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Full text of "La Tunisie avant et depuis l'occupation française, histoire et colonisation"

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p 


LA  TUNISIE 


DEPUIS 


L'OCCUPATION  FRANÇAISE 


DU  MÊME  AUTEUR  : 


Le  Lieutenant  Palat,  son  exploration  et    sa    mort  tragique, 

brochure  publiée  à  la  suite  d'un   voyage  de   recherches  dans  le  Sud  de 
TAlgério,  en  188iî.  Gr.  in-8°  avec  carte.  {Epul^i.) 

Le  Livre  d'or  de  l'Algérie.  Gr.  in-8"  rnisin  do-lîôO  patres,  avec  préface 
du  colonel  Trumclet.  Challamel.  éditeur.  1889.  {2"  tdit'nm)   ...     7  fr.  6<) 

Alger,  brochure  in-18  formant  les  numéros  1  et  2  de  V Afrique  iilustréc, 
collection  publiée  par  la  ''  Ligue  de  propagaude  et  de  vulgarisation 
algérienne".  Challamel,  éditeur,  189*2 1  fr. 


rorjî  PARAiTiiK  piiocnArxKMEsr  .- 

Histoire  de  TAlgérie  :  1830-1892.  —  Cmni^uktk,  (Vm.onisation  ; 
HiSToiHE  roLiTi'^i'E,  An.Mixi>*TU.\Ti\ E  KT  KrnNOMi«,Mi:.  Un  fort  voluin»* 
grand  in-8"  raisin.  —  Challamel,  éditeur. 


TYPor;[l4PIIIF.    FlllMlM-DintJT    I.T    i.'-.    —    MK>MI     l».«I;r!. 


NARCISSE   FAUCON 

Ancien  nsUictonr  en  chof  >\o  VÉetitt  d/ff^^  ilo  VlmUpfnânnt  tU  rt,n*inntine ,  otc. 


LA  TUNISIE 


AVANT    ET    DEPUIS 


L'OCCUPATION  FRANÇAISE 


HISTOIRE  ET  COLONISATION 


LETTRE-PREFACE  DE  M.  JULES  FERRY 

La  Tunisie  osi  apitelée  à  devenir,  en  vingt  a««, 
une  de»  pi  un  IniHes  colonies  du  monde. 

P.   I.F.KnY-RF.Ari.lF.U. 


TOMK  II 

rOLONISATIOX 


PAHIS 

A  L*  G  c  s  T  I  iN    i]  II  A  L  li  A  M  K  L ,    K  d  i  t  k  u  k 

I.IRIIAIUIK     rOLOViALE 

5,    lirK   JA"OB,    KT   RFK    Kl'RSTENr.KRiî ,   2 


V 


/ 


/ 


LA  TUNISIE 


DEPUIS   L'OCCUPATION   FRANÇAISE 


LIVRE  IV 


AGRICULTURE  ET  FORÊTS 


I 


LES   CEREALES 

Mysiam  Libyamque  largis  aiunt  aburt' 
dare  frumentis. 

Colunielle,  De  re  rust.,  III,  viii. 

Dès  la  plus  haute  antiquité ,  TAfrique  du  Nord  était  déjà  re- 
nommée pour  sa  fertilité  en  grains.  D'après  une  tradition  con- 
servée par  Polémon  d'Ilium  ^  c'était  de  la  Libye  que  le  froment 
avait  été  importé  à  Argos.  Dans  la  notice  des  dignités  de  Tem- 

1.  Toûto  inX  xûv  'Apvetiov  elaiQYaY<^'  iittit^  xal  'ApY^iov;  oUe  [(&£y^]  çpovoOvra;, 
«•<  èv  T^  'Apyctq^  oitapévroc  tcôv  n^ipûv  axipfiaTOC)  éx  At6ÛY)ç  "Apyou  (ieTaTtefi^'aiiÉ- 
vov»*  diô  xod  ilVjaviTpo;  \i6ùo<niz  Icpàv  tSpu^cv  èv  Tâ>  'ApYEi,  èv  XapàSpa  oOrb)  xa)ov- 
|iiv({»  TÔxi)»  &ç  9T)ai  noXé|AMv.  /ra^.  XII. 

LA  TUlflSn.   —  T.   II.  1 


2  LA    TUNISIE   DEPUIS   L  OCCUPA TIOX   FR.%>ÇAISE 

pire,  TAfrique  procoDSulaîre  —  la  Tunisie  actuelle  —  esl  re- 
présentée sous  la  figure  d*une  femme  ten.int  un  épi  dans  cha- 
que main  et  debout  sur  deux  vaisseaux  char^irês  de  blé.  On  sait 
que  les  Romains,  après  avoir  soumis  cette  contrée,  en  firent 
le  grenier  de  Fltalie,  et  ce  surnom  a  survécu  comme  signe 
distinctif  d'une  aptitude  spéciale.  Dans  un  chapitre  de  son  His- 
toire  universelle  intitulé  .•  De  la  fertilité  du  blé  en  Afrique, 
Pline  a  réuni  de  nombreux  témoignages  d'une  fécondité  exceo- 
tionnelle.  Un  boisseau  de  blé,  rapporte-t-il .  produisait  jusqu'à 
150.  L'intendant  de  l'empereur  Auguste  lui  envoya  un  pied  de 
froment  d'où  sortaient  près  de  iOO  tiges.  On  adressa  de  même 
à  Néron  360  épis  provenant  d'un  seul  grain  L  Ces  exemples  ne 
seraient  pas  difficiles  à  renouveler  s'Us  avaient  un  autre  intérêt 
que  celui  de  la  curiosité.  On  m'a  souvent  montré  des  pieds  de 
blé  riches  de  80,  100  et  150  épis  en  très  beaux  grains;  j'ai 
vu,  Tannée  dernière,  dans  une  propriété  des  environs  de  Tunis, 
un  pied  d'orge  contenant  21  â  épis. 

La  supériorité  des  conditions  naturelles  de  production  en 
Tunisie  y  comme  en  Algérie,  se  reconnaît  surtout  à  lensemence- 
ment.  Pour  obtenir  ce  que  l'on  regarderait  en  France  comme 
une  bonne  récolte,  il  suffit  de  gratter  la  terre  —  les  Arabes  ne 
font  pas  autre  chose  —  et  de  semer  de  1  à  1  hectolitre  1.2  de 
blé  par  hectare,  tant  il  talle  abondamment  :  même  réduction 
proportionnelle  pour  les  autres  céréales.  Au  mérite  de  tallage 
s'ajoute  le  poids,  mesure  de  la  qualité.  11  n'est  pas  rare  de  ren- 
contrer des  blés  qui  pèsent  jusqu'à  %\  kilogrammes  à  Thectolitre. 
Le  poids  de  78  kilogrammes  est  commun  dans  les  bonnes  an- 
nées, au  point  que  l'intendance  a  pu  l'exiger  habituellement 

1.  Utpote  qiium  e  modio,  si  sil  aptum  solum,  cfuale  in  Bysacio  Africac  campo, 
cpnlpni  quinquageni  modii  reddantur.  Misit  ex  co  loco  divo  Augusto  procurator 
ejuA  ex  uno  grano  (vix  credibile  dictu)  quadringenta  paucis  minus  gennina,  oxs- 
tantquc  de  câ  re  epistolae.  Misit  et  Neroni  similiter  trecenta  et  soxagenla  stipulas 
ex  uno  grano.  Pline  XVIII,  xxi. 


ACRICULTCRK    ET    FOUIÎTS 


dans  les  fournitures  militaires  que  lui  foui  les  colons  algériens' 
en  même  leinps  que  celui  de  60  kilogrammes  pour  l'orge, 

Privilèges  du  sol  et  du  clim-it,  ces  faits  n'oul  rien  de  nouveau 
ni  dVsceptionnel,  car  déjà  Pline  mettait  le  blé  de  la  province 
d'Afrique  au  nombre  des  blés  les  plus  estimés  de  son  temps 
pour  le  poids  et  la  qualité-.  Dans  le  cours  du  moyen  ftge,  les 
Errains  furent  une  des  principales  marcbandises  d'échange  des 
États  barbaresques  avec  l'Enropc.  Aux  dix-sèptième  et  dix- 
huitième  siècles,  les  compagnies  du  cap  Nègre  et  de  Tabarka 
expédiaient  chaque  année  une  quantité  considérable  de 
grains  qu'elles  vendaient  avec  grand  profit  en  Provence,  dans  le 
bas  Languedoc,  en  Espagne,  en  Ilalie.  Shaw''  estime  que  la 
quantité  de  grains  exportés  par  les  marchands  anglais  vers 
le  milieu  du  siècle  dernier,  était  de  7  à  8.000  tonnes.  De  1792  à 

1.  En  Tunisie,  l'inlenilnare  u'acb^'lc  qui;  des  farines. 

2.  D'a|ir^  Pline,  les  évalualioiis.  converties  en  valeurs  franr^lscs,  ilrs  iioiila  dca 
blés  les  |>lus  rcchercliés  i  Rome  élnient  : 

Blés  des  Gaulea  et  de  Chersonise (lar  modiui    0'530 

Il  Sardaigne ~        n.Ufla 

■  Alexandrie  et  Sicile 


—  6.li2B 


Afrique —        7.09C 

IUlic,  au  delà  du  Pu ~         a.iïc 

Cludum —        8.4T(: 

*  Le  |<uids  de  l'hectolitre  ciainine  <lans  l'anliquilé  et  acluellemcnt  ii 
'^iTtdr  varié  d'une  nianière  bien  sensible,  surtout  ai  l'a»  a  égard  à  ce  qu< 

nés  du  minislvre  du  commerce  sur  lesquelles  a  été  basé  ce  calcul ,  sn[ 

les  blës  de  première  qualité  : 


les  inoyer 


»      Gaule T&'.il     France,  msft.  général...  76^100, 

Cbetsonésc  (Crimée)  ...    75.117      go    • 

Sardaigne 77.081      7H.ias 

Alexandrie 'CAW      75    • 

Skîlc 76. 449       78 .  750 

1  Tunis 78.750 

Afrique SI.77G  )  DAne 78.1!ô 

t  AlffiT 7a.tîj 

SuïianL  l'Iine,  le  blé  d'Afrique  donnait  su  |iuur  luo  de  farine  et  30   (lotir   100 

3.  Travtî*  in  Barbary,  jwgeîOri, 


i  LA   TUNISIE  DEPUIS   L  OCCUPATION  FRANÇAISE 

1796,  nos  populations  méridionales  et  nos  armées  furent 
provisionnées  de  blés  d'Afrique ,  source  première  du  conflit  a  ' 
amena  la  conquête  d'Alger.  Sous  l'empire,  l'armée  employée  en 
Espagne  et  le  corps  du  maréchal  Suchet  furent  nourris  nar 
des  exportations  de  la  province  d'Oran.  Reprenant  ce  rôle  his- 
torique l'Algérie,  fécondée  par  la  charrue  française ,  alimente 
comme  autrefois  les  marchés  de  la  métropole ,  et  la  Régence 
affranchie  des  entraves  douanières,    répand  aujourd'hui   son 
grain  sur  les  quais  de  Marseille  comme  jadis  dans  les    cre- 
niere  d'Ostie. 

Les  terres  de    l'Afrique  du  Nord  sont  toujours  dis>nes  de 
leur  ancienne  réputation  :  la  Tunisie  demeure  comme  par  le 
passé  la  province  frumentaîre  par  excellence.  De  Tabarka 
cap  Bon ,  du  Djerid  à  Carthage ,  parcourez  les  chaudes  vallées 
gravissez  les  Hauts  Plateaux  à  l'époque  priatanière  :  c'est  le  blé 
que  vous  apercevez  sans  cesse,  le  blé  qui  vous  enveloppe  de 
toute  part,  plus  dru  et  mieux  venant  dans  les  sillons  européens 
plus  rare  et  plus  chétif  sous  le  léger  labour  indigène;  ce  sont 
de  tous  côtés  et  à  perte  de  vue,  jusqu'aux  montagnes  lointaines 
qui  ferment  l'horizon ,  non  point  des  champs,  pour  ainsi  dire 
mais  comme  des  espaces  infinis  et  des  déserts  de  céréales* 
C'est  sous  le  grand  soleil  de  juin  qu'il  faut  voir  dans  ces  im- 
mensités fertiles,  cet  océan  de  moissons  mûres,  ces  flots  des 
épis  d'or  qui  frissonnent  sous  la  brise,  puis  ces  troupes  robustes 
des  moissonneurs  berbères,  répandus  en  longues  files  dans 
l'espace  dévoré  de  chaleur  et  flamboyant  de  lumière,  la  tète 
protégée  de  hauts  chapeaux  de  paille,  jetant  hasles  poignées 
d'épis  du  mince  tranchant  de  leui*s  faucilles,   charmant  leur 
rude  labeur  de  quelque  chanson  nasillarde ,  et  de  leurs  bras 
bronzés  amoncelant  les  gerbes  épaisses. 

1.  L'AUjerie  romaine,  t.  I,  |>.  40. 


ACRir.Cl.TCRE   ET   FORETS 


In  Afn'ca  ad  Bijzncium  item  px  inodio  nasci  centiim,  AU 
Varron  ' ,  et  l'expression  esl  toujours  vraie  ;  elle  le  sera  demain 
pour  tous  ceux  qui  sauront  restituer  au  sol  ses  richesses  en 
azote  et  CQ  acide  pbosphorique.  Car  il  ne  faut  pas  oublier  que 
semblable  à  la  vie  animale,  la  vie  végétale  n'est  que  le 
produit  d'échanges.  Pour  donner  naissance  A  des  végétaux  la 
terre  dépense,  en  plus  ou  moins  grande  quantité  suivant  leur 
espèce  et  leur  genre,  maïs  pour  tous  elle  dépense  de  l'azote, 
de  l'oxygène,  de  l'hydrogène,  du  carbone,  de  l'acide  pbos- 
phorique,  du  soufre,  du  chlore,  du  manganèse,  de  la  ma- 
gnésie, du  fer,  de  la  chaux,  de  la  soude,  de  la  potasse  et  de 
la  silice -.  Ce  sont  là  les  éléments  constitutifs,  la  pAte  minérale 
et  organique  que  la  nature  amalgame,  triture  et  distille  dans 
SCS  entrailles  mystérieuses  pour  créer  <«  depuis  le  cèdre  jusqu'à 
l'hysope,  depuis  le  blé  jusqu'à  la  ciguO,  depuis  l'ortie  vésicante 
jusqu'à  la  framboise  savoureuse  et  parfumée.  »  Et  si  le  sol  géné- 
rateur est  appauvri,  épuisé  par  une  production  irrationnelle, 
surabondante,  il  n'en  sortira  plus  qu'une  végétation  pauvre, 
clairsemée,  des  plantes  frêles,  molles  et  rabougries  :  de  même 
dans  l'ordre  animal  un  être  affaibli  par  les  privations  n'en- 
gendre plus  que  des  sujets  malingres,  rachitiques  et  scrofu- 
leux. 

Or,  depuis  trois  mille  ans  —  car  les  Carthaginois  étaient  déjà 
très  adonnés  aux  travaux  des  champs^  —  les  terres  d'Afrique 


I 


ti  De  re  nsliea,  1,  xuv. 

'4.  Coniul tel  pour  ISRenâsc  Tégëtalr  les  éludes  agronDiiiiiiups  Je  M.  GeorgpiiVilli' 

Oehérain;  Chîmit  et  physiologie  appliquées  à  l'Agriculture  et  à  ta  iytviciil- 
lnre,  |>sr  L  (iraudeuu;  Traité  d'anatyie  des  matiires  agricoles,  du  rnSme;  Ptiy- 
tlologit  eteutture  du  bti.  parEug.  Risler;  les  Engrais,  par  Hiiolz  et  Girard;  Élude 
du  loi  algérien,  par  Ladureau  ;  £fude  rlu  JoJ  tunisien,  par  E,  llertaïncbind;  et 
on  article  Irts  reniari)uaUi-  d'Eiulli'  Gautier  dans  le  supplément  du  Fii/aro  du 
10  octubre  1891. 

3.  Pulfbe  (XII,  3)  parie  stcc  adiuiratioa  des  campagnes  arrlcalues  à  l'époque  pu- 
nique. UAereo  dans  aes  fdéet  jur  la  relalioiu  politiques  et  eosmercialet  lUs 


6  LA   TCMSIE  DEPUIS   L*0CCUPAT10N   FRANÇAISE 

ont  beaucoup  donné  et  n'ont  que  peu  reçu.  Dans  Tantiquité, 
quand  la  Zeugitane  et  la  Byzacène  étaient  peuplées  d'une  po- 
pulation très  dense,  qu'elles  étaient  couvertes  de  millions 
d'animaux ,  la  terre  retrouvait  des  éléments  nutritifs  dans  les 
matières  organiques  qui  lui  étaient  abandonnées.  Toutefois 
les  restitutions  en  acide  phosphorique  étaient  insuffisantes  pour 
des  terres  à  céréales.  Survint  la  conquête  vandale ,  puis  la  con- 
quête arabe  (VII*  siècle),  et  l'état  d'anarchie  qui  s'ensuivit,  les 
luttes  religieuses  entre  les  diverses  sectes  mahométanes,  Thos- 
tilité  permanente  qui  existait  entre  elles  et  les  chrétiens,  ame- 
nèrent peu  à  peu  le  dépeuplement  et  l'abandon  d'une  partie  du 
territoire.  D'un  autre  côté,  le  déboisement  progressif  altéra 
de  plus  en  plus  le  climat  et  les  nouveaux  conquérants  surent  à 
peine  tirer  du  sol  la  production  nécessaire  à  leur  propre  subsis- 
tance. Entre  les  mains  arabes  cette  contrée  qui  avait  été  la  nour- 
rice de  Kome  et  de  l'Italie  se  vit  réduite  à  s'approvisionner  à  son 
tour  de  blé  à  l'étranger.  M.  de  Mas-Latrie  rapporte  que  «  dès 
le  douzième  siècle  et  moyennant  un  léger  tribut,  les  rois  de 
Tunis  s'étaient  réservé  la  faculté  d'importer  en  franchise  les 
blés  de  Sicile  dans  leurs  États ^  ».  Mais  au  dix-septième  siècle, 
Othman-Dey  ayant  eu  le  bon  esprit  d'attirer  à  lui  les  Maures 
chassés  d'Espagne  par  Tlnquisition  (V.  t.  I,  p.  liO)  ceux-ci, 
essentiellement  cultivateurs,  rendirent  de  nouveau  l'agriculture 

anciens  peuples  de  l'Afrique  (Irad.  franc,  2.  vol.  Paris,  an  VIII)  va  plus  loin  :  il 
affirim;  (t.  1,  p.  67)  que  ragricullure  fut  plus  honorée  chez  les  Carthaginois  que  le 
coiniiierœ.  11  rappelle  que,  d'après  leur  histoire,  il  ne  parait  pas  que  leurs  premières 
familles  eussent  exercé  le  commerce,  tandis  qu'on  y  trouve,  dans  plusieurs  pas- 
sades, la  preuve  qu'elles  possédaient  de  grands  fonds  de  terre. 

11  est  vrai  que  les  Carthaginois  avaient  plusieurs  traités  d'agriculture;  celui  de 
Mngon,  ouvrage  en  vingt-huit  livres,  résumant  la  science  agricole  à  cette  époque, 
parait  avoir  été  tout  à  fait  icmarquable,  car  de  toutes  les  œuvres  que  contenait  la 
bibliothèque  de  Carthage,  elle  fut  seule  sauvée  des  flammes  lors  de  la  destruction 
de  celte  ville;  le  Sénat  romain  en  ordonna  la  traduction  en  langue  latine  et  la 
propagea  parmi  les  cultivateurs  italiens  comme  le  code  de  {'Agronomie  rationnelle. 

1.  Relations  et  commerce  de  T  Afrique  septentrionale  au  Maghreb  avec  les  na- 
tions chrétiennes  du  moyen  dgc^  p.  307. 


AGRICL^t-TURK    ET    TORÉTS  7 

*  florissante  en  Tunisie.  Néanmoins  [es  procèdes  de  cnlture 
restèrent  tout  ce  (]u'il  y  a  de  plus  primitif  et  la  terre  privée 
d'amendement  et  de  funmrc  eût  été  vite  épuisée  si  les  habi- 
tudes nomades  des  indigènes  et  l'insécurité  de  la  propriété 
foncière  n'avaient  toujours  laissé  en  friche  la  majeure  partie 
du  territoire,  La  terre  se  reconstituait  donc  d'elle-même.  Déjà 
riche  en  azote,  elle  en  puisait  encore  dans  l'aïret,  comme 
pour  le  blé  la  dominante  fertile  est  l'azote,  pour  peu  qu'on 
raclftt  le  sol  et  qu'on  y  jetdt  un  peu  de  semence,  on  obtenait 
et  on  obtient  encore  des  récoltes  de  5  à  6  hectolitres  à  l'hec- 
tiu-e,  .\vec  uDC  température  favorable  le  rendement  atteint 
uQ  peu  plus.  Les  Arabes  qui  n'ont  que  fort  peu  de  besoins  se 
contentent  de  cela;  mais  les  conditions  d'existence  de  nos 
colons  sont  tout  autres  :  il  leur  faut  obtenir  une  production 
triple  ou  quadruple.  Rien  n'est  plus  aisé;  à  condition  que  la 
terre  possède  tous  les  éléments  fertilisants  à  doses  convenables. 

Or,  très  riches  en  potasse,  riches  en  azote  et  assez  bien  appro- 
visionnées en  chaux,  les  terres  de  la  Régence  sont  générale- 
ment pauvres  en  acide  phosphorique. 

On  estime  qu'un  sol  arable  doit  renfermer  1  gramme  50  d'a- 
cide phosphorique  par  kilogramme  de  terre  sèche  pour  être 
dans  un  bon  état  de  fertiUté  moyenne,  ce  qui  correspond 
&  6,570  kilogrammes  par  hectare  '.  M,  Schlœwig,  dont  la  com- 
pétence fait  autoi-ité  en  cette  matière,  admet  même  le  chiffre 
de  1  gramme  70  comme  représentant  la  richesse  moyenne 
en  acide  phosphorique  des  terres  susceptibles  d'être  cultivées  ; 
et  la  richesse  moyenne  des  terres  tunisiennes  ne  dépasse  par 
1  gramme. 

J'ai  sous  les  yeux  les  cartes  agronomiques  du  bassin  de  l'Oued- 
Hiliune  que  vient    d'achever  le    directeur    du   laboratoire   de 


I.  LidurMU,  Buttelin  du  minUltre  de  fAgrimlCure.  B°  ■nuée,  n" 


8  LA   TUNISIE  DEPUIS  L  OCCUPATION   FRANÇAISE 

chimie  agricole  et  industrielle  de  la  Régence  :  sur  celle  qui 
a  trait  à  lacide  phosphorique  la  teinte  jaune  (de  O*' fr  à  l'^ 
par  kil.)  couvre  les  deux  tiers  de  la  superficie  étudiée. 

Comme  les  céréales  sont  très  friandes  d'acide  phosphorique, 
que  cet  élément  contril)ue  beaucoup  à  la  formation  du  grain, 
qu*il  est  absolument  indispensable  à  la  vie  de  toutes  les  plantes, 
les  cultivateurs  de  la  Régence  ne  doivent  pas  oublier  que 
pour  élever  leurs  rendements  en  céréales,  en  fourrages,  en 
légumineuses,  pour  préserver  leur  vignoble  d'une  déchéance 
physicjue ,  en  un  mot  pour  rendre  au  sol  sa  fécondité  prover- 
biale ,  il  est  nécessaire  de  réparer  par  l'apport  d'engrais  phos- 
phatés les  pertes  énormes  que  depuis  trente  siècles  il  a  subies 
en  acide  phosphorique,  par  suite  des  magnifiques  récoltes 
qu*il  a  produites  et  dont  la  majeure  partie  ont  été  exportées 
hors  du  pays,  et  plus  encore  par  suite  des  mauvais  procédés  de 
l'agriculture  arabe. 

Cette  régénération  de  la  terre  est  d*une  importance  capitale 
pour  l'avenir  agricole  et  viticole  de  la  Tunisie.  On  en  jugera 
par  l'avertissement  que  M.  Ladureau  donnait  il  y  a  trois  ans 
aux  colons  algériens,  dont  la  situation  est  identique.  «  Si  on 
n'a  promptcment  recours  à  un  emploi  judicieux  des  phos- 
phates on  verra  bientôt  les  rendements  en  céréales  s'abaisser 
de  plus  en  plus  et  la  vigne  s'étioler,  puis  disparaître  peut-être 
rapidement,  comme  cela  a  eu  lieu  dans  le  midi  de  la  France, 
par  suite  de  Tépuisenient  du  sol,  consommé  peu  à  peu  parla 
négligence,  Tignorance  et  l'incurie  des  viticulteurs  ». 

La  dépense  à  faire  n'est  d'ailleurs  pas  considérable.  Le  la- 
boratoire de  chimie  agricole  et  industrielle  de  la  Régence 
exécute  les  analyses  de  terre  gratis  pro  Deo.  Chaque  proprié- 
taire n'a  donc  qu'à  s'y  adresser  pour  connaître  exactement  les 
besoins  de  son  sol  et,  par  suite,  les  dosages  qu'il  réclame.  Quant 
à  Tengrais,   la  Tunisie  possède  de  riches  et  nombreux  gise- 


AGRICCI.TIIRE   i 


ri 


monts  de  phosphates  (voyez  le  chapitre  spécial)  dont  la  teneur 
en  phosphates  tribasiques  de  chaux  va  de  35  A  75  ^,  et  leur 
prochtiiiie  exploitation  permettra  aux  colons  tunisiens  de  se 
procurer  ces  phosphates  à  très  hon  marché. 

Ceux  d'un  dosage  supérieur  se  maintiendront  à  des  prix  éle- 
vés en  raison  de  leur  exportation  réniunératrice  en  France,  en 
Angleterre,  en  Allemagne  et  en  Belgique,  pour  leur  transforma- 
tion en  superphosphate.  Mais  il  résulte  des  observations  de 
H.  L.  Grandeau  à  sa  ferme  deDombasle,  près  Nancy,  qu'il  y  a 
lieu  de  préférer  l'emploi  du  phosphate  finement  pulvérisé  A  ce- 
lui (hi  superphosphate.  11  y  a  tout  profit.  En  effet,  pour  trans- 
former 1,000  kilogr,  de  phosphate  à  70  se  en  superphosphate 
propre  à  la  fabrication  de  l'engrais  intensif,  il  est  nécessaire 
d'ajouter  un  poids  égal  d'acide  sulfurique;  on  obtient  de  la 
sorte  2,000  kilogr.  de  superphosphate  A  16.  03  ?f.  d'acide  phos- 
phorique  équivalant  à  35  pé  de  phosphate  de  chaux.  Celui-ci 
ainsi  transformé  coûterait,  prîs.à  l'usine,  80  francs  les  1,000 
kilogr.  envirou,  tandis  qu'une  tonne  de  phosphate  à  35  j^  ne 
peut  valoir  guère  plus  de  25  à  30  francs.  Ce  sera  le  prix  de  cet 
igTais,  à  Tunis,  dans  quelques  mois. 


Blé  Dt'R.  — Le  blé  dur  {irtlicnin  durum)  on  arabe  ghemn . 
était  la  seule  variété  connue  en  Afrique  avant  la  conquête 
d'Alger.  On  le  reconnaît  à  la  couleur  brune  du  grain,  A  son 
écorce  qui  craque  sous  la  dent,  à  sa  cassure  vitreuse,  à  sa 
farine  moins  blanche  que  celle  du  blé  tendre. 

Quand  les  premières  fortes  pluies  d'automne  ont  détrempé 
suffisamment  la  terre ,  c'est-à-dire  vers  la  mi-novembre ,  le 
cultivateur  arabe  éparpille  sa  semence  '  à  la  volée  sur  la  terre 
garnie   d'herbe,  A  travers  chicots  et  souches  des  broussailles 


1,  Outre  à  cinq  nuibu  it  l'hectare,  «oit  lïo  à  iM  Iilr«i 


10  LA   TUNISIE  DEPUIS   l'OCCCPATIOX   FRANÇAISE 

incendiées  ;  puis ,  pour  la  recouvrir,  il  rAcIe  le  sol  avec  un  araire 
tout  à  fait  primitif  consistant  en  un  simple  coutre  fixé,  —  par- 
fois à  l'aide  de  cordes ,  —  A  un  morceau  de  bois  en  flèche. 
Toute  la  charrue  ne  pèse  par  vingt-cinq  kilogrammes!  Aussi  se 
passe-t-il  facilement  de  chevaux  et  de  bœufs  pour  les  labours. 
Ueuv  petits  bourriquets  lui  suffisent  pour  gratter  la  terre  ;  car  il 
ne  fait  pas  autre  chose  :  le  fer  ne  pénètre  pas  le  sol  à  plus  de  dix 
centimètres.  Cependant  sur  les  Hauts  Plateaux  et  dans  le 
Sud,  Tarabe  attèle  le  dromadaire,  et  rien  n'est  plus  falot  que  la 
silhouette  dégingandée  du  nonchalant  animal  qu'on  aperçoit 
traînant  distraitement  cette  charrue  minuscule  comme  un  grand 
enfant  ferait  un  joujou. 

Le  champ  est  tantôt  couvert  de  lentisques  et  de  palmiers- 
nains,  tantôt  de  joncs  et  de  lauriers-roses;  le  laboureur  indigène 
contourne  purement  et  simplement  les  uns  et  les  autres, 
étant  trop  paresseux  pour  les  arracher,  encore  qu*ils  enlèvent 
au  terrain  la  majeure  partie  de  son  acide  phosphorique. 

Cette  méthode  de  travail  aussi  simple  qu'expéditive  est  la 
plus  ordinaire  dans  les  ferres  faciles,  déjà  défrichées  en  partie 
et  par  conséquent  peu  garnies  de  broussailles.  Dans  les  autres 
on  procède  au  labour  avant  la  semaille.  Quelques  cultivateurs 
soigneux  en  donnent  même  un  second  pour  enfouir  la  se- 
mence; mais  la  plupart  s'en  remettent  à  la  pliiie  pour  cette 
opération. 

La  bonne  graine  pousse  comme  elle  peut  avec  la  mauvaise 
qui  n'a  pas  été  brûlée,  et  au  milieu  de  toutes  les  broussailles 
qui  prennent  bientôt  le  dessus.  La  herse  est  inconnue  de 
l'arabe.  En  mai,  juin  ou  juillet,  quand  la  moisson  est  mûre, 
les  indigènes  saisissent  les  tiges  par  le  haut  et  les  coupent  avec 
de  petites  faucilles  à  dents,  en  laissant  le  chaume  sur  presque 
toute  sa  hauteur.  Les  gerbes  sont  battues  sous  les  pieds  des 
l)œufs,  mulets  ou  chevaux.  Le  grain  nettoyé  et  séché  est  conservé 


AGRICULTrRE    ET    fORKTS 


de  vastes  fosses  en  forme  d'amphore ,  que  les  indigènes 
appellent  malhmai-  ou  silos. 

Ch.  Tissot  '  est  d'avis  que  silos  doit  venir  du  mot  rrctfo';  dont 
OQ  se  servait,  en  CappEtdoee  et  en  Thrace,  pour  désigner  des 
réservoirs  du  même  genre.  En  tout  cas,  contrairement  à  l'o- 
pinion généralement  reçue ,  ces  excavations  parfaites ,  dans  les- 
quelles le  blé  peut  se  conserver  cinquante  ans  et  le  millet  pen- 
dant un  siècle,  n'ont  pas  été  inventées  par  les  arabes.  LesCar- 
tliaginois  les  utilisaient  déjii  et  Salluste  nous  apprend  {de 
Bello  Afric.  LXV)  que  les  soldats  de  César  furent  nourris  avec 
les  réserves  de  blé  qu'ils  trouvèrent  dans  les  silos  de  la  Byza- 
cène. 

Le  rendement  de  la  culture  arabe,  je  l'ai  déjà  dil,  n'est  que 
de  5  à  8  hectolitres  à  l'hectare  :  à  qui  l'effleure  d'une  charrue 
paresseuse  el  légère  le  sol  est  rebelle  ou  peu  généreux;  il  ne  pro- 
digue ses  trésors  qu'à  celui  qui,  le  délivrant  d'abord  de  toutes 
les  plantes  parasites ,  le  défrichant  au  pris  de  ses  sueurs ,  le  dé- 
chire profondément,  disons-le  aussi,  savamment'.  Celui-IA 
en  obtient,  —  c'est  le  cas  de  nombreux  colons,  —  25  à  30 
-bectolitres ,  et  quelquefois  au-delà. 

Ou  évalue  les  cultures  européennes  et  indigènes  en  hlé  dur, 

,ns  la  campagne  de  1891,  à  V07,740  hectares,  ayant  produit 
1,997,583  quintaux  métriques  d'une  valeur  (fninco  bord)  de 
49,949,575  francs. 


^poi 


Blk  TKWtnE.  —  Le  blé  tendre  est  une  importation  des  co- 
ms  européens  en  Tunisie,  comme  il  l'a  été  en  Algérie.  On  le 
reconnaît  A  sa  couleur  claire  et  blonde,  à  son  écorce  facile  à 
casser  sous  la  dent,  à  sa  farine  blanche. 
Uoins  rustique  en  sa  gaine  que  le  blé  dur,  il  est  plus  sujet  A 


12  LA   TUNISIE   DEPUIS   L*OCCUPATION   FRANÇAISE 

la  verse  ;  il  ne  s'acommode  pas  de  tous  les  terrains  ;  il  aime 
les  coteaux,  les  points  aérés;  il  craint  les  brouillards  et  les  in- 
tempéries et  demande  beaucoup  plus  de  soins  que  le  blé  dur. 
Aussi  sa  culture  est-elle  insignifiante;  elle  n'atteint  pas  deux 
cents  hectares. 

Un  autre  motif  de  la  défaveur  dont  parait  jouir  cette  variété 
de  froment  en  Afrique,  c'est  qu'elle  s'y  transforme  en  blé  dur. 
Dès  les  premières  années,  il  s'y  trouve  des  graines  plus  cornées, 
qui  ne  font  qu'augmenter  en  nombre,  si  on  ne  choisit  pas  les 
semences  avec  soin.  Ne  faut-il  voir  là  qu'un  simple  phénomène 
d'hybridation,  les  blés  durs  étant  toujours  à  proximité  des 
tendres?  C'est  difficile  à  admettre,  étant  donné  le  mode  de 
fécondation  de  cette  graminée. 

Cependant  M.  Vilmorin  est  de  cet  avis.  Il  explique  ainsi  le 
phénomène  :  «  Le  pollen  du  blé  dur,  lequel  est  cultivé  sur 
d'immenses  surfaces ,  est  entraîné  parles  vents,  répandu  par- 
tout :  il  en  arrive,  par  conséquent,  quelques  grains  aux  éta- 
mines  du  blé  tendre,  dont  ils  modifient  la  nature,  sans  pouvoir 
la  changer  brusquement,  ni  totalement;  car  il  n'est  pas 
d'exemple  de  blé  tendre  devenu  complètement  dur.  La  méta- 
morphose, qui  est  assez  ordinaire  aussi  dans  le  midi  de  la  France, 
consiste  simplement  à  rendre  le  grain  glacé  et  demi-dur  :  en 
cet  état,  on  l'appelle  mitadin.  Cette  conversion  change  assu- 
rément les  propriétés  physiques  du  grain  en  modifiant  sa  com- 
position chimique  :  il  est  déprécié  aux  yeux  de  l'acheteur;  ce- 
pendant la  forme  extérieure  reste  la  même  ;  mais  il  n^est  pas 
rare  de  trouver  un  grain  glacé  dans  un  lobe  et  opaque  et  tendre 
dans  l'autre ,  ou  glacé  même  dans  un  seul  bout.  » 

M.  Ch.  Millot  dans  Touvrage  *  duquel  est  rapportée  cette  opi- 
nion de  M.  Vilmorin,  pense  que  la  transformation  doit  ètreim- 

1.  Traité  pratique  dC agriculture  algérienne ,  p.  1G5. 


AGBICCI,TCBK   KT   FORÊTS 

putée  aux  terrains  et  à  leur  orientatiou  par  rapport  aux  vents, 
plutôt  qu'au  croisement  des  variétés  de  blé. 

Quelle  que  soit  la  raison  de  cette  méinmorphose,  elle  n'est 
pas  un  empêchement  absolu  ù.  la  culture  de  blé  tendre,  et  son 
écoulement  facile  plaide  en  sa  faveur  auprès  des  colons. 

»\  Ohcb  {en  arabe  chair).  —  La  culture  de  l'orge  ne  le  cède 
point  en  Tunisie  A  celle  du  blé.  tes  iDdigènes  en  sèment  beau- 
coup; ik  l'emploient  principalement  pour  In  nourriture  des  che- 
vaux et  des  mulets,  et  les  pauvres  lu.  consomment  aussi  pour 
leur  alimentation.  Elle  est  également  cullivée  comme  fourrage 
vert,  soit  à  pftlurer,  soit  à  faucher.  L'orge  donne  de  meilleurs 
rendements  que  le  blé  dans  les  terrains  nouvellement  défrichés 
et  non  ameublis;  elle  craint  moins  la  sécheresse  et  mûrit  en 
moins  de  temps;  aussi  peut-on.  dans  bien  des  cas,  substituer 
avantageusement  sa  culture  à  celle  du  blé  et  les  Arabes ,  sou- 
vent très  en  retard  pour  leurs  semailles,  trouvent  dans  la 
culture  de  l'orge  le  grand  avantage  de  pouvoir  poursuivre 
très  tard  leurs  labours  :  ils  sèment,  parfois,  encore  jusqu'en 
lévrier. 

■   La  variété  d'orge  cultivée  par  les  indigènes  jusque  dans 

Hks  oasis,  et  que  les  Européens  ont  généralement  adoptée 
comme  l'espèce  la  plus  productive,  est  l'orge  à  six  rangs  {/tor- 
cleum  hexaslicum).  Ils  cultivent  aussi  une  orge  noire  dont  j'i- 
gnore le  nom.  Quelques  colons  ont  introduit  l'orge  nue  ou 
céleste.  f*our  les  semailles  tardives  on  conseille  In  petite  orge 
carrée.  On  sème  environ  deux  hectolitres  à.  l'hectare,  et  on  en 

bécolte  une  moyenne  de  vingt-cinq  à  trente. 

H  Les  orges  de  Tunisie ,  très  convenables  pour  la  fubrication  de 
la  bière ,  sont  recherchées  pour  cet  usage  sur  divers  points  de 
l'Europe,  notamment  en  Angleterre. 

En  1891,  la  culture  de  l'orge  s'est  étendue  sur  429,244  hec- 


L 


i 


14  LA   TUNISIE  DEPUIS   L^OCCUPATION  FRANÇAISE 

tares  qui  ont  produit  1 ,854,290  quintaux  métriques  d'une  valeur 
(franco  bord)  de  2,874,150  francs. 

Avoine  (en  arabe  cortane),  —  L'avoine  est,  en  Afrique, 
une  importation  européenne  comme  le  blé  tendre.  Avant  1830 
les  indigènes  algériens  n*avaient  jamais  cultivé  cette  céréale, 
et  ils  Font  accueillie  avec  défiance.  Ils  n'osaient  pas  la  donner 
à  leurs  bètes;  mais  ils  ont  fini  par  reconnaître  qu'elle  constitue 
une  excellente  nourriture  pour  les  chevaux  de  trait  pendant 
l'hiver,  sans  avoir  l'inconvénient  de  les  échauffer.  Puis,  ce  qui 
les  a  tout  particulièrement  invités  à  cette  culture,  c'est  la  fa- 
cilité avec  laquelle  son  grain  s'écoule.  La  place  de  Marseille  la 
recherche  en  effet  activement.  Au  printemps,  époque  à  laquelle 
il  lui  faut  renouveler  ses  stocks,  elle  est  obligée  de  s'adresser 
en  Afrique,  où  l'avoine  se  moissonne  deux  et  trois  mois  plus  tùt 
qu'en  France;  elle  paye  alors  le  quintal  de  15  à  18  francs. 

Uès  mars ,  on  passe  des  marchés  à  livrer.  Aussi  cette  culture  se 
developpe-t-elle  de  plus  en  plus  dans  notre  grande  colonie.  Les 
chiffres  suivants  montrent  la  progression  constante  : 

Nombre  d'hectares  ensemencés  en  1880    28.515  hectares. 

—  —  1881  30.715  — 

—  —  1882  31.743  — 

—  —  1883  33.018  — 

—  —  1881  33.227  — 

—  —  1885  35.455  — 

—  —  1886  45.303  — 

—  —  1887  50.526  — 

—  —  1888  51.248  — 

—  —  1889  53.C94  — 

—  —  1890  54.767  — 

Est-ce  par  ignorance  du  profit  qu'ils  pourraient  tirer  de  cette 
céréale  que  les  colons  tunisiens  ne  la  cultivent  pas?  Je  ne  vois 
pas  d'autre  raison.  Car  les  terres  s'y  prêtent  admirablement. 


AGRICULTUIE    ET  FOKÉTS  15 

L'avoine,  du  resle,  pousse  dans  tous  les  lerrains;  eltc  ne  craiut 
pas  les  sols  arides,  elle  résiste  longtemps  à  la  sécheresse;  elle 
n'exige  pas  d'ameublissement  soigné;  elle  se  contente  d'un 
seul  labour  et,  ce  qui  est  pour  plaire  aus  indigènes,  elle  se 
développe  malgré  les  mauvaises  herbes,  A  tant  de  qualités,  elle 
joint  celle  de  donner  une  paille  de  bonne  qualité,  qui 
double  la  valeur  de  la  récolte  en  grain. 

J'ajoute  que,  dans  plusieurs  régions  de  la  Tunisie,  il  serait 
possible  de  moissonner  plus  t6t  que  partout  ailleurs,  et  d'ar- 
river de  ta  sorte  bon  premier  sur  le  marcbé  de  Marseille. 
»11  y  a  là  une  source  de  revenus  que  j'invite  les  colons  tunisiens 
ne  pas  négliger. 
C'est  l'avoine  blanche  d'hiver  qui  est  cultivée  en  Algérie; 
les  autres  variétés  s'ab<\tardissent  très  promplement. 

En  1891 ,  102  hectares  ont  été  ensemencés  en  avoiue  dans  la 
banlieue  de  Tunis  et  710  dans  le  contrôle  de  Souk-el-Arba,  soit 
pour  tonte  la  Tunisie,  822  hectares  qui  ont  produil  1^8,003 
quintaux  métriques  d'une  valeur  (franco  bord)  de  788,173 
francs. 


Skigle.  —  La  plupart  des  terres  de  Tunisie  étant  propres 
à  la  production  du  froment,  le  seigle  n'y  saurait  être  qu'une 
culture  très  secondaire,  motivée  par  des  convenances  excep- 
(ionnelles  de  localité  ou  par  des  besoins  spéciaux.  Aussi  n'en 
rencontre-t-ou  que  quelques  emblavures  par  ci  par  là.  J'en  ai 
remarqué  un  hectare  cet  été  dans  la  propriété  de  M,  Géry  à 
l'oued  Zergua  ;  la  paille  en  était  dure,  cassante,  et  l'on  m'assure 
qu'il  en  est  toujours  ainsi.  Le  diss  et  le  palmier-nfiin  sont 
donc  préférés  pour  les  liens  de  gerbe  auxquels,  en  France ,  on 
emploie  principalement  la  paille  de  seigle. 

J'ai  vu,  en  Normandie,  mêler  de  la  farine  de  seigle  à  celle 
du  blé  pour  maintenir  le  pain  frais.  En  Tunisie,  pendant  l'été. 


16  LA   TUNISIE   DEPUIS  L*0CCrPATI03l  FBAXÇAISE 

il  pourrait  y  avoir  là  uae  utilisation  très  appréciable  de  cette 
farine. 

Maïs  (en  arabe  ierki).  —  Le  mais  jouit  d'une  grande  iaveor 
]mrticulièi*en)ent  auprès  des  indigènes;  ceux-ci  le  cultivent 
dans  les  oasis  du  Sahara  non  moins  que  dans  le  Tell.  Cette 
céréale  produit  très  abondamment;  on  a  pu  compter  jusqu'à 
700  grains  sur  un  épi  de  mais.  Dans  de  bonnes  conditions,  en 
tern*  irriguée  par  exemple ,  elle  rend  70  à  80  hectolitres  à 
l'Iieclare.  Mais  elle  réclame  une  terre  forte,  riche  en  azote  et 
Vil  potasse. 

Dans  les  secanos  ou  terrains  irrigables,  on  sème  les  espèces 
|)etii(*s  et  précoces,  le  mais  quarantain ,  le  mais  à  poulet,  sur  le 
pied  (le  50  litres  à  Thectarc.  Dans  les  terrains  non  irrigables 
on  préfère  le  grand  jaune  ordinaire,  le  blanc  dit  des  Landes, 
le  grand  d'Amérique  à  grains  aplatis  dont  la  farine  est  plus 
blanche  et  plus  abondante. 

On  sème  seulement  30  litres  à  Thectare.  Son  principal  emploi 
est  comme  fourrage  vert  ou  paille  sèche.  Les  indigènes  pilent 
le  grain,  le  délayent  dans  Teau  avec  du  beurre  et  le  mangent 
n  bouillie.  Les  pauvres  le  font  tout  simplement  griller  sur  la 
rendre  v.\  le  mangent  en  grains  ^  Les  Européens  s*en  servent 
|»our  rengraissein(înt  des  porcs. 

Kn  1891,  il  a  été  cultivé  en  maïs  3,706  hectares  qui  ont  pro- 
duit 00,7 V'i^  quintaux  métriques  d'une  valeur  (franco  bord)  de 
1.032,0V8  francs. 

Sonr.iio  (en  arabe  hrchna).  —  Le  sorgho  demande  une 
terre  forte,  comme  le  maïs;  mais  il  réclame  moins  de  fumure 
que  celui-ci. 

1.  Parrois  tiiAtm*  il»  avalent  les  grains  tout  crus.  J'assistais  dernièrement  à  une 
aiito|>Hi(!  pratiquer  par  un  habile  médecin  de  Tunis,  le  D**  Deloulme;  la  cavité  stoma- 
cale (lu  ca<lavre  —  relui  d'un  Arabe  d'une  quarantaine  d  années  —  était  remplie  de 
grains  de  maïs  crus,  pour  la  plupart  non  mastiqués. 


( 


AGRicLiLTtrni':  f.t  kohkts  17 

Oa  ne  cultive  guère  en  Tunisie  que  V/inlcus  spîcatus,  vulgaire- 
ment connu  sous  le  nom  de  millet  à  chandelle  et  que  les  Arabes 
appellent  benitche.  Il  en  a  été  ensemencé  en  1891  :  640  hectares 
dans  le  conlrAle  de  Béjà,  1,500  dans  le  cercle  de  Mondenine, 
5,000  dans  celui  de  Zarzis,  en  tout  7,20!)  hectares  dont 
j'ignore  le  rendement.  Dans  le  conlrûle  de  Bizerte  108  hectares 
ont  été  cultivés  en  beclma,  sorgho  hlanc,  et  2  hectares  et  demi 
en  dra,  sorgho  noir. 

En  Algérie,  aux  environs  de  Philippeville,  on  cultive  le 
grand  sorgho  {/lolcus  sorghum),  dont  le  grain  est  rouge  et  dont 
les  panicules  forment  d'excellents  balais. 

Les  petites  graines  du  sorgho  donnent  une  farine  avec  la- 
quelle les  indigènes  confectionnent  du  pain  sous  forme  de  ga- 
lettes; ils  en  tirent  également  du  couscouss  et  de  la  semoule. 

«  Pour  l'engraîssemenl  des  animaux  de  basse-cour,  le  becluui 
cuit  ou  cru,  a  des  qualités  qui  ne  le  cèdent  en  rien  à  celles  du 
mais,  et  le  dra  a  une  vertu  astringente  qui  préserve  les  volail- 
les de  la  diarrhée  '.  - 

Les  tiges  de  cette  graminéc  sont  consommées  comme  fourrage 
vert  en  juillet  et  août. 

Millet  (en  arabe  kaoh).  —  Le  millet  commun,  ou  millet 
A  panicule,  n'est  cultivé  que  par  les  indigènes,  et  exclusivement 
dans  le  Sud.  Le  millet  A  grappe  ou  millet  des  oiseaux,  appelé 
aussi  aipisle,  est  seul  récolté  dans  le  Nord,  et  en  faible 
quantité. 

Dans  les  contrôles  de  Sfax  et  de  Djerba  on  obtient  de  3,000  à 
3,â00  kilogrammes  de  graines  à  l'hectare. 

En  18«1 ,  il  a  été  cultivé  en  millet  2,782  hectares  qui  ont 
uit  près  de  100,000  quiutaux  métriques. 


^Mdi 


18  LA   TUNISIE  DEPUIS   l'oCCUPATION   FRANÇAISE 


II 


LA    VIGNE 


I^  Tunisie  n'est  pas  seulement  la  terre  à  céréales  par  excel- 
lence ;  son  climat  convient  encore  admirablement  à  la  culture 
de  la  vigne ,  car  cet  arbuste  des  Dieux  aime  la  chaleur.  Viiis 
iepore  lœtaturj  nous  dit  Pline.  Pour  prospérer,  il  demande  un 
sol  très  approvisionné  en  potasse,  et  le  sol  tunisien  est  très 
riche  en  potasse,  on  peut  dire  d'une  richesse  excessive.  C'est  ce 
qui  résulte  des  analyses  effectuées  par  le  directeur  du  labora- 
toire de  chimie  agricole  et  industrielle  de  la  Régence.  Voici 
une  note  qui  accompagne  les  premières  feuilles  agronomiques 
qu'il  vient  de  publier  : 

«  Les  terres  du  bassin  de  l'oued  Miliane  sont  d'une  richesse 
excessive  en  potasse;  certains  endroits  en  contiennent  jusqu'à 
8  grammes  pour  100,  c'est  une  quantité  énorme,  et  l'on  peut 
assurer  que  de  semblables  terres  pourront,  pendant  longtemps, 
se  passer  d'engrais  potassiques. 

«  Je  crois  qu'il  est  assez  rare  dans  les  annales  agronomiques 
de  trouver  des  résultats  semblables.  Nous  nous  trouvons  de  ce 
chef  sur  un  sol  extrêmement  favorable  à  la  culture  de  la  vigne, 
et  les  résultats  obtenus  jusqu'à  ce  jour  viennent  confirmer  ce 
que  nous  avançons.  *  » 

Cette  note  répond  péremptoirement  aux  ignorants  —  il  n'y  a 
pas  d'autre  nom  à  leur  donner  —  qui  ont  prétendu  que  la  cul- 
ture de  la  vigne  était  quasiment  impossible  en  Tunisie,  autant  en 
raison  de  la  nature  de  ses  terres  que  de  ses  conditions  climato- 
logiques. 

1.  Élude  du  sol  lunisien,  p.  40. 


AORirctTURE   KT  FORÊTS  IB 

i  reste,   l'esemplc   des  résultats  obtenus  tlaos  l'anliquit*'! 

-il  pas  lA  pour  guider  noire  condiiîte?  L'Afrique  ne  Fut  pas 

nlement  le  grenier  de  l'Italie,  elle  en  fut  aussi  le  cellier.  La 

gne  y  était  cultivée  depuis  des  sif^cles  lorsque  les  Romains  s'en 

mparèrent.  Diodore  nous  apprend  que  les  pampres  formaient 

Ta  moitié   de   la  richesse  des  vergers  de  Carthage  '.  Et  non 

seulement  ils  festonnaient  de  pourpre  la  banlieue  de  la  capitale  ; 

mais  ils  s'étendaient  de  proche  en  proche  jusque  dans  le  Sud , 

dans  les  golfes  Syrtiqucs,  àTacape  {aujourd'hui  Gab(''s)  où  ils 

donnaient   une   double    récolte  -   et   à  Tripoli    dont    les    crus 

étaient  fort  estimés^. 

Brunes  et  blondes,  les  lourdes  grappes  savoureuses  s'en  al- 
laient A  pleins  vaisseaux  en  Italie,  ainsi  que  iepassmii,  via  li- 
quoreux que  l'on  fabriquait  "  en  battant  vigoureusement  les 
raisins  avec  des  baguettes  après  les  avoir  séchés  au  soleil  dans 
une  corheille  de  jonc  tressée  lâche;  lorsque  les  grains  étaient 
rompus  on  soumettait  la  corbeille  à  l'action  du  pressoir  et  In 
liqueur  recueillie  était  conservée  dans  un  vase,  comme  du 
miel*.  "  On  s'en  délectait  à  Rome. 

Le  Koran  interdisant  ans  fidèles  Tusagc  des  boissons  fcr- 
mentées,  la  vigne  disparut  du  Nord  de  l'Afrique  avec  les  conqué- 
rants arabes.  Cependant,  au  dîx-septii^me  siècle,  les  Maures  la 
rapportèrent  d'Espagne,  et  la  replantèrent,  A  partir  de  ce  mo- 

I,  'Il  îi  XÛpa  il  |iÊv  r,v  àitREÏÔf uio; ,  -f,  'A  iintfi;ai, 

3.  Svpet  omnia  eit,  biferam  titein  bU  aano  vindeiitiare.  Pline,  XVIti,  il. 

3.  Ch.  Tiisot,  op.  ri/.,  p,  303.  On  lira  arec  inlérei  cette  page  cl  la  sai«inle  iliins 
tr«iuell«s  le  tarant  auteur  noas  Tait  connaître  coinmcnt  les  anciens  rullivaient  l.i 
*ïgoe.  lia  ^tilaiunt,  aranl  tout,  d'exposer  les  ceps  au  midi.  Uagun  recnmmanJail 
lie  Im  planter  du  eW  du  nord.  Les  vignes,  en  général,  n'ëlaii-nl  |ias  maintenues 
debout  comme  dans  certaines  contrées:  la  violi-nce  du  lenl  aTïit  dit  adopter  la 
IMlbode  encore  ciiiplojiée  aujnard'hui  au  Maroc  :  la  vigne  rampait  A  terre  ;  on  l'ap- 
pelait pour  cela  linea  humi  projecla.  (PI.)  C'est  i  ce  procédé  ijn'on  allrîbuail  U 
déreloppement  extraordinaire  que  prenaient  les  grappes.  On  admieinsaîl  l'aprelé 
ilei  tins  iftf  du  plltre  et  dans  certaines  régions,  avec  de  la  rliaui  ;  A  frira  Qijpm 
mitigat  aiperilatem,  ner  non  aliquibus  mi  parlibus  caler.  PL  XIV,  24. 

4.  Cfc.  Tiuei^oe.  cit.  traduct.  de  Ptlladiu»  XI.  19. 


âO  LA   TCMSIE   DEPriS   L  OCCCPATIOX   FftASrÇAISB 

ment  elle  a  été  de  nouveau  cultivée  en  Tunisie,  soit  en  treille, 
soit  en  plein  champ.  p>ur  la  production  des  raisins  de  table. 
En  1881  nous  avons  donc  trouvé,  non  pas  des  vignobles  pro- 
prement dits,  mais  des  vismes  indigènes  et  des  lambruches  ré- 
pandues à  travers  tout  le  pays,  dans  les  environs  de  Tunis,  à 
Khad^s ,  à  la  Marsa.  au  cap  Kamart.  à  la  Sokra,  dans  la  pres- 
(]u*Ue  du  cap  Bon,  et  sur  tout  le  littoral  depuis  Hammamet 
jusqu*2\  Sfax.  Au  nord  et  au  nord-est  de  Tunis,  la  région  de 
Bizertc,  de  Porto-Farina ,  Rafraf.  Ras-el- Djebel  produisait 
déjA  de  grandes  quantités  de  raisins  de  table  cultivés  par  les 
indigènes. 

1^  végétation  florissante  de  l'arbuste ,  malgré  le  peu  de  soins 
dont  il  était  lobjet.  réfutait  par  avance  les  prédictions  des 
pessimistes.  Aussi  des  capitalistes  avisés,  intelligents,  ont-ils 
planté  avec  une  entière  confiance ,  avec  une  certitude  de  réus- 
site que  Texpérience  a  vérifiée. 

Dès  1881,  la  compagnie  Bùnc-Guelma  prêcha  d'exemple  en 
plantant  quelques  hectares  à  Toued  Zergua.  le  long  de  la  ligne 
du  chemin  de  fer.  A  la  même  époque,  M.  Géry,  président  du 
conseil  d'administration  de  la  com^Kignie  Bône-Guelma,  et 
M.  lA»maire,  son  associé,  constituèrent  dans  leur  domaine  de 
Toued  Zergua,  un  magnifique  vignoble  qui  atteignit  bientôt 
119  hectares  *.  L'élan  était  donné.  Ou  sait  avec  quel  entrain  ad- 
mirable il  a  été  suivi  :  n'était  le  découragement  qu'ont  fait  naître 
les  barrières  douanières,  si  longtemps  insurmontables,  le  vi- 

1.  Dans  son  Rapport  sur  la  Viticulture  en  Tunisie,  |»réM?nlé  ao  jury  de  la  classa 
73  E\|H)$itioa  univorM'Ue  de  1881>  M.  H.  Sa\i^non  rend  hommage  à  l'iniUalive 
de  la  Compagnie  Rùne-Ciuoliiia  el  de  MM.  Géry  et  Lemaire  qui  <v  doivent  être  con- 
sidérés, dit-il,  comme  les  fondateurs  de  la  colonisation  française  dans  la  Régence  : 
L'exemple  qu'ils  ont  donné  témoigne  de  leur  courageuse  initiatiTe  et  a  d'ailleurs 
eu  les  plus  heureuses  consé(|ucnces,  car  il  a  été  sui%i  depuis  |Kir  beaucoup  de  nos 
com|>atriotes.  Si  ces  derniers  ont  rencontré,  comme  eux.  les  difficultés  et  le«  mé- 
comptes inséfïarables  des  débuts  de  toute  grande  usine  agricole,  ils  n'ont  certes  pas 
eu,  comme  c^s  pionniers,  à  luller  contre  l'inst'curité  des  premiers  temps,  à  laquelle 
a  succédé  la  S4'»curité  parfaite  du  temps  présent  ». 


AGRIOCLTURK   ET   FOHÉTS 


21 


gnoblc  tunisien  aurait  le  double  de  superficie  et  il  est  déjà  de 
7000  hectares! 

11  faut  citer  les  propriétaires  suivants  qui  ont  planté  presfjue 
tout  d'un  coup  : 

Ij  société  fniiico-ari'icaiuc,  à  l'Enfidij  ....  300  hectares. 

—  —  à  Sidi  Taiiel  ...  180  — 

M.  Polin,  il  Bordj-Cedria 443  — 

MM.  Picot,  Lcray-lleaulieii  elC',  ù  Setiuiggiii.  313  — 

M.  Crcté  el  0*.  i  Créléïille T2i  — 

GéryelC'à  l'oiied  Zergua 1.^3  ^ 

—  à  Bordj  Touni 20  S  '^^  ~^ 

SiivigiiDD,  à  Bir  KassaA 171  — 

ttunibert,  à  Bir  Cliana .  l(il  — 

Terras,  plaine  du  Mornak .140  — 

t'aère,  à  Soiik-el'Klicmis  .  UO  — 

Giiesnon,  an  Kliangat-Hudjaj 131  — 

D'Espaigne,  h  Hassen-Bey.  .......  MO  — 

De  Lagrenée,  à  CliSouat 100  — 

Piiter,  â  Ksar-Tyr lOO  — 


[Mettant  à  profit  l'expérience  aciiuisc  par  leurs  voisins,  les 
Dtlons  de  la  Kégcnce  ont  propagé  les  cépages  qui  avaient  fourni 
les  meillcui's  résultats  en  Algérie.  La,  Carignane,  le  Moras- 
tel,  leMourvèdre,  le  Grenechc,  le  Petit-Bouc  lie  t  sont  les  varié- 
tés qui  forment  la  base  du  vignoble,  La  Clairette,  l'Aramon, 
le  Picpoul,  le  Cinsaut,  l'Aspiran  se  rencontrent  moins  abon- 
damment, l^nfin  dans  certaines  exploitations  on  trouve  une  col- 
lection de  cépages  fins  tels  que  le  Cabernet,  le  Cot  ou  Malbec, 
la  petite  Syrrbii,  le  Hnot  et  le  Pédro-Xi menés. 

Dans  un  rapport  au  Késident  général  (aoi\t  1886),  M.  Gastine, 
délégué  du  Uinislèro  de  l'Agriculture,  donne  les  avis  suivants  : 

«  Il  n'est  pas  douteux  que  les  vins  i\a\  pourront  être  obtenus 
de  ces  dilTércnts  cépages,  convenablement  associés,  ne  suffisent 
à  asseoir  la  réputation  viticule  du  pays.  Tous  peuvent  réussir,  à 


22    .  LA    TUMSIK   BEPriS    l'OCCDPATION   FBAXÇAISK 

l'exccptiou  peut-être  du  Piuot,  dont  les  qualités  sont  facilement 
altérées  dans  les  climats  méridionaux. 

((  Les  cépages  qui  forment  le  groupe  le  plus  important, 
Carignane,  Mourvèdre  et  Morastel,  associés  à  TAramon  plutôt 
qu*au  Grenache,  pourront,  dans  les  plaines  à  sol  profond  et 
relativement  frais,  fournir  un  vin  abondant,  coloré  et  franc, 
tel  que  le  réclame  le  commerce  pour  la  grande  consommation. 
Le  Cot,  le  Cahernet,  la  petite  Syrrha,  soumis  à  une  taille  lon- 
gue, sans  laquelle  leur  récolte  serait  insuffisante,  ajouteraient, 
en  les  associant  au  Mourvèdre  et  à  la  Carignane,  beaucoup  de 
finesse  au  produit;  TÂspiran,  le  Cinsaut,  la  Clairette  peuvent 
aussi  se  marier  avantageusement  avec  les  précédents.  Le  Grena- 
che, plant  fertile  et  précoce,  fournit,  associé  au  Mourvèdre  et 
au  Morastcl,  des  vins  de  valeur.  Mais  il  semble  plus  avanta- 
geux de  le  traiter  à  part  pour  éviter  des  fermentations  prolon- 
gées et  racescence  qui  peut  en  résulter.  Ce  cépage  donne  un  vin 
qui  jaunit  et  le  mieux  sera  sans  doute  de  le  réserver  à  la  pro- 
duction des  vins  blancs  liquoreux  dont  la  réussite  est  facile  en 
Tunisie  et  dont  les  indigènes  seront  assurément  consomma- 
teurs. Le  goût  particulier  du  Grenache  ressort  d'ailleurs  avec 
mérite  dans  les  vins  liquoreux,  tandis  que  dans  les  vins  rouges, 
la  qualité  principale  doit  être  avant  tout  la  franchise  et  la  fraî- 
cheur plutùt  que  la  vinosité. 

«  Le  Pédro-Xiniénès,  associé  peut-être  à  la  Clairette  et  au 
Picpoul,  pourrait  fournir  des  vins  blancs  secs  ou  doux  de 
précieuse  qualité. 

«  Mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  l'association  de  trop 
nombreux  cépages  à  la  cuve  n*a  jamais  conduit  î\  des  résultats 
heureux.  Deux  ou  trois  variétés  peuvent  se  compléter  et  se  cor- 
riger mutuellement  par  leurs  qualités  propres,  un  plus  grand 
nombre  donne  trop  souvent  des  vins  sans  franchise  de  goût  ou 
d'arôme. 


i.GRICtTLTtIBB   KT   FORÊTS 


23 


"  D'ailleurs  ea  pareille  matière,  les  expériences  sont  néces- 
saires et  l'essentiel  ponr  pouvoir  les  réaliser  est  de  s'attacher 
dans  les  plantations  à  réparer  aussi  complètement  que  possible 
les  divei-ses  qualités  de  cépages.  C'est  là  une  condition  primor- 
diale pour  la  bonne  vinification,  mais  aussi  pour  lu  bonne  cul- 
ture; car  chaque  cépage  réclame  des  soins  spéciaux  de  taille, 
d'entretien ,  de  défense  même  contre  les  maladies  parasitaires.  •> 

[>e  son  côté,  l'inspecteur  de  l'agiicullure  de  la  Tunisie  ap- 
précie ainsi  la  situation  : 

<■  Ciel  pur,  toujours  attiédi  dans  ses  ardeurs  par  des  brises 
marines  constantes,  sans  brusques  variations  durant  toute 
l'année  viticole,  torride  seulement  aux  approches  de  la  ma- 
turité qu'il  précipite;  sans  gelées  tardives  amenant  la  cou- 
lure, sans  pluies  excessives  affadissant  Tarome  et  salissant  les 
grains  d'éclaboussures  du  terre...  telles  sont  les  conditions 
générales  ambiantes  dans  lesquelles  la  vigne  repose  et  vit  en 
Tunisie. 

"  Si  le  grain  n'est  pas  volumineux  comme  sous  d'autres  at- 
mosphères pluvieuses  ou  humides,  du  moins  concentrc-t-il  ses 
principes  dans  leur  pure  essence,  et  est-il  amené  sans  souillure 
et  plein  de  soleil  dans  la  cuve  <  ». 

[^fortune,  comme  on  voit,  est  entre  les  mains  des  viticul- 
teurs tunisiens;  il  ne  leur  reste  plus  qu'à  la  faire  valoir  par 
une  bonne  vinification ,  par  une  œnologie  bien  entendue. 

C'est  là  le  difficile,  et  ce  dont,  en  général,  les  propriétaires, 
ne  sont  pas  assez  pénétrés.  Ils  donnent  les  plus  grands  soins  à 
l'ameubtissemeut  du  sol,  à  la  plantation,  '  à  la  taille,  aux  la- 
bours, en  un  mot  à  ce  qui  constitue  la  culture  proprement 
dite  de  la  vigne;  ils  s'etl'orcent  d'obtenir  une  bonne  vendange 

I.  Voir  Jouranl  offieUl  (uiiiitrn,  n«  15  du  nn^ctniirc  I8BB. 

3.  Ir  cnnwilleaux  futurs  villcullpuri  d'éviter  àc  (ilanler  sjr  les  anciens  empla- 
rr-iiicnls  de  sebkhi  ;  plusieurs  l'ont  tail  et  ont  lieu  de  le  rt^rettcr  :  le  chlorure  de 
sodium  use  la  Tigne.  11  j  a  lieu  défiler  aussi  tes  lerreia«  magnêaiens.  N.  F. 


±i  LX  TTXISIE  DCFCIS   l'oCCCTATIOX   FmA3IÇAlSE 

et  la  plus  abondante  possible  ;  mais  après  je  ne  sais  pas  éloigné 
de  croire  qo*ils  considèrent  leor  besogne  terminée  et  qne  c'est 
à  la  Natare  seole  à  achever  rœnvre  de  la  fabrication.  L'ins- 
tallation de  la  râierie.  Tacquisition  et  lentretien  de  la  vaisselle 
vinaire  indispensable,  l'observation  des  phases  de  la  maturation 
da  raisin,  le  cuvage  et  le  décavage,  etc.  sont  trop  sou- 
vent mis  au  second  plan. 

J'ai  visité  de  nombreuses  caves  :  bien  peu  de  propriétaires 
ont  les  connaissances  œnologiques  nécessaires  à  une  bonne  vini- 
fication. Us  procèdent  le  plus  souvent  à  la  bonne  franquette. 
Ils  faisaient  de  telle  façon  dans  l'Hérault,  en  Bourgogne,  je 
suppose  ;  ik  font  de  même  en  Tunisie. 

Mais  les  conditions  thermométriques  ne  sont  plus  les  mêmes 
de  ce  côté  de  la  Méditerranée;  la  fermentation  y  est  plus  tu- 
multueuse et  exige  conséquemment  des  soins  tout  spéciaux, 
de  même  que  la  nature  du  sol  impose  des  procédés  parti- 
culiers de  culture,  des  principes  de  préparation  qui  diffèrent 
de  ceux  en  usage  dans  la  métropole. 

Pour  les  viticulteurs  qui  arrivent  de  la  mère-patrie,  il  y  a 

à,  dans  ces  divers  éléments,  un  écueil  difficile  à  éviter,  si 

la  théorie  et  Texpérience  ne  viennent  modifier  des  habitudes 

qu*une  longue  pratique  dans  d'autres  conditions  de  lieux  et 

de  milieux  leur  a  suggérées. 

Eq  thèse  générale,  on  peut  dire  que  le  soleil  et  le  climat 
donnent  aux  raisins  de  la  Tunisie  une  richesse  saccharine 
énorme.  Il  en  résulte  que  la  fermentation  de  la  cuve  ne  peut 
arriver,  quelle  qu'en  soit  l'activité,  à  convertir  tout  le  sucre 
contenu  dans  les  raisins;  qu'alors  il  se  produit  dans  le  chai 
plusieurs  fermentations  successives  qui  ont  pour  effet  d'aug- 
menter, chaque  fois  qu'elles  se  produisent,  la  richesse  alcooli- 
que, si  elles  se  passent  bien,  ou  la  dégénérescence  du  vin, 
si  elles  se  passent  mal. 


AGRICOLTDBE   ET    FORÉ1 


11  arrive  an^i  que  la  vendange  se  faisant  à  une  époque  où, 
dans  le  milieu  du  jour,  le  thermomètre  marque  souvent  40° 
centigrades  à  l'ombre,  les  grappes  entrent  en  fermentalion 
aussîtJ^t  qu'elles  ont  élé  cueillies,  et  avant  même  de  passer  au 
moulin  qui  les  broie  pour  leur  entrée  en  cuve.  Cette  disposi- 
tion naturelle,  produite  par  la  chaleur  sur  le  fruit  de  la  vigne, 
doit  être  combattue  pour  éviter  des  fermentations  heurtées. 

Il  y  a  donc  toute  une  étude  à  faire  sur  les  diverses  phases  par 
lesquelles  passe  le  fruit  avant  de  produire  le  vin.  Il  y  en  a 
encore  une  autre  sur  la  manière  dont  le  vin  doit  être  traité 
au  chai,  jusqu'à  la  transformation  complète  du  sucre  en  al- 
cool. 

Ma  conclusion  est  donc  celle-ci.  Les  vins  tunisiens  ont  été 
accueillis  avec  faveur  sur  les  marchés  français  (V.  1. 1'',  p.  4i8), 
ils  ont  été  diplômés  à  diverses  expositions,  la  Régence  est  «u- 
jourd"hui  un  pays  vinicole  sérieux.  La  vigne  y  vient  comme 
au  pays  de  Chanaan  et  certains  vins  y  sont  déjà  à  prime,  en- 
core qu'ils  soient  à  la  période  embryonnaire.  La  fortune  de 
lu  Tunisie  est  là.  Qu'on  ne  la  cherche  pas  ailleurs.  L'olivier,  cer- 
taines cultures  intensives  peuvent  donner  de  fort  beaux  béné- 
tices  :  le  produit  par  excellence  sera  toujours  le  vin;  car  les 
résultats  de  l'heure  présente  permettent  d'apprécier  ceux,  bien 
autrement  brillants,  sur  lesquels  on  est  en  droit  de  compter, 
quand  les  tâtonnements,  les  erreurs  et  les  fautes  inhérentes 
à  tout  début  auront  fait  place  à  une  culture  rationnelle  de  la 
plante  précieuse,  ainsi  qu'il  une  œnologie  méthodique  et  pré- 
cise en  ses  données. 

Sans  aucun  doute,  nos  viticulteurs  retrouveront  alors  en 
Tunisie  les  millions  que  le  phyllo-vera  leur  a  fait  perdre  dans 
la  mère-patrie. 

Je  voudrais  le  démontrer  mathématiquement  en  établissant 
ce  <jue  colite  la  création  d'un  vignoble  en  Tunisie  et  ce  qu'il 


26  LA    TUNISIE  DEPriS  L*0CCCPATI05  FRANÇAISE 

rapporte  dans  la  plus  grande  majorité  des  cas.  Je  me  sers ,  en 
les  rectifiant ,  de  chiffres  fournis  dans  une  brochure  officielle 
sur  la  viticulture  algérienne. 
Je  suppose  la  terre  en  friche  : 

Le  défrichement  peut  aller  jusqu*à 100  fr. 

Le  défoncement  à  la  vapeur  avec  hersage 310 

La  plantation  :  achat  de  plants 50 

La  mise  en  terre 50 

Ce  qui  conduit  pour  la  dépense  totale  nécessitée  poui 

la  création  d'un  hectare  de  vigne  à 510  fr. 

En  admettant  qu'il  y  ait  lieu  de  défricher;  mais  non 
compris  l'achat  du  sol. 

La  culture  pendant  la  première  année  comporte  les  trois 
façons  réglementaires  s'élevant  à  95  francs,  ce  qui,  pour  les 
trois  premières  années,  constitue  une  dépense  de  285  francs. 

La  taille  pour  les  trois  premières  années,  occasionne  une 
dépense  de  8  -h  10  -h  12  fr. ,  soit  30  francs.  Mettons  encore 
25  francs  pour  les  soufrages  des  deuxième  et  troisième  années. 

Nous  avons  ainsi  le  prix  de  revient  d'un  hectare  de  vigne 
au  moment  oii  Ton  commence  à  récolter.  Il  est  de  850  francs 
non  compris  Tachât  du  terrain.  Si  Ton  a  payé  250  francs  Ta- 
chât du  sol,  le  prix  de  revient  d'un  hectare  de  vigne  à  la  troi- 
sième année  sera  donc  de  1,100  francs. 

Ajoutons  à  ces  chiffres  le  prix  du  matériel  viriaire  qui  est 
toujours  supérieur  à  1,000  fr. ,  et  Tinstallation  du  chai  qui 
peut  être  de  250  à  1 ,000  fr.  Puis  ajoutons  le  cheptel  mort  et 
vivant  dont  la  valeur  est  d'au  moins  200  fr.  et  nous  arrivons 
à  un  prix  de  revient  pouvant  aller  de  2,500  francs  à  3,600  francs. 

Sans  vouloir  nous  arrêter  aux  dépenses  de  culture  et  au 
revenu  d'une  vigne  de  3  ou  4  ans,  c'est-à-dire  qui  n'est  pas 
en  plein  rapport,  ce  qui  élargirait  trop  le  cadre  de  ce  devis, 
nous  allons  immédiatement  nous  occuper  de  ce  que  coûte  la 


AGRIClt,TCRE    HT    FORÊTS  27 

culture  d'un  hectare  de  vigne  en  plein  rapport  cl  comparer 
avec  ie  produit  annuel . 

Pour  Ift  dépense,  le  compte  sera  facilu  : 

1*  L'intérêt  h  6  0/0,  par  enemple,  du  |)riv  moyen  de  créiitiun  du  vigno- 
ble et  l'établissement  du  elixt,  évalué  à  3. DUO  Tr.   .    .    .  120  Tr. 
I  3°  t /amortissement  du  malériel  vioaire  k  TO  0/0  sur  1 .000,  suit  100 
3°  l.'araortissemeut  du  eheptel  mort  rt  vivant  à  20  0/0  pour 

200  fr.,  soit 40 

I  40  La  taille,  dont  on  peut  étiibltr  la  moyenne  à 30 

I  5"  Les  trois  faisons 05 

I  6"  Les  soufrages 24 

'  Les  Trais  de  vendange oo 

[  8"  Enfin  pour  loiiles  les  Taçons  accessoires  et  certains  Trais  gé- 
néraux   50 

Cela  donne  un  total  de 5i!>  fr. 

Pendant  les  huit  ou  dix  preinifrres  années  de  sa  création  un 
vignoble  en  Tunisie,  à  de  rares  exceptions,  peut  se  passer  de 
fumures;  mnis  plus  tard  il  convient,  si  l'on  veut  maintenir 
la  production,  d'ajouler  aux  dépenses  une  somme  d'au  moins 
100  francs  pour  une  fumure  trisannuelle  de  la  valeur  de  300. 

En   regard   de  la   dépense  étaiilissons  ce  que  peut  être  la 

^(>ductio^. 
Nous  distinguons  trois  catégories  de  vignes  :  celles  ipii  ne 
peuvent  produire  que  VO  hectolitres  à  l'hectare  et  dont  le  vin 
de  très  bonne  quiililc   peut  môme  en  ce  moment,  malgré  la 

»  baisse  de  ce  produit,  atteindre  et  souvent  dépasser  25  fr.  l'hec- 
lolitre.  Celles  dont  la  récolle  peut  arriver  à  80  heclolitres  et 
âont  le  produit  peut  i^tre  vendu  il  un  prix  moyen  de  IG  fr. 
Celles  enfin  qui,  plus  généreuses  encore  et  plantées  dans  des 
alluvtons  très' ricUes  peuvent  atteindre  et  dépasser  150  hecto- 
litres di-  vin  nistîment  vendu  12  fr. 

Dansées  trois  cas  nous  arrivons  atix  rendements  de  1.000, 
1.200  et  1.800  francs  l'hectare. 


Lu  cc*Dclu<â>zi  pATiâl  bk^  fîmpk  maiDlenant.  U^iin  dtié 
519  francs  dr  depen^ie».  dr  l'autir  1.000,  l.âOO  et  1.800  fr. 
do  rt^\enu.  i.>s1-iii-Jire  i*!  fr..  681  fr.  et  1.281  de  bénéfices 
dvMit  il  faut  dnlinrf  cepeniant  encore  U  raleor  da  temps  ou 
do  la  |H-ine  que  s  est  dc4inr  le  prctpriètaire  •  ou  les  appointe- 
monts  d'un  régisseur. 
Et  ivtto  conclusion  doit  se  r>ésumer  en  deux  mots  : 
Il  faut  planter  a\eo  d'autant  plus  de  courase  que  le  vignoble 
tuni>ion  o>t  indemne  du  phylloxéra  et  que.  d'une  part  sa  situa- 
tion toj>i^cra|iIni]ue.  de  l'autre  les  mesures  prises,  lui  garan- 
tissent une  immunité  quasi-complète. 


lit 


LOLIVIEK 

Apivs  la  viîrne,  roli\ierest  la  plus  riche  culture  A  entrepren- 
div  on  Tunisie,  où  il  on^lt  sjKMitanêment  et  acquiert  des  pro- 
portions ênormos.  Los  oliviei^s  de  la  Provence  semblent  des 
arhustos  nupi*ès  do  ceux  de  la  Récence.  -  ces  géants  aux  belles 
ol  roluistos  formes  »• ,  pour  mo  st*rvir  do  Texpression  de  M.  de 
Lanossan  K  Haiis  los  plaines  fertiles  et  sur  le  bord  des  cours 
d'oau  ils  atteignent  on  oHot  communément  de  3  à  ^  mètres  de 
cireonforonco  sur  10  A  \'l  motivs  de  hauteur. 

Ils  poupleat  la  plupart  des  régions  do  la  colonie,  soit  en 
épais  et  magnifiiiuos  massifs,  siàt  en  bouquets  isolés  d'une 
luxuriante  végétation,  soit  on  tiges  frutescentes  perdues  au 
milieu  des  myrtes  et  dos  lentisques.  Favorisés  par  un  climat 
où  los  gelées  ne  les  atteignent  jamais,  ils  n'ont  pu  être  détruits 
par  la  dent  des  bestiaux,  ni  par  Tincendio  périodique,  ni  par 
la  hache  des  Arabes. 

1.  La  Tunisie,  p.  21. 


AtiBICCLTlRE    ET    FOHKTS 


l'ourlant  ce  symijole  de  la  paix  a  souvent  éié  victime  des 
guerres  qui  ont  ensanglanté  l'Afrique  et  il  est  telle  contrée  ou, 
dans  l'antiquité,  son  essence  était  vingt  fois  plus  répandue. 
H  Une  des  plus  anciennes  colonies  phéniciennes  de  la  région 
syrtique,  Zùha  '  devait  ce  nom  A  ses  plantations  d'oliviers-,  et 
la  légende  locale  conserve,  sous  une  forme  un  peu  étrange,  le 
souvenir  de  cette  richesse  spéciale,  lorsqu'elle  affirme  qu'un 
acqucduc  portait  à  Zarzis,  port,  de  Zitha,  l'énorme  quantité 
d'huile  qu'elles  produisaient  ^.  » 

Mais  au  septième  siècle  la  Kaiiina  fit  couper  tous  les  arbres 
pour  arrêter  la  marche  de  Sluley-Hassen  et  il  a  fallu  que  l'olivier 
justiliAt  l'opinion  de  Cohmielle  :  prima  omnium  arùonn» , 
qu'il  occupflt  le  premier  rang  parmi  les  arbres  utiles  pour  que 
les  Arabes  se  décidassent  A  le  replanter;  car,  outre  les  soins  qu'il 
réclame  et  qui  conviennent  mal  à  leur  indolence,  il  a  le  grave 
défaut  de  ne  croître  que  lentement  et  de  ne  produire  de  récolle 
sérieuse  qu'au  bout  de  dix  années  do  plantation. 

Si  l'on  joint  A  cela  les  mille  cl  une  obligations  édictées  par 
llo  gouvernement  beyiîcal  relativement  A  la  culture,  A  la   ré- 
l'Colte,  A  la  vente  des  olives,  A  la  fabrication  de  l'huile,  au  trans- 
port des  grignons,  au  payement  de  l'achour  ou  de  la  dlme.  elc. , 
a  sera  surpris  que  la  Tunisie  puisse  encore  posséder  une  des 

s  d'oliviers  les  plus  considérables  du  monde. 
D'après  de  récentes  évaluations  ollicielles,  que  la  direction 
î  l'agriculture  A  Tunis  veut  bien  me  communiquer,  voici  la 
^partition  du  peuplrment  par  conlrAle  et  la  production  de 
huile  en  1891  : 


à27.i-24  oliviers 
2.59U.85I       — 


,700  litres  d'Iuiile. 


,  A  Dion  rd' Il  ni  Rns-erli-L'Lrriininhl: 
t'S.  Zilli*  ilérite  ilc  rhrbrpii  oléa. 
H«.  Cb.  Tiuol,  l.  I.  p.  385. 


30  LA   TUMSIB   DEPUIS   l'OCCDPATION  FRANÇAISE 

—  50.750 

—  • 

—  150.000 

—  21.751 


Béjà 

37 . 357 

Souk-el-Arba 

G. 000 

Le  Kef 

7G.093 

Maktar 

44.326 

Nebeul 

\ 

Soliman 
Nebenl 

1.700.000 
355.000 

sr.ix 

533.481 

Kairoiian 

80.000 

Soiisse 

4.000.000 

Djerba 

450.000 

Tozpiir 

101.770 

Gouv"»  de  l'Arad 

251.904 

--  \ 


1.000.000  — 

4.500.000  — 

41.000  — 

17.500.000  — 

1.600.000  — 

130.000  — 

310.000  — 

Soit  en  tout  10,755,906  oliviers  qui  ont  donné  27,228,913 
litres  d'huile. 

Il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  statistique  qui  précède 
pour  se  rendre  compte  des  différences  considérables  de  produc- 
tion d'une  région  à  Tautre;  mais  voici  des  chiffres  qui  accusent 
plus  nettement  ces  différences. 

Avec  4,533,  V81  oliviers,  les  contrôles  de  Sfax  et  de  Sousse  ont 
produit  dans  les  trois  années  1887,  1888  et  1889  un  total 
de  25,150,000  litres  d'huile. 

Avec  5,270,075  oliviers,  le  caïdat  de  Soliman  et  les  contrôles 
de  Tunis,  de  Bizerte  et  de  Djerba  en  ont  produit  12,159,910 
litres  seulement. 

A  en  croire  certaines  personnes,  le  sol  et  le  climat  de  la  région 
du  Sahel  seraient  plus  propices  à  Tolivierque  ceux  du  Nord  et  du 
Sud.  C'est  là  une  opinion  que  pour  mon  compte  je  ne  partage 
point.  Il  ne  faut  chercher  la  différence  de  production  que  dans 
la  différence  de  culture.  Dans  les  contrôles  de  Nebeul,  de  Tunis 
et  de  Bizerte,  les  arbres  ont  été  plantés  très  serrés.  11  y  en  a 
120  à  150  par  hectare.  Dans  le  contrôle  de  Sousse,  ils  ont  été 
plus  espacés,  il  n'y  en  a  plus  que  60  à  Thectare.  Dans  le  con- 
trôle de  Sfax,  ils  l'ont  été  plus  encore,  car  il  n'y  en  a  plus  que 
20  i\  25.  Or,  les  arbres  espacés,  on  le  conçoit  aisément,  donnent 


ACBICDLTCHE  ET    FORÊTS 


31 


un  rendement  plus  avantageux  que  ceux  qui  sont  tr(>s  rappro- 
chés. Un  olivier  planté  dans  de  bonnes  couditioos  et  bien  soigné 
doit  donner  de  15  à  20  litres  d'huile  ;  il  en  est  qui  produisent 
le  double  '. 

Bien  soigné,  ui-je  dit?  Voici  ù  ce  sujet  les  observations  du 
jury  de  l'oléiculture  au  concours  agricole  de  Tunis  en  1888  : 
"  A  Sfax,  la  taille  et  la  forme  données  à  l'arbre  sont  très  ra- 
tionnelles et  en  parfaite  concordance  avec  ce  qui  est  indiqué 
par  les  professeurs  d'arboriculture.  Dans  la  région  de  Sousse 
la  taille  est  déjA  moins  bonne,  et  dans  celle  de  Tunis,  les  arlires 
sont  hachés  sans  aucune  méthode  ni  aucune  précaution.  Aussi 
voit-on  les  troncs  se  creuser  et  se  pourrir  rapidement;  l'aibre 
n'est  alimenté  que  par  une  partie  de  son  aubier  ou  se  renou- 
tarelle  de  ses  rejetons  grâce  i\  une  énorme  vitalité.  i> 
P      Là  est  la  véritable  raison  de  la  décadence  de  l'olivier  aux  en- 
virons de  Tunis  et  de  Bizerle.  Tandis  que  les  uns  labourcut 
trois  ou  quatre  fois  par  an  le  pied  de  l'arbre,  qu'ils  l'émondent , 
greffent  les  sauvageons;  qu'avec  beaucoup  d'ingéniosité  et  do 
sens  pratique,  ils  utilisent  les  procédés  d'irrigation  que  les  Mau- 
res leur  ont  apporlés  d'Espagne,  et  en  traçant  des  rigoles  autour 
de  l'olivier  conduisent ,  retiennent  et  décuplent  les  bienfaits  de 
l'eau  des  pluies,  les  autres  aliandonnent  l'arbre  à  lui-môme, 
leurs  olivettes  sont  envahies  par  l'herbe  et  l'olivier  est  la  proie 
■de  ses  ennemis.  Le  sol  manquant  de  fraîcheur,  le  ver  spécial 
'à  ce  fruit  {Miisca  oleœ  seu  osctnis)  fait  de  grands  ravages.  Les 
autres  insectes  pourtaut,  si  l'on  excepte  la  psylle,  se  développent 
peu  eu  Tunisie;  du  moins,  j'en  ai  peu  remarqué  :  une  coclie- 

Rîlle  par-ci  par-là,  maïs  cela  ne  constitue  pas  une  maladie.  Il 
1.  tin  pitssa^e  ie  M.ijton,  cilé  par  Plinf.  constate  qu'il  piislail  ea  Arrii|ue  beau- 
coup  d'oliïk-r»  qui  rt'nJ»icnl  jiiBqj'â  milita  livres  d'Imile  par  an,  ri  qui  avaîeiil 
rrru  en  ronstijurnci'  le  nom  de  ■  milliaircs  »  :  In  Afiica  vero  milliariai  vocari 
muUa*  nurmnt  a  ponderf  alei  quod  feront  amiuo  provetiCa.  Pi.  XVUt,  m.  — 
Ch.  Ittiol,  l.  1,  p.  2fi&. 


k 


3â  LA   TCXISIE   DEPriS  L*OCCCPAT10X   FMAXÇAISE 

n'en  est  pas  de  même  des  champignons.  La  mouffle  est  com- 
mune et  encore  davantage  Taffection  connue  sous  le  nom  de  noir 
ou  de  morf^e.  Il  y  a  quelques  années,  la  morfée  fit  beaucoup 
de  mal  dans  les  jardins  de  Sfax  ;  mais  les  indigènes,  travailleurs 
courageux,  ont  suivi  les  recommandations  qui  leur  étaient  fai- 
tes. Us  ont  aspergé  les  oliviers  d'eau  de  chaux  ;  ils  les  ont  taillés 
énergiquement  et  se  sont  rendus  maîtres  de  la  maladie. 

Dans  le  Nord  si  les  oliviers  s'étiolent  et  périssent  sous  Taction 
altérante  du  cryptogame.  TArabe  ira  demander  une  amulette  à 
son  marabout  pour  conjui^erle  sort  ou  il  s'endormira  dans  une 
muette  résignation  en  disant  :  Mektoub!  C'était  écrit!  Quant  à 
chercher  un  remède  scientifique ,  jamais. 

Est-ce  donc  que  les  indigènes  de  la  banlieue  de  Tunis  sont 
moins  intelligents  que  ceux  du  Sahel?  Non  point.  Sont-ils  plus 
apathiciues?  Pas  davantage.  Leur  apparente  résignation  à  la 
volonté  divine  n*est  qu'une  manière  de  masquer  leur  découra- 
gement et  de  courber  le  front  sous  le  joug.  Si  les  revenus  que 
peut  procurer  Tolivier  les  incitaient  à  sa  culture,  ils  sauraient 
bien  lui  donner  les  soins  qu'il  réclame,  car  ib  sont  âpres  au 
gain;  mais  le  régime  fiscal  basé  sur  la  dlme  est  si  vexatoire  et 
les  règlements  beylicaux  qui  en  découlent  sont  une  telle  servi- 
tude cjue  les  indigènes  des  pa>'s  à  dîmes  abandonnent  Foli- 
vier. 

Dans  les  contrôles  de  Sousse  et  de  Sfax,  l'impôt  est  dû  en  es- 
pèces, suivant  une  taxe  fixe  pour  chaque  pied  d'olivier.  Cela 
se  nomme  le  kanoun  zittoun  ou  kanoun  sur  les  oliviers.  L'im- 
pôt acquitté,  le  propriétaire  dispose  librement  de  son  olivette, 
la  cultive  et  en  traite  ou  en  vend  les  produits  à  son  gré.  Ce 
système  d'impôt  le  pousse  à  augmenter  les  rendements  autant 
qu'il  peut,  car  plus  le  revenu  d'un  arbre  est  élevé,  moins  l'im- 
pôt qui  le  frappe  est  lourd. 

Dans  les  contrôles  de  Djerba,  de  Xebeul,  de  Tunis  et  de  Bî- 


AGRICrLTCBB   ET  FORETS 


33 


zerle,  les  oliviers  étant  très  vieux  il  a  paru  injuste  de  les  frapper 
(l'un  impôt  de  capitation ,  la  récolte  qa'ils  peuveut  donner  étant 
très  incertaine;  on  les  a  soumis  à  la  dlme  de  l'huile,  c'esl-à-diro 
que  sur  l'huile  tirée  des  olives  récoltées  l'blat  prélève  un  dixième. 
L'impôt  parait  plus  équitable  ;  mais  étant  ainsi  directement  in- 
téressé dans  les  résultats  de  la  récolte,  le  gouvernement  bcy- 
lical  a  été  entraîné  à  intervenir  dans  tous  les  détails  de  la 
culture  de  l'olivier  et  de  la  fabrication  de  l'huile,  afin  de  s'as- 
surer qu'on  ne  lui  porterait  pas  préjudice,  soit  par  négligence, 
soit  par  fraude.  Il  a  donc  fixé  un  minimum  de  labours  obliga- 
toires et,  en  cas  de  non  exécution,  il  sest  chargé  de  les  exécu- 
ter au  lieu  et  place  du  propriétaire,  il  a  fait  de  même  pour  la 
taille.  M  ne  laisse  ramasser  les  olives  qu'avec  son  autorisation.  11 
désigne  les  moulins  où  elles  doivent  être  pressées.  Il  règle 
l'ordre  dans  lequel  chaque  propriétaire  peut  faire  presser  et  le 
nombre  de  tours  de  presse  après  lequel  il  doit  interrompre  sa 
fabrication  pour  faire  place  au  suivant.  Il  ne  laisse  enlever 
l'hnile  fabriquée  qu'en  présence  des  notaires  chargés  de  vérifier 
le  prélèvement  de  la  dlme. 

Quelque  servile  qu'il  soit,  l'indigène  tunisien  s'assujettit 
mal  à  tant  de  règlements  et  de  contraintes;  et  puisque  le  bey- 
lick  acceptait  de  prendre  sa  place,  il  la  lui  a  abandonnée.  Si  bien 
que  ce  qui  devait  rester  l'exception  est  en  train  de  devenir  la 
règle.  Presfiue  partout  l'État  est  obligé  de  labourer  et  de  tail- 
ler les  arbres.  A  l'initiative  individuelle,  qui  a  porté  les  olivettes 
de  Sfax  à  un  si  haut  degré  de  perfection,  s'est  ainsi  trouvé 
substituée  l'administration  de  la  tjlitiha,  impuissante  à  gérer 
convenablement  une  forêt  de  plusieurs  millions  d'arbres. 

D'ailleurs,  l'État  ne  peut  pas  plus  être  arboriculteur  qu'il  n'est 
boulanger  ou  cordonnier,  et  alors  qu'un  olivier  dans  le  Sahcl 
rapporte  de  10  A  15  francs  et  plus,  le  revenu  moyen  d'un  arbre 
en  pays  de  dimc  est  évalué  à  0,G0. 


3V  LA   Tl'MSIE   DEPUIS   L0CCCPATI05   FftAXÇAlSB 

Il  eo  va  de  même  nécessairement  poar  les oliWen domaniaux, 
au  nombre  de  269.56»  : 


Contrôle  du  Kef 1 ,200 

—  de  Nebeul t4a,864 

—  de  Soussi- 39,^00 

—  de  SÊix 80,000 

et  la  situation  n*est  pas  meilleure  pour  les  oliviers  habbous  qui 
sélèvent  à  1 ,958,087  : 

Contrôle  de  Bizertf S3,224 

—  de  Tunis 1,413,864 

—  de  Sousse 337.701 

—  de  Sfax 99,910 

—  du  Kcf 5,979 

—  de  \cbcul 1 16,389 

—  de  Rairouan l,o55 

—  de  Tozeur 6,343 

—  de  Djerba    . 43,063 

[/administration  française  s*est  préoccupée  depuis  long- 
temps, comme  bien  on  pense,  d*un  état  de  choses  si  préju- 
diciable à  la  fortune  publique;  mais,  pour  divers  motifs,  il  a 
fallu  jusqu'ici  s*en  tenir  au  statu  qiw.  L'heure  semble  venue 
d'une  réforme  sérieuse  et,  par  arrêté  en  date  du  22  octobre 
1891,  M.  Massicault  à  institué  une  Commission  chargée  de  re- 
chercher les  modifications  qu*il  y  a  lieu  d'apporter  à  la  légis- 
lation fiscale  des  oliviers. 

Cette  Commission  est  présidée  par  M.  Bourde  qui  regarde, 
ajuste  titre,  l'olivier  comme  une  des  principales  richesses  de 
la  Régence  et  fera  tous  ses  efforts  pour  en  développer  la  culture. 
Je  n'ai  donc  pas  à  m'appesautir  sur  ce  sujet.  Dans  quelques 
semaines,  des  dispositions  seront  prises  qui,  certainement,  ne 
tarderont  pas  à  porter  leurs  fruits. 


AGRICCLTtTBE  ET  FORÊTS  3ô 

M.  Bourde  a  déjà  fait  adopter  les  mesures  suivanles,  qui  me 
paraissent  on  ne  peut  mieux  comprises  : 

r  Abolir  la  dlme  et  la  remplacer  par  un  régime  fiscal  qui 
tout  en  sauvegardant  les  întërôts  du  Trésor  assurera  à  l'indiis- 
trio  européenne  la  liberté  qui  lui  a  permis  de  se  développer 
si  rapidement  dans  le  Sahel,  et  stimulera  les  propriétaires  A 
bien  entretenir  leurs  oliviers; 

2"  Louera  long  terme  les  oliviers  de  l'État  groupés  en  quan- 
tité suffisante  pour  se  prêter  k  une  exploitation  rationnelle; 

3"  Vendre  les  oliviers  de  l'Ktat  qui  sont  trop  dispersés  pour 
être  l'objet  d'une  exploitation  semblable; 

'»'  Provoquer  la  location  également  à  long  terme  des  oliviers 
habbous. 

5"  Régulariser  la  situation  des  propriétaires  qui  ont  occupé 
des  terrains  sialins  '  dans  le  contrôle  de  Sfax  sans  acquitter  le 
prix  de  trois  piastres  un  quart  par  merdja.  Pour  cela  dresser 
des  titres  accompagnés  d'un  plan  et  les  délivrer  contre  paye- 
ment. Pour  donner  satisfaction  aux  réclamations  des  habitants 
de  Sfax,  le  prix  de  l'hectare  sera  ramené  de  2V,25  à  15  francs. 

6°  Remettre  en  vigneur  l'amra  du  1"  moharrem  1288.  Qui- 
conque voudra  planter  un  terrain  nu  dans  le  contrôle  de  Sfax 
en  fera  la  déclaration  au  caïd.  Tous  les  ans,  au  mois  de  se])- 
tembre,  une  commission  composée  d'un  représentant  du  eoii- 
trAle  civil,  d'un  représentant  du  caïd  et  d'un  géomètre  du 
service  topographique,  examinera  ces  demandes  et  délivrera 
les  litres  accompagnés  d'un  plan  contre  payement. 

Afin  d'encourager  les  ptautalioiis,  le  prix  de  l'hectare  de 
terre  nue  sera  réduit  à  10  francs. 

Pour  éviter  que  les  terres  nues  ne  soient  accaparées  par  la 
,,»pécutation,  un  article  résolutoire  du  contrat  portera  que  si, 

■  1.  Terraiiis  cédés  cl  reprU  li  lu  [iiiiiillc  Siatu  juir  [(.imoudu-Piicliii, 


36  LA   TUNISIE  DEPUIS   l'oCCUPATION   FRANÇAISE 

au  bout  de  cinq  ans,  les  parcelles  vendues  n'ont  pas  été  plantées, 
rÉtat  se  réserve  d'annuler  la  vente  et  d'en  reprendre  possession. 

V  Délivrer  des  titres  de  propriété  accompagnés  d'un  plan 
à  quiconque  eu  fera  la  demande  pour  les  terrains  situés  entre 
el  Oudiane  et  Tozeur. 

En  raison  des  dépenses  imposées  dans  cette  région  par  la  né- 
cessité de  creuser  des  puits  et  d'arroser,  le  prix  de  l'hectare  y 
sera  réduit  à  dix  francs. 

L'obligation  de  planter  dans  les  cinq  ans  sera  introduite 
dans  les  contrats  comme  à  Sfax. 

8°  Créer  sur  un  ou  deux  points  du  gouvernement  de  l'Arad 
des  pépinières  où  les  habitants  qui  voudront  faire  des  planta- 
tions pourront  se  procurer  les  boutures  qui  manquent  dans  le 
pays. 

L'exécution  de  ce  programme  va  donner  un  nouvel  élan  à  la 
culture  de  l'oliyier,  ce  qui  est  on  ne  peut  plus  désirable.  Il  y  a 
là  une  grosse  source  de  revenus  pour  l'État,  et  non  moins  pour 
les  particuliers. 

Voici  un  système  de  métayage  qui  me  parait  en  fournir  net- 
tement la  preuve.  Il  serait  difficile  de  trouver  un  placement  de 
fonds  plus  avantageux. 

L'opération,  particulièrement  en  usage  dans  la  région  de 
Sfax ,  s'appelle  :  M'gharsa,  les  métayers  indigènes  :  AVgharsis. 

Ces  indigènes,  avec  lesquels  on  traite  pour  une  période  de 
huit,  neuf  ou  dix  ans,  se  chargent  de  la  plantation  des  oliviers 
et  de  leur  entretien.  En  attendant  que  ceux-ci  soient  en  rap- 
port, ils  cultivent  les  céréales.  Le  propriétaire  leur  fournit  à 
cet  effet  les  semences  et  les  bètes  de  trait  nécessaires,  et  la 
moisson  est  partagée  :  deux  tiers  pour  le  fermier,  un  tiers  pour 
le  propriétaire. 

Au  bout  de  huit,  neuf  ou  dix  ans,  quand  le  contrat  prend 


AGRICULTURE   ET   FORÊTS  37 

fin  on  partage  à  son  tour  la  propriété  par  moitié.  Or,  voici 
le  décompte  du  prix  de  revient  d'une  propriété  de  1,000  hec- 
tares en  oliviers  exploités  dans  ces  conditions  : 

ACHAT  DE  TERRAIN   BETLICAL 

1,000  hectares  à  10  francs 10,000  fr. 

Fourniture  de  chameaux  et  harnachements 
A  raison  de  1  chameau  par  8  hectares  =  12S  à  200  fr.      2o,000  » 
lDtâ*éts  : 

(Terrain  payable  1/3  au  bout  de  3  ans. 

—  1/3  au  bout  de  6  ans. 

—  1/3  au  bout  de  9  ans). 

Intérêt  moyen  :  5  ans  à  6  »/o  sur  10,000  fr 3,000  » 

38,000  » 

Intérêts  à  6  <>/o  pendant  10  ans  sur  26,000  fr 16,000  » 

Semences  fournies  : 
25,000  kilogr.  de  blé  à  20  fr.  .    .    .  5,000  )    ^ 


à  20  fr.  .    .    .  5,000  )        ^ 
à  12  fr.  .   .    .  3,000  )      ' 


25,000  kllogr.  d*orge  à 

I^  récolte  remboursant  et  au  delà  celle  somme,  nous 

comptons  seulement  6  <^/o  d'intérêts  pour  im  an.  .         500  » 

53,500  » 

Remboursement  sans  intérêt  par  les  m'gharsis,  au  mo- 
ment du  partage  de  la  propriété,  du  prix  des  cha- 
meaux et  harnachements 25,000  » 


Dépense  nette 28,500  » 

Le  partage  de  la  propriété  donne  en  retour  :  500  hectares 
plantés  de  10,000  oliviers  valant  15  fr.  le  pied,  soit  150,000 
francs,  et  rapportant  au  minimum  3  francs  chacun  :  30,000 
francs  par  an. 

Et  ce  revenu  s*accroUra  encore. 

Ces  chiffres  me  sont  fournis  par  l'administration  et  peuvent 


38  LA    TUNISIE   DEPUIS   l'oCCCPATION   FRANÇAISE 

être  regardés  comme  officiels.  Ils  sont  sans  doute  très  encoura- 
geants; mais  en  voici  qui  le  sont  plus  encore  :  ils  sont  établis 
par  un  colon  ayant  acquis  2,400  hectares  près  de  Sfax  pour 
les  exploiter  de  cette  façon  : 

Achat  du  terrain 10,000  fr. 

Il  faut  fournir  aux  m*gliarsis,  en  sus  des  chameaux,  etc. 

00  piastres  argent  soit  30  fr. 

125  chameaux 25,000    fr  .    ) 

[  29,500  » 
125  hommes  a  36  fr 4,500    »        )      ' 

39,500  » 

Par  contre  Tavance  de  29,500  fr.  serait  remboursahle 
après  la  première  récolte  de  grains;  mais  comme 
on  a  intérêt  à  ménager  les  m^gharsis  ju«qu*à  ce 
que  la  plantation  soit  bien  en  train ,  on  ne  ré- 
clame Tavance  que  la  3°  année. 

Intérêts  : 

Sur  le  prix  du  terrain 3,000  fr.  ) 

?     8  300  fr 

Sur  les  avances  :  3  ans  à  6%  sur  29,500  fr.  5,300  »     )      ^ 
Intérêts  sur  la  semence  de  grains  (partage  par  moitié 
si  on  fournit  la  semence,  1/3  pour  le  propriétaire 
et  2/3  pour  les  m*gharsis  en  cas  contraire)..   .   .  500  fr. 

Total 48,300  fr. 

Remboursement  des  avances 29,500  » 

Coût  r.et 18,800  » 

Il  est  fait  abstraction  du  produit  de  la  récolte.  En  ne  comp- 
tant comme  produit  que  4  pour  1,  il  reviendrait  de  ce  fait  au 
propriétaire  pour  son  tiers  :  environ  10,000  francs  par  an. 

La  propriété  ne  coûterait  donc,  en  réalité,  rien  à  établir. 

Bien  que  de  beaucoup  la  plus  importante,  la  culture  de  Yoli- 
vier  n'est  pas  la  seule,  parmi  celles  produisant  les  matières  oléa- 
gineuses, qui  réusisso  en  Tunisie.  Plusieurs  autres  végétaux. 


AGRlCUlTrBE  ET   FOPÉTS  31> 

ur  n'èlre  pas  aussi  riches  en  principes  huileux  ne  méritent 
;  moins,  dans  certaines  circonstances,  d'être  cultivés.  Tels 


,f:uiDK.  —  Une  culture  d'arachide,  kakaouet ,  rend  à 
Kctare  de  SAOO  à  3,000  kilogr.  de  graines  dont  on  retire  40 
nr  100  d'huile  particulièrement  propre  i\  l'éclairage  et  qui  se 
nd  70  francs  le  quintal  métrique'. 

.\.  —  Pour  la  production  des  tiges,  comme  pour  celle 
de  la  graine,  le  lin  est  certainement  une  des  cultures  indus- 
trielles qui  est  le  plus  facilement  et  le  plus  économiquement 
nbordahie  par  les  colons.  Il  vient  bien  dans  toutes  les  bonnes 
lerpes  à  céréales,  qu'il  précède  avec  avantage.  Semé  en  automne, 
il  pro0te  des  pluies  de  l'hiver,  et  se  récolte  fin  mai,  avant  le 
commencement  des  autres  récolles.  Le  lin  d'Italie  donne  une 
graine  de  qualité  supérieure  en  Tuaisie.  Le  lin  de  Riga  n'y 
clégënèrc  pas.  L'Iiuile  de  lin  vaut  couramment  à  Marseille  de 
6%  h  66  francs  les  100  kilogr. 

En  189t,  167  hectares  ensemencés  en  lin  dans  la  hanlieue 
de  Tunis,  &  Tebourha  et  Nebeul  ont  produit  \.^\o  quintaux 
d'une  valeur  de  38,ô95  francs. 

Il  est  bon  de  se  souvenir  que  le  ministre  de  l'Agriculture 
vient  de  déposer  sur  le  bureau  du  Sénat  un  projet  de  loi  tendant 
ù  encourager  en  France  la  culture  du  lin. 

Le  «adi.\  sativa  (madic  du  Chili).  —  Plante  à  culture  hiver- 
nale, dont  le  rendement  en  grains  est  de  2,000  à  2,300  kilog. 
à  l'heclare;  la  graine  donne  sous  la  presse  25  à  26  p.  %  de  son 
poids  d'une  huile  qui  aurait  un  facile  écoulement  A  Marseille. 
La  lahelixe  [Myagimn  salkum).  —  Le  rendement  de  la 
cameline  est,  en  Algérie,  de  12  à  1,500  kilogr.  à  l'hectare.  La 
graine  reud  le  tiers  environ  de  son  poids  d'huile. 

\.\.  La  Culture  de  l'arachide  en  Tunisie  el  le  iuttime  Van  dtu  Bosch.  |ar 
M.  IVlItrin,  dans  le  Biitlelin  île  la  Société  de  Géographie  commerciale,  IS89,  p.  bTl. 


k 


10  L.V   Tt'KlSle    DKPOIS   L  OCCCPATIOX   FRANÇAISE 

Lh  cartuaub,  dont  la  fleur  est  employée  dans  la  teintui-e, 
donne  en  abondance  des  graines  (|ui  contiennent  de  S5  à  50  p.  ;K 
d'une  huile  siccative,  et  qui  se  vendent  k  l'aison  de  "îi  à  ik  fr. 
le  ijuintal. 

Le  chanvre  indiCiKne  {Cannabis  Indica).  —  Cette  variété  de 
chanvre  n'est  cultivée  par  les  arabes  que  pour  en  extraire  cette 
substance  enivrante  et  vertigineuse  connue  sous  le  nom  de  hai- 
cfiith  ou  de  kif.  Cette  culture,  qui  n'est  jamais  très  étendue, 
se  fait  dans  des  sols  pen  fertiles;  les  plantes  restent  basses, 
trapues.  Il  se  développe  alors  sur  les  appareils  floraux,  les  sé- 
pales, les  bractées,  une  pssudatiou  résineuse  adhésive  à  odeur 
pénétrante  qui  parait  constituer  le  principe  actif  que  l'o 
propose  d'obtenii'.  Ce  sont  les  sommités  des  plantes,  recueillies 
avant  parfaite  maturité  des  graines,  qui  sont  employées.  Cou- 
pées menu,  les  indig'ènes  les  fument  dans  une  pipe  très  petite 
et  leurs  propriétés  narcotiques  leur  donnent  des  extases  et  dia 
visions...  à  travers  le  paradis  de  Mahomet. 

L'administration  des  monopoles  réclama  l'interdiction  de  cette 
culture,  en  raison  de  la  concurrence  que  le  hoschicb  pouvait 
faire  au  tabac.  Elle  est  donc  interdite  en  Tunisie  dans  les  ré- 
gioAs  où  la  culture  du  tabac  n'est  pas  autorisée;  mais  commt) 
il  y  a  lieu  de  penser  que  cette  dernière  sera  bientôt  rendue 
libre,  le  chanvre  sera  appelé  à  jouir  de  la  môme  liberté. 

Toutes  les  variétés  de  chanvre  donnent  il  l'hectare  de  450 
à  5()0  kilogr.  de  graines  dont  on  recueille  de  l'huile. 

Lk  éOLZA  [Brassica  compestrîs).  —  La  culture  du  colza  réu»- 
sit  admirablement  dans  tout  le  Tell  de  la  Kégence.  Toutes  les 
terres  lui  sont  bonnes  pouvu  qu'elles  conservent  un  peu  d'bU' 
midité.  11  se  cultive  comme  le  lin  et  son  rendement  est,  à  l'hec- 
tare, de  3,000  à  3,500  kilogr.  de  graines  dont  le  placement  est 
facile.  Les  derniers  cours  à  Marseille  (février  1892)  étaient  i 
31  francs  les  100  kilogr. 


AGHICCLTDRE    ET   FOnËTS 


M 


La  navkttë  et  le  radis  oléifère  (>e  la  Ciiink.  —  Deu\ 
plantes  vigfoiii'cuses  qui  produiseot  une  huile  abondante. 

L'nÊLiAMHH  [HelianUms  unnuus).  —  Tournesol  qui  réussit 
très  bien  et  rend  une  huile  qui  se  place  avantageusement  dans 
l'industrie. 

Le  tournesol  a  été  préconisé  pour  l'assainissement  des  con- 
trées marécageuses, 

Lb  ricis  (Bici/uis  commum's,  ami-ricanm,  iividits  et  autres 
variétés).  —  Le  ricin  vît  en  Tunisie  huit  à  dix  ans  et  plus  et 
forme  un  arbrisseau  de  3  &  5  mètres  d'élévation.  Dn  liectare  de 
ricin  eu  plein  rapport  fournit  annuellement  3,000  kilogr.  de 
graines  dont  on  relire  VO  à  45  p.  %  d'huile  par  expression. 

Lr  pavot  (Papaver  somni/erum).  —  C'est  du  pavot  blanc 
que  l'on  obtient  l'opium.  Les  graines  sont  extraites  des  cap- 
sules après  qu'elles  ont  été  incisées  pour  la  récolte  de  l'opium. 
Il  y  alAun  double  produit  obtenu  sur  la  même  plante.  La  quan- 
tité de  grains  ainsi  recueillis  est  de  six  à  sept  quintaux  par 
hectare,  et  le  rendement  iO  p.  %  d'huile. 


r 


Sur  l'immense  plaine  fauve,  dans  le  royaume  ardent,  mys- 
térieux, fait  de  soleil  implacable  et  de  superbe  immobilité,  les 
ondoyants  panaches  des  dattiers  mettent  une  note  tendre,  fri- 
leuse et  semblent  comme  une  envolée  de  plumes  gigantesques. 

Kt  plus  on  approche,  plus  le  spectacle  est  doux  à  la  vue, 
plus  pénétrant  en  est  le  charme!  Mars  il  faut  s'être  perdu,  noyé 
dans  la  lumière  crue,  aveuglante  et  inextinguible  du  désert 
(lour  apprécier  tout  ce  que  les  Ilots  de  verdure  qu'y  forment 


A   Tt'NIStK   DKPL'IS   L  nCCCTTATIOS   nUKÇAISK 


Ut  numtt  <Ie  palmiors-dallicrs,  ont  tl*édéDiqDC  et  de  résur- 
Kdîomiel. 

L'ouû  (^t  au  milieu  de  la  fournaise  saharienoe.  la  chambre 
de  repo*  frnkhe  <^t  ombreuse  où  l'on  s'étend  et  reprend  haleine 
ta  «ortir  d<>s  ^toufTentents  du  hammam. 

AuMi  cont'oit-ou  k-s  soins  tout  particuliers  des  indigènes  du 
Mid  pour  cet  arhre  précieux  :  ils  lui  prodiguent  eau  et  engrais. 
A  tx^ire  et  h  mander,  disenl-ils.  Ils  l'ont  surnommé  «  le  roi  du 
d^rt  "  et  le  désert  est  vraiment  son  emjùre;  il  y  règne  en 
rnallre  incontustij,  car  lui  seul  peut  y  braver  les  rayons  embrasés 
flu  jour.  Kncore  lui  faut-il  beaucoup  d'eau  pour  se  désaltérer,  et 
eela  explique  pourquoi  l'on  trouve  des  oasis  sm"  certains  points 
du  désert  et  non  sur  d'autres,  l'oint  de  palmiers  sans  irriga- 
tion, point  d'irrigtition  sons  un  courant  d'eau  intarissable  été 
comme  hiver.  Les  sources  qui  coulent  à  la  surface  du  sous-sol, 
A  de  faiblcM  profondeurs,  dans  ces  contrées,  ne  suffisant  pas 
ntiï  besoins,  les  puits  artésiens  ont  été  inventés  en  ces  lieut  à 
de»  époques  dont  l'origine  échappe  à  l'histoire  et  même  i  la 
légende.  Mais  il»  étaient  encore  rares  en  ces  dernières  années, 
parce  que  les  iudigènes  ne  savent,  quoique  la  conBguration 
géologique  du  pays  soit  des  plus  favorables,  ni  en  multiplier  le 
nombre  ni  toujours  eon.server  ceux  qui  existent.  Avec  leurs  ins- 
Irumenls  grossiers,  dont  le  principal  est  une  petite  pioche  A 
manche  court,  ils  ne  peuvent  descendre  janmis  au  delA 
de  80  mètres;  souvent  ils  sont  arrêtés  dans  leurs  travaux,  soit 
par  dos  nappes  d'eaux  parasites  qu'ils  ne  savent  épuiser,  soit 
par  des  roches  dures  qu'ils  ne  peuvent  percer.  Le  boisage  man- 
que de  solidité,  l'extraction  des  terres  est  incomplète.  Enfin 
quand  l'œuvre  est  terminée,  un  labeur  toujours  incessant  est  né- 
cessaire pour  repousser  les  sables  extérieurs  que  soulève  et 
amoncelle  le  vent.  Dans  celle  lutte  toujours  renaissante,  rbomme 
est  souvent  vaincu  parla  nature;  si,  à  la  longue,  le  puits  s'en- 


aguicoltouk  et  pobéts 


&3 


sable,  se  comble,  tarit,  dès  ce  jour  les  palmiers  lang'uissenl 
et  périssent.  Les  populations  désolées  et  affamées  abandonnent 
leurs  villages  et  se  dispersent  :  suivant  leur  énergique  parole, 
l'oasis  est  morte.  Un  linceul  de  sable  la  recouvre  de  ses  teintes 
grises;  au-dessus  d'elle  s'élèvent  seuls  des  pans  de  maisons  en 
ruine  et  les  troncs  dessécbés  des  arbres.  Les  caravanes  se  détour- 
nent vers  des  routes  et  des  étapes  où  elles  trouveront  de  l'eau 
et  des  vivres.  Le  deuil  est  au  désert! 
^  Heureusement,  la  science  qui  fait  défaut  aux  Berbères  permet 
llrnos  ingénieurs  de  forer  des  puits  artésiens  très  vite  et  à  peu 
près  A  coup  sur.  Comme  dans  le  désert  du  SinnI,  mais  ici  par 
un  miracle  naturel,  en  frappant  le  sol  aride  avec  la  verge  du 
sondeur,  la  main  de  l'homme  a  fait  jaillir  des  fontaines,  ravivé 
ainsi  les  oasis  agonisantes ,  permis  d'en  créer  de  nouvelles  et  le 
désert  n'attend  plus  que  des  capitaux  pour  devenir  un  jardin 
verdoyant. 

Le  palmier-dattier  ne  se  borne  pas  A  protéger  les  Sahariens 
contre  les  ardeurs  du  soleil ,  il  leur  donne  la  datte  qui  est  pour 
eus  ce  que  l'olive  est  h  leurs  coreligionnaires  du  Sahel  :  leur 
principale  nourriture  et  leur  première  source  de  richesse. 

Et,  sous  ses  longues  branches,  il  obombre  encore  toute  une 
végétation  luxuriante,  qui.  sans  lui,  serait  immédiatement  gril- 
lée. Veut-on  ici  une  esquisse,  un  croquis  antique?  Il  est  de 
i'Iine.  C'est,  a  dit  .M.  Boissii^re',  comme  une  aquarelle  dune  rare 
élégance  et  d'une  justesse  de  ton  parfaite  : 

Fans  abundal,  largus  guùiem,  sed  certîs  horarum  spaliis  àis- 
pt-nsalur  inler  incolas,  Palmœ  ibi  jusegrandi  subdiltir  olea, 
/luic  ficus,  fico  Punica,  ilU  vitîs  :  mb  mie  serilur  frumentunt, 
mox  legiiinen,  deinde  oltis;  omnia  eodem  anno;  omniaque  alt'e- 
im  umbra  ahintur  ' . 

i.  1 ,  p  00. 


kï  LA   TUNISIE   DEPUIS   l'OCCUPATION   FEAXÇAISE 

L*caii  ne  manque  pas  dans  Toasis,  dit  Pline,  mais  elle  ne  s'y 
gaspille  point;  chaque  habitant  n'en  jouit  que  pendant  un 
nombre  d'heures  déterminé.  A  Tombre  du  palmier  superbe 
s'élève  l'olivier,  sous  l'olivier  le  figuier,  pub  le  grenadier  et 
la  vigne  :  la  vigne  à  son  tour  abrite  le  blé  et  les  légumes;  et 
tout  cela  produit  en  une  même  année,  tout  cela  pousse  sous 
l'ombre  mutuelle! 

Comment  rendrait-on  mieux  ce  fouillis  délicieux  de  ver- 
dure, d'ombre  ensoleillée,  de  branches  entrelacées,  de  feuilles 
de  toutes  sortes,  ce  murmure  d'eau  qui  court,  ce  vert  éblouissant 
et  cette  tiède  fraîcheur  ! 

Parlerai-je  des  nombreux  usages  auxquels  on  emploie  les 
fibres  du  pédoncule,  les  feuilles  et  le  bois  du  palmier-dattier? 
Je  ne  veux  m'occuper  que  de  son  fruit  et  des  bénéfices  qu'on 
en  peut  tirer. 

Le  palmier-dattier  [phœmx  dactylifera)  croit  assez  rapide- 
ment; il  atteint  de  15  à  20  mètres  de  hauteur  et  vit  près  d*un 
siècle.  Il  est  dioïquc,  c'est-à-dire  que  certains  pieds  portent  des 
ileurs  mâles,  d'autres  des  fleurs  femelles.  Le  sexe  se  reconnaît 
au  i^inicmps,  au  moment  où  les  régimes  commencent  à  s'ou- 
vrir. Le  palmier  mâle  {dokkar)  porte  des  fleurs  munies  d'éta- 
inines  seulement  et  formant  de  longues  grappes  renfermées 
chacune  dans  une  enveloppe  (spathe). 

Le  palmier  femelle  se  nomme  nakhla;  c'est  le  symbole  de  la 
grâce  féminine  *.  Il  porte  des  fruits  formant  des  grappes  sem- 
blables à  celles  des  pieds  mâles ,  enveloppées  de  même  dans  des 
spathes  plus  larges  appelées  régimes  de  dattes  ;  mais  les  dattes 
ne  sauraient  se  former  et  se   développer,   si  Tintérieur  des 


1.  Dans  h;  portrait  de  la  femme  aimée ,  on  trouve  toujours  après  «  le  visage  beau 
comme  un  clair  de  lune  »,  «  la  taille  souple  et  élégante  comme  un  palmier  ». 
lieauœup  de  femmes  portent  le  nom  de  Nakhla.  Lieutenant-colonel  Villot,  Mœurs 
et  coutumes  de  l'Algérie,  p.  348. 


I 


AlillICCLTDRE    ET    FORÊTS  V5 

spathes  n'étnit  fêcoodë  par  le  pollen  du  dokUar,  sorte  de  pous- 
sière qui  se  forme  dans  les  étamines  du  raftle,  quand  celles-ci 
arrivent  à  maturité. 

En  avril,  les  spathes  mAleset  femelless'entr'ouvreat  et  laissent 
Apparaître  leurs  grappes  blanches  comme  du  lait.  C'est  l'époque 
de  la  fécondation.  Emporté  sur  les  ailes  du  vent,  et  peut-être 
attiré  par  une  mystérieuse  attraction  ,  le  pollen  s'en  va  féconder 
la  femelle  parfois  à  une  grande  distance.  Mais  les  cultivateurs 
ne  contient  pas  ainsi  leurs  espérances  de  récolte  aux  simples 
lois  de  la  nature.  Pour  plus  de  surèté,  ils  insèrent  un  brin  de 
grappe  mAle  diins  chaque  régime  femelle.  Ce  procédé,  qui  ne 
laisse  rien  au  hasard,  a  de  plus  l'avantage  de  réserver  aux 
dattiers  qui  portent  le  fruit,  aux  dattiers  femelles,  la  plus 
grande  partie  du  tetTain;  car  il  est  reconnu  que,  par  la  fécon- 
dation artificielle,  un  palmier  mftle  suffit  pour  environ  cinq 
cenis  palmiers  femelles. 

Avec  une  irrigation  suffisante  le  palmier  commence  à  donner 
des  fruits  à  la  cinquième  anuée  de  la  plantation  ;  mais  ce  n'est 
guère  qu'après  dix  ans  qu'il  devient  d'un  rapport  sérieux.  A 
quinze  ans,  dans  le  Djerid,  un  dattier  produit  de  six  à  douze 
régimes  pesant  chacun  de  5  à  8  kilogr- 

Le  nombre  de  palmiers  existant  en  Tunisie  doit  atteindre 
2,.ô00.000.  Leur  production  totale  est  d'environ  21,000  quin- 
taux de  dattes  Deglal  en  Xoin-  et  850.000  quintaux  de  dattes 
ordinaires  dont  la  valeur  est  de  8  millions  de  francs  sur  les 
lieux  de  production. 

Les  variétés  de  dattes  molles  et  sèches  sont  en  très  grand 
inombre;  elles  ont  parfois  des  dénominations  burlesques  ou 
Lobscènes.  La  plus  lîne  et  la  seule  qui  ait  les  qualités  voulues 
tpourëtre  exportée  est  la  Devint  en  Nour  (Datte  de  la  lumière) 
[qui  ne  se  récolle  que  dans  le  DJeriil. 

Je  note  quelques   noms  bizarres  :   Ain-el-Ilanech  (œil   de 


46  LA   TUNISIE   DEPUIS   L^OCCUPATION  FRANÇAISE 

serpent)  ;  Khalth  ech  chaib  (mélange  du  vieux)  ;  Guern  el  Rhe- 
zal  (corne  de  la  gazelle)  ;  Boti-Faggous  (père  du  concombre)  ; 
Menakher  (narines)  ;  Beïd  el^Hamam  (œufs  de  pigeons)  Mokli 
Begri  (cervelle  de  bœuf);  Oum  Séîd  (mère  du  maître)  ;  Sbda 
el  Aroussa  (les  doigts  de  la  mariée);  Senan  el  moftah  (dents  de 
clefs)  ;  Nefakh  (souffleur)  ;  Oudnm  el  Djehch  (oreilles  d'&ne)  ; 
Khalth  Ali  Meskine  (mélange  du  pauvre  Ali)  ;  Adhafer  el  Gu- 
elh  (griffes  de  chat);  Mesrane  el  Behim  (boyaux  d'àne);  etc. 

Voici  une  note  que  mes  amis  Fau  et  Foureau ,  les  créateurs 
de  la  première  oasis  française  dans  Toued  R*irh ,  me  fournis- 
sent sur  les  frais  de  culture  et  le  rapport  des  dattiers  de  l'es- 
pèce Deglat  en  Nour  : 

«  La  plantation  de  1000  palmiers,  avec  forages  artésiens  né- 
cessaires pour  leur  procurer  Teau  d'arrosage  ;  construction  de 
magasins,  gérance  et  frais  généraux,  coàte,  au  bout  de  la 
quinzième  année,  environ  30,000  francs. 

«  Jusqu'à  Tàge  adulte,  c'est-à-dire  15  ans,  les  frais  d'entre- 
tien annuel  sont  d'environ  0 ,  90"*  à  1  franc  par  arbre  ;  après  la 
quinzième  année  ils  sont  exploités  par  voie  de  métayage  au 
1/5"  ou  au  1/8*  suivant  les  points. 

((  Les  frais  de  premier  triage  et  d'emballage  (caisses  com- 
prises à  raison  de  deux  caisses  par  100  kil.)  dans  les  jardins 
même  s'élèvent  à  environ  10  francs  les  100  kil.  —  Les  déchets 
provenant  du  premier  triage  dans  les  jardins  s'élèvent  à  30  0/0 
du  poids  total  récolté;  ces  déchets  ne  sont  pas  exportables. 

«  Un  palmier  Deglat  en  Nour,  à  partir  de  10  ans  rapporte  ses 
frais  d'entretien;  et  à  partir  de  15  ans  on  peut  estimer  qu'il 
donne  de  3  francs  50  à  V  francs  net  de  frais  généraux  ». 

La  Société  agricole  et  industrielle  de  Batna  et  du  sud  Algérien 
estime  que  «  le  palmier  de  la  variété  fine  Deglat  en  Nour  doit 
rapporter  annuellement  au  moins  10  francs,  en  moyenne, 
déduction  faite  des  frais  de  culture  proprement  dite  ». 


AGHICCLTURK    ET    FORÊTS  V7 

On  remarquera  qu'il  y  a  dans  ces  évaliiE-itions  un  écart  de  plu.s 
de  moitié.  11  n'en  reste  pas  nioius  acquis  que  la  culture  du 
dattier  est  une  de  celles  qui  dooneot  les  plus  beaux  bénéfices, 
et  présentent  le  moins  d'aléas. 


I 


LE   TABAC 


La  questiou  du  labac  est  très  controversée  eu  Tunisie  : 
eertaios  prétendent  que  sa  culture  doit  être  très  avantageuse, 
d'autres  qu'elle  doit  être  sans  proQt,  les  terrains  de  la  Régence 
n'étant  pas  favorables  à  la  culture  de  cette  plante,  et  ses  pro- 
duits, par  suite,  ne  valant  rien. 

Je  ne  suis  pas  A  même  de  trancher  le  dilTérend,  d'autant 
moins  que  je  ne  suis  pas  fumeur;  mais  je  pense  qu'il  y  a  entre 
ces  opinions  un  juste  milieu  à  prendre  et  que,  sans  être  une 
des  plus  riches,  la  culture  du  labac  n'est  pas  à  décourager. 

[l'abord  uu  grand  nombre  de  fumeurs  rccbercbent  le  l^'rigbi 
et  le  Béji,  pour  ne  parler  que  de  ces  tabacs;  leur  écoulement 
est  donc  assuré  <\  des  prix  convenaliles.'Mais  il  est  incontestable 
que  par  rameublissement  des  terres,  par  des  soins  rationnels, 
on  obtiendra  des  produits  d'une  supériorité  très  marquée  sur 
ceux  des  indigènes,  qui  seuls,  jusqu'à  présent,  ont  cultivé  le 
tabac  dans  la  Régence. 

L'exemple  de  ce  qui  s'est  passé  en  Algérie  doit  encore  nous 
servir  en  celle  circonstance,  I,es  tabacs  algériens  jouissent 
aujourd'hui  d'une  certaine  réputation;  ils  trouvent  même  un 
certain  débouché  à  l'étranger.  Le  consul  général  de  France  à 
Anvers  disait  récemment  dans  son  rapport  sur  le  niouvemeni 
commercial  de  cette  ville  : 


k 


i8  LA   TUNISIR   DKPl'lS   l'oCCUPATIOX   FEAXÇAISK 

«  Le  tabac  algérien  a  conservé  toute  sa  vogue.  Il  en  est  ar- 
rivé ,  dit-il  y  des  quantités  très  importantes  et  celui  qui  avait  uu 
peu  de  couleur  a  trouvé  un  prompt  placement.  » 

Or,  au  lendemain  de  la  conquête  d^Alger,  on  adressait  aux 
tabacs  algériens  les  mêmes  reproches  qu*à  ceux  de  Tunis  à  cette 
heure  :  ils  manquaient  de  finesse,  de  parfum  et  ils  étaient 
incombustibles.  Le  discrédit  était  complet  et  nul  colon  ne  son- 
geait i\  cette  culture.  En  iSkï  on  ne  comptait  que  trois  planteurs 
européens  et  leur  culture  couvrait  1  hectare  ii  ares.  Peu  à  peu 
cependant  on  comprit  qu*il  y  avait  quelque  chose  à  faire  de  ce 
cùté  :  en  185i  le  nombre  des  planteurs  s'élevait  à  2,323  et  les 
cultures  comprenaient  déjà  une  superficie  de  2,818  hectares 
92  ares;  quatre  ans  seulement  plus  tard  ce  chiffre  avait  doublé; 
il  dépasse  aujourd'hui  9,000  planteurs  et  les  superficies  cul- 
tivées 11,000  hectares;  TAlgérie  livre  chaque  année  à  la  con- 
sommation de  5  à  6  millions  de  kilogrammes  de  tabac. 

Eh  bien ,  il  ne  me  parait  pas  téméraire  de  croire  qn'un  déve- 
loppement identique  se  produira  dans  la  culture  tunisienne, 
lorsque  des  mesures  administratives  et  fiscales  inviteront  à  la 
plantation. 

Il  est  hors  conteste  que  les  vexations,  les  tracasseries  multi- 
pliées par  le  fermier  du  monople  ont  eu  pour  effet  de  faire 
disparaître  peu  à  peu  la  culture  de  cette  plante,  et  de  Tabà- 
tardir.  Heureusement  le  fermage  a  vécu!  Le  gouvernement 
tunisien  a  repris  la  régie  des  tabacs  et  ses  intérêts  lui  comman- 
dant d'accroUrc  la  fortune  publique  par  tous  les  moyens  en  son 
pouvoir,  il  faut  s'attendre  à  des  dispositions  favorisant  la  cul- 
ture du  tabac.  11  y  a  là  pour  lui  une  étroite  obligation.  Le 
décuplement  des  forces  humaines  et  la  révolution  économique 
qui  en  est  la  résultante,  ne  permettent  plus  en  effet  de  se  can- 
tonner dans  une  production  déterminée.  Élargir  le  champ  de 
ractivité  agricole  est  une  nécessité  à  laquelle  on  ne  saurait  se 


N 


AGRICLLTI'RB   KT   KORÉTS  Vît 

soustraire  sans  déchoir  :  Monoculture  est  devenu  le  premier 
terme  d'une  équation  dont  le  second  est  misère. 

Or,  la  Tunisie  n'a  pas  le  droit  d'abandonner,  de  dédaigner, 
en  quelque  sorte,  une  culture  comme  celle  du  labac.  Elle  ne 
le  pourrait  quà  la  suite  d'expériences  tout  A  fait  concluantes; 
et  il  n'en  est  rien. 

A  sa  session  de  novemlire  dernier,  la  Conférence  consultative 
a  demandé  au  gouvernement  de  favoriser  la  culture  du  tabac 
en  Tunisie;  mais  le  directeur  des  fmances  y  a  vu  un  danger. 
L'administration  des  tabacs  ne  fonctionne  que  depuis  un  an;  elle 
ne  serait  pas  en  mesure,  dit-il,  de  réprimer  la  contrebande, 

Ceci  amène  A  rechercher  s'il  ne  serait  pas  possible  de  mo- 
difier le  système  de  l'impùt  de  manière  que,  sans  prétendre  à 
le  mettre  totalement  à  l'abri  de  la  fraude,  celle-ci  devienne 
du  moins  d'une  surveillance  plus  aisée?  Le  mode  de  perception 
institué  en  Gri'ce  semble  susceptible  de  donner  cette  satisfac- 
tion. 

La  culture  et  la  vente  du  tabac  sont  libres,  L'împrtt  frappe 
la  fabrication. 

Le  droit  de  hacher  ou  de  transformer  le  iabac  en  cigares  an 
moyen  d'outils  ou  d'instruments  quelconques  appartient  exclu- 
sivement à  l'État  qui  exerce  ce  droit  dans  des  établissements 
publics  spéciaux. 

Quiconque  possède  du  tabac  en  feuilles  doit,  s'il  veut  le 
mettre  en  vente,  le  faire  manipuler  au  hachoir  public.  Là  il  est 
pesé,  il  acquitte  la  taxe  spéciale,  dite  droit  de  consommation, 
les  frais  de  hachage  et  de  manipulation  ainsi  que  les  droits  de 
bande,  après  quoi  il  est  coupé  et  transformé  en  cigarettes  ou 
cré<;  en  paquets  suivant  le  désir  du  propriétaire,  à  qui  il  est 
rendu  enveloppé  de  bandes  timbrées. 

Les  frais  de  bachage  et  de  manipulation  sont  tivés  à  0  fr.  50 
centimes  l'ocque. 


50  LA   TUNISIE  DEPUIS   l'oCCUPATION  FRANÇAISE 

Les  bandes  timbrées  ont  une  valeur  de  un  ou  deux  centimes; 
elles  s'appliquent  :  celle  de  un  centime  aux  sacs  d'une  conte- 
nance de  50  drammes  de  tabac  et  au-dessous,  celle  de  deux 
centimes  aux  sacs  de  50  à  100  drammes ^ 

Je  passe  sous  silence  les  dispositions  secondaires  de  la  loi  :  la 
fourniture  du  papier  à  cigarettes  par  TÉtat,  le  nombre  de 
cahiers  devant  accompagner  chaque  ocque^  de  tabac,  etc.  Je 
constate simplemeni  que  la  fraude,  pour  facile  qu'elle  paraisse, 
est  hérissée  de  difficultés  insurmontables,  tout  au  moins  pour 
les  indigènes  tunisiens. 

En  Grèce ,  d'ailleurs ,  les  recettes  de  Timpût  sur  le  tabac  sont 
en  progression  constante ,  et  il  en  va  de  même  de  la  taxe  sur 
le  papier  à  cigarettes. 

Les  recettes  brutes  des  deux  derniers  exercices  ont  dépassé 
cinq  millions  par  an  pour  les  tabacs  et  deux  millions  pour  le 
papier  à  cigarettes,  soit  donc  un  peu  plus  de  sept  millions  an- 
nuellement. Les  dépenses,  achats  du  papier  compris,  n'ont  pas 
excédé  deux  millions  cinq  cent  mille  dracmes^. 

Ne  pourrait-on  essayer  de  ce  système  en  Tunisie?  Les  résul- 
tats qu'il  donne  chez  le  peuple  dont  Thabileté  est  désobligeam- 
ment  proverbiale  me  paraissent  devoir  être  regardés  comme 
concluants.  Le  gouvernement  tunisien  n'en  pourrait  retirer  que 
des  avantages^  et  la  culture  du  tabac,  rendue  libre,  prendrait 
de  suite  un  essor  désirable. 


1.  Le  draramc  est  une  unité  de  poids  équi?alant  à  3  gr.  2. 

2.  L'ocquc  est  un  poids  de  1  kiL  280  gr. 

3.  La  dracme  est  l'unité  monétaire  en  Grèce;  la  dracme  de  100  lepta  vaut  un 
franc. 


AGRICCLTCBH:    ET    KORbTS 


LEGUMES   ET    FRUITS 


La  douceur  du  climat  en  Tunisie  y  favorise  la  culture  des 
légumes  et  des  fruits  d'une  manière  exceptionnelle;  ils  y  vien- 
nent de  toute  beauté,  et  succulents.  Les  légumes  sont  générale- 
ment plus  grossiers;  mais  il  suffirait  de  remplacer  les  végétaux 
iadigènes  par  des  variétés  d'Europe  pour  obtenir  des  produits 
plus  fins,  de  goût  plus  délicat.  Jusqu'à  ce  jour  les  droits  énormes 
d'accise  qui  frappaient  les  légumes  en  restreignaient  la  culture 
aux  exigences  de  la  consommation  locale  ;  un  décret  en  date  du 
11  novembre  1891  vient  de  lever  ces  barrières  intérieures  au 
profil  de  l'exportation,  et  le  commerce  des  primeurs  ne  tardera 
pas  à  prendre  dans  la  Régence  une  importance  au  moins  égale 
A  celle  qu'il  a  acquise  en  Algérie,  attendu  que  dans  les  oasis 
tunisiennes  les  récoltes  devancent  de  plusieures  semaines  celles 
qu'on  obtient  partent  dans  fe  Tell. 

C'est  pnrlicuUèiement  aux  environs  de  Tunis,  dons  la  pres- 
qu'île du  cap  Bon ,  la  banlieue  de  Sfax  et  les  oasis ,  que  se  trou- 
vent dans  les  jardins  nioralcliei's  ;  la  fève,  en  arabe /b(?/;  la 
gesse,  djilbena;  le  pois  chiche,  hamrs;  la  pomme  de  terre, 
patate;  le  chou,  kronb;  le  chou-fleur,  brauklou:  le  melon,  lia- 
tir  h;  ta  courgette  blanche,  kra:  le  haricot,  loubia  :  la  lentille, 
«(/<■'«; l'aubergine,  bedingel;  la  tomate,  tmalem;  le  radis,  fyel; 
\'o\^TiQa,  pxeul;  l'ail,  l/isoum;  la  carolte,  s/en/imo;  le  navel, 
tfft:  principalement  des  pastèques,  dellati;  des  concombres, 
fagotiss;  des  piments  rouges  et  verts,  fdfel-ahmai'  et  fvlfel 
hnrd'i'i,  dont  les  indigènes  sont  très  friands,  et  qui  occupent  la 
plus  grande  superficie.  Contrairement  A  ce  qu'en  a  dit  M.  de  La- 
ncssan',  l'asperge,  sakoitm,  et  l'artichaut, XcMJT^pu/'-jflHmtî, 

1.  La  T\tnine,  page  44. 


:.± 


1.%    TT>1?4E   l'iJttl*'  LOCCTPATIOX   FIA5CA1SE 


!>:.:•:.  •ràiii  l .«a-bre.  C*i  lêfumes  v  viennent  d'ailleurs  très 
:  .iL  î«à:.>  i  &i.:i>  ]ii:T?.  les  grandes  asperges  d'.Vfrique  étaient 
rt-iLrrtiiri-*.  l'.  :.-j»  •ïuus'  parie  d'une  asperge  sauvaee.  appelée 
L.:  ;Ti.Lr .  i^  vLi  prtîrrait  à  l'asperge  des  jardins,  et  c'est  très 
j. :.:.*':•>.  niiti**.  irllr  que  V*>n  récolte  encore  aujourd'hui.  Les 
â::..:.Âi:S  J  A::;<]Jr  étaient  non  moins  estimés  à  Rome:  des 
{•'..i:..  :."^  zr  ci-  'irfumr  cultivées  dans  la  banlieue  de  Carthage. 
î.ij.j.  ::..':A.  au  dire  de  Pline,  jusqu'à  six  mille  sesterces \ 

«•:.  \  î:.-.:\'  i-jak-mt-nt  1%  laitue,  hiss:  le  céleri.  Âhrafens:lB, 
l.'»t-:t»  .  *'  ■'.  ;  ]r-  fenouil.  zoUhr^:  le  fenu^rec.  le  cumin  et  la 
lori.in.lri-.  dôi.t  j'i*:nore  les  noms  arabes. 

C  e>t  en  Lil<\''  i]u^  la  FaMe  grecque  plaçait  les  pommes  d'or 
c]ue  la  TeiT^'  il. uua  à  Junon  comme  cadeau  de  fiançailles  et 
(!i>iit  I.i  «\ii\!e  i-t.tit  oontiée  aux  filles  d'Atlas  et  d'Hespéris.  Du 
in\thr  allf'^-oritjuo  >e  ilêsraïre  le  plaisir  avec  lequel  les  anciens 
nîaii;:eai»Mit  l'ôrauire  d.Vfrique.  —  le  fruit  des  Hespérides.  Elle 
e>t  au  reste  aî'solument  exquise,  et  tout  particulièrement  celle 
ihi  hjtMiil.  Le>  jardins  d'oi-angers  de  Blidah  sont  justement 
célt'hres:  eenx  d'.Vin-eeh-Chems,  au  Maroc,  le  sont  plus  encore 
dans  le  monde  arahe:  mais  quelle  que  soit  leur  réputation,  ces 
beaux  arbres  ne  donnent  pas  de  fruits  comparables  à  ceux  des 
oasis  tunisiennes  :  Nefla  produit  les  oranges  les  plus  grrosses  et 
les  plus  >avoureuses  qui  soient  au  monde"  ». 

L'oranirer,  en  arabe  fi'irmdj ,  croit  sur  tout  le  littoral  tuni- 
sien .  jus(ju'à  V(M>  mètres  d'élévation ,  dans  les  lieux  abrités  et 
irrigués:  partout  ses  fruits  y  viennent  à  pleine  maturité  et  y 
acquièrent  les  (jualilésles  plus  jiarfaites  de  goût  et  d*arôme, 
pour  peu  que  la  culture  vienne  en  aide  à  la  nature. 

lu  hectare  de  jardin  peut  contenir  environ  2,000  pieds  dV 

1.  V.  cil.  Tissol,  op.  cil.,  t.  I.  page  299  et  300. 

2.  idem.,  i»agc  296. 


AGRlCCLTURe   ET  PORÉTS 

ruogers;  chaque  arbre  donne  de  500  i\  1,500  oranges,  il  peut  en 
produire  jusqu'à  3,000;  mais,  en  général,  la  quantité  nuit  à  la 
qualité  et  quand  les  oranges  sont  en  abondance  elles  sont  géné- 
ralement petites,  II  y  a  donc  souvent  intérêt  à  diminuer  le 
nombre  des  fruils  pour  les  obtenir  plus  beaux. 

On  estime  à  un  millier  de  francs  environ  les  frais  de  planta- 
tion d"uu  hectare.  Au  bout  de  la  cinquième  année  les  orangers 
commencent  à  donner  des  fruits  et,  à  huit  ou  dix  ans,  leur  pro- 
duction est  de  2,V0O  à  2,700  Trancs  à  l'hectare. 

La  culture  tunisienne  des  orangers  comprend,  outre  les 
espèces  de  ce  nom,  le  mandarinier,  niadalina,  qui  vit  dans 
la  Régence  comme  à  Manille;  le  citronnier,  limonii,  dont  le 
lîmou  est  une  variété;  le  cédratier,  Irendj;  la  pamplemousse, 
espèce  d'orange  grosse  comme  la  tète  d'un  enfant;  le  poncire 
le  cookia puncCata .  Et  parmi  les  orangers,  on  compte  de  nom- 
breuses variétés,  dont  les  plus  connues  sont  lesportugal,  les 
chinois,  les  bigarades,  orange  amère  essentiellement  propre  à 
faire  l'eau  de  fleurs  d'oranger,  la  liergamolte,  la  mélarose. 
Toutes  ces  variétés  fournissent  des  essences  et  donnent  lien  k 
un  commerce  assez  important. 

Le  figuier,  kenim,  est  ensuite  l'arbre  fruitier  le  plus  répandu  ; 
il  est  également  d'un  bon  rapport.  La  fructification  est,  comme 
on  sait,  biennale  :  il  donne  en  raai-juîn  des  figues-fleurs,  her- 
moms  ahiod;  et,  de  juillet  à  octobre,  les  figues  proprement 
dites,  kermottss  a/ira.  Les  premières  sont  d'une  grosseur  excep- 
tionnelle et  d'un  goût  absolument  e-\quis.  Les  voyant  encore 
tout  dernièrement  étalées  à  pleins  couffins  au  marché  de  Tunis, 
je  me  représentais  le  vieux  Caton  tenant  ces  beaux  fruits  dans 
un  pan  de  sa  toge  et  jetant  au  Sénat  romain  l'apostrophe  en- 
flammée qui  fit  voter  lu  destruction  de  Cartbage  :  —  «  Inter- 
rwjo  vos,  inquif,  çuando  hanc  pomuni  demtam  putecis  e.v  ar- 
bore? n  Qutim  inler  omnes  recentcmesse  conslarel  :  «  Atqui 


5V  LA   TUMSIE  DEPUIS  l'oCCCPATIOX  FRANÇAISE 

irriitnn  y  inquit^  ante  diem  scitote  decerplam  Carlhagine  :  lam 
pripr  fi  mûris  habemus  hostem  ».  Siaiimçue  sumium  est  Puni- 
atm  iprtluin  hrllum  ' . 

Los  autres  arbres  fruitiers  sont  le  grenadier,  roumman;  Ta- 
hricotier,  niichmerh.  l^s  jujubes  et  les  grenades  sont  d^un  goût 
piarfait.  Les  abricots,  quoique  petits  sont  excellents;  ils  rachè- 
tont  lonr  maigre  dimension  par  Tabondance  et  s'ils  éveillent  un 
rojrrrt ,  cVst  qu'ils  sont  de  courte  durée.  Le  prunier  berqouq 
est  assez  commun,  mais  il  est  presque  sauvage;  ses  fruits  sont 
si^is  «*t  les  indigènes  ne  songent  pas  en  faire  des  pruneaux. 
LnmaïuHor,  huz,  est  en  fleurs  dès  le  mois  de  janvier;  en  juin 
son  IViiit  arrive  à  une  parfaite  maturité.  Le  pêcher,  khoukh, 
plantt'^  (Ml  plein  vent ,  donne  des  pèches  assez  grosses  et  à  chair 
ftM*ino,  très  )>onnes  néanmoins.  Le  poirier,  comme  arbre,  ne  le 
vMo  (Ml  rien  A  ceux  de  notre  chère  Normandie;  mais  ses  fruits, 
pf'tits  (*t  jteu  variés,  sont  loin  d*avoir  la  saveur  du  beurré  et  du 
(loy(Mîné.  Une  espèce  particulière,  le  poirier  de  Syrie  {Pyrus 
Sf/rificft,  Hoissier),  en  arabe  endjass,  a  été  découvert  par  la 
mission  hotanitiue  de  1888,  à  rhcnchir  el  Metghani,  dans  le 
pays  (1rs  Hddjaoua,  au  Kcf  en  Nour  des  Hogod  et  en  plusieurs 
auliTs  points.  Le  cofrnassicr,  sfevdjel^  est  cultivé  dans  les  jardins 
<»l  l<»s  oasis;  h^  noyor,  djonz,  se  trouve  surtout  dans  les  jardins 
<I(»  Za.irhoiian.  Onrlqucs  pieds  isolés  de  châtaignier,  kesthla,  se 
nMuarqu<Mil  dans  la  forêt  dWïn-Draham.  Quant  au  pommier'', 
tofnrh  ,  cl  siirl<uil  le  cerisier,  krez,  on  ne  les  rencontre  que  très 


1.  Plinr  XV,  :>.0. 

'}..  An  onziriiir  .si«*clr,  à  1  o|H>qiic  où  I(>8  rois  do  Sicile  étaient  maîtres  d'une  partie 
(1(>H  ((Mrs  ii)auKr(*l>iti(^s,  l'iln  d(>  <:crba  i>oss(;dait  inn^  es|x>cc  de  pomme  très  renommée. 
liCS  Ndriiiand.s,  (Miclianlisde  retrouver  en  Afri<iue  les  fruits  de  leur  pays,  s'amusaient. 
A  r(^|>()(iu(*  de  la  maturité,  à  dépouiller  les  vergers  iH)ur  envoyer  les  plus  belles  pommes 
aux  si>i^ii(*ur.s  et  aux  dames  de  la  cour  de  Païenne,  sans  prendre  la  peine,  bien  entendu, 
d'indemniser  les  propriétaires.  Ceux-ci,  fort  ennuyés  de  ces  procédés,  laissèrent  périr 
tous  les  pommiers,  (|ui  depuis  lors  sont  inconnus,  croyons-nous,  à  Gerba.  (De  Mas- 
Latrie,  07).  d^,  p.  379.) 


AGRICtILTCBE  ET  FORÊTS 


55 


Hvage 


rarement.  Cependant  le  cerisier  merisier  ou  cerisier  s 
existe  sur  les  sommets  de  la  Kroumlrie. 

Il  ne  faut  pas  oublier  que  tous  les  fruits  mûrissent  dans  la  Ré- 
gence trois  mois  plus  tût  qu'en  France  ;  ils  sont  donc  assurés  de 
déboucbés  avantageux  ù  titre  de  primeurs. 

Parmi  les  fruits  exotiques,  il  faut  noter  l'ananas  qui,  origi- 
naire des  parties  interlropîcales  do  l'Asie,  et  ne  pouvant,  par 
.suite,  être  cultivé  en  Europe  qu'en  serre  cbaude,  vit  comme 
chez  lui  en  Tunisie;  le  sapotillier,  achras  sapota  de  l'.Xniérique 
du  Sud;  la  banane  {Musa  paradisiaca);  la  n^lle  du  Japon 
[Mespylus  japonica);  le  papayer  (Car/ca^apayfl),  de  l'Inde;  le 
sambosier  de  Malacca  (Samfiosa  nialaccemis);  le  cberimole  du 
Pérou  (Aiiona  cherimolia) . 

Mon  ami ,  M.  Ch.  Nicolas,  inspecteur  de  l'Agriculture  en  Algé- 
rie, me  signale  l'avocatier  [Laiirus  persca  ou  Persea  graûssima) 
des  Antilles;  le  goyavier  de  la  Guyane  [Psiditim  pyriferum) ,  et 
le  plaqueminier  de  la  Chine  [Diospi/ros  Kaki),  comme  admira- 
blement acclimatés  dans  notre  grande  colonie  ;  il  n'y  aurait  donc 
qu'à  les  introduire  en  Tunisie,  où  je  ne  les  ai  pas  rencontrés. 
Je  dois  mentionner  en  terminant  certains  fruits  indigènes  qui, 
pour  être  moins  savoureux  que  les  précédents,  ne  sont  pas  sans 
quelque  mérite.  Ce  sont  :  l'arbousier  (en  arabe  sassenoii) ,  fruit 
de  Varèiiiiis  tinedo,  connu  en  France  sous  le  nom  de  •<  fraisier 
en  arbre  h;  l'azérole,  fruit  du  Ci-alsgiis  azerolus;  la  caroube, 
fruit  du  Ceralonr'a  si/igiia  (en  arabe  kharroub)  qui  est  cultivé 
dans  tous  les  jardins  pour  le  couvert  épais  que  donne  son  feuil- 
lage; Je  jujube,  fruit  du  Zizyphns  saliva  (on  arabe  aneh)  et  la 
pistache,  fruit  du  Pislacia  vcra  (en  arabe  chedjrel-el-Foiislok)  '. 

l.  Je  croîs  devoir  signaler  aui  colons  lunisiena  deuï  nouTPauï  ouTrage»  Jan» 
lesquels  iU  troureronl  il'uliles  indications,  encore  qu'ils  soient  é<:riU  pour  la  France. 
Ce  sont:  La  Lfgumes  usuels,  7  yo],  de  MM.  Vilmorin-Andrieui,  libr.  Colin,  Paria; 
et  le  TraiU  de  la  eulture  frultiiTC  commercial*  et  baitrijeaite,  de  H.  Ch.  Ballet. 
Je  lea  ai  coBtuJléa  avec  inltrét. 


k 


56  LA   TUNISIE  DEPUIS   l'oCCUPATION  FRANÇAISE 


VU 


LES  TEXTILES 


L'alfa.  —  L'alfa  est  le  nom  arabe  de  diverses  plantes  de 
la  famille  des  graminées,  le  Ligeum  sparium,  le  Stîpa  tenacis- 
sima,  S.  gigantea,  S.  barbata,  les  unes  et  les  autres  très  abon- 
dantes dans  le  Nord  de  l'Afrique,  où  leur  aire  de  dispersion 
s'étend  du  Maroc  à  la  Tripolitaine.  Eu  français,  alfa  a  un  sens 
plus  précis  et  ne  sert  à  désigner  que  le  Slipa  tenacissima , 
«  herbe  vivace  à  rhizome  très  rameux  formant  des  souches 
d'abord  compactes,  homogènes,  mais  devenant  circulaires  ou 
circinées  par  le  dépérissement  des  rameaux  anciens  du  centre. 
Les  rameaux  périphériques  qui  dessinent  ainsi  un  cercle, 
s'isolent  à  mesure  qu'ils  s'éloignent  et  deviennent  à  la  longue 
l'origine  de  nouvelles  touffes  compactes  qui  s'évident  au  cen- 
tre ,  à  leur  tour,  et  forment  de  nouveaux  cercles  si  la  nature 
du  terrain  le  permet  *  » . 

L'alfa  croit  spontanément  dans  les  terrains  pierreux,  arides 
des  Hauts  Plateaux;  il  résiste  à  la  sécheresse  et  aux  chaleurs 
torrides  de  l'été,  comme  au  froid  sec,  pénétrant,  aux  pluies 
torrentielles  de  Thiver.  Ce  précieux  textile  occupe  dans  le 
Centre  et  le  Sud  de  la  Régence  une  étendue  d'environ  quinze 
cent  mille  hectares.  On  le  trouve  dans  la  région  méridionale,  au 
sud  d'une  ligne  qui  partant  de  Guelâat-es-Senam ,  sur  la  fron- 
tière d'Algérie,  passe  par  Tala,  Sbiba,  l'Oued-el-Hathob ,  le 
djebel  Trozza  pour  se  diriger  ensuite  vers  le  Sud  en  suivant 
le  bord  de  la  vaste  plaine  qui  s'étend  de  Kairouan  à  Gabès. 

Au  sud  des  Cliott,  l'alfa  existe  dans  le  djebel  Tebaga  en 
quantité  assez  considérable  pour  donner  lieu  à  une  exploitation 

1.  itude  sur  l' lia! fa,  par  L.  Tiabul,  page  I, 


AGRlCDLTdRB    ET    VORÉTS 


57 


I 


régulière,  et  sur  les  pentes  méridionales  des  montagncià  des 
Hetmâta  et  de  Doulret.  Sa  limite  nord  y  est  tracée  par  une 
ligne  passant  entre  Taoudjoud  et  Tamezred  pour  aboutir  entre 
Toadjanc  et  Béni  Zellen.  De  In  il  s'étend  jusqu'en  Trîpolitaine. 

Dans  la  parlie  centrale  de  la  Tunisie,  il  croit  par  touffes 
isolées  au<L  Ouled  Aoun  et  aux  Ouled  Ayar,  dans  la  forêt  de  La 
Kessera,  dans  la  rég'ion  des  monts  Ousselet,  du  djeltel  Khordj, 
dans  les  environs  de  la  sebkba  Sidi  el  Hani  et  dans  la  forét 
de  Chebba, 

Au  Nord,  on  le  retrouve  dans  les  montagnes  de  l'Enfida.  au 
sud  de  Zagbouan,  dans  les  massifs  du  Djougar  et  de  Bou 
Arada.  il  est  assez  abondant  dans  les  environs  de  Teboursouk , 
plus  rare  dans  la  région  du  Kef. 

Au  nord  de  la  Medjei-da,  Talfa  pousse  par  toulîes  isolées  sur 
le  sommet  des  montagnes  élevées,  le  djebel  Ensaryeli,  et  le 
djebel  Tehent;  mais  la  quantité  est  trop  faible  pour  donner 
lieu  à  une  exploitation. 

La  contrée  la  plus  riche  en  alfa  se  trouve  au  sud  de  la  forêt 
de  Fériana  et  dans  les  environs  de  Sbeitla.  il  y  couvre  toute  la 
surface  du  sol  et  les  toulfes  sont  serrées  les  unes  contre  les  au- 
tres. Il  est  là  dans  sa  véritable  station ,  à  800  ou  !>00  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  merj  il  y  donne  les  plus  beaux  pro- 
duits. L'alfa  de  Fériana,  des  FraichicU  et  du  Mgliila  est  le  plus 
estimé  sur  le  marché  de  Sfax,  â  cause  de  sa  longueur;  il  s'y 
vend  3  francs  de  plus  les  100  kilogrammes. 

En  1881,  l'eiploitation  exclusive  d'une  grande  partie  de  cette 
immense  étendue  d'alfa  avait  été  concédée,  pour  09  ans,  à  un 
M.  Dnplessis,  et  ce  monopole  a  donné  lieu  à  des  récriminations 
et  des  procès  qu'il  serait  trop  long  de  raconter'.  Us  n'ont  plus 

.  On  IrouTCra  le  r^it  de  celle  aSaire  dans  la  Tunisie,  ['Ot  M.  de  Lanessan, 
I  fÊgfit  St-M,  el  U  golfe  de  Gabès  en  1888,  lurHU.  SerTonncl  et  Lalîlle,  |'BS«a 


i 


58 


LA   TCSISIK   REPCrS  L  OCCUPATIOS   FRAXÇAISE 


du  reste  qu'un  intérêt  tout  à  fait  rétrospectif.  Si  je  les  men- 
tionne c'est  pour  dénoncer  à  mon  tour  la  conduite  de  ce  Fran- 
çais qui  fut  assez  dénué  de  patriotisme  pour  aller  vendre  à  ane 
société  anglaise  la  concession  que  le  consul  de  France  venait  de 
solliciter  pour  lui,  afin  de  mettre  une  nouvelle  portion  du  sol 
entre  les  mains  d'un  de  nos  compatriotes,  et  n  faire  ainsi  an  pas 
de  plus  dans  la  voie  au  bout  de  laquelle  devait  se  trouver  l'in- 
tervention ofGcielle  de  In  France  en  Tunisie  ». 

La  compag:nie  anglaise  concessionnaire  a  cherché  à  créer  des 
embarras  au  gouvernement;  mais  l'énergie  de  M.  Massicault  a 
déjoué  ses  entreprises.  Mettant  à  profit  le  défaut  d'exécution 
des  principales  clauses  de  son  cahier  des  charges,  le  Résident 
général  fit  signer  au  bey  un  décret  prononçant  la  déchéance 
de  la  Compagnie  anglaise. 

Ce  décret,  en  date  du  ,11  juillet  1887,  a  été  accueilli  avec  joie 
par  les  indigènes  auxquels  il  a  rendu  les  terrains  dont  ils 
avaient  la  pleine  jouissance  de  temps  immémorial;  l'exploita- 
tion de  l'alfa  est  redevenue  entièrement  libre  dans  la  Régence. 
Elle  est  pratiquée  par  les  indigènes  qui  apportent  les  limbes  de  la 
feuille  d'alfa  sur  les  marchés  et  dans  les  ports  d'embarquement. 
Dans  le  Nord  de  la  Régence,  i\  Tunis,  Mateur,  Tehoursouk,  Med- 
jez  el-Bab,  l'alfa  mis  en  vente  est  destiné  à  la  consommation 
locale;  l'exportation  ne  se  fait  que  par  les  ports  de  Soussc, 
Sfas,  La  Skhirra  et  Gabès.  Sfas  est  le  grand  marché  d'alfa  de 
la  Tunisie. 

Par  suite  de  la  liberté  d'exploitation,  les  indigènes  glanent 
l'alfa  en  toute  saison.  Cette  pratique  est  parfaite  au  point  de  vue 
de  la  liberté  du  travail;  mais  elle  laisse  beaucoup  à  désirer  au 
point  de  vue  de  la  conservation  de  la  plante. 

M.  Trabut  divise  ainsi  les  phases  de  la  végétation  de  l'alfa  '  : 
au  premier  printemps,  les  feuilles  persistantes  entrent  en  acli- 

1.  V.  Étude  iur  IHalfa.  psee  9. 


AGBICCLTraE  ET   FOBStS 


59 


[  vite  et  commenceiit  les  recettes  cd  profilant  des  premières  lem- 
l  péraltires  utiles. 

Puis  les  jeunes  feuilles  déjà  ébauchées  depuis  l'autoniDe  sor- 
[  tent  des  gaines,  de  nouvelles  innovations  se  forment,  les  fonc- 
I  tîons  de  nutrition  atteignent  vers  la  fin  de  cette  période  leur 
I   maximum  d'intensité. 

'        Vers  la  fin  d'avril  ou  les  t»remiers  jours  de  mai  les  fleurs  se 
I  -montrent ,  et ,  dans  la  seconde  quinzaine  de  juin ,  les  fruits  sont 

La  feuille  d'alfa  se  compose  de  deux  parties  1res  distinctes 
r  quand  elle  est  bien  développée  :  le  limbe  et  la  gaine  ;  la  réunion 
I  de  ces  deux  parties  se  fait  par  une  véritable  articulation;  tous 
I  les  tissus  ne  sont  pas  continus,  les  nombreuses  fibres  (jui  don- 
'  nent  celte  solidité  si  remarquable  au  limbe  cessent  brusque- 
I  ment  aux  environs  de  l'articulation.  Aussi  une  traction  sépare 
facilement  le  limbe  de  la  gaine;  c'est  cette  faculté  de  se  dé- 
sarticuler qui  est  le  point  de  départ  de  tous  les  procédés  d'ex- 
^  traction  ou  d'arrachage. 

Mais  si  l'on  procède  à  cet  arrachage  trop  tAt,  alors  que  les 
lifeuilles  ne  sont  pas  encore  mûres,  et,  par  suite,  complètement 
r  fionstituées  ù  leur  base,  à  la  moindre  traction  la  gaine  encore 
\  verte  mil  le  limbe ,  et  la  sève  dont  elle  était  gonflée  est  perdue , 
L  les  rhizAmes  déchirés  ne  sont  plus  propres  à  la  production.  Au- 
trement dit  la  plante  est  détruite. 

Or,   comme   elle  constitue  une  des  richesses  naturelles  du 

Kord  de  l'Afrique ,  il  convient  de  prendre  les  mesures  propres  à 

a  conservation.  A  cet  efl'et,  le  gouverneur  général  de  l'Algérie 

,  interdit  la  cueillette  de  l'alfa  et  toutes  les  opérations  relati- 

,  vesà  l'achat  de  ce  textile  :  dans  le  Tell  du  16  janvier  au  15  mai, 

t  et  sur  les  Hauts  Plateaux  du  t"  mai's  au  ^0  juin  '.  11  me  parait 

fcDtîle  qu'un  arrêté  du  môme  genre  soit  pris  par  le  Résident  gé- 

1.  Arrtlé  du  U  décembre  ISBS. 


60  LA    TUNISIE   DEPUIS   L  OCCUPATION   FRANÇAISE 

néral.  Cette  réglemeiitation  ne  sera  évidemment  pas  du  goût 
des  indigènes;  mais  c'est  leur  intérêt  même  qui  la  commande. 
Il  s'agit  de  ne  pas  tuer  la  poule  aux  œufs  d'or!  Et  pour  cer* 
tailles  tribus ,  ce  textile  n'est  pas  autre  chose  :  hommes,  fem- 
mes, enfants,  tout  le  monde  cueille,  trie,  transporte,  tresse, 
en  un  mot  vit  de  cette  humble  graminée. 

Tous  les  ustensiles  domestiques,  sous  la  tente,  sont  fabriqués 
en  alfa  ou  en  diss  :  le  keskès ,  cône  employé  pour  la  préparation 
du  couscouss;  le  tebak^  plateau  pour  servir  les  dattes  ou  la 
galette  d'orge;  la  bakbaka,  gargoulette  goudronnée  de  la  con- 
tenance de  deux  litres;  laguennana,  grande  jatte  goudronnée, 
moitié  moins  grande  que  la  bakbaka  et  qui  sert  à  traire  les  vaches 
et  les  brebis;  rhacira,  natte  sur  laquelle  on  dort;  le  kouffa, 
èsi  dont  nous  avons  fait  couffinj  panier. 

Tous  les  indigènes  savent  tresser  l'alfa,  et  c'est  avec  beaucoup 
d'habileté  qu'ils  confectionnent  les  objets  que  je  viens  d'énu- 
mérer  ;  avec  les  feuilles  rondes  et  aiguillées,  fortes  et  nerveuses, 
ils  font  encore  des  chaussures ,  des  chapeaux ,  des  sacs ,  même 
des  cordes  excellentes,  toute  espèce  d'ouvrage  de  sparterie. 

La  plus  grande  partie  de  l'alfa  ouvré  reste  dans  le  pays;  il 
figure  quand  même  à  l'exportation  pour  plus  de  100,000  francs 
par  an. 

Mais  c'est  principalement  comme  matière  première  que  Talfa 
est  exporté  en  Europe.  L'industrie  l'emploie,  comme  on  sait, 
à  la  fabrication  de  superbes  tentures,  de  tapis,  etc.,  et  on  en 
obtient  une  pîitc  à  papier  des  plus  fines,  comme  des  plus  gros- 
sières, à  volonté.  Mêlée  à  la  pâte  de  chiffons,  elle  lui  donne 
de  la  consistance  et  s'adoucit  elle-même  par  le  mélange. 

En  raison  du  bas  prix  auquel  y  sont  le  chlorure  de  chaux, 
la  soude  et  le  charbon ,  c'est  l'Angleterre  qui  utilise  la  presque 
totalité  de  l'alfa.  100  kilogrammes  de  pâte  à  papier  lui  revien- 
nent à  k\  francs  ;  en  France  il  est  impossible  de  l'établir  à  moins 


i 


AGniCUr.TlRK    ET    FORÊTS 


te  55  francs.  Aussi  sur  3,0'i.0,000  piastres  d'alfa  exportées  de 
Tunisie  pcDdanl  l'exercice  1308  (du  13  octobre  1800  au  31  d»:-- 
cemhre  1891),  il  en  a  élé  eraliarqué  pour  2,870,800  piastres  A 
destination  de  la  Grande-Bretagne. 

La  Tunisie  produit  annuellement  environ  300,000  tonnes 
d'alfa.  Un  quinzième  peul-i^tre  esl  coosooinié  par  l'industrie 
indigène;  un  douzième  est  exporté  pour  l'industrie  euro- 
péenne; le  reste  sert  à  l'élevage  du  bélail. 

Lr  wss.  —  Le  diss  {Festuca  palula,  Arundo  festucoïdes)  est 
une  graminée  très  commune  en  Tunisie,  où  elle  est  employée 
au\  mômes  usages  que  l'alfa  pour  la  sparterie  et  la  corderie, 
ainsi  que  pour  la  nourriture  des  animaux. 

On  &  cherché  à  l'utiliser  également  pour  la  papeterie;  il 
falluit  pour  cela  dissocier  les  libres  par  la  dissolution  des  com- 
posés pectiqucs  qui  les  unissent,  tout  en  conservant  aux  élé- 
ments filireux  1  élasticité ,  la  force  et  la  longueur  qui  leur  sont 
nécessaires  pour  produire  parleur  enchevêtrement  le  feutrage 
indispensable  i\  la  confection  du  papier.  Tous  les  efforts  tentés 
dans  ce  but  étaient  toujours  restés  sans  résultat  ;  mais  les  jour- 
naux annonçaient,  il  y  a  quelques  mois,  que  deux  chimistes, 
MM.  Caselmann  et  Wetierlé,  avaient  enlin  résolu  le  problème. 
Ce  serait  vivement  à  souhaiter ,  car  la  Tunisie ,  comme  l'Algérie , 
trouverait  une  nouvelle  ressource  dans  la  fourniture  de  ce  textile 
à  l'industrie. 

Pauueb  VMS.  —  Le  palmier  nain  (c/iamœrops  /lumilis)  est 
moins  répandu  en  Tunisie  qu'en  Algérie ,  où  il  a  fait  longtemps, 
par  la  profondeur,  la  ténacité  et  l'îne.xtricable  lacis  de  ses  ra- 
cines, le  désespoir  dos  défricheurs.  C'est  aussi  avec  sa  feuille 
rade,  filamenteuse,  et  qui  devient  blanche  comme  la  fibre  du 
panama,  que  les  indigènes  font  les  nattes  qui  garnissent  leui's 
demeures,  des  corbeilles,  des  b&ts,  des  éventails,  etc. 


62  LA   TDSISIE  DEPUIS   LOCCCPATION  FIIAKÇAISK 

Vers  185i ,  l'industrie  algérienne  a  transformé  le  palmier 
nain  en  un  produit  industriel,  connu  sous  le  nom  de  crin  vé- 
gétal, et  dont  la  richesse  peut  se  mesurer  à  l'iniporlance  sans 
cesse  croissante  prise  par  rexportation. 

La  bamik  —  Ce  n'est  que  pour  mémoire  que  je  parle  de  la 
ramie.  On  a  fondé  sur  ce  textile  des  espérances  qui  se  réaliseront 
un  jour,  il  faut  l'espérer;  mais  il  n'y  a  rien  à  faire  tant  qu'on 
n'aura  pas  découvert  le  moyen  de  teiller  et  surtout  de  dégom- 
mer la  plante  à  des  conditions  qui  satisfassent  l'industrie.  On  a 
inventé  à  cel  effet  je  ne  sais  combien  de  machines  :  toutes  lais- 
sent à  désirer,  sansexceptercelIedeM.Landsherque  j'ai  vu  fonc- 
tionner à  l'Exposition  de  1889.  où  elle  a  obtenu  le  premier  prix. 

La  ramie  ou  china  grass  réclame  un  climat  chaud  et  humide, 
et  elle  donnerait  en  Tunisie  un  rendement  minimum  annuel 
de  6,000  kilogrammes  de  filasse  à  l'hectare.  Au  prix  actuel  de 
45  francs  les  cent  kilogrammes  ce  serait  donc  un  produit  de 
2,700  francs  à  l'hectare.  11  va  de  soi  que  la  culture  de  ce  végétal 
prendrait  de  suite  de  grandes  proportions  et  que  le  prix  do 
vente  baisserait  beaucoup;  néanmoins  cette  culture  produirait 
toujours  de  fort  beaux  bénéfices.  Il  fant  souhaiter  que  les  persé- 
vérants efforts  de  la  mécanique  soient  bientôt  couronnés  de 
succès.  Le  jour  où  le  problème  de  la  décortication  sera  tout  k 
fait  résolu,  un  nouvel  élément  de  fortune  écherra  à  la  Tunisie. 

Le  lin.  —  J'ai  déjà  dit  quelques  mots  du  lin  au  point  de  vue 
oléagineux;  mais  il  convient  de  le  cultiver  pour  un  rendement 
mixte  :  graine  et  filasse.  Le  profit  équivaut  alors  à  celai  du  blé. 

Le  lin  croit  à  l'état  sauvage  dans  les  prairies  tunisiennes, 
preuve  certaine  de  sa  réussite  à  l'état  cultivé.  D'ailleurs,  les 
Romains,  nos  prédécesseurs,  cultivaient  ce  textile  en  Afrique; 
ils  en  faisaient  des  tissus  qu'ils  exportaient  en  Italie.  Les  Arabes, 
au  moyen  Age ,  le  tenaient  en  faveur,  n  Les  fils  de  Sousa  étaient 


AGKICtLTCnE    ET    FOnÊTS 


63 


stimés,  et  les  tisserands  nombreux  en  celte  ville  »,  rapporte 
M,  le  comte  de  Mas-Latrie  '.  Il  est  encore  cultivé  en  quelcjues  rares 
endroits;  recueilli  en  bottes,  puis  séché  sur  l'aire  et  broyé, 
il  est  filé  par  les  femmes  et  fournit  une  grosse  toile  employée 
à  divers  usages. 

La  Tunisie  produit  d'autres  matières  textiles,  fort  intéressantes 
au  point  de  vue  industriel.  Elles  sont  fournies  par  : 

h'abutilon  indicmn,  plante  d'une  croissance  rapide  dont  on 
peut  extraire,  auboutde  trois  mois  de  culture,  20  à  H  quintaux 
métriques  de  filasse  à  l'bectare; 

Le  corète  textile  [CorcUonis  textUis)  qui  donne  un  rendement 
égal  d'une  filasse  propre  à  la  confection  des  sacs; 

Le  chanvre  géant  de  la  Chine ,  dont  le  nom  indique  le  déve- 
loppement extraordinaire.  La  filasse  qu'il  donne,  sur  le  pied  de 
15  à  16  quiQtau<k  par  hectare,  est  dune  longueur  et  d'une 
force  remarquables; 

L'agave  d'Amérique  et  du  Mexique  {Agace  americaua  et 
mfxicanà)  :  ces  deux  agaves  émettent,  tous  les  deux  ans,  dix 
feuillex  Â  couper  dont  on  peut  extraire  250  grammes  de  fil  d'une 
grande  finesse  et  d'une  grande  solidité. 

L'agave  fétide  [Fourcroija  t/it/anlea) .  C'est  de  celte  espèce 
magnifique  qu'au  Brésil  et  dans  toute  l'Amérique  méridionale 
on  retire  le  fil  de  Pill.  Elle  est  d'une  culture  facile; 

La  sansevière  {Sanseviera  giiineensis) ,  dont  les  fibres  sont 
fines,  solides,  et  d'une  facile  e.xtraction. 

Le  bananier  [Musa  paradisiaca)  dont  on  tire  des  fibres  pro- 
pres à  la  fabrication  d'escellente  toile ,  à  l'imitation  du  chanvre 
de  Manille.  Les  fibres  s'obtiennent  après  la  récolte  des  fruits. 
11  y  a  donc  là  double  produit. 


Age,  p.  380, 


e  de  t'Afrùjue  septenir'ionole  ou  Maghreb  au  mot/en 


i 


(iï  LA   TLMSIE   DEPUIS   l'oCCUPATION   FEA5ÇA1SE 


VIII 


L'ELEVAGE   DU   BETAIL 


Atjer  fviKjum  fertilis,  bonus  pecori :  favorable  aux  semences, 
clic  est  bonne  aussi  pour  les  troupeaux,  écrivait  Salluste  de  sa 
plume  rapide,  et  lancienne  province  d'Afrique  continue  à  justi- 
fier cet  éloge  —  qui  se  trouve  déjà  dans  F  Odyssée^.  Elle  est  tou- 
joui*s  la  terre  du  pâturage  par  excellence;  comme  dans  Tanti- 
quitéy  le  bétail  peut  y  produire  de  magnifiques  revenus.  J*ai 
même  la  certitude  absolue  qu'il  les  assurera  avant  peu,  aussi 
bien  avec  le  bœuf  et  le  cheval  qu'avec  le  mouton.  11  y  a  pour 
cela ,  beaucoup  moins  à  faire  qu'on  ne  suppose. 

PrcmoDS  le  bœuf.  L'espèce  bovine  de  la  Tunisie  est  petite, 
mais  élégante  en  ses  proportions.  Le  poids  moyen  de  la  viande 
nette  dans  les  ba*ufs  descend  souvent  à  100  kilogr.  et  rarement 
il  atteint  200 ,  à  moins  que  les  animaux  ne  soient  engraissés. 
Comme  le  déchet  est  en  moyenne  de  40  à  50  pour  100,  le  poids 
brut  varie  entre  250  et  400  kilogr.  Quoique  manquant  de  taille, 
CCS  brtos  sont  d'une  rare  perfection  de  formes. 

Voici  la  description  qu'en  donnait  l'année  dernière  Tinspec- 
teur  d'agriculture  dans  un  rapport  au  Résident  général  : 

«  Sous  des  lignes  très  régulières  et  très  fines,  le  bœuf  de  Tuni- 
sie est  trapu,  suffisamment  long,  assez  près  de  terre  ;  son  épine 
dorso-lombaire  est  droite,  le  garrot  épais,  le  poitrail  large  et 
bien  sorti,  Tubdomen  peu  développé,  le  flanc  court,  la  côte 
ronde,  la  poitrine  haute  et  profonde.  Son  front  est  large ,  sa  tête 
courte,  le  mufie  petit,  le  cornage  mince,  effilé;  l'ossature  à 
la  fois  robuste  et  fine. 

1.  Honicrc,  Odyssée,  IV,  v,  85. 


AfiRICULTCRE    KT    FORKTS  65 

■rLësïemelles,  sons  dos  proportions  moins  amples  mais  aussi 
belles,  sont  remarquables  par  leur  finesse  et  leur  élégance,  •< 

Sous  des  apparences  de  peu  de  volume,  ces  animaux  sont 
pleins  de  vig'ueiir  et  forts  pour  leur  taille;  sobres  d'ailleurs,  durs 
à  la  fatigue  et  à  la  chaleur,  répondant ,  en  un  mot,  à  un  degré 
remarquable,  aux  conditions  du  milieu  matériel  où  ils  vivent. 
Aussi  les  tendances  primitives  à  les  réformer  par  le  croisement 
font-elles  généralement  place  à  des  vues  d'amélioration  de  la 
race  par  elle-même  au  moyen  de  soins  tr^s  entendus,  d'une 
nourriture  plus  régulière  et  plus  abondante  dans  l'arrière-saison, 
d'abris  contre  les  chaleurs  de  l'été,  contre  les  intempéries  de 
l'hiver,  autant  de  précautions  généralement  négligées  par  les 
indigènes. 

Bien  qu'habituellement  très  maigres,  les  bœufs  tunisiens 
prennent  facilement  la  graisse,  pour  peu  que  la  saison  ou  la  pré- 
voyance de  l'homme  leur  procure  nne  nourriture  abondante. 
Par  l'engraissement  on  obtient  un  poids  net  de  175  à  225  kilogr. 
d'une  viande  de  bonne  ([ualité.  Les  droils  d'abattage  établis  A 
l'abattoir  de  Tunis,  à  raison  de  tant  par  tète  et  par  catégorie  ' , 
au  lieu  d'une  taxe  fixe  de  tant  par  kilogr.,  ont  été  un  en- 
couragement direct  donné  à  l'engraissement,  et  les  résultats  en 
sont  déjà  appréciables.  \  l'ouverture  de  l'abatloir,  en  1887,  ou 
n'amenait  guère  que  des  bêles  de  50,1110  et  150  kilogr.  Le  direc- 
teur se  voyait  obligé  d'en  refuser  un  grand  nombre  pour  leur 
maigreur.  Aujourd'hui,  ainsi  qu'il  est  dit  plus  haut,  les  bœufs 
que  l'on  tue  pèsent  couramment  300  et  ïOO  kilogr. 

De  même  qu'on  a  développé  le  poids,  on  développera  les 
propriétés  lactifères  de  ces  animaux  par  un  régime  approprié. 
La  vaclic  de  l'Arabe  ne  lui  donne  que  2  j\  3  litres  de  lait  pendant 


.  Il  iiiwires  7S  |im 
I,  t  iwiir  Ira 


C(> 


LA    TL'MSIB  DBPDIS  L  OCCUPATION   FRAK^AISE 


férûu 

leaflfl 


les  quatre  A  cinq  mois  qui  suivent  le  part  ;  le  colon  ea  obtient . 
avec  de  meilleurs  soins ,  de  3  à  5  litres,  rarement  G,  C'est  trop 
peu.  Pour  accoltre  la  production  dti  lait ,  on  a  consoîUé  l'in- 
troiluctiou  de  la  race  suisse ,  mais  elle  n'a  pas  réussi  en  Algérii 
et  il  n'y  a  pas  lieu  de  penser  qu'on  en  obtiendrait  de  meillei 
résultats  en  Tunisie;  la  race  bretonne,  beaucoup  mieus  prédis- 
posée par  son  organisation,  ses  hubîludes  et  sa  taille ,  à  la  \ie 
libre  dans  les  pacages  d'Afrique,  se  coin  porte  l'ait  sans  doute  tout 
autrement.  J'en  ai  déjà,  vu  un  e.'semple  satisfaisant  H  Bèjà. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  à  l'appareillemenl  pur  sélection,  comme 
à  une  meilleure  hygiène,  qu'il  faut  demander  le  perfection* 
nenienl  de  la  race  bovine  tunisienne,  et  non  à  des  croisementa 
qui  n'engendrent  guère  que  des  déboires  zootecbnîqnes  el 
financiers. 

X  l'ouverture  de  l'abattoir  le  bœuf  se  vendait  environ  0  fr. 
le  kilogr.  de   viande;    mais  depuis  lors  son  prix  s'est  succe»- 
siveiiienl  élevé ,  et  il  atteint  à  présent  t  franc  35  le  kilogramme, 

En  un  mol  le  prix  des  animaux  a  plus  que  doublé  depuis 
trois  ans.  Il  n'est  que  juste  d'attribuer  une  large  part  de  ce  ré- 
sultat aux  bonnes  récoltes  dont  le  pays  a  été  favorisé. 

Le  cheval.  —  Trois  conditions  essentielles  président  à  U, 
conservation  des  races  pures .  savoir  : 

Ce  que  les  Anglais  appellent  le  pedigree ,  c'est-à-dire  la  coqt 
naissance  généalogique,  l'illustration  de  la  famille,  la  pui'eté 
du  sang,  la  noblesse  de  l'origine; 

Les  performances,  ou  l'histoire  raisonnée  des  épreuves  aui- 
quelles  ont  été  soumis  les  individus,  les  recherches  sur  les  suc- 
cès obtenus  par  des  rivaux  plus  heureux  ou  plus  capables; 
enfin  la  connaissance  des  causes  des  défaites  constatées; 

La  symétrie  dans  les  formes  et  dans  les  proportions ,  c'est-à- 
dire  la  parfaite  concordance  entre  toutes  les  parties  du  corps, 


AGHICrLTUBB    ET    FOKÊTS 


67 


Tes  dispositions  les  plus  heureuses  de  la  charpente  squelettaire , 
le  développement  convenable  du  système  musculaire  et  tendi- 
neux ,  lagencenient  régulier  et  solide  de  tous  les  leviei-s,  l'ah- 
sence  de  tares  héréditaires. 

Il  sultil  d  enuraérec  ces  conditions  pour  concevoir  combien  le 
beau  cheval  libyen,  qui  Bgnrait  comme  emblème  sur  les  mé- 
dailles de  t^rlhage  et  que  nous  nommons  A  présent  le  cheval 
barbe,  a  di\  dégénérer  depuis  la  grande  invasion  hilalienne 
qui  l'a  fait  tomber  au  pouvoir  des  Arabes.  Mélancoliquement 
je  songe  au  coursier  antique  qui,  semblable  à  l'Aquilon, 
vole,  fuit,  et  dans  sa  course  rapide  balaye  et  la  terre  et  les 
eaux  : 

^^  llle  volai ,  simul  arva  Tiign  ,  simul  ^quora  verrens  '. 


r  Le  cheval  tuoisien  n'a  plus  avec  celui-ci  qu'une  faible  ressem- 
blance. 11  est  encore  assurément  très  vigoureux  dans  sa  petite 
taille,  il  a  des  muscles  puissants;  à  cet  égard  on  retrouve  en 
lui  les  traces  de  ses  ancêtres,  les  restes  d'une  noble  origine, 
"  comme  le  sceau  d'un  sang  exceptionnel  "  ;  mais  le  manque 
de  soins,  l'accouplement  libre  dans  les  troupeaux  de  la  tribu, 
la  mésalliance  dégradante  de  la  jument  avec  l'âne,  l'ont  fait 
déchoir  de  son  antique  splendeur.  Ses  formes  ont  perdu  de  leur 
sveltesse,  de  leur  harmonie.  Il  s'est  raccourci  et  épaissi.  Suivant 
une  très  juste  expression  ;  <>  Tout  en  lui  est  à  relever  :  la  taille 
el  l'Ame  ^  ». 

Dès  l'âge  de  dix-huit  mois,  un  an  et  même  moins,  il  sert 
de  monture  aux  enfants  et  aux  femmes  pour  aller  puiser  l'eau 
A  la  fontaine ,  pour  transporter  l'orge ,  les  dattes  ou  les  olives  ; 
fréfjuemment  il  est  employé  à  des  travaux  beaucoup  plus  fali- 


I.  Virgile,  La  Giorgiquet,  Ul .  Vil. 
t.  H.  Charles.  Hiii>|<orl  au  Rùîdenl  g^n 
ItlSW. 


G8  LA   TUNISIE   DEPUIS   l'oCCOPATION  FRANÇAISE 

gants,  et  il  est  encore  tout  jeune  qu'il  est  déjà  taré.  Si  nous  n'in- 
tervenions,  «  TArabe  et  son  coursier  »  ne  semit  bientôt  plus 
qu*une  légende.  Adieu  la  cavale  indomptable  et  rebelle,  dont 
parle  le  poète  des  ïambes.  Adieu  les  fantasia  fougueuses,  éche> 
velées  et  délirantes  comme  les  fantaisies  qui  débordèrent  de 
Tàme  profonde  de  Beethoven.  La  cavale  n'est  plus  qu'une  bète 
de  trait ,  le  compagnon  d'armes  n'est  plus  qu'un  humble  servi- 
teur! 

Il  n'y  a  pas  là  que  le  fait  de  la  négligence,  il  faut  y  voir  non 
moins  Tinfluence  politique.  En  Algérie  où,  jusqu'à  nos  jours, 
le  despotisme  féodal  a  tenu  le  pays  dans  un  état  de  guerre  per- 
manent, la  race  barbe  comme  la  race  arabe  s'est  bien  moins 
abâtardie ,  parce  que  là  un  bon  cheval  à  la  corde  était  journel- 
lement l'instrument  de  salut.  A  cette  époque  où  la  force  était  la 
seule  loi,  les  grandes  familles  indigènes,  dans  l'intérêt  de  leur 
pouvoir,  étaient  tenues  de  conserver  sous  leur  domination  le 
plus  grand  nombre  de  cavaliers  en  état  de  prendre  les  armes. 
Ils  tenaient  ainsi  des  goums  plus  ou  moins  nombreux  sous  le 
joug  de  leur  autorité;  ils  leur  dictaient  des  lois  et  leur  don- 
naient des  ordres,  et  dans  un  but  de  sécurité  personnelle,  ces 
tribus  étaient  tenues  d'obéir. 

Ces  grandes  familles  veillaient  avec  soin  et  beaucoup  d'intel- 
ligence à  la  conservation  des  races  qui  leur  avaient  été  léguées 
traditionnellement,  et  elles  entretenaient  pour  la  remonte  de 
leur  cavalerie  des  étalons  de  choix  que  les  masses,  placées 
sous  leur  dépendance ,  étaient  trop  pauvres  pour  pouvoir  en- 
tretenir elles-mêmes. 

En  Tunisie,  pays  essentiellement  berbère,  il  n'y  a  pas  de 
cliefs  de  grande  tente*  et  Ton  n'y  trouve  pas  de  cavaliers.  D'un 
tempérament  beaucoup  plus  pacifique  que  son  voisin,  l'indi- 

1.  Voir  l.  I,  p.  57  el  suiv.  la  différence  de  mœurs  des  Arabes  et  des  Berbères. 


"gène  tunibicD  s'est  habitué  de  bonne  heure  à  se  laisser  prolé- 
ger;  il  est  devenu  chac^ue  jour  moins  belliqueux  et  phis  mer- 
cantile. Depuis  longtemps  il  préfère  vendre  son  orge  ou  élever 
des  bœuts  et  des  moulons  qui  sa  noumsseut  tout  seuls ,  que  de 
produire  des  chevaux  dont  l'élevage  est  beaucoup  plus  chan- 
ceux, beaucoup  plus  cher,  et,  en  retour,  n'offre  pour  lui  au- 
cun avantage  appréciable.  A-l-il  besoin  d'une  monture  ,  d'une 
bète  de  somme?  l'Ane  et  le  mulet  répondent  parfaitement  à  ses 
besoins. 

L'occupation  françaisL'  l'incitera  de  plus  en  plus  à  la  produc- 
tion de  la  ^-iande  de  boucherie;  il  ne  faut  donc  pas  compter  sur 
l'indigène  pour  remédier  à  l'état  précaire  de  l'espèce  chevaline. 
C'est  au  colon  européen  que  cette  lâche  incombe.  C'est  au  haras 
de  Sidi-Tabet ,  allai»-je  dire  ;  mais  l'acte  de  concession  de  Sidi- 
Taliet  est  conçu  de  façon  si  niallieureuse,  il  semble  avoir  été 
rédigé  par  des  hommes  si  étrangers  i  la  science  hippique,  je 
n'hésite  pas  à  dire  si  dépourvus  de  connaissances  physiologi- 
ques, que  cet  établissement  constitue  une  lourde  charge  pour 
les  concessionnaires  sans  qu'il  soit  possible  d'en  attendre  aucun 
service  pour  l'État.  Le  cheval ,  comme  le  bovidé  tunisien ,  porte 
en  lui-même  les  éléraenls  de  sa  régénération;  c'est  par  la  sélec- 
tion bien  comprise  et  une  nourriture  abondante  qu'on  doit  lui 
rendre  la  taille  aussi  bien  que  les  formes  robustes  et  distinguées 
qu'il  a  perdues.  Or,  le  cahier  des  charges  impose  au  haras  de 
Sidi-Tabet  le  croisement  de  la  race  barbe  avec  les  races  an- 
glaises et  autres,  comme  d'ailleurs  une  «table  pour  le  croisement 
de  la  race  bovine  indigène  avec  le  Uurham,  le  Charolnis,  etc. 
Cette  double  opération  zootechnique  donne  un  résultat  pitoya- 
ble. Bœufs  et  chevaux  perdent  les  qualités  de  la  race  indigène 
et  présentent  un  mélange  de  conformation  paternelle  et  ma- 
ternelle tellement  incohérent,  qu'ils  valent  moins  que  s'ils 
étaient  restés  de  race  commune. 


70  LA   TUMSIK  DEPUIS  l'oCCDPATION  FRANÇAISE 

Je  suis  franchement  surpris  que  les  rédacteurs  du  cahier  des 
charges  dont  il  s'agit  aient  ignoré  jusqu'aux  déboires  que  les 
éleveurs  algériens  ont  éprouvés  avec  là  méthode  du  croisement. 
Tout  le  monde  sait  cependant  qu*en  dépit  des  efforts  les  plus 
sincères  et  les  plus  persistants,  il  ne  résultait  rien  de  bon  de 
l'accouplement  de  toutes  les  races;  les  qualités  s'effaçaient  1res 
vite,  tandis  que  les  défauts,  les  défectuosités  se  transmettaient 
facilement  et  tendaient  à  se  perpétuera  On  obtenait  ainsi  des 
sujets  chétifs,  mal  construits;  on  voyait  des  chevaux  qui  joi- 
gnaient une  grosse  tète  à  une  encolure  grêle;  une  poitrine 
étroite,  des  épaules  chevillées  à  un  ventre  volumineux;  ou  bien 
c'était  une  croupe  resserrée,  tranchante,  fortement  avalée,  des 
membres  longs  et  minces,  des  boulets  droits,  etc. ,  sans  compter 
les  tares  inséparables  de  ces  feux  grossiers  et  profonds  que  les 
Arabes  appliquent  sans  art  à  leurs  chevaux,  le  plus  souvent 
rien  que  par  précaution. 

On  a  enfin  renoncé  à  cette  lutte  contre  nature  pour  s'adon- 
ner à  la  conservation  de  la  race  barbe  et  à  son  relèvement  par 
elle-même.  On  a  reconnu  qu'elle  n'a  rien  à  demander  au  de- 
hors et  que,  loin  de  là,  elle  a  encore  des  éléments  ataviques 
de  régénération  assez  puissants  pour  répondre  à  toutes  les  exi- 
gences. Un  Stud-Book  a  été  créé  pour  faciliter  le  choix  des 
reproducteurs  et  créer  une  famille  de  haute  qualité  «  dont  on 
connaît  la  généalogie,  l'éducation,  les  défauts  à  corriger  ,les 
qualités  à  augmenter,  une  famille  qu'on  ne  perd  pas  de  vue, 
que  Ton  améliore  par  des  appareillements  judicieux,  par  les 

1.  \.  Le  Cheval  algérien,  par  M.  Vallée  de  Loncey,  page  71  et  suiv.  Je  recom- 
mande tout  parliculièrcment  aux  éleveurs  le  volume  de  cet  hippologue  très 
distingué.  J'ai  eu  le  plaisir  de  faire  sa  connaissance  à  Alger,  en  1889,  lors  du  voyage 
qu'il  fit  dans  la  colonie  pour  la  préparation  de  son  ouvrage,  et  il  m'a  été  donné 
d'apprécier  ses  hautes  connaissances  hippiques.  N.  F. 

Voyez  aussi  dans  la  Dépêche  algérienne  des  21  et  23  septembre  1891  les  arti- 
cles de  M.  L.  Morel  sur  les  travaux  du  Congrès  des  vétérinaires  tenu  à  Alger  à 
cette  époque. 


ACmCrtlTIRE   ET    FORÊTS  71 

soius,  par  l'hygiène,  par  la  nourriture  surtout  el  par  la  concen- 
tratioD  des  meilleures  qualités  origiuelles:  une  famille  enfin 
qai  est  la  source  pure  el  abondante  oii  il  est  permis  de  puiser 
les  éléments  de  perfectionnement'  ». 

Il  n'y  a  pas  autre  chose  à  faire  en  Tunisie. 

En  attendant  l'institution  d'un  Stud-Book  tunisien,  le  service 
de  la  remonte  a  inslallé  sur  divers  points  de  la  Régence  de 
petits  haras,  dans  lesquels  trois  ou  quatre  étalons  sont  mis 
!;ratuitement  à  la  disposition  dos  éleveurs.  Une  société  hippi- 
que p\iste  à  Tunis,  une  autre  a  été  créée  à  Sousse  en  1891.  ¥ai 
joignant  à  ces  aides  et  encouragements,  des  prit  et  des  primes 
aux  produits,  ainsi  que  des  pensions  aux  jumeufs  d'élite,  on 
obtiendra  avant  peu  des  résultats  très  sntisfaisants,  cl  l'industrie 
chevaline  deviendra  une  source  de  beaux  prolits  pour  l'éle- 
veur, étant  donné  qu'il  suffit  de  faire  une  largo  part  à  l'ali- 
m«^ntatîon.  d'assurer  au  poulain  une  hygiène  mieux  entendue, 
UQ  dressage  plus  rationnel  pour  en  faire  le  cheval  de  selle  par 
excellence,  le  cheval  de  l'officier. 


Le  MoiTON.  —  L'espèce  ovine  de  la  Tunisie  ne  procède  pas 
d'un  type  uniforme.  Dans  le  même  troupeau,  et  surtout  dans 
la  même  localité,  existent  souvent  des  variétés  nombreuses  que 
la  guerre  et  les  razzias  ont  mêlées,  dont  les  croisements,  livrés 
A  la  seule  nature,  augmentent  la  confusion.  Généralement  la 
taille  est  forte,  la  conformation  assez  belle  ;  la  poitrine  est  large 
et  haute,  mais  les  jambes  sont  courtes  et  furies,  les  tendons 
épais.  La  plupart  des  animaux  ont  deux  cornes,  rarement  quatre. 
Us  sont  connus  en  France  sous  le  nom  de  moutons  A  large 
queue;  ils  ont  en  elTetun  énorme  appendice  caudal  dont  le  poids 
atteint  fréquemment  J»  à  5  kilogrammes  et  forme  une  pelote  <le 
graisse  que  les  indigènes  mangent  avec  délices. 

l.  Lor.  eU,.f»ffl7. 


72  LA   TUMSIE   PKPl'IS   L  OCCUPATION   FRANÇAISE 

D'après  le  recensement  au  31  décembre  1890  la  population 
ovine  de  la  Régence  est  d'un  million  d^individus.  (On  en  trou- 
vera plus  loin  le  détail  par  circonscriptions.)  Les  troupeaux  sont 
surtout  très  nombreux  dans  les  régions  du  Nord-Ouest,  de 
l'Ouest  et  du  Sud,  qui  ont  pour  dominants  les  djebels  Bir 
1011":  Salal>e  975°*;  Dir  708°*:  Bou  el  Ilaniche  1231";  Oum 
Delel  1305- ;  M'Rilah  137i-;  Chambi  1591°;  Selloum  1269; 
Sidi  Aich  1089";  Orbata  1170";  les  plateaux  de  Metmàta,  dje- 
bels Meled  i53°  ;  Toujane  637"  ;  —  pour  centres  :  Ain  Draham , 
Le  Kef,  Ksour  Thala,  Kasserin,  Sbeltla,  Feriana,  Gafsa,  Mou- 
denine,  Metameur,  Foum-Tatahouin  ;  —  et  pour  vallées  princi- 
pales :  celles  de  Toued  el  Kebir  (Kroumirie),  de  la  haute  Med- 
jerda,  des  0.  Meileg,  0.  Tessa,  0.  Zeroud,  0.  Foussanah,  0. 
Sidi  Aich,  0.  Safoum,  0.  el  Hallouf,  0.  Fessi. 

Les  tribus  «  moutonnières  »  les  plus  considérables  sont  celles 
des  Fraichich  et  des  0.  Ouezzez,  à  Fonest;  des  Souassi ,  à  Test. 

Les  quatre  cinquièmes  de  ces  troupeaux  vivent  en  transhu- 
mance du  Sud  au  Nord  et  du  Nord  au  Sud ,  durant  le  cycle 
annuel.  En  décembre,  janvier  el  février,  ils  occupent  les  con- 
treforts sahariens.  En  mai^,  parfois  plus  tôt,  parfois  plus  tard, 
selon  les  douceurs  de  la  saison,  les  transhumants  remontent 
les  Hauts  Plateaux  et  s'acheminent  lentement  vers  le  Nord,  dé- 
plaçant tous  les  quatre  ou  cinq  jours  les  tentes  de  leurs  guides. 

En  mai,  juin  ou  juillet,  ils  atteignent  les  marchés  où  s'effec- 
tuent les  ventes,  soit  pour  les  approvisionnements  du  Tell,  soit 
pour  les  expéditions  en  France  ou  à  l'étranger. 

Peu  de  jours  après,  les  troupeaux,  réduits  aux  femelles  et  aux 
naissances  de  l'année,  redescendent  lentement,  au  jour  le  jour, 
pour  aller  reprendre  leurs  cantonnements  d'hiver  sur  les  con- 
treforts et  mamelons  sahariens.  L'aller  et  le  retour  durent  en- 
viron huit  mois. 

Ces  migrations  périodicjues  se  pratiquent  de  toute  antiquité. 


ACRICrLTTRE   ET    PORIÎTS 


Me  piTiiiettia-t-oa  tien  demander  la  preuve  à  Virgile?  J'ai  peur 
d'abuseï-  de  ces  cîtatioas;  mais  de  môme  que  le  savant  et  poé- 
tique écrivain  de  l'Algérie  romaine,  j'aime  à  éclairer  mon 
sujet  des  textes  anciens  que  j'y  puis  ramener,  et  à  montrer  aussi 
qu'à   travers  la  suite  des  âges,  en  dépit  des  révolutions,    la 

I vieille  Afrique  se  retrouve  et  se  perpétue  toujours  dans  notre 
ykinisie  contemporaiae  : 


Quid  tibi  paslorcs  Libyœ,  tjuid  (lusciia  versii 
Prosei|iiar,  et  raris  liabitata  mapalia  teclis? 
Sj^pe  Uiem  DDCtemque  et  toliiiii  ex  ordine  menscm 
Pascitur  itque  pccus  loDga  in  deserlo  sine  ullts 
Ilospiltis  :  lantum  campi  jacel  !  Oiiinia  seciini 
Armentariirs  Afer  agit,  lectiimqiic  L^reinquc, 
Annaqiie  AmyulœumqLie  caiiem,  Cri-ssa nique  pharelrnni 
Nou  seeiis  ac  patrîis  acer  Ronianiis  iu  ai-mis 
Injusto  Bub  fasce  viam  qiium  carpît,  et  tigsti 
Ante  e\spcctaium  positis  stat  iu  nginine  castris  '. 


Ah!  le  merveilleux  don  qu'ont  reçu  ces  grands  poètes!  5'e\- 
clanic  M.  Boissière-,  avec  une  juste  admiration.  Dans  cette  pein- 
ture inspirée  où  Virgile  retrouve  une  Afrique  que  ses  yeuK  ne 
connaissaient  point,  quel  sentiment  exquis  du  pays  et  des 
mipurs,  ou  plutôt  quelle  divination!  Je  les  vois  encore,  et  le 
chemin  de  fer  les  traverse,  ces  buttes  primitives,  ces  gourbis 
.rares  ou  ces  tentes,  établis  is.  mi-côte  et  défendus  souvent  par 
<la  haie  piquante  du  cactus;  je  les  vois  aussi,  ces  bergers  longs 
et  maigres,  enveloppés  de  leurs  burnous  gris,  et  se  détachant, 
en  une  mince  et  droite  silhouette,  sur  le  ciel  clair  du  matin  ou 
sur  le  pâle  Ideu  du  soir,  immobiles  et  silencieux;  ou  bien,  les 
jambes  nues  et  leur  tunique  retroussée ,  leur  gandoura  serrée  à 
la  taille,  acdncii,  poursuivant,  la  baguette  en  main,  quelque 


7V  LA    TrUlSlK    ftEPCIS    L  OCCCPATrOX   FRANÇAISE 

taureau  rjui  bondit  et  s'échippe  ou  quelque  mouton  qui  s'at- 
tarde. Ils  vont,  comme  dit  Virgile,  et  la  nuit  et  le  jour,  et  tout 
un  mois  de  suite  ;  et  le  troupeau  s'avance  lentement  à  travers 
ces  longs. plateaux  déserts,  où  nul  abri  ne  les  reçoit  jamais. 
Comme  la  route,  comme  la  plaine  est  longue!  Tantttm  cam/u 
j'acel!  Le  berger,  lui,  emporte  et  traîne  tout  avec  lui.  sa  mai- 
son et  ses  lures,  son  chien  fidèle,  aboyant  et  hargneux;  ses 
armes,  autrefois  des  flèches,  aujourd'hui  un  simple  et  lourd 
bAton,  trop  souvent  terrible  et  mortel.  Ainsi  marchait,  —  et  la 
comparaison  sans  doute  n'est  point  désobligeante  pour  le 
misérable  Africain,  cette  sobre  et  énergique  bfite  de  somme 
que  j'ai  vue  tant  de  fois  cheminer  courbée  et  résignée  sous 
le  faix,  —  ainsi  marchait  le  fier  soldat  romain  sans  être  écrasé 
de  ce  fardeau  militaire  dont  parle  Végèce,  et  portant  avec 
lui  ce  carap  toujours  prêt,  cette  forteresse  improvisée  qui 
s'élevait  comme  par  enchantement  aux  yeux  de  l'ennemi  sur- 
pris et  impuissant. 

Virgile  ne  nous  dit  pas  si  le  berger  africain  se  préoccu- 
pait de  l'hygiène  et  de  la  reproduction  de  son  troupeau; 
l'incurie  de  l'Arabe  à  cet  égard  est  extrême.  Nul  soin  n'est  ap- 
(Kirté  au  choix  des  béliers,  à  la  moule,  à  lagnelage,  à  l'élève 
des  Jeunes  bëtes,  k  l'entretien  des  animaux  adultes;  aussi 
n'oblient-il,  pour  la  laine,  la  viande  et  le  lait,  que  des  résul- 
tats bien  inférieui-s  à  ceux  sur  le-îquels  il  serait  en  droit  de  comp- 
ter. Car  le  sol  fertile  en  plantes  substantielles  et  aromatiques, 
le  cUmat  chaud  et  sec,  le  sel  dont  la  terre  et  les  plantes  sont 
partout  imprégnées  prédestinent  la  Tunisie  A  l'éducation  de  l'es- 
pèce ovine,  lant  pour  la  viande  que  la  laine.  Celle-ci  a  été  de 
tout  temps  un  des  principaux  articles  d'exportation  du  pays. 
Au  moyen  rtge,  elle  figure  à  ce  titre  dans  les  traités  des  puis- 
sances maritimes  de  la  Méditerranée  avec  la  Régence,  Au  sur- 
plus ,  il  est  admis  aujourd'hui  que  des  plateaux  de  l'Atlas  sont 


AtiRtCULTURË   KT    KOHÉTS  75 

'  sorties,  à  l'origmc,  ces  belles  races  de  moulons  qui,  importées 
en  Espagne  par  les  Maures,  créèrent  plus  tard  la  race  des  méri- 
nos, devenus  depuis  si  célèbres.  L'histoire  du  passé  autorise 
donc  l'espoir  de  reconstituer  en  Tunisie  des  troupeaux  dont  le 
lainage  rivalise  avec  les  plus  estimés  d'Europe. 

Abandonnées  à  l'ignorance  et  à  l'incurie  des  Arabfs.  mélan- 
I  gées  confusément  par  les  guerres  et  les  razzias,  les  laines  de 
I  Tunisie  allient  à  de  précieuses  qualités  naturelles  qui  les  font  re 
I  chercher  en  France  pour  la  fabrication  des  étoffes  communes, 
I  de  nombreux  et  graves  défauts. 

s  la  plupart  des  toisons,  le  brin  manque  de  douceur  et 
I  de  finesse,  le  jarre  y  est  commun,  les  toisons  sont  sales  et 
V  chargées  de  corps  étrangers  ;  cela  tient  en  partie  au  système  d'é- 
'  ducation  arabe,  en  partie  k  des  fraudes  coupables.  Les  trou- 
peaux ne  sont  jamais  abrités;  ils  onl  à  supporter  la  chaleur,  le 
froid,  les  pluies,  les  marches  forcées,  même  les  privations  par- 

itîelles  de  nourriture;  car  l'indigène  ne  récolte  pas  de  foin  et 
quand  le  soleil  a  desséché  les  ptVturages,  le  mouton  est  réduit  à 
brouter  ce  qui  reste  de  tiges  maigres  et  dures  à  la  surface  du 
loi;  mais,  en  compensation,  dressées  à  cette  vie  en  plein  air 
et  aventureuse,  les  bètes  ovines  participent  à  la  vigueur  et  ;\  la 
TUsticité  des  chevaux  et  des  bétes  bovines;  les  laines  onl  du  nerf 
et  de  l'élasticité.  En  outre,  les  agneaux  ne  sont  pas  tondus,  ce  qui 
favorise  la  formation  du  poil  jarrcux,  et  la  tonte  sur  les  bétes 
adultes  est  pratiquée  par  un  procédé  barbare,  avec  une  faucille 
qui  écorche  le  mouton,  et  gftte  la  toison.  Enfin,  soit  pratiqu'' 
traditionnelle,  soit,  prétendent  lesArabes,  pour  n'être  pas  dupes 
de  quelques  marchands  européens  qui  les  trompent  sur  le 
poids,  des  fraudes  coupables  se  pratiquent  en  faisant  courir  les 
moutons  suants  sur  le  sable  pour  alourdir  leur  toison,  uu  par 
les  mélanges  directs  de  terre,  ce  qui  les  dis.-rédite  dans  le  corn- 


i 


7G  LA   TUNISIE   DEPUIS    L*OCCUPAT10X   FRANÇAISE 

inerce.  D'année  en  année,  ces  dernières  fraudes,  sévèrement 
surveillées  et  punies  par  Tautorité  française,  diminueront  de 
plus  en  plus  pour  disparaître  bientôt,  à  peu  près  entièrement. 
Mais  les  autres  défauts,  dus  à  un  mauvais  sj-stème  d'éducation, 
ne  peuvent  être  corrigés  que  par  des  soins  mieux  entendus  à 
obtenir  tant  des  indigènes  que  des  Européens  qui  ont  entrepris 
la  production  des  laines  et  de  la  viande  de  boucherie. 

A  cet  effet,  M.  H.  Charles ,  vétérinaire  et  ancien  inspecteur  de 
Tagriculture  et  de  Télevage  en  Tunisie,  s*est  livré  à  une  étude 
très  complète  de  la  race  ovine  tunisienne.  Il  a  résumé  son  travail 
on  un  rapport  dont  je  croîs  devoir  extraire  les  conseils  suivants 
dans  rintérèt  des  éleveurs  : 

I.  —  Amélioration  de  la  race  barbarine  an  point  de  vue 

indigène  (laine  et  viande). 

S'il  est  plus  agriculteur  que  TAlgérien,  le  Tunisien  ne  reste 
pas  moins  réfractaire ,  en  principe ,  à  ce  qui  tend  à  le  faire  sortir 
de  ses  habitudes  ou  de  ses  traditions. 

Ce  n'est  point  de  son  initiative  qu'il  demandera  à  la  culture 
au  delà  des  exigences  de  ses  sobres  appétits  ;  qu'il  se  livrera  à 
des  opérations  dont  il  comprendra  peu  Tutilité;  qu'il  sacrifiera, 
par  exemple,  la  queue  de  son  mouton  aux  nécessités  d'une  amé- 
lioration dont  il  ne  saisira  pas  de  suite  les  avantages;  à  peine 
attendni-t-on  de  lui  l'exécution  des  conseils  et  des  moyens  qui 
lui  seront  donnés  à  ce  sujet. 

Cependant  on  ne  doit  pas  désespérer  de  l'amener  dans  cette 
voie  par  l'exemple,  en  y  engageant  d'abord  les  riches  indigènes 
plus  disposés  qu'on  ne  le  croit  à  se  prêter  à  ces  sortes  d'essais. 

On  peut  en  juger  déjà  par  l'empressement  qu'ils  montrent  à 
se  servir  des  charrues  françaises,  mises  à  leur  disposition  et  par 
le  désir  de  (luelques-uns  de  s'en  procurer  à  leurs  frais.  Les  dé- 


AGBlCrLTl'BE    tT    KORKTS 


bouchés  offerts  à  leurs  céréales  les  engagent  à  en  prodiiiii'.  li 
en  sera  de  même  dn  mouton. 

Pour  vaincre  les  résistances  que  peut  opposer  l'indigène  an 
croisement  de  sa  race  ovine  et  A  la  disparition  de  l'organe  au- 
quel il  attache  tant  de  prix ,  —  disparition  indispensable  si  l'un 
veut  que  le  mouton  tunisien  se  montre  avec  profit  sur  les  mar- 
chés de  France,  —  il  est  essentiel  de  ménager,  dans  une  cer- 
taine mesure,  ses  sentiments  et  ses  pi-éjugés,  et  de  ne  lui  faire 
livrer  à  l'agent  améliorateur  qu'une  partie  seulement  de  ses 
troupeaux;  l'autre  partie  étant  maintenue  à  pari,  dans  la  «  tra- 
dition ». 

En  comparant  les  produits  des  troupeaux  de  progression  à 
cens  des  troupeaux  indigènes,  il  appréciera  luentOt  les  diffé- 
rences de  leurs  qualités  d'ensemble,  deleura  aptitudes,  de  leurs 
prix  sur  les  marchés  où  paraîtront  les  acheteurs  français;  et, 
Apre  au  gain ,  il  saura  rechercher  les  résultats  nouveaux ,  qu'il 
aura  vu  obtenir  par  d'autres,  sans  efforts  et  sans  sacrifices. 
En  aucun  cas,  il  n'y  aura  lieu  de  procéder  par  troupeaux  de 
I  substitution,  c'est-à-dire  d'importer  d'emblée  en  Tunisie  des 
I  mAles  et  des  femelles  d'une  race  pour  eu  multiplier  les  produits 
I  au  point  d'en  constituer  exclusivement  les  nouveaux  troupeaux. 
Si  •■  près  )i  que  ces  animaux  seraient  du  type  indigène,  ils 
I  ne  subiraient  pas  moins,  leurs  élèves  surtout,  les  aléas  de  l'ac- 
l  climatation  ;  ils  dégénéreraient  avec  riipidité  sous  les  forces 
[  seules  des  milieux  ambiants. 

On  n'importera  que  les  niAles,  de  la  race  amélioratrice  ;  ils 
I  n'exigent  pas  de  capitaux  considérables,  et  leur  action  est 
I  prompte  et  sans  inconvénients  d'aucune  sorte. 


Choix  <!''•<  t'Jpes  amélioraleurs. 
Avec  (juelles  races  européennes  doit-on  croiser  la  race  barha- 


LA    TL'XISIK    UEPL'tS    L  OCCrPATION    FRAlfÇAISK 

rine?  Le»  faits  observés  en  Algérie  fournissent  à  cet  égard  de 
précieuses  indîc&tioDs. 

Le  mouton  lit;  l'Algérien  nomade  s'est  pea  modifié,  et,  d'autre 
part ,  les  tentatives  de  croisement  de  la  race  indigène  faites  par 
les  colons,  &  l'aide  de  diverses  races,  n*ont  servi  qu'à  cré^  eu 
Algérie  une  mulliplîcilé  de  types  dont  beaucoup  sont  mal  dé- 
finis. 11  faut  ici  éviter  ces  errements  et  ces  mauvais  résultats. 

<<  Les  essais  faits  avec  le  mérinos,  dit  le  président  du  Comice 
<t  agricole  d'Alger,  ont  prouvé  qu'il  pourrait  lutter  au  point  d>.> 
Il  vue  de  l'endurance  avec  le  moulon  arabe  auquel  il  est  bien 
u  supérieur  :  il  est  acquis,  dès  maintenant,  que  seul  il  peut 
t<  prospérer  eutre  les  mains  des  indigènes.  11  a  de  plus  une  force 
<i  d'atavisme,  aidée  sans  doute  par  son  oi-igine,  qui  pourra 
«  mieux  nous  permettre  de  nous  débarrasser  spontanément  des 
«  moutons  i\  large  queue,  si  peu  appréciés  sur  nos  marchés. 
«  D'un  autre  côté,  le  mérinos,  par  sa  laine,  aura  toujours  une 
u  grande  valeur  auxyeuxdesindigènes,  qui  tiennent  l'élevage  et 
u  avec  lesquels  il  faut  compter.  Ensuite,  la  qualité  de  la  viande 
«  est  indiscutablement  supérieure  à.  celle  du  moulon  arabe  ». 

Le  choix  du  type  améliorateur  s'arrête  donc  au  mérinos,  et, 
dans  cette  race ,  il  ne  doit  pas  s'élever  nu  delà  du  mérinos  de  lu 
Crau.  En  voici  les  raisons  : 

Le  mérinos  de  la  Crau ,  appelé  encore  mérinos  de  Provence , 
mérinos  arlésien,  est  une  race  aujourd'hui  bien  fixée,  par 
conséquent  très  propre  à  imprimer  ses  caractères.  Sa  taille  est 
moyenne ,  son  corps  rond ,  son  garrot  épais ,  bien  sorti  ;  son  poi- 
trail est  large,  peu  pourvu  de  fanon,  ses  oreilles  petites;  sa  laine 
est  longue,  la  finesse  en  est  souvent  très  grande  {0°"02).  La 
toison  est  lourde  (trois  kilos  eu  moyenne),  tassée;  la  mèche 
courte. 

Il  est  enfin  estimé  pour  sa  viande. 

La  région  qu'il  habite  lui  impose,  par  son  sot,  son  climat,  sa 


AfiniClLTCnK    KT    FonÉTS  "9 

flore,  UQ  régime  général  très  rapproché  de  celui  du  mouton 
limisien.  Cette  analogie  de  conditions  géuérales  des  races  facilite 
le  mélange  de  leurs  qualités  et  de  leurs  aptitudes  et  assure,  à 
bref  délai,  la  prééminence  des  car;ictOres  reeiierchés. 


Règles  de  eroisemeni . 

Ces  considérations  exposées ,  l'aniélioratiou  par  le  croisement 
devra  se  faire  d'après  les  règles  suivantes  : 

I**  Constitution  d'emblée  de  troupeaux  dits  ûe progression,  par 
des  femelles  indigènes  de  clioix  et  des  béliers  mérinos  do  laCrau, 
dans  la  proportion  d'un  bélier  pour  10  <)  (iO  brebis.  Les  femelles 
seront  jeunes,  de  taille  moyenne,  de  constitution  robuste; 
elles  auront  une  laine  longue  et  aussi  iine  que  possible. 

2°  Conservation,  après  l'agnelage,  des  jeunes  femelles  les 
mieuK  constituées  et  se  rapprochant  le  plus  de  la  race  aniélio- 
ratricc ,  pour  Être  livrées ,  plus  tard ,  au<c  miVles  de  cette  même 
race.  Les  autres  ag^nelles  seront  abattues  ou  reportées  au  milieu 
des  troupeaux  indigènes  maintenus  dans  la  région. 

3°  Cnsiralion'  de  tous  les  produits  mâles  dès  t'ôge  de  trois 
mois;  ceux  qui  ne  seront  pas  castrés  à  cette  date  seront  livrés  à 
la  boucherie;  dans  tous  les  cas,  ils  devront  être  exclus  des  trou- 
peaux de  progression. 
Ib  ï"  Élimination  successive  du  troupeau  des  femelles  indigènes. 
Bbutefoison  conservera  celles  qui  se  maintiendront  en  bon  état 
el  qui  auront  donné  les  meilleurs  produits,  leurs  produits 
ultérieurs  tendant  toujours  à  tenir  plus  du  père  que  les  premiers. 

5"  Changement  des  béliers  en  les  faisant  passer  d'un  trou- 
peau dans  un  autre  tous  les  deux  ans  ;  en  le*  réformant  après 
<|uatre  ans  de  ser\"ice. 

1.  La  cattrttion  |>récocc  t'ini|iiiw.  On  ne  pnHiuit  jntnjiiii  de  moiilon  lin  cl  déli- 
ml ,  0  HruriMant  >  TÎle,  si  cvltr  opérRiion  »e  fait  Urdiveinetil.  U  Tiudrail  amener 
lea  iadigèaM  i  la  praliquer  du  Irobième  au  qualrièmc  mois  de  la  naissance. 


80  LA   TUNISIE   DEPUIS   L^OCCCPATIOX   FRANÇAISE 

6^  Interdiction  absolue  de  Tentrée  dans  le  troupeau  de  nou- 
velles femelles  indigènes  dès  la  fin  de  la  première  année  de  la 
constitution  du  troupeau. 

7^  Encouragements,  primes;  achat  d'étalons  dans  les  condi- 
tions à  établir  par  le  gouvernement. 

Ces  règles  devront  être  également  observées  par  TEuropéen 
qui  voudra  faire  l'élevage  du  mouton  comme  l'Arabe ,  c'est-à- 
dire  dans  les  conditions  normales  du  pays ,  et  eu  recherchant  à 
la  fois  la  laine  et  la  viande. 

Mais  il  sera  de  son  devoir  d*y  joindre  les  ressources  d'une 
bonne  exploitation ,  pour  augmenter  les  chances  de  succès  du 
croisement.  Le  colon  qui  réunirait  les  conditions  agricoles  et  les 
fonds  nécessaires,  pourrait  même,  à  la  rigueur,  constituer  d'em- 
blée des  troupeaux  de  mérinos  de  la  Crau,  et  dédaigner  l'appui 
de  la  race  indigène. 

Dans  ce  cas,  il  devra  multiplier  ses  soins,  perfectionner  ses 
cultures,  ainsi  qu'il  sera  dit  plus  loin. 

Telles  sont  les  règles  générales  à  suivre.  Elles  procureront 
aussitôt  l'avantage  de  livrer  à  la  boucherie  des  ovins  châtrés  de 
bonne  heure;  elles  conduiront  à  l'amélioration  de  la  laine,  en 
même  temps  qu'au  développement  de  la  viande  ;  elles  laisseront 
aux  indigènes  la  faculté  de  garder  des  troupeaux  à  large  queue, 
indépendants  des  troupeaux  de  progression ,  faculté  qu'on  aura 
soin  de  restreindre  avec  le  temps  et  à  propos.  Elles  permettront 
enfin  à  l'Arabe  de  consentira  leur  application,  parce  qu'elles 
seront  dans  ses  movens  et  dans  ses  intérêts. 

II.  —  Amélioration  de  la  race  indigène  par  le  colon. 

Un  peu  différentes  sont  les  conditions  dans  lesquelles  les  colons 
sont  placés  pour  se  livrer  à  l'élevage  et  à  ramélioration  de  la 
race  ovine  tunisienne. 


Us  peuvent  réagir  contre  les  effets  du  sol  et  du  climat  à  l'aide 
du  régime  spécial  que  procurent  les  exploitations  agricoles  bien 
tenues, 

Il  nous  parait  que  l'Européen  qui  est  en  situation  de  le  faire, 
doit  viser  ici  plutôt  à  la  production  de  la  viande  qu'ù  celle  de  la 
laine  ;  autant  à  ta  qualité  de  cette  viande  qu'à  sa  quantité  ;  et , 
enfin,  rechercher  la  précocité  de  ces  aptitudes. 

H  lui  faudra  donc  réunir  dans  une  exploitation  agricole,  les 
«éléments  qui  lui  sont  nécessaires  :  fourrages  naturels,  culture 
<ie  fourrages  artificiels,  réserves,  abris,  etc. 

La  race  indigène  reste  pour  l'Européen  comme  pour  l'Arabe 
la  base  rationnelle  des  futures  opérations  ovines  en  Tunisie. 

Peu  de  races  françaises,  hormis  celle  de  mérinos  et  ses  déri- 
vés, réunbsenl  les  éléments  d'amélioration  de  la  race  barbarinc, 
en  vue  de  la  boucherie  ou  de  l'élevage  français.  Les  unesson  t  trop 
supérieures,  et  par  suite  trop  exigentes;  les  autres  manquent 
d'ampleur  et  ne  possèdent  peut-être  pas,  à  divers  titres,  une 
somme  de  qualités  telles  qu'elles  en  puissent  communiquer  au 
mouton  indigène. 

C'est  le  liélier  South-Down  qui  nous  semble,  après  examen 
approfondi  de  cette  question,  le  type  le  mieux  approprié  pour 
faire  du  barbaria  un  animal  de  boucherie  estimé  du  commerce 
et  de  l'élevage  français. 

Le  Soulh-Down  appartient  A  une  ancienne  race  de  montagne 
améliorée  par  la  nourriture  et  par  les  soins  d'appareillement. 

Il  est  de  moyenne  taille;  son  corps  est  rond,  bien  fait;  son 
garrot  est  épais,  sa  ligne  de  dos  soutenue,  sa  côte  ronde,  son 
flanc  court  et  plein,  son  poitrail  large  et  bombé.  Les  membres 
sont  forts,  droits,  bien  plantés,  et  de  couleur  brune  ou  noire, 
comme  la  tète.  Sa  laine  est  blanche,  de  longueur  moyenne, 
grosse,  rude  et  creuse,  peu  élastique  et  manquant  de  nerf. 
La  toison  est  volumineuse,  quoique  légère;  aux  yeux  de  l'An- 


I 


8â  LA   TUNISIE  DEPTIS   l'0GCI:PAT105  FKA^^CAISE 

^lais.  la  laine  de  moaton  Soath-Doi^'n ,  en  général ,  a  peu  de 
valeur. 

Mais,  à  part  ces  qualités  de  lainage  qui.  d'ailleurs,  importent 
peu  dans  ce  cas.  le  Sonth-Do^ni  apparaît  sous  un  aspect  des  plus 
convenables  comme  type  de  croisement. 

Il  porte  la  tête  haute,  sa  démarche  est  fière,  son  pas  relevé,  il 
est  robuste .  résiste  aux  fatigues  des  longs  parcours ,  supporte  le 
froid  et  les  chaleurs. 

Trr's  rustique,  il  réussit  dans  les  contrées  à  sol  peu  fertile  et 
montasmeux,  à  climat  doux. 

Il  se  conWendrait ,  en  tant  que  reproducteur,  dans  les  massifs 
et  les  vallées  des  environs  du  Kef,  d'Aln-Draham,  de  Bizerle. 
de  Mateur  et  surtout  dans  la  région  littoralieune  du  Nord  et  du 
Nort1-E$t  de  la  Régence .  à  la  condition  que  ses  produits  avec 
rindiirène  soient  soumis  à  un  régime  d'entretien  tel  que  Ton  peut 
et  que  Ton  doit  en  attendre  des  exploitations  agricoles  françaises 
en  Tunisie. 

Ce  réffime  est  indispensable  au  succès  des  croisements;  avec 
un  bon  régime,  tous  les  perfectionnements  s'obtiennent,  sinon 
tous  échouent. 

Oïl  choisira  les  sujets  de  race  de  South-Down  parmi  les  plus 
petits,  les  plus  courts,  à  toison  mieux  serrée. 

On  constituera  le  troupeau  de  progression  selon  la  méthode 
indiquée  pins  haut,  pour  les  troupeaux  indigènes  formés  avec 
le  mérinos  do  la  Crau. 

Dos  primes  d'importation,  d'entretien,  etc.,  pourront  être  ac- 
oordéos  au\  colons,  propriétaires  de  béliers  South-Down.  C'est 
au  tîouvernement  qu'il  est  réservé  de  résrler  les  movens  d'en- 
conragement. 

Ainsi  donc,  le  mérinos  do  la  Crau ,  pour  l'ensemble  de  la  race 
tunisioune,  en  vue  du  perfectionnement  de  la  laine  et  de  la 


viande  et  dans  les  conditions  normales  du  pays;  le  South-Down 
pour  l'Européen  disposant  d'exploitations  où  la  culture  de  prai- 
ries naturelles,  artificielles,  assure  la  nourriture,  procure  des 
réserves,  oil  les  terrains  de  parcours  même  seront  amendés  par 
des  semis  partiels  annuels  de  graines,  de  graminées  vivaees,  etc. 

Tels  sont  les  tj'pes  auxquels  doit  ^Ire  confié  le  perfectionne- 
ment de  la  race  barbarine. 

Contrairement  à  ce  qui  se  passe  dans  les  pays  d'Europe,  des 
abris  où  seront  distribuées  des  réserves  doivent  ici  litre  aména- 
gés pour  l'été,  quand  les  terres  dénudées  ne  fournissent  plus 
de  nourriture,  et  que  le  soleil  est  brûlant. 

Les  abris  seront  vastes,  aérés,  à  proximité  de  puits  ou  d'oueds; 
ils  seront  formés  de  hangars,  de  constructions  légères,  peu 
coitteuses;  on  saura  mettre  i\  profit  les  vieilles  habitations  exis- 
tant sur  tes  domaines. 

Les  troupeaux  seront  ramenés  sous  ces  abris  avant  les  grandes 
chaleursdujûur;  ils  on  sortiront  au  déclin  du  soleil,  pour  passer 
la  nuit  dehors. 

Les  indigènes  sédentaires  seront,  autant  que  possible,  amenés 
A  faire  quelques  cultures  pour  leurs  troupeaux.  Déjà  sur  certains 
points,  des  semences  de  prairies  naturelles  et  artificielles  leur 
ont  été  distribuées  avec  profit.  Ces  distributions  seront  répétées 

suivies  avec  méthode. 

En  résumé,  ce  pays  peut  être  mis,  rapidement  et  d  peu  de 
frais,  en  état  de  transformer  sa  race  ovine,  d'en  augmenter  le 
nombre,  et  de  ia  présenter  avec  avantage  sur  les  marchés  de 
France,  que  la  loi  du  19  juillet  1890  lui  a  ouverts  et  où  le  ré- 
gime douanier  inauguré  le  1"  février  185)2  lui  assure  un 
écoulement  facile. 


Toicî,  par  circonscriptions,  le  nombre  d'animaux  domesti- 
9  que  possède  actuellement  la  Tunisie  : 


r 


Sï 


LA   TCMSIK  DEPUIS   L  OCCUPATION   FRANÇAISE 


Ktat  statistique  des  animaux  domestiquée  de  la  Régence 

Au  !•'  janvier  1892 


L*)CAUTÉ3 

• 

> 

ANES,  MULETS 

HT 

BOVINS 

OVINS 

a 

IMiRCS 

Tunis 

4.3K8 

4.105 

2.700 

3.460 

3.353 

4.010 

7.000 

2.104 

3.890 

1.676 

114 

369 

30 

1.426 

1.U35 

950 

25U 

2.2(»0 

736 

lOH 

370 

Ho3 

6.U70 

8.611 

1.600 

800 

3.709 

18.047 

10.000 

3.678 

19.499 

9.406 

3.188 

3.H0O 

1.212 

27W 
3.850 
690 
3.900 
4.200 
1.28n 
1.600 
5.U10 

83.096 

36.987 

87.00U 

13.000 

30.976 

33.136 

17.300 

6.448 

17.493 

3.339 

1.376 

960 

60 

31.463 

8.098 

876 

40 

3.160 

161 

673 

95 

769 

60.611 
33.386 

36.000 

8.300 

86.796 

188.630 
83.000 
38.190 

166.104 
70.798 
13.863 
13.000 
100 
33.698 
42. 630 
38.000 
8.000 

136.776 
60.800 
13.190 
14.600 
95.265 

1.833 

319 

1.300 

1.100 

366 

18.337 
3.700 
1.749 

11.306 

16.140 

3.789 

8.810 

c 

86 

10.886 
1.600 
8.000 
6.100 
6.876 
3.370 
3.400 

14.890 

43.839 
16.684 

46.000 

6.300 
10.077 
33.916 
80.000 

9.807 
76.693 
16.171 
794 
30.666 
66 
37.660 
13.660 

7.000 

11.600 

63.700 

80.900 

c 

8.000 
61.920 

2.3«»7 
6;H> 

10.100 

Biierte 

Mcbeul 

Bt'JB 

Souk-cl-Arlja 

•   • 

Soumc 

LeKef 

MakUr 

Kairouau 

Sfax 

Djerba 

Toxt'ur 

La  Goulettf 

AIn-Dra)iani ^  -  - 

0.  Rcdbouaii  (  Sou^so) . . 
Oabùs d" 

d" 
d*» 
d» 
(!■> 
d» 
d- 
d-» 
d" 

Kebelli d' 

Fériana d" 

Moudetiiiie il' 

Zarzitj «1" 

Fonin-Tat.ihouin ....   d" 
Oaf.-i4 d" 

Totaux. 

4S.0.'»(J 

104.127 

206.692 

1.078.309 

107.012 

610.271 

13. «H.: 

,- 

IX 


LKS   PRODUITS   FORESTIERS 


Au.v  productions  du  sol  dont  je  viens  de  parler,  il  convient 
d'ajouter  les  forêts  qui  couvrent  une  superficie  d'environ  600,000 
hectares  et  constituent,  pour  l'avenir,  un  des  principau.x  re- 
venus de  la  Tunisie. 


AGBICCLTDRE   ET    FORKTâ  85 

Cps  forèls  peuvent  se  diviser  en  deux  groupes  distiocts  :  celui 
du  Nord  et  celui  de  l'Ouest  et  du  Centre  qui  sont  séparés  par  la 
Medjerda. 
L      Le  groupe  du  Nord  comprend  officiellement  '  : 
I      1°  Le  massif  de  la  Kroumirie  occidentale,  contenant  les  forêts 
^  des  Oucbtefa,  des  M  rassen  et  des  Oiiled-Ali,  d'une  contenance 
approximative  de  27,000  hectares; 

2°  Le  massif  de  la  Kroumirie  centrale,  comprenant  les  forêts 
(l'Aln-Draham,  des  Cliialiia,  de  l'oued-Zéen  et  de  Fernana,  d'une 
contenance  totale  de  70,000  hectares  environ; 

3"  Le  massif  de  la  Kroumirie  orientale ,  comprenant  les  forêts 
de  Tabarka.  des  Houamdias,  des  Meknn.  des  Amdoun,  d'une 
contenance  d'environ  35,000  hectares: 

4"  Les  forèls  des  Nefza,  d'une  contenance  approximative 
de  20,000  hectares; 

5°  Le  massif  des  Mogod ,  celni  de  Porlo-Karina ,  et  les  quel- 
tjues   massifs  isolés  situés  au  nord  de  BéjA,  dans  la  vallée  de 
.   l'oued  Sedjenan,  au  djebel  Coucha,  au  djebel  Djourga,  A  l'oued- 
Kel-Ilammam  et  au  Kef  Cassour,  etc. 

Le  peuplement  se  compose,  en  Kroumirie,  de  dens  essences 
principales,  le  chéne-liége  et  le  chène-zéen,  qui  acquii'rent  de 
très  belles  proportions  et  forment,  sur  certains  points,  de  ma- 
gnifiques futaies.  Le  chène-zéen,  atteint  surtout  de  très  fortes 
I dimensions,  et  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  des  sujets  dont  le 
I  tronc  a  deu\  et  trois  mètres  de  circonférence. 

Ces  deux  essences  couvrent  les  parties  supérieures  des  mon- 

gnes,  le  chène-liège   sur  les  versants  exposés  au  sud   et  à 

ouest  ou  sur  les  versants  nord  et  est  des  contreforts  secondai- 

s,  le  chène-zéen  sur  les  vei-sants  nord  et  dans  les  parties  les 

s  fraîches  des  ravins.  Les  pentes  inférieures  des  montagnes 


r  général  drs  Travaui  publics,  p.  an. 


8()  LA    TCMSIli:   DEPUIS   L*OCCCPAT10N  FRANÇAISE 

sont  peuplées  de  broussailles  et  d*oIiviers  sauvages.  Dans  le  fond 
des  vallées  sont  disséminées  d'autres  essences,  telles  que 
laulne  et  le  saule  pédicellé  au  bord  des  ruisseaux,  le  peuplier 
blanc,  le  peuplier  noir,  le  frêne,  le  houx,  le  laurier,  le  tamarix 
gallica,  la  vigne  sauvage  dans  les  lieux  frais  et  humides,  enfin 
lazerolier,  qui,  dans  certaines  forêts  de  la  Khroumirie,  de- 
vient arborescent.  Les  essences  qui  constituent  le  sous-bois  sont 
principalement  le  myrte ,  le  lentisque ,  le  cytise ,  la  bruyère ,  le 
pliyllaria,  le  lierre,  la  viorne,  etc. 

Les  autres  montagnes  du  groupe  sont  couvertes  de  maigres 
taillis  de  chênes  verts  et  d'oliviers  sauvages  abroutis. 

Le  groupe  forestier  de  l'Ouest  et  du  Centre  comprend ,  ainsi 
qu'il  a  été  dit  plus  haut ,  les  massifs  situés  au  sud  de  la  Med- 
jerda,  qui  sont  en  général  en  assez  mauvais  état,  par  suite 
des  exploitations  désordonnées  faites  par  les  indigènes  et  de 
l'abus  du  pâturage. 

Le  peuplement  est  formé  surtout  de  pins  d'Alep  et  de  chênes 
verts;  on  y  rencontre  aussi  Tolivier  sauvage,  le  caroubier,  le 
tliuya,  Térable  de  Montpellier,  Tarbousier  à  l'état  buissonnant, 
le  genévrier  oxycêdre,  etc. 

Les  massifs  signalés  jusqu'à  ce  jour  sont  : 

1"*  Les  forêts  (\c  Zaghouan,  de  Djougar  et  du  djebel  Rças, 
entre  Tunis,  Zaghouan  et  Hammamet,  si  Ton  peut  toutefois 
donner  le  nom  de  forêts  à  des  buissons  plus  ou  moins  rabou- 
gris; 

-r  Les  boisements  de  pins  d'Alep,  près  d'Aïn-Fourna,  dans  la 
haute  vallée  de  l'oued  Miliane; 

T  Le  grand  boisement  niontueux  de  La  Kessera,  qui  a  un 
développement  de  10  à  1*2  kilomètres  de  longueur  sur  quelques 
kilomètres  de  largeur; 

V"  Le  boisement  des  montagnes  des  Zlass  ; 

')""  Les  boisements  de  Sidi-Youssef  et  de  l'oued  Mellec*; 


AGRICCLTTRE  ET  FOKÉTS 


87 


6"  La  forêt  de  Nebeur,  sur  la  route  du  Kef  à  Souk-el-Arbii, 
où  l'on  rencontre  principalement  l'arbousier  en  buissons  plus 
ou  moins  élevés,  le  genévrier  et  le  pin  d'Alep  de  petite  taille; 

7°  Les  massifs  de  Haïdra,  qui  font  suite  aux  massifs  fores- 
tiers du  cercle  de  Tébessa; 

8°  Les  massifs  de  Maktar,  comprenant  les  forêts  des  Ouled- 
Ayar,  du  djebel  Touila ,  du  djebel  Trozza ,  du  djebel  Hadjeb-el- 
Alonn,  du  djebel  Ousselet,  du  djebel  Bou-Hadjar  et  du  djebel 
Bou-Mourra,  pour   une  contenance  totale  de  30,000  hectares 


9"  La  forôt  de  h'eriana,  sur  le  territoire  des  Fraichich , 
dont  la  contenance  est  voisine  de  50,000  heclares.  Les  essences 
principales  de  cette  forêt  sont  le  pin  d'Alep  et  le  genévrier 
de  Phénicie.  qui  donne  de  grands  arbres  mesurant  jusqu'il 
0"80  de  diamètre  pour  une  hauteur  de  8  à  10™,  On  y  ren- 
conti'e,  mais  esceplionnellement,  quelques  pieds  de  chênes 
verts  à  létal  buissonnant,  et,  comme  sous-bois,  le  romarin, 
exploité  pour  la  fabrication  du  goudron,  le  ciste,  et,  à  l'état 
isolé,  quelques  pieds  de  leatisques,  d'oliviers  sauvages  et  de 
genévriers  oxycèdres.  L'état  du  peuplement  est  très  clairière; 
tous  les  arbres  au-dessus  de  0°',t5de  diamètre  sont  morts  sur 
pied,  tués  par  Técorçage,  et  le  repeuplement  ne  pourra  être 

luré  qu'en  mettant  la  forêt   en    défends   pendant  quelques 


^^«Buré  q 
^■knées; 


lO"  La  forèt  de  Thala,  formée  d'acacias  gommifères  ayant 
environ  3"  de  hauteur  et  espacés  les  uns  des  autres  de  50  à  60"°. 
Elle  parait  avoir  occupé  autrefois  une  surface  considérable, 
s'étendant,  dit-on,  sur  3â  kilomètres  de  longueur  et  8  kilomè- 
tres de  largeur;  mais  elle  n'a  plus  actuellement  que  8  kilomè- 
tres de  long  sur  2  de  large,  et  a  été  complètement  ruinée  par 
les  exploitations  abusives  des  indigènes  et  par  le  pâturage  des 
chameaux  et  des  chèvres.  Des  ordres  ont  été  donnés  en  1889 


I 


88  LA    TUNISIE   DEPUIS    l'OCCUPATION  FRANÇAISE 

aux  autorités  locales  à  Teffet  de  i*éprimer  et  de  faire  cesser  les 
délits  qui  y  étaient  journellement  commis  par  les  nomades; 
11''  Enfin  la  forêt  de  Cheba,  d'une  contenance  approximative 
de  15.000  hectares,  entre  Hehdia  et  Sfax,  dont  le  peuplement 
consiste  en  thuyas  et  oliviers  sauvages. 

En  considérant  les  principales  essences  tunisiennes  au  point 
de  vue  de  leur  utilité  pratique  et  de  leur  emploi  dans  les  arts 
et  dans  Tindustrie,  je  crois  pouvoir  les  diviser  ainsi  qu'il  suit  : 

I.  —  Bois  propres  aux  constructions  navales  :  Chêne-zéen  ;  — 
chène-liège  ;  —  chène-vert  ;  —  frêne;  —  orme. 
IL  —  Bois  de  charpente  :  Chêne  ;  —  pin  d'Alep  ;  —  lentisque. 

III.  —  Bois  de  menuiserie  ou  bois  de  sciage  :  Chêne;  — 
orme;  —  pins;  —  peuplier  blanc;  —  platane;  —  aulne;  — 
frêne;  —  amandier;  —  houx. 

IV.  —  Bois  d'ébénisterie  et  de  tabletterie  :  Thuya;  —  oli- 
vier; —  citronnier;  —  frêne;  —  érable;  — jujubier;  —  orme; 

—  palmier  ;  —  houx  ;  —  bruyère  arborescente  ;  —  lentisque  ; 

—  racine  de  myrte  et  d'arbousier;  —  laurier-rose;  — pla- 
tiine;  —  pistachier; 

V.  —  Bois  de  sculpture  :  Chêne;  —  olivier. 

VI.  —  Bois  de  tour  :  Myrte;  —  frêne. 

VII.  —  Bois  de  charronage  :  Chêne;  —  frêne. 

VIII.  —  Bois  à  charbo7i  :  Chêne;  —  orme;  —  frêne;  — 
aulne;  —  érable,  etc. 

IX.  —  Bois  de  teinture  :  Sumac;  —  grenadier;  —  carou- 
bier; —  épine-vinette  :  — frêne;  —  noisetier;  —  sureau. 

X.  —  Bois  subéreux  :  —  Chêne-liège. 

XI.  —  Bois  tannifèrc  :  —  Chêne  ;  —  lentisque  ;  —  pin  d'Alep. 

XII.  —  Boi^  résineux  :  Pin  d'Alep;  —  pin  maritime;  — 
thuya;  —  pistachier;  —  lentisque. 

XIII.  —  Goudrons  :  Pin  d'Alep;  —  genévrier;  —  romarin. 


AGRICtriTTRE   ITT  FORÊTS 


Celle  liste,  quoique  incomplète,  —  la  flore  foresli^rc  de  la 
Régence  comprend  210  espèces  dont  79  sont  susceptibles  d'ôtre 
exploitées  pour  leur  bois,  —  présente  une  esi]ais.se  assez  exacte 
des  richesses  exploitables. 

Ces  richesses  font  partie  pour  les  quatre  cinquièmes  environ 
du  domaine  de  l'État.  L'autre  cinquième  est  constitué  par  des 
biens  habbous,  des  ventes  consenties  par  li!  Beit-el-Ma! ,  des  usur- 
pations et  des  donations  faites  par  les  beys  en  violation  de  la 
loi  islamique  ;  car  d'après  celle-ci  les  foi'èts  sont  des  terres  mor- 
tes qui  ne  peuvent  appartenir  qu'à  l'État. 

i<  En  droit  musulman,  dit  le  savant  et  regretté  conseiller  État, 
L.  Béquet,  aux  obsèques  duquel  j'avais  la  douleur  d'assister  il 
y  a  quelques  semaines ,  à  l'aris ,  les  forêts  sont  terres  du  Beylick 
ou  teiTes  du  Beit-el-Mal  puisque  les  deux  mots  sont  synonymes; 
elles  étaient  à  ce  titre  administrées  fort  mal ,  il  est  vrai ,  ou  fort 
peu  par  le  service  public  connu  sous  le  nom  de  Beît  el  Ganimet. 
Or,  il  était  de  principe  que  les  biens  du  Beit-el-Mal  étaient  im- 
prescriptibles et  que  les  usages  qu'eu  pouvaient  faire  des  occu- 
pants ne  pouvaient  constituer  en  leur  faveur  que  de  simples 
tolérances  (Alger,  14  avril  1851).  Ce  n'est  donc  qu'à  titre  de 
tolérance  que  les  Arabes  coupaient  du  bois,  incendiaient  ou  pais- 
saient leurs  ti-oupeaux,  et  la  constatation  de  cette  tolérance  sé- 
culaire ne  pou\ait  leur  attribuer  aucun  droit  acquis'  ». 

C'est  en  se  basant  sur  ce  principe,  que  les  divers  actes  qui 
ont  constitué  la  propriété  en  Algérie  ont  toujours  considéré  les 
forêts  comme  appartenant  toutes  de  droit  à  l'État.  C'est  ainsi  que 
l'art,  i  de  la  loi  du  Ittjuin  1851  a  compris  dans  la  nomenclature 
des  biens  domaniaux  :  «  les  bois  et  forèls,  sous  la  réserve  des 
droits  de  propriété  et  d'usage,  régulièrement  acquis  avant  ta 
promulgation  de  la  loi  ».  De  même,  le  sénat us-consulte 
du  il  avril  1863,  tout  en  déclarant  les  tribus  de  l'Algérie  pro- 


Mpttioire  da  droit  admiimlratif ,  —  Algérie,  I.  I,  n 


90  LA   TUNISIE   DEPUIS   l'oCGUPATION   FRANÇAISE 

priétaires  des  territoires  dont  elles  avaient  la  jouissance  perma- 
nente et  traditionnelle ,  à  quelque  titre  que  ce  fût,  eut  soin  de 
réserver  dans  son  article  5  le  domaine  de  FÉtat  «  notamment  en 
ce  qui  concerne  les  bois  et  forêts ,  conformément  à  Tart.  h  %  k 
de  la  loi  du  16  juin  1851  ». 

On  a  procédé  de  même  en  Tunisie.  Au  lendemain  de  l'occu- 
pation française,  un  décret  en  date  du  i*^  décembre  1881  a 
rappelé  les  droits  primordiaux  de  FÉtat  sur  les  forêts,  en  décla- 
rant nulles  et  non  avenues  toutes  les  aliénations  ou  acquisitions 
de  cette  nature ,  auxquelles,  pour  son  compte,  il  ne  saurait  con- 
sentir à  aucun  prix.  Possesseur  des  forêts,  il  entend  les  mettre 
en  valeur  et  les  exploiter  lui-même,  ou  du  moins  sous  sa  direc- 
tion absolue. 

Il  faut  l'en  féliciter;  car  le  démembrement  opéré  en  Algérie 
a  puissamment  contribué  à  la  ruine  des  forêts  de  la  colonie. 

Là,  comme  en  Tunisie,  Tessence  principale,  la  véritable 
richesse,  est  le  chène-Jiègc,  comme  on  sait.  Or,  avant  de  don- 
ner du  liège  marchand ,  le  chêne  exige  une  première  opération 
qui  consiste  à  le  dépouiller  de  Técorce  subéreuse  que  l'arbre 
produit  naturellement.  Cette  écorce  porte  le  nom  de  liège  mâle, 
et  l'opération  par  laquelle  on  la  détache  celui  de  démasclage. 

Dans  les  premiers  temps,  TÉtat  n'ayant  ni  le  personnel  ni 
l'argent  nécessaire  pour  mettre  en  valeur  les  forêts  de  chênes- 
liège  de  l'Algérie,  s'adressa  à  Findustrie  privée.  A  partir  de 
184-8,  de  nombreuses  autorisations  d'exploitations  furent  concé- 
dées à  des  particuliers  ou  à  des  compagnies. 

Ainsi  que  le  fait  observer  Ménerville ,  ces  autorisations,  mal 
à  propos  qualifiées  de  concessions ,  ne  formaient  que  des 
contrats  d'affermage  pour  une  durée  plus  ou  moins  longue. 
Cette  durée  qui  ne  devait  être  d'abord  que  de  seize  ans,  fut 
successivement  portée  à  quarante,  ensuite  à  quatre-vingt  dix  et 
finalement  le  Gouvernement,  pour  dégager  l'État  de  la  solida- 


AURICrLTtIHE   KT    t'ORËTS 


9i 


m. 


rite  qui  le  liait  à  ses  fermiers  et  que  ceux-ci  invoquaieut  apivs 
cliacjiie  incendie,  se  décida  li  leur  abandonner  la  propriété  des 
forêts  affermées,  sous  cerlaines  conditions  formulées  dans  un 
décret  du  2  février  1870. 

D'après  ce  décret,  il  fut  fait  cession  gratuite  aux  concession- 
naires :  1"  des  parties  de  forêts  atteintes  par  le  feu  depuis  le 
l"  janvier  1863  jusqu'au  30  juin  1870;  2'  du  tiers  des  forêts 
ou  parties  de  forêts  non  atteintes  par  le  feu.  Dans  l'esprit  du 
décret,  ce  tiers  gratuit  représentait  les  frais  de  mise  on  valeur. 
Les  deux  autres  tiers  furent  cédés  au  prix  de  60  fr.  l'hectare 
payables  en  vingt  annuités  à  partir  de  la  dixième  année  qui 
suivrait  la  vente,  et  à  raison  de  2  fr.  par  hectare  et  par  an  poul- 
ies dix  premières  annuités  et  de  i  fr.  par  hectare  et  par  an  poul- 
ies dix  dernières. 

Avec  ces  conditions  du  payement,  les  annuités  n'ont  repré- 
senté en  1870 ,  au  moment  de  la  vente  .  au  taux  do  â  0/0 ,  qu'une 
valeur  de  âô  fi-.  12,  et  si  on  tient  compte  du  tiers  aimndonné 
gratuitement ,  le  pri-t  de  l'hectare  cédé  n'a  été  en  réalité  que 
de  *  ^  "■"  ^  16,75.  Diminuant  ce  priï  de  1  fr.  75  pour  tenir 
compte  dans  une  très  faible  mesure  de  l'abandon  gratuit  des 
parcelles  incendiées,  on  ohlient  15  fr.  pour  pri>(  iléfinilif  d'un 
heclare. 

152,411  hectares  de  forêts  de  clièues-liège  qui  avaient  fait 
l'objet  de  concessions  temporaires  furent  aliénés  A  ce  prix. 

Après  cette  aliénation,  il  resta  encore  à  l'Ëlat  267,248  hecta- 
Faute  de  ressources  pour  les  mettre  en  valeur,  on  essaya 
le  nouveau  de  les  affermer  pour  une  période  de  14  ans. 

Le  cahier  des  charges,  approuvé  le  9  septembre  1876  n'exige 
le  fermage  que  pour  chacune  des  quatre  dernières  années  de 
a  période  d'e.xploitation  correspondant  aux  quatre  années  de  la 
lie  et  met  à  la  charge  des  adjudicataires  les  travaux  de 
contre  l'incendie. 


92  LA   TUNISIE   DEPUIS   l'oCCUPATION   FRANÇAISE 

50,000  hectares  environ  ont  été  accordés  à  ces  conditions. 
11  n'y  a  pas  lieu  de  se  louer  de  cette  combinaison  plus  que  des 
précédentes.  Trop  souvent  les  adjudicataires  exploitent  la  forêt 
en  Vandales.  Comme  ils  doivent  attendre  dix  années  après  le 
démasclage  pour  procéder  à  la  récolte  du  liège,  ils  coupent 
les  arbres,  non  seulement  les  vieux,  mais  jusqu'à  ceux  qui 
portent  du  liège  jeune  pour  en  extraire  Técorce  à  tan.  Us  mal- 
mènent, tracassent  et  terrorisent  les  tribus  du  voisinage,  les 
poussent  vraiment  à  Tincendie.  Et  TÉtat  n'entend  de  part  et 
d'autre  que  doléances  et  malédictions. 

De  guerre  lasse,  l'administration  algérienne  s'est  enfin  enga- 
gée dans  une  voie  qui  parait  la  bonne ,  celle  de  l'exploitation 
directe.  En  Tunisie,  l'administration  du  Protectorat  à  institué 
d'emblée  cette  exploitation.  Créé  le  28  juin  1883,  le  service  des 
forêts  a  commencé  quelques  mois  plus  tard  la  mise  en  valeur 
des  chênes-liège,  qui  couvrent  une  superficie  de  115,000  hec- 
tares en  Kroumirie.  Actuellement  t^, 275, 000  arbres  sont  dé- 
masclés. 

Ce  travail  préparatoire  revient,  en  moyenne,  à  0,15  par 
pied  d'arbre,  lequel,  au  bout  de  dix  ans,  produit  un  franc  de 
liège. 

La  levée  des  lièges  de  reproduction  commencera  cette  année 
sur  environ  200,000  chênes-liège  qui  donneront,  d'après  les 
prévisions  du  service,  de  10  à  12,000  quintaux  de  liège  à  20  fr. 
le  quintal.  Le  nombre  d'arbres  démasclés  augmentant  cha- 
que année,  la  recette  suivra  une  progression  constante  :  on 
l'évalue  en  conséquence  à  600,000  francs  par  an  durant  la  pre- 
mière décennie ,  et  à  deux  millions  à  partir  de  la  troisième. 

Ce  revenu  annuel  se  maintiendrait  alors  à  ce  chiffre. 

Quelque  élevé  qu'il  puisse  paraître,  il  n'a  rien  d'exagéré;  on 
peut  tout  au  contraire  le  regarder  comme  un  minimum.  Seule- 
ment on  ne  doit  pas  oublier  qu'il  est  basé  sur  la  conservation 


AORICULTCRE    ET    KORÉTS  93 

'intacte  des  forêts.  On  ne  tient  pas  compte  dans  ces  estimations 
des  arbres  qui  meurent,  et  l'on  ferme  les  yeux  sur  ce  terrible 
fléau  :  l'incendie. 

Dieu  sait  cependant  s'il  faut  compter  avec  lui!  Demandez 
ptutiïtaux  Algériens?  Chaque  année,  de  50  à  75,000  hectares 
de  bois  deviennent  la  proie  des  flammes  dans  notre  grande  co- 
lonie; c'est  par  centaines  de  millions  que  les  pertes  s'y  chiffrent 
aujourd'hui. 

Doù  viennent  donc  ces  sinistres?  Quels  en  sont  les  auteurs 
responsables? 

Lors  de  l'enquèl^  sur  les  incendies  de  forets  en  1860,  1863  et 
1865,  un  arabophile  enragé  se  prononça  pour  l'incendie  spon- 
tané, ce  qu'il  expliquait  de  la  façon  suivante  : 

Les  colons,  qm  ne  pèchent  guère  par  escès  de  précautions, 
abandonnent  fréquemment  dans  les  forêts,  notamment  dans  les 
forêts  de  chénrs-liège  pendant  le  démasclage,  des  morceaux 
de  verre,  des  culs  de  bouteille,  et  si  les  rayons  caloriques  qui  se 
dégagent  de  ces  corps  viennent  à  tomber  sur  une  matière  faci- 
lement inflammable,  l'inceudie  s'allume. 

Ce  personnage  se  souvenait  sans  doute  de  cet  apophthegme 
de  physique  qui  coutientlaloi  delà chaleurréfléchie  :  <<  L'angle 
de  réflexion  est  égal  à  l'angle  d'incidence,  a  Mais  dans  su  ré- 
flexion à  lui,  s'il  y  avait  un  angle,  c'était  assurément  un  angle 
obtus  ! 

Ce  qui  n'empêcha  pas,  d'ailleurs,  que  son  explication  des  in- 
cendies de  forêts,  toute  saugrenue  qu'elle  était,  filt  examinée 
et  disculée  par  des  gens  sérieux,  avec  une  infinité  d'antres  syté- 
mes  tendant  plus  ou  moins  t\  disculper  les  auteurs  des  crimes 
forestiers. 

La  vérité  pourtant,  comme  la  vertu  dans  les  mélodrames,  a 
fini  par  triompher,  et  les  véritables  coupables ,  s'ils  n'ont  tou- 
jours été  punis,  ont  du  moins  été  reconnus.  Ce  son!  les  indigëaes; 


i 


9V  LA    TUMSIE   DEPl'IS   L  OCCUPATION  FBASÇAISE 

les  indiirènes  qui  tous  les  ans  mettent  volontairement  le  feu  à 
DOS  forêts  pour  renouveler  les  pâturages  de  leurs  bestiaux  et 
le  plus  souvent  pour  assouvir  la  haine  qu*ils  nous  portent. 

La  torche  de  Tincendiaire  remplace  le  fu»l  de  Tinsurgé  :  le 
but  poursuivi  est  toujours  le  même  :  la  ruine  de  la  colonie. 
C'est  la  mise  en  action  de  cette  pensée  arabe  : 


y*j'     ^ — *  ^•-r   w>^  ^  ^*^^-^  cr^  y 

ce  (]ui  signifie .  en  bon  français  :  Si  nous  ne  pouvons  les  tuer, 
niinons-les. 

Et,  de  fait,  il  est  impossible  d'évaluer  les  sommes  —  c'est  cer- 
tainement, je  le  répète,  plusieurs  centaines  de  millions  —  que 
les  Arabes  nous  ont  ainsi  fait  perdre;  sans  compter  l'entrave 
très  sérieuse  qu'ils  apportent  A  Tœuvre  de  la  colonisation 
algérienne. 

Nier  le  complot,  l'entente  préalable,  c'est  nier  Tévidence. 
L'effrayante  simultanéité  des  incendies,  l'irrésistible  violence 
avec  laquelle  ils  se  propagent,  se  généralisent,  en  constituent 
une  preuve  certaine  en  dehors  de  toutes  les  autres.  Mais  ce  se- 
rait un  tort  de  croire  que  les  criminels  n'obéissent  qu'au  fana- 
tisme religieux.  Non,  divers  motifs  poussent  TArabe  à  incendier 
les  forèls. 

C'est  d'abord  une  pratique  traditionnelle,  on  ne  peut  le  con- 
tester. De  tout  temps  les  musulmans  de  l'Afrique,  comme  ceux 
dos  autres  pays  d'ailleurs,  ont  mis  le  feu  aux  broussailles,  ordi- 
nairement pour  renouveler  les  pâturages,  débroussailler  et 
améliorer  les  terres  de  culture,  quelquefois  aussi  pour  éloigner 
les  bèies  fauves  des  troupeaux. 

Avant  que  nous  prissions  possession  de  l'Algérie,  sous  les 
Turcs,  les  indigènes  mettaient  librement  le  feu  aux  broussailles, 
et  rarement  les  forêts  avaient  à  en  souffrir.  Mais  le  service 


AGRICCI.TCRË    ET    ^■OB^';TS  95 

forestier  est  à  peine  ÎDstalié  en  Algérie  (1838)  que  les  iocenclies 
éclatent.  C'est  que  non  content  de  prétendre  importer  de  toutes 
pièces  dans  la  colonie  le  code  forestier  français,  il  commence 
par  faire  prendre  au  gouverneur  un  arriMé  qui  inlerdit  toute 
mise  ù.  feu. 

Or,  l'Arabe  est  essentiellement  pasteur;  l'élevage  du  bétail  a 
toujours  été  saprincipale  ressource.  Au  moment  où  l'interdiction 
absolue  lui  était  faite  de  se  procurer  des  prtiurages  en  brûlant 
les  broussailles,  il  y  était  invité  plus  que  jamais  par  les  béné- 
fices toujours  croissants  que  le  commerce  des  bestiau,v  donnait 
depuis  la  conquête. 

Le  même  bœuf  gui,  en  1830,  se  vendait  de  20  à  30  francs, 
avait  atteint  120  et   150  francs  en  1850;  il  vaut  aujourd'hui 
300  francs.  Cet  accroissement  de  valeur  n'étaif-il  pas  une  véri- 
ttible  prime  à  l'élevage,  et  partant  à  l'incendie? 
Les  indigènes  en  ont  jugé  ainsi. 

On  pourrait  objecter  que  la  mise  à  feu  est  parfaitement  légale, 
[.'que  l'Arabe  pent  rutili.ser  en  satisfaisant  à  la  loi. 

Cela  est  esact.  Les  articles  2  et  3  de  la  loi  du  17  juillet  1871 

f  ■  déterminent  en  effet  les  conditions  dans  lesquelles  elle  peut  être 

I  exécutée;  mais  dans  la  pratique,  elle  est  inexécutable.  Les  for- 

[  malités  sont  multiples,  décourageantes;  et  puis  le  service  fores- 

['tier  ne  l'entend  pas  ainsi.  Le  service  forestier  a  décidé  en  1838 

[  que  les  indigènes  ne  pourraient  jamais  briiler  de  broussailles,  et 

|le  service  forestier  n'est  pas  une  girouette.  11  est  immuable  le 

[Service  forestier.  Or,  le  proverbe  des  champs  dit  vrai  :  Quand  le 

ftaort  est  sur  les  poules ,  le  diable  ne  les  ferait  pas  pondre.  Il  en 

Ht  des  lois  comme  des  poules  :  Quand  le  service  forestier  est 

lontre  elles,  le  diable  ne  les  ferait  pas  exécuter.  Il  a  mis  son 

vélo,  c'est  fini.  Vous  ne  voulez  pas,  je  suppose,  que  l'Arabe 

s'avise  de  lutter  avec  une  administration  qui  représente  le  Bey- 

lickî  Uabitué  depuis  des  siècles  à.  vivre  sous  un  pouvoir  despo- 


k 


9C  L\    TCXISIB    DKPl'IS    I.  OCCCPATiOW    FBAXÇAISK 

li((iir  et  impitoyable,  A  être  «  mangé  »  suivant  son  énergique 
«spression  par  tous  les  représentants  de  lautorilé,  il  ne  soup- 
çonne même  pas  qu'il  puisse  entrer  en  lutte  avec  le  Gouverne- 
ment. 11  ne  soupçonne  pas  davantage  le  droit  que  la  loi  lui  ac- 
corde. Un  droit  ft  lui,  le  galeux,  le  maudit  de  la  forél,  est-ce 
possible?  Vous  le  lui  révéleriez  qu'il  n'y  croirait  pas.  Il  tous 
montrerait  sa  dernière  "  carta  »  pour  le  juge  de  pai."(.  Elle  es! 
d'hier.  11  en  reçoit  tous  les  jours...  pour  abus  des  droits  d'usage, 
pour  délit  de  pâturage,  délit  d'écorçage,  etc.  Un  droit  ft  lui? 
Ah  non',  il  ne  connaît  qu'une  chose  :  des  procès-verbaux,  des 
procès-verbaux,  et  encore  des  procès-verbaux! 

Tout  te  monde  verbalise  contre  lui  ;  non  seulement  le  préposé 
français,  mais  le  garde  particulior  assermenté  et  le  garde  in- 
digène, qui  est  aussi  ofticier  de  police  judiciaire.  Tous  ces  agents 
eu  supputant  le  bénéfice  à  leur  revenir  sous  forme  de  part  d'a- 
mende ,  courent  sus  à.  l'Arabe ,  et ,  pour  accroître  leurs  maigres 
appointements,  dressent  des  procès-verbaux  à  tort  et  &  travers. 

Ah!  ces  procès-verbaux  !..  Au  lendemain  des  incendies  de 
forêts  de  1887 ,  j'ai  parcouru  plus  de  lôO  kilomètres  à  cheval 
dans  les  Beni-Salah  (Constantine)  pour  voir  moi-même  les  foyers 
d'incendie  ;  j'ai  reconstitué  le  drame  de  toutes  pièces,  c'est  dire 
que  j'ai  établi  la  criminalité  des  indigènes;  mais  je  suis  forcé 
de  convenir  que  ceux-ci  n'avaient  pas  tous  les  torts.  Souvent  la 
responsabilité  des  sinistresdoit  remonter  plus  haut.  Si  l'indigène 
met  le  feu  aux  forêts  par  haine  contre  nous ,  encore  une  fois 
ce  n'est  pas  par  fanatisme,  par  haine  du  chrétien  :  c'est  par 
haine  du  pouvoir  qui  le  réduit  à  une  détresse  pitoyable. 

Je  viens  de  nommer  les  Beni-Salah.  Leurs  aïeux  ont  été  très 
riches ,  très  prospères  ;  à  présent  les  amendes,  les  confiscations , 
le  séquestre,  en  ont  fait  des  misérables.  Le  nombre  de  leurs 
troupeaux  est  très  considérablement  amoindri.  Voyez-les!...  Ils 
sont  couverts  de  haillons  ;  ils  viennent  sur  les  chantiers  mendier 


AGRirXLTL'RK    KT    FORÊTS 


ua  morceau  de  pain.  On  admettra  difficilement  qu'ils  se  soient 
jetés  de  gaieté  de  cœur  dans  cette  sitiialion  lamentable. 

Eh  bien,  je  demande  qu'on  se  montre  plus  politique  et  plus 
humain  â  l'égard  des  indigènes  de  la  Tunisie,  si  l'on  veut  tirer 
profit  de  ses  richesses  forestières.  C'est  d'ailleurs ,  je  dois  dire , 
ce  qui  a  été  fait  jusqu'il,  ce  jour.  Le  pâturage  est  libre  en  Krou- 
inîi'ie.  hormis  dans  les  cantons  peuplés  de  jeunes  pousses  el 
dans  les  parties  incendiées,  qui  sont  interdites  au  parcours  pen- 
dant six  ans  au  moins.  Le  décret  du  20  kàda  1303  (20  août 
1886),  tout  en  reproduisant  les  principales  dispositions  de  la  loi 
du  17  juillet  187V  spéciale  à  l'.Vlgérie ,  est  plus  pratique  en  ce 
sens  qu'il  simplifie  les  formalités  administratives  à  remplir 
préalablement  â  la  mise  à.  feu  auic  broussailles ,  herbes  ou  végé- 
taux sur  pied,  l'n  arrêté  d'autorisation  n'est  pas  nécessaire 
comme  dans  la  colonie;  conséquemment,  il  n'a  pas  à  être  publié 
et  affiché  dans  les  communes  limitrophes  au  moins  quinze  jours 
&  l'avance.  L'art.  S  du  décret  précité  stipule  que  si  l'abondance 
des  pluies  a  dissipé  tout  danger  d'incendie,  le  directeur  des  fo- 
rêts pourra  autoriser  l'emploi  des  feux,  du  t"  octolire  au  V 
novembre. 

■  D'autre  part,  le  personnel  forestier  étant  tout  à  fait  réduit 

■  (trente-sept  préposés  el  trente-sept  gardes  indigènes  pour  toute 
la  Régence)  le  nombre  des  procès-verbaux  l'est  également. 

Les  délits  sont  du  reste  peu  nombreux,  surtout  dans  la  ré- 
gion du  cbéne-liège.  La  population  y  est  très  clairsemée,  les 
massifs  boisés  sont  abondants  et  généralement  bien  peuplés. 
Les  Kroumir  trouvent  le  bois  dont  ils  ont  besoin  dans  les  déli- 
vrances régulières  qui  leur  sont  faites  chaque  année;  ils  n'ont 

■  Aacun  intérêt  ^  commettre  des  délits. 

I  Aussi,  pour  ces  diverses  raisons,  les  incendies  ont-ils  été 
jusqu'A  présent  assez  rares  en  Tunisie,  comparativement  à 
ceux  qui  désolent  chaque  année  l'autre  côté  de  la  frontière. 


i 


98  LA    TUNISIE  DEPUIS    l'oCCUPATIOX   FRANÇAISE 

Ilepuis  dix  ans  on  n'en  a  relevé  qu'une  vingiaine  ayant  eu  la 
inalv^'illani'e  pour  cause  et,  de  ce  nombre  encore ,  la  majeure 
partie  doit  être  attribuée  à  des  indigènes  algériens. 

11  faut  se  maintenir  résolument  dans  ces  dispositions  libéra- 
les, se  bien  garder  de  considérer  le  produit  des  amendes  comme 
une  ressource  budgétaire  et  n'en  infliger  qu'avec  la  plus  grande 
modération. 

Mieux  vaut  perdre  quelques  kilogrammes  d'écorces ,  voire 
quelcjues  arbres,  que  de  semer  la  haine  et  de  récolter  Tincen- 
{\u\  Vax  faisant  ainsi  la  part  du  feu,  on  Tévitera. 

Ces  mesures  étant  prises  pour  donner  satisfaction  aux  indi- 
gènes, je  s'.iis  davis  de  punir  impitoyablement  de  mort  les  au- 
teurs d'incendies  volontaires  commis  par  vengeance  ou  inten- 
tion de  nuire.  En  1885,  deux  indigènes  pris  ainsi  en  flagrant 
délit  dans  la  région  d'Aïn-Draham  ont  été  fusillés  sur  place 
p<ir  l'autorité  militaire.  J'applaudis  fort  à  cette*  répression 
exemplaire;  il  faut  en  faire  une  règle. 

Je  suis  partisan  de  la  responsabilité  collective  des  tribus,  déjà 
inslituéc  au  reste  par  un  décret  de  Mohammed  es  Saddok,  en 
date  du  13  sfar  1287  {{\  mai  1870);  mais  d'une  responsabilité 
collective  tout  à  fait  rigoureuse.  11  existait  dans  Tantiquiléune 
sorte  de  droit  de  représailles,  Tandrolepsie,  en  vertu  duquel  les 
AIhéniens  saisissaient  trois  habitants  de  la  ville  où  s'était  com- 
mis un  meurtre,  jusqu'à  ce  que  le  coupable  fût  puni.  Si  on  refu- 
sait (le  le  livrer,  les  otages  subissaient  la  peine  qu'il  avait  encou- 
rue. Uiï*'lqii<'  barl)are  que  fut  cette  coutume,  je  voudrais  qu'on 
l'appliquât,  avec  les  tempéraments  nécessaires,  à  la  répression 
(les  ine(Mi(lies  de  forets;  car  vis-à-vis  de  l'indigène  africain,  s'il 
faut  «Mre  doux,  il  ne  faut  jamais  cesser  d'être  fort. 

Vax  dehors  du  li(''ge  ,  les  produits  forestiers  sont  constitués  par 
des  receltes  de  diverses  natures  :  les  produits  des  coupes  prin- 
cipales ou  d'amélioration;  les  (icorces  à  tan;  les  produits  acci- 


AGniCCLTUBE   KT   fouiîts  91( 

dentelsprovcDant  de  boiiî  de  délit ,  de  bois  abattus  sur  les  tracés 
des  routes ,  etc.  ;  les  menus  produits  sont  rournis  par  Jes  brous- 
sailles, les  souches,  les  productions  du  sol  autres  que  le  bois. 
Depuis  l'installation  du  service  jusqu'à  ce  jour  [décembre 
1891),  ces  produils  ont  donné  les  receltes  suivantes  : 

Buis  d'œuvre  et  d'indiislrie,  environ  31 .200  mcire.s 

cubes i!>ô.GOO  (r. 

Éeorces  à  lau  pi-ovenarit  dii  cliéne-liège,  environ 

2M,000  qnintaux 1.335.3(12     ■■ 

en  charge  sur  les  cuupt's 13I.H!H>     » 

Produits   divers  :   menns  produits,    produits  ac- 
cidentels, ete i)8.3a2    « 

Ensemble l. 761.250  fr. 


LE   ItEBOISEMENT 


r  11  ne  suffit  pas  de  conserver  avec  soin  les  forêts  luni 
il  faut  en  accroître  et  développer  la  superiîcie  par  tous  les 
moyens  possibles,  en  les  regardant  comme  le  plus  piécieu-x  de 
tous  les  biens,  comme  le  principal  agent  de  la  colonisation. 

On  nous  parle  sans  cesse  de  la  fécondité  de  la  terre  africaine 
dans  l'antiquité.  Il  est  l>on  assurément  de  s'en  souvenir;  mais 
au  lieu  de  se  morfondre  en  une  évocation  stérile,  ne  serait-il 
pas  préférable  d'en  rechercher  les  causes  pour  ramener  les 
mêmes  effets.  A  quoi  tenait  la  fertilité  de  l'Afrique  aux  époques 
cartha^noise  et  romaine?  Uniquement  au  sol  et  au  climat.  Or, 
j'ai  dit  ce  qu'il  convient  de  faii*  pour  rendre  au  sol  ses  prin- 
cipes fertilisants;  il  me  reste  à  montrer  par  quels  moyens  ou 
restituera  au  climat  ses  aniiquos  qualités. 


k 


V'.T  :  Jn^ki.  i^  i^i\  retendra  l>tt9«mLk  des  élêmeots  niètêoro- 
i'-i^ur?  :  «1  trSbKrttcK  dr  l'atiiK^^^êre .  la  pression  baromè- 
tre ;  :e.  li  "^apear  d  eaa  qa'il  contient,  la  quotité  de  pluies  et 
Jr-ir  r-rj>arî;i'K-n.  U  direction  et  la  force  des  vents,  etc.  Divers 
H.'-r.is  }ô Iniques,  tek  que  les  montaçnes.  c'est-à-dire  Taltitude, 
1  rip^ysiîi'jn  du  terrain,  le^ surfaces d'êvaporation  :  mers,  fleuves 
r*:  li'>.  in:!  \^:A  sor  chacun  de  ces  éléments.  Mais  en  Tunisie 
Ir*  ni  ..Lt  *.-nr>  s-.*nt  peu  élevées,  les  ba.«ins  peu  profonds.  Téva- 
p.:  t:l  'Q  marîoe  ne  tn.»uve  pas  de  par»)is  naturelles  où  elle 
pu:î>-:  >rr  C'jïi'i^rn^r  :  c'est  l'état  du  sol .  c'est  la  forêt  qui  exerce 
1  iiiilat-iice  prèpi^ndérante  sur  le  climat. 

L>>t  H  elle  i|ue  Ta^riculture  africaine  était  redevable  dans 
r.'iritii]uité  de  moindres  écarts  entre  les  extrêmes  de  chaleur  et 
dr:  fr'.'iilure .  tlun  réirime  des  eaux  différent  de  ce  qu'il  est 
.'lu-oiirriiiii .  d'un  état  hy^Dmétrique  de  l'air  que  nous  ne 
e-jQriai>SMn^  |»lus.  en  un  mot  de  bienfaits  auxquels  la  vieille 
Afri'i«iL-  dfVitit  sa  fertilité. 

\\}vi'>  avuir  cité  coinplaisamment  Salluste  à  propos  des  mois- 
*»••!!'>  ♦.•l  «1«'>  [MturaL-es.  ne  va-t-on  pas  trouver  que  j'oublie  vo- 
luntriirenient  Sun  mh^ji-i  infef.uwla^?  Je  ne  l'oublie  point:  mais 
\r  i]i'iii'^cri<  li'irJiin«.*nt  en  faux  r-mlre  celle  sentence,  recardéo 
>an'^  a|ip«l  par  certains  pulilici>tes. 

nuiin  nr  s  y  troiiip**  pas  :  si  son  style  lui  a  valu  d'être  classé 
parmi  l»*s  écrivains  célèbres,  le  premier  proconsul  de  la  .Niimi- 
(lie  Césaiienne  est  loin  de  jouir  de  la  même  considération  comme 
histoiien.  La  fjnfrre  de  Jugurtiui  est  éniaillée  d'inexactitudes 
cjiii  dénotent  clirz  son  auteur  un  manque  de  discernement  histo- 
rique'; si  c^'la  ne  devait  m'entrainer  trop  loin,  j'y  relèverais 
cf'itains  passai:es  <jui  sont  en  ila.LTante  contradiction  avec  l'ab- 
s<*ncc  de  véi-^élalion  ail>orescente  qu'il  siirnale  tout  d'abord.  Ne 
j)arle-t-il  pas  de  sal/uosa  loffi?  Ne  nous  dit-il  pas  que  Juirur- 
Iha  s'élail  nîliré  dans  des  lieuv  couverts  de  bois? 


AtiRlCCLTUHE    ET    FftHKTS  101 

11  est  absolument  certain  que  l'Afrique  romaine  a  é\é  beau- 
coup plus  boisée  qu'elle  ne  l'est,  aussi  bien  dans  le  Sud  et  If 
Centre  que  dans  le  Nord.  Les  témoignages  abondent. 

Hérodote  et  Strabon  représentent  les  forêts  africaines  comme 
très  vastes.  Nous  savons,  à  n'en  pas  douter,  qu'elles  abritaient 
«le  grands  fauves.  L'éléphant  y  vivait  aussi  en  grand  nombre. 
C'est  dire  qu'il  y  trouvait  les  herbages  touffus,  les  enu\  abon- 
dantes nécessaires  A  son  existence.  11  a  disparu  avec  les  forêts. 

Pline  nous  apprend  que  Suétonius  Paulinus,  le  premier  des 
généraux  romains  qui  ait  franchi  l'.^tlas  et  qui  se  soit  avancé  de 
cjnelques  milles  au  delà,  trouva  les  coleaux  couverts  d'épaisses 
et  profondes  forêts  d'une  espèce  d'arbres  inconnue. 

Silius  llalicus  couvre  l'.\tlas  de  bois  épais. 

Corippus  parle  à  chaque  page  de  la  Jokannide^  des  belles 
forêts  de  la  Byzacêne,  où  l'on  ne  rencontre  plus  que  des  ar- 
bustes rabougris. 

Le  Code  Théodoslen  contient  '  toute  une  série  de  dispositions 
législatives  qui  attestent  l'exportation  régulière  des  bois  d'.^fri- 
que  à  destination  de  Uome,  au  quatrième  siècle.  11  y  avait 
donc  surabondance  de  production.  Cependant  la  consommation 
locale  devait  être  considérable  à  cette  époque;  car  la  popula- 
tion était  très  dense,  et  l'on  ne  saurait  admettre  qu'elle  ait  pu 
vivre  et  prospérer  sans  bois.  Pélissier  de  Reynaud  ^  a  observé 
à  ce  propos  que  des  villes  maritimes  peuvent,  à  la  rigueur,  ne 
rien  tirer  de  leur  territoire  ;  mais  la  chose  devient  plus  difficile 
à  l'intérieur,  où  le  commerce  ne  pourrait  transporter  certains 
objets  de  première  nécessité,  le  combustible  surtout,  qu'à  des 
prix  tellemcot  élevés  que  l'existence  y  deviendrait  impossible 
et  que,   par  conséquent,  les  hommes   ne  s'y  porteraient  pas. 


b  V.  IW.  Il,  T.  s,  53,  h'.  62,  i2\  et  161 

|u«,  Xlll,  til.  I,  liv.  10. 
\Àn»ale*  i^gérienMa.  t.  II,  p.  347. 


r.  III,  V.  23.  liï.  VI, 


■.  143. 


102  LA    TUNISIE    DEPl'IS    l'OCCTPATIOX   FmA5ÇAISE 

Aussi  i»uiM|ii'il  y  a\ait.  s«>iis  les  Romains,  dans  rintérieur  de 
rAfri>|ue,  un  nombre  extrêmement  considérable  de  villes  peu- 
Iilée>  d'hommes  soumis .  par  leurs  habitudes  sociales  et  domesti- 
ques. au\  mêmes  besoins  que  nous,  il  devait  y  avoir  aussi  du 
bois  f;n  grande  quantité. 

11  e*^t  une  autre  induction  non  moins  évidente.  Aux  alentours 
de  ce>  antiques  cités  on  retrouve  les  restes  d'aqueducs  et  de 
cannuxqui  amenaient  l'eau  de  collines  complètement  à  sec  de 
nos  joui>.  t^est  qu'alors  ces  collines  étaient  encore  boisées.  Les 
arbres  attiraient  les  nuages  et  précipitaient  la  pluie  que  la 
feuillée  retenait  un  instant  dans  Tair  pour  la  laisser  choir  et 
s'instiller  à  travers  les  mousses  spongieuses  et  le  chevelu  des 
lacines  jusqu'aux  bas-fonds  d'où  elle  surgissait  en  sources 
fraîches,  en  nappes  fertilisantes. 

Mais  la  décadence  romaine  est  venue  ;  le  peuple-roi  aban- 
donne raîrricuiture.  et  Textension  que  reçoit  le  droit  de  par- 
cours augmente  rapidement  la  dévastation  des  forêts,  déjà 
ruinées  par  les  guerres,  les  incendies  systématiques,  la  cupi- 
dité et  rimprévoyance  des  hommes. 

Le  mal  était  déjà  irréparable  quand  Tinvasion  arabe  vint 
lui  porler  le  dernier  coup.  Alors  des  vents  pernicieux  appa- 
rurent, les  pluies  devinrent  de  plus  en  plus  rares;  les  pâtu- 
rages s'asst'chèrent,  les  cours  d'eau  et  les  lacs  ne  furent  plus 
inondés  que  passagèrement  par  les  pluies  torrentielles.  Le  do- 
maine cultural  se  fil  sans  cesse  plus  étroit:  bientôt  les  moissons 
manquèrent  : 

Peciiariii  tar.tiim 

Siint  epulis  :  ninu  nnlla  Ceres' 

écrivait  déjà  Corip[)iis  vers  la  fin  du  \V  siècle;  et  les  populu- 

1.  La  Johanniile,  \\\ .  VII.  v.    161>. 


il  qu'ellcy  avaieot  sté- 


Le  résultai  est  coaslant.  -i  Dans  ce  Iiiboratoirc,  d'où  tout  sort 
rI  tout  rcotre,  a  écrit  l'un  des  hommes  les  plus  distiagués  de 
l'administratioD  foreslitre,  M,  Tassy,  il  y  a  un  élément  essen- 
tiel, surtout  par  ses  services  immatériels,  qui  mérite  avant  tout 
qu'on  s'en  occupe  ;  c'est  la  forêt.  Rien  no  saurnit  être  négligé 
de  ce  qui  la  concerne,  puisque,  jusqu'à  présent,  les  hommes 
n'ont  point  réussi  à  se  passer  d'elle,  et  que,  un  peu  plus  tût  ou 
un  peu  plus  tard,  ils  ont  dû  quitter  tous  les  lieux  d'oii  ils  l'a- 
vaient chassée.  » 

Tout  pays  déboisé  est  en  effet  un  pays  condamné  à  mort.  La 
science  et  l'histoire  confirment  cette  sentence  d'une  manière 
irréfutable. 

Il  est  parfaitement  établi  que  les  populations  sont  distribuées 
exactement  comme  les  pluies,  et  les  pluies  non  moins  exacte- 
ment que  les  zftnes  forestières.  11  y  a  dans  la  Géogmphie  tnii- 
verselle  d'Elisée  Reclus  une  carte  d'Espagne  tout  A  fait  instruc- 
tive d  ce  sujet.  On  y  voit  que  certaines  parties  de  la  péninsule 
Ibérique,  tout  &  fait  déboisées,  sont  aussi  stériles  et  aussi  inha- 
bitées que  le  désert  africain.  Il  se  passe  là  un  phénomène  bien 
caractéristique.  »  Toute  la  ziine  occidentale  est  très  boisée 
jusqu'au  sud  de  Lisbonne,  où  se  trouve  une  partie  presque 
totalement  déboisée.  Bien  que  sur  le  passage  des  mêmes  nuages 
et  brises  de  l'Atlantique  que  le  surplus  de  la  c^te,  cette  partie, 
dénudée  de  végétation  arborescente ,  est  la  région  la  plus  sèche 
de  toute  la  Péninsule ,  tandis  que  la  zone  au-dessus  de  Lisbonne 
reçoit  autant  d'eau  que  la  Norwège,  où  tombe  le  maximum  de 
l'Europe.  Après  avoir  traversé  cette  zûne  couverte  de  foréis ,  ces 
munies  nuages  viennent  se  heurter  aux  plateaux  déboisés  du 
centre  de  l'Espagne,  et  alors,  par  un  phénomène  bien  facile  k 
observer  en  maints  endroits  de  l'Algérie ,  ils  s'élèvent  très  haut 


10'*  LA   Tr51:»IC  »CPCB   LÙCCCTAJWS  nLi5ÇAlSE 

daoâ  ratmosphère.  et  une  rêgioa  absolomeni  sèche  et  trop 
soavent  stérile  <iiccêde  à  cette  z»>fie  admirable  do  littoral  ^  ». 
Les  vallées  jadis  si  riches  da  Tigre  et  de  FEaphrate  De  portent 
plus,  par  suite  du  déboisement,  qae  la  végétation  des  steppes. 
—  La  Grèce  était  autrefois  couverte  de  forêts  et  remplie  de  sour- 
ces: les  arbres  aujourd'hui  n'y  sont  plus  représentés  que  par  des 
broussailles  et  la  sécheresse  y  règne  en  permanence.  —  L*Asie 
Mineure  a  pu  s'enorgueillir  de  ses  ravissantes  campagnes  tant 
qu'elle  a  possédé  ses  magnifiques  forêts  de  chênes,  de  tilleuls 
et  (le  bétreb  ;  actuellement  la  sécheresse  règne  et  la  végétation 
a  disparu  avec  l'humidité.  —  bans  les  montagnes  d'Argos  on 
ne  trouve  plus  une  seule  source.  —  En  Palestine ,  les  forêts  de 
chênes  et  les  épais  pâturages  ont  disparu  ensemble  ;  les  miséra- 
bles broussailles  et  les  maigres  prairies  qui  subsistent  sont  à 
peine  susceptibles  de  nourrir  des  chèvres.  —  «  Les  montagnes 
du  Liban ,  étaient  autrefois  renommées  en  raison  de  leurs 
hautes  futaies  de  cèdres,  dont  les  bois  de  haute  valeur  étaient 
exportés  au  loin;  elles  sont  aujourd'hui  complètement  dénu- 
dées; aussi  les  vallées  qui  s'étendent  à  leur  pied,  celte  terre 
promise  des  Hébreux,  dépourvues  d'eau,  ravagées  par  les 
torrents,  sont  signalées  comme  les  plus  arides  du  monde  ^  ».  — 
La  Dalmatie  nourrissait  deux  millions  d'habitants  avant  sa  con- 
quête par  les  Vénitiens ,  au  quatorzième  siècle.  Les  vainqueurs  la 
déboisèrent  pour  les  besoins  de  leur  marine  et  de  leur  pilotage, 
si  bien  que  de  nos  jours  c'est  à  grand'peine  qu'elle  nourrit 
/»00,000  ànies -^  —  Dans  la  contrée  comprise  entre  le  Piémont  et 


1.  La  question  forestière  en  Algérie,  par  M.  Regnard,  sous-insiHTteur  dos 
forets.  Conrércncc  faite  au  théâtre  d'Alger  le  27  novembre  1881. 

?..  M.  ('alinel,  conservateur  des  fortHs.  Programme  général  de  reboisement. 
Con.Hlantinc  188j. 

3.  V\\  I)almat(>,  !«•  D'  Coltolli,  de  Zara,  m'apprend  que  depuis  vingt  ans  le  gou- 
Yerneuïenl  autrichien  a  |)r()scrit  les  chèvres  presque  en  totalité  et  ordonné  en  même 
tempfi  le  rehoisement  avec  une  vigueur  qui  a  déjà  transformé  le  pays.  Par  exein- 


AGEICCLTCRE   ET   FORÊTS 


105 


la  Provence,  les  ferres  arables  ont  dirainiié  rl'iine  faron  ex- 
Iraordinaire  et  Témig-ralion  des  habilants  s'accroît  constam- 
ment. —  En  Russie,  d'immenses  étendues ,  jadis  couvertes  de 
foréls  et  maintenant  déboisées,  ne  préseatent  plus  que  quel- 
ques broussailles;  en  revanche,  les  fleuves,  même  le  Volga, 
voient  constamment  leur  débit  diminuer.  —  En  Amérique,  la 
de.struclion  insensée  des  forêts  produit  des  efTets  désastreux  sur 
les  conditions  climatériques  et  sur  la  fécondité  du  sol.  D'après 
certains  rapports,  l'humidité  du  sol  de  l'Amérique  septenlrio- 
oale  a  diminué  depuis  cent  vingt-cinq  ans  et  pendant  cbaqui^ 

I quart  de  siècle .  de  sept  pour  cent ,  par  suite  des  déhoisemenis  ' . 
Chez  nous,  dans  les  Alpes-Maritimes,  les  Hautes  et  Basses- 
Alpes,  la  Corréze,  la  Champagne  pouilleuse,  etc.,  le  déljoise- 
■aent  est  une  des  causes  principales  de  la  dépopulation'. 
I  Ces  diverses  preuves  de  l'influence  des  forêts  sur  le  climat 
sont  autant  de  démonstrations  de  la  nécessité  de  reboiser  la 
Tunisie.  Si  on  compare  en  effet  sa  superficie  boisée  à  la 
moyenne  de  l'Europe,  on  constate  que  la  Régence  de  Tunis 
n'atteint  que  le  septième  seulement  de  cette  dernière,  et  si  ou 
la  classe  avec  les  autres  divisions  de  cette  partie  du  monde  elle 
^Kj^'occupe  que  le  seizième  et  avant  dernier  rang. 

^^Bàe  les  Boeelie  tli  Catlaro  qui  éleienl  trUtemenl  c^léhrcs  jioiir  Irur  nriilitc,  |iri-- 
^^^nlcnt  maintenaiil  l'agr^tblB  aspect  d'une  puissanlc  verdure  el  la  cullun:  de  in 
^^B|K  j  cal  redcTenue  posûble.  N.  F. 

^^Vl.  C«l  usécbemeni  progrMaif  donnail  let  plus  grandes  inquîvludes  tant  au  (Hiiul 
^^"iile  vue  de  la  fertîlilé  et  de  la  santé  publique,  que  de  lacolanisalion-,  et  en  1871,  une 
vaste  asiocialioa  sW  Tartnéc  «ou»  le  nom  i'Arbor-day  [tile  de»  arbres),  pour  la 
m'oiisliliitioD  des  forets  et  la  multiplication  des  vergers.  £lle  s'est  répandue  dan< 
37  ËUIs  de  ruaion .  au  Canada  el  dans  les  territoires  voisins.  Dans  le  seul  Êtït 
de  Kebraska,  où  elle  s'est  fondre,  l'Arbor-dati  a  piaulé,  depuis  l'Jans,  3ii  mil- 
lions d*ari)reB  fruilien  ou  foresllcrn. 
3.   Conftullct  le  mimoire  du  l>'  Jeannel  :  Du   déhoitemenl   coniidiri  comme 
eaïue  de  tUpopulaHoa.  (CongrËs  de  Harseilte  pour  l'aTancemcnt  des  Sciences.  — 


I 


lOG 


L.%   TUNISIE   DEPUIS   L  OCCCPATIOX  I1U3IÇAISB 


ÉUmlue  Urritorlale  et  iurface  df$  foréU  df$  Était  de  F  Europe, 

de  f Algérie  et  de  la  Tunitie 


P. 

y* 


3 
4 

h 
« 

7 
H 
$ 
10 
11 
13 
13 
U 
lA 
10 


ÉTATH 


RriMii^. 

Hii^U! 

Atitiicli« , , 

AIlciDiign« 

N  ww^ge 

Ano.  TortiuU  d'Europe 

Fr*iice 

HaUwe 

lUtle 

Oré«-« 

Portagal 

KMpftffiie 

H«lKi'lue 

Hollmilo 

J^nnctnark 

Angleterre,  Éco«ie,  Irlande. 


Kurope . 


AlK^Tlft. 
Tunlitl*' 


.STTERnaB 

Df 

TRRRrrOICE 

EX   HBLTAREî* 


COXTEXAXCE 


I 


FORÊT» 
K\   HJECTARRS 


543. 248. SOU 

44. no. 300 

63.2S4.000 

M.10«).8O4 

31.669.400 

46.463.300 

ft3.H67.310 

4.037.000 

36.S6ft.0O0 

4.8ft0.000 

9.338. ftOO 

47.384.300 

3.943.ft00 

3.417. ftOO 

3.833.700 

31.014.300 


966.789.314 


22.fMKJ.(M>0 
12.931.H(H) 


3<»4.000.00O 

17. «69.000 

18.343.810 

I4.1ft7.803 

7.660. 13ft 

10.900.923 

lu. 093.746 

734. 30S 

4.1ft3.19ft 

696.773 

1. 085. 901 

ft. 348. 000 

303.997 

330.437 

188.000 

1.361.872 


295.007.342 


3.045.G92 
6<M).«»0j 


H    ac 


4«»  > 

39.7 

39.4 

36.1 

34.1 

33.3 

19.1 

18  » 

15  » 

14.3 

11.7 

11  » 

7  > 

7  V 

4.7 

4.1 

30.5 


13.8 
4.6 


S 

i  i 

^    X    X 


625 

520 
l«XiO 

780 
1343 
» 

870 
1500 

870 

» 

1000 

560 

750 

637 
1000 
1000 


580 
537 


Ainsi,  le  coefficient  de  boisement  qui  s'élève  à  30,5  ^  ea 
Kurope  et  ù  19,1  en  France  tombe  à  4,6  en  Tunisie.  L'infério- 
rité (le  ce  chiffre  saute  à  tous  les  yeux.  Elle  est  d'autant  plus 
f/Ulieuse  que  plus  on  se  rapproche  de  TÉquateur,  plus  Tévapo- 
ration  est  forte  et  plus  le  sol  a  besoin  d'ôlre  alimenté  en  eau. 

Vax  certains  endroits  delà  Tunisie,  l'évaporation  atteint  jus- 
(|u'A  d(Mi.\  mètres  par  an  et  le  pluviomètre  n'accuse  que  537 
millimètres,  c'est  dire  que  pour  être  maintenu  dans  un  état 
favorable  «\  la  végétation ,  le  sol  réclamerait  trois  fois  plus 
d'eau  (ju'il  n'en  reçoit. 


AGBICDLTURK   ET    FORETS 

Et  c'est  0011  seulement  un  soleil,  parfois  implacable,  c'i'st 
aussi  le  voisinage  du  Sahara  qui  exige  que  la  Tunisie  soit  très 
boisée,  afin  d'opposer  au  siroco  un  rempart  sylvestre  (jui  ralen- 
tisse sa  course,  l'imprègne  d'bumidité  et  de  fraîcheur,  et  trans- 
forme ce  fléau  redouté  du  colon  en  auxiliaire  précieux  en  deve- 
nant le  condensateur  des  vapeurs  aqueuses. 

Pour  cela,  il  faudrait  que  la  surface  boisée  de  la  Tunisie  at- 
teignit le  tiers  environ  de  son  territoire;  c'est-à-dire  qu'aux 
000,000  hectares  de  fortHs  qu'elle  possède  3,500,000  hectares 
fussent  ajoutés. 

tUne  œuvre  aussi  gigantesque  est-elle  réalisable? 
Je  réponds  :  Oui. 
D'ahord,  condition  essentielle,  la  majeure  partie  des  terrains 
de  la  Tunisie  sont  très  propres  à  la  végétation  forestière.  Il  suffit 
pour  s'en  convaincre  de  jeler  un  coup  d'œil  sur  la  carte  géo- 
logique provisoire  dressée  par  M.  Aubert ,  ingénieur  des  mines, 
La  formation  crétacée  moyenne  abonde.  Le  GaïUt  ne  se  rencon- 
tre que  dans  le  Sud;  mais  le  CénomanieD  constitue  la  plupart  des 
reliefs  montagneux  du  Centre  et  du  Sud  de  la  Régence.  On  le 
trouve  aux  environs  du  Kef,  à  Teboursouk.  à  Bou  Arada,  à 
l'Ënfida,  sur  les  versants  du  djebel  Ousselet,  dans  La  Kessera  et 
les  Fraichich.  Il  forme  les  contreforts  montagneux  de  toute  la 
région  des  llauiama,  ceux  de  la  chaîne  du  nord  des  Chott, 
la  partie  nord  du  Tebaga  et  la  chaîne  du  MelmAta,  Dans  Tex- 
ti-éme  sud  cet  étage  atteint  deux  mille  mètres  de  puissance. 

Le  crétacé  inférieur  est  représenté  par  les  deux  termes  :  le 
Néocomien  et  l'Urgonien.  Ils  se  rencontrent  dans  deux  monta- 
gnes importantes,  le  Bou  Ilanech  et  le  Serdj.  On  les  rctronvc 
au  pied  du  Zaghouan  et  du  djebel  Ousl. 

Le  crétacé  supérieur,  rare  dans  le  Centre  est  très  développé 
dans  le  Nord  et  le  Sud  sous  forme  de  Sénonien.  Il  s'étale  au 
nord  de  Béja,  entre  cette  ville  et  Mateur,  Â  l'ouest  de  Bizerte, 


108  LA   TUNISIE  DEPUIS   L  OCCUPATION   FRANÇAISE 

à  Metelin,  près  de  Teboursouk,  dans  les  Ouled  Aoud,  dans  les 
Fraichicli,  à  Touest  de  Feriana,  aux  djebel  Ledjebel  et  Nacer 
Allah.  II  constitue  la  partie  est  des  montagnes  des  Ouled  Sidi- 
Tlil,  la  chaîne  de  Fameghza  à  Gafsa,  le  versant  nord  de  TOr- 
bata,  celui  des  montagnes  d'el-Aïacha,  les  djebel  Rosfa,  Berda 
et  Dissa ,  le  sommet  de  la  chaîne  du  Tebaga  et  tout  le  versant 
ouest  de  la  falaise  du  Metmâta  et  de  Douïret. 

La  Kroumirie,  le  pays  des  Mogod,  la  montagne  de  Kourbès, 
le  djebel  Abd-er-Rhaman,  le  plateau  de  Kelibia,  le  djebel 
Trif  sont  formés  de  grès  et  marnes  supranummulithiques. 

Le  Bou  Kornein,  le  djebel  Rças,  le  Zaghouan,  leDjougar,  le 
Bargou,  le  djebel  Klab,  le  Roulssat,  sont  composés  de  calcai- 
res appartenant  à  l'étage  jurassique. 

En  un  mot  les  deux  tiers  de  la  Tunisie  sont  favorables  à  la 
sylviculture  et  à  la  restauration  des  sources. 

Reste  la  dépense.  Elle  est  évidemment  considérable;  mais  les 
résultats  à  obtenir  ne  le  sont  pas  moins;  et,  à  ce  titre ,  Tœuvre 
du  reboisement  a  droit  au  concours  de  tous. 

Imaginons  les  Hauts  Plateaux  et  le  sud  de  la  Tunisie  reboi- 
sés :  les  eaux  potables  sont  fournies  en  quantité  suffisante  par 
les  sources,  puits,  citernes,  puits  artésiens,  etc.;  toutes  les 
parties  propres  à  Tagriculture  sont  irrigables;  les  dunes  sont 
couvertes  d'une  végétation  herbacée  ou  sylvestre  qui  les  a 
définitivement  fixées;  les  pluies  sont  très  fréquentes  et  plus  ré- 
gulièrement réparties;  les  quelques  nomades  qui  restent  encore 
trouvent,  au  sud  des  Chott,  des  ressources  suffisantes  pour  leurs 
troupeaux  ;  le  surplus  de  la  population  indigène ,  définitivement 
fixé  au  sol,  s*est  cantonné  sur  le  bord  des  oueds;  de  nombreu- 
ses fermes  européennes,  analogues  à  celles  de  l'Amérique  et  de 
l'Australie,  sont  établies  en  dehors  des  villes  et  des  villages 
groupés  autour  des  stations  de  la  voie  ferrée,  et  ce  jusque  dans 
le  Djerid;  d'immenses  troupeaux  de  bœufs,  de  chevaux  et  de 


AfiRICrLTUHK    ET    FORÊTS 


109 


moutons  saut  parqués  dans  les  pâturages  aménagés  selon  les 
meilleures  pratiques  pastorales;  le  chemin  de  fei'  exporte  cha- 
que Jour  soit  le  bétail  destiné  à  l'alimenfation  de  l'Europe,  soit 
les  produits  manufacturés  en  alfa  qu'expédient  les  nombreuses 
industries  installées  près  des  cours  d'eau  '. 

Le  Tell,  protégé,  a  vu  revenir  ses  anciennessources;  beaucoup 
de  nouvelles  ont  même  surgi;  les  oueds  contiennent  de  l'eau 
toute  l'année.  On  a  restauré  les  berges  des  principales  rivières; 
celles-ci  ont  un  débit  régulier  et,  de  chaque  d'île  des  rives,  une 
bordure  d'arbres,  sur  une  largeur  d'un  kilomètre,  donne  au 
pays  un  splendide  aspect,  et  un  climat  tempéré.  Le  siroco 
n'appuralt  plus  que  de  temps  à  autre;  et  encore  n'a-t-il  plus 
d'eUets  nuisibles. 

Les  récoltes,  sauf  accidents  passagers,  sont  superbes  chaque 
année;  le  colon  est  k  l'aise;  les  impôts  ne  le  gênent  pas;  il  les 
paye  de  grand  cœur. 

L'industrie  se  crée  partout;  les  moindres  filons  miniers  sont 
exploités  jusqu'à  épuisemeni;  les  foi-èts  produisent  de  8  à  10 
millions  par  an.  Entin  cinq  cent  mille  Français  solidement  ins- 
tallés dans  le  pays  y  forment,  avec  leurs  frères  d'Algérie,  le 
noyau  de  /a  Nouvelle  France... 

J'ai  l'air  de  conter  un  rèvc,  et  cependant  <pi'on  le  veuille 
franchement  et,  dans  cinquante  ans,  ce  véve  prendra  corps  :  il 
sera  réalité. 

Aussi,  ai-je  le  di-oit  de  dire  que  la  dépense,  pour  énorme 
qu'elle  puisse  paraître,  n'est  ni  au-dessus  de  nos  richesses,  ni 
surtout  au-dessus  des  sacrifices  que  le  devoir  nous  impose. 

Cela  va  de  soi,  c'est  Â  l'État  qu'incombe  le  principal  r6le 
dans  ce  colossal  repeuplement  de  trois  millions  d'heclares  en 
rlorèts.  U  n'y  a  que  lui  qui  puisse  entreprendre  cette  spécula- 

BuUelin  de  la  &icii'lé  tic  géograiihie  d'Alger,  1880,  ï*  rtiîciculf . 


110  LA    TUNISIE   DEPUIS   l'oCCUPATION   FRANÇAISE 

tion  politi(jue,  —  et  financière  vraiment;  car  il  n'y  trouvera  pas 
qu'une  extension  de  sa  puissance  gouvernementale  :  raccroisse- 
ment  de  la  richesse  publique,  le  développement  considérable 
que  recevront  Tagriculiure,  le  commerce  et  Tindustrie,  vau- 
dront au  fisc  une  augmentation  de  recettes  qui  payera  très  lar- 
gement rintérêt  des  millions  avancés. 

Passons  à  Texécution.  L*assiette  actuelle  du  budget  tunisien 
ne  permet  pas  de  songer  à  l'emprunt  public  nécessaire  pour  se 
mettre  à  Tœuvre  comme  il  serait  désirable.  Mais  les  forêts  vont 
donner,  à  partir  de  cette  année,  des  recettes  d'environ  200,000 
francs.  Je  voudrais  que  cette  somme  servit  à  payer  les  intérêts 
des  quelques  premiers  millions  indispensables  pour  le  commen- 
cement des  travaux.  Et  les  recettes  du  service  forestier  devant 
s'accroître  rapidement,  l'emprunt  pourrait  suivre  une  marche 
parallèle. 

Maintenant  les  colons  doivent  à  l'État  une  participation  pé- 
cuniaire et  laborieuse.  Il  leur  faut  multiplier  la  végétation 
arborescente  sur  leur  domaine,  et  décupler  leur  action  indi- 
viduelle en  créant  une  «  Ligue  du  reboisement  » ,  une  sorte 
dWr/jor'dof/  tunisien  qui  entretiendra  une  agitation  continue 
autour  de  la  question,  la  popularisera  et  à  l'aide  d'instructions 
pratiques  sur  le  choix ,  le  mode  de  plantation  et  l'entretien  des 
arbres  en  Tunisie,  j^ar  rallocation  de  prix  ou  de  primes  aux 
Européens  et  aux  indigènes,  par  la  fourniture  de  semis  aux 
uns  et  aux  autres,  par  la  création  de  pépinières,  encouragera 
efficacement  cette  reconstitution  des  forêts  sur  laquelle  repose 
absolument  l'avenir  de  la  Tunisie,  la  fécondité  de  ses  terres 
n'étant  qu'une  question  d'eau. 


i^NÛ'-; 


LIVRE  V 

LES  RICHESSES   MINÉRALES 


rONSTITL'TION   GEOLOGIQUE    DU    SOL   TUNISIEN 

Le  sous-sol  (le  la  Tunisie  n'est  pas  moins  riche  que  son  sol  : 
tes  substances  minérales  qu'il  renferme  sont  à  la  hauloui"  des 
productions  agricoles.  Si  leur  e\ploitation  est  encore  très  li- 
mitée, c'est  que  les  gisements  sont  presque  tons  situés  diins 
une  contrée  tourmentée  où  les  voies  de  communication  sont 
encoi-e  très  rares.  Cette  situation  s'arnélioreru  de  jour  en  jour 
et  nous  assisterons  avant  peu  à  une  production  métallique  qui 
transformera  une  partie  du  pays. 

Mais,  avant  d'énumérer  les  mines  et  carrières  à  mettre  en 
valeur,  donnons  quelques  notions  e:»}ologiqiies  sur  la  consti- 
tution du  sol  tunisien. 
L  Ou  sait  que  le  globe  terrestre  a  subi  plusieurs  transforma- 
^pODS  depuis  son  origine  ;  de  U  plusieure  terrains  se  sont  formés 
successivement  à  sa  surface.  On  les  a  distingués  sous  les  noms 
généraux  de  terrains  primitifs,  de  terrains  primaires .  de  ter- 
rains secondaires,  de  terrains  tertiaires  et  de  terrains  qua- 
ternaires. Aux  terrains  primitifs,  appelés  aussi  azoïques,  ap- 
partiennent les  gneiss,  les  mîcascbisles  et  les  roches  cristallines. 


1 


Il '2  LA   TUNISIE   DEPUIS    L  OCCUPATION   FBAXÇAISE 

Lrs  terniins  primaires  ou  paléozolques,  c'est-à-dire  qui  ont 
vu  éclorc  1rs  premières  manifestations  de  la  vie  organique,  sont 
Torinés  do  schistes,  de  quartzites,  de  grès  durs  et  de  calcaires 
compacts  ou  cristallins.  Une  luxuriante  végétation  s*y  révèle 
sous  forme  de  grandes  masses  d'anthracite  et  de  houille.  Le 
frr,  le  cuivre  et  Tétain  s'y  trouvent  en  abondance,  mêlés  à  des 
éruptions  de  roclies  granitoldes  et  porphyriques.  Les  terrains 
secondain.'ts  (période  mésozolque)  sont  principalement  com- 
posés (le  roches  calcaires  ou  argileuses  et  de  grès  à  éléments 
lins.  L<'S  roches  des  terrains  tertiaires  ou  néozolques  sont  moins 
consistantes  que  celles  des  terrains  antérieurs;  ce  sont  des  ar- 
f;iles  molles  et  plastiques,  des  sables  pulvérulents  ordinaire- 
ment très  purs,  parfois  consolidés  sous  forme  de  grès.  Les 
lif^nites  s'y  rencontrent  et  les  métaux  précieux,  For  et  l'argent, 
(lomimMit  dans  les  filons  quartzeux  de  cet  âge. 

dos  différentes  couches  de  terrains  proviennent  de  révolu- 
tions intérieures  qui  ont  précédé  Tapparition  de  Thomme  sur 
la  torro.  Depuis  sa  création,  le  déluge  a  opéré  un  grand  bou- 
leversement extérieur;  de  là  les  terrains  d'alluvion  ou  qua- 
ternaires (jue  les  eaux  de  la  pluie  et  des  rivières  ne  cessent 
craccroUn»  et  <le  modifier.  Les  boule vci*semenls  intérieurs  con- 
linuent  toujours  aussi;  mais  ils  ne  se  manifestent  plus  qu'ac- 
eideulellerncMit  et  par  de  rares  ouvertures.  Ce  sont  les  volcans 
(|ui  projettent  des  matières  incandescentes,  et  qui  forment  des 
roches  particulières  que  Ton  a  désignées  sous  le  nom  de  roches 
(i'oiif^ine  ifinée  :  on  trouve  hl  les  laves  et  les  pouzzolanes. 
Knfin  il  y  a  (ui  dans  la  suite  des  temps  des  bouleversements  qui, 
sans  produire  des  révolutions  complètes,  ont  cependant  opéré 
des  soulèvements  sur  certaines  parties  du  globe  et  dérangé  la 
disj)()sition  de  ces  dillerentes  couches.  C'est  de  cette  manière 
(|ue  s<^  sont  foriné(îs  d(»  hautes  montagnes  composées  souvent 
d(»  couches  inférieures. 


LES   mCUESSES   Ul.fEKALKS 

La  nature  a  mis  ainsi  à  portée  de  la  main  de  l'homme  beau- 
coup de  richesses  qui  fussent,  sans  cela,  demeurées  enfouies; 
et  il  arrive  que  les  parlies  du  sol  qui  ont  subi  à  l'origine  le 
plus  de  bouleversements  sont  précisément  celles  qui  offrcut  le 
plus  de  ressources  à  ses  habitants.  \  côté  des  plus  belles  terres 
végétales,  et  prcsqu'à  fleur  du  sol ,  ils  rencontrent  des  métaux 
et  fous  les  matériaux  dont  ils  peuvent  avoir  besoin.  De  plus, 
ces  bouleversements  ont  dû  apporter  nécessairement  des  modi- 
fications dans  la  région  des  eaux;  leurs  réservoirs  intérieurs 
se  sont  trouvés  soulevés,  et  il  a  suffi  alors  de  leur  ouvrir  une 
issue  pour  irriguer  et  féconder  d'immenses  plaines.  EnQn, 
ces  eaux  ont  quelquefois  rencontré  des  gites  métallifères  qui 
leur  ont  donné  les  propriétés  particulières  que  nous  observons 
dans  les  sources  thermales. 

Or,  peu  de  portions  du  globe  ont  subi  autant  de  révolutions 
salutaires  que  le  Nord  de  l'Afrique  ;  elles  se  sont  manifestées 
î\  travers  toutes  les  ramifications  de  la  grande  chaîne  de 
l'Aflas,  dans  les  plateaux  du  Tell  comme  dans  rinimensité  du 
Sahara. 

Les  divers  terrains  dont  nous  avons  parlé  sont  loin  d'occuper 
des  parlies  égales  sur  la  surface  du  sol  de  la  Tunisie.  La  carte 
géologique  n'étant  encore  qu'à  l'élat  d'ébauche,  il  est  impos- 
sible de  préciser  leurs  stratifications:  mais  on  en  possède  les 
grandes  lignes. 

Le  quaternaire  constitue  le  sol  de  toutes  les  plaines.  Dans 
le  Nord,  il  est  représenté  surtout  par  des  dunes,  les  alUivton.s 
des  rivièi-es  et  la  vallée  de  la  Medjerda.  Il  forme  le  sol  d'une 
partie  du  cap  Bon,  de  la  vaste  plaine  qui  s'étend  le  long  de  la 
ciHe  Est,  de  Kairouan  A  Gabès,  de  l'Ile  de  Djerba,  de  l'Arad, 
des  Chott;  à  l'Ouest  de  la  chahie  du  MetmAta,  il  remplit  la 
vaste  dépression  crétacée  qui  forme  le  bassin  de  l'oued  Ighar- 
ghar.  Sur  les  Hauts  Plateaux ,  il  constitue  le  sol  des  plaines  et 


^H^  Tl'XIME.    — 


I 


lU  LA   TUNISIE  DEPUIS   l'oCGUPATION   FRANÇAISE 

remplît  les  vides  qui  se  trouvent  eatre  les  chalaons  monta- 
gneux. C'est  lui  qui  a  principalement  contribué  à  la  formation 
de  laJerre  végétale  et,  par  suite,  à  la  fertilité  du  pays. 

Une  série  complète  des  terrains  tertiaires  succède  à  ceux-ci. 

La  formation  Pliocène  comprend  un  terme  marin  et  un 
terme  lacustre.  Le  premier  apparaît  entre  Tunis  et  Bizerte. 
à  Porto-Farina,  dans  la  région  d'Hammamet,  près  de  Sousse 
et  de  Monastir.  Le  terme  lacustre  est  très  développé  du  côté 
du  Kef;  on  le  retrouve  dans  la  vallée  de  la  Medjerda  et 
jusque  dans  la  banlieue  de  Tunis  à  Tétat  de  poudingues  ou  à 
Fétat  de  marnes  et  de  grès.  D'après  M.  Pomel*  il  aurait  dans  les 
environs  de  Monastir  une  puissance  très  considérable. 

La  formation  Miocène  se  trouve  seulement  dans  le  Nord, 
près  de  Bizerte,  au  nord  de  la  garaà  Iskeul,  au  sud  de 
Djedeïda.  Dans  le  cap  Bon ,  elle  forme  plusieurs  pointements 
et  une  ceinture  autour  du  djebel  Abd-er-Rhaman.  Elle  réap- 
paraît dans  les  collines  au  Sud-Ouest  de  Monastir.  L'étage  su- 
périeur du  Miocène,  ou  Sahélien,  se  compose  de  marnes  bleuâ- 
tres qui  donnent  de  bons  terrains  de  culture,  les  grès  y  sont 
rares.  L'étajre  moyen  est  constitué  par  des  calcaires  ressemblant 
aux  grès  supranummulithiques,  des  marnes  et  des  grès  ren- 
fermant quelques  bivalves  et  YOstrca  crassissima ,  Sa  qualité 
dépend  de  la  proportion  de  pierre  qu'il  contient.  Au  cap  Bon, 
il  donne  des  terres  argileuses  favorables  à  la  culture  ;  dans 
leSîihel,  où  le  grès  devient  plus  abondant,  le  sol  est  de  qua- 
lité médiocre,  dans  Toued  Cedjenan ,  où  le  grès  est  A  Tétat 
pur,  le  terrain  est  incultivable. 

La  formation  Éocène  est  particulièrement  développée  dans 
le  Nord  ;  elle  constitue ,  avec  les  terrains  crétacé  et  jurassique ,  la 
chaîne  centrale  et  la  chaîne  du  Nord.  Dans  le  Sud,  on  ne  la 

1.  Bull,  de  r École  supérieure  des  Sciences  d'Alger,  l®*"  fasc,  [k  %. 


LES    RICHESSES    MINERALES 


"Toit  qu'au  pied  des  deus  versants  du  relief  qui  va  de  Rame- 
ghza  à  Gafsa.  C'est  dans  l'étage  supérîeup  de  l'Éocène  moyen 
que  l'on  rencontre  fréquemment  la  structure  noduleuse  des 
phosphates. 

J'ai  indiqué,  A  propos  du  reboisement,  combien  les  terrains 
crétacés  tiennent  de  place  dans  la  Régence.  Avec  les  terrains 
tertiaires  et  quaternaires,  dont  les  .iffleurements  sont  constam- 
meut  en  rapport  avec  les  régions  les  plus  fertiles  en  céréales, 
ils  constituent  la  majeure  partie  du  sol.  Ils  sont  remaniuable- 
meut  riches  en  substances  métalliques. 

Au-dessous  vienneut  quelques  Ilots  jurassiques,  et  !a  cons- 
titution du  sol  tunisien  s'arrête  là.  J'oubliais  quelques  émer- 
gences de  trachytes  dans  les  Nefza  et  de  gypses  dans  la  vallée 
de  la  Medjerda  :  ce  sont  les  seules  traces  des  éruptions  de  l'é- 
poque paléozolque.  Quant  au  gneiss  et  au  granité  que  la 
Terre  a  primitivement  vomis  de  ses  entrailles  en  fusion  et 
qui,  eu  se  refroidissitnt,  ont  formé  la  première  écorce  solide 
sous  laquelle  les  masses  fluides  internes  sont,  depuis  lors, 
restées  emprisonnées,  rien  n'rn  décèle  l'existence.  Aucune 
révolution  géologique  n'a  eu  la  puissance,  en  Tunisie,  de  ra- 
lener  ces  roches  graniloldes  à  la  surface  dn  sol. 


Lp 


Le  massif  montagneux  qui  s'étend  d'Aïn-Draham  i  Tebourba 
est  particulièrement  riche  en  gisements  de  fer  oligislo  ou  oxy- 
dulé.  [les  traces  d'exploitations  anciennes  ont  été  constatées  en 
maints  endroits;  et  les  découvertes  archéologiques  sont  venues 
^us  prouver  que  les  minerais  de  la  Tunisie  étaient  déjà  exploi- 


^^U)us  prouver  que  les  mu 


IIG  LA   TUNISIE   DEPUIS   l'oCCUPATIOX  FRANÇAISE 

lés  du  temps  des  Romains ,  peut-être  même  à  l'époque  phér 
cienne.  Hais  je  dois  dire  que  généralement  on  a  une  tendan 
trop  marquée  à  qualifier  d'antique  la  moindre  fouille  que  Y^ 
rencontre.  Il  est  hors  de  doute  que  beaucoup  d'entre  elles  so 
l'œuvre  des  indigènes,  soit  Arabes,  soit  plutôt  Berbères,  lesqu< 
n'ont  jamais  perdu  tout  à  fait  l'art  d'exploiter  et  de  fondre  ] 
autopsides.  Dès  qu'un  peu  de  galène  se  rencontre  sur  leur  ch 
min ,  ils  s'empressent  de  l'enlever  et  d'en  fabriquer  des  balh 
Dans  une  notice  minéralogique  sur  les  provinces  d'Alger  et  d'< 
ran,  xM.  Pouyanne  nous  apprend  que  les  tribus  Rifaines,  aujou 
d'hui  encore,  savent  extraire  le  fer  des  minerais  purs  et  ricb 
qui  abondent  dans  le  Nord  de  l'Afrique,  et  cela  à  l'aide  d'i 
rudiment  de  la  méthode  Catalane  tellement  simple  qu'on  pou 
rait  y  voir  la  véritable  origine  de  la  métallurgie  du  fer.  De  pli 
bion  des  tribus  qui  ont  perdu  cet  art,  l'ont  certainement  pc 
sédé  autrefois,  comme  le  prouvent  directement  les  petis  tas 
scories  qu'on  trouve  en  un  très  grand  nombre  de  points,  au  \i 
sinage  des  affleurements  de  fer,  tas  de  scories  dont  chacun  i 
teste  positivement  l'existence  d'un  ancien  petit  foyer.  Mais  p? 
tout  où  le  fer  européen  pénètre  librement,  la  fabricati 
indigène  a  cessé. 

Deux  concessions  de  mines  de  fer  ont  été  accordées  en  ISS- 
la  première  à  la  Compagnie  de  iMokta-el-Hadid  pour  l'exploit 
tion  dos  gisements  de  Ras-er-Radjel,  Bou-Lanague,  djebel  Bel 
et  (ianara;  la  seconde  à  la  CJ"  des  mines  de  Tabarka  pour  Te 
ploitation  des  gites  des  ïamera,  Bourchiba  et  oued  bou-Zer 

Les  concessionnaires  se  sont  obligé  à  construire  deux  ligr 
(le  chemin  de  fer  allant  des  Nefza,  l'une  à  Tabarka,  l'autre 
cap  Serrât,  ainsi  que  les  poris  d'embarquement  à  l'extrémité 
ces  voies  ferrées.  Les  frais  d'exécution  de  ces  travaux  étant  enti 
rement  à  la  charge  des  deux  compagnies  minières,  l'État  r 
exigé  aucune  redevance  sur  la  production. 


LBS   KICHKSSBS   MIXÊEALES  117 

Des  gisements  importants  existent  encore  à  Djerad,  dans  le 
djebel  Zerizza,  à  Héridj. 


m 


LE   CnVRE 

Plusieurs  gisements  de  cuivre  ont  déjà  été  reconnus  en  Tunisie. 
Les  uns  appartiennent  aux  terrains  secondaires,  les  autres  aux  , 
terrains  tertiaires  du  Nord. 

Au  djebel  Oust,  entre  Tunis  et  Zaghouan,  on  a  trouvé  du 
cuivre  gris  dans  une  gangue  de  fluorine. 

Au  djebel  Frina,  près  de  Sidi-el-Hemessi  le  cuivre  est  mêlé 
à  de  la  galène  argentifère;  un  peu  plus  loin  il  s'amalgame  avec 
le  plomb. 

Au  djebel  Heirech,  près  de  Souk-el-Arba ,  le  cuivre  se  pré- 
sente ordinairement  en  veines  assez  belles,  mais  avec  des  étran- 
glements successifs. 

Au  djebel  Cheïda,  en  Kroumirie,  on  trouve  encore  le  cuivre 
et  le  plomb  confondus. 


IV 


LE   PLOMB   ET    LE    ZINC 

Les  gisements  de  cuivre  n'ont  guère  été  fouillés  par  les  indi- 
gènes, à  cause  sans  doute  du  traitement  que  réclame  ce  minerai 
et  de  ce  que  le  cuivre  n'était  pas  pour  eux  un  objet  de  première 
nécessité.  Pour  la  raison  inverse,  presque  tous  les  gisements  de 
galène  que  Ton  rencontre  ont  déjà  été  exploités  par  les  Arabes, 
et  surtout  par  les  Berbères,  pour  la  guerre  ou  pour  la  chasse. 

Dans  sa  Relation  dun  voyage  sur  les  côtes  de  Barbarie  en  17 i4 


118  LA    TUNISIE  DEPUIS  l'oCCUPATION   FRANÇAISE 

ei  17^25,  Peyssonnel  rapporte  ceci  (p.  2i7)  :  «  Nous  vîmes  sur 
notre  chemin,  à  environ  cinq  lieues  du  cap  Nègre,  une  mine  de 
plomb  très  abondante.  Les  Maures  qui  y  travaillent  nous  dirent 
qu'elle  avait  été  ouverte  par  les  anciens  chrétiens.  A  Tentrée  de 
la  carrière  il  y  a  une  pièce  de  marbre  avec  un  cheval  en  bas- 
relief.  Nous  nous  arrêtâmes  à  l'endroit  où  Ton  fondait  le  plomb. 
Ils  mêlent  le  minerai  avec  du  bois  sec  dans  de  mauvais  four- 
neaux faits  avec  Targile,  et  font  ainsi  très  imparfaitement  la 
séparation  et  la  fonte  de  leur  plomb  ». 

Sous  Ahmed- Bey  les  mines  de  plomb  de  Djebba,  à  15  kilo- 
mètres de  Souk-el-Khemis  et  du  Djebilet-el-Kohol,  près  Za- 
ghouan,  étaient  exploitées  pour  les  arsenaux  tunisiens  ^  C'était 
un  ingénieur  français  qui  dirigeait  cette  entreprise.  Moham- 
med-es-Saddok  concéda  l'exploitation  de  la  mine  de  Djebba, 
pour  cinquante  ans,  à  la  Cie  Bone-Guelma,  moyennant  le 
payement  d'une  redevance  de  10  %  calculée  sur  le  produit  brut. 

I^a  mine  de  plomb  et  zinc  du  djebel  Rças  (à  25  kilomètres  de 
Tunis) ,  déjà  aliénée  une  première  fois  en  1868,  en  mettant  à  la 
charge  du  concessionnaire  toutes  les  dépenses  et  en  Tobligeant 
à  partager  ses  bénéfices  avec  le  gouvernement  beylical,  fut  de 
nouveau  concédée  en  1875  à  MM.  de  Castclnuovo,  Toché  et  Lindo 
pour  une  période  de  soixante  ans ,  sur  les  mêmes  bases  que  la 
concession  de  Djebba. 

Tout  d'abord,  en  1877,  la  société  a  Minearria  et  Melallurgica 
Italiana  nclla  Tunisia  »  sollicita  Tautorisation  de  tirer  parti  des 
scories  laissées  par  une  exploitation  que  M.  Haught,  ingénieur 
à  Florence,  fait  remonter  à  l'époque  carthaginoise. 

La  quantité  de  ces  résidus ,  évalués  à  60.000  tonnes,  montre 
l'importance  considérable  que  cette  exploitation  a  dû  avoir  et 
leur  richesse  atteste  l'imperfection  des  méthodes  antiques. 

1.  V.  Pcllissier,  op.  cit.,  p.  189  et  35 i. 


LES    RICHESSES   HIXI^BALES 


La  société  sarde  cominpiiça  ensuite  Textraction  du  mioerai; 
mais  pour  divers  motifs  les  travaux  Démarchèrent  régulièrement 
qu'à  partir  de  1887. 
1-  L'esploilation  comprend  aujourd'hui  :  à  l'extérieur,  une  mai- 
I  ion  pour  le  directeur,  des  magasins,  des  logements  d'ouvriers , 
nne  laverie  pour  galène,  une  usine  de  fusion  de  piomh  con- 
tenant quatre  fours  Piltz,  quatre  fours  à  cuves  pour  caleinatioii 
des  calamines,  trois  plans  inclinés  de  deux  cent  cinquante 
mètres  de  longueur  totale  et  des  chemins  d'accès  reliant  toutes 
ces  installations;  à  rintèrieur  :  trois  étages  de  galeries  hori- 
zontales réunies  entre  elles  par  quelques  chemins. 

Les  scories  traitées  dans  l'usine  pour  In  produclion  du  plomh 
sont  d'environ  14,000  tonnes; 

I*  piomh  produit  d'environ  1,300  tonnes.    Il  a  élé  extrait 
depuis  1687  : 


En  minerai  <le  plonit 
En  minerai  de  zinc  . 


1770,51 

4208,52 


La  teneur  des  minerais  de  plomh  ^■aric  de  50  â  58  ?é  ;  celle 
s  minerais  de  zinc  calcinés  de  39  k  55  %. 
Actuellement,  sur  quai,  à  Tunis,  le  minerai  de  plomh  à.  55  ^ 
■TBut  de  80  à  85  francs  la  tonne,  le  minerai  de  zinc  A  47  ^  se 
^>end  1-20  francs  la  tonne, 

Le  gisement  du  djebel  Rças  est   formé  d'une  colonne  mi- 
néralisée d'environ  150  mètres  de   hauteur  sur  un  diamètre 
!  10  à  15  mètres.   Les  parois  de  cette  colonne  sont  tapissées 
î  calamine  plus  ou  moins  plomheuse  d'une  épaisseur  variant 
s  0  A  i'°,50.   L'intérieur  de  la  colonne  est   formé  d'ébonlis 
ilciûres  et  calaminaires  avec  patates  de  galène.  De  cette  colonne 
'partent  diiférents  liions  encore  peu  étudiés  mais  qui  no  sem- 
blent pas  très  importants. 

Il  est  impossible  d'apprécier  la  valeur  de  cette  mine ,  le  gise- 


120  LA   TUNISIE  DEPUIS    l'oCCUPATION  FRANÇAISE 

ment  étant  absolument  irrégulier.  Cependant  on  estime  qu'il 
renferme  20,000  tonnes  de  calamine  et  de  2  à  3,000  tonnes  de 
plomb  au  minimum. 

Une  autre  mine  de  plomb  et  zinc,  celle  du  Khanguet-et- 
Tout,  près  Béjà,  a  été  concédée  en  1889  à  un  ingénieur  français, 
M.  E.  Faure.  Une  condition  nouvelle  est  imposée  à  ce  conces- 
sionnaire :  il  doit  payer  à  TÉtat  une  redevance  fixe  et  annuelle 
de  0  fr.  15  par  hectare  de  terrain  compris  dans  la  concession, 
et  une  redevance  proportionnelle  au  produit  de  Texploitation 
qui  est  égale  au  vingtième  de  ce  produit. 

La  mine  du  Khanguet-et-Tout  se  compose  : 

1®  D'amas  de  calamine; 

2^  D'un  filon  de  calamine  et  de  plomb. 

Les  amas  sont  très  importants.  Réunis  sur  une  petite  surface 
d'une  dizaine  d'hectares,  on  évalue  à  plus  de  10,000  tonnes  le 
minerai  contenu  dans  ces  amas. 

Le  filon  a  huit  cents  mètres  de  longueur  et  une  épaisseur 
variable  d'un  à  trois  mètres.  11  est  composé  de  galène  dans  sa 
partie  médiane  et  de  calamine  sur  les  parois.  Les  affleurements 
du  filon  sont  parallèles  à  la  crête  du  djebel  Damons. 

Sur  30  à  40  mètres  de  profondeur  le  filon  a  été  exploité  par 
les  Romains,  qui  ont  enlevé  la  galène. 

Il  semble  qu'on  doive  tirer  de  ce  filon  plus  de  50,000  tonnes 
de  minerai. 

La  production  du  Khanguet-et-Tout  est  à  ce  jour  de  5,000 
tonnes  de  calamine  provenant  seulement  des  amas. 

Les  transports  se  font  à  Béjà,  à  dos  de  chameau,  au  prix  de 
15  francs  la  tonne.  De  Béjà  à  Tunis,  ils  empruntent  la  voie  ferrée. 

La  richesse  en  zinc  est  d'environ  50  %, 

La  mine  du  djebel  Rças  et  celle  du  Khanguet-et-Tout  sont  les 
seules  en  exploitation;  mais  il  en  existe  plusieurs  autres  qui 
livreront  sous  peu  leurs  richesses  à  l'industrie. 


LtS    HICHESSES    MINKRALES 


A  côté  du  Klianguet-et-Toiit  est  situé  le  gisement  du  djebel 
Sidi-Ahmed  qui  forme  trois  groupes  principaux  : 

1°  Groupe  d'el  Kohol, 

2"  Groupe  d'el  Biret, 

3"  Groupe  d'el  Graba. 

La  quantité  de  calamine  reconnue  est  comme  au  Khanguet-ct- 
Toul  d'environ  50,000  tonnes. 

Le  Djebilel-cl-Kohol,  dont  j'ai  déjà  parlé ,  renferme  du  plomb 
argentifère  dans  une  gangue  de  fluorine  et  de  calcite;  mais  les 
recherches  faites  jusqu'à  ce  jour  n'ont  pas  amené  la  découverte 
d'une  grande  quantité  de  ces  conglomérats.  Les  travaux  con- 
tinuent pour  la  calamine  et  l'on  croit  pouvoir  compter  sur 
5,000  tonnes. 

D'autres  gisements  de  plomb  et  zinc  ont  été  reconnus  : 

Au  Bou  Kornein,  près  Hammam-ct-Enf  ; 

A  Ain  Aaroum  (Zagliouan)  ; 

Au  djebel  Clielda  (Kroumirie); 

Au  djebel  Argoubel-et-Kohol,  à  12  kilomètres  de  Tabarka; 

A  Hammam  Djdidi,  entre  llammamet  et  Zaghouan; 

Au  Djebel  bou  Kertioas,  dans  la  tribu  des  Nefza  (Krou- 
I  mirie)  ; 

Au  djebel  Garci,  dansI'Eufida; 

Au  djebel  Labit  [tribu  des  Nefza); 

ATiza,  près  de  Medjez-el-Bab; 

Au  djebel  Tubouna  (tribu  des  Abid); 

Au  djebel  Aïn-Romni  (Irîbu  des  Nefza). 

Ces  deux  derniers  gisements  semblent  devoir  être  parlicu- 
[  librement  riches  en  calamine. 

A  Fedj-el-Adoule,  près  de  Teboui'souk,  gisement  d'au  moins 
[  20,000  tonnes  de  zinc  et  plomb; 

A  Kalaa-S'rira ,  banlieue  de  Sousse,  10,000  tonnes  environ 
[  de  calamine  et  carbonate  de  plomb. 


122  LA   TUlflSIE   DEPUIS   l'oCCCPATION  FKANÇAISB 

Les  demandes  de  concession  pour  ces  deux  gisements  so 
déposées. 

On  signale  encore  les  suivants  : 

Au  djebel  Eldous,  près  Bordj-Toum  (zinc,  fer,  manganèse)  ; 

Au  djebel  Djdidi,  entre  Hammamet  et  Zaghouan  (plomb  av 
barjie  sulfatée); 

Au  djebel  Sidi-Abdallah-Cheikh ,  près  Teboursouk  (galène 

Au  djebel  Trozza ,  près  Kairouan  (calamine  et  galène)  ; 

Au  djebel  Iskeul,  près Bizerte  (galène  argentifère); 

Au  djel)el  Amar,  près  Tunis  (plomb ,  cuivre  et  manganèse 

A  el-Akouat,  près  Teboursouk  (galène); 

Au  djebel  Slata,  au  sud  du  Kef  (galène); 

A  Nebeur,  au  nord  du  Kef  (galène). 

On  voit  par  la  simple  énumération  qui  précède  que,  sa 
sortir  du  cercle  des  faits  connus,  les  richesses  métalliques  < 
la  Tunisie  sont  très  grandes.  Il  reste  tout  un  travail  de  reche 
ches  et  d'analyses  docimastiquesà  faire  pour  préciser  la  valei 
des  mines  ;  mais  cette  valeur  est  hors  conteste.  Sans  dou 
quantité  de  minerais  sont  trop  pauvres  pour  supporter  d 
frais  de  transport  un  peu  importants  ;  mais  la  transformatic 
économique  du  pays  permet  d'y  regarder  l'introduction  de 
métallurgie  comme  chose  possible. 

D'ores  et  déjà,  la  Tunisie  exporte  plus  qu'elle  n'importe.  ( 
changement  de  face  du  commerce  général  ne  date  que  ( 
deux  ans;  il  va  s'accroître,  les  conditions  du  fret  vont  en  èti 
modifiées,  et  la  réception  du  charbon  pourra  avoir  lieu  à  tr 
bon  compte;  comme,  d'autre  part,  les  progrès  de  la  métallui 
gic  ont  notablement  diminué  la  quantité  de  charbon  nécessaii 
îV  la  production  d'une  tonne  de  fonte  et  déterminé  un  commei 
cément  effectif  de  mouvement  du  charbon  vers  le  minera 
tels  gisements  qui  ne  pouvaient  être  exploités  pour  l'exportatic 
deviendront  une  excellente  affaire  en  étant  traités  sur  place. 


LKH   ntCHKSSBS  HIMiBALKS 


123 

Et  puis  combien  tie  mines  sont  encore  inconnues?  Qui  peut 
prévoir  le  nombre,  la  diversité  des  intérêts  qui  seront  en  jeu 
dans  quelques  années? /.a  Libeiiï-^  a  été  mal  inspirée  en  i-aillnnt 
la  Conférence  Consultative  de  s'être  préoccupée,  dans  sa  dernière 
session,  d'une  législation  minière,  qui  fait  totalement  défaut  en 
Tuoisie. 

Les  actes  de  concession  et  les  cahiers  des  charges  ont  été 
dressés  conformément  aux  modèles  français,  sans  toutefois  dis- 
tinguer les  minières  des  mines ,  comme  le  fait  la  loi  de  1810, 
<|iii  est  elle-même  une  véritable  raine  à  procès.  Mais  elle  com- 
porte d'autres  modiGcations.  Il  est  utile  qu'nne  législation  on 
rapport  avec  les  mœurs,  les  coutumes  et  les  besoins  du  pays, 
vienne  régler  la  matière  en  Tunisie,  et  certainement  le  vœu 
île  la  Conférence  Consultative  sera  pris  en  considération. 


L'ARGENT   ET    L'UR 


La  Régence  ne  parait  gutre  posséder  de  métaux  précieux.  Ce 
n'est  que  pour  mémoire  que  je  mentionne  l'argent  qui  se  ren- 
contre dans  certaines  mines  de  plomb.  Il  ne  saurait  donner 
lieu  à  aucune  extraction  spéciale. 

Dans  les  parois  des  gorges  du  djebel  bon-Heudma,  entre  la 
sebkha  en  Nouall  et  les  montagnes  d'el  Aïacha  ,  s'ouvrent  des 
galeries  de  mines  romaines  dans  lesquelles  l'ingénieur  Fuchs  a 
découvert  du  minerai  d'or-. 

Sur  le  bord  de  la  mer,  il  Sidi-bou-Saïd,  près  de  Cartliage, 
dans  les  sables  de  l'uued  Miliane  et  dans  ceux  de  la  Medjerda , 


:.  XI,  [).  IM.  —  Ch.  Tissol,  t.  1,  p.  258. 


12i  LA   TUMSIE   DEPUIS  l'oCCUPATION   FRANÇAISE 

la  présence  de  Tor  a  été  également  reconnue  ;  quelques  orpail- 
leurs arabes  ont  même  exercé  leur  industrie  pendant  quelque 
temps;  mais  ils  ont  dû  y  renoncer,  le  métal  étant  en  trop  faible 
quantité  pour  rémunérer  le  travail. 


VI 


LE    MARBRE   ET   LES   PIERRES   PRECIEUSES 

Les  carrières  de  marbre  sont  nombreuses  dans  le  Nord  de 
la  Tunisie.  Les  principales  sont  celles  du  djebel  Iskeul,  du 
djebel  Djdidi,  du  djebel  Aziz,  du  djebel  Klab ,  dans  le  voisinage 
de  Tunis,  celle  du  djebel  Oust,  entre  Tunis  etZaghouan,  et 
surtout  celle  de  Schemtou,  si  renommée  à  Tépoque  romaine 
pour  ses  marbres  jaunes. 

On  sait  de  quelle  faveur  le  marmor  numidicum  jouissait  à 
Rome  *.  /V  dire  vrai  on  ne  sait  de  quelles  carrières  on  le  tirait: 
car  d'après  les  textes  antiques ,  il  aurait  été  jaune  et  pourpre  -, 
et  cette  variété  ne  se  retrouve  plus.  On  est  porté  à  croire  qu'elle 
a  été  épuisée  d(^s  Tépoque  romaine. 

Mais  à  côté  de  celle-ci  combien  d'autres  variétés  non  moins 
belles  et  quasiment  inépuisables!  Marbres  roses  veinés  de  blanc, 
brrclies  violettes  marquetées  de  noir,  et  toute  la  gamme  du 
jaune:  jaune  antique,  jaune  foncé,  jaune  boisé.  Parfois  le  cal- 


1.  La  colonne  ôlovée  à  César  dans  le  Koruin,  avec  l'inscriplion  Parenti  Patrùr, 
élait  en  marbre  numidique  d'un  Siuil  bloc  et  de  près  de  vingt  pieds.  Postea  solidam 
coluinnam  pro|)e  viginti  pedurn  lapidis  niiiiiidici  in  foro  slatuit  scripsitque  : 
Parenti  patriœ.  Suétone,  Div.  JuL,  LXXXV.  — Sur  les  deux  cents  colonnes  do 
marbre  dont  les  Gordiens  ornèrent  leur  ville  de  Préneste,  cinquante  étaient  de 
marbre  numidique  et  l'empereur  Tacite  en  donna  cent  aux  habitants  d'Oslie. 

2.  Dans  la  description  qu'il  nous  a  laissée  des  bains  fastueux  de  Claudlus  Etrus- 
tus,  Slace  les  représente  tapissés  de  marbre  pourpre  et  jaune  des  Numides.  Da- 
près  Isidore  de  Séville,  le  marbre  numidique  élait  marqué  de  taches  semblables  à 
du  safran.  Tn  poète  chrétien  l'a  comparé  à  de  l'or  en  roche. 


LES   BICBftSSES   HIKÉBALES  133 

Caire  est  jaspé  de  liias ,  de  bleu  turquin ,  de  vert  clair ,  du  rose 
le  plus  \it  et  du  rose  le  plus  tendre,  avec  des  lignes  bleues  qui 
s'éteignent  doucement  ou  des  ondes  d'or  qui  éclatent  comme 
des  pétards.  Tantôt  ce  sont  ces  baocs  de  marbres  blancs,  à 
grains  fins,  auxquels  les  sculpteurs  de  Carthage,  d'Utique,  de 
Zucehara,  de  Thugga,  etc. ,  allaient  demander  les  slatues  des 
dieux,  tes  temples,  les  amphithéâtres,  les  portiques,  les  fûts 
de  colonnes   qui  jonchent  le  sol  de  l'ancienne  Afrique. 

On  a  retrouvé  à  Schcmfou  {Simiilu)  des  blocs  non  utilisés 
portant  encore  la  date  à  laquelle  ils  onl  été  détachés  de  la  car- 
rière et  un  numéro  d'extraction  ;  d'atUeurs,  dans  ces  carrières, 
les  vestiges  de  l'ébauche  romaine  se  voient  à  chaque  pas'.  On 
peut  s'y  rendre  compte  encore  de  la  façon  dont  l'exploitation 
était  conduite. 

Une  société  belge  a  voulu  reprendre  celte  exploitation  ,  il  y  a 
quelques  années.  Elle  a  occupé  une  centaine  d'ouvriers  :  soixante 
aux  carrières  et  quarante  dans  deux  atelierade  marbrerie.  1,'un 
de  ces  ateliers  était  iusiallé  pour  le  travail  A  la  raaiu,  l'autre 
comprenait  quatre  armures  pouvant  porter  iOO  lames,  trois 
débiteuscs  à  lames,  une  débileuse  à  fil  hélicoïdal,  une  mou- 
lurcuse,  deii\  tours,  deux  poltssoirs,  un  lapidaire;  tout  cet 
outillage  était  raù  par  une  machine  à  vapeur  de  la  force  de 
60  chevaux. 

Des  cités  ouvrières  pouvant  loger  plus  de  150  ouvriers,  une 
pharmacie  et  l'organisation  d'un  service  médical,  assuraient  le 
bien-être  d'une  population  qui  a  souvent  atteint  200  personnes, 
y  compris  les  femmes  et  les  enfants. 

iMalheureusenient  Schemtou  est  situé  à  qualrc  kilomètres  de 
la  station  de  l'oued  Méliz,  conséquemment  à  180  kilomètres  du 

I.  V.  Ch.  Tisant,  I.  I ,  p.  3UI-'.f(i3:  (la (il  Us  Areliices  dei  miuions  scienlifiqvrs, 
1885,  t.  XI,  |>.  lui,  uu  rapport  de  M.  Gagnât,  et  Jaas  la  RevHt  archéol.,  ISSI 
(î*  scmest.)  p.  20  cl  suj».  Imcripliont  ite  diemlou .  par  le  P.  Dclaitre. 


126  LA   TUNISIE  DEPUIS   L^OCCCPATlOlf  FEAXÇAISE 

port  d'embarquement;  il  en  résultait  des  frais  de  transport  qui 
ne  permettaient  pas  de  lutter  avec  les  marbres  italiens,  d'autant 
moins  que  les  procédés  d*extraction  étaient  assez  primitifs. 

L^inaugu  ration  des  travaux  eut  lieu  le  7  juin  1888  et  la  su- 
pension  —  car  il  est  question  d*une  reprise  —  en  1890. 

Dans  tout  le  Sud  le  Sénonien  fournit  souvent  des  marbres. 
Les  gisements  les  plus  rapprochés  de  la  côte  sont  celui  de  Cou-    — 
didt-Ilameimat,  près  Gabès,  et  celui  du  djebel  Dissa,  dont  les  -^ 
calcaires  marbroldes   sont  aujourd'hui  utilisés  et  pourraient^-^^ 
fournir  des  matériaux  d'ornement. 

Aucune  des  autres  Ciirrières  que  je  viens  de  citer  n'est  en  ex- 
ploitation. 

Dans  sa  longue  énumération  des  pierres  précieuses ,  Pline  en 
cite  un  certain  nombre  comme  appartenant  à  l'Afrique,  au 
moins  par  leurs  variétés'.  Certaines  n'avaient  d'autre  valeur 
que  la  puissance  thérapeutique  qu'on  leur  attribuait;  telle 
r anthracite  qui  passait  pour  souveraine  contre  les  ophtalmies, 
comme  Iiuidrodamas  contre  les  affections  du  foie. 

Mais  les  grenats  ordinaires  se  trouvent  assez  communément 
dans  le  Nord  de  l'Afrique  et  Tescarboucle  même  n'est  pas  excep- 
tionnellemcMit  rare. 

«  On  voit  à  Florence,  à  P'errare,  à  Venise  et  à  Rome,  de  ma- 
gnifiques échantillons  do  malachito  que  les  Romains  du  Bas- 
Empire  y  avaient  fait  venir.  Le  lapis-laziili,  dont  il  reste  quel- 
ques beaux  vestiges  en  lUilic.  était  aussi  tiré  par  eux  du  pays 
berbère.  Le  globe  du  (iesu,  qui  soutient  la  statue  de  Saint 
Ignace,  à  Rome,  vient  d'Afrique,  et  probablement  aussi  la  che- 
minée du  palais  dclla  Regina  ,  à  Florence"  ».  El  Bekri  assure 
qu'on  en  trouve  dans  le  pays  des  Ketama,  non  loin  de  Kairouan  ^ 

1.  Voir  Ch.  Tissol,  I.  I.  p.  2G8. 

2.  L.  (le  Handkour,  op.  cit.,  j>.  78. 

3.  Mas-Laliip,  op.  cit.,  p.  38<». 


LES   HICBESSKS    HINÉHALES 


LES    MATt:RIAi:X    DE    CONSTRlTTro.V 


Ite  belles  pierres  de  taille  sont  fournies  par  les  grès  de  la  Tuni- 
sie. Hais  ils  doivent  Hve  demandés  aux  terrains  secondaires; 
ceu\  de  cette  provenance  ont  seuls  le  grain  assez  adhérent  pour 
résister  aux  influences  atmosphériques.  Ils  sont  parfois  tr6s  durs 
et  font  alors  d'escelleiits  pavés.  Les  grès  supranunimulithiqaes 
des  cariières  de  Kourhës,  fournissent  un  pavage  excellent  pour 
plusieurs  rues  de  Tunis. 

Ces  grès  sont  exploités  aussi  pour  la  construction  du  port  de 
la  capitale. 

La  carrière  de  Keddel,  près  Sohman,  alimente  Tunis  de 
pierres  de  taille  depuis  la  fondation  de  cette  ville.  Mais  c'est  à 
la  carrière  de  Bordj-Tuum  que  l'on  demande  le  beau  calcaire, 
très  dur,  d'apparence  graniteuse,  avec  lequel  l'Hùtel  des  Postes  de 
Tunis  vient  d'être  construit.  C'est  lui  qui  servira  sans  doute  éga- 
lement à  édilîer  la  cathédrale  de  Tunis. 

Aux  époques  phénicienne  et  punique,  Carthage  tirait  ses 
matériaux  de  construction  des  latoniies  d'el  .\ouaria  et  de  Sidi 
Daoud-en-Noubi  {cap  Bon)  où  existent  d'immenses  carrières  sou- 
terraines de  grès  coquillier.  Elle  employait  aussi  un  tuf  calcaire 
qui  se  trouve  dans  tous  les  terrains  tertiaires  et  abonde  consé- 
quemment  en  Tunisie.  Mais  sous  l'action  de  la  pluie  et  des  vents 
de  mer  succédant  à  une  forte  sécheresse,  cette  pierre  molle  se 
corrode  et  se  délite  rapidement.  Or,  Pline  nous  apprend  que 
pour  remédier  à  ce  défaut,  les  Carthaginois  coulaient  sur  ce 
calcaire  un  enduit  protecteur  de  poi\  ou  de  bitume,  qu'ils  de- 
vaient recouvrir,  ainsi  que  l'a  fait  remarquer  Ch.  Tissot,  d'une 


128  LA   TUNISIE   DEPUIS   l'oCCUPATION  FRANÇAISE 

couche  de  chaux  blanche  éteinte,  destinée  à  réfracter  les  rayons 
solaires. 

Le  même  auteur  signale  dans  les  montagnes  qui  limitent  la 
vallée  de  la  Medjerda ,  en  particulier  le  djel)el  Gorràat-Azrou , 
un  calcaire  métamorphique  d'une  grande  dureté,  que  les  indi- 
gènes désignent  sous  le  nom  de  KaddahL  II  en  a  remarqué  de 
nombreux  échantillons  dans  les  ruines  des  constructions  an- 
tiques de  la  vallée  du  Bagrada*. 

Une  autre  carrière  romaine ,  sur  la  route  de  Tunis  au  Mornak, 
a  été  réouverte  en  1889.  Elle  parait  inépuisable;  mais  la  pierre 
est  de  qualité  médiocre. 

Dans  Tantiquité,  toute  la  région  du  Sahel  faisait  venir  des 
carrières  de  Roudjich,  près  de  Mehdia,  un  excellent  calcaire 
coquillier  à  grain  assez  fort.  Il  a  servi  à  de  nombreux  monu- 
ments, notamment  à  Tamphithéâtre  de  Thysdrus. 

Ces  carrières  sont  épuisées,  je  suppose,  car  aujourdliui 
Sousse  et  tous  les  villages  environnants  tirent  leurs  pierres  de 
Salakta,  mauvaise  carrière  à  peu  près  au  terme  de  sa  produc- 
tion ;  Sfax  va  les  chercher  dans  les  lies  Kerkenna,  et  la  pierre  de 
taille  est  apportée  de  Gabès  ou  de  France. 

La  pierre  k  chaux  hydraulique  se  trouve  en  différents  endroits 
de  la  Régence.  Uuant  aux  plAtrières  elles  abondent  dans  les  ter- 
rains tertiaires  et  secondaires,  c'est-à-dire  sur  la  plus  grande 
surface  du  territoire.  Elles  se  présentent  soit  en  gîtes  nettement 
éruptifs,  soit  en  couches  stratifiées.  Dans  le  Nord  on  les  trouve 
dans  les  masses  éruptives  boueuses  qui  se  rencontrent  près  de 
(Hiardimaou,  entre  BéjA  et  Toued-Zergua,  le  long  de  la  voie  fer- 
rée, sur  le  versant  Est  du  djebel  Ensaryeh,  au  djebel  Ilamma- 
met,  etc.  Dans  le  Sud,  elles  gisent  soit  dans  TEocène,  le  Céno- 
nianien  ou  le  Gault ,  dans  lesquels  elles  se  trouvent  à  l'état  de 

1.  Loc.  cit.,  l.  I,  p.  2GG. 


LES    nlCIIËSSKS    MINKRALKS  139 

strates  et  forment  parfois  des  collines  entières  qni  portent  le 
nom  caractéristique  de  djebel  Zebheiis  (gypse),  soit  dans  les 
terrains  i-ëcenls  avoisinant  les  chotts,  oi"!  ils  forment  des  cou- 
ches plus  ou  moins  régulières,  atteignant  quelquefois,  comme 
A  Nefta,  une  consistance  telle  qu'on  les  emploie  A  l'état  cru 
comme  pierre  à  bAlir.  On  en  fait  aussi  d'immenses  jarres. 

Les  argiles  sont  très  répandues  dans  le  Sud.  La  plupart  des 
oasis  sont  construites  avec  des  briques  d'argile  séclièes  au  so- 
leil. L'argile  à  poterie  de  Nebeul  est  très  estimée. 

La  terre  à  brique  est  généralement  bonne.  Soumise  à  une 
forte  cuisson .  elle  produit  des  bétons  de  première  qualité. 


r 


LE    SIÎI. 


tl  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  carte  d'état-major  pour 
se  rendre  compte  que  les  sebkha  ou  salines  naturelles  sont 
nombreuses  en  Tunisie. 

Les  principales  sont  :  la  sebkha  Soukra,  près  de  Tunis;  la 
sebkha  Koursia,  au  Sud-Est  de  Medjez-el-Bab  ;  la  sebkha  Biadn, 
près  de  Teboursouk;  la  sebkha  Farjouna  près  de  Kelibia;  la 
sebkha  Sidi-el-ilaui ,  près  de  Kairouan;  la  sebkha  H'ta  Mo- 
kenine,  entre  Mchdia  et  Hokenine;  la  sebkha  d'el  Guettar;  la 
sebkha  en  Nouall ,  près  de  la  Skhirra  ;  la  sebkha  el  Melah ,  près 
(le  Zarzis. 

Il  en  existe  plusieurs  autres,  mais  cette  denrée  ne  supportant 
qu'un  faible  transport,  les  salines  dont  il  s'agit  ne  pourraient 
Être  utilisées  que  pour  les  besoins  locaux. 

n  existe  aussi  deux  sources  salées  susceptibles  d'exploitation , 
^Ooe  près  de  Bizerte,  la  seconde  près  de  Porlo-Furina. 


130  LA   TU51S1E   DEPUIS   L  OCCUPA T105   FRANÇAISE 

A  côté  de  ces  dépôts  de  sel  marin,  la  Tunisie  possède  plusieurs 
gîtes  de  sel  gemme.  Le  djebel  Hadifa,  entre  el  Hamma  et  el 
Alacha,  en  contient  des  quantités  considérables. 

Tontes  les  salines  tunisiennes  sont  la  propriété  de  TÉlat  qui 
les  fait  exploiter  pour  son  compte. 

Depuis  le  V^  janvier  1892,  les  prix  de  vente  aux  consomma- 
teurs sont  fixés  comme  il  suit  : 

S:'l  ordinaire,  par  q./in 10  fr.    • 

Sel  lin  de  table,  en  boîtes  ou  paquets  de  200  grammes  .       »        10 
Sel  destiné  à  la  salure  des  sardines  et  des  olives,  par  q.  m  .       4        ôO 

Pour  bénéficier  de  ce  prix  de  faveur,  les  propriétaires  d'oli- 
ves et  les  saleurs  de  sardines  doivent  se  soumettre  à  toutes  les 
prescriptions,  formalités  et  surveillance  que  TAdministration 
(les  monopoles  peut  juger  utile  de  prendre  pour  prévenir  les 
abus  et  la  fraude. 


IX 


Ki:s    PHOSPHATES    DE    CHAIX 

La  dernirrc»  richesse  minérale  découverte  en  Tunisie  n'est 
crrtaincineiit  pas  la  moindre;  je  veux  parler  des  gisements  de 
phosphates  dr  chaux  dont  rexistence  a  d'abord  été  reconnue 
CM  1885  dans  le  djebel  Khanguet-Seldja  (à  l'Ouest  de  (iafsa)par 
M.  Thomas,  géologue,  chargé  d'une  mission  paléontologique 
dans  la  Régence. 

hej)uis,  les  recherches  entreprises  ont  mis  à  jour  de  nouveaux 
gi^ern(»nts  :  au  Nord  du  djebel  Nasser  Allah,  à  50  kilomètres  au 
Sud  de  Kairouan;  dans  le  djebel  Mouchar,  à  TOuest  de  Za- 
ghouan  ;  dans  hî  djebel  Uebeia,  près  de  Souk-el-Arba;  dans  la 
vallée  de  l'oued  Siliana,  près  de  Medjcz-el-Bab. 


LES   BICHËSSES    MINÉRALES 

'  Tous  les  gisements  de  phospliates  de  chaux  de  la  Tunisie  ap- 
partiennent su  terrain  Éocène;  et  le  service  compétent  ci'oit 
pouvoir  dire  que  presque  toutes  les  marnes  Éocènes  inférieures 
y  sont  plus  ou  moins  phosphatées'. 

Le  g-isement  le  plus  important  est  celui  de  l'oued  Seldja.  Les 
couches  de  phosphates  de  chaux  dont  les  quatre  principales 
forment  A  elles  seules  une  puissance  de  8  mètres  sont  complète- 
ment redressées  au  contact  des  terrains  crétacés.  Elles  se  pour- 
suivent sur  iO  kilomètres  environ  de  longueur  avec  une  grande 
régularité  d'épaisseur  et  de  composition. 

La  quantité  de  phosphates  de  chaux  existant  ainsi  au-dessus 
de  la  plaine  peut  être  évaluée  à  six  millions  de  tonnes. 

La  teneur  varie  de  r>5  i\  65  %  <Je  phosphate  trihasique  de 
chaux. 

Malheureusement,  l'exploitation  de  ce  g'isemeni  nécessite  la 
construction  d'un  raîKvay  reliant  llafsa  au  port  de  Sfax  ou  de 
la  Skhirra,  soit  d'une  longueur  de  150  i\  200  kilomètres.  Néim- 
moins  le  gouvernement  tunisien  a  déjà  été  saisi  de  plusieurs 
demandes  de  concession. 

Le  gisement  du  djehel  Nasser  Allah  pi"ésente,  comme  relui 
de  l'oued  Seldja,  des  couches  de  phosphates  de  chaux  inter- 
calées entre  des  bancs  de  marnes  plus  ou  moins  gypseiix. 

Ces  couches  sont  presque  horizontales;  elles  affleui'ent  sur 
le  tianc  Est  de  la  montagne  et  ont  une  puissance  totale  variant 
de  5  A  6  mètres. 

La  teneur  en  phosphate  trihasique  de  chaux  varie  de  30  à 
35  %.  ce  qui.  joint  A  leur  éloignemcnt  de  la  mer  et  A  l'obligation 
de  les  evtraire  par  galeries  souterraines,  les  rend  inexploitables 
(à  l'oued  Seldja  toute  l'exploitation  pourra  se  foire  à  ciel  ouvert). 

Parmi  les  couches  reconnues  dans  ce  gisement,  il  en  est  une 

I.  napporl  il<>  la  direction  générale  des  Traraux  putilics.  Compte  rendu  de  la 
wrche  des  MrTices  de  1889  à  tgDO,  p.  t3. 


3 


iZ±  L\    TL!CI$1E   DEPCIS   l'oCCCPATIOX    FEAXÇAl^E 

qui  coQlieot  des  quantités  de  coprolilhes,  faciles  à  séparer  de  la 
masse.  Ces  coprolitbes  forment  des  noyaux  très  durs  d'une 
grosseur  variant  d'un  srain  de  millet  à  uoe  petite  noix.  11  sera 
facile  de  les  séparer  de  la  masse  par  un  criblage  et  un  lavage .  la 
masse  qui  les  réunit  étant  très  sableuse  et  se  délitant  sous  la  pres- 
sion de  la  main. 

Ces  coprolitbes  ayant  une  teneur  de  70  %  de  phosphates  de 
cbaux ,  il  sera  peut-être  possible  de  les  exploiter. 

Le  cisement  du  djebel  Moucbar  ne  semble  pas  devoir  donner 
de  bien  lK>ns  résultats. 

Les  pb^>sphates  qu'il  renferme  ont  une  teneur  variant  de  30  à 
35  r.,  ils  sout  relativement  très  durs.  Ce  sont  des  poudingues 
composés  de  noyaux  de  phosphates  de  cbaux  entourés  d^une 
intinité  de  &:rdins  de  ^lauconie. 

Pour  enrichir  ces  pbospbates,  il  serait  très  onéreux  de  les 
broyer,  et  le  service  de  Travaux  publics,  auquel  j'emprunte  les 
ivnstùirnemeuts  qui  précédent,  est  porté  à  croire  que  les  lavages 
ne  donneRiieut  pas  un  enrichissement  suffisant  pour  permettre 
l'exportatiou  de  ces  phosphates. 

Los  irisomonts  de  lu  vallée  de  Toued  Siliana  donnent  lieu 
acluoUcmenl  i\  des  travaux  de  recherches  importants.  L'ex- 
ploitation portera  priuoij>alement  sur  les  coprolitbes,  et  si  la 
quantité  de  minerai  reconnu  est  suftisante,  un  chemin  de  fer 
rêuuira  le  gisement  soit  à  la  ligne  de  la  Medjerda,  à  .Medjez-el- 
Hab,  siMt  à  la  lipie  de  Tunis-Sousse  par  le  pont  du  Fahs. 


LES   BICtIKSSES   MI.VÊRALES 


EAfX    MINKRALES   ET   THHBMALES 


Il  est  peu  (le  contrées,  dans  le  monde  entier,  qui  possèdent 
nulant  de  sourees  Iherttiates  et  minérales,  que  le  Nord  de  l'A- 
frique, L'Algérie  en  coniple  un  nombre  coDsidérable  parmi 
lesquelles  plusieurs  sont  justement  réputées  pour  leurs  vertus 
curatives  :  Ilammam-ftirba,  Hammnm-Mélouane,  Hammam 
!>ou-Hadjar,  etc..  et  la  Tunisie  n'est  pas  moins  bien  partagée. 
i'Iusieurs  de  ses  sources  thermales  sont  en  grand  honneur 
parmi  les  indigènes,  qui  viennent  parfois  de  1res  loin  leur  de- 
mander la  guérison  d'affections  rhumatismales  et  autres. 

Les  principales  sont  celles  : 

1"  De  Hammam-Kourbès,  à  l'entrée  de  la  presqu'île  du  Cap 
Bon,  sur  le  golfu  de  Tunis; 

12"  De  Hammam -el-Enf,  au  sud  du  golfe  de  Tunis; 
y  De  Hammam-M'setada,  près  Béja; 
4'  De  Hammam-Djdidi,  entre  Hammam  et  Zaghouan; 
,6'  De  Ilammam-Zriba,  entre  Bou-Ficha  et  Zaghotiaii; 
6°  De  Hammam-Ouled-Ali,  près  (Ihardiniaou; 
7°  De  Hammani'Biada,  près  Le  Kef; 
8°  Du  Hammam  des  Ouchteta ,  près  Ghardimaou  ; 
9'  Du  Hammam  de  Khangnet-et-Tout,  près  Béja; 

»10°  De  Hammam-Trozza ,  près  Kairouan; 
11°  De  Bordj-Hammam  ,  en  Khroumirie; 
1-2°  Du  djebel  Iskeul,  près  Bizerte. 

Toutes  ces  eaux  sont  de  même  nature  (eaux  chlorurées  sodi- 
ques  fortes)  et  présentent  une  température  de  iT"  à  52°;  la  der- 
nière est,  en  outre,  ferrugineuse. 
Quatre  de  ces  sources  ont  principalement  appelé  l'attention 


k 


13i  LA   TUNISIE   DKPUIS   L*0CCUPAT10N   FBANCAISK 

de  rAdministration ,  désireuse  de  donner  satisfaction  aux  légi- 
times intérêts  de  la  population  indigène. 

A  Hammam-M^selada,  il  a  été  procédé  au  captage  de  la  source, 
dont  le  volume  a  été  augmenté,  et  dont  les  eaux  minérales,  sé- 
parées des  eaux  superficielles,  alimentent  un  petit  établis- 
sement thermal  possédant  deux  piscines.  A  Hammam-Djdidi , 
les  études  préliminaires  sont  terminées  et  le  captage  pourra  être 
prochainement  entrepris.  Mais  c'est  surtout  à  Kourbès  et  à 
Hammam-el-Enf  que  la  situation  doit  être  améliorée.  Les  eaux 
de  Kourbès,  déjà  utilisées  par  les  Romains,  sont,  en  effet,  les 
plus  fréquentées  de  toute  la  Régence ,  et  le  voisinage  de  Tunis, 
à  qui  Haramam-el-Enf  est  relié  par  une  voie  ferrée,  rend  parti- 
culièrement intéressantes  les  eaux  thermales  de  cette  dernière 
localité. 

A  Kourbès,  où  le  débit  des  diverses  sources  est  considérable 
(vingt-sept  litres  à  la  seconde),  rétablissement  thermal  est  des 
plus  rudimentaires;  il  consiste  en  une  grande  construction  arabe 
divisée  en  six  compartiments,  contenant  chacun  une  piscine  et 
une  étuve,  sorte  de  petite  coupole  très  basse,  sous  le  plancher  de 
laquelle  coule  Teau  thermale;  deux  piscines  se  trouvent  encore 
dans  le  Dar-el-Bev  et  deux  autres  enfin  dans  des  habitations 
particulières. 

A  Hammam-el-Enf ,  il  n'existe  pas,  à  proprement  parler,  d'é- 
tablissement thermal ,  mais  uniquement  des  piscines  dispersées 
dans  les  palais  du  Bey,  du  général  Kheïr-Ed-Din,  du  Sahab-et- 
Taba,  de  Mohammed  et  de  Mustapha  Khaznadar;  trois  piscines 
seulement  sont  affectées  à  Tusage  du  public  dans  un  fondouk 
beylical  absolument  délabré. 

In  projet  d'établissement  thermal  a  été  dressé  pour  Kourbès: 
il  comprend  deux  grandes  piscines  à  eau  courante, 

A  Hammam-el-Enf,  où  le  débit  réuni  des  deux  sources,  Aïn- 
el-Bey  et  Aïn-el-Ariaue,  n'atteignait  pas  300  mètres  cubes  par 


LES    RICHESSES   MINÉRALES  135 

jour,  le  service  des  Travaux  publies  a  capté  cette  dernière 
source,  dans  le  cours  de  Tannée  1888,  en  la  recherchant  en 
galerie  dans  Tintérieur  de  la  montagne,  à  travers  les  anciennes 
galeries  romaines  :  il  en  a  ainsi  triplé  le  déhit.  D*autre  part ,  par 
une  convention  du  9  juillet  1883,  une  fraction  de  ce  débit  a  été 
concédée,  pour  une  période  de  cinquante  années,  à  ud  parti- 
culier qui  a  commencé  la  construction  d*un  établissement  ther- 
mal important,  comprenant  vingt  cabines  de  bain,  deux  grandes 
douches,  un  hammam,  et  une  piscine  séparée  pour  les  indi- 
gents. Cette  construction  est  encore  inachevée,  et  le  conces- 
sionnaire a  encouru  la  déchéance,  qui  a  été  prononcée  en  1890. 

Il  y  a  lieu  de  souhaiter  que  ce  projet  soit  repris  et  mené  à 
bien  afin  que  les  Européens  trouvent  un  aménagement  conve- 
nable et  puissent  aller  demander  à  cette  station  thermale  le 
bénéfice  de  son  traitement. 

Quelques  sources  minérales  froides  se  rencontrent  aussi  en 
Tunisie,  notamment  au  djebel  Garci,  où  les  eaux  carbonatées 
sont  légèrement  ferrugineuses;  enfin  l'énorme  source  thermale, 
mais  peu  minéralisée,  d'el-Hamma,  près  Gabès,  qui  débite 
soixante  litres  par  seconde,  sert  à  Tirrigation  de  l'oasis. 


LIVRE  VI 

L'OUTILLAGE    ÉCONOMIQUE 


LES    VOIES    DE    COMMUNICATION 

Quelque  fécond  que  soit  son  sol,  quelque  ricLe  que  soit  son 
sous-sol ,  aucuQ  pays  ne  saurait  prétendre  à  une  prospérité  dura- 
ble si  la  puissance  productive  dont  il  est  doté  n'est  servie  et  ac- 
crue par  (les  moyens  généraux,  eu  léte  desquels  figurent  les 
voies  de  communication.  Ce  sont  là,  en  effet,  les  agents  primor- 
diaux de  tout  progrès  matériel  et  de  tout  progrès  moral.  Car 
c'est  du  contact  plus  aisé  des  hommes  entre  eux,  de  la  fréquence 
de  leurs  rapports  et  du  jeu  multiple  de  leurs  inlérf'ts  que  naît 
la  civilisation,  ameuant  A  sa  suile  l'industrie  et  les  arts. 

Dans  l'ordre  physique,  les  voies  de  commuuicalion  que  nous 
appelons  les  routes  servent  à  la  circulation  de  tout  ce  qui  entre- 
tient la  vie  dans  le  corps  social,  comme  les  canaux  d'un  arbre 
y  font  circuler  la  sève,  l'ius  la  sève  voyage  abondamment,  plus 
l'arbre  est  vigoureux. 

Mais  les  routes  exigent  déjà  chez  les  nations  un  certain  degré 
de  prospérité  ;  il  est  donc  évident  que  les  peuples  où  le  dévelop- 
pement commercial,  partant  la  civilisation,  a  fait  le  plus  de 


k 


138  LA   TUMSIE   DEPUIS    l'oCCUPATIO?!   FRANÇAISE 

progrès  sont  ceux  qui  doivent  à  la  nature ,  ainsi  que  Ta  fort 
justement  constaté  Alfred  Nour^  des  communications  faciles 
et  peu  dispendieuses,  nous  voulons  dire  des  fleuves  et  des 
rivières  navigables. 

C'est  là,  sans  doute,  ce  qui  explique  la  supériorité  de  la 
France. 

Nul  pays  n'a  été  plus  favorisé  sous  ce  rapport,  ayant  comme 
un  vaste  réseau  de  rivières  navigables  qui  vont  se  rendre  dans 
des  mers  différentes ,  au  Sud ,  à  TOuest ,  au  Nord  :  avantage  que 
Strabon  admirait  autrefois,  en  remarquant  Theureuse  disposi- 
tion de  nos  fleuves,  qui  donne  aux  habitants  la  facilité  de  corn- 
muniquer  entre  eux  et  de  se  procurer  réciproquement  tous  les 
secours  et  toutes  les  choses  nécessaires  à  la  vie. 

La  France  serait  envahie  par  des  barbares,  fussent -ils 
arabes,  que  la  civilisation  y  renaîtrait  d'elle-même. 

L'Afrique  n'a  pas  le  même  avantage  :  de  l'une  à  l'autre 
mer,  de  l'Atlantique  jusqu'aux  Syrtes,  il  n'y  a  pas  de  rivière 
navigable. 

Voilà  pourquoi  cette  vaste  contrée  devait  rester  dans  la  bar- 
barie ,  une  fois  que  les  Arabes  en  eurent  chassé  la  civilisation  : 
elle  n'avait  pas  de  routes  pour  pénétrer  chez  eux. 

«  Deux  causes  primordiales,  dit  Vivien  de  Saint-Martin-,  ont 
condamné  l'Afrique  à  une  éternelle  infériorité  vis-à-vis  do  l'Asie 
méridionale  et  de  l'Europe;  sa  configuration  môme  et  la  nature 
de  ses  populations.  Par  sa  forme  compacte  et  la  projection  ré- 
gulière de  ses  cotes,  que  ne  diversifient  nulle  part  ces  larges  dé- 
coupures, ces  golfes  profonds  qui  s'enfoncent  au  loin  dans  les 
terres,  et  où  viennent  déboucher  de  grands  fleuves,  elle  est 
privée  d'un  puissant  moyen  de  communication,  qui,  ailleui's, 
appelle  et  rend  faciles  les  relations  commerciales  de  peuple  à 

1.  Colonies  olgc  rie  unes,  p.  Tô. 

2.  Le  Nord  de  V Afrique  dans  VunliquHc  grecque  et  romaine,  Introduclion. 


LOUTILLAGK   lîCONOUKJtE  139 

peuple  en  même  temps  que  le  mouvemeut  intérieur.  C'est  uu 
principe  de  vie  qui  manque  A  l'Afrique ,  un  principe  de  vie  in- 
tellectuelle aussi  bien  que  de  vie  politique  ». 

Cela  est  exact  ;  mais  l'inlelligence  de  l'homme  lui  a  souvent 
permis  de  suppléer  à  la  nature. 

Ou  manquaient  des  voies  de  communication  naturelles,  la 
nécessité  dut  recourir  aux  ressources  de  l'art.  Les  voies  de  teiTe, 
qui  ne  furent  d'abord  que  des  sentiers  souvent  impraticables, 
devinrent  des  routes;  routes  d'abord  grossicres,  imparfaites, 
plus  lard  de  toute  beauté  et  indestructibles.  Et  partout  où  elle 
portait  ses  armes  victorieuses,  Rome  se  hâtait  d'établir  ces 
chaussées  citées  comme  des  modèles,  ces  voies  romaines  dont 
le  nom  est  synonyme  d'une  route  solidement  assise  '  ;  à  tel 
point  qu'aujourd'hui  eucore,  après  quinze  siècles  d'abandon , 
on  retrouve  dans  tout  le  Nord  de  l'Afrique,  non  seulement  des 
vestiges,  mais  même  des  tronçons  entiers  de  ces  voies  de  com- 
munication ,  à.  la  fois  instrument  de  bien-être  pour  le  colon 
et  agent  politique  de  gouvernement,  inslrumentum  regni. 

L'Arabe,  dédaigneux  de  la  civilisation  et  de  ses  bienfaits,  était 
trop  paresseux  pour  se  livrer  aux  pénibles  travaux  d'empierre- 
ment des  routes.  A-t-il  besoin ,  au  reste,  de  moyens  de  transports 
perfectionnés?  Son  cheval ,  son  Ane,  son  chameau,  ses  troupeaux 
nefrancbissenl-ils  pas  tous  les  ravins?  Parfois  les  oueds  grossis 
par  l'orage  le  bloquent  dans  la  vallée;  mais  que  lui  importe. 
Rien  ne  le  presse;  il  se  couche  et  attend  1res  patiemment  des 
jours  meilleurs. 

Aussi,  en  1830,  d' avons-nous  point  trouvé  une  seule  route  dans 
l'intérieur  de  l'Algérie.  C'est  l'armée  française,  ce  sont  nos 
soldais  qui,  de  même  que  les  Romains,  dans  le  double  intérêt 
de  la  domination  et  de  la  colonisation  du  pays ,  ont  construit  les 


I.  Les  Rumaina  établis; 


u-de&aus  des  aulre». 


liO 


LA    rr.MSIE    UEPCIS    LOCCCPATION    FRAXVAISE 


hellt^s  voiesde  communication  qui  rayonneot  autour  d'Alger,  sur 
les  coteaux  du  Sahel  et  dans  la  plaine  de  la  Hitidja.  Et  de  même 
encore  ce  sont  nos  officiers  du  génie,  ce  sont  nos  soldats  tjui  ont 
tracé  et  établi  les  premières  routes  en  Tunisie.  Mohammed  es- 
Saddok  en  avHit  bien  quatre  grandes  routes  à.  son  actif,  autour 
de  sa  capitale  (voir  1. 1,  p.  21 V);  mais  à  peine  achevées,  l'état  des 
finances  n'en  ayant  point  permis  l'entretien,  elles  s'étaient  vite 
transformées  en  fondritres,  et  si  bien  que  les  légers  véhicules 
du  pays,  les  arabas,  préféraient  passer  en  plein  champ. 

En  fin  de  compte ,  en  1883 ,  au  moment  de  la  création  du  ser- 
vice des  Travau."£  publics,  il  n'existait  en  Tunisie  d'autre  route 
empierrée  que  celle  de  Tunis  au  Bardo,  d'une  longueur  de 
4  kilomètres.  Aujourd'hui,  tout  un  réseau  de  voies  de  commu- 
nication inocule  la  vie  dans  le  pays;  plus  de  900  kilomètres 
construits  ou  améliorés  sont  livrés  à  la  circulation  : 

1°  Roule  de  Tunis  à  la  Goulette  (16  kilom.)  ; 

2"  Route  de  la  Goulette  à  la  Marsa  et  Sidi  bou-Saïd  (9  kilom,); 

3"  Route  de  l'Ariana  à  la  Marsa  (7  kilom.); 

i°  Route  de  Tunis  à  la  Sokra  (15  kilom.); 

S°  Route  de  Tunis  à  In  Manoubn  (9  kilom.); 

6"  Route  de  Tunis  au  Bardo  (V  kilom.); 

7°  Route  de  Tunis  à  Sousse  (90  kilom.  590)  ; 

8"  Route  de  Tunis  à  Bizerte  (60  kilom.}; 

9"  Route  de  Tunis  à  Hornakia  (5  kilom.); 

10°  Route  de  Tunis  à  Zaghouan  (25  kilom.); 

11"  Route  de  Tunis  à  Mornak  (13  kilom.); 

12"  Route  de  Tunis  au  Kef  (74  kilom.'); 

13°  Route  de  Rhadèsà  Hammam-el-Lif  (4  kilom.) 

H"  Route  d'IIammam-el-i^if  à  Soliman  (8  kilom.); 

15"  Chemins  et  rues  du  village  de  la  Marsa  (2  kilom.); 

16°  RoutedeSledjez-el-Babàlagaredumèmenom  (2  kilom 

17'  CUemiu  d'accès  au  phare  du  cap  Serrât  (I  kilom.); 


lUTILLAGB   KCO>OMIQEB 


m 


18"  Route  de  Sousse  à  Kairoiiao  {5  kilom.); 

10"  Roule  de  Sousse  i  Mouastir  [21  kilom.)  ; 

20°  Chemin  d'accès  à  l'appontement  de  Monastir  (û  kilom.)  ; 

21"  Houle  de  Monastir  à  Mehdia  (i2  kilom.  500); 

22°  Koutede  Sfax  il  Tunis  (5  kilom.)  ; 
I  23"  Route  de  Houmt-Souk  au  port  {2  kilom.); 

21^  Route  du  Kef  à  Souk-el-Arba  (16  kilom.); 
I   25°  Route  de  Souk-el-Arba  à  Tahai'ka  (55  kilom.); 
,   26°  Route  de  Tabai-ka  à  la  Calle  (17  kilom.)  ; 

27"  Route  d'Aïn-Draham  à  la  Galle  (9  kilom.). 

Toutes  ces  routes,  sauf  de  rares  exceptions,  sont  construites 
avec  une  largeur  de  plate-forme  qui  varie  de  7  à  8  mètres  et 
une  chaussée  empierrée  de  3  à  V  mètres  de  largeur  sur  20  cen- 
timètres d'épaisseur.  L'ensemble  des  travaux  a  donn<i  lieu  à  une 
dépense  de  7  millions  500,000  francs  environ,  et  le  prix  du 
mètre  courant  de  route,  y  compris  les  ouvrages  d'art  dont  le 
Dombre  est  considérable  '  et  très  onéreux-,  ne  dépasse  point 
14  francs^.  Si  l'on  ajoute  que  les  matériaux  employés  sont  de 
bonne  qualité  et  ces  routes  très  solides,  on  ne  pourra  mécon- 
naître qu'elles  reviennent  Â  bon  marché.  Elles  coiitent  juste 
■SDoitié  moins  cher  qu'en  Algérie'*. 
I     N'allez  pas  croire  pourtant  que  la  critique  se  montre  désar- 


1.  On  »  ronsiruil  115  ponU  dunl  IG  grands  ponts  co  maçonnerie  cl  11  ponls 
inélatIii|DM. 

2.  L»  cours  d'pau  ea  TanUie  «ont  tous  lorrentieU.  lU  reçoivent  en  liîTer  d'^- 
Donnes  inassea  d'eau  r|u'ils  débilent  rapidement  A  plein  lit,  et  en  été  ils  sont  en- 
litrument  i  sec  ou  à  peu  prâs.  En  conséi[ueiice  rerlainea  personnes  ont  préconise 
les  puuges  i  gué-  Il  eA  érident  i|ue  si  l'oa  pouvait  èriler  la  construelioii  de  ponts, 
on  réali^rail  une  économie  considérable;  mois  il  n'en  sauraït  être  ainsi.  Il  faudrait 
dans  ce  cas  défendre  les  rampes  d'accès  et  les  qués  contre  les  crues  soudaines  et 
impétueuses  qui  se  produisent  pendant  la  saison  des  pluies  ;  ces  Iraïaui  de  pro- 
tection coûteraient  presjue  autant  que  des  ]>onts,  cl  la  circulation  n'en  serait  pas 
moins  interrompue  pendant  tout  l'hiver,  ce  que  nul  sans  doute  ne  saurait  admettre. 

3.  Voir  le  compte  rendu  de  la  direction  générale  des  Iravaui  publics  en  Tunisie , 
unatei  1883*  1889. 

4.  On  calcule  que  le  prix  mojen  d'èlablisaemenl  des  routes  en  Algérie  a  été  de 


H2  LA   TUNISIE  DEPUIS   l'OCCUPATION   FRANÇAISE 

mée.  Ces  routes,  dit-elle,  sont  trop  belles,  elle  va  jusqu'à  écrire 
trop  luxueuses.  Or,  rien  n'est  assurément  moins  luxueux  que 
les  routes  tunisiennes;  je  conviens  qu'elles  sont  belles  en  ce  sens 
qu'elles  sont  bien  établies  et  subissent  sans  trop  en  souffrir  les 
attaques  des  pluies  torrentielles  de  l'hiver.  Mais  cela  n'est  pas 
pour  déplaire,  que  je  sache?  On  voudrait  de  suite  le  double  de 
kilomètres  et  l'on  se  contenterait  de  travaux  imparfaits ,  de  pistes 
améliorées;  plus  tard  on  fera  mieux.  C'est  ce  qu'on  pourrait  ap- 
peler la  théorie  du  provisoire,  théorie  si  longtemps  et  si  coûteu- 
sement  appliquée  en  Algérie. 

S'agissait-il  d'une  conduite  d'eau,  la  fonte,  disait-on,  est 
chère,  contentons-nous  pour  le  moment  de  tuyaux  en  poterie. 
Ballottés  de-ci  de-là  dans  les  ports,  dans  les  gares,  dans  les 
messageries ,  la  poterie  arrivait  au  village  quelquefois  à  moitié 
cassée ,  la  pose  coûtait  encore  la  vie  à  un  certain  nombre  de 
tuyaux,  et  les  réparations  étaient  incessantes,  si  bien  qu'au 
bout  de  quelques  années  on  avait  dépensé  le  prix  de  la  conduite 
en  fonte.  Sous  prétexte  d'économie  l'on  avait  obtenu  ce  résul- 
tat que  les  colons  étaient  à  chaque  instant  sans  eau.  Et  cela 
durait  des  années  et  des  années,  car  cliez  nous  le  provisoire  est 
définitif. 

Même  histoire  pour  les  routes.  On  les  faisait  vite,  —  et  mal. 
Elles  ne  présentaient  pas  de  grandes  conditions  de  solidité  et 
de  durée.  Dans  leur  plus  grande  étendue  ,  elles  manquaient  de 
fossés  d'écoulement,  elles  n'avaient  guère  que  des  ponts  de  bois, 
souvent  même  elles  n'en  avaient  pas  du  tout.  Si  on  les  avait 
ferrées,  ce  n'était  pas  avec  les  cailloux  et  les  galets  qui  abondent 
dans  les  lits  desséchés  des  torrents  et  des  rivières;  c'était  avec 
des  pierres  extraites  de  quelque  carrière  voisine,  pierres  molles , 


28  francs  le  mèlre  courant  pour  la  chaussée  et  les  ouvrages  ordinaires,  sans  par- 
ler des  travaux  d'art  exceptionnels  qu'on  a  dû  exéculer  dans  les  gorges  de  la  ChifTa 
pour  gagner  Médéali,  au  Chàbet-el-Akra...,  etc.  M.  Wahl,  V Algérie ,  p.  323. 


r.  OUTILLAGE    ECONOMIQUE 


143 


friables,  cassées  et  pulvérisées  par  le  mai'teau  du  cantonnier. 
Il  en  résultait  que,  durant  les  ardeui-s  de  l'été,  les  charrois, 
cavaliers  et  piétons  roulaient,  disparaissaient  dans  des  amas  de 
poussière ,  comme  au  désert  dans  des  tenipèles  de  sable ,  et 
que  durant  les  pluies  de  l'biver,  les  mfmes  charrois,  cavaliers 
et  piétons  s'enfonçaient  jusqu'au  moyeu  et  jusqu'au  ventre 
dans  des  lacs  de  boue  liquide.  L'administration  ne  trouvait  d'au- 
tre remède  que  d'interdire  la  circulation  des  voitures.  Ou  lisait 
bientôt  sur  les  murs  d'Alger  et  à  la  porte  des  mairies  des  vil- 
lages environnants  des  affiches  dans  le  genre  de  celle-ci  que 
je  copie  fidèlement  dans  les  recueils  administratifs  : 

Avis.  —  Le  préfet  du  déparlement  d'Alger  a  l'honneur  d'informer 
ses  administrés  que,  en  vertu  des  instructions  que  M.  le  Gouverneur 
général  donnait  l'an  dernier,  h.  pareille  époque,  .M.  le  Général  com- 
mandant la  division  d'Alger  a  décidé  que  les  roules  ci-après  dési- 
gnées seront  inlerdiles,  sur  le  territoire  militaire,  pendant  la  mau- 
vaise saison ,  à  la  circulation  des  voilures ,  et  que  celte  interdiction 
commencera  le  23  du  présent  mois  de  décembre  : 

Savoir:  1°  routes  d'Alger  i  Dellys  (moins  la  partie  comprise  entre 
Dellys  et  le  village  do  Ben-Michoud),  et  d'Alger  à  Tizi-Ouzou  et 
Dra-el-Mizan;  2'  route  d'Alger  ft  Aumale;  3"  route  d'Aumale  à 
Bordj-Bouiract  aux  Beni-Mansour;  \"  route  de  Médéah  à  Boghar,  à 
partir  de  Damielte  ;  a"  route  de  Milianah  à  Blidah  par  la  Bourkika  ; 
fi"  route  d'Orléansville  à  Tenez;  7"  route  de  Cherchell  à  Milianah. 

Le  préfet  croit  devoir  engager  le  commerce  à  kdier  de  faire  arriver 
d'ici  au  terme  ci-dessus  fixé  les  objets  qu'il  aurait  à  expédier  sur  les 
ilifférenles  place'  de  l'inlérieur,  et  dont  le  transport  ne  pourrait  plus 
se  faire  par  voitures. 

iLe  préfet,  Lautouh-Mézeraï. 
Alger,  10  dicembre  ISGR, 


(le  régime  serait-ii  du  goût  de  ceux  qui  se  plaignent  en  Tu- 
nisie que  la  mariée  est  trop  belle?  Je  ne  le  pense  pas.  Il  est,  en 
effet,  pitoyable  à  tons  égards,  S'il  est  vrai  que  les  routes  sont  le 
rayonnement  continu  à  tous  les  points  du  territoire  des  deux 
forces  par  lesquelles  toute  société  se  manifeste  :  la  force  indi- 


k 


lU 


LA    Tl'MSlK    DliPriS    L  OCCIPATIOX   FRANÇAISE 


vise  qui  s'appelle  l'État,  la  force  individuelle  qui  s'appelle  le 
travail ,  la  société  végétera .  s'étiolera  tant  que  les  routes  ae 
sci-ont  pas  praticables  en  tout  temps. 

Un  a  attrîtiué  à  bien  des  causes  le  long  insuccès  de  la  colonisa- 
tion algérienne.  Au-dessus  de  toutes  celles  que  l'on  peut  invo- 
quer, il  Tant  placer  le  déplorable  régime  auquel  la  difficulté 
des  communications  assujettissait  le  colon.  Je  vous  le  demande, 
n'est-il  pas  profondément  triste  que,  vingt-trois  ans  après  la 
conquête  d'Alger,  l'administration  en  soit  réduite  à  placarder 
des  affiches  comme  celle  que  je  viens  de  citer?  Voilà  pourquoi 
vos  solitudes  sont  muettes,  monsieur  le  (Gouverneur  général! 
pourrait-on  s'écrier. 

Les  ingénieurs  des  ponts  et  chaussées  ont  eu  le  mérite,  en 
Tunisie,  de  mieux  comprendre  leur  tâche,  et  il  faut  hautement 
les  en  féliciter.  La  cherté  des  transports,  ils  le  savent,  est  un  des 
plus  grands  obstacles  il  la  colonisalion  ,  et  ils  ont  eu  à  cœur  de 
doter  immédiatement  la  Régence  d'un  réseau  de  voies  de  com- 
munication àla  fois  solidement  et  économiquement  établies. 
L'économie  ne  consiste  pas,  en  effet,  à  dépenser  peu ,  mais  avec 
discernement,  il  y  a  souvent  plus  d'économie  à  faire  vite  et  bien 
qu'à  faire  mieux  et  lentement. 

Aussi  je  ne  crois  point  qu'il  faille  encourager  rétablissement 
de  routes  à  peine  ébauchées,  sans  consistance  et,  par  suite,  sans 
durée  :  c'est  là  un  mauvais  calcul.  Que  dans  le  Sud,  par  exemple, 
on  se  borne  à  rendre  les  pistes  praticables,  fort  bien  ;  c'est  suf- 
fisant. Mais  dans  les  régions  ouvertes  à  la  colonisation ,  de  bon- 
nes routes  doivent  être  immédiatement  construites'- 

S'ensuit-îl  qu'il  n'y  ait  aucune  possibilité  d'abaisser  encore 

1.  Pour  concilier  les  eiigences  de  la  colonisalion  atec  reiiguïlé  du  budget 
(unisien,  4.G00  kilomèlres  de  roales  ou  piales.  dirisées  en  Iroia  calvgories,  sul> 
vant  leur  importance,  seront  améliorfes.  dans  l'espace  <te  cinq  à  six  ans,  i  l'aide 
d'un  crédit  annuel  el  de  preslalinns  volontaires.  Les  1,800  kilomètres  en  première 
ligne  comprennent  l'achivement  des  routes  commeac^es  et  le  réseau  de  tunlieus 


à 


tOmUAGB  ECOXOMIOUK  115 

le  prix  d«  revient  de  ces  routes?  Je  suis  loin  de  le  penser.  L'ap- 
plication chaque  jour  plus  grande  des  journées  de  prestations 
dues  par  les  indigènes ,  et  l'utilisation  aussi  de  la  maio-d'œuvre 
militaire,  permettraient  de  réaliser  une  économie  sérieuse,  et 
celle-là  entièrement  profitable  A  l'État. 

Déjà,  à  l'aide  de  ces  prestations  volontaires,  on  a  pu,  sur  un 
grand  nombre  de  points,  amélioi'er  les  pistes  sans  empierrement, 
en  rectifiant  les  passag'es  les  plus  défectueu<i,  tant  en  plan  qu'en 
profil,  en  établissant  des  fossés,  dalots,  buses  ou  cassis  pour 
l'écoulement  des  eaux.  [>rès  de  iOO  kilomètres  de  pLstes  ont  été 
améliorés  de  la  sorte  et  aucun  prestataire  n'asoulevé  de  réclama- 
tion .  Ce  recrutement  n'était  pas  d'ailleurs  inconnu  chez  les  indi- 
gènes. Les  caïds,  chargés  qu'ils  étaient  d'assurer  la  viabilité  , 
sur  leur  territoire  de  commandement ,  avaient  le  droit  de  réqui- 
sitionner pour  ce  service  tous  les  hommes  valides  de  dix-huit  à 
cinquante  ans  ;  de  même,  en  vertu  d'un  usage  presque  universel 
en  Tunisie,  tout  homme  valide,  inscrit  sui'  le  rôle  de  lamedjba, 
pouvait  être  tenu  de  participer  k  tout  travail  utile  à  la  localité 
ou  à  la  tribu  et,  par  suite,  à  l'entretien  des  pistes'.  Ces  sages 
dispositions  étaient  tombées  depuis  longtemps  en  désuétude  lors 
de  noire  occupation  ;  néanmoins  elles  avaient  suffisamment  sub- 
sisté pour  qu'une  nouvelle  applicatioo  n'ait  rien  de  choquant 
aux  yens  des  populations.  Au  surplus  ,  les  TunisieDs  ont  géné- 
ralement le  sens  commercial  trop  développé  pour  ne  pas  appré- 
cier les  avantages  de  transports  faciles,  conséquemment  à  bon 
marché.  Et  j'estime  qu'on  pourrait  aisément  accroître  de  ce 
chef  l'impôt  arabe  sans  crainte  de  mécontenter  les  tribus. 
Je  lis  dans  le  rappoi-t  du  service  des  travau.\  publics  : 
k    »  L'administration  espère  obtenir  le  concours  volontaire  et 

^^W  quelques  grandes  tîttm,  (elles  que  Tuoifl.  SoiiSM',  Sfm.  Pour  celui-ci  ll^lat 
enleod  léclanier  le  cancourï  des  inléresaés  colons  cl  IddlgËaeE.  ce  qui  est  tri» 
é<|oi[*ble. 

1,  Voir  le  rap|)orl  |ir*cilé  du  service  des  [riraiii  |iubliCi.  |i.  18. 

LA  TUMSIE,  —  T.  n.  10 


ne 


L    TtNlSIE   DEPUIS    LOCCDPATIOX  KRANÇAISB 


gratuit  des  indigènes  pour  le  ramassage,  le  transport  et  le  cas* 
sage  des  matériaux  d'empierremeot  qui  seraient  nécessaires 
pour  rendre  praticables  certaines  parties  de  [listes  établies  sur 
des  terrains  marécngeux  ou  sans  consistance  et  les  abords  des 
travaux  d'art  ». 

Cette  espérance  ne  pourrait-elle  prendre  la  forme  d'une  cer- 
titude? Ne  pourrait-on  imposer  ce  travail,  avec  des  tempéra- 
ments, sans  doute;  mais  l'imposer?  C'est  l'occasion  ou  jamais 
de  rajeunir  l'usage  qui  voulait  que  chacun  prit  part  en  Tunisio 
aux  travaux  d'utilité  générale.  Serait-il  donc  excessif  d'exiger 
annuellement  de  chaque  indigène  cinq  ou  six  journées  de  près* 
tation,  ou  en  nature  ou  en  argent?  Étant  donné  que  ce  sont  le& 
intérêts  immédiats  des  prestataires  qui  sont  en  jeu,  je  ne  vois 
pas  bien  par  quelles  raisons  on  pourrait  infirmer  cette  propo- 
sition. Il  y  a  là  une  grosse  ressource  :  il  faut  bien  se  garder  de 
la  négliger.  Elle  peut  servir  non  seulement  à  l 'amélioration 
des  pistes,  mais  à  l'établissement  même  des  roules. 

J'ai  la  conviction  qu'on  pourrait  aisément  obtenir  de  trois  & 
quatre  cent  mille  journées  de  prestations  eu  Tunisie,  et  avec-' 
cela  on  fait  de  la  besogne. 

Maintenant  il  y  a  la  main-d'œuvre  militaire  qui  a  rendu  dû 
grands  services  en  Algérie  et  qui  pourrait  en  rendre  également 
dans  la  Régence.  On  l'y  utilise;  mais  trop  peu,  à  mon  avis. 
La  réduction  du  temps  de  service  permet  moins  sans  doute 
qu'autrefois  de  distraire  le  soldat  de  son  instruction  militaire. 
Cependant  des  officiers  supérieurs  très  éclairés,  et  parmi  ceux-ci' 
le  général  Noi'llat',  qui  commande  présentement  la  dlvîsion- 
de  Constantine,  estiment  qu'après  la  première  année  de  service 
on  peut  faire  marcher  de  front  l'instruction  et  le  travail.  La 
vie  du  camp  est  pour  le  soldat  et  l'officier  infiniment  plus  ins- 
tructive que  celle  de  garnison,  par  les  nécessités  de  toute  sorte' 


.  L'Algérie  en  1BS3,  p.  47. 


É 


L  OUTILLAGE    hXOXOMlOl'E 

auxquelles  il  faut  parer  sans  cesse ,  par  l'habitude  que  la  troupe 
y  prend  du  service  en  campague,  par  les  terrains  sans  cesse 
variés  que  les  déplacements  le  long  des  routes  à  créer  offrent 
aux  chefs  de  détachements  pour  leurs  exercices  militaires. 

On  sait  combien  démoralisante,  pernicieuse  est  l'oisiveté  au 
sein  des  camps.  A  l'étranger  principalement,  elle  développe  le 
spleen,  fait  naître  tous  les  vices,  provoque  au  suicide.  Au  coji- 
Irdire,  les  troupes  qui  travaillent  s'aguerrissent,  deviennent 
plus  robustes;  elles  sont  mieux  en  état  de  fournie  des  miircht^s; 
elles  arrivent  fraîches  devant  l'ennemi  après  avoir  parcouru 
de  grands  espaces.  Montesquieu  remarque  que  les  armées  an- 
ciennes ne  laissaient  pas  derrière  elles  ces  nuées  de  traînards 
et  d'éclopés  qui,  de  son  temps,  marquaient  la  trace  des  armées 
européennes.  Et,  de  son  cité,  Michel  Chevalier  l'a  observé,  la 
plus  magnifique  armée  que  ta  France  ait  jamais  eue,  cette 
armée  d'Austerlitz ,  qui  franchit  de  longues  distances  en  se 
maintenant  aussi  intacte  que  les  armées  romaines,  avait  été 
préparée  non  seulement  par  d'anciennes  victoires ,  mais  par  les 
travaux  du  camp  de  Boulogne. 

J'ai  parlé  des  armées  romaines.  Sur  cette  terre  d'Afrique  où 
[  sans  cesse  on  évoque  le  souvenir  de  ses  antiques  dominateurs, 
'  îl  faut  souhaiter  que  nos  régiments  suivent  l'exemple  des  lé- 
gions romaines,  si  grandes  en  face  de  l'ennemi,  non  moins 
admirables  en  face  de  la  nature. 

On  n'ignore  point  en  effet  à  quels  travaux  considérables,  gi- 
[antes({ues,  —  travaux  civils  aussi  bien  que  militaires,  —  li's 
oldats  de  César,  de  Corbulon,  de  Crassus,  de  Titus,  de  Trajan, 
ï  Probus,  etc.,  se  sont  livrés.  Il  suffît  de  sp  rappeler  la  con- 
i  des  daules  par  César,  Spartacus  assiégé  dans  le  Brut- 
a .  Corbulon  chez  les  Parthes ,  Titus  devant  Jérusalem ,  les 
lampagnes  de  Dacio,  le  canal,  encore  navigable,  que  Drusus 
t  creuser  en  Hollande,  etc. 


U8  LA   TUMSIE   DEPUIS   l'oCCUPATION   FRANÇAISE 

Voici  ce  qu'on  lit  dans  Y  Histoire  des  grands  chemins  de  f  Em- 
pire romain,  par  Nicolas  Bergier,  avocat  au  siège  présidial  de 
Reims ,  pages  568  et  569  : 

«  Les  capitaines  généraux  des  armées  romaines,  tant 

soas  la  république  populaire  que  monarchique ,  reconnaissant 
les  maux  qui  peuvent  naître  de  cette  hydre  de  volupté  et  de 
paresse ,  aussitôt  que  par  les  armes  ils  s'étaient  acquis  quelque 
temps  de  paix  et  de  repos ,  ils  ne  détenaient  pas  pour  cela  leurs 
armées  i\  rien  faire,  mais  les  employaient  en  quelques  ouvrages, 
soit  de  plaisir,  soit  de  profit,  soit  de  nécessité.  Entre  autres 
(^orbulo,  Tun  des  capitaines  de  Néron,  craignant  que  les  lé- 
gions (|u'il  avait  en  Hollande  ne  vinssent  à  se  rendre  lâches  et 
paresseuses,  il  les  employa  à  faire  une  grande  fosse  entre  la 
Meuse  et  le  Rhin,  pour  éviter  les  débordements  de  TOcéan; 
mais  principalement  ne  miles  otiiim  indueret,  comme  parle 
Tacite.  Poinpeius  Paulinus,  sous  le  même  Néron  et  au  même 
pays ,  mit  ses  soldats  à  continuer  une  digue  ou  levée  de  terre , 
auparavant  commencée  par  Drusus,  autant  pour  les  tirer  de 
l'oisiveté  que  pour  retenir  le  Rhin  dans  son  canal,  ainsi  que 
nous  apprenons  du  môme  auteur,  disant  :  Ne  tamen  negnom 
militvtn  (tltinvret ,  ille  inchoatum  (mie  très  et  sexaginla  annos 
a  Ih'uso  (if/f/(frem  corrcendo  li/ieno  absolvit. 

«  Mais  entre  autres  exercices  que  les  chefs  des  armées  romai- 
nrs  donnaient  aux  soldats,  étaient  les  ouvrages  des  chemins 
pavés.  (!(»  (|ui  coinnionra  bientôt  aprî'S  que  l'invention  de  paver 
dos  ch(Mninspar  les  champs  fut  mise  au  monde.  Fiaminius  (qui 
fut  le  premier  après  Appius  (lœcus  î\  faire  des  grands  chemins 
[)ar  ritaUe)  étant  consul  et  ayant  vaincu  et  réduit  sous  le  jouir 
phisieurs  nations  de  l'ancienne  l^iiiurie,  se  voyant  en  repos  pour 
(|uel(|ue  t<Mnps,  ne  laissa  pas  ses  pMis  de  liuerre  oisifs;  mais, 
pour  les  tenir  continuelleuient  en  exercice,  les  employa  iV  paver 
un  ^rand  chemin  d(»  Bologne  à  Arezzo,  ainsi  qu'auparavant 


1.  OPTII-LAGK   EtOSOMlytK 


U9 


l  en  avait  fait  un  de  Rome  à  Itiuiiuî.  Livîus  nous  le  racoute 
f&ussi  au  livre  39  de  son  liistoire,  où  se  lisent  ces  mots...  Ne  /'h 
ntio  mililem  haberet,  viam  à  Bononia  perdiixil  ad  Arretium. 

•'  Longtemps  depuis,  la  même  pensée  tomba  en  l'esprit  d'Au- 
js^iiste  César,  lequel,  ayant  vaincu  Lépidus  et  Marc  Antoine,  et 
réduit  toute  la  puissance  romaine  sous  la  domination  de  son 
empire,  se  voyant  en  pleine  paix,  ferma  le  temple  de  Janus, 
pour  signe  d'une  tranquillité  universelle  par  tout  le  monde. 
Mais,  ayant  sur  les  bras  grand  nombre  de  légions  destinées  A  la 
garde  de  ses  frontières,  afin  que  les  soldats  dont  elles  étaient 
composées  ne  vinssent  k  se  corrompre  au  c^ilme  d'une  si  pro- 
fonde pais,  comme  fait  une  eau  croupissaate ,  et  pour  empéclier 
que  Toisiveté  ne  leur  donnAt  occasion  d'exciter  des  séditions  à 
rencontre  de  ceu.t  qui  leur  commandaient,  il  s'avisa  de  leur 
iJonner  force  exercice,  et  les  mettre  tous  à  faire  de  grands  clie- 
rains  de  l'un  des  bouts  de  son  empire  à  l'autre  :  employant  les 
mômes  mains  avec  lesquelles  il  avait  dompté  les  hommes,  h 
dompter  les  monts  et  les  rochers,  et  à  surmonter  mille  diflicul- 
lés  qni  ne  se  pouvaient  vaincre,  sinon  par  ceux  qui  avaient 
Auparavant  vaincu  tout  le  monde. 
J^L  «  Encore  fut-il  nécessaire  de  joindre  h  ce  travail  les  vaincus 
Hjfrec  les  vainqueurs,  et  d'y  erahesogner  les  peuples  de  chacuue 
province  avec  les  soldats  légionnaires  pour  venir  à  bout  de  cet 
ouvrage,  qui,  de  tous  les  ouvrages  faits  de  main  d'homme  est 
fsans  difficulté]  le  plus  grand  et  le  plus  admirable.  Par  ce  moyen 
.\uguste  fit  une  œuvre  très  utile  à  son  empire  et  à  tout  le  genre 
humain,  et  évita  de  grands  maux  qui  pouvaient  sourdre  de 
séditions  que  l'oisiveté  fait  naître  parmi  les  aimées  et  les  peu- 
ples oisifs.  C'est  pourquoi  Tacite  dit  que  tels  et  semblables  ou- 
vrages se  fout  partie  par  nécessité  et  partie  pour  exterminer 
l'oisiveté  hors  des  camps  militaires  :  Ex  necessitale  mil  ad- 
versus  olium  caslroi'um.  » 


k 


130  LA  TUNISIE  DEPDIS   L  OCCDPATIOK  FAAXCAISE 

Les  travaux  iit'cessaires ,  la  lulte  contre  l'oisiveté  plaident, 
aujourd'hui  comme  dans  les  temps  anciens,  pour  l'application 
de  l'armée  aux  travaux  puMics  dans  nos  colonies.  11  y  a  de  plus 
qu'à  l'époque  romaine  le  puissant  motif  de  l'économie  financifre 
à  réaliser  dans  l'intérêt  du  pays'. 

Sans  doute  c'est  un  travail  pénible  et  qui  exige  du  dévoue- 
ment; mais  pour  être  moins  brillante  que  la  conquête  par  les 
armes,  cette  conquête  pacifique  n'en  est  pas  moins  glorieuse 
ni  moins  digne  de  nos  soldats. 

Fidèles  à  leur  devise  :  «  Servir  la  patrie,  »  ils  n'oublierontiii 
pas  leur  devoif,  et  quand  il  faudra  suivre  au  travail  leurs  chefs_ 
toujours  prêts  à  leur  donner  l'exemple  de  l'honneur,  ils  ironfc 
aussi  golment  lutter  de  zèle  et  d'elTorts  que  s'ils  allaient  aizM. 
combat. 

"  Notre  armée  est  ainsi  organisée,  disait  le  maréchal  Bu— 
«  geaud,'que  ce  n'est  pas  seulement  une  armée  de  combattants. 
Il  c'est  encore  une  armée  de  travailleurs.  L'armée  doit  èlre  le 
«premier  agent  de  colonisation  à  employer;  c'est  là  un  sur 
"  moyen  de  consacrer  à  cette  œuvre  des  bras  nombreux .  vîgou- 
«  reux  et  A  bon  marché.  » 

Je  m'arrête  sur  cette  pensée  de  l'iQustre  soldat-administra- 
teur. Il  ne  saurait  être  question,  bien  entendu,  de  modifier  eu 
quoi  que  ce  soit  le  service  des  Travaux  publics  en  Tunisie;  je 
voudrais  seulement,  pour  le  double  profit  des  finances  tuni- 
siennes et  de  l'armée  elle-même,  y  voir  adjoindre  la  main 
d'œuvre  militaire  dnns  une  proportion  beaucoup  plus  large 
qu'on  ne  le  fait-. 

i.  Voyez  à  ce  sujH  les  ëcrilg  du  général  ItngnJal  el  c<?ui  du  géaéral  Oudinol.  L« 
l«mps  ne  leur  a  rien  fail  perdre  de  leur  raleiir. 

2.  Dana  sa  dernière  session  la  l'oufércnte  Consultalive  a  émis  un  itIi  en  ee 
sens;  jp  l'enregislre  avec  plaisir,  car  il  vient  A  l'appui  de  ces  lignes,  qui  éltient 

déjà  imprimées. 


Si  tout  pays  neuf  a  besoin  de  routes,  il  a  encore  plus  besoin 
e  chemins  de  fer,  ceux-ci  étant  l'aide  la  plus  puissante  qu'il 
loît  possible  de  donner  à  la  colonisation.  A  tel  point  que  cer- 
tains publicistes  réclament  exclusivement  des  chemins  de  fer. 

Il  y  a  sans  doute  des  arguments  on  ne  peut  plus  sérieux  àfair'- 
nloir  en  leur  faveur,  principalement  en  s'appuyant  sur  l'hahilc 
Kimhînaison  de  M.  Michaud,  directeur  des  Travaux  publics  de 
Ha  Tunisie,  lequel  est  parvenu  A  abaisser  la   dépense  kilomé- 

que  à  52.000  francs.  Mais  un  exemple  dont  on  abuse ,  à  mon 
pvïs,  est  celui  des  Américains.  Le  chemin  de  fer,  dit-on.  doit 

•écéder  les  colons.  Et  comme  preuve  oa  cite  l'Amérique  oh  le 
sil  est  le  principal  agent  de  colonisation,  où  souvent  il  a  déter- 
BÎné  une  pi-ospérité  presque  subite  de  territoires  qui,  sans 
ni .  demeureraient  encore  en  friche.  Je  serais  heureux  qu'il  en 

[  de  même  dans  nos  possessions  africaines;  maïs  le  général 
loéllat,  que  Je  citais  plus  haut  A  propos  des  routes,  ajudicieuse- 
lent  observé'  combien  nos  conditions  de  travail,  de  peuple- 
Dent  rapide  et  d'exlensio»  colonisatrice  sont  différentes  de 
«Iles  des  Améiicains.   .\ux  l-^tats-L'nis,  la  vie  afflue   avec  une 

tendance  telle  qu'il  suffit  d'appeler  l'attention  sur  un  point 
lour  que  la  spéculation  et  l'activité  s'y  jettent  résolument  et 

xiomplissent  des  miracles.  On  y  improvise  des  villes  d'uu 
lemi-million  d'habitants,  comme  Chicago.  Times  is  moneij, 
|it  rAméricaÎD,  et,  fidèle  à  sa  devise .  il  ne  craint  pas  de  semer 

I.  Op.  cit.,  p.  49. 


152  Lt   Tl'MSIE   DEPriS   L  OCCUPATION   FRAXC-USK 

l'argont  pour  économiser  du  temps,  sur  qu'il  sera  suivi.  Ne 
cooditioDS  d'activité  africaine  sont  moins  brillantes.  Nulle  pai 
on  ne  crée  guère  de  chemins  de  fer  qu'avec  nue  garantie  d'in- 
térêts par  l'État  ou  le  département.  C'est  souvent  une  lourdi 
charge  qu'il  ne  serait  p«s  sage  d'accroître  sans  l'existence  d'în- 
léréls  sérieux  à  desservir,  en  d'autres  termes  sans  recette  kilo- 
métrique bien  assurée. 

Mais  avant  d'examiner  les  ligues  à  créer,  voyons  le  réseau 
construit  jusqu'A  ce  jour. 

J.a  première  ligne  établie  en  Tunisie,  on  s'en  souvient,  a  éié 
celle  de  Tunis  à  la  (houlette,  avec  divers  embranchements  sur 
la  Marsa,  sur  le  Bardo,  sur  la  marine  de  Tunis  et  sur  le  canal 
de  la  Goulette.  Sa  longueur  totale  est  d'environ  35  kilomètres; 
rlle  est  exploitée  par  la  Société  italienne  Rubattino. 

On  sait  i\  la  suite  de  quelles  intrigues  les  Italiens  doivent  la* 
possession  de  cette  petite  ligne;  j'en  ai  fait  l'historique  en  son 
temps  '.  Toutefois  de  nouveaux  renseignements  qui  me  parvien- 
nent pendant  que  j'écris  ces  pages  me  permettent  de  compléter 
le  récit  que  j'ai  emprunté  à  M.  P.  H.  X.,  et  de  mettre  davantage 
en  lumière  cette  affaire  Rubattino.  "  point  de  départ,  —  suivant 
.H.  Crispi  lui-même,  —  de  l'action  nouvelle  de  la  France  qui 
devait  aboutir  au  traité  du  Bardo  et  à  l'occupation  de  la  Tunisie». 

Donc,  la  compagnie  anglaise  ■■  Tunisian  Railway  Company  h 
se  voyait  dans  la  nécessité  de  vendre  sa  concession  ou  de  Ift 
liquider.  Ses  trois  tronçons  lui  étaient  revenus  à  un  prix  incroya- 
ble, on  a  prétendu  onze  mi/lions,  et  il  n'y  avait  aucun  espoir 
que  le  trafic  pût  jamais  payer  l'intérêt  do  ce  capital.  Tne  pre- 
mière tentative  de  cession  avait  eu  lieu  en  1877;  elle  avait 
échoué.  Cependant  les  négociations  furent  reprises  plus  lard  et 
la  compagnie  de  Bone-Guelma  n'y  resta  pas  étrangère  ;  mais  la 


..  Voir  1.  1,  ptgei  Î5S  elii 


à 


I,  OLTILLACE    tCOSOMIOUE  153 

N  Tunisian  Kailway  Company  )>,  dont  les  prétentions  avaient 
(l'abord  été  assez  modérées,  devenait  plus  exigeante;  elle  pres- 
sentait évidemment  les  compétitions  que  ne  mantyueraient  pas 
de  faire  naître  les  agissements  dirigés,  avec  plus  d'acharnement 
que  jamais ,  contre  l'iofluence  française  à  Tunis. 

Effectivement,  vers  la  fin  de  1879,  ce  n'était  un  secret  pour 
personne  qu'en  môme  temps  que  la  Compagnie  de  BOne-Guelma 
négociait  l'acquisition  de  la  ligne  de  la  Goulette  des  négocia- 
tions parallèles  se  poursuivaient  à  Rome  et  à  Londres. 

On  disait  même  que  la  société  Rubattino  avait  poussé  ses  offres 
jusqu'à  100,000  livres  sterling,  et  qu'un  groupe  de  spécula- 
teurs tunisiens  faisait  également  des  propositions  à  la  Compa- 
gnie anglaise.  Au  commencement  d'avril  1880,  cette  dernière 
avait  envoyé  à  Kome  un  de  ses  agents  pour  traiter,  mais  il  en 
était  parti  sans  conclure. 

Enfin  le  ik  avril  1880,  la  Compagnie  de  fiâne-Cuelma  et  la 
Compagnie  anglaise  signaient  un  contrat  par  lequel  celle-ci 
cédait  à  la  première,  moyennant  une  somme  de  105,000  livres, 
sa  concession,  son  chemin  de  fer,  bAtiments,  terrains,  approvi- 
sionnements et  matériel  de  foute  nature,  y  compris  deux  petits 
remorqueurs  et  trois  barquettes  pour  le  service  de  la  rade. 

Comme  tout  entretien  avait  été  suspendu  depuis  1876,  la 
valeur  industrielle  des  lignes  anglaises  était  considérablement 
réduite  et  la  compagnie  cédante  devait  s'estimer  heureuse  d'a- 
voir pu  obtenir  le  pri-x  stipulé  ci-dessus,  auquel  l'acquéreur 
aurait  à  ajouter  au  bas  mot  500,000  francs  de  réparations. 

Aux  termes  du  contrat,  la  prise  de  possession  par  la  Compa- 
gnie de  B<)ne-Guelma  était  fixée  au  25  juin.  1^  20  avril,  elle 
avisait  le  gouvernement  beylical  de  la  cession  ii  son  profit  des 
concessions  du  23  août  t871  et  d'avril  187-2,  en  demandant  la 
reconnaissance  de  la  substitution  qui  était  la  conséquence  de 
cette  cession. 


k 


iMrirni**  .lu  fiU  «uuniflp  una  çb.  me  amrestsuîiHi.  ORseauiee  dot 
^  -rmniU    1  Italie    iiKly-ntiaiiK   me   j^  aiarehi»  ^h»  ^itj?.  ^t 

'te  -i-iîafinaitrf^  ja  «bi*titiitirta:  mai»  Le  mimsmeai^iit  n.iiB»  i«u 

f^mt  ^iinrr*»  «  p^yMHftuii::^ ,  maini»  une  «iedacaftam..  «i  <^te 
411  W  ïiuii  !•».  pur  Iaipii»tli»  HT  Fr>H2e£t£k  Beritaai?.  «Uei- 
v>f  *^  U  «  Tnaûma  tulwiy  iL«HiipaiLy  ..  afiinia  ^'aiKiiii« 

piuriii^  ItnlMtriDo  pour  la  vimt^^  à  «i^iLe^-fi  du  dfcemîa  de  fer 
bÛMTAt  l'ofcj^  #iiK  roolrat  du  1  •  a^riL 

\^,  t\  Rwii.  fki4T^^{k  rrâoiûiLda  «i^aiîié:  mène  e»>ciela5ioo. 

\jh  ^//fc^vii  d  fUlî^  remettait  ea  nnhiie  temps  an  o^osol  d'Angle- 

U!Ttt  ao^  UTinrM^  prolesUlixi  poor  s'opposer  à  la  prise  de 

fffm^r^/iu  fKkr  U  0>fripa:rnie  de  B>>atM^fielma.  Quelques  jours 

*pf^,  k  bfTiit  fonrhlf  f[nf^  le  c^iosal  d'Anslelerre  avait  re<:u 

lofflff  fif.  Vy  opjK/*^r.  I^  ^ouvernemeot  tuaisien  manifestait 

f\f»tïU'.Ht%  ViuffMUoïi,  avant  de  prendre  une  décision,  datten- 

flrf  l 'irr^t  d^  U  ^>^ur  de  chancellerie  d'.Vn^leterre  que  l'article 

r#   /l»i   contrit   prévoyait  pour   rendre   la    cesâion    définitive: 

mffh  il  renonça  bient/it  à  cette  exigence  et,  le  31  mai,  le  pre- 

rni'T  rn)ni%fre  déclarait  que  le   îrouvernement  du  Bev  recon- 

ri/iiHH^ift   la  cornpa^^nie   cessionnaire  au   lieu   et   place   de   la 

rompat^nie  cédante,  à  la  condition  pourtant  que  cette  recon- 

riai«w'incc  wir/iit   subordonnée  à    l'accomplissement  des  actes 

/Icviiril  rendre  le    contrat  de   vente    légalement   valable.    Le 

nrernier  ininiHlre  «joutait  par  précaution  qu'il  devait  être  bien 

i«nU'ndii  qiHî  la  Hubslilulion  de  la  Compagnie  de  Bône-Guelma 


1  la  Compagnie  anglaise  ne  serait  pas  coQsidérée  < 
ÏQlirinant  d'une  manière  quelconque  les  revendications  que 
pourraient  faire  valoir  des  tiers  et  que,  le  cas  échéant,  la  recon- 
naissance du  gouvernement  tunisien  serait  considérée  comme 
nulle  et  non  avenue. 

Cette  déclaration,  mêlée  de  rélicences,  révélait  une  fois  de 
[ilus  les  compétitions  italiennes  et  la  connivence  de  Mustapha 
ben  Ismail,  l'homme  lige  de  M.  Slaccio. 
^k  Api-ès  la  délihéraliou  de  l'assemblée  générale  de  la  <i  Tunisïan 
Hltûlway  Company  >•  approuvant  la  cession  à  l'unanimité  et  ta 
déclaration  du  solicitor  de  cette  Société,  affirmant  qu'avant  de 
traiter  avec  la  Compagnie  Brtne-Guelma  elle  était  libre  de 
tout  engagement,  il  était  permis  de  croire  que  rhnmolngalioii 
du  contrat  par  la  Cour  de  chancellerie  ne  sentit  plus  qu'une 
Mmple  formalité.  Il  n'en  fut  rien.  Le  vice-chancelier  l'epro- 
chait  vivement  aux  directeurs  de  la  n  Tunisian  Railway  Com- 
pany »  leur  conduite  vis-à-vis  de  ftubattino,  avec  lequel, 
disait-il,  ils  s'étaient  liés  par  un  engagement  d'honneur.  Il 
regrettait  de  ne  pouvoir  légalement  les  contraindre  A  con- 
clure le  marché  entamé  avec  la  Compagnie  italienne,  et  dans 
l'audience  du  9  juin  il  refusa  d'approuver  le  contrat.  I.e  vîce- 
ctiancelier  considérait,  comme  il  l'avait  déjà  déclaré,  que  la 
Compagnie  anglaise  était  moralement  engagée  à  traiter  avec 
la  Société  Rubattino,  laquelle  venait  d'ailleurs  d'offrir  1,000 
livres  de  plus  que  le  prix  stipulé  dans  le  marché  du  H  avril, 
ajoutant  que  In  mention  du  juge  n'était  pas  nécessaire  au  liqui- 
dateur de  la  Compagnie. 

k Appel  de  cette  décision  fut  interjeté  le  12  juin.  Les  repré- 
ntants  de  la  Société  Itubaltino  renouvelèrent  leur  otTre  et 
\  lords  juges  déclarèrent  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  de  revenir 
sur  la  décision  du  vice-chancelier;  mais  qu'au  contraire  l'inté- 
véi  des  actionnaires  prescrivait  de  traiter  avec  la  Compagnie 


TT-ii^ioi*  rm   *:Q7ai  z,  .^v   ittts-  "■■■">*"  ds:  'bob  oiif  jà.  «l*: 


i-Tnm--    i^  I  III   H  ■iiini    n»  ji  ^tosi»  ■■■■im ( 

iujBui^xr   mt*  iiiau*a  >««ir  iiii-ailzR  u.  ■■■■■■Mw^-ir   ot  'k^aJp?* 

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^wiiutrT**    -r  ^'^   uaraixaiiir'^  i«nir  ?Ni..lNil  ît^'a-.   il 
nu?  nu^ioi  ixL  X  -^  vfoiilif  amuif  iin» 

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^•meL*"  ut  TC^  ^m«î:=i^ir  i  :*^il  n*  ?••§.  IHH  x*,!j>  imc  <»  fai- 
san JL  raasT'Vf  b*  -ns-  ar*iî& 

1  l£ilc^  3ir  iiiHiïi*^  ÎÈi  iinrwîWL  «  jt  -i^M-^niftaiKsBe?  dnt 
'^■T-a.::  :f*ai  îiib»  ih  -sej-  ir"pw«niiiiiîf  -s:  ^^eiiimiilSK  jh  bottK* 
j.L  ôf  ji  '.-'mpihi-iiH  nt  3iiiiif-«v«iKiimi.  »  0IL  3if  r-!3iio*nrâ>a  p»s 
in  XKSSSiOfr  7«i<xr  ji  luisv  10:1  -fouatt?"».  imnàcikL'  nï  y  arût 
-«♦;:  r-.iiLTXifiiiri^aï^an  îh  TutH  liss.  iwa  i^*ft:  Ji  rl.iaLMriie  iu- 
--:i_i»f  cT.f»^Tii  .'.-iiii3ii-n:H  r:T-ii"i-s*f  fî:  rD*  5ia£^  :i»  mc- 
LTii-c-f    j^  £:':•:  :l  Lriii:;i"i"ir  ^^l-  îh  :aeîr::i»fî:  l'-X^vtrrt  ies 

".•l„->  ImII'  Z-T'-l  "i-wS-Il*^ 

r-  ^:^sri  :<?  -::  >.  l>1  hz'.y.'t  i:  *v::^-:iiJi:>îL»fc.  i*:!!  i*i/-^ra:t 


pagnie  de  Bône-Uuelma  D'avaient  pouvoir  du  cousei!  d'admi- 
nistration que  pouf  uQ  prix  déterminé,  qu'ils  dépassèrent 
pourtant  dans  le  feu  de  l'action.  Mais  la  société  Rubattino  ayant 
poussé  jusqu'à  160,500  livres,  l'adjudication  fui  prouoocée  eii 
sa  faveur. 

La  Société  Kubattino  ne  s'endormit  pas  sur  ses  lauriers.  Cinq 
jours  après  l'adjudication,  elle  signait  avec  le  gouvernement 
..italien  une  convention  dont  l'article  V  était  ainsi  conçu  : 

I  «  L'État  garantit  au  commandeur  Kubattino  un  intérêt  annuel 
)  6^,  en  or,  sur  les  sommes  versées  pour  l'acbat  du  chemin 
!  fer  Tunis-Goulet  te,  concédé  par  le  Bey  et  possédé  jusqu'ici 
tu  la  i<  TunisianRailway  Company  Limited  >i,  actuellemeni 
quîs  par  ledit  commandeur  Kubaltino  suivant  contrat  (lu 
p  Juillet  courant,  et,  après  approbation  du  ministre  des  Travaux 
mblics,  sur  les  sommes  qui  seront  dépensées  pour  mettre  la 

1  état  de  service  régulier,  constant  et  sûr.  •> 
I  Trois  jours  plus  tard,  le  lô  juillet,  cette  convention  élait 
pQ»iîse  A.  la  Chambre  des  députés  qui  l'approuvait  par  une  loi 
Mmologuée  le  surlendemain  par  le  Sénat. 
I  Cette  rapidité  dans  l'accomplissement  de  formalités  qui 
ligent  habituellement  de  longs  délais ,  indique  bien  que  la 
ciété  Kubattino  avait  eu  soin,  longtemps  à  l'avance,  de 
"préparer  le  succès  de  ses  démarches  et  d'écarter  tout  aléa.  Il 
est  donc  bien  évident  qu'à  l'ouverlure  des  enchères  les  deux 
concurrents  en  présence  ne  combattaient  pas  à  armes  égales. 

La  Compagnie  de  Bâoe-Cuclma  élait  obligée  de  tenir  ses 

inchères  dans  les  limites  de  sa  garantie.  La  Société  Kubattino 

B  coQBaissait  pas  ces  entraves,  et  tandis  que  le  prix  de  son  ad- 

Indication  s'élevait  à  4,137,500  francs,  le  capital  garanti  élait 

i  à  i,800,000  francs;  la  différence  de  002,500  francs  entre 

8  deux  sommes  comprenait  les  travaux  de  réparation  imputés 

s  tard  sur  le  capital  pour  une  somme  de  470, DUO  francs. 


I 


1&8  L\   TUMSIH:   DEPUIS  LOCCDPATIO!)   FBAXÇAISK 

Les  événements  de  1881  ont  élé  pour  ta  Société  RiiltatUoo 
une  source  de  profits  inespérés.  Voyageurs  et  marchandises 
ont  alors  afflué  sur  sa  petite  ligne,  et  depuis,  chaque  année,  le 
mouvement  s'est  accru.  Mais  ces  bcaus  jours  toucbeot  A.  leur  -^ 
terme  :  la  construction  du  port  de  Tunis  ainsi  que  le  service:^ 

de  voyageurs  et  de  marchandises  organisé  sur  le  lac  lui  por^ 

teroni  A  bref  délai  un  préjudice  irréparable.  Elle  n'a  pas  éli^^ 
sans  le  prévoir  et,  déjà,  le  9  mai  1887,  le  Gtonmle  di  Sici/ic:^^ 
publiait  la  dépêche  suivante  :  «  Roma,  7  ore  20.  Dicesi  che  I^ 
Societa  Générale  di  navigazione  decise  di  vendere  la  linea  Go- 
letta-Tuuisi.  » 

Voici  A  quoi  se  rapportait  celte  dépêche  : 

La  Société  de  navigation  itahenne,  à  laquelle  la  société  Itii- 
haltîno  et  G'  avait  cédé  sa  concession  de  la  ligne  de  la  Gouletle 
avec  la  garantie  que  lui  avait  accordée  le  gouvernement  ita- 
lien, était  à  la  veille  de  placer  dans  le  public  les  titres  repré- 
sentant la  valeur  de  cette  ligne. 

l'our  empêcher  <iue  la  direction  de  ce  chemin  ne  passjVt  en 
des  mains  étrangères,  In  Compagnie  de  navigation  renonça  à 
constituer  pour  le  chemin  de  fer  tunisien  une  société  spéciale 
avec  un  capital-actions  qui  lui  frtt  propre;  elle  décida  de  con- 
server elle-même  la  direction  de  l'afTairc  eu  émettant  dans  le 
public  des  obligations  en  représentation  de  la  valeur  de  la 
ligne.  Elle  traita  en  conséquence  avec  un  groupe  linancicr  qui 
prit  à  forfait,  au  cours  de  90  %,  l'ensemble  du  capital-obliga- 
tions. Il  parait  qu'on  demanda  alors  à  la  Compagnie  de  BOnc- 
Guelma  s'il  lui  conviendrait,  d'accoi-d  avec  le  gouvernement 
français,  d'acheter  ces  obligations  (7,500  obligations  rembour- 
sables à  1,000  francs  avec  intérêts  de  ft%).  qui  ne  donneraient 
d'ailleurs  à  leurs  propriétaires  aucun  droit  d'ingérence  dans  les 
actes  d'administnition  et  dans  la  direction  de  la  Société. 

La  Compagnie  Bûnc-Guelma  n'accepta  pas.  Elle  n'y  avait 


KCCHX 

r 


LOrrlLUkGB  ÉCOXOMIQrE 

«ucun  intérêt.  C'est  tout  au  plus  si,  4  des  conditions  très  avan- 
tageuses, elle  consentirait  aujounî"hui  à  l'achat  de  ce  chemin  de 
Ter.  le  port  de  Tunis  lui  donnant  sur  la  mei-  le  débouché  qu'elle 
pouvait  désirer.  La  ligne  de  la  Gouletle  redeviendra  sous  peu 
une  affaire  aussi  peu  brillante  que  possible,  et  le  jour  où  la 
.ccHopagnie  italienne  tiendra  à  s'en  déban-asser,  elle  devra  se 
ligner  à  des  sacrifices  :  voilà  la  situation. 


La  seconde  ligne  du  réseau  tunisien  est ,  par  ordre  d'ancien- 
neté, celle  de  Tunisà  la  frontière  algérienne,  d'une  longueur 
initiale  de  196  kilomètres.   aii\(]uels  il  y  a  lieu  d'ajouter  les 
embranchements  de  Tunisà  llammam-el-Enf  (17  kilomètres]  et 
de  la  ^îlle  de  Béjà  >\  Béjà-gare  (13  kilomètres), 
b   Cette  ligne  est  exploitée  avec  la  garautie  du  gouvernement 
PIvançais,  et  le  Parlement  est  si  peu  coutumier  de  clairvoyance 
en  matière  coloniale  que  nous  demandons  la  permission  de  le 
féliciter  du  vote  de  cette  garautie  d'intérêts  '  ;  mais,  avant  tout, 
nous  tenons  à  louer  hautement  la  Compagnie  Bi^ne-Guelma  de 
sa  courageuse  et  patriotique  initiative.  GrAce  aux  événements 
de  I88I.  l'afTaire  est  devenue  bonne  pour  elle;  mais,  en  I87t»,la 
France  était  baltuc  en  brèche  à  Tunis,  leBey  nous  était  hostile; 
et  construire  un  chemin  de  fer  en  un  pareil  moment,  à  travers 
•un  pays  dépourvu  de  ressources  locales,  aumiUeude  populations 
bdisciplinées,  voleuses,  pillardes  et  ennemies  des  chrétiens; 
ovrir  des  chantiers  dans  ces  conditions,  sans  aucune  garantie 
âe  sécurité,  sans  aucune  chance  de  crédit  sur  place,  c'était  là 
me  entreprise  hasardeuse,  on  ne  le  contestera  point.  La  Compa- 
e  Bi^ne-Guelma  n'a  cependant  pas  hésité  ;  car  si  elle  risquait 
.  elle  savait  servir  les  intérêts  de  la  France...  Elle  les  a 


.1  loi  (du  1R  mars  1877)  eut  pour  rapporluur  i  ]>  CliaiiilirB  le  ti'^s  honorable  i 

léU.  Carnnl.  «ctucltcmpul  Président  de  la  Ilépulilique ,  et  cent  h  sn 

,   à  son  inlriolisinc  que  nous  soiami'S  en  grnade  pirlii!   redevables  <iv  su 


160  LA   TUNISIE  DEPUIS   L*OCCUPATION   FRANÇAISE 

servis  au  delà  de  ses  espérances.  Sa  hardiesse  a  tellement  exas- 
péré les  convoitises  italiennes  qu'elles  se  sont  ensuite  étalées  au 
grand  jour,  et  Ton  a  vu  avec  quelle  audace  lors  de  la  vente  du 
chemin  de  fer  de  la  Goulette.  Une  nouvelle  orientation  de  notre 
politique  et  finalement  Toccupation  de  la  Tunisie  en  ont  été  la 
conséquence. 

Quelques  députés ,  il  faut  bien  le  dire ,  ne  se  souviennent  pas 
assez  de  ces  services  de  la  Compagnie  Bône-Guelma.  Il  est  vrai 
que  ceux-là  sont  des  intransigeants  qui  ne  peuvent  pardonner 
à  la  Tunisie  de  se  développer,  de  grandir,  de  prospérer  chaque 
jour  malgré  les  embûches  et  les  chausse-trapes  qu'ils  se  sont 
plu  à  dresser  sur  son  chemin,  en  haine  de  la  politique  coloniale 
et  des  républicains  de  gouvernement.  Et  parmi  ces  irréductibles 
H.  Camille  Pelletan  figure  en  tète.  On  n*a  pas  oublié  son  atti- 
tude en  1881 ,  son  opposition  systématique  au  gouvernement  et 
rinsistance  avec  laquelle  il  a  réclamé  l'abandon  de  la  nouvelle 
colonie.  Les  lauriers  de  Desjobert*  Tempôchent  toujours  de  dor- 
mir. Ne  pouvant  plus  s'attaquer  au  traité  du  Bardo,  ni  à  la 
commission  financière,  ni  aux  capitulations,  il  s'efforce  d'en- 
traver le  développement  économique  de  la  Tunisie,  et  la  Com- 
pagnie B6ne-Guelma  en  étant  un  des  agents,  il  s'acharne  après 
elle  avec  une  passion  dont  la  violence  tient  lieu  d'équité  -. 

Au  reste,  ses  critiques,  —  produites  dans  un  style  qui  a  fait  la 
fortune  du  Tintamarre  y  —  sont  toujours  les  mêmes.  Elles  ont  été 
réduites  à  néant  par  les  hommes  les  plus  autorisés  de  la  Cham- 


1.  De  1830  à  1845,  M.  Desjobcrl,  député  de  la  Seiac-Inférieuro,  s'est  efforcé,  i>ar 
tous  les  moyens  en  son  |:)ouvoir,  d'em]>écher  la  colonisation  de  l'Algérie.  Il  ne 
cessait  de  réclamer  le  retrait  des  troupes  et  la  liquidation  de  celte  possession  afri- 
caine, qu'il  estimait  n'avoir  aucune  valeur  pour  nous. 

2...  et  de  patriotisme,  pourrions-nous  ajouter;  c^r,  en  1882,  toutes  ses  allégations 
au  sujet  de  l'embranchement  de  Tunis  à  Hammam-el-Enf  ayant  été  réfutées  une  à 
une,  M.  Pelletan  n'a  pas  hésité  à  prendre  parti  pour  les  Italiens  et  à  prétendre  que  la 
concession  Mancardi  (\oir  t.  1,  p.  258)  était  encore  valable  en  1880,  —  alors  qu'elle 
était  périmée  dès  1873.  (V.  séance  de  la  Chambre  des  députés  du  13  février  1882. > 


L  OLTILLAGE   ÉCo:COnl(>L~R 


61 


:  ils  en  ont  montré  les  Tausscs  iater|H'êUtions ,  les  errcui's 
t%raates..,  M.  Pellelan  n'eD  revient  pas  moins  à  la  charge 
comme  au  premier  Jour.  Membre  de  la  Commission  du  budget 
lie  l'eiercice  1891,  il  a  réédité  une  fois  de  plutt,  l'anuée  dor- 
ur^re,  les  mêmes  reproches  surannés,  et,  bien  que  le  Parlc- 
■Ueol  les  ait  repoussés  à  une  forte  majorité,  il  n'en  u  pas  moins 
•HteiDl  son  but. 

De  nouvelles  ligues  de  chemins  de  fer  sont  indispensables  à 
'<i  colonisation  de  la  Tunisie  :  cela  est  sans  conteste.  Les  études 
préalables  ont  été  faîtes  avec  un  soin  minutieux;  l'économie 
financière  en  a  été  réglée  de  même  et  tout  est  prêt  depuis 
^OD^emps.  La  Compagnie  IMiie-Guelma,  concessionnaire  de 
*^«  nouveau  réseau,  a  pris  ses  dispositions  pour  en  acUver  l'esé- 
*iulion  le  plus  possible,  dans  l'intérêt  de  la  for  lune  publifiue... 
^1.  Pelletan  oppose  son  veto.  U  veut  que  l'État  déchire  les 
«Conventions  passées  avec  la  Compagnie  Rône-Guelma  depuis 
1877.  C'est  sur  la  foi  de  ces  conventions  que  20,000  itction- 
naires  et  obligataires  ont  donné  leurs  capitaux  à  la  compa- 
gnie :  M.  Pelletan  ne  se  Iai.sse  pas  arrêter  pour  si  pou,  et  fina- 
lement les  lignes  ue  se  font  pas. 

Il  serait  temps,  ce  me  semble,  d'en  finir  une  bonne  fois 
avec  M.  Pelletan.  L'n  intérêt  de  premier  ordre  nous  commande 
d'achever  au  plus  tùt  Toutillage  économique  de  la  Tunisie, 
ttt  il  est  désolant  de  songer  que  cel  intérêt  puisse  être  tenu 
en  échec  par  des  déclamations  quelconques. 

Par  déférence  pour  la  Commission  du  budget,  la  Compaguîe 
IWne-Guelma  a  cru  devoir  répondre  à  M,  Pelletan  par  une  note 
que  nous  avons  sous  les  yeu\.  La  réfutation  est  pércmptoire  et 
l'on  nous  permettra  d'en  reproduire  Ias  passages  essenlîels. 

Émission  dks  ohliuatio.'ss.  —  L'n  des  faits  qui  ont  été  le 
plus  reprochés  A  la  compagnie  et  sur  lequel  M.  Pelletan  insiste 
1  nouveau,   c'est  la  cession  en  bloc  de  ses  2^0,000  premit^rcs 


^l  I.*   TUNISIE,    —   T.    H. 


Il 


162  LA    Tl'MSIE    UEPCIS    L  0CCt'PAT10>    FRA.NÇAISE 

obligations,  cession  couseatie  en  1877  à  la  Banijne  de  I* 
an  prix  de  i'>Q  francs.  Il  y  a  lieu  d'observer  tout  d'abord  que  > 
dans  le  principe,  la  (Compagnie  Bône-(luelma  était  une  petite 
rumpagnie  d'intérèl  local  au  capital  de  12  millions.  Elle  joui^^ 
sait  du  crédit  que  comporte,  en  Algérie,  celle  situation.  El  ^ 
n'avait  que  la  concession  de  la  ligne  de  Bône  à  Guelma. 

Plus  tard,  quand,  après  la  loi  de  1877,  elle  a  obtenu  tonte* 
ses  concessions  nouvelles,  elle  a  dû  augmenter  son  capital,  e( 
notamment  faire  appel  au  crédit,  sous  forme  d'obligation.', 
pour  une  somme  de  tiO  millions. 

On  a  dit  qu'elle  avait  spéculé  sur  cette  opération.  C'est  ab- 
solument inexact,  et  M.  Rousseau,  sous- sec  ré  ta  ire  d'Etat  des 
Travaux  publics,  l'a  démontré  k  la  Chambre'.  La  Compagnie 
n'ayant  pas  de  crédit,  a  eu  recours  à  des  intermédiaires,  comme 
l'a  fait  l'Etat  lui-même  dans  plus  d'une  circonstance. 

La  Compagnie  a  livré  ses  obligations  à  250  francs  â  la  Ban- 
que de  Paris,  c'est-à-dire  au  (aux  de  6  %,  et  elle  a  réalisé 
exactement  le  capital  auquel  elle  avait  évalué  sa  ligne. 

La  Banque  de  Paris  a  reçu  les  obligations  dans  ces  condi- 
tions, mais  non  pas  nettes  de  toute  charge ,  car  la  banque 
était  obligée  de  servir  les  intérêts  aux  obligataires  pendant 
toute  la  période  d'exécution.  Qu'on  n'aille  donc  pas  dire  que 
a  banque  qui  a  gardé  ses  tilres,  sans  augmentation  de  va- 
leur, dans  ses  portefeuilles  pendant  un  assez  long  temps,  let 
a  conservés  quittes  de  toute  charge. 

Non  :  la  Banque  de  Paris,  ainsi  que  le  fait  remarquer  la 
note  dont  nous  parlions  plus  haut,  assumait  des  risques  con- 
sidérables en  prenant  ferme  ces  âVO,000  titres  d'une  compa- 
gnie naissante,  qui  avait  à  se  développer  dans  un  pays  nou- 
veau, et  en  déboursant  de  ce  chef  60  millions,  à  un  momeni 


I.  \c\n  Journal  officiel,  «nnét*  I88'j,  p.  137,  ^ancc  du  t3  féirier. 


à 


<ïâ  les  2i,000  actioBS  noarelks  de  U  Cotnpi^nw.  offerlnaa 

l>u[>lic,  ne  troavaieat  p&s  d'a«-hetear. 

Contraire meot  i  l'assertioo  de  M.  PeUetaa.  rémissioo  de  ces 

obligations,  teotée  une  première  fois  le  31  jaillel  1877.  échouait 

complètemeDt .  malgré  les  efforts  et  U  poàtioa  esceptioonelte 

de  la  Banque  de  Paris. 

A  l'époqae  de  la  cODcesion,  le  5  ;C  français  se  capttalïsail 
n  V.  75  ^  (cours  du  ijaurier  1877,  105  francs  net'  et  les  ac- 
tions des  grandes  Compasmies  de  chemins  de  fer  français,  à 
ô  1/i-  Les  obligations  de  la  Société  .AJgérienne,  sraranties  direc- 
(emeot,  comme  la  rente,  par  l'État,  prodoisaienl  és^lem^ut 
UD  revenu  supérieur  à  â  %.  Le  taux  de  6  %.  admis  par  les 
t^bambres  pour  les  obligatious  de  la  Compagnie  de  Bùne-Guel- 
ma  et  mainleaa  dans  la  transaction  avec  la  Banque  de  Paris, 
n'avait  rien  que  de  normal  pour  les  titres  d'une  compaguit- 
sans  notoriété  aucune,  en  vue  de  lignes  entièrement  k  cons- 
truire dans  un  pays  en  partie  inconnu  et  même  inexploré,  et 
dont  le  crédit  était  A  faire.  Il  convient  de  rappeler  que,  lors 
de  la  concessiou  des  prolongements  à  la  Compagnie  de  Bône- 
Cuelma,  le  Gouvernement  français,  se  trouvant  en  face  d'une 
compagnie  encore  à  ses  débuts,  avait  exigé.  —  avant  de  se 
lier  dé6DÎtivemeat  avec  elle.  — qu'elle  fit  la  preuve  des  res- 
sources nécessaires  pour  l'exécution  des  lignes  nouvelles.  Lit 
(k>mpagnie  dut  donc  produire  à  ce  moment  le  contrat  de  ces- 
sion des  2i0,000  obligations,  préparé  nvec  la  Banque  de  Paris, 
et  qui  ne  souleva  aucune  objection.  Ajoutons  que.  lors  de  in 
déclaration  de  la  guerre  des  Balkans ,  qui  suivit  de  prés  les 
concessions  sus^lites,  la  Banque  de  Paris,  effrayée  d'avoir  à 
réaliser  une  opération  de  cette  importance  dans  des  circons- 
tances qui  pouvaient  devenir  difticiles,  essaya  de  se  dégager; 
mais  la  Compagnie  de  Bône-Cuelma  s'y  refusa. 

Le  truite  A  forfait,  conclu  avec  la  Banque  de  Paris,  est  donc 


L. 


mv 


SIE    DEPVIS    L  OCCUPATION    KRANÇAISI 


parfaite incat  ratioanel,  aussi  bien  que  la  convenliou  de  inèm« 
sature,  signée  avec  la  Société  de  coiistructioD  des  Batignolles, 
t|ui  avait  pour  but  d'écarter  les  aléas  provenant  de  la  coDstriic- 
tton  des  lignes,  comme  on  avait  supprimé  ceux  afférents  à  la 
réalisation  du  capital.  La  Compagnie  conservait  d'ailleurs,  cjuoi 
qu'en  dise  SI.  l*elletan,  la  surveillance  des  travaux  qui  de- 
vaient Otre  exécutés  dans  des  conditions  parfaitement  définies 
et  dans  des  délais  strictement  prévus. 

A  la  suite  de  cette  premit^re  opération  fmancière,  la  Compta- 
ii;Die,  dont  le  crédit  s'était  peu  à  peu  constitué  et  affermi  au 
j^i'and  profit  de  l'Etal,  qui  a  pu  abaisser  le  taux  de  sa  garantie 
lors  des  concessions  successivement  faites,  la  Compagnie,  disons- 
nous,  a,  comme  l'indique  le  rapporteur  lui-même,  fait  direc- 
tement ses  négociations  de  titres.  Elle  a  ainsi  réalisé  successive- 
ment ,  dans  des  conditions  de  plus  en  plus  favorables  (332  francs 
en  1883,  303  francs  en  1880  et  38ft  francs  en  18891.  110,000 
obligations,  el  a  apporté  à  ses  réserves  un  contingent  indispen- 
sable d'ailleurs  pour  faire  face  aux  événements  imprévus, 
comme  les  inondations  extraordinaires  de  1882  et  de  1886.  Les 
ressources  totales  réalisées  par  la  Compagnie,  au  moyen  de  ses 
60,000  actions  et  de  ses  380,000  obligations,  sont,  au  31  décem-  1 
bre  1889,  de  130,600,000  francs.  | 

CossTEUCTios  DKs  LitiNKs.  —  Le  capital  garanti  par  l'Étal ,  au 
taux  de  C  0/0,  puis  de  5  0/0,  représente,  pour  un  réseau  de 
Ô33  kilomètres  à  voie  large ,  un  prix  kilométrique  de  215,827  fr. 
Le  réseau  &  voie  étroite,  d'une  longueur  de  129  kilomètres,  a 
coûté,  par  kilomètre,  119,767  francs.  Si  on  compare  ces  prix 
à  ceux  qui  ont  été  payés  pour  des  chemins  de  même  impor- 
tance, notamment  en  Algérie,  et  si  l'on  tient  compte  des 
conditions  de  la  construction  dans  un  pays  d'un  régime  clima- 
térique  peu  connu ,  souvent  fort  accidents ,  on  ne  trouvera  pas 


L  OUTILLAGE  ECO.VOMIQL'K 


ICJ 


(]ue  le  capilul  de  premier  établissement  de  la  Compagnie  Bône- 
Guelma  ait  été  exagéré'.  M.  Pelletan  parle  du  P.-L.-M.  algé- 
rien, construit  sous  le  régime  du  capital  ouvert  et  qu'il  oppose 
au  BAne-Guelma,  placé  sous  le  régime  du  forfait.  Nous  acceptons 
le  rapprochement  et  nous  constatons  que  le  réseau  du  P.-i,.-M. 
algérien  qui  a  coiUé  167,077,900  francs  en  tout,  pour  513  ki- 
lomètres, représente  une  dépense  kilométrique  de  ■')25,^92  fr. 
et  la  section  de  Constantînc  à  Philippevîlle  de  680,680  francs, 
soit  plus  du  triple  du  prix  moyen  du  Bône-Guelma-.  Ces 
cliilTres  ne  comprennent  pas  les  dépenses  supplémentaires  con- 
cernant cette  ligne,  dépenses  que  la  Commission  des  comptes 
a  laissées  à  la  charge  de  la  Compagnie.  Les  dépenses  en  ques- 
tion se  chiffrent ,  en  principal ,  par  une  somme  de  huit  millions 
environ  et  par  treize  millions,  avec  les  intérêts  cumulés. 

ICn  comparant  les  lignes  algériennes  avec  les  lignes  secon- 
daires construites  en  France  et  qui  se  rapprochent  des  premiè- 
res par  leur  mode  de  construction,  on  trouve  que  le  coût  kilo- 
métrique des  2,615  kilomètres  rachetés  par  l'Étal  (lignes  des 
Charentes)  s'élève,  tout  compris,  à  plus  de  260,000  francs. 
Dans  un  discours  prononcé,  le  15  mars  1878,  à  la  Chambre  des 
députés,  M.  de  Freycinet  déclarait,  d'autre  part,  que  le  prix 
du  kilomètre  du  nouveau  réseau  français  est  de  366,000  francs, 
la  presque  totalité  de  ces  chemins  comme  des  chemins  raclic- 
tés  étant,  du  reste,  à  une  voie. 

On  comprendra,  et  nous  le  répétons  encore  une  fois,  que  la 
Compagnie  qui  se  constituait  et  ne  disposait  par  conséquent 
d'aucunes  ressources  propres,  se  soit  assurée  contre  les  aléas  de 


I.  Au  kiloinMre  145  les  bnquva  rcfenaîent  à  J&O  fr.  le  mille  Une  maison  qui  ■ 
ooOté  enrimn  30,000  francs  a  ètéiendue  1,000  Tr.  à  l'oued  Mougm». 

A  Den-Béchir  la  maison  qui  serTait  à  loger  Ica  agents  de  la  conalruclJon,  quelque 
sommaire  qu'elle  rùl.  éUU  revenue  i  une  linglaine  île  mille  Trancs. 

3.  Slalislique  des  cbemiiis  de  Ter  au   31  décembre   1888,  HiniHlére  des  Travaux 


166  LA   TCNISIB    DEPUIS   L^OCCCPATION    PBAKÇAISB 

la  construction  de  ses  lignes  par  des  forfaits  conclus  avec  une 
société  importante ,  et  lui  laissant  une  certaine  marge  sur  les 
prix  de  premier  établissement,  fixés  par  les  conventions  avec 
rÉtat.  Cette  marge ,  comme  celle  fournie  par  rémission  des  obli- 
gations ,  était  nécessaire ,  ainsi  que  nous  le  disons  plus  haut ,  à 
une  compagnie  ne  disposant  que  d'un  capital  fermé  et  devant 
faire  face  par  elle-même  à  tous  les  imprévus.  Tout  autre  est  la 
position  des  grandes  Compagnies  dont  le  capital  reste  ouvert 
indéfiniment,  les  imprévus  en  question  étant  à  la  charge  de  la 
garantie. 

Constatons,  en  outre,  que  les  différentes  lignes,  qui  compo- 
sent le  réseau  actuel  de  la  Compagnie  B6ne-Guelma,  ont  été 
achevées  avant  l'expiration  même  des  délais  légaux,  et  que 
les  commissions  techniques  d'ingénieurs  de  l'État,  chargées 
d'opérer  la  réception  de  ces  lignes ,  en  ont  signalé  l'exécution 
satisfaisante  dans  leurs  procès-verbaux  officiels. 

Nous  citerons  les  suivants  : 

Procès-verbal  de  réception  des  lignes  tunisiennes  (1 1  octobre 
1880)  •. 

Procès-verbal  de  réception  de  la  ligne  de  Souk-Ahras  à 
(fhardimaou  (22  septembre  188V). 

Procès-verbal  de  réception  de  la  ligne  de  Souk-Ahras  à 
Tébessa  (22  et  23  mai  1888) . 


1 .  «  Avant  de  clore  le  procès- verbal,  la  CominisHÎon  croit  devoir  y  consigner  le 
témoignage  de  sa  satisfaction  touchant  la  manière  dont  cette  œavre  a  été  exécutée 
et  menée  à  bonne  6n,  dans  les  conditions  et  dans  le  délai  prévus  par  les  conventions. 

•  Ce  résultat,  facilité  d'ailleurs  par  la  nature  peu  accidentée  du  pays,  a  été  obtenu 
en  dépit  des  difficultés  résultant  de  la  pénurie  des  ressources  locales,  de  la  distance 
des  cenlres  d'approvisionnement,  de  la  région,  du  climat,  etc.  ;  il  est  dû  à  la  So- 
ciété de  construction  des  Batignollcs,  à  sa  direction  et  à  ses  agents,  aussi  bien  qu'à 
la  Compagnie  concessionnaire  elle-métne  et  i>articulièrement  à  M.  DuporUl,  ingé- 
nieur  des  Ponls  et  Chaussées,  et  à  M.  Dubos,  conducteur  princifial  des  Ponts  et 
Chaussées,  le  premier  ingénieur  on  chef  el  le  sc>rond  ingénieur  ordinaire  de  ct*tle 
Compagnie. 

«  S'agissant  d'une  onivre  en  pays  étranger,  mais  exclusivement  française  par  la  con- 


L  ODTILLAGE    KCOTfOUIQrE 


107 


A  ces  lëmoigoages,  nous  pouvons,  du  reste,  en  joindre  d'iiu- 
Ires,  ceux  notamment  «les  membres  du  Parlement  et  de  l'Admi- 
nistration qui  ont  parcouru  le  réseau,  en  1887,  à  loccasiou  de 
r inauguration  de  lu  ligue  Algev-Tunis  et  qui  ont  été  unanimes 
•X  reconnaître  l'aspect  satisfaisant  du  réseau,  comme  le  bon 
fonctionnement  des  services  de  l'exploitation.  Ce  voyage  avait 
lieu  cependant  peu  après  les  inondations  qui,  en  1886,  avaient 
causé  de  graves  dommages  à  la  voie.  Les  réparations  nécessai- 
res avaient  donc  été  faîtes  très  l'apidement  et  très  complè- 
tement.      ■ 


Transports.  —  Tariks.  —  En  ce  qui  regarde  les  transports, 
luup  régularité  et  leur  développement,  M,  Pelletan  estime 
i|ue  la  Compagnie  se  désintéresse  de  ces  questions,  à  cause  de 
la  fi»té  de  son  barème  avec  l'État,  le  niveau  de  ce  barème 
étant,  du  moins  jusqu'à  une  recette  kilométrique  de  11,000 
francs,  indépendant  de  l'importance  de  la  recette. 

Ia  Compagnie  n'a  pas  à  défendre  une  formule  inscrite  dans 
lies  conventions  longuement  élaborées  A  tous  les  degrés  udmi- 


l 


|)laisona  à  l'ODsUtrr  iiu'elln  rail  honne 


Fait  d  clo»  i  Tuais,  le  onzr  nclobrc  inrt  huit  cent  quatre-vingl. 


le  Miaittre  pUnipnlenUaire,  chargé  d'affnii 

de  la  Bépubliqut  Française  à  Tunis, 

Pr^tidtnt  de  la  Commisiion, 

Signé  :  IlOLSTAS. 


Llnspcilc 


L'l»*pecUnr  général  des  Mim 
Signft  :  MEissoiVNlKn. 


'■  général  ilet  Pouls  » 
Signé  :  Habdy. 


Ix  Conducteur  principal  dea  Pouli  ri 
Signé  :  Mon^eret. 


â 


168 


LA   TUMSIE   PEPriS   t  OCCCPATIOK  FRASÇAISE 


nistrolirs  et  approuvées  par  li-  Parlement,  forraule  appliquée 
d'ailleurs  k  bien  d'autres  Compagnies.  Elle  se  borne  à  dire 
qu'elle  s'est  montrée  plus  soucieuse  de  ses  devoirs  qup  le  régime 
de  son  bart'me  ne  l'y  obligeait.  KUe  n'a  pas  cessé,  en  effet 
d'étudier  les  moyens  d'augmenter  le  trafic  des  voyageurs  et  d« 
marchandises,  et  ses  efforts  ont  été  couronnés  de  succès.  Pour 
ne  citer  que  les  dernières  années,  l'exercice  1889  présente  une 
augment  aticn  de  11,90  %  sur  les  produits  de  1888,  et  l'exer^ 
cice  1890,  à  son  tour  (huit  premiers  mois),  une  augmentatioa 
de  26,50  %  par  rapport  A  la  période  correspondante  de  1889 
En  ce  qui  concerne  les  voyageurs,  elle  n  fait  adopter  et  elle  pré- 
pare encore  des  tarifs  d'aller  et  retour,  des  billets  cii'culaires  avec 
diverses  combinaisons ,  etc.;  nous  rappellerons  que,  récemment, 
elle  a  obtenu  du  ministère  des  Travaux  publics  l'autorisatioD 
d'accorder  une  remise  de  20  %  aux  agences  de  voyages,  afio 
de  stimuler  leur  zèle.  Quant  aux  marchandises,  la  Compagnie 
s'est  toujoure  prêtée  aux  demandes  de  l'agriculture  et  de  l'indus- 
trie  locales,  afin  de  faciliter  leurs  progrès -.  Ceci  est  tellement 
vrai  qu'on  l'a  souvent  accusée,  dans  la  presse  d'Algérie,  de 
présenter  des  tarifs  de  détournement.  M,  Pelletau  ne  lui  en  fera- 
t-il  pas  uu  grief?  Lors  de  l'enquête  en  vue  de  l'unification  des 


I.  Pour  l'enseinblc  de  l'eiercitc  1890,  rapproché  di"  Tei 


:c  précèdent,  cette  aup- 


s  aeclions  du  réseau  i 
iroD  13,000  francs  par  kilomHn. 
e  premières  seuainea  df  189t,  tom 
-e^aorlir  un  excédent  qui  dépane  II 


inenlalion  n'est  pa«  inférieure  i  35  o;o.  Certai 
ceUe  année  1890,  réalisé  un  trafic  luoj-en  denï 

Nous  ajouterons  que  les  produits  desquarani 
parési  ceux  de  la  tnéme  période  de  1890,  font 
proportion  de  15,33  9e. 

Le  inomenl  csl  arrivé  où  les  [irodiriU  de  la  Tt 
aux  fn'a  d'eiploilaliou  et  où  la  garantie  de  l'ËIal  frani^is  n'a  pli 
sur  lei  frais  de  premier  établissement. 

2.  Les  tarifs  du  Dùne-Gueltna,  concernant  le  transport  des  céréales,  qui  formeal 
la  plus  grande  jiarlie  du  Irnlic  des  chemins  de  1er  algériens,  sont  notablcinenl 
moins  éJerés  que  ceux  des  compagnies  voisines. 

Le  cahier  des  charges  impose  à  la  C*  607  nagons  A  marchandises  r  elle  en  pos- 
sède 731,  soit  124  de  plus  qu'elle  a'j  e^tl  obligée.  60  wagons  lombereaux  spéciale- 
ment afTet'lésau  trauiport  des  céréales  uni  été  mis  en  ser>iceen  i8t)L. 


:tte  brule  permettent  de  faire  faae 
exercer  que 


J 


s  confiée  à  M.  l'Inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées, 
Votsin-Bey,  la  Compagnie  de  Bùne-Guelma  s'est  mise  à  l'entière 
disposition  de  l'Administration,  alors  que  des  résistnnces  se 
manifestaient  d'autre  part  '.  La  Compagnie  ne  peut  être  rendue 
responsable  du  rejet,  assez  fréquent  par  l'administration,  de  ses 
propositions  de  tarifs  nouveaux.  Enfin ,  la  Compagnie  de  Bône- 
Guelma,  en  vue  de  faciliter  les  relations  entre  les  diverses 
parties  de  l'Algérie,  a  organisé  le  trafic  direct  avec  les  Com- 
pagnies voisines  et  elle  n'a  pas  exigé  le  transbordement  au 
Kronbs.  point  de  jonction  avec  l'Est-Algérien,  alors  que  la 
Commission  des  comptes  lui  impose  une  charge  fort  imprévue 
pour  la  location   réciproque  des  wagons  avec  ladite  Compa- 

Ignie  de  l'Est- Algérien. 
I  Ajoutons,  pour  ce  qui  touche  la  marche  des  trains,  que  lu 
Ëompagnie  de  Bône-Guelma  a  accepté  la  création  d'un  troisième 
Iraio  entre  BOne,  Guclma  et  Souk-.\hras,  alors  que,  pour  la 
îtection  de  Bâne-(iuelma,  demeurée  d'intérêt  local,  elle  n'est 
tenue  qu'à  deux  trains  dans  chaque  sens;  récemment,  elle  ii 
proposé ,  pour  la  Tunisie ,  une  organisation  qui  assure  un  train 
supplémentaire  de  banlieue  entre  Tunis  et  Djedelda. 
^L~  Au  point  de  vue  de  la  régularité  du  service  du  trafic  et  du 
^houci  qu'a  la  Compagnie  de  ne  pas  la  compromettre,  rap- 
pelons les  efforts  faits  pour  rétablir  les  cominunicaiions,  ac- 
cidentellement interrompues  par  des  événements  de  force 
majeure.  A  ce  sujet,  on  lira  avec  intérêt,  croyons-nous,  une 
■délibéi-ation  de  la  Chambre  de  commerce  de  Bône,  à  la  suite 
des  inondations  extraordinaires  de  1880  -,  et  le  rapport  de 
I  commission  de  vérification  des  comptes  en  date  du  22  juil- 


fT«l  L.%  irsHoi  MVir»  LoaxwxnoB  wm^açMam 


lui  «v»  ^i  feiMidie  b»  ^atuGKtioiis  à  donusr  ans  vnyipars. 
nnnfi  pnnvmifl  aifntinniii^r  Fempiai  du  anlériel  à  irnitri  £- 
nknMvHifi  à  emloîr  «mtral  o«  laftérsl^  rmutirTurim  Je  iMiEeis 
«UMi^eiiabli»  -  et  <fo  bibiiolfaèqii»  dons  lo  saro.  fe  développe- 
m«»fit  daM  b»  iUtÛHM  de  la  tâégriphie  pn^ëe*  cÉc. 

Enia,  fe  pefsomel  a'a  pais  été  oublié  et.  dès  IMI.  c'est-4- 
/lire  pen  d'année»  après  la  eonatitiitwa  da  réseau^  la  Compagnie 
a  fkffnoiiêé  une  Caisie  des  retraites.  EOe  a  an  aenrke  médical 

Algérie,  en  Tunisie  et  anni  po«r  les  ageals  de  Tadminis- 


entrale  à  Fans;  d'aotre  part,  elle  peend  br^emciit 
hygiéniqoes  (fenmitnres  de  ▼êtemeMfc  diaad§,  dsl 
boiion  de  boMons  et  de  nié«fieaiBent»),  qvi  pe«¥eni  contribi 
k  maintenir  le  bon  état  sanitaire  de  son  personnel,  soqt 
épr«>aTé  fmremtnt  par  le  climat  des  régions  oà  s'exerce  t 
eiploitation. 


RÉscavKS.  —  Crâee  an  crédit  eonqnis  peu  i  peu  sur  le 
et  aax  émissions  iaTorables  qu'elle  a  pa  foire,  grâce  aux  éco- 
nomies  réalisées  snr  les  forfaits  de  constroction  et,  annuelle- 
rnent ,  sur  les  dépenses  d'exploitation ,  la  Compagnie  a  constitué 
fies  rés^r>'es  d^une  certaine  importance.  Nous  rappelons  qu'au- 
cune somme  n'est  distribuée  aux  actionnaires,  en  dehors  de 
rintérét  statutaire.  Ces  réserves  ont  servi  à  assurer  les  fonds  de 
roulement  indispensables  au  ser^'ice  de  la  Trésorerie  comme  à 
relui  de  l'exploitation  et  que  ne  pré%'oyaient  pas  les  conventions 
conclues  avec  TÉtat;  elles  ont  servi  aussi  à  couvrir  —  jusqu'à 
(Xincurrence  de  plus  de  six  millions  —  au  moins  à  titre  d'avan- 
ces, les  dépenses  de  réparation  des  avaries  causées  à  la  voie  par 
les  inondations  tout  à  fait  exceptionnelles  qui  ont ,  en  1882  et 

1.  La  C<)rn}»agnie  IWme^-iluclma  ost  seule  à  posséder  ce  matériel,  qui  devrait  ce- 
l'fndant  ^tre  d'un  emploi  général  pendant  l'été  en  Afrique. 

7.  Crlui  d(^  Du  vivier  laissait  à  désirer;  mais  de  nouvelles  obligations,  imposées 
au  loratairc  depuis  quelques  mois,  donnent  maintenant  satisfaction  au  public. 


L  OUTILLAGE   ECONOUIOtE; 

1886.  ravagé  la  province  de  Constantine  et  la  Tunisie,  et  qui 
ont  dépassé  de  beaucoup  le  niveau  des  plus  hautes  eaux  admis 
iwr  les  Ingénieurs  de  l'État,  lops  de  la  construction  des  lignes. 
M.  pelletan  peut  apprécier,  par  cet  exemple,  l'intérêt  que  pré- 
!«iitent  les  traités  à  forfait  pour  la  construction  des  chemins 
de  fer.  Il  peut  aussi  se  rendre  compte  de  l'emploi  de  ses 
réserves  et  voir  que  la  Compagnie  ni  les  actionnaires  ne  réali- 
sent pas  les  bénéfices  imaginaires  dont  il  parle. 

Mais  toutes  les  preuves ,  tous  les  raisonnements  qu'on  pourrait 
amasser  sont  parfaitement  inutiles.  Au.\  yeux  de  M.  Pelletan ,  la 
Tunisie  est  un  pays  étranger,  et,  il  l'a  dît  très  nettement  à  la 
tribune,  il  ne  veut  point  que  l'on  porte  l'argent  français  à 
l'étranger. 

En  admettant  par  bonté  d'âme  que  la  Tunisie  soit  un  pays 
étranger,  on  pourrait  rappeler  à  M.  Pelletan  que  l'Allemagne, 
que  l'Italie  ont  subventionné  la  ligne  du  Saint-Gothard ,  qui  ce- 
l)endant  n'est  pas  sur  leur  territoire;  que  nous-mêmes  nous 
avons  donné  une  garantie  d'intérêts  à  la  Compagnie  du  Midi 
pour  une  ligne  de  Gérone  A  la  frontière  française;  on  pourrait  lui 
mettre  sons  les  yeu\  un  exemple  plus  direct ,  susceptible  d'exci- 
ter plus  vivement,  plus  passionnément  notre  intérêt  :  la  ligne  de 
la  Coulette.  Sa  valeur  intrinsèque  atteignait-elle  cinq  cent  mille 
francs?  On  est  en  droit  d'en  douter.  Or,  la  Compagnie  Rubat- 
lioo  l'a  payée  V, 137,500  francs,  et  quelque  exorbitant  que  fût 
ce  capital,  la  garantie  d'intérêt  de  G  p.  100  a  été  votée  sans 

rtcussiou  par  le  Parlement  italien. 
Livrons  cet  exemple  aux  l'éflexions  de  M.  Pelletan  et  restons- 
en  là.   Au  moment  où   la   Compagnie  Bûne-Guelma  va  enlin 
commencer  la  constructiion  de  cent  quarante  nouveaux  kilomè- 

Ires  de  voie  ferrée  en  Tunisie,  il  nous  a  paru  nécessaire  de 

plontrer  ce  que  valent  les  critiques  d'im  ennemi  de  la  Tunisie. 
I  nous  reste  à  ajouter  que  la  Compagnie  Bône-Guelma  n'a  pas 


17*2 


LA    TrXISIE   DEPCIS   L  OCCtPATlOX   FRANÇAISE 


seulement  rendu  de  grands  services  politiques;  elle  a  également 
à  son  actif  dos  services  économiques. 

Il  n'est  pas  contestable  que,  dans  les  régions  travei-sées  par 
la  voie  ferrée,  la  colonisation  se  soit  rapidement  développée.  Il 
suffit,  pours'en  convaincre,  de  consulter  le  tableau  graphique 
établi  par  la  Compagnie  à  l'occasion  de  l'Exposition  de  1889, 
qui  fournit  la  statistique  comparée  (chitTi'e  de  la  population, 
valeur  des  terres)  des  principaux  centres  traversés,  avant  et 
après  la  construction  du  cUemin  de  fer.  Les  statistiques  officiel- 
les de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie  ne  donnent  pas  des  indications 
)no:ns  concluantes  pour  les  progrès  économiques  de  ces  deux 
pays  pendant  les  dernières  années. 

D'autre  part,  la  sécurité  s'y  est  accrue  et  le  budget  du  corpa 
d'occupation  s'est  beaucoup  allégé  par  suite  des  facilités  désor — 
mais  assurées  pour  le  transport  des  troupes  et  de  tout  ce  qui  es4B 
nécessaire  à  leur  subsistance  et  à  leur  entretien.  C'est  donc  biea 
grâce  au  réseau  des  voies  ferrées,  qui  sillonne  l'Algérie  et  la 
Tunisie,  que  l'influence  française  s'y  est  plus  fortement  assise 
et  que  notre  protectorat  a  pu  s'établir  et  s'affermir  dans  la  Ré- 
gence tunisienne.    Les  généraux   placés  à  la  tête   des   corps 
d'armée  qui  ont  occupé  la  Tunisie  en  1881  n'ont  pas  hésité  à 
reconnaître  les  grands  services  que  leur  a  rendus  la  Compagnie 
&  cette  époque.  On  se  souvient  qu'elle  a,  d'ailleurs,  été  fort 
éprouvée  dans  son  personnel,  lors  de  l'incendie  de  la  station 
de  l'Oued-Zergua  et  du  massacre  des  agents  qui   occupaient 
cette  station  ;  elle  a  subi,  en  mâme  temps,  de  graves  dommages, 
dont  elle  poursuit  encore  la  réparation. 

Dans  un  ordre  d'idées  plus  modestes,  tout  le  monde  en  Tuni- 
sie apprécie  les  efforts  faits  par  la  Compagnie ,  depuis  l'origine, 
pour  introduire  et  développer  dans  la  Régence  les  essences 
d'arbres  utiles  ainsi  que  les  plantes  maraîchères.  On  peut  dire 
qu'elle  y  a  été  l'initiatrice  de  ces  genres  de  culture.  Les  plan- 


â 


tatioDs  exécutées  dans  l'emprise  concédée  s'étendcril  aujotu- 
d'hui  sur  plus  de  deux  cents  hectares  et  comprennent  plus  de 
1 ,200,000  pieds  d'arbres,  au  grand  profit  de  la  salubrité,  commr 

la  consolidation  de  la  voie. 

La  situation  acquise  par  la  Compagnie,  en  Afrique,  et  son 
crédit  sur  le  marché  de  Paris  sont  aujourd'hui  indiscutables 
et  nous  en  relevons  la  preuve  dans  lappel  fait  récemment  au 
BôDC-Guelma  par  le  gouvernement  tunisien  pour  la  construc- 
tion et  l'exploitation  du  nouveau  réseau  économique  projeté 
dans  la  Régence  et  qui  doit  6tre  établi  dans  les  conditions  les 
moins  onéreuses  pour  les  finances  tunisiennes. 


La  troisième  ligne  existant  en  Tunisie,  consiste  en  un  che- 
.  de  fer,  système  DecauvïUe,  à  traction  de  chevaux,  avec 
■oie  de  0,60,  établi  entre  Sousse  et  Kairouaii. 
D'une  longueur  d'environ  60  kilomètres,  il  a  été  construit  en 
^881  par  le  corps  expéditionnaire.  L'absence  de  bonnes  routes 
et  l'importance  des  garnisons  de  Kairouan,  de  Djilma  et  des 
postes  intermédiaires  avaient  nécessité  l'élahlissement  de  celte 
voie,  qui  a  rendu  de   grands  services  pour   le   ravitaillement 
;  troupes   et   pour  les  transports  de  toute    nature    qu'en- 
tlue  une  expédition  militaire. 
Le  matériel  roulant  se  composait  : 

D'une  machine  locomotive  de  3  chevaux  de  force  pouvant 
rvir  aux  manœuvres  de  gare;  d'un  fourgon  i  bagages;  de 
leux  wagons  à  canons;  de  137  wagons  plate-formes;  de  huit 
Foitures  &  voyageurs;  de  onze  wagons  citernes;  et  de  cinq 
ivagons  pivotants  avec  caisses  à  bascule. 
Au  début  de  l'exploitation  militaire,  les  transports  étaient 
'très  actifs  et  occupaient  les  chevaux  de  cinq  Imtteries  d'artil- 
lerie. Quelques  mois  plus  tard  les  battenes  chargées  des  Irans- 


irls  étaient  réduites  à  deax. 


m  LA  TraiSIB  MVirU  L'OGCVPAnOir  PUaCAIM 

A  la  fin  de  1889,  à  la  Boita  d'une  diminution  tris  tannUe 
dans  le  nombre  et  le  mourement  des  troupes,  une  oommisBiou 
fut  chargée  d*étodier  les  questions  suivantes  : 

Repliement  de  la  ligne.  Sa  lirraison  à  un  entrepreneur  civiL 
Son  ezpkntation  à  Faide  d'une  compagnie  inffigène  et  la  trac- 
tion au  moyen  de  locomotiTes.  Le  commandement  fut  d'avis 
de  maintenir  la  ligne,  mais  d'en  confier  Peiqploitation  à  une 
entreprise  civile.  En  att»dant  on  en  chargea  le  service  du  train 
des  équipages. 

C'est  alors,  en  juillet  1883,  que  furent  entamés  les  premiers 
pourparlers  avec  la  Compagnie  de  Bône-Guelma. 

Il  serait  trop  long  de  rappeler  toutes  les  phases  des  négocia- 
tions qui  se  prolongèrent  pendant  près  de  quatre  années  sans 
amener  de  solution  définitive.  Le  seul  taxi  ssiUant  à  citer,  c'est 
que  le  2  mai  1887,  en  prévision  d*une  cessicm  prochaine  de  la 
ligne,  une  convention  intenônt  entre  le  gouvernement  tunimen 
et  la  Compagnie  à  l'eflet  de  déterminer,  le  cas  échéant,  les 
droits  et  les  charges  de  chacun.  Par  cette  convention  la  Com* 
pagnie  s  engageait  à  exploiter  la  ligne  Decauville  jusqu'au  mo- 
ment de  la  mise  en  service  de  la  ligne  de  Sousse  à  Kairouan 
comprise  dans  la  concession  qui  lui  avait  été  accordée,  le 
29  décembre  1880,  du  chemin  de  fer  de  Tunis  au  Sahel. 

En  novembre  1887,  le  gouvernement  français  n'admettant 
pas  la  cession  directe  à  une  société  civile,  décidait  de  céder 
la  ligne  et  toutes  ses  dépendances  au  Gouvernement  tunisien, 
étant  entendu  que  celui-ci  la  céderait  à  son  tour  à  la  Com- 
pagnie. 

Deux  conventions  simultanées  intervinrent  eu  conséquence 
le  31  mars  1888,  Tune  entre  le  gouvernement  français  et 
le  gouvernement  tunisien;  Tautre  entre  ce  dernier  et  la  Com- 
pagnie de  Bône-Guelma. 

Le  gouvernement  français  se  réservait  la  propriété  d'une 


Lomu-ftoi  BooMMUore  ITS 

tie  do  nulétid  rt  de  ses  dépendances  pour  permettre  A 
l'admÏDÏstrBtîoa  miUtaiiv  d'rffMtoer  cUe-mème  ses  transports. 
Il  «Hait  stîpalê  ta  m^m^  temps  que  \^  Imosports  qu'elle  coa- 
'■erait  à  la  noaveUe  exploitation  profiteraient  d'une  r^Iiir- 
tion  de  50V  sor  les  tariC^  appliqués  ans  transports  ooni-er- 
'^a.ttt  le  public. 

1>ar  la  convention  avec  le  gouTernement  tunisien,  ta  Com- 
f*^.grnie  s'enea^ait  i  tenir  tons  les  engagements  pris  envers 
^^  ^avemement  trançAÎs.  l'ne  clause  laissait  A  chacnne  dos 
t^^rties  la  faculté  de  dénoncer  le  traité. 

Le  11  mai  1888,  la  Oimpa^nie  recevait  les  bâtiments  et  le 
■^latériel  cédés  par  l'autorité  militaire. 

La  voie  se  composait  de  rails  de  7  kilogr.  sur  3,'>  kilom^tn'!< 
^t  de  rails  de  9  kilogr.  500  sur  25  autres  kilom('>ti-es. 

La  Compagnie  se  mit  aussiliX  k  faire  les  réparations  qu'exi- 
tait  l'état  de  la  voie  et  du  matériel.  Les  dépenses  s'élevèrent 
L  118,000  fr.  et  l'exploitation  commença  le  12  octobre  t88K, 
:  une  seide  voiture  À  voyageurs  partant  de  Sousse  le  ven- 
dredi de  chaque  semaine,  après  l'arrivée  du  paquebot  veiinnl 
de  Tunis:  le  retour  de  Kairoiian  était  fixé  un  dinianclie  pour 

»  correspondre  avec  le  départ  du  paquebot  revenant  de  la  cAti' 
et  retournant  à  Tunis.  C'était  du  reste  un  service  d'essai. 
Quant  A  la  circulation  des  plate-formes  A  marchandises  elle  étuil 
sulwrdonnée  au\  besoins. 
^_  Le  prix  des  places  avait  été  fixé  à  12  centimes  par  kilo- 
^^■mètre,  comme  pour  la  1"  classe  sur  lu  ligne  du  réseau  de  ht 
^^FCompagnie.  Quant  aux  marchandises,  leurs  prix  de  transport 
I  avaient  été  établis  de  manière  à  couvrir  seulement  les  friiis 
de  traction. 

l'ne  route  qui  venait  d'être  construite  entre  Sousse  et  Kairoutin 
permettait  de  circuler  facilement  par  les  moyens  ordinaires  de 
telle  sorte  que  les  voyageurs,  en  se  réunissant  à  quatre,  pou- 


170  LA  rrMSIE  deffis  l  occlpatiox  nancaisb 

vaienl  se  rendre  de  Sousse  4  Kairouan  et  vice  ters/i  pour  un  prix 
sensiblement  inférieur  à  celui  de  la  Compagnie,  avec  l'avantage 
précieux  de  n'être  pas  assujettis  à  partir  à  jour  fixe.  Pour  les 
marchandises,  les  arabas  en  effectuaient  le  transporta  meilleur 
compte  et  la  Compagnie  n'en  eut  à  transporter  que  pendaat 
le  mois  de  décembre  1888  et  d'avril  1889  lorsijue,  à  la  suite 
de  grandes  pluies,  la  route  était  devenue  impraticable.  EnHn 
les  transports  militaires  échappaient  également  à  la  Compa- 
gnie, le  bon  état  de  la  ligne  et  le  matériel  réservé  permettant 
aux  divers  services  de  la  Guerre  d'effectuer  ces  transports  au 
moyen  de  la  cavalerie  du  train  des  équipages. 

La  Compagnie  avait  pensé  qu'il  serait  avantageux  pour  toits 
d'abandonner  la  traction,  par  chevaux  et  de  la  remplacer  par 
la  traction  mécanique,  l-^es  expériences  faites  en  présence  de 
M.  Dubos  '  en  août  1888  dans  les  ateliers  Decauville,  à  Petit- 
Bourg,  l'avaient  convaincu  qu'il  serait  possible,  en  renforçant  la 
voie,  défaire  circuler  des  machines  de  12  tonnes  remorquant 
en  même  temps  voitures  à  voyageurs,  fourgons  à  bagages  et 
wagons  à  marchandises,  c'est-à-dire  des  trains  semblables, 
mais  à  échelle  réduite,  à  ceux  qui  circulent  sur  les  chemins 
de  fer  ordinaires  et  d'appliquer  les  prix  de  transport  des  tar'ils 
généraux.  Hais  il  s'agissait,  pour  arriver  à  ce  résultat,  d'une 
dépense  de  quatre  cent  mille  francs,  et  la  Compagnie  ne  pou- 
vait bénévolement  la  prendre  A  sa  charge,  en  présence  de 
l'article  V  de  la  convention  du  2  mai  1887  qui  permettait  la 
dénonciation  du  traité  par  la  volonté  de  l'une  des  parties,  dans 
le  cas  où,  dans  les  trois  années  qui  suivraient  la  mise  en  exploi- 
tation, une  entente  ne  serait  pas  conclue  au  sujet  de  la  voie 
définitive.  La  garantie  de  cotte  dépense  n'ayant  pas  été  con- 
sentie, le  projet  fut  abandonné. 


I.  IiiBénieur  jir>iu:ii>al  de  la  Compiigiiic.  àluiii 


t 


LOmiXAGE    ECOKOHIOUB  177 

La  Compagaie  tenait  cepeadaDt  à  faire  un  essai  loyal  de  l"ex- 
[iloitation  à  traction  de  chevaux.  Le  service  qu'elle  avait  org-a- 
QÏsé,  tout  reslreiot  qu'il  fût.  avait  permis  de  constater  que, 
grâce  aux  réparations  faites  et  à  un  entretien  constant  de  la 
voie,  la  sécurité  de  la  circulation  était  parfaitement  assurèc; 
ce  fait  n'avait  pas  échappé  au  public  qui  ne  restait  partisan 
des  voitures  que  par  la  petite  économie  qu'elles  offraient  aux 
voyageurs- 

Au  mois  de  juin  1869.  un  nouveau  service  fut  mis  en  vi- 
gueur. Deux  trains  de  voyageurs  par  semaine,  au  lieu  d'uo 
seul,  circulaient  dans  chaque  sens  enire  Sousse  et  Kairouan 
et  un  train  hebdomadaire  de  marchandises  fut  or^'auisé  en 
même  temps  pour  faciliter  le  transport  des  petits  colis. 

Le  prix  des  places  fut  réduit  de  7  fr.  20  à  5  fr.  10, 

Le  trafic  des  voyageurs  augmenta  bienttit,  d'une  manière  assez 
sensible,  mais  il  resta  impossible  en  temps  ordinaire  de  trans- 
porter des  marchandises  autrement  que  par  petits  colis,  les 
cbarretters  arabes  faisant  les  transports  à  des  prix  absolument 
dérisoires.  Malgré  l'augmentation  des  recettes  résultant  de  ce 
nouveau  service,  le  déficit  réel  au  31  décembre  188!)  atteignait 
bV.OOO  fr.  non  compris  l'amortissement  du  capital. 

Dans  le  courant  de  l'année  1890,  l'administration  militaire 
résolut  de  confier  à  la  Compagnie  une  partie  des  transports 
qu'elle  s'était  réservés.  Une  conventioD  fut  passée  à  cet  effet  en 
septembre,  et  mise  en  vigueur  à  partir  du  1"  octobre.  11  en 
résulta  pour  la  Compagnie  l'obligation  de  faire  circuler  plus 
de  wagons  à  marchandises,  mais  la  réduclioa  de  50  %  appli- 
quée conformément  à  la  convention  du  31  mai  1888  aurait 
augmenté  ses  pertes  malgré  l'accroissement  des  recettes,  si  elle 
n'avait  pu  utiliser  ses  véhicules  revenant  A  vide  pour  le  trans- 
port des  voyageurs. 

En  définitive,  le  déficit  est  descendu  pour  l'année  1890  à 


J 


178 


LA   TUNISIE   DEPUIS   L  OCCUPATION   FRANÇAISE 


20,000  francs  et  pour  Tannée  1891  à  13,000  francs  environ^ 
L'administration  militaire  ayant  sans  doute  reconnu  les 
avantages  qu'elle  retirait  en  confiant  ses  transports  à  la  Com- 
pagnie ,  projeta  un  mois  après  la  mise  en  vigueur  de  la  con- 
vention de  septembre,  de  ne  plus  faire  aucune  exception.  Une 
nouvelle  convention  fut  préparée  et  en  prévision  de  Taugmea- 
tation  de  la  circulation  qui  en  résulterait,  et  aussi  de  Fexten- 
sion  des  transactions  commerciales  dans  la  région,  la  Compa- 
gnie a  de  nouveau  élargi  le  service  depuis  le  1"  janvier  1891. 
Un  train  journalier  de  voyageurs  circule  dans  chaque  sens 
entre  Sousse  et  Kairouan.  Depuis  la  même  époque  des  trains 
réguliers  de  marchandises  partent  les  lundis  et  jeudis  de  Sousse 
et  les  mercredis  et  samedis  de  Kairouan. 

Un  mouvement  plus  important  s'est  aussitôt  manifesté  en 
ce  qui  concerne  les  voyageurs.  Mais  les  marchandises  sont 
toujours  rebelles. 

La  convention  préparée  en  décembre  a  été  récemment  ap- 
prouvée par  le  ministère  de  la  Guerre  et  mise  en  vigueur,  après 
la  remise  du  matériel  que  l'administration  militaire  s'était  ré- 
servé. 


RAPPORT 

KNTRK 

LKS   D&PKNSF.S 

1. 

DÉPENSES 

UECETTES 

DÉFICIT 

ET 

LES   BECKTTKâ 

D    X    100 

R 

fr. 

fr. 

fr. 

1H90 

40.(H)4.42 

2(1.339.75 

19.664.67 

196. 6H  % 

IHÎU 

60.522.97 

37.877.20 

12.645.77 

133.38  X 

fr. 

Au^rmeiitatiou  en  1^91... 

Il  (.518.5.'^ 

17.537.4.') 

»     n 

1» 

Diminution  en  1S91 

»      » 

»      » 

7.018.90 

63.30 ^r 

I 


L  tiUTlLLACE   ÉCOXOMIOrE 


La  Compagnie  a  tout  espoir  de  voir  dimiauer  les  déficits 
des  trois  premières  années;  elle  ne  compte  cependant  pas 
arriver  à  réaliser  le  moindre  bénéfice,  et  malgré  les  pertes 
qu'elle  a  éprouvées  et  qu'elle  éprouvera  certainement  encore, 
elle  n'a  jamais  reculé  devant  aucun  sacrifice  pour  arriver  à  don- 

fr  satisfaction  auY  populations  desservies  par  la  petite  ligne. 
Depuis  le  I"  juin  1891 ,  les  trains  de  voyageurs -effectuent  le 
transport  des  dépêches,  avec  échange  à  el  Omk. 

Les  colis  poslaux  seront  également  transportés  depuis  le 
1"  janvier  de  celte  année. 

Le  personnel  spécialement  affecté  à  l'exploilation  de  cette 
ligne  comprend  : 

Un  chef  de  gare ,  chef  de  service  à  Sousse  ;  un  chef  de  gare  à 
K&iroaan;  un  agent  de  la  voie;  un  chef  d'atelier;  trois  chefs 
de  train;  une  équipe  volante  de  dix  hommes. 

La  traction  est  donnée  k  l'entreprise.  L'entrepreneur  est  tenu 
d'avoir  quatorze  chevaux  pour  les  trains  réguliers  et  de  fournir 
des  chevaux  supplémenlaires  pour  les  trains  facultatifs  de  mar- 
chandises. 

Chaque  voiture  ou  plate-forme  est  traînée  par  deux  chevaux. 
Le  conducteur  fait  l'office  de  serre-frein. 

La  traction  s'effectue  en  cinq  heures,  au  trot,  pour  les  voi- 
tures de  voyageurs,  et  au  pas,  en  douze  heures,  pour  les  mar- 
chandises. 

»Les  voitures  à  voyageurs  ont  un  relaî  à  Sidi  el  Hani.  —  Les 
evaux  des  plate-formes  h  marchandises  font  le  trajet  sans 
Aces  trois  lignes  déjà  construites,  il  est  permis  d  ajouter,  dès 
aujourd'hui,  la  petite  ligne  de  Sousse  &  Mokenine,  concédée  à 
la  Société  Franco-tunisienne  de  transports  par  décret  du  27  oc- 


180  LA   TUNISIE  DEPUIS   L  OCCUPATION  FRANÇAISE 

tobre  1891  :  la  construction  en  sera  vraisemblablement  achev 
dans  le  courant  de  Tannée. 

Ce  chemin  de  fer,  d'une  longueur  de  37  kilomètres,  à  vo 
d*un  mètre  et  à  traction  mécanique ,  est  appelé  à  desservir  u 


région  des  plus  peuplées  et  des  plus  riches  en  oliviers,  à  t^^ 
point  que  le  transport  seul  des  olives  et  de  Tbuile  payera  à  1^ 
Société  rintérèt  de  son  capital.  Le  concessionnaire,  M.  Ossudc, 
a  donc  pu  solliciter  la  construction  et  l'exploitation  de  cette  li- 
gne sans  aucune  garantie  d'intérêts  de  la  part  de  l'État.  Aa 
contraire,  il  lui  payera  une  redevance  si  les  recettes  viennent 
à  dépasser  7,500  francs  par  kilomètre.  Jusqu'à  concurrence  de 
cette  somme,  M.  Ossude  percevra  la  totalité  des  recettes  à  son 
profit;  au-dessus  il  devra  partager  avec  TÉtat. 

Les  conditions  toutes  particulières  dans  lesquelles  cette  ligne 
de  Sousse  à  Mokenine  se  présente,  la  rendent  donc  très  intéres- 
sante :  il  V  a  lieu  de  souhaiter  sa  réussite,  sans  s'illusionner  ce- 
pendant  sur  ses  conséquences.  De  ce  que  ce  chemin  de  fer 
aura  pu  être  établi  avec  les  seules  ressources  que  lui  auront 
apporté  ses  actionnaires,  il  faudrait  bien  se  garder  d'en  déduire 
qu'il  n'y  a  plus  qu'à  entrer  de  plein  pied  dans  la  voie  de  la  con- 
cession pure  et  simple.  Cette  situation  demeurera  en  effet  très 
lontrtemps  exceptionnelle  '.  11  faut  louer  M.  Ossude  d'avoir  su  en 
tirer  parti  pour  lui  et  la  région  qu'il  va  desservir;  son  exemple, 
mnlheureusement,  ne  saurait  avoir  d'imitateui-s  en  ce  qui  re- 
garde le  réseau  d'intérêt  général. 

L'acte  de  concession  de  la  ligne  de  Sousse  à  Mokenine  en  pré- 
voit le  prolongement  éventuel  sur  Sfax;  mais  celui-ci  réclame 
d'autres  conditions  d'exécution;  il  ne  saurait  se  passer  de  la 
garantie  d'intérêt  :  le  construire  autrement  serait  entraîner  la 
ruine  de  la  Société. 

1.  (Février  1892).  Une  pelitc  ligne  d'intértH  local,  de  Tunis  au  Mornak,  est  éga- 
lement demandée  en  concession  sans  garantie  dintérôt. 


LOimLLAU  BCXHHMOQIJK 


LE    RESEAU   A   COMPLÉTER 


II  suffit  de  se  souvenir  que  la  superficie  territoriale  de  la 
Tunisie  est  à  peu  de  chose  près  le  quart  de  la  France  pour  com- 
prendre toute  l'ÎDsuf fi  sauce  de  â2.>  kilomètres  de  voies  ferrées. 
Autant  vaudrait  dire  que  tout  le  réseau  est  à  créer.  Et  l'oa  s'é- 
tonne à  bon  droit  qu'un  pays,  qui  a  rapidement  marché  pour 
tout  le  reste,  soit  st  en  retard  sur  ce  point  —  d'une  impor- 
tance capitale  pour  sou  avenir.  C'est  une  fausse  note  dans  cette 
mélodie  coloniale.  C'est  une  tache  dans  ce  lahleau  séduisant. 
Ai-je  besoin  de  dire  que  l'administration  du  Protectorat  n'y  est 
pour  rien?  Elle  a  publié  depuis  longtemps  Tavant-projet  du  ré- 
seau de  chemins  de  fer  que  réclame  le  développement  économi- 
que de  la  Régence,  et  malgré  Texigulté  de  son  budget,  elle  a  ré- 
Golu  le  problème  financier  pour  les  lignes  dont  la  construction 
s*impose  sur  le  champ.  M.  Massicault  a  multiplié  les  rapports 
et  les  démarches  à  Paris,  les  divers  ministres  qui  se  sont  succédé 
au  quai  d'Oi-say  ont  insisté  non  moins  énergiquement  auprès 
des  diverses  commissions  parlementaires  :  malgré  tout.  le  ré- 
seau tunisien  en  est  exactement  au  point  où  nous  l'avons  trouvé 
en  1881;  depuis  dix  ans  il  ne  s'est  pas  accru  d'un  pouce.  Pen- 
dant le  même  temps  l'Algérie  a  vu  ses  chemins  de  fer  s'allonger 
de  I,5GC  kilomètres,  —  sans  compter  le  prolongement  de  la 
ligne  d'AlQ-Sefra  que  le  Parlement  a  récemment  voté. 

J'ai  dit  à  quelle  hostilité  la  Tunisie  est  redevable  de  cet  état 
de  choses;  j'en  ai  nommé  l'auteur  responsable,  je  n'y  revien- 
drai pas  :  c'est  inutile,  il  est  au  terme  dv  son  succès.  Pendant 
que  j'écris  ces  lignes,  j'apprends  en  effet  qu'un  accord  est  défi- 


182 


L   TUNISIE  DKFUIS    L  OCCUPA TIOÎT   FRANÇAISE 


Ditivement  iiilervenu  enlrc  l'État  et  la  C"  Bône-Gaetnia.  Celle-ci 
construira  et  exploitera  les  deux  tronçons  de  Djedelda  à  Bizerte 
et  d'Hammam  el  Lif  à  llamraamet,  moyennant  quoi  elle  renon- 
cera aux  droits  que  lui  conféraient  ses  conventions  avec  Hobam- 
med-es-Saddok.  Le  gouvernement  recouvre  sa  liberté  d'action 
pour  les  nouvelles  lignes  à  construire  :  voilà  le  résultat  de  je  ne 
sais  combien  d'années  de  négociation;  car  pour  tout  le  reste 
l'entente  était  faite  depuis  longtemps.  A  une  situation  nouvelle, 
il  faut  des  arrangements  nouveaux ,  et  la  C"  Bûne-Guelma  n'a- 
vait fait  aucune  difficulté  de  le  icconnaltre.  Elle  avait  considéra- 
blement abaissé  le  prix  de  construction  du  kilomètre,  et  elle 
avait  pu  aliaisser  de  même  le  taux  de  l'intérêt ,  grâce  à  la  soli- 
dité de  son  crédit.  Seulement,  par  crainte,  dit-on  ,  des  foudres 
intransigeantes  de  M.  Camille  Pellctan,  certains  membres  du 
Parlement,  se  méprenant  sur  le  caractère  de  son  opposition, 
auraient  volontiers  sacrifié  tous  les  intérêts  de  la  C"  B6ne- 
Guelraa  pour  en  finir  avec  les  difficultés  pendantes.  Mais  celle-ci 
n'a  pas  voulu  se  laisser  faire,  et  je  l'en  félicite. 

Enfin  le  terrain  de  conciliation  est  trouvé  ;  c'est  tant  mieux. 
J'espère  que  dans  quelques  semaines,  lorsque  cet  ouvrage  paraî- 
tra, le  décret  de  concession  sera  signé  et  que  les  travaux,  de- 
puis si  longtemps  attendus,  seront  enfin  commencés.  Mais  il  est 
d'autres  lignes  dont  l'exécution,  pour  être  moins  urgente,  n'en 
doit  pas  moins  être  étudiée  d'ores  et  déjd  ,  aQn  de  constituer 
au  plus  lût  le  second  réseau  des  chemins  de  fer  tunisiens. 

Tout  d'abord,  avons-nous  dit,  nous  plaçons  en  première  ur- 
gence, les  lignes  appelées  à  combler  la  grande  artère  partant 
de  la  frontière  marocaine,  passant  par  Oran,  Alger  et  Cons- 
tantine ,  et  aboutissant  aujourd'hui  à  Tunis  et  à  Hammam-el-Lif. 

Il  faut,  en  efTel,  relier  à  celte  grande  artère  le  port  de  Bizerte, 
dont  l'importance  n'est  plus  à  démontrer  el  la  poursuivre  jus- 
qu'à la  côte  orientale  de  la  Kégence, 


L'OUTILLAGK    ECOXOMIQCE 

Tout  le  monde  est  d'îiccord  sur  ce  point  et  ce  sont  ces  travaux 
qai  vont  j^trc  immédiatement  entrepris. 

L'embi-anc bernent  de  Bizerte  se  greffe,  à  la  station  de  Dje- 
delda,  sur  la  ligne  de  Tunis  k  la  frontière;  de  ce  point,  il  se 
dirige  vers  le  Nord  jusqu'au  marabout  de  Sîdi-Alhman-el-IIa- 
did;  puis  s' in  fiée  hissant  ù  l'ouest,  passe  nu  pied  des  contreforts 
du  djebel  Sakkak ,  et ,  suivant  à  peu  près  la  route  de  Tunis  k 
Mafeur,  s'élève  au  eolséparant  le  bassin  delaMedjerda  de  l'oued 
Jouniine  ;  continuant  à  suivre  la  roule,  il  traverse  l'oued  Cbaïr, 
longe  la  rîve  droite  de  ce  ruisseau  jusqu'à  son  embouchure  dans 
l'oued  Jonmine  pour  arriver  ainsi  devant  Mateur,  centre  d'une 
région  renommée  pour  ses  excellents  pâturages.  De  ce  marché 
important  la  ligne,  contournant  une  chaîne  de  collines  qui  s'é- 
lève au  milieu  de  la  plaine ,  se  dirige  A  l'est  du  lac  Iskeul  pour 
passer  au  pied  des  collines  et  au  liord  du  lac.  Elle  franchit  l'oued 
Tindja,  déversoir  du  lac  Iskeul  dans  celui  de  Bizerte ,  côtoie  ce 
dernier  lac  en  traversant  un  petit  golfe  à  l'embouchure  de  l'oued 
Melah,  et  elle  arrive  à  Bizerte,  près  de  la  porte  de  Mateur. 

La  longueur  totale  de  la  ligne  est  de  7t  kilomètres  environ  ; 
Tunis  se  trouvera  ainsi  à  05  kilomètres  de  Mateur  et  à  99  kilo- 
mètres de  Bizerte. 

Le  tronçon  de  Tunis  à  Ilammam-el-Llf  sera  prolongé  par 
Grombalia  jusqu'à  Ilammamet  et  Nebeul ,  sur  une  longueur 
d'environ  05  kil.,  et  desservira  la  riche  presqu'île  du  cap 
Bon;  il  permettra  d'atteindre  rapidement  le  golfe  d'IIamma- 
met,  sur  lequel  ont  débarqué  toutes  les  invasions,  et  qui  offre 
encore  un  point  faible  au  point  de  vue  de  la  défense  du  cûité 
^e  la  mer. 

Nebeul,  où  s'arrêtera  ce  prolongement,  est  un  centre  indus- 
riel  et  agricole  des  plus  importants.  Les  terres  environnantes 
nt  très  riches,  et,  d'ailleurs,  fort  bien  cultivées. 

)  lignes  de  Bizerte  et  d'IIammamet  seront  à  voie  normale , 


J 


18i  LA  TUmSIB  DKTU»  L*0GCUPATI01I  FIAHCAISB 

le  Gouvernemeat  françûs  Ta  décidé;  il  ne  pouvait  d'ailleiuy 
en  être  autrement. 

Voilà  pour  l'instant  les  deux  lignes  secondaires  que  compotfe 
rachèvement  du  premier  réseau.  Examinons  à  présent  le  se 
coud. 

La  ligne  de  Souk-Ahras  à  Tébessa,  de  1S8  kil.  de  longueur  et 
à  voie  d'un  mètre ,  a  été  construite  en  vertu  de  la  loi  du  19  jiûl- 
let  1879.  Bien  que  tout  entière  sur  le  territoire  algérien,  elle 
intéresse  au  plus  haut  point  la  Tunisie,  dont  elle  suit  la  fron- 
tière à  une  faible  distance. 

Ouverte  le  37  mai  1888 ,  sa  mise  en  service  a  eu  pour  effet 
immédiat  de  créer  des  exploitations  d'alfa  dans  une  contrée 
jusque-là  déshéritée;  elle  a  rompu  en  même  temps  l'isolement 
dangereux  dans  lequel  se  trouvait  Tébessa ,  poste  avancé  dont 
l'importance,  sous  la  domination  romaine,  a  laissé  des  traces 
aussi  nombreuses  qu'intéressantes. 

11  est  hors  de  doute  que  la  France ,  pour  affermir  son  pro-* 
tectorat  dans  le  sud  de  la  Régence,  tout  en  réduisant  l'effectif 
du  corps  d'occupation ,  voudra  achever  l'œuvre  qu'elle  a  entre- 
prise de  ce  c6té,  en  prolongeant,  sur  le  territoire  tunisien,  la 
ligne  de  Tébessa  jusqu'à  Gafsa,  qui  commande  le  passage  de 
Tozeur  et  Gabès,  trop  voisin  de  la  frontière  Tripolitaine  pour 
être  laissé  en  dehors  du  réseau  défensif  de  nos  chemins  de  fer. 

La  longueur  de  ce  prolongement  serait  d'environ  300  kil. 
savoir  : 

De  Tébessa  à  Gafsa 165  )  „ 

De  Gafsa  à  Gabès 135  I  ^^^""^'^  ^^^  ^'^' 

Ces  300  kil.  devront  naturellement  être  établis  avec  la  voie 
d'un  mètre ,  comme  la  partie  déjà  construite. 

Il  est  inutile  de  faire  remarquer  que  les  lignes  Tébessa-Gabès 
et  Tunis-frontière  avec  ses  embranchements  et  son  prolon- 


Emeot.  1res  propices  à  tous  les  intérêts  des  légions  traversées, 
suffiraient  pas  à  assurer  ceu\  du  pays  tout  entier. 
Il  paraîtra  certainement  nécessaire  de  rattacher  au  réseau 
ui-nsemble,  au  moins  par  un  point,  les  350  kilomètres  de  cAtes 
comprises  entre  flammamet  et  Gab^s,  stations  extrêmes  des 
li^oes  dont  nous  venons  de  parler. 

^La  ville  de  Sousse  réunit  les  meilleures  conditions  pour  ce 
ttachement;  son  port  tire  son  trafic  non  seulement  des  ma- 
^Diliques  cultures  d'oliviers  qui  l'entourent,  mais  aussi  des  pro- 
ductions du  (^ntre  qui  lui  arrivent  en  général  par  Kairouan. 

Cette  dernière  ville ,  jadis  Fermée  aux  Européens,  leur  est 
maintenant  ouverte ,  et  reprend  de  plus  en  plus  son  ancienne 
importance ,  comme  marché  de  la  Tunisie  centrale.  Il  est  facile 
de  se  convaincre  de  cet  accroissement  d'activité  par  l'aug- 
mentation de  la  circulation  des  voyageurs,  constatée  sur  la 
petite  ligne  Decauville  qui  dessert  les  deux  villes.  Mais  cette 
activité  réclame  pour  se  développer  comme  il  conviendrait 
dans  l'intérêt  général,  des  moyens  de  transports  plus  puissants 

re  ceux  dont  elle  dispose  aujourd'hui.  Or,  qu'arriverait-il  si 
réseau  des  chemins  de  fer  ne  comportait ,  de  ce  côté ,  que  la 
seule  ligne  Tébessa-Gabès.  Les  produits  trop  éloignés  de  la  mer 
iraient  joindre  la  voie  ferrée,  et  une  grande  partie  du  trafic 
serait  détournée  au  profit  des  ports  algériens, 
^v  Au  point  de  vue  français  cela  importerait  peu  ;  mais  il  con- 
Vncnt  de  remarquer  que  le  trop  grand  éloignement  du  lieu  de 
production  à  la  voie  ferrée  et  la  trop  grande  distance  à  par- 
courir sur  celle-ci  pour  arriver  au  port  d'embarquement, 
diraient  pour  résultat  de  maintenir  los  frais  de  transport  à  des 
Uix  trop  élevés,  qui  entraveraient  le  commerce  en  s'opposant 
B  développement  de  la  production. 

I  II   est  donc  essentiel  de  diviser  le  territoire  en  différentes 
ines  par  des  voies  ferrées  établies  de  telle  façon  qu'il  soit  tou- 


l'uUTILLACR  ^CONOMlQrK  ISS 


186  LA  Ti;sisiE  DEPUIS  l'occupatuin  fhaxçaisk 

jours  avantageux  de  diriger  les  produits  vers  leur  port  naturel. 

Ce  résultat  serait  obtenu,  dans  le  cas  particulier  ijui  nons 
occupe,  par  l'établissement  d'une  ligne  transversale  allant  de 
l'est  à  l'ouest,  c'est-à-dire  de  Sousse  ft  Kairouan  et  se  pro- 
longeant jusqu'à  la  rencontre  de  la  ligne  Tébessa-Gabès. 
D'après  la  reconnaissance  faite  en  1883  par  M.  Duportal,  le 
point  le  plus  facile  pour  établir  la  jonction  des  deux  lignes 
serait  Kasserin,  localité  importante  siluée  à  trente  kilomètr*» 
environ  de  la  frontière  algérienne. 

La  construction  de  cette  voie  ferrée  ne  présenterait  aucune^ 
tlifficuHé.  Sa  longueur  totale,  de  185  kilomètres  environ ,  se  ré- 
partirait ainsi  qu'il  suit  :  Sousse  à  Kairouan ,  60  kil.;  Kairouan 
à  Djilma,  65  kil.;  et  Djilma  à  Kasserin,  60  kil. 

Malgré  l'intérêt  stratégique  qui  s'attache  au  prolongement  de 
la  ligne  do  Tébessa  sur  Cafsa  et  Gabès,  nous  estimons  qu'il 
serait  préférable  de  construire  d'abord  la  ligne  Sonsse-Kas- 
serin,  parce  qu'il  importe,  comme  nous  l'avons  dît  plus  haut, 
de  ne  pas  détourner  le  trafic  de  sa  direction  naturelle,  et  de 
ménager  avec  la  plus  grande  sollicitude  les  intérêts  commer- 
ciaux du  port  de  Sousse  en  n'établissant  pas  de  courants  con- 
traires. 

Le  réseau  tel  que  nous  venons  de  l'esquisser  serait  incomplet, 
même  comme  réseau  principal,  si  Tunis,  la  capitale,  n'était  pas 
reliée  directement  à  la  ligne  du  Centre  et,  par  suite,  à  la  ligue 
du  Sud.  Ce  besoin  est  si  réel  que ,  depuis  l'année  1881 ,  quatre 
tracés  ont  été  étudiés  dans  cet  ordre  d'idées. 

Le  premier  tracé  avait  Sousse  pour  objectif.  De  Tunis  à  5  kil. 
en  deçà  de  Bir  Loubit,  il  était  le  même  que  celui  de  Tunis  k- 
Uammamet  et  Nebeul.  De  Bir  Loubit  à  Sousse,  il  longeait  la 
littoral,  en  suivant  une  lagune  improductive  séparée  par  une 
série  de  dépressions  des  terrains  de  culture. 

Ce  tracé  fut  amélioré  plus  tard,  en  l'intlécbissant  dans  une 


P^ 


I.  OUTILLAGE    ECOXOUtOUR 

direction  qui  féloignait  de  Iji  mer  et  le  faisait  passer  par  Bou- 
Ficha  et  Dar-el-Bey  {aujourd'hui  EnfiJavîlle).  Maïs  môrae  avec 
crttc  modification,  la  voie  ferrée  aurait  encore  été  bien  près  du 
rivage  sur  vingt  kilomètres  de  longueur,  c'est-à-dire  dans  une 
situation  très  dangereuse  au  point  de  vue  de  la  défense. 

D'un  autre  cùté,  les  propriétaires  de  Zaghouan  et  de  la 
plaine  du  Uornak,  dans  la  vallée  de  Toued  Miliane,  réelnmant 
l'établissement  d'un  chemin  de  fer  pour  desservir  leurs  exploi- 
tations agricoles,  une  nouvelle  étude  fut  faite  en  ce  sens.  Le 
(racé  se  séparait  près  de  Khadès,  de  la  ligne  de  Tunis  à  Ham- 
mam-el-Lif,  traversait  le  Mornak  et  franchissait  un  col  à  l'est 
du  djebel  Zaghouan,  pour  gagner  Bou-Ficha  et  se  confondre 
ensuite  avec  le  précédent. 

L'administration  tunisienne  fit  étudier  en  même  temps  une 
bifurcation  qui ,  de  l'henchîr  Menzel ,  à  1 2  kil.  envii-on  au-delà 
de  Dar-el-Bey,  se  dirigeait  à  la  fois  sur  Sousse  et  sur  Kairouan. 
Enfin  il  fut  question  d'un  quatrième  tracé  allant  directement 
de  Tunis  à  Kairouan,  passant  à  l'ouest  de  Zaghouan,  et  tra- 
versant  le  massif  montagneux  par   Foum-el-Karrouba  et  el 

^^^ukanda. 

^fe  C'est  évidemment  ce  dernier  tracé  qui  serait  le  plus  rationnel. 

^F  II  n'est  pas  indispensable,  eu  effet,  de  relier  directement 
Sousse  à  Tunis,  deux  ports  qui  n'ont  entre  eux  que  des  relations 
administratives.  11  importe  bien  davantage  d'appuyer  vers 
l'ouest,  c'est-à-dire  de  se  rapprocher  d'une  région  riche,  qui 
n'attend  pour  prendre  une  large  part  dans  le  mouvement  com- 
mercial, que  le  moment  où  des  moyens  puissants  de  com- 
munication seront  mis  à  sa  disposition. 

Il  ne  faut  pascroire  d'ailleurs  que  l'établissement  d'une  ligne 
directe  de  Tunis  à  Kairouan  serait  préjudiciable  à  Sousse.  Le 
point  de  partage  des  deux  courants,  l'un  vers  ce  port,  l'autre 
^ers  Tunis,  existera  toujours  et  quand  même.  Tout  au  plus 


vers  lunis,  exi: 

L 


188 


LA  TCSnsn  MVO»  L  OOODPAHW  VBAIIÇAin 


SonSBe  poamit-il  cnindre  qa*iiiie  partie  des  produits  de  rUn- 
mense  domaine  de  l'Enfida,  échappât  à  son  trafic;  mais  nous 
ferons  remarquer  qa^il  ne  s*agit  ici  qoe  des  lignes  d  miétèt 
général  et  que  la  Tonisie,  dès  qn*dle  en  sera  dotée,  les  com- 
plétera bientôt  perdes  chemins  de  CsTd^intérét  local,  èofâsaki 
desservir  les  points  importants  placés  trop  loin  des  votes  des 
deux  grands  réseanx. 

D'antres  locafités  importantes,  S&x,  Honaatir,  le  Kef,  Ta- 
bariui ,  seront  d'ulleors,  de  prime  abord ,  moins  bien  partagées 
qae  Sonsse  et  devront  attoidro,  pour  èfare  desservies  par  des 
voies  ferrées,  l'étabUssement  des  lignes  secondaires. 

En  résumé ,  le  réseau  dlntérèt  général,  le  seul  dont  il  y  ait 
lieu  de  8*occuper  quant  à  présent ,  devra  comprendre  les  lignes 
suivantes  : 


voebbh 

tnnÊkTwa. 

vom 

cMBCTMnni 

V  UGMKS  CONSTHUITKS 
Tania  à  U  frontière  algérienne 

'Rfnlw«>w*K««n*nt  de  B^ï^ .......... 

IWk. 
IS  » 

17    » 

» 

9 

74  k. 

6S    > 

» 

IM   k. 

170    » 

too   » 

r  LIGNES  A  CONSTRUIRE 
(par  oxxlre  de  priorité) 
Embranchement  de  Bixerte 

TTaminftniot  t^t  XaIimiL 

Sonaae  à  Kaironan  et  Ea«erin 

Tnniv  4  Kaironan ^ , . 

Tébean  à  Gabèa   

ToTAl-x 

S25   » 

1S9    » 

79^ 

6SS    » 

1  k. 

Bn 

FXMBLX 

101 

19  k. 

Dans  un  rapport  publié  en  1889,  M.  Michaud,  directeur 
général  des  Travaux  Publics,  prévoit  pour  la  constitution  du 
i-éseau  tunisien  un  développement  de  1259  kilomètres  de  voies 
nouvelles  ',  Tout  en  rendant  hommage  à  la  légitime  préoccupa- 
tion de  M.  Micliaud  de  desservir  toutes  les  parties  intéressantes 
du  pays,  nous  ne  croyons  utile  d'appeler  l'attention  que  sur  les 
lignes  dont  l'exécution  doit  et  peut  s'entrevoir  à  bref  délai. 

Ce  n'est  pas  que  la  question  financière  soit  dès  à  présent  ré- 
solue, elle  reste  entière  pour  655  kilomètres  sur  79V  que  nous 
avons  réclamés.  Aussi  est-ce  une  raison  de  plus  pour  que  nous 
nous  en  tenions  à  ce  programme.  S'il  est  très  difficile  de  cons- 
truire 791  kilomètres,  résoudra-t-on  jamais  le  problème  pour 
1259? 

11  faut  compter  une  cinquantaine  de  millions  pour  constituer 
le  réseau  qui  précède,  et  c'est  assurément  une  grosse  somme 
pour  un  petit  pays. 

Mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  sur  ces  79i  kilomètres, 
l'embranchement  de  Bïzerte,  le  prolongement  sur  Ilanimamet 
et  Nebeul,  et  la  ligne  de  Tébessa  à  Gabès,  soit  ensemble 
^39  kil.,  intéressent  l'Algérie,  et  par  conséquent  la  France, 
au  même  degré  que  la  ligne  de  Tuuis  à  la  frontière  algérienne, 


Ligne  de  Béji  à  TaUrka 60  kil. 

Ligoe  de  Djed^ïdi  à  Uateur  el  1  BUcrIe 7i 

Ligne  de  TuqU  i  Kairouan  par  le  cap  Don  (à  partir  d'Ham- 

inam-el-Lif) 133 

Ligne  de  Kairouan  à  Gar»a 2â6 

Ligne  de  GsFm  au  Djerld lU 

Ligne  de  Tunis  A  /.agliciuan  (i  partir  de  Rliadés) il 

Prolongement  de  .Smind]a  an  Kef 140 

Embranchement  de  NébenI 18 

Embranchement  de  Souise 3  ) 

Prolongement  de  Sontx  i  Sfai isn 

Embranchement  de  Kasserin  à  Tébessa 77 

Embranchement  de  Gar^a  i  CabËi M4 

Total 126»  kil. 


190  LA   TUNISIE  DEPUIS   l'oCCUPATION   FBAKÇAISB 

garantie  par  le  Gouvememeot  français.  11  y  aurait  donc  lieu , 
en  toute  équité,  de  ne  pas  laisser,  pour  ces  lignes,  la  dépense 
entière  à  la  charge  de  la  Tunisie. 

Nous  sommes  convaincu  d'ailleurs  que,  dans  peu  d'années, 
les  recettes  couvriront  et  au  delà,  les  frais  d'entretien  et  d'ex- 
ploitation, de  telle  sorte  qu'en  définitive  les  nouveaux  che- 
mins de  fer  ne  coûteront  pas  plus  à  l'État  que  des  routes  or- 
dinaires, puisque,  pour  celles-ci,  il  faut  ajouter  à  l'intérêt  du 
capital  des  frais  d'entretien ,  généralement  très  lourds  et  qui 
ne  sont  pas  compensés  par  des  recettes. 


IV 


LA   LIGNE    DE    BOU-GRARA-GHADAMES 

En  dehors  de  ce  que  j'appellerai  le  réseau  tunisien  propre- 
ment dit,  il  est  une  ligne  de  pénétration  dont  je  tiens  à  d'é- 
velopper  Téconomie,  c'est  celle  de  Bou-Grara  à  Ghadamès. 

Les  Anglais,  les  Allemands,  les  Portugais,  les  Italiens,  les 
Belges,  en  un  mot  toutes  les  puissances  colonisatrices  de  l'Eu- 
rope ,  sont  en  train  de  «  dépecer  »  le  continent  mystérieux  ^  ; 
elles  s'occupent  d'y  prendre  en  maints  endroits  la  place  que  la 
destinée  semblait  nous  réserver,  et,  en  présence  de  ces  âpres 
convoitises,  l'opinion  publiciuc  enfin  se  réveille  en  France  :  elle 
sent  le  danger,  elle  voit  à  bref  délai  nous  échapper  le  Soudan, 
où  «  git  notre  dernière  chance  de  nous  créer  un  grand  empire 
colonial,  »  écrivait  M.  Paul  Bourde  en  1881  '',  etoii  nous  serons 
irrémédiablement  devancés  si  nous  ne  profitons  sans  retard  des 

1.  Voyez,  dans  la  Première  année  Cartographique  de  M.  Schrader,  les  stalistî- 
ques  coinparalivesdc  la  superficie  des  jJOS'^essions  européennes  d'Afrique  au  premier 
janvier  1890  et  au  31  décenribre  de  la  môme  année.  Il  y  a  là  des  chiffres  pleins  d  e- 
lo<iuenre. 

2.  Hevue  des  Deujr-Mondes  du  V  février  1881,  p.  G90. 


L  OVTILLACË    ECOXOUIQUK  191 

avantages  que  nous  donnent  les  traités  conclus  avec  Ips  indîgè- 
ues  à  la  suite  de  la  prise  de  Segou-Sikoro  (avril  1890)  et  celle 
de  Nioro  {janvier  18ÏI1),  la  conquête  des  Etats  d'Ahniadou  et  la 
convention  du  5  avril  1890,  qui  nous  reconnaît  le  droit  d'exer- 
cer notre  influence  dans  toute  l'étendue  du  Sahara,  au  sud  de 
nos  possessions  septentrionales  jusqu'd  une  ligne  allant  de  Sal, 
sur  le  Niger,  jusqu'au  lac  Tchad, 

Traités  et  convention  nous  assurent  la  prépondérance  dans  le 
Centre-Afi'iquc,  Il  nous  suffit  aujourd'hui  de  vouloir  pour  éta- 
blir l'hégémonie  française  des  rives  de  la  Méditerranée  à  l'É- 
tjualeur,  de  l'embouchure  du  Sénégal  aux  sources  du  Charî.  It 
nous  sufiit  de  vouloir  pour  que  le  Soudan  ceniral.  cette  perle 
saharienne,  devienne  les  nouvelles  lades  françaises,  nos  Indes 


l.e  voudrons-nous?  Il  est  permis  de  l'espérer.  L'esprit  public 
se  montre  chaque  jour  moins  hoslile  aux  entreprises  lointaines. 
Sans  être  devenu  grand  clerc  en  matière  d'économie  politique 
coloniale,  il  parait  en  entrevoir  les  résultats  féconds,  et  ceux-là 
même  qui  ne  songent  qu'A  la  défense  du  sol  national  et  ne 
regardent  que  du  cûté  du  Rhin  ou  des  Alpes,  s'inquiètent  de 
l'expansion  denotrerace  sur  l'ancien  continent,  où  nous  avons 
A  présent  des  intérêts  si  chers  et  des  souvenirs  si  glorieux. 
C'est  que,  comme  l'a  dit  excellemment  mon  savant  ami  M.  Mas- 
queray,  »  la  grandeur  coloniale  de  la  France  ne  se  sépare  pas 
de  sa  grandeur  européenne.  La  France  transmarine  et  la  France 
d'en  deçà  du  Rhin  ne  sont  qu'une  France.  Elles  tombent  ensem- 
ble. Qui  combat  l'une  est  ennemi  de  l'autre  '  ». 

On  sent  donc  la  nécessité  de  rapprocher,  d'unir  nos  provinces 

du  Noi-d  et  de  l'Ouest,  de  faire  un  tout  de  l'Algérie,  de  la  Tunisie, 

du  Sénégal  et  du  Congo,  en  opérant  damëme  coup  la  conquête 

pacifique  des  riches  contrées  de  l'intérieur.  Et  l'idée  d'un  che- 

1.  Journal  dtt  Dibaii  du  il  novembre  1889. 


192 


LA   TrXiSIE   DEPCIS   L  OCCCPATION  FRANÇAISE 


miu  (le  fer  traossaharîen ,  tenue  si  longtemps  pour  de  la  dè- 
mence,  trouve  beaucoup  moins  de  détracteurs;  elle  csl  acceptée 
et  soutenue  par  la  grande  masse ,  jécrirais  volontiers  Tuniver- 
salifé  (les  hommes  dont  l'opinion  a  quelque  valeur.  On  ne  dis» 
cute  plus  guère  maintenant  que  sur  les  moyens  d  exécution,  sut 
l'objectif.  Les  uns  voudraient  relier  l'Afrique  du  .Vord  au  Séné- 
gal en  passant  par  Tombouctou.  Les  autres  —  qui  paraissent 
devoir  l'emporter,  —  voudraient  qu'on  orientât  le  Transsaharien 
vers  le  lac  Tchad.  Us  font  valoir  de  bonnes  raisons.  Le  généra! 
l'itilebert  et  M.  ('.eorges  Rolland,  qui  préconisent  ce  second 
tracé ,  le  justifient  en  ces  termes  : 

«.  Au  point  de  vue  économique  le  Transsaharien  sur  le  Tchad 
sera  moins  long  encore  que  le  Transsaharien  sur  Bouroum 
avec  embranchement  sur  le  Tchad;  son  râle  aura  plus  de 
portée  en  ouvrant  le  bassin  du  Tchad,  qui  est  fermé,  qu'eo 
abordant  le  bassin  du  Niger,  qui  communique  avec  la  mer;  son 
arrivée  dans  le  bassin  commercial  du  Tchad  a  chance  d'y  pro- 
voquer un  développement  rapide  d'échanges,  grâce  aux  voies 
navigables  rayonnant  à  l'ouest,  au  sud-est  et  à  l'est,  au  tr*- 
vei's  du  Bouroum,  du  Baghirrai  et  du  Ouaday.  Au  point  de  vue 
de  la  concurrence  commerciale,  nous  devons  chercher  surtout  & 
nous  outiller  convenablement  dans  les  régions  où  la  lutte  set» 
la  plus  active,  c'est-à-dire  dans  le  Soudan  central,  où  nous  au- 
rons à  lutter  avec  les  négociants  anglais  et  allemands  du  bas 
Niger  et  du  Cameroun;  que  si  l'on  prévoit  l'entrée  en  scène  d'au- 
tres rivaux ,  marchant  de  Tripoli  au  Tchad ,  c'est  une  raison  d6 
plus  pour  dire  que  le  Tchad  doit  être  notre  objectif  le  plus 
précieux;  or,  si  nous  y  arrivons  les  premiers  et  y  prenons  pied^ 
pourquoi  nous  en  laisserions-nous  déloger'?  » 

Je  partage  celte  manière  de  voir;  seulement,  je  diffère  d'avis- 
r  le  géuéral  PLileberl 


Ë 


1.  La  Frnnce  en  Afrique  et  le  TiunssahaiL 
M.  Georges  Rolland ,  page  M. 


à 


i.'dUTii.LAr.F.  K»;o>OMii.itii;  133 

avec  le  général  l'Lileberl  et  M.  C>.  Rolland  sur  le  tracé  de  ee 
Transsaharien.  Ils  le  font  passer  par  Biskra,  Ouargla,  Amgiiid 
et  lui  donnent  Phi  lippe  vil  le  pour  tète  de  liKUe.  Pour  de  nom- 
breuses raisons,  je  pense  que  la  véritable  voie  à  adopter  serait 
celle  ijui  relierait  la  baie  de  Bo«-Grara  au  lac  Tchad  par  (Jha- 
daniès,  Uhftt  et  Bllma. 

Bou-Crara  (l'ancienne  Giglhis  des  Romains),  est  situé  dans 
une  position  dont  la  mission  bydrograpliique  a  fait  un  grand 
éloge. 

Voici,  d'autre  part,  l'opinion  que  W,  Directeur  général  des 
Travaux  publics  de  la  Régence  exprimait  en  1888  : 

'(  L'attention  doit  èlre  appelée  snr  les  conditions  très  favora- 
bles que  paraît  offrir  le  vaste  bassin  int^iienr  appelé  "  mer  de 
Bograra,  »  qui  sépare  Djerba  du  continent.  Les  grands  fonds 
qu'on  y  constate  sur  de  vastes  étendues,  les  facilités  naturelles 
que  parait  présenter  l'ouverture  d'un  chenal  et  sa  protection  du 
cùté  du  large,  permettraient  d'en  faire  un  port  de  refuge 
admirable  pour  les  navires  de  tous  tonnages;  et  ce  port  serait 
pour  l'estréme  Sud  de  la  Régence  (et  pour  le  bassin  oriental  de 
la  Méditerranée)  ce  que  peut  être  Bizerte  pour  la  cAte  septen- 
trionale (et  pour  le  bassin  occidental  de  cette  mer)  ». 

ÏA  ligne  partirait  donc  de  ce  port  naturel  et  gagnerait  par 
Moudenine  et  Sidi  Mosbab  le  poste  de  Funm-Tatahouin ,  qui  se 
trouve  à  l'extrémité  Nord  du  défilé  de  ce  nom  ;  on  s'engagerait 
dans  ce  défilé,  qui  coupe  obliquement  le  massif  montagneux  des 
Ouderna;  on  laisserait  Douiret  û  huit  heures  à  l'Ouest  en  travei-- 
sant  à  Bir  Mosrob  la  route  qui  y  conduit,  puis  on  continuerait 
à  suivre  la  même  vallée  jusqu'iV  Biar-Darscm. 

De  ce  point  une  direction,  facile  h.  suivre,  jusqu'à  lUiadamês, 
passerait  à  Ouezzcn,  Sinaoun,  Bir-el-Oli  et  Bordj  Mzezzem. 
Elle  serait,  à  partir  d'Ouczzen  sur  le  territoire  tripolilaiu ,  non 
loin  de  la  frontière  algérienne.  Par  un  autre  tracé  pins  direct, 


■ 


19i  LA  TUKIMB  DBPITM  L'oGCvrATNnr  WUkWÇknm 


on  pourrait  paaser  à  Bir  Tnilâf  et,  soivant  Im  note  des  camaMs. 
on  viendrait  rejoindre  le  préoédent  à  Sioaoon. 

Il  serait  possible,  d'ailleurs,  d'arriver  à  pranmité  de  Oiadfr* 
mes,  uns  sortir  des  limites  des  territmres  algérien  et  tnniaca 
(cette  oasis  n'est  qu'à  une  vingtaine  de  kilomètres  da  tcnHoire 
alfcérion)  tout  en  évitant  les  grandes  dunes;  mais  ce  traeé  serait 
i*n  partie  dans  les  sables  et  Ton  n'est  pas  renseigné  sur  le  par- 
cours. 

De  Ghadamès  à  Rhàt,  on  doit  franchir  la  région  des  dunes 
d'i&doyro,  mais  la  traversée  des  sables  mouvants  n'exige,  parait- 
il  ,  (|u*une  demi-journée  de  marche.  Puis  on  s'engage  dans  une 
étroiUf  vallée,  sorte  de  couleur  bordé  à  l'Est  par  une  numtagne 
CAcaqiéo ,  et  dans  laquelle  est  bâtie  la  ville  de  Rhàt. 

Au  delà  de  Rhàt  on  remonte  la  même  vallée  jusqu'au  col 
situé  à  douse  cents  mètres  d'altitude  qui  sépare  les  deux  ver- 
NniitN  du  Kaliara.  I>e  là  on  redescend  sur  le  versant  soudanien, 
et  lu  routo  doM  caravanes  vient  rejoindre,  près  des  oasis  de 
KifJTKedom  ot  de  Joggeba ,  la  route  de  Tripoli  au  lac  Tchad  par 
Moiirxouli. 

PliiN  loin  on  remonte  les  oasis  de  Kowaret  deBilma,  centre 
do  prcHluclioii  du  sel  des  plus  importants  du  Sahara,  et  où  de 
Ir^H  iioinhreusos  caravaues  viennent  chercher  cette  précieuse 
NuhNtanoo  de  centaines  de  kilomètres  à  la  ronde. 

hes  oiLsis  (le  Uilnia  pour  atteindre  la  zone  bordière  du  Sou- 
dan ,  il  faut  (ravei*ser  une  vaste  région  de  dunes,  et  ce  n'est  qu  a 
partir  des  ixwliers  de  Dibbela,  ou  plutôt  de  l'oasis  d*Agadem, 
(|ue  le.  (U^ert  est  franchi  et  que  Ton  entre  dans  la  région  sou- 
danienne  pour  se  diriger,  soit  sur  Kouka,  soit  sur  tout  autre 
rentre  avoisinant  le  lac  Tchad. 

Voilà  le  tracé.  Il  est  facile  à  suivre  sur  la  carte;  il  s'y  inscrit 
])resque  en  ligne  droite.  Les  avantages  qu*il  présente  sont  des 
plus  iniporlants  : 


LOtTlLLAnE    ÉCOXOMlgCE 


195 


l'C'eslde  beaucoup  le  plus  court  de  Ions  les  tracés  proposés; 
il  gagoe  plus  de  500  kilomètres  sur  celui  d'Ouargla,  proposé 
par  le  général  Philebert  et  M.  G.  Rolland; 

•2°  Il  aboutit  à  un  port  naturel,  parfailemont  abrité,  facile  à 
aménager  à  peu  de  frais,  de  manière  à  ôfre  accessible  auï  na- 
vires de  tous  tonnagps.  On  peut  même  affirmer  qu'à  ce  point 
de  vue  lu  position  de  Bou-Grara  n'a  son  équivalent  sur  aucun 
point  de  la  cAte  Nord  d'Afrique,  Bizerle  excepté  ; 

3°  Il  évite  la  traversée  de?  grandes  dunes  de  l'trg  oriental , 
qu'il  contourne  par  l'Est; 

i»°  Il  passe  par  des  points  plus  peuplés,  plus  riches,  plus  im- 
portants, sous  le  rapport  commercial,  que  ceu\  desservis  par  le 
tracé  d'Ouargla,  et  suit  des  roules  commerciales  pratiquées,  on 
pourrait  dire  de  toute  antiquité  par  les  caravanes.  Il  ne  fran- 
chit le  désert  proprement  dit  que  sur  des  sections  de  longueurs 
relativement  restreintes. 

Le  tracé  d'Ouargla,  au  contraire,  ne  rencontre  au  delA 
de  ce  centre  jusqu'au  plateau  d'Air,  que  des  points  géogra- 
phiques à  peine  connus  ou  des  localités  sans  importance, 
comme  Timassinin ,  et  ne  correspond  tk  aucune  route  saha- 
rienne; 

5°  Passant  par  Ghadainés ,  par  Rhflt ,  par  les  oasis  de  Ko«  ar 
et  de  Bilma,  il  est  le  seul  qui  recueille  des  éléments  de  trahc 
sur  tout  son  parcours,  et  qui  soit  assuré  de  drainer  tout  le  com- 
merce du  Soudan  central  et  du  Sahara ,  et  même  une  partie  du 
Fezz&D,  avec  Tripoli  ou  Benghazi; 

6"  Longeant  en  quelque  sorte  le  pays  des  Touare?,  au  lieu 
de  s'y  enfoncer  comme  le  tracé  d'Ouargla,  il  est  plus  en  dehors  de 
l'action  de  ces  peuplades.  Onnauraità  traiter  qu'avec  les  Azdjer, 
avec  lesquels  les  autorités  tunisiennes  sont  fréquemment  entrées 
en  relations  et  qui,  devenus  nos  alliés,  pourront,  inoyennaat 
ao  tribut,  garantir  nos  armées  de  toute  attaque.  En  outre  ,  le 


196  LA  TI751SIB  BirUlS  L^OOCOPAIMUr  RAHÇAISI 

Tranmaharien  ae  travenant  le  paya  qa*à  k  limite  de  leor  actim, 
ne  porterait  pas  atteinte  à  leur  indépendance,  et,  dans  ces  con- 
ditions, la  question  Tooareg  serût  pins  fitciiement  résolue. 

7**  Ce  projet  permet  de  réaliser  par  la  oonstmction  d'un  pre- 
mier tronçon,  de  lenteur  relativement  restreinte,  celui  de 
Bou-Grara  à  Ghadamès,  un  résultat  de  la  plus  haute  impor- 
tance pour  l'avenir  de  nos  possessions  du  Nord  de  TAfrique  :  le 
détournement  sur  un  port  de  la  cAte  tunisienne,  qui  peut  être 
considéré  désormûs  comme  terre  françdse ,  du  courant  com- 
mercial qui  passe ai]û^u'^'^^'  P''  Ghadamès,  et  qui  représente 
les  trois  quarts  du  trafic  de  l'intérieur  de  T Afrique  avec  Tripoli  ^ 

C*est  en  effet  à  Tripoli  que  les  Sahariens  viennent  échanger 
tous  les  produits  du  Soudan  contre  des  marchandises  anglaises 
ou  italiennes.  «  Gh&t  envoie  à  Tripoli  Tivoire  du  Bomou ,  les 
cuirs ,  le  musc  et  lencens  de  Kano ,  les  plumes  du  Borkou ,  du  lac 
Tchad,  du  Damergou  et  de  TAdrar,  les  cuirs  de  Haoussa,  les 
tapis  et  la  poudre  d'or  de  Timbouctou*  ». 

Et  cette  route  sur  Tripoli,  anciennement  sur  Gabès,  gardez- 
vous  de  croire  qu'elle  soit  née  d'hier  :  les  chameliers  la  suivent 
de  toute  antiquité,  c'est  la  vieille  route  historique  des  caravanes 
Atlantes  et  Garamantiqucs.  Souvenez-vous  de  Carthage  et  de  ses 

1.  Dans  une  noie  qu'il  a  bien  voulu  m'adresser  l'année  dernière,  M.  Désirées, 
Consul  de  France  À  Tripoli ,  me  donnait  les  relevés  solTanU  des  ezporialioas  qni  y 
ont  été  faites,  de  1880  À  1889,  en  ivoire  et  plumes  d'autmclie  : 

Dents  d'éléphant.  Plomes  d*aiitraobe. 

1880 500.000  francs 7.280.000  francs. 


1881.... 

. . .  450.000 

—  . . . 

...  6.150.000 

1882 

...  225.000 

—  . . . 

...  3.349.000 

1H83 

...  414.000 

—  . . . 

...  6.045.000 

1884 

...  328.000 

—  . . . 

...  5.287.000 

1885 

...  300.000 

—  . . . 

...  2.186.000 

1886 

...  467.000 

—  . . . 

...  1.395.000 

1887 

...  530.000 

—  . . . 

550.000 

1888 

...  610.000 

—  . . . 

...   1.250.000 

1880 

...  450.000 

— 

875.000 

2.  Louis  Say,  Largcau,  L'Exploration,  n^  5U. 


quinze  ou  seize  empona  de  la  peiiti!  Syrie.  C'était  comme  au- 
tant de  pompes  aspirantes  par  lesiinelles  Cartilage  attirait  à 
elle  tous  les  produits  du  Sahara  et  surtout  du  Soudan.  Les  ca- 
ravanes apportaient  là  les  cuira,  les  laines, rivoii"e,rébène,  les 
œitTs  et  les  plumes  d'autruche,  la  poudre  d'or,  l'encens,  les 
pierres  précieuses.  Carthage  leur  donnait  en  échange  les  pro- 
duits de  son  territoire  ou  du  bassin  méditerranéen:  du  blé,  du 
sel,  du  riz,  des  métaux,  des  armes,  des  ustensiles  de  bronze 
ou  de  fer,  etc. 

«Les  Caramautes,  comme  les  Touareg  leurs  descendants, 
étaient  guerriers  et  marchands  ou  plutôt  convoyeurs  de 
marchandises.  Les  caravanes  avec  lesquelles  ils  allaient  du 
Soudan  A  la  Méditerranée,  étaient  composées  de  chevaux,  de 
chameaux  (plus  anciens  en  Afrique  qu'on  ne  le  croit  généra- 
lement, mais  néanmoins  plus  rares  qu'aujourd'hui)  ,  et  sur- 
tout de  chariots  traînés  par  des  bœufs  à  bosse,  des  zébus,  en- 
core très  nombreux  dans  certaines  parties  du  pays.  Bartli  a  vu  , 
au  cœur  du  désert,  en  deux  endroits  différents,  à  Anaï  et  A 
Telizz&hren ,  des  sculptures  grossières  sur  les  rochers  représen- 
tent des  chariots  à  roues  pleines  traînés  par  des  zébus.  Ce  sont 
les  caravanes  des  tiaramantes  au  temps  de  Carlhage.  " 

Gabès  était  alors  le  grand  emporiiim  (c'est  le  terme  de  Slra- 
bon)  où  ariluaient  ces  caravanes,  et  dans  la  savante  étude  sur 
la  Tunisie  ancienne,  dont  je  viens  de  citer  quelques  lignes. 
M,  C.  l'erroud  '  nous  a  très  ingénieusement  conté  sous  la  pres- 
sion de  quels  événements  les  chameliers  ont,  A  diverses  re- 
prises, modifié  leur  ilinératrc. 

Trois  routes  difFérentes  permettaient  aux  caravanes  d'aborder 
le  rivage  de  la  Méditerranée  dans  le  golfe  Syrlique  :  l'une,  k 
l'Est ,  aboutissant  au  fond  de  la  grande  Syrtc  ;  l'autre,  à  l'Ouest , 
déiiouchant  sur  Gabès;  une  autre,  intermédiaire,  touchant 
1.  ÀiiBuItt  de  i Sslréme-Oiienl  et  de  T Afrique,  n"  Am  ISmril  el  l^'mai  1890. 


^^_     I.  ^iinurrï  ui:  t  ajttvrmv- 


3 


108  LA  TcmsiB  DEPUIS  L*OGCivATMMi  wmkwçànm 

jadis  à  Upiis,  aigourd'hm  à  Tripoli.  Carfhage,  maltnae  tk 
tout  lo  rivage  des  Syrtes  jusqu'aux  confios  de  la  Cyiénilque, 
disposait  souverainement  de  ces  trois  routes.  Mais  rexameu  de 
la  carte  vous  dira  que  celle  des  trois  qui  lui  convenait  le  nûen 
était  celle  de  TOuest,  celle  du  golfe  de  Gabès,  odle  qui  abou- 
tissait BOUS  sa  main  «  à  ce  grand  marché  mystérieux  dont  je  vooi 
ai  décrit  la  prospérité.  Que  fit^UeT  Par  la  politique,  par  les  ar- 
mes» elle  ramena  violemment  à  TOuest,  à  la  petite  Syrie,  tontes 
les  routes  de  la  mer  Syrtique.  Uen  de  plus  facile  à  concevinr  : 
les  r<>utos  •  à  travers  la  mer  saharienne ,  sont  comme  des  bm 
ih  fleuve  dans  un  delta  d'alluvions  :  il  suffit  de  fermer  nos 
bouche»  d*en  ouvrir  une  autre»  pour  détourner  le  cours  des 
eaux.  Kt  ici,  nous  rentrons  en  plein  dans  les  questions  contem- 
porniucs;  quand  Garthage  eut  succombé»  que  Rome  eut  livré  i 
Massinissa  et  à  ses  Numides  barbares  les  cantons  de  la  petite 
SyrU» ,  c  est  &  TEst»  vers  Leptis»  que  les  routes  refluèrent  aussi- 
t(M.  Au  temps  des  Césars»  Tacite  nous  montre  deux  ^Ues  de  la 
Tripolitatnc  »  Oea  (aujourd*hui  Tripoli)  et  Leptis»  se  faisant  une 
^uoriv  aohariu^c.  Que  se  disputaient-elles?  Évidemment  le  dé- 
houclu^  (les  eanivAUCs,  source  assurée  de  richesses.  Plus  tard,  le 
romineree  saharien  semble  reprendre  la  route  du  golfe  de 
(•ahi^s;  mais  surviennent  les  Arabes.  Maîtres  de  Tripoli  depuis 
iWl ,  ils  n'ont  pu  encore  envahir  la  province  romaine  cor- 
respondant A  la  Tunisie  actuelle;  que  font-ils?  Ils  enlèvent  le 
^rand  marché  de  Sahrata,  trop  voisin  du  golfe  de  Gabès,  et  le 
transportent  i\  Tripoli,  c'est-à-dire  ramènent  violemment  la 
rout(»  commerciale  i\  TKst,  o[>ërant  exactement  le  contraire  de 
ce  tpravait  fait  ('.arthagc  dix  siècles  auparavant;  même  but, 
marnes  moyens.  Kniin  au  commencement  de  ce  siècle  »  tous  les 
voyageurs  rallest(»nt,  il  y  avait  un  commerce  actif  entre  le 
Soudan  et  (■alx'^s.  Ce  trafic  n'était  évidemment  que  Tombre  du 
commerce  de  f.arlhaire;  mais  enfin  il  existait.  Les  Turcs  avant 


repns  possession  de  Tripoli  ea  1835,  y  ont  mis  ordre,  lis  sont 
nllés prendre  Gliadamès,  c'est-à-dire  se  saisir  de  la  route  mûmc, 
et  l'ont  déviée  sur  Tripoli  à  leur  propre  profit,  au  profit  de  Malle 
et  de  l'Angleterre.  M.  Louis  Say  et  H.  Largeau.  en  1876,  ont  vu 
passer  par  (Gliadamès  des  milliers  de  chameaux,  venus  du  Sud, 
et  s'aclieniinant  sur  Tripoli. 

Or,  Ghadamès  est  à  50ô  kiloniètres  de  Tripoli;  les  cara%'anes 
mettent  dix-sept  jours  de  marche  pour  se  rendre  d'une  oasis 
à  l'autre.  Bou-Grara  n'est  qu'à  VIO  kilomètres  de  Ghadamès, 
et  un  chemin  de  fer  reliant  ces  deux  points,  ramènerait  subi- 
tement dans  nos  eaux  le  trafic  des  caravanes  en  leur  économisant 
le  quart  de  leur  trajet  et  en  Jeur  assurant  une  sécurité  qu 
leur  fait  défaut  avec  le  pavillon  de  la  Porte,  absolument  mé- 
connu à  quelques  kilomèlres  de  Tripoli,  11  y  a  là  pour  nous  un 
intérêt  à  la  fois  politique  et  commercial.  Ce  serait  ouvrir  le 
centre  de  l'Afrique  à  nos  industries  et  prendre  rapidement  dans 
ces  régions  une  inlluence  que  se  disputent  toutes  les  nations  de 
l'Europe.  Enfin  on  amoindrirait  ainsi  la  valeur  de  la  Tripolilaine 
au  point  de  vue  commercial;  on  rendrait  la  surveillance  de  sa 
frontière  facile  et  l'on  dégagerait  notre  politique  extérieure  de 
tout  souci  de  ce  côté.  En  un  mot,  la  ville  de  Tripoli  cesserait 
d'être  ce  qu'elle  est  aujourd'hui  :  la  véritable  clef  du  Soudan, 
et  désormais  les  convoitises  italiennes  nous  laisseraient  tout  à 
fait  indifi'érents  de  ce  cùté. 

Ce  sont  là  des  considérations  qui  n'avaient  pas  échappé  à  la 
haute  sagacité  de  M.Jules  Ferry,  et  je  le  constate  ici  avec  regret, 
comme  je  le  faisais  l'année  dernière  dans  l'Estafette  en  répon- 
dant à  la  Gazptia  di  Torn'no,  qui  nous  accusait  de  vouloir 
incorporer  Ghadamès  à  notre  empire  africain,  si  le  ministère 
(lu  22  février  1883  était  resté  quelques  mois  de  plus  aux 
affaires,  les  avantages  que  je  signale  seraient  réalisés  aujour- 
LJules  Ferry,  alors  président  du  Conseil  avec  le  porte- 


fenilledcs 

une  coBfimweà  la 

cnmil  lawÎMinw  cFaDar 

rhahileek  mwmaà 
GueliiiA. 

La  loeoBolive  imit 
ks  ItaJko»  a  en 
de  ToMB  :  elle 
plus  pacifique. 

Là  chute  du  mimaliiie  a 
qui  eût  été  «  pfofitehle  à  notoe 
suharienne ,  qui  eût  s 
le  lac  Tchad.  FaniHl  dooe  le 
enterré?  Je  ne  peux  radmettre  : 
Ixtent  en  aa  bveur.  De 
Chambre  consente  à  Totar  fomcoaip  le  ; 
Le  vouliit-elle  que  la  sîtnaliQa 
lemeat.  On  ne  peut  procéder  que  par 
pour  riastant  qu'une  amorce*  età  ce  titre  je  prétends  qull  n  est 
pa»  de  liirne  ipii  puisse  coûter  relatiTeoient  ansn  bon  marché 
et  donner  des  résultats  îmméKiîat^  aussi  considérables  que 
celle  de  Bou-4jrara  à  Ghadamès. 

Le  ,;rêaêral  Philebert  et  M.  G.  Rolland  vont  m*otgecter  :  «  Gha- 
(Liniès  est  pays  turc .  et  la  Turquie  entretient  depuis  longtemps 
dans  cette  ville  une  sramison  et  un  pacha  qui  relèTe  de  Tri- 
poli ^  *'.  Si  mes  renseignements  sont  exacts*  la  souveraineté  delà 
Porte  n'est  guère  que  nominale  à  Ghadamès  ;  elle  est  représentée . 
non  pas  par  une  garnison  et  un  pacha»  mais  par  un  seul  et 
unique  turc,  un  hakem.  chargé  du  recourrement  deTimpùt. 


1.  op.  cii,,  page  66. 


LOmlXAGE  ÉC050aiorK 


iOl 


la  lezma.  Mais  peu  importe, dous  oe  songeons pasà  la  conqnëte 
de  celle  oasis.  Nous  avons  Irop  le  respect  do  bien  d'autrui  et 
nous  CDlrelenoos  de  trop  bonnes  relations  avec  la  Turquie  pour 
les  troubler  sans  motif.  Ghadamès  lui  appartient;  soit.  EIn 
résalte-t-il  un  empêchement  absolu  d'établir  la  ligne  en  ques- 
lioQ?Nolre  diplomatie  ne  pourrait-elle  s'entendre  à  ce  sujet  avec 
)e  gouvernement  ottoman?  11  n'est  pas  téméraire  sans  doute 
de  le  présumer.  Hais  j'admets  que  l'entente  ne  puisse  s'établir. 
Ghadami^s  doit  sa  création  à  une  source  dont  l'eau  est,  paralt- 
jl,  à  16":  la  couche  aquifére  est  conséquemmeni  pen  profonde. 
et  j'incline  à  penser  que  nous  pourrions  facilement,  &  vingt 
kilomètresendeçà.  sur  notre  propre  territoire  algérien,  créer, 
presque  du  jour  au  lendemain,  une  oasis  qui  détrO>nerait  la 
vieille  cité  garamantique ,  dont  l'importance  tient  exclusive- 
ment à  sa  situation  géographique,  au  point  de  convergence 
des  routes  de  Gabès  et  de  Tripoli. 

J'appelle  vivement  l'attention  sur  celte  ligne;  non  seulement 
elle  répond  à  un  intérêt  commercial  très  sérieux,  mais  elle  est 
de  nature  à  servir  au  premier  chef  l'extension  politique,  mo- 
rale et  territoriale  de  la  France. 


PORTS   ET    PHARES 

Fl^  Régence  de  Tunis  étant  bornée  au  Nord  el  à  l'Est  par  lu 
Méditerranée,  ses  routes  el  ses  chemins  de  fer  doivent  nécessai- 
rement aboutir  à  de  bous  ports.  Or,  en  1881,  la  côté  tunisienne 
était  dans  le  même  état  d'abandon  que  l'intérieur  du  pays;  non 
seulement  on  n'y  trouvait  aucun  port  fermé,  nul  mouillage 
sttf  ;  mais  l'atterrissage  était  partout  très  difficile,  même  pour 


■  4   . 


irt  l.k    IXMSIC   l«PnS   LOCCCPATION    FRA?eÇAISE 

•^  :*-•  •-■*  -  i.'àfcrcfctj-n*^,  mX  à  cause  de  rescarpemenl  desfa- 
.:.:-.•■*.  «*  •  :.kr.'  ^joe  IVstran  était  dépounu  de  digue  et  de 
T  ••^:  -:îi  î  h  S'uhfcit  pciur  favoriser  les  naufrages  et  pour  les 
.:■!••  n:-iik!«its:  »-t  tr:»p  sc«uvent  les  Syrtes' justifiaient  le 
.•:    •'  ,i,}K  -".   ;»'/cyM5  qu'elles  s'étaient   acquis  dans 

•   -»■..?■•  :.   ::f.k.t  3r  lourdes  charges  à  l'admiDistratioa 

•■■.  •  r:-.:    •  .it  ".  .'Slifeait  à  des  travaux  tK^s  dispendieux 

..>■:.•::     :  •  \r\--:fci.]es.   rn  raisc»n  de  IVtat  des  finances 

.  .  ■•*   ♦..  •  *  vi.  es:  crfK-niant  tirée  avec  honneur.  Elle  a 

.   .>  :-:*:s?*:  i'Z,  onslruisant  des  quais,  des  môles  en 

:.     ■  ■     .  ;.  •*  -«k  :.krî>  rii  charpente  el  en  draguant  les  fonds 

:•  •:.  -'"T:    .  k.-:-  s:ijr  ots  CAlK»teuK.  Environ  deux  mU- 

r-.:  •-    •:.'  fît   k.os:  réponses  en  quelques  années  à 

.c    .       .. :v     ?..r;>Ffcrina.  Bizerte,  Sousse,   Monaslir, 

>  .\        :•  -  •  :  H  ■-'.cii-S.'uk  l*uis.  un  prctgramme  ayant 

--  ^         ^  r..:-;;  tTj'.jr  .  03  i-Zi  a  entrepris  l'exécution  et. 

.   -    •   .:::  '.-.  -■  •::  .  3r  Tahark^  à  Zarri>.  sera  dans 

■    ■*:-  .      r!*j->  r.'. "entrai aérait  l»eaucMiip 

••■■•:.   :.   :  .   '  ;  ■*  :-:.:v  de  pr^Hii-Vie  impor- 

-     .  ->    -.    T..->.  B^zer'f  .   S'.-us^'.-.   Sfax  et 


.4       - 


\       X 


:  r    ..:.:".   Ji.jrep  1I-*.  es:  séparée 
".   ...:  ..xTj-:  ur   i  environ  «jiia- 

>    ■..■:.   ■--  *r.in<l' .r^.lement  de 

X     ■.  ..■       -     v.    =»   .:i>::' '.:: .  !i  lie  \\  capî- 

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^    ^ 


\\\ 


I.OfTIlLAGE    KCOKOIIIQL'K  203 

B  endroits  les  plus  profonds,  de  petites  barques  peuvent  seu- 
i  y  circuler  et  les  marchandises  ont,  par  suite,  à  suLiir  des 

his  do  transbordements  et  de  transports  considérables.  Enfin 
l  construction  d'un  port  était  si  nécessaire  àTunis  que,  dès  le 

lois  d'août  1880,  Mohammed  es-Saddok  en  avait  accordé  la 
concession  à  la  Compagnie  de  Bi>ne-Guelma.  Quelques  semaines 
plus  tard,  celle-ci  cédîi  ses  droits  à  la  Société  de  Construction 
des  BatignoUes.  L'administration  française  avait  les  mains  liées! 
M.  Cambon  aurait  voulu  qu'on  se  mit  A  l'œuvre  sur-le-champ; 
mais  la  compagnie  concessiouuairc  réclamait  le  bénéfice  inté- 
gral de  son  marché;  il  fallut  négocier,  transiger  et,  finalement, 
on  ne  tomba  d'accord  qu'en  décembre  1885.  Quatre  longues 
anni^cs  ont  été  perdues  de  la  sorte.  Mais  le  gouvernement  tuni- 
sien a  recouvré  sa  liberté;  l'ancienne  concession  est  devenue 
un  simple  contrat  d'entreprise,  le  port  lui  appartient  eu  propre. 

A  la  suite  de  celle  nouvelle  convention,  la  Société  de  Cons- 
truction des  Balignolles  a  dressé  un  projet  qui  a  été  soumis  au 
Conseil  Général  des  l'onts  et  Chaussées,  et,  après  avoir  subi  di- 
verses modifications,  a  été  définitivement  approuvé  le  18  juil- 
let 1888.  Ce  projet  comprend  un  avant-port  à  La  Goulette,  un 
canal  à  travers  le  lac  d'el-Bahira  et  un  bassin  à  Tunis.  L'avant- 
port  est  constitué  par  un  chenal  en  mer  de  G^jSO  et  d'une  lar- 
geur de  100  mètres  au  plafond,  protégé  de  part  et  d'autre  par 
deux  jetées  parallèles  se  prolongeant,  celle  du  Nord  jusqu'au 
fond  de  6  mètres,  celle  du  Sud  jusqu'au  fond  de  3"',50  seulement. 
Le  canal  à  travers  le  lac  a  une  longueur  de  8  kilomètres  en- 
viron; comme  le  chenal  en  mer,  il  doit  être  creusé  à  une  pro- 
fondeur de  6"°, 50,  mais  sa  largeur  au  plafond  est  réduite  à  22 
mètres.  Il  est  protégé  des  deux  càtés  par  des  vannages  distants 
l'un  de  l'autre  de  ItiO  mètres,  et  raccordé  au  chenal  en  mer  par 
un  canal  courbe  à  travers  le  Lido  séparant  la  rade  du  lac  el-Ba- 
hira,  dont  le  rayon  est  de  2,000  mètres,  et  dont  la  largeur  croit 


20i  LA  TUNISIE  DEPUIS  L^OOCUPATM»  nAHCAISB 

progressivement  de  22  mètres,  largear  da  chenal  dans  le  lac, 
jusqu'à  100  mètres,  largeur  du  chenal  en  mer.  Un  bassin  d^une 
superficie  d'environ  5  hectares  et  d'une  profondeur  de  2*,80, 
établi  sur  ce  canal  de  raccordement,  permettra  aux  barques  de 
fiûble  tirant  d'eau  de  s'arrêter  à  La  Goulette;  un  garage  d'une 
.  longueur  de  500  mètres,  situé  au  milieu  du  canal  dans  le  lac, 
assurera  pour  les  gros  navires  la  possibilité  de  se  croiser  entre 
La  Goulette  et  Tunis. 

Le  bassin  de  Tunis  aura  une  superficie  de  12  hectares  et  une 
profondeur  de  O'^fSO  ;  bordé  de  quais  en  charpente  sur  trois  fa- 
ces, il  sera,  en  outre,  pourvu  de  trois  wharfo  destinés  à  faciliter 
les  opéllitions  de  chargement  et  de  déchargement.  De  vastes 
hangars,  des  voies  ferrées,  etc.,  un  outillage  important,  établis 
sur  le  quai  le  plus  rapproché  de  la  ville  assureront  enfin  la  facile 
manutention  des  marchandises,  tant  au  départ  qu'à  l'arrivée. 

Les  travaux  doivent  être  terminés  dans  un  délai  de  six  ans, 
soit  le  18  juillet  i89i,  et  tout  porte  à  croire  qu'ils  le  seront.  Les 
jetées  de  l'avant-port  sont  achevées,  le  basôn  de  Tunis,  ou  port 
proprement  dit,  est  très  avancé  et  le  draguage  se  continue 
à  La  Goulette  pour  rachèvement  du  bassin  d*entrée  ainsi  que 
du  chenal  accédant  à  la  haute  mer. 

La  dépense  a  été  évaluée  à  environ  13  millions  de  francs. 
Une  réserve  de  6,700,000  francs,  constituée  sur  les  excédents 
des  exercices  antérieurs,  a  d^abord  permis  de  faire  face  aux 
échéances  des  premières  années  ;  il  y  est  maintenant  pourvu  à 
Taide  des  ressources  du  budget  ordinaire. 

BizERTK.  —  La  Tunisie  possède  deux  grandes  baies  où  la 
nature  a  exceptionnellement  tout  préparé  pour  la  création 
d'établissements  nautiques  de  premier  ordre  :  c'est,  sur  la  côte 
orientale,  la  mer  de  Bou-Grara;  sur  la  côte  septentrionale,  le 
lac  de  Bizerte ,  dont  la  valeur  est  encore  décuplée  par  leur  si- 


L  OUTILLAGE   ÉCOKOHIOCIi 


90d 


rtuation  géographique.  La  première  de  ces  stations  maritimes 
semble  appelée  en  effet  à  redevenir  le  grand  entrepôt  des  pro- 
duits du  Soudan  '  et  la  seconde  occupe  dans  la  .Méditerranée 
une  position  unique  tant  au  point  de  vue  commercial  que  stra- 
tégique. J'ai  déjà  imiiqué  son  importance  à  propos  des  intrigues 
machiavéliques  que  nous  avons  dû  déjouer  au  Bardo  de  1870 
à  I880-;  je  dois  ajouter  ici  que  nos  rivaux  ne  se  sont  pas  en- 
core consolés  de  sa  perte. 

C'est  cet  excellent  point  d'appui  de  Uizerle  qui  surexcitait 
principalement  les  convoitises  italiennes  A  Tunis;  car,  avec  la 
Spezzia,  elle  ei1t  été  souveraine  maîtresse  du  passage  entre  les 
deux  grands  bassins  de  la  Méditerranée.  , 

l'n  beau  rêve  vraiment  que  la  jeune  Italie  caressait  là;  mais 
il  a  eu  le  sort  évanescent  de  tous  les  rêves  !  Quand  môme  elle  y 
pense  encore  et  s'efforce  d'immobiliser  notre  action  sur  ce 
«  fort  boulevard  militaire  »  comme  disait  récemment  PExercito 
ilaliano  '  en  représentant  nos  pacifiques  travaux  dans  le  canal 
comme  la  plus  terrible  machine  de  guerre*.  Et  l'Angleterre 
qui  ne  redoutait  rien  tant  que  de  voir  les  Italiens  à  Bizerle,  fait 
maintenant  chorus  avec  eux;  avec  le  pudibondage  puritain  qui 
lui  est  propre,  elle  s'indigne  que  nous  osions  mettre  une  drague 
dans  ce  lac;  mais  que  dis-je!  une  drague,  peut-être  la  pour- 
rait-on tolérer?  mais  des  canons  sur  des  fortifications!  Encore 
tout  dernièrement  VAriny  and  Naoïj  Gazelle  prétendait  dénon- 
cer le  péril  que  l'Europe  courrait;  et  la  perfide  enfant  dWlbion 
poussait  des  clameurs  naïves,  simulait  un  niterrenient  qui  eus- 


I.  V,  le  cha)iilre  pri'c^dirnt. 

7.  V.  t.  I,  page  1M. 

S.  Numéro  du  15  janvier  l&'n. 

4.  Ua  journal  de  Kaples,  le  Pungalo,  a  l'n  [tourla 
en  décembre  deraicr,  (|ue  les  ofGciers  l'nvnyés  en  Tunisie  par  le 
lien,  pour  se  rendre  compte  des  ou«raHea  entrepris  à  Biierte,  i 
vragcj  élaienl  saas  imiiarlancu  el  ne  jMiurrBient,  dans 


foi  Je  ili'-clnrer, 
l^u>ernement  ila- 
lienl  reconnu  que 
icuo  us,  être  un 


daniter  pour  la  Péoinsule. 


200  LA    TUNISIE   DEPUIS   l'oCCCPATIOX   FBA.\ÇAISE 

sent  été  risibles  si  nous  ne  les  avions  su  complètement  factices. 

Aussi  bien  je  regrette  fort  que  cette  émotion  ne  soit  pas  plus 
justifiée. 

Oui ,  nous  pouvons  aisément  transformer  le  port  naturel  de 
Bizerte  en  un  port  de  guerre  inexpugnable.  H  le  fut  à  peu  près 
dans  Tantiquité  et  il  le  deviendrait  sûrement,  à  peu  de  frais,  en- 
core que  les  conditions  nautiques  et  militaires  n'aient  plus  au- 
cun rapport.  Ce  lac  mesure  13  kilomètres  de  l'Est  à  l'Ouest  et 
9  kilomètres  du  Nord  au  Sud.  Il  a  donc  une  superficie  de  plus 
de  100  kilomètres  carrés,  c'est-à-dire  suffisante  pour  contenir 
toutes  les  armadas  de  l'univers. 

Le  plafond  varie  de  5  à  13  mètres.  Il  offre,  par  suite,  aux 
navires  de  tout  tonnage  un  ancrage  excellent.  La  petite  rade  de 
Toulon  n'est  creusée  qu'à  10  mètres  et  cela  suffit  pour  les  plus 
gros  cuirassés.  Avec  quelques  travaux  de  draguage,  on  donnerait 
très  vite  cette  profondeur  à  la  partie  choisie  pour  le  mouillage 
de  nos  grands  vaisseaux  de  guerre. 

Le  canal  qui  communique  avec  la  Méditerranée  a  environ 
trois  kilomètres  de  long  sur  une  trentaine  de  mètres  de  large. 
Depuis  des  siècles,  il  était  envahi  par  le  sable;  mais  déjà 
nettoyé  en  partie,  il  suffirait  de  quelques  dragues  pour  obtenir 
bientôt  la  profondeur  voulue;  et  je  voudrais  qu'on  l'obtint  sans 
retard. 

irizorte  nous  a[)partient  et  nous  devons  l'utiliser,  aussi  bien 
dans  rintérèt  de  nos  protégés,  les  Tunisiens,  que  pour  nous- 
niéni(»s.  II  y  a  là  une  obligation  —  et  un  droit  strict.  Car  le  port 
militaire  de  Bizerte  ne  nous  assurera  pas  la  prépotence  dans  la 
Méditerranée,  comme  le  prétendent  les  Anglais  et  les  Italiens; 
il  ne  menacera  nullement  l'équilibre  méditerranéen;  tout  au 
contraire,  il  le  rétablira.  L'Angleterre  est  maîtresse  de  Gibral- 
tar à  rOnest,  de  Malte  au  Centre,  et  de  Chypre  à  TEst  de  cette 
mer;  ritalie  y  possède  (ièncs,   La   Spezzia   et  La  Maddalena; 


LOITILLAGK    KCONOMlQt'E  207 

nous  n'avons  que  Toulon  qui ,  avec  la  portée  des  iiouv'eau\ 
canons,  est  maintennnt  exposé  à  un  bombardement.  D'Obock  â 
Gibraltar,  nos  escadres  ne  trouveraient  d'autre  port  de  refuge 
que  ceux  des  cAtes  de  France,  d'Algérie  et  de  Tunisie.  Mais  notre 
grande  colonie  n'a  aucun  port  fermé,  et  si  des  ports  de  France 
et  de  Corse  on  peut  commander  la  roule  des  Indes  par  son  pas- 
sage septentrional  de  I(i  Méditerranée  et  par  les  Louches  de 
Bonifacio,  ce  n'est  que  dans  la  partie  où  la  branche  méri- 
dionale de  cette  route  se  trouve  resserrée  dans  les  passes  en- 
tre la  Sardaigne  et  la  Timisie  qu'elle  peut  être  activement  sur- 
veillée et  commandée  effectivement  par  une  forte  escadi'O 
concentrée  dans  les  ports  de  Bizerte  et  de  Tunis,  séclairant  au 
large  avec  ses  croiseurs  et  pouvant,  de  là,  se  jeter  à  propos  sur 
les  forces  anglaises  qui  chercheraient  à  maintenir  leurs  coin- 
municaliuns  assurées  entre  Malte  et  Gibraltar. 

Ce  sont  donc  les  poris  de  Tunis  et  de  Bizerte  qui  se  trouvent 
désignés  par  leur  siiuation  géographique  pour  servir  de  points 
de  concentration  à  la  flotte  française  qui  aurait  pour  mission 
d'intercepter  la  route  des  Indes  dans  la  Méditerranée  '.  Mais  le 
port  de  Tunis  no  pourra  recevoir  que  des  navires  calant  6"°, 50; 
il  n'offrirait  Jonc  qu'une  rade  ouverte  à  nos  cuirassés  ■'?  tandis 
que  le  port  de  Bizerte,  lorsqu'il  aura  été  suffisamment  creusé .  or- 
ganisé et  fortifié,  formera  un  point  d'arrêt  inattaquable  pour  In 
flotte  ennemie  et  une  base  d'opérations  excellente  pour  les  entre- 
prises offensives  de  nos  escadres  sur  Malte  et  la  roule  des  Indes. 

Un  journal  de  Paris  disait,  il  y  a  quelques  années'^  :  ti  Quand 
on  songe  aux  centaines  de  millions  jetés  dans  la  Manche  depuis 
(Ouis  XIV  pour  créer  Cherbourg,  si  vulnérable  nujourd'liui, 


LA  TUNISIE  mPUU  l'oOCUFAUCNI  nAXCàUB 

on  se  dit  qae  notre  géniratUm  Uffoerait  à  TaTenir  une  œnvre 
utile  pour  la  grandeur  de  la  France  n  elle  utilisait  les  admira- 
bles conditions  naturelles  de  Biierfe. 

<c  Une  flotte  française  pouvant,  à  son  gré  et  suivant  les  cir- 
constances du  temps,  se  réfagier  sur  les  côtes  de  Provence,  i 
Toulon ,  ou  sur  les  cMes  d'Afrique,  à  Biierte,  couperait  en  denx 
la  Méditerranée,  d'autant  plus  qu*il  faut  tenir  compte  de  la 
Corse ,  située  à  peu  près  à  mi-chemin. 

«  Dans  ces  conditions,  notre  infériorité,  vis-à-râ  des  An- 
glais, diminuerait  considérablement,  U  ligne  de  nos  posses- 
sions s*étendant  alors  du  Nord  au  Sad  perpendiculairement  à 
la  ligne  de  leurs  fortes  positions  qui  s'étend,  elle,  de  l'Est  k 
rOuest  sur  une  bien  longue  étendue  »  • 

Eh  oui!  une  rade  de  concentration  bien  fermée,  défendue 
par  de  solides  ouvrages  et  pourvue  de  basiins,  de  redoutes  et  de 
magasins  d'approvisionnements,  doit  s'imposer  aujourd'hui  à 
nos  résolutions  et  à  nos  sacrifices ,  car  ce  port  créera  sur  la  rive 
méridionale  de  la  Méditerranée  le  point  d'appui  indiiqiensable 
de  Taile  droite  de  la  ligue  d'investissement  de  Halte  par  nos 
forces  navales;  cette  ligne  s'étendant  sur  le  méridien  de  la 
Corse  et  de  la  Sardaigne ,  des  côtes  de  France  au  cap  Corse ,  aux 
bouches  de  Bonifacio  et  à  la  Tunisie  ^ 

Vis-à-vis  de  ritalie,  il  rétablira  à  peu  près  Téquipollence 
de  nos  forces  maritimes. 

M.  de  Lanessan  a  publié,  en  mai  1890,  sur  la  situation  réci- 
proque  des  flottes  française  et  italienne  dans  la  Méditerranée,  des 
articles  qui  ont  légitimement  alarmé  notre  patriotisme.  Le  gou- 
verneur actuel  de  Tlndo-Chine  montrait  que  les  progrès  de 
ritalie  ont  été  supérieurs  aux  nôtres,  qu'avec  le  concours  de  ses 
alliés  elle  nous  mettrait  dans  un  état  d'inquiétante  infériorité! 

1.  Les  Colonies  nécessaires,  loc.  cit. 


L  OUTILLAGE    KCOMIMIOUK 


200 


I^uis  quelque  lemps,  disait-il,  l'Allemagnp  enLrelient  dans  la  Mé- 
diterranée iino  escadre  de  quatre  culrass(5s  bien  armés,  bien  pro- 
tégés el  dont  les  équipages  sont  considérés  comme  excellents  par 
tous  ceux  de  dos  officiers  qui  les  ont  vus  cianceuvrer. 

Avec  l'escadre  de  l'Italie,  ces  bâtiments  forment  une  armée  na- 
vale dont  le  noyau  est  représenté  par  onze  cuirassés  d'escadre,  tous 
en  fer  ou  en  acier,  fortement  armés,  trts  bien  protégés,  et  doués 
d'une  vitesse  au  moins  égale  it  la  moyeune  de  celle  de  nos  cui- 
rassés. 

Cette  escadre  cuirassée  peut  se  faire  appuyer  par  sept  croiseurs 
italiens  de  deux  à  trois  mille  tonneaux  de  déplacement  (liant  de  11 
à  32  nœuds,  très  bien  armés  et  pourvus  de  ponls  blindés  et  de 
nombreux  compartiments  étanclies. 

Klle  serait  éclairée  non  seulement  par  ces  croiseurs,  dont  quel- 
ques-uns sont  plus  solidement  armés  que  certains  de  nos  cuirassés, 
mats  encore  par  sept  contre-torpilleurs  ûlant  de  SU  à  21  nœuds  el 
dont  cinq  ont  un  déplacement  de  TiO  tonneaux.  Nous  en  avons  vu 
un  échantillon  à  Toulon,  le  Goilo;  c'est  un  joli  navire,  bien  fait  et 
bien  armé  pour  son  rôle. 

Enfin,  l'escadre  italo-allemande  serait  assist(^e  par  neuf  torpilleurs 
de  haute  mer  dont  deux  de  108  et  cinq  de  1:^5  tonneaux,  ayant  filé 
aux  essais  23  et  25  nœuds.  Klle  pourrait  y  ajouter,  si  elle  en  avait 
besoin ,  mais  en  dégarnissant  ses  stations ,  3d  torpilleurs  de  83  ton- 
neaux filant  31  el  22  nœuds,  très  capables  de  tenir  la  mer  en  tout 
temps. 

Ces  forces  navales  considérables  sont  massées  tout  près  de  nous  : 
à  la  Spezzia  et  k  la  Maddalena,  prêtes  à  se  porter  en  quelques  heu- 
rfs,  grâce  à  leur  grande  vitesse,  partout  oCi  il  serait  besoin  pour 
défendre  les  eûtes  occidentales  de  l'ilalie. 

Je  ne  parle  pas  de  l'appui,  notable  cependant,  que  la  marine 
autrichienne  pourrait  leur  donner.  Je  me  borne  à  constater  la  puis- 
sance des  Hottes  qui  sont  constamment  organisées  en  face  de  Tou- 
lon, seul  arsenal  et  seul  refuge  de  notre  armée  navale  de  la  Médi- 
terranée. Voyons  quelle  est  la  composition  de  celle-ci.  Son  noyau 
est  formé  par  six  cuirassés  d'escadre  en  fer  dont  je  suis  heureux  de 
dire  qu'à  part  la  vitesse ,  ils  valent  largement  ceux  des  Italiens  et 
sont  supérieurs  à  ceux  de  l'Allemagne,  mais  ils  ne  sont  que  six; 
sept  en  y  joignant  le  Friedland  qui  est  déjà  bien  vieux  et  démodé. 
On  pourrait,  au  besoin,  y  joindre  les  deux  garde-côtes  cuirassés, 
Indomptable  et  Caman,  qui  sont  très  bien  armés  et  très  bien  proté- 


L 


11 


i 


•  . 


SOS  LA  TUNISIE  DEPUIS  L*O0CUPA1IQV  «SAHÇAISB 

on  se  dit  que  notre  génératkm  légaenit  à  Tavenir  une  œuvre 
utile  pour  la  grandeur  de  la  France  si  die  ntiliflait  les  admira- 
bles conditions  naturelles  de  Biierfe. 

«  Une  flotte  française  pouvant,  à  son  gré  et  soivant  les  cir- 
constances du  temps,  se  réfugier  sur  les  côtes  de  Provence,  à 
Toulon ,  ou  sur  les  cMes  d'Afrique,  à  Bixerte,  couperait  en  deux 
la  Méditerranée,  d^autant  plus  qu*il  faut  tenir  compte  de  la 
Corse ,  située  à  peu  près  à  mi-chemin. 

o  Dans  ces  conditions,  notre  Infériorité,  vift-A-vis  des  An- 
glais, diminuerait  considérablement,  la  ligne  de  nos  posses- 
sions s'étendant  alors  du  Nord  au  Sud  perpendiculairement  k 
la  ligne  de  leurs  fortes  positions  qui  s'étend,  elle,  de  TEst  & 
rOuest  sur  une  bien  longue  étendue  »  • 

Eh  oui!  une  rade  de  concentration  bien  fermée,  défendue 
par  de  solides  ouvrages  et  pourvue  de  basnns,  de  redoutes  et  de 
magasins  d'approvisionnements,  doit  s'imposer  aigourd'hui  à 
nos  résolutions  et  A  nos  sacrifices,  car  ce  port  créera  sur  la  rive 
méridionale  de  la  Méditerranée  le  point  d^appiù  indispensable 
de  Faile  droite  de  la  ligne  d'investissement  de  Halte  par  nos 
forces  navales;  cette  ligne  s'étendant  sur  le  méridien  de  la 
Corse  et  de  la  Sardaigne,  des  côtes  de  France  au  cap  Corse,  aus 
bouches  de  Bonifacio  et  à  la  Tunisie  ^ 

Vis-à-vis  de  Tltalie,  il  rétablira  à  peu  près  TéquipoUence 
de  nos  forces  maritimes. 

M.  de  Lanessan  a  publié,  en  mai  1890,  sur  la  situation  réci- 
proque des  flottes  française  et  italienne  dans  la  Méditerranée,  des 
articles  qui  ont  légitimement  alarmé  notre  patriotisme.  Le  gou- 
verneur actuel  de  Tlndo-Cliine  montrait  que  les  progrès  de 
l'Italie  ont  été  supérieurs  aux  nôtres,  qu'avec  le  concours  de  ses 
alliés  elle  nous  mettrait  dans  un  état  d'inquiétante  infériorité! 

1.  Les  Colonies  nécessaires,  loc.  cit. 


L  OUTILLAGE    ECOKUMIQCK 


209 


Depuis  quelque  temps,  disait-il,  TAIlomagne  entretient  dans  la  M^- 
diterranéo  une  escadre  de  quatre  cuirassés  bien  armés,  bien  pro- 
tégés fit  dont  les  équipages  sont  considérés  comme  excellents  par 
tous  ceux  de  nos  officiers  qui  les  ont  vus  manœuvrer. 

Avec  l'escadre  de  l'Italie,  ces  bdliments  forment  une  armée  na- 
vale dont  le  noyau  est  représenlé  par  onze  cuirassés  d'escadre,  tous 
en  fer  ou  en  acier,  fortement  armés ,  trC-s  bien  protégés ,  et  doués 
d'une  vitesse  au  moins  égale  à  la  moyenne  de  celle  de  nos  cui- 
rassés. 

Cette  escadre  cuirassée  peut  se  faire  appuyer  par  sept  croiseurs 
italiens  de  deux  à  trois  mille  tonneaux  de  déplacement  filant  de  17 
à  â2  nœuds,  très  bien  armés  et  pourvus  de  ponts  blindés  et  de 
nombreux  compartiments  étanches. 

Elle  serait  éclairée  non  seulement  par  ces  croiseurs,  dont  quel- 
ques-uns sont  plus  i^olidement  armés  que  certains  de  nos  cuirassés , 
mais  encore  par  sept  contre- torpilleurs  filant  de  20  à  21  nœuds  et 
dont  cinq  ont  un  déplacement  de  TiU  tonneaux.  Nous  eu  avons  vu 
un  échantillon  à  Toulon,  le  Goilo;  c'est  un  joli  navire,  bien  fait  et 
bien  armé  pour  son  rôle. 

Enfin,  Tescadre  italo-allemande  serait  assistée  par  neuf  torpilleurs 
de  haute  mer  dont  deux  de  108  et  cinq  de  12o  tonneaux ,  ayant  lîlé 
aux  essais  â3  et  S.i  nceuds.  Elle  pourrait  y  ajouler,  si  elle  en  avait 
besoin ,  mais  en  dégarnissant  ses  stations ,  3!>  torpilleurs  de  85  ton- 
neaux filant  21  et  22  nœuds,  très  capables  de  tenir  la  mer  en  tout 
temps. 

Ces  forces  navales  considérables  sont  massées  tout  près  d£  nous  : 
à  la  Spezzia  et  &  la  .Madtlalena,  prèles  à  se  porter  en  quelques  heu- 
res, grâce  à  leur  grande  vitesse,  partout  oii  il  serait  besoin  pour 
défendre  les  cMes  occidentales  de  l'Italie. 

Je  ne  parle  pas  de  l'appui,  notable  cependant,  que  la  marine 
autrichienne  pourrait  leur  donner.  Je  me  borne  à  constater  la  puis- 
sance des  Hottes  qui  sont  constamment  organisées  en  face  de  Tou- 
lon ,  seul  arsenal  et  seul  refuge  de  notre  armée  navale  de  la  Médi- 
terranée. Voyons  quelle  est  la  composition  de  celle-ci.  Son  noyau 
est  formé  par  six  cuirassés  d'escadre  en  fer  dont  je  suis  heureux  de 
dire  qu'à  part  la  vitesse,  ils  valent  largement  ceux  des  Italiens  et 
sont  supérieurs  à  ceux  de  l'Allemagne,  mais  ils  ne  sont  que  six; 
sept  en  y  joignant  le  Friedland  qui  est  déji  bien  vieux  et  démodé. 
On  pourrait,  au  besoin,  y  joindre  les  deux  garde-cûtes  cuirassés, 
indomptable  et  CaXman,  qui  sont  très  bien  armés  et  très  bien  proté- 


i 


SIO  lA  TL1NIS1K   UKCIIS   t'lK:i:L'PAIIO.N   KKAN^AISE 

gél,  noais  ilt  licnnunt  tU:»  mal  U  incr  ol  Ua  ne  résiutt^raient  pasï 
une  croisièn  tivc-c  gros  tumps- 

Ed  bit  de  croiseurs  rapides,  nous  ne  pourrions  disposer  aujour- 
d'hui qnt  du  Sfax  qui  «st  un  bon  et  fort  b&timent  fllauL  IG  nœud;, 
do  Forh»  qid  file  pr^a  de  :20  nœudit ,  mais  qui  est  tn>s  faiblemcnl 
armé,  et  du  UUaii  qui  flle  m  ntrud^  al  qui  est  encore  moins  fort. 

On  a  reprocha,  A  M.  de  LiLnesKin  trop  de  pessimisme  dans 
ses  apffféûations.  Je  vciis  rroire  qu'il  a  encouru  ce  reproctie; 
mais  qu'on  ce  l'oublie  point  :  Un  jour  qu'il  jucretiit  Ikih  de 
faire  risette  au  roi  Humbert  et  à.Ms  nû^t  M.  de  BismariLt 
dit  :  l'empire  de  la  Méditerranée  àsâi  inctsiteitablement  apptr- 
teoir  à  l'Italie.  Et  celle-d  a  prit  poar  pan^  d'ÊTan^ile  cette 
boutade  de  l'habile  diplomate.  Bile  en  aitoid  l'accompliaM- 
ment.  Elle  y  travaille. 

Notre  eSacemeot  vol<mtaira  ne  moi  rend^l  pas  com^ioes  de 
cette  illusion?  Notre  manque  d'énerg^  ae  nom  en  rendra-t-il 
pas  dupes? 

Bizerte  peut  seul  nous  mettre  en  état  de  t«nir  lAte  aux  coali- 
sés; qu'on  fortifie  donc  cette  station  incomparable;  qo'on  y 
crée  un  arsenal ,  il  n'est  que  temps.  Ce  sera  pour  notre  marine 
un  nouvel  élément  de  puissance,  nu  edjuteur  extraordinaire, 
comme  une  nouvelle  flotte  que  nous  jetterons  dans  la  Méditer- 
ranée et  qui  sauvegardera  toute  ootre  France  Africaine. 

Notre  amour  de  la  paix  et  notre  désir  de  ne  porter  ombrage 
à  qui  que  ce  soU  nous  ont  fait  négliger  des  travaux  qui  cependant 
s'imposent  impérieusement.  On  s'est  borné  à  remettre  en  état 
les  forli&cations  trop  délabrées;  on  y  a  placé  quelques  canons 
de  calibre  ordinaire,  et  c'est  tout.  Quant  au  port,  la  construc- 
tion et  l'exploitation  en  ont  été  concédées'  à  une  Société 
anonyme,  constituée  pour  80  ans,  sous  la  dénomination  de 
"  Compagnie  du  port  de  Bizerte  »  et  sous  la  direction  des  très 

I.  Oécrcl  bejiical  du  17  féTrier  1890. 


liles  enirepreiieurs  hydrographes  :  MM.  Hersent,  \bel  Cou- 
vreiix  et  G.  Lesuenr. 

Cette  compagnie  doit  creuser  le  port  et  son  chenal,  construire 
deux  jetées  convergentes  d'un  kilomètre  de  longueur  environ, 
restaurer  les  murs  de  quai,  en  un  mot  aménager  un  port  de 
commerce  accessible  aux  grands  paquebots  de  la  Compagnie 
Transatlantique,  des  Messageries  Maritimes  cl  tons  autres  d'un 
même  tirant. 

La  dépense  est  évaluée  A  douze  millions  dont  le  gouverne- 
ment tunisien  s'acquittera  mi-partie  en  espèces,  et  mi-partie 
eu  concession  de  droits  de  pèche  et  de  terre-pleins  conquis 
sur  le  lac. 

M6me  réduit  à  ce  simple  rAle  commercial,  le  port  de  Bizerte 
conserve  encore  une  très  grande  importance,  (iabriel  Charmes, 
d'ordinaire  si  perspicace,  tombait  dans  une  complète  erreur 
lorsqu'il  écrivait,  en  1882,  que  «  comme  port  de  commerce,  il 
n'aurait  pas  beaucoup  d'avenir  '  ».  Son  avenir  est  considérable. 

D'abord,  il  assurera  la  prospérité  du  riche  caldat  de  Mateur 
el  il  en  recevra  la  vie.  Mais  cela  est  secondaire.  Les  bâtiments 
marchands  qui  viennent  de  l'Extrême  Orient,  et  ceux  qui,  sor- 
tant de  la  mer  Noire,  ont  franchi  le  Bosphore,  éprouvent  le 
besoin  de  relâcher  quand  ils  se  rendent  dans  les  ports  de 
rOcénn  et  de  la  Manche, 

Le  voyage  est  trop  long  pour  ne  pas  nécessiter  de  s'arrêter 
([uelque  part,  avant  de  passer  le  détroit  de  (iibraltar.  Mainte- 
nant, c'est  ordinairement  à  Malle  que  l'on  relâche. 

Mais  le  port  de  Malte  n'est  pas  tr^s  vaste  et  il  y  a  souvent  en- 
combrement, car  de  cinq  à  six  mille  navires  y  touchent  cha- 
que année.  Lorsque  le  port  de  Bizerte  existera,  un  grand  nombre 
'   des  navires  de  commerce  s'y  arrêteront  de  préférence.  Pour 


.1.  i.a  runijjo  et  la  Tripolilaiae,  page  3<>0. 


308  LA  TimisiB  OETO»  l'oocijfaiim  ibahcaub 

on  se  dit  qae  notre  génératkm  léffoenit  à  Favenir  une  ceavre 
utile  pour  la  grandeur  de  la  France  A  elle  utiliflût  les  admira- 
bles conditions  naturelles  de  Biierle. 

«  Une  flotte  française  pouvant,  à  son  gré  et  suivant  les  cir- 
constances du  temps,  se  réfogier  sur  les  oAles  de  Provence,  A 
Toulon ,  ou  sur  les  cfttes  d*Afirique,  à  Biierle^  eouperait  en  deux 
la  Méditerranée ,  d'autant  plus  qu'il  faut  tenir  compte  de  la 
Corse ,  située  à  peu  près  à  mi-chemin. 

«  Dans  ces  conditions,  notre  infériorité,  vis-A-^  des  An- 
glais, diminuerait  considérablement,  la  ligne  de  nos  posses- 
sions s'étendant  alors  du  Nord  au  Sud  perpendiculairement  à 
la  ligne  de  leurs  fortes  portions  qui  s'étend ,  elle ,  de  TEst  à 
rOuest  sur  une  bien  longue  étendue  »  • 

Eh  oui!  une  rade  de  concentration  bien  fermée,  défendue 
par  de  solides  ouvrages  et  pourvue  de  bassins,  de  redoutes  et  de 
magasins  d'approvisionnements,  doit  s'imposer  aujourd'hui  A 
nos  résolutions  et  à  nos  sacrifices ,  car  ce  port  créera  sur  la  rive 
méridionale  de  la  Méditerranée  le  point  d'appui  indispensable 
de  Taile  droite  de  la  ligne  d'investissement  de  Malte  par  nos 
forces  navales;  cette  ligne  s'étendant  sur  le  méridien  de  la 
Corse  et  de  la  Sardaigne,  des  côtes  de  France  au  cap  Corse,  aux 
bouches  de  Bonifacio  et  à  la  Tunisie  K 

Vis-à-vis  de  Tltalie,  il  rétablira  à  peu  près  Féquipollence 
de  nos  forces  maritimes. 

M.  de  Lanessan  a  publié,  en  mai  1890,  sur  la  situation  réci- 
proque des  flottes  française  et  italienne  dans  la  Méditerranée,  des 
articles  qui  ont  légitimement  alarmé  notre  patriotisme.  Le  gou- 
verneur actuel  de  Tlndo-Chine  montrait  que  les  progrès  de 
ritalie  ont  été  supérieurs  aux  nôtres,  qu'avec  le  concours  de  ses 
alliés  elle  nous  mettrait  dans  un  état  d'inquiétante  infériorité! 

1.  Les  Colonies  nécessaires^  loc.  cit. 


I.  OtTILLAfiK    ECONUMKU^K 


209 


Depuis  quelque  temps,  disait-il,  l'Allemagne  entretient  dans  la  Mé- 
diterranée ime  escadre  de  quatre  cuirassés  bien  armés,  bien  pro- 
tégés et  dont  les  équipages  sont  considérés  comme  excellents  par 
tous  ceux  de  nos  otDciers  qui  tes  ont  vus  manœu%Ter. 

Avec  l'escadre  de  l'Italie,  ces  Mliments  forment  une  armée  na- 
vale dont  le  noyau  est  représenté  par  onze  cuirassés  d'escadre,  tous 
en  Ter  ou  en  acier,  fortement  armés,  très  bien  protégés,  et  doués 
d'une  vitesse  au  moins  égale  à  la  moyenne  de  celle  de  nos  cui- 
rassés. 

Cette  escadre  cuirassée  peut  se  faire  appuyer  par  sept  croiseurs 
italiens  de  deux  à  trois  mille  tonneaux  de  déplacement  filant  de  17 
à  33  nœuds,  très  bien  armés  et  pourvus  de  ponts  blindés  et  de 
nombreux  compartiments  étauches. 

Elle  serait  éclairée  non  seulement  par  ces  croiseurs,  dont  quel- 
ques-uns sont  plus  solidement  armés  que  certains  de  nos  cuirassés, 
mais  encore  par  sept  contre-torpilleurs  filant  de  SU  à  31  nœuds  et 
dont  cinq  ont  un  déplacement  de  71U  tonneaux.  Nous  en  avons  vu 
un  échantillon  à  Toulon,  le  Goilo;  c'est  un  joli  navire,  bien  fait  et 
bien  armé  pour  son  riMe. 

Enfin,  l'escadre  italo-allemande  serait  assistée  par  neuf  torpilleurs 
de  haute  mer  dont  deux  de  108  et  cinq  de  1^  tonneaux,  ayant  filé 
aux  essais  23  et  3.^  noeuds.  Elle  pourrait  y  ajouter,  si  elle  en  avait 
besoin,  mais  en  dégarnissant  ses  stations,  3!)  torpilleurs  de  85  ton- 
neaux filant  21  et  22  nœuds,  très  capables  de  tenir  la  mer  en  tout 
temps. 

Ces  forces  navales  considérables  sont  massées  tout  près  de  nous  : 
à  la  Spezzia  et  à  la  Maddalena,  prtHes  à  se  porter  en  quelques  heu- 
res, grâce  à  leur  grande  vitesse,  partout  où  il  serait  besoin  pour 
défendre  les  côtes  occidentales  de  l'Italie. 

Je  ne  parle  pas  de  l'appui,  notable  cependant,  que  la  marine 
autrichienne  pourrait  leur  donner.  Je  me  borne  à  constater  la  puis- 
sance des  Hottes  qui  sont  constamment  organisées  en  face  de  Tou- 
lon, seul  arsenal  et  seul  refuge  de  notre  armée  navale  de  la  Médi- 
terranée. Voyons  quelle  est  la  composition  de  celle-ci.  Son  noyau 
est  formé  par  six  cuirassés  d'escadre  en  fer  dont  je  suis  heureux  de 
dire  qu'à  part  la  vitesse ,  ils  valent  largement  ceux  des  Italiens  et 
sont  supérieurs  à  ceux  de  l'Allemagne,  mais  ils  ne  sont  que  six; 
sept  en  y  joignant  le  Friedland  qui  est  déjà  bien  vieux  et  démodé. 
On  pourrait,  au  besoin,  y  joindre  les  deux  garde-cûtes  cuirassés. 
Indomptable  et  Caïman,  qui  sont  tris  bien  armés  et  très  bien  proté- 


ith  LA   TCMSIE   DlùPnS   I.'OCCTPATIOH  rSAK^AISE 

tioDDécs,  de  bonnes  routes,  de  lions  canaux,  des  ports  d'un 
accès  faclk-  L-t  gitraîs  de  dockx  importuient  i  la  grandeur  et  àU 
prospéiité  du  royaume,  ils  n'ont  pas  attendu  ijue  le  gouverae- 
ment  vinihU  bien  etTL-ctuer  ces  améliorations,  en  restât  le  dis- 
pensateur et  le  maître  ;  ilsi  se  sont  chargés  de  l'œuvre  :  ils  y  oui 
présidÉ  et  y  ont  employé  leurs  richesses.  C'est  ainsi  qu'il  y 
aura  tuIltt^t  iiu  sitVie  et  demi  (1738)  i]ue  la  caualisation  Je 
l'Angleteprc  fut  i^mmcncéc  par  le  duc  de  Bridgewater. 

Les  cnti-eprises  de  re  jeune  lovd  accrurent  immensément  sa 
fortune;  témoins  de  ses  succès,  les  autres  lords  s'émurent  et 
convoquiTonl  pour  des  entreprises  semblables  les  capitaui:  du 
pays;  les  riches  familles  de  l'industrie  manufacturière  et  du 
commerce  les  imitèrent.  La  Grande-Bretagne  fut  sous  peu  ma- 
gnifiquement dotée  de  lignes  navig'ables.  Avant  cette  époque, 
elle  avait  des  routes,  qu'elle  a  multipliées  depuis,  et  qui  rele- 
vaient de  même  et  relèvent  encore  des  influences  locales. 

En  France  nous  avons  trouvé  plus  commode  de  laisser  la  be- 
sogne au  gouvernement,  sauf  à  le  baraler  «uu  eean  de  noi 
réclamations ,  de  nos  lamentations  et  de  nos  protestations. 

Nous  corrigerons- nous  jamais  de  ce  grave  travers,  dans  ta 
métropole?  Les  rouages  administratif  d'une  part,  le  milieu  et 
l'habitude  de  l'autre,  sont  des  puissances  difficiles  à  vaincre  :  il 
faudra  beaucoup ,  beaucoup  de  temps  ;  mais  en  pays  neuf?  Ife 
pouvons-nous,  en  prenant  le  paquebot,  abandonner  sur  le  quû 
de  Marseille,  comme  un  bagage  gênant,  ta  doctrine  retardataire 
qu'on  nous  a  inculquée  sur  la  suprématie  gouvernementale; 
et  tels  que  l'Antée  de  la  fable ,  puiser  de  nouvelles  forces  écono- 
miques en  remettant  le  pied  sur  le  sol  africain?  Comme  l'Atlas 
serait  bientôt  vaincu  ! 

Vraiment,  la  jeune  colonie  tunisienne  a  déjà  donné  trop  de 
preuves  de  l'esprit  progressiste  qui  l'anime,  pour  ne  pas  autori- 
ser cette  espérance. 


LOCTILLAGE  ÈCOXOMIOir 


^15 


Ceci  (lit,  je  dois  conslaUr  que  plosietirs  rai»>Ds  s'opposeni  A 
L'exéculion  <lu  port  de  Sousse  telle  ijae  je  la  Jésirerais. 

b'aburd  la  Chambre  de  commerce  de  Sousse  ne  peut  s'en  char- 
ger pour  la  raison  qu'elle  n'existe  pas  encore.  Elle  vient  d'être 
instituée  et  élue  ces  jours-ci  (H  mai):  offrirait -elle,  à  peine 
née,  l'autorité  morale  nécessaire  pour  contracter  un  emprunt 
de  plusieurs  millions?  Il  est  permis  d'en  douter. 

Quant  à  l'initiative  privée,  la  dépense  qu'exigera  le  port  de 
Sousse  est  telle  que  les  taxes  à  percevoir  sur  les  navires  le  fré- 
quentant seront,  durant  un  certain  temps,  iDsufQsanles pour 
pour  gager  l'emprunt.  Celui-ci  devra  être  au  moins  de  cinq 
millions  et  les  produits  du  port  ne  semblent  gu^re  pouvoir  dé- 
passer 200,000  francs,  d'ici  à  quelques  années.  L'entreprise 
n'a  donc  rien  de  séduisant  pour  des  particuliers. 

La  commune,  qui  est  d'ailleurs  encore  une  fonne  de  l'associa- 
tion, pouvait  seule  s'en  charger,  et  c'est  elle  qui  s'en  chargera 
en  s'imposant  des  sacrifices,  qu'elle  récupérera  du  reste  plus 
tard,  et  en  affectant  une  parlie  de  ses  ressources  propres,  les 
produits  des  taxes  d'abattoir,  jusqu'à  concurrence  de  l'annuitû 
nécessaire  au  service  de  l'emprunt.  L'État  lui  viendra  en  aide 
par  une  subvention  d'un  million,  et  la  vente  des  terrains  con- 
quis sur  la  mer  lui  en  procurera  un  autre. 

Voilà  les  voies  et  moyens  adoptés.  Quant  à  la  construction, 
elle  présente  certaines  difticullés  eu  raison  de  l'entière  ouver- 
ture de  la  rade  du  Nord-Ouest  au  Sud-Est.  l'u  pi-ojet  a  été  très 
minutieusement  étudié  par  ie  service  des  Travaux  Publics  et 
une  Commission  nautique  a  été  nommée  en  novembre  dernier 
pour  l'examen  de  ce  projet,  de  celui  concernant  Sfax  et  de  l'é- 
clairage des  cdtes  Sud  de  la  Régence  '.  Toutes  les  dispositions  ont 


t.  Celle  conmiitsion ,  présidée  par  le  vice-amiral  de  Deaumont ,  ie  coitiposaîl  de 
dent  membrrs  de  la  Marine  rrinçsise,  d'iagénieur^  des  Traraux  publics  et  de  re- 
pirscolanU  des  Compagnies  de  natigalion  françaises  dc«»crranl  ta  Tunisie. 


k 


I 


216  LA  Tmisnt  dbpcis  l'occupation  françaisb  ' 

donc  éW  pristis  (wur  la  boimc  exécution  de  ces  grands  travauii 
qui  consistent  dans  la  construction  d'une  jetée-abri  s'enracinait. 
A  l'extrémité  du  mule  de  la  batterie  rasante  pour  se  dirige  ' 
d'abord  vers  l'Ksf  et  s'infléchir  ensuite  vers  le  Sud-Esf .  sur  une 
longueur  totiilf  de  7i0  nit-tres  jusque  pur  les  fonds  de  7",50, 
sous  basse-mer.  Une  jelée  et  un  épi  fermeront  dans  le  Sud  le 
bftssin  ainsi  formé.  Lu  juisse  ménagée  entre  les  musoîrs  des  deul 
jetées  sera  de  "0  mètres  et  orientée  A  l'Est. 

Sfax.  —  A  la  différence  de  celle  de  Sousse,  la  rade  de  Stai 
est  uiisohnnunt  sûre  par  tous  les  temps,  et  il  a  suffi  de  cons- 
truire un  chenal  d'aecès  avec  un  quai  de  200  mètres,  bordé  d'un 
pelit  bassin,  pour  rendre  toujours  possible  les  communications 
des  navires  avec  la  terre.  Mais  l'étendue  sans  cesse  croissante  du 
commerce  de  Sfax,  présentement  la  capitale  du  Sud,  l'iinpor- 
tance  aussi  de  la  population ,  qui  on  fait  la  seconde  ville  de  lï 
HiSpence,  créent  l'obligation  d'achever  son  port  pour  y  admet- 
tre tous  les  navires  à  quai. 

Cette  obligation  est  d'autâzit  piun  éiraiiû  que  les  aaoài' 
tioQS  de  la  rade  sont  particulièrement  favorables  A  Is  cons- 
truction d'un  port,  et  que  la  dépense,  par  suite,  sera  reli- 
tivemeDt  iasignifiante.  Elle  ne  semble  pas  devoir  dépasser  un 
million. 

On  creusera  un  chenal  dirigé  vers  le  Sud-Est  et  aboutissant  A 
un  bassin.  Ce  canal  aura  une  longueur  d'environ  3,600  mètres, 
avec  largeur  au  plafond  variable  de  22  A  kk  mètres ,  et  ira  re- 
joindre les  fonds  de  G*", 50. 

Le  canal  actuel  sera  conservé  pour  le  service  exclusif  des 
caboteurs. 

Un  petit  chenal  de  1  mètre ,  creusé  au  Sud  des  bassins ,  et  qui 
suit  de  ce  cAté  le  terre-plein  de  la  jetée,  servira  aux  bateaux  de 
pèche,  l'n  autre  chenal ,  de  même  profondeur,  est  prévu  sur  la 


I 


1.  OITILLAGE   ECOSOMleOB 

face  estérieure  du  terre-plein  Nord  pour  les  mahonues  cbarg-ées 
d'alfa. 

Ce  projet,  approuvé  par  la  Commission  nautique,  donne  sa- 
tisfaction à  tous  les  intérêts;  l'exécution  va  en  être  poursuivie 
immédiatement. 

1^  conseil  municipal  de  Sfax  s'est  imposé  à  cet  effet  lous  les 
sacrifices  possibles  et  il  a  été  autorisé  à  contracter  un  emprunt 
de  1,500.000  francs,  sur  lesquels  300,000  francs  seront  prélevés 
pour  l'adduction  des  eaux  potables. 

En  joignant  aux  droits  de  port,  que  l'État  lui  a  cédés  en  toute 
propriété ,  les  droits  de  carroube  et  les  taxes  de  l'abattoir  pour- 
le  complément  qui  pourra  être  utile,  la  ville  de  Sfax  gagera 
Aisément  cet  emprunt. 


Je  passe  sous  silence  les  poris  que  des  compagnies  doivent 
Aménager  à  Tabarka,  au  cap  Serrât  et  de  près  Raz-Maharès;  et 
ceux  également  qui  seront  entrepris  au  fur  et  à  mesure  du 
développement  dn  pays,  à  Cabès,  à  Monastir,  à  Melidia,  à 
.Vebeul ,  à  Zarzis ,  etc.  La  Tunisie ,  on  le  sait ,  présente  les  condi- 
tions naturelles  les  plus  favorables  aa  commerce  maritime.  La 
Méditerranée,  qui  la  baigne  sur  la  plus  grande  moitié  de  son 
périmètre,  a  profondément  écbancré  aes  eûtes  et  partout  se  ren- 
contrent des  ports  naturels,  dont  l'aménagement  peut  se  faire 
sans  grandes  dépenses.  ■>  Cette  disposition  naturelle,  jointe  à 
la  faible  largeur  de  la  Tunisie  dans  le  sens  Est-Ouest,  a  favo- 
risé de  tout  temps  le  développement  de  son  commerce  exlé- 
rieur,  en  fuurni.ssant  aux  régions  agricoles  des  débouchés  nom- 
breux et  peu  éloignés  '  ».  Cette  observation  est  rigoureusement 
exacte,  On  peut  ajouter  que  là  est  la  grande  supériorité  de  la 
Tunisie  sur  l'Algérie  :  c'est  que  ses  produits  y  sont  partout  à  de 

[Ufport  deM.  Uicliaudsurr)ivanl-|>rojet  d'un  réseau  de  chetn in  de  fer.  p.  19 


SIS  LA  misrii  REpri5  l  occcpatios  françaisb 

biUu  diatauccs  du  la  cdlv  et  que  celle-ci  oITre  hux  bàliincnU  tiu 
g^ruid  □onihi'c  tl'ahris.  Dans  l'antiquité,  chaque  aose  était  U 
-nège  d'un  emporim»:  et  de  VApoUinh  tcmiiliim  (cap  Serrul) 
au  Zurith  laeus  ([taliira-cl-Biban]  c'était  je  ne  sais  quelle  îm- 
mense  ruchv  mitrine,  et  comme  les  anneaux  d'une  chaîne  roin- 
merdole  saiyi  un.  Espérons  que  l'avenir  reverra  cela  en  des 
tioQs  encore  plus  grandioses  ! 


Pour  fiuililer  Tacoèi  de  HipMts  et  anai  pour  ieliiierlei 
routes  nuuîtimes,  le  g^otiTwmenml  tmxkien  «itargea,  en  iqi- 
tembre  1884,  une  GommÏMion  ^6(^le  d'Atodior  les  phaRf  et 
feux  nécessaires  sur  la  cMe  Nofd  d«  la  Régenee. 

Son  rapport  fut  soumis  à  la  .GommisB<Hi  des  Mians  de  France, 
qui  l'approuva  le  30  octobre  1687.  EnteqMrtt  au  lendeatain  de 
cette  approbation,  les  travaux  sertMkt  adMrvte  dans  qoelqu) 
mois. 

En  1888,  un  feu  fixe  de  8'  wdre  a  étA  lUniné  i  111e  Koriat  ri 
an  feu  de  V  ordre  i  111e  Mane;  six  booées  lomineoses  oot 
été  mouillées  au  large  des  Kerkeonab. 

En  1889 ,  un  appareil  de  4'  ordre  à  été  installé  à  Kélibia,  snr 
un  ancien  bordj. 

En  1800,  un  feu  de  \'  ordre,  scintillant  de  &  en  5  secondes,  a 
été  placé  à  Sousse  sur  la  tour  de  la  Casbah.  (J'ai  visité  ce  phare; 
on  y  découvre  un  panorama  splendîde.)  Un  feu  rouge  de  4*  or- 
dre a  été  allumé  aussi  à  Mehdia. 

L'année  dernière  un  feu  fixe  de  1"  ordre  a  été  mis  en  ser- 
vice au  cap  Serrât  et  un  feu  de  4°  ordre,  scintillant  de  5  en 
5  secondes,  au  raz  Engelah. 

Un  feu  de  3°  ordre,  scintillant  de  10  en  10  secondes,  sera  pro- 
chainement allumé  à  Sfax. 

Le  programme  arrêté  en  1887  se  trouve  ainsi  exécuté,  et,  en 
conséquence,  la  Commi.ssîoQ  instituée  en  novembre  dernier 


l'outillage  ECONOMIQUE  219 

pour  l'exanien  des  projets  de  ports  à  construire  à  Sousse  et  à 
Sfax,  a  reçu  la  mission  d'étudier  en  même  temps  réclairagc 
de  la  côte  Sud ,  qui ,  sans  être  aussi  redoutable  que  les  Cartha- 
ginois se  plaisaient  à  le  faire  croire,  présente  quelques  dangers 
avec  les  bancs  de  Surknis,  Djerba  et  Biban. 

Les  feux  projetés,  qui  ont  pour  objet  Fatterrissagc  dans  le 
golfe  de  Gabès  et  sur  Sfax ,  sont  les  suivants  : 

1"  Feu  de  l*""  ordre  sur  la  pointe  Tagucrmess  : 

2"*  Feu  de  4*  ordre  sur  le  bordj  d'Ungha  ; 

3"  Feu  de  4"  ordre  à  la  Skhirra  ; 

4*  Feu  de  4*  ordre  sur  le  bordj  Djelidj  ,  à  la  pointe  Nord-Ouest 
de  Djerba; 

5*"  Des  feux  de  port  à  Gabês  et  à  Zarzis. 

Les  travaux  sur  la  côte  Nord  ont  coûté  518,000  francs;  ces 
derniers  sont  évalués  à  200,000. 

L'exploitation  et  Tentretien  de  ces  divers  bâtiments  et  appa- 
reils grèveront  le  budget  tunisien  d'une  dépense  annuelle  d'en- 
viron 130.000  francs. 


VI 


HYDRAULIQUE    URBAINE    ET   AGRICOLE 

Le  déboisement ,  on  le  sait ,  a  tari  presque  toutes  les  sources 
en  Tunisie;  la  population  indigène  en  est  la  première  victime 
et .  avant  1881 ,  sa  reconnaissance  était  sans  limites  à  Tégard  de 
ceux  qui  amélioraient  cette  situation.  Le  creusement  d'un  puits 
valait  souvent  les  honneurs  de  la  sanctification  à  celui  qui  en  do- 
tait la  localité  ou  la  tribu.  Par  suite ,  de  tous  les  travaux  entrepris 
par  ses  agents,  M.  Michaud  a  constate  *  que  les  travaux  d'aména- 
gement d'eau  sont,  sans  contredit,  ceux  que  les  indigènes  ont 

1.  Rapport  déjà  cité,  page  35. 


220  I.A   TLXISIE  HKPPIS    L  OCCUPA TlrtS   fBASÇAISK 

Vil  exéontcr  iivw  la  plus  grande  sutlsractiott.  Aussi  le  législt- 
teur,  consacrant  par  un  lexle  de  loi  (SI  septembre  1885)  la  tra- 
dition niiiNiiliiiane,  a-t-il  compiis  duns  le  Domaine  Public  In 
coura  d'eau  de  toutes  sortes,  les  terrains  eompris  dans  leurs 
francs-bords,  les  sources  de  toute  nature,  les  aqueducs,  puits  d 
abreuvoirs  A  l'usage  du  public,  ainsi  que  leurs  dépendant». 
le»  canaux  de  uu\igatioQ ,  d'irrigation  ou  de  dessèchement  exé- 
cutés daus  un  but  d'utilité  publique,  les  terrains  qui  sont  com- 
pris dans  leurs  francs-bords  et  les  autres  dépendances  de  ces 
canaux.  Des  décrets  ultérieura ,  en  partie  empruntés  à  la  légis- 
lation algérienne,  ont  déterminé  :  celui  du  10  juillet  1888,  Is 
servitude  des  francs-bords  des  conduites  d'eau,  et  celui  du 
■22  septembre  1888,  les  pénulités  A  iniliger  en  eas  d'abus  ayant 
pour  résultat  la  déperdition  ou  la  contamination  de  ces  eaux 

Si  grande  qu'ait  été,  en  matière  de  travaux  publics,  l'incu- 
rie des  administrations  toniBnutes  âcpniB  on  demi-dëele,  U 
question  vitale  de  l'alîmentatioa  hydnaUqu  dn  popnli^ioiii 
urbaines  n'avait  point  absolument  Achaïqpé  k  lenr  attention, 
et  quelques  efforts  avaient  été  tentés  par  elles  pour  améliorer 
sous  ce  rapport  la  situation  des  villes. 

En  1859,  sous  l'inspiration  de  H.  Léon  Roches,  alors  consul 
de  France  &  Tunis,  Hohammed-es-Saddok avait  entrepris,  avec 
le  concours  d'ingénieurs  français,  la  restauration  de  l'aqueduc 
de  Carthage,  et  ramené  à.  Tunis  et  à  La  Goulette  les  eaux:  de 
Zaghouan  et  de  Djougar,  autrefois  captées  Â  l'époque  romaine  '. 
89  kilomètres  de  canal  maçonné  furent  remis  en  état;  41  kilo- 
mètres de  conduites  métalliques  remplacèrent  les  aqueducs  mo- 
numentaux de  Djougar,  de  l'oued  Hiliane,  de  Djedelda  et  de  la 
plaine  de  l'Ariana  ;  un  premier  réseau  de  conduites  de  distribu- 
tion fut  établi  à  Tunis,  à  la  Goulette,  au  Bardo  et  à  la  Hanouba. 

I.  V.  lonie  1",  pages  209  et  SI2. 


L'orTILLAGK    ÉCONOMIQUE 

'  La  dépcQse  atteignit  six  millions  de  francs. 

L'alimentation  en  eau  de  Tunis  et  des  résidences  beylicales 
était  ainsi  assurée;  celaparut  suffisant  au  Gouvernemeut  d'alors, 
qui  jugea  inutile  d'entreprendre  de  nouveaux  travaux.  L'no 
importante  contribution  de  l'admlnistratioa  religieuse  des  biens 
bablious  permit  heureusement  d'assurer  la  conservation  des  ou- 
vrages restaurés  ou  établis  à  si  grands  frais. 

C'est  à  la  même  administration  tjne  de  nombreux  villages  et 
même  certaines  villes,  telles  que  Béjù,  Le  Kef,  Bizerte,  Sousse, 
Kairouan,  etc.,  durent  de  ne  pas  être  absolument  dépourvues 
d'eau  potable.  Aussi  des  personnes  généreuses,  pour  faciliter  sa 
tâche,  s'empressèrent-ellcs  de  lui  faire  donation  d'immeubles 
inaliénables  aux  termes  de  la  législation  et  dont  les  revenus 
devaient  à  perpétuité  être  atfectés  à  l'entretien  des  aqueducs, 
conduites,  citernes  et  réservoirs.  Les  fontaines  de  Bizerte,  pom- 
en  citer  un  seul  exemple ,  jouissent  de  cette  manière  des  revenus 
de  deu\  cents  immeubles  environ;  il  est  juste  d'ajouter  que 
quelques-unc5  de  ces  propriétés  consistent  en  magasins  rappor- 
tant annuellement  0  fr.  30  c.  à  0  fr.  <iO  c.  U'autres  dotations 
ne  comprennent  mOme  qu'une  fraction  du  revenu  d'un  pied 
d'olivier. 

Soit  à  cause  de  la  négligence,  soit  à  cause  de  l'incapacité 
au  point  de  vue  technique  des  Oukils  des  fontaines ,  l'emploi  de 
ces  ressources  ne  donnîi  pas  les  résultats  qu'avaient  espéré  les 
pieux  donateurs,  et,  en  1883,  l'alimentation  hydraulique  des 
villes  était  gravement  compromise;  les  citernes  particulières, 
dont  un  grand  nombre  de  maisons  étaient  pourvues,  empê- 
chèrent seules,  dans  bien  des  cas,  la  population  de  souffrir  de 
la  soif. 

.Vussitùt  créée,  la  Direction  générale  des  Travaux  Publics  se 
préoccupa  donc  immédiatement  des  moyens  de  porter  re- 
mède à  cet  état  de  choses.  Suivant  les  traces  que  la  civilisation 


LA   TCSISIIl  PEPCIS    l  OCCFPATHW  FlJkîtÇAISIt 

i  a  laissées  un  |ie»  partout  eu  TiiniHie,  à  Oudna.  an 
C^>  BIbbc,  k  Nei>i!u1,  à  Ralla-Kcgh,  à  Mateur,  à  Sousse,  i 
Clieriohnn ,  clc. ,  ulilisant  dans  ec^rtniiis  caa ,  comme  au  Kef ,  les  , 
fontaînM  romaines  ellRs-mfrai's,  elle  a  L-ntrepris  d'importaols 
tnVkoz  d^udductiou  d'eau,  doot  l' achèvement  aura  une  hen- 
rense  ioihK-ncc  sar  la  santé  publique. 

Déjà  Porto-Furina  a  vu  ramener  dans  son  ancien  réservoir 
les  eaux  captéos  sous  un  r^^ne  pri^cédent,  par  Tancien  féaé- 
rai  Salah  Chiboub.   Réjiï,   par  le   captag*»  et  la  canalisatîoQ 
SOT  8,500  mètres  des  sources  diJnommées  :  Aîn-Fahouar,  Bas- 
ùa  de  Neptriin'  cl  Aln-Oeballa.  dispose  de  200  litres  par  jour 
et  par  habiliiul.  Itizortc  rct'oit  les  eaux  d'Aln-Nadour  par  uue 
conduite  ea  fonte  de  6  kttomètnt.  L*«Mi  aitiT*  ^aleiiKat  i 
Tabarka,  Teboanouk,  d-Afia,  Diennalf  Mft^  à  âiwfimaoa, 
à  Mateor,  à  Maktar,  à  Nebeol  e4  Iw  nÛHa  de  la  eoBdmto 
romaine  ont  éH  partiellemeDt  irtUlléai.  k  Kairouaa,  le  {rnnd 
bassin  des  Aglabites,  vaste  réMmir  eûe^Mie  A  (âdi  outsK 
de  128  m&tres  de  diamètre,  a  <t<  mturé,  et  la  omdnite  de 
Cbericbera  l'alimente.  - 

Sousse  et  Sfax,  les  deux  villes  les  plus  importantes  après 
Tunis,  sont  les  moins  favorisées  par  le  régime  des  eaux. 

La  première  n'a  d'autre  approvisionuement  que  celui  de  ci- 
ternes et  les  puits  d'eau  douce  du  quartier  de  la  Quarantaine, 
auxquels  vient  s'ajouter  le  faible  débit  d'une  aaâenne  conduite 
romaine,  dont  les  eaux  sont  impropres  à  la  consommation. 
L'administration  a  fait  de  minutieuses  recherches  et  Sousse  va 
être  pourvue  aussi  d'eau  potable  excellente,  par  le  captage  des 
sources  de  l'oued  Laya.  Trois  puits  de  n'aide  de  profondeur 
seront  creusés  jusqu'à  la  nappe  d'eau  et  des  machines  A  vapeur 
rélèveront  dans  des  réservoirs  en  maçonnerie.  La  canalisation 
aura  environ  13  kilomètres.  Les  travaux  sont  poussés  très  acti- 
vement. 


LUrTII-LAGE    ÉCONOMIOIE  2-23 

Sfas,  en  dehors  des  puils  Chabouni,  situés  A  G  kilomètres 
et  occupés  par  l'autorilé  militaire  française,  ne  dispose  pour  une 
population  de  33.500  Âmes  que  des  eaux  de  pluies  emmagasi- 
nées dans  les  citernes  particulières,  dans  les  réservoirs  à  ciel  ou- 
vert connus  sous  le  nom  de  fes/iiûs,  cl  enfin  dans  les  597  citer- 
nes publiques  réunies  dans  l'enceinte  dite  des  Nasrias.  Le 
service  des  Mines  a  entrepris  des  reclierches  d'eaux  artésiennes 
sans  obtenir  pendant  longtemps  de  résultat  satisfaisant.  Mais 
Vannée  dernière ,  des  forages  de  puits  d'essai  exécutés  dans  la 
vallée  de  l'oued  Sidi  Salab ,  en  amont  de  puits  déjà  connus,  ont 
donné  une  eau  bien  meilleure  (le  résidu  n'est  environ  quo 
de  0*',50  par  litre  au  lieu  de  1*',35)  que  toutes  celles  que 
l'on  rencontre  dans  cette  région ,  et  la  quantité  parait  large- 
ment suffisante  pour  alimenter  Sfa.v. 

L'adduction  se  fera  comme  à  Sousse  en  refoulant  d'abord  les 
eaux  î\  l'aide  de  machines  sur  un  point  assez  élevé ,  puis  en  les 
amenant  en  ville  par  une  conduite  libre. 

L'emprunt  de  la  Ville  de  Sfax  comporte  300,000  francs  pour 
ce  travail  qui  sera  mis  en  train  incessamment  et  poursuivi  avec 
la  plus  grande  activité. 

A  Tunis,  est-il  besoin  de  le  dire,  le  gouvernement  tunisien 
avait  réglé  la  question  des  eaux  avec  la  légèreté  qui  présidait 
i\  tous  ses  actes.  Eu  1872,  il  avait  concédé  à  quatre  généraux 
tunisiens  l'entretien  à  forfait  du  canal  de  Zaghouan,  pour  une 
période  de  trente  années,  moyennant  une  subvention  annuelle 
d'environ  60,000  piastres  et  l'abandon  du  produit  de  la  vente 
des  eaux. 

Comme  bien  on  pensf;,  les  concessionnaires  n'entretenaient 
rien.  les  ouvrages  étaient  tombés  dans  le  plus  déplorable  état, 
et  le  service  des  eaux  se  trouvait  complètement  désorganisé 
au  moment  de  la  création  de  la  Direction  générale  des  Travaux 


k 


LA    TITMSIK    DKPltlS    L  OCCL'PAÎIOX    FRANÇAISE 

puhlirs.  Pour  remédiera  cette  situalion.  celle-ci  s'est  d'abor»/ 
employée  &  faire  céder  à  une  Société  frauçaise  le  contrai  de  1873; 
ensuite ,  pur  une  convention  cd  date  du  25  octobre  1881,  eilea 
su1)8titui!-  ft  l'ancienne  entreprise  A  forrait  le  système  de  la  régie 
intéressée,  et  elle  a  réalisé  trois  réformesiniportanfes.  Elle  a 
un  terme  au  gaspillage  de  l'eau ,  en  remplaçajit  l'abonaeiDcat  ' 
à  rubinet  libre  par  rabouDemenl  au  compteur;  elle  a  permi* 
d'augmenter  le  volume  d'eau  débité  par  les  aqueducs,  en  pré- 
voyant le  captage  des  sources  l'Aïn-Ziga  et  du  village  de  7a- 
ghoiian;  elle  a  complété  et  :  larisé  la  distribution  en  dotant 
Tunis  du  réservoir  de  Bab  Abdallah  de  15,000  mètres  cih 

l>es',  en  réparant,  pour  alimenter  La  Goutette,  les  citernes  de 
Carthage  dont  la  capacité  est  de  25,000  mètres  cubes,  en  dé- 
veloppant le  réseau  des  conduites  urbaines  et  suburbaines  <jui 
s'est  accru  de  30  kilomètres,  en  augmentant  enfin  le  nombre 
des  liornes-fontaines  cjui  a  été  porté  de  192  à  près  de  300. 

Ces  travaux,  «jui  ont  donné  lieu  à  une  dépense  de  plus  de 
1,500,000  francs,  ont  été  exécutés  sous  le  contrôle  de  l'Admi- 
nistration, par  les  soins  et  aui  frais  da  conceasîonDaire ,  le- 
quel est  rémunéré  par  une  annuité  fixe  représentant  les  frais 
d'entretien  et  de  surveillance  des  ouvrages,  par  l'intérêt  et  l'a- 
mortissement à  5  ^  du  capital  employé  en  travaux  neufs,  et  par 
une  part  dans  les  bénéfices  de  la  Régie  ;  le  tout  à  prélever  sur  le 
produit  de  la  vente  des  eaux. 

Quoique  légèrement  et  provisoirement  modifiée  à  la  suite  de 
circonstances  imprévues,  cette  convenUon  parait  avoir  résolu, 
d'une  façon  convenable,  le  premier  terme  de  la  question  de 
l'assainissement  de  Tunis,  en  assurant,  en  moyenne,  à  la  popu- 
lation environ  100  litres  par  habitant  et  par  jour  pendant  sept 
mois  de  l'année,  et  55  litres  pendant  les  autres  mois,  réserve 

1.  iDBOguré  le  13  avril  1889. 


L  OUTILLAGE    ÉCO.\OUII,IL'li: 


â-25 


Wtc  des  aoDées  exceptionnelles,  comme  1888,  où  la  séche- 
resse a  été  générale  dans  la  Régence.  L'Administration  reclier- 
clie  toutefois,  dès  maintenant,  les  moyens  d'augmenier  encore 
le  volume  d'eau  amené  à  Tunis;  elle  étudie  notamment  la 
question  de  l'adduction  d'une  partie  des  eaux  de  la  Medjerda 
qui  seraient  réservées  aux  services  publics  et  aux  irrigations. 

On  sait  combien  celles-ci  ont  d'importance  en  Tunisie.  Ses 
terres  ne  réclament  que  de  l'eau  pour  donner  des  récoltes  raa- 
gniiiques.  Les  arroser,  c'est  les  fertiliser;  c'est  y  rendre  toutes 
les  cultures  possibles  et  profitables.  Les  Arabes  qui,  Jadis,  en 
Espagne,  ont  exécuté  de  remarquables  travaux  d'hydraulique 
agricole  et  rendu  de  grandes  régions  prospères  en  dérivant  les 
sources  et  les  rivières  environnantes,  s'efforcent  encore  d'irri- 
guer leurs  terres  en  Tunisie  ;  mais  les  sources  y  sont  rares  et 
telle  rivière ,  comme  la  Medjerda ,  qui  roule  jusqu'à  1 ,600  mètres 
cubes  d'eau  &  la  seconde  dans  ses  crues,  n'en  a  plus  que  de 
I  à  â  mètres  en  été,  c'est-à-dire  quand  les  irrigations  deviennent 
nécessaires.  Il  faudrait  donc  emmagasiner  celte  eau  afin  de 
pouvoir  l'utiliser  au  moment  propice;  en  d'autres  termes,  il  fau- 
drait créer  des  ha rrages-réser voira.  Les  Komains  l'avaient  fait. 
On  retrouve  eu  amont  de  toutes  les  rivières  les  ruines  de  ces 
immenses  travau.i  de  captage.  Mais  les  conditions  économiques 
sont  autres  de  nos  jours,  et  la  somme  qu'exige  la  construction 
de  ces  grands  ouvrages,  ensuite  les  frais  d'entretien  qu'ils  ré- 
clament, les  rendent  très  onéreux.  Les  précautions  les  plus  mi- 
nutieuses doivent  être  prises  en  vue  d'assurer  la  stabilité  des 
digues;  ces  précautions  se  traduisent  par  des  dépenses  considé- 
rables, et  dès  lors  l'eau  ainsi  obtenue  est  chère. 

Encore  les  ingénieurs  ne  parviennent  pas  toujours  à  pré- 
venir les  cataclysmes.  Des  pluies  torrentielles  survenant,  la 
pression  hydraulique  acquiert  une  telle  puissance  que  le  mur 
^gantesque ,  parfois  de  30  mètres  d'épaisseur,  est  démoli ,  dis- 


■ii6  LA    TVMSie    »EP{II3    L  OCCUPATION    KBA.NÇ.ilSK 

pci-séau  loin,  comme  les  digues  de  salile  que  les  bal>ys  élivciil 
sur  la  grève  et  que  la  vague  emporte  dans  un  baiser.  Tout  est 
alors  k  recommencer.  Et  ce  ne  sont  pas  seulement  des  millions 
qui  sont  perdus  avec  cette  construction,  des  millions  perdus  avec 
les  récoltes  inondées,  les  bestiaux  noyés,  les  villages  détruits: 
des  populations  entières  ont  péri.  I.e  barrage  sur  l'IIabra  s'é- 
tanl  rompu  en  deux  endroits,  dans  la  nuit  du  1.5  au  16  décem- 
bre 1881 ,  cinquante  millions  de  mètres  cul>es  d'eaa  dévaliTcnl 
A  travers  la  plaine  en  un  torrent  effroyable.  On  releva  deux 
cents  cadavres  à  Perrégaux  et  à  Bou-Henni, 

Je  revois  encore  le  spectacle  navrant  que  présentait  la  pelilc 
ville  de  Sa'lut-Denis  du  Sig,  le  9  février  188.5,  quelques  heures 
après  la  rupture  des  deux  barrages  sur  le  Sig! 

Espérons  que  de  semblables  malheurs  ne  se  rcDOuTelleront 
plus.  Il  est,  en  tout  cas,  une  difficulté  qui  subsistera  toujours, 
c'est  celle  qui  tient  à  l'envasement  des  cuvettes.  On  a  calculé 
qu'il  fallait  moins  de  vingt  ans  pour  remplir  d'une  vase  com- 
pacte un  barrage  de  1.5  millions  de  mètres  cubes,  et,  jusqu'à 
présent,  tous  les  systèmes  imaginés  pour  prévenir  le  dépùt  dft' 
cette  vase  ou  pour  en  effectuer  le  curage  sont  si  coûteux  qu'il 
serait  encore  plus  économique  de  refaire  les  barrages. 

Mais  ceux-ci  coûtent  également  fort  cher,  et  le  prLx  en  serait 
d'autant  plus  élevé  en  Tunisie  que  les  berges  de  la  Medjerda 
ont  IV  et  1.J  mètres  de  hauteur.  Les  ressources  budgétaires  de 
la  Régence  ne  lui  permettront  pas  de  longtemps  d'enti-epren- 
dre  de  pareils  travaux. 

Le  Conseil  général  d'Alger  a  émis  à  plusieurs  reprises  le 
que   des  barrages  métalliques  soient  étudiés.  La  Tunisie  qui 
donne  chaque  jour  l'exemple   du  progrès  pourrait  peut-être 
prendre  l'initiative  de  cette  étude;  mais  la  dépense  resterait^ 
toujours  considérable.  Le  mieux,  sans  doute,  serait  d'adopti 
des  ouvrages  plus  modestes  dans  le  genre  de  ceux  que  H.  Bui 


iL-TlLLAUi:    ÊCOXOMIQUE  Hl 

déau  a  précoDJsés  dans  son  rapport  sur  le  budget  de  l'Algérie 
pour  l'exercice  1892. 

Parlerni-je  de  la  nier  iotérieure?  Ce  serait  ici  la  place  ;  mais 
le  projet  Roudaire  est  apprécié  depuis  longtemps  à  sa  juste  va- 
leur. Il  n'y  a  plus  que  la  géographie  de  M.  Niel  sur  la  Tunisie , 
—  où  les  erreurs  fourmillent,  —  qui  puisse  consacrer  vingt- 
deux  pagres  à  l'apologie  de  cette  conception  chimérique.  Le 
commandant  Landas  qui.  ii  la  mort  de  Roudaire.  avait  repris 
le  projet  pour  son  compte ,  l'a  complètement  abandonné  depuis 
quelques  années  ' .  11  rêve  à  son  tour  de  fertiliser  le  Sud  de  la 
Tunisie  ;  mais  non  point  à  l'aide  d'une  immense  satine  qui  coû- 
terait 800  millions  et  demanderait  vingt  ans  de  travail,  simple- 
ment en  recherchant  la  couche  aquifère  et  en  amenant  les  eaux 
artésiennes  à  ta  surface  du  sol.  Si  l'idée  est  moins  britlanle  que 
cette  de  (toudaire,  en  revanche  elle  est  singulièrement  plus 
pratique.  Klle  a  déjà  donné  des  résultats  très  encourageants. 
\a  reste,  elle  n'est  autre  chose  que  l'extension  à  ta  Tuni.<<ie  des 
travaux  de  sondage  auxquels  le  général  Desvaux  et  M.  Jus  ont 
attaché  leur  nom  et  qui  ont  régénéré  le  Sud  de  ta  province  de 
Constantine. 

Cette  idée  pourrait  être  appliquée  également  dans  le  Tell.  Les 
forages  y  coûteraient  davantage  devant  être  poussés  plus  pro- 
fondément; ils  n'en  seraient  pas  moins,  le  plus  souvent,  une 
entreprise  fructueuse. 

.Maintenant,  là  où  l'insuffisance  des  nappes  d'infiltration  ne 
permet  pas  de  créer  des  puits  artésiens,  on  peut  créer  des  inht- 
tratioDset  se  procurer  de  la  sorte  des  sources  artificielles.  C'est 
ce  qu'a  obtenu  un  ingénieur  des  .\,rts  et  et  Manufactures,  M.  Hipp. 
Uessoliers,  dans  une  ferme  algérienne  où  il  avait  creusé  qua- 
torze puits  dans  tes  endroits  les  mieux  choisis ,  sans  obtenir  de 

.  V.  itniis  le  Golfe  de  Gabès,  p.  306,  une  leLtie  du  ci>niiuaudanl  LaniJaa  a 


L 


228  LA  TrNisiE  ^KP('ls  l'occupatiox  frakçaisb 

résultat  appréciable,  tl  a  raconté  lui-même,  il  y  u  quelques 
iniiis,  daus  un  journal  d'Alger  '  le  moyen  qu'il  a  employé  pour 
créer  une  source  sur  un  terrain  absolument  aride. 

l'artant  de  cefaittjiic  les  ravins  débitent,  aprf'S  chaque  pluie, 
des  qnantités  importantes  d'eau  douce,  il  lui  parut  que  la  solu- 
tion la  plus  logique  consisterait  à  masser  la  plus  grande  quantité 
d'eau  possible  sur  un  terrain  déterminé,  A  l'abreuver  jusqu'à 
sursaturation,  c'est-à-dire  jusqu'à  production  de  sources. 

A  l'aide  d'un  petit  fossé ,  les  eau\  des  ravins  avoisinants  furent 
dirigées  vers  lu  ferme  ,  puis  reçues  li  sur  un  terrain  peu  déclive, 
sur  lequel  avaient  été  élevés  des  petits  bourrelets  de  terre  de 
0",50  à  i  mètre  de  hauteur. 

L'eau  après  avoir  rempli  un  des  bassins  ainsi  formés  s' écoule 
par  le  trop  plein  dans  celai  d'aval  et  ainsi  de  suite. 

Chaque  année  ces  bassins  sont  labourés  et  ensemencés  en 
sorgho,  bec'hna  ou  autres  céréales  d'été. 

Le  labour  a  pour  but  d'accroître  la  perméabilité  superQcielle 
et  de  faciliter  la  pénétration  des  eaux  dans  les  profondeurs  du 
sol.  Par  surcroît  l'on  obtient  une  bonne  récolte  due  au  limon 
que  les  eaus  ont  déposé, 

Pour  faciliter  l'assèchement  de  ces  bassins,  un  drainage  fut 
établi  à  travers.  Ce  drain  aboutit  A  un  puits  de  7  à  8  mètres  de 
profondeur  qui  pénètre  dans  une  roche  perméable.  C'est  elle 
qui  constitue  le  véritable  réservoir.  Les  bassins  n'ont  d'auli-e 
destination  que  de  retenir  provisoirement  les  eaux  et  de  prolon- 
ger la  période  de  fonctionnement  de  ce  puits  ou  bois-tout. 

Peu  à  peu ,  les  eaux  de  drainage  des  bassins  ont  saturé  ce  banc 
de  calcaire  sablonneux ,  et  quelques  mois  après ,  des  suintements 
se  manifestaient  sur  les  pentes  voisines.  Un  petit  fossé  collecteur 
fut  creusé  suivant  lalignedessuintcmcnts  et  les  dirigea  tous  vers 
uu  point.  La  source  était  créée. 
I.  Déiiéche  algérienne  du  10  novembre  1SDI. 


Voiiâ  sept  aos  qu'elle  fonctionne  sans  interruption ,  été  comme 
hiver;  elle  débite  à  Tétiage,  fin  septembre,  de  dix  à.  vingt  mè- 
tres cubes  d'eau  par  jour. 

Chaque  hiver,  les  bassins  se  remplissent  et  se  vident  de  dix  à 
vingt  fois.  —  Leur  surface  étant  d'environ  un  tiers  d'hectare 
et  la  hauteur  d'eau  retenue  de  30  à  40  centimètres,  cela  donne 
lin  contingent  de  1.000  mètres  cubes  chaque  fois,  soit  10  à 
20.000  mètres  cubes  par  an. 

En  substance ,  le  procédé  consiste  à  saturer  d'eau  un  terrain 
convenablement  choisi.  —  Les  travau.\  à  exécuter  sont  les  sui- 
vants : 

1"  Ayant  fait  choix  d'un  terrain  peu  déclive  situé  à  proximité 
d'un  ravin  ou  d'une  dépression  et  recelant  dans  ses  profoiideure 
un  ou  plusieurs  bancs  alternativement  perméables  et  iniperméa- 
liles ,  il  faut  limiter  ce  terrain  par  un  ou  plusieurs  bourrelets  tle 
ferre  tracés  suivant  les  courbes  de  niveau,  de  façon  fi  créer  la 
plus  vaste  capacité  possible  avec  le  minimum  de  dépense.  Moins 
le  terrain  aura  de  pente,  moindre  sera  la  dépense,  les  bourre- 
lets étaut  moins  nombreux.  Ce  premier  travail  est,  en  tout, 
semblable  à  celui  que  l'on  exécute  dans  le  Midi  de  la  France 
pour  la  submersion  des  vignes; 

2°  Si  la  couche  de  terre  végétale  est  peu  perméable,  ou 
accroîtra  sa  capacité  d'absorption  par  nu  labour  annuel;  de 
plus  on  creusera  une  ou  plusieurs  lignes  de  drain  espacées 
de  tO  A  20  métras  et  aboutissant  toutes  eu  un  point  situé  à 
l'aval  du  bassin; 

3°  En  ce  point,  on  creusera  un  puits  que  l'on  descendra  jus- 
(ju'au  terrain  perméable; 

4"  l'n  fossé  dérivera  sur  ces  bassins  les  eaux  débitées  par  les 
^avins  avoisinants  pendant  la  saison  des  pluies; 

5"  Après  un  ou  deux  hivers  l'on  verra  le  plus  souvent  des  suin- 

meats  se  produire  sur  les  pentes  situées  à  l'aval  ;  on  réunira 


330 


LA   TTMSIE   nEPriS   L  OCCIIPATI0?i    KSAXÇAISE 


ces  siiÎDtementfi  par  un  droin  qui  les  dirigera  sar  le  point  oii 
l'on  veut  créer  fontaines  et  abreuvoirs. 

Le  succès  n'est  pas  certaiu.  Il  peut  se  faire  que  les  eaux  dc-s- 
cendfiit  dans  les  profondeurs  du  sol  snns  venir  sourdre  à  la  sur- 
fîtce.  Il  peut  encore  se  faire,  en  cas  de  succès  de  l'opéraliou, 
que  les  eaus  obtenues  soient  saumAtres;  c'est  ce  qui  arriva  à 
M.  Ilessoliers  dans  son  essai. 

Jusqu'à  l'an  deniier  les  eau.^  recueillies  restaient  potables  An 
mois  par  an  et  devenaient  saum&tres  fin  d'été;  k  ce  niomeot 
elles  étaient  A  peine  acceptables  pour  le  bétail. 

Uepuis  un  an,  la  situation  s'est  améliorée,  de  nouveaux  suin- 
lemenls  se  sont  produits;  leur  eau  est  potable  luénie  à  la  lin  de 
l'été.  Le  même  fait  se  produira  sans  doute  ailleui-s.  il  ne  faut 
donc  pus  que  la  nature  du  sol  soit  considérée  comme  un  obstacle 
insurmontable  nu  cas  où  il  serait  reconnu  comme  étant  sau- 
mAtre. 

Le  pi'océdé  que  nous  signalons  offre  de  même  que  tout  autre 
mode  d'aménagement  des  eaux,  un  certain  aléa,  mais  les  dé- 
penses qu'il  entraîne  sont  des  plus  minimes.  L'on  peut  avec  une 
somme  de  500  francs  à  I.OOO  francs  espérer  créer  une  source. 
Le  risque  est  donc  de  peu  d'importance  eu  égard  au  résultat 
à  espérer. 

Enfin,  dernière  observation  :  si  des  suintements  existent,  ne 
filt-ce  que  pendant  l'biver,  dans  les  pamges  où  l'on  voudrait 
créer  une  source,  il  y  a  lieu  de  tenir  grand  compte  de  cette  in- 
dication. Le  sol  remplit,  en  partie  fout  au  moins,  tes  condi- 
tions propi'es  à  l'existence  des  sources,  il  faut  l'abi-euver.  le 
saturer  d'eau  par  les  moyens  ci-des.sus  décrits  ou  même  siropl»' 
mont  défoncer  le  terrain  et  y  planter  vigne  ou  verger,  et  l'on 
réussira  dans  bien  des  cas  à  transformer  ces  suintements  éphé' 
mères  en  une  véritable  source  intarissable, 


LIVRE  VII 

INDUSTRIE   ET   COMMERCE 


LES    INDUSTRIES    INDIGENES 

J'ai  dit  combien   l'agnculture  est  restée  rudimen taire  en 

Tunisie;  l'industrie  n'y  a  guère  progressé  davantage.  Menuisier, 

forgeron,  potier,  tisserand,  quel  que  soit  l'ouvrier,  l'outil  on 

^■l'inslrument  que   vous  trouvez  entre  ses  mains  date  presque 

^P^oujoui-stle  trente  à  quarante  sit^cles.  Aucune  modificution  n'y 

a  été  apportée.  Il  est  tout  aussi  grossier,  tout  aus.si  défectueux 

qu'à  l'époque    reculée  qui   l'a   vu  découvrir.    Et  il  en  est  di* 

y       même  des  objets  fabriqués  :  ils  ont   toujours  la  forme  et  h 

^■mdesse  antiques.  On  pourrait  noter  quelques  exceptions;  mais, 

^Bde  même  qu'en  logique,   ces  exceptions  confirment  la  régie. 

^^P    Avec  quel  étonnemcnt  on  suit  tous  les  détails  de  ces  labeurs 

^^brimitife!  A  Tunis  même  on  croit  voir  revivre  les  nrtisans  de  \i\ 

^HCarthage  punique.  Ne  les  revoit-on  pas  réellement?'  Horaco 

^B|^ernet  écrivait  de  Syrie  en  1840  :  «  Ce  pays-ci  n'a  pas  d'épo- 


I.  On  [rouTera  dans  Ivs  deux  uiagninqurs  Tok 
et  lei  environs  et  la  Tuniite  des  aquarelles 
concrmint  les  iniliislrira  Ipnisiennes. 


nés  de  M.  Ch.Lalleinand  :  Tunh 
l  des  descriptions  Torl  CurieuM's 


Î3S  t.*  TTXisiE  Dcpris  l'occupatios  frasçaisk 

que.  Transportez-vous  de  quelques  milliers  d'années  en  arrière, 
n'importe;  c'est  toigours  la  même  physionomie  que  vous  ave: 
devant  les  yeux.  Que  le  canon  chasse  devant  lui  des  popuU- 
lions  entières,  qu'il  les  extermine,  ce  n'est  que  le  moyen  qui  i 
changé,  mais  non  la  chose.  Pharaon  poursuivant  les  Hébreux, 
monté  sur  son  chariot ,  soulevait  la  même  poussière  dans  le  dé- 
sert que  Méhémet-Ali.  Les  Arabes  n'ont  pas  changé  ». 

C'est  vrai,  les  Arabes  n'ont  pas  changé,  et  non  plus  les  Lf- 
biens,  —  nos  modernes  Berbères.  Que  l'on  contemple  le  labou- 
reur poussant  son  attelage  dans  le  sillon  ou  le  travailleur  ma- 
nuel accomplissant  sa  besogne  quotidienne,  on  se  sent  reporté 
aux  premiers  âges  de  la  civilisation. 

N'est-ce  vraiment  pas  une  étrange  chose  que  cette  immobilité 
au  milieu  d'un  changement  perpétuel  Depuis  le  jour  où 
l'étranger  a  posé  le  pied  sur  la  terre  africaine,  elle  a  été  le 
Ihéfltre  de  luttes  effroyables,  de  révolutions  terribles,  mais 
elle  a  vu  aussi  des  siècles  de  splendeur;  toutes  les  civilisations 
anciennes  :  indienne,  égyptienne,  pélasgienne,  médo-perse, 
phénicienne  et  romaine,  en  passant  sur  elle  y  ont  déposé 
comme  l'alluvion  de  l'esprit  humain.  Ces  migrations  successives 
ont  impressionné  jusqu'à  la  Nature  elle-même;  des  modifica- 
tions physiques  s'en  sont  suivies.  Or,  par  un  contraste  surpre- 
nant, alors  que  tout  se  transformait  autour  de  lui,  le  Berbère 
n  conservé  intactes  ses  mœurs  et  ses  coutumes  originaires. 
Ksclave,  il  s'est  plié  aux  exigences  de  ses  divers  conquérants; 
mais  sans  se  laisser  entamer  par  eux.  11  est  resté  lui-même  : 
immuable. 

Si  donc,  en  matière  industrielle,  il  n'a  fait  aucun  progrès, 
ce  n'est  pas  que  l'inlelligence  et  l'habileté  même  lui  fassent 
défaut;  c'a  été  pendant  longtemps  le  résultat  de  sa  vie  aven- 
tureuse et  de  son  caractère  fermé  au  contact  des  autres  races, 
l'ne  fois  seulement  il  écouta  la  voix  de  l'étranger.  Mahomet 


ISDCSTBIB   ET  COMMERCK 


■poussant  sur  lui  la  brâlante  haleine  du  sensualisme,  sou  tempé- 
rament exceptionnellement  salace  ne  put  résister  à  la  doctrine 
séductrice.  11  adopta  les  mœurs  privées  de  l'Islam  et  celles-ci, 
bien  plus  sûrement  que  toutes  les  lois  oppiennes,  enrayèrent 
chez  lui  les  goûts  de  luxe,  d'élégance  et  de  plaisirs  qui  ont  si 
vivement  stimulé  les  arts  en  Europe.  La  mode  est  chose  incon- 
nue en  pays  arabe  ou  berbère.  Les  hommes  portent  exactement 
le  même  costume  que  leurs  ancôlres  d'il  y  a  quatre  mille  ans 
(il  n'est  pas  rare  qu'un  burnous  serve  à  deux  ou  trois  généra- 
tions), et  ce  qui  est  plus  caractéristique  peut-être,  de  nos  jours 
les  femmes  du  sud  de  la  Tunisie  s'attifent  encore  les  cheveux 
de  la  façon  compliquée  que  l'on  observe  sur  les  mosaïques  dé- 
couvertes à  l'Oued-Athménia  et  qui  représentent  des  divini- 

BHs  numides. 

^  On  conçoit  dès  lors  que  l'industrie  en  soit  encore  au  rudi- 
ment. Ceux-là  même  qui  paraissdient  de  voir  ta  tirer  de  l'ornière, 
les  Maures  d'Andalousie,  n'ont  rien  appris  s'ils  n'ont  rien  oublié. 
L'Anlée  de  la  fable  puisait  de  nouvelles  forces  en  retouchant 
du  pied  le  sol  natal;  au  contraire,  les  Maures  en  rentrant  dans 
leur  patrie  perdirent  les  qualités  industrieuses  qui  avaient 
distingué  leurs  ancêtres  sur  la  (erre  étrangère.  Ils  semblèrent 
frappés  d'impuissance.  Leur  phylogénie  éprouva  un  arrêt  sul)it. 
Voici  un  trait  significatif  de  la  torpeur  dans  laquelle  ils  sont 
tombés:  Chassés  d'Espagne  par  l'intolérance  religieuse',  ils  em- 
portèrent les  clefs  de  leurs  maisons,  bien  persuadés  que  cette 
perte  n'était  que  temporaire,  et  que  le  prophète  les  ramènerait 
btenli^t  en  triomphe  dans  la  Péninsule.  Et,  depuis  quatre  cents 
ans,  ils  se  transmettent  ces  clefs  de  père  en  fils,  très  scrupu- 
leusement, dans  l'attente  de  rheurcu,\  événement  qui  ne  peut 
manquer  de  survenir,  ne  doutant  point  que  les  mêmes  serru- 


931 


LA    TUMSIE   BBPOtS   L  OCCCPATION   l-RA>ÇAISK 


reg  ne  soient  restées  tîvéett  aux  mêmes  portes  et  qu'il  lear  suffîn 
de  les  faire  fonctionner  pour  établir  leur  propriété.  Od  ne  peut 
se  fairR  sans  doute  une  idée  plus  ineffable  de  la  perpétaaliié 
des  choses  humaines.  N'y  voyez  pas  que  de  la  naïveté;  elle  est 
d'ordre  métaphysique  et  religieu-i. 

Les  Maures  exercent  à  Tunis  l'industrie  la  plus  honorée,  celle 
<le  la  fabrication  des  chachia.  Ai-je  besoin  de  dire  qu'ils  n'y  ont 
apporté  aueun  perfectionnement.  L.eur  outillage  est  toujotin 
celui  de  leurs  ancêtres  andalous.  Les  noms  espagnols  qu'ils  por- 
tent encore  en  sont  un  témoignage.  11  eu  résulte  naturellement 
que,  malgré  le  bas  prix  de  la  main-d'œuvre  et  malgré  la  ré- 
putation dont  ces  chachia .  aussi  solides  qu'élégantes ,  jonissent 
dans  tout  le  monde  musulman ,  leur  fabrication  à  l'aide  de  pro- 
cédés primitifs  ne  peut  lutter  avec  la  production  européenne. 
Elle  végète,  diminue  de  jour  en  jour  et  disparaîtra  fatalement 
si  l'on  n'y  porte  remède. 

II  en  est  de  mémo  de  la  fabrication  des  tapis,  qu'ils  ont  intro- 
duite eu  France  '  et  rendue  si  florissante  en  Afrique  dès  le  moyen 
&ge-,  principalement  dans  la  Régence.  A  Tunis  et  dans  ses 
environs  on  fabriquait,  au  huitième  siècle,  des  tapis  et  des  étoffes 
do  la  plus  grande  valeur.  Va  village  de  la  région,  Touneh, 
avait  même  quelquefois  l'honneur  de  confectionner  le  voile  que 
l'on  dépose  chaque  année  à  la  Caaba''.  J'ai  vu,  dit  Fakely,  un 
tapis  donné  par  Haroun-al-Raschid;  il  était  de  l'étoiTe  appelée 
Kabalij  et  on  y  lisait  ces  mots  :  "  Au  nom  do  Dieu,  que  la 
bénédiction  de  Dieu  soit  sur  le  calife  Raschid-Abdallah-Haroun, 
prince  des  fidèles   (que   Dieu  répande   sur   lui  ses  faveurs)! 


1.  Notre  fabrique  d'Aubusaon  lirr  «on  origine  d'uuc  dM  Iribus  maures  rcronlêc' 
par  Charlp«-Uar[e1  el  qui,  après  SToir  embrassé  le  clirstUnisiDe  pour  an 
rie  MUT»,  se  flia  danï  la  inlléede  la  Creuge,  oii  elle  établit  non  induatrif 

1.  La  Tapisserie,  par  Eug.  Hiiiitz,  p.  G6. 

3-  Temple  Mcré  de  ta  Herque. 


Ce  tapis  a  été  bit  par  ordre  de  Fadl-ben-Retz,  dans  b  fabrique 

de  Tooneh,  l'an  190  '    ■- 

Jusqu'en  ces  dernières  années,  cette  iadnstiîe  est  restée  pm»- 

père.  Les  procédés  de  fabrîcatiiMi  tout  i  fait  prîmîti&  ne  doiH 

naicnt  que  peu  de  béDéfice:  mais  c'était  le  travail  des  femmes. 

CD  se  contentait  de  son  maigre  produit.  Il  était  d'ailleurs  d'un 

placement  si  facile!  Qui  ne  recberchait  les  chaades  converinres 

de  Djerba  et  les  magnifiques  tapis  de  iLaironan  où  re^lendissenl 

toutes  les  couleurs  orientales?  Ces  tapts  surtout  sont  pour  tes 

yeux  ce  qu'une  synipboDie  de  Mozart  est  pour  l'oreille  et  l'ime. 

Les  tonalités  les  plus  violentes  s'y  apaisent  dans  une  harmonie 

d  une  douceur  enivrante.  Exaltées  par  le  contraste  et  en  même 

.temps  rëconciUées  par  l'analogie,  comme  disait  Ch.  Blanc,  les 

siotes  de  la  laine  se  surexcitent,  se  marient,  brillent  et  s'éva- 

onissentdans  un  concert  éclatant  et  suave,  vibrant  et  apaisé. 

A  cette  séduction  des  yeux  se  joi^aient  la  qualité  de  la  laine 

t  la  solidité  de  la  teinture,  qui  les  faisaient  souvent  payer  fort 

her. 

L'occupation  française  a  beaucoup  accru  les  demandes  el 
'appAt  du  gain  a  entraîné  les  fabricants  dans  une  voie  funeste. 
Certaius  commerçants,  qui  n'avaient  jamais  pu  entrer  dans 
AÎrotian  avant  1881,  en  ont  franchi  les  portes  à  la  suite  de  l'ar- 
aée  française,  et  tout  en  pous*:anl  le  miitillem  (patron)  à  em- 
tloyer  de  la  laine  moins  pure  et  de  moins  bonne  qualité,  ils  lui 
ot  fait  substituer  les  teintures  d'aniline  aux  teintures  végétales. 
La  garance  qui  croit  spontanément  dans  tout  le  sud  de  la 
'anisie  et  que  l'on  cultivait  spécialement  à  Galjès,  était  jadis 
eule  connue  des  indigènes  pour  teindre  les  fils  en  rouge". 

1.  Qualremère  de  Quinr;.  Mémoires  géographiques  el  historique»  sur  l'Egypte 
~~  et  quttqvet  contrées  veiiiHes,  t.  I",  p.  33A-339. 

1.  Dms  l'aDliquité,  les  indigènes  se  serraient  de  la  liqueur  coloraule  que 
rourniiMDt  les  vtiirex  trunculiu.  coquillages  connus  ious  le  nom  de  pourpres. 
Pline  Boni  *  liisaé  de  longs  détails  {Hiil.  val.,  IX,  li]  sur  la  fabrication  et 


k 


3;tfi  LA    Tt'NISIE    DEPUIS    l'oCCCPATIOX   FBA.XÇAISB 

Pour  teiudre  ea  bleu,  ils  employaient  l'indigo'  (iiilaj  et  les 
tiges  de  l'Isatis  tincforia  ou  pastel. 

Avec  le  Reseda  luteola,  qu'ils  nomment  ••  Asfar  ■>,  ils  tei- 
gnaient en  jaune. 

Ils  teignaient  en  vert  en  mélangeant  l'indigo  avec  la  gaude. 

Ils  obtenaient  des  (ils  violets,  en  les  plongeant  dans  une  solu- 
tion d'indigo  et  de  cr^me  de  tartre. 

Les  fils  noirs  étaient  teints  à  l'aide  de  l'indigo,  du  sulfate 
de  fer,  de  la  gaude  et  de  la  noix  de  galle. 

Les  couleurs  ainsi  obtenues  étalent  à  la  fois  fort  belles  et  très 
solides;  mais  la  teinture  de  cbaque  livre  de  laine  coûtait  par  crt 
procédé  deux  piastres  et  demie,  soit  environ  un  franc  cinquante. 

Avec  les  alcaloïdes  artificiels,  la  même  livre  de  laine  est  teinte    , 
en  vert,  jaune,  violet,  pour  douze  carroubes  (0  fr.  50),  et  en 
rouge  pour  une  piastre  (0  fr.  60).  Seulement  ces  couleurs    ' 
passent  trt'S  vite.  Abandonnées  au  soleil  elles  sont  rongées  en 
quelques  heures. 

Cependant  les  indigènes  n'ont  pas  su  résister  à  l'économie  qui 
leur  était  oiTerte;  d'autant  moins  que  leur  industrie  demeure  très 
peu  rémunératrice.  J'ai  pu,  par  faveur  spéciale,  entrer  à  Kai- 
rouan  dans  l'atelier  de  quelques  femmes  et  me  rendre  compte 
de  tous  les  détails  de  leur  travail.  Un  tapis  de  l'°,âO  représente 
douze  pièces  de  laine  et  exige  une  quinzaine  de  jours  pour 
SB    confection.    On   le   vend   environ    ik  piastres   {\k   fr.   10] 

l'empla]  de  celle  pourpre,  qui  se  pourrail  encore  récolter  sur  le»  cAlei  de  DjeriM: 
mais  qui  (larall  avoir  élé  abandonoée  en  raison  de  son  peu  de  solidité.  Le  lute 
romain  allachait  pourtant  un  grand  prïi  aux  élofTcs  teintes  de  celle  façon  :  Con- 
chyliaet  purpuras  oinnis  hora  atterit,  quibut  eadem  mater  lururia parla  pxM 
rliant  margaritit  pretia  fecii.  PI.,  loc,  cil. 

t.  Les  Indigoliers  viennent  bien  en  Afrique,  nolaminenl  Yeiiiialoriun  tincla- 
riUM,  originaire  du  Brésil.  On  peut  en  obtenir  deux  ou  trois  coupea  dans  une 
mËme  cnmpaj>ne;  et  en  raison  de  la  grande  quanlilé  d'indigo  qui  se  consomme  ra  ' 
Tunisie  pour  la  teinlurc  des  vtteinenls  des  femmes  de  la  campagne  qui ,  presque 
loutei,  portent  des  haîk  bleus,  l 'exploit  a  lion  de  cet  arbrisseau  j  donnerait  un  beau 
Iténrdci!, 


ixDi'STitif:  tT  comher«:k  237 

sur  lesquelles  il  faut  prélevei-  2V  caiToubes  de  droits  et  une 
piastre  pour  le  ci-ieur  qui  vend  aux  enclièrcs.  J'ai  calculé 
que   ces    quinze  jours  de  travail  rapportaient  net   5  te.    40. 

M^me  pour  des  femmes  indigènes,  cette  rétribution  est  însiif- 
Hsaute,  et  l'industrie  agonise. 

Mil.  Servonnet  et  Laftitte  ont  proposé  de  la  relever  en  exci- 
lanl  chez  les  indigènes  i<  leur  instinct  de  lucre,  par  des  prîmes 
en  argent  qni  seraient  immédiatement  comptées  à  ceux  dont  les 
produits  sembleraient  les  mieuv  réussis  ".  A  mon  avis,  le  re- 
mède n'est  pas  là.  Ce  qu'il  faut,  c'est  prohiber  l'introduction 
des  teintures  chimiques  en  Tunisie  pour  relever  la  valeur  et  la 
réputation  des  lapis  de  Kairouan,  des  couvertures  de  Djerba, 
elc,  et  en  même  temps  s'efforcer  de  propager  parmi  les  indi- 
gènes des  machines  activant  l'ouvrage.  Actuellement,  ils  ont 
encore,  pour  tout  métier,  deux  rouleaux  superposés  verticale- 
ment, à  ua  mètre  cinquante  l'un  de  l'autre,  sur  lesquels  la 
chaîne  est  tendue.  L'ouvrière  passe  la  trame  à  la  main,  sans  le 
secours  d'aucune  navette,  et  la  serre  à  l'aide  d'un  peigne  en  fer 
qu'elle  promène  sur  toute  la  largeur  du  lé.  On  voit  combien  ce 
travail  tout  à  fait  primitif  doit  prendre  de  temps. 

Que  ion  transforme  cet  outillage,  que  l'on  surveille  la  tein- 
ture, et  l'industrie  retrouvera  bientôt  son  ancienne  prospérité. 

Je  ne  pense  pas  que  l'administration  ait  à  intervenir  autre- 
ment que  par  des  mesures  de  douane,  El  y  a  lu  en  effet  une 
opération  qui  me  semble  de  nature  à  attirer  l'attention  de 
capitalistes  avisés.  En  mettant  entre  les  mains  de  l'ouvrière  un 
outil  meilleur  et  en  fournissant  au  besoiïi  la  matière  première, 
que  le  mari  ne  peut  pas  toujours  acheter,  ceux-ci  feront  un 
placement  avantageux  tout  en  améliorant  la  condition  de  ces 
pauvres  gens. 

Habitués  à  ne  recevoir  d'Europe  sous  le  nom  d'"  articles  d'ex- 
portation »  que  de  la  camelote,  souvent  détestable,  il  semblerait 


-2;i8  l-A   TUMSIK   DBHItS   L  OCCCTATIOX   FBA.NCAISB 

«nie  les  indicielles  veulent  user  de  réciprociié  en  employaut 
des  teintures  qui  laissent  à  désirer;  car  pour  leur  usage  per- 
sonnel ils  tiennent  à  des  teintures  très  solides,  et,  de  erainte 
d'être  trompés,  ils  ne  demandent  aux  manufactures  européen- 
nes que  des  cotonnades  écrucs  qu'ils  teignent  eux-mëiues. 
L'industrie  de  la  teinture  conserve  doue  une  certaine  activité. 
Je  mentionne  pour  mémoire  la  spnrterie,  dont  j'ai  parlé  au 
chapitre  sur  l'alfa.  Elle  occupe  une  grande  partie  de  la  popu- 
lation des  lies  Kerkennah  et  de  quelques  tribus  des  environs 
de  Sfa.x.  Mais  elle  est  locale.  On  peut  en  dire  autant  de  la  sel- 
lerie, de  l'armurerie  et  de  la  bijouterie. 

La  tannerie,  rudimentaire  comme  les  autres  industries,  subit 
le  sort  commun:  elle  ne  peut  lutter  contre  les  cuirs  ear^^éens. 
U  lui  serait  cependant  facile  de  tenir  t^te  à  la  concurrence,  en 
raison  du  bon  marché  des  peaux  en  Tunisie  et  de  l'acide  tan- 
nique  de  première  qualité  qu'y  fournissent  les  chênes.  Les  in- 
digènes n'emploient  guère  que  l'écorce  de  lentisque  et  celle  de 
pin  d'Alep. 

Depuis  le  moyen  ôge  jusqu'à  ces  dernières  années,  l'huile  a 
été  le  principal  objet  du  commerce  d'exportation  de  la  Tunisie; 
sa  fabrication  y  était  donc  l'industrie  la  plus  importante.  A-t-elle 
reçu  quelques  perfcclionnements?  Aucun.  Moulins  et  presses  sont 
toujours  aussi  rudimentaires  que  le  tnipeliim  et  le  torcular 
dont  Porcius  Caton  nous  a  laissé  la  description  '  —  et  t'huile 
est  loujoiH-s  aussi  rance. 

Le  moulin  se  compose  d'un  broyeur  de  pierre  cylindrique, 
roulant  sur  un  axe  horizontal  fixé  à  un  arbre  vertical  qu'ac- 
iionne  un  Ane  ou  un  mulet.  Les  olives  sont  soumises  à  l'action 
de  ce  broyeur,  qui  en  fait  une  espèce  de  paie.  Si  l'on  veut  ob- 

I.  V.  De  Re  ni4tiai.  xi-iiii  el  ci.w;  Dietionnaire  des  aniiquiléi  greci/uet  «t 
romainei,  deRicli,  p.  Slb  ;  Ch.  Tîasot,  op.  elt.,  l.  I,  p.  1BS-!91:  Pellistier,  Erplo- 
rallon  icienti/iqae  île  l'Algérie,  p.  351. 


B 


IXDISTRIK    ET    COUIIKBCB 


2;)a 


tenir  de  cette  pète  l'huile  de  consoaimatioa  alimoiilaire,  un  la 
rraite  par  l'eau,  au-dessus  de  laquelle  l'huile  vient  surnager, 
A,  cause  de  la  différence  de  pesanteui'  spécifique  des  deux  li- 
quides. L'huile  obtenue  par  ce  procédé  est  dite  drob-el-mu 
«  qui  a  été  frappée  par  l'eau  ".  Si  l'on  no  veut  que  de  l'huile 
plus  commune,  la  pâte  est  soumise  à  la  presse,  faite  quelquefois 
d'une  vis  en  bois,  le  plus  souvent  de  deux  simples  planches  pla- 
cées sous  un  tronc  d'arbre  qui  forme  levier.  L'huile  ainsi  pro- 
duite est  dite  mmriti  pressée  >i.  On  appelle /crfj'AA  celle  qui  vient 
au  début  de  la  pression.  Quelquefois  les  vendeurs  la  présentent 
comme  huile  drob-el-ma;  mais  les  connaisseurs  ne  s'y  laissent 
pas  tromper. 

Le  marc  qui  résulte  de  la  première  de  ces  opérations  est  sou- 
mis au  pressoir,  et  l'on  en  retire  une  huile  inférieure  dite  bel- 
Imh,  qui,  si  ce  n'est  dans  les  grandes  chaleui-s,  est  toujours  à 
l'état  demi-solide  du  beurre  ou  de  la  graisse.  L'huile  que  l'on 
extrait  par  une  seconde  pression  du  nrnrc  de  l'huile  masri  est 
encore  plus  grossière;  on  l'appelle  belbah-fitourn.  Enfin  on  re- 
tii'c  des  eaux  qui  ont  servi  au  traitement  de  l'huile  drob-el-ma 
une  sorte  de  houe  infecte,  dite  huile  el-kounia ,  qui  est  la  der- 
nière de  toutes. 

Toutes  ces  huiles  ne  peuvent  recevoir  qu'un  emploi  indus- 
triel. Celle  que  les  indigènes  regardent  comme  comestible  et 
dont  ils  font  une  grande  consommation,  donnerait  des  nausées 
i\  l'estomac  le  plus  robuste.  Je  lui  préférerais,  je  ctoîs.  l'huile  de 
foie  de  morue  ! 

Juvénal  dit  que  son  odeur  seule  —  l'huile  africaine  n'était 
utilisée  à  Rome  que  dans  les  bains  publics  —  faisait  fuir  les 
serpents ,  et  préservait  ainsi  de  leur  morsure  venimeuse. 


id  tiitos  eliaiii  facit  a  serpeiitibus  atris  ' 


2i0 


LA    TCMSrS  DKPUIS   L  OCCUPATION   FRANÇilSK 


Ce  qui  conlribue  beaucoup  à  dooner  à  ces  huiles  un  goût 
horrible,  c'est  l'habitude  traditionnelle  qu'ont  les  indigènes  de 
laisser  macérer  les  olives  trois  et  quatre  mois  dans  le  sel  avant 
de  les  envoyer  au  moulin.  Le  ramollissement  des  fruits  et  la 
fermentation  acétcuse  qui  s'ensuit  font  que  l'huile  est  rasce 
avant  même  d'être  extraite  de  la  pulpe. 

Celte  détestable  habilude  me  parait  provenir  de  l'insuffisance 
des  mo.ilins  et  de  la  nécessité  où  se  trouvaient  les  propriétaires 
d'attendre  leur  tour  de  presse.  Ils  voulaient  éviter  la  moisissure; 
ils  ont  obtenu  la  fermentation. 

Il  n'y  avait  h\  qu'à  substituer  de  toutes  pièces  les  huileries 
européennes.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu,  comme  ou  le  verra  plus 
bas. 

Les  indigènes  conservent  leur  huile  dans  de  1res  grandes  jarres 
qui  se  font  à  Djerba.  Les  poliers  insulaires  fabriquent  en  outre 
comme  ceux  de  Nebeul ,  des  gargoulettes,  des  plats  et  des  réci- 
pients en  terre  cuite,  brute  ou  vernissée,  de  formes  et  de  cou- 
leurs très  originales.  Klles  ont  un  air  antique  qui  étonne.  Allez 
au  musée  de  Carthage  ou  du  Bardo,  vous  y  remarquerez  des 
vases  étrusques  qui  vous  sembleront  sortis  dn  four  de  quelque 
potier  indigène.  Les  produits  de  ces  derniers  ont  même  élé- 
gance, même  grAce  curviligne.  La  moindre  cruche  qui  sort  de 
leurs  mains  a  la  majesté  d'une  amphore,  El  cependant  aucun 
art  ne  dirige  cette  céramique.  Sa  seule  méthode  est  la  routi 
Aussi,  pour  la  même  raison  que  les  autres  industries,  la  trop 
grande  primitivilé  des  procédés  de  fabrication,  elle  est  ruinée 
par  la  production  européenne  :  elle  tombe  à  rien. 

La  Conférence  consultative  s'est  préoccupée  de  cette  déca- 
dence. Dans  sa  séance  du  19  novembre  dernier,  elle  a  adopté 
à  l'unanimité  les  conclusions  d'un  rapport  émettant  les  vœux 
suivants  :  1°  Qu'il  soit  créé,  A  Tunis,  un  cours  profession- 
nel de  poterie  sous  le  contrâle  de  la  direction  de  l'Enseigne- 


M 


INDCSTBIK    ET    COUMERCK 

ment  '.  2°  Qac  les  droits  perçus  sur  la  poterie  soient  transformés 
ea  un  droit  de  fabrication  susceptible  de  favoriser  cette  in- 
dustrie. 

La  proposition  est  escellente.  Il  me  parait  seulement  qu'il 
serait  préférable  d'instituer  ce  cours  à  Nebeul  au  lieu  de  Tunis, 
pour  le  mettre  à  la  portée  des  principaux  intéressés;  car  si  l'on 
fabritjue  de  la  poterie  en  d'auti-es  endroits,  elle  est  loin  d'avoir 
la  même  valeur, 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  a  lieu  d'applaudir  à  cette  tentative  de 
rajeunissement  et  de  soubaiter  qu'on  la  généralise. 

Le  cours  professionnel  que  l'on  va  ouvrir  en  faveur  de  la 
poterie  ne  serait  pas  moins  utile  pour  relever  la  fabrication  de 
ces  belles  faïences  peintes  et  émaillées  que  l'on  remarque  dans 
les  anciens  palais  tunisiens.  Les  Italiens,  ainsi  que  l'a  consisté 
M.  de  Lanessan-,  inondent  la  Tunisie  de  carreaux  à  bas  priic, 
devant  lesquels  ont  déGnitivemont  succombé  les  produits  beau- 
coup plus  beaux,  mais  aussi  beaucoup  plus  ehers  de  l'industrie 
locale. 

Eu  perfectionnant  les  procédés  de  fabrication  on  abaisserait 
le  pris  de  revient  et  le  placement  de  ces  faïences  redeviendrait 
facile. 

Qui  dit  architecture  arabe,  dit  grAce  et  légèreté.  On  ne  se 
lasse  pas  d'admirer  les  monuments,  j'allais  dire  les  poèmes,  que 
cet  art  délicat  a  laissés.  Or,  il  existe  encore  à  Tunis  des  ma<,'ons 
qui  exécutent  d'une  main  ferme,  hardie,  et  prescfue  sans  écha- 
faudage, les  voiites  et  les  arceaux  mauresques;  mais  c'est  à 
grand  peine  qu'on  trouverait  un  ouvrier  capable  de  sculpter 
dans  le  plâtre  ces  trapèzes,  ces  triangles,  ces  disques,  ces  fleurs 


I.  ComiD<^  Buile  i  cp  vœu .  un  artiste  frantaLS 
pour  te  rendre  compte  des  perlrclionnements  i[i 


IrumenU  de  Iravnil.  aux  fours  el 


ieu  d'apporU'r 
procédés  de  rcrniswge. 


L 


I 


■2V2  I.A   TIMSIB  DEPIIS   LOCCUPATIOX   FBASCAISK 

et  ces  feuiilnges  dont  renchevètremeot  fantastique  intrigue  k 
regard  et  le  tient  perdu  aux  plafond:;  des  vieux  palais  comme 
à  la  recherche  d'une  énigme  indéchiffrable. 

L'art  seul  nous  ferait  un  devoir  de  ne  pas  laisser  disparaître 
cette  architecture;  mais  l'int^-rét  politique  nous  commande  de 
la  protéger,  comme  toutes  les  auti'es  industries  tunisiennes. 

Le  meilleur  moyen,  le  seul  vraiment,  de  faire  comprendre 
la  civilisation  aux  indigènes ,  de  la  leur  faire  adopter,  c'est  d'a- 
méliorer leur  condition  sociale,  d'accroître  la  fortune  publiqaé. 
Tout  ce  qui  leur  procure  un  peu  de  bien-être,  les  amène  di- 
rectement &  nous;  tout  ce  qui  les  appauvrit,  excite  leur  hosti- 
lité. Or,  si  le  travail  diminue,  si  les  produits  se  vendent  mal, 
des  crises  économiques  surviennent,  crises  ioimédiatemeal 
aiguës  dans  une  communauté  dénuée  de  ressources.  La  perlé 
d'un  métier  qui  s'exerçait  de  père  en  (ils,  c'est  la  misère  pool 
le  pauvre  Africain.  Son  ignorance  ne  lui  permet  pas  de  coœ* 
prendre  la  révolution  économique  dont  il  est  victime;  il  i 
voit  que  le  fait  brutal ,  et  un  levain  de  haine  fermente  dans  sch^ 
cœur  contre  cette  science,  ces  inventions  aryennes  qui  le  mi- 
nent. Il  nous  maudit.  Mais  il  voit  les  choses  d'un  tout  autre  œil 
s'il  en  tire  profit.  Et  c'est  pourquoi  il  nous  faut  multiplier  li 
cours  professionnels,  propager  l'outillage  européen  parmi  lel 
artisans  tunisiens.  Avec  leur  aide  ils  graviront  peu  à  peu  I 
degrés  de  l'échelle  industrielle,  —  qui  ne  sont  pas  autre  cbo! 
pour  eux  que  les  degrés  de  l'échelle  sociale. 


LES    l^iDlSTRIKS    EL'ROI'KEN.VES 


L'industrie  eui-opéenoe,  appelée  à  un  réel  avenir  en  Tunîdea 
n'y  est  encore  nécessairement  qu'à  l'état  d'enfance.  Néanmoii 


INDUSTRIE    KT    COUMEBCK  2^3 

on  y  compte  déjA  [ilusîcurs  établisse  me  uts  importants,  sur  les- 
ijueb  j'aurais  désiré  donner  des  détails  complets,  tant  au  point 
de  vue  de  leur  organisation  que  de  leur  situation  économiijue  ; 
n'ayant  pas  eu  le  loisir  de  me  livrer  à  cette  étude ,  je  dois  me 
borner  à  un  simple  relevé. 

Je  passe  sous  silence  les  diverses  industries  du  b&tîment  que 
la  transformation  du  pays  développe  au  fur  et  à  mesure  de  ses 
besoins.  Ce  sont  les  industries  en  vue  de  l'exportation  qui  doi- 
vent particulièrement  solliciter  notre  attention.  La  fabrication 
de  l'huile  figure  naturellement  en  tMe.  La  qualité  des  fruits, 
l'importance  que  le  commerce  de  l'huile  a  eue  de  tout  temps  en 
Tunisie,  et,  lesgrignons  constituant  un  e.\cellent  combustible, 
les  facilités  qui  étaient  offertes  à  l'établissement  d'une  usine 
européi-nne,  devaient  attirer  les  industriels  éclairés.  C'est  ce 
qui  a  eu  lien. 

Dans  les  contrôles  de  Tunis  et  de  Nebeul,  une  dizaine  d'Iiui- 
leries  ont  été  créées  :  dans  la  plaine  du  .Moruak,  i\  La  Goulette, 
à  Tebourba,  à  Soliman,  à  Nclieul,  Ce  nombre  s'accroîtra  beau- 
coup lorsqu'à  la  dime  de  l'buile  '  sera  substitué  l'impôt  en  es- 
pèces. Dans  le  Sahel,  soumis  à  cet  impôt,  on  ne  compte  pas 
moins  de  neuf  usines  &  vapeur. 

A  Sousse,  celles  de  : 

M,  Gandolpbe,  de  12  presses; 

M.  Élie  de  Scetbon,  8  presses; 

La  magnifique  usine  de  1a«  Société  du  Sabel  Tunisien  ",  dont 
l'installation,  qui  peut  rivaliser  avec  toutes  celles  de  France ,  n'a 
pas  coûté  moins  de  quinze  cent  mille  francs;  elle  a  13  presses; 

Et  celle  de  la  «  Société  des  huileries  et  savonneries  méridiona- 
les n  (9  presses)  montée  spécialement  pour  le  traitement  des 
feignons  par  le  sulfure  de  carbone. 


.  V.  ptus  haut,  p.  33. 


2lï  LA    TUMSIK    DKPCIS    L  OCCUPATIOS    FRANÇAISE 

A  Msakeii,  la  Société  du  Sahel  tunisien  possède  une  autri^ 
uRÎae  de  8  presses  et  à  Mokenine  une  troisième  égalemenl  de 
8  presses. 

A  Monastîr  existent  encore  trois  usines  A  vapeur  : 

M.  Médina  Et  Hayat,  8  presses; 

M,  Aliaga,  6  presses; 

M.  B.  Sacuto,  5  presses. 

Ces  usines  fabriquent  des  huiles  comestibles.  M.  Gaillard. 
le  très  sympathique  et  intelligent  directeur  de  la  Société  du 
Sahel  tunisien  m'en  a  fait  déguster,  dans  son  usine,  qui  peu- 
vent litre  mises  en  ligne  avec  nos  meilleures  huiles  de  Pro- 
vence. 

Eiiouire,  !k3  huileries,  à  traction  animale,  comptant  entre 
elles  157  presses,  fonctionnent  dans  le  Sahel. 

Oans  le  contrôle  de  Sfa.v,  quatre  usines,  montées  à  l'euro- 
jiécnne,  ont  été  installées  :  trois  par  (les  Français,  HM.  J. 
Querry,  Anfré,  Delanghe  et  Glandut;  la  quatrième  par  un  An- 
glais, M.  I^adbetler. 

Les  minoteries  européennes  sont  encore  rares.  Le  manquai 
(le  cours  d'eau  en  rend  l'installation  et  la  marche  onéreuses. 
Je  ne  connais  que  les  minoteries  Tabone,  à  AI  Djezira;  celle  de 
H.  Cesanna,  à  DJedelda,  et  les  moulins  de  Bab-Alaoua,  ap- 
partenant à  MM.  Attia  et  Modiglioni.  Un  moulin  Â  vapeur  a  é\k 
montéàSfax  avec  deux  paires  de  meules;  mais  cet  établissemenl 
n'a  pas  prospéré. 

Les  farines  destinées  à  la  boulanjferie  européenne  sont  îni' 
portées  en  grande  partie.  La  brigade  d'occupation  n'ayant  pas 
non  plus  de  manutention ,  doit  faire  venir  ses  farines  de  France. 
Les  familles  indigènes  fabriquent  elles-mêmes  leur  semoule  et 
se  servent  pour  la  mouture  de  leur  blé  d'un  appareil  au(jticl 
on  donne  aujourd'hui  le  nom  de  moulin  arabe ,  et  qui  est,  ea 
réalité,  la  viela  et  le  catillus  romains.  La  forme  diffère  ua  peaj 


IKDDSTRIE   ET   COMMERCK  2'i5 

■nais  c'est  toujours  le  moulin  à  bras  priniitif,  ou  la  mola  asî- 
naria  de  la  même  époque. 

Le  blé  dur,  riche  en  gluten,  est  recherché  pour  les  pAles 
alimentaires,  et  la  fabrication  de  celles-ci  occupe  un  assez 
grand  nombre  de  bras. 

Le  palmier-nain  est  moins  répandu  dans  la  itégence  qu'en 
Algérie;  l'industrie  du  crin  végétal  est  appelée  néanmoins  à  s'y 
développer.  Il  en  est  de  même  de  la  fabrication  des  bouchons 
que  va  permettre ,  à  partir  de  cette  année ,  la  levée  du  liège  de 
reproduction  en  Kroumirie. 

On  m'a  signalé  des  sables  et  de  la  silice  des  plus  propres  li 
la  fabrication  du  verre.  Il  y  a  là  une  branche  industrielle  A 
créer. 

On  connaît  de  réputation  le  souk  des  parfums  de  Tunis,  oi'i 
les  indigènes  débitent  leurs  petites  fioles  de  jasmin  et  de"  nhéré  ' 
avec  la  même  préciosité  que  s'il  s'agissait  d'on|^uents  rares.  Il 
se  fait  là  un  commerce  important,  et  la  production  des  essences, 
huiles  essentielles  et  parfums,  est  à  entreprendre  aux  environs 
de  Tunis  comme  elle  la  été  —  avec  succès  —  aux  environs  d'Al- 
ger. Aucune  contrée  n'est  plus  favorable  à  cette  industrie  ;  sous 
aucun  climat,  la  flore  ne  présente  plus  de  richesse  et  de  magni- 
ficence; aucune  ne  développe  en  plus  grande  abondance  dans 
chaque  plante  les  principes  aromatiques  et  parfumés. 

Les  végétaux  les  plus  particulièrement  propres  à  la  fabri- 
cation des  essences  sont  les  orangers  et  la  toute  famille  des 
nurantiacées.  Ou  en  extrait  le  néroli,qui  est  particulièrement 
estimé,  les  essences  de  petit  grain  ,  de  cédrat,  de  bigarade,  de 
bergamote,  de  citron,  de  citronine,  d'oranger  de  Portugal,  et 
l'eau  de  fleurs  d'oranger  dont  l'usage  est  devenu  général. 

arnii  les  végétaux  cultivés ,  il  faut  noter  le  jasmin ,  dont  les 


blinclios  Je  Tunis. 


216  LA   TIWISIE  DEPCia   L  OCCTPATIOS  FRANÇAISE 

tleura  et  l'essence  sont  très  estimées  par  les  fecnines  indigènes, 
le  péraiiiura  rosat  {Pvlargommn  roseum),  qui  croit  avec  une 
merveilleuse  rapidité  et  doune  une  essence  cjui,  à  cause  de  s(hi 
prix  modique,  remplace  aujourd'hui  l'essenee  de  rose,  la  Ter- 
veine,  laeassie,  la  tubéreuse,  l'cpillet,  etc. 

On  trouve  partout,  A  l'état  sauvage,  le  myrte,  le  thym,  la 
lavande,  l'absinthe,  le  fenouil,  le  romarin,  la  sauge,  la  mat^ 
jolaine ,  la  menthe  poivrée,  etc.,  dont  la  distillation  pourrait 
donner  de  bejui\  résultats. 


PROULITS   DE   LA   PiCCIIE  ET   DE   I.A  tllASSE 

Les  produits  de  la  mer  ne  sont  pas  moins  remarquables  en 
Tunisie  que  les  produits  du  sol  et  du  sous-sol.  On  n'y  compte 
pas  moins  de  316  espèces  de  poissons ,  la  plupart  en  abondance, 
et  de  bonne  qualité.  Les  moUusques  et  les  zoophyles,  moins 
nombreux,  ont  également  beaucoup  de  valeur. 

Dres.ser  la  nomenclature  de  celte  faune  sous-marine,  c'est- 
à-dire  de  toutes  ces  richesses  alimentaires  et  industrielles, 
serait  une  besogne  totalement  au-dessus  de  mes  forces.  Mais  je 
ne  me  propose  que  d'en  signaler  l'importance  à  nos  pécheurs 
français,  alin  qu'ils  n'hésitent  point  à  venir  s'établir  sur  les  cô- 
tes tunisiennes  pour  puiser,  dans  leurs  eaus  extrêmement  fé- 
condes, des  bénéfices  que  leurs  rivau.x  d'ontre-Méditerranée  sont 
l  peu  près  seuls  actuellement  à  se  disputer.  Ils  y  seront  aidés 
par  l'administration  française;  car  un  double  intérût  patrioti- 
que et  financier  commande  de  fa%'oriser  l'installation  de  no» 
compatriotes  sur  ces  côtes. 

Les  poissons  qui  s'y  rencontrent  le  plus  communément 
peuvent  se  diviser  en  trois  catégories  d'espèces  : 


INDDSTRll!   ET   COMURRCK 


1°  Les  poissoas  de  passage  (du  mois  de  mai  au  mois  d'août)  au 
nombre  desquels  d  faut  citer  :  le  thou  ,  la  bonite,  les  scombres, 
la  sardioe,  l'anobois,  le  saurel.  l'allachc ,  particulièrement  eu 
fraude  quantité  dans  les  eauv  de  Mchdia  d'avril  à  aoilt. 

2°  Les  poissons  qui  habitent  les  eûtes  et  qui  se  tiennent  k  des 
profondeurs  plus  ou  moins  grandes ,  tels  que  :  le  rouget  barbu , 
le  merlan,  la  sole,  très  belle  à  l'embouchure  de  la  Medjerda. 
la  galinette,  le  pageau,  le  girel,  la  baudroie,  la  seiche  of- 
ficinale, la  raie,  le  poulpe,  le  spare  mène,  le  spare  mendole,  le 
chien  de  mer,  les  langoustes,  particulièrement  abondantes 
dans  les  fonds  de  l'Ile  de  ta  Galite,  les  homards,  les  chevrettes. 

3°  Ceux  qui  habitent  les  petits  fonds,  près  des  côtes,  dans  les 
hancs  de  roches,  algues  et  sables,  et  qu'on  désigne  dans  le 
commerce,  les  uns  sous  le  nom  de  poissons  de  roche  ou 
poissons  Doîrs,  les  autres  sous  cehii  de  poissons  blancs  ou 
bleus. 

Les  principaux  poissons  de  roches  sont  :  deux  variétés  de 
mérou  appelées  méro  et  lucierna  par  les  Italiens,  et  mnenni  et 
tcernt'a  par  les  indigènes;  la  murène,  le  congre,  la  rascasse  or- 
dinaire, la  rascasse  rouge,  le  grondin,   le  capelan,  les  rou- 

lîers,  le  rouget  de  vase. 

Parmi  les  poissons  blancs  on  dislingue  :  le  sar,  le  loup,  le 
'  mulet,  la  bogue,  la  saupe,  l'araignée,  le  brochet,  la  dorode, 
ledinti,  Toblade,  etc. 

Tous  ces  poissons  entrent  dans  l'alimentation;  mais  les 
principaux  et  les  plus  abondants  sont  :  l'anchois,  la  sardine, 
le  rouget,  le  merlan,  la  bonite,  le  maquereau,  le  thon  et  les 
poissons  de  roches  de  toutes  espèces. 

Les  poissons  d'eau  douce,  tels  qu'anguilles,  barbeaux,  per- 
ches, aloses  et  mulels,  ne  figurent  qu'en  très  petites  quantités 
^HUr  les  marchés;  on  les  pèche  en  hiver  seulement. 
^H  Les  coquillages  ne  sont  pas  très  répandus ,  i\  l'exception  des 


ainai 
^uaîei 
H^  Pa 


1 


2V8  LA   TL'MSIR   DEPUIS   L  OCCCPATIOX   PBAXf;AISS 

oursins.  On  trouve  eependaat  des  clo%isses  et  des  praires  ea  di- 
verses parties  de  la  côte.  MM.  Bouchon-Brandely  et  Rerthoule, 
oot  signalé  en  1890'  l'existence  d'un  banc  d'huîtres  à  Adjim, 
aux  abords  de  l'Ilot  de  Kattia;  c'est  le  seul  connu  jusqu'A  ce 
jour"-,  l'n  ostréiculteur  du  bassin  d'Arcachon  avait  sollicita  et 
obtenu,  on  1885.  l'autorisation  d'installer  une  huîtrière  arti- 
ficielle sur  le  rivage  de  la  mer.  entre  l.a  Coulette  et  Rhadès: 
cet  essai  d'élevage  des  délicieuses  avicules  paraissait  devoii> 
être  couronné  de  succès,  lorsque  le  déc^s  du  permissionnaire 
est  venu  y  couper  court. 

Un  riche  zoophyte,  l'éponge .  peuple  la  côte  Sud.  Tn  autre, 
plus  riche  encore,  existe  sur  la  câte  septentrionale  du  cap 
Rosa  à  Bizerte,  c'est  le  corail,  dont  la  Krance,  par  sod  traita 
du  2i  octobre  1832  avec  le  hey  de  Tunis,  a  acquis  le  droit 
perpéluel  et  exclusif  de  la  pèche  sur  tout  le  littoral  tunisien, 
moyennant  une  redevance  annuelle  de  13,100  piastres. 

L'exploitation  de  ces  diverses  ressources  économiques  pro- 
duit dfts  sommes  considérables,  qui  s'accroîtront  encore  dans 
l'avenir  sous  l'heureuse  influence  d'une  réglementation  actuel- 
lement à  l'étude  et  qui  déterminera  les  parages  où  la  pèche  est 
libre,  les  engins  autorisés  et  les  engins  prohibés,  les  formalités 
à  remplir  pour  obtenir  l'autorisation  d'établir  une  pêcherie, 
les  pénalités  à  appliquer  en  cas  de  contravention ,  etc. 

Voici,  d'après  un  rapport  de  M.  Ponzevera,  chef  du  service 
des  ports  et  de  la  navigation  de  la  Régence,  et  celui  de  MM, 
Bouchon-Brandely  et  ,\.  Bertlioule,  les  évaluations  aussi  ap- 
proximatives que  possible  du  produit  annuel  de  la  pèche  sur 
toute  ta  cùle  tui 


1,  Su[i[jl^inenl  au  Journal  officiel  tunisien  du  13  novembre  18110,  p,  ,'.. 

2.  «  Au  ciiur9  de  travaui  «ou»  -  mit  ri  n  s  ereila^g  rn  IBBt  daiiG  la  rade  de  Sfai. 
|«ur  la  deslruction  de  l'épate  du  IroiE-mAU  anglais  Emmanuele  Scieluna,  i|ui 
■*ait  brûlé  aur  aea  ancrcc,  en  décembre  I8SI ,  on  a  con^ilalé  la  jir^ience  de  groa- 
•ca  buttrea,  voiiine»  de  l'eapAce  dîLe  |âed  de  cbetal  ».  Le  Golfe  de  Cabès,  p.  349. 


l5DDSTRIIi:    ET    COMMERCE 


^V  COTE  NORD 

^H        Du  cap  Roux  DU  cap  Nègro ,  la  pèche  des  sardines 

^H                et  des  anchois  produit  ....       âôO.OOO  Tr. 

^H      Corail          (pour  mémoire)'.   ,   .       «          « 

^H        Du  cap  Nègro  ou  cap  Blanc,  la  côte  n'est  pas  cx- 

^*               ploilée >         » 

lie  de  La  Gatiie,  la  pfche  seule  des  langoustes.   .  GO. 000 

Lac  de  Bizerte 500.000 

Dénie  Plane  au  cap  Bon,  pécties  diverses  .    .  300.000 

Idem        idem,         sardines  et  auclioJs.   .   .  90.000 

Thonara  de  Sldi  Daoud 1.300.000 

»COTE  SUD 

Du  cap  Bon  aucap  Maanioura,  la  cûte  est  inexploitée  >          g 

Ducap  Maanioura  QU  cap  Africa 40.000 

A  Mehdia ,  pèche  de  l'aHache 100.000 

Du  cap  Arrica  à  la  mer  de  Bou-Grara S20.0DO 

IA  Djerba 30.000 

De  Zarzis  au  Bibau 30.000 

Éponges  (du  cap  Africa  au  Biban TDO.OOO 

Poulpes  C                d"                    ^ 100.000 

Ensemble.       ....  3.U10.000  fr. 

Mieux  faite ,  avec  un  matériel  ad  hoc  et  avec  plus  de  coui^ge, 
la  pèche  donDerait  le  double  et  le  triple,  surtout  sur  la  côte 
Sud.  Mais  écoutez  ce  qu'en  disent  MM.  Bouchon-Brandcly  et  Ber- 
thoule  :  "  Les  pécheurs  ne  naviguent  pas  sur  ces  côtes  basses, 
à  vrai  dire,  ils  perdent  à  peine  pied.  Au  lieu  de  lamparos,  ou 
de  bœufs  aux  loo^s  bras,  qu'il  faut  promener  bien  loin  au 
large,  au  prix  de  quelques  risques  et  de  quelques  fatig;ues,  nous 
les  verrons  se  servir  de  grossiers  clayonnages  en  branches  de 

I.  Pour  ileui  râlions  :  la  découceric  Ati  bancs  de  Ciacco  el  rapiinurnsseraent 
de  la  péilie  rèsullant  de  remploi  de  la  gratte  en  fer,  tes  bancs  corallifères  de  la 
cùlé  Inniftienne  ne  sont  plusguËre  eiplollés.  Ils  n'en  doiTcnl  pas  maitia  figurer  icii 
car  lU  se  reconstituent  et  auront  beaucoup  de  valeur  dans  quelques  années  si  on 
le*  entoure  des  mesures  de  protection  qu'ili  réclament. 

k 


mIzl.-*^.  •fCLbô^  «.  li£»es  sv  ks  lns46iids:  tout  le  travail  s*v 
Rciz:  k  T3ri  visôe  i  ^^rve  basse:  oq  rdèTe  les  nasses  placées 

le  poûsoii  aa  marché  le  pins  voisin. 


^^.il&a 


<i  pti^  {  esc  ^Hs;. 

<  C»'&^rr«f<  >:c>.  VMi^i  s^m>  prendre  la  peine  de  remuer  les 

ipieflKnl  le  poîssoD  à  la  foene,  et  telle 

fjaik  arrîrerool,  en  fin  de  compte. 

t  ie  i&  cuar«à»e .  avcir  des  résultats  très  satisfaisants^  >'. 

LIlu:.  ^5f  sec  ^:<€e.  toocherail  de  bien  antres  revenns  si  la 
âscjùiv  ccjki:  siK^u  cv^oaprbe.  En  principe  la  pèche  est  libre 
«!&=.<<  l«e<  et&:i\  nz^àenzKs:  chacun  peot  Texercer  où,  quand  et 
commue  boa  ;;ii  «esnble-.  à  la  cooditition  de  payer  an  fermier 
«ies  nu&^oolats  on  droit  qui.  siiivant  les  localités,  est  de 
((  fr.  iji  OQ  de  â^  t  da  prù  dn  poisson  vendn.  L'imprévoyance 
saute  jiiix  yeox.  En  TêUL  la  piHrhe  pour  la  consommation  locale 
5te  trvnive  >eul^  >v:<mii§e  à  Timpùt  :  les  pécheurs  grecs  et  âciiieus 
qui  $e  livrant  aux  salaisons  échappent  à  cette  redevance.  Ce- 
pendant, ce  sc^nt  justement  ceus4à  que  le  fisc  devrait  atteindre. 
Etruif^'rs  au  p^ys.  ils  viennent  lui  prendre  son  bien  sans  qua- 
simou:  rit^n  lui  lii^ï^er  en  êchAn«.  Us  apportent  en  effet  avec 
ou\  tout  ce  iju:  e<:  !irveîftî<aire  à  leur  existence  :  leurs  pâtes. 
îcr.r  r:i.  et  :us.}  l'A  leur  pain:  U  mer  leur  donne  le  poissou 
frai>.    Us   .^pj^rtciit    rUi  .>iv  co  qui   est  nécessaire  à   leur  in- 


î.  r.  r;u>  >.-T.-a:  ^il^..:  tj  dr*  *.>>  yeui  rvrenir  un  |<^heur  a  Mehdia 
ra;  :v  r:jk;*.t  ♦  i  >•  k.;.  çr.  de  lîii^p.  è^ji  ;<h>m:>q  tapions  en  quelques  heures: 
•  !  i^,*.î  îond-  ><>  i>i!a-^->^^>  vrrs  ir.inj  t.  > <rUit  tranquIllemeDi  endormi  dans  son 
lvat\4;î  el  !e>  a^^:'.  rr-'^tvs  drs  >  n'a:ic.  Ce  litruie  homme  nous  a  déclaré  ne  pa> 
rn  :;,in;»  UuU  lO  «;•.:-'  \x  i.vr  iMurr^.:  .j;  d-  nnor.  faute  d  un  écoulement  assure.  Nesl- 
ve  IV  nt  !a  ir;  rv^ut^.  tt  :Va{-t\ar.;  e\t':.  j '.e  de  la  fertilité  des  eaux  tunisiennesr  Loc. 


# 


?.  Il  ûul  t  ivVj^îei  '.o>  es  K^  rk»  iir.jb .  ou  les  habitants  ont  seuls  le  droit  d*- 
l^Vher  le  Ln^  d^-  leurs  ro:.>  ivn:  du  :^3  mai  1S"9  :  la  côte  de  Sfai .  sur  la- 
quelle les  hAbitjnîN  de  kkIU  %/>  o:A  «salement  seuls  le  droit  de  faire  la  [Vvlu- 
aui  lilelstl  .rav  n,u>  de\  r-' :-  de  s  :"  décembre  Ks'i  et  26  mai  ISTl»  ;  enlin  Ks 
concessions  lOUM^nlies  t.  iniwi.romtiil  {sir  1  ttal. 


INDUSTRIE   ET   COUHEtlCK  251 

Oiistrie  :  le  sel  et  les  barils  vides.  Ils  n'ont  plus  qu'à  les  remplir. 
C'est  rite  fait. 

Alors  de  grosses  embarcations  s'en  vont  porter  en  Italie  leur 
lourd  chargement  de  poisson  salé  pour  revenir  bientôt  avec 
de  nouvelles  provisions  de  nourriture  et  de  matériel. 

On  a  peine  à  concevoir  qu'un  Etat  puisse  consentir  à  se  laisser 
dépouiller  pareillement.  Et  pourtant  durant  de  longues  et  de 
longues  années ,  les  Italiens  se  sont  livres  à  ce  commerce  sur  les 
côtes  d'Algérie.  Avec  tous  mes  confrères,  j'ai  rompu  de  nom- 
breuses lances  avant  de  parvenir  à  protéger  noire  domaine 
maritime  contre  leurs  invasions  effrontées.  Knfin  le  décret  du 
5  mai  1888  est  venu  nous  donner  sjitisfaction.  Il  faut  qu'un 
décret  analogue  sauvegarde  à  son  tour  les  richesses  ichthyo- 
logîques  Je  la  Tunisie;  c'est  d'autant  plus  nécessaire  que, 
chassés  des  côtes  algériennes,  les  pécheurs  italiens  se  sont  reje- 
lés  en  masse  sur  les  côtes  de  la  Régence.  Ainsi,  avant  le  décret 
de  1888,  la  côte  de  Tabarka  n'était  guère  fréquentée  que  par 
une  quarantaine  de  tartanes;  dès  1888,  elle  en  recevait  181;  en 
1889,  232;  en  1890,  33.5;  en  1891,  386,  et  le  nombre  s'en  sera 
encore  vraisemblablement  accru  cette  année. 

Dans  une  brochure  qu'il  a  publiée  A  la  fin  de  l'année  der- 
nière', M.  Ponzevera  nous  indique  l'importance  de  cette  pèclie. 

Dans  la  campagne  de  1888,  du  mois  de  mars  au  mois  d'août, 
les  18V  barques  italiennes  ont  capturé  3,200  quintaux  métri- 
(|ues  d'anchois  et  9,000  quintaux  de  sardines. 

En  1889,  les  190  barques  qui  étaient  venues  ont  emporté 
9.00»  quintaux  d'anchois  et  1 1,000  quintaux  de  sardines. 

En  1890,  le  produit  a  atteint  10,090  quintaux  d'anchois  et 
10,11V  quintaux  de  sardines. 

A  raison  de  V5  francs  les  100  kilogrammes  d'anchois  et  à 


Uluik*  pratiqites  sut  les  prclies  marilimet  en  Tunisie. 


i 


252  LA  TifMsiE  DRPtris  l'occdpatiox  française 

20  francs  les  tOO  kilogr.  de  sardines  A  l'état  frais,  le  produit  de 
la  pèche  de  ces  trois  anQ«es  se  cbitfrerail  par  1 .601 ,28(1  francs, 
soit  une  moyenne  de  53^,000  francs  en  chiffres  ronds. 

Quelles  sommes  les  pécheurs  italiens  ont-ils  payées  au  fisc 
tunisien  [KHir  s'approprier  ces  seize  cent  mille  francs  de  pois- 
son à  Taharka?  Simplement  un  droit  d'entrée  de  20  francs  par 
lonne  de  sel  et  de  8  p.  jé  snr  la  valeur  de  leurs  barils  vides; 
une  fois  remplis,  ils  ont  eu  à  acquitter  une  taxe  d'exportatioD 
de  9t  centimes  les  100  kilogr. ,  soit  V5  centimes  par  baril. 

C'est  peu,  comme  l'on  voit.  11  est  indispensable  de  relever 
très  notablement  ces  taxes.  Mais  le  peut-on?  Je  ne  saurais  le  dire. 
Le  traité  signé  en  1868  entre  la  Régence  et  l'Italie  acconle  de 
tels  avantages  à  celle-ci  que  jusqu'à  leur  expiration ,  eo  1896,  il 
est  certainement  très  difficile  d'y  porter  atteinte. 

Uuoi  qu'il  en  soit,  en  admettant  qu'il  faille  attendre  encore 
quatre  ans  poui'  soumettre  les  Italiens  ù  de  nouveaux  droits,  le 
gouvernement  tunisien  peut,  d'ores  el  déjà,  décréter  une  police 
des  pèches  qui  protège  à  la  fois  le  poisson  et  ses  nationaux 
contre  les  délits,  voire  les  actes  de  brigandage  dont  les  étran; 
se  rendent  trop  souvent  coupables.  Cette  réglementation  sera 
prochainement  mise  en  vigueur.  Elle  réveillera  chez  les  indi- 
gènes le  goût  de  la  pèche  que  le  mécontentement  leur  a  fait 
peu  i  peu  abandonner.  Seuls  les  Kerkenniens  se  livrent  encore 
avec  ardeur  à  cette  industrie.  Robustes,  actifs,  vaillants,  ce 
sont  presque  tous  d'excellents  marins;  en  les  encourageant,  ils 
ne  tarderont  pas  à  lutter  avec  succès  contre  les  pécheurs  italiens. 

Il  faut  également  encourager  les  pécheurs  français  &  venir 
s'installer  sur  les  eûtes  tunisiennes.  Un  premier  essai  n  lieu  en 
ce  moment.  Huit  pècheure  de  Lannion  (Côtes-du-Nord)  sont  ar- 
rivés à  Taharka  dans  le  courant  de  février,  sous  la  conduite  de 
M.  A.  Conseil,  capitaine  au  long  cours.  Le  ministre  de  la  Marine 
est  venu  en  aide,  à  chacun  d'eux,  en  leur  accordant  une  petite 


somme  qui  assurera  la  subsistance  de  leur  famillo  jusqu'au  jour 
où  elle  pourra  venir  les  rejoiadre  sur  la  cùle  africaine.  De  son 
cùté,  M.  Potin  a  voulu  participer  à  cette  entreprise  patriotique  : 
il  a  contribué  aux  frais  de  voyage  des  marins  et  leur  a  acheté 
d'avance  la  majeure  partie  de  leur  salaison. 

Dans  les  premiers  jours  de  mars  la  pèche  s'annonçait  comme 
devant  être  très  bonne;  espérons  qu'elle  tiendra  ses  promesses 
et  que  par  un  de  ces  miracles  qu'accomplit  toujours  le  succès, 
nous  assisterons  l'année  prochaine,  non  à  la  multiplication  des 
poissons,  mais  à  celle  des  pécheurs  français  qui  n'hésiteront 
plus  à  quitter  les  eûtes  de  la  Bretagne  pour  celles  de  Tunisie. 

A  leur  suite  des  industriels  viendront  installer  des  usines  pour 
la  préparation  des  conserves.  Le  gouvernement  est  déjà  saisi 
de  plusieurs  demandes  i\  cet  effet,  non  seulement  à  Tabarka, 
mais  sur   divers  points  de  la  côte.  Le   thon  abonde,  comme 
l'on  sait,  dans  les  eaux  tunisiennes;  il  y  a  donné  lieu  de  tout 
temps  à  une  grande  exploitation.  Dans  l'antiquité,  des  madra- 
I  ^ues  et  des  usines  de  salaisons ,    que  l'on  nommait  -rapty  ttai , 
étaient  établies  sur  tout  le  littoral ,  mais  principalement  sur  la 
f  cAte  syrtique.  Il  y  a  moins  de  quarante  ans  une  de  ces  madra- 
,   pues  datant  de  l'époque  romaine,  existait  encore  à  Monastir. 
I  Le  gouvernement  a  l'intention  de  la  rétablir.  On  annonce  que 
[  la  concession  en  sera  mise  en  vente  cette  année ,  et  en  cette  pré- 
}  -vision  une  société  françuise  s'est  constituée  au  capital  d'un  mil- 
lion de  francs  pour  l'acquisition  de  cette  pèche,  qui  constitue- 
rait une  réelle  fortune  si  l'on  en  juge  par  les  sommes  considé- 
rables que  rapporte  la  madrague  de  Sidi-Daoud  :  son  produit 
^  annuel  est  évalué  à  1 ,300,000  francs. 

D'autres  industries  maiitimes  sont  à  l'étude  :  l'élève  et  la  cul- 
Itnre  de  l'huître  et  des  coquillages  comestibles,  de  l'éponge, 
fdu  corail,  etc.,  et  particulièrement  de  la  pintadine  mère  perle, 
Lque  l'on  croit  avoir  trouvée  dans  le  golfe  de  Gabès. 


251 


LA    TIMSIK   DBPDIS   t.  OCCUFATION   PRAXC-ilSE 


Tout  cela  nécessiterait  de  longs  développements;  je  ne  peux 
([ue  renvoyer  le  lecteur  aux  études  spéciales,  telles  que  : 

Rapport  au  miiàslre  de  la  marine  sur  les  poches  maritmet 
en  Algérie  et  en  Tunisie.  Journal  officiel  de  la  République  fran- 
çaise de  23  octobre  1890,  et  supplément  du  Journal  oŒcîd 
tunisien  du  13  novembre  de  la  même  année  ; 

Études  pralif/ucs  sur  les  pèches  maritimes  en  Tunisie,  par 
C.  Ponzevera ,  chef  du  service  des  ports  et  de  la  navigration  daos 
la  Régence.  1891,  impr.  Brigol,  à  La  Goulette. 

En  outre,  pour  la  pCclie  des  poulpes,  v.  le  Gulfe  de  Gabis, 
p.  3G5-101;  pour  le  corail,  Histoire  naturelle  du  corail,  par 
l^acaze-Duthiers  et  dans  les  Annales  tunisiennes ,  p.  355-372, 
l'historique  de  la  pèche  du  corail  dans  les  eaux  tunisiennes; 
et  dans  les  volumes  de  l'Exploration  scientifique  de  tAlgérit 
pendant  les  années  t8iO,  M  et  &2,  celui  qui  est  consacré  aux 
poissons. 

On  consultera  encore  utilement:  Synopsis  molluscorum  lerres- 
trium  et  fîuvialilium  quae  in  ilinertbus  per  insulas  canarienses 
observarunl,  Philippas  Barker  Webb  et  Sabinus  Berthetol, 
Annales  des  sciences  nature/les,  mars  1833.  11  e.\iste  un  tirage  à 
part.  (L'exemplaire  que  possède  la  bibliotliùque  universitaire 
d'Alger,  contient  un  index  bibliogr.  manuscrit  noté  par  Webb) 

La  Pèche  sur  la  côte  occidenlale  d' Afrique,  ^a.r  k.  Guillemot, 
et  rHuitre  perlière  de  Gabès,  article  de  M.  E.  Vassel  dans  la 
Dépêche  tunisienne  du  8  août  1890. 


]je  spirituel  auteur  de  f  Esprit  des  bHes,  Tousseoel.  qui  fut 
un  grand  chasseur  devant  l'Éternel,  a  conté  avec  attendrisse- 
ment dans  Tristia* ,  quel  admirable  pays  de  chasse  étaient  les 
environs  d'.Vlger  A  l'époque  (1811)  où  il  était  commissaire  civil 
à  Boufarick.  C'était  le  pays  le  plus  giljoycux  qu'on  put  voir,  la 


1>I>USTRIE    ET    COMMEKCE  255 

terre  promise  «le  Saint-lhiberl  !  Oq  ne  pouvait  faire  un  pas  sans 
trouver  un  lièvre  ou  une  caille  au  bout  de  son  fusil.  Qui  s'en 
douterait  aujourd'hui?  Le  gibier  à  poil  et  à  plume  se  fait  de 
plus  en  plus  rare  dans  notre  grande  colonie;  encore  quelques 
années  et  les  Algériens  en  seront  réduits  à  l'innocente  distrac- 
tion des  Tarasconnais ,  la  chasse  au.\  casquettes!  A  quoi  faut-il 
attribuer  cette  disparition  du  gibier?  En  partie  A  l'augmenta- 
tion toujours  croissante  du  nombre  des  chasseurs;  mais  prin- 
cipalement à  l'augmentation  de  prix  qne  la  colonisation  a  fait 
subir  à  toutes  les  denrées  alimentaires.  Les  indigènes  ont  trouvé 
dans  la  chasse  une  source  de  profits  tels  qu'ils  s'y  sont  adonnés 
avec  passion,  Ils  ont  tendu  les  collets ,  promené  le  drap  de  mort 
de  tous  c6tés,  et  ils  continuent,  et  ils  persisteront  jusqu'à  ce 
qu'ils  aient  fait  le  vide. 

Pourtant  la  loi  sur  la  chasse  est  promulguée  depuis  long- 
temps en  Algérie,  et  nombreux  sont  les  agents  chargés  de  la 
faire  respecter.  Ils  ne  peuvent  qu'atténuer  le  mal. 

Or,  la  Régence  est  aujourd'hui  dans  la  situation  de  l'Algérie 
I   dût  ans  après  la  conquête  :  le  gibier  y  pullule  encore  :  le  liè- 
vre et  le  lapin  parmi  le  gibier  à  poil  ;  parmi  le  gibier  à  plume 
'  la  perdrix  rouge,  la  gelinotte  des  Pyrénées,  l'outarde,  le  van- 
neau, l'œdicnème  creptlans,  connu  sous  le  nom  d'oiseau  de 
1  Kairouan,  le  pluvier  du  désert,  le  râle,  la  poule  sultane,  le  fia- 
I  mant,  commun  sur  le  lac  de  Tunis,  le  pigeon  ramier,  la  tour- 
I  terelle ,  la  fauvette ,  la  grive ,  le  geai ,  l'étourneau ,  en  troupes 
I  parfois  innombrables;  et  parmi  le  gros  gibier,  le  sanglier,  le 
r  eerf  dans  le  pays  des  Fraichich ,  la  gazelle  sur  les  Hauts-Pla- 
teaux, et  le  mouflon  dans  les  montagnes  de  l'Arad.  Mais  si  l'on 
n'y  prend  garde,  tout  cela  passera  liientùt  à  l'état  de  sou' 
La  franchise  accordée  au  gibier  tunisien  à  son  entrée  en  France 
r  a  déterminé  un  véritable  massacre.  A  chaque  escale  les  paquc- 
|.bot3  qui  desservent  la  côte  emportent  à  Marseille  des  quantités 


256 


i    Tl'MSIB    DEPUIS    L  OCCCPATION    FRA.\Ç.U 


relaliveoient  considérables  de  gibier  mort  et  vivant,  si  bien  que 
les  quantités  exportables  (i,000  kilogr.  de  gibier  mort  et  V.OOO 
kilogr.  de  gibier  vivant)  ont  été  atteintes  dès  la  seconde  quin- 
zaine de  février,  alors  que  le  crédit  ne  prend  fin  que  le  30  juio 
1892. 

Voilà  donc  les  ports  de  Prance  fermés  aux  Tunisiens  pour  plu- 
sieurs mois.  Que  l'on  ne  croie  pas  que  la  geat  â  poil  et  à  plume 
va  pour  cela  recouvrer  un  peu  de  repos.  Les  Arabes  sont  fôchés 
sans  doute  du  contre-temps;  mais  ils  ont  trop  pris  goût  à  la 
chose  pour  s'arrêter  en  si  beau  cbeniia,  Les  ports  de  France  leur 
étant  fermés,  ils  expédient  maintenant  le  produit  de  leur  car- 
nage à  Malte,  en  Sicile,  en  Italie. 

11  est  grand  temps  d'intervenir.  De  même  qu'une  réglemeiï- 
tatioQ  de  la  pèche,  une  réglementation  de  la  chasse  est  indispen- 
siible.  il  faut  la  rendre  moins  facile  en  imposant  le  permis  de 
chasse,  et  en  limiter  la  durée  aux  époques  convenables;  en 
même  temps  se  montrer  très  sévère  à  l'égard  des  braco&nieis 
et  de  tous  les  délinquants. 


COMMEItCE    D'IMPORTATION 

A  présent  que  nous  connaissons,  d'une  part  les  productions 
agricoles  de  la  Régence,  de  l'autre  l'état  primitif  de  son  indus- 
trie locale,  nous  pouvons  concevoir  sur  quels  objets  d'échange 
portait  principalement  le  trafic  entre  l'Europe  et  ce  pays.  Quoi- 
que mal  cultivé,  il  donnait  plus  de  grains  et  de  fruits  qu'il  n'était 
nécessaire  pour  assurer  la  subsistance  de  ses  habitants;  ils  ex- 
pédiaient de  l'huile,  du  lilé,  des  dattes,  du  sel,  des  poissons 
salés,  de  la  cire,  etc.;  en  retour,  ils  demandaient  aux  nations  eu- 
ropéennes tons  les  produits  manufacturés  :  les  toiles,  les  soieries». 


niBOSTBIB  BT  COMHSBCR  957 

les  métaux  précieux,  la  quincaillerie,  les  produits  alimentai- 
res, elc.  Et  leurs  besoins  étaient  tels  que,  depuis  le  commence- 
ment du  siècle,  le  chiffre  des  irapoi-lations  excédait  presque  tou- 
jours celui  des  exportations.  Il  était  ordinairement  dans  le  rapport 
de  7  à  '>.  En  1876,  1877  et  1879  l'on  constate  un  renversement 
des  facteurs;  mais  il  faut  se  garder  d'y  voir  une  rénovation 
économique;  tout  au  contraire,  cela  tenait  à  ce  que  l'énorme 
réserve  métallique  amassée  avec  la  piraterie  et  le  commerce  des 
esclaves  avait  fini  par  s'épuiser  et,  bon  gré  mal  gré,  les  Tuni- 
siens s'étaient  vu  dans  l'obligation  de  réduire  leurs  dépenses  au 
montant  de  leurs  eucaissements. 

Des  esprits  sérieux ,  mais  gui  vraisemblablement  n'avaient  que 
des  notions  in  complètes  sur  l'histoire  de  la  Tunisie,  ont  été  induits 
en  erreur  par  les  statistiques  de  cette  époque  ;  et  les  importations 
étant  i-edevenues  supérieures  aux  exportations  durant  les  pre- 
mières années  de  l'occupation  française,  ils  ont:  regardé  la  si- 
tuation comme  moins  bonne  ([ue  sous  Mohammed  es-Saddok.  Ici 
l'erreur  devient  de  l'aveuglement. 

D'abord;  vouloir  ériger  en  axiome  économique  qu'un  pays 
doit  obligatoirement  plus  exporter  qu'importer,  est  tomber 
dans  un  sophisme.  Mais  dans  un  pays  neuf,  dépourvu  d'indus- 
trie, peut-il  en  être  autrement?  Avant  d'avoir  des  produits  iV 
vendre,  il  faut  s'installer,  s'outiller,  s'organiser.  Il  y  a  souvent  de 
grosses  avances  d'argent  à  faire.  Assez  longtemps  les  dépenses 
excèdent  les  receltes.  Et  les  matériaux ,  les  approvisionnements 
faisant  défaut  sur  place,  force  est  bien  de  les  demander  à  l'é- 
tranger. Il  y  avait  autre  chose  en  Tunisie  :  la  barrière  que  notre 
tarif  général  des  douanes  opposait  ù  l'entrée  des  produils  tuni- 
siens en  France,  A  peine  le  décret  du  15  juillet  1890  a-t-il 
abaissé  celte  barrière,  que  l'échelle  des  exportations  s'élève  con- 
sidérablement et  dépasse  de  suite  celle  des  importations.  L'exer- 
cice 1306  (du  13  octobre  1888  ou  12  octobre  1889)  accusait  : 


I 


258  LA   Tt'MSlK   UEPtlIS   L  OCCCPATIOX   FRAKÇAISK 

ImporUtiou  âl,!>'23,233  piastres;  Exportatioa  30,174, 8V5  p.  el 
pour  l'exercice  1307  (du  13  octobre  1889  ou  12  octobre  1890, 
dont  la  clôture  a  eu  lieu  quelques  semaines  seulement  après  la 
mise  en  vigueur  du  nouveau  régime  douanier,  les  importationi 
descendent  à  18,557,53  V  piastres,  et  les  exportations  attcignenl 
50,998,  70V  piastres  ;  soit  en  augmentation  de  59  pour  cent  sut 
l'exercice  antérieur.  Pour  l'exercice  1308  prolongré  (du  13  octo- 
bre 1890  au  31  décembre  1891)  l'écart  en  faveur  des  exporta- 
tions est  de  5,169.â05  piastres.  11  ne  fera  que  s'accuser  de  plus 
en  plus  dans  l'avenir. 

Kevcnons  aux  importfitioQs.  Avant  1881 ,  ai-je  dit,  elles  avaient 
babituetlemeni  plus  d'importance  que  les  exportations;  elles 
n'en  étaient  pas  moins  relativement  faibles.  Elle.s  ne  dépassaienl 
guère,  en  effet,  vin^t  millions  de  piastres. 

Voici  les  chiffres  officiels  des  importations  durant  les  cinq  an- 
nées qui  ont  précédé  notre  expédition  : 


Du  1"  juillet  18TS  au  30  juin  1876.   . 

—  187C  —  1877. 

—  1877  —  1878. 

—  1878  —  1879. 

—  1879  —  1880. 


ao ,538.026  p. 

l4.3l8.d7G 

17.168.74T 

21,566.799 

19.600.536 


Avec  l'entrée  de  nos  soldats,  consommateurs  de  produite 
français  qu'il  faut  approvisionner,  le  chiffre  des  importations 
passe  de  19,600,530  piastres  à  -26, 790,89-2  p.  Toutefois,  cet  ac- 
croissement ne  tient  pas  uniquement  à  la  présence  de  nos  hom- 
mes sur  le  sol  tunisien  ;  la  meilleure  preuve  c'est  que  l'effectif, 
un  instant  de  quarante-cinq  mille  hommes  en  1881 ,  est  réduit 
à  quarante  mille  en  1881-82,  et  le  chiffre  des  importations  n'ea 
continue  pas  moins  sa  marche  ascensionnelle  :  il  parvient  A 
37,530,435  p.  ;  de  même  en  1883  :  l'armée  ne  compte  plus  que 
vingt-six  mille  hommes  et  le  chiffre  des  importations  montft 
à  4^,942,546  p.  Et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  jour  où,  t 


I>~DUSTRie    KT    COMMERCE 


250 


luaDt  leur  mouvemeat  inverse,  les  împorlations  ont  triplé 
pendant  que  l'effectif  de  la  brigade  d'occupation  décroissait  des 
trois  quarts  : 


Du  1" 

juillet  1880  au  30  juin 

1881. 

Ï6. 790. 892  p 

— 

188!           — 

18S3. 

37,530.435 

_ 

1882           — 

1883. 

44. 942. .156 

- 

188-1           — 

1883. 

46.607.747 

— 

1884  au   12  »^" 

1884' 

9.760.558 

Exercice 

1302  du  13  S'-"   1884 

au  13 

8''"  1885- 

44.552.546 

— 

1303         -           1885 

- 

886.-    . 

47.496.736 

— 

1304         —           1886 

— 

887.. 

44.824.126 

— 

I30ù         —           1887 

— 

888..    . 

52.224.005 

— 

130G         —           1888 

— 

889,.    . 

SI. 923. 233 

— 

1307         -           188a 

— 

890..    . 

48.557.534 

— 

1308  prolongé     1890  31  déc 

1891    .    . 

80.313.154 

Les  cotonnades  et  les  toiles  de  toutes  sortes  forment  le  cin- 
quième de  ces  importations;  elles  figurent  sur  l'exercice  1308 
pour  16,202,330  piastres.  Or,  si  l'on  recherche  la  provenance 
de  ces  marchandises,  on  constale  avec  regret  que  les  manufac- 
tures d'Angleterre  en  expédient  77  pour  cent-.  Il  y  a  là  près  de 
huit  millions  de  francs  qui  paraissent  pourtant  devoir  nous 
revenir.  Si  je  ne  m'abuse,  nous  avons  aussi  en  France  des  fabri- 
ques de  toile  et  de  coton.  Quand  ce  ne  serait  qu'aux  alentours 
de  la  bonne  ville  de  Rouen,  j'en  connais  un  nombre  assez 
respectable.  Leurs  produits  jouissent  même  d'un  certain  renom; 
il  faudrait  certainement  peu  d'efforts  pour  en  obtenir  l'écoule- 
ment en  Afrique'.  Celte  facilité  m'a  tellement  frappé  que  j'ai 

1.  A  la  auppmssion  de  la  Cominmian  liiianritn^  inleriialionalc,  IViercicc 
financier  fut  r^lé  d'a]>rè3  le  calendrier  musulman. 

2.  Le  tableau  des  imjior talions  en  IS91  annexé  au  Rapport  de  M.  Ribot  sur  la 
utualion  de  la  Tunisie  en  1B9I  ne  reUve  que  431.322  p.  de  tissus  de  colon  et  laiterie 
deprotenance  anKlaisciniaiail  semble  en  aUribuer  A  Malle  pour  11.199.074  p.  Halle 
ne  joue  dans  celte  fourniture  d'autre  rAle  que  celui  de  trausitaire. 

3.  Au  moyen  âge.  la  France  exportait  dans  laul  le  Nord  de  l'Afrique  des 
quantilés  trCs  imporlante^  de  toilca  dites  de  fondouk,  qui  éUlent  appropriées  aux 

lia  el  aux  besoins  des  JudrgËaes. 


I 


260  LA    TLXISIE   UKPCIS   t  OCCCPATlaX   FnASÇAISK 

eu  la  bonté  d'Ame  d'écrire  A  un  rouennier  de  mes  amis  ponr 
la  lui  signaler.  Je  confesse  humidenient  la  naïveté  dont  j'ai  fait 
preuve  en  celte  circonstance;  elle  est  vraiment  inexcusable  de 
ma  part,  étant  donné  que  j'ai  été  élevé  dans  ce  milieu  et  que  je 
connais  de  reste  l'esprit  routinier  de  nos  fabricants;  maisqae 
voulez-vous,  cela  me  crevait  le  coeur  de  ne  trouver  dans  les 
magasins,  dans  les  souks,  sous  le  bras  dos  colporteurs,  de  oe 
trouver  rien  que  des  tissus  anglais.  D'ailleurs,  la  réponse  at 
se  fit  pas  attendre.  Elle  était  presque  indignée.  <•  Mon  clef 
ami,  disail-elle  en  substance,  vous  savez  très  bien  que  nou 
ne  fabriquoDS  pas  de  camelote ,  nous  ignorons  et  nous  ignore- 
rons toujours  l'art  qui  consiste  à  ne  mettre  que  sept  fils  au  cen- 
timètre au  lieu  de  vingt.  Croyez-moi.  luissez  Messieurs  les  Ad' 
glais  tirer  les  premiers,.,  leurs  traites  sur  Tunis.  Nous  ne  les 
suivrons  pas  sur  ce  terrain-là  >>, 

A  mon  tour,  j'étais  presque  indigné.  N'était  la  vieille  atnltU 
qui  me  lie  A  ce  fabricant,  je  lui  dirais  ici  brutalement  sun  fait 
Mais  A  quoi  bon;  est-il  bien  responsable?  Il  serait  plus  jusia 
sans  doute  do  s'en  prendre  au  milieu  ambiant  dans  lecjuel  j 
vit.  Écrivez  iS  tous  les  autres  industriels;  tous  vous  adressero(t 
la  même  réponse.  Ils  croiraient  déchoir  en  confectionnant  de 
tissus  bon  marché,  Siitisfaisant  de  tout  point  les  consommatem 
africains.  Ils  ne  font  pas  de  camelote ,  cela  répond  à  tout. 

Les  .\nglais,  qui  n'ont  pas  do  ces  fiertés  ridicules,  pour  ne  ps 
dire  plus,  n'ont  nullement  tenté  d'imposer  en  Tunisie  les  mac 
ques  qu'ils  ont  coutume  de  vendre  en  Europe;  ils  savent  qu'a 
général  les  peuples  arriérés,  et  en  particulier  les  indigent 
africains,  ont  une  fixité  de  gotUs  contre  laquelle  rien  ne  saura 
prévaloir.  A  quoi  bon  s'obstiner?  Le  seul  moyen  de  s'assure 
leur  clienti^le  est  de  leur  présenter  au  plus  bas  prix  possibl 
les  marchandises  qu'ils  ont  coutume  d'employer;  non  senlemeo 
le  mf^me  tissu,  les  mêmes  dessins  polychromes,  mais  jusqa' 


INDUSTRIE   ET    COMHKRCK 


la  largeur,  l'épaisseur  et  la  consistance  qui  leuc  soqI  familières. 
Va  pour  ces  modèles.  Les  industriels  anglais  se  sont  attachés  A 
les  copier  servilement  et  ils  y  sont  admirablement  parvenus.  Il 
est  presque  impossible  de  distinguer  les  batania  de  Djerba  de 
celles  fabriqués  à  Manchester  ou  à  Liverpool;  il  en  va  de  mèm? 
des  foulards,  des  moucUoirs,  des  haîc/i,  elc. 

Traitant  le  même  sujet,  M.  de  Lanessan  disait  en  1887'  : 
Il  C'est,  à  mon  avis,  à  leur  habitude  de  se  pHer  aux  goilts  des 
consommateurs  indigènes ,  beaucoup  plus  qu'au  bon  marché  de 
leurs  produits,  que  les  Anglais  doivent  leur  succès  dans  les 
pays  exotiques.  Si  les  Italiens  peuvent  couvrir  la  Tunisie  de 
leurs  meubles,  c'est  que,  presque  sans  souci  du  bon  goiU  ou 
du  moins  de  ce  que  nous  entendons  par  là ,  ils  ont  su  copier  les 
formes  et  les  couleurs  des  meubles  autrefois  fabriqués  par  les 
indigènes  eux-mêmes.  Produisant  mécaniquement  et  par  suite 
meilleur  marché,  en  même  temps  qu'ils  se  conformaient  stric- 
tement aux  désirs  des  acheteurs,  ils  ont  très  vite  détrôné  l'in- 
dustrie indigène.  Us  y  ont  également  réussi  pour  les  faïences. 

<c  II  suffît  que  nos  industriels  et  nos  commerçants  con- 
sentent à  imiter  ces  exemples,  qu'ils  veuillent  bien  ne  pas 
substituer  leurs  goûts  à  ceux  des  indigènes,  pour  qu'ils  fassent 
une  concurrence  sur  le  marché  tunisien  aux  industriels  des 
autres  nations  de  l'Europe  ». 

J'ajoute  :  une  concurrence  victorieuse,  en  raison  des  faveurs 
douanières  que  nos  compatriotes  pourront  obtenir  et  qui  leur 
assureront  la  prépondérance. 

Après  les  tissus,  les  farines  ou  les  semoules  sont  l'objet  d'im- 
portation le  plus  important  en  Tunisie  ;  il  en  est  entré  l'année 
dernière  pour  8,357,115  piastres.  Viennent  ensuite  les  denrées 
sloniales  pour  une  valeur  de  5,865,562  p.;  le  coton,  la  soie 


.  La  TmUit.p.  tSB. 


262  LA   TUNISIE  DEPUIS   L  OCCUPATION   FRANÇAISE 

grège  et  filée,  la  laine  filée  :  5,088,571  p.;  les  vîds  et  spiri- 
tueux :  3,883^,397  p.;  les  peaux,  cuirs  et  chaussures  :  2,815, 
281  p.;  les  métaux  bruts  et  ouvrés  :  2,6(^3,076  p.;  le  bois  de 
construction  et  ouvré  :  2,625,6^0  p.;  les  produits  alimentaires: 
l,92i,71Sh  p.;  les  modes  et  confections  :  1,413,2^3  p.;  les  ma- 
chines et  instruments  :  1,036,906  p.;  etc. 

Exception  faite  pour  les  toiles  et  cotonnades,  la  France  figure 
en  bonne  première  ligne  pour  toutes  les  autres  marchandises 
introduites  en  Tunisie;  son  trafic  représente  à  lui  seul  plus  de 
la  moitié  de  l'ensemble  de  Timportation  :  52,7  pour  cent  ^ 
L'autre  moitié  provient  de  l'Angleterre  dans  la  proportion  de 
20,9  p.  %;  de  l'Italie  pour  10,5  p.  %\  de  l'Autriche  pour 
4,9  p.  %  ;  de  TAlgérie  pour  2,7  p.  %  ;  etc. 


COMMERCE   D'EXPORTATION 

Les  céréales  et  l'huile  ont  été  de  tout  temps  les  deux  grands 
objets  du  commerce  tunisien.  Quand  celles-là  tombèrent  forcé- 

1.  r^s  principales  marchandises  iinporlées  en  Tunisie  par  la  France,  pendant 
Tannée  1891 ,  sont  les  suivantes  : 

Peaux  préparées  et  ouvrages  en  peau  et  en  cuir 2.5G9.832  fr. 

Soies  écrues,  grèges  et  bourre  et  frisons 2.387.612 

Sucres  raffinés  et  vergeoises 1 .3G1 .974 

Effets  à  usages  et  pièces  de  lingerie  cousues 913.337 

Outils  et  ouvrages  en  métaux 875.716 

Tissus,  passementerie  et  rubanerie  de  coton 828.552 

Tissus ,  passementerie  et  rubanerie  de  laine 693.326 

Matériaux  à  construire 635.861 

Bimbeloterie 624.953 

Poterie,  verres  et  cristaux 592.870 

Vins 542.003 

Armes,  poudres  et  munitions 474. 131 

Papier,  carton,  livres  et  gravures 472.160 

Machines  et  mécaniques 379.589 

Indigo 348.771 


UOrSTRIB   BI   COMMERCE 

ment  dans  l'abandon',  celle-ci  devint  la  grande  ressource  dot I 
pays.  Il  en  retirait  des  prolils  énormes,  si  l'on  en  juge  par  J 
l'anecdote  suivante  que  rapportent  les  auteurs  arabes  :  En  til7,  1 
l'armée  barbare  ayant  battu  le  patrice  Grégoire  près  de  Car-  J 
thage ,  les  babitaols  apportèrent  des  monceaux  d'or  aux  pîedS'1 
du  général  musulman  pour  l'apaiser.  «D'où  vous  viennent  1 
ces  richesses?  »  demanda  Abd-AUab  ben  Saàd.  «  Nous  les] 
devons  à  l'tiuile  que  nous  vendons  au\  Romains,  >'  lui  fut-il  ré-  j 
pondu-. 

Dans  les  documents  du  moyen  âge  et  jusqu'au  siècle  dernier, 
il  est  souvent  question  de  l'buile  lanisienne. 

Vers  1850,  l'exportation  annuelle  n'était  plus  que  de  5  mil- 
lions de  francs,  et,  après  1871,  de  i  millions.  Malgré  tout  le 
poids  des  entraves  qui  subsistent  encore  en  partie,  la  pro- 
duction a  repris  un  nouvel  essor  depuis  l'occupation  française; 
elle  figure  sur  l'exercice  1308  prolongé  pour  6,942,678  francs. 
De  nombreuses  plantations  d'oliviers  ont  eu  lieu;  elles  se  con- 
tinuent, et  dans  quelques  années  l'exportation  de  l'huile  aura 
doublé. 

Dès  1830,  l'exportation  des  céréales  était  tombée  à  rien; 
souvent  même  la  cella  panariti  de  Rome  devenait  importatrice. 
En  18i2,  elle  acheta  pour  1,569,000  francs  de   grains  à  l'é- 


Meublet,  outrages 

Fllt  de  toute  sotte 

Fromaees 

Eaux-ile-vie .  «prils  et  liqueurs. 

Fers  El  acier 

Tissus  Je  soie 

Pommes  de  lerre  et  légnmes  mc 
ChapeBDi  de  paille,  grouien  on 

truilt  de  table 

Bois  à 


ioslrameoU  de  masiqoe.. 


2.261 

B6.9U 

166.872 
61.23a 

n.si3 

102.100 


rchéoloyigue .  t.  III, p.  495,  et  de  Mas-Lalrie.  op.  ( 


26V  LA   TCMSIH   DEPCiS   L  OCCUPA TIOS  FRANÇAISE 

trauger;  en  1851  à  peu  près  autant ,  et  dès  que  la  sécheresse  se 
proIoDgeait  un  peu,  elle  était  soumise  au  même  tribut. 

J'ai  noté,  au  cours  lie  l'histoire  de  ces  dernières  années', 
l'extension  que  les  indigènes  eux-mêmes  ont  dounée  à  l'açricul- 
tiire,  d'abord  sous  l'inilueuce  de  la  sécurité  qu'ils  sentaieul  re- 
naître, et,  depuis  deux  uns,  poussés  par  l'oppAt  du  gain  que 
leur  promet  la  loi  du  tdjuillet  1890.  t'exportatioa  du  blé  el  de 
l'orge  est  donc  revenue  très  active.  Elle  n'était  encore  que  d» 
7,371,760  piastres  en  1889;  mais  dès  le  vote  de  la  franchise 
douanière,  elle  passe  à  24,^78,880  piastres,  et  l'année  dernière 
elle  a  fitteint  48.853,8VU  piastres. 

Les  principaux  éléments  de  l'exportation,  après  les  céréales 
et  l'huile,  sont  :  les  légumes  secs  qui  figurent  sur  l'exercice 
1308  prolongé  pour  3,ô'»9>ï0  piastres;  l'écorce  à  tan,  poor 
3,119,  700  p.;  l'aira,  pour  3,040,000  p.;  les  tissus  de  laine  pour 
1,381,073  p.;  les  éponges  pour  1,218,000  p;  les  bestiaux  pour 
1,179,930  p.;  les  vins  pour  1,17C,600  p;  la  laine  en  suint  pour 
bOO,4âO  p.;  les  poissons  salés  par  460,400  p.;  les  peaux  et 
pelleteries  pour  386,240  p.  ;  etc. 

Ce  commerce  a  suivi  la  même  marche  îiscendante  que  celui 
des  importations;  seulement  la  destination  a  beaucoup  varié, 
Mises  en  quelque  sorte  i  l'index  par  la  métropole,  les  produc- 
teurs se  voyaient  obligés  de  les  vendre  en  Italie,  et  longterapr 
celle-ci  reçut  de  40  à  45  p.  9e  des  produits  exportés:  presque 
la  moitié.  Dès  que  l'obstacle  douanier  a  été  enfin  aplani,  elles 
ont  été  dirigées  sur  la  France  dans  la  proportion  des  deux 
tiers'.  L'exportation  pour  la  France  et  l'.Mgérie  réunies  [il  y  ■ 

1.  V.  lome  1",  panim. 

t.  Les    prJocipnlea   inarchandtses   exporlées   dirciUemcnL   de   Tunisie    pour 
France,  pendant  l'aiinéc  1891,  M>nl  les  suivantes  : 

Céréalra  (grains  et  Tarlnra) 15.704.143  fr. 

iljiie  d'olive 10.î54.ei8 

Eponges  de  tu u le  sorte 1.314.160 


ISnCSTBlK    KT    COMllERCK 


365 


■   r} 


lieu  de  les  réunir,  l'Algérie  se  bornant  à  transiter  par  Slarseillc 
la  presque  totalité  des  expéditions  tunisiennes  qui  empruntent 
son  territoire)  ont  atteint  l'année  dernière  62.056,586  piastres, 
soit  72,5  pour  ^.  Et  ces  relations  deviendront  de  plus  en  plus 
intimes  dans  l'avenir.  La  Dépéclie  tunisienne  le  faisait  remar- 
quer récemment  avec  beaucoup  de  justesse  :  «  Dès  1893,  lorsque 
5  à  6,000  hectares  seront  arrivés  à  pleine  production,  et  que 
la  récolte  d'une  année  se  chifTrera  par  200,000  hectolitres, 
rimiwrlation  des  vins  vers  la  France  passera  subitement  li  i  ou 
5  milhons  de  francs. 

On  peut  donc  estimer  qu'en  1803,  lorsque  les  tribus  de  la 
'unisie  centrale  auront  décuplé  leurs  labours ,  en  vue  du  mar- 
ché si  largement  ouvert  par  la  loi  douanière  del890,  lorsque  les 
fabriques  d'huiles  d'olives  comestibles  auront  développé  leur 
production,  el  lorsque  5  ou  6,000  hectares  de  vigne  seront  ar- 
rivés en  récolle,  l'importation  de  Tunisie  en  France  atteindra 
facilement  les  50  millions,  tandis  qut-  l'importation  de  France 
en  Tunisie  dépassera,  de  son  cûté,  les  25  millions. 

u  Donc,  en  dix  ans,  de  1883  à  1893.  le  commerce  entre  la 
France  et  la  Tunisie  se  sera  élevé  de  10  à  75  millions!  ». 

L'Italie  n'attire  plus  A  elle  que  7,2  p.  %  des  exportations 
tunisiennes,  et  l'Angleterre  11,8  p.  ?é  avec  des  achats  à  peu 
près  exclusifs  d'orge  pour  sa  bière  et  d'alfa  pour  son  papier. 

Peaux  et  pelletcrius  brutes . . 
Légumes  Mrs  el  leurs  farinei 

OanU 

Fruits  niédici 

Os  et  mImIs  de  ttélail 

Laine*  el  débets  de  Uine. 

Tresses  et  nattes  de  sparte  à  trois  ImuIs  pour  cordiges. . 

Joncs  el  roseaux  bruis 

Vins  ordinaires  en  futailles 

Amurca  el  grignon 

Ptiormium  lenai,  atMca  et  autres  Tégélaus  Bliinealeux 

non  dénommés 

Cire  broie 


LA    TCXISIB   IlEPinS    LOCCrPATlOTf    FBASÇ.tISE 


COMMERCE    IXTERIBCR 

(1  serait  fort  intéressant  de  suivre  à  son  tour  l'évolution  da 
commerce  intérieur;  mais  ici  les  statistiques  TodI  défaot,  ou 
celles  qui  existent  sont  trop  incomplètes  pour  donner  lieu  à  la 
précision  désirable.  On  constate  eu  tout  cas  sur  les  marchés 
indigènes  une  animation  de  plus  en  plus  grande,  et  l'activité 
que  déploient  les  colporteurs  à  travers  les  villages  et  les  tri- 
bus est  un  indice  certain  de  la  facilité  des  transactions.  Le 
pays  est,  d'ailleurs,  dans  une  situation  prospère.  Les  récoltes  en 
céréales,  en  olives,  en  dattes,  pour  ne  citer  que  celles-là,  ont 
été  magnifiques  en  ces  dernières  années;  les  bestiaux,  les  lé- 
gumes et  les  fruits  ont  éprouvé  du  fait  de  la  colonisation,  une 
plus-value  dont  les  indigènes  ont  élé  les  premiers  à  profiter,  et 
ils  se  livrent  maintenant  à  des  dépenses  qu'ils  n'avaient  pu  se 
permettre  depuis  bien  longtemps. 

Ce  commerce  intérieur  suivra  une  marche  parallèle  à  la 
production;  car  avec  l'accroissement  de  la  fortune  publique, 
les  besoins  et  les  goûts  se  développeront. 


hi^:forme  progressive  di:  régime  dotanie 


J'ai  In  dans  un  ouvrage  de  législation  tunisienne  que  les 
premiers  droits  sur  l'exportation  furent  établis  dans  la  Régence 
en  1816.  C'est  h\  une  erreur.  De  temps  immémorial  le  gou- 
vernement tunisien  a  demandé  la  presque  totalité  de  ses  res- 
iOurceH  k  des  droits  de  douanes  frappant  aussi  bien  les  produits 


INDUSTRIE   ET   COMMERCE 


indigènes  que  les  produits  étrangers.  Les  droits  établis  sur  ces 
derniers  étaient  seulement  plus  lourds,  cela  va  sans  dire.  Ils 
étaient  presque  toujours  de  dix  pour  cent;  dans  les  traités  de 
commerce  du  moyeu  âge,  ils  portent  même  souvent  le  nom  de 
dixième  :  decititum,  decemtm,  décimal  Toutes  les  marchandi- 
ses exportées  devaient  acquitter  un  droit  de  cinq  pour  cent. 
Cette  règle  comportait  toutefois  de  très  notables  exceptions, 
dans  un  cas  comme  dans  l'autre.  Les  bijoux  et  les  joyaux,  par 
exemple,  ne  payaient  à  leur  entrée  en  Tunisie  qu'un  droit 
très  réduit;  il  en  est  encore  de  même  aujourd'hui.  Les  céréales 
étaient  admises  en  franchise,  comme  aujourd'hui  encore.  Pour 
l'exportation,  les  marchands  chrétiens  étaient  autorisés  à 
exporter  en  pleine  franchise  une  quantité  de  marchandises 
égale  en  valeur  à  la  totalité  des  marchandises  importées  par 
eux  en  Afrique. 

Les  traités  de  1271  et  1283  avec  les  rois  de  Tunis  portent 
que  "  les  sujets  des  rois  d'Aragon  »,  expression  qui  comprenait 
alors  les  Majorcains,  les  Siciliens,  les  Boussillonnais  et  les 
habitants  de  la  seigneurie  de  Montpellier,  payeront  le  demi- 
droit  seulement  sur  les  niarcliaiidises  achetées  par  eux,  avec  le 
prix  du  louage  de  leurs  navires.  Les  rois  d'Aragon  réclamèrent 
contre  cette  disposition ,  et  demandèrent  pour  leurs  marchands 
la  franchise  entière  accordée  aux  autres  étrangers.  Ils  l'ob- 
tinrent à  partir  du  traité  de  131i  :  "  No  sia  près  dels  en  aço 
mig-delme,  »  dit  l'article  13. 

Quand  le  blé  n'excédait  pas  un  certain  prix  en  Afrique,  et 
quand  d'ailleurs  la  disette  était  manifeste  à  Gènes  et  à  Venise, 
le  gouvernement  de  ces  États  s'était  fait  reconnaître  la  faculté 
d'extraire  en  toute  franchise  une  certaine  quantité  de  blé  de  la 
■.Rëgei 


Vojet  de  Hag-Lalrie,  op.  cil.,  p.  346. 


I 


2m 


!    QEPUIS    L  OCaFPATIO<f   FRAKÇAISB 


Lp  blé.  la  farine,  le  biscuit,  tous  les  grains,  et  géDéralemenl , 
tous  les  vivres  destiaés  à  la  nourriture  des  équipag'es ,  n'scqiiîl' 
(aient  aucun  droit  de  sortie. 

Les  Vénitieas  avaient  en  outre  la  faculté  réservée  par  pri- 
vilège à  leur  nation,  d'exporter  en  francbise  tout  le  plomb  et 
le  minerai  de  plomb  qu'ils  pouvaient  découvrir  ou  se  procura; 
dans  le  royaume  de  Tunis'. 

Indépendamment  des  droits  généraux  et  fixes  qui  se  pré- 
levaient &  l'importation  et  à  l'exportation  des  marchandises, 
il  y  avait  certains  droits  secondaires,  les  uns  prévus  par  let' 
traités,  les  autres  réglés  par  l'usage  local  et  exigés  à  l'occasion, 
de  l'arrivée  ou  du  départ  d'un  navire,  pour  la  garde  et  le  pe- 
sage de  certaines  marchandises,  pour  le  ser%'ice  des  écrivains 
et  pour  le  salaire  des  interprètes.  Ces  droits  étaient  presque 
tous,  sauf  le  dernier,  d'une  nature  indéterminée.  La  perception^ 
soit  eu  argent,  soit  en  denrées,  en  était  souvent  laissée,  quant 
k  la  forme  et  à  la  quotité,  à  l'appréciation  des  marchands  chré- 
tiens ou  des  employés  arabes-.  Aussi  cette  perception  donnait- 
elle  lieu  à  de  continuelles  contestations.  Elle  avait  été  quelque 
peu  siroplitiée  au  commencement  du  siècle,  et  plus  tard,  par 
la  commission  financière  internationale  ;  mais  les  droits  restaient 
nombreux  et  confus,  vexatoires  et  anti-économiques. 

Dès  l'abolition  de  la  Commission  financière,  l'administration 
du  Protectorat  s'empressa  de  supprimer  un  grand  nombre  ds 
ces  taxes  accessoires  :  droits  de  Giornata  et  de  Kataia,  droit 
de  colis,  droit  de  pesage,  droit  de  mesurage,  etc.  A  la  même  épo- 
que, elle  supprima  aussi  les  douanes  iutérieures  qui  entravaient 
la  production,  en  frappant  les  produits  du  pays  de  divers  droits 
au  moment  de  leur  entrée  par  terre  dans  les  villes  ou  de  leur- 
importation  par  mer  dans  un  des  poris  de  la  Régence. 


2.  Ibidem,  p.  3M. 


..  p.  319, 


INDUSTRIE  ET   COMMERCE  269 

Puis,  au  fur  et  à  mesure  de  TaugmeDlation  des  recettes,  de  la 
base  plus  large  et  de  la  stabiKté  plus  grande  que  prenait  le 
budget,  elle  a  poursuivi  la  réforme  de  cette  fiscalité  lourde  et 
embrouillée.  J*ai  mentionné  les  principaux  décrets  intervenus 
en  ce  sens,  de  188iii.  à  1891  ^  Ils  montrent  les  efforts  du  gou- 
vernement pour  favoriser  le  commerce  tunisien,  —  efforts 
couronnés  d'ailleurs  d'un  plein  succès  et  qui^  par  cela  même, 
se  continuent  sans  relâche.  Ces  jours-ci  encore,  un  décret  por- 
tant la  date  du  17  mars  1892  (18  chaban  1309)  a  dégrevé  le 
beurre  frais  et  salé,  la  cire,  le  goudron,  la  graisse,  les  résidus 
d'olives  traités  par  le  sulfure  de  carbone ,  les  olives  en  saumure, 
les  poils  de  chèvres  et  de  chameaux,  les  scories,  la  soude  et  le 
tan,  des  taxes  qui  les  frappaient  à  l'exportation.  Le  même  droit 
a  été  réduit  de  3  fr.  82  à  1  fr.  50  les  100  kilogr.  pour  les  huiles 
de  grignons. 

Quinze  articles  restent  seuls  soumis  à  des  droits  de  sortie;  ce 
sont: 

Alfa  etdiss 100  kiiog.  1,27  % 

Boutargue  et  thou »  6,22 

Chiffons »  2,55 

Dégla »  13,57 

Hors »  5,17 

Dattes     \  ^' •  "'■'^ 

(  Gabès  et  autres »  1 ,95 

(  non  lavées »  18,60 

^P°"6*'  \  lavées .  37,35 

Grignons »  0,35 

„  ..         (  d'olives »  12,37 

Huiles  l      ,  .  .    rr. 

de  grignons »  1,50 

en  suint »  13,57 

Laine      {  bou-netouf »  15,97 

lavée »  27,15 

\.  Voir  tome  !•'. 


270  LA   TTSlSn  BlPnS  L  OCCTPATIOX  FmA5ÇUSB 

Olires  fralelics  des  pars  de  Eaaon  ...  100  kik^    3^7 

Os  et  eomes  d'animaiu >            1.27 

/  de  boeoCi,  Tacbes.  Teaoï.   .   .  »  7,50 

Peaux      '  de  ebèires  et  eherrranx  ...  »  11,45 

de  moutoiis  et  asoeaux.  ...  »  9,90 

Poissons  salés »  0,97 

Poulpes »  12,45 

Laine  filée Valeur  10,20  9é 

Tissus  de  laine »  5,10  ^ 

Ces  droits  soot  appelés  à  disparaître  à  lear  toar;  la  Confé- 
rence consultative  en  a  exprimé  le  Tœa  dans  sa  dernière  session, 
et  le  gouvernement  est  tout  disposé  à  le  réaliser;  mais  la  suppres- 
sion complète  de  ces  droits  demandera  forcément  plusieurs 
années.  Les  dégrèvements  effectués  à  ce  jour  sur  Texportation 
représentent  pour  le  Trésor  tunisien  une  perte  annuelle  d'en- 
viron trois  millions  et  demi  de  piastres;  les  droits  de  cette  caté- 
gorie ne  figurent  plus  que  pour  1  ,$.57,000  fr.  dans  les  prévisions 
de  recettes  de  Texercice  1892:  par  exemple,  ces  quatorze  cent 
mille  francs  sont  indispensables  à  Téquilibre  budgétaire  :  on 
ne  pourra  s'en  passer  qu'à  mesure  et  en  proportion  des  plus- 
values  qui  se  produiront  sur  les  autres  chapitres  du  budget. 

Il  serait  cependant  possible  de  hâter  cette  abolition  en  rele- 
vant certains  droits  à  l'importation,  principalement  ceu.\  sur  les 
vins  et  spiritueux,  les  comestibles,  etc.  ;  mais  il  semble  néces- 
saire d'attendre  pour  ces  remaniements  de  taxes,  rexpiration 
du  traité  de  commerce  italo-tunisien ,  c'est-à-dire  1896.  il  eu 
va  de  m(>me  pour  Toctroi  de  mer,  qu'il  serait  bon  d'ajouter 
aux  impositions  de  douanes,  dans  l'intérêt  des  communes. 
Leurs  ressources  sont  tout  à  fait  insuffisantes  et  l'État  doit 
leur  venir  en  aide  par  des  subventions  annuelles  pour  leur 
permettre  de  pourvoir  aux  besoins  municipaux.  11  n'existe 
que  sept  communes  en  Tunisie,  et  le  chiffre  inscrit  pour  elles 
au  budget  de  1892  atteint  900,000  francs.  On  ne  conçoit  guère 


le  développement  de  lu  vie  muaicipale  dans  ces  condllions. 
II  y  a  là  pour  l'État  une  charge  dont  U  convient  de  le  dé- 
barrasser, et  cela  se  pourrait  aisément  en  juxtaposant  aus  re- 
cettes de  douanes  —  recettes  essentiellement  d'État  —  l'octroi 
municipal  de  mer  qui ,  établi  en  Algérie  dès  le  1 7  octobre  1830, 
est  encore  aujourd'hui  pour  les  communes  de  nos  trois  provinces 
le  plus  précieux  et  le  plus  pratique  de  leurs  revenus. 

Je  sais  bien  que  l'octroi  de  mer  n'étant  pas  un  droit  d'octroi 
proprement  dit,  puisqu'il  ne  frappe  pas  les  objets  produits  à. 
l'intérieur,  constitue  une  anomalie  dans  notre  système  finan- 
cier, anomalie  que  le  Conseil  d'État  voudrait  voir  disparaître; 
mais  sans  méconnaître  ce  que  cette  taxe  douanière  peut  avoir 
d'irrégulier  en  matière  de  comptabilité  publique,  on  m'accor- 
dera bien  qu'elle  offre  de  grands  avantages.  D'une  perception 
facile,  elle  suit  le  développement  de  la  consommation,  au  moins 
dans  la  période  embryonnaire  où  l'industrie  locale  n'existe  pas 
encore,  car  il  est  bien  vrai  qu'à  partir  de  1876  il  n'en  a  plus 
été  ainsi  en  Algérie  :  c'est  ce  qui  a  conduit  à  une  première  re- 
vision des  tarifs  en  1880,  à  une  seconde  en  188'». 

A  cette  époque  on  a  cherché  de  nouvelles  bases  à  l'octroi  de 
mer,  et  l'on  s'est  arrêté  à  une  imposition  de  l'alcool  et  des  bières 
(le  fabrication  algérienne.  Je  n'ai  pas  à  examiner  ici  ce  qu'il  peut 
y  avoir  d'anli-économique  dans  cette  disposition;  elle  conduit 
nécessairement  à  l'exercice  ainsi  qu'à  la  surveillance  et  à  la  cir- 
culation, et  ces  procédés  administratifs  ne  sont  vraiment  pas  assez 
populaires  en  France  pour  que  je  croie  opportun  de  les  irapatro- 
niser  dans  un  pays  où  la  liberté  doit  être  la  grande  séduction , 
en  quelque  sorte  la  raison  d'être  et  comme  le  palladium  de  sa 
prospérité.  L'émotion  est  des  plus  vives  en  ce  moment  parmi  les 
viticulteurs  algériens;  et,  fùt-elle  excessive,  ce  n'est  sûrement  pas 
avec  des  mesures  de  ce  genre  que  l'on  peuplera  la  colonie, 
pieu  merci,  la  situation  est  autre  en  Tunisie.  On  n'a  pas  à  y 


k 


1 


272  LA  TUNISIE  DBPUIS  L*OGGUPATIOH  FMAHÇAISB 

trouver  six  millions  par  an  poor  les  commones  :  un  seul  suffi- 
rait; et  les  objets  importés  étant  divisés  en  cinq  catégories,  par 
exemple  comme  le  Csôsait  l'ordonnance  de  1844  :  1*  boissons  ; 
2*  comestibles;  3*  épices;  k^  combustibles;  5*  objets  divers,  on 
n'aurait  qu'à  établir  un  droit  moyen  d'un  vingtième  en  sus  sur 
les  arrivages  par  mer  pour  obtenir  ce  million. 

Je  ne  vois  qu'une  seule  objection  sérieuse  à  l'établissement  de 
cette  taxe  :  c'est  qu'elle  serait  en  violation  du  principe  de  réci- 
procité que  la  France  réclame  à  juste  titre.  La  Tunisie  senut 
mal  accueillie  au  Parlement  lorsqu'elle  solliciterait  la  firancbise 
douanière,  après  avoir  créé  au  profit  des  produits  tunisiens 
comme  des  droits  protecteurs  sur  l'importation  des  produits 
similaires  de  la  métropole.  Il  y  a  là  un  inconvénient,  un  danger. 
Mais  ne  pourrait-on  exonérer  les  produits  français  de  l'octroi 
de  mer?  Les  recettes  seraient  alors  énormément  réduites.  Soit. 
En  ce  cas ,  au  lieu  d'une  taxe  d'un  vingtième  en  moyenne ,  on 
soumettrait  les  autres  pavillons  importateurs  à  une  taxe  d'un 
dixième. 

En  attendant  que  le  gouvernement  tunisien  entre  dans  cette 
voie,  il  y  sera  amené  par  la  force  des  choses,  voici  le  tarif  actuel 
des  droits  à  Timportation  : 

En  général,  toutes  les  marchandises  sont  soumises  à  un  droit 
ad  valorem  de  8  pour  ^  ;  seuls  les  vins  et  spiritueux  payent 
10  pour  ^.  Quelques  antres  articles  bénéficient  d'un  tarif  ré- 
duit : 


La  bijouterie  en  argent 1  ^  sur  la  valeur. 

La  bijouterie  en  or t/2  %  • 

La  bijouterie  montée  avec  pierres  pré- 
cieuses    1/4  %  » 

Le  corail  bnit 3%  » 

Les  dorures  fines  au  titre  de  750  00  00  et 

au-dessus S^é  » 


INDL'STItlE    ET    COMMERCE 


Lliorlogerie  ei 
L'horlogerie  et 
L'ivoire  brut  . 


1/2  9é  sur  la  valei 
I  9é 


Les  céréales,  les  livres,  brochures  et  journaux,  les  douil- 
les et  bourres,  l'or  et  l'argent  en  lingots,  les  pierres  meulières, 
les  animaux  de  races  cbevaliue,  asine,  mulassière,  boviue, 
ovine,  caprine  et  porcine,  les  huiles  fixes  pures  d'olive,  le  gibier 
mort  ou  vivant,  les  volailles  mortes  ou  vivantes,  les  instruments 
et  machines  agricoles  dénommés  par  les  décretsdes30kada  1302, 
^  kada  1305  et  1^  djoumudi-el-aoual  1307,  les  appareils  de 
sondage  et  de  forage  des  puits  artésiens,  sont  admis  en  fran- 
chise. 

L'introduction  des  armes  et  munitions  de  guerre,  du  nitrate 
de  soude,  dti  salpêtre  et  du  soufre  est  prohibée,  il  en  est  de 
même  du  tabac,  du  kif,  du  chira  et  du  haschich;  de  même  en- 
core des  ceps  de  vignes,  des  sarments,  des  crassettes,  des  bou- 
tures avec  ou  sans  racines,  des  marcottes,  elc.  Les  feuilles  de 
vignes,  même  employées  comme  enveloppe ,  couverture  et  em- 
ballage, les  raisins  de  table  ou  de  vendange,  les  marcs  de  raisin, 
tous  les  débris  de  la  vigne,  sont  l'objet  de  la  même  prohibition , 
en  vue  de  préserver  la  Tunisie  du  phylloxéra.  Pour  la  même 
mesure  de  précaution  les  plants  d'arbres,  les  arbustes  et  végé- 
lau.\  de  toute  nature,  les  échalas  et  tuteurs  déjà  employés, 
les  engrais  végétaux,  les  terres,  les  terreaux  et  fumiers,  les 
fruits  et  les  légumes,  ne  peuvent  entrer  dans  la  Régence.  Ex- 
ception est  faite  pour  les  pommes  de  terre,  les  truffes  et  les  to- 
pinambours qui  sont  admis  après  avoir  été  lavés  et  entièrement 
dégarnis  de  terre. 


ti 


LIVRE  VIII 


LA   COLONISATION 


I 


L'IMMIGRATION   FRANÇAISE 


Les  ressources  de  la  Tunisie  et  les  conditions  dans  lesquelles  s'y 
exercent  l'agriculture,  Tindustrie  et  le  commerce,  nous  étant 
connues,  il  est  temps  de  voir  quels  sont  les  éléments  de  la  co- 
lonisation et  la  part  qui  revient  à  chacun  d'eux  dans  l'évolution 
du  pays. 

J'ai  indiqué,  au  cours  del'histoire  de  ces  dix  dernières  années  ^ 
avec  quel  admirable  entrain  les  capitaux  français  se  sont  portés 
en  Tunisie  à  la  suite  de  notre  armée ,  malgré  les  insanités  que  Ton 
écrivait  sur  le  pays,  malgré  l'obstacle  très  sérieux  que  le  régime 
douanier  opposait  à  la  colonisation.  A  mon  sens  on  ne  louera 
jamais  assez  l'inteUigence  et  le  patriotisme  dont  nos  compatrio- 
tes ont  fait  preuve  en  cette  circonstance.  Ce  sont  eux  les  vérita- 
bles conquérants  de  la  Régence ,  c'est  à  leur  prise  de  possession 
efiTective  du  sol  que  nous  sommes  eu  grande  partie  redevables  de 
l'état  de  choses  dont  nous  nous  enorgueillissons  aujourd'hui  ^. 

1.  V.  tome  I«',  années  1882  à  1891,  passim. 

2.  Je  ne  parle,  cela  va  de  soi,  que  des  colons  sérieux  et  honorables,  pionniers 


276  LA  TCsisiE  uen'is  locccpaiios  krasçaisk 

Leur  initiative  a  créé  des  obligations  au  gouvernemeDt,  elle  a  sti- 
mulé soQ  ardeur,  elle  lui  a  donné  la  force  morale  dont  il  avajf 
besoin,  et  noire  position  est  bientôt  devenue  inexpugnable.  Si, 
au  lendemain  de  l'expéditiun  de  1881,  déjeunes  hommes  bardis, 
entreprenants,  instruits,  —  car  ils  n'ont  pas  obéi  à  un  engoue- 
ment irréfléchi;  ils  connaissaient  la  valeur  de  ce  paj-s,  —  si, 
dis-je,  ces  Français  se  laissant  intimider  par  une  presse  que  la 
passion  aveugle  parFois  encore ,  avaient  abandonné  la  Kégence 
aux  capitalistes  étrangers ,  croit-on  que  notre  prépondérance 
politique  nous  servirait  à  gi'and'choseî  Avec  quelles  difficultés 
ne  scrions-mms  pas  aux  prises?  Débordés  de  toute  part,  il  nous 
faudrait  bon  gré  mal  gré  céder  le  pas  à  nos  rivaux.  Mais,  Dieu 
merci,  le  bon  sens,  cette  quahté  éminemment  française,  nous  j 
a  mis  à  l'abri  d'un  échec  aussi  lamentable.  Les  jeunes  gens  en  M 
question  n'ont  écoulé  que  leur  courage;  ils  sont  venus,  ils  ont  | 
vu  et  leur  vaillance  a  tout  vaincu.  Le  commerce  et  l'industrie 
sont  entre  leurs  mains  ;  quant  à  l'agriculture ,  c'est  par  millions 
que  se  compte  la  valeur  de  leurs  propriétés.  Ils  possèdent 
tout  prés  de  cinq  cent  mille  hectares  de  terre,  et  cet  immense 
domaine  s'accroît  sans  cesse.  Chaque  matin ,  quand  le  soleil  re- 
paraît à  l'horizon ,  il  trouve  les  défricheurs  courbés  dans  la 
plaine,  sur  les  coteaux,  dans  les  ravins  et,  le  soir,  quand  il  en- 
voie à  la  terre  tunisienne  son  dernier  baiser,  quelques  arpents 
déplus  appartiennent  à  la  charrue  française. 
Ah  I  vraiment,  c'est  une  bien  grande  joie  pour  un  patriote  de 


de  la  première  heure  que  tout  le  monde  connaît.  Car  la  Tunisie,  comme  toas  le» 
paya  neufs ,  a  alUré  des  intriRanla ,  des  arealuriers,  des  indiridas  qui ,  n'ayant  rien 
i  perdre,  sont  accoaras  ta  dans  l'espoir  de  pécher  ea  eau  trouhle.  Contenus,  endigués 
par  l'admi a isl ration ,  ils  se  sont  hrutateiuent  retournés  contre  elle  :  Ils  ont  vomi 
l'oulrage;  escomptant  l'éloignenient  de  la  métropole  et  l'ignorance  des  questions 
tunisiennes  en  France,  ils  ont  dtné  du  mensonge  et  soupe  du  scandale,  comme  au- 
rait du  J.  Cbénier,  Ceui-IA  ont  Tait  beaucoup  de  mal  au  pays;  mais  je  me  garde 
bien  de  les  conrondre  arec  les  Français  d'élite  auxquels  ]e  considère  comme  un 
devoir  de  payer  ici  un  Juste  tribut  d'adroiration  et  de  patriotique  leconnaissance. 


LA    COIOSISATION 


277 


KHistatcr  ce  que  nos  nationaux  ont  fait,  les  résultais  qu'ils  ont 
^tenu»  dans  l'ancienne  Régence,  en  moins  de  deux  lustres, 
foyez-moi,  lorsque  vous  entendrez  rééditer  le  vieux  cliché  : 
fie  Français  n'est  pas  colonisateur  »,  ne  prenez  pas  la  peine  de 
monter  dans  notre  histoire;  ne  rappelez  ni  Terre-Neuve,  ni 
iode,  ni  la  Louisiane,  ni  le  Canada,  pas  même  l'Algérie; 
BTÎtez  simplement  voire  interlocuteur  à  aller  faire  un  tour  rien 
pie  dans  les  contrôles  de  Tunis  et  de  Sousse  :  il  s'y  convaincra 
que  le  Français  est  doué  de  l'esprit  d'entreprise,  de  courage, 
de  persévérance  et  que ,  hien  administrée,  son  œuvre  coloniale 
peut  surpasser  celle  des  autres  peuples.  Il  en  aura  la  preuve. 
N'ayant  pas  de  terres  à  donner  en  Tunisie,  l'Administration 
ne  pouvait  y  créer  de  toutes  pièces  des  centres  de  colonisation , 
comme  elle  l'a  fait  en  Algérie,  —  avec  plus  ou  moins  de  bon- 
heur. Le  colon  a  dil  acheter  la  terre  et  s'installer  dans  des  con- 
ditions qui  lui  permissent  de  se  suffire  à  lui-même.  Crosse 
dépense,  que  des  capitalistes  pouvaient  seuls  entreprendre. 
Aussi,  à  quelques  exceptions  près,  les  heochir,  ou  si  l'on  pré- 
fère, les  lots  acquis,  sont-ils  d'une  très  vaste  étendue;  très  sou- 
vent de  deux,  quatre  et  jusqu'à  dix  mille  hectares.  Une  pro- 
priété de  quatre  à  cinq  cents  hectares  est  regardée  comme  une 
petite  propriété. 

Il  s'ensuit  que  malgré  les  sommes  engagées ,  tantôt  un  mil- 
lion, tanlôt  quinze  cent  mille  francs,  parfois  davantage,  chaque 
domaine  n'est  que  partiellement  défriché.  En  général,  une 
partie  est  plantée  en  vignes,  une  autre  est  cultivée  en  céréales 
et  le  reste  est  converti  en  prairies  naturelles  pour  l'élevage  du 
bétail  ou  livré  aux  indigènessoità  tilre  de  locataires,  soit  à  titre 
de  métayers.  Ce  second  mode  d'exploitation  donne  de  beaux 
bénéfices.  Il  est  si  avantageux  en  certains  cas  que  M.  Pascal  n'a 
pas  hésité  à  le  conseiller  de  préférence  à  tout  autre.  Suivant  ce 
publiciste,  le  colon  tunisien  n'aurait  rien  de  mieux  à  faire  qu'i 


J 


commanditer  des  colons  partiaires.  Il  a  essayé  de  le  prouvera 
l'aide  de  calculs  des  plus  séduisants.  A  les  prendre  à  la  lettre, 
le  revenu  ne  serait  pas  moindre  elTectivement  de  25  à  30  pour 
cent.  Malheureusement,  ces  calculs  ont  le  défaut  de  reposer 
sur  une  méthode  inductive  inapplicable  dans  l'espèce.  En  ma- 
tière â'AcoQonûe  politique,  il  est  toqjonn  dtiieai  de  condon 
du  particiilier  au  génial,  et  M.  Pascal  n'a  pu  bit  antn  chose. 
Je  ne  crois  pas  utile  de  réfuter  pc^nt  par  point  sa  eombiiiaiBOp;je 
me  borne  A  constater  qu'elle  estmNHiie,ei  lanuâUenre  preave, 
je  crois,  c'est  que  presque  tous  les  ooIaos  aimoii  mieiu  affœ- 
mer  leursterres  que  de  les  donner  en  métayage.  Si  lemr  revenu 
en  est  quelque  peu  amoindri,  en  retour  ib  ne  scmt  par  astreints 
A  une  surveillance  constante  et  coAteose  des  khramès  ;  ils  n'ont 
pas  les  mêmes  avances  A  leur  faire.  Le  fermage  est  d'ailleurs 
d'un  très  bon  rapport.  La  mécbia  qui  ooAto  at^oard'fani  en 
moyenne  de  mille  &  douze  cents  francs,  se  loue  &âlement  de 
cent  à  cent  vingt  francs ,  soit  un  revoiu  de  10  pour  cent. 

Pour  la  partie  exploitée  directement  par  le  propriétaire,  le 
domaine  est  le  plus  souvent  administré  par  un  régisseur,  aidé 
d'un  comptable,  d'un  vigneron  pour  la  fabrication  du  vin  et  les 
soins  qu'il  réclame  en  cave,  d'un  charron  pour  le  matériel,  etc. 
La  main-d'œuvre  est  fournie  par  les  indigènes  ou  les  Siciliens. 
Ces  derniers  se  payent  presque  le  double  :  2  fr.  50  à  3  francs 
par  jour  au  lieu  de  1  fr.  50  à  2  francs  ;  mais  ils  sont  plus  lalto- 
rieux  que  les  Berbères ,  et  leur  besogne  est  surtout  mieux  faîte. 
Je  dois  dire  cependant  qu'avec  un  peu  de  patience  ou  obtient 
des  résultats  satisfaisants  de  certains  ouvriers  indigènes.  Les 
gens  du  Nefzaoua,  par  exemple,  apprennent  vite  ce  qu'on  leur 
montre;  ilss'y  appliquent  volontiers  et  ne  tardent  pas  à  exécuter 
très  convenablement  le  travail  qu'on  leur  confie.  J'en  ai  vu  qui, 
dressés  à  tailler  la  vigne ,  font  ma  foi  ce  travail  délicat  aussi 
bien  qu'un  vigneron  que  l'on  paye  5  et  6  francs.  Cette  obser%~a- 


i    COLOMSATiOS 

^-^ons'appliijue  également  aux  Pe^zani.  Ce  sont  de  bons  ouvriers, 
-  dociles,  qui  se  plaisent  chez  les  Français  et  dont  on  obtient 
■  -  beaucoup  quand  on  sait  les  conduire. 

A  câté  de  ces  grands  domaines  gérés  par  les  propriétaires,  Jl 
j  en  est  un  autre  non  moins  grand,  liasé  sur  le  principe  de 
l'association  et  qui  mérite  une  mention  spéciale  eu  raison  de 
l'intelligente  combinaison  sur  laquelle  il  repose.  Elle  est  à  en- 
courager. Le  domaine  du  Klianguet-Hadjaj,  créé  par  M.  Lançon, 
appartient  à  quinze  associés  qui,  propriétaires  les  uns  et  les 
autres  d'un  lot  d'une  étendue  variable,  se  sont  syndiqués  pour 
son  exploitation.  C'est  là  une  complète  innovation  en  matière 
agricole  et  une  innovation  très  heureuse.  Voici  les  bases  de  la 
combinaison  : 

«  M.  lançon  a  dit  à  ses  amis  :  J'ai  une  gi'ande  terre  dans  la- 
quelle je  puis  vous  tailler  des  propriétés  à  votre  convenance  : 
dans  ces  propriétés  vous  planterez  des  vignes  comme  vous  le 
voudrez  et  autant  que  vous  en  voudrez;  moi  je  me  charge  de 
créer  une  cave  pour  centraliser  et  traiter  vos  récoltes,  de  soi- 
gner votre  vin  et  de  le  vendre ,  en  un  mot  de  faire  tout  ce  qui 
dans  une  entreprise  vinicole  est  le  plus  cher  et  le  plus  difiicile. 
Comme  garantie  des  avances  pécuniaires  considérables  que 
je  serai  amené  à  faire,  je  vous  demande  seulement  de  m'as- 
surer  20  0/0  sur  les  produits  par  la  vente  des  vins,  calculés 
nets  de  tous  frais  généraux,  frais  de  main-d'œuvre,  transport 
en  cave,  vinification,  soins  aux  vins,  fourniture  de  tonneaux, 
expéditions,  etc. 

0  C'est  vous  dire  la  confiance  que  j'ai  dans  le  succès,  puisque 
la  part  que  je  me  réserve  ne  peut  être  rémunératrice  que  si  le 
vin  est  bien  fait  et  le  chiffre  des  ventes  extrêmement  important. 
"  Enfin,  si  la  plantation  de  vos  vignes  et  les  soins  à  leur  don- 
ner vous  embarrassaient,  je  pourrais  me  charger  de  vous  les 
planter  pour  un  prix  moyeu  de  750  francs  et  de  vous  les  en- 


SBO  LA  TUHISII  DIPUU  L^OGCUPATIOH  FKAHÇAMB 

tretenir  pour  un  prix  moyen  et  annael  de  9S0  francs.  L'entre- 
tien ne  ponvanf ,  bien  entendu,  comprendre  les  travanz  acdden- 
tels  et  les  soins  préventiCs  ou  curatib  de  maladies. 

tf  La  proportion  était  des  plus  séduisantes;  elle  permettait  i 
ceux  qui  désiraient  tenter  les  chances  de  revenus  élevés  qu'offre 
la  vigne  de  planter,  soigner  et  récolter,  en  éidtant  totalement 
les  frais  généraux  qui  grèvent  dès  l'origine  ces  sortes  d'entre- 
prises. Elle  leur  donnait  la  faculté  de  calculer  exactement  les 
limites  dans  fesquelles  ils  s'engageaient,  puisque  tout  était  sti* 
pulé  d'avance  et  réglé  par  un  forfait. 

c<  H.  Lançon  trouva  rapidement  quinse  associés;  il  a  planté 
pour  eux  et  pour  lui  plus  de  (50  hectares  et  compte  avoir 
bientôt  doublé  ce  chiffre.  Sa  cave  est  en  partie  construite;  il  Ta 
faite  en  plusieurs  travées  pour  qu'à  la  fin  du  contrat  d'une 
durée  de  quinze  années,  elle  soit  facilement  divisible  entre  les 
membres  de  l'association,  si  celle-ci  ne  se  continue  pas.  Elle 
est  située  au  centre  du  vignoble  et  s'agrandira  chaque  année 
avec  lui.  Elle  est  déjà  remplie  de  vin ,  car  la  première  récolte 
a  dépassé  toutes  les  prévisions. 

«  La  période  d'établissement  est  terminée,  et  Tannée  pro- 
chaine le  Khanguet  entrera  largement  dans  la  période  des  re- 
venus' ». 

On  voit  les  avantages  de  cette  combinaison.  Elle  permet  de 
devenir  propriétaire  d'un  vignoble  avec  un  capital  réduit  et 
de  réaliser  de  la  sorte  un  placement  avantageux.  M.  Lançon 
trouvera  des  imitateurs.  L'entreprise  sera  du  reste  répétée  avec 
succès,  si  elle  a  à  sa  tète  un  homme  intelligent,  actif,  énergi- 
que et  connaissant  bien  son  métier,  (let  homme-là,  malheu- 
reusement, ne  se  rencontre  pas  tous  les  jours.  11  est  difficile 


1.  Bulletin  du  Syndicat  agricole  des  colons  français  en  Tunisie,  n°  du  10  fé- 
vrier 1892.  Je  ne  saurais  trop  recoramandcr  la  lecture  de  ce  Bulletia  aux  futurs 
colons  tunisiens.  Siège  du  syndicat  :  19,  rue  Louis- le-Grand,  Paris. 


LA    COLOXISATIO» 


'  de  trouver  un  gérant  à  la  hauteur  de  sa  tflche.  C'est  à  cette 
difficulté  que  j'attribue  le  choix  étrange  que  certains  proprié- 
taires paraissent  avoir  fait.  Dans  mes  excursions  à  travers  le  pays, 
j'ai  été  maintes  et  maintes  fois  surplis,  non  seulement  de  la  fai- 
blesse ,  de  l'inexpérience ,  mais  même ,  je  dois  l'avouer,  de  l'in- 
capacité du  régisseur.  Se  ne  pouvais  comprendre  que  l'on  con- 
fiât des  propriétés  d'une  pareille  valeur  à  des  hommes  pareils. 
Or,  la  grande  majorité  est  dans  ce  cas-là.  On  trouve  d'anciens 
épiciers,  d'anciens  clercs  de  je  ne  sais  quoi,  d'anciens  militaires, 
des  gens  de  toutes  les  professions,  excepté  des  agriculteurs,  il 
serait  pourtant  d'autant  plus  nécessaire  d'avoir  un  régisseur 
agricole  digne  de  ce  nom,  qu'ordinairement  le  ou  les  propriétai- 
res sont  peu  versés  dans  les  choses  de  l'agriculture...  Cherchez, 
dit  le  proverbe;  les  propriétaires  cherchent  bien,  mais  ils  ne 
trouvent  pas. 

Un  autre  regret  que  j'ai  éprouvé  en  visitaut  les  grandes 
fermes  tunisiennes,  a  été  de  constater  presques  dans  toutes,  — 
je  ne  parle  que  de  celles  que  j'ai  vues,  —  l'ahsence  à  peu  près 
complète  de  comptabilité  agricole.  On  y  tient  avec  soin  les 
comptes  des  recettes  et  dépenses,  mais  on  néglige  d'y  établir 
le  prix  de  revient  des  produits;  on  ne  peut  y  distinguer  net- 
tement les  cultures  qui  constituent  le  bénéfice  de  celles  qui 
mettent  en  perte;  en  un  mot,  on  est  dans  l'impossibilité  de  s'y 
rendre  compte  à  tout  instant  de  la  valeur  des  opérations,  et 
partant  de  la  situation.  Cela  est  cependant  de  toute  nécessité  '. 


p  1.  Deux  rsUoDS  funt  princi|ialcmpnl  n^liger  la  complabiUté  agricole  ;  la  com- 

'(ilkation  des  systèmes  propoÛB  el  le  lcm|>s  considérable  qa'iU  exigeiTl.  Pjnèirê  de 

cette  iiét,  H.  J.-G.  Piller  (de  la  ftrande  maison  Piller]  a  voulu  doLer  rugrirulteur 

d'une  comptabililé  sinigile,  facile,  exigranl  peu  de  temps  et  ceiwndunt  asiei  nette 

pour  qu'il  puisse  à  tout  moment  connaître  sa  situalion, 

tl  j  esl  parvenu. 

Son  «jstéine  consiste  en  des  labli-auK  qu'il  ne  renie  plus  qu'à  remplir.  Et  rien 
n'est  plus  facile.  Quiconque  sait  écrire,  est  inlelligenl,  pourra,  h  l'aide  de  ces  la^ 
bleani,  avec  deux  heures  de  travail  par  semaine,  établir  exactement  ce  que  coû- 


k 


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si»ir  à^->f:  in  auKou  ^l'^wiipue  indiinaiH  a  niaciA  n»  r?r«faif«.  ^ctf  venant 
j-<»  -.-jinuu:^  ^vîTiiLi  c^  J  utorras  .'Xirare  m.  .' jb  -wuhît  «r  fw  Qrtbf  W  n- 
.jjii.ir'ii'vii  •?  n^r^.'iiài  T*r  :a»-*Ti  r*.  ?4r  la  «ara  j:  >ittrT^i#*r  <c  Je  i*t<ri- 
Wi."^     T'i:    r  f ainr^'nmfoi  nar-jiis  .«  rjmock*  à?»  :aaL."CJ!f>. 

!^"ia»  '•'.  ù^^.rm»  ri  1  irn^-stsuf.  >  îkuiI  ies  ftimiiiM  i^'I  yroàiH.  d  ea  bb  clii 
1  «Il  ji  M.iUKî  -««i  -TïC  'TVjiiiJK.  LLi-r-ïOLAiPi.  {la  «MB^rtiki  .Jkcôf  <€  âe  Pas&f.  est 


LA    COLONISATION 


283 


I 


Dansles  premières  années  de  l'occupation,  riramîgrafion  de  ces 
pelits  propriélaires  n'était  pas  ù  encourager.  Perdus  au  milieu 
des  indigènes,  loin  des  voies  de  communication,  sans  che- 
mins de  fer,  ils  auraient  végété,  et.  bientôt  découragés,  s'en 
seraient  allés  discréditer  le  pays.  La  situation  n'est  plus  la 
même  et  il  y  a  lieu  d'attirer  ces  colons,  dont  la  réussite  est 
maintenant  certaine.  I^a  Tunisie  nous  appartient;  il  reste  à 
nous  l'incorporer  indissolublement  par  un  peuplement  fran- 
çais de  plus  en  plus  dense,  et,  en  ces  colons,  qui  vivront  sur  leur 
morceau  de  terre,  et  y  feront  souche,  réside  un  des  meilleurs 
éléments  de  développement  de  notre  race. 

Le  gouvernement,  qui  partage  cette  manière  de  voir,  pro- 
cède depuis  l'année  dernière  à  la  reconnaissance  topographi- 
que des  propriétés  domaniales  pour  les  livrer  à  la  colonisation 
au  fur  et  à  mesure  de  ses  besoins.  Une  première  remise  de 
6,000  hectares  de  terres  labourables  situées  dans  les  régions 
d'Bammanel-Enf  etde  Mateur,  etdansl'outhan  el-Kebley,  vient 
d'être  faite  par  l'administration  des  Domaines  à  la  Direction 
l'agriculture,  qui  va  les  mettre  en  vente  et  les  livrer,  à  des 
conditions  à  débattre,  aux  agriculteurs  français  disposés  à  se 
rendre  dans  la  Régence'. 

Une  centaine  de  colons  vont  donc  trouver  à  s'installer;  mais 
les  demandes  excéderont  ce  chiffre  de  beaucoup,  et  je  ne  sau- 
rais trop  inviter  les  amateurs  à  s'inquiéter  sans  retard  du  lot 
qui  pourrait  leur  convenir. 

Par  décret  du  \  kada  1308  (15  juin  18911  M.  Piat,  chef  du 
service  topographique ,  a  été  chargé  de  faire  la  reconnaissance 
et  dresser  les  plans  des  propriétés  habbous ,  ce  qui ,  H  l'aide  du 
contrat  denzcl ,  permettra  à  la  petite  propriété  de  se  constituer 
et  de  se  développer  presque  sans  capital. 

Rapporl  de  M.  Rîbol  sur  la  siluation  de  U  Tunisie  en  IS9I,  p,  B, 


■2SÏ 


,   TL'NISIE   UEPl'IS   L  OCCL'PATIOK   FRANÇAISE 


Grâce  à  ces  dispositions,  la  colonisation  française  va  pren-  i 
dre,  à  bref  délai,  en  Tunisie,  un  essor  dont  notre  palt'iotisme  est 
eD  droit  de  se  réjouir. 


L'IMMIGRATION    ITALIENNE 

Numériquement  les  Italiens  l'emportent  sur  nous  en  Tunisie; 
ils  sont  environ  deux  fois  plus  nombreux  :  une  trentaine  d« 
mille  contre  dix  mille  français  (je  laisse  de  c6té  la  brigade 
d'occupation).  Malgré  cette  supériorité  numérique,  l'impor- 
tance des  Italiens  dans  la  Régence  est  considérablement  infé- 
rieure j\  celle  de  nos  compatriotes.  Cela  tient,  toute  considéra- 
tion politique  Â  part ,  à  ce  que  la  propriété  et  le  commerce,  la 
richesse  publique,  en  un  mot,  esta  peu  près  exclusivement  en- 
tre nos  mains.  Aquelquesexcepiions  près,  les  immigrants  Italiens 
sont  pauvres,  misérables;  ce  n'est  pas  l'esprit  d'aventure  qui  , 
les  fait  abandonner  le  plus  beau  pays  du  monde  :  c'est  la  faim 
qui  les  chasse.  Voyez  la  réponse  quedes  paysans  de  Lombardie 
adressaient  au  ministre  qui  s'elTorçaitde  les  détourner  de  quit- 
ter le  sol  natal  :  «  Qu'enteudez-vous,  par  nation.  Monsieur  le 
ministre?  Est-ce  la  foule  des  malheureux?  Oui,  alors  nous  som- 
mes vraiment  la  nation.  Regardez  nos  visages  pAles  et  amaigris, 
nos  corps  épuisés  par  un  travail  excessif  et  une  nourrilura 
insufOsante.  Nous  semons  et  nous  récoltons  du  froment ,  et  jamais 
nous  ne  mangeons  de  pain  blanc;  nous  cultivons  la  vigne,  et 
nous  ne  buvons  pas  de  vin  :  nous  élevons  du  bétail ,  et  nous  ne 
consommons  pas  de  viande;  nous  sommes  vèfus  de  baiUons, 
nous  habitons  des  trous  infects;  l'hiver,  nous  souffrons  du  froid, 
et  l'été  de  la  faim.  Notre  seule  nourriture  sur  la  terre  italienne 


LA    COLONISATION  285 

est  un  peu  de  mais  renchéri  par  rimpôt.  11  s'ensuit  que  nous 
sommes  dévorés  dans  les  districts  secs  par  la  fièvre  chaude  et 
dans  la  région  humide  parla  fièvre  des  marais.  La  fin  est  une 
mort  prématurée  à  l'hôpital  ou  daus  nos  tristes  chaumières,  Et, 
maljrré  tout  cela ,  vous  nous  conseillez  ,  Monsieur  le  ministre , 
de  ne  pas  nous  expatrier.  Mais  la  terre  où  l'on  ne  peut  trouver 
de  la  nourriture  en  travaillant  est-elle  une  patrie?  '  •> 

Les  Napolitains,  les  Siciliens,  les  Sardes,  qui  peuplent  la 
Tunisie,  auraient  pu  signer  cette  lettre  avec  leurs  frères  de 
Lombardie.  Comme  eux,  ils  ont  fui  la  ferre  natale  parce  qu'ils 
l'arrosaient  inutilement  de  leurs  sueurs.  En  Tunisie,  ceux  qui 
avaient  quelque  argent  ont  ouvert  de  petites  maisons  de  com- 
merce; des  débits  de  liqueurs,  des  cantines,  des  fabriques  de 
pAtes  alimentaires;  les  Napolitains  tendent  leurs  filets  sur  les 
eûtes,  les  Siciliens  louent  leurs  bras  à  l'agriculture.  Sobres, 
rangés,  économes,  les  uns  et  les  autres  se  trouvent  heureux 
de  leur  nouvelle  existence  et  la  plupart  s'inquiètent  fort  mé- 
diocrement du  drapeau  qui  flotte  à  côté  de  celui  du  bey  de 
Tunis.  Ils  vivent  en  très  bonne  intelligence  avec  les  Français. 
Les  relations  entre  les  deux  colonies  sont  d'ailleurs  constantes  , 
leurs  intérêts  fréquemment  confondus.  Aussi  se  fréquentent-Us 
volontiers.  On  les  trouve  aux  mêmes  fêtes,  dans  les  mêmes  sa- 
lons. Les  vieilles  familles  itahennes  établies  depuis  longtemps 
h  Tunis  y  ont  acquis  l'aisance,  quelques-unes  la  fortune,  et 
leurs  jeunes  filles,  instruites,  bien  élevées,  sont  tout  à  fait  sé- 
duisantes avec  leurs  grands  yeux  de  velours  noir,  leur  teint 
pâle  aux  reflets  dorés,  et  cette  grâce  langoureuse,  cette  mor- 
bidezza  qui  est  l'apanage  de  leur  race.  Nos  jeunes  gens  su- 
bissent leur  charme  vainqueur  et  —  chose  heureuse,  je  le 


I.  Celle  IcUre  esl  rap[>orléc  y&r  E,  de  Laveleje 


<  Letlrfs  lUr  l'Italie 


J 


•iHQ  LA   TCr»ISIB  DEPDIS   L^OCCVPATIOX    FR.mÇAMK 

prouverai  tout  à  l'hetire  —  les  alliaoees  eotre  Français  et 
italieones  sont  nombreuses. 

Je  n'en  crois  pas  moins  nécessaire  d'éliminer  peu  à  peu  les 
Italiens  de  l'administration  tunisienne,  où  ils  étaient  il  y  a 
quelques  années  en  très  grande  majorité.  Tout  ce  qui  re- 
présente l'autorité,  tout  ce  qui  eu  émane  doit  être  entre  nos 
mains,  et  l'épuration  du  personnel  poursuivie  par  H.  Massi- 
cault  sans  faiblesse  —  comme  sans  iniquité  —  est  un  acta 
louable.  Mais  cette  réserve  faite,  l'élément  italien  est  loin  de 
présenter  en  Tunisie  le  danger  que  certains  lui  attribuent.  Il 
ne  peut  rien,  II  est  sans  force.  Il  est  sans  inQuenoe  sur  le» 
indigènes;  au  contraire,  ceux-ci  le  détestent,  trouvant  trop 
souvent  en  lui  un  rival  qu'on  leur  préfère  aussi  bien  aux 
champs  qu'aux  carrières,  et  sur  les  chantiers.  Et,  h  ce  sujet, 
je  désapprouve  les  mesures  restrictives  que  certains  réclament 
de  l'administration  il  l'effet  d'exclure  les  Italiens  des  adju- 
dications de  travaux  publics,  voire  même  de  les  éloigner 
complètement  des  chantiers  tunisiens  pour  n'y  employer  es- 
clusivement  que  des  Français.  '  J'en  suis  fâché  :  si  c'est  là  du 
patriotisme,  il  est  bien  aveugle.  Mais  il  n'y  a  là  que  des  intérêt! 
contradictoires  que  l'on  affuble  de  cette  couverture. 

Comme  un  pâle  ressouvenir  du  génie  de  leurs  pères,  !«•: 
Italiens  conservent  le  goi"it  des  arts  et  demeurent  très  habiles 
dans  celui  de  bfttir.  Ils  fournissent  de  bons  ai-chitectes ,  des 
maçons,  des  plâtriers,  des  marbriers  excellents;  ils  exécutcDt 
A  peu  près  tous  les  travaux  publics  avec  succès.  Les  quelqaeij 
entrepreneurs  français  qui  se  sont  portés  en  Tunisie  ont  done 
trouvé  en  eux  des  confrères  fort  gênants,  si  gênants  qu'ils  font 

t.  Acclimalès  et  1res  dura  bu  Iravail.  les  Siciliens  fonl  plus  de  b««ogne  pow 
(rois  francs  par  jour  que  les  Français.  auiqucU  un  ne  peut  donner  ninins  de 
francs.  L'écart  est  sérieux  cumme  nn  voit.  El  augmenter  de  galté  de  cm 
prix  de  la  tnsin-d'œnvre  est  aussi  anti-économique,  aiili-colouinl  que  d'augmenlec 
le  prix  de  la  terre. 


^es  pieds  et  des  maios  pour  qu'on  les  en  tlébarrasse.  Évî- 
demmenl,  nous  devons  favoriser  nos  compatriotes  dans  toutes 
les  circonstances;  nous  sommes  tous  d'accord  lA-dessus;  mais 
pour  noble  et  élevé  que  soit  le  sentiment  de  la  fraternité  na- 
tionale, il  y  a  au-dessus  de  lui  la  liberté  humaine  que  nous  ne 
pouvons  méconnaître  et  violer  en  privant  les  étrangers  de  la 
jouissance  des  droits  naturels  écrits  et  non  écrits  qui  appar- 
tiennent partout  à  tons  les  hommes.  Oui ,  partout.  L'homme, 
comme  tel,  doit  jouir  dans  tous  les  États  civilisés  des  mêmes 
droits  civils,  parce  que  ces  droits  ne  sont  qu'un  moyen  de 
développement  intellectuel  et  moral ,  la  dot  que  lui  doit  la 
société,   En  ce  sens   les  tribuns  de  89  avaient  raison  de  dire 

tquc  l'humanité  ne  devait  former  qu'une  seule  famille  pour 
lout  ce  qui  concerne  l'exercice  des  droiU  civils. 
On  conçoit  que  l'étranger  fût  sans  droits  alore  qu'il  était  un 
ennemi;  quand  la  guerre  était  ù.  mort,  on  ne  pouvait  voir  un 
homme  dans  celui  qui  menaçait  sans  cesse  l'existence  même 
delà  nation.  Mais  chez  les  peuples  modernes,  l'étranger  est-il 
encore  un  ennemi?  Le  travail,  le  commerce,  l'industrie  ont 
pris  la  place  de  la  guerre.  Quand  les  mœurs,  les  idées,  les 
sentiments  ont  changé,  il  faut  que  le  droit  change  aussi.  Le 
travail  fait  de  tous  les  peuples  une  grande  société  dont  les 
intérêts  sont  solidaires;  dès  lors  les  hommes  de  tous  les  pays 
doivent  aussi  ëlre  unis  par  les  liens  du  droit,  en  tant  que  les 
divisions  politiques  n'y  mettent  pas  obstacle.  Nous  ne  pouvons 
être  citoyens  partout ,  mais  partout  nous  sommes  membres  de 
la  société  humaine,  et  comme  hommes  nous  devons  jouir  par- 
^yout  des  droits  inhérents  à  l'homme. 

Or,  le  droit  au  travail  n'est-il  pas  un  de  eeu.K-là,  le  premier 
f3e  tous? 

i  les  termes  A  jamais  mémorables  de  l'édif  de  février 


J] 


288  LA   TUSISIB  DEPUIS   L  OCCPPATIOS   VaAKÇA.lSE 

«  Dieu,  en  donnant  ù  l'homme  des  besoins,  en  lui  rendant 
nécessaire  la  ressource  du  travail,  a  fait  du  droit  de  travailler 
la  propriété  de  tout  homme,  et  cette  propriété  est  la  première, 
la  plus  sacrée  et  la  plus  imprescriplihte  de  toutes  ». 

Rien  n'est  plus  rigoureusement  vrai.  La  liberté  personnelle, 
la  liberté  du  travail,  la  liberté  de  la  propriété  ne  sont  en 
réalité  que  les  trois  formes  différentes  d'un  droit  unique.  Nul 
ne  doit  se  tiatter  de  connaître  la  liberté  s'il  ne  comprend  l'in- 
dissolubiUté  de  cette  union  ;  et  l'on  doit  s'étonner  que  des  gens 
qui  se  prétendent  démocrates  puissent  y  porter  atteinte  <lc 
gaieté  de  cœur. 

N'est-il  pas  singulier  que  nous  réclamions  sans  cesse  la  li- 
berté et  que  nous  ne  soyons  occupés  qu'à  la  restreindre? 

Ah!  j'entends  bien  l'observation  :  Vous  voulez  protéger  le 
travail  français ,  servir  les  intérêts  du  pays  en  réservant  les 
bénéfices  à  nos  compatriotes.  Un  journal  algérien  a  très  fi- 
dèlement traduit  ce  sentiment. 

u  Nous  comprenons  parfaitement,  dit-il,  que  nos  adjudîca- 
"  tions  soient  réservées  auï  Français  seuls;  ce  sont  des  Fran- 
"  çais  qui  en  payent  les  frais;  ce  sont  des  Français  qui  accep- 
II  tcnt  l'impilt  du  sang,  et  c'est  bien  le  moins,  que  diable, 
«  qu'une  charité  bien  ordonnée  commence  par  nous-mëme  ». 

Cette  exclusion  des  étrangers  de  nos  travaux  publics  n'est 
pas  seulement  condamnée  par  la  philosophie,  elle  l'est  non 
moins  catégoriquement  par  la  science  économique. 

La  production  de  la  richesse  résulte,  comme  on  sait,  du 
concours  de  ces  trois  éléments  :  le  travail,  la  matière  et  le 
capital;  et  nous  devons  attirer  à  nous  les  étrangers  qui  vien- 
nent enrichir  le  pays  de  leurs  capitaux  et  de  leur  travail.  C'est 
ce  que  remarquait  le  célèbre  Nccker  au  commencement  de  la 
Révolution  : 

«  Tout  ce  qui  peut  détourner  les  étrangers,    disait-il,  de 


LA    COLONISATION  589 

venir  dépenser  leurs  revenus  dans  le  royaume,  et  d'échanger 
ainsi  leui"  argent  contre  les  productions  de  notre  industrie, 
parait  une  disposition  aussi  déraiïionnahle  que  le  serait  une  loi 
directement  opposée  à  l'expoitalion  de  cl's  mômes  produc- 
tions ». 

C'est  une  grave  erreur  de  penser  que  ce  sont  des  Français 
qui  payent,  seuls,  les  frais  des  adjudications;  mais  c'est  surtout 
une  véritable  ingratitude  de  continuer  à  regarder  comme 
étrangers  des  hommes  qui  sont  li\és  dans  le  pays  depuis  vingt , 
trente  et  quarante  ans. 

Légalement,  nous  vous  le  concédons,  ils  ne  sont  pas  Fran- 
çais; mais  pouvez-vous  leur  dénier  le  droit  de  cité;  pouvez- 
vous  traiter  en  parias  ceux  qui,  pendant  de  longues  années, 
ont  partagé  votre  existence;  de  longues  années  ont  contribué . 
pour  leur  part,  au  développement  de  votre  commune  en  don- 
nant chaque  jour  de  nouvelles  preuves  de  leur  indestructible 
attachement  ù  leur  nouvelle  patrie.  Ils  ne  sont  pas  Français, 
non;  mais  ils  nous  élèvent  des  enfants  qui  sont  notées,  qui, 
pour  la  plupart,  feront  d'excellents  citoyens;  et  vous  traitez 
ces  gens  en  étrangers... 

Y  rétiéchissez-vous? 

Parce  qu'ils  n'ont  pas  cru  devoir  solliciter  le  litre  do  Fraudais 
qu'il  leur  était  loisible  d'obtenir;  parce  qu'ils  se  souviennent, 
parce  qu'ils  ont  gardé  dans  un  coin  du  cœur  les  inelFables  sou- 
venirs de  la  terre  natale  et  qu'ils  songent  encore  aux  vieux 
parents  couchés  là-bas  dans  le  cimetière ,  vous  oubliez  les 
services  rendus,  la  somme  de  vitalité  et  de  richesse  dont  nous 
sommes  redevables  à.  ces  hommes? 

Respectez  donc  leurs  sentiments  intimes  et  remerciez-les  de 
ce  qu'ils  vous  apportent  :  du  travail  et  de  l'argent.  Le  temps 
fera  le  reste.  Il  les  incorporera  à  nous  indissolublement;  el, 
leurs  descendants  qui  fréquentent  nos  écoles,  que  nous  élevons, 


L 


I 


290  LA  TUNISIE  DEPCI9  l'oGCUFAIKUT  FaAVÇAISB 

m 

façonnons  &  notre  manière ,  seront ,  rappelons-le,  dé  braves  et 
vaillants  Algériens,  dévoués  à  la  France.  N'en  connaissons- 
nous  pas  déjà  des  centaines  de  ces  jeunes  gens,  fils  d'étrangers 
revendiquant  fièrement  leur  titre  de  Francs  et  qui ,  -demain , 
s*il  le  faut ,  marcheront  à  nos  côtés  pour  vaincre  nos  ennemis 
ou  tomber  noblement  sur  nos  champs  de  bataille? 

Nous  n'exagérons  rien  ;  et ,  politiquement  parlant ,  si  la  »- 
tuation  peut  paraître  quelque  peu  différente  en  Tunisie,  au 
fond  elle  est  identique,  car  la  Régence  aussi  est  terre  françaUce. 
C'est  donc  commettre  un  véritable  contre-sens  politique 
et  social  que  de  frapper  d'ostracisme  en  Tunisie,  comme  en 
Algérie,  Télément  étranger,  —  et  en  lui  refusant  du  travail, 
vous  le  frappez  d'ostracisme ,  vous  le  chassez. 

Quel  tort  vous  font  ces  entrepreneurs  étrangers  en  venant 
vivre  et  travailler  au  milieu  de  vous?  En  serrant  le  débat, 
nous  le  ramènerons  à  ce  dilemme  : 

Ou  les  entrepreneurs  étrangers  soumissionnent  à  des  prix 
plus  élevés  que  les  entrepreneurs  français ,  et,  dans  ce  cas ,  ils 
ne  sont  pas  déclarés  adjudicataires,  ne  font  par  conséquent 
aucun  tort  à  nos  nationaux  ; 

Ou  ces  entrepreneui*s  font  des  rabais  plus  considérables  que 
les  entrepreneurs  français,  et,  dans  ce  cas,  c'est  la  commune, 
c'est  le  département  qui  bénéficie  du  prix  de  revient  plus 
avantageux  auquel  son  travail  est  effectué. 

Or,  la  commune,  le  département,  c'est  encore  la  collecti- 
vité; c'est  une  partie  de  TÉtat.  Et  l'État,  pour  nous,  c'est  la 
force  collective  et  indivise  dont  il  est  le  dépositaire,  dont  il 
forme  le  centre  et  autour  de  laquelle  gravitent  en  toute  liberté 
les  forces  individuelles  dans  leur  infinie  variété,  comme  les 
étoiles  dans  leur  loi  de  rotation  autour  du  soleil. 

L'État,  c'est  le  droit  d'empêcher  l'activité  qui  nuit  à  la  force 
collective  et  indivise  des  deux  éléments  qui  le  composent;  la  li- 


LA    COLOMSATIOS 


berté,  c'est  de  faire  tout  ce  que  l'État  ninsi  entendu  n'a  pas  le 
droit  d'empêcher,  et  surtout  de  faire  ce  rjui,  au  lieu  de  nuire 
i\  la  collectivité,  peut  la  servir  en  servant  l'individu  lui-même. 

L'Etat,  pour  nous,  c'est  ce  qu'il  est  aus  États-Unis;  c'est-à- 
dire  :  sous  l'œil  de  la  force  collective,  l'individu  allant  où  son 
génie  le  porte ,  s'associant  à  qui  il  veut ,  son  maître  absolu ,  n'a- 
yant au-dessus  de  lui  que  Dieu,  devant  lui  que  la  société  ort  il 
est  l'égal  de  tous,  derrière  lui  que  la  loi  qui  règle  également 
pour  tous  le  point  oii  l'homme  finit,  où  le  citoyen  commence,  et 
ce  point  est  celui  où  l'individualité  empiéterait  sur  la  part  d'ac- 
tion qui  revient  aux  autres  individualités. 

C'est  avec  l'État  ainsi  entendu  qu'en  moins  de  trois  quarts 
de  siècle  les  solitudes  de  l'Amérique  ont  vu  —  sans  capitaux  , 
entendez-vous,  sans  capitaux!  —  par  la  seule  force  de  l'action 
libre  de  l'individualité  humaine ,  surgir  ce  peuple  puissant, 
qui,  né  d'hier,  dans  le  Nouveau-Monde,  pèsera  demain  sur 
l'ancien ,  et  qui  s'appelle  les  Ktats-L'nis. 

C'est  avec  un  État  ainsi  entendu  que  rAméri(pie  attire  à  elle 
da  vieux  monde  tous  ceux  qui  veulent  trouver  la  vie  dans  le 
travail,  le  succès  dans  la  lutte,  le  progrès  dans  la  marche;  c'est 
ainsi  qu'elle  importe  des  hommes  et  qu'elle  exporte  du  blé;  et 
pour  assurer  le  salut  de  la  colonisation  algérienne  et  tunisienne 
il  nous  faut  faire  de  l'Afrique  une  autre  patrie  des  réalisations 
de  la  liberté  dans  le  monde ,  créer  un  peuple  africain  par  la  li- 
berté, comme  par  ta  liberté  il  s'est  créé  un  peuple  américain. 

Au  lieu  de  multiplier  les  entraves,  les  privilèges,  d'asservir 
l'individu,  simplifiez  le  plus  possible  sa  situation;  atTranchissez 
le  travail  et  la  terre  de  tous  les  monopoles,  de  toutes  les  régle- 
mentations outrées;  livrez  l'homme  à  son  libre  arbitre,  à  la  pleine 
et  entière  expansion  de  ses  forces.  En  laissant  agir  l'homme, 
a  moins  à  compter  avec  le  citoyen;  or,  dans  les  colonies 

issantes  —  c'est  ce  qu'on  oublie  trop,  surtout  en  Algérie  — 


J 


292 


LA   TU.MSIE   DEPUIS   L  OCCUPATION   FRANÇAISI 


ce  n'est  pas  le  citoyen  qui  fonctionne,  c'est  rbomnie.  Ou'importc 
d'où  ils  viennent;  accueillez  tous  les  expatriés  volontaires,  Jon- 
nez-leur  les  biens,  le  travail,  les  terres  qu'ils  n'ont  pas;  les 
droits,  les  libertés  après  lesquels  ils  aspirent;  nous  y  trou- 
verons la  fortune  et  la  prospérité. 

Ne  voyez-vous  pas  que  la  colonisation  du  monde,  &  laquelle 
la  France  prend  à  la  fois  si  peu  de  part  et  si  peu  d'intérêt,  qu'elle 
semble  4  peine  s'en  douter,  sera  le  fait  capital  du  siècle.  Sou!- 
voyons  tous  les  peuples  y  concourir  plus  ou  moins  activement. 
C'est  à  nous  de  détourner  à  notre  profit  cet  élément  colonisa- 
teur, puisque  les  Français  restent  obstinément  cantonnés  dans 
leur  inextensible  sol  des  Gaules,  se  refusent  A  tout  effort  pour 
étendre  leur  nationalité  et  assurer  par  là  sa  puissance  et  u 
durée  sur  le  continent  africain. 

Tandis  que  les  Anglais  s'étendent  sur  les  deux  hémisphères, 
les  Russes  s'efforcent  d'étendre  leur  empire  en  Asie  par  \i> 
conquête  et  de  l'assurer  en  Europe  par  la  chimère  du  panslar 
vbme;  les  Allemands  germanisent  les  pays  qui  les  entourent 
avec  une  ardeur  et  un  succès  incontestable;  les  Espagnols 
jourd'hui  inactifs,  peuvent  du  moins  se  féliciter  d'avoir  peuplé 
un  vaste  continent;  enfin  les  Italiens  et  les  Grecs  eux-mêmes 
remplissent  de  leurs  nationaux  les  villes  de  l'^Vsie  Mineure 

Seuls  les  Français  semblent  assister  à  cette  expansion  sans  1* 
voir.  Cette  inditTérence  n'est  malheureusement  pas  nouvelle 
elle  nous  a  fait  perdre  au  siècle  dernier  l'empire  du  maud& 
On  ne  peut  songer  sans  tristesse  qu'entre  le  Canada  et  la  Loui- 
siane nous  aurions  pu  étreindre  l'Amérique  du  Nord. 

Force  nous  est  donc  d'attirer  à  nous  les  cotons  étrangers  et 
(le  les  retenir  par  des  garanties  de  liberté  et  de  travail  qut 
leur  manquent  ailleurs. 

C'est  ainsi  par  des  émigrations,  dont  l'Allemagne,  l'Espagne, 
la  Suisse,  l'Irlande,  l'^osse,  l'Angleterre  et  la  France  fourni* 


LA    COLONISATlOff 


93 


rent  leurs  ailuvions  simultanées  ou  successives,  (]ue  se  sont  peu- 
plées les  vastes  conlrées  de  l'Amérique  du  Nord,  qui  recureut 
quelquefois  le  nom  de  leurs  nouveaux  possesseurs  ou ,  par  sou- 
venir de  la  patrie  perdue,  le  nom  aimé  d'un  coin  de  la  terre 
natale  :  la  Louisiane,  la  Peusylvauie,  la  Caroline,  la  Nouvelle- 
York,  —  agrégations  de  moeurs,  de  religions,  de  nations  di- 
verses, comme  celles  qui  se  greffèrent  sur  les  ruines  du  monde 
romain  et  qui  ont  fini  comme  elles,  mais  en  bien  moins  de 
temps,  par  confondre  toutes  leurs  origines  pour  la  formation 
d'un  seul  et  môme  grand  peuple  :  le  peuple  américain. 

Qu'on  se  souvienne  de  ces  origines  et  du  développement  de 
la  société  américaine,  on  concevra  mieux  l'évolution  sociale 
africaine,  car  elle  doit  être  identique. 

"  L'origine  de  la  liberté  économique  apparaît  comme  le  ré- 
sultat de  la  loi  mâme  du  développement  dos  sociétés,  l'évolution 
générale  qui  transforme  l'organisation  sociale  tout  entière  s'ac- 
compagnant  nécessairement  de  deux  évolutions  secondaires, 
dont  l'une  mène  à  la  propriété  individuelle  et  l'autre  à  la  li- 
berté du  travail  >-. 

Celte  phrase,  que  nous  détaclions  d'un  article  de  M.  Paul 
Beauregard  sur  u  les  lois  de  l'évolution  économique  '  »  résume 
parfaitement  notre  doctrine  :  affranchir  l'individu  pour  le  me- 
ner à  la  liberté,  —  cette  liberlé  qu'il  convoite  et  va  chercher  à 
l'autre  bout  du  monde. 

Voyez  plutât  ces  long-ues  files  d'émigrants  se  dirigeant  à  cette 
heure  vers  la  Bépuhlique  Argentine,  sur  les  rives  de  La  Plata. 
Puisqu'ils  veulent  s'expatrier,  pourquoi  s'en  vont-ils  si  loin?  Ils 
ont  lA,  si  proche,  la  terre  algérienne. 

Et  ces  populations  de  l'Alsace,  de  la  Lorraine,  de  l'Allema- 
gne, de  la  Belgique,  que  vont-elles  —  en  si  grand  nombre  qu'on 


I.  Éeonoinute  français  du  lU  mars  IBSU. 


I 


dirait  iioe  nouvelle  fuite  d'Egypte  - — que  vont-elles  chercher   ' 
par  del<\  les  immeosités  de  tous  les  océans? 

Elles  vont  chercher  ce  que  vous  ne  savez  pas,  ne  pouvez ptt  ' 
ou  ne  voulez  pas  leur  donner  :  le  travail  et  la  liberté! 

A  dire  vrai,  celles-lù ,  —  les  migrations  belges  et  allemandes, 
—  ne  nous  intéressent  jioint;  qu'elles  prennent  le  chemin  Ae. 
l'Ainénque,  nous  n'avons  pas  à  le  regretter,  tous  les  tj'pes  de  la 
race  germanique  étant  absolument  réfractaires  à  l'acclimate- 
ment en  Afrique. 

On  peut  en  dire  autant,  en  des  termes  moins  rigoureux,  des 
émigi'ants  de  la  zone  septentrionale  de  la  France ,  de  tous  ceiiv 
qui  sont  originaires  des  régions  situées  au-dessus  de  l'isothère 
de  20"  :  leur  concours  n'est  pas  à  dédaigner,  mais  il  n'a  qu'une 
valeur  secondaire;  ils  ne  peuvent  en  effet  se  perpétuer  que  parle 
croisement  avec  les  races  du  midi  do  l'Europe ,  seules  vraîmeol 
aptes  au  peuplement  africain.  Car  l'homme  n'est  pas  orbicole. 
il  ne  vit  pas  impunément  sous  toutes  les  latitudes  :  chaque  fois 
qu'il  se  déplace,  son  organisme  est  impressionné  par  le  climat  : 
le  soleil ,  l'air,  les  eaux  influencent  sa  constitution,  et  un  accom- 
modement, imc  harmonisation  nouvelle  doit  s'établir  entre 
celle-ci  et  les  conditions  dilTérentes  dans  lesquelles  elle  est  ap- 
pelée A  fonctionner.  Est-il  besoin  d'ajouter  que  cette  harmoni- 
sation est  d'autant  plus  difficile  à  obtenir  que  la  région  origi- 
naire de  l'immigrant  est  moins  isotherme  à  celle  qu'il  vient 
habiter?  Cela  tombe  sous  les  sens*.  De  sorte  que  la  question 
africaine  est  avant  tout  une  question  d'hygiène  et  d'ethnologie; 
c'est  aux  enseignements  de  la  science  biologique  qu'il  faut  de- 

I.  nËlriM  organisés  pt  vJvanU.  nous«oinineHcn  celle  qualîlé,  soumis  i  loules  Ut 
lois  générales  qui  régissent  la  vie  vl  l'organisa  lion  dans  les  plantes  ausii  bien  quf 
dans  les  animaux.  Quand  nous  changeons  de  milieu,  nous  devons  presque  loujourt 
accepter  d'arance  des  sacriQci»  dont  l'élenduR  cl  la  gravité  «roni  proporlionnels 
am  différences  entre  le  point  de  déjiart  et  le  più ni  d'arrivée,  sous  le  rapporl  descon- 
diiions  d'existence  ■.  De  Quatrefaees,  Reeae  de*  Deux-Monilei,  n"  du  15  décem- 
bre ]»70. 


LA   C01.0SISAT10X  295 

mander  le  dernier  mot  du  problème  de  la  colonisation .  et  c'est 
pouF  ne  l'avoir  pas  compris  que  le  peuplement  de  l'Algérie  a  été 
si  lent,  (juc  tant  de  deuils  ont  marqué  chacune  de  ses  étapes! 
L'administration  entourait  les  immigrants  de  tontes  sortes  de 
soins;  elle  fixait  l'époque  de  leur  arrivée  dans  la  colonie,  elle 
les  mettait  en  garde  contre  le  climat  ea  leur  recommandant  les 
prescriptions  hygiéniques;  elle  leur  assurait  les  soins  médicaux; 
elle  leur  venait  en  aide  de  toutes  les  manières  :  par  des  distri- 
butions temporaires  de  vivres,  d'instruments  aratoires,  de  Itéles 
de  labonr,  etc.  ;  il  n'y  avait  sacrifice  qu'elle  ne  s'imposiU  pour 
le  succès  de  son  œuvre;  seulement  elle  oubliait  le  point  es- 
sentiel, en  ne  s'inquiétant  pas  de  la  provenance  natale  des 
nouveaux  débarqués. 

Peut-être  trouvera-l-on  qu'il  lui  était  bien  difficile  de  porter 
atteinte  Â  la  liberté  de  l'immigration?  Non  pas.  Sans  opposer  une 
barrière  absolue  aux  émigrants  des  régions  de  l'Europe  dont 
la  statistique  funèbre  démontrait  l'inaptitude  <t  l'acclimatement , 
de  sages  conseils,  des  circulaires,  auraient  eu  vite  détourné  un 
courant  d'émigration  qui  grevait  le  budget  de  la  colonie  et  celui 
de  la  métropole  de  charges  énormes  d'assistance  publique,  lîne 
loi  réglemente  l'installation  des  industries  insalubres  et  dan- 
gereuses; sa  proleclion  et  ses  prescriptions  ne  devraient-elles 
pas  s'étendre  i\  cette  industrie  autrement  sérieuse,  cette  indus- 
trie nationale,  humaine,  de  la  colonisation  et  du  peuplement? 

Le  gouvernement  n'en  comprenait  malheureusement  pas  la 
nécessité,  A  certaines  époques  il  chargeait  ses  préfets  de  raccoler 
des  colons  algériens  et  d'où  qu'ils  vinssent  il  les  dirigeait  à  tra- 
vers la  colonie.  —  De  1838  à  1814,  poussés  par  la  misère,  les 
Alsaciens  aftluent.  En  1840,  un  grand  nombre  de  malheureux 
viennent  à  leur  tour  du  Nord  de  l'Europe.  En  18i8,  transplan- 
tation en  masse  des  faubourgs  de  Paris.  Et  longtemps  cela  se 
poursuit  avec  la  même  hérésie  anthropognosique.  Aussi  fut-il 


296  LA   TrSISIB  DKPCIS   LOCCCPATIOS   FRAXÇIISE 

jniiiais  diifilés  plus  lug-ubres!  On'elle  est  longue  la  liste  de  cvm 
qui  tombèrent  dans  les  plaines,  dans  les  ravins,  dans  les  sil- 
lons; mais  en  connalt-on  le  nombre  seulement?  Qui  dira  jamais 
combien  la  fièvre  a.  faucbé  de  ces  existences,  combien  le  soleil 

—  Minotaurc  africain  —  a  dévoré  de  ces  enfants  du  Nord! 
De  ces  villages  d'Alsaciens- Lorrains  créés  à  grands  frais  en 

1872-73,  que  reste-t-il  aujourd'hui?  Combien  sont  devenus 
prospères  et  combien  des  nécropoles?  I.e  sentiment  qui  a  pré- 
sidé à  cette  installation  de  nos  chers  et  infortunés  compatric- 
tes  de  l'Est  est  trop  élevé,  trop  noble  pour  ne  pas  désarmer 
la  critique;  pourtant,  nos  malheurs  firent-ils  le  ciioiat  moins 
inexorable? 

La  science  condamne  de  pareilles  entreprises  qui  ne  peuvent 
produire  que  des  colonies  éphémères  ou  misérables. 

D'après  MM.  Rouis  et  Lavernn  ',  les  Français  du  Nord  et  les  in- 
dividus appartenant  aux  races  septentrionales,  c'est-à-dire  les 
descendants  des  Belges,  des  Germains,  des  Scandinaves,  etc., 
sont  en  Afrique  deux  fais  plus  prédisposés  aux  abcès  du  foie 
(138  :  71)  que  les  Français  du  Midi  et  les  individus  de  race  méri- 
dionale, c'est-à-dire  les  descendants  des  peuples  Ibèriens. 

Et  suivant  M.  de  Sémallé-,  les  militaires  des  départements  J 
N.  -E.  seraient  beaucoup  plus  sujets  aux  accidents  céi-éliraux  de  1 
l'insolation  que  ceux  des  autres  départements. 

Si  j'avais  le  loisir  de  me  livrer  à  des  recherches,  je  pourraîsl 
multiplier  les  citations  de  ce  genre,  mais  elles  seraient  super- J 
tlucs.  Uue  l'on  consulte  simplement  les  études  démographiques  I 
du  D*^  Hené  tticouv  '  :  les  statistiques  de  la  natalité  et  de  la  mor-  J 
talité  établissent  catégoriquement  que  les  races  latines  origt-J 

1,  "lOuis.  Hfc/icrches  )ur  les  suppurations  eniléiiiîgaes  du  foie  en  Afrique.  — .1 

(.avèran.  Diclioanaire  encyclopidïi\ue  des  scïeaeez  médicales  t,  II ,  p.  771. 

ï.  Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie ,  n"  du  ï9  juillft  i«69. 

3.  Coiitribalion  à  (élude  de  l'acclimatement  des  Français  en  Algérie,  1  Tût,  1 

—  la  Minograpliie  figurée  de  l'Algérie,  I  rai. 


LA    COLONISATION  297 

naires  des  bords  méditerranéens  ont  seules  la  résistance  vitale 
nécessaire  à  la  colonisation  et  au  peuplement  du  Nord  de  l'Afri- 
que. Pour  ne  nous  occuper  que  des  Italiens,  qui  fout  l'objet  de 
ce  chapitre,  ceux  qui  débarquent  en  Tunisie  viennent  pour  la 
plupart  de  l'ancien  royaume  des  Ueus-Siciles,  c'est-ù-dire  d'une 
région  dont  le  climat  otfre  de  telles  analogies  qu'on  peut  le  re- 
garder comme  de  la  même  zone  isotherme ,  et  par  les  Ligures , 
les  Carthaginois  et  les  Sarrasins,  par  leurs  croisements  avec 
les  races  africaines  qui  les  ont  dominés,  ils  ont  une  origine 
misie  qui  les  place  dans  les  meilleures  conditions  de  réussite 
sur  l'autre  rive  de  la  Méditerranée.  Les  hommes  y  travaillent  au 
soleil  sans  plus  de  fatigue  que  les  indigènes  ;  quant  aux  femmes, 
cbosc  remarquable,  elles  y  sont  plus  fécondes  qu'en  Italie. 
I       Les  Français  des  départements  peuplés  par  les  races  ibère, 
'  aquitaine  et  ligure,  les  Provençaux,   les  Languedociens,  les 
Basques,   les  Corses  ont  également  de  grandes  facilités  d'ac- 
climateQient;  ils  vivent,  font  souche  et  prospèrent  très  hen- 
reusemcat  en  Tunisie  comme  en  Algérie;  mais  la  race  celtique 
I  qui  occupe  le  centre  et  une  partie  du  Nord  de  la  France  —  de 
I  la  Garonne  à  la  Seine,  de  l'Océan  Atlantique  aux  Alpes  —  ne 
■  jouit  pas  de  la  même  immunité.  Elle  s'acclimate  encore,  mais 
[  sa  descendance  est  malingre,  chétive,  et  la  seconde  génération 
on  en  rencontre  maintenant  des  sujets  en  Algérie  —  présente 
I  tous  les  caractères  de  l'épuisement  physique.  Pour  avoir  des 
I  enfants  robustes,  vigoureux,  capables  de  résister  au  climat, 
Iles  Français  du  Centre  et  du  Nord  sont  tenus   au  croisement 
I  eugénésique  avec  les  vieilles  races  du  bassin  de  la  Méditerranée. 
Donc,  ce  ne  sont  pas  seulement  des  raisons  économiques  et 
I  humaines  qui  nous  commandent  des  ménagements  à  l'égard 
I  des  italiens  en  Tunisie;  n'en  déplaise  à  nos  patriotes,  c'est  encore 
l'intérêt  politique.  J'ai  l'air  d'exprimer  un  paradoxe;  rien  pour- 
I  tant  n'est  plus  sérieux.  Comme  les  Romains  dans  l'antiquité ,  et 


i 


2!)8 


LA   TCMSIE  DEPUIS   L  OCCUPA TIOX  FKANÇAISI 


comme  les  Anglais,  de  nos  jours,  nous  devons  sauver  notre 
infériorité  inimériquo  par  la  prévoyance  el  l'habileté;  et  c'esl 
faire  acte  de  prévoyante  habileté  que  de  nous  incorporer  celte 
race  sobre ,  dure  au  travail ,  acclimatée,  de  l'assimiler  el  la  na- 
turaliser pour  engendrer  sur  la  terre  africaine  une  race  néo- 
française pleine  de  force  et  de  vitalité  : 

Fortes  creiinlui'  furiilms  el  bonis'. 


disait  le  poète,  race  en  laquelle  revivront  et  la  langue  et  les 
mœure,  —  et  l'honneur  du  nom  français! 

D'une  part  le  croisement  enti-e  les  deux  colonies,  de  l'autre 
l'école-,  les  fréquentations  sociales  chaque  Jour  plus  étendues, 
plus  intimes  en  raison  des  alliances  mixtes,  nous  donneront  ce 
résultat. 

Actuellement  les  Italiens  s'unissent  de  préférence  â  des  filles 
de  leur  nationalité  ;  peut-être  parce  que  les  nôtres  n'aiment  guère 
épouser  un  étranger.  Ces  unions  cependant  ne  sont  pas  rares  et, 
dans  ce  cas,  les  euf.ints  qui  en  sont  issus  ont  au  cœur  l'amour 
de  la  France;  ils  le  sucent  en  quelque  sorte  avec  le  lait  ma- 
ternel. Mais  dans  la  très  g-raode  majorité  des  mariages  mixtes, 
ce  sont  des  Français  ijuï  épousent  des  Italiennes.  En  Algérie  — 
et  cela  se  produit  déjà  en  Tunisie  —  celles-ci  regardent  com- 
me un  honneur  d'être  recherchées  par  un  Français,  habituel- 
lement plus  tendre,  plus  prévenant  envers  sa  femme  qu'un 
mari  italien.  Ce  croisement  a  le  précieux  avantage  de  conserver 
la  nationalité  française  à  la  filiation.  Il  en  a  un  autre,  au  point 
de  vue  anthropologique.  II  est  reconnu  depuis  longtemps,  par 
l'expérience  sur  les  animaux-'  que  l'amélioration  par  le  croise- 
ment s'efi'ectue  par  la  voie  des  mâles;  ceux-ci  ont  le  privilège 


I.  Ilunce,  Dnisi  lanilcx,  oJe  IV,  v.  29. 
1.  Pris  de  2,000  enfants  italiens  fréigueiilcn 
3.  V.  DulTon,  Quadriip6des,  t.  I,  p.  60. 


les  é<'o1es  françnises  en  Tunlsi 


LA    COLOKISATIOX 


299 


de  transmettre  plus  sûrement,  plus  complètement  que  les  fe- 
melles, les  caractères  de  leur  race,  de  mieux  supporter  les 
épreuves  de  l'importation;  et  les  fenoelles,  de  leur  c6té,  com- 
muniquent  A  leur  prog'éniture  plus  de  dispositions  à  luccli' 
matement  '. 

Ainsi  donc ,  le  Français  se  croisant  par  les  hommes  étendra, 
en  la  conservant,  sa  nationalité  et  il  empruntera ,  pour  sa  descen- 
dance, aux  tilles  du  Midi,  de  plus  grandes  facilités  pour  s'adapter 
au  climat  africain  '. 

Que   les  hommes  politiques  de  la  péninsule  me  permettent 
donc,   à  la  faveur  de  cette  union  instinctive  et   toujours  re- 
nouvelée de  nos  deux  peuples,  qu'ils  me  permettent  de  leur 
demander  un  peu  de  sagesse.  Que  l'ambition  coloniale  ne  les 
I    aveugle  plus  eu  Tunisie.  «  La  colonisation  est  une  œuvre  de 
luxe  à  laquelle  ne  peuvent  se  consacrer  que  les  peuples   qui 
ont  une  surabondance  de  richesse,  »  disait  très  judicieusement 
Gabriel  Charmes  ^.  Or,  ce  n'est  pas  précisément  le  cas  de  l'Italie. 
Livrée  àson  pouvoir,  la  Régence  fût  forcément  restée  dans  l'état 
I   de  délabrement  où  nous  l'avons  prise  et  les  Italiens  qui  s'y 
seraient  rendus  n'auraient  fait  que  changer  de  lieu  de  misère. 
Grâce  à  l'inlervention  de  la  France,  la  Régence  se  trans- 
I  forme  à  vue  d'œil,  elle  s'enrîcbit  et  les  immigrants  italiens 
'  trouvent  leur  compte  dans  le  bien-être  général.  La  fusion  par  le 
mariage  améliorera  encore  le  sort  de  la  colonie  italienne;  ù 
notre  contact,  elle  prendra  des  mœurs  pi  us  douces,  des  qualités 
nouvelles  et  une  nouvelle  part  de  la  fortune  qui  est  entre  nos 
mains.  N'y  a-t-il  pas  là,  dans  ce  résultat ,  —  indirect  mais  cer- 
tain, —  de  quoi  apaiser  une  l'ois  pour  toutes  les  l'écriminations 
stériles  des  irrédentistes? 


1.  D'Hicoux,  la  Dùnographie ,  p.  208. 

2.  Lot.  nU. 

3.  ta  Tunitit  et  la  TripoUlalne,  p.  297. 


La  colonie  maltaise  tient  moins  de  place  en  Tunisie  que  la 
colonie  italienne;  elle  n'en  a  pas  moins,  elle  n'en  aura  surtout 
pas  moins  dans  l'aveuii'  une  importance  qui  appelle  notre  at- 
tention. D'un  tempérament  extraordinairemeat  prolifique  (cha- 
que ménage  a  cinq  ou  sis  enfants  et  souvent  plus),  les  quinze 
mille  sujelsanglo-maltais  nipartis  actuellement  dans  la  Régence 
auront  bientôt  doublé  et  triplé.  Ce  nombre  s'accroîtra  aussi  très 
vite  par  les  envois  incessants  de  l'Ile;  car  Malte  est  un  rocher 
en  perpétuel  mal  d'enfant  :  c'est  une  sorte  de  fabrique  de  popu- 
lation; elle  fait  des  hommes  comme  d'autres  font  du  drap  ou 
des  conserves  alimentaires.  C'est  l'induslrie  du  pays,  — quinprt-s 
tout ,  ne  doit  pas  être  plus  désagréable  qu'une  autre;  on  u'eo- 
tend  pas  dire  que  les  ouvrière  de  Malte  réclament  la  journtie  ou 
la  nuit  de  huit  heures.  Quoi  qu'il  en  soif,  leur  surabondance  de 
production  les  oblige  à  en  expédier  une  grande  partie,  et 
comme  le  climat  africain  est  à  peu  près  identique  au  leur,  qu'ils 
se  comprennent  aisément  avec  les  indigènes,  la  langue  maltaise 
n'étant  qu'un  dialecte  arabe  mêlé  d'italien,  c'est  principalement 
en  Afrique  qu'ils  déversent  leur  excès  de  produit  humain.  De 
1830  à  1881  ce  fut  de  préférence  en  Algérie.  Notre  société  les 
attirait  ;  ils  se  plaisent  au  milieu  de  nous,  ils  se  considèrent  de 
bonne  foi  comme  les  pupilles  de  la  France  qu'ils  vénèrent  à 
titre  de  Protectrice  des  Églises  catholiques  d'Orient.  Maintenant 
ils  se  portent  plutôt  en  Tunisie,  en  raison  de  sa  situation  nou- 
velle cl  de  sa  grande  proximité  de  Malte. 

Ce  qui  les  éloignait  auparavant  de  la  Régence,  était  son 
manque  de  ressources  pour  les  exercices  du  culte.  Les  Maltais 
ne  peuvent  vivre   sans  église  ni    curé.   Superstitieux   comme 


I 


LA    COLONISATIOS  301 

tous  les  igaorants,  ils  sont  sur  le  chapitre  de  la  foi  d*une  intolé- 
rance égale  à  celle  des  Arabes.  Ce  n'est  pas  d'ailleurs  le  seul  trait 
de  ressemblance  qu'ils  aient  avec  ces  derniers.  Ou  les  a  appelés 
des  Arabes  chrétiens  et  la  définition  ne  manque  pas  d'exactitude. 
L'ossature,  les  traits,  la  langue,  le  tempérament,  les  mœurs, 
tout  révèle  en  eux  le  sang  arabe  et  les  marques  profondes  que  la 
domination  sarrasine  a  laissées  dans  llle.  Il  n'est  pas  jusqu'au 
vêtement  national  des  femmes,  lu  faldçlhi ,  qui  ne  trahisse  son 
origine.  Celte  sorte  de  manteau,  de  capuchon,  de  voile,  je  ne 
sais  quel  nom  donner  à  cette  coiffe  bizarre  qui  emprisonne  la 
nnque,  recouvre  les  épaules  et  s'avance  de  vingt  centimètres 
environ  au  devant  de  la  tétc,  en  un  demi-cylindre  rigide  de  soie 
noire  ;  qu'on  la  baptise  comme  l'on  voudra ,  elle  n'est  autre  chose 
qu'une  variante,  une  atténuation,  si  l'on  veut,  de  la  habara 
des  femmes  arabes.  Celle-ci  cache  le  visage  en  entier;  celle-là 
ne  le  dissimule  qu'aux  trois  quarts  ;  la  jalousie  qui  l'a  inspirée 
est  plus  hypocrite ,  voilù  tout  :  elle  n'est  pas  moins  violente. 
Le  Maltais  à  cet  égard  est  encore  un  autre  Arabe. 

En  général,  la  femme  maltaise  est  peu  jolie;  en  revanche,  elle 
est  bien  faite.  Celles  qui  viennent  de  Malte  n'ont  ni  grâce,  ni 
distinction;  ce  sont  de  lourdes  paysannes  qui  n'attirent  guère 
nos  regards  que  par  l'originalité  de  leur  accoutrement;  mais  cel- 
les qui  sont  élevées  en  Afrique  se  façonnent  promptement  à  nos 
mœurs:  vives,  alertes,  décidées,  coquettes,  espiègles,  quand 
on  les  rencontre  avec  leurs  mères,  on  ne  dirait  pas  la  même 
famille.  La  chenille  est  devenue  papillon. 

Les  Maltais  qui  débarquent  de  leur  lie  out  encore  l'allure  A 
demi-barbare.  Ils  sont  ignorants,  grossiers,  querelleurs;  mais 
ils  se  dégrossissent  assez  vite.  Sobres,  économes,  vivant  de  très 
peu  de  chose,  adroits,  industrieux  et  très  travailleurs,  ils  se  ti- 
rent partout  d'affaire.  Ils  connaissent  raème  bientôt  l'aisance  et 
quelques-uns  finissent  par  amasser  de  réelles  fortunes. 


k 


I 


302  LA   TrSlSlK   DEPDIS   l'oOCCFATIOX   FRANÇAISIi 

Ils  font  tous  les  raélîers.  Ici,  pécheur  ou  chevrier;  là,  culti- 
vateur ou  cocher  de  fiacre;  mais  ils  ont  pliig  de  goi\l  pour  le 
commerce.  Ils  commencent  par  vendre  A  travers  les  rues  quel- 
ques menus  objets  de  ménage  ou  bien  ils  vont  au  port  chercher 
de  la  marée  et  débitent  du  poisson  dans  les  villes  et  les  fau- 
bourgs; on  les  rencontre  souvent  jusqu'à  dix  lieues  à  la  ronde, 
courant  pieds  nus,  leur  corbeille  sur  latt'tc,  un  pantulon  et  une 
chemise  de  laine  pour  tout  vêtement.  Quand  ils  ont  ainsi  amassé 
quelques  écus,  ils  se  font  marchands  de  fruits  et  montent 
dans  quelque  carrefour  un  bel  6lalagc  d'oranges,  de  (îgues,  de 
dattes,  de  raisins  secs,  etc.  Devenus  un  peu  plus  ricbcu,  ils 
s'installent  dans  une  boutique  :  ils  ouvrent  des  cafés,  des  dé- 
bits de  vins  et  de  comestibles  qui  rivalisent  avec  tous  les  autres 
établissements  de  ce  genre.  A  moitié  pris  des  Français,  les 
Maltais  font  déborder  les  tasses;  ils  remplissent  davantage  les 
verres ,  ils  donnent  pour  cinq  sous  des  portions  abondantes,  et 
s'abonnent  même  aux  journaux  de  la  localité.  Aussi  voit-on 
aflluec  chez  eu\  les  ouvriers  de  toutes  les  nations  qui  ont  des 
goAts  simples  et  veulent  vivre  à  bon  marché. 

L'orgueil  alors  les  mord  au  cœur.  Ils  élèvent  leurs  enfants  le 
mieux  qu'ils  peuvent,  et  ceux-ci,  intelligents,  habiles,  ne  tar- 
dent pas  à  faire  de  véritables  Européens.  L'école  est  le  creuset 
où  cet  élément  fruste  s'affine  et  se  fusionne  —  et  devient  fran- 
çais; car  cette  nouvelle  génération  perd  tout  esprit  de  retour 
dans  le  pays  paternel.  Élevée  avec  les  Français,  vivant  sur  la 
terre  française,  elle  ne  connaît  pas  d'autre  patrie;  elle  est  com- 
plëtement  assimilée.  Il  en  est  aiusî  en  Algérie,  il  en  sera  de 
même  dans  la  Régence  si  nous  savons  nous  y  prendre  ;  et  nous 
le  saurons  assurément.  Le  cardinal  Lavigerie  n'est  pas  seule- 
ment un  très  grand  prélat,  c'est  un  habile  diplomate  doublé 
d'un  patriote ,  et  par  son  clergé  il  peut  beaucoup  sur  cette  po- 
pulation attachée  avant  tout  A  l'Église  :  il  peut  tout. 


LA    COLOMSA- 


LA    TRntlE    ET    I.E    RECIME    DE    LA    PHOPIIIETE 


De  l'exaraen  que  nous  venons  de  faire  des  trois  principales 
catégories  d'immigrants  en  Tunisie  :  Français,  Italiens,  Maltais, 
ii  résulte  que  les  propriétaires  des  terrains  de  culture  sont 
presque  exclusivement  Français.  Les  autres  sont  commerçants, 
ouvriers,  ils  travaillent  la  terre  à  titre  de  salariés,  mais  ils  ne  la 
possèdent  qu'exceptionnellement. 

En  vue  de  favoriser  cette  prise  de  possession  du  sol,  l'Ad- 
ministratiou  vient  de  faire  allotir  six  mille   hectares   d'ex- 
cellentes terres  dumaniales,  pour  être  livrées  «  aux  agriculteurs 
français  disposés  à  se  rendre  dans  la  Régence  '  ••   -Au  fur  et  A 
mesure  du  développement  de  la  colonisation ,  de  nouvelles  su- 
perficies de  terres  labourables  seront  mises  en  vente  à  leur  tour  ; 
car,  l)ien  entendu,  il  ne  saurait  être  question  d'attributions  gra- 
'   tuiles.  D'abord  le  lieu  de  protectorat  élabli  entre  la  Tunisie  et  la 
France  est,  juridiquement,  un  protectorat  du  droit  des  gens. 
Il  implique  nécessairement  pour  l'État  protégé  un  abandon  par- 
tiel de  ses  droits  de  souveraineté  -,  mais  il  ne  saurait  permettre 
de  porter  atteinte  en  aucune  façon  A  l'intégrité  de  son  territoire; 
I  et  disposer  de  terres,  ipso  facto,  au  proût  de  nos  nationaux,  sans 
que  ccu.x-ci  aient  en  aucune  fai;on  lï  les  payer,  serait  une  li- 
,  béralité  certainement   illégale.   Heureusement,    en   cette   cir- 
I  constance,  le  respect  du  droit  international   est  conforme  A 
,  nos  intérêts;  la  France,  t'ilt-elle  libre  de  disposer  A  sa  guise  du 


1.  V,  Happort  de  U.  Ribot  sur  ta  situatloa  ùf  la  Tunisie  en  isni ,  p.  7. 

a.  V.  CaUa,  Droit  inUmalional.  1  6,  3.  —  lleflli^r,  Lroit  inlernalional  pu- 
k  Ule  de  C Europe,  p,  58.  >  Les  prutettorats  Blleiiiands  u.  pur  Pkrri' d'Orgerat , 
monnaie*  dfs  sciences  politiquei,  t.  V,  p.  698. 


1 


30& 


LA    TOMSIE    nEPmS    LOCCCPATIO.V    FRANÇAISE 


domaine  de  l'Étal  en  Tunisie,  devrait  noQ  moins  s'absleair  de 
concessions  gratuites.  L'e\péricDC«  a  condamné  ce  système  de 
colonisation;  l'Administration  elle-même  a  été  amenée  à  en 
faire  l'aveu'.  Il  devait  hâter  le  peuplement,  il  a  prolongé  l'en- 
fance; il  devait  créer  le  mouvemeiit.  il  a  produit  l'inertie;  Il 
devait  peupler,  il  a  fait  le  vide.  —  C'est ,  dira-t-on ,  que  les 
concessionnaires  étaient  mal  choisis.  Ils  étaient  le  plus  souvent 
mal  choisis,  c'est  vrai.  Ils  n'avaient  aucune  des  qualités  phy- 
siques et  morales  requises  pour  faire  un  bon  colon.  Ils  n'étaient 
pas  même  cultivateurs.  Étaient-ils  cultivateurs,  c'était  la  misère 
qui  les  avait  poussés  hors  du  pays;  ib  n'avaient  pas  le  sou.  Or, 
avec  rien  on  ne  fonde  rien.  Créer,  c'est  dépenser.  Ils  emprun- 
taient. A  quel  taux?  Dix,  duuze  pour  cent  et  davantage.  Dé- 
pourvus de  connaissances  agricoles,  pour  le  moins  d'instruction 
économique ,  ils  ne  se  rendaient  pas  compte  que  la  terre ,  même 
la  terre  féconde  d'Afrique,  ne  petit  plus  payer  de  pareils  inté- 
rêts. Us  allaient  de  l'avant  sans  voir  le  péril.  N'avaient-ils  pas 
cinq  ans,  dix  ans  pouv  rembourser?  Arrive  qui  plante,  llsplau- 
taient.  Ils  construisaient...  en  contemplant  leurs  vignes  avec 
attendrissement.  Les  beaux  aramons!  le  splendide  grenache! 
Et,  comme  la  laitière  de  la  fable,  notre  vigneron 

Complaît  di'jà  dans  sa  pensée 

Tout  le  prix  de  sou  vin,  en  employait  l'argent, 
Achetait... 


Que  n'achelaii-il  pas?  Mais  survenaieul  les  intempéries,  les 
cryptogames,  les  insectes;  la  femme  elles  enfants  tombaient 
malades;  peu  à  peu  le  vignoble  français  se  reconstituait,  et  le 
vin  se  vendait  mal,  et  l'échéance  approchait.  Elle  était  venue  : 

colon  était  ruiné.  Son  prêteur,  homme  patient  qui  étaîtsùr 
du   résultat,   le  faisait  exproprier  pour  non-exécution  de  ses 

I.  V.  Expoté  de  la  situation  gétiirote  de  l'Algérie,  IM7,  p.  9. 


I.A    COLONISATIO> 


30.-, 


engagements;  il  prenait  son  lieu  et  place,  pendant  que  le  mal- 
heureux, découragé,  rongé  de  la  fièvre,  s'en  retournait  en 
France  discréditer  l'Algérie  et  l' Administration  qu'il  rendait  na- 
turellement responsable  de  l'insuccès  dû  à  son  ignorance  et  il 
son  manque  initial  de  ressources. 

Combien  d'exemples  de  ce  genre  pourrait-on  ciler?  des 
milliers. 

Acheter  la  terre  et  la  mettre  en  valeur  avec  son  argent  à  soi  : 
voilà  la  formule  du  succès.  Celui  qui  achète  a  habituellement 
un  but,  un  plan.  Il  sait  ce  qu'il  veut,  il  sait  où  il  va.  Il  n'est 
pas  libre  de  faire  ou  de  ne  pas  faire  comme  le  concessionnaire 
à  titre  gratuit  qui  souvent  laissait  la  plus  grande  partie  du 
terrain  en  friche.  L'acheleur  est  obligé  de  travailler  pour 
donner  de  la  plus-value  à  sou  capital.  S'il  a  de  l'ordre ,  s'il  est 
prudent  et  laborieux,  sa  réussite  est  certaine.  A-t-il  besoin 
d'une  grosse  somme  pour  obtenir  ce  résultat?  Non,  vraiment. 
Avec  une  dizaine  de  raille  francs  on  peut  acquérir  et  faire  valoir 
en  Tunisie  une  cinquantaine  d'hectares,  sur  lesquels  un  cul- 
tivaleur  peut  vivre  très  heureux  avec  sa  famille.  S'il  peut  en 
acquérir  davantage  et  qu'il  le  désire,  la  Direction  de  l'agriculture 
à  Tuais  lui  eu  vendra  davantage.  L'émigrant  prend  la  terre  où 
il  y  en  a,  autant  qu'il  veut.  S'il  jette  les  yeux  sur  la  terre 
qui  estàdroite,  on  ne  luidit  pas,  comme  jadis  en  Algérie  :  «Nous 
voulonslacolonisation  par  la  terre  qui  esta  gauche.  »  S'il  se  sent 
la  force  do  cultiver  cent  hectares,  on  ne  lui  dit  pas  :  "  Non; 
nous  ne  voulons  vous  en  vendre  que  trente,  »  Il  débat  son 
prix  et  paye,  ou  il  réclame  certaines  annuités  pour  s'acquitter, 
et,  si  on  les  lui  accorde,  à  partir  de  ce  moment  il  est  entière- 
ment libre  de  ses  actes.  Il  est  propriétaire.  S'il  veut  élever  une 
construction  en  boue  ou  en  hois,  on  ne  lui  dit  pas  :  <>  Vous  ne 
relèverez  qu'en  pierres  ou  en  briques.  »  Si  bien  même  il  lui 
plaît  de  coucher  à  la  belle  étoile,  nul  fonctionnaire  ne  vient 


L 


i 


30G  LA   TfSISlE   IlEPnS  L  OCCUPA -nos  FBAÎtÇAISE 

lui  rappeler  «ju'aiix  termes  de  L'article  IV,  il  est   tenu  de  cons- 
truire (les  liiltimeots  d'iiabitation  et  d'exploitation. 

El  nul  employé  d'aucune  hiérarchie  admiaistrative  ne  rieni 
l'inspecter,  le  contrôler,  le  harceler,  lui  fixer  un  temps  à  l'ei- 
piration  duquel  il  sera  dépossédé,  s'il  u'a  pas  fait  telles  ou  telles 
choses,  de  telle  et  telle  manière.  En  achetant  la  teri'e  il  a 
acheté  la  liberté,  celle  de  sa  personne,  de  sa  maison,  de  sa 
culture;  il  en  dispose  suivant  sa  volonté,  son  intérêt  ou  son 
caprice;  ni  l'État  ni  personne  n'a  le  droit  de  lui  en  demander 
compte.  Il  est  son  maître.  Il  est  libre  et  indépendant.  Si  le 
succès  couronne  ses  efforts,  il  ne  le  devra  qu'à  lui.  S'il  éprouve 
des  mécomptes,  il  ne  s'en  prendra  qu'à  lui. 

L't'^tat  ne  s'occupe  de  sa  propriété  que  pour  lui  donner  Vas- 
sieLte  et  la  garantie  qui  lui  manquent  avec  la  loi  musulmane; 
pour  en  rendre  les  transactions  comme  les  opérations  du  crédit, 
rapides  et  sûres.  Encore  y  raet-il  des  formes.  La  loi  foncière 
tunisienne  est  facultative.  S'il  plaît  à  un  propriétaire  de  vivre 
dans  l'indivision,  dans  l'inséL^urité,  libre  à  lui!  Personne  ne 
lui  impose  le  régime  nouveau.  Mais  une  propriété  sujette  It  d( 
revendications  imprévues,  une  propriété  que  l'on  ne  peut  nt 
vendre,  ni  hypothéquer  sans  de  grosses  difficultés,  est-ce 
propriété?  Un  Arabe  peut  se  contenter  de  cette  situation  pr4 
caire,  non  un  Français.  Chez  nous,  posséder,  en  matière  iiB< 
mobilière,  c'est  avoir  un  bien  à  soi,  à  soi  seul;  un  bien  qui  défi) 
tous  les  slellionataires  du  monde,  et  un  des  plus  grands  acta 
de  l'administration  de  M.  Cambon,  —  le  plus  grand  service  peut 
être  qu'il  ait  rendu  à  la  colonisation  de  la  Tunisie ,  —  a  été  di 
la  doter  de  la  loi  immobilière  du  ("juillet  1885. 

J'ai  déjà  parlé  de  cette  loi  en  écrivant  l'histoire  des  ann< 
188."i  et  1886'.  Elle  est,  comme  l'on  sait,  une  très  liabile  et  trè( 

1    V.  I,  1",  p.  39t  à  401  et  iOà  k  4Ug. 


,   COLOSISATIOS 


307 


heureuse  combioaisoD  des  testes  du  Code  Civil,  de  la  loi  aus- 
tralienne connue  sous  le  nom  d'Act  Torrens  et  de  certaines 
dispositions  de  la  loi  musulmane  que  nous  étions  tenus  de 
respecter. 

Le  présent  ouvrage  ayant  surtout  pour  objet  d'être  utile  aux 
futurs  colons  tunisiens,  ceui-ci  me  sauront  gré  de  leur  faire 
connaître  les  règles  de  la  loi  appelée  à  garantir  leur  fortune, 
i^  rapport  de  M.  Cambon'  me  facilitera  cette  lAcbe. 

Le  propriétuîre,  européen  ou  indigène,  qui  veut  placer  son 
immeuble  sous  le  bénéûce  de  la  loi  foncière  tunisienne  doit  en 
demander  l'immatriculation.  L'immatriculation  consiste  dans  la 
constitution  du  titre  de  propriété  de  l'immeubte,  l'inscription 
sur  ce  titre  des  droits  réels  s'appliquant  à  l'immeuble  et  l'en- 
registrement du  titre  à  la  conservation  de  la  propriété  fon- 
cière, Elle  est  effectuée  par  le  conservateur  de  la  propnéfé 
foncière,  fonctionnaire  principalement  chargé  de  l'application 
de  la  loi,  de  la  rédaction  des  titres  de  propriété  et  de  la  tenue 
des  registres  fonciers. 

L'immatriculation  accomplie  a  un  effet  considérable  :  elle 
purge  l'immeuble  do  tous  droits  réels  et  charges  occultes  qui 
ne  sont  pas  révélés  en  un  temps  utile  et  qui  n'ont  pas  été  inscrits 
sur  le  registre  des  titres  de  propriété.  Aucun  recours  ne  peut 
être  exercé  contre  l'immeuble  par  les  détenteurs  de  droits  réels 
ainsi  dépouillés. 

Une  purge  à  laquelle  s'attachent  des  effets  aussi  énergiques 
pourrait  devenir  un  instrument  de  spoliation ,  si  elle  n'était 
précédée  d'une  procédure  destinée  à  avertir  les  tiers  et  prévenir 
les  abus.  Cette  procédure  a  été  organisée  avec  un  soin  particu- 
lier. Des  dispositions  beaucoup  plus  détaillées  que  celles  édic- 
■  Mes  par  VAcl  Torrens  ont  été  prises;  tandis  qu'en  Australie  les 


V.  ce  rapport,  p.  25  e[  s 


I 


308  LA    Tl'SISIE    DEPUIS    L  OCCCPATIO    FRANÇAISE 

droits  de  propriété  découlent  pour  la  plupart  de  concessions 
récentes  de  l;i  Couronne  consignées  dans  des  registres  publics, 
leur  origine  en  Tunisie  est  généralement  plus  ancienne,  plus 
obscure  et  plusdifliciie  à  établir;  de  là  tes  précautions  minutieu- 
ses dont  la  loi  entoure  leur  consolidation  définitive. 

l'ne  lai'ge  publicité  consistant  en  annonces  dans  les  jour- J 
naux,  eu  publications  dans  les  marchés  indigènes,  avertit  les! 
tiers  que  la  demande  d'immatriculation  est  formée.  i 

On  procède,  en  outre ,  au  bornage  de  l'immeuble.  C'est  en 
quelque  sorte  une  prise  de  possession  matérielle  qui  a  le  double 
avantage  de  pi-é  venir  les  voisins  et  d'éveiller  l'attention  des  liera, 
en  même  temps  qu'il  iixe  pour  l'avenir  les  limites  exactes  de 
l'immeuble  et  tarit  ainsi  une  source  fréquente  de  procès.  Cbê 
diverses  opérations  sont  constatées  sur  un  plan  annexé  au  titrt 
de  propriété  et  qui  fi.ie  ,  d'une  manière  irrévocable,  t'éteaduQ 
de  chaque  propriété  ;  ce  plan  rédigé  par  des  géomètres  officiels' 
pourra  fournir  les  éléments  futurs  d'un  plan  cadastral. 

Ces  diverses  mesures  sont  destinées  à  mettre  les  personnel 
capables  et  majeures  on  demeure  de  faire  leurs  revendication) 
et  de  veiller  à  la  défense  de  leurs  droits. 

Mais  il  fallait  assurer  aussi  la  protection  des  droits  des  inca- 
pables et  des  absents.  Cette  mission  incombe  particulièrement 
aux  magistrats  d'une  juridiction  spécialement  créée  par  la  lo 
nouvelle,  le  tribunal  mi\te,  qui  exerce  uue  action  prépondA 
cante  sur  la  procédure  d'immatriculation. 

Le  tribunal  mixte  est  une  innovation  de  la  toi  du  1"  juîll« 
1885  ;  sa  création  répond  à  un  besoin  spécial  :  on  a  pensé  qu'ï 
fallait  associer  A  l'œuvre  de  constitution  de  la  propriété  i 
juridiction  expéditive  chargée  de  surveiller  l'exécution  de  la  lo 
et  de  résoudre  les  litiges  que  son  application  ne  peut  manque; 
de  soulever, 

La  procédure  d'immatriculation  et  de  purge  constitue  pos 


LA    COLOMSATIO.X  309 

tous  ceux  qui  prétendeDl  des  droits  sur  un  immeuble  une  mise 
en  demeure  énergique  d'avoir  à  les  faire  valoir,  soiis  peiae  de 
déchéance.  Celte  mise  en  demeure  doit  fatalement  provoquer 
des  prétentions  contradictoires ,  des  revendications ,  des  opposi- 
tions de  la  part  des  intéressés.  Soumettre  au  Châra  qui,  en 
matière  immobilière,  est  la  juridiction  de  droit  commun,  tous 
les  procès  que  peut  susciter  l'application  de  la  loi  nouvelle, 
c'était  en  retarder  l'exécution,  à  raison  des  lenteurs  de  la  pro- 
cédure ;  c'était  surtout  s'exposer,  par  la  menace  de  procès  longs 
et  difficiles,  à  paralyser  le  bon  vouloir  des  propriétaires  dispo- 
sés à  adopter  le  nouveau  régime  immobilier. 

L'institution  du  tribunal  mixte  écarte  cette  difficulté  :  toutes 
les  oppositions,  tous  litiges  provoqués  par  l'application  de  la 
loi  lui  sont  soumis;  il  les  juge  sou^'erainemellt,  sans  appel, 
et  d'une  manière  sommaire.  Ses  décisions  sont  définitives  ;  elles 
fixent  irrévocablement  les  droits  des  parties.  Le  tribunal  saisi 
de  toutes  les  demandes  d'immatriculation  les  admet  ou  les  re- 
jette; il  prononce  sur  l'existence  ou  l'éteudue  des  droits  réels 
prétendus  sur  l'immeuble.  Sa  décision  fournit  au  conservateur 
les  éléments  essentiels  pour  la  rédaction  du  litre  de  propriété. 

Toutefois  il  a  été  admis  que  pour  tous  les  justiciables  du  tri- 
bunal français  opposants  à  une  immatriculation  requise  par  un 
justiciable  de  ces  mêmes  tribunaux ,  la  compétence  du  tribunal 
mixte  serait  facultative. 

l'our  assurer  toutes  garanties  aux  justiciables  de  nationali- 
tés diverses,  la  loi  a  voulu  que  le  tribunal  frtt  composé,  pour 
moitié,  de  juges  français  et  de  juges  indigènes,  de  manière 
que  les  magistrats  qui  statueront  soient  de  même  race  que  les 
parties  en  cause. 

Le  tribunal  mixte  n'a  pas  seulement  pour  mission  de  régler 
les  oppositions  et  de  statuer  sur  l'immatriculation  et  les  litiges 
mii  la  précèdent;  c'est  aussi  le  protecteur  désigné  des  intérêts 


310  LA    TUMSIK    DEPriS    L  OCCrPATION    FBAXÇAISË 

des  incapables  et  des  absents.  A  cet  effet,  il  est  investi  de  pou- 
voirs discrétionnaires  ;  il  prend  toutes  les  mesures  commandées 
par  leur  intérêt. 

Tels  sont  les  principes  essentiels  qui  ont  présidé  à  rorg^iù-. 
sation  de  cette  juridiction  :  elle  répond  à  cette  pensée  fonds- 
mentale  qne  l'œuvre  de  constitution  de  la  propriété  doit  èlre 
placée  sous  la  surveillance  et  le  contrôle  de  l'autorité  judi- 
ciaire, sans  que  pourttint  la  lenteur  tutélaire  de  ses  formes 
puisse  arrêter  la  prompte  exécution  d'une  entreprise  qui ,  pouf 
donner  tous  ses  résultats ,  doit  être  conduite  avec  rapidité. 

Après  qu'il  a  été  statué  sur  une  demande  d'inimatrtculatioil 
et  sur  les  litiges  qu'elle  a  soulevés,  le  conservateur  dresse  le* 
titre  de  propriété  avec  les  éléments  qui  lui  sont  fournis  par  ]« 
sentence  du  tribunal  :  l'original  du  titre  est  consigné  sur  oa. 
registre  déposé  h  la  conservation  de  la  propriété  foncière;  uu 
copie  est  remise  au  propriétaire.  A  partir  de  ce  moment,  l'orî-- 
gine  et  le  point  de  départ  de  la  propriété  sont  filés  d'une  ma- 
nière définitive  à  l'égard  de  tous;  l'immeuble  pnrgé  de  toutes^ 
les  charges  réelles  occultes  peut  faire  l'objet  de  transactions 
certaines.  Il  reste  à  montrer  comment  la  loi  a  organisé  la  pu- 
blicité des  transactions  ultérieures. 

C'est  dans  cette  partie  de  la  loi  du  1"  juillet  1885,  qu'on  s'est 
surtout  attaché  à  reproduire  tes  règles  fondamentales  de  la  lé« 
gislation  australienne.  Un  principe  domine  tout  le  système  de  1» 
loi  nouvelle  :  la  propriété  et  tes  droits  réels  n'existent ,  à  l'éganl 
des  tiers,  que  par  le  fait  de  l'inscription. 

L'adoption  de  ce  principe  entraînait  comme  conséquencet 
certains  changements  an  t^ode  civil.  Elle  nécessitait  tout  d'abord 
une  complète  extension  du  système  de  publicité  :  tous  les  acte* 
modifiant  la  condition  juridique  de  l'immeuble  devaient  être 
soumis  au  principe  de  l'inscription,  les  mutations  après  décâf' 
aussi  bien  que  les  actes  entre  vifs.  Ainsi  disparaissaient  touttil 


LA    COLONISATION  ;J11 

les  exceptions  au  principe  de  publicité  admises  pni"  la  loi  tlu 
23  mars  1855. 

L'abolition  des  privilèges  ou  hypotlièques  occultes  était  une 
conséquence  inévitnble  de  la  règle  nouvelle  :  aussi  la  loi  snp- 
prime-t-elle  tous  les  privilèges,  onéreux  pour  la  propriété, 
qui  perdent  leur  raison  d'être  dès  qu'ils  ne  valent  plus  que  par 
l'inscription;  les  hypotlièques  occultes  sont  depuis  longtemps 
signalées  par  d'excellents  esprits  comme  incompatibles  avec  un 
bon  régime  hypothécaire;  en  les  faisant  disparaître,  la  loi  se 
borne  à  suivre  un  exemple  donné  par  plusieurs  législations 
contemporaines  qui  ont  revisé  notre  Code  civil. 

Les  hypothèques  générales  ne  pouvaient  davantage  se  con- 
cilier avec  le  système  nouveau;  son  principe  même  exigeait 
que  toute  hypothèque  fût  spécialisée.  La  loi  nouvelle  consacre, 
sans  aucune  restriction ,  la  règle  de  la  spécialité. 

La  suppression  des  hypothèques  générales  et  occultes  portait 
une  grave  atteinte  aux  mesures  de  protection  que  notre  légis- 
lation a  cru  devoir  étabhr  au  profit  des  incapables  et  de  la 
femme  mariée,  en  créant  l'hypothèque  légale;  il  était  néces- 
saire d'organiser  un  système  de  garanties  remplaçant  celles 
qui  étaient  condamnées  i  disparaître.  La  loi  belge  et  les  pro- 
jets de  revision  de  notre  sy.stèmc  hypothécaire  élaboré  en  1850 
ont  imaginé  diverses  combinaisons  dont  la  loi  nouvelle  a  d\\ 
s'inspirer.  Au  commencement  du  mariage  et  de  la  tutelle,  on 
détermine  les  immeubles  grevés  d'hypothèque  et  les  sommes 
jusqu'à  concurrence  desquelles  elle  sera  prise.  Cette  hypothè- 
que peut  d'ailleurs  être  augmentée  ou  diminuée  au  cours  du 
mariage,  selon  les  circonstances.  Grâce  à  cette  disposition,  le 
crédit  du  mari  ou  tuteur  n'est  pas  alourdi  par  des  sûretés  réelles 
excessives;  quant  aux  incapables,  ils  trouvent  dans  ces  garan- 
ties, réduites  i  leur  juste  mesure,  toutes  les  protections  légitimes. 
L'bypothèque  judiciaire  devait  être  profondément  modifiée 


L 


I 


312  LA   TIKISIK   DEI>UtS    L  OCCUPAT t ON    FRANÇAISE 

et  réduite  par  l'application  du  principe  de  spécialité;  il  a  paru 
préférable  d'abolir  uae  iiistitutioa  dangereuse  pour  le  crédit, 
qui  établit .  au  profit  du  créancier  le  plus  diligent,  une  injuste 
illégalité  et  dont  la  suppression,  admise  par  beaucoup  de  lé- 
gislations ,  est  depuis  longtemps  réclamée  en  France. 

Lit  loi  nouvelle  ne  se  borne  pas  seulement  à  inodîûer,  dans 
un  sens  favorable  au  crédit ,  les  principes  essentiels  de  la  pu- 
blicité hypothécaire,  elle  en  a  transformé  l'organisation  pra- 
tique. Les  actes  soumis  à  la  publicité  ne  sont  plus  reproduils 
intégralement  sur  le  registre  des  titres  de  propriété;  on  se 
borne  A  inscrire  leurs  dispositions  essentielles  sur  le  titre  et  sur 
la  copie  du  titre.  Mais,  pour  permettre  de  vérifier  l'exactitude 
des  inscriptions  et  de  rechercher  toutes  les  transactions  dont 
un  immeuble  a  été  l'objet,  la  loi  exige  que  tous  les  actes  sou- 
mis à  la  condition  de  publicité  soient  déposés  &  la  conser- 
vation; chaque  immeuble  a  son  dossier  qu'il  est  toujours  facile 
de  consulter,  lorsqu'on  veut  connaître,  avec  précision,  s« 
condition  juridique. 

La  réforme  pratique  la  plus  importante  consiste  à  créer,  en 
quelque  sorte,  l'état  civil  de  l'immeuble  et  à  lui  donner  une 
individualité  juridique  indépendante  de  celle  du  propriétaire.! 
En  l'absence  d'un  plan  cadastral  d'ensemble,  on  ne  pouvail] 
songer,  comme  en  Australie,  à  désigner  chaque  immeuble  pi 
le  numéro  qu'il  occupe  sur  le  plan;  mais  la  coutume  loct 
fournissait  un  moyen  de  combler  celte  lacune  de  l'organisati 
foncif're.  En  Tunisie,  les  domaines  ruraux  d'une  certaine  îi 
portance  ont  reçu   un  nom  qui  sert  à  les  désigner  dans  ] 
actes  et  à  les  reconnaître;  ce  nom  permet  d'ouvrir  à  chaquel 
immeuble,  dans  un  répertoire  général,  une  sorte  de  comp!o] 
numérolé  où  viennent  se  grouper  les  extraits  de  toutes  les  ii 
criptions  qui  le  concernent.  On  a  ainsi  un  résumé  exact  des  pr 
cipaus  actes  qui  ont  modifié,  depuis  l'immatriculation,  la 


I 


LA    C0I,0MS.\T10\  313 

ioatioD  de  l'immeuble.  Des  tables  alptialiéUques  coatenant  les 
noms  de  tous  les  titulaires  des  droits  réels  ou  des  baux  inscrits  à 
la  conservatiou  vieaneiit  encore  faciliter  les  recherches  rela- 
tives à  la  propriété. 

Hais,  ce  résultat  n'est  pas  le  seul  que  poursuive  la  loi 
du  1"  juillet  1885,  elle  rend  les  transactions  immobilières  plus 
faciles  et  moins  coûteuses.  Le  concours  des  officiers  ministériels 
cesse  d'être  nécessaire,  puisque  tous  les  contrats,  môme  celui 
d'hypothèque,  peuvent  être  rédigés  en  la  forme  sous  seing 
privé;  en  outre,  le  principe  de  publicité  reçoit  une  extension  si 
absolue,  son  organisation  est  d'une  simplicité  telle  que  sans 
recourir  aux  lumières  d'un  praticien  habile,  tout  homme  pru- 
dent et  quelque  peu  accoutumé  aux  affaires  pourra  aisément 
vérifier  la  valeur  des  litres  dressés  par  le  conservateur  et  l'éten- 
due des  droits  qu'ils  confèrent.  Suivant  en  cela  l'exemple  de 
VAct  Torrens,  la  loi  organise  un  système  de  copies  de  litres  qui 
favorise  la  mobilisation  du  sol  et  le  développement  des  tran- 
sactions. 

Le  propriétaire  dont  l'immeuble  est  immatriculé  reçoit  une 
copie  de  son  titre  conforme  à  l'original  consigné  sur  le  registre 
de  la  conservation.  Comme  dan-s  le  système  Torrens,  aucune 
mention  ne  peut  être  faite  sut-  le  titre  sans  èlre  ég'aleraent  portée 
aur  la  copie;  le  titre  consigné  sur  le  registre  de  la  conservation 
est  toujours  la  représentation  exacte  de  la  situation  de  l'im- 
meuble, et  la  copie  qui  le  reproduit  textuellement  se  trouve 
entre  les  mains  du  propriétaire  de  l'immeuble.  Les  mutations 
sont  efTectuées  par  une  simple  inscription  sur  le  titre  et  sur  sa 
copie.  Le  système  de  mobilisation,  si  heureusement  expérimenté 
en  Australie,  peut  donc  s'appliquer  en  Tunisie  dans  des  con- 
dilious  identiques  et  tout  aussi  favorables. 

La  loi,  pour  compléter  ce  système  de  niobilisalion  du  sol, 
'avait  pas  à  autoriser  par  une  disposition  expresse  la  transmis- 


J 


31V 


LA   TUNISIE   DEITIS   L  OCCrPATtOS   FRASÇAISE 


sion  des  créances  hypothécaires  par  voie  d'cndossemeot  pore- 
gistré  à  la  consei'vation.  Cette  faculté  résultait  sufQsatnment  des 
principes  généraux  de  notre  droit  civil  combinés  avec  les  règles 
de  la  loi  nouvelle  et  notamment  avec  cette  disposition  que  le  coo- 
Irat  d'Iiypotht'qiie  peut  èlfi-  rédigé  par  acte  sous  seing  privé. 
Ajoutons  que  la  suppression  des  bypotlièques  générales  et  oc- 
cultes fait  dispnraltrc,  pour  la  Tunisie,  l'obstacle  principal  à  la 
circulation  des  titres  hypothécaires  et,  en  élargissant  le  cercle 
des  préteurs,  fournit  au  crédit  foncier  de  précieuses  i-essoiirces. 

Tels  sont  les  principes  fondamentaux  de  la  loi  Qoavelle.  On 
aura  une  idée  exacte  des  innovations  qu'elle  a  consacrées  si  l'oa 
ajoute  que  certaines  institutions  locales  ont  été  réglementées 
dans  un  sens  conforme  au  but  poursuivi.  Il  suFtira  de  signaler 
les  dispositions  relatives  au  droit  de  préemption  [cheffari]  si 
important  dans  la  Kégence  et  dont  l'abus  peut  devenir  une  gène 
des  plus  sérieuses  pour  les  transactions;  ce  droit  a  été  défini, 
son  exercice  rigoureusement  Hraité.  Il  en  faut  dire  autant  de 
l'enzel;  la  nature  et  la  portée  en  ont  été  précisées;  le  droit  do 
preneur  à  enzel  devient  un  véritable  droit  de  propriété,  sus- 
ceptible d'hypothéqué,  et  procurant  au  bénéficiaire  tous  les 
avantages  attachés  au  domaine  utile.  Ajoutons  enfin  que  Tera- 
phytéose,  le  droit  de  superficie  et  quelques  servitudes  admises 
par  la  coutume  locale  ont  fait  l'objet  de  règles  précises. 

Ces  dispositions  de  détail,  comme  tes  règles  de  fond  précé- 
demment exposées,  répondent  toutes  A  une  pensée  unique  ;  a** 
seoir  la  propriété,  développer  la  sécurité  du  gage  hypothécaire- 
et  des  transactions  immobilières  et,  par  lA  même,  doter  la  Tu-j 
nisie  de  ces  instruments  de  crédit  et  de  circulation  qui  sont 
comme  l'outillage  économique  nécessaire  aux  pays  neufs  et  aux 
colonies  agricoles. 

Mise  en  pratique  depuis  six  ans,  l'expérience  a  montré  que 
cette  œuvre  législative  donnait  satisfaction  aux  besoins  qui  l'ont 


I 


L.i   COLOMSATIOS 

dictée;  elle  honore  les  jurisconsultes  qui  l'oot  codifiée;  mais 
elle  était  trop  importante,  elle  repose  sur  des  principes  juridi- 
ques trop  nouveaux  pour  ne  pas  contenir  certaines  lacunesorî- 
ginelles,  réclamer  certains  amendements  que  le  temps  et  l'ap- 
plication pouvaient  seuls  mettre  en  lumii^re.  Plusieurs  décrets 
modificatifs  sont  donc  intervenus  à  diverses  époques.  Mais  la  loi 
encourait  toujours  un  reproche  :  l'immatriculation  représentait 
souvent  une  dépense  qui  faisait  reculer  les  propriétaires. 

Justement  préoccupé  de  cet  inconvénient,  M.  Massicault  ins- 
titua, en  novembre  1890,  une  Commission  chargée  d'étudier  les 
réformes  A  introduire  dans  le  fonctionnement  de  la  loi.  Cette 
Commission  s'est  livrée  à  un  travail  approfondi  et  elle  a  été 
assez  heureuse  pour  réduire  les  frais  d'immalricuiation  dans 
des  proportions  considérables  pour  les  petites  propriétés,  et 
très  importantes  pour  les  grandes.  Sur  celles-ci  l'économie 
atteint  environ  25?é  .  et  sur  celles-là  de  35  à  kb%.  Elle  a  réduit 
les  tarifs,  réduit  !e  nombre  des  expéditions,  supprimé  la  pré- 
sence du.juge  de  paix  et  du  caïd  aux  opérations  de  bornage ,  etc. 
Elle  a  mis  tous  les  frais  à  la  charge  du  Trésor,  qui  se  contente 
d'un  remboursement  partiel  à  raison  de  2.5^  environ  pour  les 
petites  propriétés,  50^  pour  les  propriétés  moyennes,  et  75^ 
pour  les  grandes  propriétés. 

Ce  remboursement  aura  Heu  à  forfait,  d'après  un  barème', 

I.  Bartroe  Ju  ri-mboiirsemciil  parliel  au  Trésor  de  l'ÉUl,  par  les  propriiHuirei, 
des  frais  d'imnialrliuliiiion  : 

1°  GoatenancËS  : 

île  0  A  100  hectares 1  fr.  |mr  lieclarn. 

de  100  à  âOO  hectares 100  fr.  et  0  fr.  75  par  beclare  en  plu»  its  cent 

premiers. 
de  SOO  à  1000  hectares 400  fr.   e[  0  fr.  50  par  hectare  en  plus  des  ciwi 

i  partir  de  1000  lieclares...       RM  fr.  et  o  fr.  25  par  heitjre  en   plus  des  mille 

2°  En  pins  trot 8  pour  mille  de  la  valeur  vénale  de  l'immenble. 
Le  minimum  de  la  peroeptlon  est  de  30  francs. 


LA   TITMISIB  DKPmS    L  OCCCP&TIOS  FUMÇAISK 

cic  sorte  que ,  dorénavant ,  chaque  propriétaire  pourra  calculer 
rt'-s  oxactoment  à  l'avance  la  dépense  qu'il  aura  à  supporter 
our  placer  su  propriété  sous  lu  béiiélicc  de  la  loi  immobiltèn;. 
La  Cominissioa  ne  s'est  pas  bornée  à  cette  réforme  fiscale  ;  elle 
k  en  môme  temps,  tantf>t  par  voie  de  conséquence,  tantôt  pour 
luieus  répondre  A  l'esprit  de  la  loi,  proposé  de  nouvelles  dispo- 
sitions qui  ont  été  tout  dernièrement  sanctionnées  à  Paris  par  j 
les  rainist<^res  compétents  '.  11  en  résulte  que  prés  de  quatre- 
alant  ont  reçu  une  rédaction 
t  donner  ici  le  texte  de  la  loi 


vingts  articles  ont  été  al 
nouvelle,  et  j'ai  crunéce 
mis  à  jour. 

J'y  ai  joint  le  décret  si 
terme  est  si  fréquemment  i 
regardé  comme  une  formt 
offre  d'autant  plus  d'intérêt  c 
A  la  reconnaissance  topogri 
livrer  ù  la  colonisation.  A  1' 
paiement  d'une  redevance  fixï 
que  d'uDQ  faible  somme  pourront  quand  même  mettre  en  va- 
leur, devenir  en  fût  propriétaires  d'immeubles  très  impor- 
tants-. 

1.  La  loi  modificatrice  porte  la  date  du  15  mars  18S3  (16  Chaban  1909). 

2.  V.  t.  !•',  p.  398  è  401. 


itrat  d'enzel.  Ce  liail  A  long 
ïn  Tunisie,  qu'il  peut  y  être 
lière  du  droit  de  propriété.  U 
?c  moment  que  l'on  procède 
lO  des  biens  hablious  pour  les 
de  ce  système,  moyennant  le 
des  cultivateurs  ne  disposant 


LOI 


SUR 


LA  PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE 

DU   19  RHAMDAN    1302  (1"  JUILLET  18^) 

MODIFIÉE 

PAR  LES  LOIS   DU   12  CIIABAN   1302  (16  MAI   1886)   ET   16  CIIABAN   1309 

(15  MARS  1892) 


TITRE  I 

Des  immeubles  —  De  leur  immatriculation 

Du  titre  de  propriété 

CHAPITRE  PREMIER 

DES    IMMEUBLES 

1 .  Les  dispositions  de  la  présente  loi  ne  régissent  que  les  im- 
meubles immatricule^  conformément  aux  prescriptions  du  cha- 
pitre II  du  présent  titre  et  les  droits  réels  sur  ces  immeubles. 

2 .  Les  dispositions  du  Code  civil  français  qui  ne  sont  contraires 
ni  à  la  présente  loi  ^  ni  au  statut  personnel  ou  aux  règles  de 
successions  des  titulaires  de  droits  réels  immobiliers,  s'appli- 
quent, en  Tunisie,  aux  immeubles  immatriculés  et  aux  droits 
réels  sur  ces  immeubles. 

3.  Les  biens  sont  immeubles,  ou  par  leur  nature,  ou  par  leur 
destination^  ou  par  l'objet  auquel  ils  s'appliquent. 


r  nature. 

5.  Les  moulins  à  veut  ou  à  t-au,  fisûs  sur  piliers  el  laisatit 
partie  du  bàtimcnl,  sont  aussi  immeubles  par  leur  aalure. 

G.  Les  récoltes  pendantes  par  les  racines,  cl  les  fruits  des 
arbres  non  encore  recueillis,  sont  pareillement  immeubles. 

Dte  (|Ue  les  grains  sont  coupés  et  les  fruits  détacitvs,  quoique 

n  enlcvt'-s,  ils  soûl  meubles. 

Si  une  partie  seulement  de  la  récolte  est  coupée,  cette  partie 
seule  est  meuble. 

7.  Les  coupes  des  bois  taillis,  ou  de  futaies  mises  en  coupes 
régîtes,  ne  devieiuient  meubles  qu'au  fur  et  à  mesure  que  les 
arbres  sont  abattus. 

8.  Les  animaux  que  le  proprit^taire  du  fonds  livre  au  fermier 
ou  au  métayer  pour  la  culture,  estimés  ou  tion ,  sout  censés 
immeubles  tant  qu'ils  demeurent  attacliés  au  fonds  par  l'efïcl 
de  hi  eouvenlion. 

Ceux  qu'il  donne  à  clieptel  l't  d'autres  qu'au  fermier  ou  mé- 
tayer, sont  meubles. 

9.  Les  tuyaux  servant  à  la  conduite  des  eaux  dans  une  maîsoa 
ou  autre  immeuble ,  sont  immeubles  et  font  partie  du  fonds  au- 
quel ils  sont  attacliés. 

10.  Les  objets  que  le  propriétaire  d'un  fonds  y  a  placés  pour 
le  service  et  l'exploitation  de  ce  fonds,  sont  immeubles  par 
destination. 

Ainsi,  sont  immeubles  par  destination,  quand  ils  ont  été 
placés  par  le  propriétaire  pour  le  service  et  l'exploitation  du 
fonds  : 

Les  animaux  attacliés  à  la  culture; 

Les  ustensiles  aratoires; 

Les  semences  données  aux  fermiers  ou  colons  partiaires; 

L«s pigeons  des  colombiers; 


1.01    Sl'R    LA    PROPRIETE    FO.NCItRE 


319 


I,es  lapias  des  gareunes; 
1^5  ruches  à  miel; 
Les  poissons  des  étangs; 

Les  pressoirs,  chaudières,  alambics,  cuves  et  tonnes; 
Les  ustensiles  nécessaires  à  l'exploitation  des  forges,  pape- 
teries et  auti-es  usines; 
Les  pailles  et  engrais. 

Sont  aussi  inimcLibles  par  destination,  tous  effets  mobiliers 
que  le  propnélaiie  a  altacUi-s  au  fonds  à  perpétuelle  demeure. 

II.  Le  propriétaire  est  censé  avoir  attaché  a  son  fonds  des 
effets  mobiliers  à  perpétuelle  demeure,  quand  ils  y  sont  scellés 
en  plâtre  ou  à  ciiaux  ou  à  ciment,  ou  lorsqu'ils  ne  peuvent  êtrt^ 
détachés  sans  Être  fracturés  ou  détériorés,  ou  sans  briser  ou 
détériorer  la  partie  du  fonds  à  laquelle  ils  sont  attaches. 

Les  glaces  d'un  appartement  sont  censées  mises  à  perpétuelle 
demeure,  lorsque  le  parquet  sur  lw[iiel  elles  sont  allacliées  fait 
corps  avec  la  boiserie. 

Il  en  est  de  même  des  tableaux  et  auties  ornements. 
Quant   aux  slalues,  elles  sont   iiinneublcs   lorsqu'elles  sont 
placées  dans  une  niche  pratiquée  exprès  pour  les  recevoir,  en- 
core qu'elles  puissent  être  enlevées  sans  fractures  ou  détério- 
ration. 

1  a.  Sont  immeubles ,  par  l'objet  auquel  ils  s'appliquent  : 
Les  droits  n'eu  immobiliers; 

I^es  actions  qui  tendent  à  revendiquer  un  immeuble. 
i3.  Les  droits  réels  immobiliers  sont  :  la  propriété  immobi- 
lière, l'enzel  et  la  rente  de  l'euzel,  l'usufruit  des  immeubles, 
l'usage  et  l'habltalion,  l'emphylbéose,  la  superficie,  les  servi- 
tudes foncières,  l'antichrèse,  1rs  privilèges  et  les  hypothèques. 
i4.  Les  fonds  de  terre  et  les  bâtiments  sont  les  seuls  immeu- 
bles susceptibles  d'immatriculation. 

i5.  Tout  droit  réel  immobiliern'existera,  à  l'égard  des  tiers, 


(jiic  [iiir  le  fait  et  du  Joui*  de  sou  iiiscriptîoa  à  la  conservalioa 
de  la  propriélé  foncière. 

iG.  LV'xisleiice  d'un  dioit  rcei  resullera ,  à  IVgard  des  liers, 
de  sou  luscriptîon;  l'annulaliou  de  cette  doruicre  ne  pourra, 
ïi  cas,  être  opposée  aux  tiers  de  boane  foi. 

ij.  Tout  bail  dépassant  une  année  devra  être  iascnl,  pour 
être  opposable  aux  tiers. 


CHAPITRE  II 
DE   l'iMMATRICLLATIDN   DBS  IHHRUBLB5 


Dispositions  gfinërales 

i8.  L'Immatriculation  a  pour  objet  de  placer  rimmcuble  t\m 
y  a  été  soumis  sous  le  régime  de  la  présente  loi, 

rg.  Tous  les  droits  réels  existant  sur  rimmeublc  au  moment 
de  l'immatrlculalion  sont  inscrits  sur  un  litre  de  propriété,  qui 
forme  leur  point  de  départ  unique  à  l'exclusion  de  tous  droiW 
antérieurs. 

20.  I.>es  immeubles  Immatriculés  ressortiront  exclusivement 
et  d'une  manière  définitive  à  lajurldictlondes  tribunaux  français. 

En  cas  de  contestations  sur  les  limites  ou  les  servitudes  d'im- 
meubles contigns,  lorsque  l'un  d'eux  sera  immatriculé  et  que 
l'autre  ne  le  sera  pas,  ta  juridiction  française  sera  seule  com- 
pétente, et  il  sera  fait  application  de  la  pn^nte  loi. 

ai.  Il  est  Institué  à  Tunis  une  conservation  de  la  propriété 
foncière  de  la  Régence. 

I^  conservateur  de  la  propriété  foncière  est  chargé  : 

1"  De  l'immairiculation  des  Immeubles; 

a"  De  la  constitution  des  litres  de  propriété; 


'  LOI   SUR   LA   PROPRIÉTÉ  FONCIÈRE  321 

3**  De  la  conservation  des  actes  relatifs  aux  immeubles  im- 
matriculés; 

4^  De  l'inscription  des  droits  et  charges  sur  ces  immeubles. 

aa.  L^immatriculation  est  facultative. 

Peuvent  seuls  requérir  l'immatriculation  : 

1**  I^  propriétaire  et  le  copropriétaire; 

a®  L'enzélistc  et  le  coenzéliste; 

3®  Les  détenteurs  des  droits  réels  énumérés  ci-après  : 

Usufruit,  usage  et  habitation,  emphytéose,  superficie,  anti- 
chrèse. 

4"*  Le  créancier  hypothécaire  non  payé  à  l'échéance  huit 
jours  après  une  sommation  infructueuse. 

5^  Avec  le  consentement  du  propriétaire  ou  enzéliste  ou 
copropriétaire  ou  coenzéliste,  les  détenteurs  des  droits  réels 
énumérés  ci-après  :  servitudes  foncières ,  hypothèques. 

Les  frais  de  l'immatriculation  seront ,  sauf  convention  con- 
traire, supportés  par  le  requérant. 

En  cas  de  saisie  immobilière  ou  de  Hcitation,  il  est  procédé 
conformément  au  Décret  sur  les  ventes  immobilières  poursuivies 
devant  les  Tribunaux  français  * . 

Toutefois,  le  copropriétaire  et  le  coenzéliste  non  requérants 
ou  leurs  créanciers  hypothécaires  pourront ,  par  voie  d'opposi- 
tion ,  demander  qu'il  soit  sursis  à  l'immatriculation  jusqu'à  ce 
qu'ils  aient  fait  procéder  au  partage  ou  à  la  licitation  des  im- 
meubles indivis. 

Dans  ce  dernier  cas,  l'art.  2  du  décret  sur  les  ventes  immo- 
bilières devant  les  Tribunaux  français  n'est  pas  applicable. 

1.  Voyez  à  la  suite  de  la  loi  (page  397)  ce  décret  en  date  du  16  mars  I892. 


LA  Tum8ii.  —  T.  II.  21 


LA    TLSrSIK    DEPUIS    I.  OCCOPATIOS   FHANÇ.\I5E 


SECTION  II 
De  la  procédure  d'immatriculatloi 


S  1 


-  De  la  dêclarntioH 


a3.  Tout  retiuci-ant  l'imniatriculallon  remet  au  conservateur 
(le  la  propriété  i'oncière ,  qui  lui  en  donne  récépissé ,  une  décla- 
ration signée  (te  lui  ou  d'un  fondé  de  pouvoirs  muni  d'une  pro- 
curation spéciale  et  contenant  : 

1"  Ses  noms,  prénoms,  surnoms,  qualités,  domicile  et  éut 
civil;  I 

2"  Élection  de  domicile  dans  une  localité  du  territoire  luai 
sien  ; 

3"  Description  de  l'immeuble  portant  :  déclaration  de  sa 
valeur  vénale  et  de  sa  valeur  locative;  indication  de  la  situation,  1 
c'est-à-dire  de  la  circonscription  de  justice  de  pai\,  du  caïdat, 
de  la  commune  ou  du  territoire,  de  la  eoiitenanee,  de  la  i-ueet' 
du  numéro,  s'il  s'agit  d'un  immeuble  situé  dans  une  ville,  di| 
nom  sous  lequel  il  sera  immatricule,  de  ses  tenants  et  aboi^' 
tissants,  ainsi  que  des  constructions  et  des  plantations  qui  petF 
vent  s'v  trouver; 

4"  Le  détail  des  droits  i-éels  immobiliers  existant  sur  l'ini 
meuble  avec  la  désignation  des  ayants-droit. 

Cette  pièce  est  établie  en  arabe  et  en  français  et  la  traducliol 
est  cerliliée  conforme  par  un  des  interprètes  assermentés,  Ub 
règlement  spécial  6xera  le  tarif  des  traductic 

Dans  le  ras  ou  le  requérant  ne  peut  ou  ne  sait  signer,  le 
conservateur  de  la  propriété  foncière  est  autorisé  à  signer  «n 
son  nom  la  réquisition  d'immatiiculatiun. 

Le  requérant  dépose ,  en  même  temps ,  que  la  déclaration  en 
arabe  et  en  français  certifiée  par  l'interpi-ète  assermenté,  tous 


A 


PROPKIKTE    FONCIËRE 


333 


les  litres  de  propt'iélé,  contrats,  actes  publics  ou  privés,  vl 
documents  quelconques,  avec  leur  traduction,  également  certi- 
fiée comme  il  est  dit  ci-dessus,  en  françaii^et  en  arabe,  de  nature 
à  faire  connaître  les  di-oîls  réels  existant  sur  l'immeuble. 

En  ce  cjui  concerne  les  titres  de  propriélé,  le  dernier  acte  de 
cliaque  titre  doit  ôuv  traduit  in  exCeiiso.  Pour  les  autres  actes 
contenus  dans  lo  tilrc  ou  pour  tout  autre  écrit  produit,  la 
traduction  llttéi'alc  peut  êtie  remplacée  par  un  i-elevc  som- 
maire de  tous  les  actes  ou  écrits  établi  conformément  aux  près- 
triptiiiiis  d'un  règlement  à  intervenir.  Le  Tribunal  mixte,  au 
cours  de  la  procédure  en  immatriculation,  pourra  toujours,  soit 
d'ofÏÏee,  soit  sur  la  demande  dos  parties,  ordonner  la  traduction 
in  extenso  totale  ou  partielle  des  titres  produits. 

]>s  tiei-s  détenteurs  des  titres  et  documents  dont  il  est  ques- 
tion ci-dessus,  sont  tenus,  sous  peine  de  tous  dommages-intérêts, 
de  les  déposer  dans  les  liuit  jours  qui  suivent  la  sommation  à 
eux  faite  par  le  reipiérant  l'immatriculation,  enli-e  les  mains  du 
conservateur  qui  leur  en  délivre  un  récépissé  sans  frais. 

I^e  conservateur  adresse  les  titres  et  documents  au  traducteur 
usser mente  désigné  par  le  requérant  rïmmalriculation. 

Ce  dernier  paye  directement  à  l'interprète  les  fiais  de  la  tra- 
duction. 

Il  est  interdit  à  l'interprète  de  communiquer  à  qui  que  ce  soit 
les  documents  ou  la  traduction. 

\ji-i  pièces  accompagnées  de  la  traduction  sont  remises  direc- 
tement, par  l'interprète,  au  conservateur  qui  en  fait  l'usage 
prescrit  par  l'article  3i  de  la  présente  loi. 

Après  décision  du  tribunal  mixte,  le  conservateur  remet  au 
déposant,  en  échange  du  récépissé  dont  il  est  parlé  plus  haut, 
soit  les  litres  communiqués  s'ils  ne  doivent  pas  être  conservé» 
au  dossier  de   l'immeuble,   soit,   au  cas   contraire,   copie   de 


32i  LA    TISISIK   ItEPtJIS    I.  OCCUPATION    FRANÇAISE 

Les  frais  des  copies  seront,  le  cas  écliéant,  avanci-s  par  li 
personne  ({uî  les  tleinandera ,  sauf  son  recours  contre  le  retjui'-- 
raot  l'immatriculation. 

34-  I^  requérant  déposera,  en  même  temps,  une  somiiK 
/■gale  au  montant  présumé  des  frais  d'immatriculation,  ainsi 
(ju'ils  seront  déterminés  par  un  règlement  ultérieur. 

;>  :2.  —  Des  publications,  du  bornarje  et  du  plan 

■i'}.  Dans  le  plus  hiff  délai  possible  après  le  dépôt  de  la  ri> 
quîbition  et  au  plus  lard  dans  les  dix  jours ,  le  conservateur  fait 
insérer  au  Journal  officiel  français  et  arabe,  un  entrait  du  texte 
de  celte  réquisition. 

Il  envoie  au  chef  du  service  topograpliique,  au  juge  de  paix 
du  canton  et  au  caïd  du  territoire  dans  lequel  se  trouve  l'im- 
meuble, un  placard,  extrait  du  Journal  officiel  reproduisant 
celte  insertion.  Le  juge  de  paix  et  le  caïd  lui  accusent  rt'ception 
de  cette  pièce. 

Dans  les  4^^  lieures,  le  juge  de  paix  l'iiflicbe  en  son  auditoire 
oii  elle  reste  jusqu'à  l'expiration  des  délais  fixés  par  l'article 
■i-]  ci-après;  le  caïd  fait  publier  l'extrait  de  la  réquisition  dans 
les  marcbés  de  son  territoii-e. 

sG.  Dans  les  quarante-cinq  jours  qui  suivent  cette  insertion, 
le  cbef  du  service  topographique,  après  avoir  prévenu  le  clieikii 
par  l'iulermédiaire  du  contrôleur  civil,  délègue  un  géomètre 
assermenté  pour  procc<der  au  bornage  provisoire  de  l'immeuble, 
en  présence  du  re{|uéraut  riminatriculaLÎon  ou  lui  dûment  ap- 
pelé, sans  s'arrêter  aux  protestations  qui  peuvent  se  produire, 
et  qui  sont  toujours  consignées  au  procès- verbal.  L«s  revendi- 
cations qui  se  manifestent  au  coui-s  des  opérations  sont  bornées 
sur  le  terrain. 

La  date  fixée  pour  le  bornage  est  portée  à  la  connaissance  du 


LOI    SUR    LA    PnOPRItTE    FOKCItRË 


325 


public  au  moins  vingt  joui-s  à  l'avance  et  le  procès-verbal  tie 
bornage  constate  les  diligences  faites  à  cet  effet. 

La  date  dv  lu  clôture  est  publiée  sonimaircmcnl  au  Journal 
officiel  arabe  et  fiançais. 

■  Le  procès-verbal  de  bornage  provisoii-e  est  remis  par  le  chef 
du  service  topograpliique  au  conservateur  de  la  propriété 
foncière. 

27.  Le  procès-verbal  de  l'opiTatioii  du  bornage  mentionne 
les  oppositions  formulées  par  les  tiers  intervenant  au  cours  de 
cette  opération. 

A  partir  du  jour  de  l'insertion  au  Journal  officiel  de  l'avis 
prescrit  par  l'article  a5,  jusqu'à  l'expiration  d'un  délai  de  deux 
mois  à  dater  de  l'insertion  au  Journal o/yiciel  de  l'ù\is  de  clôture 
du  procès-verbal  de  bornage,  les  oppositions  à  l'immalricula- 
tton  et  les  réclamations  contre  le  bornage  sont  reçues  par  le 
conservateur  de  la  propriété  foncière ,  le  juge  de  paix  ou  le  caïd, 
Ie5(]ucls  en  dressent  procès-verbal  et  le  signent  avec  les  parties. 
Si  les  parties  no  savent  ou  ne  peuvent  signer,  mention  expresse 
en  est  faite  au  procès- verbal. 

Les  oppositions  peuvent  également  être  formées  par  lettres 
missives  adressées  au  conservateur,  au  juge  de  paix  ou  au  caid. 

ïjes  oppositions  rerues  par  le  conservateur  et  le  juge  de  paix 
sont  menliounéesà  leur  date  sur  un  registre  coté  et  paraphé  par 
le  Président  du  tribunal  mixte. 

Les  oppositions  reçues  par  le  caïd  sont  mentionnées  sur  le 
i-egisire  dont  la  tenue  est  prescrite  par  le  Décret  du  6  rabiâ- 
et-tani  I2g'i. 
H     a8.  A  l'expiration  du  ddar  imparti  aux  oppositions  par  l'art, 
mS'j,  le  juge  de  paix  et  te  caïd  envoient  au  conservateur  de  la  pro- 
priété foncière  : 

1°  r^s  procès-verbaux  et  pièces  relatifs  aux  oppositions  por- 
tées devant  eux,  sinon  uu  certificat  nt'gatîf. 


:)36 


LA    TCNISrE   DEPUIS    L  OCCUPATION    FRANÇAISE 


2"  Les  certificats  coiistatuut  l'aicoinplisseinent  des  fonnaliti 
«l'affichage  à  la  justice  de  paix  ot  de  publications  dans  \tt 
tnsrclu-s. 

29.  I-e  chef  du  service  (opographique  est  tenu  de  n;metlre 
au  conservateur  de  la  piopriété  foncière,  dans  ua  délai  de  Iroipi 
mois  à  dater  de  rinserlîon  au  Journal  officie/  de  l'avis  d& 
olôtun-  du  procès-verbal  de  bornage,  un  plan  de  l'immeuble, 
dressé  conformément  à  ce  bornage,  si-lon  le  système  métrique, 
par  (in  géomètre  assermenté. 

Le  mode  d'établissement  et  les  frais  du  plan  font  l'objet  d'un 
l'èglement  spécial. 

:io.  Les  délais  prescrits  ci-dessus,  soit  pour  le  liornage,  s 
pour  le  dépôt  du  plan,  pourront  être  prorogés  exceptioanetle- 
ment  par  une  onloiinanee  molivce  du  Pit'-sident  du  tribunal 
mixte  institué  ci-après,  auquel  est  attribué  à  ce  sujet  un  pou- 
voir d'appréciation  discrétionnaire, 

I>es  demandes  de  prolongations  de  délai  devront  toujoun 
être  formulées  dans  les  délais  légaux. 

1;  ;t.  —  Des  incapabUi  et  non  présmla 

3i.  En  même  temps  qu'il  envoie  au  caid  el  au  juge  de  paii 
les  placards  l'epioduisant  l'insertion  uu  Journal  officiel, 
conservateur  adresse  au  greffe  du  tribunal  nii\tc  l'original  < 
cette  réquisition,  ainsi  que  les  titres  et  pièces  déposés  ii  l'upptl 
de  cette  déclaraliou.  Le  Président  désigne  immédiatement  1 
juge  de  ce  tribunal  pour  procéder  aux  enquêtes  et  rapport  t! 
les  conditions  ci-après  déterminées. 

Ce  juge,  outre  les  obligations  qui  lui  sont  imposées  par  l'ai 
tlcle  l\i  ci-après,  a  pour  mission  de  veiller  pendant  le  cours  i 
la  procédure  en  immatriculation  à  ce  qu'aucun  droit  inmiol» 
lier  des  incapables  ou  des  personnes  non  présentes  dans  la  RÀ 


LOI    SUR    LA    PBOPRtKTI^    KOKCIKRE  327 

geiicc,  ne  soit  Itisé;  et  à  cet  effet,  îl  procède  à  loules  vérifica- 
tloas  et  coquêtes  iiôcessaires.  Les  pouvoii'S  qui  lui  sont  conférés 
dans  ce  cas  sont  discrétionnaires. 

Sur  la  demande  du  juge  rapporteur,  faite  dans  l'intérêt  d'in- 
capables ou  de  non  présents,  le  Président  du  tribunal  mixte 
pourra,  dans  les  conditions  établies  par  l'article  3u,  accorder 
une  augmenlatiou  de  délai  à  l'elTel  de  former  opposition  en  leur 
nom  à  une  immatriculation.  Avis  sera  donné  de  cette  proroga- 
tion aux  fonctionnaires  charges  de  recevoir  les  oppositions, 

3a.  Pourront  toujours,  dans  les  délais  des  articles  i!}  à  3o, 
former  directement  opposition ,  au  nom  des  incapables  ou  non 
présents,  les  tuteurs,  représentants  légaux,  parents  ou  amis,  le 
Procureur  de  la  République,  les  juges  de  paix  et  les  radis. 


I 


SiCCTION  m 
Des  oppositions  A  l'immatriculation 
sj  1.  —  Composition  du  tribunal  mixte 


33.  Les  pièces  envoyées  par  le  caïd  et  le  juge  de  paix  ton- 
fonnément  à  l'article  a8  ci -dessus  seront  transmises  par  le 
conservateur  avec  les  oppositions  formées  directement  entre  ses 
mains,  au  greffe  d'un  tribunal  mixte  composé  d'un  président, 
de  six  membres  et  d'un  greffier,  uommés  par  S,  A.  te  Bey.  ïje 
Président  du  tribunal  mixte  sera  un  magistrat  fran(;;ais,  nommé 
sur  la  proposition  du  Ministre  Résident  de  France  à  Tunis.  Les 
membres  seront  proposés,  trois  par  le  tribunal  français,  trois 
par  leCliarà,  ou  à  sou  défaut  par  le  Gouvernement  tunisien. 
Le  greffier  sera  nommé  sur  la  proposition  du  tribunal  français. 

Le  conservateur  transmettra  également  au  greffe  de  ce  tri- 
bunal, dès  qu'il  lui  sera  remis,  le  plan  déposé  en  exécution  de 
l'article  20  ci-dessus. 


328 


LA    TfMSlK 


■VIS   h  OCCUPATION   VRAXÇAISS 


54-  l'Orsfju'il  o'y  aura  (jui;  des  justiciables  du  tribunal  fran- 
çais en  canse,  la  clianibrt>  qui  statui-ra,  sera  composée  de  trois 
magistrats  fraudais  ; 

Lorsqu'il  n'y  aura  que  des  Tunisiens  eu  cause,  la  cliambre 
qui  statuera  sera  composée  de  trois  magistrats  tunisiens; 

Et  lors(|u'il  y  aura  en  cause  des  Justiciables  du  tribunal  fran- 
çais et  des  tunisiens,  la  cliambre  saisie  sera  une  cliambre 
mixte,  composée  de  deux  magistrats  frant^-ais  et  de  deux  ma- 
gistrats tunisiens,  sous  la  piésidcjice  obligatoire  du  Président  du? 
tribunal  mixte  ou  de  son  délégué. 

Si  des  conflits  surgissaient  relativement  à  la  compétence  des 
diverses  chambres  du  tribunal  mixte,  ces  conllils  seraient  Iran- 
elles  souverainement  par  une  décision  du  tribunal,  toutes  cham- 
bres réunies. 


i 


g  2.  —  Compétence  el  pouvoirs  du  tribunal  mUte 

35.  Les  contestations  actuellemenl  pendantes  resteront  sou- 
mises aux   tribunaux  qui  en  sont  saisis,  et  l'immatriculalion  -d 
sera  suspendue  jusqu'à  décision  de  ces  tribunaux. 

A  partir  de  la  promulgation  de  la  présente  loi,  toute  per- 
sonne citée  pourra,  avaot  toute  défense  au  fonda  la  cilatioOf 
et  par  raccompIissemeuE  des  formalités  prescrites  par  les  art. 
aS  et  2/|  ci-dessus,  dessaisir  le  tribunal  compétent ,  à  condition 
qu'elle  suive  sur  sa  demande  eu  iinmatricuiation. 

36.  Dans  le  cas  où  une  opposition  à  une  immatriculation^ 
requise  par  im  Justiciable  des  tribunaux  français,  serait  formée 
par  un  justiciable  de  ces  mêmes  tribunaux,  il  sera  loisible  à  t 
dernier  de  la  porter  devant  la  juridiction  française,  pourvu 
qu'il  le  fasse  avant  toute  défense  au  fond  devant  le  tribunal 
mixte  et  pourvu  que  l'Instance  soit  fondée  sur  un  droit  existant 
entre  ses  mains  avant  l'insertion  au  Jcurnul  officiel  de  la  dé^ 
claration  d'immatriculation. 


LOI    Sim    LA    PROPRItTÉ    FO\CIÈRE 


Auquel  cas,  le  Iribunal  mixte 


[1  statuer  sur 


i'ailm 


sibilîté  de  la  domande  à  fin  A' 
cision ,  passée  en  forci-  de  clio 


imatriculalion,  jusqu'après  dé- 
juge, du  tribunal  compétent. 

3y.  Les  décisions  du  tribunal  mixte  m*  seront  susceptibles 
d'aucune  opposition,  appel  ou  recours  quelconque. 

T,e  tribunal  statuera  au  fond  sur  toutes  les  contestations 
autres  que  celles  prévues  au  ["  alinéa  de  l'article  35  et  à  l'ar- 
ticle 36.  11  prononcera  l'admission  ou  le  rejet,  en  tout  ou  en 
partie,  de  l'immatriculation  et  ordonnera,  en  cas  d'immatricu- 
lation, l'inscription  des  droits  réels  dont  il  aura  reconnu  l'exis- 
tence. 

En  cas  de  rejet,  les  parties  seront  renvoyées  à  se  pourvoir 
devant  la  juridiction  compétente. 

38.  Toute  personne  dont  les  droits  auraient  été  lésés  par 
suite  d'une  immatriculation  ou  d'une  inscription,  n'aura  jamais 
de  recours  sur  l'immeuble ,  mais  seulement ,  eu  cas  de  dol ,  une 
action  persoimelle  en  donimiiges-intércts  contre  l'auteur  du  dol. 

Les  ftrt.  içi  et  ^o  sont  ahrogt's. 

'l  I .  Le  greffier  remet  au  juge  rapporteur  commis  par  le  Pré- 
sident du  tribunal  mixte,  couformément  à  l'article  3i  ,  les 
pièces  que  lui  aura  transmises  le  conservateur  en  vertu  des  ar- 
ticles 3i  et  33. 

Ce  magistrat  fournit  au  clief  du  service  topograpliique  tous 
les  renseignements  nécessaires  pour  le  mettre  à  même  de  pro- 
céder au  bornage  et  lui  communique  au  besoin  les  titres  de  pro- 
priété qu'il  serait  utile  de  consulter.  Il  met  les  opposants  en 
demeure  de  lui  faire  parvenir  leur  requête  introductive  d'ins- 
tance dans  un  délai  de  quinze  jours  augmenté  des  délais  de 
distances  en  vigueur  en  Tunisie  près  de  la  juridiction  française. 

Si,  dans  ce  délai,  la  requête  introductive  d'instance  n'est 
pas  produite,  le  tribunal  déclare  la  réclamation  décime. 

I^  requête  introductive  d'instance  doit  contenir,  indépen- 


i    TCMSll^   DEPUIS   LOCCUPATIOX    FRA>ÇAtSE 

(liiiiiiiieiit  (l'une  cleotioii  de  domicile  à  Tunis,  Ions  les  mo^ei 
invoqués  par  le  rcclamant  ft  «tre  accompagnée  des  pîi'ces 
Tappui,  avec  leur  Iraduclion  en  arahe  et  en  Français,  corlifiû 
comme  îl  est  dit  à  l'article  33.  Le  rapporteur  invite  le  requé' 
raut  l'inimalriculaiion  à  vn  pi-entlre  connaissance  au  grt-Efe  du 
tribunal  niixle,  sans  déplacement,  et  à  répondre  par  écrit  dan» 
un  dclai  déterminé. 

Après  le  rapport  qui  est  fait  sur  chaque  affaire  par  le  juge 
commis,  les  parties,  si  elles  en  onl  fait  la  demande  par  écrit, 
peuvent  présenter,  soit  en  personne,  soit  par  maudataire,  leurs 
observations  verbales,  sur  les  points  seulement  qui  auront  été 
développés  dans  les  requêtes  ou  mémoires. 

Peuvent  seul»  être  cliolsis  comme  mandataires  :  les  avocats 
défenseurs ,  les  avocats  membres  du  barreau  français  et  tes  per- 
sonnes admises  à  représeuter  les  parties  à  i'Ouzara. 

I.<s  parties  sont  averties,  Imll  jours  au  moins  à  l'avance,  du 
jour  oii  l'affaire  sera  appeltv  en  séance  publique. 

Les  notifications  à  faire  aux  parties  intéressées  par  tes  magis- 
trats, fonctionnaires  et  officiei-s  ministériels  en  matière  d'im- 
inatriculatton  et  d'inscription  sont  faites  administrattvemeat 
par  l'intermédiaire  des  contrôleurs  civils,  des  présidents  de 
municipalités  ou  des  calds  qui  en  retirent  un  récépissé  et  l'a- 
dressent à  l'auteur  de  la  nolification.  Une  minute  de  cette  noti- 
licatton  el  l'accusé  de  réception  sont  joints  au  dossier  <le  cha- 
que immeuble. 

Les  notifications  à  faire  en  pareille  matière  par  les  parties 
aux  magistrats,  fonctionnaires  et  officiers  ministériels,  peu- 
vent  être  faites  jjar  lettres  recommandées  à  la  poste. 

Celles  que  les  parties  se  font  entre  elles  sont  remises  aux 
grefiiers  qui  procèdent  admiaistrativement  par  les  intermédiaï* 
res  indiqués  ci-dessiis. 

43.  Toute  demande  en  immatriculation  fait  l'objet  d'une  d^ 


J 


cisioQ  du  tribunal  mixte  rendiio  en  audlenct^^  publiijiie,  après 
délibéré  hors  la  présence  des  parties,  et  qui  statue  sur  son  ad- 
missibilité totale  ou  partielle,  fait  rectifier  le  bornage  et  le  plan, 
s'il  y  a  lieu,  et  relate  les  inscriptions  à  porter  sur  le  titre  de 
propriété. 

Elle  est  signée  par  tous  les  membres  qui  y  ont  pai-ticipû  et 
classée  aux  minutes  du  greflé.  Tout  le  dossier  est  renvoyé  au 
conservateur  de  la  propi'iété  foncière. 

IjCs  parties  i-eçoivent  du  grelle  l'avis  (le  la  décision  du  tri- 
bunal mixte. 

I^  conservateur  procède  ù  l'immatriculation  sur  l'expédition 
conforme  de  la  même  décision  qui  lui  est  délivrée  par  le  grcf- 
lîer,  après  avoir  été  contresignée  par  le  Président  du  tribunal 
mixte. 

L'immatriculation  n'est  effecluée  qu'après  recliGcation  du 
bornage  et  du  plan,  s'il  y  a  lieu. 

Le  conservateur  annule  et  annexe  à  ses  archives,  comme 
il  est  dit  à  l'article  5o,  les  anciens  titres  de  propriétés  produits 
à  l'appui  de  la  réquisition  d'immatriculation. 

Toutefois,  si  ces  titres  coacernent,  outre  la  propriété  imma- 
triculée, un  inuneuble  distinct  de  cette  propriété,  le  conserva- 
teur remet  aux  parties  le  titre  commun,  après  y  avoir  apposé 
une  mention  d'annulation  relative  à  l'immeuble  immatriculé. 

Cette  mention  est  établie  en  langue  française  et  signée  par  le 
conservateur;  elle  est  suivie  de  sa  traduction  en  arabe  certifiée 
par  un  interprète  assermenté. 

En  même  temps  qu'il  procède  à  l'immatriculation  d'un  im- 
meuble, le  conservateur  inscrit  les  droits  réels  immobiliers  exis- 
tant sur  cet  immeuble,  tels  qu'ils  résultent  de  la  décision  du 
tribunal  mixte. 

Les  parties  du  domaine  public  comprises  dans  un  immeuble 
(nmatriculé  ne  sont  pas  assujetties  à   l'immatriculatioa  et  les 


33Î  L-%  TmSIE  DEPUIS  L'occtrpATiox  nuïCCAISS 

(li'oils  qui  s'y  appliquent  subsistent  indépendamment  de  loule 
insci-iplion . 

43.  Les  frais  des  instances  devant  te  tribunal  mixte  et  devant 
les  autrfs  juridictions  sont  supportés  par  la  partie  qui  succombe. 

Il  n'est  passé  vn  Inxc,  pour  li'S  contestalious  devant  le  tri- 
liunal  mixte,  que  les  Irais  des  sîgniBcations  s'il  y  a  lieu. 

lorsque  le  tribunal  mixte  aura  ordonne  une  mesure  prépara- 
toire telle  qu'expertise,  enquête,  descente  sur  les  lieux,  de  na- 
ture à  occasionner  des  frais,  le  Président  du  tribunal  mixte 
fera  une  évaluation  approximative  de  ces  frais;  le  montant  de 
celle  évaluation  devra  être  déposé,  préalablement  à  l'opératloa 
urdonut'e,  entre  les  mains  du  conservateur  de  la  propriété 
foncière  par  le  requérant  l'immatriculation. 

L'opération  terminée,  les  frais  de  cette  opération  seront  dé* 
finilivement  taxés   [>ar  le  Président  du   tribunal  mixte, 
conservateur  payera  à  qui  de  droit  d'après  cette  taxe. 

CHAPITRE  m 

DU    TITBB    DR    rBOPRIÉTÉ 

KECTION  I 
De  rétablissement  du  titre  de  propriété 

44-  Cliaque  immatriculation  donne  lieu  à  l'établissement ^s 
par  le  conservateur  de  la  propriété  foncière,  d'un  litre  en  lan-l 
gue  française  comportant  la  description  de  l'immeuble,  sa  coa-i 
tenance,  les  plantations  et  constructions  qui  s'y  trouveut 
l'inscription  des  droits  réels  immobiliers  existant  sur  l'immeuble! 
et  des  charges  qui  le  grèvent. 

I^e  plan  y  reste  annexé. 

Chaque  litre  de  propriété  porte  un  numéro  d'ordit 

45.  I^es  titres  de  propriété  seront  établis  sur  un  registre  doaU 
la  forme  sera  réglée  par  l'administration. 


LOI    SIR    LA    PROPRIKTE    FONCIERE  333 

46.  Lors(]ii'iiti  immeuble  est  flivisé  soit  par  suite  de  ciômcm- 
bi'cmenl,  soit  par  suite  de  partage,  il  est  procédé  au  bomag»; 
de  chacun  des  lots  par  un  géomètre  assermenté  qui  rapporte 
cette  opération  sur  une  expédition  du  plan.  II  est  établi  un  titre 
et  un  plan  distincts  pour  chacune  des  divisions  de  l'immeuble. 

Toutefois,  en  cas  de  mutations  partielles,  il  n'est  pas  néces- 
saire d'établir  un  nouveau  titre  pour  la  partie  de  l'immeuble 
qui,  ne  faisant  pas  l'objet  d'une  transmission,  reste  en  posses- 
sion du  propriétaire. 

Le  titre  déjà  délivré  et  le  plan  qui  y  est  joint  peuvent  être 
conservés  après  avoir  été  revêtus  des  mentions  utiles. 

47-  Le  titre  de  propriété  et  les  inscriptions  conservent  le 
droit  qu'ils  relatent,  tant  qu'ils  n'ont  pas  été  annulés,  rayés  ou 
modifiés. 

4^-  Loi'sque  le  titre  de  propriété  sera  établi  au  uom  d'un 
mineur  ou  de  tout  autre  incapable,  l'âge  du  mineur  et  la  nature 
de  l'incapacité  seront  indiqués  sur  le  litre. 

Lorsque  l'état  de  minorité  ou  d'incapacité  aura  pris  fin,  le 
mineur  devenu  majeur,  ou  l'incapable,  devenu  capable,  pourra 
obtenir  la  rectification  de  son  titre. 

4g.  Lorsque  le  titre  de  propriété  sera  établi  au  nom  'l'une 
femme  mariée,  qui,  d'après  son  statut  persoimel,  n'aurait  pas 
la  libre  administration  de  ses  biens,  mention  de  cet  état  sera 
faite  sur  le  litre.  Lorsque  la  femme  reprendra  la  libre  adminis- 
tration de  ses  biens,  elle  pourra  obtenir  la  modification  de  son 
titre. 

5o.  Lorsque  le  conservateur  établira  un  nouveau  litre  de 
propriété,  il  annulera  le  précédent,  en  y  apposant  une  mention 
spéciale  d'annulation  signée  de  lui,  avec  le  timbre  de  la  conser- 
vation et  uue  griffe  d'annulation  apposée  sur  toutes  les  pages. 
Il  annulera  de  la  même  façon  la  copie  et  la  conservera  dans  ses 


^^^lives. 


1 


L.\  Tt'MSIK    URPnS    L  fHLCUPATIOX    FRAKÇAISK 


SECTION  II 
D«s  copies  des  titres  de  propriété 
5i.  Tout  propriétaire  ou  onzelïsle 


l'exclusloa   de  tous 
mplète  du  titre  de 


autres,  aura  droit  û  une  copie  exacte  et  ( 
propriété. 

Cette  copie  sera  nominative  et  le  cooservaleur  en  certifitTa 
l'autlienticité  en  y  apposant  sa  signature  et  le  timbre  de  la  con- 
servation. 

Les  autres  intéressés  n'auront  droit  qu'à  la  délivrance  de 
cerlilirals  d'inscription. 

5a.  Lorsque  deux  ou  plus  de  deux  personnes  seront  proprié- 
taires indivis  d'un  immeuble,   des  duplicata  authentiques  du 
litre  de  propriété  seront  délivrés  au  nom  de  lous  les  propi 
laires  indivisément  et  à  chacun  d'eux. 

SECTION  III 
Des  oppoaitlona  conaeirvatolres 

53.  Toute  demande  tendant  à  faire  prononcer  l'annulatioo 
ou  la  modification  de  droits  réels  immobiliers  pourra  être  men- 
tionnée sommairement  sur  te  titre  avant  d'être  portée  devant  le 
tribunal.  Cette  inscription  devra  être  autorisée  par  ordonnance 
du  Président,  rendue  sur  rei|uéle  et  à  charge  de  lui  en  réft^rer, 

I>ii  validité  des  inscriptions  ultérieures  restera  subortionut'f  it 
la  décision  judiciaire. 

5.^.  Si  la  demande  n'a  pas  été  inscrile,  le  jugement  n'aura 
d'effet,  vis-à-vis  des  tiers ,  qu'à  dater  (lu  jour  de  son  inscription. 

55.  Tout  commandement  à  fin  de  saisie  immobilière  pourra 
cire  signillé  au  conservateur  de  la  propriété  foncière  qui  l'ina- 
crira  sur  le  litre.  A  partir  de  cette  signification,  aucune  inscrip- 
tion nouvelle  ne  pourra  être  prise  sur  l'immeuble  pendant  le 
cours  de  l'instance  en  expropriation  ou  licitation. 


3 


LOI   àUR   LA  PROPRIÉTÉ  FONCIÈRE  335 


TITRE  II 

De  la  propriété  immobilière 

56.  La  propriété  Immobilière  est  le  droit  de  jouir  et  disposer 
d'un  immeuble  par  nature  ou  par  destination  de  la  manière  la 
plus  absolue ,  pourvu  qu'on  n'en  fasse  pas  un  usage  prohibé  par 
les  lois  ou  par  les  règlements. 

57 .  Nul  ne  peut  être  contraint  de  céder  sa  propriété ,  si  ce 
n'est  pour  cause  d'utilité  publique  et  conformément  aux  lois 
tunisiennes  en  vigueur  sur  les  expropriations. 

58.  La  propriété  d'un  immeuble  donne  droit  sur  tout  ce 
qu'il  produit  y  et  sur  ce  qui  s'y  unit  accessoirement,  soit  na- 
turellement ,  soit  artificiellement. 

Ce  droit  s'appelle  droit  d'accession. 


CHAPITRE  I 

Dl'   DROIT    d'accession  SUR  CE  QUI  EST   PRODUIT  PAR   l'iMMEUBLE 

59.  Les  fruits  naturels  ou  industriels  de  la  terre; 
Les  fruits  civils; 

Le  croit  des  animaux , 

Appartiennent  au  propriétaire  par  droit  d'accession. 

60.  Les  fruits  produits  par  l'immeuble  n'appartiennent  au 
propriétaire  qu'à  la  charge  de  rembourser  les  frais  des  labours^ 
travaux  et  semences  faits  par  des  tiers. 

Gi.  Le  simple  possesseur  ne  fait  les  fruits  siens  que  dans  le 


336  LA   TUNISIE  DEPUIS   L  OCCUPATION  FRANÇAISE 

cas  OU  il  possède  de  bonne  foi;  dans  le  cas  contraire,  il  est  tenu 
de  rendre  les  produits  avec  Timmeublc  au  propriétaire  qui  le 
iwendique. 

()2.  Le  possesseur  est  de  bonne  foi  quand  il  possède  comme 
propriétaire,  en  vertu  d'un  titre  dont  il  ignore  les  vices. 

Il  cesse  d*étre  de  bonne  foi  du  moment  où  les  vices  de  sa 
possession  lui  sont  connus. 


(JHAPITRE  II 


DU   DROIT   d'accession   SUR   CE   QUI   s'UNIT   ET   s'iNCORPORE 

A   l'immeuble 


G3.  Tout  ce  qui  s'unit  et  s'incorpore  à  l'immeuble  appartient 
au  propriétaii*e,  suivant  les  règles  qui  seront  ci-après  établies. 

G/|.  La  propriété  du  sol  emporte  la  propriété  du  dessus  et  du 
dessous. 

I^e  propriétaire  peut  faire  au-dessus  toutes  les  plantations 
et  conslriiclions  qu'il  juge  à  propos,  sauf  les  exceptions  établies 
au  Titre  NUI  de  la  présente  loi. 

1!  peut  faire  au-dessous  toutes  les  eonstruclions  et  fouilles  qu'il 
jugera  à  propos,  et  tirer  (K*  res  fouilles  tous  les  produits  qu'elles 
peuvent  fournil",  sauf  l(»s  modiliealions  résultant  des  lois  et  règle- 
nuMits  relatifs  aux  mines,  aux  objets  d'art  et  d'antiquité,  et  des 
lois  et  règlenienls  de  police. 

(V).  Toutes  conslruclious,  planlalions  et  ouvrages  sur  lui  ter- 
rain ou  dans  TinliMMeur,  sont  présumés  faits  par  le  proprié- 
taire à  ses  frais  et  lui  appartiîuir,  si  le  contraire  n'est  prouvé. 

06.  Le  propriétaire  du  sol  qui  a  fait  des  constructions,  plan- 
tations et  ouvrages  avec  des  matériaux  (jui  ne  lui  appartenaient 
pas,  doit  en  paver  la  valeur;  il  peut  aussi  être  condamné  à  des 


LOI    SUR    I.A    PROPRIKTK    FU.VCIÉIIK 


Dimages  et  inU^rêls,  s'il  y  .1  Heu;  mais  le  propriêlaire  des  ma- 
(  n'a  pas  le  droit  de  les  enlever. 

67.  Lorsque  les  plantations ,  conslructîons  et  ouvrages  ont  été 
faits  par  uu  tiers  et  avec  ses  matériaux ,  le  propriétaire  du  fouds 
a  le  droit  ou  de  les  retenir,  ou  d'obliger  ce  tiers  à  les  enlever. 

Si  le  propriétaire  du  fonds  demande  la  suppression  des  plan- 
tations et  constructions,  elle  est  aux  frais  de  celui  qui  les  a 
faites,  sans  aucune  indenmité  pour  lui;  il  peut  même  être  con- 
damné à  dos  dommages  et  intérêts,  s'il  y  a  lieu,  pour  le  pré- 
judice que  peut  avoir  éprouvé  le  propriétaire  du  fonds. 

Si  le  propriétaire  préfï;re  conserver  ces  plantations  et  cons- 
tructions, il  doit  le  remboursement  de  la  valeur  des  matériaux 
et  du  prix  de  la  main-d'œuvre ,  sans  égard  à  la  plus  ou  moins 
grande  augmentation  de  valeur  que  le  fonds  a  pu  recevoir. 
Néanmoins,  si  les  plantations,  constructions  et  ouvrages  ont  été 
faits  par  un  tiers  évincé ,  qui  n'aurait  pas  été  condamne  à  la  res- 
titution des  fruits,  attendu  sa  bonne  foi,  le  propriétaire  ne 
pourra  demander  la  suppression  desdits  ouvrages ,  plantations  et 
constructions;  mais  il  aura  leclioix,  ou  de  rembourser  la  valeur 
des  matériaux  et  du  priv  de  la  main-d'œuvre,  ou  de  rembourser 
une  somme  égale  à  celle  dont  le  fonds  a  augmenté  de  valeur. 

G8.  Les  atterrissements  et  accroissemenis  qui  se  forment  suc- 
cessivement et  imperceptiblement  aux  fonds  riverains  d'un 
fleuve  ou  d'une  rivière  s'appellent  alluvion. 

L'alluvioo  profile  au  propriétaire  riverain,  à  la  charge  de 
laissiïr  le  marcliepied  ou  chemin  de  lialage,  conformément  aux 
règlements. 

G9.  Il  en  est  de  même  des  relais  que  forme  l'eau  courante 
qui  se  retire  insensiblement  de  l'une  de  ses  rives  en  se  portant 
sur  l'antre;  le  propriétaire  de  la  rive  découverte  profite  de  i'al- 
luvion,  sans  que  le  riverain  du  coté  opposé  y  puisse  venir  ré- 
,  clamer  le  terrain  qu'il  a  perdu. 


Ch  tk  TLMalE.  — 


338 


LA   TCSISIE  DRPUIS   L  OCCUPAT  10 S    KRA.XÇAISE 


Ce  droit  n'a  pas  lieu  à  l'égai-d  des  reluis  de  la  iiici-. 

-o.  L'alluvion  n'a  pas  lieu  â  IVgiird  des  étangs  doDt  le  pra 
prictaii'p  conserve  toujours  le  terrain  C[ue  l'can  couvre  quao 
elle  est  à  la  liautcur  de  la  déchaîne  de  l'élaug,  encore  que  il 
volume  de  l'eau  vienne  à  diminuer. 

Kéeiproqiienient  le  propriétaire  de  l'étang  n'acquiert  aucui 
droit  sur  les  terres  riveraines  que  son  eau  vient  à  couvrit 
des  crues  extraordinaires. 

^1.  Si  un  fleuve  ou  une  rivière,  navigable  ou  non,  enlèi 
par  une  force  subite  une  partie  considérable  et  recouitaissaUi 
d'uti  cbamp  riverain  et  la  porte  vers  un  ciiamp  inférieur  ou  i 
la  rive  opposée,  le  propriétaire  de  la  partie  enlevée  peut  i 
clamer  sa  propriété;  mais  11  est  tenu  de  former  sa  demande  dans 
l'année  :  après  ce  délai ,  il  n'y  sera  plus  recevable ,  à  moins  c|u6 
le  propriétaire  du  cbamp  auquel  la  partie  enlevée  a  été  i: 
n'ait  pas  encore  pris  possession  de  celle-ci. 

^2.  Les  îles,  îlots,  atterrissenients  qui  se  forment  daus  le  lit  des 
fleuves,  des  rivières  ou  des  cours  d'eau,  appartiennent  à  l'Etat 

7'i.  Si  un  cours  d'eau ,  une  rivière  ou  un  fleuve,  en  se  fonnuoi 
un  bras  nouveau ,  coupe  et  embrasse  le  cbamp  d'un  propnélain 
riverain  et  en  fait  une  île,  ce  propriétaire  conserve  la  propriété 
de  son  cliamp. 

-4-  Si  un  fleuve  ou  une  rivière  se  forme  un  nouveau  coui 
en  abandonnant  son  ancien  lit,  les  propriétaires  des  fonds  nou^ 
vellement   occupés  prennent,  à  titre  d'indemnité,  l'ancien 
abandonné  chacun  dans  la  proportion  du  terrain  qui  lui  a 
enlevé. 

^5.  I^s  accroissements  ou  modiCicalions  d'un  immeuble  psi 
l'un  des  moyens  énoncés  dans  les  articles  68,  69,  71  et  ^4  c* 
des$us,  peuvent  donner  lieu  à  la  reclificalion  du  titre  de  pn 
priété,  du  bornage  et  du  plan. 

Elle  sera  autorisée  par  le  tribunal  de  la  situation  de  l'i» 


LOI   SUR   LA   PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE  339 

meuble,  sans  quUI  soit  nécessaire  d'accomplir  les  formalités 
prescrites  par  le  Chapitre  II  du  Titre  I  de  la  présente  loi. 

Il  sera  procédé  de  même  pour  la  rectification  d*un  chemin 
public  bordant  ou  traversant  une  propriété  immatriculée  si  cette 
rectification  entraîne  l'incorporation  à  ladite  propriété  de  ter- 
rains provenant  du  Domaine  Public. 

76.  Les  pigeons,  lapins,  poissons,  qui  passent  dans  un  autre 
colombier,  garenne  ou  étang,  appartiennent  au  propriétaire 
de  ces  objets,  pourvu  qu'ils  n'y  aient  point  été  attirés  par 
fraude  et  artifice. 

CHAPITRE  III 

DU   DROIT   DE   PRlÉEMPTION 

77.  La  préemption  est  le  droit  reconnu  à  tout  copropriétaire 
indivis  d'un  même  immeuble,  h  tout  cohéritier  sur  les  immeu- 
bles delà  succession,  atout  copropriétaire  divis  d'une  maison 
d'habitation,  au  superficiaire  pour  l'acquisition  du  sol  et  au  pro- 
priétaire du  sol  pour  l'acquisition  de  la  superficie,  d'acquérir 
la  portion  vendue  à  un  tiers ,  en  se  substituant  à  cet  acquéreur^ 
iTioyennant  le  remboursement  du  montant  de  la  vente  avec  le 
prix  des  améliorations  et  les  loyaux  coûts  du  contrat. 

78.  Ce  droit  sur  un  même  immeuble  s'exercera,  par  voie  de 
préférence ,  dans  l'ordre  suivant  : 

I**  Le  propriétaire  du  sol  vis-à-vis  du  superficiaire  et  réci- 
proquement ; 

2**  Les  cohéritiers  ; 

3*  Les  copropriétaii^es  divis  ou  indivis. 

Pour  ces  deux  dernières  catégories,  celui  qui  a  la  part  la  plus 
considérable  sur  l'immeuble  sera  préféré  à  celui  qui  a  une  part 
moindre. 


3i0  LA   TUNISIE   DEPUIS    l'OCCUPATION   FRANÇAISE 

Ëii  cas  d'égalité,  le  sort  décidera  entre  ceux  qui  veulent  béné- 
ficier de  la  préemption. 

79.  S'il  y  a  contestation  sur  l'importance  de  leur  part,  le  Pré- 
sident du  tribunal ,  sur  ordonnant ,  la  fera  déterminer  par  un 
expert . 

Ia:  tirage  au  sort,  en  cas  d'égalité ,  se  fera  devant  le  greffiiT 
du  tribunal  qui  en  dressera  procès-verbal. 

80.  Le  cohéritier,  le  copropriétaire,  le  propriétaire  du  sol  ou 
le  superdciaire  (jui  voudra  exercer  la  préemption ,  devra  en  faire 
une  notification  à  l'acquéreur  de  l'immeuble  dans  le  délai  de  hui- 
taine augmenté  du  délai  des  distances,  sans  que  ce  délai  puisse 
jamais  être  supérieur  à  deux  mois,  à  partir  du  jour  où  ils  auront 
eu  connaissance  de  la  vente,  avec  offres  réelles  de  remboursera 
Tacciuéreur  son  prix  d'aapiisition  ainsi  que  le  prix  des  amélio- 
rations et  tous  les  loyaux  coûts  accessoires. 

Passé  ce  délai ,  ils  seront  déchus  de  l'exercice  de  ce  di*oit. 

81.  L'acquéreur,  après  inscription  de  son  droit,  pourra  no- 
tifier son  contrat  d'acquisition  à  tout  ayant  droit  à  la  pn^mp- 
tioii ,  qui  en  sera  déchu  s'il  ne  l'exerce  dans  le  délai  de  hui- 
taine à  |)artir  de  celte  notification,  comme  il  est  dit  à  Tarticlo 
précédent. 

82.  Le  droit  de  préemption  se  prescrit  dans  tous  les  cas  |)ar 
six  mois  à  partir  du  jour  de  la  vente. 


LOI   SUR   LA    PROPRIÉTÉ  FONCIÈRE  Ski 


TITRE  m 

De  l'enzel 

83.  L'enzel  est  une  propriété  foncière  grevée  d'une  rente  per- 
pétuelle. 

84-  T>e  montant  des  arrérages  doit  être  inscrit  avec  le  droit 
lui-même. 

85.  Les  arrérages  se  prescrivent  par  cinq  ans. 

86.  En  aucun  cas  le  crédit  rentier  ne  pourra,  à  moins  de  con- 
vention contraire  y  être  contraint  à  recevoir  le  remboursement 
de  sa  rente. 

87.  Il  a  sur  Pimmeuble  tenu  à  enzel  un  privilège  pour  le 
payement  de  sa  rente,  et  le  droit  suit  l'immeuble  en  quelque 
main  qu'il  passe. 

88.  En  cas  de  non  payement  de  la  rente  par  le  débit  rentier, 
il  peut  poursuivre  la  vente  de  l'immeuble  tenu  à  enzel  pour 
avoir  payement  des  arrérages  échus. 

89.  En  cas  d'insuffisance  du  prix  de  vente,  l'enzeliste  (débit 
rentier)  ne  sera  tenu  personnellement  que  des  arrérages  des 
deux  dernières  années  qui  pourront  être  dues. 


3i2  LA   TUNISIE   DEPUIS   L*0CGUPAT10N   FRANÇAISE 


TITRE  IV 

De  rusufiruit  des  immeubles 

()0.  L'usufruit  immobilier  est  le  droit  de  jouir  d'un  immeuble 
dont  un  autre  a  la  propriété  comme  le  propriétaire  lui-même, 
mais  II  la  charge  d'en  conserver  la  substance. 

91.  L'usufruit  est  établi  par  la  loi  ou  par  la  volonté  de 
riionime. 

92.  L'usufiiiit  peut  être  établi,  ou  purement,  ou  à  certain 
jour,  ou  à  condition. 

r)'3.  Il  (l'usufruit)  peut  être  établi  : 

i"  sur  la  propriété  immobilière; 

2"  sur  TenzA;!  ; 

3*^  sur  la  rente  de  Tenzel  ; 

]"  sur  rcinpiiyléose  pour  le  temps  de  sa  durée; 

i)"  sur  la  superficie; 

()"  sur  l'antichrèse; 

r"^  sur  les  livpc^thèques. 

SECTION  II 
Des  droits  de  Tusufruitier 

()'|.  L'usufruitier  a  le  droit  de  jouir  de  toute  espèce  de  fruits, 
soit  naturels,  soit  industriels,  soit  civils,  que  peut  produire 
riinnuîuble  dont  il  a  l'usufruit. 

c)j.   Les  fruits   naturels  sont  ceux  qui  sont  le  produit  spon- 


1.01    SLR    I.A    PROPniKTE    FONCIÉRK 

tané  de  la  tern^  Le  produit  et  le  croit  des  animaux'  sont  aussi 
des  fruits  naturels. 

96.  Les  fruits  industriels  d'un  fonds  sont  ceux  qu'on  obtient 
par  la  culture. 

gy.  Les  fruits  civils  sont  les  loyers  des  maisons,  les  prix  des 
baux  à  ferme,  les  arrérages  de  la  rente  de  l'enzel  et  les  inléivls 
.  des  créances  hypothécaires. 

98.  Les  fruits  naturels  et  industriels,  pendants  par  branches 
ou  par  racines  au  moment  où  l'usufruit  est  ouvert,  appartif;n- 
iient  à  l'usufruitier. 

Ceux  qui  sont  dans  le  même  état  au  moment  où  fînït  l'usu- 
fruit appartiennent  au  propriétaire,  sans  récompens<^  de  part 
ai  d'autre  des  labours  et  des  semences,  mais  aussi  sans  piéju- 
dice  de  la  portion  des  fruits  qui  pourrait  être  acquise  au  colon 
partiaire,  s'il  en  existait  un  au  commencement  ou  à  la  cessa- 
tion de  l'usufruit. 

;)9.  TjCS  fruits  civils  sont  réputés  s'acquérir  jour  par  jour,  et 
appartiennent  à  l'usnfruitiei',  à  proportion  de  la  durer  de  son 
usufruit. 

100.  Si  l'usufruit  comprend  des  choses  dont  on  ne  peut 
faire  usage  sans  les  consommer,  l'usufiniitier  a  le  droit  dé  s'en 
servir,  mais  à  la  charge  d'en  rendre  de  pareille  quantité,  qua- 
lité et  valeur,  ou  leur  estimation,  à  la  fin  de  l'usufruit. 

loi.  Si  l'usufruit  comprend  des  choses  qui,  sans  se  consom- 
mer de  suite,  se  détériorent  peu  à  peu  par  l'usage,  l'usufruitier 
a  le  droit  de  s'en  servir  pour  l'usage  auquel  elles  sont  des- 
tinées, et  n'est  obligé  de  les  i-cndre,  h  la  fin  de  l'usufruit,  que 
dans  l'état  où  elles  se  trouvent ,  non  détériorées  par  son  dol  ou 
par  sa  faute. 

102.  Si  l'usufruit  comprend  des  bois  taillis,  l'usufruitier  est 

tenu  d'observer  l'ordre  et   la  quotité   des  coupes,   conformé.- 

^ment  à  l'aménagement  et  à  l'usage  constant  des  propriétaires, 


:)U 


I    TCNISIE    DKPOIS    L  0CC.t;PAT10\    FBANÇAISE 


sans  indemnité  toutefois  en  faveur  de  l'tisufruttier  ou  de  ws 
liêi'itiei-s,  pour  les  coupes,  soit  de  taillis,  soit  de  baliveaux. 
50ÎI  de  futaie,  qu'il  aurait  néglige  de  lain;  pendant  sa  joiit&- 
sance. 

Les  arbres  ([u'on  peut  Liivr  d'une  pépinière  sans  la  dégrader, 
ne  font  aussi  partie  de  rusufruil  qu'à  la  charge  par  rusufruitier 
de  se  conformer  aux  usages  des  lieux  pour  le  reinpIacemcDt. 

lo3.  L'usufruitier  profile  encore,  toujours  en  se  coufor- 
mant  auit  époques  et  à  l'usage  des  anciens  propriétaires,  de 
parties  de  bois  de  iiaulc  futaie  qui  ont  été  mises  en  coupes  ré- 
gléirs,  soit  que  ces  coupes  se  fassent  périodiquement  sur 
certaine  étendue  de  terrain,  soit  qu'elles  se  fassent  d'une  cer- 
taine quanlitt^  d'arbivs  pris  indistinctement  sur  toute  la  snrfticfl 
du  domaine. 

lo4-  Dans  tous  les  autres  cas,  l'usufruitier  ne  peut  toucher 
aux  arbres  de  haute  futaie;  il  |K'ut  seulement  employer,  pour 
faire  les  réparations  dont  il  est  tenu,  les  arbres  arracliés  ou 
brisés  par  accident;  il  peut  même,  pour  cet  objet,  en  faire 
abattre  s'il  est  nécessaire,  mais  à  la  charge  d'en  faire  constater 
la  nécessité  avec  le  propriétaire. 

io5. 11  peut  prendre,  dans  les  bois,  des  échalas  pour  le 
gncs;  Il  peut  aussi  prendre  sur  les  arbres,  les  produits  annuels 
ou  périodiques;  le  tout  suivant  l'usage  du  pays  ou  la  coutume 
(les  propriétaires. 

106.  Les  arbres  fruitiers  qui  meurent,  ceux  mêmes  qui  sont 
arrachés  ou  brist'^s  par  accident,  appartiennent  à  l'usufruitier,  à 
la  chaîne  de  les  remplacer  par  d'autres. 

107.  L'usufruitier  peut  jouir  par  lui-même,  donner  à  fer 
dans  les  conditions  du  Code  civil  franrais,  ou  même  vendre 
céder  son  droit  à  litre  gi'aUiît. 

108.  L'usufruitier  jouit  de  l'augmentation  survenue  parai" 
luvioa  à  l'immeuble  douL  11  a  l'usufruit. 


LOI    SUK    LA    PROPRlKTt:    t'ONCIKRIi:  :H-i 

locj.  Il  jouit  destlroils  lie  servitude,  tie  passage,  et  généra Ic- 
iiient  de  lous  les  droits  dont  le  propri(H;tiie  peut  jouir,  et  il  rii 
jouit  comme  \c  proprlélaire  lui-même, 

I  lo.  Il  jouit  aussi ,  de  la  même  manièrt!  que  le  propriétaire , 
des  miacs  et  carrières  qui  sont  en  exploitation  à  l'ouverture 
de  l'usufruit;  et  néanmoins,  s'il  s'agit  d'une  exploitation  qui  ne 
puisse  être  faite  sans  une  concession ,  l'usufruiler  ne  pourra  en 
jouir  qu'après  l'avoir  obtenue  conformément  à  la  loi. 

II  n'a  aucun  droit  anx  mines  et  carrières  non  encore  ouver- 
tes, ni  aux  tourbières  dont  l'exploitation  n'est  point  encore 
rommencée,  ni  au  trésor  qui  pourrait  i-lre  découveit  pendant  la 
durée  de  l'usufruit. 

111.  J^  propriétaire  ne  peut,  par  son  fait,  ni  de  quelque 
manière  que  ce  soit ,  nuire  aux  droits  de  l'usufruitier. 

De  sou  côté,  l'usufaiitier  ne  peut,  à  la  cessation  de  l'usu- 
fruit, l'éclamer  aucune  indemnité  poui*  les  améliorations  qu'il 
prétendrait  avoir  faites,  encore  que  la  valeur  de  l'immeuble  en 
fût  augmentée. 

Il  peut  cependant,  ou  ses  liériliers,  enlever  les  glaces, 
tableaux  et  autres  ornements  qu'il  aurait  fait  placer,  mais  à  la 
charge  de  rétablir  les  lieux  dans  leur  premier  étal. 

t  SECTION  II 

Des  obligations  de  l'usufruitier 

112.  L'usufruitier  prend  les  immeubles  dans  l'état  où  ils 
sont;  mais  il  ne  peut  enti'er  en  jouissance  qu'après  en  avoir  fait 
dresser  l'état,  en  pivsence  du  propriétaire,  ou  lui  dûment 
appelé. 

1 13.  Il  donne  caution  de  jouir  en  bon  père  de  famille,  s'il 
n'en  est  dispensé  par  l'acte  constitutif  de  l'usufruit;  cependant, 
les  pères  et  mères  ayant  l'usufruit  légal  du  bien  de  leurs  en- 


3V6 


t   TUNISIE  DKPITIS   LOCCCPATlOïi   FRANÇAISE 


faiils,  If  vfiuieur   ou  le  donateur  sous  reserve  d'iisiifruil,  n 
sont  pas  lonus  de  dotiner  caution. 

1 1 'l.  Si  l 'usufruitier  ne  trouve  pas  de  cauliou  ,  li-s  inimei: 
Itli's  sont  donnés  a  ferme  ou  mis  en  séquestre. 

Le  prix  des  fermes  ap|)arlient,  dans  ce  cas,  à  l'usufruitier. 

t  i.'i.  IjC  relard  do  donner  caiilion  ne  prive  pas  l'usufruitier 
des  fruits  auxquels  îl  peut  avoir  droit;  ils  lui  sont  dus  du  mo- 
ment oii  l'usufruit  a  rté  ouvert, 

I  iG.  L'usufruitier  n'est  tenu  qu'aux  réparations  d'entretien. 

Les  grosses  réparations  demeurent  à  la  charge  du  proprîé- 
taii'e,  à  moins  qu'elles  n'aient  rli-  occasioiiuées  par  le  défaut  de 
réparations  d'entretien,  depuis  l'ouverture  de  l'usufruit;  aiiqu^ 
cas  l'usufruitier  en  est  aussi  tcuu. 

1 17.  Les  grosses  réparations  sont  celles  des  gros  murs  et 
voûtes,   le  rétablissement  des  poutres  et  des  couvertures  en- 


Celui  des  digues  et  des  murs  de  soutènement  et  Je  clôture 
aussi  en  entier. 

Toutes  les  autres  réparations  sont  d'entretien. 

ilS.  Ni  le  pi'opriétarre,  ni  l'usufruitier,  ne  sont  tenus  de, 
rebâtir  ce  qui  est  tombé  de  vétusté,  ou  cr  quî  a  été  détruit  par 
cas  fortuit. 

!  19.  L'usufruitier  est  tenu,  pendant  sa  jouissance,  de  toutes 
les  charges  annuelles  de  l'immeuble,  telles  que  les  contributions 
et  autres  qui,  dans  l'usage,  sont  censées  charges  des  fruits 

120.  A  l'égard  des  charges  qui  peuvent  être  Imposées  sur  la 
propriété  pendant  la  durée  de  l'usufruit,  l'usufruitier  et  le  pro- 
priétaire y  contribuent  ainsi  qu'il  suit  : 

Le  propriétaire  est  obligé  de  les  payer,  et  l'usufruitier  doit 
lui  tenir  compte  des  intérêts. 

Si  elles  sont  avancées  par  l'usufruitlej',  il  a  la  répétition  du 
capital  à  la  fin  de  l'usufruit. 


^ 


LOI    SUR    LA    PROPnun'K    FOKCIKRE  i^ï? 

IjC  U'gs  fait  par  un  testateur,  d'une  renie  viagère  ou 
pension  alimentaire,  doit  être  ai'ipiitté  par  le  It^gataire  universel 
de  l'usufruit  dans  sou  intégrilê,  et  par  le  légataire  à  litre  uni- 
vei-sel  de  l'usuTi'uit  dans  la  proporlion  de  s;i  jouissance,  saus  au- 
cune répétition  de  leur  part. 

122.  L  iisufiniitier  à  titre  particulier  n'est  pas  touu  des  dettes 
auxquelles  le  fonds  est  hypothéqué;  s'il  est  forcé  de  les  payer, 
il  a  sou  recours  contre  le  propriétaire ,  sauf  le  cas  où  il  est  usu- 
fruitier en  vertu  d'un  legs  et  où  l'objet  de  l'usufruit  a  clé  livpo- 
théqué  avant  ou  depuis  le  testament,  soit  pour  une  dette  de  la 
succession,  soit  même  pour  la  dette  d'un  tiers.  Dans  ce  cas, 
en  effet,  celui  qui  doit  acquitter  le  legs  n'est  pas  tenu  de  le 
dégager,  à  moins  qu'U  n'ait  été  cliargé  de  le  faire  par  une  dis- 
position expresse  du  testateur. 

123.  L'usufruitier,  ou  universel,  ou  à  litre  universel,  doit 
contribuer  avec  le  pi-opriétalrc  au  piiyenient  des  dettes,  ainsi 
qu'il  suit  : 

Ou  estime  la  valeur  du  fonds  sujet  à  usufruit;  on  fixe  ensuite 
la  contribution  aux  dettes  à  raison  de  cette  valeur. 

Si  l'usufruitier  veut  avancer  la  somme  pour  laquelle  le  fonds 
loit  contribuer,  le  capital  lui  en  est  restitué  à   la   fin  do  i'usu- 
lifruit,  sans  aucun  intérêt. 

Si  l'usufruitier  ne  veut  pas  faire  celte  avance,  le  propriétaire 
a  le  choix,  ou  de  payer  celle  somme,  et  dans  ce  cas  l'usufrul- 
lier  lui  tient  compte  des  intérêts  pendant  la  durée  de  l'usufruit, 
de  faire  vendre  jusqu'à  due  concurrence  une  portion  des 

soumis  à  l'usufruit, 
a'i.  L'usufruitier  n'est  tenu  que  des  frais  des  procès  qui 
mcernent  la  jouissance,  et  des  autres  condanniations  auxquel- 
procès  pourraient  donner  lieu. 

.  Si,  pendant  la    duree  de  l'usufruit,  un  tiers  commet 
lelque   usurpation  sur  le   fonds,  ou   attente   autrement    aux 


:)i8  LA    TUNISIE  DEPUIS   l'oCCUPATION    FRANÇAISE 

droits  du  propriétaii*c,  rusufruitier  est  tenu  de  le  dénoncera 
celui-ci  :  faute  de  ce,  il  est  responsable  de  tout  le  dommage  qui 
|)eut  eu  résulter  pour  le  propriétaire ,  comme  il  le  serait  de 
dégradations  commises  par  lui-même. 

SECTION  III 
Comment  rn8nfk*uit  prend  fin 

12G.  L'usufruit  s'éteint  : 

i"  par  la  mort  de  l'usufruitier; 

1'*  par  l'expiration  du  temps  pour  lequel  il  a  été  accordé; 

l^*"  par  la  consolidation  ou  la  réunion  sur  la  même  tête,  des 
deux  qualités  d'usufruitier  et  de  propriétaire  ; 

4"  par  le  non  usage  du  droit  pendant  vingt  ans; 

5"  par  la  perle  totale  de  l'immeuble  sur  lequel  l'usufruit  est 
établi. 

127.  L'usufruit  peut  aussi  cesser  par  l'abus  que  l'usufruitier 
fait  de  sa  jouissance,  soit  en  commettant  des  dégradations  sur 
le  fonds,  soit  eu  le  laissant  dépérir  faute  d'entretien. 

Les  créanciers  de  rusufruitier  peuvent  intervenir  dans  les 
eonteslations  pour  la  conservation  de  leurs  droits;  ils  peuvent 
offrir  la  réparation  des  dégradations  conunises,  et  des  garan- 
ties pour  l'avenir. 

Les  juges  peuvent,  suivant  la  gravité  des  circonstances,  ou 
prononcer  Textinelion  absolue  de  l'usufruit,  ou  n'ordonner  la 
rentrée  du  propriétaire  dans  la  jouissance  de  Tobjet  qui  en  est 
grevé,  que  sous  la  charge  de  payer  ainniellement  à  l'usufruitier, 
ou  a  s(\s  ayant  cause,  une  sonune  déterminée  jusqu'à  l'instant 
oii  l'usufruit  aurait  dii  cesser. 

19.8.  L'usufruit,  qui  n'est  pas  accordé  à  des  particuliers,  ne 
duie  que  trente  ans. 

\2().  L'usufruit  accordt'  jusqu'à   ce   qu'un    tiers  ait    atteint 


LOI   SUR    LA    PROPRIÉTÉ  FONCIÈRE  3Ï9 

un  âge  fixe  dure  jusqu'à  cette  époque,  encore  que  le  tiers  soit 
mort  avant  l'âge  fixé. 

i3o.  La  vente  de  l'immeuble  sujet  à  usufruit  ne  fait  aucun 
changement  dans  le  droit  de  l'usufruitier;  il  continue  de  jouir 
de  son  usufruit  s'il  n'y  a  pas  formellement  renonce. 

i3i.  Les  créanciers  de  l'usufruitier  peuvent  faire  annuler  la 
renonciation  qu'il  aurait  faite  à  leur  préjudice. 

i32.  Si  une  partie  seulement  de  l'immeuble  soumis  à  l'usu- 
fruit est  détruite ,  l'usufruit  se  conserve  sur  ce  qui  reste. 

i33.  Si  l'usufruit  n'est  établi  que  sur  un  bâtiment,  et  que  ce 
bâtiment  soit  détruit  par  un  incendie  ou  autre  accident^  ou 
(|u'il  s'écroule  de  vétusté,  l'usufruitier  n'aura  le  droit  de  jouir 
ni  du  sol  ni  des  matériaux. 

Si  l'usufruit  était  établi  sur  un  domaine  dont  le  bâtiment 
faisait  partie,  l'usufruitier  jouirait  du  sol  et  des  matériaux. 


350  LA   TUNISIE   DEPUIS   l'oCCUPATION  FRANÇAISE 


TITRE  V 

De  l'usage  et  de  rhabitation 

i34-  I^s  droits  (l'usage  et  d'habitation  sVtablissent  et  se 
perdent  de  la  même  manière  que  l'usufruit. 

i35.  On  ne  peut  en  jouir,  comme  dans  le  cas  de  l'usufruit^ 
sans  donner  préalablement  caution  et  sans  faire  des  états. 

i3G.  L*usager,  et  celui  qui  a  un  droit  d'Iiabitatiou ,  doivent 
jouir  en  bon  père  de  famille. 

137.  IvCs  droits  d*usage  el  d'habitation  se  règlent  par  le  tiliHî 
qui  lésa  établis,  et  reçoivent,  d'après  ses  dispositions,  plus  ou 
moins  d'étendue. 

i38.  Si  le  titre  ne  s'explique  pas  sur  l'étendue  de  ces  droits, 
ils  sont  l'églés  ainsi  qu'il  suit. 

i3().  (Vhii  qui  a  l'usage  des  fruits  d'un  fonds  ne  peut  en 
exiger  qu'aulant  qu'il  lui  en  faut  pour  ses  besoins  et  ceux  de  sa 
famille. 

Il  peut  en  exigt4'  pour  les  besoins  même  des  enfants  qui  lui 
soni  survenus  depuis  la  concession  de  l'usage. 

I  'lO.  J/usaj^er  ne  peut  céder  ni  louer  son  droit  à  un  autre. 

i/ji .  CvUn  ([ui  a  un  droit  d'habitation  dans  une  maison,  peut 
y  demeurer  avec  sa  famille,  quand  même  il  n'aurait  pas  été 
ma  rit'  à  Tépocpuî  oii  ce  droit  lui  a  été  donné. 

i^'À.  Le  droit  d'habitation  se  restreint  à  ce  qui  est  nécessaire 
pour  rhabitation  de  celui  à  (jui  ce  droit  est  concédé,  et  de  sa 
fanïille. 

I  '13.  l.e  droit  d'habitation  ne  peut  être  ni  cédé  ni  loué. 


LOI   SUR   LA   PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE 


351 


i44-  Si  Tusager  absorbe  tous  les  fruits  du  fonds,  ou  s'il 
occupe  la  totalité  de  la  maison,  il  est  assujetti  aux  frais  de 
;!ulture,  aux  réparations  d'entretien,  et  au  payement  des  contri- 
butions, comme  l'usufruitier. 

S'il  ne  prend  qu'une  partie  des  fruits,  ou  s'il  n'occupe  qu'une 
partie  de  la  maison,  il  contribue  au  prorata  de  ce  dont  il  jouit. 

145.  L'usage  des  bois  et  forêts  est  réglé  par  des  lois  parti- 
culières. 


352  LA   TUNISIE  DEPUIS   l'oCCUPATION   FRANÇAISE 


TITRE  VI 

De  l'emphytéose 

140.  L'emphytéose  est  un  droit  réel  immobilier  qui  consiste 
h  avoir  la  pleine  jouissance  d'un  immeuble  appartenant  à  autrui 
SOUS  la  condition  de  lui  payer  une  redevance  annuelle,  soit  en 
argent,  soit  en  natui*(^,  en  reconnaissance  de  son  droit  de  pro« 
priété. 

i47-  L'emphytéose  ne  pourra  être  établie  que  pour  umi 
durée  d'au  moins  vingt  ans  j  et  jamais  au  delà  de  quatre-vingt- 
dix-neuf  ans. 

Tout  bail  d'une  durée  de  vingt  ans  et  au-dessus  sera  pré- 
sumé bail  emphytéotique,  à  moins  de  stipulations  contraires, 
soit  dans  le  bail,  soit  dans  un  acte  séparé. 

i4^^.  I/emphytéole  exerce  tous  les  droits  attachés  à  la  pro- 
priété (lu  IoikIs,  mais  il  ne  pinit  rien  faire  pour  en  diminuer  la 
valeur. 

Il  a  par  exemple  la  faculté  d'aliéner  son  droit,  de  Thypothé- 
(juer  il  de  grever  le  fonds  emphytéotique  pour  la  durée  de  sa 
jouissance. 

I  ][).  L'emphytéose  s'éteint  : 

1  "  par  la  confusion; 

-a""  par  la  destruction  du  fonds. 


LOI   SUR   LA    PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE  353 


TITRE  VII 

De  la  superficie 

i5o.  IjC  droit  de  superficie  est  un  droit  réel  immobilier  qui 
consiste  à  avoir  des  bâtiments,  ouvrages  ou  plantations  sur  un 
fonds  appartenant  à  autrui. 

i5i.  Celui  qui  a  le  droit  de  superficie  peut  toujours  Talié- 
ner  et  Thypothéquer. 

Il  peut  grever  de  servitudes  les  biens  qui  font  l'objet  de  son 
droit,  mais  dans  la  limite  qui  lui  appartient  pour  Texercice  de 
ce  droit. 

« 

iJa.  Le  droit  de  superficie  s'éteint  : 

i"  par  la  confusion; 

2"  par  la  destruction  du  fonds. 


LA  TUNISIE.  —  T.  l  I.  *'* 


TITIU:  VIII 

Des  servitudes  foncières 


i!)S.  Une  servitude  C!       !ic  arge  imposée  sur  un  inimeulile 

pour  l'usage  el  l'utilité  d'un  in  iieuble  appartenant  à  un  autre 
proprititaire. 

l54.  Elle  dérive  ou  de  la  tîon  naturelle  des  lieux,  ou  dd 
obligations  impostîes  juir  lu  ._.   ou  des  conventions  entre  let 

pi'opr'it^taires  ;  dans  les  deux  pi  lùers  cas  elle  n'est  pas  assujettit 
à  l'inscription. 


(■HAPITRE  I 

DES   SSaTlTDDES  QUI   Dl^BlTBNT   DE  LA  BITCATIOK  DES   LIBTX 

t55.  Les  fonds  inférieurs  sont  assujettis  envers  ceux  qui 
sont  plus  élevés  à  recevoir  les  eaux  qui  en  découlent  naturelle- 
ment sans  que  la  main  de  l'Iiomme  j  ait  contribué. 

Le  propriétaire  inférieur  ne  peut  point  élever  de  digue  qui 
empêche  cet  écoulement. 

Le  propriétaire  supérieur  ne  peut  rien  faire  qui  aggrave  la 
servitude  du  fonds  inférieur. 

L 'art .  1 56  est  abrogé. 

167.  Tout  propriétaire  peut  clore  son  héritage  sauf  l'excep- 
tion portée  en  l'article  189, 

L'art.  i5S  est  abroge. 


LOI    SUR   LA   PROl^RIÉTÉ   FONCIÈRE  355 


CHAPITRE  II 

DES   SERVITUDES   ÉTABLIES   PAR   LA   LOI 

iSq.  Les  servitudes  établies  par  la  loi  ont  pour  objet  Tutilité 

publique  ou  communale,  ou  Futilité  des  particuliers. 

i6o.  Celles  établies  pour  l'utilité  publique  ou  communale 
ont  pour  objet  le  marchepied  le  long  des  rivières  navigables  ou 
flottables,  la  construction  ou  réparation  des  chemins  et  autres 
ouvrages  publics  ou  communaux. 

Tout  ce  qui  concerne  cette  espèce  de  servitude  est  déterminé 
par  les  lois  ou  des  règlements  particuliers. 

i6 1 .  La  loi  assujettit  les  propriétaires  à  différentes  obligations 
Tun  à  l'égard  de  l'autre,  indépendamment  de  toute  convention. 

162.  Partie  de  ces  obligations  est  réglée  par  les  lois  locales. 

Les  autres  sont  relatives  au  mur  et  au  fossé  mitoyens,  aux 
vues  sur  la  propriété  du  voisin,  à  l'égout  des  toits,  au  droit 
de  passage. 

SECTION  I 
Du  mur  et  du  fbssé  mitoyens 

i63.  Dans  les  villes  et  les  campagnes,  tout  mur  servant  de 
séparation  entre  bâtiments  jusqu'à  l'héberge,  ou  entre  cours  et 
jardins,  et  même  entre  enclos  dans  les  champs,  est  présumé 
mitoyen,  s'il  n'y  a  titre  ou  marque  du  contraire. 

164*  Il  y  a  marque  de  non-mitoyenneté  lorsque  la  sommité 
du  mur  est  droite  et  à  plomb  de  son  parement  d'un  côté,  et 
présente  de  l'autre  un  plan  incliné; 

Lors  encore  qu'il  n'y  a  que  d'un  côté  ou  un  chaperon  ou  des 
filets  et  corbeaux  de  pierres  qui  y  auraient  été  mis  en  bâtissant 
le  mur- 


356 


1    TC.MSIE    DKPriS    I.  OCCCPATIOX    KRASÇAISE 


i 


Dans  ces  cas,  le  mur  vst  ccdsc  appat'leiiir  excliisivciiH'nt 
propriétaire  du  coté  duquel  sonl  lY-gout  ou  les  corbeaux  et  BIf 
de  pierre. 

j65.  Le  dessus  d'une  rue  est  présumé  dépendance  du  do- 
maine public  s'il  n'v  a  titre  ou  marque  du  contraire. 

Il  y  a  marque  de  propriété  privée  lorsqu'il  existe  des  c-oii*- 
truclions  au-dessus  de  la  rue  ou  au  moins  des  arceaux  joigoani 
les  murs  élevés  de  chaque  côté  de  la  rue. 

Lorsqu'une  construction  ou  l'arceau  placés  au-dessus  de  la 
me  sera  détruit  par  vétusté,  accident  ou  aulrcnient,  le  pro- 
priétaire perdra  le  bénéfice  de  la  prc-soniption  qui  en  résullailj 
à  sou  profit. 

Il  ne  pourra  en  aucun  cas  iTconstriiîre  à  moins  d'une  autori- 
sation spéciale. 

La  propriété  privée  du  dessus  d'une  rue  a  pour  conséquence 
la  mitoyenneté  du  mur  sur  lequel  s'appuie  l'arceau  ou  la  coii! 
trucliou,  à  moins  de  titre  contraire. 

166.  La  rc'paralion  et  la  rf-conslruction  du  mur  mitovcn  soi 
à  la  cliaigc  de  tous  ceux  qui  y  ont  droit  et  proportionnellemei 
au  droit  de  chacun. 

167.  Cependant  tout  copropriétaire  d'un  mur  mitoyen  pet 
se  dispenser  de  contribuer  aux  réparations  et  reconstructioi 
en  abandonnant  le  droit  de  mitoyenneté,  pourvu  que  le  mi 
mitoyen  ne  soutienne  pas  un  hiitlmeiit  qui  lui  appartienne. 

1G8.  Tout  copropriétaire  peut  faire  bâtir  contre  un  mi 
mitoyen,  et  y  faire  placer  des  poutres  ou  solives  dans  loul 
l'épaisseur  du  nun-,  à  cinquante- cinq  millimètres  prés,  sa 
préjudice  du  droit  qu'a  le  voisin  de  faire  réduire  à  l'ébauclu 
la  pouti't.'  jusqu'à  la  moitié  du  mur,  dans  le  cas  où  il  voudr 
lui-même  asseoir  des  poutres  dans  le  même  lieu,  ou  y  adosi 
une  cheminée. 

1G9.  Tout  propriétaire  peut  faire  exhausser  le  mur  mitove 


.    PROPRIETE    FONCIERE 


3r,7 


mais  il  doit  payer  seul  la  ilépease  de  l 'exhaussement,  k's  répa- 
rations d'entretien  au-dessus  de  la  liauleur  de  la  clôture  com- 
mune, et,  en  outre,  l'indenmilé  de  la  uliarge  en  raison  de  l'ex- 
haussement et  suivant  la  valeur. 

170.  Si  le  mur  mitoyen  n'est  pas  un  état  de  supporler  l'ex- 
haussement, celui  qui  veut  l'exliausser  doit  le  faire  reconstruire 
en  entier  â  ses  Irais,  et  l'excédent  d'épaisseur  doit  se  prendre 
de  son  côté. 

171.  L'un  des  voisins  ne  peut  pratiquer  dans  le  corps  d'uu 
mur  mitoyen  aucun  enfoncement,  ni  y  appliquer  ou  appuyer 
aucun  ouvrage  sans  le  consentement  de  l'autre  ou  sans  avoir,  à 
son  refus,  fait  regler  pai  experts  les  moyens  nécessaire.^  pour 
que  le  nouvel  ouvrage  ne  soit  pas  nuisible  aux  droits  de  l'autre. 

jya.  Nul  n'est  tenu  de  céder  à  sou  voisin  la  mitoyenneté  de 
soD  mur;  cependant  dans  le  cas  d'exhaussement  d'un  mur  mi- 
toyen, le  voisin  qui  n'y  a  pas  contribué  peut  en  acquérir  la 
mitoyeimeté  eu  payant  la  moitié  de  la  dépense  qu'a  coûtée 
l'exliaussement,  et  la  valeur  de  la  moitié  du  sol  fourni  pour 
l'excédent  d'épaisseur,  s'il  y  en  a . 

173.  Lorsque  les  difTérents  étages  d'une  maison  appartien- 
nent à  divers  propriétaires,  si  les  titres  de  propriété  ne  règlent 
pas  le  mode  de  réparations  et  reconstructions ,  elles  doivent  être 
faites  ainsi  qu'il  suit  : 

Les  gros  murs  cl  le  toit  sont  à  la  charge  de  tous  les  proprié- 
taires, chacun  en  proportion  de  la  valeur  de  l'étage  qui  lui  ap- 
partient. 

Le  propriétaire  de  chaque  étage  fait  le  plancher  sur  lequel 
Il  marche. 

Le  propriétaire  du  premier  étage  fuit  l'escalier  qui  y  con- 
duit; le  propriétaire  du  second  étage  fait,  à  partir  du  premier, 
l'escalier  qui  conduit  chez  lui,  et  ainsi  de  suite. 

1 7(1.  Lorsqu'on  reconstruit  un  mur  mitoyen  ou  une  maison  , 


LA  rfrasiK  dkppis  t  occdpatio»  rnAMÇ-tisE 

i4>s  servitudes  actives  et  passives  se  continuent  ii  l'égard  du  dùu- 
eau  mur  ou  de  la  nouvelle  maiBoii,  sans  Loulefois  qu'ellti 

issunl  êli'O  aggravées. 

175.  Toule  clôture  qui  sépare  des  fonds  de  terre  est  n-piilw 
mitoyenne,  à  moins  <|u'il  n'y  en  ait  qu'un  seid  en  L-lat  de  clô- 
ture, ou  s'il  n'y  a  titre  ou  marque  contraire. 

Pour  les  fossi-s,  il  y  a  marque  de  non-mitoyenneté  lorsque 
la  levée  ou  le  rcjel  de  lii  terre  se  trouve  d'un  coté  seulement  du 
fossé. 

Le  fossé  est  censé  appartenir  exclusivement  à  celui  du  cùlé 
duquel  le  rejet  se  trouve. 

I  '7G.  La  clôture  mitoyenne  doit  être  entretenue  à  frais  com- 
muns; mais  le  voisin  peut  se  soustraire  à  cette  obligation  ea 
T-enon^ant  à  la  mitoyenneté. 

Cette  faculté  cesse  si  le  fossé  sert  habit uelleuienl  à  l'écoulfl- 
ment  des  eaux. 

177.  Le  voisin  dont  l'Iit-ritage  joint  un  fossé  ou  une  haie  non 
mitoyens  ne  peut  contraindre  le  propriétaire  de  ce  fossé  ou  Jt  ^ 
cette  liaie  à  lui  céder  la  iniloyeimete.  * 

Le  copropriétaire  d'une  haie  mitoyenne  peut  la  détniîre  jus- 
qu'à la  limite  de  sa  propriété,  à  la  charge  de  construire  un  mur 
sur  cette  limite. 

La  même  règle  est  applicable  au  copropriétaire  d'un  fossé 
mitoyen  qui  ne  sert  qu'à  la  clôture. 

178.  Tant  que  dure  la  mitoyenneté  de  la  haie,  les  produits 
en  appartiennent  aux  propriétaires  par  moitié. 

179.  Les  arbres  qui  se  trouvent  dans  la  haie  mitoyenne  sont 
mitoyens  comme  la  liaie.  Les  arbres  plantés  sur  la  ligne  sépara- 
tive  de  deux  immeubles  sont  aussi  réputés  mitoyens.  Lorsqu'ils 
meurent  ou  lorsqu'ils  sont  coupés  ou  arracliés,  ces  arbres  sont 
partagés  par  moitié.  Les  fruits  sont  recueillis  à  frais  communs 
partagés  aussi  par  moitié,  soit  qu'ils  tombent  naturellement 


LOI   SUR   LA    PROPRIÉTÉ   FONCIÈÉE 


359 


soit  que  la  chute  en  ait  été  provoquée ,.  soît  quMU  aient  été 
cueillis. 

Chaque  propriétaire  a  le  droit  d'exiger  que  les  arbres  mi- 
toyens soient  arrachés. 

180.  Il  n'est  permis  d'avoir  des  arbres,  arbrisseaux  et  arbus- 
tes près  de  la  limite  du  fonds  voisin  qu'à  la  distance  prescrite 
par  les  règlements  particuliers  actuellement  existants,  ou  par 
des  usages  constants  et  reconnus^  et,  à  défaut  de  règlements  et 
usages,  qu'à  la  distance  de  7.  mètres  de  la  ligne  séparative 
des  deux  fonds  pour  les  plantations  dont  la  hauteur  dépasse 
2  mètres,  et  à  la  distance  d'un  demi-mètre  pour  les  autres 
plantations. 

Les  arbres ,  arbustes  et  arbrisseaux  de  toute  espèce  peuvent 
être  plantés  en  espalier,  de  chaque  coté  du  mur  séparatif  sans 
que  l'on  soit  tenu  d'observer  aucune  distance,  mais  ils  ne  pour- 
ront dépasser  la  crête  du  mur. 

Si  le  mur  n'est  pas  mitoyen ,  le  propriétaire  seul  a  le  droit 
d'y  appuyer  ses  espaliers. 

181.  I^  voisin  peut  exiger  que  les  arbres,  arbrisseaux  et 
arbustes,  plantés  à  une  distance  moindre  que  la  distance  légale, 
soient  arrachés  ou  réduits  à  la  hauteur  déterminée  dans  l'article 
précédent,  à  moins  qu'il  n'y  ait  titre,  ou  inscription  contraire. 

Si  les  arbres  meurent^  ou  s'ils  sont  coupés  ou  arrachés,  le 
voisin  ne  peut  les  remplacer  qu'en  observant  les  distances  lé- 
gales. 

182.  Celui  sur  le  fonds  duquel  avancent  les  branches  des 
arbres  du  voisin  peut  contraindre  celui-ci  à  les  couper.  Les 
fruits  tombés  naturellement  de  ces  branches  lui  appartiennent. 

Si  ce  sont  les  racines  qui  avancent  sur  son  fonds,  il  a  le  droit 
de  les  y  couper  lui-même. 


1 


lA    TIMSIE   Itltri'lS    L  OnCCPATIOPf    FRASÇAISE 


.a  distance  et  des  ouvrages  Intermédiaires  requis 
pour  certaines  coBstraotlans 


i^  j83-  Celui  (]ui  fait  creuser  un  puits  ou  luic  fosse  d'aisaace 
près  d'un  mur  miloH'n  ou  non; 

Ohii  qui  veut  y  construire  ehcmim-c  ou  âlre,  forge,  four  ou 
fouracau; 

Y  adosser  une  étable, 

Ou  établir  contre  ce  mur  un  magasin  de  sel  ou  amas  de  ma- 
lières  corrosives, 

Es!  obligé  à  laisser  la  distance  prescrite  par  les  règlements  et 
usages  particuliers  sur  ces  objets,  ou  à  faire  les  ouvrages  pres- 
crits par  les  mêmes  règlements  et  usages,  pour  éviter  de  nuire 
au  voisin. 

SECTION  ni 

Des  vues  sur  la  propriété  de  son  voisin. 

i84-  L'un  des  voisins  ne  peut,  sans  ie  consentement  de 
l'autre ,  pratiquer  dans  le  mur  mitoyen  aucun  e  fenêtre  ou  ouver- 
ture, en  quelque  manière  que  ce  soit,  même  à  verre  donnant. 

i85.  Une  fenêtre  ne  peut  être  ouverte  sur  le  fonds  du  voi- 
sin, même  dans  une  rue,  si  son  bord  extérieur  n'est  distant  de 
trois  mètres  au  moins  de  la  limite  de  ce  fonds  ou  du  mur  de  la 
maison  élevée  sur  ce  fonds ,  à  moins  du  consentement  des  voiûns 
intéresses ,  donné  conformément  aux  règlements  ou  usagei 
Ipcaux. 

Il  en  est  de  même  des  fenêtres  et  des  portes  à  ouvrir  dans  les 
impasses,  quelle  qu'en  soit  la  largeur. 

1 86.  Aucune  fenêtre  donnant  vue  dans  l'intérieur  de  l'habi- 
tation d'un  voisin  ne  pourra  être  ouverte  sans  son  coosentement. 


LOI  SUR  LA  PROPRIÉTÉ  FONCIÈRE  361 

187.  L'élévation  des  constructions  urbaines  sera  déterminée 
par  arrêté  municipal. 

Les  personnes  qui  auraient  à  réclamer  contre  Touverture 
d'une  porte  ou  d'une  fenêtre,  ou  l'élévation  d'une  cons- 
truction, faites  contrairement  aux  dispositions  de  la  présente 
section ,  auront  un  délai  de  six  mois  à  dater  de  l'ouverture  ou 
de  la  construction,  pour  formuler  leur  opposition;  passé  ce  délai 
elle  ne  sera  plus  recevable. 

SECTION  IV 
De  rés^ont  des  toits 

188.  Tout  propriétaire  doit  établir  des  toits  de  manière  que 
les  eaux  pluviales  s'écoulent  sur  son  terrain  ou  sur  la  voie  pu- 
blique; il  ne  peut  les  faire  verser  sur  le  fonds  de  son  voisin. 

SECTION  V 
Du  droit  de  passage 

189.  Le  propriétaire  dont  les  fonds  sont  enclavés  et  qui  n'a 
sur  la  voie  publique  aucune  issue ,  ou  qu'une  issue  insuffisante 
pour  l'exploitation  soit  agricole ,  soit  industrielle  de  sa  propriété, 
peut  réclamer  un  passage  sur  les  fonds  de  ses  voisins,  à  la  charge 
d'une  indemnité  proportionnée  au  dommage  qu'il  peut  oc- 
casionner. 

190.  Le  passage  doit  régulièrement  être  pris  du  coté  oit  le 
trajet  est  le  plus  court  du  fonds  enclavé  à  la  voie  publique. 

Néanmoins  il  doit  être  fixé  dans  l'endroit  le  moins  dom- 
mageable à  celui  sur  le  fonds  duquel  il  est  accordé. 

191.  Si  l'enclave  résulte  de  la  division  d'un  fonds  par  suite 
d'une  vente,  d'un  échange,  d'un  partage  ou  de  tout  autre  con- 
trat, le  passage  ne  peut  être  demandé  que  sur  les  terrains  qui 
ont  fait  l'objet  de  ces  actes. 


Toutribis,  dans  \c  cas  où  un  passage  suintant  iic  pourrait 
être  i>lal>li  sur  les  fonds  dîvisi's,  l'arliclc  189  sei-aîl  appUcalilc. 

19a.  L'assiellc  rt  le  modt-  di-  servitude  de  passage  pour  caust 
d'enclave  sont  déterminé»  par  vingt  ans  d'usage  contiuu. 

I/arlioii  en  indemnité,  dans  le  cas  pi-évu  par  l'article  189, 
rst  prescriplilde ,  et  le  pass-'ige  peut  être  continué ,  quoique  l'ac- 
tion en  iiidetnnllê  ne  soil  plus  recevable. 


CHAPITRE  III 

i'ES    SERVITL'IIES    KTABI.IE8    PAR    LE    FAIT    1>B    l'uOMMR 


Des  diverses  espèces  de  aervitnde*  qui  peuvent 
être  établies  sur  1«b  immeubles 

l()3.   Il  est  permis  aux  propriétaires  d'établir  sur  leurs  ir 
meubles ,  ou  en  faveur  de  leui-s  immeubles ,  telles  servitudes  que    > 
bon  leur  semble,  pourvu  néanmoins  que  les  services  établis  iic 
soient  imposés  ui  à   la  prrsonne,  ni  en  faveur  de  la  personne, 
mais  seulement  à  un  fonds  et  pour  un  fonds,  et  pourvu  que  ces 
services  n'aient  d'ailleurs  rien  de  contraire  à  l'ordre  public. 

L'usage  et  l'étendue  des  servitudes  ainsi  établies  se  relent 
par  le  titre  qui  les  constitue;  à  défaut  de  titre,  par  les  règles 
ci-après. 

]()4-  T-^s  servitudes  sont  établies  ou  pour  l'usage  des  bâ- 
timents, ou  pour  celui  des  fonds  de  terre. 

Celles  de  la  première  espèce  s'appellent  urbaines,  soit  que  les 
bâtiments  auxquels  elles  sont  dues  soient  situés  à  la  ville  ou  à 
la  campagne. 

Celles  de  la  seconde  espèce  se  nomment  rurales. 

195.  I^s  servitudes  sont  ou  continues  ou  discontinues. 


t  • 


LOI    SUR   LA   PROPRIÉTÉ    FONCH^rK  363 

Les  servitudes  continues  sont  celles  dont  Tubage  est  ou. peut 
être  continuel  sans  avoir  besoin  du  fait  actuel  de  l'homme  :  tels 
sont  les  conduites  d'eau,  les  égouts,  les  vues  et  autres  de  cette 
espèce. 

Les  servitudes  discontinues  sont  celles  qui  ont  besoin  du  fait 
actuel  de  l'homme  pour  être  exercées  :  tels  sont  les  droits  de 
passage,  puisage ,  pacage  et  autres  semblables. 

19G.  Le^  servitudes  sont  apparentes  ou  non  apparentes. 

Les  servitudes  apparentes  sont  celles  qui  s'annoncent  par  des 
ouvrages  extérieurs,  tels  qu'une  porte,  une  fenêtre,  un  aqueduc. 

Les  servitudes  non  apparentes  sont  celles  qui  n'ont  pas  de  signe 
extérieur  de  leur  existence,  comme,  par  exemple,  la  prohibi- 
tion de  bâtir  sur  un  fonds  ou  de  ne  bâtir  qu'à  une  hauteur  dé- 
terminée. 

SECTION  II 
Gomment  s^établissent  les  servitudes 

197.  Les  servitudes  ne  peuvent  s'établir  que  par  titre. 
Les  art,  198,  199,  200  et  201  sont  abrogés. 

202.  Quand  on  établit  une  servitude ,  on  est  censé  accorder 
tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  en  user. 

Ainsi  la  servitude  de  puiser  de  l'eau  à  la  fontaine  d'autrui, 
emporte  nécessairement  le  droit  de  passage. 

SECTION  III 
Des  droits  da  propriété  da  fonds  aaquel  la  servitude  est  dae 

203.  Celui  auquel  est  due  une  servitude,  a  droit  de  faire  tous 
les  ouvrages  nécessaires  pour  en  user  et  pour  la  conserver. 

204.  Ces  ouvrages  sont  à  ses  frais,  et  non  à  ceux  du  pro- 
priétaire du  fonds  assujetti ,  à  moins  que  le  titre  d'établissement 
de  la  servitude  ne  dise  le  contraire. 


t 


n 

1 


LA   TCNtSIt  SKPOIS    L  OCCDPATIOK   PBAXÇAISE 

^^c      Dans  le  cas  même  où  le  propriétaire  du  fonds  assujrttî 

esl  cliî    ',!•  par  le  titii'  di*  falri?  à  ses  frais  les  ouvrages  nêcessairM 

mr  1     iagc  ou  la  eonsrrvatioa  de  la  servitude,  il  peut  toujoun 

.affi-aDchir  de  la  charge,  en  abandonnant  le  fonds  assujetti  ai 

propriétaire  du  Tonds  au<)ucl  la  servitude  est  due. 

2o(3.  Si  le  fonds  pour  leijuel  la  servitude  a  été  établie  vient  à 
être  divisé,  la  servitude  reste  due  pour  chaque  portioa,  sans 
néannioiits  que  la  condition  du  fonds  assujetti  soit  aggravée. 

Ainsi,  par  exemple,  t  d'un  droit  de  passage,   tous 

les   copropriétaires   seront  es  de    l'exercer   par  le  même 

endroit. 

1107.  Le  propriétaire  du  f  Is  débiteur  de  la  servitude  ne 
peut  rien  faire  qui  tende  à  en  diminuer  l'usage  ou  à  le  rendre 
plus  incommode. 

Ainsi  il  ne  peut  changer  l'él,  li-s  lieux,  ni  Iransporlcr  l'exer- 
cice lU-  la  servilude  dans  un  ea  -oit  dilTérent  de  celui  oii  elle  a 
été  primitivement  assignée. 

Mais  ccpenelanl,  si  celte  assignation  primitive  était  devenue    1 
plus  onéreuse  au  propriétaire  du  fonds  assujetti,  ou  ai  elle  l'em- 
pêchait d'y  faire  des  réparations  avantageuses,  il  pourrait  offnr 
au  propriétaire  de  l'autre  fonds  un  endroit  aussi  commode  pour 
l'exercice  de  ses  droits  et  celui-ci  ne  pourrait  pas  le  refuser. 

208.  De  son  côté,  celui  qui  a  un  droit  de  servitude,  ne  peut 
en  user  que  suivant  son  titre,  sans  pouvoir  faire,  ni  dans  le 
fonds  qui  doit  ta  servitude,  ni  dans  le  fonds  à  qui  elle  est  due, 
de  changement  qui  aggrave  la  condition  du  premier. 

SECTION  IV 
Comnwnt  s'Ateigsent  les  servltadaa 

209.  Lorsqu'un  immeuble  se  trouve  dans  un  état  tel  qu'on  ne 
puisse  user  d'une  servitude  et  que  le  non  usage  a  duré  pendant 


LOI   SUR    LA   PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE  365 

:20  ans  y  la  radiation  de  cette  servitude  est  prononcée  par  ju- 
gement. 

Les  art.  210,  211  et  i\*x  sont  abrogés, 

21 3.  Les  vingt  ans  commencent  à  courir,  selon  les  diverses 
espèces  de  servitudes,  ou  du  jour  où  l'on  a  cessé  d'en  jouir, 
lorsqu'il  s'agit  de  servitudes  discontinues,  ou  du  jour  où  il  a  été 
fait  un  acte  contraire  à  la  servitude,  lorsqu'il  s'agit  de  servitudes 
continues. 

Les  art.  214,  2i5  e/  216  sont  abrogés. 


TITKE  IX 

De  l'antichràsa 


31^.  L'aDtidii'êse  est  la  remise  d'un  iinineubic  pur  le  ilélii 
tcur  à  sou  cn-ancier  pour  sûreté  de  sa  dttle. 

3i8.  L'aiilichrèse  ne  s'établit  que  par  éerit. 

a  19.  Le  créancier  ii'ac<]uiert  par  te  contrat  que  la  faculté 
de  p«nxroir  les  fruits  de  l'immeiiliie ,  »  h  charge  de  les  imputer 
annuellement  sur  les  intérêts,  s'il  lui  en  est  dû,  et  ensuite  sur   < 
le  capital  de  sa  créanc«. 

320.  Le  créancier  est  tenu ,  s'il  n'en  est  autrement  convenu, 
de  payer  les  contributions  et  It-s  charges  annuelles  de  l'immeuble 
qu'il  lient  en  antîchrèse. 

Il  doit  également ,  sous  peine  de  dommages  et  intérêts,  pour- 
voir à  l'entretien  et  aux  réparations  utiles  et  nécessaires  de  l'Inh 
meuble,  sauf  à  prélever  sur  les  fruits  toutes  les  dépenses  relati- 
ves à  ces  divers  objets. 

2a  I .  Le  débiteur  ne  peut ,  avant  l'entier  acquittement  de  la 
dette,  réclamer  la  jouissance  de  l'immeuble  qu'il  a  remis  en 
antichrèse. 

Alais  le  créancier  qui  veut  se  décharger  des  obligations  ex- 
primées en  l'article  précédent,  peut  toujours,  à  moins  qu'il 
n'ait  renoncé  à  ce  droit ,  contraindre  le  débiteur  à  reprendi-e  ta 
jouissance  de  son  immeuble. 

323,  Le  créancier  ne  devient  point  propriétaire  de  l'immeu- 
ble par  le  seul  défaut  de  payement  au  terme  convenu;  toute 


I 
« 


I 


LOI   SUR   LA   PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE  367 

clause  contraire  est  nulle  :  en  ce  cas,  il  peut  poursuivre  l'expro- 
priation de  son  débiteur  par  les  voies  légales. 

223.  Lorsque  les  parties  ont  stipulé  que  les  fruits  se  com- 
penseront avec  les  intérêts,  ou  totalement,  ou  jusqu'à  une 
certaine  concurrence,  cette  convention  s'exécute  comnrie  toute 
autre  qui  n*est  point  prohibée  par  les  lois. 

224.  L'antichrèse  peut  être  donnée  par  un  tiers  pour  le  dé- 
biteur. 

225.  L'antichrèse  est  indivisible  nonobstant  la  divisibilité  de 
la  dette  entre  les  héritiers  du  débiteur  ou  ceux  du  créancier. 

L'héritier  du  débiteur  qui  a  payé  sa  portion  de  la  dette,  ne 
peut  demander  la  restitution  de  sa  portion  dans  Pinuneuble 
remis  en  anticlirèsc,  tant  que  la  dette  n'est  pas  entièrement  ac- 
quittée. 

Réciproquement  l'héritier  du  créancier  qui  a  reçu  sa  portion 
de  la  dette,  ne  peut  remettre  l'immeuble  tenu  à  antichrèse,  au 
préjudice  de  ceux  de  ses  cohéritiers  qui  ne  sont  pas  payés. 

226.  Tout  ce  qui  est  statué  au  présent  titre,  ne  préjudicié 
point  aux  droits  que  des  tiers  pourraient  avoir  sur  l'immeuble 
remis  en  antichrèse. 

Si  le  créancier,  muni  à  ce  titre,  a  d'ailleurs  sur  le  fonds, 
des  privilèges  ou  hypothèques  légalement  établis  et  conservés, 
il  les  exerce  à  son  ordre  et  comme  tout  créancier. 

227.  Le  créancier  répond,  selon  le  droit  commun,  de  la 
perte  ou  détérioration  de  l'immeuble  qui  serait  survenue  par 
sa  négligence. 

Le  débiteur  doit  tenir  compte  au  créancier  des  dépenses 
utiles  et  nécessaires  que  celui-ci  a  faites  pour  la  conservation 
de  l'immeuble  remis  en  antichrèse. 


238.  î<e.  privilège  est  ikl  di-oît  réel  immobilier  quo  ta  i|iia1il^ 
ik-  la  civauce  ilonui:  k  un  créanck'r  d'être  préft'pf'-  aux  autna 
créaiicicrs  même  hypothccairps. 

Il  ii'i'st  pus  ussiijutti  à  l'iuscriplioii,  sauf  celui  du  crédit  ren- 
tier de  l'en/.el,  el  daos  ce  ras  rinscription  prise  aura  la  mi'ine 
durée  que  le  privil 

329.  ÏjSS  créances  privilégiées  sur  le  prix  des  tmuieubles  sont 
les  suivantes  et  s'exercent  suivant  l'ordre  établi  ci-après  : 

I"  Les  fiais  de  justice; 

■2°  Les  droits  du  trésor; 

3'  Les  arrérages  dus  au  crédit  rentier  de  t'enzel. 

u3o.  Ces  privilèges,  excepte  celui  du  crédit  rentier  de  l'enzel, 
ne  s'exercent  sur  le  prix  des  immeubles  qu'à  dë&ut  de  mobilier. 


LOI    SUR   LA   PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE  369 


TITRE  XI 

Des  hypothèques 

a3i.  L'hypothèque  est  un  droit  réel  immobUier  sur  les  im- 
meubles affectés  à  l'acquittement  d*une  obligation. 

Elle  est  y  de  sa  nature,  indivisible^  et  subsiste  en  entier  sur 
Lous  les  immeubles  affectes,  sur  chacun  et  sur  chaque  portion 
de  ces  immeubles. 

Elle  les  suit  dans  quelques  mains  qu'ils  passent. 

232.  L'hypothèque  n'a  lieu  que  dans  les  cas  et  suivant  K;s 
Formes  autorisés  par  la  loi. 

233.  Sont  seuls  susceptibles  d'hypothèques  : 

I**  Ija  propriété  immobilière  qui  est  dans  le  commerce; 

2**  L'usufruit  des  immeubles  pour  le  temps  de  sa  durée  ; 

3°  L'enzel  ; 

4**  L'emphytéose  pour  le  temps  de  sa  durée; 

5**  La  superficie. 

234.  L'hypothèque  acquise  s'étend  aux  accessoires  réputés 
immeubles,  et  aux  améliorations  survenues  à  l'immeuble  hypo- 
théqué. 

Les  art.  235  et  236  sont  abmge's. 

237.  Le  créancier  inscrit  pour  un  capital  produisant  intérêts 
3U  arrérages,  a  droit  d'être  colloque  pour  une  année  seulement 
3t  pour  l'année  courante,  au  même  rang  d'hypothèque  que 
30ur  son  capital ,  à  condition  toutefois  que  ce  droit  résulte  de 
'acte,  qu'il  soit  inscrit  et  que  le  taux  de  l'intérêt  soit  indiqué 
]aus  l'acte  et  l'inscription. 

L4  TUNISIE.   —  T.   II.  24 


LA   TVKlSlrf  DAOIS   L'oeCCPATlON    nUXÇilSB 

L'Iiypolhrquc  csl  volontaire  ou  forcée.  Elle  ne  s' 
(juiert  (.  ans  les  iltsix  ca»  <|ue  pat-  l'inscription.  Les  loscrîptii 
prises  auropt  la  mûmt:  tlum.-  qiir  l'liypolh6{|ue. 


DES    HYFOTHÈQL'ES    lOKCIÎES 

23<).  L'hypolb^ue  (ortx'         relie  <|ui  at  acquise  eu  ve 
(l'une  di'cisiou  de  justici  i;  consentement  du  débiteur, 

dans  les  cas  ci-après 

■  "Aux  mineurs  et  aux  mt         s  sur  les  imnit-vibles  des  lute 
et  de  leur  caution; 

•2*  A  lu  remnie  sur  les  îmnie    >les  de  son  mari ,  pour  »  (loi 
ses  droits  matrimoniaux,  I'îdi     nnitê  dos  olilignlions  du  n 
dont  elle  est  tenue  et  le  reiii|        du  prix  de  ses  biens  aliénés: 

y  Au  vendeur,  à  i'ècliangiste  ou  au  copartageant  sur  t'i 
meuble  vendu ,  ècliangé  ou  partagé,  quand  il  n'a  pas  été  résen^ 
d'Iiypothèque  conventionnelle  pour  le  payement  du  prix 
la  soulte  d'échange  ou  de  partage. 

^\o.  A  l'ouverture  d'une  tutelle  ou  d'une  înterdicliou,  1* 
conseil  de  famille  désigne  coutradictoii'ement  avec  le  tuteur 
ceux  de  ses  immeubles  <|uL  seront  grevés  d'hypotbèque  et  iixe  1) 
somme  pour  laquelle  l'inscriplioii  sera  prise. 

241-  Si,  dans  le  cours  de  la  tutelle  ou  de  l'interdictioD ,  les 
garanties,  données  par  le  tuteur,  se  trouvent  modîËées  ou  de- 
viennent insuffisantes,  le  conseil  de  famille  peut  en  exiger  âe 
nouvelles;  si  elles  sont  devenues  excessives,  il  peut  les  di- 
minuer. 

24a •  Dans  tous  les  cas,  à  défaut  du  consentement  du  tuteur, 
la  délibération  du  conseil  de  famille  sera  soumise  àl'liomologa- 


LOI   SUR    LA  PROPfilÉTÉ   FONCIÈRE  371 

tien  du  tribunal  et  le  droit  à  l'hypothèque  résultera  du  jugement 
de  ce  tribunal. 

24^*  La  convention  matrimoniale ,  s^il  y  en  a,  détermine  les 
immeubles  du  mari  qui  sont  grevés  d'hypothèque  y  Tobjet  au- 
quel s'applique  la  garantie ,  et  la  somme  jusqu'à  concurrence  de 
laquelle  l'inscription  peut  être  prise. 

244*  S'îl  ^*^  P^s  ^^^  stipulé  d'hypothèque  ou  en  cas  d'insuf- 
fisance des  garanties  déterminées  par  le  contrat,  la  femme  peut, 
dans  le  cours  du  mariage,  et  en  vertu  d'un  jugement  du  tri- 
bunal ,  à  défaut  du  consentement  du  mari ,  pour  toutes  les  causes 
de  recours  qu'elle  peut  avoir  contre  lui  soit  à  raison  d'obliga- 
tions par  elle  souscrites^  ou  d'aliénation  de  ses  propres,  ou  de 
donations  ou  de  successions  auxquelles  elle  est  appelée ,  requérir 
inscription  d'une  hypotiièque  sur  les  immeubles  de  son  mari. 

Le  jugement,  dans  ce  cas,  détermine  la  somme  pour  la- 
quelle l'inscription  sera  prise,  l'objet  à  garantir^  et  les  immeu- 
bles sur  lesquels  l'inscription  se  fera. 

Lorsque  les  garanties  seront  devenues  excessives,  le  mari 
pourra  en  demander  la  diminution  au  tribunal. 

243.  Le  mari  ou  le  tuteur  pourra  toujours  être  dispensé  de 
l'hypothèque  en  constituant  un  gage  mobilier  ou  une  caution, 
lorsque  cette  substitution  sera  reconnue  suffisante  par  une  dé- 
cision de  justice. 

246.  Le  vendeur  d'un  immeuble  peut,  dans  le  contrat  de 
vente,  stipuler  de  son  acheteur  une  hypothèque  sur  l'immeuble 
vendu,  pour  garantie  du  payement  total  ou  partiel  du  prix. 

Il  peut  également  stipuler  qu'en  cas  de  nouvelle  transmis- 
sion de  la  propriété  de  l'immeuble  avant  payement  total  ou 
partiel  du  prix,  il  conservera  raclion  en  résolution  de  la  vente. 

247.  A  défaut  de  stipulation  d'hypothèque,  le  vendeur  peut, 
en  vertu  d'un  jugement  du  tribunal,  requérir  l'inscription  sur 
le  dit  immeuble. 


37Î 
1 


.   TCMSIli   nF.PrlS   1.  iKXrPATldS   FRANÇAiSK 


^^H  l.t-  jugemtniL  pourra  également,  sur  k>s  conclusions  du  vefl< 

^^H  (leur,  lui  accur(lt>r  la  conservation  de  son  action  en  rt'&oliition 

I^^H  en  cas  de  transmission  uitérieuiti  do  lu  propriélé  de  l'immouble 

^^^1  avant  pjiycinent  total  ou  partiel  dit  prix.  ■ 

^^^B  3/48.  A  dt-faul  d'inscription  ilv  la  clause  de  couservalion  dfi' 

^^H  faction  résolutoire,  résultunl  du  contrat  ou  du  jugement,  Il 

^^H  ri^solulion  de  la  vente  ne  pourra  en  aucun  cas  ftre  oppo».-e 

a^^^Ê  aux 

'.  ^^^1  2 '19.  Dans  ces  divers  cas  le  Président  du  tribunal  pourra,  en 

.  ^^^1  ca!i  d'urgvnce,  ordonner  toutes  inscriptions  conservatoires,  les- 

,  ^^^H  quelles  n'aumnt  d'elTet  que  jusqu'au  jugement  délinitif.  Sî  le 

ij^^^l  jugement  délinilif  maintient  tout  ou  partie  de  l'inscription, 

^^^1  qui  aura  été  conservé  prendra  rang  à  lu  date  de  l'inscripti 

^^^H  prise  eu  nsiT  va  toi  rem  en  t. 


CHAPITRE  II 


DES    HYPOTHfeQlES    VOLOKTAIRSS 


25o.  Les  hypothèques  volontaires  ne  peuveat  être  consenties 

que  par  ceux  qui  ont  la  capacité  d'aliéner  les  immeubles  qu'ils 
y  soumettent. 

35 1 .  Les  écrits  faits  en  pays  étrangers  peuvent  donner  hypo- 
thèque sur  des  immeubles  sis  en  Tunisie,  à  condition  de  se 
conformer  au\  dispositions  de  la  présente  loi. 

^5:1.  Ceux  qui  n'ont  sur  l'immeuble  qu'un  droit  suspradu 
par  une  condition,  ou  résoluble  dans  certains  cas,  ou  sujet  à 
rescision,  ne  peuvent  consentir  qu'une  hypothèque  soumise 
aux  mêmes  conditions  ou  à  la  même  rescision. 

Cette  disposition  ne  pourra,  toutefois,  conformément  à  l'ar- 
ticle \S  ci-dessus,  préjudicier  aux  droits  que  les  créanciers 
hypothécaires  de  bonne  foi  auraient  fait  inscrire  régulièremenl- 


LOI  SUR  LA  PROPRIÉTÉ  FONCIÈRE  373 

!i53.  Les  biens  des  mineurs  et  des  interdits,  et  ceux  des 
absents,  tant  que  la  possession  n'en  est  déférée  que  provisoire- 
ment, ne  peuvent  être  bypothéqués  que  pour  les  causes  et  dans 
les  formes  établies  par  la  loi. 

SECTION  I 
De  rhypothèqae  testamentaire 

254.  L'hypothèque  testamentaire  est  celle  qui  est  établie, 
pour  un  chiffre  déterminé,  par  le  testateur,  sur  un  ou  plusieurs 
de  ses  immeubles  spécialement  désignés  dans  le  testament,  pour 
garantir  les  legs  par  lui  faits. 

SECTION  II 
De  l'hypothèque  conventionnelle 

a55.  Il  n'y  a  d'hypothèque  conventionnelle  valable,  et  pou- 
vant en  conséquence  être  inscrite^  que  celle  qui,  soit  dans  le 
titre  constitutif  de  la  créance,  soit  dans  un  titre  postérieur^  dé- 
clare spécialement  la  nature  et  la  situation  de  chacun  des  im- 
meubles actuellement  appartenant  au  débiteur,  sur  lesquels  il 
consent  l'hypothèque  de  la  créance. 

266.  Si  les  immeubles  affectés  à  l'hypothèque  ont  péri  ou 
éprouvé  des  dégradations,  de  manière  qu'ils  soient  devenus 
insuffisants  pour  la  sûreté  du  créancier,  celui-ci  a  le  droit  de 
réclamer  le  remboursement  de  sa  créance. 

Néanmoins  le  débiteur  sera  admis  à  offrir  un  supplément 
d'hypothèque,  si  la  perte  ou  les  dégradations  ont  eu  lieu  sans  sa 
faute. 

257.  L'hypothèque  conventionnelle  n'est  valable,  et  ne  peut 
en  conséquence  être  inscrite,  qu'autant  que  la  somme  pour  la- 
quelle elle  est  consentie  est  déterminée  dans  l'acte. 


37b  L,\    TtTMSIF.    DEPUIS    L* 

Si  U  créance  rt'-sultaut  dt*  l'obligation  est  contliuouavUe.ta 
condition  ftera  mentionnée  clans  l'inscription. 

afïS.  L'hypothèque  cousenlic  pr)ur  siireté  tl'un  cn;dit  ikiyw 
à  coiicurreiire  (l'une  somme  déterminée  qu'on  s'oblige  à  fournir, 
i»t  valable,  et  peut  en  conséquence  être  inscrite;  elle  prend 
rang  à  lii  date  de  son  inscription  sans  égard  aux  époques  succe»- 
sives  de  la  délivrance  dos  Tonds. 


CIIAPITHE   III 

ni!    BASO    DUS    HYPOThIïQUKS    KNTBE    KI.LK8 

aSg.  L'hypothèque  soit  volonlairtr  sotl  forcée  n'existe  ii  1' 
gard  des  tiers  et  n'a  rang  entre  le^  créanciers  que  du  jour 
l'inscription  prise  dans  la  forme  et  de  la  manière  prescrites  p 
la  présente  loi. 

aGo.  Tous  les  créanciers  inscrits  le  même  jour  exercent 
concurrence  une  hypothèque  de  la  même  date,  sans  distinctloa 
entre  l'inscription  du  matin  et  celle  du  soir,  quand  même  celte 
diiTérence  serait  marquée  par  le  conservateur. 


CHAPITRE  IV 


DE   l'effet   des   HYPOTH^UES  OONTBE   LBS  tiers   DlâTfiNTBUBS 


261.  Les  créanciers  ayaat  une  hypothèque  inscrite  sur  un 
immeuble,  le  suivent  eu  quelques  mains  qu'il  passe  pour  être 
colloques  et  payés  suivant  l'ordre  de  leur  inscription. 

263.  Si  le  tiers  détenteur  ne  remplit  pas  les  formalités  qui 
seront  ci-après  établies  pour  purger  sa  propriété,  il  demeure, 
par  l'effet  seul  des  inscriptions,  obligé,  comme  détenteur,  à  tou- 


I 


LOI    SUB   LA   PROPRIÉTÉ   FONCIÈ^K  375 

tçs  les*  dettes.  hypotHécaîres;:il  jouit  des  termes  et  déiaU  accor- 
dés au  débiteur  originaire. 

263.  Le  tiers  détenteur  est  tenu,  dans  le  même. cas,  s'il  ne 
paye  tous  les  intérêts  et  capitaux  exigibles,  à  quelque  somme 
qu'ils  puissent  monter,  de  délaisser  Timmeuble  hypothéqué  sans 
aucune  réserve. 

264.  Faute  par  le  tiers  détenteur  de  satisfaire  pleinement  h 
l'une  de  ces  obligations,  chaque  créancier  hypothécaire  a  droit 
de  faire  vendre  sur  lui  Timmeuble  hypothéqué,  trente  jours 
après  commandement  fait  au  débiteur  originaire^  et  sommation 
faite  au  tiers  détenteur  de  payer  la  dette  exigible  ou  de  délaisser 
Timmeuble. 

265.  Le  délaissement  par  hypothèque  peut  être  fait  par  tous 
les  tiers  détenteurs  qui  ne  sont  pas  personnellement  obligés  à  la 
dette  et  qui  ont  la  capacité  d'aliéner. 

266.  Il  peut  l'être  même  après  que  le  tiers  détenteur  a  reconnu 
Tobligation  ou  subi  condamnation  en  cette  qualité  seulement.  Le 
délaissement  n'empêche  pas  que,  jusqu'à  l'adjudication  le  tiers 
détenteur  ne  puissse  reprendre  l'immeuble,  en  payant  toute  la 
dette  et  les  frais. 

267.  Le  délaissement  par  hypothèque  se  fait  au  greffe  du 
tribunal  de  la  situation  des  biens,  et  il  en  est  donné  acte  par  ce 
tribunal. 

Le  greffier  doit  en  prévenir  immédiatement  le  conservateur 
qui  en  fera  mention  sur  le  titre  de  propriété. 

Sur  la  pétition  du  plus  diligent  des  intéressés,  il  est  créé  à 
l'immeuble  délaissé  un  curateur  sur  lequel  la  vente  de  l'immeuble 
est  poursuivie  dans  les  formes  prescrites  pour  les  expropria- 
tions. 

a68.  Les  détériorations  qui  procèdent  du  fait  ou  de  la  négli- 
gence du  tiers  détenteur,  au  préjudice  des  créanciers  hypothé- 
caires, donnent  heu  contre  lui  à  une  action  en  indemnité;  mais 


i     » 


il  tu  peut  ivpêlcr  «a  impemm  f^t  amélioratîoits  t^uc  îuM}u*ii  cos- 
rttrren;*^  dr  U  pliis-vulurrvMillaiit  de  riunvlioraLicia. 

a6<).  f.es  fruits  de  l'iount-iihle  li\po4hequc  ne  «ont  dtu  par  tr 
lien  dél«nieur  t^u'à  compter  ila  jour  de  la  minmatioD  de  paio- 
ou  dp  d^laUscr;  et,  si  ks  pof)r»utu-«  commencées  ont  ctc  aban- 
dcmnên  pendant  trois  ans,  â  compter  de  la  nouvelle  sommalioa 
qui  Mrra  faite. 

3-n.  1^-s  droits  réels  immobiliers  dont  le  tiers  détenteur  avait 
le  bénéfice  ou  cju'il  MihitMÎI  avant  sa  possession  sur  un  iuime»^ 
ble  délaissé  on  adjugé  à  la  suite  d'une  purge  d'livpot)iè<{uc ,  t^ 
naissant  aprî-s  le  dêlaisu-ntenl  mi  aprH  l'iidjudication  faite&ur  luu' 
Dans  )e  cas  oii  l'inscription  aurait  éli*  radiée  à  la  suite  de  li 
confuiion,  une  nouvelle  inscription  s<;rait  ntk-cssaire  pour  faint 
revivre  le  droit,  mais  l'intéresse  pourra  la  requérir. 

'ji-]i.  I.C  tiers  dt'tenteur  qui  a  payé  la  dette  liypolliécaire,  ou 
détatHU*  l'immeuble  liypothéqué,  ou  sul/i  l'expropriation  de  cet 
immeuble,  a  sou  recours,  tel  que  de  droit,  contre  le  débiteur 
principal. 

■i-]-j..  iji  tiers  détenteur  qui  veut  purger  sa  propriété,  eo 
pjjïjjil  le  i>n\ ,  oliservc  K-s  fonnalilés  qui  sont  établies  daus  ie 
cbapitre  VI  ci-après. 

CHAPITRE  V 

DK   l.'fiSTINCnON   DES   HYPOTHÈQUES 

373.  Us  hypothèques  s'éteignent  : 
l"  par  l'cxlinclioii  de  l'ohligatiou  principale; 
2"  par  la  renonciation  du  créancier; 

y  par  l'accoin plissement  des  formalités  et  conditions  pi-escriies 
aux  tiers  délenU'urs  pour  purger  les  immeubles  par  eux  acquis. 
Laii.  374  est  abrogé. 


LOI    SUR    l.\    l'HOPRItrrk    KOStlIÉllE 


CHAPITRE  VI 


DU   MODE    DE    PUHOBB    LES    IMMEUBLES    DES    HYPOTHÈQVES 


>.  L'Immeuble,  bien  que  cbaugeant  de  propriétaire,  reste 
aflecté  de  tous  les  droils  réels  immobiliers  inscrits  sur  le  titre  de 
propriélé. 

2yG.  Le  nouveau  propriétaire  qui  voudra  obtenir  la  radiation 
des  inscriptions  liypotliécaires  prises  sur  l'immeuble  dont  la  pro- 
priété lui  est  transmise,  devra,  après  avoir  fait  inscrire  son  droit 
de  propriété,  soit  avant  les  poursuites  autorisées  par  le  clia- 
pitrc  IV  qui  précède,  soit  dans  le  mois  au  plus  tard  à  compter 
de  la  première  sommation  qui  lui  est  faite,  notifier  à  tous  les 
créanciers  inscrits,  au  domicile  par  eux  élu  : 

("Extrait  de  l'acte  Iransmissif  de  propriété  contenanl  sa  date 
et  sa  qualité  et  la  désignation  des  parties; 

a°  Le  prix  de  l'acquisition  et  les  charges  faisant  partie  du  prix; 
révaluation  de  ces  charges,  celle  du  prix  même  s'il  consiste  en 
une  rente  viagère  ou  perpétuelle  ou  en  toute  obligation  autre 
que  celle  de  payer  un  capital  fi\e;  enfin  l'évaluation  deTimmeu- 
ble  s'il  a  été  donné  ou  cédé  à  tout  autre  titre  qu'à  celui  de  vente; 

3'^  Un  certlHcat  d'Inscriptions  de  toutes  les  liypothètjucs  qui 
pèsent  sur  l'immeuble,  y  compris  celle  du  vendeur  qui  aurait 
bénéficié  des  articles  246  ou  a/jy  de  la  présente  loi. 

277.  IjC  nouveau  propriétaire  ne  pourra  faire  usage  de  la  fa- 
culté accordée  par  le  précédent  article  <[ue  sous  cotidillon  de 
faire  la  notilication  piescrite  dans  l'année  de  l'Inscription  de  son 
droit  de  propriété. 

a^S.  Le  nouveau  prupriélaire  déclarera,  par  le  même  acte, 
qu'il  est  pr*U  d'acquitter  les  dettes  et  charges  liypothécaires  jus- 


■ence  du  pris  ou  de  la  valeur  déclarée,  sani 
tîoQ  aucune  au  profit  du  vendeur  ou  de  tout  autre. 


qu 


dédui 


I 


Sauf  d»pOHboa  contrwre  dan»  1»  litres  drcrraooes,  iijouin 
«le»  Irj-mo  H  drUû  acconkrtau  (iî-lMlrur  ortgînaîrtrt  il  obwr- 
ven  nnn  Hîpulrâ  ctmtre  ce  (lemirf . 

fjrs  rrcaoors  doo  rclam  qui  or  «ioroeol  (pe  pour  pftrtie  m 
ordre  utile  wroat  immedalemenl  nigîbles  vi»-â-Tê  du  dou- 
vciu  proprtètaîrr  jusqu'à  celtr  conmireoce ,  et  pour  le  tout  à 
l'igan)  du  ili^ileur. 

2~9.  Si  fami  les  crcsncim  se  tnMT«  un  reodrar  anot  à  U 
fb»  Chypothèque  qu'il  annît  tait  insmre  et  radion  rôoluiotir 
iju  il  aunit  conserrre  par  fÎDscriplKM) ,  coaformr'nient  au\  ar- 
lidrs  34''  "f  ^17  ^  1^  prrseule  loi ,  îl  aura  (juarante  jours,  j 
partir  de  la  nntificaticMi  â  loi  &jlr ,  pour  opter  eotrr  ces  étrm 
ilrmts,  sous  peine  d'flre  drrfiu  de  l'aclioa  en  résolution  et  de 
ne  pouvoir  plus  rrclamrr  que  son  liypollièque. 

S'il  upU-'  pour  la  résolution  du  (oulral,  il  devra  à  p-inede 
dccliéaiKe,  le  dècUrrr  au  ^n^fTie  du  Iribuiul  devant  Icqud  l'ordre 
doit  être  ponrwïvi.  Le  grHlîer  tioit  m  prcrenir  ininûdiateoient 
le  eooservaleur  qui  en  fira  mention  sur  le  litre  de  propriété. 

La  dtf:laratiou  du  vi-ndtnir  si*ra  f;til''  dans  le  dciai  c)>de^Lsus . 
Itxé,  et  suivie  daas  le:»  Ji\  jours  Je  la  demande  eu  i^rMitutiao. 

A  partir  du  jour  où  le  vendeur  aura  opté  pour  l'action  résolu- 
toire ,  la  purge  sera  suspendue  et  ne  pourra  être  reprise  qu'après 
la  renonciation  de  la  part  du  vendeur  à  l'action  résolutoire,  ou 
après  le  rejet  de  cette  action. 

Les  dispositions  qui  préct'deni  sont  applicables  aux  coéclian- 
gistes  et  au  donataire. 

280.  lorsque  le  nouveau  propriétaire  a  fait  la  notification 
ci-dessus  énoncée  dans  le  délai  fixé,  tout  créancier  dont  l'hy- 
poflièque  est  inscrite  peut  requérir  la  mise  de  l'immeuble  aux 
enclièreset  adjudications  publiques,  à  la  cbai^e  : 

1°  Que  celte  réquisition  sera  signifiée  au  nouveau  propriétaire 
dans  les  quarante  jours,  au  plus  tard  ,  de  la  Dotificalion  faite  à 


LOI    SUR   LA   PROPRIÉTÉ  FONCIÈRE  379 

*  ' 

■  •  * 

la  requêle  de  ce  dernier,  en  y  ajoutant  deux  jours  par  cinq  my- 
riamètres  de  distance  entre  le  domicile  élu  et  le  domicile  réel  du 
créancier  le  plus  éloigné  du  tribunal  qui  doit  connaître  de 
Tordre; 

2^  Qu'elle  contiendra  soumission  du  requérant  ou  d'une  per- 
sonne présentée  par  lui,  de  porter  le  prix  à  un  dixième  en  sus' 
de  celui  stipulé  dans  le  contrat,  ou  déclare  par  le  nouveau  pro- 
priétaire. Cette  enchère  portera  sur  le  prix  principal  et  les 
charges,  sans  aucune  déduction ,  mais  non  sur  les  frais  du  pre- 
mier contrat; 

S""  Que  la  même  signification  sera  faite,  dans  le  même  délai, 
au  précédent  propriétaire  et  au  débiteur  principal  ; 
:  4^  Que  l'original  et  les  copies  de  ces  exploits  seront  signés  par 
le  créancier  requérant,  ou  par  son  fondé  de  procuration  expresse, 
lequel,  en  ce  cas,  est  tenu  de  donner  copie  de  sa  procuration. 
Ils  devront  aussi  être  signés,  le  cas  échéant,  par  le  tiers  eur 
chérisseur  ; 

5°  Que  le  requérant  offrira  de  donner  caution  personnelle  ou 
hypothécaire  jusqu'à  concurrence  du  prix  et  des  charges. 

Le  tout  à  peine  de  nullité. 

1281.  A  défaut,  par  les  créanciers,  d'avoir  requis  la  mise  aux 
enchères  dans  le  délai  et  les  formes  prescrits ,  la  valeur  de  l'im* 
meuble  demeure  définitivement  fixée  au  prix  stipulé  dans  le  con- 
trat, ou  déclaré  par  le  nouveau  propriétaire. 

Les  inscriptions  qui  ne  viennent  pas  en  ordre  utile  sur  le 
prix  seront  rayées  pour  la  partie  qui  l'excédera ,  par  suite  de 
l'ordre  amiable  ou  judiciaire  dressé  conformément  aux  lois  de 
la  procédure. 

Le  nouveau  propriétaire  se  libérera  des  hypothèques ,  soit  en 
payant  aux  créanciers  inscrits  en  ordre  utile  les  créances  exigibles 
ou  dont  l'acquittement  lui  est  facultatif,  soit  en  consignant  le 
prix  jusqu'à  concurrence  de  ces  créances. 


380 


LA    TV.SISIE   DEPUIS    L  OCCUPATION    HRANt^lSK 


Il  resUr  soumis  aux  liypotlièques  venant  va  ordre  utile,  à  rai* 
son  des  créances  non  exigibles  dont  il  ni;  voudrait  ou  np  pour- 
rait se  libérer. 

aSa.  En  tas  de  revente  par  suite  de  surenchère,  elle  aura 
lieu  suivant  les  formes  de  la  procédure  civile. 

2B3.  L'adjudicataire  est  tenu,  au  delà  du  prix  de  sou  ad- 
judication, de  restituer  à  l'acquéreur  ou  au  donataii'e  dépos- 
sédé les  frais  el  loyaux  coûts  de  son  contrat ,  ceux  de  sod  dépôt 
à  la  conservation  de  la  propriété  foncière,  ceux  d'inscription, 
ceux  de  notification  et  ceux  faits  par  lui  pour  parvenir  à  li 
revente. 

a84.  IjC  désislemcut  du  créancier  requérant  la  mise  au: 
chères  ne  peut,  même  quand  le  créancier  payerait  le  montant  de 
la  soumission,  empêcher  l'adjudication  publique,  si  ce  n'est  du 
consentement  exprès  de  tous  les  auti-es  créanciers  hypothécaires, 
ou  si  ces  derniers,  sommés  par  huissier,  au  domicile  par  eux 
élu,  de  poursuivre  l'adjudication  dans  la  quinzaine,  n'y  doo^ 
nent  point  suite. 

a85.  L'acquéreur  qui  se  sera  rendit  adjudicataire  aura  soa 
recours  tel  que  de  droit  couti-e  le  vendeur,  pour  le  rembourse- 
ment de  ce  qui  excède  le  prix  stipulé  par  son  titre,  et  poui 
l'ïntérêl  de  cet  excédent,  à  compter  du  jour  de  chaque  paye- 
ment. 

a8(î.  Dans  le  cas  où  le  titre  du  nouveau  propriétaire  conh 
prendrait  des  immeubles  et  des  meubles,  ou  plusieurs  immeu- 
bles, les  uns  hypothéqués,  les  autres  non  liypothtH|ués,  alién 
pour  un  seul  et  même  prix ,  ou  pour  des  prix  distincts  et  sépa-^ 
rés,  soumis  ou  noua  la  même  exploitation,  le  prix  de  chaque 
immeuble  frappé  d'inscriptions  particulièi'es  et  séparées,  sera 
déclaré  dans  la  notification  du  nouveau  propriétaire,  par  ven- 
tilation ,  s'il  y  a  lieu ,  du  prix  total  exprimé  dans  le  titre. 

Le  créancier  surenchérisseur  ne  pourra,  en  aucun  cas,  étrc 


LOI   SUR   LiV   PROPRIÉTÉ   FONCIKRE  381 

contraint  d'ctendresasoumission  ni  sur  le  mobilier,  ni  sur  d'au- 
tres immeubles  que  ceux  qui  sont  hypothéqués  à  sa  créance , 
sauf  le  recours  du  nouveau  propriétaire  contre  ses  auteurs ,  pour 
l'indemnité  du  dommage  qu'il  éprouverait  soit  de  la  division  des 
objets  de  son  acquisition ,  soit  de  celle  des  exploitations. 


TDiiE  xn 


a^--  L^  tri 


!r  peol  poonônc  Pcxproprùikui  des  droili 
!s  snivauls  i|HMil<naii!  an  defaitciir  : 


I*  U  propncCê 

3*  l'usufruit  des 

4*  i'ciBfilnlrâac  ; 

V  b  superficie. 

itSS.  Néanmoins  b  pan  îndirâe  d'un  rofaéTÎIîn-  dans  les  h 
Meubles  d'une  succession  ne  peut  être  mise  en  rente  par  s 
a<énnc>ers  personnels,  avant  le  partie  ou  la  licilalion  qu' 
peuvent  proroqurr  s'ils  le  jugent  convenable,  ou  dans  lesquek 
ool  le  droit  d'întervmir  cooformemenl  aux  lois  sur  les  suocc 
sioos. 

289.  Les  imiDeubtes  d'un  mioeur,  mène  émancipé,  ou  d'i 
interdit,  ne  peuvent  être  mis  eu  vente  avant  la  discussion  1 
mobilier. 

290.  La  discififiioa  du  mobilier  n'est  pas  ret|otse  avant  l'e 
propriation  des  immeubtes  possédés  par  indivis  entre  un  maje 
et  un  mineur  ou  un  interdit,  si  la  dette  leur  est  commune 
ni  dans  le  ctt  OÙ  les  poursuites  ont  été  commencées  contre 

I  l'inlerdicli 

I  des  ^^^^|l  cjui  font  partie  de  fe 


majeur, 


251, 


liteur,  seul ,  quoique 


LOt   SUR   LA   PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE     '  383 

Celle  des  immeubles  de  la  femme  qui  ne  sont  point  entrés 
en  communauté  se  poursuit  contre  le  mari  et  la  femme,  la- 
quelle, au  refus  du  mari  de  procéder  avec  elle,  ou  si  le  mari  est 
mineur,  peut  être  autorisée  en  justice. 

ËiLcas  de  minorité  du  mari  et  de  la  femme,  ou  de  minorité 
de  la  femme  seule ,  si  son  mari  majeur  refuse  de  procédei:  avec 
elle,  il  est  nommé  par  le  tribunal  un  tuteur  à  la  femme,  contre 
lequel  la  poursuite  est  exercée. 

292.  Le  créancier  ne  peut  poursuivre  la  vente  des  immeubles 
qui  ne  lui  sont  pas  hypothéqués  que  dans  le  cas  d'insuffisance 
de  ceux  qui  lui  sont  hypothéqués. 

293.  Il  ne  pourra  être  procédé  simultanément  à  la  vente 
de  divers  immeubles,  appartenant  au  même  débiteur,  qu'a- 
près autorisation  sur  requête  délivrée  par  le  Président  du  tri- 
bunal. 

294*  Si  le  débiteur  justifie,  par  baux  inscrits,  que  le  revenu 
net  et  libre  de  ses  immeubles  pendant  une  année  suffit  pour 
le  paiement  de  la  dette,  en  capital,  intérêts  et  frais  et  s'il  en 
offre  la  délégation  au  créancier,  la  poursuite  peut  être  suspen- 
due par  les  juges,  sauf  à  être  reprise  s'il  survient  quelque  op- 
position ou  obstacle  au  payement. 

295.  La  vente  forcée  des  immeubles  ne  peut  être  poursuivie 
qu'en  vertu  d'un  titre  inscrit  ou  exécutoire  pour  une  dette  cer- 
taine et  liquide.  Si  la  dette  est  en  espèces  non  liquidées,  la 
poursuite  est  valable;  mais  l'adjudication  ne  pourra  être  faite 
qu'après  la  liquidation. 

296.  Le  cessionnaire  d'un  titre  exécutoire  ne  peut  poursui- 
vre l'expropriation  qu'après  que  la  signification  du  transport  a 
été  faite  au  débiteur. 

297.  Jja  poursuite  peut  avoir  lieu  en  vertu  d'un  jugement 
provisoire  ou  définitif,  exécutoire  par  provision,  nonobstant 
appel;  mais  l'adjudication  ne  peut  se  faire  qu'après  un  juge- 


LA   TUHtSIK   DKPUIS    LOCCUPATtOX    FRAXÇAISE 

trient  (icBnitif  en  dernier  l'cssort ,  oti  passt^  en  force  de  ckoa 
jugéf. 

I^  poursuite  ne  peut  s'exercer  ea  vertu  de  jugements 
par  dt-fdut  durant  le  dt-l<ii  de  l'opposition. 

ai)!^.  La  poursuite  ne  p(>ut  vtre  annutt'c  sou&  prétexte  que  le 
ci'i-ancier  l'aurait  commencée  pour  imo  sommu  plus  Ibrk'  qnC 
celle  cjui  lui  est  due. 

299.  Toute  poursuite  en  expropriatiou  d'immeuble  doit  èvn 
précédée  d'un  commaademeiit  d  payer,  fait,  à  la  diligence ct^ 
requête  du  créancier,  ù  la  personne  du  débiteur 
domicile  par  le  ministère  d'un  huissier. 

Si  ce  coinniuudemenl  est  signifié  au  conservateur,  celui-d 
l'inscrira,  et  l'imnienlile  du  débiteur  ne  pourra  faire  l'obji 
d'uucune  autre  iiiscriplion  pendant  le  cours  de  l'instance  ea 
expropriation. 

Les  formes  du  commandement,  celles  de  la  poursuite  6e 
l'expropriation,  l'ordre  et  la  distribution  du  pri.v  et  la  maniera 
d'y  proccdei'  sont  réglées  pur  les  lois  sur  la  procédure. 


TITRE  Xni 
De  la  prescription 

Les  art.  3oo  à   34'  ■"^"^  abrogés. 


PI(OPRII':Tk    FOXCIKRF. 


TITRE  XIV 

De  l'inscription  des  droits  réels  immobiliers 
CHAPITRE  I 

DU    DÈPflT    ET    DE    LA    CONSERVATION    DES   ACTES 

3.'|a.  Tout  droit  ivcl  relatifà  un  immeuble  déjà  iinmatriciiit- 
n'existera,  à  l'égard  des  tiers,  que  par  le  fait  et  du  jour  de 
sou  inscription  sur  le  titre  par  le  conservateur  de  la  propriété 
foncière,  sans  préjudice  des  droits  et  actions  réciproques  des 
parties  pour  l'inexccution  de  leurs  conventions. 

343.  Tous  faits  ou  conventions  ayant  pour  effet  de  trans- 
mettre ,  déclarer,  modifier  ou  éteindre  un  droit  réel  immobilier, 
d'en  clianger  le  titulairt;  ou  de  modifier  toute  autre  coudition 
de  son  inscription,  tous  baux  d'immeubles  excédant  une  année, 
toute  quittance  ou  cession  d'une  somme  équivalente  à  plus 
d'une  année  de  loyers  ou  fermages  non  écbus,  ou  à  plus  d'une 
année  d'arrérages  non  éclius  de  la  rente  de  l'enzel  seront,  pour 
être  opposables  aux  tiers,  constatés  par  écrit  et  inscrits  sur  le 
litre  par  le  conservateur  de  la  propriété  foncière. 

Les  écrits  indiqueront  l'état  civd  des  parties  contractantes  et 
mentionneront  leur  contrat  de  mariage,  s'il  en  a  été  fait  un , 
ainsi  que  la  date  de  ce  contrat,  les  noms  el  résidence  de  l'officier 
public  qui  l'aura  reçu.  Us  seront,  ainsi  que  toute  décision  judi- 
ciairt-  ayant  le  mi'me  effet,  déposés  soit  en  expédition  à  la  con- 
servation de  la  propriété  foucièn-. 

Ils  seront  conservés  dans  les  arcliives  et  des  copies  faisant  foi 
de  leur  contenu  et  de  la  date  du  dépôt  pourront  être  délivrées 
,  à  toutes  époques  aux  intéressés. 


MC 


U   TOgnSIX  depuis  L  OCCCPATtOX  FRAIICAISR 


Ijfs  signaliira  des  parties  appo»é«s  au  bas  des  écrits  autm 
({la-  k-s  actt!:sautbentiqiiosou  judiciaircssvroot,  avant  le  dépôt, 
IvgalÏH't's  : 

Ea  €c  qui  c-ottarnii-  Ira  Europccos,  par  Tuoc  des  autorltù 
suivantes  .- 

Le  Prèsitlcul  du  tribunal  civil; 

hn  Jiigt^  de  Paix  ; 

l..e!>  (xtntrôli-urs  civils  ; 

1.4^  I'ni«idcnt&  des  miuiicipalités,  s'ils  sout  deDalîonalili-  i;u- 
ropccnnc;  et,  au  cas  roiilrairc,  le  Vice-Pi'êsident  de  celle  na- 
tiaualité; 

1^^  Coasuls,  Vicc-Cuiisuls  et  AgciiU  ronsulaiits,  paur  Icun  i 
nalinnaus  et  protégés. 

Vm  ce  (]ui  «.-oiioerne  les  indigènes  pBi-  : 

1^'  l'n-niier  Miutsli-e  ou  son  délégué; 

Ia-  l'réiident  du  Iribiioal  civil  ; 

Ia-s  Juges  de  Paix  ; 

l^-s  Contrôleurs  civils; 

l^s  Présidents  des  municipalités  s'ils  sont  iiidigénes;  et,  aUj 
cas  contraire,  le  Vice-Président  indigène; 

Les  Cadis. 

Les  écrits  rédigés  par  les  notaires  tunisiens  seront  signi-s  par 
les  parties  dont  les  signatures  seront  légalisées,  ainsi  qu'il  est  dit 


Si  les  parties  ne  savent  ou  ne  peuvent  signer  la  reconnais- 
sance de  l'écrit  aura  lieu  devant  l'une  des  autorités  désignées 
ci-dessus,  en  présence  de  deux  témoins  du  sexe  masculin,  sa- 
cliant  signer  et  ayant  ta  capacité  nécessaire  pour  contracter. 

Le  magistrat  ou  fonctionnaire  certifiera  la  reconnaissance  de 
l'écrit  cl  la  signera  avec  les  témoins. 

Les  légalisations  et  reconnaissances  devront,  dans  tous  les 
cas,  èli-e  rcvêtuesdu  sceau  des  magistrats  ou  fonctionnaires  dé- 


signésci-dcssiis  dont  les  sir^natures  seront  ellea-nitirncs  légalisées 
selon  les  règles  ordinaires. 

Si  le  nom,  l'élal  ou  la  demeure  des  parties  ou  des  témoins 
ne  sont  [)as  connus  du  magistral  ou  du  fonctionnaire  qui  pro- 
cédera à  la  légalisation  ou  devant  lequel  aura  lieu  la  reconnais- 
sance de  l'écrit,  ils  devront  lui  être  attestés  par  deux  témoins 
connus  de  lui  et  ayant  les  mêmes  qualités  que  colles  indiquées 
ci -dessus. 

A  défaut  d'exécution  de  ces  prescriptions,  le  conservateur 
iviusera  l'inscription. 

Si  plusieurs  originaux  ou  expéditions  des  pièces  énumérées 
<ù-des£us  lui  sont  remises  pour  être  inscrites,  le  Conservateur 
n'en  conservera  qu'une,  et  devra  remettre  les  autres  aux  inté- 
ri'ssés  après  y  avoir  mentionné  que  l'inscription  a  été  effectuée. 

'^44-  I-*  conservateur  tiendra,  indépondamnient  du  i-egislre 
des  titres  de  propriété  prévu  par  l'article  45  de  la  présente  loi   : 

1°  Un  registre  d'ordre  des  formalitts  préalables  à  l'imma- 
triculation ; 

i"  Un  registre  de  dépôt  ofi  seront  constatées  par  numéros 
d'ordre ,  et  à  mesure  qu'elles  s'effectueront ,  les  remises  des 
décisions  du  tribunal  mixte  ordonnant  l'immatriculation;  celles 
des  documents  à  fui  d'insci'iption,  de  transcription  de  saisie, 
et  généralement  de  tous  actes  ou  écrits  à  inscrire,  transcrire 
ou  mentionner. 

Ce  dernier  registre  est  arrêté  cliaque  jour  par  le  conservateur. 

345.  Le  registre  de  dépots  sera  tenu  eu  double  et  l'un  des  dou- 
illes sera  déposé,  sans  frais,  et  dans  les  trente  jours  qui  suivront 
sa  clôture,  au  greffe  du  tribunal  de  première  instance  de  Tunis. 

346.  Le  conservateur  donnera  au  déposant,  s'il  le  demande, 
pour  cliaque  document  déposé,  une  rocon naissance  qui  repro- 
duira la  mention  du  registre  de  dépôts  et  rappellera  le  numéro 
d'ordre  sous  le(iuel  cette  mention  a  été  portée. 


a 


38H  LA  TUNisiii:  DEPtus  i.'<)u:rPATi().\  krancaisk 

■i'\j.  Ijt-  conscrvatuiir  lifiidra  t'Qcore  : 

I  "  Une  t»bl(^  Bipluibétiqiit!  des  titulaires  des  droits  réels  el 
dps  baux  insc-rils  à  la  coaservatîoii  de  la  propritrtc  foncière; 

2"  L'iift  lablf  nIpbah('liqiio  dris  titiTs  de  propriélc; 

V|ti.  Le  PiiJsidcnl  du  Iribuual  civil  cl  le  Procureur  de  U 
République  pouiTOiU  demander  personnelleineut  la  cominuiii- 
cation  sans  di-placemc;nl  di-s  registres  de  la  conservation. 

3/19.  Tous  Ii's  rt'gistres  du  conservaleui-  sont  colrs  et  para- 
pbés  par  cliaque  page,  par  première  el  dernii-re,  par  l'un  Jw 
juges  du  tribunal. 

Sbo.  Toute  personne  au  nom  de  laquelle  inscription  est  pris- 
à  la  conscrvalion  de  la  propriété  l'oncièi'e  doit  faire  élection  de 
domicile  eu  Tunisie,  au  cUef-lîcu  d'une  justice  de  paix.  Faute 
de  quoi  toutes  significations  lui  seront  valablomeiit  faite»  au 
greffe  de  la  justice  de  paix  dans  le  i-cssort  de  laquelle  sont  situt-s 
les  immeubles. 

II  est  loisible  à  celui  au  nom  duquel  une  inscription  a  ete 
prise,  ou  à  ses  représentants,  de  obangi-r  de  domicile  |>ar  lui 
élu,  à  la  charge  d'en  cboisir  et  indiquer  un  autr<'  dans  le  mêiiie 
chef-lieu  de  justice  de  paix. 

CHAPITBE  II 

DL'    MODE    d'opérer    LES   IN'SCRIFTIONS    ET    LES    RADIATIONS 
OU   EÉDITCTIONS   d'iNSCRIPTIONS 

SECTION  r 
Des  oblIcatioDB  dn  coiuerTatear 

35 1 .  Les  inscriptions  et  transcriptions  de  saisie  sont  portées, 
rayées,  réduites  ou  rectifiées  par  le  conservateur  de  la  propriété 
foncière  au  moyen  de  mentions  sommaires  faites  sur  le  registre 
des  titi-es  de  propriété. 


fSi.iy 


LOI    SUR    LA    PROI'BIETK    FONCIERE 


;i8!> 


352.  Le  conservateur  est  tcDU  de  délivrer  à  tous  ceux  qui 
le  requièrent,  soit  un  certificat  établissant  la  couformité  des 
copies  du  litre  de  propriété  avec  le  même  titre,  soll  copie  litté- 
rale de  toutes  les  mentions  concernant  un  droit  réel  immobilier, 
ou  de  celles  qui  seront  spécialement  designées  dans  la  réquisi- 
tion des  parties,  soit  certîHeat  qu'il  n'en  existe  aucune. 

II  pouri'a  également  délivi-er,  sur  réquisition  expresse,  le  re- 
levé sommaire  des  inscriptions  conecrnant  un  droit  réel  immo- 
bilier; ce  relevé  ne  sera  fourni  qu'à  tilre  de  simple  renseigne- 
ment, et  n'engagera  point  la  responsabilité  du  conservateur. 

Toute  réquisition  sera  écrite,  datt-e  et  signée. 

Si  le  requérant  qui  se  présente  à  la  conservation  ne.  saÎL 
écrire,  la  réquisition  sera  remplie  par  le  conservateur. 

Dans  tous  les  cas,  elle  devra  être  reproduite  en  tèle  des  étals 
ou  certificats. 

Î53.  Hors  des  cas  prévus  par  la  loi ,  le  conservateur  ne  peut 
ni  refuser,  ni  retarder  une  inscription,  une  radiation,  ou  rec- 
tification d'inscription  régulièiTment  demandée,  la  délivrance 
de  la  copie  du  titre  de  propriété  aux  personnes  qui  y  ont  droit 
en  vertu  des  articles  5 1  et  5^  de  la  présente  loi ,  et  à  toute  per- 
sonne, dos  certificats  d'inscriptions,  .sous  peine  de  dommages- 
intérêts. 

35ii.  Si  le  conservateur  a  des  doutes  sur  la  capacité  des  par- 
ties, il  procédera  à  une  inscription  provisoii-e  et  imposera  au 
requérant  un  délai  de  quinzaine  augmenté  du  délai  des  dis- 
tances, pour  produire  les  justifications  nécessaires.  Ce  délai 
courra  ù  partir  du  lendemain  de  la  remise  de  la  notification  soit 
à  la  partie,  soit  au  domicile  élu;  si  le  dernier  jour  du  délai  se 
trouve  être  un  dimancbe  ou  jour  férié,  ce  jour-là  ne  sera  pas 
compté. 

Si  les  justifications  sont  faites  daus  le  délai  légtil ,  l'inscriptioa 
définitive  prendra  date  du  jour  de  l'inscription  provisoire. 


L. 


:l!)ll  LA    TUNISIE  DEPCI5   L  OCCDPATIO.V  FXAKÇAISK 

Au  cas  roiilraiiv,  i'iiiscrijilioa  provisoire  sera  iiullu. 

Qiiaml  les  jusliRcatioiis  scroiil  jugéi-s  iasufOsanles  par  le  roo- 
sci-vateur,    l'inscriptioii    di-finitive   ne    pourra   être   prise, 
s'agit  d'un  justiciable  des  tribunaux  français,  qu'en  vertu  d' 
jugement  du  tribunal  civil  rendu  sur  simple  requête,  contradîo 
toirement  avec  le  Procureur  de  la  République  et  avant  acquj 
l'autorité  de  la  ctiosc  jug^êe. 

1,'inslancc  sera  introduite  dans  les  huit  jours  qui  suivec 
l'expiration  du  délai  Bxé  par  le  premier  alinéa  du  présent  article^ 
l'instruction  se  fera  par  simples  mémoires   remis  au  partjueL' 

Le  ministère  des  défenseurs  ne  sera  pas  obligatoire. 

Les  jugements  seront  rendus  dans  les  trois  mois,  au  plus  tard, 
a  compter  de  l'introduction  des  instances,  sur  le  rapport  d'ia 
juge  fait  en  audience  publique  et  sur  les  conclusions  du  l'i-ocit 
leur  de  la  République.  Ils  seront  sans  appel  et  ne  pourront  ètr* 
attaqués  par  voie  (le  cassation. 

S'il  s'agit  d'un  indigène,  l'instance  sera  introduite  dans  le 
même  délai ,  et  le  jugement  sera  rendu ,  dans  les  trois  mois,  par 
le  tribunal  de  l'Ouzara, 

L'inscription  ordonnée  [wr  le  tribunal  prendra  rang  égalée 
ment  du  jour  de  l'inscription  provisoii-e. 

l<es  frais  de  l'instance  resteront,  dans  tous  les  cas,  à  la 
cliarge  du  requérant. 

35^).  Lorsque  des  omissions  ou  des  erreurs  auront  été  i 
mises  dans  le  titre  de  propriété  ou  dans  les  inscriptions,  \dt 
parties  intéit^ssées  pourront  en  demander  la  rectification. 

l^e  conservateur  pourra,  en  outre,  rectifier  d'office  et  sou 
sa  responsabilité,  les  irrégularités  provenant  de  son  cbef. 

Dans  tous  les  cas,  les  premières  inscriptions  devront  ètn 
laissées  intactes,  el  les  corrections  seront  inscrites  à  la  daft 
courante. 

356.  En  cas  de  refus  de  la  part  du  conservateur,  le  tribun^ 


LOI    suit    LA    PROPHIt:TK    fO-VCI^RK 


391 


poiiiTa  ordonner  des  coneclions  qui  seront  faites  dans  les 
inèmes  conditions;  il  pourra  également  ordonner,  s'il  y  a  lieu, 
la  délivrance  de  la  copie  d'un  titre  de  propriété  ou  d'un  certi- 
ficat. 


^M'  De  la  réquisitioa  d'inacrlptlon 

357.  Toute  personne  intéressée  pourra,  en  produisant  les 
pièces  dont  le  dépôt  est  prescrit  par  la  présente  loi,  requérir 
du  conservateur,  l'inscription,  la  radiation,  \a  réduction  ou  la 
l'ectification  de  l'inscription  d'un  droit  réel  immobilier.  Toute* 
fois,  pour  être  inscrit,  ce  droit  devra  tître  tenu  directement  du 
titulaire  de  l'inscription  précédemment  prise.  En  conséquence, 
dans  le  cas  oîi  un  droit  réel  immobilier  aura  Fait  l'objet  de  plu- 
sieurs mutations  ou  conventions  snccessi  ves,  la  dernière  mutaliou 
ou  convention  ne  pourra  être  inscrite  avant  les  précédenles. 

358.  Le  privilège  du  crédit  rentier  de  l'enzel  sera  inscrit  d'of- 
lice  par  le  conservateur  au  moment  de  l'immatriculation  de  l'im- 
meuble, ou  au  moment  du  dépôt  de  l'acte  constitutif  de  l'enzel 
sur  un  immeuble  déjà  inmialrirulé,  ou  à  la  requête  du  crédit 
rentier. 

Le  conservateur  devra  également,  au  moment  de  l'inscrip- 
tion d'un  jugement  d'adjudication,  prendre  d'office,  au  profit  du 
débiteur  saisi,  du  collcitanl ,  ou  de  leurs  ayants  droit,  une  liypo- 
tlièque  pour  sûreté  du  payement  du  prix  de  l'adjudication,  dont 
la  payement  préalable  ne  lui  serait  pas  justifié. 

35g,  L'inscription  dos  droits  des  mineurs  cL  des  interdits  seru 
faite  à  la  requête  des  tuteurs  ou  subrogés  tuteurs,  et,  à  défaut, 
à  la  requête  des  membres  du  conseil  de  famille,  du  procureur 
<le  la  République,  des  juges  de  pai\,  du  consul,  dos  parents, 
des  amis  des  incapables  et  des  incapables  eux-mêmes. 


:)9i  LA    TCNISIK  DSrVI»  L'uCCL'PATION-    l-HA.XÇ.\l!i|': 

-JCu.  l/inscription  des  di-oits  de  la  femme  mariée  se  fait  i  » 
recjU^te  du  mari ,  ou ,  h  diifaut ,  à  la  reqiit-te  àe  la  femiiio ,  u 
SCS  paiTtiU  ou  do  sv»  amis. 

3(h  .  L'hypotlièqut-  testa  ment  aire  sera  inscrite  par  le  conse*-  ■ 
vatt'ur,  sur  le  dopol  du  U-stament  ou  de  la  copie  autlienliijuc ,  a 
l:i  requtte  du  K'-f^aLiire. 

SECTION  m 
Des  obltgatloiiB  du  requérant  une  inscription 

36'i.  Le  rc(]iiéraut  une  inscription,  la  radiation,  rcduclion 
ou  rectification  d'une  inscription  devra  remettre  au  conserva- 
teur, pour  oliucjue  droit  réel ,  les  pièces  donl  le  dépôt  est  pres- 
crit par  la  pré-Sf'nte  loi. 

3(i3.  Ix's  inscriptions  à  l'aire  sur  les  biens  d'unr  persoiiue 
décéd^e  pourront  être  faites  sous  ta  simple  désignation  du  dù> 
funl. 

36^.  Kn  cas  de  dt'cès  d'nn  détenteur  d'un  droit  i-eel  im- 
mobilier non  inscrit,  inscription  |>onrra,  avant  liquidation  ou 
partage,  être  prise  au  nom  de  la  succession,  sur  la  seule 
production  de  l'acte  de  décès,  et  ces  inscriptions  seront  mo- 
difiées après  partagt! ,  en  conformité  de  l'acte  de  partage  qui  sera 
produit. 

365.  En  cas  de  donation,  l'inscription  se  fera  sur  le  dépôt 
de  l'acte  de  donation  ou  d'une  expédition. 

366.  Pour  obtenir  l'inscriptioa  nominative  de  droits  réels 
immobiliers  résultant  de  l'ouverture  d'une  succession,  les  re- 
quérants produiront ,  outre  l'acte  de  décès ,  s'il  s'agit  d'une  suc- 
i.-ession  ab  intestat,  un  certificat  constatant  leur  état  civil  et  leurs 
droits  exclusifs  à  l'hérédité. 

Ces  certificats  seront  établis,  en  Tunisie,  par  les  juges  de  paix 
ou  par  les  agents  consulaires,  pour  les  nationaux  et  protégés 


LOI  SUR  LA  PROPRIÉTÉ  FONCIÈRE  393 

des  diverses  nations  européennes,  et ,  pour  les  Tunisiens ,  par  les 
juges  de  paix  ou  les  cadis.  Les  certificats  établis  hors  de  la  Tu- 
nisie seront  passés  en  la  forme  authentique. 

S'il  s'agit  d'une  succession  testamentaire,  les  mêmes  pièces 
et  9  de  plus 9  l'acte  testamentaire  ou  une  expédition  de  cet  acte 
et,  s'il  y  a  lieu,  le  consentement  des  héritiers  ou  des  légataires 
universels,  ou  la  décision  du  tribunal  autorisant  l'envoi  en 
possession. 

L'art,  567  est  abrogé. 

SECTION  IV 

De  la  forme  des  inscriptions 

;:!  1 .  —  De  l'inscription  des  droits  réels  immobiliers  et  des  baux 

368.  Les  inscriptions  ou  mentions  de  droits  réels  immobiliers 
et  de  baux  indiquent  : 

Pour  la  propriété  immobilière  :  le  propriétaire  ; 

Pour  Tenzel  :  le  propriétaire ,  le  crédit  rentier  et  le  montant 
annuel  de  la  rente; 

Pour  l'usufruit  des  immeubles,  l'usage  et  l'habitation,  l'em- 
phytéose  et  la  superficie  :  le  propriétaire  et  l'usufruitier,  l'usa- 
ger, l'emphytéote  et  le  surperficiaire; 

Pour  les  servitudes  foncières  :  le  fonds  servant  sur  le  titre  de 
propriété  du  fond  dominant ,  et  réciproquement  ; 

Pour  l'antichrèse  et  l'hypothèque  :  le  propriétaire,  le  créan- 
cier et  le  montant  de  la  créance; 

Pour  les  baux  :  le  locataire  et  le  prix  annuel  du  bail. 

369.  L'inscription,  la  radiation  et  la  réduction  d'inscription 
mentionnent ,  à  peine  de  nullité ,  la  date  à  laquelle  elles  ont  été 
effectuées. 

3^0.  Les  droits  immobiliers  et  les  baux  sont  inscrits  avec 


( 

1 

r 


I  La   TITKISIK   ORTl'IS    L  OCrCrATKlN   fRAKC^ISK 

nrtndication   sonimaîi'e  de  toutes  les  conditions  et  clauses  3ux< 
quelles  soûl  suborttouui^^  leui'  existence  et  leur  exercice. 

L  <irt .  3^  i  est  iibrugé. 

373.  Le  droit  roncédé  au  locatairi!  ou  à  IVmplijt^ote  d'aclie- 
ter  ir  fouds  OU  de  reiioiivdvr  le  Ijaii ,  k  durée  du  bail  et  Iti 
anticipations  du  payt^mcnt  du  loyi^r,  devront  être  meutioni 
dan&  riiiscriptiun  pour  êtreopposubles  aux  tiers. 

l'art,  'in'i  est  abmgé. 


inforiiiilÉ  du  titre  de  propriété  et  den  copies 


loéij 


It^^-  Toutes  les  fois  qu'une  inscrlplion  sera  portée  sur  le  titiv 
de  propriété,  elle  devra  l't^tre  en  mûme  temps  sur  les  copies  du 
titre  que  le  conservateur  aurait  dclivrt-es. 

3^5.  A  défaut  de  production  de  ces  copies,  si  la  formalité 
est  (lesliuèc  à  constater  un  fait  ou  une  stipiilalioa  qui  suppose 
le  consentement  des  porteui-s,  le  conscrvalour  refusera  l'ins- 
crîptioQ. 

Dans  les  autres  cas,  il  fera  l'inscription,  la  portera  sur  le 
titre  de  propriété,  la  notifiera  aux  dëteuteurs  des  copies  désignés 
dans  les  articles  5[  et  52,  et,  jusqu'à  ce  que  la  concordance 
entre  le  titre  et  les  copies  ait  été  rétablie,  il  refusera  toute 
nouvelle  inscription  prise  de  leur  consentement. 

37G.  En  cas  de  perte  de  la  copie  d'un  titre  de  propriété,  le 
conservateur  ne  pourra  en  délivrer  une  nouvelle  que  sur  le  vu 
d'un  jugement  du  tribunal  l'ordonnant. 

CHAPITRE  m 

1>E   L\   RESPONSABILITÉ   Dl'   CONSERVATEUR 

377.  IjC  conservateur  est  responsable  du  préjudice  résultant  : 
1"  de  l'omission  sur  ses  registres,  des  inscriptions  réguliôre- 
inent  re<juisesen  ses  bui-eaux; 


LOI    SVR    LA    PROPRIÏTK    tOXCIHRK 


a"  (le  l'omission ,  sur  les  copies ,  des  inscriptions  porti-es  sur 
le  titre ,  sauf  l'hypotlièse  pri-vue  par  l'article  3y5  ; 

3"  du  défaut  de  mention,  savoir  :  sur  les  titres  <le  proprielc, 
lies  inscriptions  affectant  directement  la  propriété  ou  l'enzel  ;  et 
dans  les  états  ou  certificats,  d'une  ou  de  plusieurs  des  inscrip- 
tions existantes,  à  moins  qu'il  ne  se  soit  exactement  conformé 
aux  réquisitions  des  parties,  ou  que  le  défaut  de  mention  ne 
provienne  de  désignations  insuffisantes  qui  ne  pourraient  lui  cire 
imputées. 

3^8.  L'immeuble  à  l'égard  duquel  le  conservateur  aurait 
omis,  dans  les  copies  du  titra  de  propriété  ou  dans  les  certifi- 
cats, un  ou  plusieurs  des  droits  inscrits  qui  devaient  y  figurer 
légalement,  en  demeure  affranclii  dans  les  mains  du  nouveau 
possesseur,  sauf  la  i-esponsabilité  du  conservateur,  s'il  y  a  l'eu. 

Néanmoins,  celle  disposition  ue  préjudicic  jias  au  droit  des 
créanciers  hypothécaires  de  se  faln-  colloquer,  suivant  l'ordre 
qui  leur  appartient,  tant  que  le  prix  n'a  pas  été  payé  par  l'ac- 
quéi-eur,  ou  tant  que  l'ordre  ouvert  entre  les  créanciers  n'est 
pas  devenu  définitif. 

lyt).  Le  conservateur  est  tenu  de  se  confonncr  dans  l'exer- 
cice de  ses  fonctions,  à  toutes  les  dispositions  de  la  présente  loi, 
à  peine  d'une  amende  de  cent  à  deu)L  mille  francs  pour  la  pre- 
mière contravention.  En  cas  de  récidive,  l'amende  sera  doublée 
et  la  destitution  pourra  même  être  prononcée;  le  tout  sans  pré- 
judice des  dommages  et  intérêts  des  parties,  lestjuels  seront 
payés  avant  l'amende, 

3Ho.Les  mentions  de  dépôts  sont  faites  sur  les  registres  de 
suite,  sans  aucun  blanc  ni  interligne,  à  peine,  contre  le  con- 
servateur, do  cinq  cents  à  trois  mille  fraucs  d'amende,  et  de 
dommages  et  intérêts  des  parties,  payables  aussi  de  préférence  â 
l'amende. 


i 


L    Tl'MSIE    r>KPll! 


DISPOSITIONS  OENKRALES 

38 1.  IjPS  dispositions  des  articles  147,   14^1  '''  s'il  y  a  lie 
<le  l'article  /|63  du  Code  pénal  français'  sont  applicables  : 


I.  CoDt  Péthl.  Amt.  117.  —Seront  punis  des  Iravaai  tanèt  k  temps  loulci  lo- 
iTti  pcrsouQrs  qui  auront  commis  un  taux  eu  friture  autbeotiqne  rt  pubtii|aF. 
RH  écriture  de  catnmercc  ou  de  banque. 

Soit  par  contrefaçon  ou  altération  décritnrM  ou  de  «lenaluresi 

Soit  par  tabricatinn  de  ciinvfntions.  dispositions,  otiligatlons  ou  dccliarges,  m 
par  leur  Insertion  après  coup  dans  ixs  actes; 

Soit  par  aildttion  ou  altération  de  clauwt ,  de  déclarations  on  de  faits  que 
actes  avaient  (nur  objet  de  recevoir  et  de  constater. 

.iRT.  1 1).  ~  Dans  tons  les  cas  exprimes  au  présent  para(;raphe .  telui  qui  » 
Tait  usage  des  actes  faux  sera  panl  des  travaux  forcés  i  lemps. 

Art.  tG3.  —  Leit  peines  prononcées  par  la  loi  contre  celui  uu  reux  des  accari» 
reconans  i-oapabics,  en  faveur  de  qui  le  jur;  aura  déclaré  tes  drconstancM  all^ 
nnanles,  seront  modili^  ainsi  ifull  suit  :  —  Si  la  peine  prononcée  par  la  Im  al' 
la  mort .  la  ruur  a|>)iliquera  la  |Kàne  des  travaux  forcés  â  |>erpétu1té  ou  re 
travaux  forcés  &  ti-mps.  —  Si  la  peine  est  celle  des  travaux  forcés  i  per|iëtuitê.  H 
cour  appliquera  relli'  des  travaux  forcés  i  temps  ou  relie  de  la  réclusion.  — 
{idne  est  cella  de  la  dé|)orlation  dans  une  enceinte  fortifiée,  la  cour  appliqnen 
celle  de  la  déportation  siropli^ou  celle  de  la  détention;  mais,  dans  les  cas  prénM 
|iar  les  articles  96  et  97,  la  jiciiie  de  ta  déportation  simple  sera  seule  appliquée.  -M 
Si  la  peine  est  relie  de  la  déportation,  la  cour  appliquera  la  |icjne  de  la  détcnthM 
ou  celle  du  bannissement.  —  Si  la  peine  est  celle  des  travaux  forcés  a  temps.  Il 
cour  ai^liquera  la  i>eine  de  la  réclusion  ou  les  dispositions  de  l'arlicle  40t .  s) 
loulefois  [louToir  réduire  la  durée  de  l'emprisonnement  au-dessous  de  deux  a 
—  Si  la  peine  est  («Ile  de  la  réclusion .  de  la  détention .  du  bannlucmcnt  nu  de  Hi 
dégradation  civique,  la  amr  appliquera  les  disi»sitions  de  l'article  401 .  sar 
lefois  pouvoir  réduire  la  durée  de  T emprisonnement  au-dessous  d'un  an.  — 
le  cas  où  le  Code  prononce  le  maximum  d'une  peine  afQictive .  s'il  existe  des  c]t« 
constances  atténnanles,  la  cour  appliquera  le  minimum  de  la  peine  on  nrime  h 
peine  inférieure.  —  Dans  tons  les  cas  oï)  la  peine  de  reniprisounement  et  celle  dt 
l'amande  sont  prononc'^s  par  le  Code  Pénal,  li  les  circouilances  paraissi'nt  atté- 
nuantes, les  tribunaux  correctionnel  s  sont  autorisés,  même  en  cas  de  récidive,  1 
réduire  ces  deux  peines  comme  suit  :  —  Si  lu  peine  prononcée  par  la  loi,  soll  I 
raison  de  la  nalure  du  délit .  soit  i  raison  de  l'état  de  récidive  du  prévenu ,  est  n 
emprisonnement  dont  le  minimum  ne  soit  pas  inférieur  t  un  an  ou  une  a 
dont  le  minimum  nr  soit  pas  inférieur  à  cinq  cents  francs,  le^  tribunaux  pourron 


Lui  sur  la  i>nopRiKTÈ  FOM:iKnE  39" 

1°  à  toutes  personnes  qui  auront  falsliié,  coiitrefail  ou  alléiv 
les  litres  de  propriété,  copies,  étais  ou  certificats  dclivivs  par  li" 
foiiservali'ur  en  conrormité  de  la  présente  loi,  ou  fait  usage  de 
ilocumenls  ainsi  falsifiés,  conli'efaits  ou  altérés  : 

2"  à  celli's  qui ,  dans  les  écrits  présentés  à  l'inscription ,  auront 
commis  un  faux,  soit  par  contrefaçon  ou  altération  dVcritui'es 
uu  de  signatures,  soit  par  supposition  de  personnes  ou  par  fa- 
brication de  convetilions,  dispositions  ou  décharges,  ou  pur 
\fiir  insertion  après  coup  dans  ces  écrits,  soit  par  addiliou  ou 
altération  de  clauses,  de  déclarations  ou  de  faits  que  ces  écrits 
avaient  pour  objet  de  recevoir  ou  de  constater; 

3"  à  ct-lles  (|ui  auront  fait  usage  des  écrits  faux; 

4"  à  celles  qui,  sciemment,  auront  servi  de  témoins  pour  la 
l'econnaissance,  dans  les  cas  piTvus  par  Tarliclc  3/(3  de  la  pré- 
sente loi,  d'écrits  reconnus  faux. 

Il  sera  fait  application  des  mèmi>s  peines  aux  personnes  ilésî- 
gnées  dans  les  articles  5()  et  Go  du  Code  pénal  '. 


mluirr  l'cmprUonuFiiientjutqu'Asix  jouKcl  l'araendt- jusqu'A  scite  fraiirs.  —  Dans 
toui  \e»  antres  cas,  il»  pourront  rtJuire  l'emprisonnemenl  même  au-cles^iiua  ilv 
ùi  jours  cl  l'itmende  tnAmi!  au-drssous  de  »eiu  tranus.  lis  |iourronl  aussi  pronon- 
cer aéparément  l'une  ou  l'auire  de  ces  pcjnet  et  même  substituer  l'amende  à  l'em- 
prîsooneraent  sans  qu'en  aucun  cas  olli-  puis!)e  élm  au-dra-sous  dc<  peines  de  simple 

H". 

T.  Code  PcNti..  Anr.  5'J.  ^  Lps  rompliens  d'un  crime  on  d'un  délit  seront  punis 
ilr  la  mi<mc  pcjnc  que  les  auteurs  niâmes  de  ce  crime  ou  de  ce  délit,  sauf  le  cas  ou 
la  lui  en  aurait  disposé  auiremenl. 

Art.  6».  —  Seront  punis  comme  complici's  d'une  action  quaiiliéc  crime  ou  délit, 
ceux  qnl.  par  dons,  promesses,  menaces,  abus  d'auttirilti  ou  de  pouvoir,  machi- 
n«lionf  uu  arllficeâ  coupables,  auront  provoqué  à  celle  action,  ou  donné  des  ins- 
tructions pour  la  cotnmetlre; 

Ceux  qui  auront  procuré  des  armes,  des  inslruinenls,  ou  luut  autre  moyen  qui 
aura  servi  à  l'aclion.  sachanl  qu'ils  devaient  j  servir; 

Ceux  qui  auront,  avec  connaissance,  aidé  ou  assisté  l'auleur  ou  les  auteurs  di' 
l'action,  dam  let  faits  qui  l'auront  préparée  ou  facililée,  ou  ilaas  eeui  qui  l'auront 
consonimée*.  sans  préjudice  des  peines  qui  seronl  spécialement  portées  par  le  pré- 
itcat  code  contre  les  autenrs  de  complots  ou  de  provocations  attentatoires  i  la  sA- 
rrlé  Intérieure  ou  extérieure  de  l'Etal,  même  dans  le  cas  oii  le  crime  qui  était 
l'objet  dee  coiispîrBt<'urs  ou  des  prnvoralpurs  n'aunll  pas  été  commis. 


DÉCRET  nu  IG  MARS  I8!>2 


Sur  les  ventes  immobilières  poursuivies 
devant  les  Tribunaux  français 

Sous,  Au  l'ACUA  Beï  PoSSKSSEtlt  DU  HuïAUMi:  DE  TlNIS, 

Considérant  que  les  ventes  immobilières  poursuivies  devant  les 
Iribunaux  français  portcnl  parfois  sur  cli^s  immeublûâ  dont  ni  la 
wnsislance  mati^riullo  ni  l'i'tat  juridique  ne  sont  sufGsamment  A6- 
Ilnis ,  qu'il  y  a  lieu  de  donner  à  tous  les  intéressés  le  moyen  d'obte- 
nir une  sécurité  complète  pour  les  droils  qui  font  l'objet  d'une 
vente  judiciaire; 

Avons  décrété  et  décrétons  ce  qui  suit  : 

Article  i". 

11  pourra  être  proci'Hô,  conlornii-ment  aux  prescriptions  tî- 
aprts,  à  l'immatriculation  de  tout  immeuble  qui  fera  l'objet 
(l'une  vente  poursuivie  devant  les  tribunaux  français. 

CHAPITRE  I 

i>K  l'immatriculation  prv^ai.ahle 


L'immatriculation  préalable  à  l'adjudication  pourra  être  re- 
quise, savoir  : 

En  matière  de  saisie  par  le  créancier  poursuivant; 


LOI    SUR    LA    PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE   :  399 

En  matière  de  lîcitation  par  l^un  des  colicîtants; 

Pour  les  biens  de  mineurs,  par  les  tuteurs  ou  subrogés  tuteurs, 
avec  Tautorisation  du  conseil  de  famille. 

I^s  frais  de  l'immatriculation  seront  en  tous  cas  avances  par 
le  requérant  :  leur  montant  sera  compris  parmi  les  dépens  à 
supporter  par  l'adjudicataire,  en  sus  du  prix  principal ,  et  an- 
noncés avant  l'ouverture  des  encbères  conformément  à  l'art, 
^oi  du  Code  de  procédure  français. 

Art.  3. 

Le  tribunal  pourra  d'offîce  subordonner  la  vente  à  l'imma- 
triculation préalable  si  le  titre  ne  lui  a  pas  été  produit  avant 
l'adjudication  ou  s'il  apprécie  que  le  titre  produit  n'est  pas 
suffisant. 

Art.  4. 

£n  matière  de  saisie  j  la  réquisition  d'immatriculation  sera 
établie  au  nom  du  saisi  par  le  poursuivant  ou  son  défenseur  qui 
y  joindra  la  copie,  certifiée  conforme  par  le  défenseur,  du 
commandement  à  fin  de  saisie-immobilière  et  du  procès-verbal 
de  saisie. 

Il  y  joindra  également  tous  titres  de  propriété,  contrats^  actes 
publics  ou  privés,  ou  documents  quelconques,  dûment  traduits, 
de  nature  à  faire  connaître  les  droits  réels  existant  sur  l'im- 
meuble et  qui  pourraient  se  trouver  entre  ses  mains. 

TjC  dépôt  de  ces  pièces  aura  pour  effet  d'immobiliser  les  fruits 
dans  les  termes  des  articles  682  et  685  du  Code  de  procédure 
civile. 

Aut.  j. 
En  matière  de  licitation  et  pour  les  ventes  de  biens  de  mi* 


hOO  LA  TOKISIS  DEPmS  l'oCCUPATIO.I  FBAXCAISK 

iiourit,  il  sera  procédé  pour  le  dépôt  de  la  réquisition  d'imma- 
triculation, ronf'orméjneut  uuk  uri.  -aa  à  a't  inclus  de  la  loi 
foncière. 

Aht.  g. 

L:t  proct'dun^  d'immatriculaliou  se  poursuivra  confonne- 
iiK'iit  iiu\  dispositions  de  1<1  loi  fouclértr. 

Apri^  l'cxpiralion  du  délai  imparti  pour  la  production  des 
oppositions,  à  peine  de  forclusion,  et  la  redactiou  du  plan  ili>- 
finitif,  le  poursuivant  déposera  au  greffe  son  cahier  des  ctiai^es, 
et  la  procédure  de  saisie  immobilière  suivra  son  cours  jusqu'à 
l'adjudication  exclusivement. 

A 111.  7. 

L'adjudicatioji  ni'  pourra  avoir  lieu  qu'après  jugement  délini- 
tif  du  tribunal  mixte. 

Au  cas  où  le  jugement  modifii>rait  la  consistance  ou  la  siluB- 
tiou  juridique  de  l'immeuble  telles  qu'elles  sont  déBnies  par  h 
cahier  des  charges  le  poursuivant  serait  tenu  de  faire  publier 
un  dire  rectificatif  pour  arriver  à  l'adjudication. 

Art.  8. 

T^  litre  de  propriété ,  établi  en  vertu  de  la  décision  du  tri- 
bunal mixte  ordonnant  l'immatriculation  restera  entre  les  mains 
du  conservateur  de  la  propriété  jusqu'au  moment  oîi  la  mu- 
tation de  propriété  au  nom  de  l'adjudicataire  pourra  être  efTec- 
tuée  régulièrement. 

Toutefois,  lorsque  l'imniatriculation  aura  été  prononcée  sur 
la  réquisition  d'uu  saisissant,  le  titre  établi  au  nom  du  saisi 
pourra  être  délivré  à  celui-ci  s'il  est  fourni  mainlevée  couven- 
tionuclle  ou  judiciaire  de  la  saisie  immobilière  pratiquée  contre 
lui. 


LOI   SUR   LA   PROPRIÉTÉ   FONCIÈRE  401 


CHAPITRE  II 

DE   l'immatriculation   POSTÉRIEURE   A   l'aDJUDICATION 

Art.  9. 

L'adjudicataire  pourra  subordonner  Texécution  des  condi- 
tions du  cahier  des  charges  à  rimmatriculatiou  de  Timnieuble. 

Art.   10. 

S'il  veut  user  de  cette  faculté  il  devra,  dans  les  quinze  jours 
de  l'adjudication,  déposer  son  prix  à  la  caisse  des  Dépôts  et  con* 
signations  et  payer  les  frais  ordinaires  de  poursuite;  dans  la 
quinzaine  suivante,  il  devra  remettre  au  conservateur  de  la 
propriété  foncière  la  déclaration  prescrite  par  l'art.  2i3  de  la 
loi  foncière,  accompagnée  du  jugement  d'adjudication;  il  con- 
signera en  même  temps  à  la  conservation  de  la  propriété  fon- 
cière les  frais  d'immatriculation  ainsi  qu'il  est  dit  à  l'art.  ^4  de 
la  dite  loi. 

Art.    j  I . 

Si  la  consistance  matérielle  et  l'état  juridique  de  l'immeuble 
déterminés  par  l'immatriculation  sont  conformes  aux  conditions 
du  cahier  des  charges,  le  prix  sera  distribué  après  la  décision 
du  tribunal  mixte. 

S'il  est  établi  que  la  consistance  de  l'immeuble  ou  sa  situa- 
tion juridique  ne  sont  pas  telles  qu'elles  ont  été  défmies  par  le 
cahier  des  charges,  l'adjudicataire  pourra  demander  une  dimi- 
nution de  prix  nonobstant  toute  clause  contraire  du  ealiier  des 
charges. 

L.i  TUNISII.  —  T.  II.  26 


I  l..\    Hylsm   IlRPinS   I.'OCCI'PATION   fRAKÇAlSB 

Il  pourra,  s'il  le  prcfiNi'e,  demaiuler  b  nullité  do  l'adjudict- 
tion  si  la  (liffénuicc  tif  valettr  est  égale  à  uii  vingtième  de  It 
valeur  vtWialc. 

A  UT.     f2. 

Faute  de  remplir  les  foniiulitirs  tmliquées  par  Part. 
sus,  l'adjudicataire  perdra  tout  recoiu-s  contre  iv  proprit-taîil 
lie  rinuRfîuble,  le  poursuivant  et  les  créanciei-s. 

A  HT.    ih. 

Les  dis|K)sltiotis  des  art.  g  à  1:1  du  préseot  décret  ne  sont 
pas  applicables  aux  ventes  poursuivies  parun  créancier  sur  l'im- 
meuble des  droils  réels,  acquis  pour  sûreté  de  sa  créance,  à  uue 
date  terlainc  antérieure  à  la  promulgation  du  préseuE  décret, 
ou  au  plus  lard  dans  les  trois  mois  qui  suivront  celte  promuU  J 
gatiou. 

Il  pourra  seulement  user  de  la  faculté  prévue  par  Icsj 
l'i,  G,  "j  et  8  ci-dessus. 


n  uecrci, 
^  proiDuU  J 


CONSTITUTION    D'ENZEL 


DÉCRET  DU  21    OCTOBRE    IS&J  SUR  LE  MODE   DE  CONSTITUTION 
EN  ENZEL  DES  IMMEUBLES  HABBOUS 

(modifié  par  le  décret  du  22  juin  1888) 


De  la  demande  de  constitution  d^enzel 

\kt.  I.  —  L'cnzel  des  immeubles  liabbous  ne  peut  être 
<!OUStitué  que  par  voie  d'enchères  publiques. 

S'il  s'agit  d'un  habbous  particulier,  la  demande  de  mise  aux 
enchères  sera  formée,  par  écrit,  par  le  Mokadem  de  l'immeu- 
ble, avec  le  consentement  écrit  de  tous  les  ayants  droit.  Dans 
le  cas  oïl  le  Mokadem  ou  les  ayants  droits  ne  sauraient  écrire , 
sa  demande  ou  leur  consentement  seront  établis  par  acte  au- 
thentique. 

S'il  s'agit  d'un  habbous  public ,  la  demande  sera  formée  par 
écrit  par  le  Président  de  la  Djemaïa  des  oukafs  pour  les  im- 
meubles relevant  de  cette  administration  et  des  oukafs  de  la 
Grande  Mosquée;  par  le  Directeur  des  habbous  des  Haramins 
pour  les  habbous  des  Haramins;  par  le  Directeur  et  l'Admi- 
nistrateur des  biens  du  Collège  Sadiki  pour  les  habbous  de  cet 
établissement.  (Décrets  du  3o  moharrcn  1291-19  mars  1894} 
du  27  rabia-el-aoual  i3o3-2  janvier  1886  et  du  1 3  chaouai 
]3o5-22  juin  i888). 


.    TV.MSIK    DKPCIS    I.  OCCCPATIO^i     FR.\XÇAISF. 

Aht.  2.  —  Pourèlre  i-ecevable,  la  demiintle  de  (onslitution 
trt>nzcl  devra  vtrc  accompagnée  des  pièces  et  reoseignem^b 
suiviints  : 

1°  Désignation  de  l'immeuble,  indication  du  caîdat  et  Au 
district  où  il  «rsl  situé,  et  indication  sommaire  des  tenants  et 
alioiilissanU  ; 

a"  S'il  s'agit  d'une  propi'icté  rurale,  im  croquis  visuel  dr 
riinmeuble  dressé  par  un  gcomèlre  du  Service  topi^rapliique ; 

[i"  Nom  et  désignation  de  l'auteur  de  lu  demande  en  consti- 
tution d  cnzel  ; 

/("  Montant  île  la  mise  à  pri\  évaluée  en  monnaie  lunisieanr 
i-l  en  une  soiniiu-  détemiinéc  et  non  fractionnaire  ; 

.'>"  hes  liti'e^  des  babbous  et  eu  général  tous  les  docunienis 
dont  la  pi-oduction  serait  nécessaire  pour  passer  l'acte  consti- 
tutif d'cnzel  il  la  suite  des  enclièrcs.  Les  titres  seront  traduits 
en  langue  franraîse  par  un  interprète  désigné  conformément  à 
l'article  l'.i  de  la  loi  du  19  rliaindan  l'ioa  (i"  juillet  i885) 
et  du  décret  du  a  redjeb  i3o3  [G  avril  1 880); 

6°  Le  rallier  des  charges ,  clauses  et  conditions  de  lu  coustidt- 
lion  d'enzel; 

7°  Et,  dans  le  cas  oii  il  s'agît  d'un  habbous  public ,  noire  au- 
torisation de  le  constituer  en  enzel.  (Décret  du  i3  cliaiHial 
t3o5--ji3  juin  i888\ 

Art.  3.  —  I^  magistrat  du  Cbâra  auquel  ta  demande  de 
constitution  d'enzel  aura  été  adresst^e,  dt^signera  imuiédia- 
ti^ment  un  uotaîrt'  de  Tunis  qui  sera  eliarge  de  conserver  le* 
pièivs  déposées,  de  suivre  les  Ibrmalilés  préliminaires  des 
chères,  «'Iles  tles  enclières  elles-mêmes  et  de  pass«T  les  acte* 
d'enzel. 

Ce  noiaiiv  délivi-era  séance  tenante  au  déposant  un  irçud^ 
(aillé  de  lutiti's  les  pièces  produî] 
ponsable  de  leur  conservation. 


CONSTITUTION  d'eNZEL  i05 

Art.  4*  —  ^^^  magistrat  du  Châra  auquel  ia  demande  de 
constitutîou  d'enzel  aura  été  adressée  aura  un  délai  d'un  mois 
à  dater  du  dcpot  des  pièces  pour  statuer  sur  sa  recevabilité. 
(Décrets  du  19  cliaban  i3o3-23  mai  j886  et  du  i9  rabia- 
el-aoual  i3o4-ï5  décembre  1886.) 

Son  examen  portera  uniquement  sur  Taccomplissement  des 
dispositions  des  articles  i  et  si  ci-dessus.  En  ce  qui  concerne  le 
cahier  des  clauses  et  conditions,  ce  magistrat  s'assurera  qu'i^ 
contient  celles  indiquées  comme  essentielles  par  Tarticle  G  ci* 
après  et  qu'il  n*en  renferme  aucune  contraire  aux  lois  et  règle- 
ments et  notamment  aux  dispositions  du  présent  décret. 

Inédit  magistrat  ne  répond  pas  de  la  validité  des  titres  dé- 
posés ni  de  Texistence  des  droits  qui  font  Tobjet  des  enchères. 

Il  est  personnellement  responsable  des  lenteurs  ou  des  impos- 
sibilités qui  pourraient  se  produire  y  au  moment  de  la  passation 
des  actes  d'enzel^  faute  du  dépôt  préalable  de  toutes  les  pièces 
nécessaires  à  cet  effet. 

Art.  5.  —  I^  décision  motivée  du  magistrat  du  Châra  sur 
la  recevabilité  de  la  demande  en  constitution  d'enzel  d'un  im- 
meuble habbous,  sera  notifiée  au  notaire  dont  il  est  parlé  à 
l'article  3  ci-dessus. 

Si  elle  est  déclarée  recevable,  le  notaire  procédera  sans 
désemparer  aux  formalités  préliminaires  des  enchères  ;  dans  le 
cas  contraire^  il  le  signifiera  par  écrit  au  demandeur,  en  spéci- 
fiant les  vices  de  la  demande  dans  les  termes  de  la  décision 
motivée  du  magistrat. 

Le  refus  de  celui-ci  de  donner  suite  à  une  demande  de  cons- 
titution d'enzel  d'un  immeuble  habbous  ne  pourra  donner  ou- 
verture contre  lui  à  aucun  recours  ou  indemnité. 

La  demande  pourra  être  complétée  et  présentée  h  un  autre 
magistrat  du  Châra. 


40C  t^   'l't'N»II!   UKI>CIS   LOCCIPATIOX   flIAXCAISk 

Dn  c&ltier  des  clauses  et  conditions  de  la  constitution 
d'enael 

AiiT.  1>.  —  Irf-s  clauses  <.■!  coiidîtious  esseniielU-s  île  ]»  cons- 
titution dVnztl  sont  : 

I  "  L'îudicatloti ,  (-onforméinent  an  calendrier  gi'égorien ,  de  U 
(bti-  à  laqui'lk  II-  paycmeut  de  la  ivnle  annuelle  sera  exigibk-. 

Oltt  rente  devra  OlrH  [>ayal]le,  soit  annuellement,  soit  en 
deiu  termes  semestriels.  L'écliéauce  anniwlle  ou  les  (•chéanccs 
semestrielles  poiirroat  ùtre  fl\éea  a  toute  ('poque  de  tannée  ou 
du  semestre.  Une  écliéaiice  spéciale  pourra  rtre  établie  pour  la 
pirmière  annuité  qui  suivra  la  constitution  d'en/el. 

IjCs  payements  de  la  rente  ne  pourront  être  exigibles  qu'cii 
monnaie  (unïsicrane. 

Le  lieu  du  paiement  devra  être  déterminé  dans  laB^eoce 
pour  ne  plus  être  cliangé  que  d'un  eoinmun  accord. 

■1-  \je  délai,  calculé  du  jour  des  enclières,  dans  lequel  U-s 
actes  devront  être  passés. 

II  ne  poui'ra  en  aucun  cas  dépasser  deux  mois. 

3°  La  date  de  la  prise  de  possession,  colle-ci  devant  être  ef- 
fectuée dans  une  période  d'une  année  qui  suivra  les  enchères. 

4°  Les  jours  et  heures  où  l'immeuble  pourra  être  visité  par 
■oui  requérant  ;  le  nom  et  l'adresse  des  personnels  qui  le  font 
visiter. 

Art.  7.  —  Il  est  loisible  au  demandeur  en  constitution  d'en- 
zel  d'y  mettre  toutes  autres  clauses  ou  conditions ,  pourvu 
qu'elles  ne  soient  pas  contraires  aux  lois  et  règlements  et  Dotam- 
ment  aux  dispositions  du  présent  décret  ' . 

I.  Le  cailler  des  charges,  cltuie»  el  conditions  de  U  coniUtuUon  «n  enul  dn 
habbous  publics,  contient  nottmment  les  disposiUoni  générales  soÏTantes  : 
Aht.  2.  —  Seront  seuJcs  admises  i  eocbérir,  tes  personnes  ajant  capacité  dr 

Art.  3,  —  La  faculté  de  déclarer  no  connnand  est  lulorisée.  Elte  ne  poarrt 
Hre  exercée,  que  par  l'adjudicataire  direct  el  seulemeot  au  profit  d'une  personec. 


CDNSTITLTION    »  KNZKI. 


Des  formalités  préliminaires  des  eachëres 

8.  —  ïiOrsque  le  notaire,  désigné  conforiiit'mpnt  à  l'article  i 
ci-dessus,   aura   l'eçu  la   iioliflcation   de   la  rccevabilitr  d'une 


•A  qualilM  rei|uUe3  poar  élre 

L  apr«s  la  cliHurc  de*  enchi>res 
1  par  le  Présidonl  des  ro- 
&  radjudlLalaire  roastalanl, 

noins  bult  jours  avant  la  date  llifi' 
'e  chargé  des  opérations. 

iliau ,  cp|lc-ci  restera  pour  le  coinplc 

lir  la  propriété  en  bon  ^lat  et  ii 

Dumel.trc  auv  lois  el  rëgleiueiiU 


Nul  ne  |">urra  étri'  élu  vommanU, 
adjudicataire  direct. 

La  déclaration    de  coinmand  se  ft 
l'I   de  la  proclamation  du   résultat  de   l'adjudia 
cltËres:  elle  sera  mentionnée  sur  le  certitirat  r 
SI  qualité  et  le  montant  de  t'eoii'l- 

I^'acreptalton  da  command  élu  se   tera  au  mol 
(wur  la  passation  îles  actes  et  devant  le  notaii 

Si  le  command  déclaré  n'accepte  pas  l'adjudici 
lie  l'adjudJcalaire  direct. 

Art.  b.  —  L'adjudicataire  s'engage  à 
l'exploiter  eu  bon  pi;re  de  famille.  Il  devra 
s|iéciaui  cnncernant  les  Gnzels. 

Art.  6.  —  L'admiuislration  des  habbous,  du  laquelle  relève  le  fonds,  se  rêservi' 
l>^  droit  di>  faire  visiter,  au  moins  deut  fois  dans  l'année,  T'immeuble  tenu  à 
enzcl,  pour  constater  »l  les  engagements  pris  par  l'enzéliste  ont  été  obsen'év.  Ces 
viiites  auront  lieu  sans  que  l'enzélislc  puisse  s'y  opposer  ou  y  mettre  obstacle ,  en 
raison  de  sa  qualité  ou  de  aa  nalionalilé. 

Si  l'immeuble  lenu  A  pazel  est  une  ruaison,  une  boutique,  ou  un  local  quelcon- 
que clos  et  rouvert,  l'administrai  ion  des  babbous  devra  aviser  l'enzèlli^te  de  sa 
visite,  au  moins  quatre  jours  avant  d'y  procéder. 

Art.  7.  —  L'eniéliste  jouira  des  servitudes  actives  «t  souffrira  les  servitudes 
passives,  urbaines  ou  rurales,  apparentes  ou  occultes,  déctaréM  ou  non,  sauf  i  faire 
valoir  l«s  unes  et  i  se  défendre  des  autres,  à  ses  risques  et  périls,  sans  aucun  re- 
cours contre  l'administration  des  babbous  dont  dé]iend  le  bien  et  sans  pouvoir 
l'appeler  en  garantie. 

11  supportera  à  lui  seul  toutes  les  charges  auxquelles  peut  être  assujetti  le  fonds, 
telles  que  les  taies  et  les  iinpûts,  infime  ceui  <|ue  la  loi  mel  au  compte  du  pni- 
priétaire.  les  travaux  d'entretien  cl  de  réparatiou,  et  en  général  toutes  les  dépen- 
ses relatives  A  l'immeuble ,  de  quelque  nature  qu'elles  soient.  L'administration  des 
habboLis  devra  recevoir  le  montant  de  l'cn/el  libre  de  toutes  charges  et  intégrale- 
ment. 

Art.  h.  —  L'eniéliste  est  censé  bien  connaître  l'immeuble  sur  lequel  est  cons- 
titué l'eniel.  Il  le  ]>rendni  dons  l'état  où  il  le  trouvera  au  jour  flié  pour  la  priKe 
de  possession,  sans  pouvoir  prétendre  i aucune  garantie  ni  à  aucune  diminution 
de  prix  jiour  nccs  caclies,  dégradations,  réparations  on  erreurs  ilans  la  désigna- 


L'odjudication  est  failc  sans  garantie  de  mesure,  consistance 

Art.  10.  — 

L'adjudicataire,  ou  son  command,  sera  tenu  de  représenter  la  i|ullti 


i 


ilr  iniblintiua  >l«iu  it  Journal  o/fieifl  (unisJn.  «t  d'MqtiiU«r.  «tmK  la  iiMwlii» 
dH  arln ,  U  |uil  propurlionn^c  ilc  la  rente  alIèreaK  t  la  ptriudc  coinprïM  entir 
U  |iruF  de  (mMOÙon  f1  1*  ilalt  dr  1*  i>rciiiiFrc  nltMoM  rfgoU^iv.  «I  loa«  1m  rrai> 
râalUat  lie  la  (untitutioD  deiucl  rt  di?  t'adjadkalioii .  nna  éanatés  daa»  >'arl.  ï 
ri  itraiin.  Id*que  lu  droiU  dr  timbre,  de  motition  et  le*  frais  de  pMMtiOQ  <l^ 

Lm  MlM  conAtilulilit  fiKnliuanrronl  '(D'il   Ml  acmnU  a  lulraîai^ ration  d«   i 
,  MT  )lairuculd«  ti'Du   1  fdmI,  un   priilH^   s'éteodanl   i   riiw]  anné 
U  povr  la  «arantir  du  lujiruiwt  dr  la  ival«. 
,  —  Le  pajenuml  de  la  rrnte  te  ten  par  wniMtre  ri 

,  dTeclaé*  en  MpeM»  Monaales  «1  ayant  cours,  te»  r 
bsqoeaanM. 

ttéf  l'adiuifiUlnliaa  d#i  halibuu*  A. ... 
l>e«  dens  pnodttn  dani-anoait^ ,  dépotée»  en  garantie  par  l'adjudicalaire  eatrl^ 
Im  maludaiiolalfe  charge  deitoi^atioDi,  seront  vrrwef  parcelni-ciàl'adniinittrt- 
Uon  de*  habliM*.  alb*l  qœ  la  i^rt  proporUoDaelle  ip'il  aura  leçae  endé4>6lpear 
la  |i*ri«de  mtant  t  courir  aianl  la  preinitrp  ^rhèance  régulière.  Il  remboanm 
Clément  1  l'admiDittratlna  de»  babbout  le  loontanl  de*  droit»  d'autorisation  ili 
conMltoer  Teiuel  i|u>tle  •  «Tancé  et  que  l'adjudicataire  a  déposé  aui  termei  4f,J 
l'art.  9  ctnleMn».  {Décret  du  tl  diaban  1381-31  dérembre  IMS.I 

Art.  i3.  — Dan»  le  cae  nii ,  par  n^igeace  de  renaélitte  on  Balremeot  l'ai 
tration  dra  babbooa  ee  troaverait  dans  l'obligation  de  requérir  i  domicile  le  fttjt- 
ment  de  U  rente,  les  tnit  de  recauTreraenl  seront  i  la  charge  du  débiteur. 

.\RT.  14.  —  Si  àe&  retard»  sonl  apportés  |iar  l'eniélistc  daas  le  psyeincnl  de  li 
reiiti'.  l'a  Jiiiioiil  ration  des  lisbbnii:^  pourra  t-a  (loursuivre  le  ref  oui  reniant  par 
toutes  les  voies  de  droit.  Elle  pourra  notamment  poursuivre  la  translalion  de 
l'enzel  pour  avoir  le  paiement  des  arrérages  échus. 

Akt.  là.  —  Si  l'immeuble  tenu  à  enzel  est  exproprié  tolalement  pour  anse 
d'utilité  publique,  l'enzel  jirendra  fin  avec  le  pavemenl  de  l'Indemnité  qui  pourra 
«tre  allouée  dans  la  forme  ordinaire  des  eipropriations  pour  cause  d'utilité  publi- 

Sur  eetle  indemnité,  l'admini^l ration  des  habliaug  prélèvera  une  somme  équiva- 
lente à  vingt  Tuis  le  monlani  de  la  rente,  sans  cependant  pouvoir  préteudre  à  une 
somme  supérieure  à  la  tolalllé  de  l'indemnité  allouée.  Le  surplus  de  celle-ci  ap- 
partiendra i  l'enzéliEte. 

Dans  le  cas  d'expropriation  partielle,  la  renie  due  par  l'eniélJfite  sera  réduite 
proportionnellement  i  la  surface  des  terrains  dont  il  est  privé ,  et  il  aura  le  choil. 
on  de  payer  à  l'administration  des  babbous  vingt  fois  le  quantum  de  la  réduction 
allouée,  quel  que  soit  le  montant  de  l'indemnité  d'expropriation  qu'il  recevra,  el 
de  conserver  alors  la  partie  non  expropriée  de  l'immeuble,  i  charge  de  continuer 
i  paier  l'enzel  réduit,  ou  d'abandonner  complètement  la  propriété  tenue  â  eniel, 
qui  fera  retour  i  l'administration  des  babbous,  sans  pouvoir  retenir  l'indemnité 
d'expropriation,  ni  prétendre  à  une  indemnité  quelconque,  même  pour  les  construc- 
tions élevées  par  lui  sur  la  parcelle  du  terrain  non  expropriée. 


yfy 


;ONSTITUTIOS    I»  ENZEI. 


les  renseignomenis  clonnt's  en  vertu  tirs  dispositions  des  i",  it" 
et  4"  tl«  l'article  3  ci-dessiis.   Il  y  ajoulei-a  les  indications  suï- 

wvantes  : 

^H    1"  Ses  nom,  prénoms  et  domicile; 

^B  a"  La  date  dos  enchères  ; 

^B  3°  i^e  lieu  des  enchères. 

^H  Art.  9.  —  I-^  registre  dont  il  a  été  parlé  à  l'article  prù- 
cédeiit  sera  unique,  coté  et  paraphé  par  première  cl  dernière 
feuille  par  notn-  Premier  Ministre  ou  son  délégué,  conservé  au 
tribunal  du  Chàra  et  portera  des  numéros  d'ordrt-  sous  lesquels 
seront  inscrites,  sans  interruption  et  au  (ur  el  à  mesure  de  leur 
acceptation,  les  demandes  de  constitution  d'enzel. 

Art.  10,  —  Le  notaire,  s'il  s'agit  d'un  hahhous  particulier, 
Iraiismetli-a  immédiatement  les  pièces  déposées  au  Président 
de  l'administration  des  hahbous  qui  sera  tenu  de  les  lui  retour- 
ner dans  les  dix  joui's.  f  Décrel  du  i5  rhaoual  lagi-aS  novem- 
bre 1874.) 

Art.  II.  —  Le  notaire  adicssera  au  directeur  du  Journal 
officiel  une  copie  textuelle  de  la  mention  portée  par  ses  soins  sur 
te  registre  du  Châra.  Ja\  Directeur  en  assurera  la  publication  le 
même  jour  dans  les  deux  éditions  du  Journal  ofjniel,  eu  fran- 
çais dans  l'édition  française,  en  aralw  dans  l'édition  arabe. 

Cette  publication  devra  avoir  lieu  dans  un  délai  de  vingt  jours 
calculé  à  partir  de  la  date  de  la  nolillcation  au  notaire  de  la 


:evabililé  de  la  demande, 


respoi 


nsabilité  dudit  notaire 


ou  du  directeur  du  Joiirneil  officiel,  selon  le  cas.  Le  troisième 
jeudi  après  cetti-  piemîère  publication,  le  directeur  du  Journal 
officiel  àe\ra  en  faire  une  seconde  identique  à  la  première,  en 
ayant  soin  de  mentionner  que  celle  publication  esl  la  seconde  et 
dernière  avant  l'adjudication. 

Le  directeur  du  Journal  offuîel  fera,  de  plus,  imprimer  sur 
papier  blanc  des  extraits,   en  forme  d'affiche,  de  chacun  des 


luuii^n»  (tu  journal  ronlntant' les  [HiUîratiui».  Ct-s  cxiraiu 
Auront  placanicfi  par  l<-s  soins  de  radministnilKiD  i)i?s  luLbnus 
aux  enilroiu  propiors,  |Kiiir  donn<T  à  ['atljiKlicalioit  toute  la 
publiciti*  fU-sirabk.  Os  aflîchcs  contiendront  ca  outre  le  mon- 
tant approximatif  des  somint*»  à  dt.-po«cr  au  ntoiiimt  de  Tadju- 
dication ,  conime  il  est  dit  à  l'artidr  >  i .  (tV-rret  du  l 'i  cbaoua  I 
,  i3oS-!i2  juin  18HHO 

Ijcs  l'raii  d«  ces  insertions  et  afTîclies  calcul»  suivant  le  tarif 
annexé,  seront  à  la  diargedv  l'adjudicataire,  ou,  a  son  défaut , 
du  demandeur  en  constitution  d'enzd. 

Art,  12.  —  I-e  diiivleur  du  y<«(r»fl/ o//«vW  fera  remcUn- 
gratuitement  au  notainr  deux  afîichcs  et  un  exemplaire  de  chaque 
numéro  du  Jvuni/il ojfia'el  utt  cette  publication  aura  été  faite. 

Ix!s  exemplaiifs  aralte  et  français  du  Jownal  officie!  sont 
joints  au  dossier. 

Une  ulTiche  est  placardée  dans  la  salle  des  criées  du  Tribuiinl 
duCliâra,  dausun  cadre  eu  bois  sp'cialement  rt-s«'vé  à  cet  efïet, 
par  les  soins  du  notaire  et  sous  sa  responsabilité.  L'autre  est 
déposé  sur  la  table  du  bureau  «radjudicatioti. 

La  salle  des  criées  du  Cliâra  sera  ouverte  au  public  tous  les 
jours,  de  huit  beures  à  midi,  excepté  les  vendredis  et  les  jours 
de  fêtes  musulmanes. 

Akt.  i3.  —  Le  notaire  est  tenu  de  douuer  tous  les  jours, 
excepté  les  jeudis  et  vendredis,  de  buit  lieures  à  midi^  com- 
munication intégrale,  sans  déplacement,  à  toute  personne  qui 
le  demande,  de  toutes  les  pièces  composant  te  dossier  d'une 
constitution  d'enzel.  Il  devra  même,  s'il  en  est  requis  et  contre 
dépôt  des  frais  de  copie  évalués  suivant  le  tarif  annexé,  déli- 
vrer, dans  les  six  jours  à  dater  de  ce  dépôt,  copie  in  extenso  des 
parties  du  titre  du  liabbous  donnant  les  limites  de  l'immeuble. 
Cette  copie  sera  faite  sur  papier  timbré. 

AnT.  14.  —  Le  magistrat  qui  a  statué  sur  la  recevabilité  de 


I 


CONSTITUTION   D^ENZKL  j^U 

• 

la  demande  doit  veiller  à  raccomplissement  des  formalilcs  pré- 
liminaires des  enchères  ;  il  résoudra  les  diflGcultés  qui  pourraient 
s'élever  à  ce  sujet  pendant  la  période  prenant  (in  au  moment 
du  prononcé  des  enchères. 

Des  enchères 

Art.  i5.  —  Chaque  jeudi  un  magistrat  du  Chàra  sera  pré- 
posé aux  enchères  des  enzels. 

Il  sera  assisté  d'un  interprète  du  Gouvernement  pour  la  lan- 
gue française.  Les  notaires  apporteront  les  dossiers  des  consti- 
tutions d'enzel  dont  ils  ont  le  dépôt. 

Le  président  a  la  police  de  l'audience;  il  tranche  immédiate- 
ment et  sans  'appel  les  contestations  qui  surgissent  à  l'occasion 
des  enchères.  (Décret  du  i3  chaoual  i3o5-22  juin  1888.) 

AiiT.  16.  —  Les  enchères  seront  annoncées  de  la  manière 
indiquée  aux  articles  11  et  12  ci-dessus.  Elles  auront  lieu  le 
cinquième  jeudi  qui  suivra  la  date  de  première  publication  dans 
rOfficiel  de  l'avis  de  la  mise  aux  enchères.  (Décret  du  i3 
chaoual  i3oj-22  juin  1888.) 

Art.  17.  —  Les  criées  se  font  en  arabe  et  en  français.  I^e mi- 
nimum des  surenchères  est  d'une  piastre  pour  les  enzels  dont  la 
mise  à  prix  ne  s'élève  pas  à  plus  de  deux  cents  piastres  ;  de  dix 
piastres  pour  ceux  mis  à  prix  de  deux  cent  une  a  deux  mille 
piastres  ;  et  de  cent  piasti*es  lorsque  la  mise  à  prix  est  de  plus 
de  deux  mille  piastres. 

Les  surenchères  supérieures  à  ce  minimum  doivent  en  être  un 
multiple. 

Seront  seules  admises  les  enchères  des  personnes  ayant  capa- 
cité de  contracter. 

Art.  18.  —  A  Touverture  de  la  séance  des  enchères,  fixée  à 
neuf  heures  du  matin  ^  le  président  fera  crier  la  mise  aux  en- 


412  I.A    TLSISIH    IIKPCIS    L  OIXCPATIOX    FRANÇAISE 

Hières  de  l'enzel  de  celui  des  immeubles  qui  aura,  sur  le  regislre 
dont  il  est  parlt'  à  l'article  (),  lo  uuméro  le  plus  bas  panni 
ceux  dont  l'adjudication  doit  t'tre  prononcée  ce  jour-là. 

Les  enchères  dureront  sans  ii^terruption  quinze  minutes  pré- 
cises; au  bout  de  chaque  période  de  cinq  minutes,  le  prcsidi^iit 
proclamera  le  chiffre  de  l'enchère  la  plus  élevée.  Le  dernier  en- 
chérisseur, au  moment  où  le  délai  de  quinze  minutes  expirera, 
sera  déclaré  adjudicataire  par  le  président,  (Décret  du  i^ 
ciiaoual  i3o5-3i  juin  1888.) 

AsT.  19.  — Si,  au  dernier  moment,  plusieurs  enchérisseurs 
font  en  même  temps  la  même  offre,  il  sera  procédé  pendant 
cinq  nouvelles  minutes  à  de  nouvelles  enchères  restreintes  cetlt 
fois  à  ceux  qui  se  trouvent  en  concurrence. 

Si  le  même  fait  s<'  reproduisait  une  seconde  fois ,  il  serait  titv 
an  sort  entre  les  concurrents. 

Le  Président  passera  ainsi  successivement ,  eu  suivant  les  mi- 
nicros  d'ordre  du  registre  ^  à  l'adjudication  de  tuus  les  enzels. 

Art.  ao.  —  Le  résultat  des  enchères  est  consigné  sur  le  re- 
gistre du  Qiàra,  en  regai-d  de  l'inscription  relative  à  l'Imineu- 
hle  dont  l'enzel  est  mis  en  adjudication. 

La  mention  ainsi  portée  est  signée  par  l'adjudicataire  qui  dé- 
clare en  même  temps  avoir  pleine  L'onnaissance  des  obligations 
résultant  pour  lui ,  tant  des  lois  et  règlements  que  du  cahier  des 
clauses  et  conditions  de  la  constitution  d'en/el. 

S'il  ne  sait  ou  ne  peut  signer,   mention  en  est  faite  par  le 
président,  ainsi  qu<-  de  la  lecture  à  lui  faite  de  la  déclaratii 
cî-^cssus. 

S'il  ne  veut  signer,  mention  en  est  faite,  ainsi  que  des  mo- 
tifs donnés  à  l'appui  de  son  refus. 

Dans  ces  cas,  deux  témoins  sont  invités  à  contresigner  sur  le 
registre  les  mentions  qui  y  sont  portées. 

Aht.  21.  —  L'adjudicataire  est  ensuite  invité  à  signer,  séance 


CONSTITtTlOX    D  1!>*/EL 

teDanle,  une  demaude  d'immatricLtlation  el  à  déposer  les  frais 
de  l'immatriculation ,  évalués  approximativement  par  le  conser- 
vateur de  la  propriété  foncière,  ainsi  que  toutes  les  sommes  mi- 
ses à  sa  charge  par  les  décrets  ou  le  cahier  des  charges  de  l'adju- 
dication. Lorsque  rencliérisseur  ne  pourra  ou  ne  saura  signer,  il 
en  sera  fait  mention  sur  la  réquisition  et  dans  les  formes  indi- 
quées a  l'article  précédent ,  el  la  réquisition  sera  signée  pour  lui 
par  le  président  des  enclièies. 

Dans  le  cas  où  la  faculté  de  déclarer  un  conimand  est  i-éser- 
véo  par  te  cahier  des  charges,  l'urceptation  du  command  élu 
emportera,  notamment,  ratification  de  la  réquisition  d'imma- 
triculation et  sera  considérée  comme  satisfaisant  au  vœu  de 
l'article  i8  de  la  loi  du   19  rhamdan   t3o2. 

A  défaut  par  le  requi'ranl  de  donner  suite  à  l'immatricula- 
tion ,  les  formalités  de  la  loi  seront  poursuivies ,  à  ses  frais  et  t^n 
son  nom,  par  le  président  de  l'administration  des  hahbous. 

L'immatriculation  ne  sera  pas  exig<-e  pour  les  cuzels  se  rap- 
portant à  des  immeubles  urbains  consistant  en  boutiques,  ma- 
gasins ou  maisons  en  ruines,  si  le  montant  de  l'annuité  de  l'enzel 
adjugé  n'est  pas  supérieur  à  deux  cents  piastres.  (Itécret  du 
i3cliaoual  i3o;j-aa  juin  1888.) 

Art.  aa.  —  Un  certificat  sera  remis  à  l'adjudicataiiv ,  cons- 
tatant sa  qualité  et  le  montant  de  son  offre,  et  indiquant  le  nu- 
méro de  l'enzel  auquel  il  se  rapporte. 

m      Ce  certificat  n'est  pas  susceptible  d'ctre  transféré.  (Dérrel  du 

hadiaoual  i3o5-a3  juin  1888.) 

I  Art.  23.  —  Dans  le  cas  où  l'adjudicataire  de  l'enzel  d'un 
habbous  n'a  pas  satisfait  aux  conditions  de  l'adjudication, 
l'enzel  est    remis  en  adjudication  à  sa  folle  enchèi'e  (Décret  du 

|j3  chaoual  i3oj-a:i  juin  1S88.; 

Art.  2^.  —  L'ayant  droit  au  habbous  poursuivra  la  folle  en- 
e  et  devra  se  faii'e  remetlre,  par  le  président  de  l'audience 


(les  criées,  im  cerlifical  constatant  qui^  le  dernier  enchérisseur 
n'a  pas  satisfait  aux  cuuditlons  de  l'adjudication.  (Décret  du  i3 
dtaoual  t3o6-23  juin  1868.) 

\iiT,  2 5.  — Sm-  ce  certificat,  et  sans  autre  proct-dureni  juge- 
tiicnl,  i)  sera  appost'-,  dans  un  délai  de  trois  jours,  de  notiveaiDC 
j>lacards,  ft  inséré  une  nouvelle  annonce  dans  le  Journal  offiàfi 
luniaien,  en  fran<;ais  et  en  arabe,  dans  les  formes  prescrites. 

Ces  placards  et  annonces  indiqueront ,  en  outre ,  les  noms  et 
demeure  du  fol  encliérisseur,  le  montant  de  l'adjudic-alioQ,  la 
nouvelle  mise  :i  prix  désignée  par  le  poursuivant,  et  te  joi^r  au- 
([uel  aura  lieu,  sur  l'ancien  cahier  des  charges,  la  nouvelle  adju- 
dication. 

Le  délai  entre  l'apposition  et  la  publication  des  nouvi-lles  afli- 
ches  el  annonces  de  l'adjudication  sera  de  quinze  jours  au  moim 
et  de  irente  jours  au  plus.  (Décret  du  i3  cliaoual  i3o5-2a  juin' 
1888.) 

Art.  i('>.  —  Si  le  fol  encliérisseur  justifiait  de  l'acquit  de& 
conditions  de  l'adjudication  et  de  la  consignation  d'uue  somme 
qui  sera  évaluée  par  le  président  de  l'audience  des  criées,  et  qui 
-  ne  pourra  être  inférieure  à  cent  piastres,  pour  les  fiais  de  folle 
enchère,  il  ne  serait  pas  procédé  à  la  nouvelle  adjudication. 
(Décret  du  1 3  cliaoual  i3o5-22Juin  1888.) 

Art.  27.  —  Le  fol  enchérisseur  est  tenu,  pcrsouaellcincnl, 
de  la  différence  entre  son  prix  et  celui  de  la  seconde  adjudica- 
tion, sans  pouvoir  réclamer  l'excédent.  Dans  le  cas  oîi  il  y  aura- 
nu  excédent,  il  sera  versé  à  l'ayant  droit  au  liabbous.  (Décivt  dl 
i3chaoual  i3o5-22Juin  1888.) 

Aiir.  a8.  —  Notre  premier  ministre  pourra,  par  arrêté  u» 
liflé  au  tribunal  du  Cliàra,  évincer  à  titre  temporaire  ou  défi- 
nitif des  enchères  des  biens  liabbous,  tout  individu  qui  aur^ 
donné  lieu  à  une  adjudication  sur  folle  enchère.  (Décret  du 
cliaoual  i3o>2a  juin  i388). 


CONSTITUTION   d'eNZEL  4.15 

Dispositioas  générales 

Art.  29.  —  IjCs  contestations  sur  les  droits  du  demandeur  en 
constitution  d'enzel  ne  pourtant  suspendre  les  enchères.  Des 
protestations  contre  la  mise  aux  enchères  pourront  être  formées 
par  écrit  entre  les  mains  du  notaire  qui  en  donnera  reçu ,  s'il 
en  est  requis ,  et  les  joindra  au  dossier. 

Les  enchères  seraient  arrêtées  s'il  était  intervenu  contre  le 
demandeur  un  jugement,  passé  en  force  de  chose  jugée,  in- 
firmant ses  droits. 

Art.  3o.  —  Les  honoraires  des  notaires  et  les  frais  d'en- 
chères sont  réglés  conformément  au  tarif  annexé. 

Art.  3i.  —  Les  décrets  des  8  kâda  i3o2  (18  août  i885)  et 
i3  moharrem  i3o3  (21  octobre  i885)  sont  rapportés. 

Toutes  dispositions  antérieures  contraires  au  présent  décret , 
ot  notamment  celles  de  cette  nature,  des  décrets  des  3  rabiâ- 
et-tani  1293  et  8  kâda  i3o2,  sont  et  demeurent  abrogées. 
(Décret  du  12  chaoual  120J-22  juin  1888.) 


LIVRE  IX 


IiA  POLITIQUE.  —  LE   GOUVERNEMENT 


1 


DOMINATION   ET   GOUVERNEMENT   DES   INDIGENES 

Oq  sait  la  place  considérable  que  «  la  question  indigène  » 
tient  en  Algérie.  Depuis  soixante  ans  elle  est  le  pivot  autour  du- 
quel tourne  la  politique  gouvernementale ,  à  la  recherche  d'une 
orientation  qu'elle  ne  peut  découvrir  ;  elle  est  comme  un  far- 
deau explosif  que  la  colonisation  traîne  à  sa  remorque,  et  qui 
entrave,  et  qui  menace  continuellement  sa  marche.  Or,  en 
Tunisie,  la  question  indigène  n'est  d'aucun  souci  ni  pour 
Tadministration  ni  pour  les  colons  :  elle  n^existe  pas.  Elle  est 
supprimée.  Voilà  une  solution  radicale  tout  à  fait  admirable , 
n'est-il  pas  vrai?  Nous  en  sommes  redevables  au  Protectorat ,  et 
cette  solution  fût-elle  la  seule  à  son  actif,  qu'elle  suffirait  ample- 
ment à  justifier  ce  système  d'acquisition  coloniale  indirecte, 
à  nous  consoler  de  ce  que  notre  conquête  n'a  pas  emporté  son 
plein  effet  dès  1881.  Il  est  hors  de  doute  que  si  nous  avions  dé- 
posé le  bey  de  Tunis  à  cette  époque,  comme  celui  d'Alger  en 
1830,  quelque  pacifique  que  l'on  se  plaise  à  représenter  l'in- 
digène tunisien,  nous  aurions  trouvé  dans  la  Régence  la  même 

LA  Timisn*  —  T.  u.  27 


Vt8  LA   TUNISIE   DEPUIS   L  OCCUPATION   FRANÇAISE 

résistance  acharnée  que  nous  avons  dû  vaincre  dans  la  colonie, 
l.ii  défense  de  Sfax  et  divers  autres  événements  qui  ont  marqiir 
notre  expédition  en  fournissent  la  preuve.  Oui  sait  même  si  la  prise 
de  possession  serait  achevée  i  cette  heure?  Libre  ou  interné,  nous 
aurions  trouvé  Mahommed  es-Saddok  à  la  léte  des  insurgés  que 
nous  l'avons  obligé  à  combattre ,  à  tout  le  moins  en  apparence. 
D'un  ennemi  irréconciliable  qu'il  eût  été ,  nous  avons  eu  l'habi- 
leté de  faii-e  un  auxiliaire,  et  du  coup  nous  avons  refréné, 
anéanti  les  répugnances,  l'hostilité  que  les  musulmans  ont  nu- 
nifestées  de  tout  temps  pour  un  pouvoir  étranger  et  chrétien. 

Le  bey  était  amoindri;  mais  dans  quelle  proportion?  Ses 
sujets  ne  s'en  rendaient  pas  compte.  Ce  n'est  guèi-c  que  la  réa- 
lité objective  qui  les  frappe.  Le  bey  était  en  place,  tous  les 
décrets  administratifs  [wrlaient  sa  signature,  et,  comme  pour 
sauver  son  amour-propre,  Mohammed-es-Saddok  faisait  répan- 
dre le  brnitdans  les  tribus  que  nous  ne  restions  sur  son  territoire 
que  par  pure  tolérance  de  sa  part ,  les  plus  fanatiques  se  virent 
obligés  de  s'incliner,  l'eu  à  peu  ils  revinrent  de  la  Tripolitaîne, 
oti  ils  s'étaient  volontairement  exilés'.  Le  pays  était  calme,  les 
alfaires  marchaient  convenablement;  superbes  même  étaient  les 
récoltes.  C'était  à  croire  que  Mahomet  était  de  connivence 
avec  nous.  Quel  écho  des  prédications  insurrectionnelles  au- 
raient-elles trouvé?  lis  se  remirent  au  travail  en  constatant 
avec  joie  que  le  prix  des  denrées  et  celui  de  la  main-d'œuvre 
s'étaient  beaucoup  accrus  du  fait  de  notre  présence  dans  (e 
pays  :  cette  évolution  économique,  jointe  à  la  modération ,  à  la 
sagesse  avec  lesquelles  nous  procédions  aux  réformes  adminis- 
tratives, acheva  de  dissiper  les  préventions,  la  haine  sourde  J 
dont  nous  étions  l'objet.  I 

La  sécurité  et  l'oppftt  du  gain  mirent  toutes  les  charrues  en    > 


.  Je  ne  i>arle  pas,  bien  cotunJu.  d'Ali  beu  Klislifa  et  de  ses  conlingeùta. 


I.A    POLITIQIK    —    LK    tiOPVËRNHMKM  419 

travail  ;  on  laliotii'a  avec  une  ardeur  inconnue  sous  le  gouverne- 
ment beytical.  Ceux  qui  n'avaient  pas  de  champ  à  cultiver  accou- 
rurent des  quatre  points  eardinaux  offrir  leurs  bras  à  nos  colons, 
et  la  communauté  des  intérêts  ne  tarda  pas  à  les  lier  à  nous  de 
la  façon  la  plus  profitable  à  noire  domination.  Le  Français  en 
effet  a  besoin  de  l'indigène  pour  mettre  ses  terres  en  valeur,  et 
celui-ci  a  besoin  du  Français  pour  obtenir  un  liant  salaire.  Ne 
la  cherchez  pas  ailleurs,  là  est  la  fusion  des  races  :  dans  la  fusion 
des  intérêts.  Sous  son  masque  de  stolque,  l'Ambe  dissimule  mal 
son  orgueil  et  son  amour  de  l'argent.  C'est  par  lA  que  nous 
devons  le  prendre.  Améliorer  son  sort  est  le  plus  siir  moyen  de 
l'amener  à  nous.  Nous  en  avons  la  preuve  dans  la  loyauté,  le 
dévouement  absolu  avec  lesquels  nous  avons  été  secondés  pen- 
dant la  conquête  delAlgérie  par  ceux  que  les  honneurs  ou  l'in- 
térêt attachaient  k  notre  cause.  Avec  quelle  vaillance  Us  se 
sont  battus  pour  nous,  avec  quelle  crânerie  ils  se  sont  fait 
tuer  sous  nos  yeux! 

Ceux  de  Tunisie,  qui  ont  l'esprit  commercial  très  développé, 
se  sont  vite  laissé  gagner  par  les  bienfaits  de  notre  administra- 
tion. Ils  en  font  volontiers  l'éloge  et  nous  pouvons  désormais  les 
regarder  comme  complètement  acquis  à  noire  inlluence  :  la 
pHte  est  prête  à  subir  toutes  les  transformations  que  nous 
voudrons,  mais  combien  lentement!  Les  promesses  qu'ils  nous 
donnent  ne  sont  guère  que  des  contingents  d'avenir.  Oui ,  nous 
pouvons  tout  en  faire,  ou  plutôt  tout  en  espérer,  à  condition 
de  ne  pas  oublier  ce  facteur  imprescriptible  :  le  temps,  seul 
capable  d'ouvrir  leur  esprit  aux  idées  occidentales  et  d'anéantir 
le  vieux  levain  koraniqiie  qui,  quoi  que  nous  fassions,  fermen- 
tera longtemps  encore  an  fond  des  con  sciences. 

Jo  l'ai  déjà  dit  :  la  civilisation  ne  se  décrète  pas.  L'évolution 
des  sociétés  est  soumise  comme  celle  des  individus  au  progrès 
graduel.   Ce   progrès  est  plus  ou  moins  lent,  suivant   l'in- 


»30  i-i  nnsn  twpcis  t occmno:!  ruxç.tiSK 

Uaeacii  que  In  »f«Db  citénvan  eierKDt  sur  lui ,  suit-aot  Us 
riin'e»  «Ificîentrs  de  ]a  Klijrôn.  de  la  lillératur?.  du  gouvcN 
ueme-nL  Hais  «■  pntgr^s  est  d'anfamt  plos  lent  que  la  sociéU 
rsl  ploA  prH  t)e  son  bercc«a.  Les  ténèbres  qui  roavironn<ai{ 
«ont  alors  si  êpaùs»  qu'elle  D*essaie  même  pas  d'en  sortir., 
Soupçonur-t-elle  Mulement  on  autre  état?  Ce  n'est  (ju'aprts 
de  loars  siMes  de  mis^K«  cl  «le  souffrances,  lors(|ue  1m 
boanmes  supérieurs  qui  suKÎsseQl  de  la  masse  balbutient  i 
«OD  i>rcille  le$  premiers  mob  de  la  Science,  que  l'esprit  ^l'inves- 
tiftation  s'éveille  en  elle  et  que  ses  yeus  rechercbeol  la  tu* 
mi^re.  Alors  ses  enfants  se  mettent  au  travail.  Us  cliercbeot. 
Us  rhen'henl  san»  relâche.  Ils  accumulent  les  matériaa^; 
leurs  connaissances  peu  â  peu  s'accroissent,  l'Idée  engendre 
ridée,  et  uu  degré  de  perTeclion  acquis  conduit  par  luî-méiM 
à  un  autre  dcgr^.  La  société  marche,  avance;  avance  de 
plus  en  pins  rapidement. 

La  nôtre,  {wir  exemple,  u  fait  des  pas  de  géant  depuis  troil 
sîèdesavec  Tiniprimerie.  la  vapeur,  l'électricité  et  la  méthode 
expérimentale:  mais  qu'élail-elle  il  y  a  seulement  trois  cents 
ans?  Itatii!  quelle  affrens*'  Bastille  l'esprit  public  n'était-il  pas 
enfermé:  à  quelle  condition  malheureuse  le  peuple  n'était-il 
pas  réduit? 

Toute  expansion  de  vérité  était  enrayée  et  ne  pouvait  arriver 
j\  lui,  lorsqu'un  ouvrier  eut  la  sublime  pensée  de  multiplier  la 
pensée ,  de  la  rendre  immorielle;  «  il  voulut  verser  dans  l'Ame 
du  plus  petit  l'Ame  entière  de  l'humanité  »  :  avant  lui,  une 
l>agc  pouvait  se  déchirer  ou  se  perdre  dans  le  livre  de  l'es- 
prit humain;  l'oubli  pouvait  jeter  sa  nuit  jusque  sur  les  créa- 
tions du  génie.  Par  la  découverte  de  l'imprimerie,  Laurent 
Kosterde  Harlem  rend  l'idée  impérissable;  il  la  fait  en  fer;  ii 
l'engendre  chaque  jour.  L'intelligence  était  esclave,  il  l'affran- 
chit et  la  rend  libre.  La  vie  actuelle  va  se  multiplier  de  toute 


l'OLITlQrK    —    LH    nOUVERNKMEM 


4-21 


la  \ie  passée,  l'esprit  va  s'ag^raiidir  de  toute  la  pensée  antique. 
La  chaîne  du  progrJ^s  ne  peut  plus  se  rompre;  elle  doit  aller 
jusqu'à  rinfini;  aujourd'hui  continuera  ce  ijue  hier  a  com- 
mencé; l'avenir  l'achèvera. 

Et  le  peuple  qui  croupissait  dans  l'ombre  se  sentit  des  ailes, 
et  du  coup  il  enlrevil  l'azur. 

La  société  arabe,  elle,  ne  conoall  ni  l'électricité,  ni  la  vapeur, 
ni  l'imprimerie,  aucune  des  sciences  ni  des  merveilleuses  in- 
ventions qui  ont  porté  la  civilisation  européenne  à  une  si  grande 
hauteur.  KUc  ne  connaît  que  le  Koran.  11  est  tout  pour  elle  :  le 
Dogme,  la  Loi,  la  Politique;  la  Littérature',  (juanl  à  la  Science, 
il  la  proscrit  comme  une  sorcière ,  il  lui  jette  l'anathème  comme 
à  une  hérétique  ;  car  il  est  la  parole  du  Verbe ,  l'énianation  du 
logos,  il  renferme  le  Vrai  absolu.  La  Ilali  illn  Allah  Mohammed 
7-essoitf  Allah.  Il  n'y  a  de  Dieu  que  Dieu  et  Mohamet  est  son 
prophète.  Voilà  la  vérité  éternelle.  Tout  ce  qui  est  écrit  est 
écrit  et  tout  ce  qui  arrive  était  écrit;  cherchera  dévoiler  les 
secrets  de  la  nature  serait  commettre  un  sacrilège...  Le  musul- 
man ne  cherche  pas.  Depuis  douze  siècles  la  société  arabe  est 
là,  immobile,  inerte  et  comme  galvanisée  par  la  fatalité,  la 
prédestination',  l'immuabilité  que  le  Livre  des  Livres  lui  in- 
culque. Il  semblerait  que  nos  grandes  inventions  industrielles, 
nos  navires  à  vapeur,  nos  chemins  de  fer,  le  télégraphe  dussent 
l'émerveiller,  la  jeter  en  extase  :  elles  la  laissent  complète- 
ment indifférente.  A  peine  leur  donne-t-elle  un  coup  d'œil;  en 
tout  cas  jamais  elle  n'essaie  d'en  comprendre  le  mécanisme. 
Demandez  à  un  Arabe  ce  qu'il  pense  du  téléphone  ou  de  toute 
autre  découverte  de  ce  genre;  il  vous  répondra  que  le  ■>  chi- 


1.  Le  Kornn  ml  la  toi  graminalicalf. 

2.  [i  L'élu  comme  le  réprour  eïl  prédestiné  au  bonlivur  ii 
s  le  sein  du  sa  mÈre  i-  Le  Koran. 


L 


3 


E  pouToos  faîn 
•  termf%^m  e'cd  Tmmvre  da  diable. 
Ce  wiflF  piflMe  wBt.  je  praa».  «  mootrer  cofubicn  il 
wfsit  lônérûrc.  p«ml,  de  p««latdr«  r&pprocber  loot  d'm 
aaup  pu-  de  «BpW  letle»  de  lots,  luûr  uitini«in«nl.  rïui 
i|ae  p«r  me  adiaàûitnlias  Boaeeorde .  des  populations  que 
leur  hîtlatR.  knrtdigMB,  lear  cuaclfre.  leur  tempérameul 
«I.  paHaiil.  te«n  mmnn  et  le«n  itaues  din^Dt  si  prafoodc- 

Par  coDlre .  il  fteraïl  boo  moins  iojiiste  et  antiscîenlifique  de 
Motenir  que  l'.^rabe  est  ÎDciviInKl)le.  L'homine,  i  quelque 
mm  qu'il  Rp|>ar(î«)DF,  est  perfecliblp.  L'intelligence  qni  lui 
écUîr«  Ir  fMOl  t>sl  •  1»  hcaïa  qui  lui  e»t  donnée  de  passer  de 
rrrr^iir,  in*rt;du  loal.  &  la  vérité,  pénépatrice  du  bien'.  •  Ac- 
tivez crtlf  fliinime  divine  :  que  la  Science  lui  serre  de  chaluineau 
ri  la  déveluppc:  que  Vauiour  de  rinvi-^ig'ation  ralinmnle  et 
les  ténèbres  de  l'igtiorance  el  de  la  snperstilion  se  dissîperuiil 
|>eu  A  peu  :  l'indî^-idu ,  pais  la  coUeclîvité  se  IraosTormeront. 

Itépanilre  l'iutiiruclioii  parmi  les  indigènes  est  donc  noire 
tAche  primordiale,  celle  dont  nous  devons  attendre  les  résultats 
If^s  plus  fructueux.  Mais  j'ai  dit  qu'améliorer  leur  sort  était  le 
plussilrmovendeles  amènera  nous;  en  conséquence  je  regarde 

•  à  riieure  actuelle  —  l'enseignement  professionnel  comme 

plus  nécessaire  encore  que  la  diffusion  des  lumières.  Les  deui 
neuvfmt  marcher  de  pair,  mais  il  serait  bon  de  donner  le  pas  à 
cclui-lÂ.  L'instruction  primaire,  plus  encore  rinstruction  secon- 
riaire,  fait  trop  souvent  des  déclassés  des  Arabes  et  des  Berbères. 
Voyez-les  on  Algérie  ;  leur  premier  acte  au  sortir  de  l'école  est 
de  soliîciUïr  un  emploi  dans  l'administration  et  comme  il  n'est  pas 
iiossiblc  de  donner  satisfaction  à  tous  les  candidats,  la  plupart 

I.  llaatial,  Haitnoniet  économiques,  f.  6iï. 


!    GODVERNEMENT 

s'en  retournent  dans  le  village  ou  la  tribu  aigris  contre  cette 
civilisation  menteuse  qui  les  a  élevés  pour  les  rabaisser  tout  A 
coup  :  car  rejetés  vers  l'agriculture  ou  le  commei'ce,  pour  les- 
quels ils  n'ont  pas  été  formés,  ils  s'y  trouvent  malheureux  et 
s'en  prennent  à  nous,  avec  quelque  semblant  de  raison,  de 
la  condition  qui  leur  est  fuite.  Il  y  a  là  un  danger  pour  l'a- 
venir. 

L'instruction  professionnelle  n'offre,  au  contraire,  que  des 
avantages.  Accroître  la  richesse  publique ,  c'est  accroître  la  ci- 
vilisation, faites  des  ouvriers  habiles;  augmentez  la  valeur 
de  leurs  bras  ;  mettez  les  indigènes  en  état  de  gagner  largement 
leur  vie  :  vous  changerez  déjà  la  face  de  la  société.  A  leur 
tour,  ceux-ci  feront  mieuK  instruire  leurs  enfants;  ils  auront 
l'arabitioa  de  les  perfectionner  dans  leur  métier  et  de  In  con- 
dition de  sujet  qui  était  la  leur,  ils  les  mettront  à  même  de 
s'élever  à  celle  de  citoyen. 

Voici,  en  deux  mots,  tout  mon  système  phjiogénique  :  L'ins- 
truction pour  méthode,  l'intérêt  comme  moyen. 

—  Et  l'administration,  me  dira-t-on,  cette  vieille  adminis- 
tration arabe,  qu'en  ferons-nous?  Touchez-y  le  moins  possible. 
Elle  est  boiteuse,  mauvai.se,  primitive  surtout,  c'est  vrai  :  elle  est 
ce  qu'est  l'état  social.  Il  ne  saurait  en  être  autrement.  Les  po- 
pulations n'ont  que  le  gouvernement  qu'elles  méritent.  Si  l'é- 
quilibre était  rompu  entre  le  peuple  et  ses  institutions,  soyez  srtr 
que  celles-ci  ne  tarderaient  pas  à  être  remplacées  par  d'autres 
plus  conformes  à  ses  besoins  et  à  ses  aspirations.  Tant  qu'elles 
se  perpétuent,  c'est  qu'elles  le  satisfont',  La  loi  est  l'expression 
même  des  mœurs  de  la  société,  la  constitution  iulellectuelie  et 
morale  du  peuple,  et  vouloir  transformer  la  législation  avant  les 
mœurs,  c'est  mettre  la  charrue  devant  les  bœufs.  Une  des  gros- 

I.  Ixi  guuternenienU  Ivranniqups  ont  licau  &up|il^er  â  la  force  morale  qui  leur 
uaiique  par  l'excËs  delà  force  physique,  la  résjslance  liait  toujours  par  en  triomplicr. 


réett  c 

ïk  te  Mônal  ■  b  bcMpc  o  im^al  m  Ina  4mb  le  av.  «bvmI  1m 

M—  CiMMiTC.  ^  me  4»Mil  fwtf ,  w  ■«■£■  tamftt  Ae  «  ^  a 
réralb  Ms  ^adic   CdMÎ-d  ic  Im.  pHt  toa  fid  cAu:*»  fc  pa«  pi«^  d  M 
foU.  Le  trvB  far  Toa  f— "y""  te  Iroaiail  teiière  aac  ■ 
awr.  de  beea  fw  M.  OiMMt  «taal  »ab«iil  4e  fiàttr  le  «ai 
bai*.  JMmiminy^^  iar^ae  jwMI  le  «n*  *^* '"«'"«* 
Ware  et  deaïe,  dehaat,  lieif  ■■•  m*  te  pave,  wtt^Ml  m* 
ir  irnia  a  friimg-  Tee»  mm  bear*  ■■  faart,  ■■  eoleai 
aae  àtchaiff  de  plewh  «■  piciae  fi^re  l'caïaja  ravier  i  b  n 
MU*deB  le  yu-real  lar  kan  ff«ul«  et  te  uaTtrtsI  a  UmIcc  Janbc*. 

VoiU  le  crime  ea  deai  noU. 

La  Jartkc  prooéda  faiealûl  ■  lamsUIioa  da covfthk.  qm  ae  na«r« 

»  en  porte  des  nan]iied  iadêMMlci.  On  raneo*  à  b  prisaa  civile 4| 
i  joan  plut  Uni,   taii  <a    prràcace  du  joiK  d'iastracl' 
■i*il  déddê  le  piibge  de  la  K 
Commun,  de  cooeerl  arec  te*  complicci,  el  ïl  ■nrail  nui  mw  desMîa  i  «: 
•11  a'ca  avait  été  eropfabé.  Il  élûl  impnuible  d'être  plus  cbir.  Ponr  idm, 
paar  von*,  je  ta^pme.  la  critnÎDalilé  aux  jeux  de  la  ntorale  rat  b  meta 
le  Tol  avait  élé  perpétré,  car  il  l'a  été  Tirluellement ;  il  n'a  étéarrCié  qve  fêlé 
eirtaaalaoce*  îndépendaDlef  de  la  toloaté  de  l'agent ,  et  je  voadrait  qall  lï 
d'apré*  ce  telle  Irrs  eiplicile  de  la  loi  romaine  :  i  Ii  qui  cum  teJo  aeraarfl  c 
ilcitf  li  qui  homiatm  orcidcrit,  Itgit  Comelix  de  lieatiit  pjcna  ttteretlmr  ■ 

Kn  effet,   la  différence  du  ehïtiiaeDl  dnil-elle  se  puiser  uniquement 
iUff^reace  d'un  r^ullal  qui  a  été  indépendant  de  b  volonté  du  coupable? 

Npn,   renl   fais  non!   la   lentaliie.   c'eit*à-dire   la    volonté   de  violer    b  Mj 
manireitée  par  l'action  i|iie  prohibe  la  loi  laétne,  doit  être  punie  omnie 
conigiDint.  ■  Le  coupable,  dit  Félangieri,   a  monlré  »a  perrersité; 


LA    POLITIOUK   —    LK    GOL'VKBXF.MF.NT  »2r> 

changera  ses  culottes;  mais  notre  code,  ni  notre  administration 
ne  sont  à  sa  taille;  ils  le  rendraient  aussi  gauche,  aussi  em- 

i barrasse,  ils  le  blesseraient  autant,  entendez  bien,  —  car  les 
^nnes  intentions  ne  suffisent  pas  toujours  en  matières  d'au- 


re  a  rei;u  it  fuueste  eieni|ile.  QurI  que  soit  le  inccta  de  l'attenlut,  les  deui  mnlifd 
dp  punir  n'en  eii«lent  pu  moitié.  La  mi^nie  cause  doit  donc  produire  le  même 
eOet,  c'est-B-dire  l'ëgalitè  de  ta  jieine  •. 

Cependant  la  loi  françaiiie  répond  que  quelque  certaine  quii  puisse  Être  la  to- 
loDté  criminelle,  un  immense  intervalle  aépare  le  moment  où  elle  se  forme  el 
celui  où  elle  s'accomplit-,  elle  peut  se  laisser  tliranlcr  par  un  i>bstide,  intimider 
par  un  péril,  vaincre  par  un  repentir.  La  Ini  ne  peut  atteindre  une  résolution  qui 
va  M  rétracter,  un  projet  qui  peut  s'évanouir. 

Partant  de  ce  principe,  pour  la  loi,  la  liaison  des  actes  purement  préparatoires, 
comme  le  percement  d'un  mur.  l'elTraction  d'une  barrière,  n'est  pas  nécessaire  et 
immédiate  avec  une  résolution  criminelle-,  ils  peuvent  la  Taire  supposer,  il.i  ne  la 
prouvcul  |iax.  On  ne  peut  les  rattacher  à  un  délit  déterminé  qu'à  l'aide  Au 
lirésomptions  hasardées,  de  fragiles  conjectures;  ils  ne  peuvent  donc  servir  de 
base  à  une  pénalité  :  il  j  a  trop  de  distance  encore  entre  ces  actes  et  l'at^ion 
accomplie  pour  supposer  que  l'agent  ait  franchi  celle  distance  sans  s'arrâler.  et 
ftour  établir  une  peine  sur  «ette  ùction. 

Qu'un  fasse  bénéficier  de  ces  principes  moraux,  un  prévenu  appartenant  k  la 
■ociélé  civilisée,  un  malheureux  hasardant  ses  iircmierspas  dans  le  crime,  Je  le 
veux  bien;  mais  avec  un  indïgËne  algérien,  un  valeur  fleffé,  qui  a  au  moins 
dix  méfaits  sur  la  conscience  lorsque  vous  l'arrêtez  pour  la  première  fois,  venir 
parler  de  repentir  et  de  reinnrds  avec  un  tel  tuindil.  c'est  de  la  pure  démence. 
Je  vais  plus  loin .  c'est  un  crime  qui  confine  à  l'encouragement.  Dés  l'instant  que 
vous  proclamez  comme  un  dit  d'excuse  le  hasard  qui  a  empêché  le  crime  de  réus- 
sir, vous  proclamez  par  li)  même  une  Immoralité,  vous  enseignei  i  pc«er  les 
actions  d'apri^  leur  résultat  matériel  seulement,  sans  prendre  souri  de  l'intention 
crimiDcltc  qui  les  a  dirigées. 

Est-ce  donc  sur  une  impression  toute  phjsique  que  la  loi  doit  puiKcr  les  règlos 
de  la  répression  '<  Je  ne  le  crois  |)oint ,  car  la  loi  morale  duit  se  grcfTer  sur  la  loi 
sociale.  Et  quel  est  le  but  de  la  loi  morale?  C'est  le  rétablissement  de  l'ordre 
Imnblé  par  un  acte  immoral.  Comment  s'opère  ce  létablissement?  Par  l'expia- 
tion de  In  faute.  Cette  expiation  est  ta  rétribution  dans  une  Juste  proportion  du 
mai  par  le  mal. 

Lindigène  fut  remis  en  liberté,  et  je  voua  lui<^c  à  fwnser  son  ëlonneinent.  Celui 
de  ses  complices  et  coreligionnaires  fut  non  moins  grand.  Vous  aurcx  tirau  faire 
et  beau  dire,  leur  conviction,  ils  ne  se  cachaient  pas  ]iour  I  exprimer,  est  que  l'in- 
rulpé  ajant  payé  grassement  le  juge,  celui-ci  lui  a  rendu  la  liberté.  Quant  A 
l'article  3  du  Code  }iénBl,  à  sa  mansuétude  inllnie,  ce  serait  peine  perdue  de 
vouloir  les  leur  expliquer.  Jamais,  dans  leur  grossièreté,  ils  ne  (lercevronl  les 
subtilités  que  J'ai  indiquées  ;  notre  bonté  est  prise  pour  de  la  faiblesse  ou  de  la 
prévarication.  Loin  de  monllscr  les  indigènes,  l'impunilé  les  encourage  au  mal  : 
T^l*  le  résultat  des  hautes  conceptions  de  rassImUation  à  outrance.  —  N.  F. 


u 


^^^mu 


LA    miSIS   UEPCIS    LUOCtTATIUS    FRANÇAISE 


I 


I 


Hé  p(ililic|iie,  —  ils  le  lilessenûeDt  autant  que  si  vous  préten- 
tli«s  raCTutiler  tlt-  notre  babil  à  la  FraDcaise  et  de  noire  gilius. 

Encore  aaa  fois,  on  De  peut  procéder  que  par  voie  d'iufiUra- 
Uon  lenle.  Trop  se  hikU-r  nerRÎt  reculer.  L'u  capitnine  tle  bureau 
arabe,  qui  counaissait  fort  bien  le  caractère  de  ses  adminis- 
trés, Ch.  Richard,  écrivait  eu  1850  :  «  Dmi»  l'escalier  qu^ 
monte  vers  l'avenir,  plusieurs  degrés  séparent  Tindigène  de , 
noua,  et  quoi  que  %'ous  fa^sie-z.  voik  au  jwuvez  lui  en  épargner 
l'escalade.  Vous  pouvez,  législateurs,  dans  la  portion  supérieure 
que  vous  occupez  au-dessus  de  lui,  l'aider,  en  lui  tendant  U 
inain,  à  les  fraocliirplus  vite,  et  peut-être  à  en  sauter  quel- 
ques-uns :  c'est  lit  m^me  votre  devoir,  votre  mi^iou  providen- 
tielle; mab  je  vous  défie  de  rien  tenter  de  praticable  au  deU 
de  ces  limites  ". 

Je  ne  saurais  rien  dire  qui  rendit  mieux  ma  pensée.  ] 

Améliurous,  n'iuDOVoDs  pas.  Bornons-nous  &  mettre  U  rai- 
son dans  les  lois,  la  justice  dans  les  actes,  et  q»e  te  reste 
vienne  il  son  heure. 


ADMiMSTRATlON    DES   EUROPEEXS 

Toute  administration  peut  être  considérée  comme  un  foyer 
de  mouvement'. 

Administrer,  c'est  donc  répartir  avec  sagacité  les  forces  qui 
donnent  le  mouvement  et  la  vie  à  l'atelier  social;  d'où  il  résulte 
ce  concert,  cette  harmonie  qu'on  appelle  ordre  public. 

L'ordre  public  est  le  produit  de  la  satisfaction  générale;  il 
ne  peut  exister  qu'autant  que  nos  véritables  besoins  sont  satis- 

I.  Air.  Kour,  op.  cit.,  p.  I9&. 


I 


LA    POLITIQUE    —    LE    GOL'VKRSEMENT  \27 

faits.  Pour  satisfaire  les  besoins  lég'itimes  de  chacun,  il  faut 
savoir  les  discerner;  il  faut  donc  que  l'administratioD  soit  intel- 
ligente dans  son  action;  sinon,  c'est  un  char  sans  conducteur. 
UD  h&timent  sans  pilote. 

Mais  l'intelligence  ne  suffît  pas;  comme  le  pilote,  elle  a  des 
écueils  sans  nombre  à  éviter,  souvent  des  tempêtes  h  craindre. 
Pour  remphr  sa  mission ,  il  lui  faut  encore  du  dévouement. 

Ainsi  une  bonne  administration  doit  réunir  ces-  trois  condi- 
tions :  force,  intelligence,  dévouement. 

Ces  trois  éléments,  qui  constituent  l'unité  administrative  sont 
tellement  liés  entre  eux,  qu'ils  se  complètent  mutuelle  ment. 

L'un  sans  l'autre ,  c'est  le  despotisme  ou  l'anarchie.  Pour  que 
le  pouvoir  soit  fort,  il  faut  :  qu'il  soit  honoré,  qu'il  mérite  la 
considération;  il  faut  qu'il  soit  indépendant  dans  les  limites  de 
sa  sphère  d'action;  que  sa  volonté,  en  un  mot,  ne  vienne  pas 
se  heurter  contre  une  volonté  qui  la  paralyse;  sinon,  c'est  af- 
faiblir, empêcher  le  dévouement. 

Pour  qu'il  i)uisse  être  dévoué,  il  faut  qu'il  offre  une  carrièi-e 
avantageuse  et  silre  à  ses  employés;  qu'il  soit  stable;  que  l'on  ne 
craigne  pas  de  voir  à  chaque  instant  des  hommes  nouveaux  et 
sans  expérience  des  affaires  locales,  supplanter  les  ancieus; 
inconvénient  d'où  résulle  pour  ceux-ci  perturbation  dans  la 
machine  administrative,  ce  qui  nuit  à  i'inteUigence  des  af- 
faires ;  car  pour  en  avoir  l'intelligence,  il  faut  en  avoir  la  prati- 
que; sinon,  de  l'hésitation,  des  erreurs;  le  pouvoir  ne  satisfait 
pas  aux  besoins  publics,  il  se  déconsidère,  et  ce  qu'il  perd  en 
considération,  il  le  perd  en  force. 

Ainsi,  ces  trois  éléments  constitutifs  du  pouvoir  sont  tellement 
nécessaires,  que  sans  l'un  d'eux,  il  est  incomplet. 

Voilà  donc  les  principes  invariables  d'après  lesquels  nous 
devons  constituer  l'administration  tunisienne. 

Elle  doit  avoir  en  outre  une  qualité  qui  manque  ordinaire- 


n 


\i» 


LA    TC.MSIK    UKPriS    L  OCCUPATIOK    FRA.tÇAlSK 


meut  ftiix  administrations  :  la  réserve,  la  retenue  dans  les  actes; 
elle  doit  agir  avec  disci-étion ,  agir  sans  qu'on  lu  sente ,  à  l'imi- 
tation  de  ces  cylindres  bien  rodés,  bien  huilés  qui  actionnent 
la  machine  sans  bruit  et  sans  secousse.  Trop  souvent  les  fonc- 
tionnaires —  les  subalternes  principalement  —  irritent,  exus- 
pèrent  et  découragent  le  travailleur,  tHntôt  par  la  nature  de 
leurs  attributions,  fantM  par  l'étroitesse  de  leur  esprit,  quanj 
ce  ne  sont  pas  les  deux  à  !«  fois.  Et  combien  sont-ils? 

En  France,  des  légions.  Vous  ne  pouvez  faire  un  pas  sans 
vous  heurter  au  képî  menaçant  ou  au  porte-plume  rébarbatif 
d'un  sous-verge  quelconque.  Du  matin  au  soir  on  vous  enregis- 
tre ,  on  vous  matricule  :  vous  n'êtes  plus  qu'un  automate  numé- 
roté... Pour  la  moindre  affaire,  que  de  formalités  à  remplir! 
On  vous  renvoie  de  service  en  service,  de  bureau  en  bureau; 
ii  faut  passer,  repasser,  revenir  encore;  c'est  à  la  signature 
d'un  tel ,  qui  l'a  transmise  A  son  supérieur,  lequel  est  obligé  de 
l'envoyer  à  son  chef  hiérarchique.  On  use  des  liarriques  d'en- 
cre, on  noircit  des  tonnes  de  papier,  et  toute  cette  paperas- 
serie, toute  cette  écrivasserie  n'a  d'autre  résultat  que  de  com- 
promettre lamentablement  vos  intérêts.  Quel  supplice!,.. 

Aussi ,  la  grande  majorité  des  hommes  qui  émigrent  ne  sont 
pas  attirés  au  delA  des  mers  seulement  par  le  mirage  de  la 
fortune;  esprits  îudépendants,  ils  éprouvent  l'irrésistible  besoin 
de  s'affranchir  des  conventions  tyranuiques  que  la  civilisation 
leur  impose.  C'est  ce  seutîment  impérieux  qui  leur  fait  aban- 
donner parents,  amis,  village,  toutes  les  affections  qui  leur 
tenaient  le  plus  puissamment  au  cœur;  et  s'ils  devaient  retrou- 
ver sur  la  terre  lointaine  les  mêmes  choses ,  les  mêmes  régle- 
mentations, les  mêmes  servitudes,  le  joug  qui  leur  pesait  tant, 
évidemment  ils  n'iraientpoint.  '<  Les  pays,  disait  Montesquieu, 
ne  sont  pas  cultivés  en  raison  de  leur  fertilité,  mais  en  raison 
de  leur  liberté!  »  Que  l'on  me  permette  d'écrire  ;  en  raiî 


LA    POLITIQDB   —    LE    GOUVERNEMENT  429 

"'de  leurs  lîberlés.  C'est  le  régime  que  je  crois  nécessaire  à  la 
Tunisie.  J'en  ai  déjà  développé  les  principes;  je  n'y  reviendrai 
pas  pour  ne  point  tomber  duns  les  redites'. 

Je  les  trouve  d'ailleurs  assez  bien  appliqués  en  Tunisie.  L'Ad- 
ministration y  est  réduite  au  mécanisme  le  plus  simple  de 
rouages'-  Mais  il  faut  que  l'on  ait  grand  soin  de  ne  pas  le 
compliquer  inutilement.  Dans  l'État,  tous  les  corps  ([ui  ne 
soni  pas  indispensables  sont  dangereux.  Au  lieu  de  multiplier 
les  béquilles,  que  l'on  coupe  hardiment  les  entraves;  au  lieu 
de  mettre  le  colon  en  tutelle,  qu'on  l'émancipé.  En  un  mol, 
que  l'on  simptitîe.  Simplifiei',  c'est  économiser  le  temps  et  l'ar- 
gent, car  la  même  cause  qui  produit  l'économie,  produit  aussi 
la  célérité*,  double  bienfait  pour  les  colons. 

Simplifier,  voilà  donc  où  doivent  tendre  nos  efforts. 


r 


AUTONOMIE    ADMINISTRATIVE 


De  toutes  les  sinipliGcations,  la  plus  féconde  en  résultais  est 
l'unité  administrative.  Elle  n'économise  pas  seulement  du 
temps  et  de  l'argent,  elle  hâte  la  virilité  de  la  colonie  en  lui 
épargnant  les   tâtonnements,  les  hésitations,  l'impuissance  il 

1.  Voyex  lomK  I",  1>.  374-375,  t.  Il,  p.  213  et  l'M. 

1.  V.  tome  1°^,  |).  367  et  âuiv. 

3.  Arec  nn  persnanel  trë«  réduit  ii  se  fait  beaucoup  de  besogne  à  la  Résidence 
g«nénle  ta  Tunisie.  I^e  rapport  de  H.  Pichoo  sur  te  budget  du  minisIÈre  des 
Altlim  élraDgtres  pour  l'eiercice  1891  en  fournit  une  preuve.  On  y  remarque 
(p.  194)  qne  aur  2.389  dépêches  reçues  en  IS9a  de  l'extérieur  par  lu  sou  s -direction 
du  Prolectoralfl,  9BI  proviennent  de  Tunis. 

La  Résidence  A  Madagascar  ni'  ligure  que  pour  254  dépéclies  ^  presque  trois 
Tois  moins  —  bien  que  son  personnel  coûte  1 85,000  franrs  et  celui  de  la  Résidence 
en  Tunisie  seulement  103,000  francs.  Il  est  rrai  de  dire  que  ce  dernier  crédit 
devrait  être  augmenté,  tant  pour  Ifs  Bppuintenicnis  du  personnel  que  ceux  du 
"  it  gÉnéral. 


^^fSeàiam.  gênerai. 


I 


e  ot  cooA*maée  l'ulmiiûstratKni  rattmte  '  «1  qiu  se  tr»- 
dtnl  par  on  <lâ(i^  de  lois,  de  décret»,  d  ■rrti»  ainsi  cootra- 
dictuîres  qn'îaefécaUide*.  Elle  supprime  le  dulisme  înévitaUe 
TBtrr  le  pouvoir  tnétrupolîtaîa  et  le  potiToir  cnlooial.  diulisnie 
daat  U*  coin»  puyeot  loajcmrs  les  frais.  Denuadcx  plalM  aiu 
maOïetirau  AIgMriM  ntcorc  lii'rés.  aprf«  soïUDte  ans  de 
csooquéU.  i  retle  hydr«  adiniimtntiTe  qui  s'appelle  «  les 
rattacbmMrnts  •'.  EspétviM  da  raoif»  qnr  le  monstre  agonife 
et  que  la  coiamtawop  sénatiinale  ra  en  coap^r  hardiment 
ka  IHcs.  Duu  qodqnes  moi*,  le  décret  du  26  iioâl  1881 
anra  véca.  el  le  laroavenieur  ïiera  iovcsU  de  l'aatarilé  et  de 
l,1ndépcndni)o« .  —  diwo«  de  la  lii>erté  d'action  pour  ne  pas 
choquer  ceriaioes  susceptibilités,  car  notre  droit  coostitntioiuie) 
enge  toujours  le  etmtrdle,  oonséqnemmeol  la  dépendance.  — de 
la  liberté  d'action  ans  laquelle  il  s'use  eu  de  stériles  efforts, 
paralysé,  annihilé  qu'il  est  par  des  forces  néj?atives^. 

Oo  nous  jette  sans  cesse  à  la  tfte  l'œuvre  des  Romains  en 
Afrique.  L'eteniple  est  le  plus  muveni  mal  choisi ,  étant  donné 
tes  cooflitionii  trfe  différentes  dans  lesquelles  nous  doos  y  trou- 
vons. Leur  principe  d'administration  n'en  est  pas  moins  A 
retenir  :  Rome  gouvernait,  elle  n'administrait  pas'.  Elle  ai- 
mait à  faire  fond  sur  ses  magistrats,  à  leur  laisser  une  liberté 
d'allure  et  une  initiative  qu'elle  estimait  très  favorable  aussi 
bien  à  l'expansion  et  au  bon  emploi  de  leur  activité,  qu'à  la 


1.  Vn  &»'ul  Krtice  lunUien .  ctui  d«s  Poslu  «t  TvIrgraphM,  cUil  rattaché  i  Paris 
^n  Tertu  de  la  conttnlioa  de  1861.  On  sait  combien  c.  «rrvice  laissait  i  déurtr, 
Kt  le*  magnibiaes  réMllats  donfir*  par  t'OrScc  postal  antonoinf .  C'est  an  eimi^ 
rrafifiant  dn  la  »uprrîorité  de  c«  régime  adminUtralir,  \a\et  lame  1",  p.  433  et  mut. 

2.  U.  JuIm  Caubon  a'ml  pas  moins  digne  quf  son  frire  de  la  confiance  dn 
RouTernemenl ;  et  si  l'on  attend  de  lui  de  buane  besopie  en  Algérie,  il  faut  re- 
nouveler à  son  profit  l'eipéricnce  si  heareosetnenl  tentée  en  Tnouie  avec  M.  Paul 
t'amlion  :  ne  lui  donner  aucun  proflramme,  mai»  les  moyens  d*actîan  oécessarr» 
à  la  réalisation  de  iifs  idées. 

3.  V.  Duruy.  op.  cit.,  t.  II. 


'    LK    fiOKVEHNEMENT 


prompte  satisfaction  des  intérêts  locaux  '  !  Les  gouverneurs  des 
possessions  romaines  administrèrent  toujours  sur  place;  l'au- 
torité provinciale ,  tout  en  étant  solidement  rattachée  à  la  mé- 
tropole par  les  liens  politiques  les  plus  étroits,  ne  fiU-ce  que 
par  Tardent  patriotisme  des  magistrats,  fut  toujours,  admiais- 
trativement  du  moins,  affranchie  de  la  tutelle  lointaine  et 
tracassière  du  gouvernement  central;  l'administration  colo- 
niale fut,  comme  on  dit,  autonome.  Point  d'intervention  à 
distance,  point  d'ingérence  ni  de  direction  quand  même  et  A 
tout  propos;  point  d'expédition  dans  les  Gaules  dirigée  du 
mont  Palatin;  point  de  bataille,  même  gagnée,  sur  un  pro- 
gramme du  Sénat  ou  sur  un  ordre  de  l'empereur;  point  de 
décrets  passant  la  Méditerranée  pour  être  approuvés  au  forum  ; 
point  de  longs  et  lointains  recours  aux  décisions  de  la  métro- 
lK)ie.  Correspondances  paperassières,  exposés  d'afTaîres  minu- 
tieux, propositions  de  mesures  qui  pressent,  adressées,  ren- 
voyées, modifiées,  renvoyées  encore;  attentes  des  réponses, 
espérances  des  solutions,  examens  des  dossiers,  échanges  des 
dépêches  ;  Rome  ne  connut  piis  ce  régime  des  atermoiements  et 
ces  gouvernements  d'outre-mer.  Elle  ne  voulut  pas  diriger,  du 
sein  même  de  la  capitale,  des  intérêts  divers  et  compliqués  qui 
ne  pouvaient  être  connus  et  satisfaits  que  sur  place  :  elle  esti- 
mait qu'en  pareil  cas  ses  décrets  ne  pouvaient  toucher  le  but,  et 
qu'à  ce  point  de  vue  ses  provinces  étaient  vraiment  hors  de 
portée.  Aussi  assurait-elle  à  ses  représentants  le  libre  usage  de 
leurs  attributions  et  les  mettait-elle  à  l'abri  de  toute  pression 
inopportune-.  Les  empereurs  eurent,  bien  entendu,  tout  pou- 
voir de  contrôle  sur  les  actes  de  leurs  légats  et  de  révocation 
sur  leurs  personnes;  fidèles  à  la  tradition,  ils  eurent  le  bon 


■',  p.  206. 
58-30,   —   Plutarque,  foiirp.    10.   —  Tile-Live 


1 


»  et  DÉM  éÊm  ks  mmim  et  vtec  *— *?■  ir  ijrr. 


Aemeak.6e  la  xAdîtf 
êasè  V  jKKivQÎr.  «k  U  far^Kté  dan*  U^  wt^  aa«î  bien  ijcw 
duis  )>K«iit»ûo.  Leur  k^iqiw  ri»aKttj«  reftoossah  ces  àtiu- 
Ikns  bnavs  qui  nK-ltral  dmx  p(<a\-Mr^  rÎTanx  bce  i  face, 
stériliieitt  par  l'tfolmKot .  ïoqs  prviute  dliKlêpmdaiice .  des 
efforts  doot  U  ciî<nLÎDai«OD  serait  féfoode.  empèdbeot  knte 
anitê  d'actkw  et  dool  le  moindre  ÏDeoovêoieDt  est  de  créer  les 
malenteodos  et  les  c>:>Dfaâ<>ns  de  compêlenre.  les  tiraïUemeDts 
d'aatoritê  et  les  confliU  de  tonte  natatv.  depuis  les  taquine- 
ries et  les  représailles  mesqoines  de  quelque  qneretle  de  pré- 
séance .  depuis  les  froissements  et  les  raocones  de  la  Taoité  per^ 


I.  V,  Cirnt«.   Urr.  IL  L  K:  —  TiK-Ut.  SXXIS .   IS.  i. 

omnl  d  AfriqM-  ri  \t  trial  de  5aBidk.  of.  rtl..  f.  tli  H  u 
1.  Fie  de  (ét»r,  L  I'. 


LA    POLITIODE   —    LE    GOr%'ERSEMENT 


&33 


sonnelle,  jusqu'aux  antagonismes  les  plus  graves,  justju'aux 
plus  séi'îeuses  questions  de  graudes  attributions  indécises  et 
de  juste  inlluence  disputée'! 

La  Tunisie  a  connu  toutes  ces  misères,  il  y  a  quelques  an- 
nées; elle  a  subi  récœuraiit  spectacle  des  rivalités  de  pouvoir 
et  des  haines  féroces  qu'elles  engendreat.  Le  décret  du  23 
juin  1885,  qui  place  les  commandants  des  forces  de  terre  et  de 
mer  et  tous  les  services  administratifs  sous  les  ordres  du  Ré- 
sident général ,  préviendra  heureusement  le  retour  de  pareils 
faits,  si  l'on  a  soin,  m  toute  circonstance,  de  maintenir  la  su- 
bordination. Résident  général  ou  gouverneur,  que  l'on  choisisse 
ce  haut  fonctionuEiire  avec  le  plus  grand  soin,  mais  sa  valeur 
étant  bien  reconnue,  qu'on  lui  donne  toute  autorité  sur  le  pei-- 
sonnelet  de  pleins  pouvoirs  pour  la  direction  desintér^ls/»«r/i- 
culiers  à  la  colonie.  Car  la  faute  très  grave  que  l'on  commet  est, 
dès  la  conquête  ou  la  signature  du  traité  de  protectorat,  de  re- 
garder la  colonie  comme  une  fraction  de  In  métropole,  souvent 
comme  un  département  fnmrais.  Eh!  non,  il  n'en  est  pas  et  il 
ne  peut  pas  en  être  ainsi.  La  colonie  a  une  existence  propre,  for- 
cément une  vie  à  part,  qui  réclame  des  institutions,  des  lois  tul 
hoc.  Pour  tout  ce  qui  concerne  son  fonctionnement  écono- 
mique, son  organisation  civile,  il  y  a  lieu  de  la  traiter  comme 
co-État  ;  ce  n'est  que  dans  ses  rapporis  avec  la  métropole  et  les 
États  étrangers  qu'elle  devient  sujette  et  doit  relever  directe- 
ment du  pouvoir  centrai -, 

Pour  me  résumer  :  sur  place,  l'administration  ,  —  i\  Paris,  la 
politique. 

■  1.  V.  Boiwitre,  l.  I,  p.  (95. 

1.  Voyet  le  rapport  Je  Itaninve  à  la  Conalituanle  sur  \p.  régime  des  colooies; 
il  élabiit  ncttemenl  <:elle  disLincllan. 


^^L  L^  — 


LA   TP?nSlE   DEPUIS   L  OCCCPATIOX   FlLASÇàlSB 


REPRÉSENTATION  DE  LA  COLOME  AUPRES  DL    GOUVERNEMEXf 

A  Paris,  la  politique?  Ceux-là  ne  sont  vraiseoablablemeBl 
pas  de  mon  avis  qui  vont  réclamant  bruyamment  rélcctioQ 
des  membres  de  la  Conférence  consultative  par  le  suOraga 
universel.  Peut-être  diront-ils  ([u'ils  se  proposent  simplement 
de  donner  une  base  plus  larg'e,  plus  démocratique  à  lu  repr^ 
sentation  de  la  colonie  auprès  du  gou^ernemenl  ;  et  en  n 
temps  de  mieux  l'inspirer,  de  mieux  servir  les  intérêts  socîauxî 

Dieu  me  garde  de  mettre  en  doute  la  pureté  de  leurs  inten- 
tions. Je  me  suis  efforcé  de  tenir  cet  ouvrage  en  dehors  t 
questions  de  polémique  et  je  m'en  voudrais  de  le  clore  par  dei 
lignes  acrimonieuses  à  l'adresse  de  qui  que  ce  soit  :  je  n'en  H 
certainement  pas  l'intention.  Mais  les  dangers  que  j'enlrevoî 
sont  trop  grands  pour  que  je  ne  m'élève  point  contre  cette  tCB' 
tative  d'introduction  de  la  politique  ea  Tunisie. 

Supposons  un  instant  que  le  gouvernement  ail  la  faiblesse  - 
il  ne  l'aura  assurément  pas;  ce  n'est  \&  qu'une  supposition  pu* 
rement  gratuite. —  d'accorder  l'élection  demandée  au  sulTraM 
universel,  les  pétitionnaires,  puisque  pétition  il  y  a,  se  d4 
clareront-ils  satisfaits?  Gardez-vous  de  le  croire.  Le  voulussent! 
ils,  qu'ils  ne  le  pourraient  pas.  11  y  a  des  en  train  e  m  en  ts  itrési» 
tibles,  des  conséquences  inéluctables.  L'électiou  des  membre 
de  la  Conférence  par  le  suffrage  universel,  c'est  l'agitatioi 
politique  en  permanence  ;  ce  sont  les  affiches,  les  programmes, 
les  réunions  publiques,  tout  le  bric  A  brac  électoral;  ce  soal 
les  partis  [mussant  comme  champignons  eu  cuve  :  annexion' 
nistes,  protectoristes,  autonomistes  etc.,  etc.  Et  vous  vo» 
driez  que  toutes  les  éloquentes  professions  de  foi,  renforcées d 


M 


LA   POLITIOCE  —   LE   GOCVEHNKMEST 


435 


discussions,  de  déclarations,  d'ovations  et  de  ratifications,  vous 
voudriez  que  tout  cela  n'aboutit  qu'à  quelques  vœux  timide- 
ment déposés  sur  le  bureau  de  la  Conférence.  Y  songez-vous? 
Un  des  premiers  articles  des  cahiers  électoraux  aurait  pour  objet 
la  transformation  de  la  Conférence  consultative  en  Conférence 
délibérative.  Ici  la  bataille  serait  rude  ;  mais  l'on  s'y  acharnerait, 
attendu  qu'elle  serait  décisive.  Succombant ,  le  pouvoir  tom- 
berait en  effet  aux  mains  des  assaillants;  car  qui  vote  discute, 
et  les  pouvoirs  discutés  ii'e.\istent  pas.  Le  Résident  général  ne 
serait  plus  que  l'exécutif;  le  véritable  administrateur  serait 
cette  chose  mobile  et  fugace  :  une  majorité  composée  de  quel- 
ques hommes  plus  ou  moins  sérieux  dont  l'ambition  au  besoin 
tiendrait  lieu  de  valeur. 

.Vvant  d'aller  plus  loin  il  serait  permis  de  demander  aux  par- 
tisans de  cette  administration  oligarchique  quelle  conception 
juridique  ils  peuvent  bien  se  faire  du  Protectorat  pour  se  croire 
autorisés  à  déplacer  de  la  sorte  l'axe  gouvernemental  ;  mais  ils 
ne  s'embarrassent  probablement  pas  de  si  peu.  .\u  reste,  il  n'est 
pas  utile  de  prendre  les  choses  de  si  haut.  Je  crois  avoir  prouvé 
qu'en  dehors  de  l'unité  administrative  ,  il  n'y  a  pas  d'adminis- 
tration possible.  Quand  le  gouvernement  est  partout,  il  n'est 
nulle  part.  Jetez  un  coup  d'tcil  par-dessus  la  frontière  et  voyez 
ce  qui  se  passe  en  Algérie  ;  les  députés  et  sénateurs  à  la 
merci  de  leur  maigre  clientèle  électorale,  le  gouverneur  à  la 
merci  de  la  représentation  ',  et  rien  ne  se  faisant  plus  que 
par  intrigue,  par  calcul,  et  les  intériHs  les  plus  respectables, 
les  plus  chers,  fmissaut  par  être  comme  laminés  entre  les  çot 
qui  s'entre-dévorcDt. 


I.  M,  J.  Oambon  me  disait  l'an  dernier  à  Paris,  peu  de  temps  après  ta  nO' 
■ninalioD  au  poste  de  gouverneur  général  de  l'Algérie,  '(u'il  entendail  gouverner. 
Souhailons,  dans  l'inlérêt  de  rAluérie,  que  M.  Cambon  soil  asseï  soutenu  pour 
pouvoir  effectiTeinenl  gouTerner. 


i'it  LA   TtMSIR   DEPDIS   l'oCCUPAHOX  PRANÇâlSB 

Est-ce  U  re  cjuc  vous  vouluz?  Iv.  ne  vous  fais  pas  l'injure  de 
le  croire.  C«  »j»e  vous  voulez  cl  ce  «ju'ïl  vous  faut,  ce  n'est  pas 
la  liberté  politique ,  c'est  la  lil»ert<i  liumaine,  que  vous  confoo- 
lie»  ù  tort.  En  effet,  qui  figure  au  premier  rang  en  Tunisie  .  Pit- 
re le  citoyen  ou  l'hoinroe?  Répondez?  C'est  l'homme.  Demanda 
dt^  franchises  communales,  des  garanties  judiciaires  destinées 
les  unes  A  stimuler ,  les  autres  à  assurer  la  marche  ascendante 
do  la  colonisation;  ilcmandez  une  justice  expéditive  et  A  bon 
marché;  réclamez  le  libre  jeu  des  forces  vives  dont  vous  dispo- 
sei,  alin  de  marcher  d'un  pas  ferme  auï  destinées  promises; 
mais  jfardez-vows  des  déclamations  creuses  ;  sur  cette  terre  des 
mirages,  gardez-vous  bien  des  mirages  politiques.  St-condw 
les  efforts  du  gouvernement,  aîdez-le  de  vos  conseils,  snve» 
pour  lui  un  auxiliaire ,  non  un  embarras.  A  chacun  son  n"ile.  Si  le 
vAtre  est  moins  brillant ,  il  n'est  pas  le  moins  digne  d'ambition. 

Vous  êtes  l'avenir;  c'est  sur  vous  que  repose  la  grandeur 
future  de  la  Tunisie.  Oh!  non,  ne  vous  divisez  pas,  ne  vous 
diminuez  pas.  Restez  unis,  forts,  patients,  laborieux,  infatiga- 
bles, —  continuez  à  faire  l'iidniipalion  de  tous  ceux  qui  vous 
contemplent ,  et  votre  triomphe  est  assuré.  Vous  ferez  la  Tuni- 
sie grande,  riche,  prospère,  vous  en  ferez  le  prolongement  de 
la  France,  et  vous  aurez  bien  mérité  de  la  Patrie! 


11  me  reste,  pour  compléter  cet  ouvrage,  à  étudier  :  la  ré- 
forme progressive  de  l'impôt,  la  grosse  question  du  crédit  agri- 
cole et  de  la  banque  d'émission ,  la  situation  de  la  Tunisie  vis-à- 
vis  dé  la  France.  Je  voudrais  aussi  examiner  en  détail  l'œuvre 
de  Rome  dans  ce  riche  pays  de  Carthage ,  où  sa  politique  ha- 
bile obtint  de  si  brillants  résultats.   Non  seulement  pour  le 


LA   POLITIQUE  —   LE  GOUVERNEMENT  437 

politique,  pour  le  colon  lui-même  il  s'en  dégage  des  enseigne- 
ments dont  il  peut  tirer  le  plus  grand  profit,  au  milieu  de  po- 
pulations immuables  qui  nous  font  Tantiquité  en  quelque  sorte 
contemporaine. 

Hais  il  y  a  là  matière  à  un  troisième  volume  que  mes  travaux 
en  cours  ne  me  laissent  pas  actuellement  le  loisir  d'écrire.  Je 
le  regrette  vivement.  Mon  éditeur  me  réclame  Thistoire  politi- 
que, administrative  et  économique  de  TAlgérie  depuis  la  con- 
quête jusqu'à  ce  jour,  et  je  dois  me  consacrer  entièrement  à 
cette  œuvre  de  longue  haleine. 


FIN  DU   SECOND    VOLUME. 


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PIÈGES 


ET 


DOCUMENTS   JUSTIFICATIFS 


TRAITÉ 

VJiSSé  ENTRE  CHARLES  X,   ROI   DE   FRANCE,   ET  BUSSEtN-BEY, 

LE  8  AOUT   1830 

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Au  nom  de  Dieu,  clément  et  miséricordieux.  : 

Ce  traité ,  qui  comble  tous  les  vœux  et  qui  doit  concilier,  avec 
l'aide  de  Dieu,  tant  d'intérêts  divers,  a  été  conclu  entre  : 

La  merveille  des  princes  de  la  nation  du  Messie ,  1^  gloire  dés 
peuples  adorateurs  de  Jésus,  l'auguste  rejeton  des  rois,  la  couronne 
des  monarques,  l'objet  resplendissant  de  Tadmiration  de  ses  armées 
et  des  ministres,  Charles  X,  empereur  de  France, 

Par  l'entremise  de  son  Consul  général  et  chargé  d'affaires  à  Tunis, 
muni  de  ses  pleins  pouvoirs,  le  chevalier  Matthieu  de  Lesseps, 

Et  le  prince  des  peuples,  l'élite  des  grands,  issu  du  sang  royal, 
brillant  des  marques  les  plus  éclatantes  et  des  vertus  les  plus  subli- 
ipes,  Hussein-Pacha,  bey,  maître  du  royaume  d'Afrique; 

Lesquels,  animés  du  désir  de  faire  disparaître  les  désordres  qui 
ont  souvent  troublé  la  paix  entre  les  puissances,  d'assurer  les  re- 
lations amicales  de  tous  les  peuples  et  de  garantir  pour  jamais  leur 
sécurité  complète,  sont  convenus  des  points  suivants,  basés  sur  la 
raison  et  l'équité. 

Art.  l*"  —  Le  bey  de  Tunis  renonce  entièrement  et  à  jamiais, 
pour  lui  et  pour  ses  successeurs ,  au  droit  de  faire  ou  d'autoriser  la 
course  en  temps  de  guerre  contre  les  bâtiments  des  puissances  qui 
jugeront  convenables  de  renoncer  à  l'exercice  du  môme  droit  envers 


kM 


LA    TCMSIE   USPUIS  L  OCCITPATrOX   FRAKI^AISË 


les  bâtiments  de  commerce  tunisiens.  (Ju^ind  la  Régence  sera  en 
guerre  avec  une  puissance  qui  lui  aura  Tait  connaître  que  telle  est' 
son  intention ,  les  bfltiments  de  commerce  des  deux  nations  pourront 
naviguer  librement,  sans  être  inquiétés  par  tes  bâtiments  de  guerre 
ennemis,  à  moins  qu'ils  ne  veuillent  p<^n6trer  dans  un  port  blo- 
qué, ou  qu'ils  ne  portent  des  soldats  ou  des  objets  de  contrebande 
de  guerre;  dans  ces  deux  cas  ils  seraient  saisis,  mais  leur  conSfr- 
cation  ne  pourrait  ôtre  prononcée  que  par  un  jugement  légal.  Ton 
b&tiniODt  tunisien  qui,  hors  ces  cas  exceptionnels,  arrêterait  u 
bâtiment  de  commerce,  devant  Aire  censé,  pour  ce  fait  seul,  u 
soustraire  aux  ordres  et  à  l'autorité  du  bey,  pourra  i>tre  traité  comm 
pirate  par  toute  autre  puissance  quelconque ,  sans  que  la  bonne  in 
telligence  en  soit  troublée  entre  cette  puissance  et  la  Régence  d^ 
Tunis. 

Art.  s.  —  Le  bey  abolit  à  jamais  dans  ses  Ktats  l'esclavage  des 
chrétiens.  Tous  les  esclaves  chrétiens  qui  peuvent  y  exister  seront 
mis  en  liberté,  et  le  bey  se  chargera  d'en  indemniser  les  propri^ 
taires.  Si,  ù  l'avenir,  le  bey  avait  la  guerre  avec  un  autre  Klat,  les 
soldats,  négociants,  passagers  et  tous  sujets  quelconques  de  cet  État 
qui  tomberaient  en  son  pouvoir,  seront  traités  comme  prisonoien 
do  guerre  et  d'après  les  usages  des  nations  européennes. 

Art.  3.  —  Tout  bâtiment  étranger  qui  viendrait  a  échouer  sur  lei 
côtes  de  la  Régence,  recevra,  autant  que  possible,  l'assistance,  le 
secours  et  les  vivres  dont  il  pourra  avoir  besoin.  Le  bey  prendra  le 
mesures  les  plus  promptes  et  les  plus  sévères  pour  assurer  le  salut 
des  passagers  et  des  équipages  de  ces  bâtiments  et  le  respect  des 
propriétés  qu'il  portera.  Si  des  meurtres  prouvés  étaient  commis  sur 
les  passagers  ou  équipages,  ceux  qui  s'en  seraient  rendus  coupables 
seraient  poursuivis  et  punis  comme  assassins  par  lajustice  du  pays,, 
et  le  bey  payerait ,  en  outre ,  au  consul  de  ta  nation  à  laquelle  b 
personne  qui  en  aurait  été  la  victime  aurait  appartenu ,  une  soi 
égale  à  la  valeur  de  la  cargaison  du  navire.  S'il  y  avait  plusieurs  as- 
sassinats prouvés  commis,  le  bey  payerait  une  somme  égale  à  dem 
fois  la  valeur  de  la  cargaison,  et,  dans  le  cas  oii  ces  meurtres  auraient 
été  commis  sur  des  individus  de  dilTérentes  nations  le  bey  répar- 
tirait, entre  les  consuls  de  chaque  nation  et  en  proportion  des  pei 
sonnes  assassinées,  la  somme  qu'il  auraità  payer,  de  manière  qui 
cette  somme  piH  être  directement  transmise  aux  familles  de  ( 
qui  auraient  péri. 

Si  les  propriétés  et  les  marchandises  portées  sur  les  bâtiment] 


PIECES    KT    DOCDUENT3   JCSTIKICATIFS 


4  VI 


naufragés  venaient  à  être  pillées,  après  le  fait  constaté,  le  bey  en  res- 
tituerait le  prix  au  consul  de  la  nation  à  laquelle  le  bâtiment  appar- 
tiendrait ,  indépendamment  de  ce  qu'il  devrait  payer  pour  les  meur- 
tres qui  auraient  été  commis  sur  les  équipages  ou  passagers  dudil 

Art.  4.  —  Les  puissances  étrangères  pourront  désormais  établir 
des  consuls  et  agents  commerciaux  sur  tous  les  points  de  la  Régence 
où  elles  le  désireront,  sans  avoir  à  faire  pour  cet  objet  aucun  présent 
aux  autorités  locales;  et  généralement  tous  tributs,  présents,  dons 
ou  autres  redevances  quelconques  que  des  gouvernements  ou  leurs 
agents  payaient  dans  la  Régence  de  Tunis,  à  quelque  litre,  en  quelque 
circonstance  et  sous  quelque  dénomination  que  ce  soit,  et,  nommé- 
ment, à  l'occasion  de  la  conclusion  d'un  traité,  ou  lors  de  l'installa- 
tion d'un  agent  consulaire,  seront  considérés  comme  abolis  et  ne 
pourront  être  exigés  ni  rétablis  à  l'avenir. 

Art.  s.  —  Le  bey  de  Tunis  restitue  à  la  France  le  droit  de  pocher 
exclusivement  le  corail  depuis  la  limite  des  possessions  françaises 
jusqu'au  cap  Nègre ,  ainsi  qu'elle  l'a  possédé  avant  la  guerre  de  1799. 
La  France  ne  payera  aucune  redevance  pour  la  jouissance  de  ce 
droit;  ses  anciennes  propriétés,  édifices,  bâtiments  et  constructions 
diverses  dans  l'tle  de  Tabarque ,  lui  seront  également  restitués. 

Art.  6.  —  Les  sujets  étrangers  pourront  trafiquer  librement  avec 
les  sujets  tunisiens  en  acquittant  les  droits  établis.  Ils  pourront  en 
acheter  et  leur  vendre,  sans  empêchement,  les  marchandises  pro- 
venant des  pays  respectifs ,  sans  que  le  gouvernement  tunisien  puisse 
les  accaparer  pour  son  propre  compte  ou  en  faire  le  monopole.  La 
France  ne  réclame  pour  elle-même  aucun  nouvel  avantage  de  com- 
merce, mais  le  bey  s'engage,  pour  le  présent  et  l'avenir,  à  la  faire 
participer  à  tous  les  avantages ,  faveurs ,  facilités  et  privilèges  quel- 
conques qui  sont  ou  qui  seront  accordés,  à  quelque  titre  que  ce 
soit,  à  une  nation  étrangère;  ces  avantages  seront  acquis  à  la  France 
par  la  simple  réclamation  de  son  consul. 

Art.  7.  —  Les  capitulations  faites  entre  la  France  et  la  Porte,  de 
même  que  les  anciens  traités  et  conventions  passés  entre  la  France 
et  la  Régence  de  Tunis  et,  nommément,  le  traité  du  15  novembre 
1824,  sont  confirmés  et  continueront  à  être  observés  dans  toutes 
celles  de  leurs  dispositions  auxquelles  le  présent  acte  ne  déroge- 
rait pas. 

Art.  8.  —  Le  présent  traité  sera  publié  immédiatement  dans  la 
ville  de  Tunis  et,  dans  l'espace  d'un  mois,  dans  toutes  les  provinces 


h 


j 


Hî  LA  TIHI81E  II^DIS    l'oKCCPATIOK   FRASÇAISK 

el  villes  de  la  Ufgfnce,  selon  les  formules  et  usages  adoptés  t\va 
1q  pays. 

Fait  triple,  au.Bardo,  le  dimanche  17  de  sfar  de  Tannée  de  l'hé- 
gire 1816,  corrsspondanl  ao  8  d'août  de  l'année  1S30  de  l'année 
cbrétienne. 

Le  consul  général  chargé  dex  affaires  de  Sa  Majesté  l'empereur  de 
France. 

Signé  :  M.  Lesseto. 


\ 


FIRMAN  IMPERIAL 

,CCijni>ANT  AU   UEV  IIK  Tt.MS  LE  i'UIVJLKCE    rj'llÉHÊDlTÉ 

Traduelion  ' 

Au  vali  delà  province  de  Tunis,  décoré  de  l'Osmaniéde  !"  classe, 
en  brillanU,  et  du  Medjidié  de  1"  classe,  —  mon  Vizir  Uohammed- 
es-Saddok  Pacha. 

.  Nous  connaissons  la  conduite  louable  que  tu  as  suivie  et  les  ser- 
vices que  tu  as  rendus,  ainsi  que  la  loyauté  et  la  droiture  dont  tu 
as  fait  preuve  envers  nous,  depuis  le  Jour  où  l'admiaistration  de 
la  province  de  Tunis,  faisant  partie  de  notre  empire,  a  été  confif^c 
par  notre  gouvernement  impérial  à  ta  capacité,  comme  elle  l'avait 
été  à  tes  prédécesseurs. 

Les  qualités  qui  te  distinguent,  nous  font  espérer  que  tu  persévé- 
reras dans  la  même  voie ,  et  qu'en  consacrant  tes  elîorts  à  la  pro&i 
périté,  au  bien-être  et  à  la  tranquillité  de  cette  province  et  de  nos 
sujets,  tu  te  rendras  de  plus  en  plus  digne  de  la  faveur  et  de  la  con- 
Qance  dont  lu  es  l'objet  de  notre  part ,  en  en  reconnaissant  la  faveur. 

Notre  sincère  désir  et  notre  volonté  arrêtée  est  de  voir  cette  im- 
portante province  de  notre  Empire  jouir  de  la  plus  parfaite  sécurité, 
d'une  tranquillité  constante ,  et  de  voir  aussi  la  confiance  s'aOenuir 
de  jour  en  jour  parmi  ses  habitants. 

11  est  évident  qu'en  vertu  de  nos  droits  souverains,  nous  ne  re- 
fuserons jamais  d'accorder  notre  appui  et  notre  sollicitude  à  la 
complète  réalisation  de  ce  but. 

I.  Archives  iliptomatiques.  187b,  II,  103. 


PIECES    ET   DOCt'MESTS    JUSTIFICATIFS 

ConfbrmémeQt  à  la  demande  conlenue  dans  le  rspporl  que  tu 
viens  de  nous  soumettre,  nous  te  conlirnions  dans  le  gouverne- 
ment général  de  ladite  province  de  Tunis,  qui  conservera  ses  limi- 
tes telles  qu'elles  existent  ab  antiquù,  en  t'accordant  de  plus  le  pri- 
vilège d'hérédité  et  aux  conditions  suivantes  : 

Désirant  voir,  ainsi  qu'il  est  dit  plus  haut,  l'accroissement  de  la 
prospérilé  et  de  la  richesse  do  cette  province  impériale,  aussfbien 
que  de  nos  sujets  qui  l'habitent,  et  considérant  la  pénurie  et  les 
besoins  du  pays  et  de  la  population,  nous  faisons  gr^ce  à  nos  fidèles 
Tunisiens,  dans  nos  sentiments  de  générosité  et  de  sollicitude  à 
leur  égard ,  de  ce  que  leur  province  payait,  dès  l'origine,  sous  une 
dénomination  convenue,  des  contributions  â  notre  gouvernement  à 
titre  de  sujétion.  Gomme  une  marque  des  liens  anciens  et  légitimes 
qui  rattachent  fi  notre  khalifat  et  souveraineté  la  province  de 
Tunis,  partie  intégrante  de  notre  Empire,  il  faut  que  les  Koutbés  et 
les  monnaies  soient,  comme  par  le  passé,  à  notre  nom  impérial; 
que  le  pavillon  conserve  sa  forme  et  ses  couleurs;  qu'en  cas  de 
guerre  entre  la  Turquie  et  un  pays  étranger,  ladite  province  impériale 
fournisse  son  contingent  militaire  dans  la  limite  de  ses  forces,  et 
que  les  autres  liens  et  relations  qu'elle  a  eus  jusqu'ici  avec  notre 
gouvernement  soient  maintenus.  Dans  ces  conditions,  nous  ordon- 
nons ce  que  suit  : 

L'hérédité  du  gouvernement  général  de  notre  province  de  Tunis 
est  accordée  ft  ta  famille;  le  gouvernemenL  général  de  la  Tunisie 
aura  pleins  pouvoirs  pour  nommer  ou  destituer,  i>eloD  les  règles  de 
la  justice  et  de  l'équité,  les  fonctionnaires  du  chérif,  des  administra- 
tions militaires,  civiles  et  financières  de  la  province,  à  condition 
toulefois  que  l'administration  intérieure  soit  conforme  à  la  loi  sacrée 
et  aux  autres  lois  de  l'Empire  garantissant  la  vie,  l'honneur,  les 
biens  des  personnes ,  et  répondant  aux  exigences  de  l'époque. 

Le  gouvernement  général  de  Tunis  est  autorisé  à  entretenir, 
comme  par  le  passé,  certaines  relations  avec  les  gouvornemenls 
étrangers,  à  l'exception  des  cas  où  il  s'agirait  de  conclure  avec  les 
puissances  des  conventions  ou  autres  actes  internationaux  ayant 
trait  aux  affaires  politiques ,  aux  faits  de  guerre,  aux  remaniements 
de  frontières,  etc.,  choses  qui  relèvent  uniquement  de  nos  droits 
sacrés  de  souveraineté. 

En  cas  de  vacance  dans  le  gouvernement  général,  et  sur  la  requête 
sollicitant  la  nomination  d'un  successeur  dans  la  personne  du  mem- 
bre de  la  famille  le  plus  âgé,  notre  menlcbour  impérial  conférant 


k 


\K%  LA  TiniSIE  DKPaS   t  OOCOPATlOll   nAKÇAISK 

In  litre  do  vizir  H  de  muchir,  nÏMi  que  le  ârmao  d'ÎDveslîL 
gorout  accordés.  Cet  ordre  souverain  écrit  par  noire  divan  et  revêtu 
d«  notre  batt  impérial  est  expédié. 

Comme  il  a  été  d(>claré  ci-dessus,  nous  n'avons  en  vuo,  dans  noir» 
Bollicitudo  paterncile.  que  d'améliorer  l'état  de  l'imporLante  pro- 
vincfl  de  Tunis  et  de  raffermir  la  position  de  la  famille  gouvernante, 
tout  en  complétant  les  moyens  propres  à.  assurer  le  bîen-ètre,  la 
tranquillité  et  la  sécurité  de  toutes  les  classes  des  sujets  placés  sous 
notre  autorité  et  établis  dans  cette  province.  Noire  volonté  sou- 
veraine est  donc  que  lu  consacres  aussi  tous  tes  efl'orts  au  même 
but. 

Et  comme  la  conservation  absolue  el  permanente  de  nos  droits 
séculaires  et  incontestables  sur  la  Tunisie,  ainsi  que  la  sûreté  con^ 
Itnte  des  biens,  de  la  vie,  de  rhooiieur  et  des  droits  généraux  de 
nos  sujets  demeurant  dans  cette  province,  confiée  h  ta  Qdétité. 
constituent  les  conditions  fondamentales  et  arrêtées  du  privilège 
d'hérédité,  il  faut  que  lu  veilles  constamment  h  préserver  ces  condi- 
tions essentielles  de  toule  atteinte  et  que  tu  l'abstionnes  de  tout 
acte  contraiie.  Toi  et  Ions  les  membres  di'  ta  famillpi  qui  se  trou- 
veront à  la  léle  de  la  province  par  ordre  de  succession ,  vous  ap- 
précierez la  valeur  de  cette  haute  faveur  impériale,  et  vous  mettrei 
aussi  tous  vos  soins  fi  IVxéculion  scrupuleuse  des  conditions  établies 
pour  mériter  noire  haute  approbation.  J 

Donné  |p  9  chaban  1â8S/2â  octobre  1871.  | 


LE   VICOMTE    DE   BOTHILIAU 
CBARQË  D'A PP AIRES   DB   PBAHOB  A  TDNIB 

AU   COMTE   DAEU 
HtMtSTEB  OSB  APPAiRn  iTRANafian 


J'ai  reçu  la  dépêche  que  'Votre  Excellence  m'a  fait  l'honneur  de 
m'adresser  le  3  de  ce  mois,  au  sujet  de  ta  razzia  opérée  sur  notre 
propre  territoire  par  les  tribus  tunisiennes  des  Freichichs  et  des 


/^ 


PIÈCES  ET  DOCUMENTS  JUSTIFICATIFS  445 

Zeghalmas,  au  détriment  de  deux  douars  des  Merazgas.  Cette  razzia 
m'était  déjà  connue  et  j'en  ai  fait  le  sujet  d*une  note  au  Gouverne- 
ment du  Bey,  par  laquelle  j'ai  demandé,  en  même  temps,  que  le 
payement  d'une  somme  de  37.200  francs,  chiffre  des  pertes  éprou- 
vées par  les  Merazgas,  que  les  mesures  nécessaires  soient  prises  pour 
empêcher  le  retour  de  pareils  actes  de  brigandage.  Le  gouverne- 
ment tunisien  ne  m'a  pas  encore  répondu.  Il  veut,  de  son  côté, 
prendre  des  informations,  droit  que  nous  ne  saurions  lui  contester. 
Elles  différeront  probablement  de  celles  que  M.  le  Maréchal,  gouver- 
neur général  de  l'Algérie,  m'a  transmises.  Une  enquête  sera  peut- 
être  demandée  ;  tout  au  moins  tous  les  moyens  de  traîner  les  choses 
en  longueur,  de  gagner  du  temps ,  seront  employés.  La  vérité  est, 
ainsi  que  je  l'ai  écrit  au  Maréchal,  que  le  bey  n'a  plus  qu'un  pou- 
voir nominal  sur  un  grand  nombre  de  tribus  de  la  Régence.  Quand 
de  pareils  faits  sont  commis,  je  puis  bien  obtenir  un  décret  qui  rende 
responsable  des  dommages  éprouvés  les  tribus  coupables,  des  or- 
dres pour  leurs  caïds  de  les  obliger  à  payer  le  montant  des  indemni- 
tés réclamées;  mais  les  moyens  font  complètement  défaut  pour  faire 
exécuter  ces  ordres.  Le  Bey  et  le  Khaznadar  le  savent  et  ne  sem- 
blent nullement  s*en  préoccuper.  Il  y  a  longtemps  que  j'ai  écrit  au 
Département  que  nous  marchions  à  une  catastrophe ,  que  ce  n'était 
pas  la  banqueroute  seulement  qui  menaçait  la  Régence,  mais  l'anar- 
chie. Elle  est  à  peu  près  partout.  Une  dernière  tentative  se  fait  en 
ce  moment  pour  sauver  ce  pays  par  la  Commission  financière.  Si 
elle  échoue ,  nous  pourrons  être  forcément  appelés  à  occuper  la 
Tunisie  et  ce  sera  pour  nous  une  extrémité  fâcheuse. 

De  Botmiliau. 


Vous  tn'inviln  ii  tiire  coansllre  au  GuaveniemeDl  do  Bey  qu'n 
grvxd  aombtv  «l'insurg^f  de  b  province  de  Coostaolioe,  r^foidâs 
Ten  i«  Sud.  cbcrcb^Dl  â  atteindr»  la  rrontiérv,  afin  qu'il  se  id«U>-  ea 
mesure  de  les  déâanai^r  à  leur  iiitré«  sur  $o<i  lerriloire.  M.  le  gén^ 
tal  de  Larrviix  m'avait  déjà  télégraphié  qu'une  fraclioa  des  Oalad- 
Khelilas  av^it  pénétré  en  Tunisie.  J'en  a%-aîs  aussilât  infortiié  !<(' 
Khazoadar,  qui  m'avait  promis  de  les  obli^r  à  rentrer  en  .Ugérie. 
Le:  Khaznadar,  apr««  avoir  prétendu  d*abord  n'avoir  ancune  coa- 
naissaoce  du  (ait  que  je  lui  dénonçai»,  a  dû,  peu  de  jours  aprî4, 
m'avouer  que  les  Oulad-Kht^liEas  élaient  déjà  au  Sers,  près  des  Drids. 
Ces  indigènes  n'out  pas  été  désannés  comme  ils  auraient  dâ  l'être. 
Je  ne  sauiais  dire  s'il  faut  y  voir  une  preuve  uniquement  du  peu  d« 
bon  vouloir  du  gouvemenienl  tunisien  à  iiotr>>  éj^ard .  ou  en  même 
temps  une  preuve  de  ^on  irapuiisance.  Il  t->t  «'rtiiii  i  •?]>■' i  niant  i]ue 
l'autorité  du  Bey  sur  certaines  tribos  de  la  fiégence  est  à  peine  b(>- 
minale,  et  si  l'une  de  celles-ci  a  accueilli  les  Oolad-Kheli&s  en 
frères,  il  aurait  pu  élre  difDctIe  de  les  désarmer. 

Je  n'en  ai  pas  moins  voulu  voir  le  Bey,  et  je  lui  ai  témoigné  mon 
regret  de  l'accueil  fait  dans  son  pays  à  ceux  qui  se  sont  soulevés, 
qui  se  sont  battus  contre  nous.  «  Ce  n'est  pas  là,  lui  ai-je  dit,  un 
procédé  de  bon  voisinage,  et  dans  ce  moment  surtout,  quand  nous 
avons  déjà  tant  de  motifs  de  plainte,  il  aurait  dû  être  évité.  » 

Le  Bey  ne  m'a  répondu  que  par  de  vains  mots  et  la  promesse 
d'envoyer  auprès  des  Oulad-Khelifas  une  personne  chargée  de  les 
inviter  à  rentrer  en  Algérie.  Il  m'a  répété  ce  que  son  Ministre  avait 
déjà  dit  à  M.  Fleurât,  que,  jusqu'à  présent,  il  n'avait  jamais  été  nus 
aucun  obstacle  aux  émigrations  de  tribus  d'un  pays  à  l'autre.  Je  lui 
ai  fait  obser^or  qu'il  y  avait  une  différence  radicale  entre  laisser,  en 
temps  de  paix,  des  tribus  algériennes,  passer  la  frontière,  s'établir 
sur  le  territoire  tunisien,  et  recevoir,  sur  ce  même  territoire,  après 
une  révolte  sanglante,  les  hommes  qui  se  sont  battus  contre  nous 


I 
PIÈCES  ET  DOCUMENTS  JUSTIFICATIFS  447 

et  qu'on  n'a  pas  même,  cette  fois  encore,  désarmés.  J'ai  rappelé  la 
modération  dont  nous  avons  fait  preuve  au  sujet  de  Kablouti  et  de 
ses  spahis ,  et  ajouté  que  nous  aurions  dû  pouvoir  compter  sur  une 
autre  manière  d'agir  de  la  part  des  autorités  tunisiennes. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  attendre  les  instructions  que  vous  croirez 
devoir  m'envoyer.  Je  me  tiens  sur  une  grande  rés.erve  vis-à-vis  du 
Bardo  et  je  suis  résolu  à  ne  pas  assister  à  la  prochaine  réception  du 
Baïram.  Ces  illuminations  que  Ton  provoque  à  Toccasion  du  Fir- 
man,  après  que,  par  votre  ordre,  j  ai  témoigné  auBey  le  méconten- 
tement que  nous  avions  éprouvé  de  la  mission  remplie  par  le  géné- 
ral Khéreddine  à  Gonstantinople ,  ne  peuvent  être  considérées  par 
nous  que  comme  une  offense,  ou  tout  au  moins  comme  la  preuve  du 
peu  de  cas  que  Ton  affecte  de  faire  de  ce  que  nous  pensons  de  ce 
document. 

De  BOTMILIAU. 


M.   ROUSTAN 
CHARGÉ  d'affaires  DE  FRANCE  A  TUNIS 

AU   DUC   DECAZES 
MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRANGÈRES 

Tunia,  24  juUlet  1876. 

J'ai  l'honneur  de  rendre  compte  à  Votre  Excellence  d'un  conflit 
que  je  viens  d'avoir  avec  le  Gouvernement  tunisien  à  propos  de 
l'emprisonnement  illégal  d'un  Algérien  par  l'autorité  locale ,  et  du 
.  refus  de  cette  dernière  de  le  remettre  au  Consulat  général.  Cet  in- 
cident, heureusement  terminé,  a  failli  néanmoins  avoir  une  cer- 
taine gravité  à  cause  des  questions  de  principe  qu'il  soulevait. 

J'ai  appris,  par  hasard,  vendredi  dernier,  qu'un  Algérien  nommé 
Bou-Akkaz,  inscrit  à  la  Chancellerie  et  porteur  d'un  certificat  de 
nationalité,  se  trouvait  dans  les  prisons  tunisiennes.  Je  l'ai  fait  im- 
médiatement réclamer  au  Gouverneur  de  la  ville,  qui  a  refusé  de 
le  rendre,  en  alléguant  que  cet  homme  était  détenu  en  vertu  d'une 
sentence  du  tribunal  religieux  du  Châra.  En  présence  d'un  pareil 


h'tS  LÀ  TinnHB  UKPns  i,'occupatio>  Ii-HAXÇAISK 

refus  et  aussi  singulièrement  motivé,  comme  le  Gouvernemenl " 
montre  depuis  qucli{ue  temps  un  mauvais  vouloir  assez  marqué 
pour  les  aflaires  de  nos  nationaux,  je  me  plaignis  immédiatement 
an  Premier  Ministrn,  qui  me  répondit  qu'il  allait   faire    mettre 
rM^érien  en  liberté. 

Mais ,  le  soir  du  même  jour,  un  tëléjjramme  du  gL^néral  Kbéred- 
dlne  m'informa  que  remprisonnpmeni  de  Bou-Akkaz  ayant  été  or- 
donné par  le  Gadi ,  cet  Algérien,  au  lieu  d'être  élargi ,  serait ,  le  len- 
demain, conduit  à  la  Goulette. 

C'était  la  première  fois ,  dans  le  cours  de  ma  carrière ,  que  je  me 
trouvais  en  présence  d'un  déni  de  droit  aussi  formel  et  d*une  infrac- 
tion aussi  manifeste  aux  capitulations.  Le  motif  tiré  de  l'inter\*en- 
tion  de  l'autorité  religieuse  ne  faisait  qu'augmenter  encore  la  gra- 
vité de  l'attitude  prise  par  le  général  Khéreddine.  Il  ne  tendait  à  rien 
moins  qu'à  soustraire ,  dans  une  série  de  cas  très  nombreux  et  mal 
définis,  les  Algériens  protégés  ou  nationaux  français  à  notre  juri- 
diction. Il  y  avait  en  outre  un  danger  manifeste,  dans  les  circons- 
tances actuelles,  à  admettre,  sous  quelque  préteste  que  ce  fût,  l'ia- 
tervention  de  l'autorité  religieuse  dans  les  questions  de  cette  nature. 

Je  répondis,  un  conséquence,  immédiatement  au  général  Khéretl- 
dine  de  façon  à  lui  faire  comprendre  la  gravité  de  l'acte  qu'il  était 
sur  le  point  de  commettre ,  et  je  donnai  ordre  au  Premier  Drogman 
d'aller  le  lendemain  réclamer  l'Algérien  fk  la  (ioulette  et  de  me  télé- 
graphieir  au  cas  oii  on  le  lui  refuserait  de  nouveau.  Je  comptais 
aller  moi-même  porter  plainte  au  Bey  contre  son  Ministre. 

Je  n'ai  pas  eu  besoin  heureusement  de  recourir  à  ce  moyen  ei- 
trëme.  Dans  la  même  nuit,  j'ai  reçu  une  dépêche  du  Premier  Mi- 
nistre qui  m'accordait  ma  demande. 

Le  général  Khéreddine,  que  j'ai  vu  hier,  a,  du  reste,  pleinement 
convenu  de  ses  torts  en  présence  de  mes  représentations ,  et  il  a  re- 
connu combien  j'usais  de  ménagements  dans  toutes  les  questions  de 
ce  genre  où  cela  m'est  possible  sans  compromettre  les  principes  et 
le  prestige  de  notre  autorité  vis-à-vis  des  indigènes.  J'ai  saisi  cette 
occasion  pour  appeler  l'attention  du  Premier  Ministre  sur  le  mau- 
vais esprit  dont  les  employés  subalternes  de  l'Administration  se 
montrent  en  général  animés  pour  les  réclamations  françaises  et 
j'ai  ohtenu  de  lui  les  promesses  les  plus  satisfaisantes  à  ce  sujet. 
Nous  verrons  si  elles  seront  tenues. 

ROUSTAN. 


PtKCES    ET    nOCDMKNTS    JUSTIFICATIFS 
M.    ALBERT    ORÉVY 

UODVlRVBCn    aËDËRAL    DE    L'ALGËltlB 

A    U.    BARTHÉLÉMY    SAUTT-HILAIHE 


Alger,  33  fdTtier  1881. 

Mes  dOpèchea  ont  résumé  les  principaux  faits  qui  viennent  d'avoir 
lieu  sur  noire  frontière  tunisienne,  et  les  dernières  nouvelles  reçues 
laissent  entrevoir  que  les  fractions  coupables  des  Khoumirs,  mises 
en  présence  de  forces  supérieures  prêtes  à  agir,  se  sont  retirées 
devant  nous  et  paraissent  disposées  à  terminer  cette  affaire  d'une 
façon  pacifique  en  réparant  par  des  indemnités  pécuniaires  les  pré- 
judices causés  i  nos  indigènes  algériens  et  en  nous  oITrant  des  ga- 
ranties plus  ou  moins  sérieuses  de  bon  voisinage. 

Mais  en  admettant  môme  que  ces  indemnités  soient  consenties 
et  payées  aux  particuliers  intéressés,  il  n'y  a  pas  d'illusion  à  se 
faire  sur  le  peu  df  valeur  des  garanties  qui  peuvent  nous  être  don- 
nées par  les  Khoumirs. 

Le  caïd  tunisien  Amor-ben-Mansour  est  de  vieille  date  noire 
obligé;  il  a  reçu,  chez  nous,  dan^  des  circonstances  criliques  pour 
lui,  asile,  secours  et  protection  ;  depuis  il  esl  resté  un  intermédiaire 
des  plus  précieux  pour  nos  relations  habituelles  avec  les  Khoumirs. 
.Mais  son  iniluence  ne  s'étend  pas  à  toute  la  tribu,  elson  autorité 
est  k  peu  près  nulle  vis-à-vis  des  montagnards  absolument  indé- 
pendants. 

L'attitude  prudente  et  réservée  des  Djouablias,  qui  ont  tout  intérêt 
à  rester  bien  avec  nous,  en  raison  de  leur  situation  topographique, 
ne  saurait  en  rien  engager  la  ligne  de  conduite  des  autres  fractions. 
louant  aux  tentes  offertes  par  les  notables  des  Bechanias  et  des 
Uulad-Cedras,  comme  gardes  de  notre  fronlière,  il  est  évident 
qu'elles  peuvent  décamper  en  moins  d'une  heure;  d'ailleurs  le 
voudraient-elles,  qu'elles  ne  sauraient  empêcher  les  incursions  ni 
les  coups  de  mains  isolés  que  les  Adalias  ne  manqueront  pas  do 
faire  h  brève  échéance,  soit  pour  se  récupérer  des  sommes  qu'ils 
auront  payées  sous  la  pression  de  nos  baïonnettes,  soit  pour  venger 
la  mort  de  l'homme  tué  sur  notre  territoire  et  cause  première  de 
toute  cette  affaire. 

Bref,  il  n'y  a  pas,  chez  ces  tribus  sauvages,  une  autorité  quelcon- 


^B  LA   TtNlSlE.   —   T. 


V:tO  LA   ITSISIB  PBPCIS  tOCCCTATlOX   FBASÇAISB 

qw!  en  éUt  irimp>i9«r  m  nrioQlé  et  de  nous  garantir  la  paii  plh  ' 
s^ruriU  çiniil-^HMlre  tu^iurs  après  la  rentrée  de  nos  troupes  difl* 
|i>im  cantuaoecoiïDls. 

U  lut  vtM»  échappera  pu.  d'ailleurs,  que  la  solution  paciflquf  ^r- 


lOD  internationaif-  Or, 

le  particulier  portant 

mais  bien  d'un  bit 


s  euti«Ti-iuenl  de  cOlé  U  quesli 
dM»  U  an  actiMl,  il  ne  »'a^t  pas  d'un  cri 
aUrittle  «BX  droits  prîT^  de^  sujets  francai 
gtVKB  poctant  atteinte  au  droit  international  :  d'une  violation  dr 
froati^e  canuniïe  en  pleine  paû.  sans  provocation ,  par  des  collec- 
liviUs  araiAes  •>!  à  deux  rt'prt^es  différentes. 

ha  tina\vrwm<fnl  tunisien  ncnl  de  nous  obliger,  pour  prolépn 
la  vie  •'t  tes  bn-n?  de  nos  nationaux,  à  des  mesures  troublant  b 
traaqwUitê  de  tout  on  p*)^  ••  t  grenat  noire  budget  de  d^penwi 
s  résultant  de  la  mobilisation  de  no»  troupes,  de  leur 
k  H  de  leur  approvisionnement  bors  de  leurs  résidebOK 
;  Il  eï(  dùDC  Juste  que  nous  soyons  largement  iodemoi- 
sé».  Ktcwmne.  daulre  part,  rien  ne  nou^  garantit  que  demain  \t* 
mêmes  hits  ne  <e  reproduiront  pas ,  nous  sommes  fondés  à  esi^ 
du  Govvenwoient  tunisien  uo  gaçe  nous  assurant  le  remboursement 
intégral  de  nos  dépenses  effectuées  ou  à  faire  et  la  sécurité  de  notre 
loae  Aronli^re. 

Si  nous  avons  pu  consentir  à  des  coaféreuces  réglant,  i  1' 
de«  faits  d'ordre  prrr^:  si  ni^me.  contrairement  aux 
Ktiits  civilisé;,  uou^  uous  sommes  contentés,  jusqu'ici, 
domma^s  intérêts  et  de  rfMu,  comme  répression  de 
de  ratzias  commis  sur  notre  territoire  par  des  T^msieDs,  no«s 
l'avons  fait  par  amitié  pour  le  Bey  et  en  échange  de  concessioas 
gracieuses  qui  nous  étaient  accordées  dans  d'antres  «l&ir«s  dont 
profitaient  nos  nationaux. 

.Vais  les  cinron^lances  politiques  ne  sont  plus  les  mêmes,  et  pent- 
Otre  l'stimerez-vous  que  le  moment  est  vena  de  nous  départir  de 
cette  bienveillance  et  de  cette  réserve  excessive  dont  la  ctHitinnatioa 
ne  peut  qu'affaiblir  notre  prestige  aux  yeox.des  indigènes  algériens, 
tout  en  diminuant  notre  influence  auprès  du  Cabinet  du  Bardo. 

En  l'état,  l'ordre  matériel  étant  provisoirement  assuré  sur  notre 
frvtntière.  nous  restons  en  présence  d'une  question  dont  il  vous  ap- 
partient de  provoquer  le  règlement  et  pour  laquelle  le  gouwneor 
jri'iu'ral  de  l'Algérie  ne  peut  que  vous  faire  coimattre  son  senti- 
ment et  vouâ  demander  vos  instructions. 

Albert  Ghëvt. 


Plt:CKS    ET   1I0CL'UE.NTS    JDSTIKICATIKS 


M,    ALBERT    GRliVY 
GOOïKitsïrn  GÉsfinAi.  ue  l'aluEiiie 

A   H.   BABTUÉLBMT  SAINT-UILAIBE 

J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  ci-joint  un  relevé  approximatif 
et  très  incomplet  de  faits  qui  montrent  d'une  l'açon  indéniable  l'état 
d'insécurité  de  nos  frontières  tunisiennes  et  la  longanimité  dont  le 
gouvernement  français  n'a  pas  cessé  de  faire  preuve  vis-à-vis  do 
celui  de  Son  Altesse  le  Bey  do  Tunis. 

Le  relevé  actuel  est  bien  au  dessous  de  la  réalité,  car  il  ne  com- 
prend ni  les  faits  qui  se  sont  passés  dans  les  territoires  civils,  ni 
ceux  qui,  pour  une  cause  ou  une  autre,  n'ont  pas  donné  lieu  à  des 
plaintes  consignées  sur  les  registres  des  bureaux  arabes.  ■ 

Ces  derniers  sont  certainement  très  nombreux,  car  ils  compren- 
nrnl  tous  les  vols  de  bestiaux  pour  lesquels  les  victimes  se  sont  ar- 
rangées a  l'amiable  avec  les  voleurs,  sans  intervention  aucune  de 
l'autorité.  Ce  n'est,  on  elTet,  qu'à  la  dernière  extrémité  que  l'indi- 
gène de  la  frontière  vient  porter  sa  plainte  contre  un  Tunisien  vo- 
leur de  bestiaux  :  il  préfère  d'abord  s'assurer  lui-mi^me  du  nom  de 
ses  voleurs  et  négocier  avec  eux  à  prix  d'argent  le  racbat  des  biMes 
volées.  Les  voleurs  tunisiens  sont,  du  reste,  les  premiers  à  envoyer 
à  leurs  victiaies,  les  bêcheurs  ou  dénonciateurs  qui ,  après  avoir  été 
complices  du  vol ,  servent  d'intermédiaires  pour  ramener  les  bètes 
à  leurs  propriétaires,  moyennant  une  rançon  débattue  souvent  des 
mois  entiers.  Ce  n'est  qu'en  désespoir  de  cause,  ou  lorsqu'un  chof 
investi  intervient,  que  le  volé  vient  faire  sa  plainte;  aussi  n'est-it 
pas  rare  de  voir  enregistrer  des  vols  remontant  à  plusieurs  années  : 
c'est  ce  qui  explique  les  apparentes  irrégularités  chronologiques  que 
l'on  relève  à  prion' dans  les  registres  du  cercle  de  Souk-Abras,  où 
l'inscription  a  été  faite  par  tribu  au  fur  et  à  mesure  de  l'arrivée  de 
ces  plaintes  qui,  toutes,  formulent  nettement  le  nom  des  voleurs. 

Toutefois,  les  crimes  et  délits  commis  de  1870  à  1881  atteignent 
un  chiffre  considérable,  puisque  ceux  relevés  sont  au  nombre  do 

,  Voir  ce  réânmé,  Livre  Jaune  de  isai ,  sapiilémenl ,  page  03. 


k 


Alberi  r.BÉTi. 


Lt  fi!3iiB  Mnw  tocccrAnos  feasçaisb 

2,319  et  qv'Os  «al  été  «bb  par  ■■»  population  qui  ««t  dVnrinA 
IOO,0004iliM.  Sur  uf  S,Tî1l  ctine*  nu  dt^lîls  [dont  (rois  riolatioMl. 
éelhNiliMvdafaitiMawdcsagraUnudesimiipesdeS.  A.  le  Bej), 
^H,  I*  Gonremenienl  (nntftiTD  n*a  donné  une  sanction  pénale  qu'à  d«[' 

^K  abirts.  l*o«r  toutes  les  mnlm,  le»  coupables  eu  dehors  de  ceis 

^H  AintiemaA  atteints  par  naos,  n'ont  pas  été  ponis;  iU  en  ont  ét£ 

^H  ^im  poor  dci   p^ljtoliofu  on  des  dommages  intérêts.  EoSn 

^H  US  Eut»  Mol  resté!  afaaotamcnt  sans  répression  ei  »ns  réporationf 

^H  liécaniaires. 


TRAITK 


cmx  ut  aotnreBNorexT  dg  la  ilék'«lioi'£  rRi^rçAisE 


[SE  1 

li  de  Son  I 
irdresad  ' 


Ijb  fiouvememenl  de  ta  flépubliqnc  française  et  celui  d 
Altesse  le  Bey  de  Toois, 

Voûtant  empêcher  ï  jamais  le  renonrelleaieal  des  désordres  qd 
»e  M>nt  produits  nkenunent  sur  les  frontières  des  deux  Ëtats  et  sur 
k-  liltora)  de  la  Tunisie,  el  désireux  de  resserrer  leurs  anciennes  re- 
lations d  amîtii'  et  de  bon  voisinage,  ont  résolu  de  conclure  une  Con- 
vention à  colle  fin  dans  rintén'-t  des  deux  Hautes  Parties  conlrac- 
tanlo*. 

En  consi'quencc,  le  Président  de  la  République  française  a  nommé 
pi>iir  Son  Plénipotentiaire  M.  !>■  (iénérat  Brëaht,  qui  est  tombé  d'ac- 
cord avec  Son  Altesse  le  Bey  sur  les  slipulalions  suivantes  : 

Article  premier 


Le>  Traités  d^*  pais,  d'amitié  et  de  commerce  et  toutes  autres 
l^onvenlions  existant  actuellement  entre  la  République  française  et 
Son  Altesse  le  Bey  de  Tunis  sont  expressément  confinnés  el  renou- 


Kn  vui^  de  faciliter  au  Gouvernement  de  la  République  française 
l'accomplissement  des  mesures  qu'il  doit  prendre  pour  atteindre  le 


PIKCES    KT    DOCUMENTS   JDSTIFICATIKS  iÔS 

lut  que  se  proposent  les  Hautes  Parties  contrariantes.  Son  Altesse 
le  Bey  de  Tunis  consnnt  à  ce  que  l'Autoritë  militaire  française  fasse 
occuper  les  points  quelle  jugera  nécessaires  pour  assurer  te  réta- 
blissement de  Tordre  et  la  sécurité  des  frontières  et  du  littoral. 

Cette  occupation  cessera  lorsque  les  Autorités  militaires  françaises 
et  tunisiennes  auront  reconnu,  d'un  commun  accord,  que  l'adminis- 
tration locale  est  en  étal  de  garantir  le  maintien  de  l'ordre. 

Aht.  3 

Le  Gouvernement  de  la  République  française  prend  l'engagement 
de  prêter  un  constant  appui  û  Son  Altesse?  le  Bey  de  Tunis,  contre 
tout  danger  qui  menacerait  la  personne  ou  la  dynastie  de  Son 
Altesse  ou  qui  compromettrait  la  tranquillité  de  ses  États. 

Art.  -i 

Le  Gouvernement  de  la  République  française  se  porte  garant  de 
l'exéculion  des  traités  actuellement  existants  entre  le  Gouvernement 
de  la  Régence  et  les  diverses  Puissances  européennes. 

Art.  3 

Le  Gouvernement  do  la  République  française  sera  représenté  au- 
près de  Son  Altesse  le  Bey  de  Tunis  par  un  Ministre  Résident ,  qui 
veillera  à  l'exécution  du  présent  Acte,  et  qui  sera  l'intermédiaire 
des  rapports  du  Gouvernement  français  avec  les  Autorités  tunisien- 
nes pour  toutes  les  affaires  communes  aus  deux  pays. 

Aht.  f. 

Les  .Agents  diplomatiques  et  consulaires  de  la  France  en  pays 
«étrangers  seront  chargés  de  la  protection  des  intérêts  tunisiens  et 
des  nationaux  de  la  Régence. 

Kn  retour,  Son  Altesse  le  Hey  s'engage  i\  ne  conclure  aucun  acte 
ayant  un  caractère  international  sans  en  avorr  donné  connaissance 
uu  Gouvernement  de  la  République  française  et  sans  s'être  entendu 
préalablement  avec  lui. 

Art.  7 

Le  Gouvernement  de  la  République  française  et  le  GouvememenI 
de  Son  Altesse  le  Bey  de  Tunis  se  réservent  de  fixer,  d'un  commun 
accord ,  les  bases  d'une  organisation  financière  de  la  Régence ,  qui 


Gae  eoatritaliiHi  é»  pa*rr^  t*n  imposée  un  tribus  insonmiset 
4»  Ift  tnttàin  «1 4a  SUcnl.  f  ne  coorvalioa  olténeurD  en  délennk 
I  le  ckife*  «4  le  ■ode  de  leoMmBeot  dont  le  ilouTemement  ' 
de  Son  Altase  le  Bev  se  parle  mponstble. 


Afla  de  proMgvr  OMtrw  li  cnatrebaiMl^'  de^  Jknae<  et  des  miinî- 
Itoas  de  fnem  les  poasessiota  a%MefuKS  d<?  la  République  Tniii- 
.  le  Gouwfueittent  de  Soa  Allesse  te  Bey  de  Tunis  s'engage  ■ 
|ir>tiiber  toate  tattodacln*  d^uoMs  oo  d»  mimilions  de  guen«  pir 
l'Ile  de  njerin.  le  poct  de  Gtbis  oo  les  autres  porLs  du  sud  de  la 
Tunifie. 

Akt.  10 

1^  pn^^ent  Tnit^  «en  f^xiinis  i  U  nti&catîoo  du  tiouvernemeDl 
de  h  Kêpabliqa*!  fnacûse,  i-t  rm^lrameut  de  ratiOcation  «era  reniii 
iSou  Alte»ie  le  Bey  de  Taaii  Auts,  le  plus  bref  di^lai  possible. 

Kuar-es-S&ld ,  le  12  nui  1S8I. 

HOa^HHEt)  ES-SADDOR  BEV. 
Oiwnl  BKtLKRT. 


E\TRE  U   nti:«CS   ET  LX  TVXI5IE   POl'R   REGLER   LES   RAPPORTS 
RESPECTIFS   RES  DEUX    PAYS 


Son  Altesse  le  Bey  de  Tunis,  prenant  en  considénlion  la  nécessî^ 
d'améliorer  la  situation  intérieure  de  la  Tunisie,  dans  les  rondition»^ 
prévues  par  le  Traité  du  li  mai  1881 ,  et  le  (îouvememenl  de  la  R^^^ 
publique  ayant  à  cœur  de  répondre  à  ce  désir  et  de  consolider  ain^^ 
les  relations  d'amitié  heureusement  existantes  entre  les  deux  pays 
sont  convenus  de  conclure  une  (invention  spéciale  à  cet  elTel  :  er"^ 


^ 


PIKCES   KT   nOCCMENTS    JOSTIFICATIKS  155 

conséquence,  le  Présidenl  de  la  République  française  a  nommé 
pour  son  Plénipotentiaire  M.  Pierre-Paul  Cumbon.  son  Ministre  Ré- 
sident à  Tunis ,  oflicier  de  la  L6^on  d'honneur,  décoré  de  l'IIald  et 
grand-croix  du  Nicham  Iflikar,  etc.,  etc.,  lequel,  après  avoir  com- 
muniqué ses  pleins  pouvoirs,  trouvés  en  bonne  et  due  forme,  a 
arrêté,  avec  Son  Allesse  le  Bey  de  Tnnis,  les  dispositions  suivantes  : 

AlITiCLE   PREMIEII 

Afin  de  faciliter  au  (iouvernemenl  frani,ais  l'accomplissement  de 
son  Protectorat,  Son  Altesse  le  Bey  de  Tunis  s'engage  h  procéder 
aux  réformes  administratives,  judiciaires  el  tlnanciérps  que  le  Gou- 
vernemenl  français  jugera  utiles. 


Le  Gouvernement  français  garantira,  à  l'époque  et  sous  les  condi- 
tions qui  lui  paraîtront  les  meilleures,  un  emprunt  à  émettre  par 
Son  Altesse  le  Bey,  pour  la  conversion  ou  le  remboursement  de  la 
dello  consolidée  s'élevant  à  la  somme  de  125  millions  de  francs 
et  de  la  Dette  flottante  jusqu'à  concurrence  d'un  maximum  de 
17.550,000  francs. 

Son  Altesse  le  Bey  s'interdit  de  contracter,  à  l'avenir,  aucun 
emprunt  pour  le  compte  de  la  Régence  sans  l'autorisation  du  Gou- 
vernement français. 

Art.  3 

Sur  les  revenus  de  la  Régence,  Son  Altesse  le  Bey  prélèvera  : 
1°  les  sommes  nécessaires  pour  assurer  le  service  de  l'emprunt 
garanti  par  la  France;  2°  la  somme  de  2  millions  de  piastres 
(1,200,000  francs),  montant  de  sa  liste  civile,  le  surplus  des  revenus 
devant  être  alfeclé  auv  dépenses  d'administration  de  la  Régence  et 
au  remboursement  des  charges  du  Proleclorat. 

Aht.  4 

Le  présent  Arrangement  confirme  et  complète,  en  tant  que  de 
besoin,  le  Traité  du  12  mai  1881.  Il  ne  modiQera  pas  les  dispositions 
précédemment  intervenues  pour  le  règlement  des  contributions  de 
guerre. 

Aht.  3 


La  présente  (kinvenfion  i 


à  la  ratification  du  Gouver- 


k 


1 


neincnl  de  la  Hôpiiblique  frapraise,  el  l'iDstrumenl  de  ladilc  ralifi- 
calion  sera  remis  à  Son  Altesse  le  Bcy  de  Tunis  dans  le  plus  brd' 
d<^tai  possible. 

En  foi  de  quoi  les  soussignés  ont  dressé  le  présent  acte  et  l'oiil 
revêtu  de  leurs  cachets. 

l-'ail  à  la  Marsa,  le  8  juin  I88:t. 

ALl-BET. 


Pall  CAMBON. 


EXTRAITS 

i   DISCOURS  HE  H.    JULES  rERRV 


Nous  nous  proposions  de  reproduire  ici  plusieurs  extraits  des  deux 
discours,  si  éloquents,  si  vibrants  de  patriotisme,  prononcés  (lar 
M.  Jules  Ferry  à  la  Chambre  des  députés,  le  premier  dans  la  séance 
(lu  ô  novembre  et  le  second  dans  c«Ile  du  9  novembre  1881.  H  im- 
porte en  effet  de  les  avoir  toujours  présents  ii  la  mémoire ,  —  et  pré- 
sente aussi  l'attitude  des  intransigeants.  Mais  tout  est  à  citer  dans 
ces  discours,  éminemment  suggestifs,  et  les  dimensions  de  ce  volumo 
ne  nous  en  permettent  pas  la  reproduction.  Nous  ne  pouvons  qu'in- 
viter le  lecteur  à  les  relire  au  Journal  officiel,  ou  mieux  encore  da^^s 
le  volume  de  M.  Alfred  Rambaud  :  les  Affaires  de  riausie  (Hetiel, 
1883),  o6  ils  sont  publiés  avec  notes  à  l'appui. 


LOI  PORTANT  ORGANISATION 

DE   LA  JURIDICTION   FRANÇAISE  EN   TUNISIE 

Le  Sénat  et  la  Chambre  des  députés  ont  adopté, 

Le  Président  de  la  République  promulgue  la  loi  dont  la  teneur 
suit  : 

Art.  1".  — Un  tribunal  français  et  six  justices  de  paix  sont  institués 
dans  la  Régence  de  Tunis. 


I 


PIÈCES    KT    ltl)Cl■ME^TS    JUSTIFICATIFS 


V57 


Le  tribunal  de  première  instance  siège  il  Tunis;  les  justices  de 
paix  ont  leur  siège  à  Tunis,  k  la  Goulelle,  à  Bizerte,  à  Sousse,  à 
Sfax  et  au  Kef. 

La  circonscription  du  tribunal  s'élend  sur  toute  la  Régence.  Le 
ressort  de  chaque  Justice  de  paix  sera  déterminf^  par  un  décret 
rendu,  le  Conseil  d'Élat  entendu  (Décrets  du  Président  de  la  RépubU- 
(jue  du  H  avril  1883  et  du  39  avril  1HS7.) 

Au  cas  où  les  besoins  du  service  judiciaire  viendraient  à  l'exiger, 
d'autres  tribunaux  de  première  instance  et  d'autres  Justices  de  paix 
pourront  être  institués  par  des  règlements  d'administration  publi- 
que, qui  auront  à  en  déterminer  les  ressorts  (Décrets  du  Président 
de  la  République  du  29  octobre  rt  du  i"  décembre  1"SH). 

Art.  2.  —  Ces  tribunaux  font  partie  du  ressort  de  la  cour  d'Alger. 
Ils  connaissent  de  toutes  les  aHaires  civiles  et  commerciales  entre 
Français  et  protégtis  français.  Ils  connaissent  également  de  toutes  ies 
poursuites  intentées  contre  les  Prani^ais  et  protégés  français  pour 
contraventions,  délits  ou  crimes. 

Leur  compétence  pourra  être  étendue  à  toutes  les  autres  person- 
nes par  (les  arrêtés  ou  des  décrets  de  Son  Altesse  le  Bey  rendus 
avec  l'assentiment  du  Gouvernement  français.  (Décrets  du  27  djou- 
madi-et-tani  13(X)-3  mai  1883.  du  !l  chaoual  1301-;il  juillet  1884  et 
du  33  kâda  1302-3  septembre  1889). 

Art.  3.  —  Lesjuges  de  paix  exercent,  en  matière  civile  et  pénale, 
la  compétence  étendue  telle  qu'elle  est  fixée  par  le  décret  du  19 
août  t88i. 

Toutefois  lesjuges  de  paix  siégeant  dans  une  ville  oii  il  y  a  un 
tribunal  de  première  instance  n'ont  cette  compétence  étendue  que 
pour  les  actions  peraonnelles  et  mobilières  en  matière  civile  et 
commerciale;  pour  le  surplus  ils  exercent  la  compétence  ordinaire 
telle  qu'elle  est  déterminé  par  les  lois  et  décrets  en  vigueur  en 
Algérie. 

Art.  4.  —  Le  tribunal  de  premièrf  instance  connaît  en  dernier 
ressort  des  actions  personnelles  et  mobilières  jusqu'il  la  valeur  de 
3,0(XI  fr.  et  des  actions  immobilières  jusqu'à  120  fr.  de  revenu.  En 
premier  ressort  sa  compétence  est  illimitée. 

En  matière  correctionnelle,  il  statue  en  premier  ressort  sur  tous 
les  délits  et  contraventions  dont  la  connaissance  n'est  pas  attribuée 
aux  juges  de  paix  par  l'article  précédent. 

En  matière  criminelle  il  statue  en  dernier  ressort  sur  tous  les  faits 


qualifiés  c 


h 


,  avec  l'adjonction  de  six  assesseurs  ayant  voix  ( 


458 


LA    TINISIK    DEPUIS    L  OCCUPATIOX    b'KA>'CAISI! 


lib^ralive,  lires  au  sori  sur  une  liste  dressée  chaquo  année  dans  des 
conditions  qui  soront  déterminées  par  un  règlement  d'administra' 
lion  publique  (DécrfU  du  Prétident  de  la  République  du  14  avril 
1883.  du  5  juillet  1884,  du  ■i2  novembre  1884  et  du  12  décembre  1883. 

Si  l'accusé  ou  l'un  des  accusés  est  français  ou  protégé  français, 
U's  assesseurs  devront  être  tous  français. 

Art.  Ô.  —  Le  tribunal,  statuant  au  criminel,  est  saisi  par  UB 
arrêt  de  renvoi  rendu  par  la  chambre  des  mises  en  accusation  de 
la  cour  d'Alger,  conformément  aux  dispositions  du  Codi>  d'instruc- 
tion criminelle  ;  sa  décision  est  rendue  dans  les  mêmes  formes  qu6 
les  jugements  en  mati<!tre  correctionnelle. 

Art.  6.  —  I^  tribunal ,  assisté  d'assesseurs  comme  il  est  dit  article 
\,  tient  ses  assises  tous  les  trois  mois,  aux  dates  lîxées  d 
arrûlé  ministériel. 

Art.  7.  —  Sauf  les  dérogations  apportés  par  les  articles  précédents, 
les  régies  deprocédure  et  d'instruction  criminelle  déterminées  par  le4 
lois,  décrets  el  ordonnances  en  vigueur  en  Algérie,  sont  applicabli 
aux  juridictions  instituées  en  Tunisie. 

Art.  8.  —  Les  délais  des  ajournements  et  des  appels  sont  régli 
conformément  à  l'ordonnance  royale  du  Ifi  avril  1813. 

Toutefois,  si  celui  qui  est  assigné  demeure  hors  de  lu  Tunisie, 
le  délai  des  ajournements  sera  : 

Pour  ceu\  qui  demeurent  dans  les  autres  États,  soit  de  l'Europe, 
soit  du  littoral  de  la  Méditerranée  et  celui  de  la  mer  Noir 
deuK  mois; 

Pour  ceux  qui  demeurent  hors  do  ces  limites .  de  cinq  mois. 

Art.  9.  —  Lorsqu'il  y  aura  lieu  à  insertions  égales,  elles  devront  A 
peine  de  nullité,  être  faites  dans  l'un  des  journaux  désignés  A  cet 
effet  par  arrêté  du  ministre  Résident  de  France  à  Tunis. 

Art.  10.  —  Les  dispositions  de  l'arrêté  ministériel  du  26  novem- 
bre 18^1  sur  la  profession  de  défenseur,  et  les  dispositions  des  dé- 
crets et  arrêtés  concernant  l'exercice  de  la  profession  d'huissier  eï 
Algérie  sont  applicables  en  Tunisie. 


Art.  17.  —  Le  tarif  des  frais  de  justice,  on  matière  civile  et  cri- 
minelle .  sera  Bxé  par  un  règlement  d'administration  publique 

Jusqu'à  promulgation  de  ce  règlement  d'administration  publique, 
les  tribunaux  appliqueront  le  tarif  en  vigueur  en  Algérie. 


Fait  il  Paris,  le  27  mars  1883. 


Jules  Orévy. 


CIRCULAIKE 

ADRESSÉE   PATI  LE  UEY  AUX  CONSULS  ÊTRANOERS,   RELATIVEMENT 

à  l'abûliTion  de  l'esclavage 

Louange  à  Dieu  I  Le  muctiir  Ahmed-Pacha-Bey,  prince  du  gouver- 
iii'mi?nt  tunisien,  à  notre  allié...  consul  général  de...  résidatil  ii 
Tunis. 

L'objet  de  cette  lettre  est  pour  vous  faire  savoir  que  celte  espèce 
de  propriété  consisliint  en  êtres  humains,  pour  lesquels  Dieu  [qu'il 
soit  loué!)  a  éti^  si  généreux,  est  très  injuste  et  absolument  contraire 
à  nos  sentiments.  Cette  alTaire  nous  a  occupé  pendant  toutes  les 
années  durant  lesquelles  nous  nous  sommes,  comme  vous  le  savez, 
efforcé  d'y  mettre  un  terme. 

Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  vous  déclarer  maintenant  que 
nous  abolissons  dans  toutes  nos  dominations  cette  propriété  des 
esclaves.  Dorénavant  tout  esclave  de  notre  Régence  sera  considéré 
comme  libre,  et  nous  ne  le  reconnaîtrons  plus,  en  bonne  foi,  comme 
propriété. 

Nous  avons  donné  avis  de  cela  à  tous  les  gouverneurs  de  notre 
royaume  tunisien.  Maintenant  nous  vous  faisons  aussi  savoir  que 
tout  esclave  qui  entrera  dans  nos  dominations,  soit  par  terre,  soit 
par  mer,  sera  immédiatement  déclaré  libre. 

tection  de  Dieu  soit  toujours  sur  vous! 


23  moharrem  12G2  [23  janvier  1816) 


CIRCULAIRE  DU  PREMIER  MINISTRE 


l   KT  CiOrVEWNEUnS 


Vous  n'ignorez  pas  qu'il  est  interdit  de  vendre  ou  d'acheter  des 
esclaves  nôgres;  cette  interdiction  a  été  prononcée  par  plusieurs 
décrets  souverains,  notamment  par  uii  décret  rendu  en  mohar- 
rem 1202. 

.Le  Gouvernement  n'a  jamais  hésité  h  empêcher  le  commerce  des 


L 


46U 


LA    TC.MSIE    DEPDIS   I.  Ur.ClTPATIOS    FRAXÇAISK 


Esclaves  cl  à  alfranchir  ceux  dont  l't^xistence  lui  i.^lait  signalée,  sans 
préjudice  de  la  punition  inlligée  aux  propriétaires  ou  marchands 
d'esclaves. 

Cependant  mon  attention  a  été  appeléo  dernièromeni  sur  ce  fait 
que  des  négresses  seraient  fréquemment  vendues  comme  esclaves 
dans  la  Régence;  ces  femmes,  amenées  dans  le  sud  de  la  Tunisie 
par  des  caravanes  du  Soudan,  seraient  vendues,  sans  que  les  caïds 
ou  gouverneurs  du  territoire  aient  signalé  le  fait  au  Gouvernement. 

Une  négligence  de  cette  nature  engage  votre  responsaDilité.  Vous 
devez  surveiller  attentivement  toutes  caravanes  venant  du  Sud, 
constater  si  elles  amènent  en  Tunisie  des  nègres  ou  des  négresses 
esclaves;  les  détenteurs  de  ces  esclaves  devront  être  immédiate- 
ment arrêtés  par  vos  soins  et  déférés  au  tribunal  de  l'Ouzara. 

Quant  aux  négresses  saisies,  vous  aurez  soin  de  les  placer  dans 
des  maisons  honorables  ;  jusqu'à  ce  qu'elles  aient  trouvé  des  moyens 
d'existence,  les  frais  de  leur  subsistance  seront  ù  la  charge  de  l'a- 
cheteur et  du  vendeur.  Vous  ne  manquerez  pas  de  me  signaler 
exactement  toutes  les  contraventions  qui  seront  commises  et  de  me 
faire  connaître  le  nom  et  le  signalement  de  toutes  les  esclaves 
saisies. 

Quant  aux  nègres  et  négresses  qui  se  trouveraient  actuellement 
au  service  de  vos  administrés,  vous  devrez  leur  notifier  leur  airran- 
chissement  en  présence  du  cadi  el  ne  les  laisser  chez  leurs  maîtres 
que  de  leur  plein  consentement.  Des  procès- verbaux  des  déclara- 
tions et  notifications  qui  seront  faites  à  celte  occasion  seront  com- 
muniqués au  Ministère  après  avoir  été  revêtus  de  !a  signature  des 
notaires  et  du  cadi.  Les  honoraires  dus  aux  notaires  pour  la  rédac- 
tion de  ce  procès-verbal  seront  à  la  chaîne  des  maîtres  des  esclaves. 

Je  vous  invite  à  veiller  exactement  à  l'exécution  de  ces  instruc- 
tions dont  l'inobservation  serait  sévèrement  réprimée. 

i  redjeb  13Û4  (29  mars  ISSI) 

Cette  circulaire  a  été  suivie  d'un  décret  daté  du  9  chaoual  1307 
(38  mai  1890)  qui  édicté  des  pénalités  contre  tous  les  contrevenants. 
En  voici  les  dispositions  : 

Nous,  Ali  Pacha  Bey,  possesseur  du  Royaume  de  Tunis. 

Avons  décrété  ce  qui  suii  : 

Art.  1".  —  L'esclavage  n'existe  pas  el  est  interdit  dans  la  Régence  ; 


PIÈCES   ET   DOCUMENTS  JUSTIFICATIFS  {^61 

toutes  créatures  humaines,  sans  distinction  de  nationalités  ou  de 
couleurs ,  y  sont  libres  et  peuvent  également  recourir,  si  elles  se 
croient  lésées,  aux  lois  et  aux  magistrats. 

Art.  2.  —  Dans  un  délai  de  trois  mois  à  partir  de  la  promulgation 
du  présent  décret,  tous  ceux  qui  emploieront  en  domesticité  dans 
Nos  États  des  nègres  ou  des  négresses,  devront,  s'ils  ne  Tont  déjà 
fait ,  remettre  à  chacun  d'eux  un  acte  notarié  visé  par  le  Cadi  ou ,  à 
son  défaut,  par  le  Caïd  ou  son  représentant,  établi  aux  frais  du 
maître  et  attestant  que  le  serviteur  ou  la  servante  est  en  état  de  li- 
berté. 

Art.  3.  —  Les  contraventions  à  l'article  précédent  seront  punis 
par  les  tribunaux  français  ou  indigènes ,  selon  la  nationalité  du  dé- 
linquant, d'une  amende  de  200  piastres  à  2000  piastres. 

Art.  4.  —  Ceux  qui  seront  convaincus  d'avoir  acheté,  vendu  ou 
retenu  comme  esclave  une  créature  humaine  seront  punis  d'un  em- 
prisonnement de  trois  mois  à  trois  ans. 

Art.  5.  —  L'art.  463  du  Gode  pénal  français  sera  applicable  aux 
délits  et  contraventions  prévus  par  le  présent  décret.  L'Art.  58  du 
même  Code  sera  applicable  en  cas  de  récidive. 

Vu  pour  promulgation  et  mise  à  exécution , 
Tunis,  le  29  Mai  1890. 
Le  Ministre  Plénipotentiaire,  Résident  Général 
de  la  République  Française , 

J.  MASS1C4ULT. 


I.A    TCNISIE  DIvPriS    L  OCCCPATIOS    FRANÇAISE 

BRIGADK  D'OCCUPATION  DE  TL'NISIE. 

IIENERAL  COMHANUANT  LA  DIUGADE  D'OCCUPATION  : 
r.ÉNKRAL  DE  BRIGADK  LECLERC. 


Chef  d'état- roejor,  cherdi-  bataillan  d'infanterte  11.  C.  BauKEii . 
Clief  da  serTice  des  renseignements,  chef  de  tmlnillon  d'inlaate- 

rie,  U.  C.  Plée 

CommandaDl  de  l'irtillprie .  colonel  Stibl 

Direction  d'artillerie  de  Tunis ,  lieutenanl-coloDel  N 

Direction  du  génie,  colonel  Klki*i 

Directeur  du  service  de  l'intendance  Ta ÎMOt  fonctions.  îons-iii- 

(endant  de  !■*  classe  Boubcuicnon 

Directeur  du  service  de  santé,  médecin  principal  de   !'•  classe 


Directeur  du  aervice  vélëriDaire.  véléria^re  principal  de  3"  claste 

CunntHiME 

Commandant  du  détacbctncnt  de  gendarmerie,  eAjii  tai  ne  Vinci - 


/  Cniiimandant  mllilaire  â  Tunis,  colonel  de  cn- 

j       valorie  CouKnEL 

i  Commandant  militaire  i  Sousse,  colonel  d'iii- 

1     faaierie  Jouneai: 

/  Commandant  mllilaire  à  llabës,  lieutenant-cii' 
\     lonei  d'infanterie  H.  C.  Ciousset  ...... 

I  Couimandanl  supérieur  de  Gafsa ,  chef  de  ba- 
r      taillon  d'infanterie  H.  C.  Leichtrh   .... 

l  Commandant   supérieur   de    Ksar-Houdcnine , 

\    ehef  de  tialaïllon  d'infanlerii^  H.  C.  Rkbillet. 

'4"  régiment  de  zouaves,  colonel  Jk^kkkmoi)  .   . 

—         de    lirailleuFt    algériena,   colon  l't 

JorriEAi: 

13°  bataillon  d'infanterie  légère  d'Afrique,  cotn- 

indant  CriHiT'.UN 

li'  luilaillon  d'infanterie  tégérc  d'Afrique,  corn- 

mandant  Mt:(iNiER 

1"  compagnie  de  fusillera  de  discipline,  capi- 

laine  Hnnon 

"  régiment   de  chasseurs  d'Afrique,  colonel 


}     Cou  111 

('t'  ri'^lmenl  Je  spahis,  colonel  Ramoko.  . 

/1S-  halteric  du  13"  régiment  d'artillerie.  . 


f  Détachement    de  li  S'  conipagnle  d'oi 

\    d'artillerie 

Génie 14'  compagnie  du  IQ"  bataillon 


Gab-s 

Gafsa 

Ktar-Houiteail 
Tunis. 

El  KeT. 
Ru-el-Oned. 

SfBI. 

Cabès. 
I,B  Manonba. 


PIÈCES   ET   DOCUMENTS   JUSTIFICATIFS 


463 


Train 
des  équipages. 


Télégraphie 
militaire. 

Troupes 
d'administration. 


Service  de  santé. 


Administration. 


Remonte .   . 


/  Compagnie  n°  7  du  11«  escadron  du  train.  .  . 

I  —  du  15*  —  ... 

(  —  du  16*  —  ... 

Secrétaires  d'état-major  (1'*'  et  3*  catégories)* 

détachement  de  la  19"  section 

1 4'  compagnie  du  16*  bataillon  du  génie.  .   .  . 

i  Commis  et  ouvriers  d'administration  (détache- 
ment de  la  21' section 
Intirmiers  militaires  (détachement  de  la21«  sec- 
tion  

/  I  Belvédère  à  Tunis  (annexe  au  Kef), 

I  Hôpitaux.  I     Gabés,  Gafsa ,  Sousse ,  Aîn-Dra- 
\  \     ham,  Sfax. 

/Magasins  de  vivres  à  Tunis,  annexes  à  Souk-el- 
/  Arba,  Manouba,  Zaghouan,  Bizerte,  Tébourba, 
Aîn-Draham,  el  Kef,  Souk-el-Djemâa,  Ta- 
barka  et  Téboursouk,  —  Sfax,  Gabès,  an- 
nexes à  Ras-el-Oued,  Metameur,  Moudeninc, 
Foum-Tatahouin  et  Zarzis.  —  Sousse ,  Gafsa, 
annexes  à  el-HafTey ,  Fériana,  el-Guettar  à 
djebel-Orbata,  —  La  Goulette. 
Magasins  de  fourrages  à  la  Goulette. 

n  UM1         «  I  Magasin  divisionnaire  à  la  Gou- 
Habillement  l     ,  ..     ,  a  ,«     •     «i- 

I     lette  (annexes  à  Tunis,  Sfax. 

.    I     Souk-el-Arba,  Sousse,  Gabès  et 
campement.  (     ^^^^ 

I  Dépôt  de  remonte,  capitaine  Gachet 


Tunis. 

Sousse. 

Gabès. 

Tunis. 


LISTE 


DRS 


ABLISSEMENTS  DES  POSTES  ET  DES  TÉLÉGRAPHES 


AU    31    DÉCEMBRE    1891 


1°  Recettes  des  Postes  et  des  Télégraphes. 


ice  de  7  •»  à  minuit  G  Service  de 7 »»  à  8"  soir.  L  Service  de  8»»  à  H  »>  et  de  i  à  7**  soir 


N/2 

ahani L 

L 

L 

C 

gc L 

al L 

C 

rjlle L 

i L 

ratahouin L 

C 

G 

maou L 

Le C 

ilia L 

•el-Aïoun L 

imet L 

im-el-Lif L 

ïn G 

L 

) G 

l  TUNISIE.  —  T.  II. 


hXTÂ   DE  LOLYERTURB. 


J> 

Le  16  mars  1889. 

Le  1*'  juillet  1888. 
Le  13  mai  1890. 

Le  1*^'  juillet  1888. 

» 
Le  6  janvier  1889. 

» 
Le  U'  juillet  1888. 

Le  7  mai  1890. 
Le  l«r  juillet  1888. 
Le  27  décembre  1888. 
Le  13  avril  1889. 

» 
Le  24  mars  1891. 

]> 

30 


2'  DISTAIBUTIONS  DES  POSTES. 


BUREAUI    DOICT    BELËVEICT 
LE»    DIBTMiaiTIOFIg. 

KKHH-i 
D'OiriRTUHE. 

Maklar.  . 



Akouda 

V        —        IS»8. 

] 


PifiCBS   BT  DOCDMKNTS   JCSTIFICATIFS 


Hassan.   .   . 
KralUd  . 
Khaltoan   . 
Kriar  .   .   . 


ladjar.  .  . 

Ijine.  .   .  . 

ba  (la).  .  . 

jhabaDne.  . 


Ida  . 


lat-el-Andeleus  . 

.  Srira 

nan  Souase.  .  . 


PorUi-Ferkaa  . 
Ain-Draban  . 
Hanauba.   .   . 

Hebdid  .  .  . 
Grambalia, .  . 

Hokcnine  .  , 

Soliman .  .  . 

MsakcD  .  .  . 

SéMul.  .  .  . 

Mokeaine  .   . 


Hokenine   .  .  . 
MMkea  .... 

Srai 

Nébeul 

Tunis 

Kebili ,  .   .  .  - 

Safx 

Foum-Talabouin  . 
Kebili  ,  .  .  .  . 

DJcrba 

lladjeb-el-Aîoan 

Méb«ut 

Uehdia 

Gafsa  ..... 

Gabûs 

Gabta 

Tunis 

Slai 

Souk^el-Dj-ema  ù . 

Toieur 

Tébouraouk   .   . 

Djïrba 


2'  scmealre 

1888- 

î'   - 

tass 

î"   — 

1888 

1"   - 

1689. 

3.   _- 

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1889. 

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1888 

1"   — 

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1888 

1"   — 

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1-   — 

1889 

2"   — 

1888 

1"   — 

1889 

1"   — 

1889 

ï-   — 

1890 

ï-   - 

1888 

1"   — 

1889 

1"   — 

1891 

a»   — 

1890 

i«  _ 

1889 

1"  — 

I89t 

1"  — 

1889 

1"  — 

1890 

•1'      - 

IB88. 

T'   — 

I8BS 

1"  — 

1890. 

2°   — 

1888 

2'    — 

1888, 

2-    - 

1889. 

1"   - 

1890 

2"    - 

IR'JO 

3.    „ 

1890 

1"   - 

1891 

l« 

1890 

2'    — 

I8HS 

]"       — 

1889 

1' 

1888 

]'■        — 

1S9I. 

1"   — 

IBOI. 

L\  TCsisiE  BEPris  L  occuPATio.-s  fra.\i;aise 


Kalta  S 'rira 

Kflihia 

Kcs-iera. 

Kn»Lï 

KnurbH 

Krouialah.  , 
K^r-r-l-lladid.  .      . 
Ksir-Ur-Ul   .   .   . 
K«iba  rt  Meiliuuni 
Ksibs  Sou«Mi  .... 

Hamaura 

tUhris 

Uarelh  . 

H#llouledie.       .   .   . 
Uenvhia 

UriirI  Abdfrrahinati. 
Uenzcl  bou  Khalfa.  . 
Hcnxel  Djemil     .    .   . 
Mcnirl  Temin.  .  . 
M^jsailinp,   .    .    ,   .    . 

Helameur 

Hfthouia  Oo)'    '   ' 

Metline 

MidoUD 

Hobamineilia  (  lu  t.  . 
Moureddinr 


K^beul.   , 
Miklar 


SouFur 

Souk  eï  Djemaa. 
Hokt'nine  .    . 

Stoi 

MÀbeul 


srax.  .  . 
llouil«ain« 
Shx.  .  . 
K«blU.  . 


Nebeur.   .... 

NisDOu 

OuardenïDc.    ,    . 

Oudref 

Oued  M«IU.  .  . 
Oued  ZiirgUB  .  . 
Oum  Doiiil  .   .   . 

nafraf 

Rns  el  Oued.  .  , 
n'diresSolthtnaii 


HliseHc,  ■ 
Soltroan  . 


Miakt-n  .  .  . 
Moudeainp.  . 

Raa  el  njt^bcl. 


Ncbcul  .  .  . 
Porto  Farina  . 
Gabf'S.   .    .    . 


PIECES  ET  DOCUMENTS  JUSTIFICATIFS 


i69 


BUREAUX  DOKT  RELÈTENT 
LES   DISTRIBUTIONS. 

ÉPOQUE 

d'ouverture. 

Rherman 

Sabello  (  la  ) 

Nébeul  

Tunis 

Sousse 

Mokenine 

Djerba 

Marsa 

Sousse 

Nébeul  

Tunis 

D 

2"  semestre  1889. 
1"       —        1889. 
2*        —         1889. 
1"       —         1889. 
1"       —         1889. 
1*'       —        1889. 
1"       _        1891. 

2*        —        1889. 
2"        —        1888.. 
1"       —        1890. 
2*        —         1888. 
1''        -         1891. 
1"       —         1891. 
2«        —         1890. 
2"         -         1889. 
2*        —         1888. 
2*        —         1890. 
1"       —         1889, 
1"       —         1891. 
2«        _         1888. 
1"       —        1889. 
2«        —         1889. 
2«        —        1889. 
1"       —        1889. 

Saheirae 

Saîada 

Sedonikcli 

Sidi  Bou  Saîd 

Sidi  bou  Ali 

Sidi  Daoud 

Sidi  Meskine 

SidiTabet 

Sidi  Zehili 

Sokra 

Somaa 

Sonk-el-Tleta  du  Sers  .... 

Tazoghrane 

TetK>arba 

Tbala 

Touza 

Tlemine 

TurU 

Zaouîa  Soussa 

Zaouiel  Mgaîs 

Zarat 

Zeramedine 

1> 

Marsa 

Nébeul 

Souk-el-Djemaa.  .  .   . 
» 

Mehdia 

Souk-el-Djemaa.  .   .   . 

Mokenine 

Kebili 

Grombalia 

Sousse 

Nébeul  

Gabès   

Mokenine 

3»  BUREAUX  DES  TÉLÉGRAPHES. 


date  de  l^outerturb. 

£î  Guettar 

I^  l«' juillet  1888. 

Le  14  juin  1890. 

Le  l"'  décembre  1890. 

Kl  Haffcy 

Metameur 

Ras  el  Oued 

1 

F 

i70               LA   TCSISIE   DKPCIS  l'oCCCPATIOS   FRANÇA18B. 

! 

L 

.„.„.„„,.„„. 

Boj*-e«r^ D 

Itordj-Touui D 

DjÉdMdn D 

Gh,rdlm«ou TD 

H<^J(x-rl>Bali D 

U  IB  juin  Ueo. 

OuedKcrKua TD 

Sook-el-ArtMi .  .  ,  TD 

Tibuurtw D 

1 

1 

/O 


•  * 


RBGBN8BHBNT 


DE   LA 


POPULATION  FRANÇAISE  DE  TUNISIE 


AU   11   AVRIL  1891 


Tunis. 


Contrôle  de 
Tunis. 


Sonsse. 


I  Ville I 

Tebourba 110 

^  Si  Tabet 25 

Manouba 80 

Djédéida 37 

Ariana,  Bardo,  Belvédère,  Caserne  d'Artil- 
lerie, RasTabia 49 

Hammam-el-Lif,  Cédria 67 

Rhadès,  Maxuia,  Mégrine.  Bir  Kassaâ,  Ben 

Arrous 70 

Zaghouan,  Aoudja 93 

La  Marsa 71 

Carthage 145 

Kheïr  Ed  Din 4 

La  Sokra : 18 

Douar  Chott  et  Kram 6 

Mohammediaf  Myoua,  Henctiir-Mébou 41 

Mornak 99 

/  Sousfte 691 

Hergia 1 

Saîada 4 

Kuriat 3 

SidielHani 5 

Selmoun 31 

Sahalin 8 

Sidi  bon  Ali 4 

"^Krussiah 16 

Mebdia 60 

Enfida 60 

Djeinmal 2 

Ksar  Ellal 4 

Mokenine 2 

Soya 6 

Monastir 51 


4.832 


915 


918 


A  reporter.  .  .  .       6.665 


commaDdemen  t 
militaire 


ReporL  . 

Msteur 

rurlo-Firinn. 

H'kadï 

Uïuaiit«. 

I  Rouini 

(L»  ûoulellc!  

Jlb  Goulette,  Ile  Plane 

'U  Goulelli^,  Kbcir  Ed  Din 

Sfa» 

Kcrkenn* 

Skhjrr» 

/  Souk-eI-Arb> .     246  \ 

'  Souk  elKtiémis 

—        (fednedu  Zmqim] 

|Beo  Béchir.  - 

SidiMe»kine 

'oued  Mïlii '... 

\SchemtOQ 

JeI  Keîdj» 

f        —      SLrara 

F         —      Hrassen 

'  El  Mouadgen . . . 

\  Ghardimsou 

^  Ain  Drabaiu 

.  (  Tabarka 134  i 

itiabfrs Ml' 
Mcntcl il 
Oued  Mélah I  | 
Rai-el-Oued 3, 

Iftet Iio\ 

Isidi  Zéhili a 

lOuled  Bou  Ghantm bI 

jsidi  youssef 61 

i  Ntb«ur si 

iTeboartoak 15 

\zou8t1o a' 

!>ébeul SS'i 
Sotinun 13 
SolimiD,  UordjZaiiDa 10 1 
—  l'Haourya 31 
—  HeraîMa 9 1 
—  Les  Geneii î 
—       El  Aoulna il 


A  reporter.  .  . 


PIÈCES   BT  DOCUMENTS  JUSTIFICATIFS 


473 


Report.  .  .  .       9.377 


Nébeol 


Tozeur 


Béija 


Grombalia 

—  Khangat  (Lançon). 

—  Menzel  f  Dumont) . . 

Haromamet 

El  Haoniria  (cap  Bon) 

—  R'Hermane 

Fondouk  Djdid 

Tozeur 

El  Oudian 

El  Hamma 

Nefla 

Gafta....: 

Béja,  ville 

Béja,  gare 

Sidi  Hammet 

Ferme  El  Semane 

VFerme  Munchar 


ne  de  EjerM...  | 


MedJez-el-Bab. 


Kairouan. 


Cercle 
de  Kondenine 


Medjez  el  Bab. . 

Bordj  Toum 

ksar  Tyr 

Oued  Zergua 

Kairouan 

Hadjeb-el-Aïoun.. 

ElHaouareb 

SaadU  (Magnan;. 

Moudenine 

ZarzM 

Foum  Tatahouin 


Gafsa 

Kasserine. . . 
el  Haffey  . . . 
iBir  Oum  Ail 

Cercle  de  G^sa.  (  Fériana 

{Haydra 

Bou  Chebka. 

Tala 

\£1  Oubeîra.. 

Maktar , 


Maktar J  Souk  el  Djemaa. 

La  Kessera 


Aïn  Mzita 

Population  française  des  prisons 

Français  de  passage  en  Tunisie 

Total  ne  la  population  ciyile. 


34 
11 

9 

4 

2 

2 

1 

21 

1 

1> 

5 
66 

67 

4 
11 

8 

6 

•1 
22 
181 
10, 

24 

58 
2 
3 
5 

13 
23 
13 

4^ 

1 

3 

3I 
11 
21 
1 
7 
4 

14 
17 

1 

3 


63 


94 


91 


86 


74 


68 


49 


36 


35 

8 
49 


10.030 


RECENSEMENT 


RRCAPITUI-ATION  PAR  DI-U'AHTBMENTS  ET  Al'TRES  LIEUV 

DF.  ISAISSAKCE. 


Pifi  ittninRer*  ■ 


Olrondc 


Ain 

Alpca-MuiUiiie* .  .  . 
BasMi-Alpe)  .  .  .  . 
Cluronlp-I  nnrieu  re 

Mvimhe-el-HoMlli' 


Hoporté. 


Lqt-«t4'ar(iTiMe 


Haute -Satnlc 
Hiulc -Vienne 
Srlae-iM-Oi!Hi 

irUmr-    .    .  . 


Hiule-LoiTv  . 
Cai«l-dii-Hord 
flauUi-Pyréneca . 
Selne-lnfrrleui 


Ailler  .... 
■.nnilas  .  .  . 

D«ut-S^vrpa. 

Haulo-Xarnc  . 
MaiDe«t-Loire 


Bei«.rl    ... 

llle-*t-Vllailtr .  .  . 
Horhlban  .  .  -  .  . 

Tarn-cl-flaronnc. 
A«lne-ct-Xarne  • 

Loi*r«  

Keiiar 

I^llHîMllipr.   .   . 

FiBilIvrc 

lndrt>-cl-Lu1n-.   .  , 

Orne 

Anlennci 

Colonies  diviTK^ , 

Vlpnne 

Calvadi»   .  . 

Cantal . 

Staveonc  .... 
Eure-el-Loir.   .  .  . 

Tprrituin?  Ar  1U-ifn 


y^ 


RECENSEMENT 

DU   11   AVRIL  1891 

RÉCAPITULATION  PAR  PROFESSIONS 


DÉSIGNATION  DES  PROFESSIONS. 


Agriculteurs,  viticulteurs,  propriétaires  et  rentiers 

Avoués,  avocats,  agents  d'affaires,  commissaires-priseurs,  syndics,  . 

•arbitres 

Comioerçants,  industriels,  banquiers 

Ecclésiastiques,  membres  des  communautés  religieuses 

Employé^  des  administrations  de  l'État 

Employés  chez  des  particuliers 

Entrepreneurs  de  travaux 

Ingénieurs,  architectes,  conducteurs  de  travaux 

Journalistes 

Magistrats 

Manœuvres,  ouvriers  d'usines  et  du  commerce 

Médecins,  pharmaciens,  sages-femmes 

ouvriers  d'art 

Professeurs 

Sans  profession 

Total 

— 


NOMBRES. 


619 

84 
885 
155 
892 
780 

74 

102 

7 

22 
527 

51 

471 

215 

5089 


9.978 


VOCABULAIRE 

DES   MOTS   TURCS,    ARABES   ET   BERBÈRES 

LB8   PLUS  EMPLOTÉS  DANS  CBT  0UVBA6B. 


A.  arabe,    T.  turc,    B.  berbère. 


AM,(p\xu;  Abyd),  ^.esclave,  serviteur, 

adoratenr. 
Aîtt ,  pi.  Aîoun,  A.  fontaine,  sonrce. 
Alarakia,  A,  calotte  de  coton  blanc  qui 

se  met  sons  la  chachia  pour  la  garantir 

de  la  sneur. 
Allah,  A.  Dieu. 
Aman,  A .  pardon.  ' . 
Amin,  A,  délégué. 
Amir^-mouminin,  A.  (par  corruption  mû 

ramdin)  commandeur  des  croyants. 
Amra,  A,  ordre,  proclamation. 
Anajfa,  A.  aide,  assistance. 
Aruaneb,  T.  garde  du  bey. 
Arch,  B.  tribu. 
Areg,  Erg,  A.  dune,  région  des  dunes. 

Bah,  pi.  Biban,  A,  porte. 

Badki  mameluk,  T.  premier  esclaye. 

Bahar,  A.  mer. 

Begltrbey,  T.  gouverneur  de  province. 

Bnti,  A,  fils  de. 

Bent,  A.  fille  de. 

Berada,  B,  fraction. 

Beylick,  T,  gouvernement. 

Bir,  pL  Biar.  A.  puits. 

Blad,  A.  pays,  contrée. 

BordjfA.  (corruption  de  Fallemand  ^r^.) 

cb&teau-fort,  gprande  maison  isolée. 
Bou,  A,  père  de. 

Cadif  A.  juge. 


Cald,  Hakem,  A,  gouverneur. 

Caîdat ,  A,  district  du  caïd. 

Casbah  ou  Kasbah ,  A,  citadelle,  château. 

Chaha,  chabety  A.  ravin. 

Char  a,  A.  tribunal  du  Cadi. 

Chachia.  A.  bonnet  de  feutre  rouge. 

Cheffaâ,  A.  droit  de  préemption. 

Chéri/.  A,  issu  de  la  famille  du  prophète 

par  sa  fiUe  Fathima,  épouse  d'AlL 
Cheikh,  A .  chef,  vieillard. 
Chott,  pi.  Chtoutj  A.  lac  salé. 
Çof,  A.  partL 
Coudiat,  A.  colline. 
Couloughi.    T.,  fils  d'un  Turc  et  d'une 

femme  indigène  musulmane. 

Dachera,  B.  commune. 

Dakhla,  A.  entrée,  chose  qui  entre,  coin. 

Dur,  pL  Diar,  A.  maison,  habitation. 

I>ayaj  B,  bas-fond,  cuvette  basse. 

Dhiâ,  A.  prix  du  sang. 

Diffa,  A.  repas  d'hospitalité. 

Divan,  A,  bureau,  administration. 

Djebel,  A.  montagne. 

Djebira,  A,  sacoche,  porte-monnaie  en  cuir 

qui  se  pend  à  Tarçon  de  la  selle. 
Djemda,  B.  en  pays  berbère  assemblée 

générale  de  la  commune. 
Dfemaia,  B.  commission. 
Djerad,  A.  sauterelle. 
Djich,  A,  bande  de  cavaliers  armés. 


7.  Proprement,  en  arabe,  sauf-conduit,  assurance.  Le  savant  lexicographe  Freytag 
le  définit  ainsi  :  Quo  quU  securu*  est  et  tuttu.  Ce  par  quoi  quelqu'un  est  assuré  et  à 
couvert. 


J^*^  ±.  la^ia  «r  h  bbcU  ai 


f^ 


LA    TUNISIE   DEPUIS   L  OCCUPATION   FllANÇAlSE 


W9 


Oaéisj  A,  subfit.  masc.  ^  bocage.^ 
(?da4Mchi^  T,  sons-officier. 
Odjak,  T.       ' 
Ouàd,  ouî^df  A,  enfants  de. 
Ouedy  pi.  Omdau,  A.  riviè^re. 
Oukil,  A.  représentant ,  avocat. 
OukU^-hardJy  A,  ministre  de  la  marine. 
OuUj  A.  fils  de. 

Ouledy  A,  petit  garçon.  On  dit  par  corrup- 
tion yaouied» 
OtUhan,  A,  district. 
Onzara,  A.  ministère. 

t 

Jiatjka,  A.  réunion  de  silos. 

Bas,  pi.  RouotUy  A.  cime,  cap,  sommet. 

Razzia  ou  gh'azzlà ,  A,  attaque  à   main 

armée. 
Roumiy  A.  chrétien. 

Sahah'tt'taba y  A.  garde  des  sceaux; 
Sa.hd,  A.  littoral. 


Sebkha,  pL  Sbakh,  A.  bas-fond  salin  con- 
tenant parfois  de  Teau. 

Si,  Sidj  Sidi,  A.  Monseigneur,  monsieur. 

Smahy  Déira,  A.  euite  d'un  chef  campant 
autour  de  lui. 

Soiik,  A,  marché. 

Talebf  A.  savant. 

Targui  y  pi.  Touareg,  B.   originaire  des 

tribus  du  Sahara  central. 
Tell,  A,  colline. 
Teniahj  Teniet,  A.  col,  défilé. 
Toubib,  A.  médecin. 

Uléma,  A,  docteur  de  la  loi. 

Vizir,  T,  ministre  du  grand  seigneur. 

YaouUd,A.  (V.  Ouled.) 

Zaouïa,  A.  ermitage  musulman,  lieu  de 
réunion  d'une  confrérie  de  Khouan. 


l.Le  mol  oasis  \enant  originairement  de  l'arabe  ouah,  substantif  masculin,  Pellis- 
sier  observe  que  les  dictionnaires  et  les  écrivains  qui  le  font  féminin  ont  tort.  C'est 
une  erreur  dans  laquelle  ont  eu  garde  de  tomber  MM.  Ellious  Bochtor  et  Coussin  de 
l^érceval  dans  leur  Lexique;  mais  cette  erreur  a  prévalu. 


SIGNIFICATION  FRANÇAISE 


DE    CERTAINS    NOMS     PROPRES    TUNISIENS 


Ain-Betda,  Fontaine  Blanche. 
AiH'edrDefali ,  Fontaine  des  Lauriers. 
Aifè-tl-Abtusia ,  Fontaine  des  Abassydes. 
Ain-Dmham*,  Fontaine  de  l'Argent. 
Ain-el'IIachichiya,  Fontaine  du  Pâturage. 
Ain-d'HaUouf,  Fontaine  du  Sanglier. 
Ain-d'Henaîa,  Fontaine  de  l'Aqueduc. 
Ain-Kheriha,  Fontaine  des  Ruines. 
Ain~Koiuirès ,  Fontaine  Acide. 
Ain'Kêob,  Fontaine  des  Roseaux. 
Ain^Mamour,  Fontaine  du  Victorieux. 
Ain-Méchad,  Fontaine  du  Témoignage. 
Ain-Soltan ,  Fontaine  du  Sultan. 
Aià'Termata,  Fontaine  des  Thermes. 
Alamat,  les  Signes. 
Alaya,  Elération. 
Alem,  Science. 
Aamd,  Petit  Bâton. 
Aomnet-d'Kelh ,  Petite  Fontaine  du  Chien. 

m 

Atmna,  Assistance. 
Arad,  Discorde. 
Ariana,  Nue,  Dépouillée. 

Badfa  (en  français  on  prononce  Béja). 
Beni-AUêa,  les  Fils  de  Jésus. 
Beni'Rbia,  les  Fils  de  la  Verdure. 
Benzert  (fr.  Bizerte). 
Biar'Rttfifia,  les  Puits  Miroitants. 
BtT'Bomta,  le  Puits  des  Petites  Chambres. 
Bir-Bou'Nab ,  le  Puits  du  Père  à  la  grosse 

dent. 
Biv'ech'Cheri/ ,  le  Puits  du  Chérif. 
Bir-d'Arha^n,  le  Puits  des  Quarante. 
Bir'IIe^eë,  le  Puits  du  Déchaussé. 
Bir-Merzouh ,  le  Puits  fortuné. 
Bir-Oum-Cham ,  le  Puits  de  la  Mère  de 

Cham. 
Bir'Me$taoud ,  le  Puits  Heureux. 
Bif'Thatb,  le  Bon  Paits. 

LA  TCIfISIE.   —  T.   II. 


Blad-ed-Djerid ,  Pays  des  Dattes. 

Blad-Kadéra ,  ViUe  forte. 

Blidat,  Petite  Ville. 

BordJ-Ahmed-Rtûs  y  Château  d'Ahmed  le 
Capitaine. 

Bordj'Djelis ,  Château  des  Assises. 

BordJ-tl'Alomn  y  Château  des  deux  Hau- 
teurs. 

Bord/'d'Amri,  Château  d'Amri. 

Bordj^l-Bihan ,  Château  des  Portes. 

BordJ-el-Castil,  Château  de  Castille. 

Bordf-tl'Djedid ,  Château  Neuf. 

Borég-d-Hadida ,  Château  de  la  Pièce  de 
fer. 

Bordj-d'Harir,  Château  de  la  Soie. 

BordJ-d'Kebir,  le  Grand  Château. 

Bordj-d-Ouêtani ,  Château  du  Milieu. 

Bordjin,  les  deux  Châteaux. 

Bordj-Khadidja,  Château  de  Khadidja. 

BordJSidi-el'Arbi,  Château  de  Sidi-El- 
ArbL 

Bordj-Zouaoua ,  Château  des  Zouaoua. 

Bou- Abdallah,  le  Père  du  Serviteur  de 
Dieu. 

Bou'Ameran,  le  Père  d'Ameran. 

Bou-Cha,  le  Père  aux  Troupeaux. 

Bou-Chater,  le  Père  à  Tlntelligence  (sur 
l'emplacement  d'Utique). 

Bou-Chema ,  le  Père  à  la  Lentille  au  vi- 
sage. (Cicéron.) 

Bou-Hadjar,  le  Père  à  la  Pierre. 

Bou-Heudma,  le  Père  aux  démolitions. 

Bou-Tis,  le  Père  au  vieux  Bouc. 

ChahadBeUl ,  Faux  Témoin. 
Chekeb^n-Xahr,  la  Crevasse  de  feu, 
Cheurfa  ,  Li  Noble. 

Ckott-el-Korsan ,  la  PLige  des  Corsaires. 
ChoHcha,  le  Toupet. 

3i 


b82                LA   TtKlSIR   DEPUIS   l'OCCDPATIOH   FRANÇAISE                     ^M 

]Jail.la.,l.MaoniH,  r'Knlrtii  de*  Mftouln. 

I^^I.T,Uj!/,  lIoi>Ugiied«U  Ke<sc 

iMiltta-I.Oiiiad  4(.u  Safem,  l'Hnlrée  i!u 

Oobd  bou  Sftlum. 

/(<moM,1«.C«TM. 

/i*"^,  la  Palaiw. 

Har-KaifriMlZirti,  la  ««bon  dn  rartage 

fi>.ii,  !&  Palme. 

Diiiitt^-Kmai- .  n\e  dea  ËglUe»; 

Djamo»T-tl'K->hiy  (Zembra), 

fl««ir-»(.rAo«,VUl«8edu  Rivage. 

ltraatl-MicUg«r,  CcdUne  au  SugMi 

/Jo™.  Im  Voi«D<L 

/ivW-/lr*a,  MontipiB  d'Aicb». 

rl-.l)achit,  la  ViotauTo, 

/^>M-.li<f  D ,  UoDUKTie  de  U.  Ch«ric. 

•t-A^ilH,  lu  Petit*  Toitli. 

f/-^Ji,  la  Haut. 

tJ.IKn,  l'Éla'ée. 

tfjtbrl-Brhmr,  MonUgoe  d««  Figues. 

ri-.^;^«lN,  les  diMut  Haatatm. 

i*,Vi<;.i>I-//a>irt'A<!,  Maotagnodu  SerpeDt. 

./..Imim,  laPoimlatae. 

I>jrbil-B^«.-Draa .  UoDtagne  du   l'as  du 

ci-Jfn«..ia,  les  Fiancées. 

b™. 

^-IhrgoUUi .  la  Pleins  de  Pu««. 

D^M-Btmi-YoHMh,  Montagne  des  enfanta 

.■/-Q,«.-iro,rne. 

d'Yonne*  CJobm). 

d-Ffiad,  le  Chat-Ugre. 

Djibel-Strberotà,  Uontngno  dce  Berbères. 

rl-^arliuH,  In  Teignelue. 

I)j,itUB<7n-Kormi^,   Uout  du  P«n  aux 

rl-Glia.  ie  Polit  Fort. 

deuï  CornBH. 

il-Hamada,  la  Terre  Élerée. 

DjeUI-tl-Ahmar,  Uonlngno  Itouge. 

I>jfbd-tl-EmaT.  Montagne  dcc  Annarieiis. 

(/-«y,  le  Oochet. 

rl-KheriÔ,  U  Kollk 

I^timl-d-ilafia,  UonUgno  du  Patl. 

<'i-Omi;i.]eaBuinee. 

DifM-tl-nckaba.    iioaXa^o    doe    Voji- 

tl-Mn«ioiir,  le  Victoriem.                   ' 
ei-ilana,  la  PwL                          ^^* 

QMclHir~it{<u,  Uontagne  da  Plomb. 

eJ-iTar,  1>  Qiatte. 

DjdMi-a-8tiaa,  Montagne  Polie. 

i>)ibcI-u-â'e'oyin,  Montagne  de  l'Échelle. 
Djibtl-a-Strdf,  Montagne  de  la  Selle. 
è}tbtl-a-Strirat,  Montagne   des  Petitea 

jyj^l-Khtroaa,  Montagne  du  Bicin. 
Bjtbd-Kkaroab,  Montagne  des  Caroubien. 
DjeUI-Koulaa,   Montagne  dea   CUteanz 

t^tM-Maiaa,  Montagne  do  Beconra. 
JijOfl-iftdJoura,  Montagne  du  Befnge. 
DjiM-Meachar,  Montagne  de  la  Scie. 
Oftbel-Merttba,  Montagne  de  Belle-Tne. 

BjOHt-NoBtr-Allati,  Montagne  de  la  Yic- 
■e  de  Dieu. 


Jïmawi ,  1«  CMna-lïège. 
Foum-tl-FddJa,  U  Bouche  de  Sèpontiao. 

Rat^A^-Aioti» ,  le  Sonnil. 
Hamniim,  le  Bain. 
Hammam-Courbit ,  Bain  de  Courbèa. 
Ilatnnan-tl-Enf,  Bain  d'el-EnL 
Httnoul-tl-lladjém ,   la  BoDtlqoB  da  Bal- 

Haiti-tl-Moudtnin,   lee   puits   de   Mon- 

denlne. 
HtHchir-Bou-Sùiali,  la  Ferme  dn  pèie  de 

Salah. 
llnchir-Datiuiiu ,  1*  Ferme  dea  Caves. 
llaichir-DjtdouT,  la  Penne  dea  Sonchea. 


EjtM-yuuba,  Montagne  dn  Qite  d'Étape.  atnckir-eck-ChtmùiA ,  la  Fenne  de  Che- 
Djtbtl-Raial ,  Montagne  des  ParillonB.  makli. 

Djfiel-Satil ,  MonUgne  SilescieUBC.  Jltnchir-tl-Glifria ,  la  Ferme  de  Gheiia. 

.^'<i(f-Sct'Ai-a,  Montagne  Sourde.  IfiMliirti-IIammln,  la  Ferme  dn  Eenl 
Djtbtt-SouJa,  Montagne  Noire.  Paya. 


LA  TUNISIE   DEPUIS   L  OCCUPATION  FRANÇAISE 


f^m 


Menchir'à' Hammam ,  la  Ferme  des  Bains* 
Henchir-Enckalou ,  la  Ferme  d'Enchaloa. 
Henchir-es-Seloum ,  la  Ferme  de  l'Échelle* 
Hûnchir-eê-Stman ,  la  Ferme  des  Cailles. 
Htmfkit'es'Semidia ,  la  Ferme  de  Semidia. 
J/enefttr^/Vma/  la  Ferme  de  Foma. 
ffenchir^Garomr,  la  Ferme  de  Garour. 
Henchir-Kobrecke, Ik'Serme  de  Kobreche. 
Henchir^Liche ,  la  Ferme  de  Liche. 
Nenchir'-'Mebtoua ,  la  Ferme  de  Mebtoua. 
Nenchir-Mekaleb,  la  Ferme  Renversée. 
Henchir-Meât ,  la  Ferme  de  Mest. 
Henchir-Oudena ,  la  Ferme  d'Ondena. 
Henchir-Rouirkai,  la  Ferme  de  Bouirhat. 
Henchir-Saïda ,  la  Ferme  de  Saïda. 
IJenchir-Sidi'Fer(y,    la   Ferme   de    Sidi- 

Ferdj. 
Ihuchir-Sidi-Othman ,  la  Ferme  de  Sidi- 

Othman. 

Kalaa-el'Kebira,  le  Grand  Château. 
Kaha^Oued,  le  ChÂteau  de  la  Bivière. 
Kalaa  es  Stnam,  Château  des  Idoles. 
KalcM-tt'SWira ,  le  Petit  Château. 
Kasterin,  les  deux  Buines. 
Kebar-d'Hadj ,  le  Tombeau  du  Pèlerin. 
Kef-tr-Raï,  le  Bocher  du  Berger. 
Kenaïê,  les  Églises. 
Krick-el-Owd ,  VAlluvion  de  la  Bivière. 
Kmr-Ahmar,  le  Château  Bouge. 
Kêar'Bit'Riah ,  le  Château  de  la  Maison 

des  Vents. 
Kiar^'Araci,  le  Château  des  Fiancéi^. 
Ksar-d-Begraî ,  le  Château  des  Mulets. 
Ksar-el'Fodda ,  le  Château  de  l'Argent. 
Ksar-el-IIeuiid ,  le  Château  de  fer. 
K$ar-el'Mezouar ,  le  Château  du  Chef. 
Ktar-er-Rih,  le  Château  du  Vent. 
Këor^r'Roul,  le  Château  de  l'Ogre. 
Ksar-eS'Saad ,  le  Château  du  Bonheur. 
Ksar-es-Selasla ,  le  Château  des  Chaînes. 
Kêar-ei-ZU,  le  Château  de  l'Huile. 
Kêar-Metameur,  le  Château  aux  Dattes. 
Ksar-Mharouka,  le  Château  brûlé. 
Ktar-Oum-iWaïl ,  le  Château  de  la  Mère  de 

NaîL 

Lella'Chirkha,  Madame  la  Vieille. 
LeVa-es'Satda,  Madame  la  Bienheureuse. 


Lella-es-Sbia ,  Madame  la  Vierge. 

Lellat  Salhatet'Tahouna ,  Madame  Salh.i 

la  Meunière. 
Loma,  l'Amandier. 

Médina,  la  Petite  Ville. 
Medjez-el-Bab ,  le  Passage  de  la  Porte. 
Menara,  le  Phare. 
J/en^e/^  Séjour,  Lieu  de  Bepos. 
Menztl'el'JDjemil ,  Beau  Séjour. 
3femel'el']Iarb,  le  Séjour  de  la  Guerre. 
Memel'el'Hour,  le  Séjour  des  Houris. 
MemeUel-Kamd ,  le  Séjoar  parfait. 
Menzel-el'Khaïr,  le  Séjour  du  Bien. 
Memd-ev'Roul ,  le  Séjour  de  l'Ogre. 
Merausa,  le  Petit  Port 
Medjed-AUsa,  l'Oratoire  de  Jésus. 
3focta-IIenchir-e8-S*rir,    Gué   de    Mocta» 

Henchir-es-S'rir. 
Nadaur,  le  Belvédère. 
Néga,  Chamelle. 
Nokta,  le  Point. 

Oudian ,  les  Bivières. 

Oued'Akei'it ,  la  Rivière  d'Akerit. 

Oued'Battii'el-Djedcur,  la  Bivière  des  Sou- 
ches. 

Oued'Bou- Heudma ,  la  Bivière  du  Père 
aux  Buines. 

Oued-Bmd,  la  Pissotière. 

Chied'Djeroudi ,  la  Bivière  des  Palmes. 

Oued  DJir,  la  Bivière  de  la  Chaux. 

Oued-DJouf,  la  Rivière  du  Ventre. 

Oued-Draham ,  la  Rivière  de  l'Argent. 

Oued-ech'Cheb ,  la  Rivière  du  Jeune 
Homme. 

Oued-ed-Dalem ,  la  Rivière  du  Tyran. 

Oued-ed'Defali ,  la  Rivière  des  Lauriers. 

Oued- el' Fer dj,  la  Rivière  Unique. 

Oued-el-Hachechaf  la  Rivière  du  Pâturage. 

Oiied'el-Haouria ,  la  Rivière  de  la  Houri. 

Oued-el-KarUara ,  la  Rivière  du  Pont. 

Oued-d-Kharouba,  la  Rivière  du  Caroubier. 

Oued-el-Ksab ,  la  Rivière  des  Roseaux. 

Oued-el-Mealegue,\B.  Rivière  aux  Sangsues. 

Oued-er-Roumel ,  la  Rivière  du  Sable. 

Otied-eS'Sedria ,  la  Rivière  des  Jujubiers 

Oued-es-Senouber,  la  Rivière  des  Pins. 

Oued-es-Sourak ,  la  Rivière  des  Voleurs. 


'tSl 


LÀ   TUSISIK   HKPCIS  LOCCtJPATIOS  FBAXÇAlSK 


<lafhet-Tia  ,  lu  Ricîère  de  la  Boue. 
Oictf^-TViuhifHi,  la  RiTiërc  do  I'Accush- 

0»e<l*ci-X^<MSja ,  la  Riiivre  dss  Otiviar» 

anavigcB, 
Oard-a-Zergim  ,  !>  TtlTièTe  BUue. 
OHe^FeH-tt,  la  RiTièrq  île  la  Sépaistiou. 
Oiial-Foum ,  la  Rlcière  de  lu  Bouche, 
.  Oitd-GlKiala,  In  lUTiÉn  de  la  Qaielle, 
Oufi-itabm ,  la  ILiiièro  Douce. 
OMÛ-Uamnan,  \»,  Binèie  dn  Bain. 
Ond-Balah  ,  ta  RiviÈn  dii  Bois. 
Oual-Mriah,  lu  RÎTière  SalAa. 
•»ii«(-.l/i(>.i»B ,  la  HiYiéro  Pleioa. 
Huni-St'mar,  la  Ririère  des  jonca. 
Oaat'Sirali ,  la  RiilÈre  &  la  Laitie. 
ÛMil-Sûuihia,  la  RiiièiE  des  P«(i(s  Jnr- 

it-HaA-Ali,  les  Enfante  d'Ali. 
r?NW-.4n<Tur.  let  EnfanU  d'Auicuir. 
Ovl/xd-Aj/aff  \e»  Enfants  d'Ajai. 
OnloA-Atit,  lea  Enlanu  du  Chéri. 
OiHait-BoH-Ghanen,  leg  EnfunU  ilu  PÉn 

aux  TroDiicaui. 
(fu^f  J-ffanfrA ,  lei  Entanu  du  Serpent. 
0Hlail-.Va«4am;  lea  Enfant*  dn   Viclo- 

Oalad-Xactr,  les  BnfanU  de  la  Ticloiie. 
Oun-ei-Souma ,  la  Mûre  dn  Mînai'el. 
Oun-Snlalt,h,  Mi-re  de  gaLih. 


KaJ/tl-rl-liJridln ,   l'Homme  t 

Montagnea, 
n-artl-Aftlah.  la  Grotte  de  SeL 
Ha-Adar,  le  Cap  Adar. 
/f^l»-ti-.^Alltar,  le  Cap  Ronge.  ' 
llai-el-Ain,  le  Cap  de  1»  Fontaine. 
Roji-rl-DJtbtl ,  la  Cap  Se  la  Montapic 
R'Jir-tl-Maiioara,  l'Ë^ng  de  MasKiiLr 
Rthalh-Bab-tl-Djaira ,  le  Fanbouig  de 

Porte  de  l'Ile. 
fff*o(ft-Bo4-el-Snui*o,  le  Fauboni^  de= 

Port*  dn  Petit  Marché. 
H\ah ,  lee  Venta. 

Sbatil,  lea  Fontaines. 
Srlibata,la  Fontaine. 
Soaima  ,  lea  Petite  Jardins. 
■Vouii,  le  Marcha. 

8iiiii--il-Arba ,  Marché  dn  Mercredi. 
Suiài'ri-K/inait .  le  Marché  dn  JendL- 
.Souit-n-fitmo ,  le  Mutdié  dn  Ciel. 
Si.al-ri-relal ,  le  Marché  du  MardL 
Simr-ta-Xar,  le  Rempart  du  Feu. 

Taiarlai,  da  latin  Thabnca- 
Tahouna,  Moulin. 
TatfaoH) ,  lea  Tamariique». 
TtlatiH-Bir,  lea  Tronte  Puît*. 


I 


I.A    TIMSIE   BKPUIS    L  OCCl'PATIOS    FRANÇAISE. 


AU    OKKRRAL  CnsSEriON    DE    VILLENOISI 


Lorsque  l'inléressante  brochuredu  général  Cosseron  de  Villenoisy, 
La  France  à  Tunis,  a  paru,  à  la  Du  de  l'aniiL'e  dernière,  la  page  37(i 
du  tome  1"''  étail  sous  presse  et  j'ai  regretté  de  ne  pouvoir  réfuter  h 
cet  pndroit  une  erreur  conimise  par  l'honorable  général,  —  erreur 
qui  pour  être  commune  n'en  est  pas  moins  absolue. 

M.  Cûsseron  de  Villenoisy  pense  que,  confûrmément  à  notre  politi- 
que traditionnelle ,  M.  Waddington  refusa  au  congrès  de  Berlin  "  une 
anne.\ioD  que  tout  le  monde  était  prêt  ù  reconnaître.  Rappelant  que 
nous  avions  toujours  soutenu  l'indépendance  du  bey,  que  nous 
nous  étions  toujours  opposés  à  l'intervention  du  Sultan  dans  tes 
alTaires  intérieures  de  la  Tunisie,  il  déclara  que  nous  voulions 
seulement  avoir  dans  ce  paya  un  allié  et  un  ami,  assez  fort  pour 
maintenir  l'ordre  le  long  de  la  frontière  Est  de  l'Algérie.  Ce  poinl 
obtenu,  nous  n'avions  nul  désir  de  nous  installer  nous-mêmes  ft 
Tunis.  Il  n'y  avait  rien  à  objecter  à  une  semblable  déclaration  et 
elle  fut  favorablement  accueillie  par  tous,  mi^me  par  les  envoyés  du 
Sultan  ». 

L'honorable  général  se  fait  en  cette  circonstance  l'éditeur  respon- 
sable (le  l'opinion  publique  ;  il  reproduit  une  légende  qui  s'est  accré- 
ditée je  ne  sais  comment;  mais  qui  n'est  qu'une  légende,  qu'il  me 
permette  de  le  lui  affirmer.  Les  choses  se  sont  passées  autrement. 
J'ili  eu  entre  les  mains  et  j'ai  encore  des  documents  qui  ne  laissent 
aucun  doute  à  cet  égard.  Je  ne  suis  malheureusement  p9S  autorisé 
i^à  publier  ces  documents. 


Cet  ou^Tago  ayant  été  imprimé  uu  fur  el  à  mesure  de  sa  réilac- 
lion,  la  seconde  partie  du  premier  volume  date  presque  d'an  an; 
il  convient  de  la  mettre  &  jour  en  mentiounanl  ici  deux  réformes  que 
je  réclamais  et  qui  sont  maintenant  réalisées  : 

Une  loi  en  datt'  du  ii  janvier  1893  (]<£  djoumadi-et-Iâni  1309) 
Huumet  tous  les  indigi>nes  tunisiens  aux  charges  du  recrutement.  — 
Lu  durée  du  service  militaire  est  Cxée  à  deux  ans  à  l'expiration  des- 
quels les  soldats  sont  libérés. 

Une  décision  du  ministère  de  l'Agriculture,  en  date  de  fin  novem*  ■^ 
bre  1891 .  comprend  désormais  la  Tunisie  dans  le  roulement  deS'l 
concours  agricole!^  algériens,  qui  se  tiendront  à  l'avenir  tous  les  | 
deux  ans,  successivement  dans  chaque  province,  soit  tous  les  huit 
ans  dans  chacune. 

11  y  a  lieu,  en  outre,  de  redresser  les  chiffres  de  la  population 
algérienne  dont  le  recensement  du  11  avril  1891  n'i^tail  pas  totale- 
ment  revisé  lorsque  la  page  425  a  été  mise  sous  presse.  Au  lieu  de  : 
Population  civile  française  372.662  âmes,  lisez  :  313,131;  au  lieu 
d'Etrangers  219,920,  lisez  :  233,169. 


LISTE 


DES  PRINCIPAUX  AUTEURS  CITÉS 


AifO!iYME,  Les  colonies  tiécessaires  ^  par  un  marin.  Ollendorf,  1885,  in-lG. 

—  Les  Français  en.4frique,  ouvrage  rédigé  par  des  écrivains  mili- 

taires, in-4^,   1881,  publication   de  la   librairie  Illustrée; 
Paris ,  7 ,  rue  du  Croissant. 

—  Les  Débuts  d'un  protectorat^  par  P.  H.  X..  «  Revue  des  Deux- 

Mondes  » ,  des  15  février  et  15  mars  1887. 
— .      La  Politique  française  en  Tunisie,  par  le  même,  Pion  et  Nour- 
rit, 1890,  gr.  in-8<». 
Babker  Webb  et  Sabinus  Berthelot,  Synopsis  moUuscorum  terres- 

trium  et  fluviatilium  quœ  in  itineribus  per  insulas  canarienses  ob- 

servaverunt^  a  Annales  des  sciences  naturelles  » ,  mars  1833. 
Bastiat ,  Harmonies  économiques,  Paris,  Guillaumin,  1864. 
Baudicoub  (Louis  de),  La  Colonisation  de  r.ilijérie^  Paris,  1856,  ïn-W*. 
Bbaubegabd  (Paul  de),  La  Loi  de  l'évolution  économique ,  «  Economiste 

français  » ,  du  16  mars  1889. 
Béqubt  (Louis),  Répertoire  du  droit  administratif,  Paris,  Paul  Dupont, 

1883,  in-4». 
Bbbgibb  (Nicolas),  Histoire  des  grands  chemins  de  l'empire  romain. 
Bebtaiiichand  (L.),  Étude  du  sol  tunisien,  Paris,  A.  Chaix,  1891. 
Bibesco  (Prince),  Les  Kabyles,  «  Revue  des  Deux-Mondes  »  ,  1865. 
BissuEL  (Capitaine),   Carte  des   ordres  religieux  musulmans,  Jourdan, 

Alger,  1884.  Cette  carte  est  jointe  à  Touvrage  de  M.  L.  Rinn  :  Marabouts 

et  Khùuan, 
Blanc  (Charles),  Voyage  de  la  haute  Egypte,  Paris,  Renouard,   1876, 

in-8». 
Blondeau,  Tunis,  «  Annuaire  encyclopédique  »,  1864. 
Bois  (Maurice),  La  France  en  Afrique,  1885,  in-12,  Baudoin,  Paris. 
Boissièbe  (G.),  L'Algérie  romaine,  2  vol.  in-8o,  Hachette,  1883. 
BoMPABD  (A.),   Dictionnaire  de  législation  tunisienne,   iu-4",  Ernest 

Leroux,  Paris,  1888. 
BouBBE  (Paul),  La  Tttnme,  journal  le  Temps ^  janvier  1890. 
Broadley,  The  lasl  punie  war  :  Tunis  past  and  présent,  2  vol.  in-8", 

William  Blackwood,  London,  1882. 
BucKLE  (Henri  Thomas),  De  la  cicilisalion  en  Angleterre,  2  vol.  in-8®, 

Marpon  et  Flammarion. 


.^  » 


\ 


V8H  I.A    r[~M«tlK   IIKI'UIS   l.'0CCt'PATlU.\   FAANÇAISIi 

ChunKT ,  ItapiMil  saianemixuionen  Tubmis  (I88t-I»»3),  «  Archives  de     ^-^ 

iiiisfiiotia  MJentiUqiies  >.  IHSâ,  t,  XI,  p.  lOI. 
Caliket,  CoiiBervaieiir  iIck  forêts  U  Coosiautinr ,  Programme  général  rf^— ""* 

reboltemeat,  188S. 
Calvo  ,  Le  U/-o/f  international  théoriijve  et  pratique. 
Caton  (Porciu»),  De  re  ruitùa. 
<Uhtel  [Jacques;,  Relation  du  dosage  de  M.  de  Rréoes  en  Terre-Sainit^  '- 

et  dam  le»  Ktalu  barbaraqitM ,  Paris,  1630. 
C*/êa  (David).  Ensal  »ur  thUtotre  des   Israélites   en   Tanlate.  Paris— 

A.  Durlauhcr,  ixm.  iii-I8. 
Chatsaudria.nd,  Les  Martyrs,  ^^ 

—  Itinéraire  de  Parix  à  Jérusalem.  ■ 
Ohahuss  Gabriel),  La  Tunisie  et  la  Tripolitaine ,  Îri-S",  (:;>linann  I  f -;  M 

I88i. 
Cheruonneal-  ,  Limites  réelles  de  l'Algérie,  t.  IX,  p.  59;  de  la  t  Devite  de  -■ — ^^ 
Géographie  s. 

—  Les  Kroumirs  de  t'atk'AUali  ctlea  Troglod'jlet  de  Xea— 

than,  •'  Reviip  de  Géographie  ».  juillct-décenilire  IA8I. 
CictnoiH,  Le»  t'errines. 
CoLDUKLLB,  De  re  rustîea. 
Coaippus,  Johannis. 
CossERON  DE  ViLLKNOiSY  (général:,  La  France  d  Tunis,  in-X",  1801,  Libr. 

llaudoin.  Paris. 
Cassoit,  itinéraire  d'un  rtajage  botanii/ueen  .llgi'rîr,  Paris,  in-8",  IKâî. 
Contpertus    florw.  atlaafiar    seu  ennmrnrfio  pUialfntm  o 
nt'tun  in  Nigeria,  regno  Tunetano  et  iniperio  JUaroeano  àu^ 
CHsqve  notarum  exhibens  guogue  eliagnotet  ^leelentm  moea- 
rum  et  annotationes  deplanlls  minus  coghitts ,  Paris,  1889. 
Daniel,  L'Année  politique,  in-8°,  CharpenUer,  1881,  1883,  1883. 
Daiimas  (général).  Mœurs  et  coutumes  de  l'Algérie,  io-IS,  Paris,  18&5. 
Delattre  (Père),  Inscriptions  de  ChemlOu,  <•  Renie  arcbéolt^que  •  1881, 

(2°  semestre) ,  p.  20  et  suiv. 
Despossbs  (Ednioad),  Les  Kroumirs,  t.  XXVII  de  la  *  Revue  politique 
et  littéraire  ■ . 

—  La  (>uef  f  l'on  tunisienne  et  F  Afrique  septentrionale, 

Challamel,  1881,  iib8°. 
Dan  (Père),  Histoire  de  la  Barbarie  et  de  tes  corsaires,  Paris,  16SS. 
Dauil,  Les  Emporta  phéniciens,  impr.  impériale,  1869. 
DiCK  deLonlay,  Souvenirs  de  sept  mois  de  campagne,  iu-IS,  Denlu, 

1883. 
DiLHAN  (Alfred),  Histoire  abrégée  de  la  Tunisie,  ia-8*,  imp.  Balitont, 

Questroy  et  C%  Paris,  1866. 
UuHUY,  Histoire  des  Romains ,  7  vol.  iii-8°,  Hachette. 
DuvAL  (Jules),  T'unis  ■  Annuaire  encyclopédique  >,  1860-61. 


1 


LA   TUNISIE   DEPUIS    I/'OCCCPATION   FRANÇAISE  ,  409 

■» 

UVEYRIEB  (Henri),  l.es  Touaregs  du  Nord^  gr.  in-S®,  Paris,  1869. 

—  La  Confrérie  musulmane  de  Sidi  Mohammed  hen 

Miel Snoussi  et  sondmnaine géographique,  en  Van 

de  Vhégire  1300  (1883  de  notre  ère),  Paris,  1884. 
l-Hadj-Bamoûda  BEN  Abd-el-Aziz,  Kitab-el'bacha, 

URNELLES  DE  CoNSTANs  (baron  d'),  I^s  Congrégations  religieuses 
chez  les  AraJbes  et  la  conquête  de  V Afrique  du  Nord,  in-18,  1887, 
Maisonneuve  et  Ch.  Leclercy  Paris. 
Paidherbe  (général).  Collection  complète  des  Inscriptions  numidique» 
avec  des  aperçus  ethnographiques  sur  les  Numides,  lille,  1871: 
BRY  (Jules),  Le  Tonkin  et  la  mère-patrie,  in-8°,  Havard,  1890. 
UILLIDE  (Capo  de),  L'Algérie  française,  Paris,  1856. 
Flaubert  (Gustave),  Salammbô. 

IFi-AUX  (A.  de),  La  Régence  de  Tunis  au  AIV«  siècle,  Chaliamel,  1865,  in-8". 
f  L'EURY,  Histoire  ecclésiastique,  vol.  111,  liv.  VI. 
Plorus,  Épitome  rerum  Romanorum. 
CjRaxdeau  (Louis),  Chimie  et  physiologie  appliquées  à  V agriculture  et 

à  la  sylviculture. 
C3UILLAUMET,  Tablcaux  algériens ,  Paris,  E.  Pion,  1888,  in-4^ 
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V90 


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W2 


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Documents  officiels. 
Notice  Bui'  le  climat  de  la  Tunisie  rédigée  au  r 
loétéoTologlque. 


1  fie  la  Commission 


•      La   TUNISIE  DEPUIS   l'oCCUPATION   FRANÇAISE  193 

JSentence  ,arbUrale  prononcée  pat  Napoléon  III  sur  les  réclamations 

réciproques  du  bey  de  Tunis  et  du  général  Befi  Medyln-i**^  1857.  ' 
Livres  jaunes  de  187$  et  de  1881. 
Màpport  sur  les  opérations  militaires  de  Tunisie  par  le  général  Forgemol 

de  Bostquénard. 
Jitatistigue  générale  fie  V.-Ilgérie,  années  1879-1881. 
Rapport  de  M.  le  ministre  des  affaires  étrangères  au  Président  de  la 

République  sur  la  situation  de  la  Tunisie,  (1881-1890). 

Idem,  idem  y      en  1891. 

Journal  officiel  tunisien. 

Rapport  de  M.  Machuel  sur  Venseignement  pubtic  dans  la  Régence  de 
"  Tunis  ^  Imprimerie  nationale  y  1889,  in-8®. 
Prima  relazione  statistica  dello  ministero  délie  Poste  et  dei  tele- 

grafi,  Rome,  1890. 
Compte^rendu  de  la  marche  des  services,  par  le  directeur  général  des 

travaux  publics  de  la  Régence. 
Rapport  sur  Tavant-projet  d'un  réseau  de  chemin  de  fer,  par  le  même. 
Rapport  sur  le  vignoble  tumsien  (août  1886)  par  M.  Gastine,  délégué  du 

ministre  de  Fagriculture.  . 

Rapport  de  M*"  H.  Savignon  sur  la  Viticulture  en  Tunisie,  (Exposition 

Universelle  de  1889.)  Paris,  Montorier  et  C%  1889,  in-40. 
Rapports  de  Tinspecteur  de  Tagriculture  et  de  Télevage. 
Rapport  de  M.  Paul  Cambon  sur  la  loi  immobilière  du  V  juillet  188o. 
Rapport  au  ministre  de  la  marine  sur  les  pêches  maritimes  en  Algérie  et 

en  Tunisie,  par  MM.  Bouchon-Brandely  et  Berthoule. 
Discours  de  M.  Massicault,  Ministre  Résident  génth*al  à  Tunis. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


œNTENUES  DANS  LES  DEUX  VOLUMES 


WcT  TORitE!is.  I,  398.  Voyez  Propriété, 
^DMixiSTRATiox.  CoDception  et  organisation 
du  protectorat  administratif,  1 ,  339.  — 
Premiers  éléments,  I,  343.  —  Réorga- 
nisation de  l'administration  civile,  I, 
367.   —    Création   de    l'administration 
municipale,  I,  37i.  —  Comment  Tunis 
était  administré  en  i881 , 1 ,  371.  —  Pou- 
voirs du  Résident  général,  I,  403.  — 
Administration  générale ,  1 ,  403.  —  Di- 
rection des  Renseignements  et  du  Con- 
trôle, I,  465.  —  Heureux  effets  du  pro- 
tectorat   pour   l'administration    et    le 
gouvernement  des  indigènes,  II,  417. 
Voyez  Indigènes  et  Justice.  —  Éléments 
constitutifs   d'une    bonne   administra- 
tion, 11,435.  —  De  l'unité  administrative 
et  des  «  rattachements  >  algériens,  II, 
499.  —   Administration  des  provinces 
par  les  Romains,  II,  430. 
AcRiccLTi'RE.  Service  de  l'agriculture,  de  la 
viticulture  et  de  l'élevage,  I,  431.   — 
l'dboratoire  de  chimie  agricole  et  in- 
dustrielle, I,  433,433  (note).  —  Champs 
d'expérience ,  I,  453.  —  Syndicat  géné- 
ral obligatoire  des  viticulteurs,  1 ,  451 , 
-Caisse  de  l'agriculture  1,407.  —  Ferti- 
lité du  sol  tunisien,  II,  i.  —  Engrais, 
11,5.  —Le  blé  dur,  II,  9.  -  Culture 
arabe ,  II ,  10.  —  Rendements ,  Il ,  H.  — 
Le  blé  tendre ,  II  ,11.  —  L'orge ,  II,  13.  — 
L'avoine,  II,  1*.  —  Le  seigle,  1I,15. — 
Le  maïs.  II,  16.  —Le  sorgho,  II,  16.  — 
Le  millet,  II,  17.  —  La  vigne,  II,  18.  — 
Sa  prosp(';rité    à  l'époque  romaine,  II, 
19.  —  Comment  les  anciens  la  culti- 
vaient,   II,  19    (note).   —   Principaux 


vignobles  créés  depuis  1881,  II,  90.  — 
Cépages  plantés,  II,  31.  —  Œnologie,  II 
33.  —  Ce  que  coûte  la  création  d'un  vi- 
gnoble, II,  36.  —  L'olivier,  II,  38.  — 
Sa  culture  dans  l'antiquité,  II,  39.  — 
actuellement,  II,  31.  —  La  dime  et 
l'impôt  par  pied  d'olivier,  II,  33.  — 
Prix  de  revient  et  rapport  de  1,000  hec- 
tares en  oliviers,  II,  37.  —  Culture  de 
l'arachide ,  II,  39.  —  Lin ,  II,  39.  —  Madia 
sativa,  H,  39.  —  Camcline,  II,  39.  — 
Carthame,  II,  40.  —  Chanvre  indigène, 
H,  40.  —  Colza,  II,  40.  —  Navette  et 
radis  oléifère  de  la  Chine,  II,  41.  — 
L'hélianthe,  II,  41.  ~  Le  ricin,  II,  41.  — 
Le  pavot,  II,  41.  —  Le  dattier,  11,41. 

—  Palmier  mAlc  et  palmier  femelle,  II, 
41.  Variétés  de  dattes,  II ,  45.  —  Frais  de 
culture  et  rapport  des  dattiers  de  l'es- 
pèce Deglat-en-Nour,  II,  46.  —  Le  tabac, 
II,  47.  —  Amélioration  possible,  II,  48. 

—  L'impôt  en  usage  en  Grèce,  II,  40. 

—  Légumes  et  fruits  divers,  II,  51.  — 
L'oranger,  II,  53.  —  Le  flguier,  II,  53. 

—  L'alfa,  II,  56.  —  Réglementation 
nécessaire  de  la  cueillette.  II,  69.  — 
Ustensiles  en  alfa,  II ,  60.  —  Le  diss,  II , 
61.  —  Le  palmier-nain,  II,  1.  —  La 
ramie,  11,63.  —  Le  lin ,  II,  61.  —  Autres 
textiles ,  II ,  63.  Voyez  Élevage. 

Alfa.  Voyez  Agriculture  et  Industrie. 
Alger  et  de  Tlnis  (Régences  d').  Hostilités,  I, 

411,  153,  155,  156,  161,  170,  173,  311,  346. 
Algérie.  Insurrection  du  sud  oranais,  I, 

399.  —  Comment  les  opérations  furent 

menées,  1,312. 
Ali-Bey  ,  prince  régnant ,  1 ,  333    383,    47 


TABLE    AXALVTlym 


ûs  (Kinviirp  îles),  I 


113. 


HdèbiW,  1,130. 

ÂXkTl.d,Sg(IIOI«). 

Mcitls  (Le«)  ji  T«!H*.  i,n».  —  r.ord  Ix- 
moDtb,  d(>  concert  avec  te  consul  de 
FranCc,  contraini  le  bey  de  Tuniiàilio- 
lir  &  tout  Jamtis  l'esclavage  des  cirré- 
IlensilanssesËlaU.  1, 176.  Voyez  Wcod 
IRichardi-  —  jixuutjon  porti-e  contre 
les  Anglais  au  aujel  de  la  révolte  dei  *c- 
cHneideiOnef^liainmaenlses,  I,  331. 

Aii!<»(L.  ^n  (roraricre,  i .  H.  —  Son  retour 
d'Italie.  1 ,  80.  -  Son  discourt  À  Sclpion 
avant  Ui  bituille  de  Zama.  I,HI. 

AST1oi:iiCs  KT  Bciui  Aiitk,  I.  HH. 

\iiU£ii.  Leura  dissemblances  pbyslulo- 
Hl(]ueB  et  luoralei  avec  les  Berbères, 
I,  t>7.  —  Canalltution  de  la  ramllli^.  I, 
n».  —  Neceailté  de  les  distinguer  At» 
Rcrbérct.I.et.— Premk^rulovwion  de 
l'A/rique  septentrionale.  1.  <00.  —  Ses 
càialUU,  1,10*.—  Seconde  Invasion, 
t,l(H.  —  Bas  eu  n  séquences,  I.  IIU. 

ktMx.  TolMEXNK.  Un!illon  d'un»  arinéa 
rt^giiliÉfe  pat  Ahmed-Bi^y.  I,  )8T.  —  Il 
établit  la  canicription,  1,  Ml.  — Itecru- 
tement.  enlwtl,  1,  MS.  —  Rèorganlsa- 
tioDi  l|  m.  —  Criiatlon  de  compagnies 
mlKteii  eu  ISB.^ ,  i .  au.  —  ce  qu'était 
l'arma  lunlslunne  en  imi,  I,3M.  — 
Historique,  liA-w.  —  l-es-Zouauna,  l, 
;<Kt.  — LcsHanâOa.  1 ,  35».  —  Itëorgaul- 
SBlion;  IdÊesilu  E^nérsl  Forgemul,!, 
3110. —  Dispositions  adoptées.  I.3UD1  II, 
Ma.  —  Valeur  du  soldat  tunisien,  1,  SliS. 

jUsocuTi<tx.  L'esprit  d'Bsaoclallan  en  An- 
glelerre.  11,  *t3.  —  l,e  domaine  du 
Kbanguet-HadJaJ ,  II.  »9. 

BtniEnoDMi.  voyez  Tarqat  (domina lion). 

BiLiurai.  Ses  succès  en  Afrique,  l,  97. 

Bex  Ait»  (Hahmoud).  Sou  procès  avei; 
Mohammed- bey,  1. 107. 

BuistsEs,  Origine  elbnngraphique,  I,  m, 
—  I^urs  dissomlflanccs  physiologiques 
et  morales  .nSec  les  Arabes,  I,  ÎI7.  — 
L'anaya,  l.SS  (note).  —  Constitution  de  la 
rainille,  1,  m.  —  l^s  Ço/k.  I.  «a.  —  i^ea 
marabouts.  I,  UO.  —  Dans  combien  de 
temps  les  Berbfïres  seront  Français,  t, 
Gl.  —  Les  dynasties  borbârei,  I,  III. 

ItcTS  (Lesl.  Prétention  injurieuse  d'Ali- 
l^cha  à  l'i^gard  du  consul  de  France,  i, 
IBI.  —  Caractère  d'Hamouda-pacba ,  t. 
r  témoigne 


il'OtllID 


Il  de  France,  1 


ans  de  captivité,  I,  ITli  (note).  —  Atti- 
tude d'Uusseln-Bey  au  moment  de  l'et- 
pédltlon  de  ta  France  contre  Alger,  en 
tlOO,  I,  in.  ~  Arrangement  conclu  par 
te  gènùral  t;lauiel  avec  le  bey  de  Tunis 
[loiir  l'administration  des  provittcea 
d'Omn  et  de  Constoutine,  I,  IBS.  —  C« 
qu'il  convient  de  penser  d'Abmed-Bey, 
I,  187.  —  îes  dépenses  eiagér^ea,  I, 
Iw.  —  I.e  palais  de  la  tiohammedia,  1, 
IM.  —  Aiimed-Bcy  &  Paris,  I,  I».-— 
Molianimetl'ecy   et  snn  harem.  I.IM. 

—  S«s  reformes  soclaieSi  1.  Ml Cmi- 

titulion  oriiani<|uc  tic  la  Tunisie ,  I.  KH 

—  Mobammvd-es-Saildiik-Bey.  I,  9011.  Ea 
politique  cauteleuse,  I,  un.  —  son  in- 
yagc  à  Alger,  1 .  M(t.  —  Travaux  public* 
■lu'il  entreprend ,  I,  lOB.  —  Les  niiag«9i 
û l'Iioriion  en  1861.  |.MI.  — Sa  |)remiére 
opération  Bn*nclér«.  I,  llll,  Tnyoi  Fi- 
naneei.  —Sa  ri^^slance  en  IHftl .  I,  *n. 

DixERiE.  L'Italie  et  Blierte,  l,U4,  —  Lo' 
danger  pour  l'Angleterre,  I.  Mt.'  — Son 
port.  Il,  »M. 

BoMt  CcELHt  (U').  Voyez  Chrmias  de  frr. 
Emliisipn  des  ObtifialJons,  U,  161.  — 
t:onBtrucllou  des  lignes,  il,  I6t.  — 
Ti'ansports,  tarifa,  II,  IU7.  —  lti>ierves. 
11, 170. 

Boc  AMAH*  MCI.  Asai,  \,  tm.  sot,  3IL 

DoCLlflGER.  I,  3e1. 

Bias»  (M'  Paul),  1,  *ti7,  MO,  n.  as.  If».  - 

BHoiDLtT  (M*).  Comment  il  a  rcpréseutt'  lea 
rixes  entre  Français  et  Italiens  en  1881 
A  Marseille,  1,313  (noie). 

BnncLiE  (Dec  de),  I,  31*,  33a,33S,  31».  ' 

ciiDs.  Ce  qu'âtaient  ces  agents  du  potivoir. 
I,  38t.  —  Comptabilité  qui  leur  ai  ie~ 
sormais  imposée,  1,  3H.  —  Leurs  ciar- 
tioQS,  I,  383.  (note).  —  Limitation  de 
leur lutorili^  en  matière  pénale,  1,  3ML 

C.tKMi:)  (H'  Paul),  1,  339,  UT.  3SB,  301),  SM), 
381,  387,  397,  398,  WD,  403,  4US.  ttl,  416. 

CiKBoi  (V  Jules),  II,  UO  iiiolél,  435  (note). 

Capitdutioxs  (Régime  des),  t,  340.34(,  34«, 

—  Leur  abolition,  1,37(1,  376,377. 

~  Sa  fondation ,  1. 06.  —  Sa  f'olilique.  I, 
68.  —  Cause  de  la  première  guerre 
punique,  I,  «17.  —  Situation  apré*  la 
défaite  de  2ama,  I.  H4.  —  La  trolai^mu 
guerre  punique,  I,  bs.  —  cliutt  et  des- 
truction de  cartilage,  I,  m. 


TABLK    ANALYTHjUE    I 


.    MATIKRKS 


'       cbambrede  commerce  a  ' 
isousM.ii.MS. 
Caii>Li»-QmTT.  Son  cxpêdltini 


I,  U 


re.  1.  ! 


CNtufi  (L*!'.  N«ccMi(é  d'une  r^glemciila- 
Uon,  tl,  œi.SKi,— Gibier  à  plume  et 
i  poil ,  11,  ans. 

CmaiM  SE  r>iL  Conrcuioii  Je  la  ligue  de 
ha  Goulelte,  I.  3S1.  —  Son  acriulsitloa 
l»r  l'Italie,  I,  KS.  —  coaeeaftiim  de  la 
iignu  de  TuDia  à  Htiadés,  I,  SSa.  — 
Nnuvelles  lignes  {irolelées,  I,  W(.  Des 
cbenlni  de  fer  dans  les  pay«  neufs,  11. 
131.  —  Comiilémani  d'hlilolre  concer- 
nant l'achat  de  la  llitne  de  la  Goulelte 
l>ar  les  Italiens,  II,  IH.  —  Avenir  de 
cette  ligue ,  II,  IS8.  —  Ugne  de  TuniK 
lli  fcouilére  algérienne,  H,  1"'»,—  Li- 
nné de  anuase  à  Kaïrouan,  11,  173.  ^ 
Ligne  deSousie  à  Xokenine;  II,  ITU.  — 

t  ligne  de  Tunis  au  Hornak  11,  IBO  (nolcj. 
—  Le  reseau  i  irompl^ter,  Il ,  181.  — 
mnçoui  de  Djedeida  ù  Blierte  et 
<fHtiiniaaiti-èl-Lif  i  Hammamel,  11,  IBi. 
.—  Ligne  de  TélreMaà  Gabés,  11,  lU,— 
USnedeBousso  à  Katrouan  etKasierlii, 
11,  ISB. — ligne  de  Tunis  i.  Kairouan  , 
II,  IS8.  —  Mveloppemenl  du  réseau 
tféra  par  le  Dlrecleiir  général  des  Tra- 
nox  publics.  11,  isu.  —  Èt:oaamlu  llnaii- 
ciére.  II.  1«J  -  U^ne  de  Bou-Grara  à 
Gliadamès.ll,  im. 
CBWtu  |L4  en  1IWT ,  1 .  £». 

•  (Lea).  «assacre  des  chri-liens  ï 
[•  TUnll'ei)  repn^BalUe  des  uriuies  com- 
~a  par  les  Iroupi^a  de  Cborlcs-Qulni. 
k  t,  JtSi  —  Cou|idcjnaln  des  chevaliers 
l-.die'Kllto  contre  les  corsaires,  1,  Itl.  — 
a  pour  récompenser  ses  Irou- 
f  pw  leur  pennel,  pendant  cinq  ji 
klepiD«8edes  r ■— ' 


I.  7t.  —  L'iT livre  des  colons  Irancai» 
11,975.—  Lsurs  proprli'Us,  H,  «7. — 
Location  eimetayage,  1I,S77,  — uuvrlerti 
indigènes  et  siciliens,  il,  378,  —  Le 
domaine  du  KliangueMIndjaJ.  Il .  *7ll. 
Le!i  régisseurs,  lt,SI.~  La  comptabilité 
ndrlcole.  Il ,  m.  —  Terres  qui  vont  être 
livrécsà  la eoloniullon,  II,W3.  —Voyei 
Italteni  et  ilallait. 

CuinriHCE.  Commerce  dlmporlation  avant, 
I8S1,  u.  «W.  —  l.es  colonnades  ei  les 
tulles,  11,  «30.  —  notre  esprit  routiner.  II, 
MO.  —  Principales  mairhandiaes  impor- 
tées en  Tunisie  par  la  France,  11.  Kt, 
(note).  —  Commerce  d'exportation  avant 
IMl,  II,  M3.  —Principales  mnrcbandl- 
ses  eiportieade  Tunisie  pour  In  France, 

II,  Wt  (note),  —  Commerce  Inltirleur, 


I  chrétiens, 


un  (H,).  I,  3(1,  3«,  »),  3Ta. 
n  InOueoce  sur  rorganisalioo  de 
I la  Mdétâ,'  I,  3.  —  Le  climat  de  la  Tu- 

>  Aci|uisitlons  de  terres  par 
la  et  plantation  de  la  vigne, 
|,m>lN,Me.Ml,taa.U8,t.-U,«aG  (note), 
—  lopulalion  franvalsc  eu  Toiiisie, 

a  TUNISIE.  —   T.   II. 


CuimiisES.  VojGZ  ManMpalMi, 
Cunoitmi  icaicoLE».  I,  Ul  ;  11 ,  U6, 
Co.iGiÈn  DE  BESLUt.  La  légende  d'après  la- 
quelle Bismarck  aurait  offert  la  Tunlslu 
ù  la  itancB,  I,  Î53.  —  L'acbévemenI  du 
congrès  et  l'émotion  eu  Italie,  I,  Wt, 
CuiFt:nE>CE    coiiai:t,TiTi*E.    In^lilullon    de 
celle  conférence,  I,  *n,*«W.  —  Danger 
qu'il  V  aurait  de  la  transformer  eu  con- 
rérence  dëlibérative.  II,  t3l,  —  Liberté 
politique  et  Liberté  bumaine.  H,  ua. 

liluUon  par  xobammed-Bey,  i,  m.  — 
,  Comment  elle  fut  accueillie  par  les  in- 
digènes, I,  WK,  —  Inauguration  [>ar 
Raddok-Bey,  I,  iio.  —  Les  troubles  qui 
l'eniulvirent,  I,  tli. 
CoxTHULUias  CIVILS,  Leur  créalion,  1,  386.  - 
DifréreDce  qui  ■  prCsidê  il  leur  cboix  et 
a  celui  dea  premiers  administrateurs  , 
civils  en  Algérie,  I,  387,  ~  Qualités  qui 

3IW,  tes. 


1,1,3 


',  tia.  « 


(kiniiL.  Origine  de  la  C"  des  COReeuConi 
fAfrigui,  1, 1(0.  —  Cniircniion  spéciale 
du  tS  aoQt  IRW,  I,  180. 

CuuilHKS.  RélMrtitloa  du  butin,  1, 13S.  -- 


TABLE    ANALYTIQUE    DES    MATIÈRES 


Ce  i|u'tl  rapporlall,  I,  IM.  —  1,'oilu'i: 
i|ue  leur  Bl  sublrle  poilevin  Beaulleu, 
1,  Isa.  —  AiTeslatlon  d'orSders  de  la 
marine  françiUe  en  pleine  rue  ileTunii 
I,  I.T7.  —  i.a  France  obifeni  du  liey  dr 
Tunis  qu'il  repoustie  de  «es  port»  lei 
Corsaires  d'Alger  el  du  Mstmr.  I,  106. 
—  Ilongres  de  Vienne,  1,  ITC.  —  Prolo- 
l'olc  arrew  par  les  grande»  puissances 
à  Ali-ta-CiiapelIe,  Le  »  notcnilire  lll«. 

I,  ns. 

tKiL'mtt.  Droits  de  douanes  en  Tunisie  au 
maian  âge,  II.  •ïl.  —  Rôforme  p-rogres- 
sive  de  celte  liBCBlité, II, «jS.  —  Articles 
soumis  acluellemenl  A  des  droits  de 
sortie.  It ,  ion.  —  Taxes  i  remaDier.  Il . 
«70.  —  Inslilulion  de  l'octroi  de  mer. 

II,  m.  —  Tsi'il  aciuel  des  droits  à  l'iin- 
poriatioa,  H,  ni. 

Etl'X   HI1ltlMl.i;«  XT  TBHUMAtfJ,  It ,  1X1. 

Ei.EVACI.  Du  liœuf.  II,  M.  —  Du  clieval.  II. 
W.  —  Du  mouton.  11,  71-  —  Les  laines, 
11.75. 

BRriEM  (aiFsire  de  ll.l.ttffl. 

ExsEiGSEMïBT  PL-BLic.  Vojei  IntlrutUon 
pubUguf, 

ExtO.  (Contrat  d'),  1.  H»;  II,  W3. 

EKLivioE.  Décret  d'Ail med-Bey  supprimant 
l'escinvaBC  en  Tunisie,  l,l»l;  11,  Ml.- 
Circuialte  du  »  mars  1W7.  t,  4«.  it, 
\m.  —  Decrel  du  ut  mat  IRBO,  il,  MX. 

ETIIXUI.0G1E.  Aptitude  au  peuplement  arri- 
calQ,  II,  Xit,«».  — Fautes  commises  en 
Algérie,  II,  SBt.  —  SCcessiie  du  croise- 
ment de  la  rai'e  celtique  avec  les  races 
méridionales,  11,  Kl. 

n.  ri  ornes  II  que» 


a  Ségen 


,11,1 


i:liaaLt>re  te  II  avril,  I. 

timi  BU  Parlemeol  le  a 

Discours  prononce  à  li 

la  séance  du  s  novembre  18*1, 1.  SIB. 

Discours  prononri 

la  scance  du  0  notembre 

Pourquoi  i'inlerpellation 

—  Démission  el  retour  ai 
318.  ~  Programme  adminislr«ll[,  U, 
at*.  —  La  part  qu'il  a  i 
Mtluu  du  protoctoni,  i,  ae»,aee.  —  a*m 
quelle  énergie  il  délenii  son  ieutk,  I, 
m9  (note). 
I88T.  I.  tlS,tlo,iw.  —  Projet  de  Toie 
Ferrée  de  Gabês  à  cbadamês,  it,  130. 

'i!ii<<cEs.  Ëtat  du  Trésor  tunisien  en  IBM 
i<i83.  —  ^0IlteauI  embarrasQuaiielefs, 
I,  ««.  —  Emission  de  lions  du  Tr^aor, 
I .  US.  ~  L'émoiloo  qu'elle  produisit. 
1,  314.  —  Emprunt  de  Xi  niflUoDS,  I.ns, 

—  Kouvei  emprunt  de  3S  millions, 


nciér 


I   1«87, 


ETiT.  Son  T6le,  II.  lUO. 

ETU  CIIIL  des  tXDIGÊSES.    1,  MSi.  — 

ExrtlilTion  nK  1881.  Voyez  Occupation  fran- 

EXHMiTtoxs  {La  Tunisie  aux).  A  Amsierdam, 
1,873.  —  (encours  agricole  de  Tunis, 
I,  Ul.  —  A  l'exposition  universelle  de 
I8SS,  I ,  Ul. 

FiHISE  (La)  DE  ISS7,  1, 133. 

FtxtTisxE.  Excculion  sommaire  d'un 
Israéllle,  I,  198.  —  U  BAamdaft.  I,  .■»(>. 

F«>4TIM«E   ET  JlLOESLE.    SUpplJCe  d'UD  Cbré- 

tieu  et  d'une  Temme  indigène.  I.  IGH. 

—  Nouvel  exploit  du  mémeVo'e,  180. 

Fmni  (H'  Jcle*).  DéclaratioD  au  Sénat  le 

4  avril  ISSI,  1, 371.  —  Déclaration  i  la 


•  litres,  t, 
i;réai|on  d'une  Commiatian  Suanclèrv 
locale,  1. 137.  —  néctainationt  el  latit- 
Ijuea  qui  en  découleu),  l,  131.  —  Cont-, 
mission  DnanciérelnleiTialloDale. 

—  ArraugemcDt  du  13  mars  t87B, 

—  Revenus  cODCéd^s.  I,  3W.  —  DDlqlM 

liréoccupalioB  de  la  commission  Sna» 
i^lère  Internationale,  i,  W.  —  RMOnM 
budgétaire,  1. 368.  ~  Suppression  de  !• 
commission  tiuanclère  InlerDiUonalCi 
I,  380.  —  SituaUon  du  Trésor  en  1«8, 
«M.  _  coDslitutloB  d'un  tonds  de  n 
serve,  I,  U9.  —  Conversion  de  le  deiw 
pcrpÉluelle.l,  446,451,  — La  lentrée  dai 
impûts,  1, 453.  —  sub«lllution  du  cale» 
drler  grégorien  an  l'alcndrler  manu 
man,  I,  409.  —  Réforme  munéWre,  I 
47(1. 
SAiicE  (La)  ES  Tunisie.  Traitij  du  «S  DOteiB 
bre  I6S5.  Importance  que  le  consul  di 
France  prend  é  Tnnis  dés  celle  époque 

d'EsIrées  devant  Tunis  en  1685.  —  Béfi 
clants  Irançali   à  Tunis   i  la    an   dl 
XVII*  siècle,  I,  153  (note). 
de  H.  de  Grsndprè  à  la  suite  de 
talion  d'ofllciorirrantais  i  Tunis,  i,  m 
—  Traité  de  paix  et  hnmlUntlMi  i  I 
quelle  la  Tunisie  Fui  soumise,  t,  458. 
conduite  bonoralils  d'un  Françala  i 
tenu  en  esclavage  i  Tunis  el  devenu 
favori  d'Hussein  bca  Ali ,  1, 100.  —  Fr 


a  iDJurieuac  d'All-Paclia,  t,  IGI.  - 
AititndB  éuerglquo  du  consul  de  France 
et  de  la  colunie  française  à  Taaîa,  I, 
ICI.  —  I>Ërensc  li^roique  de  Tabarka 
par  l'orOcier  de  mariae  de  Saurini,  [, 
lea.  —  Pill«j;e  du  consulat  de  France  n 
Tunis.  I|  165.  ~  Bomlardemeat  de  Bl- 
9«rle,SauB«c.  etc.,  par  la  Oaltc  française 
eu  1770.  1.  lUT.  —  l«  conaul  de  France 
lauve  la  vie  à  HUgaeiD-Bet,  I,  ISt.  — 
l.k  France  consolide  Ahnied-Be;  sor  le 
trane,  I,  ISO.  —  Haladreises  du  gouver- 
nemeul  impi^rlal  qui  alTalbiissent  la 
FranceiTunis.l.  lOS.  —  Le  peu  de  cas 
que  Napoléon  111  Taisall  do  la  Tunisie, 
1,  US.  —  Par  iiuelle  Taute  Inqua  11  Gable 
11  eucouragea  nos  rivaux,  I,  ttu.  —  At- 
rjlDde  de  H.  Drouya  de  LliufB  vl»-a-«is 
de  la  Porte,  I.  M3. —  Tentative  d'asaaa- 
■JDBl  du  conaul  général  de  France  A  Tu- 
nis lu  I  ilulliel  l«6t.  I,  «t.  —  L'inOuenie 
de  la  France  est  louibée  en  quenouille. 

I,  CIO.  Voje!  Occupa/ion  franfùiie. 
N-o»tT8.  Cn-ation   du  service  en  18«3,  I, 

xea.  —  Augmentation  des  crédils  bud- 
gétaires et  mise  en  valeur  des  cliAnea- 
llège.I,  M».  —  SupcrDcIe  lerrlloriale 
des  forèia  luniaiennes,  il.  SS.  —  Prin- 
cipales essences  tunisiennes,  II,  88,— 
Kloreroreslk^rc.tl.s».  -  Etpluilalion 
d«sfor£tsde  cbénet-liége  en  Algérie, 

II,  SO,  —  Riploitaliou  en  Tunisie,  11, 
90,  91.  —Répression  des  Incendies,  1, 
4H;  Il ,  M.  —  Les  niŒura  indigènes  et 
le  code  Torcstler,  II,  9t.  —  Abus  de» 
procés-verbaux,  II.DG.  —  Responsabi- 
lité coUeclivc,  II,  m.  —  Produits  fores- 
tiers, II,  sa.  —  Ce  quêtaient  les  forêts 
tnniliennes  dans  l'antiquité,  11,  100,  — 
l^ur  inOuence  sur  le  climal.  II,  lOU, 

103 Élenduo   territoriale  et  surface 

dei  forèls  des  Ëlats  de  l'Europe,  de  l'Al- 
gérie et  de  la  Tunisie, 11,  lOii.  — Surface 
ttoisée  qui  serait  nécessaire  en  Tnnl- 
sle,  H,  107.  —  Cburgcs  qui  incomlient 


1.  yoyia  Cliemiia  de  fer. 

|-,iiiïT(ll>  Albert),  l,9UT,«M,  3ST. 

HiHBOCs.  Ce  qui  constitue  les  ioimeulites 
habbous,  1 ,  3D8.  —  Habbous  publics  et 
habbouB  privés,  1,  309.  ^  Avaulages 
que  ces  Immeubles  présenlcnl  pour  1» 
colonisation  ,  i,  toi.  —  Reconnaissance 
qui  en  estfillo,  II,  «3. 

HtMDTici  (M.},  I,  U7  (noie). 

Hidts-Plateacx.  Tofes  Gtoyraphie. 

HciLE-  Production  en  1891,  il,  ta.  —  Fn- 


HVOKiCLTtlUI. 

Jimontatloo  en  eau  de  Tn- 

Dis,  1,  390-, 

-  11.  no,  S13;  -  de  Blzerlc, 

cSousse,II,a»:-deShï, 

II.   Mï.    - 

Barrages- réservoirs.    11, 

±t5.  —  créa 

Uon  de  sources  artificielles. 

II,». 

IhpOts.  Argumeni  de   Holiammed-Bey  au 

sujet  de  la 

Medjlia,  1,196.  -  Les  laïas 

multiples 

en   l«S,  I.  Ht.  -  NouYel- 

le      surcliaga    d-|n.pùu.      1,      ÏSS.    ^ 

Premières 

1  l'ËUt  ei 


a  roïi 


DOairaiE.  Situation  gcogrBplilque  de  la 
Tunisie,  I,  T.  —  Orographie,  B.  —  Régime 
des  eaui,  IB.  —  Les  crues  de  la  Med- 
Jerda,  le.-LeTell.M. -LaKroumirie. 
31.  —  LesIlDUls-Plateaui.ao.  —Le  Sud, 
«.  —  Les  Ksour,  4 


L 


1,1». 


toujours  les 
remaniements  en  matière  HsgbIg,  1. 
3SI.  —  (Voyci  CoidJ)  Mgrévcraenl»  des 
produits  agricole»,  I,  tôt.  —  suppres- 
sion de  tous  droits  sur  la  Tiliculturs,  I , 
411.  —  Taxes  frappantles  produits  tuni- 
siens à  leur  entrée  an  France,  1,414, 
419,  «30,  4X1.  —  Souvelles  supiiressions 

de  dmils,  1,  433,  430,  44K,   4!i3,  470,   — 

Régime  de  faveur  concédé  aux  prodolls 
lunisless  par  la  loi  du  lU  Juillet  1890. 
1 ,  4S6.  —  La  dime  cl  \e  kaooun  lit- 
loun,  II,». 

ISDiTiPCAtisMi:.  titilllé  qu'il  y  a  de  l'encou- 
rager, t,  373.  —  Ses  effets  en  Amérique, 
11,180. 

IXDisi>Ks.  Du  temps  qu'il  faudra  pour  as- 
similer les  Berbères,  II,  SI.  —  Toujours 
vaincus,  ils  reparaissent  et  prédomi- 
nent toujours  dans  le  Nord  de  l'Afriqoe, 
l,  90.  —  Un  trait  de  mœurs,  1 ,  151.  — 
Attllude  des  Tunisiens  en  1830,  an  len- 
demain de  la  prise  d'Alger,  1, 18t.  — 
Ce  que  valaient  les  réformes  sociales 
de  Uohammed-Dcy,  I.M4. -^  L'accueil 
qu'elles  reçurent,  1,  30!t.  —  Ardeur  au 
tratail  provoquée  ]iar  le  nouveau  ré- 
gime douanier,  I,  468.  —  Évolution  gra- 
duelle des  sociétés.  11,419. — instruc- 
tion primaire,  mais  surtout  profession- 
nelle pour  améliorer  la  condition  des 
Indigènes,  II,  49.  —  De  la  léglslaliou,  Il 


TABLK   ASAIYTIQCK  DES   MATifelES 


»n«>^i|iu>ni:oii  de  l'oppllcaiion  île 
irt«pi'iulcilA]E'^rle.U.*M(ILolp-) 
ËMI  primlttr  il«  l'liiduitrl<<  inilJ- 
,  W,  —  FatirinUun  im  rliaebl* 
—  Fabricilifiailt^uH*.  il,  va. 
ur»  dfi  il  Ulus,  II,  te.  —  sptr- 
I,  «),«(. —Taniurie.  II.  ««. 


rotei.   ,  ll,«0.  - 


I    —  RiUloriM  «urotiMonui 
-  HïiiolciitM,  11,  * 
u  *«8riUI,ll,«UI. 

dw 

11,1». 
NtTiiratiax  rtiutntt.  PondatlDa  de  li  pre- 
mière dcolo  [nuitk'K  tTuiili,  Il  itH. — 
UUtlon   <J"uo   Iwiwcli-ur  ilt*  «tuûr* 
eurup^vimei  au  ruUngo  Stilikl,  I,  MS- 

—  Crr«lioD  d'un  dirccleur  do  l'enael- 
gii«iui^ICDTuiiûlo,I,MS.  —  Àugmen' 
Miltin  dcscriMllt),  t,  tôt.  —  Kuuvell» 
jlugrnculaUoii ,  I,  tio,  —  Idem,  1,  *0. 

—  Oc  nnMrui^Uun  iirLmitirV  iiniTuMUm- 
livlladi>»indi«6n«x,  l 


le»   1 


as,  I, 


IM,  M.  —  Coiilrc  In  Vftodlilea.  I,  îN.  — 
CoDire  les  Anbt».  1,  100.  —  Contre 
Birberouise,  l.m,  —  CoDtre  iesdeye, 

H».  —  inaumetian  de  »H,  i,  lis.  — 
Contre  qui  elle  iUit  dlrigte,  l,  «M.  — 
PrtlendueB  Intrigues  qui  l'aunienl  sou- 
leTée,  1,  ML  —  sitiuitian  des  insurgés 

deiasi,  [,  nt.  - 
en  IWI,  I,  30t. 
IXTBKraLLiTiaiis.  Voyez  «u  Farlmunt. 
I.TTunsicEiiiTS.  Voyez  Monarchiitti. 
luuiLiTu.    U   condition  mlaérable    qui 
leur  éUitWle  sous  les  Turcs,  1,151.— 
Coiffure    qui  leur    était    imposée   et 
guerre  qui  faillit  s'ensuLirre,  1,  180.  — 
Emuieipalion  dont  ils  furent  l'objet  de 
la  part  d"Alimed-BeT,I,lW.  —  Supplice 
de  Balto   Sfez,  1,  IM.  —   Pillage  du 
quartier   Juif  de   DJerbt   en   octobre 
l»U,   I,  «30. 

(Les)  u  TcKisii.  Leur  attitude  à 
'égard  de  la  Commission  dntnciére 
ranco-lunislenne ,  1,131.—  Intrigues 
lu  commandant  Pinna,  [, Mt.  —Su  ten- 
tative sur  Tunis  pendant  la  guerre  de 


ITAI 


^^cm~^\ ,  t.  Stl.  —  Les  rf  tei  d«  la  jeûna 
Italie,  t,  au.  —  Arritw  théâtrale  de 
M.  Maccroi  Tunis.  !,«&.  —  U  luM 
qu'il  entame  déa  le  lendemain  conttV; 
H.  Konatan  ,  I .  VU.  —  L'arqulutlou  d* 
la  ligne  de  taGoulelte,  l.lss,  —  nou- 
vene  rblcanu  au  sujet  de  la  ligne  4a 
Tunis*  titiadès,  1,3».  —Le  MotlaMt 

I ,  MS.—  Prrilcalallon  (^anln  l'entra  d* 
nos  troupes  à  Tunis,  1,  3W.  —  La  |n»U 
Itaiienae  en  Tunisie,  I,  «M,  «te.  -La» 
pécbeun  Italiens  sur  les  cdiea  de  TIK 
oisie.  Il,  BO.  —  Ouvriers  strilleia,  n, 
3».  —  Misère  des  immignuiU  iUliea«> 

II .  Wt.  —  Lfun  nppoits  avec  les  FrU- 
Cais.  II.  US.  —  Ils  ne  peuvent  ritw 
contre  nou«,  II,  ntl.  —  Ent^epieneuit 
Irançai*  el  lUUIcin.  II.  WJ.  —  l«  ditA 
au  invail.  II.  X7.  —  Mariages  mïite*ii 
II, «t.  —  ericU  pliyslologlques  et  *^ 

lu  colonie  tlalienne.  II.  «»; 
]tsi&9tuis.  tMation  de  leur  milice  par 
Oriian,  I,  133  (Datej.  —  Complot  â  ta 
suite  do  l'smoindns»em«nl  de  leur' 
puisttlicepatllamuuda-t>acha.l,  IW.— 
Leur  destruvlloQ,  I.  lia.  —  LireuclAs 
par  Chakir-Pachs  ils  ourdissent  un  nmi' 
>eau  complot  conlrv  lu  Bey,  I ,  IM.  — 

JiMiLt.    \Mif/  (••ipilulaliani.    —  Inilnlla-   ~ 

tldn  des  premiers  tribniians  llrtincaia 
en  Tuniaie ,  1,  m.  —  inrldicUon  fran- 
çaise et  indigène,  I,  37S.  ~  Eitenalon 
de  la  juridiction  fnnçaiie,  I,  tôt.  — 
Institution  d'un  tribunal  de  [n«mière 
InsUnce  &  Souise,  1,  Mt.  —  RtorganJ- 
BBtion  du  tribunal  de  l'Ouiua,  1,  «St.  — 
LéglalaUon  des  Indigènes,  II,  «3.  — 
liiappllcabiliU  de  notre  code  piiid  en 
pays  arabe.  II,  4M  (note.) 

KiBTLU.  Voyez  Berbir^. 

KiHiu  (La),  1,101. 

Kbiuudj  (Le),  impût  foncier  Mir  les  ter- 
res dea  peuples  vilncua,  I,  106  (cote). 

KHEis  ID-Du ,  1 ,  131 ,  IH ,  1«. 

KsoDHin.  Leurs  quatre  tribus  I,  31.  —  Ké- 
Tolle  de  l«61,  I,  MU.  —  Révolte  delWB. 
1,133.  —  Banditisme,  I,  IM.  —  Affaire 
du  30  mars  I8M,  I,  leO.  (Voyei  OoMpa- 
(lan  fran^aitt.)  —  La  France  les  aou- 
met  k  l'impôt,  i,  338. 

LiiRES  (Les)  de  Tuniaie,  U,  TS. 

Laressi:)  (M.  de).  1,  311  (note),  ul. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


501 


Le  RoTEii  (M.)-  I,  418. 

Loi  ixMODiLiÂRE.  Toyez  Propriété. 

Miccio  (M').  Voyez  les  Italiens  en  Tunisie. 

MiCBi'EL.  Voyez  Instruction  publique. 

Maltais.  Importance  future  de  la  colonie 
maltaise  en  Tunisie,  II,  'MO.  —  Ce  qui 
l'attire  vers  nous,  II,  300.  —  ïjbl  faldetta, 
II,  301.  —  Les  Maltaises,  II,  300.  —  Les 
Maltais,  II,  301.  —  Leur  asssimilation , 
11,309. 

Mamhe.  Flotte  carthaginoise,  1, 67.  —  Flotte 
romaine,  I,  67.  —  Force  navale  d'Ahmed- 
Bey,  I,  488.  —  Réorganisation,  1,  331. 

Marseille.  Rixes  sanglantes  entre  Français 
et  Italiens  en  1881, 1,  312. 

MassICAI'LT  (SU').  I,  387,  4ii,  4i3,  433, 436,  437, 
438,  430,  431,  435,  4Vi,  151,  45.1,  457,  463, 
464,  470;  11,481,386. 

MA8i!fUSA.  I,  75.  —  Sou  amour  iK>ur  Soplio- 
iiisbe  et  son  ambition,  1,  78.  —  Son 
régne,  I,  89. 

Maures.  Leur  conquête  de  l'Espagne,  1, 130. 

—  La  persécution  religieuse  dont  ils 
furent  l'objet,  I,  492.  — L'iiiQuence  qu'ils 
exercèrent  en  Espagne,  133.  —  Exil  im- 
politique que  leur  infligea  Pliilippe  III, 

I,  139.  —  Habileté  avec  laquelle  Oth- 
inan-Bey  les  accueillit  à  Tunis  1,  140.  — 
Nouvel  essor  qu'ils  donnèrent  à  l'agri- 
culture, I,  441.  —  Torpeur  dans  laquelle 
ils  sont  tombés.  H,  330.  —  I^ur  fabrica- 
tion des  cliachia,  II,  334. 

MÉDiaxs,  1,413,444. 

Mer  intérieure.  1, 19;  II,  397. 

Mi!iÉiLACx.  Ije  fer,  II,  415.  —  Les  exploita- 
tions antiques.  H,  416.  —  Le  cuivre  II, 
447.  —  Le  plomb  et  le  zinc,  II,  417.  — 
La  mine  du  Djebel  Rças,  II,  118.  —  Iji 
mine  du  Khanguet-et-Tout,  II,  490.  — 
L'avenir  de  la  métallurgie  en  Tunisie  II. 
133.  ~  Législation  minière  à  l'étude  II , 
1*3.  —  L'argent  et  l'or,  il,  133.  —  I.c 
marbre  et  les  pierres  précieuses,  II, 
434.  —  La  carrière  de  Scliemtou,  II,  435. 

—  La  pierre  de  taille,  II,  437.  —  La 
pierre  à  chaux  hydraulique ,  II,  138.  — 
Les  plA trières,  II,  438.  —  U's  argiles,  II, 
430.  —  1^  terre  à  brique.  H,  139.  —  Le 
sel,  II,  139.  —  Les  phosphates  de  chaux, 

II,  130. 

M0UAMMEO-E8  Saodok-Bey.  Voyez  les  Reys. 

Monarchistes  et  intransigeants,  l/àpreté 
avec  laquelle  ils  exploitèrent  contre  le 
cabinet  les  événcnicnlM  de  Tunisie,  I, 
310.  €  Meetings  d'indignation  >,  1,  317- 


—  Leur  attitude  lors  de  la  suppression 
de  la  commission  financière  internatio- 
nale, I,  379. 

Monopoles  (Suppression  des  fermages  des), 
I,  445,  464. 

Moule -Saa  (Le),  I,  301  (note). 

Municipalités.  Institution  d'un  Conseil  mu- 
nicipal à  Tunis  par  Mohammed-Bcy,  I, 
304.  —  Sa  constitution  organique,  I, 
303.  —  Réorganisation  de  la  munici- 
palité de  Tunis,  I,  374.  —  Organisation 
générale  des  communes,  I,  403.  —  Mu- 
nicipalité de  Mehdia  et  commissions 
municipales  de  G  hardimaou  et  Tozeur, 
I,  447. 

Mustapha  be.m  Ismail,  1,  350,  347;  II,  155. 

Mustapha-Kuaznadar,  1, 195.  —  Ses  conseils 
perfides,  I,  313.  —  Impôts  dont  il  acca- 
ble le  peuple,  I,  314.  —  Insurrection 
qu'il  provoque ,  I,  330.  —  Moyens  qu'il 
emploie  iiour  U  vaincre,  1 ,  937.  —  I^ 
haine  dont  il  est  l'objet,  I,  331.  —  Ses 
crimes,  I,  335.  —  Il  dévalise  les  carava- 
nes de  l'Etat,  I,  310. 

Naquet  (M').  I>  333. 

Naturalisation.  I,  435. 

Nessix-Scemama.  I,  343,  331,  917. 

Occupation  française.  Déclaration  du  gou- 
vernement aux  Chambres  le  4  avril  4881, 
I,  371.  —  Vote  des  premiers  crédits  né- 
cessaires à  l'envoi  d'un  corps  expé- 
ditionnaire, I,  373.  ~  Critiques  injustes 
soulevées  par  l'insufiisance  de  ces  cré- 
dits, 1, 373.  —  L'émotion  en  Italie,  1, 373. 

—  Renvei'sement  du  cabinet  Cairoli, 
I,  374.   —  Pruderie    anglaise,  1,  371. 

—  Préparatifs  de  l'expédition,  I,  380.  — 
Corps  expéditionnaire ,  I,  381  (note).  — 
Première  campagne,  1,383.  —  Traité  du 
Bardo,  I,  388.  —  Opérations  militaires , 
I,  394.  —  Notre  condescendance  envers 
Saddok-Bey  et  ses  conséquences,  I, 
397.  —  Seconde  campagne,  I,  303.  — 
Prise  de  Sfax,  I,  303.  —  Effets  du  Rham- 
dan,  I,*309.  —  Combat  d'El-Arbaln,  1, 
314.  —  Brigandages,  I,  315.  —  Massacres 
de  l'Oued-Zergua ,  I,  315.  —  Opérations 
militaires  de  la  seconde  campagne,  1, 

338.  —  Entrée  des  troupes  françaises  à 
Tunis,   I,  338.  —  Entrée  à  Kairouan,  I. 

339.  —  Pacification,  I,  3K»,  371,  391, 
411,  438,  417,  456. 

Olivier  (L').  Voyez  Agriculture. 
Paulkment   (Au).  Accueil  fait  au  traité  du 
Bardo,  1,  391.  —Nouvelle  comiK)sitiou 


TAItLIi   AKALVTIQDK   DES   HATltiBES 


I,  318.  —  Koufeaiit   délinU, 


irorstniMllon  tidm[ii<itrat!te 
uUie,   l,  aw.  -  lOtm  d'un  prolei  de 
Bnraullo  de  li  delto  lunlulrnine  v"'  l> 
France,  t.  37». 
nLhKtis  (H'  Uuimc).  i,»it>(nui«),  a-u,  3u. 
siu;  II,  100. 101,  iKi,  lut,  m.  itfs,  m, 

181. 


Non  (Jji).  Ftiine  Mms-marlDi-,  tl,  tUi. 
—  l>nHJiiii  anuiiol  dn  in  [lAcbi?  sur  ks 
rAtc*  lUnliieiiiKii,   11.  ItO.   —  Li'B   p6- 

eliour»  grco»  et  «kliii'iiii.  il.  «su-  — 
Noliv  dpa  urdln«9  si  sncbula  aur  la 
cote  dt!  Tibarka,  H,  K\.  ~-  Eniai 
d'IiitUlLttlnn  dn  pUcbuur*  bralona,  11, 
IM.  ~  tieUa  du  thon.  II.  I»,  —  lu- 
duitrln  mairtllnici  i  l'^luAc,  n.  «fa. 

mn.  It.  «S. 

Pn*nH>cii;!is,  I,  (U,  lU. 

rnmnuK*  nt  uuvi,  il,  130. 

PtnrLLOiitu  (Loi  de  |iT«tcGtlOD  aoDlre  le).  I- 
4U.  -  «yniilont  des  «Iticultuura.  I,  W4. 

PiB<mi>.  Viiyat  Cortain*. 

Potmiji'E.  Viijm;  ConfirTTUr  OnuiutliitiM. 

IKinn.  Pon  de  Tmili,  1,  un,  MO;  11.  «X.  — 
Pon  de  Blieric,  II,  H*.  —  Port  \\c 
Souue,  11.  Ml  ~  Port  de  Ef»,  II,  91U. 
—  Aulivs  [wrls  il  ùmimasm.  Il,  117, 

Pmn*  n  TtUoMMn.  CouventhMi  du  18 
HiU  im,  I,  m.  —  onu  poual  ta- 
nlilen,  1,  tss. 

Pune  (Liberté  de  IR).  I,  MT. 

Paocia  H<wsti!i.  1, 335.  —  Appréciations  de 
nurolM,  I,  39T. 

PKoncTOnT.   Voyei  Admt 


-  Déliala  lUHir  (Iji).  Voyei  Agrleullurr. 

Isienneih  KtnOiuiiEïrr.  VojW  FortU. 

,    3M.  ~  KntHDin  (Le),  I.  300. 

a   projet  Kwn  (N'),  rniniiln^  dei  Btrilrn  i^lranftrrc«« 
en   Tu-        I,  uo,  tn,  uh,  un,  «ei. 

HacutrOH  (Henri),  1, 133,  33T. 

Itocnt:!  (H' LMtu),  consul  g#ner»]  d«  Fni 
Si  Tunli.  SB  populstiKr  diai  la  moi 
niuBulDian,  1,  m.  -  Sun  intlmtU  •■ 

Hol jned-Bei,  I.  m.  —  Ses  r<Tee 

itiou  i)u   piHiiilc  knilic.   I,  1 


«a. 


les  CartliaginoU,  1,  Bn.  —  Leur 
IVgnrd  des  populnilntis 
ie«,  [,  W.  —  Leurs  colonies.  1,  ! 
rguiisaiiou  adminiatraiitc,  t.  ' 
ivoirs  du  gouicmeur,  11,  431. 
,H  (M').  I,  i 


llqu, 


lat,  ws,  33n,  330,  ne. 
nuiTu  (l*w.  II.  137.  —  PremiArei  route* 

ouvertes  «n  Tonlale,  II.  i«.  —  Pi 

relient.  11.  Itl.   ~  lauméca  de  pref' 

Uliutiiidei)   Indigène*,  II.  IIS.  - 

d'ffiUTni  niUilolre,  II,  IIS. 
BouTTixo  (Sociélél,  Vuyei  Clinaint  di  ftr. 
Sm-hi  Lol-b.  Bon  e«|>«iJiUoii  cuntra  Ti 

1, 117. 
Baixi  ïiscïm  Ht.  Piri.  Sa  rnpliïiic  4  Tuni», 

I,  I3B. 
EiLiuDRT  (Harquli  de).  8«  répoote  i  M. 

waddlngion ,  i,  iTi. 

SlimitKLLES,  I,  £4. 

Sciriox  l'Athicii:).  I,  73.  ~  Son  déput  de 
LUybi^e,  I,  74.  —  Victoire  de  Zama,  I. 
St. 


PaoPKitrf.  Dei  ftaudei  arabei  dam  les 
irausacUoDS  Immobilières,  1,  3M.  - 
Terres  areh,  i,  306.  —  Terres  melk,  I 
ses.  —  Pourquoi  la  terre  eit   presque 


siNOïssYA   (Ordre   religieux   des).    Leurs 

aglMemcnts  eu  ISM,  I,  W,  IMH. 
Srix.  IDiurreClion  de  lg«l,  I,  301. 
Sol  de  la  TiKisiE.  Sa  récoudllé,  II,  1.  —  Sa 
nalltnUon  géologique.  II,  111. 
excIntiTement  mtlk  en  Tunisie,  I,  397     Sophotiisbi.  Voyez  SyiÂax   et  Matiniiaa. 
(note).  —  Mae  en  vigueur  de  la  loi  du         —  ses  supplies tioua,  i,  70.  —  sa  beaulé. 
1"  juillet  1B8S,  1, 41».  —  lncont«nieQlB         I,  77.  —  sa  mort ,  i,  »o. 
des  concessions  gratuite».  Il,  303.  —     Spuumi  (H').  I,  4S7. 
De  la  Tente  des  terres ,  11,  30B.  —  Bénc-     Scd  diunais  (InnirrecUon  du),  I,  MB. 
flces  que  coDFére  rlmmairiculatiou  de     Stphai,  I,  7S.   —   Sa   passion   pour  Sn- 
plionlsbe,  I,  7li. 
Tabac  (Le).  Voyci  Xgrt'niIIurE. 
TtBHï  (La)   Terre    areA,    I,  396,   —   Tem; 
tnelk,  I,  3B6.  (Voyei  habbout.)  —  Terres, 


lapropricté,  II, 
s'opère,  il.  307.  - 
306.  ~  Errela  et 
immobilière.  Il 
9  d'inimatriF 


-  Comment  elle 
-  Du  tribunal  m 
onséqueuces  de  la  loi 


-  Texte  de  la  loi  immobilière ,  11,  M 


quii 


nt  fttre  livrées  à 


I,  II 


i83.  (Voyci  PropriéU.)  —  Inconvènienls 


TABLE  ANALYTIQUE  DES   MATIÈRES 


503 


des  coucessions  gratuites,  II,  303.  — 
De  la  vente  des  terres,  II,  305. 

TIRMAN  (M').  I,  388. 

Tell  (Le).  Voyez  Géographie. 

Travaux  Publics.  Restauration  de  Taqut!- 
duc  de  Zaghouan  ■<,  I,  3ii.  —  Création  du 
service,  en  i883,  I,  368.  —  Le  tiers  du 
budget  est  aflTeeté  au\  Travaux  publics, 
I,  40i.  Voyez  Chemins  de  fer,  Ports  et 
Hydraulique. 

Traités  fratico- tunisiens  de  ii78,  I,  IIK. 
—  De  160S,  I,  138.  —  De  16<>»,  I,  144.  — 
De  1671,  1, 145.  —  De  1685,  I,  147.  —  Dc 
17»,  I,  158.  —  De  1765,  I,  166.  —  De 
1770,  I,  167.  —  De  1816,  I,  177.  —  Dc  18iî>, 

I,  179.  —  De  I8â»,  I,  181.  —  De  1830,  I, 
185  (Voyez  Traité  du  Bardo.) 

Traité  du  Bardo.  Sa  signature,  1,  288.  — 
Accueil  que  lui  Grent  la  presse  et  le 
Parlement,  I,  291.  —  Accueil  que  lui  Ot 
rsurope,  1,  292.  —  Texte  de   ce  traite 

II,  452. 

Tuxis.  Son  liistoins  I,  112.  —  Sa  prospérité 
depuis  l'occupation  française,  1,390,424. 
Tribunal  mixte.  Voyez  Propriété, 
Tripolital^e.  Idées  que  1^  Turquie  nous 
prétait  sur  Tripoli  en  1881 ,  I,  313.  —  Dé. 
claration  de  .M.  Barthélémy  Saint-Hilairc, 
I,  314.  —  Exportations  de  Tripoli  en 
ivoire  et  plumes  d'autruche ,  II ,  196  (no- 


te). —  Conséquences  que  la  ligne  de  Bou- 
Grara-Ghadamés  aurait  pour  la  Tripoli- 
taine. 

Turque  (Domination).  Les  frères  Barbe- 
rousse  en  Afrique ,  I,  123.  —  Par  que 
stratagème  Kheîr-ed-Dfn  s'empara  de 
Tunis,  I,  125.  —  Sinan-Pacha  reprend  la 
Tunisie  aux  Espagnols ,  I,  132.  —  Orga- 
nisation de  radministration  et  du  gou- 
vernement, I,  132.  —  Les  Kouloughis,  I, 
133.  —  Les  Janissaires,  I,  133  (note).  ~ 
Perception  de  l'impôt,  1, 134.  —  Gouver- 
nement d'Ostad-Mourad ,  I,  142.  — 
Efforts  de  la  Turc|uie  pour  ressaisir  Tu- 
nis à  partir  de  1830,  1,  180.  222,  2I.\ 
277,  278. 

VA?tDALEs.  Genséric  et  ses  hordes  barbares, 
I,  95.  —  Leur  conquête  de  l'Afrique,  I, 
96.  —  Décadence  rapide  de  l'empire 
vandale,  I,  96. 

Viticulture.  Voyez  Agriculture  et  Coloni- 
sation. 

vVaddingtoti.  (M').  Son  entente  avec  le  mar- 
quis de  Salisbury  au  Congrès  de  Berlin, 
1,275;  11,486. 

WooD  (M'  Richard),  consul  d'Angleterre 
Tunis,  1,  216.  —  Sa  conduite  pendant 
l'insurrection  de  1861,  I, 

Zama  (Bataille  de),  f,  82. 


TABLE  DES  MATIERES 

'  DU  SECOND  VOLUME 


LIVRE  IV 

AGRICULTURE   ET   FORÊTS 

Chapitre  I«^  —  Les  céréales 1 

Chapitre  IL  —  La  vigne 18 

Chapitre  IlL  —  L'olivier  et  les  graines  oléagineuses. . 28 

Chapitre  IV^.  —  Le  dattier .   .   .  '.  .41 

Chapitre  V.  —  Le  tabac 47 

Chapitre  VL  —  I^éguraes  et  fruits 61 

Chapitre  VIL  —  Les  textiles 56 

Chapitre  VIII.  —  L*élevage  du  bétail ,   .  64 

Chapitre  IX.  —  Les  produits  forestiers .84 

Chapitre  X.  — -  Le  reboisement 99 


LIVRE  V 


LES   richesses   MINERALES 

Chapitre  P^  —  Constitution  géologique  du  sol  tunisien lll 

Chapitre  H.  —  Le  fer 115 

Chapitre  III.  —  Le  cuivre 117 

Chapitre  IV^  —  Le  plomb  et  le  zinc 117 

Chapitre  V.  —  L'argent  et  Tor 123 

Chapitre  VI.  —  Le  marbre  et  les  pierres  précieuses 124 

Chapitre  VIL  —  Les  matériaux  de  construction 127 

Chapitre  VIII.  —  Le  sel 129 

Chapitre  IX.  —  Les  phosphates  de  chaux 130 

Chapitre  X.  —  Eaux  minérales  et  thermales 133 


U\RE  \n 

INDC^TttlE   ET  COMHEncE 

Catrinc  l"*.  —  Les  larfpaNria  isAgèiMa. . 

rjtjkriTM  II.  —  Lm  iadnaria  enrapéeniMS. 

Ciurmi  ML  —  PndRiadeU  pAJ»  M  dr  h  diMtc. 

<:«irmE  IV.  ~  CommerTB  Cônportatisa  £» 

CaArmc  V.  —  Coohmrc  iTmiMrtaUaD 

■  UuriTKi  VI.  —  Camn 

UVRE  Mil 

LA  COLONISATION 

Chapitbe  I".  —  LlmmigratioD  fnoçùx.  . m 

Chatitu  II.  —  Llmmigraiioii  italinme 3»! 

Chapitie  III.  —  L'immigratimi  maluisr 300 

Chapitbi  IV.  —  La  terre  et  le  régime  de  la  propriété 303 

Chapitir  V.  —  La  loi  immolMUère 317 

Cbapitse  VI.  —  Constitatiofi  en  enze]  dei  immcables  babboos  .    .    .  403 

UVRE  I.\ 

LA    POLITlgiE  —   LE  GOtVERNEMENT 

OHtPiTiiE  I".  —  Domination  et  gouvernement  des  indigènes..   .       .     417 
Chapitre  II.  ~  Administration  des  européens -iM 


TABLE  DES   MATIERES   DU   SECOND  VOLUME 


507 


Pièces 

ET 

DOCUMENTS 

JUSTIFICATIFS 


Pag  i!«. 

(Chapitre  III.  —  Autonomie  administrative 421) 

Chapitre  IV.  —  Représentation  de  la  colonie  auprès  du  gouvernement.  434 

APPENDICE 

/  Généalogie  de  la  famille  Uusseinite 439 

Traité  du  8  août  1830  entre  la  France  et  Tunis. .   .  439 

Firman  impérial  du  22  octobre  1871 442 

Lettre  du  vicomte  de  Botmiliau,  le  16  mars  1870  .  444 

Du  même,  le  10 décembre  1871 44G 

Lettre  de  M.  Roustan,  le  24  juillet  187G 44S 

Lettre  de  M.  Albert  Grévy,  le  23  février  1881 .  .    .  449 

Du  même,  le  20  mai  1881..              4ol 

Traité  du  12  mai  1881 ......  452 

Convention  du  8  juin  1883 4ô4 

Extraits  des  discours  de  M.  Jules  Ferrv. .....  456 

Loi  du  27  mars  1883  organisant  la  justice 456 

Abolition  de  Tesclavagc.  —  Circulaire  d'Ahmed-bey 

en  1846 459 

Circulaire  du  29  mars  1887 459 

Décret  du  28  mai  1890 460 

Brigade  d*occupat ion.  —  ElTectif  à  ce  jour 462 

Postes  et  télégraphes.  —  Liste  des  établissements 

au  31  décembre  1891 465 

Ilecensement  de  la  population  française  de  Tunisie 

au  11  avril  1891 471 

idem      Récapitulation  par  départements.    .  474 

\           idem                —           par  professions  .   .    .  475 

Vocabulaire  des  mots  turcs,  arabes  et  Berbères  les  plus  employés  dans 

cet  ouvrage 477 

Signiûcation  française  de  certains  noms  propres  tunisiens 481 

Réponse  au  général  Cosseron  de  Villenoisy 485 

Additions  au  1*^'  volume 486 

Liste  des  principaux  auteurs  cités 487 

Table  analytique  des  matières  contenues  dans  les  deux  volumes  .   .   .  495 

Errata 509 


3  blDS  013  b>^  ^27 


DATE  DUE 

I 

STANFORD  UNIVERSITY  UBRARIES 

STANRDRD,  CAUFORNIA 

94305