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Full text of "La vapeur"

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ÎEROX LlBRARY 




4«tmn Callatixm. 
YmtttttùintBS-l. 



Vf 



BIBLIOTHÈQUE 

DES MERVEILLES 

Pl'ULlÉE SOUS LA DIRECTION 

DE M. EDOUARD CHARTON 



LA VAPKUll 



// 



r 






OUVRAGES DU MÊME AUTEUR 

PUBLIÉS PAR LAMÊMC UIBRAIRIC 



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EN PRÉPAJRATION 

Les Applications de la Physique aux sciences, à l'industrie et aux arts. 

La Lomiére. \ 

Lej^ Météores du monde solaire. 



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BIBLIOTHÈQUE DES MERVEILLES 



LA VAPEUR 



PAR 



AMEDÊE 6UILLEMIN 



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OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 113 VIGNETTES 

PAR B. BONNAFOUX ET A. JAHANDIER 



PARIS 

LIBRAIRIE HACHETTE ET C- 

BOCLRVARD SAIIfT-GBRlfAIN, N* 79 

1873 
Droits de propriété et de tradacUon limrtki 



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$iwyO^ 



LA VAPEUR 



IlNTRODUCTIOiN 



J'imagine un ancien, un Athénien conlemporain 
dePériclès, un de ces disciples des philosophes grecs, 
à rintelligence si subtile, si ouverte aux choses de 
Tart, delà science et delà pensée, transporté tout à 
coup sans aucune transition dans notre monde mo- 
derne. 

Que dirait-il, et surtout que penserait-il, je nedirai 
pas à la vue de nos monuments, de nos tableaux, 
de nos statues, mais en parcourant nos usines, en 
voyageant sur nos chemins de fer , sur nos bateaux à 
vapeur^ Dans quelle stupéfaction le plongerait le 
mouvement vertigineux d'un train lancé à toute 
vitesse, entraîné par une force invisible, cachée dans 






r 



s LA ÏAPELIl, 

les flancs (l'une masse de fer et ne se manifestant à 
la vue que par le feu et la fumée 1 11 compareitiit 
sans doute ce mouvement rapide de \ingt lourdes 
voitures à l'allure gracieuse des chars qui se dispu- 
taient le prix de la course sur le sable de l'Ilippo- 
droinCjCt Tavanlagc, au point de vue artistique, ne 
serait pas pour nos caisses disgracieuses, nos wa- 
gons et nos macliines ; mais quelle idée ne prendrait- 
il point de la puissance des engins modernes, el COIBti 
bien sa curiosité ne serail-elle pas éveillée, quaaâ 
il reconnaîtrait qu'aucun moteur animé, ni la force 
de l'homme ni celle des animaux, que ni l'eau' 
ni le vent ne sont les causes qui font mouvoir c^ 
immense convoi, ce gigantesque navire marchant 
contre vents el marées, pas plus que celte multi- 
tude de rouages, d'outils, de métiers en activité dans 
nos usines? 

Au spectacle de tant de merveilles, un homme 
du moyen âge eût crié à la magie, et la machine à 
vapeur eût élé pour lui l'œuvre du démon. Mais 
notre Athénien, curieux comme ses contemporains, 
l'esprit habitué à l'analyse et dégagé de tout mystî- 
t'israc, une fois passé le premier mouvement d'éton-" 
nement et d'admiration, n'aurait qu'un désir, celui' 
d'approfondir le mystère, il voudrait savoir le pour- 
quoi et le comment de tout ce qu'il voit d'étrange 
dans les inventions mécaniques ou industrielles de 
notre époque, elavec ses connaissances en mathéma- 



liétrange j 
riellesde 1 
lathéma- \ 



INTRODUCTION. 3 

lique et son habitude de raisonner, soyez sûr qu'il 
y parviendrait rapidement. 

Alors, ravi d'apprendre que tant de puissance, 
tant de mouvements rapides ou lents, mais toujours 
mesurés et précis, ont pour principe une cause si 
simple, la force de la chaleur ou du feu, il admire- 
rait le génie delà science moderne quia su maîtriser 
l'agent de destruction le plus terrible, le feu, pour 
en faire l'exécuteur docile de la productivité humaine. 
A l'esclave, chargé dans ces brillantes.civilisations de 
la Grèce et de Rome, de tous les travaux grossiers, il 
verrait substituée la machine, et, parmi toutes les 
machines, la plus puissante de toutes en même 
temps que la plus obéissante, la machine à vapeur. 

Mais à quoi bon, pour exprimer tout ce qu'il y a 
de véritablement admirable dans cette invention de 
la vapeur, invoquer les esprits d'il y a deux mille 
ans? Deux siècles ne sont point encore écoulés, 
depuis que Papin en a conçu la première idée ; et si 
madame de Sévigné avait pu dormir tout ce temps 
dans le château de sa fille à Grignan, puis, à son 
réveil, au reçu de Paris d'une dépêche datée du ma- 
tin même, prendre un train express qui la ramenât 
en douze heures à l'hôtel Carnavalet, je crois bien 
qu'elle eût épuisé toutes les épithètes de sa fameuse 
lettre* sans pouvoir rendre toute sa stupéfaction. 

* Lettre à M. de Coulanges, du 15 décembre 1870, sur le mariage 
projeté de I.auzun avec Mademoiselle. 



Pourquoi donc, nous autres, coiiloiiiporains de 
lanl d'applications étonnantes du progrès scientifi- 
que, restons-nous généralement froids devant elles? 
Nous prenons le chemin de fer, nous montons en 
bateau à vapeur, nous enlrons dans un bureau télé- 
graphique, sans trop nous soucier de la façon dont 
fonctionnent tant d'agents à notre service. L'habi- 
tude nous a blasés sur toutes ces choses qui eussent 
fait l'admiration de nos anciens, et, par une singula- 
rité qui semble eonlradidoire, elle nous a rendus en 
quelque sorte sceptiques et cnidules à la fois. Nons 
avons vu se réaliser tant de projets qui paraissaient 
chimériques que nous sommes disposés à accepter 
sans examen ceux même dont l'impossibilité est', 
pour ainsi dire , mathématiquement démontrée ; 
c'est au point que je ne serais pas étonné qu'un 
voyage à la lune, en ballon ou de tout autre façon, 
trouvât des partisans. D'autre part, le premier en- 
thousiasme refroidi, et sitôt qu'une invention nou- 
velle est décidément acquise, nous l'oublions, ou, 
•:e qui revient au même, nous ne nous en occupons 
plus. 

Oui songe aujourd'hui à se rendre compte du mé- 
canisme et du principe physique de la machinei' 
vjipeur, de la locomotive? Les hommes de l'arl, oui, 
■nécaniciens et ingénieurs, et puis ii peu près per- 
îonne. 
C'est notre ignorance qui fait notre indifférence; : 



INTRODUCTIOS. b 

cela n'est pas douteux. Comment vaincre l'une et 
détruire l'autre ? En essayant, comme l'auteur de ce 
livre s'efforcera de le faire pour la vapeur, de mon- 
trer l'importance de l'invention au point de vue du 
progrès économique, industriel et social; en expo- 
sant, avec toule la clarlé dont il est capable, les phé- 
nomènes physiques qui renferment le principe des 
machines à vapeur; en élaguant, sans rien négliger 
d'essentiel dans la description de la machine môme 
et de ses variétés, toutes les broussailles trop tech- 
niques qui n'ont d'intérêt que pour les gens du mé- 
tier. 



][ 



Reportons nous au siècle qui a précédé immédia- 
tement linvenlion de la machine a vapeur, c'est-à- 
dire au dix-septième. 

Quels étaient alors les moteurs employés dans 
l'industrie, dans les transports par terre ou par 
eau? 

Il y avait les moleurs animés, c'est-à-dire la force 
musculaire des animaux et de l'homme. Il y avait 
aussi les moteurs inanimés, empruntés aux corps 
bruts; ceux-là se résumaient dans la force de la 
pesanteur, utilisée sous deux formes distinctes, les 
chutes et courants d'eau, le vent. 

Pour une foule de travaux, la force musculaire 



fl \.\ V-\l>tl!«. 

de l'homme esf encore employée sans doute ; elle le 
sera longtemps encore, sinon toujours; mais l'e 
ploi des machines la rend moins pénible, moins 
brutale el l'inteUigence s'y trouve de plus en plus 
associée. Le temps est loin cl se mesure par ( 
siècles, où il fallait employer des centaines do 
milliers d'ouvriers et vingt années pour édifier 
l'une des grandes pyramides d'Êgyple'. Sous 
Louis XIV, on dépensait encore bien des vies d'hom- 
mes dans les travaux publics, par exemple dans 
la construction de ce fastueux palais de Versailles 
où le grand roi engloutissait en même temps t 
centaines de millions : mais déjà à celte époque, les 
machines commençaient à jnuer un grand-i'dJe iv^ 
l'industrie. L'exploitation des mines, des carrière^ 
les terrassemetits sont bien encore aujourd'hui i 
travaux où la force musculaire de l'Iiomme est 
employée pour ainsi dire à l'état brut. Mais je le 
répète, de jour en jour, cette force, considérée 
comme simple moteur, tend à être remplacée parla 
machine, ou bien elle est le moteur de l'outil que 
dirige l'intelligence de l'ouvrier. 

Voilà pour la force musculaire de l'honiine. 

Un autre moteur animé, c'est la bêle de somme: 
Le cheval, le bœuf, le mulet étaient jadis, ils sonteit-^ 
core et seront toujours de précieux auxiliaires dû 



ISmOUlCTlON. 1 

Iravail Iminaiii. Dans les opérations agricoles, dans 
leà charrois, les terrassements, la locomotion sur les 
chemins et les routes, comment se passer d'eux ? Et 
de fait, plus les moteurs nouveaux se multiplient, 
plus le travail demandé aux moteurs primitiTs va en 
croissant. Par exemple, à mesure que le réseau des 
chemins de fer se développe , que la vapeur prend 



■c^'Salr I jB 




possession d'une plus grande étendue de pays , 
l'industrie voiturière ordinaire, bien loin de s'é- 
teindre, va progressant au contraire, pour satis- 
faire aux besoins nouveaux du trafic. 11 en est de 
même des canaux et dos fleuves : c'est ainsi qu'en 
France la navigation des rivières et des canaux pré- 
sente aujourd'hui un tonnage plus élevé qu'avant 
l'établissement des voies ferrées. 

.Mais continuons notre énuraération des forces 



s I.A VAI'KUlt 

molrices telles qu'ellcà existaieiiL avant l'iuventiuri 

de la machine à vapeur. 

Nous venons de parler des inoleur.i animés. 
C'étaient cl ce sont encore les ptus coûteux, el la 
raison en est simple. Ce sont des macliines qui ne 




peuvent agir d'une fagon continue. La dui-ée de 
leur travail quotidien a un terme, au delà duquel 
leur santé est compromise, et avec leur santé, la 
quantité de travail qu'ils sont suscepLiLles de four- 
nir par la suite. Le repos, le sommeil, une nourri- 
ture convenable sont indispensables. Si l'industriel 
qui les emploie est dispensé de cette préoccupation 



INTRODUCTION. 9 

pour le m;inœuvrc qu'il paye, il n'en est plus de 
môme de l'animal qu'il est obligé de soigner et de 
nourrir, même quand celui-ci ne travaille poinl. 

Il n'en est plus ainsi des autres forces motrices 
que l'industrie emprunte gratuitement, pour ainsi 
dire, à la nature et qui sont deux modes d'action 
de la même force physique, la pesanteur. * 

L'eau qui descend les pentes et les déclivités des 
bassins, sous forme de ruisseaux, de riviires ou de 
fleuves, acquiert par son mouvement même une 
force vive qui est utilisée de deux manières diffé- 
rentes, soit en faisant porter par l'eau et entraîner 
avec elle des corps do densité moindre : de là le 
flottage, la navigation proprement dite par bateaux; 
soit en opposant à sa chute les palettes mobiles 
d'une roue qui prend ainsi un mouvement de ro- 
tation et le communique, par son axe, aux machi- 
nes des moulins et usines établis dans le voisinage 

Le transport des voyageurs, des marchandises 
surtout, par le courant des masses liquides que la 
force de la pesanteur entraine nécessairement vers 
les points les plus bas d'un territoire, a précédé 
tous les autres moyens de transport. C'était évi- 
demment le plus économique de tous, si l'on ne 
considère que les frais accessoires et la main- 
d'œuvre ; mais si la gravité sert de moteur pour 
l'aller, n'oublions pas qu'elle est un obstacle pour 
le retour, et que le halage par des animaux ou des 



10 LA VAi'Ein. 

hommes, ou la navigalion .\ force de rames s'impO' 
sait pour faire revenir les baleaux vides, ou charges, 
au point de dépaii. En tout cas, les sécheresses, 
les inondations étaient et sont encore de graves 
causes d'irrégularité qui rendent ces voies, d'ail- 
leurs si précieuses, inférieures en un sens, soit 
aux routes de terres, soit surtout aux voies ferrées 




où l'action de la vapeur permet d'établir des com- 
munications régulières et continues. Et puis, pour 
que la navigation soit possible, le long d'un cours 
d'eau, il faut souvent en bien des points entrepren- 
dre des travaux onéreux, des endiguemenls, barra- 
ges, dragages, etc. La gratuité du moteur est loin 
d'être complète. 

La force du vent est un autre moteur naturel et gra- 
tuit, mais plus capricieux et plus irrégulier encore 



INTRODUCTION. Il 

(jue l'écoulement des eaux. C'est surtout, comme 
ou sait, da/is la navigation maritime que le mouve- 
ment des masses fluides atmosphériques est utilisû, 
en le faisant agir sur les voiles des navires. Grdce 
aux perfectionnements apportés k la construction 
lie la coque, aux manœuvres, au gi'éement des na- 




viœs, gi'àce aussi et surtout aux progi'cs des scien- 
ces telles que l'astronomie et la géographie, la na- 
vigation à voiles a pris une extension immense. 

Il y a eu en Europe, quelques tentatives de l'ap- 
plication de la force du vent sur les routes de terre : 
on a construit quelques voitures à voiles, mais on 
a bien compris que c'était un faible auxiliaire des 



m3loiir3 ha^iluels, avec une grande compiicalîsn 
dan.3 l'aîné ria;,fement des voilures et chariots. Seul, 
le Ciiiuoismàne, sur les routes du Céicsle-Einpiro, sa 
braucltc à voiles garnie d'un allirail d'ustensiles» 
peuplée de marmots, de poulets, de canards; seul, il 
persist(! i\ demandera Knle, i|iiand ii envoie nu vent 




La Iriouellt! climuiss. 



l'dvoralile,un soulagement pour ses bras ou ses reins 
fatigués. La voilure on la brouette ii voiles, sur Içft 
routes ou mûine sur les canaux glacés de lallolUnde,, 
n'a jamais 6lè en Kurope qu'un objet de curiosité- 
11 n'en est pas de mémo dei moulins à vent. M, 
l'utilisation de celle lorce naturelle s'est faite ci se. 
fait encore sni* une assez l»rge échelle, mais avec 
tous les inconvénients, aggravés peut-élre, dç rîry_ 



F 



INTnODL'CriOS 13 

régulaiilè des cours d'eau. C'est, dans cerlaiiis cas, 
on auxiliaire ulile di! l'iiiduslrie ; ce uc peut ùtrc 
un moteur sur lequel elle puisse comptei', pour tous 
les travaux que la production et la dciiiande crois- 
santes ne peniietteut pas d'interrompre. 




Tout le génie des liouimes qui depuis des mil- 
liers d'années se sont voués à celte œuvre obscure 
du perfectionnement des engins mécaniques, qui 
ont aidé ainsi l'humanité à s'affranchir de la tyran- 



n 11 LA VAPKL'a. 

I nie du travail exclusivement matériel, a clé tourné 

' vers une préoccupation unique dans son idée, uiul- 

I tiple dans ses résultats : imaginer des machines 

D susceptibles d'uliltscr le plus complètement possj- 

I ble les forces gratuitement fournies par la nature, 

chutes et courants d'eau, force du vent, ainsi que les 
I les forces plus coijteuses, mais précieuses toutefois, 

que recèlent les muscles de Thomme et des animaux. 
Le levier, le treuil, le manège, la poulie, tous les 
I outils qu'on emploie dans mille métiers divers, 

I sont autant de conquêtes, qui, tantôt permettent 

de traduire les efforts du; moteur sous la forme 
de la vitesse aux dépens du temps, tantôt négligeant 
ce dernier élément, négligent la vitesse pour multi- 
plier la force. 

Qui fera l'histoire de cesengius si simples^ si 
utiles, fem l'histoire de la civilisation humaine dÀns 
ce qu'elle a, il esl vrai, de plus oliscur^, mais aussi 
déplus efficace, de plus fécond, de plus bienfaisant. 
Les noms des plus grands hommes, des Archi- 
méde et des Pascal , se trouveraient môles dans 
dans cette histoire pacifique, je ne dirai pas aux 
noms — ils sont restés inconnus — mais au sou- 
venir des inventeurs de la hache, de la scie, de la 
bêche, de la cliarrue. 
I La science et l'industrie se sont ainsi aidées long- 

temps, celle-ci fournissant à celle-là ses moyens j 
I matériels d'investigation et d'étude, la premiers I 



INTRODUCTION. 15 

donnant à Tautre des solutions plus précises des 
diffîcullés à vaincre. Mais c est surtout à la renais- 
sance des lettres, des arts et des sciences que cette 
communauté de services se développa. Depuis trois 
siècles, la physique expérimentale a fait en effet 
des pas décisifs dans l'explication et la mesure des 
phénomènes, et la nature a été explorée dans tous 
les sens. 

Alors peu à peu se fit jour la pensée que l'homme 
n'avait jusqu'alors utilisé qu'à moitié les forces que 
lé monde physique met à sa disposition, qu'il avait 
négligé ou méconnu la plus puissante de toutes, le 
feu; en d'autres termes, la chaleur, ce principe fé- 
cond de tout mouvement et de toute vie. Du moins, 
ne l'avait-il employée que sous sa forme directe, et, 
comme puissance mécanique, il n'avait su en tirer 
qu'un agent destructeur, la poudre à canon, pour- 
voyeur terrible de la mort et non paisible auxiliaire 
du travail. 

Mais le moment approchait. Les progrès de la 
science, de la physique surtout, sous l'impulsion de 
Galilée, de Torricelli, de Pascal, d'Huygens, allaient 
rendre possible une invention qui mettait au jour 
une puissance nouvelle, et qui plus est, la soumet- 
tait, docile et irrésistible à la fois, à la volonté de 
l'homme. Une révolution, incalculable dans ses 
conséquences, allait transformer, pour ainsi dire 
sans victimes, le monde de l'industrie et du travail. 



L 



ie L.V V.VPEUIt. 

En quoi consistait donc cette invention merveil- 
leuse? 

En bien peu de chose, en apparence. 

De l'eau, cliaulTée à un certain degré, se trans- 
forme en vapeur. C'est là un phénomène vulgaire que 
toute l'antiquité, que tout le moyen âge avait vu se 
produire quotidiennement, non dans les lahorafm- 
res des savants, mais dans les moindres ménages. 

En se détendant ainsi, en changeant d'étal, 
comme disent les physiciens, l'eau devenue va|)eur, 
d'inerte qu'elle est à l'état liquide, acquiert tout à 
coup une force élastique considérable ; les molé- 
cules, à la vérité invisibles, se précipitant avec une 
vitesse prodigieuse et dans tous les sens, devien- 
nent, quand on oppose un obstacle à leur mouve- 
ment, quand on les emprisonne en un vase, comme 
autant de projectiles qui tendent à renverser ou h 
à briser la barrière qu'on leur oppose. Vient-on à 
rendre mobile une des parois du vase, la vapeur 
communique à celte paroi une partie de sa force 
vive : elle la met en mouvement. 

Voilà donc bien une force nouvelle, un nouveau 
moteur, dont il s'agit de régler l'action, qu'il 
faut utiliser d'une façon avantageuse, c'est-à-dire 
économique et régulière. 

Mais ce n'est pas dans la découverte de cette 
puissance que git l'invention de la vapeur, surtout 
celle de la machine qui a la force élastique de 



INTRODiXTION. 17 

\apeur d'eau pour principe. Cette force était connue 
dès les temps les plus anciens, et même nous ver- 
rons plus loin comment un physicien de l'antiquité, 
Héron d'Alexandrie, avait essayé d'en tirer parti. 

La vapeur n'est donc pas, comme l'électricité, 
ime découverte d'un fait absolument ignoré. 

C'est l'utilisation de cette force, c'est son emploi 
comme moteur industriel, qui est le fait capital, 
le fait nouveau que nous avons à étudier dans ses 
lois, à décrire dans ses applications si fécondes, si 
variées. 

Mais, pour que cette utilisation devienne possible, 
pour que le rêve de celui qui a songé pour la pre- 
mière fois à se servir de cet agent comme moteur, 
prenne un corps, et passe du domaine du fantasti- 
que dans le domaine du réel, il a fallu observer pa- 
tiemment les effets de la vapeur, étudier son mode 
de formation, les changements qu'elle subit dans les 
diverses circonstances où on l'emploie, quand 
change le degré dechaleur auquel elle est soumise ; 
dans quelle mesure croît ou diminue la pression, 
quand le fluide passe du vase ou il se forme dans 
les espaces où il agit ; il a fallu connaître les 
moyens de réduire à néant cette force, de détruire 
à volonté cette puissance irrésistible qui devient un 
danger terrible, dès qu'elle n'est plus ni maîtrisée, 
ni réglée. 

Tout cela est venu peu à peu. Comme toutes les 



I a ans 



iV I..V ÏAl'EUIl. 

clioses humaines, inventions ou institutions, qui 
(inl en elles le privilège de la durée, l'applicatioa 
de la vapeur s'esl progressivomenl et lentement dÉ- 
gagée des (âLonnenients, des essais et expériences de 
toute sorte. Mais il est h remarquer que ces essais 
et ces expériences sont eux-mêmes venus en leur 
temps, et ne pouvaient avoir de chances de réus- 
site que grâce aux récents progrès, à la .naissance 
pour ainsi dire des sciences physiques et expéri- 
mentales. Papin et Watt sont les enfants de Torri- 
celti et de Galilée, La machine a vapeur e?l la fille de 
ces deux inventions si simples et si fécondes : celle 
du baromètre qui démontre et mesure la pression de 
l'almosplièi'e, qui compare à cette pression les for- 
ces élastiques des gaz et des vapeurs ; celle du ther- 
momètre qui mesure les degrés de la chaleur si difi- 
ciles à apprécier, quand ils n'ont d'autres juges que 
l'impression fugitive et vaiiablc de cet élément sur 
nos sens et nos organes. Le moyen de faiic le vide 
soit dans la chambre barométrique, soit dans on 
récipient dont l'air est extrait par une pompe, in- 
vention si précieuse d'Otto de Guericke, venait aussi 
d'être trouvé, quand Denis Papin, notre illustre 
compatriote, a jeté les fondements de la plus grande 
révolution industrielle qu'ait vu le monde. i 

Mais pour hien préciser par quelle suite d'idâes i 
ont dû passer les grands esprits qui ont eu la gloire 
d'attaclier leurs noms à la découverte de la machine 



USTRODICTION. 19 

à vapeur, il est indispensable d'entrer dans quel- 
ques développements. 



IV 



Dès 1680, Huygens avait songé à utiliser la force 
expansive de la poudre à canon. Voici comment. 
Dans un cylindre muni d'un piston mobile, il fai- 
sait détoner une certaine quantité de poudre, et la 
violente expansion des gaz chassait Tair contenu 
dans le cylindre par deux ouvertures disposées de 
manière à se refermer aussitôt. Le vide se faisait 
donc, au moins partiellement, de sorte que la pres- 
sion deFatmospliére s'exerçait sur la face supérieure 
du piston avec une énergie proportionnelle à sa 
surface et en rapport avec le degré de vide obtenu. 

Un modeste médecin français, Denis Papiu, que 
la révocation de l'Édit de Nantes força de s'exiler, 
chercha d'abord ^ à perfectionner la machine pro- 
posée par Iluygens, machine qui, du reste, dans 
la pensée de son auteur, « pouvait servir, non-seu- 
lement à élever toutes sortes de grands poids et des 
eaux pour les fontaines, mais aussi à jeter des bou- 
lets et des flèches avec beaucoup de force, suivant 
la manière des batistes des anciens. » Mais bientôt, 
deux années plus tard, en 1690, il songea à subsli- 

* C'est à Tannée 4688 que remonte cette première tentative. 



lue a la [0 li d cai i un aulre ageiil, propre 
nrne elle a fa le le v de sous le piston, et à laia- 
ber 3 us d la p ess on at osphérique loule sa prii- 
ponderance 

Cet agent, c't'-lait l;i vapeur ilVaii, avce latjiielle 




I ^ 

L. 



Papin élait deja tiniiliti puisque dès 1681, il Btvst 
inventé sa marmite ctlùbie son ISouiean digesteut; I 
dont il sera question pluts loin Voici en quelques | 
lignes, la description de la première machine à va- 
peur, telle que Papin l'avait conçue, etl'explicatioo, 
très simple à concevoir, de ses effets. 

est un piston muni d'une tige verticale D et I 



IMKODiaiO.N. 2! 

mobile dans un cylindre de môme diamètre, à Tin- 
térieur duquel on a introduit de l'eau à une faible 
hauteur. Dans le piston, on a 
pratiqué un trou L qu'une tige 
M peut fermer à volonté. 

Supposons le piston enfoncé 
dans le cylindre jusqu'au con- 
tact de l'eau dont une partie a 
pu sorti par l'ouverture ; celle- 
ci étant alors fermée à l'aide 
de la tige. Plaçons alors le cy- 
lindre, dont les parois sont mé- 
talliques, sur un foyer ardent ; 
l'eau est bientôt réduite en va- 
peur, et celle-ci, par sa force 
élastique, surmonte le poids du 
piston et la pression de l'atmo- 
sphère : elle fait remonter le 
piston au haut du cylindre. Dés 
que le piston arrive au sommet 
de sa course, une verge mince C, mobile autour d'un 
de ses points, et jusque-là maintenue au contact 
de la tige du piston par un ressort G, pénètre dans 
une fente de celte lige, lorsque le mouvement d'as- 
cension amène la fente en face de la verge. En ce 
moment donc, le mouvement s'arrôte. 

Otons alors le foyer de dessous le cylindre ; 
bientôt ses parois et la vapeur d'eau qu'elles renfer- 




Fijf. 8. — Première ma 
chine à vapeur de Pa- 
pin. 



k 



«2 l..\ VAl'ErR- 

nienl se refroidissent : la vapeur se condense 
vide reste au-dessous du cylindre, de sorle que si 
l'on vient à l'aire sortir la verge de la lente où elle 
maintient la tige et le piston, le piston pressé par le 
poids de l'atmosplière sera poussé de liant en bas, 
et l'on pourra profiler de celte pression considéra- 
ble pour lui Taire soulever des fardeaux. ' 

En un mol, la disposition de la macliinede Papin 
est un peu différenle de celle où lluygens faisait le 
vide par la poudre à canon ; mais l'effet produit est 
le môme. 

Seulement, c'est la vapeur d'eau qui agit, c'est j 
sa force élastique qui fait monter le pislon ; c'eslSJ I 
condensation par le froid qui fait le vide. i 

Retenons ici deux faits. Papirt, dans cette pre- , 
mière machine à vapeur, emploie d'abord le Quide 
élastique à une pression un peu supérieure à la | 
pression atmosphérique : elle lui sert alors corame-" 
molcurpour soulever le piston. Puis, il la condense r 
par le refroidissement, de manière à faire le vîde,et t 
c'est la pression de l'atmosphère qui devient le itao- J 
leur vérilable, celui qui accomplit le travail UtUe,- j 
eu vue duquel la machine est construite. ' j 

Plus tard, il modifia sa conception première, mais' ] 
peu heureusement il faut ledire.etc'estlainacbîlt^l 
que nous venons de décrire qui constitue son |US | 
grand titre de gloire, son droit incontestable à être 
considéré'comme linvenlenr de la machine à vapeur. 



INTRODUCTION. 23 

Savery, qui vint après, eut Theureuse idée de 
produire la vapeur dans un vase séparé, de la con- 
denser dans un autre, mais sa machine sur laquelle 
nous reviendrons plus tard, est, sous un autre rap- 
port, une rétrogradation relativement à celle de 
Papin ; en effet, la force élastique de la vapeur y est 
employée à refouler Feau directement, tandis que 
nous venons de voir Papin se servir de cette force 
pour produire le mouvement d'un piston , mouve- 
ment qu'il suffira de transformer par des procédés 
purement mécaniques, pour faire de la machine à 
vapeur un moteur universel. 

Insistons encore sur une considération que je 
crois d'une haute importance, parce quelle montre 
quels liens intimes unissent les progrés de la science 
aux progrès industriels. 

Les essais d'IIuygens , la macliine de Papin sont 
basés sur la connais;^ance de la pesanteur de Tair, des 
effets que produit la pression atmosphérique, quand 
on fait le vide dans un espace clos. Et, en effet, trente 
ou quarante ans à peine s'étaient écoulés, depuis que 
Torricelli avait mis en évidence la pression de l'at- 
mosphère et inventé le baromètre ; les expériences 
d'Otto de Guericke et l'invention de la machine à 
faire le vide dataient de moins encore; le thermo- 
mètre venait aussi d'être inventé : toutes ces décou- 
vertes étaient nécessaires à l'éclosion des inventions 
nouvelles, et toutes en effet servent de points de 



■ii LA V.VPKLU- 

dùparl auxrecliCTclics yai avaient [niur iiV^al. lu dii- 

couverle du nouveau inoleur. 

Sans cea progrès iucessanls de la physique, on 
peut dire que la machine à vapeur n'eût pas pu voir 
le jour; et bientôt nous constaterons aussi que, si 
elle est sortie de sa forme embryonnaire et primi- 
tive, si elle est devenue le moteur universel que 
nous connaissons, c'est gi'àcc à de nouveau;! progrès • 
de la science. Sans ces progrès, tout le génie des 
Papin, des Watt, des Fultoii se serait brisé conti'c 
'insurmontables obstacles. 



V 



Les dernières aniièes du dix-seiitième siècle ont 
aonc vu l'éclosion, puis la réalisation de cette grande 
pensée : fournir à l'homme un moteur nouveau, 
ajouter une force aux forces naturelles dont l'homme 
disposait pour son labeur croissant, pour le travail 
tous les jours grandissant de la civilisation progres- 
sive. 

L'avenir nous réserve peut-être de nouvelles con- 
quêtes dans le même ordre de faits. Mais on peut « 
croire qu'aucune d'elles nedélcrminera une révolu- 
tion plus considérable dans ses effets, plus féconde ' 
dans ses conséquences, que celle dont la vapeur a " 
inauguré, il y a bientôt deux cents ans, tes timides 
commeiieenienls. 



IISTKODIGTION. 25 

Cette révolulion est comparable, dans Tordre ma- 
lérieljà celle que la découverte de rimprimerio a pro- 
duite dans Tordre intellectuel et moral. L'une a 
diffusé jusque dans les couches les plus humbles de 
la population la lumière de Tinstruction auparavant 
réservée à de rares privilégiés, à quelques initiés 
aux choses de la pensée. La divine manne de la 
poésie et de la science, grâce à la multiplication du 
livre par Técriture moulée, nourrit aujourd'hui des 
millions d'intelligence. Sans doute, il s'en faut 
encore que Tœuvrede Tinstruction universelle, ren- 
due possible par l'imprimerie, soit un fait accompli : 
du moins cette œuvre est-elle en bonne voie dans le 
monde civilisé. 

La vapeur, de son côté, a multiplié et rendu ac- 
cessibles à tous les mille objets manufacturés que 
les métiers manuels et les machines anciennes ne 
livraient que rares et chers ; elle a couvert les mem- 
bres nus des masses pauvres et laborieuses, à la 
ville comme aux champs ; elle a enrichi le mobilier 
de la chaumière d'une foule d'ustensiles usuels qui 
étaient de véritables objets de luxe dans les ména- 
ges d'autrefois. Pai tout où était la gône, elle a pro- 
duit l'aisance. Enfin elle a mis à la portée de tout 
le monde une chose que les grands seigneurs et 
les riches seuls étaient capables de se donner et 
se permettaient seuls , et cela même à grande 
peine : la rapidité des communications. Les voyages 



qui jadis, c'csL-à-dirc avant les Ijatoaux à vapeur 
et les chemins de fer, exigeaient des jours, des 
semaines, des mois enlierf;, se font aujourd'hui, 
grâce à la vapeur, en quelques heures, en quelques 
jours au plus. On se rend plus vite inaintcnanl,cl 
avec une sécurité au moins égale, du Havre i'i Aew- 
York, qu'il y a un siècle de Paris à Lyon. L'océan 
Atlantique est franchi dans le temps qu'il fallait à 
une diligence pour traverser un tiers de la longueur 
de la France. 

Je donnerai plus loin des détails précis, je citerai 
des chiffres, des statistiques qui mettent dans tout 
son jour l'évidence de ces assertions, qui prouvent 
que notre siècle mérite bien le nom qu'on lui donne, 
e(;liii de sikcm; oe i.\ vapeur. 



VI 



Et maintenant, avant d'aborder mon sujet, avant 
de définir les propriétés physiques du merveil- 
leux agent qui noit et se développe au simple con- 
tact d'une chaudière pleine' d'eau et d'un morceau 
de houille enflammé, je veux faire, entre la vapeur 
et les autres forces naturelles utilisées pai l'homme, 
un simple rapprochement. Je veux, en m'appuyant 
sur les données scientifiques les plus rigoureuse- 
ment dénionlrces, montrer que loules, par leur 



INTRODUCTION. 27 

source, par leur origine première, oui une com- 
mune cause, la chaleur, dont cliacune de ces î^orces 
est une manifestation particulière. 

La chaleur n'est autre chose — la théorie et 
l'expérience s'accordent aujourd'hui pour la dé- 
monstration de ce principe — qu'un mode de mou- 
vement des molécules dos corps, mouvement qui 
acquiert son maximum d'intensité et sa plus grande 
simplicité dans les gaz et les vapeurs. Par la com- 
binaison chimique à laquelle on donne le nom do, 
combustion, les molécules d'un morceau de houille 
entrent dans un état de vilnalion qui, de proche 
en proche ou par rayonnoment , se conmiuniquiMit 
aux parois du vase avec lequel il est en contact et 
avec la masse d'eau ([ue le vase renlcrme. Peu à 
peu, le iiiouvcmeiit intime devient assez violcMit 
pour que les molécules de l'eau se séparent et (jue, 
devenues gazeuses, elles se précipitent avec uiu* 
vitesse prodigieuse dans toutes les directions. Ainsi 
naît la force élastique de la vaptur , force qui elle- 
même, comme on le verra hienlùt, produit le mou- 
vement dans les organes d'une machine. 

Eh bien, la chaleur, ce principe du moleur nou- 
veau, est également le principe des forces muscu- 
laires des êtres animés. Sans la chaleur, la vie n'est 
point ; les aliments qui entretiennent la vie ne 
font que déterminer, dans les êtres organisés, la 
production de quantités sans cesse renouvelées de 




chuIcLii' nouvelle : c'esl celle chaleur, que ces 
êtres dépensent sous des formes variées, et qui 
donne naissance aux mouvements des nerfs et des 
muscles. 

Les animaux et l'homme que nous avons ici seuls 
en vue se nourrissent directement ou indirectement 
en s'assimilant des végétaux, c'est-à-dire des orga- 
nismes formés par l'accumulation des forces vives 
émanées des rayons du soleil, source connnune de 
la clialeurdes corps terrestres. 

C'est aussi la clialeur du suleil qui prodnil le 
mouvement de toutes les masses fluides qui circu- 
lent àlasurfaco de notre globe. Par une incessante 
distillation des eaux delà mer, des fleuves et du sol 
imprégné d'Iiumidilé, le soleil provoque la formation 
delà vapeur d'eau dans l'atmosphère; el c'est celte 
vapeur condensée qui retombe sur la superficie des 
continents, s'infiltre dans les terres, donne nais- 
sance aux sources, entretient les cours d'eau depuis 
les ruisseaux jusqu'aux fleuves et rend ainsi dispo- 
nible la force de la gravité qui anime tous ces fluides 
en mouvement. 

Ainsi, laforce delà pesanteur que nous avons vue 
utilisée dans les chutes elles courants d'eau ne 
devient pour l'homme un muleur disponible, que 
grâce à la chaleur, sans laquelle toute circulation 
serait bientôt interrompue. 

I-cy mouvements de ralmosphére soiil dus :i une 



ISTIKHIUCTIOS. 

I^ause de loul point semblable ; de sorte qu'en der- 
nière a 



3 hiilraulique 



sont trois manifesta lions en apparence diverses, mais 
en somme trois modes d'acliviti.^ d'une force qui est 
aussi le principe du moteur que nous allons étudier 
dans cet ouvrante, c'est-à-dire de 




I ■ I 



r 



PREMIÈRE PIRTIE 



LA VAPEUR 



QU'CST*CC QUE 



Idées des physiciens et des ehimistes sur la vapHur. il 7 3 r^rit ans. 
Déiinitioa de la Tapeur, dans VEncyclofédie. — SypoLiftse it* it.*s^it 



Ayant de décrire les machines à vapeur, a\aat 
d'essayer de dérouler devant les veux du lecteur 
les conséquences de cette merveilleuse et puis-ante 
application des lois de la physique, je voudrais lui 
donner une idée précise de ce qu'est la vapeur elle- 
même, de la manière dont elle se produit, des cir- 
constances qu'on observe dans sa [formation, des 
lois en6n qui président aux variations de sa force 
élastique. SaAS celte étude préalable, nous ne pour- 



o2 LA VAPEUR. 

rions nous faire qu'une idée confuse des machines^ 
du jeu de leurs organes ; nous ne saurions com- 
prendre les progrès apportés depuis l'origine à 
leurs dispositions, ni enfin, à plus forte raison, con- 
cevoir les progrès que dans l'avenir elles peuvent 
recevoir encote du génie des inventeurs. 

Je sais que cette façon de procéder, conforme à 
la logique et au bon* sens, n'est pas du goût de tout 
le monde, que certains* lecteurs la trouveront dog- 
matique et ennuyeuse, et qu'il pourrait sembler 
plus amusant d'aborder tout de suite les effets sans 
s'attarder à en connaître les causes'. Les esprits cu- 
rieux et sérieux, j'en suis convaincu, ne seront pas 
de cet avis-là. 

Il n'y a pas si longtemps qu'on le pourrait croire, 
qu'on sait avec netteté ce qu'est la vapeur. Oa a 
utilisé ses propriétés mécaniques avant de la con- 
naître. La raison en est bien simple : les décou- 
vertes toutes modernes des physiciens et des chi- 
mistes sur les gaz n'avaiont pas encore appris qu'il 
y a des différences essentielles entre les substances 
qui affectent l'état gazeux ou aériforme. Aussi 
croyait-on que la vapeur était, soit de l'eau que l'ac- 
lion du feu change en air, soit de l'air ou tout au- 
tre fluide subtil qui était primitivement renfermé 
dans l'eau. V Encyclopédie de d'Alembert et Diderot 
définit ainsi le mot vapeur : « C'est l'assemblage 
d'une infinité de petites bulles d'eau ou d'autres 



QIJ'EST-CB QUE LA VAPEIU? 35 

matières liquides, remplies d'air raréfié par la cha- 
leur et élevées par leur légèreté jusqu'à une cer- 
taine hauteur dans l'atmosphère ; après quoi elles 
retombent, soit en pluie, soit en rosée, soit en 
neige, etc. » C'était, comme on voit, confondre la 
vapeur proprement dile, toujours invisible, avec 
les nuées visibles, comme le prouvent d'ailleurs les 
lignes suivantes : « Les masses de cet assemblage, 
qui flottent dans l'air, sont ce qu'on appelle nua- 
ges, » 

Voici comment s'exprime sur le môme sujet 
Bossut, qui écrivait en 1775, c'est-à-dire quatre- 
vingts ans après rinvention de la machine à vapeur ; 
« Le feu fait sortir de l'eau, en forme de vapeur, 
un fluide Irès-léger, très-subtil, très-élastique, ca- 
pable de faire équilibre à des poids consiiîérables... 
Cette vapeur n'est pas de l'air qui se dégage de l'eau, 
comme quelques personnes pourroient le penser. » 
Il cite alors, pour appuyer cette manière de voir, 
une expérience de Désagn tiers qu'il est superflu de 
reproduire, et il ajoute en manière de conclusion : 
« Il paroît que la vapeur est un fluide particulier, 
mêlé dans l'eau, ou si l'on veut, la partie la plus 
subtile de l'eau, que le feu met en action, et qui 
perd subitement sa vertu expansive, jusqu'à n'oc- 
cuper qu'un volume presque infiniment petit, quand 
on la refroidit d'une manière quelconque. » 

L'idée que la vapeur n'est autre que l'onn elle- 



o4 



LA VAPtUn. 

même, transformée en gaz par Faction de la cha- 
leur, n'était pas claire encore à cette époque ; on 
le voit par les passages que je viens de transcrire. 
Mais aujourd'hui, aucun doute n'existe plus sut* les 
circonstances de cette transformation, que nous al- 
lons étudier rapidement d'après toutes les données 
de la science. 



II 



COMMENT SE FORME LA VAPEUR 



L'eau se réduit spontanément en vapeur u loule tenipératuie. — Evapo- 
ration à la surface. — Ebullition de l'eau ou vaporisaliDn interne ; 
l'eau chante. — Constance de la température pendant l'ébullilion. 



L'eau, comme tous les liquides, se réduit sponta- 
nément en vapeur à toute température. En expo- 
sant à Tair libre, dans un vase ouvert, imperméable, 
une certaine quantité d'eau, on voit peu à peu celle- 
ci diminuer et finalement disparaître, et cette dispa- 
rition qu'on ne peut attribuer à l'absorption du 
vase ne s'explique que par le passage graduel du 
liquide à l'état aériforme ou gazeux. 

Aux températures ordinaires, la transformation 
de l'eau en vapeur n'a lieu qu'à la surface; aucune 
bulle gazeuse ne se dégage de la masse interne ; on 
reconnaît seulement que le phénomène est d'autant 
plus rapide, que la surface liquide est relativement 
plus étendue, et que la température est elle-même 



yi LA VArEUR. 

plus élevée. Mais il faut ajouter que celle rapidilë 

dépend encore, et de l'état hygrométrique de l'air 

ambiant etdelaprcb 

sion atmospliLiique 

pendant la durée de 

i1|||| ■■■^ 1 etpericnce 

Pour le moment 
ne faisons varier que 
la temptralure 

Mettons sui le feu 
le vase contenanl 1 eau 
et écliauffons-la ainsi 
progressivement. Si le 
foyer estsufQsammenl 
actif, on verra bien- 
tôt la vapeur se for- 
mer non-seulement à 
la surface du vase, d'où elle s'écliappe sous 
forme de nuages qui s'élèvent et se dissipent 
dans l'air, mais encore au sein du liquide môme. 
Sur le fond et sur les parois inférieures du 
vase, celles qui sont en contact direct avec les 
charbons ardents, des bulles gazeuses apparais- 
sent, se détachent, puis s'élèvent en forme de 
cônes jusqu'aux couches supérieures de l'eau. Ces 
premières bulles de vapeur diminuent de volume 
en s'élevant et disparaissent avant d'avoir atteint le 




Fig 10 — Prem ère pi as 



COx\llltxNT SE FOKME LA VAl'iilit. 37 

niveau supérieur du liquide. On entend alors un 
bruissement particulier causé précisément par la 
condensation de toutes ces bulles, ou mieux par le 
mouvement brusque de l'eau qui se précipite dans 
chacun des petits vides occasionnés par la condensa- 
tion. C'est ce qu'on exprime communément en di- 
sant que l'eau chante. 

En ce moment l'eau ne bout pas encore ; en d'au- 
tres termes, la surface liquide extérieure reste 
calme, unie et horizontale. L'agitation provenant 
de la formation active de la vapeur est restreinte 
aux couches intérieures ; elle n'atteint pas encore 
les couches les plus élevées. C'est que l'élévation de 
température n'est pas uniforme ; mais les courants 
provoqués dans la masse par l'ascension de l'eau la 
plus chaude et dès lors la plus légère, la chaleur 
abandonnée par les bulles qui se condensent sans 
interruption vont bientôt rendre le phénomène gé- 
néral. Les b'jlles de vapeur qui, tout à l'heure, dis- 
paraissaient avant d'atteindre la surface, montent 
jusqu'à celle-pi,et en crevant, rompent l'équilibre: 
le bouillonnement se manifeste dans la masse en- 
tière. Le phénomène de Tébullition est maintenonl 
complet. 

La transformation de l'eau en vapeur par l'ébul- 
lition, et celle qu'on observe, sans qu'il y ait ébul- 
lition, à une température quelconque, sont deux phé- 
nomènes différents, qu'il ne faut point confondre, 



58 LA VAPEUR. 

et qu'on dislingue en réservant le nom de vaporisa- 
tion au premier et au second celui d'évaporation, 
La différence essentielle est celle-ci. L'évaporation, 
nous l'avons déjà dit, se fait par la surface libre du 
liquide; et elle a lieu, plus ou moins rapide il est 
vrai, à toule température, et quelle que soit la pres- 
sion extérieure de Tatmosphère. La vaporisation se 
fait à une (empérature qui reste constante, dès que 
Tébullition a commencé, bien que cette tempéra- 
ture dépende elle même de la pression atmosplié- 
rique. 

Voilà une condition caractéristique de l'ébuUition. 
Supposons, par exemple, que dans l'expérience 
Irès-simple que nous venons de décrire, nous 
ayons, dès l'origine, plongé un thermomètre dans 
Teau. A mesure que celle ci s'est échauffée, nous 
aurions pu voir monter progressivement le niveau 
du mercure dans le tube, jusqu'à ce que, Té- 
bullition ayant commencé, ce même niveau, par- 
venu an maximum d'élévation, fût devenu sta- 
tionnaire. Il eut marqué 100«, dans l'hypothèse 
où le baromètre, à ce même instant, eût indiqué 
lui-même la pression atmosphérique de 700 milli- 
mètres. 

Alors, quelle que soit l'intensité du feu, tant 
que l'eau du vase bout, tant que la vaporisation 
dure, vous verrez cette température de iOO"* per- 
sister. En activant le foyer, vous rendrez l'ébuUi- 



COMMENT SE HmME LA YAPEIR. 31» 

tion plus rapide, c'est-à-dire la transformation de 
l'eau en vapeur plus prompte ; mais vous ne 
parviendrez pas à échauffer Teau davantage , 
non plus que la vapeur qui s'en échappe. La 
chaleur fournie est tout entière occupée à cette 
opération du passage de Feau de Fétat liquide 
l\ Tétat gazeux. 



INFLUENCE DE LA PRESSION EXTÉRIEURE SUR L'EBUI-UTIOM 

Ébullition dans le vide. — Faire tMmillir de l'eau en la refroidissant. — 
Température de rébullition sur les montagnes; impossihilité de faire 
du thé sur les Alpes. — ÉlMiUilion aii-dps«us de KXJ*; le dipesteur 
de Papin. 

Cette môme condition caractéristique de la con- 
stance de température de TébuUition, — disons, par 
parenthèse, qu'elle se présente aussi dans rébulli- 
tion des liquides autres que Teau — a lieu, quelle 
que soit la pression extérieure. Seulement plus celle- 
ci diminue, moins est élevée la température de 
rébullition. C'est ce qu'on peut vérifier expérimen- 
talement de diverses manières. 

Pai exemple, on place sous le récipient de la 
juachine pneumatique un vase qui renferme de l'eau 
à une température inférieure à celle de rébullition 
à l'air libre. Puis, on fait fonctionner la machine, 
c'est-à-dire on extrait peu à peu l'air contenu dans 



W I.-V lAI'LLIl. 

le itîcipient, ce qui revient à diminuer la (ires- 
sion que cel air exerce à la surface de l'eau. Quand la 
raréfacUon est suffisante, on voit l'eau bouillir;, 

souleineal les bulles de vapeur, au lieu de partir du 




fond du vase, coinmo il arrivait dans notre pre- 
mière expérience, prennent naissance dans les cou- 
ches supérieures, parce que c'est dans ces couches 
que la pression est plus faible. Du reste, l'ébullîtion 
s'arrête bientût ; cela tient à ce que la vapeur for- 
mée, en s'accumula ni, presse elle-inOme ia surface 
di- l'eau. En continuant alors de faire le vide, oa 



il 



COMMEM SE KOK.ME LA VAPHIK. 



41 



voit recommencer rébullition. En fuisunt un \ide 
aussi complet (lue possible, on pourrait faire bouil- 
lir de Teau, sans que sa température dépassât beau- 
coup 0°, température de la glace fondante. 

Voici une autre expérience, qui sert à montrer 




Fig. 12. ÉbuUilion do l'eau par le refroidisseiiiriil. 



que Teau peut bouillir ou se vaporiser purébullition," 
à une température moindre que 100°; mais c'est 
toujours parole fait de la diminution de pression à 
la surface du liquide. L'eau, contenue dans un bal- 
lon à long col, est d'abord soumise à Tair libre, el 
sur un foyer ardent, à une ébuUition assez prolon- 
gée pour que Tair du ballon soit chassé par la va- 



pciir (jui s'éL'Iiiipiiiî.On lioui'hc alors \c llacmi, iju'ini 
retire du feu, et pour éviter la renti-ée de l'air, on le 
renverse le col plongé dans l'eau. Si alors on l'efi-oi- 
dit le ballon, en l'aspcrgeanl d'eau froide, ou en le 
couvrant de morceaux de glace, la vapeur intérieure 
se condense; le vide qui se forme détermine une di- 
minution de pression, et l'ébullition recommence. 
11 semble ainsi qu'on fasse bouillir de /Vn» en la re- 
froidissant. 

Celle expérience nous instruit aussi d'un fait 
d'une haute iniporlnnce; c'est qu'un abaissement 
de température ramène la vapeur, en partie du 
moins, à l'élal liquide, en d'autres termes la con- 
dense. Nous reviendrons plus amplement tout à 
l'heure sur ce phénomène, inverse de cehii de l'é- 
vaporalion ou de la vaporisation. 

Enfin, il y a un autre moyen défaire bouillir l'ean 
à une température moins élevée que 100": c^est de s'é- 
lever en des points du sol où la pression atmosphéri- 
que soit inférieure ù 760 millimètres. Et, en effet, 
l'expérience prouve que sur les montagnes l'eaubout 
. à moins de lt)0°. De Saussure a trouvé 86° pour la 
température de l'ébullition do l'eau au sommet du 
mont Blanc : la hauteur du baromètre n'était alors 
que de 43i millimètres. Bravais et Martins ont fait 
des expériences semblables aux grands Mulets, sur 
les flancs du même mont : l'eau bouillait à 90° sous 
nnc pression de ^2'^l millimètres. Us oui trouvé pour 



COMMENT SK FORME LA VAPEl 11. i'j 

la température de rébuUitioii au sommet du uioiil 
Blanc, 84°,4 pour une pression barométrique de 
424"^. Au sommet du mont Rose, Tyndall a trouvé 
que Teau bouillait à 84%95. A Mexico, la température 
de Tébullition est de 92°. Ainsi, Tébullition deTeau 
n'est pas nécessairement une preuve de la <,Tande 
élévation de sa lempérature, puisque la tempéra- 
ture du point d'ébullition s'abaisse en môme temps 
que la pression extérieure. Dans les pays dont l'al- 
titude est considérable, l'eau bouillante ne permet- 
trait que difficilement, imparfaitement certaines 
opérations culinaires. « A Londres, dit Tyndall, on 
assure que, pour faire du tbé parfait, l'eau bouil- 
lante (à 100'') est absolument nécessaire. S'il en 
est ainsi, on ne pourrait pas se procurer celte bois- 
son dans toute son excellence aux slations les plus 
élevées des Alpes. » 

On conçoit dès lors que, si au lieu de diminuer 
la pression supportée par la surface du liquide, on 
augmente cette pression, de manière à lui faire 
dépasser la valeur de 760 millimètres, l'ébullition 
en sera d'autant plus retardée que la pression sera 
elle-même plus forte. Dans ces conditions, l'eau 
bout à des températures qui peuvent être de beau- 
coup supérieures à ^00^ Un moyen .très-simple 
d'accroître cette pression consiste à employer la 
vapeur elle-même, la force élastique dont elle est 
douée, force que nous mettrons bientôt en évidence 



el doiil nous étuilioroiis Itjs varialioiis avec soin, 
puisque c'est sur elle que reposi; li! principe môme 
de la macliine à vapeur. 

C'est à Papin, ii i'imniorlel invcnlcur de la ma- 
chine ù vapeur, qu'on doit la di^couverte de ce fait, 
qu'il sut uliliser en inventant la marmile connue 
aujourd'lini sous son nom, et dont il publia la des- 
triplion à Londres, en 1681, sous le lilre de i\'e»' 
Digester'. 
Voici en quoi consiste la marmile de Papin : 
Un vase cylindrique, en fêr ou en bronze, aux 
parois épaisses et rôsistantes, est fermé par un cou- 
vercle de mfimc mêlai, qu'une vis de pression main- 
tient appuyé contre les bords du vase. Celui-ci èlaul 
empli d'eau aux deux tiers, par exemple, et placé 
sur un foyer incandescent, de la vapeur se forme 
en quanlilé croissante ; mais comme elle n'a pas 
d'issue, elle s'accumule au-dessus du liquide, sur 
la surface duquel elle eserce une pression de plus 
en plus grande. L'eau peut ainsi atteindre, sans 
bouillir, une température dépassant de lieancoup 



vapeur, par H. Hachette,) 



DigaUci- a 


tû putili,^ A Iteh 


■6 d-mnollir 


la 0» ei de faire 


p,.,,U-U'„. 


s H à peu de ft'ail. 




hi'l te servir j-mir 




fin- l'Iusieun mi- 




'lotleur en méde- 




m-f. T'Ei-ia, lUB'.! ; 


gfS, [Ilhh 


r ./c« ilnchhiti II 



COSiaENT SE FOItHK I.A V.M'KI H. 45 

100", capable, par exemple, de luire fondre titn- 
tains mélaux, de i'étain, du bismuth, du plomb '. 
Les légumes, la viande y cuisent plus rapidement 
iHic dans l'eau bouillante oi-dinaire; les substances 




11681). 



susceptibles de sedis^oudic comme la ^elatme des 
os, se 1 amoUis-ient et se dissohent trcs aisément. 
On a obtenu ainsi de la gelalme en soumettant à 
l'action de cette eau suichaufiLt des 01 fossiles, 



ayant u)>parleau à .les mastodoiiti^s el autres ani- 
maux aiiléililuvieiis, qui vivaient, il y a quelques 
dizaines de milliers d'années. 

La pression de la vapeur peiiL, dans certaines con- 
ditions, atteindre une force coiisidéi-able, qui, 
s'cxei'çanl à la fois sur la surface liquide et sur les 
parois du vase, risquerait de le faire éclater et ren- 
drait dès lors l'expérience dangereuse. C'est pour- 
quoi la marmite est munie d'une soupape de sûreté,^ 
Un trou esl percé dans le couvercle, el sur la piùce 
mobile qui ferme ce trou s'appuie un levier dont 
la grande branclie supporte un poids qu'on peut 
placer à une distance variable, suivant la pres- 
sion limite qu'on ne veut pas dépasser. Si la tempé- 
rature de l'eau qui correspond à celte limite est 
franchie, la vapeur soulève le. levier, s'échappe en 
sifllant au dehors, où elle se condense sous l'appa- 
rence d'un nuage ; la pression intérieure diminue 
par le fait de celte projection de vapeur cl le danger 
d'explosion est conjuré. 

La soupape de sûreté, telle que l'a inventée Papin, 
est encore employée dans tous les appareils ayant 
pour objet la génération de la vapeur. 



u. 



m 



FORCE ÉLASTIQUE DE LA VAPEUR 



Élude plus intime du phénomène de I ebullilion. — La tension de la va 
peur, pendant l'ébuliition, est égale à la pression atmosphérique. — 
Influence dç la pureté de l'eau sur la température de l'ébullilion ; 
Influence de la nature du vase : ébuUition dans Içs vases en verre, 
dans les vases métalliques; expériences de DeUic, de Donny. — Ebulli- 
lion de l'eau purgée d'air. 



Revenons maintenant au phénomène de la for- 
mation de la vapeur d'eau par ébullition. Étu- 
dions ce phénomène d'une façon plus intime. 

Pourquoi d'abord avons-nous vu la température 
(l'ébuliition varier avec la pression extérieure ? La 
raison de ce fait est bien simple. C'est que la vapeur 
d'eau, pour se dégager du fond du vase, doit être 
douée d'une force élastique ou tension assez grande 
pour surmonter la pression que supportent les cou- 
ches inférieures du liquide, pression qui se com- 
pose de deux éléments, savoir : d'une part la pres- 
sion de l'eau , d^autre part la pression atmosphérique. 



brce eTas- 



Or, comme nous le verrons plus loin, la force 
liiiye (le la çapeur augmenle avec la lempéra- 
lure. 

Ainsi, il l'origine, rjiiand se forment au fond du 
vase les premières bulles de vapeur, la tension de 
ees bulles est d'abord assez forte pour faire équili- 
bre à cette double pression; nous avons vu qu'elles 
s'élôvent à cause de leur légèreté spécifique; mais 
comme les couches d'ca» qu'elles traversent n'ont 
pas toutes encore la même températm'e, que les 
plus élevées sont moment anénicnl plus froides, les 
bulles se refroidissent en montant, elles se conden- 
sent sous l'influence de ce refroidissement, dimi- 
nuent de giosseur et finalement s'évanouissent. 
C'est ce qui explique pourquoi elles repassent entiè- 
rement à l'état liquide avant d'avoir pu atteindre le 
niveau de l'eau dans le vase. 

Peu i> peu cependant, l'eau s'ccbauffe partout, 
soit par le mélange provenant des courants liquides 
ascendants et descendants, soit par la chaleur que 
lui cèdent en se condensant les bulles de vapeur, et 
Il la fin la tension de ces dernières est assez forte pour 
qu'elles puissent conserver leur état en faisant leur 
ascension complète. On les voit apparaître à la sur- j 
face de l'eau enveloppées de minces couches d'eau 
hémisphériques. En cet état, elles n'ont plus à sup- 
porter que la pression de l'atmosphère ; elles crèvent 
iiloi-s, provoquant de la sorte à la surface un mouve- 



•r^ 



TOUCE ELASTIQUE l)E LA VAPEIR. *i 

meut tumultueux, indice visible de l'ébulUtion pi-o- 
premenl dite. Il est donc bien évident que la tension 
de la vapeur est en ce moment précisi'imenl ^galc à 
la pression extérieure, 
à la pression at os 
phérique, si I vas 
est ouvert et que i 
bullition se fa e 
l'air libre. 

Quand donc lap e 
sionalmosphér que I 
minue — c'est c qu 
arrive chaque jou e 
Ion les circon tance 
météorologique c e t 
ce qui arrive ei co es 
l'on s'élève si r u 
montagne, ou b 1 
ion — la vapei pou p 

faire équilibre d ell 

pression plus fa bic n j a bc o n d une te p ra 
ture aussi grande. L ebuUitiun a lieu au-dessous de 
lOO". Il faut écliaufferreau, au contraire, au-dessus 
de ce degré, si la pression extérieure augmente, i-ésnl- 
tat qu'on produit artificiellement en se servant 
de la tension môme de la vapeur emprisonnée, 
comme on l'a vu dans l'expérience de la marmite 
de Papin. 




I i-nn- 



M LA VAI'LKl. 

Retenons donccea deux lois qui président au pUè- 
nomène de l'ùbullilion. 

l'iemière loi : la tension de la vapeur de l'eau ou 
d'un liquide quelconque en ébulUlion est toujours 
égale à la pression extérieure, c'esl-à-diiai à celle qui 
s'exerce ii la surface du liquide ; 

Deuxième loi : la température ilu liquide en ébul- 
lilion reste constante pendant toute la durée de la 
vaporisation, si la pression extérieure reste invaria- 
ble ; celle température d'ailleurs aug'incnte ou 
diminue si la pression elle-même augmente ou di- 
minue. 

^ansloul ce que nous venons de voir, il n'a pas 
été question de deux circonstancosqui exercent l'une 
et l'aulre sur le phénomène de l'ébullilion une 
influencé notable : je veux parler de la pureté de l'eau 
et.de la nature du vase dans lequel elle est conte- 
nue. 

L'expénencc montre que les substances simple- 
ment mélanftées, ou en suspension dans l'eau ne mo- 
difient point la température d'ébullilion. Il n'en est 
plus ainsi, quand ces substances sont combinées ou 
en dissoin lion. 

Le liquide dissous, l'alcool par exemple, est-il 
plus volatil que l'eau ? en ce cas, le point d'ébuUi- I 
lion s'abaisse; il s'élève au contraire, si c'est un 
liquide dont la vapeur se forme moins facilement, 
i-onime l'acide suH'urique. Maïs la vapeur produite 4 



FORCK ÉLASTIQUE DE LA VAPEIH. M 

n'est plus de la vapeur d'eau : c'est un inélangr 
ou une combinaison des vapeurs dci oJiaque li- 
quide. 

Enfin, quand la substance dissoute dans l'eau esl 
un sel, la température du point d'éhullition est tou- 
jours plus élevée que celle de Teau pure et cette 
élévation est d'autant plus grande que la proporlioii 
du sel en dissolution est plus forte elle-même. 
C'est ainsi qu'une dissolution de sel marin bout 
à 101° 5, si la proportion est de 10 pour 100, 
à 103° 5, — 20 — 

à 105° 5, — 50 - 

à 108° , — 40 — 

Aussi qu'arrive-t-il, quand on porte une dissolu- 
tion saline à TébiiUition? c'est que Tévaporation la 
concentre. Quand rébuUilion est obtenue, la vapeur 
d'eau, se formant en grande quantité, la proportion 
relative du sel qui reste dissous augmente, la tem- 
pérature monte progressivement, jusqu'à ce que, la 
dissolution avant atteint son maximum de concen- 
tration, étant, comme on dit saturée, la température 
d'ébuUition à ce moment devienne fixe, comme celb* 
de l'ébullition de l'eau pure, mais toujours plus éle- 
vée qu'elle. 

Une dissolution de sel marin esl saturée, quand 
la quantité en poids de sel dissous dans 100 parties 
d'eau est 41,2 ; le point fixe d'ébuUition est alors 
108°,4. La dissolution saturée de sel ammoniac 



r 



renferme 88,9 pmir 100 cMjouI à lli^.S; celle de 
chlorure de calcium reulerme 525 pour 100 et ne 
bout qu'à n9'',5. 

Ces notions ne sont pas élrangci'es à notre sujet, 
tant s'en faut. 11 est rare eu effet que les eaux em- 
ployées dans les maehinesà viipeur soient pures; le 
plus souvent, elles contiennent en dissolution des 
matières étrangères, des sets de diverses natures; 
l'eau de la mer, par exemple, est très chaînée de 
telles substances dont il importe de connaître l'effet 
sur la production de la vapeur et qui, en se déposant 
sur lesparoisdesehaudién's, peuvent provoquer des 
explosions formidaitles. 

Dca raisons semblables nous engagent à dire quel- 
ques mots de l'inHueuce qu'exercent siirTébullition 
les matières qui composent les parois du vase niï 
l'eau est renfermée. 

L'eau bout plus vite, c'est-Ét-dire à une tempéra- , 
ture moins élevée, dans un vase en métal que dans l 
un vase en verre. La qualité du verre, l'état de sa j 
surface ont aussi une influeuee marquée sur le phé- 
nomène. 

Dans un vase eu verre dont la suiface intérieure 
a été préalablement bien nettoyée, la formation des 
bulles gazeuses est plus lente : ces bulles sont gros- 
ses, peu nombreuses : on dirai! qu'elles ont peineà \ 
se détaclierdu fond du vase. Fait-on bouillir l'eau \ 



FORCE ÉLASTIQl'K DK LA VAI'KrU. .V. 

dans un vase métallique, on voit les bulles plus peti- 
tes, mais aussibeaucoup plus nombreuses, partir de 
tous les points de la paroi inférieure, et, coninu» 
indice caractéristique de cette formation plus aisée 
de la vapeur, on trouve que le point d ebullition csl 
moins élevé que dans le verre : la différence peu! 
s'élever a 1 ou 2 degrés. Ce dernier point est facile à 
constater. Prenons un vase en verre renfermant de 
l'eau dont l'ébuUition a cessé il y a peu d'instants, 
c'est-à-dire dontla température a légèrement baissé ; 
projetons-y de la limaille métallique. Voici l'ébuUi- 
tion qui recommence, et ce qui montre bien quelle 
est l'influence de la nature de la substance, c'esl 
que du verre en poudre projeté de la même ma- 
nière produit moins d'effet que la limaille métalli- 
que. 

Quelle est la raison de ces différences!' 
Qu'est-ce qui, dans le verre, s'oppose à la forma- 
tion des bulles de vapeur? 

Il y a là probablement une action moléculaire, 
l'adhérence des molécules liquides qui, très-consi- 
dérable pour le verre, est bien moindre pour une 
surface métallique. Le changement d'état, le passage 
de l'état liquide à l'état gazeux éprouve, pour se pro- 
duire dans le premier cas, une résistance plus grande 
que dans le second. Quand une première bulle a 
réussi àse former au contact du verre, elle augmente 
de volume pour deux motifs, par accroissement 



(le température d'aliord, eusuilc parla lonnalioii 
tie nouvelle vapeursur lu surface sphiTique interne 
lie la bulle. La tension de la \apeur devenant tout à 
coup plus forte (]ue la prassiou subie, il eu résulte 
les soubresauts qu'on remarque alors, quelquefois 
même la projection violente d'une porlion de liquide 
hors du vase. 

Dans un vase en verre, en verre ('i;('( notamment, 
dont la surface interne u'a pas été préalablement 
bien nettoyée, les poussières qui tapissent le fond 
provoquent la fonnalion do la vapeur, tout comme 
il arrive quand on y jette dos pai'celles de limaille. 

Ce n'est pas seulement l'adhérence de l'eau pour 
le verre que doit vaincre une molécule d'eau chaul- 
l'éeà 101)* pour se convertir en bulles de vapeur, 
c'est encore la cohésion, laforce qui unit cettemo- 
lécule à toutes les molécules qui l'entourent. Cette - 
cohésion est d'autant plus grande que l'eau est plus 
pure et surtout qu'elle est mieux purgée d'air. L'air 
en dissolution dans l'eau semble jouer le rôle d'un 
diviseur qui a prépnré les moléci.les liquides h la 
séparation. Lt, défait, l'expérience confirme cette 
maniérede voir. 

Le physicien Deluc ayant enfermé dans un matras 
à long col de l'eau purgt'c d'air, put la porler à une 
température de 1 12" sans qu'elle entrât en ébulli- 
liou. Plus tard, un grand nombre d'expériences dé- 
cisives dues à M. Donny ont mis en évidence c 



nences dé- à 
ilcnce cette j 



ranci-: élasti^vk iik i,a vapki-ii. x, 

action de l'air dissous dans l'eau sur rébullilion du 
liquide. Voici l'une de ces expéncuccs. 

Un tube doublcmenl recourbé et tcrniiuùûruiii! 
de ses extrémité» eu forme de boule (fig. 15) ren- 
ferme de l'eau complètement purgée d'air. Cette 
condition essentielle a été obtenue en faisant bouillir 




-.ft>-. 



l'eau dans le tube encore ouvert; la \apeur qui se 
dégage chasse peu à peu l'airdu tube ainsi quccelui 
qui était dissous dans l'eau ; on ferme à la lampe 
dès qu'on est assui'é qu'il n'y a plus dans le tube 
que de l'eau etsa \apcur. On a ainsi une sorte de 
marteau d'eau dont ou plonge la partie recourbée 
•contenant le liquide refroidi dans un bain d'huile. 
On chautfece dernier à l'aide d'une lampe à alcool. 



58 lA VAI'tliU. 

choses ni! se passenl ainsi que quanil il y a absence de 
contact enti-eli! gloliule et le inélal du creuset; ce 
qui exige que la température de ce dernier dépasse 
une certaine limite, que l' expérience a permis de dé- 
terminer. Température variabled'ailleurs avec la na- 
ture du liquide : elle est de 140° pour l'eau environ. 
Si donc on vient, pendant que le globule d'eau 
est sur le creuset, à laisser peu » peu refroidir ce 
dernier, au moment où sa température s'abaisse 
à 140", le contact s'élablîl entre le métal et la pe- 
tite masse d'eau; le globule prend rapidement la 
température de rébullition, il bout avec violence et 
se réduit presque aussitôt enlièremeut en vapeur. 
C'est là un fait que nous devrons nous rappeler, 
<;[uand il s'agira de clierclier les causes de l'ex- 
plosion des chaudières ti vapeur. 



Lais de toijualinn el («mion des vapcui-s dans le Tidc. -^ Tension laaii- 
moni et saluratiun. — Vai'iations de la lenslan maiiinuiu Hvec U 
tBmpéralare; Énoncé des lois du Ballon. — EcUelle des lensions di^sii 



Parmi les propriétés des vapeurs et surtout de la 
vapeur d'eau, il en est une qui nous intéresse plus 
pai'liculicrement : je veux parler de leur force élas- 
t'Hpie nnleiislou. C'est celle force, en effet, qui est 



FOIICK ELASTIOIE DK LA VAI'KrU. bi) 

le principe du iiiouveuienl des inacliines à viipeur. 
Il est absolument nécessaire de bien connailre et 
comprendre les lois des variations de celle force et 
de savoir en mesurer l'intensilé, si Ton veul se 
rendre compte du fonclionnemenl des divers orga- 
nes de ces machines. 

Les effets mécaniques de la vapeur d'eau sont 
connus, nous Tavons dit, depuis la plus haute an- 
tiquité. Une marmite conlenanl de Teau en ébulli- 
lion a sufii pour fîîire constater l'existence de la 
force élastique en question : un couvercle fermant 
un peu hermétiquement Tuslensile d(^ ménage est 
.soulevé par la vapeur, qui cherche une issue. Et 
voilà, pour qui sait voir et ol)server, la tension de 
la vapeur d'eau reconnue. 

Mais de là à en déterminer les lois, il v avail loin. 
Le premier physicien (|ui ait fait celle élude avec 
précision (»st le savant anglais Dallon, sous le nom 
duquel on connaît les lois de la formation et de la 
tension des vapeurs dans le vide. Décrivons rapi- 
dement et succinclement les expériences qui ont 
conduit Dalton à fornmler ces lois. 

L'aj)pareil emjdoyé est des plus simples. C'est 
un tube barométrique qu'on peut à volonlé élever 
ou abaisser dans la cuvette pleine de mercure d'un 
baromètre, dont le niveau supérieur va servir, 
comme on va le voir, de repère ou de terme de 
comparaison. 



uo 


LA VAl'KUll. 


Au (l('biil lie 


l'cxiiérience, le meicui-e des deux 




tubes s'élève b une même 






hauteur au-dessus du ni- 


J 




veau de la CHvelle , el 






ceUe hauteur mesure , 


1 ■ 


1 


comme on sait, la pres- 
sion almosphériquc, la 
force élastique avec la- 
quelle l'air extériem- 
presse la surl'ace du mer- 
cure de la cuvelle. Dans 
les deux chambres ba- 


1 ' 

IL 


i 


rométriques, il y a 1p 
vide. 

Introduisons mainle- 

!* liant sous l'un des tu- 

l)cs , comme l'a fait Dal- 

lon, il l'aide d'une pi- 


1 


pette recourbée, un pe- 




1 lit volume du liquide 




i\\ dont il s'agit d étudier 




\\ la vapeur. Ce sera de 


/ 


* Y'-^ï- l'eau, si vous voulez. 


^ J- - 


'^"^ Aussitôt que l'eau, par 




"^"^ sa légèreté spécifique, a 


■l„ . 1 II 


; ; ;; '^J^ monté dans le tube et pé- 


1 


nétré dans le vide baro- 


mé(rti|ii(<, on 


voît le niveau du mci'L'ure se dé- 


^ ^ 


M 



FORCE ÉLASTIQUE DE LA YAPEIU. 01 

primer et s'abaisser jusqu'à un certain point b, 
A quoi est due cette dépression instantanée? Évi- 
demment à la vapeur d'eau qui s'est formée dès que 
le liquide a pénétré dans Fespace vide de la cham- 
bre. On peut s'assurer, en effet, ou bien que le liquide 
a disparu complètement, ou s'il en reste encore 
au-dessus du mercure, que son volume a diminué. 

Que prouve cette première expérience? Que, dans 
le vide, les liquides se réduisent spontanément en 
vapeur, et que cette vapeur est douée d'une cer- 
taine force élastique ou tension. La différence de 
niveau des surfaces a, 6, du mercure dans les deux 
tubes est d'ailleurs la mesure de cette force, qu'on 
peut comparer ainsi à la i)ression atmosphérique au 
moment de l'expérience. 

Examinons maintenant à part chacun des cas qui 
peuvent se présenter. 

Supposons que tout le liquide introduit ne se soit 
pas réduit en vapeur, qu'il en reste un excédant au- 
dessus du mercure. Abaissons rapidement le tube 
dans la cuvette : que voyons-nous? Le niveau b 
reste à la môme hauteur au-dessus du mercure de 
la cuvette, bien que la chambre barométrique ait 
diminué de volume, c'est-à-dire bien que l'espace 
occupé par la vapeur soit moins grand qu'au début 
de Texpérience. 11 faut en conclure que la force 
élastique de la vapeur n'a pas changé. Seulement, 
Irf quantité de liquide qui surnage a augmenlé 



tti lA V.ll'EL'lt. 

comme on pt'iil le voir, ce i[ii\ pmvienl évideni- 
menl du retour d'une parlie de la vapeur d'eau à 
l'élat lirjuide. Si, au lieu d'eau, on employait, pour 
les expériences que nous venons de décrire, iin li- 
quide très-volalil comme réther ou l'alcool absolu, 
l'accroissement d'épaisseur de la couche liquide 
qui surmonte !e mercui-e serait plus aisément 
appréciable. Remontons maintenant le tube à son 
premier niveau ; les choses reprendront leur pre- 
mier état, et si l'on continue à agrandir la chambre 
barométrique par l'ascension du tube, on recon- 
naîtra que le niveau b reste invariable tant que le 
liquide re;sie eij çxcès, c'esl-à-dirc n'est point enti<>- 
remenl vaporisé.' 

Arrive un moment, toutefois, où l'eau est «niiè- 
rement réd.uitc en vapeur. Là, encore, le niveau fr 
n'a point changé ; nigis si l'on continue à soulever 
le tube, le mercure remonte progressivement ; b se 
rapproche du point a sans d'ailleurs jamais l'atteîn- 
die. Quand la vapeur n'est plus en contact avec le li- 
quide qui l'a formée, sa tension diminue donc : elle 
devient d'autant plus faible que l'espace vide oc- 
cupé par celte vapeur est plus grand. Dans cette 
condition particulière,' la vapeur se comporte 
comme un gaz, et la loi des variations de sa ten- 
sion est, en effet, la même que la loi de Ma- 
riolle*. 



e par le ptiï^ii 



FORCE ÉLASTIQUE DE L\ VAPEUR. 63 

Enfin, si l'on abaisse de nouveau le tube dans le 
prolonfiement de la cuvette, on voit à mesure 
augmenter la pression de la vapeur jusqu'à. sa va- 
leur primitive. Le niveau du mercure revient en b, 
mais à partir de ce moment, il reste encore invaria- 
ble, et une partie de la vapeur reprend l'état li- 
quide comme auparavant. 

De ces nouvelles expériences Dalton a con- 
clu : 

Que la vapeur d'un liquide qui s'est vaporisé 
dans le vide atteint un degré de force élastique ou 
de tension maximum qui reste invariable, tant qu'un 
excès de liquide reste en contact avec l'espace plein 
de vapeur. On dit alors ([uc l'espace en question est 
saturé K 

N'oublions pas, d'ailleurs, que les expériences 
qu'on vient de décrire sont supposées faites à une 
température rigoureusement invariable, et que les 
lois que Dalton en a conclues s'appliquent aux va- 
peurs des liquides quelconques. Mais, pour une 
même température, la tension maximum de chaque 
espèce de vapcfur est loin d'être la même, ainsi 



lièiue siècle dont elle porte le nom, peut s'énoncer ainsi : « Les . 
volumes occupés par l'air ou par tout autre gaz varient en raison 
inveise des pressions que ces gaz supportent. » Celle loi n'est 
plus rigoureusement exacle, quand les expériences ont lieu à des 
températures voisines des points do liquéfaction, 

* V?r un défaut de langage qu'on devrait éviter, on dit èouvent 
que, dans ces conditions, la vapeur est cWc-mème sa tvr(^e. 



qu'on peut s'en remlrc compte avec l'appareil ili! 
la figure 17, ijui est roniiii sous le nom de faiscenu 
barométrifjm' . 




Is liquides A la luCinc [empéralur 



Ce sonldes lubes baroiiiL'triques dans les chaip- 
bres desquels on a introduit divers liquides, d&j 

l'eau, de l'akool, de l'éther, du sulfure de car- | 
hnuc. Pir. En ilrleniiiiinnl. coiiime I'.t fait Dnl- 



FORGE ÉLASTIQUE DE LA VAPEUR. 05 

ton, la tension maximum de la vapeur de chacun 
d'eux, on voit, par la différence des niveaux du 
mercure dans les tubes, que ces tensions sont 
essentiellement différentes à une même tempé- 
rature. 

Il nous reste maintenant à dire comment varie la 
tension d'im espace saturé de vapeur, quand on fait 
passer la température par toutes ses valeurs entre 
deux limites extrêmes. 

L'expérience montre que la force élastique de la va- 
peur quand l'espace est saturé, ou sa tension maxi- 
mum, varie avecla température, décroissant si celle- 
ci s'abaisse, augmentant au contraire si elle s'élève. 
D'ailleurs, cet accroissement est rapide. Ainsi nous 
savons qu'à 100°, la vapeur d'eau a une tension 
maximum de 760 millimètres de mercure, égale à 
ce qu'on nomme en physique iine atmosphère. Or, 
à 150^elle atteint la valeur de 4 atmosphères 1/2, à 
200'', celle de 15 atmosphères. Pour des tempéra- 
tures inférieures à celle de l'ébullition , cet(e 
loi de progression se présente pareillement. A 0% 
la force élastique maximum de la vapeur n'est 
que de i™",6 de mercure ; à 50^ elle atteint 91 
millimètres, près de 20 fois aussi grande qu'à 
0**; à 100°, elle a une valeur 165 fois aussi consi- 
dérable. 

L'étude de ces varialions, si importante pour la 
théorie des machines à vapeur, a été l'objet, de- 

5 



Ii6 I.A \AI'El[l. I 

puis Dalton, de grands travaux auxquels se ratta- 
chent les noms de plusieurs savants ; citons ceux 
de Dulong et d'Arago et, parmi les physiciens con- 
temporains, ceux de M. Magnus et surtout de M, Re- , 
gnauIt.La mesure des tensions des vapeurs, de la ' 
vapeur d'eau notamment, a été déterminée avecune 
précision extrême pour un grand nombre de tem- 
pératures, depuis les plus basses jusqu'aux plus 
élevées qu'on ait pu produire sans redouter des ac- 
ciilcnts, des explosions dangereuses. Voici un ta- 
bleau qui donne les tensions maxima de la vapeur 
d'eau saturée, depuis 20° au-dessous de la glace 
jusqu'à 230" au-dessus de 0°. C'est vers celte limite 
que les expériences de M, Regnault ont dû s'arré- : 
ter : à 252°, la tension de lu vapeur égalait environ J 
50 fois la pression atmosphérique, mais cette force ' 
pressait la chaudière où la vapeur était emprison- i 
née avec une telle puissance qu'un boulon de l'ar- 1 
mature qui consolidait les parois se rompit. U fal- ! 
lut s'arrêter. On comprendra la nécessité de cette , 
mesure de prudence, si l'on veut bien songer que 
chaque décimètre carré de la paroi interne de 1^ ] 
chaudière supportait alors une pression équiva- 
lente à un poids de 5,10t) kilogrammes. i 



FORCE ÉLASTIQUE DE U VAPEUU. 07 

TLN:»10.Ni> D£ LA VALEL'il u'eAL' SATl'KÉE 
. l.X'M.IUÉES 







en' 


E.X 


DE LA VAPEin d'eau 


NILLIJIÈTIlES DE NEI'.CURE 


ATMOsPOiRES 


— 20» 


0-"»,43 


0.0012 


— 10 


2 


08 


0.0:)27 





4 


m 


0.0027 


+ 10 


9 


10 . 


0.0060 


20 


17 


39 


0.0120 


40 


54 


91 


0.0228 


60 


148 


79 


0.0725 


îîO 


554 


62 


0.1957 


100 


760 


00 


1. 000 


120 


1491 


28 


1. 962 


140 


2717 


65 


5. 575 


160 


4651 


62 


6. 120 


180 


75 iO 


40 


9. 910 


200 


11689 


00 


15. 580 


220 


17390 


50 


22. 8S2 


230 


20920 


40 


27. 555 



C'est vers \2V que la pression de la vapeurd'eau 
alteinl 2 atmosphères; de 121** à 145°, elle dou- 
ble de valeur ; elle double une troisième fois et 
atteint 8 atmosphères à 172°; elle en vaut 16 vers 
204°, et enfin on calcule qu'à 266°, la tension maxi- 
mum de la vapeur d'eau saturée atteindrait Ténormc 
puissance de 50 atmosphères. 

Terminons ce sujet un peu aride, trouvera-t-oii 
peut-être, mais d'un si haut intérêt théorique et 
pratique, par quelques chiffres propres à montrer 
combien, à des températures égales, les tensions 
maxima des vapeurs saturées de divers liquides 
sont différentes. Nous prenons pour exemple des 



r 




LA VAPEUR. 

vapeurs qui ont èlé l'objet d'essais pour l'applica- 
lion aux machines molrices. 

A 100°, la vapeur d'sau o pour mesure de sa ten- 
sion 760""° de mercure. 



à iÛO".. 4925— lem— 2796" 2128— li07°" 5225" 
à 120-. . 7719 3231 4551 5935 2595 51i5 

On voit de combien il s'en faut que les vapeurs 
saturées de liquides différents aieut, à une mâme { 
température, la même tension maximum. Mais 
n'oublions pas qu'il y a un point, qui est celui de 
l'ébullilion, où la vapeur de chacun d'eux a la 
môme tension, celle de la pression atmosphérique 
au moment de l'expérience. Eh bien, des tempéra- 
tures égales à partir de ce point, donnent approxi- 
mativement la même tension maximum pour la 
vapeur des divers liquides. Par exemple, l'élher 
bout à 57°. De sorte que les températures de 100° et 
de 120°, indiquées plus haut, marquent des points 
éloignés respectivement du point d'ébullition, de 
63° et de 85°, Pour la vapeur d'eau, les tempéra- 
tures équidistantes et correspondantes sont donc 
163° et 183°. Or, à ces points, on trouve 4940™ 
et 7700""° pour la tension de la vapeur d'eau satu- 
voit que c'est, à peu près, les nombres qui 



FORCE ÉLASTIQUE DE LA VAPEUR. 69 

mesurent les tensions de la vapeur d'éther à 100** et 
à 120^ 

Dalton avait cru pouvoir formuler ce rapproche- 
ment de la façon suivante : Toutes les vapeurs ont 
la même tensioiiy à une température également distante 
du poijit d'ébuUition de chaque liquide. Mais ce n'est 
pas une loi rigoureusement exacte. 



IV 



LA VAPEUR D'EAU DANS L'ATMOSPHERE 



Formation de la vapeur dans l'air : ses lois sont les mêmes que dans le 
vide ; mais le passage de l'eau à l'état gazéiforrae est beaucoup plus 
l^nt. 



L'ébuUition de Teau est un phénomène qu'on 
peut généralement considérer comme artificiel, en 
ce sens que presque toujours il faut l'interven- 
tion de l'homme pour obtenir la température 
élevée nécessaire à sa production. 

Au contraiie, la formation de la vapeur par éva- 
poration ayant lieu à toute température, est un 
phénomène qui se manifeste à tout instant dans la 
nature ; et comme l'eau se trouve pour ainsi dire 
universellement répandue à la surface du sol, l'é- 
tude de la vapeur dans l'air ou dans l'atmosphère 
embrasse un nombre considérable de phénomènes 
qui se renouvellent sans cesse. Ces phénomènes 
il est vrai, sont du ressort de la branche de la 



I.\ V.U»KLR D'EAU DANS L'ATMOSPHÈRE, 71 

physiqi ;) n Inïjuelle on donne le nom de météoro- 
logie. Maii bien que nous ayons ici en vue surtout 
les applications mécaniques de la vapeur , il ne 
nous paraît pas superflu de jeter un coup d'œil 
sur cet ordre de faits, et de suivre ainsi la vapeur 
d'eau, depuis la chaudière des machines, jusque 
dans les profondeurs de Tenveloppe gazeuse qui 
entoure notre planète, et dans laquelle nous nais- 
sons, vivons et mourons. iN'*est-ce pas le cas de 
dire en parlant de l'air, comme ce Père de l'Église 
un peu entaché, croyons-nous, de panthéisme le 
(lisait en parlant de Dieu : In eo vivimus^ movemur 
et siimus ? 

Rappelons deux circonstances de la formation des 
vapeurs dans le vide. En premier lieu, l'eau intro- 
duite dans l'espace vide s'y réduit spontanément en 
vapeur, et cela quelle que soit la température. En 
second lieu, la vapeur formée atteint aussitôt une 
force élastique maximum, variable avec cette tem- 
pérature et croissant rapidement avec elle. Mais alors 
une condition nécessaire pour que la vapeur attei- 
gne cette limite, c'est que, dans l'espace rempli par 
celle-ci, il reste encore un excès de liquide, si petit 
qu'il soit. A partir de ce moment, il cesse de se 
former de nouvelles vapeurs, l'espace étant, comme 
nous l'avons vu, saturé. 

En cet état, il y a deux manières d'augmenter la 
force élastique ou la tension de la vapeur : la pre- 



72 LA VAPEUR. 

mière consiste à diminuer la pression exléricure ou 
atmosphérique ; la seconde, à accroître la tempéra- 
ture. Il est clair que, par les deux moyens inverses» 
l'augmentation de pression ou la diminution de 
température, le phénomène contraire se produira, 
c'est-à-dire la force élastique de la vapeur devien- 
dra moindre ; mais alors une certaine portion de 
cette vapeur se condensera ou reprendra Tétat li- 
quide. 

Maintenant, que deviendront toutes ces lois, si la 
vapeur, au lieu de se former dans le vide, se pro- 
duit dans T air? 

Et d'abord, dans un espace limité? 

L'expérience montre en ce cas que la vapeur si^ 
produit encore en se mélangeant avec l'air de l'en- 
ceinte. Mais la formation en est grandement ralen- 
tie, et le point de saturation n'est atteint qu'au bout 
d'un temps plus ou moins long, tandis que dans le 
vide il l'est instantanément. Seulement la loi reste 
la môme : la tension maximum de la vapeur qui 
sature l'espace plein d'air est précisément la môme 
que dans le vide, toutes les autres conditions de 
pression et de température restant égales. 



LA VAPEUR D'EAU DANS L'ATMOSPHÈRE. 73 



LA VAPEUR D'EAU A LA SURFACE DU SOL 



L'eau à la surface de la terre : les mers, les lacs, les cours d'eau. — 
Évaporation continue ; nuages ; brumes et brouillards. — Il ne faut pas 
confondre la vapeur d'eau et les nuages ; la vérilal)le vapeur est invisi- 
ble et parfaitement transparente. — L'air luimide renferme le plus 
souvent très-peu de vapeur. 



Les trois quarts, au moins, de la surface du globe 
terrestre sont recouverts par les eaux de l'Océan. 
De plus, les continents et les îles sont eux-mômes 
sillonnés d'une multitude de fleuves, de rivières, de 
lacs qui exposent à Tair libre, à des températures 
très-diverses et très-variables, l'eau qu'ils renfer- 
ment. 

L'eau existe encore, sur la Terre, dans le sol lui- 
même que les pluies, les ruisseaux périodiquement 
inondent. Cette humidité, il est vrai, ne demeure 
pas longtemps à la surface et la partie qui est imbi- 
bée va s'infiltrer dans les couches plus profondes, 
où elle donne naissance aux sources et les entre- 
tient. 

Que devient celle qui reste ainsi exposée . à 
l'air ? 

Elle se réduit spontanément en vapeur avec une 
abondance qui varie selon la pression atmosphérique 
et la température des couches d'air en contact avec 
les couches aqueuses. Il y a même là un phéno- 



7i L.V V.Vl'Ein. 

mène qui semble paradoxal, quand on le met en 
regard de la loi de formation des vapeurs. En effet, 
à la surface du sol, la pression atmospliérique que 
supporte nécessairement la surface d'un liquide dé- 
passe de beaucoup ordinairement celle qui mesure 
la tension maximum de la vapeur aux tempéra- 
tures ordinaires. 11 semble donc que celle pression 
devrait empticher l'évaporation de se faire. Mais il 
ne faut pas oublier que des gaz mis en présence 
comme l'air et ta vapeur sont doués d'une expansi- 
bilité indéfinie, et qu'il en résulte pour eux une 
■tendance à se mélanger qui, en effet, se réalise. 

La vapeur qui se forme à la surface de l'eau des 
mers ou des rivières, se mélange donc à l'air, dont 
elle imprègne d'abord les couches les plus voisines. 
Si ces couches aériennes sont en repos, elles sont 
bientôt saturées de vapeur, et l'évaporation s'arrête 
alors, après s'être d'autant plus ralentie que le 
point de saturation approchait plus d'être atteint; 
mais s'il existe un vent plus ou moins fort qui re- 
nouvelle l'air, l'évaporation sera plus rapide, parce 
qu'à l'air mélangé de vapeur succède de l'air 
qui en renferme une moindre quantité. Ainsi s'ex- 
plique la rapidité avec laquelle sèche le linge 
mouillé qu'on étend dans un courant d'air, ou le 
sol détrempé par une pluie à laquelle succède une 
brise un peu vive. 

L'évaporation est d'ailleurs accélérée par l'éléva- 



k 



LA VAPEUR DEAi: DANS L'ATMOSPHÈRE. 7 » 

Cion de température. L'action des rayons solaires 
est, sous ce rapport d'une grande efficacité, et la 
-sécheresse primitive de l'air n'a pas une moindre 
influence : pour que le vent produise au plus haut 
degré l'effet dont il vient d'être question, il importe 
qu'il soit le moins humide possible, c'est-à-dire 
que les couches d'air qu'il amène avec lui et dont 
le mouvement le constitue contiennent le moins de 
vapeur possible, eu égard à sa température. Tout 
4iela dépend, pour une môme station à la surface de 
la terre, de l'époque ou de la saison de l'année, de la 
direction du vent, delà température régnante, etc. 
Tel vent qui, chargé à son origine d'une grande 
masse de vapeur, arrive en une contrée après 
avoir traversé de longs espaces continentaux ou 
frôlé des chaînes de montagnes élevées, est un 
vent sec pour les régions qu'il visite en dernier 
lieu, parce que la vapeur qu'il portait s'est refroi- 
die en route, s'est condensée en brouillard, en 
«eige ou en pluie. L'air, saturé au départ, est de 
l'air sec à Tarrivée. Les vents d'est ou de nord-est 
ont ce caractère dans le centre et Je nord de la 
franco. Les vents d'ouest ou de sud-ouest qui nous 
arrivent de l'océan Atlantique sont au contraire des 
vents humides, chargés des vapeurs formées à la 
surface de longues plaines maritimes, vapeurs qui 
se condensent en nuages épais sur le continent 
européen. 



81 LA VAPEUR. 

prouver que celle coloration est due à la vapeur 
d'eau atmosphérique. 

Mais le but principal que nous avons en vue 
n'est pas d'étudier la «vapeur dans les phénomènes 
auxquels elle donne naissance au sein de l'at- 
mosphère ; c'est là une question qui intéresse la 
météorologie. C*est la vapeur considérée comme 
source de mouvement, ce sont ses applications à 
l'industrie humaine qui font l'objet de ce volume. 
Revenons donc à ce sujet important. 



SECONDE PARTIE 



LA MACHINE A VAPEUR 



I 



LA VAPEUR, FORCE MOTRICE 



Connaissance des anciens sur la force expansivc de la vapeur ; éolipyle de 
Héron d'Alexandrie. — Appareil de Salomon de Gaus, pour l'élévation de 
l'eau. — Principe et dispositions fondamentales de la machine à va- 
peur moderne. 

Les anciens connaissaient la force élastique de 
la vapeur d'eau. Sans avoir de notions nettes, pré- 
cises de ses propriétés physiques — on a vu que les 
inventeurs modernes n'étaient pas au début beau- 
coup plus avancés — ils avaient cherché à tirer 
parti de cette force. 

C'est ainsi que Héron d'Alexandrie inventa la ma- 
chine à laquelle on a donné le nom à'éolipyle et di- 
vers appareils où l'action de l'air comprimé ou di- 



place sur le feu, après avoir fermé le robinet d'in- 
troduciion. Un lube BC passe par une autre ouver- 
ture B et descend dans l'eau sans toucher le fond. 
Quand la vapeur s'est formée en assez grande 
quantité el que sa tension est assez forte, on ouvre 




le robinet B el l'eau, pressée à sa surface intérieure 
par la force élastique de la vapeur, est projetée au 
dehors par le tube. 

Le récit complet et détaillé de toutes ces tenta- 
tives, de ces ébauches mécaniques où Ion cher- 
chait à utiliser diverses forces naturelles, celles 
de l'air dilaté ou comprimé, et celte de h vapeur. 



LA MACHINE A VAPEUR. 89 

a un intérêt qui n'est point douteux pour Thistoire 
des progrès des applications de la science humaine. 
Mais tout cela ne devient sérieusement instructif 
qu'à Tépoque où la physique, sortant de la phase 
des explications subtiles et infécondes, est entrée 
dans la voie de Texpérience, sous l'impulsion des 
Galilée, des Boyle, des Huygens. 

La machine à vapeur ne pouvait naître, et sur- 
tout ne pouvait recevoir les perfectionnements qui 
en firent un véritable moteur industriel, que dans 
le siècle qui avait vu découvrir les propriétés de 
l'air, la machine pneumatique, le baromètre et le 
thermomètre. 

C'est en se pénétrant bien de la réalité de ces 
rapports intimes qui unissent toujours les conquê- 
tes de la science et celles de l'industrie, qu'on se 
fera une idée juste de l'imporlance de la grande 
révolution qu'inaugura la découverte de la ma- 
chine à vapeur de Papin. La meilleure preuve de la 
nécessité de ce concours de la théorie et de la pra- 
tique, c'est le temps qui s'écoula entre les essais 
et la publication des ouvrages de Papin, entre la 
première réalisation de son idée par Savery et 
Kewcomen, et l'invention des machines à double 
effet par Watt, les premières machines à vapeur 
dont l'application à l'industrie fut véritablement 
universelle. 

Maintenant encore, après tant de progrès dans 



^J» Uk VAPECIL 

la Ss^-îenttV el de perTivlioiineuieiits dans Tart de la 
cottsiractioo de$ machinos^ oa ne peut espérer d'a- 
mélioration ou de transfomiation sérieuse qu'en 
prenant pour point de départ et pour guides les 
lois qui régissent !e$ pht'noniènes calorifiques et 
auxquelles la machine à vaj eur emprunte le prin- 
cipe de son mouvement. 

Voyons donc, le plus sommairement et le plus 
clairement possible, quel est ce principe, et du 
même coup disons de quels organes essentiels la 
machine à vapeur est composée. 

D'abord et avant tout, il faut songer à développer 
la force, c est à-dire à produire et à recueillir une 
certaine quantité de vapeur dVau. C'est à quoi on 
parvient en faisant chauffer sur un foyer une 
marmite ou chaudière remplie d>au, du moins 
en partie. 

Cest le généruteiir de vapein\ Tune des trois par- 
ties essentielles ou couslitutives de la machine. 
^'ous verrons bienlùt les détails de sa structure, les 
conditions de solidité et de résistance qu*el!e doit 
offrir, sa capacité, sa forme, etc., tous les élé- 
ments qui sont susceptibles de lui faire p i-oduire 
en toute sécurilé et avec économie la vapeur, cause 
du mouvement. 

De la chaudière la va[cur passe dans une capa- 
cité de forme cylindrique partagée en deux par un 



I,A SIACIUSE A VAPEUR. 91 

piston mobile : c'est là que, par des dispositions 
dont la description sei'a donnée incessamment, la 
vapeur agit, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre du 
piston, de manière à lui imprimer un mouvement 
alternatif, ou de va-et-vient, mouvement qui est 
l'objet direct de la machine. 




Le cylindre, le piston el les pièces accessoires 
qui distribuent la vapeur dans les deux chambres 
du cylindic constituent la partie de la machine 
formant le mécanisme moteur : c'est la machine 
propremeril dite, dont le jeu ne serait d'ailleurs pas 
bien compris, si je n'entrais encore dans quel- 
ques détails. 

Considérons la figure 20, qui représente la 
machine à vapeur réduite, à ses organes essen- 
tiels. . 



02 LA YAPEL'R. 

C est le générateur, où l'eau se traasforme en 
vapeur en remplissant l'espace situé au-dessous de 
l'eau dans la chaudière, ainsi que le tuyau VV. Ce 
tuyau conduit le gaz élastique dans une capacité It 
contiguë au cylindre, et qu'on nomme la boîte à 
vapeur. 

Deux robinets RR permettent à la \apeur, quand 
l'un ou l'autre est ouvert, d'arriver soit à la cham- 
bre supérieure B, soit à la chambre inférieure A 
du cylindre. Supposons d'abord le robinet supé- 
rieur ouvert et l'aulre fermé.La vapeur passe en B, 
où elle presse le piston et tend à lui imprimer un 
mouvement descendant dans le cylindre. Qu'on 
ferme alors le robinet supérieur et qu'on ouvre 
l'autre, la vapeur passera en A, où elle agii-a sur le 
piston par sa face inférieure et tendra à le faire re- 
monter. 

Mais là se présente une ditïicuUé : si la vapeur 
se trouvait à la fois en A et en B, comme sa force 
élastique est la même des deux cotés, son acliore 
sur la face inférieure du piston compenserait exac- 
tement son action sur la face supérieure, et le mou- 
vement ne serait pas produit. 

11 fallait donc trouver le moyen d'annuler sa 
force élastique dés qu'elle a pu exercer son action^ 
et cela alternativement dans les deux chambres du 
cylindre. On y parvient en ouvrant successivement 
les robinets R' R' ; chacun d'eux est adapté dans. 



LA MACHINE A VAPEUR. 95 

«une ouverture par où la vapeur est mise en com- 
munication avec un espace vide d'air, qui contient 
•de Teau froide, et dont les parois sont elles-mêmes 
à une basse température. Cet espace n*est pas 
figuré dans notre dessin. Dès que le fluide pénètre 
dans cet espace qu'on nomme le condenseur^ elle 
•se précipite à l'état liquide presque tout entière, 
«t ce qui en reste n'a plus qu'une tetision très- 
faible, de beaucoup inférieure à la tension que 
possède la vapeur soit dans la chaudière , soit 
•dans le cylindre. Cette disposition est néces- 
saire dans les machines où la vapeur n'agit 
qu'avec une tension peu supérieure à la pression 
atmosphérique. Quand la vapeur a une tension 
égale à plusieurs atmosphères, le condenseur n'est 
plus indispensable : la condensation se fait à l'air 
libre. 

Il est oisé alors de voir que, dans chacun de 
ces cas, la difficulté signalée se trouve vaincue; 
car imaginons le robinet supérieur R ouvert et 
l'inférieur fermé, tandis que le robinet supé- 
rieur R' est fermé et Tinférieur ouvert. La va- 
peur afflue en B, où elle exerce son action; celle 
que renfermait A se condense et le vide se fait 
sous le piston qui descend jusqu'au bas du cy- 
lindre. 

A ce moment, e jeu des robinets est renversé. 
La vapeur de la chaudière pénètre en A ; celle de B 



9t LA VAPEUR. 

se condense et le piston est soulevé de bas en haut. 
Ainsi, indéfiniment. 

Voilà donc, dans son principe et ses dispositions 
fondamentales, la machine à vapeur moderne. Un 
mouvement rectiligne alternatif, déterminé par 
l'action de la force élastique de la vapeur dans un 
cylindre fermé de toutes parts, action qui cesse 
brusquement dès que la même vapeur s'est con- 
densée par le refroidissement. Le mouvement ob- 
tenu, il ne s'agit plus que de lui faire produire un 
effet utile, en le transformant de mille manières 
selon les besoins de Tindustrie, selon l'espèce d'ap- 
plication qu'on en veut faire, en lui demandant par 
exemple tantôt do la puissance, tantôt de la vitesse, 
tantôt la vitesse et la puissance réunies. Le méca- 
nisme qui opère cette transformation est le troi- 
sième élément que nous aurons à étudier pour 
compléter la description de la machine à vapeur, 
de sorte que l'on peut résumer aijisi tout l'objet de 
la partie technique de ce livre : 



Le générateur ou la chaudière . 

Le récepteur ou mécanisme moteur et le mécanisme de 

distribution ; 
Le mécanisme de transmission. 



Ces préliminaires suffisent pour comprendre la 
différence que je signalais au début de ce chapitre 
entre les éolipyles ou autres appareils dans lesquels 



LA MACHINE A VAPEUR. 95 

on utilisait d'une certaine manière la force élasti- 
que de la vapeur, et le véritable moteur qui a révo- 
lutionné l'industrie moderne : dans celui-ci seule- 
ment, on utilise directement la double propriété 
que possède la vapeur d'eau, la force avec laquelle 
elle presse les parois du vase qui la renferme, et la 
brusque condensation, l'annulation de cette force 
quand la vapeur sejrouve subitement mise en com- 
munication avec un vase vide d'air et rempli d'eau 
froide. 

A la vérité, les premières machines à vapeur, 
celles qu'avaient conçues d'abord Papin, celles que 
construisirent ses successeurs n'étaient point aussi 
complètes que la machine dont nous venons d'étu- 
dier le principe. La force élastique de la vapeur 
n'était utilisée que comme contre-poids de la pres- 
sion de l'atmosphère sur le piston. C'est le vide 
déterminé par la condensation de la vapeur qui. 
dans la période descendante, rendait prépondé- 
rante la pression extérieure et permettait à celle-ci 
de donner de haut en bas le mouvement du piston. 
C'était là l'action directement utile qu'on se propo- 
sait d'obtenir pour faire mouvoir les pompes d'é- 
puisemenl des mines^ En un mot, la vapeur n'était 
employée que comme un moyen de produire le 
vide : elle agissait indirectement comme moteur. 
Le génie de Watt la transforma en moteur univer- 
sel. 



96 LA VAPEUR. 

Mais nous reviendrons plus tard sur ces distinc- 
tions importantes. 

Il est temps d'aborder en détail la machine à va- 
peur, telle que l'a faite un siècle d'incessants pro- 
grès dus aux sciences physiques et à l'art des con- 
structions mécaniques. 



n 



lA CHAUDIÈRE OU LE GÉNÉRATEUR DE VAPEUR 



Métamorphose des rayons solaires : la force vive, emmagasinée dans les végé- 
taux de l'époque houillère, se dégage aujourd'hui d'un bloc de charbon 
en combustion; elle est l'âme de la machine à vapeur. — Description 
d'une chaudière à bouilleurs. — Chaudière et bouilleurs. — Le foyer, les 
carneaux^ la cheminée. — Épaisseur des parois du corps cylindrique. 



Une marmite en fonte, bien close, remplie d'eau 
aux trois quarts et bouillant au-dessus d'un feu ar- 
dent, voilà en deux lignes la définition de l'appareil 
producteur de vapeur, qu'on nomme tout simple- 
ment la chaudière. 

Si la chaudière n'est point la partie la plus ori- 
ginale, la plus curieuse d'une machine à vapeur, 
du moins est-ce la plus importante , celle qui peut- 
être exige le plus de science dans les devis et la 
construction, le plus desoins et de surveillance dans 
le fonctionnement et dans l'entretien. N'est-ce pas 
dans son sein d'ailleurs que s'élabore la force mo- 
trice, la puissance élastique de la vapeur, dont la 



I son niveau, c'ost roffaire d'une pompe qui eni- 

c prunle son mouvement au mouvement même de la 

Y machine, el que nous aurons l'occasion de revoir 

' en examinant le mécanisme de distrihulion. H y a 

( d'autres pompes ayant d'aulres usayes : celle-ci 

est la pompe d'alimentation. 

Mais comment s'assurer qu'elle fonctionne bien"? 
Il est d'une imporlance capilale que le niveau de 
l'eau ne s'ahaisse point Irop dans la chaudière, ni 
qu'il s'y élève au delà d'une cerlaine limite : dans 
les deux cas on risque une des plus fréquentes cau- 
ses d'explosion des machines. De là les appareils 
connus sous le nom générique ^'indicateurs du ni- 
veau et qui mérilent bien celui d'n/jparei/s de sft- 
reié. On en emploie de plusieurs sortes et môme si- 
multanément. 

Ainsi, vous voyez toujours adapté aux parois ex- 
térieures de la chaudière et Lien en vue, un tube 
en verre de cristal qui communique par ses deux 
bouts avec l'intérieur de la chaudière. L'eau pé- 
nétre dans ce tube el y atteint, en vertu de la loi 
d'équilibre des liquides dans les vases communi- 
quants, le môme niveau que dans le générateur. Le 
verre du tube a besoin d'ôtre bien propre et trans- 
parent ; voilà pourquoi vous y voyez un double sys- 
tème de robinets qui permettent d'interrompre la 
communication avec la chaudière et, pendant ce 
temps, de nelloyer le tube. Le chauffeur doit avoir 






LA CHAIDIÈRE. HT 

fréqucmnicnl l'œil sur cet appattil, aussi précieux 
que simple. 

Une suqiroduclion momealanée de vapeur, un 
mauvais fonctionnement de la pompe d'alimenta- 
tion provenaift d'un accident subit, pourrait abais- 




ser brusquement le niveau et surprendre notre 
bommc, pendant qu'il est occupé ailleurs. L'indica- 
teur k tubes de cristal ne suffil donc point. On y 
ajoute l'un ou l'autrj des divers systèmes de llol- 
tcui-s qui mnnifestonl l'état insuffisant du niveau 
par dfj si.'naus iiruyan's. Tels sont, par cxem- 



11» U ÏAPElll. 

pie, les flotlfiurs d'alarme, le flotteur magnétique. 

Un flotteur E, c'est ordiiiaii'ûinent une boule i 
métallique creuse), monte et descend avec le ni-j 
veau de l'eau de Ja chauilî'ère. Il est soiïtemi par. 
une tige fjui fonnc un bras d'un levier tournant 




iiulour du point ; l'autre bias siiinwrte un coiiJ 
Ire-poids P. Dans 1ns limites normales du nives 
de Teau, la tige maintient une soupape D coffi 
Ire l'ouverture d'un tuyau communiquant aTOcl'* 
extérieur. Si le niveau de l'eau s'abaisse : 
sous de ces limites, le flotteur s'abaisse avec 1 
détermine l'ouverture de la soupape. La vap( 
s'échappe par le canal et sort par un orifice a 
laire BB ; là elle rencontre te i lionls aigus d'un ti 



LA CHATJDIÈRE. H9 

bre qu'elle fait vibrer de manière à produire un 
son très-intense et prolongé. 

Le chauffeur est averti du danger par ce son 
inaccoutumé : de là le nom de flotteur d*àlarme 
donné à cet appareil. 

La figure 27 représenta un flotteur autrement 




Fig. 27.*— Flotteur d'alarme de Bourdon. 



disposé. La vapeur entre librement dans une boîte 
métallique triangulaire A, qui est séparée du sifflet 
d'alarme par une soupape S, que maintient un 
ressoil. Le niveau de l'eau baisse-t-il au delà de la 
limite, le flotteur P, en desceqdant, tire la chaîne^ 
ouvre la soupape et laisse la vapeur s'échapper 
bruyamment au dehors. 

Le flotteur indicateur à cadran est formé d'un 
disque P en pierre, dont une chaîne de suspensioa, 



123 r,.V TArEDR. 

l'insuffisance de l'eau àa générateur : dans des 
drcoiislances que je préciserai plus loin, la vapeur 
peut acquérir une iorce élastique dépassant tout à 
coup, cL de beaucoup, les limites de pression pour 
lesquelles la chaudière a été construite. Pour pré- 
voir ce cas, on adapte des soupapes de sûreté du 
genre de celle qiu'on a vue ddus la maimite de Pa- 
pin, et dont la (figure 50 représente sur une plus 



¥^ 

Fig.aO.— Soupape rie sûrelé ae-Papin. 

grande échelle, la disposition ordinaire. Le jeu fin 
est si simple qu'il est inutile de le décrire au long. 
Ces soupapes sont en bronze et leurs dimensions 
sont calculées pour que l'une des deux, que les rè- 
glements officiels rendent obligatoires, donne à la 
vapeur, en cas d'excès de pression, une issue suf- 
fisante pour ramener la pression à la limite nor- 
male. Dans ce calcul, on tient compte naturellement 
de la surface lotale de chauffe de la cliaudièrp. 



L 



LA CHAUDIÈRE. 123 

puisque cette surface est à peu près proportion- 
nelle à la production de vapeur ; puis de la tension 
maximum de la vapeur, la soupape devant avoir 
une ouverture d'autant moins large que cette ten- 
sion est plus élevée, puisque alors la vitesse plus 
grande delà vapeur rend l'écoulement de l'excès 
de vapeur plus rapide. 



LES MANOMÈTRES 



Manomètre à air libre, à branches multiples ; à air comprimé. — .Mano- 
mètres métalliques. — Qualités d'un bon mécanicien et d'un chauffeur 
de machine : économie et sécurité qui en sont la conséquence. 

11 nous reste à dire comment on peut s'assurer à 
chaque instant, pendant le fonctionnement d'une 
machine, des variations de la tension de sa vapeur. 
Les instruments qui fournissent cette indication en 
atmosphères et fraclions d'atmosphères sont con- 
nus sous le nom de manomètres. 

Mais les manomètres employés ne sont pas tous 
basés sur le même principe. Les uns, comme le 
manomètre à air libre^ sont tout simplement des ba- 
romètres à siphon dont la grande branche est ou- 
verte ; seulement ce n'est pas la pression de l'air 
atmosphérique qui soulève la colonne de mercure, 
c'est celle de la vapeur, la petite branche étant 
mise en communication directe avec la chambre de 



i-îi L.\ V-vrtuii. 

vapeur df lacliaudièie. C'est la différence des hau- 
teurs du mercure dans les deux 
brandies, augmentée de la pression 
Laromélrique, qui exprime la pres- 
sion de la vapeur. 

Dansles machines qui fonctionnent 
à des pressions élevées, le manomè- 
tre a air liljre£st incommode à cause 
de sa grande longueur. Le manomètre 
à branches multiples (fig. 52) résout 
cette difficulté, parce que la hauteur 
de la colonne qui marque la pression 
de la vapeur, déduction faite d'une 
atmosphère, se trouve à peu de chose 
près divisé par le nombre des tubes 
""^ qui en forment les courbures suc- 
cessives'. 
Les manomètres à air comprimé (fig. 3â) ne sont 
autre chose que des tubes de Jlariotte. Par l'une des 
branches, la vapeur exerce librement la pression 
qui, dans l'autre branche, est équilibrée par l'air 
comprimé, plus par la différence de niveau du mer- 
cure. L'instrument est réglé de sorte que le mer- 
cure est à une même linuteurin » dans les deux 
brancliob, si l,i pie^sion de la \apeui \ tut une at- 




pom Id dimonsliitioii cli. clIU 
<1 I 1 111^ lort fimplc' aia Ttaitos di. [ihjBiijuc ou i.n(.oi 
liDnnmi'e des Utilliémriligtiet a/ipltqi t'es de H Soiinil 



Lk 



U GH.UDIERE. 1!5 

mosphêre. Quand celte pression devient graduel- 
lement plus forte, le niveau s'élève en A mais à des 
hauteurs décroissantes pour d'égales augmentations 
de pression, selon la loi de Mariotte. L'instrument 




est donc de moins en moins sensible aux pressions 
les plus élevées. On remédie à cet inconvénient en 
donnant au manomètre la disposition que monti'e 
la figure 53. La forme conique de la branche qui 
renferme l'air donne aux divisions correspondant 
aux atmosphères successives des longueurs à peu 
de chose prés égales, de sorte que la lecture des 



^- loi iii-'» cr iiair- ^ .^r^ik»*. x-muiiti 









Ire il 4k* %ktiiU:ziufU3^^ â dt;^ cùbtrôles a^ec les iMk- 
m0ttUit^ j^iuA exaeU. L'îuciMivéïiîeiit de o»âx-<i 
%mA Mirtout de la maliére ^ les comfn^se^ du 



Lk UUAUDIEHE. 127 

verre qui s'encrasse et perd sa transparence, et au 
travers duquelil faut observer le mercure, de leur 
fragilité ; il arrive aussi que le mercure du mano- 
mètre à air comprimé s'oxyde, ce qui diminue le 
volume de l'air : alors l'instrument marq^ue des 
pressions plus fortes que la pression réelle. 




lîg. 3S. — KanvBiétre méltdliqat 

Tel est, dans ses parties essentielles, l'appareil 
générateur de vapeur connu dans la pratique sous 
le nom commun de chau-diére. La chaudière, J6 l'ai 
déjà dit, varie beaucoup de dimeiisions et de for- 
mes, selon les types de machines auxquelles elle 
fournit la force ou le moteur. Plus, loin, nous ver- 
rons quelques-unes des dispositions ks plus usitées 
et les pLus originales des chaudières dans les ma^ 
cfiines fixes, dans les machines mai'ines et dans les 
machines mobiles, locomotives ou locomobiles. Mais 



128 l,A VAPEl'Il. 

dans toutes, nous retrouverons les mêmes parties 
principales, et les mêmes organes accessoires. 

A l'origine, ces appareils étaient grossièrement 
construits ; au point de vue de la si^curitiS comme 
au point de vue de l'économie, ils étaient loin d'at- 
teindre la perfection que les progrès des sciences et 
ceux de la mécanique pratique ont rendue possible. 
Toutefois, quelques garanties qu'offre une cliaudiérc 
quand elle sort neuve des ateliers du constructeur 
et qu'elle a subi les épreuves officielles, elle exige, 
pour son bon fonctionnement des soins constants, 
une surveillance qui ne se ralentisse pas, de sorte 
qu'aussitôt un vice constaté, une dèlcrioratiou 
aperçue, elle doit être l'objet immédiat d'une répa- 
ration convenable. 

Avant tout, elle doit être confiée à un chauffeur 
intelligent, laborieux, sobre, ayant conscience de la 
responsabilité qui lui incombe, et doué du sang froid 
nécessaire dans le cas d'un dérangement imprévu. 
La façon dont il conduit le feu, la régularité avec 
laquelle m'entretient sont pour beaucoup dans la 
question d'économie, si importante pour une indus- 
trie quelconque. Il doit veiller avec soin à entrete- 
nir un niveau constant de l'eau dans la chaudière, et 
avoir l'œil et l'oreille, par conséquent, aux indica- 
teurs et aux flotteurs. De temps à autre, il doit véri- 
fier l'état dessoupapes qui peuvent se trouver acci- 
dentellement surchargées, ou adhérer sur leur 



LA CHAUDIÈRE liO 

siège. Ce sont là des soins qui regardent la sécurité. 
Relativement à Téconomie, c'est par Tentrelien régu- 
lier d'un feu toujours également vif qu'un bon chauf- 
feur peut y contribuer. La couche de houille ne 
doit être ni trop mince, ni trop épaisse (de 10 à 
15 centimètres au maximum) très-uniformément 
étalée sur toute la surface de la grille, dont les 
barreaux doivent toujours laisser passage à l'air 
pour le tirage. 

Au moment de l'allumage et de la mise en train, 
il y a une perte inévitable de combustible. Mais 
quand le foyer est bien ardent, que le feu est partout 
d'une égale blancheur, alors il faut, à mesure de la 
combustion, charger de nouveau combustible : ni 
trop souvent, car la nécessité d'ouvrir les portes du 
foyer causerait des pertes trop fréquenles de chaleur; 
ni à des intervalles trop éloignés, car le même incon- 
vénient proviendrait du refroidissement du foyer 
par une trop grosse surchagede houille fraîche. 

L'économie qui résulte du bon entretien d'une 
chaudière ne porte pas seulement sur le combusti- 
ble, mais encore sur la durée de l'appareil, dont la 
valeur représente un capital assez considérable, 
que les réparations accroissent encore. Donc le chef 
d'une usine a le plus grand intérêt à confier sa ma- 
chine à un homme capable, actif, habile. 

Mais les pertes de chaleur ne sont pas toutes dues, 

tant s'en faut, à l'impéritie d'un chauffeur. Nous 

9 



no lA VALEUR. 

avons dit déjà qu'il y en a d'inévitables. A celles-là 
s'ajoutent celles qui sont le fait d'une mauvaise dis- 
position dolachatuiièreelderemploi d'un combus- 
tible de mauvaise qualité. 

n y a encore les pertes de chaleur que subit la 
chaudière par le fait du rayonnement. Bans les 
chaudières établies à poste fixe, à l'intérieur d'un 
massif de maçonnerie, cette cause de déperdition 
estmoindre que dans les antres. Néanmoins, il y a 
toujours la partie supérieure du corps principal et 
le tuyau de vapeur qui sont exposés à ce refroidis- 
sement. Le remède est dans les enveloppes protec- 
trices faites de matières qui ont la propriété de 
conduire mal la chaleur. Les chaudières des loco- 
motives ont de doubles enveloppes entre lesquelles 
l'air interposé, mauvais conducteur de la chaleur, 
suffit à atténuer les pertes par rayonnement *. 



' On emploie avec bea p d g d p quelques an- 

nées, l'enduit PimonI (da om il 1 t ) -d rifuge plas- 

tique. C'est une aorlo de m b mp f de len rpileuse, de 
poile d'animaux el de far d ) V i t U. d'un cerliS- 
cat que cite H. A. Moria q tLm "rt d I> flels de celte 

appitcation; il a été dél vré p 1 d ecte d t Société des 
paquebots du Havre â H ur > n p conslaler les 

améliorations suivantes dp 1 ppl t d I ni ge plastique 
de H. Pimant, sur les ch d ère tuj d d I de vapeur el 
cylindres du ateaurcr h Français : 1° ccoiiomia réalisée dans l'em 
ploi du combustible, environ 10 pour 100 ; 2" condensation à peu 
prés nulle dans les lujaui et dans tes cflindrcs ; 3° ^rantie contre 
la clialeur, pour les mécaniciens et les chaufieurs, telle que le i 
Ibermomélre, dans la cliamliro des machines, marquait 18 i S2° 
cenligi-ades lorsque la lempéralure ou dehors était de H". ■ 



M 



L\ CHAUDIÈRE. 13i 



PRINCIPAUX TYPES DE CHAUDIÈRES A VAPEUR 



Des divers syslcmes do chaudières adoptés. — Chaudières à foyer exté- 
rieur, à foyer intérieur ; chaudières mixtes. — Chaudière en tombeau 
de Watt. — Système Farcot, -é bouilleurs latéraux. — Invention des 
chaudières tubulaires, locomotives, marines.— Chaudières à circulation* 
— Avantages des divers systèmes. 



Quand on veut faire bouillir de Teau dans une 
marmite, l'idée la plus naturelle, la plus simple est 
de mettre tout bonnement la marmite sur le feu : 
on ne songe guère à mettre le feu dans la marmite. 
Cela paraîtrait le renversement du bon sens. 

C'est cependant cette dernière idée qui est venue 
aux constructeurs de machines à vapeur. Au lieu de 
placer la chaudière sur le feu, ils se sont dit qu'il y 
aurait avantage à procéder d'une façon inverse, et à 
mettre le feu dans la chaudière. De cette manière, 
l'utilisation du combustible, cette condition première 
de l'industrie de la vapeur, se trouve réalisée à un 
plus haut degré. 

Dans la chaudière à bouilleurs que nous venons do. 
décrire, la chaudière est sur le feu : c'est un généra- 
teur à foyer extérieur. Il y a donc aussi des généra- 
teurs à foyer intérieur, et, sous ce seul rapport, on 
peut former deux types de chaudières qui se subdi- 
visent d'ailleurs en de nombreuses variétés. Enfin, 
on peut distinguer un troisième type, celui dans 



iJ2 iA VAJ'EUIl. 

lequel le foyer propremcnl diL est extérieur cLdont, 
les carneaux ou conduits des gaz de la combustioa, 
sont logés dans l'intérieur de la capacité renfer-, 
manl l'eau. Ce sont les générateurs ou chaudières 
mixtes. I 

Les premières cliaudiéies adoptées dans les ma-i 
chines de Watt étaient des chaudières en forme de 
■chariot ou en tombeau. La figure 56 en représenle. 




( 



une coupe transversale. Lii llamme, après avoir 
échauffé directement la surface concave inférieure, 
revenait latéralement par les carneaux latéraux CCi 
Plus tard, elle a été employée sur les premierà 
bateaux à vapeur ; mais alors on y ajouta un caf^ 
neau inférieur D, par où passaient d'abord les gaz d^ 
hi combustion avant d'entrer dans les carneaux latèi 
raux, de manière à en former une chaudière mixte* 



LA CllAUDIEnK. 1311 

La forme des parois de la chaudière en tombcnii 
la rend peu résistante; aussi l'histoire des acci- 
dents des machines à vapeur conslalc-t-cUe que le 
plus grand nombre des explosions a eu lieu sur 
■ des chaudières de ce système. Aussi presque pur- 
loul, elles ont été remplacées. 




^'ouà avorii! <l»:cril la di»ii<lière à doux iKiMilh;ur- 
inférieurs: mais qiir;l'|Ni:-rois il n'y a qu'un i^iuil- 
Icor, d'aulffr- hit on en diipo** ju-iqu'à tfoiî, 
Une dîîpo-ifi'fn inVrrt^.'Untf; id t,nuiu--th *rtt *y:llf- 
des bouillf;un la(i:raui de h t-.hun'iu-.r'; tarcy.(. 
Dans ciï syît^m»; •îi^.'t'-. U: cor^i'-. <r;Jiridriqri.i prin- 
cipal A est fthaufff: dire^Lternenl par Ir f-ij-ïr. (jaatt^ 
bonilli^Dr^ •ottt pUcM latéralerrierit !■*« nns in-*îffl- 
sos d« aoif** dan* un hâ'i [afcrul «N'vAi'y, -'i 



k 



i;* i,A v.U'tiJii. 

([uatrc comparliinents ou carneaux par lesquels 
sont obligés de passer successivemenl les gaz de la 
combustion avant de se rendre dans la cheminée. 
De plus, c'est le bouilleur inférieur A' qui reçoit 
l'eau d'alimentation. Comme les gaz cheminent 
de haut en bas, tandis que l'eau suit un chemin 
inverse pour aller de A' dans la chaudière, il en 
résulle que ce sont les parties les plus chaudes des 
gaz qui sont en contact avec les parois les plus 
chaudes de la chaudière ; les parties les plus froides 
perdent encore leur chaleur à échaufier l'eau la 
plus froide avant de s'échapper dans la cheminée. 
Imaginons que le corps cylindrique d'une chau- 
mière renferme un tube intérieur d'un suffisant 
diamètre euLièrement entouré par l'eau , qu'on 
place le foyer dans ce tube, au lieu d'en faire seu- 
lement un carncau comme celui de la figure 56 ; 
on aura une chaudière à foyer intérieur. Dans ce 
système, la chaleur du foyer est tout entière utili- 
sée et employée à réchauffement direct des parois 
métalliques de la chaudière, sans être absorbée par 
les maçonneries du bâti. Mais la surface de chauffe 
ne serait point encore assez grande, si la chaudière 
n'était esfériçurcmcnt enveloppée par des car- 
neaux, et alors les inconvénients d'un foyernéces- 
sairement rétréci ne sont plus compensés par les 
avantages de celte disposition. Toutefois en Angle- 
terre , on emploie pour les machines tkes des 



LA CHAUDIÈRE. 13i 

chaudières horizontales à un ou deux foyers inté- 
rieurs. 

Dans la plupart des modifications qu'a subies la 
chaudière primitive, on retrouve la préoccupation 
de développer le plus possible la surface de chauffe-, 
tout en ménageant le volume et l'emplacement oc- 
cupé par le générateur. C'est, en effet, comme nous 
l'avons vu, la grande question à la solution de la- 
quelle sont liées et la puissance de la machine et 
l'économie du combustible. Les bouilleurs, les car- 
neaux intérieurs ou extérieurs, les foyers intérieurs-, 
tout cela est imaginé dans le but d'utiliser l'activité 
du foyer, de manière à ne laisser s'échapper dans 
la cheminée que la portion des gaz chauds néces- 
saire pour produire le courant ascendant, c'est-à- 
dire le tirage. 

Enfin peu à peu, on en arriva à concevoir la chau- 
dière tubulaire, dont la première idée remonte à 
Barlow (1793), mais qui ne fut réalisée qu'en 1829, 
par Marc Seguin et Stephenson. Voici en quoi con- 
siste le système des chaudières tubul aires qui, ap- 
pliquées d'abord sur les chemins de fer à la loco- 
motive, a été adapté aux machines de navigation, 
avec les modifications indispensables. 

Dans le corps cylindrique principal se trouvent 
soudés parallèllement entre eux des tubes qui s'ou- 
vrent d'une part dans le foyer, d'autre part dans 
les carneaux ou dans la cheminée. Les tubes sont 



i 



IjO la HPKLl!. 

baignés par l'eau de la chaudière, qui remplit tous 
leurs intervalles, et qui se trouve directement 
échauffée par les gaz traversant tous les espaces tu- 
bulaires. On verra plus loin dans quelle proportion 
énorme celle disposition ingénieuse accroît la sur- 
face de chauffe et par suite la puissance de vapo- 
risation du générateur. 

Dans les locomotives, les locomobilcs et les chau- 
dières marines, le foyer se trouve de lous côtés en- 
touré d'eau, sauf bien entendu par sa base, de sorte 
que la chaudière lubulaire pourrait aussi être con- 
sidérée comme une chaudiéi-e à foyer intérieur. 
Klle en a certainement tous les avantages. 

On trouvera, dans le chapitre consacré à locomo- 
tive, des modèles de la chaudière lubulaire appli- 
quée aux machines des voies ferrées. Ici, je me 
bornerai à donner un exemple d'une chaudière 
lubulaire marine, qui est en même temps une chau- 
dière à retour de flammes, puisque les gaz du foyer, 
avant de lôcher les tubes, passent d'abord dans deux 
gros cylindres AetB, se réfléchissent sur le fond de 
la chaudière, et reviennent enfin, parles conduits 
lubulaires, dans la cheminée oii ils s'échappent. 

Je n'en finirais pas si je voulais décrire tous les 
modèles de chaudière de différents systèmes qui ont 
été proposés et appliqués, ou même qui le sont 
encore aujourd'hui. En me bornant aux types prin- 



LA CtlAUUlÈKË. 137 

cipaux , mon bul sera rempli , car j'aurai ainsi 
l'ait comprendre la raison des dispositions variées 
que revêt le générateur et dont le lecteur pourra 
trouver des exemples s'il prend la peine . dans ses 
pérégrinations, de visiter les machines, à vapeur 




des usines, des bateaux, des chemins de for, dans 
les divers pays qu'il pourra parcourir. 

Il pourra rencontrer encore, outre les types que 
je viens de définir, des chaudières dont le foyer 
peut être enlevé à volonté, à foyer amovible, selon 
l'expression technique. Cette disposition peut offrir 
des avantages de plus d'un genre ; notamment celui 



138 LA VAPEUR. 

d'un nettoyage rapide et de l'enlèvement des incrus- 
tations Il verra aussi des chaudières j ciiculation 
Weau piincipalement formi-es de tubes ou 1 on in 
troduit conlinucllement et suLCCbsnement leau 
qui se vapoiibe presque instantanément de bortc 




Coupe longitudina]!!. 



retour de n anime. 



que si l'introduction de l'eau est infcrroinpue, 
il en est de môme de la production et de l'é- 
coulement de la vapeur; des chaudières chauffées 
au gaa, généralenienf employées dans les hauts 
fourneaux, où l'on utilise de la sorte les gaz perdus 
à leur sortie du gueulard, etc. , etc. 

De tous ces systèmes de chaudière relenons-en 



r 



LA ClIAtElÈIlE. 159 

UD, qui nous iiionlrpra comment on peut construire 
des générateurs, pour ainsi dire rendus inexplosi- 
bles par ce (ait, que l'eau aussitôt iiilroduite est 
immédialeraent réduite en vapeur : c'est la chau- 
dière à circulation de M. Bclle\iUc, dont l'usage se 




F s 40 Chaudi 



répand de plus en plus dans la petite et moyenne 
industrie, dans les centres populeux. Elle est uti- 
lisée dans plusieurs imprimeries et usines pari- 
siennes. 

Une série de tubes verticaux, placés dans le foyer 
même, communique d'une part à un luyau horizon- 
tal amenant l'eau d'alimentation, d'autre part au 



llU LA VAI'Llll. 

luyau de prise de vapeur. Chaque tube est rempli 
d'eau jusqu'à une hauteur la même pour tous, et 
l'orme, pour ainbi dire, une petite chaudière ii 
moitié remplie d'eau et de vapeur. 

L'arrivée de l'eau dans les tubes est réglée à 
l'aide d'uu appareil spécial, par la pression même 
(lela\apcur, de sorte qu'à mesure que l'eau se va- 
porise, elle se trouve remplacée par une quantité 
d'eau égaie : le niveau dans les tubes de la chau- 
dière reste ainsi constant. 

La mise en vapeur est pour ainsi dire immédiate; 
pour une chaudière de ce système d'un volume 
moindre de 4 mètres cubes (5"',74) et de 10 métrés 
carrés de surface de chaul'fe, la vaporisation est de 
2UU kilogrammes d'eau par heure. 

Il existe encore d'autres systèmes de cliaudières 
à circulation, en France, ceux de MM. Larmangeal, 
Boutigny; en Angleterre, celui de M. Scott; je ne 
puis que les citer en résumant en quelques lignes, 
d'après M. le général Morin, les avantages respec- 
tils des grandes chaudières ordinaires comparées à 
CCS systèmes nouveaux. 

Les premières ont pour elles la sanction d'une 
longue expérience -, elles produisent, sans beaucoup 
de soin et d'entretien et très- régulièrement, lava- 
peur nécessaire; la manœuvre journalière en est 
simple, commode. Mais elles occupent un grand 
espace, elles sont sujettes aux explosions. 



LA CHAUDIÈRE. 141 

Au contraire, les chaudières à circulation, beau- 
coup moins encombrantes et moins coûteuses, pour 
ainsi dire inexplosibles, ont Tavantage d'une mise 
en vapeur rapide ; mais elles sont d'un entretien 
plus difficile ; elles ne sont pas plus économiques , 
au point de vue du combustible. Elles paraissent 
surtout réservées aux machines de la petite indus- 
trie. 

Il a été question à plusieurs reprises, dans les 
pages qui précèdent, du danger d'explosion des ma- 
chines à vapeur. Ce sont en effet les chaudières 
qui ont fourni trop souvent des exemples terribles 
de la réalisation de cet accident soit dans les usines, 
soit sur les bâtiments à vapeur. On verra plus loin 
quelles sont les causes ordinaires de ces explosions, 
et quelles précautions on doit prendre pour les 
éviter ; en ce moment, la digression serait trop lon- 
gue, elle nous détournerait de notre grande affaire, 
qui est d'achever la description de la machine à 
vapeur et d*en acquérir la complète intelligence. 



III 



LE MÉCANISME MOTEUR 



Dislribution de la vapeur; son mode d'action sur le piston. Condensation 
dans les machines à basse pression ; condensation à air libre dans les 
machines à haute pression, sans condenseur. 



Nous savons maintenant comment se produit, 
dans une machine à vapeur, ce qui est le principe 
du mouvement, l'âme pour ainsi dire du méca- 
nisme original qui a, depuis un siècle, révolutionné 
Finduslrie manufacturière et celle des transports 
parterre, qui est en train de transformer la marine 
tant militaire que marchande, et qui s'attaque, dès 
aujourd'hui, aux pratiques antiques et tradition- 
nelles de Tagriculture. 

En décrivant les divers types de chaudières, en 
montrant les formes variées qu'on lui donne selon 
la destination spéciale à laquelle elle est affectée, 
nous espérons avoir mis le lecteur à même de se 
faire une idée des progrès que la pratique et la 



I.E MÉCANISME MOTEUR. \Aj 

théorie combinées ont suggérés pour la solution 
de cette question, si simple au premier abord : 
Produire la vapeur nécessaire au mouvement d'une 
machine motrice dans les meilleures conditions 
de puissance, de régularité et d'économie. 

Il s'en faut, on l'a vu, qu'on y soit arrivé du pre- 
mier coup. Il s'en faut aussi qu'on ait découvert 
d'emblée les dispositions des organes du mouve- 
ment, du mécanisme moteur, que je vais mainte- 
nant décrire. Il eût été beaucoup trop long, et d'ail- 
leurs peu intelligible, de procéder par l'histoire des 
phases successives par lesquelles, a passé la machine 
à vapeur. Au contraire, en acquérant d'abord la 
notion précise du fonctionnement tel qu'il existe 
dans les machines perfectionnées, on se rendra 
compte aisément de l'importance des modifications 
principales introduites par les inventeurs. 

Donc, nous avons à notre disposition, dans la 
chaudière, toute la vapeur nécessaire à la produc- 
tion du mouvement; nous avons la force. 

Vovons comment on utilise cette force. 

On sait déjà que la vapeur sort du réscnoir de 
la chaudière par un tuyau qui la conduit à Tinté- 
rieur d'un cylindre ; que alternativement elle agit 
sur une face ou sur l'autre d'un piston mobile dans 
ce cylindre; et qu'enfin de cette action alternative 
résulte un mouvement de va-et-vient du piston et de 



r 



Jiti LA VAPElll. 

cVaulres fois visse solidement comme l'autre fond, 
de manière à ce que l'un des deux au moins puisse 
être enlevé entièrement el permettre ainsi l'inlro- 
duclion du piston. 

L'un (les fonds donne passage à la tige du |)iston. 
et l'ouverture qui sert à cet objet est munie d'une 
■ boîle h étoupe {stufpng-box), afin que la lige, dans 
son mouvement, ne présente aucune fuite à la va- 
peur du cylindre. 

Quant au piston lui-même, ou le construit d'une 
l'onle de manières différentes. Le plus souvent, il 
est formé de deux plateaux méliilliques d'un dia- 
mètre un peu plus petit que celui du cylindre, et 
solidement reliés entre eux ainsi qu'à la tige qui 
les traverse. Sur leur pourtour, sont ménagées des 
gorges pour loger la ijarmlure, c'est-à-dire la partie 
du piston dont la surface extérieure doit glisser à 
li-oltement doux, mais pai'fiiitcmenl étanclie contR' 
lii surface intérieure du cylindre, de manière que' 
la vapeur ne puisse passer de l'une des chambres 
dans l'autre. La garniture était jadis formée de 
Iresses de chanvre qu'il fallait graisser souvent et 
remplacer de même, à cause de la rapidité de l'u- 
sure. On y a substitué avanlageusenient des garni- 
tures métalliques, formées de fragments d'anneau 
pressés par des ressorts intéiieurs, comme on le 
voit dans la figure 41. Aujourd'hui, on préfère en- 
core à ce mode de garnilurc celui des pistons 



d 



Lli; HKCAMSUK HOTtlIt. 147 

Ramsbollom, dont le corps se compose d'un pla- 
teau unique, évidé pour avoir plus de légèreté 
et entouré de deux cercles en acier doux fondu 
qui s'engagent dans deux gorges extérieures et font 
ressort. La surface de ces cercles presse ainsi les 
parois du cylindre, formant une excellente garni- 




ture, ti-ès-simple et très-peu coûteuse d'entretien. 
Le piston suédois (fig. 42) ne diffère du précédent 
que parla largeur des cercles, qui est plus grande, 
et leur composition, qui esl en fonte durcie par un 
peu d'étain. 

Le piston et le cylindre ainsi construits et agen- 
cés, il nous reste à voir comment se fait l'introduc- 
tion et l'échappement, en un mot, la distribution de 



lis LA ÏAPEUIt. 

ta vapeur. Ajoulons loulcfoîs auparavant un délail 
qui a son importance, c'est que le inou\enneiil du 
piston est facilité par l'huile dont on lubrifie de 
temps à autre les parois du cylindre. Cehii-ciesl 
muni, à ci* effet, d'un ou plusieurs robinets qu'on 







nomme les robinets graisseurs cl qu'il est inutile de 
décrire d'une façon détaillée. 

Reportons-nous à la figure 43, qui donne la sec- 
tion longitudinale d'un cylindre. On voit, en aa', 
près de chacun des fonds, l'ouverture d'un double 
conduit aa,a'a', pratique dans l'épaisseur de la face 
latérale : ce sont les ouvertures par où la vapeur 



LE MÉCANISME MOTEUR. 140 

arrive alternativement et agit sur Tune, puis sur 
l'autre face du piston ; on les nomme les lumières 
d'admission. Ces deux lumières débouchent exté- 
rieurement sur une face bien dressée, et, entre les 
deux, on voit une troisième ouverture E, qui sert à 
faire échapper la vapeur quand elle a produit son 
effet, et qu'on nomme pour cette raison lumière 
d'échappement, C est le tuyau par où la vapeur se 
répand à l'air libre, ou bien va perdre sa force 
élastique dans le condenseur. 

Maintenant, par quel mécanisme s'opère la dis- 
tribution, formée, comme on voit de deux opéra- 
tions partielles, l'admission de la vapeur et l'échap- 
pement, qui doivent se répéter deux fois pour obte- 
nir une phase complète du mouvement de va-et-vient 
du tiroir? 11 y a divers modes employés suivant les 
machines : décrivons d'abord celui que représente 
notre dessin. 

On voit, dans la boîte à vapeur BB, une boîte 
prismatique ouverte par une face, et qu'on nomme 
le tiroir. Le tiroir s'applique par sa face ouverte 
contre le plan bien dressé où nous venons de voir 
que débouchent extérieuremenl les trois lumières. 
L'espace BB se nomme la boîte à vapeur, parce qu'eu 
effet la vapeur amenée de la chaudière par le tuyau V 
y afflue librement ; mais la capacité du tiroir, au 
contraire, est toujours fermée à la vapeur aflluente, 
tandis qu'elle communique constamment avec le 



15U U VAl'EUll. 

tuyau d'ècliappcmeut et aussi lantûl avec l'un, 
lanlôt avec l'aulre des conduits d'admission du cy- 
lindre. Enfin le mouvement du tiroir esl produit 
par la machine même h l'aide d'une tige et d'un 
excentrique calé sur l'arbre du volant. 
En suivnri le mouvemenl successif et alternalii 




du tiroir représenlé sur la figure 44, on compren- 
dra aisément les pliases de la distribution de la 
vapeur. 

Dana sa première position, les deux bandes ou 
bords pleins du tiroir masquent à la fois les deux 
lumières d'admission, mais son mouvement, qui a 
lieu de haut en bas, va bientt)t les laisser ouvertes 
toutes deux ; l'une, celle d'en baut, à la vapeur de 



J 



Lt: ilLÙVMSME MOTEUR. 151 

la boite qui aura ainsi accès dans lé cylindre ; l'au- 
tre, la lumière inférieure, communitjuera au con- 
traire avec réchappenienl. 

Le piston était au début contre le fond supérieur 
du cyliudi'e. 11 va se mouvoir de haut en bas, car 
la vapeur admise le poussera dans ce sens, tandis 
que celle qui venait de le faire monter se trouvera 
condensée , annulée par sa communication soit 
avec l'air extérieur, soit avec le condenseur. 

Dans la seconde position de la figure, le tiroir est 
arrivé à la fin de son mouvement dans ce sens, elle 
piston est au milieu de sa course. Le tiroir va main- 
tenant revenir à sa position primitive, pendant que 
le piston continuera son mouvement descendant, 
qu'on voit terminé à la troisième phase. Maintenant 
ce sera le tour à la lumière supérieure de se dé- 
couvrir et de communiquer avec le tuyau d'échap- 
pement, tandis que la lumière hiférieure, s'ouvrant 
dans la boite à vapeur, va donner accès à la vapeur 
sur la face inférieure du piston et le faire remontei' 
dans le cylindre. La quatrième phase de la figure 
le montre au milieu de sa course ascendante, tan- 
dis que le mouvement ascendant du tiroir se trouve 
au contraire achevé. 

Tel est le mécanisme de la distribution de la va- 
peur dans les macliines où le tiroir à coquilles est 
adopté. Mais, comme je l'ai dit, il y a eu et on emploie 
encore d'autres dispositions dont on comprendra 



152 LA ÏAPEUll. 

parfailement leieu inainlenaiil, à la seule inspec- 
lion des ligures qui les représenlenl. C'est d'abord 
le système des soupapes de distribution de Wall 
(fig. 45) ; puis le tiroir à pistons (fig. 40) également 
imaginé par cet inventeur ; enfin le tiroir en D, 
dont le nom est dû à la ressemblance de la s 




lion de la pièce principale avec la lettre D (fig. 47). 
Dans la première de ces trois figures, on voit 
deux boites à soupapes adaptées aux deux extré- 
mités du corps du cylindre. Ciiacune d'elles se 
trouve divisée par deux soupapes mues par un sys- 
tème de tringles en trois compartiments, dont 
celui du milieu est en comniuuicalion directe avec 
chaque lumière ; tandis que les deux autres cum- 



I,E HECANISITE MOTEUR. 153 

muniqucnt, le supcricurV avec le tuyau de vapeur, 
l'inférieure avec l'air cxténcur ou le condenseur. 
Les deux phases principales du mouvement mun- 
irent à la fois le jeu des soupapes el l'aclion al- 
ternative delà vapeur sur les deux faces du piston. 
■ Le tiroir à pislons est ainsi nommé parce que ce 




sont deux pislons p p', mus par une lige dans un 
espace cylindrique conligu au cylindre, qui tantôt 
laissent à la vapeur l'accès libre d'une des lumières 
d'admission, el de la chambre correspondante du 
cylindre, tantôt mcltcnt celte chambre et la vapeur 
qui vient d'agir en communication avec le conden- 
seur C. 
Enfin le tiroir en D est une pièce creuse, mobile 



15* U VAI'EUR. 

dans la boile à \apeur, qui s'applique et glisse par 
sesdcux exlrémilés planes contre la face du cylin- 
dre où viennent aboutir les lumières d'admission. 
La vapeur qui vient de la chaudière par l'ouver- 
ture V peut toujours circuler autoui' du tiroir sans 
pénétrer jamais par l'une ni par l'autre de ses 




estrémités; celles-ci sont au contraire sans cesse 
en libre coniinunicatiou avec le condenseur. Les 
deux bords plans du tiroir dans leur mouvement 
de va-et-vient laissent donc alternalivement l'ime 
des lumières recevoir la vapeur de la cliaudière, 
pendant que la vapeur, apiès son action sur le pis- 
tou, sort par l'autre lumière et se précipite dans le 
condenseur ou à l'air libre. 
Dans chacun de ces modes de distribution, il est 



LE MÉCANISME MOTElIl. 155 

•dise de suivre les mouvements correspondants du 
piston, des tiroirs et des soupapes, dans leurs di- 
verses phases. Ce que nous avons dit, en décrivant 
le tiroir à coquilles, suffira pleinement à en don- 
ner l'intelligence. 



DETENTE DE LA VAPEUR 



Des deux modes d'aclion de la vapeur : li avail de la vapeur à pleine pres- 
sion; travail de la vapeur avec délcnle. — Divei-s systèmes de détente ; 
système Clapeyron ; système Meyer ; système de WooliT. 



Nous voici donc arrivés à comprendre, au moins 
dans son principe, sinon dans tous les détails de 
son mécanisme, le mode de distribution de la va- 
peur. Nous savons, non- seulement , comment on 
s'y prend pour la produire d'une façon régulière, 
continue, .mais encore comment elle va, une fois 
produite, de la chaudière au cylindre pour donner 
au piston et à la lige le mouvement allernatif ou de 
va-et-vient, dont il s'agit ensuite, en le transfor- 
mant, d'utiliser le travail. 

Mais, en se reportant aux allées et venues cor- 
respondantes du piston et des diverses pièces qui 
constituent le mode de distribution de la vapeur, on 
peut voir que nous avons toujours supposé que les 
deux lumières du cvlindie avaient la même lar- 
geur que les bandes pleines du tiroir, de sorte 
qu'elles se trouvaient tantôt entièrement rccou\ev- 



r 



IW L\ VAl'EliR. 

tes, tantôt entièrement libres. De là il résulte 
que la vapeur de la chaudière afflue à pleine 
pression sur chaque face du pislon pendant louio 
la durée de la course de celui-ci : c'est ce qu'on 
exprime en disant que la vapeur travaille à pleine 
pression . 

A l'origine, on ne connaissait point d'autre 
moyen de faire agir la vapeur. Watt, dont on re- 
trouve le nom dans presque toutes les découvertes 
capitales qui ont transformé la machine à vapeur 
primitive, a Irquvé qu'il y avait un double avantage 
à ne donner" accès à la vapeur de chaque côté du 
cylindre que pondant une pariie seulement.de la 
course du pislon : il en résulte d'abord une plus 
grande régularité dans le mouvemcnf même, puis, 
à égalité de travail, une notable économie de va- 
peur et par conséquent de comLustible. 

La vapeur, introduite par. exemple pendant le 
premier tiers seulement de la course du piston, 
continue d'agir sur celui-ci, mais comme l'espace 
qu'elle occupe ensuite va en augmentant jusqu'à 
la fin, elle agit en se dilatant comme un ressort 
qui se détend, de sorte que sa force diminue jus- 
qu'à la fin de la course du piston. On dit alors que 
la vapeur travaille avec détente. 

Ce mode d'action de la vapeur est aujourd'hui 
presque univei'sellement adopté. Mais avant d'in- 
sister sur les avantages qu'il présente et de précî- 



Ll 



LE MÉCANISME MOTEUR. 157 

ser Téconomie de vapeur ou de combustible à la- 
quelle la détente donne lieu, il faut que nous mon- 
trions par quelle modification du mécanisme de 
distribution on parvient à l'obtenir. 

Là encore, si je voulais faire un traité complet 
de la machine à vapeur, j'aurais à décrire des sys- 
tèmes variés de détente. 11 me suffira, pour le but 
que je me propose, de donner une idée d'un ou 
deux des plus importants. 

Commençons par le système de détente dit de 
Clapeyron, parce que la disposition en est due à ce 
savant ingénieur. 

Elle consiste dans une simple modification du 
tiroir, ou plutôt de la largeur des bandes qui re- 
couvrent les lumières. Au lieu de donner à cette 
largeur la dimension précise de celle de chaque lu- 
mière, on la fait plus grande. Les rebords ab, a'b\ 
cd c'd\ extérieurs et intérieurs, forment ce qu'on 
nomme le recouvrement du tiroir, parce que l'objet 
de ces saillies est de diminuer la durée de l'admis- 
sion de la vapeur dans le cylindre par chacune des 
deux lumières. Il faudrait entrer dans des détails 
trop longs, trop techniques pour suiATe le mouve- 
ment du tiroir à détente dans toutes ses phases, et 
pour faire voir .clairement quel est, aux mêmes 
phases, le mode d'action de la vapeur. Mais nous 
pouvons résumer cette action en disant que cha- 
que introduction de la vapeur dans le cylindre 



ir>S lA ÏAPElIl. 

(lonni? liou à quatre périodes successives que nous 
allons caractériser : 

Dans la première période, il y a mlmission de i-a- 
peur qui Iravailie pendant ec temps à pleine pres^ 
sion, c'est-à-dire avec la pression de la chaudière ; 
après quoi la lumière d'admission se ferme. 

Dans la seconde période, il y a déleule de la va- 
peur admise, qui alors travaille avec une force di'.- 
croissanfe, jusqu'au moment où la lumière s'ouvre 
à réchappement ; 

LVchappemeiit caractérise donc la troisième pé- 
riode; mais comme par le fait du recouvrement 
réchappement cesse avant que le piston ait atteint 
le fond du cylindre, il y reste une certaine quantité 
(le vapeur que le piston refoule et comprime un 
peu avant le début de la période nouvelle d'admis- 
sion ; 

De là, la période de compression, qui termine le 
cycle des mouvements alternatifs du tiroir et ra- 
mène le piston ii la même position initiale. 

La détente de Clapeyron est surtout employée 
dans les machines à mouvemenls rapides, telles 
que les locomotives. 

Dans le système de détente de Meyer, le tiroir 
est percé de deux orifices qui viennent alternative- 
ment communiquer avec les lumières d'admission; 
ce sont deux blocs BB', ayant un mouvement indé- 
pendant de celui du tiroir, qui viennent fermer ces 



LE MECANISME MOTEUR. ISO 

orifices, faire cesser l'admission et commencer la 
détente. 
Enfin, dans le syslôme de Woolff, la détente n'a 




pas lieu dans le cylindre lui-môme, mais dans un 
cylindre de plus grand diamètre juxtaposé an prf- 




ilt déli-nte de Mcyor. 



mier (fig. 50) .C'est pour cela qu'on donne aux ma- 
chines à vapeur qui emploient ce mode de détente 
le nom de machines à rfciu: cijlindres. 

La figure 51 va faire comprendre le mécanisme 
de la distribution dans cc^î macliincs. 

Chacun des deux cylindres .K, B, est muni d'une 
boite à vapeur où se meut un tiroir ordinaire, et 



IW U ï\l>EOR. 

des lumières d'admission et d'échappement dispo- 
sées comme on sait. 
C'est par l'orifice V qu'arrive la vapeur de la 




chaudière, laquelle se répand d'abord dans la boite 
du cylindre A et de là pénètre au-dessous du piston 
P, par exemple. Ce piston reçoit donc un mouve- 



W MljCAMSUË NOTëUK. 161 

ment de bas en haut ; il refoule la vapeur qui était 
de l'autre côté dans le tuyau d'échappement E, 
tuyau qui, au lieu de communiquer avec le con- 
denseur comme dans les machines à un seul cy- 
lindre, va dt-boucher dans la boite a sapeur du cy- 




lindre B. La elle pcnotrc parla lumière inférieure 
d'admission au dessous du pislon P et en s y dé- 
tendant, elle produit également le mou\Lment as- 
cendant de ce piston Quant a la vapeur qui se 
trouvait de 1 autre ci té d^ns la chambre suptiieuro 
du grand rylindre elle va comme a 1 ordinaire, 
se condenser dans le tujnu CC ou a 1 in libic 



162 lA VAPEUR. 

Le mouvement simultané des deux tiroirs en sens 
inverse donnera lieu à un mouvement des deux 
pistons de haut en bas, la vapeur agissant à pleine 
pression dans le petit cylindre, tandis que dans le 
grand cylindre elle agit toujours avec détente. 



lY 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION 



Transformation du moavement recUligne de la tige du piston en niouTe- 
ment circulaire alternatif, puis continu; bielle et manivelle. — Machine 
à balancier. — Parallélogramme articulé de Watt. 



Voilà donc notre machine à vapeur en pleine ac- 
tivité. La chaudière est allumée; la vapeur est 
abondamment fournie au cylindre et sous la pression 
convenable ; la distribution fonctionne, avec ou sans 
détente, avec ou sans condenseur, peu importe. 
Le mouvement est donné : le piston fournit, par 
minute, le nombre de coups qui est utile à l'em- 
ploi, à la destination de la machine. Il nous reste 
à montrer comment ce mouvement est transmis, 
par quel mécanisme on le transforme, on le règle, 
on en assure la régulière continuité. 

Le problème à résoudre n'est pas spécial aux ma- 
chines à vapeur. Un moteur quelconque peut don- 
ner lieu à la même question : « Étant donné le 



L 



164 ■ LA VAPEUR. 

mouvement de va-et-vient de la tige d'un pistoD, 
c'esl-à-dire im mouvemeiil allernalif et rcctiligne, 
trouver un mode de Iransmîssion qui le change en 
mouvement continu et circulaire, qui fasse tourner, 
par exemple, un arbre moteur, auquel tous les 
mouvements partiels dont l'usine peut avoir besoin 
viendront puiser simultanément ou à leur tour, a 
Mais l'invention des machines h vapeur, les pro- 
grès ijue cette invention a provoqués dans toutes 
les parties de la mécanique appliquée, ont contribué 
à rendre tout aussi intéressante que les autres la 
partie de la science qui a pour objet le mécanisme 
de transmission. Passons rapidement en revue 
les différents systèmes imaginés. 

Le plus ancien, qui est encore adopté pour un 
grand nombre de machines, comprend les machines 
à balancier, dont la figure 52 donne le principe. 

La tige t du piston, dont l'extrémité décrit une 
ligne droite verticale, est reliée à l'extrémité d'une 
grande pièce oscillante, ou levier, AB, qu'elle fait 
mouvoir autourd'un point fixe I,dans un plan verti- 
cal. Cette pièce est le balancier, à l'autre extrémité 
duquel s'articule une tige ou bielle , qui agit k 
son tour sur unemanivelle.calée enO surTarbre à 
mettre en mouvement. Grâce à cette disposition,- le 
mouvement rectiligne alternatif du piston se trouve 
transformé en mouvement circulaire continu. 

Ici, le balancier est au-dessus de la tige du pis- 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION. 163 

ton, mais il peut aussi être placé au-dessous, et 
nous verrons des exemples de cette disposition dans 
les machines à vapeur que nous aurons l'occasion 
de décrire plus loin, en parlant des types. 

Je viens de dire que, par le balancier, la bielle 
et la manivelle, le mouvement alternatif et recti- 




Fig. 52. — Principe de la transmission dans les machines à balancier."] 



ligne du piston se trouve transformé en mouve- 
ment circulaire continu. Oui, mais cette transfor- 
mation n'est pas directe, car les extrémités du 
balancier oscillent en décrivant chacune un arc de 
cercle, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre ; 
le mouvement est donc d'abord circulaire alterna- 
tif; c'est la bielle et la manivelle qui achèvent la 
trans formation et produisent la continuité du mou- 
vement circulaire. 



106 LA TAPEUR. 

Il résulte de là que la tige du piston, qui se meut 
verticalement, ne peut être directement liée à l'ex- 
trémité du balancier, parce que celle-ci la forcerait 
à suivre le contour de l'arc, et, dès lors, la courbe- 
rait tantôt à droite, tantôt à gauche. Dans le but 
d'éviter cet inconvénient, qui détériorerait promp- 
tement la machine. Watt a imaginé un système 




2,Fig. 53. — Parallélogramme articulé de Watt. 

d'articulation fort ingénieux connu sous le nom de 
parallélogramme de Watt, et dont voici la descrip- 
tion succincte : 

La tige du piston, au lieu d'être liée directement à 
l'extrémité E du balancier, l'est au sommet D du pa- 
rallélogramme CBDE, dont les quatre côtés, rigides 
et de dimensions invariables, sont articulés aux 
sommets, de sorte que les angles varient sui- 
vant le mouvement qu'impriment les oscillations 
du balancier. De plus, le sommet B est rattaché, 
par une tige DO, à un point fixe du bâti de la 
machine. Les longueurs relatives de ces diverses 
lignes sont calculées de telle sorte que le som- 



LE MÉCANISME DE THANSMISSIOIS. 16'/ 

met D décrit très-sensiblement une ligne droite ver- 
ticale, pendant que les points C, E, B décrivent des 
arcs de cercle ayant pour centres les deux points 00. 
A la vérité, pour qu'il en soit ainsi, l'oscillation du 
balancier ne doit pas dépasser les limites de 20 de- 
grés de part et d'autre de l'horizontale. Le poinl 
milieu du côté BC jouit de la même propriété que 
le point D * : aussi Tutilise-t-on dans les machines 
de Woolff, où les pistons des deux cylindres doivent 
se mouvoir d'ensemble. 

On comprend que le système qu'on vient de dé- 
crire se reproduit en double, dans le sens de l'é- 
paisseur, de chaque côté du balancier, ce qui fait 
qu'en réalité la tige du piston est articulée à un 
axe horizontal reliant le double poinl D. 



LES REGUUA1EURS 



JLe volant ; du véritable rôle qu'il joue comme régulateur. ~ Le pendule 
conique de Watt, ou régulateur à force centrifuge.— Régulateurs Farcot 
et Flaud. — Gomment l'excentrique communique le mouvement au ti-. 
roir. — Les pompes d'alimentation et d'épuisement. 



Achevons maintenant notre description de la ma- 
<îhineàvapeurqui,jusqu'ici,nousa servi de modèle- 
Divers détails du mécanisme sont "restés dans l'om- 



* Considérons isolémentdèux tringles égales OB,AE mobiles autoui- 
du point Oet du point E et reliéesàune tige AB articulée en A etenB. 
^uand on cherche géométriquement la ligne que décrit pendant le 



168 LA YAPEUR. 

bre, que maintenant on va pouvoir saisir aisément. 

moaTement alternatif des deux tringles le point F au milieu de AB, 
on trouTe que cette ligne est une sorte de 8 allongé dont une partie 
est sensiblement rectiligne et perpendiculaire à la position moyenne 
des deux droites parallèles. OB étant le balancier de la machine, 
FdeTait être le poiut d'attache du piston : AE était, selon Tex- 
pression de Watt, le rayon fégulaieur.lCetie disposition, qui a été 
employée à Tongine et à laquelle on donne le nom de parallélo- 
gramme simple, renferme tout le principe de celle que nous^ve- 




Fî;^. SI. — Courbes décrites par les poiuts d'articulation des tiges du 

pistoa et la pompe depoisemait. 

iKUis de décrire. Mab le rayon régulateur ou contre-balancier de- 
Yait aiYoirttue longueur tgale à celle du demi-balancier, et c'est 
pour dittiinuer cette longueur que Watt a imaginé le parallélo- 

Supposions OC double de OB; formons le parallélogramme ABCD 
ayant les sommets arUculés erjtre eux et avec le contr e4ïalancier 
AK. n suivra les mouvements du syistème des trois tringles. Le 
point F continuera à décrire une ligne dn>îte; niais le point D en 
tera autant» puîsqu il sera toivîours sui- la ligne OF prolongée à 
une distance OD Â>uble de OF. C'est en D que s'articule la tige du 
pblon» couune nous Favons vu plus haut, dons le texte- 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION. 169 

Tout d'abord on voit, en suivant la figure 52, 
que, sur Farbre moteur mû par le système de bielle 
et de manivelle décrit plus haut, est montée une 
grande roue, le plus souvent en fonte, à laquelle on 
donne le nom de volant. Cette pièce, qui se trouve 
dans toutes les machines motrices, a pour objet de 
régulariser le mouvement. 

Dans une machine motrice telle que la machine 
à vapeur, la vitesse est sujette à éprouver des va- 
riations qui peuvent dépendre, soit de la force 
motrice elle-même, c'est-à-dire de la vapeur qui 
sort du générateur plus ou moins abondante et 
douée d'une pression plus ou moins considérable, 
soit de l'emploi de la force dans l'usine où la ma- 
chine est établie. On comprend qu'il y ait intérêt 
à ce que ces variations soient renfermées dans des 
limites restreintes : on y parvient de diverses ma- 
nières, et, en premier lieu, par l'emploi des volants 
qui augmentent la masse des parties mobiles de la 
machine. Lorsqu'il y a excédant de vitesse, la 
masse du volant absorbe l'excès de travail moteur 
sous forme de force vive, qu'elle restitue, quand le 
mouvement se ralentit, aux diverses pièces de la 
machine. On donne à la fois au volant un grand 
poids et un grand diamètre, et la plus grande partie 
de sa masse se trouve répartie dans l'anneau qui 
en forme la circonférence. 

Les dimensions et les poids des volants se cal- 



'. ^_L '. :± :eile 

■ :.. , . ue «|uand 

:i_e normale; 

_t. LLLS d'abon- 





^ 



■*-«* -c 






LE MÉCANISME DE [TRANSMISSION. 173 

deux sont, comme le premier, fondés sur l'action 
de la fot*ce centrifuge appliquée à des masses qui 
tournent avec un axe mis en mouvement par la 
machine. Mais le pendule conique a Finconvénient 
que les régulateurs Farcot et Flaud n'ont pas, de 
régler, avec la vitesse de régime, la puissance de la 
machine, tandis que ceux-ci permettent de faire 
varier cette puissance, sans que la vitesse de ré- 




Fig. 57. — Régulateur Flaud. 

* 

gime varie sensiblement, ce qui est quelquefois 
utile dans certaines industries. 



Revenons maintenant à notre machine, au mé- 
canisme de transmission, et faisons voir comment 
le mouvement soit du balancier, soit de l'arbre 
moleur, est utilisé pour le fonctionnement du ti- 
roir, des pompes d'alimentation et d'épuisement. 
Après cela, nous passerons en revue les types de 
'machines qui, avec la mïichine à balancier, sont 



!": U TiMTlL 

tiyi- i~^ciLl b npeur de la chaudière, de lelle 

iif-c tj* b Tilve se ferme progressiTcmeat dans 

t ;«EL>îf fas, el ï"i>uTre davantage dans le second. 

L'i^si lie U Tapeur se trouTe|doDC diminué quand 

U litâSÊe de U machine dépasse la limite normale; 

elle et introdiiile, au contraire, avec plus d'abou- 

duKe. sll T a eu ralenlissement. 



\7 



*T^ 



Fig. bfi. — Hégulaleur Farcol i liges croisées. 

les deus figures S6 et 57 représeiHenl deux 
autres splimcs dt' ,r;i,lali'„rs il«nl I» Jisposilto 
est un peu différente df a-"e du risukim ij^ 

, 7,/( (/((. . lon o.iiuail ^('^^' '■'" derniersç'-'"^*' 









I 






1 




Tip n.-f^-t r;mrs l'industrie 



-.— a* it ^ m>:à-iit? et calé un 
. lÈ 31 < i -sir j i^pxre 59, et 

rr-^ ùr jrt*uiisn it moaTement 
r ~ K -.. ^s i£M.i zi*:4s, comment 
-:;.v. ^ ^ît-^cr-jin»» ■ fz. dS) est 
; n^'-Lj^i-tc •r—!i-:tln' tra\ersée 
: >.\:u i'u 1 m. J9S soo centre. 




-i :■■ u.'v-aî':i ^v ^jmcua !fîLC:a£a.'e cvlui d'un 
■ .-■ M -.- ,^ - i-ijii lu j'ttz'^Jiit—'j^ QïêtailliqueT. 
.^-^ i-r-: n..: iv ,- ji^cjiec ï-jvvnvhe à Tune 
-,-^ '-xx-.-.u-^ i' lit. .t.-t:r ,-jmà; /iK-, dont l'autre 

**.-j..-Cii j-.i 1 -n- jctu^^ rv:r Li mlation do 
. W!Ma-^<it.- 4MUW feKu  ^ Mii«i«Hmt alter^ 





'aj 



îf 



174 LA VAPEUR. 

le plus fréquemment employées dans l'industrie 
manufacturière. 

Sur l'arbre moteur de la machine est calé un 
excentrique, qu'on voit en Jd sur la figure 59, et 
dont la fonction est de produire le mouvement 
alternatif du tiroir. Voici, en deux mots, comment 
s'obtient ce résultat. L'excentrique (fig. 58) est 
formé d'une pièce métallique circulaire traversée 
par l'arbre en un point qui n'est pas son centre. 




Fig. 58.'— Excentrique déterminant le mouvement du tiroir. 

Son mouvement de rotation entraîne celui d'un 
collet ou bride portant un long triangle métallique T. 
Mais l'extrémité de ce dernier s'accroche à l'une 
des branches d'un levier coudé abc, dont l'autre 
branche porte la tringle d du tiroir. Le mouvement 
d'oscillation du levier produit par la rotation de 
l'excentrique donne lieu à un mouvement alter- 
natif vertical de la tige, et le tiroir fonctionne 
comme nous lavons montré plus haut. 

La figure 59 représente la machine à vapeur 
à balancier, telle qu'elle est- sortie des mains de ' 



LE MECANISME DE TRANSMISSION. 177 

Watt, avec tous les perfectionnements que cet il- 
lustre mécanicien y a successivement apportés; 
elle permettra au lecteur de saisir l'ensemble des 
divers mécanismes que nous avons du décrire en 
détail et séparément, la distribution comme la trans- 
mission. Elle va nous montrer en même temps com- 
ment fonctionnent les diverses pompes dont il a été 
question dans notre description de la machine. 
H est le condenseur qui baigne dans une bàched'eau 
froide RR, et qui reçoit Teau de cette bâche par 
un tuyau t. Comme la condensation de la vapeur 
ne peut se faire sans que celle-ci cède à Teau la 
chfifleurqui la maintient à l'état gazéiforme, Teau 
du condenseur s'échauffe constamment, et il im- 
porte de la remplacer^ constamment aussi, par de 
nouvelle eau froide. De là, la nécessité d'une pompe 
d'épuisement E, qui est mue par la tige EA reliée 
au balancier; cette pompe refoule l'eau extraite 
et chaude dans une capacité R', et c'est là qu'agit 
à son tour la pompe alimentaire W, pour puiser 
l'eau et la refouler dans la chaudière. Y est la lige 
de cette pompe qui reçoit son mouvement du ba- 
lancier. 

Enfin on voit, en XX, la tige de la pompe U qui 
sert à alimenter d'eau froide la bâche RR. Cette' 
pompe, ordinairement plus puissante que les deux 
autres, va chercher l'eau d'alinienl^ition à une 
source voisine, source, puits ou rivière. 

12 



178 LA VAPEUR. 

Celte complication d'organes, d'appareils acces- 
soires, qui, du reste, empruntent tous leur mou- 
vement de la machine à vapeur, n'existe que dans 
les machines à condensation, c'est-à-dire à basse 
ou à moyenne pression. Dans les machines à haute 
pression, fixes ou mobiles, le condenseur, les 
pompes d'épuisement et tous les mécanismes qui 
s'y rapportent sont supprimés. 11 n'y a plus que la 
pompe d'alimentation. Mais nous avons pris pour 
modèle, précisément la machine à vapeur la plus 
compliquée, afin de ne rien oublier d'essentiel pour 
l'explication des mécanismes employés dans les 
différents types. 



MACHINES A VAPEUR A TRANSMISSION DIRECTE. 



.Machine à cylindre vertical, à haute pression, avec détente et sans conden- 
sation. — Machine à vapeur à cylindre horizontal. — Machines à four- 
reau, principalement utilisées dans la marine à vapeur. — Machine 
oscillante do Carré. — Machines à vapeur rotatives. 



La transmission du mouvement dans les ma- 
chines à balancier se fait indirectement, puisque 
le mouvement du piston devient circulaire alter- 
natif avant de devenir continu. 

On a imaginé plusieurs moyens de transmettre 
directement le mouvement du piston à l'arbre de 
couche. De là les machines verticales, horizontales^ 



LE MÉCAMSHE DE TRÂNSSISSIO». tT9 

osciUantes. Je vais donner un modèle de' chacun 
de ces genres de machine. 
La machine à cylindre vertical, que représentent 




sous ses deiix faces les figures 60 et 61 , est uni; 
machine à haute pression, dans laquelle la vapeur 



180 L\ VAPEUR. 

agit avec dctentiî, mais sans condensalioQ. La lé- 
gende montre quels sont les divers organes, cy- 




L 



lindre, liroii \ol<iiil, ugulateui ou pendule com- 
mue, elc. Le --eul |ioinl sui iLtjutl |l dois attirer 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION. 183 

l'altention est le mode de transmission du mouve- 
ment. 

La tige du piston est directement articulée à la 
bielle EF, qui agit sur la manivelle de l'arbre mo- 
teur. Cette tige est guidée dans son mouvement par 
une glissière, pièce horizontale mobile GG, qui se 
meut le long de deux montants verticaux fixés en K 
et H, c'est-à-dire, d'une pari au cylindre, de l'autre 
au bâti en fonte de la machine. 

C'est, à la vérité, un mode de transmission tout 
semblable, que celui de la machine à cylindre hori- 
zontal représentée pf.r la figure 62. Nous en avons 
dit assez pour faire comprendre, sans description 
spéciale, la disposition des organes de celte ma- 
chine. 

Dans les locomotives, nous verrons employer 
tantôt les cylindres horizontaux, tantôt les cylindres 
inclinés; les raisons pour lesquelles on préfère 
telle ou telle de ces dispositions qui n'ont rien 
d'essentiel, sont en rapport soit avec la construc- 
tion et l'agencement général des organes de la ma- 
chine, soit, pour les machines fixes, avec des ques- 
tions d'emplacement en surface, en hauteur, etc. 
En somme, cela ne change rien au mode de trans- 
mission en lui-même, qui, dans les machines que 
nous venons de décrire, consiste dans l'articulation 
directe de la tige du piston avec la bielle de Tarbre 
moteur. 



1S4 LA VAPEUR. 

Il n'en est plus de mùme dans les machines à four- 
reau, où la tige du pisiou est elle-même supprimée 
et où la bielle est directement articulée au piston 
lui-même. Le mouvement oscillant de celte bielle 
se fait dans un manclion ou fouireau cylindrique 
traversant le cylindre et que le piston enveloppe 
complètement. Cette disposition diminue la surface 
du piston frappée par la vapeur ; il faut donc com- 




penser cette diminution j^ar un accroissement du 
diamètre du cylindre. 

L'inconvénient de ce mécanisme très-simple est 
aisé à comprendre : d'une part, la vapeur se re- 
froidit plus pi'oraptement, puisque la surface re- 
froidissante y est plus considérable; d'autre 'part, ' 
lt.s fuites s'y produisent plus facilement soit au- j 
lour du manchon, soit par les rainures qui per- 
mettent le mouvement du piston. 

il est principalement adopté dans les machines 
marines anglaises. 



luincs I 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION. M 

Un fabricant français, M. Carré, avait imaginé les 
machines à cylindre oscillajity où la transmission se 
fait sans bielle, la tige du piston étant elle-même arti- 
culée directement à la manivelle de l'arbre moteur. 

Le cylindre des machines oscillantes est porté 
par des tourillons comme une pièce d'artillerie sur 
:5on affût. Seulement les tourillons y sont creux et 
servent, Tune de lumière d'admission pour la va- 
peur, l'autre d'échappement. D'ailleurs, la distri- 
bution y est réglée par un tiroir comme dans les 
machines ordinaires. On distingue les machines 
oscillantes en horizontales et en verticales, suivant 
la direction moyenne du cylindre dans ses oscilla- 
tions successives. 

Ce genre de machines est aujourd'hui à peu près 
abandonné par l'industrie, sauf dans la navigation, 
où l'on rencontre souvent encore les machines à 
deux cylindres oscillants, sur les petits bateaux à 
vapeur. En tout .cas, ce mode de transmission du 
mouvement est assez original pour que j'aie dû le 
signaler à mes lecteurs. 

11 nous reste encore, avant d'étudier les machines 
à vapeur au point de vue des types, à parler d'une 
espèce de machine qui se dislingue de toutes celles 
que nous avons passées en revue jusqu'ici par le 
principe même du mécanisme. Je veux parler des 
machities à vapeur rotatives^ ainsi nommées parce 



I 

192 lA VAPEUR. 

piston E, fait tournoi' ce piston et snn arbre dans 
le sens marqué par la floche. Comme les deux 
arbres portent extérieurement des engrenages des- 
tinés à les faire tourner en sens inverse et avec la 
même vitesse, l'arbre C et son piston se meuvent en j 
sens contraire du premier. i 

les dessins 2, 3 de la figure 66 montrent la 
disposition des pièces après un quart, puis aprùs 
une moitié de révolution. A ce moment, le pis- 
ton E vient masquer l'ouverture B ; la vapeur ne t 
peut plus agir sur ce piston, mais elle commence ■ 
à agir sur l'autre. Avant que commence le troi- , 
sième quarl de la rotation (phase 4), l'ouver- 
ture de la lumière d'échappement D est démas- 
quée; la vapeur de l'espace a s'échappe, le piston 
E continue à être entraîné dans son mouvement 
par l'autre arbre et par sa vitesse acquise, et ainsi 
de suite. La vapeur agit donc sur chaque piston 
pendant un peu plus de la moitié d'un tour, et al- 
ternativement chacun des arbres reçoit son mouve- 
ment de la vapeur même et de l'autre ai'bre avec 
lequel il engrène. L'un des deux arbres est l'arbi'e 
moteur de la machine; on le munit d'un volant. 
La machine rotative de Behrens est, comme on voit, 
une machine à vapeur sans détente cl sans conden- 
sation. Mais il est possible, à l'aide d'une valve con- \ 
venablement disposée, de la faire fonctioimer avec ' 
détente. 




LE MECANISME HE TnASSMIBSlON. 193 

Une (lob applualioiis oiiginalcs de cette niaclime 
consiste a 1 eniplojei coinuie moleui d une pompe 




construite sur le même principe et fonctionnant de 
la môme manière. Aux États-Unis, elle sert dans les 

brasseries et les raffineries, comme pompe èlévatoire 
des liquides, eau, bière, sirops, etc. L'usage en est 



194 LA VAPEUR. 

peu répandu en Europe, mais il paraît constant 
que cette machine a une véritable valeur indus- 
trielle. 



RESUME 



En quoi consiste la machine à Tapeur : révision de ses principaux organes. 
— Machines à basse pression, à moyenne et à haute pression. — Ce que 
c'est qu'un cheval-vapeur ; comparaison du travail journalier d'un che- 
val-vapeur et d'un cheval vivant de moyenne force. — Puissance de la 
chaudière ; rapport de cette puissance avec la surface de chauffe, et la 
consommation de houille. 



Telle est la machine à vapeur moderne, dans son 
ensemble et dans les détails principaux de son or- 
ganisme. 

En résumant en quelques lignes la description 
qui a été l'objet des trois ou quatre chapitres pré- 
cédents, on voit que la machine à vapeur consiste : 

1° En une chaudière ou générateur à vapeur qui 
transforme en force élastique disponible la puis- 
sance contenue dans un combustible, la houille par 
exemple. La chaleur est T agent de cette trans- 
formation; elle passe du foyer aux parois qui 
constituent la surface de chauffe de la chaudière, 
et, se communiquant de la fonte à l'eau, elle en 
élève la température, en provoque et maintient 
l'ébullition, fournissant d'une façon continue au 
réservoÎF de vapeur la masse gazeuse et élastique, 
à une pression en rapport avec le travail à pro-. 



LE MÉCANISME DE TdANSMISSION. 195 

duire. Foyer, grille, cendrier, carneaux et chemi- 
nées, bouilleurs et corps de la chaudière, soupapes 
et avertisseurs de sûreté, manomètres, indicateurs 
de niveau et de «pression, tel est le générateur de la 
machine, avec ses accessoires ; 

2° La vapeur produite, la machine proprement 
dite se compose d'organes du mouvement, du ré- 
cepteur de la force et des appareils de distribution 
ayant pour objet la production d'un mouvement 
alternatif rectiligne. Le cylindre, la boite à vapeur, 
le tiroir, le condenseur, sont les principaux or- 
ganes de cette partie de la machine. C'est le méca- 
nisme moteur. 

Enfin, 3° le mouvement une fois produit sous 
sa forme immédiate, il s'agit de le transformer, de 
le rendre apte au travail que l'industrie exige ; et 
c'est le plus souvent sous forme de mouvement 
circulaire continu. Les bielles, manivelles, balan- 
ciers, glissières sont les organes ordinairement 
employés pour cette partie de la machine à laquelle 
nous avons réservé le nom de mécanisme de trans- 
mission. Le volant et les régulateurs ont un objet 
particulier, qui est de maintenir dans les limites 
convenables la vitesse de régime ou la puissance 
du moteur. 

Ces différentes fonctions bien comprises, les ap- 
pareils qui les remplissent bien clairement conçus, 
au moins dans leurs dispositions principales, on 



IBfi LA VAPEUR. 

peut, sans craindre de s'égarer, aborder l'esaraen 
des différents types de machines qui ont été ima- 
ginés depuis l'origine ou l'invention de la vapeur, 
et dont un grand nombre sont aujourd'hui em- 
ployés dans l'industrie manufacturière, dans les 
voies ferrées et la navigation, et enfin dans l'agri- 
culture. 

Avant de faire cette revue des types, avant de 
montrer la vapeur à l'œuvre dans les services mul- 
tiples qu'elle rend à lo civilisation, il faut encore 
qu'on me permette, non une digression, il s'agît 
d'une chose essentielle, mais une courte explica- 
tion de quelques termes et locutions fréquemment 
employés quand on parle des machines et qu'on 
évalue leur puissance. 

Déjà j'ai dit ce qu'on entend par machine à basse 
pression, à moyenne et a haute pression. Précisons 
encore. 

Une machine à basse pression est celle où la va- 
peur possède une tension qui ne dépasse pas une 
atmosphère et demie. Une telle machine possède 
toujours un condenseur. 

Quand la cliaudiôre donne de la vapeur à une 
tension comprise entre trois et cinq atmosphères, la 
machine est une machine k vapeur à moyenne pres- 
sion. On y adjoint, le plus souvent, un condenseur, 
mais cela n'est pas nécessaire. 

Enfin, quand la tension de la vapeur dépasse 



M 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION. 197 

cinq atmosphères^ auquel cas la machine fonctionne 
généralement sans condenseur, on a affaire à une 
machine à haute pression. 

Mais la puissance d'une machine ne dépend paj) 
seulement de la force élastique de la vapeur qui 
sert à la mouvoir. Ce n'est là qu'un élément; il 
faut tenir compte, en partant de cet élément, des 
dimensions du cylindre, du nombre des coups de 
piston que la machine donne par minute ou par 
heure, nombre qui dépend lui-môme de la quantité 
de vapeur régulièrement fournie par la chaudière. 
On arrive ainsi à évaluer le travail de la vapeur sur 
le piston. Mais, ce travail, pour être transmis à 
Tarbre de couche et au volant, est en partie ab- 
sorbé par les frottements et résistances des organes 
de transmission, de sorte qu'il y a lieu de le ré- 
duire d'après les données de l'expérience pour en 
conclure le travail réel, la puissance effective de la 
machine. 

Ce travail s'évalue en chevaux-vapeur. On dit ainsi, 
d'une machine, qu'elle est une machine de o, 4, 
10, 50, 500 chevaux. 

Avant d'aller plus loin, disons donc clairement 
ce que signifie cette expression de cheval-vapeur. 

Un effort exercé s'évalue en kilogrammes, ce qui 
revient à dire qu'on assimile l'effet d'une force à 
celui d'un poids, par exemple à l'effet qu'un nombre 
donné de kilogrammes produit sur un ressort. Mais 



tus LA VAPEUll, 

cela ne suffit point pour mesurer le travail effectué 
par lin moteur quelconque, car ce travail dépend 
encore du temps ou de la vitesse du mouvement 
produit. Pour achever de le définir, il faut dire quel 
chemin le moteur fait parcourir au poids pendant 
l'unité de temps, pendant une seconde. 

C'est ainsi qu'on nomme kilogrammèlre le travail 
d'une force capable de transporter un kilogramme 
à une distance d'un mètre, en une seconde. Telle 
est l'unité de travail généralement adoptée par les 
mécaniciens. 

Seulement, dans la pratique, et quand il s'agit 
du travail des machines, on emploie une autre 
unité, qui est 75 fois aussi grande que la première, 
qui vaut donc 75 kilogrammètres et à laquelle Tu- 
sage applique la dénomination de cheval-vapeur. 

Voici à quelle occasion cet usage s'est introduit. 

Quand Watt eut apporté aux premières machines 
à vapeur les perfectionnements qui les firent adop- 
ter dans les mines et dans l'industrie anglaise, les 
fabricants de ces machines se virent dans l'obliga- 
tion de garantir ii ceux qui leur faisaient des com- 
mandes la puissance des nouveaux engins. Dans les 
mines, on employait généralement des chevaux 
qui faisaient tourner des manèges. Le travail journa- 
lier et moyen de ces animaux fut pris pour terme 
de comparaison, et l'estimation, faite expérimen- 
talement par Watt de ce travail, ou Itoyse-potver, 



ima- i 

erme ] 

men- 1 

mer, \ 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION. 19» 

servit à évaluer la puissance des machines livrées. 
On s^arrêta à un chiffre qui, traduit en mesures 
métriques, correspondait à 74 ou 76 kilogrammes 
transportés à 1 mètre. La moyenne, 75 kilogram- 
inétres, a été définitivement adoptée en France, et 
est, aujourd'hui, universellement adoptée. Mais 
qu'on ne s'y trompe point. Le travail de la vapeur 
est supposé continu, et les machines travaillent des 
jours et des nuits sans se reposer. Une machine de 
la puissance d'un cheval fait donc, en un jour, 
c'est-à-dire en 86,400 secondes, un travail équiva- 
lante 86,400x75 ou à 6,480,000 kilogrammèlres. 
Un cheval vivant et réel, au contraire, est dans la 
nécessité de se reposer; en le faisant travailler 
8 heures par jour, il ne développerait qu'un travail 
trois fois inférieur à celui de la même machine. 

En réalité, c'est encore là une évaluation trop 
forte. Les chiffres de Watt, si l'on juge par les expé- 
riences faites depuis, s'appliquaient à des chevaux 
dont la vigueur dépassait la moyenne, et qui pro- 
bablement étaient surmenés. 11 résulte, des expé- 
riences auxquelles nous venons de faire allusion, 
qu'un cheval de force ordinaire, attelé à un manège, 
allant au pas, développe une force égale à 40 kilo- 
grammèlres et demi, ce qui, pour une journée de 
8 heures, donne 1,166,400 kilogiammètres. 

On voit donc, pai* la comparaison des deux 
chiffres relatifs au travail de la machine et à celle 



i 



aOJ L.\ VAPEUR. 

de l'animal, qu'en réalité, pour remplacer une 
machine dont la puissance est d'un cheval-vapeur, 
il laudr^il employer à laîre tourner, sans disconti- 
nuité, ua manège donnant le même travail, un 
peu plus de cinii cbeimix et demi. 

Au fait, le choix de l'unité importe peu : l'essen- 
tiel est de se rappeler la définition et l'équivalence 
du cheval-vapeur. 

Autre chose est d'évaluer la puissance effectiv»; 
d'une machine construite,^ autre chose aussi est de 
calculer et de combiner les dimensions relatives 
d'une chaudière, celle du cylindre, de la dé- 
lente, etc.. quand on se propose de construire 
une machine dont la puissance est donnée d'a- 
vance. C'est Va un problème très-complexe, que 
tous les jours ont à résoudre les ingénieurs méca- 
niciens, et dont le lecteur trouvera la solution dans 
les ouvrages spéciaux de mécanique pratique. Celte 
solution ne serait point ici à sa place. Mais peut- 
être ne scra-t-on pas fàclié d'en connaître au moins 
les principaux éléments. Essayons donc. 

Parlons d'abord de la chaudière. 

Ce qui constitue sa puissance, c'est la quantité 
ou le poids de vapeur qu'elle est capable de pro- 
duire en une heure, quand elle est en plein fonction- 
nement. Or, c'est surtout de la surface de chaufTe 
que dépend cette quantité, de sorte que, toutes 
choses égales d'ailleurs, c'esl le générateur 



leur qui J 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION. 201 

offre au foyer et au gaz de la combustion la plus 
grande étendue de surface de chauffe qui est le 
plus puissant. 

Quant à la consommation du charbon, elle est 
évidemment en rapport avec la surface de chauffe; 
mais elle varie d'une machine à Tautre, selon le 
type de la machine, suivant qu'elle est à haute, à 
basse ou à moyenne pression, suivant enfin qu'elle 
fonctionne avec ou sans condenseur, avec ou sans 
détente. Voici à ce sujet quelques données de Tex- 
périence. 

La pratique a fait reconnaître qu'il faut compter, 
pour chaque cheval-vapeur, une surface de chauffe 
variant entre 1 mètre carré et 1 mètre carré et 
demi. UnB machine à vapeur de la force de 10 che- 
vaux doit donc avoir un générateur ayant entre 
10 et 15 mètres carrés de surface de chauffe. La 
quantité de vapeur produite par heure est alors en 
moyenne de 20 kilogrammes par cheval, de sorte 
que la chaudière d'une machine de 10 chevaux 
doit pouvoir vaporiser par heure 200 kilogrammes, 
soit environ 200 litres d'eau. 

Quant à la consommation de la houille par heure 
et par cheval, elle varie, avons-nous dit, avec les 
machines. Les machines de Watt, à basse pression, 
consomment de 5 à 6 kil. de houille; celles de 
Woolff , 5 kilogrammes ; les machines à haute pres- 
sion, à détente et sans condenseur, consomment 



202 LA VAPEUR 

de 4 à 5 kilogrammes par l'orce de cheval et par 
heure. Ce sont les moins économiques, mais elles 
rachètent ce défaut par des avantages que nous 
aurons occasion de signaler plus loin. 

Un mot maintenant sur la puissance d'une ma- 
chine dans son rapport avec les flimensiona du cy- 
lindre et avec la vitesse du piston, ou, ce qui re- ■ 
vient au même, avec le nombre des coups de piston 
par minute ou par heure. 

La pression de la vapeur étant connue par la 
lecture du manomùtrc, comment calculera-t-on le 
travail qu'effectue le piston pendant sa course dans 
le cylindre ? Prenons un exemple qui fera com- 
prendre à la fois la question et la réponse qu'on 
doit y faire. 

Supposons une pression de 4" atmosphères dans 
une machine à condensation, ou de 5 atmosphères 
dans une macliine dépourvue de condenseur. L'ef- 
fort exercé par la vapeur sur le piston sçra le même 
en réalité dans les deux cas, puisque, dans le se- 
cond, la pression atmosphérique s'exerce sur la 
face du piston opposée à celle où s'exerce la fore* 
élastique du fluide. C'est donc sur chaque centi- 
mètre carré do la surface, 1.035 kilog. multiplié 
par 4, qui mesurera l'effort de la vapeur. 

Autant la surface du piston contient de centi- 
mètres carrés, autant il faudra répéter de fois ce 
résultat. 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION. 203 

Mais ceci ne donne pas le travail mécanique, qui 
sera d'autant plus grand que la longueur du cylin- 
dre ou la coursé du piston sera plus grande. Pour 
avoir ce travail en kilogrammètres, il faut encore 
multiplier le résultat précédent par cette longueur, 
de sorte qu'on peut donner la règle suivante : 

Multipliez la surface du piston par sa course ex- 
primée en mètres, par la pression effective de Içi 
vapeur et par 1.033, et vous aurez le nombre de 
kilogrammètres qui mesure le travail effectué par 
le piston dans sa course. Mais la surface, multipliée 
par la longueur du cylindre, c'est le volume de ce 
dernier. 

Ainsi, le travail est proportionnel et à la pression 
de la vapeur et au volume du cylindre. Supposons, 
dans le cas que nous prenons pour exemple, le dia- 
mètre du cylindre égal à 40 centimètres, sa lon- 
gueur égale à 60 centimètres, le travail d'une 
course du piston sera : 

::. ^0x40x1.033x4 ou 20T'J. 

Un coup de piston se composant de deux courses, 
ce sera 415 kilogrammètres pour chaque coup. 

Ceci ne donne le travail de la machine que pour 
un va-et-vient du piston, de sorte qu'il faut con- 
naître encore le nombre de ces mouvements par 
minute ou par heure, pour évaluer définitivement 
en chevaux-vapeur la puissance de la machine. 



201 I,A VAPEUR. 

Cette vitesse ilu piston est très-variable. Mais 
elle ne dépasse guère 60 coups par minute, soit un 
coup par seconde. S'il s'anssait 'de cette vitesse 
maximum, la puissance de la machine serait pr;i- 
cisément 415 kilogrammèlres par seconde, ou 5.55 
un peu plus de 5 clievaux et demi. Supposons 44 
coups de piston par minute, cela fera en tout 18,278 
liilogrammôtres, c'est-à-dire 504 kilogrammètrês 
par seconde, ou presque exactement une puissance 
do 4 chevaux-vapeur. 

Ces détails, dont on me pardonnera l'aridité, 
feront saisir nettement, je l'espère, la signification 
des termes qui reviennent si souvent dans le lan- 
gage industriel, quand on évalue la puissance des 
machines, et feront comprendre aussi quels élé- 
ments entrent dans les combinaisons et les calculs 
de l'ingénieur mécanicien, quand il fait le plan 
d'une machine à vapeur. J'ai pris ici les choses, 
bien entendu, dans leur simplicité, car c'est l'es- 
prit de la méthode, non la méthode même dans sa 
rigueur que j'avais en vue. 

Nous allons maintenant voir les machines k va- 
peur installées et en fonction. Nous les ven-ons à 
l'œuvre dans les diverses industries qui les em- 
ploient, ce qui nous permettra d'étudier, sous un 
autre aspect, les genres, espèces et variétés de ces 
jjuissanls engins. Mais alors l'occasion sera excel- 



LE MÉCANISME DE TRANSMISSION. . 205 

lente pour montrer quels rapides progrès a faits 
leur construction depuis l'époque où le génie de 
Papin a indiqué la véritable voie à suivre pour uti- 
liser industriellement la puissance de la vapeur, et 
surtout depuis Tépoque où le génie de Watt a uni- 
versalisé cette merveilleuse invention. 

Trois phases principales distinguent cette pé- 
riode mémorable : la première est relative à l'ap- 
plication de la vapeur à l'industrie minière ou 
manufacturière; la seconde commence à la nais- 
sance de la navigation à vapeur, fluviale et mari- 
time; la troisième a pour point de départ la 
circulation de la première voiture à vapeur sur les 
voies ferrées. Si l'on en juge par les récents essais 
de ces vingt dernières années, l'application de la 
vapeur à l'agriculture constituera une phase nou- 
velle, non moins intéressante et non moins féconde 
que les trois autres. 



APERÇU HISTORIQUE SUR LA MACHINE A VAPEUR 



MACHINE A VAPBUR DE 8AVERV 



Ktchine de SaTOry, iptfor TéléTation des eaux. — Description de la 
machine à Tapeur atmosphérique de Newcomen. -^ Condensation par 

. injectiiHi d'eau iiroifle. — Le jeune Henri Potter. —Emploi des machines 
atmosphériques pour l'épuisement des mines. 



Les premières machines à vapeur réellement 
appliquées dans l'industrie furent celles de Savery 
(1696-1698). Le principe en avait été donné par 
Papin, puisque, comme le dit Arago : « Papin est 
le premier qui ait songé à combiner, dans une même 
machine à feu, l'action de la force élastique de la 
vapeur, avec la propriété dont cette vapeur jouit et 
qu'il a signalée, de se condenser par refroidisse- 
ment. )» Le dessin de la machine élévatoire de. 
Savery, que reproduit la figure 67 dans ses dis- 



APERÇU UlSTORIQl'E SUR LA HACDIKE A VAPEUR. 207 

positions essentielles, montre que cet ingénieur pro- 
duisait la vapeur dans un \ase séparé, B (c'est la 
chaudière). Le fluide remplissait d'abord le vase S 




Fif. G7, 



rapetir de Savery (1696}. 



et le tuyau A, dont il chassait l'air. Fermant alors 
le robinet C, et ouvrant le robinet e d'un réservoir 
plein d'eau froide, il produisait la condensation de 
la vapeur du vase S, le vide se faisait, et l'eau du 



réservoir R montait et remplissait en partie le vase 
et le tuyau. Un jet de vapeur, venant alors de la 
chaudière et pressant sur la surface du liquide, le 
forçait à s'élever à une hauteur qui dépendait de la 
pression. Puis survenait une condensation nou- 
velle, une nouvelle action de la vapeur, et ainsi in- 
définiment. 

« Pour élever l'eau à la petite hauteur de 
65 métrés (200 pieds), par exemple, Savery était 
forcé, dit Arago, de porter la vapeur de sa chau- 
dière à six atmosphères ; de là des dérangements 
continuels dans les joints; de là aussi la fonte des 
mastics et même de dangereuses explosions. Aussi, 
malgré le titre de son ouvrage {rÀmi du mineur, 
Miner's Friend), les machines de cet ingénieur ne 
servirent point utilement dans les mines. Elles ne 
furent employées que pour distribuer l'eau dans 
les diverses parties des palais ou des maisons de 
plaisance, dans des parcs ou dans des jardins, par- 
tout, en un mot, où la différence de niveau à fran- 
chir ne surpassait pas une quarantaine de pieds. » 

La machine de Savery, comme on voit, utilisait 
la force élastique de la vapeur pour refouler l'eau 
directement, et la condensation de cette vapeur 
pour produire le vide et l'ascension de l'eau sous 
l'action de la pression atmosphérique. C'était une 
sorte de pompe aspirante et foulante où l'action de 
la vapeui' jouait le r61e de la force musculaire ap- 



APERÇU HISTORIQUE SUR LA MACHINE A VAPEUR. 200 

pliquée au jeu du piston dans le cylindre de ces 
appareils hydrauliques. Elle n'est point compa- 
rable à la machine à vapeur 'moderne, telle que 
nous la connaissons. 

Quatorze ou quinze années après la première 
tentative de Papin, Tingénieur anglais Savery s'as- 
socia à deux de ses compatriotes, Thomas Newco- 
men et John Cawley, tous deux vivant dans la ville 
de Darmouth en Devonshire, où ils exerçaient, le 
premier, la profession de forgeron ou de quincail- 
lier, le second Tétat de vilrier. De cette association 
naquit la machine à vapeur connue sous le nom de 
machine de Newcomen ou de machine atmosphérique» 

Disons- rapidement quel est, dans cette machine, 
le mode d'action de la vapeur. 

La chaudière fournit de la vapeur à une pression 
un peu supérieure à la pression atmosphérique. 
Au moment de la mise en train, le piston étant à 
la partie supérieure du cylindre, la vapeur rem- 
plit ce dernier, en chasse l'air par un orifice V au- 
quel on donne le nom de reniflard. Alors, on ouvre 
le robinet du tuyau LO, et de Teau froide, injectée 
dans le cylindre, y condense la vapeur*; le robinet 
fermé, la pression extérieure agit sur le piston et 
le fait descendre au bas du cylindre. 

* Dans la figure, le dessinateur devait terminer au fond inférieur 
du cylindre l'orifice du tuyau qui projette î l'eau de condensation', 
Tel qu'il est i*eprésenté, il gênerait le jeu du piston. 



a,ll L,V ÏAI'KUIl. 

A ce moment, un tiroir débouche la communi- 
catioii du cylindre avec la chaudière, de sorte que 
la vapeur, en dessous, cl la pression atmosphé- 




L 



rique au-dessus du piston, se fonl équilibre. Le 
piston resterait donc dans cette situation, si un con- 
tre-poids I, lié au ])alancier de la machine, ne lo 



APERÇU HISTORIQUE STR LA MACHINE A VAPEUR. 211 

forçait à remonter à la partie supérieure du cy- 
lindre. Une nouvelle condensation le fait redes- 
cendre, et ainsi de suite: le mouvement de va-et- 
vient est produit. 

On voit maitenant la raison de la dénomination 
de machine atmosphéjique donnée à la machine 
de Newcomen : c'est la pression de l'air extérieur 
qui est le moteur ; la vapeur n'intervient que pour 
lui faire équilibre pendant Tascension du piston. 
Pendant la descente, la condensation de la vapeur 
produit le vide, et c'est encore .la pression de Tair 
qui fait descendre le piston. 

C'est la machine de Papin, mais modifiée, amé- 
liorée, au point d'être devenue pratique. Comme 
dans la première machine de Savery, la chaudière 
est séparée du récepteur ou du cylindre ; c'est là 
un perfectionnement sur la machine de Papin ; l'in- 
troduction du cylindre est un autre progrès sur la 
machine de Savery. La condensation, au lieu d'être 
produite par le refroidissement qui suivait l'éloi- 
gnement du foyer, l'est par injection d'eau froide 
dans la capacité du cylindre. Dans les premiers es- 
sais, la condensation se faisait extérieurement par 
injection d'eau froide sur les parois du cylindre, et 
c'est un heureux hasard qui mit les trois associés 
sur la voie de l'amélioration nouvelle. Voici com- 
ment la chose arriva ; nous citons encore Arago : 

« Au commencement du dix-huitième siècle, 



'l\-i l,.\ VAPEl'H. 

l'art (II' conslruire de gi'ands corps de pompe par- 
faitement cylindriques, l'art d'ajuster dans leur 
intérieur des pistons mobiles qui les fermassent 
hermétiquement, étaient très-peu avancés. Aussi 
dans la machine de 1 705, pour empocher la vapeur 
de s" échapper par les interstices compiis entre la 
surface du cylindre et les bords du piston, ce piston 
étail-il constamment couvert à sa surface supérieure 
d'une couche d'eau qui pénétrait dans tous les vides 
et les remplissait'. Un jour qu'une'machinede celte 
espèce marchait sous les yeux des constructeurs, 
ils virent, avec une extrême surprise, le piston des- 
cendre plusieurs fois de suite, beaucoup plus rapi- 
dement que de coutume. Cette vitesse leur parut 
d'autanlplus étrange, que le refroidissement produit 
par le courant d'eau froide qui descendait extérieu- 
rement le long de la surface du corps de pompe 
n'avait amené jusque-là la condensation de la va- 
peur intérieure qu'assez lentement. Après vérifi- 
cation, il fut constaté que, ce jour-là, c'était d'une 
fout autre manière que le phénomène s'opérait : le 
piston se trouvant accidentellement percé d'un pe- 
tit trou, l'eau froide qui le recouvrait tombait don* 
rintérietirviême du cylindre, par gouttelettes, à(ra- 
vers la vapeur, la refroidissait et dés lors la conden- 
sait plus rapidement. » 

' La flg^ire 68 montre la disposilioii qui amène l'omi à la suriaoc 
sujiériciu'a du piston. 



À 



APERÇU HISTORIQUE SUR LA MACHIiNE A VAPEUR. 213 

Ce n'est pas la seule fois que le hasar-d a été le 
collaborateur des inventeurs, dans le domaine des 
sciences appliquées, ce qui, par parenthèse, ne di- 
minue point le mérite de l'invention. 11 ne suffît 
pas d'être témoin d'un fait ; il faut encore savoir 
l'observer; c'est-à-dire en tirer les conséquences 
convenables. Citons encore, d'après Arago, un exem- 
ple de cette collaboration, où le hasard d'ailleurs 
n'a plus qu'une part iissez faible, car il n'a guère 
été que l'excitateur de la découverte. 

«La première machine de Newcomen exigeait 
l'attention la plus soutenue de la part de la personne 
qui fermait ou ouvrait sans cesse certains robinets 
soit pour introduire la vapeur aqueuse dans le cy- 
lindre, sôit pour y jeter la pluie froide destinée à le 
condenser. 11 arrive, dans un certain moment, que 
cette personne est le jeune Henri Potter. Les cama- 
rades de cet enfant, alors en récréation, fontenten- 
dre des cris de joie qui le mettent au supplice. Il 
brûle d'aller les rejoindre, mais le travail qu'on lui 
a confié ne permettrait pas même une demi-minute 
d'absence. Sa tète s'exalte; la passion lui donne du 
génie; il découvre des relations dont jusque-là il 
ne s'était pas douté. Des deux robinets, l'un doit 
être ouvert au moment où le balancier que Newco- 
men introduisit le premier et si utilement dans ses 
machines, a terminé l'oscillation descendante, et 
il faut le fermer, tout juste, à la fin de l'oscillation 



opposée. La manœuvre du second est précisément 
le contraire. Ainsi lés posifions du balancier et celles 
des robinets sont dans une dépendance nécessaire. 
Potier s'empare de celte remarque. Il reconnaît que 
lebalancier peut servir à imprimer aux autres piè- 
ces tous les mouvements que le jeu de la machine 
exige et réalise à l'instant sa conceptiun. Les extré- 
mités de plusieurs cordons vont s'attacher aux Ma- 
nivelles des robinets ; les extrémités opposées. Pot- 
ier les lie à des points convenablement choisis sur 
le balancier ; les tractions que celui-ci engendre sur 
eertaiiiïi cordons en montant, les tractions qu'il 
produit sur les autres en descendant, rempla- 
cent les efforts de la main; pour la première 
l'ois, la machine à vapeur marche d'elle-même; 
pour la première fois, on ne voit auprès d'elle 
d'aulre ouvrier que le chauffeur, qui de temps en 
temps va raviver et entretenir le feu sous la chau- 
dière. » 

.Les machines atmosphériques étaient surtout em- 
ployées comme machines d'épuisement de l'eau des 
mines. Elles ont été également appliquées à la dis- 
tribution des eaux dans la ville de Londres, Malgré 
les immenses perfectionnements apportés pendant 
un siècle et demi aux motcuis qui ont la vapenr 
pour agent, il parait que les machines de Newcomen 
étaient encore il y a quelques temps et sont j 



iewcomen j 
ont peut- I 



APERÇU HISTORIQUE SUR LA MACHINE A VAI>EUR. 215 

être aujourd'hui encore employées dans les lieux 
où la houille coûte peu de chose *. 

La machine à vapeur, sauf quelques perfection- 
nements de détail, resta ce que l'avaient faite New- 
comen, Savery et Cawley, jusqu'en 1769. Soixante- 
quatre ans s'écoulèrent donc ainsi, infructueuse- 
ment pour ainsi dire, jusqu'à ce que le génie de 
Watt, secondé par les progrès rapides des sciences 
physiques dans ce demi-siècle, en fit le puissant 
moteur, l'incomparable engin dont nous avons 
donné la description en choisissant précisément 
pour type la machine à balancier qui porte encore 
aujourd'hui le nom de Watt. 



WATT ET LA MACHINE A VAPEUR 



Invention delà machine à double effet. — Transformation de la machine 
è épuisement en moteur universel. — Le condenseur. — Le régulateur à 
force centrifuge. — Immense économie de combustible, résultaftt de 
l'invention du condenseur. — Emploi de la détente. 



J'ai signalé à peu près complètement, au fur et 
à mesure de cette description, les inventions du 
grand ingénieur et mécanicien anglais. Mais il ne 
m'était pas possible, sans risquer d'allonger outre 

* C'est ce que constatait Arago en 1837, et il ajoutait que dans 
les lieux dont il s'agit, c< ou n'a point trouvé de profit à les rem- 
placer. » Les dépenses beaucoup moins fortes de premier établisse- 
ment et d'cnti^etien compensant en effet, avec le bon marché du 
combustible, la consommation plus considérable de ce dernier. 



incsurc et par suite il' oLscuicir le riicit, d'insister 
sur l'imporlunce de chacune d'elles. C'est le moment 
de combler cette lacuue ; j'y procéderai en suivant 
l'ordre chronologique, et ainsi peu à peu se complé- 
tera riiisLoire inûrac de la machine à vapeur. 

Et d'abord, on vient de voir que les machines de 
Newcomen étaient de simples pompes, d'excellents 
enginsa la vérité pour épuiser l'eau des mines, mais 
non pas de vrais moteurs universels, capahles de 
fournir pour les besoins d'une usine quelconque, un 
mouvement régulier et constant. La raison en est 
simple. La pression de l'atmosidière qui agit pour 
produire le mouvement descendant du piston est 
la vraie force motrice de ces machines, qui n'ont 
aucune puissance elfeclivc pendant la course ascen- ' 
danle ; c'est tout ce qu'il fallait pour le jeu despom- 
pes qu'elles faisaient mouvoii' ; c'eut été un grave 
inconvénient pour une machine motrice qui ne doit 
avoir aucune intermittence d'action. 

Les machines atmosphériques étaient donc des 
machines à simple effet. Watt les transforma d'a- 
Lord en machines à double effet. 11 supprima l'ac- 
tion de l'atmosphère et lui substitua dans les deux 
phases du mouvement l'action de la vapeur. Le 
cylindre, ouvert par en haut, fut remplacé par le cy- 
lindre fermé à ses deux bouts, divisépar le piston en 
deux capacités distinctes où la vapcurpénètre alter- 
nativement, et où elle est alternativement condensée. 



APERÇU HISTORIQUE SUR U MACHINE A VAPEUR. 2)7 

Ainsi fut cr6ée la vraie machine à vapeur, celle 
où le fluide élastique es[ le véritable moteui, cause 
unique du mouvement. Les oscillations du piston 
communiquent alors au balancier des oscillations 
d'égale force, d'égale ampliludc. En un mot, avec 




le luédaillcin de David (d'Angei-s), 



le double effet, la machine à vapeur devint un mo- 
teur universel, applicable a toutes les industries. 

D'ailleurs, Walt, en universalisant l'emploi de la 
machine à vapeur, ouvrait par cela môme la porte 
à tous les perfectionnements. Lui-même consacra 
toutes ses forces, toute son intelligence à celte lâche 
si ardue à l'origine. Par l'invention du gonveitieur 



(c'est le nom aiif^lais, ijovernor, du régulateur à 
force cealrifuge) il réduisit encore les inégalités du 
mouvement. « L'el'licacilé du régulateur est telle, 
dîtArago dans sa Notice Iiiograpliique sur Watt, 
qu'on voyait, il y a peu d'années, à Manchester, 
dans ta filature de colon d'un mécanicien de grand 
talent, M. Lee, une pendule mise en action parla 
machine à vapeur de l'élablissement, et qnî mar- 
chait sans trop de désavantage à ccHé d'une pendule 
ordinaire à ressort. Le régulateur de Watt et un 
emploi hien entendu des volants, voilà le secret, 
le secret véritable de l'étonnant perfcclionnement 
des produits industriels de notie époque, voilà ce 
qui donne aujourd'hui à la machine à vapeur une 
Tuarclie totalement exempte de saccades; voilà pour- 
quoi elle peut, avec le miîme succès, broder des 
mousselines et forger des ancres; lisser les étoffes 
les plus délicates et communiquer un mouvement 
rapide aux pesantes meules d'un moulin à farine. 
Ceci explique encore comment Watt avait dit, sans 
craindre le reproche d'exagération, que pour éviter 
les allées et les venues des domestiques, il se ferait 
servir, ilse ferait apporter les tisanes, en cas de ma- 
ladie, par des engins dépendant de la machine à 
vapeur.. » 

L'invention du condenseur séparé, des pompes 
qui y sont adjointes, fut d'une importance capitale, 
principalement au point de vue de l'économie. A 



APERÇU HISTORIQUE SUR LA MACHINE A VAPEUR. 219 

égalité d'effet, elle réduisit au quart la dépense de 
combustible des machines de Newcomen. On peut 
se rendre compte de la valeur des économies réali- 
sées dès le début dans les pays de mines, où les ma- 
chines d'épuisement fonctionnaient, et depuis, dans 
toutes les usines où la vapeur est employée à basse 
et à moyenne pression, par le fait suivant, que les 
historiens delà vapeur ont souvent cité. Trois pompes 
étaient en activité dans la mine de Chace-Water, 
dont les propriétaires payaient à Watt et à son asso- 
cié Bolton une redevance pour le droit de se servir, 
du condenseur. Cette redevance avait été fixée au 
tiers de la valeur de la houille économisée. Or les 
propriétaires de la mine jugèrent avantageux de ra- 
cheter ces droits par le payement d'une somme an- 
nuelle de 60,000 francs. Ainsi, l'adjonction d'un 
condenseur de Watt produisait par an, pour chacune 
des machines, une économie de combustible supé- 
rieure à 60,000 francs, plus de 180,000 francs pour 
les trois machines de la mine en question. 

L'emploi de la détente que Watt avait signalé, 
mais qui n'a été adopté sur une large échelle que 
depuis l'invention faite par Woolff des machines à 
deux cylindres, a accru encore l'économie de vapeur, 
cl, par suite, l'économie de combustible, ce deside- 
ratum poursuivi par tous ceux qui travaillent à per- 
fectionner la machine à vapeur. A Torigine, on ne 
connaissait que la détente fixe ; aujourd'hui, des 



224 LA VAPEUR. 

L'abbé Darnal en France (i78i), les Américains 
Rumsay et Fish {i 786-88), les Anglais lord Slanhope 
(1795), Baidwin (1796), Livingslone (1798), Des- 
blancs, Symington, Stevins, Olivier Evans, ont éga- 
lement fait des essais de navigation à vapeur, qui se 
multiplièrent du reste de plus en plus en Europe 




et en Amérique jusqu'à l'époque où l'Américain 
Fulton put enfin obtenir une réussile complète. 

Fulton avait, dés 1802 et 1805, étudié en France 
les conditions pratiques du problème à résoudre, et 
il avait été secondé dans cette vue par son compa- 
triote Livingstone, alors ambassadeur des Ëtats-Unis. 



LA NAVIGATION A VAPEUR. 225 

Un bateau, construit sur la Seine, avait donné pour 
résultat une vitesse de 1"*,60 par seconde. 

Fulton fit au gouvernement de Bonaparte des pro- 
positions qui ne furent point accueillies et dont le 
rejet le décida à retourner en Amérique. Il se fil 
construire et expédier par Watt et Bolton une ma- 
chine à vapeur qui, mise en place en août 1807, 
sur le baleau le Clermont, fournit enfin la solution 
pratique et définitive du problème de la navigation 
à vapeur. 

Le voyage de New-York à Albany , dont la distance 
est de 60 lieues, fut, dès le début, accompli en 
32 heures, puis en 30 heures, et un service régu- 
lier ne tarda point à s'établir entre ces deux villes. 

La navigation à vapeur était décidément passée 
de Fétat d'ébauche à Tétat de fait accompli, de la 
période des tâtonnements et des essais à celle du 
succès et du triomphe. Il y a de cela soixante-cinq 
ans sonnés. 

Aujourd'hui, la distance est grande entre le bateau 
de Fulton et les grands steamers transatlantiques 
qui voyagent régulièrement du nouveau à l'ancien 
monde. Les progrès de Tart nouveau sont immenses : 
mais il ne faut point oublier la part qui revient à 
chacun des inventeurs qui ont travaillé sans se dé- 
courager à cette découverte mémorable, depuis le 
modeste Papin jusqu'à Fulton. 

Il semblera peut-être étrange qu'il ait fallu tant 

45 



220 LA VAPEUR. 

mécanismes nouveaux permettent de faire varier la 
détente. 

Pour être juste, il ne faut pas, dans Thistoire des 
perfectionnements de la machine à vapeur, se bor- 
ner *à citer le nom de Watt. C'est Keane Fitzgerald 
(1758) qui s'est le premier servi du volant pour ré- 
gulariser le mouvement de rotation ; l'emploi des 
bielles et manivelles pour transformer en mouve- 
ment de rotation le mouvement rectiligne et oscil- 
latoire de la tige du piston est dû à Washbroug 
(1778). Enfin, Murray (1801) est l'inventeur du tiroir 
manœuvré par un excentrique. Du reste, en décri- 
vant les machines à vapeur marines, les locomotives 
et les locomobiles, je compléterai, autant que pos- 
sible, cette courte histoire des progrès de la vapeur. 



TROISIÈME PARTIE 



LES APPLICATIONS 



DE li liCHIHE A VAPEUR 



LA NAVIGATION A VAPEUR 



Aperçu historique sur l'invention de la navigation à vapeur. — Premiers 
essais, depuis Papin jusqu'à Fulton. — Premier ser\'ice régulier de navi- 
gation à vapeur, entre Albany et New-York; le bateau le Clermont. 



Cent deux années s* écoulent entre la première 
application véritablement industrielle de la machine 
à vapeur et l'installation définitive du puissant engin 
à bord d'un bateau auquel il sert de moteur, entre 
Ncwcomen et Fulton. 

Et cependant, ni l'idée première, ni les tentatives 
d'exécution n'avaient fait défaut. 

C'est encore à Papin qu'il faut remonter pour 



228 l.A VAPEUR. 

coudées, par des hommes, ot dont les palelles rem- 
plaçaient les rames. Un propulseur semblable était 
proposé, en 1699, par du Quel, à l'Académie des 
sciences de Paris. Quand, quelques années plus lot, 
Papin propose d'appliquer la vapeur aux baleaux, 
il fait mention des roues à rames de la chaloupe du 
prince palalin Ruperlus, qu'il avait vues en 1678, 
en Angleterre : ces roues étaient mues par des che- 
vaux attelés à un manège. 

Ce mode de propulsion ne devait être sérieuse- 
ment adopté qu'après la découverte et l'application 
d'un moteur puissant : on vieiit de voir que ce mo- 
teur est la vapeur. Ce n'est donc que depuis Fulton 
que les rivières, les lacs et la mer sont sillonnés de 
navires et de bateaux armés de roues à aubes. 

Tout le monde sait ce que c'est qu'une roue a 
aubes : ceux qui n'ont pas vu de bateaux à vapeur 
ont pu observer des roues analogues dans les mou- 
lins de nos rivières. 

Les aubes, palettes ou pales qui rayonnent tout 
autour de l'axe, reliées solidement à celui-ci par 
des liges ou jantes de fer (voy. plus loin la lig. 78), 
sont des lames rectangulaires qui, mises en mou- 
vement par la lotation de l'arbre moteur, viennent 
successivement plonger dans l'eau, et, s'appuyaut 
sur la masse liquide , font avancer le bateau eu 
sens contraire de leur propre mouvement. 
Les roues sonl toujours, pour la symétrie et l'équi- 



qui- 

J 



LA NAVIGATION A VAPEUR. 229 

libre, au nombre de deux ; elles sont montées sur 
le même arbre ou axe, qui traverse le navire per- 
pendiculairement à sa longueur ; et quand elles plon- 
gent dans l'eau verticalement, leur bord supérieur 
doit être recouvert par le fluide d'une hauteur de 

o^lo à o^2o. 

Il en est du travail mécanique des aubes sur l'eau 
comme de celui des rames ; il ne produit un effet 
utile, c'est-à-dire la propulsion du bateau en avant, 
que parce qu'il donne lieu à un mouvement de l'eau 
en arrière ; ce dernier mouvement, sans lequel le 
premier qui en est la réaction n'existerait pas, se 
nomme le recul ; il absorbe une quantité considé- 
rable du travail de la vapeur, indépendamment 
des perles occasionnées par le frottement. Comme 
exemple de cette répartition du travail moleur, nous 
citerons celui que donne M. Sonnet* ; il est déduit 
d'expériences faites sur le bateau à vapeur le Cas- 
tor, qui fait le service de Honfleur au Havre. « Sur 
100 chevaux-vapeur fournis par la machine, dit-il, 
il y en a 33.9 employés à vaincre la résistance de 
l'eau sur la carène, c'est ce qui constitue le travail 
utile; 58.2 sont consommés par le recul, c'est-à- 
dire pour mettre l'eau en mouvement; le frotte- 
ment n'en emploie que 7.9. 

Le choc successif des palettes sur le liquide, à 

* Dictionnaire des mathématiques appliquées. 



1 



S30 LA ïiPErR. 

leur entrée et à leur sortie, produit sur le navire 
une suite de trépidations gônanles et fatigantes 
qu'on rMuit beaucoup en donnant aux palettes 
dans le sens do leur longueur, une inclinaison lé- 
gère. Alors, une des extrémités plonge avant l'autre, 
ou si l'on veut, l'immersion est successive sur toute 
la longueur de la palette. Par ce moyen, le choc et 
les trépidations qui en sont la conséquence sont 
presque insensibles. 

Sur les eaux dont la surface n'est point agitée, où 
les bateaux peuvent conserver une position presque 
horizontale d'équilibre, les roues à aubes font un 
service excellent. Mais il n'en est pas de mérae sur 
mer, où l'aclion du roulis fait pencher le navire de 
droite à gauche, et où cette inclinaison empêche 
l'axe des roues de rester horizontal. Les deux roues 
plongent alors inégalement dans l'eau, de sorte que 
l'action de chacune d'elles sur le liquide et sur le 
mouvement de propulsion devient inégale. Il en ré- 
sulle, pour la direction du navire, une déviation 
fàcheusB et aussi une perte de force et de vitesse. 
Je parle ici du principal inconvénient des roues à J 
aubes, de celui qui affectBla marche des navires de | 
toutes sortes. Mais, dans la marine militaire, les ' 
roues à aubes olîrentun inconvénient plus grave en- 
core : elles réduisent la puissance offensive en pre- 
nant une place que l'artillerie réclame, elles rédui- 
sent la puissance défensive en exposant le propul- 



J 



LA NAVIGATION A VAPEUR. 231 

seur et le moteur lui-même au feu de l'ennemi. 

Il est résulté de là que la transformation de la 
marine militaire à voiles en marine à vapeur a été 
retardée jusqu'au moment où l'invention d'un pro- 
pulseur nouveau, qui n'est sujet à aucun des deux 
inconvénients que je viens de signaler, rendit pos- 
sible une large application de la vapeur aux flottes 
de guerre. 

Ce nouveau propulseur est Y hélice qui, comme 
les roues à aubes, la vapeur môme, et beaucoup 
d'autres inventions mécaniques, industrielles, etc., 
a été l'objet d'une série assez nombreuse d'essais et 
de tâtonnements avant de parvenir au succès, qui 
lui-môme, presque toujours, est suivi de progrès 
et de perfectionnements nombreux. 



LES BATEAUX ET NAVIRES A VAPEUR A HÉLICE 

Ce que c'est que l'hélice. — Avantages de l'hélice sur les roues à aubes, 
principalement dans les navires de guerre. — Aperçu historique sur l'in- 
vention de l'hélice. — Sraith et Ericson. — Influence de l'invention de 
l'hélice sur la transformation de la maiine militaire à voiles en marine 
à vapeur. 

L'hélice n'est autre chose qu'une vis ou qu'un 
fragment de vis, laquelle faisant corps avec le ba- 
teau, avance dans l'eau et entraîne celui-ci dans 
l'écrou mobile que constitue le fluide lui-même. 

Le mouvement de rotation des spires autour de 



u 



■a-! LA v\PEiin. 

l'axe du propulseur est produit par une machine à 

vapeur install<!!C à bord du navire. 

Tout ce que nous avons dit de l'action propulsive 
des roues à aubes est applicable à l'hélice. C'est L 
aussi en s'appuyant sur l'eau, masse mobile, et en 
lui imprimant un mouvement en sens contraire de I 
celui de la marche du bateau, que ce dernier mou- 
vement se produit. Il est donc inévitable qu'il y ait 
une fraction noialilc du travail moteur perdu en i 
pure perle. Les avantages de l'hélice comparée aux f 
roues à aubes sont d'une autre nature : mention- j 
nons-les rapidement 

L'hélice est placée à l'arrière du navire , dans 
un cadre rectangulaire qui s'ouvre près de Té- 
tamboi. (Voyez la figure, 75.) L'axe ou arbre mo- 
teur qui la porte est parallèle à la quille; il 
s'appuie par un bout contre la butée, sorte de mas- 
sif solidement établi dans la cale ; à l'arrière il 
traverse la coque dans une boîle à éloupe. La ma- 
chine met cet arbre et l'hélice en mouvement soit 
directement par des manivelles ou coudes, soit in- 
directement par un engrenage. 

Ce propulseur se trouve donc toujours immergé 
et à une profondeur telle que les mouvements per- 
turbateurs de la mer n'ont sur lui aucune action. 
Il n'est donc pas, comme les roues à aubes, sujet 
aux inégalités d'action de ces dernières. D'autre 
part, l'hélice est à peu prés complètement à l'abri 



J 



U NAVIGATION A VAPEUR. 233- 

des projecliles, et il en est ainsi des machines qui 
la font mouvoir, puisqu'elles sont installées, comme 
l'hélice, dans les parties inférieures du navire. En- 
fin, et ces considérations ont surtout de l'intérêt 
pour la marine de guerre à vapeur, les batteries^ 
d'artillerie ne se trouvent nullement gênées par soa 
installation. 

En général, l'hélice offre sur les roues à aubes^ 
cette autre supériorité que son installation laisse en- 
tièrement libre la manœuvre de la voile, de sorte 
que les navires à vapeur à hélice peuvent être gréés- 
pour marcher sous l'action iJu vent quand ce der- 
nier est favorable, ce qui est économiquement fort 
avantageux. Les navires mixtes, à voiles et à aubes 
sont au contraire d'une manœuvre plus difficile. 

En quelques lignes rapides, traçons l'histoire de 
l'invention de l'hélice ou de son application à la na- 
vigation à vapeur. 

Comme pour la roue à aubes, il a d'abord été 
question de faire mouvoir l'hélice par les moteurs, 
jnimés, l'homme ou les animaux. Duquest (1727) 
utilisait le courant des fleuves pour remorquer les 
bateaux en se servant de la vis d'Archimède. Pane- 
ton ( 1 768) employait une héliçoïde à quatre branches 
à laquelle il imprimait le mouvement par la puis- 
sance motrice des hommes d'équipage. 

En 1803, l'inginieur Dallery prit un brevet pour 
u:i propulseur mû par la vapeur et composé de deux. 



234 LA VAPEUR. 

vis : Tune à axe mobile, placée à l'avant servait de 
gouvernail ; l'autre placée à Tarrière, venait ajou- 
ter son impulsion à celle de la précédente, d'où ré- 
sultait la progression du navire. Les noms des Anglais 
Shorter (1802), Samuel Brown (1825), du capitaine 
de génie français Delisle (1 823), des frères Bourdon, 
de Sauvage (1852) doivent être cités au nombre de 
ceux qui ont conçu des projets ou fait des essais 
pour l'application de l'hélice à la propulsion des 
navires. 

Deux hommes, le mécanicien anglais Smith, 
d'abord simple fermier, et l'ingénieur suédois 
Ericson peuvent être considérés comme ayant dé- 
finitivement et presque simultanément résolu le 
problème. • 

UArchimède, navire à vapeur de quatre-vingt-dix 
chevaux, est le premier bâtiment qui ait navigué, 
sous l'action d'un propulseur héliçoïde du système 
de Smith, en 1838. Quaire ans plus tard, le Prin- 
ceton^ de deux cent vingt chevaux, muni d'une 
hélice système Ericson, était lancé aux Élats- 
Unis. 

Smith avait commencé par des essais sur une pe- 
tite échelle qui attirèrent sur lui l'attention des 
marins anglais. Voici ce que dit M. Léon Renard* au 
sujet de rArchimède : 

* Art naval, p. 61. 



LA NAVIGATION A VAPEUR. 235 

c( Avant de se décider à admettre le nouveau pro- 
pulseur, les lords de l'Amirauté voulurent qu'une 
expérience fût faite sur un navire d'au moins deux 
cents tonneaux. C'est alors que Smith et ses associés 
construisirent VArchimède de deux cent trent-sept 
tonneaux, qui fut lancé en 1 838. Il fut pourvu d'une 
hélice d'un pas complet, établie dans le massif ar- 
rière et mue par deux machines ayant ensemble 
90 chevaux de force. Il coûta 262,500 francs. On 
n'en exigeait que quatre ou cinq nœuds à l'heure ; 
il en fit près du double. Le premier voyage de VAr- 
chimède se fît de Gravesend à Portsmouth, traversée 

m 

qu'il opéra en vingt heures, malgré un vent et une 
marée défavorables. » 

Les premiers essais du Suédois Ericson eurent 
lieu en Angleterre en 1837. Un navire, \e Francis 
B. Odgen, muni de son propulseur, remorqua un 
schooner de 140 tonneaux avec une vitesse de 7 
milles à l'heure. Mais Ericson, n'ayant reçu des 
Anglais aucun encouragement, passa aux États- 
Unis, où son invention fut accueillie avec l'enthou- 
siasme qu'elle méritait. 11 s'était, avant son départ, 
entendu avec Stockton, officier de la marine des 
Etats-Unis, et c'est sur le Robert Stockton, navire à 
vapeur à hélice de 70 chevaux, qu'ils firent en- 
semble la traversée de l'Océan, et débarquèrent sur 
les côtes de la grande république. Le Princeton, 
que j'ai cité au début de cette courte notice histo- 



Î36 LA VAPEUR. 

rique, suivit de près ce premier navire, construit 
en Angleterre. 

La France suivit, dès 1842, l'exemple donné par 




Fig. 71. — - Premières hélices de Smith. Hélice simple d'un pas entier; 

hélice double d'un demi-pas. 



les deux grandes puissances maritimes. Un navire 
de 130 chevaux, pourvu d'une hélice système Eric- 
son, fut construit au Havre. 




Fig. 72. — Hélices à deux et à quatre aile. 



Depuis, la transformation des flottes en navires 
à vapeur à hélice fit dans le monde entier de grands 
progrès. Les navires de commerce, les paquebots, 



LA MV1G1T10:« A TAPEUR. 331 

suivirent l'exemple, sans, toutefois, que le système 
propulseur à auLes, qui a aussi ses avantages, ait 
été abandonné. Ce n'est pas ici le lieu de faire l'his* 
loire de ces change- 
ments. Revenons donc 
àladescriplion des sys- 
tèmes d'hélice add|^ 
tes, pour reprendr(?fen- 
suite celle des machi- 
nes à vapeur marines, 
qui doit nous intéres- 
ser particulièrement. 

Les premières iiéli- 
ces de Smith étaient 
formées d'un pas en- 
tier dans le sens de 
l'axe, coinine le mon- 
tre la figure 71, Plus 
tard, il réduisit l'hélice 

a un demi-pas, mais il la doubla (fig. 71). L'ex- 
périence fit bientôt \oir que l'étendue des spires 
dans le sens de l'axe pouvait être et devait être 
considérablement réduite. On emploie des fractions 
de pas beaucoup plus petites, et on multiplie les 
branches ou ailes du propulseur qui, le plus sou- 
vent cependant, sont réduites à quatre, quelquefois 
à deux (lig. 7'2). L'emploi des hélices à six ailes 
ou plus offre plus d'inconvénient que d'avantages, 




Fig 73 - 



238 LA VAPEUR. 

l'action des unes nuisant à l'action des autres. C'est 
l'étendue ou le diamètre des ailes de l'hélice, c'est 
aussi la rapidité du mouvement de rotation qui 
donnent à ce mode de propulseur toute sa puis- 
sance. 

Pour terminer, montrons, par la figure 75, la 
disposition d'une hélice dans son cadre, à l'arrière 
d'un navire, et disons que, pour éviter la résis- 
tance qu'offrirait l'hélice au cas où la voile rem- 
place l'action de la vapeur, on s'arrange, soit. pour 
la rendre follej soit pour la retirer momentané- 
ment de son cadre. Dans ce dernier cas, un puits 
est ménagé dans l'arriére du bâtiment; on sou- 
lève l'hélice, qu'on amène entre deux coulisses, 
dans le puits, où elle i)eut être visitée et réparée 
au besoin. 



CHAUDIERES ET MACHINES MARINES 



Des types de machines em])loyécs dans la navigation à vapeui'. — Force 
nominale. — Emploi des chaudièies tabulaires. — Machines horizon- 
tales à deux et à trois cylindres. — Disposition des machines et des 
chaudières sur les navires à aubes ou à hélice. 



Le propulseur dos navires ou bateaux à vapeur 
nous est connu. 

Voyons maintenant comment la vapeur, lu seule 
force motrice assez puissante pour suppléer à la 
force inconstante et souvent contraire du vent, im- 



LA BAVIGATIOW A VAPEUR. 2» 

prime aux roues ou à l'hélice le mouvement de 
rotation. 
La machine à vapeur, telle que nous l'avons dé- 




Flg. 74. - Chaudii 



crite, est-elle modifiée d une maniue essentielle, 
quand elle devient une machine de navigation' 

Non. En lealilc, non-seulement le principe est 
identique, maib Ica oiganes principaux, le généra- 
teur, le mu,anisme moteur, la transmission restent 
les mêmes Us ne font, ainsi qu'on va le voir, 'que 



310 LA VAPEi;il. 

isubir les iièccssiLés parLiculières à l'iiistallalion sur ■ 
uii navire. | 

A l'origine, les machines à basse pression et à 1 
condensation, c'est-à-dire les machines de Watt à 
balancier, les seules d'aiUcure employées alors dans 




l'industrie lorniaient le type des machmes de 
vigation soit sui lefi iniLres et Ils lacs, soit sur. 
la mer. Âujouidhui encore ks vapeuis a aiibus' 
trouvent avantage à s'en servir. Les mouvements, 
en sont lents, comme on sait, mais cette lenteur 
est lai'gemcnt compensée par la régularité du foQO: 
tionnemeHt. Elles sont lourdes et encombrantes. 



LA SWIGATIOS A VAPEUR. '211 

est vrai, mais toutes leurs parties sont aisément 
accessibles pour la surveillance, l'entretien, et, 
au besoin, les réparations. C'étaient les machines 
qu'avaient adoptées les marines milit;iires d'Angle- 
terre et de France, avant que l'invention de l'hé- 




lice eilt changé les données du problème. Pour 
l'hélice, les machines de ce type donnent un mouve- 
ment trop peu rapide de rotation, qu'il serait sans 
doute aisé de multiplier par les engrenages, mais 
aux dépens de la force effective des machines ou de 
leur travail utile. 
La condensation est généralement adoptée, non- 



.J 



seulement là où die est nécessaire, c'est-à-dire 
dans les machines à basse pression, mais aussi 
dans les machines mai;îiies à nio^eimo et à haute 
pression. L'abondance de l'eau rend commode et 
économique l'emploi des condenseurs. 

Les macliiiies à vapeur employées dans la navi- 
gation sont les plus puissantes que l'on construise. 
11 n'est pas rare que leur force effective se mesure-, 
par centaines de chevaux-vapeur; que dis-je? dans, 
certains navires de ta marine militaire, il taol 
compter par milliers. Ajoutons que l'évaluation de 
la puissance des machines niurincs en chevaux- 
vapeur — ce qu'on appelle Icui' force nominale^ — 
se fait d'une autre façou que pour les machines ter- 
restres, le c/ieyû/f/efcosse/jression, le cheval iiomiiiaî 
dans la marine vaut, non pas seulement 75, mais 
plus de 100 kilogrammètrcs, eu moyenne 107 kîlo- 
grammétrcs sur l'ai'hre de couche, 155 tilogram- 
mètres sur les pistons. Cela tient à ce que la perte ' 
de travail moteur employée au recul a forcé les 
constructeurs à exagérer lu force en vue de l'effet 
utile à produire. Aujourd'hui même, les chiffres 
que nous venons de rapporter sont Irop faibles : 
dans la marine de l'État, le cheval-vapeur nominal 
atteint 300 kilogrammètrcs. 

A ce compte, la frégate à vapeur le Friedliiud, 
dont la machine a une puissance effective de 
4,000 chevaux de 75 kilogrammétres, ne doit ùliv 



LA NAVIGATION A VAPEUR. 245 

portée, pour sa force nominale, qu'à 1,000 che- 
vaux. 

Pour obtenir une telle puissance, il a fallu em- 
ployer des générateurs capables de vaporiser des 
poids d'eau considérables, ayant par suite une très- 
grande surface de chauffe. 

Aussi emploie-t-on généralement des chaudières 
tubulaires à retour de flammes, dont les figures 38, 
39, 74 et 75 représentent plusieurs types.D'ailleurs, 
on ne se contente pas d'une seule chaudière, ni 
d'un seul foyer, et la quantité de combustible 
brûlée s'élève à des proportions énormes. Citons 
quelques chiffres. 

VAlgésiras, de 900 chevaux, a une machine mu- 
nie de 8 corps de chaudière dont les foyers, quand 
ils sont allumés tous ensemble, brûlent par heure 
4,146 kilogrammes de houille. 

Le Napoléon, de 950 chevaux, a aussi 8 corps de 
chaudière, et 40 foyers qui brûlent 3,635 kilo- 
grammes de houille à l'heure. La pression de la 
vapeur n'y dépasse guère 2 atmosphères. 

La frégate cuirassée, le Friedland, dont nous 
décrirons plus loin la machine, et qui, avec son 
chargement complet de charbon et de munitions, 
pèse 7,200 tonnes, consomme, en pleine marche, 
5,200 kilogrammes de houille par heure, 125 tonnes 
de houille par jour de navigation continue.C'esl donc 
une dépense qui, suivant les prix de la houille, peut 



varier de 4 à 5,000 francs par jour, pour le combd! 
lible senl. L'aspect extérk'ur des cliaudières {fig. 70 
el des mucliiiies marines ne rappelle donc fui^ 
celui des machines à \apcur employées dans Fis 
diisirie manufacturière. Quoique tous les organei 
en soient de dimensions relativement consid6rabletf 
on les a disposés de manière à occuper le mois 
d'espace possible: cliaudières, condenseurs, méop 
nisme moteur, etc., tout est ramassé comme < 
peut s'en rendre compte en examinant les divi 
types de machines dont les figures??, ?8,?9, et $ 
donnent l'ensemble général. 

La première est une machine à balancier, ■ 
moyenne pression, à condensation et à détente, j 
suivant, au moyen de la figure 77, la lésende « 
plicative, et en se reportant a notre di'scriptï^ 
générale, on se rendra compte aisément du fou 
lionncment de la machine. Le balancier se troulJ| 
osciller au-dessous du piston et du cylindre : 
une disposition rendue nécessaire par la situatkl 
de l'arbre moteur, de l'axe des roues du navire, 
occupe nécessairement une place élevée dans 1 
navires à aube. La vue d'ensemble d'une macbj 
semblable, à balancier et à cylindre vertical, ( 
représentée dans la figure 78, qui permet de ve^j 
comment rar))re moteur des roues a aubes i 
trouve relié au mécanisme. Elle appartient au ri 
vire à vapeur le Si>lilnx. 



^ V 



LA NAVIGATION A VAPEUR. 249 

Les bielles sont reliées directement à l'arbre qui 
est coudé en deux de ses points, de maniéré à former 
deux manivelles à angle droit, recevant cliacune 
l'action d'un cylindre. 

Ici, les cylindres sont verticaux. Quand le même 
type de machines fut appliqué à l'hélice, les cylin- 
dres furent placés horizontalement et dans un sens 
transversal; mais on fut obligé, pour donner à 
l'arbre une vitesse de rotation suffisante, d'em- 
ployer un système d'engrenage. Bientôt on préféra 
les machines horizontales, à deux cylindres, sans 
balancier, et c'est sur l'arbre même de l'hélice, 
coudé à angle droit, que les bielles exercèrent leur 
action. 

Les cylindres des machines marines ont souvent 
des dimensions colossales. Pour ne citer qu'un 
exemple, les cylindres de la machine du Friedland 
ont un diamètre intérieur de 2™. 10 et la course de 
leurs pistons n'a pas moins de l'^.SO. La pression 
de la vapeur s'exerce ainsi, pour chaque piston, 
sur une surface d'environ S^'^SO ; en supposant 
•la tension de la vapeur de 2 atmosphères et de- 
mie, cette pression est donc égale à environ 90,000 
kilog. 

Pour guider des pistons de cette dimension, on 
emploie,nonplus une seule, mais deux ou quatre ti- 
ges t,t' qui s'articulent par une traverse à la bielle B. 
Celle-ci, comme on le voit sur la figure 79, revient 



ÏM I.\ TAPEUR. 

sur ellc-niômc s'articuler au coude de l'arii 
leur, faisant fonction de manivelle et, pour ceti 
raison, on la nomint; bielle en retour. 

La macliine à vapeur marine que nous venons de' 
citer n'est pas seulement remarquable par ses di- 
mensions, par sa puissance, par la vitesse qu'ellç' 
imprime au navire sur lequel elle est installée, vi-; 
tessG qui n'est pas moindre, par un temps calmerf 
de 14 nœuds et demi, c'est-à-dire d'environ 28 ki- 
lom. à l'heure. Son hélice a C^.IO de diamètre, h 
l'ai vue tourner sur son arbre à rExposition univer* 
- selle de 1867 ; en se plaçant dans le sens du mou< 
vement des ailes, on ressentait sur la figure l'ima 
pression du courant d'air produit par l'évolution^ 
•des énormes spires. Mais, je le répète, celle machine 
se distingue aussi comme un type ayant des qualités 
spéciales. J'en vais dire, pour terminer, quelques 
mots. 

C'est une machine îi détente du système de Woolff^^ 
avec cette disposition particulière qu'elle renfermln 
trois cylindres égaux de même diamètre et de mémel 
course. L'introduction de la vapeur a lieu dans unr 
seul cylindre, celui du milieu ; après avoir travaillé 
j pleine pression, elle pénétre dans les deux cylln- ' 
dres latéraux, où elle se détend, puis va de là dans i 
deux condenseurs séparés. En sortant des chau- 
-dières, la vapeur circule dans un appareil sécheur, 
puis elle se bifurque dans les chemises-enveloppes 



appareil sécheur, | 
mises-enveloppes! 



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251 1.-1 VAI'Kni. 

quelle que soit la pnsilioiidii iKiviii' (IC^tiTmiiiùo pa; 
le roulis. 

Les machin f u t I 1 iiiesustillanlcs 

que j'ai (iécr te; dans le clia] t consacré au inô- 
canismc de Iran m ssion sor t &ouvent employées 
dans la navigalion à \Tieui {\u\ aie ou mariliine. 
Je crois avoir d t d jd qt e le pre n ùres élaieiil sur- 
tout en usage dans la marine anglaise. En général, 
les différences qu'on rencontre entre les niacliin(>s J 
fixes terrestres et les machines marines sont presque I 
toutes dues à une question d'aménagement et d'cra- I 
placement. Il faut, sur un navire marchand, mé- 1 
nager la place pour le chargement ; dans les navires i 
de guerre, ménager la place, surtout en hauteur, ^ 
à cause des conditions de l'aLlaque et de la dÈfensc, a 
pour l'artillerie aussi et les munitions. Seuls, les I 
navires de transport, les paquehots destinés surtout | 
aux voyageurs peuvent se donner le luxe do ma- i 
chines occupant un plus gros volume. Les qualités j 
relatives à la sécurité et au confort sont alors celles 
qui prédominent. C'est là ce qui prolongera long- 
temps l'usage des machines à balancier, appliquées 
aux navires à aubes, parce que ce système donne 
une allure plus douce, plus agréable que les ma- 
chines à mouvement rapide des bateaux à hélice. 

J'ai dit que les machines de navigalion sont, en 
grande majorité, des machines à basse ou à moyenne 
pression. Mais les machines à haute pression sont 




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LA. NAVIGATION A VAPEUR. 257 

aussi employées dans certains cas spéciaux. A coa- 
densatiofl et à détente, détente à sec, qui prévient 
les incrustations d'eau de mer, elles offrent le grand 
avantiige d'être les plus économiques de toutes ; on 
ks installe sur les grandes canonnières années pour 
les expéditions lointaines. C'est aussi pour les ca- 
nonnières et batteries flottantes, pour les remor- 
queurs qui font le service de l'entrée des ports, 
pour les bâtiments enfin destinés h des trajets courts 
el rapides, qu'on emploie les machines à haute pres- 
sion, mais sans condensation ni détente ; leur avan- 
tage consiste surtout dans la plus grande simplicité 
de leur construction qui les rend moins lourdes et 
moins encombrantes, en somme aussi d'une instal- 
lation plus économique. 




-1 




II 



LA VAPEUR SUR LES CHEMINS DE FER 



Premières voitures à vapeur : la voiture de Cugnot. — Olivier Evans, 
Trewitick et Vivian. — Essais de locomotives à vapeur sur les chemins 
de fer. — Invention de la chaudière tubulaire ; Marc Seguin et Ste- 
phenson. — La Fusée. 



« Les premiers essais de voiture mue parla vapeur 
d'eau remontent à Tingénieur français Cugnot, qui, 
en 1769, conçut et fit exécuter à Paris un chariot 
destiné à se mouvoir sur les routes ordinaires, sous 
Taclion de la vapeur. Vint plus tard Olivier Evans, 
qui construisit à Philadelphie, en 1804, la première 
voiture de ce genre qu'on ait vue en Amérique. A la 
môme époque, une machine locomotive circula sur 
le chemin de fer de Merthyr Tydwil, en Angleterre ; 
elle était due aux ingénieurs Trewitick et Vivian ^ » 

La voiture de Cugnot avait un grand défaut : la 
chaudière ne pouvait produire la vapeur nécessaire 

* te Chemins de fer, Bibliotli. des merveilles. 



LA VAPEUR SUR LES CHEMINS DE FER. 259 

à l'entretien du mouvement que pendant douze à 
quinze minutes, après quoi il falluil la laisser repo- 
ser pendant un temps à peu près égal, pour donner 
le temps au foyer de produire de nouvelle vapeur. 
L'essai qu'on en fit alors parut assez satisfaisant 
pour que l'inventeur fiit chargé de construire une 




Fig. Sj. — Voilure il vapeui 



nouvelle voiture qui figure aujourd'hui encore au 
Conservatoire des arts et métiers (c'est celle dont 
la figure 83 donne le dessin), mais qui ne parait 
pas avoir été jamais essayée'. Treize ans aupara- 
vant, un Anglais, Itobison, avait conçu le projet 
d'appliquer la vapeur à ia locomotive sur les rou- 
tes, et s'était entendu avec Watt pour ia réalisation 
de cette idée, mais sans succès. Un modèle de voi- 
ture à vapeur fut construit plus tard, en 1785, par 



< Circonstance curieuse ù noter et (|ui fait honneur ù Plantn. 
ofBder suisse, qui avait lui-même imaginé une TOilureù vapeur. 
Chargé d'eiamincr l'invention de Cugnot, Planla n'hésita point S 
la trouver préférable à la sienne. 



ce dernier; mais il ne paraît pas qu'aucune suite 
ait été donnée à cette tentative. 

La locomotion sur les routes par l'action de la 
vapeur ne devait réussir et prendre l'immense exten- 
sion qu'elle possède aujourd'hui, que grâce à l'adop- 
tion d'un nouveau système de voie, qui fut d'ahord 
appliqué au transport des matériaux dans les mines 
de houilles. Les chemins a ornières, puis à bandes 
saillantes, d'abord en bois, puis en fer, diminuaient 
considérablement la résistance au roulement. 

Mais, chose curieuse, ce progrès constitua dans 
l'origine un obstacle à l'adoption des voitures à va- 
peur. Comme ces voitures étaient d'abord assez 
légères, leurs roues motrices, en tournant rapide- 
ment, glissaient sans avancer, patinaienl, selon l'ex- 
pression technique. On imagina divers moyens de 
vaincre cette difficulté pratique, quand un ingénieur 
anglais, Blackct (1815), prouva que l'adhérence de 
la loconiolive sur les rails peut s'obtenir en donnant 
aux locomotives un poids suffisamment considé- 
rable, pourvu qu'on fit supporter cette pression à 
l'essieu des voues motrices. C'est de cette époque 
que date la machine de G. Stephcnson (flg. 84), où 
les essieux* sont rendus solidaires par le moyen 
d'une chaîne sans fin. L'adhérence de toutes les 



' Par esemple, emploi d'une roue déniée, s'engrerant atec une 
crémaillËre disposée entre les rail^, ou encore, de jambes mobiles 
qui liaient alternativement appuyées sur le sol puis soulevées. 



U VAPEUR SUR LES CHEMINS DE FER. 201 

roues de la locomotive se trouve ainsi ntilisée. 
On peut dire qu'à partir de ce moment, la loco- 
motion sur les voies ferrées, à l'aide de voitures 
mues par la vapeur, était un problème pratique- 




Fig. M. ~ Locomotin de 6. Slepbeiuon i chttne 



ment résolu. Toutefois, les premières locomotives 
ne donnaient pas encore un résultat satisfaisant ; 
la quantité de vapeur que leurs chaudières pouvaient 
fournir était insuffisante pour la charge ou la vitesse 
qu'on voulait obtenir. 

La raison en était dans la nature de la chaudière, 
dont l'eau était chauffée par un foyer intérieur, dans 



262 LA VAPEUR. 

un tube qui la traversait dans toute sa longueur 
(flg. 8i). La surface de chauffe n'était pas assez 
considérable pour la vaporisation qu'il importait 
d'obtenir, et le tirage était tout à fait insuffisant. 

Toutefois, les locomotives de Stephenson, d'Hac- 
worth réalisèrent, sous divers rapports, des perfec- 
tionnements qui eurent leur importance : le mé- 
canisme moteur, la transmission, l'adhérence des 
roues sur les rails furent l'objet de dispositions 
nouvelles qu'il serait trop long de décrire. Jusqu'en 
1829, la locomotion à vapeur ne fit que les progrès 
de détails dont nous parlons. 

Mais, à celte époque, la substitution à la chau- 
dière ordinaire de la chaudière tubulaire avec tirage 
produit par un jet de vapeur, produisit une véri- 
table révolution dans l'application des machines à 
vapeur à la locomolion sur les voies ferrées. C'est 
à Marc Séguin qu'est duc Tinvcnlion des chaudières 
tubulaircs ; grâce à l'accroissement énorme de sur- 
face de chauffe que cette disposition permit d'obte- 
nir cans augmenter les dimensions du générateur, 
la vaporisation se trouva accrue dans une proportion 
qui multiplia la puissance des machines ; mais pour 
suffire à cette production de vapeur, il fallait en- 
tretenir l'activité du foyer par un tirage énergique 
que la Irès-faible hauteur des cheminées de locomo- 
tive ne pouvait donner. 

Ce fut donc aussi une invention heureuse que 



LA TAPEUR SURJ.es CHEMINS DE FER. î<^ 

celle de se servir de la vapeur, (juand elle vient 
d'agir sur le piston, et de la faire évacuer dans la 
cheminée même. Elle produit ainsi, à chaque coup 




Fig. 83. — ta Fiuée, de Rolierl Sleplii 



de piston, un courant rapide qui entraine au dehors 
l'air et les gaz de la combustion, et par les tubes, 
détermine un appel au sein môme du foyer. 

La première locomotive où ces deux capitales 
améliorations furent appliquées fut la Fusée, qui 
sortit des ateliers de Robert Stephenson, et qui obtint 



8M l A ÏAI'EIII. 

on 1825 le prix Ju concom's ouvert à Liverpool. 
S'il esl permis d'attribuer, sans ri'-que de com- 
mellre une injustice, à notre compatriote, M. Seguin, 
l'invciition de la chaudière tubulaire pour locomo- 
tives, on ne peut dire avec la mCmc assurance â qui 



1 




est due l'idée d'appliquer au tirage le jet de la va- 
peur. Ilackworlli, Pelletier, G. Stephcnson, sont éga- 
lement signalés comme les inventeurs de cet im- 
portant perfectionnement. 

Séguin l'ainé, Stephenson, tels sont en résumé 
les deux noms en qui se personnifie ta révolution 
économique, mécanique et industrielle par laquelle 



LA VAPEUR SUR LES CHEMINS DE FEIl. 265 

les chemins de fer, jusqu'alors exclusivement em- 
ployés dans les exploitations minières, sont deve- 
nus les plus importantes voies de la ciixulation uni- 
verselle. 
Marc Séguin, qui, croyons-nous, vit encore, est 




Flg. 87. — George Stephenson. 



le neveu de Monlgolfier, l'inventeur des ballons. 
George Stephenson était un simple ouvrier mineur, 
qui conquit, par son intelligence et son travail, une 
si éminente place dans l'élite des ingénieurs an- 
glais, et, de plus, eut la satisfaction de voir son ûh 
Robert atteindre et dépasser sa propre réputation 
si méritée. 



Sitfi U VArEllR. 

Pour montrer combien la Fusée Était supérieure 
aux locomotives en usage sur les voies ferrées en 
1825, citons d'après M. Periioiinct, les chiffres com- 
paratifs suivants : les anciennes locomotives, vapo- 
risaient 450 kilog. d'eau par heure, la Fusée, près 
du double, soit 850 kilog. Et cependant, la dépense 
de combustible pour le transport d'une morne charge 
à une même distance était réduite de plus de nioi- 
tiô. La vitesse était accrue de 10 kilom. à i5. Tous 
CCS résultats se condensent, pour ainsi dire, dans 
une seule donnée, la surface de chauffe qui, 'de 
5"'.82 dans les anciennes locomotives, atteignait 
iS^'.SO dans la Fttsée, plus du triple. 

Depuis, d'immenses progrès ont transformé la 
locomotive; la théorie et la pratique ont à l'envi 
porté, pour ainsi dire, à la perfection l'ensemble et 
les détails de ce moteur si puissant et si rapide. L'art 
du constructeur n été pour beaucoup dans cette 
transformation; mais tous ces progrès n'ont pu se 
faire que parce que la double invention de Stephen- 
son et de Séguin a permis d'étendre le réseau des 
lignes de fer. 



LA VAPEUR SUR LES CHEMINS DE FER. 267 



LA LOCOMOTIVE 



Description de la locomotive. — Le générateur; chaudière tabulaire. — 
Étendue considérable de la surface de chauffe. — Mécanisme mo- 
teur. 

Voyons maintenant où en est, non l'industrie des 
chemins de fer, — c'est un sujet qui n'a point sa 
place' ici, et que nous avons traité ailleurs, — mais 
la machine à vapeur appliquée au transport des voya- 
geurs et des marchandises sur les voies ferrées. 

Nous allons prendre un exemple, un type, pour 
notre description, qui sera rapide puisqu'il suffira 
de voir quelle est, dans la locomotive, la disposition 
des organes que la machine à vapeur nous a déjà 
fait connaître. 

Voici une coupe longitudinale (fig. 89), puis 
deux coupes transversales à Tavant et à l'arriére de 
la machine, qui nous feront comprendre cetîe dis- 
position. 

Occupons-nous d'ahord du générateur. 

La chaudière des locomoti\es est tuhulaire. Elle 
est composée de deux parties principales : l'une, 
située à l'arrière et de forme rectangulaiie, ren- 
ferme le foyer qui, sur toutes les faces sauf la face 
inférieure, est enveloppé d'eau ; l'autre, le corps cy- 
lindrique, ainsi nommé de la forme de son enveloppe, 
contient deux capacités distinctes; dans sa moitié 
inférieure sont logés les tubes par lesquels passent 



la fuméeetles gaz de combusdon qui du foyer vont 
à la cheminée. Tous ces tubes, en nombre souvent 
considérable, sont baignés par l'eau de la chau- 




dière. La moitié supérieure du corps cylindrique est I 
le réservoir de vapeur qui, par un luyau doublement 
coudé à l'avant et à l'arrière, p s su, débouche d'un 
côté dans le dôme, de l'autre dans la boîte à vapeur 
de chacun des deux cylindres de la machine. 









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LA. TAPEUR SUR LES CHEHNS DE FER. S71 

Le mécanicien peul, à volonté, à l'aide de la ma- 
nette r, ouvrir ou fermer les valves d'un diaphragme q 
qui donne passage à ia vapeur, l'arrête ou l'intro- 
duit en des proportions variées : c'est ce qu'on 




FIg- 90. — Locomotite. Caup« tnnBrerMle, dans 1s bolle i fumée.- 



nomme le régulateur, et ici, à cause de sa forme, 
le régulateur à papillon. 

On voit sur le dos convexe du corps cylindrique 
les appareils accessoires ou de sûreté de toute ma- 
chine à vapeur, soupapes, manomètre, indicateur 
et robinets de niveau, sifilet d'alarme. 



in U VAPEDR. 

Quel csl le caracliire distinctit' de la chaudiÉre 
d'une locoraolive? C'est d'abord, nous l'avons déjà 
dil, l'énorme étendue de la surface de chauffe rela- 
tivement à la capacité totale. Pour montrer dans 
quelle proportion cet élément se trouve accru par 
l'adoption des tubes, citons quelques nombres. Dans 
une locomotive Crampton (type de l'Est), les enve- 
loppes du foyer, c'est-à-dire la surface de chauffe 
par rayonncmeni, n'est, on mètres carrés, que de 
8"". 65 ; la surface de chauffe par contact, c'est-à- 
dire celle des tubes que lèchent les gaz de la com- 
bustion, est de SS^.Oa, ou si l'on veut, plus de dix 
fois aussi grande. Dans une machine Eogerth, à mar- 
chandises, ces nombres sont respectivement, 9'". 70, 
180'". 70 ; les tubes augmentent la surface de chaufîe 
dans le rapport de 1 à 18.6. De là, répétons-le, le 
second caractère important, le tirage par le jet de 
vapeur, sans lequel l'activité du foyer ne pourrait 
suffire à une si considérable production de vapeur, 
sans lequel, par conséquent, le type de la chaudière 
tubulaire pour locomotive perdrait son principal 
avantage. « Dans les machines locomotives, dit 
M. Perdonnet, le mètre carré de surface de chauffe 
produit de deux à trois fois autant de vapeur que 
dans les chaudières à machines uses. » 

Les locomotives sont des machines à haute pres- 
sion, sans condensation. C'est là une conséquence 
nécessaire de ce que nous venons de dire. Il faut 



LA VAPEUR SUR LES CHEMINS DE FER. 273 

que la vapeur s'échappe dans Tatmosphère : elle ne 
peut donc être à basse pression ; il faut qu'en s'é- 
chappant, elle produise un jet ou courant; donc elle 
ne peut être condensée. Le plus souvent, elle est 
employée avec une tension de huit à neuf atmo- 
sphères. 

Mais elle fonctionne avec détente, et un méca- 
nisme particulier, la coulisse de Stephenson, permet 
de faire varier la détente, et en même temps rend 
possible le changement de sens dans la direction du 
mouvement. Une locomotive comme un bateau à 
vapeur — on comprend aisément la nécessité d'une 
telle manœuvre — doit pouvoir marcher en arrière 
comme en avant. 

Continuons notre description. 

La locomotive est en réalité, au point de vue du 
mécanisme moteur, formée de deux machines à 
vapeur accouplées. U y a deux cylindres, munis 
chacun de son piston, de son tiroir, et la tige de 
chaque piston agit par l'intermédiaire d'une bielle 
sur la manivelle ou sur le coude de l'essieu qui 
porte la paire de roues motrices. Il y a même, dans 
certains types de locomotives , quatre cylindres, 
quatre machines agissant deux par deux, sur deux 
essieux différents. Rien de spécial, sauf dans l'agen- 
cement et les détails, ne distingue le mécanisme 
moteur de celui que nous avons vu fonctionner 
dans les machines fixes, terrestres ou marines. Les 

18 



îl\ LA VAPEUR. 

figures montrent quelle est la disposition des cy- 
lindres ordinairement placés à Tavant, tantôt ho- 
rizontaux, tantôt légèrement inclinés, tantôt logés 
hors du châssis qui porte chaudière et machine, 
tantôt intérieurs. Ici les cylindres sont intérieurs et 
horizontaux. 

C'est ce que nos coupes longitudinale et transver- 
sales de la locomotive laissent voir clairement. Dans 
la figure 89,1a distribution et l'échappement sont 
aisés à comprendre. La vapeur, qui est amenée par 
le tuyau S5 jusque dans l'espace qu'on nomme boîte 
à fumée, trouve là deux conduits un, qui vont, en 
se contournant, aboutir aux boîtes à vapeur des 
deux cylindres. Après avoir agi sur les pistons elle 
traverse les tuyaux vv', et par le tuyau vertical V qui 
s'ouvre à la base de la cheminée, elle s'échappe en 
produisant le mugissement saccadé qu'on entend 
toujours dans les locomotives en marche. 

La rapidité avec laquelle ces bruits produits par 
l'échappement se succèdent en pleine vitesse d'un 
train indique assez combien est grand le nombre 
des coups de piston dans chaque cylindre. On peut 
calculer ce nombre d'aprùs la vitesse de la locomo- 
tive : dans les trains rapides celte vitesse atteint 60 
et même 80 kilomètres par heure. En supposant 
cette distance parcourue par une locomotive à 
voyageurs (système Crampton) dont la roue motrice 
a 2". 30 de diamètre, ou 7". 20 de développement. 



LA VAPEUR SUR LES CHEMINS DE FER. 275 

on trouve qu'en une heure, la machine a fait H,1H 
tours de roue, dont chacun correspond à une double 
course des pistons. C'est trois doubles courses, ou 
six courses simples par seconde. 

On comprend avec quelle rigoureuse précision 
ont dû être calculés et exécutés tous les organes, 
toutes les pièces du mécanisme moteur et surtout 
du mécanisme de distribution, pour qu'il ne se pro- 
duise aucun dérangement par le fait de mouvements 
aussi rapides. 



PRINCIPAUX TYPES DE LOCOMOTIVES 



Classification selon le service. — Machines à grande vitesse, à voyageurs : 
type Crampton. — Machines à petite vitesse, à marchandises : type 
Engerth. — Locomotives mixtes. — Machines pour fortes rampes. 



Si la locomotive a un caractère spécial qui la 
distingue des autres machines à vapeur, des ma- 
chines fixes de l'industrie, comme des machines 
mobiles de la navigation, il ne s'ensuit pas qu'elle 
constitue un type unique et uniforme. C'est un 
genre; mais ce genre comprend de nombreuses va- 
riétés. 

Ces variétés, dont je ne puis décrire ici que les 
principales, ont été successivement créées pour 
satisfaire aux exigences multiples et croissantes des 
nouvelles voies de transport. 11 a fallu tout d'abord 



l 



270 L\ VAPEUR. 

se préoccuper de deux iiécessilés, sinon opposées 
absolument, du moins 1res- différentes : d'une part, 
la rapidité, qualité iju'on s'est attaché k réaliser 
dans les trains de voyageurs, sans dépasser toutefois 
les limites delà prudence; d'autre part, la puissance 
de' traction, indispensable pour les convois de 
marchandises, où la masse à transporter en un seul 
train importe plus que la vitesse du transport. 

Sous ce rapport, les locomotives se sont donc 
divisées d'abord en deux tjpes bien tranchés : 

Les locomotives à voijarjeurs, uniquement destinées 
au transport rapide des convois de faible masse; 
service de grande vitesse ; 

Les locomotives à marchaiidises, spécialement con- 
sacrées à mouvoir, à une vitesse modérée, les plus 
lourdes charges ; service de petite vitesse. 

Tout naturellement, un troisième type intermé- 
diaire entre les deux premiers, participant de leurs 
qualités moyennes, a dû être créé. Ce sont : 

Les locomotives mixles,, employées à traîner des 
convois renfermant à la lois des voitures à voyageurs 
et des wagons de marchandises ; ou encore pouvant 
à volonté être affectées alternativement au service 
de la grande vitesse ou au service de' la petite vi- 
tesse. 

En dehors de ces trois types principaux, d'autres 
types de locomotives ont été construits pour « 
faire à des services spéciaux. Nous allons pasëer en 




LA VAPEUR SUR LES CHEMINS DE FER. ^79 

revue quelques échantillons des unes et des autres* 
Voici le type par excellence (fig. 91) de la machine 
à voyageurs, à grande vitesse. C'est la locomotive 
Crampton, caractérisée par le diamètre considérable 
de ses deux roues motrices, par la faible course du 
piston, deux conditions qui, jointes à une haute 
puissance de vaporisation, en font le cheval de 
course des voies ferrées. Depuis vingt-cinq ans bientôt 
que cette excellente machine est à l'épreuve, elle 
n'a pas cessé de répondre aux exigences du service. 
Elle jouit d'une grande stabilité provenant de l'a- 
baissement du centre de gravité général et de l'écar- 
tement des essieux. D'un poids moyen de 30,000 
kilogrammes, elle remorque des convois de 12 à 
16 voitures pesant de 100 à 150 tonnes avec une 
vitesse qui, stationnement compris, s'élève à 60 kilo- 
mètres à rheure. 
Une Crampton, sans son tender, coûte 65,000 fr. 
Les systèmes Mac-Connel, Buddicom, Slurrock, 
Stephcnson à trois cylindres, sont aussi de bonnes 
machines à grande vitesse employées sur les che- 
mins étrangers. Le Iroisièmecylindre de la machine 
Stephenson a j^oiir objet d'obvier au mouvement de 
lacet que prend la locomotive sous l'action des deux 
pistons latéraux et que ressentent toutes les voitures 
du train. On se rappelle que c'est aussi, en partie, 
pour un motif d'équilibre que M. Dupuy de Lôme a 
employé trois cylindres dans ses machines marines. 



280 U TAPBUB. 

Je prendrai de mftme le type Engerth comme le 
plus tranché des machines locomotives à petite 
vitesse destinées à remorquer de lourds çonyois. 
A considérer seulement la physionomie extérieure, 
et à la mettre en pandléle avec une machine 
Crampton, on voit à l'instant qu'on a affaire à 
une puissante machine, et que si Tune peut être 
comparée à un cheval de course, l'autre le' sera 
non moins légitimement à un cheval de camion 
ou de halage. 

La vitesse moyenne des Engerth (il y en a plusieurs 
variétés) est de 24 kilomètres à Tiieure ; mais elles 
remorquent des convois de 450 tonnes. Leur poids 
atteint 63 tonnes, qui se répartissent en partie avec 
le poids du tender sur les roues de ce dernier, mais 
qui sont principalement supportées par quatre 
paires de roues d'égal diamètre rendues solidaires 
par des bielles d'accouplement. Contrairement au 
type Crampton, les machines à marchandises de ce 
type ont donc plusieurs paires de roues motrices, 
de petits diamètres, et une longue course pour les 
pistons de leurs cylindres. Grande longueur de la 
chaudière, du corps cylindrique et des tubes, gran- 
des dimensions du foyer. 

Là, avec la grande surface de chauffe et la puis- 
sance de vaporisation de la chaudière, est le secret 
de la force de traction énorme dont est doué cef'type 
remarquable. 



L.\ VAPEUR SUR LES CTIEMISS DE KLIl. 


2S1 


Les premières En- «j. 




gerth ' étaient mu- ^JP* 




nies d'un système ^PMHhHBX 




d'engrenage ayant BHk 




pour objet 'de Icui- '"^at 




permettre de gravir ^8t 




les rampes du Sœm- flJjHBk 


^ 


mering. ■ V-m^M 
IjB type des ma- "'^S^ 


% 


^ 


chines mixtes ou lo- \^M 




coraotives à moyenne ■■■■4L 






vitesse participe des 


'ÉBÊ"-'^^ 


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deux premiers types. 




j 


Deux paires de roues 


l'-^t'Ê'^'^^^M 




couplées d'un dia- 






mètre qui varie en- 






tre r.50 et l'.TO, 


1 


moyenne longueur 






do la course du pis- 




1 


ton, poids de 25 à 




>; 


50 tonnes , vitesse '^j 




if 


réglemcntaii'O de 4d j ]■ 






kilomètres à l'heure, ■HP 






l'emorquagc de 180 r*^ JSL.jjmÉ8|IBl 




à 200 tonnes , tous ^^&- 




ces éléments, comme arr*" 




> Ainsi nommées du nom de l'iavcnlour, ingÉnieiii' Riiii-tcl 


ien, 


qui les dcstinail d'aboi-d à la tractioa sur des ligiius île l 


ries 


rampes. 


M 



■Mi U VAl'ttU. 

on voit, sont compris entre les éléinonls coi'res- 
pondants des lypes extrêmes. Du reste, il ne faul 
pas allaclier une valeur absolue à ces nombres 
qui varient avec les variétés multiples de ce type et 
des autres; il ne faut pas oublier que les diverses 
lignes de chemin de fer ont a satisfaire à des 
e\igence3 de Iraflc, bien différentes les unes des 
autres; îi coup silr, les trains de marchandises d'une 
petite ligne de troisième ordre ne ressemblent point 
aux lourds convois qui sillonnent incessamment les 
rails d'une ligne telle que notre ligne du Nord ou 
de tel autre cliemin de ter des contrées industriel- 
les, en Belgique et en Grande-Bretagne. 

De là l'emploi des machines, tantùt économiques 
et de faillie puissance relative, tantôt coûteuses cl 
compliquées, mais possédant une force de traction 
qui les rende capables de remorquer les plus lour- 
des charges, par les temps de brouillard et de pluie, 
et de gravir les forles rampes aujourd'hui adoptées 
sur un grand nombre de voies ferrées nouvelles. 

Ces dernières machines dont les figures 93 et 94 
représentent des modèles sont dites locomotives de 
montagnes ou ;ioi(r fortes rampes. On voit là le tender 
et la macliine réunis sur six paires de roues, ac- 
couplées en deux gi'oupes sur lesquels agissent 
les efforts de quatre cylindres. 

faudrait, pour être complet, multiplier les des- 
criptions et les figures, citer les locomoltves-tender 



LA VAPEUn SUR LES CUEMtSS DE FERJ 283 

■ qui font le service des gares ou servent de remor- 
queurs aux convois trop chargés, les locomotives de 




secours expédiées sur les lignes en cas d'accident, 

puis le^ types des lignes clrangcres, les locomotives 




L 



Fig, 91. — Kauhiiie teiider du Noid poi 



des chemins d'Allemagne ou d'Amérique, chauffées 
au bois, et auxquelles leurs avant-trains articulés, 




in H V,\PEl'It, 

leurs cliasse-bœufs, leurs cheminées largement 
(■vastes par le liniit donnent un aspect extérieur si 
original. 

Mais des détails aussi complets et circonstanciés 
dtpasscraieut mon cadre Cest 1 applicdtion de la 
maclunc a vapeur aux \oiesfi.ML<.s qui dcMiit faire 




l'objet (le ce chapitre non la description du clicmin 
de fer et de son mécanisme. 

Je terminerai par quelques détails sur le prix de 
revient et sur h consommalioii des locomotives. 
J'ai dit que le prix d'une Cramplon ctail d'environ 
C5,000 franc?, sans son tender ; elle consomme de 
9 à 12 kilogrammes de coke par kilomélre parcouru. 
Les prix d'une machine mixte varient beaucoup, 



L.\ VArEUIl Si;ii LES CHKMISS DE VER. 285 

suivant le système : sur le cliemin duNord, une ma- 
chine mixte {système Engerth) coûte 85,000 francs; 
elle consomme de 10 à 12 kilogrammes par kilo- 
mètre. Enfin le prix des machines à petite vitesse 
Engerth s élève (tcnder compris) à 112,000 francs, 
et leur consommation par kilomètre parcouru monte 
à 20 kilogrammes de houille. Ces prix de revient 
sont moins éloignés les uns des autres qu'il ne 
parait au premier abord. Car en les ramenant à la 
tonne des machines \ides, on trouve que le prix de 
revient, de 2,200 francs environ pour les machines 
Crampton, de 2,500 francs pour la machine mixte, 
est de 2,430 pour l'Engerlh. 




î .. .- . 

■ * 






III 



LES VOITURES A VAKUR OU LOOOMOfltNH.IMNinÉilES 



Dilflcaltés de la locomotion à Tapeur e«r les roîrtas ordmdres. •— Pre- 
nxiera essais de Toitures à Tapeur. — Systèmes Loti, Larmaiyat et 
Thomson. — Résultat des plus récentes expériences. 



Les premières voitures à vapeur ont été conçaes 
et essayées sur les routes ordinaires, avant Finven- 

tien des chemins de fer. On a vu qu'elles n'ont pu 
réussir. 

Or les raisons de ces insuccès étaient multiples : 
les unes provenaient de Timperfection relative des 
machines à vapeur employées à cet .usage, et aussi 
des organes du mouvement ; les autres résidaient 
dans la nature même de la voie sur laquelle les 
voitures devaient se mouvoir. 

Nous venons de voir par quelle suite de perfec- 
tionnements ces difficultés ont été successivement 
vaincues ; mais on doit avouer que la question du 
mouvement des voitures à vapeur sur les routes a 



LES VOITURES A VAPEUR. 287 

été non pas résolue, mais tournée par l'application 
des locomotives à la traction sur chemin de fer. 
Aussi depuis quelques années, songe-t-on à repren- 
dre le problème primitif, et à faire circuler la loco- 
motive ou une machine à vapeur analogue, non plus 
sur les voies munies dé rails métalliques, mais sur 
les routes ordinaires sans aucun support fixe pour 
les roues motrices de la machine. 

Là git la difficulté. La puissance d'une locomotive 
se résume en quelque sorte dans son poids, bien 
qu'il soit erroné de croire à la nécessité d'augmen- 
ter le poids pour accroître Tadhérence. Les roues, 
les roues motrices surtout supportent ce poids tou- 
jours considérable et s'en déchargent sur la route 
môme, aux points où elles se trouvent en contact 
avec celle-ci. Or, quelque bien pierréeet entretenue 
que soit la route, le sol 'enfonce sous la pression, 
des ornières se creusent et au bout de peu de temps 
les machines restent en route. 

Malgré d'ingénieuses et nombreuses tentatives, 
c'est ce qui est arrivé à la plupart des voitures à va- 
peur ou locomotives routières, jusqu'à ces dernières 
années du moins. Je me bornerai donc à quelques 
détails sur les systèmes qui ont fonctionné de la fa- 
çon la plus satisfaisante, qui ont approché le plus 
près de la solution industrielle et pratique. 

A Londres, en 1862, on a employé des locomoti- 
ves du système Bray pour remorquer sur des routes 



nu LA VlPEUll, 

ordinaires , i])acadaiiiitiLH;s ou pavées, de loui'ds fi 
deaiix, des liucs ou Iraius chargfe de masses trop 
lourdes pour ùlrenûses en inouveineiit par desche- , 
vaux. 

En 1 80i, on fil à Nantes des expériences avec une 
locomotive routière construite par un de nos habiles 




mécaniciens, M. Lotz. Au mois d'aoïjt de l'année 
suivante, ces expériences furent reprises à Paris et 
donnèrent des résullafs intéressants. En voici la 
description, que nous empruntons au Diclionnaire 
des sciences mathématiques appliquées de M. Sonnet ; 
«La macliine de M. Lotz est de S chevaux-vapeur. 
Elle porte avec elle son tender. La chaudière est 
niontce sur quatre roues; le train de devant est i 
mobile autour d'une cheville-ouvriéie, comme dans , 



LES VOITURES A VAPEUR. 289 

les voilures ordinaires. Tout le mécanisme est placé 
au-dessus de la chaudière et parfaitement visible. 
L'arbre moteur transmet le mouvement à l'une des 
roues de derrière par l'intermédiaire d'une chaîne 
sansfm, engrenant avec une roue verticale solidaire 
avec l'essieu. La bande des roues de derrière a O'^.SO 
de largeur; le constructeur a ainsi évité les ornières. 
Les roues sont montées sur ressorts, ce qui évite les 
secousses brusques capables de fausser les bielles. 
Un homme assis sur le devant de la locomotive ma- 
nœuvre les roues de devant et fait tourner le véhicule 
avec la plus grande facilité à Taide d'une petite roue 
verticale analogue à celle d<mt se sertie timonier à 
bord des navires. » 

A^ec une chai^ de S à 6 lomiés, la vitesse de la 
locomotive Lot2 atteignait 16 kilomètres à l'heure 
sur une route en bon état d'entretien ; elle remor- 
quait de 12 à 15 tonnes avec une vitesse de 6 ki- 
lomètres, gravissant des pentes qui variaient de 
Or7àO'".13. 

Un des inconvénients de ce mode de transport, 
ce sont les variations considérables des efforts à 
exercer par des moteurs dont la force doit être sen- 
siblement constante. La locomotive routière Larman- 
jat répond à cette difficulté. Aux roues motrices de 
grand diamètre^ marchant avec une vitesse de 16 
kilomètres par exemple, on peut substituer rapide- 

• 

ment deux roues de plus petit diamètre, solidaires 

19 



nutMplaoarra-devint 4«lan«*alnf*6Mt^Br 
le m1 u noyea de luget fMtiM; kepf liraliM . 

dn ■>fft««»«ma ta la ImMo «iw » ^l^ll^■■^■ aotAit 

•budenaer ce sfstàBa. La -w^Hmb fimy anit 
adapte de» nwiei eo for de griaifffidimfweii, w- 
Ûesde griffes Jaubile» à Ii2ur circaiiférence, mais 
il vésHlIail de là uiie dùtciioraliuii rapide des 
roules. 

Pour résoudre ie iiii^uio problème, uu coustrac- 
leur d'£diiiib«iu|;, iV. rhouison, a iniagiaé de 
ginûrleajuiteedea loues inotrices de sa machine 
de fawdes de caoutchouc vulcanisé qui ont une 
épusseur de O'.ISS, mu- «ute iu-gtHu- «fe ià'\5ti. 

< Ce» baades supportent parfiut^eot le ptùds 
de la machine \ el roalent sur les routes or£- 
naires saus écraser les pierres qui se trMiwatàla 
surface. Grâce a l'élasticité du caoutchouc, le con- 
tact entre la jante et le sol n'a plus lieu suivant 
une génératrice, mais suivant une surrace sur 
laquelle la pression se trouve répartie. Les roues 
ne s'enfoncent plus alors dans le sol, et même, si 
l'on fait circuler la loconrotive sur une route nou- 
vellement chaînée, elle passera sur les pierres 
fraîchement cassées sans que le bandage soit coupé 
ni détérioré. La force employée pour faire marcher 



' Article de U. Sauvée dum les Atatala indiatrieilet, eicellente 
revue â laquelle nous empruntons le drsàa de la locomotive rou- 
.tière Thomson. 




I' ;l 



LES VOITURES A VAPEUR. 295 

une locomotive de ce genre sera donc de beaucoup 
inférieure à celle nécessaire pour une machine à 
bandages lisses en fer, car, dans ce dernier cas, la 
roue écrase le ballast et occasionne une perte de 
force notable. » 

Une locomotive i\e ce modèle a pu circuler dans 
une prairie sans laisser de fortes traces de son pas- 
sage. Sur une route horizontale, elle peut remor- 
quer 30 tonnes avec une vitesse variant de 4 à 
10 kilomètres à Theure. Sa force effective est de 
16 à 18 chevaux. En Angleterre, on en emploie 
plusieurs au transport du charbon de la mine aux 
usines voisines; à Edimbourg, M. Thomson a ap- 
pliqué sa locomotive à la traction des omnibus. Des 
essais, enfin, ont dû en être faits aux Indes, par 
l'administration postale, pour le transport de ses 
dépêches dans la province du Punjaub, entre les 
villes de Loodlana, Ferozepore et Lahore. 

Le dessin que nous donnons ici, de la locomotive 
routière Thomson, suffira pour faire comprendre la 
disposition générale des organes. On voit que la ma- 
chine à vapeur est une machine à cylindre horizon- 
tal C, communiquant le mouvement par une bielle 
à un arbre moteur doublement coudé, muni d'un 
pignon en rapport avec une roue d'engrenage calée 
sur la roue motrice. Grâce à cette disposition, le 
mouvement est donné à l'essieu R des roues motrices 
de» la voiture avec une vitesse qui, pour une même 



im LA YAPËUH. 

vitesse des pistons, dépend des nombi^es de dents de 
ia roue et du pignon. Mais Tarbre moteur est muni 
d'un second pignon qui engrène avec une seconde 
roue calée elle-même sur un autre arbre moteur 
parallèle au premier, et ce dernier par un troisième 
pignon communique son mouvement à la promise 
roue d'engrenage. 11 est bien entendu que ces deux 
systèmes fonctionnent isolément : le conducteur 
passe à volonté de Tim à Tautre à Taide de leviers 
de manœuvre à sa portée L. 11 peut ainsi faire varier, 
pour une môme action de la vapeur, la vitesse des 
roues motrices dans un rapport qui varie du simple 
au double (plus exactement de 16 à 59). 

Le problème mécanique de la locomotion à va- 
peur sur les routes ordinaires peut être, comme 
on le voit, considéré comme résolu. Cela veut-il dire 
que l'emploi des locomotives routières se généi^- 
liscra promptement? Il est diiïieile de répondre à 
celte question, car, à coté du point de vue tech- 
nique, il y a le point de vue industriel et commer- 
cial. 11 faut que ce mode de transport soit réelle- 
ment économique, et cela dépend évidemment d'une 
foule de circonstances étrangères à la pure méca- 
nique. Dans les grandes villes comme Paris, 
Londres, où les besoins de la circulation sont si 
continus et si pressants, les locomotives routières 
pourront être utilement employées, si Ton ima- 
gine des moyens qui rendent cet emploi prudent^ 



LES VOITURES A VAPEUR. 297 

si Ton pare aux dangers que la rencontre fréquente 
des voitures et des piétons multiplierait à chaque 
instant. 11 est probable que ce mode de locomotion 
sera essayé, et peut-être définitivement adopté, sur 
quelques-unes des grandes voies projetées par 
Tédilité parisienne sous le nom de tramways. 
On dit que des essais de halage sur les canaux 
par la vapeur ont été faits : c'est là^ ce me sem- 
ble, un intelligent emploi des locomotives rou- 
tières. Mais il n'est pas impossible qu'il y ait avan- 
tage à user de ce mode de transport pour les voya- 
geurs et surtout pour les marchandises, sur les 
routes solidement entretenues et où les rampes, les 
pentes, les coudes trop brusques ne se présentent 
pas, ou du moins se présentent rarement. 



motrieet^dles tout ibtalmiieiit Bid^[MiidÉiile& dô 
méoanitmd et n'ont mi*iiii ohiet : mdrefadle le 
traoeport de k neehine met lee^rmftes au à fnmra 
lesctuanpe* A Vaide dTsa ira de«i câieviux eflelès 
au limon, c'est la chose du monde la plus Simple» 

Cest aiqattid'liui ua moteur umteredlemmt 
aDplejé. Dana Tagrieultiire» dmm lek eonstraidimia 
iodustrtdlee» les locomcMles servent ft une fiiiite 
d'usages et remplaçât avec aTsntage les sàotenr» 
animés. 

Dans les ateliers de maçonnerie d'une eertaâie 
impmrtaifeet ce sont des locomebiles qu'on en^ilmtri ' 
à hisser les matériaux, elles donnent le mouv^^taent 
aud monte^charges ; elles font tourner les moulins^ 
h broyer, à fabriquer le mortier ; elles sont siibsti^ 
tiièes aux ouvriers qui soulèvent les moutons des 
sonnettes ou qui manœuvrent les grues. Les grues 
à vapeur mues par des loeomobiles se voient 
fréquemment aujourd'hui dans nos ports marchands 
ou militaires. 

On emploie les loeomobiles au mouvement des 
pompes établies provisoirement pour Tépuisement 
des terrains de construction. Nous en avons vu une 
fonctionner devant le Louvre, pendant le siège de 
Paris : elle faisait mouvoir une pompe qui versait 
Feau de la Seine dans des réservoirs établis le long 
des quais. 

En agriculture, c'est le moteur adopté aujourd'hui 



IK VAPEUR DANS L'iGRIClLTUItE. 301 

dans tous les cas où s'introduit l'usage de l'action 
de la vapeur. Ainsi dans les opérations agricoles 
proprement dites, notammentle labourage, c'est une 
locomobilc qui, installée à l'une des extrémités de 
la pièce de terre, communique le mouvement aux 
engins qui portant les socs de charrue. De même, 
dans les opérations d'industrie agricole, qui ont 




Fie. i|0. — Labourage i vupeiir. 

pour objetles produits, leur manutenUou, transfor- 
mation, etc., machines à battre, hache-paille, 
concasseurs, pressoirs , coupe-racines. Partout où 
l'on agit sur de grandes masses, il peut y avoir et 
il y a, en effet, avantage k substituer ans moteurs 
animés ordinaires, aux hommes et aux animaux 
le moteur par excellence, la vapeur. 

Les locomobiles sont des machines qui ont reçu 
suivant leur destination et l'inspiration des CMi- 



302 LA VAPEtlIl. 

structcurs, dus l'onncs eslrômeinent variées. 
La tiliiiudiêre csl, comme dans la locomotive, une 
ctiaudiùie luliulairc: composée d'un (oyer A situé ù 
l'arriére el du corps cylindrique BB, qui renferme 
les tubes. La puissance des locomobiles est faible : 




on en construit de un et deux chevaux jusqu'à huit 
chevaux. Il n'y a donc pas nécessité d'une aussi 
grande surface de chauffe que dans les locomotives t 
aussi les tubes sont-ils plus gros et moins nom- 
breux. 




LA VAPEUR DANS L'AGRICULTURE. 305 

La machine est à haute pression et sans conden- 
sation, la vapeur s'échappant dans la cheminée 
pour produire le tirage. Le tirage ne doit jamais être 
assez activé pour attirer hors du foyer des escar- 
billes enflammées, toutes les fois du moins que la 
locomobile est employée dans le voisinage de ma- 
tières inflammables, ce qui arrive souvent en agri- 
culture ; il y aurait, sans cela danger d'incendie. 

Dans la locomobile que représente la figure 101, 
le cylindre est horizontal et placé au-dessus de la 
chaudière. La lige du piston guidée par une glissière 
met en mouvement la bielle K, qui s'articule à la 
manivelle de Tarbre moteur et du volant. La légende 
donne l'indication des organes ordhi aires de la ma- 
chine qui n'ont rien ici de particulier. 

Les loconiobiles sont des machines peu écono- 
miques : elles consomment de 5 à 6 kilogrammes 
de houille par heure et par force de cheval. Nous 
avons dit qu'elles sont légères, et, en effet le poids 
d'une machine de 4 à 5 chevaux ne dépasse guère 
2 tonnes. 

la simplicité dans la construction est une de 
leurs qualités ; il faut qu'elles soient d'une ma- 
nœuvre, d'une surveillance aisée, que les pièces en 
soient très-solides. En agriculture, où les hommes 
capables de conduire une machine à vapeur sont 
rares encore, ces conditions sont nécessaires, sans 
quoi les accidents seraient 5 craindre. D'ailleurs, 



Im ri^mlions, mm-tOÊtemoA o i# wifl e it , mm 
l»éàiidicMMw par teftpTttB dalampaywoesriy- . 
ntùms ne nunqueniMt pis d'oitrateer. fiam les 
TÏUesi dans les oeBtmilidDMiieUelAuulesusÙMS, 
ces considèntîoiis n'oat pM la même yùeàr. 



LA VAPEUR DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE 



Applications diverses de la vapeur. — Épuisement des mines. -- Pompes 
pour l'alimentation des réservoirs et la distribution de l'eau dans les 
villes : nouvelles pompes à feu de Chaillot. — Travaux de dessèche- 
ment des marais et des lacs ; la mer de Harlem. — Dragage à vapeur 
au canal de Suez. — Grues, monte-charges et sonnettes à vapeur. — Le 
bac de la Clyde. — Pompes à incendie à vapeur. 



Nous n'avons guère jusqu'ici considéré la ma- 
chine à vapeur qu'en elle-même; nous en avons 
décrit les organes, les mécanismes divers et leurs 
fonctions spéciales : nous l'avons vue, sinon au 
repos, du moins, se mouvant à vide, sauf dans la 
navigation, où elle emporte avec la rapidité 4u 
vent les plus gigantesques vaisseaux, dans les che- 
mins de fer, où la locomotive entraîne les masses 
des trains à la vitesse de 60 et 80 kilomètres à 
l'heure. 

Mais le lecteur n'aurait qu'une faible idée de 
l'immense développement qu'ont pris, dans le 

20 



r>l.6 LA VAPEIR.- 

monde enlier, les moteurs à vapeur, si nous n'en- 
trions dnns quelques détails sur les applications 
elles-mêmes, si multiples, si variées, dont Tindus- 
trie manufacturière s'est progressivement enrichie 
depuis un siècle et qui s'accroissent pour ainsi 
dire tous les jours. Il faut que nous montrions la 
machine à vapeur à l'œuvre dans toutes les branches 
de la production humaine. 

On a vu que les premières macliincs à vapeur, 
les machines atmosphériques doKewcomen étaient 
exclusivement employées à faire mouvoir des 
pompes : il s'agissait tle répuisement des eaux des 
mines dans le pays de Cornouailles. Cet usage s'est 
répandu d'Angleterre sur le continent el dans tous 
les pays de mine. Seulement les machines installées 
aujourd'hui dans les puits ne sont plus, sauf de 
rares exceptions, les vieilles machines primitives. 
Ce soni, comme on peut le voir dans le dessin de la 
ligure 102 des engins colossaux aussi remarquables 
par leur puissance que par la perfection de leurs 
organes et le fini du travail des pièces qui les com- 
posent. 

Parmi les premières machines à vapeur établies 
en France, nous devons citer les fameuses pompes 
à feu de Chaillot, que les frères Pèrier ont fait éta- 
blir en 1782, sur les Lords de la Seine, puis celles 
du Gros-Caillou qui datent delà même époque et 
ont été installées pour le même objet : puiser les 






.1 



i 



f,,i' 



■i 



LA VAPEUR DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE. 3o9 

eaux de la Seine et en remplir les réservoirs d'où 
ces eaux étaient distribuées dans divers quartiers 
de Paris. Il n'y a guère qu'une vingtaine d'années 
qu'elles ont été supprimées et remplacées par des 
machines d'une plus grande puissance, les unes à 
Chaillot même, les autres en amont du pont d'Ans- 
terlitz. 

La nouvelle pompe à feu de Chaillot, que la figure 
i05 représente en coupe et en élévation, est une ma- 
chine à vapeur à simple effet ^ 

A Saint-Maur sont pareillement installées des 
machines à vapeur, de la force totale de 400 che- 
vaux, qui élèvent les eaux de la Marne dans le ré- 
servoir delMénilmonlant. Une autre petite machine 
à vapeur prend là une partie de ces eaux et les re- 
foule jusqu'au sommet du plateau de Belleville. 

Comme machines d'épuisement, les machines 
à vapeur ont rendu de grands services, dans les im- 
menses travaux de dessèchement entrepris par la 
Hollande. C'étaient les moulins à vent qui avaient 
d'abord commencé cette grande œuvre, bientôt la 
vapeur a été préférée pour sa puissance et la régu- 
larité de son travail. 11 s'agissait de dessécher le lac 
de Harlem dont les eaux envahissantes finissaient 
par menacer jusqu'à la ville d'Amsterdam. 700 mil- 
lions de mètres cubes ne sont pas une petite masse; 

* Voy. ï Hydraulique, par M. Marzy, Bibliothèque des mer- 
veilles. 



510 LA VAl'KUO. 

aussi trois machiues ù vapeur fureat installées sur 
les bords du lac, i'aisauL mouvoir cnfiemble diK-neuf 
pompes doj&l cliaciuie enlevait 47,000 mètres cnbes 
ou vingl-qualrc heures. Eiiciaqans, et pouruMdft- 
peuse lolule de lOiuillionsde fraocs, Uarlend-aieer 
avait disparu. <( Aujourd'hui, dit M. ilany, oo peut 
pai'courir eu voiture le fond* de ce lac traiisfonDè 
eu prairies, au uiilicu desquelles on voit s'élever 
les feruies et les clochers destinés a former de nou- 
veaux villages. » 18,UU0 hectai'es ont été ainsi oon- 
quis sur les eaux et rendus à Tagriculture. 

Le lac de Zuid-Plus u été desséché de la môme ma- 
niùi-e; d'autres travaux sont en cours d'éxecution, 
et on ne parie de rien moins que de conquérir sur 
la mer la vaste élendue du Zuidenée. Prés de 300 
millions d'Iieclares à dessécher, tel est le travail 
qu'il s'agit de (leinander à la vapeur et dont la dé- 
pense est évaluée à !2'20 millions de francs. 

« En Angleterre, les dessèchements au moyen 
de machines à \ypeur s'elïectuent, depuis quelques 
années, sur une vaste échelle, et sont devenues une 
des opérations les plus communes de l'agriculture. 
Dans le Lincolnsliire, les machines à vapeur sont 
au nombre de qualre-vingt-dix environ, dont la 
îorce varie de 15 à 80 chevaux. Elles font en général, 
mouvoir des écopes. L'étendue des surfaces dessé- 
chées dépasse 90,000 hectares. » {Hydraulique, de 
Marzv ) 



su Là VAnOR. 

déblais k une gnuule distance, épargnant ainsi le 
transport des matières et évitant les dépôts d*ilBe 
trop grande hauteur. « Deni hommes safBsaient i 
la rigueur pour diriger ee rapide opérateur ^i£, ea 
dix heures, nedonnaitpas moins de 1^800 ttifilM 
ncubes de déblais, c'est-4-dinB deux cents fois le tra- 
vail de l'ouvrier le plus habile. • 

Le plus souvent dans les travaux qui ne aont que 
temporaires» comme ceux qii'on vient de citer, eu 
dans les constructions, les appareils mus par la ta- 
peur ne nécessitent point l'établissement de inadii- 
nes fixes, i moins que, comme dans les opérations 
de dessèchement^ il's*agisse de plusieurs années 
d'un travail continu et sur place. 

Ce sont les locomobiles qu'on emploie surtout. 
On en peut voir ici plusieurs exemptes. Lès grues 
dont on se sert dans les ports maritimes (fig. 105) 
ont pour moteur une locomobile adjointe à Tappa- 
reil; c'est le cas aussi i)our les monte-charges, qu'on 
emploie maintenant dans un grand nombre de con- 
structions, et qui seiTcntà porter les matériaux à 
la hauteur où ils doivent être mis en œuvre par les 
constructeurs, maçons, charpentiers, etc. C'est le 
môme moleui; qu'on emploie dans les fondations 
sur pilotis pour les sonnetles, dont le moulotij au 
lieu d'ùtre élevé à force de bras, comme dans les 
sonnettes ordinaires, est soulevé par la force de la 
vapeur. 



3IH lA VAPEVR. 



LA VJ^IUB DAHS LA CRAMOK INOUSTMIE 

Faluiiation fin fi^r; top^'o dc^s ^TOs<ies pwVt»?. — Le inartpau pilon. — Les 
iiiniiiiiies outils. — Li raiiear dxns 1<^ filatures et dnns l'industrie da 
H'isa},'!'. — Iimin'us»» (It'Vt'Ioppomont do ces inihi^trie.*;, dopiiis l'iiitro- 
iliirlirtii «le la inat'liine A rapenr. 

Quand on passe en revue les innombrables appli- 
cations de la vajpeur aux traTaux industriels, on est 
amené à h^ ranger en deux ou trois catégories, selMi 
lanalui'C du service qu'on demande au merveilleux; 
puissant et docile agent. C'est toujours, à la vérité, 
du mouvement qu'il est appelé à produire, mais 
sous deux formes différentes ; tantôt c'est la force, 
c'esirénorgio de leffort, et la vitesse est sacrifiée; 
tantôt c'est, au contraire, la vitesse qu'on tient à ob- 
l(Miij* ; mais îdors, |x>ur une machino do puissance 
(l()iiM(\\ c'est toujours aux dcix'us de la force. P]n 
dehors de ces deux extrùnies qu'on pourrait reprtv 
seuter, crnu côté, par les ninchiiies d'épuisement 
des mines, de l'autre par les locomotives à grande 
vitesse, se rangeraient toutes les applications do la 
vapeur où la régularité du mouvement, la conti- 
nuité doivent cire les conditions dominantes. 

Suivons cet ordre dans notre examen des appli- 
cations de la machine à vapeur. 

Mais auparavant parlons du marteau-pilon à va- 
peur, cet outil d'une si grande puissance qui, iu- 






f_ 



LA VAPEUll DANS LTSDUSTtlIE MVM'FVCTUHIÊRE 

venlèvers I84I 
par le direc 



leur des foi 
ges du Creuzot 
M. Bourdon 
tant contnbu 
à développer 1 1 
fabricaliofi du 
fer, cette ma 
tière première 
de la inLcaiit 
que et de 1 m 
dustric moder- 
ne. Ces gigan- 
tesques mar- 
teaux, qu'em- 
ploient toutes 
les mines où le 
fer et l'acier 
sont forgés en 
pièces de gran- 
des masses, ne 
reçoit pas son 

■ Va ingénieur 
anglais, M. Nssmith, 
a suivi do près noire 
WnpalHolc , mais, 
d'après Poncelel , 
c'est bien i Goufdon 
igue revient la prio- 
rité. 




r 


ai'J LA V.VPEL*lt. 

mouvement de la macLine à vapeur; mais c'est la 
vapeur qui, directement, l'élève ou l'abaisse entre 
les deux énormes montants de fonte qui lui sci- 
veut de guide daos ses allées el venues. 


1 


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^^^BV^^^^^^^S^^^^^^B i 


Fig, 107, — liât il ïU|ieur de Lu Clvdr;. 

La iigure 109 monire comment foiictioniie le 
marleau à pilon. 

C'est un mouton en fonte dont le poids atteint 
jusqu'à 15,000 kilogrammes, se mouvant entre deux 
montants ou glissières, suspendus à la Ibrle tige du 
jiistan d'un cylindre où la \apeur peut pénétrera 
volonté. Celle-ci anive par le tuyau V et de là par 
I^Mije lumiiVe pratiquée au bas du corps de pompe 



\A VAPEUR DAiSS L'ISMSTRIE HA51IFACTURIÈRE. 323 

SOUS le pislon qui esl alors chassé de bas en haut par 
la force élastique du fluide. A l'aide d'un levier L, 
on agit sur mie tige T qui abaisse un tiroir latéral, 
et la vapeur s'échappe par une ebeminée U E dans 




l'air. La vapeur agit ici par simple effet; mais on 
construit des maTteaux-pilons où elle sert à la fois 
à soulever l'énorme masse et à la précipiter dans sa 
chule. Voici sur l'un de ces engins quelques détails 
que nous empruntons à l'ouvrage les Grandes usines, 
de M. Turgan: 




381 U TiPECR. 

■ La compagnie australienne du cheroîn de fer 
Victoria a commandé un énorme marteau-pilon à 
vapeur, qui aélé conslrnit dans l'usine de Kirkstall, 
à Leeds (Angleterre). Ce marteau est à double ou à 




cjlindre d'ui 



simple efTet ; ainsi la vapeur agit dans les deux 
sens, c'est-à-dire qu'elle peut alternativement sou- 
lever le marteau et arriver en dessus pour précipiter 
sa chute et augmenter par conséquent l'action de 
la pesanteur. Cette disposition, qui permet en même 




Tig. 110. — Vue d'emeinble d'un marteau-pi Ion. 



r.\ VAPEUR DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE. 327 

temps de multiplier le nombre de coups dans un 
temps donné est surtout très-avantageux pour for- 
ger des pièces de grandes dimensions ; on peut, 
en effet, gi'ùce à elle, opérer le travail en une seule 
chaude, et on économise, de cette manière, du 
temps, du combustible et du métal. 

« L'effet de cet engin puissant est égal 5 celui que 
produirait le poids de 16,000 kilog. frappant qua- 
rante coups par minute. L'action alternative du dou- 
ble et du simple effet peut être obtenue instanta- 
nément. A l'aide d'un tiroir convenablement disposé, 
on peut également changer en un instant la chute 
et la force du coup. On sait que, pour tous les mar- 
teaux qui agissent par la gravité, le travail méca- 
nique produit est représenté par le poids de la masse 
multiplié par la hauteur de la chute. Par conséquent, 
plus cette hauteur est grande, plus l'action est con- 
sidérable, mais aussi plus lent est le travail. Avec 
le marteau à double effet dont il s'agit, la force du 
coup peut être triplée et la vitesse doublée en même 
temps. La vapeur qui fait mouvoir le marteau est 
obtenue avec la chaleur perdue du foyer où on 
chauffe le fer à marteler. Le poids de tout l'appareil, 
comprenant la masse du marteau, l'enclume, le 
billot, le cylindre à vapeur, etc., est d'environ 
100,000 kilog. » 

Le marteau-pilon est , pour ainsi dire, une machine 
à vapeur spéciale, où la force est directement em- 



3« LA ÏAl'tUti. 

plojéc à protluice le mouveiuenl de l'oulil. DansJfô 
gi'undos usines, fiibriqui-s de mailiines, forges, sd^ 
ries niècaiiiqucs, ce sont le plus souvent les ma- 
cfiines lises, ({uclquclois des locotnobiles, qui don- 
nent et disti'ibucntparloul, par l'intermédiaire d'en- 
grenages, de courroies, le mouveuicnl îi lous les 
ateliers : raLotage, alésage, morlaisage, Torage, ta- 
raudage, polissagedes pièces métalliques, toutrcfûît 
son impulsion de la vapeur, et Ton ne sait lequel 
on doit admirer le plus dans ces Iravaux formidables, 
de la puissance de l'engin, ou de sa docilité â at 
plier aux usages les plus divers. 

N'est-ce pas quelque chose de merveilleux qufr 
de voir ces macliines-outils travailler l'acier et leftr 
avec la môme aisance que le bois sous la maindfr 
l'ouvrier menuisier, charpentier ou charron ; c^ 
cisailles, découper le fer brut, (ailler les épaissqft- 
leuilles de tôle, comme le ciseau du tailleur fait âfr 
l'étoffe la plus souple? « Autrefois, on grattait 1 
[icine le fer, aujourd'hui, on le rabote comme du. 
bois, on le découpe et on le perce comme du carloo. 
Certaines machines-outils d'indret sont assez solider ' 
ment établies pour pouvoir enlever un copeau <fe' I 
40 raillini. sur une longueur de 11 m.; le charip^.'' ' 
mobile qui porte le burin pèse à lui seul 14 tonn^ 
Parmi les mac'.iines les plus curieuses d'indret non» ' 
devons signaler un tour de Mazeline, destiné à ra- 
boter circulaireuienl les arbres coudés. Sou buria 



^ lioter cir 



LA VAPEUR DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE. 331 

est porté par un disque tournant dans un cadre ; la 
pièce que l'on travaille traverse ce disque et avance 
sur un chariot pour présenter successivement à 
l'outil tous les points qui doivent être atteints. On 
remarque également un tour en l'air de M. Calla, 
dont le plateau mesure 5 m. de diamètre, des bancs 
à aléser, à percer, à planer le fer, la fonle et le 
bronze par tous les moyens connus K » 

Si je voulais énumérer et décrire, même som- 
mairement, tous les usages de la machine à vapeur 
dans rindustrie moderne, ce n'est point un chapitre, 
mais un livre, et un gros livre, qu'il faudrait écrire. 
Je la trouverais dans les hauts fourneaux, où des 
machines horizontales fonctionnent comme souf- 
fleries pour activer et entretenir les feux ; dans 
les tailleries de diamants, où la vapeur imprime 
aux meules la prodigieuse vitesse de 2,500 tours à 
la minute ; dans les brasseries, où elle met en mou- 
vement les pompes qui servent au transvasement 
des masses liquides ; dans les papeteries, où elle 
fait fonctionner les machines laveuses et blanchis- 
seuses du papier; dans les tuileries, dans les fabri- 
ques de literies, de pianos, où elle scie le bois, le 
découpe en arabesques de toutes formes ; dans les 
fabriques d'orfèvrerie, à la Monnaie, où les presses 
d'Uhlhorn, perfectionnées par Thonnelier et mues par 

* Turgan, Grandes usines de France. 



332 LA VAPEVn. 

la vapeur, frappent jusqu'à 2,400 pièces à l'heurfi; 
dans les fabriques de tabac, de chocolat, et enlin, 
flans cent autres opérations industrielles qui out 
besoin d'un moteur puissant, régulier, rapide, coo- 
tiou- 

Mais il est deux grandes industries où la vapeur 
joue un rôle d'une importance immense ; dans les 
fabriques de lissu, les filatures, ces pourvoyeuses 
de vêlements du genre humain tout entier ; puis 
dans l'imprimerie typographique el lithographique, 
qui nous donne l'aliment intellectuel sous sa forme 
la plus assimilable, le livre cl le dessin. 

Ici, je ne puis entrer dans les détails lecliniques, 
ce serait d'ailleurs sortir du sujet. Mais quelques 
données de statistique comparée montreront quels 
services a rendus, el rend tous les jours la vapeur à 
la production, dans ces deux branches de l'industrie 
contemporaine, 11 est vrai de dire que ce n'est pas 
le moteur seul qui a contribué à leur développe- 
ment. L'invention de métiers nouveaux, de méca- 
nismes sans cesse perfectionnés pour les opérations 
si délicates et si compliquées de la filature et de la 
fabrication des tissus, a été, sur ce point au moins, 
aussi favorable que l'application de la vapeur. 

Voici ce que dit Ji cet égard M. F, Passy, dans une 
de ses conférences sur les machines : 

« Qu'était-ce, il y a quelques siècles, que le coton ? 
La matière première des mèches à chandelle. Quel- 



m La m; 



U VAPEUR DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE. 333 

ques balles, importées accessoirement par les Véni- 
tiens et les Génois, suffisaient à cet usage. Plus tard, 
vers 1430, on eut l'idée d'employer cette substance 
à la confection d'étoffes grossières, dans le genre 
des fulaines flamandes, et quelques armateurs de 
Bristol et de Londres commencèrent à l'envoyer 
chercher directement dans le Levant. Jusqu'au der- 
nier tiers du siècle dernier, cependant, époque de 
l'apparition des grandes inventions d'Ilargreaves et 
d'Arkwright, ce n'était, en Angleterre même, qu'une 
industrie de peu d'importance, à laquelle suffisaient, 
tant pour la filature que pour le tissage, 7 à 8,000 ou- 
vriers à peine. En 1773 encore, quoique la fileuse 
mécanique d'Ilargreaves, la Spmiing jenny, datât 
de quelques années déjà, la trame seule était en 
coton, faute de fils convenables pour la chaîne, qui 
se faisait en fils d'Allemagne ou d'Islande. Ces fils, 
d'une force et d'une torsion que ne pouvait procurer 
la fileuse d'Hargreaves, n'ont été qu'alors obtenus 
en coton par le métier continu spmiing frame, et ce. 
n'est qu'en 1779 que ce qu'on a nommé la muU 
jenny a sérieusement commencé l'ère de la fabri- 
cation mécanique. L'usage de la vapeur ne s'est in- 
troduit que vers i 820 ; le tissage à la main n'a déci- 
dément cédé la place que quinze ans plus tard ; et 
ce n'est que plus récemment encorfe que le mé- 
tier renvideur, le métier à la Jacquart et la pei- 
gneuse d'Heillmann sont venus apporter à l'indus- 



331 U Ï.VI'ELIl. 

Ilic unglilisc ses derniers lïlémenls de puissance. 
« Or écoulez quelques-uns des cliil'fres de la pro- 
duclioii et du Iravail à ces diverses époques. Dés 
1787, moins de vingt ans après le début des ma- 
chines, unecnqufïle se fait. Au lieu dos 2, 700 tisseurs 
et des 5,200 fileurs de l'époque du petit rouet, 
elle accuse 247,000 tisseurs et 500,000 fileurs : 
352,000 ouvriers au lieu de 7,900! Qui avait lait 
surgir celle armée do travailleurs, sinon la inéea- 
nique qui Faisait appel à ses bras ? Sans être aussi 
rapide, le mouvement ne s'est pas arrêté depuis; 
et, en 1861, le personnel de la grande industrie, à 
lui seul, dans les 2,715 fabriques du Royaume-Uni, 
comprenait plus de 400,000 individus. 11 dépassait 
800,000 selon M. Daines, avec les industries laté- 
rales, telles que le tulle, l'impression sur étoffes, 
la bonneterie, etc. Et pour avoir le total des per- 
sonnes directement ou indirectement occupées par la 
manufacture ( transport, bâtiments, maciiines, etc.), 
il fallait aller au chifi"i-e énorme de 2 millions, soit 
le quatorzième de la population totale ! 11 ne fallait 
pas moins, en effet, pour construire, pour placer, 
pour alimenter et pour diriger les 5i7,000 métiers, 
mi^ en mouvement par plus de 265,000 chevaux de 
vapeur, et par prés de 10,000 chevaux hydrauliques, 
entre lesquels se rôpartissait cette production ; et 
l'accroissement de la force motrice, quoique beau- 
^Wup plus rapide que celui du personnel, n'avait 



LA VAPEUR DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE. 335 

cessé de provoquer raccroissement de celui-ci. » 
En prenant l'ensemble des induslries de filature 
et de tissage (il ne s'agit plus haut que du coton) 
c'est 720,000 , métiers, 36 millions de broches, 
400,000 chevaux-vapeurs ou hydrauliques. Et 
puisque nous en sommes à cette question de l'ac- 
croissement de travail produit par les machines, 
disons tout de suite que, d'après un ingénieur an- 
glais, M. Feyburn, le nombre total des chevaux- 
vapeurs employés en Angleterre atteint le chiffre 
énorme de 3,650,000, équivalant au travail de 76 
millions d'ouvriers. 

On voit quelle part la vapeur a dans ce dévelop- 
pement industriel, et en particulier dans celui do 
l'industrie des tissus. Cette part n'est pas moindre 
proportionnellement dans les centres industriels de 
France, d'Allemagne, des États-Unis, du monde en- 
tier; car partout où une industrie se développe ou 
se crée, c'est à la machine à vapeur, presque tou- 
jours, qu'on fait appel. C'est l'auxiliaire le plus 
puissant, le plus universel du travail manufac- 
turier. 



r 



Quelques mois niainlonanl de l'application delà 
vapcnr à l'imprimerie. 

C'est en novembre 1814, au moyen d'une presse 
invenlucpar F. Kœnig, qu'eurent lieu les premiers 
tirages de feuilles imprimées par la vapeur. Le 
journal anglais le Times avait eu l'honneur et le 
profit de ce premier essai, qui permit d'obtenir 
1,000 exemplaires à l'heure. A'oicî ce que dit M, A,F- 
Didot de cette application dans son Essai sur la 
tyiwjraplM -. 

« Dans cette machine, la /orme ou châssis conte- 
nant les types, passe horizontalement par un mou- 
vement de \a-el-vient sous le cylindre d'impres- 
sion sur lequel la feuille de papier est enroulée et 
retenue par des cordons. Dans l'origine , l'encre, 
chassée par un piston de la boîte cylindrique placée 
au sommet, tombait régulièrement 'sur deux rou- 
leaux de fer qui la communiquaient à une série 
d'autres rouleaux, dont les deux derniers en cuir 
l'appliquaient sur les caractères. Une importante 
amélioration fut le remplacement du cuir, dont les 



LA V\[>Elll ItASS i'ISDUSTlUB MAHCFACTDniÈllK. 57)7 
rouleaux étaient d'abord recouverts, par uni; coui- 
position de colle forte et de mélasse, formant une 
substance élastique trcs-favorablo àl'impression des 
caractères. La prise d'encre et sa distribution furent 
postérieurement améliorées. Ënûn, M. Kœnig réunit 
deux machines semblables, de manière à pouvoir 




imprimer un journal des deux côtés à la fois. La 
feuille, conduite par les rubans, était portée d'un 
cylindre à l'autre en parcourant te chemin dont ta 
lettre S, couchée horizontalement m , donne l'idée. 
Pendant sa course sur les cylindres, la feuille rece- 
vitit sous le premier rylindro l'impression d'un 




k 



33S L,\ TArEUll. 

vMk. et sous le second cylindre, elle rc'ce\ai( l'im- 
|(i-ession sur le denxiéme côté. Maïs il faut avouci' 
qu'en i81i, lorsque M. Bentley nie montra cette ad- 
mirable et immense machine, encore fort com- 
pliquoe, le second ciit6 de la ieuille (la retà'ation) 
ne tombait pas exartcment en regintre. 

« Ce n'est qu'après de longues recherches que 
MM. Âpplegulh et Cowpcr sont parvenus à donner ii 
leur presse mécanique un tel degié de perfection, 
que la feuille conduite parles cordons, après avoir 
reçu la première impression, passe cJu premier 
cylindre sur deux tanibours en boisqui la retournent. 
el va s'appliquer sur la contour d'un second 
cylindre avec une telle précision qu'elle rencontre 
les types de la seconde forme, juste au même poinl 
où se trouvent imprimés du côlc opposé les carac- 
tères de la première forme, après quoi elle vient se 
déposersurune table placéeentreks deux cylindres, 
où un enfant la reçoit et l'empile. » 

Veut-on savoir à quel degré de rapidité l'impi^- 
sioii est parvenue grâce à l'emploi des presses mé- 
caniques mues par la vapeur? Voici quelques faits 
caractéristiques à cet égard. 

La presse d'Applegalh, à huit cylindres, employée 
a l'impression du rimtslournim,52û exemplaires 
à l'heure. Le JVeiu-yorÂ: Sun, journal américain im- 
primé par la presse Hœ, dont chaque page comprend 
huit colonnes renfermanlciiiicnnedeux cents lignes 



LA VAPEUR DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE. 341 

de quarante lettres, tire 16 à 20 mille épreuves à 
l'heure. Le cylindre central sur lequel s'applique la 
forme a 6 mètres de développement; huit autres 
cylindres, comme dans la presse d'Applegath, se 
chargent successivement des feuilles, et les impri- 
ment sur huit faces différentes du cylindre central. 
A l'aide de 1 6 ouvriers, deux par cylindre, on obtient 
une quantité de travail qui eût jadis exigé plus de 
300 pressiers. 

Ajoutons que si, l'impression mécanique était 
jadis inférieure, au point de vue de l'art typogra- 
phique, à l'impression faite au moyen de l'antique 
presse à bras, aujourd'hui elle a été tellement per- 
fectionnée que les amateurs les plus difficiles au- 
raient de la peine à distinguer les produits des deux 
modes d'impression. 

Depuis quelques années, la lithographie emploie 
la vapeur et des presses mécaniques qui, jusque là, 
avaient été réservées à la typographie. Les résultats 
obtenus sont remarquables, et la rapidité du tirage 
est venue apporter une économie importante à une 
industrie que la concurrence des produits typogra- 
phiques menaçait sérieusement. 

Terminons cette revue rapide des innombrables 
applications de la vapeur par quelques nouvelles 
données de statistique générale bien propres à 
montrer la vérité de cette assertion : que la vapeur 



M2 LA VAPEUE. 

esl l'origine lie la plus ft-cunde révolution qui ail 
jusqu'ici transforniL' la produclion liumaîne, et à 
justifier le nom de siècle de la vapeur qu'on donne 
quelquefois à notm époque. 

En i865, la France possédait un lolal de !9,724 
machines à vapeur, douées ensemble d'une force do 
2(2,209 chevaux. Dans ce nombre ne sont point 
comprises les machines locomotives, dont le chifTre 
dépassait 4,000. C'est, pour noire pap, un accrois- 
sement de puissance producfrice équivalant à une 
population active de plus de 5 millions d'ouvTÎers, 
résultat cerlainement dépassé aujourd'hui. A Paris 
seulement, on comptait à la même époque 1,189 
moteurs à vapeur d'une force totale de 9,789 che- 
vaux ; et en y comprenant la banlieue (dans le seul 
département de la Seine) il y avait 2,480 machines 
d'une force de 19,150 chevaux. Le mouvement, sur 
les voies ferrées, des voyageurs et des marchandises 
accroîtrait dans une forte proportion les services 
que, d'après les chiffres qui précédent, la vapeur 
rend à notre pays. 

Les chiffres nous manquent pour l'indusiric ma- 
nufacturière des autres pays d'Europe et d'Amé- 
rique. Mais on peut se faire une idée de ce qu'ils 
peuvent être en considérant l'immense développe- 
ment qu'a pris le réseau des chemins de fer dans 
le monde entier, réseau sillonné nuit et jour par 
la vapeur, celui que tend à prendre de plus en plus 




LA >APEUR DAKS L'INDUSTRIE MAISIIFA€HJRÎÈRE. 343 

la navigation à vapeur sur les mers, les lacs et les 
fleuves. 

En 1867 déjà, la longueur totale de toutes les 
lignes de fer exploitées sur le globe atteignait 
156,663 kilomètres, près de seize fois la circonfé- 
rence entière de notre planète. Depuis, TAmérique 
du Nord, à elle seule, a augmenté son réseau de 
20,000 kilomètres, la Russie, de plus de 6,000 ki- 
lomètres; presque partout, de nouvelles lignes ont 
été construites ou commencées; les locomotives 
répandent maintenant leurs panaches de vapeui* 
dans les Indes, en Australie, jusqu'au Japon, et les 
steam-boats sillonnent toutes les mers. La marine, 
en effet, a suivi l'exemple de Findustrie manufac- 
turière et de celle des transports terrestres, sur une 
moindre échelle à la vérité, mais dans une propor- 
tion qui va toujours grandissant. 

En Europe, sur 100,000 navires formant à peu 
près le total ^es bâtiments de la marine marchande, 
on compte 4,500 navires à vapeur; mais il faut 
ajouter qu'en général le tonnage de ceux-ci dépasse 
de beaucoup le tonnage des bâtiments à voiles. 
Ainsi, en France, tandis que le tonnage moyen des 
navires à voiles est de 60 tonneaux, il atteint 
280 tonneaux dans les navires à vapeur. 

Ce qu'il faut remarquer d'ailleurs, c'est que le 
développement de la circulation ou de la produc- 
tion par la vapeur, loin de nuire à celui des anciens 



W l.\ VAPLIUI. 

modes de transport ou de travail, semble l'activer 
encore. Par exemple, l'ouverture d'une voie ferrée 
dans uu pays agricole ou industriel surexcite le 
trafic, suscite la création de nouveaux chemins, de 
nouvelles routes, muUiplie la circulation par les 
clicvauxet les voitures, et si elle déplace ou remplace 
momentanément quelques industries voiturïôrcs. 
rlle ne tarde pas à leur donner d'autres issues. Fa- 
vorables en somme à la richesse générale. 



Nous venons de signaler les bienrails dont la civi- 
lisation est redevable à l'invention de la machine à 
vapeur et à l'introduction progressivement crois- 
sante de ce moteur puissant dans toutes les indus- 
tries. 11 faut maintenant faire la part des malheurs 
qu'elle a occasionnés et dont nous lisons de temps à 
uulre, dans les journaux, les récits lamentables. 
Chaque médaille a son revers. L'explosion des ma- 
cliines a vapeur, dans les usines, sur les chemins 
de l'er, sur les bateaux cause chaque année un cer- 
Laui nombre de victimes. Est-ce un tribut forco que 
l'humanité doive payer toujours comme une sorte 
de triste compensation à tous les progrès qu'elle 
doit à la science? 

Toutes les explosions de machines à vapeur ont 



lA VAPEUR DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE. 345 

en réalité une cause unique : pour une raison ou 
pour une autre, la pression de la vapeur produite 
dans la chaudière dépasse la limite de la résistance 
des parois ; le métal se déchire, éclate sous la force 
irrésistible du fluide, et en projetant ses débris ac- 
cumule dans son voisinage les ruines et les victimes. 
Aux effets mécaniques de cette projection terrible 
se joignent ceux qu'une masse de vapeur à une 
température élevée ne peut manquer de déterminer : 
le chauffeur, les ouvriers ou les ingénieurs, toutes 
les personnes en un mot qu'atteignent les débris 
métalliques ou la vapeur brûlante sont horrible- 
ment blessés, broyés ou brûlés. 

Quelles sont les causes de l'explosion? Nous ve- 
nons de le dire. Un accroissement anormal de pres- 
sion, peut provenir lui-même des causes suivantes : 

l"" Abaissement du niveau de l'eau, qui a pour 
conséquence une élévation de température des sur- 
faces métalliques soumise à l'action des gaz incan- 
descents du loyer, sans être refroidie intérieure- 
ment par l'eau de la chaudière. Ces surfaces arrivent 
à la température du rouge ; leur résistance décroît, 
elles se déforment et se déchirent. Le danger est 
plus grand encore, si alors Talimentatiori delà chau- 
dière amène brusquement à leur contact l'eau qui 
se transforme en vapeur dans des conditions anor- 
males. La surproduction de vapeur qui en résulte 
suffît pour déterminer l'explosion. 



) 



TABLE DES GRAVURES 



1 . Les moteurs animés. Le manège 7 

2. Les moteurs animés. La diligence 8 

3. Les moteurs animés. Chevaux de lialagc * 10 

4. La force du vent. Le navire à voiles il 

5. Force du vent. La brouette chinoise 12 

6. La force du vent. Le moulin 13 

7. Denis Papin 20 

8. Première machine à vapeur de Papin , . 21 

9. La force de la vapeur. Touage et remorquage sm^ les ri- 

vières. . , 29 

10. Première phase de rébullition. L'eau chaude 36 

11. Ébullition de l'eau dans le vide 40 

12. Ébullition de Teau parle refroidissement 41 

13. La marmite de Papin, ou Nouveau digesteur 45 

14. Phase de rébullition complète. Les bulles crèvent à la 

surface 40 

15. Expérience de Donny sur l'ébuUition de l'eau purgée 

d'air » 55 

16. Loi de formation et de tension de6 vapeurs dans le vide. 60 



\ 



352 TABLE DES GRAVURES. 

17. Faisceau barométrique. Inégalité des tensions maxima 

des vapeurs de différents liquides à la même tem- 
pérature 04 

18. Éolipyle d'Héron 8G 

19. Appareil de Salomon de Caus .....' gg 

20. Organes essentiels de la machine à vapeur moderne . . 91 

21. Chaudière à deux bouilleurs d'une machine à vapeur. 

Vue extérieure 100 

22. Chaudière à deux bouilleurs, coupe transversale. ... 101 

23 Chaudière à deux bouilleurs, coupe longitudinale ... 403 

24. Cheminée de machine à vapeur; vue extérieure et coupe. 408 

'i5. Indicateur du niveau d'eau, à tube de crisl al 117 

26. Flottem^ d'alarme 118 

27 . Flotleur d'alarme de Bourdon j 19 

28. Flotteur indicateur à cadran 120 

29. Flotteur magnétique de Lethuillier-Pinel 121 

30 . Soupape de sûreté de Papin , , 122 

31. Manomètre à air libre 421 

32. Manomètre à air libre, à branches multiples 125 

33. Manomètre à air comprimé 126 

34. Manomètre à air comprimé à tube conique 126 

55. Manomètre métallique 127 

36. Chaudière en tombeau de Watt 152 

37 . Chaudière Farcot, à bouilleurs latéraux 155 

38. Chaudière tubulaire marine à retour de flamme. Coupe 

transversale 137 

39. Chaudière tubulaire marine à retour de flanune. Coupe 

longitudinale 158 

40. Chaudière à circulation de M. Belle ville 159 

41. Piston à ressort I47 

42. Piston suédois , I47 

43. Coupe longitudinale d'un cylindre 14g 

44. Phases diverses du mouvement de va-et-vient du piston 

et du tiroir 150 

45. Soupapes de distribution de Watt 152 

46. Distribution de la vapeur. Tiroir à piston 153 



TABLE DES GRAVURES. ' 353 

47. Distribution de la vapeur. Tiroir en D 154 

48. Système de détente de Glapeyron. Tiroir à recouvrement. 159 

49. Système de détente de Veyer 159 

50. Système de distribution et de détente de Woolff. Vue ex- 

térieure des deux cylindres 160 

51. Coupe des deux cylindres, dans le système de détente 

de Woolff 161 

52. Principe de la transmission dans les machines à balan- 

cier 165 

53. Parallélogramme articulé de Watt 166 

5i. Courbes décrites par les points d'articulation des tiges du 

piston et la pompe d'épuisement 168 

55. Régulateur de Watt, à force centrifuge 170 

56. Régulateur Farcot à tiges croisées 172 

57. Régulateur Flaud 173 

58. Excentrique déterminant le mouvement du tiroir. . . . 174 

59. Machine à balancier de Watt 175 

60. Machine à vapeur veiti cale 179 

61 Machine à vapeur verticale. ' 185 

62 . Machine à vapeur à cylindre horizontal et à transmission 

directe 181 

65. Cylindre, manchon et bielle delà machine à fourreau de 

Penn 184 

64. Machine à vapeur à cylindre oscillant 185 

65. Machine à vapeur rotative de Behrens . 189 

66. Phases diverses d'un mouvement complet dexotation. . 193 

67. Machine à vapeur de Savery (1696) 207 

68. Machine à vapeur atmosphérique de Newcomen (1705). . 210 

69. James Watt» d'après le médaillon de David (d'Angers). . 217 

70. Fullon 224 

71 . Premières hélices de Smith. Hélice simple d'un pas en- 

tier; hélice double d'un demi-pas 236 

72. Hélice à deux et à quatre ailes 236 

7B. Cadre de l'hélice à l'arrière du navire 237 

74. Chaudière tubulaire à retour de flammes de l'Isly. Coupe. 239 

75. Chaudière marine tubulaire à retour de flanunes. Coupe. 240 

23 



358 TABLE DES MATIÈRES. 

Influence de Là pbessiok EXTiaiECRB sur , »rf«^ 
tion dans le vide. — Faire bouillir de l'ea ' miuu- 

sant.- Température de l'ébullition sur J^ ^" refroidis- 
possibiUté de faire du Ihé sur les Alpes _ ^"*''^^' '™- 
dessus de 100* ; le digesteur de Papin ' **"Hition au- 



39 



47 



III 

FORCE ÉLASTIQUE OE LA VAPfiun 

Élude plus intime du phénomène de rébull'f' 

tension de la vapeur, pendant l'ébullition A«f ^a i"~. ^ 
X.X • ¥ « ' ^^ GgraJe à la 

pression atmosphérique. — Influence de la pureté d r 

sur la température de Tébullition; Influence de 1 ^^ 

du vase : ébuUition dans les vases en vPi>fA a , ^^^ 

^ciic, aans les vases 
métalliques; expériences de Deluc, de Donny. ^ ÉbuliiU 
de l'eau purgée d'air ° 

Force ^lastiode ou tension de la VArEca. — Sa mesure j '-h 

formation et tension des vapeurs dans le vide. Te * 

maximum et saturation. — Variations de la tension maxi- 
mum avec la température; énoncé des lois de DaKon —1 
Échelle des tensions depuis 20» au-dessous de 0», jusgu'à 
230» au-dessus. — Tensions de diverses vapeurs to 

IV 
LA VAPEUR O'EAU DANS L'ATMOSPHËRE 

Formation de la vapeur dans l'air ; ses lois sont les mêmes que 
dans le vide; mais le passage de l'eau à l'état gazéiforme est 
beaucoup plus lent - . 

La vapeur d'eau a la surface du sol. — L'eau à la surface de la 
terre : les mers, les lacs, les cours d'eau. -— Évaporation 
continue ; nuages; brumes et brouillai^ds. — 11 ne faut pas 
confomire la vapeur d'eau et les nuages; la véritable vapeui* 



TABLE DES GRAVURES. 355 

107. Bac à vapeur de la Glyde 322 

108. Pompe à incendie à vapeur, système Herryweather. . . 323 

109. Coupe du cylindre d'un marteau pilon 324 

110. Vue d'ensemble d'un marteau pilon 325 

111 . Marteau pilon de la iorge des grosses œuvres, au Greuzot. 329 

112. Presse mécanique à vapeur 337 

113. Presse mécanique mue par la vapeur *. . 339 



TABLE DES MATIÈRES 



PREMIÈRE PARTIE 
LA VAPEUR 

Introduction 1 

1 

QU'EST-CE QUE LA VAPEUR ? 

Idées des physiciens et des chimistes sur la vapeur, il y a cent 
ans. — Définition de la vapeur, dans VEnqfclopédie. — 
Hypothèse de Bossut 31 

II 

COMMENT SE FORME LA VAPEUR 

L*eau se réduit spontanément en vapeur à toute température. 
— Évaporation à la surface. — Ébullition de Teau ou vapo- 
risation interne ; Teau chante. — Constance de la tempé- 
rature pendant l'ébullition 35 



* 



TAULE l>ti HATIÉHëS. 
iisï 1 ïiMitB. — Invention Ui' la luachine b 
— Transfonnalion de la macliine a épuisement 
liversel. — Le conden»eur, — Le rëi^ulaleur 3 
ge. — Immeuae ^couoniie do uombuatibic. ré- 
iTention du condenseur. — Emploi de la dé- 



i APPLICATIONS DE LA MACHINE A VAPEUR 



Ipvgo hàtorlque for l'hTentioii 'd« U navigition i n^Kur, 

— Prwtif» «mil, depujg Pipin jmqg'à Fulton. — Pramièr 
Mnice régulier de navigation à vapenr, entre ilban; et 

New York; le bateau ir; C/crmonf 

la utejlux et siiinea 1 vipedh a iukj. — Les roues à palettes 
chez Us anciens. — Aoues à aubes mues par la force muscu- 
laire des aniiuaux. —Roues à palettes des baleaui àvspeur. 

— Disposition du mécanisme. — Avantages et iDConvénients 
des propulseurs i aubes 

Les DATEiDi ET NAvints 1 virEDR 1 irfLicE. — Ce que c'est que 
l'hélice. — Avantagea de l'hélice sur les roues à aubes, prin- 
cipalement dans les navires de gueiTe, — Aperçu historique 
sur l'invenlion de l'hélice. — Smith et Ericson. — In- 
Duenco de l'invention de l'hélice tut la transformation de la 
marine militaire à voiles en marine à vapeur 

CaADmiaES et iioiikes mietbes. — Des types do macbiiie; em- 
ployés dans la navigation à vapeur. — Forée nominale. — 



TABLE D£S MATIÈRES. 363 

Emploi des chaudières tubulaires. — Machines horizontales 
à deux et à trois cylindres. — Disposition des machines et 
des chaudières sur les navales à aubes ou à hélice 238 

H 

LA VAPEUR SUR LES CHEMINS DE FER 

Premières voitures à vapeur : la voiture de Cugnot. — Oli- 
vier Evans, Trewitick et Vivian. — Essais de locomotives à 
vapeur sur les chemins de fer. — Invention de la chaudière 
tubulaire ; Marc Séguin et Stephenson. — La Fusée .... 258 

La locomotive. — Description de la locomotive. — Le généra- 
teur; chaudière tubulaire. — Étendue considérable de la 
surface de chauffe. — Mécanisme moteur 269 

l'iuNcipAux TYPES DK LOCOMOTIVES. — Clas>ification selon le ser- 
vice. — Machines à grande vitesse, à voyageurs : type Cramp- 
ton. — Machines à petite vitesse, à marchandises : type 
Engerlh. — Locomotives mixtes. — Machines pour fortes 
rampes 275 

III 

LES VOITURES A VAPEUR OU LOCOMOTIVES ROUTIÈRES 

Difficultés de la locomolion à vapeur sur les routes ordinaires. 
— Premiers essais de voitures à vapeur. — Systèmes Lotz, 
Larmanjat et Thomson. — Résultat des plus récentes expé- 
riences '286 

IV 

LA VAPEUR DANS L* AGRICULTURE ET LES CONSTRUCTIONS INDUSTRIELLES 

La locomobile. — Caractères distinctifs des machin es fixes, des 
machines marines, des locomotives et des locomobiles. — In- 
troduction et usages delà locomobile. — Le labourage à va- 
peur. — Description d'une locomobile 298 



r 



TAULE DES UATIÈBES. 



ses de la vspeur. — Ëpuiseoient des n 
— rompbi ir l'aliinentstion des rései-yoirs et la distri- 
''ùa de l'eau dsns les villes : nouvelles pompes il feu de 
illot. — Ti'araux de dessèchement dfs marais et des lacs; 
iner de llarlcm, — Dragage à vapeur au canal de Suez. 
'inies, monle-cliarges et sonnettes à vapeur. — Le bac de 

le. — Pompes ï incendie & vapeur 

niasLi aniiiuE iiumiTRiE. — Fabrication du fer; (orge 

grosses pièces. — Le marteau pilon. — Les macliitiea 

.ils. — La vapeur dans les lilatures et dans l'industrie du 

tissage. — Immense développement de ces industries, depuis 

l'iiitroduclion de la macliiiio ï sapeur 

Premières presses typographiques à vapeur. — Presses 
d'Applegalh. — Rapidité du tirage obtenu a l'aide deu pres- 
«cd mécanii]uesmu«cparla rapeur i 

ElPLaSIOMS DES HICUBIS i ItttW ■ 



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