LA
Verrerie en Gaule
sous L'EMPIRE ROMAIN
PAR
MORIN-JEAN
ARCHÉOLOGUE DIPLÔMÉ DE L'ÉCOLE TU LOUVRE
LAURÉAT DE l' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE FRANCE
OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 353 GRAVURES, DE 10 PLANCHES HORS TEXTE DONT 4 EN COULEURS,
d'après LES DESSINS ET LES AQUARELLES DE l'aUTEUR
Préface de ERNEST BABELON
MEMBRE DE L'INSTITUT
PARIS
SOCIÉTÉ DE PROPAGATION DES LIVRES DART
Siège social : Cercle de la Librairie
Secrétariat général : Rue Royale, 10 • PARIS (8)*.
1922-1928
LA
Verrerie en Gaule
sous L'EMPIRE ROMAIN
EDITION IMPRIMÉE
POUR LA
SOCIETE DE PROPAGATION DES LIVRES D'ART
I I
LA
Verrerie en Gaule
sous LEMPIRE ROMAIN
PAR
MORIN-JEAN
ARCHEOLOGUE DIPLOME DE L ECOLE DU LOUVRE
LAURÉAT DE l' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE FRANCE
OUVRAGE ILLUSTRE DE 03J GRAVURES, DE lO PLANCHES HORS TEXTE DONT 4 EN COULEURS,
d'après LES DESSINS ET LES AQUARELLES DE L'aUTEUR
Préface de ERNEST BABELON
MEMBRE DE L INSTITUT
PARIS
SOCIÉTÉ DE PROPAGATION DES LIVRES D'Air
Siège social : Cercle de la Librairie
Secrétariat général : Rue Royale, 10 - l'ARIS (8)'.
1922-IQ23
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•3
\
SOCIETE
DE
PROPAGATION DES LIVRES D'ART
FONDÉE KN luGc)
1922-1923
BUREAU
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Révillon.
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Jules l^icoMi;.
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Rothschild.
B'""' James de
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Gustave Rouveyre.
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De Sainte-Marie.
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Gérard Saxdoz.
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Auguste Simon.
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Paul Templier.
Léon Vaguer.
Ferdinand Verger.
Victor Vermorel.
Emile Verxier.
D' Pierre Vizioz.
Vuaflart.
A. Warmont.
D' Frédéric Wurtz.
iM. Ernest BABELON
MEMBRE DE l'iNSTITI'T
Hommage de ma reconnaissance
pour l'accueil sympathique qu'il a bien voulu faire
à cet ouvrage.
MORIN-JEAN.
LETTRE-PREFACE
Cher Monsieur Morin,
Je viens de lire, sur épreuves, l'histoire de la Verrerie en Gaule
sous l'Empire romain, que vous allez livrer au public. J'ai eu tout à
apprendre dans ce bel ouvrage qui traite d'un domaine auquel je suis
à peu près étranger. Aussi, au moment d'écrire cette Lettre-préface que
vous m' avez demandée avec une si flatteuse insistance, je me sens par-
tagé entre le sentiment de mon incompétence qui m'invite au silence et
le désir que j'éprouve de dire publiquement la grande satisfaction
intellectiielle dont vous m'avez fait jouir en m' instruisant si bien de
l'histoire d'ime industrie d' art qui fut si florissante dans notre Gaule.
Si un écrivain observateur faisait la psychologie des amateurs et
des collectionneurs d'antiquités, de notre temps, il trouverait, dans ce
milieu de la Curiosité, bien des variétés originales, mais il placerait à
coup siir au premier rang l'espèce dont vous êtes l'un des représentants
les plus distingués. Votre éducation artistique vous permet de manier
le crayon et le pinceau, si bien que vous ne voyagez point sans rapporter
de vos excursions des albums remplis de croquis, et vous affectionnez
particulièrement sous ce rapport les galeries et les vitrines des musées.
Vos connaissances en érudition vous mettent à même, non seulement
de recourir aux sources classiques, mais de lire et de consulter avec une
parfaite aisance les ouvrages que produit l'érudition allemande. Enfin,
libre de votre temps, vous suivez les ventes, vous choisissez, parmi tout ce
vin PREFACE.
qm passe sous le feu des enchères, des pièces typiques, utiles à une démons-
tration et qui répondent à votre expérience d'archéologue et à votre
goiit d'artiste. C'est ainsi qu'on apprend beaucoup, presque sans y
penser, en contemplant dans votre galerie si bien classée, des échantillons
de l'époque préhistorique, de l'âge du bronze, de la céramique grecque
et romaine et surtout, — ce qui est, malgré votre éclectisme, l'objet de
votre passion préférée, — ces beaux verres irisés, de toutes formes,
dont le merveilleux chatoiement d' arc- en- ciel ou d'ailes de papillons
est une volupté pour nos yeux.
Ce n'est pas tout encore; à cette passion du collectionneur artiste
et savant, vous ajoutez la qualité plus rare de l'écrivain érudit. Vous
savez communiquer au public, pour son plus grand profit, le fruit de
vos observations et de vos recherches, vous synthétisez et dressez en
tableaux les transformations graduelles des industries d'autrefois,
dont vous avez collectionné et étudié avec tant de conscience les produits
partout disséminés. L'artiste et l'amateur se doublent en vous de l'histo-
rien qui expose les faits « sans fioritures littéraires » , comme vous dites
quelque part, mais avec clarté, méthode, compétence. Ceux qui vous
connaissent et ceux qui vous liront seront d'accord pour reconnaître
qu'il est biert rare que toutes ces qualités qui se complètent l'une
l'autre et s' entr' aident, se trouvent réunies dans les productions de
l'érudition archéologique.
Voiis avez déjà fait fait vos preuves en ce genre par la publication
d'un beau livre sur la Céramique grecque : I^e desLin des animaux en
Grèce d'après les vases peints. Cette étude approfondie sur les procédés
des dessinateurs industriels dans l' antiquité, écrite par vous, illustrée
par vous de plus de trois cents dessins exécutés directement sur les
originaux, nous a montré qu'un animalier ionien ne dessinait pas
comme un animalier corinthien, ni un aitique comme un béotien.
Ces décorateurs de vases, tous idéalistes et cojiventionnels, n'interpré-
taient pas la nature de la même façon : voilà surtout ce que vous avez
PRÉFACE. IX
voulu démontrer dans ce travail que l'un de nos maîtres les plus auto-
risés en céramique grecque a jugé « un bon livre » .
Aujourd'hui, vous nous présentez donc votre ouvrage sur la Verrerie
en Gaule avec la garantie de titres déjà consacrés par le succès scienti-
fique. Mais ce nouveau livre est d'un caractère bien différent du précé-
dent. Vous ne vous contentez pas d'étudier un point spécial de l'art du
verrier, comme vous avez concentré vos recherches sur une des particu-
larités du décor des vases peints : c'est un traité complet de V Industrie
du verre soufflé ou des récipients vitreux dans la Gaule romaine, que
vous nous offrez. Désireux avant tout d'être scientifique et de formuler
les principes de l'art et de la technique, il vous a fallu de longues années
pour rassembler les matériaux de cette étude ; vous vous êtes montré
surtout scrupuleusement attentif à ne faire entrer dans votre démons-
tration que des verres trouvés sur le sol de la Gaule, depuis les Alpes
jusqu'à r embouchure du Rhin, depuis l'Océan jusqu'aux Pyrénées.
Vous avez banni impitoyablement, — et cette chasse était semée de dif-
ficultés, — tous les verres qui foisonnent dans nos mtisées avec de
fausses indications de provenance, ou dont l'origine n'est pas sûre,
verres qu'on croit trouvés dans la nécropole voisine, alors qu'ils ont été
apportés récemment en France par des marchands de la Syrie ou de
l'Egypte.
3
Cest sur cette base solide que vous avez établi les deux parties prin-
cipales de votre étude : la morphologie des récipients de verre et leur
classement chronologique. Dans le tableau des formes, où vous ana-
lysez jusqu'à ijg variétés typiques, vous démontrez que l'industrie
du verre est un art subordonné qui s'applique généralement à imiter
ou à copier les formes déjà courantes dans F orfèvrerie et la céramique.
Dans V établissement si délicat de la chronologie des produits, où vous
avez donné à chaque page des preuves de votre perspicacité critique,
vous faites ressortir l'influence des écoles d'Orient, en dépit de la dis-
tance, sur les écoles de nos verriers des bords de la Moselle ou du Rhin.
X PREFACE.
Vous distinguez, avec les savants allemands, au point de vue de l'art
et de r habileté technique, une première époque romaine qui finit avec
le siècle des Antonins, puis une seconde époque qui commence avec les
Sévères pour se poursuivre jusqu'aux invasions barbares. Dans ces
deux périodes, vous faites ressortir l' enchaînement et la lente évolution
des formes ; vous précisez d'une manière scientifique le moment où
apparaissent dans l'art du verrier des éléments nouveaux de décora-
tion ou d'ornementation, la peinture, l'émaillage, la dorure, le décor
par cabochons, par ciselure en relief, par dépression, par appliques de
fils en festons serpenti formes, par étirage, par bosselures, par pâtes
superposées qui imitent les camées, par résille distante du récipient,
comme dans ces diatreta si curieux qui sont bien le tour de force de
l'art industriel.
Que dirai-jc des chapitres où vous analysez les procédés du moulage
et décrivez les sujets moulés, tels que courses de chars, combats de
gladiateurs, scènes mythologiques et autres, qui se retrouvent si abon-
damment dans les reliefs d'applique de la céramique gallo-romaine?
Et aussi, des chapitres où vous passez en revue la gravure en creux sur
verre, imitation de la gravure sur cristal de roche, qui s'est exercée
à interpréter des scènes païennes et chrétiennes d'un si puissant inté-
rêt ?
Si les musées de Trêves, de Mayence, de Bonn, de Cologne, de
Belgique, aussi bien que ceux de France, vous ont fourni les éléments de ce
traité général, je remarque que c'est de Venise qu'est datée votre Préface.
Vous avez voulu, avant de mettre sous presse, vous rendre compte
de visu des procédés actuels des verriers de Murano qui travaillent encore,
au moins dans certaines officines, avec des méthodes qui passent pour
arriérées et perpétuent au milieu de nous des traditions de technique
plusieurs fois séculaires.
Ces déplacements, ces vérifications sur place, ces notes abondantes,
ces dessins si exacts, ces recherches érudites, cette manipulation délicate
PREI-ACE. XI
de ces précieux monuments, les plus fragiles qui soient au monde, voilà
le secret de ce livre original qui non seulement est, comme on dit ordi-
nairement, au courant de la science et des découvertes, mais qui, par sa
concision et la précision de ses définitions, sera le Standard Work
indispensable aux conservateurs de musées, aux collectionneurs, aux
historiens de l'art. Il est un des meilleurs guides qui aient été composés
sur les diverses branches de notre archéologie nationale.
Veuillez agréer, etc..
E. Babelon.
Paris r ce 14 octobre 1913.
INTRODUCTION (0
I. DÉI.IMITATION DU SUJET. — • 2. DIFFICULTÉ A DÉFINIR LES FORÎIES.
— 3. DIFFICULTÉ A ÉTABLIR UNE CHRONOLOGIE. — 4. MÉTHODE
EiuPLOYÉE : l'Étude d'après les livres et l'étude directe
DES IVIATÉRIAUX ; L'iMPORTANCE DU DESSIN. — 5. CLASSElVIENT
TYPOLOGIQUE DES VERRERIES. — 6. INTÉRÊT DE LA QUESTION.
I. Mon travail n'est pas une histoire générale du verre dans
l'antiquité. Le champ de mes recherches est loin d'être aussi vaste. Je
me suis borné, d'une part, à examiner les récipients vitreux. J'ai laissé
de côté tous les autres monuments de verre tels que : perles, pende-
loques, bracelets, baguettes à fard, vitres, miroirs, émaux et mosaïques.
Parmi les récipients vitreux de l'antiquité, on ne trouvera ici
décrits que ceux qui remontent à la période comprise entre le début
de l'Empire et les grandes invasions germaniques. L,es verroteries
pré- et protohistoriques ainsi que les verres du haut Moj'en-âge sont
par conséquent exclus de cette étude.
D'autre part, je me suis astreint à ne décrire que les spécimens
trouvés en Gaule. Là, je me suis heurté à une difficulté : elle consistait
à définir le champ topographique de mes recherches. Devais-je m'en
tenir au territoire français actuel? Évidemment non. Le mot Gaule
doit être entendu dans un sens moins restreint.
La Gaule que je me suis proposé d'explorer est celle que l'on
trouve déhmitée dans la Notitia provinciarum et civitatum Galliœ,
rédigée après 395, probablement vers le début du \^ siècle. Elle
(i) Rédigée à Paris, en juillet l'jii, cette introduction a été eutiéfemcnt refondue à Venise, à la suite
d'un voyage dans les vallées du Kliin et de la Moselle.
I
2 INTRODUCTION.
laisse la Cisalpine en dehors de son aire géographique, mais elle
embrasse les territoires nordiques qui s'étendent jusqu'au Rhin. Des
centres très importants d'industrie verrière existaient dans le Rhein-
land aux iii*^, iv^ siècles. Les officines établies plus à l'Ouest, dans le
Boulonnais, la Picardie, la Champagne, appartiennent au même
groupe que celle du pays rhénan ; il est impossible de les en séparer.
Mon champ d'étude étant ainsi délimité dans le temps et dans
l'espace, il me restait à savoir comment j'allais procéder pour exa-
miner les produits industriels soumis à mon observation. Un verre
peut être étudié à différents points de vue. On peut considérer
particuhèrement sa forme, sa fabrication technique, sa couleur, son
décor, les marques qu'il porte (i), l'usage qu'on en a pu faire, l'époque
à laquelle on s'en est servi.
Deux d'entre ces points de vue, celui concernant la forme et
celui ayant trait à la datation, ont, semble-t-il, été jusqu'ici quelque
peu négligés par les archéologues. J'ai tenu à m'attacher à eux plus
spécialement. J'ai visé surtout à établir une morphologie et une
chronologie. Je n'abandonnerai pas pour cela l'étude des problèmes
relatifs à la technique et à l'ornementation ; je traiterai dans son
ensemble la verrerie en Gaule sous l'Empire romain, mais avec la
préoccupation constante de donner à la morphologie et à la chronologie-
la. place la plus importante.
2. La morphologie, considérée en dehors de toute préoccupation
de classement chronologique, me mit en présence d'un certain nombre
de problèmes difficiles à résoudre.
A) Les formes des verreries romaines sont-elles particulières à
l'industrie verrière?
B) Les formes des verreries découvertes en Gaule se retrouvent-
elles ailleurs?
(i) Je n'ai pas jugé utile de rédiger un diapitre spécial sur les marques et estampilles de verriers. Ces
marques ont fait l'objet d'études très complètes auxquelles je ne pourrais ajouter que quelques observa-
tions de peu d'importance. Je me contente de renvoyer le lecteur au bon répertoire dressé, d'après le
Corpus inscriptionum latinarum, par Anton Kisa, dans son livre : Das Glas im Altertume, p. 936 et sui\\
INTRODUCTION. 3
C) Comment désigner les formes?
A) Dans l'antiquité, comme aujourd'hui, quand il s'est agi de
procéder à la confection d'un objet quelconque en verre soufflé, on a
pris, parmi les choses plus ou moins usuelles, un modèle et on l'a copié.
L,e modèle n'est ou n'a pas toujours été en verre. Il peut ou a pu être
en métal, en pierre, en bois, eii argile.
Comparativement à la céramique, la verrerie n'arriva à son
complet développement et ne fut capable de produire des récipients
vastes et bien compris, qu'à une époque assez tardive. Il e.st donc
naturel qu'elle ait, en partie, emprunté le répertoire de ses formes
à celui de la poterie (i).
D'autre part, l'orfèvrerie, industrie aristocratique, a fourni des
modèles aux verriers, comme elle en fournissait aux céramistes. Tous
les récipients, qu'ils soient sortis de l'offlcine d'un verrier, de la
boutique d'un orfèvre ou de l'atelier d'un céramiste, forment une
filiation continue et bien mieux établie qu'on ne saurait, au premier
abord, se l'imaginer.
La morphologie des verres est intimement hée à celle des pots
d'argile, des vases en pierre ou en métal. La toreutique et surtout la
céramique mettent à même de connaître ses sources et de saisir sur le
vif les transformations qui la constituent. Il n'existe pour ainsi dire
pas un récipient de verre qui n'ait un similaire en argile ou en métal.
Les verriers eurent surtout pour modèles les vases hellénistiques
dont les formes s'établirent nettement à l'époque des successeurs
d'Alexandre, après avoir eu des origines complexes à la fois grecques
et orientales.
Alexandrie, chacun le sait, est le grand centre où l'hellénisme et
l'Orient se sont amalgamés.
B) Sous l'Empire romain, la civiUsation que nous pourrions appeler
gréco-syrienne et alexandrine s'infiltre et s'impose partout. Le bassin
(i) Par suite de chocs en retour, qui sont si fréquents dans l'antiquité, la verrerie a elle-même, à certains
égards, exercé ime influence sur l'industrie céramique (Voy. Dragendorff, Terra sigiUata dans les
Bonner Jahrbiicher de 1895, fasc. 96-97, p. 122).
4 IXTRODUCTIOX.
oriental de la Méditerranée reste, comme auparavant, le centre le
plus important de l'industrie verrière. Les fabriques d'Alexandrie et
de la côte de Syrie envoient leurs produits sur tous les marchés
européens. La Gaule n'échappe pas à cet envahissement. Sans doute, il
y a eu en Gaule, de très bonne heure, des officines de verriers (i).
Mais elles furent pour ainsi dire des succursales des grandes fabriques
d'Orient et répandirent en deçà des Alpes des produits analogues à
ceux de ces lointains centres de production. C'est seulement à une
époque assez tardive, aux iii<', iv*" siècles, qu'ayant pris dans le Nord
une grande importance, elles acquirent, tout en continuant à subir la
même influence, une personnalité dans la technique de la fabrica-
tion et créèrent quelques formes qu'on ne rencontre pas en Orient.
C) Sur quoi se baser pour donner des noms précis et caractéristi-
ques aux objets dont nous faisons ici une étude spéciale? L'onomas-
tique de la céramique nous est d'un faible secours. Elle est elle-même
loin d'être bien établie. Pour éviter des confusions inévitables, je
désignerai les formes typiques par un numéro. Cette méthode prati-
que, que je ne suis pas le premier à employer, a fait ses preuves. Elle
permet de rester clair malgré l'abondance et la variété des matériaux.
3. Etablir une chronologie des verres romains n'est pas chose
aisée. Il est très difficile de les dater en se basant seulement sur leurs
formes. Les formes ont évolué lentement. Il en est qui se sont main-
tenues sans changement important, pendant toute la période romaine.
Certains archéologues ont daté les verreries d'après les monnaies
qui les accompagnaient dans les tombes. Cette méthode a souvent
conduit ceux qui l'ont employée, à des conclusions erronées (2).
La monnaie donne un tcr)ninns post quem.
Il est certain qu'une tombe renferm.ant une monnaie d'Hadrien
ne peut être d'une époque antérieure à celle où régnait cet empereur,
mais elle peut incontestablement être beaucoup plus récente.
(i) Pline parle de l'établissement des premières verreries en Gaule (Hist. nnt., I.ivre XXXVI, c. 66).
(2) I,es monnaies datent plus sûrement les nécropoles prises en bloc (pie telle ou telle tombe prise
isolément.
INTRODUCTION. 5
Dans une sépulture du eimetière de la rue de lyuxembourg à
Cologne, on a trouvé une monnaie de Julia Domna (morte en 217)
et un grand bronze de Trajan (98 à 117). De deux choses l'une :
ou ce tombeau est du temps de Julia Domna, ou il est postérieur à la
mort de cette princesse.
Or, si, pour une raison ou pour une autre, la monnaie de Julia
Domna en avait disparu et s'il n'y était resté que celle de Trajan, on
se serait trompé d'une centaine d'années au moins en le déclarant
contemporain de cet empereur.
Certaines verreries que des archéologues allemands, trop pressés
de conclure, datent du ii^ siècle, parce qu'elles ont été recueillies avec
des monnaies des Antonins, sont en réalité de la première moitié du
iii^ siècle ; leur technique, leur forme, leur décor, tout empêche de
les faire remonter plus haut.
Une chronologie qui reposerait uniquement sur la qualité et la
coloration du verre serait sujette à caution. En effet, s'il est vrai, en
principe, que le verre est ble\j-verdâtre, comme le sont les produits
alexandrins, aux i'"'", 11*' siècles, incolore au m'', chargé de bulles
d'air et de filandres aux iv*, v*, il peut quelquefois en être autre-
ment.
Les bulles d'air et les filandres sont des défauts de fabrication
qu'on rencontre dans les produits de qualité inférieure, même aux
époques où l'on savait très bien souffler le verre.
Par ailleurs, le verre bleu-verdâtre existe aux iii*^, iv^" siècles à
côté du verre incolore ; on le trouve même à l'époque mérovin-
gienne.
Le classement de la verrerie romaine en verres des tombes à inciné-
ration et verres des tombes à inJmniation, ne permet pas d'établir des
distinctions chronologiques précises. La verrerie typique des sépul-
tures à inhumation se rencontre dans les tombes à ustion de la dernière
période.
En s'appuyant sur le décor des verreries pour établir une classifi-
cation chronologique, on aura chance d'obtenir un résultat plus
6 INTRODUCTION.
probant (i) . En effet, la gravure en creux, le décor en cabochons, l'orne-
mentation en fil serpentant, la peinture, remaillage et la dorure
n'apparaissent dans le travail du verre en Gaule, qu'à des époques
que l'on est parvenu à fixer d'une façon assez précise.
Pour dater la verrerie, il ne suffit pas de la bien examiner. Il faut
encore considérer avec soin les objets d'usage plus ou moins courant
qui ont été placés avec elle dans les sépultures. Ces objets donnent de
plus sûres indications que les monnaies. Les monnaies de naulage, les
oboles à Caron, étaient mises dans la main ou dans la bouche des
défunts à une époque souvent très postérieure à celle de leur frappe ;
les héritiers, sous l'Empire romain, n'éprouvaient pas de scrupule à
payer le passage du Styx de leurs parents morts avec des pièces
n'ayant plus cours et ne soupçonnaient pas Caron d'avoir l'idée d'y
regarder de très près. A3^ant à placer à côté des membres de leur
famille descendus dans la tombe des vases d'argile remplis d'aliments,
ils prenaient, cela va de soi, des récipients faciles à se procurer, des
spécimens de la céramique que l'on fabriquait alors communément.
De même, pour donner au mort un objet de parure, ils se contentaient,
sans nul doute, de disposer, en sa faveur, de la fibule dont il s'était
servi quotidiennement pour attacher son vêtement.
Les poteries et les récipients de métal que les verriers romains ont
copiés peuvent fournir aussi quelques renseignements sur la chrono-
logie des verres. Ils permettent, comme les monnaies, d'établir un
terminus post quem, mais il ne faut pas leur en demander davantage.
La copie, en verre, d'un vase d'argile peut être très postérieure au
modèle dont elle est issue : des canthares de verre du iv^ siècle repro-
duisent, dans leurs moindres détails, les pièces d'argenterie du trésor
de Boscoréale qui appartiennent, on le sait, à la toreutique du i*^r
siècle.
De nombreux écueils sont à éviter pour arriver à procéder à la
(i) Nous avons cherché à savoir si les inscriptions, les sigles, les marques de fabrique n'aideraient
pas à dater les verreries qui en sont pour\Ties. Nos recherches nous ont amené à constater que ces
inscriptions ne renseignent guère à cet égard et qu'on n'en peut tirer que de très vagties indications chro-
nologiques.
INTRODUCTION. 7
datation des verreries ; ces observations en font foi. Le domaine
de rh5rpothèse est vaste et rempli de traquenards ; mieux vaut ne pas
s'y engager.
Il est difficile d'établir, pendant la période romaine, des sub-
divisions nombreuses dans la chronologie de la verrerie. Toutefois,
rien ne s'oppose à ce qu'on répartisse la verrerie romaine en deux
grands groupes correspondant aux deux grandes divisions qui, aux
yeux des historiens, scindent assez nettement l'époque impériale.
Nous appellerons Romain I la période qui va d'Auguste à la fin
de la dynastie des Antonins (+ 192) et Romain II celle qui va de
Septime-Sévère (193 à 211) aux grandes invasions.
Par verres du Romain I, on devra entendre ceux dont les anciens
se servirent couramment au i'"'" et au ii<^ siècles, et par verres du Romain
II, ceux dont ils firent usage au m'' et au iv<^ siècles, à l'époque où des
invasions redoutables et de nombreuses guerres de compétition au
trône amenèrent la décadence de l'Empire.
Entre la verrerie du Romain I et la verrerie du Romain II, il y a
de notables différences qui s'accusent dans la fabrication et la déco-
ration du verre, dans la forme des anses et des pieds des récipients.
4. Pour composer un ouvrage d'archéologie du genre de celui-ci,
il est indispensable de recourir à deux sources distinctes :
A) L'une d'elles est constituée par les livres ;
B) L'autre, par les matériaux conservés dans les collections
publiques et privées.
A) Les objets en verre ont depuis longtemps exercé la sagacité
des archéologues. On a entrepris, ici et là, de les décrire et de les
cataloguer. Ces descriptions et ces classifications sont, pour la plupart,
assez anciennes, et par cela même peu faciles à utiUser.
Les travaux allemands sont en avance sur les travaux français.
Le meilleur manuel sur le verre dans l'antiquité est cehii d'Anton
Kisa (i). Il est indispensable pour toute étude sérieuse. Mais il faut
(i) Das Glas im Altertume, 3 volumes, I,eipzig, 1908.
8 IXTRODUCTIOX.
le lire avec discernertieiit et esprit critique, car, s'il est bourré de
documents intéressants, il est par contre mal ordonné (i) et contient
des erreurs (2).
Une des sources d'information les plus riches est la publication
périodique des antiquaires du Rhin (3) [Bonncr Jahrbikher), qui
paraît à Bonn.
Des ouvrages généraux comme ceux de Deville (1873) et de
Froehner (4) ont beaucoup vieilli. L'archéologue qui s'intéresse à la
chronologie n'y trouve pas son compte.
Il est impossible d'être au courant sans lire les notes prises par les
fouilleurs au cours de leurs recherches. L,es journaux de fouilles des
cimetières romains découverts en Gaule forment un ensemble de
documents considérable. Beaucoup d'entre eux étant dépourvus de
dessins sont malheureusement inutilisables.
Ces comptes rendus ne sont pas tous d'égale valeur. On sait que
les renseignements fournis par certains fouilleurs, Lelaurain est du
nombre, ne valent guère mieux que ceux des marchands. Il n'en faut
faire usage qu'avec une extrême prudence.
Les conclusions formulées par l'abbé Cochet, dont personne ne
suspecte la bonne foi, ne doivent pas être non plus acceptées sans
contrôle. L'abbé Cochet fouillait les tombes de la Normandie entre
1845 et 1866 ; c'est assez dire que ses recherches n'ont pu être faites
suivant les méthodes modernes.
]VIM. Pilloy, Th. Eck, Sauvage et Frédéric Moreau ont exploré les
nécropoles du nord de la France avec le scrupule constant de faire du
travail scientifique ; leurs publications sont des œuvres définitives,
indispensables à consulter.
B) Mon travail n'aurait pas été complet et ne m'aurait pas
(i) 1,'imperfectioii de cette œuvre tient beaucoup, sans doute, à ce que son auteur est mort avant d'avoir
eu le temps d'utiliser, comme il convenait, les matériaux accumulés pour la constituer.
(2) C'est ainsi que, p. 899, fig. 373, la tombe du chef de lIonceau-le-Neuf, découverte par I.ELAtm.'Vix,
est désignée comme étant une sépulture de Vermand, et que, fig. 130, une bouteille à applications venni-
culairesest attribuée au musée de Boulogne alors qu'elle n'a jamais fait partie des collections dï ce musée.
(3) Jahrbuch des Vereins von Altertums freunden im Rheinlande.
) La Verrerie untique (1879) ; Colleeiion J. Gréau (1903).
INTRODUCTION. ' 9
permis d'obtenir des résultats probants si je m'étais borné à consulter
des ouvrages plus ou moins importants. J'étais aussi tenu de recourir
à l'observation directe, d'examiner les matériaux eux-mêmes, d'étudier
la verrerie romaine, non plus d'après des reproductions plus ou moins
jSdèles, mais d'après les originaux, conservés dans les musées.
La méthode d'observation directe empêche de commettre bien des
erreurs ; elle permet d'étayer ou de détruire une argumentation
scientifique, de découvrir des documents différents de ceux auxquels
ou a eu recours précédemment.
Après avoir travaillé à Saint-Germain, au Louvre, au Cabinet des
Médailles et à Carnavalet, j'ai visité, le crayon en main, tous nos
musées de provinces qui contiennent une série de verres romains
assez importante.
Qu'il me soit permis d'adresser ici aux conservateurs de ces musées,
particulièrement à IVIM. Salomon Reinach, IVIichon, Babelon, de la
Tour, de Villenois\^, Georges Cain, Sauvage, de Vesly, Th. Eck,
Michel Clerc, Mazauric, PapiUon, H. IMichel, Dangibaud, et à toutes
les personnes qui, comme MM. Déchelette et Champion, ont facilité
ma tâche par leur gracieuse obhgeance, l'expression de ma plus vive
reconnaissance.
Je ne me suis pas Umité à l'étude des musées français. J'ai examiné
sur place la verrerie des musées de Trêves, de Bonn, de Cologne, de
Mayence, de Bruxelles, de Liège, de Namur (i).
J'ai jugé utile d'élargir le champ de mes investigations en me
livrant à quelques comparaisons sur les formes des verres du Moyen-
âge, de la Renaissance et des Temps modernes. De plus, j'ai fait faire,
sous mes yeux, par les verriers de Murano, des reproductions de
verreries antiques, afin de me famihariser avec la technique du verre
soufflé.
Développer l'illustration, multij)lier les graphiques, les planches,
les tableaux d'ensemble et réduire au minimum le texte expHcatif,
(i) I,es verres de lua modeste collection m'ont servi à comxJéter ma docimieutatiou. J'en publie des
dessins dans cet ouvrage.
2
10 INTRODUCTION.
telle a été ma constante préoccupation (i). Le texte des ouvrages
d'archéologie vieillit, en général, très vite. L'illustration, au contraire,
conserve toujours sa valeur.
J'ai eu le plus grand scrupule de ne dessiner que des monuments
dont la provenance est sûre. Dans ces dernières années, on a mis en
vente des quantités de verres d'Orient qui ont été mêlés à ceux de la
Gaule. Il en est résulté des confusions fâcheuses, et il est même arrivé
que des marchands mettaient une provenance française sur des verres
syriens afin de faire de plus gros bénéfices. Aussi, j'ai écarté les pièces
dont l'origine m'a paru équivoque et j'ai reproduit de préférence
celles qui proviennent de fouilles faites par des archéologues dont
l'honnêteté scientifique est hors de doute (2).
Les reproductions photographiques ont été, de parti pris, et après
mûre réflexion, exclues de cet ouvrage, parce qu'elles n'auraient pas
permis de faire suflîsamment ressortir le caractère des objets.
J'appelle tout spécialement l'attention sur les index qui terminent
ce mémoire :
Index muséographique, dressé par ordre alphabétique de noms de
villes ;
Index bibliographique, dressé par ordre alphabétique de noms
d'auteurs ;
Index général alphabétique.
Tous trois sont indispensables pour faciliter les recherches.
5. J'ai cherché à classer des verres antiques comme l'on classe les
fossiles d'un terrain déterminé.
J'ai procédé du connu à l'inconnu. Si, bien souvent, il m'est arrivé
d'aboutir à un nous ne savons pas, je n'ai pas craint de le laisser voir.
La science ne doit pas adopter des solutions prématurées qui, loin
d'accélérer sa marche, contribuent à l'entraver.
(I) Je n'ai pas voiUu douner à mou texte un aspect littéraire. Les fioritures, très en vogue au temps de
Buffon, ne sont plus de mise aujourd'hui dans la rédaction des travaux scientifiques.
(3) Je me suis efforcé, en dessinant ces pièces, d'observer les règles de la perspective. Il est regrettable
qu'à ce point de vue, un grand nombre de dessins, ornant de récentes et surtout d'anciennes publications,
aient été incorrectement exécutés. •
INTRODUCTION. ii
Il est difficile d'établir un classement méthodique des différentes
formes de verres ; il n'est guère possible, pour y parvenir, de s'appuj^er
sur la chronologie. On ne trouve pas de cloisons étanches entre les
étapes successives du développement industriel. En étudiant de très
près les choses, on en arrive à affirmer qu'il y a lui enchaînement des
types, et non une succession de types.
L'examen des origines t>^ologiques des formes permet de grouper
les verreries romaines suivant leurs affinités ancestrales. En prenant
ce groupement pour point de départ, et en y mêlant d'autres groupe-
ments fondés sur l'analogie de certaines formes, j'ai pu dresser
le tableau de morphologie générale, placé en tête de ce volume.
Ce tableau, qui réduit à 139 types les formes des verres d'époque
romaine découverts en Gaule, est en quelque sorte la pierre angulaire
de mon travail (i) . Il montre que la fantaisie individuelle joue un rôle
minime dans l'industrie des anciens et qu'on peut ramener les produc-
tions de ceux-ci à des formes générales synthétiques autour desquelles
oscillent des variantes (2).
6. Il est superflu, ce me semble, d'insister sur l'intérêt à la fois
scientifique et artistique des travaux consacrés à l'étude des menus
objets fabriqués par les industriels de l'antiquité. Rien n'est négli-
geable en archéologie. Les verreries de peu de valeur, celles que les
anciens achetaient quelques sesterces, doivent nous intéresser au
même titre que les pièces de luxe à la description desquelles quelques
archéologues se sont à tort limités.
(i) J'ai adopté daus la présentation de ce tableau un dispositif analogue à celui des planches I et
II de : Die Vasensammlungen des Museo Nazionale ztt Neapel, par H. Heydemaxx, ou\Tage paru à Berlin
en 1S72. Heydemann ramène à 1S5 tj-pes les formes des vases du musée de Naples. Mais ses planches
sont reliées à l'intérieur du livre. Mon tableau de morijhologie générale a été monté sur un onglet à grand
talon, de façon à ce que, le volume étant ouvert à n'importe quel endroit, il puisse rester déployé sous les
yeux du lecteur.
(2) Les verreries dont la fonuc est tout à fait exceptionnelle n'y figurent pas, attendu qu'elles échappent
à tout classement tj'pologique. Je n'ai d'ailleurs pas songé à reproduire dans ce tableau toutes les formes
de verres trouvés en Gaule. J'ai tenu à n'y mettrequelcs types les plus répandus et les plus caractéristiques.
On ne devra pas oublier que chacun de ces types comporte des variantes souvent nombreuses et qu'il
existe des formes hybrides participant de plusieurs types.
12 INTRODUCTION.
J'ai tenu à ne pas sacrifier celles-là au profit de celles-ci. J'ai visé
à réunir en volume, pour en rendre la consultation facile, des docu-
ments nombreux, disséminés dans des musées plus ou moins éloignés.
les uns des autres, à donner aux travailleurs un fil conducteur dans
leurs recherches, à mettre les industriels, déterminés à ne pas se servir
toujours des mêmes formules, en mesure de modifier heureusement les
formes de leurs produits, de rompre avec de fâcheuses routines, de
trouver des siUiouettes, des combinaisons propres à satisfaire leur
cHentèle et à l'augmenter.
J'ai cherché également à être utile aux conservateurs de musées
désireux de mettre de l'ordre dans les séries d'objets dont ils ont la
garde et soucieux de les rendre aussi intéressantes que possible pour
le public.
La difficulté du travail que j'ai entrepris en excusera, je l'espère,
les imperfections. Des inexactitudes, des oublis seront certainement
relevés dans cet ouvrage (i). Si toutefois des industriels, si des archéo-
logues trouvent quelque profit à consulter mon livre et parviennent
à y glaner des indications qu'il leur serait difficile de récolter ailleurs,
je me considérerai comme suffisamment récompensé des eâ'orts que
j'ai faits pour remplir une tâche ardue et compliquée.
Venise, le S octobre IQ12.
(i) Les verreries romaines découvertes en Gaule sont trop nombreuses pour qu'il soit possible d'en
connaitre la totalité. En dehors des musées publics, où il est facile de pénétrer, il y a des collections privées,
plus ou moins riches, parmi lesquelles les imes sont peu connues, les autres difficilement accessibles. Je n'ai
visité que peu d'entre elles. C'est d'abord celle de II. Ch. M.\gxe, inspecteur des fouilles archéologiques de
Paris au musée Carnavalet. Les verreries recueillies par 51. Jlague nous sont précieuses, car toutes ont été
trouvées à Paris même, quelquefois dans des déblais, mais souvent aussi dans des tombes datées.
C'est ensuite la jolie série de verres appartenant à 'M. Th. Eck, de .Saint-Quentin. Ces verres ont tous
été recueillis par M. Eck lui-même dans la célèbre nécropole de Vermaud et dans celle de .Saint-Quentin.
C'est encore la collection de JI. Cl. Boul.4nger, de Péronne, dent les spécimens ont été publiés par
M. Boulanger, dans son luxueux ouvrage : Le mobilier funéraire.
Ces diverses collections particulières ont été très aimablememt mises à mon entière disposition.
Je suis heureux d'en exiirimer ici à leurs possesseurs ma bien vive gratitude.
Paris, 15 février 1913.
Notions historiques.
Après la découverte du soufflage du verre que les archéologues
sont d'accord à placer au temps de Jules César ( — loi à — 44), l'in-
dustrie verrière prit une grande extension.
Au témoignage des auteurs anciens, les officines d'Alexandrie, de
Tyr et de Sidon étaient alors particulièrement célèbres.
Les produits qui sortaient en masse de ces trois grands centres
étaient écoulés par les Alexandrins vers l'Ouest méditerranéen, en
Italie (Pompéi est une colonie alexandrine), en Espagne, dans le
nord de l'Afrique, à Cartilage, qui était une très ancienne colonie phé-
nicienne, en Gaule où, depuis longtemps, Marseille était en relation
avec les Iles Ioniennes.
De très bonne heure, des verriers s'établirent en ItaHe entre Cumes
et Liternum (i). De là, l'art du verre soufflé se répandit dans tout
l'Empire.
Il semble établi que les récipients vitreux en usage en Gaule
pendant le i^r siècle étaient importés, les uns d'Italie, les autres
du bassin oriental de la Méditerranée. Ce n'est qu'au cours de la
seconde moitié du i^r siècle et pendant le n^, que des officines locales
furent fondées. Ces fabriques, établies surtout dans la basse vallée du
Rhône, étaient entre les mains d'artisans originaires pour la plupart
des grands centres syriens. On y façonnait des verreries qui consti-
tuent des imitations presque serviles des produits orientaux.
Une .stèle funéraire, découverte en 1757, nous apprend qu'un
(i) Von Bissixg, Dans la Revue archéologique, 1908, t. I, p. 219. — PlxsE, Hist. nat., XXXVI, 66.
14 LA \"ERRERIE EN CxAULE vSOUS L'EMPIRE RO^LA.IN.
industriel de Carthage (i), nommé Julius Alexander, opifex artis
vitriœ, fonda, à Lyon, une dynastie de verriers (2).
L'Occident latin fut pénétré des éléments de l'art grec appa-
raissant sous sa forme orientale. Dès le second siècle de notre ère, des
Syriens vinrent se fixer à Vienne, à Lyon, et y apportèrent avec le chris-
tianisme diverses industries, notamment celles du verre et de la soie.
Au début du in^ siècle, l'Empire devint de plus en plus orienta-
lisant. Les allures, les mœurs de la cour étaient alors celles de l'Orient.
Julia Domna (158 à 218), Héliogabale (218 à 222) favorisèrent à
Rome et dans tous les pays soumis à la domination romaine l'exten-
sion du luxe et du despotisme syriens.
Un tombeau d'Alexandrin, découvert à Clermont (Oise), prouve
que les artisans de l'Egypte ne se sont pas contentés d'occuper, en
Gaule, le littoral méditerranéen.
L'immigration, dans les pays situés au nord de la Seine et de la
Somme, de commerçants et d'industriels venus du Sud-Est hellé-
nistique commença de très bonne heure ; mais elle fut arrêtée, dans
la seconde moitié du i"^"" siècle, par l'insurrection des Bataves. A
partir du règne d'Hadrien, lorsque l'ordre fut rétabli, un nouveau
courant d'immigrants se répandit jusque dans les provinces du Rhin.
Les Asiatiques arrivèrent dans ces régions, soit par les vallées du
Rhône et de la Moselle, soit par la voie maritime, en suivant les
côtes de l'Océan et de la Manche.
Aussi le iii^ siècle, amena-t-il en Gaule une nouvelle invasion de
la technique et des formes en usage dans les verreries du httoral de
l'Egypte et de la Syrie. Alors se développa la verrerie plastique, alors
se multiplièrent les verres en forme de têtes grotesques. Ce sont les
Alexandrins, on le sait, qui ont particulièrement développé l'art de
la caricature.
En même temps, l'industrie du verre se déplaçait. Elle tombait en
décadence dans la vallée du Rhône et devenait particulièrement
florissante à Boulogne, à Amiens, à Vermand, à Reims, à Strasbourg,
à Trêves et à Cologne.
( i) Cartilage, au point de vue de l'industrie du verre, peut être considérée comme tme succursale de ïyr.
(2) Gerspach, L'art delà verrerie, p. 19.
NOTIONS HISTORIQUES. 15
Il y a eu à Cologne, aux ni<^, iv*' siècles, une véritable école de
verriers. Elle fit concurrence à Rome et même à l'Orient. On ren-
contre ses produits jusqu'en Rhétie, en Pannonie et en Scandinavie.
A partir de la fin du iii^ siècle, les commerçants de la côte d'Asie
affluèrent dans les vallées de la Moselle et du Rhin. Ils y firent d'excel-
lentes affaires, surtout à Trêves, où la Cour Impériale vint résider à
maintes reprises dans le courant du iv^ siècle.
Saint Jérôme, qui visita la Gaule en 369 et s'initia à l'étude de
la théologie pendant un séjour à Trêves, cette cité, qu'on appelait
la seconde Rome, dit, dans ses commentaires sur Êzéchiel (i), que les
Syriens étaient alors partout et faisaient avec l'Occident le commerce
de l'ivoire, des étoffes, des encens, des pierres fines, du verre, des
peaux, du papyrus, des fruits et de l'huile (2) .
ly'école des verriers de Cologne est v:ne branche rhénane de
l'industrie orientale.
On ht sur des stèles funéraires conservées au musée Wallraf-
Richartz, qu'une famille de Syrie (3), d'abord établie à Viromandum
(Vermand) en Belgique, vint se fixer ensuite à Cologne quand cette
viUe devint la plus prospère du Bas-Rhin (4) .
Jusqu'à une époque très tardive (peut-être la fin du iv^ siècle), les
Syriens de Cologne restèrent en relation :
1° Avec les industriels de la Gaule Belgique, ce qui est confirmé
par la ressemblance qui existe entre les verreries de la vallée du Rhin
et celles de la Picardie et du Boulonnais ;
2° Avec les industriels d'Alexandrie et d'Asie.
Il est donc naturel qu'au iv^' siècle les formes données aux ver-
reries par les ouvriers de Cologne soient à peu près semblables à celles
des verres syriens.
Après la mort de Constantin (337), l'industrie verrière gaUo-
rhénane tomba en décadence.
Mais les officines ne disparurent pas pendant les grandes inva-
(i) Ézéchiel, XXVII, i6, lettre CXXX, 7-
(2) Voy. COUR.I1JOD, Les origines de l'art roman el gothique. — Leçons professées à l'Ecole du Louvre
(1887-1896), publiées par Lemoxxier et A. Michel, p. 325.
(3) I,es noms de C\bircs et d'ATH.\>L\s gravés sur ces pierres sont, d'aprcs Kisa, d'origine syrienne.
(4) AxTOx KiSA, Das Glas im Alterlume, t. I, p. 239.
i6 IvA ^' ERRERIE EN GAUI.E SOUS L'EMPIRE ROilAIN.
sions. Beaucoup d'entre elles continuèrent à fonctionner malgré
les troubles causés par les incursions fréquentes des Francs. EUes
devaient être encore en partie administrées par des Orientaux, car,
jusqu'au temps de Grégoire de Tours et même après lui, les colonies
syriennes de la Gaule furent très florissantes.
On a tort d'établir une profonde lacune, un hiatus entre l'indus-
trie romaine et celle des périodes postérieures à la chute de l'Empire.
Dans leur forme, dans leur décor, dans la manière dont ils ont été
fabriqués, les verres anciens, qu'ils soient romains, mérovingiens, du
Moyen-âge, de la Renaissance ou du XYiii^ siècle, montrent une
tradition ininterrompue.
II
Condition sociale des verriers en Qaule.
Sur la condition sociale des verriers en Gaule, nous n'avons guère
de renseignements.
Au début de l'Empire, l'industrie du verre, encore peu développée,
semble tout entière confinée entre les mains de petits artisans
orientaux, établis dans les viUes de la basse vallée du Rhône, où la
population était très dense et très variée.
La condition sociale de ces artisans devait, mutatis miitandis,
ressembler à celle de ces métèques qui, au v* siècle avant Jésus-Christ,
façonnaient des poteries au Céramique d'Athènes.
Le besoin d'action, l'amour du travail, qui, de tous temps, carac-
térisèrent les peuplades gauloises, poussèrent nos ancêtres à se
joindre à ces artisans étrangers.
Aussi, dès le iii^ siècle, la corporation des verriers de Gaule,
composée de nombreux ouvriers, tant orientaux qu'indigènes, avait
une réelle importance et jouissait de certains privilèges. Jusqu'à la
fin de l'Empire, les Syriens y tinrent une très grande place. C'étaient
des gens vifs, intelligents, qui avaient le flair du négoce. Ils y jouaient
le même rôle que les Juifs à l'époque médiévale. Ils jouissaient du
droit de cito3ren. Plusieurs d'entre eux se sont alliés à des famiUes
locales : les pierres tumulaires découvertes à Cologne en font foi.
Il est possible que, de père en fils, les membres de la même famiUe
aient exercé en Gaule le métier de verrier. N'est-ce pas ce qui s'est
passé à Murano aux xv^'-xvi'' siècles et ce qui s'y passe de nos jours
encore ?
iS I.A VERRERIE EN GAULE SOUS L'EIMPIRE RO?*IAIX.
L,a fabrication des verreries, sous l'empire romain, comportait
une assez grande division du travail. Certains ouvriers ne faisaient
qu'entretenir le feu. D'autres soufflaient le verre et le travaillaient
à chaud [vitrearii) (i) ; d'autres le travaillaient à froid, le taillaient
et le gravaient [diatretarii). Ceux qui façonnaient la pâte vitreuse
à la manière des gemmes se livraient à une besogne que les auteurs
anciens appellent Torcuma vitri.
Des signatures d'industriels comme Frontinus, Patrimonius,
Daecius, Im.perator, Amaranthus, Lupio, Félix, Q.-C. Nocturnus, etc.,
nous portent à penser que les verriers de la Gaule avaient conscience
de leur importance (2). Ces estampilles avaient pour but de garantir
l'origine des objets aux yeux de la clientèle.
Alexandre Sévère mit la verrerie romaine au rang des arts somp-
tuaires. Le 2 août 337, un édit de Constantin exempta les verriers
•des charges publiques.
Nous sommes certains, grâce à ces renseignements, que la cor-
poration des verriers était loin d'être une des plus humbles et des
plus insignifiantes.
Toutefois, le niveau intellectuel des ouvriers qui en faisaient
partie devait être assez médiocre. Les verriers n'ont pas été, à pro-
prement parler, des créateurs. Ils ont copié les céramistes, les or-
fèvres, les graveurs de gemmes, les modeleurs de figurines. Ils n'ont
-pas cherché à tirer de la matière dont ils disposaient des œuvres
iranchement originales.
Nous ne savons pas quel était le taux de leur salaire, mais nous
connaissons approximativement le prix qu'ils obtenaient de leurs
produits.
Les verres courants se vendaient trois sesterces, c'est-à-dire bon
marché puisqu'un sesterce impérial valait quatre as (3), autrement
dit vingt centimes environ de notre monnaie. On pouvait même,
(1) .SÉNÈQUK, Epistol. 90.
(2) L'estampille d'un atelier déterminé ne se trouve généralement que sur des verres de la même fornic.
Faut-il en déduire que chaque officine ne produisait cju'uu seul t\-pe de verrerie?
(3) Voir l'article de il. Babelox dans le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, de S.aglio,
-i. IV, seconde partie, p. 1285.
COXDIÏIOX SOCIALE DES VERRIERS EX GAUEE. 19
paraît-il, acheter un petit verre à boire avec sa soucoupe pour un
as (i).
La verrerie de luxe atteignait quelquefois des prix élevés. Pline
raconte que, du temps de Néron, on a trouvé un procédé de vitrifi-
cation qui permit de vendre 6.000 sesterces deux coupes assez
petites qu'on nommait ptérotes (2).
(i) Strabox, XVI, p. 645.
(2) Pline, //is(. nat., livre XXXVI, 195.
III
Découverte du verre soufflé.
Qualité et coloration du verre antique.
Longtemps, les archéologues sont restés dans la plus grande
incertitude au sujet de l'époque de la découverte du verre soufflé.
On a cru, jusqu'à ces dernières années, que l'invention de la canne
de verrier remontait à la plus haute antiquité. On pensait voir des
souffleurs de verre dans les peintures de Beni-Hassan (XIP dynas-
tie) (i). Les fouilleurs cependant ne découvraient aucune trace de
verrerie soufflée dans le mobilier funéraire des nécropoles anté-
rieures à la fin de la République romaine (2). Tous les vases en verres
recueillis dans ces tombes étaient de petites dimensions ; c'étaient
de minuscules œnochoés, des réductions d'alabastres qui avaient été
façonnées sur un noyau d'argile.
Un désaccord inexplicable semblait exister entre ce que nous
apprenaient les peintures, de l'époque du pharaon Ousirtasen pr et
ce que révélaient les fouilles, quand on s'aperçut enfin que les soi-
disant verriers de Beni-Hassan étaient des métallurgistes.
Griffith a montré que la scène reproduite dans les hypogées de
l'Egypte pharaonique appartenait à une série de tableaux représen-
tant les différentes étapes du travail des métaux (3).
(i) Sauz.\y, La verrerie (Bibliothèque des Merveilles), Paris, Hachette, 1876, p. 8, fig. i, 2,3. — Gers-
PACH, L'arl de la verrerie, Paris, 1885, p. 9, fig. 2. — Edouard Garxier, Histoire de la Verrerie et de
l'Émaillerie, Tours, 1886, p. 4 et 5, fig. i.
(2) A Ornavasso, les tombes de Persona, qui vont de — 50 à la fin du principat de Tibère, ont livre
des balsamaires de verre, alors que la nécropole ininiédiatement antérieure de San Bernardo (■ — • 150 à
— 50) îi'en contenait aucun (Vov.Biaxchetti, Ornavasso) (dans.4Ms délia Soc. diA rch. e B. A. di Torino, VI),
(3) Griffith, Beni-Hassan, l,ondres, 1900, part, IV, p. 6 et pi. XX.
DÉCOUVERTE DU VERRE SOUFFLÉ. 21
Les deux hommes, placés auprès du foyer, soufflent sur la flamme
à l'aide de longs tubes métalliques, dont l'extrémité est pourvue d'une
chape protectrice en argile réfractaire (i). Des scènes semblables ont
été figurées dans les tombes de la XVIIP dynastie (2).
Le verre a été découvert en Egypte, peut-être quatre mille ans
avant J.-C, et non en Phénicie comme le racontent les auteurs
anciens. Mais le verre soufflé, lui, est une invention syrienne, de la
fin de la République romaine (3).
Les plus anciennes verreries soufflées sont transparentes, mais
elles ne sont pas incolores. Toutes sont plus ou moins teintées en
bleu-verdâtre. Ce ton caractéristique (pi. 5) est donné par les
oxydes métalliques (surtout les oxydes de fer) contenus dans les
sables.
Le verre incolore, que les anciens ont trouvé en ajoutant à la
masse vitreuse une petite quantité de bioxj^de de manganèse (savon
des verriers) , est d'invention plus récente que la canne (4).
De quelle époque date-t-il? Il est difficile de le savoir. En Gaule,
on ne trouve pas de verres décolorés au manganèse dans les nécro-
poles du I*''' siècle. Par contre, les tombes de l'époque des empereurs
syriens (5) et de leurs successeurs en contiennent beaucoup. Après
Constantin, le verre incolore perd sa pureté ; il devient d'un jaune
sale caractéristique ; les ouvriers qui le travaillent ne savent plus en
éliminer les oxydes colorants.
Le verre antique n'est pas toujours très pur ; il est souvent
rempli de bulles d'air, de nuages et de filaments que les techniciens
nomment filandres.
Au début de l'Empire et jusque vers le milieu du iii^ siècle, les
bulles d'air et les filandres sont relativement rares ; ils n'existent
que dans les produits de fabrication négligée, dans les verres soufflés
(i) AxTOX KiSA, Das Glas imAlterlume, p. 35.
(2) Tombe de Rcchmara, à Thébes.
(3) Anton Kisa, loc. ci:., p. 299. — Von Bissixg, L'histoire du verre en Egypte, dans la Revue archéo-
logique: 1908. 1. 1, p. 211-221.
(4) On lit dans Robert Schmidt, Das Glas, Berlin, 1913, p. i, tiiie le verre incolore au plomb était inconnu
des anciens. Il aurait été découvert en Angleterre, au xvu'-' siMe seulement.
(5) On entend par époque des empereurs syriens la période comprise entre 193 et 235 (entre Septimc
Sévère et Alexandre Sévère) .
22 LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
à une température trop basse (i). Au iV^ siècle, on en trouve partout.
Si les verriers de cette époque savent mieux que leurs prédécesseurs
donner aux récipients vitreux des formes élégantes, ils sont, par contre,
en pleine décadence au point de vue technique et sont incapables de
faire une pâte vitreuse pure et homogène.
I,es verres romains qui sont parvenus jusqu'à nous sont loin,
pour la plupart, d'avoir l'aspect qu'ils présentaient dans l'antiquité.
Beaucoup d'entre eux sont décomposés dans leur masse ; ils ont
perdu, à des degrés différents, leur qualité essentielle, la transpa-
rence ; ils sont parfois fortement irisés. Les reflets métalliques, les
tons bleus, rouges, jaunes, violets et verts, qui se fondent les uns dans
les autres, ajoutent aux verreries les plus ordinaires vni attrait, un
charme, une beauté qui les font rechercher des collectionneurs.
C'est une polyphonie tour à tour délicate et subtile, brutale et heurtée,
où abondent les effets imprévus.
L'irisation est, en général, beaucoup plus belle sur les verres
d'Orient que sur ceux de la Gaule. Les terrains, selon leur nature,
favorisent plus ou moins la décomposition des verreries qui y sont
enfouies. M. Th. Eck a constaté, en fouillant le cimetière de Vennand,
que les pièces recueillies dans l'argile n'étaient pas irisées, tandis que
celles des tombes creusées dans la craie étaient toutes pourvues
d'une belle irisation argentée ou opaline.
- Le verre à l'oxyde de fer ou de cuivre se décompose moins faci-
lement que le verre décoloré par le manganèse.
Les flacons prismatiques, en verre épais bleu-verdâtre, de
fabrication alexandrine, ont souvent conservé toute leur transpa-
rence. Les verres incolores, au contraire, ont très rarement gardé
leur pureté primitive. Presque tous sont décomposés ;ils paraissent
plongés dans une buée ; ils ressemblent à notre verre dépoli; ils ont
pris l'aspect du papier à calquer que nous appelons dioptrique.
Depuis la plus haute antiquité, les verriers égyptiens savaient
colorer les matières vitreuses à l'aide de diftérents oxydes métal-
liques.
(i) Aux filandres se joignent de? nodules blancs et opaques, constituc's par les sulfates et les chlorures
qui fondent en partie sans se mêler au verre.
DECOUVERTE DU VERRE SOUI'I'LE.
23
Après rinventiou de lu canne, bien qu'on cherchât à donner
au verre sa qualité maîtresse, la transparence, on continua, longtemps
encore, à l'enrichir de tons vifs, violents, criards même.
Le bleu était donné par l'oxyde de cobalt ; le rouge et le vert, ])ar
les oxydes de cuivre.
Au commencement du iii*" siècle, la verrerie romaine est à son
apogée. lyC grand éclat de sa fabrication date de l'époque des empe-
reurs syriens. On sait alors façonner des va?es de verre si tran.spa-
rents, si purs, qu'ils rivalisent avec les récipients de quartz taillé.
Ces vases, souvent gravés à la meule, sont préférés aux verres de
couleur.
Cependant, sous le principat d'Aurélien, à l'époque de l'expédi-
tion de Palmyre qui établit un nouveau courant artistique entre
l'Asie et l'occident de l'Europe, de nouvelles modes orientales
Fio. I. — A. l'LACOx EN VERRE BLEU (aiise, bouiTelcl infériciir (k- l'aiiboudmre, filetage et pied en verre
jauue opaque). Fin ni= ou IV s. Musée provincial de Bonn. .Salle \', 16S4. — B. Fl.\cox ex verre violet
(anse et bourrelet inférieur de l'emboucliure en verre bleu). Finm'^ouivi' s. Même musée. Salle VII, 4275.
viennent s'implanter en Gaule. Comme au i"?!" siècle, le public accorde
ses faveurs aux verreries colorées ; mais il recherche moins les cou-
leurs franches et violentes que les tons distribués suivant une chro-
matique délicate. Il aime les tons mats et brisés, lesverts-jaunâtres,les
24 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
j aunes- verdâtres, les violets foncés, les bleus froids, les bruns, les
rouges- violacés, le noir, le blanc laiteux.
A l'époque constantinienne, d'élégantes combinaisons, de savants
contrastes sont obtenus par l'association, dans un même récipient.
FiG. 2. — Flacon polychrome (panse en verre incolore ; col eu verre rouge- violacé ; anse, bourrelet
inférieur de l'embouchure, pied et eietage en verre blanc opaque). Cimetière de Vermand. Musée de
Saint-Quentin, n" 2667.
du verre transparent et du verre opaque (fig. i et 2) . Le violet accom-
pagne le bleu, le bleu soutient le jaune ou s'oppose au blanc dans
une gamme tantôt sombre et soutenue, tantôt claire et fluide.
Techniquement, cela est très remarquable. Les artistes qui ont
façonné ces flacons délicats connaissaient à fond toutes les res-
sources de leur métier, sans que toutefois leur habileté dégénérât
en cette virtuosité un peu agaçante dont ont fait trop souvent parade
les verriers de Venise.
IV
Morphologie analytique.
Un simple coup d'œil jeté sur les figures qui illustrent ce volume
permet de s'apercevoir : i° que des types de verreries différents peu-
vent avoir la même embouchure, la même anse, le même pied ;
2'^ que le même type peut recevoir successivement des embou-
chures, des anses, des pieds de différentes sortes.
Avant d'entrer dans la description générale des types, j'ai cru
utile de faire oeuvre d'analyse et d'envisager isolément les diverses
parties d'un récipient de verre antique.
I. — Panse. [Les profils. Le galbe.)
La beauté ou la laideur d'un vase résident dans le jeu des lignes
qui en constituent les divers profils.
Les verriers romains firent peu de recherches personneUes pour
étabhr leurs profils ; ils adoptèrent ceux qu'avaient créés les indus-
triels dont ils copiaient les produits.
Lorsqu'ils s'inspirèrent des formes grecques, ils obtinrent un
galbe à la fois plus simple et plus élégant que lorsqu'ils prirent pour
modèles les formes créés en Orient.
A l'époque romaine, surtout au i^r et au ii^ siècles, les flacons
à panse prismatique, cyhndrique, tronconique, étaient très répandus.
Leurs profils étaient raides et peu esthétiques: Aussi les verriers de
l'antiquité ont-ils cherché, par tous les moyens possibles, à remédier
à cet inconvénient, en arrondissant les angles, en créant, entre la
4
26
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
panse et le col des bouteilles carrées, une sbrte de coupole, de calotte
qui n'a pas une forme géométrique bien déterminée et dont le galbe
mou contraste heureusement avec les parties rigides du récipient.
Les verriers du lu^ et du iv*^ siècles, plus raffinés dans leur goût
que leurs prédécesseurs, abandonnèrent presque complètement la
fabrication des flacons à panse prismatique. Ils firent surtout des
verreries globulaires, tournées à l'air libre, plus conformes à la
technique du verre soufflé.
Dans le tournassage du verre, la main de l'artiste est seule capable,
et suivant l'occasion, d'imprimer au profil la grâce ou le caractère.
Le profil est un élément de forme aussi délicat qu'une fleur ou
B. B'
FiG. 3. — DISSYMÉTEIE DES PROFILS OAJNS LA VERRERIE RO.MAIXE.
qu'une figure. Aussi la recherche de ses contours est-elle incompatible
avec les procédés mécaniques, si ingénieux qu'ils soient.
Tout en cherchant à tourner un vase le plus régulièrement pos-
sible, l'ouvrier ne peut pas obtenir la symétrie absolue des profils,
car la matière qu'il emploie n attend pas ; elle le force à prendre
ses mesures à vue de nez.
La dissymétrie des profils existe aussi bien dans les verreries
romaines faites à la hâte, dans ce qu'on pourrait appeler la pacotille,
que dans les produits soignés, sortis des meilleures officines.
Elle est souvent très accusée. Une bouteille du iii^ siècle (fig. 3)
JIORPHOLOGIE ANALYTIQUE. 27
va nous le prouver. Il suffit de faire tourner cette verrerie autour de
son grand axe vertical AB et de projeter sur un écran les silhouettes
qui se présentent successivement au cours de la rotation pour cons-
tater que les profils, donnés par ces silhouettes, ne sont pas super-
posables.
Le profil de gauche ABC, rabattu en A'B'C, est très différent
du profil de droite ABD, rabattu en A'B'D'.
La même opération, faite sur un grand nombre des figures qui
illustrent le présent ouvrage, fournirait des résultats analogues.
Cette absence de régularité dans les profils de la panse donne aux
verreries antiques une vie qui manque à beaucoup de nos verres
modernes dans la fabrication desquels la règle, le compas, les ma-
chines, remplacent, sans la valoir, la main guidée par le sentiment.
2. — Goulots.
Le goulot des verreries romaines est tantôt court (voy. formes 3,
S, 13, 33 du tableau de morphologie générale), tantôt long (formes 23,
24. 25).
Il est large ou étroit, suivant l'usage auquel est destiné le récipient.
Les vases devant contenir des cendres, des pommades, des ahments
solides, ont un large goulot (i à 8, 13, 16). Les flacons à huiles parfu-
mées, à liquide précieux, ont un goulot étroit (10, ig, 23, 31, 34, 41).
Dans sa conformation, le goulot peut présenter divers faciès :
A. Il a environ le même diamètre en haut et en bas. Son profil
est rectiligne (18, 24), incurvé en dedans (g, 33, 34, 53, 66), ou incurvé
en dehors (8, 16, 22) ;
B. Il s'élargit vers le haut (40, 121, 123) ;
C. Il se rétrécit vers l'embouchure (10, 42, 58).
Le goulot des verreries romaines n'est pas toujours rattaché de
la même façon à la panse.
A . Il peut y être fixé directement, sans que l'on ait songé à établir
une transition à l'aide de courbes intermédiaires (8, g, 14, 16, 18, 40) ;
B. Il est relié à la panse par des courbes transitionnelles plus ou
moins comphquées (12, 33, 44, 4g, 50, 54, 56, 5g, 61, 62, 66) ;
28
LA VERRERIE EN GAULE vSOUS L'EMPIRE ROIiIAIN.
C. Vu étranglement est ménagé entre le goulot et la panse (lo, 41).
Cet étranglement sert à empêcher l'écoulement trop rapide du
liquide.
3. — Orifices (i).
L,es procédés employés dans la fabrication des orifices des verreries
romaines étaient très variés.
On peut distinguer trois séries d'orifices (2) :
1° Orifices non ourlés (fig. 4). — Les orifices non ourlés com-
„TH0P^AISE' ..BESANÇON
..THORAISE'"
Musée de Besançon.
H.wicHa jti'T
k: 173 .BESANC
Fig. 4. — \'f;RRERiES .4 orifice xon ouklé (Musée de Besançon).
prennent plusieurs t^^pes correspondant à des procédés diôerents :
A. L'ouvrier donne à la paraison la forme désirée, pviis la coupe
(i) I,es uiatOriaiix de ce'paragraphe et du paragraphe suivant, m'ont été fournis en grande partie par
M. H. Michel, conservateur du musée de Besançon, à qui j'adresse ici mes bien vifs remerciements. C'est à
l'habile crayon de M. Micliel que sont dues les figures 4, 5, 6 et 7 du présent ouvrage.
(2) Dans bien des cas, ces procédés sont difficiles à distinguer les uns des autres. On ne peut pas toujours
se rendre compte de la façon exacte dont les emboucliures sont constituées. C'est pourquoi, en deliors des
figures 4, 5, 6 et 7, qui reproduisent des tj-pes dont ou a pu connaître la structure complète, nous avons
préféré, toutes les fois que nous avons eu à reproduire une embouchure eu coupe, n'indiquer que les contours
cxtériem-s (vo3-. notauunent les fig. 13, 20, 48, 57, 61, 62, etc.).
.MORPHOLOCÏIE AXALYTinnC. 29
avec des forces et laisse l'orifice à l'état brut avec ses arêtes vives
(fig. 4, nos I et 2). Ce procédé a été appliqué depuis le début jusqu'à
la fin de la période impériale romaine.
B. Après avoir coupé la paraison, le verrier arrondit les bords de
l'orifice (fig. 4, n" 3). Il obtient ainsi, par refoulement de la matière,
un bourrelet plein, plus ou moins gros, qui forme saillie, tantôt en
3 Urnes du iL|pe c con,,,i,
ourlets en ûtnm^
5ou5-5or de 2>esai)çon v-i lyl i
unie funefeïire ,
Wuit. J< (îij.iit«i»i
Viotle . Besancon
Fi-ci^tiient dii col dunt urne
en Vci-i-e fcleu . N? SI.
son dijm.exUnetir = O^l^r
I. ut-ne n*. <■;( ej(- en vtri'f intoloi-t'
Ja pflnje e>r ûvtxc dt ncri/urcj p douait- "TO-,. -
^ j,iillit ^toujieaj , el/t (oiifKiit" dtj 0; cjidntt
loule apli»rie fitfijret tJiuTfi
h'
p^ri-
coupes
Don VkIoi- aivod nAJo
Fig.
Verreries .\ orifice ourlé ex dehors (Musée de Besançon)
dedans (fig. 4, n^s 4 et 5), tantôt en dehors (fig. 4, n° 6), tantôt des
deux côtés (fig. 4, no 7).
C. Lorsque la paraison est en verre très épais, on peut moulurer,
en pleine masse vitreuse, une embouchure (fig. 4, n^ 8) qui ressemble
aux embouchures ourlées 4 et 5 (fig. 5), mais qu'il importe de ne pas
confondre avec ces dernières.
D. L'ouvrier fixe un fil de verre directement au-dessous du bour-
relet que forme l'orifice type 3, fig. 4. Par cette opération, il obtient
une embouchure à double bourrelet, qui, dans son aspect extérieur,
ressemble beaucoup à certains modèles d'embouchures ourlées.
Le fil de verre rapporté n'est pas toujours de la même couleur que
le récipient sur lequel il est appUqué (fig. i et 2).
30
LA \-ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE RO:\L\IX.
Les bouteilles 50 du tableau de morphologie générale ont tantôt
un orifice de ce genre, tantôt une embouchure ourlée du modèle 6
(fig. 6).
2° Orifices ourlés (fig. 5, 6 et 7). — Les orifices ourlés sont de
plusieurs sortes.
A. Types ourlés en dehors. — Les orifices ourlés en dehors sont
très variés dans leur forme (fig. 5 et 6).
Les urnes cinéraires du type i du tableau de morphologie générale
EL itV.
-5oub.st)l ^e 3c5flnço
Urne ei\ verve mince
.LaViotte" 3eScincoru
CEnotdoc de.Plonibicrc'5
JVTused de \jesa'ncor\.
Fig. 6. — Verreries a orifice ourlé ex dehors (Musôc de Besançon).
ont leur emboucliure, tantôt ourlée en dehors (uo i, fig. 6) , tantôt ourlée
en dedans (n» i, fig. 7). Les urnes et les urnioles du type 5 ont l'orifice
ourlé en dehors (n^s i, 4 et 5, fig. 5, et n° 3, fig. 6).
L'ourlet 5, fig. 6, est un type intermédiaire peu répandu.
B. Types ourlés en dedans (fig. 7). — Ces types comportent de
nombreuses variétés. L'embouchure des bouteilles n'^ 16 du tableau
de morphologie générale est toujours ourlée en dedans. Il en est de
même des orifices des flacons ig, 23, 24 et 25 et des embouchures de
la plupart des barillets frontiniens, 132.
En étirant les bords de la paraison vers le milieu de l'orifice, on
M0RPH0I.OGIE ANALYTIQUE.
31
obtient les embouchures discoïdes à étroite ouverture spécialement
affectées à certains vases à parfum (fig. 91, 92).
A . tuUL- ~ •.V-'-4'
(Bu-s- ]
Fig. 7, — Verreries a orifice ourlé en dedans {Musée de Besançon).
30 Orifices imitant des embouchures de vases grecs (fig. 8). — A. Tj-'^e
B
Fig. 8. — Orifices EvnT.^NT les embouchures des vases grecs (A, Lécythe ; B, Cothon ; C et D,
Œnochoés).
émanant de l'embouchure du lécythe classique (i) (orifice des ary-
balles forme 34 du tableau de morphologie générale).
B. Type émanant de l'embouchure du Cothon (2) (orifice des
(i) Voy. Dictionnaire des Antiquités de Saglio, t. III, deuxième partie, p. 1.023, fig. 4.402.
(2) Dictionnaire cité, t. I, deuxième partie, p. 1.543, fig. 2.024.
32 IvA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROÎ\L\IN.
flacons forme ii du tableat;). Le bord de la paraison fait une inflexion
brusque au dedans du vase.
C.Type émanant de l'embouchuretrilobéede Vœnochoé classique (i)
(orifice des bouteilles 54 et 67).
D. Ty^e à bec (variante du type C) (orifice appliqué aux bou-
teilles 53, 55, 60).
Ces quatre types d'orifices sont du Romain II.
4. — Pieds.
Beaucoup de verreries romaines, surtout au Romain I, sont
apodes et ne peuvent tenir debout (fig. 84, 88).
D'autres ont une dépression plus ou m-oins profonde qui s'accuse
à la partie inférieure de la panse (fig. g, n° i et fig. 13, 20).
C'est un moyen aussi simple qu'ingénieux de donner de l'assiette
au récipient.
Au Romain I, cette dépression est légère.
Aux m*' et iv*^ siècles, elle est plus profonde et forme souvent une
saiUie conique à l'intérieur* de la bouteille (fig. g, n^ 2).
Un grand nombre de verres romains ont un pied. Ce pied peut être
exécuté suivant des procédés très difterents. Nous envisagerons trois
groupes :
1° Le groupe des pieds non rapportés, formés aux dépens de la
paraison qui a servi à faire la panse;
2** Le groupe des pieds rapportés, constitués à l'aide d'un anneau
de verre ou d'une paraison spéciale ;
30 Le groupe des bases polypodes.
1° Pieds non rapportés. — A l'aide d'une seule paraison, les ver-
riers romains savaient façonner un vase entier comportant une
embouchure parfois compliquée et un pied souvent très délicat. Pour
faire ce pied, ils employaient diverses techniques. Les plus usitées de
ces techniques sont les suivantes :
A. Un premier procédé consiste à refouler l'extrémité de la parai-
(i) Voy, DiiHonnuiie chs Anliquilcs de ,S:iglio, t. IV, iireuiière partie, p. i6i, llg. 5.382 et 5.3S3.
M0RPH(3L0G1E ANALYTIQUE.
33
son (fig. 9, n"s 3 à 10). T^e refoulement à cône élevé n° 10 n'appa-
raît pas en Gaule avant le m''. Il est très commun au iv® siècle.
B. Un second procédé consiste à façonner le pied tout entier dans
la masse de verre qui forme, dans la paraison, l'extrémité opposée à
celle où se trouve fixée la canne du souffleur. On sait qu'en cet eiKlroit,
la paraison est beaucoup plus épaisse que sur les côtés.
lyCS pieds pris aux dépens de la paraison, et dans son épaisseur
même, sont assez variés dans leur forme (fig. g, nos 11 à 14).
Fio. 9. — Pleds de verreries découvertes en Gaule.
C. Dans un troisième, que nous appellerons « procédé à opercule
rapporté », on étrangle la paraison à l'endroit où l'on veut placer le
fond delà panse et on obture, à l'aide d'un bouchon de verre, l'espace
resté vide entre la panse et le pied (fig. g, nos 15 et 16).
Cette façon d'opérer est difficile à distinguer du procédé à refoule-
ment no 10. Nous ne sommes pas sûrs que les Romains l'aient employée,
5
34 IvA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
car nous n'avons pu l'étudier que sur des pieds détachés et fragmentés
qui peuvent avoir appartenu à des verreries d'époque postérieure aux
invasions.
2° Pieds rapportés. — Les pieds rapportés consistent, soit en un
gros fil de verre formant anneau (fig. 9, n° 17), soit en une paraison à
laquelle on donne une forme très variable (fig. 9, n°s 18 à 21).
Cette paraison est tantôt non ourlée (fig. 9, n°s 18, 19), tantôt
ourlée (fig. 9, nos 20, 21).
EUe est directement soudée sous la panse du vase (fig. 9, no^ 18,
19, 20), ou réunie à cette dernière par une masse vitreuse intermé-
diaire en forme de sphéroïde ou de balustre bas (fig. 9, no 21).
Les pieds à balustre (n° 21) sont très répandus dans la Gaule
nordique au Romain II, surtout au iii<^ siècle.
3° Bases polypodes. — Les verres à plusieurs pieds sont des fantai-
sies, généralement assez peu esthétiques. Ils sont rares à l'époque
romaine. Ceux qui sont parvenus jusqu'à nous se classent tous au
Romain II (voy. Tableau de morphologie générale, n^^ 36, 128 et
135)-
Les verreries polypodes ont trois ou quatre pieds. Ces pieds sont
tantôt rapportés (fig. 9, nos 22 et 23), tantôt extraits de la masse
vitreuse du récipient et étirés à la pince (fig. 9, n^ 24).
5. — Anses.
En divisant en deux groupes (pi. 2 et 3) les anses des verre-
ries romaines, nous espérons faire comprendre à la fois les liens mor-
phologiques qui unissent la série du Romain II à celle du Romain I,
et les caractères spéciaux qui permettent de difterencier ces deux
séries.
Les anses du i^r et du ii^ siècles, sont peu variées. EUes ont de
la simplicité, de la franchise, de la vigueur. EUes sont romaines et
bien romaines.
Les anses du lu^ et du iv^ siècles sont souples, élégantes. EUes
décrivent des courbes majestueuses, ou bien elles ondulent, fris-
sonnent. EUes sont accompagnées de menus ornements qui amusent.
MORPHOIvOGIE ANALYTIQUE. 35
qui lancent des notes joyeuses dans une symphonie de lumières et de
reflets. Elles sont très orientales.
En étudiant les principales variétés d'anses, nous essaierons de
faire ressortir qu'une évolution a été suivie par chacune d'elles, au
cours de la période impériale.
1° Anses des urnes cinéraires forme 2 du tableau de morphologie
générale. — Gros boudins qui décrivent une simple courbe (type /,
pi. 2) ou se replient plusieurs fois sur eux-mêmes (type '} et w, pi. 2.
Anses dites en M).
Les anses de cette première série ont peu évolué. Elles disparais-
sent en même temps que les récipients auxquels elles appartiennent,
pendant la seconde moitié du m* siècle.
2° Rubans de verre à nervures. — Les plus anciens exemplaires de
ce modèle d'anse sont trapus, Hsses sur leur face interne, et pourvus,
sur leur face externe, de nervures plus ou moins nombreuses (t3rpes a,
^, y, pi. 2). Ils sont coudés à angle droit ou aigu et forment un
repli au point d'attache sur le col. Grâce à ce repU qui se fait pour ainsi
dire de lui-même lorsqu'on appuie l'anse encore moUe sur le goulot du
vase, le joint est plus solide, la surface d'adhérence étant plus grande.
Les rubans de verre à nervures étaient affectés par les verriers
du Romain I aux urnes 3, aux flacons cylindriques 8, et avix bouteilles
à panse prismatique 14 à 17. A partir du iii^ siècle, ils évoluent, ils se
transforment (t^-pes y.^, p^, !i^, y'^, v, pi. 3).
Le type y^ reste seul coudé à angle droit (fig. 10) ; mais il est plus
léger que les modèles du Romain I, et il paraît à peu près exclusive-
ment réservé aux bouteilles 9 et 132. Tous les autres types décrivent
une courbe plus ou moins gracieuse. Le repli, formé au point de jonc-
tion avec le goulot du vase, se développe, devient tme boucle dont
l'importance décorative s'accentue dans le courant du Romain IL
Dans le type p^, le repU est remplacé par un gros fil de verre qui
forme une boucle au-dessus de l'orifice du vase et dont les bouts, ornés
de saillies faites à la pince, sont ramenés en arc de cercle sur le rebord
de l'embouchure (i). Les anses de ce modèle ont quatre ou cinq ner-
(i) Cette disposition est empruntée à certains types d'anses métalliques.
PL. 2. — Anses des verreries romaines (types du Romain I).
PL. 3. — Anses des verreries romaines (types du Romain II).
38
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
vures très saillantes. Elles semblent réservées aux flacons forme 6i.
Elles sont du iii<^ et du iv« siècles.
I<e type v a pour origine l'anse surélevée des œnochoés grecques
de terre cuite. Il est orné d'un fil de verre souvent bleu qui formé
FiG. 10. — Flacon cYLiNDRini'E a deux ansks (détail). Quatrcniarrc. iV s. (.l/iiscc de Roum).
poucier à la partie supérieure. Les vases munis de cette sorte d'anse
sont des œnochoés (forme 54) du iii*^ siècle.
30 Anses en forme de baguette ronde. — Le bâton de verre arrondi,
terminé à sa partie inférieure par une large expansion qui embrasse
une plus ou moins grande surface de la panse du vase, est une des
formes d'anse les plus simples et dont sont pourvues maintes bou-
teilles du Rom.ain I (^, pi. 2).
Au Romain II, il forme, à la partie supérieure, un ample repli
('î', pi. 3) qui se développe et devient un anneau assez régulier
{^'. pl- 3)-
MOKriIOI.OGIK AXALVTigUK 39
Il arrive aussi que cet anneau n'est pas issu du repli de l'anse,
mais qu'il constitue l'extrémité supérieure d'un long ruban de verre
qui contourne l'anse et descend le long de la panse {^'\ pi. 3) . Ces rubans
décoratifs, dont nous ne connaissons pas d'exemple avant l'époque des
empereurs syriens, sont garnis, d'un bout à l'autre, de petites saillies
plates qui accrochent agréablement la lumière.
40 Anses dclphini formes. — Il est convenu d'appeler ainsi des anses
d'un type spécial qui, suivant certains archéologues, représentent un
dauphin.
L'origine de ce t3rpe est très ancienne. Les arybaUes et les ala-
bastres de pâte de verre opaque multicolore, recueillis en Orient et en
ItaUe, dans les tombes du vii^ siècle av. J.-C, sont pourvus d'anses
delphinif ormes (fig. 65 et 86) .
Les verriers du Romain I ont réservé ces anses aux bouteilles de
bain forme 33.
Aux iii*^, iv*^ siècles, les types "C et r, pi. 2, subsistent sans modifi-
cation, ou se terminent par un appendice décoré de saillies faites à la
pince (v,\ pi. 3 et fig. 90 B.), ou se transforment et deviennent par évo-
lution les t}"pes "C^, "^2 et "C^ de la planche 3. Ces nouveaux modèles,
affectés aux flacons 10, 34, 35, et à quelques verreries plastiques en
forme de tête humaine, sont tantôt lourds, épais (fig. 33), tantôt
hauts et plats (V^ et "C^, pi. 3).
Tous sont conçus avec une savante entente de l'art décoratif.
5° Anses faites à l'imitation de types métalliques. — En créant les
types i, •/., A, 7., pi. 2, les verriers du i^r et du ii^ siècles se sont inspi-
rés des anses des pièces d'orfèvrerie que nous connaissons par les
magnifiques vases des trésors de Boscoreale et de Berthouville
[voy. formes 93 à 95 du tableau de morphologie générale].
Au Romain II, ces tyç&s ne disparaissent pas (y.^, pi. 3).
Mais, à côté d'eux, on rencontre, à cette époque, des anses plus
compliquées, dont quelques-unes sont d'une rare élégance (a^ et y^,
pl.3).
On peut voir, il est vrai, dans ces complications, des signes de
décadence, mais les nouveaux modèles sont néanmoins d'heureuses
trouvailles dont sauront profiter plus tard les artisans de Venise.
40 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Les verriers du iii'^ et du iv*^ siècles sont maîtres dans leur art et
aiment à le montrer.
Les anses ix^ et y.^ sont souples et de style délicat. Elles siéent bien
aux coupes profondes émanant du ciborium (fig. 303 et 304).
Le type ^, pi. 3, en forme d'oreille, complète harmonieusement
certains canthares auxquels il donne un faciès un peu lourd, mais qui
a du rythme et de la solidité.
Le type -, dont on ne connaît que de très rares exemples, imite
une anse découpée dans une feuille de métal.
Le t3rpe 0 est la reproduction d'une anse de métal battu, courbée
en arc et terminée par une plaque ornée au repoussé et rivée sur la
panse. Les bouteilles 58 et 59 sont assez souvent pourvues de cette
sorte d'anse.
C'est aussi aux métallurgistes que les verriers empruntèrent un
modèle d'anse dont l'attache inférieure est recouverte d'un mascaron.
Le musée de Bonn possède tuie très belle œnochoé, trouvée à Haus-
weiler, dont l'anse appartient à ce type (i). Des mascarons isolés, re-
présentant généralement une tête de méduse, ont été découverts
en Gaule (2).
6° Anses à double ondulation ou anses en chaîne (type ;, pi. 3).
— Création assez tardive qui fut très à la mode, dans la Gaule du
nord, aux lu'^-iv^ siècles.
Un assez grand nombre de bouteilles à anse en chaîne (3), ou
d'anses isolées, sont conservées aux musées de Mayence (fig. 128),
de Bonn, de Spire, de Wiesbaden (trois exemplaires), d'Amiens (deux
exemplaires), de Boulogne-sur-Mer (fig. 135), de Saint-Germain (4).
D'autres ont été trouvés à Paris (5), à Tourville-la-Rivière (6), à
Neuville-le-PoUet (7) (fig. 134), à Strasbourg (8).
(i) Voy. Anton Kis.i, Das Glas im Alteriume, pi. XI et p. 410.
(2) Musée de Saint-Germain, n" 23.482 [Arbouville, commune de Kouvray-Saiirt-Denis (liure-et-I^oir)]
et n" 29.869.
(3) Ces bouteilles appartiennent surtout aux formes 50, 53, 60 et 61 du tableau de morphologie générale.
(4) Musée de Saint-Germain n" 13.700 (Mont Cln'près, forêt de Compiègne). Fouilles de Uoucy.
(5) Musée Carnavalet.
(6) Cochet, La Scinf-Infàiicure historique et aychiologique, p. 40S.
(7) Cochet, La Normandie Souterraine, pi. ill, n" 18.
(81 .Stkaub, Le Cimetière galîu-rnmain de Strasbourg, p. 27.
PL. 4 _ I-RNK CINÉKAIRE EN VERRE. — Fouilles de Clemiont-Ferrand (lliy-iIe-Dôme). — Musée de Sainl-
Gcrmain, n" 29.506.
MORPHOLOGIE ANALYTIQUE 41
A Beavivais, deux cruches à anse en chaîne ont été découvertes,
l'une dans une tombe de jeune fille inhumée au iv° siècle, l'autre dans
un sarcophage de pierre qui contenait une monnaie de Postumus
(258 à 267) (I) .
M. Froehner a publié, dans le Catalogue de la Collection Gréau.
une belle anse en chaîne dont la provenance n'est pas indiquée (2).
(i) W. Froehner, La Verrerie antique. Frontispice du volmue et pi. XIX, n" 88.
(2) W. Froehner, Collection Gréau, n» 1.337, pi. 290, n» 4.
V
Description générale des types.
I. — Urnes cinéraires.
(Formes i à 6 du tableau de morphologie générale.)
Les auteurs anciens désignent par les termes de ollœ cineraria:,
ollcc ossiiariœ, les vases d'argile ou de verre dans lesquels les Romains
renfermaient les cendres de leurs parents défunts (i). Les coutumes
funéraires n'obligeaient pas les survivants à adopter une forme
spéciale de récipient rituellement consacrée. On découvre des inciné-
rations dont l'urne est un vase quelconque ayant servi aux usages
domestiques. Les urnes cinéraires en verre sont de formes très variées.
Sporadiquement, les os calcinés du mort ont été déposés dans des
récipients formes7, 8, 13, dans des bouteilles à panse prismatique (2),
dans des canthares, dans des vases plastiques (urne en for-
me de poisson, découverte à Coningsheim, signalée par Mont-
faucon) ; mais le plus souvent les ollo! cincrariœ de verre appar-
tiennent aux tyjDes i à 6 du tableau de morphologie générale. Ces
types ont primitivement servi de vases à provisions (on en a la
preuve par quelques exemplaires du musée de Naples qui con-
tenaient, lorsqu'ils furent mis au jour, des restes de fruits, de vin
(i) Ti'Olla, chez les anciens, était uti récipient d'usage domestique d'assez grande dimension, destine à
contenir toute sorte de provisions solides et liquides. I,e ternie d'olla, appliqué à un pot, existe encore
dans la langue espagnole nioderne {Olh podrui'i) (voy. Dictionnaire des Antiquités de Saglio, t. IV, prcmii'-re
partie, p. 171).
(2) Une grosse urne à panse hexagonale a été publiée par F. Moreau dans l'.'l Iburn Caranda, pi. 2, nouvelle
série. Elle a été découverte le ii octobre 1880, au cimetière de Brény Aisne). .\u milieu des cendres qii^elle
contenait, on a recueilli un bronze de Domitien (51 à 96).
DESCRIPTION GÉNÉRALIv DES TYPES.
43
et d'huile). Plus tard, principalement dans l'Ouest européen, ils
furent exclusivement réservés aux usages funéraires. Ils constituaient,
l^G. II. — Couvercles d'urxes cixér.ures : A. Séguret (183S). Musée d'Avignon, n" S. — B. Vaison
(1842). Musée d'Avignon, n" 9. — C. Poitiers. Musée de Saint-Germain, n" 30304.
surtout au ii^ siècle, les récipients normaux des incinérations de la
classe aisée de la société (i). Leur aire géographique est assez
étendue ; elle comprend la Gaule entière jusqu'aux bords du
FiG. 12.
OPERCui-ni DE TERRE CUITE. — Couvercle d'uiie unie cinéraire trouvée à Reims. Collection
Morin-Jean, à Paris.
Rhin (2), la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'ItaHe et le nord de l'A-
frique (3).
(x) Beaucoup d'entre eux sont parvenus jusqu'à nous en excellent état de conservation, parce que les
Romains avaient l'habitude de les enfermer, soit dans ime cuve de pierre à opercule (fig. 332), soit dans luic
amphore de terre cuite coupée par le miheu, soit dans une boîte formée par des tuiles.
(2) Beaux spécimens découverts à Cologne (Bonncr Jahrbuchcr, 1906, p. 392, pi. XXII) et à Strasbourg
(Straub, Le cimetière gallo-romain de Strasbourg, tombe 87, p. 69, pi. II).
(3) Nombreux spécimens découverts à Carthage.
44
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Bien que la Grèce, la Syrie et l'Egypte n'aient livré aux fouil-
leurs que très peu de ces récipients, il n'en est pas moins vrai qu'un
assez grand nombre de ceux découverts en Occident doivent être
considérés plutôt comme des produits d'exportation alexandrine
que comme des vases de fabrication indigène.
Les types i, 2 et 3 sont souvent bouchés à l'aide d'un couvercle
{operculum) de verre surmonté d'un bouton pour faciliter la prise
FiG. 13. — Urxe de vereb s.\ns anse (à l'inté-
rieur : ossements calcinés, lampe d'argile et fond
de fiole de verre ayant subi l'action du feu).
Environs d'Arles. Musée de Saint-Germain. Salle
XV, n° 8351.
FiG. 14. — Oll.\ cinerajîi.i des environs d'Arles.
Musée de Saint-Germain. Salle XV, n" 8350.
(pi. 4 et fig. II). Ces opercula sont des copies, plus ou moins
fidèles, des couvercles d'argile des poteries grecques : pyxides, am-
phores, loutrophores (fig. i6). Les ollœ de verre ne sont pas tou-
jours pourvues d'un couvercle de même matière.
On en trouve dont l'opercule consiste soit en une tuile posée à
plat sur l'embouchure, soit en un bol de terre cuite placé sens dessus
dessous, soit en un couvercle destiné primitivement à un récipient
DESCRIPTION GÊNÊRAIJ' DEvS TYPES.
45
qui n'était pas en verre [couvercles de plonil) (i), d'argile (2)].
Forme i. — Olla sans anses. — Panse globulaire dont le profil
décrit une belle courbe ; embouchure ourlée type i, fig. 6 et 7.
Pas de pied (base très simple constituée par une dépression mé-
nagée sous la pause). Couvercle à bouton (fig. 13).
Voila I est une copie, en verre, des urnes d'argile déjà en usage
Fig. 15. — Urne cixéraike. — Poitiers (ciniclicrij des Dunes). Musée df VHntd de Ville, à Poiliers.
à l'époque gauloise (période dite La Tène III). Le verrier s'e.st ins-
piré du céramiste jusque dans la forme du couvercle (fig. 12).
Toutes les ollœ se rattachant à la forme i présentent les mêmes
caractères généraux, mais n'appartiennent pas à un modèle unique,
figé, invariable.
(i) Une unie forme i, recouverte d'un opercule de plomb gravé, a été trouvée à Vitry-le-Frauçois
[Fontaine Serniaize] en 1851. (Collection Pierpont-Morg.'VX, ancienne collection J. Gréau; voy. Froeh-
NER, CoUeclion J. Gréau, n" 1531, pi. 274). Une autre urne à couvercle de plomb figure a\i Jlusée Natio-
nal bavarois à Munich (n" 1189).
(2) Une unie forme î, recueillie à Vaison, décrite plus loin (p. 50, note i), avait un couvercle d'argile.
46
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Elles diffèrent en cela des récipients modernes qui sortent de
fabriques où la main de l'ouvrier joue chaque jour un rôle moins
grand, où la machine et le moule créent mécaniquement des milliers
d'objets d'vine monotonie désespérante.
Elles varient beaucoup dans les détails ; quelques-unes s'éloignent
très sensiblement du type primitif (fig. 14). Sous les Antonins,
maints exemplaires sont munis d'un pied annulaire.
La pâte vitreuse des urnes forme i n'est pas toujours de la même
Fig. 16. — I,ouTRornoRi-;s de teiuœ cuite
GRECQUES. — Types à figures rouges : A. Du
Vs. av.J.-C. — B. Du iv°s. av. J.-C. — Musée
(V Athènes.
l'iG. 17. — Urne cinér.mre. — AIiisù' de Saitil-
Germain. Salle XV, n° 264S9.
qualité. Celle des pièces les plus anciennes, des olhr du Romain I, a
été soufflée à haute température ; elle est assez épaisse et fortem.ent
colorée en bleu-verdâtre comme toutes les verreries alexandrines.
Celle des urnes de la fin du ii*^ et du iii^ siècles est ordinairement
moins pure ; elle est quelquefois remplie de buUes d'air ; elle est jau-
nâtre, verdâtre, souvent même incolore.
L,es o/lcr forme i deviennent rares à partir de la seconde moitié
DESCRIPTION GÊNÉRAIvE DES TYPES.
47
du iii*^ siècle, mais ne disparaissent qu'à l'époque constantinienne,
en même temps que la coutume de l'incinération.
Forme 2. — Olla à anses établies dans deux plans parallèles. —
Panse globulaire ; col large relié à la panse par des courbes plus ou
moins moelleuses. Anses en M (Voy. p. 36, pi. 2, i ) partant de
l'épaule du vase et montant verticalement jusqu'au-dessous du
AjolinjM>)-
Pio. 18. ITrn-e crxÉR.URE. — Poitiers (cimetière des Dunes). — Muuc de Saint-Germain. .Salle X\',
n** 30306.
rebord de l'embouchure. Pied fondu dans la panse. Couvercle à
bouton (fig. 15 et pi. 4).
Ce type d'urne emprunte sa forme à la loidrophorc d'argile des
Grecs (fîg. 16).
La loutrophorc grecque est un va'^e analogue à l'amphore, mais
muni: 1° d'anses qui, dans leur forme et dans leur disposition, rap-
pellent celles des cratères ; 20d'un pied aussi haut que le vase lui-mêm€.
Voila forme 2 est la copie d'une loutrophore dont on a supprimé
le grand pied. On peut la considérer comme le terminus d'un type
48
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
de vase qui était déjà en voie de formation dans la céramique du
viii*^ siècle avant notre ère (i), qui a atteint sa plus grande perfec-
tion aux v*', iv^ siècles avant Jésus-Christ (fig. i6) et qui, à
l'époque romaine, s'est transmis du répertoire des potiers à celui
des souffleurs de verre.
Parmi les divers modèles d'urnes de verre se rattachant au type
no 2, nous signalerons comme particulièrement remarquables : les
Fig. 19. — Urne cinér.'ure, découverte à Fig. 20. — Urne cinéraire trouvée eu Gaule. — Musée
Ruffieux, eu 186S. — Musée de Lyon. du Louvre. E. D., 1527.
ollcB à anses (p. 36, pi. 2, ty^e ■/) (fig. 17) et les urnes dont les anses
en M se développent au détriment de la panse (fig. 18 et 19) (2).
L/'olla 2 et ses variantes sont très répandues en Occident dès le
miUeu du ifi^ siècle de notre ère, comme le prouvent les nombreux
exemplaires de Pompéi. Dans les premières années du n^ siècle, leur
col se détache moins nettement de la panse et se rétrécit vers la
partie supérieiure.
(i) Vases de style géométrique dipylien. Voy. Collignon et Couve, Catalogue des Vases peints dit musée
national d'Athènes, pi. XVI, n" 348.
(2) Il est intéressant de remarquer que les anses des loutrophorcs grecques se sont développées de la
même façon • assez basses dans les spécimens du v' siècle (A, fig. 16), elles s'allongent dans les exemplaires
du rv« (B, fig.tô).
DESCRIPTION GÊNÊRAIvE DES TYPES.
Forme 3. — Olla à anses établies daits nu même plan.
49
Panse
FiG. 21. — Urne cinér.ure. — Musée de Saint-Germain. Salle XV, u» 31778.
globulaire dont le dessous est aplati pour assurer la stabilité du réci-
FiG. 22. — Urxe cinér.\ire. -^ Musée d'Avignon.
pient. Col court. Anses p. 36, pi. 2, type y. d'un style vigourevix, posées
l'une en face de l'autre, dans un même plan (fig. 20, 21 et pi. 5).
7
50
LA ^-ERRERIE EN GALXE SOUS Iv'E:MPIRE ROMAIN.
C'est la façon dont les anses sont placées dans les amphores grec-
ques de terre cuite.
lycs ollœ forme 3 sont contemporaines des urnes formes i et 2.
FiG. 23. — Urne CINÉRAIRE. — Poitiers. Musée de Saint-Germain. Salle XV, n" 30318.
Ce que nous avons dit sur la qualité de la pâte vitreuse des urnes
forme i s'applique aux formes 2 et 3.
Une olla forme 3, recueillie à Vaison (Vaucluse), dans la vigne
de M. Guyon, doit être mentionnée à part, en raison des objets qu'elle
contenait. C'est une urne de 16 à 18 centimètres de hauteur, munie
d'un gros.sier couvercle d'argile. A l'intérieur du vase étaient des
ossements calcinés, une ampoule de verre sans intérêt et une figurine
FiG. 24. — Urne ciNÉR.'iiRE A cotes ex relief. — Musée de Coblence.
funéraire égyptienne, un oushabti de terre émaillée mesurant 11 cen-
timètres et demi de longueur (i).
Forme 4. — Panse ovoïde. Pied fondu dans la panse. Anses type [j.
(i) Ce curiem; mobilier funéraire, conservé à Paris, au musée Guimet, a été décrit, avec figure, par
M. E. GuiMET, dans la Revue Archéologique, t. XXXVI, année 1900 : Les Isiaques delà Gaule.
DESCRIPTION GENERAIvE DEvS TYPES.
51
(pi. 2, p. 36) . — Couvercle à bouton. L'application, à une olla cineraria,
d'anses dont la forme est empruntée à la technique du métal, est un
fait assez rare qui mérite d'être signalé. Iy'o//cr, que nous reproduisons
"l'H'flWp
SÉE^^V^
_, 10:
FiG. 25. — t'RXES ciNÉR.«RES. — Musce provincial de Trêves. Salle XX.
fig. 22, semble avoir eu pour modèle les urnes d'albâtre de la
haute époque impériale.
Forme ^.^ Panse arrondie. Embouchure à ourlet {type i,iig. 5). —
Les urnes de cette forme sont très répandues (fig. 23). Elles compren-
nent plusieurs types. L,e type orné de côtes en relief se rencontre un
peu dans toutes les régions de la Gaule (i) (fig. 5 [n^ 5] et 24). Le type
dont la panse est ornée de dépressions est plus rare (2) (fig. 25).
(i) Une urne forme 5, portant le même décor que la ^bouteille reproduite jjIus loin fig. 128, est conser-
vée au musée de Vannes. Elle contient une monnaie de Postumus (258 à 267).I<a forme 5 a donc persisté
jusqu'aux derniers temps de l'incinération.
{2) Une petite urne à 5 dépressions est conservée au Musée Provincial de Bonn (A. 693).
52
IvA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIMAIN.
I^a plupart des urnes forme 5 sont en verre bleu-verdâtre. On en
connaît quelques spécimens en verre coloré (i).
Forme 6. — Urne carénée. — Cette forme existe en verre et en
terre (2). Elle appartient au Romain I. L'exemplaire de verre repro-
duit fig. 26 est ei: pâte bleuâtre. Un spécimen du même tyjDe est
FiG. 26. — Urne cinéraire carénée. — • Cimetière de Suèvres (I,oir-et-Cher). Musée de Saini-Germain.
.Salle XV, n» 19519.
exposé au Provinzialmuseum de Trêves (3). D'autres sont au musée
de la Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers.
2. — Bouteilles (4) a panse cylindrique a fond plat.
(Formes 7 à 12.)
]>s bouteilles moulées à panse cylindrique et à fond plat sont
d'origine égyptienne.
(i) Une Olla, forme 5 en verre jaune, trouvée à Trêves, a été reproduite par W. Froehner, dans :
Collection Julien Gréau.Verrerie antique appartenant à M. John Pierpont-Morgan,n<' i526etp\.CCI^KXI.
Une urne à panse côtelée du musée de Trêves (n" 9957 a) est aussi en verre jaune.
(2) De belles urnes forme 6, en terre cuite à lustre noir, sont conservées au Brilisli Muséum (Voy.
Walters, Catalogue of the Roman Pottery in the British Muséum, p. 421, M. 2699, fig. 27j) et dans les musées
de la vallée du Riin. Un spécimen a été recueilli à Cologne (cimetière romain de la rue de Luxembourg)
avec des monnaies d'Auguste (Bonncr Jahrbiicher, 1906, p. 3S5, pi. XXI, tombe 9).
(3) Salle XX, n» 3.085.
(4) Nous désignons par le terme général de bouteille tous les récipients de forme variable, anses ou
non, mais toujours pourvus d'un goulot plus ou moins étroit.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES
53
Les moules dans lesquels elles ont été soufflées s'amincissent
vers le bas pour que les flacons, une fois refroidis, puissent être
facilement dégagés.
Des bouteilles à panse cylindrique ont servi d'urnes cinéraires.
D'autres étaient destinées à divers usages domestiques. On en
rencontre dans tous les milieux romains, depuis le début de l'Empire
jusqu'au v^ siècle.
FoRiME 7. — Bocal à large ouverture, muni de deux petites anses
Fio. 27. — Urxe a p.vxse cvlimdrique. — Poitiers. Musée de Saint-Germain. Salle XV, n" 30325.
type "C (pi. 2, p. 36). — Cette forme n'est pas courante. Le spécimen que
nous reproduisons est en verre bleu-verdâtre de bonne qualité. Il
a été trouvé à Trêves, rempli d'ossements calcinés. Il ne semble pas
être postérieur au milieu du ii^ siècle (fig. 25 en bas) .
Formes. — -Panse à épaulement plat. Goulot nettement détaché de
la panse. Embouchure ourlée. Anse robuste type [î (pi. 2, p. 36). — Les
bouteilles forme 8 ont été originairement importées d'Alexandrie
et de l'Italie du sud où elles étaient très abondantes dès le début de
l'Empire. Elles sont en verre épais, bleu-verdâtre. EUes sont lourdes,
trapues. Quelques-unes d'entre elles ont été utilisées comme urnes
cinéraires (fig. 27). On n'en rencontre plus guère après le ll^ siècle (i).
FoR:vrE 9. — Panse élancée. Épaulement plat. Goulot étroit. Embou-
(i) De très gros exemplaires de la forme S sont conservés au musée de Saint-Germain, au musée de la
Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers (cimetière des Dunes), aumuséedeBoulogne-sur-Mer (n<>s4522
et 25.124), au musée de Boiu-ges (cimetière dit du Fin Renard).
54
LA ^rERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE RO]\L\IN.
chure à double bourrelet. Anses type y^ (pi. 3, p. 37). — La forme 9 dérive
de la forme 8. Elle se compose des mêmes éléments, mais elle a un
tout autre caractère (fig. 28). Elle a gagné en élégance, en légèreté.
En comparant l'une à l'autre, on voit que les verriers romains se sont
livrés, comme les céramistes et les orfèvres, à des recherches assez
Fig. 28. — Bouteille cylindrique a deux axses. — (Verre incolore décomposé). Quatremarre. rv'^ s.
Musée de Rouen.
délicates dans les rapports de mesures entre les différentes parties des
récipients. Les bouteilles forme g ne sont pas rares dans les cimetières
à inhumations du Romain II. Des spécimens de très grande taille ont
été trouvés à Monceau-le-Neuf (i), à Abbeville (Homblières) (2),
à Vermand (3), à Spontin (Belgique) (4), à Cologne (5).
(i) Le spécimen de Monceau-le-Neuf (Aisne) publié par M. Cl. Boul.\nger [Le Mobilier funéraire,
pi. II, n" 2 et pi. 20), mesiu'e 3S centimètres de hauteur. Il était à gauche de la tête du chef gallo-romain
inhumé vers l'époque de Constantin II (337 à 340).
(2) J. riLLOY, Études sur d'anciens lieux de sépultures datis l'.itsiie, t. II, p. 137.
(3) Th. Kck, Les deux cimetières gallo-romains de Vermand et de Saint-Quentin, pi. VI, n" 9.
(4) A. LrMELETTE, Le cimetière de Spontin, dans les .innales de la Société de Namur, t. VIII, troisième
livraison, pi. III, fig. 5.
(5) Bonner Jahrbûcher, 1906, fasc. 114-115, p. 430, pi. XXVI. Tombe à inhumation n" 67 (t\<^ siècle).
DESCRIPTION GÉNÉRAIvE DES TYPES.
55
De beaux exemplaires à ornements gravés ont été recueillis à
Boulogne-sur-Mer (i), au cimetière de Vermand (2), dans la vallée
du Rhin (3).
On peut considérer comme une variante de la forme g le type
fig. 29 sans anses, à goulot étroit et bas surmonté d'une volu-
mineuse embouchure à double bourrelet. Les flacons apparte-
nant à ce modèle sont en verre incolore, souvent rempli de filan-
dres et de bulles d'air. Ils ont, en moyenne, 8 à 12 centimètres de
Fig. 20. — Flacon cylindrique
S.1NS ANSE (Boulogne-sur-Mer,
cimetière du Vieil-Atre). — Col-
lection Morin-Jean, n° 2231 {an-
cienne Collection Bernay).
Fig. 30. — Flacon ex
v-ERRE IMPL-R. — ^Cime-
tière de Venuand. —
Collection Th. Eck, à
Saint-Quentin.
Fig. 31. — Flacon de toilette en
VERRE FILAN-DREUX. — Cimetière
de Vermand. — Collection Th.
Eck, à Saiut-Quentin,
hauteur. On pense qu'ils servaient dans la toilette des femmes. Ils
sont répandus dans toute la Gallia Bel^ica aux ni^-iv^ siècles et ils
se rencontrent jusqu'en Angleterre (4). Ils sont particulièrement
(i) Musée arcliéologique de Boulogne-siur-Mer, u° 2.513 : liauteur 33 centimètres, verre incolore, fm m'' ou
IV« siècle (Fouilles à l'Aqueduc de Bréquerecque) .
(2) Th. Eck, loc. cit., pi. VIII, n" 9.
(3) Aus'm' Weerth, dans les Bonncr Jahrbiicher, iSSi, fasc. 71, pi. VI, n" 1.366. Signalons aussi le re-
marquable exemplaire de 40 centimètres de hauteur, orné de scènes gravées, conservé au musée de JMa-
yence, et un spécimen à deux anses du musée de Trêves, couvert de gravures, figurant des combinaisons
géométriques (vitrine VII, salle 20, G. 673, Catalog. p. m) (hauteur 30 centimètres).
(4) Exemplaire du British Muséum (In a Barrow on Cliartham Downs near Cnnierbury Kent).
56
LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROALVIN.
nombreux à Reims (i), assez fréquents à Vermand (2) et à Boulogne.
On en a découvert à Amiens (3), à Cologne (4), à Mayence (5), etc.
Forme 10. — Flacon cylindrique. Goulot se rétrécissant vers le
haut et étranglé dans le bas. Embouchure non ourlée. — L,es flacons forme
10 sont tantôt sans anses, tantôt pourvus de deux petites anses
appartenant aux types 'C}, 'C~, pi. 3, p. 37. Ils ont 10 à 20 centimètres de
hauteur. Tous sont en verre incolore. Beaucoup ont été constitués
à l'aide d'une pâte vitreuse chargée d'impuretés et de filandres
FiG. 32. — Bouteilles a p.^nse cylindrique. Romain II. — A. Cimetière d'Andeniadi. Tombe u" 37.
Musée provincial de Bonn. Salle VI. — B. et C. Cimetière de la rue de I,uxembourg, à Cologne. Musée
de Cologne.
(fig. 32, C). Quelques-uns sont ornés de groupes de cercles gravés à
la meule sur la panse et sur le goulot (fig. 32, A) .
lycs collections de la Gaule du nord et de la Germanie occiden-
tale renferment un très grand nombre de ces verreries. Des exem-
(i) Catalogue du Musée archéologique de Reims, n» 2.41S (recueilli dans lui cercueil de plomb), 2.420,
2.421, 4.643 à 4.645, 4.759 à 4.-64, 4.930 à 4.934.
(2) Th. EcK, loc. cit., pi. VI, n" 3 et 4 ; et Cl. Boulanger, Le Mobilier funéraire, pi. 16, u" 2. Le spécimen
de Vermand, que nous reproduisons (fig. 30) est luie variante à col court et à panse beaucoup plu.s étroite
dans le bas que dans le haut.
(3) Spécimen en verre incolore légèrement décomposé. Goulot onié d'un fil de verre incolore faisant
plusieurs tours : hauteur 9 centimètres. Amiens, Musée de Picardie, n" 910.
(4) Ads'm' Weerth, dans les Bonner Jahrbi'icher, iSSi, fasc. 71, pi. V, n" 1.697.
(5) I,es exemplaires du musée de Mayence appartiennent à des mobiliers funéraires d'époque tardive
où ils sont souvent associés aux formes 41, 50 [avec anse du 53], 109 (p:" siècle) (fig. 33S).
DESCRIPTION GENERAI^E DES TYPES.
57
plaires bien conservés ont été recueillis à Vennand (i), à Reims (2),
à Amiens, à Rouen (fig. 33), à Andernach (3), à Cologne (4), à
Bonn, à Trêves, etc..
Les indications chronologiques que procurent les trouvailles con-
firment ici les observations morphologiques. Les flacons forme 10
Fig. 33. — Bouteille en verre verdatre. — iv" s. Musée de Rouen.
n'apparaissent pas, en Gaule, avant le Romain II. Ils se classent
(i) Th. Eck, loc. cit., pi. VII, u» 4 [Spécimen à anses delphiniformes du ri'o siècle]. M. Eck a découvert
à Vennand ini flacon forme 10 (sans anses) dans lequel se trouvaient des épingles de métal et d'os (Collect.
particulière de M. Th. Eck|.
(2) Catalogue du musée archéologique ie. Reims: 2418 [Six flacons forme 10, trouvés à Reims, lieu dit La
Maladrerie, en août 1896, dans un cercueil de plomb (i\'« siècle)]; 4.922 [Spécimen orné de cercles gravés
sur la pause : hauteur 9 centimètres 1/2].
(3) KœxEN, dans les Bonner Jahrbïicher, 188S, fasc. 86, pi. X, n» 43 et p. 194 [Tombe du rv^ siècle].
{4) A Cologne, la forme 10 s'est rencontrée à la fois dans les incinérations tardives du m* siècle [Bonner
Jahrb, 1906, fasc. 114-113, pi. XXIV et p. 416, tombe 47) et dans les inhumations du tv" siècle [Bonner
Jahr., même fascicule, pi. XXV, et p. 425 : tombe 60, qui contenait le gobelet orné de poissons décrit plus
loin, p. 163, et une monnaie de Co:istance Chlore (305-306)].
Vu flacon forme 10, à anses delphiniformes, trouvé à Cologne, a été publié par W, Frœhner, Collection
Gréau, n» 1.213 et pi. CCXXVai, n» i).
8
58
LA \rERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
même, pour la plupart, après le milieu du iii^ siècle. A Gelsdorf,
on en a trouvé en compagnie de monnaies de Dioclétien (284 à 305) .
Certains spécimens en verre lilandreux sont d'une époque très
basse.
FoRiviE II. — - Flacon cylindrique à embouchure de cotJion grec
(tj^e B, fig. 8). — Les récipients de cette forme ont 10 à 15 centi-
mètres de hauteur (fig. 34) . On pense assez généralement que ce sont
des vases de toilette. Un exemplaire découvert à Reims, lieu dit
le Chemin Vert, en 1894, a été employé comme porte-épingles pour
Fig. 34.
■ Flacon a embouchure de cothon grec. — Cimetière de Vermand. IV
Eck, à Saint-Quentin.
Collection Th.
la chevelure et renferme encore trois épingles : une en bronze, une
en argent, une en os (i). Les flacons forme 11 ont la même qualité de
pâte vitreuse, la même distribution géographique que les bouteilles
forme 10; ils sont aussi de la même époque (iiie-iv^ siècles). Au cime-
tière de Vermand, on a rencontré cinq ou six de ces fioles (2). On
en a recueiUi une près de Trêves (Musée de Trêves, n" 20.64g). Un
spécimen orné de cercles gravés à la meule a été trouvé à Mayence (3) .
Forme 12. — Bouteille cylindrique à épaulement arrondi, à goulot
(1) Catalogue du musée archéologique de Reims, p. 71, u» 2.257 à 2.260. Un flacon fomie n du musée
de Reims a été trouvé avec son bouchon. Il contenait un liquide qui s'est solidifié.
(2) Th. Eck, loc. cit., p. 162-163 et pi. VI, n" 5.
(3) Pâte vitreuse légèrement bleutée. Tombe à iuiumiation du IV siècle. Jlayence, musée Romano-
germanique.
DESCRIPTION GENERALE DES TYPES.
59
fondu dans la panse. — Nous sommes ici en présence d'un type tardif
qui est tantôt anse (type <)^, pi. 3), tantôt sans anses (fig. 35). Il
est facile de se rendre compte que les flacons forme 12 appartien-
nent à inae fabrication de très basse époque (iv* et v^ siècles), qu'ils
Fig. 35. — Bouteille s.\xs i'LxsE. iv» s. — Musée de Niort.
sont sortis d'officines en décadence. Leur pâte vitreuse est filan-
dreuse et leur galbe est peu esthétique.
Il est intéressant de noter que la forme 12 est le prototj^pe de
la bouteille à vin des temps modernes.
3. — Bouteilles a panse prismatique.
(Formes 13 à 19.)
lycs bouteilles à panse prismatique sont originaires d'Egypte.
Elles étaient soufiiées et comprimées dans des moules probable-
ment en bois (i).
Les bouteilles prismatiques sont le plus ordinairement à section
(i) A la Rochère (Haute-Saône), dansuiie verrerie où l'outillage employé était le même que trois ou
quatre siècles auparavant, on soufflait encore, vers 1S92, des pièces dans des moules en bois. Ces moules,
qui coûtaient fort peu de fabrication, étaient en bois tendre (bouleau, aiilne ou caille). On prenait soin
de les mouiller avant chaque soufflage.
(Xote communiquée par JI. H. :Miclid, de Besançon.)
6o IvA \TERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN,
quadrangulaire (nos 13, 14, 15, 16, 19) ou à section hexagonale (n^s 17
,l1.^.h-tai,.
FiG. 36. — Bouteille prismatique a section Fig. 37. — Urne cd.'éraire a panse prismatique. —
TRIANGULAIRE. — Musée national de Naples, Musée de Cannes (Alpes-Maritimes).
n° 13075.
et 18). I^e spécimen à section triangulaire de Pompéi (Naples,
Musée National, no 13.075) est une rareté (fig. 36).
Fig. 38. — Bocal prismatique a large cuver- Fig. 39. — Urne a demi-remplie d'ossements
ture. — Heiras {lien dit La M aladrerie). — Musée calcinés. — Cimetière de Vaison. Fouilles de
de Reims, n" 4g2g. , 1S3S. — ■ Musée d'Avignon, n" 41.
Forme 13. — Panse prismatique à section carrée. Embouchure
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
6l
large, à ourlet. — Ce type de bouteille comporte plusieurs variétés qui
appartiennent pour la plupart à la haute époque impériale (fig.37à4o).
On l'a rencontré en maints endroits, notamment à Poitiers (cime-
tière des Dunes) (i), à Niort, à Lyon, à Bourges (cimetière du F'in
Renard), en Champagne et dans la Gaule méridionale.
Forme 14. — Panse prismatique à section carrée. Goulot étroit.
FiG. 40. — Bocii. PRisjL\TiQnE. — Cimetière de Vierville (Eiu'e-et-I/îir). Fouilles de 1895. — Collection
Morin-Jean, n" 2213 (ancienne Collection Bernay).
Anse type';!, (pi. 2, p. 36). — ^Ontrouvedes flacons forme 14 de toutes les
grandeurs : il y en a depuis 5 centimètres jusqu'à près de 40 cen-
timètres de hauteur (2). Ces boîtes carrées portent souvent sur
le fond des marques de fabrique moulées en rehef (fig. 45). Elles
ont été rencontrées dans toute l'étendue de l'Empire romain, parti-
culièrement dans les îles grecques et en Campanie (très nombreux
(i) Poitiers. Musée de la Société des Antiquaires de l'Ouest (Dunes U, XXII, n" 6y).
(2) Un des plus grands spécimens connus est au musée de Bourges. Cette pièce remarquable mesure
35 centimètres de hauteur : elle a ser\'i d'urne ossuaire. EUe a été trouvée à la Maladrerie (commune de Châ-
teaumeillant-sur-Clier) dans une cuve de pierre à operculum.
62 I.A VERRERIE EN GAUI.E vSOUS L'EMPIRE RGIVIAIN.
exemplaires pompéiens au musée de Naples) , dans la Gaule cisalpine
et en Ligurie. En Gaule, elles sont répandues un peu dans toutes
les régions. Elles peuvent se diviser en deux t\-pes :
A) Le premier a une panse se rapprochant plus ou moins de la
forme cubique. Il se rencontre au i^"" siècle (i). Il est très abondant
au 11^, plus rare au iii^ siècle (2). Au iv^ siècle, il disparaît des sépul-
tures.
Les spécimens du début de l'Empire se distinguent assez facile-
ment des exemplaires tardifs. Jusque vers le milieu du ii^ siècle, la
bouteille carrée est en verre bleu-verdâtre de bonne qualité. Elle a
Fia. 41. — Flacon a p.anse PRisiLiiiQUE, trouvé à Saiiit-Cassiuu, en 1884. — Musée de C aimes {Alpes-
Mariliiues).
des parois épaisses, solides ; elle est presque plate sur le dessus, à
l'endroit où s'attache le goulot. Au iii^ siècle elle est en verre in-
colore ou j aune-ver dâtre sale. Elle a des parois minces et fragiles.
Le dessus de la panse est en forme de calotte plus ou moins bombée
et d'un galbe mou.
B) Le second n'est qu'une variante du premier. Il en diffère par
sa panse beaucoup plus haute que large (fig. 46) . En Gaule, il est plus
(I) Au cimetière de Coblenz-N euendorj , une bouteille carréi; forme 14 a été trouvée dans une tombe du
début de l'Empire, avec une fibule de bronze dont le tj-pe, qui appartient au groupe de I^ Tène III, ne
semble pas descendre plus bas que le second quart du i" siècle (Jlusée de Coblence. Vitrine VI. Tombe à
incinération, n" IV].
(z) A Cologne, OH a trouvé des bouteilles forme r4 dans les tombes de l'époque des empereurs sjTiens, à
côté des verreries ornées d'applications vermiculaires (voy. Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, p.406,
pi. XXIII, tombe n" 35].
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
63
commun dans le Midi (i) que dans le Nord (2). T>TDologiquement et
chronologiquement, il se place à côté du précédent. Comme lui, il
devient très rare à la fin du iii® siècle ; mais on ferait erreur en s'ima-
ginant que les gens de la basse époque l'ignoraient complètement.
A Cologne, en 1905, une bouteille carrée, à panse élevée, a été re-
cueillie, dans un sarcophage en pierre du Romain II tardif ; cette
bouteille était placée à côté d'une cruche de terre rouge, sur
FiG. 42. BOUTEII.I,E PRISILV-
TIQtJE, \TERRE BLEC-VERDATRE.
Parois épaisses. — • Tour\-iUe-
la- Rivière (fouilles de 1862). —
Musée de Rouen (ancienne col-
lection de GirancouH).
FiG. 43. — Bouteille prism-\-
TIQtJE EN \'ERRE VERT-BLEUA-
TRE. — Paris, cimetière payeu
de la me Nicole. — Collection
Ch. Magne, à Paris.
]?io. 44. — Bouteille a p.'Vnse
PRIS>L\TIQUE. — Paris, cime-
tière romain du faubourg
Saint-Jacques. — Must'e
Carnavalet, à Paris.
laquelle l'inscription Reple Me est tracée à la barbotine blanche (3).
FoR^viE 15. — ■ Bouteille prismatique à deux compartiments. —
Cette forme, assez rare, est une variante de la forme 14. La panse de
la bouteille est divisée en deux compartiments, par une mince cloi-
son de verre, placée verticalement. Le goulot est double ; il se com-
pose de deux tubes accolés (fig. 47, B).
(i) Parmi les exemplaires de la basse vallée du Rhône, on peut signaler comme particulièrement intéres-
sante la bouteille {iig. 46) qui porte ime marque de fabrique (éléphant et nom grec ZIIWOC) publiée par
Flouest dans la Revue des Sociétés savantes de 1S75, t.I, p. 124 et suiv.
(2) Un beau spécimen de 24 centimètres de hauteur, trouvé à Pannes (Pas-de-Calais) en 1823, est con-
servé au musée de Boulogne-sur-Mer [n" 2.510].
(3) Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, p. 429, tombe 64, pi. XXVI.
64
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
]>s flacons à deux compartiments constituent une catégorie de
récipients dont les formes sont variées (n^s 15, 35^ 63 du tableau de
morphologie générale). Ils sont désignés par les auteurs anciens
sous le terme général de dilécythcs. Il en existe des spécimens en
terre cuite.
Forme 16. — Panse prismatique rectangulaire. Deux anses tri-
I"iG. 45. — Flacon a panse piusmatiqtje en verre bleu-verdatre.
Cochet, en 1S52. — Musée du Louvre.
Fécamp. Fouilles de l'Abbé
■fides type y. (pi. 2, p. 36) (i). — Très répandues dans toute la Gaule, les
bouteilles de ce modèle sont lourdes ; elles ont des parois très épaisses
et sont en verre bleu-verdâtre. Sur leur fond, on voit souvent une
marque de fabrique (fîg. 48 à 50).
l,es spécimens du musée de Saint-Germain (fîg. 49), découverts
les uns dans la forêt de Compiègne, les autres dans la Vienne et dans
l'Allier (2), les exemplaires d'Alesia (fîg. 50), de Vendôme (3), de
(i) Ces anses n'appartiennent pas toujours au type a. I,e musée de Saint-Genuaiu possède une bouteille
tonne i6 [Salle XV, n» 29.489, Néris (Allier)] dont les anses sont à nervures multiples du t\-pe y, pi. 2.
(2) Musée de Saint-Germain. Salle XV, n^s 13.689, 14.042, 19.765, 29.100, 29.489, 30.328.
(3) Musée de Vendôme [Fouilles de I,ussault (Indre-et-I,oire)].
DESCRIPTION GENERALE DES TYPES.
65
Paris (fig. 48), de Poitiers (i), de Niort (2), d'Amiens (3), ceux de
Normandie (4) et de la vallée du Rhin (5), appartiennent tous à la
verrerie du Romain I.
FoRHiE 17. — Bouteille à panse prismatique hexagonale. — L,es
flacons de cette forme se placent t\'pologiquement à côté des formes
KiG. 46. — Bouteille a paxse prismatique. — Musée de la Maison Carrée, àlXimcs, n" 51.
13 à 16. On peut 5- distinguer des variétés multiples que nous réuni-
rons dans quatre groupes :
A. Bouteilles de grande taille, très lourdes, en verre épais, à goulot
large et bas, à anse trapue du type y (pi. 2, pi. 36). — Elles ont été
ordinairement employées comme urnes ossuaires (6).
B. Bouteilles de petite taille. Variantes à six pans de la forme 14
(fig. 51, 52, 53)-
C. Variantes à six pans de la forme ig (fig. 54, 55).
(i) Musée de la Société des Antiquaires de l'Ouest. Spécimens provenaut du cimetière des Dunes.
(2) Musée archéologique de Niort, n» 89.
(3) Musée de Picardie., n"' 918, 948, 827, 937.
(4) Fouilles de l'Abbé Cochet.
(5) Trois beaux exemplaires, trouvés à Cologne, ont été publiés par 'pK(SSSEV.[Collection Julien Gréau,
pi. 292].
(6) I<'ume à panse hexagonale de Brény (Aisne), signalée plus haut, p. 42 , a 25 centimètres de hauteur.
Elle contenait une monnaie de Domitieu. Deux urnes de même taille et de même forme ont été trouvées,
l'ime à Lillebonne (Seine-Inférieiu-e) [Musée de Saint-Germain, salle XV, n» 29.516. Fouilles Cochet], l'autre
à Cherbourg [voy. W. Frœhxer, CollecHon Julien Gréau, n" 1.525, pi. 270].
9
66
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
D. Variantes à panse prismatique de la forme 33 (fig. 56 et 57).
Forme 18. ^ Variante à six pans de la forme 10. — • Les flacons
forme 18 sont de basse époque. Ils sont en verre incolore, quelquefois
de bonne qualité, mais souvent chargés des impuretés, des bouillons
et des filandres qui caractérisent la pâte du tv^ siècle. Leurs parois
Fig. 47. — Bouteilles a deux cojip.\rtimext.s : A. Type à pause spliéroïdale. Orange (1840). Musée
Calvei à Avignon, n" 113. — B. Tyi^e à panse prismatique, .\rles. Musée Borély à Marseille, n" 494.
sont minces, lisses ou pourvues d'un décor très flou qui consiste en
lignes parallèles disposées obliquement (i) (fig. 58).
Leur goulot, dont l'orifice est sans ourlet, est flanqué de deux
anses du t>^e "C^ (pi. 3, p. 37).
Les flacons forme 18 sont assez répandus dans la Gaule du nord et
sur les bords du Rhin (2).
Forme 19. — Flacons prismatiques sans anses, à goulot long et
étroit. — • Ces flacons portent, en Allemagne, le nom de Merkurflasche
parce que, sur leur fond, on voit souvent une image en relief du dieu
Mercure, cantonnée d'initiales de noms de fabricants (3).
(i) Ce tyije de décoration a été appliqué aussi à d'autres formes.
(2) Un bel exemplaire du Romain II, orné de stries obliques, est conservé au Musée Provincial de Bonn
[n° 316]-
(3) Sur les maripics des flacons forme 19, consulter Anton Kisa, Das Glas vn Altntuiiie, p. 940 et sui v.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
67
Les bouteilles forme 19 comprennent deux t5rpes :
Au premier, appartiennent les flacons dont les parois sont minces
1
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|^.'>^
FiG. 4S. — Bouteille a panse prismatique rectangulaire. — Fouilles de l'Hôtel- Dieu, à Paris, en 1S67.
Musée Carnavalet, n° 141.
(fig. 60) et dont la pâte vitreuse est plus ou moins colorée naturel-
lement par des oxydes métalliques.
Au second, il convient de rattacher les bouteilles dont les parois
sont, comme celles de nos flacons modernes à odeur, très épaisses au
68
LA \"ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIMAIN.
milieu et vont en se rétrécissant vers les bords (i) (fig. 6i, 62). Les
flacons du second tjrpe ont été soufflés dans une matière incolore formée
de quartz en poudre. I^eur embouchure est plate et très débordante,
comme il convient pour verser des liquides épais (fig. 61). Leur
panse est souvent ornée, sur deux faces opposées, ou sur les quatre
faces, de feuilles de palmier.
Les bouteilles forme 19 ont en moyenne 12 à 15 centimètres de
FÏG. 49. — Bouteille a panse pris5l\iique
RECTANGULAIRE. — • Garenuc du Roi (forêt de
Compiègne, Oise). — Musée de Saint-Geniuiin.
Salle XV, u" 14042.
Fig. 50. — Bouteille a panse prismatiql-e
RECT.\NGULAIRE. — ■ Musée d' Alise-Saintc- Reine
(Côte-d'Or).
hauteur; les plus petites ne dépassent pas 6 centimètres (2), les plus
grandes atteignent jusqu'à 22 et 24 centimètres.
Un flacon forme 19, découvert à Clermarais près de Reims, porte
une inscription que l'on a pensé pouvoir Ure ainsi : Firmi Hilari
ad tylosim aromaticum (3).
(i) Quelques-uns de ces flacons sout de véritables verres à tricherie, comme il sera facile de s'en con-
vaincre en examinant la fig. 62. 1,es industriels et les commerçants de l'antiquité usaient déj:\ de ces ruses
dont se servent si fréquemment les négociants d'aujourd'hui pour faire croire à leur clientèle qu'un flacon
renferme plus de liquide qu'il n'en contient en réalité.
(2) Catalogue du Musée archéologique de Reims, n" 5.339, trouvé à la Maladrerie en 1899.
(3) Ch. I,oriquet, Marque pliarmaceutique inscrite sur ime fiole de verre. Dans la Revue archéolo-
gique, 1862, 1. 1, p. 247 à 253.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
69.
FiG. 51. — Bouteille a panse prismatique hexagonale. — Fouilles d'Amiens, en 1S67. — Musée
départemental d^Antiquités^ à Roneu.
>l:J
«Sh
FiG. 52. — Bouteille a
PANSE PRISMATIQUE
hexagonale. — Verre
très épais. Cimetière de
Conflans - sur - Seine
(Marne). — Musée de
Saint-Germain. Salle
XV, n" 19764.
FiG. 53. — Fl.^con a
panse PRISiLATIQtTE
hexagonale. — Verre
verdâtre. — Musée de
Picardie, à Amiens,
n" 807.
Fio. 54. — Flacon
TROUVÉ -A Reims. —
Musée de Saint-Ger-
main. Salle X\', n»
27233-
FiG. 55. — Flacon dé-
couvert -A Vaison
(Vauclusc) . — Muséede
Saint-Gerinain. Salle
XV, u" 13408.
70
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
La Tylosis serait une maladie consistant en callosités invétérées
de l'intérieur des paupières. Le flacon aurait-il contenu un certain
collyre destiné à guérir cette affection ?
On a trouvé dans diverses régions des bouteiUes 19 qui portent
la même estampille que le flacon de Clermarais (Voy. Kisa, Bas Glas,
P- 783).
Lés flacons forme 19 sont très répandus en Gaule. Ils n'appa-
raissent pas avant la fin du ii^ siècle. Ils sont très abondants pen-
FiG. 56. — Flacon a panse hexagon.\le.
Musée provincial ilf Bonn.
FiG. 57. — Flacon en verre vert. — Fouilles de
Brequerecque. — Musée archéologique de Bou-
logne-sur-Mer, n" 2561.
dant la première moitié du iii^ siècle (i) et figurent encore parmi
les productions verrières de la fin du m*' et iv'' s. (2).
(i) Dans les tombes à incinération de la Normandie [Cochet, La Normandie souterraine, pi. I, n» 53,
Cimetière de Cany], les flacons forme 19 sont associés aux barillets frontiniens. A Cologne, ils ont été trouvés
dans les incinérations de l'époque des empereurs sjTriensavec des verres gravés et des verres à applications
verniiculaires (formes 54, 62, 64) [voy. Bonner Jahrbûcher, 1906, p. 409, pi. XXIV, tombe n» 38].
AGelsdorf.présMeckenheim, ils ont été recueillis avec des monnaies de Julia îlœsa, Julia Domna etSeptime
Sévère (193 à 211) [Bonner Jahrbûcher, t. XXXIII-XXXIV, 1S63, p. 227-22S]. A Reims, im flacon
forme 19, dont le fondporteune figiue en relief de Mercure cantonnée des lettres M.-C.-H.-R.,setrouvait
dans une sépulture de la llaladrerie, avec une monnaie de Commode frappée en 192 et une alla cineraria
de terre cuite d'im type travaillé en relief d'applique caractéristique de la première moitié du va." siècle
[\-oy. Catalogue du. il/usée aî-dirà/ogîîwe de Reims, n" 2.549, et J- Déchelette, Les iwsfs céramiques ornés
de la Gaule Romaine, t. II, p. 171].
(2) .Spécimens en verre filandreux et verdâtre des musées de Rouen [fouilles de Quatremares], de Bonn
et de Mayence. [Un exemplaire du musée de Mayence mesiu-e 18 centimètres de hauteur. Il a un col court.
Il a été trouvé dans une tombe du IV siècle avec une bouteille forme 40].
cp^
FiG. 58. — Bouteille a panse
PRISMATIQUE HEX.\GOXALE,
VERRE VERDATRE CONTENANT
DES FILAN1>RES ET DES BULLES
d'air. — Fouilles du Boulon-
nais, en 1S70. — Musée de
Boulogne-sur-Mer, n° 2647.
-i,î
FiG. 59. — Flacon a
LONG COL, VERRE FI-
LAN-DREUX. • — Cime-
tière de Reims (Mar-
ne).— Musée de Saint-
Germain. Salle XV,
n" 27232.
FiG. 60. — Flacon .\ lo.vg col, verre
BLEUTÉ. — Grand Val d'Étretat (fouilles
Cochet, 1S55). — Musée départemental
d'antiquités, à Rouen.
IT
(\
FiG. 61. FLiCON EM VERRE
INCOLORE TRÈS ÉPAIS. —
Trouvé à Rheiudorf, le 14
mars 1839. — Musée de
Sèvres, n» 2665^.
Kg. 62. — Fl.\con en \xrre inco-
lore FiL.\NDRErx. — Fouilles
Cochet, à Cany, en 1849. — Musée
départemental d'antiquités, à. Rouen.
FiG. 63. — Fl.acon a. p.anse
PRISM.\TIQUE. IRIS.'VTION
ARGENTÉE. — Trouvé à
Arles (TrinquetaiUe) . —
Musée Borély, à Marseille,
n» 497.
72 la verrerie en gaule sous l'empire roaiain.
4. — Bouteilles apparentées par leur forme au type gréco-
oriental DE L'ALABASTRE ET DU BOMBYLIOS ET LEURS DÉRIVÉS.
(Formes 20 à 26.)
I^es ampoules et les flacons, dont la description va suivre, sont des
vases destinés à renfermer des parfums, des essences, des baumes.
Ils sont apparentés plus ou moins directement aux balsamaires
d'albâtre, de métal ou d'argile que les Égyptiens, les Grecs, les popu-
^V
FiG. 64. — BOMBYLIOS CORINTHIEX EN TERRE
CflTE. vi" S. av. J.-C. — Collection Morin-Jean,
n° 474-
l'iG. 65. — AXABASIRE EN PATE DE \'ERIŒ MUL-
TICOLORE. — Syrie. — • Collection Morin-Jean,
à Paris.
lations des îles et de la côte d'Asie employaient depuis fort longtemps
au transport des parfums.
Ces balsamaires étaient désignés par les anciens sous les noms
à'alabastre (i) et de bomhylios (2). C'étaient des petits récipients en
forme d'outre ou de poire, caractérisés par une panse renflée du bas
(fig. 64). Ces vases étaient munis d'un goulot court surmonté d'une
embouchure afïectant la forme d'une rondelle plate, très débordante.
(i) Dictionnaire des Antiquités de Saglio, 1. 1, première partie, p. 175 et suiv.
(2) Dictiomuiire des Antiquités de Saglio, 1. 1, première partie, p. 720.
DESCRIPTION GENERALE DES TYPES.
73
lycs Corintliiens, au vu'' et au vi° siècles avant J.-C. ont inondé le
monde méditerranéen de bombylios de terre cuite ornés d'animaux
peints (fig. 64) . Vers la même époque et pendant les siècles suivants,
FiG. 66. — Ampoule de verre bleu. — Arles.
Cabinet des Médailles, à Paris, u° 796.
Fio. 67. — Ampoule a parfum. — Provenauce
indéterminée. — Collection Morin-Jean'n" 615.
les Égyptiens ont fabriqué des alabastres en onjrx oriental ou en'pâte
de verre opaque polychromée à l'aide de bâtonnets de couleurs
variées (fig. 65) .
Formes 20-21-22. — Petites ampoules pirif ormes. Goulot plus
ou moins allongé. Embouchure tantôtsans ourlet (20-21), tantôt ourlée
Fio. 6S. — Flacox en \-erre bleu-verdatre. — Musée de Picardie, à Amiens, n" S97.
(22). — Les spécimens munis d'anses (fig. 68 et 69) sont peu
abondants dans cette série.
Des ampoules formes 20 à 22 ont été découvertes en masse dans
les sépultures à ustion de la période romaine. Elles portent, dans le
langage courant des fouiUeurs, le nom de lacrymatoires, parce que.
10
74
LA \^ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
d'après la légende, les parents des défunts y rassemblaient les larmes
qu'ils avaient versées pendant la cérémonie des funérailles.
On sait, aujourd'hui, que ces fioles n'ont jamais contenu de larmes,
FiG. 69. — Fiole a anses appendicuiées. — S3Tie. ui" s. — Collection Morin-Jean, n" 3041.
FiG. 70. — FlOLE_RECUEILLIE EN OCTOBRE 1882, FiG. 71. — FlOLE DE VERRE VERDATRE, trouvée à
à Paris, 38, avenue des Gobelins. — Collection Paris, 6, boulevard de Port-Royal, en août iSSi.
Ch. Magne, à Paris. Romain II. — Collection Ch. Magne, à Paris.
mais on continue à les désigner par le mot lacrymatoire qui est, en
quelque sorte, consacré par l'usage.
DESCRIPTION GÊNÊRAI.E DES TYPES.
75
A la série des lacrymatoires, nous devons rattacher les n^^ 37 et 38
du tableau de morphologie générale qui ne diffèrent des types 20-22
Fis. 72. — Fiole sans anses. — Fouilles du Boulonnais. — Musée de Boulogne-sar-AIer, n" 2563.
que par la forme de leur panse. Beaucoup de ces petites bouteilles
nous sont parvenues désagrégées et tordues par le feu. EUes ont été
recueilUes au milieu des cendres du bûcher funèbre. M. Mazauric,
l'actif conservateur du musée archéologique de Nîmes, pense qu'elles
TT
FiG. 73. — B.\LS.\M.\IRES A LONG COL.
devaient renfermer des encens qui, en brûlant avec le défunt, ser-
vaient d'antidote contre les mauvaises odeurs.
I^es fioles 20 à 22 sont en verre, tantôt teinté naturellement par
les oxydes métalliques, tantôt coloré volontairement en jaune ou en
76
LA \rERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
bleu vif. Elles ont été utiUsées du i'^'' au iv*= s. de notre ère, mais
elles sont beaucoup plus abondantes au Romain I qu'au Romain II.
FiG. 74. — Balsamake a panse bulbeuse, trouvé à Arles. — Musée Borély, à Marseille.
A Cologne, elles ont été recueillies principalement dans les inci-
nérations contenant des monnaies d'Auguste, de Tibère, de Néron (i) .
Il en est de même dans la Gaule méridionale.
Des ampoules forme 22, en verre bleu intense, ont été trouvées
FiG. 75. — JLarques de verreees moulées sctî le fond de trois b.\ls.\m.\ires forme 25. — Musée
Borcly, à Marseille (n"' 533-534 et 535).
en 1882, à Boulogne-sur-Mer (Briqueterie de Saint-Martin) dans un
cercueil de plomb qui paraît dater du iii«^ ou du iv^ s. (2).
(i) Voy. Bmmer Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, pi. XXI.
{2) Musée arcliéologique de Boulogne-sur-Mer, n" 2.792.
DESCRIPTION GÉNÊRAIvE DES TYPES.
n
La fiole figure 79 est un spécimen très tardif (fin du iv^ siècle)
des bouteilles émanant du bombylios et de l'alabastre des Grecs.
Formes 23-24-25. — Balsamaires à panse tronconique on bulbeuse
surmontée d'un goulot en forme de tuyau très long. Orifice à ourlet. — L,es
vases à parfums formes 23 à 25 dérivent de l'ampoule 22. La transfor-
mation s'est faite tout naturellement par allongement du col et apla-
tissement de la paraison. La panse de ces bouteilles varie beaucoup
CS- ■W:T^.^
FiG. 76. — Fiole de verre bleu-verdatre, trouvée à Saint-Jean-lès-Amiens en 1864.
temenial d\intiqnitcs, à Rouen,
Musée dépar-
dans sa forme. Elle est tantôt tronconique (n^ 24 et fig. 76), tantôt
bulbeuse (n^ 25 et fig. 73 D et 74), tantôt très arrondie (fig. 77).
Souvent, son profil affecte la forme d'une doucine (n^ 23 et fig. 73 C).
Le type bulbeux n^ 25 avec marque de fabrique moulée sur le
fond (fig. 74 et 75) est très abondant dans la vallée du Rhône (i)
[il semble qu'il y ait eu à Lyon une fabrique de ces fioles]. Nous le
retrouvons au musée de Trêves (2).
(i) Nombreux exemplaires aux musées de Lyon, d'Arles et de Marseille.
(2) Fûhrer durch das Provinzialmuseum in Trier, p. 102, tombe n" 1.727.
78
I.A VERRERIE EN GAULE SOUS 1,'EMPIRE ROMAIN.
lycs fioles formes 23 à 25 sont quelquefois en verre bleu-verdâtre,
plus souvent en verre incolore.
Elles sont très répandues dans le bassin oriental de la Méditer-
FiG. 77. — Fiole en verre verdatre, trouvée à -" FiG. 78. — Flacon sans anse. — Musée d'Arles.
Paris, 8 bis, rue Amyot, en septembre 1895. —
Collection Ch. Magne, à Paris.
ranée dont elles sont originaires. On n'en voit guère à Pompéi. Par
FiG. 79. — Fiole de verre verdatre très épais, ornée de stries blaachâtres. Fouilles du Vieil-Atre.
Fin du rv' s. — ■ Musée archéologique de Boulogne-sur-M cr .
contre, en Gaule, toutes les régions ou à peu près en ont fourni des
spécimens qui, pour la plupart, faisaient partie du mobilier funé-
DESCRIPTION GÉNERAIvE DES TYPES. 79
Taire des tombes qui vont de Commode à une date assez avancée du
me siècle (i).
FoRaiE 26. — Bouteille piriforme dont le fond fait une très forte
saillie à l'intérieur de la fanse. — Les flacons formes 26 et 39 sont
apparentés entre eux. Tous deux sont caractérisés par la disposition
de leur fond qui ressemble à celui de nos bouteilles à kirsch.
Ce modèle de cul de bouteille n'apparaît pas de bonne heure.
La majorité des verreries qui en sont pourvues sont du iii^ et
du iv^ siècles.
Au cimetière romain de Cologne, elles ont été recueillies dans les
incinérations tardives (2) et dans les inhumations des derniers temps
de l'époque impériale (3).
5. — Bouteilles apparentées au type de l'amphore romaine
a base terminée en pointe et leurs dérivés.
(Formes 27 à 32.)
Les souffleurs de verre ont pris quelquefois pour modèle l'am-
phore romaine d'argile, à panse terminée en pointe, dont les anciens
se servaient pour conserver le vin (4) .
Forme 27. — Amphore â base pointue. Pas d'anses. — • Les fioles
forme 27 sont généralement de petite taille. Elles sont en verre mince
et sont pourvues d'une embouchure sans ourlet, disposée en enton-
noir (fig. 331, no i).
Ce sont des flacons de la haute époque impériale, très abondants
dans la verrerie pompéienne.
En Gaule, ils se rencontrent dans les incinérations du i^^ ^t (j^
(i) Bonner Jahrbilcher, 1906, fasc. 114-115, pi. XXIII, tombe n" 33, et pi. XXIV, tombe n" 3S (Groupe
des incinérations de l'époque des empereurs sj-riens).
(2) Bonner Jahrbiicher, 1906. fascicule ir+-ii5, p. 109, pi. XXIV, tombe n" 38 et pi. XXV [Tombe
contenant im moyen bronze de l'empereur Postumus (25S à 267)].
(3) Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. Ii4-ii5,p. 430, et pi. XXVI, tombe n° 68, où ime verrerie forme 39
est accompagnée d'un barillet frontiuien du iv° siècle.
(4) L'amphore romaine à vin ne pouvait tenir debout que si on la posait sur un support {inci'ega) ou si
ou la plantait dans le sable (Voy. Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Saglio, 1. 1, première
partie, p. 248, fig. 277 à 2S0).
8o
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
n'^ siècles (fig. 331). On en connaît des exemplaires en verre de cou-
leur (i).
Forme 28. — Variante de la forme 27. — Les ampoules de ce type
sont souvent ornées de profondes dépressions disposées verticalement
tout autour de la panse (2) (fig. 257).
Forme 29. — Petit amphorisque â deux anses. — Une fiole de cette
forme, appartenant au musée provincial de Bonn, est en verre inco-
lore et filandreux du Romain II. Elle porte un texte gravé à la
meule (fig. 80).
Forme 30. — Amphorisque sans anses à goulot très allongé. —
Fig. 80. — Amphorisque ex verile filandreux.
Romain II. — Musée provincial de Bonn. Salle V,
n" A., 248).
Fig. 81. — Fioles de verre incolore, trouvées
dans une tombe du cimetière de la rue de
Luxembourg, à Cologne, rv" s. — Musée Wall-
raf-Ricliartz, à Cologne.
I,' allongement du goulot, dans cette série d'ampoules, constitue une
évolution morphologique qui semble s'être opérée au iii^ siècle" (3).
Une fiole, forme 30, se trouvait au cimetière de la rue de Luxembourg,
à Cologne, dans une tombe datée par une monnaie de l'empereur
Constans (337 à 350) (fig. 81).
Forme 31. — Amphorisque à long col, ouvert â ses deux extrémités.
(i) Tel est le joli amphorisque de 15 centimètres de long, en verre d'un beau bleu, exposé au musée
archéologique de Coblence. Vitrine XIII, n" 1.149.
(2) Des exemplaires du type 28 orné de dépressions longitudinales sont conservés aux musées d'Amiens,
de Rouen et de Bourges [spécimen à quatre dépressions découvert à Boiuges, au cimetière romain du Fin
Renard].
. (3) I,es amphorisques à grand goulot, types 30, 31 et 32, appartieunent tous au Romain II.
Pi,. 5. _ URNE CINÉR.MRK. — Musée du Louvre.
(D'après l';iquarellc de M. Jlorin-Jcan.)
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
8i
— La base présente la structure d'un tube cassé net par un procédé
analogue à celui qu'emploient nos vitriers pour couper le verre. Ce
curieux objet n'est pas sans analogie avec la pipette de nos laboratoires
de chimie. Serait-ce une sorte de tube à décanter? On peut en voir
'•H--
FiG. 82. — Fiole fusiformk en verre verdatre,
découverte à Paris, 31, rue Descartes, eii juillet
1897. — Seconde moitié du iv° s. — Collection
Ck. Magne, à Paris.
FiG. 83. — Gr.\nde fiole fusiforme a EMBOn-
CHTTRE OURLÉE EX DEDANS. — Cimetière de
Vermaud (Aisne). IV" s. — Collection Morin
Jean, n° 571.
au musée de Mayence plusieurs exemplaires qui faisaient partie de
mobiliers funéraires du iv® siècle (fig. 339, no 2).
lyC spécimen du musée de Cologne, que reproduit notre figure 81,
se classe également à une très basse époque comme le prouve la
monnaie de Constans, fils de Constantin le Grand, qui a été trouvée
avec lui.
Forme 32. — Fiole fusiforme, d'origine orientale, atteignant jusqu'à
60 centimètres de longueur. — Orifice tantôt coupé net sans ourlet
II
82 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
(fig. 82), tantôt ourlé (fig. 83). Pâte vitreuse incolore ou jaune-
verdâtre, souvent encombrée de nœuds et de filandres.
Le type 32 est très répandu en Gaule. Un grand nombre de trou-
vailles (i) démontrent qu'il appartient à l'époque de Constantin
et de ses successeurs. Plusieurs archéologues pensent que les fioles 32
étaient déposées, pleines de vin, dans les tombes des prêtres chrétiens.
Des traces de vin ont été trouvées dans une de ces verreries découverte
à Bordeaux (2) .
6. — Bouteilles apparentées au type grec de l'aryballe.
(Formes 33 à 36.)
A l'époque impériale romaine, on fabriquait en verre soufilé des
Fig. 84. — .\eybjU,le a .^nses delphiniformes. Verre vert (axses bleu pale). — Fouilles du Vieil-
Atre. — Musée archéologique de Boulogne-sur-Mer, n" 2559.
balsamaires à panse sphérique et à anses delphinif ormes (fig. 84), qui
(i) Nolammeiit celles de Nîmes {Saint-Bt-andile) ['Musée de la Maison Carrée, 11° 236, long. 40 cen-
timètres], d'Arles [Musée Borély à Jlarseille, n" 459, long. 48 centimètres environ, et musée d'ArlesJ,
de Bordeaux [Spécitaon publié par M. Covateault dans la Revue des Études anciennes, igii.t. XIII, u° 3],
de Louin (Deux-Sèvres) [Spécimen découvert par le R. P. C.\mii,le de la Crolx, dans im sarcophage de
marbre doublé de plomb, entre les jambes d'un individu mort vers trente-cinq ans], de Bourges [Musée de
Boiu-ges, n» B. 567, long. 30 centimètres], de Reims [Musée de Reims, n"» 4.703, 4.704, etc.], de Vermand
[Musée l,écuyer et collection Th. Eck, à Saint-Çjucntin], de Strasbourg [Spécimen recueilli par le chanoine
Straub, avec une bouteille de verre forme 40, dans un sarcophage de pierre (voy. Str-^x^b, Le cimetière
gallo-romain de Strasbourg, p. 31, pi. IX, n" 7, tombe 25)], d' Andcrnach [voy. Bonner Jahrbiicher, 1888,
p. 184, fasc. 86, pi. X], de Trêves [Musée Provincial de Trêves, salle (>, n" 59, et salle 20, u" 5. 000 J, de Maycnce
[Musée de Mayence. Nombreux spécimens trouvés dans des sarcophages de jiierre].
(2) P. CotiRTE.\LLi, Fiole en fuseau ayant continu un viti antique, trouvée â Bordeaux. Dans la Revue
des études anciennes, t. XIII, année 191 1, u" 3.
DESCRIPTION- GÉNÉRALE DES TYPES. 83
sont des imitations directes des aryballes de terre cuite (fig. 85), et
FiG. 85. — Arvealle coRi>mnF.N en terre cuite. — vi« s. av. J.-C. — Colhaion Morin-Jean, n" 1485.
de pâte vitreuse opaque (fig. 86) , connus dans toutes les régions médi-
terranéennes dès le viie siècle avant J.-C. (i).
Pour être complet, l'aryballe de l'époque impériale devait avoir
Fig. 86. — Aryballe ex p.^ie de verre multicolore (bleu, j.'iun-e et vert),
Morin-Jean, n" 995.
— Syrie.
Collection
une anse de bronze (fig. 88, 89) et un bouchon de même métal. L'anse
était souvent remplacée par des chaînettes de bronze (2).
(i) Voy. Dictionnaire des Antiquités grecques et rofnaines de Saglio, t. I, pre:iiière partie, p. 453.
(2) Des aryballes avec tout ou partie de leur mouture de bronze et de leurs chainettes, ont été trouvés
en Gaule, notamment au cimetière de Cany (Seine-Inférieure) [voy. Abbé Cochet, La Normandie souter-
raine, pi. I, n» 56. Fouilles de 1849. Musée de Rouen], et dans la vallée du Rhin [voy. Aus'm'Weerth
dans les Bonner Jahrbiicher, 1881, fasc. 71, pi. V, n" 1.603].
84
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Les aryballes de verre se suspendaient à la ceinture, avec des
brosses et divers ustensiles, lorsqu'on allait au bain. Quelques archéo-
FiG. 87. — Ar\tîalle a pied ANîftTLAiRE. VERRE BLED-VERDATRE. — FouiUes à Paris, faubourg Saint-
Jacques. — Musée Carnavalet.
logues ont pris l'habitude de les désigner sous le nom de bouteilles
de bain.
Forme 33 (i). — La bouteille de bain, dans sa forme primitive,
FiG.
.■Vryballe de VERRE A ANSE DE BRONZE, trouvé eu Italie. — Collection Morin-Jean, n" 3040.
telle qu'on la voit à Pompéi dès la première moitié du i^'" siècle de
notre ère, est une ampoule sphérique dont le dessous est légèrement
(i) I^ forme 33 existe aussi ptirmi les récipients en métal de l'époque romaine. Des aryballes de bronze,
en tous points semblables à ceux de verre, ont été trouvés à Cany [exemplaire du musée de Rouen], à Reims
[Musée de Reims, u» 5.136], à Bonn [Provinzialmuscum de Bonn, n»^ 14.140 et i6.377],à Cologne [voy.
Anton Kisa, Das Glas, p. 322].
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
85
aplati. Elle a une embouchure à ourlet épais et deux petites anses
types î^, r, (pi. 2, p. 36). Elle est en verre naturellement teinté par des
oxydes métalliques (verre bleu-verdâtre) ou colorée volontairement
FiG. 89. — Anse et bouchon de bronze d'txn arybai,le de verre, — Musée de Naples, n" 12941.
en vert-émeraude, en rouge, en brun-doré (i).Elle est ordinairement
d'assez petite taille et ne dépasse guère 6 à 8 centimètres de hauteur (2) .
En Gaule, les bouteilles 33 ont été connues de bonne heure.' Sur
FiG. 90. — Aryballes du Romain n : A. Musée provincial de Trêves. Salle XX. Vitrine IX, n" 17500. —
B. Musée provincial de Bonn. Salle V, u» 9886.
les bords du Rhin, à Xanten, elles étaient accompagnées de monnaies
de Néron.
(i) Souvent il n'y a que les anses de la bouteille qui soient en verre de couleur.
(2) Un exemplaire minuscule, qui ne dépasse pas i centimètre 1/2 de hauteur totale, est conservé au
musée de Saint-Germain [Salle XV, n" 14.060. Environs de Compiègne (Fouilles de Roucy)].
86
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Dans les diverses nécropoles normandes de Neuville-le-Pollet (i),
du Bois-des-Loges (2), du Mesnil-sous-Lillebonne (3), elles étaient
associées aux barillets frontiniens de la première moitié du m^ siècle.
FiG. 91. — Aryballes A .'iNSES DELPHiNiFORMES. — Muscc de Saini-Gennain. Salle XV: Aj n° 19526.
Type à trois anses. Cimetière de Suèvres (Loir-et-Cher). — B, n" 13412. Type à panse aplatie. Vaison
(Vaucluse) .
A Cologne, elles ne sont pas rares dans les incinérations de l'époque
des empereurs syriens et de leurs successeurs (4) . On en trouve aussi,
mais en moins grande quantité, dans les sépultures à inhumation
de la fin du iii^" et du iv<^ s. (5) .
Les exemplaires tardifs de la forme 33 sont parfois ornés, suivant
FiG. 92. — Aryballe de verre bleu. — Cabinet FiG. 93. — .\ryballe découvert en Picardie. — ■
des Médailles, à Paris. Musée d'Amiens, n" 9S4.
la mode du temps, de fils de verre étirés à chaud (6) (fig. 90 A). lueurs
(i) Abbé Cochet, La Normandie souterraine, pi. Il, n"* 25 et 29.
(2) Abbé Cochet, loc. cit., pi. IV.
{3) .\bbé Cochet, loc. cit., pi. VI, n° i.
(4) Bonner Jahrliiicher, igo6, fasc. 114-115. p. 406, pi. XXIII, tombe n"' 35, et pi. XXV.
(5) Théophile Iïck, Les deux cimetières galln-ro>nains de Vermand et de Saint-Quentin, pi. VI, n» 11.
(6) Des bouteilles 33, ornées d'un fil de verre qui s'enroule autour de la panse, sont conservées au musée
de Trêves [Salle 20, n" 1.209] '-'t dans la collection l'ierpont-Morgan [voy. I^rochner, Collection Gréau,
n° 1.572].
DESCRIPTION GÊNÊRAI,E DES TYPES. 87
anses appartiennent à divers modèles {r} et v^ pi. 3 et fig. 90 B) du
Romain II.
Les variantes du flacon 33 sont assez nombreuses (fig. go à 94) . Kisa
a reproduit, dans son ouvrage sur le verre, un typehybride participant
de la forme ;^^ (panse et anses) et de la forme 10 (goulot) (i).
Forme 34. — Bouteille de bain à parois épaisses gravées. —
Fig. 94. — B.^LSAJLURES : A. Cimetière des Dunes. Poitiers. Musée de la Société des Antiquairesde l'Ouest,
I, XXI, n" 71 (83). • — B. Ruines romaines de Saint-Saloiue, à Saintes. Musée archéologique de Saintes.
Embouchure type A, fig. 8, p. 31. Anses type 'Ç^, pi. 3, p. Z7- Pâte
vitreuse incolore. Hauteur variant entre 12 et 15 centimètres. Les
plus beaux spécimens de bouteille 34 proviennent du Rheinland (2).
(fig. 95) (3). Ils se rapportent à la verrerie du Romain IL
Forme 35. — Bouteille de bain à plusieurs compartiments. — Les
flacons 35 qui sont parvenus jusqu'à nous sont tous d'assez basse
époque (fig. 96).
(i) .\NTON KiSA, Dus Citas im .iliertume, fig. 6i (à droite).
(2) Beau spécimen au musée de Cologne [voy. KiSA, lac. cit., fig. 62].
(3) L'exemplaire que nous reproduisons a été publié par A. .Oeville .Histoire de l'Art de la verrerie,
pi. I,XXIII A.
88
LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROUL^IN.
Trois exemplaires de verre incolore et filandreux sont exposés au
musée de Bonn (i) ; ils sont à deux compartiments.
Fio. 95. — Aryb.u.le en verre inculore décomposé. — Parois épaisses. Décor géométrique profon-
dément entaillé. Vallée du Rhin. Époque tardive. — Musée départemental d'antiquités, à Rouen.
Un spécimen, signalé par Anton Kisa comme faisant partie de la
collection Niessen à Cologne (2), est séparé, à l'intérieur, en trois com.-
FiG. yfa. — ■ Bouteille de bain a deux com- I-'ig. 97. — Aryballe a panse annulaire. Verre ver-
PAKTiMENTS. — ■ Romain II. — Musée pro- datre. — ■ Musée départemental d'antiquités, à Rouen.
vincial de Bonn. Salle V, n» 8953.
partiments qui correspondent chacun à l'une des trois ouvertures
pratiquées dans l'embouchure.
(i) Bonn, Provinzialmuscum, n'^ 8.953 [fig. 96], 12.060 et 15.313.
(2) Anton Kisa, Das Glas, p. 323 et fig. 61 (à .gauche).
DESCRIPTION GENERALE DES TYPES.
89
Forme 36. — Aryballe à panse annulaire (i). — I^es aryballes 36,
tous de petite taille, sont des vases dont la panse a la forme d'un
tube circulaire, d'un coussinet rond percé d'une ouverture cen-
FiG. 98, — Aryballe corinthien de terre cdtte,
A PANSE ANNULAIRE. — VI" S. av. J.-C. — Col-
ection Morin-Jean, n» 2992.
FiG. 99. — Aryballe de verre jaune. Panse
ANNULAIRE. — Aiuiens. Mtisce de Picardie,
n" 936.
traie (fig. 97). Leur forme était déjà connue des céramistes corinthiens
du vie siècle avant J.-C. (2) (fig. 98).
I^s exemplaires en verre de la période impériale romaine sont
FiG. 100. — Aryballes a p.\nse annulaire. Types pol\-podes : A. Musée de Trêves. -Salle XX. —
B. Musée de Bonn. Salle V, n» 85S2.
tantôt apodes (fig. 99), tantôt pourvus de trois ou de quatre petites
saillies qui permettent à la bouteille de se tenir debout.
(i) Les Romains ont aussi donné la forme annulaire à des vases d'argile conune la célèbre lagona du
musée Carnavalet à Paris [voy. Revue archéologique, 1868, p. 226]. La lagona du musée Carnavalet est un
vase qui par son goulot et ses anses appartient à notre fonne 42, mais dont la panse consiste en un aimeaii
très étroit. Elle porte l'inscription : Hospita r&ple lagonam cervesùi.
(2) Voy. Ed. Pottier, Vases antiques du Louvre, p. 17 , pi. 14, A. 428 et 429.
12
90
LA \rERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Ces saillies sont constituées, soit par des guttules de verre rappor-
tées à chaud (fig. loo, A.), soit par des protubérances que l'ouvrier
obtenait en pinçant la pâte vitreuse pendant qu'elle était encore
malléable (fig. loo, B.).
7. — L'ampoule a panse sphf;rioue et ses variantes. Diotas et
gourdes plates.
(Formes 37 à 43.)
Forme 37. — I^es ampoules 37, dont l'embouchure, coupée aux
oiseaux, est dépourvue d'ourlet, dont les minces parois sont en verre
Fig. IOI. — AMPOtTLE A PANSE APL.\TIE. VERRE FiG. I02. — BOUTEILLE EN VERRE VERDATRE. —
\t:rdatre. — Vennand. — Musée Lécuyer, à Pezou (I^ir-et-Cher). Romain II. — Musée de
•Saint-Queutin, n" 2713. Vendôme.
bleu-verdâtre ou coloré en bleu-azur ou en jaune, appartiennent à la
même série que les types 20-21, et se classent aux mêmes époques
(voy. plus haut, p. 75).
Une importante série de fioles 37, les unes en verre bleu, les autres
en verre jaune, est exposée au musée archéologique de I.yon.
Forme 38. — Variante à panse aplatie de la forme jy. — Parois
épaisses. Verre verdâtre.
Les ampoules 38 se placent au Romain II. Elles ne sont pas rares
dans les cimetière.-; tardifs du nord de la France (i) (fig. loi).
(i) cimetière de Verinitid. Tu. F.CK, Les deux cimetières gctllo-romaim de Vermand et de Saint-Quentin,
pi. VI, n" 10.
DESCRIPTION GÊNÊRALE^DES TYPES. 91
Forme 39. — Variante à panse sphérique de la forme 26. — Elle
l'iG. 103. — Ballon de verre verdatre a bécor côtelé très flou. — Fouilles de Paris. Cimetiiîre
romain du faubourg Saint-Jacques, iv^ s. ■ — Musée Carnavalet, à Paris.
se classe, comme cette dernière, dans la verrerie d'époque tardive
(fig. 102) (voy. plus haut, p. 79) .
Forme 40. — Ballon de verre à goulot évasé. — Les bouteilles 40
Fig. 104. — Bouteilles sphêkiques a. goulot évasé. Romain II : A. Sépultures à indumation d'Ehrang.
Tombe n° 6. Musée provincial de Trêves. Salle XIX. — B. Inscription gravée, cvrre. p\tervm. Musée
de Mayence, n" 1125. — C. Bouteille de verre incolore. Ornements en verre bleu. Fouilles de la rue d'Aix-
la-Chapelle, à Cologne. Musée Wallraj-Richartz, n" 602. — D. Musée provincial de Trêves. Salle XX,
n° 590.
sont tantôt apodes (fig. 104, A, B et C), tantôt pourvues d'un pied
annulaire (fig. 105 à 107). Très rarement elles ont une anse (fig. 104,
92 LA VERRERIE EX GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIX.
D.). La plupart d'entre elles sont en verre uni. Quelques-iines sont
riG. 105. — Bouteille a col évasé, trouvée à Saint-Jean-lés- Amiens, eu 1864. Romain II. — Musée
départemental d'antiquités à Rouen {ancienne Collection de Girancourt).
décorées de dépressions (fig. 256), de fils de verre, de cabochons de
couleur (fig. 104, C). de gravures (fig. 104, B.).
Une variante assez répandue comporte un goulot étranglé du bas
Fig. 106. — Bouteille ex verre verdatre très fil.\xdreux. — \'ennand. iv« s. — Collection Théophile
Eck, à Saint- Quentin.
et terminé à l'orifice par une embouchure bruïfquement évasée
(fig. 109).
I^es bouteilles 40 sont d'origine orientale. En Gavde, elles sont très
DESCRIPTION" GÉNÉRALE DES TYPES. 93
fréquentes dans les vallées de la Moselle et dvi Rhin ; elles deviennent
FiG. 107. — Bouteille en verre filandreux. — Environs d'Amiens (fouilles de 1867). Romain II. —
Musée départemental d'antiquités à Rouen, [ancienne Collection de Girancourt).
plus rares à mesure que l'on s'éloigne de ces régions vers l'Ouest ou
FiG. 108. — Bouteille ex verre j.iune-verdatre, trouvé*; à Reims, en 1747. Romain II.
Paris. Cabinet des Médailles, n" 3722.
vers le Sud. Toutes sont en verre incolore ou légèrement verdâtre,
94
LA VERRERIE EiX GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
souvent rempli de nœuds et de filandres. Elles apparaissent dans
les sépultures du iii^ siècle, mais c'est principalement dans les
tombes à inhumation du iv* siècle qu'elles ont été rencontrées. Elles
abondent dans les mobiliers funéraires de la Germanie (i), et s'y
trouvent mêlées à des plaques de ceintures de la seconde moitié du
iv« siècle, à des fibules cruciales caractéristiques des derniers temps de
l'Empire (2), à des monnaies allant de Volusianus (251 à 254) à
FiG. 109. •
BoDTEiLLE DÉCOUVERTE p.\R l'abbé Cochet. à Lilleboiiiie, en 1867. — Romain II. •
départemental de Rouen.
Musée
Gratien (375 à 383), à d'autres verreries de formes tardives
[types 9 (3), 50 (4), 61 (5), 76 (6), 116 (7), 124 (8), 132 (9)].
Forme 41. — Ballon de verre dont le goulot, étranglé dans le bas,
va en se rétrécissant vers l'orifice. — Tout ce qui vient d'être dit au
(i) Nécropoles d'Andeniach [voj-. Bonner Jahrbucher, 1888, n" 86, pi. X, n» 54 et p. 1S8]. de Cologne
[Bonncr Jahrh., 1906, fasc. 114-115, tombes 59, 60, 6r, 62, 66, 67, 68, 69, 71], de Trêves, de Strasbourg
[Straub, Le cimetière gallo-romain de Strasbourg, p. 31, pi. VII, n"' i et 2], de Mayence, etc.
(2) Bonner Jahrbucher, 1906, fasc. 114-115, p. 427, pi. XXV, tombe 62 du cimetière de Cologne.
(3) Bonner Jahrbucher, loc. cit.. Cimetière de Cologne, tombe n» 67.
(4) B. /., loc. cit., tombe 69 (avec mo)-eu bronze de Dioclétieu (284 à 305).
(5) B. J., loc. cit., tombe 68.
(6) B. J., loc. cit., tombes 66 et 68.
(7) Tombe du musée de Trêves.
(8) B. J ., loc. cit., tombe 61 (avec monnaies de Cl.aude le Gothique et C.'iRUS).
(9) B. J., loc. cit., tombe 68. Barillet signé : Feon.
DIvRCRIPTK^X GÉNÉRALE Dl'vS TYPES.
95
sujet de la forme 40 peut être répété à propos de la forme 41 qui n'en
diffère ({ue par la structure de son goulot (fîg. 1 10).
On con!-:erve aux musées de Trêves, de Strasbourg (i), de Bonn,
de Cologne, de Mayence, d'Amiens (2) de belles bouteilles forme 41
dont quelques-unes sont gravées (fig. m) ou peintes (voy. plus
loin, p. 249).
Forme 42. — Ballon de verre à anses arrondies fixées par leur
Fie. iio.
BOPTF.rLLE DE VERRE N-ERD.WRE CH.\RGÉ I>'lMPDBETÉ,S ET DE Fn,ANDRES. W" S. — AinicilS.
Musée de Picardie, n" 799.
extrémité supérieure, à une bague de verre placée vers le milieu du
goulot (fig. 112, 113 et pi. 8). Les bouteilles 42, que les archéologues
nomment quelquefois diota (de ^iwrr,, mot grec signifiant à deux
oreilles), sont synchroniques avec les types 40 et 41 ; aussi sont-elles
formées, comme eux, d'une pâte de verre incolore, souvent impure,
chargée de bulles d'air et de filandres.
Elles ont presque toujours un pied annulaire, quelquefois un
pied conique séparé de la panse par un sphéroïde. Les spécimens à
(i) Straue, Le cimetière gallo-romain de Strasbourg, pi. \'II, u" 3.
(2) Musée de Picardie, n"' 799, 844, 961.
96
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
quatre anses (i) et ceux ornés de cabochons de verre (2), ou de ser-
pents (3), ne sont pas communs.
La bague qui sert de point d'appui aux anses des diotas est formée,
tantôt d'un gros fil de verre (fig. 112), tantôt d'une collerette fes-
tonnée ou ondulée au fer. Plus rarement, elle se compose de deux
anneaux reliés entre eux par un fil de verre décrivant des zigzags (4).
Les diotas forme 42 sont très répandus dans le nord des Gaules.
Ils y existent déjà au temps des empereurs syriens (5), mais de-
FiG. III. — Bouteilles de la vallée du Rhin. — Décor gravé, Romain II : A. Musée provincial de
Trêves, n" 5268* . — B. Fouilles de Kastel. Musée de Mayence, n" 441 1.
viennent plus nombreux à l'époque constantinienne. Ils sont surtout
communs dans les inhumations postérieures au niiheu du ni*^ siècle (6) .
(i) Exemplaire du cimetière de Vermand conservé au musée de Saint-Quentin et publié par Th. Eck,
loc. cit., p. 144 et pi. V, n" 2.
(2) Spécimen du cimetière de Cologne découvert dans ime incinération duui" siècle [Bonner Jahrbiicher,
1906, fasc. 114-115, p. 407, pi. XXIII, tombe n" 36]. I,e diota à quatre anses de Vermand signalé ci-dessus
{note i) porte également des cabochons siu: la panse (voy. plus loin, p. 223, n» 3).
(3) Diota découvert à Vermand et publié par J. Pilloy, Études sur d'anciens lieux de sépultures dans
l'Aisne, pi. VII bis, n" i.
(4) I,e diota ci-dessus mentionné (note 3) est nmni de ce type de collerette à jour.
(5) Diota trouvé en 1897, rue du I,uxembourg, à Cologne, dans une incinération, avec des bouteilles,
formes 54, 62 et 64, ornées d'applications vermiculaires, et des monnaies d'Hadrien et de Crispina, femme de
Commode [voy. Bonner Jahrlmcher, ii,o5, fasc. 114-115. p. 409, pi. XXIV, tomben" 38].
(6) Nécropoles de Vermand, d'Amiens [Musée de Picardie, n» 803 et g36],deStrasbourg[SiR.\UB,i.e
cimetière gallo-romain de Strasbourg, p. 48, pi. VI, u» 4], de Trêves [Musée de Trêves, salle 20, vitrine VIII,
G. 7471, de Mayence, de Cologne [Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, p. 422, tombe n» 59. où le type de
bouteille 42 est accomijagné d'autres verreries tardives (formes 40, 73 et 98) et de monnaies des empereurs
Volusianus, Postumus et Gallienus].
DESCRirTION GÉNÊRAIvE DEvS TYPEvS
T
97
FiG. 112. — DiOTA. — Verre incolore. iv« s.
Musée de Rouen.
FiG. 113. — MOBIUER FUNÉRAIRE D'UNE TOMBE A
rNHDMATION DU CIMEIIÈRE D'ARCY-S.AtNTE-IiES-
TITUE (Aisne) . — Epoque des invasions. — A .
Dicta de verre. — B. Boucle de ceinture, oniée
de verroteries rouges. — C. Ornement de cein-
turon. — Musée de Saini-Gerntain. Salle F. Mo-
reau. Vitrine 45. Tombe 16S7.
F:g. ii.^. — V/VSE cinTRioTE en terre cuite. — v-n" s. av. J.-C. — Collection Morin-Jean, n» 2
13
493-
98
TvA VERRERIE EN GAULE vSOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Quelques-uns, comme celui du mobilier funéraire du chef de
Monceau-le-Neuf (i), se distinguent de leurs congénères par leurs
dimensions exceptionnelles.
La forme 42 était encore en usage à l'époque des invasions ; au
FiG. 115. — Fi..\coNS A PANSE APLATIE : A. Kotiilles de ralestiue. Musée de Cologne, n» 6S7. — B. \"cn-e
vert foncé. Musée de Bonn (Salle V. n" 206). — C. Jlayence. Fouilles de z<)oy. Musée de Mayetice.
cimetière d'Arcy-Sainte-Restitue (Aisne), F. Moreau a ouvert une
tombe contenant un diota et une boucle de ceinturon en bronze
ornée de verroteries rouges cloisonnées, qui a déjà tous les caractères
des bijoux francs (fig. 113).
i) Cl. Bo0l.\noer, Le Mobilier funéraire, pi. 15 et 20.
DESCRIPTION GENERALE DEvS TYPES.
99
Forme 43. — Variante à panse plate du type 42. — La gourde plate
accostée de deux petites anses [n^ 63 des ty][ies d'argile décrits
par M. Dragendorff] (i), est d'origine gréco-égj^ptienne, comme
nous l'apprennent les nombreux modèles de terre cuite découverts
en Egypte (2), et à Chypre (fig. 114). L,es industriels de la Gaule l'ont
connue par l'intermédiaire des fabriques établies dans l'Italie du
Sud.
Au type 43 de terre, appartient le vase Sallicr qui est
du iii^ siècle (3) .
Au type 43 de verre, se rattachent plusieurs modèles de flacons
FlO. 116.
Bouteille a panse aplatie. Verre verdatre. rv« s. •
à Rouen.
Musce dépariemenUil d'antiquités.
qui ne se rencontrent guère en Gaule, avant l'époque des empereurs
syriens (4) , et dont quelques spécimens, comme la gourde du musée de
Rouen (fig. 116) et celle du musée de Mayence, exceptionnellement
pourvue de quatre anses (fig. 115, C), sont de très basse époque.
(i) Terra Sigitlala, dans les Bonner Jahrhiicher, fasc. 96-97, année 1895.
(2) Ed. Pottier, Vases antiques du Louvre, Paris, Hachette, 1897, p. i et pi. 3, n" 2.
(3) Sur le vase Sallier, conservé au musée de Saint-Germain, consulter J. Déchelette, Les vases céra-
miques ornés de la Gaule romaine, t. II, p. 307 et pi. rV".
(4) Par exemple, la belle bouteille du musée de Cologne, publiée dans les Bunner Jahrbiichcr, fasc. 99,
année 1896, pi. II, n" 5, et décrite plus loin, p. 20 1 n» 2 et tig. 274.
100
LA \-ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
8. — Bouteilles a une anse. CEnochoês et variantes.
(Formes 44 à 61.)
Forme 44. — Copie des œnochoés de bronze de la haute époque
impériale. — Une sépulture collective, découverte à Vaison, en 1838
(fig- 334. 335)' ^t reconstituée dans son état primitif au musée Calvet à
Avignon, contient deux exemples de ce tj^^e de verrerie. Ce sont
FiG. 117. — cEnochoé ornée de cercles gravés,
VERRE INCOLORE. — m' S. — Paris, Cabinet des
Médailles, n» 5452.
riG. 118. — Flacon de verre du Romain I.
Musée de la Maison Carrée, à Nîmes, n" 136.
des récipients à encolure courte et largement ouverte, à anse
plate (fig. 335, E). ly'un d'eux est intact; l'autre a la partie infé-
rieure de la panse entièrement brisée. Que l'on compare ces verre-
ries aux nombreuses œnochoés de bronze découvertes à Pompéi, et
l'on verra tout de suite que les verriers romains n'ont fait que copier,
à peu près servilement, les produits qui sortaient des officines des
bronziers d'Alexandrie et de l'Italie méridionale.
Les œnochoés de Vaison sont difficiles à dater. Une ver-
rerie de même forme, conservée au Cabinet des Médailles à Paris,
et dont la provenance ne nous est malheureusement pas connue, est
incolore et ornée de cercles gravés à la meule (fig. 117). Si elle date
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES. loi
du me siècle, ce qui nous semble à peu près certain, elle nous
; — , — .5^
FiG. 119. — Bouteille en vekre BLEU-vrERDAiRE, trouvée à Arles. — Cabinet des Médailles, à Paris,
n"'5475-
prouve que la forme 44 était connue des verriers du Romain II,
r"iG. 120. — Bouteille A DEUX COMPARTIMENTS. — Caiiy (Scinc-Inférieure). Fouilles Codiet en 1849. —
Musée de Rouen,
Forme 45. — Copie des cruches de terre blanche, rosée ou jaunâtre,
102 IvA VERRERIE EN GAUEE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
très communes au premier siècle de notre ère. — Les verreries de la
forme 45, abondantes dans la basse vallée du Rhône, sont du i'^'^ et du
ii*^ siècles (fig. 118). L,a variante fig. 119 peut descendre jusqu'à la
seconde moitié du iii*^ siècle.
Forme 46 (i). — Variante à deux conipartimoits du type 75. —
Typologiquement et chronologiquement, les bouteilles 46 se ratta-
chent au type 15 dont elles ne diffèrent que par la forme de leur panse.
On trouve des modèles Romain I de la forme 46 au musée Calvet
Fig. 121. ■ — Bouteille a gouttiêiœ. — Musée de la Maison Came, à Nimes, n» 84.
à Avignon (2) et au musée archéologique de Reims (3). Au Ro-
main II, la bouteille 46 évolue et aboutit à un type fig. 120 et forme
63, dont le galbe est plus mou, dont l'anse est plus arrondie, dont
les embouchures sont moins distinctes, moins séparées les unes des
autres.
Forme 47. — Bouteille pourvue d'un bourrelet formant gouttière
à la partie supérieure de la panse. ~— Ce genre de bouteille a été ren-
contré à Saintes (4), à Nîmes (5), à Vaison (6). On en connaît des
[(i) I,es verriers orientaux sont peut-être les créateurs de cette forme. Des vases de verre à deux compar-
timents ont été trouvés en Syrie [voy. Musée du Couvre. Département des antiquités orientales. Salle
des petits monuments de Sarzec].
(2) Musée d'Avignon, n» 113. Trouvé à Orange en 1840. Hauteur : 17 centimètres.
(3) Musée archéologique de Keims, n° 2.279 [^'oy. Catalogue, p. 72].
(4) Musée de Saintes. Partie supérieure d'une bouteille 47.
(5) Musée de la Maison Carrée, n" 84 (tig. 121).
(6) Deux spécimens de 11 centimètres de hauteur.t Musée CalveàAvignon, u"' m et iia.
DESCRIPTION GÊNÉRAIvE DlvS TYPES.
103
exemplaires provenant de l'île de Chypre (i). Le musée de Saint-
Oermain en possède un spécimen fragmenté dont la provenance est
inconnue (2).
Les vases de verre à gouttière se classent avant le iv" s. On n'en a
pas trouvé, à notre connnaissance, dans les sépultures d'époque
tardive.
Forme 48.— Panse fortement galbée, se rétrécissant à la partie
inférieure. Même hase qu'aux urnes 5 et 6. Goulot long nettement dé-
FiG. 122. — Flacon de verre bleu, trouvé à
Valroas. — Musée Calvct, à Avignon, n" 103.
FiG. 123. — Bouteille \ une .\nse, verre ver-
D.4TRE. — Cimetière de Vermand. iv* s. — Musée
Lécuyer, à Saint-Quentin, n" 2656.
taché de la panse. Anse bifide. — Les œnochoés forme 48 sont de la
haute époque impériale. Elles sont synchroniques avec le t}^e 57.
Le spécim.eu que nous reproduisons fig. 122 est en verre d'un bleu
magnifique.
Forme 49. — La panse, fuselée, s'amincit autant, et quelquefois plus,
dans le bas que dans le haut. Le goulot, fondu dans la panse, est orné
d'une bague de verre. Le pied tronconique à gros bourrelet se fond dans
la panse. — Les bouteilles forme 49 appartiennent toutes à la verrerie
(i) W. Frœhner, CoUeclwn J. Gréau, u» 1.187, pi. CCXX, n" 4. [C'est à tort que M. F"rœhner nomme
chytra ce genre de récipient. l,es chytres antiques sont des marmites cjui n'ont rien à voir avec nos fla-
cons 47 (voy. Dictionnaire de Saglio, t. I, deuxième partie, p. 1140)!.
(2) Musée de Saint-Germain, n» 29.525 (achat en 18S5).
104
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
tournée de la seconde moitié du iii^ et du rv^ s. En Syrie, elles atteignent
des dimensions colossales (superbes exemplaires orientaux au musée du
Louvre). En Gaule, elles sont particulièrement abondantes dans le
nord et sur les bords du Rhin. On en a recueilli plusieurs au cime-
tière de Vermand (i) (fig. 123). A Homblières (Abbeville), M. Pilloy
en a trouvé une dans ime tombe qui contenait une monnaie de l'em-
pereur Valens (364 à 378) (2). Un spécimen dont la pâte vitreuse
Fig. 124. — Bouteille en verse verdatre
CHARGÉ DE FILANDRES. — Trouvéc à Paris, près
l'église Saint-Germain-des-Prés, dans une tombe
à inhumation. — Musée Carnavalet.
Fig. 125. — CEnochoé de verbe incolore
(Marne). — Collection Morin-Jean, n» 2038.
indique une époque très basse, peut-être le v*' siècle, a été découvert
à Paris (fig. 124). Un très bel exemplaire, rencontré avec une mormaie
de Constantin le Jeune (337 à 340) au cimetière de Strasbourg (3),
offre une particularité remarquable : la bague qui entoure le goulot
est constituée par un gros fil de verre bleu disposé en zigzag.
Forme 50. — Pause ovale un peu rétrécie dans le bas. Goulot plus
(i) Voy. Th. Uck, Les deux cimetières gallo-ro^nains de Vermand et de Saint-Quentin, pi. IV, u°» 4 et 10.
(2) Voy. J. Pilloy, Études sur d'anciens lieux de sépultures dans l'.iisne, 1. 1, pi. III, n" 13.
(3) Straub, Le Cimetière gallo-romain de Strasbourg, tombe à inhumation n" 72, pi. V, n» i.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
105
ou moins fondit dans la panse. Pied annulaire. Embouchure à double
bourrelet. — Les bouteilles 50 font partie du même groupe de verre-
ries et se rencontrent dans les mêmes régions que les bouteilles 4g.
Leur fabrication semble avoir débuté au 111° siècle (1), mais appar-
tient surtout au iv^.
Ces élégantes aiguières sont rangées parles archéologues, tantôt
dans la catégorie des prochous (2), tantôt dans celle des lagcncs (3)
FiG. 126. — Bouteille trovvée a Tourville-la-1vI\'ière, eii 1862. — Musée de Rouen [ancienne
Collection de Girancoiirt).
ou des œnochoés (4). Mais ces noms ne correspondent à rien de
précis, puisque les auteurs anciens employaient chacun d'eux pour
désigner des récipients de formes diverses.
Quoi qu'il en soit, les bouteilles se rattachant à notre forme 50
sont si différentes les unes des autres dans les détails de leur structure
que nous ne pouvons songer à en décrire ici toutes les variantes. On
peut, du moins, distinguer deux séries assez nettement caractérisées.
(i) Spécimens des iuciuératious dvi cimetière de Cologne [Bonncr Jahrbuchcy, iyo6, fasc. 114-115, p. 410,
pi. XXIV, tombes 39 et 47].
(2) Sur le Prochous, voy. Dictionnaire d; Saglio, t. IV, première partie, p. 661.
(3) Sur la Lagena, voy. Dictionnaire de Saglio, t. III, deuxième partie, p. 907.
(4) Sur VŒnochoé. voy. Dictionnaire de Saglio, t. IV, première partie, p. 159.
14
io6 LA VERRERIE EN GAULE vSOUS L'EMPIRE ROMAIN.
A . Dans la première, ou rangera les spécimens de verre incolore ou
I-'iG. 127. — Bouteille trouvée a Bresles, prés de Beauvais, en 1861. — Musée de Sèvres, n° 5891.
verdâtre, pour la plupart d'assez grande taille, et comprenant des
FlG. 128
Bouteille a anse en chaîne. — I"iu in' ou iv" siècle
Musée de Mavence.
variétés nombreuses (fig. 125 à 128). Ici, la panse aura un profil pur et
bien cadencé; l'embouchure ne comportera exceptionnellement qu'im
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES. 107
simple bourrelet; l'anse plate à quatre nervures décrira au sommet
une boucle, hésitera à effleurer le goulot, puis remontera lui peu pour
descendre ensuite brusquement, à la fois légère et puissante, sur
l'épaule du vase (fig. 125). lyà, le galbe sera moins pur ; le goulot
mangé par la panse, le ventre anguleux de la bouteille, l'anse em-
pâtée, tout dénotera le travail d'un artisan moins doué (fig. 126).
Ailleurs, le même type de bouteille sera dépouillée de son anse et de
son pied (fig. 127) ; ailleurs encore, l'anse à double ondulation type ^
Fig. 129. — • BODTEltLE A TUBULURE LATÉRALE. — Reims. I^ieudit « Ia Maladrerie ». Fouilles J Orbliti,
en i8g8. — Musée de Reims, u» 4944.
(pl- 3. P- 37) viendra se substituer aux types plus simples (i) (fig. 128).
Les bouteilles forme 50 sont très souvent ornées d'un fil de verre
étiré à chaud qui les enveloppe entièrement (fig. 259) ou s'enroule
seulement autour de leur goulot (fig. 261) C'est le décor courant
des Kànnchen du Rheinland (2).
(i) I,es bouteilles 50 à anse du type l, pi. 3, appartiennent à une série de récipients dont le centre de
production doit, semble-t-il, être placé en Germanie occidentale. Elles sont de basse époque. On peut eu
voir aux musées de Mayence [spécimens de 20 à 25 centimètres de hauteur, en verre très impur], de Stras-
bourg [Straub, loc. cit., p. 27], de Boulogne-Sur-Mer [n" 2,670, fouilles du Vicil-.\tre eu 1870; et n" 2.491,
fouilles à Bréquerecque (le n" 2.491 a été publié par Ro.vcH SjnTH dans Collectanea Antiqua, 1843, n» i)],
d'.\niiens [de>K spécimens]. Des exemplaires ont été découverts au cimetière de Vermand [voj-. Th. Eck.
Les deux cimetières gallo-romains de Vermand et de Saint-Quentin, pi. IV' , n» x et à Paris [Musée Carnavalet].
(2) Voy. AXTON KiSA, Das Glas, fîg. 38, 39 et 40.
io8 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Une autre ornementation consiste en filets appliqués à chaud et
disposés en spirales qui partent du haut du goulot, couvrent la panse
et se fondent dans la partie inférieure du récipient (i).
B. La seconde série comprend des flacons de petite taille (les
plus grands ne dépassent pas 12 centimètres) ; caractérisés par leur
polychromie et l'association du verre transparent et du verre opaque
l'iG. 130. — Bouteille a tubulure latérale, verre verdaire. ■ — Étaples, 1864 Romain II. —
Musée de Rouen {ancienne Collection de Girancourl).
(fig. I et 2). Ces bouteilles sont ordinairement de deux tons. L'un est
apphqué aux parties qui constituent la bouteille proprement dite :
panse, goulot et bourrelet supérieur de l'embouchure. L'autre est
réservé pour les parties accessoires : anse, pied, bourrelet inférieur de
l'embouchure et filets qui entourent quelquefois le goulot.
(i) Des bouteilles de la fin du in<^ et du iv' s., ornées de filets en spirales, proviennent de Jlonceau-le-
Neut [Forme 50. Tombe du chef. Collect. Boulanger à Péronne. Voy. Cl. Boul.\nger, Le Mobilier funéraire,
pi. II et pi. 20], de Yermaud [Forme 59. Voy. Th. Eck, Les deux cimetières, pi. IV, n" 9], de Beauvais [Forme
61 à anse du tjije Ç, pi. 3. Voy. W. Froïhner, La Verrerie antique. Collect. Charvet, n" 88, pi. XIX], de Stein-
fort, Grand-Duché de I<uxembourg {Publication de la Société pour la recherche et la conservation des monu-
ments historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, 1849, p. 45, pi. 2, fig. 5 et 6].
DESCRIPTION GKNERAIvE DES TYPES.
log
Ces flacons forment un des groupes les plus charmants de toute la
verrerie rhénane du Romain II (i).
Forme 51. — Panse spcrique. Même goulot et même emboucliure
qu'aux types 62, 64 et 65. Anse en forme de ruban plat avec repli supé-
rieur formant poucier. Pied annulaire. Une bouteille de ce type est
décrite plus loin, p. 207 et fig. 276. Elle est en verre incolore et ornée
d'applications vermiculaires (ni^ siècle).
Forme 52. — Bouteilles à panse sphérique pourvue d'une tubulure
Fig. 131. — Bouteille a tobulure latérale. — Paris. Foiiilles du cimetière romain du faubourg Saint-
Jacques. iv« s. — Musée Carnavalet, Paris.
à extrémité effilée (fig. 129 à 132) . — Bien que de nombreux archéologues
s'obstinent à voir dans ces flacons des biberons d'enfants (2), nous
restons persuadés que jamais ces bouteilles n'ont été utilisées pour
l'allaitement artificiel des nouveau-nés.
(i) Musée de Bonn (Bouteille en verre bleu transparent ; parties accessoires en verre jaune opaque.
Trouvée avec monnaies de Dioctétien [2S4 à 305], n» 1.684. Hauteiu" : S centimètres. — Bouteille
forme 50 en verre violet transparent ; parties accessoires en verre bleu pâle (fig. i), hauteiu- : 8 centi-
mètres. Salle VII, tombe 19 ; inventaire 4.275). — Musée de Trêves (Bouteille en verre bleu transparent;
parties accessoires en verre blanc opaque, n" i^.bo^l'voy. Fiihrer durch das Provinzialmuseum in Trier,
p. 108]. Deux flacons différents des précédents en ce qu'ils sont entièrement formés de verre opaque : la
bouteille est en émail blanc et les parties accessoires sont en émail bleu, n°' 02.376 et 05.278). — Musée de
Breslau (Bouteille en verre bleu de Tiuquie ; parties accessoires en émail blanc. Trouvée à Cologne).
(2) JE.\N I,EC.\rL.\iN, Biberons antiques, dans la Revue /£sculape, z" année, u" 10, octobre 1912.
IIO
LA VERRERIE EN GAULE SOUS I/EMPIRE ROMAIN.
S'il en avait été ainsi, on aurait au moins pris soin d'user
à la meule l'extrémité de la tétine. Cette extrémité est, au
contraire, cassée net et coupante. Elle est, de plus, mince et fragile.
Il serait très dangereux de l'introduire dans la bouche d'un enfant.
D'autre part, l'anse, inutile et même incommode, si l'on se sert du
FiG. 132. — Bouteille a tubulure latérale, verre verdatre. — Romain II tardif. — Minée d'A miens,
flacon comme biberon, devient indispensable si on l'utilise comme
verseuse.
I,es Romains appliquaient une tubulure latérale à des récipients
de formes et de matières diverses (i) .
lycs bouteilles forme 52 paraissent inconnues au début de l'époque
impériale.
Quelques exemplaires, par la qualité de leur pâte vitreuse,
peuvent peut-être se placer au 11" siècle de notre ère; mais presque
tous ceux que l'on voit dans les vitrines de nos musées sont du iii^ et
du iv<' siècles.
(i) Askos en torre cuite de la nécropole de Rabs (Carthage) [Musée de Rouen] ; vases d'argile à couverte
blanche, rouge et noir, du musée de Reims fn"» 3.766, 3.948, 3.949, 3.950, 3.960, 4. on, 4.053, 5.304, etc.
Voy. Catalogue du Musée archéologique de Reims]. Poterie noire à décor on barbotinc blanche du musée
de Coblence (fig. 133), etc.
DESCRIPTION GENERALE DES TYPIvS.
III
Ceux que le chanoine Straub a recueillis à Strasbourg étaient
dans des tombes à inhumation du iV siècle (i). Ceux que l'abbé
FiG. 133. — Poterie a tubulure latérale. — m'-iv' s. — Musée de Coblence.
Hamard a trouvés au cimetière de Bury (Oise) datent aussi de
l'époque constantinienne (2).
Il semble qu'il y ait eu deux types de flacons 52, qui se suivent
chronologiquement. L,es flacons du premier ty|3e sont en verre bleu-
FiG. 134. — Bouteille a panse bulbeuse et a .\kse en chaîne, verre incolore. — Neuville-lc-PoUct
(Seine- Inférieure), in"^ s. — Musée de Rouen.
verdâtre, un peu épais. Ils sont contemporains des premiers barillets
frontiniens et existaient dès le début du m^ siècle. Ceux du second
sont en verre mince souvent rempli de filandres (3) ; leur anse,
(1) Straub, Le cimetière gallo-romain de Strasbourg, p. 78, et pi. IX, n» 3.
(2) Abbé Hamard, Découverte d'une nécropole romaine à Bury {Oise). Dans le Bulletin archéologique, 1900,
P- 23-
(3) Exemplaires en verre filandreux aux musées de Trêves [Salle 20, n" 3.500], de Mayence, de Poitiers
Dîmes I., XXXVII, n» m (161)], etc.
112
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
leur embouchure, leur décor sont caractéristiques de la basse époque
(fig. 131 et 132).
Forme 53. — Bouteille à panse en forme de bulbe aplati. — Le
type 53 peut être rapproché du type 60 avec lequel il est synchro-
nique. Tous les intermédiaires existent entre la panse dont la coupe
Fig. 135. — Bouteille a anse en chadce, veeke
IN'COLORE. • — ■ Vieil-Atre. Fouilles de 1869. Fiu
111" ou iw" s. • — Musée de Boulogne-sur-M er,
n° 2673.
Fig. 136. — Flacon EN VERRE FIL.1NDREUX, EMBon-
CHUKE A BEC. — Tourville-la- Rivière (fouilles de
1862). Romain II. — Musée de Rouen {ancienne
Collection de Girancourt).
verticale offre l'aspect d'une ellipse presque parfaite (fig. 134) et
la panse tronconique (fig. 145).
Les flacons en forme de bulbe aplati sont souvent ornés de
fils de verre qui s'enroulent autour de la panse et du goulot (fig. 135).
Leur embouchure est tantôt circulaire, tantôt munie d'un bec
(fig. 137). Leur anse est très variable dans sa forme (types (i'^, l, etc., de
la pi. 3, p. 37).
Les bouteilles forme 53 ont été trouvées dans les mêmes régions
que les bouteilles formes 4g et 50. Elles datent du Romain IL
Forme 54. — Œnochoé à embouchure trilobée [typeC, fig. 8) et danse
surélevée. Forme des œnochoés grecques. — Telle qu'elle se présente
dans notre tableau de morphologie générale, l' œnochoé romaine de
verre est un type de la première moitié du iii^ s. EUe est de petite
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
"3
taille, en verre incolore très pur et ornée d'applications vermiculaires
(fig. 275). Elle ne se trouve guère en dehors de la vallée du Rhin (i).
KiG. 137'. — Bouteille ex verre \-erdatre. — Romain II. — Miiscc de Picardie, à Amiens.
Les œnochoés que l'on a exhumées des nécropoles du nord de la
Fig. 138. — Bouteille de verre bleu-verd.\tre. — ■ embouchure a bec.
PoUet. Musée de Rouen.
Fouilles de Neuvillc-le-
France sont d'un galbe beaucoup plus lourd. Ce sont des imitations
(i) I^es plus beaux exemplaires ont été trouvés à Cologne, dans les tombes à incinération de Tépot^ue des
empereurs s\Tiens, avec des monnaies de Julia Domna et d'.\lexandrc Sévère. Ils étaient déposés dans une
soucoupe forme 89, ornée, comme eux, d'applications vermiculaires [voy. Bonner Jahrbûcher, 1906, fasc. 114-
113, pi. XXIV, tombes 38, 40 et 42].
15
"4
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
de cruches d'argile très communes en Picardie au i\^ siècle (i).
Forme. 55. — Panse sphérique. Embouchure à bec [type D,
fig. 8) . — On connaît de cette forme des exemplaires apodes (2)
(fig. 138) et des exemplaires pourvus d'un pied annulaire (3), des
.r=^
Fig. 139. — CEnochoé a col renversé. — Verre
incolore décomposé. Romain II. — Musée pro-
vincial de Bonn. Salle IV.
Fig. 140.
Vaison.
Flacon trouvé au cimetière de
Musée Borély, à Marseille, n" 572.
Spécimens sans ornements et des spécimens décorés de fils de verre
entourant la panse et le goulot (4) .
Un modèle hj^bride, représenté au musée de Mayence, emprunte
son embouchure à la forme 55 et sa panse à la forme 23.
Les trouvailles démontrent que les bouteilles 55 appartiennent
au Romain II (5).
(i) J. PiLLOV, Études sur d'anciens lieux de sépultures dans l'Aisne, t. II, p. 138 ; et Th. Eck, loc. cit.
pi. V, n» 5.
(2) Bonn. Provinzialmnseiun, n" 1.741.
(3) Voy. Catalogue du Musée archéologique de Reini-';, p. 78, n" 2.424.
(4) Aus'ii'WEERiH, dans les Bonncr Jahrbiichcr de 1S81, fasc. 71, pi. V, collection Disch, n" 1.386.
(5) I<es spécimens de la vallée du Rhin [Cologne. Incinérations tardives. Voy. Bonnet Jahrbiicher, 1906,
fasc. 114-115, p. 405, pi. XXIII, tombe n" 34], et de la Picardie [Musée de Picardie, fouilles à Amiens,
me des Trois-Caillou-x, en 1897] sont des in<^, iv« siècles.
DESCRIPTION GENERALE DES ÎYPES. 115
Forme 56. — Œnochoé à col renversé. — I^a forme 56 existe déjà
FiG. 141. — Bouteille ex \^rre jaunâtre. — Fabrication tardive. — Musée de Maycnce, n" 4601.
en argile, à une époque très reculée, dans le bassin de la mer Egée (i).
(^
FiG. 142. — Carafe apode. — Cimetière romain d'Aveiuies (Belgiqiie). — Musée de Liège.
Dans la verrerie impériale romaine, elle est très rare. Elle n'y est
(i) Poteriesà décor géométrique de Ch\-pre, de Crète, de Jlilo [vo>-. Collignox et Couve, Catalogue des
Vases peints du musée d'Athènes, pi. IV, n" 30].
ii6
LA VERRERIE EN GAULE SOUvS L'EIMPIRE ROMAIN.
représentée, à notre connaissance, que par un beau spécimen du
musée de Bonn (fig. 139). Par la composition de sa pâte vitreuse
qui est incolore et par ses ornements, cette cruche se classe au Ro-
main II.
Forme 57. — Les œnochoés 57 à 61 se reconnaissent à la forme
de leur panse dont la silhouette est un triangle plus ou moins curvi-
FlG. 143. — C.iR.\FE A PANSE COTELEE.
Vieil-.-Vtre. Fouilles de 1S70.
n" 2664.
Musée de Boulogne-sur-Mer,
ligne. Un des côtés du triangle forme la base de la bouteille ; les deux
autres côtés se fondent dans le goulot.
Les flacons forme 57 sont des types de la haute époque impériale.
Ils sont communs dans la basse vallée du Rhône (fig. 140). L'un
d'eux, touvé à Piolène, en 1883, et conservé au musée Calvet à Avi-
gnon (no 236 ^), a plus de 30 centimètres de hauteur.
Forme 58. — Les bouteilles 58 sont caractérisées par : une panse
peu élevée, ordinairement décorée de côtes en relief, un goulot très
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
117
long étranglé à la base, une anse terminée par un appendice orné de
saillies nombreuses (i) (fig. 141).
Le type 58 donne naissance à diverses variétés tantôt apodes
(fig. 142), tantôt pourvues d'un j^ied (fig. 143) et dont la panse, par
Fig. 14+. — Bouteille a panse TRoxcoxiQrE.
— ■ Fouilles du Boulonnais. Romain II tardif.
— Musée de Boulogne-sur-Mer, n^a^iô.
Fig. 145. — Flacon a p.\nse TRONCo^^QI^E. —
Vermand. Romain II tardif. — Collection Théophile
Eck, à Saint-Quentin.
des déformations successives, arrive à prendre l'aspect d'un bulbe
très aplati (fig. 143).
Il semble que la fabrication des bouteilles 58 ait duré longtemps.
Des exemplaires en verre bleu-verdâtre de bonne qualité ont été
trouvés dans des tombes à incinération remontant à la fin du ii^ siècle
ou aux premières années du iii<^ (2) . Des spécimens en verre sale et rempli
(i) Quelques archéologues domietit à ces bouteilles le nom de Flasca [mot de basse latinité] (voy.
W. Frœhner, La Verrerie antique, p. 78).
(2) Bouteille 58 dont l'attache inférieure de l'anse est masquée par un médaillon figiu-ant ime tête de
Méduse, trouvée à Cologne avec une coupe 65 en verre bleu et un moyen bronze d'Antonin le Pieux [voy.
Donner Jahrhiicher, 1906, fasc. 1 14- 115. Tombe à incinération n» 31 (fouilles de 1903), p. 402 et pi. XXIII].
Ii8
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
de bouillons paraissent dater, au contraire, d'une époque très basse (i).
Forme 59. — Bouteille à panse troiiconique dont l'anse est fixée aune
FiG. 146. — Fiole TRONCONIQUE a large orifice. — I.iUebonnc. Fouilles de 1853. — Musée du Louvre, n" 97.
bague qui entoure le goulot un peu au-dessous de l'embouchure. —
I^es bouteilles 59, assez répandues dans la Gaule belgique, sont toutes
FiG. 147. — • Carafe a large emboucht're. — Verre incolore. Romain II. — Musée provincial de Bonn.
•Salle V, n" 16142.
du Romain II (fig. 144). Très nombreuses à Vermand (2), elles ne
sont pas rares non plus dans le Rheinland (3) .
(i) Par exemple, ceux du musée de Mayence (fig. 141).
(2) Voy. Th. Eck, Les deux cimetières gallo-romains de Verinand et de Saint-Quentin, pi. IV, u"' 2,3,5,961
pi. V, n» 6.
(3) Bouteille 59 à pause côtelée, recueillie dans la tombe à incinération n" 43 du cimetière de la rue de
I,uxemboiu'g,à Cologne, avec le verre iclithyomorjjie forme 129 et un grand bronze d'Alexandre Sévère
[voy. Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, pi. XXIV].
DESCRIPTION GÊNÉRAIvE DES TYPES. 119
Forme 60. — Variante à panse tronconique des flacons fig. 134 à 137.
— Les bouteilles de ce modèle se rencontrent en France, surtout dans
le Nord et dans l'Est (fig. 145). Elles ont été recueillies dans les nécro-
poles de l'Aisne (i) dont les sépultures se classent pour la plupart
au iv^ siècle. Il y en a plusieurs au musée de Reims (2).
Forme 61. — Carafe à largeembouchurc. Anse ^^^ {pi. 2, p- 37) ■ — Les
récipients de ce tj^e, qu'Anton Kisa appelle prochous, ne font leur
apparition en Gaule qu'à partir du iii^ siècle (fig. 147). Les uns datent
de l'époque des empereurs syriens (3), les autres du rv® siècle (4).
9. — BOUTEII,I.ES APPARENTÉES AU I^ÉCYTHE ITAI^IOTE DE TERRE
CUITE
(Formes 62 à 65.)
Les types 62 et 64 ont pour point de départ le lécythe d'argile, à
panse en forme de poire, si répandu en Apulie, en Campanie et en
Lucanie du rv* au ii^ s. avant J.-C. (5)
Ils ne furent connus, en Gaule, qu'après le règne de Commode
(+192)-
De forme gracieuse, montés parfois sur un pied délicat, ces flacons
ont été en vogue au temps d'Héliogabale et d'Alexandre Sévère (6).
Ils ont été façonnés dans une pâte vitreuse, incolore, d'une grande
pureté. Ils sont presque toujours ornés d'applications vermiculaires
(i) Fouilles F. IIoreau au cimetière de la Villa d'.\ncy [voj*. Album Caranda, pi. 79, nouvelle série,
II" i]. 1887, tombe 107, u» 41.140, hauteur : lo centimètres 1/2.
(2) Voy. Catalogue du musée archéologique de Reims, n°* 2. 131, 4.663, 4.S75 et 4.876.
(3) Nous citerons le n" 16.142 du musée de Bonn [verre incolore; hauteur : 20 centimètres] et
im spécimen trouvé dans une tombe du cimetière de la rue de I^uxembourg à Cologne, avec une monnaie
d'Alexandre Sévère.
(4) Des exemplaires très tardifs ont été rencontrés à .\ndemach [tombe à inhumation, u" 19, du cime-
tière d'.\ndemach. Voy. Kœnex, dans les Bonner JahrbiUher, 18SS, fasc. S6, p. 185, et pi. X, n" 17] et
à Cologne [avec une coupe 76 à dépressions, un barillet frontinieu forme 132 et un ballon forme 40 dans une
sépulture à inhtmiation du rv" siècle].
(3) Sur les différentes formes du lécythe grec, consulter Dictionnaire des Antiquités de JI. Sagho, t. III,
deuxième partie, p. 1023.
(6) I,es plus beaux ont été trouvés dans la vallée du Rhin [voy Bonner JahrbiUher, 1906, fasc. 114-115,
p. 406 et 409 et pi. XXIII et XXIV, tombes n"' 35 et 38 du cimetière de Cologne].
120
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROALVIN.
en verre opaque ou transparent, dont les colorations douces créent
une harmonie distinguée (fig. 277 à 280).
Forme 63. — Variante à trois compartiments du type 62. — L'anse,
comme dans le type 59, est fixée à une bague de verre qui souligne la
jonction de la panse et du goulot (fig. 148).
La forme 63 est connue par des exemi^laires appartenant aux
musées de Trêves (i), de Bonn (2), de Cologne (3).
Forme 65. — Variante à panse aplatie du type 64. — Les bou-
FlG. 14
S s.(,r,,.,l 151;.
Bouteille a trols compaetimexis. — Verre verdàtre. Romain II. — Musée de Trêves,
Salle XX. Vitrine VIII (G. 706).
teilles 65 fontpartiedu même groupe de récipients que les bouteilles43.
Ce sont des gourdes plates, en verre incolore et ornées d'aj^plica-
cations vermiculaires, dont les plus beaux modèles sont sortis des
tombes tardives à incinération de la Gaule rhénane (fig. 282).
(i) .Salle 20. vitrine VIII, u"> G. 706 [voy. Fuhrer durch ilas Provinzialmuseum in Trier, p. m]. Fouilles
de 1908 à PaUien.
(2) Bonn. Provinzialmuseum, n" 1.739.
(3) Cologne. Musée Wallraf-Richartz, 11° 252, hauteur : 32 centimètres.
Pl. 6. — Verre a deux couches (Faux cajiéel — UinodiuO priapiquc Ircnivcc ;'i Btsan(,un. — i'"' siècle
ap. J.-C. — Mtiscv archéologique de Besançon (Doubs.l
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
121
10. — BOUTEELIvES A FOND BULBEUX.
(Formes 66-67.)
Forme 66. — Bouteille cylindrique à fond plat plus ou moins élargt.
— Les récipients de ce type ont un galbe mou, disgracieux (i) (fig. 149).
Us sont en verre de très mauvaise qualité. Ils apparaissent au iv^ siècle
Fig. 149. — BouTEn-LE a fond bulbeux. — Cime-
tière de Sablonnière (Aisne). Fin du iv<^ s. ■ —
Musée de Saint-Germain. Salle F. Jloreau. Tombe
n» 1012.
Fia. 150. — Œkochoé a fond bulbeux. — Vene
filandreux. Basse époque impériale. — Musée
provincial de Bonn. Salle V.
et se rencontrent encore fréquemment au v*'. M. Cl. Boulanger en a
trouvé un bel exemplaire au cimetière franc d'Acherj^-Mayot (2).
Si la forme des fioles 66 est peu séduisante, le décor dont quel-
ques-unes d'entre elles sont agrémentées est, par contre, d'une réelle
élégance. Il est composé de larges ondes d'émail blanchâtre dont
les extrémités effilées se poursuivent en filets verticaux jusqu'au
sommet du goulot (fig. 270).
(i) On en a recueilli plusieurs à Reims (Marne), au cimetière d'Armentières (Aisne) [Musée de Saint-
Germain. Salle XI. Tombe 534. Vitrine 44. Fouilles F. Moreau en 1882. Voy. Album Caranda, pl.28, nouvelle
série n" 4], à Trêves [n» 04.1007'. SaUe 21. Tombe n» 227] et dans la nécropole la plus récente d'And'.-rnach
[Spécimen d'environ 18 centimètres de hauteur, conservé au musée germanique, à Nuremberg].
(2) Voir Cl. Boul.\nger, Le Mobilier funéraire, pi. 31, n" i.
16
122 LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROI\IAIN.
Forme 67. — Bouteille à fond bulbeux. Embouchure trilobée. Anse
décrivant une belle courbe. Fil de verre enroulé autour de la panse. —
Ce modèle de petit vase n'est représenté que par un spécimen en
verre filandreux du musée Provincial de Bonn (fig. 150).
II. — Phiales, bols et plats.
(Formes 68 à 92.)
Forme 68. — Les phiales forme 68 reproduisent des^coupes en
métal repoussé. Elles sont tantôt plates (fig. 151), tantôt profondes
(fig. 152 ). Elles ont des parois très épaisses et sont ornées de grosses
Fig. 151. — PHI.'iLE CÔTELÉE. — Romain I. — Collection Morin-Jcan, n'> 985.
côtes. Les unes sont en verre bleu-verdâtre, naturellement teinté
par les oxydes métalliques. Les autres sont en verre uniformément
coloré, en bleu vif ou en jaune d'or. Des exemplaires de luxe, faits
à l'imitation des vases de calcédoine, de marbre et d'agate rubanée,
sont couverts de taches, de veines et de bandes irrégulières de toutes
nuances (i).
Les coupes 68 sont des produits de la haute époque impériale.
Ou en a découvert dans tout le monde romain. Nombreuses dans la
verrerie pompéienne, elles se sont répandues de bonne heure au nord
des Alpes. En Gaule, elles font partie des mobiliers funéraires du i^r
et du 11*^ siècles (2).
(i) Musée de Trêves, u" 5.066, verre violet, blanc et noir ;etn° 1. 150, verre bleu foncé, bku clair et blanc
[FiUirer durch das Provinzialmuseum in Trier, p. 107].
(2) I.a forme 68 est fréquente dans la verrerie d'.Uésia ; elle est représentée au musée départemental
de Rouen par plusieurs spécimens en verre bleu verdâtre, jaune ou violet ; au musée de Boulogne-sur-Mer
par quatre exemplaires (2479 à 2481 et 2483) dont Tun est en verre d'un bleu criard; au musée de Nîmes
[spécimen de 25 centimètres de diamètre à la Maison Carrée, n» 130] ; au musée Calvet à Avignon.
A Cologne, dans mie incinération découverte, rue de Bonn. en 1903, une phiale 6S était associée à im
moyen bronze d'.\utonin-le- Pieux. .-^ Mayence, une coupe à peu près semblable faisait partie d'uu mobilier
funéraire qui contenait, entre autres objet"; du début de l'Empire, une fibule à disciue et à couvre-ressort
du type dit Provincial Militaire.
DEvSCRIPTION GÊNKRAIvK DES TYPIvS. 123
Forme 69. — Ce modèle de phiale côtelée est voisin du type 68. Il
en diffère par diverses particularités : il est en verre très mince et,
au lieu d'être largement ouvert, il se resserre plus ou moins vers
FiG. 152. -^ Coupe coiELÉE.ivERRE VERDATRE. — Arles. — Cabinet des Médailles, à Paris, n" 750.
l'embouchure (fig. 153). Son ornementation consiste en festons blancs
opaques, se détachant sur un fond de verre incolore, verdâtre où
jaunâtre (i).
Nous n'avons pas, en ce qui concerne les bols de la forme 69,
Fig. 153. — Coupe côtelée du Romain II. — Graud Verger, près Aigle (Suisse). — Musée de Lausanne.
un critérium chronologique absolu ; mais il est probable que certains
d'entre eux sont d'une époque assez basse.
Formes 70 à 80. — Le bol de verre soufflé, qui, dans sa forme la
plus simple, la plus parfaite, offre l'aspect d'une calotte hémisphé-
rique à orifice coupé aux ciseaux et non ourlé, comporte de très nom-
(i) On conser%-e à Saint-Germain (Salle XV, n» 24.637I, de trOs belles coupes 69 trouvées à Saintes.
Ces coupes sont ornées de festons en verre blanc.
124
LA \'ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
breuses variantes, issues de déformations morphologiques intéres-
santes à étudier. I^e type 70 est un segment sphérique infé-
rieur à l'hémisphère (i). lye type 71 est aussi un segment sphérique,
mais supérieur à la demi-sphère. Le modèle 78 se compose d'une
FiG. 154. — Bols du romain n tardif. — Collection Moyin-Jean. — A, n» 2225, Cimetière du Vieil-
Atre, à Boulogne-sur-Mer. — B, n» 2 215. Cimetière de Biamnont-sur-Oise {ancienne Collection Bernay.)
calotte hémisphérique et d'un tube cylindrique plus ou moins
haut (2). La courbe des tulipes 79 se rapproche beaucoup d'une
hyperbole (3) . Les modèles galbés et carénés (72 à 77 et 80) dénotent
une certaine recherche dans la structure du profil.
La forme 71 est si simple qu'elle devait être connue dès le
début de l'époque romaine ; à Nîmes, on a découvert des bols 71
j:iG. 155. — Bol orné de trois filets d'émail vert. — Versigny. Musée de Laon (.^isne
dans des incinérations des premiers temps de l'Empire (4) ; mais il est
(i) C'est la forme donnée à presque toutes les coupes clirétiemies gravées du iv" siècle (fig. 326 et 327) .
(2) Un grand verre de cette forme, onié de scènes à personnages gravées, a été trouvé à Trêves, en compa-
gnie d'ime monnaie de bronze de l'empereur Septinie .Sévère [Musée provincial de Trêves, n» 3.609. Voy.
Qitalogue, p. loi].
(3) Les verres à résille dits « diatrètes » ont souvent la forme 79 [voy. plus loin, p. 232 fig. 312 et 313].
(1) Musée ardiéologique de Nîmes. Tombe du Romain I, trouvée au quartier de Grézan (Urne en
plomb).
DESCRIPTION GENERALE DES TYPES.
125
intéressant de constater que le bol et ses dérivés constituent une
classe de récipient si répandus aux iii^-iv® siècles qu'on peut presque
les considérer comme des verreries caractéristiques du Romain II.
FiG. 136. —
Bol a applications vermiculaires. — Boulogne. l'ouilles de 1891. Époque franque.
Musée de Boulogne-sur-Mer, 11° 721.
Les bols 71 et leurs variantes sont en verre incolore presque tou-
jours filandreux, et abondent dans les nécropoles à inliumations de
Beauvais, d'Abbeville, de Vermand, du Boulonnais et de l'Aisne (i).
Un grand nombre d'entre eux sont gravés (fig. 324) ou ornés, soit de
cabochons (fig. 296), soit de fils de verre (fig. 155 et 156), soit de pin-
FlG. 157. — Bol en verre vert-émeraude, dit : Bol des Pygmées et des Grues. — Nîmes. Musée du
Louvre. (Profil et coupe.)
cures faites à l'outil (fig. 307). Quelques-uns sont en verre de
couleur (fig. 157 et 158).
Le type 73 a été trouvé à Cologne avec des monnaies de Volu-
sien, Postume, Claude le Gothique, Carus et Galère-Maximien (2).
(i) Nombreux spécimens au musée de Saint-Germaiu. Salle XI. Fouilles de F. Moreau.
(2) Bonner Jahrbiicher, fasc. 114-115, p. 425 et pi. XXV.
126
LA VERRERIE EX GAULE SOUS L'E^IPIRE RO]VL\.IN.
Il n'a pas disparu à l'époque des invasions; il est resté en faveur sous
les Mérovingiens (i).
FiG. 15
Bol de verke bleu p.\le, Décor côtelé très flou. — Vermand, iv^ siècle. Musée Licuyer,
à Saint-Quentin, no 2632.
Le type 75 a été recueilli au cimetière d'Homblières avec une
monnaie de Gratien (375 à 383) (2).
IvC t}^e 76 est toujours orné de dépressions (fig. 255). Il a été
rencontré à Andernach dans des inhumations contenant des fibules
cruciales, bijoux caractéristiques du iv*^ siècle (3); à Cologne avec
Fig. 159. — Bol de verre incolore. — Grainville, près de Fécamp (Seine-Inférieure). Fouilles de 1756.
Komain II. — Musée du Louvre. E. D. 1591.
des monnaies de Constantin, des bouteilles forme 40 et des
barillets frontiniens forme 132 {4) ; à Vermand (5), à Ven-
(i) Musée de Saint-Germain. SaUe XI. Fouilles F. Moreau (Tombe n» 2.31S. Arcy-Sainte-Restitue. Bol
de verre 73 découvert avec une fibule digitée du V ou du vi" s.).
(2) Voy. J.PiLLOY, Études sur d'anciens lieux de sépultures dans l'Aisne, 1. 1, p. 191, tombe n» 65, pi. III,
n» 16.
(3) Bonner Jahrbiicher, 1S88, fasc. 86. p. 197, pi. XI.
(4) Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, p. 430 et suiv., et pi. XXVI, n»' 66 et 68.
(5) Nombreux spécimens au musée I,éciiyer et dans la collection Tn. Eck à Saint-Quentin.
DESCRIPTION GÉNKRAI.R DES TYPES.
127
dôme (i), à Homblières (2), dans les tombes romaines tardives. Il se
maintient dans les sépultures de l'époque barbare.
Formes 81 à 91. — Verreries faites à l'imitation des bols romains
en terre rouge, à décor moulé, de fabrication italique ou gau-
loise, auxquels M. Dragendorff a attribué une désignation numé-
rique (3).
La forme 81 est représentée par de nombreux exemplaires (fig. 15g).
Nous citerons ceux du musée de Rouen, trouvés par l'abbé Cochet
à Cany en 184g, à Orival près Fécamp en 1864, à Thiétreville en 1842.
/3^ ZS\
^^^TT,!!)]»!)
AVr»
Fig. 1 60. — Bol en verre verdatre filandreux.
Basse époque impériale. — Musée provincial de
Bonn. Salle V, il" 5566.
Fig. 161. — RÉCIPIENT DE VERRE SOUFFLÉ A
L'I^^TATION DES CHAUDRONS DE BRONZE. —
Verniand. iv« s. — Collection Th. Eck, à Saint-
Quentin.
La plupart d'entre eux sont en verre incolore du Romain IL Quel-
ques variantes sont intéressantes à signaler, notamment celle qui
comporte 2 petites anses rondes (fig. i6o).
Les bols 8i, faits à l'imitation des poteries, ne doivent pas être
confondus avec les récipients vitreux à fond plat légèrement élargi , qui
sont des copies, assez fidèles, des chaudrons de bronze du iv* siècle
(fig. i6i).
lyC t}^3e 82 est une variante, à pied très haut, du bol 81. Il est par-
ticulièrement abondant au cimetière des Dunes, à Poitiers (fig. 162).
La forme 83 (forme 30 de M. Dragendorff) est celle qu'affectent
les bols moulés ornés de courses de chars et de gladiateurs combat-
(i) Musée de Vendôme (fig. 255).
(2) Voy. J. PiLLOY, loc. cit., 1. 1, p. 204. et pi. III, n" 3.
(3) Voy. Dr.\gendorff, Terra Sisillata. Dans les Bonner Jahrbiicher, 1895, fasc. 96-97, pi. I-III.
128
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIVIAIX.
tant (voy. plus loin p. i88 et suiv.). Une variante à fond légèrement
élargi est en verre incolore du m*' siècle (fig. 163) .
Le t5rpe 84 (forme 37 de M. Dragendorff) est une imitation des
Fig. 162. — Bol a grand pied . — Poitiers. Cime-
tière des Dunes. — Musée de la Société des Anli-
quaires de l'Ouest, à Poitiers (n» 88 [184]).
Fig. 163. — Bol DE verke très mince. — Paris.
Cimetière romain du faubourg Saint- Jacques.
Romain II. — Musée Carnavalet.
bols rouges qui sortaient en masse, au ii^ et au iii'^ siècles, des ateliers
de Lezoux (fig. 164).
Le type 85 (forme 38 de M. Dragendorff) est caractérisé par une
collerette qui entoure la panse (fig. 165). Les spécimens en terre
cuite de cette forme étaient connus dès le i*'^ siècle de l'ère chré-
^owr,Jta5>-ç-
Fig. 164. Bol trouve a Or-«jge.
Musée Borély, à Marseille.
Fig. 165. — Bol de verre \ collerette.. — Musée de
Reims, n» 4942.
tienne (i). Il est difficile de dire à queUe époque sont apparus les
exemplaires de verre soufflé. On peut seulement affirmer qu'ils se
rencontrent encore à une époque assez avancée du iv*^ siècle (2) (fig. 166) .
(i) A Xauteu, le bol d'argile à collerette a été trouvé avec des monnaies de ViteUius [Bonner Jahrbiicher,
1895, fasc. 96-97, p. III, pi. III). AAndemacli, il était associé à des monnaies de Claude [Bonner Jahrbûchcr,
1888, fasc. 86, p. 172, tombe à ustion n» 31).
(2) Voy. Th. Eck, Les deux cimetières gallo-romains, pi. V, n" 7.
DESCRIPTIOX GÉNÉRALK DES TYPES.
129
Le type 86 (fig. 167) existait en Europe occidentale avant + 79>
comme le prouvent les exemplaires découverts à Pompéi. Il est
souvent en verre violet (Musée Borély, à Marseille, 11° 560, et musée
de Nîmes).
Le tjT^e 87 (Forme 43 de M. Dragendorff) est rare. Nous n'en
Fig. 166. — Bol a collerette, verre ver- Fig. 167. — Bol TRom'É d.^ns le département de
D.\TRE. — Vemiand. iv= s. — Musée Lécayer, l.\ Mar.ke. — Collection Marin- Jean, n" 566.
à Saint-Quentin, n" 2618.
connaissons qu'un seul spécimen exposé au musée de Mayence
(fig. 168) . Par la nature de sa pâte vitreuse incolore et filandreuse
et de son décor (grossières applications vermiculaires) , ce bol peut
être daté de la seconde moitié du ni^ siècle.
Le type 88 (forme 7 de M. Dragendorff) se voit au J^^ siècle dans
la verrerie pompéienne. Il est passé de bonne heure en Gaule (fig. 169).
Fig. 168. — Bol orné D'.ippucixioxs VERinctx.uRES. F^g. 169. — Bol de verre bleu, trouvé à
— Romain II. — Musée de Mayence. Arles. — • Cabinet des Médailles, à Paris, n" 791.
[Les exemplaires du musée d'Arles et du musée Calvet, à Avignon,
sont du Romain L]
A la forme 89 appartiennent les coupes de verre incolore (ornées
d'applications vermicvdaires) qui, dans les incinérations de Cologne,
17
1^0 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIX.
FiG. 170. — Coupe de verre incolore orxée d'.\pplications vermiculaires en verre alternati-
vement BLEU ET BLANC. — ni" S. — Musée dcparlcmmtal d'antiquités, à Rouen.
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FiG. 171. — Coi-TE ET PLATS DE VERRE FiN 111= ET IV' S. — Cimetière de Vcrmaud. — Collection Théophile Eck,
à Saint-Quentin.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
131
ont servi de soucoupe aux œnochoés forme 54, et une coupe du
musée de Rouen, reproduite fig. 170. Ces récipients sont de la pre-
mière moitié du iii^ siècle.
Les types 90 et 91 sont des plats de différents modèles connus à
l^G. lyz. — • Plat ex bronze étamé, trouvé à Saint-Saphorin-sur-JIorges (Suisse). — Musée de Lausanne,
n" 2or.
Pompéi, et dont les Romains se servaient encore à l'époque constan-
tinienne (fig. 171). Quelques-uns de ces plats atteignent de très
grandes dimensions.
Forme 92. — Le plat ovale à anses plates est l'imitation d'un
Fig. 173. — Plat LONG EN VERRE INCOLORE DÉCOMPOSÉ. — Romaiu II.
Cologne, n» 760.
Musée Wallraj-Ricltartz, :i
tjT^e métallique représenté par de beaux spécimens dans la toreu-
tique de l'époque romaine (i) (fig. 172).
La figure 173 reproduit un plat ovale, en verre, bien conservé, pro-
(i) Un plat d'argent forme 92, publié par l'abbé Cochet (La Seine-Inférieure historique et archéologique,
p. 413), a été trouvé eu octobre 1864, au cimetière de Lillcbonne, dans une scpultine ;\ ustion de la fin du
VP siècle ou du ni= siècle. I^es céramistes ont fait, eux aussi, des plats de cette fonnc (Briti,sh Muséum.
Plat en terre rouge de I,ezoux II. 108. Voy. \V;\lters, Catalogue of the Roman l'oltery, p. 67, pi. XIV.
132 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIVIAIN.
venant du Rlieinland. D'autres plats, à peu près semblables, mais
dépourvus d'anses, sont aux musées de Bonn (i) et de Mayence.
Tous sont en verre incolore du Romain II.
12. — Tasses et récipients a large ouverture émanant des
TYPES GRECS : CANTHARE, SKYPHOS, CARCHESIUM et
CIBORIUM
(Formes 93 à 103.)
Forme 93. — Copie assez exacte d'un type métallique qui figure
parmi les vases d'argent du trésor de Boscoreale.
La forme 93 existe dans la verrerie pompéienne. D'Italie, elle a
FiG. 174. — Verreries de la Vallée du Rhône : A. Mtisée de Nimes. — B. Musée de Lyon.
passé en Gaule (fig. 174). Un spécimen en verre jaune, et à panse
côtelée, appartient au musée de Reims (2). Son profil curviligne lui
donne de l'élégance.
FoRiME 94. — Da forme 94 reproduit un modèle de canthare
métallique connu par les belles coupes de Boscoreale et de Berthou-
ville (3). Elle comporte deux anses du type >. (pi. 2, p. 36).
Des canthares 94 en verre bleu-verdâtre, façonnés par les indus-
triels du Romain I, ont été trouvés en Italie (notamment à Ponipéi)
(i) Bonn, Provinzialmuseum, salle V, vitrine 4, n" 7.681.
(2) Catalogue du Musée archéologique de Reims [11" 2.548, hauteur : 12 centimètres].
(3) I,es coupes du trésor de Berthouville (Eure) sont au Cabinet des Médailles, à Paris [voy. E. Babelon,
Guide illustré au Cabinet des Médailles et antiques de la Bibliothèque Nationale, p. 352, fig. 167].
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
133
et dans la vallée du Rhône (i) (fig. 175). Dans le courant du 111^ siècle,
la forme 94 est remplacée par la forme 103.
Forme 95. — Coupe profonde dont la forme dérive du skyphos
Fig. 175. — Canthaee de verre. — Musée de la Maison Carrée, à Nîmes.
grec (2). Mêmes anses qu'au type cj^. L,es skyphoi 95 se classent au
Romain I (fig. 176).
Forme 96. — Canthare (3) dont les anses surélevées décrivent
une très belle courbe (fig. 177).
Formes 97-98. — Canthares à parois concaves, presque tou-
jours sans anses et pourvus d'un pied annulaire ou d'un pied en forme
de plateau séparé du vase par une boule ou un cylindre de verre.
Fig. 176.
Skyphos de verre. — Romain I.
— Mtisée lie Mayence.
Fig. 177. — CiVNTH.\RE DE VERRE BLEU-VERDATRE,
trouvé à Saintes. — Musée de Saint-Germain.
Salle XV, n» 24634.
Ces verreries ont pour ancêtre morphologique le carchesium
hellénistique (4).
( I ) Canthares du musée de la liaison Carrée à Ximes [n« 3 7, hauteur : 8 centimètres] et du nmsée Calvet,
à Avignon [Fouilles de Piolène].
(2) Sur le sk\-phos grec, consulter le Dictionnaire des .intiquités de M. Saglio, 43f fasc, p. 1159 et suiv.
(3) Dictionnaire cité, t, I, deuxième partie, p. S93 et suiv.
(4) Dictionnaire cité, t. I, deuxième partie, p. 919.
134
LA \T2RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
L,a forme 97 est plus ancienne que la forme 98. Elle n'est pas in-
connue à Pompéi. En Gaule, elle est assez répandue dans la basse
FiG. 178. — Carchesium sans axses. — Verre jaune-vordâtre foncé. Fouilles du Boulonnais, m'' s. —
Mtiscc de Boulogne-mr-Mer, n" 24S2.
vallée du Rhône. La forme 98 ne semble pas être apparue avant
le ni^ siècle (i). Les vases de cette dernière forme sont souvent colorés
soit en jaune (2), soit en verre émeraude (fig. 284), soit en violet (3),
FiG. 179. — Verre a pied du iii'^^ s. Verre incolore très pur. — Picquigny (Somme). — Musée de Picardie,
à -Amiens.
soit en noir (imitation de l'obsidienne). Ils sont parfois ornés d'appli-
cations vermiculaires (fig. 284).
( I ) Un carchesium de la même forme que celui que nous reproduisons figure 2 S4 a été trouvé à Cologne,
dans une tombe à inhumation, avec des monnaies des empereurs Volusianus, Postumus et Gallienus
[Voy. Bonncr Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, pi. XXV, tombe 59].
(2) Un carcliesium d'un très beau jaune a été découvert à Saintes [Musée de Saint-Germain, salle XV,
n» 24.635].
{3) Un carchesiimi en verre améthiste a été publié en couleur par W. Frœhner [Collection J. Gréait,
n° 1.315, pl- -4S (Provient de Cologne)].
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
135
Au v^^siècle, la forme 98 évolue ; elle perd son pied et devient la
clochette à bouton caractéristique de l'époque mérovingienne.
FiG. 180. — Bol a pied. — Verre verdâtre. Vieil-Atre (fouilles de 1870). — Musée de Boulogne-sur-Mer,
n" 2636.
Un carchesium de verre, mtnii de deux anses, a été découvert à
Cologne (i). On peut le rapprocher à la fois des verreries de notre
FiG. iSi. — C.VNTHAEE TROUVÉ A FÉc^JiP. — l'ouillcs de l'.ibhé Cochet en 1852. — Musée de Rouen.
tygo. 102, des poteries forme 53 de M. Dragendorfï (2), du canthare
en sardoine dit Coupe de Ptoléniée ou de Mithridatc conservé à Paris,
(i) Aus'm'Weerth, dans les Bonner Jahrbiicher, 1S78, fasc. 64, pi. X.
(2) DR.4GEXD0RFF, Terra Sigillata, dans les Bonner Jahrbiicher, 1895, fasc. 96-97, p. 139, pi. III.
136 IvA VERRERIE EN GAULE SOUS I^'EMPIRE ROMAIN.
au Cabinet des Médailles (i), et du calice d'or massif du trésor du
Gourdon (2).
Formes gg-ioo. — ■ Verreries â pied. Types du Romain II (fîg. 17g,
180). — L,a forme gg, qui semble avoir été usitée surtout au iii^ siècle,
est un bol 71 auquel on a ajouté un pied délicat. Une verrerie de
ce modèle, provenant d'une incinération du cimetière de Cologne (3),
est ornée d'applications vermiculaires.
FiG. 182. — CvNTHARE EN VERRE INCOLORE. — Romain II. — Musce de Rouen.
Forme ici. — Petit canthare à pied bas. — Forme peu commune
en Gaule, iii^ siècle après J.-C. ? (fig. 181).
Forme 102. — Canthare de style hellénistique dont les anses
appartiennent au type c (pi. 3, p. 37).
On connaît deux spécimens de ce genre de verrerie. L'un est au
musée de Rouen (fig. 182). L'autre, trouvé aux environs d'Amiens,
est conservé au British Muséum. Le canthare d'Amiens (4) est plus
(i) I,a coupe de Mithridate est un carchesium de l'époque ptolémaïque. Au Moyen-âge, ce précieux
vase faisait partie du trésor de Saint- Denis [voy. E. B.-iBELON, Guide illustré au Cabinet des Médailles,
Paris, 1900, p. 157 à 163, fig. 65 et 651.
(2) Le calice trouvé à Gourdon (Côte-d'Or), en 1845, est de l'époque mérovingienne. Il fait partie des
riches collections du Cabinet des Médailles [voy. E. Babelon, loc. cit., p. 168, et Aus'm'Weerth, dans les
Bonner Jahrbiicher, 1878, fasc. 64, pi. X].
(3) Fouilles de la rue de Luxembourg en 1S97 [voy. Bonnet- Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, p. 408 et
pi. XXIII, tombe n» 37].
(4) Le canthare d'.\miens a été publié par Aus'm'Weerth dans les Bonner Jahrbiicher de 1878, fasc. 64,
pi. X. Ou eu trouvera ime assez bonne reproduction dans Robert Sciimidt, Das Glas, Berlin, 1912, p. 33,
fig- 17.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
137
élégant que celui de Rouen. Ses anses, bien proportionnées, s'élèvent
plus haut que l'orifice de la vasque ; sa panse en forme de bulbe
FiG. 1S3. — I<E VASE d'argent d'Ai.esl\ (croquis schématique). — Musée de Saint-Germain.
côtelé est surmontée d'un col largement évasé. Seul, son pied est un
peu lourd, un peu trop grand par rapport aux autres organes du
vase. Cette pièce remarquable, qui semble dater du iv* siècle, est un
FiG. 1S4. — Vase ex verre ixcolore décomposé. Romain II. — ■ Musée Wallraf- Richartz, à Cologne.
carchesium qui, à bien des égards, se rattache à nos formes 97-98,
et que M. Aus'm'Weerth a rapproché du calice d'or de Gourdon.
Forme 103. — Ciborium. — Imitation plus ou moins exacte d'un
18
138
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
modèle métallique représenté parmi les coupes d'argent de Bos-
coreale (i), d'Hildesheim (2) et d'Alesia (3) (fig. 183). L,e ciborium
de verre, que certains archéologues appellent calix pterotus, est une
élégante vasque munie de deux anses dont la boucle s'ouvre dans un
plan vertical et qui s'amorcent, dans le haut, sous deux oreilles hori-
zontales. Chacune de ces oreilles est, dans la majorité des cas, cons-
FiG. 185. — Ciborium de verre incolore décomposé. — Trouvé à Amiens eu 1S83. Romain II.
Musée de Pcronne (.Somme).
tituée par une petite plaque de verre terminée par trois pointes. Le
pied du ciborium, assez variable dans sa structure, est parfois orné
d'une bague (fig. 185) dont les exemplaires de métal ne sont pas non
plus dépourvus.
lycs ciboria de verre ont été rencontrés surtout dans le nord des
Gaules. Ils apparaissent au iii"-" siècle (4) : mais beaucoup d'entre
(i) HÉRON- DE ViLLEFOSSE, Le Trésor de Boscoreale. dans les Monuments Piot, t. X, iSyg, pi. IX et X.
(2) Erich Pernick et Fr.\n7. Wimter, Der Hildesheimer Silberfund. Berlin, igoi, \>. 32 et pi. X.
(3) Voy. Revue Pro Alesia, 1906-1907, pi. XXX, et .S. Rein.\ch, Guide illustré dumusée deSaint-Germain,
p. 55, fig. 49.
(4) Notamment au cimetière de Cologne. Tombe n" 34. Fouilles de 1904 [Bonner Jahrbiicber, 1906,
fasc. 114-115, p. 405, pi. XXIII].
DESCRirTION GÉNÉRALE DES TYPES.
139
eux sont de la fin de la période gallo-romaine (i), ou même du
v^ siècle.
Maints exemplaires sont décorés de cabochons de verre (fig. 304)
D'autres ont été gravés (2).
13. — Verres a boire.
(Formes 104 à 112.)
Formes 104-105. — Gobelets tronconiques. — La forme 104 a été
Fig. 186. -
Verse a nodosités. •
snon, 11° 1000.
Musée d'Avi-
FiG. 187. — Verre a boire. — Fouilles de Paris
Cimetière du faubourg Saint- Jacques, iv^ s. —
Musée Carnavalet.
donnée à certains verres moulés du Romain I dont la panse est cou-
verte de volumineuses nodosités disposées en quinconce. Ces verres à
nodosités ont été recueillis les uns en ItaUe (beaux exemplaires de
Pompéi au musée de Naples), les autres dans la vallée du Rhône
(fig. 186).
(i) Par exemple le ciboriuin à cabochons trouvé dans la tombe n» 53 du cimetière d'IIomblières à Abbe-
ville, avecunemomiaiede Valentinien !« (364 à 375), le ciborium découvert en 1820 à Heiligenstein
(Palatinat) dans iin sarcophage de pierre, et celui du musée de Boulogne-sur-Mer, volé en 1844 et dont il
ne reste qu'im mauvais dessin dans Rc^ch Smith, Collectanea Antiqua, 1843, n» i.
(2) Des ciboria ornés de gravures ont été trouvés à Strasbourg [fouille d'un sarcophage du iv° siècle.
Voy. Straub, Le cimetière gallo-romain de Strasbourg, p. 37, tombe 29, pi. IV], à Trêves, près l'église Saint-
Maxiniin [fouille d'ime sépulture chrétienne. Voy. Bonner Jahrbiicher, 1878, fasc. I<XIV, p. 126], à £onn
Bonn. Provinzialmuseum, n» 10.491].
140 LA V'ERRERIE EN GAUEE SOUS L'EMPIRE ROIL^IN.
La forme 104 a été également donnée à des verreries tardives
L- - ^«n.<.<).>5
FiG. 188. — Gobelet de verre a pied. — Fouilles du Vieil-Atre àlBotUogue-sur-Mer. Romain II. — Col-
lection Morin-Jean, n» 2237 [ancienne Collection Bernay).
façonnées à l'aide d'une pâte incolore ou verdâtre et à décor va-
riable (fig. 187).
Les verres du type 105 sont de basse époque. Parfois, ils sont
munis d'un pied annulaire (fig. 188).
Fig. 1S9. ■ — Cornet de verre du rv' s. — Cimetière de Sablonuière (Aisne). — Musse de Saini-Germain .
Salle F. Moreau. Tombe n" 274.
Forme 106. — Grand gobelet tronconique à très petit pied annu-
laire. iv« siècle et début du v^. Les verres 106 sont nus ou ornés, soit
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
141
d'une résille eu fil de verre (fig. 262), soit de cercles gravés (i).
Forme 107. — Cornet apode. Verre impur. Embouchure tantôt
ourlée, tantôt non ourlée (fig. 189).
T,es verres coniques, très répandus dans tout le nord des Gaules,
se rencontrent dans les tombes de la fin de l'Empire (fig. 344) et dans
les sépultures franques du v^ et du vi® siècles (2).
Formes 108 à m. — • Formes diverses de verres à pied du Ro-
FiG. 190. — Verre A PIED, trouvé à Reims (Marne).
Fin m" ou rv^ s. — Collection Morin-Jean,
n» 2880.
Fig. 191. — Verre a pied orxé de qu.^tre
DÉPRESSIONS. — Romain II. — Musée de Rouen
(ancienne Collection de Girancourt).
main II. — Le type 108, un des plus délicats de la série, est muni d'un
pied séparé de la panse par une petite boule de verre. Il est fréquem-
ment orné d'applications vermiculaires en forme de feuilles (3), ou
de serpents (4).
(i) Un bel exemplaire à cercles gravés a été trouvé, à Cologne, dans une inhumation tardive [voy. Sonner
Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, p. 433, pi. XXVI, tombe 72].
(2) I,e tv-pe de verrerie 107 était associé, dans la tombe 2.786 du cimetière d'.\rcy-Sainte- Restitue, à une
boude de guerrier franc [gros anneau (de potin) à ardillon], [voy. Musée de Saint-Germain. Salle XI.
Vitrine 45] .
(3) Spécimen du m« siècle, publié par Acs m'Weerth dans les Bonner Jahrbiicher de iSSi, fasc. 71,
pi. VI, n" 1.38S.
(4) Musée archéologique de Reims, n°' 4.705 et 4.706. Voy. plus loin, p. 2 15 et fig. 292.
142 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROJIAIN.
I.e type 109 (fig. 190) dont le pied est moins élégant, est parfois
FiG. 192. — Verre caréné. — Tombes à inhumation de la Marne. — Collection Morin-Jain, n» 1025.
Fie. 193. — Grand verre .\ ited, trouvé à ^'ermand (.\isue). iv" s. — Collection Morin-Jean, 11° 2219
{ancienne Collection Bernay).
décoré de dépressions (iig. 191) de fils de verre enroulés autour de
la panse (i), d'un texte gravé (2).
(i) Certains verres 109 sont simultanément ornés de fils et de dépressions [Verre trouvé dansime tombe,
à inhumation du cimetière d'Andemach. \'o.v. Kœnen, dans les Bonner Jahrhucher, iSSS, fasc. 86, p. 185,
pi. X, 29].
(z) Deux exemplaires à légende gravée sont au nmsée de Mayeuce [voy. plus loin, p. 247).
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
143
Il est abondant en Picardie (i). Il fait partie des mobiliers funé-
raires du iv*' siècle (2) .
I^es verres carénés iio-iii, à profil plus ou moins anguleux, ont
l'orifice coupé aux ciseaux et non ourlé. Ils ont un pied refoulé du
type 10, fig. 9, dont le gros bourrelet creux est souvent rempli
d'un émail blanchâtre, rosé ou brun (fig. 193). Ils sont en verre
Fig. 194. — Verre a pied, trouve à \'ermand (Aisne), iv" s. — • Collection Morin-Jean, ii° 1022.
incolore et filandreux. Ils ont ordinairement 12 à 20 centimètres de
hauteur, mais atteignent quelquefois 30 centimètres. Ils sont tantôt
nus (fig. 193 et 194) , tantôt décorés d'un réseau en fils de verre (fig. 263)
ou de serpents (fig. 290 et 291) .
Ils sont spéciaux à la Gaule Belgique (3) et ne se rencontrent
que sporadiquement dans d'autres régions.
(i) Nombreux exemplaires du cimetière de Vermaud [voy. Th. Eck, Les deux cimelières gallo-romains,
pi. VII, n» 7].
(2) Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, pi. XXV, tombe 63 du cimetière de Cologne. Dans cette
sépulture, im verre 109 a été recueilli avec ime plaque de ceinture et une fibule cruciale.
(3) On en a trouvé beaucoup à Vermand [Th. Eck, loc. cit., pi. VII, u»" 8 et 9], à Boulogne-sur-Mer, à
Amiens [Jlusée de Picardie, n"' 85 6 et 97S], à .\bbeviUe, dans la forêt de Compiègne [fouilles de Roucy.
Musée de Saiut-Cîermain], et dans les nécropoles de la Marne.
144 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Ils sont synchroniques avec les types io6 à 109 (i).
Forme 112. • — Verre tronconique à fond plat, plus large que
r embouchure (forme de la boîte au lait moderne). — Les verreries de
ce type peu gracieux ne sont pas comm.unes. Deux spécimens, con-
FiG. 195. — Gobelet en verre incolore, onié de cercles gravés. — Romain II. — ilusée de Trêves.
Salle XX. Vitrine X.
serves au musée provincial à Trêves (2), sont en verre incolore et
se classent au Romain II (fig. 195).
14. — Verreries NON ANSîCEs, a panse ovoïde. Formes empruntées
A DES POTERIES ROMAINES DE LA BASSE ÉPOQUE IMPÉRIALE.
(Formes iij à 116.)
Forme 113. — Vase ovoïde muni d'un pied annulaire et dépourvu
de goulot. — Ce tyjDe de récipient vitreux, auquel certains auteurs
réservent le nom à'obba, présente une grande analogie avec la
forme 52 des vases d'argile classés par M. Dragendorff (3). Il est
d'une époque tardive. Il ne nous est connu que par quelques exem-
plaires en verre incolore ou impur de la Gaule nordique (4) .
(i) Au cimetière d'Homblières. on a trouvé un verre caréné du type m, dans une sépulture à inhuma-
lion qui contenait ime fibule cruciale et un petit bronze de Magnence (3500353) [Voy. J. Pilloy,
Études sur d'anciens lieux de sépultures dans V Aisne, 1. 1, p. 181].
(2) 1,'mi d'eux [salle 21, vitrine VII, tombe 185, n» 04.921c] était accompagné d'un flacon de verre
identique à celui que nous reproduisons figure 29 et de plusieurs vases de terre noire décorés à la barbo:
tine blanche.
(3) Dr.\gendorff, Terra Sigillata, dans les Bonner Jahrbiicher, 1895, fasc. 96-97, pi. III, p. 139.
(4) Musée de Reims (n° 4.787, hauteur : 17 centimètres) et musée de Saint-Germain, salle XI [Spécimen
de 16 centimètres de hauteur, trouvé par F. Moreau au cimetière de la Villa d'Ancy (Aisne)].
OT.nliii)
FlG. 196. — ÎLÉCIPrEXT DE FiG. I97. — PETIT VASE EX FiG. I98. — V'ASE UE VERRE A ITSE ANSE.
VERRE TRANSPARENT, Orne
d'un fil de verre opaque bleu
pâle. — ■ Vemiand, fin m*"
ou iv" s. — Musée Lhitycr,
à Saiut-Quentin, n" 2673.
VERRE INCOLORE DÉCOM-
POSÉ. — Fouilles de LiUe-
bonne, en 1853. — Musée
du Louvre, n" 102.
— Saint-Acheul (Somme). Fouilles de
1 866. — Musée de Rouen.
FiG. 199. — Vase en verre impur.
— Neufchâtel (Pas-de-Calais).
IV* s. — Musée de Boulogne-sur-
Mer n" 2460.
FiG. 200. — Verre rhénan
d'époque tardive. — Musée
de Cologne, n" 2143.
FiG. 201. — Vase de verre
INCOLORE FIL.'VNDRECrX. ■ —
Panse ornée de sept dépressions.
Col décoré de cercles gravés.
— Musée de Trêves, Salle XX
(n» 05341').
19
146 LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIVLMN.
Forme 114. — Type de verrerie analogue au 11 j, mais pourvu d'une
embouchure évasée formant un bourrelet plus ou moins prononcé. —
Les spécimeus dont la capacité est le plus élevée mesurent 26 centi-
mètres de hauteur (i). Mais cette dimension est un peu supérieure à la
moyenne. On connaît quelques-unes de ces verreries qui n'atteignent
pas 10 centimètres.
Les verres 114 sont tantôt nus, tantôt décorés de fils de verre
(fig. 196), ou de dépressions peu marquées (fig. 197). Ils sont excep-
tionnellement anses (fig. 198). Ils ne sont pas rares à Vermand 1(2)
et dans le Boulonnais, en Picardie et en Champagne. Ils datent du
IV® siècle (3) .
Formes 115-116. — Pajtse ovoïde. Pied annulaire ou simplement
formé d'un renflement de la partie inférieure de la panse. Col large et
élevé, séparé de la panse par un bourrelet très saillant. — Les vases
115-116 sont souvent ornés, comme les poteries qui leur ont servi
de modèles, de dépressions plus ou moins allongées (fig. 199). Ils
sont en verre incolore de mauvaise qualité. Ils ont été rencontrés
dans les inhumations tardives du nord de la France et des vallées
de la Moselle et du Rhin (4).
15. — Infundibula (5).
(Formes 117 et 118.)
Forme 117. — L'entonnoir romain, qu'il soit en verre, en métal
ou en argile, se présente sous la forme d'une tasse plus ou moins pro-
(i) Deux verres de cette taille ont été recueillis, l'un à Vermand (Collection de M. Th. Ece, à Saint-
Quentin), l'autre dans le Boulonnais (Musée arcliéologique de Boulognc-sur-JIer).
(2) Voy. Th. Eck, loc. cit., pi. VII, n»» 3, 6 et 14.
(3) Une verrerie de la forme 114 a été découverte à Cologne dans une tombe à inhumation avec des
monnaies de Constance II (337 à36i).[voy. Bonner JahrbiicJu'r, 1906, fasc. 114-11=1, p. 433 et pi. XXVI,
tombe n» 73].
(4) Musée Wallraf-Richartz, à Cologne, n" 2.143 (forme 115). Musée de Bonn, n" 17.279 (forme 116).
M4>é2 ar^'iéiloiique dï B^'tlQjae-sur-M-r (forme ne). Fouilles du Dr Sauvage à la Porte Gaypje [voy
D'S^nv/vsp, [If oies sitr h? janMes faites ruedeltf Parte Guyole dans le Bulletin de la Société açiniémiqug de
Boiilosne-sur-Mer]. — - Une verrerie, forme ij6, a été publiée par AiJS'm'WPEBtij, dsns les Bonner
Jahrbuclter Ce 1881, fqsc 7g, pi. V, n» 1.556 (Collection Dischà Cologne).
(5) Consulter l'article /H/«Hrfî6M(«'«, dans le DictioH>iaire des .AntiquitH grecques et romaines de Daremberg
et Saglio, t. III, première partie, p. 516.
DESCRIPTION GÉNÉRALK DES TYPES.
Î47
fonde ou évasée, au fond de laquelle s'adapte un tuyau plus ou moins
long (fig. 202 à gauche).
Les entonnoirs de verre, forme 117, dépassent rarement 20 centi-
mètres de longueur. Ils ne sont rares ni à Pompéi (i), ni dans la basse
vallée du Rhône.
Dans la Gaule du Nord, ils sont moins fréquents.
Un spécimen de petite taille est conservé au musée de Reims ; il
a été trouvé dans les environs de cette ville.
Fig. 202. — iNFUNDrBULA DE VERRE. — M Usée de la Maiscm Carrée, à Nîmes.
Un exemplaire en verre bleu-verdâtre est exposé à Cologne,
au musée Wallraf-Richartz.
La plupart des entonnoirs, forme 117, se classent au Romain I.
Forme 118. — Infundibulum à tuyau oblique. — Les entonnoirs
à tuyau obhque ont été utilisés, soit pour transvaser des hquides, soit
en qualité de rhytoiis pour boire, comme l'on dit, «à la régalade». Ils
paraissent devoir se placer en synchronisme avec les infundibula 117.
Ils sont, comme ceux-ci, très nombreux à Pompéi. D'Italie, ils se sont
répandus en Gaule. On en a recueilli à Nîmes (fig. 202 à droite).
(i) Musée de Naples (n" 13.124).
148 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
à Aramon (i), à Arles (2), à Cologne (3), à Mayence (4). Quelques-uns
sont en verre de couleur.
16. — Verrerie plastique.
(Formes 119 à ly).)
a. Verres anthropomorphes (formes iig à 122). — Les verreries
à l'étude desquelles nous allons passer sont en forme de tête hii-
■maine. En faii-:ant de tels récipients, les verriers n'ont rien inventé.
Ils ont tout simplement copié des poteries très répandues dans le
bas.sin de la Méditerranée à l'époque hellénistique. Retracer l'his-
toire de ces vases d'argile, ce serait se livrer à une digression consi-
dérable. Mais, s'il convient, pour ne pas trop nous éloigner de notre
sujet, de ne pas étudier ici d'une façon approfondie la genèse de la
céramique plastique des Grecs, il est indispensable de l'envisager
quelque peu pour saisir comment s'est constituée la forme des verres
céphalomorphes exhumés du vieux sol de la Gaule.
Les vases céphalomorphes en terre cuite remontent à la plus
haute antiquité. Dans le bassin oriental de la Méditerranée, entre
2.000 et 3.000 av. J.-C, des potiers faisaient maladroitement des
vases ayant l'apparence de têtes de femmes. Ce n'était pas l'émotion
que pouvait leur procurer la beauté féminine qui les poussait à con-
cevoir et à modeler de pareils récipients. Ils n'avaient pas de pré-
occupations esthétiques. Superstitieux comme tou.-^ les membres des
sociétés primitives, très enclins à faire intervenir la magie dans
toutes les manifestations de leur activité, et à la laisser s'infiltrer
dans toutes les traductions de leurs idées, dans toutes les modahtés
de leurs jouissances i:)hysiques comme de leur jouissances morales,
ils s'imaginaient que leurs produits devaient constituer des prophy-
lactiques, servir de symboles.
Ne voyant ou ne voulant voir en la femme que son aptitude à per-
(i) Avignon. Musée Calvet. Spécimen de 20 centimètres de longueur.
(2) Marseille. Musée Borély, n" 458.
(3) Cologne. Musée Wallraf-Richartz. Spéciuicn en verre verdàtre.
(4) Mayence. Musée central romano-germanique. Spécimen en verre jauue-verdàtre publié par l,in-
denschmitt dans ilainzcr Zciiscliiilt, 1906, pi. V, n" 8.
DESCRIPTION GKNÉRAIyE DES TYPES. i49
pétuer la race liuinaiiie, ils s'ingéniaient à la représenter en toute
occasion, tant bien que mal, afin de donner corps à de naïves concep-
tions de leur esprit, touchant l'accroissement de leur prospérité, la
multiplication de leurs sources de richesse et de puissance et afin de
constituer pour eux et ]X)ur leurs contemporains des sortes de talis-
mans.
vSi frustes qu'elles soient, leurs œuvres forment incontestablement
FiG. 203. — LÉCYTHE GREC DE TERRE CUITE, eii forme de: tûtc huiuaiue. — Collection Morin-Jeun, n" 1523.
le point de départ de la fabrication des vases en forme de tête hu-
maine.
Les Ch>-priotes de l'âge du bronze (i), les potiers rhodiens (2)
et corinthiens du vii^ et du vi^ siècles av. J.-C. eurent ou façon-
nèrent des céramiques analogues à ces poteries grossières. Puis le
vase céphalomorphe se transmet à travers les âges sans subir de
grands changements. Jusqu'à l'époque romaine, à l'aurore de notre
ère comme au moment de sa création, il est fait de deux parties dont
la coordination ne s'établit pas très bien : une panse céphalomorphe
et un goulot emprunté aux formes de la poterie courante (goulots
d'aryballe, d'amphorisque, de léc}i;he, d'œnochoé, decanthare, etc.).
(i) Ed. Pottier, Catalogue des vases du Louvre, p. 66.
(2) Ed. Pottier, lac. cit., p. 151-152.
150 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROîVLMN.
Une fois constitué, il prend une vitalité surprenante. On façonnait
dans les ateliers attiques de la belle époque (vi^ et V^ siècles av. J.-C.)
des récipients auxquels une grande exactitude dans la reproduction
des traits de la figure humaine donne un surprenant caractère artis-
tique (i) et, dans l'Italie méridionale, au iv<'et au iii^ siècles av. J.-C,
une grande quantité de rhytons. Ces rhytons sont les véritables
ancêtres des verreries céplialomorphes (fîg. 203).
Comme les rh>i:ons hellénistiques, les verres romains en forme de
tête humaine forment deux catégories bien distinctes. Les uns ont
une large ouverture constituée par une sorte de calatJios : ce sont des
verres à boire. Les autres sont pourvus d'un goulot étroit emprunté
aux verreries courantes [goulots d'aryballes forme 33 (fig. 206),
d'œnochoés forme 54, de lagènes forme 50 (fig. 210), de fioles forme 40
(fîg. 208) ] : ce sont des vases destinés à la conservation de Uquides
et de parfums.
Les verres céphalomorphes sont généralement apodes (fig. 206),
plus rarement munis d'un pied (fig. 208). Leur panse est parfois
formée d'une tête unique (fig. 209, 210) , mais souvent aussi d'une double
tête (fig. 206, 208) . Accouplés ou non, les masques qui les caractérisent
sont assez différents les uns des autres. Parmi eux, il est un faciès
féminin qui est moins celui d'une déesse déterminée que la survivance
de l'ancien fétiche féminin. Des masques masculins (fig. 210), des
physionomies de nègres (2) ornent aussi des verreries plastiques du
temps de l'Empire. Les céramistes grecs avaient d'ailleurs déjà
pour modèles des têtes de nègres (3).
(i) l^s plus beaux vases grecs eu forme de tête humaine ont été signés parles artistes ciui ks ontcréés.
Cléoménés est l'auteur d'un admirable rhyton constitué par une tête d'homme et luie tête de femme.
iyn peut se faire, en examinant cesfacies. une idée assez exacte du type grec de l'époque de Pisistrate. Le
vase de Cléoménés, conservé au Louvre, a été publié par M. Max, Collignox dans les Monuments grecs
/oubliés pur l'Association pour V encouragement des études grecques en France, deuxième volume 1S82-1897,
n»" 23-25, p. 53 à 67, pi. 16 et 17. D'autres rhytons du I.omie, portant l'inscription : KIUAl'KG- K.VAOi;,
sont de \Tai9 petits chefs-d'ceuvre de technique [Stir les vases grecs en forme de tête hunmiue portant des
inscriptions, voy. Kleiîc, M eistersignatui en, p. 214; et Ud. Pottiee, dans les Mimoires des Monuments
Pioi, t. IX, 1903, p. 135, pi. XI à XV.J
(2) Sur la représentation du nègre dans l'antiquité, consulter lîD, PoTTIER et S.\I,OMON Reinach, La
Nécropole de Myrina, p. 473 et suiv.
(3) Les anciens appréciaient beaucoup les nègres. Le nègre était pour eux un porte- bonheur, ime sorte
de prophylactique [voy. l'article Sfn» dans le Dictionnaire des Antiquités de M. Saglio, t. IV, deuxième
partie, p. 1.260 et suiv.].
DEvSCRIPTIOX GKXKRALK DKS TYPES. 151
Enfin les verreries constituant des caricatures ne sont pas les
moins curieuses de la série (fig. 209). Elles rappellent beaucoup les
terres cuites grotesques découvertes à Smyrne et dont le Louvre
possède vme très belle collection (i). lyes unes et les autres sont dues
O 5 10:
FiG. 304. — Poterie céphaixîmorphe de Teujillo (Pérou). —- Collection Mofin-fean.
à la même préoccupation esthétique, à la même recherche de l'exac-
titude dans les traits comiques d'un visage.
Il est à peu près certain que le bassin oriental de la Méditerranée
est le lieu d'origine de ces verreries.
Pourtant, il est possible que des objets semblables aient été fa-
briqués par des Gaulois, soit que ceux-ci aient copié fidèlement des
modèles venus d'Orient, soit qu'ils se soient astreints à reproduire les
traits plus ou moins caractéristiqvtes de quelques individuahtés de
(i) Ed. POTTIER, Ojf AiVos et Ifs tnodeleurs de (erres cuites grecques, Paris, I^urens, p. qû et n"' 435, 436,
437, 438.
132 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
leur temps et de leur pays (i). La ressemblance qui existe entre cer-
tains verres anthropomorphes et certaines terres cuites blanches de
r.\llier induit à croire que les Gaulois ne se sont pas toujours laissés
hypnotiser par les traits d'une physionomie nettement ou vague-
ment asiatique (2).
La chronologie des verreries céphalomorphes n'est pas facile à
établir.
Il est bien probable qu'on fit de telles verreries pendant toute la
période romaine. Il est tout naturel de penser que les verriers alexan-
drins, mus par le désir de reproduire en verre une forme intéressante
inventée par les céramistes, les marbriers, les orfèvres de l'époque
grecque, en fabriquèrent dès que leur industrie eut progressé assez
pour le leur permettre. Il en existait au i^"" siècle ; on en a des
exemplaires pompéiens. Mais, en Gaule, c'est surtout à partir du
II]* siècle que se développa la verrerie céphalomorphe.
Des verres en forme de tête humaine ont été trouvés dans les
régions les plus diverses. Il est inutile d'en dresser la liste complète.
Il suffit d'en mentionner quelques-uns pour savoir à quoi s'en tenir à
leur égard.
I. — Forme 119. — Petits flacons prismatiques sans anse, ornés,
sur les côtés, de masques de Méduse en haut-relief (fig. 205). — ■ Ces
petites fioles, que nous signalons ici à cause de leur décor anthro-
pomorphe, font en réalité partie des verres à bas-reUefs moulés
(voy. plus loin, p. 188 et suiv.). Elles sont en verre très mince, géné-
ralement coloré en bleu-cobalt, vert-émeraude, rouge de vin, rouge
violacé, jaune ou blanc opaque. Elles proviennent, pour la plupart,
des officines orientales. Elles sont abondantes en Syrie, à Ch^-pre,
dans l'Itahe du centre et dans la France méridionale. Elles sont
plus rares dans la vallée du Rhin. On en a cependant trouvé une
au cimetière d'Andernach (3). Cet exemplaire, conservé au musée de
Bonn, a été recueilli avec une monnaie de Claude (41 à 54).
(i) I,es céramistes primitifs de l'Amérique ont, eiix aussi, créé des vases céphalomorphes, et ces vases,
qui n'ont aucun lieu de parenté avec ceux qui nous occupent, sont souvent de véritables portraits (lig. 204).
(2) Sur les vases-statuettes en argile du centre de la Gaule, consulter J. Déchelette, Les vases céramiques
ornés de la Gaule romaine, t. II, p. 322 à 325, pi. X.
(3) Constantin Koenen, Die vorrômischen, rômischeti uiul frdnkischenGrâber in Andernach, damlcs
Bonner Jahrbiicher, 1888, fasc. 86, pi. VII, n" 10.
DKSCRll'TlUX GÉNÊR/VLK DKS TYl'KS.
153
Les flacons à masques de Méduse en relief sont de la haute époque
impériale.
2. — Forme 120. — Petites fioles formées de deux masques
accolés. Verre épais bleu-verdâtre. Goulot d'aryballe forme 33. — Une
de ces verreries, exposée au musée de Picardie, à Amiens, a été dé-
couverte en 1884, à Amiens, dans le haut quartier Saint-Louis, avec
les ustensiles et le cachet de l'oculiste ACHir^i,EVS (i). Une autre, du
musée de Rouen, n'a pas plus de 8 centimètres de hauteur (fig. 206).
<r^
Fig. 205. — FL.4CON DE VERRE t'iG. 2o6. — VERRERIE MOULÉE EX l'"lG. 207. FLACUX DE VERRE
BLEU, orné de quatre masques forme de double tête. — Musée en forme de double tête
de Méduse en relief (Saintes). départemental d'antiquités, à (.Syrie). — Romain II. — Col-
— Romain I. Musée de Saint- Rouen. lection Morin-Jean, n" 3047.
Germain. .Salle X\', n" 24641.
Des flacons analogues, mais en verre très mince, et grossière-
ment façonnés, datent d'une époque plus basse (fig. 207). Très abon-
dants en Syrie, ils ne sont pas rares non plus dans la vallée du Rhin {2) .
3. — Forme 121. — Bouteilles de grande taille. Deux masques
juvéniles accolés. Goulot évasé analogue à celui des ballons forme 40.
Verre incolore plus ou moins filandreux, w^ siècle ap. J.-C. — Le plus
beau spécimen de cette série est conservé au musée de Boulogne-sur-
(i) Publiée par Alfred Danicoukt, Étude sur quelques antiquités trouvées en Picardie. Paris, 1886,
p. 19, fig. 1,0.
(2) AxTOX Kis.\, Das Glas im Altertumc, tig. 292 à 295.
20
154
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Mer (fig. 208). Il a été trouvé dans une tombe à inhtimation du
cimetière du Vieil-Atre [terrain Arnoul] en 1888. Il a été publié
par V.-J. Vaillant l'année suivante (i).
Deux exemplaires, à peu près semblables, ont été découverts, l'un
FlG. 208. — Grande bouteille en forme de double tête. — Cimetière du Vieil-Atre à Boulogne (fouilles
de 1888). iv= s. — Musée de Boulogne sur-Mer, n» 4120.
à Boulogne, cimetière du Vieil-Atre, le 28 octobre 1888 (2), l'autre
dans la vallée du Rhin [musée WaUraf-Richartz à Cologne] (3). I,es
(i) V. J. Vaillant, Notes boulonnaises [Épigraphie de la Morinie]. Boulogne, iSgo, p. 28 et Revue
archéologique, 1889, pi. XV,
(2) Cet exemplaire, sans pied, a été vendu à M. Bellox, de Saint-NicoIas-les-Arras [V-Mixant, Quelques
verreries romaines de Boulogne-sur- Mer, dans la Revue archéologique, 1889].
(3) l,e verre céphalomorphe de Cologne a 2 1 centimètres 1/2 de hauteur. II est apode. Il est décrit dans
j\NTON Kisa, loc. cit., p. 754 et fig. 299.
DEvSCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
155
figures qui coustituent la panse de ces bouteilles céphalomorphes
sont grasses. Les yeux sont à fleur de tête, les prunelles sont soigneu-
sement modelées : c'est un type caractéristique de l'époque cons-
tantinienne (i).
4. — Forme 122. — Bouteille en forme, de tête unique. Type
FiG. 200. — Flacon en forme de tête orotes-
QtTE. — Cimetière du Vieil-.\tre (fouilles de
1888). — Musée de Boulogne-sur-Mer, n" 4045.
FiG. 210. — Flacon céphalomorphe. — Cimetière
du Grand Hôle de Chasseiny (.\isne). iv" s. —
Musée de Saint-Germain. Salle XI.
caricatural, m* et rv* siècles. — On a trouvé dans le nord des Gaules un
certain nombre de verreries en forme de tête plus ou moins ricanante
avec les lèvres boursouflées, le nez énorme, les yeux exorbités, le
front fuyant et le derrière du crâne très développé. Une grosse verrue
se trouve quelquefois sur la joue. Ces caricatures, ces grotesques, ont
été recueillis en assez grande quantité dans la vallée du Rhin (2).
(i) A ce tjTje appartient la figure humaine formant la panse d'une bouteille à une anse, découverte à
Saint-llansuy, près Toul. Ce flacon, conservé autrefois dans la collection Charvet, est actuellement au
Métropolitan-Museum de New- York [Frœhner, La Verrerie antique, pi. XV, n" 83 ; et Ant. Klsa, loc. cit.,
fig. 298].
(2) Les céramistes et les bronziers romains ont fait, eux aussi, des vases plastiques en forme de tête
grotesque. Ils ont créé, dans cette série, des récipients qui ne différent des verreries qui nous occupent que
;i56 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIMAIN-.
Il en existe, au musée de Boulogne-sur-Mer, un très intéressant
spécimen (i). Il a été découvert en 1888 au cimetière du Vieil- Atre
[fouilles Lelaurain au terrain Capet] (lig. 209) . On connaît des
verres romains en forme de tête unique dont le faciès n'appartient
pas à la série des grotesques. Témoin l'exemplaire recueilli le 5 dé-
cembre 1888 par Frédéric Moreau, au cimetière du Grand Hôle de
Chassemy (Aisne), dans une inhumation de l'époque de Constantin,
de Valentinien ou d'Honorius (2) (fig. 210).
b. Verres zoomorphes {formes 123 à 130). — En donnant à un réci-
pient la forme d'un animal, les primitifs obéissaient à un sentiment
religieux qui se rattache au très vieux culte de la zoolâtrie. Dès
l'époque la plus reculée, l'homme a représenté, soit à plat, en dessin
ou en peinture, soit en ronde bosse, sous forme de vase ou de statuette,
les animaux dont il tirait sa subsistance. Son but, en agissant ainsi,
était d'attirer ces animaux autour de lui, par une sorte de sympathie
magique. Plus tard, ces conceptions fétichistes se sont affaibUes;
mais, jusqu'à la fin de l'antiquité, les vases en forme d'animaux ont
été des prophylactiques, des porte-bonheur.
I^s anciens ont connu deux sortes de rhjiions zoomorphiques :
a. Des vases représentant un animal entier ;
b. Des vases en forme de tête d'animal.
Les Grecs ont créé, dans les deux genres, de véritables chefs-
d'œuvre. Ils ont fait des récipients de terre cuite en forme de fauves,
de singes, d'oiseaux, de chevaux, de bœufs, de cerfs, de sangliers (3).
I<es verreries zoomorphes de l'époque romaine sont des copies
de ces vases d'argile. Nous nous Hmiterons à la description des plus
curieuses d'entre elles.
par la matière mise en œuvre. Un flacon de bronze en forme de tête humaine à faciès caricatural a été trouvé
e:i 1899 dans une incinération du m= siècle, au cimetière de la rue de Luxembourg, à Cologne [Bonner
Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115]. Des masques grotesques en argile, présentant un faciès analogue à celui
qu'adoptaient les verriers romains, servaient à orner les vases à reliefs d'applique du in° siècle [voy.
J. DÉCHELEITE, Lfs vascs céramiques ornes de la Gaule romaine, t. II, p. 227 et suiv.. tîg. 121-127].
(i) Publié par VAILLANT, Notes boulonnaises, p. 24 ; et Revue archéol. de 1889, pi. XIV.
(2) Frédéric Moreatt, Album Caranda, pi. 96. Nouvelle série. Vn flacon semblable, sorti du même
moule, a été trouvé, en 1S49, à .Steinfort. Il est conservé au musée de Luxembourg. Il a été publié dans le
Bulletin de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques du Grand-Duché de Luxem-
bourg, n" 5, année 1849, pi. II, n° 11.
(3) Le Louvre (.Salle H, vitrine centrale) possède une très ridic série de rhytons zoomorphes corintliicns,
attiques et italiotes.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DF^ TYPEvS. 157
I. — Forme 123. — Singe-musicien. — L'animal est assis clans un
de ces fauteuils d'osier à dossier semi-circulaire, qui furent très en
vogue en Gaule sous l'Empire (i). Il est vêtu d'un ciiculliis orné de
stries, qui figurent les bandes ou calicules de couleurs voyantes dont
on décorait les vêtements au m*' et au iv« siècles. De ses deux mains,
il presse sur sa poitrine une syrinx ou flilte de Pan à sept tuyaux.
L'origine alexandrine du sujet traité n'est pas douteuse. L'animal
représenté est le cynioccpJiale sacré des temples de l'Egypte, le cyno-
céphale que les riverains du Nil ont modelé dans toutes les matières :
granit, porphyre, calcaire, albâtre, terre émaillée, argent et bronze.
L'image du singe est un prophylactique très ancien. M. de Morgan
a trouvé à Suse des petits singes qui remontent à 2.500 ans av. J.-C.
Sous Hadrien, le singe était consacré à Pan: c'est pourquoi les
artistes de l'époque romaine lui ont mis une syrinx dans les mains (2) .
De quelles officines les lécythes en forme de singe-musicien sont-ils
sortis? Les terres cuites gallo-romaines peuvent fournir, à cet égard,
une indication précieuse. On a fait, au temps des Césars, dans la
vallée de l'Allier, des figurines d'argile blanche qui ont, avec les verres
qui nous occupent, de nombreux points de contact. Plusieurs de ces
figurines représentent des personnages assis dans un fauteuil d'osier
et tenant des deux mains une syrinx (3). Il est bien probable que,
comme elles, les singes de verre ont été fabriqués dans les officines
de la Gaule, soit par des ouvriers orientaux, soit par des indigènes
en relation directe avec l'Orient. Les pays où ils ont été trouvés
confirment, d'ailleurs, leur origine gaUo-romaine :
I. Vermand {Aisne). — FouiUe du 27 février 1885. Tombe d'enfant
n° 155. Verre verdâtre. Hauteur : 21 centimètres. Saint-Quentin.
Musée Lécuyer, n" 2.668 (4).
(i) Des sièges de ce tj^ie sont sculptés en relief sur les stèles funéraires des vétérans romains [voy.
AxTOx KiSA, loc. cit., fig. 14. Stèle du musée Wallraf-Richartz à Cologne].
(2) Très populaire au Romain II dans les ateliers des verriers et des céramistes, le t>-pe du cjTiocéphale
jouant de la s jTinx figure sur une goiu^de de terre cuite du musée de Saint-Germain, connue sous le nom
de Vase Sallier et appartenant à la céramique du m» siècle [voy. Décheletie, Les vases ornés, t. II, pi. IV].
Sur la Syrinx antique, consulter un intéressant article de M. Théodore Reinach dans Pro Alesia, mai-
juin 1907, p. 161 et p. 180.
(3) Voy. TtrooT, Figurines gauloises, pi. 67, et J. Déchelette, Irc. cit., t. II, p. 323 et pi. X, n" i.
(4) Th. Eck. Les deux cimetières gallo-romains de Vermand cl de Sainl-Quenlin, p. 113 et 149, pi. III,
n" 2 ; J. PiLLOY, Études sur d'anciens lieux de sépultures dans l'Aisne, t. Il, p. 123, et pi. 2, n" 3.
1.^8
LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
II. Amiens {Somme). — Verre verdâtre filandreux. Hauteur
14 centimètres. Amiens. Musée de Picardie (i) (fig. 211).
III. Cologne {Magnusstrasse). — Fouilles de 1865. Inhumation.
Verre incolore décomposé (Ancienne collection Disch) . Cologne. Musée
Wallraf-Richartz, no 292 (2) .
IV. Martinsberge, près Andernach. — Verre jaunâtre. Hauteur:
Fio. 3ir.
Flacon en forme de singe-musicien. — Picardie. — Musée d'Amiens, n" giq.
20 centimètres, ^asse époque impériale. Bonn. Provinzialmuseum,
n°3-0ii (3)-
V. Trêves. — Fouilles de 1904. Verre rempli de bulles d'air
(la tête de l'animal a été cassée). Trêves. Provinzialmuseum.
Salle 20. Vitrine VII. N» 05.475 (4).
On remarquera que tous les exemplaires connus, jusqu'à présent,
de la forme 123 ont été trouvés dans le nord des Gaules, et que tous
(i) Alfred Danicoltrt, Étude sur quelques antiquités trouvées en Picardie, Paris, 1886, p. 19.
(2) Aiis'm'Wf.erth, dans les Bonner Jahrbiicher, 18S1, fasc. 71, pi. VI, n" 1.368; Jos. POPPELREUTER
dans les Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, p. 359, fig. 5 ; A. KiSA, toc. cit., fig. 307.
(3) Fuhrer durch das Bonner Provinzialmuseum, p. 103.
(.|) Anton Kisa, loc. cit., p. 760.
DE.SCRTPTION GlvNERALE DES TYrE.S. 159
appartiennent à la basse époque impériale et sont contemporains ou
à peu près des verres à résille dits diatrUes (Voy. p. 231).
2. — Forme 124. — • Imitation en verre d'une corne de taureau ou
d'aurochs. — I^es cornes à boire forme 124 sont ordinairement ornées
de fils de verre appliqués à chaud et disposés en spirales (fig. 212), en
festons ou en filet. Elles sont quelquefois aussi décorées de cannelures
en long. Elles ont été rencontrées pour la plupart dans les provinces
rhénanes. Quelques-unes d'entre elles sont percées d'un trou à leur
FlG. 212. — CORXE DE \-ERRE VERDAIRE omée de fils en émail blaiic. — Basse époque romaine. —
Musée Wallraf- Richartz, à Cologne.
extrémité, afin que le liquide puisse s'écouler en un mince filet comme
dans les rhytons grecs.
Deux cornes à boire, dont l'une est munie de deux petites anses
de suspension, ont été pubHées par Aus'm' Weerth dans les Bonner
Jahrbiicher de 1881 (i). Une autre a été découverte à Cologne, dans
une tombe à inhumation qui contenait des monnaies de : Claude le
Gothique (268 à 270), Carus (282 à 283) et Galère (305 à 311) (2).
De très beaxix spécimens de la forme 124 sont conservés aux
musées de Trêves, Cologne, Bonn, Mayence, Wiesbaden, Worms et
Strasbourg ; d'autres sont dans les collections privées des provinces
rhénanes.
L,es cornes à boire sont d'époque tardive. EUes n'apparaissent pas
avant la fin du iii^ siècle et sont très en vogue sous les Mérovingiens,
(i) Bonner Jahrbiicher, 1881, fasc. 71, pi. VI, n° 1.369 et 1.370.
(2) Bonner Jahrbucher, 1906, fasc. 114-115, pi. XXV, n» 61.
i6o I.A VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
3. — Forme 125. — Porc (i). — I,es verreries en forme de porc
ne sont pas très nombreuses. Une des plus intéressantes a été trouvée,
en 1893, rue de Luxembourg, à Cologne, dans la même tombe que la
bouteille à deux anses (fig. 274) décrite plus loin, p. 204. Le corps
de l'animal est en verre bleu intense. Les pattes, la queue et les oreilles
sont en verre opaque blanc-jaunâtre. Sur le dos, les poils de la bête
sont exprimés par une bande de verre de même couleur, plissée à
Fig. 213. — lvL.\coN EN FORME DE PORC. — Cologue. Cimetière de la rue de I,uxembourg (fouilles de i8y3).
Romain II. — Musée de Cologne, n" 549.
intervalles plus ou moins réguliers (fig. 213). Ce petit balsamaire est
au musée Wallraf-Richartz à Cologne (2).
Une autre verrerie en forme de porc a été découverte à Cologne,
dans la tombe à inhumation n° 49 des fouilles de 1904 (3).
Un grand flacon en verre incolore du Paulusmuseum de Worms
appartient à la même série de récipients (4) .
4. — F0RME.S 126-127-128. — Oiseau. — La verrerie 126 repré-
sente un oiseau à cou assez court dont la tête est légèrement tournée
sur le côté. Elle constitue un tyge de la haute époque impériale. On
peut en voir un exemplaire au musée de Trêves [no St. 4690], dans une
cuve de pierre. Cette cuve contient en outre des ossements calcinés,
(i) l,e porc ou plutôt le sanglier semble avoir été un ancien totem celtique [voy. Salomon Reinacii,
Cuites, Mythes et Religions, t. I, p. 71].
{2) II a été publié par Anton Kjsa, dans les Donner Jahrbiicher, 1896, fasc, n" 99, p. 50-53 et pi. II, n» (i.
(3) Bonner JahrbUcher, 1906, fasc. 114-115, pi. XXIV% p. 416-417.
(4) Anton Kisa, Das Glas im AlUrlume, p. yb.\.
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choll^ Cluiloiis tManie) ; H, n -/-j"
DESCRIPTION GÉNÉRALE DIvS TYPE.S.
i6i
un flacon forme 27 et trois petites ampoules de verre mince. C'est
une incinération typique des i^r, ii" siècles de notre ère.
Une fiole 126, originaire de Provence, est conservée au musée
Borély, à Marseille (fig. 214, B.). Une autre, en verre d'un
beau bleu, se trouve au musée de Bonn [no A. i.oio].
I,es oiseaux à très long cou, forme 127, appartiennent à un type
tardif (Romain II) de la Gaule nordique. Ceux que nous reproduisons
(fig. 214, A et C) proviennent, l'un du cimetière de Strasbourg (i) , l'autre
de la nécropole belgo-romaine de Strée (2) . Un bel exemplaire en verre
Fig. 214.
ft^oV^ JU9 .
Verres ornithomorphes : A. Musée dt Strasbourg. — B. Musée Borély, h Marseille.
ia" 429] — C. Musée de Cliarleroi (Belgique).
incolore, de la fin du in^ ou de la première moitié du iv^' siècle, fait
partie des riches collections du musée de Mayence. D'autres spéci-
mens sont exposés aux musées de Trêves et de Cologne.
La verrerie ornithomorplie 128 appartient au musée archéologique
de Boulogne-sur-]Mer. Elle a été trouvée en 1S2S, dans une
tombe explorée par M. Al. Marmin, au faubourg de Bréquerecque (3).
Elle est en verre verdâtre impur, ce qui permet de la dater
d'une époque tardive. E' oiseau représenté est sans doute un coq.
(i) Tombe à inhumation n" 12, iv= siècle [Str.\ub, Le cimclière gallo-romain de Strasbourg, p. 24 et fig.].
(2) Musée de Charleroi (Belgique). Hector JLvNCE.'vux.ic cimetière belgo-romain et franc de Strée, Mens,
1877-
(3) I^ verrerie omithomorphe de Boulogne-sur-Mer a été publiée par Roach Smith, dans Collectanea
Antiqua, 1843, n» i, pi. I, et par V.-J. V.'oi.L.ixT, dans la Revue archéologique de 1889 [Quelques verreries
romaines de Boulogne-sur-Mer}.
21
i62 LA VERRERIE EN GAULE vSOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Son ventre ballonné repose sur trois petits pieds ; sa tête minuscule
est surmontée d'une crête dentelée ; ses ailes sont courtes ; sa queue
FiG. 215. — Flacon en forme d'oiseau. — Fouilles du Boulonnais. Romain II tardif.
Musée de Boulogne-sur-M er, n" 2525.
s'étale largement et se raccorde gauchement au goulot mal dissimulé
du récipient ; son dos est muni d'une petite anse de verre formant
anneau de suspension (fig. 215).
Un oiseau de forme analogue, ayant autrefois fait partie de la
collection Discli, a été publié par M. Aus'm' Weerth, dans les Bonner
Jahrbûcher de 1881 (i).
5. — Forme 129. — Poisson. — Les flacons en forme de poisson
FiG. 316. — Flacon ichtiiyomorphe. m» s. — Musée de Cologne, n" 9S3.
ne sont pas très répandus. Nous reproduisons (fig. 216) un bel exem-
plaire de fiole ichthyomorphe duiii^ siècle, appartenant au musée
Wallraf-Richartz, à Cologne. I^e corps de l'animal est en verre
incolore décomposé. L,es yeux, très saillants, sont en pâte de
verre bleu. L,a tête est séparée du corps par un double filet de verre
(i) Bunncr Jiihrbilcher, iSSi, fasc. n" 71, pi. VI, n» 1.372.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPIvS. 163
également bleu ; elle forme le foud du réeipient, tandis que la queue
en constitue l'orifice.
Ce balsamaire, bien conservé, a été trouvé à Cologne lors des
fouilles opérées en i8g8 dans la rue de Luxembourg (i). Il faisait
partie du mobilier funéraire de la tombe n" 43 qui contenait, outre
cette curieuse bouteille, des poteries caractéristiques du m*' siècle
une verrerie forme 5g, ime carafe de verre ornée de petits cabochons
et un grand bronze d'Alexandre Sévère.
Une verrerie ichthyomorphe est exposée au musée de Wies-
baden (2). Une autre a été trouvée dans le Châlonnais, au lieu dit la
Croix-Saint-Germain, dans un sarcophage en pierre du Romain II (3).
Cette dernière est entièrement entourée d'un gros fil de verre spirale,
système de décor très en vogue à la fin du m® et au rv^ siècles. Dans le
catalogue de la collection Gréau, Froelmer reproduit plusieurs flacons
en forme de poisson ; l'un de ces flacons, découvert à Chypre, rap-
pelle, dans son galbe général, l'exemplaire de Cologne (4).
Au groupe des verreries ichthyomorphes, on peut rattacher de
beaux verres à boire, dont le décor original consiste en poissons
soufflés à part dans un moule et soudés ensuite sur la surface externe
du vase.
On a trouvé en Itahe des poissons isolés qui portent sur le dos des
traces de soudure prouvant qu'ils ont appartenu à la décoration de
récipients vitreux. En 1857, Visconti a recueilli à Ostie un fragment
de vase de verre sur lequel des poissons étaient encore adliérents.
Ce fragment portait une inscription chrétienne : Bibe. Zeses, qui a
permis de le dater de la basse époque impériale.
En 1873, on a découvert à Rome un verre complet, orné de pois-
sons et de mollusques admirablement modelés. Ce précieux monu-
ment, dont la stabihté est assurée par la disposition ingénieuse de
(i) Voy. les Bonncr Jahrbticlterdu igo6,fasc. 114- 115, pi. XXIV, et p. 415. — I.a Xécropolc de la rue de
Lirxembovu-g, à Cologne, a fourni au musée Wallraf-Ricliartz lui autre flacon ichthyomorphe en excellent
état de conservation [voy. Anton Kisa, Das Gitis im Altertume, p. 767].
(2) Nassauer AnnaUn, VII, 1864, t. 43.
(3) Publié par M. de Fo-ntenay, dans le Bulletin Montimcutal de 1855, à la page 88.
(4) Fkœhxer, Collection JulienGréau. Verrericantique appartenant à AI. John Pierpont-AIorgan. Paris,
1903, n" 1.126, pi. CCIII. n" 2.
164
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
trois coquillages de verre qui font office de pieds, est conservé au
Vatican (i).
Deux verreries du même type proviennent de la Gaule du Nord.
L'une d'elles, au Provinzialmuseum de Trêves, est l'exemplaire
FiG. 217. — VERRE I.NXOLORE, omé de coquilles, d'algiies et de poissons eu ronde bosse. — Fouille
de Pallien. Fin m'" ou iv" s. — Musée de Trêves. Salle XX. Vitrine VII, n" 694,
le plus beau et le mieux conservé de toute la série (fig. 217). Elle
a été trouvée à Pallien dans un sarcophage ; elle était placée sur
un pinax de verre blanc laiteux lui servant de soucoupe (2).
La forme du récipient (n^ 79 du tableau de morphologie générale)
est caractéristique de la fin du in^ s. ou de la première moitié
( i) On trouvera un bon dessiu de cette verrerie dans .-Vntox ICisa, loc. cit., p. 7S1, lig. 315.
(2) Voy. VON WiLniowsKi, Arehâologische Funde in Trier tmd Umgegend, Trêves, 1873. Voy. aussi
Fuhrer durch das Provinsialmuseum in Trier, p. m, n" 694.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES. 165
du iv^^. I,a pâte vitreuse, jadis incolore, s'est décomposée et a pris
l'aspect du verre dépoli; elle est remplie de bulles d'air. Le décor
comporte trois rangs superposés d'animaux marins. Dans la rangée
inférieure sont disposés trois coquillages tubulaires, entourés chacun
d'un fil de verre en spirale. Au milieu du vase, on reconnaît trois
soles, poissons plats qui affectionnent les cotirants moyens. De la
bouche de ces pleuronectes partent trois algues dont les bases
élargies constituent les pieds du récipient. Dans la rangée du haut,
cinq poissons préférant les régions supérieures de l'élément liquide,
nagent en file indienne. Tous ces animaux ont été minutieusement
faits d'après nature ; ils ont été modelés avec beaucoup de goût
par des artisans maîtres de leur teclinique. Si des couleurs vives
venaient rehausser cette œuvre charmante, on pourrait, sans exa-
gération, la mettre en parallèle avec les produits les plus soignés de
Bernard PaUssy.
Le second exemplaire gaulois, appartenant à la série des verres à
boire ornés de poissons en ronde bosse, est une pièce beaucoup moins
belle que celle de Pallien. C'est tui récipient vitreux analogue à cette
dernière par sa forme, mais auquel on a adjoint deux petites anses
arrondies et un pied tronconique.
Il a été trouvé à Cologne, en 1904 ; il fait partie des collections du
musée Wallraf-Richartz (i). Comme son congénère de Trêves, il est
en pâte vitreuse incolore, fortement décomposée. Les poissons qu'on
y a soudés, sont disposés en trois rangées superposées ; ils sont tous de
la même espèce ; ce sont des malacoptérygiens appartenant peut-
être au genre brochet. Dans la rangée médiane, l'un d'eux a été placé,
par erreur sans doute, dans la position verticale.
I^ verre de Cologne provient d'une tombe à inhumation du
début du i\'^ siècle dans laquelle on a recueilli, en outre, une bouteille
forme 40, un flacon forme 10 à anses delphinif ormes et un moyen-
bronze de Constance Clilore (mort en 306) (2).
On ne sait pas exactement où les verres à poissons de Rome,
de Trêves, et de Cologne, ont été fabriqués.
(i) Une photographie de ce verre a élé publiée par .\Niox KiSA, Das Glas im Alliiltimc, p. 783, iig. 316.
(2) Bonner Jahrbucher, 1906, fasc. 114-115, p. 424 et pi. XXV, tombe 60.
i66 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
G. B. Rossi écarte l'hy^jothèse de l'origine classique et opte pour
l'origine gauloise. Selon lui, le fragment découvert à Ostie aurait été
apporté à l'embouchure du Tibre avec de nombreuses marchandises
gauloises expédiées de Marseille à destination de Rome.
En admettant, avec quelques archéologues, l'hypothèse d'ouvriers
travaillant sur les rives de la Moselle ou du Rhin, on est obligé de
convenir que ces ouvriers devaient y être venus d'une région mari-
time, d'un port où ils avaient pu étudier à loisir la faune marine.
Ce port était-il Marseille où florissait une industrie verrière très
développée ? Ëtait-il Boulogneoù l'on a trouvé de très belles verreries
plastiques? Nous ne le savons pas et nous ne le saurons peut-être
jamais.
Rien, d'ailleurs, ne confirme l'hypothèse monogéniste touchant
la fabrication des verreries qui nous occupent. I.,e verre de Cologne,
d'un travail négligé, est peut-être une œuvre provinciale, sortie
d'une officine où l'on imitait des produits plus artistiques dont le vase
de PaUien aurait fait partie.
6. — Forme 130. — Coquille. — Les verriers romains, à l'imi-
tation des céramistes et des orfèvres, ont fait des flacons en forme de
coquille.
I,a panse de ces flacons est constituée par un mollusque bivalve
se rattachant à la classe des Pecten (fîg. 218). Le pied, le goulot, l'em-
bouchure, les anses ne présentent pas de particularités anormales.
Ils appartiennent aux tjrpes courants du Romain II. Les bouteilles
conchiformes ont une origine très ancienne. Elles étaient connues des
Grecs chez qui le Pecten était consacré à Aphrodite (i) . Elles semblent
avoir été surtout destinées à des usages de toilette.
En Gaule, on ne rencontre guère de verreries conchiformes avant
le ni*^ siècle. Les exemplaires qui sont parvenus jusqu'à nous sont
tantôt en verre incolore, tantôt en pâte de verre blanc opaque ou
bleu-azur. Ils proviennent du nord de la France et de la vallée du
Rhin.
(i) Consulter Salomon liEINACH, Ri-petloirc des Vases peints, grecs et élntsques, Paris, 1S99, 1. 1, p. 34, 35
et 509. — I,es vases gïecs condiiformes ne sont pas rares au musée du Louvre. Un Iccythe, dont la panse
est formée de 3 pectens accolés, est exposé au nuisée académique de Bonn. Un vase grec en tonne de
coquille a été signé par le potier Phintias (Eçr||j.. àpy, 1886, pi. 9 et 10).
DHvSCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
167
c. Verres phytoniorphes (Forme 131). — Parmi les vases de verre
dont la forme appartient au monde végétal, le tjqie en forme de
grappe de raisin est le seul dont nous trouvions en Gaule des repré-
sentants.
Les flacons forme 131 imitent tantôt une grappe dont les grains sont
l'ro. 218. — Bouteille coxchiforme. — Cologne. FiG. 219. — Bouteille ex forme de or.\ppe de
Cimetière de la rue de I,uxembourg (fouilles de r.\isin. — Cimetière des Dunes, à Poitiers
1893). Romain II. — Musée de Cologne, n" 529. (Vienne). — Musée de Saint-Gerniain, n" 30309.
groupés en une seule masse (fig. 221 et 222), tantôt une triple grappe (i)
(fig. 219, 22o).Ils sont apodes (fig. 219 à 221), ou munis d'un pied consis-
tant en un plateau séparé du vase par un sphéroïde ou un cylindre bas
(i) Ces deux types de grappe se remarquent dans la numismatique, dès une époque très reculée. La grappe
unilobée est gravée sur les monnaies primitives de Julis (Ile de Céos). I^ grappe trilobée orne les monnaies
archaïques de l'ile de Ténos.
i68
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
(fig. 222). Quelques-uns d'entre eux (fig. 22i)ontle goulot et les anses
de notre type 33. D'autres (fig. 220) ont le goulot et les anses du
type 43. Des spécimens, en verre de deux tons (fig. 222) sont de la
même famille que les flacons 50 (série B) décrits plus haut (p. 108),
et ne diffèrent de ces derniers que par la structure de leur panse.
I^es verreries en forme de grappe de raisin, trouvées en Gaule, sont
i/^^nhj)
Fig. 220. ■ — Bouteille en for-
me DE GRAPPE TRILOBÉE. —
Musée d'Arles, n" 2338.
Fig. 221. — Aryballe a panse
moulée en roRME de GR-WPE.
— • Verre noir. Cologne. —
Musée Wallraf-Richartz, 11°
S18.
Fig. 222. — Flacon en forme de
grappe. — Verre bleu (anses et
bourrelet inférieur de l'embou-
chure en émail jaune). Romain
II. ■ — • Musée Wall laf- Riclmrtz,
à Cologne.
assez nombreuses. EUes se classent au Romain II. Nous signalons
ci-après les plus intéressantes d'entre elles :
lO Six beaux exemplaires trouvés au cimetière des Dunes, à Poitiers
(fig. 219). — Quatre d'entre eux sont au musée de Saint-Germain
(salle XV). Les deux autres sont au musée des Antiquaires de l'Ouest,
à Poitiers (Dunes U, XXII. Nos 73 et 74. Verre bleu-verdâtre) .
DESCRirïION GÉNÉRALE DES TYPES.
169
2° Grande grappe trilobée. — Hauteur: 25 centimètres. Musée
d'Arles, (fig. 220).
3° Spécimen apode recueilli à Frésin (province de lyimbourg)
(Belgique). Musée du Cinquantenaire, à Bruxelles (i).
4° Spécimen découvert à Verrines (Deux-Sèvres), publié dans la
Revue archéologique de 1858, p. 538.
Fig. 223. — B.\Rii,i,ET FRONTINIEX. — Colleclion Morin-Jean, n" 1506.
5° vSpécimen trouvé en France (sans indication de provenance
précise), publié par Froehner. Collection Charvet. PI. IV, 17.
6° Grappe de l'ancienne collection Heydenreich à Spire.
7° Grappes découvertes à Trêves (2). (Musée de Trêves.
Vitrine VII. Salle 20. Voir Catalogue, p. 109).
(i) ScHEUEKMAisS. Dans Bull. comm. Belges, 1863, p. 127.
(2) Bonner Jahrbiicher, 1S86, fasc. 81, p. 49, pi. I, 11" 24; 1S96, fasc. 99, p. 52, pi. II, n" i. Fkoehnek,
Collectioji J. Gréau, u» 1.157, pi. 209, n" i [Grappe tmilobée à pied; hauteur: 17 ccntim«}tres].
22
iyo
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
8° Plusieurs exemplaires de la vallée du Rlain conservés à Cologne,
au Musée Wallraf-Ricliartz (fig. 221 et 222) et dans des collections
particulières.
90 Fragments de grappes aux musées de Saintes et de Mayence.
d. Verres skeiomorphes (Formes 132 à 139).
Forme 132. — Barillet frontinien. — Le barillet 132 {Fasskanne
des archéologues allemands) est une bouteille en verre moulée de la
Fig. 224.
B.\Rii.LEi A DEUX ANSES. — Cimetière de Beaumout-sur-Oise. — Collection Morin-Jmn,
n" 2217.
même famille que les flacons n^ 9, mais dont l'embouchure n'est pas
à bourrelet double et dont la panse est garnie, à ses deux extrémités,
de cercles en relief (i) (fig. 223). Le nombre de ces cercles est variable.
On en compte généralement cinq ou six à chaque extrémité.
L,es barillets ont tantôt une anse, tantôt deux anses apparte-
nant à notre type y^ (pi. 3, p. 37) (2). Un modèle à trois anses
du musée de Boulogne-sur-Mer fait exception. Nous devons
ranger également parmi les raretés le tonnelet sans anses et
sans goulot que nous reproduisons fig. 227, et les barils ornés
(i) l,a forme 132 a été donnée aussi à des récipients d'argile (Must'c d'Amiens, Barillet de terre cuite,
hauteur : 27 ccutimétres; et Collection Th. Eck, à Saint-Quentin; Barillet à une anse trouve à Vermand;
terre jaunâtre, hauteur : 17 centimètres).
(2) I^'anse à section circulaire du barillet fig. 226 est ime exception.
DESCRIPTION GKNÉRALK DES TYPES.
171
soitd'un semis de cabochons (voy. plus loin, p. 224, n^syetSetfig. 305),
soit d'une seule guttule de verre simulant la bonde du tonneau (fig .342) .
I^e type normal du barillet est une bouteille de 14 à 18 centimètres
de hauteur (i), à parois minces, soufflée dans un moule à deux parties.
Le fond et le goulot sont rapportés. La bavure du moule s'arrête
Fig. 225. — Barillet ex v'ïrre verdatre filaxdrettx. — Fouilles du Boulonnais (1896). rv» s. — Musée
de Boulogne-sur-Mer, u" 5154.
en A (fig. 223) à l'amorce du goulot, et en B au point de jonction de
la panse et du fond.
I.,e fond est divisé en plusieurs zones par des cercles en reUef et
porte une signature, celle de l'industriel Frontinus dont le nom est
inscrit en toutes lettres ou en abrégé (2).
(i) Exceptionnellement, certains barillets ne dépassent guère 7 à 8 centimètres (fig. 229). D'autres ont
près de 30 centimètres de hauteur.
(2) Quelques barillets portent l'estampille Fronliniana [Fabrica] ou Comior. Fron. D'autres sont signés
Frontinus, Front, ou Fro. (Consulter A. De\tlle, Histoire de l'art de la verrerie dans l'antiquité,
p. 48; W. Frœhxer, La Verrerie antique; J. PiLLOY, Etudes sur d'anciens lictix de sépuitures dans l'Aisne,
t. n, p. 111-117 ; .\NI0N KiSA, Das Glas im Altertuine, p. 943-947.
172
IvA \rERRERIE EN GAULE SOUS I^'EMPIRE RO]VL\IN.
Si nous examinons les rapports de proportions des diverses parties
du barillet frontinien, nous constatons que toutes les dimensions
indiquées en A, B, C, D, E et F de la fig. 228 sont égales entre elles.
I^a partie unie de la panse a la même hauteur que chacune des deux
zones cerclées. L,a largeur de la panse est égale aux deux tiers
Fig. 226. — B.\Rii,LEi M-\KQUÉ F. R. G. — Ville-
neuve-Saiut-Georges (S.-et-O.). — Musée de
Saint-Germain. Salle XV, n" 26040.
Fig. 227. — Barillet a ouverture large, sans
ANSE ET SAKS COL. — Trouvé à Reims. — Musée
archéologique de Reims, n" 474S.
de sa hauteur totale. l,a hauteur du goulot est égale au tiers de la
hauteur de la panse.
Nous sommes donc en présence d'un canon de proportions très
simple observé dans la fabrication de presque tous les barillets.
L,e barillet frontinien s'est rencontré en abondance dans la région
du nord des Gaules comprise entre le Rhin et la Bretagne, c'est-à-dire
en Normandie, dans l'Ile-de-France, en Champagne, en Picardie, dans
le Boulonnais, en Flandre et dans les vallées de la Moselle et du
Rhin (i).
Il est particuUèrement fréquent dans les nécropoles de Can^^ (2),
(i) Une carte des lieux de trouvailles des barillets a été dressée en 1906 par le Dr Leblond [Marque de
verrier sur an barillet gallo-romain trouvé à Beauvais, 1907).
(2) Abbé Cochet, La Normandie souterraine, p. 61 et suiv.
DESCRIPTION GÊNÊRAI.E DES TYPES.
173
du Bois-des-Loges près Êtretat (i), du Mesnil-sous-I^illebonne (2),
de Neuville-le-Pollet(3), de Beau vais et de la forêt de Compiègne (4),
de Reims et de la Marne (5), d'Amiens (6), du Vieil- Atre à Boulogne-
sur-Mer (7), de Vermand, de Tournay et du T^mbourg Belge (8), de
FiG. 238. — B.VRILLET FRONTiNiEN. — Collection Morin-Jean, n" 1506.
Trêves (9), de Colo,gne (10), d'Andernach (ii), de Strasbourg (12),
de Metz, de Worms et de Remagen (13).
(i) Abbé Cochet, loc. cit., p. 87 et suiv.
(2) Abbé Cochet, loc. cit., p. m et suiv.
(3) Abbé Cochet, Fouilles de Neuville-le-Pollet, 1845, pi. XIX.
(4) Fouilles de Roucy. Musée de Saint-Genuain.
(5) Catalogue du musée archéologique de Reims, n"» 4.653, 5.276, 7.063, etc.
(6) Nombreux exemplaires au musée de Picardie, à Amiens.
(7) Riche série au musée archéologique de Boulogne-sur- Mer. [Voy. D' Sauv.ace, dans le Bulletin de
la Société académique de Boulogne, t. VII, et J. Vaillant, Epigraphie de la Morinie, 1890.
(8) J. PiLLOY, loc. cit., t. II, p. III.
(9) Riche série au musée Provincial de Trêves. Nombreux spédmens à deux anses.
(10) Voy. Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, P- 43°. Pl- XXVI, tombe 68.
(il) Kœnen, dans Bonner Jahrbucher, 1S88, fasc. 86, p. 1S6, pl. X, n" 19.
(12) Voy. Straue, Le cimetière gallo-romain de Strasbourg, iSSi, p. 20-21 et pl. VI, n" 2.
(13) Dragendorff, dans les Bonner Jahrbucher, 1895, fasc. 96-97, p. 123.
174
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Par suite de relations commerciales, il s'est répandu sporadi-
quement en dehors de ces régions, notamment au cimetière des Dunes,
près de Poitiers (i).
On ne l'a pas trouvé en dehors des pays gaulois, des régions où
le \'in se transportait dans des tonneaux formés de douves de bois
cmtrées et maintenues par des cerceaux. En Orient et dans les pays
grecs et latins, le vin était renfermé dans des amphores de terre cuite
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FiG. 229. — B.\RILLET EN VERRE VERDATRE. —
Paris. Cimetière du faubourg Saint- Jacques, iv» s.
— Musée Carnavalet.
FiG. 230. — Barillet de terre cdite a goulot
ET ANSE d'askos. — Miisée de Saint-Germain,
n» 20749.
OU dans des outres de cuir (2). Le tonneau, cupa (3), n'y était pas abso-
lument inconnu; mais PUne nous dit que ce récipient n'était d'un
usage journalier que dans la région des Alpes et dans les contrées du
Nord (4).
Les barils de verre sont de fidèles copies des tonneaux gaulois en
(1) p. DE Cessac, Découverte d'un cimetière des premiers siècles de noire ère à Poitiers, dans la Revue
Archéologique, 1879, vol. 38, p. 46.
(2) ly'outre de cuir des pays méditerranéens a servi de modèle aux céramistes grecs qui, en s'inspirant
de sa forme, ont créé le vase dit : askos. 1,'askos d'argile a été imité par les verriers pompéiens (Musée de
Naples, n"* 113.248 et 118.142). II ne s'est pas répandu au nord des Alpes. On peut considérer comme une
exception le tonnelet de terre cuite du musée de Saint-Germain (fig. 230), dont le col et l'anse sont emprun-
tés à l'askos grec. Ce tonnelet est \m airieux type hybride où l'imitation du tonneau gaulois se joint à celle
de l'outre à vin méditerranéenne.
(3) Voy. article Cupa dans le Dictionnaire des Antiquités de M. Saglio, 1. 1, deuxième partie, p. 1594.
(4) Pldje, Hisl^ nat., XIV^ 132.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
173
bois. Ils sont d'autant plus précieux pour nous que presque tous les
tonneaux de bois ont péri (i).
La fabrication des barillets frontiuiens a dû commencer au
iii*^ siècle. Les exemplaires les plus anciens, ceux de la Normandie, ont
été rencontrés dans des tombes à incinération. Ils sont en verre
bleu-verdâtre d'assez bonne qualité. A la fin du iii^ et pendant le
l-IG.
231.
VEKRtKiE FUSELÉE, ORNÉE d'ux FIL DE VERRE DISPOSÉ EX spiR.\Li;. — Fouillei du Bou-
lonnais. — Musée de Boulogne-sur-Mer, n" 2532.
iv^ S., la fabrication frontinienne s'est poursuivie intensivement
jusque vers 385 ou 390 ap. J.-C. Les spécimens les plus tardifs, ceux
trouvés à Vermand avec des monnaies de Constantin (306 à
337) (2), de Valens (364 à 378) (3), de Gratien (375 à 383) (4)
(1) Un tonuL'au romain en bois, d'environ i"',75 de hanteur et i"",2o de diamètre, est conservé au musée
de Mayence. Un autre a été découvert en Angleterre, dans le Comté de Buckinghani. Ce sont des raretés.
i,es barillets de verre ne sont pas les seuls objets qui nous fassent connaître la forme des barriques de bois
de l'époque romaine. On peut voir, à Trêves, au musée provincial, d'intéressants monuments en pierre qui
représentent des galères chargées de tonneaux (Voy. I"r,\xz Cr.viier, Dus rômische Trier, p 20 et 21].
(2) Ûmetière de Vermand. Tombe 33g. Fouilles Th. Eck, en 1885.
(3) Cimetière de Vermand. Tombe 22. Fouilles I.elaurain, en 1885.
(4) Cimetière de Vermand. Tombe 183. l'ouilles 1,el.\urain,
376
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
et dans les cimetières à iuhtimations du Boulonnais, de la Picardie
et de la vallée du Rhin, sont en pâte vitreuse incolore ou verdâtre,
pleine de buUes d'air et de iilandres.
Formes 133-134. — Vcnes en forme de tonnelets fuselés. — • Les
cercles du baril sont exprimés par un fil de verre qui s'enroule du haut
en bas du récipient (fig. 231) ou autour de ses deux extrémités
seulement (fig. 232).
Les verres 133-134, anses ou non anses, appartiennent aux pro-
FiG. 232. — Verres fuselés : A. Musée provincial de Bonn. Salle V, n" 151 12.
n" 642.
B. Musée de Cologne
ductions de la Gaule nordique et rhénane du iii'^ et du iv« siècles. Le
type 134 est moins rare que le type 133. Il est représenté par des
spécimens découverts à Boulogne (fig. 231), à Trêves (i), à
Cologne (2) (fig. 232), à Andernach (3), et par un exemplaire de la
collection Pierpont-Morgati (ancienne collection Julien Gréau) publié
par M. Froehner (4).
Forme 135. — Le barillet 135 diûere des précédents en ce qu'il
(i) Trêves. Musée Provincial. Salle 20. Vitrine IX (P. M. 602).
(2) Voy. Bonner Jahrbiichcr, 1881, fasc. 71, pi. VI, n» 1.382.
(3) Vo\-. Bonner Jahrhûcher, 18S8, fasc. 85, pi. X et p. 185.
(4) W. Frceiiner, Collection J. liréau, n" 1.242, pi. 233 (n" 4).
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
'^n
est couché (fig. 233) (i). Il repose sur quatre petits pieds de verre.
Sur le dessus, à l'emplacement de la bonde, est jplacé un goulot court.
-,5s
FiG. 233. — Barillet polypode. — ni= s. — Mikcc provincial de Bonn. Salle V, A. 1012.
surmonté d'une embouchure en bourrelet et flanqué de deux anses
appartenant au type r, (pi. 2, p. 36). Les verreries de ce modèle sont
d'ordinaire en assez beau verre incolore ; les filets représentant les
î-tG. CJ4. — L-VMPE d'argile ET VASE DE TERRE ROCGEATRE EN FORME DE BARILS CERCLÉS. — Muséâ
provincial de Bonn. Salle III (n»' 731 et 5829).
cercles du tonneau, les anses et l'embouchure sont en verre bleu. Les
tonnelets forme 135 ne sont pas communs. Ils ont été trouvés dans la
(i) A l'époque romaine, les bariUets du t\-pe 133 ne sont pas tous en verre. Quelques-iuis sont en terre
cuite (fig. 234: l'exemplaire du haut est une lampe). D'autres sont en bronze. [Petitbarillet de bronze de
S centimètres de longueiu-. Jlusée de Bonn, n' 3.673, Patine verte].
23
178 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
vallée du Rhin (i). Ils datent du m"? siècle et font partie du même
groupe de produits que les verres à applications vermiculaires de la
première férié (voy. plus loin, p. 200).
Formes 136 et 137. — Patèrcs â manche. — La forme de ces
récipients vitreux reproduit exactement celle des patères de bronze
et d'argent que l'on conserve dans tm assez grand nombre de musées
et collections.
I,e t^'pe 136 paraît être le plus ancien des deux. Il existe, dès le
i^'' siècle, dans la verrerie pompéienne (exemplaires du musée de
Naples). Il n'était pas tombé en désuétude au Romain II, j^uisqu'on
en connaît des spécimens ornés d'applications vermiculaires (2)
(fig. 287).
Frœhner a publié une patère forme 136 trouvée à Amiens (3).
Le type 137 [Triilla des archéologues allemands) est une coupe
peu profonde à pied annulaire, et munie d'un manche. Les patères
de cette forme sont en verre incolore et décorées d' applications vermi-
culaires (fig. 286). Elles n'ont guère été recueillies en dehors de la
vallée du Rhin.
Au cimetière de Cologne, elles étaient dans les sépultures à inci-
nération de l'époque des empereurs syriens, en compagnie des plus
belles verreries à applications vermiculaires (4). Quelques-unes ont
servi de soucoupes aux œnochoés forme 52 et fig. 275.
Forme 138. — Verreries en forme de panier. — Les verriers de
l'époque romaine ont copié les objets les plus variés. On a recueilli
à Pompéi un flacon de verre en forme de marteau (5) . On a découvert
en Gaule des récipients vitreux en forme de paniers munis d'une ou
de deux anses.
Le panier que nous reproduisons fig. 235 est décoré de filets en
(i) Aus' m' Weerth en a publié deux dans les Bonncr JahrbUcher de 1881, fasc. 71, pi, V, n" 1.3S1 et
pi. VII, n" 1.3S0, Frœhner en a publié un de 21 centimètres de longueiu: dans son grand catalogue de la
Collection Gréau [n" 1.244, pl- 233. "° 6)-
(2) Une patère en verre ornée d'applications venniculaires, provenant d'une tombe du m" siècle décou-
verte à Hauret, est conservée au musée de Namur (voy. Anton Kisa, Das Glas im Altertume, p. 460 et
fig. 128 h).
(3) W. Froeh.n'ER, La Verrerie antique, pl. XX, n» 89.
(4) Voy. Bonner JahrbUcher, 1906, l'asc. 114-115, pl. XXIV.
(5) Musée national de Naples, n" 12.087.
DESCRIPTION GÊNÊRAXrE DES TYPES.
179
émail blanc. Il est difficile de lui assigner une date précise. En tout
cas, il ne semble pas antérieur au iii«^ siècle. Un spécim.en rhénan,
d'un modèle un peu différent, a été publié par Anton Kisa (i).
Forme 13g. — Flacons en forme de casque de gladiateur fermé (2). —
Les bouteilles du type 139 sont des vases à huile parfumée dont se
sont, sans doute, servis les gladiateurs. Quand le casque est, comme
dans notre figure, placé à l'endroit, le flacon se trouve à l'envers, car
c'est le gorgerin qui con.stitue le col du vase. La panse est ornée de fils
de verre qui simulent les détails de la visière. Elle a été soufflée à
part. Elle présente une petite ouverture à l'endroit du raccord avec
FiG. 235. — Verrerie ex forjie de paxier a deux .\xse.s. ■ — Musée d'Avignon, ii" 97.
le goulot. Par cet étroit orifice, l'huile, contenue à l'intérieur de la
bouteille, ne pouvait couler que goutte à goutte.
On ne connaît jusqu'ici que deux exemplaires de ce genre de
verrerie (3).
Le premier, conservé au musée Wallraf-Richartz à Cologne, est
en verre incolore d'une grande pureté. Il est décoré d'applications
vermiculaires, reprises au petit fer, qui représentent des feuilles
cordiformes dans le style caractéristique de l'époque des empereurs
sj-riens (fig. 236). Il a été trouvé à Cologne, rue de Luxembourg, en
(i) Anton Kisa, Das Glas im Alteiiume, fig. 71. Cologne, Collection Niessen.
(2) Sur les différentes formes des casques de gladiateurs, consulter le Dictionnaire des Antiquités de
Daremberg et Saglio, t. II, deuxième partie, p. i44q.
(3) La forme de casque de gladiateur a été donnée à une lampe d'argile à couverte éniaillée, trouvée
dans mi sarcophage à Alteburg près de Cologne et conser\-ée au British Muséum [K. 49]. (Voy. W.alters,
Catalogue of the Rontnn Pottery, p. 8, et pi. II.)
i8o
LA VERRERIE EN GAULE SOUS LEMPIRE ROMAIN.
1897, dans une tombe à incinération qui fait partie du groupe
de sépultures que nous avons datées en bloc de l'époque des
Sévères (i).
Le second, découvert, lui aussi, à Cologne, faisait autrefois partie
de la collection Disch (2). A la vente de cette collection, il a été acheté
par M. Hoffmann, de Paris. Il n'est pas une reproduction exacte de
celui du musée Wallraf-Richartz. Il est polychrome. La bouteille est
en verre incolore ; les arcades sourcilières et le nasal sont en verre
FiG. 236. — Flacon en forme de casque de i^l.adiatei'k. — Musée Wullraf-Ricliailz, à Cologne.
bleu. St:r les joues, des fils de verre ingénieusement disposés dessinent
des pigeons becquetant des baies (voy. plus loin, p. 199).
Le casque de la collection Disch se classe, comme son congénère
du musée de Cologne, au iii^ siècle.
17. — Formes aberrantes.
Nous avons groupé dans un dernier paragraphe les verreries qui
se distinguent parla singularité de leur structure et n'appartiennent
à aucun des types figurant au tableau de morphologie générale.
(i) Consulter Bonner Jahrbiicher, 1906, fasc. 114-115, p. 412, et pi. XXIV, tombe n" 41,
(2) I<e casque de la collection Disch a été publié par M. Au.?' m' Weertu, dans les Bonner Jahrbuchcr en
1864, fasc. 36, p. 119 etsuiv.,et pI.II, n" 2 (reproduction en couleurs), et en iSSi.fasc. 71, pi. VII, n" 1.3 71.
On en trouvera un bon dessin dans Anton Kis.a, Das Glas im Aliertume, p. 250-251, fig. 125.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES.
i8i
Nous meutionncrons les plus curieuses d'entre elles ;
I. Vase â étroite ouverture munie de trois anses. Verre épais,
hleu-verdâtre. — Nous ne connaissons que deux spécimens de cette
Fio. 237. — RÉCIPIENT EX VERRE ÉPAIS. — Musée de Trêves. Salle XX, n" 1126.
sorte de récipient. L'un est au musée de Trêves (fig. 237). L'autre
fait partie de la collection Ch. Magne, à Paris (fig. 238). Tous deux
paraissent dater du ii^ siècle.
2. Verreries de forme étrange découvertes aux Aliscamps, à
Fig. 238. — Récipient trouvé le 6 axx'û 1900, au cimetière romain du boulevard de Port-Royal, à Paris. —
Collection Ch. Magne.
Arles, et conservées au musée Borély, à Marseille (fig. 239). — Ces
I&Z
LA VERRERIE EN GAIXE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
deux pièces, sur la destination desquelles on n'est pas fixé,
se trouvaient en 1870, dans la collection Augier. Elles ont été décrites
par Ouiclierat (i).
FiG. 239. — Fioles de verre, trouvées aiix Aliscaiiips (Arles). — Musée Borély, à Marseille.
3. Ballon à tubulure courbe, trouvé à Saintes, dans les ruines de
vSaint-Saloine (musée de Saintes) (fig. 240).
4. Petit flacon anse du musée d'Arles (fig. 241). — Sur le fond,
l'inscription Patrimoni.
5. Fiole A deux anses et à -panse tronconique du musée de
Dijon (fig. 242).
6. Fiole cylindrique en verre verdâtre épais. — Embouchure de
Vie. 240. — B.ILLOX A TUBULURE COURBE. — Saintes. Ruines de Saint-.Saloine. — Miiscc de Saintes.
forme étrange (fig. 243). Fouilles du Soissonnais (Collection Th. Eck,
à Saint-Quentin).
7. Bouteille à deux compartiments superposés et reliés entre eux par
(i) QuicHER.\i, i[)i; quelques pii ces curieuses de verrerie antique. T>à.ns la Revue archéologique, 1874,1. II,
p. So et pi. XIII, nos 3 et 5.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES TYPES. 185
cinq hibulures (fig. 244, A) . — Un seul vase, conservé au musée de Saint-
Germain, correspond à cette forme. Il est en verre de couleur jaunâtre
et de mauvaise qualité. Il a été découvert, le 8 mai 1875, dans une
tombe à inhumation du cimetière de Caranda (Aisne), avec deux
fibules d'argent (fig. 244, B) et une monnaie d'or de Valens (364 à
378) (i). C'est donc une verrerie de la fin de l'époque romaine.
8. Bouteille ajourée (fig. 245). — Deux vases répondent à cette
forme. Le premier, recueilli à Trêves, est au musée provincial de
cette viUe (2) (fig. 245). Il est en très mauvais état de conservation.
Fig. 241. — Petit flacon .a^csé. — Musée Fig. 242. — Fiole a devx anses. — Musée de
d'Arles. Dijon.
C'est une bouteille prismatique dont la section est un carré à angles
arrondis. Elle est en verre incolore. Elle est portée sur un pied tron-
conique séparé du fond du récipient par un sphéroïde. La panse est
ornée, aux quatre coins supérieurs, de coquilles Saint-Jacques
moulées d'où pendent des rubans de verre qui sont alternativement
bleus et jaunes et présentent de nombreuses saillies faites à la
pince. Le goulot, assez long, est décoré de fils de verre incolore.
Le bord de l'embouchure est en verre bleu. Au centre de la bouteille,
on a réservé un espace vide au milieu duquel est placée une petite
amphore de verre dont les anses sont bleues.
Le second vase, qui diffère très peu du premier, a été trouvé
à Cologne et fait partie d'une collection particulière de cette ville (3).
(i) Frédéric Moreau, Album Caranda, pi. XLV, n" i, et pi. XXXV, n" 21 (tombe 2.114).
(2) Voy. An-ton Kisa, Das Glas im .Utertume, p. 350 et fig. 7y.
(3) Collection Vom Rath.
i84
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIVIAIN.
Il est très bien conservé. Il mesure 22 centimètres de hauteur. Les
ornements dont il est chargé sont en verre bleu et jaune. Le bord de
l'embouchure est entouré d'un fil bleu. Dans le vide réservé au
miUeu de la bouteille était autrefois une petite cruche aujourd'hui
perdue (i).
Les bouteilles ajourées de Trêves et de Cologne sont des créa-
I\io. 243. — Bouteille en vterre verd.4tre. —
Fouilles du Soissounais. — Collection Théophile
Eck, à Saint-Quentin.
FiG. 244. — Mobilier funéraire d'une tombe du
CIMETIÈRE DE C.\R.\NDA (Aisue). iV^ S. : A. Bou-
teille de verre à deux compartiments; — B. Fibule
d'argent. Type à grand ressort. — Musée de Saint-
Germain. Salle XI. Collection F. Moreau, n" 2114.
tions de l'école rhénane du iii« siècle. EUes sont sorties des mains
d'ouvriers fort habiles, mais dont le goût n'était pas toujours très
sûr.
9. A cette série d'ceuvres compUquées, chargées d'ornements qui
les alourdissent sans raison, portant en elles un germe inquiétant de
caducité, nous devons rattacher la gourde plate que nous reprodui-
sons (fig. 246) (2). Cette bouteille de verre incolore filandreux ressem-
(i) Voy. Anton Kisa, Das Glas im Altertume, p. 341; et lîg. 78.
(2) Voy. Anton Kisa, loc. cit., p. 350 et fig. So.
DESCRIPTION GÉNÉRAI.E DES TYPES
185
ble à la grande gourde (fig. 274). Elle a dû sortir du même atelier que
cette dernière. Sa panse est percée de quatre ouvertures arrondies.
Dans l'intérieur de chacune de ces ouvertures, se trouve un
Fig. 245. — Bouteille ajourée. — ni'' <
— Musée de Trêves. Salle XX, n» 05429 ''.
Fig. 246. — Bouteille a p.\nse plate, percée de
quatre ouvertures. — Romain II. Cologne. — Musée
Wallraf-Richartz, n» 674.
petit pigeon dont le corps est en émail blanc et dont la tête est en
verre bleu.
Trois de ces oiseaux se dirigent du même côté. Le quatrième prend
la direction opposée. Peut-être cette particularité est-elle le résultat
d'une erreur. Peut-être aussi le verrier a-t-il voulu illu.strer ainsi
quelque conte populaire inconnu de nous.
10. Les verriers du iii<^ et du iv'' siècles étaient arrivés à une habile-
té d'exécution si prestigieuse qu'ils perdirent souvent de vue le côté
24
i86 IvA \rERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAII^.
pratique et ivtilitaire des choses et créèrent d'étranges fantaisies dont
le moindre détail vise à être une surprise. On remarque parmi ces
fantaisies de curieuses bouteilles àgoulot étroit, affectant la forme de
nos t\"pes 50 ou 5g et contenant à l'intérieur une autre bouteille fixée
sur le fond.
A Vermand (i), à Trêves, à Bonn, à Worms, à Cologne (2), on
a recueilli quelques-uns de ces produits bizarres qui attestent d'une
grande virtuosité, m.ais témoignent d'un goût assez médiocre.
(i) Voy. J. PiLLOY, Etudes sur d'anciens lieux de sépultures dans l'Aisne, t. II, pi. IV, n" 7.
(2) Voy. Anton Kisa, Das Glas im Allcrtume, p. 349.
VI
Les procédés d'ornementation.
I. — Moulage.
Le soufflage du verre dans des moules plus ou moins ornés est
ïfPj^O
/AoR,ii)-Jeai).
FiG. 247. — Bouteille soufflée dans cn moule Fig. 24S. — Gobelet soufflé dans ux moule
ORNÉ. — Musée de Reims, 11" 494S. orxé. — Musée départemental d'antiquités, à
Rouen.
un procédé auquel les verriers romains ont eu recotrrs depuis le
début de l'Empire jusqu'aux invasions du v<^ siècle.
Au Romain I, les verreries moulées sont exécutées avec
soin. Au iii*^ siècle, elles trahissent déjà une technique négli-
gée. Aux lye, v^ siècles, l'ouvrier ne se donne plus la peine
i88 LA V-ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE RO:\L\IN.
d'imprimer fortement sa pâte dans les moules. Bâclé sans soin, son
travail révèle une décadence profonde.
Le procédé du moulage permettait aux verriers antiques d'obtenir
deux sortes de produits : des verres ornés de bas-reliefs ; des verres
moulés en ronde-bosse. Il ne sera question ici que des premiers, les
seconds ayant fait précédemment l'objet d'un paragraphe spécial
sous le titre de verrerie plastique (Voy. p. 148 et suiv.).
Les verres moulés à bas-reliefs sont faits à l'imitation des réci-
FiG. 249. — Fragment d'un bol de verre moulé. — Courses de diars. Autuii, 1855. — Musée de Sèvres,
n» 4800.
pients de métal ciselé gréco-alexandrins, des bols d'argile dits de
M égare, des poteries sigillées en terre rouge.
Sur les vases d'or et d'argent, sur les récipients de terre cuite et de
verre, les mêmes motifs sont figurés. Ces motifs sont de plusieurs
sortes. Les uns ont un caractère ornemental (fig. i86, 247 et 248).
Les autres reproduisent des scènes du cirque (fig. 249 et 250)
et de l'amphithéâtre (fig. 251).
Les verres à courses de chars et à combats de gladiateurs
ont presque tous la forme S^i- Us ont été recueilHs en France, en
Belgique, dans la vallée du Rhin, en Suisse et en Angleterre.
Des noms de personnages célèbres de l'arène sont ordinairement
disposés dans une zone étroite ménagée à la partie supérieure de ces
récipients.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION. 189
Ces vases, dont le nombre est limité, forment deux séries que j'exa-
minerai successivement. Je laisse de côté les spécimens anglais qui
sortent du cadre topographique de mes recherches.
a. Verres ornés de courses de chars.
1. Autun (Saône-et-Iyoire) . — Fouille de 1855. Fragment d'un
bol forme 83. Quadrige. Inscription dont il ne reste que deux lettres S C
qui paraissent avoir appartenu au nom Cresces que l'on a pu lire en
entier sur d'autres récipients vitreux du même type. V^erre bleu-
verdâtre clair (fîg. 249). Musée de Sèvres, n^ 4.800 (i).
2. Trouville-en-Caux (Seine-Inférieure). — Fouille de 1856,
dans le jardin du château. Bol forme 83. Quatre quadriges. Inscrip-
tion BvFYCHEVA-OiNBVBVA. Au bas de la panse, frise ornée du
sujet gréco-oriental de la chasse au lièvre. Sur le fond du récipient,
cercles concentriques en relief. Verre verdâtre clair (2). En 1870,
ce verre était dans la collection de M. Fleury fils, architecte à
Rouen.
3. Charnay (Saône-et-Iyoire) . — Fouille de 1860. Bol forme 83.
Quatre quadriges au galop. Verre verdâtre clair (3).
En 1870, ce verre était dans la collection H. Baudot, à Dijon.
4. Convin (Belgique). — Fouille de 1892. Bol forme 83. Quatre
quadriges. Inscription : Pyraivie va. Ev CE (va.) Ierax. va. Olympe.
VA. Musée archéologique de Namur (4).
5. Schœnecken. — Bol forme 83 (type analogue au bol de Trouville-
en-Caux). Quadriges. Inscription. Frise inférieure ornée de la chasse
au lièvre. Cercles concentriques en relief sur le fond. Verre bleuté
rempH de bulles d'air (fig. 250). Musée provincial de Trêves
n° 21.008 (5).
6. Badcn (Suisse). — Fouille de 1893 (Fragment d'un bol forme 83).
(i) Frœhner, La Verrerie antique, p. 67.
(2) Cochet, dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, I, i86o-i862,p. I48etsttiv. ; I,e
même, La Seine-Inférieure historique et archéologique, Paris, 1886, p. 227, 228, 395 ;A. Devtlle, //«stoV*
de l'art de la verrerie dans l'antiquité, Paris, 1873, pi. 1,1.
(3) B.iUDOT, dans les Mémoires de la Comm. delà Côte d'Or, VII, p. 204 el fig. ; I,e même, dans li; Bulletin
Monumental de 1870, p. 187 ; Frœhxkr, La Verrerie antique, p. 67.
(4) SciŒDERMAXS, Verre d course de chars de Couvin, dans les Annales de la Société archéologique de
Namur, 20, 1S93, p. 145; Axtox Kisa, Das Glas im Alterlumc, fig. 279.
(5) Fiihrcr durch das Provinzialnmsetim in Trier, 1903, p. 100 ; Axiox KiSA, Das Glas im Altertume,
p. 730. fig- 282.
igo
LA \'ERRERIE EN GAULE SOUS L'E.MPIRE ROMAIN.
Quadrige et inscription : CLOSiE. Verre vert clair très transparent (i).
Muïée national suisse, à Zurich, n" 10.935. (2)
b. Verres ornés de combats de gladiateurs.
I. Le Cormier (commune de Chavagnes-en-Paillers) , Vendée. —
Fouille de 1848. Bol forme 83. Inscription : Spicvlvs. Colvmbvs.
Calamvs. Holes. Petr^ites. Prvdes. Procvlvs. Cocvmbvs.
Sous chacun de ces noms est figuré un gladiateur. Verre jaune
clair. Bon état de conservation (hauteur: 0,070 m. ; diam. : 0,075 m. ;
'/4\/:/-j^7.iiil
^dm
'1^/
^^^^^^"^K^
FiG. 250. — Bol de verre moulé. — Courses de
diars. Sdiœnecken. — Musée de Trêves. Salle
XX, n» 21008.
l'iG. 251. — • Fragment d'un bol de \erre bleu.
— Combats de gladiateurs. — Musée de Trêves.
épaisseur moyenne du verre : 0,002 m.) (3). Ce verre a figuré à l'Expo-
sition de Nantes en 1872 (gravé sur une des j^lanches du catalogue).
Il faisait alors partie de la collection Gouraud à Chavagnes, où il se
trouvait encore 'en 1885.
2. Montagnole, près Chambéry (Savoie). — Fouille de 1855. Bol
forme 83. Inscription en deux lignes superposées. En haut, noms des
vainqueurs : Tetraites. Spicvevs. Gamvs. Calamv.s. Au-dessous,
noms des vaincus : Prvdes. Colvmbvs. IMërops. Hermès. Quatre
(i) D' O. BoKN", Zwei Fragmente rômiscl: Glasbeclur, dins Linzciger fur Schweizeriche .iltcrtiims-
kunde (Indicuieur d'.intiquités suisses). 1903-1904, p. 272-27S.
(2 ) On peut rattacher aiuK verres moulés ornés de scènes du cirque un très petit fragment de vase en verre
transparent d'une belle teinte verte, trouvé à Alésia le 4 juillet 1907. Sur ce fragment, consers-é au musée
de la Société des sciences de Semur, à Alise Sainte-Reine, on voit un cheval au galop auprès d'une des bornes
(Meta) du cirque.
(3) De la Villegille, Bulletin du Comité de la langue de l'histoire et des arts de la France, 4, 1857,
p. 910, pi. II et III ; Benjamec Filt.ox, L'art de terre chez les Poitevins, 1S64, p. 192-195 ; Df.ville, Histoire
de l'art de la verrerie, 1873, p. 42, pi. XL,IX, A.
IvES PROCÉDÉS D'ORNEMEXTATIOX. 191
couples de gladiateurs. Verre jaune transparent (hauteur: 0,080;
diamètre : o,ogo) (i) Metropolitan Muséum de New- York (ancienne
collection Charvet à Paris).
3. Lillehonne (Seine-Inférieure). — Fouille de 1S67. Forme 74 sans
bourrelet au pied. Inscription : Petrahes. Prvdes. Au-dessous, gla-
diateurs au combat. Verre vert. Très mauvais état de conserva-
tion (hauteur : 0,080 m ). Musée départemental de Rouen ( don
de M. Montier-Huet) (2).
4. Environs de Berne (Egiswalde) . — Fouille de 187g. Fragment d'un
bol de verre vert orné de deux paires de gladiateurs. Musée histo-
rique de Berne, n^ 13.832 (3).
5. Trêves. — Fouille de 1902. Petit fragment d'un bol forme 83.
Inscription Ibvs Calaivivs. Au-dessous, gladiateurs au combat. Verre
bleu intense (fîg. 251). Musée provincial de Trêves, n^ 3.436^ (4).
6. Heiniersheim. — Bol de verre vert clair. Musée de Wiesbaden (5) .
Les bols de verre moulé ornés de chars et de gladiateurs repro-
duisent des sujets empruntés aux ciseleurs, mais que les ciseleurs^
eux-mêmes, auraient traités d'après des tableaux ou des bas-rehefs
monumentaux.
Les pièces d'orfèvrerie ont été, dans la circonstance, le trait
d'union entre le grand art et l'industrie verrière.
L'époque des verres décorés de scènes du cirque et de l'amphi-
théâtre est difficile à préciser.
Trois des gladiateurs, dont les noms sont rapportés plus haut,
Procvlvs, Spicvlvs et Coi^vmbvs, sont cités par Suétone (6) . L'histo-
rien latin du ii^ siècle les met en scène au temps de Caligula et de
(i) Fr.\xçois 1,enoiol4NT, Vase antique de verre représentant des combats de gladiateurs, dans la Revue
archéologique, 1865, t. II, p. 305-310 et pi. XX ; Frœhxer, La Verrerie antique, p. 67, pi. XXI, n» 92.
(2) Courrier du Havre, 4 juillet 1867 ; Revue archéol., 1867, p. 151 ; Cochet, Bulletin de la Seine-Infé-
rieure, 1868, p. 40 ; I,e même, Répertoire archéol. de la Seine-Inférieure, p. 572 ; A. Deville, loc. cit., 1873,
pi. XLIX, n» 6.
(3) D' O. BoHN, Zwei Fragmente rômisch Glasbecher, dans V.inzeiger fiir Schweizerische .iltertums-
kunde, 1903, 1904 , p. 272-278 ; Anton Kisa, loc. cit., p. 739.
(4) Fiihrer durch das Provinzialmiiseum in Trier, 1903, p. 113 ; Anton Kis.4, loc. cit., p. 737-738.
(5) D' O. BoHN', loc. cit. Un fragment de bol de la même série, découvert en Allemagne, eu verre vert-
clair, orné de gladiatem's combattant et pourvu de l'inscription. .Vîtes. Prvdes. C.\L;\mv's, est exposé au
Cabinet des Antiques, à Vienne. 11 a été publié par Arneth, Die antiken Kameen des K. K. Miinz und
Antiken Kabinettes, pi. XX, 5.
(6) Suétone, Gains, 60; Xero, 30.
192 IvA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Néron. Mais les bols portant les noms de ces personnages peuvent
avoir été fabriqués après leur mort, à une époque où le souvenir de
leurs exploits était encore très vivace. C'est du moins ce qui semble
résulter de l'examen de la pâte vitreuse et du style de ceux qui nous
sont passés par les mains.
L,e verre de ces récipients, lorsqu'il n'est pas teinté volontaire-
ment, est transparent, verdâtre, et contient, comme il arrive souvent
au Romain II, de très nombreuses bulles d'air. Les reliefs sont traités
51
l'"lG. 252. — Gobelet de verre verdâtre, soufflé dans un moule orné. — I^illeboune —
Mttsée de Rouen.
avec négligence. I^es chevaux et les personnages offrent des propor-
tions disgracieuses et lourdes. L,e moulage est flou.
D'autre part, on est porté à placer ces bols avant le iv^ siècle,
car ceux de Trouville-en-Caux, de Couvin et de Montagnole ont été
recueillis dans des tombes à incinération. Le fragment de Baden
était dans un milieu romain dont les monnaies vont jusqu'à Antonin-
le-Pieux (13S à 161). Celui de Berne se trouvait dans des ruines où
l'on a recueilli des monnaies allant jusqu'à Dèce (249 à 251).
Les sujets moulés, qu'ils appartiennent aux jeux du cirque ou aux
combats qui se livraient dans l'amphithéâtre, se retrouvent et sont
traités dans le même style, sur les vases à rehefs d'applique que
M. Déchelette est parvenu à dater du iii^ siècle (i).
(i) J. DÉCHELETTE, Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine, t. II, p. 300, fig. 122.
LES PROCEDES D'ORXEMEXTATIOX.
193
L'ensemble de ces considérations permet de dire que les bols à
scènes du cirque et de l'amphithéâtre, ne sont pas antérieurs au
II® siècle de notre ère, et ne sont pas postérieurs à la période
constantinienne.
Nous croyons que, dans l'état actuel de nos connaissances, il ne
serait pas prudent de chercher à resserrer ces dates extrêmes. Peut-
être quelque heureuse trouvaille apportera-t-elle un jour plus de
précision dans la solution de ce problème chronologique.
Les verres moulés du iv« siècle et du début du v^ diffèrent com-
Fio. 253. — Verre moulé. — Décor géométrique
flou, iv» s. — Musée de Coblence. Vitrint XV.
n° 1273.
VlO. 254. — ^'ERRE MOOLÉ DE LA SECONDE IIOIIIÉ
DU iv" S. — Boulogne. Fouilles de 1896. — Musée
de Boulogne-sur-M er, n" 5153.
plètement de ceux des époques antérieures. Ils se reconnaissent à la
négUgence du travail. Leur décor, toujours très flou, consiste le
plus souvent, en combinaisons géométriques (fig. 253 et 254).
On connaît de la fin du iv^ siècle ou des premières années du v^
des verres moulés ornés du monogramme du Christ.
2. — DÉCOR PAR DÉPRESSIONS.
Le décor par dépressions ne constitue pas l'ornementation carac-
téristique d'une époque déterminée. On le trouve appliqué à toutes
sortes de formes depuis le commencement jusqu'à la fin de la période
25
194
LA VERRERIE EN GAULE vSOUS L'EMPIRE ROMAIN.
romaine. Il n'était pas obtenu i^ar moulage. Les dépressions étaient
faites à l'aide d'un outil de métal pendant que le verre était malléable.
piG, 255. — Bol en'verre verdatre orné^de dépressions. — Pezou (Loir-et-Cher). iv« s. — Musée
de Vendôme.
Elles sont plus ou moins profondes, tantôt rondes (fig. 255), tantôt
allongées verticalement (fig. 257 et 258). ^
Une ornementation analogue, dont les verriers se sont sans doute
inspirés, se voit souvent sur les poteries et sur les récipients métal-
5'
Fig. 256. — Bouteille a dépressions, verre Fig. 257. — Fiole ornée de dépressions, —
VERDATRE. — Romain II tardif. — Musée de Musée de Picardie, à Amiens.
Picardie, à Amiens.
liques. Les céramistes l'obtenaient en travaillant l'argile au pouce
avant la cuisson et les orfèvres en martelant le métal.
LES PROCEDES D'ORNEMENTATION.
195
3.— ÉTIRAGE ET APPLICATION A CHAUD DE FILS DE VERRE.
Le procédé de décoration qui consiste à étirer et à appliquer à
chaud, sur la surface des verreries, des fils de verre plus ou moins gros,
incolores ou diversement teintés, est d'origine orientale. Il apparaît
FiG. 258. — riOLE A DÉPRESSIONS ALLONGÉES. — Cimetière de Mayence. iv= s. — Musée de MayeJtce.
peut-être, en Gaule, dès la fin du ii^ siècle, mais ne s'y développe
vraiment que pendant le iii^ et le iv^ s. (i).
L'époque où les verriers passèrent maîtres en cet art est celle des
empereurs syriens. Les plus beaux verres à fils en reHef ont été dé-
couverts en Gaule Belgo-rhénane dans des tombes à ustion datant
du règne d'Alexandre Sévère (222 à 235) ou à peu près. Tous
(i) Les Romains ont employé le procédé d'étirage à chaud de fils de verre, pour orner de côtes en
relief certains récipients. Il importe en ce cas de ne pas confondre ce procédé avec celui du soufflage
au moule. Les côtes de certaines urnes forme 5 du tableau de morphologie générale, sont faites à
l'aide de fib de verre qui, en s'incorporant à la pâte du récipient, ont refoulé celle-ci à l'intérieur
du vase. C'est pourquoi ces côtes font saillie à la fois en dedans et en dehors (voy. fig. 5, n" 5), ce
qui ne se présente pas dans la technique du moulage.
196
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIVIAIN.
offrent des particularités d'ornementation très originales qui attes-
tent la grande habileté technique des verriers qui les ont créés. Au
iv« siècle, les ouvriers ont la main plus lourde que leurs prédécesseurs,
AV'.'iV'} Wr^^^^=^::::r-—
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7
FiG. 259. — Bouteille orjtée
D't-N
FIL DE VERRE DISPOSÉ
EN- SPIRALE.
— Crêts de Pressy. -
- Mlis
ce de
Genève (Suisse).
FiG. 260. — Bouteille de
VERRE bleu . — .-Uises en verre
vert-clair. — Musée de Trêves.
Salle XX. Vitrine IX, n» 1455.
FiG. 261. — Bouteille ex
VERRE VERDATRE. — Paris.
Cimetière du faubourg Saint-
Jacques. IV s. . — Musée
Carnavalet.
mais nous verrons qu'ils s'exerçaient encore à couvrir de fils de verre
la panse de maints récipients.
Je propose de répartir toute la série de ces curieux produits en
cinq variétés principales.
A. Verres à spirales. — Un grand nombre de verreries du Ro-
main II sont ornées de fils de verre qui s'enroulent en spirales autour
de leur panse ou de leur col (fig. 259 à 261). Ces fils, quelquefois assez
gros, souvent aussi d'une finesse, d'une ténuité remarquables (fig. 260),
s'étendent sur le vase tout entier (fig. 259), ou n'en couvrent que
certaines parties (fig. 260, 261). Lorsqu'ils n'ont été appliqués que sur
le goulot, ils apparaissent comme l'imitation, comme la survivance
décorative des liens qui retenaient le bouchon du récipient.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
197
B. Verres ornés de résilles. — Lorsque les fils de verre se croisent,
le décor prend l'aspect d'une résille. Il semble avoir été inspiré par
ces filets de matière textile dont on enveloppait certains vases pour
les garantir ou les porter.
Sur un grand gobelet tronconique en verre verdâtre découve^^t
FiG. 262. — Gobelet en verre j.\u>-e-verdatre,
omé d'une résille de verre brun. — Fouilles de
Ma^'en. — iv» s. — Musée de Nuremberg.
IviG. 263. — Verre .\ pied du iv" s. — Xeufcliàtel
(Pas-de-Calais). Fouilles de 1S4S. — Musée de
Boulog7te-sur-Mer, n° 2506.
à Mayen et conservé au Musée germanique de Nuremberg, des filets
verticaux et horizontaux de teinte or brun forment un treillis ré-
gulier (fig. 262). Sur un verre à pied du musée de Boulogne-sur-
Mer, le dessin est plus compliqué, mais reste toujours anguleux
(fig. 263).
Fréquemment, le treillis est constitué par un réseau de mailles
arrondies qui ne résulte pas du croisement des fils, mais d'une ingé-
198
I.A VERRERIE EN GAUI.E SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
nieuse disposition de lignes qui se touchent alternativement aux
partis convexes et concaves (fig. 264).
En élargissant inégalement le]^fil qui forme les mailles, en l'apla-
tissant sur certains points de manière à le fondre dans la pâte du réci-
pient, en lui donnant ici et là un très haut relief, les verriers du m"
et du rv* siècles ont créé une décoration savante et rationnelle qui
Fig. 264. — Verre orné d'une résille. — La
Fortelle (Oise). — Musée de Saint-Gennain.
Fig. 265. — ■ Verre a. pied, trouvé à ïhiélreville,
en 1842. — Romain II. — Musée de Rouen.
leur permettait de répartir habilement les accents luminetrx à la
surface du vase (fig. 265 et 266).
C. Verres à décor onde. — Ici, les fils de verre ne se croisent plus ;
ils jaillissent de parties saillantes, de gouttes plus ou moins volu-
mineuses (fig. 267) ; ils décrivent des courbes d'une rare élégance, for-
ment des guirlandes et des festons (fig. 268, 269). A la fin de la période
romaine, ces festons dégénèrent en imbrications dites plumes d'oi-
seau (i) (fig. 270). A l'époque des Invasions, le décor en plumes d'oi-
seau n'est plus établi avec des fils étirés et appliqués à chaud. Il est
peint en blanc opaque sur un verre verdâtre ou jaunâtre. Les ver-
(i) Les ornements en plumes d'oiseau sont fréquents sur les verres francs du v« et du vi' sièdes [voy.
Boulanger, Le Mobilier junéraire, pi. 31, n" i et 4].
LES PROCÉDÉS D'ORKËIMENTATION. 199
Tiers reviennent insensiblement, par des procédés différents, aux orne-
ments des balsamaires en verre opaque des temps archaïques.
D. Verres à applications vermiculaires {Fils serpentants) (i). —
Les applications vermiculaires trahissent une origine gréco-orientale.
Elles ont beaucoup d'analogie avec les ornements blancs crémeux des
vases peints de la série apulienne, dite de Gnathia. Elles reprennent
avec plus ou moins de fidélité les rinceaux, les feuilles, les vrilles ciselés
sur les pièces d'orfèvrerie alexandriue ou reproduits par le procédé
du moulage sur les bols d'Arezzo, de la Graufesenque et de Lezoux.
Quelques-unes d'entre elles sont des survivances de motifs extrême-
FlG. 266. — Bol a pied trouvé dans le département de l'Eure. — \'erre incolore. Romain II. — Musée de
Rouen.
ment anciens comme le swastika (2) (fig. 271, n° 6) et la double
volute (fig. 271, no 7).
D'autres figurent des animaux (oiseaux, serpents). Sur un flacon
représentant un casque de gladiateur [forme 139] ayant fait autre-
fois partie de la collection Disch à Cologne, le fil décrit les contours
de deux pigeons becquetant des baies (3) . Ces volatiles sont fort bien
faits. I,' ouvrier qui les a tracés devait avoir une sûreté de main
absolue, car il était obligé de se hâter dans son travail, et toute reprise
lui était interdite.
(i) Scitlangen/aden des archéologues allemands.
{2) Sur le swastika aux temps préhistoriques, consulter Joseph DÉCHEIXTTE, Manuel d'Archéologie
réhislorique, celtique et gallo-romaine, t. II, chap. XIII, § VI, p. .i 53-464.
(3) Anton Kis.4, Das Glas im Altertume, fig. 125 et p. 431.
200 " ^ LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'E:MPIRE ROMAIN.
I,es verres à applications vermiculaires découverts en Gaule
proviennent pour la plupart des nécropoles nordiques. Ils se divisent
en deux séries qui se suivent chronologiquement.
a. Ceux de la première série, plus abondants dans les vallées du
Rhin et de la Moselle que sur les autres points du territoire
gaulois, étaient en vogue à une période comprise entre l'époque
de Septime Sévère (193 à 211) et celle d'Aurélien (270 a 275).
A Cologne, on en a recueilli plusieurs dans des cuves de pierre à com-
Xl2^
FiG. 267. — CoLTE DE VERRE INCOLORE. — Décor Vert foncé. Vermand. iv<^ s. — Musée Lécuyer, à Saint-
Quentin, n» 2 62 S.
partiments qui renferment des incinérations tardives et constituent,
comme le dit Kisa (i), une transition des tombes à urnes aux tombes
à sarcophages. Par contre, les grands cimetières à inliumations du
nord de la France, qui ne furent créés que dans les dernières années
du iii^ siècle, n'en contiennent pas.
lycs verres à fils serpentants du iii^ siècle ont un caractère très
particulier qui permet de les reconnaître à première vue. Ils sont en
pâte incolore, débarrassée des teintes données par les oxydes de fer
(I) Anton Kis.\, loc. cit., p. 243.
\
l'L. S. — DiOTA DK VF.RRK DIÎ LA BASSE KPOOfE IMPÉRIALF. — .l/lISlV llll Louvre. V. D. Il" 5O3 [1572].
(D'après l'aciuarcUe de M. Moriii-Jeaii.)
IvES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
201
contenus dans les sables ; ils sont décomposés pour la plupart et ont
pris l'aspect du verre dépoli. I,es applications vermiculaires dont
ils sont décorés sont striées transversalement au petit fer. Elles sont
tantôt incolores, tantôt teintées en blanc opaque, en bleu pâle, en
FiG. 268. — Gobelet de vterre
VERT- jAUX.iTRE. — Décor jaune-
brun. iv^ ou v= s. — Cabinet des
Médailles, à Paris, n» 5459.
FiG. 26g. — Verre a pied,
orné de festons bleu-verdàtre.
Fouilles du Boulonnais. IV s.
— Musée de Boulogne-sur-
Mer, n" 2494.
^-C4
^^^fc^te ■ -^^
FlO. 270. -
- Bouteille
A FOND
BULBEUX.
— Décor en
plumes
d'oiseau. Fouilles à Sain
te-Gene-
viève, en
1823. v« s. -
- Musée
de Sèvres,
n» 3682.
jarme clair, ou bien elles sont dorées. Elles aûectent des formes di-
verses dont la fig. 271 montre les principales variétés. Ce sont des
pampres, des motifs capricieux d'un style caractéristique (fig. 271,
nos 4 et 5), des feuilles cordif ormes (n° 8), de longues palmes ou feuiUes
à nombreuses échancrures (n" 9), des swastikas (n° 6), des doubles
volutes (no 7).
I.es récipients ornés d'applications vermiculaires appartiennent
pour la plupart aux formes 9, 43, 51, 54, 62, 64, 65, 89, 98, 136, 137,
139 de notre tableau de morphologie générale. Le nombre de ceux
26
202
LA VERRERIE EN GAUEE SOUS EEMPIRE ROMAIN.
qui ont été découverts en Gaule est trop élevé pour songer à en
dresser une liste complète. Je me bornerai à signaler les plus intéres-
sants d'entre eux :
I. — CEnochoé trouvée dans une tombe à incinération à Cortil-
Noirmont (Brabant) et conservée au musée du Cinquantenaire, à
Bruxelles (i) (fig. 272).
Ce verre est en pâte incolore de bonne qualité, devenue
légèrement laiteuse sous l'action du temps. vSon anse est pourvue
d'une petite plaquette destinée à recevoir le pouce lorsqu'on incline
le vase pour en verser le contenu. vSon embouchure est bordée d'un
I'"ir,. 271. — Applications vermiculaires (fils serpentants). — Motifs divers du m'^ ;
8, 9, 10, Cologne; 5, Rouen; 7, Bonn.
I. 2,3, 4, û.
fil blanc opaque. Son col est entouré d'une fine spirale de même
couleur. Sa panse est ornée d'un motif qui se répète quatre fois. On
y remarque des palmes (n° g, fig. 271) dont les contours échancrés
sont indiqués par des fils incolores et dont la nervure est formée d'un
fil blanc opaque. Ces palmes sont insérées sur une tige ondulée en verre
opaque bleu ciel. Un filet assez gros entoure le bas de la panse, un peu
au-dessus du pied du récipient.
L'auteur de cette charmante œnochoé a signé son œuvre. Il a
tracé sur le fond, à l'aide du fil qui constitue le procédé technique
(i) Publiée par R. PETRUcci, Sur âcitx vases de verre antique, dans le Bulletin des Musées royaux des
Arts décoratifs et industriels, troisième année, n" 4, janvier 1904, p. 27I.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
203
de toute sa décoration, une spirale entourée de lignes rayonnantes (i).
Les archéologues belges voient dans ce sigle une image solaire et une
marque de fabrique essentiellement orientale. Anton Kisa croit y
reconnaître, au contraire, un monogramme employé dans les ateliers
rhénans (2). Quoi qu'il en soit de son origine, l'œnochoé de Cortil-
Noirmont est sortie d'une officine où les ouvriers avaient acquis une
habileté technique tout à fait remarquable. La sépulture où on
FiG. 272. — CEXOCHOÉ DE CORTIL-NOIRMONT. —
Musée du Cinquantenaire, à Bnixelles (Belgique).
FiG. 273. — Inscriptions ex fil de verre doré.
— Palais des Beaux-.\rts fie la Ville de Paris,
n03 233 et 234.
l'avait déposée renfermait des monnaies de Marc- Aurèle et d'Antonin-
le-Pieux.
Kisa, en la datant de la seconde moitié du 11*^ siècle, a été entraîné,
croyons-nous, à une conclusion chronologique erronée. La tombe de
Cortil-Noirmont appartient au groupe d'incinérations tardives qui.
(i) On counait aussi des inscriptions complètes tracées en lils de verre sur le fond ou sur la panse de quel-
ques récipients du Romain II. Ce sont le plus souvent des souhaits adressés au buveur, disposés dans un
cartouche entouré d'mi fil décrivant des sinuosités. Ces inscriptions, pour la plupart dorées, sont, presque
toujours, recouvertes d'une épaisse coudie de verre transparent. Citons quelques-unes d'entre elles : Salvo.
Xa. Tvraxo, sur un fragment de bouteille du musée de Cologne (Bohn, Corpus inscriptionum lalinarum,
XIII, 3,n°i96) ; A. ME.BiBEet An-ni. Boni, sur deux fonds de coupes conservés au Palais des Beaux- .\rts
de la Ville de Paris (n°s 233 et 234) (fig. 273) [Corpus inscriplionum lalinzrum, XV, 7055].
(2) Anton- Kis.a, loc. cit., p. 452.
204
LA \rERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROjMAIN.
bien que contenant des monnaies ne dépassant pas le règne de Com-
mode, sont du iii<^ siècle de notre ère. Il y a eu en Gaule, après
Commode, une période d'une cinquantaine d'années environ pen-
dant laquelle les monnaies alors en cours n'ont été que très rarement
déposées dans les sépultures. Nous ne pensons pas qu'il soit pos-
sible de séparer l'œnochoé de Cortil-Noirmont d'un groupe homo-
Fio. 274. — Bouteille a panse .aplatie. — Cologne. Cimetière de la rue de Luxembourg. — Musée
Wallraj- Riduirtz, à Cologne, n" 541.
gène de verreries dont les plus anciens représentants n'apparaissent
pas avant la fin du règne de Septime Sévère.
2. — Bouteille à deux anses et à panse aplatie, découverte dans
une tombe de la rue de lyiixembourg à Cologne et conservée au musée
Wallraf-Richartz (i) (fig. 274).
(i) Publiée dans les Sonner Jahrbiicher, fasc. n" 99, i8y0, p. 50-53 et pi. II, n" j.
IvES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
205
Ce vase, cassé en plusieurs morceaux, mais habilement remonté,
est de st3-le oriental dans sa forme et dans son décor. Il est en verre
incolore impur, filandreux. Ses anses, curieusement appendiculées
appartiennent au type 'î^de la pi. 3, p. 37, type qui n'est pas antérieur
au m* siècle. Son pied a une forme caractéristique du Romain II
(type 21, fig. 9).
Sa panse est ornée, des deux côtés, du même motif. Ce motif,
consiste en une spirale d'où partent quatre feuilles à échancrures
Fig. 275. — CExocHOÉ a .•iPPLlCAXiONS v'Eiunci'L.UEES. Première moitié du ra= s. — Cologne. Musée
Wallraf-Richartz, n" 668.
semblables à celles de l'œnochoé de Cortil-Noirmont. I,a spirale
et la dentelure des feuilles sont dorées.
Dans les espaces restés libres entre les palmes se trouvent des
giiirlandes semi-circulaires, en -fil polychrome, terminées par des
nœuds de fil blanc gracieusement contourné.
Le vase de Cologne faisait partie d'un riche mobilier funéraire qui
contenait un vase de verre du même type réduit en miettes, des
plaquettes de bronze ayant fait partie de la garniture d'un coffret,
une verrerie plastique en forme de porc décrite plus haut
(p. i6o, fig. 213) et figurée au tableau de morphologie générale
(no 125).
206
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROUMAIN.
Ce mobilier indique une époque peu éloignée du règne d'Alexan-
dre Sévère.
D'après Kisa, des bouteilles semblables à celle de Cologne et
pourvues de la même ornementation, ont été découvertes à Krefeld
(pièce du South-Kensington-Museum) et à Strasbourg (spécimen
fragmenté) (i).
3. — (Knochoéforme 54. Musée Wallraf-Richartz, à Cologne (fig. 275) .
FiG. 276.
■ BotiTElLLE A APPLICATIONS VERMicuL.MRES. — Cimetière de Cany (Seine-Inférieure). Fouilles
de 1849. ui^ s. — Musée départemental d'antiquités, à Rouen.
Les œnochoés de ce type sont ornées d'applications vermiculaires
alternativement bleues et blanches. Elles ont une anse plate agré-
mentée d'un filet bleu formant poucier à la partie supérieure.
Trois de ces élégantes verreries ont été recueillies à Cologne [Cime-
tière de la rue de Luxembourg. Sépultures à ustion n°s 38, 40 et
42] (2). Elles étaient placées dans une soucoupe. Cette soucoupe,
décorée, elle aussi, d'applications vermiculaires, affecte tantôt la
forme 8g, tantôt la forme 137 (patère à manche). '
(i) Anton Kjsa, loc. cil, p. 454.
(2) Voy. plus haut, p. 113, note i.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
207
4. — Carafe forme 51, découverte en 184g par l'abbé Cochet, au
cimetière de Cany (Seine-Inférieure) et conservée au musée départe-
mental d'Antiquités à Rouen (i) (fig. 276). Pièce brisée et recollée.
Verre incolore décomposé. Embouchure évasée. Iv'anse, en forme
de ruban plat à cannelures verticales, est repliée deux fois sur elle-
même à la partie supérieure où elle forme poucier. I^es applications
vermiculaires de la panse sont en émail alternativement blanc et jaune.
H Michel . Bcsainoiï 1913
Fig. 277. — BoDTEttLE A APPLICATIONS VERMICULAIRES. — Besançon- Viotte. in'= s. — Musée de Besançoti,
Au-dessous du vase, on voit très nettement la cassure du scellement
vitreux qui fixait la bouteille au pontil du tourneur.
Cette intéressante carafe est du iii^ siècle. C'est l'époque à laquelle
remontent la plupart des tombes à incinération du cimetière de
Cam'. Plusieurs de ces tombes contenaient des monnaies de Philippe
l'Arabe (mort en 24g) et de Valérien (253 à 260).
A Cany comme à Gelsdorf (près Meckenheim) (2) , les verres à appli-
cations vermiculaires sont associés aux flacons prismatiques à long
col forme ig.
(i) Publiée par l'Abbé Cochet, dans La Seine-Inférieure historique et arcliéologique, Paris, 1866, p. 448
et suiv.
(2) Aniox Kisa, Das Glas im Altertume, p. 45S.
208
LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
5. • — Bouteille forme 62, recueillie à Besançon, au cimetière de la
Viotte (i). Musée de Besançon (fig. 277) (2).
Cette pièce, malheureusement détériorée sur l'une de ses faces,
est en verre incolore et présente quelques légères irisations. On re-
marquera combien ses parois sont minces (8/10 de millimètre vers
Fig. 27S. — Flacon a applications
VERMlcULAUtES. — Vieil-Atre
(1893). in= s. — Musée de Bou-
logne-sur-Mer, n" 4556.
Fig. 279. — Flacon a appli-
cations VERMICUL.\IRES EN
ÉMAIL BLANC ET BLEU PALE.
ms S. — Musée provincial
de Bonn. Salle V.
Fig. 280. — I,ÉcviHi: orné
D'.APPUCATIONS VERMICLX.AIRES
BLEtTES, BLANCHES ET JAUNES.
— Romain II. — Musée Wallraj-
Ricïiartz, à Cologne.
le milieu de la panse) . L,es applications vermiculaires, striées au fer,
reproduisent alternativement des crosses et des feuilles cordi-
(i) Publiée par Vaissier, Le Cimetière gallo-romain de la Viotte, à Besançon. Dans les Mémoires de
la Société d'Emulation du Doubs, 1885, p. 405-413. Avec planche. (C'est par erreiu- que Vaissier donne à cet
objet iine couleur verdâtre.)
(2) Les figures 277 et 281 sont dues à M. Michel, conservateur du Musée archéologique de Besançon,
qui a bien voulu les exécuter pour moi d'après les originairs de son musée. C'est avec plaisir q>ie je publie
ces relevés d'ime exactitude rigoiu'euse et que je renouvelle à leur auteur l'expression de ma sincère gratitude.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
209
formes (i). Ces feuilles sont établies dans des proportions observées
surtout à partir du m'' siècle : leur pointe s'allonge démesurément et
leurs lobes s'aplatissent.
Les vases d'argile à reliefs d'applique et les poteries noires à orne-
ments blancs du Romain II sont souvent décorés de feuilles présentant
ces caractères. Je daterais volontiers cette élégante verrerie de la
même époque que ses congénères de la vallée du Rhin (2), c'est-à-dire
du temps d'Héliogobale et d'Alexandre Sévère. Le cimetière à inci-
nérations d'où elle provient contenait d'ailleurs une monnaie du
dernier de ces empereurs.
6. — Fiole sans anse, forme 64, découverte en 1893, dans un éboule-
->sy„.
FiG. 281. — Fragment de v'Errerie a .applications vermiculaires. — Cimutière à incinéralious de la
Viotte (Besançon). — Musée de Besançon.
ment au cimetière du Vieil- Atre, à Boulogne-sur- Mer (Fouilles de
M. Hamy). Musée archéologique de Boulogne, no 4.556 (fig. 278).
Verre incolore. Les fils appliqués sont en émail alternativement blanc
et bleu pâle. Une bouteille semblable, dont le verre, admirablement
conservé, a gardé sa pureté et sa transparence, fait partie des riches
collections du Musée Provincial de Bonn (fig. 279). Des fioles du
même genre, mais dont le pied est un peu différent, ont été recueillies
{il Des feuilles cordiformcs euUent dans l'omemenlation d'ime verrerie forme 51 trouvée à Cléré
(Maine-et-Loire) dans une sépultiu-e a.ssez tardive [\oy. B. Fillon, L'art de terre chez les Poitevins, p.igx,
n»9j.
(a) Bonner Jahrbiichcr, 1906, fasc. 114-115, p. 344-378 et pi. XXIV.
27
210
IvA \^ERRIÎRIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
à Cologne (fig. 280) et à Besançon (Cimetière de la Viotte) (fig. 281).
7. — Bouteille à panse plate forme 65. Cologne, Musée WaUraf-
Richartz, n" 232 Verre incolore très décomposé. Applications vermicu-
laires incolores (fig. 282).
8. — Bouteille cylindrique (forme 9 à une seule anse). Cologne.
Musée Wallraf-Richartz, n^ 504 (fouilles de 1893 au cimetière de la
Fig. 2S2. — I,ÉcYTiiE A PANSE APLATIK, ORNE d'applicaiiuns VEioncuL-AiRES. — RomainlI. Cologne. —
Musée WaUraj-Richartz, n° 232.
rue de Luxembourg) Verre incolore décomposé. Applications ver-
miculaires incolores (i) (fig. 283).
9. — Carchésium (forme 98). Cologne. Musée Wallraf-Richartz,
no 670. Ce gracieux récipient est en verre vert émeraude de bonne
qualité. Parmi les applications vermiculaires dont il est orné, on
(i) Consulter Anion Kisa, dans les Bonncr Jahrbiicher, fuse. 99, p. 5u-53, P'- H-
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
211
voit un swastika en fil de verre doré dont les extrémités s'enroulent en
spirale (i) (fig. 284).
10.- — Coupe (forme 89). Rouen. Musée départemental d'antiquités
(Provenance indéterminée). Verre incolore filandreux légèrement
Moiyo-Jea.5- C«looT»eMQl2,.
FiG. 2S3. — Flacon' cylixdriqce a .\pplic\tions Frc. 284. — Cikchesium de vrERRE vert. — Ome-
VERMICULAIRES. — Cologne. Fouilles de 1893. ments blancs et dorés. — Musée de Cologne,
— Musée de Cologne, n" 504. u» 670.
décomposé. Applications vermiculaires en verre alternativement
incolore et bleuâtre (fig. 285).
11. — Patère à manche (forme 137). Bonn. Provinzialmuseum.
Salle V, n° 215. Verre incolore très peu décomposé. Applications vermi-
culaires en verre alternativement bleu et blanc (doubles spirales en
émail blanc) (fig. 286).
12. — Patère à m.anche (forme 136). Cologne. Musée Wallraf-Ri-
chartz, n» 91g. Verre verdâtre rempli de buUes d'air. Les applica-
tions vermiculaires sont de la même couleur que le récipient (fig. 287).
(i) Ce carchésium a été publié par KiSA. en noir (Das Glas im AUertume, fig. 119) et en couleur (/cf.
cit., pi. V, n" i).
213 IvA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
13. — Fioles représentant des casques de gladiateurs (forme 139),
décrites plus haut (p. 179 et 180, fig. 236) (feuiUes cordif ormes, enrou-
lements et oiseaux) .
h. L,es verres à applications vermiculaires de la seconde série re-
montent à la période comprise entre Aurélien et Honorius. Ils sont
abondants dans les nécropoles du nord de la France, dans les tombes
à inhumation du iv« siècle, découvertes dans la Marne, l'Aisne,
FiG. 285. — Coupe a appucatioxs vermicui. aires. — Romain II. — Musée de Rouen (i).
l'Oise, la Somme, le Pas-de-Calais. Ils sont rares dans la vallée du Rhin.
Ils sont en pâte très impure, verdâtre ou jaunâtre, remplie de filandres
et de bulles d'air. Les appUcations vermiculaires dont ils sont
décorés représentent des serpents. Ces serpents sont plus ou moins
stylisés (fig. 288). Le n° i appartient à la série du iii*" siècle (Série a),
mais trahit déjà les intentions ophiomorphiques du décorateur. Le
n° 2 est une image plus naturaliste ; les écailles de l'animal y ont été
reproduites avec soin ; elles sont constituées par des empreintes
rhombiques qu'on retrouvera dans le décor des poteries franques.
Le 11° 5, d'un style large, fait songer à certains ■uraciis ég>"ptiens.
Les serpents appliqués sur les verres de la fin du iii^ et du iv^ s.
(i) Voy. un autre dessin de cette coupe, p. 130, fig. 170.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMËNTATIOX. 213
sont des ornements, rien de i^his : mais il est important de ne
Bonn-lî.Siftml.
FiG. 286. — Patère a manche, ornée d'applications vermiculaires. — Musée provincial de Bonn, n" 215 .
FiG. 287. — Patère a manche, ornée d'applications vermicnlaires. — Romain II. — • Muséede Cologne, n» 919.
pas oublier qu'à une époque plus ancienne, de telles représentations
avaient un sens religieux (i).
(i) Les serpents figiu-és sur les monuments romains sont les nrrière-neveux d'animaux sacres qui ont
perdu peu à peu leur sens prophylactique. Us sont la survivance d'anciens totems orientaux [S.\LOMON
Reinach, Orpheus. Histoire générale des Religions, Paris, 1909, p. 268].
214
LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIMAIN.
I^es verres à décor ophiomorphique sont, pour la plupart, des réci-
pients à large ouverture.
C'est exceptionnellement que des serpents ornent une bouteille
forme 42, décoviverte au cimetière de Vermand et publiée par Pilloy (i),
et une carafe 59, trouvée à Mayen (Rheinland) et conservée au Musée
germanique à Nuremberg (fig. 289). Les verres à serpents énumérés
ci-dessous sont tous des verres à pied formes 108 à m.
i.Boulogne-sur-Mcr {Pas-de-Calais) [NeufchâteJ). — Travaux du
Fig. 2S8. — Applications vermiculaires (fils serpentants). — Motifs fin m' s. et iv^ s. Décor ophio-
nioqihique. — i.Cologne, a.Mayen, 3. Jonchery-sur-Suippes{Mame), 4. Compiégiie(Oise), 5. Villad'Ancy
(Aisne), 6. Reims (Marne).
chemin de fer en 1848 (Fouille de M. Bazaine, ingénieur). Musée de
Boulogne-sur-Mer, n° 2.505 (fig. 290).
2. Seuil, près Rethel [Ardennes] [Quatre serpents] (2).
3. Vermand [Aisne) (3).
4. Villa d'Ancy {territoire de Limé) {Aisne) [Trois serpents].
Fouilles Frédéric Moreau, 20 novembre 1886. Tombe n^ 94 (4). Cette
sépulture contenait des monnaies de Gratien (375 à 383) et de
Valentinien II (375 à 392). Musée de Saint-Germain (Salle XI,
Vitrine 10, A) (fig. 291).
(i) Voy. plus haut, p. 96, note 3.
(2) Publié par Liebbe, Le Cimetière gallo-romain de Seuil près Rethel (A rdennes) ; Paris, 1S99.
{3) Publié par Pilloy, loc. cit., t. II, p. 145 et pi. 7 bis, n» 8.
(4) Publié par Frédéric More.\u, Album Caranda, pi. C8, nouvelle série.
FiG. 289. — Bouteille ornée de serpents.
Mayen. iv" s. — Musée de Nuremberg.
FiG. 290. — Verre a serpents. — Boulounais,
IV' s. — Musée de Boulogne- sur-Mer, n" 2505.
FiG. 291. — Vi:nKi; ovRÉxÉ, orné
de TROIS SERPENTS. — Cimetière
de la Villa d'Anty (Aisne). Fin du
iv' s. — Musée de Saint-Gernuxin.
Salle XI.
»WtJ»!I
/P
Kg. 292. — Verre a serpents.
— Reiins (lieu dit La Mala-
drerie). — Musée de Reims,
n" 4706.
f*i'^>>y]t^
FiG. 293. — Verre a serpents.
— IV s. — Musée de Corn-
piègne (Oise).
2l6
IvA \rERRERIE EN GAUEE SOUvS L'EMPIRE ROMAIN.
^.Sissy [Aisne) [Huit serpents alternativement blancs et bruns] (i).
Collection Cl. Boulanger, à Péronne (vSomme).
6-7. Reims [Marne) [lieu dit « La Maladrcric ») [Quatre ser-
pents : deux en verre blanc et deux en verre bleu]. Musée archéologique
de Reims, n°s 4.705 et 4.706 (Legs lyéon Foucher) (2) (fig. 292) .
8. Joncher y-suy-Snippes [Marne). Fouilles I,elaurain [Trois ser-
pents] (PI. 9). Musée de Saint-Germain. Salle XV. Vitrine 16,
n° I3-345-
9. Compiègne [Oise). Musée Vivenel (fig. 293).
4. — Barbotine de verre.
La. barbotine de verre ne doit pas être confondue avec le fil étiré
Fig. 294.
Bouteille du m" s. — Décor barbotine et applications vcrmiciilaires.
n" 440.
Musée de Cologne
à chaud. Elle s'obtient par la chute d'un filet de verre liquide. Elle
(1) Publié par Cl. Boulanger, Le Mobtltcr Itinéraire, pi. 13, n" i.
(2) Catalogue du Musée archéologique de Reims, p. 169. Ces deux verres paraissent lui peu plus anciens
que les autres. La coloration de la pâte vitreuse et la forme du pied (pied à balustre) nous déterminent
ii les placer vers le milieu du m« siècle.
IvES PROCÉDÉS D'ORISTEMENTATION. 217
permet de représenter en relief le corps même des objets, tandis que
le fil de verre n'en décrit que les contours (i).
Les deux procédés, barbotine et fil de verre, ont été employés dans
la décoration d'une bouteille conservée au musée Wallraf-Richartz à
Cologne (2) (fig. 294). Cette pièce, de verre incolore décomposé,
est en très mauvais état de conservation. Son pied appartient à un
des modèles caractéristiques du in" siècle; sa panse est ornée
d'un quadrupède ailé (3), galopant vers la gauche au-dessus
d'un oiseau tourné vers la droite. Le volatile est en barbotine
de verre bleu ; ses pattes et son bec sont en émail blanc. Les deux ani-
FiG. 295. — Poterie rouge. — ni'= s. — Musée de Cologne.
maux sont encadrés de fils serpentants. Un fil mince s'enroule en
spirale sur l'épaule du vase. Par le style de ses ornements et par la
technique de sa fabrication, une verrerie comme celle-ci est au moins
du second quart ou du milieu du iii^ siècle. Je suis disposé à la mettre
en synchronisme avec les poteries rouges et noires sur lesquelles
on a peint en blanc, avec de la barbotine, des inscriptions bachiques,
des animaux, des ornements divers. Ces poteries, dont on peut voir
de très beaux spécimens au musée de Boulogne-su r-Mer et dans les
diverses collections de la vallée du Rhin, proviennent des officines
de la Gaule du nord. EUes sont communes dans les cimetières
(i) Sur les verres ornés à lu barbotine, consult. .-Vnton Kis.'i, Das Glas im Alierlume, p. 472-479.
(2) Publiée par Eisa, loc. cit., p. 477 et fig. 131.
(3) Ou peut rapprocher le décor de cette verrerie de celui d'ime poterie rouge du iii"^ siècle, conservécau
musée de Cologne (fig. 295).
28
2l8
I,A VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
du me et du rv* siècles. On les a surtout rencontrées dans les tombes
qui vont de 250 à la mort de Constantin (i).
5. — Cabochons de verre (2).
Aux ni*', iv® siècles, les verriers de la Gaule du nord ont orné de
cabochons en verre un grand nombre de leurs produits. Appliqués à
chaud avec plus ou moins de symétrie sur la panse des verreries.
FlO. 296.
Bol orné de cabochoxs a ombilic. — • Cimetière de Brény (Aisne). Fouilles de 1880.
Musée de Saint-Germain.
groupés en triangles, en bandes ou en losanges, ces guttules sont
parfois incolores, mais plus souvent teintées en bleu-saphir, en brun,
en violet, en vert-émeraude, en noir, en jaune- topaze, en blanc lai-
teux, en rouge purpurin.
Il semble bien que l'intention des verriers, en les colorant ainsi,
était d'imiter les pierres précieuses.
Au iv* siècle, les cabochons étaient si estimés du public qu'on
allait jusqu'à enrichir de cinquante gemmes artificielles des bols ne
dépassant pas 1.4 centimètres de hauteur. I^urs couleurs, ingénieuse-
ment alternées, se mariaient dans un accord harmonieux et don-
naient aux verreries une fraîcheur de ton tout à fait remarquable.
(i) Sur ces vases, consulter KoN-EN, Gi;/(MS*M»rff, p. 109, pi. XVIII et les Bonner Jahrbiicher de 18S9,
cahier LXXXVII, p. 60.
(2) Niippen des archéologues allemands. Ces cabochons rapportés ne doivent pas être confondus avec
les saiUies obtenues au moule dont on trouve des exemples dès la haute époque impériale.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
219
Deux variétés de cabochons étaient connues des Romains :
Les cabochons lisses, simples pastilles lenticulaires (fi^. 299 à 302).
Les cabochons à ombilic, anneaux saillants pourvus au centre d'un
point en relief (fîg. 296, 297 et pi. 7).
La forme classique du verre à cabochons est le bol (formes 70, 71,
et variantes, 72, 73, 80, etc.).
Les bols à cabochons sont du iv® siècle et du début du V^. Ils sont
FiG. 297. — Bol orné de cabochox3 a ombilic. — iv* s. — Musée de Beauvais, n" 471.
très nombreux. Je me borne à signaler les plus curieux et les plus
complets d'entre eux :
1. Monceau-le-Neuf (Aisne). — Bol forme 73. Cabochons à ombi-
lic bruns et incolores. Inhumation d'un chef gallo-romain dans un
cercueil de bois. Dans la bouche du défunt, denier d'argent de
Constantin II (337 à 340) (i). Collection Cl. Boulanger, à Péronne.
2. Vermand (Aisne). — Bol de même forme. Cinquante cabo-
chons à ombihc en verre alternativement incolore et brun-orangé,
placés en quinconce (2). Musée Lécuyer, à Saint-Quentin.
(i) Publié par Cl. Boul.\^;ger, Le Mobilier lunàmire, [il. 12, u» i, et pi. 20.
(2) Th. Rck, Les cletix cimetières gallo-romains Je Vermand et île Saint-Quentin, p. 144 et p!. V, Q" 3.
220 LA VERRERIE EN GAULE SOUS LEMPIRE ROMAIN.
3. Vermand (Aisne). — Bol de même forme. Trente-six cabochons
à ombilic en verre alternativement noir et verdâtre. Un peu au-
dessous de l'orilice, court circulairement une inscription chrétienne
gravée : VivAS. Cvm. Tvis. V. Z. Entre cette inscription et les cabo-
chons, le verrier a appliqué tui feston de verre noir entre deux filets
de verre blanc (i). Musée Lécuj^er, à Saint-Quentin.
4. Brcny (Aisne). — Bol de forme analogue. Douze cabochons à
ombilic en verre alternativement bleu et brun-jaunâtre. Au-dessous
de l'orifice, feston de verre brun entre deux filets ; le filet du haut
en verre brun ; celui du bas en verre bleu (fig. 296) . Tombe à inhuma-
tion n» 1.620, explorée par Frédéric Moreau, le 21 octobre 1880 (2).
Musée de Saint-Germain, salle XI.
5. Homblicrcs [Ahhevillc) [Somme). — ■ Bol de forme analogue.
Cabochons à ombilic en verre alternativement bleu et jaune. Au-
dessous de l'orifice, feston de verre bleu entre deux filets de verre
jaune. Tombe à inhumation n° i (femme). Mobilier funéraire caracté-
ristique des dernières années du iv'^ siècle (3).
6. Châlons {Marne). — Bol à cabochons à ombilic. Même t5rpe ;
même époque (pi. 7). Musée de Saint-Germain, n" 6.284.
7. Reims. — Bol forme 73 à cabochons à ombilic en verre incolore.
Musée archéologique de Reims, n° 4.667 (4).
8. Bîiry {Oise). — Bol à cabochons à ombilic découvert par l'abbé
Haniard en 1897. Inhumations dans des cercueils de bois. Monnaies
de l'époque con.stantinienne (5).
9. Boulogne-sur-M er . — Bol ornée de quatre cabochons à onibihc
(deux en verre jaune et deux en verre vert), alternant avec quatre
petites sailHes lenticulaires. Filet de verre jaune près de l'orifice
(fig. 298). Fouilles de l'abbé Haigneré au cimetière du Vieil- Atre
en 1870. Musée de Boulogne-svu-Mer, n° 2.672.
10. Sissy {Aisne). — Bol forme 72, orné de cabochons lisses
(i) Th. Eck, loc. cit., p. 170 et pi. m, n» 3.
(2) Frédéric Moreau, Album Camnda, pi. 3. Nouvelle série, n" i.
(3) PJXLOY, Éludes sur d'anciens lieux de sépultures dans V.iisne, t. I, p. i~<j et 205, pi. III, n" 9.
(4) Catalogue du Musée archéulugique <!■_• Reims, p. 167.
(5) Abbé H.'VM.vRD, Découverte d'une nécropole romaine « Bury {Oise), dans le Bulletin archéologique du
Comité des travaux historiques el scientifiques, 1900, p. 23-25, pi. I, fig. 6.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION. 221
alternativement jaunes et verdâtres et d'une collerette où des zigzags
FiG. 298. — Bol a cabochons. — \ ieil-Atre. Fouilles de 1S70. — Musée de Boulogne-sur-Mcr, n" 2672.
courent entre deux filets circvdaires. Collection Cl. Boulanger, à Pé-
ronne (i).
11. Vermand {Aisne). — Coupe forme 70, très irisée, garnie sur
toute sa surface, de dix-neuf cabochons lisses bleu-saplrir (2).
12. Sahlonnièrc [Fère-en-Tardenois) [Aisne). — Bol forme 73
FiG. 299. — ilOBruER ITINÉRAIRE d'uiic tombe à iuhuniation du cimetière de Stiblonnière, à Fère-en-
TardenoLs{Aisne).iv<'s. — A.Cruchede terre rougeàtrc. — B. Bol de verre à. cabochons lisses. — Musée
de Saint-Germain. Salle XI.
en verre jaune décoré de cabochons lisses en verre brun-verdâtre
(deux groupes de trois petits cabochons posés 2 et i alternant avec
(i) Cl. BotTL.\NGER, Le Mobilier itinéraire, pi. 12, n" 3.
(2) Th. Kck, loc. cit., p. 143, et pi. V, n" 9.
222
IvA VERRERIE EN GAULE SOUS Iv'EMPIRE ROMAIN.
deux gros cabochons (i) (fig. 299). Fouilles Frédéric Moreau. Inhu-
mation no 1.068. Musée de Saint-Germain, salle XI, vitrine 48.
13. Strasbourg {Alsace). — Bol forme 71. Gros cabochons lisses
alternativement violets (fig. 300, A) et bleus (fig. 300, B), séparéspar des
groupes de six guttules disposées en triangle la pointe en bas. Ces
groupes de guttules sont alternativement bleus et violets. Fouilles du
chanoine Straub au cimetière de Strasbourg. Inhumation du
iv« siècle (2) . Musée archéologique de Strasbourg. [Notre figure 300
Fig. 300. — Verres A c'AiioCHONS lisses (A. violet, B. bleu, C. vert, D. jaune).— iVs. — MuséedeStrasbourg.
reproduit deux autres spécimens de verreries à cabochons du même
cimetière. Leurs pastillages sont verts et jaunes].
14. Homblicrcs [AbhcviUe) [Somme). — Bol forme 73. Même thème
ornemental que sur les verres de Strasbourg. Cabochons bleus. Inhu-
mation n° 4 (homme) . Fibule cruciale à charnière (tj'pe de la fin de
l'Empire (fig. 340, B). Monnaie de Constance (337 à 361) ou de
Magnence (mort en 353) (3).
(i) Ces pastillages ne constituent pas une décoration particulière à la Gaule. On les retrouve sur un
grand nombre de bols et de cornets coniques découverts à Sa\da (Phénicie). Frœhner, Collection OmiH.
(2) Straub, Le cimetière gallo-romain de Strasbourg, p. 21, pi. V.
(3) .T. PiLLOV, loc cit., 1. 1, p. 179, pi. III, n» 8.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
223
15. Reims [lieu dit les Trois Piliers) [Marne). — Gobelet forme 80,
orné de quatre cercles gravés et de quatre guttules lisses en verre
bleu (fig. 301). Trouvé en janvier i8g6 par M. G. Logeart dans une
sépulture, avec une statuette de terre blanchâtre figurant une femme
assise dans un fauteuil d'osier et allaitant deux enfants. Musée de
Reims (i).
On connaît un certain nombre de verreries à cabochons diffé-
l'iG. 301. — Gobelet orné de c\bochoxs lisses Fig. 302. — Bouteille ornée de guttcles en
ET DE FILETS GRAVÉS. — Reims. FouiUes de 1896. \-erre bleu. — Romain II. ^ Musée deCologne.
— Musée de Reims, n° 48S1.
rentes, au point de vue des formes, de celles auxquelles appartiennent
les spécimens que nous venons de signaler.
1. Cologne. — Fouilles de la rue d'Aix-la-Chapelle. Bouteille
forme 40 en verre incolore décom.posé. Guttules de verre bleu irrégu-
lièrement semées sur la panse (fig. 104, C). Musée Wallraf-Richartz,
n*' 602.
2. Cologne. — Bouteille en verre incolore décomposé. Nombreuses
guttules de verre bleu (fig. 302). Musée Wallraf-Richartz.
3. Vermand. — Bouteille forme 42 à quatre anses en verre inco-
(i) Catalogue du Musée archéologique de Reims, p. 65 et 186, n»^ 2.138 et 4.8S1.
224
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIVIAIN.
lore, ornée de trois couronnes de cabochons à ombilic en émail blanc
laiteux. Musée de Saint-Quentin, n° 2.666 (i).
4. Homblières {Somme). — Ciborium forme 103 à cabochons à
ombilic, trouvé dans la tombe n° 53, aux pieds d'un squelette
FiG. 303. — CIBORI0M DE VERRE INCOLORE, omé de cabochons polychromes. — Cologne. Fouilles de 1892.
iv= s. — Musée de Cologne.
d'homme de vingt à vingt-cinq ans, avec une lagène de verre forme 49
et une monnaie de Valentinien I^^ (364 à 375) (2) .
5. Cologne. — Ciborium forme 103 à cabochons bruns et bleus,
trouvé en 1892, Lôwenstrasse, avec une monnaie de Maximien (286
à 310) (fig. 303). Cologne. Musée Wallraf-Richartz.
6. Kreuznach. — Ciborium forme 103, en verre verdâtre et impur
de très basse époque. Gutttdes brunes et vertes. Près de l'orifice,
feston de verre vert entre deux filets de verre brun (fig. 304). Bonn.
Provinzialmuseum, salle V.
7. Boulogne-sur-Mer {Pas-de-Calais). — Barillet forme 132
(i) Th. Eck, loc. cit., p. 144 et pi. V, n" 2.
(2) PiLLOY, loc. cit., t. I, pi. III, n» 13.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
225
(fig. 305). Verre incolore très pur. Musée de Boulogne-sur-Mer,
no 2 496 (i).
8. Trêves. — Barillet forme 132. Verrre bleuâtre rempli de bulles
l'iG. 30.). — CIBORIUM A CABOCHONS. — Kreuznach. Fin du IV s. — Musée provincial de Bonn.
1 iG. 305. — Bajuxlet a cabochons. — Fouilles ilu Boulonnais. — Romain II. — Muséede Boulogne-sur
Mer, n" 2496.
d'air. Trêves. Provinziabnuseum, salle 20, \'itrine Yll/no 99.341.
(i) Ro.\CH Smith, Collectanea Antiqua, 1843, pi. I.
29
226
LA VERRERIE EN GAUI.E SOUS L'EMPIRE ROMAIN
6. — GUTTULES APPENDICULÉES.
Quelques verreries du iv« siècle sont rehaussées d'ornements
constitués par une niasse de verre dont on a étiré la partie infé-
rieure à l'aide d'une pince (fig. 306). L'intention des décorateurs,
en créant de tels motifs, était de conserver à la pâte vitreuse une fois
refroidie, l'apparence d'un matière visqueuse qui coule tout autour
Fig. 306. — Bol orné de guttules appexdiculées. — Fouilles des cimetières de la Marne, tv s. —
Musée de Saint-Germain, n" 13357.
du va.se. C'est une décoration rationnelle en parfaite conformité avec
la nature du matériau employé.
lycs guttules appendiculées sont les précurseurs de ces énormes
trompes dont les Mérovingiens ont chargé si souvent leurs gobelets
tronconiques.
7. — PiNÇURES FAITES A l' OUTIL.
Les bols, les verres à boire des iiie-iye s. sont fréquemment ornés
de petites sailhes que les ouvriers obtenaient en pinçant la pâte
vitreuse pendant qu'elle était encore malléable. Nos figures 307 à 310
reproduisent quelques spécimens de verreries à pinçures qui suffisent
à donner une idée précise de ce genre de décoration. On remarquera
la forme particulière des ornements du bol trouvé par l'abbé Cochet
à Neuville-le-Pollet, en 1845 (fig. 310).
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION. 227
L,e bol de Neuville n'est pas seul de son espèce. Des verreries sem-
FiG. 307. — Bol orné de pinçures faites a Rg. 308, — Verre orxé de pinçdres. — Vieil-
l'ot-til, verre verdâtre. — Cimetière de Ver- Atre. Fouilles de 1871. Romain II tardif. —
mand. IV s. Collection Morin-Jean, n" 2220. Musée de Boulogne-sur- Mer, n» 2660.
FiG. 309. — Mobilier funér.mre d'u^œ tombe a in-huji.\tiox du cimetière de Vierville (Eure-et-
I.oir). — Fouilles deiSgo.iV^s. : A. Boldeverre orné de quatre saillies faites à la pince. — B. Boucle de
ceinture en bronze. — C. Bol de terre grise contenant des ossements de poule. — • Collection Morin-Jean,
à Paris.
blables sont conservées dans diverses collections, notamment au
musée de Cologne (i).
8. — Ciselure en relief.
Nous avons examiné les principaux procédés de décoration à chaud
(i) .Anton Kisa, Das Glas im Alterltime, p. 476, fig. 152.
228 LA X-ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
connus à l'époque impériale (i). Il nous reste à étudier la décoration
à froid qui laissait aux artistes beaucoup plus de temps et de liberté,
qui leur permettait de créer des œuvres d'une belle qualité, des
objets de grand luxe dont quelques remarquables spécimens sont
parvenus jusqu'à irons.
Verres a deux couches [faux camées] (2). — Au premier
rang de ces précieuses reliques, il faut placer les verres à couches super-
posées travaillées à la façon des camées. L'ouvrier appliquait l'une sur
FiG. 310. — Bol de verre incolore, orné de dépressions et de saillies à trois pointes. — Neuville-le-PolIet.
Fouilles de 1845. — Mttséc de Rouen.
l'autre deux couches de verre de couleurs différentes ; puis il sculptait
et afîouillait la couche superficielle jusqu'à la rencontre de la cou-
che sous-jacente (3).
(i) Les coupes dans la pâte desquelles sont incorporées à chaud des baguettes polychromes, les verres
imitant les agatesrubanées, tous les produits que les Allemands désignent par le terme général de Mosaîk-
glàser [A. KiSA, Das Glas im Altertume, p. 501 et suiv.j, n'entrent pas dans le cadre que je me suis tracé :
i" parce qu'ils se rattachent par leur technique aux verreries péromaines. Ils pourraient constituer le
dernier chapitre d'im livre consacré à celles-ci ; 2° parce que les plus beaux d'entre eux n'ont pas été décou-
verts en Gaule. Je rappellerai toutefois que nos cimetières de la haute époque impériale ont livré im assez
grand nombre de tessons ayant appartenu à des verreries de cette catégorie. Je signalerai comme exemples
les débris de deux coupes apodes trouvés à Besançon sous les ruines des monuments romains entourant le
champ de Mars. L,'une de ces coupes pouvait avoir un diamètre de o'",io environ. Elle est en verre richement
coloré imitant les veines de l'agate [pâtes vitreuses jaune, rouge, blanc-crème et bleu foncé]. 1,'autre a été
obtenue par soufflage d'mi verre transparent légèrement verdâtre dans lequel l'ouvrier a encastré des
baguettes de verre rouge et bleu. l,es fragments de ces verreries sont conservés au musée de Besançon
(Doubs). Ils font partie d'une série d'objets provenant d'un cimetière à incinérations qui a dû ser\-ir depuis
la conquête jusque vers le temps de Néron. Les monnaies trouvées dans les unies ne vont ([ue jusqu'au
règne de Claude. Il y avait aussi quelques monnaies gauloises.
(2) Ueber/angglâser des archéologues allemands.
(3) On peut rapprocher des verres doublés du ]<' siècle, les verres d'époque plus basse, recouverts d'orne-
ments découpés à jour dans une plaque d'or, d'argent ou de bronze. Ces vases sont des créations d'ouvriers
LES PROCÉDÉS D'ORNEMKNTATION.
229
Ce travail délicat est appelé sculptiira vitri par Quintilien (i) et
toreuma vitri par Martial (2).
Le Vase Portland [Vase Barberini) du Britisli Muséum (3) et le
Vetro blu {Vase de la Vendange), recueilli en 1837 à Pompéi et con-
servé au Musée de Naples (4), en sont les plus fameux exemples. Ils
n'ont pas été découverts en Gaule. Il n'y a pas lieu de leur consacrer
ici luie étude spéciale.
Une autre verrerie, tout aussi remarquable quoique moins célèbre,
faite, comme eux, à l'imitation des camées, a été trouvée en France.
3 • K«,..n 21,^=v 151:
FiG. 311. — Tasse de verre a monture metalliql-e. — Mont-Afrique, près Dijou (Côte-d'Or). — Musée
de Rouen.
C'est une œnochoé d'un galbe très pur, malheureusement fracturée,
recueillie en se|)tembre 1886 par des terrassiers dans un terrain dé-
pendant de l'ancien couvent des Annonciades, dans le quartier de
alexandrins de la ftu de l'époque impériale. On a employé, pour les orner, le procédé que les anciens dési-
gnaient sous le nom d'Opiis interrasUc. Xous signalons trois de ces produits : i" Un carchésium forme 98
(anses et pied en métal), en verre rouge foncé sur lequel se détachent des rinceaux et des scènes de cliasses
en argent découpé, trouvé en 1871 près Tiilis et conser\-é au llusée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg
(Stephaxi, C. rendus de la Comm. arch. de Saint-Pétersbourg, 1872, p. 143, pi. II, 1-2) ; 2" Un bol à décor
végétal et inscription : EYTÏXUC, en argent découpé. Trouvé dans leSeeland avec des monnaies deProbus,
{276 à 282) et conservé au musée de Copenhague {Aarboger for nordisk Oldkxndiiihed, 1877, p. 354.
avec pi. en couleur) ; 3» Une tasse de verre vert à monture d'argent trouvée au Mont-Afrique près Dijon
(Côte-d'Or ) et conservée au musée départemental d'antiquités à Rouen (fig. 311). Au point de vue
artistique, cette pièce est très inférieure aux précédentes [Publiée par A. Deville, Histoire de l'art de
la verrerie dans l'antiquité, pi. XLIII, H.].
(i) QtriNTlLlEx, lib. II, XXI, 9.
(2) >Uriial, X, 87.
(3) Gersp.\ch, L'art de la verrerie, p. 50-53, fig. 19, 20, 21 ; — A. KlSA, lac. cit., pi. VII.
(4) GERsrACH, loc. cit., p. 53-58, fig. 23, 24, 25 ; — E. Babelon, La gravure en pierres fines, p. 148,
fig. 109 ; — A. KiSA, loc. cit., pi. VIII et IX ; — Guide des Antiques du musée national de Naples, 1908,
p. 126, n» 13.521.
230 LA X-ERRERIE EX GAULE SOUvS L'EMPIRE ROiL\IX.
Besançon où se trouvaient les plus riches villas gallo-romaines (au-
tour du Palatium) .
Mais on a pensé que ce vase avait pu être apporté là avec des
déblais provenant d'un autre point de la ville, probablement du
quartier de Chamars (ancien Champ de Mars), où l'on a rencontré un
riche cimetière du i^r siècle de notre ère.
L'œnochoé de Besançon est en verre violet foncé sur lequel ap-
paraît, en faible relief, un décor en verre opaque blanc sculpté à la
manière des camées (i) (pi. 6).
Les personnages, qui se détachent en clair sur le fond sombre de
cette belle verrerie, accomplissent une cérémonie en l'honneur de
Priape. Un mascaron, figurant une tête de face, une sorte de gorgo-
neion, est placé au-dessous de l'attache de l'anse.
Les faunes, la statue ithyphallique de Priape, la divinité fémi-
nine dressée sur une colonne, les arbres (laurier et conifère) , la table
à trois pieds de bouc sur laquelle on a déposé un canthare de type
hellénistique, et deux autres vases, tous les motifs de cette élégante
composition sont d'un modelé admirable. Le style des figures est
presque aussi beau que dans les camées les plus remarquables de
l'époque d'Auguste.
Le vase priapique de Besançon est une œuvre d'art d'un ordre
élevé. Il a certainement été exécuté par des artistes grecs, à la même
époque que le Vdro hlu de Pompéi, c'est-à-dire avant le dernier tiers
du i'^'" siècle.
On ne sait pas de quelle officine il est sorti, mais il est pro-
bable qu'il a été fait à Alexandrie.
Verres a reliefs taillés de basse époque. — A partir de
l'époque des empereurs syriens, le travail des sculpteurs sur verre
devient dur et sec. Les verres à reliefs taillés du Romain II ne sont
intéressants que par l'effort qu'ils ont coûté. Ce sont des œuvres qui
procèdent de l'industrie et du métier.
La pièce la plus remarquable dans cet ordre de production est
(i) ly'œnochoé de Besançon a été minutieusement décrite par iDI. V.^issier et Castan dans les
Mémoires de la Société d'Émulation du Dotibs, b' série, vol. I, année 18S7, p. 249-254 : Vase priapique e>i
verre du musée de Besancon. Une planche lithographique en couleurs représente le développement de la
panse, et un petit dessin donne l'aspect du vase à une échelle très réduite.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION. 231
un récipient du lu'^ siècle, découvert à Trêves en 1905 et exposé au
musée de cette ville (i).
Ce vase, plus curieux que beau, est en forme de tronc de pyra-
mide. Il est en verre incolore complètement décomposé. Il est muni
d'une anse placée verticalement sur le côté. Malgré son très mauvais
état de conservation, il laisse voir en maints endroits sa décoration
qui consiste en rameaux sinueux chargés de feuilles triangulaires
sculptées en méplat.
Cette nouvelle technique, dont le vase de Trêves nous offre un des
plus anciens exemples, fait perdreaubas-relief son caractère plastique.
I^es ornements maintenus à une faible distance d'un fond unifor-
mément plat, ont l'air d'avoir été découpés à la scie dans une plaque
présentant partout la même épaisseur. Quel contraste entre leurs
contours heurtés et le modelé savant et délicat de l'œnochoé de
Besançon.
VERRE.S A RÉSILLE TAILLÉE A JOUR ET MAINTENUE A DISTANCE
DU RÉCIPIENT (Diatrètes). — Si l'art des sculpteurs sur verre est en
décadence à l'approche du iv^ siècle, il n'en est pas de même de leur
habileté technique. Les verres à résille maintenue à distance du réci-
pient en font foi. Ces vases remarquables, qu'on appelle ordinaire-
ment diatrètes (2), sont de vrais chefs-d'œuvre de métier. Leur forme
est celle d'un bol apode plus ou moins évasé (forme 79 et variantes) .
Leur ornementation consiste en une résille de verre découpé. Cette
précieuse dentelle n'adhère pas au récipient ; elle y est rattachée par
de fines barrettes de verre.
Les diatrètes étaient des pièces de grand luxe d'une extrême fra-
gilité. Les rares exemplaires qui sont parvenus jusqu'à nous datent
tous du dernier quart du iii*^ siècle ou de la première moitié du iv<^.
Nous signalerons les suivants comme particulièrement dignes
d'attention :
i. Strasbourg (Alsace). — Fouille de 1825. Diatrète recueilhe dans
un sarcophage en pierre avec une monnaie d'or de Constance P'" (mort
(i) Trêves, Provinzialmuseum, salle 20, vitrine VIII, ii" 05.429' [voy. Antox Kisa, Das Glas im Altcr-
tume, p. 639, et fig. 243].
(2) Netzbecher des archéologues allemands.
232
LA \rERRERIE EX GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
en 306) (i). La résille, comme il est de règle dans les récipients de
ce genre, ne montait pas jusqu'à l'orifice du vase. Une bande, réservée
dans la partie supérieure, portait une inscription en relief. De cette
inscription, il ne restait que les lettres : .... Xim.... Xe. Avgv....
On a pensé que cette coupe faisait partie du service de table
de l'empereur Maximien Hercule qui passa le Rhin en 297.
La diatrète de Strasbourg, conservée au musée de cette ville, fut
détruite lors du bombardement de 1870.
2 et 3. Cologne. — Fouille de 1844. Deux diatrètes de verre inco-
FlG. 313. — Diatrète, trouvée à Cologne.
— Antiqitarium de Munich,
■ IV s'".
KlC. 313.
— Dlatrète découverte à Cologne.
■ i\^ s. — ■ Musée de Berlin.
lore, découvertes, rue Benesis, dans deux sarcophages voisins dont
l'un contenait une monnaie de Trajan, l'autre une monnaie de
Constantin II (337 à 340) (2).
La plus grande de ces diatrètes, conservée à l'Antiquarium de
Munich, est pourvue d'une inscription latine : Bibe. Mvltis.
Anxis. (fig. 312).
La plus petite est au musée de BerUn. Sa résille est surmontée
d'un texte grec : nue zhcaic il^vaum (fig. 313).
(i) ScHWEiGH-iUSEE, dans Kunstblatt, 1826, p. 358 ; dans Bonner Jahrbiiclier, V-VI, 380 et dans
Mémoires de la Société des Antiquaires de France, t. VI, 1S42.
(2) Urlichs, Vasa diatreta in Kôln, dans Bonner Jahrbiicher, 1844, fasc. 5 et 6, p. 377-3S2, pi. XI et XII.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
233
4. Hohensulzen. — Fouille de 1869. Diatrète trouvée dans un
sarcophage avec une bouteille forme 9 en verre incolore gravé. Cette
diatrète, une des pièces les plus remarquables de toute la verrerie
antique, est de taille exceptionnelle (21 centimètres de diamètre).
Elle est en verre incolore décomposé. Elle est dépourvue d'inscrip-
tion (i) (fig. 314).
Dans le sarcophage où elle a été découverte, elle gisait, cassée en
AAâyctict.Stnt.-l^ll.
FiG. 314. — Diatrète, trouvée à Hohensulzen. — Musée de Mayence et Musée provincial de Bonn.
deux morceaux, aux pieds du squelette. A la suite de quelles péripéties
ces deux morceatix, au Ueu d'avoir été rejoints, sont-ils arrivés dans des
musées différents? On ne sait. Toujours est-il que le plus grand frag-
ment est actuellement exposé au musée de Mayence, et le plus petit
au Pro\'inzialmuseum de Bonn (2^ .
(i) Bonner Jahrbûcher, T,rv, 69, pi. IT, 2.
(2) N" A. S64.
30
234
LA \'ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
9. — Gravure en creux (i).
Clément d'Alexandrie (160 à 220) parle de la prétentieuse,
inutile et vaine gloire des graveurs sur verre (2).
Ce texte ne renseigne guère les archéologues, car nous ignorons
de quel genre de gravure l'auteur chrétien a voulu parler. Son blâme
était peut-être dirigé contre les diatretarii qui sculptaient le verre à
la façon des camées.
Il est certain qu'on a dû de bonne heure faire des essais de gra-
^5^ AV^-î-jt«T.
FiG. 315. — \'ERRE A CERCLES GRAVÉS. — Arles. Romain II. — Cabinet des Médailles, à Paris, n» 794.
vure sur verre, puisque l'on connaissait la gravure en pierre fine de-
puis les temps les plus reculés.
Toutefois, les verres gravés en creux ne se rencontrent guère
dans les sépultures de Gaule avant le iii^ siècle. A Cologne, ils sont
rares dans les incinérations qui contiennent les plus beaux verres à
applications vermiculaires ; ils sont nombreux dans les inhumations
qui vont de 250 au début du \^ siècle (3) .
Ceux de la seconde moitié du iii^ siècle sont d'un assez bon style ;
ceux du iv^ trahissent une main lourde et maladroite ; ceux du \^
accusent une profonde décadence.
Il est très intéressant de constater que les verres gravés ont pour
(i) I<a gravure en creux se faisait, dans l'antiquité, soit à la pointe de pierre dure (quartz, émeraudc,
corindon) guidée à la main , soit à la molette montée sur im tour.
(2) Clément d'Ales.\xdrie, Pœdagogus, liv. II, di. m.
(3) AUTOX Kis.\, Dos Glas im Altertame, p. 247.
LKS PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION.
235
la plupart été trouvés dans la Belgica et sur les bords du Rliin, mais
il n'est pas prudent d'en déduire que le Rheinland était, au Ro-
FlG. 316. — GoBELEl DE VERRE INCOLORE, omé de Cercles gravés légèrement. — Cimetière du Vieil- Atre, à
Boulogne-sm'-Mer. — Collection Morin-Jean, n» 2228.
main II, le seul pourvoyeur des verreries à sujets gravés. Ces sujets
appartiennent presque tous au répertoire hellénistique et oriental.
On peut les répartir en j^lusieurs grandes séries.
FiG. 317. — Verre gravé ex creux. — Romain II.
— Musée d'Amiens, n" 988.
FiG. 318. — Bol de verre gr.\vé. — Étampes
(S.-et-O.). Romain II. — Musée de SaifU-Ger-
»iafn,n°29665.
a. Combinaisons géométriques. — Le décor le plus simple et le
plus répandu consiste en de fines lignes gravées à la meule, disposées
236
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIL^IX.
en cercle autour du récipient (fig. 315, 316). Des combinaisons
plus savantes : rosaces, étoiles, cannelures, etc., varient à l'infini
Fio. 319. — Bol gravé. — Verre incolore. Fouilles Fig. 320. — Bol a pled. — Verre incolore. ColleviUe-
de Reims (Marne). — Collection Mofin-Jcan, Orival, 1864. — Romain II. — Musée de Rouen
n" 2039. (ancietme Collection de Girancourt.)
(fig. 317, 322). EUes sont quelquefois formées d'un assemblage régulier
de cupules assez profondes qui miroitent à la lumière (fig. 320).
Dans un fragment de verre incolore, très filandreux, découvert en
1871 à Boulogne-sur-Mer et qui semble appartenir à une époque
Fig. 321. — Fkagment d'un bol de verre incolore, orné de cupules et de traits gravés. — Cimetière
du Vieil-Atre à Boulogne. Fouilles de 1S71. Romain II. — Musée de Boulogne-sur-Mer, n" 2724.
assez tardive, les cupules sont pourvues au centre d'un point en
relief (fig. 321).
b. Scènes du cirque et de l' amphithéâtre. — lycs graveurs ont quel-
quefois repris, sans apporter de changement dans la composition,
les scènes de courses et de combats des verres moulées. C'est ce
LES PROCEDES D'ORNEMENTATION.
237
que nous apprennent un beau fragment de verrerie et un bol forme 81
du musée de Trêves :
I,e fragment appartenait à un récipient de fabrication soignée.
Oft y voit des chars d'un excellent style (i).
lyC bol est moins bien gravé. Il est orné d'un bige courant vers la
droite d'une panthère et d'un bestiaire armé d'un poignard et d'un
trident (2) . Au-dessus de cette décoration court t:ne inscription la-
tine : BiBAMVS, qui n'a aucun rapport avec les sujets figurés plus
bas ; c'est un souhait adressé au buveur.
c. Scènes de chasse. — Le graveur à qui nous devons une coupe,
lAAAAWAMV
W|oKi')-Jeii3.
1. 1. "'""■ '"' 5.
FiG. 322. — Gravure et t.ulle du v'Erre au Kom.ain II. — i. Étampes, 2. Amiens, 3. Cologne.
décorée d'une chasse au cerf (3), reproduite par Kisa (4), n'a pas une
personnalité bien marquée. Si ce n'est pas un oriental, c'est un orien-
talisant. Il appartient à cette lignée d'artistes et d'artisans qui furent,
à l'époque de la civilisation grecque; les peintres de vases ioniens ;
à l'époque impériale romaine, les céramistes, les verriers et les or-
fèvres d'Alexandrie ; au Moyen-âge, les enlumineurs persans, les
ivoiriers byzantins, les faïenciers de Rhodes et de Damas. Il ne de-
sine pas bien, mais il sait composer. Il devait travailler au tv^ s. ou
vers le début du v^.
(i) Anton Kisa, Das Glas im Altertume, p. 650, fig. 250.
(2) Anton Kisa, loc. cit., p. 64S, fig. 257.
(3) Une chasse au cerf est gravée sur une grande coupe de la collection Pierpont-Morgau (ancienne
collection Gréau), publiée par \V. Froehner [Coll. Julien Gnati, Paris, 1903, u° 1.103, pi. CLXXXX].
Prés du bord de cette coupe, on lit la formule de souhait ; JIvxtos. axnos. — Un sujet, qui semble se
rattacher à la chasse au cerf, est gravé siu- un fragment de verrerie du musée de Saiut-Gcrmain (n" 29.511,
Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme). Les animaux représentés sur ce fragment n'ont pas été gravés en
creux, mais traités en rchef, suivant ime curieuse technique dont nous ne connaissons pas d'autre exemple.
{4) Anton Kisa, loc. cit., p. 653, fig. 263 [Collection Vom Rath, à Cologne].
238
LA ^'ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROiL\Iîs.
1/ auteur d'un bol découvert à Strasbourg, en 187S, dans une
inhumation assez tardive (i), n'avait aucune finesse de touche. De
phis, il était assez pauvre d'imagination. N'ayant pas une manière
originale de penser, il ne pouvait se créer une manière originale de
dire. Aussi n'a-t-il pas eu recours à de nouvelles formules pour orner
lesproduitsdontilavaitlacommande.il a repris un de ces thèmes
extrêmement anciens employé à satiété par les décorateurs depuis
l'antiquité la plus haute : la chasse au lièvre.
Les monuments décorés de la chasse au lièvre sont innombrables.
FiG. 3:13. — lIûTiF DE LA CH.\SSE AU LIÈVRE : A. Sur uue amphore rhodienne en terre cuite du vn" s. av.
J.-C. {Musée du Louvre, A. 329). — B. Sur un verre du iv= s. apr. J.-C, découvert à Reims en 18S4
{Musée de Reims, n° 4720).
Ce sont des gobelets préhistoriques découverts à Suse et qui, d'après
les évaluations les plus modérées, remontent à 3.000 av. J.-C. (2), des
vases mycéniens, des poteries doriennes du viii^ siècle, des vases
rhodiens (fig. 323 A), et corinthiens (3), des amphores attiques, des
bucchéros étrusques, des pièces d'orfèvrerie alexandrine, des bols
(i) Straub, Le cimetière gallo-romain de Strasbourg, p. 28, avec pi. lithog.
(2) Ed. Poiiier, J. de Morg.\n et R. de JIecquenem, Mémoires de la Délégation en Perse, t. XIII,
Paris, 1912, p. 73, pi. I, n" 4, pi. III, n" 7 et pi. XL,T, n" 4.
(3) JIORiN-jE.AN, Le dessin des animaux en Grèce d'après les vases peints, p. 61-62-172-1S5, fig. III, IV
63, 130 et 213.
I.ES PROCÉDÉ.'? D'ORNEMKXÏATIOX.
239
d'Arezzo et de la Gaule romaine (i), des étoffes d'Antinoë (2), des
plats de Rhodes, des tapis de Damas.
C'est encore la chasse au lièvre que nous trouvons sur un verre à
boire du musée de Reim.s (3) (fig. 323 B). Ce gobelet est orné de
deux zones de gra\T.ire superposées. Dans la zone supérieure est une
inscription latine : A. Me. DvlcIvS, Aisuca. Bibe ; dans la zone infé-
rieure, un chien poursuit un lièvre au milieu d'un paysage exprimé
par des plantes à feuilles lancéolées.
Sur un bol trouvé à Bonn et conservé au musée de cette ville, le
Fig. 334. — Bol gR-WÉ. Atai,.\nte et Hippomène. — Reims. Fouilles de 1896. — Musée de Reims, n" ^izSr.
lièvre est poursuivi par un chasseur monté sur un cheval et par
deux chiens.
I.,e thème de la chasse au sanglier a été choisi par le graveur
d'une coupe du musée de Mayence publiée par Aus'm' Weerth (4).
Un chasseur, à pied, aidé de ses deux chiens, attaque un sangher.
La scène est accompagnée d'une légende circulaire : ValeRI. Vivas.
Une coupe 70 en verre vert pâle de la collection Pierpont-iVIorgan
est ornée d'une représentation analogue (5) .
d. Sujets mythologiques. — Les verres gravés à sujets mj^tho-
logiques ont pour la plupart été découverts dans la vallée du Rhin.
(i) J. DÉCHELETIE, Les vases céramiques ornés de la Gaule romiine, t. II, p. 1351-142.
(2) Nécropole de Deîr-el-Dj'k. FouiUes de M. Al. G.wet, 1898-1899.
(3) Verre découvert à Reims (lien dit la Fosse Plantine. Clairmarais), le 19 juillet 1S84. Voy. Catalogue
du Musée de Reims, 1901, p. 170, n" 4.720.
(4) Bonner Jahrbiicher, 1880, p. 49, p. I.
(5) Andenne collection Gréau, publiée par W. Frœhxer, Collection J. Gréiiu.n" r.092, pi. CLXXXVII.
240 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EilPIRE ROMAIN.
Classiques dans leur style, mais alexandrins dans leur facture, ils
ne peuvent être séparés du groupe des productions de l'Orient grec.
Quelques-uns de ces monuments méritent une description détaillée :
1. Reims (lieu dit Fosse-Pierre-La-IyOnge) (Marne). — Fouilles
J. Orblin (i6 mars i8g6). Bol 71 en verre incolore. Le sujet représente
le combat d'Atalanfe et d'Hippomène, au moment où Atalante se
reconnaît vaincue, et étend le bras vers son adversaire pour mettre
fin à la lutte. Les combattants, tête nue, sont vêtus d'amples man-
teaux. Leurs noms sont inscrits auprès d'eux : ATAAANT,■^ Ct TUnOMCAUN (l).
Style fin iii^ ou iv" siècle (fig. 324). Musée archéologique de
Reims (2).
2. Cologne. — Bol 73. Le sujet gravé figure la création de l' homme,
r Ais0PianoroNiA . Assis sur un tertre, Prométhée est occupé à mo-
deler une figurine humaine. Epiméthée lui tend l'argile. Atlas con-
temple cette opération. Dans un autre compartiment, un enfant
joue près d'une femme personnifiant la terre. Du côté opposé, Me-
noitos foudroyé par Zeus. Les noms des personnages sont gravés
dans le champ : npoMHOLEiif ., ANepurroroNiA YnoMne^vjc m (3). Bon
style. Musée de Berlin.
3. Cobern-sur-Moselle. — Fouille de 1878. Coupe. Poséidon, armé
du Trident, tient son pied gauche levé au-dessus d'un édifice. Il est
entouré de poissons et de fauves à queue de dauphin. Sur le pour-
tour du récipient, inscription : Propino. Amantibvs (fig. 325). Style
lourd et barbare (4). Musée de Berlin. M. Aus'm' Weerth a établi
un ingénieux rapprochement entre le Poséidon de cette coupe et le
Poséidon Domatitcs de Pausanias [III, 14].
4. Cologne. — Bol 71. Mythe de Lyncée, un des cinquante fils
(i) M. DÉCHELETTE signale sous le n" 80 de son reeueil général des tj-pes figurés sur les vases à relief
d'applique [Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine, t. II, p. 279 et suiv.], un médaillon de terre cuite
qui représente le même sujet et sur lequel le nom du vainqueur est reproduit avec la même orthographe
(\ au lieu de N) que sur le verre de Reims. Ce médaillon n'est pas antérieur au troisième siècle de notre ère.
(2) Catalogue du Musée archiologiqueûe Reims, n" 2.2S1, p. 72 et pi. II. Les dessins de ce joli bol sont
tracés sur l'extérieiu' du vase et les noms des personnages sont écrits de droite à gauche, de façon à ce
qu'ils soient lisibles de l'intérieur.
(3) La coupe de \' Anihropogonie a. été publiée par F. G. Welcker, dans les Bonner Jahrbiicher de 1860,
fasc. 28, p. 54-62 et pi. XVIII. On en trouvera un dessin dans le Dictionnaire de H. S.^glio, t. IV, première
partie, p. 6S3, fig. 5.S05.
(4) Bonner JahrbUcher, 18S0, p. 52, pi. V ; et Robert Schmidt, Dus Glas, Berlin, 1912, p. 23, fig. 10.
Pl. g. — \"EKRi: A PIED ORNE DE SERPENTS. — Suippes (Marne). — IV siècle. — Musée de ^uint-Cicrmani,
I.ES PROCÉDÉS D'ORNEÎMENTATION.
241
d'Aegyptus, à qui son épouse Hypermnestre sauva la vie, taudis que
tous ses frères furent tués par les filles de Danaiis (i). La scène re-
présente Hypermnestre couronnée, tendant la main à son mari qu'elle
refuse de mettre à mort. Au-dessous, Poihos ailé. Dans le champ
sont gravés les noms : ynePMHCTF.'v ArarEvc noeoc. Cologne. Musée
Wallraf-Richartz.
5. Cologne. — Verre à boire tronconique. Ë r os ailé. Style ha.Thare
du rv« ou du v^ s. (2). Musée Wallraf-Richartz.
6. Hohensulzen, près Worms. — Verre gravé orné d'une scène appar-
■y\ovi]'^')-
FiG. 325. — CoTTPE GR-WÉE, découverte en 1S7S, à Cobem-sur-Moselle. — Musée de Berlin.
tenant au Cycle dionysiaque. Les personnages sont Dionysos tenant
un thyrse et une coupe, Héraklès ivre et étendu à terre, Attys, Pan,
des Silènes et des Ménades. On interprète ordinairement cette scène
comme le triomphe du vin sur la force (3) .
(i) I,e bol de Ljiicée a été publié par Kaiip, Die epigraphischen Anticaglien in Kôln, 1S69, p. 16. 11 est
reproduit dans Kis.4, Das Glas im Altertume, fig. 246 et 247.
(2) Anton Kisa, loc cit., p. 665, fig. 249.
(3) Bonner Jahrbiicher, 1870, p. 74, pi. III. Un sujet analogue est représenté sur le vase Sailier, du
musée de Saint-Germain (nr siècle) [voy. J. Décheletie, Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine,
t. II, p. 310 et pi. IV].
31
242 LA VERRERIE EN GAULE SOUS E'EMPIRE ROMAIN.
7. Gobelet troiico)ii(]ue du Provinzialniuseum de Bonn. — Aphrodite
et Eros (i).
8. Rheiiidorf près Opladen. — Bol 71. Ê'ros au milieu de pampres.
Texte latin : MERVEIFA. Vivas. Tvis (2). Bonn. Provinzialmuseum.
g. Fragment de coupe de la collection Pier pont-Morgan | Ancienne
collection Gréau]. — Verre verdâtre épais. Combat d' Héraklès et de
l'Hydre de Lerne. Style barbare (3).
e. Têtes de personnages disposées en médaillons. — Quelques verres
gravés de la basse époque impériale sont ornés de têtes de person-
nages. Chacune de ces têtes se présente, comme sur les monnaies,
au centre d'un encadrement circulaire. Nous signalerons deux spé-
cimens de ce genre de verreries, tous deux trouvés à Cologne.
Le premier est un bol conservé au musée de Bonn (n^ 5.566)
(fig. 160) . La tête, gravée de profil dans une double couronne de feuilles,
est traitée dans le style de la fin du lys s. ou du début duv^ (fig.322, n03).
Le second appartient à M. Pierpont-Morgan [ancienne collec-
tion Julien Gréau]. C'est une coupe en verre verdâtre, de 10 centi-
mètres de diamètre et de 5 centimètres et demi de hauteur. Elle
porte quatre médaillons. Au centre de chacun d'eux est un buste
imberbe, drapé, tourné vers la gauche. Près du bord du récipient,
sont gravés deux étoiles et deux petits temples distyles (4).
f. Sujets chrétiens. — De bonne heure, l'Église manifesta un goût
pour le luxe qui n'était guère en harmonie avec ses humbles origines.
Dès que le culte chrétien fut ouvertement autorisé par l'Empire
(313), ses prêtres adoptèrent les plus riches matières pour le mo-
bilier hturgique : métaux précieux, ivoire et verre.
Alexandrie, par sa situation géographique, par sa position sur
la route des pèlerins et des marchands, semble avoir été le centre
le plus actif de la fabrication des verres chrétiens.
Les verres chrétiens sont des œuvres de petits artisans, des œuvres
populaires remphes de tous les défauts de basse époque : lourdeur,
(i) Anton Kisa, loc. cit., p. 663, fig. 248.
(2) Aus'm'Weerth, Rômische Gldser, dans ks Bunner Jahrbiichci; 1SS2, fasc. 74, p. 63 ; — Anton
KiS-i, loc. cit., p. 665, fig. 252.
(3) Froehner, Collection Julien Gréau, n» 1.094, pl- iSS, 11» 2.
(4) Froehner, loc. cit., n" 1.084, pl. 184, n» 4.
LES PROCÉDÉS D'ORNEMENTATION. 243
incorrection du dessin, impuissance à donner aux physionomies des
personnages une expression en accord avec le nouvel idéal religieux.
Ce sont pourtant des œuvres d'art. Sous ces formes naïves qui tra-
hissent une inexpérience à peu près complète, apparaît quelque
chose que l'antiquité ignorait. Il a passé sur ces productions comme
un souffle d'universelle espérance. Comme les plafonds peints des
catacombes, les verres chrétiens sont le germe vivant d'une fleur
nouvelle qui s'épanouira dans les mosaïques byzantines, sur les cus-
todes et les reliquaires du Moyen âge, sur les façades de nos églises
romanes.
En puisant leurs expressions plastiques dans le vieil arsenal du
paganisme, les peintres, les graveurs, les ciseleurs chrétiens, éta-
blirent une transition imprécise, flottante, mais réelle, entre Tesprit
antique et l'esprit médiéval.
Essaj-ant d'arracher une nouvelle doctrine à l'amas confus des
vieux m>i;hes, incapables de renouveler les formules mais sachant
leur donner une âme nouvelle, ils racontent avec une simplicité tou-
chante, ils psalmodient, sur un rythme lourd mais empreint d'un
grand caractère, les épisodes les plus populaires de l'Ancien et du
Nouveau Testament.
Les graveurs des coupes que nous allons examiner ne savaient pas
dessiner. Ils ont pourtant été des artistes, car ils ont su équihbrer les
masses, disposer harmonieusement les lignes, lier intimement le décor
d'un objet à sa forme, ne jamais sacrifier les ensembles au profit des
détails.
On peut étudier à Paris même un des plus précieux monuments de
l'art chrétien primitif . C'est une coupe, forme 70, découverte en 1884,
au cimetière d'Homblières, à Abbeville, et achetée en 1887 par le
musée du Louvre. Elle faisait partie du mobiher funéraire d'une
femme de cinquante à soixante ans, inhumée vers la fin du iv^ s. ou
le début du v^. Elle est en verre verdâtre et filandreux. Elle a été
gravée sur sa face externe (fig. 326) (i).
(i) I^ coupe d'Homblières a été publié dans la Gazette archéologique de 1884, pi. XXXII, et dans les
Mémoires de la Société Académique de Saint-Quentin, 1S86, 4" série, t. VI. On la trouvera aussi décrite dans
J. PiLLOV, Etudes sur d'anciens lieux de sépultures dans l'Aistie, oaint-QiK-ntin, 1S86, t. I, p. I79etsuiv.
(Dcscriptiou du cimetière d'Homblières. Tombe n» 52).
244
LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIVIAIN.
La gravure représente plusieurs motifs dont le sens s'établit aisé-
ment. On voit au centre un grand monogramme du Christ auprès
FiG. 326. — Coupe CHRÉTIEN-N-E GRAVÉE. — Cimetière d'Homblières, à Abbeville (Somme). Fouilles dei8S4.
Fin du IV ou début du v' s. — Musée du Louvre. JI.N.C. 919.
duquel brillent six étoiles à huit rayons ; et, sur le pourtour, Daniel
entre deux lions, Adam et Eve auprès de l'arbre du bien et du mal
LES PROCÉDÉS D'ORNEISEËNTATION. 245
et du serpent, Daniel et le dragon de Bel, la chaste Suzanne entre
•les deux vieillards.
lycs personnages et les animaux sont séparés par des palmiers
stylisés formant dix arcades d'égale grandeur. T.e modelé des figures
est obtenu au moyen de hachures d'un travail barbare. I/imperfec-
tion du dessin ne retire rien du caractère des sentiments qui ont ins-
piré le graveur. /
La coupe d'Homblières est d'une belle tenue décorative. Peut-
être est-elle la copie de quelque œuvre plus importante, d'une coupe
en métal précieux, ou d'une de ces riches tapisseries dans la confec-
tion desquelles excellaient les industriels orientaux.
On a découvert en Gaule un certain nombre de verreries gravées
qui se rattachent directement à elle par le style et la nature des
sujets qui les ornent. Voici les plus connues d'entre elles :
1. Vermand {Aisne). — Fouilles Théophile Eck pour la Société
Académique de Saint-Quentin. Coupe trouvée le 3 février 1886, à
80 centimètres de profondeur dans la tombe à inhumation n° 330.
Diamètre : ig centimètres. Hauteur: 5 centimètres. Le sujet gravé au
burin sur la face externe représente la résurrection de Lazare. Cette
scène, qui figure dans l'Evangile de Jean, mais n'est rapportée ni dans
Mathieu, ni dans Marc, ni dans Luc, fut néanmoins une des plus
familières de l'iconographie chrétienne. On la trouve reproduite à
satiété sur les sarcophages, dans les peintures et dans les mosaïques.
Autour de la coupe, on lit un souhait de vie et de bonheur: VrvAS.
In. Deo. p. Z. Dans le champ, au-dessous du Z, sont gravés le mono-
gramme du Christ et une étoile à huit branches. Fin du iv« siècle.
Musée Lécuyer, à Saint-Quentin (i).
2. Vermand {A isne) . — Fragment d'une coupe gravée représentant
Daniel dans la fosse aux lions et portant une inscription dont il ne
reste que les mots : ViVAS. In.... Cette pièce faisait partie, en 1886,
de la collection de M. Hoffmann, antiquaire à Paris (2).
3. Boulogne-sur-Mer {Pas-de-Calais). — Fouilles au cimetière du
(i) Bulletin de la Société des Antiquaires de France, 1886, p. 238, avec figure au trait ; — Th. Eck, Les
deux cimetières gallo-romains de Vermand et de Saint-Quentin, 1S91, p. 94 et 173, pi. III, n» i.
(2) Th. Eck, loc. cit., p. 172-173.
24(5
LA \^RRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Vieil-Atre, le 21 octobre 1888. Coupe en verre incolore un peu ver-
dâtre, de 3 à4 millimètres d'épaisseur. Grand diamètre : 0,192 milli-
mètres. Profondeur : 0,053 millimètres. Le sujet gravé représente
le sacrifice d'Isaac. Dans le milieu, un autel allumé. A droite, Isaac,
FiG. 327. — Coupe chrétienne gravée. Le sacrifice d'Is.\ac. — Cimetière du \'ieil-Atre, à Boulogiie-
sur-Mer. Fouilles de 1888. iv s. — ColUction Bdlon. à Saint-Nicolas-lès-Arras (Pas-de-Calais).
nu, debout, les mains liées derrière le dos. A gauche, Abraham tenant
le couteau du sacrifice ; près de lui, un béher. Dans le haut, le bras de
Dieu sortant d'une nuée. Dans le bas, le monogramme du Christ, un
croissant radié, un croissant non radié et des étoiles. Dans le fond de
la coupe, des anneaux et des traits gravés. Sur le côté, près d'Isaac,
un arbre. En pourtour, l'inscription ViVAS. In. Eterno. Z. (fig. 327).
Travail en hachures obliques taillées à la meule. Collection Bellon
LES PROCÉDÉS D'ORXEJIENTATIOK. 247
à Saint-Nicolas-lez-Arras (i). Dans la séiDulture, qui contenait cette
coupe, on a trouvé quatre monnaies de bronze de Tacite (mort en
276).
4. Trêves. — Fouilles du chanoine von Wilmowski au cimetière
de Pallien en 1873. Coupe de 0,235 millimètres de diamètre. L,e sa-
crifice d'Isaac. En pourtour, ViVAS. In. Deo. Z. Provinzialmu-
seum de Trêves (2).
5. Strasbourg. — Fouille du 14 mai 1880. Tombe en maçonnerie
no 157. Gobelet en forme de cône tronqué. Hauteur : 12 centimètres.
Les sujets gravés représentent la résurrection de Lazare, le sacrifice
d'Isaac, Moïse frappant le rocher (3).
6. Bonn. — Fouilles de 1877. Coupe gravée représentant la résur-
rection de Lazare (4).
7. Coupe du Paulus-Museum de Worms. — Suzanne (5).
D'autres verres gravés à sujets chrétiens sont signalés par Froeh-
ner (6) et par Kisa (7).
g. Inscriptions. — Les verres gravés ne portant qu'une simple
inscription sont nombreux. Nous nous contenterons de mettre quel-
ques exemples sous les yeux du lecteur :
ToLLiTE. Vi. sur une coupe faisant partie du mobilier de la tombe
du chef de Monceau-le-Neuf . Collection Cl. Boulanger, à Péronne (8) .
VrvAS. CvM. Tvis. P. Z. sur un bol forme 73 découvert à Vermand
et conservé au musée de Saint-Quentin (décrit plus haut, p. 220, n" 3).
CvRRE PvERVM. sur Une bouteille forme 40. Musée de Mayence,
n° 1125 (fig. 104, B.).
SiMPLici. Zeses. sur un verre àpied forme 109. Musée deMayence.
(i) V. J. Vailx.\>."t, \oies boulonnaises. Épigraphie de la Morinie, Boulogne, 1890, p. 210, et planche ;
— I,E Blaxt, dans le Bulletin Archéologique, 1890, p. 78 ; — P.«rL ALL.'iRD, dans La Science catholique,
3« année, n" r.
(2) Von Wilmowski, .ircluicologische Fundein Trier und Umgegend, 1873, p. 43 ; et pi. IV. — Aus'm'-
W'EERTH, dans les Bonner Jahrbiicher, 1S80, p. 53, pi. VI.
(3) Straub, Le cimetière gallo-romain de Strasbourg, p. 91 et suiv., et pi. II et III.
(4) Botmer Jahrbiicher, I,XIII, pi. 5, 4 a, I,XIV, 128.
(5) AxTOX Kis.A., loc. cit., p. 674.
(6) \V. Frœhner, Collection Julien Gréau, Paris, 1903, n" i 091, pi. 1S6. Fragment de coupe en verre
verdâtre. Moïse frappant le rocher et les trois jeunes Hébreu.x dans la Fournaise.
(7) Anton Kisa, loc. cit., p. 670, fig. 259 (la résurrection de I,azare) et p. 674, fig. 265 (Suzanne).
(S) Cl. Boul.vxger, Le Mobilier funéraire, pi. 14 et pi. 20.
248 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROÎMAIN.
Félix. Vivas. sur une bouteille forme 41. Musée de Mayence.
(Fouille de Kastel) (i) (fig. m, B).
PvER. MiscETVE. D (OTABO) sur une bouteille forme 40. Musée de
Mayence.
On remarquera que les verreries, sur lesquelles ces inscriptions
sont gravées, sont toutes du Romain II tardif.
10. — Peinture.
I,' antiquité nous a laissé quelques monuments qu'on peut consi-
dérer comme les précurseurs des verres peints du Moyen-âge et des
Temps modernes (2). Ces produits sont rares. Les sujets qui les
ornent ont été d'abord gravés légèrement à la pointe.
L^ plus remarquable des verres peints qui nous soient parvenus
est un bol forme 71, trouvé à Nîmes en 1858 et conservé au musée du
Louvre (3) (pi. i et fig. 157). Il est en verre vert émeraude, sur
lequel se déroule une scène polychromée appartenant au répertoire
gréco-oriental : le Combat des Pygmêes et des Grues (4). L'artiste a
représenté trois grues et deux Pygmées armés d'une lance et d'un
bouclier ; sur le fond du vase, il a peint une fleur à huit pétales.
En examinant de près ce précieux document, on aperçoit la trace
d'une première ébauche à laquelle le peintre ne s'est pas arrêté ; c'est
ce qui explique la présence de deux têtes de grues qui n'ont pas servi
et qui doublent les têtes définitives.
Il est probable que le bol de Nîmes a été fabriqué dans, quelque
officine des régions méditerranéennes. Deux bols peints, présentant
avec lui de frappantes analogies, ont été recueiUis en Algérie.
(i) Becker, Rômisch. Inschrift, VII, H. i.
(2) N'ayant pu faire analyser l'enduit des verres peints qui nous passèrent par les mains, nous n'avons
pas voulu aborder Its questions ayant trait à la technique de la peinture sur verre dans l'antiquité.
(3) I,e verre peint de Nîmes a été publié par M. Héron de Villefosse d^ns la Revue archéologique
de 1874, t. I, p. 2S1 à 289 avec planche.
(4) Le Combat des Pygmées et des Grues est d'origine égyptienne. Il est souvent représenté sur les vases
antiques du vi» et du v« siècles av. J.-C. Il est peint notamment sur le pied du célèbrenast! François conservé
au musée de Florence et sur le vase F. 44 du Louvre. [Voy. Ed. Pottier, Catalogne des vases antiques du
musée du Louvre, p. 733, et le Dictionnaire des Antiquités de M. Saglio, t. IV, p. 783,%- 5-90i-] tes Pygmées
sont assez communs dans le décor des vases arveraes à reliefs moulés fabriqués à Lezoux. [Voy. J. Déche-
lette. Les Vases ornés, I, p. 224, et II, p. 146, n" 991.]
LES PROCÉDÊvS D'ORXEMKXTATION. 249
Le premier, en verre blanc laiteux, provient d'Alger (fouille
de 1852). Il est orné de deux sujets représentant des combats do
gladiateurs d'abord gravés à la pointe, puis peints (i).
IvC second, en verre bleu, a été découvert à Khamissa. Il est dé-
coré de deux oiseaux voltigeant dans des feuillages. Une fleur à
pétales rayonnants, rappelant celle du bol de Nîmes, est peinte sur
le fond (2).
La peinture sur verre a laissé dans la vallée du Rhin quelques
œuvres importantes du Romain IL C'est une bouteille forme 41, ori-
ginaire de Dûrffenthal près Zûlpich, décorée d'un quadrige (Bonn.
Provinzialmuseum no 17.303) (3). C'est encore une carafe forme 40,
découverte à Cologne, ornée de poissons et de scorpions (Musée
Wallraf-Richartz) (4).
Peut-être faut-il, avec les Allemands, rattacher aux productions
rhénanes du iv^ siècle, des bols forme 81 trouvés en 1870, dans une
sablière à Thorslunde, en Seeland (5). Les sujets peints sur ces bols
appartiennent au répertoire gréco-oriental : chiens courants, oiseaux,
fauves poursuivant des cervidés.
II. — Dorure.
Au commencement du iii^ siècle, la dorure sur verre était connue.
A l'époque des empereurs syriens, on dorait quelquefois les appli-
cations vermiculaires rapportées à chaud (voy. plus haut, p. 204,
n° 2, et p. 210, no 9).
(i) HÉRON DE ViLLEFOSSE, Verras antiques trouves en Algérie; dans la Revue archéologique, 1874. t. I,
p. 281-289.
(2) HÉRON DE ViLLEFOSSE, loc. cit. I,e5 bols de Nulles et d'Algérie sont difficiles à dater. On serait tenté
de les placer au in^ siècle de notre ère. Jlais, des verres peints par le même procédé, découverts eu Russie
méridionale, seraient d"une époque bien plus haute. lis faisaient partie, paraît-il, de mobiliers funéraires
non remaniés, caractéristiques du ï" siècle av. J.-C. Nous ne pensons pas qu'il faille faire remonter si haut
le bol de Nîmes; mais il est prudent, dans l'état actuel de nos connaissances, de différer la solution de ce
prol)lème chronologique. Quoi qu'il en soit, la pcintiue sur verre, ou plutôt sur quartz, se rencontre déjà
à Pompéi [voy. Revue des études grecques, 1912, p. 400].
(3) Anton Kis.\, Das Glas im Altertume, p. 818, fig. 345.
(4) Anton Kis.\, loc. cit., p. 819-820, fig. 343.
(5) Ces bols font partie des collections du musée de Copenhague. Us ont été publiés par C. Engelhardt
dans les Mémoires de la Société royale des Antiquaires du Nord, nouvelle série, 1872, p. 57 et suiv., pi. X,
XI et xir.
32
250 LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE R01\IAIN.
Ce n'est cependant qu'aux iv^-v^ siècles que la dorure devint d'un
usage fréquent. Les verres chrétiens de cette période tardive sont
souvent à la fois gravés, dorés et peints.
La coupe dite de Sainte Ursule et la coupe de Saint Séverin en
sont les exemples les plus célèbres.
La coupe de Sainte Ursule a été trouvée en 1866, à Cologne (i).
En 1867, elle était dans la collection de M. E. Herstatt, à Cologne.
Elle a ensuite été achetée par le Musée Britannique. Elle est ornée
de huit scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, disposées en
cercle : i et 2. Jonas ; 3. Daniel entre quatre lions ; 4. Les trois jeunes
Hébreux dans la fournaise ; 5. Guérison d'un aveugle ; 6. Suzanne
dans la position de l'Orante ; 7. Guérison du paral>i;ique ; 8. Êzéchiel
ressuscitant des débris humains. Les personnages sont dorés. Les
feuillages qui remplissent les vides sont peints en vert. Le centre de
la coupe manque ; il n'en reste que quelques débris portant les frag-
ments d'une inscription : Ec... DvLCi...
I^a coupe de Saint Séverin, trouvée, elle aussi, à Cologne, faisait
partie en 1864 de la collection Disch. Comme sa parèdre, elle a été
acquise par le British Muséum (2). C'est un fond de patène sur le-
quel on a appliqué, à chaud, une série de rondelles de verre à feuilles
d'or historiées (3). Les sujets traités appartiennent au répertoire
chrétien ordinaire : Adam et Eve, le sacrifice d'Isaac, Moïse frappant
le rocher, les trois jeunes Hébreux dans la fournaise, Jonas, Suzanne,
Daniel, etc..
Deux de ces rondelles dorées sont plus spécialement dignes d'at-
tention. Sur l'une d'elles, le sujet d'Adam et Eve est déjà composé,
comme il le sera beaucoup plus tard dans les mosaïques, les fresques,
les lampes, les enluminures, les ivoires, les plats de cuivre du Moyen-
âge et de la Renaissance (fig. 328).
Sur l'autre est représenté un lion [fragment du motif de Daniel]
dont la tête est tournée de face. Le motif constitué par un animal
{1)1^ coupe de Sainte J7rsW« a été publiée par H. DiiNTZER, àanSil^St Bonner J ahrbiicher àe 1867, fasc. 42,
p. 169-182 et pi. V (bonne reproduction eu couleurs).
(2) I.a coupe de Saint Séverin a été publiée par Aus'm'Weerih dans les Bonner Jahybucher de 1864.
fasc. 36, p. iig et suiv. et pi. III (en couleiu-s).
(3) I,es Catacombes de Rome ont foiuiii un grand nombre de ces rondelles isolées.
LES PROCEDES D'0RNE:\IEXTATI0N.
251
posé de profil avec la tête placée de face est oriental. Il a eu une
vitalité surprenante. De l'Orient, il a pénétré de bonne heure dans la
zoographie grecque pour se répandre ensuite en Europe où il s'est
FiG. 32S. — Ad.wi et "Eve : A. D'après uii des médaillons de %'erre doré de la coupe de Saint-Séverin.
iv*-\'<^ s. British Muséum. — B. D'après un plat de cuivre. x\''^-xvi"= s. Collection Morin-Jean.
maintenu jusque dans l'ornementation des chapiteaux et des tym-
pans des églises romanes (i).
(i) Consulter à ce sujet : Ed. Pottier, L'histoire d'une hèle, dans la Revue de l'Art ancien et moderne,
u" 165, t. XXVIII, 14* année, décembre igicp. 419-436; et Morin'-Jean, Le dessin des animaux en Grèce
d'après les vases peints, p. 23 et note p. 24.
VII
La verrerie en Gaule dans le mobilier funéraire.
Principaux lieux de trouvailles.
Nous avons tenu à mettre à la fin de cet ouvrage un certain
nombre de croquis où les verreries romaines ne sont pas reproduites
FiG. 329. — SÉPULTURE A usTiox, découverte à Nîmes (diemin de Montpellier, Pont-Biais). — Musée
archéologique de Nîmes. — A. Amphore de terre cuite contenant le mobilier funéraire fi. Olla de terre
renfermant un bronze de Caligula ; 3. deux bols d'argile ; 3. lampe de terre cuite). — B. Bouteille de
verre à panse prismatique. — C. Ampoule de verre.
isolément et pour elles-mêmes, mais figurées avec les objets com-
posant l'ensemble du mobilier funéraire où elles ont été trouvées.
LA VERRERIE DANS LE MOBILIER FUNÉRAIRE.
253
Ces_^croquis, au nombre de 18, ont été disposés dans l'ordre chro-
nologique, de façon à ce que le lecteur puisse se rendre facilement
compte des modifications qui ont été successivement amenées dans
3.
Alonlij-Jsaf).
FiG. 330. • — Mobilier d'uxe tombe a incixér.\tion' du cimetière: de Kreuznach. — Musée de Mayence.
I. Phiale côtelée. — 2. Fibule de bronze du tj-pe à couvre-ressort et à disque, dite Provmciale militaire.
— 3. Ampoule de verre mince. — 4. Goulot d'une fiole en verre noir. — 5. Fragment d'uu anneau de
verre noir.
la composition du mobillier des tombes depuis la haute époque
impériale jusqu'au temps des invasions.
FiG. 331. — Mobilier d'o-e sépultt.'re a ustiox, conservée au Musée provincial de Trêves (S. T. 4690).
— I. Amphorisque de verre soufflé. — 2. Verrerie en forme d'oiseau. — 3. Trois ampoules de verre mince
dont ime colorée en bleu. — 4. Cuve de pierre à operculum, contenant le mobilier funéraire et des os
calcinés.
Les tombes de l'époque romaine se rencontrent par groupes for-
mant des cimetières dont quelques-uns ont été fouillés avec mé-
254
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
thode, mais dont beaucoup, ou bien n'ont pas encore été explorés,
ou, ce qui est plus grave, ont été saccagés par des chercheurs de
trésors qui y ont tout bouleversé sans se soucier qu'ils arrachaient et
perdaient pour toujours les feuillets les plus précieux de nos annales
archéologiques.
Les grande nécropoles de la Gaule contiennent, pour la plupart,
des tombes d'époques très variées depuis le second âge du fer jus-
qu'aux temps mérovingiens.
On distingue facilement, par l'examen des mobiliers funéraires,
. AloAisJ'â
P'*'- 332- — Olla cixer.'Vri.^ de verre, encore en place dans une cuve de pierre à operculum.- — Incinération
de Fomperron (Deux-Sèvres). — Musée de Niort.
les sépultures gauloises des tombes romaines, ou franques; mais des
difficultés surgissent quand il s'agit d'établir des coupures chrono-
logiques dans l'ensemble des sépultures romaines.
On connaît plusieurs sortes de cimetières romains :
1° Les cimetières de longue occupation, qui ont été utilisés depuis
le premier siècle jusqu'aux grandes invasions. Ces nécropoles con-
tiennent à la fois des incinérations et des inhumations. Citons comme
exemple le cimetière du Vieil- Atre à Boulogne- sur- Mer, qui a servi
depuis Claude jusqu'à la fin du iv^ siècle.
2° Les cimetières qui ne contiennent que des incinérations. — Ces
cimetières n'offrent, en général, pas plus d'homogénéité que les pré-
RÉPARTITION GKOGRAPHIQUE DES \rERRES ROMAINS 255
cédents, car ils sont le plus souvent à cheval sur le Romain I et le
Romain II. C'est le cas de la plupart des cimetières que l'abbé Cochet
a fouillés en Normandie et où il a recueilli des verreries des deux
périodes.
30 Les cimetières qui ne contiennent que des inhumations. — Tels
le cimetière d'Homblières à Abbeville, qui n'a été utilisé qu'entre
Magnence (350 à 353) et Honorius (395 à 423), et celui de Vermand
qui a servi de Gallien (260 à 268) au début du v*'. Ces nécropoles ne
contiennent en général que des verres de la seconde phase du Romain II.
Répartition géographique des verres romains
découverts en Gaule.
Xarbonnaise.
Prédominance de la verrerie du Romain I. Verres importés
FiG. 333. — Mobilier fuxér.\ire d'une tombe a incinération de la v.vllée du Rhin. — Musée de
Mayaice— A. Urne cinéraire en terre blanchâtre. — B. Ampoule de verre jaune. — C. Ampoule de
verre bleu. — D. Monnaie d'Hadrien (117 a 138).
d'Italie et d'Orient. Verrerie locale. Grande abondance d'urnes ciné-
raires.
Principaux lieux de trouvailles. — Tolosa (Toulouse), Ne-
mausus (Nîmes) ; Massilia (Marseille), Aquce Sextiœ (Aix), Arelate
256
LA \'ERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
(Arles), Avenio (Avignon), Arausio (Orange), A pin Julia (Apt),
Vasio (Vaison), Saint- Gabriel (Vaucluse), L,e Pouzin (Ardèche),
Montagnole (Savoie).
Aquitaine.
Découvertes importantes dans le Poitou, la Vendée, la Sain-
tonge. Restes d'un établissement d'industrie verrière, trouvés en 1863
FIG. 334. INCEŒRAHON COLLECTI\'E DANS T.TXE CUVE DE PIERKE A CAVITÉ RECTANGULAIRE. FouiUeS
de Vaison, en 183S. — Musée d'Avignon. — A. B. C. D. Quatre ollœ de verre tjTJe sans anses. —
E. V. Deux œuochoésde verre, forme 44(1). — G.H.I. J.Quatre ampoules de verre mince. — K.L.DeiLS
flacons de verre à panse prismatique. — M. Bouteille de verre, forme 45. — N. :Miroir. — G. P. Q. R.
lampes d'argile. — S. Cruelle d'argile. — T. Plat de terre rouge contenant 5 monnaies (Agrippa, Domi-
tien, Trajan et Antonin).
dans la forêt de Mervent (Vendée). Fouilles du R. P. Camille de la
Croix au cimetière des Dunes, près de Poitiers.
Principaux lieux de trouvailles. — Burdigala (Bordeaux),
Santones (Saintes), Grues, Saint- Médard-des-Prés, Chavagnes-en-
Paillers (Vendée), Amure, Verrines (Deux- Sèvres), Pictavi (Poitiers),
Iciodonim {Issoire) , A quœ calidœ (Vichy), Aquœ-nerœ (Néris), Moulins,
Varennes (Allier).
(i) Voir au tableau de morphologie générale.
RÉrARTITION GÉOGRAPHIQI'K DES VERRES ROJVIAINS.
257
lyYONNAISE.
Riches découvertes. Très anciens ateliers de verrerie établis à
Lugdunum (Lyon). Fouilles de l'abbé Cochet dans le pays des Vélio-
FiG. 335. — Incinération collective dans uue cuve de pierre rectangulaire. — FouillesdeVaisoneni838.
— Musée d'Avignon. (Forme des objets de la fig. 334.)
casses, et des Calètes (Barillets frontiniens et verres de toutes
sortes) .
D'intéressantes verreries, remontant à la période comprise entre
le ne siècle et les invasions, ont été trouvées à Paris. Ces verres sont
loin de former des séries aussi riches que celles de la vallée du
Rliin. Ils mériteraient pourtant une étude particulière. Ils ont été
trouvés sur la rive gauche de la Seine, surtout dans deux nécro-
33
258
LA VERRERIE EN GAULE .SOUS L'EMPlRE ROMAIN
pôles sur lesquelles aucun travail d'ensemble n'a été fait (i).
La plus ancienne de ces nécropoles s'étendait, du sud au nord,
entre l'Observatoire et la rue actuelle du Val-de-Grâce ; de l'est
à l'ouest, entre la voie romaine de Lutèce à Gcnabum (Orléans) et
un chemin vicinal qui se dirigeait sur Montrouge.
Ce cimetière, dit de la Rue Nicole, contenait des tombes païennes
du n^ et du m*' siècles, les unes à incinération, les autres à inliuma-
FiG. 336. — 3IOB1LIER d'dne tombe DU ni'" s,, découverte à Cologne, rue de Luxembourg. — Musée dt
Cologne. — A. Diota de verre, forme 42. — B. Bouteille de verre sans anse. — C. Fiole de verre, forme 24.
• — D. Fragment d'ime verrerie à applications vermiculaires. — Cette sépulture contenait, en outre, une
monnaie de l'Impératrice Crispitia Augusla (morte en 183).
tion. On y a trouvé d'intéressantes pierres funéraires, notamment la
stèle du Forgeron conservée au musée Carnavalet.
L'autre nécropole parisienne, dite Cimetière Saint- Marcel, était
comprise, du sud au nord, entre les environs de la rue Le Brun et la
Bièvre ; de l'est à l'ouest, entre la rue des Fossés- Saint- Marcel et la
ruelle des GobeUns. Elle bordait la voie romaine de Lutèce à Lug-
(i) Sur les fouilles exécutées à Paris, on pourra consulter :
De Lasteyrie, Un cimetière romuin découvert d Paris, rue Nicole (Extrait de la Revue archéologique,
juin 1878).
Ch. Magne, Les voies romaines de l'Antique Lutèce, Paris (Chani]jion, éditeur).
Ch. Magne. Cimetières gallo-romains et mérovingiens de Vavenue des Gobelins et de la rue L>escartes, ex-
plorés en 1898. Paris, Champion.
Consulter aussi le plan de l'aris à l'époque gallo-romaine, par Th. Vacquer, exposé à la Bibliothèque
historique de la Ville de Paris.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DKS VERRES ROMAINS. 259
dunum (Lyon). Elle a été utilisée très longtemps, depuis le iii« siècle
jusqu'à la fin du xyi^ siècle de notre ère.
Fio. 337. — Mobilier d'iixe tombe D'ENFiMJr, découverte prte de Pons (Charente-Inférieure). — Musée
de Saintes. — A. Oînochoé de verre. — B. Arj'balle à anses delphiniformes, forme 33. — C. Bol à décor
rapporté à diaud.
D. M.
EPIGONV
AN-XXV
SERVOS
AELI MAXIAM
LEGXXII.PR.
Fio. 338. — ■ Tombe .\ inhiilation- d'Epigonus, découverte à Mayence, Monibachcrstrasse, en 1904. —
Musée de Mayence'. — A. Inscription de la stèle de pierre. — B. Cruche de terre blanchâtre. — C. Vase
de terre rouge. — D. Ballon de verre, forme 41. — E. Ballon de verre, forme 40. — F. Verre à pied,
forme 109. — G. Gobelet tronconique en verre. — H. Bouteille de verre à panse cylindrique du t^-pe
décrit p. 35.
On n'y a pas trouvé d'incinérations. Les tombes, en majorité
chrétiennes, y étaient parfois superposées.
26o LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Paris, à l'époque gallo-romaine, était un petit port de commerce.
FiG. 33g. — Mobilier funéraire d'un sarcophage a inhumation. — Ober lugelheim (fouilles de 1909).
— Musée de Maymce.— i. Ballon, forme 40, en verre verdàtre. — 2. Fiolede verre, forme 31. — 3. Bou-
teille de verre verdàtre. — 4. Valve de cardUim. — 5. Fibule? — iv» s.
une escale du cabotage qui se faisait, sur la Seine, entre Sens et la
FiG. 340. — Mobilier d'une iombe a inhumation du iv" s., découverte à Amiens (Somme). — Collection
Morin-Jean, à Paris [ancienne Collection Bernay). — A. Bol de verre incolore. — B. Fibule de bronze
, du type dit crucial. — C, Bouteille de verre incolore. — Cette sépulture contenait, en outre, une monnaie
de bronze do Constantin I"^.
mer. Au rv^ siècle, la capitale des Parisii se développa grâce aux fré-
quents séjours qu'y venait faire l'emperetir Julien. Aussi les verreries
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES VERRES ROMAINS. 261
du Romain II y ont- elles été trouvées en plus grand nombre que
celles du début de l'empire.
Principaux lieux de trouvailles. — Redones (Rennes),
Eburovices (Evreux), Rotomagus (Rouen), Can}^ Neuville- le- Follet,
Êtretat (Grand- Val et Bois-des- Loges), /«/zoèojîa (l4llebonne) [Cime-
tière du Mesnil], Fécamp, Trouville-en-Caux, Barentin, Tourville-
la- Rivière, Tliiétreville (Seine- Inférieure) [Fouilles Cochet]. Pezou
près Vendôme, Suèvres (Loir-et-Cher). Vierville (Eure- et- Loir).
FiG. 341. — Mobujer d'une tombe de la seconde moitié du iv° s. — Amiens. — Collection Morin-Jean,
à Paris {ancienne Collection Bernay).— A. Verreà pied, forme m. — B. Boucle de ceinture, en bronze
gravé.
Parisii (Paris). StampcBpagus (Êtampes). Le Champdolent, à Saint-
Germain- lès- Corbeil (Seine- et- Oise). Melodunum (Melun), Héricy-
sur-Seine (Seine-et-Marne). Conflans- sur- Seine (Marne). Tricasses
(Troyes), Arcy- sur- Aube (Aube). Augustodunum (Autmi), Cabil-
lonum (Chalon-sur-Saône), Charnay (Saône- et- Loire). Alesia (Côte-
d'Or). Montbrison (Loire). Lugdunum (Lyon).
202
I^A VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
Belgique.
Région très riche en verrerie romaine. Prédominance des nécro-
poles à inhumations et des verres du Romain II. Fouilles de MM. de
Roucy dans la forêt de Compiègne ; Pilloy, Th. Eck, Cl. Boulanger,
Lelaurin, Darly, dans l'Aisne et dans la Somme; l'abbé Hamard
F10.343. — Mobilier d'une sépulture du cimetière de Sablonnière (Aisne) . — Fouilles F.Moreau.—
Musée de Saint-Germain. Salle XI. Vitrine 49. Tombe n» 252. — Barillet Frontinieu à deux anses et bol
de verre, forme 72. — Basse époque impériale.
dans l'Oise; l'abbé Haigneré dans le Boulonnais; Frédéric Moreau
dans l'Aisne; Th. Habert et J. Orblin à Reims.
Principaux lieux de trouvailles. — Bononia (Boulogne- sur-
Mer) [cimetière du Veil-Atre], Neufchâtel, Dannes, Etaples, Aubigny-
en- Artois (Pas-de-Calais). Amhiani (Amiens), Abbeville [cimetière
d'Homblières], Misery, Hardécourt-au-Bois, Tincourt-Boucly
(Somme). Bellovaci (Beauvais), forêt de Compiègne [La Fortelle,
Vieux-Mont, Mont-Chyprès, Mont-Berny, Garenne- du- Roy, etc.].
Hermès, Bury (Oise). Beaumont- sur- Oise (Seine- et- Oise). Laudiinum
(L,aon),Sucssiommi C ivii as {Soissons) [cimetière des Longues- Raies],
Faucouzy- Monceau- le- Neuf, Augusta Veromanduoruni (Saint-
REPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES VERRES ROMAINS. 263
Quentin), Viromandum (Vermand), Renonsart, Caranda, Sablon-
nière, Brény, Chouy, Ancy, Chassemy, Nampteuil-sous- Muret,
Arcj'-Sainte- Restitue, Chauny, Sissy (Aisne). Rémi (Reims), Lépine,
Jonchery-sur-Suippes (Marne). Seuil, près Réthel (Ardennes). Augusta
FiG. 343. — MoiULiER d'une tombe a in-hu>l\tiox du cimetière de Xainptcuil-sous- Muret (Aisne),
iv^ s. — Musée de Sainl-Gcnnain. Salle Moreau. Vitrine lo. — i et 2. Bouteilles en verre impur. • — ■
3. Bol de terre rouge à zones striées.
Trevirorum (Trêves) et Pallien (Allemagne). Steinfort (Grand-Duché
de Luxembourg).
Germanie.
Très importantes découvertes, surtout à Cologne (cimetières de
la rue de Luxembourg et de Saint- Séverin) et à Mayence (tombes
à incinération et à inhumation). Prédominance de verreries du
Romain IL Nombreux verres de l'époque des empereurs syriens
(iii<3 siècle). Abondance des spécimens ornés d'applications vermicu-
laires. Fouilles du chanoine Straub au cirnetière de Strasbourg.
Principaux wEux DE TROUVAii,i,ES. — 1° D ans l' Allemagne actuelle.
264
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIMAIN.
Vetera Castra (Xanten), Novesium (Neuss), Colonia Agrippina (Co-
logne), Bonna (Bonn), Gelsdorf près Meckenheim, Remagen, Antun-
naciim (Andernach), Confluentes (Coblence), Cobern, Mayen, Kreuz-
'TJ
-^\•'^■/;-Jcal,.
FiG. 344. — MOBUXER D'tjNE SÉPULTURE A INHUMAIION du Cimetière d'Arcy-SainteRestitue (Aisne).
— Fin du IV' s. — Musée de Saint-Germain. Salle Moreau. Vitrine 45. Tombe 2560. • — A. Diota de
verre, forme 42. — B. Cornet de verre, forme 107, orné d'un fil d'émail blanc.
nach, Mogontiacum (Mayence), Vangiones (Worms), Hohensulzen,
Argenioratum (Strasbourg).
2° Dans la Belgique actuelle : Namur, Avennes, Furfooz, Couvin,
Samson, Spontin, Strée, Flavion [cimetière des Iliats].
Grande Séquanaise.
Riche série de verres provenant de trois nécropoles découvertes à
Besançon (Doubs) et dans les environs de cette ville :
1° Sous les ruines des monuments romains entourant le champ de
Mars, dans une couche correspondant au i^"" siècle de notre ère, on a
trouvé, en établissant les fondations de l'arsenal actuel, les vestiges
d'un cimetière gaulois et gallo-romain, d'une nécropole à incinéra-
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES \^RRES ROMAINS.
tions qui a dû. servir depuis la conquête des Gaules jusque vers
l'époque de Néron (monnaies gauloises et monnaies romaines allant
jusqu'à Claude).
2° On a découvert un vaste cimetière à incinérations des ii^ et
111^ siècles (monnaies allant jusqu'à Alexandre Sévère), de part et
d'autre de la voie romaine allant de Besançon à Langres, à l'endroit
où s'élève aujourd'hui la gare de Viotte. I^es vases en verre soufflé y
ont été rencontrés en grand nombre. Quelques- ims, de formes très
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Fio. 345. — Mobilier d'une INHUMATION du cimetière de Bréiiy (Aisne). — Début du V s. — Musée de
Saint-Gernmin. Salle Moreau. Vitrine 44. Tombe u° 167. (Verre à pied orné de lîlet'; d'émail blanc et
fibules.)
variées, ont servi à'ollce cinerariœ, et les fioles à parfums s'y sont
montrées de dimensions, formes et décoration très différentes.
3° Un important cimetière à inhumations a été exploré à Thoraise
(Doubs) (i), à 15 kilomètres au sud- ouest de Besançon.
On y a recueilli de belles verreries, notamment des bols formes
72 et 73, ornés de cabochons colorés ou de pinçures faites à l'outil, des
verres carénés forme m, des bouteilles à col évasé forme 40, des
cornets forme 107, et une très jolie œnochoé dont la panse est décorée
de gaufrures en forme de protubérances mameloimées, disposées régu-
lièrement en spirales et grossissant progressivement avec le diamètre
du vase , (voy. fig. 4, n" 3). Les sépultures du cimetière de
Thoraise datent toutes de la fin du m* siècle et de la première moitié
du J\^. On ne rencontre pas, dans cette nécropole, de tombes posté-
(i) Jules Gauthier, Le Cimetière gallo-romain de Thoraise (Doubs). Besançon, i8Si.
34
266
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
rieures à 355, date de la terrible invasion de Germains qui anéantit
la Séquanaise.
Principaux LIEUX DE TROUVAILLES : Vesontio (Besançon), Civitas
FiG. 346 • — SÉPULTURES TARDIVES A INHUMATION. — A. Musée de Trèvcs. Salle VI, u''5g(troisverreries). —
B Musée de Bonn (Inv. 1331-1336). Tombe d'Andernnch (i et 2. verreries, 3. cruche de terre blanchâtre,
4. pot d'argile à couverte noire, 5 et 6. petits bols de terre rouge, 7. grande patina de terre pâle conte-
nant des ossements de poulet, 8. clous du cercueil). — C. Musée de Cologne. Tombe du cimetière de la rue
de I,uxenibourg, à Cologne (i et 2. verreries, 3. pot de terre grise).
Epomanduodurum (Mandeure), Tlioraise (Doubs). Vaîte, Port- sur-
Saône (Haute- Saône). Audelange (Jura). Baden (Suisse).
VIII
Ressemblances que présentent, avec la verrerie impériale
romaine, certaines verreries modernes.
Fabrication d'un canthare de verre soufflé à Murano.
I. — On pourrait, sur ce sujet, écrire un livre. Nous n'avons pas la
prétention d'avoir écrit même un chapitre. Nous avons seulement
groupé ici quelques croquis qui montrent combien certaines formes
de verres du Moyen-âge, de la Renaissance et des Temps modernes se
rapprochent des formes de la verrerie romaine.
En examinant les figures 347 à 351, on verra que des verriers
itahens et allemands, qvii vivaient à une époque relativement peu
éloignée de la nôtre, ont créé des récipients vitreux qui, morpholo-
giquement, présentent des analogies frappantes avec les verres du
III® ou du rv* siècle de notre ère.
La gourde B (fig. 347) a plus d'un point de ressemblance avec la
bouteille de Cologne reproduite plus haut (fig. 274) .
La verrerie C (fig. 347), dont on connaît plusieurs exemplaires con-
servés dans maints musées d'Europe, semble être luie transcription,
avec quelques variantes, du curieux vase découvert par F. Moreau
au cimetière de Caranda (voy. plus haut, fig. 244).
Il n'j' a que des différences de détail entre le flacon D (fig. 347) et
la verrerie conchiforme trouvée au cimetière romain de Cologne
(fig. 218).
La résille en relief, qui orne la panse de la carafe E (fig. 347), est
identique à celle qui décore le verre à pied, figure 264. Ici et là, on a
268
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN
FiG. 347. — Verres soufflés (xv« au xvni= s.). — A. et C. Munich. Musée national bavarois. — B et D,
Venise. Musée Cornt (Salle XII). — E. Nuremberg. Musée germanique.
VERRERIE ROMAINE ET VERRERIE MODERNE. 269
usé, à plus de douze siècles de distance, du même procédé d'orne-
mentation.
La bouteille double (fig. 348) est un diléc5i;he antique perfectionné.
FiO. 31)8. — BoOTEliXE DE VERRE A DEUX COMPARTIMENTS, Connue SOUS le nom dsCcmgoule. — Normandie.
xvn" s. — ■ Musée de Sèvres, n» 66S1.
Les verriers modernes ont, en effet, apporté, à la bouteille à deux
compartiments, une modification heureuse, en inclinant en sens
inverse les deux goulots. Grâce à cette ingénieuse disposition, on peut
l'"iG. 349. — ILvxAP DE VERRE EN FORME DE CORNE DE CHASSE. • — Venise. Fin du XV" s. ■ — Musée ae Sèvres,
■a." 5267.
aisément verser le liquide contenu dans l'un des compartiments sans
avoir à boucher l'autre.
D'élégants hanaps de la Renaissance (fig. 349) sont étroitement
270
I,A VERRERIE EN GAUEE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
apparentés aux belles cornes à boire qu'on fabriquait dans le Rhein-
land vers la fin du rv^ siècle.
I^e baril A (fig. 350) et le tonnelet fig. 233 ont un air de
famille surprenant. Un goulot et des anses, analogues à ceux du
V|i>HiiTJe«r) i
Fig. 350. — \'ERRES Sut'FFLÉs (xV au xvm' s.). — A, B. D. Nuremberg {Miai-c germanique). — C. Musée
de Murano (Italie) [Fabrique de Murano au xv" s. (Famille Scguso)].
barillet romain fig. 233, sont appliqués à des tonnelets de verre
et de faïence d'époque très récente (xvii^' et xviiie siècles) (fig. 351
et 352).
Bien d'autres formes de la verrerie romaine ont été reprises dans
des régions très diverses, par les verriers et par les céramistes du
Moyen-âge, de la Renaissance et des Temps modernes.
lya forme 62 (i), pour prendre un exemple, se rencontre dans les
(i) Voy. forme 62 du tableau de morphulogie générale.
\T3RRERIK ROMAINTO ET \aîRRKRIE MODERNE. 271
porcelaines de Chine (i) dans les grès coréens, dans les faïences de
Rhodes (2), de Perse (3), de Rouen (4), de Nevers (5) et dans les grès
allemands (6).
La tâche difficile n'est pas de découvrir ces ressemblances, mais
de discerner si celles-ci résultent d'une filiation continue, d'un
contact médiat entre l'artisan antique et l'ouvrier moderne, ou si
elles proviennent simplement d'une recréation, d'une coïncidence,
l'ouvrier, en présence de la même matière et des mêmes procédés,
étant fatalement enchn à retrouver les mêmes formules.
Prenons, par exemple, les barillets fig. 350 (A) et 351. Ils rappellent
FiG. 351. — Barillet de \t.rre vert, orné de tadies blanches et rouges. Fabrication française du
xvno s. Procédé de la Margeride (Cantal). — Musée de Sèvres, n" 3055.
à tel point le tonnelet fig. 233 qu'on est tenté d'expliquer par
une filiation la similitude de ces trois verreries.
Il n'est pourtant pas impossible que des verriers du xvii^ siècle,
voulant donner à un récipient vitreux la forme d'un tonneau, aient
abouti, sans faire d'emprunt à l'antiqiiité, à une formule presque
semblable à celle qu'adoptèrent les Romains quatorze siècles plus
tôt.
Il est donc prudent, lorsqu'il s'agit de similitudes entre des objets
créés à des époques très différentes et dans des pays fort éloignés les
ims des autres, de ne pas s'aventurer dans le domaine des influences
(i) Musée de .Sèvres, n" 8.634.
(2) Musée de Sè\Tes, n° 1.842 (bouteille ornée de la chasse au lièvre).
(3) Musée de Sèvres, n» 6.563 (xvi" siècle).
(4) Musée de Sèvres, n" 13.08g (x\tii« siècle).
(5) Musée de .Sè\Tes, n" 3.129 (xvn'' siècle).
(6) Musée de Sèvres, a" 9.419 (Xassau).
272
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROIVIAIN.
et des survivances, sans avoir des indications historiques permettant
d'affirmer que le contact a pu exister.
Il est hors de doute que les recettes des verriers orientaux de
l'époque romaine, connues dans toute l'étendue de l'Empire, ont été
transmises aux artisans qui vinrent, plus tard, fonder les verreries,
de l'Europe médiévale. Il est certain, d'autre part, que les méthodes,
les procédés des verriers du Moyen-âge n'ont pas été perdus par la
suite. On est donc en droit d'admettre une parenté effective entre
FiG. 352. — Barillet en faïence polychrome. — Daté : 1791. — ^fusce Carnavalet, à Paris.
certaines verreries du xv]* ou duxvii^ siècle et certains verres romains.
Cependant, tout en reconnaissant, dans bien des cas, l'existence
de cette parenté, de cette filiation, nous ne devons jamais perdre de
vue, que, quelquefois, les ressemblances entre objets, surtout lorsque
la forme de ces objets est simple, sont dues à des recréations, qu'elles
sont soumises à la loi des coïncidences et des rencontres, et non à la
loi des contacts (i).
2. — ■ Les verriers actuels de Murano soufflent et travaillent le verre
d'après de très anciennes recettes. I^es progrès de l'industrie moderne
ne leur ont pas fait abandonner des traditions remontant fort loin
(i) Sur l'application de ces deux lois en archéologie, consulter Ed. Pottier, Catalogue des vases du
Louvre, p. 251, et tome XIII des Mémoires de la délégation en Perse, p. 67 et suiv.
\TÎRRERIE ROMAINE KT \rERRERIE MODERNE. 273
dans le passé. Aussi est-ce en étudiant la technique de ces verriers
qu'on peut se rendre le mieux compte de la façon doiil pouvaient
procéder leurs devanciers de l'époque impériale romaine.
La figure 353 réunit dix- huit croquis correspondant aux diverses
phases de la fabrication d'un canthare de verre soufflé, exécuté sous
nos yeux dans l'tuie des officines de l'île de Murano.
Au bas de la figure, à droite, est dessiné le modèle que nous avions
fourni au chef de l'atelier.
La confection d'une pièce de ce genre dure environ trente- cinq
minutes.
L'ouvrier chargé d'exécuter le travail plonge dans la masse de
verre liquide l'extrémité d'une canne creuse. Une certaine quantité
de matière reste attachée à cette extrémité : c'est la paraison (fig. 353,
phase i).
En soufflant par l'autre bout de la canne, il se produit, à l'intérieur
de la paraison, une concavité qui s'élargit progressivement (phase 2).
L'ouvrier étrangle ensuite la paraison en la faisant tourner rapide-
ment entre les deux branches d'une pince (phase 3).
Un aide vient alors fixer rme tige de fer ou pontil à l'extrémité
de la paraison, sur la face opposée au trou de soufflage.
La canne creuse, désormais inutile, est détachée (phase 4). Puis,
pendant que l'on imprime au pontil un mouvement de rotation, on
ouvre la paraison (phase 5) et on lui donne la forme désirée (phases 6
et7)-
Pendant toutes ces manipulations, la pièce travaillée doit être
très souvent réchauffée dans des ouvertures (puvreaux) spéciales du
four.
On procède ensuite à la fabrication des anses. A cet effet, l'aide
apporte au bout d'une tige métallique une petite masse de verre,
qu'il dépose à l'endroit où devra se trouver l'attache supérieure de
l'anse (phase 8). Puis, avec des ciseaux, on sectionne cette masse de
façon à ne conserver qu'une grosse goutte de pâte vitreuse que l'ou-
vrier étire et transforme en un boudin (phase 9), auquel il donne
la forme voulue et dont il ramène l'extrémité au point où doit se
trouver l'attache inférieure de l'anse (phase 10).
35
274 I.A VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
FiG- 353- — Travail du vkrre a Morano. — Phases diverses de la fabrication d'un canthare.
\TÎRRKRIK ROMAINE ET VlvRRERIE MODERNE. 275
On opère de la même façon pour confectionner la seconde anse
(phases 11, 12 et 13).
Il ne reste plus qu'à faire le pied. Dans cette intention, l'ouvrier
commence par changer le mode de prise de l'objet en fixant un nou-
veau pontil à l'intérieur du vase (phase 14) et en détachant celui qui
avait servi à tenir la pièce pendant les phases 4 à 13 de la fabrication.
Entre temps, un autre ouvrier a fait une petite paraison qu'il
fixe sous le récipient (phase 15). La canne creuse à l'aide de laquelle
a été soufflée cette paraison est détachée (phase 16). On fait ensuite
tourner la pièce (phase 17) ; on ouvre la nouvelle paraison et on l'élar-
git jusqu'à ce qu'elle prenne la forme que l'on désire donner au pied
du canthare (phase 18).
I,e canthare terminé est mis dans un four où, grâce à un feu
doux, il refroidit lentement.
CONCLUSIONS
Beaucoup de problèmes ont été posés dans cet ouvrage. Il en est
peu qui aient reçu une solution définitive. L,a complexité des ques-
tions qui y ont été soulevées est telle qu'elle rend difficile l'établisse-
ment de règles absolues, l'adoption de principes immuables, de lois
rigoureuses.
Toutefois les recherches qui l'ont fait concevoir, les nombreux do-
cuments qui y sont présentés et les arguments qui y sont exposés,
permettent de formuler quelques conclusions précises.
1° Les produits de l' industrie verrière, à F époque romaine, présen-
tent, dans toute l'étendue de l'Empire, des caractères comip.uns.
Un verrier avait-il créé, dans quelque grand centre, un nouveau
type paraissant supérieur aux modèles courants, l'objet était adopté
rapidement dans toutes les provinces. Les modes locales ne pou-
vaient imposer leurs lois que dans une faible mesure.
Cette uniformité est sans doute due à l'empreinte exercée à cette
époque dans tout l'Empire par un pouvoir centralisateur, fortement
constitué. Les objets industriels et artistiques provenant des grands
empires ne présentent pas entre eux les différences plus ou moins
profondes que l'on constate dans les productions de pays unis par un
lien fédératif.
2° Sous l'Empire romain, des liens étroits tinissent les centres occi-
dentaux d'industrie verrière aux officines orientales.
Les productions orientales se propagent et s'imitent dans tous les
pays soumis à la puissance des Césars.
Un grand nombre des ouvriers qui travaillent dans les ateliers
établis en Gaule sont originaires d'Orient.
CONCLUSIONS. 277
3° Tout en subissant V influence de V Orient, les verriers des officines
gauloises ne sont pas uniquement des copistes. Ils créent des objets
qui ont un caractère particulier .
La personnalité des ouvriers de Gaule ne disparaît pas entière-
ment devant les conceptions des verriers d'Alexandrie, de Tyr
et de Sidon. Elle demeure, il est vrai, presque insensible là où,
comme dans la Narbonnaise, le joug romain se fait le plus sentir ;
mais elle est très accentuée surtout après le second siècle, dans
la Lyonnaise, dans la Belgique et dans la vallée du Rhin. Tout
en s'inspirant de modèles orientaux, les verriers de ces régions ne
les copient pas servilement; ils en modifient assez souvent l'aspect,
leur donnent un autre caractère ; ils adaptent la forme et le décor
de leurs productions au goût peu raffiné, voire même fort médiocre,
des bourgeois cossus et des marchands enrichis de Metz, de Trêves et
de Cologne.
Ils ne copient pas toutes les formes de verres en usage dans le
bassin de la Méditerranée. Ils ne font pas de bouteillles en forme
à'askos, ni de ces flacons géminés à anses compliquées qu'on trouve
en Palestine. Par contre, ils sortent parfois des cadres établis par les
Orientaux, ils créent quelques t5rpes, ils inventent la bouteille en
forme de tonneau cerclé appelée barillet. Puis ils recourent, pour orner
certains de leurs produits, à des serpents faits de gros fils de verre
appliqués à chaud sur la surface des récipients ; ce genre de décor,
leur devenant peu à peu familier, finit par les caractériser.
D'autre part, ils ne limitent pas leur action à une zone restreinte.
Ils trouvent partout des acheteurs, conquièrent l'étranger et arrivent
à faire au loin concurrence aux grandes fabriques d'Orient. Enfin,
ils jouent un rôle dans la formation des écoles de verrerie de l'Europe
médiévale. Il ne faut pas s'exagérer l'importance de ce rôle, mais il est
bon de ne pas le méconnaître.
4° Comme V histoire de la céramique, l'histoire de la verrerie du
i^r au rv^ siècle de notre ère conduit à conclure qu'en Europe occidentale,
les centres de fabrication se sont successivement déplacés du sud au
nord.
Au i^"^ siècle, les oflicines de l'ItaUe sont florissantes et expé-
2/8 I.A VERRERIE EN GAUI^E SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
dient leurs produits en Gaule. En même temps, les premières ver-
reries gauloises s'installent dans la basse vallée du Rhône.
Dès le II* siècle, l'Italie, énervée par des habitudes d'oisiveté,
abandonne aux provinces nordiques le monopole du travail industriel.
Aux iii<'-iv*' siècles, à l'instar de l'Italie, la Gaule méridionale
s'efface complètement au profit de la Belgique et de la Ger-
manie.
Malheureusement la détermination des centres de production est
plus malaisée pour la verrerie que pour la céramique. On est cepen-
dant en droit d'affirmer que les provinces rhénanes possédaient dans
les derniers temps de l'époque impériale d'importantes manufactures
de verre (i).
5" L'époque impériale romaine est, pour l'industrie du verre, une
ère de grandes découvertes.
Dès le début de l'Empire, peut-être même un peu avant la fin de
la République, l'invention du verre soufflé transforme radicalement
l'industrie verrière. Cette industrie, dont les différents et peu variés
spécimens étaient uniquement des objets de luxe, crée tout à coup
des produits utiles et accessibles à tous. I^e verre, qui n'était employé
jusque-là qu'à faire des perles, des pendeloques, des bibelots de prix,
des balsamaires minuscules, sert dès lors à confectionner des récipients
usuels, à fabriquer des objets que l'on emploie, grâce à leur trans-
parence, dans maints cas où on ne peut utiliser facilement des poteries.
C'est incontestablement sous l'Empire que se fit la découverte de
certains procédés de soufflage et d'ornementation employés, mainte-
nant encore, dans les officines de Murano.
On a perfectionné ces procédés : on n'en a pas inventé de nou-
veaux.
La gravure, la peinture, l'émaillage, la dorure sur verre étaient
connus des contemporains d'Alexandre Sévère, d'Aurélien, de Pro-
bus. Les ouvriers du Moyen-âge et de la Renaissance, pour créer des
(i) Suivant Cramer, certains noms estampillés sur des verreries nordiques (Giamillus entre autres) sont
ceux de verriers rhénans. On a découvert, d'autre part, à Aveudies ime verrerie du Romain II (conservée
aujourd'hui au musée de Nyon) qui porte l'inscription : Cakaniivs. Carantodivs. Civis. Levcvs. C'est un
des rares exemples où le verrier désigne son pays d'origine. (Les Leuci occupaient la Gaule Belgique entre la
Jlarne et la Moselle et avaient Tullum (Toul) pour capitale.) (Voy. Anton Kisa, Das Glas, p. 936 et suiv.)
CONCLUSIONS. 279
chefs-d'œuvre, n'auront guère besoin de perfectionner les moyens
techniques de leurs devanciers du temps des Césars.
C'est de même sous l'Empire, peut-être dans le courant ou vers
la fin du 11^ s., qu'on apprit à rendre le verre tout à fait incolore, à
le purifier par l'emploi du manganèse, à le débarrasser des colorations
naturelles dues aux oxydes de fer qui entrent dans la composition du
sable. Cette découverte rendit le verre propre à quantité d'usages et
lui donna une valeur inestimable. Seul, le verre incolore peut faire
pleinement valoir la coloration des vins. Or, comme, au iii<^ siècle, la
culture de la vigne commençait à être fort en honneur en Gaule, il
devait ne pas tarder à jouir d'une grande vogue auprès des habitants
de ce pays.
6° Les verreries de l'époque romaine trouvées en Gaule ne peuvent
pas être facilement réparties dans un cadre systématique de subdivisions
chronologiques. La variété des divers faciès que présente V industrie du
verre du 1^^ au rv^ siècle, permet toutefois de les partager en deux
grands groupes et de diviser en deux séries distinctes le second de ces
groupes.
I^a chronologie des verres romains soulève des problèmes qui n'ont
pas tous reçu une solution définitive.
1/ étude des mobiUers funéraires de la Gaule montre néanmoins
qu'il est possible de distinguer deux périodes d'évolution industrielle
qui correspondent à des vagues successives d'influence orientale :
Le Romain I . . Friihrômisch / , , , . „ ,
-r T, • TT c- "i. •• • 1. des archéologues allemands,
lye Romam II. vSpatromisch \ '^
Ces deux phases ne sont pas séparées par une cloison étanche.
La seconde est pénétrée profondément des survivances de la première.
lyC passage de l'une à l'autre se place entre la fin du règne de Com-
mode et le principat d'Héliogabale. Le Romain II comprend
deux périodes. Pendant la première, l'art du verrier atteint son
apogée sous les empereurs syriens. Pendant la seconde, une pro-
fonde décadence se manifeste dans l'industrie verrière, après Cons-
tantin.
Ces diverses phases chronologiques peuvent se grouper de la
façon suivante :
28 o
LA VERRERIE EN GAULE SOUS L'EMPIRE ROMAIN.
ROMAIN I
de l'époque d'Auguste
à la fin du règne de
Commode (+ 192)
(i" & II" siècles) .
Incinérations.
ROMAIN II
du règne de Septime
Sévère (+193 à + 211 .)
à la fin du règne
d'Honorius (+ 423).
Incinérations et
Inhrunations.
Verre bleu-verdâtre. naturellement teinté par les oxydes métal-
liques contenus dans les sables. — Verre volontairement
coloré. Tons violents. — Imitation des gemmes. Souflîage du
verre dans des moules de forme géométrique. — ■ Flacons
lourds et trapus à panse prismatique et cylindrique. — Anses
plates coudées à angle droit ou aigu. — Urnes cinéraires. —
Ampoules en fomie d'alabastres et d'arybaUes.
Les officines les plus prospères sont celles de la vallée du Rhône.
PHAvSE A
de Septime Sévère à
mie date imprécise de
la seconde moitié
du in" siècle.
Incinérations
dominantes.
Apogée de l'industrie du verre sous les
empereurs syriens. Verre incolore dé-
barrassé des teintes naturelles à l'aide
du manganèse. Grande variété dans les
formes des récipients. Élégantes verre-
ries tournées. Anses courbes et curieu-
sement appendiculées. Pieds délicats
détachés de la panse. Flacons à très
long col formes 19, 23, 24, 25. Déve-
loppement de la verrerie plastique. Dé-
veloppement du décor en fil de verre
appliqué à chaud (Fils spirales, enrou-
lements et feuilles cordif ormes) . —
Cabochons. — La gravure, la peinture,
et la dorure sur verre se développent
surtout à partir du miheu du rn^
siècle. Les officines les plus prospères
sont dans la GalUa Belgica et sur les
bords du Rhin.
PHASE B
du dernier tiers du
m" siècle à la fin du
règne d'Honorius
(+ 423).
Inhumations
domhiantes.
Décadence de l'industrie verrière, sm-
tout après Constantin. — Raréfaction
du verre incolore. — Verre mipur,
nuageux, verdâtre ou jaunâtre, plein
de bulles d'air et de filandres. Dégé-
nérescence des formes de la phase
A. — Manque de soUdité. — Exagéra-
tion des moyens teclmiques. Virtuosité
excessive dans la fabrication des verres
dits diaireies (dernières années du
lu'^ siècle) . Décor lâché. Les feuilles cor-
difomies sont remplacées par de gros
fils figurant des serpents. Cabochons à
ombihc. Extension de la gravure, delà
peinture, de l'émaiUage et de la dorure
sur verre. Coupes chrétiemies ornées
de scènes de l'Ancien et du Nouveau
Testament.
<^a
\
I
PL. 10. — VERRERIES A OMioaioNS. — i\" SIÈCLE. — Collfclioii Morhi-Jcan, Pans
(D'aprte ra<iuarcU<; <lc l'auteur.)
CONCLUSIONS. 281
70 Les formes des verres romains sont presque toutes empruntées aux
répertoires des céramistes et des orfèvres.
La céramique, la métallurgie étaient des industries vieilles de
siècles nombreux quand le verre soufflé fit son apparition. Des réci-
pients usuels, des œnochoés, des amphores, des hydries, des can-
thares, des phiales en argile, en or, en argent, en bronze, précédèrent
les objets analogues en verre.
Quand l'emploi du verre soufflé se généralisa, on trouva tout
naturel de conserver les formes de récipients usitées depuis long-
temps, on n'éprouva pas le besoin d'en créer de nouvelles.
8° Les formes des récipients en verre obéissent aux lois qui régis-
sent la confection des productions artistiques et industrielles.
Les formes évoluent selon des lois. Ces lois, surtout en matière de
production industrielle, ne sont pour ainsi dire pas modifiées par des
individualités, si originales que soient celles-ci dans leurs concep-
tions.
Le verrier ne peut pas, plus que le céramiste ou l'orfèvre, faire,
dans son esprit, table rase du passé, imaginer quelque chose d'entière-
ment nouveau, chercher dans son propre fonds une création tout à
fait personnelle. Sa mentalité est déterminée par un puissant atavisme ;
elle est, pour une large part, composée de formules héréditaires ; elle
ressemble à un canevas où seraient brodés, avec des laines nouvelles,
des dessins anciens et peu variés, à une partition musicale où de vieux
leitmotivs reviennent à chaque instant. Elle l'oblige à se conformer
à la tradition, à prendre place dans la lignée ininterrompue d'artisans
condamnée à ne pas procéder par bonds dans sa marche vers le progrès.
Dès lors, les formes trouvées par ses aïeux s'imposent à lui inélucta-
blement. Il les copie.
Peu à peu, sous l'impulsion des mœurs et des usages de son temps,
et sous l'influence de son milieu, il y introduit quelques modifications
mais la plastique de ses produits s'éloigne si lentement de son point
de départ, qu'il se rend à peine compte qu'elle subit uue évolution.
Il est des verres de forme étrange, où les réminiscences lointaines,
où les conceptions ancestrales paraissent faire défaut : types anor-
maux, ils ne se sont pas reproduits.
36
282 LA VERRERIE EN GAULE SOUS LEMPIRE ROMAIN.
Par contre, les formes normales constituent un ensemble que des
changements graduels partagent, si l'on veut, en séries assez distinctes
les unes des autres ; mais ces séries forment un bloc tel qu'il est
difficile de les isoler.
L'évolution des formes des vases est due, en principe, à ce que
l'homme .se crée de nouveaux besoins, tâche de varier et de multi-
plier ses satisfactions matérielles et artistiques : ce sont les facteurs
primaires de cette évolution.
Par ailleurs, la religion, la magie, le fétichisme, certaines parti-
cularités inhérentes au goût de telle ou telle race humaine ont con-
tribué et contribuent aussi à faire varier les formes : ce sont les
facteurs secondaires.
9° Le galbe des verreries romaines n'est jamais parfaitement ré-
gulier.
Il n'existe pas de symétrie absolue dans les profils des verres
antiques, soit que ces verres, faits à la hâte, constituent des pro-
duits communs, soit que, faits avec soin et habilement travaillés, ils
doivent être considérés comme des objets de luxe. Une constatation
analogue peut se faire dans le domaine de la céramique. Le travail
mécanique, qui, de nos jours, rend les objets industriels tout à fait
semblables les uns aux autres, était inconnu des anciens.
10° Les formes les plus belles sont celles qui proviennent de l'adapta-
tion du galbe des objets à des besoins déterminés.
Pour être essentiellement et strictement belle, la forme d'un objet
usuel en verre, en terre cuite ou en métal, doit être en corrélation
absolue avec la destination de cet objet. Si un objet usuel a une
belle forme, c'est parce qu'il est adéquat à l'emploi auquel il est des-
tiné. Quelque peu important que soit un objet, il est intéressant
s'il répond bien aux fins, fussent-elles très humbles, qui l'ont fait con-
cevoir.
Platon a dit que tout ce que nous trouvons beau nous paraît
d'autant plus beau que nous en constatons davantage l'utilité.
Les hommes ayant besoin de meubles, d'ustensiles de ménage, de
vêtements et de véhicules, d'armes et d'outils, non seidement appré-
cient beaucoup ces objets parce qu'ils sont de première nécessité.
CONCI^USIONS 283
mais encore les trouvent beaux du moment qu'ils correspondent bien
aux exigences de leur existence et qu'ils peuvent être utilisés selon
leurs désirs.
lyCS verriers de l'antiquité ne se sont quelquefois pas souciés
d'étabUr une étroite corrélation entre l'objet créé par eux et l'usage
auquel il était destiné ; mais cela vient de ce qu'ils avaient, ou plus
exactement que ceux dont ils copiaient les créations, avaient eu
d'autres soucis que de simples préoccupations utilitaires.
Pris en eux-mêmes, les verres plastiques, les flacons en forme
de tête humaine, d'animaux, de plantes, ne répondent à aucun besoin.
Sauf quelques exceptions, ils sont des erreurs de goût et de bon sens ;
ils sont mal en main, difficiles à nettoyer, fragiles à l'excès ; _ils ne
valent guère plus, au point de vue artistique, que les verreries mo-
dernes qui reproduisent une botte de gendarme, le buste de M. Thiers,
la colonne Vendôme ou le campanile de Venise. Mais nous prenons
goût à les étudier quand nous savons qu'ils sont les tenaces survi-
vances de récipients plus anciens créés par une humanité primitive,
dont la mentalité était plus fétichiste qu'artistique, pour qui l'art
avait bien moins d'importance que la rehgion.
INDEX MUSÉOQRAPHIQUE
Alesia. MusÉE DE I.A Société des Sciences de Semur et Musée MtnsnciPAE.
— Quelques verreries entières. Très nombreux fragments. Prédominance de
la forme 68 (i).
Amiens. MusÉE de Picardie. — Riche série. Verrerie locale. Nombreux barillets
fonne 132. Un flacon 123 [n° 919] (2). Une fiole 120 [n" 943]. Un aryballe forme 36
sans pieds [n" 936].
Arles. Musée lapidaire et akchéologique. — Verrerie locale. Prédominance des
types du Romain I : ollœ cineraria, ampoules fonnes 20, 21, 22, fioles à long col
23, 24, 25, bouteilles à panse prismatique. Beau flacon fonne 131 (grappe de rai-
sin à trois lobes) [n" 2 338I.
Avignon. MusÉE Calvet. — Riche série. Verrerie de la basse vallée du Rhône.
Prédominance des types du Romain I. Types pompéiens. Olla: cincraricB,
fonnes i, 2, 3. 4. Nombreuses bouteilles à jjanse prismatique. Ampoules et fioles
formes 20, 21, 12. 2},, 24, 25. Bouteille à deux compartiments fonne 46, trouvée à
Orange en 1840 [n" 113]. Flacon en forme de tête himiaine. Verre en fomie de cor-
beille à deux anses fonne 138 [n° 97].
Beauvais. Musée d'archéologie. — Verrerie locale. Prédominance des types du
Romain II. Verre à pied fonne iio, orné de fils de verre formant résille [série B,
n" 266]. Beau bol orné de cabochons à ombilic [série B, n" 471].
Berlin. Antiou.arium. — Trois ven-eries célèbres trouvées dans la Gaule du nord :
1" Coupe gravée dite de Poséidon [Cobern] (voy. p. 240, fig. 325) ; 2" Coupe gravée
dite de V Anlhropogonie [Cologne] (voy. p. 240) ; 3" Vase à résille, dit diatrètc,
l^ortant une inscription grecque [Cologne] (voy. p. 232, fig. 313).
Berne. Musée historique. — Fragment d'un bol moulé, orné de combats de gladia-
teurs (voy. p. 191).
Besançon. MusÉE archéologique. — Importante série de verres de la région : Verreries
du cimetière du champ de Mars (i" siècle). Débris de coupes imitant l'agate rubanée
(voy. p. 228). Verreries du cimetière de la Viotte (W et 111° siècles). Bouteilles
fonne 64 (fragmentée) et fonne 62 (ornée d'applications venniculaires) (voy.
p. 207). Verreries du cimetière de Thoraise (inhumations fin in>' et IV siècle). Fonnes
40, 72, III, etc.... — ■ Pièce remarquable : œnochoé à décor priapique, verre travaillé
en deux couches (voy. p. 229 et pi. 6).
(i) Ces numéros renvoient au tableau de morphologie générale placé en tête du volmue.
(2) Les numéros entre crochets sont ceux des musées où les objets sont conservés.
INDEX MUSEOGRAPHIQUE. 285
Bonn. PRO\aNZiAi,MUSEUM. — Très importantes séries de verrerie locale. Belle collection
de verres à applications \L'nniculaires de l'époque des empereurs syriens. Verres
gravés. Verres peints. Mobiliers funéraires classés par tombes. Aryballe.s fonne 35
à deux compartiments [n°^ 8953 et 15 313]. Bouteille à 3 compartiments fonne 6^
[n" 864]. Fragment de la diatrète de Ilohensûlzen (voy. p. 233). Bouteille oniée
de gravures et d'un quadrige en peinture polychrome. Fiole eu fonne de tête
limuaine [u° 221]. Fiole en fonne de tête humaine double [n° 15 255]. vSinge-musicien,
fonne 123 [n° 301 1]. Barillet fonne 135 [n" 1012]. Patère à manche fonne 137,
ornée d'appUcations venniculaires [n° 215].
Bordeaux. r^IusÉE d'.\ntiquiïÉS et Musée CarrEirE. — Verreries pro\'enant du
cimetière gallo-romain de Terre-Nègre, à Bordeaux, nécropole explorée de 1804
à 1830.
Boulogne-sur-Mer. MusÉE .\rchÊOI,OGIQue. — Très importante série de verres de la
région. Prédommance des types du Romain II. Les plus nombreux viciment du
cimetière du \'ieil-Atre (emplacement du cimetière actuel) ; les autres ont été
trouvés au Val-Saint-Martin, à Châtillon et à Brequerecque. Belle unie ciné-
raire à couvercle (panse hexagonale) [n" 2 512]. Belles coupes fonne 68 [n°s 2 479.
2 480, 2 481, 2 483]. Très grande bouteille fonne 9, à décor gravé [n" 2513, hauteur :
o'n,33]. Nombreux verres à boire fonne iio. Carafe fonne 53 [n° 2 673]. Très grand
verre forme 114. orné de fils de verre formant mie résille. Bouteille fonne 40
et 41. Verres forme 98. Très belle bouteille en fonne de tête Inunaine double,
fonne 121 [n" 4 120] (voy. p. 153, fig. 208). Bouteille en forme de tête grotesque
forme 122 [n° 4 045] (V03-. p. 156, fig. 209). Flacon en fonne d'oiseau [no 2 525] (voy.
p. 161, fig. 215). Nombreux barillets forme 132, dont mi à 3 anses [n° 2501]. Verre
forme 134 (voy. p. 176, fig. 231).
Bourges. Musée du Berri (Hôtel Cujas). — Série de verres provenant du cime-
tière romain du Fin Renard à Bourges et du cimetière dit de Séraucourt (ancien
champ de foire). Grosse bouteille prismatique en verre verdâtre, trouvée à la Mala-
drerie (commime de Chàtemneilland-sur-Cher) (hauteur: 0^,35).
Bruxelles. îklusÉE du Cinquantenaire. — Verrerie belgo-romaine. Belle œnochoé
découverte à Cortil-Noirtnont (Brabant) (voy. p. 202, fig. 272). Fiole à deux anses
en fonne de grappe de raisin trouvée à Frésin (voy. p. 169).
Charleroi. Musée .\rchÉoi.ogique. — Verrerie belgo-romaine. Spédiuens du cimetière
de Strée. Verre omithomorphe fonne 127.
Cologne. Musée Wai,i,raf-Richartz. — Très riches séries. Prédominance des types
nordiques du Romain II. Nombreux verres à apphcations venniculaires du m" siècle.
Au rez-de-chaussée du Cloître, Mobilier fiméraire du cimetière de la rue de Luxem-
bourg à Cologne. Disposition méthodique des objets. Reconstitutions de sépultures.
Classement chronologique du i'^' au iv« siècle. Dans le cloître du haut (aile nord),
belle collection de verres antiques. Pièces tout à fait remarquables. Gourde plate
à deux anses décrite page 204 . Nombreuses bouteilles (Kânnchen) fonne 50. Belles
œnochoés à applications venniculaires forme 54. Bouteille à trois compartiments
fonne 63 [n° 252]. Plat ovale [n° 760]. Carchesiuni forme 98, à apphcations venni-
culaires [n.° 670]. Verrerie plastique (belle série). Verres en fonne de tête hmnaùie
(Tête double, tête simple, grotesques) . Flacon en fonne de singe- musicien [n" 292] .
Flacon en forme de porc fonne 125 [n° 549]. Flacon en fonne de poisson fonne 129
[n» 983]. Verre orné de poissons en ronde bosse décrit page 165. Bouteille en forme de
coquille [n» 529]. Flacons en fonne de grappes de raisin. Barillet fonne 135. Patèrcs
286 INDEX MUSÉOGRAPHIQUE.
à manches. Flacon eu fomie de casque de gladiateur. Verreries de formes aberrantes.
Gourde plate à quatre ouvertures ornées de pigeons en émail blanc (voy. p. 185).
Importante série de verres gravés (Bol dit de Lyncée. Voy. p. 240). \^erres peints.
Compiègne. MUSÊE ViVENEL. — Verreries de la région. Beau \erre à pied, orné de ser-
pents en relief.
Laon. Musée .\rchÉoi:,ogique commxinai,. — Verreries de la région.
Le Havre. Musée Cochet. — Verreries découvertes en Normandie par l'abbé Cochet.
Urnes cinéraires. Grande bouteille à panse pri.smatique, trouvée à Bréauté. en 1856.
Sépulture à incénération provenant des fouilles de MM. Delacour et Cochet, à Lille-
bonne, en 1856 (Olla de verre sans anses renfennée dans un gros dolium de terre
rougeàtre).
Liège. Musée archÉoi,ogiquë. M.\ison Curtius (Petit Guide sonmiaire, Imprhnerie
liégeoise. S. A., me des Clarisses. 52. à Liège). — S.\l,l.E I. Vitrine i. Antiquités belgo-
romaines classées par mobiliers fmiéraires. Verreries des tonibes d' Avennes (terri-
toire deBraives),de Bkhen. de Héron, de Novilh (incénérations) , de Celles (Waremme)
(tombe féminine à inhumation de basse époque). Vitrine 3. Belles verreries provenant
de Tongres. — Sai<i,E II. Mobiher funéraire des sépultures fouillées dans le Condroz,
par M. Fimiin Hénaux (verres particulièrement remarquables dans les tombes
n"^ I et 2 de Vervoz (incinérations).
Londres. MusÉE britannique. — Coupes chrétieimes dorées, dites de Sainte-Ursule et
de Saint-Séverin, découvertes à Cologne (voy. p. 250).
Luxembourg. MusÉE .\rciiÉoi<ogioue. — Belle série de verres de la région. Prédomi-
nance des types du Romain II.
Lyon. Musée des Antiques. — Verres trouvés dans la région. Spécimens du midi de
la France. Urnes cinéraires à anses et sans anses [Lyon, Belleville (Rhône), Andance
(Ardèche), Montélimar (Drôme), Montmerle (Ain). Reventin, Ruffieux (Isère)].
Nombreuses fioles à long col fonnes 23, 24, 25. Belle série d'ampoules 37 en verre
mince jaune et bleu. •
Marseille. ^MusÉE BORÉtY. — Importante collection de verreries de la basse vallée du
Rliône (beaucoup d'entre elles proviennent d'Arles). Urnes ossuaires. Nombreuses
fioles fonnes 20 à 25, Bouteille carrée fonne 15 à deux comparthuents [n" 494].
Curieuses verreries de forme aberrante [n"^ 460 et 461] (voy. p. 182).
Mayence. Musée des antiqottés romano-gërm.aniques, fondé en 1852. — Très
importantes séries de verres du Rheinland. Classement par mobiUers funéraires.
Reconstitutions de sépultures (tombe de fenmie à perruque, cercueil de plomb.
Basse époque) . Tombe d'Epigonus (nombreux verres) . Œnoclioés à anse en chauie (voy.
p. 40, fig. 128). Verres à légendes gravées (souhaits adressés au buveur). Belle
diatrète (voy. p. 233) et grande bouteille forme 0 ornée de scènes bachiques gravées,
trouvées dans un sarcophage à Hohensiilzen.
Munich. Antiqu.-uiium. — Diatrète à inscription latine, trouvée dans un sarcoph^e,
rue Benesis, à Cologne (voy. p. 232, fig. 312).
Namur. MusÉE des antiquités provinci.\i,ES. — Objets classés par époques et heus
de provenances. Riche série de verres trouvés dans la région. Verres des cimetières
de Flavion, Corennes. Bol moulé à courses de chars, trouvé à Couvin (voy. p. iSq).
Nancy. Musée i,orr.ain. — Verreries découvertes eu Lorrame. Urnes cinéraires de grande
taille. Urne à anses, en verre bleuâtre, enfenuée dans ime cuve cubique en pierre,
décoirverte à Longwy (Meurthe-et-Moselle).
INDEX MUSÊ0GRAPHIQI;E. 287
New- York. Metkopolit.vn Muséum. — Verres autrefois cou.servés dans la collection
Charvet. Série de Vaison {types de la basse vallée du Rhône). Verrerie plastique.
(Bouteille en forme de tête hmnaine publiée par W. Froehner dans La verrerie
antique, pi. XV, n" 83). Bol moulé, orné de combats de gladiateurs, trouvé à Mon-
tagnole (Savoie) (voy. p. igo).
Nîmes . I " Musée archÉolocique. — Mobiliers funéraires avec verreries déposés dans des
cuves de pierre. Verreries du midi de la France. Prédominance des types du Romaij-. I.
2° Musée de la Maison Carrée. — Riche série de verres provenant de la basse
vallée du Rliôiie. Unies cinéraires de Saint-Baudilc. Bouteille à panse pri.smatique
portant mie marque grecque (ZIK-KJC et un éléphant). Nombreuses fioles, à long col,
fomies 23 à 25.
Niort. Musée de i<a Société historique et scientifique des Deux-Sèvkes. —
\"erreries découvertes sur la commune de Verrines, près Niort. Urnes cinéraires sans
anses. Bouteilles à panse prismatique. [N°33, Tombe à incinération de Fomperron]
(voy. fig. 332).
Nuremberg. MusÉE germanique. — S.ali<E IV. Vitrine III. Quelques belles verreries.
Bouteille fonne 40. trouvée à Zahlbach, près de Mayence. Bouteille foniie 5g, ornée
de serpents (voy. fig. 2Sg). Grand verre à pied fonne 106, onié d'mie résille (voy.
fig. 262). Flacon en fonne de tête humaine double (Mayen). Verres provenant d'An-
dernach. Belle coupe gravée du Roniam II tardif.
Paris, i" INIusÉE historique de la ViulE (Hotel C.\rnavauëT). — Belle série de verres
provenant des nécropoles Saint-Marcel et do la rue Nicole. Mobiliers funéraires
méthotUquement classés.
2» Musée nation.^u du Louvre. — Riche série de verres pour la plupart de prove-
nance indéterminée (fonds Durand et Campana) . Quelques verres des fouilles do l'abbé
Cochet en Normandie. Très belle coupe chrétienne gravée, trouvée à Homblières (Abbe-
ville.vSomme), en 1884 (V03'. p. 243, fig. 326). [Achat en 1887. InventaireM. N. C.,919].
3" Cabinet des médailles a la Bibliothèque nation.\lE. — Quelques verres
provenant d'Arles (fonds de Luynes).
Péronne. MusÉE DE l'Hotel-de- Ville. — Prédominance de la verrerie du Romain II.
Beau ciborimn fonne 103, trouvé à Amiens en 1883. Flacon en forme de tête humaine,
découvert à Amiens en 1884.
Poitiers. MusÉE de la Société des Antiquaires de l'Outst. — Fouilles du R. P.
Camille de la Croix au cimetière des Dunes. Reconstitution de plusieurs sépultures
à incinération. Ollœ de verre dans des coffres de pierre. Flacon en fonne de tête
hmnaine double [Dunes U, XXII, n° 72]. Bouteilles eu forme de grappe de raisin
[Dmies U, XXII, n°s 73 et 74]. Barillets frontiniens fonne 132.
Reims. MusÉE archéologique, fondé, en 1S93, par Théophile Habert (bon catalogue
illustré, publié par la ville de Remis et imprimé à Troyes, en 1901). — Riche série de
verres provenant des fouilles Th. Habert et J . Orbhn. Verres gravés : Coupe dite :
d'Atalante et Hippomène [n°2 281] (voy. p. 240, fig. 324): Gobelet omé de la chasse
lièvre [n» 4720] (voy. p. 239, fig. 323).
Rouen. MusÉE dÊp.\rtemental d'.\ntiquttÉs. — Très riche série de verres dans la
salle Deville. Dans une salle voisine est installée l'ancienne coUection de Girancourt,
donnée au musée de Rouen, en 1912. La majorité des pièces du musée de Rouen pro-
viennent des fouilles opérées en Nonnandie par l'abbé Cochet. Récipient de verre
à monture métallique trouvé au Mont-Afrique, j près de Dijon (voy. p. 22g, fig. 311).
Verre à combat de gladiateurs trouvé à Ldleborme (voy. p. 191).
288 INDEX MUSÊOGRAPHIQUE.
Saint-Germain-en-Laye. Musée des antiquités nationai,es [Catalogue sommaire, troi-
sième édition, et Guide illustré, par Saloinoii Reinach). — Les verreries du musée
de Saint-Genuain sont réunies : i" Dans la salle XV. Belle série de verres de prove-
nances diverses, surtout de Corapiègne, Poitiers, Vaison, Suèvres, Verrines, Varennes,
Moulins. Néris Précieux verres colorés, découverts dans une sépulture à Saintes,
en 1871 (belles coupes côtelées fonne 6g, ornées de filets blancs qui leur donnent
l'aspect de l'onyx) ; 2° Dans la salle XI. 'Verreries du Romain II recueillies par
Frédéric ]\Ioreau dans les cimetières du département de l'Aisne (description et repro-
duction des types principaux dans r.-J/i»;» Caranda). Yerre à deux compartiments
communiquant par cinq tubulures (voy. fig. 244). Flacon en forme de tête limnaine
(voy. fig. 210).
Saint-Quentin. Musée LÉCUYER. — Importantesériede verres du Romain II tardif, provenant
du cimetière de Vennand. Coupe gravée (La résurrection de Lazare) (voy. p. 245).
(irand bol à cabochons à ombilic et à inscription gravée : vivas. CVM. Tvis. p. Z.
(vo}-. p. 220). Flacon en fonne de singe-musicien (voy. p. 157).
Sèvres. MusÉE DE la Manufacture nationai,E. — Fragment d'un bol moulé, orné de
courses de chars, découvert à Autun (voy. p. 189 et fig. 249).
Soissons. Musée de l'HoTEi,-de-ViueE. — Verreries de la région.
Strasbourg. MusÉE des antiquités alsaciennes. — Riche série de verres romains
recueillis en Alsace. Présentation méthodique.
Trêves. ProvtnziaemusEuji (Petit guide publié par la direction du Musée, en 1911). —
Riches séries de verres de l'époque impériale. Grande variété de types. Bouteille à
trois compartiments forme 63, trouvée à Pallien [no 706] (voy. fig. 14S). Bol 83 orné
de cour.ses de chars trouvé à Schônecken [n° 21 008] (voy. p. 1S9 et fig. 250). Frag-
ment d'mi bol orné de combats de gladiateurs [n° 3436''] (voy. p. 191). Flacon
en fonne de tête humaine double [uP 6416]. Flacon en fonne de singe-musicien
[n° 05475] (■^'oy. p. 158). Verre orné de poissons et de coquilles en ronde bosse [n»
694] (voy. p. 164 et fig. 217). Bouteille en fonue de grappe de raisin [n» 340]. Baril-
let 132 orné de cabochons [n" 99 341] (voy. p. 225). Coupe clrréticnne gravée (Le
Sacrifice d'Isaac) (voy. p. 247). Bouteille ajourée (voy. p. 183, n» 8).
Vienne (Isère). — Verres trouvés dans la région. Formes i, 12, 22, 26, 40, 68, 76, 86, 91.
Wiesbaden. Collection d'Antiquités. — Verrerie gallo-rhénane. Petit flacon moulé
à panse prismatique ornée de masques de Méduse.
Worms. Pautusmuseum (installé dans l'égli.se vSaint-Paul) . — Très riche collection de
verres gallo-rhénans.
Zurich. Musée natiox.\l Suisse (petit Guide officiel parle Dr H. Lehmann; Zurich, 1903).
— Verrerie impériale courante. Fragment d'im bol 83 orné de courses de chars, trouvé
à Baden [n° 10935] (^'oy- P- 189)-
COMPARAISON
Copenhague. — Bols de verre peints, ornés de bestiaires, d'animaux et de gladiateurs
(voy. p. 249).
Murano. Musée civique. — Belle série de verres vénitiens du xv^ et du xvi'' .siècles
(très peu de verres antiques).
Naples. JMUSÉE national. — Séries très nombreuses de verres du Romain I, provenant
pour la plupart des fouilles de Pompéi.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Barthélémy (A. de). Ufic verrerie romaine près de Sainte -M enehould (Marne). Bulletin archéo-
logique (i) (Organe du Comité des Travaux historiques et archéologiques), 1904, p. 82-85.
Baudot. Mémoire sur les verres antiques. Bulletin monumental publié sous les auspices de la
Société Française d'Archéologie, 1S70, p. 187 à 195. — Mémoires de la Commis.sion des Anti-
quaires de la Côte-d'Or, VII, 205, pi. I et II.
BertheloT. Analyse d'un vin antique conservé dans un vase de verre. Revue archéologique, 1877,
tome I, p. 392. — Nouvelle note sur un liquide renfermé dans un vase de verre très ancien.
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Z7
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p. 49, pi. I ; 1881, fasc. 71, p. 1 19-133, pl- V, VI, VII ; 1882, fasc. 74, p. 57-68, pi. III ;
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(i) Description d'une coupe clirctieuue en verre gravé découverte à Trêves.
INDEX GÉNÉRAL ALPHABÉTIQUE
N.-B. — Les chiffres renvoient aux pages du volume.
Les cliifïres précédés d'iuie / renvoient aux figures.
Abbeville. 54, 104, 125, 139.
143, 220, 222, 243, /. 326,
255, 262.
Abraham, 246. /. 327.
Achcry-Mayot (Cimetière d'),
121.
Achilleus. 153.
Adam et Eve, 244, /. 326.
250, /. 328.
JEgyptus, 241.
Agrippa, f. 334.
Aigle (Suisse), /. 153.
Aix-en-Provence, 255.
Alabastre, 20, 39, 72, /. 65,
73, 77, 280.
Alesia, 64. 122, /. 183, 138,
157, 261.
Alger, 249.
Algérie, 248.
Alexandre Sévère (voy. Sé-
vère).
Alexandrie. 3, 4, 13, 15, 53,
100, 230, 237, 242, 277.
Aliscamps, 181, /. 239.
Alise-Sainte- Reine (Musée
à'), f. 50.
Allard, 247.
Allier (voy. Figurines).
Amaranthus. 18.
Américain, 151, /. 204.
Amiens. 14, 56, 57, 65,
/. 51, /. 107, 96, 136,
/. 185, 143, 153, 158, 173,
178. /. 340. /• 341. 262.
Amiens (Musée d'), 40, 56,
65. A 53. /• 68, 80, /. 93.
/■ 99. 95. /• iio. 96, 107,
/• 132. /• 137. 114. /■ 179.
143. 153. 158. /. 211, 170,
173, /. 256, /. 257, /. 317,
/■ r-^-
Amphithéâtre. 188, 236.
Amphore, 44, 79, 174, 183,
/■ 333-
Amphorisque, 80, /. 80, 14g.
/■ 331 (n° I)-
Amure. 256.
Ancy (Aisne), 263.
Andernach (Cimetière d'),
/■ 3^. 57. 94. 119. 121.
126, 128, 142, 152, 158,
173, 176. 264, /. 346.
Animaux (voy. Zoomorphes).
Anses. 34, 35, 36, 37, pi. 2
et pi. 3, 38, 39, 40, 41,
/. 10.
Anse en chaîne, pi. 3, 40,
/. 128, /. 134, /. 135, 107.
Anttnoë, 239.
Anthropogonie, 240.
Anthropomorphes (Verreries),
148 à 156.
Anionin-le-Pieux. 117, 122,
192, 203, /. 334.
Aphrodite. 166, 242.
Apt, 256.
Apulie, 119.
Aquitaine, 256.
Aramon, 148.
Arbouvillc. 40.
Arbre du bien et du mal,
244, /. 326.
Arcy-Sainte- Restitue, f. 113,
98, 126, 141, 263, /. 344.
Arcy-sur-Aube. 261.
Arezzo. 199, 23g.
Arles, f. 13, /. 14, /. 47,
/. 63, /. 66, /. 74, /. 119,
129, /. 152, /. 169, 148,
181, /. 239, /. 315, 256.
Arles (Musée d'), 77, /. 78,
/. 220, 169, 182, /. 241
Armeniières, 121.
Arneth, 191.
Aryballes. 31, 39, 82, 83,
/. 84, /. 85, /. 86, 84, /. 87,
/. 88, /. 89, A 90, A 91,
A 92. A 93. A 95. A 97.
A 98. 89,/. 99, /. 100, 149,
150, 153. A 221, /. 337,
280.
Askos. iio. 174, /. 230, 277.
Atalante. f. 324. 240.
Athamas. 15.
Athènes. 17.
Athènes (Musée d'), /. 16,
48, 115.
Atlas. 240.
Attique. 150, 156, 238.
Attys. 241.
Aubigny-en-Artois (Pas-de-
Calais), 262.
Audelange (Jura), 266.
Auguste. 52. 76, 230, 280.
Aiirélien. 23, 200, 212, 278.
Autun, f. 249, 189, 261.
294
INDEX GÉNÉRAL ALPHABÉTIQUE.
Avenches (Suisse), 278.
Avennes, f. 142, 264.
Avignon. 256.
Avignon (Musée d'), /. 11,
/. 22, /. 39. /. 47. 100.
102, /. 122. 1 16. 122, 129,
133, /. 186, 148. /. 235,
/• 334. /■ 335-
B
Babelon (Eniest), 9, 18, 132,
136, 229.
Baden (Suisse), 189, 192,
266.
Bain (Bouteilles de). 84.
Balsamaires. 72, /. 73, 77,
82, 199.
Barberini, 22g.
Barboiine de verre, 216, /. 294.
Barentin, 261.
Barillet fronlinien, 30, 70,
86, 94, 119, 126, /. 223,
170, 171, 172. 173, 174,
175, /. 224, /. 225. /. 226,
/. 227, /. 228, /. 229. 225,
/■ 305. 257. /• 342. 277.
Bas-reliefs. 188.
Bataves, 14.
Baudot. 189.
Beaumont-sur-Oise, f. 154,
/. 224. 262.
Beauvais. 41. /. 127, 108,
125, 173, 262.
Beaiivais (Musée de), /. 297.
Becker, 248.
Belgique (Gaule), 262.
Bélier, 246.
Bellon. 154, 246. /. 327.
Beni-Hassan, 20.
Berlin (Musée de), 232, /. 313
240, /. 325.
Bernay (Ancienne collection),
/. 29, /. 40. /• 154. /• 188.
/• 193. /■ 340. /■ 341-
Berne. 191, 192.
Berne (Musée de), 191.
Berthouville. 39, 132.
Besançon, f. 4, /. 5, /, 6,
/■ 7- /• 277, 208, /. 281,
228, 230, 264. 265, 266.
Besançon (Musée de), 28,
/. 4, /. 5. /• 6. /■ 7.
/. 277, 208, /. 281, 228.
Bestiaire, 237.
Biberon. 109, 110.
Bige. 2-ij.
Bissing (von). 13, 21.
Bohn (Dr), 190, 191, 203.
Bois-des-Loges, 86, 173, 261.
Bol, 122 et suiv.
Bonibylios. 72, /. 64. 73, 77.
Bonde, 171, 177.
Bonn, 8, 57, 84, 139, 186,
239, 247, 264.
Bonn (Musée académique
de), 166.
Bonn (Musée provincial de).
9, /. I, 40, 51, /. 32, 66,
/. 56. 70. 80, 84, /. 90,
88, /. 96. /. 100, 95,
/. 115, 109. /• 139. 114.
116, /. 147, 119. 120,
/. 150, 122, /. 160, 132,
139. 146. 152. 158. 159.
161, /. 232, /. 233, /. 234.
177, /. 271, /. 279, 209,
211, /. 286. 224, /. 304,
233. /• 3'4- 239. 242, 249,
/■ 346.
Bonner Jahrbiicher. 8, 43,
52. 54. 55. 56, 57. 62, 63,
70, 76, 79, 83, 86, 94, 96,
99, 105. 113. 114- 117.
118, 119, 125. 126, 128,
134, 135. 136. 138, 139.
14I, 142, 143, 144, 146,
152, 156, 158, 159, 160,
162, 163, 165, 169, 173,
176, 178, 180, 204, 209,
210, 218, 232, 233, 238,
239, 240, 241, 242, 247.
Bordeaux, 82, 256.
Borély (Musée), /. 47, /. 63,
/■ 74. /■ 75. 77. /■ I40.
/. 164, 129. 148, 161,
/. 214, 181, /. 239.
Boscoreale, 6, 39, 132, 138.
Boulanger (Cl.), 12, 54, 56,
98, 108, 121, 198, 216,
219, 221, 247.
Boulognc-sur-Mer, 14, 55,
/. 29, 56, 76, 107, /. 154,
/. 156, /. 188, 143, 146,
154, /. 208, 161, /. 215,
166, /. 225, 173, /. 231,
176, /. 254. /. 269, 209,
214, 220, /. 298, 224,
/• 316. 236, /. 321, 245,
A 327. 254, 262.
Boulogne-sur-Mer (Muséede),
40- 53, 55, 63. /• 57. /• 58.
/. 72, 76. /. 79, /. 84, /. 135,
/• 143. /• 144. 122, /. 156,
/. 178, /. 180, 139, /. 199,
146, 153, /. 208, /. 209,
156, 161, /. 215, 170,
/. 225, 173, /. 231, /. 254,
197. /• 263, /. 269, /. 278,
209, 214, /. 290, 217, 220,
/. 298, 225. /. 305, /. 308,
/■ 321.
Bourges. 61.
Bourges (Musée de), 53, 61,
80.
Brény (Aisne), 42, 65, /. 296,
220, 263, /. 345.
Bréquerecque, 55, /. 57, 107.
161.
Breslatt (Musée de), 109.
Bresles. f. 127.
Briiish Muséum. 52, 55, 136,
250, /. 328.
Bruxelles (Musée de), 9, 169,
202, /, 272.
Bury (Oise) (Cimetière de),
III, 220, 262.
Cabinet des Médailles à la
Bibliothèque Nationale, à
Paris, 9, /. 66, /. 92,
/. 108, 100, /. 117, /. 119,
/. 152, /. 169, 132, 136,
/• 268, /. 315.
Cabirus. 15.
Cabochons. 6, /. 104, 96,
125, 139, 171, 218, /. 296,
219, /. 297, 220, 221,
/. 298, /. 299. 222. f. 300,
223, f. 301, /. 302, 224,
/• 303. 225, /. 304, /. 505,
265, 280.
Cain (Georges), conserva-
teur du musée Carnava-
let, 9.
Calamus. 190.
Calathos, 150.
Calètes. 257.
Calicules. 157.
Caligula. 191, /. m.
Calix pterotus. 138.
Calvet (Musée) (voy. Avi-
gnon).
IXDEX GÉNÉRAI. ALPHABÉTIQUE.
295
Camées (Faux). 228.
Campanie. 61. 119.
Canne de verrier, 20, 21.
Cannes (Musée de), /. 57,
/• 41-
Canthare. 6, 40, 42. 132
et suiv.. 149, 230.
Cany. 70, /. 62, 83, 84.
/. 120, 127, 172, /. 276,
207, 261.
Caranda, 42. 121, 156, 183,
/. 244, 263, 267.
Carchesium, 132, 133, /. 178.
134. '^i5- 137. 210, /. 284.
211, 229.
Cardium, f. 339.
Caricatures. 15T, /. 209, 155,
Carnavalet (Musée), 9, 40.
/. 44, /. 48. /. 87. 89,
/. 103. /. 124, 107, /. 131,
/. 163, /. 187, /. 229,
/. 261, 258, /, 352.
Caron. 6.
Cartilage, 13, 14, 43, iio.
Carus, 94. 125, 159.
Casque de gladiateur. 179,
180, /, 236, 199. 212.
Castan, 230.
Catacombes, 243.
Céos (Ile de), 167.
Céphalomorf>hes (Verres)
(voy. Télé).
César, 13.
Cessac [de], 174.
Chaîne (Anses en) (voy.
Anse).
Chalon-sur-Saône, 261.
Chàlons (Marne), 220.
Champion, 9.
Charnay, 189, 261.
Charleroi (Musée de), /. 214.
Chars (voy. Courses).
Charvet (Ancienne collection ) ,
108, 155. 169. 191.
Chasses, 237.
Chasse au cerf, 237.
Chasse au lièvre, 189, 238.
/• 323. 239, 271.
Chassemy (Aisne), /. 210,
156, 263.
Chaudron, 127.
Chatiny (Aisne), 263.
Chavagnes-en-Paillers, 190,
256.
Cherbourg, 65.
Chou y (Aisne), 263.
Chrétiens (Verres), 124, 242,
243, 244, /. 326, 245,
246. /. 327, 247, 248, 250,
251, /. 328, 280.
Chypre. 99, 103, 115. 152,
163.
Chypriote, f. 114, I4().
Chytre, 103.
Ciborium, 40, 132, 137./. 185,
138, 139. 224. /. 303, /.
, 304-
Cimetières gallo-romains. 254,
255-
Cinquantenaire (Musée du)
(voy. Bruxelles).
Cirque (voy. Courses de
chars).
Ciselure, 227.
Claude, 128, 152, 228, 254.
265.
Claude le Gothique, 94, 125,
159.
Clément d'Alexandrie, 234.
Cléoménès, 150.
Clerc (]\Iichel), conservateur
du musée Borely, à Mar-
seille, g.
Cléré, 209.
Clermarais, 68, 70.
Clermont (Oise), 14.
Clermont-Ferrand (Puy-de-
Dôme), 237.
Clochette (Verre eu l'orme
de). 135.
Cohern-sur-Moselle, 240, /.
325, 264.
Coblence, 264.
Coblence (Musée de), /. 24,
62, 80, iio, /. 133, /. 253.
Coblenz-N euendorf (Cime-
tière de), 62.
Cochet, 8, 40, /. 45, 65, 70,
/. 60, /. 62, 83, 86, /, 120,
127, 131, /. 181, 172, 173,
189, 191, 207, 226, 254,
257, 261.
Collerette, 128, /. 165, /. 166.
Collignon (M.), 48, 115, 150.
Cologne, 14, 15, 17, 43, 52,
54. 56, /. 32, 57, 62, 63,
65, 70, 76, 79, 80, /.81,
84, 86, /. 104, 94, 96, 105,
109, 113, 114, 117, 118,
119, 122, 125, 126, 129,
134, 136, 138, 141, 143,
146, 147. 148. 156, 158,
159, 160, /. 213, /. 216,
163, 165, 166, /. 218,
/. 221, 170, 173, 176, 178,
179, 180, 183, 184, /. 246,
186, 200, /. 271, 204,
/. 274, 205, 206, /. 283,
/. 288, 223, 224, /. 303,
232, /. 312, /. 313, 234,
237. /■ 322, 240. 241, 242
249. 250, /. 336, 263.
264, /. 346, 267. 277.
Cologne (Musée de), 9, 1.^2.
/. 81, 81, 87, /. 104, 95,
/. 115, 99. 120, /. 173,
/. 184, /. 200, 146, 147,
148, 154, 157, 158, /. 212,
159. /. 213, 161, /. 216,
163, 165, /. 218, /. 221,
/. ziî. 170, /. 232. 179,
t8o, /. 236, /. 246, /. 271,
203, 204, /. 274, /. 275,
206, /. 280, 210, /. 282,
/. 283, /. 284, 211. /. 287,
/. 294, 217, /. 295. 223.
/. 302, 224. /. 303, 227,
241. 249, /. 336, /. 346.
Coloration du verre antique,
21, 22, 23, 24, 46.
Columbus, 190, 191.
Combats de gladiateurs (voy.
Gladiateurs.
Combat des Pygmées et des
Grues, 248, pi. i.
Commode, 70, 79. 96, 119,
204, 279, 280.
Compiègne (Forêt de). 40,
64. /• 49. 85, 143. 173.
/. 288, 262.
Compiègne (Musée de), /. 288.
/. 293, 216.
Conchijorme, 166. /. 218.
Con flans-sur-Seine (Marne) ,
/. 52, 261.
Coningsheim, 42.
Constance Chlore, 57. 165,
231-
Constance II, 146, 222.
Constans, 80, 81.
Constantin /«■■, 15, 18, 21,
82, 126, 156, 175, 218,
/• 340-
Constantin II, 54, 104, 219,
232.
296
INDEX GÉNÉRAL ALPHABÉTIQUE.
Copenhague (Musée de), 229,
249.
Coq, 161.
Coquilles. 164, 166, /. 217,
/. 218, 183, 267, /. 347
(D).
Cordiformes (Fetiilles), 201,
/. 271 (n<> 8), 208, 209.
/. 277, 212, 280.
Cormier (Le), 190.
Corne de chasse, f. 349.
Corporation des verriers en
Gaule, 17, 18, 19.
Corpus inscriptionum lati-
narum, 2.
Correr (Musée), /. 347.
Cortil-Noirmont, 202, /. 272,
203, 204, 205.
Cothon, 31, /. 8, 58, /. 34.
Cougoule. /. 348.
Courajod, 15.
Corne, 159, /. 212.
Corinthien, f. 64, 73. /. 85,
/. 98, 89, 149, 156, 238.
Courses de chars, 127, 188,
189, /. 249, /. 250, 236,
Couve, 48, 115.
Couvin, 189, 192, 264.
Cramer, 175, 278.
Cresces, 189.
Crète, 115.
Crêis de Pressy, /. 259.
Crispina, 96, /. 336.
Croix {R. P. Camille de la)
256.
Cucullus, 157.
Cumes, 13.
Cupa, 174.
Cynocéphale, 157.
D
Dacius, 18.
Damas, 237, 239.
Danaiis, 241.
Dangibaud. consen'ateur du
Musée archéologique de
Saintes. 9.
Danicoitrt. 153, 158.
Daniel, 244, /. 326, 245,
250.
Dannes (Pas-de-Calais), 63,
262.
Darly, 262.
Déchelette {].), conservateur
du Musée de Roanne, 9,
70, 99, 152, 156, 157,
192, 199, 239, 240, 241,
248.
Dèce, 192.
Décomposition du verre an-
tique. 2Z.
Découverte du verre souffle
(voy. Verre).
Del phinif ormes (Anses), 39,
82.
Dépressions, 126. /. 191,
142, /. 197, /. 199, /. 201,
146, 193, 194, /. 255,
/. 256, /. 257. /. 258.
Deville, 8, 87, 171, 189, 190,
191, 229.
Diatretarii, 18, 234.
Diatrètes, 124, 159, 231, 232,
/■ 31^. /■ 313. 280.
Dijon (Musée de), 182, /. 242.
Dilécythe, 64, 269.
Dioctétien, 58, 109.
Dionysos, 241.
Diota, 90, 95, 96, /. 112,
/. 113. 98, /. 336, /. 344
(A).
Disch (Ancienne collection),
114, 158, 162, 180, 199,
250,
Domitien, 42, 65, /. 334.
Dorure sur verre, 6, 249, 250,
251,/. 328.
Dragendorff, 3, 99, 127, 128,
129, 135, 144, 173.
Dragon de Bel. 245, /. 326.
Dunes (Cimetière des), /. 15,
/. 18, 53, 61, 65, /. 94,
127, /. 219, 168, 174, 256.
Durffenthal, 249.
Eck (Théophile), conserva-
teur du ^lusée Lécuyer, à
Saint-Quentin, 8, 9, 12,
22. 54. 55. /■ 30. /■ 31.
5^- 57. 58. /■ 34. 86, 90,
/. io5, 96, 104, 107, 108,
114, /. 145, 118, 126,
/. 161, 128, /. 171, 143,
146, 157, 170, 175, 182,
/. 243, 219, 220, 221, 224,
245, 262.
Egée (Mer), 115.
Ehrang. f. 104.
Émaillage . 6.
Embouchures (voy. Orifices).
Engelhardt, 249 .
Entonnoir (voy. Infundi-
bulum).
Epigonus. f. 338.
Epilykos. 150.
Epiméthée. 240.
Épingles. 57, 58.
Éros. 242.
Étampes. f. 318, /. 322, 261.
Étaples, f. 130, 262.
Étirage de fils de verre, 195.
Étretat. f. 60. 173, 261.
Évangile, 245.
Eve (voy. Adam).
Évreux, 261.
Ézéchiel. 250.
Faucou:y-Monceau-le-Neuf,
262 (voy. MonceaU'le-
Neuf.)
Faunes, 230.
Fauteuil d'osier, 157.
Fêcamp, f. 45. /• 159, /• 181,
261.
Félix. 18.
Feuilles, 179.
Fibules, 94, 122, 126, 143,
144, 183, /. 244, 222,
/■ 330 (n" 2), /. 339 (5).
/. 340 (B), /. 345 (B).
Figurines de l'Allier, 152,
157-
Fillon (B.), 190, 209.
Fils serpentants, 6, 199, 200,
/. 271, 280.
Fin Renard (Cimetière du),
53. 61. 80.
Flasca. 117.
Flavion, 264.
Florence (Musée de), 248.
Flouest, 63.
Flûte de Pan, 157.
Fomperron (Deux-Sèvres),
/• 332-
Fontenay (de), 163.
Forgeron (vStèle du), 258.
Fortelle (La), f. 264.
Franc, 98.
François (Vase), 248.
INDEX GENERAL -U^PHABÉTIQUE.
297
Frêsin. 169.
Frœhner, 8, 41, 45, 52, 57,
65, 86, 103, 108, 117, 154,
155, 163, 169, 171, 176,
178, 189, 191, 222, 237,
239, 242, 247.
Froniinien (voy. Barillet).
Frontinus, 18, 171.
Furfooz, 264.
G
Galère, 125, 159.
Gallien, 96, 134, 255.
Gamiis, 190.
Garnier, 20.
Gauthier (Jules), 265.
Gayei, 239.
Gelsdorf. 58, 70, 207, 264.
Genève (Musée de), /. 259.
Germanie, 94, 107, 263.
Gerspach, 14, 20, 22g.
Giamillus, 278.
Gladiateurs, 127, 179, 180,
/. 236, 188, 190, igi, 192,
/. 251, 236, 249.
Gorgoneion. 230.
Goulots, 27.
Gouraud, 190.
Gourdon, 136, 137.
Gnathia. 199.
Grainville, f. 159.
Grappe de raisin (Verres en
foniie de). 167, 16S, 169,
170, /. 219, /. 220, /. 221,
/. 222.
Gratien, 94, 126, 175, 214.
Graufesenque (La), 199.
Gravure sur verre, 6, /. 32,
/■ 80, /. 95, 91, /. 104,
100,/. 117, 125, /. 154 (A),
139, 141, 142, /. 195,
/. 201, /. 301, 234, /. 315,
235. /• 316, /■ 317. /• 318,
23t>. /• 319. /■ 320, /. 321,
237. /■ 322, 238, /. 323,
239. /■ 324. 240, 241. /.
325, 242, 243, 244, /. 326,
245, 246, /. 327, 247. 248.
Gréau (Ancienne collection),
41, 45, 52, 57, 65, 86,
103, 134, 163, 169, 176,
178, 222, 237, 239, 242,
247.
Grégoire de Tours, 16.
Grijfith, 20.
Grotesque (voy. Caricature).
Grues, PI. i. 248.
Grues (Vendée). 256.
Guimet, 50.
Guttules appendiculées , 226,
/. 306.
H
Haberi (Th.), 262.
Hadrien, 14, 96, 157, /. 329.
Haigneré (Abbé), 262.
Hamard (Abbé), m, 220,
262.
Hayny, 209.
Hanap, 269, /. 349.
Hardécourt-au- Bois (Somme) ,
262.
Hauret, 178.
Hausweiler , 40.
Hébreux (I<es trois jeimes).
247, 250.
Heiligenstein, 139.
Heimersheim, 191. ,
Héliogabale, 14, 119, 279.
Héraklès, 241, 242.
Héricy-sur-Seine (S. -et. M.),
261.
Hermès (Oise), 190, 262.
Héron de Villefosse, 138, 248,
249.
Heydemann, 11.
Heydenreich (Ancienne col-
lection), 169.
Hildesheim, 138.
Hippomène, f. 324, 240.
Hoffmann, 180, 245.
Hohensulzen, 233, /. 314,
241, 264.
Holes, 190.
Homblières, 54, 104, 126,
127, 139, 144, 220, 222,
224, 243, 244, 245, /. 326,
255, 262.
Honorius, 156, 212, 255,
280.
Hydre de Lerne, 242.
Hypermnestre, 241.
I
Ichthyomorphes (Verreries)
(vo3^ Poisson).
Ilials (Cimetière des), 264.
Imperator, 18.
Incitega, 79.
Infiindibulum, 146, 147, /.
202.
Inscriptions, 6, 220, 232,
A 312, /. 313, 237, /. 323,
239. /• 324. 240, /. 325,
242, 245, 246, 247, 248,
250. /• 338, 278.
Inscriptions en fil de verre,
203, A 273.
Irisation du verre antique,
2-2.
Isaac, 246, /. 327, 247.
Issoire, 256.
Jahrbiich des Vereins von
Altertiims jreunden im
Rhcinlande (voy. Bon-
ner Jahrbûcher).
Jérôme (Saint), 15.
Jonas, 250.
Jonchery-sur-Suippes (Mar-
ne), A 288, 216, 263.
Julia Domna, 5, 14, 70,
113-
Julia Mœsa, 70.
Julien, 260.
Julis, 167.
Julius Alexander, 14.
Kamp, 241.
Kastel, 248.
Khamissa, 249.
Kisa (Anton), 2,
7. 15
. 21,
40, 84, 87, 88,
107,
H9.
153, 154. 155.
157.
158,
160, 163, 164,
165,
171.
178, 179, 180,
183,
184,
186, 189, 191,
199-
200,
203, 206, 207,
210,
211,
217, 227, 228,
229,
231.
234, 237, 241,
242,
247,
278, 279.
Klein, 150.
Kœnen, 57, 119,
142,
152,
173, 218.
Krefeld, 206.
Kreiiznach, 224, /.
304./
330,
264.
38
29»
INDEX GÊNÉRAIv ALPHABÉTIQUE.
Lacrymatoire , 73, 74, 75.
Lagène, 105, 150.
Lagona, 89.
Lampes, f. 234, /. 333,
/• 334. /• 335-
Lasteyrie {de), 258.
La Tène, 45, 62.
LaoB (Musée de), /. 155, 262.
Lausanne (Musée de), /. 153,
/• 172.
Lazare, 245, 247.
Le Blant, 247.
Leblond (D'), 172.
Lecaplain {].), 109.
Lécuyer (Musée) (voy. Saint-
Quentin).
Lécythe, 31, /. 8, 119, /.203,
149, 157. 166.
Lelaurain, 8, 175, 262.
Lenormant (Fr.), 191.
Lépine (Maxne), 263.
Leuci, 278.
Lezoux, 128, 199, 248.
Liebhe, 214.
Liège (Musée de), 9, /. 142.
Lièvre (voy. Chasse au lièvre).
Lillebonne, 65, 86, /. 109,
/. 146, 131, /. 197. 173.
191, /. 252, 261.
Limbourg, 173.
Limelette, 54.
Lindenschmitt, 148.
Liiernum, 13.
Loutrophore , 44, /. 16, 47, 48.
Louvre (Musée du), 9, /. 20,
/. 45, 102, 104, /. 146,
/. 157. /• 159. /■ 197. 150.
151, 15O, 166, /. 323 (A.),
243. /• 326, 248.
Lucanie, 119.
Lupio, 18.
Lussault (Indre-et-Loire), O4.
Lutèce (voy. Paris).
Luxembourg (Musée de), 156.
Lyncée, 240, 241.
Lyon, 14,61,77, 257,259,261.
Lyon (Musée de), /. 19, 77,
90, /. 174.
Lyonnaise, 257.
M
Magie, 148, 156.
Magne (Cli.), 12, /. 43, /. 70,
/. 71, /. 77, /. 82, 181.
/. 238, 258. .
Magnence, 144, 222, 255.
Maison Carrée (voy. Nîmes) .
Malacoptérygiens, 165.
Manceaux, 161.
Mandeure, 266.
Manganèse, 21, 279, 280.
Marc-Aurèle, 203.
Margeride (La) (Cantal),
/• 351-
Marques de fabrique, 2, 6,
63. 64, /. 45, /. 48, /. 74,
/• 75. 77-
Marseille, 13, /. 47, /. 63,
/■ 74. /■ 75. /■ 140. /• 164,
12g, 148, 161, /. 214, 166,
i8i, /. 239, 255.
Marteau, 178.
Martial, 229.
Maximien, 224, 232.
Mayen, 197, /. 262, 214,
/. 288, /. 289, 264.
Mayence, 56, 58, 94, 96,
/. 115, 122, 148, /. 258,
/. 338, 263, 264.
Mayence (Musée de), 9, 40,
55. 56. 58. 70. 81, /. 104,
95. /■ 115. 99. /■ 128, 107,
114, /. 141, 118, 129,
/. 168, 132, /. 176, 142,
148, 159, 161, 170, 175,
/• 258, 233, /. 314, 239,
247, 248, /. 329, /. 330,
/• 338, /■ 339-
Mazauric, conservateur des
Musées archéologiques de
Nîmes, g, 75.
Mecquenem (R. de), 238.
Médaillons, 242, /. 322 (3).
Méduse, 40, 117, 152, /. 205,
153.
Mégare (Bols de), 188.
Melun, 261.
Ménades, 241.
Menoitos, 240.
Mercure, 66, 70.
Merkurflasche, 66.
Merops, 190.
Mérovingiens, 126, 135, 136,
159, 226, 254.
Mervent (Forêt de), 256.
Mesnil-sous-Lille bonne (voy.
Lillebonne).
Meiropolitan-Museum (voy.
New-York).
Metz, 173, 277.
Michel (H.), conservateur
du Musée archéologique de
Besançon, g, 28, /. 4, /. 5,
/. 6, /. 7, 208, /. 277, /. 281.
Michon, 9.
Milo, 115.
Misery (Sonuue), 262.
Mithridate (Coupe de) (voy.
Ptolémée).
Mobiliers funéraires, 252 et
suiv.
Moise, 247.
Mollusques, 163, 164, 165,
/• 217.
Monceau-le-Neuf (Aisne), 54,
98, 108, 219, 247, 262.
Monnaies (Datation des ver-
reries d'après les), 4, 5, 204.
Monogramme du Christ, 193,
244, /. 326, 245, 246,
/• 327-
Montagnole, igo, ig2, 256
Montbrison, 261.
Mont-Afrique, 229, /. 311.
Mont-Chyprès, 40.
Montfaucon, 42.
Alontître métallique (Veriesà.) ,
228, 229, /. 311.
Moreau (Frédéric), 8, 42,
/. 113, 98, ng, 121, 125.
126, /. 189, 144, 156, 183,
/. 244, 214, 220, 222,
/. 342, 262, /. 343, /. 344,
/• 345. 267.
Morgan (de), 157, 238.
Morin-Jean, 238, 251.
Morin-Jean (Collection), /.
12, f. 2g, /. 40, /. 64, /. 65,
/. 67, /. 69. /. 83, /. 85,
/. 86, /. 88, /. 98, /. 114,
/. 125,/. 151,/. 154,/. 167,
/. 18S, /. 190, /. 192,
/■ 193. /• 194. /■ 203,
/. 204, /. 207, /. 223,
/. 224, /. 228, /. 307, /. 309,
/. 316, /. 319, /. 328, /. 340,
/■ 341-
Mosaïkglâser, 228.
Moulage, 187 à 193.
Moulins (Allier). 256.
Munich (Antiquariiun de),
232, /. 312.
INDEX GENERAL ALPHABETIQUE.
299
Muvich (Musée national ba-
varois à), 45, /. 347.
Miirano, 9, 17, 267, /. 350
(C), 272, 273, /. 353, 278.
Mycéniens (Vases), 238.
Myrina, 150.
My/hologiques (Sujets), 239
et siiiv.
N
Nampteuil - sous - Muret
(.Visne), 263, /. 343.
Namur, 264 .
Namur (Musée de), y, 178,
189.
Nantes, 190.
Naples (Musée de), 42, 60,
/. 36, 62, /. 89, 139, 147,
174, 178, 22g.
Narbonnaise, 255.
Nègre, 150.
Néris (Allier), 64, 256.
Néron, 19, 76, 85,. 192, 228,
265.
Netzbecher, 231.
Neufchâtel (Pas-de-Calais),
/. 199, /. 263, 214, /. 290,
262.
Neicss, 264.
Neuville-le-Pollet, 40, 85,
/. 134, /. 138, 173, 226,
227, /. 310, 261.
New-York (Metropolitan-
Musemn à), 155, 191.
Niessen (Collectioxi) , 88, 17g.
Nîmes, 102, 124, 147, 248,
249. /• 333. 255-
Nîmes (Musée archéologique) ,
124. /• 157. 129, /. 174,
/• 333-
Nîmes (Musée de la Maison
Carrée), /. 46, 75, /. 118,
/. 121, 102, 122, /. 175,
133, /. 202.
Niort, 61, 65.
Niort (Musée de), /. 35, 65,
/• 332.
Nocturnus, 18.
Nodules, 22.
Normandie, 8.
Notitia provinciartan et civi-
iaium Galliœ, i.
Nuppen, 218.
Nuremberg (Musée de), 121,
197, /. 262, 214, /. 28g,
/■347(Ç.)./-35o(A.B.D.).
Nyon (Suisse), 278.
O
Ohha, 144.
Ober Ingelheim, f. 33g.
Oboles à Caron, 6.
Obsidienne, 134.
Œnochoé, 20, 32, /. 8, 38,
100, /. 117, 105, 112, 113,
/. 13g, 116, 131, 149, 150,
178, 202, /. 272, /. 275,
203, 204, 205, 206, 22g,
230. /■ 334. /• 335. /■ 337
(A.), 265.
Oiseau, 160, 161, /. 214, 162,
/. 215, 185, /. 246, 199,
212, /. 294, 217, 249, /. 331
(n" 2).
Olla cineraria (voy. Urnes).
Olla ossuaria, (voy. Urnes).
Onde (Décor), 198.
Onyx, 73.
Operculum, /. Il et 12, 44,
45. /• 331. /• 332_-
Ophiomorphique (Décor) (vo}'.
Serpent).
Opus interrasile, 22g.
Orange, f. 47, 102, /. 164,
256.
Orante, 250.
Orblin (].), f. 129, 262.
Orifices, 28, /. 4, 2g. /. 5, 30,
/. 6, 31, /. 7, /. 8, 32.
Orival, 127, /. 320.
Ornithomorphe (Verrerie)
(voy. Oiseau).
Orpheus, 213.
Ostie, 163, 166.
Oushabti, 50.
Ousirlasen I", 20.
Outre, 174.
Palais des Beaux-Arts, de
la Ville de Paris, 20^, f. 273
Palestine, f. 115, 277.
Palissy (Bernard), 165.
Pallien, 120, 164, 166, /. 217,
247, 263.
Palmes, 201, /. 271 n" g.
202, /. 272, /. 274, 205.
Palmier, 68.
Pahnyre, 23.
Pampres, 201.
Pan, 157, 241.
Panier, 178, /. 235.
Pannonie, 15.
Panse, 25.
Panthère, 237.
Papillon, con.servateur du
Musée de Sèvres, g.
Paralytique, 250.
Paris, 40, /. 43, /. 44, 65,
/■ 48, /• 70. /■ 71. /■ 77.
/. 82, /. 87, /. 103, 104,
/. 124. 107, /. 131, /. 163,
/. 187, /. 22g, 181, /. 238,
/. 261, 257, 258, 260, 261.
Patère, 178, 206, 211, /. 286,
/. 287.
Patrimonins, 18, 182.
Pausanias, 240.
Pecten, 166.
Peinture sur verre, 6, 248,
249, pi. I.
Pernice, 138.
Péronne (Musée de), /. 185-
Pérou, f. 204.
Petrucci, 202.
Pezou, f. 102, /. 255, 261.
Phiale, 122, /. 151, /. 330.
Philippe l'Arabe, 207.
Phintias, 166.
Phytomorphes (Verres), 167,
167 à 170, 170, /. 219,
/. 220, /. 221, /. 222.
Picquigny, f. 179.
Pieds des verreries romaines
découvertes en Gaule, 32,
33. /• 9. 34-
Pierpont-Morgan (Collec-
tion), 45, 52, 86, 163,
176, 237, 239, 242.
Pigeon, 180, 185, /. 246,
igg.
Pilloy, 8, 54, g6, 104, 114,
126, 127, 144, 157, 171,
173, 186, 214, 220, 222,
224, 243, 262.
Pinçures faites à l'outil, 125,
225, 227, /. 307, /. 308,
/• 309, /• 310- 265.
Piolène, 116, 133.
Pipette, 8r.
Pisistrate, 150.
^00
INDEX GÉNÉRAL ALPHABÉTIQUE.
Plastique (Verrerie), 14S et
suiv., 188.
Plat, 122, 131, /. 171, /. 172,
/■ 173-
Pleuronecte, 165.
Pline, 4, 13, 19, 174.
Plumes d'oiseau, 198, /. 270.
Poisson, 42, 57, 162, 163,
164, 165, 166, /. 216,
/. 217, 249.
Poitiers, f. 11, /. 15, /. 18,
/. 23, /. 27, 61, 65, /. 94,
127, /. 162, /. 219, 168,
174, 256.
Poitiers (Musée de la .Société
des Antiquaires de l'Ouest,
à), 52. 53. 61, 65, /. 94.
168.
Poitiers (Musée de l'hôtel de
ville à), /. 15.
Polypodes (Verreries), 32,
/• 9, 34-
Pompéi, 13, 48, 60, 78, 84,
100, 129, 131, 132, 134,
139, 147, 178, 229, 230,
249.
Pons (Charente-Inférieure).
/• 337-
Poppelreuter, 158.
Porc, 160, /. 213, 205.
Port-sur-Saône (Haute-Saô-
ne), 266.
Portland (Vase), 229.
Poséidon, 240, /. 323.
Postumus, 41, 96, 125,
134-
Pottier (Ed.), 89, 99, 149,
150, 151. 238, 248, 251,
272.
Pouzin [Le), 256.
Priape, 230.
Priapique (Vase), 230, pi. 6.
Probus, 229, 278.
Prochous, 105, 119.
Proculus, 190, 191.
Profil, 25, 26, /. 3.
Prométhée, 240.
Prophylactique, 148, 150, 156,
157. 213.
Prudes, 190.
Ptérote, 19.
Ptolêmée (Coupe de), 135,
136.
Pygmées, /. 157, 248, pi. i.
pyxide, 44.
Quadrige, 1S9.
Quatremarre, f. 10, /. 28.
Quicherat, 182.
Qtiintilien, 229.
Rahs (Nécropole de), iio
Rath (Collection voni), 183
237-
Rechmara, 21.
Reims, 14, /. 12, 56, 57,
58. /• 38, /. 54. 70. /■ 59.
84, /. 108, /. 129, 121, 132,
/. 190, 147, /. 227, 173,
/. 288, /. 292, 216, 220,
223, /. 301, /. 319, /. 323,
/. 324, 239, 240, 262, 263.
Reims (Musée de), 56, 57, 58,
/. 38, 68, 70, 84, 102,
/. 129, iio, 114, 119.
/. 165, 132, 141, 144, 147,
/. 227, 173, /. 247, /. 288,
/. 292, 216, 220, 223,
/. 301, /. 323, 239, /. 324,
240.
Reinach (Saloinon), conser-
vateur du Musée de Saint-
Germain, 9, 138, 150, i6o,
166, 213.
Reinach (Théodore), 157.
Reliefs d'applique, 192, 209.
Reliefs taillés, 230, 231.
Remagen, 173, 264.
Rennes. 261.
Renonsart (Aisne), 263.
Répartition géographique des
verreries, 255 et suiv.
Résille, 197, /. 262, /. 264.
Résille taillée à jour, 231.
Résurrection de Lazare (voy.
Lazare).
Rheindorf. f. 61, 242.
Rhétie, 15.
Rhodes (Faïences de), 237, 239.
Rhodiens (Vases), 238, /. 323
(A.).
Rhyton, 147, 150, 156, 159.
Rome, 163, 165, 166.
Rossi, 166.
Roucy (de), 40, 85, 143, i 73,
262.
Rouen, 57, 261.
Rouen (Musée départemental
de), /. 10, /. 28, /. 33, /. 42,
/. 51, 70, /. 60, /. 62, /. 76,
80, 83. 84, /. 95, /. 97,
/. 105,/. 107,/. 109,/. 112,
99, /. 116, /. 120, /. 126,
/. 130, iio, /. 134, /. 136,
/. 138, 122, 127, /. 170,
131, /. 181, /. 182, 136,
/. 191, /. 198, 153, /. 206,
/. 248, 191, /. 252, /. 265,
/. 266, /. 271, /. 276, 207,
211, /. 285, /. 310, /. 311,
229, /. 320.
Ruffieux, f. 19.
Sahlonnière (Aisne) (Cime-
tière de), /. 149, /. 189,
221, /. 299, /. 342, 263.
Sacrifice d'Isaac (voy. Isaac).
Saglio, 18, 31, 32, 42, 72,
79. 83, 103, 105, 119, 133,
146, 150, 174, 179, 240, 248.
Saint-Acheul, f. 198.
Saint-Cassien, f. 41.
Saint-Denis (Trésor de), 136.
Saint-Gabriel, 256.
Saint-Germain (Musée de) ,
9, 40, /. II, /. 13, /. 14,
/. 17. /. 18, /. 21, /. 23,
/. 26, /. 27, 53, 64, 65,
/. 49, /. 52, /■ 54. /• 55.
/■ 59. 85. /. 91. /■ 113.
99. 103. 121, /. 149, 123,
125, 126. /. 177, 134, /. 183,
/. 189. 141, 143, 144, /.
205, /. 210, 157, /. 219,
168, /. 226, 173, 174, /. 230,
183, /. 244, /. 264. 214,
/. 291, 2x6, /. 296, 220,
/. 299, 222, /. 306, /. 318,
237. 241, /. 342. /■ 343,
/. 344. /• 345-
Saint- Germain- lès- Corbeil,
261.
Saint- Jean-lès-Amiens, f. 76,
/• 105-
Saint-Mansuy, 155.
Saint-Médard des Prés, 256.
Saint-Nicolas-lès-Arras, 154,
/• 327. 247.
Saint-Pétersbourg (Musée de
l'Enuitage à), 229.
INDEX GÉNÉRAL ALPHABÉTIQUE.
301
Saint-Quentin, 263.
Saint-Quentin (Musée de),
/. 2, /. loi, 96, /. 123,
/. 158, 126, /. 166, /. 196,
157, /. 267, 219, 220, 224,
245. 247.
Saini-Saloine (Ruines de),
/. 94, 1S2, /. 240.
Saint-Saphorin-sur-Morges,
f. 172.
Saint-Séverin (Coupe de),
250, /. 328.
Sainte-Geneviève, f. 270.
Sainte-Ursule (Coupe de),
250.
Saintes, f. 94, 102, 123,/. 177,
134, /. 205. 182, /. 240,
256.
Saintes (Musée de), /. 94,
102, 170, 182, /. 240,
/• 337-
Sallier (Vase), 99, 157,
241.
Samson, 264.
Sanglier, 160, 239.
Sarzec [de), 102.
Sauvage (D'), conservateur
du Musée de Boulogne-
sur-Mer, 8, 9, 146, 173.
Saiizay, 20.
Savon des verriers, 21.
Sayda, 222.
Scandinavie, 15.
Scheurmans, 169, 189.
Schlangenfaden, 199.
Schmidt (Robert), 21, 136,
240.
Schœnecken, 189, /. 250.
Schweighauser, 232.
Scorpion, 249.
Sculptura vitri, 229.
Séguret, f. 11.
Sénèque, 18.
Sens, 260.
Septime Sévère (voy. Sé-
vère) .
Sequanaise, 264.
Serpents, 141, 143, 199, 212,
213, 214, 216, /. 288, /. 289,
/. 290, /. 291, /. 292, /. 293,
277, 280.
Seuil (Ardennes), 214, 263.
Sévère (Alexandre), 18, 113,
118, 119, 163, 180, 195,
206, 209, 265, 278.
Sévère (Septime), 7, 70, 124,
200, 204, 280.
Sèvres (Musée de), /. 61,
/. 127, /. 249, 189, /• 270,
/• 348, /• 349, /• 351.
271.
Sidon, 13, 277.
Silènes, 241.
Singe, 157.
Singe-Musicien, 157, /. 211.
Sissy (Aisne), 216, 220, 263.
Skeiomorphes (Verres), 170
et suiv.
Skyphos, 132 et suiv., /. 176.
Smith (Roach), 107, 139,
161, 225.
Smyrne, 151.
Soissons, 262.
Sole, 165.
South - Kensington -Muséum,
206.
Spiculus, 190, 191.
Spirales, 196, /. 259, /. 260,
/. 261.
Spire, 169.
Spire (Musée de), 40.
Spontin, 54, 264.
Steinfort. 108, 156, 263.
Stéphani, 229.
Strahon, ig.
Strasbourg, 14, 40, 43, 94,
96, 104, m, 139, 161,
173, 206, 222, /. 300, 231,
238, 247, 263, 264.
Strasbourg (INIusée de), 95,
107, 159, /. 214, 222, /. 300,
232.
Straub, 40, 43, 94, 95, 96,
104, 107, III, 139, 161,
173, 222, 238, 247, 263.
Strée (Nécropole de), 161,
264.
Suétone, 191.
Suèvres (Cimetière de), /. 26,
/. 91, 261.
Suse, 157, 238.
Suzanne, 245, /. 326, 247,
250.
Swasiika, 199, 201, 211,
/. 284.
Syrie, 14, 15, 44, /. 65, /. 69,
/. 86, 102, 152, /. 207,
153-
Syriens, 15, 17, 21.
Syrinx, 157.
Tacite, 247.
Tène (voy. La Tène).
Ténos (Ile de), 167.
Testament, 243, 250, 280.
Tête (Verres en fonne de),
148 à 156, /. 206, /. 207,
/. 208, /. 20g, /. 210.
Tetraites, 190.
Thèbes, 21.
Thiétreville, 127, /. 265, 261.
Thoraise (Doubs), /. 4, 265,
266.
Thorslunde, 24g.
Thyrse, 241.
Tibère, 76.
Tibre, 166.
Tiflis, 229.
Tincourt-Boucly (Somme) ,
262.
Tonneau, 174, 175.
Tonnelets, 176, 177, /. 232,
/. 233, /. 234, 270, /. 350
(A.), 271, /. 351, /. 352.
Toreuma vitri, 18, 22g.
Totem, 160, 213.
Toul, 155, 278.
Toulouse, 255.
Tour (de la), conservateur
adjoint au cabinet des
Médailles, 9.
Tournay, 173.
Tourville-la-Rivière, 40, /. 42,
/. 126, /. 136, 261.
Trajan, 5, 232, /. 334.
Trêves, 14, 15, 52, 53, 57,
58, 94, 96, 121, 124, 139,
158. 165, 169, 173, 176,
181, 183, 184, 186, 191,
225, 231, 247, 263, 277.
Trêves (Musée dé), 9, /. 25,
52, 55, 58, 77. /■ 90, 86,
/. 100, /. 104, 95, 96, 109,
III, 120, /. 148, 122, 124,
144, /. 195, /. 201, 158,
159, 160, 161, /. 217, 164,
169, 173, 175, 176, 181,
/. 237, 183, /. 245, i8g,
/. 250, /. 251, 191, /. 260,
225, 231, 237, 247, /. 331,
/■ 346 (A.).
Trident, 240, /. 325.
Trilobée (Embouchure), /. 8
(C), 32, 112. /. 150, 122.
302
INDEX GÊNÉRAIv ALPHABÉTIQUE.
Troiiville-en-Caux, 189, 192,
261.
Troyes, 261.
Trujillo, f. 204.
Trulla, 178.
Tubulure, f. 129,/. 130,/. 131,
A 132. /■ 133-
Tiidot, 157.
Tylosis, 68.
Tyr, 13, 14, 277.
U
Ueherfanggliiseï', 22S.
Urisus, 212.
Urlichs, 232.
Urnes cinéraires,. 42 à 52,
195, 200, /. 329, /• 332,
255- /• 333. /• 334. /- 335.
265, 280.
Us/ ion, 5.
Vacqiier, 258.
Vaillant, 154, 156, 161, 173,
247.
Vaison, 45, /. 11, 50, /. 39,
/■55./-9I. 100, 102./. 140,
256, /. 334. /• 33.V
Vaissier, 208, 230.
Vaîte, /. 6, 266.
Valens, 104, 175, 183.
Valentinien I", 139, 156,
224.
Valentinien II, 214.
Valérien, 207.
Valréas, f. 122.
FaceMMÉS, 256.
Vatican (Musée du), 164.
Végétal, 167.
Veliocasses, 257.
,Few(£awge, 229.
Vendôme (Mu.sée de), 64,
/. 102, 126, 127, /. 255.
Venise, 24, 39, /. 347, /. 349.
Vermand (Ai.sne), 14, 15, 22,
/• 2, 54, 55, /. 30. /■ 31.
56. 57. 58, /• 34. /■ 83. 90,
/. lOI, /. 106, 96, /. 12},,
104, 107, 108, /. 145, IlS,
125, /. 158, 126, /. 161,
/. 166, /. 171, /. 193. 143.
/. 194, /. 196, 146, 157,
170, 175, 186, /. 267, 214,
219, 220, 221, 223, /. 307,
245, 247, 255, 263.
l 'eriniculaires (Applications) ,
96, 109, 113, 119, 120,
/. 156, 129, /. 168, /. 170,
134, 136, 141, 178, 179,
199, 200, 201, /. 271,
/. 275, /. 276, 206, 207,
/. 277, 208, /. 278, /. 279,
/. 280, /. 281, /. 282, /. 283,
/. 285, /. 286, /. 287, /. 288,
210, 211, 212, /. 294, 249,
/. 336 (D.), 263.
Verres d deux couches, 228
et siiiv.
Verre au plomb, 21.
Verre gravé (voy. Gravure).
Verres peints (voy. Pein-
ture sur verre).
Verre soufflé (Découverte
du), 13, 20, 21, 278.
Verres soufflés dans un moule
(voy. Moulage).
Verres soufflés du AT'? au
XVIII" siècle, /. 347.
]'erre soufflé moderne de
Murano, 273, 274, /. 353,
275-
Verriers (Condition sociale
des), 17 à 19.
Verrines, 169, 256.
Verseuse, iio.
Versigny, f. 135.
Vesly (de), conservateur
du Musée départemental
d'Antiquités, à Rouen, 9.
Vetro blu, '22g, 230.
Vichy, 256.
Vieil- Atre (Cimetière du)
/. 29, /. 79, /. 84, 107
/■ 135./- 143./- 154./- 180
/. 188, 154, 156, /. 208, /,
173, 209, /. 278, 209, 220
/. 208,/. 308, /. 316, /. 321
24<^. /■ 327. 254, 262.
Vienne, 14.
Vierville (Eure-et-Loir), /. 40,
/. 309, 261.
Villa d'Ancy (Aisne), 119,
144, /. 288, /. 291, 214.
Villegille (de la), 190.
Villeneuve-Saint-Georges, /.,
226.
Villenoisy (de), 9.
Vin, 79, 82, 174, 279.
Viotte, f. 4, /. 5. /■ 6, /. 7,
/. 277, 208, /. 281, 210,
265.
Visconti, 163.
Vitellius, 128.
Vitrearii, 18.
Vitry-le- François, 45.
Volusianus, 94, 96, 125, 134.
Volute, 199, 201, /. 271
(no 7).
W
Wallraf-Richartz Muséum
(voy. Cologne [Musée de]).
Welcker, 240.
Weerth (Aus'm'), 55. 56, 83
114, 135, 136, 137, 141
146, 158, 159, 162, 178
180, 239. 240, 242, 247
Wiesbaden (Musée de), 40
159. 163, 191-
Wilrnowski, 164, 247.
Winter, 138.
Worms, 173.
Worms (Musée de), 159, 160,
186, 264.
Xanteii, 85, 128, 264.
Zeus, 240.
Zoolâtrie, 156.
Zoomorphes (Verres), 156 et
suiv.
Zurich (Musée national
suisse, à), 190.
TABLE DES PLANCHES HORS-TEXTE
Pages.
Pl. I. — Verre peint. — L,e combat des Pygmées et des grues. . . . Frontispice.
Pl. 2. — Anses des verreries romaines (types du Romain I) 36
Pi,. 3. — Anses des verreries romaines (types du Romain II) 37
Pl. 4. — Urne cinéraire en verre. — Fouilles de Clermout-Ferraud (Puy-
de-Dôme) 41
Pl. 5. — Urne cinéraire 81
Pl. 6. — Verre a deux couches (faux camée). — (Fuoclioé priapique trou-
vée à Besançon. — i'^'' siècle ap. J.-C 121
Pl. 7. — Verreries du iv*' siècle. — Bol orné de cabochons. — Diota .... 161
Pl. s. — Diota de verre du iv^ siècle 201
Pl. 9. — Verre a pied orné de serpents 241
Pl. 10. — Verrerles a cabochons du i\'<^ siècle 281
TABLE DES MATIERES
Lettre-Préface de M. Ernest Babelon vu
Introduction i
I. Notions historiques 13
II. Condition sociale des verriers en Gaule 17
III. DÉCOUVERTE DU VERRE SOUFFLÉ. QUALITÉ ET COLORATION DU VERRE
ANTIQUE 20
IV. Morphologie analytique 25
1. Panse (Les Profils. Le galbe) 25
2. Goulots 37
3. Orifices 28
4. Pieds 32
5. Anses 34
V. Description générale des types 42
1. Urnes cinéraires 42
2. Bouteilles à panse cylindrique à fond plat 52
3. Bouteilles à panse prismatique 59
4. Bouteilles apparentées par leur forme au type gréco-oriental de
l'Alabastre et du Bombylios et leurs dérivés 72
5. Bouteilles apparentées au type de l'Amphore romaine à base termi-
née en pointe, et leurs dérivés 79
6. Bouteilles apparentées au type grec de l'Aryballe 82
7. L'Ampoule à panse sphérique et ses variantes. Diotas et Gourdes
plates 90
8. Bouteilles à une anse. CBnochoés et variantes 100
9. Bouteilles apparentées au Lécythe italiote de terre cuite 119
10. Bouteilles à fond bidbeux 121
11. Phiales, bols et plats 122
12. Tasses et récipients à large ouverture émanant des types grecs :
Canthare, Skyphos, Carchesium et Ciborium 132
13. Verres à boire 139
14. \'erreries non ansées, à panse ovoïde. Formes empruntées à des
poteries romaines de la basse époque impériale 144
39
3o6 TABLE DES ilATlÈl^S.
15. Infundibula 146
16. Verrerie plastique 148
Anthropomorphe 148
Zoomorphe 156
Phytomorphe 167
Skeiomorphe 170
17. Formes aberrantes 180
VI. lyES PROCÉDÉS d'ornementation 187
1. Moulage 187
2. Décor par- dépressions 193
3. Étirage et application à chaud de fils de verre 195
4. Barbotine de verre 216
5. Cabochons de verre 218
6. Guttules appendiculées 226
7. Pinçures faites à l'outil 226
8. Ciselure en relief 227
9. Gravure en creux 234
10. Peinture 248
11. Dorure 249
VII. L,A VERRERIE EN GaULE DANS LE MOBILIER FUNÉRAIRE. ■ — PRINCIPAUX
LIEUX DE TROUVAILLES 252
VIII. Ressemblances que présenient, avec la verrerie impériale
ROMAINE, certaines VERRERIES MODERNES. FABRICATION D'UN
canthare de verre solifflé a murano 267
Conclusions 276
Index muséographique 284
. Index bibliographique 289
Index général alphabétique 293
Table des planches hors texte 303
ADDENDA
i» \'ERRns MOULÉS ORNÉS DE COURSES DE CHARS. — Orange. Fouilles de 1839. Fragment
d'un bol en verre verdâtre filandreux du Romain II. — Quadriges et inscription.
Musée archéologique de Nîmes (Ancienne Collection Émilien Umnas).
2° Muséographie. A. Montpellier. Musée de la Société Archéologique. — Verrerie à
faciès industriel du Romain I, provenant de sépultures à incinération découvertes
à Murviel en 1S72 et en 1896, et à Pignan, en 1887. — Urnes formes i, 2 et 3 et
variantes. — Olla de verre violet foncé à anses en émail blanc [S. A. 506. (76)].
Nombreuses ampoules (Lacrymatoires) . Gros rhy tons (entonnoirs courbes) ornés de
cercles gravés. (Les filets concentriques faits au tour semblent bien constituer les
plus anciens témoins de la gravure sur verre.)
B. Nîmes. Musée de la Maison Carrée. — Belle œnochoé en verre bleu-violacé
ornée de nombreuses saillies d'émail blanc sur la panse et d'mi filet de même émail
sur l'anse, trouvée à Nîmes (chemin de Montpellier), dans le tombeau d'imi prêtre
d'Isis. — Urne de verre violet foncé à anses en émail blanc [n^ 15], (même type qu'au
musée de Montpellier.) — Petit canthare en verre bleu- violacé à anses en émaU blanc
[no 36].
3° Bibliographie. — Emile Bonnet. Sur une sépulture gallo-romaine découverte à
Pignan (Hérault). Extrait des Mémoires de la Société Archéologique de Montpel-
lier, 19x0.
ERRATA
Pages 56 et 66. Fonnes 10 et 18, au lieu de : en verre incolore, lire : en verre incolore
ou légèrement verdâtre.
(Nous entendons par verre incolore celui que les anciens ont cherché à rendre
tel. Ce verre n'est pas toujours d'xme pureté absolue. Il a souvent, par places,
une temte plus ou moins verdâtre ou jaimâtre.)
Page 74. Fig. 69, au lieu de : Syrie, ni'^ S., lire : Syrie. Romain II.
6205-13- — CORBEIL. IMPRIMERIE CRÉTÊ.