux réclamations des habitants
de Sfax, le prix de l'hectare sera ramené de 2V,25 à 15 francs.
6° Remettre en vigneur l'amra du 1" moharrem 1288. Qui-
conque voudra planter un terrain nu dans le contrôle de Sfax
en fera la déclaration au caïd. Tous les ans, au mois de se])-
tembre, une commission composée d'un représentant du eoii-
trAle civil, d'un représentant du caïd et d'un géomètre du
service topographique, examinera ces demandes et délivrera
les litres accompagnés d'un plan contre payement.
Afin d'encourager les ptautalioiis, le prix de l'hectare de
terre nue sera réduit à 10 francs.
Pour éviter que les terres nues ne soient accaparées par la
,,»pécutation, un article résolutoire du contrat portera que si,
■ 1. Terraiiis cédés cl reprU li lu [iiiiiillc Siatu juir [(.imoudu-Piicliii,
36 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
au bout de cinq ans, les parcelles vendues n'ont pas été plantées,
rÉtat se réserve d'annuler la vente et d'en reprendre possession.
V Délivrer des titres de propriété accompagnés d'un plan
à quiconque eu fera la demande pour les terrains situés entre
el Oudiane et Tozeur.
En raison des dépenses imposées dans cette région par la né-
cessité de creuser des puits et d'arroser, le prix de l'hectare y
sera réduit à dix francs.
L'obligation de planter dans les cinq ans sera introduite
dans les contrats comme à Sfax.
8° Créer sur un ou deux points du gouvernement de l'Arad
des pépinières où les habitants qui voudront faire des planta-
tions pourront se procurer les boutures qui manquent dans le
pays.
L'exécution de ce programme va donner un nouvel élan à la
culture de l'oliyier, ce qui est on ne peut plus désirable. Il y a
là une grosse source de revenus pour l'État, et non moins pour
les particuliers.
Voici un système de métayage qui me parait en fournir net-
tement la preuve. Il serait difficile de trouver un placement de
fonds plus avantageux.
L'opération, particulièrement en usage dans la région de
Sfax , s'appelle : M'gharsa, les métayers indigènes : AVgharsis.
Ces indigènes, avec lesquels on traite pour une période de
huit, neuf ou dix ans, se chargent de la plantation des oliviers
et de leur entretien. En attendant que ceux-ci soient en rap-
port, ils cultivent les céréales. Le propriétaire leur fournit à
cet effet les semences et les bètes de trait nécessaires, et la
moisson est partagée : deux tiers pour le fermier, un tiers pour
le propriétaire.
Au bout de huit, neuf ou dix ans, quand le contrat prend
AGRICULTURE ET FORÊTS 37
fin on partage à son tour la propriété par moitié. Or, voici
le décompte du prix de revient d'une propriété de 1,000 hec-
tares en oliviers exploités dans ces conditions :
ACHAT DE TERRAIN BETLICAL
1,000 hectares à 10 francs 10,000 fr.
Fourniture de chameaux et harnachements
A raison de 1 chameau par 8 hectares = 12S à 200 fr. 2o,000 »
lDtâ*éts :
(Terrain payable 1/3 au bout de 3 ans.
— 1/3 au bout de 6 ans.
— 1/3 au bout de 9 ans).
Intérêt moyen : 5 ans à 6 »/o sur 10,000 fr 3,000 »
38,000 »
Intérêts à 6 <>/o pendant 10 ans sur 26,000 fr 16,000 »
Semences fournies :
25,000 kilogr. de blé à 20 fr. . . . 5,000 ) ^
à 20 fr. . . . 5,000 ) ^
à 12 fr. . . . 3,000 ) '
25,000 kllogr. d*orge à
I^ récolte remboursant et au delà celle somme, nous
comptons seulement 6 <^/o d'intérêts pour im an. . 500 »
53,500 »
Remboursement sans intérêt par les m'gharsis, au mo-
ment du partage de la propriété, du prix des cha-
meaux et harnachements 25,000 »
Dépense nette 28,500 »
Le partage de la propriété donne en retour : 500 hectares
plantés de 10,000 oliviers valant 15 fr. le pied, soit 150,000
francs, et rapportant au minimum 3 francs chacun : 30,000
francs par an.
Et ce revenu s*accroUra encore.
Ces chiffres me sont fournis par l'administration et peuvent
38 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCCPATION FRANÇAISE
être regardés comme officiels. Ils sont sans doute très encoura-
geants; mais en voici qui le sont plus encore : ils sont établis
par un colon ayant acquis 2,400 hectares près de Sfax pour
les exploiter de cette façon :
Achat du terrain 10,000 fr.
Il faut fournir aux m*gliarsis, en sus des chameaux, etc.
00 piastres argent soit 30 fr.
125 chameaux 25,000 fr . )
[ 29,500 »
125 hommes a 36 fr 4,500 » ) '
39,500 »
Par contre Tavance de 29,500 fr. serait remboursahle
après la première récolte de grains; mais comme
on a intérêt à ménager les m^gharsis ju«qu*à ce
que la plantation soit bien en train , on ne ré-
clame Tavance que la 3° année.
Intérêts :
Sur le prix du terrain 3,000 fr. )
? 8 300 fr
Sur les avances : 3 ans à 6% sur 29,500 fr. 5,300 » ) ^
Intérêts sur la semence de grains (partage par moitié
si on fournit la semence, 1/3 pour le propriétaire
et 2/3 pour les m*gharsis en cas contraire).. . . 500 fr.
Total 48,300 fr.
Remboursement des avances 29,500 »
Coût r.et 18,800 »
Il est fait abstraction du produit de la récolte. En ne comp-
tant comme produit que 4 pour 1, il reviendrait de ce fait au
propriétaire pour son tiers : environ 10,000 francs par an.
La propriété ne coûterait donc, en réalité, rien à établir.
Bien que de beaucoup la plus importante, la culture de Yoli-
vier n'est pas la seule, parmi celles produisant les matières oléa-
gineuses, qui réusisso en Tunisie. Plusieurs autres végétaux.
AGRlCUlTrBE ET FOPÉTS 31>
ur n'èlre pas aussi riches en principes huileux ne méritent
; moins, dans certaines circonstances, d'être cultivés. Tels
,f:uiDK. — Une culture d'arachide, kakaouet , rend à
Kctare de SAOO à 3,000 kilogr. de graines dont on retire 40
nr 100 d'huile particulièrement propre i\ l'éclairage et qui se
nd 70 francs le quintal métrique'.
.\. — Pour la production des tiges, comme pour celle
de la graine, le lin est certainement une des cultures indus-
trielles qui est le plus facilement et le plus économiquement
nbordahie par les colons. Il vient bien dans toutes les bonnes
lerpes à céréales, qu'il précède avec avantage. Semé en automne,
il pro0te des pluies de l'hiver, et se récolte fin mai, avant le
commencement des autres récolles. Le lin d'Italie donne une
graine de qualité supérieure en Tuaisie. Le lin de Riga n'y
clégënèrc pas. L'Iiuile de lin vaut couramment à Marseille de
6% h 66 francs les 100 kilogr.
En 189t, 167 hectares ensemencés en lin dans la hanlieue
de Tunis, & Tebourha et Nebeul ont produit \.^\o quintaux
d'une valeur de 38,ô95 francs.
Il est bon de se souvenir que le ministre de l'Agriculture
vient de déposer sur le bureau du Sénat un projet de loi tendant
ù encourager en France la culture du lin.
Le «adi.\ sativa (madic du Chili). — Plante à culture hiver-
nale, dont le rendement en grains est de 2,000 à 2,300 kilog.
à l'heclare; la graine donne sous la presse 25 à 26 p. % de son
poids d'une huile qui aurait un facile écoulement A Marseille.
La lahelixe [Myagimn salkum). — Le rendement de la
cameline est, en Algérie, de 12 à 1,500 kilogr. à l'hectare. La
graine reud le tiers environ de son poids d'huile.
\.\. La Culture de l'arachide en Tunisie el le iuttime Van dtu Bosch. |ar
M. IVlItrin, dans le Biitlelin île la Société de Géographie commerciale, IS89, p. bTl.
k
10 L.V Tt'KlSle DKPOIS L OCCCPATIOX FRANÇAISE
Lh cartuaub, dont la fleur est employée dans la teintui-e,
donne en abondance des graines (|ui contiennent de S5 à 50 p. ;K
d'une huile siccative, et qui se vendent k l'aison de "îi à ik fr.
le ijuintal.
Le chanvre indiCiKne {Cannabis Indica). — Cette variété de
chanvre n'est cultivée par les arabes que pour en extraire cette
substance enivrante et vertigineuse connue sous le nom de hai-
cfiith ou de kif. Cette culture, qui n'est jamais très étendue,
se fait dans des sols pen fertiles; les plantes restent basses,
trapues. Il se développe alors sur les appareils floraux, les sé-
pales, les bractées, une pssudatiou résineuse adhésive à odeur
pénétrante qui parait constituer le principe actif que l'o
propose d'obtenii'. Ce sont les sommités des plantes, recueillies
avant parfaite maturité des graines, qui sont employées. Cou-
pées menu, les indig'ènes les fument dans une pipe très petite
et leurs propriétés narcotiques leur donnent des extases et dia
visions... à travers le paradis de Mahomet.
L'administration des monopoles réclama l'interdiction de cette
culture, en raison de la concurrence que le hoschicb pouvait
faire au tabac. Elle est donc interdite en Tunisie dans les ré-
gioAs où la culture du tabac n'est pas autorisée; mais commt)
il y a lieu de penser que cette dernière sera bientôt rendue
libre, le chanvre sera appelé à jouir de la môme liberté.
Toutes les variétés de chanvre donnent il l'hectare de 450
à 5()0 kilogr. de graines dont on recueille de l'huile.
Lk éOLZA [Brassica compestrîs). — La culture du colza réu»-
sit admirablement dans tout le Tell de la Kégence. Toutes les
terres lui sont bonnes pouvu qu'elles conservent un peu d'bU'
midité. 11 se cultive comme le lin et son rendement est, à l'hec-
tare, de 3,000 à 3,500 kilogr. de graines dont le placement est
facile. Les derniers cours à Marseille (février 1892) étaient i
31 francs les 100 kilogr.
AGHICCLTDRE ET FOnËTS
M
La navkttë et le radis oléifère (>e la Ciiink. — Deu\
plantes vigfoiii'cuses qui produiseot une huile abondante.
L'nÊLiAMHH [HelianUms unnuus). — Tournesol qui réussit
très bien et rend une huile qui se place avantageusement dans
l'industrie.
Le tournesol a été préconisé pour l'assainissement des con-
trées marécageuses,
Lb ricis (Bici/uis commum's, ami-ricanm, iividits et autres
variétés). — Le ricin vît en Tunisie huit à dix ans et plus et
forme un arbrisseau de 3 & 5 mètres d'élévation. Dn liectare de
ricin eu plein rapport fournit annuellement 3,000 kilogr. de
graines dont on relire VO à 45 p. % d'huile par expression.
Lr pavot (Papaver somni/erum). — C'est du pavot blanc
que l'on obtient l'opium. Les graines sont extraites des cap-
sules après qu'elles ont été incisées pour la récolte de l'opium.
Il y alAun double produit obtenu sur la même plante. La quan-
tité de grains ainsi recueillis est de six à sept quintaux par
hectare, et le rendement iO p. % d'huile.
r
Sur l'immense plaine fauve, dans le royaume ardent, mys-
térieux, fait de soleil implacable et de superbe immobilité, les
ondoyants panaches des dattiers mettent une note tendre, fri-
leuse et semblent comme une envolée de plumes gigantesques.
Kt plus on approche, plus le spectacle est doux à la vue,
plus pénétrant en est le charme! Mars il faut s'être perdu, noyé
dans la lumière crue, aveuglante et inextinguible du désert
(lour apprécier tout ce que les Ilots de verdure qu'y forment
A Tt'NIStK DKPL'IS L nCCCTTATIOS nUKÇAISK
Ut numtt <Ie palmiors-dallicrs, ont tl*édéDiqDC et de résur-
Kdîomiel.
L'ouû (^t au milieu de la fournaise saharienoe. la chambre
de repo* frnkhe <^t ombreuse où l'on s'étend et reprend haleine
ta «ortir d<>s ^toufTentents du hammam.
AuMi cont'oit-ou k-s soins tout particuliers des indigènes du
Mid pour cet arhre précieux : ils lui prodiguent eau et engrais.
A tx^ire et h mander, disenl-ils. Ils l'ont surnommé « le roi du
d^rt " et le désert est vraiment son emjùre; il y règne en
rnallre incontustij, car lui seul peut y braver les rayons embrasés
flu jour. Kncore lui faut-il beaucoup d'eau pour se désaltérer, et
eela explique pourquoi l'on trouve des oasis sm" certains points
du désert et non sur d'autres, l'oint de palmiers sans irriga-
tion, point d'irrigtition sons un courant d'eau intarissable été
comme hiver. Les sources qui coulent à la surface du sous-sol,
A de faiblcM profondeurs, dans ces contrées, ne suffisant pas
ntiï besoins, les puits artésiens ont été inventés en ces lieut à
de» époques dont l'origine échappe à l'histoire et même i la
légende. Mais il» étaient encore rares en ces dernières années,
parce que les iudigènes ne savent, quoique la conBguration
géologique du pays soit des plus favorables, ni en multiplier le
nombre ni toujours eon.server ceux qui existent. Avec leurs ins-
Irumenls grossiers, dont le principal est une petite pioche A
manche court, ils ne peuvent descendre janmis au delA
de 80 mètres; souvent ils sont arrêtés dans leurs travaux, soit
par dos nappes d'eaux parasites qu'ils ne savent épuiser, soit
par des roches dures qu'ils ne peuvent percer. Le boisage man-
que de solidité, l'extraction des terres est incomplète. Enfin
quand l'œuvre est terminée, un labeur toujours incessant est né-
cessaire pour repousser les sables extérieurs que soulève et
amoncelle le vent. Dans celle lutte toujours renaissante, rbomme
est souvent vaincu parla nature; si, à la longue, le puits s'en-
aguicoltouk et pobéts
&3
sable, se comble, tarit, dès ce jour les palmiers lang'uissenl
et périssent. Les populations désolées et affamées abandonnent
leurs villages et se dispersent : suivant leur énergique parole,
l'oasis est morte. Un linceul de sable la recouvre de ses teintes
grises; au-dessus d'elle s'élèvent seuls des pans de maisons en
ruine et les troncs dessécbés des arbres. Les caravanes se détour-
nent vers des routes et des étapes où elles trouveront de l'eau
et des vivres. Le deuil est au désert!
^ Heureusement, la science qui fait défaut aux Berbères permet
llrnos ingénieurs de forer des puits artésiens très vite et à peu
près A coup sur. Comme dans le désert du SinnI, mais ici par
un miracle naturel, en frappant le sol aride avec la verge du
sondeur, la main de l'homme a fait jaillir des fontaines, ravivé
ainsi les oasis agonisantes , permis d'en créer de nouvelles et le
désert n'attend plus que des capitaux pour devenir un jardin
verdoyant.
Le palmier-dattier ne se borne pas A protéger les Sahariens
contre les ardeurs du soleil , il leur donne la datte qui est pour
eus ce que l'olive est h leurs coreligionnaires du Sahel : leur
principale nourriture et leur première source de richesse.
Et, sous ses longues branches, il obombre encore toute une
végétation luxuriante, qui. sans lui, serait immédiatement gril-
lée. Veut-on ici une esquisse, un croquis antique? Il est de
i'Iine. C'est, a dit .M. Boissii^re', comme une aquarelle dune rare
élégance et d'une justesse de ton parfaite :
Fans abundal, largus guùiem, sed certîs horarum spaliis àis-
pt-nsalur inler incolas, Palmœ ibi jusegrandi subdiltir olea,
/luic ficus, fico Punica, ilU vitîs : mb mie serilur frumentunt,
mox legiiinen, deinde oltis; omnia eodem anno; omniaque alt'e-
im umbra ahintur ' .
i. 1 , p 00.
kï LA TUNISIE DEPUIS l'OCCUPATION FEAXÇAISE
L*caii ne manque pas dans Toasis, dit Pline, mais elle ne s'y
gaspille point; chaque habitant n'en jouit que pendant un
nombre d'heures déterminé. A Tombre du palmier superbe
s'élève l'olivier, sous l'olivier le figuier, pub le grenadier et
la vigne : la vigne à son tour abrite le blé et les légumes; et
tout cela produit en une même année, tout cela pousse sous
l'ombre mutuelle!
Comment rendrait-on mieux ce fouillis délicieux de ver-
dure, d'ombre ensoleillée, de branches entrelacées, de feuilles
de toutes sortes, ce murmure d'eau qui court, ce vert éblouissant
et cette tiède fraîcheur !
Parlerai-je des nombreux usages auxquels on emploie les
fibres du pédoncule, les feuilles et le bois du palmier-dattier?
Je ne veux m'occuper que de son fruit et des bénéfices qu'on
en peut tirer.
Le palmier-dattier [phœmx dactylifera) croit assez rapide-
ment; il atteint de 15 à 20 mètres de hauteur et vit près d*un
siècle. Il est dioïquc, c'est-à-dire que certains pieds portent des
ileurs mâles, d'autres des fleurs femelles. Le sexe se reconnaît
au i^inicmps, au moment où les régimes commencent à s'ou-
vrir. Le palmier mâle {dokkar) porte des fleurs munies d'éta-
inines seulement et formant de longues grappes renfermées
chacune dans une enveloppe (spathe).
Le palmier femelle se nomme nakhla; c'est le symbole de la
grâce féminine *. Il porte des fruits formant des grappes sem-
blables à celles des pieds mâles , enveloppées de même dans des
spathes plus larges appelées régimes de dattes ; mais les dattes
ne sauraient se former et se développer, si Tintérieur des
1. Dans h; portrait de la femme aimée , on trouve toujours après « le visage beau
comme un clair de lune », « la taille souple et élégante comme un palmier ».
lieauœup de femmes portent le nom de Nakhla. Lieutenant-colonel Villot, Mœurs
et coutumes de l'Algérie, p. 348.
I
AlillICCLTDRE ET FORÊTS V5
spathes n'étnit fêcoodë par le pollen du dokUar, sorte de pous-
sière qui se forme dans les étamines du raftle, quand celles-ci
arrivent à maturité.
En avril, les spathes mAleset femelless'entr'ouvreat et laissent
Apparaître leurs grappes blanches comme du lait. C'est l'époque
de la fécondation. Emporté sur les ailes du vent, et peut-être
attiré par une mystérieuse attraction , le pollen s'en va féconder
la femelle parfois à une grande distance. Mais les cultivateurs
ne contient pas ainsi leurs espérances de récolte aux simples
lois de la nature. Pour plus de surèté, ils insèrent un brin de
grappe mAle diins chaque régime femelle. Ce procédé, qui ne
laisse rien au hasard, a de plus l'avantage de réserver aux
dattiers qui portent le fruit, aux dattiers femelles, la plus
grande partie du tetTain; car il est reconnu que, par la fécon-
dation artificielle, un palmier mftle suffit pour environ cinq
cenis palmiers femelles.
Avec une irrigation suffisante le palmier commence à donner
des fruits à la cinquième anuée de la plantation ; mais ce n'est
guère qu'après dix ans qu'il devient d'un rapport sérieux. A
quinze ans, dans le Djerid, un dattier produit de six à douze
régimes pesant chacun de 5 à 8 kilogr-
Le nombre de palmiers existant en Tunisie doit atteindre
2,.ô00.000. Leur production totale est d'environ 21,000 quin-
taux de dattes Deglal en Xoin- et 850.000 quintaux de dattes
ordinaires dont la valeur est de 8 millions de francs sur les
lieux de production.
Les variétés de dattes molles et sèches sont en très grand
inombre; elles ont parfois des dénominations burlesques ou
Lobscènes. La plus lîne et la seule qui ait les qualités voulues
tpourëtre exportée est la Devint en Nour (Datte de la lumière)
[qui ne se récolle que dans le DJeriil.
Je note quelques noms bizarres : Ain-el-Ilanech (œil de
46 LA TUNISIE DEPUIS L^OCCUPATION FRANÇAISE
serpent) ; Khalth ech chaib (mélange du vieux) ; Guern el Rhe-
zal (corne de la gazelle) ; Boti-Faggous (père du concombre) ;
Menakher (narines) ; Beïd el^Hamam (œufs de pigeons) Mokli
Begri (cervelle de bœuf); Oum Séîd (mère du maître) ; Sbda
el Aroussa (les doigts de la mariée); Senan el moftah (dents de
clefs) ; Nefakh (souffleur) ; Oudnm el Djehch (oreilles d'&ne) ;
Khalth Ali Meskine (mélange du pauvre Ali) ; Adhafer el Gu-
elh (griffes de chat); Mesrane el Behim (boyaux d'àne); etc.
Voici une note que mes amis Fau et Foureau , les créateurs
de la première oasis française dans Toued R*irh , me fournis-
sent sur les frais de culture et le rapport des dattiers de l'es-
pèce Deglat en Nour :
« La plantation de 1000 palmiers, avec forages artésiens né-
cessaires pour leur procurer Teau d'arrosage ; construction de
magasins, gérance et frais généraux, coàte, au bout de la
quinzième année, environ 30,000 francs.
« Jusqu'à Tàge adulte, c'est-à-dire 15 ans, les frais d'entre-
tien annuel sont d'environ 0 , 90"* à 1 franc par arbre ; après la
quinzième année ils sont exploités par voie de métayage au
1/5" ou au 1/8* suivant les points.
(( Les frais de premier triage et d'emballage (caisses com-
prises à raison de deux caisses par 100 kil.) dans les jardins
même s'élèvent à environ 10 francs les 100 kil. — Les déchets
provenant du premier triage dans les jardins s'élèvent à 30 0/0
du poids total récolté; ces déchets ne sont pas exportables.
« Un palmier Deglat en Nour, à partir de 10 ans rapporte ses
frais d'entretien; et à partir de 15 ans on peut estimer qu'il
donne de 3 francs 50 à V francs net de frais généraux ».
La Société agricole et industrielle de Batna et du sud Algérien
estime que « le palmier de la variété fine Deglat en Nour doit
rapporter annuellement au moins 10 francs, en moyenne,
déduction faite des frais de culture proprement dite ».
AGHICCLTURK ET FORÊTS V7
On remarquera qu'il y a dans ces évaliiE-itions un écart de plu.s
de moitié. 11 n'en reste pas nioius acquis que la culture du
dattier est une de celles qui dooneot les plus beaux bénéfices,
et présentent le moins d'aléas.
I
LE TABAC
La questiou du labac est très controversée eu Tunisie :
eertaios prétendent que sa culture doit être très avantageuse,
d'autres qu'elle doit être sans proQt, les terrains de la Régence
n'étant pas favorables à la culture de cette plante, et ses pro-
duits, par suite, ne valant rien.
Je ne suis pas A même de trancher le dilTérend, d'autant
moins que je ne suis pas fumeur; mais je pense qu'il y a entre
ces opinions un juste milieu à prendre et que, sans être une
des plus riches, la culture du labac n'est pas à décourager.
[l'abord uu grand nombre de fumeurs rccbercbent le l^'rigbi
et le Béji, pour ne parler que de ces tabacs; leur écoulement
est donc assuré <\ des prix convenaliles.'Mais il est incontestable
que par rameublissement des terres, par des soins rationnels,
on obtiendra des produits d'une supériorité très marquée sur
ceux des indigènes, qui seuls, jusqu'à présent, ont cultivé le
tabac dans la Régence.
L'exemple de ce qui s'est passé en Algérie doit encore nous
servir en celle circonstance, I,es tabacs algériens jouissent
aujourd'hui d'une certaine réputation; ils trouvent même un
certain débouché à l'étranger. Le consul général de France à
Anvers disait récemment dans son rapport sur le niouvemeni
commercial de cette ville :
k
i8 LA TUNISIR DKPl'lS l'oCCUPATIOX FEAXÇAISK
« Le tabac algérien a conservé toute sa vogue. Il en est ar-
rivé , dit-il y des quantités très importantes et celui qui avait uu
peu de couleur a trouvé un prompt placement. »
Or, au lendemain de la conquête d^Alger, on adressait aux
tabacs algériens les mêmes reproches qu*à ceux de Tunis à cette
heure : ils manquaient de finesse, de parfum et ils étaient
incombustibles. Le discrédit était complet et nul colon ne son-
geait i\ cette culture. En iSkï on ne comptait que trois planteurs
européens et leur culture couvrait 1 hectare ii ares. Peu à peu
cependant on comprit qu*il y avait quelque chose à faire de ce
cùté : en 185i le nombre des planteurs s'élevait à 2,323 et les
cultures comprenaient déjà une superficie de 2,818 hectares
92 ares; quatre ans seulement plus tard ce chiffre avait doublé;
il dépasse aujourd'hui 9,000 planteurs et les superficies cul-
tivées 11,000 hectares; TAlgérie livre chaque année à la con-
sommation de 5 à 6 millions de kilogrammes de tabac.
Eh bien , il ne me parait pas téméraire de croire qn'un déve-
loppement identique se produira dans la culture tunisienne,
lorsque des mesures administratives et fiscales inviteront à la
plantation.
Il est hors conteste que les vexations, les tracasseries multi-
pliées par le fermier du monople ont eu pour effet de faire
disparaître peu à peu la culture de cette plante, et de Tabà-
tardir. Heureusement le fermage a vécu! Le gouvernement
tunisien a repris la régie des tabacs et ses intérêts lui comman-
dant d'accroUrc la fortune publique par tous les moyens en son
pouvoir, il faut s'attendre à des dispositions favorisant la cul-
ture du tabac. 11 y a là pour lui une étroite obligation. Le
décuplement des forces humaines et la révolution économique
qui en est la résultante, ne permettent plus en effet de se can-
tonner dans une production déterminée. Élargir le champ de
ractivité agricole est une nécessité à laquelle on ne saurait se
N
AGRICLLTI'RB KT KORÉTS Vît
soustraire sans déchoir : Monoculture est devenu le premier
terme d'une équation dont le second est misère.
Or, la Tunisie n'a pas le droit d'abandonner, de dédaigner,
en quelque sorte, une culture comme celle du labac. Elle ne
le pourrait quà la suite d'expériences tout A fait concluantes;
et il n'en est rien.
A sa session de novemlire dernier, la Conférence consultative
a demandé au gouvernement de favoriser la culture du tabac
en Tunisie; mais le directeur des fmances y a vu un danger.
L'administration des tabacs ne fonctionne que depuis un an; elle
ne serait pas en mesure, dit-il, de réprimer la contrebande,
Ceci amène A rechercher s'il ne serait pas possible de mo-
difier le système de l'impùt de manière que, sans prétendre à
le mettre totalement à l'abri de la fraude, celle-ci devienne
du moins d'une surveillance plus aisée? Le mode de perception
institué en Gri'ce semble susceptible de donner cette satisfac-
tion.
La culture et la vente du tabac sont libres, L'împrtt frappe
la fabrication.
Le droit de hacher ou de transformer le iabac en cigares an
moyen d'outils ou d'instruments quelconques appartient exclu-
sivement à l'État qui exerce ce droit dans des établissements
publics spéciaux.
Quiconque possède du tabac en feuilles doit, s'il veut le
mettre en vente, le faire manipuler au hachoir public. Là il est
pesé, il acquitte la taxe spéciale, dite droit de consommation,
les frais de hachage et de manipulation ainsi que les droits de
bande, après quoi il est coupé et transformé en cigarettes ou
cré<; en paquets suivant le désir du propriétaire, à qui il est
rendu enveloppé de bandes timbrées.
Les frais de bachage et de manipulation sont tivés à 0 fr. 50
centimes l'ocque.
50 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
Les bandes timbrées ont une valeur de un ou deux centimes;
elles s'appliquent : celle de un centime aux sacs d'une conte-
nance de 50 drammes de tabac et au-dessous, celle de deux
centimes aux sacs de 50 à 100 drammes ^
Je passe sous silence les dispositions secondaires de la loi : la
fourniture du papier à cigarettes par TÉtat, le nombre de
cahiers devant accompagner chaque ocque^ de tabac, etc. Je
constate simplemeni que la fraude, pour facile qu'elle paraisse,
est hérissée de difficultés insurmontables, tout au moins pour
les indigènes tunisiens.
En Grèce , d'ailleurs , les recettes de Timpût sur le tabac sont
en progression constante , et il en va de même de la taxe sur
le papier à cigarettes.
Les recettes brutes des deux derniers exercices ont dépassé
cinq millions par an pour les tabacs et deux millions pour le
papier à cigarettes, soit donc un peu plus de sept millions an-
nuellement. Les dépenses, achats du papier compris, n'ont pas
excédé deux millions cinq cent mille dracmes^.
Ne pourrait-on essayer de ce système en Tunisie? Les résul-
tats qu'il donne chez le peuple dont Thabileté est désobligeam-
ment proverbiale me paraissent devoir être regardés comme
concluants. Le gouvernement tunisien n'en pourrait retirer que
des avantages^ et la culture du tabac, rendue libre, prendrait
de suite un essor désirable.
1. Le draramc est une unité de poids équi?alant à 3 gr. 2.
2. L'ocquc est un poids de 1 kiL 280 gr.
3. La dracme est l'unité monétaire en Grèce; la dracme de 100 lepta vaut un
franc.
AGRICCLTCBH: ET KORbTS
LEGUMES ET FRUITS
La douceur du climat en Tunisie y favorise la culture des
légumes et des fruits d'une manière exceptionnelle; ils y vien-
nent de toute beauté, et succulents. Les légumes sont générale-
ment plus grossiers; mais il suffirait de remplacer les végétaux
iadigènes par des variétés d'Europe pour obtenir des produits
plus fins, de goût plus délicat. Jusqu'à ce jour les droits énormes
d'accise qui frappaient les légumes en restreignaient la culture
aux exigences de la consommation locale ; un décret en date du
11 novembre 1891 vient de lever ces barrières intérieures au
profil de l'exportation, et le commerce des primeurs ne tardera
pas à prendre dans la Régence une importance au moins égale
A celle qu'il a acquise en Algérie, attendu que dans les oasis
tunisiennes les récoltes devancent de plusieures semaines celles
qu'on obtient partent dans fe Tell.
C'est pnrlicuUèiement aux environs de Tunis, dons la pres-
qu'île du cap Bon , la banlieue de Sfax et les oasis , que se trou-
vent dans les jardins nioralcliei's ; la fève, en arabe /b(?/; la
gesse, djilbena; le pois chiche, hamrs; la pomme de terre,
patate; le chou, kronb; le chou-fleur, brauklou: le melon, lia-
tir h; ta courgette blanche, kra: le haricot, loubia : la lentille,
«(/<■'«; l'aubergine, bedingel; la tomate, tmalem; le radis, fyel;
\'o\^TiQa, pxeul; l'ail, l/isoum; la carolte, s/en/imo; le navel,
tfft: principalement des pastèques, dellati; des concombres,
fagotiss; des piments rouges et verts, fdfel-ahmai' et fvlfel
hnrd'i'i, dont les indigènes sont très friands, et qui occupent la
plus grande superficie. Contrairement A ce qu'en a dit M. de La-
ncssan', l'asperge, sakoitm, et l'artichaut, XcMJT^pu/'-jflHmtî,
1. La T\tnine, page 44.
:.±
1.% TT>1?4E l'iJttl*' LOCCTPATIOX FIA5CA1SE
!>:.:•:. •ràiii l .«a-bre. C*i lêfumes v viennent d'ailleurs très
: .iL î«à:.> i &i.:i> ]ii:T?. les grandes asperges d'.Vfrique étaient
rt-iLrrtiiri-*. l'. :.-j» •ïuus' parie d'une asperge sauvaee. appelée
L.: ;Ti.Lr . i^ vLi prtîrrait à l'asperge des jardins, et c'est très
j. :.:.*':•>. niiti**. irllr que V*>n récolte encore aujourd'hui. Les
â::..:.Âi:S J A::;<]Jr étaient non moins estimés à Rome: des
{•'..i:.. :."^ zr ci- 'irfumr cultivées dans la banlieue de Carthage.
î.ij.j. ::..':A. au dire de Pline, jusqu'à six mille sesterces \
«•:. \ î:.-.:\' i-jak-mt-nt 1% laitue, hiss: le céleri. Âhrafens:lB,
l.'»t-:t» . *' ■'. ; ]r- fenouil. zoUhr^: le fenu^rec. le cumin et la
lori.in.lri-. dôi.t j'i*:nore les noms arabes.
C e>t en Lil<\'' i]u^ la FaMe grecque plaçait les pommes d'or
c]ue la TeiT^' il. uua à Junon comme cadeau de fiançailles et
(!i>iit I.i «\ii\!e i-t.tit oontiée aux filles d'Atlas et d'Hespéris. Du
in\thr allf'^-oritjuo >e ilêsraïre le plaisir avec lequel les anciens
nîaii;:eai»Mit l'ôrauire d.Vfrique. — le fruit des Hespérides. Elle
e>t au reste aî'solument exquise, et tout particulièrement celle
ihi hjtMiil. Le> jardins d'oi-angers de Blidah sont justement
célt'hres: eenx d'.Vin-eeh-Chems, au Maroc, le sont plus encore
dans le monde arahe: mais quelle que soit leur réputation, ces
beaux arbres ne donnent pas de fruits comparables à ceux des
oasis tunisiennes : Nefla produit les oranges les plus grrosses et
les plus >avoureuses qui soient au monde" ».
L'oranirer, en arabe fi'irmdj , croit sur tout le littoral tuni-
sien . jus(ju'à V(M> mètres d'élévation , dans les lieux abrités et
irrigués: partout ses fruits y viennent à pleine maturité et y
acquièrent les (jualilésles plus jiarfaites de goût et d*arôme,
pour peu que la culture vienne en aide à la nature.
lu hectare de jardin peut contenir environ 2,000 pieds dV
1. V. cil. Tissol, op. cil., t. I. page 299 et 300.
2. idem., i»agc 296.
AGRlCCLTURe ET PORÉTS
ruogers; chaque arbre donne de 500 i\ 1,500 oranges, il peut en
produire jusqu'à 3,000; mais, en général, la quantité nuit à la
qualité et quand les oranges sont en abondance elles sont géné-
ralement petites, II y a donc souvent intérêt à diminuer le
nombre des fruils pour les obtenir plus beaux.
On estime à un millier de francs environ les frais de planta-
tion d"uu hectare. Au bout de la cinquième année les orangers
commencent à donner des fruits et, à huit ou dix ans, leur pro-
duction est de 2,V0O à 2,700 Trancs à l'hectare.
La culture tunisienne des orangers comprend, outre les
espèces de ce nom, le mandarinier, niadalina, qui vit dans
la Régence comme à Manille; le citronnier, limonii, dont le
lîmou est une variété; le cédratier, Irendj; la pamplemousse,
espèce d'orange grosse comme la tète d'un enfant; le poncire
le cookia puncCata . Et parmi les orangers, on compte de nom-
breuses variétés, dont les plus connues sont lesportugal, les
chinois, les bigarades, orange amère essentiellement propre à
faire l'eau de fleurs d'oranger, la liergamolte, la mélarose.
Toutes ces variétés fournissent des essences et donnent lien k
un commerce assez important.
Le figuier, kenim, est ensuite l'arbre fruitier le plus répandu ;
il est également d'un bon rapport. La fructification est, comme
on sait, biennale : il donne en raai-juîn des figues-fleurs, her-
moms ahiod; et, de juillet à octobre, les figues proprement
dites, kermottss a/ira. Les premières sont d'une grosseur excep-
tionnelle et d'un goût absolument e-\quis. Les voyant encore
tout dernièrement étalées à pleins couffins au marché de Tunis,
je me représentais le vieux Caton tenant ces beaux fruits dans
un pan de sa toge et jetant au Sénat romain l'apostrophe en-
flammée qui fit voter lu destruction de Cartbage : — « Inter-
rwjo vos, inquif, çuando hanc pomuni demtam putecis e.v ar-
bore? n Qutim inler omnes recentcmesse conslarel : « Atqui
5V LA TUMSIE DEPUIS l'oCCCPATIOX FRANÇAISE
irriitnn y inquit^ ante diem scitote decerplam Carlhagine : lam
pripr fi mûris habemus hostem ». Siaiimçue sumium est Puni-
atm iprtluin hrllum ' .
Los autres arbres fruitiers sont le grenadier, roumman; Ta-
hricotier, niichmerh. l^s jujubes et les grenades sont d^un goût
piarfait. Les abricots, quoique petits sont excellents; ils rachè-
tont lonr maigre dimension par Tabondance et s'ils éveillent un
rojrrrt , cVst qu'ils sont de courte durée. Le prunier berqouq
est assez commun, mais il est presque sauvage; ses fruits sont
si^is «*t les indigènes ne songent pas en faire des pruneaux.
LnmaïuHor, huz, est en fleurs dès le mois de janvier; en juin
son IViiit arrive à une parfaite maturité. Le pêcher, khoukh,
plantt'^ (Ml plein vent , donne des pèches assez grosses et à chair
ftM*ino, très )>onnes néanmoins. Le poirier, comme arbre, ne le
vMo (Ml rien A ceux de notre chère Normandie; mais ses fruits,
pf'tits (*t jteu variés, sont loin d*avoir la saveur du beurré et du
(loy(Mîné. Une espèce particulière, le poirier de Syrie {Pyrus
Sf/rificft, Hoissier), en arabe endjass, a été découvert par la
mission hotanitiue de 1888, à rhcnchir el Metghani, dans le
pays (1rs Hddjaoua, au Kcf en Nour des Hogod et en plusieurs
auliTs points. Le cofrnassicr, sfevdjel^ est cultivé dans les jardins
<»l l<»s oasis; h^ noyor, djonz, se trouve surtout dans les jardins
<I(» Za.irhoiian. Onrlqucs pieds isolés de châtaignier, kesthla, se
nMuarqu<Mil dans la forêt dWïn-Draham. Quant au pommier'',
tofnrh , cl siirl<uil le cerisier, krez, on ne les rencontre que très
1. Plinr XV, :>.0.
'}.. An onziriiir .si«*clr, à 1 o|H>qiic où I(>8 rois do Sicile étaient maîtres d'une partie
(1(>H ((Mrs ii)auKr(*l>iti(^s, l'iln d(> <:crba i>oss(;dait inn^ es|x>cc de pomme très renommée.
liCS Ndriiiand.s, (Miclianlisde retrouver en Afri<iue les fruits de leur pays, s'amusaient.
A r(^|>()(iu(* de la maturité, à dépouiller les vergers iH)ur envoyer les plus belles pommes
aux si>i^ii(*ur.s et aux dames de la cour de Païenne, sans prendre la peine, bien entendu,
d'indemniser les propriétaires. Ceux-ci, fort ennuyés de ces procédés, laissèrent périr
tous les pommiers, (|ui depuis lors sont inconnus, croyons-nous, à Gerba. (De Mas-
Latrie, 07). d^, p. 379.)
AGRICtILTCBE ET FORÊTS
55
Hvage
rarement. Cependant le cerisier merisier ou cerisier s
existe sur les sommets de la Kroumlrie.
Il ne faut pas oublier que tous les fruits mûrissent dans la Ré-
gence trois mois plus tût qu'en France ; ils sont donc assurés de
déboucbés avantageux ù titre de primeurs.
Parmi les fruits exotiques, il faut noter l'ananas qui, origi-
naire des parties interlropîcales do l'Asie, et ne pouvant, par
.suite, être cultivé en Europe qu'en serre cbaude, vit comme
chez lui en Tunisie; le sapotillier, achras sapota de l'.Xniérique
du Sud; la banane {Musa paradisiaca); la n^lle du Japon
[Mespylus japonica); le papayer (Car/ca^apayfl), de l'Inde; le
sambosier de Malacca (Samfiosa nialaccemis); le cberimole du
Pérou (Aiiona cherimolia) .
Mon ami , M. Ch. Nicolas, inspecteur de l'Agriculture en Algé-
rie, me signale l'avocatier [Laiirus persca ou Persea graûssima)
des Antilles; le goyavier de la Guyane [Psiditim pyriferum) , et
le plaqueminier de la Chine [Diospi/ros Kaki), comme admira-
blement acclimatés dans notre grande colonie ; il n'y aurait donc
qu'à les introduire en Tunisie, où je ne les ai pas rencontrés.
Je dois mentionner en terminant certains fruits indigènes qui,
pour être moins savoureux que les précédents, ne sont pas sans
quelque mérite. Ce sont : l'arbousier (en arabe sassenoii) , fruit
de Varèiiiiis tinedo, connu en France sous le nom de •< fraisier
en arbre h; l'azérole, fruit du Ci-alsgiis azerolus; la caroube,
fruit du Ceralonr'a si/igiia (en arabe kharroub) qui est cultivé
dans tous les jardins pour le couvert épais que donne son feuil-
lage; Je jujube, fruit du Zizyphns saliva (on arabe aneh) et la
pistache, fruit du Pislacia vcra (en arabe chedjrel-el-Foiislok) '.
l. Je croîs devoir signaler aui colons lunisiena deuï nouTPauï ouTrage» Jan»
lesquels iU troureronl il'uliles indications, encore qu'ils soient é<:riU pour la France.
Ce sont: La Lfgumes usuels, 7 yo], de MM. Vilmorin-Andrieui, libr. Colin, Paria;
et le TraiU de la eulture frultiiTC commercial* et baitrijeaite, de H. Ch. Ballet.
Je lea ai coBtuJléa avec inltrét.
k
56 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
VU
LES TEXTILES
L'alfa. — L'alfa est le nom arabe de diverses plantes de
la famille des graminées, le Ligeum sparium, le Stîpa tenacis-
sima, S. gigantea, S. barbata, les unes et les autres très abon-
dantes dans le Nord de l'Afrique, où leur aire de dispersion
s'étend du Maroc à la Tripolitaine. Eu français, alfa a un sens
plus précis et ne sert à désigner que le Slipa tenacissima ,
« herbe vivace à rhizome très rameux formant des souches
d'abord compactes, homogènes, mais devenant circulaires ou
circinées par le dépérissement des rameaux anciens du centre.
Les rameaux périphériques qui dessinent ainsi un cercle,
s'isolent à mesure qu'ils s'éloignent et deviennent à la longue
l'origine de nouvelles touffes compactes qui s'évident au cen-
tre , à leur tour, et forment de nouveaux cercles si la nature
du terrain le permet * » .
L'alfa croit spontanément dans les terrains pierreux, arides
des Hauts Plateaux; il résiste à la sécheresse et aux chaleurs
torrides de l'été, comme au froid sec, pénétrant, aux pluies
torrentielles de Thiver. Ce précieux textile occupe dans le
Centre et le Sud de la Régence une étendue d'environ quinze
cent mille hectares. On le trouve dans la région méridionale, au
sud d'une ligne qui partant de Guelâat-es-Senam , sur la fron-
tière d'Algérie, passe par Tala, Sbiba, l'Oued-el-Hathob , le
djebel Trozza pour se diriger ensuite vers le Sud en suivant
le bord de la vaste plaine qui s'étend de Kairouan à Gabès.
Au sud des Cliott, l'alfa existe dans le djebel Tebaga en
quantité assez considérable pour donner lieu à une exploitation
1. itude sur l' lia! fa, par L. Tiabul, page I,
AGRlCDLTdRB ET VORÉTS
57
I
régulière, et sur les pentes méridionales des montagncià des
Hetmâta et de Doulret. Sa limite nord y est tracée par une
ligne passant entre Taoudjoud et Tamezred pour aboutir entre
Toadjanc et Béni Zellen. De In il s'étend jusqu'en Trîpolitaine.
Dans la parlie centrale de la Tunisie, il croit par touffes
isolées au<L Ouled Aoun et aux Ouled Ayar, dans la forêt de La
Kessera, dans la rég'ion des monts Ousselet, du djeltel Khordj,
dans les environs de la sebkba Sidi el Hani et dans la forét
de Chebba,
Au Nord, on le retrouve dans les montagnes de l'Enfida. au
sud de Zagbouan, dans les massifs du Djougar et de Bou
Arada. il est assez abondant dans les environs de Teboursouk ,
plus rare dans la région du Kef.
Au nord de la Medjei-da, Talfa pousse par toulîes isolées sur
le sommet des montagnes élevées, le djebel Ensaryeli, et le
djebel Tehent; mais la quantité est trop faible pour donner
lieu à une exploitation.
La contrée la plus riche en alfa se trouve au sud de la forêt
de Fériana et dans les environs de Sbeitla. il y couvre toute la
surface du sol et les toulfes sont serrées les unes contre les au-
tres. Il est là dans sa véritable station , à 800 ou !>00 mètres au-
dessus du niveau de la merj il y donne les plus beaux pro-
duits. L'alfa de Fériana, des FraichicU et du Mgliila est le plus
estimé sur le marché de Sfax, â cause de sa longueur; il s'y
vend 3 francs de plus les 100 kilogrammes.
En 1881, l'eiploitation exclusive d'une grande partie de cette
immense étendue d'alfa avait été concédée, pour 09 ans, à un
M. Dnplessis, et ce monopole a donné lieu à des récriminations
et des procès qu'il serait trop long de raconter'. Us n'ont plus
. On IrouTCra le r^it de celle aSaire dans la Tunisie, ['Ot M. de Lanessan,
I fÊgfit St-M, el U golfe de Gabès en 1888, lurHU. SerTonncl et Lalîlle, |'BS«a
i
58
LA TCSISIK REPCrS L OCCUPATIOS FRAXÇAISE
du reste qu'un intérêt tout à fait rétrospectif. Si je les men-
tionne c'est pour dénoncer à mon tour la conduite de ce Fran-
çais qui fut assez dénué de patriotisme pour aller vendre à ane
société anglaise la concession que le consul de France venait de
solliciter pour lui, afin de mettre une nouvelle portion du sol
entre les mains d'un de nos compatriotes, et n faire ainsi an pas
de plus dans la voie au bout de laquelle devait se trouver l'in-
tervention ofGcielle de In France en Tunisie ».
La compag:nie anglaise concessionnaire a cherché à créer des
embarras au gouvernement; mais l'énergie de M. Massicault a
déjoué ses entreprises. Mettant à profit le défaut d'exécution
des principales clauses de son cahier des charges, le Résident
général fit signer au bey un décret prononçant la déchéance
de la Compagnie anglaise.
Ce décret, en date du ,11 juillet 1887, a été accueilli avec joie
par les indigènes auxquels il a rendu les terrains dont ils
avaient la pleine jouissance de temps immémorial; l'exploita-
tion de l'alfa est redevenue entièrement libre dans la Régence.
Elle est pratiquée par les indigènes qui apportent les limbes de la
feuille d'alfa sur les marchés et dans les ports d'embarquement.
Dans le Nord de la Régence, i\ Tunis, Mateur, Tehoursouk, Med-
jez el-Bab, l'alfa mis en vente est destiné à la consommation
locale; l'exportation ne se fait que par les ports de Soussc,
Sfas, La Skhirra et Gabès. Sfas est le grand marché d'alfa de
la Tunisie.
Par suite de la liberté d'exploitation, les indigènes glanent
l'alfa en toute saison. Cette pratique est parfaite au point de vue
de la liberté du travail; mais elle laisse beaucoup à désirer au
point de vue de la conservation de la plante.
M. Trabut divise ainsi les phases de la végétation de l'alfa ' :
au premier printemps, les feuilles persistantes entrent en acli-
1. V. Étude iur IHalfa. psee 9.
AGBICCLTraE ET FOBStS
59
[ vite et commenceiit les recettes cd profilant des premières lem-
l péraltires utiles.
Puis les jeunes feuilles déjà ébauchées depuis l'autoniDe sor-
[ tent des gaines, de nouvelles innovations se forment, les fonc-
I tîons de nutrition atteignent vers la fin de cette période leur
I maximum d'intensité.
' Vers la fin d'avril ou les t»remiers jours de mai les fleurs se
I -montrent , et , dans la seconde quinzaine de juin , les fruits sont
La feuille d'alfa se compose de deux parties 1res distinctes
r quand elle est bien développée : le limbe et la gaine ; la réunion
I de ces deux parties se fait par une véritable articulation; tous
I les tissus ne sont pas continus, les nombreuses fibres (jui don-
' nent celte solidité si remarquable au limbe cessent brusque-
I ment aux environs de l'articulation. Aussi une traction sépare
facilement le limbe de la gaine; c'est cette faculté de se dé-
sarticuler qui est le point de départ de tous les procédés d'ex-
^ traction ou d'arrachage.
Mais si l'on procède à cet arrachage trop tAt, alors que les
lifeuilles ne sont pas encore mûres, et, par suite, complètement
r fionstituées ù leur base, à la moindre traction la gaine encore
\ verte mil le limbe , et la sève dont elle était gonflée est perdue ,
L les rhizAmes déchirés ne sont plus propres à la production. Au-
trement dit la plante est détruite.
Or, comme elle constitue une des richesses naturelles du
Kord de l'Afrique , il convient de prendre les mesures propres à
a conservation. A cet efl'et, le gouverneur général de l'Algérie
, interdit la cueillette de l'alfa et toutes les opérations relati-
, vesà l'achat de ce textile : dans le Tell du 16 janvier au 15 mai,
t et sur les Hauts Plateaux du t" mai's au ^0 juin '. 11 me parait
fcDtîle qu'un arrêté du môme genre soit pris par le Résident gé-
1. Arrtlé du U décembre ISBS.
60 LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
néral. Cette réglemeiitation ne sera évidemment pas du goût
des indigènes; mais c'est leur intérêt même qui la commande.
Il s'agit de ne pas tuer la poule aux œufs d'or! Et pour cer*
tailles tribus , ce textile n'est pas autre chose : hommes, fem-
mes, enfants, tout le monde cueille, trie, transporte, tresse,
en un mot vit de cette humble graminée.
Tous les ustensiles domestiques, sous la tente, sont fabriqués
en alfa ou en diss : le keskès , cône employé pour la préparation
du couscouss; le tebak^ plateau pour servir les dattes ou la
galette d'orge; la bakbaka, gargoulette goudronnée de la con-
tenance de deux litres; laguennana, grande jatte goudronnée,
moitié moins grande que la bakbaka et qui sert à traire les vaches
et les brebis; rhacira, natte sur laquelle on dort; le kouffa,
èsi dont nous avons fait couffinj panier.
Tous les indigènes savent tresser l'alfa, et c'est avec beaucoup
d'habileté qu'ils confectionnent les objets que je viens d'énu-
mérer ; avec les feuilles rondes et aiguillées, fortes et nerveuses,
ils font encore des chaussures , des chapeaux , des sacs , même
des cordes excellentes, toute espèce d'ouvrage de sparterie.
La plus grande partie de l'alfa ouvré reste dans le pays; il
figure quand même à l'exportation pour plus de 100,000 francs
par an.
Mais c'est principalement comme matière première que Talfa
est exporté en Europe. L'industrie l'emploie, comme on sait,
à la fabrication de superbes tentures, de tapis, etc., et on en
obtient une pîitc à papier des plus fines, comme des plus gros-
sières, à volonté. Mêlée à la pâte de chiffons, elle lui donne
de la consistance et s'adoucit elle-même par le mélange.
En raison du bas prix auquel y sont le chlorure de chaux,
la soude et le charbon , c'est l'Angleterre qui utilise la presque
totalité de l'alfa. 100 kilogrammes de pâte à papier lui revien-
nent à k\ francs ; en France il est impossible de l'établir à moins
i
AGniCUr.TlRK ET FORÊTS
te 55 francs. Aussi sur 3,0'i.0,000 piastres d'alfa exportées de
Tunisie pcDdanl l'exercice 1308 (du 13 octobre 1800 au 31 d»:--
cemhre 1891), il en a élé eraliarqué pour 2,870,800 piastres A
destination de la Grande-Bretagne.
La Tunisie produit annuellement environ 300,000 tonnes
d'alfa. Un quinzième peul-i^tre esl coosooinié par l'industrie
indigène; un douzième est exporté pour l'industrie euro-
péenne; le reste sert à l'élevage du bélail.
Lr wss. — Le diss {Festuca palula, Arundo festucoïdes) est
une graminée très commune en Tunisie, où elle est employée
au\ mômes usages que l'alfa pour la sparterie et la corderie,
ainsi que pour la nourriture des animaux.
On & cherché à l'utiliser également pour la papeterie; il
falluit pour cela dissocier les libres par la dissolution des com-
posés pectiqucs qui les unissent, tout en conservant aux élé-
ments filireux 1 élasticité , la force et la longueur qui leur sont
nécessaires pour produire parleur enchevêtrement le feutrage
indispensable i\ la confection du papier. Tous les efforts tentés
dans ce but étaient toujours restés sans résultat ; mais les jour-
naux annonçaient, il y a quelques mois, que deux chimistes,
MM. Caselmann et Wetierlé, avaient enlin résolu le problème.
Ce serait vivement à souhaiter , car la Tunisie , comme l'Algérie ,
trouverait une nouvelle ressource dans la fourniture de ce textile
à l'industrie.
Pauueb VMS. — Le palmier nain (c/iamœrops /lumilis) est
moins répandu en Tunisie qu'en Algérie , où il a fait longtemps,
par la profondeur, la ténacité et l'îne.xtricable lacis de ses ra-
cines, le désespoir dos défricheurs. C'est aussi avec sa feuille
rade, filamenteuse, et qui devient blanche comme la fibre du
panama, que les indigènes font les nattes qui garnissent leui's
demeures, des corbeilles, des b&ts, des éventails, etc.
62 LA TDSISIE DEPUIS LOCCCPATION FIIAKÇAISK
Vers 185i , l'industrie algérienne a transformé le palmier
nain en un produit industriel, connu sous le nom de crin vé-
gétal, et dont la richesse peut se mesurer à l'iniporlance sans
cesse croissante prise par rexportation.
La bamik — Ce n'est que pour mémoire que je parle de la
ramie. On a fondé sur ce textile des espérances qui se réaliseront
un jour, il faut l'espérer; mais il n'y a rien à faire tant qu'on
n'aura pas découvert le moyen de teiller et surtout de dégom-
mer la plante à des conditions qui satisfassent l'industrie. On a
inventé à cel effet je ne sais combien de machines : toutes lais-
sent à désirer, sansexceptercelIedeM.Landsherque j'ai vu fonc-
tionner à l'Exposition de 1889. où elle a obtenu le premier prix.
La ramie ou china grass réclame un climat chaud et humide,
et elle donnerait en Tunisie un rendement minimum annuel
de 6,000 kilogrammes de filasse à l'hectare. Au prix actuel de
45 francs les cent kilogrammes ce serait donc un produit de
2,700 francs à l'hectare. 11 va de soi que la culture de ce végétal
prendrait de suite de grandes proportions et que le prix do
vente baisserait beaucoup; néanmoins cette culture produirait
toujours de fort beaux bénéfices. Il fant souhaiter que les persé-
vérants efforts de la mécanique soient bientôt couronnés de
succès. Le jour où le problème de la décortication sera tout k
fait résolu, un nouvel élément de fortune écherra à la Tunisie.
Le lin. — J'ai déjà dit quelques mots du lin au point de vue
oléagineux; mais il convient de le cultiver pour un rendement
mixte : graine et filasse. Le profit équivaut alors à celai du blé.
Le lin croit à l'état sauvage dans les prairies tunisiennes,
preuve certaine de sa réussite à l'état cultivé. D'ailleurs, les
Romains, nos prédécesseurs, cultivaient ce textile en Afrique;
ils en faisaient des tissus qu'ils exportaient en Italie. Les Arabes,
au moyen Age , le tenaient en faveur, n Les fils de Sousa étaient
AGKICtLTCnE ET FOnÊTS
63
stimés, et les tisserands nombreux en celte ville », rapporte
M, le comte de Mas-Latrie '. Il est encore cultivé en quelcjues rares
endroits; recueilli en bottes, puis séché sur l'aire et broyé,
il est filé par les femmes et fournit une grosse toile employée
à divers usages.
La Tunisie produit d'autres matières textiles, fort intéressantes
au point de vue industriel. Elles sont fournies par :
h'abutilon indicmn, plante d'une croissance rapide dont on
peut extraire, auboutde trois mois de culture, 20 à H quintaux
métriques de filasse à l'bectare;
Le corète textile [CorcUonis textUis) qui donne un rendement
égal d'une filasse propre à la confection des sacs;
Le chanvre géant de la Chine , dont le nom indique le déve-
loppement extraordinaire. La filasse qu'il donne, sur le pied de
15 à 16 quiQtau<k par hectare, est dune longueur et d'une
force remarquables;
L'agave d'Amérique et du Mexique {Agace americaua et
mfxicanà) : ces deux agaves émettent, tous les deux ans, dix
feuillex  couper dont on peut extraire 250 grammes de fil d'une
grande finesse et d'une grande solidité.
L'agave fétide [Fourcroija t/it/anlea) . C'est de celte espèce
magnifique qu'au Brésil et dans toute l'Amérique méridionale
on retire le fil de Pill. Elle est d'une culture facile;
La sansevière {Sanseviera giiineensis) , dont les fibres sont
fines, solides, et d'une facile e.xtraction.
Le bananier [Musa paradisiaca) dont on tire des fibres pro-
pres à la fabrication d'escellente toile , à l'imitation du chanvre
de Manille. Les fibres s'obtiennent après la récolte des fruits.
11 y a donc là double produit.
Age, p. 380,
e de t'Afrùjue septenir'ionole ou Maghreb au mot/en
i
(iï LA TLMSIE DEPUIS l'oCCUPATION FEA5ÇA1SE
VIII
L'ELEVAGE DU BETAIL
Atjer fviKjum fertilis, bonus pecori : favorable aux semences,
clic est bonne aussi pour les troupeaux, écrivait Salluste de sa
plume rapide, et lancienne province d'Afrique continue à justi-
fier cet éloge — qui se trouve déjà dans F Odyssée^. Elle est tou-
joui*s la terre du pâturage par excellence; comme dans Tanti-
quitéy le bétail peut y produire de magnifiques revenus. J*ai
même la certitude absolue qu'il les assurera avant peu, aussi
bien avec le bœuf et le cheval qu'avec le mouton. 11 y a pour
cela , beaucoup moins à faire qu'on ne suppose.
PrcmoDS le bœuf. L'espèce bovine de la Tunisie est petite,
mais élégante en ses proportions. Le poids moyen de la viande
nette dans les ba*ufs descend souvent à 100 kilogr. et rarement
il atteint 200 , à moins que les animaux ne soient engraissés.
Comme le déchet est en moyenne de 40 à 50 pour 100, le poids
brut varie entre 250 et 400 kilogr. Quoique manquant de taille,
CCS brtos sont d'une rare perfection de formes.
Voici la description qu'en donnait l'année dernière Tinspec-
teur d'agriculture dans un rapport au Résident général :
« Sous des lignes très régulières et très fines, le bœuf de Tuni-
sie est trapu, suffisamment long, assez près de terre ; son épine
dorso-lombaire est droite, le garrot épais, le poitrail large et
bien sorti, Tubdomen peu développé, le flanc court, la côte
ronde, la poitrine haute et profonde. Son front est large , sa tête
courte, le mufie petit, le cornage mince, effilé; l'ossature à
la fois robuste et fine.
1. Honicrc, Odyssée, IV, v, 85.
AfiRICULTCRE KT FORKTS 65
■rLësïemelles, sons dos proportions moins amples mais aussi
belles, sont remarquables par leur finesse et leur élégance, •<
Sous des apparences de peu de volume, ces animaux sont
pleins de vig'ueiir et forts pour leur taille; sobres d'ailleurs, durs
à la fatigue et à la chaleur, répondant , en un mot, à un degré
remarquable, aux conditions du milieu matériel où ils vivent.
Aussi les tendances primitives à les réformer par le croisement
font-elles généralement place à des vues d'amélioration de la
race par elle-même au moyen de soins tr^s entendus, d'une
nourriture plus régulière et plus abondante dans l'arrière-saison,
d'abris contre les chaleurs de l'été, contre les intempéries de
l'hiver, autant de précautions généralement négligées par les
indigènes.
Bien qu'habituellement très maigres, les bœufs tunisiens
prennent facilement la graisse, pour peu que la saison ou la pré-
voyance de l'homme leur procure nne nourriture abondante.
Par l'engraissement on obtient un poids net de 175 à 225 kilogr.
d'une viande de bonne ([ualité. Les droils d'abattage établis A
l'abattoir de Tunis, à raison de tant par tète et par catégorie ' ,
au lieu d'une taxe fixe de tant par kilogr., ont été un en-
couragement direct donné à l'engraissement, et les résultats en
sont déjà appréciables. \ l'ouverture de l'abatloir, en 1887, ou
n'amenait guère que des bêles de 50,1110 et 150 kilogr. Le direc-
teur se voyait obligé d'en refuser un grand nombre pour leur
maigreur. Aujourd'hui, ainsi qu'il est dit plus haut, les bœufs
que l'on tue pèsent couramment 300 et ïOO kilogr.
De même qu'on a développé le poids, on développera les
propriétés lactifères de ces animaux par un régime approprié.
La vaclic de l'Arabe ne lui donne que 2 j\ 3 litres de lait pendant
. Il iiiwires 7S |im
I, t iwiir Ira
C(>
LA TL'MSIB DBPDIS L OCCUPATION FRAK^AISE
férûu
leaflfl
les quatre A cinq mois qui suivent le part ; le colon ea obtient .
avec de meilleurs soins , de 3 à 5 litres, rarement G, C'est trop
peu. Pour accoltre la production dti lait , on a consoîUé l'in-
troiluctiou de la race suisse , mais elle n'a pas réussi en Algérii
et il n'y a pas lieu de penser qu'on en obtiendrait de meillei
résultats en Tunisie; la race bretonne, beaucoup mieus prédis-
posée par son organisation, ses hubîludes et sa taille , à la \ie
libre dans les pacages d'Afrique, se coin porte l'ait sans doute tout
autrement. J'en ai déjà, vu un e.'semple satisfaisant H Bèjà.
Quoi qu'il en soit, c'est à l'appareillemenl pur sélection, comme
à une meilleure hygiène, qu'il faut demander le perfection*
nenienl de la race bovine tunisienne, et non à des croisementa
qui n'engendrent guère que des déboires zootecbnîqnes el
financiers.
X l'ouverture de l'abattoir le bœuf se vendait environ 0 fr.
le kilogr. de viande; mais depuis lors son prix s'est succe»-
siveiiienl élevé , et il atteint à présent t franc 35 le kilogramme,
En un mol le prix des animaux a plus que doublé depuis
trois ans. Il n'est que juste d'attribuer une large part de ce ré-
sultat aux bonnes récoltes dont le pays a été favorisé.
Le cheval. — Trois conditions essentielles président à U,
conservation des races pures . savoir :
Ce que les Anglais appellent le pedigree , c'est-à-dire la coqt
naissance généalogique, l'illustration de la famille, la pui'eté
du sang, la noblesse de l'origine;
Les performances, ou l'histoire raisonnée des épreuves aui-
quelles ont été soumis les individus, les recherches sur les suc-
cès obtenus par des rivaux plus heureux ou plus capables;
enfin la connaissance des causes des défaites constatées;
La symétrie dans les formes et dans les proportions , c'est-à-
dire la parfaite concordance entre toutes les parties du corps,
AGHICrLTUBB ET FOKÊTS
67
Tes dispositions les plus heureuses de la charpente squelettaire ,
le développement convenable du système musculaire et tendi-
neux , lagencenient régulier et solide de tous les leviei-s, l'ah-
sence de tares héréditaires.
Il sultil d enuraérec ces conditions pour concevoir combien le
beau cheval libyen, qui Bgnrait comme emblème sur les mé-
dailles de t^rlhage et que nous nommons A présent le cheval
barbe, a di\ dégénérer depuis la grande invasion hilalienne
qui l'a fait tomber au pouvoir des Arabes. Mélancoliquement
je songe au coursier antique qui, semblable à l'Aquilon,
vole, fuit, et dans sa course rapide balaye et la terre et les
eaux :
^^ llle volai , simul arva Tiign , simul ^quora verrens '.
r Le cheval tuoisien n'a plus avec celui-ci qu'une faible ressem-
blance. 11 est encore assurément très vigoureux dans sa petite
taille, il a des muscles puissants; à cet égard on retrouve en
lui les traces de ses ancêtres, les restes d'une noble origine,
" comme le sceau d'un sang exceptionnel " ; mais le manque
de soins, l'accouplement libre dans les troupeaux de la tribu,
la mésalliance dégradante de la jument avec l'âne, l'ont fait
déchoir de son antique splendeur. Ses formes ont perdu de leur
sveltesse, de leur harmonie. Il s'est raccourci et épaissi. Suivant
une très juste expression ; <> Tout en lui est à relever : la taille
el l'Ame ^ ».
Dès l'âge de dix-huit mois, un an et même moins, il sert
de monture aux enfants et aux femmes pour aller puiser l'eau
A la fontaine , pour transporter l'orge , les dattes ou les olives ;
fréfjuemment il est employé à des travaux beaucoup plus fali-
I. Virgile, La Giorgiquet, Ul . Vil.
t. H. Charles. Hiii>|<orl au Rùîdenl g^n
ItlSW.
G8 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCOPATION FRANÇAISE
gants, et il est encore tout jeune qu'il est déjà taré. Si nous n'in-
tervenions, « TArabe et son coursier » ne semit bientôt plus
qu*une légende. Adieu la cavale indomptable et rebelle, dont
parle le poète des ïambes. Adieu les fantasia fougueuses, éche>
velées et délirantes comme les fantaisies qui débordèrent de
Tàme profonde de Beethoven. La cavale n'est plus qu'une bète
de trait , le compagnon d'armes n'est plus qu'un humble servi-
teur!
Il n'y a pas là que le fait de la négligence, il faut y voir non
moins Tinfluence politique. En Algérie où, jusqu'à nos jours,
le despotisme féodal a tenu le pays dans un état de guerre per-
manent, la race barbe comme la race arabe s'est bien moins
abâtardie , parce que là un bon cheval à la corde était journel-
lement l'instrument de salut. A cette époque où la force était la
seule loi, les grandes familles indigènes, dans l'intérêt de leur
pouvoir, étaient tenues de conserver sous leur domination le
plus grand nombre de cavaliers en état de prendre les armes.
Ils tenaient ainsi des goums plus ou moins nombreux sous le
joug de leur autorité; ils leur dictaient des lois et leur don-
naient des ordres, et dans un but de sécurité personnelle, ces
tribus étaient tenues d'obéir.
Ces grandes familles veillaient avec soin et beaucoup d'intel-
ligence à la conservation des races qui leur avaient été léguées
traditionnellement, et elles entretenaient pour la remonte de
leur cavalerie des étalons de choix que les masses, placées
sous leur dépendance , étaient trop pauvres pour pouvoir en-
tretenir elles-mêmes.
En Tunisie, pays essentiellement berbère, il n'y a pas de
cliefs de grande tente* et Ton n'y trouve pas de cavaliers. D'un
tempérament beaucoup plus pacifique que son voisin, l'indi-
1. Voir l. I, p. 57 el suiv. la différence de mœurs des Arabes et des Berbères.
"gène tunibicD s'est habitué de bonne heure à se laisser prolé-
ger; il est devenu chac^ue jour moins belliqueux et phis mer-
cantile. Depuis longtemps il préfère vendre son orge ou élever
des bœuts et des moulons qui sa noumsseut tout seuls , que de
produire des chevaux dont l'élevage est beaucoup plus chan-
ceux, beaucoup plus cher, et, en retour, n'offre pour lui au-
cun avantage appréciable. A-l-il besoin d'une monture , d'une
bète de somme? l'Ane et le mulet répondent parfaitement à ses
besoins.
L'occupation françaisL' l'incitera de plus en plus à la produc-
tion de la ^-iande de boucherie; il ne faut donc pas compter sur
l'indigène pour remédier à l'état précaire de l'espèce chevaline.
C'est au colon européen que cette lâche incombe. C'est au haras
de Sidi-Tabet , allai»-je dire ; mais l'acte de concession de Sidi-
Taliet est conçu de façon si niallieureuse, il semble avoir été
rédigé par des hommes si étrangers i la science hippique, je
n'hésite pas à dire si dépourvus de connaissances physiologi-
ques, que cet établissement constitue une lourde charge pour
les concessionnaires sans qu'il soit possible d'en attendre aucun
service pour l'État. Le cheval , comme le bovidé tunisien , porte
en lui-même les éléraenls de sa régénération; c'est par la sélec-
tion bien comprise et une nourriture abondante qu'on doit lui
rendre la taille aussi bien que les formes robustes et distinguées
qu'il a perdues. Or, le cahier des charges impose au haras de
Sidi-Tabet le croisement de la race barbe avec les races an-
glaises et autres, comme d'ailleurs une «table pour le croisement
de la race bovine indigène avec le Uurham, le Charolnis, etc.
Cette double opération zootechnique donne un résultat pitoya-
ble. Bœufs et chevaux perdent les qualités de la race indigène
et présentent un mélange de conformation paternelle et ma-
ternelle tellement incohérent, qu'ils valent moins que s'ils
étaient restés de race commune.
70 LA TUMSIK DEPUIS l'oCCDPATION FRANÇAISE
Je suis franchement surpris que les rédacteurs du cahier des
charges dont il s'agit aient ignoré jusqu'aux déboires que les
éleveurs algériens ont éprouvés avec là méthode du croisement.
Tout le monde sait cependant qu*en dépit des efforts les plus
sincères et les plus persistants, il ne résultait rien de bon de
l'accouplement de toutes les races; les qualités s'effaçaient 1res
vite, tandis que les défauts, les défectuosités se transmettaient
facilement et tendaient à se perpétuera On obtenait ainsi des
sujets chétifs, mal construits; on voyait des chevaux qui joi-
gnaient une grosse tète à une encolure grêle; une poitrine
étroite, des épaules chevillées à un ventre volumineux; ou bien
c'était une croupe resserrée, tranchante, fortement avalée, des
membres longs et minces, des boulets droits, etc. , sans compter
les tares inséparables de ces feux grossiers et profonds que les
Arabes appliquent sans art à leurs chevaux, le plus souvent
rien que par précaution.
On a enfin renoncé à cette lutte contre nature pour s'adon-
ner à la conservation de la race barbe et à son relèvement par
elle-même. On a reconnu qu'elle n'a rien à demander au de-
hors et que, loin de là, elle a encore des éléments ataviques
de régénération assez puissants pour répondre à toutes les exi-
gences. Un Stud-Book a été créé pour faciliter le choix des
reproducteurs et créer une famille de haute qualité « dont on
connaît la généalogie, l'éducation, les défauts à corriger ,les
qualités à augmenter, une famille qu'on ne perd pas de vue,
que Ton améliore par des appareillements judicieux, par les
1. \. Le Cheval algérien, par M. Vallée de Loncey, page 71 et suiv. Je recom-
mande tout parliculièrcment aux éleveurs le volume de cet hippologue très
distingué. J'ai eu le plaisir de faire sa connaissance à Alger, en 1889, lors du voyage
qu'il fit dans la colonie pour la préparation de son ouvrage, et il m'a été donné
d'apprécier ses hautes connaissances hippiques. N. F.
Voyez aussi dans la Dépêche algérienne des 21 et 23 septembre 1891 les arti-
cles de M. L. Morel sur les travaux du Congrès des vétérinaires tenu à Alger à
cette époque.
ACmCrtlTIRE ET FORÊTS 71
soius, par l'hygiène, par la nourriture surtout el par la concen-
tratioD des meilleures qualités origiuelles: une famille enfin
qai est la source pure el abondante oii il est permis de puiser
les éléments de perfectionnement' ».
Il n'y a pas autre chose à faire en Tunisie.
En attendant l'institution d'un Stud-Book tunisien, le service
de la remonte a inslallé sur divers points de la Régence de
petits haras, dans lesquels trois ou quatre étalons sont mis
!;ratuitement à la disposition dos éleveurs. Une société hippi-
que p\iste à Tunis, une autre a été créée à Sousse en 1891. ¥ai
joignant à ces aides et encouragements, des prit et des primes
aux produits, ainsi que des pensions aux jumeufs d'élite, on
obtiendra avant peu des résultats très sntisfaisants, cl l'industrie
chevaline deviendra une source de beaux prolits pour l'éle-
veur, étant donné qu'il suffit de faire une largo part à l'ali-
m«^ntatîon. d'assurer au poulain une hygiène mieux entendue,
UQ dressage plus rationnel pour en faire le cheval de selle par
excellence, le cheval de l'officier.
Le MoiTON. — L'espèce ovine de la Tunisie ne procède pas
d'un type uniforme. Dans le même troupeau, et surtout dans
la même localité, existent souvent des variétés nombreuses que
la guerre et les razzias ont mêlées, dont les croisements, livrés
A la seule nature, augmentent la confusion. Généralement la
taille est forte, la conformation assez belle ; la poitrine est large
et haute, mais les jambes sont courtes et furies, les tendons
épais. La plupart des animaux ont deux cornes, rarement quatre.
Us sont connus en France sous le nom de moutons A large
queue; ils ont en elTetun énorme appendice caudal dont le poids
atteint fréquemment J» à 5 kilogrammes et forme une pelote <le
graisse que les indigènes mangent avec délices.
l. Lor. eU,.f»ffl7.
72 LA TUMSIE PKPl'IS L OCCUPATION FRANÇAISE
D'après le recensement au 31 décembre 1890 la population
ovine de la Régence est d'un million d^individus. (On en trou-
vera plus loin le détail par circonscriptions.) Les troupeaux sont
surtout très nombreux dans les régions du Nord-Ouest, de
l'Ouest et du Sud, qui ont pour dominants les djebels Bir
1011": Salal>e 975°*; Dir 708°*: Bou el Ilaniche 1231"; Oum
Delel 1305- ; M'Rilah 137i-; Chambi 1591°; Selloum 1269;
Sidi Aich 1089"; Orbata 1170"; les plateaux de Metmàta, dje-
bels Meled i53° ; Toujane 637" ; — pour centres : Ain Draham ,
Le Kef, Ksour Thala, Kasserin, Sbeltla, Feriana, Gafsa, Mou-
denine, Metameur, Foum-Tatahouin ; — et pour vallées princi-
pales : celles de Toued el Kebir (Kroumirie), de la haute Med-
jerda, des 0. Meileg, 0. Tessa, 0. Zeroud, 0. Foussanah, 0.
Sidi Aich, 0. Safoum, 0. el Hallouf, 0. Fessi.
Les tribus « moutonnières » les plus considérables sont celles
des Fraichich et des 0. Ouezzez, à Fonest; des Souassi , à Test.
Les quatre cinquièmes de ces troupeaux vivent en transhu-
mance du Sud au Nord et du Nord au Sud , durant le cycle
annuel. En décembre, janvier el février, ils occupent les con-
treforts sahariens. En mai^, parfois plus tôt, parfois plus tard,
selon les douceurs de la saison, les transhumants remontent
les Hauts Plateaux et s'acheminent lentement vers le Nord, dé-
plaçant tous les quatre ou cinq jours les tentes de leurs guides.
En mai, juin ou juillet, ils atteignent les marchés où s'effec-
tuent les ventes, soit pour les approvisionnements du Tell, soit
pour les expéditions en France ou à l'étranger.
Peu de jours après, les troupeaux, réduits aux femelles et aux
naissances de l'année, redescendent lentement, au jour le jour,
pour aller reprendre leurs cantonnements d'hiver sur les con-
treforts et mamelons sahariens. L'aller et le retour durent en-
viron huit mois.
Ces migrations périodicjues se pratiquent de toute antiquité.
ACRICrLTTRE ET PORIÎTS
Me piTiiiettia-t-oa tien demander la preuve à Virgile? J'ai peur
d'abuseï- de ces cîtatioas; mais de môme que le savant et poé-
tique écrivain de l'Algérie romaine, j'aime à éclairer mon
sujet des textes anciens que j'y puis ramener, et à montrer aussi
qu'à travers la suite des âges, en dépit des révolutions, la
I vieille Afrique se retrouve et se perpétue toujours dans notre
ykinisie contemporaiae :
Quid tibi paslorcs Libyœ, tjuid (lusciia versii
Prosei|iiar, et raris liabitata mapalia teclis?
Sj^pe Uiem DDCtemque et toliiiii ex ordine menscm
Pascitur itque pccus loDga in deserlo sine ullts
Ilospiltis : lantum campi jacel ! Oiiinia seciini
Armentariirs Afer agit, lectiimqiic L^reinquc,
Annaqiie AmyulœumqLie caiiem, Cri-ssa nique pharelrnni
Nou seeiis ac patrîis acer Ronianiis iu ai-mis
Injusto Bub fasce viam qiium carpît, et tigsti
Ante e\spcctaium positis stat iu nginine castris '.
Ah! le merveilleux don qu'ont reçu ces grands poètes! 5'e\-
clanic M. Boissière-, avec une juste admiration. Dans cette pein-
ture inspirée où Virgile retrouve une Afrique que ses yeuK ne
connaissaient point, quel sentiment exquis du pays et des
mipurs, ou plutôt quelle divination! Je les vois encore, et le
chemin de fer les traverse, ces buttes primitives, ces gourbis
.rares ou ces tentes, établis is. mi-côte et défendus souvent par
<la haie piquante du cactus; je les vois aussi, ces bergers longs
et maigres, enveloppés de leurs burnous gris, et se détachant,
en une mince et droite silhouette, sur le ciel clair du matin ou
sur le pâle Ideu du soir, immobiles et silencieux; ou bien, les
jambes nues et leur tunique retroussée , leur gandoura serrée à
la taille, acdncii, poursuivant, la baguette en main, quelque
7V LA TrUlSlK ftEPCIS L OCCCPATrOX FRANÇAISE
taureau rjui bondit et s'échippe ou quelque mouton qui s'at-
tarde. Ils vont, comme dit Virgile, et la nuit et le jour, et tout
un mois de suite ; et le troupeau s'avance lentement à travers
ces longs. plateaux déserts, où nul abri ne les reçoit jamais.
Comme la route, comme la plaine est longue! Tantttm cam/u
j'acel! Le berger, lui, emporte et traîne tout avec lui. sa mai-
son et ses lures, son chien fidèle, aboyant et hargneux; ses
armes, autrefois des flèches, aujourd'hui un simple et lourd
bAton, trop souvent terrible et mortel. Ainsi marchait, — et la
comparaison sans doute n'est point désobligeante pour le
misérable Africain, cette sobre et énergique bfite de somme
que j'ai vue tant de fois cheminer courbée et résignée sous
le faix, — ainsi marchait le fier soldat romain sans être écrasé
de ce fardeau militaire dont parle Végèce, et portant avec
lui ce carap toujours prêt, cette forteresse improvisée qui
s'élevait comme par enchantement aux yeux de l'ennemi sur-
pris et impuissant.
Virgile ne nous dit pas si le berger africain se préoccu-
pait de l'hygiène et de la reproduction de son troupeau;
l'incurie de l'Arabe à cet égard est extrême. Nul soin n'est ap-
(Kirté au choix des béliers, à la moule, à lagnelage, à l'élève
des Jeunes bëtes, k l'entretien des animaux adultes; aussi
n'oblient-il, pour la laine, la viande et le lait, que des résul-
tats bien inférieui-s à ceux sur le-îquels il serait en droit de comp-
ter. Car le sol fertile en plantes substantielles et aromatiques,
le cUmat chaud et sec, le sel dont la terre et les plantes sont
partout imprégnées prédestinent la Tunisie A l'éducation de l'es-
pèce ovine, lant pour la viande que la laine. Celle-ci a été de
tout temps un des principaux articles d'exportation du pays.
Au moyen rtge, elle figure à ce titre dans les traités des puis-
sances maritimes de la Méditerranée avec la Régence, Au sur-
plus , il est admis aujourd'hui que des plateaux de l'Atlas sont
AtiRtCULTURË KT KOHÉTS 75
' sorties, à l'origmc, ces belles races de moulons qui, importées
en Espagne par les Maures, créèrent plus tard la race des méri-
nos, devenus depuis si célèbres. L'histoire du passé autorise
donc l'espoir de reconstituer en Tunisie des troupeaux dont le
lainage rivalise avec les plus estimés d'Europe.
Abandonnées à l'ignorance et à l'incurie des Arabfs. mélan-
I gées confusément par les guerres et les razzias, les laines de
I Tunisie allient à de précieuses qualités naturelles qui les font re
I chercher en France pour la fabrication des étoffes communes,
I de nombreux et graves défauts.
s la plupart des toisons, le brin manque de douceur et
I de finesse, le jarre y est commun, les toisons sont sales et
V chargées de corps étrangers ; cela tient en partie au système d'é-
' ducation arabe, en partie k des fraudes coupables. Les trou-
peaux ne sont jamais abrités; ils onl à supporter la chaleur, le
froid, les pluies, les marches forcées, même les privations par-
itîelles de nourriture; car l'indigène ne récolte pas de foin et
quand le soleil a desséché les ptVturages, le mouton est réduit à
brouter ce qui reste de tiges maigres et dures à la surface du
loi; mais, en compensation, dressées à cette vie en plein air
et aventureuse, les bètes ovines participent à la vigueur et ;\ la
TUsticité des chevaux et des bétes bovines; les laines onl du nerf
et de l'élasticité. En outre, les agneaux ne sont pas tondus, ce qui
favorise la formation du poil jarrcux, et la tonte sur les bétes
adultes est pratiquée par un procédé barbare, avec une faucille
qui écorche le mouton, et gftte la toison. Enfin, soit pratiqu''
traditionnelle, soit, prétendent lesArabes, pour n'être pas dupes
de quelques marchands européens qui les trompent sur le
poids, des fraudes coupables se pratiquent en faisant courir les
moutons suants sur le sable pour alourdir leur toison, uu par
les mélanges directs de terre, ce qui les dis.-rédite dans le corn-
i
7G LA TUNISIE DEPUIS L*OCCUPAT10X FRANÇAISE
inerce. D'année en année, ces dernières fraudes, sévèrement
surveillées et punies par Tautorité française, diminueront de
plus en plus pour disparaître bientôt, à peu près entièrement.
Mais les autres défauts, dus à un mauvais sj-stème d'éducation,
ne peuvent être corrigés que par des soins mieux entendus à
obtenir tant des indigènes que des Européens qui ont entrepris
la production des laines et de la viande de boucherie.
A cet effet, M. H. Charles , vétérinaire et ancien inspecteur de
Tagriculture et de Télevage en Tunisie, s*est livré à une étude
très complète de la race ovine tunisienne. Il a résumé son travail
on un rapport dont je croîs devoir extraire les conseils suivants
dans rintérèt des éleveurs :
I. — Amélioration de la race barbarine an point de vue
indigène (laine et viande).
S'il est plus agriculteur que TAlgérien, le Tunisien ne reste
pas moins réfractaire , en principe , à ce qui tend à le faire sortir
de ses habitudes ou de ses traditions.
Ce n'est point de son initiative qu'il demandera à la culture
au delà des exigences de ses sobres appétits ; qu'il se livrera à
des opérations dont il comprendra peu Tutilité; qu'il sacrifiera,
par exemple, la queue de son mouton aux nécessités d'une amé-
lioration dont il ne saisira pas de suite les avantages; à peine
attendni-t-on de lui l'exécution des conseils et des moyens qui
lui seront donnés à ce sujet.
Cependant on ne doit pas désespérer de l'amener dans cette
voie par l'exemple, en y engageant d'abord les riches indigènes
plus disposés qu'on ne le croit à se prêter à ces sortes d'essais.
On peut en juger déjà par l'empressement qu'ils montrent à
se servir des charrues françaises, mises à leur disposition et par
le désir de (luelques-uns de s'en procurer à leurs frais. Les dé-
AGBlCrLTl'BE tT KORKTS
bouchés offerts à leurs céréales les engagent à en prodiiiii'. li
en sera de même dn mouton.
Pour vaincre les résistances que peut opposer l'indigène an
croisement de sa race ovine et A la disparition de l'organe au-
quel il attache tant de prix , — disparition indispensable si l'un
veut que le mouton tunisien se montre avec profit sur les mar-
chés de France, — il est essentiel de ménager, dans une cer-
taine mesure, ses sentiments et ses pi-éjugés, et de ne lui faire
livrer à l'agent améliorateur qu'une partie seulement de ses
troupeaux; l'autre partie étant maintenue à pari, dans la « tra-
dition ».
En comparant les produits des troupeaux de progression à
cens des troupeaux indigènes, il appréciera luentOt les diffé-
rences de leurs qualités d'ensemble, deleura aptitudes, de leurs
prix sur les marchés où paraîtront les acheteurs français; et,
Apre au gain , il saura rechercher les résultats nouveaux , qu'il
aura vu obtenir par d'autres, sans efforts et sans sacrifices.
En aucun cas, il n'y aura lieu de procéder par troupeaux de
I substitution, c'est-à-dire d'importer d'emblée en Tunisie des
I mAles et des femelles d'une race pour eu multiplier les produits
I au point d'en constituer exclusivement les nouveaux troupeaux.
Si •■ près )i que ces animaux seraient du type indigène, ils
I ne subiraient pas moins, leurs élèves surtout, les aléas de l'ac-
l climatation ; ils dégénéreraient avec riipidité sous les forces
[ seules des milieux ambiants.
On n'importera que les niAles, de la race amélioratrice ; ils
I n'exigent pas de capitaux considérables, et leur action est
I prompte et sans inconvénients d'aucune sorte.
Choix <!''•< t'Jpes amélioraleurs.
Avec (juelles races européennes doit-on croiser la race barha-
LA TL'XISIK UEPL'tS L OCCrPATION FRAlfÇAISK
rine? Le» faits observés en Algérie fournissent à cet égard de
précieuses indîc&tioDs.
Le mouton lit; l'Algérien nomade s'est pea modifié, et, d'autre
part , les tentatives de croisement de la race indigène faites par
les colons, & l'aide de diverses races, n*ont servi qu'à cré^ eu
Algérie une mulliplîcilé de types dont beaucoup sont mal dé-
finis. 11 faut ici éviter ces errements et ces mauvais résultats.
<< Les essais faits avec le mérinos, dit le président du Comice
<t agricole d'Alger, ont prouvé qu'il pourrait lutter au point d>.>
Il vue de l'endurance avec le moulon arabe auquel il est bien
u supérieur : il est acquis, dès maintenant, que seul il peut
t< prospérer eutre les mains des indigènes. 11 a de plus une force
<i d'atavisme, aidée sans doute par son oi-igine, qui pourra
« mieux nous permettre de nous débarrasser spontanément des
« moutons i\ large queue, si peu appréciés sur nos marchés.
« D'un autre côté, le mérinos, par sa laine, aura toujours une
u grande valeur auxyeuxdesindigènes, qui tiennent l'élevage et
u avec lesquels il faut compter. Ensuite, la qualité de la viande
« est indiscutablement supérieure à. celle du moulon arabe ».
Le choix du type améliorateur s'arrête donc au mérinos, et,
dans cette race , il ne doit pas s'élever nu delà du mérinos de lu
Crau. En voici les raisons :
Le mérinos de la Crau , appelé encore mérinos de Provence ,
mérinos arlésien, est une race aujourd'hui bien fixée, par
conséquent très propre à imprimer ses caractères. Sa taille est
moyenne , son corps rond , son garrot épais , bien sorti ; son poi-
trail est large, peu pourvu de fanon, ses oreilles petites; sa laine
est longue, la finesse en est souvent très grande {0°"02). La
toison est lourde (trois kilos eu moyenne), tassée; la mèche
courte.
Il est enfin estimé pour sa viande.
La région qu'il habite lui impose, par son sot, son climat, sa
AfiniClLTCnK KT FonÉTS "9
flore, UQ régime général très rapproché de celui du mouton
limisien. Cette analogie de conditions géuérales des races facilite
le mélange de leurs qualités et de leurs aptitudes et assure, à
bref délai, la prééminence des car;ictOres reeiierchés.
Règles de eroisemeni .
Ces considérations exposées , l'aniélioratiou par le croisement
devra se faire d'après les règles suivantes :
I** Constitution d'emblée de troupeaux dits ûe progression, par
des femelles indigènes de clioix et des béliers mérinos do laCrau,
dans la proportion d'un bélier pour 10 <) (iO brebis. Les femelles
seront jeunes, de taille moyenne, de constitution robuste;
elles auront une laine longue et aussi iine que possible.
2° Conservation, après l'agnelage, des jeunes femelles les
mieuK constituées et se rapprochant le plus de la race aniélio-
ratricc , pour Être livrées , plus tard , au<c miVles de cette même
race. Les autres ag^nelles seront abattues ou reportées au milieu
des troupeaux indigènes maintenus dans la région.
3° Cnsiralion' de tous les produits mâles dès t'ôge de trois
mois; ceux qui ne seront pas castrés à cette date seront livrés à
la boucherie; dans tous les cas, ils devront être exclus des trou-
peaux de progression.
Ib ï" Élimination successive du troupeau des femelles indigènes.
Bbutefoison conservera celles qui se maintiendront en bon état
el qui auront donné les meilleurs produits, leurs produits
ultérieurs tendant toujours à tenir plus du père que les premiers.
5" Changement des béliers en les faisant passer d'un trou-
peau dans un autre tous les deux ans ; en le* réformant après
<|uatre ans de ser\"ice.
1. La cattrttion |>récocc t'ini|iiiw. On ne pnHiuit jntnjiiii de moiilon lin cl déli-
ml , 0 HruriMant > TÎle, si cvltr opérRiion »e fait Urdiveinetil. U Tiudrail amener
lea iadigèaM i la praliquer du Irobième au qualrièmc mois de la naissance.
80 LA TUNISIE DEPUIS L^OCCCPATIOX FRANÇAISE
6^ Interdiction absolue de Tentrée dans le troupeau de nou-
velles femelles indigènes dès la fin de la première année de la
constitution du troupeau.
7^ Encouragements, primes; achat d'étalons dans les condi-
tions à établir par le gouvernement.
Ces règles devront être également observées par TEuropéen
qui voudra faire l'élevage du mouton comme l'Arabe , c'est-à-
dire dans les conditions normales du pays , et eu recherchant à
la fois la laine et la viande.
Mais il sera de son devoir d*y joindre les ressources d'une
bonne exploitation , pour augmenter les chances de succès du
croisement. Le colon qui réunirait les conditions agricoles et les
fonds nécessaires, pourrait même, à la rigueur, constituer d'em-
blée des troupeaux de mérinos de la Crau, et dédaigner l'appui
de la race indigène.
Dans ce cas, il devra multiplier ses soins, perfectionner ses
cultures, ainsi qu'il sera dit plus loin.
Telles sont les règles générales à suivre. Elles procureront
aussitôt l'avantage de livrer à la boucherie des ovins châtrés de
bonne heure; elles conduiront à l'amélioration de la laine, en
même temps qu'au développement de la viande ; elles laisseront
aux indigènes la faculté de garder des troupeaux à large queue,
indépendants des troupeaux de progression , faculté qu'on aura
soin de restreindre avec le temps et à propos. Elles permettront
enfin à l'Arabe de consentira leur application, parce qu'elles
seront dans ses movens et dans ses intérêts.
II. — Amélioration de la race indigène par le colon.
Un peu différentes sont les conditions dans lesquelles les colons
sont placés pour se livrer à l'élevage et à ramélioration de la
race ovine tunisienne.
Us peuvent réagir contre les effets du sol et du climat à l'aide
du régime spécial que procurent les exploitations agricoles bien
tenues,
Il nous parait que l'Européen qui est en situation de le faire,
doit viser ici plutôt à la production de la viande qu'ù celle de la
laine ; autant à ta qualité de cette viande qu'à sa quantité ; et ,
enfin, rechercher la précocité de ces aptitudes.
H lui faudra donc réunir dans une exploitation agricole, les
«éléments qui lui sont nécessaires : fourrages naturels, culture
<ie fourrages artificiels, réserves, abris, etc.
La race indigène reste pour l'Européen comme pour l'Arabe
la base rationnelle des futures opérations ovines en Tunisie.
Peu de races françaises, hormis celle de mérinos et ses déri-
vés, réunbsenl les éléments d'amélioration de la race barbarinc,
en vue de la boucherie ou de l'élevage français. Les unesson t trop
supérieures, et par suite trop exigentes; les autres manquent
d'ampleur et ne possèdent peut-être pas, à divers titres, une
somme de qualités telles qu'elles en puissent communiquer au
mouton indigène.
C'est le liélier South-Down qui nous semble, après examen
approfondi de cette question, le type le mieux approprié pour
faire du barbaria un animal de boucherie estimé du commerce
et de l'élevage français.
Le Soulh-Down appartient A une ancienne race de montagne
améliorée par la nourriture et par les soins d'appareillement.
Il est de moyenne taille; son corps est rond, bien fait; son
garrot est épais, sa ligne de dos soutenue, sa côte ronde, son
flanc court et plein, son poitrail large et bombé. Les membres
sont forts, droits, bien plantés, et de couleur brune ou noire,
comme la tète. Sa laine est blanche, de longueur moyenne,
grosse, rude et creuse, peu élastique et manquant de nerf.
La toison est volumineuse, quoique légère; aux yeux de l'An-
I
8â LA TUNISIE DEPTIS l'0GCI:PAT105 FKA^^CAISE
^lais. la laine de moaton Soath-Doi^'n , en général , a peu de
valeur.
Mais, à part ces qualités de lainage qui. d'ailleurs, importent
peu dans ce cas. le Sonth-Do^ni apparaît sous un aspect des plus
convenables comme type de croisement.
Il porte la tête haute, sa démarche est fière, son pas relevé, il
est robuste . résiste aux fatigues des longs parcours , supporte le
froid et les chaleurs.
Trr's rustique, il réussit dans les contrées à sol peu fertile et
montasmeux, à climat doux.
Il se conWendrait , en tant que reproducteur, dans les massifs
et les vallées des environs du Kef, d'Aln-Draham, de Bizerle.
de Mateur et surtout dans la région littoralieune du Nord et du
Nort1-E$t de la Régence . à la condition que ses produits avec
rindiirène soient soumis à un régime d'entretien tel que Ton peut
et que Ton doit en attendre des exploitations agricoles françaises
en Tunisie.
Ce réffime est indispensable au succès des croisements; avec
un bon régime, tous les perfectionnements s'obtiennent, sinon
tous échouent.
Oïl choisira les sujets de race de South-Down parmi les plus
petits, les plus courts, à toison mieux serrée.
On constituera le troupeau de progression selon la méthode
indiquée pins haut, pour les troupeaux indigènes formés avec
le mérinos do la Crau.
Dos primes d'importation, d'entretien, etc., pourront être ac-
oordéos au\ colons, propriétaires de béliers South-Down. C'est
au tîouvernement qu'il est réservé de résrler les movens d'en-
conragement.
Ainsi donc, le mérinos do la Crau , pour l'ensemble de la race
tunisioune, en vue du perfectionnement de la laine et de la
viande et dans les conditions normales du pays; le South-Down
pour l'Européen disposant d'exploitations où la culture de prai-
ries naturelles, artificielles, assure la nourriture, procure des
réserves, oil les terrains de parcours même seront amendés par
des semis partiels annuels de graines, de graminées vivaees, etc.
Tels sont les tj'pes auxquels doit ^Ire confié le perfectionne-
ment de la race barbarine.
Contrairement à ce qui se passe dans les pays d'Europe, des
abris où seront distribuées des réserves doivent ici litre aména-
gés pour l'été, quand les terres dénudées ne fournissent plus
de nourriture, et que le soleil est brûlant.
Les abris seront vastes, aérés, à proximité de puits ou d'oueds;
ils seront formés de hangars, de constructions légères, peu
coitteuses; on saura mettre i\ profit les vieilles habitations exis-
tant sur tes domaines.
Les troupeaux seront ramenés sous ces abris avant les grandes
chaleursdujûur; ils on sortiront au déclin du soleil, pour passer
la nuit dehors.
Les indigènes sédentaires seront, autant que possible, amenés
A faire quelques cultures pour leurs troupeaux. Déjà sur certains
points, des semences de prairies naturelles et artificielles leur
ont été distribuées avec profit. Ces distributions seront répétées
suivies avec méthode.
En résumé, ce pays peut être mis, rapidement et d peu de
frais, en état de transformer sa race ovine, d'en augmenter le
nombre, et de ia présenter avec avantage sur les marchés de
France, que la loi du 19 juillet 1890 lui a ouverts et où le ré-
gime douanier inauguré le 1" février 185)2 lui assure un
écoulement facile.
Toicî, par circonscriptions, le nombre d'animaux domesti-
9 que possède actuellement la Tunisie :
r
Sï
LA TCMSIK DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
Ktat statistique des animaux domestiquée de la Régence
Au !•' janvier 1892
L*)CAUTÉ3
•
>
ANES, MULETS
HT
BOVINS
OVINS
a
IMiRCS
Tunis
4.3K8
4.105
2.700
3.460
3.353
4.010
7.000
2.104
3.890
1.676
114
369
30
1.426
1.U35
950
25U
2.2(»0
736
lOH
370
Ho3
6.U70
8.611
1.600
800
3.709
18.047
10.000
3.678
19.499
9.406
3.188
3.H0O
1.212
27W
3.850
690
3.900
4.200
1.28n
1.600
5.U10
83.096
36.987
87.00U
13.000
30.976
33.136
17.300
6.448
17.493
3.339
1.376
960
60
31.463
8.098
876
40
3.160
161
673
95
769
60.611
33.386
36.000
8.300
86.796
188.630
83.000
38.190
166.104
70.798
13.863
13.000
100
33.698
42. 630
38.000
8.000
136.776
60.800
13.190
14.600
95.265
1.833
319
1.300
1.100
366
18.337
3.700
1.749
11.306
16.140
3.789
8.810
c
86
10.886
1.600
8.000
6.100
6.876
3.370
3.400
14.890
43.839
16.684
46.000
6.300
10.077
33.916
80.000
9.807
76.693
16.171
794
30.666
66
37.660
13.660
7.000
11.600
63.700
80.900
c
8.000
61.920
2.3«»7
6;H>
10.100
Biierte
Mcbeul
Bt'JB
Souk-cl-Arlja
• •
Soumc
LeKef
MakUr
Kairouau
Sfax
Djerba
Toxt'ur
La Goulettf
AIn-Dra)iani ^ - -
0. Rcdbouaii ( Sou^so) . .
Oabùs d"
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Fériana d"
Moudetiiiie il'
Zarzitj «1"
Fonin-Tat.ihouin .... d"
Oaf.-i4 d"
Totaux.
4S.0.'»(J
104.127
206.692
1.078.309
107.012
610.271
13. «H.:
,-
IX
LKS PRODUITS FORESTIERS
Au.v productions du sol dont je viens de parler, il convient
d'ajouter les forêts qui couvrent une superficie d'environ 600,000
hectares et constituent, pour l'avenir, un des principau.x re-
venus de la Tunisie.
AGBICCLTDRE ET FORKTâ 85
Cps forèls peuvent se diviser en deux groupes distiocts : celui
du Nord et celui de l'Ouest et du Centre qui sont séparés par la
Medjerda.
L Le groupe du Nord comprend officiellement ' :
I 1° Le massif de la Kroumirie occidentale, contenant les forêts
^ des Oucbtefa, des M rassen et des Oiiled-Ali, d'une contenance
approximative de 27,000 hectares;
2° Le massif de la Kroumirie centrale, comprenant les forêts
(l'Aln-Draham, des Cliialiia, de l'oued-Zéen et de Fernana, d'une
contenance totale de 70,000 hectares environ;
3" Le massif de la Kroumirie orientale , comprenant les forêts
de Tabarka. des Houamdias, des Meknn. des Amdoun, d'une
contenance d'environ 35,000 hectares:
4" Les forèls des Nefza, d'une contenance approximative
de 20,000 hectares;
5° Le massif des Mogod , celni de Porlo-Karina , et les quel-
tjues massifs isolés situés au nord de BéjA, dans la vallée de
. l'oued Sedjenan, au djebel Coucha, au djebel Djourga, A l'oued-
Kel-Ilammam et au Kef Cassour, etc.
Le peuplement se compose, en Kroumirie, de dens essences
principales, le chéne-liége et le chène-zéen, qui acquii'rent de
très belles proportions et forment, sur certains points, de ma-
gnifiques futaies. Le chène-zéen, atteint surtout de très fortes
I dimensions, et il n'est pas rare de rencontrer des sujets dont le
I tronc a deu\ et trois mètres de circonférence.
Ces deux essences couvrent les parties supérieures des mon-
gnes, le chène-liège sur les versants exposés au sud et à
ouest ou sur les versants nord et est des contreforts secondai-
s, le chène-zéen sur les vei-sants nord et dans les parties les
s fraîches des ravins. Les pentes inférieures des montagnes
r général drs Travaui publics, p. an.
8() LA TCMSIli: DEPUIS L*OCCCPAT10N FRANÇAISE
sont peuplées de broussailles et d*oIiviers sauvages. Dans le fond
des vallées sont disséminées d'autres essences, telles que
laulne et le saule pédicellé au bord des ruisseaux, le peuplier
blanc, le peuplier noir, le frêne, le houx, le laurier, le tamarix
gallica, la vigne sauvage dans les lieux frais et humides, enfin
lazerolier, qui, dans certaines forêts de la Khroumirie, de-
vient arborescent. Les essences qui constituent le sous-bois sont
principalement le myrte , le lentisque , le cytise , la bruyère , le
pliyllaria, le lierre, la viorne, etc.
Les autres montagnes du groupe sont couvertes de maigres
taillis de chênes verts et d'oliviers sauvages abroutis.
Le groupe forestier de l'Ouest et du Centre comprend , ainsi
qu'il a été dit plus haut , les massifs situés au sud de la Med-
jerda, qui sont en général en assez mauvais état, par suite
des exploitations désordonnées faites par les indigènes et de
l'abus du pâturage.
Le peuplement est formé surtout de pins d'Alep et de chênes
verts; on y rencontre aussi Tolivier sauvage, le caroubier, le
tliuya, Térable de Montpellier, Tarbousier à l'état buissonnant,
le genévrier oxycêdre, etc.
Les massifs signalés jusqu'à ce jour sont :
1"* Les forêts (\c Zaghouan, de Djougar et du djebel Rças,
entre Tunis, Zaghouan et Hammamet, si Ton peut toutefois
donner le nom de forêts à des buissons plus ou moins rabou-
gris;
-r Les boisements de pins d'Alep, près d'Aïn-Fourna, dans la
haute vallée de l'oued Miliane;
T Le grand boisement niontueux de La Kessera, qui a un
développement de 10 à 1*2 kilomètres de longueur sur quelques
kilomètres de largeur;
V" Le boisement des montagnes des Zlass ;
')"" Les boisements de Sidi-Youssef et de l'oued Mellec*;
AGRICCLTTRE ET FOKÉTS
87
6" La forêt de Nebeur, sur la route du Kef à Souk-el-Arbii,
où l'on rencontre principalement l'arbousier en buissons plus
ou moins élevés, le genévrier et le pin d'Alep de petite taille;
7° Les massifs de Haïdra, qui font suite aux massifs fores-
tiers du cercle de Tébessa;
8° Les massifs de Maktar, comprenant les forêts des Ouled-
Ayar, du djebel Touila , du djebel Trozza , du djebel Hadjeb-el-
Alonn, du djebel Ousselet, du djebel Bou-Hadjar et du djebel
Bou-Mourra, pour une contenance totale de 30,000 hectares
9" La forôt de h'eriana, sur le territoire des Fraichich ,
dont la contenance est voisine de 50,000 heclares. Les essences
principales de cette forêt sont le pin d'Alep et le genévrier
de Phénicie. qui donne de grands arbres mesurant jusqu'il
0"80 de diamètre pour une hauteur de 8 à 10™, On y ren-
conti'e, mais esceplionnellement, quelques pieds de chênes
verts à létal buissonnant, et, comme sous-bois, le romarin,
exploité pour la fabrication du goudron, le ciste, et, à l'état
isolé, quelques pieds de leatisques, d'oliviers sauvages et de
genévriers oxycèdres. L'état du peuplement est très clairière;
tous les arbres au-dessus de 0°',t5de diamètre sont morts sur
pied, tués par Técorçage, et le repeuplement ne pourra être
luré qu'en mettant la forêt en défends pendant quelques
^^«Buré q
^■knées;
lO" La forèt de Thala, formée d'acacias gommifères ayant
environ 3" de hauteur et espacés les uns des autres de 50 à 60"°.
Elle parait avoir occupé autrefois une surface considérable,
s'étendant, dit-on, sur 3â kilomètres de longueur et 8 kilomè-
tres de largeur; mais elle n'a plus actuellement que 8 kilomè-
tres de long sur 2 de large, et a été complètement ruinée par
les exploitations abusives des indigènes et par le pâturage des
chameaux et des chèvres. Des ordres ont été donnés en 1889
I
88 LA TUNISIE DEPUIS l'OCCUPATION FRANÇAISE
aux autorités locales à Teffet de i*éprimer et de faire cesser les
délits qui y étaient journellement commis par les nomades;
11'' Enfin la forêt de Cheba, d'une contenance approximative
de 15.000 hectares, entre Hehdia et Sfax, dont le peuplement
consiste en thuyas et oliviers sauvages.
En considérant les principales essences tunisiennes au point
de vue de leur utilité pratique et de leur emploi dans les arts
et dans Tindustrie, je crois pouvoir les diviser ainsi qu'il suit :
I. — Bois propres aux constructions navales : Chêne-zéen ; —
chène-liège ; — chène-vert ; — frêne; — orme.
IL — Bois de charpente : Chêne ; — pin d'Alep ; — lentisque.
III. — Bois de menuiserie ou bois de sciage : Chêne; —
orme; — pins; — peuplier blanc; — platane; — aulne; —
frêne; — amandier; — houx.
IV. — Bois d'ébénisterie et de tabletterie : Thuya; — oli-
vier; — citronnier; — frêne; — érable; — jujubier; — orme;
— palmier ; — houx ; — bruyère arborescente ; — lentisque ;
— racine de myrte et d'arbousier; — laurier-rose; — pla-
tiine; — pistachier;
V. — Bois de sculpture : Chêne; — olivier.
VI. — Bois de tour : Myrte; — frêne.
VII. — Bois de charronage : Chêne; — frêne.
VIII. — Bois à charbo7i : Chêne; — orme; — frêne; —
aulne; — érable, etc.
IX. — Bois de teinture : Sumac; — grenadier; — carou-
bier; — épine-vinette : — frêne; — noisetier; — sureau.
X. — Bois subéreux : — Chêne-liège.
XI. — Bois tannifèrc : — Chêne ; — lentisque ; — pin d'Alep.
XII. — Boi^ résineux : Pin d'Alep; — pin maritime; —
thuya; — pistachier; — lentisque.
XIII. — Goudrons : Pin d'Alep; — genévrier; — romarin.
AGRICtriTTRE ITT FORÊTS
Celle liste, quoique incomplète, — la flore foresli^rc de la
Régence comprend 210 espèces dont 79 sont susceptibles d'ôtre
exploitées pour leur bois, — présente une esi]ais.se assez exacte
des richesses exploitables.
Ces richesses font partie pour les quatre cinquièmes environ
du domaine de l'État. L'autre cinquième est constitué par des
biens habbous, des ventes consenties par li! Beit-el-Ma! , des usur-
pations et des donations faites par les beys en violation de la
loi islamique ; car d'après celle-ci les foi'èts sont des terres mor-
tes qui ne peuvent appartenir qu'à l'État.
i< En droit musulman, dit le savant et regretté conseiller État,
L. Béquet, aux obsèques duquel j'avais la douleur d'assister il
y a quelques semaines , à l'aris , les forêts sont terres du Beylick
ou teiTes du Beit-el-Mal puisque les deux mots sont synonymes;
elles étaient à ce titre administrées fort mal , il est vrai , ou fort
peu par le service public connu sous le nom de Beît el Ganimet.
Or, il était de principe que les biens du Beit-el-Mal étaient im-
prescriptibles et que les usages qu'eu pouvaient faire des occu-
pants ne pouvaient constituer en leur faveur que de simples
tolérances (Alger, 14 avril 1851). Ce n'est donc qu'à titre de
tolérance que les Arabes coupaient du bois, incendiaient ou pais-
saient leurs ti-oupeaux, et la constatation de cette tolérance sé-
culaire ne pou\ait leur attribuer aucun droit acquis' ».
C'est en se basant sur ce principe, que les divers actes qui
ont constitué la propriété en Algérie ont toujours considéré les
forêts comme appartenant toutes de droit à l'État. C'est ainsi que
l'art, i de la loi du Ittjuin 1851 a compris dans la nomenclature
des biens domaniaux : « les bois et forèls, sous la réserve des
droits de propriété et d'usage, régulièrement acquis avant ta
promulgation de la loi ». De même, le sénat us-consulte
du il avril 1863, tout en déclarant les tribus de l'Algérie pro-
Mpttioire da droit admiimlratif , — Algérie, I. I, n
90 LA TUNISIE DEPUIS l'oCGUPATION FRANÇAISE
priétaires des territoires dont elles avaient la jouissance perma-
nente et traditionnelle , à quelque titre que ce fût, eut soin de
réserver dans son article 5 le domaine de FÉtat « notamment en
ce qui concerne les bois et forêts , conformément à Tart. h % k
de la loi du 16 juin 1851 ».
On a procédé de même en Tunisie. Au lendemain de l'occu-
pation française, un décret en date du i*^ décembre 1881 a
rappelé les droits primordiaux de FÉtat sur les forêts, en décla-
rant nulles et non avenues toutes les aliénations ou acquisitions
de cette nature , auxquelles, pour son compte, il ne saurait con-
sentir à aucun prix. Possesseur des forêts, il entend les mettre
en valeur et les exploiter lui-même, ou du moins sous sa direc-
tion absolue.
Il faut l'en féliciter; car le démembrement opéré en Algérie
a puissamment contribué à la ruine des forêts de la colonie.
Là, comme en Tunisie, Tessence principale, la véritable
richesse, est le chène-Jiègc, comme on sait. Or, avant de don-
ner du liège marchand , le chêne exige une première opération
qui consiste à le dépouiller de Técorce subéreuse que l'arbre
produit naturellement. Cette écorce porte le nom de liège mâle,
et l'opération par laquelle on la détache celui de démasclage.
Dans les premiers temps, TÉtat n'ayant ni le personnel ni
l'argent nécessaire pour mettre en valeur les forêts de chênes-
liège de l'Algérie, s'adressa à Findustrie privée. A partir de
184-8, de nombreuses autorisations d'exploitations furent concé-
dées à des particuliers ou à des compagnies.
Ainsi que le fait observer Ménerville , ces autorisations, mal
à propos qualifiées de concessions , ne formaient que des
contrats d'affermage pour une durée plus ou moins longue.
Cette durée qui ne devait être d'abord que de seize ans, fut
successivement portée à quarante, ensuite à quatre-vingt dix et
finalement le Gouvernement, pour dégager l'État de la solida-
AURICrLTtIHE KT t'ORËTS
9i
m.
rite qui le liait à ses fermiers et que ceux-ci invoquaieut apivs
cliacjiie incendie, se décida li leur abandonner la propriété des
forêts affermées, sous cerlaines conditions formulées dans un
décret du 2 février 1870.
D'après ce décret, il fut fait cession gratuite aux concession-
naires : 1" des parties de forêts atteintes par le feu depuis le
l" janvier 1863 jusqu'au 30 juin 1870; 2' du tiers des forêts
ou parties de forêts non atteintes par le feu. Dans l'esprit du
décret, ce tiers gratuit représentait les frais de mise on valeur.
Les deux autres tiers furent cédés au prix de 60 fr. l'hectare
payables en vingt annuités à partir de la dixième année qui
suivrait la vente, et à raison de 2 fr. par hectare et par an poul-
ies dix premières annuités et de i fr. par hectare et par an poul-
ies dix dernières.
Avec ces conditions du payement, les annuités n'ont repré-
senté en 1870 , au moment de la vente . au taux do â 0/0 , qu'une
valeur de âô fi-. 12, et si on tient compte du tiers aimndonné
gratuitement , le pri-t de l'hectare cédé n'a été en réalité que
de * ^ "■" ^ 16,75. Diminuant ce priï de 1 fr. 75 pour tenir
compte dans une très faible mesure de l'abandon gratuit des
parcelles incendiées, on ohlient 15 fr. pour pri>( iléfinilif d'un
heclare.
152,411 hectares de forêts de clièues-liège qui avaient fait
l'objet de concessions temporaires furent aliénés A ce prix.
Après cette aliénation, il resta encore à l'Ëlat 267,248 hecta-
Faute de ressources pour les mettre en valeur, on essaya
le nouveau de les affermer pour une période de 14 ans.
Le cahier des charges, approuvé le 9 septembre 1876 n'exige
le fermage que pour chacune des quatre dernières années de
a période d'e.xploitation correspondant aux quatre années de la
lie et met à la charge des adjudicataires les travaux de
contre l'incendie.
92 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
50,000 hectares environ ont été accordés à ces conditions.
11 n'y a pas lieu de se louer de cette combinaison plus que des
précédentes. Trop souvent les adjudicataires exploitent la forêt
en Vandales. Comme ils doivent attendre dix années après le
démasclage pour procéder à la récolte du liège, ils coupent
les arbres, non seulement les vieux, mais jusqu'à ceux qui
portent du liège jeune pour en extraire Técorce à tan. Us mal-
mènent, tracassent et terrorisent les tribus du voisinage, les
poussent vraiment à Tincendie. Et TÉtat n'entend de part et
d'autre que doléances et malédictions.
De guerre lasse, l'administration algérienne s'est enfin enga-
gée dans une voie qui parait la bonne , celle de l'exploitation
directe. En Tunisie, l'administration du Protectorat à institué
d'emblée cette exploitation. Créé le 28 juin 1883, le service des
forêts a commencé quelques mois plus tard la mise en valeur
des chênes-liège, qui couvrent une superficie de 115,000 hec-
tares en Kroumirie. Actuellement t^, 275, 000 arbres sont dé-
masclés.
Ce travail préparatoire revient, en moyenne, à 0,15 par
pied d'arbre, lequel, au bout de dix ans, produit un franc de
liège.
La levée des lièges de reproduction commencera cette année
sur environ 200,000 chênes-liège qui donneront, d'après les
prévisions du service, de 10 à 12,000 quintaux de liège à 20 fr.
le quintal. Le nombre d'arbres démasclés augmentant cha-
que année, la recette suivra une progression constante : on
l'évalue en conséquence à 600,000 francs par an durant la pre-
mière décennie , et à deux millions à partir de la troisième.
Ce revenu annuel se maintiendrait alors à ce chiffre.
Quelque élevé qu'il puisse paraître, il n'a rien d'exagéré; on
peut tout au contraire le regarder comme un minimum. Seule-
ment on ne doit pas oublier qu'il est basé sur la conservation
AORICULTCRE ET KORÉTS 93
'intacte des forêts. On ne tient pas compte dans ces estimations
des arbres qui meurent, et l'on ferme les yeux sur ce terrible
fléau : l'incendie.
Dieu sait cependant s'il faut compter avec lui! Demandez
ptutiïtaux Algériens? Chaque année, de 50 à 75,000 hectares
de bois deviennent la proie des flammes dans notre grande co-
lonie; c'est par centaines de millions que les pertes s'y chiffrent
aujourd'hui.
Doù viennent donc ces sinistres? Quels en sont les auteurs
responsables?
Lors de l'enquèl^ sur les incendies de forets en 1860, 1863 et
1865, un arabophile enragé se prononça pour l'incendie spon-
tané, ce qu'il expliquait de la façon suivante :
Les colons, qm ne pèchent guère par escès de précautions,
abandonnent fréquemment dans les forêts, notamment dans les
forêts de chénrs-liège pendant le démasclage, des morceaux
de verre, des culs de bouteille, et si les rayons caloriques qui se
dégagent de ces corps viennent à tomber sur une matière faci-
lement inflammable, l'inceudie s'allume.
Ce personnage se souvenait sans doute de cet apophthegme
de physique qui coutientlaloi delà chaleurréfléchie : << L'angle
de réflexion est égal à l'angle d'incidence, a Mais dans su ré-
flexion à lui, s'il y avait un angle, c'était assurément un angle
obtus !
Ce qui n'empêcha pas, d'ailleurs, que son explication des in-
cendies de forêts, toute saugrenue qu'elle était, filt examinée
et disculée par des gens sérieux, avec une infinité d'antres syté-
mes tendant plus ou moins t\ disculper les auteurs des crimes
forestiers.
La vérité pourtant, comme la vertu dans les mélodrames, a
fini par triompher, et les véritables coupables , s'ils n'ont tou-
jours été punis, ont du moins été reconnus. Ce son! les indigëaes;
i
9V LA TUMSIE DEPl'IS L OCCUPATION FBASÇAISE
les indiirènes qui tous les ans mettent volontairement le feu à
DOS forêts pour renouveler les pâturages de leurs bestiaux et
le plus souvent pour assouvir la haine qu*ils nous portent.
La torche de Tincendiaire remplace le fu»l de Tinsurgé : le
but poursuivi est toujours le même : la ruine de la colonie.
C'est la mise en action de cette pensée arabe :
y*j' ^ — * ^•-r w>^ ^ ^*^^-^ cr^ y
ce (]ui signifie . en bon français : Si nous ne pouvons les tuer,
niinons-les.
Et, de fait, il est impossible d'évaluer les sommes — c'est cer-
tainement, je le répète, plusieurs centaines de millions — que
les Arabes nous ont ainsi fait perdre; sans compter l'entrave
très sérieuse qu'ils apportent A Tœuvre de la colonisation
algérienne.
Nier le complot, l'entente préalable, c'est nier Tévidence.
L'effrayante simultanéité des incendies, l'irrésistible violence
avec laquelle ils se propagent, se généralisent, en constituent
une preuve certaine en dehors de toutes les autres. Mais ce se-
rait un tort de croire que les criminels n'obéissent qu'au fana-
tisme religieux. Non, divers motifs poussent TArabe à incendier
les forèls.
C'est d'abord une pratique traditionnelle, on ne peut le con-
tester. De tout temps les musulmans de l'Afrique, comme ceux
dos autres pays d'ailleurs, ont mis le feu aux broussailles, ordi-
nairement pour renouveler les pâturages, débroussailler et
améliorer les terres de culture, quelquefois aussi pour éloigner
les bèies fauves des troupeaux.
Avant que nous prissions possession de l'Algérie, sous les
Turcs, les indigènes mettaient librement le feu aux broussailles,
et rarement les forêts avaient à en souffrir. Mais le service
AGRICCI.TCRË ET ^■OB^';TS 95
forestier est à peine ÎDstalié en Algérie (1838) que les iocenclies
éclatent. C'est que non content de prétendre importer de toutes
pièces dans la colonie le code forestier français, il commence
par faire prendre au gouverneur un arriMé qui inlerdit toute
mise ù. feu.
Or, l'Arabe est essentiellement pasteur; l'élevage du bétail a
toujours été saprincipale ressource. Au moment où l'interdiction
absolue lui était faite de se procurer des prtiurages en brûlant
les broussailles, il y était invité plus que jamais par les béné-
fices toujours croissants que le commerce des bestiau,v donnait
depuis la conquête.
Le même bœuf gui, en 1830, se vendait de 20 à 30 francs,
avait atteint 120 et 150 francs en 1850; il vaut aujourd'hui
300 francs. Cet accroissement de valeur n'étaif-il pas une véri-
ttible prime à l'élevage, et partant à l'incendie?
Les indigènes en ont jugé ainsi.
On pourrait objecter que la mise à feu est parfaitement légale,
[.'que l'Arabe pent rutili.ser en satisfaisant à la loi.
Cela est esact. Les articles 2 et 3 de la loi du 17 juillet 1871
f ■ déterminent en effet les conditions dans lesquelles elle peut être
I exécutée; mais dans la pratique, elle est inexécutable. Les for-
[ malités sont multiples, décourageantes; et puis le service fores-
['tier ne l'entend pas ainsi. Le service forestier a décidé en 1838
[ que les indigènes ne pourraient jamais briiler de broussailles, et
|le service forestier n'est pas une girouette. 11 est immuable le
[Service forestier. Or, le proverbe des champs dit vrai : Quand le
ftaort est sur les poules , le diable ne les ferait pas pondre. Il en
Ht des lois comme des poules : Quand le service forestier est
lontre elles, le diable ne les ferait pas exécuter. Il a mis son
vélo, c'est fini. Vous ne voulez pas, je suppose, que l'Arabe
s'avise de lutter avec une administration qui représente le Bey-
lickî Uabitué depuis des siècles à. vivre sous un pouvoir despo-
k
9C L\ TCXISIB DKPl'IS I. OCCCPATiOW FBAXÇAISK
li((iir et impitoyable, A être « mangé » suivant son énergique
«spression par tous les représentants de lautorilé, il ne soup-
çonne même pas qu'il puisse entrer en lutte avec le Gouverne-
ment. 11 ne soupçonne pas davantage le droit que la loi lui ac-
corde. Un droit ft lui, le galeux, le maudit de la forél, est-ce
possible? Vous le lui révéleriez qu'il n'y croirait pas. Il tous
montrerait sa dernière " carta » pour le juge de pai."(. Elle es!
d'hier. 11 en reçoit tous les jours... pour abus des droits d'usage,
pour délit de pâturage, délit d'écorçage, etc. Un droit ft lui?
Ah non', il ne connaît qu'une chose : des procès-verbaux, des
procès-verbaux, et encore des procès-verbaux!
Tout te monde verbalise contre lui ; non seulement le préposé
français, mais le garde particulior assermenté et le garde in-
digène, qui est aussi ofticier de police judiciaire. Tous ces agents
eu supputant le bénéfice à leur revenir sous forme de part d'a-
mende , courent sus à. l'Arabe , et , pour accroître leurs maigres
appointements, dressent des procès-verbaux à tort et & travers.
Ah! ces procès-verbaux !.. Au lendemain des incendies de
forêts de 1887 , j'ai parcouru plus de lôO kilomètres à cheval
dans les Beni-Salah (Constantine) pour voir moi-même les foyers
d'incendie ; j'ai reconstitué le drame de toutes pièces, c'est dire
que j'ai établi la criminalité des indigènes; mais je suis forcé
de convenir que ceux-ci n'avaient pas tous les torts. Souvent la
responsabilité des sinistresdoit remonter plus haut. Si l'indigène
met le feu aux forêts par haine contre nous , encore une fois
ce n'est pas par fanatisme, par haine du chrétien : c'est par
haine du pouvoir qui le réduit à une détresse pitoyable.
Je viens de nommer les Beni-Salah. Leurs aïeux ont été très
riches , très prospères ; à présent les amendes, les confiscations ,
le séquestre, en ont fait des misérables. Le nombre de leurs
troupeaux est très considérablement amoindri. Voyez-les!... Ils
sont couverts de haillons ; ils viennent sur les chantiers mendier
AGRirXLTL'RK KT FORÊTS
ua morceau de pain. On admettra difficilement qu'ils se soient
jetés de gaieté de cœur dans cette sitiialion lamentable.
Eh bien, je demande qu'on se montre plus politique et plus
humain â l'égard des indigènes de la Tunisie, si l'on veut tirer
profit de ses richesses forestières. C'est d'ailleurs , je dois dire ,
ce qui a été fait jusqu'il, ce jour. Le pâturage est libre en Krou-
inîi'ie. hormis dans les cantons peuplés de jeunes pousses el
dans les parties incendiées, qui sont interdites au parcours pen-
dant six ans au moins. Le décret du 20 kàda 1303 (20 août
1886), tout en reproduisant les principales dispositions de la loi
du 17 juillet 187V spéciale à l'.Vlgérie , est plus pratique en ce
sens qu'il simplifie les formalités administratives à remplir
préalablement â la mise à. feu auic broussailles , herbes ou végé-
taux sur pied, l'n arrêté d'autorisation n'est pas nécessaire
comme dans la colonie; conséquemment, il n'a pas à être publié
et affiché dans les communes limitrophes au moins quinze jours
& l'avance. L'art. S du décret précité stipule que si l'abondance
des pluies a dissipé tout danger d'incendie, le directeur des fo-
rêts pourra autoriser l'emploi des feux, du t" octolire au V
novembre.
■ D'autre part, le personnel forestier étant tout à fait réduit
■ (trente-sept préposés el trente-sept gardes indigènes pour toute
la Régence) le nombre des procès-verbaux l'est également.
Les délits sont du reste peu nombreux, surtout dans la ré-
gion du cbéne-liège. La population y est très clairsemée, les
massifs boisés sont abondants et généralement bien peuplés.
Les Kroumir trouvent le bois dont ils ont besoin dans les déli-
vrances régulières qui leur sont faites chaque année; ils n'ont
■ Aacun intérêt ^ commettre des délits.
I Aussi, pour ces diverses raisons, les incendies ont-ils été
jusqu'A présent assez rares en Tunisie, comparativement à
ceux qui désolent chaque année l'autre côté de la frontière.
i
98 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATIOX FRANÇAISE
Ilepuis dix ans on n'en a relevé qu'une vingiaine ayant eu la
inalv^'illani'e pour cause et, de ce nombre encore , la majeure
partie doit être attribuée à des indigènes algériens.
11 faut se maintenir résolument dans ces dispositions libéra-
les, se bien garder de considérer le produit des amendes comme
une ressource budgétaire et n'en infliger qu'avec la plus grande
modération.
Mieux vaut perdre quelques kilogrammes d'écorces , voire
quelcjues arbres, que de semer la haine et de récolter Tincen-
{\u\ Vax faisant ainsi la part du feu, on Tévitera.
Ces mesures étant prises pour donner satisfaction aux indi-
gènes, je s'.iis davis de punir impitoyablement de mort les au-
teurs d'incendies volontaires commis par vengeance ou inten-
tion de nuire. En 1885, deux indigènes pris ainsi en flagrant
délit dans la région d'Aïn-Draham ont été fusillés sur place
p<ir l'autorité militaire. J'applaudis fort à cette* répression
exemplaire; il faut en faire une règle.
Je suis partisan de la responsabilité collective des tribus, déjà
inslituéc au reste par un décret de Mohammed es Saddok, en
date du 13 sfar 1287 {{\ mai 1870); mais d'une responsabilité
collective tout à fait rigoureuse. 11 existait dans Tantiquiléune
sorte de droit de représailles, Tandrolepsie, en vertu duquel les
AIhéniens saisissaient trois habitants de la ville où s'était com-
mis un meurtre, jusqu'à ce que le coupable fût puni. Si on refu-
sait (le le livrer, les otages subissaient la peine qu'il avait encou-
rue. Uiï*'lqii<' barl)are que fut cette coutume, je voudrais qu'on
l'appliquât, avec les tempéraments nécessaires, à la répression
(les ine(Mi(lies de forets; car vis-à-vis de l'indigène africain, s'il
faut «Mre doux, il ne faut jamais cesser d'être fort.
Vax dehors du li(''ge , les produits forestiers sont constitués par
des receltes de diverses natures : les produits des coupes prin-
cipales ou d'amélioration; les (icorces à tan; les produits acci-
AGniCCLTUBE KT fouiîts 91(
dentelsprovcDant de boiiî de délit , de bois abattus sur les tracés
des routes , etc. ; les menus produits sont rournis par Jes brous-
sailles, les souches, les productions du sol autres que le bois.
Depuis l'installation du service jusqu'à ce jour [décembre
1891), ces produils ont donné les receltes suivantes :
Buis d'œuvre et d'indiislrie, environ 31 .200 mcire.s
cubes i!>ô.GOO (r.
Éeorces à lau pi-ovenarit dii cliéne-liège, environ
2M,000 qnintaux 1.335.3(12 ■■
en charge sur les cuupt's 13I.H!H> »
Produits divers : menns produits, produits ac-
cidentels, ete i)8.3a2 «
Ensemble l. 761.250 fr.
LE ItEBOISEMENT
r 11 ne suffit pas de conserver avec soin les forêts luni
il faut en accroître et développer la superiîcie par tous les
moyens possibles, en les regardant comme le plus piécieu-x de
tous les biens, comme le principal agent de la colonisation.
On nous parle sans cesse de la fécondité de la terre africaine
dans l'antiquité. Il est l>on assurément de s'en souvenir; mais
au lieu de se morfondre en une évocation stérile, ne serait-il
pas préférable d'en rechercher les causes pour ramener les
mêmes effets. A quoi tenait la fertilité de l'Afrique aux époques
cartha^noise et romaine? Uniquement au sol et au climat. Or,
j'ai dit ce qu'il convient de faii* pour rendre au sol ses prin-
cipes fertilisants; il me reste à montrer par quels moyens ou
restituera au climat ses aniiquos qualités.
k
V'.T : Jn^ki. i^ i^i\ retendra l>tt9«mLk des élêmeots niètêoro-
i'-i^ur? : «1 trSbKrttcK dr l'atiiK^^^êre . la pression baromè-
tre ; :e. li "^apear d eaa qa'il contient, la quotité de pluies et
Jr-ir r-rj>arî;i'K-n. U direction et la force des vents, etc. Divers
H.'-r.is }ô Iniques, tek que les montaçnes. c'est-à-dire Taltitude,
1 rip^ysiîi'jn du terrain, le^ surfaces d'êvaporation : mers, fleuves
r*: li'>. in:! \^:A sor chacun de ces éléments. Mais en Tunisie
Ir* ni ..Lt *.-nr> s-.*nt peu élevées, les ba.«ins peu profonds. Téva-
p.: t:l 'Q marîoe ne tn.»uve pas de par»)is naturelles où elle
pu:î>-: >rr C'jïi'i^rn^r : c'est l'état du sol . c'est la forêt qui exerce
1 iiiilat-iice prèpi^ndérante sur le climat.
L>>t H elle i|ue Ta^riculture africaine était redevable dans
r.'iritii]uité de moindres écarts entre les extrêmes de chaleur et
dr: fr'.'iilure . tlun réirime des eaux différent de ce qu'il est
.'lu-oiirriiiii . d'un état hy^Dmétrique de l'air que nous ne
e-jQriai>SMn^ |»lus. en un mot de bienfaits auxquels la vieille
Afri'i«iL- dfVitit sa fertilité.
\\}vi'> avuir cité coinplaisamment Salluste à propos des mois-
*»••!!'> ♦.•l «1«'> [MturaL-es. ne va-t-on pas trouver que j'oublie vo-
luntriirenient Sun mh^ji-i infef.uwla^? Je ne l'oublie point: mais
\r i]i'iii'^cri< li'irJiin«.*nt en faux r-mlre celle sentence, recardéo
>an'^ a|ip«l par certains pulilici>tes.
nuiin nr s y troiiip** pas : si son style lui a valu d'être classé
parmi l»*s écrivains célèbres, le premier proconsul de la .Niimi-
(lie Césaiienne est loin de jouir de la même considération comme
histoiien. La fjnfrre de Jugurtiui est éniaillée d'inexactitudes
cjiii dénotent clirz son auteur un manque de discernement histo-
rique'; si c^'la ne devait m'entrainer trop loin, j'y relèverais
cf'itains passai:es <jui sont en ila.LTante contradiction avec l'ab-
s<*ncc de véi-^élalion ail>orescente qu'il siirnale tout d'abord. Ne
j)arle-t-il pas de sal/uosa loffi? Ne nous dit-il pas que Juirur-
Iha s'élail nîliré dans des lieuv couverts de bois?
AtiRlCCLTUHE ET FftHKTS 101
11 est absolument certain que l'Afrique romaine a é\é beau-
coup plus boisée qu'elle ne l'est, aussi bien dans le Sud et If
Centre que dans le Nord. Les témoignages abondent.
Hérodote et Strabon représentent les forêts africaines comme
très vastes. Nous savons, à n'en pas douter, qu'elles abritaient
«le grands fauves. L'éléphant y vivait aussi en grand nombre.
C'est dire qu'il y trouvait les herbages touffus, les enu\ abon-
dantes nécessaires A son existence. 11 a disparu avec les forêts.
Pline nous apprend que Suétonius Paulinus, le premier des
généraux romains qui ait franchi l'.^tlas et qui se soit avancé de
cjnelques milles au delà, trouva les coleaux couverts d'épaisses
et profondes forêts d'une espèce d'arbres inconnue.
Silius llalicus couvre l'.\tlas de bois épais.
Corippus parle à chaque page de la Jokannide^ des belles
forêts de la Byzacêne, où l'on ne rencontre plus que des ar-
bustes rabougris.
Le Code Théodoslen contient ' toute une série de dispositions
législatives qui attestent l'exportation régulière des bois d'.^fri-
que à destination de Uome, au quatrième siècle. 11 y avait
donc surabondance de production. Cependant la consommation
locale devait être considérable à cette époque; car la popula-
tion était très dense, et l'on ne saurait admettre qu'elle ait pu
vivre et prospérer sans bois. Pélissier de Reynaud ^ a observé
à ce propos que des villes maritimes peuvent, à la rigueur, ne
rien tirer de leur territoire ; mais la chose devient plus difficile
à l'intérieur, où le commerce ne pourrait transporter certains
objets de première nécessité, le combustible surtout, qu'à des
prix tellemcot élevés que l'existence y deviendrait impossible
et que, par conséquent, les hommes ne s'y porteraient pas.
b V. IW. Il, T. s, 53, h'. 62, i2\ et 161
|u«, Xlll, til. I, liv. 10.
\Àn»ale* i^gérienMa. t. II, p. 347.
r. III, V. 23. liï. VI,
■. 143.
102 LA TUNISIE DEPl'IS l'OCCTPATIOX FmA5ÇAISE
Aussi i»uiM|ii'il y a\ait. s«>iis les Romains, dans rintérieur de
rAfri>|ue, un nombre extrêmement considérable de villes peu-
Iilée> d'hommes soumis . par leurs habitudes sociales et domesti-
ques. au\ mêmes besoins que nous, il devait y avoir aussi du
bois f;n grande quantité.
11 e*^t une autre induction non moins évidente. Aux alentours
de ce> antiques cités on retrouve les restes d'aqueducs et de
cannuxqui amenaient l'eau de collines complètement à sec de
nos joui>. t^est qu'alors ces collines étaient encore boisées. Les
arbres attiraient les nuages et précipitaient la pluie que la
feuillée retenait un instant dans Tair pour la laisser choir et
s'instiller à travers les mousses spongieuses et le chevelu des
lacines jusqu'aux bas-fonds d'où elle surgissait en sources
fraîches, en nappes fertilisantes.
Mais la décadence romaine est venue ; le peuple-roi aban-
donne raîrricuiture. et Textension que reçoit le droit de par-
cours augmente rapidement la dévastation des forêts, déjà
ruinées par les guerres, les incendies systématiques, la cupi-
dité et rimprévoyance des hommes.
Le mal était déjà irréparable quand Tinvasion arabe vint
lui porler le dernier coup. Alors des vents pernicieux appa-
rurent, les pluies devinrent de plus en plus rares; les pâtu-
rages s'asst'chèrent, les cours d'eau et les lacs ne furent plus
inondés que passagèrement par les pluies torrentielles. Le do-
maine cultural se fil sans cesse plus étroit: bientôt les moissons
manquèrent :
Peciiariii tar.tiim
Siint epulis : ninu nnlla Ceres'
écrivait déjà Corip[)iis vers la fin du \V siècle; et les populu-
1. La Johanniile, \\\ . VII. v. 161>.
il qu'ellcy avaieot sté-
Le résultai est coaslant. -i Dans ce Iiiboratoirc, d'où tout sort
rI tout rcotre, a écrit l'un des hommes les plus distiagués de
l'administratioD foreslitre, M, Tassy, il y a un élément essen-
tiel, surtout par ses services immatériels, qui mérite avant tout
qu'on s'en occupe ; c'est la forêt. Rien no saurnit être négligé
de ce qui la concerne, puisque, jusqu'à présent, les hommes
n'ont point réussi à se passer d'elle, et que, un peu plus tût ou
un peu plus tard, ils ont dû quitter tous les lieux d'oii ils l'a-
vaient chassée. »
Tout pays déboisé est en effet un pays condamné à mort. La
science et l'histoire confirment cette sentence d'une manière
irréfutable.
Il est parfaitement établi que les populations sont distribuées
exactement comme les pluies, et les pluies non moins exacte-
ment que les zftnes forestières. 11 y a dans la Géogmphie tnii-
verselle d'Elisée Reclus une carte d'Espagne tout A fait instruc-
tive d ce sujet. On y voit que certaines parties de la péninsule
Ibérique, tout & fait déboisées, sont aussi stériles et aussi inha-
bitées que le désert africain. Il se passe là un phénomène bien
caractéristique. » Toute la ziine occidentale est très boisée
jusqu'au sud de Lisbonne, où se trouve une partie presque
totalement déboisée. Bien que sur le passage des mêmes nuages
et brises de l'Atlantique que le surplus de la c^te, cette partie,
dénudée de végétation arborescente , est la région la plus sèche
de toute la Péninsule , tandis que la zone au-dessus de Lisbonne
reçoit autant d'eau que la Norwège, où tombe le maximum de
l'Europe. Après avoir traversé cette zûne couverte de foréis , ces
munies nuages viennent se heurter aux plateaux déboisés du
centre de l'Espagne, et alors, par un phénomène bien facile k
observer en maints endroits de l'Algérie , ils s'élèvent très haut
10'* LA Tr51:»IC »CPCB LÙCCCTAJWS nLi5ÇAlSE
daoâ ratmosphère. et une rêgioa absolomeni sèche et trop
soavent stérile <iiccêde à cette z»>fie admirable do littoral ^ ».
Les vallées jadis si riches da Tigre et de FEaphrate De portent
plus, par suite du déboisement, qae la végétation des steppes.
— La Grèce était autrefois couverte de forêts et remplie de sour-
ces: les arbres aujourd'hui n'y sont plus représentés que par des
broussailles et la sécheresse y règne en permanence. — L*Asie
Mineure a pu s'enorgueillir de ses ravissantes campagnes tant
qu'elle a possédé ses magnifiques forêts de chênes, de tilleuls
et (le bétreb ; actuellement la sécheresse règne et la végétation
a disparu avec l'humidité. — bans les montagnes d'Argos on
ne trouve plus une seule source. — En Palestine , les forêts de
chênes et les épais pâturages ont disparu ensemble ; les miséra-
bles broussailles et les maigres prairies qui subsistent sont à
peine susceptibles de nourrir des chèvres. — « Les montagnes
du Liban , étaient autrefois renommées en raison de leurs
hautes futaies de cèdres, dont les bois de haute valeur étaient
exportés au loin; elles sont aujourd'hui complètement dénu-
dées; aussi les vallées qui s'étendent à leur pied, celte terre
promise des Hébreux, dépourvues d'eau, ravagées par les
torrents, sont signalées comme les plus arides du monde ^ ». —
La Dalmatie nourrissait deux millions d'habitants avant sa con-
quête par les Vénitiens , au quatorzième siècle. Les vainqueurs la
déboisèrent pour les besoins de leur marine et de leur pilotage,
si bien que de nos jours c'est à grand'peine qu'elle nourrit
/»00,000 ànies -^ — Dans la contrée comprise entre le Piémont et
1. La question forestière en Algérie, par M. Regnard, sous-insiHTteur dos
forets. Conrércncc faite au théâtre d'Alger le 27 novembre 1881.
?.. M. ('alinel, conservateur des fortHs. Programme général de reboisement.
Con.Hlantinc 188j.
3. V\\ I)almat(>, !«• D' Coltolli, de Zara, m'apprend que depuis vingt ans le gou-
Yerneuïenl autrichien a |)r()scrit les chèvres presque en totalité et ordonné en même
tempfi le rehoisement avec une vigueur qui a déjà transformé le pays. Par exein-
AGEICCLTCRE ET FORÊTS
105
la Provence, les ferres arables ont dirainiié rl'iine faron ex-
Iraordinaire et Témig-ralion des habilants s'accroît constam-
ment. — En Russie, d'immenses étendues , jadis couvertes de
foréls et maintenant déboisées, ne préseatent plus que quel-
ques broussailles; en revanche, les fleuves, même le Volga,
voient constamment leur débit diminuer. — En Amérique, la
de.struclion insensée des forêts produit des efTets désastreux sur
les conditions climatériques et sur la fécondité du sol. D'après
certains rapports, l'humidité du sol de l'Amérique septenlrio-
oale a diminué depuis cent vingt-cinq ans et pendant cbaqui^
I quart de siècle . de sept pour cent , par suite des déhoisemenis ' .
Chez nous, dans les Alpes-Maritimes, les Hautes et Basses-
Alpes, la Corréze, la Champagne pouilleuse, etc., le déljoise-
■aent est une des causes principales de la dépopulation'.
I Ces diverses preuves de l'influence des forêts sur le climat
sont autant de démonstrations de la nécessité de reboiser la
Tunisie. Si on compare en effet sa superficie boisée à la
moyenne de l'Europe, on constate que la Régence de Tunis
n'atteint que le septième seulement de cette dernière, et si ou
la classe avec les autres divisions de cette partie du monde elle
^Kj^'occupe que le seizième et avant dernier rang.
^^Bàe les Boeelie tli Catlaro qui éleienl trUtemenl c^léhrcs jioiir Irur nriilitc, |iri--
^^^nlcnt maintenaiil l'agr^tblB aspect d'une puissanlc verdure el la cullun: de in
^^B|K j cal redcTenue posûble. N. F.
^^Vl. C«l usécbemeni progrMaif donnail let plus grandes inquîvludes tant au (Hiiul
^^"iile vue de la fertîlilé et de la santé publique, que de lacolanisalion-, et en 1871, une
vaste asiocialioa sW Tartnéc «ou» le nom i'Arbor-day [tile de» arbres), pour la
m'oiisliliitioD des forets et la multiplication des vergers. £lle s'est répandue dan<
37 ËUIs de ruaion . au Canada el dans les territoires voisins. Dans le seul Êtït
de Kebraska, où elle s'est fondre, l'Arbor-dati a piaulé, depuis l'Jans, 3ii mil-
lions d*ari)reB fruilien ou foresllcrn.
3. Conftullct le mimoire du l>' Jeannel : Du déhoitemenl coniidiri comme
eaïue de tUpopulaHoa. (CongrËs de Harseilte pour l'aTancemcnt des Sciences. —
I
lOG
L.% TUNISIE DEPUIS L OCCCPATIOX I1U3IÇAISB
ÉUmlue Urritorlale et iurface df$ foréU df$ Était de F Europe,
de f Algérie et de la Tunitie
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870
1500
870
»
1000
560
750
637
1000
1000
580
537
Ainsi, le coefficient de boisement qui s'élève à 30,5 ^ ea
Kurope et ù 19,1 en France tombe à 4,6 en Tunisie. L'infério-
rité (le ce chiffre saute à tous les yeux. Elle est d'autant plus
f/Ulieuse que plus on se rapproche de TÉquateur, plus Tévapo-
ration est forte et plus le sol a besoin d'ôlre alimenté en eau.
Vax certains endroits delà Tunisie, l'évaporation atteint jus-
(|u'A d(Mi.\ mètres par an et le pluviomètre n'accuse que 537
millimètres, c'est dire que pour être maintenu dans un état
favorable «\ la végétation , le sol réclamerait trois fois plus
d'eau (ju'il n'en reçoit.
AGBICDLTURK ET FORETS
Et c'est 0011 seulement un soleil, parfois implacable, c'i'st
aussi le voisinage du Sahara qui exige que la Tunisie soit très
boisée, afin d'opposer au siroco un rempart sylvestre (jui ralen-
tisse sa course, l'imprègne d'bumidité et de fraîcheur, et trans-
forme ce fléau redouté du colon en auxiliaire précieux en deve-
nant le condensateur des vapeurs aqueuses.
Pour cela, il faudrait que la surface boisée de la Tunisie at-
teignit le tiers environ de son territoire; c'est-à-dire qu'aux
000,000 hectares de fortHs qu'elle possède 3,500,000 hectares
fussent ajoutés.
tUne œuvre aussi gigantesque est-elle réalisable?
Je réponds : Oui.
D'ahord, condition essentielle, la majeure partie des terrains
de la Tunisie sont très propres à la végétation forestière. Il suffit
pour s'en convaincre de jeler un coup d'œil sur la carte géo-
logique provisoire dressée par M. Aubert , ingénieur des mines,
La formation crétacée moyenne abonde. Le GaïUt ne se rencon-
tre que dans le Sud; mais le CénomanieD constitue la plupart des
reliefs montagneux du Centre et du Sud de la Régence. On le
trouve aux environs du Kef, à Teboursouk. à Bou Arada, à
l'Ënfida, sur les versants du djebel Ousselet, dans La Kessera et
les Fraichich. Il forme les contreforts montagneux de toute la
région des llauiama, ceux de la chaîne du nord des Chott,
la partie nord du Tebaga et la chaîne du MelmAta, Dans Tex-
ti-éme sud cet étage atteint deux mille mètres de puissance.
Le crétacé inférieur est représenté par les deux termes : le
Néocomien et l'Urgonien. Ils se rencontrent dans deux monta-
gnes importantes, le Bou Ilanech et le Serdj. On les rctronvc
au pied du Zaghouan et du djebel Ousl.
Le crétacé supérieur, rare dans le Centre est très développé
dans le Nord et le Sud sous forme de Sénonien. Il s'étale au
nord de Béja, entre cette ville et Mateur, Â l'ouest de Bizerte,
108 LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
à Metelin, près de Teboursouk, dans les Ouled Aoud, dans les
Fraichicli, à Touest de Feriana, aux djebel Ledjebel et Nacer
Allah. II constitue la partie est des montagnes des Ouled Sidi-
Tlil, la chaîne de Fameghza à Gafsa, le versant nord de TOr-
bata, celui des montagnes d'el-Aïacha, les djebel Rosfa, Berda
et Dissa , le sommet de la chaîne du Tebaga et tout le versant
ouest de la falaise du Metmâta et de Douïret.
La Kroumirie, le pays des Mogod, la montagne de Kourbès,
le djebel Abd-er-Rhaman, le plateau de Kelibia, le djebel
Trif sont formés de grès et marnes supranummulithiques.
Le Bou Kornein, le djebel Rças, le Zaghouan, leDjougar, le
Bargou, le djebel Klab, le Roulssat, sont composés de calcai-
res appartenant à l'étage jurassique.
En un mot les deux tiers de la Tunisie sont favorables à la
sylviculture et à la restauration des sources.
Reste la dépense. Elle est évidemment considérable; mais les
résultats à obtenir ne le sont pas moins; et, à ce titre , Tœuvre
du reboisement a droit au concours de tous.
Imaginons les Hauts Plateaux et le sud de la Tunisie reboi-
sés : les eaux potables sont fournies en quantité suffisante par
les sources, puits, citernes, puits artésiens, etc.; toutes les
parties propres à Tagriculture sont irrigables; les dunes sont
couvertes d'une végétation herbacée ou sylvestre qui les a
définitivement fixées; les pluies sont très fréquentes et plus ré-
gulièrement réparties; les quelques nomades qui restent encore
trouvent, au sud des Chott, des ressources suffisantes pour leurs
troupeaux ; le surplus de la population indigène , définitivement
fixé au sol, s*est cantonné sur le bord des oueds; de nombreu-
ses fermes européennes, analogues à celles de l'Amérique et de
l'Australie, sont établies en dehors des villes et des villages
groupés autour des stations de la voie ferrée, et ce jusque dans
le Djerid; d'immenses troupeaux de bœufs, de chevaux et de
AfiRICrLTUHK ET FORÊTS
109
moutons saut parqués dans les pâturages aménagés selon les
meilleures pratiques pastorales; le chemin de fei' exporte cha-
que Jour soit le bétail destiné à l'alimenfation de l'Europe, soit
les produits manufacturés en alfa qu'expédient les nombreuses
industries installées près des cours d'eau '.
Le Tell, protégé, a vu revenir ses anciennessources; beaucoup
de nouvelles ont même surgi; les oueds contiennent de l'eau
toute l'année. On a restauré les berges des principales rivières;
celles-ci ont un débit régulier et, de chaque d'île des rives, une
bordure d'arbres, sur une largeur d'un kilomètre, donne au
pays un splendide aspect, et un climat tempéré. Le siroco
n'appuralt plus que de temps à autre; et encore n'a-t-il plus
d'eUets nuisibles.
Les récoltes, sauf accidents passagers, sont superbes chaque
année; le colon est k l'aise; les impôts ne le gênent pas; il les
paye de grand cœur.
L'industrie se crée partout; les moindres filons miniers sont
exploités jusqu'à épuisemeni; les foi-èts produisent de 8 à 10
millions par an. Entin cinq cent mille Français solidement ins-
tallés dans le pays y forment, avec leurs frères d'Algérie, le
noyau de /a Nouvelle France...
J'ai l'air de conter un rèvc, et cependant <pi'on le veuille
franchement et, dans cinquante ans, ce véve prendra corps : il
sera réalité.
Aussi, ai-je le di-oit de dire que la dépense, pour énorme
qu'elle puisse paraître, n'est ni au-dessus de nos richesses, ni
surtout au-dessus des sacrifices que le devoir nous impose.
Cela va de soi, c'est  l'État qu'incombe le principal r6le
dans ce colossal repeuplement de trois millions d'heclares en
rlorèts. U n'y a que lui qui puisse entreprendre cette spécula-
BuUelin de la &icii'lé tic géograiihie d'Alger, 1880, ï* rtiîciculf .
110 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
tion politi(jue, — et financière vraiment; car il n'y trouvera pas
qu'une extension de sa puissance gouvernementale : raccroisse-
ment de la richesse publique, le développement considérable
que recevront Tagriculiure, le commerce et Tindustrie, vau-
dront au fisc une augmentation de recettes qui payera très lar-
gement rintérêt des millions avancés.
Passons à Texécution. L*assiette actuelle du budget tunisien
ne permet pas de songer à l'emprunt public nécessaire pour se
mettre à Tœuvre comme il serait désirable. Mais les forêts vont
donner, à partir de cette année, des recettes d'environ 200,000
francs. Je voudrais que cette somme servit à payer les intérêts
des quelques premiers millions indispensables pour le commen-
cement des travaux. Et les recettes du service forestier devant
s'accroître rapidement, l'emprunt pourrait suivre une marche
parallèle.
Maintenant les colons doivent à l'État une participation pé-
cuniaire et laborieuse. Il leur faut multiplier la végétation
arborescente sur leur domaine, et décupler leur action indi-
viduelle en créant une « Ligue du reboisement » , une sorte
dWr/jor'dof/ tunisien qui entretiendra une agitation continue
autour de la question, la popularisera et à l'aide d'instructions
pratiques sur le choix , le mode de plantation et l'entretien des
arbres en Tunisie, j^ar rallocation de prix ou de primes aux
Européens et aux indigènes, par la fourniture de semis aux
uns et aux autres, par la création de pépinières, encouragera
efficacement cette reconstitution des forêts sur laquelle repose
absolument l'avenir de la Tunisie, la fécondité de ses terres
n'étant qu'une question d'eau.
i^NÛ'-;
LIVRE V
LES RICHESSES MINÉRALES
rONSTITL'TION GEOLOGIQUE DU SOL TUNISIEN
Le sous-sol (le la Tunisie n'est pas moins riche que son sol :
tes substances minérales qu'il renferme sont à la hauloui" des
productions agricoles. Si leur e\ploitation est encore très li-
mitée, c'est que les gisements sont presque tons situés diins
une contrée tourmentée où les voies de communication sont
encoi-e très rares. Cette situation s'arnélioreru de jour en jour
et nous assisterons avant peu à une production métallique qui
transformera une partie du pays.
Mais, avant d'énumérer les mines et carrières à mettre en
valeur, donnons quelques notions e:»}ologiqiies sur la consti-
tution du sol tunisien.
L Ou sait que le globe terrestre a subi plusieurs transforma-
^pODS depuis son origine ; de U plusieure terrains se sont formés
successivement à sa surface. On les a distingués sous les noms
généraux de terrains primitifs, de terrains primaires . de ter-
rains secondaires, de terrains tertiaires et de terrains qua-
ternaires. Aux terrains primitifs, appelés aussi azoïques, ap-
partiennent les gneiss, les mîcascbisles et les roches cristallines.
1
Il '2 LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FBAXÇAISE
Lrs terniins primaires ou paléozolques, c'est-à-dire qui ont
vu éclorc 1rs premières manifestations de la vie organique, sont
Torinés do schistes, de quartzites, de grès durs et de calcaires
compacts ou cristallins. Une luxuriante végétation s*y révèle
sous forme de grandes masses d'anthracite et de houille. Le
frr, le cuivre et Tétain s'y trouvent en abondance, mêlés à des
éruptions de roclies granitoldes et porphyriques. Les terrains
secondain.'ts (période mésozolque) sont principalement com-
posés (le roches calcaires ou argileuses et de grès à éléments
lins. L<'S roches des terrains tertiaires ou néozolques sont moins
consistantes que celles des terrains antérieurs; ce sont des ar-
f;iles molles et plastiques, des sables pulvérulents ordinaire-
ment très purs, parfois consolidés sous forme de grès. Les
lif^nites s'y rencontrent et les métaux précieux, For et l'argent,
(lomimMit dans les filons quartzeux de cet âge.
dos différentes couches de terrains proviennent de révolu-
tions intérieures qui ont précédé Tapparition de Thomme sur
la torro. Depuis sa création, le déluge a opéré un grand bou-
leversement extérieur; de là les terrains d'alluvion ou qua-
ternaires (jue les eaux de la pluie et des rivières ne cessent
craccroUn» et <le modifier. Les boule vci*semenls intérieurs con-
linuent toujours aussi; mais ils ne se manifestent plus qu'ac-
eideulellerncMit et par de rares ouvertures. Ce sont les volcans
(|ui projettent des matières incandescentes, et qui forment des
roches particulières que Ton a désignées sous le nom de roches
(i'oiif^ine ifinée : on trouve hl les laves et les pouzzolanes.
Knfin il y a (ui dans la suite des temps des bouleversements qui,
sans produire des révolutions complètes, ont cependant opéré
des soulèvements sur certaines parties du globe et dérangé la
disj)()sition de ces dillerentes couches. C'est de cette manière
(|ue s<^ sont foriné(îs d(» hautes montagnes composées souvent
d(» couches inférieures.
LES mCUESSES Ul.fEKALKS
La nature a mis ainsi à portée de la main de l'homme beau-
coup de richesses qui fussent, sans cela, demeurées enfouies;
et il arrive que les parlies du sol qui ont subi à l'origine le
plus de bouleversements sont précisément celles qui offrcut le
plus de ressources à ses habitants. \ côté des plus belles terres
végétales, et prcsqu'à fleur du sol , ils rencontrent des métaux
et fous les matériaux dont ils peuvent avoir besoin. De plus,
ces bouleversements ont dû apporter nécessairement des modi-
fications dans la région des eaux; leurs réservoirs intérieurs
se sont trouvés soulevés, et il a suffi alors de leur ouvrir une
issue pour irriguer et féconder d'immenses plaines. EnQn,
ces eaux ont quelquefois rencontré des gites métallifères qui
leur ont donné les propriétés particulières que nous observons
dans les sources thermales.
Or, peu de portions du globe ont subi autant de révolutions
salutaires que le Nord de l'Afrique ; elles se sont manifestées
î\ travers toutes les ramifications de la grande chaîne de
l'Aflas, dans les plateaux du Tell comme dans rinimensité du
Sahara.
Les divers terrains dont nous avons parlé sont loin d'occuper
des parlies égales sur la surface du sol de la Tunisie. La carte
géologique n'étant encore qu'à l'élat d'ébauche, il est impos-
sible de préciser leurs stratifications: mais on en possède les
grandes lignes.
Le quaternaire constitue le sol de toutes les plaines. Dans
le Nord, il est représenté surtout par des dunes, les alUivton.s
des rivièi-es et la vallée de la Medjerda. Il forme le sol d'une
partie du cap Bon, de la vaste plaine qui s'étend le long de la
ciHe Est, de Kairouan A Gabès, de l'Ile de Djerba, de l'Arad,
des Chott; à l'Ouest de la chahie du MetmAta, il remplit la
vaste dépression crétacée qui forme le bassin de l'oued Ighar-
ghar. Sur les Hauts Plateaux , il constitue le sol des plaines et
^H^ Tl'XIME. —
I
lU LA TUNISIE DEPUIS l'oCGUPATION FRANÇAISE
remplît les vides qui se trouvent eatre les chalaons monta-
gneux. C'est lui qui a principalement contribué à la formation
de laJerre végétale et, par suite, à la fertilité du pays.
Une série complète des terrains tertiaires succède à ceux-ci.
La formation Pliocène comprend un terme marin et un
terme lacustre. Le premier apparaît entre Tunis et Bizerte.
à Porto-Farina, dans la région d'Hammamet, près de Sousse
et de Monastir. Le terme lacustre est très développé du côté
du Kef; on le retrouve dans la vallée de la Medjerda et
jusque dans la banlieue de Tunis à Tétat de poudingues ou à
Fétat de marnes et de grès. D'après M. Pomel* il aurait dans les
environs de Monastir une puissance très considérable.
La formation Miocène se trouve seulement dans le Nord,
près de Bizerte, au nord de la garaà Iskeul, au sud de
Djedeïda. Dans le cap Bon , elle forme plusieurs pointements
et une ceinture autour du djebel Abd-er-Rhaman. Elle réap-
paraît dans les collines au Sud-Ouest de Monastir. L'étage su-
périeur du Miocène, ou Sahélien, se compose de marnes bleuâ-
tres qui donnent de bons terrains de culture, les grès y sont
rares. L'étajre moyen est constitué par des calcaires ressemblant
aux grès supranummulithiques, des marnes et des grès ren-
fermant quelques bivalves et YOstrca crassissima , Sa qualité
dépend de la proportion de pierre qu'il contient. Au cap Bon,
il donne des terres argileuses favorables à la culture ; dans
leSîihel, où le grès devient plus abondant, le sol est de qua-
lité médiocre, dans Toued Cedjenan , où le grès est A Tétat
pur, le terrain est incultivable.
La formation Éocène est particulièrement développée dans
le Nord ; elle constitue , avec les terrains crétacé et jurassique , la
chaîne centrale et la chaîne du Nord. Dans le Sud, on ne la
1. Bull, de r École supérieure des Sciences d'Alger, l®*" fasc, [k %.
LES RICHESSES MINERALES
"Toit qu'au pied des deus versants du relief qui va de Rame-
ghza à Gafsa. C'est dans l'étage supérîeup de l'Éocène moyen
que l'on rencontre fréquemment la structure noduleuse des
phosphates.
J'ai indiqué, A propos du reboisement, combien les terrains
crétacés tiennent de place dans la Régence. Avec les terrains
tertiaires et quaternaires, dont les .iffleurements sont constam-
meut en rapport avec les régions les plus fertiles en céréales,
ils constituent la majeure partie du sol. Ils sont remaniuable-
meut riches en substances métalliques.
Au-dessous vienneut quelques Ilots jurassiques, et !a cons-
titution du sol tunisien s'arrête là. J'oubliais quelques émer-
gences de trachytes dans les Nefza et de gypses dans la vallée
de la Medjerda : ce sont les seules traces des éruptions de l'é-
poque paléozolque. Quant au gneiss et au granité que la
Terre a primitivement vomis de ses entrailles en fusion et
qui, eu se refroidissitnt, ont formé la première écorce solide
sous laquelle les masses fluides internes sont, depuis lors,
restées emprisonnées, rien n'rn décèle l'existence. Aucune
révolution géologique n'a eu la puissance, en Tunisie, de ra-
lener ces roches graniloldes à la surface dn sol.
Lp
Le massif montagneux qui s'étend d'Aïn-Draham i Tebourba
est particulièrement riche en gisements de fer oligislo ou oxy-
dulé. [les traces d'exploitations anciennes ont été constatées en
maints endroits; et les découvertes archéologiques sont venues
^us prouver que les minerais de la Tunisie étaient déjà exploi-
^^U)us prouver que les mu
IIG LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATIOX FRANÇAISE
lés du temps des Romains , peut-être même à l'époque phér
cienne. Hais je dois dire que généralement on a une tendan
trop marquée à qualifier d'antique la moindre fouille que Y^
rencontre. Il est hors de doute que beaucoup d'entre elles so
l'œuvre des indigènes, soit Arabes, soit plutôt Berbères, lesqu<
n'ont jamais perdu tout à fait l'art d'exploiter et de fondre ]
autopsides. Dès qu'un peu de galène se rencontre sur leur ch
min , ils s'empressent de l'enlever et d'en fabriquer des balh
Dans une notice minéralogique sur les provinces d'Alger et d'<
ran, xM. Pouyanne nous apprend que les tribus Rifaines, aujou
d'hui encore, savent extraire le fer des minerais purs et ricb
qui abondent dans le Nord de l'Afrique, et cela à l'aide d'i
rudiment de la méthode Catalane tellement simple qu'on pou
rait y voir la véritable origine de la métallurgie du fer. De pli
bion des tribus qui ont perdu cet art, l'ont certainement pc
sédé autrefois, comme le prouvent directement les petis tas
scories qu'on trouve en un très grand nombre de points, au \i
sinage des affleurements de fer, tas de scories dont chacun i
teste positivement l'existence d'un ancien petit foyer. Mais p?
tout où le fer européen pénètre librement, la fabricati
indigène a cessé.
Deux concessions de mines de fer ont été accordées en ISS-
la première à la Compagnie de iMokta-el-Hadid pour l'exploit
tion dos gisements de Ras-er-Radjel, Bou-Lanague, djebel Bel
et (ianara; la seconde à la CJ" des mines de Tabarka pour Te
ploitation des gites des ïamera, Bourchiba et oued bou-Zer
Les concessionnaires se sont obligé à construire deux ligr
(le chemin de fer allant des Nefza, l'une à Tabarka, l'autre
cap Serrât, ainsi que les poris d'embarquement à l'extrémité
ces voies ferrées. Les frais d'exécution de ces travaux étant enti
rement à la charge des deux compagnies minières, l'État r
exigé aucune redevance sur la production.
LBS KICHKSSBS MIXÊEALES 117
Des gisements importants existent encore à Djerad, dans le
djebel Zerizza, à Héridj.
m
LE CnVRE
Plusieurs gisements de cuivre ont déjà été reconnus en Tunisie.
Les uns appartiennent aux terrains secondaires, les autres aux ,
terrains tertiaires du Nord.
Au djebel Oust, entre Tunis et Zaghouan, on a trouvé du
cuivre gris dans une gangue de fluorine.
Au djebel Frina, près de Sidi-el-Hemessi le cuivre est mêlé
à de la galène argentifère; un peu plus loin il s'amalgame avec
le plomb.
Au djebel Heirech, près de Souk-el-Arba , le cuivre se pré-
sente ordinairement en veines assez belles, mais avec des étran-
glements successifs.
Au djebel Cheïda, en Kroumirie, on trouve encore le cuivre
et le plomb confondus.
IV
LE PLOMB ET LE ZINC
Les gisements de cuivre n'ont guère été fouillés par les indi-
gènes, à cause sans doute du traitement que réclame ce minerai
et de ce que le cuivre n'était pas pour eux un objet de première
nécessité. Pour la raison inverse, presque tous les gisements de
galène que Ton rencontre ont déjà été exploités par les Arabes,
et surtout par les Berbères, pour la guerre ou pour la chasse.
Dans sa Relation dun voyage sur les côtes de Barbarie en 17 i4
118 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
ei 17^25, Peyssonnel rapporte ceci (p. 2i7) : « Nous vîmes sur
notre chemin, à environ cinq lieues du cap Nègre, une mine de
plomb très abondante. Les Maures qui y travaillent nous dirent
qu'elle avait été ouverte par les anciens chrétiens. A Tentrée de
la carrière il y a une pièce de marbre avec un cheval en bas-
relief. Nous nous arrêtâmes à l'endroit où Ton fondait le plomb.
Ils mêlent le minerai avec du bois sec dans de mauvais four-
neaux faits avec Targile, et font ainsi très imparfaitement la
séparation et la fonte de leur plomb ».
Sous Ahmed- Bey les mines de plomb de Djebba, à 15 kilo-
mètres de Souk-el-Khemis et du Djebilet-el-Kohol, près Za-
ghouan, étaient exploitées pour les arsenaux tunisiens ^ C'était
un ingénieur français qui dirigeait cette entreprise. Moham-
med-es-Saddok concéda l'exploitation de la mine de Djebba,
pour cinquante ans, à la Cie Bone-Guelma, moyennant le
payement d'une redevance de 10 % calculée sur le produit brut.
I^a mine de plomb et zinc du djebel Rças (à 25 kilomètres de
Tunis) , déjà aliénée une première fois en 1868, en mettant à la
charge du concessionnaire toutes les dépenses et en Tobligeant
à partager ses bénéfices avec le gouvernement beylical, fut de
nouveau concédée en 1875 à MM. de Castclnuovo, Toché et Lindo
pour une période de soixante ans , sur les mêmes bases que la
concession de Djebba.
Tout d'abord, en 1877, la société a Minearria et Melallurgica
Italiana nclla Tunisia » sollicita Tautorisation de tirer parti des
scories laissées par une exploitation que M. Haught, ingénieur
à Florence, fait remonter à l'époque carthaginoise.
La quantité de ces résidus , évalués à 60.000 tonnes, montre
l'importance considérable que cette exploitation a dû avoir et
leur richesse atteste l'imperfection des méthodes antiques.
1. V. Pcllissier, op. cit., p. 189 et 35 i.
LES RICHESSES HIXI^BALES
La société sarde cominpiiça ensuite Textraction du mioerai;
mais pour divers motifs les travaux Démarchèrent régulièrement
qu'à partir de 1887.
1- L'esploilation comprend aujourd'hui : à l'extérieur, une mai-
I ion pour le directeur, des magasins, des logements d'ouvriers ,
nne laverie pour galène, une usine de fusion de piomh con-
tenant quatre fours Piltz, quatre fours à cuves pour caleinatioii
des calamines, trois plans inclinés de deux cent cinquante
mètres de longueur totale et des chemins d'accès reliant toutes
ces installations; à rintèrieur : trois étages de galeries hori-
zontales réunies entre elles par quelques chemins.
Les scories traitées dans l'usine pour In produclion du plomh
sont d'environ 14,000 tonnes;
I* piomh produit d'environ 1,300 tonnes. Il a élé extrait
depuis 1687 :
En minerai <le plonit
En minerai de zinc .
1770,51
4208,52
La teneur des minerais de plomh ^■aric de 50 â 58 ?é ; celle
s minerais de zinc calcinés de 39 k 55 %.
Actuellement, sur quai, à Tunis, le minerai de plomh à. 55 ^
■TBut de 80 à 85 francs la tonne, le minerai de zinc A 47 ^ se
^>end 1-20 francs la tonne,
Le gisement du djebel Rças est formé d'une colonne mi-
néralisée d'environ 150 mètres de hauteur sur un diamètre
! 10 à 15 mètres. Les parois de cette colonne sont tapissées
î calamine plus ou moins plomheuse d'une épaisseur variant
s 0 A i'°,50. L'intérieur de la colonne est formé d'ébonlis
ilciûres et calaminaires avec patates de galène. De cette colonne
'partent diiférents liions encore peu étudiés mais qui no sem-
blent pas très importants.
Il est impossible d'apprécier la valeur de cette mine , le gise-
120 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
ment étant absolument irrégulier. Cependant on estime qu'il
renferme 20,000 tonnes de calamine et de 2 à 3,000 tonnes de
plomb au minimum.
Une autre mine de plomb et zinc, celle du Khanguet-et-
Tout, près Béjà, a été concédée en 1889 à un ingénieur français,
M. E. Faure. Une condition nouvelle est imposée à ce conces-
sionnaire : il doit payer à TÉtat une redevance fixe et annuelle
de 0 fr. 15 par hectare de terrain compris dans la concession,
et une redevance proportionnelle au produit de Texploitation
qui est égale au vingtième de ce produit.
La mine du Khanguet-et-Tout se compose :
1® D'amas de calamine;
2^ D'un filon de calamine et de plomb.
Les amas sont très importants. Réunis sur une petite surface
d'une dizaine d'hectares, on évalue à plus de 10,000 tonnes le
minerai contenu dans ces amas.
Le filon a huit cents mètres de longueur et une épaisseur
variable d'un à trois mètres. 11 est composé de galène dans sa
partie médiane et de calamine sur les parois. Les affleurements
du filon sont parallèles à la crête du djebel Damons.
Sur 30 à 40 mètres de profondeur le filon a été exploité par
les Romains, qui ont enlevé la galène.
Il semble qu'on doive tirer de ce filon plus de 50,000 tonnes
de minerai.
La production du Khanguet-et-Tout est à ce jour de 5,000
tonnes de calamine provenant seulement des amas.
Les transports se font à Béjà, à dos de chameau, au prix de
15 francs la tonne. De Béjà à Tunis, ils empruntent la voie ferrée.
La richesse en zinc est d'environ 50 %,
La mine du djebel Rças et celle du Khanguet-et-Tout sont les
seules en exploitation; mais il en existe plusieurs autres qui
livreront sous peu leurs richesses à l'industrie.
LtS HICHESSES MINKRALES
A côté du Klianguet-et-Toiit est situé le gisement du djebel
Sidi-Ahmed qui forme trois groupes principaux :
1° Groupe d'el Kohol,
2" Groupe d'el Biret,
3" Groupe d'el Graba.
La quantité de calamine reconnue est comme au Khanguet-ct-
Toul d'environ 50,000 tonnes.
Le Djebilel-cl-Kohol, dont j'ai déjà parlé , renferme du plomb
argentifère dans une gangue de fluorine et de calcite; mais les
recherches faites jusqu'à ce jour n'ont pas amené la découverte
d'une grande quantité de ces conglomérats. Les travaux con-
tinuent pour la calamine et l'on croit pouvoir compter sur
5,000 tonnes.
D'autres gisements de plomb et zinc ont été reconnus :
Au Bou Kornein, près Hammam-ct-Enf ;
A Ain Aaroum (Zagliouan) ;
Au djebel Clielda (Kroumirie);
Au djebel Argoubel-et-Kohol, à 12 kilomètres de Tabarka;
A Hammam Djdidi, entre llammamet et Zaghouan;
Au Djebel bou Kertioas, dans la tribu des Nefza (Krou-
I mirie) ;
Au djebel Garci, dansI'Eufida;
Au djebel Labit [tribu des Nefza);
ATiza, près de Medjez-el-Bab;
Au djebel Tubouna (tribu des Abid);
Au djebel Aïn-Romni (Irîbu des Nefza).
Ces deux derniers gisements semblent devoir être parlicu-
[ librement riches en calamine.
A Fedj-el-Adoule, près de Teboui'souk, gisement d'au moins
[ 20,000 tonnes de zinc et plomb;
A Kalaa-S'rira , banlieue de Sousse, 10,000 tonnes environ
[ de calamine et carbonate de plomb.
122 LA TUlflSIE DEPUIS l'oCCCPATION FKANÇAISB
Les demandes de concession pour ces deux gisements so
déposées.
On signale encore les suivants :
Au djebel Eldous, près Bordj-Toum (zinc, fer, manganèse) ;
Au djebel Djdidi, entre Hammamet et Zaghouan (plomb av
barjie sulfatée);
Au djebel Sidi-Abdallah-Cheikh , près Teboursouk (galène
Au djebel Trozza , près Kairouan (calamine et galène) ;
Au djebel Iskeul, près Bizerte (galène argentifère);
Au djel)el Amar, près Tunis (plomb , cuivre et manganèse
A el-Akouat, près Teboursouk (galène);
Au djebel Slata, au sud du Kef (galène);
A Nebeur, au nord du Kef (galène).
On voit par la simple énumération qui précède que, sa
sortir du cercle des faits connus, les richesses métalliques <
la Tunisie sont très grandes. Il reste tout un travail de reche
ches et d'analyses docimastiquesà faire pour préciser la valei
des mines ; mais cette valeur est hors conteste. Sans dou
quantité de minerais sont trop pauvres pour supporter d
frais de transport un peu importants ; mais la transformatic
économique du pays permet d'y regarder l'introduction de
métallurgie comme chose possible.
D'ores et déjà, la Tunisie exporte plus qu'elle n'importe. (
changement de face du commerce général ne date que (
deux ans; il va s'accroître, les conditions du fret vont en èti
modifiées, et la réception du charbon pourra avoir lieu à tr
bon compte; comme, d'autre part, les progrès de la métallui
gic ont notablement diminué la quantité de charbon nécessaii
îV la production d'une tonne de fonte et déterminé un commei
cément effectif de mouvement du charbon vers le minera
tels gisements qui ne pouvaient être exploités pour l'exportatic
deviendront une excellente affaire en étant traités sur place.
LKH ntCHKSSBS HIMiBALKS
123
Et puis combien tie mines sont encore inconnues? Qui peut
prévoir le nombre, la diversité des intérêts qui seront en jeu
dans quelques années? /.a Libeiiï-^ a été mal inspirée en i-aillnnt
la Conférence Consultative de s'être préoccupée, dans sa dernière
session, d'une législation minière, qui fait totalement défaut en
Tuoisie.
Les actes de concession et les cahiers des charges ont été
dressés conformément aux modèles français, sans toutefois dis-
tinguer les minières des mines , comme le fait la loi de 1810,
<|iii est elle-même une véritable raine à procès. Mais elle com-
porte d'autres modiGcations. Il est utile qu'nne législation on
rapport avec les mœurs, les coutumes et les besoins du pays,
vienne régler la matière en Tunisie, et certainement le vœu
île la Conférence Consultative sera pris en considération.
L'ARGENT ET L'UR
La Régence ne parait gutre posséder de métaux précieux. Ce
n'est que pour mémoire que je mentionne l'argent qui se ren-
contre dans certaines mines de plomb. Il ne saurait donner
lieu à aucune extraction spéciale.
Dans les parois des gorges du djebel bon-Heudma, entre la
sebkha en Nouall et les montagnes d'el Aïacha , s'ouvrent des
galeries de mines romaines dans lesquelles l'ingénieur Fuchs a
découvert du minerai d'or-.
Sur le bord de la mer, il Sidi-bou-Saïd, près de Cartliage,
dans les sables de l'uued Miliane et dans ceux de la Medjerda ,
:. XI, [). IM. — Ch. Tissol, t. 1, p. 258.
12i LA TUMSIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
la présence de Tor a été également reconnue ; quelques orpail-
leurs arabes ont même exercé leur industrie pendant quelque
temps; mais ils ont dû y renoncer, le métal étant en trop faible
quantité pour rémunérer le travail.
VI
LE MARBRE ET LES PIERRES PRECIEUSES
Les carrières de marbre sont nombreuses dans le Nord de
la Tunisie. Les principales sont celles du djebel Iskeul, du
djebel Djdidi, du djebel Aziz, du djebel Klab , dans le voisinage
de Tunis, celle du djebel Oust, entre Tunis etZaghouan, et
surtout celle de Schemtou, si renommée à Tépoque romaine
pour ses marbres jaunes.
On sait de quelle faveur le marmor numidicum jouissait à
Rome *. /V dire vrai on ne sait de quelles carrières on le tirait:
car d'après les textes antiques , il aurait été jaune et pourpre -,
et cette variété ne se retrouve plus. On est porté à croire qu'elle
a été épuisée d(^s Tépoque romaine.
Mais à côté de celle-ci combien d'autres variétés non moins
belles et quasiment inépuisables! Marbres roses veinés de blanc,
brrclies violettes marquetées de noir, et toute la gamme du
jaune: jaune antique, jaune foncé, jaune boisé. Parfois le cal-
1. La colonne ôlovée à César dans le Koruin, avec l'inscriplion Parenti Patrùr,
élait en marbre numidique d'un Siuil bloc et de près de vingt pieds. Postea solidam
coluinnam pro|)e viginti pedurn lapidis niiiiiidici in foro slatuit scripsitque :
Parenti patriœ. Suétone, Div. JuL, LXXXV. — Sur les deux cents colonnes do
marbre dont les Gordiens ornèrent leur ville de Préneste, cinquante étaient de
marbre numidique et l'empereur Tacite en donna cent aux habitants d'Oslie.
2. Dans la description qu'il nous a laissée des bains fastueux de Claudlus Etrus-
tus, Slace les représente tapissés de marbre pourpre et jaune des Numides. Da-
près Isidore de Séville, le marbre numidique élait marqué de taches semblables à
du safran. Tn poète chrétien l'a comparé à de l'or en roche.
LES BICBftSSES HIKÉBALES 133
Caire est jaspé de liias , de bleu turquin , de vert clair , du rose
le plus \it et du rose le plus tendre, avec des lignes bleues qui
s'éteignent doucement ou des ondes d'or qui éclatent comme
des pétards. Tantôt ce sont ces baocs de marbres blancs, à
grains fins, auxquels les sculpteurs de Carthage, d'Utique, de
Zucehara, de Thugga, etc. , allaient demander les slatues des
dieux, tes temples, les amphithéâtres, les portiques, les fûts
de colonnes qui jonchent le sol de l'ancienne Afrique.
On a retrouvé à Schcmfou {Simiilu) des blocs non utilisés
portant encore la date à laquelle ils onl été détachés de la car-
rière et un numéro d'extraction ; d'atUeurs, dans ces carrières,
les vestiges de l'ébauche romaine se voient à chaque pas'. On
peut s'y rendre compte encore de la façon dont l'exploitation
était conduite.
Une société belge a voulu reprendre celte exploitation , il y a
quelques années. Elle a occupé une centaine d'ouvriers : soixante
aux carrières et quarante dans deux atelierade marbrerie. 1,'un
de ces ateliers était iusiallé pour le travail A la raaiu, l'autre
comprenait quatre armures pouvant porter iOO lames, trois
débiteuscs à lames, une débileuse à fil hélicoïdal, une mou-
lurcuse, deii\ tours, deux poltssoirs, un lapidaire; tout cet
outillage était raù par une machine à vapeur de la force de
60 chevaux.
Des cités ouvrières pouvant loger plus de 150 ouvriers, une
pharmacie et l'organisation d'un service médical, assuraient le
bien-être d'une population qui a souvent atteint 200 personnes,
y compris les femmes et les enfants.
iMalheureusenient Schemtou est situé à qualrc kilomètres de
la station de l'oued Méliz, conséquemment à 180 kilomètres du
I. V. Ch. Tisant, I. I , p. 3UI-'.f(i3: (la (il Us Areliices dei miuions scienlifiqvrs,
1885, t. XI, |>. lui, uu rapport de M. Gagnât, et Jaas la RevHt archéol., ISSI
(î* scmest.) p. 20 cl suj». Imcripliont ite diemlou . par le P. Dclaitre.
126 LA TUNISIE DEPUIS L^OCCCPATlOlf FEAXÇAISE
port d'embarquement; il en résultait des frais de transport qui
ne permettaient pas de lutter avec les marbres italiens, d'autant
moins que les procédés d*extraction étaient assez primitifs.
L^inaugu ration des travaux eut lieu le 7 juin 1888 et la su-
pension — car il est question d*une reprise — en 1890.
Dans tout le Sud le Sénonien fournit souvent des marbres.
Les gisements les plus rapprochés de la côte sont celui de Cou- —
didt-Ilameimat, près Gabès, et celui du djebel Dissa, dont les -^
calcaires marbroldes sont aujourd'hui utilisés et pourraient^-^^
fournir des matériaux d'ornement.
Aucune des autres Ciirrières que je viens de citer n'est en ex-
ploitation.
Dans sa longue énumération des pierres précieuses , Pline en
cite un certain nombre comme appartenant à l'Afrique, au
moins par leurs variétés'. Certaines n'avaient d'autre valeur
que la puissance thérapeutique qu'on leur attribuait; telle
r anthracite qui passait pour souveraine contre les ophtalmies,
comme Iiuidrodamas contre les affections du foie.
Mais les grenats ordinaires se trouvent assez communément
dans le Nord de l'Afrique et Tescarboucle même n'est pas excep-
tionnellemcMit rare.
« On voit à Florence, à P'errare, à Venise et à Rome, de ma-
gnifiques échantillons do malachito que les Romains du Bas-
Empire y avaient fait venir. Le lapis-laziili, dont il reste quel-
ques beaux vestiges en lUilic. était aussi tiré par eux du pays
berbère. Le globe du (iesu, qui soutient la statue de Saint
Ignace, à Rome, vient d'Afrique, et probablement aussi la che-
minée du palais dclla Regina , à Florence" ». El Bekri assure
qu'on en trouve dans le pays des Ketama, non loin de Kairouan ^
1. Voir Ch. Tissol, I. I. p. 2G8.
2. L. (le Handkour, op. cit., j>. 78.
3. Mas-Laliip, op. cit., p. 38<».
LES HICBESSKS HINÉHALES
LES MATt:RIAi:X DE CONSTRlTTro.V
Ite belles pierres de taille sont fournies par les grès de la Tuni-
sie. Hais ils doivent Hve demandés aux terrains secondaires;
ceu\ de cette provenance ont seuls le grain assez adhérent pour
résister aux influences atmosphériques. Ils sont parfois tr6s durs
et font alors d'escelleiits pavés. Les grès supranunimulithiqaes
des cariières de Kourhës, fournissent un pavage excellent pour
plusieurs rues de Tunis.
Ces grès sont exploités aussi pour la construction du port de
la capitale.
La carrière de Keddel, près Sohman, alimente Tunis de
pierres de taille depuis la fondation de cette ville. Mais c'est à
la carrière de Bordj-Tuum que l'on demande le beau calcaire,
très dur, d'apparence graniteuse, avec lequel l'Hùtel des Postes de
Tunis vient d'être construit. C'est lui qui servira sans doute éga-
lement à édilîer la cathédrale de Tunis.
Aux époques phénicienne et punique, Carthage tirait ses
matériaux de construction des latoniies d'el .\ouaria et de Sidi
Daoud-en-Noubi {cap Bon) où existent d'immenses carrières sou-
terraines de grès coquillier. Elle employait aussi un tuf calcaire
qui se trouve dans tous les terrains tertiaires et abonde consé-
quemment en Tunisie. Mais sous l'action de la pluie et des vents
de mer succédant à une forte sécheresse, cette pierre molle se
corrode et se délite rapidement. Or, Pline nous apprend que
pour remédier à ce défaut, les Carthaginois coulaient sur ce
calcaire un enduit protecteur de poi\ ou de bitume, qu'ils de-
vaient recouvrir, ainsi que l'a fait remarquer Ch. Tissot, d'une
128 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
couche de chaux blanche éteinte, destinée à réfracter les rayons
solaires.
Le même auteur signale dans les montagnes qui limitent la
vallée de la Medjerda , en particulier le djel)el Gorràat-Azrou ,
un calcaire métamorphique d'une grande dureté, que les indi-
gènes désignent sous le nom de KaddahL II en a remarqué de
nombreux échantillons dans les ruines des constructions an-
tiques de la vallée du Bagrada*.
Une autre carrière romaine , sur la route de Tunis au Mornak,
a été réouverte en 1889. Elle parait inépuisable; mais la pierre
est de qualité médiocre.
Dans Tantiquité, toute la région du Sahel faisait venir des
carrières de Roudjich, près de Mehdia, un excellent calcaire
coquillier à grain assez fort. Il a servi à de nombreux monu-
ments, notamment à Tamphithéâtre de Thysdrus.
Ces carrières sont épuisées, je suppose, car aujourdliui
Sousse et tous les villages environnants tirent leurs pierres de
Salakta, mauvaise carrière à peu près au terme de sa produc-
tion ; Sfax va les chercher dans les lies Kerkenna, et la pierre de
taille est apportée de Gabès ou de France.
La pierre k chaux hydraulique se trouve en différents endroits
de la Régence. Uuant aux plAtrières elles abondent dans les ter-
rains tertiaires et secondaires, c'est-à-dire sur la plus grande
surface du territoire. Elles se présentent soit en gîtes nettement
éruptifs, soit en couches stratifiées. Dans le Nord on les trouve
dans les masses éruptives boueuses qui se rencontrent près de
(Hiardimaou, entre BéjA et Toued-Zergua, le long de la voie fer-
rée, sur le versant Est du djebel Ensaryeh, au djebel Ilamma-
met, etc. Dans le Sud, elles gisent soit dans TEocène, le Céno-
nianien ou le Gault , dans lesquels elles se trouvent à l'état de
1. Loc. cit., l. I, p. 2GG.
LES nlCIIËSSKS MINKRALKS 139
strates et forment parfois des collines entières qni portent le
nom caractéristique de djebel Zebheiis (gypse), soit dans les
terrains i-ëcenls avoisinant les chotts, oi"! ils forment des cou-
ches plus ou moins régulières, atteignant quelquefois, comme
A Nefta, une consistance telle qu'on les emploie A l'état cru
comme pierre à bAlir. On en fait aussi d'immenses jarres.
Les argiles sont très répandues dans le Sud. La plupart des
oasis sont construites avec des briques d'argile séclièes au so-
leil. L'argile à poterie de Nebeul est très estimée.
La terre à brique est généralement bonne. Soumise à une
forte cuisson . elle produit des bétons de première qualité.
r
LE SIÎI.
tl suffit de jeter un coup d'œil sur la carte d'état-major pour
se rendre compte que les sebkha ou salines naturelles sont
nombreuses en Tunisie.
Les principales sont : la sebkha Soukra, près de Tunis; la
sebkha Koursia, au Sud-Est de Medjez-el-Bab ; la sebkha Biadn,
près de Teboursouk; la sebkha Farjouna près de Kelibia; la
sebkha Sidi-el-ilaui , près de Kairouan; la sebkha H'ta Mo-
kenine, entre Mchdia et Hokenine; la sebkha d'el Guettar; la
sebkha en Nouall , près de la Skhirra ; la sebkha el Melah , près
(le Zarzis.
Il en existe plusieurs autres, mais cette denrée ne supportant
qu'un faible transport, les salines dont il s'agit ne pourraient
Être utilisées que pour les besoins locaux.
n existe aussi deux sources salées susceptibles d'exploitation ,
^Ooe près de Bizerte, la seconde près de Porlo-Furina.
130 LA TU51S1E DEPUIS L OCCUPA T105 FRANÇAISE
A côté de ces dépôts de sel marin, la Tunisie possède plusieurs
gîtes de sel gemme. Le djebel Hadifa, entre el Hamma et el
Alacha, en contient des quantités considérables.
Tontes les salines tunisiennes sont la propriété de TÉlat qui
les fait exploiter pour son compte.
Depuis le V^ janvier 1892, les prix de vente aux consomma-
teurs sont fixés comme il suit :
S:'l ordinaire, par q./in 10 fr. •
Sel lin de table, en boîtes ou paquets de 200 grammes . » 10
Sel destiné à la salure des sardines et des olives, par q. m . 4 ôO
Pour bénéficier de ce prix de faveur, les propriétaires d'oli-
ves et les saleurs de sardines doivent se soumettre à toutes les
prescriptions, formalités et surveillance que TAdministration
(les monopoles peut juger utile de prendre pour prévenir les
abus et la fraude.
IX
Ki:s PHOSPHATES DE CHAIX
La dernirrc» richesse minérale découverte en Tunisie n'est
crrtaincineiit pas la moindre; je veux parler des gisements de
phosphates dr chaux dont rexistence a d'abord été reconnue
CM 1885 dans le djebel Khanguet-Seldja (à l'Ouest de (iafsa)par
M. Thomas, géologue, chargé d'une mission paléontologique
dans la Régence.
hej)uis, les recherches entreprises ont mis à jour de nouveaux
gi^ern(»nts : au Nord du djebel Nasser Allah, à 50 kilomètres au
Sud de Kairouan; dans le djebel Mouchar, à TOuest de Za-
ghouan ; dans hî djebel Uebeia, près de Souk-el-Arba; dans la
vallée de l'oued Siliana, près de Medjcz-el-Bab.
LES BICHËSSES MINÉRALES
' Tous les gisements de phospliates de chaux de la Tunisie ap-
partiennent su terrain Éocène; et le service compétent ci'oit
pouvoir dire que presque toutes les marnes Éocènes inférieures
y sont plus ou moins phosphatées'.
Le g-isement le plus important est celui de l'oued Seldja. Les
couches de phosphates de chaux dont les quatre principales
forment A elles seules une puissance de 8 mètres sont complète-
ment redressées au contact des terrains crétacés. Elles se pour-
suivent sur iO kilomètres environ de longueur avec une grande
régularité d'épaisseur et de composition.
La quantité de phosphates de chaux existant ainsi au-dessus
de la plaine peut être évaluée à six millions de tonnes.
La teneur varie de r>5 i\ 65 % <Je phosphate trihasique de
chaux.
Malheureusement, l'exploitation de ce g'isemeni nécessite la
construction d'un raîKvay reliant llafsa au port de Sfax ou de
la Skhirra, soit d'une longueur de 150 i\ 200 kilomètres. Néim-
moins le gouvernement tunisien a déjà été saisi de plusieurs
demandes de concession.
Le gisement du djehel Nasser Allah pi"ésente, comme relui
de l'oued Seldja, des couches de phosphates de chaux inter-
calées entre des bancs de marnes plus ou moins gypseiix.
Ces couches sont presque horizontales; elles affleui'ent sur
le tianc Est de la montagne et ont une puissance totale variant
de 5 A 6 mètres.
La teneur en phosphate trihasique de chaux varie de 30 à
35 %. ce qui. joint A leur éloignemcnt de la mer et A l'obligation
de les evtraire par galeries souterraines, les rend inexploitables
(à l'oued Seldja toute l'exploitation pourra se foire à ciel ouvert).
Parmi les couches reconnues dans ce gisement, il en est une
I. napporl il<> la direction générale des Traraux putilics. Compte rendu de la
wrche des MrTices de 1889 à tgDO, p. t3.
3
iZ± L\ TL!CI$1E DEPCIS l'oCCCPATIOX FEAXÇAl^E
qui coQlieot des quantités de coprolilhes, faciles à séparer de la
masse. Ces coprolitbes forment des noyaux très durs d'une
grosseur variant d'un srain de millet à uoe petite noix. 11 sera
facile de les séparer de la masse par un criblage et un lavage . la
masse qui les réunit étant très sableuse et se délitant sous la pres-
sion de la main.
Ces coprolitbes ayant une teneur de 70 % de phosphates de
cbaux , il sera peut-être possible de les exploiter.
Le cisement du djebel Moucbar ne semble pas devoir donner
de bien lK>ns résultats.
Les pb^>sphates qu'il renferme ont une teneur variant de 30 à
35 r., ils sout relativement très durs. Ce sont des poudingues
composés de noyaux de phosphates de cbaux entourés d^une
intinité de &:rdins de ^lauconie.
Pour enrichir ces pbospbates, il serait très onéreux de les
broyer, et le service de Travaux publics, auquel j'emprunte les
ivnstùirnemeuts qui précédent, est porté à croire que les lavages
ne donneRiieut pas un enrichissement suffisant pour permettre
l'exportatiou de ces phosphates.
Los irisomonts de lu vallée de Toued Siliana donnent lieu
acluoUcmenl i\ des travaux de recherches importants. L'ex-
ploitation portera priuoij>alement sur les coprolitbes, et si la
quantité de minerai reconnu est suftisante, un chemin de fer
rêuuira le gisement soit à la ligne de la Medjerda, à .Medjez-el-
Hab, siMt à la lipie de Tunis-Sousse par le pont du Fahs.
LES BICtIKSSES MI.VÊRALES
EAfX MINKRALES ET THHBMALES
Il est peu (le contrées, dans le monde entier, qui possèdent
nulant de sourees Iherttiates et minérales, que le Nord de l'A-
frique, L'Algérie en coniple un nombre coDsidérable parmi
lesquelles plusieurs sont justement réputées pour leurs vertus
curatives : Ilammam-ftirba, Hammnm-Mélouane, Hammam
!>ou-Hadjar, etc.. et la Tunisie n'est pas moins bien partagée.
i'Iusieurs de ses sources thermales sont en grand honneur
parmi les indigènes, qui viennent parfois de 1res loin leur de-
mander la guérison d'affections rhumatismales et autres.
Les principales sont celles :
1" De Hammam-Kourbès, à l'entrée de la presqu'île du Cap
Bon, sur le golfu de Tunis;
12" De Hammam -el-Enf, au sud du golfe de Tunis;
y De Hammam-M'setada, près Béja;
4' De Hammam-Djdidi, entre Hammam et Zaghouan;
,6' De Ilammam-Zriba, entre Bou-Ficha et Zaghotiaii;
6° De Hammam-Ouled-Ali, près (Ihardiniaou;
7° De Hammani'Biada, près Le Kef;
8° Du Hammam des Ouchteta , près Ghardimaou ;
9' Du Hammam de Khangnet-et-Tout, près Béja;
»10° De Hammam-Trozza , près Kairouan;
11° De Bordj-Hammam , en Khroumirie;
1-2° Du djebel Iskeul, près Bizerte.
Toutes ces eaux sont de même nature (eaux chlorurées sodi-
ques fortes) et présentent une température de iT" à 52°; la der-
nière est, en outre, ferrugineuse.
Quatre de ces sources ont principalement appelé l'attention
k
13i LA TUNISIE DKPUIS L*0CCUPAT10N FBANCAISK
de rAdministration , désireuse de donner satisfaction aux légi-
times intérêts de la population indigène.
A Hammam-M^selada, il a été procédé au captage de la source,
dont le volume a été augmenté, et dont les eaux minérales, sé-
parées des eaux superficielles, alimentent un petit établis-
sement thermal possédant deux piscines. A Hammam-Djdidi ,
les études préliminaires sont terminées et le captage pourra être
prochainement entrepris. Mais c'est surtout à Kourbès et à
Hammam-el-Enf que la situation doit être améliorée. Les eaux
de Kourbès, déjà utilisées par les Romains, sont, en effet, les
plus fréquentées de toute la Régence , et le voisinage de Tunis,
à qui Haramam-el-Enf est relié par une voie ferrée, rend parti-
culièrement intéressantes les eaux thermales de cette dernière
localité.
A Kourbès, où le débit des diverses sources est considérable
(vingt-sept litres à la seconde), rétablissement thermal est des
plus rudimentaires; il consiste en une grande construction arabe
divisée en six compartiments, contenant chacun une piscine et
une étuve, sorte de petite coupole très basse, sous le plancher de
laquelle coule Teau thermale; deux piscines se trouvent encore
dans le Dar-el-Bev et deux autres enfin dans des habitations
particulières.
A Hammam-el-Enf , il n'existe pas, à proprement parler, d'é-
tablissement thermal , mais uniquement des piscines dispersées
dans les palais du Bey, du général Kheïr-Ed-Din, du Sahab-et-
Taba, de Mohammed et de Mustapha Khaznadar; trois piscines
seulement sont affectées à Tusage du public dans un fondouk
beylical absolument délabré.
In projet d'établissement thermal a été dressé pour Kourbès:
il comprend deux grandes piscines à eau courante,
A Hammam-el-Enf, où le débit réuni des deux sources, Aïn-
el-Bey et Aïn-el-Ariaue, n'atteignait pas 300 mètres cubes par
LES RICHESSES MINÉRALES 135
jour, le service des Travaux publies a capté cette dernière
source, dans le cours de Tannée 1888, en la recherchant en
galerie dans Tintérieur de la montagne, à travers les anciennes
galeries romaines : il en a ainsi triplé le déhit. D*autre part , par
une convention du 9 juillet 1883, une fraction de ce débit a été
concédée, pour une période de cinquante années, à ud parti-
culier qui a commencé la construction d*un établissement ther-
mal important, comprenant vingt cabines de bain, deux grandes
douches, un hammam, et une piscine séparée pour les indi-
gents. Cette construction est encore inachevée, et le conces-
sionnaire a encouru la déchéance, qui a été prononcée en 1890.
Il y a lieu de souhaiter que ce projet soit repris et mené à
bien afin que les Européens trouvent un aménagement conve-
nable et puissent aller demander à cette station thermale le
bénéfice de son traitement.
Quelques sources minérales froides se rencontrent aussi en
Tunisie, notamment au djebel Garci, où les eaux carbonatées
sont légèrement ferrugineuses; enfin l'énorme source thermale,
mais peu minéralisée, d'el-Hamma, près Gabès, qui débite
soixante litres par seconde, sert à Tirrigation de l'oasis.
LIVRE VI
L'OUTILLAGE ÉCONOMIQUE
LES VOIES DE COMMUNICATION
Quelque fécond que soit son sol, quelque ricLe que soit son
sous-sol , aucuQ pays ne saurait prétendre à une prospérité dura-
ble si la puissance productive dont il est doté n'est servie et ac-
crue par (les moyens généraux, eu léte desquels figurent les
voies de communication. Ce sont là, en effet, les agents primor-
diaux de tout progrès matériel et de tout progrès moral. Car
c'est du contact plus aisé des hommes entre eux, de la fréquence
de leurs rapports et du jeu multiple de leurs inlérf'ts que naît
la civilisation, ameuant A sa suile l'industrie et les arts.
Dans l'ordre physique, les voies de commuuicalion que nous
appelons les routes servent à la circulation de tout ce qui entre-
tient la vie dans le corps social, comme les canaux d'un arbre
y font circuler la sève, l'ius la sève voyage abondamment, plus
l'arbre est vigoureux.
Mais les routes exigent déjà chez les nations un certain degré
de prospérité ; il est donc évident que les peuples où le dévelop-
pement commercial, partant la civilisation, a fait le plus de
k
138 LA TUMSIE DEPUIS l'oCCUPATIO?! FRANÇAISE
progrès sont ceux qui doivent à la nature , ainsi que Ta fort
justement constaté Alfred Nour^ des communications faciles
et peu dispendieuses, nous voulons dire des fleuves et des
rivières navigables.
C'est là, sans doute, ce qui explique la supériorité de la
France.
Nul pays n'a été plus favorisé sous ce rapport, ayant comme
un vaste réseau de rivières navigables qui vont se rendre dans
des mers différentes , au Sud , à TOuest , au Nord : avantage que
Strabon admirait autrefois, en remarquant Theureuse disposi-
tion de nos fleuves, qui donne aux habitants la facilité de corn-
muniquer entre eux et de se procurer réciproquement tous les
secours et toutes les choses nécessaires à la vie.
La France serait envahie par des barbares, fussent -ils
arabes, que la civilisation y renaîtrait d'elle-même.
L'Afrique n'a pas le même avantage : de l'une à l'autre
mer, de l'Atlantique jusqu'aux Syrtes, il n'y a pas de rivière
navigable.
Voilà pourquoi cette vaste contrée devait rester dans la bar-
barie , une fois que les Arabes en eurent chassé la civilisation :
elle n'avait pas de routes pour pénétrer chez eux.
« Deux causes primordiales, dit Vivien de Saint-Martin-, ont
condamné l'Afrique à une éternelle infériorité vis-à-vis do l'Asie
méridionale et de l'Europe; sa configuration môme et la nature
de ses populations. Par sa forme compacte et la projection ré-
gulière de ses cotes, que ne diversifient nulle part ces larges dé-
coupures, ces golfes profonds qui s'enfoncent au loin dans les
terres, et où viennent déboucher de grands fleuves, elle est
privée d'un puissant moyen de communication, qui, ailleui's,
appelle et rend faciles les relations commerciales de peuple à
1. Colonies olgc rie unes, p. Tô.
2. Le Nord de V Afrique dans VunliquHc grecque et romaine, Introduclion.
LOUTILLAGK lîCONOUKJtE 139
peuple en même temps que le mouvemeut intérieur. C'est uu
principe de vie qui manque A l'Afrique , un principe de vie in-
tellectuelle aussi bien que de vie politique ».
Cela est exact ; mais l'inlelligence de l'homme lui a souvent
permis de suppléer à la nature.
Ou manquaient des voies de communication naturelles, la
nécessité dut recourir aux ressources de l'art. Les voies de teiTe,
qui ne furent d'abord que des sentiers souvent impraticables,
devinrent des routes; routes d'abord grossicres, imparfaites,
plus lard de toute beauté et indestructibles. Et partout où elle
portait ses armes victorieuses, Rome se hâtait d'établir ces
chaussées citées comme des modèles, ces voies romaines dont
le nom est synonyme d'une route solidement assise ' ; à tel
point qu'aujourd'hui eucore, après quinze siècles d'abandon ,
on retrouve dans tout le Nord de l'Afrique, non seulement des
vestiges, mais même des tronçons entiers de ces voies de com-
munication , à. la fois instrument de bien-être pour le colon
et agent politique de gouvernement, inslrumentum regni.
L'Arabe, dédaigneux de la civilisation et de ses bienfaits, était
trop paresseux pour se livrer aux pénibles travaux d'empierre-
ment des routes. A-t-il besoin , au reste, de moyens de transports
perfectionnés? Son cheval , son Ane, son chameau, ses troupeaux
nefrancbissenl-ils pas tous les ravins? Parfois les oueds grossis
par l'orage le bloquent dans la vallée; mais que lui importe.
Rien ne le presse; il se couche et attend 1res patiemment des
jours meilleurs.
Aussi, en 1830, d' avons-nous point trouvé une seule route dans
l'intérieur de l'Algérie. C'est l'armée française, ce sont nos
soldais qui, de même que les Romains, dans le double intérêt
de la domination et de la colonisation du pays , ont construit les
I. Les Rumaina établis;
u-de&aus des aulre».
liO
LA rr.MSIE UEPCIS LOCCCPATION FRAXVAISE
hellt^s voiesde communication qui rayonneot autour d'Alger, sur
les coteaux du Sahel et dans la plaine de la Hitidja. Et de même
encore ce sont nos officiers du génie, ce sont nos soldats tjui ont
tracé et établi les premières routes en Tunisie. Mohammed es-
Saddok en avHit bien quatre grandes routes à. son actif, autour
de sa capitale (voir 1. 1, p. 21 V); mais à peine achevées, l'état des
finances n'en ayant point permis l'entretien, elles s'étaient vite
transformées en fondritres, et si bien que les légers véhicules
du pays, les arabas, préféraient passer en plein champ.
En fin de compte , en 1883 , au moment de la création du ser-
vice des Travau."£ publics, il n'existait en Tunisie d'autre route
empierrée que celle de Tunis au Bardo, d'une longueur de
4 kilomètres. Aujourd'hui, tout un réseau de voies de commu-
nication inocule la vie dans le pays; plus de 900 kilomètres
construits ou améliorés sont livrés à la circulation :
1° Roule de Tunis à la Goulette (16 kilom.) ;
2" Route de la Goulette à la Marsa et Sidi bou-Saïd (9 kilom,);
3" Route de l'Ariana à la Marsa (7 kilom.);
i° Route de Tunis à la Sokra (15 kilom.);
S° Route de Tunis à In Manoubn (9 kilom.);
6" Route de Tunis au Bardo (V kilom.);
7° Route de Tunis à Sousse (90 kilom. 590) ;
8" Route de Tunis à Bizerte (60 kilom.};
9" Route de Tunis à Hornakia (5 kilom.);
10° Route de Tunis à Zaghouan (25 kilom.);
11" Route de Tunis à Mornak (13 kilom.);
12" Route de Tunis au Kef (74 kilom.');
13° Route de Rhadèsà Hammam-el-Lif (4 kilom.)
H" Route d'IIammam-el-i^if à Soliman (8 kilom.);
15" Chemins et rues du village de la Marsa (2 kilom.);
16° RoutedeSledjez-el-Babàlagaredumèmenom (2 kilom
17' CUemiu d'accès au phare du cap Serrât (I kilom.);
lUTILLAGB KCO>OMIQEB
m
18" Route de Sousse à Kairoiiao {5 kilom.);
10" Roule de Sousse i Mouastir [21 kilom.) ;
20° Chemin d'accès à l'appontement de Monastir (û kilom.) ;
21" Houle de Monastir à Mehdia (i2 kilom. 500);
22° Koutede Sfax il Tunis (5 kilom.) ;
I 23" Route de Houmt-Souk au port {2 kilom.);
21^ Route du Kef à Souk-el-Arba (16 kilom.);
I 25° Route de Souk-el-Arba à Tahai'ka (55 kilom.);
, 26° Route de Tabai-ka à la Calle (17 kilom.) ;
27" Route d'Aïn-Draham à la Galle (9 kilom.).
Toutes ces routes, sauf de rares exceptions, sont construites
avec une largeur de plate-forme qui varie de 7 à 8 mètres et
une chaussée empierrée de 3 à V mètres de largeur sur 20 cen-
timètres d'épaisseur. L'ensemble des travaux a donn<i lieu à une
dépense de 7 millions 500,000 francs environ, et le prix du
mètre courant de route, y compris les ouvrages d'art dont le
Dombre est considérable ' et très onéreux-, ne dépasse point
14 francs^. Si l'on ajoute que les matériaux employés sont de
bonne qualité et ces routes très solides, on ne pourra mécon-
naître qu'elles reviennent  bon marché. Elles coiitent juste
■SDoitié moins cher qu'en Algérie'*.
I N'allez pas croire pourtant que la critique se montre désar-
1. On » ronsiruil 115 ponU dunl IG grands ponts co maçonnerie cl 11 ponls
inélatIii|DM.
2. L» cours d'pau ea TanUie «ont tous lorrentieU. lU reçoivent en liîTer d'^-
Donnes inassea d'eau r|u'ils débilent rapidement A plein lit, et en été ils sont en-
litrument i sec ou à peu prâs. En conséi[ueiice rerlainea personnes ont préconise
les puuges i gué- Il eA érident i|ue si l'oa pouvait èriler la construelioii de ponts,
on réali^rail une économie considérable; mois il n'en sauraït être ainsi. Il faudrait
dans ce cas défendre les rampes d'accès et les qués contre les crues soudaines et
impétueuses qui se produisent pendant la saison des pluies ; ces Iraïaui de pro-
tection coûteraient presjue autant que des ]>onts, cl la circulation n'en serait pas
moins interrompue pendant tout l'hiver, ce que nul sans doute ne saurait admettre.
3. Voir le compte rendu de la direction générale des Iravaui publics en Tunisie ,
unatei 1883* 1889.
4. On calcule que le prix mojen d'èlablisaemenl des routes en Algérie a été de
H2 LA TUNISIE DEPUIS l'OCCUPATION FRANÇAISE
mée. Ces routes, dit-elle, sont trop belles, elle va jusqu'à écrire
trop luxueuses. Or, rien n'est assurément moins luxueux que
les routes tunisiennes; je conviens qu'elles sont belles en ce sens
qu'elles sont bien établies et subissent sans trop en souffrir les
attaques des pluies torrentielles de l'hiver. Mais cela n'est pas
pour déplaire, que je sache? On voudrait de suite le double de
kilomètres et l'on se contenterait de travaux imparfaits , de pistes
améliorées; plus tard on fera mieux. C'est ce qu'on pourrait ap-
peler la théorie du provisoire, théorie si longtemps et si coûteu-
sement appliquée en Algérie.
S'agissait-il d'une conduite d'eau, la fonte, disait-on, est
chère, contentons-nous pour le moment de tuyaux en poterie.
Ballottés de-ci de-là dans les ports, dans les gares, dans les
messageries , la poterie arrivait au village quelquefois à moitié
cassée , la pose coûtait encore la vie à un certain nombre de
tuyaux, et les réparations étaient incessantes, si bien qu'au
bout de quelques années on avait dépensé le prix de la conduite
en fonte. Sous prétexte d'économie l'on avait obtenu ce résul-
tat que les colons étaient à chaque instant sans eau. Et cela
durait des années et des années, car cliez nous le provisoire est
définitif.
Même histoire pour les routes. On les faisait vite, — et mal.
Elles ne présentaient pas de grandes conditions de solidité et
de durée. Dans leur plus grande étendue , elles manquaient de
fossés d'écoulement, elles n'avaient guère que des ponts de bois,
souvent même elles n'en avaient pas du tout. Si on les avait
ferrées, ce n'était pas avec les cailloux et les galets qui abondent
dans les lits desséchés des torrents et des rivières; c'était avec
des pierres extraites de quelque carrière voisine, pierres molles ,
28 francs le mèlre courant pour la chaussée et les ouvrages ordinaires, sans par-
ler des travaux d'art exceptionnels qu'on a dû exéculer dans les gorges de la ChifTa
pour gagner Médéali, au Chàbet-el-Akra..., etc. M. Wahl, V Algérie , p. 323.
r. OUTILLAGE ECONOMIQUE
143
friables, cassées et pulvérisées par le mai'teau du cantonnier.
Il en résultait que, durant les ardeui-s de l'été, les charrois,
cavaliers et piétons roulaient, disparaissaient dans des amas de
poussière , comme au désert dans des tenipèles de sable , et
que durant les pluies de l'biver, les mfmes charrois, cavaliers
et piétons s'enfonçaient jusqu'au moyeu et jusqu'au ventre
dans des lacs de boue liquide. L'administration ne trouvait d'au-
tre remède que d'interdire la circulation des voitures. Ou lisait
bientôt sur les murs d'Alger et à la porte des mairies des vil-
lages environnants des affiches dans le genre de celle-ci que
je copie fidèlement dans les recueils administratifs :
Avis. — Le préfet du déparlement d'Alger a l'honneur d'informer
ses administrés que, en vertu des instructions que M. le Gouverneur
général donnait l'an dernier, h. pareille époque, .M. le Général com-
mandant la division d'Alger a décidé que les roules ci-après dési-
gnées seront inlerdiles, sur le territoire militaire, pendant la mau-
vaise saison , à la circulation des voilures , et que celte interdiction
commencera le 23 du présent mois de décembre :
Savoir: 1° routes d'Alger i Dellys (moins la partie comprise entre
Dellys et le village do Ben-Michoud), et d'Alger à Tizi-Ouzou et
Dra-el-Mizan; 2' route d'Alger ft Aumale; 3" route d'Aumale à
Bordj-Bouiract aux Beni-Mansour; \" route de Médéah à Boghar, à
partir de Damielte ; a" route de Milianah à Blidah par la Bourkika ;
fi" route d'Orléansville à Tenez; 7" route de Cherchell à Milianah.
Le préfet croit devoir engager le commerce à kdier de faire arriver
d'ici au terme ci-dessus fixé les objets qu'il aurait à expédier sur les
ilifférenles place' de l'inlérieur, et dont le transport ne pourrait plus
se faire par voitures.
iLe préfet, Lautouh-Mézeraï.
Alger, 10 dicembre ISGR,
(le régime serait-ii du goût de ceux qui se plaignent en Tu-
nisie que la mariée est trop belle? Je ne le pense pas. Il est, en
effet, pitoyable à tons égards, S'il est vrai que les routes sont le
rayonnement continu à tous les points du territoire des deux
forces par lesquelles toute société se manifeste : la force indi-
k
lU
LA Tl'MSlK DliPriS L OCCIPATIOX FRANÇAISE
vise qui s'appelle l'État, la force individuelle qui s'appelle le
travail , la société végétera . s'étiolera tant que les routes ae
sci-ont pas praticables en tout temps.
Un a attrîtiué à bien des causes le long insuccès de la colonisa-
tion algérienne. Au-dessus de toutes celles que l'on peut invo-
quer, il Tant placer le déplorable régime auquel la difficulté
des communications assujettissait le colon. Je vous le demande,
n'est-il pas profondément triste que, vingt-trois ans après la
conquête d'Alger, l'administration en soit réduite à placarder
des affiches comme celle que je viens de citer? Voilà pourquoi
vos solitudes sont muettes, monsieur le (Gouverneur général!
pourrait-on s'écrier.
Les ingénieurs des ponts et chaussées ont eu le mérite, en
Tunisie, de mieux comprendre leur tâche, et il faut hautement
les en féliciter. La cherté des transports, ils le savent, est un des
plus grands obstacles il la colonisalion , et ils ont eu à cœur de
doter immédiatement la Régence d'un réseau de voies de com-
munication àla fois solidement et économiquement établies.
L'économie ne consiste pas, en effet, à dépenser peu , mais avec
discernement, il y a souvent plus d'économie à faire vite et bien
qu'à faire mieux et lentement.
Aussi je ne crois point qu'il faille encourager rétablissement
de routes à peine ébauchées, sans consistance et, par suite, sans
durée : c'est là un mauvais calcul. Que dans le Sud, par exemple,
on se borne à rendre les pistes praticables, fort bien ; c'est suf-
fisant. Mais dans les régions ouvertes à la colonisation , de bon-
nes routes doivent être immédiatement construites'-
S'ensuit-îl qu'il n'y ait aucune possibilité d'abaisser encore
1. Pour concilier les eiigences de la colonisalion atec reiiguïlé du budget
(unisien, 4.G00 kilomèlres de roales ou piales. dirisées en Iroia calvgories, sul>
vant leur importance, seront améliorfes. dans l'espace <te cinq à six ans, i l'aide
d'un crédit annuel el de preslalinns volontaires. Les 1,800 kilomètres en première
ligne comprennent l'achivement des routes commeac^es et le réseau de tunlieus
à
tOmUAGB ECOXOMIOUK 115
le prix d« revient de ces routes? Je suis loin de le penser. L'ap-
plication chaque jour plus grande des journées de prestations
dues par les indigènes , et l'utilisation aussi de la maio-d'œuvre
militaire, permettraient de réaliser une économie sérieuse, et
celle-là entièrement profitable A l'État.
Déjà, à l'aide de ces prestations volontaires, on a pu, sur un
grand nombre de points, amélioi'er les pistes sans empierrement,
en rectifiant les passag'es les plus défectueu<i, tant en plan qu'en
profil, en établissant des fossés, dalots, buses ou cassis pour
l'écoulement des eaux. [>rès de iOO kilomètres de pLstes ont été
améliorés de la sorte et aucun prestataire n'asoulevé de réclama-
tion . Ce recrutement n'était pas d'ailleurs inconnu chez les indi-
gènes. Les caïds, chargés qu'ils étaient d'assurer la viabilité ,
sur leur territoire de commandement , avaient le droit de réqui-
sitionner pour ce service tous les hommes valides de dix-huit à
cinquante ans ; de même, en vertu d'un usage presque universel
en Tunisie, tout homme valide, inscrit sui' le rôle de lamedjba,
pouvait être tenu de participer k tout travail utile à la localité
ou à la tribu et, par suite, à l'entretien des pistes'. Ces sages
dispositions étaient tombées depuis longtemps en désuétude lors
de noire occupation ; néanmoins elles avaient suffisamment sub-
sisté pour qu'une nouvelle applicatioo n'ait rien de choquant
aux yens des populations. Au surplus , les TunisieDs ont géné-
ralement le sens commercial trop développé pour ne pas appré-
cier les avantages de transports faciles, conséquemment à bon
marché. Et j'estime qu'on pourrait aisément accroître de ce
chef l'impôt arabe sans crainte de mécontenter les tribus.
Je lis dans le rappoi-t du service des travau.\ publics :
k » L'administration espère obtenir le concours volontaire et
^^W quelques grandes tîttm, (elles que Tuoifl. SoiiSM', Sfm. Pour celui-ci ll^lat
enleod léclanier le cancourï des inléresaés colons cl IddlgËaeE. ce qui est tri»
é<|oi[*ble.
1, Voir le rap|)orl |ir*cilé du service des [riraiii |iubliCi. |i. 18.
LA TUMSIE, — T. n. 10
ne
L TtNlSIE DEPUIS LOCCDPATIOX KRANÇAISB
gratuit des indigènes pour le ramassage, le transport et le cas*
sage des matériaux d'empierremeot qui seraient nécessaires
pour rendre praticables certaines parties de [listes établies sur
des terrains marécngeux ou sans consistance et les abords des
travaux d'art ».
Cette espérance ne pourrait-elle prendre la forme d'une cer-
titude? Ne pourrait-on imposer ce travail, avec des tempéra-
ments, sans doute; mais l'imposer? C'est l'occasion ou jamais
de rajeunir l'usage qui voulait que chacun prit part en Tunisio
aux travaux d'utilité générale. Serait-il donc excessif d'exiger
annuellement de chaque indigène cinq ou six journées de près*
tation, ou en nature ou en argent? Étant donné que ce sont le&
intérêts immédiats des prestataires qui sont en jeu, je ne vois
pas bien par quelles raisons on pourrait infirmer cette propo-
sition. Il y a là une grosse ressource : il faut bien se garder de
la négliger. Elle peut servir non seulement à l 'amélioration
des pistes, mais à l'établissement même des roules.
J'ai la conviction qu'on pourrait aisément obtenir de trois &
quatre cent mille journées de prestations eu Tunisie, et avec-'
cela on fait de la besogne.
Maintenant il y a la main-d'œuvre militaire qui a rendu dû
grands services en Algérie et qui pourrait en rendre également
dans la Régence. On l'y utilise; mais trop peu, à mon avis.
La réduction du temps de service permet moins sans doute
qu'autrefois de distraire le soldat de son instruction militaire.
Cependant des officiers supérieurs très éclairés, et parmi ceux-ci'
le général Noi'llat', qui commande présentement la dlvîsion-
de Constantine, estiment qu'après la première année de service
on peut faire marcher de front l'instruction et le travail. La
vie du camp est pour le soldat et l'officier infiniment plus ins-
tructive que celle de garnison, par les nécessités de toute sorte'
. L'Algérie en 1BS3, p. 47.
É
L OUTILLAGE hXOXOMlOl'E
auxquelles il faut parer sans cesse , par l'habitude que la troupe
y prend du service en campague, par les terrains sans cesse
variés que les déplacements le long des routes à créer offrent
aux chefs de détachements pour leurs exercices militaires.
On sait combien démoralisante, pernicieuse est l'oisiveté au
sein des camps. A l'étranger principalement, elle développe le
spleen, fait naître tous les vices, provoque au suicide. Au coji-
Irdire, les troupes qui travaillent s'aguerrissent, deviennent
plus robustes; elles sont mieux en état de fournie des miircht^s;
elles arrivent fraîches devant l'ennemi après avoir parcouru
de grands espaces. Montesquieu remarque que les armées an-
ciennes ne laissaient pas derrière elles ces nuées de traînards
et d'éclopés qui, de son temps, marquaient la trace des armées
européennes. Et, de son cité, Michel Chevalier l'a observé, la
plus magnifique armée que ta France ait jamais eue, cette
armée d'Austerlitz , qui franchit de longues distances en se
maintenant aussi intacte que les armées romaines, avait été
préparée non seulement par d'anciennes victoires , mais par les
travaux du camp de Boulogne.
J'ai parlé des armées romaines. Sur cette terre d'Afrique où
[ sans cesse on évoque le souvenir de ses antiques dominateurs,
' îl faut souhaiter que nos régiments suivent l'exemple des lé-
gions romaines, si grandes en face de l'ennemi, non moins
admirables en face de la nature.
On n'ignore point en effet à quels travaux considérables, gi-
[antes({ues, — travaux civils aussi bien que militaires, — li's
oldats de César, de Corbulon, de Crassus, de Titus, de Trajan,
ï Probus, etc., se sont livrés. Il suffît de sp rappeler la con-
i des daules par César, Spartacus assiégé dans le Brut-
a . Corbulon chez les Parthes , Titus devant Jérusalem , les
lampagnes de Dacio, le canal, encore navigable, que Drusus
t creuser en Hollande, etc.
U8 LA TUMSIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
Voici ce qu'on lit dans Y Histoire des grands chemins de f Em-
pire romain, par Nicolas Bergier, avocat au siège présidial de
Reims , pages 568 et 569 :
« Les capitaines généraux des armées romaines, tant
soas la république populaire que monarchique , reconnaissant
les maux qui peuvent naître de cette hydre de volupté et de
paresse , aussitôt que par les armes ils s'étaient acquis quelque
temps de paix et de repos , ils ne détenaient pas pour cela leurs
armées i\ rien faire, mais les employaient en quelques ouvrages,
soit de plaisir, soit de profit, soit de nécessité. Entre autres
(^orbulo, Tun des capitaines de Néron, craignant que les lé-
gions (|u'il avait en Hollande ne vinssent à se rendre lâches et
paresseuses, il les employa à faire une grande fosse entre la
Meuse et le Rhin, pour éviter les débordements de TOcéan;
mais principalement ne miles otiiim indueret, comme parle
Tacite. Poinpeius Paulinus, sous le même Néron et au même
pays , mit ses soldats à continuer une digue ou levée de terre ,
auparavant commencée par Drusus, autant pour les tirer de
l'oisiveté que pour retenir le Rhin dans son canal, ainsi que
nous apprenons du môme auteur, disant : Ne tamen negnom
militvtn (tltinvret , ille inchoatum (mie très et sexaginla annos
a Ih'uso (if/f/(frem corrcendo li/ieno absolvit.
« Mais entre autres exercices que les chefs des armées romai-
nrs donnaient aux soldats, étaient les ouvrages des chemins
pavés. (!(» (|ui coinnionra bientôt aprî'S que l'invention de paver
dos ch(Mninspar les champs fut mise au monde. Fiaminius (qui
fut le premier après Appius (lœcus î\ faire des grands chemins
[)ar ritaUe) étant consul et ayant vaincu et réduit sous le jouir
phisieurs nations de l'ancienne l^iiiurie, se voyant en repos pour
(|uel(|ue t<Mnps, ne laissa pas ses pMis de liuerre oisifs; mais,
pour les tenir continuelleuient en exercice, les employa iV paver
un ^rand chemin d(» Bologne à Arezzo, ainsi qu'auparavant
1. OPTII-LAGK EtOSOMlytK
U9
l en avait fait un de Rome à Itiuiiuî. Livîus nous le racoute
f&ussi au livre 39 de son liistoire, où se lisent ces mots... Ne /'h
ntio mililem haberet, viam à Bononia perdiixil ad Arretium.
•' Longtemps depuis, la même pensée tomba en l'esprit d'Au-
js^iiste César, lequel, ayant vaincu Lépidus et Marc Antoine, et
réduit toute la puissance romaine sous la domination de son
empire, se voyant en pleine paix, ferma le temple de Janus,
pour signe d'une tranquillité universelle par tout le monde.
Mais, ayant sur les bras grand nombre de légions destinées A la
garde de ses frontières, afin que les soldats dont elles étaient
composées ne vinssent k se corrompre au c^ilme d'une si pro-
fonde pais, comme fait une eau croupissaate , et pour empéclier
que Toisiveté ne leur donnAt occasion d'exciter des séditions à
rencontre de ceu.t qui leur commandaient, il s'avisa de leur
iJonner force exercice, et les mettre tous à faire de grands clie-
rains de l'un des bouts de son empire à l'autre : employant les
mômes mains avec lesquelles il avait dompté les hommes, h
dompter les monts et les rochers, et à surmonter mille diflicul-
lés qni ne se pouvaient vaincre, sinon par ceux qui avaient
Auparavant vaincu tout le monde.
J^L « Encore fut-il nécessaire de joindre h ce travail les vaincus
Hjfrec les vainqueurs, et d'y erahesogner les peuples de chacuue
province avec les soldats légionnaires pour venir à bout de cet
ouvrage, qui, de tous les ouvrages faits de main d'homme est
fsans difficulté] le plus grand et le plus admirable. Par ce moyen
.\uguste fit une œuvre très utile à son empire et à tout le genre
humain, et évita de grands maux qui pouvaient sourdre de
séditions que l'oisiveté fait naître parmi les aimées et les peu-
ples oisifs. C'est pourquoi Tacite dit que tels et semblables ou-
vrages se fout partie par nécessité et partie pour exterminer
l'oisiveté hors des camps militaires : Ex necessitale mil ad-
versus olium caslroi'um. »
k
130 LA TUNISIE DEPDIS L OCCDPATIOK FAAXCAISE
Les travaux iit'cessaires , la lulte contre l'oisiveté plaident,
aujourd'hui comme dans les temps anciens, pour l'application
de l'armée aux travaux puMics dans nos colonies. 11 y a de plus
qu'à l'époque romaine le puissant motif de l'économie financifre
à réaliser dans l'intérêt du pays'.
Sans doute c'est un travail pénible et qui exige du dévoue-
ment; mais pour être moins brillante que la conquête par les
armes, cette conquête pacifique n'en est pas moins glorieuse
ni moins digne de nos soldats.
Fidèles à leur devise : « Servir la patrie, » ils n'oublierontiii
pas leur devoif, et quand il faudra suivre au travail leurs chefs_
toujours prêts à leur donner l'exemple de l'honneur, ils ironfc
aussi golment lutter de zèle et d'elTorts que s'ils allaient aizM.
combat.
" Notre armée est ainsi organisée, disait le maréchal Bu—
« geaud,'que ce n'est pas seulement une armée de combattants.
Il c'est encore une armée de travailleurs. L'armée doit èlre le
«premier agent de colonisation à employer; c'est là un sur
" moyen de consacrer à cette œuvre des bras nombreux . vîgou-
« reux et A bon marché. »
Je m'arrête sur cette pensée de l'iQustre soldat-administra-
teur. Il ne saurait être question, bien entendu, de modifier eu
quoi que ce soit le service des Travaux publics en Tunisie; je
voudrais seulement, pour le double profit des finances tuni-
siennes et de l'armée elle-même, y voir adjoindre la main
d'œuvre militaire dnns une proportion beaucoup plus large
qu'on ne le fait-.
i. Voyez à ce sujH les ëcrilg du général ItngnJal el c<?ui du géaéral Oudinol. L«
l«mps ne leur a rien fail perdre de leur raleiir.
2. Dana sa dernière session la l'oufércnte Consultalive a émis un itIi en ee
sens; jp l'enregislre avec plaisir, car il vient A l'appui de ces lignes, qui éltient
déjà imprimées.
Si tout pays neuf a besoin de routes, il a encore plus besoin
e chemins de fer, ceux-ci étant l'aide la plus puissante qu'il
loît possible de donner à la colonisation. A tel point que cer-
tains publicistes réclament exclusivement des chemins de fer.
Il y a sans doute des arguments on ne peut plus sérieux àfair'-
nloir en leur faveur, principalement en s'appuyant sur l'hahilc
Kimhînaison de M. Michaud, directeur des Travaux publics de
Ha Tunisie, lequel est parvenu A abaisser la dépense kilomé-
que à 52.000 francs. Mais un exemple dont on abuse , à mon
pvïs, est celui des Américains. Le chemin de fer, dit-on. doit
•écéder les colons. Et comme preuve oa cite l'Amérique oh le
sil est le principal agent de colonisation, où souvent il a déter-
BÎné une pi-ospérité presque subite de territoires qui, sans
ni . demeureraient encore en friche. Je serais heureux qu'il en
[ de même dans nos possessions africaines; maïs le général
loéllat, que Je citais plus haut A propos des routes, ajudicieuse-
lent observé' combien nos conditions de travail, de peuple-
Dent rapide et d'exlensio» colonisatrice sont différentes de
«Iles des Améiicains. .\ux l-^tats-L'nis, la vie afflue avec une
tendance telle qu'il suffit d'appeler l'attention sur un point
lour que la spéculation et l'activité s'y jettent résolument et
xiomplissent des miracles. On y improvise des villes d'uu
lemi-million d'habitants, comme Chicago. Times is moneij,
|it rAméricaÎD, et, fidèle à sa devise . il ne craint pas de semer
I. Op. cit., p. 49.
152 Lt Tl'MSIE DEPriS L OCCUPATION FRAXC-USK
l'argont pour économiser du temps, sur qu'il sera suivi. Ne
cooditioDS d'activité africaine sont moins brillantes. Nulle pai
on ne crée guère de chemins de fer qu'avec nue garantie d'in-
térêts par l'État ou le département. C'est souvent une lourdi
charge qu'il ne serait p«s sage d'accroître sans l'existence d'în-
léréls sérieux à desservir, en d'autres termes sans recette kilo-
métrique bien assurée.
Mais avant d'examiner les ligues à créer, voyons le réseau
construit jusqu'A ce jour.
J.a première ligne établie en Tunisie, on s'en souvient, a éié
celle de Tunis à la (houlette, avec divers embranchements sur
la Marsa, sur le Bardo, sur la marine de Tunis et sur le canal
de la Goulette. Sa longueur totale est d'environ 35 kilomètres;
rlle est exploitée par la Société italienne Rubattino.
On sait i\ la suite de quelles intrigues les Italiens doivent la*
possession de cette petite ligne; j'en ai fait l'historique en son
temps '. Toutefois de nouveaux renseignements qui me parvien-
nent pendant que j'écris ces pages me permettent de compléter
le récit que j'ai emprunté à M. P. H. X., et de mettre davantage
en lumière cette affaire Rubattino. " point de départ, — suivant
.H. Crispi lui-même, — de l'action nouvelle de la France qui
devait aboutir au traité du Bardo et à l'occupation de la Tunisie».
Donc, la compagnie anglaise ■■ Tunisian Railway Company h
se voyait dans la nécessité de vendre sa concession ou de Ift
liquider. Ses trois tronçons lui étaient revenus à un prix incroya-
ble, on a prétendu onze mi/lions, et il n'y avait aucun espoir
que le trafic pût jamais payer l'intérêt do ce capital. Tne pre-
mière tentative de cession avait eu lieu en 1877; elle avait
échoué. Cependant les négociations furent reprises plus lard et
la compagnie de Bone-Guelma n'y resta pas étrangère ; mais la
.. Voir 1. 1, ptgei Î5S elii
à
I, OLTILLACE tCOSOMIOUE 153
N Tunisian Kailway Company )>, dont les prétentions avaient
(l'abord été assez modérées, devenait plus exigeante; elle pres-
sentait évidemment les compétitions que ne mantyueraient pas
de faire naître les agissements dirigés, avec plus d'acharnement
que jamais , contre l'iofluence française à Tunis.
Effectivement, vers la fin de 1879, ce n'était un secret pour
personne qu'en môme temps que la Compagnie de BOne-Guelma
négociait l'acquisition de la ligne de la Goulette des négocia-
tions parallèles se poursuivaient à Rome et à Londres.
On disait même que la société Rubattino avait poussé ses offres
jusqu'à 100,000 livres sterling, et qu'un groupe de spécula-
teurs tunisiens faisait également des propositions à la Compa-
gnie anglaise. Au commencement d'avril 1880, cette dernière
avait envoyé à Kome un de ses agents pour traiter, mais il en
était parti sans conclure.
Enfin le ik avril 1880, la Compagnie de fiâne-Cuelma et la
Compagnie anglaise signaient un contrat par lequel celle-ci
cédait à la première, moyennant une somme de 105,000 livres,
sa concession, son chemin de fer, bAtiments, terrains, approvi-
sionnements et matériel de foute nature, y compris deux petits
remorqueurs et trois barquettes pour le service de la rade.
Comme tout entretien avait été suspendu depuis 1876, la
valeur industrielle des lignes anglaises était considérablement
réduite et la compagnie cédante devait s'estimer heureuse d'a-
voir pu obtenir le pri-x stipulé ci-dessus, auquel l'acquéreur
aurait à ajouter au bas mot 500,000 francs de réparations.
Aux termes du contrat, la prise de possession par la Compa-
gnie de B<)ne-Guelma était fixée au 25 juin. 1^ 20 avril, elle
avisait le gouvernement beylical de la cession ii son profit des
concessions du 23 août t871 et d'avril 187-2, en demandant la
reconnaissance de la substitution qui était la conséquence de
cette cession.
k
iMrirni** .lu fiU «uuniflp una çb. me amrestsuîiHi. ORseauiee dot
^ -rmniU 1 Italie iiKly-ntiaiiK me j^ aiarehi» ^h» ^itj?. ^t
'te -i-iîafinaitrf^ ja «bi*titiitirta: mai» Le mimsmeai^iit n.iiB» i«u
f^mt ^iinrr*» « p^yMHftuii::^ , maini» une «iedacaftam.. «i <^te
411 W ïiuii !•». pur Iaipii»tli» HT Fr>H2e£t£k Beritaai?. «Uei-
v>f *^ U « Tnaûma tulwiy iL«HiipaiLy .. afiinia ^'aiKiiii«
piuriii^ ItnlMtriDo pour la vimt^^ à «i^iLe^-fi du dfcemîa de fer
bÛMTAt l'ofcj^ #iiK roolrat du 1 • a^riL
\^, t\ Rwii. fki4T^^{k rrâoiûiLda «i^aiîié: mène e»>ciela5ioo.
\jh ^//fc^vii d fUlî^ remettait ea nnhiie temps an o^osol d'Angle-
U!Ttt ao^ UTinrM^ prolesUlixi poor s'opposer à la prise de
fffm^r^/iu fKkr U 0>fripa:rnie de B>>atM^fielma. Quelques jours
*pf^, k bfTiit fonrhlf f[nf^ le c^iosal d'Anslelerre avait re<:u
lofflff fif. Vy opjK/*^r. I^ ^ouvernemeot tuaisien manifestait
f\f»tïU'.Ht% ViuffMUoïi, avant de prendre une décision, datten-
flrf l 'irr^t d^ U ^>^ur de chancellerie d'.Vn^leterre que l'article
r# /l»i contrit prévoyait pour rendre la cesâion définitive:
mffh il renonça bient/it à cette exigence et, le 31 mai, le pre-
rni'T rn)ni%fre déclarait que le îrouvernement du Bev recon-
ri/iiHH^ift la cornpa^^nie cessionnaire au lieu et place de la
rompat^nie cédante, à la condition pourtant que cette recon-
riai«w'incc wir/iit subordonnée à l'accomplissement des actes
/Icviiril rendre le contrat de vente légalement valable. Le
nrernier ininiHlre «joutait par précaution qu'il devait être bien
i«nU'ndii qiHî la Hubslilulion de la Compagnie de Bône-Guelma
1 la Compagnie anglaise ne serait pas coQsidérée <
ÏQlirinant d'une manière quelconque les revendications que
pourraient faire valoir des tiers et que, le cas échéant, la recon-
naissance du gouvernement tunisien serait considérée comme
nulle et non avenue.
Cette déclaration, mêlée de rélicences, révélait une fois de
[ilus les compétitions italiennes et la connivence de Mustapha
ben Ismail, l'homme lige de M. Slaccio.
^k Api-ès la délihéraliou de l'assemblée générale de la <i Tunisïan
Hltûlway Company >• approuvant la cession à l'unanimité et ta
déclaration du solicitor de cette Société, affirmant qu'avant de
traiter avec la Compagnie Brtne-Guelma elle était libre de
tout engagement, il était permis de croire que rhnmolngalioii
du contrat par la Cour de chancellerie ne sentit plus qu'une
Mmple formalité. Il n'en fut rien. Le vice-chancelier l'epro-
chait vivement aux directeurs de la n Tunisian Railway Com-
pany » leur conduite vis-à-vis de ftubattino, avec lequel,
disait-il, ils s'étaient liés par un engagement d'honneur. Il
regrettait de ne pouvoir légalement les contraindre A con-
clure le marché entamé avec la Compagnie italienne, et dans
l'audience du 9 juin il refusa d'approuver le contrat. I.e vîce-
ctiancelier considérait, comme il l'avait déjà déclaré, que la
Compagnie anglaise était moralement engagée à traiter avec
la Société Rubattino, laquelle venait d'ailleurs d'offrir 1,000
livres de plus que le prix stipulé dans le marché du H avril,
ajoutant que In mention du juge n'était pas nécessaire au liqui-
dateur de la Compagnie.
k Appel de cette décision fut interjeté le 12 juin. Les repré-
ntants de la Société Itubaltino renouvelèrent leur otTre et
\ lords juges déclarèrent qu'il n'y avait pas lieu de revenir
sur la décision du vice-chancelier; mais qu'au contraire l'inté-
véi des actionnaires prescrivait de traiter avec la Compagnie
TT-ii^ioi* rm *:Q7ai z, .^v ittts- "■■■">*" ds: 'bob oiif jà. «l*:
i-Tnm-- i^ I III H ■iiini n» ji ^tosi» ■■■■im (
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^wiiutrT** -r ^'^ uaraixaiiir'^ i«nir ?Ni..lNil ît^'a-. il
nu? nu^ioi ixL X -^ vfoiilif amuif iin»
.' -TUT iii"^r j^ ^niTTU-Js^ -T bfrnipqr m tjmosuc ôz. 1 •
^•meL*" ut TC^ ^m«î:=i^ir i :*^il n* ?••§. IHH x*,!j> imc <» fai-
san JL raasT'Vf b* -ns- ar*iî&
1 l£ilc^ 3ir iiiHiïi*^ ÎÈi iinrwîWL « jt -i^M-^niftaiKsBe? dnt
'^■T-a.:: :f*ai îiib» ih -sej- ir"pw«niiiiiîf -s: ^^eiiimiilSK jh bottK*
j.L ôf ji '.-'mpihi-iiH nt 3iiiiif-«v«iKiimi. » 0IL 3if r-!3iio*nrâ>a p»s
in XKSSSiOfr 7«i<xr ji luisv 10:1 -fouatt?"». imnàcikL' nï y arût
-«♦;: r-.iiLTXifiiiri^aï^an îh TutH liss. iwa i^*ft: Ji rl.iaLMriie iu-
--:i_i»f cT.f»^Tii .'.-iiii3ii-n:H r:T-ii"i-s*f fî: rD* 5ia£^ :i» mc-
LTii-c-f j^ £:':•: :l Lriii:;i"i"ir ^^l- îh :aeîr::i»fî: l'-X^vtrrt ies
".•l„-> ImII' Z-T'-l "i-wS-Il*^
r- ^:^sri :<? -:: >. l>1 hz'.y.'t i: *v::^-:iiJi:>îL»fc. i*:!! i*i/-^ra:t
pagnie de Bône-Uuelma D'avaient pouvoir du cousei! d'admi-
nistration que pouf uQ prix déterminé, qu'ils dépassèrent
pourtant dans le feu de l'action. Mais la société Rubattino ayant
poussé jusqu'à 160,500 livres, l'adjudication fui prouoocée eii
sa faveur.
La Société Kubattino ne s'endormit pas sur ses lauriers. Cinq
jours après l'adjudication, elle signait avec le gouvernement
..italien une convention dont l'article V était ainsi conçu :
I « L'État garantit au commandeur Kubattino un intérêt annuel
) 6^, en or, sur les sommes versées pour l'acbat du chemin
! fer Tunis-Goulet te, concédé par le Bey et possédé jusqu'ici
tu la i< TunisianRailway Company Limited >i, actuellemeni
quîs par ledit commandeur Kubaltino suivant contrat (lu
p Juillet courant, et, après approbation du ministre des Travaux
mblics, sur les sommes qui seront dépensées pour mettre la
1 état de service régulier, constant et sûr. •>
I Trois jours plus tard, le lô juillet, cette convention élait
pQ»iîse A. la Chambre des députés qui l'approuvait par une loi
Mmologuée le surlendemain par le Sénat.
I Cette rapidité dans l'accomplissement de formalités qui
ligent habituellement de longs délais , indique bien que la
ciété Kubattino avait eu soin, longtemps à l'avance, de
"préparer le succès de ses démarches et d'écarter tout aléa. Il
est donc bien évident qu'à l'ouverlure des enchères les deux
concurrents en présence ne combattaient pas à armes égales.
La Compagnie de Bâoe-Cuclma élait obligée de tenir ses
inchères dans les limites de sa garantie. La Société Kubattino
B coQBaissait pas ces entraves, et tandis que le prix de son ad-
Indication s'élevait à 4,137,500 francs, le capital garanti élait
i à i,800,000 francs; la différence de 002,500 francs entre
8 deux sommes comprenait les travaux de réparation imputés
s tard sur le capital pour une somme de 470, DUO francs.
I
1&8 L\ TUMSIH: DEPUIS LOCCDPATIO!) FBAXÇAISK
Les événements de 1881 ont élé pour ta Société RiiltatUoo
une source de profits inespérés. Voyageurs et marchandises
ont alors afflué sur sa petite ligne, et depuis, chaque année, le
mouvement s'est accru. Mais ces bcaus jours toucbeot A. leur -^
terme : la construction du port de Tunis ainsi que le service:^
de voyageurs et de marchandises organisé sur le lac lui por^
teroni A bref délai un préjudice irréparable. Elle n'a pas éli^^
sans le prévoir et, déjà, le 9 mai 1887, le Gtonmle di Sici/ic:^^
publiait la dépêche suivante : « Roma, 7 ore 20. Dicesi che I^
Societa Générale di navigazione decise di vendere la linea Go-
letta-Tuuisi. »
Voici A quoi se rapportait celte dépêche :
La Société de navigation itahenne, à laquelle la société Itii-
haltîno et G' avait cédé sa concession de la ligne de la Gouletle
avec la garantie que lui avait accordée le gouvernement ita-
lien, était à la veille de placer dans le public les titres repré-
sentant la valeur de cette ligne.
l'our empêcher <iue la direction de ce chemin ne passjVt en
des mains étrangères, In Compagnie de navigation renonça à
constituer pour le chemin de fer tunisien une société spéciale
avec un capital-actions qui lui frtt propre; elle décida de con-
server elle-même la direction de l'afTairc eu émettant dans le
public des obligations en représentation de la valeur de la
ligne. Elle traita en conséquence avec un groupe linancicr qui
prit à forfait, au cours de 90 %, l'ensemble du capital-obliga-
tions. Il parait qu'on demanda alors à la Compagnie de BOnc-
Guelma s'il lui conviendrait, d'accoi-d avec le gouvernement
français, d'acheter ces obligations (7,500 obligations rembour-
sables à 1,000 francs avec intérêts de ft%). qui ne donneraient
d'ailleurs à leurs propriétaires aucun droit d'ingérence dans les
actes d'administnition et dans la direction de la Société.
La Compagnie Bûnc-Guelma n'accepta pas. Elle n'y avait
KCCHX
r
LOrrlLUkGB ÉCOXOMIQrE
«ucun intérêt. C'est tout au plus si, 4 des conditions très avan-
tageuses, elle consentirait aujounî"hui à l'achat de ce chemin de
Ter. le port de Tunis lui donnant sur la mei- le débouché qu'elle
pouvait désirer. La ligne de la Gouletle redeviendra sous peu
une affaire aussi peu brillante que possible, et le jour où la
.ccHopagnie italienne tiendra à s'en déban-asser, elle devra se
ligner à des sacrifices : voilà la situation.
La seconde ligne du réseau tunisien est , par ordre d'ancien-
neté, celle de Tunisà la frontière algérienne, d'une longueur
initiale de 196 kilomètres. aii\(]uels il y a lieu d'ajouter les
embranchements de Tunisà llammam-el-Enf (17 kilomètres] et
de la ^îlle de Béjà >\ Béjà-gare (13 kilomètres),
b Cette ligne est exploitée avec la garautie du gouvernement
PIvançais, et le Parlement est si peu coutumier de clairvoyance
en matière coloniale que nous demandons la permission de le
féliciter du vote de cette garautie d'intérêts ' ; mais, avant tout,
nous tenons à louer hautement la Compagnie Bi^ne-Guelma de
sa courageuse et patriotique initiative. GrAce aux événements
de I88I. l'afTaire est devenue bonne pour elle; mais, en I87t»,la
France était baltuc en brèche à Tunis, leBey nous était hostile;
et construire un chemin de fer en un pareil moment, à travers
•un pays dépourvu de ressources locales, aumiUeude populations
bdisciplinées, voleuses, pillardes et ennemies des chrétiens;
ovrir des chantiers dans ces conditions, sans aucune garantie
âe sécurité, sans aucune chance de crédit sur place, c'était là
me entreprise hasardeuse, on ne le contestera point. La Compa-
e Bi^ne-Guelma n'a cependant pas hésité ; car si elle risquait
. elle savait servir les intérêts de la France... Elle les a
.1 loi (du 1R mars 1877) eut pour rapporluur i ]> CliaiiilirB le ti'^s honorable i
léU. Carnnl. «ctucltcmpul Président de la Ilépulilique , et cent h sn
, à son inlriolisinc que nous soiami'S en grnade pirlii! redevables <iv su
160 LA TUNISIE DEPUIS L*OCCUPATION FRANÇAISE
servis au delà de ses espérances. Sa hardiesse a tellement exas-
péré les convoitises italiennes qu'elles se sont ensuite étalées au
grand jour, et Ton a vu avec quelle audace lors de la vente du
chemin de fer de la Goulette. Une nouvelle orientation de notre
politique et finalement Toccupation de la Tunisie en ont été la
conséquence.
Quelques députés , il faut bien le dire , ne se souviennent pas
assez de ces services de la Compagnie Bône-Guelma. Il est vrai
que ceux-là sont des intransigeants qui ne peuvent pardonner
à la Tunisie de se développer, de grandir, de prospérer chaque
jour malgré les embûches et les chausse-trapes qu'ils se sont
plu à dresser sur son chemin, en haine de la politique coloniale
et des républicains de gouvernement. Et parmi ces irréductibles
H. Camille Pelletan figure en tète. On n*a pas oublié son atti-
tude en 1881 , son opposition systématique au gouvernement et
rinsistance avec laquelle il a réclamé l'abandon de la nouvelle
colonie. Les lauriers de Desjobert* Tempôchent toujours de dor-
mir. Ne pouvant plus s'attaquer au traité du Bardo, ni à la
commission financière, ni aux capitulations, il s'efforce d'en-
traver le développement économique de la Tunisie, et la Com-
pagnie B6ne-Guelma en étant un des agents, il s'acharne après
elle avec une passion dont la violence tient lieu d'équité -.
Au reste, ses critiques, — produites dans un style qui a fait la
fortune du Tintamarre y — sont toujours les mêmes. Elles ont été
réduites à néant par les hommes les plus autorisés de la Cham-
1. De 1830 à 1845, M. Desjobcrl, député de la Seiac-Inférieuro, s'est efforcé, i>ar
tous les moyens en son |:)ouvoir, d'em]>écher la colonisation de l'Algérie. Il ne
cessait de réclamer le retrait des troupes et la liquidation de celte possession afri-
caine, qu'il estimait n'avoir aucune valeur pour nous.
2... et de patriotisme, pourrions-nous ajouter; c^r, en 1882, toutes ses allégations
au sujet de l'embranchement de Tunis à Hammam-el-Enf ayant été réfutées une à
une, M. Pelletan n'a pas hésité à prendre parti pour les Italiens et à prétendre que la
concession Mancardi (\oir t. 1, p. 258) était encore valable en 1880, — alors qu'elle
était périmée dès 1873. (V. séance de la Chambre des députés du 13 février 1882. >
L OLTILLAGE ÉCo:COnl(>L~R
61
: ils en ont montré les Tausscs iater|H'êUtions , les errcui's
t%raates.., M. Pellelan n'eD revient pas moins à la charge
comme au premier Jour. Membre de la Commission du budget
lie l'eiercice 1891, il a réédité une fois de plutt, l'anuée dor-
ur^re, les mêmes reproches surannés, et, bien que le Parlc-
■Ueol les ait repoussés à une forte majorité, il n'en u pas moins
•HteiDl son but.
De nouvelles ligues de chemins de fer sont indispensables à
'<i colonisation de la Tunisie : cela est sans conteste. Les études
préalables ont été faîtes avec un soin minutieux; l'économie
financière en a été réglée de même et tout est prêt depuis
^OD^emps. La Compagnie IMiie-Guelma, concessionnaire de
*^« nouveau réseau, a pris ses dispositions pour en acUver l'esé-
*iulion le plus possible, dans l'intérêt de la for lune publifiue...
^1. Pelletan oppose son veto. U veut que l'État déchire les
«Conventions passées avec la Compagnie Rône-Guelma depuis
1877. C'est sur la foi de ces conventions que 20,000 itction-
naires et obligataires ont donné leurs capitaux à la compa-
gnie : M. Pelletan ne se Iai.sse pas arrêter pour si pou, et fina-
lement les lignes ue se font pas.
Il serait temps, ce me semble, d'en finir une bonne fois
avec M. Pelletan. L'n intérêt de premier ordre nous commande
d'achever au plus tùt Toutillage économique de la Tunisie,
ttt il est désolant de songer que cel intérêt puisse être tenu
en échec par des déclamations quelconques.
Par déférence pour la Commission du budget, la Compaguîe
IWne-Guelma a cru devoir répondre à M, Pelletan par une note
que nous avons sous les yeu\. La réfutation est pércmptoire et
l'on nous permettra d'en reproduire Ias passages essenlîels.
Émission dks ohliuatio.'ss. — L'n des faits qui ont été le
plus reprochés A la compagnie et sur lequel M. Pelletan insiste
1 nouveau, c'est la cession en bloc de ses 2^0,000 premit^rcs
^l I.* TUNISIE, — T. H.
Il
162 LA Tl'MSIE UEPCIS L 0CCt'PAT10> FRA.NÇAISE
obligations, cession couseatie en 1877 à la Banijne de I*
an prix de i'>Q francs. Il y a lieu d'observer tout d'abord que >
dans le principe, la (Compagnie Bône-(luelma était une petite
rumpagnie d'intérèl local au capital de 12 millions. Elle joui^^
sait du crédit que comporte, en Algérie, celle situation. El ^
n'avait que la concession de la ligne de Bône à Guelma.
Plus tard, quand, après la loi de 1877, elle a obtenu tonte*
ses concessions nouvelles, elle a dû augmenter son capital, e(
notamment faire appel au crédit, sous forme d'obligation.',
pour une somme de tiO millions.
On a dit qu'elle avait spéculé sur cette opération. C'est ab-
solument inexact, et M. Rousseau, sous- sec ré ta ire d'Etat des
Travaux publics, l'a démontré k la Chambre'. La Compagnie
n'ayant pas de crédit, a eu recours à des intermédiaires, comme
l'a fait l'Etat lui-même dans plus d'une circonstance.
La Compagnie a livré ses obligations à 250 francs â la Ban-
que de Paris, c'est-à-dire au (aux de 6 %, et elle a réalisé
exactement le capital auquel elle avait évalué sa ligne.
La Banque de Paris a reçu les obligations dans ces condi-
tions, mais non pas nettes de toute charge , car la banque
était obligée de servir les intérêts aux obligataires pendant
toute la période d'exécution. Qu'on n'aille donc pas dire que
a banque qui a gardé ses tilres, sans augmentation de va-
leur, dans ses portefeuilles pendant un assez long temps, let
a conservés quittes de toute charge.
Non : la Banque de Paris, ainsi que le fait remarquer la
note dont nous parlions plus haut, assumait des risques con-
sidérables en prenant ferme ces âVO,000 titres d'une compa-
gnie naissante, qui avait à se développer dans un pays nou-
veau, et en déboursant de ce chef 60 millions, à un momeni
I. \c\n Journal officiel, «nnét* I88'j, p. 137, ^ancc du t3 féirier.
à
<ïâ les 2i,000 actioBS noarelks de U Cotnpi^nw. offerlnaa
l>u[>lic, ne troavaieat p&s d'a«-hetear.
Contraire meot i l'assertioo de M. PeUetaa. rémissioo de ces
obligations, teotée une première fois le 31 jaillel 1877. échouait
complètemeDt . malgré les efforts et U poàtioa esceptioonelte
de la Banque de Paris.
A l'époqae de la cODcesion, le 5 ;C français se capttalïsail
n V. 75 ^ (cours du ijaurier 1877, 105 francs net' et les ac-
tions des grandes Compasmies de chemins de fer français, à
ô 1/i- Les obligations de la Société .AJgérienne, sraranties direc-
(emeot, comme la rente, par l'État, prodoisaienl és^lem^ut
UD revenu supérieur à â %. Le taux de 6 %. admis par les
t^bambres pour les obligatious de la Compagnie de Bùne-Guel-
ma et mainleaa dans la transaction avec la Banque de Paris,
n'avait rien que de normal pour les titres d'une compaguit-
sans notoriété aucune, en vue de lignes entièrement k cons-
truire dans un pays en partie inconnu et même inexploré, et
dont le crédit était A faire. Il convient de rappeler que, lors
de la concessiou des prolongements à la Compagnie de Bône-
Cuelma, le Gouvernement français, se trouvant en face d'une
compagnie encore à ses débuts, avait exigé. — avant de se
lier dé6DÎtivemeat avec elle. — qu'elle fit la preuve des res-
sources nécessaires pour l'exécution des lignes nouvelles. Lit
(k>mpagnie dut donc produire à ce moment le contrat de ces-
sion des 2i0,000 obligations, préparé nvec la Banque de Paris,
et qui ne souleva aucune objection. Ajoutons que. lors de in
déclaration de la guerre des Balkans , qui suivit de prés les
concessions sus^lites, la Banque de Paris, effrayée d'avoir à
réaliser une opération de cette importance dans des circons-
tances qui pouvaient devenir difticiles, essaya de se dégager;
mais la Compagnie de Bône-Cuelma s'y refusa.
Le truite A forfait, conclu avec la Banque de Paris, est donc
L.
mv
SIE DEPVIS L OCCUPATION KRANÇAISI
parfaite incat ratioanel, aussi bien que la convenliou de inèm«
sature, signée avec la Société de coiistructioD des Batignolles,
t|ui avait pour but d'écarter les aléas provenant de la coDstriic-
tton des lignes, comme on avait supprimé ceux afférents à la
réalisation du capital. La Compagnie conservait d'ailleurs, cjuoi
qu'en dise SI. l*elletan, la surveillance des travaux qui de-
vaient Otre exécutés dans des conditions parfaitement définies
et dans des délais strictement prévus.
A la suite de cette premit^re opération fmancière, la Compta-
ii;Die, dont le crédit s'était peu à peu constitué et affermi au
j^i'and profit de l'Etal, qui a pu abaisser le taux de sa garantie
lors des concessions successivement faites, la Compagnie, disons-
nous, a, comme l'indique le rapporteur lui-même, fait direc-
tement ses négociations de titres. Elle a ainsi réalisé successive-
ment , dans des conditions de plus en plus favorables (332 francs
en 1883, 303 francs en 1880 et 38ft francs en 18891. 110,000
obligations, el a apporté à ses réserves un contingent indispen-
sable d'ailleurs pour faire face aux événements imprévus,
comme les inondations extraordinaires de 1882 et de 1886. Les
ressources totales réalisées par la Compagnie, au moyen de ses
60,000 actions et de ses 380,000 obligations, sont, au 31 décem- 1
bre 1889, de 130,600,000 francs. |
CossTEUCTios DKs LitiNKs. — Le capital garanti par l'Étal , au
taux de C 0/0, puis de 5 0/0, représente, pour un réseau de
Ô33 kilomètres à voie large , un prix kilométrique de 215,827 fr.
Le réseau & voie étroite, d'une longueur de 129 kilomètres, a
coûté, par kilomètre, 119,767 francs. Si on compare ces prix
à ceux qui ont été payés pour des chemins de même impor-
tance, notamment en Algérie, et si l'on tient compte des
conditions de la construction dans un pays d'un régime clima-
térique peu connu , souvent fort accidents , on ne trouvera pas
L OUTILLAGE ECO.VOMIQL'K
ICJ
(]ue le capilul de premier établissement de la Compagnie Bône-
Guelma ait été exagéré'. M. Pelletan parle du P.-L.-M. algé-
rien, construit sous le régime du capital ouvert et qu'il oppose
au BAne-Guelma, placé sous le régime du forfait. Nous acceptons
le rapprochement et nous constatons que le réseau du P.-i,.-M.
algérien qui a coiUé 167,077,900 francs en tout, pour 513 ki-
lomètres, représente une dépense kilométrique de ■')25,^92 fr.
et la section de Constantînc à Philippevîlle de 680,680 francs,
soit plus du triple du prix moyen du Bône-Guelma-. Ces
cliilTres ne comprennent pas les dépenses supplémentaires con-
cernant cette ligne, dépenses que la Commission des comptes
a laissées à la charge de la Compagnie. Les dépenses en ques-
tion se chiffrent , en principal , par une somme de huit millions
environ et par treize millions, avec les intérêts cumulés.
ICn comparant les lignes algériennes avec les lignes secon-
daires construites en France et qui se rapprochent des premiè-
res par leur mode de construction, on trouve que le coût kilo-
métrique des 2,615 kilomètres rachetés par l'Étal (lignes des
Charentes) s'élève, tout compris, à plus de 260,000 francs.
Dans un discours prononcé, le 15 mars 1878, à la Chambre des
députés, M. de Freycinet déclarait, d'autre part, que le prix
du kilomètre du nouveau réseau français est de 366,000 francs,
la presque totalité de ces chemins comme des chemins raclic-
tés étant, du reste, à une voie.
On comprendra, et nous le répétons encore une fois, que la
Compagnie qui se constituait et ne disposait par conséquent
d'aucunes ressources propres, se soit assurée contre les aléas de
I. Au kiloinMre 145 les bnquva rcfenaîent à J&O fr. le mille Une maison qui ■
ooOté enrimn 30,000 francs a ètéiendue 1,000 Tr. à l'oued Mougm».
A Den-Béchir la maison qui serTait à loger Ica agents de la conalruclJon, quelque
sommaire qu'elle rùl. éUU revenue i une linglaine île mille Trancs.
3. Slalislique des cbemiiis de Ter au 31 décembre 1888, HiniHlére des Travaux
166 LA TCNISIB DEPUIS L^OCCCPATION PBAKÇAISB
la construction de ses lignes par des forfaits conclus avec une
société importante , et lui laissant une certaine marge sur les
prix de premier établissement, fixés par les conventions avec
rÉtat. Cette marge , comme celle fournie par rémission des obli-
gations , était nécessaire , ainsi que nous le disons plus haut , à
une compagnie ne disposant que d'un capital fermé et devant
faire face par elle-même à tous les imprévus. Tout autre est la
position des grandes Compagnies dont le capital reste ouvert
indéfiniment, les imprévus en question étant à la charge de la
garantie.
Constatons, en outre, que les différentes lignes, qui compo-
sent le réseau actuel de la Compagnie B6ne-Guelma, ont été
achevées avant l'expiration même des délais légaux, et que
les commissions techniques d'ingénieurs de l'État, chargées
d'opérer la réception de ces lignes , en ont signalé l'exécution
satisfaisante dans leurs procès-verbaux officiels.
Nous citerons les suivants :
Procès-verbal de réception des lignes tunisiennes (1 1 octobre
1880) •.
Procès-verbal de réception de la ligne de Souk-Ahras à
(fhardimaou (22 septembre 188V).
Procès-verbal de réception de la ligne de Souk-Ahras à
Tébessa (22 et 23 mai 1888) .
1 . « Avant de clore le procès- verbal, la CominisHÎon croit devoir y consigner le
témoignage de sa satisfaction touchant la manière dont cette œavre a été exécutée
et menée à bonne 6n, dans les conditions et dans le délai prévus par les conventions.
• Ce résultat, facilité d'ailleurs par la nature peu accidentée du pays, a été obtenu
en dépit des difficultés résultant de la pénurie des ressources locales, de la distance
des cenlres d'approvisionnement, de la région, du climat, etc. ; il est dû à la So-
ciété de construction des Batignollcs, à sa direction et à ses agents, aussi bien qu'à
la Compagnie concessionnaire elle-métne et i>articulièrement à M. DuporUl, ingé-
nieur des Ponls et Chaussées, et à M. Dubos, conducteur princifial des Ponts et
Chaussées, le premier ingénieur on chef el le sc>rond ingénieur ordinaire de ct*tle
Compagnie.
« S'agissant d'une onivre en pays étranger, mais exclusivement française par la con-
L ODTILLAGE KCOTfOUIQrE
107
A ces lëmoigoages, nous pouvons, du reste, en joindre d'iiu-
Ires, ceux notamment «les membres du Parlement et de l'Admi-
nistration qui ont parcouru le réseau, en 1887, à loccasiou de
r inauguration de lu ligue Algev-Tunis et qui ont été unanimes
•X reconnaître l'aspect satisfaisant du réseau, comme le bon
fonctionnement des services de l'exploitation. Ce voyage avait
lieu cependant peu après les inondations qui, en 1886, avaient
causé de graves dommages à la voie. Les réparations nécessai-
res avaient donc été faîtes très l'apidement et très complè-
tement. ■
Transports. — Tariks. — En ce qui regarde les transports,
luup régularité et leur développement, M, Pelletan estime
i|ue la Compagnie se désintéresse de ces questions, à cause de
la fi»té de son barème avec l'État, le niveau de ce barème
étant, du moins jusqu'à une recette kilométrique de 11,000
francs, indépendant de l'importance de la recette.
Ia Compagnie n'a pas à défendre une formule inscrite dans
lies conventions longuement élaborées A tous les degrés udmi-
l
|)laisona à l'ODsUtrr iiu'elln rail honne
Fait d clo» i Tuais, le onzr nclobrc inrt huit cent quatre-vingl.
le Miaittre pUnipnlenUaire, chargé d'affnii
de la Bépubliqut Française à Tunis,
Pr^tidtnt de la Commisiion,
Signé : IlOLSTAS.
Llnspcilc
L'l»*pecUnr général des Mim
Signft : MEissoiVNlKn.
'■ général ilet Pouls »
Signé : Habdy.
Ix Conducteur principal dea Pouli ri
Signé : Mon^eret.
â
168
LA TUMSIE PEPriS t OCCCPATIOK FRASÇAISE
nistrolirs et approuvées par li- Parlement, forraule appliquée
d'ailleurs k bien d'autres Compagnies. Elle se borne à dire
qu'elle s'est montrée plus soucieuse de ses devoirs qup le régime
de son bart'me ne l'y obligeait. KUe n'a pas cessé, en effet
d'étudier les moyens d'augmenter le trafic des voyageurs et d«
marchandises, et ses efforts ont été couronnés de succès. Pour
ne citer que les dernières années, l'exercice 1889 présente une
augment aticn de 11,90 % sur les produits de 1888, et l'exer^
cice 1890, à son tour (huit premiers mois), une augmentatioa
de 26,50 % par rapport A la période correspondante de 1889
En ce qui concerne les voyageurs, elle n fait adopter et elle pré-
pare encore des tarifs d'aller et retour, des billets cii'culaires avec
diverses combinaisons , etc.; nous rappellerons que, récemment,
elle a obtenu du ministère des Travaux publics l'autorisatioD
d'accorder une remise de 20 % aux agences de voyages, afio
de stimuler leur zèle. Quant aux marchandises, la Compagnie
s'est toujoure prêtée aux demandes de l'agriculture et de l'indus-
trie locales, afin de faciliter leurs progrès -. Ceci est tellement
vrai qu'on l'a souvent accusée, dans la presse d'Algérie, de
présenter des tarifs de détournement. M, Pelletau ne lui en fera-
t-il pas uu grief? Lors de l'enquête en vue de l'unification des
I. Pour l'enseinblc de l'eiercitc 1890, rapproché di" Tei
:c précèdent, cette aup-
s aeclions du réseau i
iroD 13,000 francs par kilomHn.
e premières seuainea df 189t, tom
-e^aorlir un excédent qui dépane II
inenlalion n'est pa« inférieure i 35 o;o. Certai
ceUe année 1890, réalisé un trafic luoj-en denï
Nous ajouterons que les produits desquarani
parési ceux de la tnéme période de 1890, font
proportion de 15,33 9e.
Le inomenl csl arrivé où les [irodiriU de la Tt
aux fn'a d'eiploilaliou et où la garantie de l'ËIal frani^is n'a pli
sur lei frais de premier établissement.
2. Les tarifs du Dùne-Gueltna, concernant le transport des céréales, qui formeal
la plus grande jiarlie du Irnlic des chemins de 1er algériens, sont notablcinenl
moins éJerés que ceux des compagnies voisines.
Le cahier des charges impose à la C* 607 nagons A marchandises r elle en pos-
sède 731, soit 124 de plus qu'elle a'j e^tl obligée. 60 wagons lombereaux spéciale-
ment afTet'lésau trauiport des céréales uni été mis en ser>iceen i8t)L.
:tte brule permettent de faire faae
exercer que
J
s confiée à M. l'Inspecteur général des Ponts et Chaussées,
Votsin-Bey, la Compagnie de Bùne-Guelma s'est mise à l'entière
disposition de l'Administration, alors que des résistnnces se
manifestaient d'autre part '. La Compagnie ne peut être rendue
responsable du rejet, assez fréquent par l'administration, de ses
propositions de tarifs nouveaux. Enfin , la Compagnie de Bône-
Guelma, en vue de faciliter les relations entre les diverses
parties de l'Algérie, a organisé le trafic direct avec les Com-
pagnies voisines et elle n'a pas exigé le transbordement au
Kronbs. point de jonction avec l'Est-Algérien, alors que la
Commission des comptes lui impose une charge fort imprévue
pour la location réciproque des wagons avec ladite Compa-
Ignie de l'Est- Algérien.
I Ajoutons, pour ce qui touche la marche des trains, que lu
Ëompagnie de Bône-Guelma a accepté la création d'un troisième
Iraio entre BOne, Guclma et Souk-.\hras, alors que, pour la
îtection de Bâne-(iuelma, demeurée d'intérêt local, elle n'est
tenue qu'à deux trains dans chaque sens; récemment, elle ii
proposé , pour la Tunisie , une organisation qui assure un train
supplémentaire de banlieue entre Tunis et Djedelda.
^L~ Au point de vue de la régularité du service du trafic et du
^houci qu'a la Compagnie de ne pas la compromettre, rap-
pelons les efforts faits pour rétablir les cominunicaiions, ac-
cidentellement interrompues par des événements de force
majeure. A ce sujet, on lira avec intérêt, croyons-nous, une
■délibéi-ation de la Chambre de commerce de Bône, à la suite
des inondations extraordinaires de 1880 -, et le rapport de
I commission de vérification des comptes en date du 22 juil-
fT«l L.% irsHoi MVir» LoaxwxnoB wm^açMam
lui «v» ^i feiMidie b» ^atuGKtioiis à donusr ans vnyipars.
nnnfi pnnvmifl aifntinniii^r Fempiai du anlériel à irnitri £-
nknMvHifi à emloîr «mtral o« laftérsl^ rmutirTurim Je iMiEeis
«UMi^eiiabli» - et <fo bibiiolfaèqii» dons lo saro. fe développe-
m«»fit daM b» iUtÛHM de la tâégriphie pn^ëe* cÉc.
Enia, fe pefsomel a'a pais été oublié et. dès IMI. c'est-4-
/lire pen d'année» après la eonatitiitwa da réseau^ la Compagnie
a fkffnoiiêé une Caisie des retraites. EOe a an aenrke médical
Algérie, en Tunisie et anni po«r les ageals de Tadminis-
entrale à Fans; d'aotre part, elle peend br^emciit
hygiéniqoes (fenmitnres de ▼êtemeMfc diaad§, dsl
boiion de boMons et de nié«fieaiBent»), qvi pe«¥eni contribi
k maintenir le bon état sanitaire de son personnel, soqt
épr«>aTé fmremtnt par le climat des régions oà s'exerce t
eiploitation.
RÉscavKS. — Crâee an crédit eonqnis peu i peu sur le
et aax émissions iaTorables qu'elle a pa foire, grâce aux éco-
nomies réalisées snr les forfaits de constroction et, annuelle-
rnent , sur les dépenses d'exploitation , la Compagnie a constitué
fies rés^r>'es d^une certaine importance. Nous rappelons qu'au-
cune somme n'est distribuée aux actionnaires, en dehors de
rintérét statutaire. Ces réserves ont servi à assurer les fonds de
roulement indispensables au ser^'ice de la Trésorerie comme à
relui de l'exploitation et que ne pré%'oyaient pas les conventions
conclues avec TÉtat; elles ont servi aussi à couvrir — jusqu'à
(Xincurrence de plus de six millions — au moins à titre d'avan-
ces, les dépenses de réparation des avaries causées à la voie par
les inondations tout à fait exceptionnelles qui ont , en 1882 et
1. La C<)rn}»agnie IWme^-iluclma ost seule à posséder ce matériel, qui devrait ce-
l'fndant ^tre d'un emploi général pendant l'été en Afrique.
7. Crlui d(^ Du vivier laissait à désirer; mais de nouvelles obligations, imposées
au loratairc depuis quelques mois, donnent maintenant satisfaction au public.
L OUTILLAGE ECONOUIOtE;
1886. ravagé la province de Constantine et la Tunisie, et qui
ont dépassé de beaucoup le niveau des plus hautes eaux admis
iwr les Ingénieurs de l'État, lops de la construction des lignes.
M. pelletan peut apprécier, par cet exemple, l'intérêt que pré-
!«iitent les traités à forfait pour la construction des chemins
de fer. Il peut aussi se rendre compte de l'emploi de ses
réserves et voir que la Compagnie ni les actionnaires ne réali-
sent pas les bénéfices imaginaires dont il parle.
Mais toutes les preuves , tous les raisonnements qu'on pourrait
amasser sont parfaitement inutiles. Au.\ yeux de M. Pelletan , la
Tunisie est un pays étranger, et, il l'a dît très nettement à la
tribune, il ne veut point que l'on porte l'argent français à
l'étranger.
En admettant par bonté d'âme que la Tunisie soit un pays
étranger, on pourrait rappeler à M. Pelletan que l'Allemagne,
que l'Italie ont subventionné la ligne du Saint-Gothard , qui ce-
l)endant n'est pas sur leur territoire; que nous-mêmes nous
avons donné une garantie d'intérêts à la Compagnie du Midi
pour une ligne de Gérone A la frontière française; on pourrait lui
mettre sons les yeu\ un exemple plus direct , susceptible d'exci-
ter plus vivement, plus passionnément notre intérêt : la ligne de
la Coulette. Sa valeur intrinsèque atteignait-elle cinq cent mille
francs? On est en droit d'en douter. Or, la Compagnie Rubat-
lioo l'a payée V, 137,500 francs, et quelque exorbitant que fût
ce capital, la garantie d'intérêt de G p. 100 a été votée sans
rtcussiou par le Parlement italien.
Livrons cet exemple aux l'éflexions de M. Pelletan et restons-
en là. Au moment où la Compagnie Bûne-Guelma va enlin
commencer la constructiion de cent quarante nouveaux kilomè-
Ires de voie ferrée en Tunisie, il nous a paru nécessaire de
plontrer ce que valent les critiques d'im ennemi de la Tunisie.
I nous reste à ajouter que la Compagnie Bône-Guelma n'a pas
17*2
LA TrXISIE DEPCIS L OCCtPATlOX FRANÇAISE
seulement rendu de grands services politiques; elle a également
à son actif dos services économiques.
Il n'est pas contestable que, dans les régions travei-sées par
la voie ferrée, la colonisation se soit rapidement développée. Il
suffit, pours'en convaincre, de consulter le tableau graphique
établi par la Compagnie à l'occasion de l'Exposition de 1889,
qui fournit la statistique comparée (chitTi'e de la population,
valeur des terres) des principaux centres traversés, avant et
après la construction du cUemin de fer. Les statistiques officiel-
les de l'Algérie et de la Tunisie ne donnent pas des indications
)no:ns concluantes pour les progrès économiques de ces deux
pays pendant les dernières années.
D'autre part, la sécurité s'y est accrue et le budget du corpa
d'occupation s'est beaucoup allégé par suite des facilités désor —
mais assurées pour le transport des troupes et de tout ce qui es4B
nécessaire à leur subsistance et à leur entretien. C'est donc biea
grâce au réseau des voies ferrées, qui sillonne l'Algérie et la
Tunisie, que l'influence française s'y est plus fortement assise
et que notre protectorat a pu s'établir et s'affermir dans la Ré-
gence tunisienne. Les généraux placés à la tête des corps
d'armée qui ont occupé la Tunisie en 1881 n'ont pas hésité à
reconnaître les grands services que leur a rendus la Compagnie
& cette époque. On se souvient qu'elle a, d'ailleurs, été fort
éprouvée dans son personnel, lors de l'incendie de la station
de l'Oued-Zergua et du massacre des agents qui occupaient
cette station ; elle a subi, en mâme temps, de graves dommages,
dont elle poursuit encore la réparation.
Dans un ordre d'idées plus modestes, tout le monde en Tuni-
sie apprécie les efforts faits par la Compagnie , depuis l'origine,
pour introduire et développer dans la Régence les essences
d'arbres utiles ainsi que les plantes maraîchères. On peut dire
qu'elle y a été l'initiatrice de ces genres de culture. Les plan-
â
tatioDs exécutées dans l'emprise concédée s'étendcril aujotu-
d'hui sur plus de deux cents hectares et comprennent plus de
1 ,200,000 pieds d'arbres, au grand profit de la salubrité, commr
la consolidation de la voie.
La situation acquise par la Compagnie, en Afrique, et son
crédit sur le marché de Paris sont aujourd'hui indiscutables
et nous en relevons la preuve dans lappel fait récemment au
BôDC-Guelma par le gouvernement tunisien pour la construc-
tion et l'exploitation du nouveau réseau économique projeté
dans la Régence et qui doit 6tre établi dans les conditions les
moins onéreuses pour les finances tunisiennes.
La troisième ligne existant en Tunisie, consiste en un che-
. de fer, système DecauvïUe, à traction de chevaux, avec
■oie de 0,60, établi entre Sousse et Kairouaii.
D'une longueur d'environ 60 kilomètres, il a été construit en
^881 par le corps expéditionnaire. L'absence de bonnes routes
et l'importance des garnisons de Kairouan, de Djilma et des
postes intermédiaires avaient nécessité l'élahlissement de celte
voie, qui a rendu de grands services pour le ravitaillement
; troupes et pour les transports de toute nature qu'en-
tlue une expédition militaire.
Le matériel roulant se composait :
D'une machine locomotive de 3 chevaux de force pouvant
rvir aux manœuvres de gare; d'un fourgon i bagages; de
leux wagons à canons; de 137 wagons plate-formes; de huit
Foitures & voyageurs; de onze wagons citernes; et de cinq
ivagons pivotants avec caisses à bascule.
Au début de l'exploitation militaire, les transports étaient
'très actifs et occupaient les chevaux de cinq Imtteries d'artil-
lerie. Quelques mois plus tard les battenes chargées des Irans-
irls étaient réduites à deax.
m LA TraiSIB MVirU L'OGCVPAnOir PUaCAIM
A la fin de 1889, à la Boita d'une diminution tris tannUe
dans le nombre et le mourement des troupes, une oommisBiou
fut chargée d*étodier les questions suivantes :
Repliement de la ligne. Sa lirraison à un entrepreneur civiL
Son ezpkntation à Faide d'une compagnie inffigène et la trac-
tion au moyen de locomotiTes. Le commandement fut d'avis
de maintenir la ligne, mais d'en confier Peiqploitation à une
entreprise civile. En att»dant on en chargea le service du train
des équipages.
C'est alors, en juillet 1883, que furent entamés les premiers
pourparlers avec la Compagnie de Bône-Guelma.
Il serait trop long de rappeler toutes les phases des négocia-
tions qui se prolongèrent pendant près de quatre années sans
amener de solution définitive. Le seul taxi ssiUant à citer, c'est
que le 2 mai 1887, en prévision d*une cessicm prochaine de la
ligne, une convention intenônt entre le gouvernement tunimen
et la Compagnie à l'eflet de déterminer, le cas échéant, les
droits et les charges de chacun. Par cette convention la Com*
pagnie s engageait à exploiter la ligne Decauville jusqu'au mo-
ment de la mise en service de la ligne de Sousse à Kairouan
comprise dans la concession qui lui avait été accordée, le
29 décembre 1880, du chemin de fer de Tunis au Sahel.
En novembre 1887, le gouvernement français n'admettant
pas la cession directe à une société civile, décidait de céder
la ligne et toutes ses dépendances au Gouvernement tunisien,
étant entendu que celui-ci la céderait à son tour à la Com-
pagnie.
Deux conventions simultanées intervinrent eu conséquence
le 31 mars 1888, Tune entre le gouvernement français et
le gouvernement tunisien; Tautre entre ce dernier et la Com-
pagnie de Bône-Guelma.
Le gouvernement français se réservait la propriété d'une
Lomu-ftoi BooMMUore ITS
tie do nulétid rt de ses dépendances pour permettre A
l'admÏDÏstrBtîoa miUtaiiv d'rffMtoer cUe-mème ses transports.
Il «Hait stîpalê ta m^m^ temps que \^ Imosports qu'elle coa-
'■erait à la noaveUe exploitation profiteraient d'une r^Iiir-
tion de 50V sor les tariC^ appliqués ans transports ooni-er-
'^a.ttt le public.
1>ar la convention avec le gouTernement tunisien, ta Com-
f*^.grnie s'enea^ait i tenir tons les engagements pris envers
^^ ^avemement trançAÎs. l'ne clause laissait A chacnne dos
t^^rties la faculté de dénoncer le traité.
Le 11 mai 1888, la Oimpa^nie recevait les bâtiments et le
■^latériel cédés par l'autorité militaire.
La voie se composait de rails de 7 kilogr. sur 3,'> kilom^tn'!<
^t de rails de 9 kilogr. 500 sur 25 autres kilom('>ti-es.
La Compagnie se mit aussiliX k faire les réparations qu'exi-
tait l'état de la voie et du matériel. Les dépenses s'élevèrent
L 118,000 fr. et l'exploitation commença le 12 octobre t88K,
: une seide voiture À voyageurs partant de Sousse le ven-
dredi de chaque semaine, après l'arrivée du paquebot veiinnl
de Tunis: le retour de Kairoiian était fixé un dinianclie pour
» correspondre avec le départ du paquebot revenant de la cAti'
et retournant à Tunis. C'était du reste un service d'essai.
Quant A la circulation des plate-formes A marchandises elle étuil
sulwrdonnée au\ besoins.
^_ Le prix des places avait été fixé à 12 centimes par kilo-
^^■mètre, comme pour la 1" classe sur lu ligne du réseau de ht
^^FCompagnie. Quant aux marchandises, leurs prix de transport
I avaient été établis de manière à couvrir seulement les friiis
de traction.
l'ne route qui venait d'être construite entre Sousse et Kairoutin
permettait de circuler facilement par les moyens ordinaires de
telle sorte que les voyageurs, en se réunissant à quatre, pou-
170 LA rrMSIE deffis l occlpatiox nancaisb
vaienl se rendre de Sousse 4 Kairouan et vice ters/i pour un prix
sensiblement inférieur à celui de la Compagnie, avec l'avantage
précieux de n'être pas assujettis à partir à jour fixe. Pour les
marchandises, les arabas en effectuaient le transporta meilleur
compte et la Compagnie n'en eut à transporter que pendaat
le mois de décembre 1888 et d'avril 1889 lorsijue, à la suite
de grandes pluies, la route était devenue impraticable. EnHn
les transports militaires échappaient également à la Compa-
gnie, le bon état de la ligne et le matériel réservé permettant
aux divers services de la Guerre d'effectuer ces transports au
moyen de la cavalerie du train des équipages.
La Compagnie avait pensé qu'il serait avantageux pour toits
d'abandonner la traction, par chevaux et de la remplacer par
la traction mécanique, l-^es expériences faites en présence de
M. Dubos ' en août 1888 dans les ateliers Decauville, à Petit-
Bourg, l'avaient convaincu qu'il serait possible, en renforçant la
voie, défaire circuler des machines de 12 tonnes remorquant
en même temps voitures à voyageurs, fourgons à bagages et
wagons à marchandises, c'est-à-dire des trains semblables,
mais à échelle réduite, à ceux qui circulent sur les chemins
de fer ordinaires et d'appliquer les prix de transport des tar'ils
généraux. Hais il s'agissait, pour arriver à ce résultat, d'une
dépense de quatre cent mille francs, et la Compagnie ne pou-
vait bénévolement la prendre A sa charge, en présence de
l'article V de la convention du 2 mai 1887 qui permettait la
dénonciation du traité par la volonté de l'une des parties, dans
le cas où, dans les trois années qui suivraient la mise en exploi-
tation, une entente ne serait pas conclue au sujet de la voie
définitive. La garantie de cotte dépense n'ayant pas été con-
sentie, le projet fut abandonné.
I. IiiBénieur jir>iu:ii>al de la Compiigiiic. àluiii
t
LOmiXAGE ECOKOHIOUB 177
La Compagaie tenait cepeadaDt à faire un essai loyal de l"ex-
[iloitation à traction de chevaux. Le service qu'elle avait org-a-
QÏsé, tout reslreiot qu'il fût. avait permis de constater que,
grâce aux réparations faites et à un entretien constant de la
voie, la sécurité de la circulation était parfaitement assurèc;
ce fait n'avait pas échappé au public qui ne restait partisan
des voitures que par la petite économie qu'elles offraient aux
voyageurs-
Au mois de juin 1869. un nouveau service fut mis en vi-
gueur. Deux trains de voyageurs par semaine, au lieu d'uo
seul, circulaient dans chaque sens enire Sousse et Kairouan
et un train hebdomadaire de marchandises fut or^'auisé en
même temps pour faciliter le transport des petits colis.
Le prix des places fut réduit de 7 fr. 20 à 5 fr. 10,
Le trafic des voyageurs augmenta bienttit, d'une manière assez
sensible, mais il resta impossible en temps ordinaire de trans-
porter des marchandises autrement que par petits colis, les
cbarretters arabes faisant les transports à des prix absolument
dérisoires. Malgré l'augmentation des recettes résultant de ce
nouveau service, le déficit réel au 31 décembre 188!) atteignait
bV.OOO fr. non compris l'amortissement du capital.
Dans le courant de l'année 1890, l'administration militaire
résolut de confier à la Compagnie une partie des transports
qu'elle s'était réservés. Une conventioD fut passée à cet effet en
septembre, et mise en vigueur à partir du 1" octobre. 11 en
résulta pour la Compagnie l'obligation de faire circuler plus
de wagons à marchandises, mais la réduclioa de 50 % appli-
quée conformément à la convention du 31 mai 1888 aurait
augmenté ses pertes malgré l'accroissement des recettes, si elle
n'avait pu utiliser ses véhicules revenant A vide pour le trans-
port des voyageurs.
En définitive, le déficit est descendu pour l'année 1890 à
J
178
LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
20,000 francs et pour Tannée 1891 à 13,000 francs environ^
L'administration militaire ayant sans doute reconnu les
avantages qu'elle retirait en confiant ses transports à la Com-
pagnie , projeta un mois après la mise en vigueur de la con-
vention de septembre, de ne plus faire aucune exception. Une
nouvelle convention fut préparée et en prévision de Taugmea-
tation de la circulation qui en résulterait, et aussi de Fexten-
sion des transactions commerciales dans la région, la Compa-
gnie a de nouveau élargi le service depuis le 1" janvier 1891.
Un train journalier de voyageurs circule dans chaque sens
entre Sousse et Kairouan. Depuis la même époque des trains
réguliers de marchandises partent les lundis et jeudis de Sousse
et les mercredis et samedis de Kairouan.
Un mouvement plus important s'est aussitôt manifesté en
ce qui concerne les voyageurs. Mais les marchandises sont
toujours rebelles.
La convention préparée en décembre a été récemment ap-
prouvée par le ministère de la Guerre et mise en vigueur, après
la remise du matériel que l'administration militaire s'était ré-
servé.
RAPPORT
KNTRK
LKS D&PKNSF.S
1.
DÉPENSES
UECETTES
DÉFICIT
ET
LES BECKTTKâ
D X 100
R
fr.
fr.
fr.
1H90
40.(H)4.42
2(1.339.75
19.664.67
196. 6H %
IHÎU
60.522.97
37.877.20
12.645.77
133.38 X
fr.
Au^rmeiitatiou en 1^91...
Il (.518.5.'^
17.537.4.')
» n
1»
Diminution en 1S91
» »
» »
7.018.90
63.30 ^r
I
L tiUTlLLACE ÉCOXOMIOrE
La Compagnie a tout espoir de voir dimiauer les déficits
des trois premières années; elle ne compte cependant pas
arriver à réaliser le moindre bénéfice, et malgré les pertes
qu'elle a éprouvées et qu'elle éprouvera certainement encore,
elle n'a jamais reculé devant aucun sacrifice pour arriver à don-
fr satisfaction auY populations desservies par la petite ligne.
Depuis le I" juin 1891 , les trains de voyageurs -effectuent le
transport des dépêches, avec échange à el Omk.
Les colis poslaux seront également transportés depuis le
1" janvier de celte année.
Le personnel spécialement affecté à l'exploilation de cette
ligne comprend :
Un chef de gare , chef de service à Sousse ; un chef de gare à
K&iroaan; un agent de la voie; un chef d'atelier; trois chefs
de train; une équipe volante de dix hommes.
La traction est donnée k l'entreprise. L'entrepreneur est tenu
d'avoir quatorze chevaux pour les trains réguliers et de fournir
des chevaux supplémenlaires pour les trains facultatifs de mar-
chandises.
Chaque voiture ou plate-forme est traînée par deux chevaux.
Le conducteur fait l'office de serre-frein.
La traction s'effectue en cinq heures, au trot, pour les voi-
tures de voyageurs, et au pas, en douze heures, pour les mar-
chandises.
»Les voitures à voyageurs ont un relaî à Sidi el Hani. — Les
evaux des plate-formes h marchandises font le trajet sans
Aces trois lignes déjà construites, il est permis d ajouter, dès
aujourd'hui, la petite ligne de Sousse & Mokenine, concédée à
la Société Franco-tunisienne de transports par décret du 27 oc-
180 LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
tobre 1891 : la construction en sera vraisemblablement achev
dans le courant de Tannée.
Ce chemin de fer, d'une longueur de 37 kilomètres, à vo
d*un mètre et à traction mécanique , est appelé à desservir u
région des plus peuplées et des plus riches en oliviers, à t^^
point que le transport seul des olives et de Tbuile payera à 1^
Société rintérèt de son capital. Le concessionnaire, M. Ossudc,
a donc pu solliciter la construction et l'exploitation de cette li-
gne sans aucune garantie d'intérêts de la part de l'État. Aa
contraire, il lui payera une redevance si les recettes viennent
à dépasser 7,500 francs par kilomètre. Jusqu'à concurrence de
cette somme, M. Ossude percevra la totalité des recettes à son
profit; au-dessus il devra partager avec TÉtat.
Les conditions toutes particulières dans lesquelles cette ligne
de Sousse à Mokenine se présente, la rendent donc très intéres-
sante : il V a lieu de souhaiter sa réussite, sans s'illusionner ce-
pendant sur ses conséquences. De ce que ce chemin de fer
aura pu être établi avec les seules ressources que lui auront
apporté ses actionnaires, il faudrait bien se garder d'en déduire
qu'il n'y a plus qu'à entrer de plein pied dans la voie de la con-
cession pure et simple. Cette situation demeurera en effet très
lontrtemps exceptionnelle '. 11 faut louer M. Ossude d'avoir su en
tirer parti pour lui et la région qu'il va desservir; son exemple,
mnlheureusement, ne saurait avoir d'imitateui-s en ce qui re-
garde le réseau d'intérêt général.
L'acte de concession de la ligne de Sousse à Mokenine en pré-
voit le prolongement éventuel sur Sfax; mais celui-ci réclame
d'autres conditions d'exécution; il ne saurait se passer de la
garantie d'intérêt : le construire autrement serait entraîner la
ruine de la Société.
1. (Février 1892). Une pelitc ligne d'intértH local, de Tunis au Mornak, est éga-
lement demandée en concession sans garantie dintérôt.
LOimLLAU BCXHHMOQIJK
LE RESEAU A COMPLÉTER
II suffit de se souvenir que la superficie territoriale de la
Tunisie est à peu de chose près le quart de la France pour com-
prendre toute l'ÎDsuf fi sauce de â2.> kilomètres de voies ferrées.
Autant vaudrait dire que tout le réseau est à créer. Et l'oa s'é-
tonne à bon droit qu'un pays, qui a rapidement marché pour
tout le reste, soit st en retard sur ce point — d'une impor-
tance capitale pour sou avenir. C'est une fausse note dans cette
mélodie coloniale. C'est une tache dans ce lahleau séduisant.
Ai-je besoin de dire que l'administration du Protectorat n'y est
pour rien? Elle a publié depuis longtemps Tavant-projet du ré-
seau de chemins de fer que réclame le développement économi-
que de la Régence, et malgré Texigulté de son budget, elle a ré-
Golu le problème financier pour les lignes dont la construction
s*impose sur le champ. M. Massicault a multiplié les rapports
et les démarches à Paris, les divers ministres qui se sont succédé
au quai d'Oi-say ont insisté non moins énergiquement auprès
des diverses commissions parlementaires : malgré tout. le ré-
seau tunisien en est exactement au point où nous l'avons trouvé
en 1881; depuis dix ans il ne s'est pas accru d'un pouce. Pen-
dant le même temps l'Algérie a vu ses chemins de fer s'allonger
de I,5GC kilomètres, — sans compter le prolongement de la
ligne d'AlQ-Sefra que le Parlement a récemment voté.
J'ai dit à quelle hostilité la Tunisie est redevable de cet état
de choses; j'en ai nommé l'auteur responsable, je n'y revien-
drai pas : c'est inutile, il est au terme dv son succès. Pendant
que j'écris ces lignes, j'apprends en effet qu'un accord est défi-
182
L TUNISIE DKFUIS L OCCUPA TIOÎT FRANÇAISE
Ditivement iiilervenu enlrc l'État et la C" Bône-Gaetnia. Celle-ci
construira et exploitera les deux tronçons de Djedelda à Bizerte
et d'Hammam el Lif à llamraamet, moyennant quoi elle renon-
cera aux droits que lui conféraient ses conventions avec Hobam-
med-es-Saddok. Le gouvernement recouvre sa liberté d'action
pour les nouvelles lignes à construire : voilà le résultat de je ne
sais combien d'années de négociation; car pour tout le reste
l'entente était faite depuis longtemps. A une situation nouvelle,
il faut des arrangements nouveaux , et la C" Bûne-Guelma n'a-
vait fait aucune difficulté de le icconnaltre. Elle avait considéra-
blement abaissé le prix de construction du kilomètre, et elle
avait pu aliaisser de même le taux de l'intérêt , grâce à la soli-
dité de son crédit. Seulement, par crainte, dit-on , des foudres
intransigeantes de M. Camille Pellctan, certains membres du
Parlement, se méprenant sur le caractère de son opposition,
auraient volontiers sacrifié tous les intérêts de la C" B6ne-
Guelraa pour en finir avec les difficultés pendantes. Mais celle-ci
n'a pas voulu se laisser faire, et je l'en félicite.
Enfin le terrain de conciliation est trouvé ; c'est tant mieux.
J'espère que dans quelques semaines, lorsque cet ouvrage paraî-
tra, le décret de concession sera signé et que les travaux, de-
puis si longtemps attendus, seront enfin commencés. Mais il est
d'autres lignes dont l'exécution, pour être moins urgente, n'en
doit pas moins être étudiée d'ores et déjd , aQn de constituer
au plus lût le second réseau des chemins de fer tunisiens.
Tout d'abord, avons-nous dit, nous plaçons en première ur-
gence, les lignes appelées à combler la grande artère partant
de la frontière marocaine, passant par Oran, Alger et Cons-
tantine , et aboutissant aujourd'hui à Tunis et à Hammam-el-Lif.
Il faut, en efTel, relier à celte grande artère le port de Bizerte,
dont l'importance n'est plus à démontrer el la poursuivre jus-
qu'à la côte orientale de la Kégence,
L'OUTILLAGK ECOXOMIQCE
Tout le monde est d'îiccord sur ce point et ce sont ces travaux
qai vont j^trc immédiatement entrepris.
L'embi-anc bernent de Bizerte se greffe, à la station de Dje-
delda, sur la ligne de Tunis k la frontière; de ce point, il se
dirige vers le Nord jusqu'au marabout de Sîdi-Alhman-el-IIa-
did; puis s' in fiée hissant ù l'ouest, passe nu pied des contreforts
du djebel Sakkak , et , suivant à peu près la route de Tunis k
Mafeur, s'élève au eolséparant le bassin delaMedjerda de l'oued
Jouniine ; continuant à suivre la roule, il traverse l'oued Cbaïr,
longe la rîve droite de ce ruisseau jusqu'à son embouchure dans
l'oued Jonmine pour arriver ainsi devant Mateur, centre d'une
région renommée pour ses excellents pâturages. De ce marché
important la ligne, contournant une chaîne de collines qui s'é-
lève au milieu de la plaine , se dirige A l'est du lac Iskeul pour
passer au pied des collines et au liord du lac. Elle franchit l'oued
Tindja, déversoir du lac Iskeul dans celui de Bizerte , côtoie ce
dernier lac en traversant un petit golfe à l'embouchure de l'oued
Melah, et elle arrive à Bizerte, près de la porte de Mateur.
La longueur totale de la ligne est de 7t kilomètres environ ;
Tunis se trouvera ainsi à 05 kilomètres de Mateur et à 99 kilo-
mètres de Bizerte.
Le tronçon de Tunis à Ilammam-el-Llf sera prolongé par
Grombalia jusqu'à Ilammamet et Nebeul , sur une longueur
d'environ 05 kil., et desservira la riche presqu'île du cap
Bon; il permettra d'atteindre rapidement le golfe d'IIamma-
met, sur lequel ont débarqué toutes les invasions, et qui offre
encore un point faible au point de vue de la défense du cûité
^e la mer.
Nebeul, où s'arrêtera ce prolongement, est un centre indus-
riel et agricole des plus importants. Les terres environnantes
nt très riches, et, d'ailleurs, fort bien cultivées.
) lignes de Bizerte et d'IIammamet seront à voie normale ,
J
18i LA TUmSIB DKTU» L*0GCUPATI01I FIAHCAISB
le Gouvernemeat françûs Ta décidé; il ne pouvait d'ailleiuy
en être autrement.
Voilà pour l'instant les deux lignes secondaires que compotfe
rachèvement du premier réseau. Examinons à présent le se
coud.
La ligne de Souk-Ahras à Tébessa, de 1S8 kil. de longueur et
à voie d'un mètre , a été construite en vertu de la loi du 19 jiûl-
let 1879. Bien que tout entière sur le territoire algérien, elle
intéresse au plus haut point la Tunisie, dont elle suit la fron-
tière à une faible distance.
Ouverte le 37 mai 1888 , sa mise en service a eu pour effet
immédiat de créer des exploitations d'alfa dans une contrée
jusque-là déshéritée; elle a rompu en même temps l'isolement
dangereux dans lequel se trouvait Tébessa , poste avancé dont
l'importance, sous la domination romaine, a laissé des traces
aussi nombreuses qu'intéressantes.
11 est hors de doute que la France , pour affermir son pro-*
tectorat dans le sud de la Régence, tout en réduisant l'effectif
du corps d'occupation , voudra achever l'œuvre qu'elle a entre-
prise de ce c6té, en prolongeant, sur le territoire tunisien, la
ligne de Tébessa jusqu'à Gafsa, qui commande le passage de
Tozeur et Gabès, trop voisin de la frontière Tripolitaine pour
être laissé en dehors du réseau défensif de nos chemins de fer.
La longueur de ce prolongement serait d'environ 300 kil.
savoir :
De Tébessa à Gafsa 165 ) „
De Gafsa à Gabès 135 I ^^^""^'^ ^^^ ^'^'
Ces 300 kil. devront naturellement être établis avec la voie
d'un mètre , comme la partie déjà construite.
Il est inutile de faire remarquer que les lignes Tébessa-Gabès
et Tunis-frontière avec ses embranchements et son prolon-
Emeot. 1res propices à tous les intérêts des légions traversées,
suffiraient pas à assurer ceu\ du pays tout entier.
Il paraîtra certainement nécessaire de rattacher au réseau
ui-nsemble, au moins par un point, les 350 kilomètres de cAtes
comprises entre flammamet et Gab^s, stations extrêmes des
li^oes dont nous venons de parler.
^La ville de Sousse réunit les meilleures conditions pour ce
ttachement; son port tire son trafic non seulement des ma-
^Diliques cultures d'oliviers qui l'entourent, mais aussi des pro-
ductions du (^ntre qui lui arrivent en général par Kairouan.
Cette dernière ville , jadis Fermée aux Européens, leur est
maintenant ouverte , et reprend de plus en plus son ancienne
importance , comme marché de la Tunisie centrale. Il est facile
de se convaincre de cet accroissement d'activité par l'aug-
mentation de la circulation des voyageurs, constatée sur la
petite ligne Decauville qui dessert les deux villes. Mais cette
activité réclame pour se développer comme il conviendrait
dans l'intérêt général, des moyens de transports plus puissants
re ceux dont elle dispose aujourd'hui. Or, qu'arriverait-il si
réseau des chemins de fer ne comportait , de ce côté , que la
seule ligne Tébessa-Gabès. Les produits trop éloignés de la mer
iraient joindre la voie ferrée, et une grande partie du trafic
serait détournée au profit des ports algériens,
^v Au point de vue français cela importerait peu ; mais il con-
Vncnt de remarquer que le trop grand éloignement du lieu de
production à la voie ferrée et la trop grande distance à par-
courir sur celle-ci pour arriver au port d'embarquement,
diraient pour résultat de maintenir los frais de transport à des
Uix trop élevés, qui entraveraient le commerce en s'opposant
B développement de la production.
I II est donc essentiel de diviser le territoire en différentes
ines par des voies ferrées établies de telle façon qu'il soit tou-
l'uUTILLACR ^CONOMlQrK ISS
186 LA Ti;sisiE DEPUIS l'occupatuin fhaxçaisk
jours avantageux de diriger les produits vers leur port naturel.
Ce résultat serait obtenu, dans le cas particulier ijui nons
occupe, par l'établissement d'une ligne transversale allant de
l'est à l'ouest, c'est-à-dire de Sousse ft Kairouan et se pro-
longeant jusqu'à la rencontre de la ligne Tébessa-Gabès.
D'après la reconnaissance faite en 1883 par M. Duportal, le
point le plus facile pour établir la jonction des deux lignes
serait Kasserin, localité importante siluée à trente kilomètr*»
environ de la frontière algérienne.
La construction de cette voie ferrée ne présenterait aucune^
tlifficuHé. Sa longueur totale, de 185 kilomètres environ , se ré-
partirait ainsi qu'il suit : Sousse à Kairouan , 60 kil.; Kairouan
à Djilma, 65 kil.; et Djilma à Kasserin, 60 kil.
Malgré l'intérêt stratégique qui s'attache au prolongement de
la ligne do Tébessa sur Cafsa et Gabès, nous estimons qu'il
serait préférable de construire d'abord la ligne Sonsse-Kas-
serin, parce qu'il importe, comme nous l'avons dît plus haut,
de ne pas détourner le trafic de sa direction naturelle, et de
ménager avec la plus grande sollicitude les intérêts commer-
ciaux du port de Sousse en n'établissant pas de courants con-
traires.
Le réseau tel que nous venons de l'esquisser serait incomplet,
même comme réseau principal, si Tunis, la capitale, n'était pas
reliée directement à la ligne du Centre et, par suite, à la ligue
du Sud. Ce besoin est si réel que , depuis l'année 1881 , quatre
tracés ont été étudiés dans cet ordre d'idées.
Le premier tracé avait Sousse pour objectif. De Tunis à 5 kil.
en deçà de Bir Loubit, il était le même que celui de Tunis k-
Uammamet et Nebeul. De Bir Loubit à Sousse, il longeait la
littoral, en suivant une lagune improductive séparée par une
série de dépressions des terrains de culture.
Ce tracé fut amélioré plus tard, en l'intlécbissant dans une
P^
I. OUTILLAGE ECOXOUtOUR
direction qui féloignait de Iji mer et le faisait passer par Bou-
Ficha et Dar-el-Bey {aujourd'hui EnfiJavîlle). Maïs môrae avec
crttc modification, la voie ferrée aurait encore été bien près du
rivage sur vingt kilomètres de longueur, c'est-à-dire dans une
situation très dangereuse au point de vue de la défense.
D'un autre cùté, les propriétaires de Zaghouan et de la
plaine du Uornak, dans la vallée de Toued Miliane, réelnmant
l'établissement d'un chemin de fer pour desservir leurs exploi-
tations agricoles, une nouvelle étude fut faite en ce sens. Le
(racé se séparait près de Khadès, de la ligne de Tunis à Ham-
mam-el-Lif, traversait le Mornak et franchissait un col à l'est
du djebel Zaghouan, pour gagner Bou-Ficha et se confondre
ensuite avec le précédent.
L'administration tunisienne fit étudier en même temps une
bifurcation qui , de l'henchîr Menzel , à 1 2 kil. envii-on au-delà
de Dar-el-Bey, se dirigeait à la fois sur Sousse et sur Kairouan.
Enfin il fut question d'un quatrième tracé allant directement
de Tunis à Kairouan, passant à l'ouest de Zaghouan, et tra-
versant le massif montagneux par Foum-el-Karrouba et el
^^^ukanda.
^fe C'est évidemment ce dernier tracé qui serait le plus rationnel.
^F II n'est pas indispensable, eu effet, de relier directement
Sousse à Tunis, deux ports qui n'ont entre eux que des relations
administratives. 11 importe bien davantage d'appuyer vers
l'ouest, c'est-à-dire de se rapprocher d'une région riche, qui
n'attend pour prendre une large part dans le mouvement com-
mercial, que le moment où des moyens puissants de com-
munication seront mis à sa disposition.
Il ne faut pascroire d'ailleurs que l'établissement d'une ligne
directe de Tunis à Kairouan serait préjudiciable à Sousse. Le
point de partage des deux courants, l'un vers ce port, l'autre
^ers Tunis, existera toujours et quand même. Tout au plus
vers lunis, exi:
L
188
LA TCSnsn MVO» L OOODPAHW VBAIIÇAin
SonSBe poamit-il cnindre qa*iiiie partie des produits de rUn-
mense domaine de l'Enfida, échappât à son trafic; mais nous
ferons remarquer qa^il ne s*agit ici qoe des lignes d miétèt
général et que la Tonisie, dès qn*dle en sera dotée, les com-
plétera bientôt perdes chemins de CsTd^intérét local, èofâsaki
desservir les points importants placés trop loin des votes des
deux grands réseanx.
D'antres locafités importantes, S&x, Honaatir, le Kef, Ta-
bariui , seront d'ulleors, de prime abord , moins bien partagées
qae Sonsse et devront attoidro, pour èfare desservies par des
voies ferrées, l'étabUssement des lignes secondaires.
En résumé , le réseau dlntérèt général, le seul dont il y ait
lieu de 8*occuper quant à présent , devra comprendre les lignes
suivantes :
voebbh
tnnÊkTwa.
vom
cMBCTMnni
V UGMKS CONSTHUITKS
Tania à U frontière algérienne
'Rfnlw«>w*K««n*nt de B^ï^ ..........
IWk.
IS »
17 »
»
9
74 k.
6S >
»
IM k.
170 »
too »
r LIGNES A CONSTRUIRE
(par oxxlre de priorité)
Embranchement de Bixerte
TTaminftniot t^t XaIimiL
Sonaae à Kaironan et Ea«erin
Tnniv 4 Kaironan ^ , .
Tébean à Gabèa
ToTAl-x
S25 »
1S9 »
79^
6SS »
1 k.
Bn
FXMBLX
101
19 k.
Dans un rapport publié en 1889, M. Michaud, directeur
général des Travaux Publics, prévoit pour la constitution du
i-éseau tunisien un développement de 1259 kilomètres de voies
nouvelles ', Tout en rendant hommage à la légitime préoccupa-
tion de M. Micliaud de desservir toutes les parties intéressantes
du pays, nous ne croyons utile d'appeler l'attention que sur les
lignes dont l'exécution doit et peut s'entrevoir à bref délai.
Ce n'est pas que la question financière soit dès à présent ré-
solue, elle reste entière pour 655 kilomètres sur 79V que nous
avons réclamés. Aussi est-ce une raison de plus pour que nous
nous en tenions à ce programme. S'il est très difficile de cons-
truire 791 kilomètres, résoudra-t-on jamais le problème pour
1259?
11 faut compter une cinquantaine de millions pour constituer
le réseau qui précède, et c'est assurément une grosse somme
pour un petit pays.
Mais il ne faut pas perdre de vue que sur ces 79i kilomètres,
l'embranchement de Bïzerte, le prolongement sur Ilanimamet
et Nebeul, et la ligne de Tébessa à Gabès, soit ensemble
^39 kil., intéressent l'Algérie, et par conséquent la France,
au même degré que la ligne de Tuuis à la frontière algérienne,
Ligne de Béji à TaUrka 60 kil.
Ligoe de Djed^ïdi à Uateur el 1 BUcrIe 7i
Ligne de TuqU i Kairouan par le cap Don (à partir d'Ham-
inam-el-Lif) 133
Ligne de Kairouan à Gar»a 2â6
Ligne de GsFm au Djerld lU
Ligne de Tunis A /.agliciuan (i partir de Rliadés) il
Prolongement de .Smind]a an Kef 140
Embranchement de NébenI 18
Embranchement de Souise 3 )
Prolongement de Sontx i Sfai isn
Embranchement de Kasserin à Tébessa 77
Embranchement de Gar^a i CabËi M4
Total 126» kil.
190 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FBAKÇAISB
garantie par le Gouvememeot français. 11 y aurait donc lieu ,
en toute équité, de ne pas laisser, pour ces lignes, la dépense
entière à la charge de la Tunisie.
Nous sommes convaincu d'ailleurs que, dans peu d'années,
les recettes couvriront et au delà, les frais d'entretien et d'ex-
ploitation, de telle sorte qu'en définitive les nouveaux che-
mins de fer ne coûteront pas plus à l'État que des routes or-
dinaires, puisque, pour celles-ci, il faut ajouter à l'intérêt du
capital des frais d'entretien , généralement très lourds et qui
ne sont pas compensés par des recettes.
IV
LA LIGNE DE BOU-GRARA-GHADAMES
En dehors de ce que j'appellerai le réseau tunisien propre-
ment dit, il est une ligne de pénétration dont je tiens à d'é-
velopper Téconomie, c'est celle de Bou-Grara à Ghadamès.
Les Anglais, les Allemands, les Portugais, les Italiens, les
Belges, en un mot toutes les puissances colonisatrices de l'Eu-
rope , sont en train de « dépecer » le continent mystérieux ^ ;
elles s'occupent d'y prendre en maints endroits la place que la
destinée semblait nous réserver, et, en présence de ces âpres
convoitises, l'opinion publiciuc enfin se réveille en France : elle
sent le danger, elle voit à bref délai nous échapper le Soudan,
où « git notre dernière chance de nous créer un grand empire
colonial, » écrivait M. Paul Bourde en 1881 '', etoii nous serons
irrémédiablement devancés si nous ne profitons sans retard des
1. Voyez, dans la Première année Cartographique de M. Schrader, les stalistî-
ques coinparalivesdc la superficie des jJOS'^essions européennes d'Afrique au premier
janvier 1890 et au 31 décenribre de la môme année. Il y a là des chiffres pleins d e-
lo<iuenre.
2. Hevue des Deujr-Mondes du V février 1881, p. G90.
L OVTILLACË ECOXOUIQUK 191
avantages que nous donnent les traités conclus avec Ips indîgè-
ues à la suite de la prise de Segou-Sikoro (avril 1890) et celle
de Nioro {janvier 18ÏI1), la conquête des Etats d'Ahniadou et la
convention du 5 avril 1890, qui nous reconnaît le droit d'exer-
cer notre influence dans toute l'étendue du Sahara, au sud de
nos possessions septentrionales jusqu'd une ligne allant de Sal,
sur le Niger, jusqu'au lac Tchad,
Traités et convention nous assurent la prépondérance dans le
Centre-Afi'iquc, Il nous suffit aujourd'hui de vouloir pour éta-
blir l'hégémonie française des rives de la Méditerranée à l'É-
tjualeur, de l'embouchure du Sénégal aux sources du Charî. It
nous sufiit de vouloir pour que le Soudan ceniral. cette perle
saharienne, devienne les nouvelles lades françaises, nos Indes
l.e voudrons-nous? Il est permis de l'espérer. L'esprit public
se montre chaque jour moins hoslile aux entreprises lointaines.
Sans être devenu grand clerc en matière d'économie politique
coloniale, il parait en entrevoir les résultats féconds, et ceux-là
même qui ne songent qu'A la défense du sol national et ne
regardent que du cûté du Rhin ou des Alpes, s'inquiètent de
l'expansion denotrerace sur l'ancien continent, où nous avons
A présent des intérêts si chers et des souvenirs si glorieux.
C'est que, comme l'a dit excellemment mon savant ami M. Mas-
queray, » la grandeur coloniale de la France ne se sépare pas
de sa grandeur européenne. La France transmarine et la France
d'en deçà du Rhin ne sont qu'une France. Elles tombent ensem-
ble. Qui combat l'une est ennemi de l'autre ' ».
On sent donc la nécessité de rapprocher, d'unir nos provinces
du Noi-d et de l'Ouest, de faire un tout de l'Algérie, de la Tunisie,
du Sénégal et du Congo, en opérant damëme coup la conquête
pacifique des riches contrées de l'intérieur. Et l'idée d'un che-
1. Journal dtt Dibaii du il novembre 1889.
192
LA TrXiSIE DEPCIS L OCCCPATION FRANÇAISE
miu (le fer traossaharîen , tenue si longtemps pour de la dè-
mence, trouve beaucoup moins de détracteurs; elle csl acceptée
et soutenue par la grande masse , jécrirais volontiers Tuniver-
salifé (les hommes dont l'opinion a quelque valeur. On ne dis»
cute plus guère maintenant que sur les moyens d exécution, sut
l'objectif. Les uns voudraient relier l'Afrique du .Vord au Séné-
gal en passant par Tombouctou. Les autres — qui paraissent
devoir l'emporter, — voudraient qu'on orientât le Transsaharien
vers le lac Tchad. Us font valoir de bonnes raisons. Le généra!
l'itilebert et M. ('.eorges Rolland, qui préconisent ce second
tracé , le justifient en ces termes :
«. Au point de vue économique le Transsaharien sur le Tchad
sera moins long encore que le Transsaharien sur Bouroum
avec embranchement sur le Tchad; son râle aura plus de
portée en ouvrant le bassin du Tchad, qui est fermé, qu'eo
abordant le bassin du Niger, qui communique avec la mer; son
arrivée dans le bassin commercial du Tchad a chance d'y pro-
voquer un développement rapide d'échanges, grâce aux voies
navigables rayonnant à l'ouest, au sud-est et à l'est, au tr*-
vei's du Bouroum, du Baghirrai et du Ouaday. Au point de vue
de la concurrence commerciale, nous devons chercher surtout &
nous outiller convenablement dans les régions où la lutte set»
la plus active, c'est-à-dire dans le Soudan central, où nous au-
rons à lutter avec les négociants anglais et allemands du bas
Niger et du Cameroun; que si l'on prévoit l'entrée en scène d'au-
tres rivaux , marchant de Tripoli au Tchad , c'est une raison d6
plus pour dire que le Tchad doit être notre objectif le plus
précieux; or, si nous y arrivons les premiers et y prenons pied^
pourquoi nous en laisserions-nous déloger'? »
Je partage celte manière de voir; seulement, je diffère d'avis-
r le géuéral PLileberl
Ë
1. La Frnnce en Afrique et le TiunssahaiL
M. Georges Rolland , page M.
à
i.'dUTii.LAr.F. K»;o>OMii.itii; 133
avec le général l'Lileberl et M. C>. Rolland sur le tracé de ee
Transsaharien. Ils le font passer par Biskra, Ouargla, Amgiiid
et lui donnent Phi lippe vil le pour tète de liKUe. Pour de nom-
breuses raisons, je pense que la véritable voie à adopter serait
celle ijui relierait la baie de Bo«-Grara au lac Tchad par (Jha-
daniès, Uhftt et Bllma.
Bou-Crara (l'ancienne Giglhis des Romains), est situé dans
une position dont la mission bydrograpliique a fait un grand
éloge.
Voici, d'autre part, l'opinion que W, Directeur général des
Travaux publics de la Régence exprimait en 1888 :
'( L'attention doit èlre appelée snr les conditions très favora-
bles que paraît offrir le vaste bassin int^iienr appelé " mer de
Bograra, » qui sépare Djerba du continent. Les grands fonds
qu'on y constate sur de vastes étendues, les facilités naturelles
que parait présenter l'ouverture d'un chenal et sa protection du
cùté du large, permettraient d'en faire un port de refuge
admirable pour les navires de tous tonnages; et ce port serait
pour l'estréme Sud de la Régence (et pour le bassin oriental de
la Méditerranée) ce que peut être Bizerte pour la cAte septen-
trionale (et pour le bassin occidental de cette mer) ».
ÏA ligne partirait donc de ce port naturel et gagnerait par
Moudenine et Sidi Mosbab le poste de Funm-Tatahouin , qui se
trouve à l'extrémité Nord du défilé de ce nom ; on s'engagerait
dans ce défilé, qui coupe obliquement le massif montagneux des
Ouderna; on laisserait Douiret û huit heures à l'Ouest en travei--
sant à Bir Mosrob la route qui y conduit, puis on continuerait
à suivre la même vallée jusqu'iV Biar-Darscm.
De ce point une direction, facile h. suivre, jusqu'à lUiadamês,
passerait à Ouezzcn, Sinaoun, Bir-el-Oli et Bordj Mzezzem.
Elle serait, à partir d'Ouczzen sur le territoire tripolilaiu , non
loin de la frontière algérienne. Par un autre tracé pins direct,
■
19i LA TUKIMB DBPITM L'oGCvrATNnr WUkWÇknm
on pourrait paaser à Bir Tnilâf et, soivant Im note des camaMs.
on viendrait rejoindre le préoédent à Sioaoon.
Il serait possible, d'ailleurs, d'arriver à pranmité de Oiadfr*
mes, uns sortir des limites des territmres algérien et tnniaca
(cette oasis n'est qu'à une vingtaine de kilomètres da tcnHoire
alfcérion) tout en évitant les grandes dunes; mais ce traeé serait
i*n partie dans les sables et Ton n'est pas renseigné sur le par-
cours.
De Ghadamès à Rhàt, on doit franchir la région des dunes
d'i&doyro, mais la traversée des sables mouvants n'exige, parait-
il , (|u*une demi-journée de marche. Puis on s'engage dans une
étroiUf vallée, sorte de couleur bordé à l'Est par une numtagne
CAcaqiéo , et dans laquelle est bâtie la ville de Rhàt.
Au delà de Rhàt on remonte la même vallée jusqu'au col
situé à douse cents mètres d'altitude qui sépare les deux ver-
NniitN du Kaliara. I>e là on redescend sur le versant soudanien,
et lu routo doM caravanes vient rejoindre, près des oasis de
KifJTKedom ot de Joggeba , la route de Tripoli au lac Tchad par
Moiirxouli.
PliiN loin on remonte les oasis de Kowaret deBilma, centre
do prcHluclioii du sel des plus importants du Sahara, et où de
Ir^H iioinhreusos caravaues viennent chercher cette précieuse
NuhNtanoo de centaines de kilomètres à la ronde.
hes oiLsis (le Uilnia pour atteindre la zone bordière du Sou-
dan , il faut (ravei*ser une vaste région de dunes, et ce n'est qu a
partir des ixwliers de Dibbela, ou plutôt de l'oasis d*Agadem,
(|ue le. (U^ert est franchi et que Ton entre dans la région sou-
danienne pour se diriger, soit sur Kouka, soit sur tout autre
rentre avoisinant le lac Tchad.
Voilà le tracé. Il est facile à suivre sur la carte; il s'y inscrit
])resque en ligne droite. Les avantages qu*il présente sont des
plus iniporlants :
LOtTlLLAnE ÉCOXOMlgCE
195
l'C'eslde beaucoup le plus court de Ions les tracés proposés;
il gagoe plus de 500 kilomètres sur celui d'Ouargla, proposé
par le général Philebert et M. G. Rolland;
•2° Il aboutit à un port naturel, parfailemont abrité, facile à
aménager à peu de frais, de manière à ôfre accessible auï na-
vires de tous tonnagps. On peut même affirmer qu'à ce point
de vue lu position de Bou-Grara n'a son équivalent sur aucun
point de la cAte Nord d'Afrique, Bizerle excepté ;
3° Il évite la traversée de? grandes dunes de l'trg oriental ,
qu'il contourne par l'Est;
i»° Il passe par des points plus peuplés, plus riches, plus im-
portants, sous le rapport commercial, que ceu\ desservis par le
tracé d'Ouargla, et suit des roules commerciales pratiquées, on
pourrait dire de toute antiquité par les caravanes. Il ne fran-
chit le désert proprement dit que sur des sections de longueurs
relativement restreintes.
Le tracé d'Ouargla, au contraire, ne rencontre au delA
de ce centre jusqu'au plateau d'Air, que des points géogra-
phiques à peine connus ou des localités sans importance,
comme Timassinin , et ne correspond tk aucune route saha-
rienne;
5° Passant par Ghadainés , par Rhflt , par les oasis de Ko« ar
et de Bilma, il est le seul qui recueille des éléments de trahc
sur tout son parcours, et qui soit assuré de drainer tout le com-
merce du Soudan central et du Sahara , et même une partie du
Fezz&D, avec Tripoli ou Benghazi;
6" Longeant en quelque sorte le pays des Touare?, au lieu
de s'y enfoncer comme le tracé d'Ouargla, il est plus en dehors de
l'action de ces peuplades. Onnauraità traiter qu'avec les Azdjer,
avec lesquels les autorités tunisiennes sont fréquemment entrées
en relations et qui, devenus nos alliés, pourront, inoyennaat
ao tribut, garantir nos armées de toute attaque. En outre , le
196 LA TI751SIB BirUlS L^OOCOPAIMUr RAHÇAISI
Tranmaharien ae travenant le paya qa*à k limite de leor actim,
ne porterait pas atteinte à leur indépendance, et, dans ces con-
ditions, la question Tooareg serût pins fitciiement résolue.
7** Ce projet permet de réaliser par la oonstmction d'un pre-
mier tronçon, de lenteur relativement restreinte, celui de
Bou-Grara à Ghadamès, un résultat de la plus haute impor-
tance pour l'avenir de nos possessions du Nord de TAfrique : le
détournement sur un port de la cAte tunisienne, qui peut être
considéré désormûs comme terre françdse , du courant com-
mercial qui passe ai]û^u'^'^^' P'' Ghadamès, et qui représente
les trois quarts du trafic de l'intérieur de T Afrique avec Tripoli ^
C*est en effet à Tripoli que les Sahariens viennent échanger
tous les produits du Soudan contre des marchandises anglaises
ou italiennes. « Gh&t envoie à Tripoli Tivoire du Bomou , les
cuirs , le musc et lencens de Kano , les plumes du Borkou , du lac
Tchad, du Damergou et de TAdrar, les cuirs de Haoussa, les
tapis et la poudre d'or de Timbouctou* ».
Et cette route sur Tripoli, anciennement sur Gabès, gardez-
vous de croire qu'elle soit née d'hier : les chameliers la suivent
de toute antiquité, c'est la vieille route historique des caravanes
Atlantes et Garamantiqucs. Souvenez-vous de Carthage et de ses
1. Dans une noie qu'il a bien voulu m'adresser l'année dernière, M. Désirées,
Consul de France À Tripoli , me donnait les relevés solTanU des ezporialioas qni y
ont été faites, de 1880 À 1889, en ivoire et plumes d'autmclie :
Dents d'éléphant. Plomes d*aiitraobe.
1880 500.000 francs 7.280.000 francs.
1881....
. . . 450.000
— . . .
... 6.150.000
1882
... 225.000
— . . .
... 3.349.000
1H83
... 414.000
— . . .
... 6.045.000
1884
... 328.000
— . . .
... 5.287.000
1885
... 300.000
— . . .
... 2.186.000
1886
... 467.000
— . . .
... 1.395.000
1887
... 530.000
— . . .
550.000
1888
... 610.000
— . . .
... 1.250.000
1880
... 450.000
—
875.000
2. Louis Say, Largcau, L'Exploration, n^ 5U.
quinze ou seize empona de la peiiti! Syrie. C'était comme au-
tant de pompes aspirantes par lesiinelles Cartilage attirait à
elle tous les produits du Sahara et surtout du Soudan. Les ca-
ravanes apportaient là les cuira, les laines, rivoii"e,rébène, les
œitTs et les plumes d'autruche, la poudre d'or, l'encens, les
pierres précieuses. Carthage leur donnait en échange les pro-
duits de son territoire ou du bassin méditerranéen: du blé, du
sel, du riz, des métaux, des armes, des ustensiles de bronze
ou de fer, etc.
«Les Caramautes, comme les Touareg leurs descendants,
étaient guerriers et marchands ou plutôt convoyeurs de
marchandises. Les caravanes avec lesquelles ils allaient du
Soudan A la Méditerranée, étaient composées de chevaux, de
chameaux (plus anciens en Afrique qu'on ne le croit généra-
lement, mais néanmoins plus rares qu'aujourd'hui) , et sur-
tout de chariots traînés par des bœufs à bosse, des zébus, en-
core très nombreux dans certaines parties du pays. Bartli a vu ,
au cœur du désert, en deux endroits différents, à Anaï et A
Telizz&hren , des sculptures grossières sur les rochers représen-
tent des chariots à roues pleines traînés par des zébus. Ce sont
les caravanes des tiaramantes au temps de Carlhage. "
Gabès était alors le grand emporiiim (c'est le terme de Slra-
bon) où ariluaient ces caravanes, et dans la savante étude sur
la Tunisie ancienne, dont je viens de citer quelques lignes.
M, C. l'erroud ' nous a très ingénieusement conté sous la pres-
sion de quels événements les chameliers ont, A diverses re-
prises, modifié leur ilinératrc.
Trois routes difFérentes permettaient aux caravanes d'aborder
le rivage de la Méditerranée dans le golfe Syrlique : l'une, k
l'Est , aboutissant au fond de la grande Syrtc ; l'autre, à l'Ouest ,
déiiouchant sur Gabès; une autre, intermédiaire, touchant
1. ÀiiBuItt de i Sslréme-Oiienl et de T Afrique, n" Am ISmril el l^'mai 1890.
^^_ I. ^iinurrï ui: t ajttvrmv-
3
108 LA TcmsiB DEPUIS L*OGCivATMMi wmkwçànm
jadis à Upiis, aigourd'hm à Tripoli. Carfhage, maltnae tk
tout lo rivage des Syrtes jusqu'aux confios de la Cyiénilque,
disposait souverainement de ces trois routes. Mais rexameu de
la carte vous dira que celle des trois qui lui convenait le nûen
était celle de TOuest, celle du golfe de Gabès, odle qui abou-
tissait BOUS sa main « à ce grand marché mystérieux dont je vooi
ai décrit la prospérité. Que fit^UeT Par la politique, par les ar-
mes» elle ramena violemment à TOuest, à la petite Syrie, tontes
les routes de la mer Syrtique. Uen de plus facile à concevinr :
les r<>utos • à travers la mer saharienne , sont comme des bm
ih fleuve dans un delta d'alluvions : il suffit de fermer nos
bouche» d*en ouvrir une autre» pour détourner le cours des
eaux. Kt ici, nous rentrons en plein dans les questions contem-
porniucs; quand Garthage eut succombé» que Rome eut livré i
Massinissa et à ses Numides barbares les cantons de la petite
SyrU» , c est & TEst» vers Leptis» que les routes refluèrent aussi-
t(M. Au temps des Césars» Tacite nous montre deux ^Ues de la
Tripolitatnc » Oea (aujourd*hui Tripoli) et Leptis» se faisant une
^uoriv aohariu^c. Que se disputaient-elles? Évidemment le dé-
houclu^ (les eanivAUCs, source assurée de richesses. Plus tard, le
romineree saharien semble reprendre la route du golfe de
(•ahi^s; mais surviennent les Arabes. Maîtres de Tripoli depuis
iWl , ils n'ont pu encore envahir la province romaine cor-
respondant A la Tunisie actuelle; que font-ils? Ils enlèvent le
^rand marché de Sahrata, trop voisin du golfe de Gabès, et le
transportent i\ Tripoli, c'est-à-dire ramènent violemment la
rout(» commerciale i\ TKst, o[>ërant exactement le contraire de
ce tpravait fait ('.arthagc dix siècles auparavant; même but,
marnes moyens. Kniin au commencement de ce siècle » tous les
voyageurs rallest(»nt, il y avait un commerce actif entre le
Soudan et (■alx'^s. Ce trafic n'était évidemment que Tombre du
commerce de f.arlhaire; mais enfin il existait. Les Turcs avant
repns possession de Tripoli ea 1835, y ont mis ordre, lis sont
nllés prendre Gliadamès, c'est-à-dire se saisir de la route mûmc,
et l'ont déviée sur Tripoli à leur propre profit, au profit de Malle
et de l'Angleterre. M. Louis Say et H. Largeau. en 1876, ont vu
passer par (Gliadamès des milliers de chameaux, venus du Sud,
et s'aclieniinant sur Tripoli.
Or, Ghadamès est à 50ô kiloniètres de Tripoli; les cara%'anes
mettent dix-sept jours de marche pour se rendre d'une oasis
à l'autre. Bou-Grara n'est qu'à VIO kilomètres de Ghadamès,
et un chemin de fer reliant ces deux points, ramènerait subi-
tement dans nos eaux le trafic des caravanes en leur économisant
le quart de leur trajet et en Jeur assurant une sécurité qu
leur fait défaut avec le pavillon de la Porte, absolument mé-
connu à quelques kilomèlres de Tripoli, 11 y a là pour nous un
intérêt à la fois politique et commercial. Ce serait ouvrir le
centre de l'Afrique à nos industries et prendre rapidement dans
ces régions une inlluence que se disputent toutes les nations de
l'Europe. Enfin on amoindrirait ainsi la valeur de la Tripolilaine
au point de vue commercial; on rendrait la surveillance de sa
frontière facile et l'on dégagerait notre politique extérieure de
tout souci de ce côté. En un mot, la ville de Tripoli cesserait
d'être ce qu'elle est aujourd'hui : la véritable clef du Soudan,
et désormais les convoitises italiennes nous laisseraient tout à
fait indifi'érents de ce cùté.
Ce sont là des considérations qui n'avaient pas échappé à la
haute sagacité de M.Jules Ferry, et je le constate ici avec regret,
comme je le faisais l'année dernière dans l'Estafette en répon-
dant à la Gazptia di Torn'no, qui nous accusait de vouloir
incorporer Ghadamès à notre empire africain, si le ministère
(lu 22 février 1883 était resté quelques mois de plus aux
affaires, les avantages que je signale seraient réalisés aujour-
LJules Ferry, alors président du Conseil avec le porte-
fenilledcs
une coBfimweà la
cnmil lawÎMinw cFaDar
rhahileek mwmaà
GueliiiA.
La loeoBolive imit
ks ItaJko» a en
de ToMB : elle
plus pacifique.
Là chute du mimaliiie a
qui eût été « pfofitehle à notoe
suharienne , qui eût s
le lac Tchad. FaniHl dooe le
enterré? Je ne peux radmettre :
Ixtent en aa bveur. De
Chambre consente à Totar fomcoaip le ;
Le vouliit-elle que la sîtnaliQa
lemeat. On ne peut procéder que par
pour riastant qu'une amorce* età ce titre je prétends qull n est
pa» de liirne ipii puisse coûter relatiTeoient ansn bon marché
et donner des résultats îmméKiîat^ aussi considérables que
celle de Bou-4jrara à Ghadamès.
Le ,;rêaêral Philebert et M. G. Rolland vont m*otgecter : « Gha-
(Liniès est pays turc . et la Turquie entretient depuis longtemps
dans cette ville une sramison et un pacha qui relèTe de Tri-
poli ^ *'. Si mes renseignements sont exacts* la souveraineté delà
Porte n'est guère que nominale à Ghadamès ; elle est représentée .
non pas par une garnison et un pacha» mais par un seul et
unique turc, un hakem. chargé du recourrement deTimpùt.
1. op. cii,, page 66.
LOmlXAGE ÉC050aiorK
iOl
la lezma. Mais peu importe, dous oe songeons pasà la conqnëte
de celle oasis. Nous avons Irop le respect do bien d'autrui et
nous CDlrelenoos de trop bonnes relations avec la Turquie pour
les troubler sans motif. Ghadamès lui appartient; soit. EIn
résalte-t-il un empêchement absolu d'établir la ligne en ques-
lioQ?Nolre diplomatie ne pourrait-elle s'entendre à ce sujet avec
)e gouvernement ottoman? 11 n'est pas téméraire sans doute
de le présumer. Hais j'admets que l'entente ne puisse s'établir.
Ghadami^s doit sa création à une source dont l'eau est, paralt-
jl, à 16": la couche aquifére est conséquemmeni pen profonde.
et j'incline à penser que nous pourrions facilement, & vingt
kilomètresendeçà. sur notre propre territoire algérien, créer,
presque du jour au lendemain, une oasis qui détrO>nerait la
vieille cité garamantique , dont l'importance tient exclusive-
ment à sa situation géographique, au point de convergence
des routes de Gabès et de Tripoli.
J'appelle vivement l'attention sur celte ligne; non seulement
elle répond à un intérêt commercial très sérieux, mais elle est
de nature à servir au premier chef l'extension politique, mo-
rale et territoriale de la France.
PORTS ET PHARES
Fl^ Régence de Tunis étant bornée au Nord el à l'Est par lu
Méditerranée, ses routes el ses chemins de fer doivent nécessai-
rement aboutir à de bous ports. Or, en 1881, la côté tunisienne
était dans le même état d'abandon que l'intérieur du pays; non
seulement on n'y trouvait aucun port fermé, nul mouillage
sttf ; mais l'atterrissage était partout très difficile, même pour
■ 4 .
irt l.k IXMSIC l«PnS LOCCCPATION FRA?eÇAISE
•^ :*-• •-■* - i.'àfcrcfctj-n*^, mX à cause de rescarpemenl desfa-
.:.:-.•■*. «* • :.kr.' ^joe IVstran était dépounu de digue et de
T ••^: -:îi î h S'uhfcit pciur favoriser les naufrages et pour les
.:■!•• n:-iik!«its: »-t tr:»p sc«uvent les Syrtes' justifiaient le
.•: •' ,i,}K -". ;»'/cyM5 qu'elles s'étaient acquis dans
• -»■..?■• :. ::f.k.t 3r lourdes charges à l'admiDistratioa
•■■. • r:-.: • .it ". .'Slifeait à des travaux tK^s dispendieux
..>■:.•:: : • \r\--:fci.]es. rn raisc»n de IVtat des finances
. . ■•* ♦.. • * vi. es: crfK-niant tirée avec honneur. Elle a
. .> :-:*:s?*: i'Z, onslruisant des quais, des môles en
:. ■ ■ . ;. •* -«k :.krî> rii charpente el en draguant les fonds
:• •:. -'"T: . k.-:- s:ijr ots CAlK»teuK. Environ deux mU-
r-.: •- •:.' fît k.os: réponses en quelques années à
.c . .. :v ?..r;>Ffcrina. Bizerte, Sousse, Monaslir,
> .\ :• - • : H ■-'.cii-S.'uk l*uis. un prctgramme ayant
-- ^ ^ r..:-;; tTj'.jr . 03 i-Zi a entrepris l'exécution et.
. - • .::: '.-. -■ •:: . 3r Tahark^ à Zarri>. sera dans
■ ■*:- . r!*j-> r.'. "entrai aérait l»eaucMiip
••■■•:. :. : . ' ; ■* :-:.:v de pr^Hii-Vie impor-
- . -> -. T..->. B^zer'f . S'.-us^'.-. Sfax et
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: r ..:.:". Ji.jrep 1I-*. es: séparée
". ...: ..xTj-: ur i environ «jiia-
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X ■. ..■ - v. =» .:i>::' '.:: . !i lie \\ capî-
: . . •:■ ■- . •: v. :". : v. • : :>:■ . î ' e .a :i d a u<
^ ^
\\\
I.OfTIlLAGE KCOKOIIIQL'K 203
B endroits les plus profonds, de petites barques peuvent seu-
i y circuler et les marchandises ont, par suite, à suLiir des
his do transbordements et de transports considérables. Enfin
l construction d'un port était si nécessaire àTunis que, dès le
lois d'août 1880, Mohammed es-Saddok en avait accordé la
concession à la Compagnie de Bi>ne-Guelma. Quelques semaines
plus tard, celle-ci cédîi ses droits à la Société de Construction
des BatignoUes. L'administration française avait les mains liées!
M. Cambon aurait voulu qu'on se mit A l'œuvre sur-le-champ;
mais la compagnie concessiouuairc réclamait le bénéfice inté-
gral de son marché; il fallut négocier, transiger et, finalement,
on ne tomba d'accord qu'en décembre 1885. Quatre longues
anni^cs ont été perdues de la sorte. Mais le gouvernement tuni-
sien a recouvré sa liberté; l'ancienne concession est devenue
un simple contrat d'entreprise, le port lui appartient eu propre.
A la suite de celle nouvelle convention, la Société de Cons-
truction des Balignolles a dressé un projet qui a été soumis au
Conseil Général des l'onts et Chaussées, et, après avoir subi di-
verses modifications, a été définitivement approuvé le 18 juil-
let 1888. Ce projet comprend un avant-port à La Goulette, un
canal à travers le lac d'el-Bahira et un bassin à Tunis. L'avant-
port est constitué par un chenal en mer de G^jSO et d'une lar-
geur de 100 mètres au plafond, protégé de part et d'autre par
deux jetées parallèles se prolongeant, celle du Nord jusqu'au
fond de 6 mètres, celle du Sud jusqu'au fond de 3"',50 seulement.
Le canal à travers le lac a une longueur de 8 kilomètres en-
viron; comme le chenal en mer, il doit être creusé à une pro-
fondeur de 6"°, 50, mais sa largeur au plafond est réduite à 22
mètres. Il est protégé des deux càtés par des vannages distants
l'un de l'autre de ItiO mètres, et raccordé au chenal en mer par
un canal courbe à travers le Lido séparant la rade du lac el-Ba-
hira, dont le rayon est de 2,000 mètres, et dont la largeur croit
20i LA TUNISIE DEPUIS L^OOCUPATM» nAHCAISB
progressivement de 22 mètres, largear da chenal dans le lac,
jusqu'à 100 mètres, largeur du chenal en mer. Un bassin d^une
superficie d'environ 5 hectares et d'une profondeur de 2*,80,
établi sur ce canal de raccordement, permettra aux barques de
fiûble tirant d'eau de s'arrêter à La Goulette; un garage d'une
. longueur de 500 mètres, situé au milieu du canal dans le lac,
assurera pour les gros navires la possibilité de se croiser entre
La Goulette et Tunis.
Le bassin de Tunis aura une superficie de 12 hectares et une
profondeur de O'^fSO ; bordé de quais en charpente sur trois fa-
ces, il sera, en outre, pourvu de trois wharfo destinés à faciliter
les opéllitions de chargement et de déchargement. De vastes
hangars, des voies ferrées, etc., un outillage important, établis
sur le quai le plus rapproché de la ville assureront enfin la facile
manutention des marchandises, tant au départ qu'à l'arrivée.
Les travaux doivent être terminés dans un délai de six ans,
soit le 18 juillet i89i, et tout porte à croire qu'ils le seront. Les
jetées de l'avant-port sont achevées, le basôn de Tunis, ou port
proprement dit, est très avancé et le draguage se continue
à La Goulette pour rachèvement du bassin d*entrée ainsi que
du chenal accédant à la haute mer.
La dépense a été évaluée à environ 13 millions de francs.
Une réserve de 6,700,000 francs, constituée sur les excédents
des exercices antérieurs, a d^abord permis de faire face aux
échéances des premières années ; il y est maintenant pourvu à
Taide des ressources du budget ordinaire.
BizERTK. — La Tunisie possède deux grandes baies où la
nature a exceptionnellement tout préparé pour la création
d'établissements nautiques de premier ordre : c'est, sur la côte
orientale, la mer de Bou-Grara; sur la côte septentrionale, le
lac de Bizerte , dont la valeur est encore décuplée par leur si-
L OUTILLAGE ÉCOKOHIOCIi
90d
rtuation géographique. La première de ces stations maritimes
semble appelée en effet à redevenir le grand entrepôt des pro-
duits du Soudan ' et la seconde occupe dans la .Méditerranée
une position unique tant au point de vue commercial que stra-
tégique. J'ai déjà imiiqué son importance à propos des intrigues
machiavéliques que nous avons dû déjouer au Bardo de 1870
à I880-; je dois ajouter ici que nos rivaux ne se sont pas en-
core consolés de sa perte.
C'est cet excellent point d'appui de Uizerle qui surexcitait
principalement les convoitises italiennes A Tunis; car, avec la
Spezzia, elle ei1t été souveraine maîtresse du passage entre les
deux grands bassins de la Méditerranée. ,
l'n beau rêve vraiment que la jeune Italie caressait là; mais
il a eu le sort évanescent de tous les rêves ! Quand môme elle y
pense encore et s'efforce d'immobiliser notre action sur ce
« fort boulevard militaire » comme disait récemment PExercito
ilaliano ' en représentant nos pacifiques travaux dans le canal
comme la plus terrible machine de guerre*. Et l'Angleterre
qui ne redoutait rien tant que de voir les Italiens à Bizerle, fait
maintenant chorus avec eux; avec le pudibondage puritain qui
lui est propre, elle s'indigne que nous osions mettre une drague
dans ce lac; mais que dis-je! une drague, peut-être la pour-
rait-on tolérer? mais des canons sur des fortifications! Encore
tout dernièrement VAriny and Naoïj Gazelle prétendait dénon-
cer le péril que l'Europe courrait; et la perfide enfant dWlbion
poussait des clameurs naïves, simulait un niterrenient qui eus-
I. V, le cha)iilre pri'c^dirnt.
7. V. t. I, page 1M.
S. Numéro du 15 janvier l&'n.
4. Ua journal de Kaples, le Pungalo, a l'n [tourla
en décembre deraicr, (|ue les ofGciers l'nvnyés en Tunisie par le
lien, pour se rendre compte des ou«raHea entrepris à Biierte, i
vragcj élaienl saas imiiarlancu el ne jMiurrBient, dans
foi Je ili'-clnrer,
l^u>ernement ila-
lienl reconnu que
icuo us, être un
daniter pour la Péoinsule.
200 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCCPATIOX FBA.\ÇAISE
sent été risibles si nous ne les avions su complètement factices.
Aussi bien je regrette fort que cette émotion ne soit pas plus
justifiée.
Oui , nous pouvons aisément transformer le port naturel de
Bizerte en un port de guerre inexpugnable. H le fut à peu près
dans Tantiquité et il le deviendrait sûrement, à peu de frais, en-
core que les conditions nautiques et militaires n'aient plus au-
cun rapport. Ce lac mesure 13 kilomètres de l'Est à l'Ouest et
9 kilomètres du Nord au Sud. Il a donc une superficie de plus
de 100 kilomètres carrés, c'est-à-dire suffisante pour contenir
toutes les armadas de l'univers.
Le plafond varie de 5 à 13 mètres. Il offre, par suite, aux
navires de tout tonnage un ancrage excellent. La petite rade de
Toulon n'est creusée qu'à 10 mètres et cela suffit pour les plus
gros cuirassés. Avec quelques travaux de draguage, on donnerait
très vite cette profondeur à la partie choisie pour le mouillage
de nos grands vaisseaux de guerre.
Le canal qui communique avec la Méditerranée a environ
trois kilomètres de long sur une trentaine de mètres de large.
Depuis des siècles, il était envahi par le sable; mais déjà
nettoyé en partie, il suffirait de quelques dragues pour obtenir
bientôt la profondeur voulue; et je voudrais qu'on l'obtint sans
retard.
irizorte nous a[)partient et nous devons l'utiliser, aussi bien
dans rintérèt de nos protégés, les Tunisiens, que pour nous-
niéni(»s. II y a là une obligation — et un droit strict. Car le port
militaire de Bizerte ne nous assurera pas la prépotence dans la
Méditerranée, comme le prétendent les Anglais et les Italiens;
il ne menacera nullement l'équilibre méditerranéen; tout au
contraire, il le rétablira. L'Angleterre est maîtresse de Gibral-
tar à rOnest, de Malte au Centre, et de Chypre à TEst de cette
mer; ritalie y possède (ièncs, La Spezzia et La Maddalena;
LOITILLAGK KCONOMlQt'E 207
nous n'avons que Toulon qui , avec la portée des iiouv'eau\
canons, est maintennnt exposé à un bombardement. D'Obock â
Gibraltar, nos escadres ne trouveraient d'autre port de refuge
que ceux des cAtes de France, d'Algérie et de Tunisie. Mais notre
grande colonie n'a aucun port fermé, et si des ports de France
et de Corse on peut commander la roule des Indes par son pas-
sage septentrional de I(i Méditerranée et par les Louches de
Bonifacio, ce n'est que dans la partie où la branche méri-
dionale de cette route se trouve resserrée dans les passes en-
tre la Sardaigne et la Timisie qu'elle peut être activement sur-
veillée et commandée effectivement par une forte escadi'O
concentrée dans les ports de Bizerte et de Tunis, séclairant au
large avec ses croiseurs et pouvant, de là, se jeter à propos sur
les forces anglaises qui chercheraient à maintenir leurs coin-
municaliuns assurées entre Malte et Gibraltar.
Ce sont donc les poris de Tunis et de Bizerte qui se trouvent
désignés par leur siiuation géographique pour servir de points
de concentration à la flotte française qui aurait pour mission
d'intercepter la route des Indes dans la Méditerranée '. Mais le
port de Tunis no pourra recevoir que des navires calant 6"°, 50;
il n'offrirait Jonc qu'une rade ouverte à nos cuirassés ■'? tandis
que le port de Bizerte, lorsqu'il aura été suffisamment creusé . or-
ganisé et fortifié, formera un point d'arrêt inattaquable pour In
flotte ennemie et une base d'opérations excellente pour les entre-
prises offensives de nos escadres sur Malte et la roule des Indes.
Un journal de Paris disait, il y a quelques années'^ : ti Quand
on songe aux centaines de millions jetés dans la Manche depuis
(Ouis XIV pour créer Cherbourg, si vulnérable nujourd'liui,
LA TUNISIE mPUU l'oOCUFAUCNI nAXCàUB
on se dit qae notre géniratUm Uffoerait à TaTenir une œnvre
utile pour la grandeur de la France n elle utilisait les admira-
bles conditions naturelles de Biierfe.
<c Une flotte française pouvant, à son gré et suivant les cir-
constances du temps, se réfagier sur les côtes de Provence, i
Toulon , ou sur les cMes d'Afrique, à Biierte, couperait en denx
la Méditerranée, d'autant plus qu*il faut tenir compte de la
Corse , située à peu près à mi-chemin.
« Dans ces conditions, notre infériorité, vis-à-râ des An-
glais, diminuerait considérablement, U ligne de nos posses-
sions s*étendant alors du Nord au Sad perpendiculairement à
la ligne de leurs fortes positions qui s'étend, elle, de l'Est k
rOuest sur une bien longue étendue » •
Eh oui! une rade de concentration bien fermée, défendue
par de solides ouvrages et pourvue de basiins, de redoutes et de
magasins d'approvisionnements, doit s'imposer aujourd'hui à
nos résolutions et à nos sacrifices , car ce port créera sur la rive
méridionale de la Méditerranée le point d'appui indiiqiensable
de Taile droite de la ligue d'investissement de Halte par nos
forces navales; cette ligne s'étendant sur le méridien de la
Corse et de la Sardaigne , des côtes de France au cap Corse , aux
bouches de Bonifacio et à la Tunisie ^
Vis-à-vis de ritalie, il rétablira à peu près Téquipollence
de nos forces maritimes.
M. de Lanessan a publié, en mai 1890, sur la situation réci-
proque des flottes française et italienne dans la Méditerranée, des
articles qui ont légitimement alarmé notre patriotisme. Le gou-
verneur actuel de Tlndo-Chine montrait que les progrès de
ritalie ont été supérieurs aux nôtres, qu'avec le concours de ses
alliés elle nous mettrait dans un état d'inquiétante infériorité!
1. Les Colonies nécessaires, loc. cit.
L OUTILLAGE KCOMIMIOUK
200
I^uis quelque lemps, disait-il, l'Allemagnp enLrelient dans la Mé-
diterranée iino escadre de quatre culrass(5s bien armés, bien pro-
tégés el dont les équipages sont considérés comme excellents par
tous ceux de dos officiers qui les ont vus cianceuvrer.
Avec l'escadre de l'Italie, ces bâtiments forment une armée na-
vale dont le noyau est représenté par onze cuirassés d'escadre, tous
en fer ou en acier, fortement armés, trts bien protégés, et doués
d'une vitesse au moins égale it la moyeune de celle de nos cui-
rassés.
Cette escadre cuirassée peut se faire appuyer par sept croiseurs
italiens de deux à trois mille tonneaux de déplacement (liant de 11
à 32 nœuds, très bien armés et pourvus de ponls blindés et de
nombreux compartiments étanclies.
Klle serait éclairée non seulement par ces croiseurs, dont quel-
ques-uns sont plus solidement armés que certains de nos cuirassés,
mats encore par sept contre-torpilleurs ûlant de SU à 21 nœuds el
dont cinq ont un déplacement de TiO tonneaux. Nous en avons vu
un échantillon à Toulon, le Goilo; c'est un joli navire, bien fait et
bien armé pour son rôle.
Enfin, l'escadre italo-allemande serait assist(^e par neuf torpilleurs
de haute mer dont deux de 108 et cinq de 1:^5 tonneaux, ayant filé
aux essais 23 et 25 nœuds. Klle pourrait y ajouter, si elle en avait
besoin , mais en dégarnissant ses stations , 3d torpilleurs de 83 ton-
neaux filant 31 el 22 nœuds, très capables de tenir la mer en tout
temps.
Ces forces navales considérables sont massées tout près de nous :
à la Spezzia et k la Maddalena, prêtes à se porter en quelques heu-
rfs, grâce à leur grande vitesse, partout oCi il serait besoin pour
défendre les eûtes occidentales de l'ilalie.
Je ne parle pas de l'appui, notable cependant, que la marine
autrichienne pourrait leur donner. Je me borne à constater la puis-
sance des Hottes qui sont constamment organisées en face de Tou-
lon, seul arsenal et seul refuge de notre armée navale de la Médi-
terranée. Voyons quelle est la composition de celle-ci. Son noyau
est formé par six cuirassés d'escadre en fer dont je suis heureux de
dire qu'à part la vitesse , ils valent largement ceux des Italiens et
sont supérieurs à ceux de l'Allemagne, mais ils ne sont que six;
sept en y joignant le Friedland qui est déjà bien vieux et démodé.
On pourrait, au besoin, y joindre les deux garde-côtes cuirassés,
Indomptable et Caman, qui sont très bien armés et très bien proté-
L
11
i
• .
SOS LA TUNISIE DEPUIS L*O0CUPA1IQV «SAHÇAISB
on se dit que notre génératkm légaenit à Tavenir une œuvre
utile pour la grandeur de la France si die ntiliflait les admira-
bles conditions naturelles de Biierfe.
« Une flotte française pouvant, à son gré et soivant les cir-
constances du temps, se réfugier sur les côtes de Provence, à
Toulon , ou sur les cMes d'Afrique, à Bixerte, couperait en deux
la Méditerranée, d^autant plus qu*il faut tenir compte de la
Corse , située à peu près à mi-chemin.
o Dans ces conditions, notre Infériorité, vift-A-vis des An-
glais, diminuerait considérablement, la ligne de nos posses-
sions s'étendant alors du Nord au Sud perpendiculairement k
la ligne de leurs fortes positions qui s'étend, elle, de TEst &
rOuest sur une bien longue étendue » •
Eh oui! une rade de concentration bien fermée, défendue
par de solides ouvrages et pourvue de basnns, de redoutes et de
magasins d'approvisionnements, doit s'imposer aigourd'hui à
nos résolutions et A nos sacrifices, car ce port créera sur la rive
méridionale de la Méditerranée le point d^appiù indispensable
de Faile droite de la ligne d'investissement de Halte par nos
forces navales; cette ligne s'étendant sur le méridien de la
Corse et de la Sardaigne, des côtes de France au cap Corse, aus
bouches de Bonifacio et à la Tunisie ^
Vis-à-vis de Tltalie, il rétablira à peu près TéquipoUence
de nos forces maritimes.
M. de Lanessan a publié, en mai 1890, sur la situation réci-
proque des flottes française et italienne dans la Méditerranée, des
articles qui ont légitimement alarmé notre patriotisme. Le gou-
verneur actuel de Tlndo-Cliine montrait que les progrès de
l'Italie ont été supérieurs aux nôtres, qu'avec le concours de ses
alliés elle nous mettrait dans un état d'inquiétante infériorité!
1. Les Colonies nécessaires, loc. cit.
L OUTILLAGE ECOKUMIQCK
209
Depuis quelque temps, disait-il, TAIlomagne entretient dans la M^-
diterranéo une escadre de quatre cuirassés bien armés, bien pro-
tégés fit dont les équipages sont considérés comme excellents par
tous ceux de nos officiers qui les ont vus manœuvrer.
Avec l'escadre de l'Italie, ces bdliments forment une armée na-
vale dont le noyau est représenlé par onze cuirassés d'escadre, tous
en fer ou en acier, fortement armés , trC-s bien protégés , et doués
d'une vitesse au moins égale à la moyenne de celle de nos cui-
rassés.
Cette escadre cuirassée peut se faire appuyer par sept croiseurs
italiens de deux à trois mille tonneaux de déplacement filant de 17
à â2 nœuds, très bien armés et pourvus de ponts blindés et de
nombreux compartiments étanches.
Elle serait éclairée non seulement par ces croiseurs, dont quel-
ques-uns sont plus i^olidement armés que certains de nos cuirassés ,
mais encore par sept contre- torpilleurs filant de 20 à 21 nœuds et
dont cinq ont un déplacement de TiU tonneaux. Nous eu avons vu
un échantillon à Toulon, le Goilo; c'est un joli navire, bien fait et
bien armé pour son rôle.
Enfin, Tescadre italo-allemande serait assistée par neuf torpilleurs
de haute mer dont deux de 108 et cinq de 12o tonneaux , ayant lîlé
aux essais â3 et S.i nceuds. Elle pourrait y ajouler, si elle en avait
besoin , mais en dégarnissant ses stations , 3!> torpilleurs de 85 ton-
neaux filant 21 et 22 nœuds, très capables de tenir la mer en tout
temps.
Ces forces navales considérables sont massées tout près d£ nous :
à la Spezzia et & la .Madtlalena, prèles à se porter en quelques heu-
res, grâce à leur grande vitesse, partout oii il serait besoin pour
défendre les cMes occidentales de l'Italie.
Je ne parle pas de l'appui, notable cependant, que la marine
autrichienne pourrait leur donner. Je me borne à constater la puis-
sance des Hottes qui sont constamment organisées en face de Tou-
lon , seul arsenal et seul refuge de notre armée navale de la Médi-
terranée. Voyons quelle est la composition de celle-ci. Son noyau
est formé par six cuirassés d'escadre en fer dont je suis heureux de
dire qu'à part la vitesse, ils valent largement ceux des Italiens et
sont supérieurs à ceux de l'Allemagne, mais ils ne sont que six;
sept en y joignant le Friedland qui est déji bien vieux et démodé.
On pourrait, au besoin, y joindre les deux garde-cûtes cuirassés,
indomptable et CaXman, qui sont très bien armés et très bien proté-
i
SIO lA TL1NIS1K UKCIIS t'lK:i:L'PAIIO.N KKAN^AISE
gél, noais ilt licnnunt tU:» mal U incr ol Ua ne résiutt^raient pasï
une croisièn tivc-c gros tumps-
Ed bit de croiseurs rapides, nous ne pourrions disposer aujour-
d'hui qnt du Sfax qui «st un bon et fort b&timent fllauL IG nœud;,
do Forh» qid file pr^a de :20 nœudit , mais qui est tn>s faiblemcnl
armé, et du UUaii qui flle m ntrud^ al qui est encore moins fort.
On a reprocha, A M. de LiLnesKin trop de pessimisme dans
ses apffféûations. Je vciis rroire qu'il a encouru ce reproctie;
mais qu'on ce l'oublie point : Un jour qu'il jucretiit Ikih de
faire risette au roi Humbert et à.Ms nû^t M. de BismariLt
dit : l'empire de la Méditerranée àsâi inctsiteitablement apptr-
teoir à l'Italie. Et celle-d a prit poar pan^ d'ÊTan^ile cette
boutade de l'habile diplomate. Bile en aitoid l'accompliaM-
ment. Elle y travaille.
Notre eSacemeot vol<mtaira ne moi rend^l pas com^ioes de
cette illusion? Notre manque d'énerg^ ae nom en rendra-t-il
pas dupes?
Bizerte peut seul nous mettre en état de t«nir lAte aux coali-
sés; qu'on fortifie donc cette station incomparable; qo'on y
crée un arsenal , il n'est que temps. Ce sera pour notre marine
un nouvel élément de puissance, nu edjuteur extraordinaire,
comme une nouvelle flotte que nous jetterons dans la Méditer-
ranée et qui sauvegardera toute ootre France Africaine.
Notre amour de la paix et notre désir de ne porter ombrage
à qui que ce soU nous ont fait négliger des travaux qui cependant
s'imposent impérieusement. On s'est borné à remettre en état
les forli&cations trop délabrées; on y a placé quelques canons
de calibre ordinaire, et c'est tout. Quant au port, la construc-
tion et l'exploitation en ont été concédées' à une Société
anonyme, constituée pour 80 ans, sous la dénomination de
" Compagnie du port de Bizerte » et sous la direction des très
I. Oécrcl bejiical du 17 féTrier 1890.
liles enirepreiieurs hydrographes : MM. Hersent, \bel Cou-
vreiix et G. Lesuenr.
Cette compagnie doit creuser le port et son chenal, construire
deux jetées convergentes d'un kilomètre de longueur environ,
restaurer les murs de quai, en un mot aménager un port de
commerce accessible aux grands paquebots de la Compagnie
Transatlantique, des Messageries Maritimes cl tons autres d'un
même tirant.
La dépense est évaluée A douze millions dont le gouverne-
ment tunisien s'acquittera mi-partie en espèces, et mi-partie
eu concession de droits de pèche et de terre-pleins conquis
sur le lac.
M6me réduit à ce simple rAle commercial, le port de Bizerte
conserve encore une très grande importance, (iabriel Charmes,
d'ordinaire si perspicace, tombait dans une complète erreur
lorsqu'il écrivait, en 1882, que « comme port de commerce, il
n'aurait pas beaucoup d'avenir ' ». Son avenir est considérable.
D'abord, il assurera la prospérité du riche caldat de Mateur
el il en recevra la vie. Mais cela est secondaire. Les bâtiments
marchands qui viennent de l'Extrême Orient, et ceux qui, sor-
tant de la mer Noire, ont franchi le Bosphore, éprouvent le
besoin de relâcher quand ils se rendent dans les ports de
rOcénn et de la Manche,
Le voyage est trop long pour ne pas nécessiter de s'arrêter
([uelque part, avant de passer le détroit de (iibraltar. Mainte-
nant, c'est ordinairement à Malle que l'on relâche.
Mais le port de Malte n'est pas tr^s vaste et il y a souvent en-
combrement, car de cinq à six mille navires y touchent cha-
que année. Lorsque le port de Bizerte existera, un grand nombre
' des navires de commerce s'y arrêteront de préférence. Pour
.1. i.a runijjo et la Tripolilaiae, page 3<>0.
308 LA TimisiB OETO» l'oocijfaiim ibahcaub
on se dit qae notre génératkm léffoenit à Favenir une ceavre
utile pour la grandeur de la France A elle utiliflût les admira-
bles conditions naturelles de Biierle.
« Une flotte française pouvant, à son gré et suivant les cir-
constances du temps, se réfogier sur les oAles de Provence, A
Toulon , ou sur les cfttes d*Afirique, à Biierle^ eouperait en deux
la Méditerranée , d'autant plus qu'il faut tenir compte de la
Corse , située à peu près à mi-chemin.
« Dans ces conditions, notre infériorité, vis-A-^ des An-
glais, diminuerait considérablement, la ligne de nos posses-
sions s'étendant alors du Nord au Sud perpendiculairement à
la ligne de leurs fortes portions qui s'étend , elle , de TEst à
rOuest sur une bien longue étendue » •
Eh oui! une rade de concentration bien fermée, défendue
par de solides ouvrages et pourvue de bassins, de redoutes et de
magasins d'approvisionnements, doit s'imposer aujourd'hui A
nos résolutions et à nos sacrifices , car ce port créera sur la rive
méridionale de la Méditerranée le point d'appui indispensable
de Taile droite de la ligne d'investissement de Malte par nos
forces navales; cette ligne s'étendant sur le méridien de la
Corse et de la Sardaigne, des côtes de France au cap Corse, aux
bouches de Bonifacio et à la Tunisie K
Vis-à-vis de Tltalie, il rétablira à peu près Féquipollence
de nos forces maritimes.
M. de Lanessan a publié, en mai 1890, sur la situation réci-
proque des flottes française et italienne dans la Méditerranée, des
articles qui ont légitimement alarmé notre patriotisme. Le gou-
verneur actuel de Tlndo-Chine montrait que les progrès de
ritalie ont été supérieurs aux nôtres, qu'avec le concours de ses
alliés elle nous mettrait dans un état d'inquiétante infériorité!
1. Les Colonies nécessaires^ loc. cit.
I. OtTILLAfiK ECONUMKU^K
209
Depuis quelque temps, disait-il, l'Allemagne entretient dans la Mé-
diterranée ime escadre de quatre cuirassés bien armés, bien pro-
tégés et dont les équipages sont considérés comme excellents par
tous ceux de nos otDciers qui tes ont vus manœu%Ter.
Avec l'escadre de l'Italie, ces Mliments forment une armée na-
vale dont le noyau est représenté par onze cuirassés d'escadre, tous
en Ter ou en acier, fortement armés, très bien protégés, et doués
d'une vitesse au moins égale à la moyenne de celle de nos cui-
rassés.
Cette escadre cuirassée peut se faire appuyer par sept croiseurs
italiens de deux à trois mille tonneaux de déplacement filant de 17
à 33 nœuds, très bien armés et pourvus de ponts blindés et de
nombreux compartiments étauches.
Elle serait éclairée non seulement par ces croiseurs, dont quel-
ques-uns sont plus solidement armés que certains de nos cuirassés,
mais encore par sept contre-torpilleurs filant de SU à 31 nœuds et
dont cinq ont un déplacement de 71U tonneaux. Nous en avons vu
un échantillon à Toulon, le Goilo; c'est un joli navire, bien fait et
bien armé pour son riMe.
Enfin, l'escadre italo-allemande serait assistée par neuf torpilleurs
de haute mer dont deux de 108 et cinq de 1^ tonneaux, ayant filé
aux essais 23 et 3.^ noeuds. Elle pourrait y ajouter, si elle en avait
besoin, mais en dégarnissant ses stations, 3!) torpilleurs de 85 ton-
neaux filant 21 et 22 nœuds, très capables de tenir la mer en tout
temps.
Ces forces navales considérables sont massées tout près de nous :
à la Spezzia et à la Maddalena, prtHes à se porter en quelques heu-
res, grâce à leur grande vitesse, partout où il serait besoin pour
défendre les côtes occidentales de l'Italie.
Je ne parle pas de l'appui, notable cependant, que la marine
autrichienne pourrait leur donner. Je me borne à constater la puis-
sance des Hottes qui sont constamment organisées en face de Tou-
lon, seul arsenal et seul refuge de notre armée navale de la Médi-
terranée. Voyons quelle est la composition de celle-ci. Son noyau
est formé par six cuirassés d'escadre en fer dont je suis heureux de
dire qu'à part la vitesse , ils valent largement ceux des Italiens et
sont supérieurs à ceux de l'Allemagne, mais ils ne sont que six;
sept en y joignant le Friedland qui est déjà bien vieux et démodé.
On pourrait, au besoin, y joindre les deux garde-cûtes cuirassés.
Indomptable et Caïman, qui sont tris bien armés et très bien proté-
ith LA TCMSIE DlùPnS I.'OCCTPATIOH rSAK^AISE
tioDDécs, de bonnes routes, de lions canaux, des ports d'un
accès faclk- L-t gitraîs de dockx importuient i la grandeur et àU
prospéiité du royaume, ils n'ont pas attendu ijue le gouverae-
ment vinihU bien etTL-ctuer ces améliorations, en restât le dis-
pensateur et le maître ; ilsi se sont chargés de l'œuvre : ils y oui
présidÉ et y ont employé leurs richesses. C'est ainsi qu'il y
aura tuIltt^t iiu sitVie et demi (1738) i]ue la caualisation Je
l'Angleteprc fut i^mmcncéc par le duc de Bridgewater.
Les cnti-eprises de re jeune lovd accrurent immensément sa
fortune; témoins de ses succès, les autres lords s'émurent et
convoquiTonl pour des entreprises semblables les capitaui: du
pays; les riches familles de l'industrie manufacturière et du
commerce les imitèrent. La Grande-Bretagne fut sous peu ma-
gnifiquement dotée de lignes navig'ables. Avant cette époque,
elle avait des routes, qu'elle a multipliées depuis, et qui rele-
vaient de même et relèvent encore des influences locales.
En France nous avons trouvé plus commode de laisser la be-
sogne au gouvernement, sauf à le baraler «uu eean de noi
réclamations , de nos lamentations et de nos protestations.
Nous corrigerons- nous jamais de ce grave travers, dans ta
métropole? Les rouages administratif d'une part, le milieu et
l'habitude de l'autre, sont des puissances difficiles à vaincre : il
faudra beaucoup , beaucoup de temps ; mais en pays neuf? Ife
pouvons-nous, en prenant le paquebot, abandonner sur le quû
de Marseille, comme un bagage gênant, ta doctrine retardataire
qu'on nous a inculquée sur la suprématie gouvernementale;
et tels que l'Antée de la fable , puiser de nouvelles forces écono-
miques en remettant le pied sur le sol africain? Comme l'Atlas
serait bientôt vaincu !
Vraiment, la jeune colonie tunisienne a déjà donné trop de
preuves de l'esprit progressiste qui l'anime, pour ne pas autori-
ser cette espérance.
LOCTILLAGE ÈCOXOMIOir
^15
Ceci (lit, je dois conslaUr que plosietirs rai»>Ds s'opposeni A
L'exéculion <lu port de Sousse telle ijae je la Jésirerais.
b'aburd la Chambre de commerce de Sousse ne peut s'en char-
ger pour la raison qu'elle n'existe pas encore. Elle vient d'être
instituée et élue ces jours-ci (H mai): offrirait -elle, à peine
née, l'autorité morale nécessaire pour contracter un emprunt
de plusieurs millions? Il est permis d'en douter.
Quant à l'initiative privée, la dépense qu'exigera le port de
Sousse est telle que les taxes à percevoir sur les navires le fré-
quentant seront, durant un certain temps, iDsufQsanles pour
pour gager l'emprunt. Celui-ci devra être au moins de cinq
millions et les produits du port ne semblent gu^re pouvoir dé-
passer 200,000 francs, d'ici à quelques années. L'entreprise
n'a donc rien de séduisant pour des particuliers.
La commune, qui est d'ailleurs encore une fonne de l'associa-
tion, pouvait seule s'en charger, et c'est elle qui s'en chargera
en s'imposant des sacrifices, qu'elle récupérera du reste plus
tard, et en affectant une parlie de ses ressources propres, les
produits des taxes d'abattoir, jusqu'à concurrence de l'annuitû
nécessaire au service de l'emprunt. L'État lui viendra en aide
par une subvention d'un million, et la vente des terrains con-
quis sur la mer lui en procurera un autre.
Voilà les voies et moyens adoptés. Quant à la construction,
elle présente certaines difticullés eu raison de l'entière ouver-
ture de la rade du Nord-Ouest au Sud-Est. l'u pi-ojet a été très
minutieusement étudié par ie service des Travaux Publics et
une Commission nautique a été nommée en novembre dernier
pour l'examen de ce projet, de celui concernant Sfax et de l'é-
clairage des cdtes Sud de la Régence '. Toutes les dispositions ont
t. Celle conmiitsion , présidée par le vice-amiral de Deaumont , ie coitiposaîl de
dent membrrs de la Marine rrinçsise, d'iagénieur^ des Traraux publics et de re-
pirscolanU des Compagnies de natigalion françaises dc«»crranl ta Tunisie.
k
I
216 LA Tmisnt dbpcis l'occupation françaisb '
donc éW pristis (wur la boimc exécution de ces grands travauii
qui consistent dans la construction d'une jetée-abri s'enracinait.
A l'extrémité du mule de la batterie rasante pour se dirige '
d'abord vers l'Ksf et s'infléchir ensuite vers le Sud-Esf . sur une
longueur totiilf de 7i0 nit-tres jusque pur les fonds de 7",50,
sous basse-mer. Une jelée et un épi fermeront dans le Sud le
bftssin ainsi formé. Lu juisse ménagée entre les musoîrs des deul
jetées sera de "0 mètres et orientée A l'Est.
Sfax. — A la différence de celle de Sousse, la rade de Stai
est uiisohnnunt sûre par tous les temps, et il a suffi de cons-
truire un chenal d'aecès avec un quai de 200 mètres, bordé d'un
pelit bassin, pour rendre toujours possible les communications
des navires avec la terre. Mais l'étendue sans cesse croissante du
commerce de Sfax, présentement la capitale du Sud, l'iinpor-
tance aussi de la population , qui on fait la seconde ville de lï
HiSpence, créent l'obligation d'achever son port pour y admet-
tre tous les navires à quai.
Cette obligation est d'autâzit piun éiraiiû que les aaoài'
tioQS de la rade sont particulièrement favorables A Is cons-
truction d'un port, et que la dépense, par suite, sera reli-
tivemeDt iasignifiante. Elle ne semble pas devoir dépasser un
million.
On creusera un chenal dirigé vers le Sud-Est et aboutissant A
un bassin. Ce canal aura une longueur d'environ 3,600 mètres,
avec largeur au plafond variable de 22 A kk mètres , et ira re-
joindre les fonds de G*", 50.
Le canal actuel sera conservé pour le service exclusif des
caboteurs.
Un petit chenal de 1 mètre , creusé au Sud des bassins , et qui
suit de ce cAté le terre-plein de la jetée, servira aux bateaux de
pèche, l'n autre chenal , de même profondeur, est prévu sur la
I
1. OITILLAGE ECOSOMleOB
face estérieure du terre-plein Nord pour les mahonues cbarg-ées
d'alfa.
Ce projet, approuvé par la Commission nautique, donne sa-
tisfaction à tous les intérêts; l'exécution va en être poursuivie
immédiatement.
1^ conseil municipal de Sfax s'est imposé à cet effet lous les
sacrifices possibles et il a été autorisé à contracter un emprunt
de 1,500.000 francs, sur lesquels 300,000 francs seront prélevés
pour l'adduction des eaux potables.
En joignant aux droits de port, que l'État lui a cédés en toute
propriété , les droits de carroube et les taxes de l'abattoir pour-
le complément qui pourra être utile, la ville de Sfax gagera
Aisément cet emprunt.
Je passe sous silence les poris que des compagnies doivent
Aménager à Tabarka, au cap Serrât et de près Raz-Maharès; et
ceux également qui seront entrepris au fur et à mesure du
développement dn pays, à Cabès, à Monastir, à Melidia, à
.Vebeul , à Zarzis , etc. La Tunisie , on le sait , présente les condi-
tions naturelles les plus favorables aa commerce maritime. La
Méditerranée, qui la baigne sur la plus grande moitié de son
périmètre, a profondément écbancré aes eûtes et partout se ren-
contrent des ports naturels, dont l'aménagement peut se faire
sans grandes dépenses. ■> Cette disposition naturelle, jointe à
la faible largeur de la Tunisie dans le sens Est-Ouest, a favo-
risé de tout temps le développement de son commerce exlé-
rieur, en fuurni.ssant aux régions agricoles des débouchés nom-
breux et peu éloignés ' ». Cette observation est rigoureusement
exacte, On peut ajouter que là est la grande supériorité de la
Tunisie sur l'Algérie : c'est que ses produits y sont partout à de
[Ufport deM. Uicliaudsurr)ivanl-|>rojet d'un réseau de chetn in de fer. p. 19
SIS LA misrii REpri5 l occcpatios françaisb
biUu diatauccs du la cdlv et que celle-ci oITre hux bàliincnU tiu
g^ruid □onihi'c tl'ahris. Dans l'antiquité, chaque aose était U
-nège d'un emporim»: et de VApoUinh tcmiiliim (cap Serrul)
au Zurith laeus ([taliira-cl-Biban] c'était je ne sais quelle îm-
mense ruchv mitrine, et comme les anneaux d'une chaîne roin-
merdole saiyi un. Espérons que l'avenir reverra cela en des
tioQs encore plus grandioses !
Pour fiuililer Tacoèi de HipMts et anai pour ieliiierlei
routes nuuîtimes, le g^otiTwmenml tmxkien «itargea, en iqi-
tembre 1884, une GommÏMion ^6(^le d'Atodior les phaRf et
feux nécessaires sur la cMe Nofd d« la Régenee.
Son rapport fut soumis à la .GommisB<Hi des Mians de France,
qui l'approuva le 30 octobre 1687. EnteqMrtt au lendeatain de
cette approbation, les travaux sertMkt adMrvte dans qoelqu)
mois.
En 1888, un feu fixe de 8' wdre a étA lUniné i 111e Koriat ri
an feu de V ordre i 111e Mane; six booées lomineoses oot
été mouillées au large des Kerkeonab.
En 1889 , un appareil de 4' ordre à été installé à Kélibia, snr
un ancien bordj.
En 1800, un feu de \' ordre, scintillant de & en 5 secondes, a
été placé à Sousse sur la tour de la Casbah. (J'ai visité ce phare;
on y découvre un panorama splendîde.) Un feu rouge de 4* or-
dre a été allumé aussi à Mehdia.
L'année dernière un feu fixe de 1" ordre a été mis en ser-
vice au cap Serrât et un feu de 4° ordre, scintillant de 5 en
5 secondes, au raz Engelah.
Un feu de 3° ordre, scintillant de 10 en 10 secondes, sera pro-
chainement allumé à Sfax.
Le programme arrêté en 1887 se trouve ainsi exécuté, et, en
conséquence, la Commi.ssîoQ instituée en novembre dernier
l'outillage ECONOMIQUE 219
pour l'exanien des projets de ports à construire à Sousse et à
Sfax, a reçu la mission d'étudier en même temps réclairagc
de la côte Sud , qui , sans être aussi redoutable que les Cartha-
ginois se plaisaient à le faire croire, présente quelques dangers
avec les bancs de Surknis, Djerba et Biban.
Les feux projetés, qui ont pour objet Fatterrissagc dans le
golfe de Gabès et sur Sfax , sont les suivants :
1" Feu de l*"" ordre sur la pointe Tagucrmess :
2"* Feu de 4* ordre sur le bordj d'Ungha ;
3" Feu de 4" ordre à la Skhirra ;
4* Feu de 4* ordre sur le bordj Djelidj , à la pointe Nord-Ouest
de Djerba;
5*" Des feux de port à Gabês et à Zarzis.
Les travaux sur la côte Nord ont coûté 518,000 francs; ces
derniers sont évalués à 200,000.
L'exploitation et Tentretien de ces divers bâtiments et appa-
reils grèveront le budget tunisien d'une dépense annuelle d'en-
viron 130.000 francs.
VI
HYDRAULIQUE URBAINE ET AGRICOLE
Le déboisement , on le sait , a tari presque toutes les sources
en Tunisie; la population indigène en est la première victime
et . avant 1881 , sa reconnaissance était sans limites à Tégard de
ceux qui amélioraient cette situation. Le creusement d'un puits
valait souvent les honneurs de la sanctification à celui qui en do-
tait la localité ou la tribu. Par suite , de tous les travaux entrepris
par ses agents, M. Michaud a constate * que les travaux d'aména-
gement d'eau sont, sans contredit, ceux que les indigènes ont
1. Rapport déjà cité, page 35.
220 I.A TLXISIE HKPPIS L OCCUPA TlrtS fBASÇAISK
Vil exéontcr iivw la plus grande sutlsractiott. Aussi le législt-
teur, consacrant par un lexle de loi (SI septembre 1885) la tra-
dition niiiNiiliiiane, a-t-il compiis duns le Domaine Public In
coura d'eau de toutes sortes, les terrains eompris dans leurs
francs-bords, les sources de toute nature, les aqueducs, puits d
abreuvoirs A l'usage du public, ainsi que leurs dépendant».
le» canaux de uu\igatioQ , d'irrigation ou de dessèchement exé-
cutés daus un but d'utilité publique, les terrains qui sont com-
pris dans leurs francs-bords et les autres dépendances de ces
canaux. Des décrets ultérieura , en partie empruntés à la légis-
lation algérienne, ont déterminé : celui du 10 juillet 1888, Is
servitude des francs-bords des conduites d'eau, et celui du
■22 septembre 1888, les pénulités A iniliger en eas d'abus ayant
pour résultat la déperdition ou la contamination de ces eaux
Si grande qu'ait été, en matière de travaux publics, l'incu-
rie des administrations toniBnutes âcpniB on demi-dëele, U
question vitale de l'alîmentatioa hydnaUqu dn popnli^ioiii
urbaines n'avait point absolument Achaïqpé k lenr attention,
et quelques efforts avaient été tentés par elles pour améliorer
sous ce rapport la situation des villes.
En 1859, sous l'inspiration de H. Léon Roches, alors consul
de France & Tunis, Hohammed-es-Saddok avait entrepris, avec
le concours d'ingénieurs français, la restauration de l'aqueduc
de Carthage, et ramené à. Tunis et à La Goulette les eaux: de
Zaghouan et de Djougar, autrefois captées  l'époque romaine '.
89 kilomètres de canal maçonné furent remis en état; 41 kilo-
mètres de conduites métalliques remplacèrent les aqueducs mo-
numentaux de Djougar, de l'oued Hiliane, de Djedelda et de la
plaine de l'Ariana ; un premier réseau de conduites de distribu-
tion fut établi à Tunis, à la Goulette, au Bardo et à la Hanouba.
I. V. lonie 1", pages 209 et SI2.
L'orTILLAGK ÉCONOMIQUE
' La dépcQse atteignit six millions de francs.
L'alimentation en eau de Tunis et des résidences beylicales
était ainsi assurée; celaparut suffisant au Gouvernemeut d'alors,
qui jugea inutile d'entreprendre de nouveaux travaux. L'no
importante contribution de l'admlnistratioa religieuse des biens
bablious permit heureusement d'assurer la conservation des ou-
vrages restaurés ou établis à si grands frais.
C'est à la même administration tjne de nombreux villages et
même certaines villes, telles que Béjù, Le Kef, Bizerte, Sousse,
Kairouan, etc., durent de ne pas être absolument dépourvues
d'eau potable. Aussi des personnes généreuses, pour faciliter sa
tâche, s'empressèrent-ellcs de lui faire donation d'immeubles
inaliénables aux termes de la législation et dont les revenus
devaient à perpétuité être atfectés à l'entretien des aqueducs,
conduites, citernes et réservoirs. Les fontaines de Bizerte, pom-
en citer un seul exemple , jouissent de cette manière des revenus
de deu\ cents immeubles environ; il est juste d'ajouter que
quelques-unc5 de ces propriétés consistent en magasins rappor-
tant annuellement 0 fr. 30 c. à 0 fr. <iO c. U'autres dotations
ne comprennent mOme qu'une fraction du revenu d'un pied
d'olivier.
Soit à cause de la négligence, soit à cause de l'incapacité
au point de vue technique des Oukils des fontaines , l'emploi de
ces ressources ne donnîi pas les résultats qu'avaient espéré les
pieux donateurs, et, en 1883, l'alimentation hydraulique des
villes était gravement compromise; les citernes particulières,
dont un grand nombre de maisons étaient pourvues, empê-
chèrent seules, dans bien des cas, la population de souffrir de
la soif.
.Vussitùt créée, la Direction générale des Travaux Publics se
préoccupa donc immédiatement des moyens de porter re-
mède à cet état de choses. Suivant les traces que la civilisation
LA TCSISIIl PEPCIS l OCCFPATHW FlJkîtÇAISIt
i a laissées un |ie» partout eu TiiniHie, à Oudna. an
C^> BIbbc, k Nei>i!u1, à Ralla-Kcgh, à Mateur, à Sousse, i
Clieriohnn , clc. , ulilisant dans ec^rtniiis caa , comme au Kef , les ,
fontaînM romaines ellRs-mfrai's, elle a L-ntrepris d'importaols
tnVkoz d^udductiou d'eau, doot l' achèvement aura une hen-
rense ioihK-ncc sar la santé publique.
Déjà Porto-Furina a vu ramener dans son ancien réservoir
les eaux captéos sous un r^^ne pri^cédent, par Tancien féaé-
rai Salah Chiboub. Réjiï, par le captag*» et la canalisatîoQ
SOT 8,500 mètres des sources diJnommées : Aîn-Fahouar, Bas-
ùa de Neptriin' cl Aln-Oeballa. dispose de 200 litres par jour
et par habiliiul. Itizortc rct'oit les eaux d'Aln-Nadour par uue
conduite ea fonte de 6 kttomètnt. L*«Mi aitiT* ^aleiiKat i
Tabarka, Teboanouk, d-Afia, Diennalf Mft^ à âiwfimaoa,
à Mateor, à Maktar, à Nebeol e4 Iw nÛHa de la eoBdmto
romaine ont éH partiellemeDt irtUlléai. k Kairouaa, le {rnnd
bassin des Aglabites, vaste réMmir eûe^Mie A (âdi outsK
de 128 m&tres de diamètre, a <t< mturé, et la omdnite de
Cbericbera l'alimente. -
Sousse et Sfax, les deux villes les plus importantes après
Tunis, sont les moins favorisées par le régime des eaux.
La première n'a d'autre approvisionuement que celui de ci-
ternes et les puits d'eau douce du quartier de la Quarantaine,
auxquels vient s'ajouter le faible débit d'une aaâenne conduite
romaine, dont les eaux sont impropres à la consommation.
L'administration a fait de minutieuses recherches et Sousse va
être pourvue aussi d'eau potable excellente, par le captage des
sources de l'oued Laya. Trois puits de n'aide de profondeur
seront creusés jusqu'à la nappe d'eau et des machines A vapeur
rélèveront dans des réservoirs en maçonnerie. La canalisation
aura environ 13 kilomètres. Les travaux sont poussés très acti-
vement.
LUrTII-LAGE ÉCONOMIOIE 2-23
Sfas, en dehors des puils Chabouni, situés A G kilomètres
et occupés par l'autorilé militaire française, ne dispose pour une
population de 33.500 Âmes que des eaux de pluies emmagasi-
nées dans les citernes particulières, dans les réservoirs à ciel ou-
vert connus sous le nom de fes/iiûs, cl enfin dans les 597 citer-
nes publiques réunies dans l'enceinte dite des Nasrias. Le
service des Mines a entrepris des reclierches d'eaux artésiennes
sans obtenir pendant longtemps de résultat satisfaisant. Mais
Vannée dernière , des forages de puits d'essai exécutés dans la
vallée de l'oued Sidi Salab , en amont de puits déjà connus, ont
donné une eau bien meilleure (le résidu n'est environ quo
de 0*',50 par litre au lieu de 1*',35) que toutes celles que
l'on rencontre dans cette région , et la quantité parait large-
ment suffisante pour alimenter Sfa.v.
L'adduction se fera comme à Sousse en refoulant d'abord les
eaux î\ l'aide de machines sur un point assez élevé , puis en les
amenant en ville par une conduite libre.
L'emprunt de la Ville de Sfax comporte 300,000 francs pour
ce travail qui sera mis en train incessamment et poursuivi avec
la plus grande activité.
A Tunis, est-il besoin de le dire, le gouvernement tunisien
avait réglé la question des eaux avec la légèreté qui présidait
i\ tous ses actes. Eu 1872, il avait concédé à quatre généraux
tunisiens l'entretien à forfait du canal de Zaghouan, pour une
période de trente années, moyennant une subvention annuelle
d'environ 60,000 piastres et l'abandon du produit de la vente
des eaux.
Comme bien on pensf;, les concessionnaires n'entretenaient
rien. les ouvrages étaient tombés dans le plus déplorable état,
et le service des eaux se trouvait complètement désorganisé
au moment de la création de la Direction générale des Travaux
k
LA TITMSIK DKPltlS L OCCL'PAÎIOX FRANÇAISE
puhlirs. Pour remédiera cette situalion. celle-ci s'est d'abor»/
employée & faire céder à une Société frauçaise le contrai de 1873;
ensuite , pur une convention cd date du 25 octobre 1881, eilea
su1)8titui!- ft l'ancienne entreprise A forrait le système de la régie
intéressée, et elle a réalisé trois réformesiniportanfes. Elle a
un terme au gaspillage de l'eau , en remplaçajit l'abonaeiDcat '
à rubinet libre par rabouDemenl au compteur; elle a permi*
d'augmenter le volume d'eau débité par les aqueducs, en pré-
voyant le captage des sources l'Aïn-Ziga et du village de 7a-
ghoiian; elle a complété et : larisé la distribution en dotant
Tunis du réservoir de Bab Abdallah de 15,000 mètres cih
l>es', en réparant, pour alimenter La Goutette, les citernes de
Carthage dont la capacité est de 25,000 mètres cubes, en dé-
veloppant le réseau des conduites urbaines et suburbaines <jui
s'est accru de 30 kilomètres, en augmentant enfin le nombre
des liornes-fontaines cjui a été porté de 192 à près de 300.
Ces travaux, «jui ont donné lieu à une dépense de plus de
1,500,000 francs, ont été exécutés sous le contrôle de l'Admi-
nistration, par les soins et aui frais da conceasîonDaire , le-
quel est rémunéré par une annuité fixe représentant les frais
d'entretien et de surveillance des ouvrages, par l'intérêt et l'a-
mortissement à 5 ^ du capital employé en travaux neufs, et par
une part dans les bénéfices de la Régie ; le tout à prélever sur le
produit de la vente des eaux.
Quoique légèrement et provisoirement modifiée à la suite de
circonstances imprévues, cette convenUon parait avoir résolu,
d'une façon convenable, le premier terme de la question de
l'assainissement de Tunis, en assurant, en moyenne, à la popu-
lation environ 100 litres par habitant et par jour pendant sept
mois de l'année, et 55 litres pendant les autres mois, réserve
1. iDBOguré le 13 avril 1889.
L OUTILLAGE ÉCO.\OUII,IL'li:
â-25
Wtc des aoDées exceptionnelles, comme 1888, où la séche-
resse a été générale dans la Régence. L'Administration reclier-
clie toutefois, dès maintenant, les moyens d'augmenier encore
le volume d'eau amené à Tunis; elle étudie notamment la
question de l'adduction d'une partie des eaux de la Medjerda
qui seraient réservées aux services publics et aux irrigations.
On sait combien celles-ci ont d'importance en Tunisie. Ses
terres ne réclament que de l'eau pour donner des récoltes raa-
gniiiques. Les arroser, c'est les fertiliser; c'est y rendre toutes
les cultures possibles et profitables. Les Arabes qui, Jadis, en
Espagne, ont exécuté de remarquables travaux d'hydraulique
agricole et rendu de grandes régions prospères en dérivant les
sources et les rivières environnantes, s'efforcent encore d'irri-
guer leurs terres en Tunisie ; mais les sources y sont rares et
telle rivière , comme la Medjerda , qui roule jusqu'à 1 ,600 mètres
cubes d'eau & la seconde dans ses crues, n'en a plus que de
I à â mètres en été, c'est-à-dire quand les irrigations deviennent
nécessaires. Il faudrait donc emmagasiner celte eau afin de
pouvoir l'utiliser au moment propice; en d'autres termes, il fau-
drait créer des ha rrages-réser voira. Les Komains l'avaient fait.
On retrouve eu amont de toutes les rivières les ruines de ces
immenses travau.i de captage. Mais les conditions économiques
sont autres de nos jours, et la somme qu'exige la construction
de ces grands ouvrages, ensuite les frais d'entretien qu'ils ré-
clament, les rendent très onéreux. Les précautions les plus mi-
nutieuses doivent être prises en vue d'assurer la stabilité des
digues; ces précautions se traduisent par des dépenses considé-
rables, et dès lors l'eau ainsi obtenue est chère.
Encore les ingénieurs ne parviennent pas toujours à pré-
venir les cataclysmes. Des pluies torrentielles survenant, la
pression hydraulique acquiert une telle puissance que le mur
^gantesque , parfois de 30 mètres d'épaisseur, est démoli , dis-
■ii6 LA TVMSie »EP{II3 L OCCUPATION KBA.NÇ.ilSK
pci-séau loin, comme les digues de salile que les bal>ys élivciil
sur la grève et que la vague emporte dans un baiser. Tout est
alors k recommencer. Et ce ne sont pas seulement des millions
qui sont perdus avec cette construction, des millions perdus avec
les récoltes inondées, les bestiaux noyés, les villages détruits:
des populations entières ont péri. I.e barrage sur l'IIabra s'é-
tanl rompu en deux endroits, dans la nuit du 1.5 au 16 décem-
bre 1881 , cinquante millions de mètres cul>es d'eaa dévaliTcnl
A travers la plaine en un torrent effroyable. On releva deux
cents cadavres à Perrégaux et à Bou-Henni,
Je revois encore le spectacle navrant que présentait la pelilc
ville de Sa'lut-Denis du Sig, le 9 février 188.5, quelques heures
après la rupture des deux barrages sur le Sig!
Espérons que de semblables malheurs ne se rcDOuTelleront
plus. Il est, en tout cas, une difficulté qui subsistera toujours,
c'est celle qui tient à l'envasement des cuvettes. On a calculé
qu'il fallait moins de vingt ans pour remplir d'une vase com-
pacte un barrage de 1.5 millions de mètres cubes, et, jusqu'à
présent, tous les systèmes imaginés pour prévenir le dépùt dft'
cette vase ou pour en effectuer le curage sont si coûteux qu'il
serait encore plus économique de refaire les barrages.
Mais ceux-ci coûtent également fort cher, et le prLx en serait
d'autant plus élevé en Tunisie que les berges de la Medjerda
ont IV et 1.J mètres de hauteur. Les ressources budgétaires de
la Régence ne lui permettront pas de longtemps d'enti-epren-
dre de pareils travaux.
Le Conseil général d'Alger a émis à plusieurs reprises le
que des barrages métalliques soient étudiés. La Tunisie qui
donne chaque jour l'exemple du progrès pourrait peut-être
prendre l'initiative de cette étude; mais la dépense resterait^
toujours considérable. Le mieux, sans doute, serait d'adopti
des ouvrages plus modestes dans le genre de ceux que H. Bui
iL-TlLLAUi: ÊCOXOMIQUE Hl
déau a précoDJsés dans son rapport sur le budget de l'Algérie
pour l'exercice 1892.
Parlerni-je de la nier iotérieure? Ce serait ici la place ; mais
le projet Roudaire est apprécié depuis longtemps à sa juste va-
leur. Il n'y a plus que la géographie de M. Niel sur la Tunisie ,
— où les erreurs fourmillent, — qui puisse consacrer vingt-
deux pagres à l'apologie de cette conception chimérique. Le
commandant Landas qui. ii la mort de Roudaire. avait repris
le projet pour son compte , l'a complètement abandonné depuis
quelques années ' . 11 rêve à son tour de fertiliser le Sud de la
Tunisie ; mais non point à l'aide d'une immense satine qui coû-
terait 800 millions et demanderait vingt ans de travail, simple-
ment en recherchant la couche aquifère et en amenant les eaux
artésiennes à ta surface du sol. Si l'idée est moins britlanle que
cette de (toudaire, en revanche elle est singulièrement plus
pratique. Klle a déjà donné des résultats très encourageants.
\a reste, elle n'est autre chose que l'extension à ta Tuni.<<ie des
travaux de sondage auxquels le général Desvaux et M. Jus ont
attaché leur nom et qui ont régénéré le Sud de ta province de
Constantine.
Cette idée pourrait être appliquée également dans le Tell. Les
forages y coûteraient davantage devant être poussés plus pro-
fondément; ils n'en seraient pas moins, le plus souvent, une
entreprise fructueuse.
.Maintenant, là où l'insuffisance des nappes d'infiltration ne
permet pas de créer des puits artésiens, on peut créer des inht-
tratioDset se procurer de la sorte des sources artificielles. C'est
ce qu'a obtenu un ingénieur des .\,rts et et Manufactures, M. Hipp.
Uessoliers, dans une ferme algérienne où il avait creusé qua-
torze puits dans tes endroits les mieux choisis , sans obtenir de
. V. itniis le Golfe de Gabès, p. 306, une leLtie du ci>niiuaudanl LaniJaa a
L
228 LA TrNisiE ^KP('ls l'occupatiox frakçaisb
résultat appréciable, tl a raconté lui-même, il y u quelques
iniiis, daus un journal d'Alger ' le moyen qu'il a employé pour
créer une source sur un terrain absolument aride.
l'artant de cefaittjiic les ravins débitent, aprf'S chaque pluie,
des qnantités importantes d'eau douce, il lui parut que la solu-
tion la plus logique consisterait à masser la plus grande quantité
d'eau possible sur un terrain déterminé, A l'abreuver jusqu'à
sursaturation, c'est-à-dire jusqu'à production de sources.
A l'aide d'un petit fossé , les eau\ des ravins avoisinants furent
dirigées vers lu ferme , puis reçues li sur un terrain peu déclive,
sur lequel avaient été élevés des petits bourrelets de terre de
0",50 à i mètre de hauteur.
L'eau après avoir rempli un des bassins ainsi formés s' écoule
par le trop plein dans celai d'aval et ainsi de suite.
Chaque année ces bassins sont labourés et ensemencés en
sorgho, bec'hna ou autres céréales d'été.
Le labour a pour but d'accroître la perméabilité superQcielle
et de faciliter la pénétration des eaux dans les profondeurs du
sol. Par surcroît l'on obtient une bonne récolte due au limon
que les eaus ont déposé,
Pour faciliter l'assèchement de ces bassins, un drainage fut
établi à travers. Ce drain aboutit A un puits de 7 à 8 mètres de
profondeur qui pénètre dans une roche perméable. C'est elle
qui constitue le véritable réservoir. Les bassins n'ont d'auli-e
destination que de retenir provisoirement les eaux et de prolon-
ger la période de fonctionnement de ce puits ou bois-tout.
Peu à peu , les eaux de drainage des bassins ont saturé ce banc
de calcaire sablonneux , et quelques mois après , des suintements
se manifestaient sur les pentes voisines. Un petit fossé collecteur
fut creusé suivant lalignedessuintcmcnts et les dirigea tous vers
uu point. La source était créée.
I. Déiiéche algérienne du 10 novembre 1SDI.
Voiiâ sept aos qu'elle fonctionne sans interruption , été comme
hiver; elle débite à Tétiage, fin septembre, de dix à. vingt mè-
tres cubes d'eau par jour.
Chaque hiver, les bassins se remplissent et se vident de dix à
vingt fois. — Leur surface étant d'environ un tiers d'hectare
et la hauteur d'eau retenue de 30 à 40 centimètres, cela donne
lin contingent de 1.000 mètres cubes chaque fois, soit 10 à
20.000 mètres cubes par an.
En substance , le procédé consiste à saturer d'eau un terrain
convenablement choisi. — Les travau.\ à exécuter sont les sui-
vants :
1" Ayant fait choix d'un terrain peu déclive situé à proximité
d'un ravin ou d'une dépression et recelant dans ses profoiideure
un ou plusieurs bancs alternativement perméables et iniperméa-
liles , il faut limiter ce terrain par un ou plusieurs bourrelets tle
ferre tracés suivant les courbes de niveau, de façon fi créer la
plus vaste capacité possible avec le minimum de dépense. Moins
le terrain aura de pente, moindre sera la dépense, les bourre-
lets étaut moins nombreux. Ce premier travail est, en tout,
semblable à celui que l'on exécute dans le Midi de la France
pour la submersion des vignes;
2° Si la couche de terre végétale est peu perméable, ou
accroîtra sa capacité d'absorption par nu labour annuel; de
plus on creusera une ou plusieurs lignes de drain espacées
de tO A 20 métras et aboutissant toutes eu un point situé à
l'aval du bassin;
3° En ce point, on creusera un puits que l'on descendra jus-
(ju'au terrain perméable;
4" l'n fossé dérivera sur ces bassins les eaux débitées par les
^avins avoisinants pendant la saison des pluies;
5" Après un ou deux hivers l'on verra le plus souvent des suin-
meats se produire sur les pentes situées à l'aval ; on réunira
330
LA TTMSIE nEPriS L OCCIIPATI0?i KSAXÇAISE
ces siiÎDtementfi par un droin qui les dirigera sar le point oii
l'on veut créer fontaines et abreuvoirs.
Le succès n'est pas certaiu. Il peut se faire que les eaux dc-s-
cendfiit dans les profondeurs du sol snns venir sourdre à la sur-
fîtce. Il peut encore se faire, en cas de succès de l'opéraliou,
que les eaus obtenues soient saumAtres; c'est ce qui arriva à
M. Ilessoliers dans son essai.
Jusqu'à l'an deniier les eau.^ recueillies restaient potables An
mois par an et devenaient saum&tres fin d'été; k ce niomeot
elles étaient A peine acceptables pour le bétail.
Uepuis un an, la situation s'est améliorée, de nouveaux suin-
lemenls se sont produits; leur eau est potable luénie à la lin de
l'été. Le même fait se produira sans doute ailleui-s. il ne faut
donc pus que la nature du sol soit considérée comme un obstacle
insurmontable nu cas où il serait reconnu comme étant sau-
mAtre.
Le pi'océdé que nous signalons offre de même que tout autre
mode d'aménagement des eaux, un certain aléa, mais les dé-
penses qu'il entraîne sont des plus minimes. L'on peut avec une
somme de 500 francs à I.OOO francs espérer créer une source.
Le risque est donc de peu d'importance eu égard au résultat
à espérer.
Enfin, dernière observation : si des suintements existent, ne
filt-ce que pendant l'biver, dans les pamges où l'on voudrait
créer une source, il y a lieu de tenir grand compte de cette in-
dication. Le sol remplit, en partie fout au moins, tes condi-
tions propi'es à l'existence des sources, il faut l'abi-euver. le
saturer d'eau par les moyens ci-des.sus décrits ou même siropl»'
mont défoncer le terrain et y planter vigne ou verger, et l'on
réussira dans bien des cas à transformer ces suintements éphé'
mères en une véritable source intarissable,
LIVRE VII
INDUSTRIE ET COMMERCE
LES INDUSTRIES INDIGENES
J'ai dit combien l'agnculture est restée rudimen taire en
Tunisie; l'industrie n'y a guère progressé davantage. Menuisier,
forgeron, potier, tisserand, quel que soit l'ouvrier, l'outil on
^■l'inslrument que vous trouvez entre ses mains date presque
^P^oujoui-stle trente à quarante sit^cles. Aucune modificution n'y
a été apportée. Il est tout aussi grossier, tout aus.si défectueux
qu'à l'époque reculée qui l'a vu découvrir. Et il en est di*
y même des objets fabriqués : ils ont toujours la forme et h
^■mdesse antiques. On pourrait noter quelques exceptions; mais,
^Bde même qu'en logique, ces exceptions confirment la régie.
^^P Avec quel étonnemcnt on suit tous les détails de ces labeurs
^^brimitife! A Tunis même on croit voir revivre les nrtisans de \i\
^HCarthage punique. Ne les revoit-on pas réellement?' Horaco
^B|^ernet écrivait de Syrie en 1840 : « Ce pays-ci n'a pas d'épo-
I. On [rouTera dans Ivs deux uiagninqurs Tok
et lei environs et la Tuniite des aquarelles
concrmint les iniliislrira Ipnisiennes.
nés de M. Ch.Lalleinand : Tunh
l des descriptions Torl CurieuM's
Î3S t.* TTXisiE Dcpris l'occupatios frasçaisk
que. Transportez-vous de quelques milliers d'années en arrière,
n'importe; c'est toigours la même physionomie que vous ave:
devant les yeux. Que le canon chasse devant lui des popuU-
lions entières, qu'il les extermine, ce n'est que le moyen qui i
changé, mais non la chose. Pharaon poursuivant les Hébreux,
monté sur son chariot , soulevait la même poussière dans le dé-
sert que Méhémet-Ali. Les Arabes n'ont pas changé ».
C'est vrai, les Arabes n'ont pas changé, et non plus les Lf-
biens, — nos modernes Berbères. Que l'on contemple le labou-
reur poussant son attelage dans le sillon ou le travailleur ma-
nuel accomplissant sa besogne quotidienne, on se sent reporté
aux premiers âges de la civilisation.
N'est-ce vraiment pas une étrange chose que cette immobilité
au milieu d'un changement perpétuel Depuis le jour où
l'étranger a posé le pied sur la terre africaine, elle a été le
Ihéfltre de luttes effroyables, de révolutions terribles, mais
elle a vu aussi des siècles de splendeur; toutes les civilisations
anciennes : indienne, égyptienne, pélasgienne, médo-perse,
phénicienne et romaine, en passant sur elle y ont déposé
comme l'alluvion de l'esprit humain. Ces migrations successives
ont impressionné jusqu'à la Nature elle-même; des modifica-
tions physiques s'en sont suivies. Or, par un contraste surpre-
nant, alors que tout se transformait autour de lui, le Berbère
n conservé intactes ses mœurs et ses coutumes originaires.
Ksclave, il s'est plié aux exigences de ses divers conquérants;
mais sans se laisser entamer par eux. 11 est resté lui-même :
immuable.
Si donc, en matière industrielle, il n'a fait aucun progrès,
ce n'est pas que l'inlelligence et l'habileté même lui fassent
défaut; c'a été pendant longtemps le résultat de sa vie aven-
tureuse et de son caractère fermé au contact des autres races,
l'ne fois seulement il écouta la voix de l'étranger. Mahomet
ISDCSTBIB ET COMMERCK
■poussant sur lui la brâlante haleine du sensualisme, sou tempé-
rament exceptionnellement salace ne put résister à la doctrine
séductrice. 11 adopta les mœurs privées de l'Islam et celles-ci,
bien plus sûrement que toutes les lois oppiennes, enrayèrent
chez lui les goûts de luxe, d'élégance et de plaisirs qui ont si
vivement stimulé les arts en Europe. La mode est chose incon-
nue en pays arabe ou berbère. Les hommes portent exactement
le même costume que leurs ancôlres d'il y a quatre mille ans
(il n'est pas rare qu'un burnous serve à deux ou trois généra-
tions), et ce qui est plus caractéristique peut-être, de nos jours
les femmes du sud de la Tunisie s'attifent encore les cheveux
de la façon compliquée que l'on observe sur les mosaïques dé-
couvertes à l'Oued-Athménia et qui représentent des divini-
BHs numides.
^ On conçoit dès lors que l'industrie en soit encore au rudi-
ment. Ceux-là même qui paraissdient de voir ta tirer de l'ornière,
les Maures d'Andalousie, n'ont rien appris s'ils n'ont rien oublié.
L'Anlée de la fable puisait de nouvelles forces en retouchant
du pied le sol natal; au contraire, les Maures en rentrant dans
leur patrie perdirent les qualités industrieuses qui avaient
distingué leurs ancêtres sur la (erre étrangère. Ils semblèrent
frappés d'impuissance. Leur phylogénie éprouva un arrêt sul)it.
Voici un trait significatif de la torpeur dans laquelle ils sont
tombés: Chassés d'Espagne par l'intolérance religieuse', ils em-
portèrent les clefs de leurs maisons, bien persuadés que cette
perte n'était que temporaire, et que le prophète les ramènerait
btenli^t en triomphe dans la Péninsule. Et, depuis quatre cents
ans, ils se transmettent ces clefs de père en fils, très scrupu-
leusement, dans l'attente de rheurcu,\ événement qui ne peut
manquer de survenir, ne doutant point que les mêmes serru-
931
LA TUMSIE BBPOtS L OCCCPATION l-RA>ÇAISK
reg ne soient restées tîvéett aux mêmes portes et qu'il lear suffîn
de les faire fonctionner pour établir leur propriété. Od ne peut
se fairR sans doute une idée plus ineffable de la perpétaaliié
des choses humaines. N'y voyez pas que de la naïveté; elle est
d'ordre métaphysique et religieu-i.
Les Maures exercent à Tunis l'industrie la plus honorée, celle
<le la fabrication des chachia. Ai-je besoin de dire qu'ils n'y ont
apporté aueun perfectionnement. L.eur outillage est toujotin
celui de leurs ancêtres andalous. Les noms espagnols qu'ils por-
tent encore en sont un témoignage. 11 eu résulte naturellement
que, malgré le bas prix de la main-d'œuvre et malgré la ré-
putation dont ces chachia . aussi solides qu'élégantes , jonissent
dans tout le monde musulman , leur fabrication à l'aide de pro-
cédés primitifs ne peut lutter avec la production européenne.
Elle végète, diminue de jour en jour et disparaîtra fatalement
si l'on n'y porte remède.
II en est de mémo de la fabrication des tapis, qu'ils ont intro-
duite eu France ' et rendue si florissante en Afrique dès le moyen
&ge-, principalement dans la Régence. A Tunis et dans ses
environs on fabriquait, au huitième siècle, des tapis et des étoffes
do la plus grande valeur. Va village de la région, Touneh,
avait même quelquefois l'honneur de confectionner le voile que
l'on dépose chaque année à la Caaba''. J'ai vu, dit Fakely, un
tapis donné par Haroun-al-Raschid; il était de l'étoiTe appelée
Kabalij et on y lisait ces mots : " Au nom do Dieu, que la
bénédiction de Dieu soit sur le calife Raschid-Abdallah-Haroun,
prince des fidèles (que Dieu répande sur lui ses faveurs)!
1. Notre fabrique d'Aubusaon lirr «on origine d'uuc dM Iribus maures rcronlêc'
par Charlp«-Uar[e1 el qui, après SToir embrassé le clirstUnisiDe pour an
rie MUT», se flia danï la inlléede la Creuge, oii elle établit non induatrif
1. La Tapisserie, par Eug. Hiiiitz, p. G6.
3- Temple Mcré de ta Herque.
Ce tapis a été bit par ordre de Fadl-ben-Retz, dans b fabrique
de Tooneh, l'an 190 ' ■-
Jusqu'en ces dernières années, cette iadnstiîe est restée pm»-
père. Les procédés de fabrîcatiiMi tout i fait prîmîti& ne doiH
naicnt que peu de béDéfice: mais c'était le travail des femmes.
CD se contentait de son maigre produit. Il était d'ailleurs d'un
placement si facile! Qui ne recberchait les chaades converinres
de Djerba et les magnifiques tapis de iLaironan où re^lendissenl
toutes les couleurs orientales? Ces tapts surtout sont pour tes
yeux ce qu'une synipboDie de Mozart est pour l'oreille et l'ime.
Les tonalités les plus violentes s'y apaisent dans une harmonie
d une douceur enivrante. Exaltées par le contraste et en même
.temps rëconciUées par l'analogie, comme disait Ch. Blanc, les
siotes de la laine se surexcitent, se marient, brillent et s'éva-
onissentdans un concert éclatant et suave, vibrant et apaisé.
A cette séduction des yeux se joi^aient la qualité de la laine
t la solidité de la teinture, qui les faisaient souvent payer fort
her.
L'occupation française a beaucoup accru les demandes el
'appAt du gain a entraîné les fabricants dans une voie funeste.
Certaius commerçants, qui n'avaient jamais pu entrer dans
AÎrotian avant 1881, en ont franchi les portes à la suite de l'ar-
aée française, et tout en pous*:anl le miitillem (patron) à em-
tloyer de la laine moins pure et de moins bonne qualité, ils lui
ot fait substituer les teintures d'aniline aux teintures végétales.
La garance qui croit spontanément dans tout le sud de la
'anisie et que l'on cultivait spécialement à Galjès, était jadis
eule connue des indigènes pour teindre les fils en rouge".
1. Qualremère de Quinr;. Mémoires géographiques el historique» sur l'Egypte
~~ et quttqvet contrées veiiiHes, t. I", p. 33A-339.
1. Dms l'aDliquité, les indigènes se serraient de la liqueur coloraule que
rourniiMDt les vtiirex trunculiu. coquillages connus ious le nom de pourpres.
Pline Boni * liisaé de longs détails {Hiil. val., IX, li] sur la fabrication et
k
3;tfi LA Tt'NISIE DEPUIS l'oCCCPATIOX FBA.XÇAISB
Pour teiudre ea bleu, ils employaient l'indigo' (iiilaj et les
tiges de l'Isatis tincforia ou pastel.
Avec le Reseda luteola, qu'ils nomment •• Asfar ■>, ils tei-
gnaient en jaune.
Ils teignaient en vert en mélangeant l'indigo avec la gaude.
Ils obtenaient des (ils violets, en les plongeant dans une solu-
tion d'indigo et de cr^me de tartre.
Les fils noirs étaient teints à l'aide de l'indigo, du sulfate
de fer, de la gaude et de la noix de galle.
Les couleurs ainsi obtenues étalent à la fois fort belles et très
solides; mais la teinture de cbaque livre de laine coûtait par crt
procédé deux piastres et demie, soit environ un franc cinquante.
Avec les alcaloïdes artificiels, la même livre de laine est teinte ,
en vert, jaune, violet, pour douze carroubes (0 fr. 50), et en
rouge pour une piastre (0 fr. 60). Seulement ces couleurs '
passent trt'S vite. Abandonnées au soleil elles sont rongées en
quelques heures.
Cependant les indigènes n'ont pas su résister à l'économie qui
leur était oiTerte; d'autant moins que leur industrie demeure très
peu rémunératrice. J'ai pu, par faveur spéciale, entrer à Kai-
rouan dans l'atelier de quelques femmes et me rendre compte
de tous les détails de leur travail. Un tapis de l'°,âO représente
douze pièces de laine et exige une quinzaine de jours pour
SB confection. On le vend environ ik piastres {\k fr. 10]
l'empla] de celle pourpre, qui se pourrail encore récolter sur le» cAlei de DjeriM:
mais qui (larall avoir élé abandonoée en raison de son peu de solidité. Le lute
romain allachait pourtant un grand prïi aux élofTcs teintes de celle façon : Con-
chyliaet purpuras oinnis hora atterit, quibut eadem mater lururia parla pxM
rliant margaritit pretia fecii. PI., loc, cil.
t. Les Indigoliers viennent bien en Afrique, nolaminenl Yeiiiialoriun tincla-
riUM, originaire du Brésil. On peut en obtenir deux ou trois coupea dans une
mËme cnmpaj>ne; et en raison de la grande quanlilé d'indigo qui se consomme ra '
Tunisie pour la teinlurc des vtteinenls des femmes de la campagne qui , presque
loutei, portent des haîk bleus, l 'exploit a lion de cet arbrisseau j donnerait un beau
Iténrdci!,
ixDi'STitif: tT comher«:k 237
sur lesquelles il faut prélevei- 2V caiToubes de droits et une
piastre pour le ci-ieur qui vend aux enclièrcs. J'ai calculé
que ces quinze jours de travail rapportaient net 5 te. 40.
M^me pour des femmes indigènes, cette rétribution est însiif-
Hsaute, et l'industrie agonise.
Mil. Servonnet et Laftitte ont proposé de la relever en exci-
lanl chez les indigènes i< leur instinct de lucre, par des prîmes
en argent qni seraient immédiatement comptées à ceux dont les
produits sembleraient les mieuv réussis ". A mon avis, le re-
mède n'est pas là. Ce qu'il faut, c'est prohiber l'introduction
des teintures chimiques en Tunisie pour relever la valeur et la
réputation des lapis de Kairouan, des couvertures de Djerba,
elc, et en même temps s'efforcer de propager parmi les indi-
gènes des machines activant l'ouvrage. Actuellement, ils ont
encore, pour tout métier, deux rouleaux superposés verticale-
ment, à ua mètre cinquante l'un de l'autre, sur lesquels la
chaîne est tendue. L'ouvrière passe la trame à la main, sans le
secours d'aucune navette, et la serre à l'aide d'un peigne en fer
qu'elle promène sur toute la largeur du lé. On voit combien ce
travail tout à fait primitif doit prendre de temps.
Que ion transforme cet outillage, que l'on surveille la tein-
ture, et l'industrie retrouvera bientôt son ancienne prospérité.
Je ne pense pas que l'administration ait à intervenir autre-
ment que par des mesures de douane, El y a lu en effet une
opération qui me semble de nature à attirer l'attention de
capitalistes avisés. En mettant entre les mains de l'ouvrière un
outil meilleur et en fournissant au besoiïi la matière première,
que le mari ne peut pas toujours acheter, ceux-ci feront un
placement avantageux tout en améliorant la condition de ces
pauvres gens.
Habitués à ne recevoir d'Europe sous le nom d'" articles d'ex-
portation » que de la camelote, souvent détestable, il semblerait
-2;i8 l-A TUMSIK DBHItS L OCCCTATIOX FBA.NCAISB
«nie les indicielles veulent user de réciprociié en employaut
des teintures qui laissent à désirer; car pour leur usage per-
sonnel ils tiennent à des teintures très solides, et, de erainte
d'être trompés, ils ne demandent aux manufactures européen-
nes que des cotonnades écrucs qu'ils teignent eux-mëiues.
L'industrie de la teinture conserve doue une certaine activité.
Je mentionne pour mémoire la spnrterie, dont j'ai parlé au
chapitre sur l'alfa. Elle occupe une grande partie de la popu-
lation des lies Kerkennah et de quelques tribus des environs
de Sfa.x. Mais elle est locale. On peut en dire autant de la sel-
lerie, de l'armurerie et de la bijouterie.
La tannerie, rudimentaire comme les autres industries, subit
le sort commun: elle ne peut lutter contre les cuirs ear^^éens.
U lui serait cependant facile de tenir t^te à la concurrence, en
raison du bon marché des peaux en Tunisie et de l'acide tan-
nique de première qualité qu'y fournissent les chênes. Les in-
digènes n'emploient guère que l'écorce de lentisque et celle de
pin d'Alep.
Depuis le moyen ôge jusqu'à ces dernières années, l'huile a
été le principal objet du commerce d'exportation de la Tunisie;
sa fabrication y était donc l'industrie la plus importante. A-t-elle
reçu quelques perfcclionnements? Aucun. Moulins et presses sont
toujours aussi rudimentaires que le tnipeliim et le torcular
dont Porcius Caton nous a laissé la description ' — et t'huile
est loujoiH-s aussi rance.
Le moulin se compose d'un broyeur de pierre cylindrique,
roulant sur un axe horizontal fixé à un arbre vertical qu'ac-
iionne un Ane ou un mulet. Les olives sont soumises à l'action
de ce broyeur, qui en fait une espèce de paie. Si l'on veut ob-
I. V. De Re ni4tiai. xi-iiii el ci.w; Dietionnaire des aniiquiléi greci/uet «t
romainei, deRicli, p. Slb ; Ch. Tîasot, op. elt., l. I, p. 1BS-!91: Pellistier, Erplo-
rallon icienti/iqae île l'Algérie, p. 351.
B
IXDISTRIK ET COUIIKBCB
2;)a
tenir de cette pète l'huile de consoaimatioa alimoiilaire, un la
rraite par l'eau, au-dessus de laquelle l'huile vient surnager,
A, cause de la différence de pesanteui' spécifique des deux li-
quides. L'huile obtenue par ce procédé est dite drob-el-mu
« qui a été frappée par l'eau ". Si l'on no veut que de l'huile
plus commune, la pâte est soumise à la presse, faite quelquefois
d'une vis en bois, le plus souvent de deux simples planches pla-
cées sous un tronc d'arbre qui forme levier. L'huile ainsi pro-
duite est dite mmriti pressée >i. On appelle /crfj'AA celle qui vient
au début de la pression. Quelquefois les vendeurs la présentent
comme huile drob-el-ma; mais les connaisseurs ne s'y laissent
pas tromper.
Le marc qui résulte de la première de ces opérations est sou-
mis au pressoir, et l'on en retire une huile inférieure dite bel-
Imh, qui, si ce n'est dans les grandes chaleui-s, est toujours à
l'état demi-solide du beurre ou de la graisse. L'huile que l'on
extrait par une seconde pression du nrnrc de l'huile masri est
encore plus grossière; on l'appelle belbah-fitourn. Enfin on re-
tii'c des eaux qui ont servi au traitement de l'huile drob-el-ma
une sorte de houe infecte, dite huile el-kounia , qui est la der-
nière de toutes.
Toutes ces huiles ne peuvent recevoir qu'un emploi indus-
triel. Celle que les indigènes regardent comme comestible et
dont ils font une grande consommation, donnerait des nausées
i\ l'estomac le plus robuste. Je lui préférerais, je ctoîs. l'huile de
foie de morue !
Juvénal dit que son odeur seule — l'huile africaine n'était
utilisée à Rome que dans les bains publics — faisait fuir les
serpents , et préservait ainsi de leur morsure venimeuse.
id tiitos eliaiii facit a serpeiitibus atris '
2i0
LA TCMSrS DKPUIS L OCCUPATION FRANÇilSK
Ce qui conlribue beaucoup à dooner à ces huiles un goût
horrible, c'est l'habitude traditionnelle qu'ont les indigènes de
laisser macérer les olives trois et quatre mois dans le sel avant
de les envoyer au moulin. Le ramollissement des fruits et la
fermentation acétcuse qui s'ensuit font que l'huile est rasce
avant même d'être extraite de la pulpe.
Celte détestable habilude me parait provenir de l'insuffisance
des mo.ilins et de la nécessité où se trouvaient les propriétaires
d'attendre leur tour de presse. Ils voulaient éviter la moisissure;
ils ont obtenu la fermentation.
Il n'y avait h\ qu'à substituer de toutes pièces les huileries
européennes. C'est ce qui a eu lieu, comme ou le verra plus
bas.
Les indigènes conservent leur huile dans de 1res grandes jarres
qui se font à Djerba. Les poliers insulaires fabriquent en outre
comme ceux de Nebeul , des gargoulettes, des plats et des réci-
pients en terre cuite, brute ou vernissée, de formes et de cou-
leurs très originales. Klles ont un air antique qui étonne. Allez
au musée de Carthage ou du Bardo, vous y remarquerez des
vases étrusques qui vous sembleront sortis dn four de quelque
potier indigène. Les produits de ces derniers ont même élé-
gance, même grAce curviligne. La moindre cruche qui sort de
leurs mains a la majesté d'une amphore, El cependant aucun
art ne dirige cette céramique. Sa seule méthode est la routi
Aussi, pour la même raison que les autres industries, la trop
grande primitivilé des procédés de fabrication, elle est ruinée
par la production européenne : elle tombe à rien.
La Conférence consultative s'est préoccupée de cette déca-
dence. Dans sa séance du 19 novembre dernier, elle a adopté
à l'unanimité les conclusions d'un rapport émettant les vœux
suivants : 1° Qu'il soit créé, A Tunis, un cours profession-
nel de poterie sous le contrâle de la direction de l'Enseigne-
M
INDCSTBIK ET COUMERCK
ment '. 2° Qac les droits perçus sur la poterie soient transformés
ea un droit de fabrication susceptible de favoriser cette in-
dustrie.
La proposition est escellente. Il me parait seulement qu'il
serait préférable d'instituer ce cours à Nebeul au lieu de Tunis,
pour le mettre à la portée des principaux intéressés; car si l'on
fabritjue de la poterie en d'auti-es endroits, elle est loin d'avoir
la même valeur,
Quoi qu'il en soit, il y a lieu d'applaudir à cette tentative de
rajeunissement et de soubaiter qu'on la généralise.
Le cours professionnel que l'on va ouvrir en faveur de la
poterie ne serait pas moins utile pour relever la fabrication de
ces belles faïences peintes et émaillées que l'on remarque dans
les anciens palais tunisiens. Les Italiens, ainsi que l'a consisté
M. de Lanessan-, inondent la Tunisie de carreaux à bas priic,
devant lesquels ont déGnitivemont succombé les produits beau-
coup plus beaux, mais aussi beaucoup plus ehers de l'industrie
locale.
Eu perfectionnant les procédés de fabrication on abaisserait
le pris de revient et le placement de ces faïences redeviendrait
facile.
Qui dit architecture arabe, dit grAce et légèreté. On ne se
lasse pas d'admirer les monuments, j'allais dire les poèmes, que
cet art délicat a laissés. Or, il existe encore à Tunis des ma<,'ons
qui exécutent d'une main ferme, hardie, et prescfue sans écha-
faudage, les voiites et les arceaux mauresques; mais c'est à
grand peine qu'on trouverait un ouvrier capable de sculpter
dans le plâtre ces trapèzes, ces triangles, ces disques, ces fleurs
I. ComiD<^ Buile i cp vœu . un artiste frantaLS
pour te rendre compte des perlrclionnements i[i
IrumenU de Iravnil. aux fours el
ieu d'apporU'r
procédés de rcrniswge.
L
I
■2V2 I.A TIMSIB DEPIIS LOCCUPATIOX FBASCAISK
et ces feuiilnges dont renchevètremeot fantastique intrigue k
regard et le tient perdu aux plafond:; des vieux palais comme
à la recherche d'une énigme indéchiffrable.
L'art seul nous ferait un devoir de ne pas laisser disparaître
cette architecture; mais l'int^-rét politique nous commande de
la protéger, comme toutes les auti'es industries tunisiennes.
Le meilleur moyen, le seul vraiment, de faire comprendre
la civilisation aux indigènes , de la leur faire adopter, c'est d'a-
méliorer leur condition sociale, d'accroître la fortune publiqaé.
Tout ce qui leur procure un peu de bien-être, les amène di-
rectement & nous; tout ce qui les appauvrit, excite leur hosti-
lité. Or, si le travail diminue, si les produits se vendent mal,
des crises économiques surviennent, crises ioimédiatemeal
aiguës dans une communauté dénuée de ressources. La perlé
d'un métier qui s'exerçait de père en (ils, c'est la misère pool
le pauvre Africain. Son ignorance ne lui permet pas de coœ*
prendre la révolution économique dont il est victime; il i
voit que le fait brutal , et un levain de haine fermente dans sch^
cœur contre cette science, ces inventions aryennes qui le mi-
nent. Il nous maudit. Mais il voit les choses d'un tout autre œil
s'il en tire profit. Et c'est pourquoi il nous faut multiplier li
cours professionnels, propager l'outillage européen parmi lel
artisans tunisiens. Avec leur aide ils graviront peu à peu I
degrés de l'échelle industrielle, — qui ne sont pas autre cbo!
pour eux que les degrés de l'échelle sociale.
LES l^iDlSTRIKS EL'ROI'KEN.VES
L'industrie eui-opéenoe, appelée à un réel avenir en Tunîdea
n'y est encore nécessairement qu'à l'état d'enfance. Néanmoii
INDUSTRIE KT COUMEBCK 2^3
on y compte déjA [ilusîcurs établisse me uts importants, sur les-
ijueb j'aurais désiré donner des détails complets, tant au point
de vue de leur organisation que de leur situation économiijue ;
n'ayant pas eu le loisir de me livrer à cette étude , je dois me
borner à un simple relevé.
Je passe sous silence les diverses industries du b&tîment que
la transformation du pays développe au fur et à mesure de ses
besoins. Ce sont les industries en vue de l'exportation qui doi-
vent particulièrement solliciter notre attention. La fabrication
de l'huile figure naturellement en tMe. La qualité des fruits,
l'importance que le commerce de l'huile a eue de tout temps en
Tunisie, et, lesgrignons constituant un e.\cellent combustible,
les facilités qui étaient offertes à l'établissement d'une usine
européi-nne, devaient attirer les industriels éclairés. C'est ce
qui a eu lien.
Dans les contrôles de Tunis et de Nebeul, une dizaine d'Iiui-
leries ont été créées : dans la plaine du .Moruak, i\ La Goulette,
à Tebourba, à Soliman, à Nclieul, Ce nombre s'accroîtra beau-
coup lorsqu'à la dime de l'buile ' sera substitué l'impôt en es-
pèces. Dans le Sahel, soumis à cet impôt, on ne compte pas
moins de neuf usines & vapeur.
A Sousse, celles de :
M, Gandolpbe, de 12 presses;
M. Élie de Scetbon, 8 presses;
La magnifique usine de 1a« Société du Sabel Tunisien ", dont
l'installation, qui peut rivaliser avec toutes celles de France , n'a
pas coûté moins de quinze cent mille francs; elle a 13 presses;
Et celle de la « Société des huileries et savonneries méridiona-
les n (9 presses) montée spécialement pour le traitement des
feignons par le sulfure de carbone.
. V. ptus haut, p. 33.
2lï LA TUMSIK DKPCIS L OCCUPATIOS FRANÇAISE
A Msakeii, la Société du Sahel tunisien possède une autri^
uRÎae de 8 presses et à Mokenine une troisième égalemenl de
8 presses.
A Monastîr existent encore trois usines A vapeur :
M. Médina Et Hayat, 8 presses;
M, Aliaga, 6 presses;
M. B. Sacuto, 5 presses.
Ces usines fabriquent des huiles comestibles. M. Gaillard.
le très sympathique et intelligent directeur de la Société du
Sahel tunisien m'en a fait déguster, dans son usine, qui peu-
vent litre mises en ligne avec nos meilleures huiles de Pro-
vence.
Eiiouire, !k3 huileries, à traction animale, comptant entre
elles 157 presses, fonctionnent dans le Sahel.
Oans le contrôle de Sfa.v, quatre usines, montées à l'euro-
jiécnne, ont été installées : trois par (les Français, HM. J.
Querry, Anfré, Delanghe et Glandut; la quatrième par un An-
glais, M. I^adbetler.
Les minoteries européennes sont encore rares. Le manquai
(le cours d'eau en rend l'installation et la marche onéreuses.
Je ne connais que les minoteries Tabone, à AI Djezira; celle de
H. Cesanna, à DJedelda, et les moulins de Bab-Alaoua, ap-
partenant à MM. Attia et Modiglioni. Un moulin  vapeur a é\k
montéàSfax avec deux paires de meules; mais cet établissemenl
n'a pas prospéré.
Les farines destinées à la boulanjferie européenne sont îni'
portées en grande partie. La brigade d'occupation n'ayant pas
non plus de manutention , doit faire venir ses farines de France.
Les familles indigènes fabriquent elles-mêmes leur semoule et
se servent pour la mouture de leur blé d'un appareil au(jticl
on donne aujourd'hui le nom de moulin arabe , et qui est, ea
réalité, la viela et le catillus romains. La forme diffère ua peaj
IKDDSTRIE ET COMMERCK 2'i5
■nais c'est toujours le moulin à bras priniitif, ou la mola asî-
naria de la même époque.
Le blé dur, riche en gluten, est recherché pour les pAles
alimentaires, et la fabrication de celles-ci occupe un assez
grand nombre de bras.
Le palmier-nain est moins répandu dans la itégence qu'en
Algérie; l'industrie du crin végétal est appelée néanmoins à s'y
développer. Il en est de même de la fabrication des bouchons
que va permettre , à partir de cette année , la levée du liège de
reproduction en Kroumirie.
On m'a signalé des sables et de la silice des plus propres li
la fabrication du verre. Il y a là une branche industrielle A
créer.
On connaît de réputation le souk des parfums de Tunis, oi'i
les indigènes débitent leurs petites fioles de jasmin et de" nhéré '
avec la même préciosité que s'il s'agissait d'on|^uents rares. Il
se fait là un commerce important, et la production des essences,
huiles essentielles et parfums, est à entreprendre aux environs
de Tunis comme elle la été — avec succès — aux environs d'Al-
ger. Aucune contrée n'est plus favorable à cette industrie ; sous
aucun climat, la flore ne présente plus de richesse et de magni-
ficence; aucune ne développe en plus grande abondance dans
chaque plante les principes aromatiques et parfumés.
Les végétaux les plus particulièrement propres à la fabri-
cation des essences sont les orangers et la toute famille des
nurantiacées. Ou en extrait le néroli,qui est particulièrement
estimé, les essences de petit grain , de cédrat, de bigarade, de
bergamote, de citron, de citronine, d'oranger de Portugal, et
l'eau de fleurs d'oranger dont l'usage est devenu général.
arnii les végétaux cultivés , il faut noter le jasmin , dont les
blinclios Je Tunis.
216 LA TIWISIE DEPCia L OCCTPATIOS FRANÇAISE
tleura et l'essence sont très estimées par les fecnines indigènes,
le péraiiiura rosat {Pvlargommn roseum), qui croit avec une
merveilleuse rapidité et doune une essence cjui, à cause de s(hi
prix modique, remplace aujourd'hui l'essenee de rose, la Ter-
veine, laeassie, la tubéreuse, l'cpillet, etc.
On trouve partout, A l'état sauvage, le myrte, le thym, la
lavande, l'absinthe, le fenouil, le romarin, la sauge, la mat^
jolaine , la menthe poivrée, etc., dont la distillation pourrait
donner de bejui\ résultats.
PROULITS DE LA PiCCIIE ET DE I.A tllASSE
Les produits de la mer ne sont pas moins remarquables en
Tunisie que les produits du sol et du sous-sol. On n'y compte
pas moins de 316 espèces de poissons , la plupart en abondance,
et de bonne qualité. Les moUusques et les zoophyles, moins
nombreux, ont également beaucoup de valeur.
Dres.ser la nomenclature de celte faune sous-marine, c'est-
à-dire de toutes ces richesses alimentaires et industrielles,
serait une besogne totalement au-dessus de mes forces. Mais je
ne me propose que d'en signaler l'importance à nos pécheurs
français, alin qu'ils n'hésitent point à venir s'établir sur les cô-
tes tunisiennes pour puiser, dans leurs eaus extrêmement fé-
condes, des bénéfices que leurs rivau.x d'ontre-Méditerranée sont
l peu près seuls actuellement à se disputer. Ils y seront aidés
par l'administration française; car un double intérût patrioti-
que et financier commande de fa%'oriser l'installation de no»
compatriotes sur ces côtes.
Les poissons qui s'y rencontrent le plus communément
peuvent se diviser en trois catégories d'espèces :
INDDSTRll! ET COMURRCK
1° Les poissoas de passage (du mois de mai au mois d'août) au
nombre desquels d faut citer : le thou , la bonite, les scombres,
la sardioe, l'anobois, le saurel. l'allachc , particulièrement eu
fraude quantité dans les eauv de Mchdia d'avril à aoilt.
2° Les poissons qui habitent les eûtes et qui se tiennent k des
profondeurs plus ou moins grandes , tels que : le rouget barbu ,
le merlan, la sole, très belle à l'embouchure de la Medjerda.
la galinette, le pageau, le girel, la baudroie, la seiche of-
ficinale, la raie, le poulpe, le spare mène, le spare mendole, le
chien de mer, les langoustes, particulièrement abondantes
dans les fonds de l'Ile de ta Galite, les homards, les chevrettes.
3° Ceux qui habitent les petits fonds, près des côtes, dans les
hancs de roches, algues et sables, et qu'on désigne dans le
commerce, les uns sous le nom de poissons de roche ou
poissons Doîrs, les autres sous cehii de poissons blancs ou
bleus.
Les principaux poissons de roches sont : deux variétés de
mérou appelées méro et lucierna par les Italiens, et mnenni et
tcernt'a par les indigènes; la murène, le congre, la rascasse or-
dinaire, la rascasse rouge, le grondin, le capelan, les rou-
lîers, le rouget de vase.
Parmi les poissons blancs on dislingue : le sar, le loup, le
' mulet, la bogue, la saupe, l'araignée, le brochet, la dorode,
ledinti, Toblade, etc.
Tous ces poissons entrent dans l'alimentation; mais les
principaux et les plus abondants sont : l'anchois, la sardine,
le rouget, le merlan, la bonite, le maquereau, le thon et les
poissons de roches de toutes espèces.
Les poissons d'eau douce, tels qu'anguilles, barbeaux, per-
ches, aloses et mulels, ne figurent qu'en très petites quantités
^HUr les marchés; on les pèche en hiver seulement.
^H Les coquillages ne sont pas très répandus , i\ l'exception des
ainai
^uaîei
H^ Pa
1
2V8 LA TL'MSIR DEPUIS L OCCCPATIOX PBAXf;AISS
oursins. On trouve eependaat des clo%isses et des praires ea di-
verses parties de la côte. MM. Bouchon-Brandely et Rerthoule,
oot signalé en 1890' l'existence d'un banc d'huîtres à Adjim,
aux abords de l'Ilot de Kattia; c'est le seul connu jusqu'A ce
jour"-, l'n ostréiculteur du bassin d'Arcachon avait sollicita et
obtenu, on 1885. l'autorisation d'installer une huîtrière arti-
ficielle sur le rivage de la mer. entre l.a Coulette et Rhadès:
cet essai d'élevage des délicieuses avicules paraissait devoii>
être couronné de succès, lorsque le déc^s du permissionnaire
est venu y couper court.
Un riche zoophyte, l'éponge . peuple la côte Sud. Tn autre,
plus riche encore, existe sur la câte septentrionale du cap
Rosa à Bizerte, c'est le corail, dont la Krance, par sod traita
du 2i octobre 1832 avec le hey de Tunis, a acquis le droit
perpéluel et exclusif de la pèche sur tout le littoral tunisien,
moyennant une redevance annuelle de 13,100 piastres.
L'exploitation de ces diverses ressources économiques pro-
duit dfts sommes considérables, qui s'accroîtront encore dans
l'avenir sous l'heureuse influence d'une réglementation actuel-
lement à l'étude et qui déterminera les parages où la pèche est
libre, les engins autorisés et les engins prohibés, les formalités
à remplir pour obtenir l'autorisation d'établir une pêcherie,
les pénalités à appliquer en cas de contravention , etc.
Voici, d'après un rapport de M. Ponzevera, chef du service
des ports et de la navigation de la Régence, et celui de MM,
Bouchon-Brandely et ,\. Bertlioule, les évaluations aussi ap-
proximatives que possible du produit annuel de la pèche sur
toute ta cùle tui
1, Su[i[jl^inenl au Journal officiel tunisien du 13 novembre 18110, p, ,'..
2. « Au ciiur9 de travaui «ou» - mit ri n s ereila^g rn IBBt daiiG la rade de Sfai.
|«ur la deslruction de l'épate du IroiE-mAU anglais Emmanuele Scieluna, i|ui
■*ait brûlé aur aea ancrcc, en décembre I8SI , on a con^ilalé la jir^ience de groa-
•ca buttrea, voiiine» de l'eapAce dîLe |âed de cbetal ». Le Golfe de Cabès, p. 349.
l5DDSTRIIi: ET COMMERCE
^V COTE NORD
^H Du cap Roux DU cap Nègro , la pèche des sardines
^H et des anchois produit .... âôO.OOO Tr.
^H Corail (pour mémoire)'. , . « «
^H Du cap Nègro ou cap Blanc, la côte n'est pas cx-
^* ploilée > »
lie de La Gatiie, la pfche seule des langoustes. . GO. 000
Lac de Bizerte 500.000
Dénie Plane au cap Bon, pécties diverses . . 300.000
Idem idem, sardines et auclioJs. . . 90.000
Thonara de Sldi Daoud 1.300.000
»COTE SUD
Du cap Bon aucap Maanioura, la cûte est inexploitée > g
Ducap Maanioura QU cap Africa 40.000
A Mehdia , pèche de l'aHache 100.000
Du cap Arrica à la mer de Bou-Grara S20.0DO
IA Djerba 30.000
De Zarzis au Bibau 30.000
Éponges (du cap Africa au Biban TDO.OOO
Poulpes C d" ^ 100.000
Ensemble. .... 3.U10.000 fr.
Mieux faite , avec un matériel ad hoc et avec plus de coui^ge,
la pèche donDerait le double et le triple, surtout sur la côte
Sud. Mais écoutez ce qu'en disent MM. Bouchon-Brandcly et Ber-
thoule : " Les pécheurs ne naviguent pas sur ces côtes basses,
à vrai dire, ils perdent à peine pied. Au lieu de lamparos, ou
de bœufs aux loo^s bras, qu'il faut promener bien loin au
large, au prix de quelques risques et de quelques fatig;ues, nous
les verrons se servir de grossiers clayonnages en branches de
I. Pour ileui râlions : la découceric Ati bancs de Ciacco el rapiinurnsseraent
de la péilie rèsullant de remploi de la gratte en fer, tes bancs corallifères de la
cùlé Inniftienne ne sont plusguËre eiplollés. Ils n'en doiTcnl pas maitia figurer icii
car lU se reconstituent et auront beaucoup de valeur dans quelques années si on
le* entoure des mesures de protection qu'ili réclament.
k
mIzl.-*^. •fCLbô^ «. li£»es sv ks lns46iids: tout le travail s*v
Rciz: k T3ri visôe i ^^rve basse: oq rdèTe les nasses placées
le poûsoii aa marché le pins voisin.
^^.il&a
<i pti^ { esc ^Hs;.
< C»'&^rr«f< >:c>. VMi^i s^m> prendre la peine de remuer les
ipieflKnl le poîssoD à la foene, et telle
fjaik arrîrerool, en fin de compte.
t ie i& cuar«à»e . avcir des résultats très satisfaisants^ >'.
LIlu:. ^5f sec ^:<€e. toocherail de bien antres revenns si la
âscjùiv ccjki: siK^u cv^oaprbe. En principe la pèche est libre
«!&=.<< l«e< et&:i\ nz^àenzKs: chacun peot Texercer où, quand et
commue boa ;;ii «esnble-. à la cooditition de payer an fermier
«ies nu&^oolats on droit qui. siiivant les localités, est de
(( fr. iji OQ de â^ t da prù dn poisson vendn. L'imprévoyance
saute jiiix yeox. En TêUL la piHrhe pour la consommation locale
5te trvnive >eul^ >v:<mii§e à Timpùt : les pécheurs grecs et âciiieus
qui $e livrant aux salaisons échappent à cette redevance. Ce-
pendant, ce sc^nt justement ceus4à que le fisc devrait atteindre.
Etruif^'rs au p^ys. ils viennent lui prendre son bien sans qua-
simou: rit^n lui lii^ï^er en êchAn«. Us apportent en effet avec
ou\ tout ce iju: e<: !irveîftî<aire à leur existence : leurs pâtes.
îcr.r r:i. et :us.} l'A leur pain: U mer leur donne le poissou
frai>. Us .^pj^rtciit rUi .>iv co qui est nécessaire à leur in-
î. r. r;u> >.-T.-a: ^il^..: tj dr* *.>> yeui rvrenir un |<^heur a Mehdia
ra; :v r:jk;*.t ♦ i >• k.;. çr. de lîii^p. è^ji ;<h>m:>q tapions en quelques heures:
• ! i^,*.î îond- ><> i>i!a-^->^^> vrrs ir.inj t. > <rUit tranquIllemeDi endormi dans son
lvat\4;î el !e> a^^:'. rr-'^tvs drs > n'a:ic. Ce litruie homme nous a déclaré ne pa>
rn :;,in;» UuU lO «;•.:-' \x i.vr iMurr^.: .j; d- nnor. faute d un écoulement assure. Nesl-
ve IV nt !a ir; rv^ut^. tt :Va{-t\ar.; e\t':. j '.e de la fertilité des eaux tunisiennesr Loc.
#
?. Il ûul t ivVj^îei '.o> es K^ rk» iir.jb . ou les habitants ont seuls le droit d*-
l^Vher le Ln^ d^- leurs ro:.> ivn: du :^3 mai 1S"9 : la côte de Sfai . sur la-
quelle les hAbitjnîN de kkIU %/> o:A «salement seuls le droit de faire la [Vvlu-
aui lilelstl .rav n,u> de\ r-' :- de s :" décembre Ks'i et 26 mai ISTl» ; enlin Ks
concessions lOUM^nlies t. iniwi.romtiil {sir 1 ttal.
INDUSTRIE ET COUHEtlCK 251
Oiistrie : le sel et les barils vides. Ils n'ont plus qu'à les remplir.
C'est rite fait.
Alors de grosses embarcations s'en vont porter en Italie leur
lourd chargement de poisson salé pour revenir bientôt avec
de nouvelles provisions de nourriture et de matériel.
On a peine à concevoir qu'un Etat puisse consentir à se laisser
dépouiller pareillement. Et pourtant durant de longues et de
longues années , les Italiens se sont livres à ce commerce sur les
côtes d'Algérie. Avec tous mes confrères, j'ai rompu de nom-
breuses lances avant de parvenir à protéger noire domaine
maritime contre leurs invasions effrontées. Knfin le décret du
5 mai 1888 est venu nous donner sjitisfaction. Il faut qu'un
décret analogue sauvegarde à son tour les richesses ichthyo-
logîques Je la Tunisie; c'est d'autant plus nécessaire que,
chassés des côtes algériennes, les pécheurs italiens se sont reje-
lés en masse sur les côtes de la Régence. Ainsi, avant le décret
de 1888, la côte de Tabarka n'était guère fréquentée que par
une quarantaine de tartanes; dès 1888, elle en recevait 181; en
1889, 232; en 1890, 33.5; en 1891, 386, et le nombre s'en sera
encore vraisemblablement accru cette année.
Dans une brochure qu'il a publiée A la fin de l'année der-
nière', M. Ponzevera nous indique l'importance de cette pèclie.
Dans la campagne de 1888, du mois de mars au mois d'août,
les 18V barques italiennes ont capturé 3,200 quintaux métri-
(|ues d'anchois et 9,000 quintaux de sardines.
En 1889, les 190 barques qui étaient venues ont emporté
9.00» quintaux d'anchois et 1 1,000 quintaux de sardines.
En 1890, le produit a atteint 10,090 quintaux d'anchois et
10,11V quintaux de sardines.
A raison de V5 francs les 100 kilogrammes d'anchois et à
Uluik* pratiqites sut les prclies marilimet en Tunisie.
i
252 LA TifMsiE DRPtris l'occdpatiox française
20 francs les tOO kilogr. de sardines A l'état frais, le produit de
la pèche de ces trois anQ«es se cbitfrerail par 1 .601 ,28(1 francs,
soit une moyenne de 53^,000 francs en chiffres ronds.
Quelles sommes les pécheurs italiens ont-ils payées au fisc
tunisien [KHir s'approprier ces seize cent mille francs de pois-
son à Taharka? Simplement un droit d'entrée de 20 francs par
lonne de sel et de 8 p. jé snr la valeur de leurs barils vides;
une fois remplis, ils ont eu à acquitter une taxe d'exportatioD
de 9t centimes les 100 kilogr. , soit V5 centimes par baril.
C'est peu, comme l'on voit. 11 est indispensable de relever
très notablement ces taxes. Mais le peut-on? Je ne saurais le dire.
Le traité signé en 1868 entre la Régence et l'Italie acconle de
tels avantages à celle-ci que jusqu'à leur expiration , eo 1896, il
est certainement très difficile d'y porter atteinte.
Uuoi qu'il en soit, en admettant qu'il faille attendre encore
quatre ans poui' soumettre les Italiens ù de nouveaux droits, le
gouvernement tunisien peut, d'ores el déjà, décréter une police
des pèches qui protège à la fois le poisson et ses nationaux
contre les délits, voire les actes de brigandage dont les étran;
se rendent trop souvent coupables. Cette réglementation sera
prochainement mise en vigueur. Elle réveillera chez les indi-
gènes le goût de la pèche que le mécontentement leur a fait
peu i peu abandonner. Seuls les Kerkenniens se livrent encore
avec ardeur à cette industrie. Robustes, actifs, vaillants, ce
sont presque tous d'excellents marins; en les encourageant, ils
ne tarderont pas à lutter avec succès contre les pécheurs italiens.
Il faut également encourager les pécheurs français & venir
s'installer sur les eûtes tunisiennes. Un premier essai n lieu en
ce moment. Huit pècheure de Lannion (Côtes-du-Nord) sont ar-
rivés à Taharka dans le courant de février, sous la conduite de
M. A. Conseil, capitaine au long cours. Le ministre de la Marine
est venu en aide, à chacun d'eux, en leur accordant une petite
somme qui assurera la subsistance de leur famillo jusqu'au jour
où elle pourra venir les rejoiadre sur la cùle africaine. De son
cùté, M. Potin a voulu participer à cette entreprise patriotique :
il a contribué aux frais de voyage des marins et leur a acheté
d'avance la majeure partie de leur salaison.
Dans les premiers jours de mars la pèche s'annonçait comme
devant être très bonne; espérons qu'elle tiendra ses promesses
et que par un de ces miracles qu'accomplit toujours le succès,
nous assisterons l'année prochaine, non à la multiplication des
poissons, mais à celle des pécheurs français qui n'hésiteront
plus à quitter les eûtes de la Bretagne pour celles de Tunisie.
A leur suite des industriels viendront installer des usines pour
la préparation des conserves. Le gouvernement est déjà saisi
de plusieurs demandes i\ cet effet, non seulement à Tabarka,
mais sur divers points de la côte. Le thon abonde, comme
l'on sait, dans les eaux tunisiennes; il y a donné lieu de tout
temps à une grande exploitation. Dans l'antiquité, des madra-
I ^ues et des usines de salaisons , que l'on nommait -rapty ttai ,
étaient établies sur tout le littoral , mais principalement sur la
f cAte syrtique. Il y a moins de quarante ans une de ces madra-
, pues datant de l'époque romaine, existait encore à Monastir.
I Le gouvernement a l'intention de la rétablir. On annonce que
[ la concession en sera mise en vente cette année , et en cette pré-
} -vision une société françuise s'est constituée au capital d'un mil-
lion de francs pour l'acquisition de cette pèche, qui constitue-
rait une réelle fortune si l'on en juge par les sommes considé-
rables que rapporte la madrague de Sidi-Daoud : son produit
^ annuel est évalué à 1 ,300,000 francs.
D'autres industries maiitimes sont à l'étude : l'élève et la cul-
Itnre de l'huître et des coquillages comestibles, de l'éponge,
fdu corail, etc., et particulièrement de la pintadine mère perle,
Lque l'on croit avoir trouvée dans le golfe de Gabès.
251
LA TIMSIK DBPDIS t. OCCUFATION PRAXC-ilSE
Tout cela nécessiterait de longs développements; je ne peux
([ue renvoyer le lecteur aux études spéciales, telles que :
Rapport au miiàslre de la marine sur les poches maritmet
en Algérie et en Tunisie. Journal officiel de la République fran-
çaise de 23 octobre 1890, et supplément du Journal oŒcîd
tunisien du 13 novembre de la même année ;
Études pralif/ucs sur les pèches maritimes en Tunisie, par
C. Ponzevera , chef du service des ports et de la navigration daos
la Régence. 1891, impr. Brigol, à La Goulette.
En outre, pour la pCclie des poulpes, v. le Gulfe de Gabis,
p. 3G5-101; pour le corail, Histoire naturelle du corail, par
l^acaze-Duthiers et dans les Annales tunisiennes , p. 355-372,
l'historique de la pèche du corail dans les eaux tunisiennes;
et dans les volumes de l'Exploration scientifique de tAlgérit
pendant les années t8iO, M et &2, celui qui est consacré aux
poissons.
On consultera encore utilement: Synopsis molluscorum lerres-
trium et fîuvialilium quae in ilinertbus per insulas canarienses
observarunl, Philippas Barker Webb et Sabinus Berthetol,
Annales des sciences nature/les, mars 1833. 11 e.\iste un tirage à
part. (L'exemplaire que possède la bibliotliùque universitaire
d'Alger, contient un index bibliogr. manuscrit noté par Webb)
La Pèche sur la côte occidenlale d' Afrique, ^a.r k. Guillemot,
et rHuitre perlière de Gabès, article de M. E. Vassel dans la
Dépêche tunisienne du 8 août 1890.
]je spirituel auteur de f Esprit des bHes, Tousseoel. qui fut
un grand chasseur devant l'Éternel, a conté avec attendrisse-
ment dans Tristia* , quel admirable pays de chasse étaient les
environs d'.Vlger A l'époque (1811) où il était commissaire civil
à Boufarick. C'était le pays le plus giljoycux qu'on put voir, la
1>I>USTRIE ET COMMEKCE 255
terre promise «le Saint-lhiberl ! Oq ne pouvait faire un pas sans
trouver un lièvre ou une caille au bout de son fusil. Qui s'en
douterait aujourd'hui? Le gibier à poil et à plume se fait de
plus en plus rare dans notre grande colonie; encore quelques
années et les Algériens en seront réduits à l'innocente distrac-
tion des Tarasconnais , la chasse au.\ casquettes! A quoi faut-il
attribuer cette disparition du gibier? En partie A l'augmenta-
tion toujours croissante du nombre des chasseurs; mais prin-
cipalement à l'augmentation de prix qne la colonisation a fait
subir à toutes les denrées alimentaires. Les indigènes ont trouvé
dans la chasse une source de profits tels qu'ils s'y sont adonnés
avec passion, Ils ont tendu les collets , promené le drap de mort
de tous c6tés, et ils continuent, et ils persisteront jusqu'à ce
qu'ils aient fait le vide.
Pourtant la loi sur la chasse est promulguée depuis long-
temps en Algérie, et nombreux sont les agents chargés de la
faire respecter. Ils ne peuvent qu'atténuer le mal.
Or, la Régence est aujourd'hui dans la situation de l'Algérie
I dût ans après la conquête : le gibier y pullule encore : le liè-
vre et le lapin parmi le gibier à poil ; parmi le gibier à plume
' la perdrix rouge, la gelinotte des Pyrénées, l'outarde, le van-
neau, l'œdicnème creptlans, connu sous le nom d'oiseau de
1 Kairouan, le pluvier du désert, le râle, la poule sultane, le fia-
I mant, commun sur le lac de Tunis, le pigeon ramier, la tour-
I terelle , la fauvette , la grive , le geai , l'étourneau , en troupes
I parfois innombrables; et parmi le gros gibier, le sanglier, le
r eerf dans le pays des Fraichich , la gazelle sur les Hauts-Pla-
teaux, et le mouflon dans les montagnes de l'Arad. Mais si l'on
n'y prend garde, tout cela passera liientùt à l'état de sou'
La franchise accordée au gibier tunisien à son entrée en France
r a déterminé un véritable massacre. A chaque escale les paquc-
|.bot3 qui desservent la côte emportent à Marseille des quantités
256
i Tl'MSIB DEPUIS L OCCCPATION FRA.\Ç.U
relaliveoient considérables de gibier mort et vivant, si bien que
les quantités exportables (i,000 kilogr. de gibier mort et V.OOO
kilogr. de gibier vivant) ont été atteintes dès la seconde quin-
zaine de février, alors que le crédit ne prend fin que le 30 juio
1892.
Voilà donc les ports de Prance fermés aux Tunisiens pour plu-
sieurs mois. Que l'on ne croie pas que la geat â poil et à plume
va pour cela recouvrer un peu de repos. Les Arabes sont fôchés
sans doute du contre-temps; mais ils ont trop pris goût à la
chose pour s'arrêter en si beau cbeniia, Les ports de France leur
étant fermés, ils expédient maintenant le produit de leur car-
nage à Malte, en Sicile, en Italie.
11 est grand temps d'intervenir. De même qu'une réglemeiï-
tatioQ de la pèche, une réglementation de la chasse est indispen-
siible. il faut la rendre moins facile en imposant le permis de
chasse, et en limiter la durée aux époques convenables; en
même temps se montrer très sévère à l'égard des braco&nieis
et de tous les délinquants.
COMMEItCE D'IMPORTATION
A présent que nous connaissons, d'une part les productions
agricoles de la Régence, de l'autre l'état primitif de son indus-
trie locale, nous pouvons concevoir sur quels objets d'échange
portait principalement le trafic entre l'Europe et ce pays. Quoi-
que mal cultivé, il donnait plus de grains et de fruits qu'il n'était
nécessaire pour assurer la subsistance de ses habitants; ils ex-
pédiaient de l'huile, du lilé, des dattes, du sel, des poissons
salés, de la cire, etc.; en retour, ils demandaient aux nations eu-
ropéennes tons les produits manufacturés : les toiles, les soieries».
niBOSTBIB BT COMHSBCR 957
les métaux précieux, la quincaillerie, les produits alimentai-
res, elc. Et leurs besoins étaient tels que, depuis le commence-
ment du siècle, le chiffre des irapoi-lations excédait presque tou-
jours celui des exportations. Il était ordinairement dans le rapport
de 7 à '>. En 1876, 1877 et 1879 l'on constate un renversement
des facteurs; mais il faut se garder d'y voir une rénovation
économique; tout au contraire, cela tenait à ce que l'énorme
réserve métallique amassée avec la piraterie et le commerce des
esclaves avait fini par s'épuiser et, bon gré mal gré, les Tuni-
siens s'étaient vu dans l'obligation de réduire leurs dépenses au
montant de leurs eucaissements.
Des esprits sérieux , mais gui vraisemblablement n'avaient que
des notions in complètes sur l'histoire de la Tunisie, ont été induits
en erreur par les statistiques de cette époque ; et les importations
étant i-edevenues supérieures aux exportations durant les pre-
mières années de l'occupation française, ils ont: regardé la si-
tuation comme moins bonne ([ue sous Mohammed es-Saddok. Ici
l'erreur devient de l'aveuglement.
D'abord; vouloir ériger en axiome économique qu'un pays
doit obligatoirement plus exporter qu'importer, est tomber
dans un sophisme. Mais dans un pays neuf, dépourvu d'indus-
trie, peut-il en être autrement? Avant d'avoir des produits iV
vendre, il faut s'installer, s'outiller, s'organiser. Il y a souvent de
grosses avances d'argent à faire. Assez longtemps les dépenses
excèdent les receltes. Et les matériaux , les approvisionnements
faisant défaut sur place, force est bien de les demander à l'é-
tranger. Il y avait autre chose en Tunisie : la barrière que notre
tarif général des douanes opposait ù l'entrée des produils tuni-
siens en France, A peine le décret du 15 juillet 1890 a-t-il
abaissé celte barrière, que l'échelle des exportations s'élève con-
sidérablement et dépasse de suite celle des importations. L'exer-
cice 1306 (du 13 octobre 1888 ou 12 octobre 1889) accusait :
I
258 LA Tt'MSlK UEPtlIS L OCCCPATIOX FRAKÇAISK
ImporUtiou âl,!>'23,233 piastres; Exportatioa 30,174, 8V5 p. el
pour l'exercice 1307 (du 13 octobre 1889 ou 12 octobre 1890,
dont la clôture a eu lieu quelques semaines seulement après la
mise en vigueur du nouveau régime douanier, les importationi
descendent à 18,557,53 V piastres, et les exportations attcignenl
50,998, 70V piastres ; soit en augmentation de 59 pour cent sut
l'exercice antérieur. Pour l'exercice 1308 prolongré (du 13 octo-
bre 1890 au 31 décembre 1891) l'écart en faveur des exporta-
tions est de 5,169.â05 piastres. 11 ne fera que s'accuser de plus
en plus dans l'avenir.
Kevcnons aux importfitioQs. Avant 1881 , ai-je dit, elles avaient
babituetlemeni plus d'importance que les exportations; elles
n'en étaient pas moins relativement faibles. Elle.s ne dépassaienl
guère, en effet, vin^t millions de piastres.
Voici les chiffres officiels des importations durant les cinq an-
nées qui ont précédé notre expédition :
Du 1" juillet 18TS au 30 juin 1876. .
— 187C — 1877.
— 1877 — 1878.
— 1878 — 1879.
— 1879 — 1880.
ao ,538.026 p.
l4.3l8.d7G
17.168.74T
21,566.799
19.600.536
Avec l'entrée de nos soldats, consommateurs de produite
français qu'il faut approvisionner, le chiffre des importations
passe de 19,600,530 piastres à -26, 790,89-2 p. Toutefois, cet ac-
croissement ne tient pas uniquement à la présence de nos hom-
mes sur le sol tunisien ; la meilleure preuve c'est que l'effectif,
un instant de quarante-cinq mille hommes en 1881 , est réduit
à quarante mille en 1881-82, et le chiffre des importations n'ea
continue pas moins sa marche ascensionnelle : il parvient A
37,530,435 p. ; de même en 1883 : l'armée ne compte plus que
vingt-six mille hommes et le chiffre des importations montft
à 4^,942,546 p. Et ainsi de suite jusqu'à ce jour où, t
I>~DUSTRie KT COMMERCE
250
luaDt leur mouvemeat inverse, les împorlations ont triplé
pendant que l'effectif de la brigade d'occupation décroissait des
trois quarts :
Du 1"
juillet 1880 au 30 juin
1881.
Ï6. 790. 892 p
—
188! —
18S3.
37,530.435
_
1882 —
1883.
44. 942. .156
-
188-1 —
1883.
46.607.747
—
1884 au 12 »^"
1884'
9.760.558
Exercice
1302 du 13 S'-" 1884
au 13
8''" 1885-
44.552.546
—
1303 - 1885
-
886.- .
47.496.736
—
1304 — 1886
—
887..
44.824.126
—
I30ù — 1887
—
888.. .
52.224.005
—
130G — 1888
—
889,. .
SI. 923. 233
—
1307 - 188a
—
890.. .
48.557.534
—
1308 prolongé 1890 31 déc
1891 . .
80.313.154
Les cotonnades et les toiles de toutes sortes forment le cin-
quième de ces importations; elles figurent sur l'exercice 1308
pour 16,202,330 piastres. Or, si l'on recherche la provenance
de ces marchandises, on constale avec regret que les manufac-
tures d'Angleterre en expédient 77 pour cent-. Il y a là près de
huit millions de francs qui paraissent pourtant devoir nous
revenir. Si je ne m'abuse, nous avons aussi en France des fabri-
ques de toile et de coton. Quand ce ne serait qu'aux alentours
de la bonne ville de Rouen, j'en connais un nombre assez
respectable. Leurs produits jouissent même d'un certain renom;
il faudrait certainement peu d'efforts pour en obtenir l'écoule-
ment en Afrique'. Celte facilité m'a tellement frappé que j'ai
1. A la auppmssion de la Cominmian liiianritn^ inleriialionalc, IViercicc
financier fut r^lé d'a]>rè3 le calendrier musulman.
2. Le tableau des imjior talions en IS91 annexé au Rapport de M. Ribot sur la
utualion de la Tunisie en 1B9I ne reUve que 431.322 p. de tissus de colon et laiterie
deprotenance anKlaisciniaiail semble en aUribuer A Malle pour 11.199.074 p. Halle
ne joue dans celte fourniture d'autre rAle que celui de trausitaire.
3. Au moyen âge. la France exportait dans laul le Nord de l'Afrique des
quantilés trCs imporlante^ de toilca dites de fondouk, qui éUlent appropriées aux
lia el aux besoins des JudrgËaes.
I
260 LA TLXISIE UKPCIS t OCCCPATlaX FnASÇAISK
eu la bonté d'Ame d'écrire A un rouennier de mes amis ponr
la lui signaler. Je confesse humidenient la naïveté dont j'ai fait
preuve en celte circonstance; elle est vraiment inexcusable de
ma part, étant donné que j'ai été élevé dans ce milieu et que je
connais de reste l'esprit routinier de nos fabricants; maisqae
voulez-vous, cela me crevait le coeur de ne trouver dans les
magasins, dans les souks, sous le bras dos colporteurs, de oe
trouver rien que des tissus anglais. D'ailleurs, la réponse at
se fit pas attendre. Elle était presque indignée. <• Mon clef
ami, disail-elle en substance, vous savez très bien que nou
ne fabriquoDS pas de camelote , nous ignorons et nous ignore-
rons toujours l'art qui consiste à ne mettre que sept fils au cen-
timètre au lieu de vingt. Croyez-moi. luissez Messieurs les Ad'
glais tirer les premiers,., leurs traites sur Tunis. Nous ne les
suivrons pas sur ce terrain-là >>,
A mon tour, j'étais presque indigné. N'était la vieille atnltU
qui me lie A ce fabricant, je lui dirais ici brutalement sun fait
Mais A quoi bon; est-il bien responsable? Il serait plus jusia
sans doute do s'en prendre au milieu ambiant dans lecjuel j
vit. Écrivez iS tous les autres industriels; tous vous adressero(t
la même réponse. Ils croiraient déchoir en confectionnant de
tissus bon marché, Siitisfaisant de tout point les consommatem
africains. Ils ne font pas de camelote , cela répond à tout.
Les .\nglais, qui n'ont pas do ces fiertés ridicules, pour ne ps
dire plus, n'ont nullement tenté d'imposer en Tunisie les mac
ques qu'ils ont coutume de vendre en Europe; ils savent qu'a
général les peuples arriérés, et en particulier les indigent
africains, ont une fixité de gotUs contre laquelle rien ne saura
prévaloir. A quoi bon s'obstiner? Le seul moyen de s'assure
leur clienti^le est de leur présenter au plus bas prix possibl
les marchandises qu'ils ont coutume d'employer; non senlemeo
le mf^me tissu, les mêmes dessins polychromes, mais jusqa'
INDUSTRIE ET COMHKRCK
la largeur, l'épaisseur et la consistance qui leuc soqI familières.
Va pour ces modèles. Les industriels anglais se sont attachés A
les copier servilement et ils y sont admirablement parvenus. Il
est presque impossible de distinguer les batania de Djerba de
celles fabriqués à Manchester ou à Liverpool; il en va de mèm?
des foulards, des moucUoirs, des haîc/i, elc.
Traitant le même sujet, M. de Lanessan disait en 1887' :
Il C'est, à mon avis, à leur habitude de se pHer aux goilts des
consommateurs indigènes , beaucoup plus qu'au bon marché de
leurs produits, que les Anglais doivent leur succès dans les
pays exotiques. Si les Italiens peuvent couvrir la Tunisie de
leurs meubles, c'est que, presque sans souci du bon goiU ou
du moins de ce que nous entendons par là , ils ont su copier les
formes et les couleurs des meubles autrefois fabriqués par les
indigènes eux-mêmes. Produisant mécaniquement et par suite
meilleur marché, en même temps qu'ils se conformaient stric-
tement aux désirs des acheteurs, ils ont très vite détrôné l'in-
dustrie indigène. Us y ont également réussi pour les faïences.
<c II suffît que nos industriels et nos commerçants con-
sentent à imiter ces exemples, qu'ils veuillent bien ne pas
substituer leurs goûts à ceux des indigènes, pour qu'ils fassent
une concurrence sur le marché tunisien aux industriels des
autres nations de l'Europe ».
J'ajoute : une concurrence victorieuse, en raison des faveurs
douanières que nos compatriotes pourront obtenir et qui leur
assureront la prépondérance.
Après les tissus, les farines ou les semoules sont l'objet d'im-
portation le plus important en Tunisie ; il en est entré l'année
dernière pour 8,357,115 piastres. Viennent ensuite les denrées
sloniales pour une valeur de 5,865,562 p.; le coton, la soie
. La TmUit.p. tSB.
262 LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
grège et filée, la laine filée : 5,088,571 p.; les vîds et spiri-
tueux : 3,883^,397 p.; les peaux, cuirs et chaussures : 2,815,
281 p.; les métaux bruts et ouvrés : 2,6(^3,076 p.; le bois de
construction et ouvré : 2,625,6^0 p.; les produits alimentaires:
l,92i,71Sh p.; les modes et confections : 1,413,2^3 p.; les ma-
chines et instruments : 1,036,906 p.; etc.
Exception faite pour les toiles et cotonnades, la France figure
en bonne première ligne pour toutes les autres marchandises
introduites en Tunisie; son trafic représente à lui seul plus de
la moitié de l'ensemble de Timportation : 52,7 pour cent ^
L'autre moitié provient de l'Angleterre dans la proportion de
20,9 p. %; de l'Italie pour 10,5 p. %\ de l'Autriche pour
4,9 p. % ; de TAlgérie pour 2,7 p. % ; etc.
COMMERCE D'EXPORTATION
Les céréales et l'huile ont été de tout temps les deux grands
objets du commerce tunisien. Quand celles-là tombèrent forcé-
1. r^s principales marchandises iinporlées en Tunisie par la France, pendant
Tannée 1891 , sont les suivantes :
Peaux préparées et ouvrages en peau et en cuir 2.5G9.832 fr.
Soies écrues, grèges et bourre et frisons 2.387.612
Sucres raffinés et vergeoises 1 .3G1 .974
Effets à usages et pièces de lingerie cousues 913.337
Outils et ouvrages en métaux 875.716
Tissus, passementerie et rubanerie de coton 828.552
Tissus , passementerie et rubanerie de laine 693.326
Matériaux à construire 635.861
Bimbeloterie 624.953
Poterie, verres et cristaux 592.870
Vins 542.003
Armes, poudres et munitions 474. 131
Papier, carton, livres et gravures 472.160
Machines et mécaniques 379.589
Indigo 348.771
UOrSTRIB BI COMMERCE
ment dans l'abandon', celle-ci devint la grande ressource dot I
pays. Il en retirait des prolils énormes, si l'on en juge par J
l'anecdote suivante que rapportent les auteurs arabes : En til7, 1
l'armée barbare ayant battu le patrice Grégoire près de Car- J
thage , les babitaols apportèrent des monceaux d'or aux pîedS'1
du général musulman pour l'apaiser. «D'où vous viennent 1
ces richesses? » demanda Abd-AUab ben Saàd. « Nous les]
devons à l'tiuile que nous vendons au\ Romains, >' lui fut-il ré- j
pondu-.
Dans les documents du moyen âge et jusqu'au siècle dernier,
il est souvent question de l'buile lanisienne.
Vers 1850, l'exportation annuelle n'était plus que de 5 mil-
lions de francs, et, après 1871, de i millions. Malgré tout le
poids des entraves qui subsistent encore en partie, la pro-
duction a repris un nouvel essor depuis l'occupation française;
elle figure sur l'exercice 1308 prolongé pour 6,942,678 francs.
De nombreuses plantations d'oliviers ont eu lieu; elles se con-
tinuent, et dans quelques années l'exportation de l'huile aura
doublé.
Dès 1830, l'exportation des céréales était tombée à rien;
souvent même la cella panariti de Rome devenait importatrice.
En 18i2, elle acheta pour 1,569,000 francs de grains à l'é-
Meublet, outrages
Fllt de toute sotte
Fromaees
Eaux-ile-vie . «prils et liqueurs.
Fers El acier
Tissus Je soie
Pommes de lerre et légnmes mc
ChapeBDi de paille, grouien on
truilt de table
Bois à
ioslrameoU de masiqoe..
2.261
B6.9U
166.872
61.23a
n.si3
102.100
rchéoloyigue . t. III, p. 495, et de Mas-Lalrie. op. (
26V LA TCMSIH DEPCiS L OCCUPA TIOS FRANÇAISE
trauger; en 1851 à peu près autant , et dès que la sécheresse se
proIoDgeait un peu, elle était soumise au même tribut.
J'ai noté, au cours lie l'histoire de ces dernières années',
l'extension que les indigènes eux-mêmes ont dounée à l'açricul-
tiire, d'abord sous l'inilueuce de la sécurité qu'ils sentaieul re-
naître, et, depuis deux uns, poussés par l'oppAt du gain que
leur promet la loi du tdjuillet 1890. t'exportatioa du blé el de
l'orge est donc revenue très active. Elle n'était encore que d»
7,371,760 piastres en 1889; mais dès le vote de la franchise
douanière, elle passe à 24,^78,880 piastres, et l'année dernière
elle a fitteint 48.853,8VU piastres.
Les principaux éléments de l'exportation, après les céréales
et l'huile, sont : les légumes secs qui figurent sur l'exercice
1308 prolongé pour 3,ô'»9>ï0 piastres; l'écorce à tan, poor
3,119, 700 p.; l'aira, pour 3,040,000 p.; les tissus de laine pour
1,381,073 p.; les éponges pour 1,218,000 p; les bestiaux pour
1,179,930 p.; les vins pour 1,17C,600 p; la laine en suint pour
bOO,4âO p.; les poissons salés par 460,400 p.; les peaux et
pelleteries pour 386,240 p. ; etc.
Ce commerce a suivi la même marche îiscendante que celui
des importations; seulement la destination a beaucoup varié,
Mises en quelque sorte i l'index par la métropole, les produc-
teurs se voyaient obligés de les vendre en Italie, et longterapr
celle-ci reçut de 40 à 45 p. 9e des produits exportés: presque
la moitié. Dès que l'obstacle douanier a été enfin aplani, elles
ont été dirigées sur la France dans la proportion des deux
tiers'. L'exportation pour la France et l'.Mgérie réunies [il y ■
1. V. lome 1", panim.
t. Les prJocipnlea inarchandtses exporlées dirciUemcnL de Tunisie pour
France, pendant l'aiinéc 1891, M>nl les suivantes :
Céréalra (grains et Tarlnra) 15.704.143 fr.
iljiie d'olive 10.î54.ei8
Eponges de tu u le sorte 1.314.160
ISnCSTBlK KT COMllERCK
365
■ r}
lieu de les réunir, l'Algérie se bornant à transiter par Slarseillc
la presque totalité des expéditions tunisiennes qui empruntent
son territoire) ont atteint l'année dernière 62.056,586 piastres,
soit 72,5 pour ^. Et ces relations deviendront de plus en plus
intimes dans l'avenir. La Dépéclie tunisienne le faisait remar-
quer récemment avec beaucoup de justesse : « Dès 1893, lorsque
5 à 6,000 hectares seront arrivés à pleine production, et que
la récolte d'une année se chifTrera par 200,000 hectolitres,
rimiwrlation des vins vers la France passera subitement li i ou
5 milhons de francs.
On peut donc estimer qu'en 1803, lorsque les tribus de la
'unisie centrale auront décuplé leurs labours , en vue du mar-
ché si largement ouvert par la loi douanière del890, lorsque les
fabriques d'huiles d'olives comestibles auront développé leur
production, el lorsque 5 ou 6,000 hectares de vigne seront ar-
rivés en récolle, l'importation de Tunisie en France atteindra
facilement les 50 millions, tandis qut- l'importation de France
en Tunisie dépassera, de son cûté, les 25 millions.
u Donc, en dix ans, de 1883 à 1893. le commerce entre la
France et la Tunisie se sera élevé de 10 à 75 millions! ».
L'Italie n'attire plus A elle que 7,2 p. % des exportations
tunisiennes, et l'Angleterre 11,8 p. ?é avec des achats à peu
près exclusifs d'orge pour sa bière et d'alfa pour son papier.
Peaux et pelletcrius brutes . .
Légumes Mrs el leurs farinei
OanU
Fruits niédici
Os et mImIs de ttélail
Laine* el débets de Uine.
Tresses et nattes de sparte à trois ImuIs pour cordiges. .
Joncs el roseaux bruis
Vins ordinaires en futailles
Amurca el grignon
Ptiormium lenai, atMca et autres Tégélaus Bliinealeux
non dénommés
Cire broie
LA TCXISIB IlEPinS LOCCrPATlOTf FBASÇ.tISE
COMMERCE IXTERIBCR
(1 serait fort intéressant de suivre à son tour l'évolution da
commerce intérieur; mais ici les statistiques TodI défaot, ou
celles qui existent sont trop incomplètes pour donner lieu à la
précision désirable. On constate eu tout cas sur les marchés
indigènes une animation de plus en plus grande, et l'activité
que déploient les colporteurs à travers les villages et les tri-
bus est un indice certain de la facilité des transactions. Le
pays est, d'ailleurs, dans une situation prospère. Les récoltes en
céréales, en olives, en dattes, pour ne citer que celles-là, ont
été magnifiques en ces dernières années; les bestiaux, les lé-
gumes et les fruits ont éprouvé du fait de la colonisation, une
plus-value dont les indigènes ont élé les premiers à profiter, et
ils se livrent maintenant à des dépenses qu'ils n'avaient pu se
permettre depuis bien longtemps.
Ce commerce intérieur suivra une marche parallèle à la
production; car avec l'accroissement de la fortune publique,
les besoins et les goûts se développeront.
hi^:forme progressive di: régime dotanie
J'ai In dans un ouvrage de législation tunisienne que les
premiers droits sur l'exportation furent établis dans la Régence
en 1816. C'est h\ une erreur. De temps immémorial le gou-
vernement tunisien a demandé la presque totalité de ses res-
iOurceH k des droits de douanes frappant aussi bien les produits
INDUSTRIE ET COMMERCE
indigènes que les produits étrangers. Les droits établis sur ces
derniers étaient seulement plus lourds, cela va sans dire. Ils
étaient presque toujours de dix pour cent; dans les traités de
commerce du moyeu âge, ils portent même souvent le nom de
dixième : decititum, decemtm, décimal Toutes les marchandi-
ses exportées devaient acquitter un droit de cinq pour cent.
Cette règle comportait toutefois de très notables exceptions,
dans un cas comme dans l'autre. Les bijoux et les joyaux, par
exemple, ne payaient à leur entrée en Tunisie qu'un droit
très réduit; il en est encore de même aujourd'hui. Les céréales
étaient admises en franchise, comme aujourd'hui encore. Pour
l'exportation, les marchands chrétiens étaient autorisés à
exporter en pleine franchise une quantité de marchandises
égale en valeur à la totalité des marchandises importées par
eux en Afrique.
Les traités de 1271 et 1283 avec les rois de Tunis portent
que " les sujets des rois d'Aragon », expression qui comprenait
alors les Majorcains, les Siciliens, les Boussillonnais et les
habitants de la seigneurie de Montpellier, payeront le demi-
droit seulement sur les niarcliaiidises achetées par eux, avec le
prix du louage de leurs navires. Les rois d'Aragon réclamèrent
contre cette disposition , et demandèrent pour leurs marchands
la franchise entière accordée aux autres étrangers. Ils l'ob-
tinrent à partir du traité de 131i : " No sia près dels en aço
mig-delme, » dit l'article 13.
Quand le blé n'excédait pas un certain prix en Afrique, et
quand d'ailleurs la disette était manifeste à Gènes et à Venise,
le gouvernement de ces États s'était fait reconnaître la faculté
d'extraire en toute franchise une certaine quantité de blé de la
■.Rëgei
Vojet de Hag-Lalrie, op. cil., p. 346.
I
2m
! QEPUIS L OCaFPATIO<f FRAKÇAISB
Lp blé. la farine, le biscuit, tous les grains, et géDéralemenl ,
tous les vivres destiaés à la nourriture des équipag'es , n'scqiiîl'
(aient aucun droit de sortie.
Les Vénitieas avaient en outre la faculté réservée par pri-
vilège à leur nation, d'exporter en francbise tout le plomb et
le minerai de plomb qu'ils pouvaient découvrir ou se procura;
dans le royaume de Tunis'.
Indépendamment des droits généraux et fixes qui se pré-
levaient & l'importation et à l'exportation des marchandises,
il y avait certains droits secondaires, les uns prévus par let'
traités, les autres réglés par l'usage local et exigés à l'occasion,
de l'arrivée ou du départ d'un navire, pour la garde et le pe-
sage de certaines marchandises, pour le ser%'ice des écrivains
et pour le salaire des interprètes. Ces droits étaient presque
tous, sauf le dernier, d'une nature indéterminée. La perception^
soit eu argent, soit en denrées, en était souvent laissée, quant
k la forme et à la quotité, à l'appréciation des marchands chré-
tiens ou des employés arabes-. Aussi cette perception donnait-
elle lieu à de continuelles contestations. Elle avait été quelque
peu siroplitiée au commencement du siècle, et plus tard, par
la commission financière internationale ; mais les droits restaient
nombreux et confus, vexatoires et anti-économiques.
Dès l'abolition de la Commission financière, l'administration
du Protectorat s'empressa de supprimer un grand nombre ds
ces taxes accessoires : droits de Giornata et de Kataia, droit
de colis, droit de pesage, droit de mesurage, etc. A la même épo-
que, elle supprima aussi les douanes iutérieures qui entravaient
la production, en frappant les produits du pays de divers droits
au moment de leur entrée par terre dans les villes ou de leur-
importation par mer dans un des poris de la Régence.
2. Ibidem, p. 3M.
.. p. 319,
INDUSTRIE ET COMMERCE 269
Puis, au fur et à mesure de TaugmeDlation des recettes, de la
base plus large et de la stabiKté plus grande que prenait le
budget, elle a poursuivi la réforme de cette fiscalité lourde et
embrouillée. J*ai mentionné les principaux décrets intervenus
en ce sens, de 188iii. à 1891 ^ Ils montrent les efforts du gou-
vernement pour favoriser le commerce tunisien, — efforts
couronnés d'ailleurs d'un plein succès et qui^ par cela même,
se continuent sans relâche. Ces jours-ci encore, un décret por-
tant la date du 17 mars 1892 (18 chaban 1309) a dégrevé le
beurre frais et salé, la cire, le goudron, la graisse, les résidus
d'olives traités par le sulfure de carbone , les olives en saumure,
les poils de chèvres et de chameaux, les scories, la soude et le
tan, des taxes qui les frappaient à l'exportation. Le même droit
a été réduit de 3 fr. 82 à 1 fr. 50 les 100 kilogr. pour les huiles
de grignons.
Quinze articles restent seuls soumis à des droits de sortie; ce
sont:
Alfa etdiss 100 kiiog. 1,27 %
Boutargue et thou » 6,22
Chiffons » 2,55
Dégla » 13,57
Hors » 5,17
Dattes \ ^' • "'■'^
( Gabès et autres » 1 ,95
( non lavées » 18,60
^P°"6*' \ lavées . 37,35
Grignons » 0,35
„ .. ( d'olives » 12,37
Huiles l , . . rr.
de grignons » 1,50
en suint » 13,57
Laine { bou-netouf » 15,97
lavée » 27,15
\. Voir tome !•'.
270 LA TTSlSn BlPnS L OCCTPATIOX FmA5ÇUSB
Olires fralelics des pars de Eaaon ... 100 kik^ 3^7
Os et eomes d'animaiu > 1.27
/ de boeoCi, Tacbes. Teaoï. . . » 7,50
Peaux ' de ebèires et eherrranx ... » 11,45
de moutoiis et asoeaux. ... » 9,90
Poissons salés » 0,97
Poulpes » 12,45
Laine filée Valeur 10,20 9é
Tissus de laine » 5,10 ^
Ces droits soot appelés à disparaître à lear toar; la Confé-
rence consultative en a exprimé le Tœa dans sa dernière session,
et le gouvernement est tout disposé à le réaliser; mais la suppres-
sion complète de ces droits demandera forcément plusieurs
années. Les dégrèvements effectués à ce jour sur Texportation
représentent pour le Trésor tunisien une perte annuelle d'en-
viron trois millions et demi de piastres; les droits de cette caté-
gorie ne figurent plus que pour 1 ,$.57,000 fr. dans les prévisions
de recettes de Texercice 1892: par exemple, ces quatorze cent
mille francs sont indispensables à Téquilibre budgétaire : on
ne pourra s'en passer qu'à mesure et en proportion des plus-
values qui se produiront sur les autres chapitres du budget.
Il serait cependant possible de hâter cette abolition en rele-
vant certains droits à l'importation, principalement ceu.\ sur les
vins et spiritueux, les comestibles, etc. ; mais il semble néces-
saire d'attendre pour ces remaniements de taxes, rexpiration
du traité de commerce italo-tunisien , c'est-à-dire 1896. il eu
va de m(>me pour Toctroi de mer, qu'il serait bon d'ajouter
aux impositions de douanes, dans l'intérêt des communes.
Leurs ressources sont tout à fait insuffisantes et l'État doit
leur venir en aide par des subventions annuelles pour leur
permettre de pourvoir aux besoins municipaux. 11 n'existe
que sept communes en Tunisie, et le chiffre inscrit pour elles
au budget de 1892 atteint 900,000 francs. On ne conçoit guère
le développement de lu vie muaicipale dans ces condllions.
II y a là pour l'État une charge dont U convient de le dé-
barrasser, et cela se pourrait aisément en juxtaposant aus re-
cettes de douanes — recettes essentiellement d'État — l'octroi
municipal de mer qui , établi en Algérie dès le 1 7 octobre 1830,
est encore aujourd'hui pour les communes de nos trois provinces
le plus précieux et le plus pratique de leurs revenus.
Je sais bien que l'octroi de mer n'étant pas un droit d'octroi
proprement dit, puisqu'il ne frappe pas les objets produits à.
l'intérieur, constitue une anomalie dans notre système finan-
cier, anomalie que le Conseil d'État voudrait voir disparaître;
mais sans méconnaître ce que cette taxe douanière peut avoir
d'irrégulier en matière de comptabilité publique, on m'accor-
dera bien qu'elle offre de grands avantages. D'une perception
facile, elle suit le développement de la consommation, au moins
dans la période embryonnaire où l'industrie locale n'existe pas
encore, car il est bien vrai qu'à partir de 1876 il n'en a plus
été ainsi en Algérie : c'est ce qui a conduit à une première re-
vision des tarifs en 1880, à une seconde en 188'».
A cette époque on a cherché de nouvelles bases à l'octroi de
mer, et l'on s'est arrêté à une imposition de l'alcool et des bières
(le fabrication algérienne. Je n'ai pas à examiner ici ce qu'il peut
y avoir d'anli-économique dans cette disposition; elle conduit
nécessairement à l'exercice ainsi qu'à la surveillance et à la cir-
culation, et ces procédés administratifs ne sont vraiment pas assez
populaires en France pour que je croie opportun de les irapatro-
niser dans un pays où la liberté doit être la grande séduction ,
en quelque sorte la raison d'être et comme le palladium de sa
prospérité. L'émotion est des plus vives en ce moment parmi les
viticulteurs algériens; et, fùt-elle excessive, ce n'est sûrement pas
avec des mesures de ce genre que l'on peuplera la colonie,
pieu merci, la situation est autre en Tunisie. On n'a pas à y
k
1
272 LA TUNISIE DBPUIS L*OGGUPATIOH FMAHÇAISB
trouver six millions par an poor les commones : un seul suffi-
rait; et les objets importés étant divisés en cinq catégories, par
exemple comme le Csôsait l'ordonnance de 1844 : 1* boissons ;
2* comestibles; 3* épices; k^ combustibles; 5* objets divers, on
n'aurait qu'à établir un droit moyen d'un vingtième en sus sur
les arrivages par mer pour obtenir ce million.
Je ne vois qu'une seule objection sérieuse à l'établissement de
cette taxe : c'est qu'elle serait en violation du principe de réci-
procité que la France réclame à juste titre. La Tunisie senut
mal accueillie au Parlement lorsqu'elle solliciterait la firancbise
douanière, après avoir créé au profit des produits tunisiens
comme des droits protecteurs sur l'importation des produits
similaires de la métropole. Il y a là un inconvénient, un danger.
Mais ne pourrait-on exonérer les produits français de l'octroi
de mer? Les recettes seraient alors énormément réduites. Soit.
En ce cas , au lieu d'une taxe d'un vingtième en moyenne , on
soumettrait les autres pavillons importateurs à une taxe d'un
dixième.
En attendant que le gouvernement tunisien entre dans cette
voie, il y sera amené par la force des choses, voici le tarif actuel
des droits à Timportation :
En général, toutes les marchandises sont soumises à un droit
ad valorem de 8 pour ^ ; seuls les vins et spiritueux payent
10 pour ^. Quelques antres articles bénéficient d'un tarif ré-
duit :
La bijouterie en argent 1 ^ sur la valeur.
La bijouterie en or t/2 % •
La bijouterie montée avec pierres pré-
cieuses 1/4 % »
Le corail bnit 3% »
Les dorures fines au titre de 750 00 00 et
au-dessus S^é »
INDL'STItlE ET COMMERCE
Lliorlogerie ei
L'horlogerie et
L'ivoire brut .
1/2 9é sur la valei
I 9é
Les céréales, les livres, brochures et journaux, les douil-
les et bourres, l'or et l'argent en lingots, les pierres meulières,
les animaux de races cbevaliue, asine, mulassière, boviue,
ovine, caprine et porcine, les huiles fixes pures d'olive, le gibier
mort ou vivant, les volailles mortes ou vivantes, les instruments
et machines agricoles dénommés par les décretsdes30kada 1302,
^ kada 1305 et 1^ djoumudi-el-aoual 1307, les appareils de
sondage et de forage des puits artésiens, sont admis en fran-
chise.
L'introduction des armes et munitions de guerre, du nitrate
de soude, dti salpêtre et du soufre est prohibée, il en est de
même du tabac, du kif, du chira et du haschich; de même en-
core des ceps de vignes, des sarments, des crassettes, des bou-
tures avec ou sans racines, des marcottes, elc. Les feuilles de
vignes, même employées comme enveloppe , couverture et em-
ballage, les raisins de table ou de vendange, les marcs de raisin,
tous les débris de la vigne, sont l'objet de la même prohibition ,
en vue de préserver la Tunisie du phylloxéra. Pour la même
mesure de précaution les plants d'arbres, les arbustes et végé-
lau.\ de toute nature, les échalas et tuteurs déjà employés,
les engrais végétaux, les terres, les terreaux et fumiers, les
fruits et les légumes, ne peuvent entrer dans la Régence. Ex-
ception est faite pour les pommes de terre, les truffes et les to-
pinambours qui sont admis après avoir été lavés et entièrement
dégarnis de terre.
ti
LIVRE VIII
LA COLONISATION
I
L'IMMIGRATION FRANÇAISE
Les ressources de la Tunisie et les conditions dans lesquelles s'y
exercent l'agriculture, Tindustrie et le commerce, nous étant
connues, il est temps de voir quels sont les éléments de la co-
lonisation et la part qui revient à chacun d'eux dans l'évolution
du pays.
J'ai indiqué, au cours del'histoire de ces dix dernières années ^
avec quel admirable entrain les capitaux français se sont portés
en Tunisie à la suite de notre armée , malgré les insanités que Ton
écrivait sur le pays, malgré l'obstacle très sérieux que le régime
douanier opposait à la colonisation. A mon sens on ne louera
jamais assez l'inteUigence et le patriotisme dont nos compatrio-
tes ont fait preuve en cette circonstance. Ce sont eux les vérita-
bles conquérants de la Régence , c'est à leur prise de possession
efiTective du sol que nous sommes eu grande partie redevables de
l'état de choses dont nous nous enorgueillissons aujourd'hui ^.
1. V. tome I«', années 1882 à 1891, passim.
2. Je ne parle, cela va de soi, que des colons sérieux et honorables, pionniers
276 LA TCsisiE uen'is locccpaiios krasçaisk
Leur initiative a créé des obligations au gouvernemeDt, elle a sti-
mulé soQ ardeur, elle lui a donné la force morale dont il avajf
besoin, et noire position est bientôt devenue inexpugnable. Si,
au lendemain de l'expéditiun de 1881, déjeunes hommes bardis,
entreprenants, instruits, — car ils n'ont pas obéi à un engoue-
ment irréfléchi; ils connaissaient la valeur de ce paj-s, — si,
dis-je, ces Français se laissant intimider par une presse que la
passion aveugle parFois encore , avaient abandonné la Kégence
aux capitalistes étrangers , croit-on que notre prépondérance
politique nous servirait à gi'and'choseî Avec quelles difficultés
ne scrions-mms pas aux prises? Débordés de toute part, il nous
faudrait bon gré mal gré céder le pas à nos rivaux. Mais, Dieu
merci, le bon sens, cette quahté éminemment française, nous j
a mis à l'abri d'un échec aussi lamentable. Les jeunes gens en M
question n'ont écoulé que leur courage; ils sont venus, ils ont |
vu et leur vaillance a tout vaincu. Le commerce et l'industrie
sont entre leurs mains ; quant à l'agriculture , c'est par millions
que se compte la valeur de leurs propriétés. Ils possèdent
tout prés de cinq cent mille hectares de terre, et cet immense
domaine s'accroît sans cesse. Chaque matin , quand le soleil re-
paraît à l'horizon , il trouve les défricheurs courbés dans la
plaine, sur les coteaux, dans les ravins et, le soir, quand il en-
voie à la terre tunisienne son dernier baiser, quelques arpents
déplus appartiennent à la charrue française.
Ah I vraiment, c'est une bien grande joie pour un patriote de
de la première heure que tout le monde connaît. Car la Tunisie, comme toas le»
paya neufs , a alUré des intriRanla , des arealuriers, des indiridas qui , n'ayant rien
i perdre, sont accoaras ta dans l'espoir de pécher ea eau trouhle. Contenus, endigués
par l'admi a isl ration , ils se sont hrutateiuent retournés contre elle : Ils ont vomi
l'oulrage; escomptant l'éloignenient de la métropole et l'ignorance des questions
tunisiennes en France, ils ont dtné du mensonge et soupe du scandale, comme au-
rait du J. Cbénier, Ceui-IA ont Tait beaucoup de mal au pays; mais je me garde
bien de les conrondre arec les Français d'élite auxquels ]e considère comme un
devoir de payer ici un Juste tribut d'adroiration et de patriotique leconnaissance.
LA COIOSISATION
277
KHistatcr ce que nos nationaux ont fait, les résultais qu'ils ont
^tenu» dans l'ancienne Régence, en moins de deux lustres,
foyez-moi, lorsque vous entendrez rééditer le vieux cliché :
fie Français n'est pas colonisateur », ne prenez pas la peine de
monter dans notre histoire; ne rappelez ni Terre-Neuve, ni
iode, ni la Louisiane, ni le Canada, pas même l'Algérie;
BTÎtez simplement voire interlocuteur à aller faire un tour rien
pie dans les contrôles de Tunis et de Sousse : il s'y convaincra
que le Français est doué de l'esprit d'entreprise, de courage,
de persévérance et que , hien administrée, son œuvre coloniale
peut surpasser celle des autres peuples. Il en aura la preuve.
N'ayant pas de terres à donner en Tunisie, l'Administration
ne pouvait y créer de toutes pièces des centres de colonisation ,
comme elle l'a fait en Algérie, — avec plus ou moins de bon-
heur. Le colon a dil acheter la terre et s'installer dans des con-
ditions qui lui permissent de se suffire à lui-même. Crosse
dépense, que des capitalistes pouvaient seuls entreprendre.
Aussi, à quelques exceptions près, les heochir, ou si l'on pré-
fère, les lots acquis, sont-ils d'une très vaste étendue; très sou-
vent de deux, quatre et jusqu'à dix mille hectares. Une pro-
priété de quatre à cinq cents hectares est regardée comme une
petite propriété.
Il s'ensuit que malgré les sommes engagées , tantôt un mil-
lion, tanlôt quinze cent mille francs, parfois davantage, chaque
domaine n'est que partiellement défriché. En général, une
partie est plantée en vignes, une autre est cultivée en céréales
et le reste est converti en prairies naturelles pour l'élevage du
bétail ou livré aux indigènessoità tilre de locataires, soit à titre
de métayers. Ce second mode d'exploitation donne de beaux
bénéfices. Il est si avantageux en certains cas que M. Pascal n'a
pas hésité à le conseiller de préférence à tout autre. Suivant ce
publiciste, le colon tunisien n'aurait rien de mieux à faire qu'i
J
commanditer des colons partiaires. Il a essayé de le prouvera
l'aide de calculs des plus séduisants. A les prendre à la lettre,
le revenu ne serait pas moindre elTectivement de 25 à 30 pour
cent. Malheureusement, ces calculs ont le défaut de reposer
sur une méthode inductive inapplicable dans l'espèce. En ma-
tière â'AcoQonûe politique, il est toqjonn dtiieai de condon
du particiilier au génial, et M. Pascal n'a pu bit antn chose.
Je ne crois pas utile de réfuter pc^nt par point sa eombiiiaiBOp;je
me borne A constater qu'elle estmNHiie,ei lanuâUenre preave,
je crois, c'est que presque tous les ooIaos aimoii mieiu affœ-
mer leursterres que de les donner en métayage. Si lemr revenu
en est quelque peu amoindri, en retour ib ne scmt par astreints
A une surveillance constante et coAteose des khramès ; ils n'ont
pas les mêmes avances A leur faire. Le fermage est d'ailleurs
d'un très bon rapport. La mécbia qui ooAto at^oard'fani en
moyenne de mille & douze cents francs, se loue &âlement de
cent à cent vingt francs , soit un revoiu de 10 pour cent.
Pour la partie exploitée directement par le propriétaire, le
domaine est le plus souvent administré par un régisseur, aidé
d'un comptable, d'un vigneron pour la fabrication du vin et les
soins qu'il réclame en cave, d'un charron pour le matériel, etc.
La main-d'œuvre est fournie par les indigènes ou les Siciliens.
Ces derniers se payent presque le double : 2 fr. 50 à 3 francs
par jour au lieu de 1 fr. 50 à 2 francs ; mais ils sont plus lalto-
rieux que les Berbères , et leur besogne est surtout mieux faîte.
Je dois dire cependant qu'avec un peu de patience ou obtient
des résultats satisfaisants de certains ouvriers indigènes. Les
gens du Nefzaoua, par exemple, apprennent vite ce qu'on leur
montre; ilss'y appliquent volontiers et ne tardent pas à exécuter
très convenablement le travail qu'on leur confie. J'en ai vu qui,
dressés à tailler la vigne , font ma foi ce travail délicat aussi
bien qu'un vigneron que l'on paye 5 et 6 francs. Cette obser%~a-
i COLOMSATiOS
^-^ons'appliijue également aux Pe^zani. Ce sont de bons ouvriers,
- dociles, qui se plaisent chez les Français et dont on obtient
■ - beaucoup quand on sait les conduire.
A câté de ces grands domaines gérés par les propriétaires, Jl
j en est un autre non moins grand, liasé sur le principe de
l'association et qui mérite une mention spéciale eu raison de
l'intelligente combinaison sur laquelle il repose. Elle est à en-
courager. Le domaine du Klianguet-Hadjaj, créé par M. Lançon,
appartient à quinze associés qui, propriétaires les uns et les
autres d'un lot d'une étendue variable, se sont syndiqués pour
son exploitation. C'est là une complète innovation en matière
agricole et une innovation très heureuse. Voici les bases de la
combinaison :
« M. lançon a dit à ses amis : J'ai une gi'ande terre dans la-
quelle je puis vous tailler des propriétés à votre convenance :
dans ces propriétés vous planterez des vignes comme vous le
voudrez et autant que vous en voudrez; moi je me charge de
créer une cave pour centraliser et traiter vos récoltes, de soi-
gner votre vin et de le vendre , en un mot de faire tout ce qui
dans une entreprise vinicole est le plus cher et le plus difiicile.
Comme garantie des avances pécuniaires considérables que
je serai amené à faire, je vous demande seulement de m'as-
surer 20 0/0 sur les produits par la vente des vins, calculés
nets de tous frais généraux, frais de main-d'œuvre, transport
en cave, vinification, soins aux vins, fourniture de tonneaux,
expéditions, etc.
0 C'est vous dire la confiance que j'ai dans le succès, puisque
la part que je me réserve ne peut être rémunératrice que si le
vin est bien fait et le chiffre des ventes extrêmement important.
" Enfin, si la plantation de vos vignes et les soins à leur don-
ner vous embarrassaient, je pourrais me charger de vous les
planter pour un prix moyeu de 750 francs et de vous les en-
SBO LA TUHISII DIPUU L^OGCUPATIOH FKAHÇAMB
tretenir pour un prix moyen et annael de 9S0 francs. L'entre-
tien ne ponvanf , bien entendu, comprendre les travanz acdden-
tels et les soins préventiCs ou curatib de maladies.
tf La proportion était des plus séduisantes; elle permettait i
ceux qui désiraient tenter les chances de revenus élevés qu'offre
la vigne de planter, soigner et récolter, en éidtant totalement
les frais généraux qui grèvent dès l'origine ces sortes d'entre-
prises. Elle leur donnait la faculté de calculer exactement les
limites dans fesquelles ils s'engageaient, puisque tout était sti*
pulé d'avance et réglé par un forfait.
c< H. Lançon trouva rapidement quinse associés; il a planté
pour eux et pour lui plus de (50 hectares et compte avoir
bientôt doublé ce chiffre. Sa cave est en partie construite; il Ta
faite en plusieurs travées pour qu'à la fin du contrat d'une
durée de quinze années, elle soit facilement divisible entre les
membres de l'association, si celle-ci ne se continue pas. Elle
est située au centre du vignoble et s'agrandira chaque année
avec lui. Elle est déjà remplie de vin , car la première récolte
a dépassé toutes les prévisions.
« La période d'établissement est terminée, et Tannée pro-
chaine le Khanguet entrera largement dans la période des re-
venus' ».
On voit les avantages de cette combinaison. Elle permet de
devenir propriétaire d'un vignoble avec un capital réduit et
de réaliser de la sorte un placement avantageux. M. Lançon
trouvera des imitateurs. L'entreprise sera du reste répétée avec
succès, si elle a à sa tète un homme intelligent, actif, énergi-
que et connaissant bien son métier, (let homme-là, malheu-
reusement, ne se rencontre pas tous les jours. 11 est difficile
1. Bulletin du Syndicat agricole des colons français en Tunisie, n° du 10 fé-
vrier 1892. Je ne saurais trop recoramandcr la lecture de ce Bulletia aux futurs
colons tunisiens. Siège du syndicat : 19, rue Louis- le-Grand, Paris.
LA COLOXISATIO»
' de trouver un gérant à la hauteur de sa tflche. C'est à cette
difficulté que j'attribue le choix étrange que certains proprié-
taires paraissent avoir fait. Dans mes excursions à travers le pays,
j'ai été maintes et maintes fois surplis, non seulement de la fai-
blesse , de l'inexpérience , mais même , je dois l'avouer, de l'in-
capacité du régisseur. Se ne pouvais comprendre que l'on con-
fiât des propriétés d'une pareille valeur à des hommes pareils.
Or, la grande majorité est dans ce cas-là. On trouve d'anciens
épiciers, d'anciens clercs de je ne sais quoi, d'anciens militaires,
des gens de toutes les professions, excepté des agriculteurs, il
serait pourtant d'autant plus nécessaire d'avoir un régisseur
agricole digne de ce nom, qu'ordinairement le ou les propriétai-
res sont peu versés dans les choses de l'agriculture... Cherchez,
dit le proverbe; les propriétaires cherchent bien, mais ils ne
trouvent pas.
Un autre regret que j'ai éprouvé en visitaut les grandes
fermes tunisiennes, a été de constater presques dans toutes, —
je ne parle que de celles que j'ai vues, — l'ahsence à peu près
complète de comptabilité agricole. On y tient avec soin les
comptes des recettes et dépenses, mais on néglige d'y établir
le prix de revient des produits; on ne peut y distinguer net-
tement les cultures qui constituent le bénéfice de celles qui
mettent en perte; en un mot, on est dans l'impossibilité de s'y
rendre compte à tout instant de la valeur des opérations, et
partant de la situation. Cela est cependant de toute nécessité '.
p 1. Deux rsUoDS funt princi|ialcmpnl n^liger la complabiUté agricole ; la com-
'(ilkation des systèmes propoÛB el le lcm|>s considérable qa'iU exigeiTl. Pjnèirê de
cette iiét, H. J.-G. Piller (de la ftrande maison Piller] a voulu doLer rugrirulteur
d'une comptabililé sinigile, facile, exigranl peu de temps et ceiwndunt asiei nette
pour qu'il puisse à tout moment connaître sa situalion,
tl j esl parvenu.
Son «jstéine consiste en des labli-auK qu'il ne renie plus qu'à remplir. Et rien
n'est plus facile. Quiconque sait écrire, est inlelligenl, pourra, h l'aide de ces la^
bleani, avec deux heures de travail par semaine, établir exactement ce que coû-
k
Hiiiiir^ nûL
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si»ir à^->f: in auKou ^l'^wiipue indiinaiH a niaciA n» r?r«faif«. ^ctf venant
j-<» -.-jinuu:^ ^vîTiiLi c^ J utorras .'Xirare m. .' jb -wuhît «r fw Qrtbf W n-
.jjii.ir'ii'vii •? n^r^.'iiài T*r :a»-*Ti r*. ?4r la «ara j: >ittrT^i#*r <c Je i*t<ri-
Wi."^ T'i: r f ainr^'nmfoi nar-jiis .« rjmock* à?» :aaL."CJ!f>.
!^"ia» '•'. ù^^.rm» ri 1 irn^-stsuf. > îkuiI ies ftimiiiM i^'I yroàiH. d ea bb clii
1 «Il ji M.iUKî -««i -TïC 'TVjiiiJK. LLi-r-ïOLAiPi. {la «MB^rtiki .Jkcôf <€ âe Pas&f. est
LA COLONISATION
283
I
Dansles premières années de l'occupation, riramîgrafion de ces
pelits propriélaires n'était pas ù encourager. Perdus au milieu
des indigènes, loin des voies de communication, sans che-
mins de fer, ils auraient végété, et. bientôt découragés, s'en
seraient allés discréditer le pays. La situation n'est plus la
même et il y a lieu d'attirer ces colons, dont la réussite est
maintenant certaine. I^a Tunisie nous appartient; il reste à
nous l'incorporer indissolublement par un peuplement fran-
çais de plus en plus dense, et, en ces colons, qui vivront sur leur
morceau de terre, et y feront souche, réside un des meilleurs
éléments de développement de notre race.
Le gouvernement, qui partage cette manière de voir, pro-
cède depuis l'année dernière à la reconnaissance topographi-
que des propriétés domaniales pour les livrer à la colonisation
au fur et à mesure de ses besoins. Une première remise de
6,000 hectares de terres labourables situées dans les régions
d'Bammanel-Enf etde Mateur, etdansl'outhan el-Kebley, vient
d'être faite par l'administration des Domaines à la Direction
l'agriculture, qui va les mettre en vente et les livrer, à des
conditions à débattre, aux agriculteurs français disposés à se
rendre dans la Régence'.
Une centaine de colons vont donc trouver à s'installer; mais
les demandes excéderont ce chiffre de beaucoup, et je ne sau-
rais trop inviter les amateurs à s'inquiéter sans retard du lot
qui pourrait leur convenir.
Par décret du \ kada 1308 (15 juin 18911 M. Piat, chef du
service topographique , a été chargé de faire la reconnaissance
et dresser les plans des propriétés habbous , ce qui , H l'aide du
contrat denzcl , permettra à la petite propriété de se constituer
et de se développer presque sans capital.
Rapporl de M. Rîbol sur la siluation de U Tunisie en IS9I, p, B,
■2SÏ
, TL'NISIE UEPl'IS L OCCL'PATIOK FRANÇAISE
Grâce à ces dispositions, la colonisation française va pren- i
dre, à bref délai, en Tunisie, un essor dont notre palt'iotisme est
eD droit de se réjouir.
L'IMMIGRATION ITALIENNE
Numériquement les Italiens l'emportent sur nous en Tunisie;
ils sont environ deux fois plus nombreux : une trentaine d«
mille contre dix mille français (je laisse de c6té la brigade
d'occupation). Malgré cette supériorité numérique, l'impor-
tance des Italiens dans la Régence est considérablement infé-
rieure j\ celle de nos compatriotes. Cela tient, toute considéra-
tion politique  part , à ce que la propriété et le commerce, la
richesse publique, en un mot, esta peu près exclusivement en-
tre nos mains. Aquelquesexcepiions près, les immigrants Italiens
sont pauvres, misérables; ce n'est pas l'esprit d'aventure qui ,
les fait abandonner le plus beau pays du monde : c'est la faim
qui les chasse. Voyez la réponse quedes paysans de Lombardie
adressaient au ministre qui s'elTorçaitde les détourner de quit-
ter le sol natal : « Qu'enteudez-vous, par nation. Monsieur le
ministre? Est-ce la foule des malheureux? Oui, alors nous som-
mes vraiment la nation. Regardez nos visages pAles et amaigris,
nos corps épuisés par un travail excessif et une nourrilura
insufOsante. Nous semons et nous récoltons du froment , et jamais
nous ne mangeons de pain blanc; nous cultivons la vigne, et
nous ne buvons pas de vin : nous élevons du bétail , et nous ne
consommons pas de viande; nous sommes vèfus de baiUons,
nous habitons des trous infects; l'hiver, nous souffrons du froid,
et l'été de la faim. Notre seule nourriture sur la terre italienne
LA COLONISATION 285
est un peu de mais renchéri par rimpôt. 11 s'ensuit que nous
sommes dévorés dans les districts secs par la fièvre chaude et
dans la région humide parla fièvre des marais. La fin est une
mort prématurée à l'hôpital ou daus nos tristes chaumières, Et,
maljrré tout cela , vous nous conseillez , Monsieur le ministre ,
de ne pas nous expatrier. Mais la terre où l'on ne peut trouver
de la nourriture en travaillant est-elle une patrie? ' •>
Les Napolitains, les Siciliens, les Sardes, qui peuplent la
Tunisie, auraient pu signer cette lettre avec leurs frères de
Lombardie. Comme eux, ils ont fui la ferre natale parce qu'ils
l'arrosaient inutilement de leurs sueurs. En Tunisie, ceux qui
avaient quelque argent ont ouvert de petites maisons de com-
merce; des débits de liqueurs, des cantines, des fabriques de
pAtes alimentaires; les Napolitains tendent leurs filets sur les
eûtes, les Siciliens louent leurs bras à l'agriculture. Sobres,
rangés, économes, les uns et les autres se trouvent heureux
de leur nouvelle existence et la plupart s'inquiètent fort mé-
diocrement du drapeau qui flotte à côté de celui du bey de
Tunis. Ils vivent en très bonne intelligence avec les Français.
Les relations entre les deux colonies sont d'ailleurs constantes ,
leurs intérêts fréquemment confondus. Aussi se fréquentent-Us
volontiers. On les trouve aux mêmes fêtes, dans les mêmes sa-
lons. Les vieilles familles itahennes établies depuis longtemps
h Tunis y ont acquis l'aisance, quelques-unes la fortune, et
leurs jeunes filles, instruites, bien élevées, sont tout à fait sé-
duisantes avec leurs grands yeux de velours noir, leur teint
pâle aux reflets dorés, et cette grâce langoureuse, cette mor-
bidezza qui est l'apanage de leur race. Nos jeunes gens su-
bissent leur charme vainqueur et — chose heureuse, je le
I. Celle IcUre esl rap[>orléc y&r E, de Laveleje
< Letlrfs lUr l'Italie
J
•iHQ LA TCr»ISIB DEPDIS L^OCCVPATIOX FR.mÇAMK
prouverai tout à l'hetire — les alliaoees eotre Français et
italieones sont nombreuses.
Je n'en crois pas moins nécessaire d'éliminer peu à peu les
Italiens de l'administration tunisienne, où ils étaient il y a
quelques années en très grande majorité. Tout ce qui re-
présente l'autorité, tout ce qui eu émane doit être entre nos
mains, et l'épuration du personnel poursuivie par H. Massi-
cault sans faiblesse — comme sans iniquité — est un acta
louable. Mais cette réserve faite, l'élément italien est loin de
présenter en Tunisie le danger que certains lui attribuent. Il
ne peut rien, II est sans force. Il est sans inQuenoe sur le»
indigènes; au contraire, ceux-ci le détestent, trouvant trop
souvent en lui un rival qu'on leur préfère aussi bien aux
champs qu'aux carrières, et sur les chantiers. Et, h ce sujet,
je désapprouve les mesures restrictives que certains réclament
de l'administration il l'effet d'exclure les Italiens des adju-
dications de travaux publics, voire même de les éloigner
complètement des chantiers tunisiens pour n'y employer es-
clusivement que des Français. ' J'en suis fâché : si c'est là du
patriotisme, il est bien aveugle. Mais il n'y a là que des intérêt!
contradictoires que l'on affuble de cette couverture.
Comme un pâle ressouvenir du génie de leurs pères, !«•:
Italiens conservent le goi"it des arts et demeurent très habiles
dans celui de bfttir. Ils fournissent de bons ai-chitectes , des
maçons, des plâtriers, des marbriers excellents; ils exécutcDt
A peu près tous les travaux publics avec succès. Les quelqaeij
entrepreneurs français qui se sont portés en Tunisie ont done
trouvé en eux des confrères fort gênants, si gênants qu'ils font
t. Acclimalès et 1res dura bu Iravail. les Siciliens fonl plus de b««ogne pow
(rois francs par jour que les Français. auiqucU un ne peut donner ninins de
francs. L'écart est sérieux cumme nn voit. El augmenter de galté de cm
prix de la tnsin-d'œnvre est aussi anti-économique, aiili-colouinl que d'augmenlec
le prix de la terre.
^es pieds et des maios pour qu'on les en tlébarrasse. Évî-
demmenl, nous devons favoriser nos compatriotes dans toutes
les circonstances; nous sommes tous d'accord lA-dessus; mais
pour noble et élevé que soit le sentiment de la fraternité na-
tionale, il y a au-dessus de lui la liberté humaine que nous ne
pouvons méconnaître et violer en privant les étrangers de la
jouissance des droits naturels écrits et non écrits qui appar-
tiennent partout à tons les hommes. Oui , partout. L'homme,
comme tel, doit jouir dans tous les États civilisés des mêmes
droits civils, parce que ces droits ne sont qu'un moyen de
développement intellectuel et moral , la dot que lui doit la
société, En ce sens les tribuns de 89 avaient raison de dire
tquc l'humanité ne devait former qu'une seule famille pour
lout ce qui concerne l'exercice des droiU civils.
On conçoit que l'étranger fût sans droits alore qu'il était un
ennemi; quand la guerre était ù. mort, on ne pouvait voir un
homme dans celui qui menaçait sans cesse l'existence même
delà nation. Mais chez les peuples modernes, l'étranger est-il
encore un ennemi? Le travail, le commerce, l'industrie ont
pris la place de la guerre. Quand les mœurs, les idées, les
sentiments ont changé, il faut que le droit change aussi. Le
travail fait de tous les peuples une grande société dont les
intérêts sont solidaires; dès lors les hommes de tous les pays
doivent aussi ëlre unis par les liens du droit, en tant que les
divisions politiques n'y mettent pas obstacle. Nous ne pouvons
être citoyens partout , mais partout nous sommes membres de
la société humaine, et comme hommes nous devons jouir par-
^yout des droits inhérents à l'homme.
Or, le droit au travail n'est-il pas un de eeu.K-là, le premier
f3e tous?
i les termes A jamais mémorables de l'édif de février
J]
288 LA TUSISIB DEPUIS L OCCPPATIOS VaAKÇA.lSE
« Dieu, en donnant ù l'homme des besoins, en lui rendant
nécessaire la ressource du travail, a fait du droit de travailler
la propriété de tout homme, et cette propriété est la première,
la plus sacrée et la plus imprescriplihte de toutes ».
Rien n'est plus rigoureusement vrai. La liberté personnelle,
la liberté du travail, la liberté de la propriété ne sont en
réalité que les trois formes différentes d'un droit unique. Nul
ne doit se tiatter de connaître la liberté s'il ne comprend l'in-
dissolubiUté de cette union ; et l'on doit s'étonner que des gens
qui se prétendent démocrates puissent y porter atteinte <lc
gaieté de cœur.
N'est-il pas singulier que nous réclamions sans cesse la li-
berté et que nous ne soyons occupés qu'à la restreindre?
Ah! j'entends bien l'observation : Vous voulez protéger le
travail français , servir les intérêts du pays en réservant les
bénéfices à nos compatriotes. Un journal algérien a très fi-
dèlement traduit ce sentiment.
u Nous comprenons parfaitement, dit-il, que nos adjudîca-
" tions soient réservées auï Français seuls; ce sont des Fran-
" çais qui en payent les frais; ce sont des Français qui accep-
II tcnt l'impilt du sang, et c'est bien le moins, que diable,
« qu'une charité bien ordonnée commence par nous-mëme ».
Cette exclusion des étrangers de nos travaux publics n'est
pas seulement condamnée par la philosophie, elle l'est non
moins catégoriquement par la science économique.
La production de la richesse résulte, comme on sait, du
concours de ces trois éléments : le travail, la matière et le
capital; et nous devons attirer à nous les étrangers qui vien-
nent enrichir le pays de leurs capitaux et de leur travail. C'est
ce que remarquait le célèbre Nccker au commencement de la
Révolution :
« Tout ce qui peut détourner les étrangers, disait-il, de
LA COLONISATION 589
venir dépenser leurs revenus dans le royaume, et d'échanger
ainsi leui" argent contre les productions de notre industrie,
parait une disposition aussi déraiïionnahle que le serait une loi
directement opposée à l'expoitalion de cl's mômes produc-
tions ».
C'est une grave erreur de penser que ce sont des Français
qui payent, seuls, les frais des adjudications; mais c'est surtout
une véritable ingratitude de continuer à regarder comme
étrangers des hommes qui sont li\és dans le pays depuis vingt ,
trente et quarante ans.
Légalement, nous vous le concédons, ils ne sont pas Fran-
çais; mais pouvez-vous leur dénier le droit de cité; pouvez-
vous traiter en parias ceux qui, pendant de longues années,
ont partagé votre existence; de longues années ont contribué .
pour leur part, au développement de votre commune en don-
nant chaque jour de nouvelles preuves de leur indestructible
attachement ù leur nouvelle patrie. Ils ne sont pas Français,
non; mais ils nous élèvent des enfants qui sont notées, qui,
pour la plupart, feront d'excellents citoyens; et vous traitez
ces gens en étrangers...
Y rétiéchissez-vous?
Parce qu'ils n'ont pas cru devoir solliciter le litre do Fraudais
qu'il leur était loisible d'obtenir; parce qu'ils se souviennent,
parce qu'ils ont gardé dans un coin du cœur les inelFables sou-
venirs de la terre natale et qu'ils songent encore aux vieux
parents couchés là-bas dans le cimetière , vous oubliez les
services rendus, la somme de vitalité et de richesse dont nous
sommes redevables à. ces hommes?
Respectez donc leurs sentiments intimes et remerciez-les de
ce qu'ils vous apportent : du travail et de l'argent. Le temps
fera le reste. Il les incorporera à nous indissolublement; el,
leurs descendants qui fréquentent nos écoles, que nous élevons,
L
I
290 LA TUNISIE DEPCI9 l'oGCUFAIKUT FaAVÇAISB
m
façonnons & notre manière , seront , rappelons-le, dé braves et
vaillants Algériens, dévoués à la France. N'en connaissons-
nous pas déjà des centaines de ces jeunes gens, fils d'étrangers
revendiquant fièrement leur titre de Francs et qui , -demain ,
s*il le faut , marcheront à nos côtés pour vaincre nos ennemis
ou tomber noblement sur nos champs de bataille?
Nous n'exagérons rien ; et , politiquement parlant , si la »-
tuation peut paraître quelque peu différente en Tunisie, au
fond elle est identique, car la Régence aussi est terre françaUce.
C'est donc commettre un véritable contre-sens politique
et social que de frapper d'ostracisme en Tunisie, comme en
Algérie, Télément étranger, — et en lui refusant du travail,
vous le frappez d'ostracisme , vous le chassez.
Quel tort vous font ces entrepreneurs étrangers en venant
vivre et travailler au milieu de vous? En serrant le débat,
nous le ramènerons à ce dilemme :
Ou les entrepreneurs étrangers soumissionnent à des prix
plus élevés que les entrepreneurs français , et, dans ce cas , ils
ne sont pas déclarés adjudicataires, ne font par conséquent
aucun tort à nos nationaux ;
Ou ces entrepreneui*s font des rabais plus considérables que
les entrepreneurs français, et, dans ce cas, c'est la commune,
c'est le département qui bénéficie du prix de revient plus
avantageux auquel son travail est effectué.
Or, la commune, le département, c'est encore la collecti-
vité; c'est une partie de TÉtat. Et l'État, pour nous, c'est la
force collective et indivise dont il est le dépositaire, dont il
forme le centre et autour de laquelle gravitent en toute liberté
les forces individuelles dans leur infinie variété, comme les
étoiles dans leur loi de rotation autour du soleil.
L'État, c'est le droit d'empêcher l'activité qui nuit à la force
collective et indivise des deux éléments qui le composent; la li-
LA COLOMSATIOS
berté, c'est de faire tout ce que l'État ninsi entendu n'a pas le
droit d'empêcher, et surtout de faire ce rjui, au lieu de nuire
i\ la collectivité, peut la servir en servant l'individu lui-même.
L'Etat, pour nous, c'est ce qu'il est aus États-Unis; c'est-à-
dire : sous l'œil de la force collective, l'individu allant où son
génie le porte , s'associant à qui il veut , son maître absolu , n'a-
yant au-dessus de lui que Dieu, devant lui que la société ort il
est l'égal de tous, derrière lui que la loi qui règle également
pour tous le point oii l'homme finit, où le citoyen commence, et
ce point est celui où l'individualité empiéterait sur la part d'ac-
tion qui revient aux autres individualités.
C'est avec l'État ainsi entendu qu'en moins de trois quarts
de siècle les solitudes de l'Amérique ont vu — sans capitaux ,
entendez-vous, sans capitaux! — par la seule force de l'action
libre de l'individualité humaine , surgir ce peuple puissant,
qui, né d'hier, dans le Nouveau-Monde, pèsera demain sur
l'ancien , et qui s'appelle les Ktats-L'nis.
C'est avec un État ainsi entendu que rAméri(pie attire à elle
da vieux monde tous ceux qui veulent trouver la vie dans le
travail, le succès dans la lutte, le progrès dans la marche; c'est
ainsi qu'elle importe des hommes et qu'elle exporte du blé; et
pour assurer le salut de la colonisation algérienne et tunisienne
il nous faut faire de l'Afrique une autre patrie des réalisations
de la liberté dans le monde , créer un peuple africain par la li-
berté, comme par ta liberté il s'est créé un peuple américain.
Au lieu de multiplier les entraves, les privilèges, d'asservir
l'individu, simplifiez le plus possible sa situation; atTranchissez
le travail et la terre de tous les monopoles, de toutes les régle-
mentations outrées; livrez l'homme à son libre arbitre, à la pleine
et entière expansion de ses forces. En laissant agir l'homme,
a moins à compter avec le citoyen; or, dans les colonies
issantes — c'est ce qu'on oublie trop, surtout en Algérie —
J
292
LA TU.MSIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISI
ce n'est pas le citoyen qui fonctionne, c'est rbomnie. Ou'importc
d'où ils viennent; accueillez tous les expatriés volontaires, Jon-
nez-leur les biens, le travail, les terres qu'ils n'ont pas; les
droits, les libertés après lesquels ils aspirent; nous y trou-
verons la fortune et la prospérité.
Ne voyez-vous pas que la colonisation du monde, & laquelle
la France prend à la fois si peu de part et si peu d'intérêt, qu'elle
semble 4 peine s'en douter, sera le fait capital du siècle. Sou!-
voyons tous les peuples y concourir plus ou moins activement.
C'est à nous de détourner à notre profit cet élément colonisa-
teur, puisque les Français restent obstinément cantonnés dans
leur inextensible sol des Gaules, se refusent A tout effort pour
étendre leur nationalité et assurer par là sa puissance et u
durée sur le continent africain.
Tandis que les Anglais s'étendent sur les deux hémisphères,
les Russes s'efforcent d'étendre leur empire en Asie par \i>
conquête et de l'assurer en Europe par la chimère du panslar
vbme; les Allemands germanisent les pays qui les entourent
avec une ardeur et un succès incontestable; les Espagnols
jourd'hui inactifs, peuvent du moins se féliciter d'avoir peuplé
un vaste continent; enfin les Italiens et les Grecs eux-mêmes
remplissent de leurs nationaux les villes de l'^Vsie Mineure
Seuls les Français semblent assister à cette expansion sans 1*
voir. Cette inditTérence n'est malheureusement pas nouvelle
elle nous a fait perdre au siècle dernier l'empire du maud&
On ne peut songer sans tristesse qu'entre le Canada et la Loui-
siane nous aurions pu étreindre l'Amérique du Nord.
Force nous est donc d'attirer à nous les cotons étrangers et
(le les retenir par des garanties de liberté et de travail qut
leur manquent ailleurs.
C'est ainsi par des émigrations, dont l'Allemagne, l'Espagne,
la Suisse, l'Irlande, l'^osse, l'Angleterre et la France fourni*
LA COLONISATlOff
93
rent leurs ailuvions simultanées ou successives, (]ue se sont peu-
plées les vastes conlrées de l'Amérique du Nord, qui recureut
quelquefois le nom de leurs nouveaux possesseurs ou , par sou-
venir de la patrie perdue, le nom aimé d'un coin de la terre
natale : la Louisiane, la Peusylvauie, la Caroline, la Nouvelle-
York, — agrégations de moeurs, de religions, de nations di-
verses, comme celles qui se greffèrent sur les ruines du monde
romain et qui ont fini comme elles, mais en bien moins de
temps, par confondre toutes leurs origines pour la formation
d'un seul et môme grand peuple : le peuple américain.
Qu'on se souvienne de ces origines et du développement de
la société américaine, on concevra mieux l'évolution sociale
africaine, car elle doit être identique.
" L'origine de la liberté économique apparaît comme le ré-
sultat de la loi mâme du développement dos sociétés, l'évolution
générale qui transforme l'organisation sociale tout entière s'ac-
compagnant nécessairement de deux évolutions secondaires,
dont l'une mène à la propriété individuelle et l'autre à la li-
berté du travail >-.
Celte phrase, que nous détaclions d'un article de M. Paul
Beauregard sur u les lois de l'évolution économique ' » résume
parfaitement notre doctrine : affranchir l'individu pour le me-
ner à la liberté, — cette liberlé qu'il convoite et va chercher à
l'autre bout du monde.
Voyez plutât ces long-ues files d'émigrants se dirigeant à cette
heure vers la Bépuhlique Argentine, sur les rives de La Plata.
Puisqu'ils veulent s'expatrier, pourquoi s'en vont-ils si loin? Ils
ont lA, si proche, la terre algérienne.
Et ces populations de l'Alsace, de la Lorraine, de l'Allema-
gne, de la Belgique, que vont-elles — en si grand nombre qu'on
I. Éeonoinute français du lU mars IBSU.
I
dirait iioe nouvelle fuite d'Egypte - — que vont-elles chercher '
par del<\ les immeosités de tous les océans?
Elles vont chercher ce que vous ne savez pas, ne pouvez ptt '
ou ne voulez pas leur donner : le travail et la liberté!
A dire vrai, celles-lù , — les migrations belges et allemandes,
— ne nous intéressent jioint; qu'elles prennent le chemin Ae.
l'Ainénque, nous n'avons pas à le regretter, tous les tj'pes de la
race germanique étant absolument réfractaires à l'acclimate-
ment en Afrique.
On peut en dire autant, en des termes moins rigoureux, des
émigi'ants de la zone septentrionale de la France , de tous ceiiv
qui sont originaires des régions situées au-dessus de l'isothère
de 20" : leur concours n'est pas à dédaigner, mais il n'a qu'une
valeur secondaire; ils ne peuvent en effet se perpétuer que parle
croisement avec les races du midi do l'Europe , seules vraîmeol
aptes au peuplement africain. Car l'homme n'est pas orbicole.
il ne vit pas impunément sous toutes les latitudes : chaque fois
qu'il se déplace, son organisme est impressionné par le climat :
le soleil , l'air, les eaux influencent sa constitution, et un accom-
modement, imc harmonisation nouvelle doit s'établir entre
celle-ci et les conditions dilTérentes dans lesquelles elle est ap-
pelée A fonctionner. Est-il besoin d'ajouter que cette harmoni-
sation est d'autant plus difficile à obtenir que la région origi-
naire de l'immigrant est moins isotherme à celle qu'il vient
habiter? Cela tombe sous les sens*. De sorte que la question
africaine est avant tout une question d'hygiène et d'ethnologie;
c'est aux enseignements de la science biologique qu'il faut de-
I. nËlriM organisés pt vJvanU. nous«oinineHcn celle qualîlé, soumis i loules Ut
lois générales qui régissent la vie vl l'organisa lion dans les plantes ausii bien quf
dans les animaux. Quand nous changeons de milieu, nous devons presque loujourt
accepter d'arance des sacriQci» dont l'élenduR cl la gravité «roni proporlionnels
am différences entre le point de déjiart et le più ni d'arrivée, sous le rapporl descon-
diiions d'existence ■. De Quatrefaees, Reeae de* Deux-Monilei, n" du 15 décem-
bre ]»70.
LA C01.0SISAT10X 295
mander le dernier mot du problème de la colonisation . et c'est
pouF ne l'avoir pas compris que le peuplement de l'Algérie a été
si lent, (juc tant de deuils ont marqué chacune de ses étapes!
L'administration entourait les immigrants de tontes sortes de
soins; elle fixait l'époque de leur arrivée dans la colonie, elle
les mettait en garde contre le climat ea leur recommandant les
prescriptions hygiéniques; elle leur assurait les soins médicaux;
elle leur venait en aide de toutes les manières : par des distri-
butions temporaires de vivres, d'instruments aratoires, de Itéles
de labonr, etc. ; il n'y avait sacrifice qu'elle ne s'imposiU pour
le succès de son œuvre; seulement elle oubliait le point es-
sentiel, en ne s'inquiétant pas de la provenance natale des
nouveaux débarqués.
Peut-être trouvera-l-on qu'il lui était bien difficile de porter
atteinte  la liberté de l'immigration? Non pas. Sans opposer une
barrière absolue aux émigrants des régions de l'Europe dont
la statistique funèbre démontrait l'inaptitude <t l'acclimatement ,
de sages conseils, des circulaires, auraient eu vite détourné un
courant d'émigration qui grevait le budget de la colonie et celui
de la métropole de charges énormes d'assistance publique, lîne
loi réglemente l'installation des industries insalubres et dan-
gereuses; sa proleclion et ses prescriptions ne devraient-elles
pas s'étendre i\ cette industrie autrement sérieuse, cette indus-
trie nationale, humaine, de la colonisation et du peuplement?
Le gouvernement n'en comprenait malheureusement pas la
nécessité, A certaines époques il chargeait ses préfets de raccoler
des colons algériens et d'où qu'ils vinssent il les dirigeait à tra-
vers la colonie. — De 1838 à 1814, poussés par la misère, les
Alsaciens aftluent. En 1840, un grand nombre de malheureux
viennent à leur tour du Nord de l'Europe. En 18i8, transplan-
tation en masse des faubourgs de Paris. Et longtemps cela se
poursuit avec la même hérésie anthropognosique. Aussi fut-il
296 LA TrSISIB DKPCIS LOCCCPATIOS FRAXÇIISE
jniiiais diifilés plus lug-ubres! On'elle est longue la liste de cvm
qui tombèrent dans les plaines, dans les ravins, dans les sil-
lons; mais en connalt-on le nombre seulement? Qui dira jamais
combien la fièvre a. faucbé de ces existences, combien le soleil
— Minotaurc africain — a dévoré de ces enfants du Nord!
De ces villages d'Alsaciens- Lorrains créés à grands frais en
1872-73, que reste-t-il aujourd'hui? Combien sont devenus
prospères et combien des nécropoles? I.e sentiment qui a pré-
sidé à cette installation de nos chers et infortunés compatric-
tes de l'Est est trop élevé, trop noble pour ne pas désarmer
la critique; pourtant, nos malheurs firent-ils le ciioiat moins
inexorable?
La science condamne de pareilles entreprises qui ne peuvent
produire que des colonies éphémères ou misérables.
D'après MM. Rouis et Lavernn ', les Français du Nord et les in-
dividus appartenant aux races septentrionales, c'est-à-dire les
descendants des Belges, des Germains, des Scandinaves, etc.,
sont en Afrique deux fais plus prédisposés aux abcès du foie
(138 : 71) que les Français du Midi et les individus de race méri-
dionale, c'est-à-dire les descendants des peuples Ibèriens.
Et suivant M. de Sémallé-, les militaires des départements J
N. -E. seraient beaucoup plus sujets aux accidents céi-éliraux de 1
l'insolation que ceux des autres départements.
Si j'avais le loisir de me livrer à des recherches, je pourraîsl
multiplier les citations de ce genre, mais elles seraient super- J
tlucs. Uue l'on consulte simplement les études démographiques I
du D*^ Hené tticouv ' : les statistiques de la natalité et de la mor- J
talité établissent catégoriquement que les races latines origt-J
1, "lOuis. Hfc/icrches )ur les suppurations eniléiiiîgaes du foie en Afrique. — .1
(.avèran. Diclioanaire encyclopidïi\ue des scïeaeez médicales t, II , p. 771.
ï. Bulletin de la Société d'Anthropologie , n" du ï9 juillft i«69.
3. Coiitribalion à (élude de l'acclimatement des Français en Algérie, 1 Tût, 1
— la Minograpliie figurée de l'Algérie, I rai.
LA COLONISATION 297
naires des bords méditerranéens ont seules la résistance vitale
nécessaire à la colonisation et au peuplement du Nord de l'Afri-
que. Pour ne nous occuper que des Italiens, qui fout l'objet de
ce chapitre, ceux qui débarquent en Tunisie viennent pour la
plupart de l'ancien royaume des Ueus-Siciles, c'est-ù-dire d'une
région dont le climat otfre de telles analogies qu'on peut le re-
garder comme de la même zone isotherme , et par les Ligures ,
les Carthaginois et les Sarrasins, par leurs croisements avec
les races africaines qui les ont dominés, ils ont une origine
misie qui les place dans les meilleures conditions de réussite
sur l'autre rive de la Méditerranée. Les hommes y travaillent au
soleil sans plus de fatigue que les indigènes ; quant aux femmes,
cbosc remarquable, elles y sont plus fécondes qu'en Italie.
I Les Français des départements peuplés par les races ibère,
' aquitaine et ligure, les Provençaux, les Languedociens, les
Basques, les Corses ont également de grandes facilités d'ac-
climateQient; ils vivent, font souche et prospèrent très hen-
reusemcat en Tunisie comme en Algérie; mais la race celtique
I qui occupe le centre et une partie du Nord de la France — de
I la Garonne à la Seine, de l'Océan Atlantique aux Alpes — ne
■ jouit pas de la même immunité. Elle s'acclimate encore, mais
[ sa descendance est malingre, chétive, et la seconde génération
on en rencontre maintenant des sujets en Algérie — présente
I tous les caractères de l'épuisement physique. Pour avoir des
I enfants robustes, vigoureux, capables de résister au climat,
Iles Français du Centre et du Nord sont tenus au croisement
I eugénésique avec les vieilles races du bassin de la Méditerranée.
Donc, ce ne sont pas seulement des raisons économiques et
I humaines qui nous commandent des ménagements à l'égard
I des italiens en Tunisie; n'en déplaise à nos patriotes, c'est encore
l'intérêt politique. J'ai l'air d'exprimer un paradoxe; rien pour-
I tant n'est plus sérieux. Comme les Romains dans l'antiquité , et
i
2!)8
LA TCMSIE DEPUIS L OCCUPA TIOX FKANÇAISI
comme les Anglais, de nos jours, nous devons sauver notre
infériorité inimériquo par la prévoyance el l'habileté; et c'esl
faire acte de prévoyante habileté que de nous incorporer celte
race sobre , dure au travail , acclimatée, de l'assimiler el la na-
turaliser pour engendrer sur la terre africaine une race néo-
française pleine de force et de vitalité :
Fortes creiinlui' furiilms el bonis'.
disait le poète, race en laquelle revivront et la langue et les
mœure, — et l'honneur du nom français!
D'une part le croisement enti-e les deux colonies, de l'autre
l'école-, les fréquentations sociales chaque Jour plus étendues,
plus intimes en raison des alliances mixtes, nous donneront ce
résultat.
Actuellement les Italiens s'unissent de préférence â des filles
de leur nationalité ; peut-être parce que les nôtres n'aiment guère
épouser un étranger. Ces unions cependant ne sont pas rares et,
dans ce cas, les euf.ints qui en sont issus ont au cœur l'amour
de la France; ils le sucent en quelque sorte avec le lait ma-
ternel. Mais dans la très g-raode majorité des mariages mixtes,
ce sont des Français ijuï épousent des Italiennes. En Algérie —
et cela se produit déjà en Tunisie — celles-ci regardent com-
me un honneur d'être recherchées par un Français, habituel-
lement plus tendre, plus prévenant envers sa femme qu'un
mari italien. Ce croisement a le précieux avantage de conserver
la nationalité française à la filiation. Il en a un autre, au point
de vue anthropologique. II est reconnu depuis longtemps, par
l'expérience sur les animaux-' que l'amélioration par le croise-
ment s'efi'ectue par la voie des mâles; ceux-ci ont le privilège
I. Ilunce, Dnisi lanilcx, oJe IV, v. 29.
1. Pris de 2,000 enfants italiens fréigueiilcn
3. V. DulTon, Quadriip6des, t. I, p. 60.
les é<'o1es françnises en Tunlsi
LA COLOKISATIOX
299
de transmettre plus sûrement, plus complètement que les fe-
melles, les caractères de leur race, de mieux supporter les
épreuves de l'importation; et les fenoelles, de leur c6té, com-
muniquent A leur prog'éniture plus de dispositions à luccli'
matement '.
Ainsi donc , le Français se croisant par les hommes étendra,
en la conservant, sa nationalité et il empruntera , pour sa descen-
dance, aux tilles du Midi, de plus grandes facilités pour s'adapter
au climat africain '.
Que les hommes politiques de la péninsule me permettent
donc, à la faveur de cette union instinctive et toujours re-
nouvelée de nos deux peuples, qu'ils me permettent de leur
demander un peu de sagesse. Que l'ambition coloniale ne les
I aveugle plus eu Tunisie. « La colonisation est une œuvre de
luxe à laquelle ne peuvent se consacrer que les peuples qui
ont une surabondance de richesse, » disait très judicieusement
Gabriel Charmes ^. Or, ce n'est pas précisément le cas de l'Italie.
Livrée àson pouvoir, la Régence fût forcément restée dans l'état
I de délabrement où nous l'avons prise et les Italiens qui s'y
seraient rendus n'auraient fait que changer de lieu de misère.
Grâce à l'inlervention de la France, la Régence se trans-
I forme à vue d'œil, elle s'enrîcbit et les immigrants italiens
' trouvent leur compte dans le bien-être général. La fusion par le
mariage améliorera encore le sort de la colonie italienne; ù
notre contact, elle prendra des mœurs pi us douces, des qualités
nouvelles et une nouvelle part de la fortune qui est entre nos
mains. N'y a-t-il pas là, dans ce résultat , — indirect mais cer-
tain, — de quoi apaiser une l'ois pour toutes les l'écriminations
stériles des irrédentistes?
1. D'Hicoux, la Dùnographie , p. 208.
2. Lot. nU.
3. ta Tunitit et la TripoUlalne, p. 297.
La colonie maltaise tient moins de place en Tunisie que la
colonie italienne; elle n'en a pas moins, elle n'en aura surtout
pas moins dans l'aveuii' une importance qui appelle notre at-
tention. D'un tempérament extraordinairemeat prolifique (cha-
que ménage a cinq ou sis enfants et souvent plus), les quinze
mille sujelsanglo-maltais nipartis actuellement dans la Régence
auront bientôt doublé et triplé. Ce nombre s'accroîtra aussi très
vite par les envois incessants de l'Ile; car Malte est un rocher
en perpétuel mal d'enfant : c'est une sorte de fabrique de popu-
lation; elle fait des hommes comme d'autres font du drap ou
des conserves alimentaires. C'est l'induslrie du pays, — quinprt-s
tout , ne doit pas être plus désagréable qu'une autre; on u'eo-
tend pas dire que les ouvrière de Malte réclament la journtie ou
la nuit de huit heures. Quoi qu'il en soif, leur surabondance de
production les oblige à en expédier une grande partie, et
comme le climat africain est à peu près identique au leur, qu'ils
se comprennent aisément avec les indigènes, la langue maltaise
n'étant qu'un dialecte arabe mêlé d'italien, c'est principalement
en Afrique qu'ils déversent leur excès de produit humain. De
1830 à 1881 ce fut de préférence en Algérie. Notre société les
attirait ; ils se plaisent au milieu de nous, ils se considèrent de
bonne foi comme les pupilles de la France qu'ils vénèrent à
titre de Protectrice des Églises catholiques d'Orient. Maintenant
ils se portent plutôt en Tunisie, en raison de sa situation nou-
velle cl de sa grande proximité de Malte.
Ce qui les éloignait auparavant de la Régence, était son
manque de ressources pour les exercices du culte. Les Maltais
ne peuvent vivre sans église ni curé. Superstitieux comme
I
LA COLONISATIOS 301
tous les igaorants, ils sont sur le chapitre de la foi d*une intolé-
rance égale à celle des Arabes. Ce n'est pas d'ailleurs le seul trait
de ressemblance qu'ils aient avec ces derniers. Ou les a appelés
des Arabes chrétiens et la définition ne manque pas d'exactitude.
L'ossature, les traits, la langue, le tempérament, les mœurs,
tout révèle en eux le sang arabe et les marques profondes que la
domination sarrasine a laissées dans llle. Il n'est pas jusqu'au
vêtement national des femmes, lu faldçlhi , qui ne trahisse son
origine. Celte sorte de manteau, de capuchon, de voile, je ne
sais quel nom donner à cette coiffe bizarre qui emprisonne la
nnque, recouvre les épaules et s'avance de vingt centimètres
environ au devant de la tétc, en un demi-cylindre rigide de soie
noire ; qu'on la baptise comme l'on voudra , elle n'est autre chose
qu'une variante, une atténuation, si l'on veut, de la habara
des femmes arabes. Celle-ci cache le visage en entier; celle-là
ne le dissimule qu'aux trois quarts ; la jalousie qui l'a inspirée
est plus hypocrite , voilù tout : elle n'est pas moins violente.
Le Maltais à cet égard est encore un autre Arabe.
En général, la femme maltaise est peu jolie; en revanche, elle
est bien faite. Celles qui viennent de Malte n'ont ni grâce, ni
distinction; ce sont de lourdes paysannes qui n'attirent guère
nos regards que par l'originalité de leur accoutrement; mais cel-
les qui sont élevées en Afrique se façonnent promptement à nos
mœurs: vives, alertes, décidées, coquettes, espiègles, quand
on les rencontre avec leurs mères, on ne dirait pas la même
famille. La chenille est devenue papillon.
Les Maltais qui débarquent de leur lie out encore l'allure A
demi-barbare. Ils sont ignorants, grossiers, querelleurs; mais
ils se dégrossissent assez vite. Sobres, économes, vivant de très
peu de chose, adroits, industrieux et très travailleurs, ils se ti-
rent partout d'affaire. Ils connaissent raème bientôt l'aisance et
quelques-uns finissent par amasser de réelles fortunes.
k
I
302 LA TrSlSlK DEPDIS l'oOCCFATIOX FRANÇAISIi
Ils font tous les raélîers. Ici, pécheur ou chevrier; là, culti-
vateur ou cocher de fiacre; mais ils ont pliig de goi\l pour le
commerce. Ils commencent par vendre A travers les rues quel-
ques menus objets de ménage ou bien ils vont au port chercher
de la marée et débitent du poisson dans les villes et les fau-
bourgs; on les rencontre souvent jusqu'à dix lieues à la ronde,
courant pieds nus, leur corbeille sur latt'tc, un pantulon et une
chemise de laine pour tout vêtement. Quand ils ont ainsi amassé
quelques écus, ils se font marchands de fruits et montent
dans quelque carrefour un bel 6lalagc d'oranges, de (îgues, de
dattes, de raisins secs, etc. Devenus un peu plus ricbcu, ils
s'installent dans une boutique : ils ouvrent des cafés, des dé-
bits de vins et de comestibles qui rivalisent avec tous les autres
établissements de ce genre. A moitié pris des Français, les
Maltais font déborder les tasses; ils remplissent davantage les
verres , ils donnent pour cinq sous des portions abondantes, et
s'abonnent même aux journaux de la localité. Aussi voit-on
aflluec chez eu\ les ouvriers de toutes les nations qui ont des
goAts simples et veulent vivre à bon marché.
L'orgueil alors les mord au cœur. Ils élèvent leurs enfants le
mieux qu'ils peuvent, et ceux-ci, intelligents, habiles, ne tar-
dent pas à faire de véritables Européens. L'école est le creuset
où cet élément fruste s'affine et se fusionne — et devient fran-
çais; car cette nouvelle génération perd tout esprit de retour
dans le pays paternel. Élevée avec les Français, vivant sur la
terre française, elle ne connaît pas d'autre patrie; elle est com-
plëtement assimilée. Il en est aiusî en Algérie, il en sera de
même dans la Régence si nous savons nous y prendre ; et nous
le saurons assurément. Le cardinal Lavigerie n'est pas seule-
ment un très grand prélat, c'est un habile diplomate doublé
d'un patriote , et par son clergé il peut beaucoup sur cette po-
pulation attachée avant tout A l'Église : il peut tout.
LA COLOMSA-
LA TRntlE ET I.E RECIME DE LA PHOPIIIETE
De l'exaraen que nous venons de faire des trois principales
catégories d'immigrants en Tunisie : Français, Italiens, Maltais,
ii résulte que les propriétaires des terrains de culture sont
presque exclusivement Français. Les autres sont commerçants,
ouvriers, ils travaillent la terre à titre de salariés, mais ils ne la
possèdent qu'exceptionnellement.
En vue de favoriser cette prise de possession du sol, l'Ad-
ministratiou vient de faire allotir six mille hectares d'ex-
cellentes terres dumaniales, pour être livrées « aux agriculteurs
français disposés à se rendre dans la Régence ' •• -Au fur et A
mesure du développement de la colonisation , de nouvelles su-
perficies de terres labourables seront mises en vente à leur tour ;
car, l)ien entendu, il ne saurait être question d'attributions gra-
' tuiles. D'abord le lieu de protectorat élabli entre la Tunisie et la
France est, juridiquement, un protectorat du droit des gens.
Il implique nécessairement pour l'État protégé un abandon par-
tiel de ses droits de souveraineté -, mais il ne saurait permettre
de porter atteinte en aucune façon A l'intégrité de son territoire;
I et disposer de terres, ipso facto, au proût de nos nationaux, sans
que ccu.x-ci aient en aucune fai;on lï les payer, serait une li-
, béralité certainement illégale. Heureusement, en cette cir-
I constance, le respect du droit international est conforme A
, nos intérêts; la France, t'ilt-elle libre de disposer A sa guise du
1. V, Happort de U. Ribot sur ta situatloa ùf la Tunisie en isni , p. 7.
a. V. CaUa, Droit inUmalional. 1 6, 3. — lleflli^r, Lroit inlernalional pu-
k Ule de C Europe, p, 58. > Les prutettorats Blleiiiands u. pur Pkrri' d'Orgerat ,
monnaie* dfs sciences politiquei, t. V, p. 698.
1
30&
LA TOMSIE nEPmS LOCCCPATIO.V FRANÇAISE
domaine de l'Étal en Tunisie, devrait noQ moins s'absleair de
concessions gratuites. L'e\péricDC« a condamné ce système de
colonisation; l'Administration elle-même a été amenée à en
faire l'aveu'. Il devait hâter le peuplement, il a prolongé l'en-
fance; il devait créer le mouvemeiit. il a produit l'inertie; Il
devait peupler, il a fait le vide. — C'est , dira-t-on , que les
concessionnaires étaient mal choisis. Ils étaient le plus souvent
mal choisis, c'est vrai. Ils n'avaient aucune des qualités phy-
siques et morales requises pour faire un bon colon. Ils n'étaient
pas même cultivateurs. Étaient-ils cultivateurs, c'était la misère
qui les avait poussés hors du pays; ib n'avaient pas le sou. Or,
avec rien on ne fonde rien. Créer, c'est dépenser. Ils emprun-
taient. A quel taux? Dix, duuze pour cent et davantage. Dé-
pourvus de connaissances agricoles, pour le moins d'instruction
économique , ils ne se rendaient pas compte que la terre , même
la terre féconde d'Afrique, ne petit plus payer de pareils inté-
rêts. Us allaient de l'avant sans voir le péril. N'avaient-ils pas
cinq ans, dix ans pouv rembourser? Arrive qui plante, llsplau-
taient. Ils construisaient... en contemplant leurs vignes avec
attendrissement. Les beaux aramons! le splendide grenache!
Et, comme la laitière de la fable, notre vigneron
Complaît di'jà dans sa pensée
Tout le prix de sou vin, en employait l'argent,
Achetait...
Que n'achelaii-il pas? Mais survenaieul les intempéries, les
cryptogames, les insectes; la femme elles enfants tombaient
malades; peu à peu le vignoble français se reconstituait, et le
vin se vendait mal, et l'échéance approchait. Elle était venue :
colon était ruiné. Son prêteur, homme patient qui étaîtsùr
du résultat, le faisait exproprier pour non-exécution de ses
I. V. Expoté de la situation gétiirote de l'Algérie, IM7, p. 9.
I.A COLONISATIO>
30.-,
engagements; il prenait son lieu et place, pendant que le mal-
heureux, découragé, rongé de la fièvre, s'en retournait en
France discréditer l'Algérie et l' Administration qu'il rendait na-
turellement responsable de l'insuccès dû à son ignorance et il
son manque initial de ressources.
Combien d'exemples de ce genre pourrait-on ciler? des
milliers.
Acheter la terre et la mettre en valeur avec son argent à soi :
voilà la formule du succès. Celui qui achète a habituellement
un but, un plan. Il sait ce qu'il veut, il sait où il va. Il n'est
pas libre de faire ou de ne pas faire comme le concessionnaire
à titre gratuit qui souvent laissait la plus grande partie du
terrain en friche. L'acheleur est obligé de travailler pour
donner de la plus-value à sou capital. S'il a de l'ordre , s'il est
prudent et laborieux, sa réussite est certaine. A-t-il besoin
d'une grosse somme pour obtenir ce résultat? Non, vraiment.
Avec une dizaine de raille francs on peut acquérir et faire valoir
en Tunisie une cinquantaine d'hectares, sur lesquels un cul-
tivaleur peut vivre très heureux avec sa famille. S'il peut en
acquérir davantage et qu'il le désire, la Direction de l'agriculture
à Tuais lui eu vendra davantage. L'émigrant prend la terre où
il y en a, autant qu'il veut. S'il jette les yeux sur la terre
qui estàdroite, on ne luidit pas, comme jadis en Algérie : «Nous
voulonslacolonisation par la terre qui esta gauche. » S'il se sent
la force do cultiver cent hectares, on ne lui dit pas : " Non;
nous ne voulons vous en vendre que trente, » Il débat son
prix et paye, ou il réclame certaines annuités pour s'acquitter,
et, si on les lui accorde, à partir de ce moment il est entière-
ment libre de ses actes. Il est propriétaire. S'il veut élever une
construction en boue ou en hois, on ne lui dit pas : <> Vous ne
relèverez qu'en pierres ou en briques. » Si bien même il lui
plaît de coucher à la belle étoile, nul fonctionnaire ne vient
L
i
30G LA TfSISlE IlEPnS L OCCUPA -nos FBAÎtÇAISE
lui rappeler «ju'aiix termes de L'article IV, il est tenu de cons-
truire (les liiltimeots d'iiabitation et d'exploitation.
El nul employé d'aucune hiérarchie admiaistrative ne rieni
l'inspecter, le contrôler, le harceler, lui fixer un temps à l'ei-
piration duquel il sera dépossédé, s'il u'a pas fait telles ou telles
choses, de telle et telle manière. En achetant la teri'e il a
acheté la liberté, celle de sa personne, de sa maison, de sa
culture; il en dispose suivant sa volonté, son intérêt ou son
caprice; ni l'État ni personne n'a le droit de lui en demander
compte. Il est son maître. Il est libre et indépendant. Si le
succès couronne ses efforts, il ne le devra qu'à lui. S'il éprouve
des mécomptes, il ne s'en prendra qu'à lui.
L't'^tat ne s'occupe de sa propriété que pour lui donner Vas-
sieLte et la garantie qui lui manquent avec la loi musulmane;
pour en rendre les transactions comme les opérations du crédit,
rapides et sûres. Encore y raet-il des formes. La loi foncière
tunisienne est facultative. S'il plaît à un propriétaire de vivre
dans l'indivision, dans l'inséL^urité, libre à lui! Personne ne
lui impose le régime nouveau. Mais une propriété sujette It d(
revendications imprévues, une propriété que l'on ne peut nt
vendre, ni hypothéquer sans de grosses difficultés, est-ce
propriété? Un Arabe peut se contenter de cette situation pr4
caire, non un Français. Chez nous, posséder, en matière iiB<
mobilière, c'est avoir un bien à soi, à soi seul; un bien qui défi)
tous les slellionataires du monde, et un des plus grands acta
de l'administration de M. Cambon, — le plus grand service peut
être qu'il ait rendu à la colonisation de la Tunisie , — a été di
la doter de la loi immobilière du ("juillet 1885.
J'ai déjà parlé de cette loi en écrivant l'histoire des ann<
188."i et 1886'. Elle est, comme l'on sait, une très liabile et trè(
1 V. I, 1", p. 39t à 401 et iOà k 4Ug.
, COLOSISATIOS
307
heureuse combioaisoD des testes du Code Civil, de la loi aus-
tralienne connue sous le nom d'Act Torrens et de certaines
dispositions de la loi musulmane que nous étions tenus de
respecter.
Le présent ouvrage ayant surtout pour objet d'être utile aux
futurs colons tunisiens, ceui-ci me sauront gré de leur faire
connaître les règles de la loi appelée à garantir leur fortune,
i^ rapport de M. Cambon' me facilitera cette lAcbe.
Le propriétuîre, européen ou indigène, qui veut placer son
immeuble sous le bénéûce de la loi foncière tunisienne doit en
demander l'immatriculation. L'immatriculation consiste dans la
constitution du titre de propriété de l'immeubte, l'inscription
sur ce titre des droits réels s'appliquant à l'immeuble et l'en-
registrement du titre à la conservation de la propriété fon-
cière, Elle est effectuée par le conservateur de la propnéfé
foncière, fonctionnaire principalement chargé de l'application
de la loi, de la rédaction des titres de propriété et de la tenue
des registres fonciers.
L'immatriculation accomplie a un effet considérable : elle
purge l'immeuble do tous droits réels et charges occultes qui
ne sont pas révélés en un temps utile et qui n'ont pas été inscrits
sur le registre des titres de propriété. Aucun recours ne peut
être exercé contre l'immeuble par les détenteurs de droits réels
ainsi dépouillés.
Une purge à laquelle s'attachent des effets aussi énergiques
pourrait devenir un instrument de spoliation , si elle n'était
précédée d'une procédure destinée à avertir les tiers et prévenir
les abus. Cette procédure a été organisée avec un soin particu-
lier. Des dispositions beaucoup plus détaillées que celles édic-
■ Mes par VAcl Torrens ont été prises; tandis qu'en Australie les
V. ce rapport, p. 25 e[ s
I
308 LA Tl'SISIE DEPUIS L OCCCPATIO FRANÇAISE
droits de propriété découlent pour la plupart de concessions
récentes de l;i Couronne consignées dans des registres publics,
leur origine en Tunisie est généralement plus ancienne, plus
obscure et plusdifliciie à établir; de là tes précautions minutieu-
ses dont la loi entoure leur consolidation définitive.
l'ne lai'ge publicité consistant en annonces dans les jour- J
naux, eu publications dans les marchés indigènes, avertit les!
tiers que la demande d'immatriculation est formée. i
On procède, en outre , au bornage de l'immeuble. C'est en
quelque sorte une prise de possession matérielle qui a le double
avantage de pi-é venir les voisins et d'éveiller l'attention des liera,
en même temps qu'il iixe pour l'avenir les limites exactes de
l'immeuble et tarit ainsi une source fréquente de procès. Cbê
diverses opérations sont constatées sur un plan annexé au titrt
de propriété et qui fi.ie , d'une manière irrévocable, t'éteaduQ
de chaque propriété ; ce plan rédigé par des géomètres officiels'
pourra fournir les éléments futurs d'un plan cadastral.
Ces diverses mesures sont destinées à mettre les personnel
capables et majeures on demeure de faire leurs revendication)
et de veiller à la défense de leurs droits.
Mais il fallait assurer aussi la protection des droits des inca-
pables et des absents. Cette mission incombe particulièrement
aux magistrats d'une juridiction spécialement créée par la lo
nouvelle, le tribunal mi\te, qui exerce uue action prépondA
cante sur la procédure d'immatriculation.
Le tribunal mixte est une innovation de la toi du 1" juîll«
1885 ; sa création répond à un besoin spécial : on a pensé qu'ï
fallait associer A l'œuvre de constitution de la propriété i
juridiction expéditive chargée de surveiller l'exécution de la lo
et de résoudre les litiges que son application ne peut manque;
de soulever,
La procédure d'immatriculation et de purge constitue pos
LA COLOMSATIO.X 309
tous ceux qui prétendeDl des droits sur un immeuble une mise
en demeure énergique d'avoir à les faire valoir, soiis peiae de
déchéance. Celte mise en demeure doit fatalement provoquer
des prétentions contradictoires , des revendications , des opposi-
tions de la part des intéressés. Soumettre au Châra qui, en
matière immobilière, est la juridiction de droit commun, tous
les procès que peut susciter l'application de la loi nouvelle,
c'était en retarder l'exécution, à raison des lenteurs de la pro-
cédure ; c'était surtout s'exposer, par la menace de procès longs
et difficiles, à paralyser le bon vouloir des propriétaires dispo-
sés à adopter le nouveau régime immobilier.
L'institution du tribunal mixte écarte cette difficulté : toutes
les oppositions, tous litiges provoqués par l'application de la
loi lui sont soumis; il les juge sou^'erainemellt, sans appel,
et d'une manière sommaire. Ses décisions sont définitives ; elles
fixent irrévocablement les droits des parties. Le tribunal saisi
de toutes les demandes d'immatriculation les admet ou les re-
jette; il prononce sur l'existence ou l'éteudue des droits réels
prétendus sur l'immeuble. Sa décision fournit au conservateur
les éléments essentiels pour la rédaction du litre de propriété.
Toutefois il a été admis que pour tous les justiciables du tri-
bunal français opposants à une immatriculation requise par un
justiciable de ces mêmes tribunaux , la compétence du tribunal
mixte serait facultative.
l'our assurer toutes garanties aux justiciables de nationali-
tés diverses, la loi a voulu que le tribunal frtt composé, pour
moitié, de juges français et de juges indigènes, de manière
que les magistrats qui statueront soient de même race que les
parties en cause.
Le tribunal mixte n'a pas seulement pour mission de régler
les oppositions et de statuer sur l'immatriculation et les litiges
mii la précèdent; c'est aussi le protecteur désigné des intérêts
310 LA TUMSIK DEPriS L OCCrPATION FBAXÇAISË
des incapables et des absents. A cet effet, il est investi de pou-
voirs discrétionnaires ; il prend toutes les mesures commandées
par leur intérêt.
Tels sont les principes essentiels qui ont présidé à rorg^iù-.
sation de cette juridiction : elle répond à cette pensée fonds-
mentale qne l'œuvre de constitution de la propriété doit èlre
placée sous la surveillance et le contrôle de l'autorité judi-
ciaire, sans que pourttint la lenteur tutélaire de ses formes
puisse arrêter la prompte exécution d'une entreprise qui , pouf
donner tous ses résultats , doit être conduite avec rapidité.
Après qu'il a été statué sur une demande d'inimatrtculatioil
et sur les litiges qu'elle a soulevés, le conservateur dresse le*
titre de propriété avec les éléments qui lui sont fournis par ]«
sentence du tribunal : l'original du titre est consigné sur oa.
registre déposé h la conservation de la propriété foncière; uu
copie est remise au propriétaire. A partir de ce moment, l'orî--
gine et le point de départ de la propriété sont filés d'une ma-
nière définitive à l'égard de tous; l'immeuble pnrgé de toutes^
les charges réelles occultes peut faire l'objet de transactions
certaines. Il reste à montrer comment la loi a organisé la pu-
blicité des transactions ultérieures.
C'est dans cette partie de la loi du 1" juillet 1885, qu'on s'est
surtout attaché à reproduire tes règles fondamentales de la lé«
gislation australienne. Un principe domine tout le système de 1»
loi nouvelle : la propriété et tes droits réels n'existent , à l'éganl
des tiers, que par le fait de l'inscription.
L'adoption de ce principe entraînait comme conséquencet
certains changements an t^ode civil. Elle nécessitait tout d'abord
une complète extension du système de publicité : tous les acte*
modifiant la condition juridique de l'immeuble devaient être
soumis au principe de l'inscription, les mutations après décâf'
aussi bien que les actes entre vifs. Ainsi disparaissaient touttil
LA COLONISATION ;J11
les exceptions au principe de publicité admises pni" la loi tlu
23 mars 1855.
L'abolition des privilèges ou hypotlièques occultes était une
conséquence inévitnble de la règle nouvelle : aussi la loi snp-
prime-t-elle tous les privilèges, onéreux pour la propriété,
qui perdent leur raison d'être dès qu'ils ne valent plus que par
l'inscription; les hypotlièques occultes sont depuis longtemps
signalées par d'excellents esprits comme incompatibles avec un
bon régime hypothécaire; en les faisant disparaître, la loi se
borne à suivre un exemple donné par plusieurs législations
contemporaines qui ont revisé notre Code civil.
Les hypothèques générales ne pouvaient davantage se con-
cilier avec le système nouveau; son principe même exigeait
que toute hypothèque fût spécialisée. La loi nouvelle consacre,
sans aucune restriction , la règle de la spécialité.
La suppression des hypothèques générales et occultes portait
une grave atteinte aux mesures de protection que notre légis-
lation a cru devoir étabhr au profit des incapables et de la
femme mariée, en créant l'hypothèque légale; il était néces-
saire d'organiser un système de garanties remplaçant celles
qui étaient condamnées i disparaître. La loi belge et les pro-
jets de revision de notre sy.stèmc hypothécaire élaboré en 1850
ont imaginé diverses combinaisons dont la loi nouvelle a d\\
s'inspirer. Au commencement du mariage et de la tutelle, on
détermine les immeubles grevés d'hypothèque et les sommes
jusqu'à concurrence desquelles elle sera prise. Cette hypothè-
que peut d'ailleurs être augmentée ou diminuée au cours du
mariage, selon les circonstances. Grâce à cette disposition, le
crédit du mari ou tuteur n'est pas alourdi par des sûretés réelles
excessives; quant aux incapables, ils trouvent dans ces garan-
ties, réduites i leur juste mesure, toutes les protections légitimes.
L'bypothèque judiciaire devait être profondément modifiée
L
I
312 LA TIKISIK DEI>UtS L OCCUPAT t ON FRANÇAISE
et réduite par l'application du principe de spécialité; il a paru
préférable d'abolir uae iiistitutioa dangereuse pour le crédit,
qui établit . au profit du créancier le plus diligent, une injuste
illégalité et dont la suppression, admise par beaucoup de lé-
gislations , est depuis longtemps réclamée en France.
Lit loi nouvelle ne se borne pas seulement à inodîûer, dans
un sens favorable au crédit , les principes essentiels de la pu-
blicité hypothécaire, elle en a transformé l'organisation pra-
tique. Les actes soumis à la publicité ne sont plus reproduils
intégralement sur le registre des titres de propriété; on se
borne A inscrire leurs dispositions essentielles sur le titre et sur
la copie du titre. Mais, pour permettre de vérifier l'exactitude
des inscriptions et de rechercher toutes les transactions dont
un immeuble a été l'objet, la loi exige que tous les actes sou-
mis à la condition de publicité soient déposés & la conser-
vation; chaque immeuble a son dossier qu'il est toujours facile
de consulter, lorsqu'on veut connaître, avec précision, s«
condition juridique.
La réforme pratique la plus importante consiste à créer, en
quelque sorte, l'état civil de l'immeuble et à lui donner une
individualité juridique indépendante de celle du propriétaire.!
En l'absence d'un plan cadastral d'ensemble, on ne pouvail]
songer, comme en Australie, à désigner chaque immeuble pi
le numéro qu'il occupe sur le plan; mais la coutume loct
fournissait un moyen de combler celte lacune de l'organisati
foncif're. En Tunisie, les domaines ruraux d'une certaine îi
portance ont reçu un nom qui sert à les désigner dans ]
actes et à les reconnaître; ce nom permet d'ouvrir à chaquel
immeuble, dans un répertoire général, une sorte de comp!o]
numérolé où viennent se grouper les extraits de toutes les ii
criptions qui le concernent. On a ainsi un résumé exact des pr
cipaus actes qui ont modifié, depuis l'immatriculation, la
I
LA C0I,0MS.\T10\ 313
ioatioD de l'immeuble. Des tables alptialiéUques coatenant les
noms de tous les titulaires des droits réels ou des baux inscrits à
la conservatiou vieaneiit encore faciliter les recherches rela-
tives à la propriété.
Hais, ce résultat n'est pas le seul que poursuive la loi
du 1" juillet 1885, elle rend les transactions immobilières plus
faciles et moins coûteuses. Le concours des officiers ministériels
cesse d'être nécessaire, puisque tous les contrats, môme celui
d'hypothèque, peuvent être rédigés en la forme sous seing
privé; en outre, le principe de publicité reçoit une extension si
absolue, son organisation est d'une simplicité telle que sans
recourir aux lumières d'un praticien habile, tout homme pru-
dent et quelque peu accoutumé aux affaires pourra aisément
vérifier la valeur des litres dressés par le conservateur et l'éten-
due des droits qu'ils confèrent. Suivant en cela l'exemple de
VAct Torrens, la loi organise un système de copies de litres qui
favorise la mobilisation du sol et le développement des tran-
sactions.
Le propriétaire dont l'immeuble est immatriculé reçoit une
copie de son titre conforme à l'original consigné sur le registre
de la conservation. Comme dan-s le système Torrens, aucune
mention ne peut être faite sut- le titre sans èlre ég'aleraent portée
aur la copie; le titre consigné sur le registre de la conservation
est toujours la représentation exacte de la situation de l'im-
meuble, et la copie qui le reproduit textuellement se trouve
entre les mains du propriétaire de l'immeuble. Les mutations
sont efTectuées par une simple inscription sur le titre et sur sa
copie. Le système de mobilisation, si heureusement expérimenté
en Australie, peut donc s'appliquer en Tunisie dans des con-
dilious identiques et tout aussi favorables.
La loi, pour compléter ce système de niobilisalion du sol,
'avait pas à autoriser par une disposition expresse la transmis-
J
31V
LA TUNISIE DEITIS L OCCrPATtOS FRASÇAISE
sion des créances hypothécaires par voie d'cndossemeot pore-
gistré à la consei'vation. Cette faculté résultait sufQsatnment des
principes généraux de notre droit civil combinés avec les règles
de la loi nouvelle et notamment avec cette disposition que le coo-
Irat d'Iiypotht'qiie peut èlfi- rédigé par acte sous seing privé.
Ajoutons que la suppression des bypotlièques générales et oc-
cultes fait dispnraltrc, pour la Tunisie, l'obstacle principal à la
circulation des titres hypothécaires et, en élargissant le cercle
des préteurs, fournit au crédit foncier de précieuses i-essoiirces.
Tels sont les principes fondamentaux de la loi Qoavelle. On
aura une idée exacte des innovations qu'elle a consacrées si l'oa
ajoute que certaines institutions locales ont été réglementées
dans un sens conforme au but poursuivi. Il suFtira de signaler
les dispositions relatives au droit de préemption [cheffari] si
important dans la Kégence et dont l'abus peut devenir une gène
des plus sérieuses pour les transactions; ce droit a été défini,
son exercice rigoureusement Hraité. Il en faut dire autant de
l'enzel; la nature et la portée en ont été précisées; le droit do
preneur à enzel devient un véritable droit de propriété, sus-
ceptible d'hypothéqué, et procurant au bénéficiaire tous les
avantages attachés au domaine utile. Ajoutons enfin que Tera-
phytéose, le droit de superficie et quelques servitudes admises
par la coutume locale ont fait l'objet de règles précises.
Ces dispositions de détail, comme tes règles de fond précé-
demment exposées, répondent toutes A une pensée unique ; a**
seoir la propriété, développer la sécurité du gage hypothécaire-
et des transactions immobilières et, par lA même, doter la Tu-j
nisie de ces instruments de crédit et de circulation qui sont
comme l'outillage économique nécessaire aux pays neufs et aux
colonies agricoles.
Mise en pratique depuis six ans, l'expérience a montré que
cette œuvre législative donnait satisfaction aux besoins qui l'ont
I
L.i COLOMSATIOS
dictée; elle honore les jurisconsultes qui l'oot codifiée; mais
elle était trop importante, elle repose sur des principes juridi-
ques trop nouveaux pour ne pas contenir certaines lacunesorî-
ginelles, réclamer certains amendements que le temps et l'ap-
plication pouvaient seuls mettre en lumii^re. Plusieurs décrets
modificatifs sont donc intervenus à diverses époques. Mais la loi
encourait toujours un reproche : l'immatriculation représentait
souvent une dépense qui faisait reculer les propriétaires.
Justement préoccupé de cet inconvénient, M. Massicault ins-
titua, en novembre 1890, une Commission chargée d'étudier les
réformes A introduire dans le fonctionnement de la loi. Cette
Commission s'est livrée à un travail approfondi et elle a été
assez heureuse pour réduire les frais d'immalricuiation dans
des proportions considérables pour les petites propriétés, et
très importantes pour les grandes. Sur celles-ci l'économie
atteint environ 25?é . et sur celles-là de 35 à kb%. Elle a réduit
les tarifs, réduit !e nombre des expéditions, supprimé la pré-
sence du.juge de paix et du caïd aux opérations de bornage , etc.
Elle a mis tous les frais à la charge du Trésor, qui se contente
d'un remboursement partiel à raison de 2.5^ environ pour les
petites propriétés, 50^ pour les propriétés moyennes, et 75^
pour les grandes propriétés.
Ce remboursement aura Heu à forfait, d'après un barème',
I. Bartroe Ju ri-mboiirsemciil parliel au Trésor de l'ÉUl, par les propriiHuirei,
des frais d'imnialrliuliiiion :
1° GoatenancËS :
île 0 A 100 hectares 1 fr. |mr lieclarn.
de 100 à âOO hectares 100 fr. et 0 fr. 75 par beclare en plu» its cent
premiers.
de SOO à 1000 hectares 400 fr. e[ 0 fr. 50 par hectare en plus des ciwi
i partir de 1000 lieclares... RM fr. et o fr. 25 par heitjre en plus des mille
2° En pins trot 8 pour mille de la valeur vénale de l'immenble.
Le minimum de la peroeptlon est de 30 francs.
LA TITMISIB DKPmS L OCCCP&TIOS FUMÇAISK
cic sorte que , dorénavant , chaque propriétaire pourra calculer
rt'-s oxactoment à l'avance la dépense qu'il aura à supporter
our placer su propriété sous lu béiiélicc de la loi immobiltèn;.
La Cominissioa ne s'est pas bornée à cette réforme fiscale ; elle
k en môme temps, tantf>t par voie de conséquence, tantôt pour
luieus répondre A l'esprit de la loi, proposé de nouvelles dispo-
sitions qui ont été tout dernièrement sanctionnées à Paris par j
les rainist<^res compétents '. 11 en résulte que prés de quatre-
alant ont reçu une rédaction
t donner ici le texte de la loi
vingts articles ont été al
nouvelle, et j'ai crunéce
mis à jour.
J'y ai joint le décret si
terme est si fréquemment i
regardé comme une formt
offre d'autant plus d'intérêt c
A la reconnaissance topogri
livrer ù la colonisation. A 1'
paiement d'une redevance fixï
que d'uDQ faible somme pourront quand même mettre en va-
leur, devenir en fût propriétaires d'immeubles très impor-
tants-.
1. La loi modificatrice porte la date du 15 mars 18S3 (16 Chaban 1909).
2. V. t. !•', p. 398 è 401.
itrat d'enzel. Ce liail A long
ïn Tunisie, qu'il peut y être
lière du droit de propriété. U
?c moment que l'on procède
lO des biens hablious pour les
de ce système, moyennant le
des cultivateurs ne disposant
LOI
SUR
LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE
DU 19 RHAMDAN 1302 (1" JUILLET 18^)
MODIFIÉE
PAR LES LOIS DU 12 CIIABAN 1302 (16 MAI 1886) ET 16 CIIABAN 1309
(15 MARS 1892)
TITRE I
Des immeubles — De leur immatriculation
Du titre de propriété
CHAPITRE PREMIER
DES IMMEUBLES
1 . Les dispositions de la présente loi ne régissent que les im-
meubles immatricule^ conformément aux prescriptions du cha-
pitre II du présent titre et les droits réels sur ces immeubles.
2 . Les dispositions du Code civil français qui ne sont contraires
ni à la présente loi ^ ni au statut personnel ou aux règles de
successions des titulaires de droits réels immobiliers, s'appli-
quent, en Tunisie, aux immeubles immatriculés et aux droits
réels sur ces immeubles.
3. Les biens sont immeubles, ou par leur nature, ou par leur
destination^ ou par l'objet auquel ils s'appliquent.
r nature.
5. Les moulins à veut ou à t-au, fisûs sur piliers el laisatit
partie du bàtimcnl, sont aussi immeubles par leur aalure.
G. Les récoltes pendantes par les racines, cl les fruits des
arbres non encore recueillis, sont pareillement immeubles.
Dte (|Ue les grains sont coupés et les fruits détacitvs, quoique
n enlcvt'-s, ils soûl meubles.
Si une partie seulement de la récolte est coupée, cette partie
seule est meuble.
7. Les coupes des bois taillis, ou de futaies mises en coupes
régîtes, ne devieiuient meubles qu'au fur et à mesure que les
arbres sont abattus.
8. Les animaux que le proprit^taire du fonds livre au fermier
ou au métayer pour la culture, estimés ou tion , sout censés
immeubles tant qu'ils demeurent attacliés au fonds par l'efïcl
de hi eouvenlion.
Ceux qu'il donne à clieptel l't d'autres qu'au fermier ou mé-
tayer, sont meubles.
9. Les tuyaux servant à la conduite des eaux dans une maîsoa
ou autre immeuble , sont immeubles et font partie du fonds au-
quel ils sont attacliés.
10. Les objets que le propriétaire d'un fonds y a placés pour
le service et l'exploitation de ce fonds, sont immeubles par
destination.
Ainsi, sont immeubles par destination, quand ils ont été
placés par le propriétaire pour le service et l'exploitation du
fonds :
Les animaux attacliés à la culture;
Les ustensiles aratoires;
Les semences données aux fermiers ou colons partiaires;
L«s pigeons des colombiers;
1.01 Sl'R LA PROPRIETE FO.NCItRE
319
I,es lapias des gareunes;
1^5 ruches à miel;
Les poissons des étangs;
Les pressoirs, chaudières, alambics, cuves et tonnes;
Les ustensiles nécessaires à l'exploitation des forges, pape-
teries et auti-es usines;
Les pailles et engrais.
Sont aussi inimcLibles par destination, tous effets mobiliers
que le propnélaiie a altacUi-s au fonds à perpétuelle demeure.
II. Le propriétaire est censé avoir attaché a son fonds des
effets mobiliers à perpétuelle demeure, quand ils y sont scellés
en plâtre ou à ciiaux ou à ciment, ou lorsqu'ils ne peuvent êtrt^
détachés sans Être fracturés ou détériorés, ou sans briser ou
détériorer la partie du fonds à laquelle ils sont attaches.
Les glaces d'un appartement sont censées mises à perpétuelle
demeure, lorsque le parquet sur lw[iiel elles sont allacliées fait
corps avec la boiserie.
Il en est de même des tableaux et auties ornements.
Quant aux slalues, elles sont iiinneublcs lorsqu'elles sont
placées dans une niche pratiquée exprès pour les recevoir, en-
core qu'elles puissent être enlevées sans fractures ou détério-
ration.
1 a. Sont immeubles , par l'objet auquel ils s'appliquent :
Les droits n'eu immobiliers;
I^es actions qui tendent à revendiquer un immeuble.
i3. Les droits réels immobiliers sont : la propriété immobi-
lière, l'enzel et la rente de l'euzel, l'usufruit des immeubles,
l'usage et l'habltalion, l'emphylbéose, la superficie, les servi-
tudes foncières, l'antichrèse, 1rs privilèges et les hypothèques.
i4. Les fonds de terre et les bâtiments sont les seuls immeu-
bles susceptibles d'immatriculation.
i5. Tout droit réel immobiliern'existera, à l'égard des tiers,
(jiic [iiir le fait et du Joui* de sou iiiscriptîoa à la conservalioa
de la propriélé foncière.
iG. LV'xisleiice d'un dioit rcei resullera , à IVgard des liers,
de sou luscriptîon; l'annulaliou de cette doruicre ne pourra,
ïi cas, être opposée aux tiers de boane foi.
ij. Tout bail dépassant une année devra être iascnl, pour
être opposable aux tiers.
CHAPITRE II
DE l'iMMATRICLLATIDN DBS IHHRUBLB5
Dispositions gfinërales
i8. L'Immatriculation a pour objet de placer rimmcuble t\m
y a été soumis sous le régime de la présente loi,
rg. Tous les droits réels existant sur rimmeublc au moment
de l'immatrlculalion sont inscrits sur un litre de propriété, qui
forme leur point de départ unique à l'exclusion de tous droiW
antérieurs.
20. I.>es immeubles Immatriculés ressortiront exclusivement
et d'une manière définitive à lajurldictlondes tribunaux français.
En cas de contestations sur les limites ou les servitudes d'im-
meubles contigns, lorsque l'un d'eux sera immatriculé et que
l'autre ne le sera pas, ta juridiction française sera seule com-
pétente, et il sera fait application de la pn^nte loi.
ai. Il est Institué à Tunis une conservation de la propriété
foncière de la Régence.
I^ conservateur de la propriété foncière est chargé :
1" De l'immairiculation des Immeubles;
a" De la constitution des litres de propriété;
' LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 321
3** De la conservation des actes relatifs aux immeubles im-
matriculés;
4^ De l'inscription des droits et charges sur ces immeubles.
aa. L^immatriculation est facultative.
Peuvent seuls requérir l'immatriculation :
1** I^ propriétaire et le copropriétaire;
a® L'enzélistc et le coenzéliste;
3® Les détenteurs des droits réels énumérés ci-après :
Usufruit, usage et habitation, emphytéose, superficie, anti-
chrèse.
4"* Le créancier hypothécaire non payé à l'échéance huit
jours après une sommation infructueuse.
5^ Avec le consentement du propriétaire ou enzéliste ou
copropriétaire ou coenzéliste, les détenteurs des droits réels
énumérés ci-après : servitudes foncières , hypothèques.
Les frais de l'immatriculation seront , sauf convention con-
traire, supportés par le requérant.
En cas de saisie immobilière ou de Hcitation, il est procédé
conformément au Décret sur les ventes immobilières poursuivies
devant les Tribunaux français * .
Toutefois, le copropriétaire et le coenzéliste non requérants
ou leurs créanciers hypothécaires pourront , par voie d'opposi-
tion , demander qu'il soit sursis à l'immatriculation jusqu'à ce
qu'ils aient fait procéder au partage ou à la licitation des im-
meubles indivis.
Dans ce dernier cas, l'art. 2 du décret sur les ventes immo-
bilières devant les Tribunaux français n'est pas applicable.
1. Voyez à la suite de la loi (page 397) ce décret en date du 16 mars I892.
LA Tum8ii. — T. II. 21
LA TLSrSIK DEPUIS I. OCCOPATIOS FHANÇ.\I5E
SECTION II
De la procédure d'immatriculatloi
S 1
- De la dêclarntioH
a3. Tout retiuci-ant l'imniatriculallon remet au conservateur
(le la propriété i'oncière , qui lui en donne récépissé , une décla-
ration signée (te lui ou d'un fondé de pouvoirs muni d'une pro-
curation spéciale et contenant :
1" Ses noms, prénoms, surnoms, qualités, domicile et éut
civil; I
2" Élection de domicile dans une localité du territoire luai
sien ;
3" Description de l'immeuble portant : déclaration de sa
valeur vénale et de sa valeur locative; indication de la situation, 1
c'est-à-dire de la circonscription de justice de pai\, du caïdat,
de la commune ou du territoire, de la eoiitenanee, de la i-ueet'
du numéro, s'il s'agit d'un immeuble situé dans une ville, di|
nom sous lequel il sera immatricule, de ses tenants et aboi^'
tissants, ainsi que des constructions et des plantations qui petF
vent s'v trouver;
4" Le détail des droits i-éels immobiliers existant sur l'ini
meuble avec la désignation des ayants-droit.
Cette pièce est établie en arabe et en français et la traducliol
est cerliliée conforme par un des interprètes assermentés, Ub
règlement spécial 6xera le tarif des traductic
Dans le ras ou le requérant ne peut ou ne sait signer, le
conservateur de la propriété foncière est autorisé à signer «n
son nom la réquisition d'immatiiculatiun.
Le requérant dépose , en même temps , que la déclaration en
arabe et en français certifiée par l'interpi-ète assermenté, tous
A
PROPKIKTE FONCIËRE
333
les litres de propt'iélé, contrats, actes publics ou privés, vl
documents quelconques, avec leur traduction, également certi-
fiée comme il est dit ci-dessus, en françaii^et en arabe, de nature
à faire connaître les di-oîls réels existant sur l'immeuble.
En ce cjui concerne les titres de propriélé, le dernier acte de
cliaque titre doit ôuv traduit in exCeiiso. Pour les autres actes
contenus dans lo tilrc ou pour tout autre écrit produit, la
traduction llttéi'alc peut êtie remplacée par un i-elevc som-
maire de tous les actes ou écrits établi conformément aux près-
triptiiiiis d'un règlement à intervenir. Le Tribunal mixte, au
cours de la procédure en immatriculation, pourra toujours, soit
d'ofÏÏee, soit sur la demande dos parties, ordonner la traduction
in extenso totale ou partielle des titres produits.
]>s tiei-s détenteurs des titres et documents dont il est ques-
tion ci-dessus, sont tenus, sous peine de tous dommages-intérêts,
de les déposer dans les liuit jours qui suivent la sommation à
eux faite par le reipiérant l'immatriculation, enli-e les mains du
conservateur qui leur en délivre un récépissé sans frais.
I^e conservateur adresse les titres et documents au traducteur
usser mente désigné par le requérant rïmmalriculation.
Ce dernier paye directement à l'interprète les fiais de la tra-
duction.
Il est interdit à l'interprète de communiquer à qui que ce soit
les documents ou la traduction.
\ji-i pièces accompagnées de la traduction sont remises direc-
tement, par l'interprète, au conservateur qui en fait l'usage
prescrit par l'article 3i de la présente loi.
Après décision du tribunal mixte, le conservateur remet au
déposant, en échange du récépissé dont il est parlé plus haut,
soit les litres communiqués s'ils ne doivent pas être conservé»
au dossier de l'immeuble, soit, au cas contraire, copie de
32i LA TISISIK ItEPtJIS I. OCCUPATION FRANÇAISE
Les frais des copies seront, le cas écliéant, avanci-s par li
personne ({uî les tleinandera , sauf son recours contre le retjui'--
raot l'immatriculation.
34- I^ requérant déposera, en même temps, une somiiK
/■gale au montant présumé des frais d'immatriculation, ainsi
(ju'ils seront déterminés par un règlement ultérieur.
;> :2. — Des publications, du bornarje et du plan
■i'}. Dans le plus hiff délai possible après le dépôt de la ri>
quîbition et au plus lard dans les dix jours , le conservateur fait
insérer au Journal officiel français et arabe, un entrait du texte
de celte réquisition.
Il envoie au chef du service topograpliique, au juge de paix
du canton et au caïd du territoire dans lequel se trouve l'im-
meuble, un placard, extrait du Journal officiel reproduisant
celte insertion. Le juge de paix et le caïd lui accusent rt'ception
de cette pièce.
Dans les 4^^ lieures, le juge de paix l'iiflicbe en son auditoire
oii elle reste jusqu'à l'expiration des délais fixés par l'article
■i-] ci-après; le caïd fait publier l'extrait de la réquisition dans
les marcbés de son territoii-e.
sG. Dans les quarante-cinq jours qui suivent cette insertion,
le cbef du service topographique, après avoir prévenu le clieikii
par l'iulermédiaire du contrôleur civil, délègue un géomètre
assermenté pour procc<der au bornage provisoire de l'immeuble,
en présence du re{|uéraut riminatriculaLÎon ou lui dûment ap-
pelé, sans s'arrêter aux protestations qui peuvent se produire,
et qui sont toujours consignées au procès- verbal. L«s revendi-
cations qui se manifestent au coui-s des opérations sont bornées
sur le terrain.
La date fixée pour le bornage est portée à la connaissance du
LOI SUR LA PnOPRItTE FOKCItRË
325
public au moins vingt joui-s à l'avance et le procès-verbal tie
bornage constate les diligences faites à cet effet.
La date dv lu clôture est publiée sonimaircmcnl au Journal
officiel arabe et fiançais.
■ Le procès-verbal de bornage provisoii-e est remis par le chef
du service topograpliique au conservateur de la propriété
foncière.
27. Le procès-verbal de l'opiTatioii du bornage mentionne
les oppositions formulées par les tiers intervenant au cours de
cette opération.
A partir du jour de l'insertion au Journal officiel de l'avis
prescrit par l'article a5, jusqu'à l'expiration d'un délai de deux
mois à dater de l'insertion au Journal o/yiciel de l'ù\is de clôture
du procès-verbal de bornage, les oppositions à l'immalricula-
tton et les réclamations contre le bornage sont reçues par le
conservateur de la propriété foncière , le juge de paix ou le caïd,
Ie5(]ucls en dressent procès-verbal et le signent avec les parties.
Si les parties no savent ou ne peuvent signer, mention expresse
en est faite au procès- verbal.
Les oppositions peuvent également être formées par lettres
missives adressées au conservateur, au juge de paix ou au caid.
ïjes oppositions rerues par le conservateur et le juge de paix
sont menliounéesà leur date sur un registre coté et paraphé par
le Président du tribunal mixte.
Les oppositions reçues par le caïd sont mentionnées sur le
i-egisire dont la tenue est prescrite par le Décret du 6 rabiâ-
et-tani I2g'i.
H a8. A l'expiration du ddar imparti aux oppositions par l'art,
mS'j, le juge de paix et te caïd envoient au conservateur de la pro-
priété foncière :
1° r^s procès-verbaux et pièces relatifs aux oppositions por-
tées devant eux, sinon uu certificat nt'gatîf.
:)36
LA TCNISrE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
2" Les certificats coiistatuut l'aicoinplisseinent des fonnaliti
«l'affichage à la justice de paix ot de publications dans \tt
tnsrclu-s.
29. I-e chef du service (opographique est tenu de n;metlre
au conservateur de la piopriété foncière, dans ua délai de Iroipi
mois à dater de rinserlîon au Journal officie/ de l'avis d&
olôtun- du procès-verbal de bornage, un plan de l'immeuble,
dressé conformément à ce bornage, si-lon le système métrique,
par (in géomètre assermenté.
Le mode d'établissement et les frais du plan font l'objet d'un
l'èglement spécial.
:io. Les délais prescrits ci-dessus, soit pour le liornage, s
pour le dépôt du plan, pourront être prorogés exceptioanetle-
ment par une onloiinanee molivce du Pit'-sident du tribunal
mixte institué ci-après, auquel est attribué à ce sujet un pou-
voir d'appréciation discrétionnaire,
I>es demandes de prolongations de délai devront toujoun
être formulées dans les délais légaux.
1; ;t. — Des incapabUi et non présmla
3i. En même temps qu'il envoie au caid el au juge de paii
les placards l'epioduisant l'insertion uu Journal officiel,
conservateur adresse au greffe du tribunal nii\tc l'original <
cette réquisition, ainsi que les titres et pièces déposés ii l'upptl
de cette déclaraliou. Le Président désigne immédiatement 1
juge de ce tribunal pour procéder aux enquêtes et rapport t!
les conditions ci-après déterminées.
Ce juge, outre les obligations qui lui sont imposées par l'ai
tlcle l\i ci-après, a pour mission de veiller pendant le cours i
la procédure en immatriculation à ce qu'aucun droit inmiol»
lier des incapables ou des personnes non présentes dans la RÀ
LOI SUR LA PBOPRtKTI^ KOKCIKRE 327
geiicc, ne soit Itisé; et à cet effet, îl procède à loules vérifica-
tloas et coquêtes iiôcessaires. Les pouvoii'S qui lui sont conférés
dans ce cas sont discrétionnaires.
Sur la demande du juge rapporteur, faite dans l'intérêt d'in-
capables ou de non présents, le Président du tribunal mixte
pourra, dans les conditions établies par l'article 3u, accorder
une augmenlatiou de délai à l'elTel de former opposition en leur
nom à une immatriculation. Avis sera donné de cette proroga-
tion aux fonctionnaires charges de recevoir les oppositions,
3a. Pourront toujours, dans les délais des articles i!} à 3o,
former directement opposition , au nom des incapables ou non
présents, les tuteurs, représentants légaux, parents ou amis, le
Procureur de la République, les juges de paix et les radis.
I
SiCCTION m
Des oppositions A l'immatriculation
sj 1. — Composition du tribunal mixte
33. Les pièces envoyées par le caïd et le juge de paix ton-
fonnément à l'article a8 ci -dessus seront transmises par le
conservateur avec les oppositions formées directement entre ses
mains, au greffe d'un tribunal mixte composé d'un président,
de six membres et d'un greffier, uommés par S, A. te Bey. ïje
Président du tribunal mixte sera un magistrat fran(;;ais, nommé
sur la proposition du Ministre Résident de France à Tunis. Les
membres seront proposés, trois par le tribunal français, trois
par leCliarà, ou à sou défaut par le Gouvernement tunisien.
Le greffier sera nommé sur la proposition du tribunal français.
Le conservateur transmettra également au greffe de ce tri-
bunal, dès qu'il lui sera remis, le plan déposé en exécution de
l'article 20 ci-dessus.
328
LA TfMSlK
■VIS h OCCUPATION VRAXÇAISS
54- l'Orsfju'il o'y aura (jui; des justiciables du tribunal fran-
çais en canse, la clianibrt> qui statui-ra, sera composée de trois
magistrats fraudais ;
Lorsqu'il n'y aura que des Tunisiens eu cause, la cliambre
qui statuera sera composée de trois magistrats tunisiens;
Et lors(|u'il y aura en cause des Justiciables du tribunal fran-
çais et des tunisiens, la cliambre saisie sera une cliambre
mixte, composée de deux magistrats frant^-ais et de deux ma-
gistrats tunisiens, sous la piésidcjice obligatoire du Président du?
tribunal mixte ou de son délégué.
Si des conflits surgissaient relativement à la compétence des
diverses chambres du tribunal mixte, ces conllils seraient Iran-
elles souverainement par une décision du tribunal, toutes cham-
bres réunies.
i
g 2. — Compétence el pouvoirs du tribunal mUte
35. Les contestations actuellemenl pendantes resteront sou-
mises aux tribunaux qui en sont saisis, et l'immatriculalion -d
sera suspendue jusqu'à décision de ces tribunaux.
A partir de la promulgation de la présente loi, toute per-
sonne citée pourra, avaot toute défense au fonda la cilatioOf
et par raccompIissemeuE des formalités prescrites par les art.
aS et 2/| ci-dessus, dessaisir le tribunal compétent , à condition
qu'elle suive sur sa demande eu iinmatricuiation.
36. Dans le cas où une opposition à une immatriculation^
requise par im Justiciable des tribunaux français, serait formée
par un justiciable de ces mêmes tribunaux, il sera loisible à t
dernier de la porter devant la juridiction française, pourvu
qu'il le fasse avant toute défense au fond devant le tribunal
mixte et pourvu que l'Instance soit fondée sur un droit existant
entre ses mains avant l'insertion au Jcurnul officiel de la dé^
claration d'immatriculation.
LOI Sim LA PROPRItTÉ FO\CIÈRE
Auquel cas, le Iribunal mixte
[1 statuer sur
i'ailm
sibilîté de la domande à fin A'
cision , passée en forci- de clio
imatriculalion, jusqu'après dé-
juge, du tribunal compétent.
3y. Les décisions du tribunal mixte m* seront susceptibles
d'aucune opposition, appel ou recours quelconque.
T,e tribunal statuera au fond sur toutes les contestations
autres que celles prévues au [" alinéa de l'article 35 et à l'ar-
ticle 36. 11 prononcera l'admission ou le rejet, en tout ou en
partie, de l'immatriculation et ordonnera, en cas d'immatricu-
lation, l'inscription des droits réels dont il aura reconnu l'exis-
tence.
En cas de rejet, les parties seront renvoyées à se pourvoir
devant la juridiction compétente.
38. Toute personne dont les droits auraient été lésés par
suite d'une immatriculation ou d'une inscription, n'aura jamais
de recours sur l'immeuble , mais seulement , eu cas de dol , une
action persoimelle en donimiiges-intércts contre l'auteur du dol.
Les ftrt. içi et ^o sont ahrogt's.
'l I . Le greffier remet au juge rapporteur commis par le Pré-
sident du tribunal mixte, couformément à l'article 3i , les
pièces que lui aura transmises le conservateur en vertu des ar-
ticles 3i et 33.
Ce magistrat fournit au clief du service topograpliique tous
les renseignements nécessaires pour le mettre à même de pro-
céder au bornage et lui communique au besoin les titres de pro-
priété qu'il serait utile de consulter. Il met les opposants en
demeure de lui faire parvenir leur requête introductive d'ins-
tance dans un délai de quinze jours augmenté des délais de
distances en vigueur en Tunisie près de la juridiction française.
Si, dans ce délai, la requête introductive d'instance n'est
pas produite, le tribunal déclare la réclamation décime.
I^ requête introductive d'instance doit contenir, indépen-
i TCMSll^ DEPUIS LOCCUPATIOX FRA>ÇAtSE
(liiiiiiiieiit (l'une cleotioii de domicile à Tunis, Ions les mo^ei
invoqués par le rcclamant ft «tre accompagnée des pîi'ces
Tappui, avec leur Iraduclion en arahe et en Français, corlifiû
comme îl est dit à l'article 33. Le rapporteur invite le requé'
raut l'inimalriculaiion à vn pi-entlre connaissance au grt-Efe du
tribunal niixle, sans déplacement, et à répondre par écrit dan»
un dclai déterminé.
Après le rapport qui est fait sur chaque affaire par le juge
commis, les parties, si elles en onl fait la demande par écrit,
peuvent présenter, soit en personne, soit par maudataire, leurs
observations verbales, sur les points seulement qui auront été
développés dans les requêtes ou mémoires.
Peuvent seul» être cliolsis comme mandataires : les avocats
défenseurs , les avocats membres du barreau français et tes per-
sonnes admises à représeuter les parties à i'Ouzara.
I.<s parties sont averties, Imll jours au moins à l'avance, du
jour oii l'affaire sera appeltv en séance publique.
Les notifications à faire aux parties intéressées par tes magis-
trats, fonctionnaires et officiei-s ministériels en matière d'im-
inatriculatton et d'inscription sont faites administrattvemeat
par l'intermédiaire des contrôleurs civils, des présidents de
municipalités ou des calds qui en retirent un récépissé et l'a-
dressent à l'auteur de la nolification. Une minute de cette noti-
licatton el l'accusé de réception sont joints au dossier <le cha-
que immeuble.
Les notifications à faire en pareille matière par les parties
aux magistrats, fonctionnaires et officiers ministériels, peu-
vent être faites jjar lettres recommandées à la poste.
Celles que les parties se font entre elles sont remises aux
grefiiers qui procèdent admiaistrativement par les intermédiaï*
res indiqués ci-dessiis.
43. Toute demande en immatriculation fait l'objet d'une d^
J
cisioQ du tribunal mixte rendiio en audlenct^^ publiijiie, après
délibéré hors la présence des parties, et qui statue sur son ad-
missibilité totale ou partielle, fait rectifier le bornage et le plan,
s'il y a lieu, et relate les inscriptions à porter sur le titre de
propriété.
Elle est signée par tous les membres qui y ont pai-ticipû et
classée aux minutes du greflé. Tout le dossier est renvoyé au
conservateur de la propi'iété foncière.
IjCs parties i-eçoivent du grelle l'avis (le la décision du tri-
bunal mixte.
I^ conservateur procède ù l'immatriculation sur l'expédition
conforme de la même décision qui lui est délivrée par le grcf-
lîer, après avoir été contresignée par le Président du tribunal
mixte.
L'immatriculation n'est effecluée qu'après recliGcation du
bornage et du plan, s'il y a lieu.
Le conservateur annule et annexe à ses archives, comme
il est dit à l'article 5o, les anciens titres de propriétés produits
à l'appui de la réquisition d'immatriculation.
Toutefois, si ces titres coacernent, outre la propriété imma-
triculée, un inuneuble distinct de cette propriété, le conserva-
teur remet aux parties le titre commun, après y avoir apposé
une mention d'annulation relative à l'immeuble immatriculé.
Cette mention est établie en langue française et signée par le
conservateur; elle est suivie de sa traduction en arabe certifiée
par un interprète assermenté.
En même temps qu'il procède à l'immatriculation d'un im-
meuble, le conservateur inscrit les droits réels immobiliers exis-
tant sur cet immeuble, tels qu'ils résultent de la décision du
tribunal mixte.
Les parties du domaine public comprises dans un immeuble
(nmatriculé ne sont pas assujetties à l'immatriculatioa et les
33Î L-% TmSIE DEPUIS L'occtrpATiox nuïCCAISS
(li'oils qui s'y appliquent subsistent indépendamment de loule
insci-iplion .
43. Les frais des instances devant te tribunal mixte et devant
les autrfs juridictions sont supportés par la partie qui succombe.
Il n'est passé vn Inxc, pour li'S contestalious devant le tri-
liunal mixte, que les Irais des sîgniBcations s'il y a lieu.
lorsque le tribunal mixte aura ordonne une mesure prépara-
toire telle qu'expertise, enquête, descente sur les lieux, de na-
ture à occasionner des frais, le Président du tribunal mixte
fera une évaluation approximative de ces frais; le montant de
celle évaluation devra être déposé, préalablement à l'opératloa
urdonut'e, entre les mains du conservateur de la propriété
foncière par le requérant l'immatriculation.
L'opération terminée, les frais de cette opération seront dé*
finilivement taxés [>ar le Président du tribunal mixte,
conservateur payera à qui de droit d'après cette taxe.
CHAPITRE m
DU TITBB DR rBOPRIÉTÉ
KECTION I
De rétablissement du titre de propriété
44- Cliaque immatriculation donne lieu à l'établissement ^s
par le conservateur de la propriété foncière, d'un litre en lan-l
gue française comportant la description de l'immeuble, sa coa-i
tenance, les plantations et constructions qui s'y trouveut
l'inscription des droits réels immobiliers existant sur l'immeuble!
et des charges qui le grèvent.
I^e plan y reste annexé.
Chaque litre de propriété porte un numéro d'ordit
45. I^es titres de propriété seront établis sur un registre doaU
la forme sera réglée par l'administration.
LOI SIR LA PROPRIKTE FONCIERE 333
46. Lors(]ii'iiti immeuble est flivisé soit par suite de ciômcm-
bi'cmenl, soit par suite de partage, il est procédé au bomag»;
de chacun des lots par un géomètre assermenté qui rapporte
cette opération sur une expédition du plan. II est établi un titre
et un plan distincts pour chacune des divisions de l'immeuble.
Toutefois, en cas de mutations partielles, il n'est pas néces-
saire d'établir un nouveau titre pour la partie de l'immeuble
qui, ne faisant pas l'objet d'une transmission, reste en posses-
sion du propriétaire.
Le titre déjà délivré et le plan qui y est joint peuvent être
conservés après avoir été revêtus des mentions utiles.
47- Le titre de propriété et les inscriptions conservent le
droit qu'ils relatent, tant qu'ils n'ont pas été annulés, rayés ou
modifiés.
4^- Loi'sque le titre de propriété sera établi au uom d'un
mineur ou de tout autre incapable, l'âge du mineur et la nature
de l'incapacité seront indiqués sur le litre.
Lorsque l'état de minorité ou d'incapacité aura pris fin, le
mineur devenu majeur, ou l'incapable, devenu capable, pourra
obtenir la rectification de son titre.
4g. Lorsque le titre de propriété sera établi au nom 'l'une
femme mariée, qui, d'après son statut persoimel, n'aurait pas
la libre administration de ses biens, mention de cet état sera
faite sur le litre. Lorsque la femme reprendra la libre adminis-
tration de ses biens, elle pourra obtenir la modification de son
titre.
5o. Lorsque le conservateur établira un nouveau litre de
propriété, il annulera le précédent, en y apposant une mention
spéciale d'annulation signée de lui, avec le timbre de la conser-
vation et uue griffe d'annulation apposée sur toutes les pages.
Il annulera de la même façon la copie et la conservera dans ses
^^^lives.
1
L.\ Tt'MSIK URPnS L fHLCUPATIOX FRAKÇAISK
SECTION II
D«s copies des titres de propriété
5i. Tout propriétaire ou onzelïsle
l'exclusloa de tous
mplète du titre de
autres, aura droit û une copie exacte et (
propriété.
Cette copie sera nominative et le cooservaleur en certifitTa
l'autlienticité en y apposant sa signature et le timbre de la con-
servation.
Les autres intéressés n'auront droit qu'à la délivrance de
cerlilirals d'inscription.
5a. Lorsque deux ou plus de deux personnes seront proprié-
taires indivis d'un immeuble, des duplicata authentiques du
litre de propriété seront délivrés au nom de lous les propi
laires indivisément et à chacun d'eux.
SECTION III
Des oppoaitlona conaeirvatolres
53. Toute demande tendant à faire prononcer l'annulatioo
ou la modification de droits réels immobiliers pourra être men-
tionnée sommairement sur te titre avant d'être portée devant le
tribunal. Cette inscription devra être autorisée par ordonnance
du Président, rendue sur rei|uéle et à charge de lui en réft^rer,
I>ii validité des inscriptions ultérieures restera subortionut'f it
la décision judiciaire.
5.^. Si la demande n'a pas été inscrile, le jugement n'aura
d'effet, vis-à-vis des tiers , qu'à dater (lu jour de son inscription.
55. Tout commandement à fin de saisie immobilière pourra
cire signillé au conservateur de la propriété foncière qui l'ina-
crira sur le litre. A partir de cette signification, aucune inscrip-
tion nouvelle ne pourra être prise sur l'immeuble pendant le
cours de l'instance en expropriation ou licitation.
3
LOI àUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 335
TITRE II
De la propriété immobilière
56. La propriété Immobilière est le droit de jouir et disposer
d'un immeuble par nature ou par destination de la manière la
plus absolue , pourvu qu'on n'en fasse pas un usage prohibé par
les lois ou par les règlements.
57 . Nul ne peut être contraint de céder sa propriété , si ce
n'est pour cause d'utilité publique et conformément aux lois
tunisiennes en vigueur sur les expropriations.
58. La propriété d'un immeuble donne droit sur tout ce
qu'il produit y et sur ce qui s'y unit accessoirement, soit na-
turellement , soit artificiellement.
Ce droit s'appelle droit d'accession.
CHAPITRE I
Dl' DROIT d'accession SUR CE QUI EST PRODUIT PAR l'iMMEUBLE
59. Les fruits naturels ou industriels de la terre;
Les fruits civils;
Le croit des animaux ,
Appartiennent au propriétaire par droit d'accession.
60. Les fruits produits par l'immeuble n'appartiennent au
propriétaire qu'à la charge de rembourser les frais des labours^
travaux et semences faits par des tiers.
Gi. Le simple possesseur ne fait les fruits siens que dans le
336 LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
cas OU il possède de bonne foi; dans le cas contraire, il est tenu
de rendre les produits avec Timmeublc au propriétaire qui le
iwendique.
()2. Le possesseur est de bonne foi quand il possède comme
propriétaire, en vertu d'un titre dont il ignore les vices.
Il cesse d*étre de bonne foi du moment où les vices de sa
possession lui sont connus.
(JHAPITRE II
DU DROIT d'accession SUR CE QUI s'UNIT ET s'iNCORPORE
A l'immeuble
G3. Tout ce qui s'unit et s'incorpore à l'immeuble appartient
au propriétaii*e, suivant les règles qui seront ci-après établies.
G/|. La propriété du sol emporte la propriété du dessus et du
dessous.
I^e propriétaire peut faire au-dessus toutes les plantations
et conslriiclions qu'il juge à propos, sauf les exceptions établies
au Titre NUI de la présente loi.
1! peut faire au-dessous toutes les eonstruclions et fouilles qu'il
jugera à propos, et tirer (K* res fouilles tous les produits qu'elles
peuvent fournil", sauf l(»s modiliealions résultant des lois et règle-
nuMits relatifs aux mines, aux objets d'art et d'antiquité, et des
lois et règlenienls de police.
(V). Toutes conslruclious, planlalions et ouvrages sur lui ter-
rain ou dans TinliMMeur, sont présumés faits par le proprié-
taire à ses frais et lui appartiîuir, si le contraire n'est prouvé.
06. Le propriétaire du sol qui a fait des constructions, plan-
tations et ouvrages avec des matériaux (jui ne lui appartenaient
pas, doit en paver la valeur; il peut aussi être condamné à des
LOI SUR I.A PROPRIKTK FU.VCIÉIIK
Dimages et inU^rêls, s'il y .1 Heu; mais le propriêlaire des ma-
( n'a pas le droit de les enlever.
67. Lorsque les plantations , conslructîons et ouvrages ont été
faits par uu tiers et avec ses matériaux , le propriétaire du fouds
a le droit ou de les retenir, ou d'obliger ce tiers à les enlever.
Si le propriétaire du fonds demande la suppression des plan-
tations et constructions, elle est aux frais de celui qui les a
faites, sans aucune indenmité pour lui; il peut même être con-
damné à dos dommages et intérêts, s'il y a lieu, pour le pré-
judice que peut avoir éprouvé le propriétaire du fonds.
Si le propriétaire préfï;re conserver ces plantations et cons-
tructions, il doit le remboursement de la valeur des matériaux
et du prix de la main-d'œuvre , sans égard à la plus ou moins
grande augmentation de valeur que le fonds a pu recevoir.
Néanmoins, si les plantations, constructions et ouvrages ont été
faits par un tiers évincé , qui n'aurait pas été condamne à la res-
titution des fruits, attendu sa bonne foi, le propriétaire ne
pourra demander la suppression desdits ouvrages , plantations et
constructions; mais il aura leclioix, ou de rembourser la valeur
des matériaux et du priv de la main-d'œuvre, ou de rembourser
une somme égale à celle dont le fonds a augmenté de valeur.
G8. Les atterrissements et accroissemenis qui se forment suc-
cessivement et imperceptiblement aux fonds riverains d'un
fleuve ou d'une rivière s'appellent alluvion.
L'alluvioo profile au propriétaire riverain, à la charge de
laissiïr le marcliepied ou chemin de lialage, conformément aux
règlements.
G9. Il en est de même des relais que forme l'eau courante
qui se retire insensiblement de l'une de ses rives en se portant
sur l'antre; le propriétaire de la rive découverte profite de i'al-
luvion, sans que le riverain du coté opposé y puisse venir ré-
, clamer le terrain qu'il a perdu.
Ch tk TLMalE. —
338
LA TCSISIE DRPUIS L OCCUPAT 10 S KRA.XÇAISE
Ce droit n'a pas lieu à l'égai-d des reluis de la iiici-.
-o. L'alluvion n'a pas lieu â IVgiird des étangs doDt le pra
prictaii'p conserve toujours le terrain C[ue l'can couvre quao
elle est à la liautcur de la déchaîne de l'élaug, encore que il
volume de l'eau vienne à diminuer.
Kéeiproqiienient le propriétaire de l'étang n'acquiert aucui
droit sur les terres riveraines que son eau vient à couvrit
des crues extraordinaires.
^1. Si un fleuve ou une rivière, navigable ou non, enlèi
par une force subite une partie considérable et recouitaissaUi
d'uti cbamp riverain et la porte vers un ciiamp inférieur ou i
la rive opposée, le propriétaire de la partie enlevée peut i
clamer sa propriété; mais 11 est tenu de former sa demande dans
l'année : après ce délai , il n'y sera plus recevable , à moins c|u6
le propriétaire du cbamp auquel la partie enlevée a été i:
n'ait pas encore pris possession de celle-ci.
^2. Les îles, îlots, atterrissenients qui se forment daus le lit des
fleuves, des rivières ou des cours d'eau, appartiennent à l'Etat
7'i. Si un cours d'eau , une rivière ou un fleuve, en se fonnuoi
un bras nouveau , coupe et embrasse le cbamp d'un propnélain
riverain et en fait une île, ce propriétaire conserve la propriété
de son cliamp.
-4- Si un fleuve ou une rivière se forme un nouveau coui
en abandonnant son ancien lit, les propriétaires des fonds nou^
vellement occupés prennent, à titre d'indemnité, l'ancien
abandonné chacun dans la proportion du terrain qui lui a
enlevé.
^5. I^s accroissements ou modiCicalions d'un immeuble psi
l'un des moyens énoncés dans les articles 68, 69, 71 et ^4 c*
des$us, peuvent donner lieu à la reclificalion du titre de pn
priété, du bornage et du plan.
Elle sera autorisée par le tribunal de la situation de l'i»
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 339
meuble, sans quUI soit nécessaire d'accomplir les formalités
prescrites par le Chapitre II du Titre I de la présente loi.
Il sera procédé de même pour la rectification d*un chemin
public bordant ou traversant une propriété immatriculée si cette
rectification entraîne l'incorporation à ladite propriété de ter-
rains provenant du Domaine Public.
76. Les pigeons, lapins, poissons, qui passent dans un autre
colombier, garenne ou étang, appartiennent au propriétaire
de ces objets, pourvu qu'ils n'y aient point été attirés par
fraude et artifice.
CHAPITRE III
DU DROIT DE PRlÉEMPTION
77. La préemption est le droit reconnu à tout copropriétaire
indivis d'un même immeuble, h tout cohéritier sur les immeu-
bles delà succession, atout copropriétaire divis d'une maison
d'habitation, au superficiaire pour l'acquisition du sol et au pro-
priétaire du sol pour l'acquisition de la superficie, d'acquérir
la portion vendue à un tiers , en se substituant à cet acquéreur^
iTioyennant le remboursement du montant de la vente avec le
prix des améliorations et les loyaux coûts du contrat.
78. Ce droit sur un même immeuble s'exercera, par voie de
préférence , dans l'ordre suivant :
I** Le propriétaire du sol vis-à-vis du superficiaire et réci-
proquement ;
2** Les cohéritiers ;
3* Les copropriétaii^es divis ou indivis.
Pour ces deux dernières catégories, celui qui a la part la plus
considérable sur l'immeuble sera préféré à celui qui a une part
moindre.
3i0 LA TUNISIE DEPUIS l'OCCUPATION FRANÇAISE
Ëii cas d'égalité, le sort décidera entre ceux qui veulent béné-
ficier de la préemption.
79. S'il y a contestation sur l'importance de leur part, le Pré-
sident du tribunal , sur ordonnant , la fera déterminer par un
expert .
Ia: tirage au sort, en cas d'égalité , se fera devant le greffiiT
du tribunal qui en dressera procès-verbal.
80. Le cohéritier, le copropriétaire, le propriétaire du sol ou
le superdciaire (jui voudra exercer la préemption , devra en faire
une notification à l'acquéreur de l'immeuble dans le délai de hui-
taine augmenté du délai des distances, sans que ce délai puisse
jamais être supérieur à deux mois, à partir du jour où ils auront
eu connaissance de la vente, avec offres réelles de remboursera
Tacciuéreur son prix d'aapiisition ainsi que le prix des amélio-
rations et tous les loyaux coûts accessoires.
Passé ce délai , ils seront déchus de l'exercice de ce di*oit.
81. L'acquéreur, après inscription de son droit, pourra no-
tifier son contrat d'acquisition à tout ayant droit à la pn^mp-
tioii , qui en sera déchu s'il ne l'exerce dans le délai de hui-
taine à |)artir de celte notification, comme il est dit à Tarticlo
précédent.
82. Le droit de préemption se prescrit dans tous les cas |)ar
six mois à partir du jour de la vente.
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE Ski
TITRE m
De l'enzel
83. L'enzel est une propriété foncière grevée d'une rente per-
pétuelle.
84- T>e montant des arrérages doit être inscrit avec le droit
lui-même.
85. Les arrérages se prescrivent par cinq ans.
86. En aucun cas le crédit rentier ne pourra, à moins de con-
vention contraire y être contraint à recevoir le remboursement
de sa rente.
87. Il a sur Pimmeuble tenu à enzel un privilège pour le
payement de sa rente, et le droit suit l'immeuble en quelque
main qu'il passe.
88. En cas de non payement de la rente par le débit rentier,
il peut poursuivre la vente de l'immeuble tenu à enzel pour
avoir payement des arrérages échus.
89. En cas d'insuffisance du prix de vente, l'enzeliste (débit
rentier) ne sera tenu personnellement que des arrérages des
deux dernières années qui pourront être dues.
3i2 LA TUNISIE DEPUIS L*0CGUPAT10N FRANÇAISE
TITRE IV
De rusufiruit des immeubles
()0. L'usufruit immobilier est le droit de jouir d'un immeuble
dont un autre a la propriété comme le propriétaire lui-même,
mais II la charge d'en conserver la substance.
91. L'usufruit est établi par la loi ou par la volonté de
riionime.
92. L'usufiiiit peut être établi, ou purement, ou à certain
jour, ou à condition.
r)'3. Il (l'usufruit) peut être établi :
i" sur la propriété immobilière;
2" sur TenzA;! ;
3*^ sur la rente de Tenzel ;
]" sur rcinpiiyléose pour le temps de sa durée;
i)" sur la superficie;
()" sur l'antichrèse;
r"^ sur les livpc^thèques.
SECTION II
Des droits de Tusufruitier
()'|. L'usufruitier a le droit de jouir de toute espèce de fruits,
soit naturels, soit industriels, soit civils, que peut produire
riinnuîuble dont il a l'usufruit.
c)j. Les fruits naturels sont ceux qui sont le produit spon-
1.01 SLR I.A PROPniKTE FONCIÉRK
tané de la tern^ Le produit et le croit des animaux' sont aussi
des fruits naturels.
96. Les fruits industriels d'un fonds sont ceux qu'on obtient
par la culture.
gy. Les fruits civils sont les loyers des maisons, les prix des
baux à ferme, les arrérages de la rente de l'enzel et les inléivls
. des créances hypothécaires.
98. Les fruits naturels et industriels, pendants par branches
ou par racines au moment où l'usufruit est ouvert, appartif;n-
iient à l'usufruitier.
Ceux qui sont dans le même état au moment où fînït l'usu-
fruit appartiennent au propriétaire, sans récompens<^ de part
ai d'autre des labours et des semences, mais aussi sans piéju-
dice de la portion des fruits qui pourrait être acquise au colon
partiaire, s'il en existait un au commencement ou à la cessa-
tion de l'usufruit.
;)9. TjCS fruits civils sont réputés s'acquérir jour par jour, et
appartiennent à l'usnfruitiei', à proportion de la durer de son
usufruit.
100. Si l'usufruit comprend des choses dont on ne peut
faire usage sans les consommer, l'usufiniitier a le droit dé s'en
servir, mais à la charge d'en rendre de pareille quantité, qua-
lité et valeur, ou leur estimation, à la fin de l'usufruit.
loi. Si l'usufruit comprend des choses qui, sans se consom-
mer de suite, se détériorent peu à peu par l'usage, l'usufruitier
a le droit de s'en servir pour l'usage auquel elles sont des-
tinées, et n'est obligé de les i-cndre, h la fin de l'usufruit, que
dans l'état où elles se trouvent , non détériorées par son dol ou
par sa faute.
102. Si l'usufruit comprend des bois taillis, l'usufruitier est
tenu d'observer l'ordre et la quotité des coupes, conformé.-
^ment à l'aménagement et à l'usage constant des propriétaires,
:)U
I TCNISIE DKPOIS L 0CC.t;PAT10\ FBANÇAISE
sans indemnité toutefois en faveur de l'tisufruttier ou de ws
liêi'itiei-s, pour les coupes, soit de taillis, soit de baliveaux.
50ÎI de futaie, qu'il aurait néglige de lain; pendant sa joiit&-
sance.
Les arbres ([u'on peut Liivr d'une pépinière sans la dégrader,
ne font aussi partie de rusufruil qu'à la charge par rusufruitier
de se conformer aux usages des lieux pour le reinpIacemcDt.
lo3. L'usufruitier profile encore, toujours en se coufor-
mant auit époques et à l'usage des anciens propriétaires, de
parties de bois de iiaulc futaie qui ont été mises en coupes ré-
gléirs, soit que ces coupes se fassent périodiquement sur
certaine étendue de terrain, soit qu'elles se fassent d'une cer-
taine quanlitt^ d'arbivs pris indistinctement sur toute la snrfticfl
du domaine.
lo4- Dans tous les autres cas, l'usufruitier ne peut toucher
aux arbres de haute futaie; il |K'ut seulement employer, pour
faire les réparations dont il est tenu, les arbres arracliés ou
brisés par accident; il peut même, pour cet objet, en faire
abattre s'il est nécessaire, mais à la charge d'en faire constater
la nécessité avec le propriétaire.
io5. 11 peut prendre, dans les bois, des échalas pour le
gncs; Il peut aussi prendre sur les arbres, les produits annuels
ou périodiques; le tout suivant l'usage du pays ou la coutume
(les propriétaires.
106. Les arbres fruitiers qui meurent, ceux mêmes qui sont
arrachés ou brist'^s par accident, appartiennent à l'usufruitier, à
la chaîne de les remplacer par d'autres.
107. L'usufruitier peut jouir par lui-même, donner à fer
dans les conditions du Code civil franrais, ou même vendre
céder son droit à litre gi'aUiît.
108. L'usufruitier jouit de l'augmentation survenue parai"
luvioa à l'immeuble douL 11 a l'usufruit.
LOI SUK LA PROPRlKTt: t'ONCIKRIi: :H-i
locj. Il jouit destlroils lie servitude, tie passage, et généra Ic-
iiient de lous les droits dont le propri(H;tiie peut jouir, et il rii
jouit comme \c proprlélaire lui-même,
I lo. Il jouit aussi , de la même manièrt! que le propriétaire ,
des miacs et carrières qui sont en exploitation à l'ouverture
de l'usufruit; et néanmoins, s'il s'agit d'une exploitation qui ne
puisse être faite sans une concession , l'usufruiler ne pourra en
jouir qu'après l'avoir obtenue conformément à la loi.
II n'a aucun droit anx mines et carrières non encore ouver-
tes, ni aux tourbières dont l'exploitation n'est point encore
rommencée, ni au trésor qui pourrait i-lre découveit pendant la
durée de l'usufruit.
111. J^ propriétaire ne peut, par son fait, ni de quelque
manière que ce soit , nuire aux droits de l'usufruitier.
De sou côté, l'usufaiitier ne peut, à la cessation de l'usu-
fruit, l'éclamer aucune indemnité poui* les améliorations qu'il
prétendrait avoir faites, encore que la valeur de l'immeuble en
fût augmentée.
Il peut cependant, ou ses liériliers, enlever les glaces,
tableaux et autres ornements qu'il aurait fait placer, mais à la
charge de rétablir les lieux dans leur premier étal.
t SECTION II
Des obligations de l'usufruitier
112. L'usufruitier prend les immeubles dans l'état où ils
sont; mais il ne peut enti'er en jouissance qu'après en avoir fait
dresser l'état, en pivsence du propriétaire, ou lui dûment
appelé.
1 13. Il donne caution de jouir en bon père de famille, s'il
n'en est dispensé par l'acte constitutif de l'usufruit; cependant,
les pères et mères ayant l'usufruit légal du bien de leurs en-
3V6
t TUNISIE DKPITIS LOCCCPATlOïi FRANÇAISE
faiils, If vfiuieur ou le donateur sous reserve d'iisiifruil, n
sont pas lonus de dotiner caution.
1 1 'l. Si l 'usufruitier ne trouve pas de cauliou , li-s inimei:
Itli's sont donnés a ferme ou mis en séquestre.
Le prix des fermes ap|)arlient, dans ce cas, à l'usufruitier.
t i.'i. IjC relard do donner caiilion ne prive pas l'usufruitier
des fruits auxquels îl peut avoir droit; ils lui sont dus du mo-
ment oii l'usufruit a rté ouvert,
I iG. L'usufruitier n'est tenu qu'aux réparations d'entretien.
Les grosses réparations demeurent à la charge du proprîé-
taii'e, à moins qu'elles n'aient rli- occasioiiuées par le défaut de
réparations d'entretien, depuis l'ouverture de l'usufruit; aiiqu^
cas l'usufruitier en est aussi tcuu.
1 17. Les grosses réparations sont celles des gros murs et
voûtes, le rétablissement des poutres et des couvertures en-
Celui des digues et des murs de soutènement et Je clôture
aussi en entier.
Toutes les autres réparations sont d'entretien.
ilS. Ni le pi'opriétarre, ni l'usufruitier, ne sont tenus de,
rebâtir ce qui est tombé de vétusté, ou cr quî a été détruit par
cas fortuit.
! 19. L'usufruitier est tenu, pendant sa jouissance, de toutes
les charges annuelles de l'immeuble, telles que les contributions
et autres qui, dans l'usage, sont censées charges des fruits
120. A l'égard des charges qui peuvent être Imposées sur la
propriété pendant la durée de l'usufruit, l'usufruitier et le pro-
priétaire y contribuent ainsi qu'il suit :
Le propriétaire est obligé de les payer, et l'usufruitier doit
lui tenir compte des intérêts.
Si elles sont avancées par l'usufruitlej', il a la répétition du
capital à la fin de l'usufruit.
^
LOI SUR LA PROPnun'K FOKCIKRE i^ï?
IjC U'gs fait par un testateur, d'une renie viagère ou
pension alimentaire, doit être ai'ipiitté par le It^gataire universel
de l'usufruit dans sou intégrilê, et par le légataire à litre uni-
vei-sel de l'usuTi'uit dans la proporlion de s;i jouissance, saus au-
cune répétition de leur part.
122. L iisufiniitier à titre particulier n'est pas touu des dettes
auxquelles le fonds est hypothéqué; s'il est forcé de les payer,
il a sou recours contre le propriétaire , sauf le cas où il est usu-
fruitier en vertu d'un legs et où l'objet de l'usufruit a clé livpo-
théqué avant ou depuis le testament, soit pour une dette de la
succession, soit même pour la dette d'un tiers. Dans ce cas,
en effet, celui qui doit acquitter le legs n'est pas tenu de le
dégager, à moins qu'U n'ait été cliargé de le faire par une dis-
position expresse du testateur.
123. L'usufruitier, ou universel, ou à litre universel, doit
contribuer avec le pi-opriétalrc au piiyenient des dettes, ainsi
qu'il suit :
Ou estime la valeur du fonds sujet à usufruit; on fixe ensuite
la contribution aux dettes à raison de cette valeur.
Si l'usufruitier veut avancer la somme pour laquelle le fonds
loit contribuer, le capital lui en est restitué à la fin do i'usu-
lifruit, sans aucun intérêt.
Si l'usufruitier ne veut pas faire celte avance, le propriétaire
a le choix, ou de payer celle somme, et dans ce cas l'usufrul-
lier lui tient compte des intérêts pendant la durée de l'usufruit,
de faire vendre jusqu'à due concurrence une portion des
soumis à l'usufruit,
a'i. L'usufruitier n'est tenu que des frais des procès qui
mcernent la jouissance, et des autres condanniations auxquel-
procès pourraient donner lieu.
. Si, pendant la duree de l'usufruit, un tiers commet
lelque usurpation sur le fonds, ou attente autrement aux
:)i8 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
droits du propriétaii*c, rusufruitier est tenu de le dénoncera
celui-ci : faute de ce, il est responsable de tout le dommage qui
|)eut eu résulter pour le propriétaire , comme il le serait de
dégradations commises par lui-même.
SECTION III
Comment rn8nfk*uit prend fin
12G. L'usufruit s'éteint :
i" par la mort de l'usufruitier;
1'* par l'expiration du temps pour lequel il a été accordé;
l^*" par la consolidation ou la réunion sur la même tête, des
deux qualités d'usufruitier et de propriétaire ;
4" par le non usage du droit pendant vingt ans;
5" par la perle totale de l'immeuble sur lequel l'usufruit est
établi.
127. L'usufruit peut aussi cesser par l'abus que l'usufruitier
fait de sa jouissance, soit en commettant des dégradations sur
le fonds, soit eu le laissant dépérir faute d'entretien.
Les créanciers de rusufruitier peuvent intervenir dans les
eonteslations pour la conservation de leurs droits; ils peuvent
offrir la réparation des dégradations conunises, et des garan-
ties pour l'avenir.
Les juges peuvent, suivant la gravité des circonstances, ou
prononcer Textinelion absolue de l'usufruit, ou n'ordonner la
rentrée du propriétaire dans la jouissance de Tobjet qui en est
grevé, que sous la charge de payer ainniellement à l'usufruitier,
ou a s(\s ayant cause, une sonune déterminée jusqu'à l'instant
oii l'usufruit aurait dii cesser.
19.8. L'usufruit, qui n'est pas accordé à des particuliers, ne
duie que trente ans.
\2(). L'usufruit accordt' jusqu'à ce qu'un tiers ait atteint
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 3Ï9
un âge fixe dure jusqu'à cette époque, encore que le tiers soit
mort avant l'âge fixé.
i3o. La vente de l'immeuble sujet à usufruit ne fait aucun
changement dans le droit de l'usufruitier; il continue de jouir
de son usufruit s'il n'y a pas formellement renonce.
i3i. Les créanciers de l'usufruitier peuvent faire annuler la
renonciation qu'il aurait faite à leur préjudice.
i32. Si une partie seulement de l'immeuble soumis à l'usu-
fruit est détruite , l'usufruit se conserve sur ce qui reste.
i33. Si l'usufruit n'est établi que sur un bâtiment, et que ce
bâtiment soit détruit par un incendie ou autre accident^ ou
(|u'il s'écroule de vétusté, l'usufruitier n'aura le droit de jouir
ni du sol ni des matériaux.
Si l'usufruit était établi sur un domaine dont le bâtiment
faisait partie, l'usufruitier jouirait du sol et des matériaux.
350 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
TITRE V
De l'usage et de rhabitation
i34- I^s droits (l'usage et d'habitation sVtablissent et se
perdent de la même manière que l'usufruit.
i35. On ne peut en jouir, comme dans le cas de l'usufruit^
sans donner préalablement caution et sans faire des états.
i3G. L*usager, et celui qui a un droit d'Iiabitatiou , doivent
jouir en bon père de famille.
137. IvCs droits d*usage el d'habitation se règlent par le tiliHî
qui lésa établis, et reçoivent, d'après ses dispositions, plus ou
moins d'étendue.
i38. Si le titre ne s'explique pas sur l'étendue de ces droits,
ils sont l'églés ainsi qu'il suit.
i3(). (Vhii qui a l'usage des fruits d'un fonds ne peut en
exiger qu'aulant qu'il lui en faut pour ses besoins et ceux de sa
famille.
Il peut en exigt4' pour les besoins même des enfants qui lui
soni survenus depuis la concession de l'usage.
I 'lO. J/usaj^er ne peut céder ni louer son droit à un autre.
i/ji . CvUn ([ui a un droit d'habitation dans une maison, peut
y demeurer avec sa famille, quand même il n'aurait pas été
ma rit' à Tépocpuî oii ce droit lui a été donné.
i^'À. Le droit d'habitation se restreint à ce qui est nécessaire
pour rhabitation de celui à (jui ce droit est concédé, et de sa
fanïille.
I '13. l.e droit d'habitation ne peut être ni cédé ni loué.
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE
351
i44- Si Tusager absorbe tous les fruits du fonds, ou s'il
occupe la totalité de la maison, il est assujetti aux frais de
;!ulture, aux réparations d'entretien, et au payement des contri-
butions, comme l'usufruitier.
S'il ne prend qu'une partie des fruits, ou s'il n'occupe qu'une
partie de la maison, il contribue au prorata de ce dont il jouit.
145. L'usage des bois et forêts est réglé par des lois parti-
culières.
352 LA TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE
TITRE VI
De l'emphytéose
140. L'emphytéose est un droit réel immobilier qui consiste
h avoir la pleine jouissance d'un immeuble appartenant à autrui
SOUS la condition de lui payer une redevance annuelle, soit en
argent, soit en natui*(^, en reconnaissance de son droit de pro«
priété.
i47- L'emphytéose ne pourra être établie que pour umi
durée d'au moins vingt ans j et jamais au delà de quatre-vingt-
dix-neuf ans.
Tout bail d'une durée de vingt ans et au-dessus sera pré-
sumé bail emphytéotique, à moins de stipulations contraires,
soit dans le bail, soit dans un acte séparé.
i4^^. I/emphytéole exerce tous les droits attachés à la pro-
priété (lu IoikIs, mais il ne pinit rien faire pour en diminuer la
valeur.
Il a par exemple la faculté d'aliéner son droit, de Thypothé-
(juer il de grever le fonds emphytéotique pour la durée de sa
jouissance.
I ][). L'emphytéose s'éteint :
1 " par la confusion;
-a"" par la destruction du fonds.
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 353
TITRE VII
De la superficie
i5o. IjC droit de superficie est un droit réel immobilier qui
consiste à avoir des bâtiments, ouvrages ou plantations sur un
fonds appartenant à autrui.
i5i. Celui qui a le droit de superficie peut toujours Talié-
ner et Thypothéquer.
Il peut grever de servitudes les biens qui font l'objet de son
droit, mais dans la limite qui lui appartient pour Texercice de
ce droit.
«
iJa. Le droit de superficie s'éteint :
i" par la confusion;
2" par la destruction du fonds.
LA TUNISIE. — T. l I. *'*
TITIU: VIII
Des servitudes foncières
i!)S. Une servitude C! !ic arge imposée sur un inimeulile
pour l'usage el l'utilité d'un in iieuble appartenant à un autre
proprititaire.
l54. Elle dérive ou de la tîon naturelle des lieux, ou dd
obligations impostîes juir lu ._. ou des conventions entre let
pi'opr'it^taires ; dans les deux pi lùers cas elle n'est pas assujettit
à l'inscription.
(■HAPITRE I
DES SSaTlTDDES QUI Dl^BlTBNT DE LA BITCATIOK DES LIBTX
t55. Les fonds inférieurs sont assujettis envers ceux qui
sont plus élevés à recevoir les eaux qui en découlent naturelle-
ment sans que la main de l'Iiomme j ait contribué.
Le propriétaire inférieur ne peut point élever de digue qui
empêche cet écoulement.
Le propriétaire supérieur ne peut rien faire qui aggrave la
servitude du fonds inférieur.
L 'art . 1 56 est abrogé.
167. Tout propriétaire peut clore son héritage sauf l'excep-
tion portée en l'article 189,
L'art. i5S est abroge.
LOI SUR LA PROl^RIÉTÉ FONCIÈRE 355
CHAPITRE II
DES SERVITUDES ÉTABLIES PAR LA LOI
iSq. Les servitudes établies par la loi ont pour objet Tutilité
publique ou communale, ou Futilité des particuliers.
i6o. Celles établies pour l'utilité publique ou communale
ont pour objet le marchepied le long des rivières navigables ou
flottables, la construction ou réparation des chemins et autres
ouvrages publics ou communaux.
Tout ce qui concerne cette espèce de servitude est déterminé
par les lois ou des règlements particuliers.
i6 1 . La loi assujettit les propriétaires à différentes obligations
Tun à l'égard de l'autre, indépendamment de toute convention.
162. Partie de ces obligations est réglée par les lois locales.
Les autres sont relatives au mur et au fossé mitoyens, aux
vues sur la propriété du voisin, à l'égout des toits, au droit
de passage.
SECTION I
Du mur et du fbssé mitoyens
i63. Dans les villes et les campagnes, tout mur servant de
séparation entre bâtiments jusqu'à l'héberge, ou entre cours et
jardins, et même entre enclos dans les champs, est présumé
mitoyen, s'il n'y a titre ou marque du contraire.
164* Il y a marque de non-mitoyenneté lorsque la sommité
du mur est droite et à plomb de son parement d'un côté, et
présente de l'autre un plan incliné;
Lors encore qu'il n'y a que d'un côté ou un chaperon ou des
filets et corbeaux de pierres qui y auraient été mis en bâtissant
le mur-
356
1 TC.MSIE DKPriS I. OCCCPATIOX KRASÇAISE
i
Dans ces cas, le mur vst ccdsc appat'leiiir excliisivciiH'nt
propriétaire du coté duquel sonl lY-gout ou les corbeaux et BIf
de pierre.
j65. Le dessus d'une rue est présumé dépendance du do-
maine public s'il n'v a titre ou marque du contraire.
Il y a marque de propriété privée lorsqu'il existe des c-oii*-
truclions au-dessus de la rue ou au moins des arceaux joigoani
les murs élevés de chaque côté de la rue.
Lorsqu'une construction ou l'arceau placés au-dessus de la
me sera détruit par vétusté, accident ou aulrcnient, le pro-
priétaire perdra le bénéfice de la prc-soniption qui en résullailj
à sou profit.
Il ne pourra en aucun cas iTconstriiîre à moins d'une autori-
sation spéciale.
La propriété privée du dessus d'une rue a pour conséquence
la mitoyenneté du mur sur lequel s'appuie l'arceau ou la coii!
trucliou, à moins de titre contraire.
166. La rc'paralion et la rf-conslruction du mur mitovcn soi
à la cliaigc de tous ceux qui y ont droit et proportionnellemei
au droit de chacun.
167. Cependant tout copropriétaire d'un mur mitoyen pet
se dispenser de contribuer aux réparations et reconstructioi
en abandonnant le droit de mitoyenneté, pourvu que le mi
mitoyen ne soutienne pas un hiitlmeiit qui lui appartienne.
1G8. Tout copropriétaire peut faire bâtir contre un mi
mitoyen, et y faire placer des poutres ou solives dans loul
l'épaisseur du nun-, à cinquante- cinq millimètres prés, sa
préjudice du droit qu'a le voisin de faire réduire à l'ébauclu
la pouti't.' jusqu'à la moitié du mur, dans le cas où il voudr
lui-même asseoir des poutres dans le même lieu, ou y adosi
une cheminée.
1G9. Tout propriétaire peut faire exhausser le mur mitove
. PROPRIETE FONCIERE
3r,7
mais il doit payer seul la ilépease de l 'exhaussement, k's répa-
rations d'entretien au-dessus de la liauleur de la clôture com-
mune, et, en outre, l'indenmilé de la uliarge en raison de l'ex-
haussement et suivant la valeur.
170. Si le mur mitoyen n'est pas un état de supporler l'ex-
haussement, celui qui veut l'exliausser doit le faire reconstruire
en entier â ses Irais, et l'excédent d'épaisseur doit se prendre
de son côté.
171. L'un des voisins ne peut pratiquer dans le corps d'uu
mur mitoyen aucun enfoncement, ni y appliquer ou appuyer
aucun ouvrage sans le consentement de l'autre ou sans avoir, à
son refus, fait regler pai experts les moyens nécessaire.^ pour
que le nouvel ouvrage ne soit pas nuisible aux droits de l'autre.
jya. Nul n'est tenu de céder à sou voisin la mitoyenneté de
soD mur; cependant dans le cas d'exhaussement d'un mur mi-
toyen, le voisin qui n'y a pas contribué peut en acquérir la
mitoyeimeté eu payant la moitié de la dépense qu'a coûtée
l'exliaussement, et la valeur de la moitié du sol fourni pour
l'excédent d'épaisseur, s'il y en a .
173. Lorsque les difTérents étages d'une maison appartien-
nent à divers propriétaires, si les titres de propriété ne règlent
pas le mode de réparations et reconstructions , elles doivent être
faites ainsi qu'il suit :
Les gros murs cl le toit sont à la charge de tous les proprié-
taires, chacun en proportion de la valeur de l'étage qui lui ap-
partient.
Le propriétaire de chaque étage fait le plancher sur lequel
Il marche.
Le propriétaire du premier étage fuit l'escalier qui y con-
duit; le propriétaire du second étage fait, à partir du premier,
l'escalier qui conduit chez lui, et ainsi de suite.
1 7(1. Lorsqu'on reconstruit un mur mitoyen ou une maison ,
LA rfrasiK dkppis t occdpatio» rnAMÇ-tisE
i4>s servitudes actives et passives se continuent ii l'égard du dùu-
eau mur ou de la nouvelle maiBoii, sans Loulefois qu'ellti
issunl êli'O aggravées.
175. Toule clôture qui sépare des fonds de terre est n-piilw
mitoyenne, à moins <|u'il n'y en ait qu'un seid en L-lat de clô-
ture, ou s'il n'y a titre ou marque contraire.
Pour les fossi-s, il y a marque de non-mitoyenneté lorsque
la levée ou le rcjel de lii terre se trouve d'un coté seulement du
fossé.
Le fossé est censé appartenir exclusivement à celui du cùlé
duquel le rejet se trouve.
I '7G. La clôture mitoyenne doit être entretenue à frais com-
muns; mais le voisin peut se soustraire à cette obligation ea
T-enon^ant à la mitoyenneté.
Cette faculté cesse si le fossé sert habit uelleuienl à l'écoulfl-
ment des eaux.
177. Le voisin dont l'Iit-ritage joint un fossé ou une haie non
mitoyens ne peut contraindre le propriétaire de ce fossé ou Jt ^
cette liaie à lui céder la iniloyeimete. *
Le copropriétaire d'une haie mitoyenne peut la détniîre jus-
qu'à la limite de sa propriété, à la charge de construire un mur
sur cette limite.
La même règle est applicable au copropriétaire d'un fossé
mitoyen qui ne sert qu'à la clôture.
178. Tant que dure la mitoyenneté de la haie, les produits
en appartiennent aux propriétaires par moitié.
179. Les arbres qui se trouvent dans la haie mitoyenne sont
mitoyens comme la liaie. Les arbres plantés sur la ligne sépara-
tive de deux immeubles sont aussi réputés mitoyens. Lorsqu'ils
meurent ou lorsqu'ils sont coupés ou arracliés, ces arbres sont
partagés par moitié. Les fruits sont recueillis à frais communs
partagés aussi par moitié, soit qu'ils tombent naturellement
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈÉE
359
soit que la chute en ait été provoquée ,. soît quMU aient été
cueillis.
Chaque propriétaire a le droit d'exiger que les arbres mi-
toyens soient arrachés.
180. Il n'est permis d'avoir des arbres, arbrisseaux et arbus-
tes près de la limite du fonds voisin qu'à la distance prescrite
par les règlements particuliers actuellement existants, ou par
des usages constants et reconnus^ et, à défaut de règlements et
usages, qu'à la distance de 7. mètres de la ligne séparative
des deux fonds pour les plantations dont la hauteur dépasse
2 mètres, et à la distance d'un demi-mètre pour les autres
plantations.
Les arbres , arbustes et arbrisseaux de toute espèce peuvent
être plantés en espalier, de chaque coté du mur séparatif sans
que l'on soit tenu d'observer aucune distance, mais ils ne pour-
ront dépasser la crête du mur.
Si le mur n'est pas mitoyen , le propriétaire seul a le droit
d'y appuyer ses espaliers.
181. I^ voisin peut exiger que les arbres, arbrisseaux et
arbustes, plantés à une distance moindre que la distance légale,
soient arrachés ou réduits à la hauteur déterminée dans l'article
précédent, à moins qu'il n'y ait titre, ou inscription contraire.
Si les arbres meurent^ ou s'ils sont coupés ou arrachés, le
voisin ne peut les remplacer qu'en observant les distances lé-
gales.
182. Celui sur le fonds duquel avancent les branches des
arbres du voisin peut contraindre celui-ci à les couper. Les
fruits tombés naturellement de ces branches lui appartiennent.
Si ce sont les racines qui avancent sur son fonds, il a le droit
de les y couper lui-même.
1
lA TIMSIE Itltri'lS L OnCCPATIOPf FRASÇAISE
.a distance et des ouvrages Intermédiaires requis
pour certaines coBstraotlans
i^ j83- Celui (]ui fait creuser un puits ou luic fosse d'aisaace
près d'un mur miloH'n ou non;
Ohii qui veut y construire ehcmim-c ou âlre, forge, four ou
fouracau;
Y adosser une étable,
Ou établir contre ce mur un magasin de sel ou amas de ma-
lières corrosives,
Es! obligé à laisser la distance prescrite par les règlements et
usages particuliers sur ces objets, ou à faire les ouvrages pres-
crits par les mêmes règlements et usages, pour éviter de nuire
au voisin.
SECTION ni
Des vues sur la propriété de son voisin.
i84- L'un des voisins ne peut, sans ie consentement de
l'autre , pratiquer dans le mur mitoyen aucun e fenêtre ou ouver-
ture, en quelque manière que ce soit, même à verre donnant.
i85. Une fenêtre ne peut être ouverte sur le fonds du voi-
sin, même dans une rue, si son bord extérieur n'est distant de
trois mètres au moins de la limite de ce fonds ou du mur de la
maison élevée sur ce fonds , à moins du consentement des voiûns
intéresses , donné conformément aux règlements ou usagei
Ipcaux.
Il en est de même des fenêtres et des portes à ouvrir dans les
impasses, quelle qu'en soit la largeur.
1 86. Aucune fenêtre donnant vue dans l'intérieur de l'habi-
tation d'un voisin ne pourra être ouverte sans son coosentement.
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 361
187. L'élévation des constructions urbaines sera déterminée
par arrêté municipal.
Les personnes qui auraient à réclamer contre Touverture
d'une porte ou d'une fenêtre, ou l'élévation d'une cons-
truction, faites contrairement aux dispositions de la présente
section , auront un délai de six mois à dater de l'ouverture ou
de la construction, pour formuler leur opposition; passé ce délai
elle ne sera plus recevable.
SECTION IV
De rés^ont des toits
188. Tout propriétaire doit établir des toits de manière que
les eaux pluviales s'écoulent sur son terrain ou sur la voie pu-
blique; il ne peut les faire verser sur le fonds de son voisin.
SECTION V
Du droit de passage
189. Le propriétaire dont les fonds sont enclavés et qui n'a
sur la voie publique aucune issue , ou qu'une issue insuffisante
pour l'exploitation soit agricole , soit industrielle de sa propriété,
peut réclamer un passage sur les fonds de ses voisins, à la charge
d'une indemnité proportionnée au dommage qu'il peut oc-
casionner.
190. Le passage doit régulièrement être pris du coté oit le
trajet est le plus court du fonds enclavé à la voie publique.
Néanmoins il doit être fixé dans l'endroit le moins dom-
mageable à celui sur le fonds duquel il est accordé.
191. Si l'enclave résulte de la division d'un fonds par suite
d'une vente, d'un échange, d'un partage ou de tout autre con-
trat, le passage ne peut être demandé que sur les terrains qui
ont fait l'objet de ces actes.
Toutribis, dans \c cas où un passage suintant iic pourrait
être i>lal>li sur les fonds dîvisi's, l'arliclc 189 sei-aîl appUcalilc.
19a. L'assiellc rt le modt- di- servitude de passage pour caust
d'enclave sont déterminé» par vingt ans d'usage contiuu.
I/arlioii en indemnité, dans le cas pi-évu par l'article 189,
rst prescriplilde , et le pass-'ige peut être continué , quoique l'ac-
tion en iiidetnnllê ne soil plus recevable.
CHAPITRE III
i'ES SERVITL'IIES KTABI.IE8 PAR LE FAIT 1>B l'uOMMR
Des diverses espèces de aervitnde* qui peuvent
être établies sur 1«b immeubles
l()3. Il est permis aux propriétaires d'établir sur leurs ir
meubles , ou en faveur de leui-s immeubles , telles servitudes que >
bon leur semble, pourvu néanmoins que les services établis iic
soient imposés ui à la prrsonne, ni en faveur de la personne,
mais seulement à un fonds et pour un fonds, et pourvu que ces
services n'aient d'ailleurs rien de contraire à l'ordre public.
L'usage et l'étendue des servitudes ainsi établies se relent
par le titre qui les constitue; à défaut de titre, par les règles
ci-après.
]()4- T-^s servitudes sont établies ou pour l'usage des bâ-
timents, ou pour celui des fonds de terre.
Celles de la première espèce s'appellent urbaines, soit que les
bâtiments auxquels elles sont dues soient situés à la ville ou à
la campagne.
Celles de la seconde espèce se nomment rurales.
195. I^s servitudes sont ou continues ou discontinues.
t •
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCH^rK 363
Les servitudes continues sont celles dont Tubage est ou. peut
être continuel sans avoir besoin du fait actuel de l'homme : tels
sont les conduites d'eau, les égouts, les vues et autres de cette
espèce.
Les servitudes discontinues sont celles qui ont besoin du fait
actuel de l'homme pour être exercées : tels sont les droits de
passage, puisage , pacage et autres semblables.
19G. Le^ servitudes sont apparentes ou non apparentes.
Les servitudes apparentes sont celles qui s'annoncent par des
ouvrages extérieurs, tels qu'une porte, une fenêtre, un aqueduc.
Les servitudes non apparentes sont celles qui n'ont pas de signe
extérieur de leur existence, comme, par exemple, la prohibi-
tion de bâtir sur un fonds ou de ne bâtir qu'à une hauteur dé-
terminée.
SECTION II
Gomment s^établissent les servitudes
197. Les servitudes ne peuvent s'établir que par titre.
Les art, 198, 199, 200 et 201 sont abrogés.
202. Quand on établit une servitude , on est censé accorder
tout ce qui est nécessaire pour en user.
Ainsi la servitude de puiser de l'eau à la fontaine d'autrui,
emporte nécessairement le droit de passage.
SECTION III
Des droits da propriété da fonds aaquel la servitude est dae
203. Celui auquel est due une servitude, a droit de faire tous
les ouvrages nécessaires pour en user et pour la conserver.
204. Ces ouvrages sont à ses frais, et non à ceux du pro-
priétaire du fonds assujetti , à moins que le titre d'établissement
de la servitude ne dise le contraire.
t
n
1
LA TCNtSIt SKPOIS L OCCDPATIOK PBAXÇAISE
^^c Dans le cas même où le propriétaire du fonds assujrttî
esl cliî ',!• par le titii' di* falri? à ses frais les ouvrages nêcessairM
mr 1 iagc ou la eonsrrvatioa de la servitude, il peut toujoun
.affi-aDchir de la charge, en abandonnant le fonds assujetti ai
propriétaire du Tonds au<)ucl la servitude est due.
2o(3. Si le fonds pour leijuel la servitude a été établie vient à
être divisé, la servitude reste due pour chaque portioa, sans
néannioiits que la condition du fonds assujetti soit aggravée.
Ainsi, par exemple, t d'un droit de passage, tous
les copropriétaires seront es de l'exercer par le même
endroit.
1107. Le propriétaire du f Is débiteur de la servitude ne
peut rien faire qui tende à en diminuer l'usage ou à le rendre
plus incommode.
Ainsi il ne peut changer l'él, li-s lieux, ni Iransporlcr l'exer-
cice lU- la servilude dans un ea -oit dilTérent de celui oii elle a
été primitivement assignée.
Mais ccpenelanl, si celte assignation primitive était devenue 1
plus onéreuse au propriétaire du fonds assujetti, ou ai elle l'em-
pêchait d'y faire des réparations avantageuses, il pourrait offnr
au propriétaire de l'autre fonds un endroit aussi commode pour
l'exercice de ses droits et celui-ci ne pourrait pas le refuser.
208. De son côté, celui qui a un droit de servitude, ne peut
en user que suivant son titre, sans pouvoir faire, ni dans le
fonds qui doit ta servitude, ni dans le fonds à qui elle est due,
de changement qui aggrave la condition du premier.
SECTION IV
Comnwnt s'Ateigsent les servltadaa
209. Lorsqu'un immeuble se trouve dans un état tel qu'on ne
puisse user d'une servitude et que le non usage a duré pendant
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 365
:20 ans y la radiation de cette servitude est prononcée par ju-
gement.
Les art. 210, 211 et i\*x sont abrogés,
21 3. Les vingt ans commencent à courir, selon les diverses
espèces de servitudes, ou du jour où l'on a cessé d'en jouir,
lorsqu'il s'agit de servitudes discontinues, ou du jour où il a été
fait un acte contraire à la servitude, lorsqu'il s'agit de servitudes
continues.
Les art. 214, 2i5 e/ 216 sont abrogés.
TITKE IX
De l'antichràsa
31^. L'aDtidii'êse est la remise d'un iinineubic pur le ilélii
tcur à sou cn-ancier pour sûreté de sa dttle.
3i8. L'aiilichrèse ne s'établit que par éerit.
a 19. Le créancier ii'ac<]uiert par te contrat que la faculté
de p«nxroir les fruits de l'immeiiliie , » h charge de les imputer
annuellement sur les intérêts, s'il lui en est dû, et ensuite sur <
le capital de sa créanc«.
320. Le créancier est tenu , s'il n'en est autrement convenu,
de payer les contributions et It-s charges annuelles de l'immeuble
qu'il lient en antîchrèse.
Il doit également , sous peine de dommages et intérêts, pour-
voir à l'entretien et aux réparations utiles et nécessaires de l'Inh
meuble, sauf à prélever sur les fruits toutes les dépenses relati-
ves à ces divers objets.
2a I . Le débiteur ne peut , avant l'entier acquittement de la
dette, réclamer la jouissance de l'immeuble qu'il a remis en
antichrèse.
Alais le créancier qui veut se décharger des obligations ex-
primées en l'article précédent, peut toujours, à moins qu'il
n'ait renoncé à ce droit , contraindre le débiteur à reprendi-e ta
jouissance de son immeuble.
323, Le créancier ne devient point propriétaire de l'immeu-
ble par le seul défaut de payement au terme convenu; toute
I
«
I
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 367
clause contraire est nulle : en ce cas, il peut poursuivre l'expro-
priation de son débiteur par les voies légales.
223. Lorsque les parties ont stipulé que les fruits se com-
penseront avec les intérêts, ou totalement, ou jusqu'à une
certaine concurrence, cette convention s'exécute comnrie toute
autre qui n*est point prohibée par les lois.
224. L'antichrèse peut être donnée par un tiers pour le dé-
biteur.
225. L'antichrèse est indivisible nonobstant la divisibilité de
la dette entre les héritiers du débiteur ou ceux du créancier.
L'héritier du débiteur qui a payé sa portion de la dette, ne
peut demander la restitution de sa portion dans Pinuneuble
remis en anticlirèsc, tant que la dette n'est pas entièrement ac-
quittée.
Réciproquement l'héritier du créancier qui a reçu sa portion
de la dette, ne peut remettre l'immeuble tenu à antichrèse, au
préjudice de ceux de ses cohéritiers qui ne sont pas payés.
226. Tout ce qui est statué au présent titre, ne préjudicié
point aux droits que des tiers pourraient avoir sur l'immeuble
remis en antichrèse.
Si le créancier, muni à ce titre, a d'ailleurs sur le fonds,
des privilèges ou hypothèques légalement établis et conservés,
il les exerce à son ordre et comme tout créancier.
227. Le créancier répond, selon le droit commun, de la
perte ou détérioration de l'immeuble qui serait survenue par
sa négligence.
Le débiteur doit tenir compte au créancier des dépenses
utiles et nécessaires que celui-ci a faites pour la conservation
de l'immeuble remis en antichrèse.
238. î<e. privilège est ikl di-oît réel immobilier quo ta i|iia1il^
ik- la civauce ilonui: k un créanck'r d'être préft'pf'- aux autna
créaiicicrs même hypothccairps.
Il ii'i'st pus ussiijutti à l'iuscriplioii, sauf celui du crédit ren-
tier de l'en/.el, el daos ce ras rinscription prise aura la mi'ine
durée que le privil
329. ÏjSS créances privilégiées sur le prix des tmuieubles sont
les suivantes et s'exercent suivant l'ordre établi ci-après :
I" Les fiais de justice;
■2° Les droits du trésor;
3' Les arrérages dus au crédit rentier de t'enzel.
u3o. Ces privilèges, excepte celui du crédit rentier de l'enzel,
ne s'exercent sur le prix des immeubles qu'à dë&ut de mobilier.
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 369
TITRE XI
Des hypothèques
a3i. L'hypothèque est un droit réel immobUier sur les im-
meubles affectés à l'acquittement d*une obligation.
Elle est y de sa nature, indivisible^ et subsiste en entier sur
Lous les immeubles affectes, sur chacun et sur chaque portion
de ces immeubles.
Elle les suit dans quelques mains qu'ils passent.
232. L'hypothèque n'a lieu que dans les cas et suivant K;s
Formes autorisés par la loi.
233. Sont seuls susceptibles d'hypothèques :
I** Ija propriété immobilière qui est dans le commerce;
2** L'usufruit des immeubles pour le temps de sa durée ;
3° L'enzel ;
4** L'emphytéose pour le temps de sa durée;
5** La superficie.
234. L'hypothèque acquise s'étend aux accessoires réputés
immeubles, et aux améliorations survenues à l'immeuble hypo-
théqué.
Les art. 235 et 236 sont abmge's.
237. Le créancier inscrit pour un capital produisant intérêts
3U arrérages, a droit d'être colloque pour une année seulement
3t pour l'année courante, au même rang d'hypothèque que
30ur son capital , à condition toutefois que ce droit résulte de
'acte, qu'il soit inscrit et que le taux de l'intérêt soit indiqué
]aus l'acte et l'inscription.
L4 TUNISIE. — T. II. 24
LA TVKlSlrf DAOIS L'oeCCPATlON nUXÇilSB
L'Iiypolhrquc csl volontaire ou forcée. Elle ne s'
(juiert (. ans les iltsix ca» <|ue pat- l'inscription. Les loscrîptii
prises auropt la mûmt: tlum.- qiir l'liypolh6{|ue.
DES HYFOTHÈQL'ES lOKCIÎES
23<). L'hypolb^ue (ortx' relie <|ui at acquise eu ve
(l'une di'cisiou de justici i; consentement du débiteur,
dans les cas ci-après
■ "Aux mineurs et aux mt s sur les imnit-vibles des lute
et de leur caution;
•2* A lu remnie sur les îmnie >les de son mari , pour » (loi
ses droits matrimoniaux, I'îdi nnitê dos olilignlions du n
dont elle est tenue et le reiii| du prix de ses biens aliénés:
y Au vendeur, à i'ècliangiste ou au copartageant sur t'i
meuble vendu , ècliangé ou partagé, quand il n'a pas été résen^
d'Iiypothèque conventionnelle pour le payement du prix
la soulte d'échange ou de partage.
^\o. A l'ouverture d'une tutelle ou d'une înterdicliou, 1*
conseil de famille désigne coutradictoii'ement avec le tuteur
ceux de ses immeubles <|uL seront grevés d'hypotbèque et iixe 1)
somme pour laquelle l'inscriplioii sera prise.
241- Si, dans le cours de la tutelle ou de l'interdictioD , les
garanties, données par le tuteur, se trouvent modîËées ou de-
viennent insuffisantes, le conseil de famille peut en exiger âe
nouvelles; si elles sont devenues excessives, il peut les di-
minuer.
24a • Dans tous les cas, à défaut du consentement du tuteur,
la délibération du conseil de famille sera soumise àl'liomologa-
LOI SUR LA PROPfilÉTÉ FONCIÈRE 371
tien du tribunal et le droit à l'hypothèque résultera du jugement
de ce tribunal.
24^* La convention matrimoniale , s^il y en a, détermine les
immeubles du mari qui sont grevés d'hypothèque y Tobjet au-
quel s'applique la garantie , et la somme jusqu'à concurrence de
laquelle l'inscription peut être prise.
244* S'îl ^*^ P^s ^^^ stipulé d'hypothèque ou en cas d'insuf-
fisance des garanties déterminées par le contrat, la femme peut,
dans le cours du mariage, et en vertu d'un jugement du tri-
bunal , à défaut du consentement du mari , pour toutes les causes
de recours qu'elle peut avoir contre lui soit à raison d'obliga-
tions par elle souscrites^ ou d'aliénation de ses propres, ou de
donations ou de successions auxquelles elle est appelée , requérir
inscription d'une hypotiièque sur les immeubles de son mari.
Le jugement, dans ce cas, détermine la somme pour la-
quelle l'inscription sera prise, l'objet à garantir^ et les immeu-
bles sur lesquels l'inscription se fera.
Lorsque les garanties seront devenues excessives, le mari
pourra en demander la diminution au tribunal.
243. Le mari ou le tuteur pourra toujours être dispensé de
l'hypothèque en constituant un gage mobilier ou une caution,
lorsque cette substitution sera reconnue suffisante par une dé-
cision de justice.
246. Le vendeur d'un immeuble peut, dans le contrat de
vente, stipuler de son acheteur une hypothèque sur l'immeuble
vendu, pour garantie du payement total ou partiel du prix.
Il peut également stipuler qu'en cas de nouvelle transmis-
sion de la propriété de l'immeuble avant payement total ou
partiel du prix, il conservera raclion en résolution de la vente.
247. A défaut de stipulation d'hypothèque, le vendeur peut,
en vertu d'un jugement du tribunal, requérir l'inscription sur
le dit immeuble.
37Î
1
. TCMSIli nF.PrlS 1. iKXrPATldS FRANÇAiSK
^^H l.t- jugemtniL pourra également, sur k>s conclusions du vefl<
^^H (leur, lui accur(lt>r la conservation de son action en rt'&oliition
I^^H en cas de transmission uitérieuiti do lu propriélé de l'immouble
^^^1 avant pjiycinent total ou partiel dit prix. ■
^^^B 3/48. A dt-faul d'inscription ilv la clause de couservalion dfi'
^^H faction résolutoire, résultunl du contrat ou du jugement, Il
^^H ri^solulion de la vente ne pourra en aucun cas ftre oppo».-e
a^^^Ê aux
'. ^^^1 2 '19. Dans ces divers cas le Président du tribunal pourra, en
. ^^^1 ca!i d'urgvnce, ordonner toutes inscriptions conservatoires, les-
, ^^^H quelles n'aumnt d'elTet que jusqu'au jugement délinitif. Sî le
ij^^^l jugement délinilif maintient tout ou partie de l'inscription,
^^^1 qui aura été conservé prendra rang à lu date de l'inscripti
^^^H prise eu nsiT va toi rem en t.
CHAPITRE II
DES HYPOTHfeQlES VOLOKTAIRSS
25o. Les hypothèques volontaires ne peuveat être consenties
que par ceux qui ont la capacité d'aliéner les immeubles qu'ils
y soumettent.
35 1 . Les écrits faits en pays étrangers peuvent donner hypo-
thèque sur des immeubles sis en Tunisie, à condition de se
conformer au\ dispositions de la présente loi.
^5:1. Ceux qui n'ont sur l'immeuble qu'un droit suspradu
par une condition, ou résoluble dans certains cas, ou sujet à
rescision, ne peuvent consentir qu'une hypothèque soumise
aux mêmes conditions ou à la même rescision.
Cette disposition ne pourra, toutefois, conformément à l'ar-
ticle \S ci-dessus, préjudicier aux droits que les créanciers
hypothécaires de bonne foi auraient fait inscrire régulièremenl-
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 373
!i53. Les biens des mineurs et des interdits, et ceux des
absents, tant que la possession n'en est déférée que provisoire-
ment, ne peuvent être bypothéqués que pour les causes et dans
les formes établies par la loi.
SECTION I
De rhypothèqae testamentaire
254. L'hypothèque testamentaire est celle qui est établie,
pour un chiffre déterminé, par le testateur, sur un ou plusieurs
de ses immeubles spécialement désignés dans le testament, pour
garantir les legs par lui faits.
SECTION II
De l'hypothèque conventionnelle
a55. Il n'y a d'hypothèque conventionnelle valable, et pou-
vant en conséquence être inscrite^ que celle qui, soit dans le
titre constitutif de la créance, soit dans un titre postérieur^ dé-
clare spécialement la nature et la situation de chacun des im-
meubles actuellement appartenant au débiteur, sur lesquels il
consent l'hypothèque de la créance.
266. Si les immeubles affectés à l'hypothèque ont péri ou
éprouvé des dégradations, de manière qu'ils soient devenus
insuffisants pour la sûreté du créancier, celui-ci a le droit de
réclamer le remboursement de sa créance.
Néanmoins le débiteur sera admis à offrir un supplément
d'hypothèque, si la perte ou les dégradations ont eu lieu sans sa
faute.
257. L'hypothèque conventionnelle n'est valable, et ne peut
en conséquence être inscrite, qu'autant que la somme pour la-
quelle elle est consentie est déterminée dans l'acte.
37b L,\ TtTMSIF. DEPUIS L*
Si U créance rt'-sultaut dt* l'obligation est contliuouavUe.ta
condition ftera mentionnée clans l'inscription.
afïS. L'hypothèque cousenlic pr)ur siireté tl'un cn;dit ikiyw
à coiicurreiire (l'une somme déterminée qu'on s'oblige à fournir,
i»t valable, et peut en conséquence être inscrite; elle prend
rang à lii date de son inscription sans égard aux époques succe»-
sives de la délivrance dos Tonds.
CIIAPITHE III
ni! BASO DUS HYPOThIïQUKS KNTBE KI.LK8
aSg. L'hypothèque soit volonlairtr sotl forcée n'existe ii 1'
gard des tiers et n'a rang entre le^ créanciers que du jour
l'inscription prise dans la forme et de la manière prescrites p
la présente loi.
aGo. Tous les créanciers inscrits le même jour exercent
concurrence une hypothèque de la même date, sans distinctloa
entre l'inscription du matin et celle du soir, quand même celte
diiTérence serait marquée par le conservateur.
CHAPITRE IV
DE l'effet des HYPOTH^UES OONTBE LBS tiers DlâTfiNTBUBS
261. Les créanciers ayaat une hypothèque inscrite sur un
immeuble, le suivent eu quelques mains qu'il passe pour être
colloques et payés suivant l'ordre de leur inscription.
263. Si le tiers détenteur ne remplit pas les formalités qui
seront ci-après établies pour purger sa propriété, il demeure,
par l'effet seul des inscriptions, obligé, comme détenteur, à tou-
I
LOI SUB LA PROPRIÉTÉ FONCIÈ^K 375
tçs les* dettes. hypotHécaîres;:il jouit des termes et déiaU accor-
dés au débiteur originaire.
263. Le tiers détenteur est tenu, dans le même. cas, s'il ne
paye tous les intérêts et capitaux exigibles, à quelque somme
qu'ils puissent monter, de délaisser Timmeuble hypothéqué sans
aucune réserve.
264. Faute par le tiers détenteur de satisfaire pleinement h
l'une de ces obligations, chaque créancier hypothécaire a droit
de faire vendre sur lui Timmeuble hypothéqué, trente jours
après commandement fait au débiteur originaire^ et sommation
faite au tiers détenteur de payer la dette exigible ou de délaisser
Timmeuble.
265. Le délaissement par hypothèque peut être fait par tous
les tiers détenteurs qui ne sont pas personnellement obligés à la
dette et qui ont la capacité d'aliéner.
266. Il peut l'être même après que le tiers détenteur a reconnu
Tobligation ou subi condamnation en cette qualité seulement. Le
délaissement n'empêche pas que, jusqu'à l'adjudication le tiers
détenteur ne puissse reprendre l'immeuble, en payant toute la
dette et les frais.
267. Le délaissement par hypothèque se fait au greffe du
tribunal de la situation des biens, et il en est donné acte par ce
tribunal.
Le greffier doit en prévenir immédiatement le conservateur
qui en fera mention sur le titre de propriété.
Sur la pétition du plus diligent des intéressés, il est créé à
l'immeuble délaissé un curateur sur lequel la vente de l'immeuble
est poursuivie dans les formes prescrites pour les expropria-
tions.
a68. Les détériorations qui procèdent du fait ou de la négli-
gence du tiers détenteur, au préjudice des créanciers hypothé-
caires, donnent heu contre lui à une action en indemnité; mais
i »
il tu peut ivpêlcr «a impemm f^t amélioratîoits t^uc îuM}u*ii cos-
rttrren;*^ dr U pliis-vulurrvMillaiit de riunvlioraLicia.
a6<). f.es fruits de l'iount-iihle li\po4hequc ne «ont dtu par tr
lien dél«nieur t^u'à compter ila jour de la minmatioD de paio-
ou dp d^laUscr; et, si ks pof)r»utu-« commencées ont ctc aban-
dcmnên pendant trois ans, â compter de la nouvelle sommalioa
qui Mrra faite.
3-n. 1^-s droits réels immobiliers dont le tiers détenteur avait
le bénéfice ou cju'il MihitMÎI avant sa possession sur un iuime»^
ble délaissé on adjugé à la suite d'une purge d'livpot)iè<{uc , t^
naissant aprî-s le dêlaisu-ntenl mi aprH l'iidjudication faite&ur luu'
Dans )e cas oii l'inscription aurait éli* radiée à la suite de li
confuiion, une nouvelle inscription s<;rait ntk-cssaire pour faint
revivre le droit, mais l'intéresse pourra la requérir.
'ji-]i. I.C tiers dt'tenteur qui a payé la dette liypolliécaire, ou
détatHU* l'immeuble liypothéqué, ou sul/i l'expropriation de cet
immeuble, a sou recours, tel que de droit, contre le débiteur
principal.
■i-]-j.. iji tiers détenteur qui veut purger sa propriété, eo
pjjïjjil le i>n\ , oliservc K-s fonnalilés qui sont établies daus ie
cbapitre VI ci-après.
CHAPITRE V
DK l.'fiSTINCnON DES HYPOTHÈQUES
373. Us hypothèques s'éteignent :
l" par l'cxlinclioii de l'ohligatiou principale;
2" par la renonciation du créancier;
y par l'accoin plissement des formalités et conditions pi-escriies
aux tiers délenU'urs pour purger les immeubles par eux acquis.
Laii. 374 est abrogé.
LOI SUR l.\ l'HOPRItrrk KOStlIÉllE
CHAPITRE VI
DU MODE DE PUHOBB LES IMMEUBLES DES HYPOTHÈQVES
>. L'Immeuble, bien que cbaugeant de propriétaire, reste
aflecté de tous les droils réels immobiliers inscrits sur le titre de
propriélé.
2yG. Le nouveau propriétaire qui voudra obtenir la radiation
des inscriptions liypotliécaires prises sur l'immeuble dont la pro-
priété lui est transmise, devra, après avoir fait inscrire son droit
de propriété, soit avant les poursuites autorisées par le clia-
pitrc IV qui précède, soit dans le mois au plus tard à compter
de la première sommation qui lui est faite, notifier à tous les
créanciers inscrits, au domicile par eux élu :
("Extrait de l'acte Iransmissif de propriété contenanl sa date
et sa qualité et la désignation des parties;
a° Le prix de l'acquisition et les charges faisant partie du prix;
révaluation de ces charges, celle du prix même s'il consiste en
une rente viagère ou perpétuelle ou en toute obligation autre
que celle de payer un capital fi\e; enfin l'évaluation deTimmeu-
ble s'il a été donné ou cédé à tout autre titre qu'à celui de vente;
3'^ Un certlHcat d'Inscriptions de toutes les liypothètjucs qui
pèsent sur l'immeuble, y compris celle du vendeur qui aurait
bénéficié des articles 246 ou a/jy de la présente loi.
277. IjC nouveau propriétaire ne pourra faire usage de la fa-
culté accordée par le précédent article <[ue sous cotidillon de
faire la notilication piescrite dans l'année de l'Inscription de son
droit de propriété.
a^S. Le nouveau prupriélaire déclarera, par le même acte,
qu'il est pr*U d'acquitter les dettes et charges liypothécaires jus-
■ence du pris ou de la valeur déclarée, sani
tîoQ aucune au profit du vendeur ou de tout autre.
qu
dédui
I
Sauf d»pOHboa contrwre dan» 1» litres drcrraooes, iijouin
«le» Irj-mo H drUû acconkrtau (iî-lMlrur ortgînaîrtrt il obwr-
ven nnn Hîpulrâ ctmtre ce (lemirf .
fjrs rrcaoors doo rclam qui or «ioroeol (pe pour pftrtie m
ordre utile wroat immedalemenl nigîbles vi»-â-Tê du dou-
vciu proprtètaîrr jusqu'à celtr conmireoce , et pour le tout à
l'igan) du ili^ileur.
2~9. Si fami les crcsncim se tnMT« un reodrar anot à U
fb» Chypothèque qu'il annît tait insmre et radion rôoluiotir
iju il aunit conserrre par fÎDscriplKM) , coaformr'nient au\ ar-
lidrs 34'' "f ^17 ^ 1^ prrseule loi , îl aura (juarante jours, j
partir de la nntificaticMi â loi &jlr , pour opter eotrr ces étrm
ilrmts, sous peine d'flre drrfiu de l'aclioa en résolution et de
ne pouvoir plus rrclamrr que son liypollièque.
S'il upU-' pour la résolution du (oulral, il devra à p-inede
dccliéaiKe, le dècUrrr au ^n^fTie du Iribuiul devant Icqud l'ordre
doit être ponrwïvi. Le grHlîer tioit m prcrenir ininûdiateoient
le eooservaleur qui en fira mention sur le litre de propriété.
La dtf:laratiou du vi-ndtnir si*ra f;til'' dans le dciai c)>de^Lsus .
Itxé, et suivie daas le:» Ji\ jours Je la demande eu i^rMitutiao.
A partir du jour où le vendeur aura opté pour l'action résolu-
toire , la purge sera suspendue et ne pourra être reprise qu'après
la renonciation de la part du vendeur à l'action résolutoire, ou
après le rejet de cette action.
Les dispositions qui préct'deni sont applicables aux coéclian-
gistes et au donataire.
280. lorsque le nouveau propriétaire a fait la notification
ci-dessus énoncée dans le délai fixé, tout créancier dont l'hy-
poflièque est inscrite peut requérir la mise de l'immeuble aux
enclièreset adjudications publiques, à la cbai^e :
1° Que celte réquisition sera signifiée au nouveau propriétaire
dans les quarante jours, au plus tard , de la Dotificalion faite à
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 379
* '
■ • *
la requêle de ce dernier, en y ajoutant deux jours par cinq my-
riamètres de distance entre le domicile élu et le domicile réel du
créancier le plus éloigné du tribunal qui doit connaître de
Tordre;
2^ Qu'elle contiendra soumission du requérant ou d'une per-
sonne présentée par lui, de porter le prix à un dixième en sus'
de celui stipulé dans le contrat, ou déclare par le nouveau pro-
priétaire. Cette enchère portera sur le prix principal et les
charges, sans aucune déduction , mais non sur les frais du pre-
mier contrat;
S"" Que la même signification sera faite, dans le même délai,
au précédent propriétaire et au débiteur principal ;
: 4^ Que l'original et les copies de ces exploits seront signés par
le créancier requérant, ou par son fondé de procuration expresse,
lequel, en ce cas, est tenu de donner copie de sa procuration.
Ils devront aussi être signés, le cas échéant, par le tiers eur
chérisseur ;
5° Que le requérant offrira de donner caution personnelle ou
hypothécaire jusqu'à concurrence du prix et des charges.
Le tout à peine de nullité.
1281. A défaut, par les créanciers, d'avoir requis la mise aux
enchères dans le délai et les formes prescrits , la valeur de l'im*
meuble demeure définitivement fixée au prix stipulé dans le con-
trat, ou déclaré par le nouveau propriétaire.
Les inscriptions qui ne viennent pas en ordre utile sur le
prix seront rayées pour la partie qui l'excédera , par suite de
l'ordre amiable ou judiciaire dressé conformément aux lois de
la procédure.
Le nouveau propriétaire se libérera des hypothèques , soit en
payant aux créanciers inscrits en ordre utile les créances exigibles
ou dont l'acquittement lui est facultatif, soit en consignant le
prix jusqu'à concurrence de ces créances.
380
LA TV.SISIE DEPUIS L OCCUPATION HRANt^lSK
Il resUr soumis aux liypotlièques venant va ordre utile, à rai*
son des créances non exigibles dont il ni; voudrait ou np pour-
rait se libérer.
aSa. En tas de revente par suite de surenchère, elle aura
lieu suivant les formes de la procédure civile.
2B3. L'adjudicataire est tenu, au delà du prix de sou ad-
judication, de restituer à l'acquéreur ou au donataii'e dépos-
sédé les frais el loyaux coûts de son contrat , ceux de sod dépôt
à la conservation de la propriété foncière, ceux d'inscription,
ceux de notification et ceux faits par lui pour parvenir à li
revente.
a84. IjC désislemcut du créancier requérant la mise au:
chères ne peut, même quand le créancier payerait le montant de
la soumission, empêcher l'adjudication publique, si ce n'est du
consentement exprès de tous les auti-es créanciers hypothécaires,
ou si ces derniers, sommés par huissier, au domicile par eux
élu, de poursuivre l'adjudication dans la quinzaine, n'y doo^
nent point suite.
a85. L'acquéreur qui se sera rendit adjudicataire aura soa
recours tel que de droit couti-e le vendeur, pour le rembourse-
ment de ce qui excède le prix stipulé par son titre, et poui
l'ïntérêl de cet excédent, à compter du jour de chaque paye-
ment.
a8(î. Dans le cas où le titre du nouveau propriétaire conh
prendrait des immeubles et des meubles, ou plusieurs immeu-
bles, les uns hypothéqués, les autres non liypothtH|ués, alién
pour un seul et même prix , ou pour des prix distincts et sépa-^
rés, soumis ou noua la même exploitation, le prix de chaque
immeuble frappé d'inscriptions particulièi'es et séparées, sera
déclaré dans la notification du nouveau propriétaire, par ven-
tilation , s'il y a lieu , du prix total exprimé dans le titre.
Le créancier surenchérisseur ne pourra, en aucun cas, étrc
LOI SUR LiV PROPRIÉTÉ FONCIKRE 381
contraint d'ctendresasoumission ni sur le mobilier, ni sur d'au-
tres immeubles que ceux qui sont hypothéqués à sa créance ,
sauf le recours du nouveau propriétaire contre ses auteurs , pour
l'indemnité du dommage qu'il éprouverait soit de la division des
objets de son acquisition , soit de celle des exploitations.
TDiiE xn
a^-- L^ tri
!r peol poonônc Pcxproprùikui des droili
!s snivauls i|HMil<naii! an defaitciir :
I* U propncCê
3* l'usufruit des
4* i'ciBfilnlrâac ;
V b superficie.
itSS. Néanmoins b pan îndirâe d'un rofaéTÎIîn- dans les h
Meubles d'une succession ne peut être mise en rente par s
a<énnc>ers personnels, avant le partie ou la licilalion qu'
peuvent proroqurr s'ils le jugent convenable, ou dans lesquek
ool le droit d'întervmir cooformemenl aux lois sur les suocc
sioos.
289. Les imiDeubtes d'un mioeur, mène émancipé, ou d'i
interdit, ne peuvent être mis eu vente avant la discussion 1
mobilier.
290. La discififiioa du mobilier n'est pas ret|otse avant l'e
propriation des immeubtes possédés par indivis entre un maje
et un mineur ou un interdit, si la dette leur est commune
ni dans le ctt OÙ les poursuites ont été commencées contre
I l'inlerdicli
I des ^^^^|l cjui font partie de fe
majeur,
251,
liteur, seul , quoique
LOt SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE ' 383
Celle des immeubles de la femme qui ne sont point entrés
en communauté se poursuit contre le mari et la femme, la-
quelle, au refus du mari de procéder avec elle, ou si le mari est
mineur, peut être autorisée en justice.
ËiLcas de minorité du mari et de la femme, ou de minorité
de la femme seule , si son mari majeur refuse de procédei: avec
elle, il est nommé par le tribunal un tuteur à la femme, contre
lequel la poursuite est exercée.
292. Le créancier ne peut poursuivre la vente des immeubles
qui ne lui sont pas hypothéqués que dans le cas d'insuffisance
de ceux qui lui sont hypothéqués.
293. Il ne pourra être procédé simultanément à la vente
de divers immeubles, appartenant au même débiteur, qu'a-
près autorisation sur requête délivrée par le Président du tri-
bunal.
294* Si le débiteur justifie, par baux inscrits, que le revenu
net et libre de ses immeubles pendant une année suffit pour
le paiement de la dette, en capital, intérêts et frais et s'il en
offre la délégation au créancier, la poursuite peut être suspen-
due par les juges, sauf à être reprise s'il survient quelque op-
position ou obstacle au payement.
295. La vente forcée des immeubles ne peut être poursuivie
qu'en vertu d'un titre inscrit ou exécutoire pour une dette cer-
taine et liquide. Si la dette est en espèces non liquidées, la
poursuite est valable; mais l'adjudication ne pourra être faite
qu'après la liquidation.
296. Le cessionnaire d'un titre exécutoire ne peut poursui-
vre l'expropriation qu'après que la signification du transport a
été faite au débiteur.
297. Jja poursuite peut avoir lieu en vertu d'un jugement
provisoire ou définitif, exécutoire par provision, nonobstant
appel; mais l'adjudication ne peut se faire qu'après un juge-
LA TUHtSIK DKPUIS LOCCUPATtOX FRAXÇAISE
trient (icBnitif en dernier l'cssort , oti passt^ en force de ckoa
jugéf.
I^ poursuite ne peut s'exercer ea vertu de jugements
par dt-fdut durant le dt-l<ii de l'opposition.
ai)!^. La poursuite ne p(>ut vtre annutt'c sou& prétexte que le
ci'i-ancier l'aurait commencée pour imo sommu plus Ibrk' qnC
celle cjui lui est due.
299. Toute poursuite en expropriatiou d'immeuble doit èvn
précédée d'un commaademeiit d payer, fait, à la diligence ct^
requête du créancier, ù la personne du débiteur
domicile par le ministère d'un huissier.
Si ce coinniuudemenl est signifié au conservateur, celui-d
l'inscrira, et l'imnienlile du débiteur ne pourra faire l'obji
d'uucune autre iiiscriplion pendant le cours de l'instance ea
expropriation.
Les formes du commandement, celles de la poursuite 6e
l'expropriation, l'ordre et la distribution du pri.v et la maniera
d'y proccdei' sont réglées pur les lois sur la procédure.
TITRE Xni
De la prescription
Les art. 3oo à 34' ■"^"^ abrogés.
PI(OPRII':Tk FOXCIKRF.
TITRE XIV
De l'inscription des droits réels immobiliers
CHAPITRE I
DU DÈPflT ET DE LA CONSERVATION DES ACTES
3.'|a. Tout droit ivcl relatifà un immeuble déjà iinmatriciiit-
n'existera, à l'égard des tiers, que par le fait et du jour de
sou inscription sur le titre par le conservateur de la propriété
foncière, sans préjudice des droits et actions réciproques des
parties pour l'inexccution de leurs conventions.
343. Tous faits ou conventions ayant pour effet de trans-
mettre , déclarer, modifier ou éteindre un droit réel immobilier,
d'en clianger le titulairt; ou de modifier toute autre coudition
de son inscription, tous baux d'immeubles excédant une année,
toute quittance ou cession d'une somme équivalente à plus
d'une année de loyers ou fermages non écbus, ou à plus d'une
année d'arrérages non éclius de la rente de l'enzel seront, pour
être opposables aux tiers, constatés par écrit et inscrits sur le
litre par le conservateur de la propriété foncière.
Les écrits indiqueront l'état civd des parties contractantes et
mentionneront leur contrat de mariage, s'il en a été fait un ,
ainsi que la date de ce contrat, les noms el résidence de l'officier
public qui l'aura reçu. Us seront, ainsi que toute décision judi-
ciairt- ayant le mi'me effet, déposés soit en expédition à la con-
servation de la propriété foucièn-.
Ils seront conservés dans les arcliives et des copies faisant foi
de leur contenu et de la date du dépôt pourront être délivrées
, à toutes époques aux intéressés.
MC
U TOgnSIX depuis L OCCCPATtOX FRAIICAISR
Ijfs signaliira des parties appo»é«s au bas des écrits autm
({la- k-s actt!:sautbentiqiiosou judiciaircssvroot, avant le dépôt,
IvgalÏH't's :
Ea €c qui c-ottarnii- Ira Europccos, par Tuoc des autorltù
suivantes .-
Le Prèsitlcul du tribunal civil;
hn Jiigt^ de Paix ;
l..e!> (xtntrôli-urs civils ;
1.4^ I'ni«idcnt& des miuiicipalités, s'ils sout deDalîonalili- i;u-
ropccnnc; et, au cas roiilrairc, le Vice-Pi'êsident de celle na-
tiaualité;
1^^ Coasuls, Vicc-Cuiisuls et AgciiU ronsulaiits, paur Icun i
nalinnaus et protégés.
Vm ce (]ui «.-oiioerne les indigènes pBi- :
1^' l'n-niier Miutsli-e ou son délégué;
Ia- l'réiident du Iribiioal civil ;
Ia-s Juges de Paix ;
l^-s Contrôleurs civils;
l^s Présidents des municipalités s'ils sont iiidigénes; et, aUj
cas contraire, le Vice-Président indigène;
Les Cadis.
Les écrits rédigés par les notaires tunisiens seront signi-s par
les parties dont les signatures seront légalisées, ainsi qu'il est dit
Si les parties ne savent ou ne peuvent signer la reconnais-
sance de l'écrit aura lieu devant l'une des autorités désignées
ci-dessus, en présence de deux témoins du sexe masculin, sa-
cliant signer et ayant ta capacité nécessaire pour contracter.
Le magistrat ou fonctionnaire certifiera la reconnaissance de
l'écrit cl la signera avec les témoins.
Les légalisations et reconnaissances devront, dans tous les
cas, èli-e rcvêtuesdu sceau des magistrats ou fonctionnaires dé-
signésci-dcssiis dont les sir^natures seront ellea-nitirncs légalisées
selon les règles ordinaires.
Si le nom, l'élal ou la demeure des parties ou des témoins
ne sont [)as connus du magistral ou du fonctionnaire qui pro-
cédera à la légalisation ou devant lequel aura lieu la reconnais-
sance de l'écrit, ils devront lui être attestés par deux témoins
connus de lui et ayant les mêmes qualités que colles indiquées
ci -dessus.
A défaut d'exécution de ces prescriptions, le conservateur
iviusera l'inscription.
Si plusieurs originaux ou expéditions des pièces énumérées
<ù-des£us lui sont remises pour être inscrites, le Conservateur
n'en conservera qu'une, et devra remettre les autres aux inté-
ri'ssés après y avoir mentionné que l'inscription a été effectuée.
'^44- I-* conservateur tiendra, indépondamnient du i-egislre
des titres de propriété prévu par l'article 45 de la présente loi :
1° Un registre d'ordre des formalitts préalables à l'imma-
triculation ;
i" Un registre de dépôt ofi seront constatées par numéros
d'ordre , et à mesure qu'elles s'effectueront , les remises des
décisions du tribunal mixte ordonnant l'immatriculation; celles
des documents à fui d'insci'iption, de transcription de saisie,
et généralement de tous actes ou écrits à inscrire, transcrire
ou mentionner.
Ce dernier registre est arrêté cliaque jour par le conservateur.
345. Le registre de dépots sera tenu eu double et l'un des dou-
illes sera déposé, sans frais, et dans les trente jours qui suivront
sa clôture, au greffe du tribunal de première instance de Tunis.
346. Le conservateur donnera au déposant, s'il le demande,
pour cliaque document déposé, une rocon naissance qui repro-
duira la mention du registre de dépôts et rappellera le numéro
d'ordre sous le(iuel cette mention a été portée.
a
38H LA TUNisiii: DEPtus i.'<)u:rPATi().\ krancaisk
■i'\j. Ijt- conscrvatuiir lifiidra t'Qcore :
I " Une t»bl(^ Bipluibétiqiit! des titulaires des droits réels el
dps baux insc-rils à la coaservatîoii de la propritrtc foncière;
2" L'iift lablf nIpbah('liqiio dris titiTs de propriélc;
V|ti. Le PiiJsidcnl du Iribuual civil cl le Procureur de U
République pouiTOiU demander personnelleineut la cominuiii-
cation sans di-placemc;nl di-s registres de la conservation.
3/19. Tous Ii's rt'gistres du conservaleui- sont colrs et para-
pbés par cliaque page, par première el dernii-re, par l'un Jw
juges du tribunal.
Sbo. Toute personne au nom de laquelle inscription est pris-
à la conscrvalion de la propriété l'oncièi'e doit faire élection de
domicile eu Tunisie, au cUef-lîcu d'une justice de paix. Faute
de quoi toutes significations lui seront valablomeiit faite» au
greffe de la justice de paix dans le i-cssort de laquelle sont situt-s
les immeubles.
II est loisible à celui au nom duquel une inscription a ete
prise, ou à ses représentants, de obangi-r de domicile |>ar lui
élu, à la charge d'en cboisir et indiquer un autr<' dans le mêiiie
chef-lieu de justice de paix.
CHAPITBE II
DL' MODE d'opérer LES IN'SCRIFTIONS ET LES RADIATIONS
OU EÉDITCTIONS d'iNSCRIPTIONS
SECTION r
Des oblIcatioDB dn coiuerTatear
35 1 . Les inscriptions et transcriptions de saisie sont portées,
rayées, réduites ou rectifiées par le conservateur de la propriété
foncière au moyen de mentions sommaires faites sur le registre
des titi-es de propriété.
fSi.iy
LOI SUR LA PROI'BIETK FONCIERE
;i8!>
352. Le conservateur est tcDU de délivrer à tous ceux qui
le requièrent, soit un certificat établissant la couformité des
copies du litre de propriété avec le même titre, soll copie litté-
rale de toutes les mentions concernant un droit réel immobilier,
ou de celles qui seront spécialement designées dans la réquisi-
tion des parties, soit certîHeat qu'il n'en existe aucune.
II pouri'a également délivi-er, sur réquisition expresse, le re-
levé sommaire des inscriptions conecrnant un droit réel immo-
bilier; ce relevé ne sera fourni qu'à tilre de simple renseigne-
ment, et n'engagera point la responsabilité du conservateur.
Toute réquisition sera écrite, datt-e et signée.
Si le requérant qui se présente à la conservation ne. saÎL
écrire, la réquisition sera remplie par le conservateur.
Dans tous les cas, elle devra être reproduite en tèle des étals
ou certificats.
Î53. Hors des cas prévus par la loi , le conservateur ne peut
ni refuser, ni retarder une inscription, une radiation, ou rec-
tification d'inscription régulièiTment demandée, la délivrance
de la copie du titre de propriété aux personnes qui y ont droit
en vertu des articles 5 1 et 5^ de la présente loi , et à toute per-
sonne, dos certificats d'inscriptions, .sous peine de dommages-
intérêts.
35ii. Si le conservateur a des doutes sur la capacité des par-
ties, il procédera à une inscription provisoii-e et imposera au
requérant un délai de quinzaine augmenté du délai des dis-
tances, pour produire les justifications nécessaires. Ce délai
courra ù partir du lendemain de la remise de la notification soit
à la partie, soit au domicile élu; si le dernier jour du délai se
trouve être un dimancbe ou jour férié, ce jour-là ne sera pas
compté.
Si les justifications sont faites daus le délai légtil , l'inscriptioa
définitive prendra date du jour de l'inscription provisoire.
L.
:l!)ll LA TUNISIE DEPCI5 L OCCDPATIO.V FXAKÇAISK
Au cas roiilraiiv, i'iiiscrijilioa provisoire sera iiullu.
Qiiaml les jusliRcatioiis scroiil jugéi-s iasufOsanles par le roo-
sci-vateur, l'inscriptioii di-finitive ne pourra être prise,
s'agit d'un justiciable des tribunaux français, qu'en vertu d'
jugement du tribunal civil rendu sur simple requête, contradîo
toirement avec le Procureur de la République et avant acquj
l'autorité de la ctiosc jug^êe.
1,'inslancc sera introduite dans les huit jours qui suivec
l'expiration du délai Bxé par le premier alinéa du présent article^
l'instruction se fera par simples mémoires remis au partjueL'
Le ministère des défenseurs ne sera pas obligatoire.
Les jugements seront rendus dans les trois mois, au plus tard,
a compter de l'introduction des instances, sur le rapport d'ia
juge fait en audience publique et sur les conclusions du l'i-ocit
leur de la République. Ils seront sans appel et ne pourront ètr*
attaqués par voie (le cassation.
S'il s'agit d'un indigène, l'instance sera introduite dans le
même délai , et le jugement sera rendu , dans les trois mois, par
le tribunal de l'Ouzara,
L'inscription ordonnée [wr le tribunal prendra rang égalée
ment du jour de l'inscription provisoii-e.
l<es frais de l'instance resteront, dans tous les cas, à la
cliarge du requérant.
35^). Lorsque des omissions ou des erreurs auront été i
mises dans le titre de propriété ou dans les inscriptions, \dt
parties intéit^ssées pourront en demander la rectification.
l^e conservateur pourra, en outre, rectifier d'office et sou
sa responsabilité, les irrégularités provenant de son cbef.
Dans tous les cas, les premières inscriptions devront ètn
laissées intactes, el les corrections seront inscrites à la daft
courante.
356. En cas de refus de la part du conservateur, le tribun^
LOI suit LA PROPHIt:TK fO-VCI^RK
391
poiiiTa ordonner des coneclions qui seront faites dans les
inèmes conditions; il pourra également ordonner, s'il y a lieu,
la délivrance de la copie d'un titre de propriété ou d'un certi-
ficat.
^M' De la réquisitioa d'inacrlptlon
357. Toute personne intéressée pourra, en produisant les
pièces dont le dépôt est prescrit par la présente loi, requérir
du conservateur, l'inscription, la radiation, \a réduction ou la
l'ectification de l'inscription d'un droit réel immobilier. Toute*
fois, pour être inscrit, ce droit devra tître tenu directement du
titulaire de l'inscription précédemment prise. En conséquence,
dans le cas oîi un droit réel immobilier aura Fait l'objet de plu-
sieurs mutations ou conventions snccessi ves, la dernière mutaliou
ou convention ne pourra être inscrite avant les précédenles.
358. Le privilège du crédit rentier de l'enzel sera inscrit d'of-
lice par le conservateur au moment de l'immatriculation de l'im-
meuble, ou au moment du dépôt de l'acte constitutif de l'enzel
sur un immeuble déjà inmialrirulé, ou à la requête du crédit
rentier.
Le conservateur devra également, au moment de l'inscrip-
tion d'un jugement d'adjudication, prendre d'office, au profit du
débiteur saisi, du collcitanl , ou de leurs ayants droit, une liypo-
tlièque pour sûreté du payement du prix de l'adjudication, dont
la payement préalable ne lui serait pas justifié.
35g, L'inscription dos droits des mineurs cL des interdits seru
faite à la requête des tuteurs ou subrogés tuteurs, et, à défaut,
à la requête des membres du conseil de famille, du procureur
<le la République, des juges de pai\, du consul, dos parents,
des amis des incapables et des incapables eux-mêmes.
:)9i LA TCNISIK DSrVI» L'uCCL'PATION- l-HA.XÇ.\l!i|':
-JCu. l/inscription des di-oits de la femme mariée se fait i »
recjU^te du mari , ou , h diifaut , à la reqiit-te àe la femiiio , u
SCS paiTtiU ou do sv» amis.
3(h . L'hypotlièqut- testa ment aire sera inscrite par le conse*- ■
vatt'ur, sur le dopol du U-stament ou de la copie autlienliijuc , a
l:i requtte du K'-f^aLiire.
SECTION m
Des obltgatloiiB du requérant une inscription
36'i. Le rc(]iiéraut une inscription, la radiation, rcduclion
ou rectification d'une inscription devra remettre au conserva-
teur, pour oliucjue droit réel , les pièces donl le dépôt est pres-
crit par la pré-Sf'nte loi.
3(i3. Ix's inscriptions à l'aire sur les biens d'unr persoiiue
décéd^e pourront être faites sous ta simple désignation du dù>
funl.
36^. Kn cas de dt'cès d'nn détenteur d'un droit i-eel im-
mobilier non inscrit, inscription |>onrra, avant liquidation ou
partage, être prise au nom de la succession, sur la seule
production de l'acte de décès, et ces inscriptions seront mo-
difiées après partagt! , en conformité de l'acte de partage qui sera
produit.
365. En cas de donation, l'inscription se fera sur le dépôt
de l'acte de donation ou d'une expédition.
366. Pour obtenir l'inscriptioa nominative de droits réels
immobiliers résultant de l'ouverture d'une succession, les re-
quérants produiront , outre l'acte de décès , s'il s'agit d'une suc-
i.-ession ab intestat, un certificat constatant leur état civil et leurs
droits exclusifs à l'hérédité.
Ces certificats seront établis, en Tunisie, par les juges de paix
ou par les agents consulaires, pour les nationaux et protégés
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 393
des diverses nations européennes, et , pour les Tunisiens , par les
juges de paix ou les cadis. Les certificats établis hors de la Tu-
nisie seront passés en la forme authentique.
S'il s'agit d'une succession testamentaire, les mêmes pièces
et 9 de plus 9 l'acte testamentaire ou une expédition de cet acte
et, s'il y a lieu, le consentement des héritiers ou des légataires
universels, ou la décision du tribunal autorisant l'envoi en
possession.
L'art, 567 est abrogé.
SECTION IV
De la forme des inscriptions
;:! 1 . — De l'inscription des droits réels immobiliers et des baux
368. Les inscriptions ou mentions de droits réels immobiliers
et de baux indiquent :
Pour la propriété immobilière : le propriétaire ;
Pour Tenzel : le propriétaire , le crédit rentier et le montant
annuel de la rente;
Pour l'usufruit des immeubles, l'usage et l'habitation, l'em-
phytéose et la superficie : le propriétaire et l'usufruitier, l'usa-
ger, l'emphytéote et le surperficiaire;
Pour les servitudes foncières : le fonds servant sur le titre de
propriété du fond dominant , et réciproquement ;
Pour l'antichrèse et l'hypothèque : le propriétaire, le créan-
cier et le montant de la créance;
Pour les baux : le locataire et le prix annuel du bail.
369. L'inscription, la radiation et la réduction d'inscription
mentionnent , à peine de nullité , la date à laquelle elles ont été
effectuées.
3^0. Les droits immobiliers et les baux sont inscrits avec
(
1
r
I La TITKISIK ORTl'IS L OCrCrATKlN fRAKC^ISK
nrtndication sonimaîi'e de toutes les conditions et clauses 3ux<
quelles soûl suborttouui^^ leui' existence et leur exercice.
L <irt . 3^ i est iibrugé.
373. Le droit roncédé au locatairi! ou à IVmplijt^ote d'aclie-
ter ir fouds OU de reiioiivdvr le Ijaii , k durée du bail et Iti
anticipations du payt^mcnt du loyi^r, devront être meutioni
dan& riiiscriptiun pour êtreopposubles aux tiers.
l'art, 'in'i est abmgé.
inforiiiilÉ du titre de propriété et den copies
loéij
It^^- Toutes les fois qu'une inscrlplion sera portée sur le titiv
de propriété, elle devra l't^tre en mûme temps sur les copies du
titre que le conservateur aurait dclivrt-es.
3^5. A défaut de production de ces copies, si la formalité
est (lesliuèc à constater un fait ou une stipiilalioa qui suppose
le consentement des porteui-s, le conscrvalour refusera l'ins-
crîptioQ.
Dans les autres cas, il fera l'inscription, la portera sur le
titre de propriété, la notifiera aux dëteuteurs des copies désignés
dans les articles 5[ et 52, et, jusqu'à ce que la concordance
entre le titre et les copies ait été rétablie, il refusera toute
nouvelle inscription prise de leur consentement.
37G. En cas de perte de la copie d'un titre de propriété, le
conservateur ne pourra en délivrer une nouvelle que sur le vu
d'un jugement du tribunal l'ordonnant.
CHAPITRE m
1>E L\ RESPONSABILITÉ Dl' CONSERVATEUR
377. IjC conservateur est responsable du préjudice résultant :
1" de l'omission sur ses registres, des inscriptions réguliôre-
inent re<juisesen ses bui-eaux;
LOI SVR LA PROPRIÏTK tOXCIHRK
a" (le l'omission , sur les copies , des inscriptions porti-es sur
le titre , sauf l'hypotlièse pri-vue par l'article 3y5 ;
3" du défaut de mention, savoir : sur les titres <le proprielc,
lies inscriptions affectant directement la propriété ou l'enzel ; et
dans les états ou certificats, d'une ou de plusieurs des inscrip-
tions existantes, à moins qu'il ne se soit exactement conformé
aux réquisitions des parties, ou que le défaut de mention ne
provienne de désignations insuffisantes qui ne pourraient lui cire
imputées.
3^8. L'immeuble à l'égard duquel le conservateur aurait
omis, dans les copies du titra de propriété ou dans les certifi-
cats, un ou plusieurs des droits inscrits qui devaient y figurer
légalement, en demeure affranclii dans les mains du nouveau
possesseur, sauf la i-esponsabilité du conservateur, s'il y a l'eu.
Néanmoins, celle disposition ue préjudicic jias au droit des
créanciers hypothécaires de se faln- colloquer, suivant l'ordre
qui leur appartient, tant que le prix n'a pas été payé par l'ac-
quéi-eur, ou tant que l'ordre ouvert entre les créanciers n'est
pas devenu définitif.
lyt). Le conservateur est tenu de se confonncr dans l'exer-
cice de ses fonctions, à toutes les dispositions de la présente loi,
à peine d'une amende de cent à deu)L mille francs pour la pre-
mière contravention. En cas de récidive, l'amende sera doublée
et la destitution pourra même être prononcée; le tout sans pré-
judice des dommages et intérêts des parties, lestjuels seront
payés avant l'amende,
3Ho.Les mentions de dépôts sont faites sur les registres de
suite, sans aucun blanc ni interligne, à peine, contre le con-
servateur, do cinq cents à trois mille fraucs d'amende, et de
dommages et intérêts des parties, payables aussi de préférence â
l'amende.
i
L Tl'MSIE r>KPll!
DISPOSITIONS OENKRALES
38 1. IjPS dispositions des articles 147, 14^1 ''' s'il y a lie
<le l'article /|63 du Code pénal français' sont applicables :
I. CoDt Péthl. Amt. 117. —Seront punis des Iravaai tanèt k temps loulci lo-
iTti pcrsouQrs qui auront commis un taux eu friture autbeotiqne rt pubtii|aF.
RH écriture de catnmercc ou de banque.
Soit par contrefaçon ou altération décritnrM ou de «lenaluresi
Soit par tabricatinn de ciinvfntions. dispositions, otiligatlons ou dccliarges, m
par leur Insertion après coup dans ixs actes;
Soit par aildttion ou altération de clauwt , de déclarations on de faits que
actes avaient (nur objet de recevoir et de constater.
.iRT. 1 1). ~ Dans tons les cas exprimes au présent para(;raphe . telui qui »
Tait usage des actes faux sera panl des travaux forcés i lemps.
Art. tG3. — Leit peines prononcées par la loi contre celui uu reux des accari»
reconans i-oapabics, en faveur de qui le jur; aura déclaré tes drconstancM all^
nnanles, seront modili^ ainsi ifull suit : — Si la peine prononcée par la Im al'
la mort . la ruur a|>)iliquera la |Kàne des travaux forcés â |>erpétu1té ou re
travaux forcés & ti-mps. — Si la peine est celle des travaux forcés i per|iëtuitê. H
cour appliquera relli' des travaux forcés i temps ou relie de la réclusion. —
{idne est cella de la dé|)orlation dans une enceinte fortifiée, la cour appliqnen
celle de la déportation siropli^ou celle de la détention; mais, dans les cas prénM
|iar les articles 96 et 97, la jiciiie de ta déportation simple sera seule appliquée. -M
Si la peine est relie de la déportation, la cour appliquera la |icjne de la détcnthM
ou celle du bannissement. — Si la peine est celle des travaux forcés a temps. Il
cour ai^liquera la i>eine de la réclusion ou les dispositions de l'arlicle 40t . s)
loulefois [louToir réduire la durée de l'emprisonnement au-dessous de deux a
— Si la peine est («Ile de la réclusion . de la détention . du bannlucmcnt nu de Hi
dégradation civique, la amr appliquera les disi»sitions de l'article 401 . sar
lefois pouvoir réduire la durée de T emprisonnement au-dessous d'un an. —
le cas où le Code prononce le maximum d'une peine afQictive . s'il existe des c]t«
constances atténnanles, la cour appliquera le minimum de la peine on nrime h
peine inférieure. — Dans tons les cas oï) la peine de reniprisounement et celle dt
l'amande sont prononc'^s par le Code Pénal, li les circouilances paraissi'nt atté-
nuantes, les tribunaux correctionnel s sont autorisés, même en cas de récidive, 1
réduire ces deux peines comme suit : — Si lu peine prononcée par la loi, soll I
raison de la nalure du délit . soit i raison de l'état de récidive du prévenu , est n
emprisonnement dont le minimum ne soit pas inférieur t un an ou une a
dont le minimum nr soit pas inférieur à cinq cents francs, le^ tribunaux pourron
Lui sur la i>nopRiKTÈ FOM:iKnE 39"
1° à toutes personnes qui auront falsliié, coiitrefail ou alléiv
les litres de propriété, copies, étais ou certificats dclivivs par li"
foiiservali'ur en conrormité de la présente loi, ou fait usage de
ilocumenls ainsi falsifiés, conli'efaits ou altérés :
2" à celli's qui , dans les écrits présentés à l'inscription , auront
commis un faux, soit par contrefaçon ou altération dVcritui'es
uu de signatures, soit par supposition de personnes ou par fa-
brication de convetilions, dispositions ou décharges, ou pur
\fiir insertion après coup dans ces écrits, soit par addiliou ou
altération de clauses, de déclarations ou de faits que ces écrits
avaient pour objet de recevoir ou de constater;
3" à ct-lles (|ui auront fait usage des écrits faux;
4" à celles qui, sciemment, auront servi de témoins pour la
l'econnaissance, dans les cas piTvus par Tarliclc 3/(3 de la pré-
sente loi, d'écrits reconnus faux.
Il sera fait application des mèmi>s peines aux personnes ilésî-
gnées dans les articles 5() et Go du Code pénal '.
mluirr l'cmprUonuFiiientjutqu'Asix jouKcl l'araendt- jusqu'A scite fraiirs. — Dans
toui \e» antres cas, il» pourront rtJuire l'emprisonnemenl même au-cles^iiua ilv
ùi jours cl l'itmende tnAmi! au-drssous de »eiu tranus. lis |iourronl aussi pronon-
cer aéparément l'une ou l'auire de ces pcjnet et même substituer l'amende à l'em-
prîsooneraent sans qu'en aucun cas olli- puis!)e élm au-dra-sous dc< peines de simple
H".
T. Code PcNti.. Anr. 5'J. ^ Lps rompliens d'un crime on d'un délit seront punis
ilr la mi<mc pcjnc que les auteurs niâmes de ce crime ou de ce délit, sauf le cas ou
la lui en aurait disposé auiremenl.
Art. 6». — Seront punis comme complici's d'une action quaiiliéc crime ou délit,
ceux qnl. par dons, promesses, menaces, abus d'auttirilti ou de pouvoir, machi-
n«lionf uu arllficeâ coupables, auront provoqué à celle action, ou donné des ins-
tructions pour la cotnmetlre;
Ceux qui auront procuré des armes, des inslruinenls, ou luut autre moyen qui
aura servi à l'aclion. sachanl qu'ils devaient j servir;
Ceux qui auront, avec connaissance, aidé ou assisté l'auleur ou les auteurs di'
l'action, dam let faits qui l'auront préparée ou facililée, ou ilaas eeui qui l'auront
consonimée*. sans préjudice des peines qui seronl spécialement portées par le pré-
itcat code contre les autenrs de complots ou de provocations attentatoires i la sA-
rrlé Intérieure ou extérieure de l'Etal, même dans le cas oii le crime qui était
l'objet dee coiispîrBt<'urs ou des prnvoralpurs n'aunll pas été commis.
DÉCRET nu IG MARS I8!>2
Sur les ventes immobilières poursuivies
devant les Tribunaux français
Sous, Au l'ACUA Beï PoSSKSSEtlt DU HuïAUMi: DE TlNIS,
Considérant que les ventes immobilières poursuivies devant les
Iribunaux français portcnl parfois sur cli^s immeublûâ dont ni la
wnsislance mati^riullo ni l'i'tat juridique ne sont sufGsamment A6-
Ilnis , qu'il y a lieu de donner à tous les intéressés le moyen d'obte-
nir une sécurité complète pour les droils qui font l'objet d'une
vente judiciaire;
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article i".
11 pourra être proci'Hô, conlornii-ment aux prescriptions tî-
aprts, à l'immatriculation de tout immeuble qui fera l'objet
(l'une vente poursuivie devant les tribunaux français.
CHAPITRE I
i>K l'immatriculation prv^ai.ahle
L'immatriculation préalable à l'adjudication pourra être re-
quise, savoir :
En matière de saisie par le créancier poursuivant;
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE : 399
En matière de lîcitation par l^un des colicîtants;
Pour les biens de mineurs, par les tuteurs ou subrogés tuteurs,
avec Tautorisation du conseil de famille.
I^s frais de l'immatriculation seront en tous cas avances par
le requérant : leur montant sera compris parmi les dépens à
supporter par l'adjudicataire, en sus du prix principal , et an-
noncés avant l'ouverture des encbères conformément à l'art,
^oi du Code de procédure français.
Art. 3.
Le tribunal pourra d'offîce subordonner la vente à l'imma-
triculation préalable si le titre ne lui a pas été produit avant
l'adjudication ou s'il apprécie que le titre produit n'est pas
suffisant.
Art. 4.
£n matière de saisie j la réquisition d'immatriculation sera
établie au nom du saisi par le poursuivant ou son défenseur qui
y joindra la copie, certifiée conforme par le défenseur, du
commandement à fin de saisie-immobilière et du procès-verbal
de saisie.
Il y joindra également tous titres de propriété, contrats^ actes
publics ou privés, ou documents quelconques, dûment traduits,
de nature à faire connaître les droits réels existant sur l'im-
meuble et qui pourraient se trouver entre ses mains.
TjC dépôt de ces pièces aura pour effet d'immobiliser les fruits
dans les termes des articles 682 et 685 du Code de procédure
civile.
Aut. j.
En matière de licitation et pour les ventes de biens de mi*
hOO LA TOKISIS DEPmS l'oCCUPATIO.I FBAXCAISK
iiourit, il sera procédé pour le dépôt de la réquisition d'imma-
triculation, ronf'orméjneut uuk uri. -aa à a't inclus de la loi
foncière.
Aht. g.
L:t proct'dun^ d'immatriculaliou se poursuivra confonne-
iiK'iit iiu\ dispositions de 1<1 loi fouclértr.
Apri^ l'cxpiralion du délai imparti pour la production des
oppositions, à peine de forclusion, et la redactiou du plan ili>-
finitif, le poursuivant déposera au greffe son cahier des ctiai^es,
et la procédure de saisie immobilière suivra son cours jusqu'à
l'adjudication exclusivement.
A 111. 7.
L'adjudicatioji ni' pourra avoir lieu qu'après jugement délini-
tif du tribunal mixte.
Au cas où le jugement modifii>rait la consistance ou la siluB-
tiou juridique de l'immeuble telles qu'elles sont déBnies par h
cahier des charges le poursuivant serait tenu de faire publier
un dire rectificatif pour arriver à l'adjudication.
Art. 8.
T^ litre de propriété , établi en vertu de la décision du tri-
bunal mixte ordonnant l'immatriculation restera entre les mains
du conservateur de la propriété jusqu'au moment oîi la mu-
tation de propriété au nom de l'adjudicataire pourra être efTec-
tuée régulièrement.
Toutefois, lorsque l'imniatriculation aura été prononcée sur
la réquisition d'uu saisissant, le titre établi au nom du saisi
pourra être délivré à celui-ci s'il est fourni mainlevée couven-
tionuclle ou judiciaire de la saisie immobilière pratiquée contre
lui.
LOI SUR LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE 401
CHAPITRE II
DE l'immatriculation POSTÉRIEURE A l'aDJUDICATION
Art. 9.
L'adjudicataire pourra subordonner Texécution des condi-
tions du cahier des charges à rimmatriculatiou de Timnieuble.
Art. 10.
S'il veut user de cette faculté il devra, dans les quinze jours
de l'adjudication, déposer son prix à la caisse des Dépôts et con*
signations et payer les frais ordinaires de poursuite; dans la
quinzaine suivante, il devra remettre au conservateur de la
propriété foncière la déclaration prescrite par l'art. 2i3 de la
loi foncière, accompagnée du jugement d'adjudication; il con-
signera en même temps à la conservation de la propriété fon-
cière les frais d'immatriculation ainsi qu'il est dit à l'art. ^4 de
la dite loi.
Art. j I .
Si la consistance matérielle et l'état juridique de l'immeuble
déterminés par l'immatriculation sont conformes aux conditions
du cahier des charges, le prix sera distribué après la décision
du tribunal mixte.
S'il est établi que la consistance de l'immeuble ou sa situa-
tion juridique ne sont pas telles qu'elles ont été défmies par le
cahier des charges, l'adjudicataire pourra demander une dimi-
nution de prix nonobstant toute clause contraire du ealiier des
charges.
L.i TUNISII. — T. II. 26
I l..\ Hylsm IlRPinS I.'OCCI'PATION fRAKÇAlSB
Il pourra, s'il le prcfiNi'e, demaiuler b nullité do l'adjudict-
tion si la (liffénuicc tif valettr est égale à uii vingtième de It
valeur vtWialc.
A UT. f2.
Faute de remplir les foniiulitirs tmliquées par Part.
sus, l'adjudicataire perdra tout recoiu-s contre iv proprit-taîil
lie rinuRfîuble, le poursuivant et les créanciei-s.
A HT. ih.
Les dis|K)sltiotis des art. g à 1:1 du préseot décret ne sont
pas applicables aux ventes poursuivies parun créancier sur l'im-
meuble des droils réels, acquis pour sûreté de sa créance, à uue
date terlainc antérieure à la promulgation du préseuE décret,
ou au plus lard dans les trois mois qui suivront celte promuU J
gatiou.
Il pourra seulement user de la faculté prévue par Icsj
l'i, G, "j et 8 ci-dessus.
n uecrci,
^ proiDuU J
CONSTITUTION D'ENZEL
DÉCRET DU 21 OCTOBRE IS&J SUR LE MODE DE CONSTITUTION
EN ENZEL DES IMMEUBLES HABBOUS
(modifié par le décret du 22 juin 1888)
De la demande de constitution d^enzel
\kt. I. — L'cnzel des immeubles liabbous ne peut être
<!OUStitué que par voie d'enchères publiques.
S'il s'agit d'un habbous particulier, la demande de mise aux
enchères sera formée, par écrit, par le Mokadem de l'immeu-
ble, avec le consentement écrit de tous les ayants droit. Dans
le cas oïl le Mokadem ou les ayants droits ne sauraient écrire ,
sa demande ou leur consentement seront établis par acte au-
thentique.
S'il s'agit d'un habbous public , la demande sera formée par
écrit par le Président de la Djemaïa des oukafs pour les im-
meubles relevant de cette administration et des oukafs de la
Grande Mosquée; par le Directeur des habbous des Haramins
pour les habbous des Haramins; par le Directeur et l'Admi-
nistrateur des biens du Collège Sadiki pour les habbous de cet
établissement. (Décrets du 3o moharrcn 1291-19 mars 1894}
du 27 rabia-el-aoual i3o3-2 janvier 1886 et du 1 3 chaouai
]3o5-22 juin i888).
. TV.MSIK DKPCIS I. OCCCPATIO^i FR.\XÇAISF.
Aht. 2. — Pourèlre i-ecevable, la demiintle de (onslitution
trt>nzcl devra vtrc accompagnée des pièces et reoseignem^b
suiviints :
1° Désignation de l'immeuble, indication du caîdat et Au
district où il «rsl situé, et indication sommaire des tenants et
alioiilissanU ;
a" S'il s'agit d'une propi'icté rurale, im croquis visuel dr
riinmeuble dressé par un gcomèlre du Service topi^rapliique ;
[i" Nom et désignation de l'auteur de lu demande en consti-
tution d cnzel ;
/(" Montant île la mise à pri\ évaluée en monnaie lunisieanr
i-l en une soiniiu- détemiinéc et non fractionnaire ;
.'>" hes liti'e^ des babbous et eu général tous les docunienis
dont la pi-oduction serait nécessaire pour passer l'acte consti-
tutif d'cnzel il la suite des enclièrcs. Les titres seront traduits
en langue franraîse par un interprète désigné conformément à
l'article l'.i de la loi du 19 rliaindan l'ioa (i" juillet i885)
et du décret du a redjeb i3o3 [G avril 1 880);
6° Le rallier des charges , clauses et conditions de lu coustidt-
lion d'enzel;
7° Et, dans le cas oii il s'agît d'un habbous public , noire au-
torisation de le constituer en enzel. (Décret du i3 cliaiHial
t3o5--ji3 juin i888\
Art. 3. — I^ magistrat du Cbâra auquel ta demande de
constitution d'enzel aura été adresst^e, dt^signera imuiédia-
ti^ment un uotaîrt' de Tunis qui sera eliarge de conserver le*
pièivs déposées, de suivre les Ibrmalilés préliminaires des
chères, «'Iles tles enclières elles-mêmes et de pass«T les acte*
d'enzel.
Ce noiaiiv délivi-era séance tenante au déposant un irçud^
(aillé de lutiti's les pièces produî]
ponsable de leur conservation.
CONSTITUTION d'eNZEL i05
Art. 4* — ^^^ magistrat du Châra auquel ia demande de
constitutîou d'enzel aura été adressée aura un délai d'un mois
à dater du dcpot des pièces pour statuer sur sa recevabilité.
(Décrets du 19 cliaban i3o3-23 mai j886 et du i9 rabia-
el-aoual i3o4-ï5 décembre 1886.)
Son examen portera uniquement sur Taccomplissement des
dispositions des articles i et si ci-dessus. En ce qui concerne le
cahier des clauses et conditions, ce magistrat s'assurera qu'i^
contient celles indiquées comme essentielles par Tarticle G ci*
après et qu'il n*en renferme aucune contraire aux lois et règle-
ments et notamment aux dispositions du présent décret.
Inédit magistrat ne répond pas de la validité des titres dé-
posés ni de Texistence des droits qui font Tobjet des enchères.
Il est personnellement responsable des lenteurs ou des impos-
sibilités qui pourraient se produire y au moment de la passation
des actes d'enzel^ faute du dépôt préalable de toutes les pièces
nécessaires à cet effet.
Art. 5. — I^ décision motivée du magistrat du Châra sur
la recevabilité de la demande en constitution d'enzel d'un im-
meuble habbous, sera notifiée au notaire dont il est parlé à
l'article 3 ci-dessus.
Si elle est déclarée recevable, le notaire procédera sans
désemparer aux formalités préliminaires des enchères ; dans le
cas contraire^ il le signifiera par écrit au demandeur, en spéci-
fiant les vices de la demande dans les termes de la décision
motivée du magistrat.
Le refus de celui-ci de donner suite à une demande de cons-
titution d'enzel d'un immeuble habbous ne pourra donner ou-
verture contre lui à aucun recours ou indemnité.
La demande pourra être complétée et présentée h un autre
magistrat du Châra.
40C t^ 'l't'N»II! UKI>CIS LOCCIPATIOX flIAXCAISk
Dn c<ier des clauses et conditions de la constitution
d'enael
AiiT. 1>. — Irf-s clauses <.■! coiidîtious esseniielU-s île ]» cons-
titution dVnztl sont :
I " L'îudicatloti , (-onforméinent an calendrier gi'égorien , de U
(bti- à laqui'lk II- paycmeut de la ivnle annuelle sera exigibk-.
Oltt rente devra OlrH [>ayal]le, soit annuellement, soit en
deiu termes semestriels. L'écliéauce anniwlle ou les (•chéanccs
semestrielles poiirroat ùtre fl\éea a toute ('poque de tannée ou
du semestre. Une écliéaiice spéciale pourra rtre établie pour la
pirmière annuité qui suivra la constitution d'en/el.
IjCs payements de la rente ne pourront être exigibles qu'cii
monnaie (unïsicrane.
Le lieu du paiement devra être déterminé dans laB^eoce
pour ne plus être cliangé que d'un eoinmun accord.
■1- \je délai, calculé du jour des enclières, dans lequel U-s
actes devront être passés.
II ne poui'ra en aucun cas dépasser deux mois.
3° La date de la prise de possession, colle-ci devant être ef-
fectuée dans une période d'une année qui suivra les enchères.
4° Les jours et heures où l'immeuble pourra être visité par
■oui requérant ; le nom et l'adresse des personnels qui le font
visiter.
Art. 7. — Il est loisible au demandeur en constitution d'en-
zel d'y mettre toutes autres clauses ou conditions , pourvu
qu'elles ne soient pas contraires aux lois et règlements et Dotam-
ment aux dispositions du présent décret ' .
I. Le cailler des charges, cltuie» el conditions de U coniUtuUon «n enul dn
habbous publics, contient nottmment les disposiUoni générales soÏTantes :
Aht. 2. — Seront seuJcs admises i eocbérir, tes personnes ajant capacité dr
Art. 3, — La faculté de déclarer no connnand est lulorisée. Elte ne poarrt
Hre exercée, que par l'adjudicataire direct el seulemeot au profit d'une personec.
CDNSTITLTION » KNZKI.
Des formalités préliminaires des eachëres
8. — ïiOrsque le notaire, désigné conforiiit'mpnt à l'article i
ci-dessus, aura l'eçu la iioliflcation de la rccevabilitr d'une
•A qualilM rei|uUe3 poar élre
L apr«s la cliHurc de* enchi>res
1 par le Présidonl des ro-
& radjudlLalaire roastalanl,
noins bult jours avant la date llifi'
'e chargé des opérations.
iliau , cp|lc-ci restera pour le coinplc
lir la propriété en bon ^lat et ii
Dumel.trc auv lois el rëgleiueiiU
Nul ne |">urra étri' élu vommanU,
adjudicataire direct.
La déclaration de coinmand se ft
l'I de la proclamation du résultat de l'adjudia
cltËres: elle sera mentionnée sur le certitirat r
SI qualité et le montant de t'eoii'l-
I^'acreptalton da command élu se tera au mol
(wur la passation îles actes et devant le notaii
Si le command déclaré n'accepte pas l'adjudici
lie l'adjudJcalaire direct.
Art. b. — L'adjudicataire s'engage à
l'exploiter eu bon pi;re de famille. Il devra
s|iéciaui cnncernant les Gnzels.
Art. 6. — L'admiuislration des habbous, du laquelle relève le fonds, se rêservi'
l>^ droit di> faire visiter, au moins deut fois dans l'année, T'immeuble tenu à
enzcl, pour constater »l les engagements pris par l'enzéliste ont été obsen'év. Ces
viiites auront lieu sans que l'enzélislc puisse s'y opposer ou y mettre obstacle , en
raison de sa qualité ou de aa nalionalilé.
Si l'immeuble lenu A pazel est une ruaison, une boutique, ou un local quelcon-
que clos et rouvert, l'administrai ion des babbous devra aviser l'enzèlli^te de sa
visite, au moins quatre jours avant d'y procéder.
Art. 7. — L'eniéliste jouira des servitudes actives «t souffrira les servitudes
passives, urbaines ou rurales, apparentes ou occultes, déctaréM ou non, sauf i faire
valoir l«s unes et i se défendre des autres, à ses risques et périls, sans aucun re-
cours contre l'administration des babbous dont dé]iend le bien et sans pouvoir
l'appeler en garantie.
11 supportera à lui seul toutes les charges auxquelles peut être assujetti le fonds,
telles que les taies et les iinpûts, infime ceui <|ue la loi mel au compte du pni-
priétaire. les travaux d'entretien cl de réparatiou, et en général toutes les dépen-
ses relatives A l'immeuble , de quelque nature qu'elles soient. L'administration des
habboLis devra recevoir le montant de l'cn/el libre de toutes charges et intégrale-
ment.
Art. h. — L'eniéliste est censé bien connaître l'immeuble sur lequel est cons-
titué l'eniel. Il le ]>rendni dons l'état où il le trouvera au jour flié pour la priKe
de possession, sans pouvoir prétendre i aucune garantie ni à aucune diminution
de prix jiour nccs caclies, dégradations, réparations on erreurs ilans la désigna-
L'odjudication est failc sans garantie de mesure, consistance
Art. 10. —
L'adjudicataire, ou son command, sera tenu de représenter la i|ullti
i
ilr iniblintiua >l«iu it Journal o/fieifl (unisJn. «t d'MqtiiU«r. «tmK la iiMwlii»
dH arln , U |uil propurlionn^c ilc la rente alIèreaK t la ptriudc coinprïM entir
U |iruF de (mMOÙon f1 1* ilalt dr 1* i>rciiiiFrc nltMoM rfgoU^iv. «I loa« 1m rrai>
râalUat lie la (untitutioD deiucl rt di? t'adjadkalioii . nna éanatés daa» >'arl. ï
ri itraiin. Id*que lu droiU dr timbre, de motition et le* frais de pMMtiOQ <l^
Lm MlM conAtilulilit fiKnliuanrronl '(D'il Ml acmnU a lulraîai^ ration d« i
, MT )lairuculd« ti'Du 1 fdmI, un priilH^ s'éteodanl i riiw] anné
U povr la «arantir du lujiruiwt dr la ival«.
, — Le pajenuml de la rrnte te ten par wniMtre ri
, dTeclaé* en MpeM» Monaales «1 ayant cours, te» r
bsqoeaanM.
ttéf l'adiuifiUlnliaa d#i halibuu* A. ...
l>e« dens pnodttn dani-anoait^ , dépotée» en garantie par l'adjudicalaire eatrl^
Im maludaiiolalfe charge deitoi^atioDi, seront vrrwef parcelni-ciàl'adniinittrt-
Uon de* habliM*. alb*l qœ la i^rt proporUoDaelle ip'il aura leçae endé4>6lpear
la |i*ri«de mtant t courir aianl la preinitrp ^rhèance régulière. Il remboanm
Clément 1 l'admiDittratlna de» babbout le loontanl de* droit» d'autorisation ili
conMltoer Teiuel i|u>tle • «Tancé et que l'adjudicataire a déposé aui termei 4f,J
l'art. 9 ctnleMn». {Décret du tl diaban 1381-31 dérembre IMS.I
Art. i3. — Dan» le cae nii , par n^igeace de renaélitte on Balremeot l'ai
tration dra babbooa ee troaverait dans l'obligation de requérir i domicile le fttjt-
ment de U rente, les tnit de recauTreraenl seront i la charge du débiteur.
.\RT. 14. — Si àe& retard» sonl apportés |iar l'eniélistc daas le psyeincnl de li
reiiti'. l'a Jiiiioiil ration des lisbbnii:^ pourra t-a (loursuivre le ref oui reniant par
toutes les voies de droit. Elle pourra notamment poursuivre la translalion de
l'enzel pour avoir le paiement des arrérages échus.
Akt. là. — Si l'immeuble tenu à enzel est exproprié tolalement pour anse
d'utilité publique, l'enzel jirendra fin avec le pavemenl de l'Indemnité qui pourra
«tre allouée dans la forme ordinaire des eipropriations pour cause d'utilité publi-
Sur eetle indemnité, l'admini^l ration des habliaug prélèvera une somme équiva-
lente à vingt Tuis le monlani de la rente, sans cependant pouvoir préteudre à une
somme supérieure à la tolalllé de l'indemnité allouée. Le surplus de celle-ci ap-
partiendra i l'enzéliEte.
Dans le cas d'expropriation partielle, la renie due par l'eniélJfite sera réduite
proportionnellement i la surface des terrains dont il est privé , et il aura le choil.
on de payer à l'administration des babbous vingt fois le quantum de la réduction
allouée, quel que soit le montant de l'indemnité d'expropriation qu'il recevra, el
de conserver alors la partie non expropriée de l'immeuble, i charge de continuer
i paier l'enzel réduit, ou d'abandonner complètement la propriété tenue â eniel,
qui fera retour i l'administration des babbous, sans pouvoir retenir l'indemnité
d'expropriation, ni prétendre à une indemnité quelconque, même pour les construc-
tions élevées par lui sur la parcelle du terrain non expropriée.
yfy
;ONSTITUTIOS I» ENZEI.
les renseignomenis clonnt's en vertu tirs dispositions des i", it"
et 4" tl« l'article 3 ci-dessiis. Il y ajoulei-a les indications suï-
wvantes :
^H 1" Ses nom, prénoms et domicile;
^B a" La date dos enchères ;
^B 3° i^e lieu des enchères.
^H Art. 9. — I-^ registre dont il a été parlé à l'article prù-
cédeiit sera unique, coté et paraphé par première cl dernière
feuille par notn- Premier Ministre ou son délégué, conservé au
tribunal du Chàra et portera des numéros d'ordrt- sous lesquels
seront inscrites, sans interruption et au (ur el à mesure de leur
acceptation, les demandes de constitution d'enzel.
Art. 10, — Le notaire, s'il s'agit d'un hahhous particulier,
Iraiismetli-a immédiatement les pièces déposées au Président
de l'administration des hahbous qui sera tenu de les lui retour-
ner dans les dix joui's. f Décrel du i5 rhaoual lagi-aS novem-
bre 1874.)
Art. II. — Le notaire adicssera au directeur du Journal
officiel une copie textuelle de la mention portée par ses soins sur
te registre du Châra. Ja\ Directeur en assurera la publication le
même jour dans les deux éditions du Journal ofjniel, eu fran-
çais dans l'édition française, en aralw dans l'édition arabe.
Cette publication devra avoir lieu dans un délai de vingt jours
calculé à partir de la date de la nolillcation au notaire de la
:evabililé de la demande,
respoi
nsabilité dudit notaire
ou du directeur du Joiirneil officiel, selon le cas. Le troisième
jeudi après cetti- piemîère publication, le directeur du Journal
officiel àe\ra en faire une seconde identique à la première, en
ayant soin de mentionner que celle publication esl la seconde et
dernière avant l'adjudication.
Le directeur du Journal offuîel fera, de plus, imprimer sur
papier blanc des extraits, en forme d'affiche, de chacun des
luuii^n» (tu journal ronlntant' les [HiUîratiui». Ct-s cxiraiu
Auront placanicfi par l<-s soins de radministnilKiD i)i?s luLbnus
aux enilroiu propiors, |Kiiir donn<T à ['atljiKlicalioit toute la
publiciti* fU-sirabk. Os aflîchcs contiendront ca outre le mon-
tant approximatif des somint*» à dt.-po«cr au ntoiiimt de Tadju-
dication , conime il est dit à l'artidr > i . (tV-rret du l 'i cbaoua I
, i3oS-!i2 juin 18HHO
Ijcs l'raii d« ces insertions et afTîclies calcul» suivant le tarif
annexé, seront à la diargedv l'adjudicataire, ou, a son défaut ,
du demandeur en constitution d'enzd.
Art, 12. — I-e diiivleur du y<«(r»fl/ o//«vW fera remcUn-
gratuitement au notainr deux afîichcs et un exemplaire de chaque
numéro du Jvuni/il ojfia'el utt cette publication aura été faite.
Ix!s exemplaiifs aralte et français du Jownal officie! sont
joints au dossier.
Une ulTiche est placardée dans la salle des criées du Tribuiinl
duCliâra, dausun cadre eu bois sp'cialement rt-s«'vé à cet efïet,
par les soins du notaire et sous sa responsabilité. L'autre est
déposé sur la table du bureau «radjudicatioti.
La salle des criées du Cliâra sera ouverte au public tous les
jours, de huit beures à midi, excepté les vendredis et les jours
de fêtes musulmanes.
Akt. i3. — Le notaire est tenu de douuer tous les jours,
excepté les jeudis et vendredis, de buit lieures à midi^ com-
munication intégrale, sans déplacement, à toute personne qui
le demande, de toutes les pièces composant te dossier d'une
constitution d'enzel. Il devra même, s'il en est requis et contre
dépôt des frais de copie évalués suivant le tarif annexé, déli-
vrer, dans les six jours à dater de ce dépôt, copie in extenso des
parties du titre du liabbous donnant les limites de l'immeuble.
Cette copie sera faite sur papier timbré.
AnT. 14. — Le magistrat qui a statué sur la recevabilité de
I
CONSTITUTION D^ENZKL j^U
•
la demande doit veiller à raccomplissement des formalilcs pré-
liminaires des enchères ; il résoudra les diflGcultés qui pourraient
s'élever à ce sujet pendant la période prenant (in au moment
du prononcé des enchères.
Des enchères
Art. i5. — Chaque jeudi un magistrat du Chàra sera pré-
posé aux enchères des enzels.
Il sera assisté d'un interprète du Gouvernement pour la lan-
gue française. Les notaires apporteront les dossiers des consti-
tutions d'enzel dont ils ont le dépôt.
Le président a la police de l'audience; il tranche immédiate-
ment et sans 'appel les contestations qui surgissent à l'occasion
des enchères. (Décret du i3 chaoual i3o5-22 juin 1888.)
AiiT. 16. — Les enchères seront annoncées de la manière
indiquée aux articles 11 et 12 ci-dessus. Elles auront lieu le
cinquième jeudi qui suivra la date de première publication dans
rOfficiel de l'avis de la mise aux enchères. (Décret du i3
chaoual i3oj-22 juin 1888.)
Art. 17. — Les criées se font en arabe et en français. I^e mi-
nimum des surenchères est d'une piastre pour les enzels dont la
mise à prix ne s'élève pas à plus de deux cents piastres ; de dix
piastres pour ceux mis à prix de deux cent une a deux mille
piastres ; et de cent piasti*es lorsque la mise à prix est de plus
de deux mille piastres.
Les surenchères supérieures à ce minimum doivent en être un
multiple.
Seront seules admises les enchères des personnes ayant capa-
cité de contracter.
Art. 18. — A Touverture de la séance des enchères, fixée à
neuf heures du matin ^ le président fera crier la mise aux en-
412 I.A TLSISIH IIKPCIS L OIXCPATIOX FRANÇAISE
Hières de l'enzel de celui des immeubles qui aura, sur le regislre
dont il est parlt' à l'article (), lo uuméro le plus bas panni
ceux dont l'adjudication doit t'tre prononcée ce jour-là.
Les enchères dureront sans ii^terruption quinze minutes pré-
cises; au bout de chaque période de cinq minutes, le prcsidi^iit
proclamera le chiffre de l'enchère la plus élevée. Le dernier en-
chérisseur, au moment où le délai de quinze minutes expirera,
sera déclaré adjudicataire par le président, (Décret du i^
ciiaoual i3o5-3i juin 1888.)
AsT. 19. — Si, au dernier moment, plusieurs enchérisseurs
font en même temps la même offre, il sera procédé pendant
cinq nouvelles minutes à de nouvelles enchères restreintes cetlt
fois à ceux qui se trouvent en concurrence.
Si le même fait s<' reproduisait une seconde fois , il serait titv
an sort entre les concurrents.
Le Président passera ainsi successivement , eu suivant les mi-
nicros d'ordre du registre ^ à l'adjudication de tuus les enzels.
Art. ao. — Le résultat des enchères est consigné sur le re-
gistre du Qiàra, en regai-d de l'inscription relative à l'Imineu-
hle dont l'enzel est mis en adjudication.
La mention ainsi portée est signée par l'adjudicataire qui dé-
clare en même temps avoir pleine L'onnaissance des obligations
résultant pour lui , tant des lois et règlements que du cahier des
clauses et conditions de la constitution d'en/el.
S'il ne sait ou ne peut signer, mention en est faite par le
président, ainsi qu<- de la lecture à lui faite de la déclaratii
cî-^cssus.
S'il ne veut signer, mention en est faite, ainsi que des mo-
tifs donnés à l'appui de son refus.
Dans ces cas, deux témoins sont invités à contresigner sur le
registre les mentions qui y sont portées.
Aht. 21. — L'adjudicataire est ensuite invité à signer, séance
CONSTITtTlOX D 1!>*/EL
teDanle, une demaude d'immatricLtlation el à déposer les frais
de l'immatriculation , évalués approximativement par le conser-
vateur de la propriété foncière, ainsi que toutes les sommes mi-
ses à sa charge par les décrets ou le cahier des charges de l'adju-
dication. Lorsque rencliérisseur ne pourra ou ne saura signer, il
en sera fait mention sur la réquisition et dans les formes indi-
quées a l'article précédent , el la réquisition sera signée pour lui
par le président des enclièies.
Dans le cas où la faculté de déclarer un conimand est i-éser-
véo par te cahier des charges, l'urceptation du command élu
emportera, notamment, ratification de la réquisition d'imma-
triculation et sera considérée comme satisfaisant au vœu de
l'article i8 de la loi du 19 rhamdan t3o2.
A défaut par le requi'ranl de donner suite à l'immatricula-
tion , les formalités de la loi seront poursuivies , à ses frais et t^n
son nom, par le président de l'administration des hahbous.
L'immatriculation ne sera pas exig<-e pour les cuzels se rap-
portant à des immeubles urbains consistant en boutiques, ma-
gasins ou maisons en ruines, si le montant de l'annuité de l'enzel
adjugé n'est pas supérieur à deux cents piastres. (Itécret du
i3cliaoual i3o;j-aa juin 1888.)
Art. aa. — Un certificat sera remis à l'adjudicataiiv , cons-
tatant sa qualité et le montant de son offre, et indiquant le nu-
méro de l'enzel auquel il se rapporte.
m Ce certificat n'est pas susceptible d'ctre transféré. (Dérrel du
hadiaoual i3o5-a3 juin 1888.)
I Art. 23. — Dans le cas où l'adjudicataire de l'enzel d'un
habbous n'a pas satisfait aux conditions de l'adjudication,
l'enzel est remis en adjudication à sa folle enchèi'e (Décret du
|j3 chaoual i3oj-a:i juin 1S88.;
Art. 2^. — L'ayant droit au habbous poursuivra la folle en-
e et devra se faii'e remetlre, par le président de l'audience
(les criées, im cerlifical constatant qui^ le dernier enchérisseur
n'a pas satisfait aux cuuditlons de l'adjudication. (Décret du i3
dtaoual t3o6-23 juin 1868.)
\iiT, 2 5. — Sm- ce certificat, et sans autre proct-dureni juge-
tiicnl, i) sera appost'-, dans un délai de trois jours, de notiveaiDC
j>lacards, ft inséré une nouvelle annonce dans le Journal offiàfi
luniaien, en fran<;ais et en arabe, dans les formes prescrites.
Ces placards et annonces indiqueront , en outre , les noms et
demeure du fol encliérisseur, le montant de l'adjudic-alioQ, la
nouvelle mise :i prix désignée par le poursuivant, et te joi^r au-
([uel aura lieu, sur l'ancien cahier des charges, la nouvelle adju-
dication.
Le délai entre l'apposition et la publication des nouvi-lles afli-
ches el annonces de l'adjudication sera de quinze jours au moim
et de irente jours au plus. (Décret du i3 cliaoual i3o5-2a juin'
1888.)
Art. i('>. — Si le fol encliérisseur justifiait de l'acquit de&
conditions de l'adjudication et de la consignation d'uue somme
qui sera évaluée par le président de l'audience des criées, et qui
- ne pourra être inférieure à cent piastres, pour les fiais de folle
enchère, il ne serait pas procédé à la nouvelle adjudication.
(Décret du 1 3 cliaoual i3o5-22Juin 1888.)
Art. 27. — Le fol enchérisseur est tenu, pcrsouaellcincnl,
de la différence entre son prix et celui de la seconde adjudica-
tion, sans pouvoir réclamer l'excédent. Dans le cas oîi il y aura-
nu excédent, il sera versé à l'ayant droit au liabbous. (Décivt dl
i3chaoual i3o5-22Juin 1888.)
Aiir. a8. — Notre premier ministre pourra, par arrêté u»
liflé au tribunal du Cliàra, évincer à titre temporaire ou défi-
nitif des enchères des biens liabbous, tout individu qui aur^
donné lieu à une adjudication sur folle enchère. (Décret du
cliaoual i3o>2a juin i388).
CONSTITUTION d'eNZEL 4.15
Dispositioas générales
Art. 29. — IjCs contestations sur les droits du demandeur en
constitution d'enzel ne pourtant suspendre les enchères. Des
protestations contre la mise aux enchères pourront être formées
par écrit entre les mains du notaire qui en donnera reçu , s'il
en est requis , et les joindra au dossier.
Les enchères seraient arrêtées s'il était intervenu contre le
demandeur un jugement, passé en force de chose jugée, in-
firmant ses droits.
Art. 3o. — Les honoraires des notaires et les frais d'en-
chères sont réglés conformément au tarif annexé.
Art. 3i. — Les décrets des 8 kâda i3o2 (18 août i885) et
i3 moharrem i3o3 (21 octobre i885) sont rapportés.
Toutes dispositions antérieures contraires au présent décret ,
ot notamment celles de cette nature, des décrets des 3 rabiâ-
et-tani 1293 et 8 kâda i3o2, sont et demeurent abrogées.
(Décret du 12 chaoual 120J-22 juin 1888.)
LIVRE IX
IiA POLITIQUE. — LE GOUVERNEMENT
1
DOMINATION ET GOUVERNEMENT DES INDIGENES
Oq sait la place considérable que « la question indigène »
tient en Algérie. Depuis soixante ans elle est le pivot autour du-
quel tourne la politique gouvernementale , à la recherche d'une
orientation qu'elle ne peut découvrir ; elle est comme un far-
deau explosif que la colonisation traîne à sa remorque, et qui
entrave, et qui menace continuellement sa marche. Or, en
Tunisie, la question indigène n'est d'aucun souci ni pour
Tadministration ni pour les colons : elle n^existe pas. Elle est
supprimée. Voilà une solution radicale tout à fait admirable ,
n'est-il pas vrai? Nous en sommes redevables au Protectorat , et
cette solution fût-elle la seule à son actif, qu'elle suffirait ample-
ment à justifier ce système d'acquisition coloniale indirecte,
à nous consoler de ce que notre conquête n'a pas emporté son
plein effet dès 1881. Il est hors de doute que si nous avions dé-
posé le bey de Tunis à cette époque, comme celui d'Alger en
1830, quelque pacifique que l'on se plaise à représenter l'in-
digène tunisien, nous aurions trouvé dans la Régence la même
LA Timisn* — T. u. 27
Vt8 LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
résistance acharnée que nous avons dû vaincre dans la colonie,
l.ii défense de Sfax et divers autres événements qui ont marqiir
notre expédition en fournissent la preuve. Oui sait même si la prise
de possession serait achevée i cette heure? Libre ou interné, nous
aurions trouvé Mahommed es-Saddok à la léte des insurgés que
nous l'avons obligé à combattre , à tout le moins en apparence.
D'un ennemi irréconciliable qu'il eût été , nous avons eu l'habi-
leté de faii-e un auxiliaire, et du coup nous avons refréné,
anéanti les répugnances, l'hostilité que les musulmans ont nu-
nifestées de tout temps pour un pouvoir étranger et chrétien.
Le bey était amoindri; mais dans quelle proportion? Ses
sujets ne s'en rendaient pas compte. Ce n'est guèi-c que la réa-
lité objective qui les frappe. Le bey était en place, tous les
décrets administratifs [wrlaient sa signature, et, comme pour
sauver son amour-propre, Mohammed-es-Saddok faisait répan-
dre le brnitdans les tribus que nous ne restions sur son territoire
que par pure tolérance de sa part , les plus fanatiques se virent
obligés de s'incliner, l'eu à peu ils revinrent de la Tripolitaîne,
oti ils s'étaient volontairement exilés'. Le pays était calme, les
alfaires marchaient convenablement; superbes même étaient les
récoltes. C'était à croire que Mahomet était de connivence
avec nous. Quel écho des prédications insurrectionnelles au-
raient-elles trouvé? lis se remirent au travail en constatant
avec joie que le prix des denrées et celui de la main-d'œuvre
s'étaient beaucoup accrus du fait de notre présence dans (e
pays : cette évolution économique, jointe à la modération , à la
sagesse avec lesquelles nous procédions aux réformes adminis-
tratives, acheva de dissiper les préventions, la haine sourde J
dont nous étions l'objet. I
La sécurité et l'oppftt du gain mirent toutes les charrues en >
. Je ne i>arle pas, bien cotunJu. d'Ali beu Klislifa et de ses conlingeùta.
I.A POLITIQIK — LK tiOPVËRNHMKM 419
travail ; on laliotii'a avec une ardeur inconnue sous le gouverne-
ment beytical. Ceux qui n'avaient pas de champ à cultiver accou-
rurent des quatre points eardinaux offrir leurs bras à nos colons,
et la communauté des intérêts ne tarda pas à les lier à nous de
la façon la plus profitable à noire domination. Le Français en
effet a besoin de l'indigène pour mettre ses terres en valeur, et
celui-ci a besoin du Français pour obtenir un liant salaire. Ne
la cherchez pas ailleurs, là est la fusion des races : dans la fusion
des intérêts. Sous son masque de stolque, l'Ambe dissimule mal
son orgueil et son amour de l'argent. C'est par lA que nous
devons le prendre. Améliorer son sort est le plus siir moyen de
l'amener à nous. Nous en avons la preuve dans la loyauté, le
dévouement absolu avec lesquels nous avons été secondés pen-
dant la conquête delAlgérie par ceux que les honneurs ou l'in-
térêt attachaient k notre cause. Avec quelle vaillance Us se
sont battus pour nous, avec quelle crânerie ils se sont fait
tuer sous nos yeux!
Ceux de Tunisie, qui ont l'esprit commercial très développé,
se sont vite laissé gagner par les bienfaits de notre administra-
tion. Ils en font volontiers l'éloge et nous pouvons désormais les
regarder comme complètement acquis à noire inlluence : la
pHte est prête à subir toutes les transformations que nous
voudrons, mais combien lentement! Les promesses qu'ils nous
donnent ne sont guère que des contingents d'avenir. Oui , nous
pouvons tout en faire, ou plutôt tout en espérer, à condition
de ne pas oublier ce facteur imprescriptible : le temps, seul
capable d'ouvrir leur esprit aux idées occidentales et d'anéantir
le vieux levain koraniqiie qui, quoi que nous fassions, fermen-
tera longtemps encore an fond des con sciences.
Jo l'ai déjà dit : la civilisation ne se décrète pas. L'évolution
des sociétés est soumise comme celle des individus au progrès
graduel. Ce progrès est plus ou moins lent, suivant l'in-
»30 i-i nnsn twpcis t occmno:! ruxç.tiSK
Uaeacii que In »f«Db citénvan eierKDt sur lui , suit-aot Us
riin'e» «Ificîentrs de ]a Klijrôn. de la lillératur?. du gouvcN
ueme-nL Hais «■ pntgr^s est d'anfamt plos lent que la sociéU
rsl ploA prH t)e son bercc«a. Les ténèbres qui roavironn<ai{
«ont alors si êpaùs» qu'elle D*essaie même pas d'en sortir.,
Soupçonur-t-elle Mulement on autre état? Ce n'est (ju'aprts
de loars siMes de mis^K« cl «le souffrances, lors(|ue 1m
boanmes supérieurs qui suKÎsseQl de la masse balbutient i
«OD i>rcille le$ premiers mob de la Science, que l'esprit ^l'inves-
tiftation s'éveille en elle et que ses yeus rechercbeol la tu*
mi^re. Alors ses enfants se mettent au travail. Us cliercbeot.
Us rhen'henl san» relâche. Ils accumulent les matériaa^;
leurs connaissances peu â peu s'accroissent, l'Idée engendre
ridée, et uu degré de perTeclion acquis conduit par luî-méiM
à un autre dcgr^. La société marche, avance; avance de
plus en pins rapidement.
La nôtre, {wir exemple, u fait des pas de géant depuis troil
sîèdesavec Tiniprimerie. la vapeur, l'électricité et la méthode
expérimentale: mais qu'élail-elle il y a seulement trois cents
ans? Itatii! quelle affrens*' Bastille l'esprit public n'était-il pas
enfermé: à quelle condition malheureuse le peuple n'était-il
pas réduit?
Toute expansion de vérité était enrayée et ne pouvait arriver
j\ lui, lorsqu'un ouvrier eut la sublime pensée de multiplier la
pensée , de la rendre immorielle; « il voulut verser dans l'Ame
du plus petit l'Ame entière de l'humanité » : avant lui, une
l>agc pouvait se déchirer ou se perdre dans le livre de l'es-
prit humain; l'oubli pouvait jeter sa nuit jusque sur les créa-
tions du génie. Par la découverte de l'imprimerie, Laurent
Kosterde Harlem rend l'idée impérissable; il la fait en fer; ii
l'engendre chaque jour. L'intelligence était esclave, il l'affran-
chit et la rend libre. La vie actuelle va se multiplier de toute
l'OLITlQrK — LH nOUVERNKMEM
4-21
la \ie passée, l'esprit va s'ag^raiidir de toute la pensée antique.
La chaîne du progrJ^s ne peut plus se rompre; elle doit aller
jusqu'à rinfini; aujourd'hui continuera ce ijue hier a com-
mencé; l'avenir l'achèvera.
Et le peuple qui croupissait dans l'ombre se sentit des ailes,
et du coup il enlrevil l'azur.
La société arabe, elle, ne conoall ni l'électricité, ni la vapeur,
ni l'imprimerie, aucune des sciences ni des merveilleuses in-
ventions qui ont porté la civilisation européenne à une si grande
hauteur. KUc ne connaît que le Koran. 11 est tout pour elle : le
Dogme, la Loi, la Politique; la Littérature', (juanl à la Science,
il la proscrit comme une sorcière , il lui jette l'anathème comme
à une hérétique ; car il est la parole du Verbe , l'énianation du
logos, il renferme le Vrai absolu. La Ilali illn Allah Mohammed
7-essoitf Allah. Il n'y a de Dieu que Dieu et Mohamet est son
prophète. Voilà la vérité éternelle. Tout ce qui est écrit est
écrit et tout ce qui arrive était écrit; cherchera dévoiler les
secrets de la nature serait commettre un sacrilège... Le musul-
man ne cherche pas. Depuis douze siècles la société arabe est
là, immobile, inerte et comme galvanisée par la fatalité, la
prédestination', l'immuabilité que le Livre des Livres lui in-
culque. Il semblerait que nos grandes inventions industrielles,
nos navires à vapeur, nos chemins de fer, le télégraphe dussent
l'émerveiller, la jeter en extase : elles la laissent complète-
ment indifférente. A peine leur donne-t-elle un coup d'œil; en
tout cas jamais elle n'essaie d'en comprendre le mécanisme.
Demandez à un Arabe ce qu'il pense du téléphone ou de toute
autre découverte de ce genre; il vous répondra que le ■> chi-
1. Le Kornn ml la toi graminalicalf.
2. [i L'élu comme le réprour eïl prédestiné au bonlivur ii
s le sein du sa mÈre i- Le Koran.
L
3
E pouToos faîn
• termf%^m e'cd Tmmvre da diable.
Ce wiflF piflMe wBt. je praa». « mootrer cofubicn il
wfsit lônérûrc. p«ml, de p««latdr« r&pprocber loot d'm
aaup pu- de «BpW letle» de lots, luûr uitini«in«nl. rïui
i|ae p«r me adiaàûitnlias Boaeeorde . des populations que
leur hîtlatR. knrtdigMB, lear cuaclfre. leur tempérameul
«I. paHaiil. te«n mmnn et le«n itaues din^Dt si prafoodc-
Par coDlre . il fteraïl boo moins iojiiste et antiscîenlifique de
Motenir que l'.^rabe est ÎDciviInKl)le. L'homine, i quelque
mm qu'il Rp|>ar(î«)DF, est perfecliblp. L'intelligence qni lui
écUîr« Ir fMOl t>sl • 1» hcaïa qui lui e»t donnée de passer de
rrrr^iir, in*rt;du loal. & la vérité, pénépatrice du bien'. • Ac-
tivez crtlf fliinime divine : que la Science lui serre de chaluineau
ri la déveluppc: que Vauiour de rinvi-^ig'ation ralinmnle et
les ténèbres de l'igtiorance el de la snperstilion se dissîperuiil
|>eu A peu : l'indî^-idu , pais la coUeclîvité se IraosTormeront.
Itépanilre l'iutiiruclioii parmi les indigènes est donc noire
tAche primordiale, celle dont nous devons attendre les résultats
If^s plus fructueux. Mais j'ai dit qu'améliorer leur sort était le
plussilrmovendeles amènera nous; en conséquence je regarde
• à riieure actuelle — l'enseignement professionnel comme
plus nécessaire encore que la diffusion des lumières. Les deui
neuvfmt marcher de pair, mais il serait bon de donner le pas à
cclui-lÂ. L'instruction primaire, plus encore rinstruction secon-
riaire, fait trop souvent des déclassés des Arabes et des Berbères.
Voyez-les on Algérie ; leur premier acte au sortir de l'école est
de soliîciUïr un emploi dans l'administration et comme il n'est pas
iiossiblc de donner satisfaction à tous les candidats, la plupart
I. llaatial, Haitnoniet économiques, f. 6iï.
! GODVERNEMENT
s'en retournent dans le village ou la tribu aigris contre cette
civilisation menteuse qui les a élevés pour les rabaisser tout A
coup : car rejetés vers l'agriculture ou le commei'ce, pour les-
quels ils n'ont pas été formés, ils s'y trouvent malheureux et
s'en prennent à nous, avec quelque semblant de raison, de
la condition qui leur est fuite. Il y a là un danger pour l'a-
venir.
L'instruction professionnelle n'offre, au contraire, que des
avantages. Accroître la richesse publique , c'est accroître la ci-
vilisation, faites des ouvriers habiles; augmentez la valeur
de leurs bras ; mettez les indigènes en état de gagner largement
leur vie : vous changerez déjà la face de la société. A leur
tour, ceux-ci feront mieuK instruire leurs enfants; ils auront
l'arabitioa de les perfectionner dans leur métier et de In con-
dition de sujet qui était la leur, ils les mettront à même de
s'élever à celle de citoyen.
Voici, en deux mots, tout mon système phjiogénique : L'ins-
truction pour méthode, l'intérêt comme moyen.
— Et l'administration, me dira-t-on, cette vieille adminis-
tration arabe, qu'en ferons-nous? Touchez-y le moins possible.
Elle est boiteuse, mauvai.se, primitive surtout, c'est vrai : elle est
ce qu'est l'état social. Il ne saurait en être autrement. Les po-
pulations n'ont que le gouvernement qu'elles méritent. Si l'é-
quilibre était rompu entre le peuple et ses institutions, soyez srtr
que celles-ci ne tarderaient pas à être remplacées par d'autres
plus conformes à ses besoins et à ses aspirations. Tant qu'elles
se perpétuent, c'est qu'elles le satisfont', La loi est l'expression
même des mœurs de la société, la constitution iulellectuelie et
morale du peuple, et vouloir transformer la législation avant les
mœurs, c'est mettre la charrue devant les bœufs. Une des gros-
I. Ixi guuternenienU Ivranniqups ont licau &up|il^er â la force morale qui leur
uaiique par l'excËs delà force physique, la résjslance liait toujours par en triomplicr.
réett c
ïk te Mônal ■ b bcMpc o im^al m Ina 4mb le av. «bvmI 1m
M— CiMMiTC. ^ me 4»Mil fwtf , w ■«■£■ tamftt Ae « ^ a
réralb Ms ^adic CdMÎ-d ic Im. pHt toa fid cAu:*» fc pa« pi«^ d M
foU. Le trvB far Toa f— "y"" te Iroaiail teiière aac ■
awr. de beea fw M. OiMMt «taal »ab«iil 4e fiàttr le «ai
bai*. JMmiminy^^ iar^ae jwMI le «n* *^* '"«'"«*
Ware et deaïe, dehaat, lieif ■■• m* te pave, wtt^Ml m*
ir irnia a friimg- Tee» mm bear* ■■ faart, ■■ eoleai
aae àtchaiff de plewh «■ piciae fi^re l'caïaja ravier i b n
MU*deB le yu-real lar kan ff«ul« et te uaTtrtsI a UmIcc Janbc*.
VoiU le crime ea deai noU.
La Jartkc prooéda faiealûl ■ lamsUIioa da covfthk. qm ae na«r«
» en porte des nan]iied iadêMMlci. On raneo* à b prisaa civile 4|
i joan plut Uni, taii <a prràcace du joiK d'iastracl'
■i*il déddê le piibge de la K
Commun, de cooeerl arec te* complicci, el ïl ■nrail nui mw desMîa i «:
•11 a'ca avait été eropfabé. Il élûl impnuible d'être plus cbir. Ponr idm,
paar von*, je ta^pme. la critnÎDalilé aux jeux de la ntorale rat b meta
le Tol avait élé perpétré, car il l'a été Tirluellement ; il n'a étéarrCié qve fêlé
eirtaaalaoce* îndépendaDlef de la toloaté de l'agent , et je voadrait qall lï
d'apré* ce telle Irrs eiplicile de la loi romaine : i Ii qui cum teJo aeraarfl c
ilcitf li qui homiatm orcidcrit, Itgit Comelix de lieatiit pjcna ttteretlmr ■
Kn effet, la différence du ehïtiiaeDl dnil-elle se puiser uniquement
iUff^reace d'un r^ullal qui a été indépendant de b volonté du coupable?
Npn, renl fais non! la lentaliie. c'eit*à-dire la volonté de violer b Mj
manireitée par l'action i|iie prohibe la loi laétne, doit être punie omnie
conigiDint. ■ Le coupable, dit Félangieri, a monlré »a perrersité;
LA POLITIOUK — LK GOL'VKBXF.MF.NT »2r>
changera ses culottes; mais notre code, ni notre administration
ne sont à sa taille; ils le rendraient aussi gauche, aussi em-
i barrasse, ils le blesseraient autant, entendez bien, — car les
^nnes intentions ne suffisent pas toujours en matières d'au-
re a rei;u it fuueste eieni|ile. QurI que soit le inccta de l'attenlut, les deui mnlifd
dp punir n'en eii«lent pu moitié. La mi^nie cause doit donc produire le même
eOet, c'est-B-dire l'ëgalitè de ta jieine •.
Cependant la loi françaiiie répond que quelque certaine quii puisse Être la to-
loDté criminelle, un immense intervalle aépare le moment où elle se forme el
celui où elle s'accomplit-, elle peut se laisser tliranlcr par un i>bstide, intimider
par un péril, vaincre par un repentir. La Ini ne peut atteindre une résolution qui
va M rétracter, un projet qui peut s'évanouir.
Partant de ce principe, pour la loi, la liaison des actes purement préparatoires,
comme le percement d'un mur. l'elTraction d'une barrière, n'est pas nécessaire et
immédiate avec une résolution criminelle-, ils peuvent la Taire supposer, il.i ne la
prouvcul |iax. On ne peut les rattacher à un délit déterminé qu'à l'aide Au
lirésomptions hasardées, de fragiles conjectures; ils ne peuvent donc servir de
base à une pénalité : il j a trop de distance encore entre ces actes et l'at^ion
accomplie pour supposer que l'agent ait franchi celle distance sans s'arrâler. et
ftour établir une peine sur «ette ùction.
Qu'un fasse bénéficier de ces principes moraux, un prévenu appartenant k la
■ociélé civilisée, un malheureux hasardant ses iircmierspas dans le crime, Je le
veux bien; mais avec un indïgËne algérien, un valeur fleffé, qui a au moins
dix méfaits sur la conscience lorsque vous l'arrêtez pour la première fois, venir
parler de repentir et de reinnrds avec un tel tuindil. c'est de la pure démence.
Je vais plus loin . c'est un crime qui confine à l'encouragement. Dés l'instant que
vous proclamez comme un dit d'excuse le hasard qui a empêché le crime de réus-
sir, vous proclamez par li) même une Immoralité, vous enseignei i pc«er les
actions d'apri^ leur résultat matériel seulement, sans prendre souri de l'intention
crimiDcltc qui les a dirigées.
Est-ce donc sur une impression toute phjsique que la loi doit puiKcr les règlos
de la répression '< Je ne le crois |)oint , car la loi morale duit se grcfTer sur la loi
sociale. Et quel est le but de la loi morale? C'est le rétablissement de l'ordre
Imnblé par un acte immoral. Comment s'opère ce létablissement? Par l'expia-
tion de In faute. Cette expiation est ta rétribution dans une Juste proportion du
mai par le mal.
Lindigène fut remis en liberté, et je voua lui<^c à fwnser son ëlonneinent. Celui
de ses complices et coreligionnaires fut non moins grand. Vous aurcx tirau faire
et beau dire, leur conviction, ils ne se cachaient pas ]iour I exprimer, est que l'in-
rulpé ajant payé grassement le juge, celui-ci lui a rendu la liberté. Quant A
l'article 3 du Code }iénBl, à sa mansuétude inllnie, ce serait peine perdue de
vouloir les leur expliquer. Jamais, dans leur grossièreté, ils ne (lercevronl les
subtilités que J'ai indiquées ; notre bonté est prise pour de la faiblesse ou de la
prévarication. Loin de monllscr les indigènes, l'impunilé les encourage au mal :
T^l* le résultat des hautes conceptions de rassImUation à outrance. — N. F.
u
^^^mu
LA miSIS UEPCIS LUOCtTATIUS FRANÇAISE
I
I
Hé p(ililic|iie, — ils le lilessenûeDt autant que si vous préten-
tli«s raCTutiler tlt- notre babil à la FraDcaise et de noire gilius.
Encore aaa fois, on De peut procéder que par voie d'iufiUra-
Uon lenle. Trop se hikU-r nerRÎt reculer. L'u capitnine tle bureau
arabe, qui counaissait fort bien le caractère de ses adminis-
trés, Ch. Richard, écrivait eu 1850 : « Dmi» l'escalier qu^
monte vers l'avenir, plusieurs degrés séparent Tindigène de ,
noua, et quoi que %'ous fa^sie-z. voik au jwuvez lui en épargner
l'escalade. Vous pouvez, législateurs, dans la portion supérieure
que vous occupez au-dessus de lui, l'aider, en lui tendant U
inain, à les fraocliirplus vite, et peut-être à en sauter quel-
ques-uns : c'est lit m^me votre devoir, votre mi^iou providen-
tielle; mab je vous défie de rien tenter de praticable au deU
de ces limites ".
Je ne saurais rien dire qui rendit mieux ma pensée. ]
Améliurous, n'iuDOVoDs pas. Bornons-nous & mettre U rai-
son dans les lois, la justice dans les actes, et q»e te reste
vienne il son heure.
ADMiMSTRATlON DES EUROPEEXS
Toute administration peut être considérée comme un foyer
de mouvement'.
Administrer, c'est donc répartir avec sagacité les forces qui
donnent le mouvement et la vie à l'atelier social; d'où il résulte
ce concert, cette harmonie qu'on appelle ordre public.
L'ordre public est le produit de la satisfaction générale; il
ne peut exister qu'autant que nos véritables besoins sont satis-
I. Air. Kour, op. cit., p. I9&.
I
LA POLITIQUE — LE GOL'VKRSEMENT \27
faits. Pour satisfaire les besoins lég'itimes de chacun, il faut
savoir les discerner; il faut donc que l'administratioD soit intel-
ligente dans son action; sinon, c'est un char sans conducteur.
UD h&timent sans pilote.
Mais l'intelligence ne suffît pas; comme le pilote, elle a des
écueils sans nombre à éviter, souvent des tempêtes h craindre.
Pour remphr sa mission , il lui faut encore du dévouement.
Ainsi une bonne administration doit réunir ces- trois condi-
tions : force, intelligence, dévouement.
Ces trois éléments, qui constituent l'unité administrative sont
tellement liés entre eux, qu'ils se complètent mutuelle ment.
L'un sans l'autre , c'est le despotisme ou l'anarchie. Pour que
le pouvoir soit fort, il faut : qu'il soit honoré, qu'il mérite la
considération; il faut qu'il soit indépendant dans les limites de
sa sphère d'action; que sa volonté, en un mot, ne vienne pas
se heurter contre une volonté qui la paralyse; sinon, c'est af-
faiblir, empêcher le dévouement.
Pour qu'il i)uisse être dévoué, il faut qu'il offre une carrièi-e
avantageuse et silre à ses employés; qu'il soit stable; que l'on ne
craigne pas de voir à chaque instant des hommes nouveaux et
sans expérience des affaires locales, supplanter les ancieus;
inconvénient d'où résulle pour ceux-ci perturbation dans la
machine administrative, ce qui nuit à i'inteUigence des af-
faires ; car pour en avoir l'intelligence, il faut en avoir la prati-
que; sinon, de l'hésitation, des erreurs; le pouvoir ne satisfait
pas aux besoins publics, il se déconsidère, et ce qu'il perd en
considération, il le perd en force.
Ainsi, ces trois éléments constitutifs du pouvoir sont tellement
nécessaires, que sans l'un d'eux, il est incomplet.
Voilà donc les principes invariables d'après lesquels nous
devons constituer l'administration tunisienne.
Elle doit avoir en outre une qualité qui manque ordinaire-
n
\i»
LA TC.MSIK UKPriS L OCCUPATIOK FRA.tÇAlSK
meut ftiix administrations : la réserve, la retenue dans les actes;
elle doit agir avec disci-étion , agir sans qu'on lu sente , à l'imi-
tation de ces cylindres bien rodés, bien huilés qui actionnent
la machine sans bruit et sans secousse. Trop souvent les fonc-
tionnaires — les subalternes principalement — irritent, exus-
pèrent et découragent le travailleur, tHntôt par la nature de
leurs attributions, fantM par l'étroitesse de leur esprit, quanj
ce ne sont pas les deux à !« fois. Et combien sont-ils?
En France, des légions. Vous ne pouvez faire un pas sans
vous heurter au képî menaçant ou au porte-plume rébarbatif
d'un sous-verge quelconque. Du matin au soir on vous enregis-
tre , on vous matricule : vous n'êtes plus qu'un automate numé-
roté... Pour la moindre affaire, que de formalités à remplir!
On vous renvoie de service en service, de bureau en bureau;
ii faut passer, repasser, revenir encore; c'est à la signature
d'un tel , qui l'a transmise A son supérieur, lequel est obligé de
l'envoyer à son chef hiérarchique. On use des liarriques d'en-
cre, on noircit des tonnes de papier, et toute cette paperas-
serie, toute cette écrivasserie n'a d'autre résultat que de com-
promettre lamentablement vos intérêts. Quel supplice!,..
Aussi , la grande majorité des hommes qui émigrent ne sont
pas attirés au delA des mers seulement par le mirage de la
fortune; esprits îudépendants, ils éprouvent l'irrésistible besoin
de s'affranchir des conventions tyranuiques que la civilisation
leur impose. C'est ce seutîment impérieux qui leur fait aban-
donner parents, amis, village, toutes les affections qui leur
tenaient le plus puissamment au cœur; et s'ils devaient retrou-
ver sur la terre lointaine les mêmes choses , les mêmes régle-
mentations, les mêmes servitudes, le joug qui leur pesait tant,
évidemment ils n'iraientpoint. '< Les pays, disait Montesquieu,
ne sont pas cultivés en raison de leur fertilité, mais en raison
de leur liberté! » Que l'on me permette d'écrire ; en raiî
LA POLITIQDB — LE GOUVERNEMENT 429
"'de leurs lîberlés. C'est le régime que je crois nécessaire à la
Tunisie. J'en ai déjà développé les principes; je n'y reviendrai
pas pour ne point tomber duns les redites'.
Je les trouve d'ailleurs assez bien appliqués en Tunisie. L'Ad-
ministration y est réduite au mécanisme le plus simple de
rouages'- Mais il faut que l'on ait grand soin de ne pas le
compliquer inutilement. Dans l'État, tous les corps ([ui ne
soni pas indispensables sont dangereux. Au lieu de multiplier
les béquilles, que l'on coupe hardiment les entraves; au lieu
de mettre le colon en tutelle, qu'on l'émancipé. En un mol,
que l'on simptitîe. Simplifiei', c'est économiser le temps et l'ar-
gent, car la même cause qui produit l'économie, produit aussi
la célérité*, double bienfait pour les colons.
Simplifier, voilà donc où doivent tendre nos efforts.
r
AUTONOMIE ADMINISTRATIVE
De toutes les sinipliGcations, la plus féconde en résultais est
l'unité administrative. Elle n'économise pas seulement du
temps et de l'argent, elle hâte la virilité de la colonie en lui
épargnant les tâtonnements, les hésitations, l'impuissance il
1. Voyex lomK I", 1>. 374-375, t. Il, p. 213 et l'M.
1. V. tome 1°^, |). 367 et âuiv.
3. Arec nn persnanel trë« réduit ii se fait beaucoup de besogne à la Résidence
g«nénle ta Tunisie. I^e rapport de H. Pichoo sur te budget du minisIÈre des
Altlim élraDgtres pour l'eiercice 1891 en fournit une preuve. On y remarque
(p. 194) qne aur 2.389 dépêches reçues en IS9a de l'extérieur par lu sou s -direction
du Prolectoralfl, 9BI proviennent de Tunis.
La Résidence A Madagascar ni' ligure que pour 254 dépéclies ^ presque trois
Tois moins — bien que son personnel coûte 1 85,000 franrs et celui de la Résidence
en Tunisie seulement 103,000 francs. Il est rrai de dire que ce dernier crédit
devrait être augmenté, tant pour Ifs Bppuintenicnis du personnel que ceux du
" it gÉnéral.
^^fSeàiam. gênerai.
I
e ot cooA*maée l'ulmiiûstratKni rattmte ' «1 qiu se tr»-
dtnl par on <lâ(i^ de lois, de décret», d ■rrti» ainsi cootra-
dictuîres qn'îaefécaUide*. Elle supprime le dulisme înévitaUe
TBtrr le pouvoir tnétrupolîtaîa et le potiToir cnlooial. diulisnie
daat U* coin» puyeot loajcmrs les frais. Denuadcx plalM aiu
maOïetirau AIgMriM ntcorc lii'rés. aprf« soïUDte ans de
csooquéU. i retle hydr« adiniimtntiTe qui s'appelle « les
rattacbmMrnts •'. EspétviM da raoif» qnr le monstre agonife
et que la coiamtawop sénatiinale ra en coap^r hardiment
ka IHcs. Duu qodqnes moi*, le décret du 26 iioâl 1881
anra véca. el le laroavenieur ïiera iovcsU de l'aatarilé et de
l,1ndépcndni)o« . — diwo« de la lii>erté d'action pour ne pas
choquer ceriaioes susceptibilités, car notre droit coostitntioiuie)
enge toujours le etmtrdle, oonséqnemmeol la dépendance. — de
la liberté d'action ans laquelle il s'use eu de stériles efforts,
paralysé, annihilé qu'il est par des forces néj?atives^.
Oo nous jette sans cesse à la tfte l'œuvre des Romains en
Afrique. L'eteniple est le plus muveni mal choisi , étant donné
tes cooflitionii trfe différentes dans lesquelles nous doos y trou-
vons. Leur principe d'administration n'en est pas moins A
retenir : Rome gouvernait, elle n'administrait pas'. Elle ai-
mait à faire fond sur ses magistrats, à leur laisser une liberté
d'allure et une initiative qu'elle estimait très favorable aussi
bien à l'expansion et au bon emploi de leur activité, qu'à la
1. Vn &»'ul Krtice lunUien . ctui d«s Poslu «t TvIrgraphM, cUil rattaché i Paris
^n Tertu de la conttnlioa de 1861. On sait combien c. «rrvice laissait i déurtr,
Kt le* magnibiaes réMllats donfir* par t'OrScc postal antonoinf . C'est an eimi^
rrafifiant dn la »uprrîorité de c« régime adminUtralir, \a\et lame 1", p. 433 et mut.
2. U. JuIm Caubon a'ml pas moins digne quf son frire de la confiance dn
RouTernemenl ; et si l'on attend de lui de buane besopie en Algérie, il faut re-
nouveler à son profit l'eipéricnce si heareosetnenl tentée en Tnouie avec M. Paul
t'amlion : ne lui donner aucun proflramme, mai» les moyens d*actîan oécessarr»
à la réalisation de iifs idées.
3. V. Duruy. op. cit., t. II.
' LK fiOKVEHNEMENT
prompte satisfaction des intérêts locaux ' ! Les gouverneurs des
possessions romaines administrèrent toujours sur place; l'au-
torité provinciale , tout en étant solidement rattachée à la mé-
tropole par les liens politiques les plus étroits, ne fiU-ce que
par Tardent patriotisme des magistrats, fut toujours, admiais-
trativement du moins, affranchie de la tutelle lointaine et
tracassière du gouvernement central; l'administration colo-
niale fut, comme on dit, autonome. Point d'intervention à
distance, point d'ingérence ni de direction quand même et A
tout propos; point d'expédition dans les Gaules dirigée du
mont Palatin; point de bataille, même gagnée, sur un pro-
gramme du Sénat ou sur un ordre de l'empereur; point de
décrets passant la Méditerranée pour être approuvés au forum ;
point de longs et lointains recours aux décisions de la métro-
lK)ie. Correspondances paperassières, exposés d'afTaîres minu-
tieux, propositions de mesures qui pressent, adressées, ren-
voyées, modifiées, renvoyées encore; attentes des réponses,
espérances des solutions, examens des dossiers, échanges des
dépêches ; Rome ne connut piis ce régime des atermoiements et
ces gouvernements d'outre-mer. Elle ne voulut pas diriger, du
sein même de la capitale, des intérêts divers et compliqués qui
ne pouvaient être connus et satisfaits que sur place : elle esti-
mait qu'en pareil cas ses décrets ne pouvaient toucher le but, et
qu'à ce point de vue ses provinces étaient vraiment hors de
portée. Aussi assurait-elle à ses représentants le libre usage de
leurs attributions et les mettait-elle à l'abri de toute pression
inopportune-. Les empereurs eurent, bien entendu, tout pou-
voir de contrôle sur les actes de leurs légats et de révocation
sur leurs personnes; fidèles à la tradition, ils eurent le bon
■', p. 206.
58-30, — Plutarque, foiirp. 10. — Tile-Live
1
» et DÉM éÊm ks mmim et vtec *— *?■ ir ijrr.
Aemeak.6e la xAdîtf
êasè V jKKivQÎr. «k U far^Kté dan* U^ wt^ aa«î bien ijcw
duis )>K«iit»ûo. Leur k^iqiw ri»aKttj« reftoossah ces àtiu-
Ikns bnavs qui nK-ltral dmx p(<a\-Mr^ rÎTanx bce i face,
stériliieitt par l'tfolmKot . ïoqs prviute dliKlêpmdaiice . des
efforts doot U ciî<nLÎDai«OD serait féfoode. empèdbeot knte
anitê d'actkw et dool le moindre ÏDeoovêoieDt est de créer les
malenteodos et les c>:>Dfaâ<>ns de compêlenre. les tiraïUemeDts
d'aatoritê et les confliU de tonte natatv. depuis les taquine-
ries et les représailles mesqoines de quelque qneretle de pré-
séance . depuis les froissements et les raocones de la Taoité per^
I. V, Cirnt«. Urr. IL L K: — TiK-Ut. SXXIS . IS. i.
omnl d AfriqM- ri \t trial de 5aBidk. of. rtl.. f. tli H u
1. Fie de (ét»r, L I'.
LA POLITIODE — LE GOr%'ERSEMENT
&33
sonnelle, jusqu'aux antagonismes les plus graves, justju'aux
plus séi'îeuses questions de graudes attributions indécises et
de juste inlluence disputée'!
La Tunisie a connu toutes ces misères, il y a quelques an-
nées; elle a subi récœuraiit spectacle des rivalités de pouvoir
et des haines féroces qu'elles engendreat. Le décret du 23
juin 1885, qui place les commandants des forces de terre et de
mer et tous les services administratifs sous les ordres du Ré-
sident général , préviendra heureusement le retour de pareils
faits, si l'on a soin, m toute circonstance, de maintenir la su-
bordination. Résident général ou gouverneur, que l'on choisisse
ce haut fonctionuEiire avec le plus grand soin, mais sa valeur
étant bien reconnue, qu'on lui donne toute autorité sur le pei--
sonnelet de pleins pouvoirs pour la direction desintér^ls/»«r/i-
culiers à la colonie. Car la faute très grave que l'on commet est,
dès la conquête ou la signature du traité de protectorat, de re-
garder la colonie comme une fraction de In métropole, souvent
comme un département fnmrais. Eh! non, il n'en est pas et il
ne peut pas en être ainsi. La colonie a une existence propre, for-
cément une vie à part, qui réclame des institutions, des lois tul
hoc. Pour tout ce qui concerne son fonctionnement écono-
mique, son organisation civile, il y a lieu de la traiter comme
co-État ; ce n'est que dans ses rapporis avec la métropole et les
États étrangers qu'elle devient sujette et doit relever directe-
ment du pouvoir centrai -,
Pour me résumer : sur place, l'administration , — i\ Paris, la
politique.
■ 1. V. Boiwitre, l. I, p. (95.
1. Voyet le rapport Je Itaninve à la Conalituanle sur \p. régime des colooies;
il élabiit ncttemenl <:elle disLincllan.
^^L L^ —
LA TP?nSlE DEPUIS L OCCCPATIOX FlLASÇàlSB
REPRÉSENTATION DE LA COLOME AUPRES DL GOUVERNEMEXf
A Paris, la politique? Ceux-là ne sont vraiseoablablemeBl
pas de mon avis qui vont réclamant bruyamment rélcctioQ
des membres de la Conférence consultative par le suOraga
universel. Peut-être diront-ils ([u'ils se proposent simplement
de donner une base plus larg'e, plus démocratique à lu repr^
sentation de la colonie auprès du gou^ernemenl ; et en n
temps de mieux l'inspirer, de mieux servir les intérêts socîauxî
Dieu me garde de mettre en doute la pureté de leurs inten-
tions. Je me suis efforcé de tenir cet ouvrage en dehors t
questions de polémique et je m'en voudrais de le clore par dei
lignes acrimonieuses à l'adresse de qui que ce soit : je n'en H
certainement pas l'intention. Mais les dangers que j'enlrevoî
sont trop grands pour que je ne m'élève point contre cette tCB'
tative d'introduction de la politique ea Tunisie.
Supposons un instant que le gouvernement ail la faiblesse -
il ne l'aura assurément pas; ce n'est \& qu'une supposition pu*
rement gratuite. — d'accorder l'élection demandée au sulTraM
universel, les pétitionnaires, puisque pétition il y a, se d4
clareront-ils satisfaits? Gardez-vous de le croire. Le voulussent!
ils, qu'ils ne le pourraient pas. 11 y a des en train e m en ts itrési»
tibles, des conséquences inéluctables. L'électiou des membre
de la Conférence par le suffrage universel, c'est l'agitatioi
politique en permanence ; ce sont les affiches, les programmes,
les réunions publiques, tout le bric A brac électoral; ce soal
les partis [mussant comme champignons eu cuve : annexion'
nistes, protectoristes, autonomistes etc., etc. Et vous vo»
driez que toutes les éloquentes professions de foi, renforcées d
M
LA POLITIOCE — LE GOCVEHNKMEST
435
discussions, de déclarations, d'ovations et de ratifications, vous
voudriez que tout cela n'aboutit qu'à quelques vœux timide-
ment déposés sur le bureau de la Conférence. Y songez-vous?
Un des premiers articles des cahiers électoraux aurait pour objet
la transformation de la Conférence consultative en Conférence
délibérative. Ici la bataille serait rude ; mais l'on s'y acharnerait,
attendu qu'elle serait décisive. Succombant , le pouvoir tom-
berait en effet aux mains des assaillants; car qui vote discute,
et les pouvoirs discutés ii'e.\istent pas. Le Résident général ne
serait plus que l'exécutif; le véritable administrateur serait
cette chose mobile et fugace : une majorité composée de quel-
ques hommes plus ou moins sérieux dont l'ambition au besoin
tiendrait lieu de valeur.
.Vvant d'aller plus loin il serait permis de demander aux par-
tisans de cette administration oligarchique quelle conception
juridique ils peuvent bien se faire du Protectorat pour se croire
autorisés à déplacer de la sorte l'axe gouvernemental ; mais ils
ne s'embarrassent probablement pas de si peu. .\u reste, il n'est
pas utile de prendre les choses de si haut. Je crois avoir prouvé
qu'en dehors de l'unité administrative , il n'y a pas d'adminis-
tration possible. Quand le gouvernement est partout, il n'est
nulle part. Jetez un coup d'tcil par-dessus la frontière et voyez
ce qui se passe en Algérie ; les députés et sénateurs à la
merci de leur maigre clientèle électorale, le gouverneur à la
merci de la représentation ', et rien ne se faisant plus que
par intrigue, par calcul, et les intériHs les plus respectables,
les plus chers, fmissaut par être comme laminés entre les çot
qui s'entre-dévorcDt.
I. M, J. Oambon me disait l'an dernier à Paris, peu de temps après ta nO'
■ninalioD au poste de gouverneur général de l'Algérie, '(u'il entendail gouverner.
Souhailons, dans l'inlérêt de rAluérie, que M. Cambon soil asseï soutenu pour
pouvoir effectiTeinenl gouTerner.
i'it LA TtMSIR DEPDIS l'oCCUPAHOX PRANÇâlSB
Est-ce U re cjuc vous vouluz? Iv. ne vous fais pas l'injure de
le croire. C« »j»e vous voulez cl ce «ju'ïl vous faut, ce n'est pas
la liberté politique , c'est la lil»ert<i liumaine, que vous confoo-
lie» ù tort. En effet, qui figure au premier rang en Tunisie . Pit-
re le citoyen ou l'hoinroe? Répondez? C'est l'homme. Demanda
dt^ franchises communales, des garanties judiciaires destinées
les unes A stimuler , les autres à assurer la marche ascendante
do la colonisation; ilcmandez une justice expéditive et A bon
marché; réclamez le libre jeu des forces vives dont vous dispo-
sei, alin de marcher d'un pas ferme auï destinées promises;
mais jfardez-vows des déclamations creuses ; sur cette terre des
mirages, gardez-vous bien des mirages politiques. St-condw
les efforts du gouvernement, aîdez-le de vos conseils, snve»
pour lui un auxiliaire , non un embarras. A chacun son n"ile. Si le
vAtre est moins brillant , il n'est pas le moins digne d'ambition.
Vous êtes l'avenir; c'est sur vous que repose la grandeur
future de la Tunisie. Oh! non, ne vous divisez pas, ne vous
diminuez pas. Restez unis, forts, patients, laborieux, infatiga-
bles, — continuez à faire l'iidniipalion de tous ceux qui vous
contemplent , et votre triomphe est assuré. Vous ferez la Tuni-
sie grande, riche, prospère, vous en ferez le prolongement de
la France, et vous aurez bien mérité de la Patrie!
11 me reste, pour compléter cet ouvrage, à étudier : la ré-
forme progressive de l'impôt, la grosse question du crédit agri-
cole et de la banque d'émission , la situation de la Tunisie vis-à-
vis dé la France. Je voudrais aussi examiner en détail l'œuvre
de Rome dans ce riche pays de Carthage , où sa politique ha-
bile obtint de si brillants résultats. Non seulement pour le
LA POLITIQUE — LE GOUVERNEMENT 437
politique, pour le colon lui-même il s'en dégage des enseigne-
ments dont il peut tirer le plus grand profit, au milieu de po-
pulations immuables qui nous font Tantiquité en quelque sorte
contemporaine.
Hais il y a là matière à un troisième volume que mes travaux
en cours ne me laissent pas actuellement le loisir d'écrire. Je
le regrette vivement. Mon éditeur me réclame Thistoire politi-
que, administrative et économique de TAlgérie depuis la con-
quête jusqu'à ce jour, et je dois me consacrer entièrement à
cette œuvre de longue haleine.
FIN DU SECOND VOLUME.
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PIÈGES
ET
DOCUMENTS JUSTIFICATIFS
TRAITÉ
VJiSSé ENTRE CHARLES X, ROI DE FRANCE, ET BUSSEtN-BEY,
LE 8 AOUT 1830
f
Au nom de Dieu, clément et miséricordieux. :
Ce traité , qui comble tous les vœux et qui doit concilier, avec
l'aide de Dieu, tant d'intérêts divers, a été conclu entre :
La merveille des princes de la nation du Messie , 1^ gloire dés
peuples adorateurs de Jésus, l'auguste rejeton des rois, la couronne
des monarques, l'objet resplendissant de Tadmiration de ses armées
et des ministres, Charles X, empereur de France,
Par l'entremise de son Consul général et chargé d'affaires à Tunis,
muni de ses pleins pouvoirs, le chevalier Matthieu de Lesseps,
Et le prince des peuples, l'élite des grands, issu du sang royal,
brillant des marques les plus éclatantes et des vertus les plus subli-
ipes, Hussein-Pacha, bey, maître du royaume d'Afrique;
Lesquels, animés du désir de faire disparaître les désordres qui
ont souvent troublé la paix entre les puissances, d'assurer les re-
lations amicales de tous les peuples et de garantir pour jamais leur
sécurité complète, sont convenus des points suivants, basés sur la
raison et l'équité.
Art. l*" — Le bey de Tunis renonce entièrement et à jamiais,
pour lui et pour ses successeurs , au droit de faire ou d'autoriser la
course en temps de guerre contre les bâtiments des puissances qui
jugeront convenables de renoncer à l'exercice du môme droit envers
kM
LA TCMSIE USPUIS L OCCITPATrOX FRAKI^AISË
les bâtiments de commerce tunisiens. (Ju^ind la Régence sera en
guerre avec une puissance qui lui aura Tait connaître que telle est'
son intention , les bfltiments de commerce des deux nations pourront
naviguer librement, sans être inquiétés par tes bâtiments de guerre
ennemis, à moins qu'ils ne veuillent p<^n6trer dans un port blo-
qué, ou qu'ils ne portent des soldats ou des objets de contrebande
de guerre; dans ces deux cas ils seraient saisis, mais leur conSfr-
cation ne pourrait ôtre prononcée que par un jugement légal. Ton
b&tiniODt tunisien qui, hors ces cas exceptionnels, arrêterait u
bâtiment de commerce, devant Aire censé, pour ce fait seul, u
soustraire aux ordres et à l'autorité du bey, pourra i>tre traité comm
pirate par toute autre puissance quelconque , sans que la bonne in
telligence en soit troublée entre cette puissance et la Régence d^
Tunis.
Art. s. — Le bey abolit à jamais dans ses Ktats l'esclavage des
chrétiens. Tous les esclaves chrétiens qui peuvent y exister seront
mis en liberté, et le bey se chargera d'en indemniser les propri^
taires. Si, ù l'avenir, le bey avait la guerre avec un autre Klat, les
soldats, négociants, passagers et tous sujets quelconques de cet État
qui tomberaient en son pouvoir, seront traités comme prisonoien
do guerre et d'après les usages des nations européennes.
Art. 3. — Tout bâtiment étranger qui viendrait a échouer sur lei
côtes de la Régence, recevra, autant que possible, l'assistance, le
secours et les vivres dont il pourra avoir besoin. Le bey prendra le
mesures les plus promptes et les plus sévères pour assurer le salut
des passagers et des équipages de ces bâtiments et le respect des
propriétés qu'il portera. Si des meurtres prouvés étaient commis sur
les passagers ou équipages, ceux qui s'en seraient rendus coupables
seraient poursuivis et punis comme assassins par lajustice du pays,,
et le bey payerait , en outre , au consul de ta nation à laquelle b
personne qui en aurait été la victime aurait appartenu , une soi
égale à la valeur de la cargaison du navire. S'il y avait plusieurs as-
sassinats prouvés commis, le bey payerait une somme égale à dem
fois la valeur de la cargaison, et, dans le cas oii ces meurtres auraient
été commis sur des individus de dilTérentes nations le bey répar-
tirait, entre les consuls de chaque nation et en proportion des pei
sonnes assassinées, la somme qu'il auraità payer, de manière qui
cette somme piH être directement transmise aux familles de (
qui auraient péri.
Si les propriétés et les marchandises portées sur les bâtiment]
PIECES KT DOCDUENT3 JCSTIKICATIFS
4 VI
naufragés venaient à être pillées, après le fait constaté, le bey en res-
tituerait le prix au consul de la nation à laquelle le bâtiment appar-
tiendrait , indépendamment de ce qu'il devrait payer pour les meur-
tres qui auraient été commis sur les équipages ou passagers dudil
Art. 4. — Les puissances étrangères pourront désormais établir
des consuls et agents commerciaux sur tous les points de la Régence
où elles le désireront, sans avoir à faire pour cet objet aucun présent
aux autorités locales; et généralement tous tributs, présents, dons
ou autres redevances quelconques que des gouvernements ou leurs
agents payaient dans la Régence de Tunis, à quelque litre, en quelque
circonstance et sous quelque dénomination que ce soit, et, nommé-
ment, à l'occasion de la conclusion d'un traité, ou lors de l'installa-
tion d'un agent consulaire, seront considérés comme abolis et ne
pourront être exigés ni rétablis à l'avenir.
Art. s. — Le bey de Tunis restitue à la France le droit de pocher
exclusivement le corail depuis la limite des possessions françaises
jusqu'au cap Nègre , ainsi qu'elle l'a possédé avant la guerre de 1799.
La France ne payera aucune redevance pour la jouissance de ce
droit; ses anciennes propriétés, édifices, bâtiments et constructions
diverses dans l'tle de Tabarque , lui seront également restitués.
Art. 6. — Les sujets étrangers pourront trafiquer librement avec
les sujets tunisiens en acquittant les droits établis. Ils pourront en
acheter et leur vendre, sans empêchement, les marchandises pro-
venant des pays respectifs , sans que le gouvernement tunisien puisse
les accaparer pour son propre compte ou en faire le monopole. La
France ne réclame pour elle-même aucun nouvel avantage de com-
merce, mais le bey s'engage, pour le présent et l'avenir, à la faire
participer à tous les avantages , faveurs , facilités et privilèges quel-
conques qui sont ou qui seront accordés, à quelque titre que ce
soit, à une nation étrangère; ces avantages seront acquis à la France
par la simple réclamation de son consul.
Art. 7. — Les capitulations faites entre la France et la Porte, de
même que les anciens traités et conventions passés entre la France
et la Régence de Tunis et, nommément, le traité du 15 novembre
1824, sont confirmés et continueront à être observés dans toutes
celles de leurs dispositions auxquelles le présent acte ne déroge-
rait pas.
Art. 8. — Le présent traité sera publié immédiatement dans la
ville de Tunis et, dans l'espace d'un mois, dans toutes les provinces
h
j
Hî LA TIHI81E II^DIS l'oKCCPATIOK FRASÇAISK
el villes de la Ufgfnce, selon les formules et usages adoptés t\va
1q pays.
Fait triple, au.Bardo, le dimanche 17 de sfar de Tannée de l'hé-
gire 1816, corrsspondanl ao 8 d'août de l'année 1S30 de l'année
cbrétienne.
Le consul général chargé dex affaires de Sa Majesté l'empereur de
France.
Signé : M. Lesseto.
\
FIRMAN IMPERIAL
,CCijni>ANT AU UEV IIK Tt.MS LE i'UIVJLKCE rj'llÉHÊDlTÉ
Traduelion '
Au vali delà province de Tunis, décoré de l'Osmaniéde !" classe,
en brillanU, et du Medjidié de 1" classe, — mon Vizir Uohammed-
es-Saddok Pacha.
. Nous connaissons la conduite louable que tu as suivie et les ser-
vices que tu as rendus, ainsi que la loyauté et la droiture dont tu
as fait preuve envers nous, depuis le Jour où l'admiaistration de
la province de Tunis, faisant partie de notre empire, a été confif^c
par notre gouvernement impérial à ta capacité, comme elle l'avait
été à tes prédécesseurs.
Les qualités qui te distinguent, nous font espérer que tu persévé-
reras dans la même voie , et qu'en consacrant tes elîorts à la pro&i
périté, au bien-être et à la tranquillité de cette province et de nos
sujets, tu te rendras de plus en plus digne de la faveur et de la con-
Qance dont lu es l'objet de notre part , en en reconnaissant la faveur.
Notre sincère désir et notre volonté arrêtée est de voir cette im-
portante province de notre Empire jouir de la plus parfaite sécurité,
d'une tranquillité constante , et de voir aussi la confiance s'aOenuir
de jour en jour parmi ses habitants.
11 est évident qu'en vertu de nos droits souverains, nous ne re-
fuserons jamais d'accorder notre appui et notre sollicitude à la
complète réalisation de ce but.
I. Archives iliptomatiques. 187b, II, 103.
PIECES ET DOCt'MESTS JUSTIFICATIFS
ConfbrmémeQt à la demande conlenue dans le rspporl que tu
viens de nous soumettre, nous te conlirnions dans le gouverne-
ment général de ladite province de Tunis, qui conservera ses limi-
tes telles qu'elles existent ab antiquù, en t'accordant de plus le pri-
vilège d'hérédité et aux conditions suivantes :
Désirant voir, ainsi qu'il est dit plus haut, l'accroissement de la
prospérilé et de la richesse do cette province impériale, aussfbien
que de nos sujets qui l'habitent, et considérant la pénurie et les
besoins du pays et de la population, nous faisons gr^ce à nos fidèles
Tunisiens, dans nos sentiments de générosité et de sollicitude à
leur égard , de ce que leur province payait, dès l'origine, sous une
dénomination convenue, des contributions â notre gouvernement à
titre de sujétion. Gomme une marque des liens anciens et légitimes
qui rattachent fi notre khalifat et souveraineté la province de
Tunis, partie intégrante de notre Empire, il faut que les Koutbés et
les monnaies soient, comme par le passé, à notre nom impérial;
que le pavillon conserve sa forme et ses couleurs; qu'en cas de
guerre entre la Turquie et un pays étranger, ladite province impériale
fournisse son contingent militaire dans la limite de ses forces, et
que les autres liens et relations qu'elle a eus jusqu'ici avec notre
gouvernement soient maintenus. Dans ces conditions, nous ordon-
nons ce que suit :
L'hérédité du gouvernement général de notre province de Tunis
est accordée ft ta famille; le gouvernemenL général de la Tunisie
aura pleins pouvoirs pour nommer ou destituer, i>eloD les règles de
la justice et de l'équité, les fonctionnaires du chérif, des administra-
tions militaires, civiles et financières de la province, à condition
toulefois que l'administration intérieure soit conforme à la loi sacrée
et aux autres lois de l'Empire garantissant la vie, l'honneur, les
biens des personnes , et répondant aux exigences de l'époque.
Le gouvernement général de Tunis est autorisé à entretenir,
comme par le passé, certaines relations avec les gouvornemenls
étrangers, à l'exception des cas où il s'agirait de conclure avec les
puissances des conventions ou autres actes internationaux ayant
trait aux affaires politiques , aux faits de guerre, aux remaniements
de frontières, etc., choses qui relèvent uniquement de nos droits
sacrés de souveraineté.
En cas de vacance dans le gouvernement général, et sur la requête
sollicitant la nomination d'un successeur dans la personne du mem-
bre de la famille le plus âgé, notre menlcbour impérial conférant
k
\K% LA TiniSIE DKPaS t OOCOPATlOll nAKÇAISK
In litre do vizir H de muchir, nÏMi que le ârmao d'ÎDveslîL
gorout accordés. Cet ordre souverain écrit par noire divan et revêtu
d« notre batt impérial est expédié.
Comme il a été d(>claré ci-dessus, nous n'avons en vuo, dans noir»
Bollicitudo paterncile. que d'améliorer l'état de l'imporLante pro-
vincfl de Tunis et de raffermir la position de la famille gouvernante,
tout en complétant les moyens propres à. assurer le bîen-ètre, la
tranquillité et la sécurité de toutes les classes des sujets placés sous
notre autorité et établis dans cette province. Noire volonté sou-
veraine est donc que lu consacres aussi tous tes efl'orts au même
but.
Et comme la conservation absolue el permanente de nos droits
séculaires et incontestables sur la Tunisie, ainsi que la sûreté con^
Itnte des biens, de la vie, de rhooiieur et des droits généraux de
nos sujets demeurant dans cette province, confiée h ta Qdétité.
constituent les conditions fondamentales et arrêtées du privilège
d'hérédité, il faut que lu veilles constamment h préserver ces condi-
tions essentielles de toule atteinte et que tu l'abstionnes de tout
acte contraiie. Toi et Ions les membres di' ta famillpi qui se trou-
veront à la léle de la province par ordre de succession , vous ap-
précierez la valeur de cette haute faveur impériale, et vous mettrei
aussi tous vos soins fi IVxéculion scrupuleuse des conditions établies
pour mériter noire haute approbation. J
Donné |p 9 chaban 1â8S/2â octobre 1871. |
LE VICOMTE DE BOTHILIAU
CBARQË D'A PP AIRES DB PBAHOB A TDNIB
AU COMTE DAEU
HtMtSTEB OSB APPAiRn iTRANafian
J'ai reçu la dépêche que 'Votre Excellence m'a fait l'honneur de
m'adresser le 3 de ce mois, au sujet de ta razzia opérée sur notre
propre territoire par les tribus tunisiennes des Freichichs et des
/^
PIÈCES ET DOCUMENTS JUSTIFICATIFS 445
Zeghalmas, au détriment de deux douars des Merazgas. Cette razzia
m'était déjà connue et j'en ai fait le sujet d*une note au Gouverne-
ment du Bey, par laquelle j'ai demandé, en même temps, que le
payement d'une somme de 37.200 francs, chiffre des pertes éprou-
vées par les Merazgas, que les mesures nécessaires soient prises pour
empêcher le retour de pareils actes de brigandage. Le gouverne-
ment tunisien ne m'a pas encore répondu. Il veut, de son côté,
prendre des informations, droit que nous ne saurions lui contester.
Elles différeront probablement de celles que M. le Maréchal, gouver-
neur général de l'Algérie, m'a transmises. Une enquête sera peut-
être demandée ; tout au moins tous les moyens de traîner les choses
en longueur, de gagner du temps , seront employés. La vérité est,
ainsi que je l'ai écrit au Maréchal, que le bey n'a plus qu'un pou-
voir nominal sur un grand nombre de tribus de la Régence. Quand
de pareils faits sont commis, je puis bien obtenir un décret qui rende
responsable des dommages éprouvés les tribus coupables, des or-
dres pour leurs caïds de les obliger à payer le montant des indemni-
tés réclamées; mais les moyens font complètement défaut pour faire
exécuter ces ordres. Le Bey et le Khaznadar le savent et ne sem-
blent nullement s*en préoccuper. Il y a longtemps que j'ai écrit au
Département que nous marchions à une catastrophe , que ce n'était
pas la banqueroute seulement qui menaçait la Régence, mais l'anar-
chie. Elle est à peu près partout. Une dernière tentative se fait en
ce moment pour sauver ce pays par la Commission financière. Si
elle échoue , nous pourrons être forcément appelés à occuper la
Tunisie et ce sera pour nous une extrémité fâcheuse.
De Botmiliau.
Vous tn'inviln ii tiire coansllre au GuaveniemeDl do Bey qu'n
grvxd aombtv «l'insurg^f de b province de Coostaolioe, r^foidâs
Ten i« Sud. cbcrcb^Dl â atteindr» la rrontiérv, afin qu'il se id«U>- ea
mesure de les déâanai^r à leur iiitré« sur $o<i lerriloire. M. le gén^
tal de Larrviix m'avait déjà télégraphié qu'une fraclioa des Oalad-
Khelilas av^it pénétré en Tunisie. J'en a%-aîs aussilât infortiié !<('
Khazoadar, qui m'avait promis de les obli^r à rentrer en .Ugérie.
Le: Khaznadar, apr«« avoir prétendu d*abord n'avoir ancune coa-
naissaoce du (ait que je lui dénonçai», a dû, peu de jours aprî4,
m'avouer que les Oulad-Kht^liEas élaient déjà au Sers, près des Drids.
Ces indigènes n'out pas été désannés comme ils auraient dâ l'être.
Je ne sauiais dire s'il faut y voir une preuve uniquement du peu d«
bon vouloir du gouvemenienl tunisien à iiotr>> éj^ard . ou en même
temps une preuve de ^on irapuiisance. Il t->t «'rtiiii i •?]>■' i niant i]ue
l'autorité du Bey sur certaines tribos de la fiégence est à peine b(>-
minale, et si l'une de celles-ci a accueilli les Oolad-Kheli&s en
frères, il aurait pu élre difDctIe de les désarmer.
Je n'en ai pas moins voulu voir le Bey, et je lui ai témoigné mon
regret de l'accueil fait dans son pays à ceux qui se sont soulevés,
qui se sont battus contre nous. « Ce n'est pas là, lui ai-je dit, un
procédé de bon voisinage, et dans ce moment surtout, quand nous
avons déjà tant de motifs de plainte, il aurait dû être évité. »
Le Bey ne m'a répondu que par de vains mots et la promesse
d'envoyer auprès des Oulad-Khelifas une personne chargée de les
inviter à rentrer en Algérie. Il m'a répété ce que son Ministre avait
déjà dit à M. Fleurât, que, jusqu'à présent, il n'avait jamais été nus
aucun obstacle aux émigrations de tribus d'un pays à l'autre. Je lui
ai fait obser^or qu'il y avait une différence radicale entre laisser, en
temps de paix, des tribus algériennes, passer la frontière, s'établir
sur le territoire tunisien, et recevoir, sur ce même territoire, après
une révolte sanglante, les hommes qui se sont battus contre nous
I
PIÈCES ET DOCUMENTS JUSTIFICATIFS 447
et qu'on n'a pas même, cette fois encore, désarmés. J'ai rappelé la
modération dont nous avons fait preuve au sujet de Kablouti et de
ses spahis , et ajouté que nous aurions dû pouvoir compter sur une
autre manière d'agir de la part des autorités tunisiennes.
Il ne me reste plus qu'à attendre les instructions que vous croirez
devoir m'envoyer. Je me tiens sur une grande rés.erve vis-à-vis du
Bardo et je suis résolu à ne pas assister à la prochaine réception du
Baïram. Ces illuminations que Ton provoque à Toccasion du Fir-
man, après que, par votre ordre, j ai témoigné auBey le méconten-
tement que nous avions éprouvé de la mission remplie par le géné-
ral Khéreddine à Gonstantinople , ne peuvent être considérées par
nous que comme une offense, ou tout au moins comme la preuve du
peu de cas que Ton affecte de faire de ce que nous pensons de ce
document.
De BOTMILIAU.
M. ROUSTAN
CHARGÉ d'affaires DE FRANCE A TUNIS
AU DUC DECAZES
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Tunia, 24 juUlet 1876.
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence d'un conflit
que je viens d'avoir avec le Gouvernement tunisien à propos de
l'emprisonnement illégal d'un Algérien par l'autorité locale , et du
. refus de cette dernière de le remettre au Consulat général. Cet in-
cident, heureusement terminé, a failli néanmoins avoir une cer-
taine gravité à cause des questions de principe qu'il soulevait.
J'ai appris, par hasard, vendredi dernier, qu'un Algérien nommé
Bou-Akkaz, inscrit à la Chancellerie et porteur d'un certificat de
nationalité, se trouvait dans les prisons tunisiennes. Je l'ai fait im-
médiatement réclamer au Gouverneur de la ville, qui a refusé de
le rendre, en alléguant que cet homme était détenu en vertu d'une
sentence du tribunal religieux du Châra. En présence d'un pareil
h'tS LÀ TinnHB UKPns i,'occupatio> Ii-HAXÇAISK
refus et aussi singulièrement motivé, comme le Gouvernemenl "
montre depuis qucli{ue temps un mauvais vouloir assez marqué
pour les aflaires de nos nationaux, je me plaignis immédiatement
an Premier Ministrn, qui me répondit qu'il allait faire mettre
rM^érien en liberté.
Mais , le soir du même jour, un tëléjjramme du gL^néral Kbéred-
dlne m'informa que remprisonnpmeni de Bou-Akkaz ayant été or-
donné par le Gadi , cet Algérien, au lieu d'être élargi , serait , le len-
demain, conduit à la Goulette.
C'était la première fois , dans le cours de ma carrière , que je me
trouvais en présence d'un déni de droit aussi formel et d*une infrac-
tion aussi manifeste aux capitulations. Le motif tiré de l'inter\*en-
tion de l'autorité religieuse ne faisait qu'augmenter encore la gra-
vité de l'attitude prise par le général Khéreddine. Il ne tendait à rien
moins qu'à soustraire , dans une série de cas très nombreux et mal
définis, les Algériens protégés ou nationaux français à notre juri-
diction. Il y avait en outre un danger manifeste, dans les circons-
tances actuelles, à admettre, sous quelque préteste que ce fût, l'ia-
tervention de l'autorité religieuse dans les questions de cette nature.
Je répondis, un conséquence, immédiatement au général Khéretl-
dine de façon à lui faire comprendre la gravité de l'acte qu'il était
sur le point de commettre , et je donnai ordre au Premier Drogman
d'aller le lendemain réclamer l'Algérien fk la (ioulette et de me télé-
graphieir au cas oii on le lui refuserait de nouveau. Je comptais
aller moi-même porter plainte au Bey contre son Ministre.
Je n'ai pas eu besoin heureusement de recourir à ce moyen ei-
trëme. Dans la même nuit, j'ai reçu une dépêche du Premier Mi-
nistre qui m'accordait ma demande.
Le général Khéreddine, que j'ai vu hier, a, du reste, pleinement
convenu de ses torts en présence de mes représentations , et il a re-
connu combien j'usais de ménagements dans toutes les questions de
ce genre où cela m'est possible sans compromettre les principes et
le prestige de notre autorité vis-à-vis des indigènes. J'ai saisi cette
occasion pour appeler l'attention du Premier Ministre sur le mau-
vais esprit dont les employés subalternes de l'Administration se
montrent en général animés pour les réclamations françaises et
j'ai ohtenu de lui les promesses les plus satisfaisantes à ce sujet.
Nous verrons si elles seront tenues.
ROUSTAN.
PtKCES ET nOCDMKNTS JUSTIFICATIFS
M. ALBERT ORÉVY
UODVlRVBCn aËDËRAL DE L'ALGËltlB
A U. BARTHÉLÉMY SAUTT-HILAIHE
Alger, 33 fdTtier 1881.
Mes dOpèchea ont résumé les principaux faits qui viennent d'avoir
lieu sur noire frontière tunisienne, et les dernières nouvelles reçues
laissent entrevoir que les fractions coupables des Khoumirs, mises
en présence de forces supérieures prêtes à agir, se sont retirées
devant nous et paraissent disposées à terminer cette affaire d'une
façon pacifique en réparant par des indemnités pécuniaires les pré-
judices causés i nos indigènes algériens et en nous oITrant des ga-
ranties plus ou moins sérieuses de bon voisinage.
Mais en admettant môme que ces indemnités soient consenties
et payées aux particuliers intéressés, il n'y a pas d'illusion à se
faire sur le peu df valeur des garanties qui peuvent nous être don-
nées par les Khoumirs.
Le caïd tunisien Amor-ben-Mansour est de vieille date noire
obligé; il a reçu, chez nous, dan^ des circonstances criliques pour
lui, asile, secours et protection ; depuis il esl resté un intermédiaire
des plus précieux pour nos relations habituelles avec les Khoumirs.
.Mais son iniluence ne s'étend pas à toute la tribu, elson autorité
est k peu près nulle vis-à-vis des montagnards absolument indé-
pendants.
L'attitude prudente et réservée des Djouablias, qui ont tout intérêt
à rester bien avec nous, en raison de leur situation topographique,
ne saurait en rien engager la ligne de conduite des autres fractions.
louant aux tentes offertes par les notables des Bechanias et des
Uulad-Cedras, comme gardes de notre fronlière, il est évident
qu'elles peuvent décamper en moins d'une heure; d'ailleurs le
voudraient-elles, qu'elles ne sauraient empêcher les incursions ni
les coups de mains isolés que les Adalias ne manqueront pas do
faire h brève échéance, soit pour se récupérer des sommes qu'ils
auront payées sous la pression de nos baïonnettes, soit pour venger
la mort de l'homme tué sur notre territoire et cause première de
toute cette affaire.
Bref, il n'y a pas, chez ces tribus sauvages, une autorité quelcon-
^B LA TtNlSlE. — T.
V:tO LA ITSISIB PBPCIS tOCCCTATlOX FBASÇAISB
qw! en éUt irimp>i9«r m nrioQlé et de nous garantir la paii plh '
s^ruriU çiniil-^HMlre tu^iurs après la rentrée de nos troupes difl*
|i>im cantuaoecoiïDls.
U lut vtM» échappera pu. d'ailleurs, que la solution paciflquf ^r-
lOD internationaif- Or,
le particulier portant
mais bien d'un bit
s euti«Ti-iuenl de cOlé U quesli
dM» U an actiMl, il ne »'a^t pas d'un cri
aUrittle «BX droits prîT^ de^ sujets francai
gtVKB poctant atteinte au droit international : d'une violation dr
froati^e canuniïe en pleine paû. sans provocation , par des collec-
liviUs araiAes •>! à deux rt'prt^es différentes.
ha tina\vrwm<fnl tunisien ncnl de nous obliger, pour prolépn
la vie •'t tes bn-n? de nos nationaux, à des mesures troublant b
traaqwUitê de tout on p*)^ •• t grenat noire budget de d^penwi
s résultant de la mobilisation de no» troupes, de leur
k H de leur approvisionnement bors de leurs résidebOK
; Il eï( dùDC Juste que nous soyons largement iodemoi-
sé». Ktcwmne. daulre part, rien ne nou^ garantit que demain \t*
mêmes hits ne <e reproduiront pas , nous sommes fondés à esi^
du Govvenwoient tunisien uo gaçe nous assurant le remboursement
intégral de nos dépenses effectuées ou à faire et la sécurité de notre
loae Aronli^re.
Si nous avons pu consentir à des coaféreuces réglant, i 1'
de« faits d'ordre prrr^: si ni^me. contrairement aux
Ktiits civilisé;, uou^ uous sommes contentés, jusqu'ici,
domma^s intérêts et de rfMu, comme répression de
de ratzias commis sur notre territoire par des T^msieDs, no«s
l'avons fait par amitié pour le Bey et en échange de concessioas
gracieuses qui nous étaient accordées dans d'antres «l&ir«s dont
profitaient nos nationaux.
.Vais les cinron^lances politiques ne sont plus les mêmes, et pent-
Otre l'stimerez-vous que le moment est vena de nous départir de
cette bienveillance et de cette réserve excessive dont la ctHitinnatioa
ne peut qu'affaiblir notre prestige aux yeox.des indigènes algériens,
tout en diminuant notre influence auprès du Cabinet du Bardo.
En l'état, l'ordre matériel étant provisoirement assuré sur notre
frvtntière. nous restons en présence d'une question dont il vous ap-
partient de provoquer le règlement et pour laquelle le gouwneor
jri'iu'ral de l'Algérie ne peut que vous faire coimattre son senti-
ment et vouâ demander vos instructions.
Albert Ghëvt.
Plt:CKS ET 1I0CL'UE.NTS JDSTIKICATIKS
M, ALBERT GRliVY
GOOïKitsïrn GÉsfinAi. ue l'aluEiiie
A H. BABTUÉLBMT SAINT-UILAIBE
J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint un relevé approximatif
et très incomplet de faits qui montrent d'une l'açon indéniable l'état
d'insécurité de nos frontières tunisiennes et la longanimité dont le
gouvernement français n'a pas cessé de faire preuve vis-à-vis do
celui de Son Altesse le Bey do Tunis.
Le relevé actuel est bien au dessous de la réalité, car il ne com-
prend ni les faits qui se sont passés dans les territoires civils, ni
ceux qui, pour une cause ou une autre, n'ont pas donné lieu à des
plaintes consignées sur les registres des bureaux arabes. ■
Ces derniers sont certainement très nombreux, car ils compren-
nrnl tous les vols de bestiaux pour lesquels les victimes se sont ar-
rangées a l'amiable avec les voleurs, sans intervention aucune de
l'autorité. Ce n'est, on elTet, qu'à la dernière extrémité que l'indi-
gène de la frontière vient porter sa plainte contre un Tunisien vo-
leur de bestiaux : il préfère d'abord s'assurer lui-mi^me du nom de
ses voleurs et négocier avec eux à prix d'argent le racbat des biMes
volées. Les voleurs tunisiens sont, du reste, les premiers à envoyer
à leurs victiaies, les bêcheurs ou dénonciateurs qui , après avoir été
complices du vol , servent d'intermédiaires pour ramener les bètes
à leurs propriétaires, moyennant une rançon débattue souvent des
mois entiers. Ce n'est qu'en désespoir de cause, ou lorsqu'un chof
investi intervient, que le volé vient faire sa plainte; aussi n'est-it
pas rare de voir enregistrer des vols remontant à plusieurs années :
c'est ce qui explique les apparentes irrégularités chronologiques que
l'on relève à prion' dans les registres du cercle de Souk-Abras, où
l'inscription a été faite par tribu au fur et à mesure de l'arrivée de
ces plaintes qui, toutes, formulent nettement le nom des voleurs.
Toutefois, les crimes et délits commis de 1870 à 1881 atteignent
un chiffre considérable, puisque ceux relevés sont au nombre do
, Voir ce réânmé, Livre Jaune de isai , sapiilémenl , page 03.
k
Alberi r.BÉTi.
Lt fi!3iiB Mnw tocccrAnos feasçaisb
2,319 et qv'Os «al été «bb par ■■» population qui ««t dVnrinA
IOO,0004iliM. Sur uf S,Tî1l ctine* nu dt^lîls [dont (rois riolatioMl.
éelhNiliMvdafaitiMawdcsagraUnudesimiipesdeS. A. le Bej),
^H, I* Gonremenienl (nntftiTD n*a donné une sanction pénale qu'à d«['
^K abirts. l*o«r toutes les mnlm, le» coupables eu dehors de ceis
^H AintiemaA atteints par naos, n'ont pas été ponis; iU en ont ét£
^H ^im poor dci p^ljtoliofu on des dommages intérêts. EoSn
^H US Eut» Mol resté! afaaotamcnt sans répression ei »ns réporationf
^H liécaniaires.
TRAITK
cmx ut aotnreBNorexT dg la ilék'«lioi'£ rRi^rçAisE
[SE 1
li de Son I
irdresad '
Ijb fiouvememenl de ta flépubliqnc française et celui d
Altesse le Bey de Toois,
Voûtant empêcher ï jamais le renonrelleaieal des désordres qd
»e M>nt produits nkenunent sur les frontières des deux Ëtats et sur
k- liltora) de la Tunisie, el désireux de resserrer leurs anciennes re-
lations d amîtii' et de bon voisinage, ont résolu de conclure une Con-
vention à colle fin dans rintén'-t des deux Hautes Parties conlrac-
tanlo*.
En consi'quencc, le Président de la République française a nommé
pi>iir Son Plénipotentiaire M. !>■ (iénérat Brëaht, qui est tombé d'ac-
cord avec Son Altesse le Bey sur les slipulalions suivantes :
Article premier
Le> Traités d^* pais, d'amitié et de commerce et toutes autres
l^onvenlions existant actuellement entre la République française et
Son Altesse le Bey de Tunis sont expressément confinnés el renou-
Kn vui^ de faciliter au Gouvernement de la République française
l'accomplissement des mesures qu'il doit prendre pour atteindre le
PIKCES KT DOCUMENTS JDSTIFICATIKS iÔS
lut que se proposent les Hautes Parties contrariantes. Son Altesse
le Bey de Tunis consnnt à ce que l'Autoritë militaire française fasse
occuper les points quelle jugera nécessaires pour assurer te réta-
blissement de Tordre et la sécurité des frontières et du littoral.
Cette occupation cessera lorsque les Autorités militaires françaises
et tunisiennes auront reconnu, d'un commun accord, que l'adminis-
tration locale est en étal de garantir le maintien de l'ordre.
Aht. 3
Le Gouvernement de la République française prend l'engagement
de prêter un constant appui û Son Altesse? le Bey de Tunis, contre
tout danger qui menacerait la personne ou la dynastie de Son
Altesse ou qui compromettrait la tranquillité de ses États.
Art. -i
Le Gouvernement de la République française se porte garant de
l'exéculion des traités actuellement existants entre le Gouvernement
de la Régence et les diverses Puissances européennes.
Art. 3
Le Gouvernement do la République française sera représenté au-
près de Son Altesse le Bey de Tunis par un Ministre Résident , qui
veillera à l'exécution du présent Acte, et qui sera l'intermédiaire
des rapports du Gouvernement français avec les Autorités tunisien-
nes pour toutes les affaires communes aus deux pays.
Aht. f.
Les .Agents diplomatiques et consulaires de la France en pays
«étrangers seront chargés de la protection des intérêts tunisiens et
des nationaux de la Régence.
Kn retour, Son Altesse le Hey s'engage i\ ne conclure aucun acte
ayant un caractère international sans en avorr donné connaissance
uu Gouvernement de la République française et sans s'être entendu
préalablement avec lui.
Art. 7
Le Gouvernement de la République française et le GouvememenI
de Son Altesse le Bey de Tunis se réservent de fixer, d'un commun
accord , les bases d'une organisation financière de la Régence , qui
Gae eoatritaliiHi é» pa*rr^ t*n imposée un tribus insonmiset
4» Ift tnttàin «1 4a SUcnl. f ne coorvalioa olténeurD en délennk
I le ckife* «4 le ■ode de leoMmBeot dont le ilouTemement '
de Son Altase le Bev se parle mponstble.
Afla de proMgvr OMtrw li cnatrebaiMl^' de^ Jknae< et des miinî-
Itoas de fnem les poasessiota a%MefuKS d<? la République Tniii-
. le Gouwfueittent de Soa Allesse te Bey de Tunis s'engage ■
|ir>tiiber toate tattodacln* d^uoMs oo d» mimilions de guen« pir
l'Ile de njerin. le poct de Gtbis oo les autres porLs du sud de la
Tunifie.
Akt. 10
1^ pn^^ent Tnit^ «en f^xiinis i U nti&catîoo du tiouvernemeDl
de h Kêpabliqa*! fnacûse, i-t rm^lrameut de ratiOcation «era reniii
iSou Alte»ie le Bey de Taaii Auts, le plus bref di^lai possible.
Kuar-es-S&ld , le 12 nui 1S8I.
HOa^HHEt) ES-SADDOR BEV.
Oiwnl BKtLKRT.
E\TRE U nti:«CS ET LX TVXI5IE POl'R REGLER LES RAPPORTS
RESPECTIFS RES DEUX PAYS
Son Altesse le Bey de Tunis, prenant en considénlion la nécessî^
d'améliorer la situation intérieure de la Tunisie, dans les rondition»^
prévues par le Traité du li mai 1881 , et le (îouvememenl de la R^^^
publique ayant à cœur de répondre à ce désir et de consolider ain^^
les relations d'amitié heureusement existantes entre les deux pays
sont convenus de conclure une (invention spéciale à cet elTel : er"^
^
PIKCES KT nOCCMENTS JOSTIFICATIKS 155
conséquence, le Présidenl de la République française a nommé
pour son Plénipotentiaire M. Pierre-Paul Cumbon. son Ministre Ré-
sident à Tunis , oflicier de la L6^on d'honneur, décoré de l'IIald et
grand-croix du Nicham Iflikar, etc., etc., lequel, après avoir com-
muniqué ses pleins pouvoirs, trouvés en bonne et due forme, a
arrêté, avec Son Allesse le Bey de Tnnis, les dispositions suivantes :
AlITiCLE PREMIEII
Afin de faciliter au (iouvernemenl frani,ais l'accomplissement de
son Protectorat, Son Altesse le Bey de Tunis s'engage h procéder
aux réformes administratives, judiciaires el tlnanciérps que le Gou-
vernemenl français jugera utiles.
Le Gouvernement français garantira, à l'époque et sous les condi-
tions qui lui paraîtront les meilleures, un emprunt à émettre par
Son Altesse le Bey, pour la conversion ou le remboursement de la
dello consolidée s'élevant à la somme de 125 millions de francs
et de la Dette flottante jusqu'à concurrence d'un maximum de
17.550,000 francs.
Son Altesse le Bey s'interdit de contracter, à l'avenir, aucun
emprunt pour le compte de la Régence sans l'autorisation du Gou-
vernement français.
Art. 3
Sur les revenus de la Régence, Son Altesse le Bey prélèvera :
1° les sommes nécessaires pour assurer le service de l'emprunt
garanti par la France; 2° la somme de 2 millions de piastres
(1,200,000 francs), montant de sa liste civile, le surplus des revenus
devant être alfeclé auv dépenses d'administration de la Régence et
au remboursement des charges du Proleclorat.
Aht. 4
Le présent Arrangement confirme et complète, en tant que de
besoin, le Traité du 12 mai 1881. Il ne modiQera pas les dispositions
précédemment intervenues pour le règlement des contributions de
guerre.
Aht. 3
La présente (kinvenfion i
à la ratification du Gouver-
k
1
neincnl de la Hôpiiblique frapraise, el l'iDstrumenl de ladilc ralifi-
calion sera remis à Son Altesse le Bcy de Tunis dans le plus brd'
d<^tai possible.
En foi de quoi les soussignés ont dressé le présent acte et l'oiil
revêtu de leurs cachets.
l-'ail à la Marsa, le 8 juin I88:t.
ALl-BET.
Pall CAMBON.
EXTRAITS
i DISCOURS HE H. JULES rERRV
Nous nous proposions de reproduire ici plusieurs extraits des deux
discours, si éloquents, si vibrants de patriotisme, prononcés (lar
M. Jules Ferry à la Chambre des députés, le premier dans la séance
(lu ô novembre et le second dans c«Ile du 9 novembre 1881. H im-
porte en effet de les avoir toujours présents ii la mémoire , — et pré-
sente aussi l'attitude des intransigeants. Mais tout est à citer dans
ces discours, éminemment suggestifs, et les dimensions de ce volumo
ne nous en permettent pas la reproduction. Nous ne pouvons qu'in-
viter le lecteur à les relire au Journal officiel, ou mieux encore da^^s
le volume de M. Alfred Rambaud : les Affaires de riausie (Hetiel,
1883), o6 ils sont publiés avec notes à l'appui.
LOI PORTANT ORGANISATION
DE LA JURIDICTION FRANÇAISE EN TUNISIE
Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur
suit :
Art. 1". — Un tribunal français et six justices de paix sont institués
dans la Régence de Tunis.
I
PIÈCES KT ltl)Cl■ME^TS JUSTIFICATIFS
V57
Le tribunal de première instance siège il Tunis; les justices de
paix ont leur siège à Tunis, k la Goulelle, à Bizerte, à Sousse, à
Sfax et au Kef.
La circonscription du tribunal s'élend sur toute la Régence. Le
ressort de chaque Justice de paix sera déterminf^ par un décret
rendu, le Conseil d'Élat entendu (Décrets du Président de la RépubU-
(jue du H avril 1883 et du 39 avril 1HS7.)
Au cas où les besoins du service judiciaire viendraient à l'exiger,
d'autres tribunaux de première instance et d'autres Justices de paix
pourront être institués par des règlements d'administration publi-
que, qui auront à en déterminer les ressorts (Décrets du Président
de la République du 29 octobre rt du i" décembre 1"SH).
Art. 2. — Ces tribunaux font partie du ressort de la cour d'Alger.
Ils connaissent de toutes les aHaires civiles et commerciales entre
Français et protégtis français. Ils connaissent également de toutes ies
poursuites intentées contre les Prani^ais et protégés français pour
contraventions, délits ou crimes.
Leur compétence pourra être étendue à toutes les autres person-
nes par (les arrêtés ou des décrets de Son Altesse le Bey rendus
avec l'assentiment du Gouvernement français. (Décrets du 27 djou-
madi-et-tani 13(X)-3 mai 1883. du !l chaoual 1301-;il juillet 1884 et
du 33 kâda 1302-3 septembre 1889).
Art. 3. — Lesjuges de paix exercent, en matière civile et pénale,
la compétence étendue telle qu'elle est fixée par le décret du 19
août t88i.
Toutefois lesjuges de paix siégeant dans une ville oii il y a un
tribunal de première instance n'ont cette compétence étendue que
pour les actions peraonnelles et mobilières en matière civile et
commerciale; pour le surplus ils exercent la compétence ordinaire
telle qu'elle est déterminé par les lois et décrets en vigueur en
Algérie.
Art. 4. — Le tribunal de premièrf instance connaît en dernier
ressort des actions personnelles et mobilières jusqu'il la valeur de
3,0(XI fr. et des actions immobilières jusqu'à 120 fr. de revenu. En
premier ressort sa compétence est illimitée.
En matière correctionnelle, il statue en premier ressort sur tous
les délits et contraventions dont la connaissance n'est pas attribuée
aux juges de paix par l'article précédent.
En matière criminelle il statue en dernier ressort sur tous les faits
qualifiés c
h
, avec l'adjonction de six assesseurs ayant voix (
458
LA TINISIK DEPUIS L OCCUPATIOX b'KA>'CAISI!
lib^ralive, lires au sori sur une liste dressée chaquo année dans des
conditions qui soront déterminées par un règlement d'administra'
lion publique (DécrfU du Prétident de la République du 14 avril
1883. du 5 juillet 1884, du ■i2 novembre 1884 et du 12 décembre 1883.
Si l'accusé ou l'un des accusés est français ou protégé français,
U's assesseurs devront être tous français.
Art. Ô. — Le tribunal, statuant au criminel, est saisi par UB
arrêt de renvoi rendu par la chambre des mises en accusation de
la cour d'Alger, conformément aux dispositions du Codi> d'instruc-
tion criminelle ; sa décision est rendue dans les mêmes formes qu6
les jugements en mati<!tre correctionnelle.
Art. 6. — I^ tribunal , assisté d'assesseurs comme il est dit article
\, tient ses assises tous les trois mois, aux dates lîxées d
arrûlé ministériel.
Art. 7. — Sauf les dérogations apportés par les articles précédents,
les régies deprocédure et d'instruction criminelle déterminées par le4
lois, décrets el ordonnances en vigueur en Algérie, sont applicabli
aux juridictions instituées en Tunisie.
Art. 8. — Les délais des ajournements et des appels sont régli
conformément à l'ordonnance royale du Ifi avril 1813.
Toutefois, si celui qui est assigné demeure hors de lu Tunisie,
le délai des ajournements sera :
Pour ceu\ qui demeurent dans les autres États, soit de l'Europe,
soit du littoral de la Méditerranée et celui de la mer Noir
deuK mois;
Pour ceux qui demeurent hors do ces limites . de cinq mois.
Art. 9. — Lorsqu'il y aura lieu à insertions égales, elles devront A
peine de nullité, être faites dans l'un des journaux désignés A cet
effet par arrêté du ministre Résident de France à Tunis.
Art. 10. — Les dispositions de l'arrêté ministériel du 26 novem-
bre 18^1 sur la profession de défenseur, et les dispositions des dé-
crets et arrêtés concernant l'exercice de la profession d'huissier eï
Algérie sont applicables en Tunisie.
Art. 17. — Le tarif des frais de justice, on matière civile et cri-
minelle . sera Bxé par un règlement d'administration publique
Jusqu'à promulgation de ce règlement d'administration publique,
les tribunaux appliqueront le tarif en vigueur en Algérie.
Fait il Paris, le 27 mars 1883.
Jules Orévy.
CIRCULAIKE
ADRESSÉE PATI LE UEY AUX CONSULS ÊTRANOERS, RELATIVEMENT
à l'abûliTion de l'esclavage
Louange à Dieu I Le muctiir Ahmed-Pacha-Bey, prince du gouver-
iii'mi?nt tunisien, à notre allié... consul général de... résidatil ii
Tunis.
L'objet de cette lettre est pour vous faire savoir que celte espèce
de propriété consisliint en êtres humains, pour lesquels Dieu [qu'il
soit loué!) a éti^ si généreux, est très injuste et absolument contraire
à nos sentiments. Cette alTaire nous a occupé pendant toutes les
années durant lesquelles nous nous sommes, comme vous le savez,
efforcé d'y mettre un terme.
Nous sommes heureux de pouvoir vous déclarer maintenant que
nous abolissons dans toutes nos dominations cette propriété des
esclaves. Dorénavant tout esclave de notre Régence sera considéré
comme libre, et nous ne le reconnaîtrons plus, en bonne foi, comme
propriété.
Nous avons donné avis de cela à tous les gouverneurs de notre
royaume tunisien. Maintenant nous vous faisons aussi savoir que
tout esclave qui entrera dans nos dominations, soit par terre, soit
par mer, sera immédiatement déclaré libre.
tection de Dieu soit toujours sur vous!
23 moharrem 12G2 [23 janvier 1816)
CIRCULAIRE DU PREMIER MINISTRE
l KT CiOrVEWNEUnS
Vous n'ignorez pas qu'il est interdit de vendre ou d'acheter des
esclaves nôgres; cette interdiction a été prononcée par plusieurs
décrets souverains, notamment par uii décret rendu en mohar-
rem 1202.
.Le Gouvernement n'a jamais hésité h empêcher le commerce des
L
46U
LA TC.MSIE DEPDIS I. Ur.ClTPATIOS FRAXÇAISK
Esclaves cl à alfranchir ceux dont l't^xistence lui i.^lait signalée, sans
préjudice de la punition inlligée aux propriétaires ou marchands
d'esclaves.
Cependant mon attention a été appeléo dernièromeni sur ce fait
que des négresses seraient fréquemment vendues comme esclaves
dans la Régence; ces femmes, amenées dans le sud de la Tunisie
par des caravanes du Soudan, seraient vendues, sans que les caïds
ou gouverneurs du territoire aient signalé le fait au Gouvernement.
Une négligence de cette nature engage votre responsaDilité. Vous
devez surveiller attentivement toutes caravanes venant du Sud,
constater si elles amènent en Tunisie des nègres ou des négresses
esclaves; les détenteurs de ces esclaves devront être immédiate-
ment arrêtés par vos soins et déférés au tribunal de l'Ouzara.
Quant aux négresses saisies, vous aurez soin de les placer dans
des maisons honorables ; jusqu'à ce qu'elles aient trouvé des moyens
d'existence, les frais de leur subsistance seront ù la charge de l'a-
cheteur et du vendeur. Vous ne manquerez pas de me signaler
exactement toutes les contraventions qui seront commises et de me
faire connaître le nom et le signalement de toutes les esclaves
saisies.
Quant aux nègres et négresses qui se trouveraient actuellement
au service de vos administrés, vous devrez leur notifier leur airran-
chissement en présence du cadi el ne les laisser chez leurs maîtres
que de leur plein consentement. Des procès- verbaux des déclara-
tions et notifications qui seront faites à celte occasion seront com-
muniqués au Ministère après avoir été revêtus de !a signature des
notaires et du cadi. Les honoraires dus aux notaires pour la rédac-
tion de ce procès-verbal seront à la chaîne des maîtres des esclaves.
Je vous invite à veiller exactement à l'exécution de ces instruc-
tions dont l'inobservation serait sévèrement réprimée.
i redjeb 13Û4 (29 mars ISSI)
Cette circulaire a été suivie d'un décret daté du 9 chaoual 1307
(38 mai 1890) qui édicté des pénalités contre tous les contrevenants.
En voici les dispositions :
Nous, Ali Pacha Bey, possesseur du Royaume de Tunis.
Avons décrété ce qui suii :
Art. 1". — L'esclavage n'existe pas el est interdit dans la Régence ;
PIÈCES ET DOCUMENTS JUSTIFICATIFS {^61
toutes créatures humaines, sans distinction de nationalités ou de
couleurs , y sont libres et peuvent également recourir, si elles se
croient lésées, aux lois et aux magistrats.
Art. 2. — Dans un délai de trois mois à partir de la promulgation
du présent décret, tous ceux qui emploieront en domesticité dans
Nos États des nègres ou des négresses, devront, s'ils ne Tont déjà
fait , remettre à chacun d'eux un acte notarié visé par le Cadi ou , à
son défaut, par le Caïd ou son représentant, établi aux frais du
maître et attestant que le serviteur ou la servante est en état de li-
berté.
Art. 3. — Les contraventions à l'article précédent seront punis
par les tribunaux français ou indigènes , selon la nationalité du dé-
linquant, d'une amende de 200 piastres à 2000 piastres.
Art. 4. — Ceux qui seront convaincus d'avoir acheté, vendu ou
retenu comme esclave une créature humaine seront punis d'un em-
prisonnement de trois mois à trois ans.
Art. 5. — L'art. 463 du Gode pénal français sera applicable aux
délits et contraventions prévus par le présent décret. L'Art. 58 du
même Code sera applicable en cas de récidive.
Vu pour promulgation et mise à exécution ,
Tunis, le 29 Mai 1890.
Le Ministre Plénipotentiaire, Résident Général
de la République Française ,
J. MASS1C4ULT.
I.A TCNISIE DIvPriS L OCCCPATIOS FRANÇAISE
BRIGADK D'OCCUPATION DE TL'NISIE.
IIENERAL COMHANUANT LA DIUGADE D'OCCUPATION :
r.ÉNKRAL DE BRIGADK LECLERC.
Chef d'état- roejor, cherdi- bataillan d'infanterte 11. C. BauKEii .
Clief da serTice des renseignements, chef de tmlnillon d'inlaate-
rie, U. C. Plée
CommandaDl de l'irtillprie . colonel Stibl
Direction d'artillerie de Tunis , lieutenanl-coloDel N
Direction du génie, colonel Klki*i
Directeur du service de l'intendance Ta ÎMOt fonctions. îons-iii-
(endant de !■* classe Boubcuicnon
Directeur du service de santé, médecin principal de !'• classe
Directeur du aervice vélëriDaire. véléria^re principal de 3" claste
CunntHiME
Commandant du détacbctncnt de gendarmerie, eAjii tai ne Vinci -
/ Cniiimandant mllilaire â Tunis, colonel de cn-
j valorie CouKnEL
i Commandant militaire i Sousse, colonel d'iii-
1 faaierie Jouneai:
/ Commandant mllilaire à llabës, lieutenant-cii'
\ lonei d'infanterie H. C. Ciousset ......
I Couimandanl supérieur de Gafsa , chef de ba-
r taillon d'infanterie H. C. Leichtrh ....
l Commandant supérieur de Ksar-Houdcnine ,
\ ehef de tialaïllon d'infanlerii^ H. C. Rkbillet.
'4" régiment de zouaves, colonel Jk^kkkmoi) . .
— de lirailleuFt algériena, colon l't
JorriEAi:
13° bataillon d'infanterie légère d'Afrique, cotn-
indant CriHiT'.UN
li' luilaillon d'infanterie tégérc d'Afrique, corn-
mandant Mt:(iNiER
1" compagnie de fusillera de discipline, capi-
laine Hnnon
" régiment de chasseurs d'Afrique, colonel
} Cou 111
('t' ri'^lmenl Je spahis, colonel Ramoko. .
/1S- halteric du 13" régiment d'artillerie. .
f Détachement de li S' conipagnle d'oi
\ d'artillerie
Génie 14' compagnie du IQ" bataillon
Gab-s
Gafsa
Ktar-Houiteail
Tunis.
El KeT.
Ru-el-Oned.
SfBI.
Cabès.
I,B Manonba.
PIÈCES ET DOCUMENTS JUSTIFICATIFS
463
Train
des équipages.
Télégraphie
militaire.
Troupes
d'administration.
Service de santé.
Administration.
Remonte . .
/ Compagnie n° 7 du 11« escadron du train. . .
I — du 15* — ...
( — du 16* — ...
Secrétaires d'état-major (1'*' et 3* catégories)*
détachement de la 19" section
1 4' compagnie du 16* bataillon du génie. . . .
i Commis et ouvriers d'administration (détache-
ment de la 21' section
Intirmiers militaires (détachement de la21« sec-
tion
/ I Belvédère à Tunis (annexe au Kef),
I Hôpitaux. I Gabés, Gafsa , Sousse , Aîn-Dra-
\ \ ham, Sfax.
/Magasins de vivres à Tunis, annexes à Souk-el-
/ Arba, Manouba, Zaghouan, Bizerte, Tébourba,
Aîn-Draham, el Kef, Souk-el-Djemâa, Ta-
barka et Téboursouk, — Sfax, Gabès, an-
nexes à Ras-el-Oued, Metameur, Moudeninc,
Foum-Tatahouin et Zarzis. — Sousse , Gafsa,
annexes à el-HafTey , Fériana, el-Guettar à
djebel-Orbata, — La Goulette.
Magasins de fourrages à la Goulette.
n UM1 « I Magasin divisionnaire à la Gou-
Habillement l , .. , a ,« • «i-
I lette (annexes à Tunis, Sfax.
. I Souk-el-Arba, Sousse, Gabès et
campement. ( ^^^^
I Dépôt de remonte, capitaine Gachet
Tunis.
Sousse.
Gabès.
Tunis.
LISTE
DRS
ABLISSEMENTS DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES
AU 31 DÉCEMBRE 1891
1° Recettes des Postes et des Télégraphes.
ice de 7 •» à minuit G Service de 7 »» à 8" soir. L Service de 8»» à H »> et de i à 7** soir
N/2
ahani L
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•el-Aïoun L
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ïn G
L
) G
l TUNISIE. — T. II.
hXTÂ DE LOLYERTURB.
J>
Le 16 mars 1889.
Le 1*' juillet 1888.
Le 13 mai 1890.
Le 1*^' juillet 1888.
»
Le 6 janvier 1889.
»
Le U' juillet 1888.
Le 7 mai 1890.
Le l«r juillet 1888.
Le 27 décembre 1888.
Le 13 avril 1889.
»
Le 24 mars 1891.
]>
30
2' DISTAIBUTIONS DES POSTES.
BUREAUI DOICT BELËVEICT
LE» DIBTMiaiTIOFIg.
KKHH-i
D'OiriRTUHE.
Maklar. .
Akouda
V — IS»8.
]
PifiCBS BT DOCDMKNTS JCSTIFICATIFS
Hassan. . .
KralUd .
Khaltoan .
Kriar . . .
ladjar. . .
Ijine. . . .
ba (la). . .
jhabaDne. .
Ida .
lat-el-Andeleus .
. Srira
nan Souase. . .
PorUi-Ferkaa .
Ain-Draban .
Hanauba. . .
Hebdid . . .
Grambalia, . .
Hokcnine . ,
Soliman . . .
MsakcD . . .
SéMul. . . .
Mokeaine . .
Hokenine . . .
MMkea ....
Srai
Nébeul
Tunis
Kebili , . . . -
Safx
Foum-Talabouin .
Kebili , . . . .
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Gabûs
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Tunis
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IBOI.
L\ TCsisiE BEPris L occuPATio.-s fra.\i;aise
Kalta S 'rira
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Kn»Lï
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Krouialah. ,
K^r-r-l-lladid. . .
Ksir-Ur-Ul . . .
K«iba rt Meiliuuni
Ksibs Sou«Mi ....
Hamaura
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Uarelh .
H#llouledie. . . .
Uenvhia
UriirI Abdfrrahinati.
Uenzcl bou Khalfa. .
Hcnxel Djemil . . .
Mcnirl Temin. . .
M^jsailinp, . . , . .
Helameur
Hfthouia Oo)' ' '
Metline
MidoUD
Hobamineilia ( lu t. .
Moureddinr
K^beul. ,
Miklar
SouFur
Souk eï Djemaa.
Hokt'nine . .
Stoi
MÀbeul
srax. . .
llouil«ain«
Shx. . .
K«blU. .
Nebeur. ....
NisDOu
OuardenïDc. , .
Oudref
Oued M«IU. . .
Oued ZiirgUB . .
Oum Doiiil . . .
nafraf
Rns el Oued. . ,
n'diresSolthtnaii
HliseHc, ■
Soltroan .
Miakt-n . . .
Moudeainp. .
Raa el njt^bcl.
Ncbcul . . .
Porto Farina .
Gabf'S. . . .
PIECES ET DOCUMENTS JUSTIFICATIFS
i69
BUREAUX DOKT RELÈTENT
LES DISTRIBUTIONS.
ÉPOQUE
d'ouverture.
Rherman
Sabello ( la )
Nébeul
Tunis
Sousse
Mokenine
Djerba
Marsa
Sousse
Nébeul
Tunis
D
2" semestre 1889.
1" — 1889.
2* — 1889.
1" — 1889.
1" — 1889.
1*' — 1889.
1" _ 1891.
2* — 1889.
2" — 1888..
1" — 1890.
2* — 1888.
1'' - 1891.
1" — 1891.
2« — 1890.
2" - 1889.
2* — 1888.
2* — 1890.
1" — 1889,
1" — 1891.
2« _ 1888.
1" — 1889.
2« — 1889.
2« — 1889.
1" — 1889.
Saheirae
Saîada
Sedonikcli
Sidi Bou Saîd
Sidi bou Ali
Sidi Daoud
Sidi Meskine
SidiTabet
Sidi Zehili
Sokra
Somaa
Sonk-el-Tleta du Sers ....
Tazoghrane
TetK>arba
Tbala
Touza
Tlemine
TurU
Zaouîa Soussa
Zaouiel Mgaîs
Zarat
Zeramedine
1>
Marsa
Nébeul
Souk-el-Djemaa. . . .
»
Mehdia
Souk-el-Djemaa. . . .
Mokenine
Kebili
Grombalia
Sousse
Nébeul
Gabès
Mokenine
3» BUREAUX DES TÉLÉGRAPHES.
date de l^outerturb.
£î Guettar
I^ l«' juillet 1888.
Le 14 juin 1890.
Le l"' décembre 1890.
Kl Haffcy
Metameur
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i70 LA TCSISIE DKPCIS l'oCCCPATIOS FRANÇA18B.
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Sook-el-ArtMi . . , TD
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1
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RBGBN8BHBNT
DE LA
POPULATION FRANÇAISE DE TUNISIE
AU 11 AVRIL 1891
Tunis.
Contrôle de
Tunis.
Sonsse.
I Ville I
Tebourba 110
^ Si Tabet 25
Manouba 80
Djédéida 37
Ariana, Bardo, Belvédère, Caserne d'Artil-
lerie, RasTabia 49
Hammam-el-Lif, Cédria 67
Rhadès, Maxuia, Mégrine. Bir Kassaâ, Ben
Arrous 70
Zaghouan, Aoudja 93
La Marsa 71
Carthage 145
Kheïr Ed Din 4
La Sokra : 18
Douar Chott et Kram 6
Mohammediaf Myoua, Henctiir-Mébou 41
Mornak 99
/ Sousfte 691
Hergia 1
Saîada 4
Kuriat 3
SidielHani 5
Selmoun 31
Sahalin 8
Sidi bon Ali 4
"^Krussiah 16
Mebdia 60
Enfida 60
Djeinmal 2
Ksar Ellal 4
Mokenine 2
Soya 6
Monastir 51
4.832
915
918
A reporter. . . . 6.665
commaDdemen t
militaire
ReporL .
Msteur
rurlo-Firinn.
H'kadï
Uïuaiit«.
I Rouini
(L» ûoulellc!
Jlb Goulette, Ile Plane
'U Goulelli^, Kbcir Ed Din
Sfa»
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Skhjrr»
/ Souk-eI-Arb> . 246 \
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SolimiD, UordjZaiiDa 10 1
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— HeraîMa 9 1
— Les Geneii î
— El Aoulna il
A reporter. . .
PIÈCES BT DOCUMENTS JUSTIFICATIFS
473
Report. . . . 9.377
Nébeol
Tozeur
Béija
Grombalia
— Khangat (Lançon).
— Menzel f Dumont) . .
Haromamet
El Haoniria (cap Bon)
— R'Hermane
Fondouk Djdid
Tozeur
El Oudian
El Hamma
Nefla
Gafta....:
Béja, ville
Béja, gare
Sidi Hammet
Ferme El Semane
VFerme Munchar
ne de EjerM... |
MedJez-el-Bab.
Kairouan.
Cercle
de Kondenine
Medjez el Bab. .
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Kairouan
Hadjeb-el-Aïoun..
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Foum Tatahouin
Gafsa
Kasserine. . .
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iBir Oum Ail
Cercle de G^sa. ( Fériana
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Maktar ,
Maktar J Souk el Djemaa.
La Kessera
Aïn Mzita
Population française des prisons
Français de passage en Tunisie
Total ne la population ciyile.
34
11
9
4
2
2
1
21
1
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5
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67
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11
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22
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24
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13
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94
91
86
74
68
49
36
35
8
49
10.030
RECENSEMENT
RRCAPITUI-ATION PAR DI-U'AHTBMENTS ET Al'TRES LIEUV
DF. ISAISSAKCE.
Pifi ittninRer* ■
Olrondc
Ain
Alpca-MuiUiiie* . . .
BasMi-Alpe) . . . .
Cluronlp-I nnrieu re
Mvimhe-el-HoMlli'
Hoporté.
Lqt-«t4'ar(iTiMe
Haute -Satnlc
Hiulc -Vienne
Srlae-iM-Oi!Hi
irUmr- . . .
Hiule-LoiTv .
Cai«l-dii-Hord
flauUi-Pyréneca .
Selne-lnfrrleui
Ailler ....
■.nnilas . . .
D«ut-S^vrpa.
Haulo-Xarnc .
MaiDe«t-Loire
Bei«.rl ...
llle-*t-Vllailtr . . .
Horhlban . . - . .
Tarn-cl-flaronnc.
A«lne-ct-Xarne •
Loi*r«
Keiiar
I^llHîMllipr. . .
FiBilIvrc
lndrt>-cl-Lu1n-. . ,
Orne
Anlennci
Colonies diviTK^ ,
Vlpnne
Calvadi» . .
Cantal .
Staveonc ....
Eure-el-Loir. . . .
Tprrituin? Ar 1U-ifn
y^
RECENSEMENT
DU 11 AVRIL 1891
RÉCAPITULATION PAR PROFESSIONS
DÉSIGNATION DES PROFESSIONS.
Agriculteurs, viticulteurs, propriétaires et rentiers
Avoués, avocats, agents d'affaires, commissaires-priseurs, syndics, .
•arbitres
Comioerçants, industriels, banquiers
Ecclésiastiques, membres des communautés religieuses
Employé^ des administrations de l'État
Employés chez des particuliers
Entrepreneurs de travaux
Ingénieurs, architectes, conducteurs de travaux
Journalistes
Magistrats
Manœuvres, ouvriers d'usines et du commerce
Médecins, pharmaciens, sages-femmes
ouvriers d'art
Professeurs
Sans profession
Total
—
NOMBRES.
619
84
885
155
892
780
74
102
7
22
527
51
471
215
5089
9.978
VOCABULAIRE
DES MOTS TURCS, ARABES ET BERBÈRES
LB8 PLUS EMPLOTÉS DANS CBT 0UVBA6B.
A. arabe, T. turc, B. berbère.
AM,(p\xu; Abyd), ^.esclave, serviteur,
adoratenr.
Aîtt , pi. Aîoun, A. fontaine, sonrce.
Alarakia, A, calotte de coton blanc qui
se met sons la chachia pour la garantir
de la sneur.
Allah, A. Dieu.
Aman, A . pardon. ' .
Amin, A, délégué.
Amir^-mouminin, A. (par corruption mû
ramdin) commandeur des croyants.
Amra, A, ordre, proclamation.
Anajfa, A. aide, assistance.
Aruaneb, T. garde du bey.
Arch, B. tribu.
Areg, Erg, A. dune, région des dunes.
Bah, pi. Biban, A, porte.
Badki mameluk, T. premier esclaye.
Bahar, A. mer.
Begltrbey, T. gouverneur de province.
Bnti, A, fils de.
Bent, A. fille de.
Berada, B, fraction.
Beylick, T, gouvernement.
Bir, pL Biar. A. puits.
Blad, A. pays, contrée.
BordjfA. (corruption de Fallemand ^r^.)
cb&teau-fort, gprande maison isolée.
Bou, A, père de.
Cadif A. juge.
Cald, Hakem, A, gouverneur.
Caîdat , A, district du caïd.
Casbah ou Kasbah , A, citadelle, château.
Chaha, chabety A. ravin.
Char a, A. tribunal du Cadi.
Chachia. A. bonnet de feutre rouge.
Cheffaâ, A. droit de préemption.
Chéri/. A, issu de la famille du prophète
par sa fiUe Fathima, épouse d'AlL
Cheikh, A . chef, vieillard.
Chott, pi. Chtoutj A. lac salé.
Çof, A. partL
Coudiat, A. colline.
Couloughi. T., fils d'un Turc et d'une
femme indigène musulmane.
Dachera, B. commune.
Dakhla, A. entrée, chose qui entre, coin.
Dur, pL Diar, A. maison, habitation.
I>ayaj B, bas-fond, cuvette basse.
Dhiâ, A. prix du sang.
Diffa, A. repas d'hospitalité.
Divan, A, bureau, administration.
Djebel, A. montagne.
Djebira, A, sacoche, porte-monnaie en cuir
qui se pend à Tarçon de la selle.
Djemda, B. en pays berbère assemblée
générale de la commune.
Dfemaia, B. commission.
Djerad, A. sauterelle.
Djich, A, bande de cavaliers armés.
7. Proprement, en arabe, sauf-conduit, assurance. Le savant lexicographe Freytag
le définit ainsi : Quo quU securu* est et tuttu. Ce par quoi quelqu'un est assuré et à
couvert.
J^*^ ±. la^ia «r h bbcU ai
f^
LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FllANÇAlSE
W9
Oaéisj A, subfit. masc. ^ bocage.^
(?da4Mchi^ T, sons-officier.
Odjak, T. '
Ouàd, ouî^df A, enfants de.
Ouedy pi. Omdau, A. riviè^re.
Oukil, A. représentant , avocat.
OukU^-hardJy A, ministre de la marine.
OuUj A. fils de.
Ouledy A, petit garçon. On dit par corrup-
tion yaouied»
OtUhan, A, district.
Onzara, A. ministère.
t
Jiatjka, A. réunion de silos.
Bas, pi. RouotUy A. cime, cap, sommet.
Razzia ou gh'azzlà , A, attaque à main
armée.
Roumiy A. chrétien.
Sahah'tt'taba y A. garde des sceaux;
Sa.hd, A. littoral.
Sebkha, pL Sbakh, A. bas-fond salin con-
tenant parfois de Teau.
Si, Sidj Sidi, A. Monseigneur, monsieur.
Smahy Déira, A. euite d'un chef campant
autour de lui.
Soiik, A, marché.
Talebf A. savant.
Targui y pi. Touareg, B. originaire des
tribus du Sahara central.
Tell, A, colline.
Teniahj Teniet, A. col, défilé.
Toubib, A. médecin.
Uléma, A, docteur de la loi.
Vizir, T, ministre du grand seigneur.
YaouUd,A. (V. Ouled.)
Zaouïa, A. ermitage musulman, lieu de
réunion d'une confrérie de Khouan.
l.Le mol oasis \enant originairement de l'arabe ouah, substantif masculin, Pellis-
sier observe que les dictionnaires et les écrivains qui le font féminin ont tort. C'est
une erreur dans laquelle ont eu garde de tomber MM. Ellious Bochtor et Coussin de
l^érceval dans leur Lexique; mais cette erreur a prévalu.
SIGNIFICATION FRANÇAISE
DE CERTAINS NOMS PROPRES TUNISIENS
Ain-Betda, Fontaine Blanche.
AiH'edrDefali , Fontaine des Lauriers.
Aifè-tl-Abtusia , Fontaine des Abassydes.
Ain-Dmham*, Fontaine de l'Argent.
Ain-el'IIachichiya, Fontaine du Pâturage.
Ain-d'HaUouf, Fontaine du Sanglier.
Ain-d'Henaîa, Fontaine de l'Aqueduc.
Ain-Kheriha, Fontaine des Ruines.
Ain~Koiuirès , Fontaine Acide.
Ain'Kêob, Fontaine des Roseaux.
Ain^Mamour, Fontaine du Victorieux.
Ain-Méchad, Fontaine du Témoignage.
Ain-Soltan , Fontaine du Sultan.
Aià'Termata, Fontaine des Thermes.
Alamat, les Signes.
Alaya, Elération.
Alem, Science.
Aamd, Petit Bâton.
Aomnet-d'Kelh , Petite Fontaine du Chien.
m
Atmna, Assistance.
Arad, Discorde.
Ariana, Nue, Dépouillée.
Badfa (en français on prononce Béja).
Beni-AUêa, les Fils de Jésus.
Beni'Rbia, les Fils de la Verdure.
Benzert (fr. Bizerte).
Biar'Rttfifia, les Puits Miroitants.
BtT'Bomta, le Puits des Petites Chambres.
Bir-Bou'Nab , le Puits du Père à la grosse
dent.
Biv'ech'Cheri/ , le Puits du Chérif.
Bir-d'Arha^n, le Puits des Quarante.
Bir'IIe^eë, le Puits du Déchaussé.
Bir-Merzouh , le Puits fortuné.
Bir-Oum-Cham , le Puits de la Mère de
Cham.
Bir'Me$taoud , le Puits Heureux.
Bif'Thatb, le Bon Paits.
LA TCIfISIE. — T. II.
Blad-ed-Djerid , Pays des Dattes.
Blad-Kadéra , ViUe forte.
Blidat, Petite Ville.
BordJ-Ahmed-Rtûs y Château d'Ahmed le
Capitaine.
Bordj'Djelis , Château des Assises.
BordJ-tl'Alomn y Château des deux Hau-
teurs.
Bord/'d'Amri, Château d'Amri.
Bordj^l-Bihan , Château des Portes.
BordJ-el-Castil, Château de Castille.
Bordf-tl'Djedid , Château Neuf.
Borég-d-Hadida , Château de la Pièce de
fer.
Bordj-d'Harir, Château de la Soie.
BordJ-d'Kebir, le Grand Château.
Bordj-d-Ouêtani , Château du Milieu.
Bordjin, les deux Châteaux.
Bordj-Khadidja, Château de Khadidja.
BordJSidi-el'Arbi, Château de Sidi-El-
ArbL
Bordj-Zouaoua , Château des Zouaoua.
Bou- Abdallah, le Père du Serviteur de
Dieu.
Bou'Ameran, le Père d'Ameran.
Bou-Cha, le Père aux Troupeaux.
Bou-Chater, le Père à Tlntelligence (sur
l'emplacement d'Utique).
Bou-Chema , le Père à la Lentille au vi-
sage. (Cicéron.)
Bou-Hadjar, le Père à la Pierre.
Bou-Heudma, le Père aux démolitions.
Bou-Tis, le Père au vieux Bouc.
ChahadBeUl , Faux Témoin.
Chekeb^n-Xahr, la Crevasse de feu,
Cheurfa , Li Noble.
Ckott-el-Korsan , la PLige des Corsaires.
ChoHcha, le Toupet.
3i
b82 LA TtKlSIR DEPUIS l'OCCDPATIOH FRANÇAISE ^M
]Jail.la.,l.MaoniH, r'Knlrtii de* Mftouln.
I^^I.T,Uj!/, lIoi>Ugiied«U Ke<sc
iMiltta-I.Oiiiad 4(.u Safem, l'Hnlrée i!u
Oobd bou Sftlum.
/(<moM,1«.C«TM.
/i*"^, la Palaiw.
Har-KaifriMlZirti, la ««bon dn rartage
fi>.ii, !& Palme.
Diiiitt^-Kmai- . n\e dea ËglUe»;
Djamo»T-tl'K->hiy (Zembra),
fl««ir-»(.rAo«,VUl«8edu Rivage.
ltraatl-MicUg«r, CcdUne au SugMi
/Jo™. Im Voi«D<L
/ivW-/lr*a, MontipiB d'Aicb».
rl-.l)achit, la ViotauTo,
/^>M-.li<f D , UoDUKTie de U. Ch«ric.
•t-A^ilH, lu Petit* Toitli.
f/-^Ji, la Haut.
tJ.IKn, l'Éla'ée.
tfjtbrl-Brhmr, MonUgoe d«« Figues.
ri-.^;^«lN, les diMut Haatatm.
i*,Vi<;.i>I-//a>irt'A<!, Maotagnodu SerpeDt.
./..Imim, laPoimlatae.
I>jrbil-B^«.-Draa . UoDtagne du l'as du
ci-Jfn«..ia, les Fiancées.
b™.
^-IhrgoUUi . la Pleins de Pu««.
D^M-Btmi-YoHMh, Montagne des enfanta
.■/-Q,«.-iro,rne.
d'Yonne* CJobm).
d-Ffiad, le Chat-Ugre.
Djibel-Strberotà, Uontngno dce Berbères.
rl-^arliuH, In Teignelue.
I)j,itUB<7n-Kormi^, Uout du P«n aux
rl-Glia. ie Polit Fort.
deuï CornBH.
il-Hamada, la Terre Élerée.
DjeUI-tl-Ahmar, Uonlngno Itouge.
I>jfbd-tl-EmaT. Montagne dcc Annarieiis.
(/-«y, le Oochet.
rl-KheriÔ, U Kollk
I^timl-d-ilafia, UonUgno du Patl.
<'i-Omi;i.]eaBuinee.
DifM-tl-nckaba. iioaXa^o doe Voji-
tl-Mn«ioiir, le Victoriem. '
ei-ilana, la PwL ^^*
QMclHir~it{<u, Uontagne da Plomb.
eJ-iTar, 1> Qiatte.
DjdMi-a-8tiaa, Montagne Polie.
i>)ibcI-u-â'e'oyin, Montagne de l'Échelle.
Djibtl-a-Strdf, Montagne de la Selle.
è}tbtl-a-Strirat, Montagne des Petitea
jyj^l-Khtroaa, Montagne du Bicin.
Bjtbd-Kkaroab, Montagne des Caroubien.
DjeUI-Koulaa, Montagne dea CUteanz
t^tM-Maiaa, Montagne do Beconra.
JijOfl-iftdJoura, Montagne du Befnge.
DjiM-Meachar, Montagne de la Scie.
Oftbel-Merttba, Montagne de Belle-Tne.
BjOHt-NoBtr-Allati, Montagne de la Yic-
■e de Dieu.
Jïmawi , 1« CMna-lïège.
Foum-tl-FddJa, U Bouche de Sèpontiao.
Rat^A^-Aioti» , le Sonnil.
Hamniim, le Bain.
Hammam-Courbit , Bain de Courbèa.
Ilatnnan-tl-Enf, Bain d'el-EnL
Httnoul-tl-lladjém , la BoDtlqoB da Bal-
Haiti-tl-Moudtnin, lee puits de Mon-
denlne.
HtHchir-Bou-Sùiali, la Ferme dn pèie de
Salah.
llnchir-Datiuiiu , 1* Ferme dea Caves.
llaichir-DjtdouT, la Penne dea Sonchea.
EjtM-yuuba, Montagne dn Qite d'Étape. atnckir-eck-ChtmùiA , la Fenne de Che-
Djtbtl-Raial , Montagne des ParillonB. makli.
Djfiel-Satil , MonUgne SilescieUBC. Jltnchir-tl-Glifria , la Ferme de Gheiia.
.^'<i(f-Sct'Ai-a, Montagne Sourde. IfiMliirti-IIammln, la Ferme dn Eenl
Djtbtt-SouJa, Montagne Noire. Paya.
LA TUNISIE DEPUIS L OCCUPATION FRANÇAISE
f^m
Menchir'à' Hammam , la Ferme des Bains*
Henchir-Enckalou , la Ferme d'Enchaloa.
Henchir-es-Seloum , la Ferme de l'Échelle*
Hûnchir-eê-Stman , la Ferme des Cailles.
Htmfkit'es'Semidia , la Ferme de Semidia.
J/enefttr^/Vma/ la Ferme de Foma.
ffenchir^Garomr, la Ferme de Garour.
Henchir-Kobrecke, Ik'Serme de Kobreche.
Henchir^Liche , la Ferme de Liche.
Nenchir'-'Mebtoua , la Ferme de Mebtoua.
Nenchir-Mekaleb, la Ferme Renversée.
Henchir-Meât , la Ferme de Mest.
Henchir-Oudena , la Ferme d'Ondena.
Henchir-Rouirkai, la Ferme de Bouirhat.
Henchir-Saïda , la Ferme de Saïda.
IJenchir-Sidi'Fer(y, la Ferme de Sidi-
Ferdj.
Ihuchir-Sidi-Othman , la Ferme de Sidi-
Othman.
Kalaa-el'Kebira, le Grand Château.
Kaha^Oued, le ChÂteau de la Bivière.
Kalaa es Stnam, Château des Idoles.
KalcM-tt'SWira , le Petit Château.
Kasterin, les deux Buines.
Kebar-d'Hadj , le Tombeau du Pèlerin.
Kef-tr-Raï, le Bocher du Berger.
Kenaïê, les Églises.
Krick-el-Owd , VAlluvion de la Bivière.
Kmr-Ahmar, le Château Bouge.
Kêar'Bit'Riah , le Château de la Maison
des Vents.
Kiar^'Araci, le Château des Fiancéi^.
Ksar-d-Begraî , le Château des Mulets.
Ksar-el'Fodda , le Château de l'Argent.
Ksar-el-IIeuiid , le Château de fer.
K$ar-el'Mezouar , le Château du Chef.
Ktar-er-Rih, le Château du Vent.
Këor^r'Roul, le Château de l'Ogre.
Ksar-eS'Saad , le Château du Bonheur.
Ksar-es-Selasla , le Château des Chaînes.
Kêar-ei-ZU, le Château de l'Huile.
Kêar-Metameur, le Château aux Dattes.
Ksar-Mharouka, le Château brûlé.
Ktar-Oum-iWaïl , le Château de la Mère de
NaîL
Lella'Chirkha, Madame la Vieille.
LeVa-es'Satda, Madame la Bienheureuse.
Lella-es-Sbia , Madame la Vierge.
Lellat Salhatet'Tahouna , Madame Salh.i
la Meunière.
Loma, l'Amandier.
Médina, la Petite Ville.
Medjez-el-Bab , le Passage de la Porte.
Menara, le Phare.
J/en^e/^ Séjour, Lieu de Bepos.
Menztl'el'JDjemil , Beau Séjour.
3femel'el']Iarb, le Séjour de la Guerre.
Memel'el'Hour, le Séjour des Houris.
MemeUel-Kamd , le Séjoar parfait.
Menzel-el'Khaïr, le Séjour du Bien.
Memd-ev'Roul , le Séjour de l'Ogre.
Merausa, le Petit Port
Medjed-AUsa, l'Oratoire de Jésus.
3focta-IIenchir-e8-S*rir, Gué de Mocta»
Henchir-es-S'rir.
Nadaur, le Belvédère.
Néga, Chamelle.
Nokta, le Point.
Oudian , les Bivières.
Oued'Akei'it , la Rivière d'Akerit.
Oued'Battii'el-Djedcur, la Bivière des Sou-
ches.
Oued'Bou- Heudma , la Bivière du Père
aux Buines.
Oued-Bmd, la Pissotière.
Chied'Djeroudi , la Bivière des Palmes.
Oued DJir, la Bivière de la Chaux.
Oued-DJouf, la Rivière du Ventre.
Oued-Draham , la Rivière de l'Argent.
Oued-ech'Cheb , la Rivière du Jeune
Homme.
Oued-ed-Dalem , la Rivière du Tyran.
Oued-ed'Defali , la Rivière des Lauriers.
Oued- el' Fer dj, la Rivière Unique.
Oued-el-Hachechaf la Rivière du Pâturage.
Oiied'el-Haouria , la Rivière de la Houri.
Oued-el-KarUara , la Rivière du Pont.
Oued-d-Kharouba, la Rivière du Caroubier.
Oued-el-Ksab , la Rivière des Roseaux.
Oued-el-Mealegue,\B. Rivière aux Sangsues.
Oued-er-Roumel , la Rivière du Sable.
Otied-eS'Sedria , la Rivière des Jujubiers
Oued-es-Senouber, la Rivière des Pins.
Oued-es-Sourak , la Rivière des Voleurs.
'tSl
LÀ TUSISIK HKPCIS LOCCtJPATIOS FBAXÇAlSK
<lafhet-Tia , lu Ricîère de la Boue.
Oictf^-TViuhifHi, la RiTiërc do I'Accush-
0»e<l*ci-X^<MSja , la Riiivre dss Otiviar»
anavigcB,
Oard-a-Zergim , !> TtlTièTe BUue.
OHe^FeH-tt, la RiTièrq île la Sépaistiou.
Oiial-Foum , la Rlcière de lu Bouche,
. Oitd-GlKiala, In lUTiÉn de la Qaielle,
Oufi-itabm , la ILiiièro Douce.
OMÛ-Uamnan, \», Binèie dn Bain.
Ond-Balah , ta RiviÈn dii Bois.
Oual-Mriah, lu RÎTière SalAa.
•»ii«(-.l/i(>.i»B , la HiYiéro Pleioa.
Huni-St'mar, la Ririère des jonca.
Oaat'Sirali , la RiilÈre & la Laitie.
ÛMil-Sûuihia, la RiiièiE des P«(i(s Jnr-
it-HaA-Ali, les Enfante d'Ali.
r?NW-.4n<Tur. let EnfanU d'Auicuir.
Ovl/xd-Aj/aff \e» Enfants d'Ajai.
OnloA-Atit, lea Enlanu du Chéri.
OiHait-BoH-Ghanen, leg EnfunU ilu PÉn
aux TroDiicaui.
(fu^f J-ffanfrA , lei Entanu du Serpent.
0Hlail-.Va«4am; lea Enfant* dn Viclo-
Oalad-Xactr, les BnfanU de la Ticloiie.
Oun-ei-Souma , la Mûre dn Mînai'el.
Oun-Snlalt,h, Mi-re de gaLih.
KaJ/tl-rl-liJridln , l'Homme t
Montagnea,
n-artl-Aftlah. la Grotte de SeL
Ha-Adar, le Cap Adar.
/f^l»-ti-.^Alltar, le Cap Ronge. '
llai-el-Ain, le Cap de 1» Fontaine.
Roji-rl-DJtbtl , la Cap Se la Montapic
R'Jir-tl-Maiioara, l'Ë^ng de MasKiiLr
Rthalh-Bab-tl-Djaira , le Fanbouig de
Porte de l'Ile.
fff*o(ft-Bo4-el-Snui*o, le Fauboni^ de=
Port* dn Petit Marché.
H\ah , lee Venta.
Sbatil, lea Fontaines.
Srlibata,la Fontaine.
Soaima , lea Petite Jardins.
■Vouii, le Marcha.
8iiiii--il-Arba , Marché dn Mercredi.
Suiài'ri-K/inait . le Marché dn JendL-
.Souit-n-fitmo , le Mutdié dn Ciel.
Si.al-ri-relal , le Marché du MardL
Simr-ta-Xar, le Rempart du Feu.
Taiarlai, da latin Thabnca-
Tahouna, Moulin.
TatfaoH) , lea Tamariique».
TtlatiH-Bir, lea Tronte Puît*.
I
I.A TIMSIE BKPUIS L OCCl'PATIOS FRANÇAISE.
AU OKKRRAL CnsSEriON DE VILLENOISI
Lorsque l'inléressante brochuredu général Cosseron de Villenoisy,
La France à Tunis, a paru, à la Du de l'aniiL'e dernière, la page 37(i
du tome 1"'' étail sous presse et j'ai regretté de ne pouvoir réfuter h
cet pndroit une erreur conimise par l'honorable général, — erreur
qui pour être commune n'en est pas moins absolue.
M. Cûsseron de Villenoisy pense que, confûrmément à notre politi-
que traditionnelle , M. Waddington refusa au congrès de Berlin " une
anne.\ioD que tout le monde était prêt ù reconnaître. Rappelant que
nous avions toujours soutenu l'indépendance du bey, que nous
nous étions toujours opposés à l'intervention du Sultan dans tes
alTaires intérieures de la Tunisie, il déclara que nous voulions
seulement avoir dans ce paya un allié et un ami, assez fort pour
maintenir l'ordre le long de la frontière Est de l'Algérie. Ce poinl
obtenu, nous n'avions nul désir de nous installer nous-mêmes ft
Tunis. Il n'y avait rien à objecter à une semblable déclaration et
elle fut favorablement accueillie par tous, mi^me par les envoyés du
Sultan ».
L'honorable général se fait en cette circonstance l'éditeur respon-
sable (le l'opinion publique ; il reproduit une légende qui s'est accré-
ditée je ne sais comment; mais qui n'est qu'une légende, qu'il me
permette de le lui affirmer. Les choses se sont passées autrement.
J'ili eu entre les mains et j'ai encore des documents qui ne laissent
aucun doute à cet égard. Je ne suis malheureusement p9S autorisé
i^à publier ces documents.
Cet ou^Tago ayant été imprimé uu fur el à mesure de sa réilac-
lion, la seconde partie du premier volume date presque d'an an;
il convient de la mettre & jour en mentiounanl ici deux réformes que
je réclamais et qui sont maintenant réalisées :
Une loi en datt' du ii janvier 1893 (]<£ djoumadi-et-Iâni 1309)
Huumet tous les indigi>nes tunisiens aux charges du recrutement. —
Lu durée du service militaire est Cxée à deux ans à l'expiration des-
quels les soldats sont libérés.
Une décision du ministère de l'Agriculture, en date de fin novem* ■^
bre 1891 . comprend désormais la Tunisie dans le roulement deS'l
concours agricole!^ algériens, qui se tiendront à l'avenir tous les |
deux ans, successivement dans chaque province, soit tous les huit
ans dans chacune.
11 y a lieu, en outre, de redresser les chiffres de la population
algérienne dont le recensement du 11 avril 1891 n'i^tail pas totale-
ment revisé lorsque la page 425 a été mise sous presse. Au lieu de :
Population civile française 372.662 âmes, lisez : 313,131; au lieu
d'Etrangers 219,920, lisez : 233,169.
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Documents officiels.
Notice Bui' le climat de la Tunisie rédigée au r
loétéoTologlque.
1 fie la Commission
• La TUNISIE DEPUIS l'oCCUPATION FRANÇAISE 193
JSentence ,arbUrale prononcée pat Napoléon III sur les réclamations
réciproques du bey de Tunis et du général Befi Medyln-i**^ 1857. '
Livres jaunes de 187$ et de 1881.
Màpport sur les opérations militaires de Tunisie par le général Forgemol
de Bostquénard.
Jitatistigue générale fie V.-Ilgérie, années 1879-1881.
Rapport de M. le ministre des affaires étrangères au Président de la
République sur la situation de la Tunisie, (1881-1890).
Idem, idem y en 1891.
Journal officiel tunisien.
Rapport de M. Machuel sur Venseignement pubtic dans la Régence de
" Tunis ^ Imprimerie nationale y 1889, in-8®.
Prima relazione statistica dello ministero délie Poste et dei tele-
grafi, Rome, 1890.
Compte^rendu de la marche des services, par le directeur général des
travaux publics de la Régence.
Rapport sur Tavant-projet d'un réseau de chemin de fer, par le même.
Rapport sur le vignoble tumsien (août 1886) par M. Gastine, délégué du
ministre de Fagriculture. .
Rapport de M*" H. Savignon sur la Viticulture en Tunisie, (Exposition
Universelle de 1889.) Paris, Montorier et C% 1889, in-40.
Rapports de Tinspecteur de Tagriculture et de Télevage.
Rapport de M. Paul Cambon sur la loi immobilière du V juillet 188o.
Rapport au ministre de la marine sur les pêches maritimes en Algérie et
en Tunisie, par MM. Bouchon-Brandely et Berthoule.
Discours de M. Massicault, Ministre Résident génth*al à Tunis.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
œNTENUES DANS LES DEUX VOLUMES
WcT TORitE!is. I, 398. Voyez Propriété,
^DMixiSTRATiox. CoDception et organisation
du protectorat administratif, 1 , 339. —
Premiers éléments, I, 343. — Réorga-
nisation de l'administration civile, I,
367. — Création de l'administration
municipale, I, 37i. — Comment Tunis
était administré en i881 , 1 , 371. — Pou-
voirs du Résident général, I, 403. —
Administration générale , 1 , 403. — Di-
rection des Renseignements et du Con-
trôle, I, 465. — Heureux effets du pro-
tectorat pour l'administration et le
gouvernement des indigènes, II, 417.
Voyez Indigènes et Justice. — Éléments
constitutifs d'une bonne administra-
tion, 11,435. — De l'unité administrative
et des « rattachements > algériens, II,
499. — Administration des provinces
par les Romains, II, 430.
AcRiccLTi'RE. Service de l'agriculture, de la
viticulture et de l'élevage, I, 431. —
l'dboratoire de chimie agricole et in-
dustrielle, I, 433,433 (note). — Champs
d'expérience , I, 453. — Syndicat géné-
ral obligatoire des viticulteurs, 1 , 451 ,
-Caisse de l'agriculture 1,407. — Ferti-
lité du sol tunisien, II, i. — Engrais,
11,5. —Le blé dur, II, 9. - Culture
arabe , II , 10. — Rendements , Il , H. —
Le blé tendre , II ,11. — L'orge , II, 13. —
L'avoine, II, 1*. — Le seigle, 1I,15. —
Le maïs. II, 16. —Le sorgho, II, 16. —
Le millet, II, 17. — La vigne, II, 18. —
Sa prosp(';rité à l'époque romaine, II,
19. — Comment les anciens la culti-
vaient, II, 19 (note). — Principaux
vignobles créés depuis 1881, II, 90. —
Cépages plantés, II, 31. — Œnologie, II
33. — Ce que coûte la création d'un vi-
gnoble, II, 36. — L'olivier, II, 38. —
Sa culture dans l'antiquité, II, 39. —
actuellement, II, 31. — La dime et
l'impôt par pied d'olivier, II, 33. —
Prix de revient et rapport de 1,000 hec-
tares en oliviers, II, 37. — Culture de
l'arachide , II, 39. — Lin , II, 39. — Madia
sativa, H, 39. — Camcline, II, 39. —
Carthame, II, 40. — Chanvre indigène,
H, 40. — Colza, II, 40. — Navette et
radis oléifère de la Chine, II, 41. —
L'hélianthe, II, 41. ~ Le ricin, II, 41. —
Le pavot, II, 41. — Le dattier, 11,41.
— Palmier mAlc et palmier femelle, II,
41. Variétés de dattes, II , 45. — Frais de
culture et rapport des dattiers de l'es-
pèce Deglat-en-Nour, II, 46. — Le tabac,
II, 47. — Amélioration possible, II, 48.
— L'impôt en usage en Grèce, II, 40.
— Légumes et fruits divers, II, 51. —
L'oranger, II, 53. — Le flguier, II, 53.
— L'alfa, II, 56. — Réglementation
nécessaire de la cueillette. II, 69. —
Ustensiles en alfa, II , 60. — Le diss, II ,
61. — Le palmier-nain, II, 1. — La
ramie, 11,63. — Le lin , II, 61. — Autres
textiles , II , 63. Voyez Élevage.
Alfa. Voyez Agriculture et Industrie.
Alger et de Tlnis (Régences d'). Hostilités, I,
411, 153, 155, 156, 161, 170, 173, 311, 346.
Algérie. Insurrection du sud oranais, I,
399. — Comment les opérations furent
menées, 1,312.
Ali-Bey , prince régnant , 1 , 333 383, 47
TABLE AXALVTlym
ûs (Kinviirp îles), I
113.
HdèbiW, 1,130.
ÂXkTl.d,Sg(IIOI«).
Mcitls (Le«) ji T«!H*. i,n». — r.ord Ix-
moDtb, d(> concert avec te consul de
FranCc, contraini le bey de Tuniiàilio-
lir & tout Jamtis l'esclavage des cirré-
IlensilanssesËlaU. 1, 176. Voyez Wcod
IRichardi- — jixuutjon porti-e contre
les Anglais au aujel de la révolte dei *c-
cHneideiOnef^liainmaenlses, I, 331.
Aii!<»(L. ^n (roraricre, i . H. — Son retour
d'Italie. 1 , 80. - Son discourt À Sclpion
avant Ui bituille de Zama. I,HI.
AST1oi:iiCs KT Bciui Aiitk, I. HH.
\iiU£ii. Leura dissemblances pbyslulo-
Hl(]ueB et luoralei avec les Berbères,
I, t>7. — Canalltution de la ramllli^. I,
n». — Neceailté de les distinguer At»
Rcrbérct.I.et.— Premk^rulovwion de
l'A/rique septentrionale. 1. <00. — Ses
càialUU, 1,10*.— Seconde Invasion,
t,l(H. — Bas eu n séquences, I. IIU.
ktMx. TolMEXNK. Un!illon d'un» arinéa
rt^giiliÉfe pat Ahmed-Bi^y. I, )8T. — Il
établit la canicription, 1, Ml. — Itecru-
tement. enlwtl, 1, MS. — Rèorganlsa-
tioDi l| m. — Criiatlon de compagnies
mlKteii eu ISB.^ , i . au. — ce qu'était
l'arma lunlslunne en imi, I,3M. —
Historique, liA-w. — l-es-Zouauna, l,
;<Kt. — LcsHanâOa. 1 , 35». — Itëorgaul-
SBlion; IdÊesilu E^nérsl Forgemul,!,
3110. — Dispositions adoptées. I.3UD1 II,
Ma. — Valeur du soldat tunisien, 1, SliS.
jUsocuTi<tx. L'esprit d'Bsaoclallan en An-
glelerre. 11, *t3. — l,e domaine du
Kbanguet-HadJaJ , II. »9.
BtniEnoDMi. voyez Tarqat (domina lion).
BiLiurai. Ses succès en Afrique, l, 97.
Bex Ait» (Hahmoud). Sou procès avei;
Mohammed- bey, 1. 107.
BuistsEs, Origine elbnngraphique, I, m,
— I^urs dissomlflanccs physiologiques
et morales .nSec les Arabes, I, ÎI7. —
L'anaya, l.SS (note). — Constitution de la
rainille, 1, m. — l^s Ço/k. I. «a. — i^ea
marabouts. I, UO. — Dans combien de
temps les Berbfïres seront Français, t,
Gl. — Les dynasties borbârei, I, III.
ItcTS (Lesl. Prétention injurieuse d'Ali-
l^cha à l'i^gard du consul de France, i,
IBI. — Caractère d'Hamouda-pacba , t.
r témoigne
il'OtllID
Il de France, 1
ans de captivité, I, ITli (note). — Atti-
tude d'Uusseln-Bey au moment de l'et-
pédltlon de ta France contre Alger, en
tlOO, I, in. ~ Arrangement conclu par
te gènùral t;lauiel avec le bey de Tunis
[loiir l'administration des provittcea
d'Omn et de Constoutine, I, IBS. — C«
qu'il convient de penser d'Abmed-Bey,
I, 187. — îes dépenses eiagér^ea, I,
Iw. — I.e palais de la tiohammedia, 1,
IM. — Aiimed-Bcy & Paris, I, I».-—
Molianimetl'ecy et snn harem. I.IM.
— S«s reformes soclaieSi 1. Ml Cmi-
titulion oriiani<|uc tic la Tunisie , I. KH
— Mobammvd-es-Saildiik-Bey. I, 9011. Ea
politique cauteleuse, I, un. — son in-
yagc à Alger, 1 . M(t. — Travaux public*
■lu'il entreprend , I, lOB. — Les niiag«9i
û l'Iioriion en 1861. |.MI. — Sa |)remiére
opération Bn*nclér«. I, llll, Tnyoi Fi-
naneei. —Sa ri^^slance en IHftl . I, *n.
DixERiE. L'Italie et Blierte, l,U4, — Lo'
danger pour l'Angleterre, I. Mt.' — Son
port. Il, »M.
BoMt CcELHt (U'). Voyez Chrmias de frr.
Emliisipn des ObtifialJons, U, 161. —
t:onBtrucllou des lignes, il, I6t. —
Ti'ansports, tarifa, II, IU7. — lti>ierves.
11, 170.
Boc AMAH* MCI. Asai, \, tm. sot, 3IL
DoCLlflGER. I, 3e1.
Bias» (M' Paul), 1, *ti7, MO, n. as. If». -
BHoiDLtT (M*). Comment il a rcpréseutt' lea
rixes entre Français et Italiens en 1881
A Marseille, 1,313 (noie).
BnncLiE (Dec de), I, 31*, 33a,33S, 31». '
ciiDs. Ce qu'âtaient ces agents du potivoir.
I, 38t. — Comptabilité qui leur ai ie~
sormais imposée, 1, 3H. — Leurs ciar-
tioQS, I, 383. (note). — Limitation de
leur lutorili^ en matière pénale, 1, 3ML
C.tKMi:) (H' Paul), 1, 339, UT. 3SB, 301), SM),
381, 387, 397, 398, WD, 403, 4US. ttl, 416.
CiKBoi (V Jules), II, UO iiiolél, 435 (note).
Capitdutioxs (Régime des), t, 340.34(, 34«,
— Leur abolition, 1,37(1, 376,377.
~ Sa fondation , 1. 06. — Sa f'olilique. I,
68. — Cause de la première guerre
punique, I, «17. — Situation apré* la
défaite de 2ama, I. H4. — La trolai^mu
guerre punique, I, bs. — cliutt et des-
truction de cartilage, I, m.
TABLK ANALYTHjUE I
. MATIKRKS
' cbambrede commerce a '
isousM.ii.MS.
Caii>Li»-QmTT. Son cxpêdltini
I, U
re. 1. !
CNtufi (L*!'. N«ccMi(é d'une r^glemciila-
Uon, tl, œi.SKi,— Gibier à plume et
i poil , 11, ans.
CmaiM SE r>iL Conrcuioii Je la ligue de
ha Goulelte, I. 3S1. — Son acriulsitloa
l»r l'Italie, I, KS. — coaeeaftiim de la
iignu de TuDia à Htiadés, I, SSa. —
Nnuvelles lignes {irolelées, I, W(. Des
cbenlni de fer dans les pay« neufs, 11.
131. — Comiilémani d'hlilolre concer-
nant l'achat de la llitne de la Goulelte
l>ar les Italiens, II, IH. — Avenir de
cette ligue , II, IS8. — Ugne de TuniK
lli fcouilére algérienne, H, 1"'»,— Li-
nné de anuase à Kaïrouan, 11, 173. ^
Ligne deSousie à Xokenine; II, ITU. —
t ligne de Tunis au Hornak 11, IBO (nolcj.
— Le reseau i irompl^ter, Il , 181. —
mnçoui de Djedeida ù Blierte et
<fHtiiniaaiti-èl-Lif i Hammamel, 11, IBi.
.— Ligne de TélreMaà Gabés, 11, lU,—
USnedeBousso à Katrouan etKasierlii,
11, ISB. — ligne de Tunis i. Kairouan ,
II, IS8. — Mveloppemenl du réseau
tféra par le Dlrecleiir général des Tra-
nox publics. 11, isu. — Èt:oaamlu llnaii-
ciére. II. 1«J - U^ne de Bou-Grara à
Gliadamès.ll, im.
CBWtu |L4 en 1IWT , 1 . £».
• (Lea). «assacre des chri-liens ï
[• TUnll'ei) repn^BalUe des uriuies com-
~a par les Iroupi^a de Cborlcs-Qulni.
k t, JtSi — Cou|idcjnaln des chevaliers
l-.die'Kllto contre les corsaires, 1, Itl. —
a pour récompenser ses Irou-
f pw leur pennel, pendant cinq ji
klepiD«8edes r ■— '
I. 7t. — L'iT livre des colons Irancai»
11,975.— Lsurs proprli'Us, H, «7. —
Location eimetayage, 1I,S77, — uuvrlerti
indigènes et siciliens, il, 378, — Le
domaine du KliangueMIndjaJ. Il . *7ll.
Le!i régisseurs, lt,SI.~ La comptabilité
ndrlcole. Il , m. — Terres qui vont être
livrécsà la eoloniullon, II,W3. —Voyei
Italteni et ilallait.
CuinriHCE. Commerce dlmporlation avant,
I8S1, u. «W. — l.es colonnades ei les
tulles, 11, «30. — notre esprit routiner. II,
MO. — Principales mairhandiaes impor-
tées en Tunisie par la France, 11. Kt,
(note). — Commerce d'exportation avant
IMl, II, M3. —Principales mnrcbandl-
ses eiportieade Tunisie pour In France,
II, Wt (note), — Commerce Inltirleur,
I chrétiens,
un (H,). I, 3(1, 3«, »), 3Ta.
n InOueoce sur rorganisalioo de
I la Mdétâ,' I, 3. — Le climat de la Tu-
> Aci|uisitlons de terres par
la et plantation de la vigne,
|,m>lN,Me.Ml,taa.U8,t.-U,«aG (note),
— lopulalion franvalsc eu Toiiisie,
a TUNISIE. — T. II.
CuimiisES. VojGZ ManMpalMi,
Cunoitmi icaicoLE». I, Ul ; 11 , U6,
Co.iGiÈn DE BESLUt. La légende d'après la-
quelle Bismarck aurait offert la Tunlslu
ù la itancB, I, Î53. — L'acbévemenI du
congrès et l'émotion eu Italie, I, Wt,
CuiFt:nE>CE coiiai:t,TiTi*E. In^lilullon de
celle conférence, I, *n,*«W. — Danger
qu'il V aurait de la transformer eu con-
rérence dëlibérative. II, t3l, — Liberté
politique et Liberté bumaine. H, ua.
liluUon par xobammed-Bey, i, m. —
, Comment elle fut accueillie par les in-
digènes, I, WK, — Inauguration [>ar
Raddok-Bey, I, iio. — Les troubles qui
l'eniulvirent, I, tli.
CoxTHULUias CIVILS, Leur créalion, 1, 386. -
DifréreDce qui ■ prCsidê il leur cboix et
a celui dea premiers administrateurs ,
civils en Algérie, I, 387, ~ Qualités qui
3IW, tes.
1,1,3
', tia. «
(kiniiL. Origine de la C" des COReeuConi
fAfrigui, 1, 1(0. — Cniircniion spéciale
du tS aoQt IRW, I, 180.
CuuilHKS. RélMrtitloa du butin, 1, 13S. --
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
Ce i|u'tl rapporlall, I, IM. — 1,'oilu'i:
i|ue leur Bl sublrle poilevin Beaulleu,
1, Isa. — AiTeslatlon d'orSders de la
marine françiUe en pleine rue ileTunii
I, I.T7. — i.a France obifeni du liey dr
Tunis qu'il repoustie de «es port» lei
Corsaires d'Alger el du Mstmr. I, 106.
— Ilongres de Vienne, 1, ITC. — Prolo-
l'olc arrew par les grande» puissances
à Ali-ta-CiiapelIe, Le » notcnilire lll«.
I, ns.
tKiL'mtt. Droits de douanes en Tunisie au
maian âge, II. •ïl. — Rôforme p-rogres-
sive de celte liBCBlité, II, «jS. — Articles
soumis acluellemenl A des droits de
sortie. It , ion. — Taxes i remaDier. Il .
«70. — Inslilulion de l'octroi de mer.
II, m. — Tsi'il aciuel des droits à l'iin-
poriatioa, H, ni.
Etl'X HI1ltlMl.i;« XT TBHUMAtfJ, It , 1X1.
Ei.EVACI. Du liœuf. II, M. — Du clieval. II.
W. — Du mouton. 11, 71- — Les laines,
11.75.
BRriEM (aiFsire de ll.l.ttffl.
ExsEiGSEMïBT PL-BLic. Vojei IntlrutUon
pubUguf,
ExtO. (Contrat d'), 1. H»; II, W3.
EKLivioE. Décret d'Ail med-Bey supprimant
l'escinvaBC en Tunisie, l,l»l; 11, Ml.-
Circuialte du » mars 1W7. t, 4«. it,
\m. — Decrel du ut mat IRBO, il, MX.
ETIIXUI.0G1E. Aptitude au peuplement arri-
calQ, II, Xit,«». — Fautes commises en
Algérie, II, SBt. — SCcessiie du croise-
ment de la rai'e celtique avec les races
méridionales, 11, Kl.
n. ri ornes II que»
a Ségen
,11,1
i:liaaLt>re te II avril, I.
timi BU Parlemeol le a
Discours prononce à li
la séance du s novembre 18*1, 1. SIB.
Discours prononri
la scance du 0 notembre
Pourquoi i'inlerpellation
— Démission el retour ai
318. ~ Programme adminislr«ll[, U,
at*. — La part qu'il a i
Mtluu du protoctoni, i, ae»,aee. — a*m
quelle énergie il délenii son ieutk, I,
m9 (note).
I88T. I. tlS,tlo,iw. — Projet de Toie
Ferrée de Gabês à cbadamês, it, 130.
'i!ii<<cEs. Ëtat du Trésor tunisien en IBM
i<i83. — ^0IlteauI embarrasQuaiielefs,
I, ««. — Emission de lions du Tr^aor,
I . US. ~ L'émoiloo qu'elle produisit.
1, 314. — Emprunt de Xi niflUoDS, I.ns,
— Kouvei emprunt de 3S millions,
nciér
I 1«87,
ETiT. Son T6le, II. lUO.
ETU CIIIL des tXDIGÊSES. 1, MSi. —
ExrtlilTion nK 1881. Voyez Occupation fran-
EXHMiTtoxs {La Tunisie aux). A Amsierdam,
1,873. — (encours agricole de Tunis,
I, Ul. — A l'exposition universelle de
I8SS, I , Ul.
FiHISE (La) DE ISS7, 1, 133.
FtxtTisxE. Excculion sommaire d'un
Israéllle, I, 198. — U BAamdaft. I, .■»(>.
F«>4TIM«E ET JlLOESLE. SUpplJCe d'UD Cbré-
tieu et d'une Temme indigène. I. IGH.
— Nouvel exploit du mémeVo'e, 180.
Fmni (H' Jcle*). DéclaratioD au Sénat le
4 avril ISSI, 1, 371. — Déclaration i la
• litres, t,
i;réai|on d'une Commiatian Suanclèrv
locale, 1. 137. — néctainationt el latit-
Ijuea qui en découleu), l, 131. — Cont-,
mission DnanciérelnleiTialloDale.
— ArraugemcDt du 13 mars t87B,
— Revenus cODCéd^s. I, 3W. — DDlqlM
liréoccupalioB de la commission Sna»
i^lère Internationale, i, W. — RMOnM
budgétaire, 1. 368. ~ Suppression de !•
commission tiuanclère InlerDiUonalCi
I, 380. — SituaUon du Trésor en 1«8,
«M. _ coDslitutloB d'un tonds de n
serve, I, U9. — Conversion de le deiw
pcrpÉluelle.l, 446,451, — La lentrée dai
impûts, 1, 453. — sub«lllution du cale»
drler grégorien an l'alcndrler manu
man, I, 409. — Réforme munéWre, I
47(1.
SAiicE (La) ES Tunisie. Traitij du «S DOteiB
bre I6S5. Importance que le consul di
France prend é Tnnis dés celle époque
d'EsIrées devant Tunis en 1685. — Béfi
clants Irançali à Tunis i la an dl
XVII* siècle, I, 153 (note).
de H. de Grsndprè à la suite de
talion d'ofllciorirrantais i Tunis, i, m
— Traité de paix et hnmlUntlMi i I
quelle la Tunisie Fui soumise, t, 458.
conduite bonoralils d'un Françala i
tenu en esclavage i Tunis el devenu
favori d'Hussein bca Ali , 1, 100. — Fr
a iDJurieuac d'All-Paclia, t, IGI. -
AititndB éuerglquo du consul de France
et de la colunie française à Taaîa, I,
ICI. — I>Ërensc li^roique de Tabarka
par l'orOcier de mariae de Saurini, [,
lea. — Pill«j;e du consulat de France n
Tunis. I| 165. ~ Bomlardemeat de Bl-
9«rle,SauB«c. etc., par la Oaltc française
eu 1770. 1. lUT. — l« conaul de France
lauve la vie à HUgaeiD-Bet, I, ISt. —
l.k France consolide Ahnied-Be; sor le
trane, I, ISO. — Haladreises du gouver-
nemeul impi^rlal qui alTalbiissent la
FranceiTunis.l. lOS. — Le peu de cas
que Napoléon 111 Taisall do la Tunisie,
1, US. — Par iiuelle Taute Inqua 11 Gable
11 eucouragea nos rivaux, I, ttu. — At-
rjlDde de H. Drouya de LliufB vl»-a-«is
de la Porte, I. M3. — Tentative d'asaaa-
■JDBl du conaul général de France A Tu-
nis lu I ilulliel l«6t. I, «t. — L'inOuenie
de la France est louibée en quenouille.
I, CIO. Voje! Occupa/ion franfùiie.
N-o»tT8. Cn-ation du service en 18«3, I,
xea. — Augmentation des crédils bud-
gétaires et mise en valeur des cliAnea-
llège.I, M». — SupcrDcIe lerrlloriale
des forèia luniaiennes, il. SS. — Prin-
cipales essences tunisiennes, II, 88,—
Kloreroreslk^rc.tl.s». - Etpluilalion
d«sfor£tsde cbénet-liége en Algérie,
II, SO, — Riploitaliou en Tunisie, 11,
90, 91. —Répression des Incendies, 1,
4H; Il , M. — Les niŒura indigènes et
le code Torcstler, II, 9t. — Abus de»
procés-verbaux, II.DG. — Responsabi-
lité coUeclivc, II, m. — Produits fores-
tiers, II, sa. — Ce quêtaient les forêts
tnniliennes dans l'antiquité, 11, 100, —
l^ur inOuence sur le climal. II, lOU,
103 Élenduo territoriale et surface
dei forèls des Ëlats de l'Europe, de l'Al-
gérie et de la Tunisie, 11, lOii. — Surface
ttoisée qui serait nécessaire en Tnnl-
sle, H, 107. — Cburgcs qui incomlient
1. yoyia Cliemiia de fer.
|-,iiiïT(ll> Albert), l,9UT,«M, 3ST.
HiHBOCs. Ce qui constitue les ioimeulites
habbous, 1 , 3D8. — Habbous publics et
habbouB privés, 1, 309. ^ Avaulages
que ces Immeubles présenlcnl pour 1»
colonisation , i, toi. — Reconnaissance
qui en estfillo, II, «3.
HtMDTici (M.}, I, U7 (noie).
Hidts-Plateacx. Tofes Gtoyraphie.
HciLE- Production en 1891, il, ta. — Fn-
HVOKiCLTtlUI.
Jimontatloo en eau de Tn-
Dis, 1, 390-,
- 11. no, S13; - de Blzerlc,
cSousse,II,a»:-deShï,
II. Mï. -
Barrages- réservoirs. 11,
±t5. — créa
Uon de sources artificielles.
II,».
IhpOts. Argumeni de Holiammed-Bey au
sujet de la
Medjlia, 1,196. - Les laïas
multiples
en l«S, I. Ht. - NouYel-
le surcliaga d-|n.pùu. 1, ÏSS. ^
Premières
1 l'ËUt ei
a roïi
DOairaiE. Situation gcogrBplilque de la
Tunisie, I, T. — Orographie, B. — Régime
des eaui, IB. — Les crues de la Med-
Jerda, le.-LeTell.M. -LaKroumirie.
31. — LesIlDUls-Plateaui.ao. —Le Sud,
«. — Les Ksour, 4
L
1,1».
toujours les
remaniements en matière HsgbIg, 1.
3SI. — (Voyci CoidJ) Mgrévcraenl» des
produits agricole», I, tôt. — suppres-
sion de tous droits sur la Tiliculturs, I ,
411. — Taxes frappantles produits tuni-
siens à leur entrée an France, 1,414,
419, «30, 4X1. — Souvelles supiiressions
de dmils, 1, 433, 430, 44K, 4!i3, 470, —
Régime de faveur concédé aux prodolls
lunisless par la loi du lU Juillet 1890.
1 , 4S6. — La dime cl \e kaooun lit-
loun, II,».
ISDiTiPCAtisMi:. titilllé qu'il y a de l'encou-
rager, t, 373. — Ses effets en Amérique,
11,180.
IXDisi>Ks. Du temps qu'il faudra pour as-
similer les Berbères, II, SI. — Toujours
vaincus, ils reparaissent et prédomi-
nent toujours dans le Nord de l'Afriqoe,
l, 90. — Un trait de mœurs, 1 , 151. —
Attllude des Tunisiens en 1830, an len-
demain de la prise d'Alger, 1, 18t. —
Ce que valaient les réformes sociales
de Uohammed-Dcy, I.M4. -^ L'accueil
qu'elles reçurent, 1, 30!t. — Ardeur au
tratail provoquée ]iar le nouveau ré-
gime douanier, I, 468. — Évolution gra-
duelle des sociétés. 11,419. — instruc-
tion primaire, mais surtout profession-
nelle pour améliorer la condition des
Indigènes, II, 49. — De la léglslaliou, Il
TABLK ASAIYTIQCK DES MATifelES
»n«>^i|iu>ni:oii de l'oppllcaiion île
irt«pi'iulcilA]E'^rle.U.*M(ILolp-)
ËMI primlttr il« l'liiduitrl<< inilJ-
, W, — FatirinUun im rliaebl*
— Fabricilifiailt^uH*. il, va.
ur» dfi il Ulus, II, te. — sptr-
I, «),«(. —Taniurie. II. ««.
rotei. , ll,«0. -
I — RiUloriM «urotiMonui
- HïiiolciitM, 11, *
u *«8riUI,ll,«UI.
dw
11,1».
NtTiiratiax rtiutntt. PondatlDa de li pre-
mière dcolo [nuitk'K tTuiili, Il itH. —
UUtlon <J"uo Iwiwcli-ur ilt* «tuûr*
eurup^vimei au ruUngo Stilikl, I, MS-
— Crr«lioD d'un dirccleur do l'enael-
gii«iui^ICDTuiiûlo,I,MS. — Àugmen'
Miltin dcscriMllt), t, tôt. — Kuuvell»
jlugrnculaUoii , I, tio, — Idem, 1, *0.
— Oc nnMrui^Uun iirLmitirV iiniTuMUm-
livlladi>»indi«6n«x, l
le» 1
as, I,
IM, M. — Coiilrc In Vftodlilea. I, îN. —
CoDire les Anbt». 1, 100. — Contre
Birberouise, l.m, — CoDtre iesdeye,
H». — inaumetian de »H, i, lis. —
Contre qui elle iUit dlrigte, l, «M. —
PrtlendueB Intrigues qui l'aunienl sou-
leTée, 1, ML — sitiuitian des insurgés
deiasi, [, nt. -
en IWI, I, 30t.
IXTBKraLLiTiaiis. Voyez «u Farlmunt.
I.TTunsicEiiiTS. Voyez Monarchiitti.
luuiLiTu. U condition mlaérable qui
leur éUitWle sous les Turcs, 1,151.—
Coiffure qui leur était imposée et
guerre qui faillit s'ensuLirre, 1, 180. —
Emuieipalion dont ils furent l'objet de
la part d"Alimed-BeT,I,lW. — Supplice
de Balto Sfez, 1, IM. — Pillage du
quartier Juif de DJerbt en octobre
l»U, I, «30.
(Les) u TcKisii. Leur attitude à
'égard de la Commission dntnciére
ranco-lunislenne , 1,131.— Intrigues
lu commandant Pinna, [, Mt. —Su ten-
tative sur Tunis pendant la guerre de
ITAI
^^cm~^\ , t. Stl. — Les rf tei d« la jeûna
Italie, t, au. — Arritw théâtrale de
M. Maccroi Tunis. !,«&. — U luM
qu'il entame déa le lendemain conttV;
H. Konatan , I . VU. — L'arqulutlou d*
la ligne de taGoulelte, l.lss, — nou-
vene rblcanu au sujet de la ligne 4a
Tunis* titiadès, 1,3». —Le MotlaMt
I , MS.— Prrilcalallon (^anln l'entra d*
nos troupes à Tunis, 1, 3W. — La |n»U
Itaiienae en Tunisie, I, «M, «te. -La»
pécbeun Italiens sur les cdiea de TIK
oisie. Il, BO. — Ouvriers strilleia, n,
3». — Misère des immignuiU iUliea«>
II . Wt. — Lfun nppoits avec les FrU-
Cais. II. US. — Ils ne peuvent ritw
contre nou«, II, ntl. — Ent^epieneuit
Irançai* el lUUIcin. II. WJ. — l« ditA
au invail. II. X7. — Mariages mïite*ii
II, «t. — ericU pliyslologlques et *^
lu colonie tlalienne. II. «»;
]tsi&9tuis. tMation de leur milice par
Oriian, I, 133 (Datej. — Complot â ta
suite do l'smoindns»em«nl de leur'
puisttlicepatllamuuda-t>acha.l, IW.—
Leur destruvlloQ, I. lia. — LireuclAs
par Chakir-Pachs ils ourdissent un nmi'
>eau complot conlrv lu Bey, I , IM. —
JiMiLt. \Mif/ (••ipilulaliani. — Inilnlla- ~
tldn des premiers tribniians llrtincaia
en Tuniaie , 1, m. — inrldicUon fran-
çaise et indigène, I, 37S. ~ Eitenalon
de la juridiction fnnçaiie, I, tôt. —
Institution d'un tribunal de [n«mière
InsUnce & Souise, 1, Mt. — RtorganJ-
BBtion du tribunal de l'Ouiua, 1, «St. —
LéglalaUon des Indigènes, II, «3. —
liiappllcabiliU de notre code piiid en
pays arabe. II, 4M (note.)
KiBTLU. Voyez Berbir^.
KiHiu (La), 1,101.
Kbiuudj (Le), impût foncier Mir les ter-
res dea peuples vilncua, I, 106 (cote).
KHEis ID-Du , 1 , 131 , IH , 1«.
KsoDHin. Leurs quatre tribus I, 31. — Ké-
Tolle de l«61, I, MU. — Révolte delWB.
1,133. — Banditisme, I, IM. — Affaire
du 30 mars I8M, I, leO. (Voyei OoMpa-
(lan fran^aitt.) — La France les aou-
met k l'impôt, i, 338.
LiiRES (Les) de Tuniaie, U, TS.
Laressi:) (M. de). 1, 311 (note), ul.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
501
Le RoTEii (M.)- I, 418.
Loi ixMODiLiÂRE. Toyez Propriété.
Miccio (M'). Voyez les Italiens en Tunisie.
MiCBi'EL. Voyez Instruction publique.
Maltais. Importance future de la colonie
maltaise en Tunisie, II, 'MO. — Ce qui
l'attire vers nous, II, 300. — ïjbl faldetta,
II, 301. — Les Maltaises, II, 300. — Les
Maltais, II, 301. — Leur asssimilation ,
11,309.
Mamhe. Flotte carthaginoise, 1, 67. — Flotte
romaine, I, 67. — Force navale d'Ahmed-
Bey, I, 488. — Réorganisation, 1, 331.
Marseille. Rixes sanglantes entre Français
et Italiens en 1881, 1, 312.
MassICAI'LT (SU'). I, 387, 4ii, 4i3, 433, 436, 437,
438, 430, 431, 435, 4Vi, 151, 45.1, 457, 463,
464, 470; 11,481,386.
MA8i!fUSA. I, 75. — Sou amour iK>ur Soplio-
iiisbe et son ambition, 1, 78. — Son
régne, I, 89.
Maures. Leur conquête de l'Espagne, 1, 130.
— La persécution religieuse dont ils
furent l'objet, I, 492. — L'iiiQuence qu'ils
exercèrent en Espagne, 133. — Exil im-
politique que leur infligea Pliilippe III,
I, 139. — Habileté avec laquelle Oth-
inan-Bey les accueillit à Tunis 1, 140. —
Nouvel essor qu'ils donnèrent à l'agri-
culture, I, 441. — Torpeur dans laquelle
ils sont tombés. H, 330. — I^ur fabrica-
tion des cliachia, II, 334.
MÉDiaxs, 1,413,444.
Mer intérieure. 1, 19; II, 397.
Mi!iÉiLACx. Ije fer, II, 415. — Les exploita-
tions antiques. H, 416. — Le cuivre II,
447. — Le plomb et le zinc, II, 417. —
La mine du Djebel Rças, II, 118. — Iji
mine du Khanguet-et-Tout, II, 490. —
L'avenir de la métallurgie en Tunisie II.
133. ~ Législation minière à l'étude II ,
1*3. — L'argent et l'or, il, 133. — I.c
marbre et les pierres précieuses, II,
434. — La carrière de Scliemtou, II, 435.
— La pierre de taille, II, 437. — La
pierre à chaux hydraulique , II, 138. —
Les plA trières, II, 438. — U's argiles, II,
430. — 1^ terre à brique. H, 139. — Le
sel, II, 139. — Les phosphates de chaux,
II, 130.
M0UAMMEO-E8 Saodok-Bey. Voyez les Reys.
Monarchistes et intransigeants, l/àpreté
avec laquelle ils exploitèrent contre le
cabinet les événcnicnlM de Tunisie, I,
310. € Meetings d'indignation >, 1, 317-
— Leur attitude lors de la suppression
de la commission financière internatio-
nale, I, 379.
Monopoles (Suppression des fermages des),
I, 445, 464.
Moule -Saa (Le), I, 301 (note).
Municipalités. Institution d'un Conseil mu-
nicipal à Tunis par Mohammed-Bcy, I,
304. — Sa constitution organique, I,
303. — Réorganisation de la munici-
palité de Tunis, I, 374. — Organisation
générale des communes, I, 403. — Mu-
nicipalité de Mehdia et commissions
municipales de G hardimaou et Tozeur,
I, 447.
Mustapha be.m Ismail, 1, 350, 347; II, 155.
Mustapha-Kuaznadar, 1, 195. — Ses conseils
perfides, I, 313. — Impôts dont il acca-
ble le peuple, I, 314. — Insurrection
qu'il provoque , I, 330. — Moyens qu'il
emploie iiour U vaincre, 1 , 937. — I^
haine dont il est l'objet, I, 331. — Ses
crimes, I, 335. — Il dévalise les carava-
nes de l'Etat, I, 310.
Naquet (M'). I> 333.
Naturalisation. I, 435.
Nessix-Scemama. I, 343, 331, 917.
Occupation française. Déclaration du gou-
vernement aux Chambres le 4 avril 4881,
I, 371. — Vote des premiers crédits né-
cessaires à l'envoi d'un corps expé-
ditionnaire, I, 373. ~ Critiques injustes
soulevées par l'insufiisance de ces cré-
dits, 1, 373. — L'émotion en Italie, 1, 373.
— Renvei'sement du cabinet Cairoli,
I, 374. — Pruderie anglaise, 1, 371.
— Préparatifs de l'expédition, I, 380. —
Corps expéditionnaire , I, 381 (note). —
Première campagne, 1,383. — Traité du
Bardo, I, 388. — Opérations militaires ,
I, 394. — Notre condescendance envers
Saddok-Bey et ses conséquences, I,
397. — Seconde campagne, I, 303. —
Prise de Sfax, I, 303. — Effets du Rham-
dan, I,*309. — Combat d'El-Arbaln, 1,
314. — Brigandages, I, 315. — Massacres
de l'Oued-Zergua , I, 315. — Opérations
militaires de la seconde campagne, 1,
338. — Entrée des troupes françaises à
Tunis, I, 338. — Entrée à Kairouan, I.
339. — Pacification, I, 3K», 371, 391,
411, 438, 417, 456.
Olivier (L'). Voyez Agriculture.
Paulkment (Au). Accueil fait au traité du
Bardo, 1, 391. —Nouvelle comiK)sitiou
TAItLIi AKALVTIQDK DES HATltiBES
I, 318. — Koufeaiit délinU,
irorstniMllon tidm[ii<itrat!te
uUie, l, aw. - lOtm d'un prolei de
Bnraullo de li delto lunlulrnine v"' l>
France, t. 37».
nLhKtis (H' Uuimc). i,»it>(nui«), a-u, 3u.
siu; II, 100. 101, iKi, lut, m. itfs, m,
181.
Non (Jji). Ftiine Mms-marlDi-, tl, tUi.
— l>nHJiiii anuiiol dn in [lAcbi? sur ks
rAtc* lUnliieiiiKii, 11. ItO. — Li'B p6-
eliour» grco» et «kliii'iiii. il. «su- —
Noliv dpa urdln«9 si sncbula aur la
cote dt! Tibarka, H, K\. ~- Eniai
d'IiitUlLttlnn dn pUcbuur* bralona, 11,
IM. ~ tieUa du thon. II. I», — lu-
duitrln mairtllnici i l'^luAc, n. «fa.
mn. It. «S.
Pn*nH>cii;!is, I, (U, lU.
rnmnuK* nt uuvi, il, 130.
PtnrLLOiitu (Loi de |iT«tcGtlOD aoDlre le). I-
4U. - «yniilont des «Iticultuura. I, W4.
PiB<mi>. Viiyat Cortain*.
Potmiji'E. Viijm; ConfirTTUr OnuiutliitiM.
IKinn. Pon de Tmili, 1, un, MO; 11. «X. —
Pon de Blieric, II, H*. — Port \\c
Souue, 11. Ml ~ Port de Ef», II, 91U.
— Aulivs [wrls il ùmimasm. Il, 117,
Pmn* n TtUoMMn. CouventhMi du 18
HiU im, I, m. — onu poual ta-
nlilen, 1, tss.
Pune (Liberté de IR). I, MT.
Paocia H<wsti!i. 1, 335. — Appréciations de
nurolM, I, 39T.
PKoncTOnT. Voyei Admt
- Déliala lUHir (Iji). Voyei Agrleullurr.
Isienneih KtnOiuiiEïrr. VojW FortU.
, 3M. ~ KntHDin (Le), I. 300.
a projet Kwn (N'), rniniiln^ dei Btrilrn i^lranftrrc««
en Tu- I, uo, tn, uh, un, «ei.
HacutrOH (Henri), 1, 133, 33T.
Itocnt:! (H' LMtu), consul g#ner»] d« Fni
Si Tunli. SB populstiKr diai la moi
niuBulDian, 1, m. - Sun intlmtU •■
Hol jned-Bei, I. m. — Ses r<Tee
itiou i)u piHiiilc knilic. I, 1
«a.
les CartliaginoU, 1, Bn. — Leur
IVgnrd des populnilntis
ie«, [, W. — Leurs colonies. 1, !
rguiisaiiou adminiatraiitc, t. '
ivoirs du gouicmeur, 11, 431.
,H (M'). I, i
llqu,
lat, ws, 33n, 330, ne.
nuiTu (l*w. II. 137. — PremiArei route*
ouvertes «n Tonlale, II. i«. — Pi
relient. 11. Itl. ~ lauméca de pref'
Uliutiiidei) Indigène*, II. IIS. -
d'ffiUTni niUilolre, II, IIS.
BouTTixo (Sociélél, Vuyei Clinaint di ftr.
Sm-hi Lol-b. Bon e«|>«iJiUoii cuntra Ti
1, 117.
Baixi ïiscïm Ht. Piri. Sa rnpliïiic 4 Tuni»,
I, I3B.
EiLiuDRT (Harquli de). 8« répoote i M.
waddlngion , i, iTi.
SlimitKLLES, I, £4.
Sciriox l'Athicii:). I, 73. ~ Son déput de
LUybi^e, I, 74. — Victoire de Zama, I.
St.
PaoPKitrf. Dei ftaudei arabei dam les
irausacUoDS Immobilières, 1, 3M. -
Terres areh, i, 306. — Terres melk, I
ses. — Pourquoi la terre eit presque
siNOïssYA (Ordre religieux des). Leurs
aglMemcnts eu ISM, I, W, IMH.
Srix. IDiurreClion de lg«l, I, 301.
Sol de la TiKisiE. Sa récoudllé, II, 1. — Sa
nalltnUon géologique. II, 111.
excIntiTement mtlk en Tunisie, I, 397 Sophotiisbi. Voyez SyiÂax et Matiniiaa.
(note). — Mae en vigueur de la loi du — ses supplies tioua, i, 70. — sa beaulé.
1" juillet 1B8S, 1, 41». — lncont«nieQlB I, 77. — sa mort , i, »o.
des concessions gratuite». Il, 303. — Spuumi (H'). I, 4S7.
De la Tente des terres , 11, 30B. — Bénc- Scd diunais (InnirrecUon du), I, MB.
flces que coDFére rlmmairiculatiou de Stphai, I, 7S. — Sa passion pour Sn-
plionlsbe, I, 7li.
Tabac (Le). Voyci Xgrt'niIIurE.
TtBHï (La) Terre areA, I, 396, — Tem;
tnelk, I, 3B6. (Voyei habbout.) — Terres,
lapropricté, II,
s'opère, il. 307. -
306. ~ Errela et
immobilière. Il
9 d'inimatriF
- Comment elle
- Du tribunal m
onséqueuces de la loi
- Texte de la loi immobilière , 11, M
quii
nt fttre livrées à
I, II
i83. (Voyci PropriéU.) — Inconvènienls
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
503
des coucessions gratuites, II, 303. —
De la vente des terres, II, 305.
TIRMAN (M'). I, 388.
Tell (Le). Voyez Géographie.
Travaux Publics. Restauration de Taqut!-
duc de Zaghouan ■<, I, 3ii. — Création du
service, en i883, I, 368. — Le tiers du
budget est aflTeeté au\ Travaux publics,
I, 40i. Voyez Chemins de fer, Ports et
Hydraulique.
Traités fratico- tunisiens de ii78, I, IIK.
— De 160S, I, 138. — De 16<>», I, 144. —
De 1671, 1, 145. — De 1685, I, 147. — Dc
17», I, 158. — De 1765, I, 166. — De
1770, I, 167. — De 1816, I, 177. — Dc 18iî>,
I, 179. — De I8â», I, 181. — De 1830, I,
185 (Voyez Traité du Bardo.)
Traité du Bardo. Sa signature, 1, 288. —
Accueil que lui Grent la presse et le
Parlement, I, 291. — Accueil que lui Ot
rsurope, 1, 292. — Texte de ce traite
II, 452.
Tuxis. Son liistoins I, 112. — Sa prospérité
depuis l'occupation française, 1,390,424.
Tribunal mixte. Voyez Propriété,
Tripolital^e. Idées que 1^ Turquie nous
prétait sur Tripoli en 1881 , I, 313. — Dé.
claration de .M. Barthélémy Saint-Hilairc,
I, 314. — Exportations de Tripoli en
ivoire et plumes d'autruche , II , 196 (no-
te). — Conséquences que la ligne de Bou-
Grara-Ghadamés aurait pour la Tripoli-
taine.
Turque (Domination). Les frères Barbe-
rousse en Afrique , I, 123. — Par que
stratagème Kheîr-ed-Dfn s'empara de
Tunis, I, 125. — Sinan-Pacha reprend la
Tunisie aux Espagnols , I, 132. — Orga-
nisation de radministration et du gou-
vernement, I, 132. — Les Kouloughis, I,
133. — Les Janissaires, I, 133 (note). ~
Perception de l'impôt, 1, 134. — Gouver-
nement d'Ostad-Mourad , I, 142. —
Efforts de la Turc|uie pour ressaisir Tu-
nis à partir de 1830, 1, 180. 222, 2I.\
277, 278.
VA?tDALEs. Genséric et ses hordes barbares,
I, 95. — Leur conquête de l'Afrique, I,
96. — Décadence rapide de l'empire
vandale, I, 96.
Viticulture. Voyez Agriculture et Coloni-
sation.
vVaddingtoti. (M'). Son entente avec le mar-
quis de Salisbury au Congrès de Berlin,
1,275; 11,486.
WooD (M' Richard), consul d'Angleterre
Tunis, 1, 216. — Sa conduite pendant
l'insurrection de 1861, I,
Zama (Bataille de), f, 82.
TABLE DES MATIERES
' DU SECOND VOLUME
LIVRE IV
AGRICULTURE ET FORÊTS
Chapitre I«^ — Les céréales 1
Chapitre IL — La vigne 18
Chapitre IlL — L'olivier et les graines oléagineuses. . 28
Chapitre IV^. — Le dattier . . . '. .41
Chapitre V. — Le tabac 47
Chapitre VL — I^éguraes et fruits 61
Chapitre VIL — Les textiles 56
Chapitre VIII. — L*élevage du bétail , . 64
Chapitre IX. — Les produits forestiers .84
Chapitre X. — - Le reboisement 99
LIVRE V
LES richesses MINERALES
Chapitre P^ — Constitution géologique du sol tunisien lll
Chapitre H. — Le fer 115
Chapitre III. — Le cuivre 117
Chapitre IV^ — Le plomb et le zinc 117
Chapitre V. — L'argent et Tor 123
Chapitre VI. — Le marbre et les pierres précieuses 124
Chapitre VIL — Les matériaux de construction 127
Chapitre VIII. — Le sel 129
Chapitre IX. — Les phosphates de chaux 130
Chapitre X. — Eaux minérales et thermales 133
U\RE \n
INDC^TttlE ET COMHEncE
Catrinc l"*. — Les larfpaNria isAgèiMa. .
rjtjkriTM II. — Lm iadnaria enrapéeniMS.
Ciurmi ML — PndRiadeU pAJ» M dr h diMtc.
<:«irmE IV. ~ CommerTB Cônportatisa £»
CaArmc V. — Coohmrc iTmiMrtaUaD
■ UuriTKi VI. — Camn
UVRE Mil
LA COLONISATION
Chapitbe I". — LlmmigratioD fnoçùx. . m
Chatitu II. — Llmmigraiioii italinme 3»!
Chapitie III. — L'immigratimi maluisr 300
Chapitbi IV. — La terre et le régime de la propriété 303
Chapitir V. — La loi immolMUère 317
Cbapitse VI. — Constitatiofi en enze] dei immcables babboos . . . 403
UVRE I.\
LA POLITlgiE — LE GOtVERNEMENT
OHtPiTiiE I". — Domination et gouvernement des indigènes.. . . 417
Chapitre II. ~ Administration des européens -iM
TABLE DES MATIERES DU SECOND VOLUME
507
Pièces
ET
DOCUMENTS
JUSTIFICATIFS
Pag i!«.
(Chapitre III. — Autonomie administrative 421)
Chapitre IV. — Représentation de la colonie auprès du gouvernement. 434
APPENDICE
/ Généalogie de la famille Uusseinite 439
Traité du 8 août 1830 entre la France et Tunis. . . 439
Firman impérial du 22 octobre 1871 442
Lettre du vicomte de Botmiliau, le 16 mars 1870 . 444
Du même, le 10 décembre 1871 44G
Lettre de M. Roustan, le 24 juillet 187G 44S
Lettre de M. Albert Grévy, le 23 février 1881 . . . 449
Du même, le 20 mai 1881.. 4ol
Traité du 12 mai 1881 ...... 452
Convention du 8 juin 1883 4ô4
Extraits des discours de M. Jules Ferrv. ..... 456
Loi du 27 mars 1883 organisant la justice 456
Abolition de Tesclavagc. — Circulaire d'Ahmed-bey
en 1846 459
Circulaire du 29 mars 1887 459
Décret du 28 mai 1890 460
Brigade d*occupat ion. — ElTectif à ce jour 462
Postes et télégraphes. — Liste des établissements
au 31 décembre 1891 465
Ilecensement de la population française de Tunisie
au 11 avril 1891 471
idem Récapitulation par départements. . 474
\ idem — par professions . . . 475
Vocabulaire des mots turcs, arabes et Berbères les plus employés dans
cet ouvrage 477
Signiûcation française de certains noms propres tunisiens 481
Réponse au général Cosseron de Villenoisy 485
Additions au 1*^' volume 486
Liste des principaux auteurs cités 487
Table analytique des matières contenues dans les deux volumes . . . 495
Errata 509
3 blDS 013 b>^ ^27
DATE DUE
I
STANFORD UNIVERSITY UBRARIES
STANRDRD, CAUFORNIA
94305