DC
801
B5D8
LE BÊNAQUÊS
OU
LA BARONN1E DE BÉNAC
fABBÉ A. DUFFOURC
TARBES
I M P R IMERIE É M ILE CROH A R É
Place Maubourguet el rue Massey.
MDCCCXCV]
>
LE BÊNAQUES
ou
LA BARONNIE DE BÉNAC
L'abbé A. DUFFOURC
TARBES
IMPRIMERIE EMILE CROHARE
Place Maubourguet et rue Massey.
I89r
PC
Eu I
LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
I. — DESCRIPTION
Orographie, hydrographie, usines à eau, climat, limites.
!
Au centre de la Bigorre et non loin des derniers contreforts des
Pyrénées, s'étend le pays de Bénaqués.
La contrée que nous étudions se trouve topographiquement divisée
en deux parties distinctes : la plaine et la côte. La plaine de l'Echez
commence à proprement parler à Orincles, s'élargit vers le Barry,
grandit à Bénac et prend son entier développement vers Lannes,
Louey et Hibarette. Elle est abritée contre les vents de l'ouest par le
Miramont (647"1), — • colline d'Orincles, célèbre par la procession du 29
avril, en l'honneur de saint Pierre, martyr, — et les coteaux moins
élevés d'Averan (51 6m) . Au levant, se déroulent les hauteurs du Balabay
(4$om), les sommets du Bécut (465'"), la longue crête de Visker (489™),
les turons de Loucrup (574ra) et les collines plus basses de Layrisse
(47«m).
II
Deux cours d'eau fertilisent les terres du Bénaqués : l'Echez et
l'Aube. L'Echez a sa source au pied nord du pic de Cotdoussan (1049™),
descend dans la baronnie des Angles, traverse le village d'Orincles,
continuant sa route vers le Barry, Bénac, Hibarette, Louey, Tarbes et
Vie, pour se jeter enfin dans l'Adourà Maubourguet, après un parcours
LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
de cinquante kilomètres.1 De nombreux ruisseaux lui apportent le
contingent de leurs eaux et ont leur confluent, à savoir: en amont
d'Orincles, la Geline, grossie des ruisselets de Ralle, d'Escoubès et de
la Goutille, qui vient des hauteurs d'Astugue; le Paréaguet (dit aussi le
Vignevieille, du nom d'une maison), lequel emprunte sa désignation la
plus usuelle au village de Paréac, où est sa source; le Galor, formé des
eaux de la Garleye, de la Quinte et du Baradou, qui descend de Lou-
crup ; — en aval d'Orincles, le ruisseau de Benqué, dont le confluent
est à l'embranchement de la route de Layrisse son point d'origine; le
Puyoulet, enflé du Miramont et de la Gouzière, qui coule en partie sur
le coteau d'Averan ; — au Barry, le Gourlias ; — à Bénac, le Bara-
dens, grossi de l'Artigau, et le Riouans ou Artigaou,2 qui sort du
quartier d'Artignac ; — à Hibarette, l'Aube, dont la source est à Lou-
crup, reçoit le Biscarmiaou (dont le nom paraît venir de Visker, d'où
il descend) et le ruisseau de Bécut, qui longe le bois de ce nom; —
à Louey, l'Aubich et son affluent le Bulous ; — à Juillan, la Geune, qui
a sa naissance au col d'Adé, parcourt une partie de Lannemourine, où
il sort du territoire du Bénaqués.
III
Les barons de Bénac ont utilisé les eaux de l'Echez en établissant de
nombreux moulins où tous les habitants du Bénaqués devaient moudre
leur blé.
Le moulin d'Orincles payait de redevance au marquis de Bénac en
1789 : « soixante sacs de grain. »
Les habitants d'Orincles ne furent pas toujours contents du fermier,
à en juger par cette requête :
1. « Qu'il fait bon pêcher dans les rivières où le poisson abonde!... L'Echez,
qui baigne Bénac, Vie et Maubourguet, rivière profonde et encaissée, dont les
réservoirs, semblables à des abîmes, nourrissent des truites et des brochets,
patriarches gourmands au corps énorme, mais dont les bouleversements et les
eaux sont terribles. » O. Justice. Les Hautes-Pyrénées, p. 26.)
2. On voit là un exemple frappant de l'anarchie orthographique de notre topo-
nymie : deux ruisseaux du même nom, le premier affluent de gauche, le second de
droite, tombant dans l'Echez à quelques mètres de distance, qui sont dits l'un
Artigau, l'autre Artigaou, dans la Carte routière et hydrographique des Hautes-Pyré-
nées, canton d'Ossun, au 1 : 50,000, 1876, à laquelle nous empruntons une partie dé-
cès renseignements.
HYDROGRAPHIE
(( A vous M. le juge du marquisat de Bénac,
Supplient humblement les sendics et consuls du lieu d'Orincles et
vous représentent qu'il y a quatre mois ou environ, Arnaud G — fermier
du moulin que le seigneur possède dans ledit lieu, auroit entreprins de
faire faire les tours de deux meules qu'il y a dans ledit moulin sans
avoir appelé les supplians, comme il est d'ordre, afin que les choses
soyent faittes sans fraude, et, au lieu de faire faire lesdits tours en rond
et en telle sorte qu'ils fissent raison aux volants, sans qu'il y restât
d'espace vuide entre deux, que celle qu'il faut pour que les volants
puissent aller sans qu'il s'y perde de la farine, il les auroyt faittes faire
en quarré; et, outre cela, de beaucoup plus larges qu'il ne falloit; telle-
ment que les supplians, ayant veu diverses plaintes de la fraude qui se
commettoit journellement, depuis le temps de ladite refaction, ils se
seroynt transportés dans ledit moulin, avec partie de la communauté, le
trente et un du mois d'aoust dernier, pour vysitter ledit moulin et meules;
et, ayant faict lever les volans, ils y auroynt trouvé, aux quatres coins, de
grosses remises de farine, et même, tout autour, entre lesdits volans et
l'arche, une grosse quantité, en telle sorte que, de celle quy fut trouvée
en une seule meule, il y en eut une mesure presque comble, et, en l'autre,
qui n'auroict sans doute pas autant travaillé depuis avoir été lepvte, il
s'y en trouva environ demy mesure. Laquelle farine ledit G. . . auroyt
porté lui-même, avec les supplians et acistans, en la place commune, où la
communauté a accoustumé de s'assembler, et auroyt esté mise en dépôt
entre les mains de Passanet, pour la représenter, quand il seroyt néces-
saire, aux juges et d'autant que c'est une fraude et unevolerie manifeste
quy mérite punition exemplaire. Plaira de vos Grâces, monsieur,
ordonner qu'il en sera informé devant vous pour, sur l'information, estre
décerné tel décret que de raison, et ferez bien.1 a
Le moulin de Loucrup « proche l'enclos de Ga » à Orincles four-
nissait onze sacs seigle et cinq sacs milhoc.
Le moulin de Barry en 1749 : dix neuf sacs seigle, neuf sacs et demi
milhoc et un père chapons.
Les deux moulins de Bénac, celui de Pont et celui de Balle en 1779:
quatre vingt douze sacs, la moitié en carron et la moitié en milhoc en
quatre payements égaux de trois en trois mois.2
Le moulin de Hibarette en 1652 : trois sacs de froment, vingt quatre
de seigle et vingt quatre de milhoc.
Le moulin de Louey, le 22 novembre 16^2 : trois sacs froment,
vingt quatre de seigle et une père de chapons.
1. Archives Domec-Manautou à Orincles.
2. Cazabonne. (Etude Candellé à Ossun).
LE BENAQUES OU BARONNIE DE BÉNAC
IV
On trouve dans le Bénaqués deux atmosphères différentes : celle de
la plaine et celle de la côte. Dans la plaine, on respire un air doux, ce
pays se trouvant abrité contre les vents du sud-ouest; aussi les récoltes
mùrissent-elles une huitaine avant celles de la côte. A Layrisse, Lou-
crup et Visker, le vent d'ouest souffle avec violence, devient même dan-
gereux, couche les récoltes, et déracine les arbres, enlevant même
parfois la toiture des maisons.
Les pluies sont fréquentes, à cause du voisinage des montagnes. Les
jours d'orage, les eaux entraînent dans la plaine la terre végétale
des collines et causent à tous de grands dommages ; le pauvre labou-
reur voit, en un instant, ses terres ravinées et ses prés couverts de
cailloux et de sable. L'Aube, qui serpente paisible au milieu des prés
en fleurs, est terrible aux heures de tempête. Mais bien plus terrible
est encore l'Echez : cette rivière, si tranquille sous sa double rangée
d'aunes et de peupliers, se lance alors à travers la plaine, visite nos
villages, emporte gens, animaux et instruments de labour. Les bar-
rages ne suffisent plus pour garantir nos domaines contre ce cruel rava-
geur.1
Un fléau plus néfaste encore, la grêle, sévit parfois et dévaste nos
campagnes. L'agriculteur redoute souverainement la grêle ! Se voir
enlever, en quelques secondes, le fruit du travail de toute une année est
le plus grand malheur qui puisse arriver à celui qui attend de la terre
son bien-être et sa vie. Avec leur foi vive, les habitants du Bénaqués
comprennent que la grêle et la fécondité du sol nous viennent de Dieu.
Voilà pourquoi nos chrétiennes populations se font un devoir d'assister
régulièrement à la procession dominicale, pendant la période des
orages ; elles aiment la sonnerie des cloches, quand gronde le tonnerre,
la procession de Miramont,2 et tant d'autres pratiques pieuses.
i. Le 26 janvier 1735, Antoine Cazarré de Bénac, âgé d'environ 55 ans, se reti-
rant dans la nuit de chez un de ses amis, tomba dans l'Echez, qui était alors
débordé. Il fut trouvé le lendemain proche le moulin appelé de Balle, où la justice
alla le relever. Il fut ordonné qu'il serait enterré dans les mêmes formes que s'il
était mort de mort naturelle « attendeu, disent les registres, qu'on ne trouve que
des marques d'un bon chrétien, et il fut attesté du plain suffrage de tous les habi-
tants dudit Bénac. » (Registre des décès de Bénac.)
2. Souvenir de la Bigorre, t. VI, p. 1;;.
GÉOGRAPHIE 7
Des sociétés ont fondé des compagnies d'assurance contre la grêle,
le gouvernement accorde des secours aux victimes de ce terrible fléau ;
mais, combien plus généreuse était l'Eglise : elle dégrevait ses tenan-
ciers.1
V
Le village de Bénac forme le centre d'un groupe de communes, qui
toutes ont vécu de sa vie sous la mouvance de « hauts et puissants
seigneurs de Bénac ».
Le nom de Bénaqués est le nom primitif de ce pays. Cette dénomi-
nation, nous la trouvons souvent dans les actes» du XVe siècle et dans
les actes antérieurs. Pourquoi ne conserverions-nous pas un nom cher
à nos ancêtres ?
La baronnie de Bénac est l'une des plus anciennes de la Bigorre.
Elle comprenait neuf communes : Averan, Le Barry, Bénac, Hiba-
rette, Lannes, Loucrup, Louey, Orincles et Visker.
Ces communes, à l'exception de Visker, forment encore une collec-
tivité qu'on désigne usuellement, dans le langage administratif moderne,
sous le nom d' « ancienne baronnie de Bénac ». Elles possèdent des
biens indivis, notamment la montagne de Cérizo, sise au territoire de
Bagnères. Les délibérations relatives à l'administration de ces biens
sont prises en commun par les six maires intéressés. Le maire de Bénac
est le syndic de fait de la collectivité, qui ne constitue pas un syndicat,
au sens officiel du mot, comme cela existe dans la baronnie des Angles
et la vallée de Castelloubon, pour ne citer que deux pays limitrophes
du Bénaqués.
A l'est le Bénaqués confronte au territoire de Momères, de Saint-
Martin, d'Arcizac-Adour, de Hiis et de Montgaillard ; du midi, à celui
d'Astugue ; de l'ouest, à celui d'Arrayou, d'Escoubès, de Paréac, de
Julos et d'Adé ; du nord, à celui d'Ossun, de Juillan, d'Odos et de
Horgues.
i. Les années 1665 et 17^6 furent deux années désastreuses pour la baronnie de
Bénac. Paule Guarry, de Visker, fut déchargée par la fabrique de cette paroisse
de la redevance qu'elle lui faisait pour les fruits décimaux qu'elle percevait à
Visker, évalués 21 écus petits et demi, « attendeu que la gresle est passée ladite
présente année 1665 par les fruicts du terroir que ladite esglize perçoit les fruicts
décimaux. » L'an 1756, il fut impossible à Visker et à Saint-Martin de faire
« L'afferme » des fruits de la fabrique, la grêle ayant tout anéanti. (Daquo. Etude
Candellé à Ossun.)
LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
La baronnie fut érigée en marquisat, le 20 février 1612, par lettres
patentes, expédiées par Louis XIII.
L'histoire de Bénac et des communes formant le Bénaqués n'est pas
sans intérêt et même sans éclat. Serai-je assez heureux pour retirer de
l'oubli quelques titres utiles, qui nous feront connaître les mœurs des
âges passés, qui nous diront, dans leur langage naïf, ce que furent nos
pères, dès les premiers temps, sous les barons de Bénac ? Les docu-
ments sont épars, ma tâche n'en sera que plus difficile. Un petit
nombre d'années encore, et il ne restera plus un seul vestige de
l'ancienne France... Avec les châteaux se sont perdues les archives
de la noblesse ; avec les monastères se sont perdues les bibliothèques
des moines laborieux. On sait avec quelle ardeur, en 1792, on brûlait,
sur les places publiques et à tous les carrefours : chartes, contrats,
diplômes, actes de famille, de fondations pieuses, d'achats et d'échan-
ges, de donations et de franchises. Les notaires possèdent à peine
quelques actes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Ils ont été enlevés
ou tronqués par la Révolution.1 Des familles, en petit nombre, ont
fourni quelques renseignements.
Quand on est pauvre, dit le proverbe de la sagesse antique, il faut
tâcher de tirer le meilleur parti possible de ce que l'on a; c'est ce que
je vais essayer de faire.
Je n'entreprendrai pas l'histoire de chacune des neuf communes du
Bénaqués; la vie de chacune d'elles est tellement liée à celle des autres
qu'elle découlera de ce que je dirai dans le cours de ce travail. Je
donnerai seulement quelques notes relatives aux principaux événements
auxquels elles ont été mêlées.
I. A Bénac, Cazabonne, notaire, retrancha, en 1702, de ses registres tous les
actes féodaux et seigneuriaux ; les officiers municipaux les firent brûler sur la place
du Mailho, au chant des hymnes patriotiques. (Archis'es de la mairie.)
CASTRAMETATION
II. — HISTORIQUE
Castramétation, Voies, Théogonie, Maures, Croisades, Vasse-
lages au XIVe siècle, Réforme, Fronde, Exactions féodales.
I
Les Romains se sont emparés de la Bigorre : l'histoire en fait men-
1 tion. Jules-César serait-il venu en personne faire la conquête de notre
pays? On ne le croit pas. Le généralissime romain aurait envoyé son
armée sous les ordres d'un de ses généraux et aurait ainsi triomphé
de nos pères. De nombreux camps retranchés, des tumulus et des
tucos, dont un certain nombre existaient vraisemblablement lors de la
conquête, sont encore debout, malgré le travail du temps et du labou-
reur. Ces ouvrages se réclament d'une antiquité, difficile à déterminer.
Le château de Bénac a été construit sur l'emplacement d'un de ces
retranchements ; Lannes possède le Pouey, entouré de vastes fossés et
le Buala; Louey, le turon d'Artisac; et Hibarette, un tumulus au quar-
tier appelé Pouyardoun. Des fouilles bien conduites nous fourniraient
de précieux renseignements.
Au levant du village de Loucrup, non loin du chemin de grande
communication, se trouve un tuco, attenant au marais qui forme la
source de l'Aube. Cette éminence est faite de terre transportée;
elle mesure deux mètres de haut sur vingt de diamètre. D'après la
légende locale, ce tumulus serait un monument funéraire, consacré à la
mémoire de quelque chef par des soldats, qui en auraient apporté la
terre dans leurs casques. Le tuco de Loucrup me paraît être une motte
défensive, munie primitivement d'un fossé de huit à neuf mètres de
large, presque comblé aujourd'hui. La nécessité, dans une région aussi
sèche, d'approvisionner d'eau un fossé aussi large peut expliquer le
choix de l'emplacement de cette motte, dans un lieu déprimé, à proximité
d'un ruisseau.
Ce tertre a été planté en vigne, il y a une trentaine d'années. En
bêchant profondément, des laboureurs entendirent un son inaccoutumé,
enlevèrent la terre, la fouillèrent et découvrirent un schiste qui fut
10 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
soulevé à l'instant. Une excavation apparut. Le plus hardi des travail-
leurs y descendit, s'éclairant d'un flambeau. Cette chambre, creusée dans
le sol, et qui existe encore, a la forme d'un four dont l'ouverture serait
placée sur le haut. Des personnes sérieuses, témoins de cette décou-
verte, disent en avoir vu retirer un parchemin qui se réduisit en pous-
sière au toucher. Ce parchemin, dont on n'a pas conservé le moindre
lambeau, nous aurait peut-être fourni d'utiles indications sur la destina-
tion du souterrain.
II
« Une voie romaine reliait Toulouse à Dax. Elle remontait la
Garonne par Vcrnosolam (La Vernose), Calagorris (Martres), Vulcha-
lou (Beauchalo), Lugdunura Convenarum (Saint-Bertrand de Commin-
ges), Aquœ Convenarum (Capvern ou Bagnères-de-Bigorre), Oppidum
novum (Lourdes), Beneamum (Lescar), Aquœ Tarbellicœ (Dax) et
Lapurdum (Bayonne). Cette voie touchait à tous les camps retranchés
élevés, sous Jules César, sur la ligne du Gave, et complétait ainsi
cette formidable ceinture stratégique.1 »
Un de nos bons érudits a essayé de « déterminer les relations de
cette route, avec les camps nombreux qui se trouvaient non loin de son
parcours ». Mais il s'en est tenu à des généralités fort peu précises.
Voici la page de cet intéressant travail qui concerne le Bénaqués :
« De Hiis, la voie suivait le chemin de Mourdens, au nord du village
de Montgaillard, se dirigeait d'abord du nord au sud, en dominant et
du côté de la vallée de l'Adour et du côté de Lourdes, allait ensuite de
Test à l'ouest vers le tuco de Puyolles, qui est composé de trois amon-
cellements de terre, dont le plus considérable est au milieu et se voit
au loin. Une tranchée pour le passage de la voie a été pratiquée entre
ces amoncellements qui constituent des tumulus. La voie passait-elle
ensuite sur le territoire de Visker ou bien sur celui de Loucrup ? Nous
avons adopté ce dernier tracé après examen répété sur les lieux. Elle
gagnait ensuite Layrisse pour descendre et traverser l'Echez à Barry.
i. Cénac-Moncaut, Histoire des peuples pyrénéen», t. I, p. 194. — Il paraît admis
de nos jours que Aquœ Convenarum doit être identifié avec Bagnères, et Cénac-
Moncaut commet une erreur en prolongeant jusqu'à Bayonne cette route, qui
s'arrêtait à Dax.
VOIES ANTIQUES I I
Ce point nous semble déterminé ; là se trouve encore un pont à plein-
cintre d'une seule arche, et qui nous a paru avoir une construction sem-
blable à celle du pont sur l'Arros, dont il a été question plus haut.
Après avoir traversé l'Echez, la voie gravissait une pente raide vers
Averan et se plaçait toujours sur la ligne de partage des eaux, dominant
la vallée de l'Echez vers Orincles et surtout la vallée en aval vers Lannes,
Louey, Ossun et T'arbes.
En sortant du village d'Averan, on trouve une première croix ; on
monte encore jusqu'au sommet du bois du Mouret, dominant toujours
et complètement la vallée de l'Echez et en très grande partie celles de
l'Adour. L'ancienne voie se tenait plus près du sommet du mamelon. —
Deuxième croix. . .* »
La voie romaine, d'après la reconnaissance que nous avons cru
pouvoir en faire, remontait du tuco de Puyolles au Pouy arabe de
Loucrup, descendait vers le tuco aux sources de l'Aube, se dirigeait de
là vers la Menjoye, tournant sur Layrisse (nous en suivons le tracé vers
Peyrahitte), descendait ensuite vers le bois de Bergadan, passait à une
cinquantaine de mètres du château de Bénac, montait vers Averan et
de là s'élevait à mi-côte de Miramont près la Peyreblanque,2 se diri-
geant sur Julos, où se trouvent les traces d'un camp retranché, et de là
rejoignait Lourdes.
La voie romaine, longeant presque les fossés du château, avait-elle
pour but de relier le castrum de Bénac aux autres points stratégiques
delà BigorrerOu mieux, le château-fort a-t-il été bâti plus tard sur
cet endroit pour bénéficier des nombreux avantages que lui procurait
cette route r — Si Bénac n'était pas « un point stratégique », camp
retranché ou forteresse, on ne voit pas pourquoi cette voie passerait
par le Bénaqués, avec les grandes difficultés qu'on rencontre dans les
accidents du terrain. L'administration des ponts et chaussées a aban-
donné l'ancien parcours comme trop long et trop pénible, quand elle a
tracé la route de Bagnères à Lourdes par Montgaillard. Il fallait une
raison majeure comme celle de relier deux forteresses, pour adopter
l'ancien itinéraire.
i. Dejeanne (J.-M. , De quelques voies anciennes de l'Aquitaine, p. 2$.
2. Peyreblanque paraît n'être qu'un débris de stèle gallo romaine servant à
marquer les distances. — 11 est fait mention de ce point dans le Bulletin de la
Société académique dj Tarbes (6e année , p. 42 et dans le Souvenir de la Bigorre,
t. V, P..-,.
\2 Le bénaqués ou baronnie de bénac
III
On ne sait rien de la religion du Bénaqués avant et pendant la domi-
nation romaine. Les dieux de notre pays durent être les dieux du reste
de la Bigorre. Nos aïeux adoraient soit l'être suprême avec les druides,
soit les dii locales, divinités tutélaires, génies protecteurs des familles.
Parmi les divinités de l'Aquitaine, on trouve trace d'un dieu du nom
d'Averanus.
Un monument a été recueilli et étudié avec soin parles épigraphistes
pyrénéens : c'est l'autel votif et l'inscription, consacrés au dieu Averan,
qui ont été trouvés à Melles-sur-Fos, près du mont Averan. Voici cette
inscription telle que nous la donne Julien Sacaze, dans ses Inscriptions
antiques : l
« 291. — Inscription trouvée près de Melles, suivant Dumege. « Les
Convenae, dit-il, adorèrent le mont Averan... voisin de Melles. On a
trouvé dans l'un des torrents... de cette montagne les restes d'un
petit autel. . . » Perdue. Le col d'Averan mettait en communication le
territoire de la civitas Conrcnarum avec celui de la civitas Consoranorum.
AVERANO
IVLIA- SERGL F
PAVLINA
V- S- L- M-
Averano deo, julia, Sergi ffilia) Paulina, vfolumj s(olvil) IfibensJ
m( criioj.
Au dieu Averan, Julia Paulina, fille de Sergius, avec une juste recon-
naissance, en accomplissement de son vœu.
Il faut remarquer le gentilice Sergius, employé ici comme cognomen:
le gentilice de la mère pouvait servir de cognomen à l'un des enfants ;
cependant cette inscription provenant de Dumège est douteuse. »
Le village d'Averan, dans le Bénaqués, se trouve bâti presqu'au
sommet du mont qui porte son nom. Tout laisse à supposer que ce
dieu, honoré dans un village du Comminges, a été Tune des divinités
tutélaires de la plaine de l'Echez et a donné son nom à cette localité.
1. Page 348- — Cf. Dumège, Monuments, ;i2 ; Archéologie, I, 154, jo~ ; III, 424;
— Castillon, I, pi. 12, ire série; Sacaze, Anciens' dieux, 9 et 10, n" 24.
INVASION MAURE I }
IV
Mais quittons le domaine de l'hypothèse, pour arriver tout de suite
à une époque historique, l'arrivée des Maures d'Espagne dans notre
contrée.
« Le Sarrasin, ainsi que l'Alain, était nomade; monté sur son dro-
madaire, vaguant dans des solitudes sans bornes, changeant à chaque
instant de terres et de ciel, sa vie n'était qu'une fuite.1 » Tel est le
portrait qu'Ammien Marcellin nous fait de ce peuple.
Ces Arabes d'outremonts allèrent jusqu'au cœur des Gaules se faire
tailler en pièces par Charles Martel. L'armée fugitive d'Abd-el-
Rahman regagnait l'Espagne à travers les Pyrénées. Ils débouchèrent
dans les landes de Lannes, Louey et Ossun par le boueit det Maoure,
col d'Adé, et ils essayèrent de se reformer. Ils trouvèrent dans la
Bigorre un nouveau Charles Martel. Sous la conduite d'un chef, dont
le nom n'est pas venu jusqu'à nous, les Chrétiens se rangent en ordre
de bataille ; ils invoquent saint Misselin, qui les avait secourus contre
les Vandales. Animés d'une sainte ardeur, ils vont braver la mort en
combattant ces bandes dévastatrices, agglomérées dans des camps
retranchés, au milieu d'une lande qu'on appelle encore de nos jours la
lanne mourime. Ces tumulus sont toujours debout : à Lannes, le Buala
et le Pouey ; à Louey, le turon d'Artisac.2
Une grande bataille s'engagea ; les Maures eurent à soutenir le choc
impétueux des habitants du pays, la bravoure de nos compatriotes força
les premiers obstacles et les étrangers durent abandonner leurs formi-
dables positions. Ils étaient gênés dans leurs mouvements par leurs
nombreux chariots, leurs troupeaux, leurs femmes et leurs enfants.
Les Musulmans se retirèrent, laissant le champ de bataille jonché de
cadavres. Aujourd'hui encore le laboureur, travaillant ces terres, sou-
i. Errant semper per spatia longe lateque distenta... Nec idem perferunt
diutius coelum, aut tractus unius soli illis unquam placet. Vita est illius semper in
fuga. (Ammien Marcellin, lib.XlV, cap. v.)
2. On assure, dit Marca, que les Sarrasins se fortifièrent en divers endroits du
Béarn, de Bigorre et de Commenges. La mémoire de leur tyrannie y paraît
récente et les peuples leur attribuent l'élévation de différents tertres. D'autres
assurent que ce sont les tombeaux de romains; d'autres enfin croient que ces
tertres ont été élevés durant les guerres entre les petits princes de ces contrée*.
[Histoire de Béarn. liv. Il, chap. m.)
14 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
lève des débris d'armes, des ossements, des crânes épais, qui rappel-
lent les races africaines.
Saint Misselin a-t-il conduit en personne les Bigourdans au combat
contre les Maures ?
A n'écouter que les gens du Bénaqués, échos de la légende, saint
Misselin aurait arraché la Bigorre à la domination arabe. Ce prêtre, le
sabre d'une main et la croix de l'autre, animait le courage de nos frères.
La cause était belle ; il fallait défendre sa foi. Au cri des mahométans :
« crois ou meurs », on devait répondre par le cri souverainement gau-
lois : « vaincre ou mourir. »
La plupart des érudits bigourdans l veulent qu'un prêtre du nom de
Misselin ou Missolin ait pris le commandement des troupes catholi-
ques.
Selon l'opinion de l'abbé Cazayous, cité par M . le chanoine Dulac, nos
soldats auraient été conduits à la bataille, après avoir demandé aide et
secours au saint, qui avait déjà sauvé nos populations des hordes des
Vandales. Au premier bruit de guerre, on aurait retiré de son tombeau
les restes de saint Misselin; on aurait porté dans le camp ces vénérables
reliques, comme autrefois les Israélites portèrent l'arche d'alliance en
tête de leurs armées ; et, pendant la bataille, le saint aurait combattu
du haut du ciel pour ses fidèles avec un succès si extraordinaire qu'on
attribue à saint Misselin tout le mérite de la journée.
Nous nous rangeons à ce dernier sentiment, car la grande bataille
de Lannemourime se livra dans les premières années du VIIIe
siècle, et Grégoire de Tours, qui fait dans ses œuvres l'éloge de notre
saint, mourait le 17 novembre t^.2
Nous trouvons dans la topographie locale des traces nombreuses du
séjour des Sarrazins parmi nous : Averan, section C, dite du Mouret :
Mouret (landes, bois-taillis) ; — Bénac, section B, dite de Bécut, section
D, dite de Maumoran : Maumouran; — Lannes, section D, Lannemou-
rine ; — Loucrup, section B, dite de Poueyarabe : Pouey arabe,
section C, Mourou ; — Louey, section A, dite de Lannemourinne :
Lannemourinne.
1. Davezac-Macaya, Essai sur le Bigorre, t. I, p. }. — Malte-Brun, France Illus-
trée, !!;, Hautes-Pyrénées, 2L' liv., p. 9. — Cénac-Moncaut, Histoire des peuples et
Jcs états pyrénéens, t. I, p. 500. — Abadie, Indicateur des Hautes-Pyrénées, p. y,.
2. Souvenir de la Bigorre, t. VI, p. 259.
LEGENDES DES CROISADES 1^
« On assure, dit Larcher,1 que Bos de Bénac ayant fait le voyage
d'outremer, fut prisonnier des infidèles ; que le diable, plus officieux
dans ce tems, moins rusé et moins malin, l'avertit que sa femme, le
croyant mort, devoit se marier dans peu de jours en secondes noces
avec le seigneur des Angles. Bénac ne pouvoit souffrir ce seigneur et
avoit expressément recommandé à sa dame que, si par sa mort, elle
venoit en liberté de convoler, elle ne contractât point avec les Angles.
On ne voulut point reconnoître Bénac dans son château, et le diablotin
qui avoit mis trois jours pour le transporter en Bigorre, n'ayant appa-
remment point fait de caravane en Normandie, ne seut point aller
chercher des témoins en païs pour prêter serment de l'état de Bénac.
On rejette le témoignage de son anneau, un vieux lévrier le reconnoit
à la voix et ses caresses rappelèrent dans les esprits l'idée qu'on devoit
avoir de ce seigneur; le démon lui avoit demandé pour récompense les
restes de son souper. Il falloit que ce fut un pauvre diable condamné à
souffrir la faim. Bénac ne voulut que des noix à souper et en jeta les
restes à son conducteur. Ce démon irrité fit un trou à la cheminée, et
les paysans sont persuadés qu'on a tenté inutilement de le boucher.
Bénac se fit cordelier et sa femme prit le voile, on ne dit pas où. On
croit que ce seigneur est enterré dans la chapelle Sainte-Anne ou du
chapitre. On voyait encore en 1770, près du maître autel, un casque et
une lance qu'on disoit avoir appartenu à Bos de Bénac. »
A cent mètres du village d3 Layrisse, en prenant la direction de
Bénac, on trouve une pierre de quartz amorphe. Elle mesure trois
mètres de long sur deux soixante-douze de large et un cinquante de haut
de terre à terre. Le démon déposa Bos de Bénac, rentrant de sa capti-
vité, sur cette pierre et y laissa l'empreinte de ses griffes. Hélas ! tout
disparaît avec le temps ; on ne sait plus distinguer les traces de cet
étrange phénomène. Demandez à nos Layrissois ce que racontaient
leurs pères relativement à cette pierre, ils vous répondront invariable-
ment que ce bloc aurait été envoyé sur les hauteurs de Layrisse par un
être surhumain (le diable), du sommet de Miramont, où se trouve sa
sœur, la Peyreblanque.
1. Larcher J.-B.;, Dictionnaire généalogique, lettre B, p. 559. (Archives des
Hautes-Pyrénées, F2.)
IÔ LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
Les Anglais étaient maîtres de notre pays par le traité de Brétigny
du 8 mai 1 360. Le château de Bénac était pour eux un lieu sûr. Obligés
de déguerpir, après une longue domination, vers 1421, ils auraient
déposé sous cette pierre de fortes sommes d'argent pour ne pas les
abandonner â leurs ennemis, ne pouvant pas les emporter eux-mêmes.
On essaya, un beau jour, de creuser sous la pierre et de pénétrer
jusqu'au trésor, lorsqu'un essaim de moucherons sortit de terre et,
aveuglant les chercheurs, les forcèrent de suspendre leurs fouilles. Et,
aujourd'hui encore, nos bons paysans, dont la vie est si dure, désire-
raient bien renverser cette pierre ! Le dieu Argent est un dieu puissant,
et, malgré soi, on pousse ce cri du poète :
La vertu sans l'argent n'est qu'un meuble inutile. (1)
Chercher à faire prendre au sérieux une légende serait vouloir
s'opposer au passage d'un torrent impétueux. Cependant, les traditions,
toutes merveilleuses qu'elles paraissent, sont l'érudition des peuples;
nous y croyons plus qu'aux savants, qui viennent, après des siècles, les
contester ou les démentir. En l'absence de livres écrits, la mémoire
des nations est le livre inédit de leur race. Ce que le père a raconté au
fils et que le fils a redit d'âge en âge n'est jamais sans fondement dans
la réalité. En remontant de génération en génération à l'origine de ces
traditions de famille ou de race, qui se grossissent de quelques fables
dans leurs cours, on ressemble à un homme qui remonte le cours d'un
fleuve inconnu : on finit par arriver à une source, petite sans doute,
mais à la source d'une vérité.
VI
Toutes les communes de la baronnie sont soumises à des obligations à
l'égard du seigneur de Bénac; elles lui doivent des devoirs honorifiques
et des devoirs lucratifs. Elles paient toutes une redevance au baron de
Bénac, alors même que quelques-unes d'elles sont sous la dépendance
immédiate d'un autre seigneur local subalterne.
Le Débita Régi Navarrœ in comitalu Bigorrensi (1 31 3) va nous four-
nir un premier renseignement sur l'état politique du Bénaqués au com-
mencement du XIVe siècle.
1. Souvenir de la Bigarre, t. V, p. 214.
VASSELAGES DU XIV' SIECLE
Les villages de Bénac, Averan, Barry, Lannes et Orincles avaient
pour seigneur : noble homme Raymond de Bénac, damoiseau. Ce
dernier est tenu de faire au roi l'ost et Torde ou cavalcade pour toute
sa terre du Bénaqués (de BenaqucrioJ. — Ces communautés ignorent si
elles doivent l'ost et Torde, jus et legcm au seigneur.1
Le village de Louey a le même seigneur; la communauté dit n'être
pas tenue à l'ost et Torde, jus et legcm.
Le village de Hibarette reconnaît pour son seigneur Othon de Bénac,
archidiacre des Angles. La communauté n'est pas tenue à l'ost et
Torde, jus cl legcm.
Le village de Loucrujp a pour seigneur Manaud de Bénac, damoi-
seau. La communauté n'est tenue à l'ost et Torde, jus et legcm qu'à
l'égard du seigneur de Bénac.
Le village de Layrisse avait pour seigneurs : Raymond de Bénac,
messires Raymond-Arnaud de Saint-Sevier et Raymond de Saint-
Sever, l'abbé du monastère de Saint-Pé de Génerest. La communauté
n'est tenue à l'ost et à Torde, jus et legem qu'en faveur du seigneur de
Bénac.
Le village de Visker a pour seigneur Donot de Visker, damoiseau.
La communauté doit l'ost et Torde, fus cl legcm aux seigneurs de Visker
et de Bénac.
Presque tous les habitants paient emparance au roi.2
Cet état dura jusqu'à la Révolution. Nos communes du Bénaqués
restèrent soumises aux exigences de la loi féodale, réclamant toujours
des améliorations, obtenant rarement des adoucissements.
Vil
Marguerite de Valois et surtout sa fille Jeanne d'Albret tentèrent de
propager la réforme dans le Béarn et dans les contrées soumise à leur
autorité.
i. L'ost est l'expédition entreprise pour défendre la patrie dans les limites du
domaines du seigneur ; la chevauchée est l'expédition faite dans l'intérêt du seigneur
mime en dehors des propriétés du maître; Vorde est la convocation des hommes
qu'on lance à la poursuite des ennemis ou des voleurs; jus, c'est faire droit,
recevoir droit, plaider, prendre fait et cause pour quelqu'un ; legem, c'est le devoir
de rendre justice et de juger selon la loi. (Du Cange, Glossarium, t. IV, p. 245-
470. — V, 84. — VI, 56.)
2. Baylie de Tarbes, folios 147-140. — Communication de M. Gaston Balencie .
l8 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
A Bénac, les seigneurs voulurent goûter aux nouvelles doctrines, ils
embrassèrent la foi de leur seigneur et maître, le roi de Navarre et
comte de Bigorre. Mais, dans le peuple, les adhérents ne furent pas
nombreux. Si la réforme entra si peu dans les idées des habitants du
Bénaqués, cela tient à ce que les hommes de ce pays restèrent fidèles
à leur religion. On dit que l'exemple venant de haut est toujours conta-
gieux : sans doute, les seigneurs ne furent pas seuls à changer de con-
fession, d'autres se laissèrent séduire par l'attrait de la nouveauté, par
l'intérêt et par la vie facile ; mais ce fut le petit nombre. L'influence
des maîtres puissants fut neutralisée par l'influence tout autrement forte
d'une bonne instruction religieuse, donnée par les prêtres et par les
moines. Cet inébranlable attachement à la foi chrétienne nous laisse
entrevoir pourquoi, dans la baronnie de Bénac, tant d'églises ont été
incendiées par les protestants.
En parlant des seigneurs de Bénac, nous verrons la part active qu'ils
ont prise dans les guerres de religion, nous assisterons à leurs défaites
et à leurs victoires.
D'autres combats, également ardents, . mais moins sanguinaires,
eurent lieu entre catholiques et protestants. C'étaient des joutes ora-
toires entre prêtres et ministres, des paris entre personnes instruites de
l'une et l'autre religion.1
i. Parmi les quelques habitants de Bénac qui embrassèrent la réforme, nous
rencontrons le nom de Jean Guinolas, de Bénac, conseiller avocat en la séné-
chaussée de Bigorre. Arnaud de la Moremble, né à Orincles, recteur de Trébons,
représentait le parti des catholiques. Jean Guinolas et Arnaud de la Moremble
« sont en contestation sur le point ou est dict que Jésus-Crist sestant esgaré à
l'âge de doutze ans de la compaignie de la Vierge sa mère et de Joseph, son père
putatif, venant au temple de Jérusalem, on feuist recherche après son esgarement,
le tems de deux ou troye jours, ou feust retrouvé parmy les docteurs disputant
avec eux; et que la Vierge, sa mère, s'arresta, en luy disant les parolles telles :
mon (ils, etc. Et c'est ce que le dit Moremble soubstient. Au contraire ledit Gui-
nolas dist que la Vierge n'y compareut poinct, mais qu'elle y envoya quelqu'un
des disciples de Jésus-Crist; sur le différend ledit Moremble se SQubsmet à ce
réduire à la religion que ledit Guinolas tient que l'on dit pretendeue reforme, sy
son dire se trouve aultrement ; comme aussy ledit Guinolas se sousmet à ce réduire
a la religion que ledit Moremble tient à sçavoir catolicq, apostolicq et romaine
au cas son dire cy dessus ne se treubera véritable, se soubsmettant toutes parties
entretenir, guarder, observer les susdites promesses sy dessus faictes et propo-
sées à perne de dix escus d'or et de tous despends. . . Ainsin l'ont promis et iuré en
haussant leurs mains audit Dieu du ciel de n'y contrevenir. » Cet acte en bonne
et due forme est passé en l'étude de Me de Vyvié, notaire à Trébons, le ■■, décem-
bre ion. —Jean Guinolas a perdu son enjeu ; il n'est pas venu à notre connais-
sance qu'il ait tenu sa promesse et qu'il ait abjuré la réforme. Etude de A.-F.
Vivier, à Tarbes.)
TROUBLES DE LA FRONDE 19
Le peuple si chrétien du Bénaqués défendit énergiquement sa foi
soit contre les protestants du dehors qui parcouraient la Bigorre l'épée
et la torche à la main, incendiant leurs églises et pillant leurs maisons;
soit contre les protestants du dedans qui, encouragés par leur seigneur
huguenot, leur causaient toute sorte de désagréments. Le prieuré de
Bénac avec son église Sainte- Marie, l'église paroissiale Saint-Pierre de
Bénac, les églises de Visker, d'Averan, d'Orincles, de Louey et de
Lannes devinrent la proie des flammes, en M69.1 Grande fut alors
la désolation dans tout le Bénaqués !
VI
On était à peine remis de ces premiers désastres quand un nouveau
fléau vint fondre sur notre pays. La Fronde pesa durement sur la
Bigorre et en particulier sur la baronnie de Bénac. Les armées royales,
comme un torrent dévastateur, emportaient tout ce que nos pauvres
agriculteurs pouvaient se procurer à la sueur de leur front. Les com-
missaires du roi demandaient aux communes des redevances exorbi-
tantes soit en espèces, soit en denrées. Les caisses publiques furent
alors mises à sec et les communes souvent obligées de recourir à des
emprunts, dont elles se libérèrent difficilement.
Voici un aperçu des contributions fournies par le Bénaqués. L'énu-
mération en sera longue et fatigante ; mais c'est de l'histoire, et il est
bon de savoir ce que coûtent nos révolutions. La douairière de Bénac
d'abord met à leur disposition une somme de 1,200 livres; Orincles
paye sa quote-part dont elle délivre un reçu, pour les consuls d'Orincles,
de « la somme de deux cens nonante deux livres et demy, et ce, en
déduction de la somme de doutze cens livres, que les communautés du
marquisat m'avoient empruntée pour payer les gens de guerre. » Cet
acte est daté du dernier décembre mil six cent cinquante-quatre.
Les habitants de Bénac empruntaient le 8 mars 1654 « cinquante
sacs de bled segle » à Guillaume Gandérats, docteur en médecine de
la ville de Tarbes; ceux de Loucrup empruntaient à la communauté de
Hibarette la somme de 20} livres; ceux de Louey empruntaient 1,800
livres aux dames Ursulines de Tarbes ; ceux d'Orincles empruntaient
encore à Guillaume Gandérats la somme de 1,300 livres, « pour raison
1. Souvenir de la Bigarre, t. III, p. 229.
20 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
du régualement faict, par MM. des Etats, de la nourriture et entretient
des gens de guerre au païs de Bigorre par ordre du roy et commandés
par M. de Mary ».*
Les communautés de Bénac, Layrisse, Hibarette et Averan avaient
reçu de la communauté de Liac la somme de 5814 livres. Les consuls
de ces quatre villages prétendent avoir payé dès 1654. L'intendant de
Pellot renvoie les intéressés devant le sieur de Coture, conseiller et
avocat du roi en la sénéchaussée de Bigorre, qui réduit « la somme de
3,800 livres à celle de 1,000 livres, pour esvitter les fraix que pourroict
causer la poursuitte d'une affaire de ceste nature, dont l'événement est
incertain de part et d'autre ». Les communautés s'engagent par acte
passé le 30 juillet 1669 « à payer la somme de 1,000 livres dans huit
années avec les intérêts, à raison du denier vingt, à compter depuis le
premier de l'année courante, sçavoir à la feste de la Circoncision de
chascune année, prochainement venant, la somme de 120 livres ».2
Les communes, n'ayant pas suffisamment de ressources pour faire
honneur à leur signature, frappent les particuliers. On impose les
habitants de chaque village, et cet impôt est une cause de ruine pour
bien des familles, qui, ne pouvant pas payer, donnent leurs terres aux
lieu et place des pièces d'or que vainement on réclame. C'est ainsi que
le 8 septembre 1655» « Marguerite d'Antios et Domenge Caussade,
maison Arrébiqué de Lairisse, ont volontairement mis et bailhé en solu-
tion de paiement, avec faculté de rachapt, en faveur des consuls, manans
et habitants de Lairisse un journal et demy de terre pred sçittué audit
terroir de Lairisse... pour le prix et somme de 48 livres; laquelle
somme lesdits consuls, manans et habitants ont payé en descharge
desdits d'Antios et Caussade, sçavoir : 8 livres au senechal de Bigorre
de l'emprunt que la communauté avoit faict; plus 13 livres et demy
pour leur cotte-part des signataires du lieu de Lairisse ; et le reste ont
payé tant pour la subsistance des gens de guerre logés en Bigorre
l'année dernière que pour d'autres emprunts pour leur nourriture et
entretient.3 »
1. Michel du Bouret, seigneur de Marin, près de la Montjoie et autres places,
lieutenant général des armées du roi, commandant d'un régiment de son nom, fut
un des meilleurs officiers généraux de l'armée royale pendant les guerres de la
Fronde.
2. Nicard. (Etude F. -A. Vivier à Tarbes.)
3. Daquo. (Etude Candellé à Ossun).
EXACTIONS FÉODALES 2l
Nombreux furent alors les fils de famille qui quittèrent le foyer
paternel, pour aller demander l'aisance au climat étranger. Après la
découverte de l'Amérique, l'Espagne regorgeait de tout l'or arraché
aux contrées conquises par delà les mers. Le Castillan, paresseux de sa
nature, se refusait au travail manuel ; il fallait donc attirer les merce-
naires étrangers. Les Bigourdans émigrèrent en grand nombre dans ce
pays du soleil et de l'or. Il fallait soutenir un vieux père, donner du
pain à ses enfants, payer les dettes de la famille.1
IX
La surexcitation des esprits, produite par les guerres de Religion, la
Ligue et la Fronde était loin de se calmer. La rénovation du terrier que
le prince et la princesse de Rohan-Rochefort, marquis de Bénac, impo-
sèrent à leurs subordonnés, sembla même apporter une recrudescence
dans l'exaltation des esprits.
2. Jean Courtade, de Layrisse, habite Grenade en Espagne. Son ami, Larroye,
notaire de Bénac, lui écrivait le 50 août 1655 : « Mon cher amy. J'ay receu celle
que vous m'avez mandée dattée du dernier de may. Et ay veu par icelle come
vous estes en bonne sancté de quoy je me resouis. Et au reste je vous diray come
vostre femme, vostre fille et vière fille se portent très bien, Dieu grâces et
aussy vostre beau-père de Trouille et tous autres vos parents et amis de deçà ;
et Dieu grâces il y a longtcms qu'en ces cartiers il n'y a eu plus grande santé qu'à
présent et faict fort bon vivre, honnies le vin qui est fort cher. Vous me dittes
m'avoyr envoyé troyes lettres et vous asseure que je n'en ay receu que la dernière
et vous diray que vostre femme ny vostre fils n'ont receu quoy que ce soict que
vous leur ayez envoyé et on luy a asseuré que vous aviez donné deux pistolles à
P... d'Esparros pour les luy bailher desquelles ils n'ont rien receu que la lettre-
ainsin s'il retourne en delà faictes vous les rendre et s'il se peut par quelque
commodité asseurée ils vous prient de leur envoyer quelque somme d'argent, car
ils en ont fort bon besoing, pour payer quelques emprunts qu'il leur a fallu faire
pour payer les impositions et tailles pour la subsistance des gens de guerre quy
ont ruiné tout le pais ; et le seul villaige de Lairisse y est pour plus de 1,200 livres.
Tous se recommandent fort à vous, et monsieur le Prieur aussy, et vostre beau-
père de Trouille eust eu de l'argent il vous seroict allé treuver et s'en va avec
Sentaigne à Balentie. Conservez-vous bien et je suis
Votre bon et affectionné amy,
A Bénac ce jo août 1655. Larroye.
A mon cher amy Jean Courtade, natif du lieu de Lairisse soict rendeue la pré-
sente en Grenade païs d'Espaigne. »
(Archives Frances Courtade, à Layrisse.)'
22 LE BÉNAQUÉS OU BARONNÎE DE BENAC
Le prince et la princesse de Rohan-Rochefort avaient reçu le 2?
janvier 1 77 5 des « lettres patentes portant de donner l'aveu et dénom-
brement de fief, cens, redevances, prestations, droits, devoirs et assu-
jettissements conformes aux anciens titres : les comparants ont déclaré
les connoitre et vouloir faire leur déclaration relative à iceux, tant en
général qu'en particulier, pour raison de maisons, cour, jardin, bâti-
ments, prés, vignes, terres cultes et incultes et bois, qu'ils tiennent et
possèdent mouvants de leurs Altesses, dans l'enclave du présent lieu ;
ensemble les droits, privilèges, franchises et immunités dont ils jouis-
sent et sont en droit de jouir, et générallement de tout ce qui a rapport
et trait à ladite communauté et habitants, et de renouveler l'obligation
d'acquitter à perpétuité les susdits droits et devoirs. » Les tenanciers
du Bénaqués déclarent reconnaître au seigneur le droit de justicehaute,
moyenne et basse; les droits de lods et ventes avec prélation; la pro-
priété des terres incultes, vacants et ruisseaux, voirie et gruerie; droit
de banalité et de guet. Pour sauvegarder la vie et les biens du vassal le
seigneur établit la loi de sang, la prohibition d'ouvrir les terres du
voisin; garantit les poids et mesures; défend l'entrée au cabaret pendant
la nuit ; punit les délits et forfaits. A son tour, le marquis de Bénac
défend à ses hommes de couper, sans sa permission, du bois, au Bécut
et au Balabay, et d'y mener paître leurs bestiaux ; interdit l'entrée des
animaux dans ses prairies et ses vignes; prohibe de trouer les haies en
ôtant les échalas, en rompant les fossés, haies ou clôtures. De leur
côté, les habitants du marquisat à chaque mutation rendront foi et hom-
mage et prêteront à leur seigneur le serment de fidélité ; sur la réqui-
sition de leurs Altesses ils feront trois jours de corvée, reconnaîtront
comme biens nobles les biens de leur seigneur, et réserveront à lui seul
le droit de chasse et de pèche. Ils ont promis en outre « d'être bons
vassaux soumis et emphytéotes de leurs Altesses et de leur payer à
l'avenir tous les cens, prestations, droits et devoirs seigneuriaux :
s'obligeant d'améliorer leurs biens, non les détériorer, moins encore les
vendre, transporter en mains prohibées et de droit défendues afin que
leurs altesses ne viennent à perdre ou diminuer leurs droits seigneu-
riaux.1 » Le seigneur promet aide et protection à ses fidèles vassaux
qui, de leur côté, sont obligés sous peine d'amende de garder et
observer le contenu des XXVIII articles du livre terrier. Cela se
1. Moncaup. Etude Ramonet à Ibos.
LA REVOLUTION
passait le 26 janvier 1783. Le peuple n'oublie pas que les impositions
à payer par les travailleurs au seigneur de Bénac sont surélevées ;
par suite se déclara un grand mécontentement parmi les paysans.
Faut-il s'étonner de l'enthousiasme avec lequel les hommes du Béna-
qués ont accepté les idées de liberté prêchées par 1' « esprit nou-
veau » de 1789 r
III. — LA REVOLUTION
Les doléances Je la baronnie et des diverses communautés.
— La Terreur à Bénac : clergé, peuple, nobles, suspects.
La Révolution a été dans le Bénaqués ce qu'elle a été dans le reste
de la France.
Le peuple en souffrance n'attendait qu'une occasion pour manifester
son mécontentement. Cette occasion se présenta. Louis XVI convoque
les états-généraux pour 1789. Les communautés du Bénaqués s'assem-
blèrent en vézial pour arrêter les questions que l'on insérerait dans le
« caier » des doléances que devait fournir chaque commune. En voici
un bref exposé :
Nos populations demandaient avant tout l'égalité dans l'impôt pro-
portionnellement aux terres possédées ; le retour périodique des états-
généraux ; un nombre de députés du tiers-état, égal au nombre des
députés des deux autres états; le choix libre du trésorier delà province,
avec caution suffisante et avec vérification des comptes ; attribution aux
communes de l'administration des chemins, ponts et chaussées; liberté
des haras avec primes aux meilleurs étalons, meilleures juments et
meilleurs produits ; abolition des milices; réformes de l'impôt; droit
de pacage dans les landes et fonds incultes ; indemnités sur les ravages
des eaux pluviales; justice gratuite.1
1. Appendice : cahier des doléances.
24 LE BENAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
Certaines localités ont des observations particulières à présenter, des
abus à corriger.
La communauté de Loucrup demande que « le droit d'oueillade soit
abolli comme surcharge trop forte et comme étant le seul village du
marquisat qui en paye ; et comme le seigneur prince a affiévé tous les
vaquants, il est impossible de nourrir les bestiaux à laine et par consé-
quent impossible de payer le droit d'oueillade. »
La commune de Louey demande que « la fabrique ne soit plus tenue
à payer le dixain de son revenu au chapitre de Tarbes, attendu que
cette église est fort riche, et que la sienne a besoin de cet argent pour
être décorée. Ce titre ne feut accordé audit chapitre qui étoit composé
de moines que parce que la reine Jeanne avoit fait incendier l'église
cathédralle, et que, pour sa reconstruction, on demanda le dixain de
toutes les fabriques du diocèse. L'église étant aujourd'hui dans son
entière perfection, c'est un usage qui dégénère en abus; la communauté
demande que le curé, marguilliers et consuls soient libres de la mettre
aux enchères devant la porte de l'Eglise. »
Les habitants de Lannes protestent contre l'abus par lequel « le
marquisat de Bénac est obligé de payer à la ville de Lourde, par un
usage des plus abusifs, un droit de leude consistant en deux pignores
par sac ; ce qui forme une mesure un quart grain par douze sacs, impôt
accablant dont les habitants ne reconnaissent pas le titre, et que, quand
il seroit authentique, seroit toujours contraire au bon ordre et aux lois
établies. »
Les hommes d'Averan « supplient Sa Majesté de diminuer les impôts:
à cet effet que, pour nous procurer notre déplorable subsistance, dépour-
vus de tout autre moyen et de la suffisance de nos biens, nous sommes
contraings à nous servir d'une misérable industrie qui est de faire des
balais, qui font le prix de huit à neuf liards ; que voilà notre unique
ressource qui est malheureusement un peu notoire dans la province.
En outre qu'il plaise à Sa Majesté de nous libérer des impositions
royalles, en vertu d'une partie du bois qui est dans notre territoire
possédé et exploité par les parroisses circonvoisines, que nous n'avons
jamais pu convaincre de son injustice à notre égard, à raison de nos
misères et de notre peu de facultés. »
La population de Layrisse demande « que le clergé soit pensionné
ou que la quête de la dîme, qui se perçoit en général sur le pied de
dix un dans la province de Bigorre soit diminuée et fixée de quinze un.
LE CLERGÉ 2<,
Le clergé trop bien traité en prenant la dixième partie des fruits sans
payer aucune charge des fonds qui les produisent, sans contribuer à
aucun frais de culture, fumaisons, ni semences, et en donnant une
seconde fois les grains des semences qui avoient déjà payé la dîme
l'année précédente.1 »
Telles sont les réclamations formulées par les communautés du Béna-
qués; avant tout on voulait détruire les abus et non renverser l'ordre
établi ; on voulait opérer des réformes et non faire une révolution.
La Terreur eut naturellement son contrecoup dans le Bénaqués.
Sans commentaire aucun, voici les faits tels qu'ils se sont passés au
chef-lieu du Bénaqués; ils sont consignés dans le cahier des délibéra-
tions de Bénac par le docteur Lamathe, maire à cette époque :
II
Le 30 nivôse an II (11 janvier 1794). La fête décadère du 30 nivôse
a été très bien célébrée. Tous les chefs de famille ont soupe publique-
ment, la municipalité à la tète. C'est l'effet de la prise de Toulon qui a
produit une joie inexprimable sur les âmes vraiment républicaines et
patriotes. . . On a chanté des hymnes patriotiques.
Le 1 pluviôse an II (20 janvier 1794), l'autel de la patrie sera cons-
truit le plus tôt possible surla place du Mailho, appartenant au cidevant
seigneur; elle portera, du moment que l'autel y sera, le nom de place
de la Fédération.
Le 1 ventôse an II (19 février 1794), une très grande partie de nos
citoyens se sont rendus vers les deux heures auprès de Y arbre de la
liberté. Après la lecture des lois, des hymnes patriotiques ont été chan-
tés; la joie la plus effrénée y a régné ; de très longues danses ont pris
le reste de la journée.
Le 20 germinal an 1 1 (9 avril 1794). Les opinions religieuses sont
que le culte a cessé pour autant de temps que les circonstances l'exigent
ou l'intérêt public.
Le 21 germinal an II (10 avril 1794). Les citoyens de cette commune,
à quelqu'un près, ont toujours été à la hauteur des circonstances ; ils
sont d'ailleurs bien surveillés par les officiers municipaux. Ce peuple
1. Archives des Hautes-Pyrénées, série C, article 275.
26 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIfc! DE BENAC
est doux et bien porté à la Révolution. On commence à s'apercevoir
de l'inutilité des prêtres. La fête d'hier s'est bien passée. Le maire, après
avoir fait lire une bonne partie de la constitution dans la chaire du
temple de la Raison, y a bien recommandé de porter la plus grande
exactitude à bien exécuter cette fête nationale et recommandé de tra-
vailler tous les autres jours du décadis et de commencer par la journée
d'aujourd'hui.
Le i prairial an II (20 mai 1794). Il n'y a que des sans-culottes dans
cette commune. Tous sont à la hauteur des circonstances, tous travail-
lant pour la Révolution ; il n'y a plus d'esprits faibles ; les prêtres
mensongers sont partis sans regret.
Le 11 prairial an II (30 mai i"94). Le peuple ne rappelle plus qu'il
ait eu des prêtres. La récolte lui promet une heureuse abondance depuis
que ses cantiques ne sont plus.
Le 2 messidor an II (20 juin 1794). Le peuple n'est plus fanatisé ; il
connaît un peu trop tard de la charlatanerie des prêtres ; ils promet-
taient le paradis à celui qui était riche, mais il le fallait bien payer ; il
ne sera plus sa dupe... La fête décadère d'hier a été bien exécutée.
En partie tout le peuple s'est rendu à l'heure indiquée pour entendre
la lecture de quelques articles de la Constitution. On y a entendu avec
plaisir des lectures faites sur le catéchisme républicain.
Le 11 thermidor an II (29 juillet 1794). Le peuple va au mieux
concernant les opinions religieuses. Il est si litainé qu'il serait fâché de
plus jamais voir un prêtre rentrer dans ses fonctions, leurs impostures
sont connues.
Le 27 thermidor an II (14 août 1794). Le sieur Bernède, curé de la
commune de Bénac, a célébré la messe dans la place du Mailho sur un
autel fait exprès. La messe finie, il a juré en présence du peuple assem-
blé et entre les mains du maire de maintenir l'égalité et la liberté et de
soutenir de son pouvoir la République. Tout le peuple l'a imité indivi-
duellement.
Le }0 thermidor an II (17 août 1794). H a été vendu pour le profit
de la commune dans le temple de l'être suprême au plus disant et
dernier enchérisseur le mobilier de la ci-devant église.1
(1) Une commode 100 livres. Les évangiles ;. Deux portes 50. Une lampe iç.
Planches de noyer 24. Petite armoire 4. Planches 2 livres 12 sols. Un siège $,.
LE PEUPLE
III
Le 4 nivôse an II (24 décembre 1793). L'arrêté qui oblige de porter
son numéraire pour le deschanger contre les assignats républicains a été
lu, publié et affiché, le 10 frimaire de la dernière décade du même mois;
à partir de ce jour, il y a quinze jours pour le porter ; passé ce temps
on n'y est plus à temps.
Le 22 nivôse an II (11 janvier 1794). Le conseil assemblé à l'effet de
recevoir six couvertures qui étaient requises et qui devaient être trans-
portées à Tarbes. Le même jour, pour faire le contingent de la commune
de Bénac, la citoyenne Marie Cazenave-Barou, devant remettre une
des six couvertures, a obéi d'une manière peu honnête ; elle a hasardé
des discours très téméraires et injurieux à la sagesse et prudence de la
municipalité ; elle l'a traitée, durant quelques minutes, qu'elle commet-
tait une injustice des plus criantes à son égard ; ces termes injurieux
ayant été si longtemps répétés, la municipalité dut la congédier ; elle
pourrait la condamner à de grandes peines, comme étant en fonctions,
mais elle fait attention que c'est une femme qui parle ; elle la condamne
à rester durant vingt-quatre heures dans la maison commune, n'ayant
pas de prison, gardée par deux gardes nationaux, à qui elle donnera six
livres.
Le 10 pluviôse an II (30 janvier 1794). L'arrêté qui demande des
carabines et canons de carabines est connu de tous les citoyens. S'il en
existe, elles seront portées à Tarbes avec la même exactitude que les
huit fusils qui ont été remis dans son temps et desquels il n'en a pas été
fait de récépissé. Le cordonnier Rebillon a remis trente-huit paires de
souliers à Tarbes.
Le 20 pluviôse an II (8 février 1794). Nul citoyen de l'âge de 18 ans
jusqu'aux 25 n'a été omis ; à l'exception de ceux que la loi a exemptés
tous sont partis.
Le pupitre 0,10 sols. Deux chandeliers à o,io sols pièce. Autre 0,15. Autre 0,12.
Autres deux 0,16 pièce. Deux rideaux qui couvraient deux autels 2,18.
A Orincles. — Une croix en fert et les cordes du clocher à Couchegour. Une
paire de chandeliers à Bertau. Au cordonnier, savoir : trois chasubles, une aube,
un surplis, un pluvial, deux nappes, une serviette, six cierges et le pascal et le
devant d'autel. A Couchegour une bouette et un bouquet du soreil. Deux livres de
messe et un vespéral à Peleuyé. Une chasuble noire à Palu. (Archives A.
Dutfourc).
28 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
Le 27 pluviôse an II (15 février 1794). Le citoyen Soubirous doit se
rendre au district de Tarbes avec Miqueu, agent national, pour y
représenter qu'il est presque impossible de remplir l'arrêté que le
citoyen Abadie, commissaire et administrateur, a porté le 23 pluviôse,
qui demande sept sacs de blé froment et douze carron au grenier
d'abondance ; ils sont chargés de lui demander de modérer, s'il était
faizable, cette demande, attendu qu'il n'y a qu'environ six mesures de
tout grain dans cette commune pour chaque individu jusqu'à la récolte,
et tout est en partie du blé de Turquie.
Le 16 ventôse an II (16 mars 1794). Il a été arrêté que les quinze
quintaux de seigle qui doivent être versés dans le grenier d'abondance
ne se trouvant pas dans la commune, le peu de grain qui s'y trouve est
du méteil, et que, s'il doit être transporté, nul malade ne trouvera plus
un seul morceau de pain dans sa convalescence; la pâte n'est point dans
le cas de remettre un corps épuisé par la maladie et les remèdes.
Le 1 germinal an II (21 mars 1794). Les draps qui nous sont deman-
dés te parviendront ce mois autant qu'il nous sera possible d'en faire
donner.
5 germinal an II (25 mars 1794). Il a été arrêté que la commune fera
un don à la patrie d'environ au moins soixante cannes de toile propre à
faire des sacs. En conséquence, on va faire blanchir le fil, pour le rendre
propre à cet usage.
1 floréal an II (20 avril 1794). Quarante deux draps presque neufs
ont été portés à Tarbes le 8 du courant pour les défenseurs de la
patrie... Il reste peu de grain de la dernière récolte; il faudra une
grande économie pour arriver à la première moisson, et ne manger en
partie que du pain de millet et de la pâte. Heureux si nous en avons
assez !
1 messidor an II (19 juin 1794). Les réquisitions ont été exécutées,
celle même qui demandait du milloc; elle obligera quelques particuliers
à une diète peut-être trop forte.
IV
Le io août 1795, la majeure partie des habitants des communes de
Layrisse, Averan, Orincles, Bénac, etc., se sont rendus en masse pour
fêter la fête de la Bastille dans le château de Barry ; ils y ont abattu le
LES NOBLES 2Q
toit d'une vieille tour qui était pourri et vendu les débris au citoyen
Soubirous pour trente livres qui seront pour la nation, si elle n'aime
mieux que trente pots de vin qui sont servis ne puissent servir pour les
payer ; très peu d'autres dégâts ont été commis; les maires de Bénac et
Barry les ont empêchés avec peine.
i brumaire an II (22 octobre 1793). La Révolution est bien sentie
par nos habitants qui avaient à se plaindre de leur seigneur et de ses
•agents.
10 pluviôse an II (29 janvier 1794). Si le représentant du peuple juge
le château, qui se trouve dans la municipalité de Barry, château-fort, et
il le parait par sa situation isolée et par sa propre construction, il s'y
trouverait de grands matériaux. Il appartient au ci-devant prince de
Rohan.
1 prairial an II (20 mai 1794). On ne peut point entreprendre la
démolition du château, sans la réquisition des charpentiers des environs.1
26 messidor an II (14 juillet 1794). La bastille de Bénac a été assié-
gée par plus de trois cent citoyens et citoyennes; une vieille tour a été
démolie et cet ouvrage, qui n'a été déjà que trop retardé, sera coutinué
avec force. La récolte faite en effets précieux, en portes, en croisées,
en vitrages ont été renfermés en huit sacs. Les habitants y ont été en
procession et en sont revenus de même, à l'exception de certains qui ne
paraissent pas armés de grand courage. Il y a toujours des personnages
qui sont singuliers.
Au citoyen président du comité de surveillance séant à Ossun,
Le sieur Cazabonne, notaire à Bénac, a fait de grandes difficultés à
donner une belle couverture qui a été prise pour cette réquisition. Il a
dit qu'il ne voulait pas la céder dans ce moment ni la porter, disant
1 février 1794. — Une loi ordonne la démolition de tout château-fort, tour ou
tourelle, garnis de créneaux, qui existent dans la République, à l'exception des
postes militaires. Il est dit que les pavillons construits dans les angles des jardins
seront conservés, à moins que par leur forme, ou par leur construction, ils ne
puissent offrir aux malveillants des moyens d'attaque et de défense. Mais il arriva
que les autorités des campagnes, interprétant arbitraire nent cette loi, détruiront
toutes les fabriques d'agrément appartenant aux personnes qu'elles proscrivent
comme aristocrates. (Abbé de Montgaillard, Histoire de France, t. IV, p. 177.)
LE BENAQUES OU BARON'NIE DE BENAC
qu'il avait des affaires plus pressantes que celle de la porter à Tarbe. . .
Cette couverture a été confisquée au profit de la République.
Cet homme a depuis certain temps paru mécontent des victoires que
la République remporte sur ses ennemis ; il a eu l'audace, la témérité
et l'effronterie d'annoncer ce même jour, 22 nivôse an II (11 janvier
1794), que Perpignan était pris. Alors le maire lui a dit : que les mau-
vaises nouvelles ne devaient jamais s'apprendre ; que s'il ne devait pas en
donner de bonnes. /'/ devait se taire ; le citoyen maire lui assura que
Perpignan n'était pas pris. Vous sentez, citoyen président, que de sem-
blables propos ont leur but; ils tendent à intimider les faibles et à rebu-
ter les meilleurs patriotes. Une telle conduite mérite d'être réprimée
et punie.
Bénac, ce 22 nivôse an II.
Lamathe, maire.
Cejourd'hui 10 messidor an III (28 juin 1795)1 le conseil général,
assemblé au lieu ordinaire de ses séances, a comparu le citoyen Ber-
nède, prêtre et a requiert la municipalité du présent lieu de Bénac, de
lui délivrer acte du lieu ou elle veut qu'il remplisse le ministère du culte
catholique et de sa soumission aux lois de la République; sur quoi,
nous maire et officiers municipaux dudit Bénac, lui avons désigné pour
local la ci-devant église et lui avons consenti acte de sa déclaration pour
lui servir en tant que besoin et avons signé avec lui le jour et an que
dessus, le tout conformément à la loi du 11 prairial an III.
Baget maire, Cazabonne, Mathet, Latapie, Duboé, Bernède.
Cejourdhui octidi frimaire an IV de la République une et indivisible
(29 novembre 1795), le citoyen Lamathe, agent municipal, accompagné
du citoyen Soubirous, son adjoint et du valet de la commune, ont vu
avec étonnement et douleur que l'arbre de la liberté, qui était à la place
du Mailho, avait été coupé et enlevé dans la nuit très pluvieuse du sept
à l'huit du courant. C'était un peuplier qui était sec et pourri ; il est à
croire que ces considérations ont porté un groupe de jeunesse, qui est
dans l'habitude de fréquenter un cabaret voisin de ladite place, et leurs
pieds moins échauffés que leurs tètes les ont portés à cet excès, dont
ils n'ont point connu sans doute la témérité de démarche.
Nulles raisons ni motifs n'a empêché que les perquisitions les plus
exactes n'ayant été faites par l'agent afin d'en découvrir les auteurs et
de leur faire appliquer la peine de la loi, toutes les sollicitudes ont été
vaines.
SUPERSTITIONS
V. — MŒURS
Superstitions. Jeux. Caractère. Instruction. Tabcllionnats.
Médecins et Chirurgiens.
I
Le peuple est profondément attaché à la religion. Que personne ne
s'avise de venir semer des doutes sur les vérités révélées, il ferait un
mauvais parti au novateur! Cela tient à son éducation foncièrement
religieuse ; conséquence heureuse des bons principes reçus des moines
qui ont vécu de sa vie pendant huit siècles.
Mais cette foi est-elle toujours bien éclairée?. . . Le bigotisme existe
dans le Bénaqués. De vieilles filles, avant déjà coiffé sainte Catherine,
se sont résignées à consacrer au Seigneur et leur jeunesse qui s'en va,
et leur âge mùr et leur vieillesse. Cette religiosité voudrait tout domi-
ner, voudrait imposer à tous le respect et la vénération ; elle est très
difficile à diriger.
Cet amour de la religion, parfois poussé à l'excès, la croyance dans
l'intervention des puissances diaboliques trouvent de nombreux adeptes.
Un orage se forme-t-il à l'horizon? Vite, on court sonner les cloches.
Devient-il menaçant ? On brûle le laurier bénit le jour des Rameaux,
les herbes consacrées par les prières de l'Eglise le jour de la saint Jean-
Baptiste. Jusque là nous ne voyons rien d'extraordinaire : les cloches
et les plantes ont été sanctifiées et vouées à cet effet par les oraisons
saintes. Mais les bœufs mugissent-ils à l'étable? Refusent-ils de boire ?
Une maladie se prolonge-t-elle pendant quelques semaines?. . . Il faut
aller consulter les devins ! , . .
Il y a trois siècles, en 1 564, les sorciers et les sorcières s'en donnaient
à cœur joie ; ils avaient vidé leur sac à maléfices. La peste faisait en
Bigorre, comme dans toute la France, d'effrayants ravages : la popu-
lation était décimée. Une idée généreuse surgit. Les consuls de la
plupart des communautés de la baronnie, Averan, Barry, Bénac, Hiba-
rette, Layrisse et Louey réunirent leurs fidèles administrés. Il fut statué
qu'on rechercherait et « sortiers et sortières » et pour arriver au but
qu'on désirait atteindre « cinq escus petits et ung pipot de vin » furent
promis « à quiconque extradira aux sendics et aidera à la diligence et
LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
poursuitte des sortières ».* Nos syndics furent-ils assez heureux pour
s'emparer de semeurs de sorts ? A quelle marque extérieure les recon-
naissaient-ils ? Et la peste cessa-t-elle ses ravages ?. . . On dut profiter
de la circonstance pour se défaire des personnes gênantes, d'ennemis
de toute sorte.
II
Nos laboureurs, dont la vie est si pénible, savent passer gaiement les
jours de repos. Les jeux de force et d'adresse sont très goûtés. Le
carnaval est bruyant. Le matin d'une noce, une table bien propre est
placée à la porte de l'église ; une grosse bouteille, remplie de vin, en
occupe la place du milieu, entourée de verres ; les jeunes gens sont là
impatients. Chaque donzel est invité à vider un verre, mais qu'il n'oublie
pas de mettre la main au gousset ! . . . Si la moisson ne répond pas aux
espérances de la jeunesse, un vacarme étourdissant attend les invités au
sortir de la messe. Cornes de bœuf trouées, clochettes, chaudrons à la
réforme, tout est mis en branle. Si un veuf convole à un second mariage,
le tapage commence à la première nouvelle et dure des mois. Et la
gendarmerie ?. . . Les perturbateurs de l'ordre sont invisibles, introu-
vables. On les entend, on ne les prend pas. Ce sont là de vieilles habi-
tudes, difficiles à déraciner.
L'abbé Torné,2 évèque constitutionnel du Cher, a jeté son froc aux
orties; il a accepté un emploi civil dans la République; il est « commis-
saire du directoire exécutif près l'administration municipale d'Ossun » ;
il vient à Bénac et il loge au presbytère. La première nuit, on jette
quatre pierres contre les contrevents de sa chambre. Le lendemain,
c'est bien pire : « l'an IV et le 6 ventôse, écrit-il lui-même dans le
cahier des délibérations de la commune de Bénac, cinq ou six pierres
furent jetées contre les croisées de sa chambre ... et les hommes allaient
et venaient en sifflant et en chantant.3 »
On aime à rire parfois aux dépens des étrangers, à leur jouer quelque
tour inoffensif; c'est peu charitable, je l'avoue. Parfois aussi on paie fort
cher ces amusements, contraires à l'urbanité traditionnelle en Bigorre :
i. Cazalet (Ogier). Etude Gazayne à Lourdes.
2. Pierre-Anastase Torné fut saeré le 20 avril 1791.
5. Souvenir de la Bigarre, t. IV, p. 564.
CARACTERE }}
des passants veulent-ils s'arrêter dans une auberge et laisser sous les
harnais l'attelage haletant r On enlève les brides, on déboucle les sous-
ventrières. .
Le 17 juin 172], huit marchands de capes, domiciliés à Pontac,
portèrent plainte devant « haut et puissant seigneur messire Philippe
de Montaut, seigneur baron de Bénac » contre Guilhem Marque, de
Visker, « lequel Marque, assisté du gendre de la maison d'Abbadesse
où ils s'estoient arrêtés, leur auroict prins les brides de leurs chevaux
et marchandises, leur jurant et blasphémant la mort, la teste, que tous
qu'ils en passeraient par ledit villaige de Visquer, qu'ils les tueroient à
coups d'arquebuzades ».x
Le seigneur ne donna pas suite à cette affaire, sachant bien que ce
fait était dans les moeurs du pays.
<( Le caractère du Bigourdan, dit J. Deville, est ouvert, franc, altier,
et, en général, peu fait pour ramper. Un amour-propre, que l'ardeur de
son imagination rend parfois un peu trop susceptible, lui fait repousser
avec fierté, souvent avec dureté, l'ombre même d'une offense ; mais à
peine a-t-il relancé le trait dont il avait été blessé, qu'il oublie la main
qui l'avait dirigé, à moins que de nouvelles provocations ne viennent le
choquer encore; et, dans ce dernier cas, il est assez difficile à manier.
Il est brave, enthousiaste de la liberté et tout à fait dévoué à sa patrie.2
On pourrait lui reprocher le trop de violence qu'on trouve parfois dans
ses emportements, si elle n'était un des fruits du climat, et, par consé-
quent un mouvement indépendant de sa volonté. . .
Un des traits distinctifs du caractère des Bigourdans, c'est que
l'injustice excite chez eux des sentiments dont ils ne sont pas toujours
les maîtres, tandis qu'on les mène à tout avec la douceur et la per-
suasion.
Sobres et laborieux, les Bigourdans se distinguent encore par la
franche cordialité avec laquelle ils s'acquittent des devoirs de l'hospita-
lité. Etranger, souffrant ou malheureux, sont des titres sacrés pour eux,
1. Carrère (Pierre de). (Etude F. -A. Vivier, à Tarbes.)
2. Loustauneau de Tarbes, devint Grand Mogol, ce qui ne l'empêcha pas
d'avoir la nostalgie des Pyrénées et d'y revenir. (Note de Deville.
5
34 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BENAC
et jamais ils ne frappèrent en vain leurs oreilles. Il n'est pas de voya-
geur, parmi ceux que le sort ou la curiosité ont conduit dans les Hautes-
Pyrénées, qui ne puisse attester la vérité de ce que nous avançons.1 »
Ce que nous disons du Bigourdan, nous devons le dire des habitants
du Bénaqués.
Le tableau ci-après a été peut-être noirci un peu trop ; on a pris
pour le général ce qui n'était sans doute qu'une rare exception. C'est
à titre de curiosité et de renseignements que nous donnons la citation :
admettons les qualités et soyons charitables pour les défauts.
Voici d'après l'état des paroisses, dressé en 1784, le caractère de nos
populations :
Bénac. — Le caractère des paroissiens est d'être ingrat; on ignore leurs bonnes
qualités. Les défauts les plus ordinaires sont : l'ivrognerie et l'impudïcité.
Layrisse et Averan. — L'ingratitude est le caractère dominant des habitants; il
n'y a pas de vices ni de défauts en général.
Latines. — Leur défaut est d'aller au cabaret, les dimanches et fêtes, et celui
des paroissiennes de médire tous les jours.
Louey et Hibarette. — Ils sont hauts et altiers, jaloux les uns des autres, peu unis
entre eux et médisants. Ils travaillent sans nécessité les jours de dimanche, dans le
temps de la récolte, et respectent peu les lois du prince et de l'église, les jours
susdits, pour les cabarets.
Visker et Louer up. — Ils sont laborieux et intéressés.
Orincles. — Pendant la semaine, ils sont fort attentifs à leurs travaux, fort
dociles aux instructions et aux représentations; et, malgré cela, une grande partie
passe les jours de dimanche et fêtes dans les cabarets, au jeu et à la bonne chère.
Celui des femmes est de critiquer, de censurer tout le monde et de ne pas savoir
se taire. (2)
IV
La communauté élisait chaque année son maître d'école, lui octroyant
pour sa subsistance un modique salaire, suffisant pour ses goûts simples
et modestes.
L'instituteur devait « montrer les enfants de la communauté d'Orin-
cles tant à lire, à écrire, à prier Dieu qu'à l'arithmétique... Et ce,
moyennant la somme de 24 livres, payables par lesdits consuls et com-
munauté au bout de l'année ; et au surplus l'avons promis par chaque
écolier une mesure de segle et de plus encore luy sera payé vingt sous
1. Deville (J.-M.-J.) Annales de la Bigorre, p. 205.
2. Etat des paroisses en 1784. (Manuscrit des archives communales de Tarbes),
tf 1, p. 51 et 67; t. III, p. 675 et 691,
INSTRUCTION ^
des écrivins aussy par année ».* Cela se passait le 30 décembre 1 77 1 .
C'était librement, dans l'assemblée générale, que les pères de famille,
par devant un officier ministériel, passaient le contrat qui confiait l'école
au maître de leur choix. « Il faut, écrivait en 1780 l'intendant de Bour-
gogne, que les recteurs d'école dépendent des habitants qui les payent.
Ni l'état, ni le clergé, ni le seigneur ne possédait le droit de désigner
l'instituteur. »
Voici le relevé de l'instruction pour 1783, fourni par l'état des
paroisses :
Bénac. — Il y a un maître d'école, présenté par les consuls et nommé parle
curé; ses appointements fixes sont: 60 livres que la communauté paye, et les
parents de chaque enfant lui donnent une mesure de grain.
Layrissc et Averan. — Point de maître d'école.
Orindcs. — Aucun maître d'école fixe, ni qui soit gagé de la communauté, mais
la plus grande partie des enfants sont assez bien instruits et savent presque tous
de lire et d'écrire.
Visker et Loucrup. — Point de maître d'école.
Lannes. — Il y a un maître d'école qui est payé par la communauté. Ses appoin-
tements fixes se portent à 48 livres, et on lui donne une mesure de grain pour
chaque enfant.
Loucy. — Il y a un maître d'école, ordinairement payé par les habitants et
choisi par eux. Ses gages sont peu de chose; à peine peut-il subsister.
V
Nous connaissons le nom de vingt-trois notaires en résidence habi-
tuelle dans la baronnie de Bénac. Dire à quelle époque serait venu le
premier est chose impossible ; nous savons seulement que, depuis 1 377,
il y a toujours eu des notaires, quelquefois même plusieurs simultané-
ment. Nous donnerons plus bas la liste de ceux qui nous sont connus.
VI
Faisons les mêmes réserves pour les docteurs en médecine et pour
les chirurgiens. Ils ont été nombreux à Bénac, et rayonnaient de là
dans les coteaux voisins. Les docteurs en médecine, moins nombreux
que les chirurgiens, suivaient les cours dans l'université; les chirurgiens
faisaient des études sommaires à la suite d'un autre chirurgien, restaient
1. Archives A. Duffourc.
36 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
trois ans compagnons et, après ce laps de temps, étaient jugés dignes
d'entrer « in doclo cor pore ».
« Aujourd'hui, 7 mai 1654, en la ville et citté de Tarbes... Constitué
en personne Jean Delhom mc chirurgien du lieu de Bénac, lequel
faizant tant pour luy que les siens à l'advenir a déclaire devant moy
notaire et tesmoins avoir receu des mains de Marie de Pardimens, illec
presante et stipulante et acceptante, la somme de trente livres et ce tant
moins de ladespance et doctrine de Louys Maignac, compaignon chirur-
gien demeurant chez ledit sieur Delhom et ce en dix louys d'argent,
laquelle somme a esté par ledit sieur Delhom rettirée : et a promis et
promet icelle tenir en compte à ladite Pardimens à fin de payement et
quand lesdites troys années d'apprentissage dudit Louys Maignac fils
de ladite Pardimens, soubs obliguation de tous et chescuns ses biens,
presanset advenir, et les a soubzmis et soubzmet aux rigueurs de justice;
et ainsin l'a promis et iuré en présence de M. Jacques Loupet prebre
et recteur de Saint Jean de Tarbe et Jean Marie de Mauran, bourgeois
de Siarroy, soubsinés avec ledit sieur Delhom, ladite Pardimens requize
soy signer a déclairé ne sçavoir escrire et moy. Delhom, Loupet,
Mauran, Mauran N. R.1 »
V. — BARONS
Le château de Bénac. Seigneurs et illustrations. Les Be'nac
de la première race. Les Montaut-Bénac. Les Rothelin-Bénac.
Les Rohan-Bénac.
I
Le château de Bénac était' un beau castel. Dominant la plaine de
l'Echez, il en protégeait l'entrée contre toute incursion ennemie. Placé
à l'extrémité d'une colline, naturellement fortifié au nord et au levant
par une descente à pic, il se trouvait défendu au midi par un très vaste
fossé, toujours rempli d'eau, et au couchant par des pentes abruptes.
I. Mauran. Etude Thcil. à Tarbes.
LE CHATEAU )J
Le chemin de la plaine se trouve au levant du château; on traversait
l'Echez et on suivait l'ancienne voie romaine, allant de Layrisse vers
Averan. A une cinquantaine de mètres du château, on déviait vers le cou-
chant par le sommet de la colline, pour entrer dans l'enceinte par la
porte H, armée d'un pont-levis s'appuyant sur la petite tour et sur la
haute muraille, qui abritait la chapelle et la chambre du maître d'hôtel.
La petite tour D, parfaitement reconnaissable, les fondements étant à
fleur de terre, avait à l'intérieur 4 mètres en carré, les murailles mesu-
raient im, 75 d'épaisseur. Le corps de logis faisait suite à la tour du
midi au couchant ; l'habitation avait deux étages. De ce vaste bâtiment,
le premier tiers a été démoli en même temps que la tour ; le proprié-
taire actuel n'a conservé que le second tiers pour son logement et encore
amoindri d'un étage. Il habite les deux chambres du rez-de-chaussée
et une chambre au premier. La troisième partie sert aujourd'hui d'écurie
et de grange à fourrage. Au nord la poterne E, faisant face à la porte
d'entrée, donnait sur la terrasse. Les écuries et les décharges se trou-
vaient adossées aux murs du nord et du couchant. Ces murs, d'une
hauteur actuelle de quinze mètres, servaient d'enceinte et étaient sans
ouvertures. La grande tour M, qui présente à l'intérieur 8 mètres
carrés, avait trois étages; le père du propriétaire actuel l'a détruite pour
vendre la brique et les matériaux. Elle était établie au point de jonc-
tion des bâtiments du couchant avec ceux du midi. Au milieu de la cour
se trouvait la citerne ou puits que le propriétaire utilise, soit pour la
provision d'eau du ménage, soit pour l'arrosage de son potager qui
remplace les édifices du nord et du couchant. Deux échauguettes
étaient placées aux deux angles correspondants aux deux tours ; elles
surveillaient les précipices *
Le propriétaire, Jean Baron, vous fera avec plaisir les honneurs de
la maison. 11 vous montrera la cuisine, vaste appartement de huit mètres
carrés, avec voûte en briques et avec arcs doubleaux portant à leur jonc-
tion les armoiries des anciens châtelains. Il trouve la cheminée suffisam-
ment large pour abriter sous son manteau toute sa famille : elle a ]m,y-)
d'ouverture; c'était l'ancienne cuisine du château. Au midi, est la
chambre à coucher, l'ancienne « sommèlerie »; on voit dans la cheminée
1. Nous donnerons en appendice l'inventaire du château, tel qu'il fut dressé par
Léonard Dastugue, juge du marquisat de Bénac, le Ier décembre 1654, par les
ordres de Judith de Gontaut, dame de St-Geniez, veuve de Philippe II de Mon-
taut-Bénac.
)8 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
un haume à long panache, ayant un lion à la droite et un autre lion à la
gauche; à l'un des angles de la pierre, sur le haut, on lit les deux lettres
B C entrelacées. L'escalier, ce vaste escalier qui rappelle tant de sou-
venirs, tombe en ruines et présente même certains dangers aux touristes
qui veulent visiter l'étage supérieur. La « grande salle » au dessus de
la cuisine, n'est pas habitée; seule la chambre « quy est au fond de
ladite salle du costé de l'orient » présente un ameublement moins riche
sans doute qu'autrefois, mais suffisamment confortable pour de rudes
travailleurs. Jean Baron ne vous laissera pas quitter le castet sans vous
faire voir le trou du diable, dont parle la légende, et que la truelle du
maçon n'a jamais pu fermer. Il se trouve au dessus de la poterne.
A quelle époque remontent le château et les tours r. . . La petite tour
du levant, celle qu'on nommait la vieille, à l'époque de la Révolution,
était assurément la plus ancienne, la primitive. Dans le principe, elle
constituait l'unique défense, établie en ces lieux. Comme la plupart de
celles que nous rencontrons encore sur notre sol de la Bigorre, elle
devait servir aux signaux télégraphiques. L'autre, la grande, vint plus
tard, quand les seigneurs bâtirent le château, quand ils acquirent cette
influence, qu'ils ont toujours conservée, influence donnée par la richesse.
Les tours ont disparu, et on ne sait à quel temps les rattacher. Le
château lui-même, qui aurait pu nous fournir bon nombre de renseigne-
ments utiles, a été rebâti dans le genre moderne, dès la fin du XVe
siècle. Les grandes fenêtres donnant vue sur la cour et autres dépen-
dances sont de cette époque. Tout ce remaniement s'est opéré à la
suite d'un violent incendie qui, en l'année 1464, détruisit l'habitation,
et les archives de la baronnie.1 Des fouilles, des recherches bien diri-
gées pourraient nous donner la clé de quelques mystères.
Il
C'étaient de rudes jouteurs que nos seigneurs de Bénac! Ils n'occu-
paient pas la dernière place parmi les barons de la Bigorre. Leur nom
se retrouve à chaque page de nos annales de Gascogne et les chro-
niques de France les citent plus d'une fois avec éloges; ils portèrent
sous les murs de Jérusalem et sur tous nos champs de bataille leur éten-
1. Larcher (J.-B.), Glanage, t. II, p. 229. (Chartier du Grand Séminaire d'Auch,
n° 5,150. — (Voir plus loin, page 45).
ILLUSTRATIONS 39
dard « d'or à la croix de gueules cartonnée à dou\e étoiles de même.1 »
Cette famille a donné au pays des hommes qui ont occupé le premier
rang dans la société : soit dans les lettres, soit dans la grande magis-
trature, soit dans les armées, soit enfin dans la haute cléricature. Nous
trouvons quatre abbés de Saint-Pé, trois abbés de l'Escaledieu, un abbé
de Saint-Sever qui devint évoque de Tarbes, un évèque d'Aire, un
évêque d'Oloron, un évoque de Lescar, de nombreux capitaines, de
nombreux généraux, un maréchal de France, un capitoul de Tou-
louse et quatre sénéchaux de Bigorre.2
Les rois de France, toujours généreux quand il faut récompenser le
mérite, donnèrent aux seigneurs de Bénac des marques éclatantes de
satisfaction: Louis XIII érige la baronnie en marquisat, octroie la
haute justice et la concession de foires aux nouveaux marquis. Sous
Louis XIV, leurs terres sont érigées en duchés ; ils portent les titres
de ducs de Lavedan, de Montaut et de Navailles ; ils reçoivent les
ordres du roi et les honneurs de la pairie ; et le frère cadet du maréchal
de Navailles est créé marquis de Saint-Geniez.3
Nous publions plus loin la liste chronologique des seigneurs de
Bénac; elle se trouve dans la plupart des ouvrages qui racontent l'his-
toire de notre province. Nous parlerons seulement ici des barons et
marquis et autres personnages de la maison, qui ont joué un rôle actif
dans les annales du pays. L'histoire en est si intimement et si solide-
ment incorporée à celle du Bénaqués qu'il est pour ainsi dire impossible
de les isoler, sans risque de mutiler la vérité et l'évolution de l'histoire.
1. Larcher (J.-B.) Dictionnaire généalogique, fe 2, p. 555.
2. Abbés de Saint-Pé : Odon I (iojj); Odon II (1096) ; Philippe de Bénac (1272);
Arnaud-Guillaume de Bénac (1292-1^04); — Abbés de l'Escaledieu : Auger I de
Bénac (1285); Auger II de Bénac (1293) ; Auger III de Bénac (nj6); — Abbé de
Saint-Sever : Roger de Montaut-Bénac de Navailles ('-1512). — Odon I, abbé de
Saint-Pé, était évêque d'Oloron en 1032. — Raymond III, évêque de Lescar
(i2ij). — Jacques I de Montaut-Bénac, évêque d'Aire (1575-1387). — Roger de
Montaut-Bénac de Navailles, abbé de Saint-Sever, est nommé évêque de Tarbes
par le chapitre. Ce siège lui est disputé par Thomas de Foix et Manaud de la
Martonye (1514). — Jean-Marc de Montaut-Bénac, capitoul de Toulouse (1538) est
en même temps sénéchal de Bigorre; Philippe de Montaut-Bénac 11 571); Bernard
de Montaut-Bénac (1580-1599); et Philippe de Montaut-Bénac, marquis, puis duc
de Navailles (1639-1659), sont sénéchaux de Bigorre.
?. Larcher (J.-B.) Glanage, t. II, p. 229. (Chartier du Grand Séminaire d'Auch,
n° 3,179).
40 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
Les événements généraux, gravitant autour de figures particulières,
légitiment leur notoriété. Selon nous, le caractère des seigneurs n'est
autre que celui de leur temps; leurs gestes se rapportent à l'esprit
général de leur siècle, et c'est à cette source vivifiante qu'ils puisent
l'intérêt dont ils sont revêtus.1
III
I. — Raymond-Guillaume de Bénac avait des terres allodiales dans
le village de Lescun ; le duc de Gascogne, Sanche, donna au seigneur
de Bénac, en échange de ces terres qu'il attribua au monastère de
Saint-Pé qu'il venait de fonder, l'affranchissement de ses biens, sa
cuirasse et quatre chevaux à son choix parmi ceux de son écurie,
quatuor sucé electionis eques cl loricam (iop).2
II. — Guillaume Auriol de Bénac confia Odon, son second fils, aux
religieux de Saint-Pé, pour être instruit soigneusement aux lettres et en
la discipline régulière. Odon devint abbé de Saint-Pé et évêque
d'Oloron (103 3). Guillaume-Auriol était marié à Marie, fille de Raymond
Garsias, vicomte de Lavedan.
III. — Raymond P'r de Bénac donna aux moines de Saint-Pé la
dîme d'Azereix et huit cent sous de rente à prendre sur le village de
Saint-Hippolyte (Adé), pour payer l'instruction donnée à son fils,
Odon.3 Il assista à la consécration de l'église de Saint-Pé, en 1096.
IV. — Dodon r'r ou Othon de Bénac voulut faire rentrer les terres
que Guillaume Raymond avait aliénées ; « ces prétentions peu fondées,
et que sa mauvaise foi seule appuyait, excitèrent contre lui l'indignation
de son souverain, qui le convainquit de félonie et l'eut sévèrement
puni, si Boson de Juillan et Héraclius, alors évêque de Tarbes, tous
deux parents du comte, n'eussent fait la paix du baron, moyennant
diverses cessions qu'il fit ; il eut en outre à se départir de toutes ses
prétentions sur Saint-Pé, et il se soumit en cas de contravention à
perdre des terres d'Averan et de Ripefite (Hibarette) ».4
1. Grands officiers de la couronne, t. VII, pages 602-009. — Dictionnaire de la
noblesse, par La Clicnayc-Desbois, t. X, p. 260. — Davezac-Macaya, Essai historique
sur le Bigorre, t. II, note 20, p. 41 et note 2, p. 258. — Gênèologie de la famille de
Montant-Bcnac, brochure in-40 de 22 pages, au Grand-Séminaire d'Auch, 11" 15,852.
2. Annuaire du Petit Séminaire de Saint-Pé. (1885.) p. 504.
j. Davezac-Macaya, Essais sur le Bigorre, t. I, p. 160.
4. Davezac-Macaya, Essais sur le Bigorre, t. I, p. 186.
LES PREMIERS BARONS 41
V. — Raymond II de Bénac, fils d'Othon le rebelle, fit le voyage de
Terre-Sainte. Il arma ses vassaux, l'an 1096, et, après avoir reçu la
bénédiction de son père, il prit la croix. Il assistait à la bataille de
Dorylée, avait une part très active à la prise d'Antioche ; le 7
juillet 1099, il gravissait les collines d'Emmaiis, et, le 1$, il entrait à
Jérusalem. Mais une blessure reçue dans le combat, et qu'il croyait
sans gravité, devait l'empêcher de revoir son castel. Sa dépouille
mortelle repose dans la Ville Sainte. Il légua aux moines de Sainte-
Marie Latine l'église de Bénac, que son père avait usurpée.
VI. — Dodon II ou Othon II de Bénac « vendit l'église de Bénac
au monastère de Saint-Pé, pour la somme de 1 ,300 sols morlas, du
consentement de l'abbé et des moines de Sainte-Marie Latine, qui se
réservèrent sur cette église le droit annuel d'une once d'or, en présence
de Guillaume, évèque de Bigorre et de Pierre, comte de Bigorre, ce
qui tombe environ l'an 1 140 m.1
« Doit de Bénac » (n'est-il pas le même que Dodon r) servit de caution
à Arnaud d'Aragon, seigneur de Poueyferré et Beaucens, rendant
hommage au comte de Bigorre en 1143 ; Arnaud s'obligea par serment
de rendre au comte et à ses successeurs tous ses châteaux trois fois
l'année qu'il les réclamât apaisé ou courroussé.2
« Pierre de Marsan établit en Bigorre l'ordre des Templiers. Il lui
abandonna tout son domaine de Bordères et y ajouta le fief et les
maisons qu'il possédait à Saragosse. L'acte en fut passé au château de
Lourdes, le 7 février 1148... Greffier des Angles, Pierre d'Astugue,
Dodon de Bénac. . . le scellèrent après leur suserain ».3
VIL — « Bourguine de Barèges, dame d'Ossun, exposa dans un
dire par écrit, qu'autrefois vivoit strenus miles, Manaud de Bénac,
seigneur de Bénac ; qu'il eut trois fils : Bour, Guilhem-Arnaud et
Raymond Arnauld ».4
VIII. — « Bour de Bénac fut appelé comme témoin dans un fidéi
commis avec une partie de la noblesse : Arnaud Raymond de Coarraze,
évêque de Tarbes..., Thibault des Angles, Raymond Arnaud de
1. Larcher (J.-B.), Glanages, t. XIV, p. }i.
2. Davezac-Maca/a, Essais sur le Bigorre, t. I, p. 222.
j. Montlezun, Histoire de la Gascogne, t. II, p. 188.
4. Larcher (J.-B.), Glanages, t. III, p. 161.
42 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
Castelbajac... 1214... »* II avait pour frères: Guilhera Arnaud et
Raymond Arnaud, qui reçut en apanage la seigneurie de Lannes.
Raymond de Bénac, évêque de Lescar en 121 3, devait être aussi
son frère. Voici ce que nous dit sur son épiscopat le Gallia christiana :
« Raimond, issu de l'illustre famille des seigneurs de Bénac, est
sans aucun doute celui-là même que nous trouvons dans la charte de
Lescar de l'an 1203 R. de Venach. Nous conjecturons qu'il a été le
compétiteur d'Arsius devant lequel il se vit obligé de céder ; celui-ci
étant mort, il monta librement en 121 3 sur le siège de Lescar. Il est
témoin, en 1214, dans une donation de Gaston, vicomte de Béarn, au
monastère Sainte-Marie de Grande Sauve [Sylvœ Latœe) de trois casais,
acte retenu par Moneins, le 3 des nones de février de la même année.
Il vivait encore en 1220, d'après le livre des antiques coutumes du
Béarn ».2
IX. — « Ramond de Bénac et Philippe de Bénac, abbé de Saint-Pé,
figurent dans une transaction du 27 décembre 1272, passée avec Pierre
de Sombrun, commandeur des Templiers de Bordères, sur certains
fonds de Juillac ».3
« Octavo idus Augusti 1274, N'Esquivât ou Assinat de Chavannes,
comte de Bigorre, baille la place et seigneurie de Forgues audit
Ramond Garsie, seigneur de Castetlobon, en solution de 2.300 sols de
bons moulans et amortissement de la rente de 63 sols de mourlans. . .
Et pour assurance dudit bail, entrent pleiges dudit seigneur comte :
Arnaud Guillaume de Barbazan, Arnaud des Angles, Pierre d'Antin,
Ramond de Bénac et Arnaud Ramon de Castelbajac. . . »>.*
Ramond et Bos de Bénac sont témoins dans la donation faite aux
religieux de l'Escaledieu par le même Esquivât en 1274.5
1. Montlezun. Histoire de la Gascogne, t. VI, p. j6$.
2. XVII. Raimondus III, épiscopus Lascurrensis.
Raimondus ex-illustri dominorum de Benaco stirpe ortus, idem procul dubio
est qui in chartario Lascurrensi anno 1205 legitur R. de Venach. Ipsum contendisse
de episcopatu cum Arsio conjicimus, cui cum cedere coactus esset postea ipso
mortuo, anno 1213, libère cathedram conscendit. Testis legitur anno 1214 in
donatione Gastonis, vicecomitis Benearnensis, monasterio Beatce Mariœ Sylvœ
Latce, de tribus casalibus, instrumento dato apud Moneins, III nonas februarù
ejusdem anni in prcefato tabulario Sylvœ Latœ. Vivebat et 1220 ex libro antiqua-
rum Bearnii consuetudinum. (Gallia christiana, t. I, col. 1294).
j. Lagrèze (B. de). Histoire religieuse de la Bigorre, p. 312.
4. Communication de M. Jean Bourdette.
5. Archives des Hautes-Pyrénées, série H, n° 42.
LES MONTAUT-BÈNAC 4j
X. — Bos de Bénac signa avec ses deux frères, Arnaud-Guillaume,
abbé de Saint-Pé, et Auger, abbé de l'Escaledieu, les actes sur la suc-
cession de Pétronille, comtesse de Bigorre, le ier septembre 1283 :
« Serenissimo principi Raymundo, domino suo, domino Philippo, Dei
gratia francorum rege . . . In quorum testimonium. . . Arnatdus Guliel-
mus, abbas de Geyres, Auger, abbas ScaLv Dei. . . Bosius de Bénac.1 »
Comme résultat final, Philippe le Bel s'empara de la Bigorre au nom de
sa femme et fit enquérir en 1300 sur la valeur des fiefs et arrière-fiefs
du comté.
Ce Bos est le croisé, dont la légende a perpétué le souvenir. Elle se
trouve reproduite par la gravure des vers suivants, sur une belle plaque
de marbre noir, enlevée du château et appartenant aujourd'hui, assure-
t-on, aux héritiers de M. Curie-Seimbres.
Ayant resté sept ans captij en Terre-Sainte,
Le démon en trois jours à Bénac m'a porté ;
Mais déclarant mon nom, on me taxe de feinte,
Pour courir à l'hymen en sa déloyauté.
Je fais voir mon anneau, mon lévrier j'appelle,
Et c'est le seul témoin que je trouve fidèle.
Démon, ce plat de noix payera ton transport
Et je vais dans la solitude
Me guérir en songeant à la mort
De ce que ton employ me fait d'inquiétude.
Bos n'eut qu'une fille, Oulce, qui épousa l'héritier de Montaut sur
Garonne; le P. Anselme le nomme Roger et Colomez l'appelle
Bernard.
IV
XI. — Oulce de Bénac fut mère de Jean de Montaut-Bénac, qui
suit, avec lequel elle reçut un hommage, le 20 septembre 1 3 5 1 .
« D'après un mémoire du 7 février M78 de Philippe de Montaut,
seigneur de Beaumont en Lezadois, Jean de Montaut, évêque d'Aire,
seroit le frère de Roger de Montaut, marié à Ossa de Benac et Tam-
1. Marca (Pierre de). Histoire du Béarn, liv. IX, p. 841.
44 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
burgis de Montaut, à qui son frère l'évèque fit une donation, seroit sa
sœur.1 »
Nous lisons aussi dans Larcher : « feu M. le duc de Navailles
emporta de Bénac à Paris les titres suivants, le 24 octobre 1667, selon
un mémoire que j'ai vu chez M. Toron, procureur du roi au sénéchal
de Bigorre :
« ...Insinuation de donation par Jacques de Montaut, évêque
d'Aire, à Tiburge de Montaut, sa sœur, des 2 mai et 18 juin 1 378.* »
XII. — Jean de Montaut-Bénac servit le roi en ses guerres de Gas-
cogne, en 13)9, avec quatorze écuyers, quatre sergents à cheval et
quatorze à pied, il appela au parlement de Paris, le 2 octobre 1 369, de
ce que le prince de Galles, duc de Guyenne, avait baillé au captai de
Buch anglais, le comté de Bigorre, dans lequel tous ses biens se trou-
voient. Sa femme, Gaillarde de Miramont, lui donna deux enfants, Jean,
qui suit, et Ossette.
XIII. — Jean II de Montaut-Bénac est qualifié de baron de Bénac
dans un hommage qu'il reçut, le 11 décembre 1 418, de Manaud de
Bénac, seigneur de Lannes et de Balabay, son vassal. Il épousa Mar-
guerite de Bazillac, dont il eut quatre enfants :
i° Arnaud, qui suit ;
2° Constance, mariée à Arnaud-Guilhem de Béon, seigneur de
Sère ;
30 Ossa ou Ousse, mariée i° à Bertrand d'Andouins, seigneur de
Castel-Birit; 20 à Jean de Pardeillan; 30 par contrat du 21
avril 1434 à Arnaud de Barèges, seigneur de Vieuzac.
Arnaud, son frère, lui avait constitué trois mille florins de
dot : elle lui en donna quittance de quinze cents et lui remit
les autres quinze cents « en considération que la maison de
Vieuzac ou elle alloit entrer n'étoit pas égale à celle de
Bénac ». Ce sont les termes de cet acte, passée Tarbes le
13 avril 1433;
40 Clarianne, mariée à Jean d'Ossun, qui donna quittance de la
dot de sa femme, le 7 novembre 1444.3
2. Anselme (Le P.), Histoire généalogique. .. t. VII, p. 603.
1. Larcher (J.-B.), Glanages, t. II, p. 229.
}. Larcher (J.-B.), Glanages, t. II, p. 229.
SEIGNEURS HUGUENOTS 4<i
XIV. — Arnaud ou « Arnauton, seigneur de Bénac et Bernard de
Bazillac, son tuteur, fit hommage, le 11 avril 1426, à Jean, comte de
Foix et de Bigorre, pour la baronnie de Bénac «-1
Il se maria, en premières noces, à Brunicende ou Bérénice de Coar-
raze, dont il eut Madeleine, mariée à Roger de Castet-Pugon, en
Béarn, et fut dotée de 1,750 livres, dont son mari donna quittancée
Annet de Montaut-Bénac, le 9 juin 1499.
Le 23 janvier 1457, il épousait Jeanne de Lavedan, qui le rendit
père de :
i° Annet de Montaut-Bénac, qui suit;
2° Roger, né à Miremont l'an 14^4, prieur de Montaut, abbé
de Saint-Sever, évèque de Tarbes, élu par le chapitre et
débouté en i)0) « en exécution d'une ordonnance du roy,
portant réintégrande de cet évèché en faveur de Thomas de
Foix ». « Annet avait été héritier des terres de la maison
de Bénac, de quoi l'évêque étoit bien fâché et s'en plaignoit
souvent ;- »
30 Madeleine, épousa par contrat du 1^ septembre 1475, Gilles
de Lomagne, baron des Angles;
40 Catherine, mariée en 1484 à Guilhem-Arnaud d'Auga;
5° Jeanne, femme de Bernard de Rivière, seigneur de Pun-
tous, eut en dot 1,300 florins. François de Rivière, son fils,
laissa héritier de ses biens le seigneur de Bénac.
Le 10 janvier 1464, un violent incendie détruisait le château de
Bénac, où périrent les papiers les plus importants du baron. Arnaud de
Montaut-Bénac jeta les fondements du nouveau château et mourut le
11 septembre 1481, sans l'avoir achevé, ayant fait son testament le 24
août précédent.3
XV. — Annet de Montaut, né à Bénac le 22 octobre 1466, fit son
testament le 12 octobre 1^23 et mourut aux guerres d'Italie le 25 octo-
bre 1^25. H avait épousé d'abord Catherine de La Roque; à sa
mort, il s'alliait à Isabelle-Majorette de Laroche-Fontenille, et fut père
de :
i° Jean-Marc ;
1. Larcher (J.-B.), Glanages, t. VIII, p. 317.
2. Larcher (J.-B.), Glanages, t. VIII, p. 517.
î. Larcher (J.-B.), Glanages, t. II, p. 220.
46 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
20 Georges, qui mourut sans enfants de Françoise de Lescures
qu'il avait épousée ;
30 Jean, qui se noya en passant le pont, à Mausac;
40 Hélène;
5° Marguerite, qui faisait son testament le 9 mars M64.
Annet suivit Henri de Navarre dans sa guerre contre la Navarre.
François Ier accorda volontiers les secours qu'on lui demandait ; mais
pour ne pas prendre une part trop ostensible à cette guerre, il chargea
de l'entreprise André de Foix, frère d'Odet, et ainsi proche parent du
jeune prince. Parmi les capitaines qui conduisaient les troupes, on
comptait Thermes et Ossun, destinés l'un et l'autre à porter le bâton
de maréchal ; les autres capitaines étaient : Sainte-Colombe, Tournon,
Andoins, Bénac et... Navailles.
XVI. — Jean-Marc, capitoul de Toulouse en 1^36, né le 6 mai
1499, fit son testament le 30 janvier 15551 dans lequel il nomme sa
temme et ses enfants, mourut à Toulouse le 13 janvier 155 <S, avant
Pâques. Il épousait, par contrat du 16 mai 1 =; 27 , Madeleine d'Andoins,
baronne de Navailles. Elle porta cette baronnie à son mari ; elle en
avait hérité par la mort, sans enfants, de Jean d'Andoins, son frère.
Elle laissa six fils et cinq filles : Marguerite, religieuse au monastère
de Fabas ; Anne, femme de Jacques de Cassagnet, seigneur de Baulac;
Jeanne, mariée en 1559 à Antoine-Gabriel de Sus, près Navarrens;
Jeanne, fille d'honneur de la reine de Navarre, mourut de la peste à
Lyon en 1564; et Madeleine, dame de Puntous, non mariée.
De ses fils, Jean-Paul dut mourir en bas âge ; et le cinquième, Jean,
périt à Macérata en Italie, au voyage que fit le duc de Guise, le dernier
Jean, surnommé Barros, décéda sans enfants en 1578.
Jacques, surnommé le capitaine Larroque, était un ardent huguenot;
il avait entraîné ses frères dans la religion réformée.
Les seigneurs de la Bigorre, mécontents de voir à la tète des affaires
un protestant, murmuraient et se plaignaient amèrement. Les échos en
arrivèrent jusqu'au château de Bénac. Et c'est alors que Jacques écrivit
au seigneur de La Loubère la lettre suivante :
« Monsieur mon cosin, estant averti qu'à la dernière assemblée des états de
Bigorre sous prétexte des alFaires de la Religion en ladite assemblée feurent
teneus publiquement quelques propos en mespris et desdain tant de moy que de
mes frères, et entre ceux qui plus apertement en auroient parlé, comme l'on m'a
raporté, c'est vous et monsieur de Vazilhac, disant que ceuls de la nouvelle reli-
GUERRES DU XVIe SIÈCLE 47
gion se retiroient dedans le chasteau de Bénac, appellants les enfants d'icelle
capdets, et qu'il falloit aller prendre et chastier ; et pour ce que les parolles de
son avesque et le lieu ou elles sont esté proférées aportent desdain et haisne sur
moy et mes frères, à l'endroict des habitants de ce pais, j'ay n'ay voulleu tant
oublier mon honneur que je ne vous aie faict entendre pour sçavoir s'il est ainsin
aussy les occasions quy vous ont peu esmouvoir à tenir ledit langage, mesmement
contre ceulx quy n'ont que bonne volonté de guarder en toute intégrité leur
honneur. Je vous prie donc m'en volloir faire certen par le présent porteur; et
cependant je supplieré le seigneur Dieu vous distribuer sa saincte grase, me
recommandant à la vostre.
De Bénac ce dix septiesme de juin.
Jacques de Benac. (i)
Nous ne connaissons pas la réponse du seigneur de La Loubère.
Le lendemain, Jacques écrivait à M. de Bazillac pour se plaindre en
termes analogues. Il termine en disant : « J'en avois écrit à M. de La
Loubère qui m'a faict ticelle responce que je me cuide ce raport estre
vain. » Il se défend faiblement; il veut garder « en toute intégrité »
son honneur; il ne nie point cependant qu'il ne donne abri en son
château aux adeptes de la réforme.
D'un caractère ardent, Jacques se mit bientôt à la remorque des
protestants et conduisit souvent à la victoire ces bandes avides de
pillage. « Larroque-Bénac s'était emparé, au mois de mai 1576, de la
ville de Vie et du château de Lescurry. Ces deux places fortes furent
reprises par les catholiques, commandés par le vicomte de Labatut et le
seigneur de Sarlabous.2 »
« La garnison de Castelnau-Rivière-Basse avait profité de l'absence
d'une partie des seigneurs gascons pour se répandre dans les environs
et y semer le ravage. Le baron de Lengros avait eu surtout à souffrir
de ces déprédations. Dès qu'Antras fut de retour, le baron réclama
son aide et alla chercher ses ennemis sur les bords de l' Adour ; mais il ne
put qu'échanger avec eux quelques arquebusades. Peu de jours après, il
rencontra les capitaines Larroque-Bénac, Gensac et Hitton, et engagea
avec eux un combat assez vif, qui se termina à son avantage. Cet échec,
quoique léger, fit cesser les incursions des protestants. Mais le calme
dura peu et leurs courses recommencèrent. Ceci se passait l'an 1Î79.3 "
Larroque-Bénac et ses frères eurent avec le marquis de La Force,
1. Chartier du Grand-Séminaire d'Auch, n" M44.
2. Carsalade et Durier, Huguenots en Bigarre, p. 2:9.
î. Montlezun, Histoire de la Gascogne, t. V, p. 4^2.
48 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BÉNAC
gouverneur de Béarn, de grands démêlés, racontés en détail dans les
Mémoires de La Force. La cour les réconcilia en 1621. Une lettre de la
marquise de La Force, datée de Paris, 1 5 mai 1 57$, parle en ces termes
d'un duel de Larroque-Bénac : « La Beause et la Roque-Bénac eurent
querelle au jeu de paume sur peu de sujet, et après avoir été accordés
par M. de Chàtillon, La Roque dit à l'autre que non obstant il vouloit
se battre, ce qu'ils firent ; et la Beause fut blessé du premier coup à la
cuisse qui lui coupoit le gros vaisseau, dont il est mort deux jours
après'1 »
XVII. — Philippe, second fils de Jean-Marc de Mautaut-Bénac,
épousa Jeanne de Caumont-Berbiguières, dont il n'eut point d'enfants.
Il se maria ensuite avec Marie de Gontaut-Saint-Genièz, qui elle-
même, à la mort de Philippe, donna sa main au vicomte de Lavedan,
Jean-Jacques de Bourbon-Malause. Philippe testa le 9 juillet 1 597,
instituant, à défaut d'enfants, pour héritier universel, son frère Bernard,
baron de Navailles. Il fut à deux reprises sénéchal de Bigorre : la pre-
mière fois de 1570 à 1573 ; la seconde vers 1 579 (?) jusqu'en i^ô.2
En 1 570, le château de Bénac était occupé par les protestants, qui. de
là, pillaient toute la contrée. Ecoutez Mauran :
« Et parce que M. de Montamat quitta la ville (Tarbes) le même
jour qu'il la prit et après le pillage, sans y laisser aucune garnison, elle
fut un long temps presque déserte, et les habitants épars ça et là ;
d'autant qu'ils n'osoient retourner a leurs maisons de peur d'être tués
par les huguenots de Bénac, qui venoient tous les jours à Tarbe, et
enlevoient les reliques que les Béarnois avoient laissées. Mesme l'on
dit qu'ils prirent les fondations des prébendes et autres documents et
titres de l'église Saint-Jean, qui n'ont depuis été vus.3 »
Le roi souffrait de voir les meilleurs officiers de sa couronne se mettre
au service de ses ennemis. Pour punir le seigneur de Bénac, il donna
au maréchal de La Valette l'ordre de s'emparer du château de Bénac,
d'en chasser les soldats protestants et d'y établir une garnison catho-
lique. Le 3 octobre 1 5 74, le capitaine Forgues, avec douze soldats
stipendiés par le pays de Bigorre, fut mis en garnison dans le château
1. Mémoires de d'Antras, p. 167.
2. Gaston Balcncic dans Mauran, p. _(<>, note 2. — Jean Bourdette, Mémoires de
F: ci Jour, pp. 284-285.
;. Mauran, Sommaire description du pais, p. 152.
LES SÉNÉCHAUX 49
de Bénac et y demeura trois mois. Nous lisons, en effet, dans un acte
d'Ogier Cazalet, notaire à Bénac, registre de 1=178 : « que durant les
trobles puis l'année 1573 durant H 74... le seigneur de Bénac auroîct
esté contrainct pour raison desdits trobles se retirer en la bille de Nay,
au païs de Béarn, pour la guarnizon que monseigneur Labalette, lhors
lieutenant du roy mist au chasteau de Bénac.1 »
Les huguenots prirent leur revanche ; ils placèrent des soldats à leur
compte dans le château de Bénac. Henry de Navarre écrit de La
Rochelle au capitaine, commandant le château de Lourdes, de fournir
l'argent pour l'entretien de la petite troupe.
« Capitaine Incamps, je vous envoyé une commission pour lever cens escus par
moys sur les lieux quy sont désignés par icelle. De laquelle somme jentends qu'il
en soict bailhé cens livres pour l'entretiennement de dix hommes que le sieur de
Bénac tient ou tiendra en sa maison, la garde et conservation de laquelle importe.
Vous luy ferez donc deslivrer pour chescun moys ladite somme ayant esté réser-
vée. Sy n'ay point vollu qu'il en aict esté faict mention en la commission, parce
qu'il n'est besoingque cela soict aultrement publié. Mais ceste lettre vous servira
ou au receveur de descharge, sur laquelle nous faisons bailher toutes autres expé-
ditions sur ce nécessaires s'il en est besoing. Ce que m'assurant que vous ferez
suivant mon voloir et intention, sy ne vous en diray davantage sy ce n'est pouf
prier le créateur vous tenir, capitaine Incamps, en sa saincte guarde.
De La Rochelle au dernier janvier 1587.
Votre affectyonné mettre et assuré amy.
Henry. » (2)
XVIII. — Bernard, quatrième fils de Jean-Marc de Montaut-Bénac,
recueillit la succession de ses frères. Il épousait, le 12 juin 1578,
Thabita de Gabaston, dame de Bassillon. En février 161 2, le roi expédia
des lettres patentes portant érection de la baronnie en marquisat. Ce
fut alors aussi que la haute justice lui fut octroyée. Bernard était
conseiller et chambellan du roi.
Bernard avait toute la confiance de Catherine de Navarre, la sœur
d'Henri de Navarre et princesse régente pendant que son frère était
occupé à guerroyer. On a publié, dans le tome III des Documents
inédits sur l'histoire de France, une série de lettres qu'elle lui adressait,
pour le prier de venir à Pau l'aider de ses conseils et assister à la tenue
des états. Elles se terminent toutes par ces mots, écrits de la main de
Catherine : « Vostre bien affectionnée amye. » En 1593, nous trouvons
1. Mauran, Sommaire description du païs, p. 169. (Note de Gaston Balencie.)
2, Chartier du Grand-Séminaire d'Auch, n° 5,147.
4
^O LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BÉNAC
Bernard de Montaut-Bénac « loctenant, représentant la personne Jeu
rey en la lengude deus eslal\ deu païs souviran de Be'ani ».1 Déjà en
1 589, il avait été chargé d'aller tenir ceux de Foix.
Si Bernard de Montaut-Bénac avait beaucoup d'honneurs, il n'avait
guère d'argent; c'est ce que nous montre la lettre suivante, adressée à
la récente, Catherine de Navarre :
Madame,
Le sieur de Bénac vous remontre très humblement qu'ayant cest honneur d'estre
du privé conseil du royen son estât de Navarre et mesme en la liste de ceux qu'il
vous a nommés pour vous assister et servir, il auroit esté mandé par vous en
plusieurs fois et diverses occasions, mesmement à la tenue des estats de Béarn
toutes les années, qui sont ordinairement longs où il seroit venu à ses propres
despens, selon une partie de vos mandements cy attache/, les autres estant esga-
rez, sans jamais avoir demandé paiement des journées ; et mesme estant allé en
Foix tenir ceux dudit comté, de vostre mandement il auroict couru beaucoup de
hasard par les chemins de ceux de la Ligue, desquels ne se sceust si bien garantir
qu'ils ne lui surprinsent son mulet de coffres et tous ses abilhements qu'il perdit, le
tout de valeur de plus de trois cens escus. Ce considéré qu'il n'est raisonnable
que personne serve à ses despens, et que le suppliant est incommodé de ses
affaires pour ne pouvoir jouir de la moytié de son bien quy est près Je Toulouse,
occupé par la Lieue, vous plaira avoir esgard à ce dessus, et luy ordonner une
somme pour payement de ses journées, selon sa qualité, lesquelles il ne [peult]
autrement espéciffier, ensemble pour la perte susdite de son mulet, hardes, luy en
deslivrer mandement sur le trésorier de Bigorre, laissant à part les voyages de
ladite comté de Foix et de Basse-Navarre, desquels il ne demande rien pour
avoir esté défrayé par le trésorier dudit pa'is ; il priera Dieu pour vostre
prospérité ». (2)
BÉNAC.
Bernard de Montaut Bénac écrivait, le 1$ janvier 161 5, à Louis XIII
une lettre qui, dans un style savoureux, fournit des détails intéressants
sur la pauvreté de la noblesse béarnaise et bigourdane, représentée ici
par un de ses membres les plus considérables, et sur l'extrême difficulté
que l'on éprouvait, malgré les promesses royales, à recevoir la moindre
somme des trésoriers royaux.
« Sire, le temps que Votre Magesté m'avoit préfit et limité pour vous aller
trouver, Sire, est expiré depuis le quinziesme de ce moys, sans que jaye peu, ny
mesme encore, me rendre près de vostre personne pour recevoir l'honneur des
commandemens de Votre Magesté, comme c'estoit mon extrême désir. Car mon
aage et indisposition sont d'empêchement si grands en moy, que je ne puis espérer
de quelque temps le rétablissement parfait de ma santé pour supporter la fatigue
d'un si lointain voyage ; et les incommoditez des despenses faites par moy pour
1. Archives des ILtsses Pyrénées. — Cahiers des Ltats.
2. Revue d'Aquitaine, t. IV. p. 109.
DUCS DE LAVEDAN
servir le feu roy Henry le Grand, ayant employé le plus beau et le meilleur de
mon bien durant et pendant le temps de quarante ans que j'ay esté occupé à son
service avec ses anciens amdés serviteurs, en affaires importantes sa couronne de
Navarre, lient tellement aujourd'huy mon obéyssance que je ne puis me promettre
le moven d'en montrer les effetz à la semonce de vos commandemens, puis mesme
que pour les frais de mon voyage sur ce quy me reste de biens, je n'ay peu trouver
troys ou quatre mille écus, à cause de la rareté d'argent quy est en tous ces
quartiers de deçà, mesme en nostre pays de Béarn. 11 est bien véritable, Sire,
que le feu roy m'avoit fait don de sept mille écus, lequel a esté vérifié, ou besoin
a esté, et recognu bon par la Majesté de la royne au temps de sa régence, et à
mon dernier voyage en cour pour la recognoissance de Votre Magesté, estant
député de nostre pays de Béarn. Je retire assurance d'en estre payé par les
directeurs de vos finances, ce quy n'a esté fait. S'il vous plaisoit, Sire, commander
que ce don fut acquitté à mon profict sur la recepte de vostre domaine de
Béarn, qui, toutes charges payées, ceste année demeure de bon à Votre Magesté
environ quatre-vingt mille livres, ce me seroit une commodité pour aller trouver
Vostre Magesté en toute diligence, pour employer près vostre personne ma vie
et moyens : et pour en rendre tesmoignage assuré à Vostre Magesté, j'envoye
deux de mes enfants, lesquels je nourris continuellement en la mesme affection et
fidélité de vous servir, que j'ay toujours eue et auray jusque au tombeau, priant
l'Eternel qu'en toute santé et prospérité il donne à Vostre Majesté longue et
heureuse vie, estant, Sire, vostre très humble, très obéissant et très fidèle subjet
et serviteur.
« De Bénac ce quinziesme janvier 161$ ». i
BÉN'AC.
Les enfants de Bernard de Montaut-Bénac furent :
Philippe, qui suit :
Henri, seigneur de Bassillon et de Sanïac ;
Biaise, maître de camp du régiment de Champagne, se trouva à la
défaite des Anglais à l'Ile de Rhé et mourut des « incommo-
dités » qu'il souffrit au siège de la Rochelle ;
N..., seigneur de La Roque Navailles, mort en l'île de Rhé,
commandant la cavalerie;
Bernard, seigneur de Puntous, mort au siège de la Mothe en
1614, commandant le régiment de Navailles :
N . . . tué au siège de Saint-Jean-d'Angély ;
Jeanne, mariée à Jean, baron de Losse, sénéchal de Bigorre ;
Corisande, mariée à N . . . de Durfort, seigneur de Castelbajac;
Marguerite, morte sans alliance.
XIX. — Philippe, sénéchal et gouverneur de Bigorre, en 1636, fut
créé duc de Lavedan, pair de France, par brevet du 1 2 mai et lettres
1. Bibliothèque nationale, Mélanges de Clairambaut, volume 565, folio 261:.
'■) 2 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
patentes du mois de décembre 1650. Ces lettres ne furent point enre-
gistrées.
Le ",o avril 163 =1 , Philippe de Montaut-Bénac et Judith de Gontaut
vendent à Jean-Michel de Saint-Sevié, abbé de Saint-Savin, la terre et
baronnie de Montaut pour la somme de 46,000 livres.
De son mariage avec Judith de Gontaut-Saint-Geniez, Philippe eut
treize enfants :
Cyrus, mort sans enfants mâles, reçut le 16 février 1659, par lettres
expédiées de Saint-Germain-en-Laye, l'autorisation de l'établis-
sement de foires et de marchés dans le bourg de Bénac ;
Maximilien, mort avant son père, baron de Saint-Geniez ;
Philippe, duc de Montaut, marquis de Bénac, pair et maréchal de
France, qui suit ;
Jean, vicomte de Tosel, mort sans alliances.
Henri, seigneur d'Audanne, marquis de Saint-Geniès, qui suit ;
Bernard, seigneur de La Chapelle, mort avant son père ;
Jacqueline, morte jeune;
Jeanne, femme de Jean, marquis de Losse :
Paule, mariée à Louis, marquis de Loubie d'Incamps ;
Marie, épouse N... de La Salle de Saint-Pé, baron de Banque,
gouverneur de Donchéry, lieutenant du roi à Bayonne ;
Diane, femme de René de Cordouan, marquis de Langey ;
Perside. prieure des religieuses maltoises à Toulouse.
Philippe mourut le 12 juillet 1654 « jour de dimanche à 10 heures du
matin. Il fut couvert de pourpre (petite vérole) ; il estet senechal de
Bigorre et avet le brevet de duc et pair, mais il navet pas prêté le
serment. Il estet asgé de 76 ans faits. Il prit la maladie à Pau aux
Estats, toute la ville estant infectée de pourpre noir. 11 fut enterré le
mesme jour à 4 heures après midy à l'esglize de Bénac, dans sa cha-
pelle sans y appeler personne de condition, comme il avet ordonné
avant son debcès qu'il voulet estre enterré sans nul faste ».*
A la mort de son mari, Judith de Gontaut fait procéder à l'inventaire
des titres, papiers, meubles et autres choses délaissées par Philippe de
Montaut-Bénac. Nous donnerons en appendice l'inventaire des meubles
du château de Bénac.
le la ! ! orre, t. II, p. 201 .
Maréchal de navailles ^ ;
XX. — Philippe fut reçu page chez le cardinal de Richelieu en 1631,
à l'âge de 14 ans. Instruit par le célèbre cardinal, il abjure le calvinisme.
Il parvint ensuite aux premiers grades militaires et fut toujours très
attaché au cardinal Richelieu et au cardinal Mazarin.1 Duc de Mon-
taut, pair et maréchal de France, chevalier des ordres du roi, capitaine
lieutenant de deux cent chevaux-légers de la garde, Philippe fut
successivement enseigne, capitaine et colonel du régiment de la
Marine. Il alla commander l'armée du roi en Italie, sous le duc de
Modène, en 16)8, en qualité de capitaine général; l'année suivante,
après la mort de ce prince, il la commanda en chef et fut aussi
ambassadeur extraordinaire vers les princes d'Italie. Le roi le nomma
chevalier de ses ordres, à la promotion de l'année 1661, et général
de l'armée auxiliaire qu'il envoya en Candie, en 1669, au secours des
Vénitiens, sous le duc de Beaufort. Il eut, en 1673, le commandement
général des troupes qui étaient en Lorraine, Alsace, Champagne et
Bourgogne, avec lesquelles il chassa les ennemis de cette province, où
ils avaient pris Beaune, et attaqué le faubourg de Dijon ; prit Gray, qui
fut l'ouverture de la conquête de la Franche-Comté, en 1674. La même
année, il servit comme lieutenant général sous le prince de Condé, puis
seul avec un corps d'armée que ce prince lui donna par ordre du roi ; il
se trouva, en 1674, au combat de Senef, où il eut le commandement de
l'aile gauche de l'armée; il fut créé maréchal de France en 1 67 5 , et fut
envoyé en Catalogne l'année suivante pour prendre le commandement
de l'armée, il s'empara de Figuères, en 1676, battit, en 1677, une partie
des troupes commandées par le comte de Monterey, prit Puycerda en
1678 et servit jusqu'à la paix, conclue à Nimègue la même année. Il fut
nommé gouverneur de la personne de Philippe, petit-fils de France,
duc de Chartres, au mois d'août 1683 et mourut subitement à Paris le
soir du <i février 1684, âgé de 63 ans, après avoir possédé longtemps le
gouvernement de Bapaume, quelque temps celui du Havre, et jusqu'à
sa mort celui de La Rochelle et pays d'Aunis.
La femme de Philippe de Montaut-Bénac, Suzanne de Beaudéan,
était première dame d'honneur de la reine. Ils furent disgraciés tous les
deux et leurs charges données pour 900,000 livres par ordre du roi.2
1. Feller, F.-X., Biographie universelle, t. VIII, p. 458.
2. Madame de Motteville raconte, dans ses Mémoires, avec beaucoup de détails
les intrigues, qui amenèrent la disgrâce du duc et de la duchesse, mais n'en donne
pas le vrai motif, qui fut que l'austère piété du duc et de la duchesse gênait le
^4 LE BENAQUÈS OU BARONNIE DE BEXAC
Sept enfants naquirent du mariage de Philippe de Montaut-Bénac
— qui est généralement connu sous le nom de maréchal duc de Navail-
les. — avec Susanne de Beaudéan.
Philippe de Montaut-Bénac, mort à 21 ans, avant son père, en
1679 à Perpignan, au retour de la prise de Puycerda ;
Charlotte-Françoise-Radegonde, abbesse de Sainte Croix de
Poitiers ;
Françoise de Montaut, troisième femme de Charles III de
Lorraine, duc d'Elbeuf, pair de France;
Gabrielle-Eléonore, femme d'Henri d'Orléans, marquis de
Rothelin, qui suit ;
Henriette, religieuse à La Valette en Angoumois, puis abbesse
de La Saussaye, près Paris ;
Gabrielle, femme de Léonard-Hélie de Pompadour, marquis de
Laurière ;
Gabrielle, la jeune, religieuse Ursuline.
En 1685, la somme de ^,000 livres fut donnée au nom du duc de
Navailles par la maréchale, pour fonder à Tarbes l'hôpital des jeunes
pauvres, de ses terres en Lavedan et en Bigorre. Il demandait qu'ils y
fussent « reçeus, nourris, entretenus et instruits dans la religion
catholique apostolique et romaine, et encore élevés à l'apprentissage
es-mestiers convenables à leur estât ».
XXI. — Henri, seigneur d'Audanne, marquis de Saint-Geniéz,
cinquième fils de Philippe de Montaut, marquis de Bénac et duc de
Lavedan, après avoir été enseigne-colonel, puis capitaine au régiment
de la Marine, eut un régiment d'infanterie en 1 64^ , qui fut nommé de
Navailles, parce qu'alors il portait le nom de baron de Navailles. Il fut
fait maréchal de camp en 1649, et obtint du roi la même année une
roi dansses trop criminelles liaisons. Mademoiselle de Montpensier prétend que
le duc se permit d'en faire des observations à Sa Majesté : <> Elle le trouva très
mauvais, et pour en dire le vrai, il falloit être d'un autre caractère que n'étoit
M. de Navailles pour se pouvoir donner cette liberté. » Le marquis de La Fare
est plus explicite; il raconte que la comtesse de Soissons, jalouse de mademoiselle
de La Vallière, lit écrire à la reine par M. de Vardes une lettre en espagnol,
dans laquelle on racontait les infidélités du roi. Cette lettre lit grand bruit : « de
Vardes adroitement et méchamment détourna le soupçon sur madame de Navail-
les, dame d'honneur de la reine, dont l'humeur austère avoit depuis peu déplu
au roi, lorsqu'elle avoit fait griller toutes les avenues de chez lesfilles de la reine,
pour l'empêcher d'aller voir mademoiselle de La Mothe-Argencourt, pour qui il
avait eu quelque fantaisie. [Souvenir de la Bigorre, t. 111, p. 16.)
Les elbeuf-bénac
pension de 3,000 livres. Il commanda en 16^ 1 à Bapaume, en l'absence
de son frère qui en était gouverneur, fut nommé lieutenant général
des armées du roi en 16 ^4 et servit la môme année dans Philisbourg, à
Brisach et pays adjacents. Il eut l'honneur d'aller tenir sur les fonts de
baptême en 1656 le prince Louis de Bade, au nom du roi, et fit ériger
en marquisat la terre et seigneurie de Saint Gêniez avec celle de la
Chapelle par lettres patentes du roi, données à Poitiers, au mois d'août
1659. En 1661, il fut tiré du commandement de Brisach et nommé
gouverneur de Mariembourg. Cette place, ayant été démolie, il eut le
commandement de Douai, fut fait gouverneur de Saint Orner après la
prise de cette ville, le 22 avril 1677, et mourut à Paris le 31 mars 168). 1
Il avait eu deux fils d'Anne Drouart, veuve d'Anne de Maure, capitaine
dans le régiment de Navailles. Il fit légitimer ces enfants, par lettres
patentes du roi, au mois d'avril 1678. Ces deux enfants furent : Louis-
César de Montaut de Saint-Geniez, qui n'eut que deux filles de son
mariage avec Marie-Anne Rolland ; et Philippe-Alexandre de Montaut,
abbé commendataire de Notre-Dame de Bourepos, diocèse de
Quimper.
V
Françoise de Montaut, troisième femme de Charles III de Lorraine,
duc d'Elbeuf, pair de France, succéda à son oncle et commença la
branche des Elbeuf-Bénac qui d'ailleurs se termine avec elle.
Par son testament du 4 juin 170!!, Françoise assura à l'hôpital des jeunes
pauvres 500 livres de rente constituée. L'administration de l'hôpital de Tarbes
a fait confectionner, par un artiste de mérite, une plaque en cuivre qui a été
incrustée au mur intérieur de la chapelle au-dessus du bénitier de gauche. Voici
cette inscription :
« L'an 1708, le 4 juin, par très illustre princesse dame Françoise de Montaut-
Bénac de Navailles, vicomtesse de Lavedan, marquise de Bénac, de Montgaillard
et d'Andrest, veuve de très illustre prince Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf,
pair de France, gouverneur lieutenant général de Picardie, d'Artois, Boulogne,
Haynaut, etc. etc.
1. Saint-Geniez (Henri de Bénac, seigneur de) est un garçon qui a une jambe
de bois et qui est de plus difforme. Sa véritable jambe n'est point coupée, mais
elle lui est inutile, et du pied il se touche quasi le derrière ; avec cela il a un bras
si fort collé contre le corps qu'il ne s'en sert quasi point; il a peu d'esprit, mais
beaucoup de cœur. (Tallemant des Réaux, Historiettes de madame de Castelmoron,
t. XIII. p, 182.)
<J6 LE BÉNAQUÈS OU BARONNIE DE BENAC
A été constituée et assignée à l'hôpital de la Clôture de Tarbes la rente
annuelle de 500 livres à la charge que les pauvres de ses terres y seront reçeus
de préférence aux autres, nourris et instruits dans la religion catholique,
apostolique et romaine, et des métiers convenables, et qu'il sera prié Dieu pour
le repos de son âme et de celle de Mgr et Mme le duc et la duchesse de
Navailles. (1) »
En mourant, Françoise de Montaut institua pour son héritier le fils
de sa sœur Gabrielle-Eléonore, femme d'Henri d'Orléans, marquis de
Rothelin.2 C'était Alexandre d'Orléans, qui suit.
VI
XXIII. — Alexandre d'Orléans,3 marquis de Rothelin, vicomte de
Lavedan, marquis de Bénac, seigneur d'Andrest et Montgaillard, né le
1 7 mars 1688, fut sous-lieutenant des chevaux légers de Berry, capitaine
au régiment d'Artois, guidon des gendarmes écossais ; il servit en
qualité de volontaire en 1710 lorsque les alliés assiégeaient Aire en
Artois. Il fut blessé dans une sortie et eut la cuisse fracassée d'un coup
de feu, le 23 septembre 1710, ce qui le fit rester prisonnier de guerre.
1. Curie-Lassus. Charité dans la Bigorre, p. 102.
2. Henri d'Orléans, marquis de Rothelin, comte de Mouey, baron de Varen-
guebec, premier guidon des gendarmes de la garde du roi, né le 13 avril 1655,
mourut des blessures qu'il reçut au combat de Leuze, le 19 septembre 1691.
5. Alexandre avait un frère, Charles d'Orléans, prêtre, docteur en théologie de
la faculté de Paris. 11 était né en cette dernière ville en 1691. 11 accompagna
le cardinal de Polignac à Rome et visita les principales villes d'Italie. Son goût
pour les antiquités et pour la littérature lui lit rassembler un riche cabinet de
médailles antiques, et former une nombreuse bibliothèque. 11 sacrifia tout, même
les prélatures qui lui furent offertes, au plaisir de cultiver les lettres en paix. Les
langues vivantes et les langues mortes lui étaient familières. Cet illustre littérateur
mourut en 1744, dans sa <,ie année. Il était de l'académie française et membre
honoraire de celle des Inscriptions. Le cardinal de Polignac lui ayant laissé en
mourant son Anti Lucrèce encore imparfait, l'abbé de Rothelin le mit dans l'état
où nous le voyons, et le fit paraître avec une préface d'une latinité riche et harmo-
nieuse, digne de l'ouvrage auquel elle sert d'introduction. Le catalogue de sa riche
bibliothèque, dressé par Gabriel Martin, est un des plus recherchés par les
bibliographes. Il a laissé plusieurs manuscrits sur la théologie, une suite de disser-
tations sur les différends entre l'église grecque et l'église latine aussi en manuscrit
et a publié : Observations et détails sur la collection des grands et petits voyages, Paris,
1742, in-8" de 42 pages, et 1768, dans la Méthode pour étudier la géographie de Len-
glet-Dufrcsnoy, t. I, p. 524, 561 ; l'Eloge de Rothelin, par Frérct, se trouve dans le
tome XVIII du recueil de l'académie des Inscriptions. (Feller, F.-X., Biographie
universelle, t. XI, p. 125.)
LÈS ROHAN-BÉNAC ^
II fut fait brigadier des armées du roi, le Ier février 17 19. Il fut marié
avec dispense, le 29 juillet 1716 avec Marie-Philippe-Henriette, fille de
Charles Martel, comte de Clère et de Suzanne d'Orléans-Rothelin,
sa nièce, qui mourut le } février 1728 sans enfants. En juin 1759, il
épousait en secondes noces Marie-Catherine-Dorothée de Ronche-
rolles, née le 27 septembre 1707, veuve de François de Rivoire,
marquis de Palacs, mort le 11 juin 1737. *
Du second lit vinrent : i° Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée,
née le } février 1744, mariée, le 24 mai 1762, à Charles-Jules-Arnaud,
prince de Rohan-Rochefort, né le 29 août 1729 ; 2" Françoise
Dorothée, née le 28 septembre 1 7 =, 2 .
VII
XXIV. — Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée, mariée à son
Altesse Monseigneur Charles-Jules-Arnaud, prince de Rohan-Roche-
fort, lieutenant-général des armées du roi, gouverneur des villes et
citadelles de Nîmes et de Saint-Hippolyte.
Le bonheur, que donnent une alliance princière, des richesses
immenses et des honneurs de toute sorte, fut troublé par la Révolution
de 1789. Pour sauver sa tète, le prince de Rohan-Rochefort émigra en
Autriche et s'établit à Vienne. Là se trouvent encore les princes de
Rohan-Rochefort. Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée resta en
France ; elle demanda et obtint du pouvoir révolutionnaire son divorce
avec le prince.2
Voici le signalement de la princesse tel que nous le fournit un certi-
ficat de présence donné par le maire et officiers municipaux de la com-
mune des Granges-Leroy, le 24 octobre 1792. « La citoyenne Marie-
Henriette-Charlotte-Dorothée de Rothelin de Rohan-Rochefort, âgée
de quarante-huit ans, taille de quatre pieds trois pouces, cheveux et
sourcils châtains, yeux bleus, nez aquilon, bouche moyenne, menton
1. Lachenaye-Desbois (1872), t. XVII, p. 740. — Communication de M. Cazau-
ran, archiviste du Grand-Séminaire d'Auch.
2. Le divorce était alors souvent demandé par les femmes des émigrés comme
un moyen de sauvegarder leurs propres biens. Inutile de dire que c'était à leurs
yeux une mesure temporaire, motivée par la cruelle nécessité de ces temps trou-
blés.
i)8 LE BÉNAQUÈS OU BARONNIË DE BENAC
rond, front large, visage oval. A habité la cidevant abaye de Loueye,
dépendant de notre communauté depuis le vingt-huit juin dernier.. . * »
La dame de Rohan-Rochefort a vu tous ses biens mis sous séquestre
par la nation ; elle demande la main-levée. « Le 7 germinal an III (27
mars 179)), Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée, femme divorcée du
prince de ^Rohan-Rochefort... traduite des différentes maisons de déten-
tion devant l'ancien comité de Sûreté générale... Ses possessions dévas-
tées, une grande partie de ses forets détruites, ses moulins incendiés,
les meubles de ses maisons vendus... n'ayant rien perçu de ses revenus
depuis quatre à cinq ans. . . Que la nation française toujours grande et
généreuse, éternellement juste et bienfaisante est certainement bien
éloignée de vouloir s'approprier la jouissance des biens qui sont propres
et particuliers à la pétitionnaire.. . demande la main levée d'iceux. . .
Et fairez justice.1 />
Le gouvernement fit droit à sa demande ; elle rentra en possession
d'une grande partie de ses biens.
« Le 17 fructidor an V (3 septembre 1797), Marie-Henriette-Char-
lotte-Dorothée Rothelin habitait la commune de Dourdan.2 Elle affer-
mait, à cette date, ses terres de Bénac pour neuf ans, au citoyen
Dominique Duboé-Bouzicou, de Bénac, pour la somme de 1,200 livres
en numéraire métallique.3
Le 3 thermidor an X (22 août 1802), les biens de la princesse divor-
cée étaient mis, sur son ordre, en vente dans le Bénaqués; cela ressort
d'une lettre d'Etienne Dutilh, homme de loi et notaire public de
Tarbes, procureur fondé de la dame de Rothelin. Il écrit de Paris à
Duboé-Bouzicou: « Vous pouvez voir et apprendre que les biens de
madame de Rohan sont affichés dans les lieux où elle a des propriétés
en Bigorre ; mais que cela ne vous étonne pas, tout étant arrangé et
vendu de manière qu'il ne lui reste plus de propriétés dans ce pays. —
Le nouveau maître sort de chez moi, et nous avons souvent causé
ensemble de toutes ces affaires. — S'il vous en est parlé, vous pourrez
dire que je suis plus dans sa confiance que je l'étois dans la maison de
Rohan, et que c'étoit un des meilleurs amis et camarades de mon frère,
1. Archives des Hautes-Pyrénées, série Qiv, dossier Rothelin.
2. Chef-lieu de canton, arrondissement de Rambouillet, département de Seine-
et-Oise.
3. Cazabonne. (Etude Candellé à Ossun.)
LES BENAC D AUTRICHE '->)
le général, et qu'il est général lui-même. — Au reste, j'apprends en ce
moment que le prince rentre en France, comme amnistié; je voudrais bien
qu'il fut rendu à Paris avant mon départ, p m ravoir le plaisir de le voir.1 »
Etienne-Marie Paisselier acquérait tous les biens de Rohan-Roche-
fort situés en Bigorre en idoî, vendus une première fois à Landrieux.
Paisselier possédait encore ces biens en 1810.
La princesse de Rohan-Rochefort ne fut donc point décapitée en
1794, comme le prétend Feller. Voici ce que dit l'auteur de la Biogra-
phie universelle : « La princesse de Rohan-Rochefort fut accusée
d'avoir tramé une conspiration avec Bertrand de Molleville, et décrétée
le 9 novembre 1792. Cette accusation était d'autant plus mal fondée
que madame de Rohan était sujette à des aliénations mentales, pendant
une grande partie de l'année. Tallien et Chabot lui-même réclamèrent
pour cette raison en sa faveur; elle fut néanmoins mise en jugement.
Les juges s'étant aperçus de l'impossibilité physique où elle se trouvait
de conspirer contre la République, la renvoyèrent absoute en 1793 ;
mais, l'année suivante, on l'accusa de nouveau comme complice de
Ladmiral, assassin de Collot d'Herbois. Traduite devant le tribunal
révolutionnaire, elle y fut condamnée à mort, le 14 juin 1794 : elle périt
trois jours après avec un de ses fils, âgé de 24 ans, également accusé
de conspiration et de l'assassinat de Collot d'Herbois; il fut, ainsi que
sa mère, conduit à l'échafaud avec une chemise rouge. Son autre fils,
qui avait émigré au commencement de nos troubles, entra imprudem-
ment en France et fut arrêté en 1794 a Grenoble, où il fut livré à une
commission militaire qui le condamna à être fusillé.2 »
Voilà, en traits rapides, l'histoire des seigneurs de Bénac. Beaucoup
de grandes familles de nos jours seraient fières d'avoir dans leur actif
une généalogie aussi riche. Les Bénac se sont alliés avec les anciennes
maisons de la Bigorre et quelques illustres races françaises : Lavedan,
Montaut, Miramont, Bazillac, Coarraze, La Roche-Fontenille, Andoins,
Caumont-Berbiguière, Gontaut Saint-Geniez, Navailles, Beaudéan,
Orléans-Rothelin, Rohan-Rochefort. Comme aussi nous voyons les
puinés s'unir aux Cadaillan, aux Ossun, aux Lomagne-Fimarcon, aux
Benque, aux Lescure, aux Saint-Sevié, aux Lorières, aux Elbeuf.
1. Archives Duboé-Bouzicou, à Bénac.
2. Feller (F.-X.) Biographie universelle, t. XI, p. 7;.
6o LE BKNAQUÉS OU BARONME DE BÉNAC
VI. — SEIGNEURIE DE LANNES
Bénac-Lannes. Mantesquiou-Lannes. Barèges-Lannes. Ossun-
Lannes. — Terres et revenus de Ici seigneurie.
I
I. — La seigneurie de Lannes fut l'apanage d'un puîné de la maison
de Bénac, qui dut recevoir cette terre postérieurement à 1300, puisque
l'enquête sur les revenus du comté de Bigorre ne le mentionne pas ;
et antérieurement à 1350. En effet, Raymond-Arnaud, seigneur de
Lannes, rendit hommage au seigneur de Bénac, le 20 septembre 1550.
Raymond-Arnaud est également cité dans un acte, sans date, analysé
par Larcher : « Bourguine de Barèges, dame d'Ossun, expose dans un
dire par écrit, qu'autrefois vivoit strenuus miles Manaud de Bénac,
seigneur de Bénac ; qu'il eut trois fils : Bour, Guilhem-Arnaud et noble
et poderos Raymond-Arnaud, cavaler; il eut pour apanage la seigneurie
de Lane ".'
Raymond Arnaud épousa Auxiette de Laas, dame de Castéra, et en
eut trois enfants : Verdot, qui mourut sans postérité; Manaud, qui
suit ; et Raymond-Arnaud.
En quoi consistait la seigneurie de Lannes ? Etait-ce simplement une
terre, donnée au cadet de Bénac ?... Une chose certaine, c'est que
Raymond-Arnaud fait appel aux hommes de bonne volonté ; il veut que
ses sujets soient nombreux; pour obtenir ce résultat, il offre, en don,
gratuit, une partie de ses terres, au quartier de la Sale. Ses tenanciers
pourront ainsi bâtir pour leur usage : une maison, qui leur servira de
logement pour eux et leurs compagnes, où ils pourront aussi remiser
leur grain ; une grange pour leurs bestiaux, les fourrages et les outils
de labour. Il impose une condition : que toutes ces bâtisses soient en
bon état de solidité et de propreté. Il jure sur les Saints Evangiles en
son nom et au nom de ses héritiers présents et futurs de ne jamais
1. Larcher (J.-B.) Glanages, t. III, p. 161.
MANAUD DE BÉNAC ÔI
retirer la donation qu'il vient de faire. Cet acte fut passé à Lannes, le
lundi, fête de la conversion de St Paul (25 janvier), l'an du Seigneur
1 J77 ; Charles, étant roi de France et seigneur de Bigorre, et Gailhard,
évêque de Tarbes.1
IL — Manaud de Bénac eut pour femme Constance de Castelbajac,
fille d'Arnaud-Raymond, seigneur de Castelbajac et de Gaulionde de
Jussan. De ce mariage naquirent trois enfants : Manaud, Marguerite,
qui suit, et Anglèse.
Manaud II de Bénac, héritier de Verdot de Bénac, son oncle
paternel, et de Bernard de Castelbajac, chevalier, son oncle maternel,
assassiné à Paris, fut obligé de vendre la terre de Bouilh « pour obéir
à un arrêt du Parlement de Paris. Cet arrêt portait que les héritiers
de l'assassiné payeraient la somme de 1,200 livres pour fournir à la
poursuite du meurtrier. Les tuteurs du pupille étaient noble et puissant
seigneur Bernard de Castelbajac, seigneur de ce lieu, et Manaud de
Bénac, seigneur de Lana ; ils avaient été nommés par le lieutenant
du Sénéchal de Bigorre, le 29 mai 140^, Chrétien étant évêque de
Tarbes, en présence de noble Jean d'Ozon. Il est dit dans cet acte
que Manaud de Bénac était père du pupille, que Bernard de Castel-
bajac était neveu de celui qui avait été assassiné et que feue dame
Constance de Castelbajac, mère du pupille, était sœur de ce même feu
Bernard. La terre de Bouilh fut vendue le 15 mai 1408 pour 200
florins d'Aragon à Jean de La Lanne, bachelier en droit, avocat du roi
en la sénéchaussée de Bigorre, lieutenant de Bridamor de Aula,
chevalier, sénéchal de Bigorre, le même qui avait nommé les tuteurs un
1405. »2
La mise en possession de la terre de Bouilh pour Jean de La Lanne
par Menaud de Bénac, écrite en latin, se trouve reproduite en entier
dans le Glanage, de Larcher. Les amateurs d'histoire pourront la lire
avec intérêt.3
Manaud II mourut sans alliance ou postérité, apparemment avant son
père, puisque celui-ci institua Marguerite son héritière avec substitution
en faveur d'Anglèse.
1. Larcher (J.-B.), Glanages, t. III, p. 161.
2. Larcher J.-B. , Dictionnaire généalogique, lettre B., folio 2.
;. Larcher J.-B.) Glanage, t. I. p. 15?,
62 LE BÉNAOUÉS OU BARONNIE DE BENAC
I I
III. ■ — Marguerite de Bénac fut mariée deux fois et n'eut point
d'enfants de ses deux engagements. Le premier mari fut noble Bertrand
de Bécans ; le second, Bertrand de Montesquiou en Anglez, qu'elle fit
héritier par son testament du 18 juillet 1428.
(( Le 10 avril 1425, acte passé à Bazian, par lequel noble seigneur
Bertrand de Montesquiou, chevalier, fils de messire Ayssieu de
Montesquiou, seigneur dudit lieu et de Lauraët et noble dame
Marguerite, sa future épouse, fille de messire Manaud de Bénac,
seigneur de Lane et de Saint-Luc, au comté de Bigorre, réparent deux
omissions faites dans leur contrat de mariage.1 »
Voici les clauses à ajouter à leur contrat de mariage. « Il a été
convenu que si ledit Bertrand décédait sans enfants du présent mariage
et que ladite Marguerite lui survive ; de même que ledit Manaud à
ladite Marguerite et qu'Ayssieu de Montesquiou, père dudit Bertrand,
fut mort ; dans ce cas ladite Marguerite tiendra et possédera le lieu et
baronnie de Lauraët avec ses appartenances et dépendances pendant
sa vie, sans reddition de comptes et vivant viduellement.
Item a été convenu que si ladite Marguerite décédoit sans enfants,
du présent mariage, ledit Bertrand lui survivant, étant les biens
meubles et immeubles, présents et à venir appartenant à la dite
Marguerite, reviendront audit Bertrand de plein droit, sans aucune
contradiction. Ledit acte retenu par Villeneuve, notaire de Riguepeu ».-
Marguerite devait cinquante et un écus d'or à trois hommes de
Castéra : Pierre et Jean de Lamonta et Bernard Dabat (de Abbate) ;
Gaillard de Castelbajac, damoiseau, habitant de Saint-Luc, prend cette
dette pour son compte et se rend responsable auprès des créanciers.
L'acte fut passé à Castéra, le 2 janvier 1440.3
Marguerite mourut peu de temps après. Bertrand de Montesquiou,
son mari, institué par contrat de mariage son héritier, voulut maintenir
1. Revue Je Gascogne, t. XXXIV. p. jo8.
2. Chartier du Grand Séminaire d'Auch, n° j , 1 18.
1. Larcher J.-B.), Glanage, t. III. p. [59.
MONTF.SQUIOU-LANNES 63
ses droits sur la succession de sa femme. Mais les enfants d'Anglèse
viennent à leur tour réclamer un héritage qui devait leur revenir.
L'affaire fut portée devant le sénéchal de Bigorre.
<( Bertrand de Montesquiou dit qu'il avoit été dépossédé par force
durant son absence par Bourguine de Barèges, fille d'Anglèse de
Bénac ; qu'il étoit au service du roi avec M. le Dauphin et autres
seigneurs contre les Anglais à Tartas ; qu'il accompagna Sa Magesté
partout où elle alla en Gascogne ; qu'il se trouva au siège de Dax ;
que sa femme mourut alors ; mais que ne pouvant pas quitter le
service, il fit procuration à Barthélémy, son frère ; que Jean, seigneur
d'Ossun, à la tète de quelques gens d'armes et de traits, s'empara par
violence de Saint-Luc, du Castéra, de Larme et de Locrup.1 »
Voici la réponse du sénéchal de Bigorre :
Lettres du sénéchal de Bigorre contre Bernard de Montesquiou au
sujet de Lannes, Saint-Luc, Castéra et Loucrup.
. . . Comme noble Bertrand Montesquiou, chevalier, affirme être
l'héritier de Marguerite, quand vivait son épouse, dame de Larme,
Castéra et Saint- Luc. Sous le couvert de quelques lettres royales par lui
demandées et obtenues, comme il l'atteste, Bertrand de Montesquiou
aurait avant l'insinuation en notre cour, et contre tout droit, pris
possession de ces terres par la force armée, et cela au mépris de notre
juridiction et au grand détriment de noble Bourguine de Bareges, qui
possédait en toute tranquillité les lieux de Lanne et Castéra, la chassant
ainsi de son bien ; nous-même, voulant défendre 'es sujets de notre
seigneur Comte, selon notre devoir, et pour que les parties n'en viennent
point aux armes, nous vous mandons à vous et à chacun de vos officiers,
vous mettant en notre place, que vous mandiez et enjoigniez audit noble
Bertrand de Montesquiou, sous peine de cent marcs (marcharum)
d'argent applicables au fisc, devant être prélevées sur ses biens propres ;
qu'il ait au vu des présentes et sans délai à évacuer lesdits lieux
réellement et de fait, levant tout empêchement. En outre vous vous
rendrez en personne sur lesdits lieux et en chasserez toute personne qui
les occuperait ou les détiendrait d'une manière illicite, leur enjoignant
sous les peines ci-dessus qu'ils aient à évacuer ces lieux ; nous prenons
en mains le maintien du droit, mandant à tous les officiers de justice
soumis à notre Seigneur Comte de vous prêter main forte, conseil et
faveur, parce que nous voulons qu'il en soit ainsi. Donné à Tarbes le
13 avril, l'an du Seigneur 1443. Par exprès mandement de notre
seigneur sénéchal.
Guilhaume de Colomeriis.2
1. Larchcr J.-B , Glanage, t. X. p. 122.
2. Larcher (J.-B.), Glanage, t. III, p. 159, donne cette sentence dans son texte
latin, que nous traduisons, ainsi que l'acte subséquent du 20 septembre 1442.
64 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BÉNAC
Le testament de Marguerite de Bénac fut déclaré nul et sans effets,
et Bertrand de Montesquieu fut débouté de sa demande. Il ne pouvait
pas en être autrement puisque Manaud, en instituant Marguerite son
héritière, avait réservé la succession à Anglèse, dans le cas où sa sœur
aînée mourrait sans enfants.
III
IV. — Anglèse fut mariée à Bernard de Barèges. Ce fut Bourguine,
sa fille, qui hérita de ses biens de Lannes, Castéra, Saint-Luc et Lou-
crup. Elle fut élevée, comme parente, dans la maison des barons de
Bénac. Anglèse de Bénac mourut en 1442.
Après la mort de sa mère, Bourguine de Barèges voulut faire dresser
l'inventaire de tout ce qui se trouvait dans ses terres :
Le 29 septembre 1442, Bourguine de Barèges, du consentement de
Bernard de Barèges, son père, qui l'autorise à cet effet, de son plein
gré, a fait, constitué, créé et même ordonné ses vrais, certains, spéciaux
et généraux et indubitablement établis procureurs et gérants de toutes
ses affaires, savoir : R. P. en Jésus-Christ M0 Ramond Aymeric, par
la grâce de Dieu abbé du monastère de Saint- Pé de Générés ; messire
Bernard de Barèges, son père ; encore vénérables et discrètes personnes
Mc Jean de Casa, bachelier es-lois, Bertrand de Larca, bachelier en
droit, Mes Arnaud de Larer, Sanche Castants, Guilhaume de Colo-
meriis, Pierre Calotti, Arnaud de Baget, notaires à Tarbes ; afin que
tous puissent continuer ce que l'un aura commencé, terminer et finir
l'inventaire de tous les titres et biens de Lannes et autres lieux
provenant de la succession échue à sa mère, Anglèse de Bénac, des
biens de noble Manaud de Bénac, son aïeul maternel, et de noble
Marguerite de Bénac, autrefois dame de Lannes. Fait au lieu de
Lannes, le pénultième de septembre 1442. '
IV
V. — Bourguine de Barèges se maria à Roger d'Ossun. Ils ne
jouirent pas longtemps en paix de leurs terres de Lannes et de Loucrup.
D'un côté, Bertrand de Montesquiou faisait toujours valoir ses droits
à la succession de sa femme Marguerite ; il fallut bien lui laisser, par
indivis, la moitié des terres de la seigneurie par un arrêt du mois de
mai iqOi. D'un autre côté, le seigneur de Bénac exige que le seigneur
1. Larcher (J.-B. . Glanage, t. 111. p. 164.
BARÈGES-LANNES 6<
d'Ossun lui rende hommage, du chef de sa femme, pour les terres de
Larmes et de Loucrup. Nous allons voir se dérouler une longue
instance entre les parties.
« Roger d'Ossun eut grand procès, nous dit Larcher, avec Anesius
de Montant, seigneur de Bénac, qui prétendoit que le seigneur d'Ossun
étoit son hommager à cause de sa terre de Lanne, par concession du
comte de Foix. On produisit un acte de 1418 et un accord passé en
1 )<i 1 . entre Jean de Montant, seigneur de Bénac, et Manaud de
Bénac, seigneur de Lanne ; dans lequel entra Raymond Arnaud de
Bénac, neveu de Manaud, et fils et héritier de Raymond de Bénac. Il
fut dit dans l'écrit, que vise de Bénac, avoir reçu l'hommage de
Raymond-Arnaud de Bénac, seigneur de Lanne; et qu'en 1442, Bour-
guine de Valletica, dame de Lanne et de Loucrup. femme de Roger,
avoit rendu hommage à Arnaud de Montaut, seigneur de Bénac.1
« Dans ce procès, Roger d'Ossun produisit en témoins : 1" Jean de
Foix, vicomte de Lautrec et de Les.cun, baron de Barbazan, du sang
royal de Navarre. — Aner de Montaut opposoit que le vicomte de
Lautrec avoit été domestique de la reine de Navarre. — Roger répondit
que les familiers des rois, cardinaux et grands ne sont pas recusables
pour cela ; que le vicomte de Lautrec étoit parent de la reine, étant
cousin germain de Gaston, père de cette princesse.
2" Noble Jean de Berc, seigneur de Bernadets ; on le vouloit récuser,
parce qu'il étoit trésorier du comté de Bigorre. Il fut répondu qu'il ne
devoit rien au comte de Bigorre, qu'ainsi il pouvoit déposer, quoique
vassal de ce prince, ne l'étant pas de Roger d'Ossun.
30 Noble Odet de Castelbajac, seigneur de Lubret, capitaine du
château de Rabastens en Bigorre.
40 Noble Bertrand de Castelbajac, seigneur de Lagarde. On le recu-
soit parce qu'il avoit tué en place publique un tailleur nommé Le Bre-
ton ; qu'il étoit capitaine de la salle comtale de Tarbes, château
appartenant à la reine de Navarre; et qu'il avoit marié une de ses filles
avec Pierre Darré. — On répondit qu'il avait eu sa grâce du meurtre.
5° Pierre de Abbatia, prêtre. On lui opposoit qu'il avoit eu une
concubine focaria millier sive merelrixet qu'il étoit bâtard. — En réponse
on disoit : sunt injiniti bastardi viri nobiles.
6" Noble Dominique de Palati. Puiir soutenir son témoignage, on
assuroit qu'il avoit toujours vécu noblement.
Il paroit de là qu'on opposoit la naissance ou la mésalliance aux
témoins dans ces sortes d'enquête et qu'on ne regardoit Pierre Darré
que comme un roturier.
1. Larcher (J.-B.), Glanages, t. XX, p. 325. — C'est en nous fondant sur eet
acte que nous avons cru pouvoir attribuer un troisième fils à Raymond-Arnaud,
premier seigneur de Lannes. Il est bon de remarquer que Valletica est la forme
latine de Barèges et qu'on doit lire « Bourguine de Barèges » comme plus loin
Abbadie pour Abbatia; Palats pour Palati; Cazauvieilh pour Casaveteri ; Trélout
pour Triloti ; Faure pour Fabro; Soulencère pour Solencerio. . .
66 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
En salvation des actes remis au procès par Roger d'Ossun, dans ce
procès qui duroit depuis trente six ans, il observe qu'en i486, noble
Auger d'Ossun, son père, avoit rendu hommage à la reine de Navarre,
comtesse de Bigorre ; qu'Arnaud Guillaume de Casaveteri, notaire et
secrétaire de la reine, en avoit retenu l'acte qu'il présentoit ; qu'au mois
de mai 149^, il y avoit un arrêt qui ordonnoit que les lieux de Lanne et
Locrup seroient possédés par indivis par Bourguine de Bareges et
Bertrand de Montesquiou, chevalier.
Le seigneur de Bénac, qui avoit produit la généalogie au procès,
alléguoit que le 10 octobre 1418, Arnaud de Bénac, seigneur de
Lanne et de Locrup, avoit rend a hommage au seigneur de Bénac
devant Trilhoti. notaire: que Raymond Arnaud de Bazillac étoit fondé
de la procuration du seigneur de Bénac; que Marguerite et Anglese de
Bénac étoient tilles d'Arnaud : que la première fut mariée dans la maison
de Montesquiou, la seconde dans celle de Vallétique et fut mère de
Bourguine, qui rendit hommage en 1414 au prédécesseur du seigneur
de Bénac. Aner étoit frère de Roger.
Le seigneur d'Ossun répondit : que le onzième avril 142O, Manaud
de Bénac, seigneur de Lanne, avoit rendu hommage à Jean, comte de
Foix et de Bigorre, dans le château comtal de Tarbe ; que le même
jour Arnautorr, seigneur de Bénac. et Bernard de Bazillac, tuteur dudit
Arnauton, fit nommage au même comte pour la baronnie de Bénac;
que le 26 octobre 1450, étant à Mazères en Foix, messire Bertrand de
Montesquiou, chevalier, mari et procureur de dame Marguerite de
Bénac, rendit hommage pour Lanne et Locrup devant Pierre de
Fabro, substitut de Pierre Leussade, notaire.1 »
Roger d'Ossun perdit son procès ; il fut condamné à rendre
hommau'e au baron de Bénac. Mais les Ossun, forts de leur noblesse
et de leur puissance féodale, résistèrent et un procès-verbal d'exécution
d'arrêt au sujet de Lanne fut dressé contre Roger et Pierre d'Ossun.
In nomine Domini. Amen. Noverinl universi quod annoab Incarnalione
Domini ;so«s' et die quadam martis inlitulala sive computala ullima mensis
octobris, circa horam completorii, christianissimo principe et domino noslro
domino Ludovico. Dei grat'a, francorum rege régnante ; inclitis que
principibus et dominis nostris dominis Johanne cl Caterlna, eadem gralia,
rege cl regina Navarrœ, comitibus Fuxi cl Bigorrœ dominanlibus : Reve-
rendo in Chrislo paire et domino Thoma, miseralione divina Tarbiensi
episcopo existente, in remolis causa sludi aclu conlinuendi agenle : apud
urbem Tarbiœ, intra domum cpiscopalcm existentes cl personnali'cr cons-
liluli in mei notarii pubUci, testium que in/ra scriplorum ad hœc omnia
spccialilcr rocalorum, prasentia : videlicet nobilis Peints de Ossuno,
sculifer, hœres et bona tenens nobil'.s domicelLv Borguinœ de Valletica,
Larcher .1. I;. , Glanage, 1. X, p. 12.
OSSUN-LANNES 07
quondam domina locorum de Lana et de Locrupo per médium Johannis
en marge : il doit y avoir Rogerii ; filii naturalis et legitimi prœfatœ Bor-
guinœ : et Laurentius de Somolon, sculifer, filius naturalis et legitimus ac
hœres pro tertia part: ejusdem Borguinœ per médium nobilis Calerinœ de
Ossuno. tanquam domini cl possessores corumdem locorum de Lana cl de
Locrupo pro duabus parlibus de tribus... Procuration contre l'exécuteur
de l'arrêt en faveur d'Arnaud-Guillem d'Oussun, prieur de S'e-Foy
de Morlas, officiai de Tarbe et autres, en présence de noble Ramonet
de Baseillac, habitant de Pujo, Jean de Barrio, notaire de Tarbe, étant
le détenteur. . . Nous requit ledit Routier audit nom (du seigneur de
Bénac), disant outre que ledit Rougier d'Aussun et ses gens s'étoient
jactés de ne obéir audit arrêt et le montroient bien par effet : car, ainsi
qu'il disoit depuis la prononciation dudit arrêt, ledit d'Aussun avoit fait
abattre un pont traversant le fossé du château de Lanne et par lequel
anciennement on avoit accoutumé entrer dedans ladite place, avoit aussi
fait fermer à force de paulx plantés la porte principalle et en icelle avoit
fait faire un boulevart à grand estaudy en façon de guerre : et dedans
ladite place avoit mis en garnison grand nombre de laquais armés et
embastonnés de divers harnois dont les aucuns. . . étoient tous armés à
blanc. . . et incontinent après à la réquisition dudit Rougier traversâmes
le fossé de ladite place pour venir aux portes d'icelle; et quand fûmes
auprès desdites portes et avec nous le sénéchal de Bigorre, heurtâmes
à icelles et demandâmes l'ouverture de par le roy par trois fois à haute
vnix ; mais personne ne nous répondit, dont fîmes plus fort heurter et
demander ouverture comme dessus dit par ledit de l'Ost, sergent;
auquel semblablement aucun ne répondit. Par quoy, nous dit commis-
saire fismes commandement à haute voix par devant ladite porte audit
Rogier d'Aussun à la peine de vingt cinq marcs d'argent au roy notre
seigneur à appliquer qu'il eut à nous faire ouverture. Et sur ce point
apparut en une fenêtre d'icelle place un nommé maître Guillaume de
Solencerio, prêtre, ainsi qu'il nous fut illec dit par les assistants et avec
ledit de Solencerio étoit ledit Pierre d'Aussun, fils dudit Rogier. Lequel
de Solencerio nous dit et répondit quant auxdits commandements que
ledit Rougier d'Aussun n'étoit dans icelle place et qu'elle appartenoit
audit Pierre et d'icelle étoit en possession et saisime. Et lors nous
réitérâmes lesdits commandements sur la peine de cinquante marcs
d'argent audit Rogier d'Aussun, parlant à la personne dudit de Solen-
cerio; lequel autre fois n ius répondit comme dessus et davantage, que
ledit Pierre d'Aussun étoit appelant de nous et sans soy désister
d'icelle appellation et adhérant à icelle appelait de rechef en protestant
des attentats et innovats. Quoy par nous ouy, et toujours parlant audit
de Solencerio fismes encore commandement audit Rogier d'Aussun à la
peine de cent marcs d'argent à appliquer comme dessus qu'il eut à nous
faire ouverture. Et adonc ledit Pierre en criant nous répondit qu'il étoit
appelant de nous. Par quoi de rechief fismes commandement de cent
marcs d'or et d'être repréhensibles et désobéissants au roy et à la cour
de parlement de Toulouse de nous faire ouverture et iceux commande-
ments sur la peine que dessus de cent marcs d'or et d'être réputés
rebelles et désobéissants, réitérâmes par trois fois : mais ce nonobstant
ne nous fut fait aucune ouverture ni autrement obéi auxdits comman-
68 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
déments. A cause de quoy et en signe de rébellion et désobéissance,
pour éviter plus grand esclandre qu'il s'en fut pu ensuivre, prismes entre
nos mains honorablement, la tête découverte, un bâton ou masse toute
semée de /leurs de Us, couverte d'un drap de soie noire1 et en criant et
en faisant crier par tous les assistants : Vive le roy, par trois fois,
jettames ladite masse dans icelle place : mais incontinent ceux qui
étoient dedans la rejetterent dehors et dedans les fossés de ladite place
tout pleins d'immondicités et buissons. Donc, de ce et autres rebellions
dessus dittes, combien que lussent toutes notoires et patentes faites si
escandaleusement, en présence de tant de gens de bien illec présents,
ledit Rougier requit de surabondant par nous réquisition en être faite,
attendu mèmement, que en grand comptent et mépris du roy et de ladite
cour de parlement, les armes d'iceluy seigneur avoient été hors mises
de ladite place et jettées dans ledit fossé si irrévérentieusement, quoy
voyant et attendu la désobéissance, rébellion et irrévérence que dessus,
nousdit commissaire adjournames Rogier d'Aussun et personnes d'iceux
Pierre d'Aussun, son fils, et de Solencerio, prêtre, à comparoir person-
nellement en ladite cour de parlement au huictième jour après la
prochaine fête de Saint-Martin d'hiver pour porter honorablement et
réveremment lesdites armes du roy, comme dict est, jettées dans ledit
fossé et illec répondre au Procureur Général dudit seigneur à cettes
fins et conclusions qu'il voudrait contre ledit Rogier d'Aussun et
autres coupables desdits excès, prendre et élire tels procureurs spéciaux
et généraux. . .-
Nous ignorons la suite de ce procès. Le baron d'Ossun s'était rendu
rebelle, en résistant aux ordres formels du roi.
A quelle époque la seigneurie de Lannes et Loucrup, passée aux
d'Ossun, est-elle revenue aux barons de Bénac r — Nous lisons dans
l'Inventaire des biens et titres de la maison de Bénac, dressé par l'ordre
de Judith de Gontaut, dame de Saint-Geniez, le Ier décembre 1 6=54.
« Plus une sentence du décret du sénéchal de Bigorre du 17 septem-
bre 1^72, avec six autres actes concernant les achapts et rachapts des
terres de Locrupt et de Lannes.3 »
Ces deux terres rentrèrent dans la maison de Bénac au moins en
1 572, peut-être même avant. Il est certain que les pourparlers durèrent
1. La masse était un bâton à tête d'or ou d'argent qu'on portait par honneur
dans certaines cérémonies devant les rois, devant les chanceliers de France, qui
les avaient en sautoir derrière l'écu de leurs armes; devant le recteur et les quatre
universités de Paris, allant en procession, et enfin devant quelques chapitres et
devant les cardinaux.
2. Larcher (J.-B.), Glanage, t. III, p. 174.
i. Chartier du Grand Séminaire d'Auch, n° ;i;o.
TERRES ET REVKM S <>0
des années, nous en avons pour garant les six pièces dont parle l'Inven-
taire, toutes six relatives à l'achat et au rachat de ces terres.
Le château de Larmes a dû subir le sort de la plupart de ses pareils
pendant la Révolution; l'acquéreur l'aura démoli pour faire argent des
matériaux, pierres, briques, bois de charpente, etc. C'est ce qui est
arrivé pour la grande tour de Bénac.
Les anciens du village se souviennent d'avoir joué, pendant leur jeu-
nesse, dans les ruines du château. On voit encore des traces des fossés.
V
Il nous reste à savoir quelles étaient les propriétés du seigneur de
Bénac à Larmes et quelle en était la valeur ?. . , Nous trouvons dans le
livre terrier de Larmes, antérieur à l'arrivée du prince de Rohan-
Rochefort, l'énumération des terres formant la seigneurie de Lannes.
Monseigneur le marquis de Rothlin possède au terroir de Lannes et
parsan de Quidarré, une pièce de terre labourable confronte d'orient à
terre de Priou, Marcayoux, Palussaet Métarié ; midy de Lajouanne,
Hourcade et Abadie ; occident Pébarat, terre commune et Abadie ;
septentrion de Priou, Redebat, Baquarat et Campet ; de contenance
de quarante six journaux et demy.
Autre pièce labourable et pred, parsan d'Aribet, confronte d'orient
à terre de Bordenave de Louey ; midy chemin public ; occident terre
commune ; septentrion Abadie, Estieu, Cazaux de Louey; de conte-
nance de six journaux et demy et demy quart.
Autre pièce labourable et inculte, parsan de Pouey, confronte d'orient
à terre de Barou ; midy de Soula ; occident dudit Barou et Abbadie ;
septentrion de Cazarré ; de contenance de neuf journaux.
Autre pièce labourable, parsan de Haget, confronte d'orient à terre
de Penin, Arras, Metarié ; occident Abadie; septentrion chemin public;
de contenance de six journaux un quart et demy et demy latte.
Autre pièce labourable et pred, parsan appelé Devant-Uzons, con-
fronte d'orient à terres de Cazavant, Bareilles, Bellouguet de Bénac;
midy à Estieu et Lapenne ; occident de Clavet, et septentrion de Gui-
raud ; de contenance de vingt quatre journaux demy quart.
Plus une pièce pred, parsan de la Ribere, confronte d'orient à terre
de Redebat; midy de Arras; occident ruisseau; et septentrion de
Balaignau ; de contenance de sept journaux un quart et demy.
Autre pièce pred, au môme parsan, confronte d'orient avec le ruis-
seau ; midy à la prébende de Priou ; occident ruisseau de la Geune ; et
septentrion de Baquarat ; de contenance de trois journaux trois quarts
et demy-latte.
LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
Plus une pièce labourable et precl, parsan de Géléda, confronte
d'orient à terre de Campet ; midy de Penin ; occident chemin public : et
septentrion de Haure ; de contenance de deux journaux deiny quart.
Sur indication qui m'a été faite du fons cy-dessus quy se trouve sur
les dites indications la contenance de cent six journaux.
En foi de ce, 10 octobre 17^6. Salanave (d'Adé), arpenteur.
Le tout à raison de quinze perches le journal, la perche tirant qua-
torze pams, qui revient à vingt six cannes un quart le journal ; faisant
six cens huictante neuf suivant le Icau de la ville de Tarbe, d'où dépend
la mesure du marquis de Bénac.1
Voilà les biens que le marquis de Bénac possédait à Larmes en 1756.
Voici le revenu que donnait cette métairie en 1647 : trente sacs seigle
et deux sacs froment pour le maître. Mais laissons la parole au notaire.
Le 22 octobre 1647... au château de Bénac. . M. Philippe de
Bénac, seigneur marquis de Bénac... a bailhé en afferme à Mc Jean
Larroye, notaire royal, Bertrand de Solan. Bertrand de Baron, Jean de
Monettedit de Contre, Jean d'Abadie-Debat, et Dominique Place dit
Cazavant... sçavoir est toutes et chascunes les terres tant preds que
champs de sa metterie de Lanne; laquelle afferme se faict pour le tems
et espace de doutze années complaictes et resvolues. . . en payant par
an trente sacs de bled seigle et deux sacs froment, le tout peur et net
et mesure du chasteau, payable à N.-D. de septembre. La plus grande
partie des terres sont prêtes à semer et lorsque ledit afferme sera finy,
ils seront teneus de laisser tout autant de terres au mesme estât;
lesquelles seront à présent visitées pour sçavoir combien de journaulx
en \ faudra laisser; de même iceluy seigneur leur laisse et bailhe tout le
foing et le pailhé de pailhe quy est dans ladite metterie afin qu'ils soient
teneus en y laisser autant. Comme aussy seront teneus entretenir ladite
metterie en bons pères de famille à cause que iceluy seigneur leur bailhe
en bon estât. . . Présents >Jean de Serres dudit Lanne. et Jean d'An-
clades, vallet de chambre d'iceluy seigneur. — ■ Bénac, de Serres,
d'Anclades, Larroye, de Carrère. notaire royal.2
1. Livre Terrier. — Archives de la mairie de Lan
2. .Minutes Je Carrure. Etude F. -A. Vivier, à Tarbes.
SAINT-SEVER
VII. — AUTRES SEIGNEURIES
Saint-Sevié. Saint-Sever. Orincles. Visker.
I
La terre de Saint-Sevié, sise au Barry de Bénac, a appartenu succes-
sivement à trois familles : La première a pour auteur Arnaud de
Saint-Sevié, qui vivait en 1280; elle s'est éteinte dans la ligne masculine
en la personne de Pierre III de Saint-Sevié. La seconde a pour tige
Bos de Montaut-Bénac, dit de Brouilh, (ils puîné de Jean II, seigneur
de Bénac et de Marguerite de Bazillac, mariée, en 1460, à Gaillarde de
Saint-Sevié, fille du précédent. La troisième a pour origine l'acquisition
faite par M. d'Intrans, le 12 juillet 1 7 1 5 , à Françoise de Montaut-
Saint-Sevié, épouse de Louis de Lescure.
Il ne faut pas confondre la seigneurie de Saint-Sevié avec celle de
Saint-Sever, qui était également située sur le territoire de Barry. Dans
les textes du moyen-âge, Saint-Sevié est dit : Dominas Raymundus
Arnaldi de Sancio Sebiey, miles, tenetur facere... Domino régi exercilum
et ordetm.* Et Saint-Sever: Raymundus de Sancio Severo, domiccllus...
tenetur facere exercilum cl Ordam.*
Dans son travail sur « Bénac. — Son prieuré dépendant de Saint-Pé »
l'abbé Cazauran, archiviste du grand séminaire d'Auch, commet cette
confusion : « En 16^4, dit-il, les biens de Saint-Sevié étaient possédés,
en partie, par le marquis de Montaut-Bénac ». Or, nous savons qu'à
cette époque la maison de Saint-Sevié, par ses alliances, grandissait en
biens et en gloire. Nous lisons encore : « L'Inventaire, déjà cité, de
nos archives nous en fournit la preuve. Il parle en effet d'un sac du
chartier dans lequel on trouve trente-six actes en parchemins concernant
la maison noble de Saint-Seve (Saint-Sivié) a présent possédé par le
seigneur de Bénac ». Dans ce passage il est question de la maison de
Saint-Sever et non pas de celle de Saint-Sevié. Il n'est pas possible que
la maison de « Saint-Seve » appartint en 16^4 aux seigneurs de Bénac :
François de Saint-Sevié l'avait achetée le 21 novembre 1605. Nous
savons par ailleurs que, depuis de longues années, les seigneurs de
1 et 2. Souvenir de la Bigorre, t. III, p. 57.
LÉ BÉNAQUES OU BARONNIE DE BENAC
Bénac n'étaient plus dans l'habitude d'acquérir des terres. Témoin la
lettre de Bernard de Montaut-Bénac à Catherine de Navarre, régente
en i 592 ; cette lettre nous prouve que si M. de Bénac avait beaucoup
d'honneur, il n'avait guère d'argent1. Témoin encore la lettre que ce
même Bernard écrivait le i) janvier 1 6 1 5 à Louis XIII, lettre qui
fournit des détails intéressants sur la pauvreté de la noblesse béarnaise
et bigourdane. Témoin enfin la vente du domaine de Montaut et Beau-
mont auquel le rattachaient tant de souvenirs de famille ; et, c'est Jean-
Michel de Saint-Sevié qui l'achète, le 30 avril 163 5. 2
I I
La maison seigneuriale de Saint-Sever était sise à une faible distance
du château des fiers seigneurs de Bénac. L'enquête sur les revenus du
comté de Bigorre en 1300 fait mention des seigneurs de Saint-Sever en
ces termes : Raymondus de Sancto Severo dicli loti de Benaco, domicel-
lus... tenelur facere exercilum cl ordam. Le Débita Régi Navarrœ, en
13 14, ajoute: Guilhelmus de Sancto Severo est abbacerius et facii
pro abbacia de Sancto Severo annuatim, racione arciut quinque solidos
mort. (De Yvosio, folio 164 et 148).
Le dénombrement de Philippe de Montaut devant Salvat Diharse,
en 161 2 et 1 621, après avoir énuméré les villages composant la baronnie
de Bénac, met au nombre de ses hommagers les seigneurs de Saint-
Sebier et de Saint-Sever.
Nous ne sommes pas riches en documents sur cette maison qui
disparut au commencement du xvir siècle.
I. Raymond de Saint-Sever, inscrit dans l'enquête de 1300.
IL Guillaume, cité dans le Débita Régi Navarrœ comme abbé lay.
III. Etienne, rendit hommage au seigneur de Bénac, le 5 mai 1416.
IV. Bourguine épousa, vers 1490, Bernard de Montaut-Saint-Sevié.
V. Jean, qui est nommé dans les trois contrats : Acte d'accord fait
entre le seigneur de Saint-Sevié et nobles Jean et Arnaud de Saint-
Sever, père et fils, et les habitants du barry de Bénac, retenu par Daco,
1. Voir plus haut, p. 50.
2. Inventaire des biens et titres de Saint-Sevié. — Archives A. Durt'ourc. — J'ai
publié une généalogie détaillée des Saint-Sevié de la première race et des Mon-
taut-Saint-Sevié, sous le titre de : « Les de Saint-Sevié ».
orincles 7 ;
le _ septembre iv°/i. — Achat par le sieur de Saint-Sevié contre
« honneste femme Anastasie de Lafargue, veuve de noble Jean de
Saint-Sever », reçu par Daco, le 17 mai 1589. — Achat pour le sieur
de Saint-Sevié de la maison de Saint-Sever, retenu par Daco, le 21
novembre 1603.
VI. Arnaud, également mentionné dans l'achat du seigneur de Saint-
Sevié contre noble Arnaud et autres de Saint-Sever, père et fils, retenu
par Bordenave, notaire, le 21 juin 1604.
VI. Bertrand, dont le nom figure à côté de celui de son père et de
celui de noble Jeanne de Lavedan dans des achats faits par le seigneur
de Saint-Sevié, le 22 juillet 1606 et 22 décembre 1613. Ces actes sont
retenus, le premier par Daco et le second par Vive, notaires.1
Après la vente de leurs biens de Bénac, on se demande ce que sont
devenus les membres de cette famille et dans quel pays ils se sont
établis.
III
La commune d'Orincles a-t-elle eu l'avantage ou le désavantage de
posséder un seigneur et un château ? — Le château a existé. — Quel
était le nom du propriétaire r Etait-il bâti sur les terres du seigneur de
Bénac, élevé comme un fief mouvant de celui de Bénac ? — Les
Anglais en avaient-ils fait une tour d'observation ?...
Au midi du village, dans la plaine, près des coteaux qui descendent
de Loucrup, on voit, dans l'enclos Domec-Manautou, un tertre de
terre rapportée d'une hauteur de plus d'un mètre au-dessus du niveau
ordinaire, entouré de murs très épais et de larges fossés à demi
comblés. Ce tertre a la figure d'un carré régulier, mesurant du nord au
midi quarante mètres et autant du levant au couchant. Les habitants
d'Orincles désignent cette élévation sous le nom de Castet. La
famille Domec en a fait son potager.
On ne connaît pas la date de la fondation de cette défense, on ignore
aussi à quelle époque elle a été abandonnée. Toujours est-il qu'au
XVIIIe siècle, ce terrain appartenait à la communauté et non à un sei-
gneur.
1. Inventaire des biens et titres de Saint-Sevié. — ■ Archives A. Duffourc.
74 LE BENAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
Voici l'acte de vente de remplacement du castet par la commune à
Bertrand Garoby, dit Manautou.
L'an mil sept cent quatre-vingt-neuf et le vingtième jour du mois de
mai, devant nous Dominique de Verges, sindic-général des Etas de la
province et subdélégué de l'intendance en Bigorre; écrivant Luc
Planté, notre greffier ordinaire. — Ont comparu les consuls de la
communauté d'Orincles qui ont dit qu'en exécution de l'ordonnance de
Mgr l'Intendant, du 19 avril dernier, qui autorise la délibération prise
par les habitants du lieu le 6 mars précédent, et qui nous commet pour
procéder à la vente et adjudication des fonds communaux désignés dans
ladite délibération pour le produit être employé au payement des pertes
que plusieurs particuliers ont souffert dans leurs possessions par la
construction de la nouvelle route de Lourdes à Bagnères ; il a été posé
des affiches et fait des publications à diverses reprises avec avis qu'il
seroit par nous cejourd'hui, à deux heures après-midi, procédé à la
vente ; et attendu que l'heure de l'assignation et celle de la surcéance
sont échues, ils nous prient et requièrent de procéder à l'ouverture des
enchères, et ont signé. Sur quoy nousdit subdélégué avons donné acte
aux consuls de leur comparution, dire, et réquisition et après avoir fait
faire lecture de l'ordonnance de M. l'Intendant, portant notre com-
mission, avons procédé à l'ouverture des enchères comme suit.
Et de suite il a été exposé en vente un journal ou tant que soit par
manière de corps de terre commune, quartier de Las Palus ou le Châ-
teau, confrontant d'orient à Biarou et Hors, midy Manautou et Place,
occident Piole et septentrion lesdits Manautou et Pays. Le sieur Ber-
trand Garoby dit Manautou a offert dudit fonds la somme de sept cens
livres et Bertrand Garoby a signé. Et après plusieurs publications
personne n'ayant voulu susdire, nous subdélégué avons délivré et
adjugé, délivrons et adjugeons le fonds cy-dessus limitté et confronté
moyennant la somme de sept cens livres en faveur dudit sieur Garoby,
habitant dudit lieu d'Orincles, laquelle il sera tenu de payer entre les
mains du trésorier de la communauté, après que la présente adjudica-
tion sera autorisée par monseigneur l'intendant. Et avons signé avec
ledit sieur Garoby, le consul et notre greffier.
Garoby, Fontan, consul, Vergez, subdélégué,
Planté, notre greffier, signés.
Claude-François-Bertrand de Boucheporn, chevalier, conseiller
d'honneur au parlement de Metz, conseiller du roi en tous ses conseils,
maître des Requêtes ordinaire de son hôtel, intendant de justice,
police, finance en Navarre, Béarn, comté de Foix et généralité d'Auch.
Vu la requête aux fins d'autorisation du procès-verbal d'adjudication
d'un journal de communaux appartenant à la communauté d'Orincles
en Bigorre, subdélégation de Tarbe, passée au proffit du sieur Garoby
dudit lieu d'Orincles moyennant la somme de 700" ; notre ordonnance
du 19 avril dernier qui permet de procéder à la dite adjudication pour
le prix en provenant être employé au payement des indemnités pour
VISKER
perte de fonds à l'occasion de la construction de la route de Lourdes à
Bagnères, pièces visées en notre sceau ordinaire ; procès-verbal de
ladite adjudication du 20 mai dernier; les autres pièces produites et
l'avis de notre subdélégué, tout considéré : Nous Intendant susdit,
faisant droit sur ladite requête, avons autorisé et autorisons ledit
procès- verbal d'adjudication. Ce faisant déclarons le sieur Garoby
propriétaire incommutable des fonds communaux à lui adjugés à la
charge de payer la somme de sept cens livres es-mains du trésorier de
la communauté d'Orincles pour servir au payement des indemnités dont
s'agit. Faisons défenses à toutes personnes de causer aucun trouble
audit adjudicataire, ses successeurs ou ayants cause dans la propriété,
possession et jouissance desdits communaux à peine de tous despens
domages et intérêts: au trésorier d'acquitter aucunes sommes qu'en
exécution de nos ordonnances, à peine d'en répondre en son propre et
privé nom et à la charge par lui de rendre compte du produit desdits
communaux dans les formes ordinaires; ordonnons que ledit procès-
verbal d'adjudication et la présente ordonnance seront transcrites dans
huitaine sur les registres des délibérations de la communauté pour y
avoir recours au besoin et avons taxé audit sieur de Verges pour ses
vacations et celles de son greffier la somme de vingt une livres payables
par l'adjudicataire comme frais de l'adjudication.
Fait à Auch, le 8 juin 1789, signé Boucheporn. Collationné sur l'ori-
ginal déposé au greffe de la subdélégation. Planté, greffier.
Nous consuls et communauté d'Orincles soussignons avoir reçu du
nommé Bertrand Garoby dict Manautou dudit lieu la somme de sept
cens livres pour le prix du fonds mentionné et confronté au présent
verbal que ledit Garoby a acheté à ladite communauté de laquelle
somme nous sommes contents et satisfaits et promettons de rédiger la
présente quittance en acte public à la première réquisition dudit
Garoby adjudicataire.
Fait en foy de ce, à Orincles le 31 août 1789.
Garoby, Pounnau. Pujo, Baron, Pêne, Dusserd, Dizac, Fosses,
Fontan, consul, Deffis, Saint-Pastous, Hourcastaignou, Pays, Dhom
praticien, Dusserd secrétaire. (3 pages papier in-80.)1
IV
La seigneurie de Visker était l'apanage d'une des plus vieilles maisons
de la Bigorre.
Six familles ont consécutivement possédé la seigneurie de Visker;
les Visker de la première race en 1283 et en 1317; les Barbazan, en
1445 et 1446, cèdent leurs droits en 1453 aux seigneurs de Villambitz,
à ceux-ci succédèrent les Soréac, qui vendront leurs propriétés à Fran-
1. Archives Doniec-Manautou, à Orincles.
JÔ LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
cois de Saint-Sevié, le 3 novembre 1^93 ; ces derniers, enfin, se démet-
tront de leurs droits par un acte de vente de Françoise de Montaut-
Saint-Sevié, dame de Lescure, en faveur de M. d'Intrans, le 12 juillet
i-iv
1
Larcher, dans son Histoire de Bigarre, compte Pierre de Visker
parmi les seigneurs de 12(83, et >1 'e place au nombre des dix-sept
barons de Bigorre en 1292.1
Messire Thibaut de Peyrusse et des Angles et Arnaud-Guillaume,
son frère, fils de feu messire Arnaud des Angles et de dame Thiberge
de Peyrusse, procédant avec l'autorisation de messire Pierre de Visker,
chevalier, curateur de Thibaut et tuteur d'Arnaud-Guillaume, confir-
mèrent, dans le courant du mois de juin 1290, les donations faites par
leurs prédécesseurs à l'abbaye de la Case-Dieu. Sanche de Ville,
notaire de Peyrusse, rédigea l'acte ; les témoins furent: Guilhaume-
Arnaud de Teulé et Fortius Lupati.2
Pierre de Visker signait, le 9 octobre 1292, la supplique adressée à
Philippe-le-Bel, constatant les droits de Constance au comté de
Bigorre.3
Pierre de Visker, chevalier, possède, sous la mouvance de messire
Bos de Bénac, quinze livres morlas de revenu : Dominas Pelrus de
Bisquerriis, miles, ïenet. . . in reddetibus quindecim libras morlan.1
Donot de Visker, son fils, vivait en 1 3 17.
Arnaud-Guilhem de Barbazan, seigneur de Visker. était lieutenant
dérobe courte en Bigorre les années 1443 et [446. 8
Le 8 juillet 141 2 eut lieu0 le contrat de mariage entre noble Bernard,
1. Larcher .l.-B.i, Histoire de Bigorre (manuscrit du Grand-Séminaire d'Auch),
p. 42.
2. Soupcnir de la Bigorre, t. Il, p. 242.
j. Marca (Pierre de), Histoire du Béarn, liv. IX, p. 841.
4. Souvenir de la Bigorre, t. III, p. 57.
5. Larcher (J.-B.), Histoire de Bigorre, p. 49.
6. Tout ce qui suit est la reproduction textuelle de Larcher dans le tome XII
du Glanage, p. 84.
VILLAMBITS-SOREAC
seigneur de Villembits et noble Brunette de Barbazan, sœur d'Arnaud-
Guilhem de Barbazan, seigneur de Mauran et de Bisquer. Elle reçut
en dot 300 florins d'or d'Aragon.
Le 10 avril 1453, Gaston étant comte de Bigorre, et Roger, évêque
de Tarbe, Manaud de Barbazan, moine de Saint-Sever, céda à Auçer
de Villambits, son neveu, seigneur de Villambits et de Bisquer, ses
droits sur Bisquer. Ce moine était le frère d'Arnaud-Guilhem de
Barbazan, seigneur de Mansan et de Bisquer. L'acte fut retenu par
Fortaner de Linea, notaire de Tarbes.
in
Auger fut père de Marguerite qui, par contrat du 20 juin 1462,
passé à M un, le siège de Tarbes étant vacant, fut mariée avec noble
Arnaud-Guilhem de Mun, fils légitime et naturel de Odet de M un,
seigneur de Mun. en présence d'Aner de Gerderest, conseigneur de
Montefalcone.
Une autre de ses filles, nommée Mariotte, épousa Pierre d'Antin,
fils de feu Bertrand, alias le Borne, de La Marca, diocèse de Tarbe.
Elle consentit quittance de quatre-vingt-treize écus petits de dot, le 9
juillet 1495, devant Giboin, notaire de Tarbe. Elle y fut dite fille légi-
time et naturelle de feu Auger et sœur d'Auger. seigneur moderne.
Auger II, seigneur de Villambits, Sère, Bisquer et Villefranche, fut
marié en 1471 avec Esclarmonde d'Estarac.
On voit à Villambits le testament d'Esclarmonde en date du 1 3 juin
1 =;o6. Jean de Casalibono, notaire de Bonnefont, en fut le détenteur.
Bernard de Soréac et Jean de Pardeilhan furent témoins. Arnaud de
Osonio fut nommé exécuteur testamentaire.
Auger n'eut que deux filles : i° Aune, qui fut son héritière ; 20 |Marie,.
qui épousa Bernard de Pegulhano, seigneur de Thermes en Manhoac.
Elle en eut une fille, nommée Jeanne, qui s'allia avec Jean de la
Barthe, et d'elle descendait Paul de la Barthe, maréchal de Thermes.
Marie, étant veuve, consentit, le 16 décembre 1509, conjointement
avec sa fille et son gendre, quittance de dix écus petits, devant Jean
de Buyserio, notaire de Castelnau en Magnoac, en faveur de Bernard
de Arcisaco, seigneur moderne de Villambits, comme mari de Anne de
Villambits, héritière de feu Auger de Villambits, seigneur dudit lieu,
LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
et reconnu la somme sur les biens et de ceux de son gendre et de sa
fille.
Le 6 avril 14=11, Auger de Villambits faisait hommage au seigneur de
Bénac pour sa terre de Visker.1
IV
Anne de Villambits, dame de Villambits, Sère, Visquer et Ville-
franque, fut mariée avec Bernard de Soréac, de la branche d'Arcizac-
Adour. Ses enfants furent : T'Jean, qui suif, 2"Tristam; il demanda
sa légitime à Jean, son frère aîné, devant le sénéchal de Bigorre et
transigea ensuite avec lui, le 1 5 janvier 1 5 58, Antoine étant évèque de
Tarbe, devant Jean de Beyrio; V' Françoise, qui fut femme de Jean
de Saint-Paul, fils de Manaud de Saint-Paul, seigneur de Bugard. Ces
deux derniers consentirent, le 5 décembre 1321, quittance de 200 écus
petits en faveur d'Anne et de Jean de Soréac, son fils aîné, et il est
déclaré par cette quittance que Bernard de Soréac était mort.
Hommage rendu par Annette de Villembits, dame de Visker, à Àner
de Montaut, le 50 août 1509.
Jean de Soréac, seigneur de Villambits, Sère, Visker et Villefranque,
épousa, le 20 novembre 1 5 2 1 , Catherine d'Ossun, fille de Roger
d'Ossun et de demoiselle Madeleine d'Arros. La même année, Anne
de Villambits fit donation in casiro s've in sala de Villambits en faveur
du premier enfant mâle, issu de ce mariage, des lieux de Villambits,
Sère, Visker et Villefranque en présence de Jean d'Antin, sénéchal de
Bigorre, et de Bonsom de Soréac, capitaine de Barbazan.
Leurs enfants furent : 1" Paul, qui suit: 2" Arnaud: }° Catherine,
qui, ayant épousé Jean de Montesquieu en Armagnac, lequel dissipoit
et aliénoit tous ses biens, céda ses droits à Arnaud de Soréac, son frère,
par acte retenu le 9 mars 1^46, par Dominique Navailh, notaire de
Puydarrieux ; 4" Jeanne, alliée par contrat du 18 décembre 1^0. devant
Jean de La Salle, notaire comtal de Tarbe, avec Gauthier de Coufita,
abbé lay et seigneur en sa partie de Lucarré en Béarn ; présents :
Bartélemy de Majorau, seigneur d'Arras, et Raimond de Montblanc,
seigneur dudit lieu ; =;0 Jean, lequel par contrat retenu le 4 octobre
1. Nous allons publier en appendice. Ve pièce justificative, cet acte intéres
sant, qui nous donnera une idée des mœurs de ce temps. 11 est écrit en langue
vuleaire.
SAINT-SEVIE
79
1533, par Bernard Colomiers, notaire de Simorre, dans lequel il se dit
écuyer, puiné (pefainé) de la maison de Villembits, épousa demoiselle
Anne de La Barthe. fille naturelle et légitime de feu messire Jean de
La Barthe, chevalier, seigneur de Montcorneilh, sœur de noble
Mathieu de La Barthe, écuyer, baron de Montcorneilh. sénéchal
d'Aure; on constitua 1800 livres tournoises à l'épouse et on les affecta
sur la terre de Betpotz sur Baïse en Magnoac et sur le moulin de
Hayssan.
Par acte du 2 septembre 1543, retenu par Dominge Carrère, notaire
de Trie, Jean et Paul de Soréac. pure et lils, seigneurs de Villembitz,
Sère, Visker et Villefranque, baillèrent à nouveau fief de censive six
journaux et demy de terre au terroir de Sère à Jean d'Antin, dit le
capdet de La Marque.
Paul de Soréac. seigneur de Villembits, Sère. Visker et Villefranque.
fut marié, par contrat retenu le Ier octobre 1557 par Pierre Turounet.
notaire de Gausserine. dans le château de Viviers, sénéchaussée de
Toulouse, avec demoiselle Georgette de Rochefort, fille légitime et
naturelle de feu Jean de Rochefort. seigneur de Viviers. Georgette se
constitua 200 livres du légat à elle fait par Mastas de Rochefort. seigneur
de La Cangue, baron de Marquefabe.
Le i(S février 1 5 80. M. de Villambits, l'un des 4=; gentilshommes de
la chambre de chez le roi, fut enterré à Saint-Eustache à Paris. Ses
funérailles coûtèrent 92 livres. M. de Sarlabous était exécuteur testa-
mentaire.
Les enfants du mariage de Paul de Soréac avec Georgette de Roche-
fort furent: 1" Jourdain, qui suit; 2" Bartélemy, qui fut seigneur
d'Areizac-Adour ; }° Caterine, dame d'Ornessan et de Visker.1
Le 3 novembre iîoi. Caterine de Soréac, dame d'Ornessan et de
Visker. vendit cette dernière seigneurie à François de Saint-Sevié pour
le prix et somme de 800 écus, devant Dallaes. notaire de Masseube,
insinué à Tarbe le 27 janvier 1 594. -
François de Saint-Sevié eut une nombreuse famille : Bernard,
Etienne, Pierre, seigneur d'Arbouix. Françoise, veuve de Simon
1. Larchcr J.-B. . Glanage, t. XII. p. 84.
2. DuifoLirc A. . Les Je Sainl-Scvié, p. 22.
Ho LE BÉNAÇUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
d'Olive, Jean-Michel, abbé de Saint-Savin, Gabrielle, seconde femme
de Gaston d'Armagnac, seigneur de H orgues, et Jeanne, mariée à
Hector de Tersac-Montbérault, seigneur de Vernajoul.
Bernard de Saint-Sevié, seigneur de Saint-Sevié et Visker, épousa
Marie d'Incamps de Loubie, le 5 avril 1607. Il en eut Antoine, mort
sans alliance ; Paule, mariée, le 15 janvier 1641 à Etienne de Castelnau,
marquis de La Loubère; Isabeau, mariée à Antoine d'Esparbez, sei-
gneur de Coignac.
Etienne de Saint-Sevié devint, après la mort de Bernard, seigneur de
Montaut sur Garonne, de Saint-Sevié et de Visker. Il se maria, par
acte retenu le 17 septembre 1649 par Piquepé, notaire de Beaumont,
avec Marie de Noé. De son mariage, Etienne eut deux enfants: Roger
et Françoise; Roger garda la baronnie de Montaut qui fut érigée en
marquisat, laissant à sa sœur Saint-Sevié et Visker.
Françoise de Montaut-Saint-Sevié, dame de Saint-Sevié et Visker,
reçut à son mariage avec Louis de Lescure, chevalier, seigneur baron
de Lescure, Trébons, Maviel, Caldeires et autres places, toutes les
terres de Bigorre pour sa part à l'héritage paternel. 1
Françoise de Montaut Saint-Sevié vendit ses terres de Saint-Sevié et
Visker à Mc Dominique d'Intrans, avocat en Parlement, le 12 juillet
1715.
Diana Goti, veuve d*e noble Rigault de Higonois, ratifia la vente de
Visker, le 7 août 171 ).2
Dominique d'Intrans ajouta à son nom celui de Visker. Nous ne
savons pas à quelle époque cette famille vendit les terres des deux
seigneuries.
Il est intéressant de connaître les revenus de Saint-Sevié et de Visker
en 1656. Pour Saint-Sevié, nous les connaissons déjà.:! Pour Visker,
voici ce que nous dit un Inventaire des biens et titres de Saint-
Sevié.
1. Dulîourc \ . Les de Saint-Sevié, p. 22.
2. Chartier du Grand Séminaire d'Audi, numéro 5,140.
;. Dulîourc A.) Les de Saint-Sevié, p. 12.
REVENUS DE VISKER 8l
Plus dans la sénéchaussée de Bigorre, il y a un village appartenant
audit seigneur de Saint-Sevié. nommé Visquer, y aiant distance ladite
maison de Saint-Sevié au dit lieu de Visquer environ un quart de lieu ;
ledit village porte de rente audit seigneur annuellement la quantité de
ce que s'ensuit :
Premièrement trente-sept sacs d'aboine de fief ;
Plus trente-sept poules de fief ;
Plus cinquante-sept pots et demy de vin de fief ;
Plus argent vingt livres de fief ;
Plus audit lieu de Visquer le seigneur y a le droit de Magesque
l'espace de sept semaines.
Plus une metterie de deux pères de bœufs avec les preds pour
nourrir le bestailh de ladite metterie ;
Plus il y a un vergier audit lieu de Visquer à vigne qu'il n'a pas
encore levé ;
Plus le bois quy est appartenant audit seigneur de Visquer, parsan
de Viscarmiau à hault affûtée de la contenance de deux cens journals
ou environ ; le tout noble ;
Encore il y a un moullin audit lieu de Visquer quy donne de rente
annuelle doutze sacs de bon grain et un paire de poulies.1
Pour compléter les renseignements sur la valeur de la seigneurie,
voici quels étaient les revenus de la « metterie », tels que nous les
fournit un acte « d'affermé des terres de Visquer ».
L'an 1656 et le 27 juin, dans la maison seigneurialle de Saint-Sevié...
constituée en sa personne propre dame Marie de Noé, dame douairière
de Montaut et autres places, en qualité de mère et légitime adminis-
trairesse de ses enfants ; laquelle de son bon gred et volonté pour iceux
et les leurs à l'advenir a mis et bailhé, met et bailhe en afferme et
rentement à François d'Escoubès et Arnaud de Catalan, ces subiects,
du lieu de Visquer, à ce présens et acceptans, sçavoir est une borde quy
est seize au lieu de Visquer avec toutes et chascunes les pièces de terre
qu'ils possèdent audit lieu de Visquer pour icelles cultiver. Laquelle
afferme et rentement a esté faicte pour le tems et espace de troys
annuyttés comphiictes et récolte faicte desdits fruits. Et commençant
ledit rentement à la teste de Saincte-Madeleine passée et finissant en
semblable jour, lesdits troys années inspirées. Le tout moytié à perte
et moytié à proftict et suyvant l'estil du priz, et pour continuer lavourer
et travailler toutes et chascunes lesdites terres dépendantes de ladite
borde, ladite dame douérière de Montaut a bailhé et bailhe auxdits
d'Escoubès et Catalan cinq testes de baiches qu'ils ont dict avoir et tenir
en leurs mains pour cultiver et travailler lesdites terres sçavoir : un
bomet, une seigue, un centre et doutze ferris quy seront tenus rendre
en pareilh estât qu'ils les ont antérieurement. Comme aussy conté—.;
avoir et tenir en leurs mains en faict de gazailhe la quantité de cin-
1. Inventaire des titres et biens de Saint-Sevié. — Archives A. Duffourc.
6
82 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
quante-cinq testes de bestailh à laine, sçavoir : trente-huict grosses et
le restant aigneaux et bassins le tout moytié à perte et moytié à proffict
et suyvant l'estil du prix et seront teneus de travailler et cultiver lesdites
terres en bons pères de famille. Comme aussy a esté arrêté que la
semence pour semer lesdites terres, ladite dame douérière fera tenir et
bailher la moytié, et lesdits d'Escoubes et Catalan l'autre moytié, et
ladite dame consent à la cancellation de l'obligation cy debuant faicte ; et
ainsin cy-dessus a esté arresté, et pour asseurance de ladite afferme
lesdits d'Escoubes et Catalan ont obligé tous et chescun leurs biens...
et ainsin l'ont promis et juré. Présens : noble Bernard de Faguiac,
seigneur dudit lieu, et Me Jean Balle, prebre du lieux d'Arboix...
M. de Noé, de Faguiac, Balle, de Carrère, N. R.1
M. d'Intrans n'a pas à Visker le plein domaine que possédaient les
Saint-Sevié, soit qu'il ne les ait pas tous achetés, soit qu'il les ait vendus
en partie. Quand on a dressé en 1776 le livre terrier de Visker, fait
« par conséquence d'une délibération passée entre la communauté,
retenue par Mc Daquo. notaire, habitant du lieu de Lairisse », il ne
possédait plus que les pièces suivantes :
Noble Dominique d'Instrans, avocat en Parlement, seigneur de
Visquer, habitant de la ville de Tarbes, possède au terroir de Visquer
une pièce de bois et tujagua, au parsan du bois, confronte d'orient à
Arnaud Doulaïre, Marie Porte, Jean Badesse, Jean Oustalet, ledit
Doulaïre et terre de M. le curé et Jean Cazavant ; midy chemin public ;
occident chemin public aussy et terres de Bénac ; septentrion à bois de
M. le prince de Rochefort, contient cent vingt-deux journaux.
Plus autre pièce tujagua au parsan de Hourcet, confronte d'orient à
Pierre Coume ; midy et occident à Arnaud Doulaïre ; septentrion à
ruisseau ; contient demy journal, demy quart, une latte et deux tiers de
latte.
Total des journaux cent vingt deux et demy et demy quart, une latte
et deux tiers de latte.2
Le château de Visker a disparu, on ne sait à quelle époque. Il n'en
est point fait mention en 1776, dans le livre terrier de cette commune.
Les hommes, d'un âge avancé, se souviennent d'avoir vu des traces de
fossés le long du clocher de l'église. Cela confirmerait la présomption
dans laquelle on se trouve quand on croit que la maison Capbielle-
Latour a été construite avec les débris de la maison noble de Visker.
Plus rien ne subsiste des bâtiments primitifs. Pas même une pierre
n'indique remplacement du château féodal !
... Eliam periere ruinoe.
1. Carrère Pierre de . Etude F. -A. Vivier, à Tarbes.
2. Livre Terrier de Visker. — Arehives de la Mairie,
PRIEURÉS 8j
VIII. — PRIEURÉ
Fondation. Nature. Eglise. Beffroi. Prieurs. Revenus.
I
Guillaume Auriol, baron de Bénac, présente, vers 1030, au monastère
de Saint-Pé, fondé depuis quelques années seulement, Odon, le second
de ses fils, pour le « faire instruire soigneusement aux lettres et en la
discipline régulière dans le couvent de Saint-Pé». Il fit en même temps
donation de l'église de Bénac, c'est-à-dire, qu'il donna aux religieux de
Saint-Pé tous les droits qu'il possédait lui-même sur la cure, tels que le
droit de présentation, le droit de dîme, en un mot, tous les revenus de
la paroisse.1
Nous lisons dans Y Histoire de l 'abbaye et monastère de Saint-Pé: « Le
prieuré de Bénac est une marque de la piété de Guillaume-Auriolus,
seigneur dudit lieu, qui en fit donation du temps d'Arsius, premier abbé
du monastère. Il donna aussi la moitié de la dîme d'Azeres (Azereix).
Odon, son fils, confirma cette donation ; mais ses successeurs la
contestèrent jusqu'à ce que les parties ayant mis leur différend devant
le Souverain-Pontife, le monastère fut maintenu dans sa possession. Ce
qui arriva environ l'année 1 1 =;q.2
L'abbé Arsius mourut en l'année 1032 ; le prieuré existait donc avant
cette date.
On distingue trois sortes de prieurés : le prieuré conventuel, le
prieuré commendataire et le prieuré simple.
Le prieuré conventuel est celui qui se trouve dirigé par un prieur
conventuel, ou simplement par un prieur. Le prieur est celui qui régit
des religieux en communauté ; il ne diffère de l'abbé que de nom ; il en
a toute l'autorité. Tel est le cas du prieur de Bénac.
1. Annuaire du Petit Séminaire de Saint-Pé (1887), p. 29?.
2. Annuaire du Petit Séminaire de Sainl-Pé (188; , p.
84 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
Le prieuré commendataire1 appartenait à un bénéficier, qui jouissait
en tout ou en partie des revenus d'un prieuré, et qui en portait le titre
sans en avoir autorité aucune sur les religieux. Il était l'apanage des
séculiers. Ainsi pour Madiran, Maubourguet, Saint-Lézer et peut-être
aussi quelques années pour Bénac.
Le prieuré simple est celui dans lequel il n'y a point de religieux.
C'est un bénéfice avec chapelle particulière, que l'on donnait à tout
prêtre séculier. Tel est le prieuré d'Artigue-Frémat, à Loucrup, celui
de Saint-Paul, à Campan. Les prieurés simples étaient nombreux dans
la Bigorre.
Lorsqu'une abbaye possédait des terres ou des fermes, situées à une
trop grande distance, l'abbé envoyait des moines s'établir dans ces
domaines, afin de les faire valoir. Ces succursales portaient le nom de
celles (Maubourguet), d'obédiences ou de prieurés (Bénac, Momères
et Madiran), et le supérieur, qui gouvernait au nom de l'abbé, recevait
le titre de prieur. Mais un grand nombre de ces colonies religieuses ne
tardèrent pas à empiéter sur les droits de l'abbaye-mère ; elles s'admi-
nistrèrent elles-mêmes, et. au XIVe siècle, les prieurés étaient regardés
lés comme de véritables bénéfices. Ces prieurés furent appelés
conventuels et l'on donna aux chefs de ces maisons le nom de prieur
conventuel, par opposition au nom de prieur claustral que portait le
gouverneur spirituel des abbayes en commende.2
III
Du prieuré de Bénac, qui fut riche et puissant, que nous reste-t-il r
— L'église et une tour d'observation de forme carrée. L'église, de
1. La commende est un bénéfice régulier donné à un clerc séculier, dispensé de
l'office régulier. Les commendes ne peuvent se donner qu'à des clercs et pour de
motifs. Les clercs qui mit une commende et qui ont une table distincte
doivent secouiir les pauvres et les monastères qu'ils ont en commende. .S'ils ont
1 . immune, ils sont tenus à donner au monastère la troisième partie de
tous leurs fruits. Les clercs, qui jouissent d'une commende dans un monastère, ont
des droits honorifiques dans ce monastère, et même certains droits utiles. Yillers,
ndium Je droit e ie, p. 410.)
2. si l'on s'en rapportait à l'auteur espagnol de la Chronique de l'ordre des
I ctins, il y aurait eu 47,000 abbayes, 14,000 prieurés de moines et 15,000
nts de allés appartenant à cet ordre. Ce qu'il va de certain, c'est que l'abbé
Tritheme, au XVe siècle, comptait aisément randes abbayes de bénédic-
tins et de bénédictines, en laissant de côté une foule de petits monastères. Il
; en France avant la Révolution environ 1,200 abbayes dont 454 étaient
régulières et les autres en commende.
EGLISE ("m
l'avis d'architectes distingués, serait du XIe siècle. Elle fut donc élevée
aussitôt après la fondation du prieuré. C'est une croix latine d'une
grande régularité, le type parfait des églises bâties par les Bénédictins.
Combien elle est déchue de sa beauté primitive ! Et que de ravages
ont porté dans notre Bigorre ces protestants, amis de nos seigneurs ! !
Cette église a été brûlée, comme le plus grand nombre des églises du
Bénaqués ; les murs seuls sont restés debout, et encore a-t-il fallu
refaire en partie le mur du midi et celui du levant. Il ne nous reste des
ouvertures primitives, que deux fenêtres romanes, aveuglées aujourd'hui
dans le mur du midi ; une fenêtre de même genre éclaire le croisillon
méridional, où l'on remarque des traces d'archivolte. Les trois croisées
du sanctuaire sont en style ogival. Sur la muraille de l'ouest, très haut
dans le mur, on remarque une fenêtre ogivale à deux baies, ornées
aujourd'hui de verres peints.
Après le passage des Huguenots, les moines sont ruinés, et la popu-
lation est aux abois ; on avait deux églises à rebâtir, celle de la paroisse
dédiée à Saint-Pierre, et celle du prieuré, consacrée à la Sainte-Vierge.
D'un commun accord, on a sacrifié celle de la paroisse pour restaurer
Sainte-Marie, parce qu'elle était et plus vaste et plus belle ; alors,
moines et paysans se sont mis à l'œuvre. Mais la restauration a été fort
incomplète, et il a été nécessaire bientôt après d'appeler les ouvriers et
de remettre la main au travail.1
Au nord, entre le sanctuaire et la chapelle de Saint-Joseph, se trouve
la tour rectangulaire2 qui, autrefois, sans nul doute, servait de clocher,
i. Le 10 janvier 1628, Jean-Penin de Verdot, Gabriel de La Penne dit Cachie,
Domenge de Las Pares, Domenge de Nogué, maîtres charpentiers de Bénac, et
Biaise de Saint-Jean, de Juillan, charpentier aussi, se chargent de « bastir et
ediffier le devant de l'esglize du lieu de Bénac, faire et parfaire icelle pour la
somme de troys cens livres». Cette somme leur fut allouée par Me Jean Magen-
ties, prieur de Bénac, et par Bertrand Dulcis, recteur de la paroisse. De
Carrère, N. R.)
Le 17 août 1662, la communauté de Bénac, réunie en corps « avec le voloir et
consentiment de messieurs les prebres dudit Benac », donnent à Jean de Berdot,
charpentier de Bénac, «. à bastir en lambris le cœur du grand autel de 1 .
dudit Benac despuis le grant autel jusques au barrout de Dhom, le tout de mesme
et conformément à celuy de l'esglize de Lorde ». Le tout se ferait « moyennant la
somme de deux cens vingt livres, un sac de bled et un barril de vin ». (De
Carrère, N. R.)
2. Les tours romanes étaient de forme carrée ou rectangulaire, terminées par
une pyramide à quatre pams soit en pierre, soit en charpente : cette pyramide
86 LE BÉNAQUÉS OU BARONN1E DE BENAC
et qui était bien plus élevée avant son découronnement par le marteau
des parpaillots. L'étage inférieur de cette tour a été transformée en
sacristie ; sur le haut, on voit une autre chambre voûtée, qui devait,
dans le temps, servir aux réunions capitulaires, et qui, aujourd'hui, sert
de décharge pour le linge et les bouquets de l'église. Les murs de la
tour ont deux mètres d'épaisseur, ils étaient construits pour supporter
un grands poids. On pénétrait à cette chambre supérieure et aux
appartements plus élevés par une tourelle à escalier à vis de même
hauteur que la tour.
Le maître-autel, en bois peint, est sans caractère. Le baldaquin à six
colonnes, formant un demi-cercle, est de toute beauté. Deux des
colonnes se trouvent placées derrière l'autel ; les autres quatre, placées
sur les côtés, deux à deux, reposent sur un piédestal unique qui
supporte entre les deux colonnes une statue, aussi en bois, de grandeur
naturelle. On reconnaît, du côté de l'évangile, saint Jean-Baptiste,
tenant une croix de la main droite et montrant le ciel de la main gauche.
L'autre statue est celle de saint Mathieu, un ange porte un livre dans
la main gauche, et, de la main droite, il indique au saint le feuillet sur
lequel il doit écrire une page de son Evangile. Le milieu du fronton,
qui relie les quatre colonnes, sert de piédestal à une belle statue, en bois
doré, de l'Immaculée-Conception. Elle est d'une grande perfection.
Marie foule, de son pied virginal, la tète d'un énorme serpent, tenant
dans sa gueule une pomme, symbole de la chute originelle.
La chapelle du midi, dédiée à sainte Anne, conserve le chapiteau
d'une colonne qu'on a fait disparaître pour placer l'autel.1
La chapelle du nord, dédiée à saint Joseph, ne représente aucune
valeur archéologique. Adossé au mur se développe un bas-relief sur bois,
rappelant la scène de l'ascension du Sauveur.
D'autres chapelles se trouvaient encore dans cette église. Du côté
du nord, à la partie extérieure de la muraille, apparaissent des traces mani-
festes d'une construction qu'on rattacherait au style gothique, des atta-
chait le plus souvent obtuse. Un très grand nombre de pyramides élancées, que
l'on voit sur les tours romanes, n'ont été élevées que dans les XIIIe et XIVe
siècles. — De Caumont. Archéologie des écoles primaires, p. 221.
I. De l'avis des connaisseurs, ce chapiteau représente les figures bibliques
d'Adam et Eve, de Sem, Cham et Japhet. Un architecte, d'une de nos grandes
villes du midi, disait un jour à M. Semmartin, alors curé de Bénac : « Si la fabri-
que de votre église consentait à me céder ce marbre, je le remplacerai et j'en
donnerai bon prix. »
EGLISE
ches de voûte pendent au mur. C'était la chapelle saint Barthélémy,
propriété de la famille Pédeporc.1
Au levant, deux tronçons de voûte se détachent extérieurement, indi-
quant ainsi la place occupée par deux chapelles adossées au chœur. La
plus rapprochée de l'autel de sainte Anne devait être celle de Saint-
Sevié ; consacrée à saint Eusèbe, elle servait de sépulture à cette
famille. L'autre, plus au levant, était celle des seigneurs de Bénac,
dédiée à Notre-Dame de Montaut.
Les seigneurs de Bénac avaient choisi l'église des Cordeliers de
Tarbes, et dans cette église la chapelle sainte Anne ou du chapitre
pour dormir leur dernier sommeil. Là était le tombeau de la famille. Il
arriva cependant qu'un de ces barons fut enseveli dans la chapelle
Notre-Dame de Montaut, et cela pour des raisons d'une grande gravité.2
L'église avait une voûte en briques et maçonnerie; elle a disparu
depuis peu, complètement délabrée; on a fait un lambris.
Un porche, qui n'a rien d'antique, se trouve placé au couchant devant
la porte d'entrée; il est soutenu par deux colonnes en marbre rouge de
Sarrancolin avec chapiteau et piédestal de marbre blanc. Les deux
colonnes ont deux mètres de hauteur. Les piédestaux sont à grandes
moulures et les chapitaux sont sculptés. Nous en parlerons plus loin en
décrivant ce qui nous reste du cloître.
L'église du prieuré de Bénac était consacrée à F Immaculée-Concep-
tion, qui devint la patronne de la paroisse après la destruction de l'église
Saint-Pierre parles huguenots. Les religieux prirent de leur côté saint
Cucufas pour patron.3
1. Jean Pénin Bouet dit Pédeporc, âgé de 78 ans, est décédé le 12 aoust 1602
et a esté ensevely dans l'esglize dudit Benac et dans la chapelle de saint Barthé-
lémy, le 15. Au quel convoy ont acisté entr'autres J. Camon, Ponchet Bernard
soubsignes avec moy quy ay lait L'office. J. Camon, Ponchet, B., Larmand, curé.
— Registre de l'état-civil de Bénac.
2. En creusant pour les fondations de la maison Lauga-Balem, on trouva un
cercueil en marbre blanc. N'était-ce point le tombeau de Philippe de Montaut-
Bénac?... (Voir p. 52).
3. Cucufas naquit de parents nobles dans une petite ville d'Afrique appelée
Scilitte et quelquefois Scilitane. Comme il faisait ses études à Césarée de Mauri-
tanie, aujourd'hui Cherchell, sur la côte septentrionale de l'Afrique, il entendit
de loin le bruit de la persécution qui s'allumait en Catalogne, suscitée par le cruel
Dioclétien. Jaloux de l'honneur du martyre, il se jette sur un vaisseau et touche
au port de Barcelone. Ses aumônes, ses prédications, et le grand éclat de ses
miracles le signalent bientôt à ses persécuteurs. Soumis aux tortures les plus
88 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
Nos moines de Bénac en faisaient l'office d'une manière très solen-
nelle, chantant l'hymne du saint, que nous a conservée le bréviaire moza-
rabique.1
IV
La tour rectangulaire, qui sert aujourd'hui de clocher, est complète-
ment séparée de l'église. C'était là « ce beffroi que nos pères bâtis-
saient, dans lequel ils plaçaient la cloche destinée à sonner l'heure des
assemblées ou l'alarme en cas de danger ». Elle est pourvue d'une
grande porte ogivale, donnant sur la grand'route et sur les dépendances
du prieuré. Le sommet en est moderne et d'un goût douteux. Les gens
du marquisat, assez peu respectueux, désignent cet appendice récent par
le nom de pigeonnier. Cette tour a servi à la défense du prieuré et de la
communauté; on montait à la chambre supérieure par un escalier dérobé
placé dans la muraille du midi ; elle conserve toujours ses meurtrières.
De ce côté, elle précédait les fossés, protégeant l'église vers le nord,
fossés qu'on a comblés seulement depuis quelques années.
Les prieurs de Bénac se sont succédés nombreux, pendant les huit
cents ans qu'a vécu le prieuré. Pourra-t-on jamais connaître le nom de
barbares, il décourage ses bourreaux par la protection visible que le Ciel étend
sur lui. Une clarté merveilleuse vient illuminer sa prison ; ses plaies se ferment
d'elles-mêmes; les lions refusent d'entamer ses chairs innocentes et se couchent
à ses pieds; les flammes des bûchers s'éteignent; les bourreaux sont frappés de
cécité; la terre s'entr'ouvre sous les pas du juge païen et le dévore tout vivant;
et celui, qui succède à cet homme d'iniquité, est écrasé par la chute soudaine de
son idole. Le jeune confesseur du Christ a enfin la t* te tranchée et son âme vole
dans les cieux.
Ses reliques furent apportées d'Espagne en France, et Fulrad, abbé de Saint-
Denis, les déposa dans l'église du monastère de Liepvre ou Lebereau Lebra-
hense), au diocèse de Strasbourg, dont il était le fondateur. Les reliques du saint
martyr restèrent à Liepvre jusqu'en 8j5, époque à laquelle Hilduin, abbé de
Saint-Denis, les fit apporter, le 2; août, dans son abbaye, où elles étaient encore
honorées vers la lin du siècle dernier.
Les Espagnols prétendent que le corps de saint Cucufas est à Barcelone, et
qu'on ne porta en France que son chef.
Ce saint fut martyrisé, dans l'année 306, à Gironeen Catalogne.
Les bénédictins ont obtenu des autorités compétentes les corps de bien des
martyrs. Ils se faisaient un devoir de placer chacune de leurs maisons sous l'égide
des saints qu'ils honoraient. De là le culte de saint Cucufas. — (Guérin, Vie Jcs
SiUiits. t. IX, p. jj).
1, Acta sanctoru-11, t. XXXII, p. 149.
prieurs og
tous ces saints personnages, qui ont mène la vie austère de la règle de
saint Benoît, au milieu de nos populations éminemment religieuses.
Voici ceux que nous avons recueillis, nous les enregistrons
I. — Auger de Louey (1249). — Résipiscence d'Auger, seigneur
d'Ossun, au sujet des torts faits par lui aux Templiers de Bordères.
Témoins : . . .El Augerii de Loyl, prioris de Vcn.tco.1 Il était abbé de
Saint-Pé en 12^0.
II. — Guillaume-Arnaud de Loyt (Louey) (1285-1298), était prieur
de Bénac, à la date du 29 octobre 128^. En effet, il réussit alors à ter-
miner les démêlés de l'abbé de Saint-Pé, Guillaume-Arnaud de Bénac,
avec « Borguinde Lée de Leost ». — A la mort de Guillaume-Arnaud
de Bénac, Guillaume-Arnaud de Loyt, choisi pour abbé, se rendit à
Rome pour obtenir la confirmation canonique, mais Boniface VIII
supposa qu'une enquête faite sur place offrirait plus de garanties ; il
désigna l'évoque d'Oloron, l'archidiacre de Tarbes et le gardien des
frères mineurs d'Auch pour examiner les aptitudes de l'élu, le 1 1 mars
■ 1298. — L'enquête lui fut favorable et il put prendre en mains le gou-
vernement de l'abbaye; mais néfaste fut son administration, soit au
point de vue spirituel, soit au point de vue temporel. Le 2^ mai 13 10,
les moines de Saint-Pé accusaient Guillaume-Arnaud d'avoir dilapidé,
par des aliénations arbitraires, les biens du monastère. Clément V
suspend l'abbé de ses fonctions ; il charge l'abbé de Saint-Vincent
de Lucq de l'administration-de l'abbaye, le prieur des frères prêcheurs
de Morlaas et le gardien des frères mineurs de Tarbes reçoivent
l'ordre de faire justice sommaire des coupables. — Suspendu en 1 3 1 o,
il continue à porter jusqu'à sa mort (1 314) le titre d'abbé, tout en
laissant à l'abbé de Saint-Vincent de Luc l'administration effective de
Saint-Pé.2
III. — P. de Lourdes (1264). — Compromis, en 1264. entre l'évêque
de Tarbes et le chapitre, d'une part ; et Garsias-Arnaud, vicomte d'Asté,
d'autre part, relatif à la dîme de Baudéan . . . Témoins : ... A. officiai ;
A. d'Espagne, moine de Saint-Pé ; P. de Lourdes, prieur de Bénac;
Raymond-Arnaud de Coarraze, clerc; A. \V. d'Asté.3
1. Larcher, manuscrit des archives des Hautes-Pyrénées, f° 2, série B.
2. Voir dans l'Annuaire Je Saint-Pé 1895) les deux bulles, avec notes de l'abbé
Guérard, relative '1 l'élection de Guillaume-Arnaud de Loyt par Boniface VII 1 et
à sa déposition par Clément V, p. 4; 1-44;.
5. Archives, série G, n° 158.
1)0 LE BENAQUES OU BAR0NN1E DE BENAC
IV. — Geoffroy de Basilhac ( i4")0). — Le Ier septembre 1452, rati-
fication delà transaction passée, le 21 avril 1430, entre Raymond-Emeric
de Basilhac, abbé, les religieux et la ville de Saint-Pé. Cette transac-
tion porte, entr'autres choses, que les habitants de Saint-Pé ont le droit
de construire des moulins, de cultiver les terrains communaux, d'y bâtir
des granges et des maisons, sans permission et sans payer des fiefs; de
prélever au profit de la communauté le denier de la taverne et du sou-
que t; d'établir à leur gré des tavernes, des boucheries, de vendre de
l'huile, du sel, du pain, des poissons, etc. ; de partager avec le monas-
tère les taxes établies pour la dépaissance dans les forets et les vacants.
On y indique le mode de nomination des juges de la ville, et l'on recon-
naît que le ruisseau de la Batmale doit suivre son cours naturel et
passer aux dépens du monastère par les Scomps ou Escomps, c'est-à-dire
évidemment par les lieux cachés, les souterrains auquel donne accès
l'ouverture appelée aujourd'hui Y œil de Labau. — Ratification de la
bulle et de son exécution par le prieur du prieuré de Bénac, Geoffroy
de Basilhac. Cette bulle du pape Nicolas V est du 4 janvier 145 1. Elle
répond à une supplique de l'abbé, du monastère et de la ville de Saint-
Pé, et elle confère les pouvoirs du Souverain-Pontife à l'abbé de
Larreule, à l'effet d'homologuer au nom du Saint-Siège, et après une
sérieuse enquête, la transaction précitée du 21 avril 1650. Bonhomme
de Luc, sacristain de Bénac (Bonus homo de Lueo) et Jacques de Verges
moine de ce monastère (Jacobus de Viridariis) ratifient, le 21 juillet
1452, et la transaction et la bulle.1
V. — Anthoni Jorden ( 1 5 _j. 1 ) fournit le dénombrement des fiefs,
perçus par le prieur, le 4 octobre 1 541 ; et le fit présenter à Lescar, le
12 décembre suivant, par Jean Bonade, syndic des religieux de Saint-
Pé.2
VI. — Pierre Darié (1618) était prieur de Bénac en 1618; en cette
1. Annuaire du Petit Séminaire de Saint-Pi 1888 , p. 411.
2. ...Item ditz lodit sindic que fray Anthoni Jorden, religios deudit moneste de
Serape et coma prior de Benac luy pren sertan granatge et fins en argent en lo
loc de Julha... — Item tien lodit prior en lo loc de Benac duas pessas de terra
que contienen dus jornaus o tanta que sia, lasquaus son proprias deudit prior de
Benac. — Item ditz lodit prior que protesta de augmentar ou demenuir lo présent
dénombrement totes hores et quantes ne sera sertillicat au bray per y aber metut
o oblidat auguna causa de la quala aura usel luy et sons predecessors. En fe de
que me soy signe. Fr. Anthoni Jorden, prior de Benac. — (Annuaire du Petit
Séminaire de Saint-Pé (1894 > P- 4;2-
Prieurs 91
année, il était parrain de Pierre Darié, son neveu.1 Le 5 février 1625,
il faisait son testament, dans lequel il multiplie ses fondations pies. Je
le donnerai en appendice, VIe pièce justificative.
A quelle époque Pierre Darié a-t-il donné sa démission de prieur de
Bénac r A-t-il abandonné sa charge pour cause de maladie, ou bien
a-t-il été contraint par les règlements monastiques ? Que signifie cet
obit que la justice deTarbes a exigé de Pierre Darié en laveur de feu
Jean Destrucas ? Que s'est-il passé ? Il n'est pas possible qu'un mystère
plane sur la mémoire du prieur; j'espère bien un jour en trouver
l'explication.
VII. — Jean Magenties (1621-1667). Ce prieur était, comme le plus
grand nombre de ses devanciers, l'enfant du pays. Il avait l'esprit con-
ciliant : il se trouve mêlé à toutes les affaires soit de la communauté,
soit de l'église, et toujours on trouve en lui l'homme du bon conseil. Il
était l'ami de Jean-Michel de Saint-Sevié, abbé commendataire de
Saint-Savin.
VIII. — Jean Pruède (1669-1692) était le frère de Bertrand Pruède,
seigneur de Salles-Adour.
Une affaire, qui fit quelque bruit en l'année 1681, fut celle où Jean
Pruède se trouve pris à partie par les communes d'Orincles, Lannes,
Louey, Hibarette, Loucrup, Averan et Visker, représentées par le
sieur Jean Houillarac, d'Orincles. On en jugera :
L'an mil six cens quatre vingt un et le vingtiesme jour du moys de
marcs, environ midy, estant dans la ville de Lorde, rue du bourgnaou,
par devant moy notaire royal soubsigne, en la présence des tesmoings
bas-nommes. A compareu en personne Jean Houillarac, laboreur, habi-
tant du lieu d'Orincles, prisonnier dans les prisons royalles en la pré-
sente ville, faizant tant pour luy que pour ses coosequestiers des lieux
d'Orincles, Lannes, Louey, Hibarette, Loucrup, Averan, et Visquer,
des fruicts du prieuré N.-D. de Bénac, l'année 167g. Lequel ne pouvant
avoir la présence de Me Jean Pruède, prieur dudit prieuré en ladite
année 1679, a présent habitant en ladite ville, et auquel il adresse cet
acte, luy dict et répète qu'en ladite année 1679, à faute par ledit sieur
prieur d'avoir payé les décimes, deiïes au roy, dudit prieuré en ladite
année à Me Bernard Estrade, conseiller du roy et receveur des décimes
au présent dioceze. Iceluy sieur Estrade auroict faict saizir les fruicts
dudit prieuré et puy en auroict faict convier sequestiers tous les compa-
rants et generallement le reste des habitants du marquizat de 3énac,
I. Registre des baptêmes, mairie de Bénac,
LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
parlant au nomme Barbe d'Orincles, et à faute par iceux sequestiers
d'avoir remis les fruicts conséquestres, ledit sieur Estrade auroict faict
prisonnier ledit constituant dans les prisons dans la présente ville où il
est détenu. Et d'autant que le constituant ny coosequestiers n'ont
poinct retiré lesdits fruicts du prieuré, mais que c'est ledit sieur de
Pruede, prieur en ladite année, quy les retira; a cause de quoy ils ne
peurent satisfaire à ladite remise, attendeu que comme dict est, ledit
sieur de Pruede estoit alors prieur et quy retira lesdits fruicts, il en
doit supporter lesdites charges. C'est pourquoy par cest acte, ledit
comparant, comme procureur, a sommé et requis, somme et requiert
ledit sieur de Pruede, de luy procurer incessamment l'eslargissement
de sa personne et de le relepver indemne tant en principal, ensemble de
tous domaiges et intherets soufferts et à souffrir quelconques. Et à
faute de quoy faire, il a protesté et proteste contre ledit sieur Pruede
de tout principal, despens, domaiges et tout ce que luy est loizible de
protester. De quoy ledit comparant a requis moy dit notaire de luy
retenir cest acte pour le faire signiffier que luy ay concédé aux fins qu'il
ne prétende cauze d'ignorance. Presens à ce Jean Delpech, mugissien,
et Guillaume Monic dict Balle tesmoins soubsignes habitants de ladite
ville. Ledit comparant a dict ne sçavoir escrire et moydit notaire.
Monic, Delpech, d'Embarrère, N. R.1
Jean Pruede fut-il nommé régulièrement au prieuré de Bénac par
les religieux de Saint-Pé, ou bien à titre de prieur commendataire?1 La
lettre de do m Jean l'Evangéliste Guillaume à dom Germain nous laisse
entrevoir des difficultés dans le maintien en place de ce prieur. Voie;
ces quelques lignes :
... Le prieuré N.-D. de Bénac, dioceze de Tarbe ; la Conception de
la Sainte-Vierge en est la patronne. Ce prieuré vint à vaquer par le
mariage contracté par celui qui en était titulaire. Il fut confié à dom
Pierre Bertrand, religieux conventuel du monastère de Saint-Pé, par
notre communauté, le 5 juin 1680. Son titre fut contesté par un réga-
liste et autres prétendants. Néanmoins il fut maintenu définitivement à
la possession dudit prieuré par arrêté du Parlement de Paris, du 22
mars 1681.2
Tout nous porte à croire que Jean Pruede fut prieur commendataire.
Comment et par quelles influences obtint-il que ce prieuré, de conven-
tuel qu'il était, devint commendataire pour lui r — Nous l'ignorons.
1. Archives A. Diiffourc.
2. Annuaire du Petit Séminaire de Saint-Pé (1881), p. 194.
prieurs 93
Mais nous savons bien qu'après lui le prieuré revint à la nomination
des religieux du monastère de Saint- Pé.
« Comme rien n'est plus opposé au droit commun que la commende,
dit Boutaric, le pape seul peut accorder des provisions de cette nature;
il le peut, mais sans y être obligé, et il les refuse en effet plus souvent
qu'il ne les accorde; un collateur inférieur ne peut conférer in commen-
dam, s'il n'a un induit particulier, encore ne le peut-il qu'à la charge
par le pourvu de prendre dans les huit mois une nouvelle provision en
cour de Rome.
« Quand nous disons que le pape refuse plus souvent qu'il n'accorde
des Provisions d'un bénéfice régulier à un séculier in commendam,
nous entendons parler d'un bénéfice régulier qui étoit en règle, et pos-
sédé en titre par un religieux ; car s'il ne s'agissoit que d'une conti-
nuation de commende, c'est-à-dire des provisions en commende d'un
bénéfice régulier, que des séculiers eussent accoutumé à posséder en
commende, in commendam obiineri solili, le pape alors seroit astraint de
l'accorder, et le refus qu'il feroit seroit constamment abusif. Il faut
deux choses pour établir la coutume sur cette matière, i" Qu'il y ait
quarante ans de possession. 2" Que dans cet intervalle il ait été fait de
suite purement et simplement trois différentes collations en commende.
Je dis de suite parce que un bénéfice régulier eut-il été possédé en
commende par des séculiers pendant des siècles entiers, reprend sa
première qualité dès qu'un religieux en est pourvu en titre ; de manière
que si ce religieux vouloit résigner en faveur d'un séculier, ou qu'un
séculier demandât le bénéfice comme vacant par la mort de ce religieux.
ce ne seroit plus une continuation de commende que le pape fut obligé
d'accorder, ce seroit une nouvelle commende, qu'il dépendroit du pape
d'accorder ou de refuser. Je dis encore trois collations faites purement
et simplement ; car si la commende étoit décrétée, le pape ne seroit pas
non plus en ce cas astraint d'en accorder la continuation, quoiqu'il eut
été fait précédemment trois collations de suite. On appelle commende
décrétée celle que le pape accorde pendant la vie seulement du com-
mendataire et à la charge du retour en titre après sa mort. Cum decrelo
quod eo cedenle vel deee dente, benejicium amplius non commendelur ; sed
in pristinam tituli naturam reverli et personœ regulari, in iitulum conféra
debeat ac si nunquam commendatum fuisset. Le pape, après avoir ainsi
conféré, est si peu obligé de conférer de même, que s'il le faisoit sans
une dérogation expresse au décret, le titre seroit absolument nul. La
94 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
commende au surplus ne fait jamais perdre au bénéfice sa nature et sa
qualité, c'est-à-dire que la commende étant une espèce de dispense, en
vertu de laquelle un séculier possède un bénéfice régulier, le bénéfice
ne cesse point d'être régulier pendant et si longtemps qu'il est possédé
en commende.1 »
IX. — Pierre Bertrand (1680-1681) était prieur de Bénac nommé,
quand les malheureuses affaires que nous venons de raconter se passaient
à Lourdes. Prieur de droit, il ne le fut jamais de fait. De Lourdes,
Jean Pruède dirigeait Bénac. et, par son procureur fondé, il faisait
rentrer les émoluments inhérents à sa charge.
X. — César Larcade (1692-1699). Le iS novembre 1692, dom
César Larcade, bénédictin du monastère de Saint-Basile de Nimes,
succédant à Me Jean Pruède, prieur du prieuré Sainte-Marie de Bénac,
prend possession dudit prieuré.2
César Larcade n'est plus, comme ses devanciers, religieux de Saint-
Pé ou d'un autre monastère de Bigorre. Est-ce l'autorité religieuse qui
a voulu couper court à toutes les compétitions en donnant cette charge
à un religieux du même ordre mais d'un pays éloigner
La communauté de Lannes voudrait s'affranchir de tous droits envers
le prieuré de Bénac. . . Le 19 décembre 1696 fut rendue une sentence
arbitrale par laquelle le prieur fut remis dans son droit de percevoir la
dîme de Lannes, et par laquelle la fabrique était condamnée à payer au
prieur les six portions sur seize de toute dîme. (Voir pièce VII justi-
ficative.)
XI. — Gaspard Baudin (1699-1704). Il était religieux de Saint-Maur,
résidant dans le monastère de Saint-Sever Cap-de-Gascogne. Il prend
possession du prieuré de Bénac, le 19 décembre 1699. 3
Nous ne connaissons de ce prieur que sa prise de possession du
prieuré, laissé vacant par la mort de son vénérable prédécesseur, et
quelques actes insignifiants et sans importance pour l'histoire locale.
XII. — • Abadie (1712-1719). Les deux communautés de Bénac et de
Lannes sont en désaccord pour la délimitation des deux territoires au
1. Boutaric (François de). — Explication de l'ordonnance de Blois, p. 12.
2. Lacay. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
5. Lacay. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
PRIEURS
95
quartier de l'Aubisc. Les gens de Lannes prétendent que ceux de
Bénac, pour agrandir leur territoire, ont déplacé les bornes; qu'ils ont
même arraché une croix pour la planter plus profondément sur les
terres de leurs voisins.
Nos braves laboureurs sont attachés au sol, ils aiment cette terre
arrosée de leurs sueurs, fécondée par leurs travaux de tous les jours,
cette terre reçue de ceux qui la leur ont donnée avec leur vie. Us en
connaissent le prix, car elle est pour eux VAlma Mater; ils combattront
pro domo cl patria, pour Dieu et pour le foyer.
Le h juillet 171 2, les deux communautés élurent pour leurs syndics
les curés de leurs paroisses, Larmand et Abadie, pour trancher le diffé-
rend et rendre à chacun son dû
« afin d'estre règles sur les contestations, quy sont entre les deux
communautés, pour raison de leur terroir de Bénac et de Lane... la
séparation de leur terroir et planter les bornes au lieu où elles se trou-
vent à propos avec le baile seigneurial, et pour un plus grand éclaircis-
sement dudit terroir, vérirner le censier dudit seigneur pour voir en
quels lieux et endroits lesdites bornes doivent estre plantées ».
Les deux prêtres, dévoués à leur troupeau, mirent tout leur soin à
bien s'acquitter de la tâche qui leur avait été confiée. Leurs efforts
furent sans résultat, et l'affaire fut portée devant la cour de Toulouse.
Le prieur de Bénac ne peut point, dans l'intérêt du prieuré, rester
neutre dans un procès de cette nature. Il entre en cause lui-même; il
défendra l'intégrité du territoire de la commune de Lannes.
Le 28 janvier 1714... Dominique Serres dict d'Orbinces, lequel
parlant à Jean Chiquet et à autre Dominique Serres, consuls...
assemblés et convoqués en forme de communauté et en leur forme
ordinaire. Auxquels ledit Serres, premier consul, leur a représenté que
le procès que ladite communauté a au parlement de Tholoze, contre la
communauté de Bénac, doit être poursuivi et auquel ledit sieur
prieur de Bénac s'est voleu joindre avec ladite communauté de Lane,
consernant une partie du parsan de Loubix, quy est en conteste entre
lesdites communautés, par rapport aux taillables et dixmes d'une partie
d'iceluy, et d'autant que ledit d'Arracs a esté cy-devant créé pour leur
sindic à l'effet de la poursuite d'iceluy, et qu'il est revenu audit Serres,
consul, que dom Anaclet Abadie, religieux, frère dudit père prieur de
Bénac, doit partir pour s'en aller à Tholoze, afin de poursuivre ledit
procès audit parlement pour ce quy regarde l'inthéret dudit père prieur;
qu'il seroyt à l'avantaige de ladite communauté, affin d'espargner beau-
OÔ LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
coup de frais et d'un long voyaige et séjour dudit sindic audit Tholoze,
de donner pouvoir audit dom Anaclet Abadie, religieux, de poursuivre
aussy au nom de la dite communauté le susdit procès avec pouvoir
d'affirmer contre ladite communauté de Bénac. Laquelle proposition
ayant este trouvée avantaigeuse par toute la dite communauté, c'est
pourquoy par une voix délibérative, lesdits susnommés ont donné et
donnent pouvoir audit dom Anaclet Abadie de poursuivre ledit procès
en leur nom contre ladite communauté de Benac jusques à arrêt défi-
nitif et agir en leur nom de la manière qu'il treuvera à propos... ont
signé... Abadie, Serres, Dorbinces, Daquo, N. R.
Ne croyez pas que le procès soit terminé. Le 7 août 1 7 1 9, le marquis
de Rothelin, seigneur de Bénac, use de toute son influence auprès des
deux communautés pour qu'ils aient
« à faire divizer ledit procès par des jurisconsultes. . . ayant recogneu
que l'intervention de mondit seigneur le marquis est favorable pour
tous; que pour cest effet par une voix délibérative, et sans revocquation
de leurs précédents sindics, ont fait et constitué pour leur nouveau
sindic spécial Jean Pénin Carassus-Campet dudit Lane, pour et au nom
de tous les délibérans compromettre le susdit procès avec toutes les
sirconstances et dépendantes quy est à présent porté par appel en la
cour et parlement de Tholoze par ladite communauté de Bénac ou leur
sindic, consernant la remise de la croix dans sa première situation, quy
de tout tems avoit esté plantée par lesdits habitants de Lane dans leur
terroir et parsan nommé de Loubin, devant laquelle lesdits habitans
alloient en procession au tems des Rogations, quy a esté déplantée par
les habitants dudit Bénac, en vue d'uzurper une partie du terroir dudit
Lane et le joindre à celuy dudit Benac. Et ce au dire et jugement de
tel avocat et jurisconsulte qu'il trouvera à propos, luy donner pou-
voir de faire des enquestes devant luy et son co arbitre, s'il est besoin
et nécessaire. . .*
Qu'advint-il de cette plaidoirie? La population de Larmes fut-elle assez
heureuse pour faire rétablir les choses dans l'état primitif r Lacroix des
;ions reprit-elle la place tant de fois sanctifiée par les prières de
l'Eglise r Nous n'avons pas retrouvé la fin du procès.
XIII. — Noël Seurat (i"})). Nous ne savons rien sur son compte.
XIV. — Guillaume Aurias (1735-1762) était prieur de Saint-Pé,
religieux de la congrégation de Saint-Maur, ordre de Saint-Benoît. Il
fut promu par délibération capitulaire des religieux de Saint-Pé pleno
jure. Le ) mai 1735, il prenait possession du prieuré régulier de Bénac,
1. Daquo. Etude Gazagne, à Lourdes.
REVENUS DU PRIEURÉ 97
vacant par le décès de dom Noël Seurat.1 Il était aussi prieur du
monastère de Sainte-Livrade en Agenais.2
XV. — Claude Chabran (1762). Le 18 juin 1762, les lettres
patentes confirmant les provisions du prieuré régulier de Bénac, sous
l'invocation de saint Cucufas, autrement dit N.-D. de Bénac, vacant
par le décès de dom Guillaume Aurias, bénédictin de Saint-Maur,
furent accordées par l'abbaye de Saint-Pé à dom Claude Chabran. :i
Claude Chabran a-t-il été le dernier des prieurs de Bénac r... A
quelle date les religieux ont-ils quitté le prieuré ? Dans le cahier des
délibérations de la commune de Bénac, remontant à 1778, il n'est point
fait mention ni de prieur, ni de religieux, ni de prieuré. Les moines de
Bénac furent sans doute rappelés à Saint-Pé, et, quand on a eu besoin
d'un terrain à Bénac pour former un cimetière, en 1770, c'est aux reli-
gieux de Saint-Pé qu'on s'est adressé. Il semblerait naturel qu'on eût
demandé au prieur de Bénac, s'il eût encore existé, un emplacement
dépendant de son prieuré.
VI
Le prieuré de Bénac était riche ; ses possessions en terres et en
dîmes étaient considérables; les communes du Bénaqués lui payaient
des redevances. Il avait des terres à Juillan, et dans d'autres commu-
nautés.
Quatre religieux devaient vivre sur ces revenus; et quand une place
devenait vacante, par. le décès d'un moine non remplacé, l'abbé de
Saint-Pé donnait à un clerc séculier la portion monacale.* Quelque-
1. Barrère. Etude F. -A. Vivier, à Tarbes.
2. Archives de la préfecture des Hautes-Pyrénées, série B, n" 132.
}. Archives des Hautes-Pyrénées, série B, n° ij;, f° 95.
4. Sçaichent tous présents et advenir que ce jourd'huy vingt troys du moys de
marcs l'an de grâce mil cinq cens soixante et sept au lieu de Benac et à devant
la porte maitresse de l'esglize parrochielle dudit lieu; sacrée et religieuse per-
sonne Sans Guirault, prehre du lieu de Lobeyac, parlant à sacrée et religieuse
personne Bernard de Laforgue, sacrestain en ladite esglize l'a remontré que
R. P. en Dieu Jean d'Estournes, abbé du dévot monastère de Saint-Pierre de
Générés, au dioceze de Tarbe, seroyct présanté pour foy monacale en ladite
esglize de Benac, comme vacquant entre ses mains par la résignation que lu
q8 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
fois môme, quelqu'un des religieux affermait une partie de ses
revenus.1
Qu'il me soit permis de citer tout au long ce que nous pouvons
appeler le Cerisier du prieuré de Bénac ; nous connaîtrons ainsi soit les
terres inféodées aux religieux, soit les rentes que leur font les diverses
communes. Mon inventaire ne sera pas complet, il nous donnera cepen-
dant un aperçu qui ne sera pas sans intérêt pour l'histoire du pays.
Juillan. — L'an 1620 et le 9 d'aoust, au lieu de Juillan. . . ont prins
en afferme et rentement de R. P. dom fraire Jean Magenties, prieur
de Bénac. . . Jean Fontan et Jean de Compaings, laboureurs et habi-
tans dudit lieu de Juilhan, ont prins. . . sçavoir est tous et chescuns les
biens, terres et possessions quy appartiennent audit sieui Magenties, en
droict de son prieuray, au lieu de Julhan, quy sont sittuées au terroir
dudit Iieu,ainsin que s'ensuict : T'Une pièce de terre champt, au parsan
de Bousquet contenant six journals ou tant que soict, confronte d'oriant
avec terre commune dicte la Coste, dessus avec terre commune,
de midy avec terre de Boulaygna, dcbat avec .terre de Jean de
esté faicte par fraire Pierre de Bayet, dernier paisible possesseur d'icelle, se
présentant pour mettre à promet les biens du tiltre à luy concédé par ledit
seigneur abbé et de luy signé, ensemble de Casamaly notaire, en datte du 18
marcs en l'année i $67, luy requérant en verteu et comme luy est mandé, de voulloir
mettre en la réelle, actuelle et courporelle possession de la portion monacale,
fruicts, proflicts, reveneus, honneurs et esmoluments d'icelle. Lequel de Laforgue
avant reteneu, avec tous honneurs en tel cas requis, ladite nomination et apprès
avoir l'aict lecture d'icelle a offert faire son debvoir, et incontinent apprès l'a prins
par la main et par l'ouverture de ladite porte maîtresse a mis dans ladite esglize,
mené devant l'autel principal d'icelle, baisement de l'autel, touchement des
burettes, sonnement de la cloche, tirement du verrouilh... (Cazalet, Gazagne à
Lourdes.)
1. L'an ii'.2^ et le 21 du moys de juin, en la ville de Tarbe, de matin, en la bou-
tique du sieur Jean Dupuy, marchand au bourg-vieux d'icelle, et par devant ir.oy
notaire... M1' Pierre Magenties, du lieu de Bénac. lequel faizant tant pour luy et
les siens à l'advenir, a declaire et confesse debvoir donner et estre teneu à Jean
Dupuy, marchand, rue du bourg-vieux dan-, la ville de Tarbe, illec présent et
stippulant et acceptant, sçavoir est la somme de vingt cinq livres, provenant de
marchandises prinses par ledit Magenties en la boutique dudit sieur Dupuy.
Laquelle sommeil a promis et promet payer audit sieur Dupuy ou à son certain
mandant, à la teste de Toussains prochaine à peyne de tous despans, domai
et intherets et pour ledit payement a indicqué iceluy à prendre sur sa cotte des
grains luy compettera comme à un de; religieux Je Sempé des mains de M' Jean
Marc Senties, prebre et recteur de Séméac, comme fermier desdits religieux dudit
Sempé, qu'il affecte pour le payement. Ensemble tous et chascuns des autres bien
et a soubzmis et soubzmet à toutes rigueurs de justice. Ainsin l'a promis et juré eus
présence de Me .Arnaud Lalanne, greffier pour monseigneur de Grammont, baron
des Angles, et Bernard Penin, praticien, de Tarbes et Soues. . . Mauran, Theil
à Tarbes.)
REVENUS DU PRIEURE
99
Tuli et autres. 2° Quatre journals de terre champt, au parsan de
Vie forgues, confronte dabant et débat avec chemin public, et darré
avec Pey de Fortané, et dessus avec terres de Domenge Bouderie.
y Un journal de terre champt, au parsan de Bousquet, confronte dabant
avec Coste, darré avec terre de Jean de Losteau, dessus avec ladite
Coste et débat avec terres de Domenge Duclos et autres. 4" Autre
pièce de terre, au parsan de Laignet, contenant deux journals et demy
ou tant que soict, confronte dabant avec terre de Jean de Brune, darré
avec terre de Jean de Guanosse et autres confrontations, $° Quatre
journals de terre champt, au même parsan de Laignet, confronte dabant
avec terre de Jean de Guanosse, darré avec terres d'Arnault Brieulet,
dessus avec terre commune et autres confrontations. 6° Au môme parsan
de Laignet, un journal de terre champt, confronte debant avec terre de
Jean Davilhac, darré et débat avec terre de Jean de Tour, dessus autres
terres des hoirs de Guanosse. 7" Deux journals de terre champt, au
parsan de Sompres, confronte debant, dessus, darré avec terre com-
mune, et débat avec terre du chapitre de Tarbe. 8" Un journal de terre
champt, au parsan du chemin de Lafont, confronte debant avec terre de
Jean de Mignoreau, derrière avec terre de Jean de la Grabe, dessus
avec terre de Marie de Mignoreau et débat avec chemin public.
90 Trois journals de terre champt, au parsan de Cour de Pigne, confronte
debant et débat avec terre de Soubiron, derrière avec héritiers de
Coste et autres confrontations. 10" Deux journals de terre champt, au
même parsan de Cour de Pigne, confronte debant avec terres de Poulet,
derrière à terre de Jean Mignoreau, dessus avec terre de Pey de For-
tané, débat avec terre des héritiers de feu Soubiron. 1 1" Deux journals
et demy de terre champt, en las Peyronches, confronte debant avec terre
commune de la Coste, darré avec terre du prieuray, dessus avec terre
de Jean Lagrave et autres confrontations. 120 Trois journals de terre
champt, mesme parsan de Peyronches, confronte debant avec terres du
prieuray, darré à terre de Jean de Compaings, dessus avec terre de
Lagrave. 130 Audit parsan, troys journals de terre champt, confronte
debant avec héritiers de Poque, darré avec terre commune appelée La
Grave et autres confrontations. 14" Audit parsan de Peyronches, deux
journals de terre champt, confronte debant avec terres du chapitre,
darré avec terre commune, dessus avec terre dudit prieuray et débat
avec terre de Lagrave. Et finallement, audit parsan de Peyronches, un
journal de terre champt confronte debant avec terre commune de la
Coste, darré avec terre de Jean Lagrave, dessus avec terre de Jean de
Poque, et débat avec terre des héritiers de Fouriscau. Et toutes autres
terres quy sy pourroict tomber. Lequel rentement ont fait tant lesdits
fermiers que rentier pour le tems et espace de troys années comptant
la présente année 1620, sans que lesdits fermiers la puissent quitter ny
ledit rentier la bailher à autre; Le tout en payant les conditions quy
sont sy bas espéciffiées, sçavoir lesdits Fontan et Compaings ont promis
pour ledit rentement payer audit fraire Magenties la quantité de six sacs
et demy de grain chaque année, moytié seigle et moytié millet, rendus
en la maison dudit fraire Magenties à Benac et mesure de Benac, le
tout bon et marchand, peur et net et lesdites terres deschargées de
tailles et franches de fief. Lesquels dits Fontan et Compaings seront
100 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
teneus payer. . . Payable chaque année ledit bled à N. D. d'aoust et le
millet à la teste de Toussaincts. . .
Fr. Magenties, prieur et rentier, Jean de Compaings, fermier, de
Marguette. De Carrère, N. R.1
Averan. — Le 7 juillet 1644. . . Jean de Coroau et Domenge de Bié
ont prins en afferme de Jean Magenties prebre et prieur dudit Benac
les fruicts quy prant et perçoit à Averan y comprenant aussi les laines...
en payant la somme de y-) escus petits et un père chapons . . payables
à la feste Toussaincts prochaine... Presens Arnaud Pales de Hibarette
et Pierre Duclot d'Adé, signés avec de Carrère, N. R.2
Viskcr. — Le 7 juillet 1658, . . Jean Dulac dict Gelet et Jacmes de
de Laborde, habitans de Visquer. . . Ont confesse tenir en afferme de
vénérable personne Jean Magenties, prebre et prieur dudit Benac. . .
la dixme que ledit sieur prieur perçoit au lieu de Visquer pour le grain,
vin et lin, soy reservant touttefois lesaigneaux, la laine, la paille et les
fromaiges. . . Ladite afferme ce faict pour doutze sacs bled, troys sacs
froment, troys sacs avoine, troys sacs millet, deux pères chapons, deux
pères poulets et six cannes de toile fine. . . J. Carrère, N. R.3
Lannes. — Le ^ julhet 1667... Bertrand Baron et Jean Penin
Cazaux dict Toulet, habitans de Lanne... ont prins en afferme les
droicts de dixme en quoy qu'ils puissent consister, de quelque nature
qu'ils soient sauf la reserve du milhoc et carnaux... de vénérable
personne Jean Magenties. prebre et prieur de Benac . . pour la quan-
tité et mesure de doutze sacs froment, doutze sacs carron, vingt quatre
seigle, une charreté de paille, un mouton vallant troys livres et quatre
pères chapons... Presens : Jean Pruede, Michel Cazavieilh, J. Carrère
N. R. signés4
Loucrup. — Le 4 marcs 1663 . . . Jean de Prat et Domenge de Hor-
cade, habitans de Loucrup... Ont recogneu depvoir et estre teneus
payer au susdit vénérable sieur Jean Magenties, prebre et prieur dudit
Benac. . . la somme de 301 livres 10 sols, ensemble dix pères chapons,
le tout de contraict faict et arreste entre parties le susdit jour pour reste
de plus grande somme du prix de l'afferme des fruicts que ledit sieur
prieur perçoit et a accoutume percevoir audit de Locrupt... Fr. Jean
Magenties, prieur et rentier, B. Abadie, prebre et recteur de Benac,
J. Larroye notaire, de Carrère N. R.5
1. Carrère Pierre de . Etude F. -A. Vivier, àTarbes.
2. Carrère i Pierre de). Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
3. Carrère (Jean). Etude F. -A. Vivier, à Tarbes.
_j. Carrère Jean). Etude F. -A. Vivier, à Tarbes.
5. Carrère Pierre de). Etude F. -A. Vivier, à Tarbes.
CURES
Louer. — Le 25 apvril 1644... Domenge de Quendebat et Domenge
d'Estaloup, consuls de Loey... Ont recogneu et confesse debvoir
donner et estre teneus payer à Me Jean Magenties, prebre et prieur
dudit Bénac. . . la quantité et mesure de quatorze sacs de bled et de
seigle entre eux partage. . . Ont promis payer entrery le jour et feste
de N. D. d'aoust prochaine tout ainsin que la taux sera pour lors en
la ville de Tarbe. . . Domenge de Nogué, Guilhart de Nogué, fils, de
Carrère N. R.1
Orincles. — Le 9 juin 1669. . . Bertrand Pruede, habitant de Benac,
en qualité de procureur de M" Jean Pruede, prieur dudit lieu de
Benac, lequel a mis et bailhe en afferme et rentement à Jean Péré dict
Manautou du lieu d'Orincles. . . sçavoir est tous et chascuns les fruicts
décimaux, rentes etreveneus appartenants au sieur prieur au terroir et
dixmaire dudit lieu d'Orincles en quoy que puissent concister et sans
nulle reserve pour troys années complaictes et revoleues. . moyennant
la somme de 27 5 livres, deux pères chapons et deux cannes de lin fin
par an, payables la moytié de la dite somme à la feste de tous les saincts,
et l'aultre à la feste de de Pasques de chascun an et les chapons et toille
à la Noël... Jean Pruede, prieur, Jean-François Sainctis, Jean de
Pore, Jean Place, Jean Larroye N. R."2
La/risse. — Nous ne savons pas combien prenaient les religieux de
Bénac à Layrisse ; ils étaient du nombre des gros décimateurs, comme
nous le constaterons quand nous parlerons des curés.
IX. — CURÉS DE BÉNAC
Eglises, Cures et Vicaires.
o
I
La cure de Bénac existait avant le XL siècle, puisque, comme nous
l'avons déjà dit, « Guilhaume-Auriol, baron de Bénac, présentant son
fils, Odon, à l'abbé de Saint-Pé, lui fit en même temps donation de
tous les droits qu'il possédait lui-même sur la cure, tels que le droit de
1. Carrère (Pierre de). Etude F. -A. Vivier, à Tarbes.
2. Larroye (Jean). Archives Domec-Manautou, à Orincles.
102 LE BÉNAQUÉS OÙ BARONNIE Î)E BÉNAC
présentation, le droit de dîme, en un mot tous les revenus de la
paroisse ».*
Cette église paroissiale était dédiée à saint Pierre, d'après les docu-
ments anciens, et elle devait être située, selon toute probabilité, au
centre du village, dans la place communément appelée le Mallho ; les
anciens se souviennent d'avoir trouvé de nombreux ossements quand
on a planté les tilleuls qui en font l'ornement. On ignore à quelle
époque cette église a disparu. Elle fut brûlée par les protestants, en
même temps que l'église du prieuré, et les habitants de Bénac durent
renoncer à rebâtir leur église. Ils prêtèrent leur concours dévoué aux
moines et tous ensemble reconstituèrent l'église prieurale, dédiée à
sainte Marie, parce qu'elle était plus belle et plus vaste.
Pendant plus de quatre siècles, les deux églises vécurent simultané-
ment et de leur vie propre : Saint-Pierre dirigée par un curé et un
vicaire à la nomination tous deux de l'abbé de Saint-Pé; Sainte-Marie,
œuvre des religieux, sous l'administration de sacristains, dont quelques-
noms nous sont conservés par des actes antérieurs au passage des
huguenots.
Les registres des baptêmes, mariages et décès remontent à 1650; ils
ne nous fournissent que très peu de noms. Les actes publics nous
donneront à leur tour quelques rares renseignements.
II
Raymond d'Escriban (i$2$). — La famille d'Escriban existe encore à
Bénac.2
Dominique Fronié (1560), clerc tonsuré de Tarbes, prit possession
de la cure de Bénac, le 19 juillet 1 560, au vu « des lettres de provision
à luy faictes par les religieux du monastère de Sainct- Pierre de Géné-
rés, ordre de sainct Benoict ».3
Bertrand Dulcis (1606-163 3) appartenait à la famille Dousse de
Bénac. Il signait Dulcis, forme latine de son nom.
1 . Voir plus haut, p. 85.
2. Cazalct, étude Gazagne, à Lourdes,
j. Cazalet, étude Gazagne, à Lourdes.
CURES 103
Nous avons vu combien nos églises, et en particulier celles de Bénac,
avaient eu à souffrir pendant les guerres de religion. Les huguenots
avaient brûlé les édifices, enlevé les vases sacrés, les ornements et les
cloches, ne laissant sur leur passage que des ruines. Le 10 avril 1620,
la population de Bénac est réunie dans « la barbecanne d'où tous les
afères communs se trectent » pour élire deux sindics, Antoine de
Cazauxdebat et Arnaud de Natz, qui seront chargés d'acheter « un
quintal et demi de métal de cloche » pour orner leur clocher d'un
nouvel appel à la prière.1
Comme nous l'avons déjà dit, d'autres réparations importantes furent
exécutées à l'église de Bénac sous ce curé.
Le 17 août 1629, Bertrand Dulcis prit possession de l'archiprètré
d'Adé « sur la résignation à luy faicte par M. Dominique d'Isaac ».
Le 22 septembre delà même année, il résigna purement et simplement
sa nouvelle cure pour rester curé de Bénac. En 1630, il fonda la cha-
pellenie de Dousse ; il mourait, en 1633, dans la paix du Seigneur.2
Thomas Abadie (163 3-1659) est né à Averan. Il dirigeait la paroisse
de Layrisse et Averan depuis une quinzaine d'années, quand il fut
nommé à la cure de Bénac, le 29 juin 163 3. 3 II était encore curé de
cette dernière paroisse en 1659.
Bertrand A badie (166 3- 1672) signe comme témoin dans un acte de
ferme des biens que le prieur de Bénac possédait au terroir de Loucrup,
le 4 mars 1663/ et aux registres paroissiaux jusques en 1672.
Bernard Larmand (1674-1708) est né àSaint-Pé. Il prit l'habit reli-
gieux dans cette ville, le 16 juillet 1 65 6. x II était vicaire de Saint-Pé en
1. Le 12 apvril 1620... au lieu de Bénac... constitués en leurs personnes
propres Anthoyne de Cazauxdebat, veguier, Jean de Natz dict Toulet, consul
dudit Bénac, faisant tant pour eux que pour les autres manans et habitants dudit
Benac ainsin qu'appert du sindiquat à eux faict par lesdits manans et habitants
dudit Bénac reçu parmoy... es datte du 10 apvril an susdit; lesquels... Ont
recogneu et confessé debvoir donner et estre teneus payer à M. Jean Lagurilh du
lieu d'Asté... sçavoir est la somme de trente troys escus sols de troys livres,
prises pour raizon de la vente d'un quintal et demy de métal de cloche. De quoy
lesdits Cazauxdebat et Toulet se sont contentés et d'iceluy métal ont teneu quitte
audit créanlier auquel ont promis payer et satisfaire ladite somme de trente troys
escus sols, le jour et feste de la Toussaincts prochaine venant... de Natz, de
Carrère, N. R., de Vivié, N. R. (Etude F.-A. Vivier, à Tarbes.)
2. Carrère (Pierre de). Etude F.-A. Vivier, à Tarbes.
j. Carrère (Pierre de). Etude F.-A. Vivier, à Tarbes.
4. Carrère (Pierre de). Etude F.-A. Vivier, à Tarbes.
1. Souvenir de la Bigorre, t. VII, p. 125.
Î04 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
1672 et curé de Bénac en 1674. Le 24 juillet 1693, il révoqua la rési-
gnation faite par lui, le 19 juillet, devant Mc Lassale, notaire de
Lourdes, de la cure de Bénac en faveur de Jean Garren, prêtre de
Saint Pé et il reste à la tête de la paroisse jusque en 1708.1
Joseph Larmand (1709-1730), petit-neveu du précédent, docteur en
théologie et théologal de Dax, résigne, le 28 octobre 1709, son archi-
prètré de Sére en Baréges2 pour se faire installer curé de Bénac. Le
2=; octobre 1730, il se démet de sa cure de Bénac en faveur d'Antoine
Garren, et il prend possession de la cure de Saint-Pé.3 Il donna sa
démission en 1742 et mourut le 4 mai 17^7.
Antoine Garren (17 30-1731), né le 16 avril 1684 à Saint-Pé, fut
d'abord curé d'Ordizan, puis de Séméac, le 8 mars 1720, après la
démission volontaire de son frère Jean ; il fut nommé à la cure de
Bénac, le 2^ octobre 1730, où il ne passa qu'une année.*
Bertrand Castaing (1731-1746), curé d'Escoubezet ses deux annexes
Pouts et Gez, prend possession de la cure de Bénac, le 25 avril 1731,
résignée en sa faveur par Antoine Garren. En 1749, Castaing était curé
de Lézignan.5
Bertrand Douât (1746- 1770) est né à Pouzac. Il prend possession de
la cure de Bénac, résignée en sa faveur par Bertrand Castaing, le 23
mai 1746.
Les curés, ses prédécesseurs, faisant le cumul des cures, avaient de
quoi subsister ; Bertrand Douât se plaint de l'insuffisance de ses
revenus. Il demande à être placé à la portion congrue,6 et pour cela, il
1. Salles. Etude Massot-Bordenave, à Tarbes.
2. Colin. Etude Massot-Bordenave, à Tarbes.
î. Etude Emmanuel Lassalle, à Saint-Pé.
4. Souvenir de la Bigorre, t. VII, p. 120.
). Lacay. Etude Massot-Bordenave à'Tarbes.
6. La. portion congrue est une pension annuelle que les gros décimateurs sont
tenus de payer aux curés pour leur subsistance. La portion congrue était comme
la légitime des curés. — Bescherelle ; t. i, p. 75$. Elle était de 500 livres plus les
novales. Les novales étaient les dîmes que les curés prenaient sur les terres
nouvellement défrichées et mises en valeur. On les appelait aussi les vertes dîmes,
mrd'hui, vingt septiesme décembre mil sept cens soixante neuf, à Bcnac,
maison presbytéralle.. . a comparu en personne M. Bertrand Douât prebre et
curé dudit lieu de Benac, lequel a déclairé à M. l'abbé de Saint-Pé ou à M.
l'économe général du clergé de France, ensemble au nommé Astuguevieille dit
barré, marguillier actuel de l'église de Bénac, société permanente dans la
CURÉS 10}
résigne, le 27 décembre 1769, les fruits curiaux de Bénac.1 Nommé à
la cure de Pouyastruc, il résigne sa cure de Bénac en faveur d'Antoine
Claverie. Le 28 janvier 1772, il fait son testament, léguant à l'église de
Pouyastruc la somme de trente livres, et autres trente livres pour les
pauvres de Bénac.2
Antoine Claverie (1770-1783), est né à Pouzac, comme son prédé-
cesseur. Il prend possession de la cure de Bénac, résignée en sa faveur,
le 10 août 1770.3 Le 2 octobre 1 77 5 , il notifie ses grades en théologie.4
Pendant qu'Antoine Claverie administrait la paroisse de Bénac, des
réparations importantes se firent à l'église, et les marguilliers donnèrent
à un « artiste » tarbais, Dominique Ferrère, des travaux à exécuter
pour la somme de mille cinquante livres. L'ouvrage terminé est admis;
la moitié de l'argent promis est entre les mains de l'ouvrier; il reste à
débourser une somme égale, quand les marguilliers refusent toute
satisfaction à l'homme de l'art. Fatigué d'attendre, celui-ci s'adresse au
tribunal.
« A vous monsieur le juge du tribunal de Bénac,
Supplie humblement le sieur Dominique Ferrère, artiste, habitant de
la ville de Tarbe, disant qu'il s'engagea à faire certains ouvrages dans
l'église de Bénac avec le sieur Jean Gayat et Dominique Laporte,
marguilliers dudit lieu, pour la somme de mille cinquante livresque
lesdits marguilliers promirent de lui payer; et quoique lesdits ouvrages
soient parfaits néanmoins ils négligent de lui p?yer la somme de 525
livres qu'ils lui restent ; et d'autant qu'ils amusent le susdit et le trai-
paroisse et dîmaire dudit lieu, que ledit sieur comparant, en vertu du pouvoir que
luy a donné le nouvel édit, a dit qu'il leur abandonna ses fruicts curiaux pour par
eux la percevoir ou en disposer comme bon leur semblera; qu'il opte pour la
portion congrue de îoo livres franches, sous la réserve des novales et de tous
autres droicts que ledit seigneur de Casemble, l'arrêt de registre d'iceluy rendu
par nos seigneurs du parlement de Toulouse, prie et somme lesdites sociétés
permanentes de luy payer ladite portion congrue de ^00 livres, franches et quittes
de toute charge, à concurrence du Ier janvier 1770, et sous les pactes portés par
l'édit et arrêt de registre. De quoy et de tout ce dessus ledit sieur comparant a
requis acte,.. Présens Me Pierre Prat, vicaire du présent lieu et Me Bernard
Dutilh avocat. . .
Dutilh, Prat, vie, Douât, curé, Cazabonne, N. R. (Etude Candellé, à Ossun.)
1. Cazabonne. Etude Candellé à Ossun.
2. Cazabonne. Etude Candellé à Ossun.
}. Lacay. Etude Massot-Bordenave, à Tarbes.
4. Lacay. Etude Massot-Bordenave, à Tarbes,
106 LE BÉNAQUES OU BARONNIË DE BÉNAC
nent de jour à autre du payement de ladite somme; et qu'il n'est pas
juste qu'il soit plus longtemps leur victime, plaira de vos grâces,
monsieur, permettre au susdit de faire procéder par saizie des biens
meubles et effets desdits Gayat et Laporte-Tarrebat, faute de payement
de ladite somme de 52^ livres ; sommation de payement préalablement
faite pour ensuite la vente en être ordonnée de votre authorité et fairez
bien. »
Nous lisons à la suite :
« Comme est requis sommation préalablement faite.
Ce 2 octobre 177).
Carmouse advocat M. le juge abstenant.
Lacaze. »
Le 20 octobre, par ministère de Clérence, huissier royal,
a requette et ordonnance en permis de saizie furent intimées et signi-
fiées au sieur Gayat, Jean, et Laporte, Dominique, marguilliers de
l'église de Bénac. . . leur ay fait commandement d'avoir à payer au
sieur requérant. . . la somme de cinq cens vingt cinq livres portée par
ladite requette en permis de saizie; faute de quoi faire, il sera procédé
par saizie et exécution sur leurs biens meubles et effets. . . »
Les deux marguilliers prennent leur temps; les menaces les laissent
impassibles et l'argent ne rentre pas dans la caisse de Dominique
Ferrère. Le 10 novembre, l'huissier de Tarbes se rend chez Jean Gayat
et procède à la saisie
« sçavoir vingt sacs de milloc, quinze sacs de seigle bon et marchand,
une paire chenets de fer, deux chaudrons de cuivre, un poilon de léton,
un bassinoir de cuivre et finalement un grand cabinet de bois de noyer
à quatre portes et deux tiroirs ferré et fermant à clefs. . . »
Le même jour, Dominique Laporte recevait, lui aussi, la visite de
l'officier ministériel, qui procédait à la saisie de ses meubles
« une paire chenets de fer, un chaudron de cuivre, un poillon de letton,
un chaudron de cuivre, un bassinoir de cuivre, quarante sacs milloc,
trente sacs seigle le tout bon et marchand, et finalement un grand
armoire de bois de serizier à quatre portes et deux tiroirs ferré et
fermant à clef. . . * »
I. Archives de M. l'abbé Ricaud, au grand séminaire de Tarbes.
vicaires 107
Nous ne savons pas la fin de l'affaire ; mais il est permis de présumer
que les cinq cent vingt-cinq francs furent remboursés à l'artiste de
Tarbes.
Le 26 février 1783, il se fait installer curé de Loubajac par M''
d'Arguilh, vicaire général de Monseigneur de Gain-Montagnac.
Michel Ganassi dit Bernède (1783-179...) « âgé de quarante-six ans
(en 1783), non gradué, prêtre depuis dix-neuf ans. Il a travaillé pour
son ministère à Montégut, à Sarrouilles, à Ibos, à Campan, à Pouyas-
truc, à Gez et à Peyrouse, d'où il est sorti depuis le mois de mai
dernier pour occuper le poste de Bénac ».*
Michel Bernède vit dans un temps bien troublé, les épreuves ne lui
manqueront pas; comment se débrouiller ?... Comme un grand nombre
de ses confrères, il suivra le mouvement ; il sera l'homme de tous les
compromis.
III
« Le vicariat de Bénac fut fondé en 17^3. L'honoraire du vicaire
consiste en 2^0 livres que l'abbé de Saint-Pé lui paye ; il n'a point de
casuel ; il manque de messes la plus grande partie de Tannée ».2
Les vicaires ont existé à Bénac de tous les temps, par suite du cumul
des cures ; jusqu'en 17^3, ils étaient payés par les curés qu'ils rempla-
çaient dans leurs fonctions curiales.
Nous donnerons les noms des vicaires de Bénac, quand nous four-
nirons la liste chronologique des curés et vicaires de cette paroisse.
1. Etat des paroisses en 1785, t. III, page 602.
2. Etat des paroisses en 1783, t. III, p. 6if.
10o LE BÉNAQUÉS OU BARONNÎE DE BENAC
X. — AUTRES PAROISSES
Eglise de Latines. — Ses curés. — Ses vicaires. — Cures de
Lay risse et A ver an. — Vicariat de Lay risse.
L'église de Larmes est sans cachet archéologique. Nous ne nous
arrêterons pas à en faire une description qui manquerait d'intérêt pour le
lecteur. Les protestants la brûlèrent quand ils vinrent dans le Bénaqués,
et elle ne se releva jamais complètement de ses ruines, offrant à peine
aux fidèles un sanctuaire convenable.
La cure de Lannes "était à la présentation de la famille de La Tour-
Abbadie, de cette paroisse.
Les registres de baptêmes, mariages et décès, antérieurs à la révolu-
tion, ont été enlevés; les archives de la mairie et de l'église en sont
complètement dépourvues. Nos renseignements seront incomplets.
II
Jean d'Orbeinces (1643), docteur en théologie et fondateur de la
chapellenie Notre-Dame, était curé de Lannes, en 1643.
Jean Francés, de Lourdes (1747-1783), « était vicaire de Beaucens
quand Michel de la Tour dit Abbadie, Catherine de la Tour, sa fille,
et Jean Francès, son mari, patrons laïques du bénéfice cure de Lannes,
vacant par le décès de François Laventure », lui offrirent la cure, dont
il prit possession, le 13 mai 1747.1
Jean-Baptiste Francés (1783), « âgé de 84 ans (1783), non gradué,
1. Etude Barrère. Etude F.-A. Vivier à Tarbes.
CURÉS D AVERAN ET LAYRISSE I OÇ
est prêtre depuis 40 ans. Il a été vicaire 9 ans à Villecomtal, 3 ans à
Bisanos,1 un an à Beaucens, d'où il fut présenté à la cure de Lannes. »
Jean Deffis, de Lannes (1784-179.). On trouve sa signature dans le
cahier des délibérations de la commune de Lannes : « Deffis, curé offi-
cier municipal. » Cela nous indique suffisamment qu'il avait adhéré à la
Constitution civile du clergé. Il prit possession de la cure de Lannes,
le 12 mars 1784; il était alors vicaire de Louey.2 »
« Le vicariat de Lannes est fondé de grâce, parce que le curé, ne
pouvant pas desservir la paroisse, a besoin d'un secours. Il a 250 livres
que le titulaire lui paye et pas de casuel.3 »
Jean Lansac (1783), de Tarbes, « âgé de 28 ans, prêtre depuis trois
ans. Il a été employé à Bénac 1 an, à Loubajac 4 mois, Averan 1 an, et
5 mois dans cette paroisse. »
IV
La cure de Layrisse et Averan est de nomination épiscopale. Les
actes de baptêmes, mariages et décès remontent à 1616; nous avons
depuis cette époque la liste complète des curés de la paroisse.
Les églises de Layrisse et Averan sont du siècle passé, elles ont
subi des modifications assez importantes, surtout celle de Layrisse.
Elles n'ont pas de valeur artistique.
Thomas Abadie, d'Averan (1616-163 3), devint curé de Bénac le 29
juin 1633, après avoir dirigé la cure de Layrisse pendant 17 ans.
Jean Balle, de Bénac (1O36-1649), frère d'Arnaud Balle, religieux
du prieuré de Bénac, quitta Layrisse, en 1649, pour devenir curé de
Cotdoussan, en Castelloubon, en 1668.
Jean Casarré (1647). Son nom ne paraît sur aucun registre, et cepen-
dant, d'après un acte que nous donnons, Domec se pose comme le
1. Etat des poroisses en 1783, t. III. p. 677 .
2. Cazabonne. Etude Candellé à Ossun.
}. Etat des paroisses en 1783, t. III, p. 676.
110 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BÉNAC
vicaire de Jean Casarré, à Layrisse. Et, Jean Balle continue à enre-
gistrer les baptêmes, mariages et décès jusqu'en 1649. 1
Georges Me non (1650-1678), né à Ossun, était curé de Layrisse,
en 1650. Plein de zèle, il combattait les abus de toute sorte; les
épreuves ne lui manquèrent pas.
Voici la lettre qu'il reçut, le 16 avril 1660, de Clément Amadis,
chanoine, archidiacre, vicaire-général et officiai de Tarbes, relative à
la paix à rétablir entre deux époux :
Monsieur, ie ne touche guère aux choses quy reguardent messieurs
les prestres auxquels ie me confie et la probité et intelligence desquels
m'est cogneue, vous êtes de ce nombre. Et ainsin, ie n'ay pas confessé
un parroissien donneur de la présente, ie vous le renvoyé pour agir
suyvant les lumières qu'il plaira à Dieu vous inspirer et touchiours avec
esprit de douceur et charité, de patience et d'humilité. Il m'a promis
de reprendre sa femme à toute heure et à tout moment que vous luy
ordonnerez et de la traiter en véritable mari, la rcguardant comme sa
compaigne, ie ne sçay pas s'il le tiendra, Dieu peut tout. Pour ce quy
reguarde le traitement que vous avez reçeu de vos parroissiens dans le
tribunal, quoique cela méritât bien pénitence exemplaire, néantmoings
en ce sainct tems d'indulgence et de pardon, il faut oublier les choses
et obliger votre monde par votre patience à vous honorer et aimer, le
recepvray, comme ie doibs, moyennant d'icy vous tesmoigner et tous
ceux que vous me renvoyerez en esprit de pénitence et de mortification
quoy qu'après cela ie vous les renvoyerez pour en user en justice et en
père, les cognossant mieux que moy ; ie vous redis encore que le
donneur de la présente est en disposition parfaite et qu'il m'a tesmoigné
de reprendre sa femme et de vivre parfaitement bien et en chrestien
avec elle : ie prie Notre Seigneur qu'il met sa saincte bénédiction en
tous; ie suis encore très parfaict, monsieur et très humble serviteur.
Amadis prestre. Ce 16 apvril 1660. -
1. Le 7 mars [660... S'est constitué en sa personne M. Jean Domec, prebre du
lieu de Mouillas; lequel de son gré volontairement a dict et déclairé qu'en
l'année 1647 il auroict esté payé par mains du.lit CortaJe du lieu de Lairisse de
la somme de (>o livres pour les guaiges qu'il guagnoit ladite année i '47 en qualité
de vicaire de Me Jean Cazarré, prestre et pour lors recteur du dit Lairisse; de
laquelle som ne il en auroict faict quittance de si main audit Cortade ; laquelle au
moyen du présent demeure nulle et pour servir audit Cortade ainsin et comme il
verra estre à faire; luy a concédé le présent acte et requis à moy notaire de le
retenir que luy ay octroyé en présence de Mc Jean Moné, prestre, signé avec ledit
sieur Domec et Bertrand Lavigne.
Larroye N. R. Archives Francés Courtade, à Layrisse).
2. Archives A. Duffourc.
curés d'averan ET LAYRISSE I I I
J'ai voulu transcrire cette lettre dans son entier. Elle nous montre à
l'œuvre l'homme de Dieu ; mais nous voyons aussi les fidèles,
égarés un instant, se soumettre aux dures pénitences de ce temps de
foi vive.
Georges Menon resta encore dix-huit ans au milieu de son peuple.
Il usa « de douceur et patience, de charité et d'humilité, » et tout
s'arrangea pour le mieux dans ce monde de fatigues et de peines.
Arnaud Toncarret, d'Astugue (1680-172(8), resta 48 ans curé de
Layrisse; il laissa, à sa mort, la somme de 700 livres pour être employées
à faire des réparations à l'église.1
Vincent Abadie, de Campistrous ( 1730-1759), entra en possession
de la cure de Layrisse-Averan, le 50 mars 1730.
L'église de Layrisse est riche maintenant, grâce aux largesses de
l'ancien curé. On trouvera où employer cet argent. A l'autel il faut un
tabernacle neuf, il faut aussi un rétable : Sébastien Cazaux, maître
sculpteur, d'Asté, fera les deux ouvrages pour quatre cent trente huit
livres ; et le sieur Couget, doreur, de la môme paroisse, réclamera à
son tour « pour la dorure qu'il a faict du tabernacle, devant d'autel et
lampe » la somme « de cent soixante trois livres doutze sols. » 2JJ
1. Le ? [ décembre 17} ï, à Lairisse en Bigorre, maison curiale... Constitués en
leur personne Mc Vincent Abbadie, prestre et curé, Jean Sentaigne consul et
pierre Cortade margullier, habitants du présent lieu de Lairisse, lesquels ont
reçu tant cy-devant que présentement par les mains de Do nenge Abbadie et
Jean Davancens. . . sçavoir est la somme de sept cens livres qu'ils tenoient en
garde des mains d'Arnaut Toncarret, d'Astugue, pour la remettre lorsqu'elle leur
seroict demandée pour estre employée à la réparation de L'esglise dudit Lairisse;
icelle somme contenue dans Lin acte retenu par feu Me Daquo notaire... Duquel
lesdits sieurs curé, consul et margullier consentent pour avoir retirée la susdite
somme et employée aux réparations de ladite esglize avec promesse de n'en plus
rien demander... fait en présence de Hilaire Daquo de Visquer et Jacques
Carassus-Moura.
Daquo. Moura. Daquo N. R. (Candellé à Ossun).
2. Archives de la mairie de Layrisse.
5. Le 14 novembre 1730... Le sieur Sébastien Cazaux, maître sculpteur,
habitant du lieu d'Asté, lequel de gré s'oblige et promet de faire à neuf un taver-
nacle, rétable, devant d'autel en esculture tout conformément au dessin qu'il en a
donné et de luy signé et dudit sieur curé, en outre ledit dessin quatre chandeliers
aussy en esculture pour l'esglize du lieu de Lairisse, pour elle présent et stippu-
lant maître Vincent Abadie, prestre et curé dudit lieu, Jean Abbadie, marguillier
dudit lieu, et Jean Davancens, habitant dudit Lairisse ; pour lequel travail lesdites
parties en ont conveneu à la somme de 400 livres, en déduction de laquelle ledit
Davancens en a compté celle de 100 livres, huict livres en escus de 6 livres chacun;
112 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
Vincent. Abadie eut à se plaindre des religieux de Saint-Pé ; nous
avons la réponse à une lettre qu'il leur avait adressée. Le curé, à bout
de ressources, demande un supplément de traitement ; l'affaire est
portée devant l'official de Tarbes. Ce dernier, ne pouvant pas se rendre
sur les lieux pour examiner la valeur des fruits que perçoit le curé,
délègue Larmand, curé de Bénac, qui lui octroie trente livres en plus
de ce qu'il recevait de dîmes à Layrisse et Averan. Pour lors, l'abbé
de Saint-Pé le chicane sur un excusât que le curé perçoit à Layrisse.
Cependant Abadie ne se tient pas pour battu ; il est fort par le fait
d'une lettre que l'abbé de Lons lui avait écrite pour lui renouveler ses
engagements de soixante livres. L'abbé actuel répond que l'abbé de
Lons avait pu engager son avoir et non point celui de ses successeurs.
Il termine par ces mots : « il n'y a pas eu d'acte d'option de la part de
M. le curé, ny d'abandon ; point d'estimation des fruits. M. le curé a
accepté 30 livres par an au lieu de 60 quand il a eu affaire à M. de
Larmand, instruit de la vérité et de la valeur des fruicts : on n'a observé
aucune formalité pour obliger les successeurs de fù M. l'abbé de Lons.
De là on doit conclure nécessairement que la demande de M. le curé
de Lairisse et Averan contre l'abbé actuel est insoutenable.1 »
Vincent Abadie fit différentes concessions funéraires dans le sol de
Le 6 mars 175 1 . . . a Lairisse, maison presbitralle. . . Me Vincent
Abadie, curé dudit Lairisse et Bertrand Moura, margullier de l'esglize
dudit lieu, lesquels. . . ont bailhé à Pierre Cortade. . . sçavoir est l'uzage
et faculté d'un tombeau dans la nef de ladite esglize de troys pans de
largeur et huict de long au premier rang en commençant du mur de
et après p:ir ledit sieur Cazaux aussy comptée, nombrée et retirée la susdite
épreuve voyant nous notaire et tesmoins ; et le surplus ledit Abbadie, marguillier,
et Davancens s'obligent et promettent payer au dit Cazaux, sçavoir 100 livres
lorsqu'il aura remis la moytié dudit travail, et le surplus le travail faict et le tout
par lu\ porté et posé; lequel susdit travail ledit Cazaux s'oblige et promet d'avoir
posé en ladite esglise pendant le jour et feste de saint Laurent prochain et sera
sujet à estre vi/itté et examiné par des maistres sy les parties en conviennent entre
eux mesmes; et illec présent et constitué en personne le sieur Dominique Lhez,
marchand dudit Asté, lequel de gré s'oblige et promet au cas ledit Cazaux ne
faisoict ledit travail pendant ledit temps de rendre aux susdits Abbadie et Davan-
cens la somme de 108 livres '1 peyne de tous despens. Presens Joseph Dejeux de
Baigneres, Pierre Crouzet, faiseur de bas à Baignères...
Lhez, Dejeux, Crouzet, Barrère N. R. (F. A. Vivier à ^arbes).
1. Voir Appendice VIII.
CURES D AVERAN ET LAYRISSE 1 I
ladite esglize du costé de midy et le second tombeau en y laissant
quatre pans depuis le genouillouer du balustre jusques audit tombeau.
— Dominique Bordenave... du premier rang et quy confronte dudit
costé de midy à ladite murailhe ou meur. — Anthoyne Mengelle. . . au
premier rang à prendre du costé de la murailhe du midy et le troysiesme
tombeau. — Anthoyne Capdegelle dit Hours. . . dans la nef de ladite
esglize et le quatriesme du premier rang à prendre du costé de la
murailhe de ladite esglize du costé du midy. . . Pour lequel usage lesdits
Cortade, Bordenave, Mengelle et Hours ont promis d'aumosner à
ladite esglize lesdits Cortade, Bordenave et Mengelle ont bailhé 10
livres, ledit Hours 5 seulement parce que lesdits sieurs curé et mar-
gullier ont prins un tombeau quy luy appartenoit pour faire la sacristie...
Abadie, curé, Abadie, Carassus, Barrère N. R. A. (Vivier, à Tarbes.)
Le 14 octobre 17^9, Vincent Abadie fait son testament. Le testateur
veut qu'on célèbre, pour le repos de son âme, cent vingt messes basses,
dans l'an de son décès ; pour obtenir ce résultat, il lègue i) livres à
M. Abadie, curé de Castillon, autres 1^ livres à M. Paillés, prieur
d'Artigue-Frémat, en Loucrup, et autres quinze livres à M. Galan,
prêtre de Campistrous.1
Jean Duvieil (17^9-1760), ne fit que passer à Layrisse ; il démissionna
en faveur de Pierre Prat.2
Pierre Prat (1760-1775), fut installé curé de Layrisse, le 9 décembre
1760, par Hilaire Daquo, archiprêtre à la Cathédrale, dont il était
vicaire. Pierre Prat était frère de Jean Prat, curé d'Orincles.
Des réparations urgentes doivent se faire au presbytère de Layrisse.
Raymond Pomiez, d'Ost, se charge de les faire conformément au devis;
mais les travaux traînent. Sur les instances de M. Prat, la communauté
fait un procès aux entrepreneurs; et, conséquence fâcheuse, le curé
quitte Layrisse, refusant tout service divin.3
1. Daquo. Etude Candellé à Ossun.
2. Daquo. Etude Candellé à Ossun.
3. Le 1 3 mars 1769... à Layrisse... Jean Sentaignes et Pierre Moura, consuls,
ayant représenté aux susdits habitants qu'ils avoient été forcés de présenter
requette devant M. le seneschal de Bigorre pour enjoindre M. Prat, prostré et
curé de Lairisse et Averan de faire le service divin comme il a été toujours
d'uzage. Ladite requette ayant été signiffiée audit M. Prat depuis environ trois
semaines, néantmoins il a refusé de s'y conformer; tellement que les susdits habi-
tants ont délibéré, arrêté, conveneu de poursuivre l'instance quy est pendante
devant ledit seneschal. . . ils créent... leur sindic spécial et général le nommé
Jean Abadie... et de luy fournir l'argent nécessaire pour la susdite poursuitte et
;;
114 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BENAC
Les gens d'Averan veulent alors profiter du mécontentement du
curé pour l'appeler chez eux ; ils se souviennent qu'autrefois l'église
d'Averan était l'église curiale. Que le curé rentre à Averan et tout
sera dans l'ordre. . .
Le 10 juillet 1770... à Averan, au devant de la porte principalle de
l'esglize dudit lieu... feurent présens Jean Moura, margullier, Guilhaume
Azassus et Jean Vignette, consuls, et autres, dans laquelle présente
assemblée a présidé M.Pierre Prat, curé du présent lieu, revêtu de
son surplis suivant l'uzage, auxquels par ledit Moura, margullier en
place, a esté déclairé et représenté que la communauté de Lairisse,
ayant un procès contre ledit M. Prat, curé, il a été appelé et mis en
cauze a requette de M. de Clos, archidiacre des Angles, et qu'il a vu
avec surprise, que dans une continuation de production les habitants de
Lairisse ont conclu quasiment à ce que l'esglize d'Averan fut déclarée
annexe et celle de Lairisse maîtresse, quoique l'esglize d'Averan soict
et ait esté repputee l'esglize maîtresse de tous les tems; qu'il a cru
devoir deffendre à une pareille demande, quy intéresse particulièrement
l'esglize et l'assemblée de Sonore, il a trouvé que la présente assemblée
pour qu'elle délibérât ce qu'il convenoit à faire : Sur quoy, d'un com-
mun accord et d'une voix unanime, il a esté délibéré que la présente
assemblée approuve les diligences et deffenses dudit margullier, luy
donne plain pouvoir pour la poursuitte dudit procès et le charge expres-
sément de soutenir que l'esglize d'Averan est la vraye matrice dont
Lairisse est l'annexe; et comme il convient de nommer un sindic pour
la poursuitte dudit procès, la présente assemblée, d'une voix unanime, a
nommé pour sindic ledit André Dalléas dict Abbadie, ancien margul-
lier, auquel ladite assemblée donne pouvoir de par elle et en son nom
poursuivre et deffendre ledit procès dans toutes les cours où besoin. . .
Présens: Jean Sempastous et Bernard Ribettes dict Laens, de Bénac...
Moura, Saint-Pastous, Dalléas, Ribettes, Prat curé, Cazabonne N. R.1
Depuis longtemps déjà, les curés résidaient à Layrisse : Toncarretest
mort à Layrisse, Abadie habita Layrisse, Duvieil et Prat y ont résidé
aussi jusqu'au jour de leur départ pour un nouveau poste. La commune
d'Averan n'a pas de presbytère ; et la population veut obliger les
habitants de Layrisse à contribuer de leurs deniers à bâtir le logement
de luy donner une livre cinq sols par jour lorsqu'il sera obligé de vacquer pour
les susdites poursuittes seulement... fait, leu et récité en présence de Jean
Camon, garçon cirurgien de Bénac et Jean Davancens, fils ayné de Lairisse...
Courreges, Mengelle, Correges, Davancens, Abbadie sindic, J. Camon, Davan-
cens fils, Daquo N. R. (Candellé à Ossun).
I. Cazabonne. Etude Candellé à Ossun.
CURÉS D AVERAN ET LAYRISSE I I >,
du curé; mais, vexés du départ précipité de leur pasteur, départ que
rien ne semblait motiver à leurs yeux, les Layrissois s'engagent à fournir
au vicaire un logement convenable. A la sommation du curé ils répon-
dent par la délibération suivante :
Le 20 mars 1771 ... à Lairisse, en assemblée généralle de la commu-
nauté... Jean Abbadie et Anthoine Larré dit Cliqua, consuls, et
autres... Par ledit Jean Abbadie. premier consul dudit lieu, a esté
représenté que M. Prat, curé d'Averan et Lairisse, a fait signiffier, le 13
présent mois, une requette par luy présentée à monseigneur l'Intendant
dans laquelle il demande un logement au lieu d'Averan et qu'en consé-
quence les parroissiens et habitants soient tenus de luy faire construire
un presbitaire. et que jusques alors ils soient condamnés à luy payer,
tant pour les années précédentes, qu'à l'avenir une somme de 40 livres
par année ; sur quoy il a esté rendeu une ordonnance portant que
lesdites communautés de Lairisse et Averan seront teneus de répondre
par délibération séparée, et en conséquence ledit Abbadie a convoqué
la présente assemblée, afin qu'elle ait à délibérer ce qu'elle jugera le
plus convenable à ses intérêts. Sur quoy. ayant esté fait lecture de la
requette présentée par ledit M. Prat, il a esté unanimement arresté,
conveneu et délibéré que la demande par luy formée n'intéresse point
les habitants de la présente communauté et parroisse de Lairisse,
attendeu que, suivant un jugement, rendeu devant M. le Séneschal de
Tarbe, entre cette communauté et celle d'Averan et ledit M. Prat, il a
été décidé et ordonné que le sieur curé faisoit sa résidence dans le lieu
d'Averan comme esglize maîtresse pour y faire par luy-mesme le ser-
vice divin, et qu'il seroit estably un vicaire amovible dans le lieu et
parroisse de Lairisse, pour v faire le service tous les dimanches et festes.
On ne disconvient point que le sieur curé est en droit de demander un
logement, mais ce logement doit estre fourny par les habitants du lieu
ou paroisse dans lapuelle il fait sa résidence. Il convient qu'elle est
fixée à Averan par le jugement, rendeu l'année dernière au Sénéchal de
Tarbe. C'est donc contre les habitants d'Averan qu'il doibt diriger son
action et nullement contre la communauté et habitants de Lairisse, quy
doivent estre deschargés de toute contribution à cet eguard. Il y a
mieux ; suivant le mesme jugement il doit y avoir un vicaire dans le
présent lieu pour la desserte de la parroisse, et il doit y fixer son domi-
cile, les habitants doivent donc fournir le logement au vicaire, et ils
sont prêts à le recevoir. D'ailleurs, il y a dans le présent lieu de Lai-
risse, de tout teins, une maison presbitéralle dont 1 entretien et recons-
truction est à la charge des habitants, ils ne réclament rien â raison de
ce aux habitants d'Averan, et ils seroient mal fondés à le faire parce
que les charges de cette espèce sont locales; il n'est donc pas permis
de voulloir assujettir les habitants de Lairisse aux frais de construction
d'une maison presbitéralle à Averan; les délibérants soutiennent qu'ils
ne peuvent point y estre teneus pareeque, comme on l'a déjà observé,
ils ne sont teneus qu'au logement du vicaire, quy doit demeurer parmy
eux, et ils offrent de luy fournir ce logement : ils ne peuvent pas
Il6 LE BÉNAQUÈS OU BARONNIE DE BÊNAC
plus y estre teneus pour le passé, parceque le sieur curé a souteneu,
dans le cours du procès dont on a parlé, qu'on luy demandoit
mal à propos la résidence à Lairisse et qu'il ne leur devoit le ser-
vice le dimanche et festes qu'à l'alternative, et il s'est conformé dans la
pratique à ce cistème ; d'ailleurs on avoit offert de faire les réparations
convenables à sa maison presbitéralle, à la charge par le sieur curé de
faire de son costé celles dont il étoit teneu, il fut procédé à la vérifica-
tion des unes et des autres, le devis stimatif en feut dressé et authorizé,
il ne s'agissoit plus que de faire l'adjudication ; mais M. Prat l'a éludé
pour se soustraire aux réparations quy étoient à sa charge et quy sont
considérables. C'est donc sa faute s'il n'a point esté logé dans les tems
précédents. Mais quoiqu'il ait quitté la parroisse et qu'il ne doive plus
occuper la maison presbitéralle de Lairisse, il doit cependant toujours
remplir ses engagements et payer le montant des réparations, dont il a
esté chargé par le devis stimatif des experts précédament nommez;
d'après tous ces motifs, il est donné pouvoir audit Abbadie de se pre-
santer devant M. de Vergez, subdélégué, pour demander le relaxe ou
descharge de toute contribution à raizon de la maison presbitéralle quy
doit estre construite dans le lieu d'Averan, ou autre logement du sieur
curé, demeurant l'offre de fournir un logement au vicaire quy doit
demeurer à Lairisse et de faire à ces fins des réparations convenables
dans la maison presbitéralle du présent lieu pour le logement personnel
dudit vicaire à la charge par M. Prat d'y faire de son costé celles quy
sont à sa charge et à la veue du devis stimatif, ou d'en payer le montant
auquel effet ledit Abbadie sera teneu de remettre extrait de la présente
délibération entre les mains de mondit sieur de Vergez, pour leurservir
de deffénse ; approuvant tout ce quy sera faict, géré et négotié par ledit
Abbadie, sindic, relativement à la présente délibération, avec promesse
de le relever indemne. Les habitants de ce lieu ont l'honneur de faire
observer à monseigneur l'Intendant que ledit sieur curé de ce lieu avoit
occupé la maison presbitéralle de Lairisse huit années consécutives, et
quoique le consul de ce lieu le priât avec instance de l'occuper encore
quelque tems pour y faire les réparations utiles ou nécessaires, ce qu'il
refusa, ou du moins luy offrir une chambre convenable dans le lieu,
mais il s'opposa à tout, étant dans le dessein d'aller habiter avec M.
Prat, curé d'Orincles, son frère, et dans son presbitère. . . A l'obliga-
tion des biens et revenus de ladite communauté et de ceux des délibé-
rants... Davancens, Mengelle, Sentaignes, Davancens fils, Daquo
N. R.1
Pierre Prat habita Averan jusqu'à sa mort. Par son testament il légua
cent francs en rente constituée « pour qu'il fut dit six messes hautes à
perpétuité » dans l'égise d'Averan ou Layrisse au choix du curé.8
Pierre Prat mourut le 11 novembre 1775 .
1. Daquo. Etude Candellé à Ossun.
2. Feu M. Prat, curé d'Averan et Lairisse, a légué six messes hautes à perpé-
tuité dans l'esglize d'Averan ou Liii-s.' au choix du curé dudit lieu, dont la
CURES D AVERAN ET LAYR1SSE
Michel Sempé (1776), docteur en théologie, ne fit que passer à
Layrisse et Averan. Installé curé d'Averan et Layrisse, le iermars 1776,
il quittait son poste en juillet de la même année, nommé curé de Cas-
tagnède, près de Salies de Béarn.1
Bertrand d'Agos, dit Caslels (1776-1792). <« Il n'est pas gradué, il
est prêtre depuis 17 îo, il travaille dans le ministère depuis la prêtrise.
Il a été employé à Souyeaux pour desservir Laslades et Boulin, son
annexe; à Nouillan, annexe de Caixon; à Ger en Béarn; à Cabanac; à
Lesponne, annexe de Bagnères; à Luquet ; à Tostat. Il est curé depuis
1 77 3 -2 * M vmt: à Layrisse, en 1776.
L'église de Layrisse avait beaucoup souffert de ces dissensions entre
pasteur et fidèles ; elle avait besoin de réparations et ces réparations ne
se faisaient pas. Il arriva même, ce qui arrive toujours dans les temps
de trouble, que les fermiers de la fabrique de l'église ne payaient pas
régulièrement le prix de ferme.
Bertrand Castets ne perdra pas une minute ; dès son arrivée dans la
paroisse, il rassemblera son peuple, il fera appel à la justice des uns, à
la générosité des autres, à la bonne volonté de tous.
Le 26 may 1-77... à Lairisse... ont compareu personnellement
M. Bertrand Castets, curé dudit lieu de Lairisse, Jean Correges et
Jean Abbadie dit Moura, consuls et autres. . . quy ont dit qu'il y avoit
plusieurs réparations à faire dans l'esglize dudit lieu et qu'il y a plu-
sieurs reliquatères, soit dans ledit lieu, soit ailleurs sans qu'ils veuillent
s'exécuter pour leur payement ce quy retarde de beaucoup les travaux
utiles. C'est pourquoy lesdits comparants créent et constituent, pour
leur sindic, Jean Mengelle, marguillier actuel, acceptant, auquel ils
donnent plain pouvoir de poursuivre tous les reliquatères dans toutes
les cours ou besoin sera. . . Daquo N. R.3
rétribution sera payée sur Salles-Hours, de Lairisse, qui devoit audit M. Prat,
curé, 100 livres en rente de constitution par acte reteneu par Me Daquo, notaire
à Lairisse, le 26 août 1775, sans que nous héritier bas-nommé puisse estre contraint
à aucun frais pour cela ; sans quoy je luy donne d'option de placer ailleurs cet
obit, et, si ledit Salles-Hours venoit à se libérer de ce capital, le sieur curé
d'Averan et Lairisse le placera de suitte ailleurs pour que le service ne chôme
pas. Une de ces messes sera acquittée la veille de saint Pierre, une autre haute
pour pareil jour de son décès, sçavoir le onze novembre...
(Sans signature et sans date.) Archives A. DufFourc.
1. Archives A. Dulïourc.
2. Etat des paroisses en 17S3, t. I, p. 65.
5 . Daquo. Etude Candellé à Ossun.
II!! LE BENAQués OU BARÔNNIE DE BENAO
A Averan, la situation était plus déplorable encore. Deux fois déjà
l'église a été interdite par ordre supérieur ; elle le sera encore une
troisième fois si on n'exécute pas les réparations exigées par M. Ravielle,
archiprêtre d'Adé, lors de sa dernière visite. On somme les religieux de
Saint-Pé de payer leur quote-part.1
Le 10 may 1781, au lieu d'Averan. et devant la porte principalle de
l'esglize... Présents les tesmoins bas-nommés : Dominique Coste dit
Bordenave, et Jacques Marque dit Simon, consuls dudit lieu... et
autres. . . Auxquels par ledit Coste, premier consul, a esté représenté
qu'ils n'ignorent point que Tesglize du présent lieu a esté interdite par
deux fois, et qu'elle est sur le point de l'être de nouveau, faute d'y
avoir fait les réparations nécessaires et ordonnées par M. Ravielle,
archiprêtre d'Adé, lors de sa dernière vizitte, quy feut faitte il y a
environ deux ans ; et comme la plus grande partie des réparations à
faire est à la charge des religieux bénédictins de Saint-Pé, gros fruicts
prenants et décimateurs dudit lieu ; qu'ils se sont refusés à les faire
faire; et qu'il importe à la communauté de prévenir un troysiesme
interdit et de les contraindre à les faire faire ; ledit premier consul a
requis la présente assemblée pour délibérer sur le party qu'il y a à
prendre àcest esguard. Sui quoy, ladite assemblée, après avoir approuvé
la proposition du premier consul, d'un commun accord, a nommé pour
sindic général Jacques Marque dict Simon, auquel elle donne pouvoir
de poursuivre lesdits religieux, fruicts prenants, à faire les susdites
réparations quy les concernent dans ladite esglize et mentionnées dans
l'ordonnance rendeue par ledit M. Ravielle. et de fournir action contre
eux et faire tout ce quy sera jugé nécessaire. .
Pourtalet, Pouneau, Marque, Cazabonne N. R.2
Par son esprit conciliant, Bertrand Castets a les bonnes grâces de
es paroissiens, il sait en profiter pour embellir son église. Comment se
1. Les lois canoniques et les ordonnances royales, en particulier l'article 21 de
édit d'avril 1695, imposent aux gros décimateurs la charge des réparations des
églises paroissiales, la fourniture des ornements nécessaires pour le service divin
et le paiement de la congrue aux curés et aux vicaires.
Les réparations auxquelles les décimateurs étaient obligés en l'église parois-
siale, où se percevaient leurs dîmes, s'étendaient au moins au tiers des dîmes
perçues et s'entendaient de l'entretien des murs, de la voûte, du lambris, de la
couverture, du pavé, des stalles et sièges, du cancel et croix, des vitres du chœur
avec leur peinture, du rétable et des tableaux d'autel, etc., etc.
Dictionnaire de droit canonique ci Je matière bénéficiale, par Durand de Médiane,
art. dixme, § 7. — Duperrai, sur l'art. 21 de l'édit de 1695. — Œuvres posthumes
a" Héricourt, t. I, cost. 81-82.
2. Cazabonne. Etude Candellé a Ossun.
VICAIRES DE LAYRISSE IK)
peut-il qu'on n'ait qu'une cloche à Layrisse ? Autrefois cependant on en
possédait deux pour appeler les habitants « épars ou esloignés dans les
hameaux aux offices divins r » Cette seconde cloche a-t-elle disparu
pendant les guerres de religion >l La fabrique a de l'argent disponible,
les habitants s'imposent « au marc la livre de la taille ». Heureuse
conséquence de l'union intime qui règne entre l'administration religieuse
et l'administration communale.
i. Le 2 novembre 1789... à Layrisse... se sont réunis M. Bertrand Castets,
curé, Jean Mengelle, marguillier, Dominique Abbadie, Jean Moura, consuls et
autres... La plupart anciens marguilliers et notables de ladite parroisse, lesquels
traitant tant pour ladite esglize que pour ladite communauté, ont dit que ancien-
nement il y avoit deux cloches dans ladite esglize, mais que, depuis un certain tems,
l'une manque par le delîaut de ressources de ladite communauté et de l'esglize
pour la remplacer; que, cependant, ils reconnoissent aujourd'huy la nécessité de
l'existence de ces deux cloches surtout pour appeler les habitants espars ou esloi-
gnés dans des hameaux aux offices divins, et que la fabrique de l'esglize se trou-
vant avoir soit par ses revenus, arréraiges deus par les anciens marguilliers ou
fermiers, soit au moyen du résideu du prix de ferme de l'année au delà des dépen-
ses ordinaires de ladite esglize sans compter les revenus à venir plus que suffisants
pour fournir auxdites dépenses annuelles, une somme assez considérable quy de
droit doit venir au proffit de la communauté surtout pour la fourniture d'une
cloche, dépense juste et légitime pour l'esglize, en conformité des arrêts et règle-
ments du parlement de Toulouse quy en disposent ainsi; ils ont creu pouvoir et
devoir prendre sur lesdits revenus de la fabrique une somme convenable pour
fournir a la faction de ladite seconde cloche nécessaire dans le lieu, du consen-
tement dudit curé, marguillier honoraire, du marguillier en charge actuel et des
anciens administrateurs de ladite esglize, sauf à la communauté réunie avec eux à
fournir l'excédent de ce que cette seconde cloche pourra coûter soit en matière,
soit en façon. C'est pourquoy lesdits constituants, traitant en commun tant pour
l'esglize que pour la communauté, ont d'une voix unanime délibéré et arrêté que
vu la nécessité et utilité de la dite seconde cloche, il sera pris sur les revenus
tant arrérages que courants de la fabrique de ladite esglize la somme de 700
livres tant pour la matière que façon de ladite cloche, que les marguilliers tant
anciens débiteurs que le marguillier actuel s'obligent de payer à cet effet dans le
terme quy sera conveneu avec le fondeur et que ladite communauté ou chacun des
habitants au marc la livre de la taille, s'obligent de payer le surplus du coût ou
montant de ladite seconde cloche, au terme quy sera aussy conveneu avec le fon-
deur ; et en conséquence les délibérants ont donné pouvoir audit Mengelle, mar-
guillier, et audit Abbadie, consul, qu'ils créent et nomment pour leurs procureurs
généraux et spéciaux et sindics, de traiter avec un fondeur et de passer avec luy
toute police ou traité nécessaires pour la faction ou fonte de ladite cloche à
concurrence d'une somme de 1000 livres ou îo livres au delà, s'il est nécessaire,
tant pour la matière que pour la façon ou placement d'icelle, avec promesse de
remplir ce quy par eux sera fait en exécution, d'après la contribution cy-dessus
fixée pour la fabrique de l'esglize et communauté, et d'acquitter le prix sans con-
tradiction aux termes quy seront conveneus avec le fondeur sur la cotise ou note
de répartition, quy sera faitsur les paroissiens seulement au marc la livre de la
taille comme a esté dit cy-dessus, pour ce quy concerne les habitants et commu-
120 LE BÉNAQUÉS OU BARÔNN1E DE BENAC
Bertrand Castets mourait à Layrisse, le premier juin 1792, âgé d'envi-
ron 80 ans.1 « Faisait l'office, M. Bernède, curé de Bénac, assisté de
M. Bounette, curé de Layrisse et de Cazanave, vicaire de Bénac. »
Jacques Bounette (1792-179.). Comme les curés de Bénac et de
Lannes, le curé de Layrisse a prêté les serments exigés par la loi ; élu
au conseil général de la commune, comme officier municipal, il reste au
milieu de son peuple, faisant les baptêmes et présidant aux sépultures.*
V
Le vicariat fut fondé à Layrisse en 1771 par sentence du sénéchal de
Bigorre. L'honoraire du vicaire consiste en 250 livres qui lui sont payées
par les religieux de Saint-Pé.3 Il y avait des vicaires avant cette
époque.
De Bernard d'Astugue ( 1 78 1 ) était fils du seigneur d'Astugue et
frère de mademoiselle de Bernard d'Astugue, qui laissa en 1833 la
somme de 1 1,846 francs pour les pauvres de la ville de Tarbes.4 Il alla
remplacer Laventure à Peyraube en décembre 1783.
nauté avec promesse d'avoir pour agréable ce quy par lesdits sindics sera fait; en
conséquence de ne pas les révoquer et au. contraire de ladite charge les relever
indemnes et pour l'asseurance de ce dessus lesdits constituants, comme procèdent,
à l'exception dudit sieur curé, quy n'est interveneu au présen1 que pour donner
son avis et consentement. Ont soumis et obligé tous leurs biens et reveneus de
ladite fabrique que ceux de ladite communauté et des habitants ou parroissiens,
même en leur propre et particulier nom, par exprès et pour ce quy les concerne
sans qu'il soit besoin d'aucune authorisation de l'Intendant, que tous ont soumis
aux rigueurs de justice... Castets, curé, Mengelle, Abbadie, Courreges, Salles*
Courréges, Davancens, Cuqua, Barrouquère, Abbadie, Cazabonne N. R. (Etude
Candellé à Ossun.
1. Registre des baptêmes, mariages et Jécès de Layrisse.
2. Registre des baptêmes, mariages et décès de Layrisse.
?. Etat des paroisses du diocèse de Tarbes en 1783, t. I, p. 66.
4. Curie-Lassus (abbé), Charité dans ta Bigarre, p. 277.
CURÉS DE LOUEY ET HÎBARETTE 121
XI. — AUTRES PAROISSES
Curés de Louer et Hibarette. — Cures d'Orincles. — Cures
de Visker, Loucrup et Saint-Martin.
I
Les églises de Louey et de Hibarette sont récentes et en cette qua-
lité ne rentrent pas dans le cadre de mon sujet.
L'évèque nomme à la cure de Louey et son annexe. Nous avons très
peu de détails sur les prêtres qui ont desservi cette paroisse.
Antoine de Navensan (1631) était archiprêtre de Juncalas et prieur
d'Artigue Frémat en même temps que curé de Louey.
Jean Lauvernis (1631-1635)1 neveu d'Arnaud Lauvergne, chanoine
de la cathédrale de Tarbes. Il resta curé de Louey pendant quatre ans.
Ramond de Poca (1644-1656). Les mauvaises récultes, les imposi-
tions extraordinaires pour la subsistance des hommes de guerre, la
guerre civile, ont ruiné nos populations; elles sont heureuses de trouver
auprès du pasteur un secours nécessaire.
Le 23 apvril 1644. . . la communauté de Loey a recogneu et confessé
devoir et estre teneue payer à M. Ramond Poca, prebre et recteur
dudit lieu, la quantité et mesure de huicl sacs et demy seigle et troys
sacs et demy milhoc. . . et iceluy avoir partaigé entre eux. Ont promis
luy payer la légitime valleur, comme les marchands du païs le fairont
payer, sçavoir le bled entrery le jour et feste N.-D. d'aoust et le milhoc
à la prochaine feste de Tossaints. . . De Carrère.1
Raymond Campet (1663-1694) mourait dans le Seigneur, le 17 août
1694, après avoir gouverné l'église de Louey, avec sagesse et vertu,
pendant trente et un ans. « Il fut enterré le lendemain au tombeau
ordinaire de ses prédécesseurs, à l'entrée du Sancta Sanctorum près le
balustre. » L'office fut chanté par M. Jonca, archiprêtre d'Adé.2
1. Carrère (Pierre de). Etude F.-A. Vivier à Tarbes.
2, Registres de la paroisse de Louey. — Archives de la mairie.
122 LE BÉNAQUÈS OU BARONNIE DE BENAC
Arnaud Latreille (1694- 1706). Installé le 10 septembre 1694, il admi-
nistra sa paroisse natale avec un zèle consommé.1
Jean Labarrère,de Pouyferré (171 5-1718), permutait, le 19 août 1718,
avec Bertrand Dupierris, curé de Labassère. 11 avait pris possession
de la cure de Louey le 27 septembre 171 ^.2
Bertrand Dupierris (1718-1732) résigne la cure de Louey, le 16 mai
1732. 3
Jean-Baptiste D estrade (1732-1742) prend possession de sa cure de
Louey. le 3 mai 1732, qu'il gouverna pendant dix années.4
Hugues Boyer, de Vie (1742-1774), docteur en théologie. Le 13
décembre 1735, Jean-Baptiste Destrade avait résigné sa cure de
Louey en faveur de Hugues Boyer, mais celui-ci ne se rendit à son
poste qu'après le départ de son prédécesseur en 1742.5
Etienne Deffis (1 774-1792), originaire de Horgues, « est gradué et
prêtre depuis le 19 mars 1763. Il a été vicaire à Rabastens et à Arta-
gnan ; il est curé depuis dix ans et quatre mois (1783).° »
Le 9 mars 1780, il obtenait un arrêt du parlement de Toulouse,
l'autorisant à opter pour la portion congrue de 500 livres.
Extrait des registres du Parlement. — Sur la requette de soit
montré au procureur général du roy, présentée à la Cour le jour d'hier
par le sindic des religieux bénédictins de l'abbaye de Saint-Pé, à ce que
pour les causes y contenues, il plaira à la Cour vu la coppie de l'acte
du huit janvier dernier retenue par Dutilh, notaire à Tarbe, signiffiée
au suppléant et aux autres codécimateurs, le dix huit du même mois,
par lequel M. Defes, curé du lieu de Louey et de celui d'Hibarette,
son annexe, déclare qu'il abandonne auxdits lieu la perception de tous
1. Salles. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
2. Daquo. Etude Gazagne à Lourdes.
3. Lacay. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
4. On lit en tête des registres de la paroisse de Louey: « Continuation des
registres des baptêmes, mariages et mortuaires de la parroisse de Louey et Hiba-
rette par moy Jean-Baptiste Destrade, prestre du diocèse de Cominges et curé
dudit Louey et Hibarette. par titre de messire Charles-Antoine de La Roche-
Aymon, evesque de Tarbe ; en conséquence duquel titre j'ay pris possession de
ladite cure le ? may 1752, feste de la Pentecoste, pour la plus grande gloire de
Dieu, pour le salut de mon âme et de tous mes parroissiens. » (Registres de la
paroisse de Louey.)
5. Lacay. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
6. Etal des paroisses en 1783, t. III, p. 689.
CURÉS DE LOUEY ET HIBARETTE llj
fruicts décimaux et qu'il opte au contraire la pension de cinq cens livres
en argent et titres, portion congrue fixée par ledit du mois de may 1768,
enregistré le 3 juin 1769, ordonner que, conformément à l'article douze
de cet édit, il sera procédé par expjrts qui seront nommés par devant
le commissaire qui sera depputé sur les lieux à l'estimation des fruits,
biens et revenus abandonnés par ledit Defes, curé, pour leur relation
faite et rapportée estre le susdit acte d'abandon et d'option homologué
par la Cour à l'effet d'être irrévocablement exécuté ; vu ladite requette
de soit montré dudit jour, copie d'acte d'abandon et d'option du huit
janvier dernier, ensemble les conclusions du procureur général du roy,
mises au dos de ladite requette, la Cour, ayant égard à ladite requette
ordonne qu'il sera procédé par experts qui seront nommés par les
parties intéressées par devant Salles, conseiller doyen au Sénéchal de
Tarbe, à ce commis et depputé à l'extimation des fruits, biens et reve-
nus abandonnés par ledit Defes, curé des lieux de Louey et Hibarette,
son annexe, par l'acte du huit janvier dernier, pour ladite relation faite
et rapportée être le susdit acte d'abandon et d'option homologuée par
ladite cour à l'effet d'être irrévocablement exécuté. Prononcé à Tou-
louse en parlement, le 9 mars 1780. Control. 3 deniers 2 sols. Verchac.
— Collât. 4 livres 1 denier 11 sols. Verchac. — M. Detherm Novital
rap. 6 écus.1
II
La cure d'Orincles est de nomination épiscopale.
Le premier curé d'Orincles connu est Dominique Guabarde,
d'Orincles (1 780-1621), qui résigne sa cure, le 30 août 1621, en faveur
de Daniel Béguadan, d'Adé, clerc tonsuré.
Jean Trusse (1657), archiprètre d'Adé, chapelain de Gualoubet et
Dousse, résigne sa cure d'Orincles, le 20 mars 1657.
Arnaud Laffont ( 1 648-1665), vicaire de Visker, a pris possession de
la cure d'Orincles, le 16 novembre 16482 ; et, le 6 juin 1663, il s'est fait
installer archiprètre d'Ibos.3
Jean Carrère (1669-1671), frère de Jean Carrère, notaire de Bénac,
resta curé d'Orincles quelques années seulement et il mourut, le 23
décembre 1 67 1 , à l'âge de 47 ans; il a été enseveli à Bénac.4
1. Archives départementales des Hautes-Pyrénées, série G, article 1025.
2. Daquo. Etude Candellé à Ossun.
5. Carrère (Jean . Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
4. Registre des sépultures à Bénac.
124 LE BENAQUHS OU BARÔNNtE DE BÉNAC
Dominique Vignaux (1678-1699), résignait, le 7 novembre 1699, la
cure d'Orincles en faveur de Dominique Cazaux, curé de Lézignan.1
Dominique Canaux (1699-1701) résigne à son tour, le 1$ décembre
1701, en faveur de Pierre Cazaux.2
Pierre Cadeaux (1701-1731) resta curé d'Orincles pendant 30 ans.
Bernard Laçage (173 1-1742) était vicaire de la paroisse avant d'en
devenir le curé (1729-173 1). Le 10 juillet 1731, il était nommé curé; il
meurt en février 1742.
Hilaire Daquo, de Visker (1742), était curé de Garlin, quand il vint
prendre possession de la cure d'Orincles, laissée vacante par le décès
de Bernard Lacaze. Il était gradué de l'université de Bordeaux. Hilaire
Daquo avait pour père Jean Daquo, notaire à Bénac d'abord, ensuite
à Visker, où il s'établit définitivement. Dominique Daquo, frère du
curé d'Orincles, s'établit à Layrisse, et, de là, il exerçait, à son tour, les
fonctions de notaire.
Le 9 décembre 1760, Hilaire Daquo, étant archiprôtre de la cathé-
drale de Tarbes, installait curé de Layrisse un de ses vicaires, Pierre
Prat.3
Dominique Maignac (1743-17 54) a couronné une vie de bonnes
œuvres par une sainte mort, le 6 mai 1 754,* après avoir dirigé la pa-
roisse d'Orincles pendant 1 1 ans.
Jean Pral (17^4-1773) prend possession de la cure d'Orincles le 13
mai 1 7 t 4 . 5 II résigne sa cure le 11 octobre 1773; il est nommé à
l'archiprètré d'Aucun « en la montagne », permutant avec Thomas
Duprat.6 •
Le sanctuaire, l'église tout entière d'Orincles demandent des répara-
tions urgentes, un devis estimatif de ces réparations a été dressé, des
1. Colin. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
2. Salles. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
3. Daquo. Etude Candellé à Ossun.
4. L'an 17^4 et le 6 may est décédé monsieur Dominique Magnac prêtre et curé
d'Orincles, âgé d'environ soixante ans, après avoir reçu les sacrements de péni-
tence et l'Eucharistie, le lendemain son corps a été inhumé dans le sanctuaire de
l'église dudit lieu par moy bas signé. Présents: MM. les curés de Lairisse et
Averan et de Bartrès quy ont signé avec moy et avec M. le vicaire. Ravielle,
archiprêtre d'Adé, Abbadie, curé de Layrisse, Anthian, curé de Bartrés, Caza-
nabe, vicaire dudit lieu. (Registre d'Orincles.)
'-, . Archives départementales des Hautes-Pyrénées, série B, articles 9J-IOJ.
6. Daquo. Etude Candellé à Ossun.
CURES D ORINCLES I2t
ordonnances ont été signifiées aux gros décimateurs « quy se sont
toujours refusés de faire faire les dites réparations, do mémo que de laire
les fournitures comprises dans ladite ordonnance; ce quy a esté cauze
que ladite esglize a esté interdite ». Les habitants ne veulent pas qu'un
pareil incident se reproduise, ils vont obliger les gros décimateurs en
les attaquant auprès de M. le sénéchal de Toulouse.
Le 4 septembre 1771... au lieu d'Orincles. . . feurent présents les
sieurs Bernard Garoby et Jean Pécoste, consuls et autres... tous
habitants du lieu d'Orincles, assemblés au son de la cloche, aux formes
ordinaires, auxquels par ledit sieur Garoby, premier consul, a esté dit
et représenté que despuis environ dix huit moys, il auroit esté procédé
d'autorité du seigneur evesque à la vérification des réparations à faire
dans le sanctuaire et esglise du présent lieu d'Orincles, qu'il auroit esté
dressé un devis estimatif desdites réparations et ordonnances rendues
en conséquence quy a esté signifiée aux gros décimateurs quy se sont
toujours refusés de faire fa're lesdites réparations de même que de faire
les fournitures comprises dans ladite ordonnance, ce quy a esté eau^e
que ladite esglise a esté interdite ; et comme il importe à ladite commu-
nauté de faire procéder incessament aux susdites réparations et à
d'autres quy sont survenues depuis, et qu'elle a mesme attaqué lendits
gros décimateurs à raizonde ce devant M. le séneschal de Bigorre, ledit
premier consul a convoqué la présente assemblée pour délibérer sur ce
qu'il y a à faire à raizon de ce qu'il conviendrait de nommer un sindic
pour la poursuitte dudit procès; sur quoy ladite assemblée après avoir
approuvé la proposition dudit consul, d'un commun accord et d'une voix
unanime, a créé, nommé et constitué pour sindic à ces fins le nommé
Dominique Péré, habitant du présent lieu, auquel dit sindic la présente
assemblée donne pouvoir de faire toutes les diligences nécessaires
contre lesdits gros décimateurs pour parvenir à faire faire les susdites
réparations, et ce devant mon dit sieur le séneschal de Bigorre où le
procès est pendant, de créer et constituer tous advocats et procureurs...
Barou, Garoby, Deffis, Carassus, Dusser, Batac, Saint- Pastous,
Fosses, Fontan, Prat, Artiganave, Cazabonne N. R.1
Jean Prat était depuis deux mois archiprètre d'Aucun, quand ses
anciens paroissiens allèrent réclamer la somme de quarante francs qu'il
devait pour des réparations qu'il n'avait pas fait exécuter au presbytère
d'Orincles, alors que ces réparations lui incombaient. Il s'exéci te à la
satisfaction générale.
Jean Prat était le frère de Pierre Prat, qui, le 11 novembre 1775,
mourait curé d'Averan et Layrisse.
I. Cazabonne. Elude Candellé à Ossun.
126 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
Thomas Duprat (177 3-1 791), « ne à Lannemezan, bachelier en droit
canon, ordonné en 1762, travaillait dans le ministère depuis ledit tems.
Trois ans à Madiran, et cinq ans à Piétat ou Barbazan-Debat, je fus
alors nommé à la cure de Lannemezan en qualité de gradué, malgré la
résignation faite en faveur d'un autre qui ne l'était pas; dans le doute
si ledit lieu exigeoit un gradué, étant sujet aux octrois, comme les
grandes villes; j'en fus démis par une sentence rendue par le sénéchal
de Toulouse à laquelle j'acquiesçai. Maintenu dans le même poste, j'y
servis un an et demi de plus, et ensuite nommé archiprêtre d'Aucun, où
je ne restai que six mois à raison de ma santé ; je fus obligé de faire une
permutte avec le curé d'Orincles où je suis depuis dix ans, espérant de
vos grâces quelque chose de mieux ».'
Les réparations urgentes, qui s'imposaient à l'église d'Orincles en
1771, ont-elles été accomplies ? Nous l'ignorons. Ce que nous savons
bien, c'est qu'en 1776, les habitants d'Orincles ont dû se réunir en
corps de communauté pour pourvoir aux travaux nécessaires à l'église,
afin d'éviter l'interdit de l'évèque, qui toujours plane sur cette pauvre
maison de Dieu.
« L'an 1776 et le 19 may... au lieu d'Orincles. . furent présents
Dominique Batac dit Catala. et Jean Mouremble ditCauhadé, consuls,
et autres habitants... assemblés au son de cloche aux formes ordinaires,
auxquels par ledit Catala. premier consul, a esté représenté, qu'ayant
esté menacés d'avoir l'esglize dudit lieu d'Orincles interdite de la part
de monseigneur l'évoque de Tarbe, faute d'avoir voulu y faire faire les
réparations nécessaires et convenables, pour esvitter ce désagrément,
il auroit este posé des affiches pour savoir si personne vouloit faire
l'entreprise desdites réparations et le sieur Jean Matet, maître char-
pentier, habitant du lieu de Lanne, s'estant présanté, il auroit dressé
un devis de toutes les réparations à faire dans ladite esglise, et auroit
voulu se charger de les faire et de fournir tous les matériaux nécessaires
moyennant la somme de 310 livres; et attendeu que personne plus ne
s'est présenté, ledit premier consul a proposé à ladite assemblée d'en
faire la délivrance audit Matet. Sur quoy ladite assemblée, après avoir
approuvé la proposition du premier consul, a reçeu et accepté l'offre
dudit Matet et en conséquence ledit Matet dit Lapène, de son gred et
volonté, s'est chargé, comme parle présent acte il s'en charge, de faire
dans l'esglise dudit lieu toutes les réparations nécessaires et convena-
bles pour tout ce quy concerne la charpente, et suivant qu'elle soit
expliquée et détaillée dans le devis qu'il en a dressé et signé luy-mesme
et qu'il a remis tout présentement entre les mains du premier consul, et
1. Etat des poroisses en *78j, '• '- p. 117.
CURES D ORINCLES I 27
de fournir tous les matériaux nécessaires ; et ce, moyennant le prix et
somme de } 10 livres que lesdits consuls et habitants tous ensemble soli-
dairement promettent et s'obligent de luy payer aux termes suivants
sçavoir : la moytié avant de commencer lesdites réparations, et l'autre
moytié après que lesdites réparations seroient finies et parachevées, et
après qu'il aura esté procédé à une vérification pour sçavoir si elles ont
esté faites conformément au susdit devis ; à laquelle vérification sera
procédé de suite, à frais communs, et par des experts pris à l'amiable ou
d'authorité de justice ; conveneu que ledit Matet s'oblige d'avoir finy
toutes les réparations dans le delay de deux moys ; lequel delay ne
commencera à courir que du jour que lesdits habitants auront compté
le premier payement ; et ladite communauté s'oblige de fournir audit
Matet deux grosses pièces quy sont autour de l'esglise, et que les
vieux matériaux quy ne pourront pas servir tourneront au profit dudit
Matet. . . Fait, leu et passé en présence du sieur Jean Larcade, armu-
rier de la ville de Lourde, et François Deffis, habitant du Barry de
Bénac. . . »
Matet, Batac consul, Deffis, Larcade, Cazabonne, N. R.1
« Qui n'entend qu'une cloche n'entend rien », disent les vieux pro-
verbes de nos pères ; et les Orincliens veulent entendre l'heure des
réunions à l'église et y assister.
« La grande cloche de la présente parroisse, disait, le i^ octobre
1787, Dominique Carassus, est cassée et fellée, depuis quelque tems,
il est très nécessaire de la faire refaire. Et la commune d'un accord
unanime, nomme ledit Carassus pour sindic avec obligation pour lui de
faire procéder incessament à la réfaction de ladite clocha et d'acheter
à ces fins troys quintaux de fonte. Pour le payement de ladite fonte, il
demeure convenu qu'il sera employé en premier lieu le montant du prix
de ferme du pred que la communauté possède au lieu d'Orincles. Noël
Corralis, fondeur résidant à Portet en Béarn, sera chargé d2 façonner
cette œuvre.2 »
Voilà comment les habitants d'O/incles ont eu de nouveau deux
cloches !
Pendant longues années l'église de Visker fut l'église « maîtresse »
et Saint-Martin et Loucrup en furent les annexes. Mais vint un jour
1. Cazabonne. Etude Candellë à Ossun.
2, Gazabonne. Etude Candellé à Ossun,
128 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BENAC
où le curé préféra la plaine aux coteaux. Nous verrons dans quelles
circonstances.
Ramond La/argue, de Barran (1567), était installé curé de Visker,
le 23 mai 1567. Il était prieur d'Artigue-Frémat.1
Bernard Abadesse (1587).
Menaultde Pomès afferme la maison, un petit tronçon de jardin
barrât, la moytié des pommes croissantes audit corral-vergier, ensemble
s'il est besoing y semer un coart de seigle, à M. Bernard d'Abbadesse,
prebre et recteur de Visquer et Saint-Martin. Ledit Abbadesse sera
teneu et a promis luy bailher la paille qui proviendra des fruicts déci-
maux de la cure de Saint-Martin, se reservant ledit Abbadesse le fruict
quy pourra nestre pour ledit jardin... Présents Pierre Clabe d'Yvos
et Guilhem Carrère de Tarbes. . . 17 septembre 1 S87.2
Arnaud Abb.uiie ( 1621-1641 ) est né à Loubajac. Il prend possession
de la cure de Visker, le 3 février 1622.'' Arnaud Abbadie signa comme
témoin dans le contrat de mariage de Jean Dulac, historiographe, et de
Bertranne de Pomès, de Saint-Martin, le 51 mars 1625.*
Michel Soubirou (1645), prêta cette année à la communauté de Lou-
crup » la somme de cent vingt livres de vingt sous en piastres et demi
piastres et autre bonne m innove :i qui lui fit titre par devant notaire ».
Pierre Casanabe (16$ 3-1 663). Les années sont mauvaises; les sol-
dats du roi de France sont logés dans le pays de Bigorre ; les com-
munes sont imposées d'office, elles doivent pourvoir à la subsistance
des gens de guerre ; le curé est mis à contribution par ses paroissiens.
La communauté de Saint-Martin prend le blé de la fabriqua de l'église
du lieu, pour la somme de cent vingt trois livres et demie; et chacun
s'engage à payer sa part. Cela se passe le 12 janvier 1 6 =; 4 . 6
1. Lassalle. Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
2. Noguès. Etude F.-A. Vivier à Tarbes.
5. Souvenir de la Bigorre, t. IV, p. t;;.
4. Carrère Pierre de). Etude F.-A. Vivier à Tarbes.
•; . Carrère (Pierre de . Etude F.-A. Vivier à Tarbes.
6. Le 12 janvier 1054... à Saint-Martin... Arnaud Lasso dit Poulige, Jean
Mirepoix, Jean Trame/aïgues dit Moulât... et autres habitants; lesquels volon-
tairement l'un pour l'autre... Ont recogneu et confessé debuoir à l'esglize de
Saint-Martin, au presant, et faizant pour l'esglize Guilhem Menvielle, margullier,
sçavoir est la somme de cent vingt trois livres et demy et pour raizon et eompte
CURES DE VISKER 1 29
Mais la crise continue ; l'argent devient rare de plus en plus ; il faut
cependant payer les impôts. C'est une obligation à laquelle on ne peut
pas se soustraire. Jean Casanabe, vicaire de Saint-Martin, fait appel à
la justice de tous les habitants :
Le 9 septembre 1668. . . M. Jean Casanabe, vicaire de Saint-Martin,
faizant pour et au nom de M. Pierre Casanabe, curé de Saint-Martin,
Bisquer et Locrupt; lequel, ayant la présence de Domenge d'Abbadie
dict Bordenave, Jean Broqua dict Baile, consuls, auxquels ledit Casa-
nabe, vicaire, a dict et représenté que ladite communauté et particuliers
d'icelle sont desviteurs et redevables à la fabrique de l'esglize des
fruicts de la fabrique despuis plusieurs années précédentes ; et n'ayant
ladite communauté ou fermiers susdits payé les décimes que ladite
esglize fait au roy ; à cauze de quoy et à faulte desdits payements,
M. Briquet, receveur des deniers, fit capturer prisonnier, le 6 courant,
Domenge de Thou, fils d'autre Domenge de Thou, ayné, duditlieu de
Saint-Martin, iceluy détenu prisonnier es prisons royalles de Tarbes.
C'est pourquoy ledit Casanabe, vicaire, a sommé et somme, requier de
tout présentement aller payer lesdits deniers et à faute de ce faire pro-
teste comme de droict. . . Daquo N. R.1
Henry de Moussart (1 686-1 707) se plaint depuis longtemps de l'insuf-
fisance de son logement à Visker. Les trois communes devraient contri-
buer par égale part aux réparations du presbytère. Les habitants de
Saint-Martin offrent leur concours, ils mettent même à la disposition du
curé une grange pour recueillir les fruits décimaux.8
Gabriel Duclos (1 707-1 708), bachelier en théologie, était curé de
de la valleur en graing preste l'année 1655. En laquelle dite somme Arnaud Lasso
Teulé doibt donner pour sa part la somme de 19 livres 15 sols tournois; Bernard
Mirepoix 13 livres et demy; Tramezaïgues dit Moulât 9 livres; Jean Broqua 19
livres 15 sols tournois; Glaudy Tramezaïgues 10 livres 10 liargs; Domenge Bego-
let dit l'Aulne ij livres et demy; Jean Mirepoix dit Paby 4 livres et demy;
Domenge de Thou 15 livres et demy; Jean de Courtade dict Casanabe 10 livres
10 liargs; Py Pomes dict Condou j livres 7 sols tournois et demy; Menge Cour-
tade dict Annette 9 livres ; Jacques Duprat 9 livres; Arnaud Vignes 5 livres 12
sols tournois et demy; François de Banchi 11 livres 5 sols tournois : Domenge de
Pla 19 livres 13 sols; Jean Courtade dict Tourtereille 4 livres et demy; Bernard
Broqua 8 livres moins 10 liargs; à laquelle dite esglize lesdits débiteurs ont promis
et promettent de payer la somme à la charge de l'inthéret au jour et feste de la
Tossainctz prochaine. . .
Cazanabe prebre, Pomès, Broqua, Daquo N. R. (Candellé à Ossun.)
1. Daquo. Etude Candellé à Ossun.
2. Barrère. Etude F.-A. Vivier à Tarbes.
I }o LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
Soues quand il vint prendre possession, le 4 novembre 1707, de la cure
de Visker et ses annexes, vacante par le décès d'Henry Moussart.1
Le 19 octobre 1708, il permutait avec Jacques Laban, curé de Hagedet.2
Jacques Laban (1708-1720). En février 1720, Jacques Laban rendait
sa belle âme à Dieu ; il allait recevoir au ciel la couronne réservée à
ceux qui, sur la terre, combattent le bon combat.
Pierre Junquières (1720-17 54) était curé de Sabalos quand, le 6 mars
1720, il vint prendre possession de la cure de Visker.3
Pierre Junquières n'est pas content de ses paroissiens : ils ne
font pas réparer le presbytère. On se montre plus généreux à Saint-
Martin. Le 26 octobre 1 77 3 5 , les propriétaires de cette commune veu-
lent s'imposer les plus [lourds sacrifices si Junquières consent à venir
habiter la plaine. On lui bâtira un bel édifice... avec l'argent des
forains.4
Le curé de Saint-Martin ne jouit pas longtemps en paix du bien-être
de la plaine. Les esprits changent et les cœurs se pervertissent. Il est
peut-être à se repentir d'avoir quitté les hauteurs de Visker, où la foi
est si vive et le respect pour le prêtre si profond !
Le 18 octobre 1736, jour de foire à Lourdes, Pierre Junquières avait
acheté un cheval à M. Dupont, prieur commendataire de Saint-Orens ;
le cheval était de toute beauté, on s'en aperçut. Dans la nuit du 29 au
30 décembre 1739, on s'introduisit dans l'écurie ; on obligea la pauvre
bête à quitter le logis où chaque jour elle trouvait :
Bon soupe, bon gîte...
Comment découvrir le coupable? Dans la paroisse, on n'a vu ni le
cheval ni le voleur. Les tribunaux civils ont poursuivi l'affaire, mais les
bouches sont restées closes. Les juges laïques réclamèrent alors le
monitoire5 de l'autorité ecclésiastique : l'evêque fit appel à la foi de
1. Lacay. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
2. Salles. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
j. Lacay. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
4. Barrère. Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
5. Le monitoire était une ordonnance de l'autorité ecclésiastique, qui se
publiait au prône des paroisses, et enjoignait sous peine d'excommunication, de
déclarer avant telle époque fixée ce qu'on savait sur les crimes, visés par le
CURES DE VISKER.
ÏJI
cette population ; l'excommunication fut lancée contre toute personne
qui se refuserait à dire ce qu'elle savait sur le vol du cheval.
Offi.cia.lh Tarbkns's capellaivs de Tarbia et aliis, salutem in Domino.
Mandamus vobis quatenus ad instantiam de M. Pierre Junquières, prêtre
et curé de Saint-Martin, par ordonnance de M. le sénéchal de Bigorre,
juridiction criminelle du jour d'hier, ex parle nostra canonice et peremp-
torie moneatis omnes et singulos parochianos vestros utrius que sexus,
œlatem perfectam habentes, qui sciant res infra scriptas, révèlent intra sex
dics, sub peena excommunicationis quam feremus si huic monitioni nostrœ
non paruerint cum effeclu, nisi causam juslam et rationabilem allegare
voluerint, ad quam allegandam ad diem juridicam Tarbiœ assignalis.
Dalum Tarbia', die undecima mensis februarii, anno Dominï IJ40,
Contre toute personne de quel état, sexe ou condition qu'elle soit,
qui sache pour l'avoir fait, fait faire, veu, ouy dire, ou autrement, qui
sont les personnes ou personnages qui entreprirent, la nuit du 29 au 30
décembre 1739, d'entrer dans la grange du presbytère de l'impétrant,
au lieu de Semmartin, et de lui voler son cheval, poil noir, trois pies
blancs, sçavoir deux de derrière et un de devant, avec une marque au
front, de l'âge d'environ quatre ans ; que les mêmes personnages eurent
le soin de mettre la scelle audit cheval, garnie d'une housse de drap
violet, les boucles de la scelle d'argent achetée avec une bride mors de
maître et houssette jaune ; que les mêmes personnages pour entrer dans
ladite grange, afin de mieux commettre le vol, abattirent les croisées
de la porte principalle, et s'etant ainsi frayés du chemin, ils en menè-
rent et volèrent ledit cheval harnaché.
Item qui sont les mêmes personnes ou personnages, qui ont prêté la
main aux voleurs pour commettre le vol dudit cheval; qui sont ceux
qui les ont réfugiés chez eux et, par la retraite cachée qu'ils leur ont
prêtée, ils ont participé audit vol en leur donnant les indices et les
moyens convenables pour y parvenir.
Item qui sont les mêmes personnages qui ont veu le cheval entre les
jambes du voleur, et s'ils n'ont pas reconnu celui qui le montoit et que
c'étoit le cheval de l'impétrant.
Item qui sont les personnes qui se sont jactées que devant faire
voyage, il ne leur manquoit que le cheval de l'impétrant, qu'ils auroient
ce même cheval dussent-ils ravir la vie pour l'avoir à l'impétrant.
Item qui sont les mêmes personnages qui sçavent que le cheval fut
conduit immédiatement après le vol et mené dans une grange et maison,
où il resta caché le reste de la nuit du vol, et qu'on eut le soin de le
faire partir un peu avant le jour.
Item qui sont les personnages qui sçavent qu'on a fait séjourner ledit
cheval, pendant vingt quatre heures, au lieu de Viger, qu'on a reconnu
moratoire et d'en dénoncer les auteurs. En France, c'étaient les juges laïques qui
réclamaient de l'autorité ecclésiastique le monitoire, quand ils ne pouvaient
éclairer les faits portés à leur tribunal. Le monitoire s'employait aussi pour
obliger les coupables à réparer le tort grave qu'ils avaient fait.
I32 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
celui qui le montoit, qui ensuite prit la fuite, monté sur ledit cheval,
tirant du costé d'Aspin.
Estimant la perte ci-dessus la somme de huit cens livres.
Tous concents, sachants et intelligent l'ayent à dire et révéler sur
peine d'excommunication.
Souville officiai. J. Lacaze pour le greffier.1
Sceau de l'officialité. 3 Pages papier in-8°.
Le cheval est-il revenu à l'écurie de M. Junquière?. . . Je l'ignore.
C'était un usage constant que le curé nommait les marguilliers
« d'accord avec les anciens marguilliers, quy luy présentent un nombre
de sujets, parmy lesquels il a droict de choisir ceux qu'il veult », et
qu'à la fin de l'année, il leur faisait rendre compte de leur gestion.
Tout cela était dans l'ordre, mais tout cela n'était pas du goût des
meneurs. La communauté remplaça, de son chef, les marguilliers nommés
par le curé par des hommes qui leur étaient dévoués. Les habitants de
Saint-Martin reprochaient au curé d'avoir laissé en place pendant les
années 1747, 1748, 1749, Louis Thou dit Thoulouze, son beau-frère.
Ils voulaient obliger ce dernier à rendre ses comptes de fabrique, non
point au curé, mais à l'assemblée générale des habitants. Pierre Jun-
quières prie alors les vicaires généraux de déléguer un prêtre pour
approuver les comptes de son beau-frère. L'officialité répond aussitôt :
« Veu la présente requette et pour les raisons y énoncées, avons
commis M. le curé de Horgues pour ouïr et clôturer le compte dont
est question, conjointement arec ceux quy ont droit d'y assister. Et afin
que tous les intéressés en soient suffisamment instruits, la présente
requette ordonnance, l'acceptation dudit sieur commissaire et le jour
par luy désigné seront publiés au prône de la messe paroissialle dudit
lieu d'avance. Donné à Tarbes, le 14 avril 175 1 . Souville, v. g.2
Fatigué de cette vie de luttes continuelles, Junquières se donne un
remplaçant. Le 3 novembre 17/53, '' résigne la cure de Saint-Martin,
Visker et Loucrup en faveur de Bernard Durand, archiprètre des
Andes.3
1. Archives de M. le chanoine de Nodrest à Tarbes.
2. Archives de M. le chanoine de Nodrest à Tarbes.
5. Lacav. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
CURES DE VISKER
Bernard Durand ( 1754-177 1) était né à Arcizac-Adour. A son titre
d'archiprètre des Angles il avait ajouté celui de titulaire de la prébende
N.-D. des Agonisants, fondée à Arcizac par ses ancêtres. Il possédait
aussi la prébende du Saint-Sacrement d'Amadis, fondée à la cathédrale
par Amadis, chanoine. Cette fondation donnait un revenu de 170 livres.
La population de Visker supporte avec peine que le curé les ait
abandonnés pour résider à Saint-Martin. Inde irœ. Que le pasteur se
tienne bien et qu'il ne néglige aucun de ses devoirs, ou qu'il s'attende
aux revendications d'un peuple froissé.
Il était d'usage que le curé chantât la messe de minuit à Noël dans
l'église de Visker. L'année 1758, ces derniers en furent privés; mais
le surlendemain ils protestaient contre cette infraction à un de leurs
droits le plus sacré :
Le 27 décembre 1778. . . dans la place où la communauté a coutume
de s'assembler, en la forme ordinaire, au son de la cloche... Jean
Murraté dit Baget darré, Jacques Cazalas, consuls... lesquels ayant
obteneu une ordonnance sur pied de requettes, le 20 du courant, portant
que M. Durand, curé dudit lieu de Visquer y célébroit la messe de la
minuit, comme c'étoit d'usage chacune année, offrant de le prouver ;
néantmoings ledit sieur curé, pour intervertir cet usage, s'est pourveu en
opposition envers ladite ordonnance, par exploict du 24 courant, unique-
ment pour priver lesdits constituants de la messe de minuit, ce qui a
causé beaucoup de scandale audit lieu de Visquer ; ne voulant pas
abandonner un droit qui leur est acquis, lesdits constituants d'un accord
unanime, de leur bon gré, pour la poursuitte de l'instance formée en la
cour de M. le senechal de Tarbe, créent pour leur sindic spécial et
général... Pierre Tramezaïgues, laboureur, habitant dudit Visquer,
auquel ils donnent plein pouvoir de poursuivre ladite instance, tant
audit seneschal qu'en la Souveraine cour de parlement de Toulouse, si
besoin est, et de constituer audit seneschal tel procureur qu'il trouvera
à propos, de même qu'audit parlement, luy donnent en outre plein
pouvoir d'accorder, transiger à ce sujet... Conveneu en outre entre
toutes parties que ledit sindic justifiera de l'employ de l'argent par un
état fidel quy sera visé. Fait, leu et passé en présence d'Anthoine Baget
cadet dict Caussade, de Visquer, et Jean Prat dict Bordenave, de
Locrupt... Barrère, Prat, Baget, Moura, Cazalas.
Daquo N. R.1
Le curé continua à habiter Saint-Martin, et la population de Visker
fut déçue dans ses espérances et frustrée dans ses droits.
t. Daquo. Etude Candellé à Ossun,
H4 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
Joseph Barrère (i 772-1792), ordonné prêtre à la Noël 1766, resta
vicaire à la Cathédrale jusqu'au 27 octobre 1 77 1 , jour de sa nomination
à la cure de Saint-Martin. Joseph Barrère fut un des 173 ecclésiasti-
ques délégués à la réunion générale des trois ordres pour la Bigorre,
le Ier avril 1789.1
Le 3 mai 1791, Molinier, Févêque constitutionnel des Hautes-Pyré-
nées, écrivait à la municipalité de Tarbes qu' « il désire sincèrement le
bien et qu'il ne veut s'entourer que de personnes capables de le faire
et qui sont agréables à la commune; il laisse aux membres du corps
municipal le choix d'un de ses vicaires épiscopaux. Dès son arrivée à
Tarbes, il donnera des lettres à celui qu'on aura bien voulu lui dési-
gner. »
La municipalité a été d'avis « qu'on ne pouvait mieux témoigner à
M. Molinier tout le prix qu'on ajoutait à cette marque de bienveillance
qu'en en faisant usage, se réservant d'ailleurs de lui exprimer la recon-
naissance du corps dès le premier moment que la ville aurait le bonheur
de le posséder. » Séance tenante, on a choisi à l'unanimité M. Barrère,
curé de Saint-Martin.
Mais Joseph Barrère n'a pas voulu quitter sa cure; il a refusé lui-
même l'honneur d'assister le nouvel évèque.5
IV
Il était impossible à un seul prêtre de desservir Visker avec ses deux
annexes Loucrup et Saint-Martin; de là, la nécessité d'un vicaire. Par
suite, le nombre de ces prêtres auxiliaires a été grand, comme nous le
verrons par la nomenclature.
Domenge Noguaro ( 1 567) installait Ramond Lafargue, curé de
Visker et prieur d'Artigue-Frémat, le 23 mai 1567.
Arnaud Lciffont (1648) est nommé cette même année curé d'Orincles.
Jacques Vert (1793-1838). Vicaire en 1793, resta à son poste pen-
dant la Révolution et devint curé. Il mourut à Visker en juin 1838.
Une inscription, gravée sur un marbre placé au dessus de la porte
1. Archives départementales des Hautes-Pyrénées, série G, articles 258-261.
2. Journal d'un bourgeois de Tarbes pendant la Révolution. XLV. L'église constitu-
tionnelle.
Vicaires de visker
*î
d'entrée de l'église de Visker, nous rappelle la date de la fondation de
cette dernière.
1820. MOI FIERE
DE MON ENSEMBLE
IE ME DOIS A Me VERT CURE D*t
DE VISKER
XII. — PRIEURÉ RURAL D ARTIGUE-FRÉMAT
Son origine. Ses prieurs.
I
Loucrup est un charmant petit village de 407 habitants, coquettement
placé sur la route de Bagnères à Lourdes. Assis à ^74 mètres au dessus
du niveau de la mer, ce hameau présente aux voyageurs les coteaux
les plus riants, les sites les plus variés. Le touriste, qui court toujours à
la recherche de nouveaux paysages, s'arrête avec bonheur à Loucrup
pour respirer, quelques instants, cet air pur, que ne donnent point nos
villes les mieux partagées.
Pour remercier Dieu des grâces obtenues et pour acquérir des droits
à de nouvelles faveurs, nos pères fondaient soit des prieurés, soit des
chapellenies, soit des obits. Les clercs, dotés de ces bénéfices, les
acceptent avec leurs charges, sous la surveillance des fondateurs ou de
leurs héritiers. Ceux-ci conservent le patronage du bénéfice et s'en
réservent la présentation ; et, quand la famille vient à disparaître, ce
droit revient à l'évèque. Quelquefois même ce droit lui est concédé
par le fondateur. A ces bénéfices avaient droit, avant tous les autres, les
clercs les plus proches parents du fondateur.
Un autre but présidait encore à l'établissement de ces œuvres pies.
Dans ce pays de Bigorre, on n'est pas riche des biens de la terre ; le
sacerdoce, dans les siècles passés, comme aujourd'hui, se recrutait
péniblement. Les familles reculaient devant les fortes dépenses occa-
sionnées par l'instruction des enfants avant d'arriver à la prêtrise. Les
1^6 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
prieurés et les prébendes étaient des secours accordés dès que le clerc
prenait l'habit ecclésiastique et la tonsure. On payait avec ces revenus
les frais de séjour au grand séminaire.
Des âmes généreuses leur ont assuré le pain de chaque jour en
mettant les chapellenies à leur disposition.
Plus tard, au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle, les bénéfices furent
donnés surtout aux gradués ; les grades leur conféraient un certain
droit.
Le prieuré rural dont nous allons, à longs traits, esquisser l'histoire,
portait le titre d'Artigue-Frémat ; il était situé à Loucrup et se trouvait
sous l'invocation de sainte Catherine.1
Le prieuré d'Artigue-Frémat appartenait à l'ordre des prieurés sim-
ples dans lesquels il n'y a point de religieux. C'est un bénéfice, avec
chapelle particulière, que l'on donnait à un prêtre séculier.2
A quelle époque remontent les origines de ce prieuré ? Quel en a été
i. Nous rappellerons le culte exceptionnel rendu à sainte Catherine au Moyen-
Age, surtout dans nos contrées. C'était, d'après les constitutions synodales de 1552,
une fête chômée. Il semble donc que le nom de cette sainte fut celui d'une grande
patronne de la Bigorre. Elle veillait particulièrement sur les lépreux abandonnés.
L'office de sainte Catherine était fort remarquable: fête double avec vigile;
on y trouve des hymnes propres à vêpres, à matines et à laudes. Les antiennes,
répons et versets y sont formés d'hémistiches rimes ; les antiennes des petites
heures sont de véritables hexamètres :
Hccc mundum spernens et mundi florida ducens
Pro nihilù veram studuit cognoscere vltam.
De même l'antienne des secondes vêpres est en vers. Un manuscrit de Ronce-
vaux, la Preciosa, nous apprend que sainte Catherine était en singulière véné-
ration dans nos contrées. {Bulletin de Pau, 1889, p. 530.)
Le 4 mai 1878, Mmt' veuve Moreau, de Faillet (Gironde), écrivait à M. Burosse,
chanoine à Tarbes : « Nous nous occupons en ce moment de recueillir des notes
sur le culte de sainte Catherine, vierge et martyre, au IVe siècle. A Bordeaux,
dans nos anciennes basiliques de Saint-Michel et de Saint-Seurin, sainte Catherine
était fort honorée, et le département possède d'anciennes chapelles sous le
vocable de cette illustre sainte. Ne pourriez-vous pas nous dire si, à Tarbes, il
n'y aurait pas quelques chapelles ou quelques documents qui indiqueraient le culte
et la dévotion à sainte Catherine. Vous nous obligeriez si vous pouviez nous
renseigner à ce sujet. (Archives Burosse à Hères.)
Nous ne connaissons pas la réponse de M. le chanoine, mais elle dut être affir-
mative, car les chapelles sont nombreuses et nombreuses aussi les personnes qui
ont sainte Catherine pour patronne, vrai témoignage de la dévotion du peuple à
cette sainte.
i. Voir plus haut, p. 84.
PRIEURE D ARTIGUE-FREMAT
le fondateur } Le premier titulaire r Voilà des questions auxquelles il
nous est impossible de répondre d'une manière certaine.
L'évèque de Tarbes nomme à ce bénéfice.
Les seigneurs de Bénac prétendaient avoir des droits sur Artigue-
Frémat; ils voulaient enlever à l'évèque la nomination et pour cela ils
recherchaient les titres de cette fondation. Mais laissons la parole à
l'abbé Taurel, abbé de Lézat. Le 21 avril 1572, il écrivait à Philippe
de Montaut-Bénac, sénéchal de Bigorre, la lettre suivante :
Monsieur j'ay diffère iusques auiourd'huy à vous donner nouvelles
de l'affaire du jus patronnât d'une chapelle Saincte-Caterine pour ce
que plus tôt ie n'ay reçeu nouvelle de M. Boerie, ce qu'il ma mande
qu'il ne se souvient aucunement que du vivant du feu prebandier
Esquibe, son couzin, et son procez à Tholoze feussent produictes les
pièces que vous demandez et qu'il ne le trouve ny vray ny vraysemblable ;
mais ayant fayt fayre deligence ailleurs, il s'est trouvé aux papiers de
quelques religieus, qu'estoict sendic, dernièrement décédé, que feurent
cachez soubs terre durant les troubles un tiltre que ie croys estre le
principal de la fondation de ladite chapelle, par lequel en ce que ce
peult lire, pour ce qu'il est fort gasté et corrompeu, il appert que le jus
patronnât de ladite chapelle et droict de présentation appartient à vostre
maison, et l'institution au prieur et pitanciers de mon chapitre ;■ ledit
tiltre aussy contient les charges et reveneus de ladite chapelle ; mais en
ces endroicts il est fort effacé et ne ce peult bonnement lire ; bien fayt
mention ledit tiltre que vous en avez autant de votre part; mais corne
que ce soyt, ie vous communiqueray le nostre tel quil est, touttefois quil
vous plaira mander homme de par deçà et en tout aultre endroict; ie
m'employeray pour vous fayre service d'autre bon cueur que ie supplye
le Créateur vous ottroyer en parfaite sancté et grâce me recommandant
à la vostre.
De Lezat, ce 21 apvril 1572.
Vostre affectyonné voysin à vous fayre service.1
F. Taurel.2
Les seigneurs de Bénac ont des droits sur le terroir de Loucrup ;
nous en avons vu la preuve dans le cours de cette étude, droits indé-
niables, qu'ils ont conservés jusqu'au jour où ils ont disparu eux-mêmes
sous le cataclysme révolutionnaire de 1789.
1. La seigneurie de Montaut appartient aux barons de Bénac, elle se trouve
dans le voisinage du monastère de Lézat (Haute-Garonne).
2. Chartier du grand séminaire d'Auch, n°ji32.
I38 LE BÈNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
il
Les prieurs, percevant les fruits de leurs bénéfices, devaient pourvoir
aux réparations de la chapelle. Se sont-ils exactement acquittés de cette
obligation r Ils affermaient les revenus et faisaient rentrer leurs rentes.
Se rendaient-ils toujours compte des réparations urgentes dont avaient
besoin les bâtiments, et faisaient-ils droit aux exigences de la situation?...
Quelques noms et quelques dates nous feront connaître le prieuré
dans sa vie aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Aurais-je retrouvé la
succession des prieurs d'Artigue-Frémat pendant ces deux cent cin-
quante ans qui nous séparent de la Révolution ? Les redites seront
nombreuses, les documents seront peu variés, mais je les crois propres
à piquer une légitime curiosité.
1466. — Pierre d'Ossun. — a II prit le parti de l'église. Il étudia en
droit canon dans l'université de Toulouse, le recteur lui accorda, le 25
mars 1465, des lettres d'étude, par lesquelles il est déclaré noble du
côté paternel et du côté maternel. Elles furent signifiées, le 6 avril 1466,
à Raimond-Aimericde Baseillac, abbé de Saint-Pé.
Pierre était alors bachelier de cette faculté, et possédoit la cure de
Saint-Laurent de Casteide, les prieurés simples d'Artigue-Frémat et de
Caubin, diocèse de Tarbe. Il eut depuis la cure de Rozès, la chapelle
de Saint-Jean de Garlin, les cures d'Azereix, diocèse de Tarbes, et de
Caugac, diocèse de Rieux.
Il s'attacha beaucoup à Pierre de Foix, cardinal diacre du titre de
Saint-Corne et de Saint-Damien.
Pierre d'Ossun fut reçu protonotaire, le <, octobre 1484, en présence
de Jean de Varania, abbé commendataire de Saint-Paul de Narbonne.
11 y a bien de l'apparence, que si le cardinal de Foix eut vécu assez
longtemps, il auroit procuré à son ami une dignité plus éclatante. Il
l'avoit fait son vicaire général au spirituel et au temporel; il avoit
commis le diocèse d'Aire à sa vigilance. On lit même dans des mémoires
modernes, qui sont à Ossun, que le protonotaire fut évêque d'Aire et
de Sainte-Quiterie du Mas. On ne trouve rien dans les catalogues des
prélats de cette église, qui confirme cet événement. Il se pourrait bien
que le cardinal, qui par reconnoissance pour Arnaud-Raimond de
Palatz, son précepteur, lui avoit relâché l'évôché de Tarbe, auroit
PRIEURS D ARTIGUE-FREMAT I 39
resigné celui d'Aire au protonotaire d'Ossun, et que la mort de l'un et
de l'autre auroit empêché l'effet de la résignation.1 »
1567. — Bertrand La/argue, de la ville de Barran (Gers), est le
premier prieur connu. Il était installé curé de Visker, le 23 mai 1567,
par Domenge de Noguaro, vicaire de Loucrup ; et le 29 du même mois,
il prenait possession par procureur du prieuré d'Artigue-Frémat.
161 o. — Arnaud Lamarque habitait Salles en Manhac dans le canton
de Cassagnes-Bergonhes (Aveyron), quand il fut nommé prieur de
Sainte-Catherine.
Nous trouvons dans Vive, notaire de Trébons, un compromis, passé
entre les habitants de Loucrup et le prieur, par lequel
« ledit sieur Lamarque a promis et promet bailher aux sendics etconsulz
dudit Locrupt, la somme de soixante livres tournoyses pour tous des-
pans et aultres prettentions et iceulz consulz et sindics pourroyct avoyr
contre ledit sieur prieur iusques à troys ans, commençant à la feste
prochaine Sainct-Martin et finyra à pareilh jour, les susdits troys ans
escoulés. Est payable ladite somme par ledit sieur prieur ainsin qu'il
promet fayre : sçavoir, vingt livres à la feste prochaine de Pasques et
les autres quarante livres à la feste sainct Martin, sur peyne de tous
despans, domaiges et inthérets ; en oultre ledit sieur prieur sera teneu
et promet fayre en la porte de ladite chapelle une serrure et clef
honneste et convenable. Pacte et accord faict aussy entre les parties,
que passées lesdites troys années au cas sera nécessaire de fayre des
réparations en ladite chapelle Sainte-Catherine, que ledit sieur prieur
sera teneu de la faire, ou en cas qu'il ne la faira ou retardera, sera
permis aux susdits consulz et sindics de Locrupt qu'ils pourront fayre
fayre icelles réparations nécessaires en ladite chapelle aux despans
d'iceluy prieur. Et d'avantaige, sçavoir ledit sieur Evesque de Tarbe
faira ou faira fayre la visitte dans ladite esglize durant lesdites troys
années ou despuis et pour la manque de réparations et estant convena-
bles en ladite chapelle à cause dudit sieur prieur, que les despans quy
s'ensuivront seront payés par iceluy prieur, non touttefois durant lesdites
troys années les habitants de Locrupt soient teneus n'avoyr puissance,
fayre des réquisitions audit sieur évesque ny aultres que moyennant
cautions suffisantes que ledit sieur prieur bailhera aux susdits consulz
et depputtés de Locrupt, consentant à la main lepvée des fruicts qu'ils
ont faict saizir et arrester à iceluy prieur et alors qu'iceluy prieur volera
retirer iceux fruicts.. . Picqué, Vive, notaire de Trébons, J. de Prat,
A. Lamarque, Vive N. R.2
1. Larcher (J.-B.), Glanage, t. VIII, p. }2î.
2. Vive. Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
140 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
Le prieur, Arnaud Lamarque, avait-il été trop long à ordonner les
réparations à faire à son prieuré? Nos villageois demandaient la saisie
des fruits qu'ils vendaient et ils faisaient alors réparer aux frais du
prieur.
161 8. — Dominique Saint-Martin nous est connu par les deux pièces
dont nous trouvons l'intitulé avec le nom du notaire et la date du
second acte :
Requête de M. Dominique Saint-Martin, prieur d'Artigue-Frémat,
contre M. Anthoyne Pères, prêtre de Locrupt.
Ajournement second de Dominique Saint-Martin, prieur d'Artigue-
Frémat, au lieu de Locrupt, contre Bertrand d'Aube et Anthony Pérès,
prébandiers:
Renessac N. R. — 4 juillet 1 6 1 8 ; contrôl. le 8 juillet 1618.1
1620. — Arnaud de La Morcmbk est l'enfant du pays, il est né à
Orincles. D'un caractère ardent, d'une intelligence vive, d'un savoir
profond, Arnaud de la Moremble a combattu le bon combat, en défen-
dant les dogmes sacrés de la religion catholique contre les protestants.
Nous nous souvenons encore de la gageure qu'il faisait, il y a dix ans à
peine, avec Jean de Guinolas, l'avocat protestant en la sénéchaussée
de Bigorre. Nous n'y reviendrons pas.2
Arnaud de La Moremble eut un jour à faire face à un démêlé avec
le sieur Briquet, receveur des décimes.
Le 10 apvril 1620... Constitué en sa personne propre M. Arnaud
de la Moremble, prebre et prieur d'Artigue-Frémat, lequel parlant et
en paroles adversaires à François de la Courade, dit Sarthé, dudit
Visquer, quy l'auroyt requis de luy voulloir vendre ou aller vendre
audit lieu la quantité et mesure de unze sacs de bled froment, avoine
et milh, sauf à déduire ce que ledit prieur aura prins, sçavoir qu'il a en
main provenant de la rente dudit prieuré d'Artigue-Frémat, pour de
l'argent pouvoir payer au sieur Briquet les décimes, quy luy touchent
de sondit prieuré ; estant aperçu ledit grain ne monter à ce quy est des
décimes, ledit prieur leur fait offre d'y mettre le surplus pour payer
lesdits décimes ; et qu'à faulte de ce et que ledit Briquet luy faict
1. Archives départementales des Hautes-Pyrénées, série B, article 159.
2, Voir plus haut, p. 18.
PRIEURS D ARTIGUE-FREMAT I4I
aucuns despans à faulte de luy payer lesdits décimes, il proteste d'ores
et desya de tous despans, domaiges et inthérets quy s'en pourra ensui-
vre et de tout ce que luy est loisible de protester. Lequel de La Cou-
rade a repondu qu'il luy faict offre d'aller vendre ledit graing quy se
troubera qu'il luy revient estre réellement envers le susdit Briquet. De
quoy et tout ce dessus, ledit prieur a requis à moydit notaire luy en
retenir acte pour s'en servir en ce que besoing sera. . . Arn. Moremble,
Delhom, de Carrère N. R.1
L'année suivante, Arnaud delà Moremble désira joindre au prieuré
de Loucrup la cure d'Orincles. Dominique Guabarde, son compatriote,
occupait ce poste depuis plus de quarante ans; son jeune compétiteur
trouvait que le vieillard avait fait assez de bien et qu'il lui fallait du
repos, juste récompense de son mérite. Mais l'homme de Dieu désirait
attendre la mort au poste de combat que lui avait confié son supérieur
hiérarchique; après maints agissements, Arnaud renonçait à ses préten-
tions à une cure qui ne lui appartenait point.2
1627-1630. — Antoine de Navensan, de Louey, était curé archi-
prètre de Juncalas, quand il obtint le prieuré de Loucrup.
165 2-1660. — Pierre Pagèsc. De longs débats ont eu lieu sous
l'administration de ce prieur ; les fermiers ne payent que péniblement.
Le 24 juin 16^3. . . Peyon de Fourcade dict de Péré, Jean de For-
cade et Jean de Prat confessent debvoir à M. Pierre de Pagèse,
prieur d'Artigue-Frémat. . . la somme de 180 livres pour valleur de
doutze sacs milhet de reste du prix de l'afferme de l'année dernière.3
Les débiteurs se hâtent lentement de payer leur rétribution ; M. de
Pagèse insiste, il obtient une légère diminution de son capital.4
1. Carrère (Pierre de). Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
2. Carrère (Pierre de). Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
5. Nicard. Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
4. Le 29 juin [656... Jean de Prat et Jean Forcade. . . pour leur couple finy,
s'est trouvé qu'ils ont deu donner de clair et de net au sieur de Paçese la somme
de 415 livres 6 sols tournoys, ensemble 16 primes de lin fin des années 1656-57 et
ont dict au sieur de Pagèse qu'ils ont payé les décimes ordinaires et extraordi-
naires dudit prieuré des années 1052-53 et 54 qu'ont dict monter 48 livres pour
I42 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BÉNAC
Un Pagèse était vicaire de la Cathédrale de Tarbes, en 1 Ô5 3 .
166). — Jacques de Pagèse, prieur de Loucrup. Les bâtiments
d'Artigue-Frémat souffraient du manque d'argent; la chapelle réclamait
des réparations urgentes. Les consuls de Loucrup firent un appel
pressant à la bonne volonté du prieur, qui donna Tordre à ses fermiers
de livrer la somme de 82 livres à prendre sur le prix de ferme de son
prieuré. A son tour, Jacques de Pagèse fait appel à la bonne volonté de
ses débiteurs ; il use de tous les moyens de douceur sans arriver à
aucun résultat satisfaisant; il les presse vivement, mais c'est peine
perdue. La justice est saisie de l'affaire ; le créancier se servira de tous
les moyens honnêtes pour rentrer dans ses fonds. Malheur aux récalci-
trants! Il fait vendre par expropriation les terres des héritiers de Jean
de Prat et de Jean Forcade.1
1695. — Michel A^émar prit possession du prieuré Sainte-Catherine
de Loucrup, le 3 juin 1695. Michel Azémar, fils d'Azémar, ancien
capitoul, rue de la Pomme à Toulouse, était diacre et llcentier en droit.
Il afferme en juin 1697 les revenus de son prieuré au « dixmaire de
Visquer, Loucrup et Orincles pour le prix et somme de 120 livres. . .3
1702-171:;. — Joseph Maçon, né à Savignac-Mona, petite paroisse
du canton de Samatan (Gers), était clerc tonsuré du diocèse de Lombez
quand il vint prendre possession du prieuré d'Artigue-Frémat, le 27
novembre 1702, par acte retenu par M0 Salles, notaire à Tarbes.2
Joseph Maçon mourut jeune encore, fin février 171 5.
171 5. — Jacques Bastanies, clerc tonsuré du diocèse d'Oloron, dési-
gna, le 8 mars 1 7 1 5 , Jacques Laban, curé de Visker, Loucrup et Saint-
Martin, « pour son procureur espéciallement fondé ». Jacques Laban,
lesdites troys années. . . Comme aussy ont dict avoir bailhé et payé en descharge
dudit sieur prieur la somme de i<; livres pour la réparation de chapelle dudit
prieuré. (Nicard. Etude F. -A. Vivier à Tarbes.)
Le 10 juin 1660... de Prat et Forcade... appelés à faire leurs comptes avec
M.Pierre de Pagèse... se sont trouvés luy debvoir encore de clair et de net
553 livres 13 sols, ensemble 18 primes poil linet qu'ils ont promis payer solidaire-
ment... entre les mains de Jean Noguès, marchand dudit Tarbes..., 200 livres et
les 18 primes linet à la teste de sainct Barthélémy et la somme restante à la teste
de sainct André prochaine. (Nicard. Etude F.-A. Vivier à Tarbes.)
1. Voir VIIIe pièce justificative.
2. Salles. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
PRIEURS D ARTIGUE-FREMAT I43
au nom du nouveau titulaire, « prit possession du prieuré d'Artigue-
Hérimat, sçis à Loucrup , vacant par le décès de Joseph Maçon n.1
1 741 . — Vincent de Pailhcs, curé de Merralheu, résigne son prieuré
de Sainte-Catherine en faveur d'autre Vincent de Pailhes, prêtre, curé
de Mauvezin, le 18 août 1741.2
1741-1783. — Vincent de Pailhes met en afferme, le 16 décembre
1767, son prieuré : « Pierre Lacoste, dict Casanabe, de Locrup, le
prend pour la somme de 320 livres.3 »
L'hiver de 1770 a 1771 fut très rigoureux; des pluies torrentielles,
des bourrasques excessives se firent sentir péniblement dans tout le
marquisat; il n'en fallait pas tant pour démonter la vieille construction,
déjà si imparfaitement réparée. Elle tombe, il faut la faire relever.
Le 25 janvier 1771... Bernard de Pailhes, bourgeois de Mauvezin,
faizant pour Me Vincent de Pailhes, baille une chapelle à parfaire de
la même longueur et largeur que l'ancienne qui a croullé, dont les murs
de dix pams de hauteur et deux pams d'épaisseur, couverte en ardoizes,
avec balustrade, lambris sur le haut, marchepied de l'hôtel en maçon-
nerie et une porte solide ferrée et fermée à clé et ce au nommé Pierre
Cazaux dict Forpommés, laboureur, habitant dudit Locrup, moyennant
le prix et somme de 260 livres que lesdits sieurs de Pailhes s'obligent
de payer solidairement l'un pour l'autre. . . de payer les 260 livres audit
Cazaux entrepreneur en trois pacs égaux ; le premier, avant de com-
mencer l'ouvrage, le premier mars prochain; le second, à moitié ouvrage;
et le dernier, pour la fin dudit ouvrage; au moyen dequoy, il se charge
de rendre parfaite sous les peines du droit... De plus a été convenu
entre parties d'un accord unanime que ladite chapelle sera parachevée
à la feste de Noël prochaine aussy à peine de tous despens. . .
De Pailhes, Cazanave, Bié, Daquo N. R.*
La chapelle ne dut pas être restaurée selon les conventions de 1771.
Le Pouillé du diocèse de Tarbes nous dit ce qu'était la chapelle en
1783, sous le successeur de Vincent de Pailhes.
1783. — Pailhes était prieur de Loucrup en 1783.
1. Daquo. Etude Gazagne à Lourdes.
2. Daquo. Etude Gazagne à Lourdes.
5. Daquo. Etude Candellé à Ossun.
4. Daquo. Etude Candellé à Ossun.
144 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
« Il y a à Loucrup un bénéfice, le prieuré d'Artigue-Frémat, du
revenu de =ioo livres, possédé par M. Pailhes, clerc tonsuré, étudiant
en théologie au collège de Tarbe. Monseigneur l'Evèque en est patron;
je n'en connais ni le titre ni les charges. Il y a à Loucrup une petite
chapelle, dépendant du bénéfice d'Artigue-Frémat ; il n'y a que des
murailles et le toit ; le tout en bon état. Lors de la visite de 1776,
M. Le Royer, vicaire-général, ordonna une croix, deux chandeliers et
un tapis pour couvrir l'autel ; on n'y a rien fait faire, et on n'y fait aucun
office.1 »
Quand éclata la Révolution, Me Pailhes, le « clerc tonsuré, étudiant
en théologie au collège de Tarbes » de 1783, était curé de Neuilh.
1793... Année terrible pour tous les monuments religieux!... Le
prieur a disparu et la chapelle a été détruite par le marteau des démo-
lisseurs; les terres ont été vendues comme biens nationaux. De l'édifice
il ne reste plus qu'un pan de muraille au milieu d'une verte prairie.
Une croix en bois marque que ce lieu était une dévotion; et, chaque
année, le premier jour des Rogations, pasteur et fidèles se rendent
dévotement à la croix de la Capère. Et c'est, aujourd'hui, tout ce qui
reste du riche prieuré d'Artigue-Frémat :
XIII. — CHAPELLENIES, OBITS ET CONFRÉRIES
1
Chapelleries et Prébendes. — Les chapellenies2 étaient nombreuses
à Bénac et dans le Bénaqués. Nous sommes loin de les connaître
toutes. Voici des noms et des faits :
1. Etat des paroisses en 1783. — Bibliothèque de la ville de Tarbes.
2. La prébende ou chapellenie est le droit pour l'investi de percevoir les fruits,
les revenus, les émoluments à cause des offices ecclésiastiques provenant des
bénéfices. C'est pour cela que souvent nous l'appelons la dot du bénéfice, soit
qu'elle consiste en fruits de la campagne, de la ville, ou en pâturages, en forêts,
ou en choses semblables, soit qu'elle consiste en des droits qui tiennent la place
de fruits et sont comparés à des immeubles comme les revenus, rentes et autres
CHAPELLENIES DE BENAC itf
i° — La chapellenie de Betlébrère est la plus ancienne de Bénac.
Elle a été fondée par la famille Lafforgue, sous l'invocation de Notre-
Dame.
Le il novembre 1606, par acte retenu par Mauran, notaireà Tarbes,
Jean Lafforgue, clerc tonsuré de Bénac, donne procuration pour rési-
gner, en faveur de M1' Thomas Abadie, d'Averan, la chapellenie de
Lafforgue. fondée en l'église de Bénac par ses prédécesseurs.1
Quels sont les revenus de cette fondation? — Larcher, dans son
Pouillé des bénéfices du diocèse de Tarbes, mettant cette chapellenie
parmi celles qui ont été fondées dans l'église de Lourdes, parce que
les revenus de la rente reposent sur une métairie sise au terroir de cette
ville, lui donne un revenu de 8 livres 17 sous 2 deniers. Cette taxe est
relative à l'imposition des décimes en l'année 1753, qui montaient au
vingtième du revenu. La rente de la chapellenie devait donc être de
176 livres.2
Le titulaire, dit encore le célèbre paléographe, était en 1753 Me
Lageyre de Léret.
A quelle époque et par suite de quelles circonstances cette prébende
est-elle passée des Lafforgue aux Lageyre r... C'est Marie Lageyre
qui gère les biens de la chapellenie en 1749, pendant que son fils
continue ses études ecclésiastiques au séminaire de Tarbes. Elle donne
« en bailh » pour neuf ans à Dominique Ségot et à Mayette Latapie
de Lourdes la « mettairie de Batlebrère, terres en dépendantes reser-
vant la récolte du grain pour ceste année... a promis ladite Lageyre
choses de même genre. Le bénéfice, au contraire, a une signification plus étendue,
il comprend non seulement les fruits, comme la prébende, mais encore l'office
ecclésiastique et l'autorité gouvernementale du bénéfice.
La prébende ne peut s'accorder qu'aux clercs qui sont dans les ordres sacrés.
Les prébendes des cathédrales ne peuvent s'accorder qu'aux clercs qui sont
également dans les ordres sacrés.
Le prébende a droit d'en toucher les fruits et d'administrer le bien qui fait le
fond de la prébende.
Celui qui a obtenu une prébende ne peut la perdre forcément que par la mort
ou par une faute.
Ces deux définitions semblent se rattacher aux chapellenies ou prébendes de
cathédrale. Il est possible que, dans le principe, ces deux bénéfices fussent
réservés aux seuls chanoines et employés subalternes; mais nous voyons qu'au
XVIIe siècle et depuis il en est autrement. Aillais abbé. Cotnpendium de droit
ecclésiastique, p. 401.)
1. Mauran. Etude Theil à Tarbes.
2, Souvenir de la Bigorre, t. III, p. 258.
tu
I46 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
bailher six sacs de seigle pour semer. . . et bailher autant d'orge et de
milhet, se chargeant aussy d'une paire de bœufs pour la somme de 1 ^o
livres, une paire de vaiches de 74 livres, que ladite Lageyre donne au
fermier à moytié perte et à moytié proffît, un char estimé 24 livres, plus
7 livres de fer. . . Comme aussy se reserve un char de foing par an et
seront teneus de faire un charoir par an. . .* »
20 — La chapellenie de Trusse a été fondée par la famille de ce nom.
Elle se trouve, comme la précédente, parmi les prébendes rattachées
par Larcher à l'église de Lourdes.
« Le 29 may 1720... par acte retenu par M1-' Lacay, notaire de
Tarbes, Philibert Sobiac, me chirurgien de Bénac, nomme à la prébende
de Notre-Seigneur Jésus-Christ, vacante par le décès de Me Pierre
Rodes-Pédarribes, Barthélémy Labbadie, clerc tonsuré de Lourdes,
comme le plus proche parent ; mais Pierre Lésigne, clerc tonsuré de
Léret, ayant requis nomination, comme le plus proche descendant,
obtempère à cette résignation et le nomme.2 »
y — La chapellenie de Dousse a été fondée le 27 janvier 1750 par
Me Bertrand Dulcis, prêtre et curé de Bénac. L'héritier de la famille
Dousse en était le patron, après la mort du fondateur. Le chapelain
touchait le revenu de sept journaux de pré, un journal de vigne et
deux journaux de champ, à la condition expresse que tous les mercredis
de l'année il célébrerait pour le repos de l'âme du fondateur et pour
celles de ses parents une messe de Requiem, dans la chapelle Notre-
Dame de Bénac.3
4" — Chapellenie Notre-Dame de Montaut. Cette prébende fut
fondée par noble Ur>in de Montaut-Bénac, le 31 août 1564, devant
Monbalot, notaire de Rabastens. Noble Jean-Paul de Montaut-Bénac
présente à la chapelle Notre-Dame, fondée dans Ycglisc Sainl-Picrrc
de Bénac par feu noble Ursans de Montaut.4
50 — Chapellenie Saint-Eusebe de Saint-Sevié. Elle a été fondée le
9 août 1632, par Jean-Michel de Saint-Sevié, abbé commendataire de
Saint-Savin. Jean-Michel veut qu'on célèbre dans la chapelle saint
1 . Daquo. Etude Gazagne à Lourdes.
2. Lacay. Etude Massot-Bordenave à Tarbes.
;. Voir IXe pièce justificative.
4, Souvenir de la Bigorre, t. lll, p. i8q.
CHAPELLEN1ES DU BÉNAQUÈS 1 47
Eusebe, à Véglise paroissiale de Bénac, une messe pro defunctis tous
les mercredis de chaque semaine « pour les âmes des père, mère, fraires
et grand mère dudit seigneur abbé, avec l'oraison Deus, qui non pecca-
torum... et le neufviesme d'octobre de chasque année... Apres le
décès dudit seigneur abbé, en pareilh jour qu'il descédera, une messe
haulte de Requiem aussy à perpettuité. Le tout à la charge du curé et
des religieux de Bénac. Pour subvenir à ces frais, la fabrique a reçu
une somme de 300 livres dont la rente sera payée aux intéressés.1
6° — Chapellenie Saint-Michel de Lannes. — La famille Pédessus,
de Lannes, avait fondé cette prébende. Son revenu était peu considé-
rable.
Le 7 février 1625, Jean de Labernie, clerc tonsuré de Bénac, prenait
possession de cette chapellenie, présenté par Gabriel Pédessus. Et le
2} avril 1665, Mc Simon Arredessus, chapelain de Saint-Michel de
Lannes, « bailhoict en afferme à Bernard Cabé, d'Adé, tous les fruicts,
rentes et reveneus. . . à l'exception des terres que la maison d'Arre-
dessus de Lane travaillent annuellement et font les fruicts leurs...
pour la somme de 60 livres.2 » Cet acte de ferme est pour les terres
situées au terroir de Lannes. D'autres biens se trouvaient à Bénac,
dont on tirait le revenu à part, comme le prouve la pièce suivante :
« Guiraud possède audit Bénac et quartier d'Augassas, une pièce de
terre labourable et boisée, provenant de la prevande Saint- Michel :
confronte d'orient et midy à terres de Dousse, occident à terres de
Cazabant et septentrion à terres de Pébarat de Larme, de la conte-
nance de deux journaux et demy quart, estimée 1 ^ livres. Plus autre
pièce au quartier d'Artignac, boisée aussy, de la prevande Saint-
Michel, confronte d'orient à terre de Bertranne, midy à terre d'Auge,
occident à terre de Belloguet et septentrion à ruisseau, de la conte-
nance de troys journaux un quart, estimée 40 livres.
Ces deux pièces de terre sont dépendantes du bénéfice Saint-Michel
dont moy Jean-Pierre Barrère suis titulaire. Je prie M. le consul de
Bénac, détenteur du cadastre, de les y comprendre à la marge sous
mon nom pour que les impositions royalles soient dorénavant sur ma
tète, et le sieur Béguère, mon fermier, au lieu d'Adé, est chargé par
son bailh d'acquitter les charges royalles et seigneurialles.
A Tarbes, ce quatre février mil sept cens quatre vingt six. Barrère
prêtre.3 »
1. DutfoLirc -\. Les de Saint-Sevié, p. 40.
2. Nicard. Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
î. Archives A. Dulîourc,
I48 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
M. Jean-Pierre Barrère, prêtre de la ville de Tarbes, en qualité de
titulaire de la prébende Saint-Michel, demeure chargé pour Guiraud
des deux pièces de terre dépendantes de ladite prébende « scittuée l'une
aux Augassas et l'autre en Artignac, ainsi qu'elles sont détaillées dans
le cadastre. Lesquelles deux pièces estimées sçavoir, l'une 15 livres et
l'autre 40, ce qui fait en tout 1 B. 19 1/2. * »
70 — Chapellenie Notre-Dame de Piatat. — Le 5 niai i62>, Arnaud
Lavergne, prêtre et archiprètre d'Adé, et en possession de la chapel-
lenie Notre-Dame de Piatat, fondée dans l'église de Louey. A cette
époque, la veuve de Me Arnaud Sentagnes, docteur et avocat en la séné-
chaussée de Bigorre, Marie de Mauran. présentait à cette prébende
Me Jean Fontan, prêtre de Louey. sur résignation à lui faite par
Arnaud Lavergne.2 En 1753, mademoiselle Germaine de Mauran,
femme du sieur Pascal Davezac, de Tarbes, nommait à ce bénéfice.
Cette chapellenie portait encore les noms de prébende de Foratis ou
de la Passade.
Le 19 mars 1657, Jean Fontan, « promeu'de la chapellenie de
Fauratie fondée en l'esglize de Loey. . . promeu aussy de la cure
archiprebytéralle d'Adé par la résignation faicte en sa faveur par
Me Arnaud Lavergne, dernier archiprebre et religieux carme au tems de
ladite résignation faicte en sa fabueur. Lequel sieur de Fontan a rési-
gné... en faveur de M. Jean Trusse, prebre, natif du bourg de Bénac...
De Carrère, N. R.2 »
Le 7 avril 164$ , autre Arnaud Lavergne, chanoine, se faisait installer
à Notre-Dame de Piatat, par Ramond Poca, curé de Louey. De
Carrère.2
8" — Chapellenie Saint-Vincent à Orincles. — Le 17 décembre 17Ç7,
Pierre Cazenave, vicaire de Bénac, se faisait installer par ML' Jean
Prat, curé d'Orincles, à la chapellenie de Saint-Vincent, érigée en
l'église d'Orincles, à la présentation et nomination de Vignau-Casta-
enede de Vidalos. Pierre Cazenave succédait à Jean Dimbarre, clerc
tonsuré, mort avant d'arriver aux ordres sacrés.3
1 . Archives A. Duffourc.
2. Carrère (Pierre de). Etude F. -A. Vivier à Tarbes,
;. Daquo. Etude Candellé à Ossun,
FRATERNITÉ DU BKNAQUÈS 149
o° — Chapellenie Saint-Bertrand à Orincles. — Me (Salmy, de
Layrisse, était titulaire de la prébende Saint-Bertrand, le 27 mai 1780.
Bertrand Peleuigué en avait le patronage, à cette date.1
II
Obits ou fondations. — ■ Les obits2 furent nombreux dans le marquisat.
L'église de Bénac en possédait à elle seule 53, d'après l'attestation faite
parle conseil général de la commune qui, le 23 germinal, 2e année
républicaine, donne décharge à M. Bernède, curé, « d'une liasse de
parchemins et autres papiers au nombre de 5 ] , relatifs aux obits attachés
à la cure.3 »
Pour acquitter ces obits, les prêtres du Bénaqués avaient formé
entre eux une fraternité.'
Le i=; décembre 1567, Marie d'Arnabe, de Bénac « fait rente aux
prebres de la fraternité de la baronnie de Bénac de la somme de neuf
sous bons de fief obital. . . pour le capital a remis la somme de cinq
escus petits... Personnellement estably M. Domenge de Layrisse,
prebre de Loey, recteur de Lana, et sindic des prebres de la baronnie
de Bénac, et Dominique Cazarré, prebre de Loey, recteur de Lairisse
et Averan, fraire Bernard Laforgue sacristain de Bénac. . J »
1. Archives A. Duffourc.
2. On appelle fondation un service fondé pour le repos de l'àme d'un mort et
qui doit être célébré à des époques déterminées, assis sur un fonds ou un revenu
fondé à perpétuité pour acquitter des messes ou services divins.
Les fondations, telles que nous venons de les définir, sont permises et l'usage
en est très ancien parmi les chrétiens. Les rois de France eux-mêmes sentirent le
besoin d'attirer sur eux les bénédictions divines en créant des obits. Louis XII
1472-1515 fonda l'obit salé ou obit de Valois. Cet obit était célébré tous les ans,
le 4 janvier, dans l'église Notre-Dame de Paris, pour le roi Louis XII et pour
son père. Cette fondation fut ainsi nommée parce que ce roi accorda à MM. les
chanoines du chapitre de Notre-Dame le droit de prendre deux muids de sel à la
gabelle, en ne payant que le prix marchand.
Bernardin de Saint-Pierre reconnaît ce fait ; avec son esprit philosophe, il dit :
Le bourgeois fait sonner son mariage, le baptême de ses enfants; il fonde même
des obits pour faire sonner après sa mort à perpétuité.
3. Cahier des délibérations de la commune de Bénac, p. 188.
4. Ce titre que prenaient autrefois les rois et les empereurs entre eux, ainsi que
les évoques et les moines, doit s'étendre à tous les prêtres résidant dans le Mar-
quisat.
5. Scaichent tous présents et advenir que comme ainsin soyt que ce quinziesme
jour du moys de décembre mil cinq cens soixante sept, Marie d'Arnabe, du lieu
de Benac. feust rente aux prebres de la fraternité de la baronnie de Benac de I»
1)0 LE BENAQUES OU BARÔNNIË DE BENAC
Nous trouvons encore une requête des prêtres de la fraternité du
Bénaqués contre les héritiers de Vignes à l'occasion d'un obit fondé
par les ancêtres de la maison.1
Cette fraternité des prêtres de la baronnie avait-elle des statuts ?. . .
Et quelles étaient les obligations imposées aux membres de cette asso-
ciation }. . .
Le 9 décembre i$3$> Jean de Bern, de Bénac, fonda un obit « en
fabueur de messieurs les prebres de la baronnie de Benac... faizant
de rente annuelle ung escut petit. . . Lequel il étoit tenu payer le jour
de N.-D. de septembre2 », valant, en 1654, vingt-sept sous.
Le 2t août 1556, Marie de Faurat reconnut un obit « en fabveur de
messieurs les prebres de la baronnie de Bénac sur une pièce de terre
champt, contenant troys journals, donnant de rente annuelle ung escut
petit, lequel estoict teneu payer le 24 apvril. . .3 »
somme de neuf sous bons de fief obitel es-presente année, paiable annuellement
es-jour et feste de Saint-Thomas, duquel fief pour le cappittal a remis la somme
de cinq escus petits en descharge de Honorite de Las Portes diite Gabaye, du
lieu de Benac et icelledite somme et fief ladite Arnabe ypothèque et oblige ses
biens presens des terres campt scis audit Benac et parsan appelé Débat Casta-
gnede, de contenance un journal et demy ou tant que soyt, confronte davant aux
terres de Gey, darré et débat aux terres de Luc et dessus aux terres d'Augier et
Pontac. C'est-il que cejourd'huy neuf juing de l'an de grâce mil cinq cent septante
cinq, régnant très chrestien prince Henry, par la grâce de Dieu roy de France et
de Polloigne, et par mesnie grâce Henry, roy de Nabarre, comte de Bigorre,
Me Gentian d'Amboise, par la misération divine evesque de Tarbe dominant, au
lieu de Benac, dioceze de Tarbe, seneschaussée de Bigorre et devant moy
notaire... Personnellement estably Me Domenge de Layrisse, prebre de Loey»
recteur de Lana, et sindic des prebres de la baronnie de Bénac, et Dominique
Cazarré, prebre de Loev et recteur de Lairisse et Averan, fraire Bernard Lafor-
gue, sacristain de Bénac, lesquels tant pour eux presens que les absens et au
tems advenir, ont volontairement deschargé du fief et cappital, fruicts, ypothè-
ques et ohliguations sur la pièce de terre dessus limittée et confrontée pour ce
que tout incontinentt Bertrant et Marie d'Arnahe, mariés, demeurent
authorizés de passer et tenir au présent instrument, ont recogneu le fief de neuf
sous bons, de laquelle somme de cinq escus petits pour le cappital ont expressé-
ment ypothèque et novellement oblige sur la maison et borde, capcazal de
Monart, scis audit Benac et en la marque de Mallo, confronte d'oriant avec terres
de Giernart et Henry Davos, dessus et débat avec carrère publique. Laquelle
maison, borde, parc, capcazal tiennent et possèdent par acquisition faicte avec
Anne de Monart par manière d'eschange, lequel fief de neuf sous bons lesdits
d'Arnabe ont promis payer annuellement le iour et feste de Saint-Thomas, iusques
auroient satisfaict ladite somme de cinq escus petits pour le cappital... Layrissa,
de Forcade, de Cazarré, de Cazalet N. R. (Gazagne, à Lourdes.)
1. Archives départementales des Hautes- Pyrénées, série B, n° 4;.
2-î. De Carrère. Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
CONFRÉRIES DU BENAQUES 1^1
Le 28 mai 1-5 $8, « feu Peyrot de Loeyt. quand vivoit, bailha parle
seigneur baron de Benac et fonda ung obit à la charge d'en célébrer
une messe d'arrequiem, le huictiesme jour du moys de janvier annuelle-
ment, par les prebres de la fraternité de la baronnie dudit Benaques,
pour le capital de six escus petits comptant pour chescune dix huit sous
et pour sou six liards.1 »
Le 28 juin 1 7 1 7, « Domenge de Cazauxdebat, gendre de la maison
Pinoles, est tenu de payer aux prebres de Bénac un obit de vingt sept
sols de rente aunuelle. » Cazauxdebat leur donne les fruits d'une
prairie et les prêtres feront l'office.2
Le 29 janvier 1622, Guillaume d'Abbadie, prieur de Saint-Maur,
fonda3 dans l'église de Bénac un obit de seize « écus petits » donnant
une rente annuelle de « ung escut petit de rente » en l'église Sainte-
Marie de Bénac, pour une messe qui. serait chantée, le jour de saint
Grégoire de mars, pour le repos de l'âme de Jean d'Estournez, abbé
de Saint- Pé.
Vitalis Vignaux, prêtre, fonda, à son tour, un obit à Bénac au nom
de son père. Domenge Cazaux, dit Chiquet. reçoit un capital de trente
livres qui donneront une rente de trente sols; on en célébrera deux
messes par an. Cela se passait, le 2^ janvier 1705.*
Cette énumération pourrait être plus longue; ne voulant pas les
énoncer toutes, je me contente de mentionner les plus anciennes
fondations, et elles suffisent pour nous donner une idée des usages du
XVIIe siècle, en ce qui concerne le culte des morts.
III
Confréries. — Chaque village du marquisat a eu, de tous les temps,
une ou plusieurs confréries,5 tant pour les hommes que pour les femmes.
1. Cazalet. Etude Gazagne à Lourdes.
2. Daquo. Etude Gazagne à Lourdes.
j. De Carrère. Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
4. Daquo. Etude Gazagne à Lourdes.
■■,. L'ne confrérie est une association pieuse, une société de personnes libres, de
laïques, qui se rassemblent volontairement, mais d'après une règle ou des statuts,
dans le but, ou sous le prétexte de se livrer en commun à des exercices de piété,
à des pratiques de dévotion.
On a distingué en France neuf sortes de confréries : i° les confréries de dévo-
i 5 2 LE BÉNAQUÊS OU BARONNIE DE BENAC
Dans quelques villages mime, ces confréries avaient des revenus,
provenant des dons, que les confrères faisaient, des cotisations annuelles
versées dans la caisse commune, et de l'impôt volontaire qui pesait sur
ceux qui entraient dans l'association.
Les principales confréries du Bénaqués sont : celle du Saint-Sacre-
ment ; celle de la Sainte-Vierge, sous le vocable de Notre-Dame de
Montserrat ; celle de Saint-Jacques de Compostelle.
Ces deux dernières confréries nous viennent d'Espagne et nous
rappellent les jours malheureux, où nos populations furent obligées
d'émigrer en masse pour subvenir aux frais occasionnés, soit par les
guerres de religion, soit par le régalement, soit par la ligue. Il fallait de
l'argent, on en demanda aux descendants de ceux qui avaient accom-
pagné Christophe Colomb à la découverte de l'Amérique.
Je citerai l'Etat des paroisses en Ty8j, qui nous renseignera sur ce
point. Nous verrons les hommes et les femmes se faire honneur d'appar-
tenir à quelqu'une de ces associations pieuses.
Bénac. — « La population est nombreuse; elle se divise, et les
hommes et les femmes se rangent sous l'une des trois confréries : du
Saint-Sacrement, de la Sainte-Vierge, et de Saint-Jacques. Les trois
confréries sont autorisées. Les obligations de ces confréries sont de se
confesser de temps en temps, de se visiter entre confrères dans leurs
maladies et d'assister à leurs funérailles. Le service de chacune se fait
le jour du patron, sauf celui de Saint-Jacques, qui est renvoyé au
dimanche d'après le jour de saint Jacques, d'après l'ordonnance de
Mgr de Lorry. Elle n'a d'autre revenu que celui du bassin, qu'elles
emploient à faire dire des messes.1 »
Latines. — « Il n'y a qu'une seule confrérie, celle de Saint-Jacques,
dont le service se fait le jour de saint Jacques. Il y a pour tous les
tion; 2° les confréries établies pour exercer la charité et les œuvres dé miséri-
corde; }° les confréries des pénitents bleus, blancs ou noirs; 4" les confréries
érigées à l'occasion des pèlerinages; 50 les confréries établies par les négociants,
pour attirer la bénédiction de Dieu sur leur commerce; 6° celles des olliciers de
justice; 7" la confrérie de la Passion; 8° toutes celles des différents métiers;
o° enfin, les confréries de factieux, qui se couvraient du voile spécieux de la Reli-
gion pour troubler l'Etat.
I, Etat des paroisses (Manuscrit de l'hôtel de ville), tome III, page 630.
CONFRÉRIES DU BENAQUES I $ ,
membres obligation d'assister aux processions, de visiter les confrères
malades, d'assister à leurs funérailles, de se confesser de temps en
temps. Ils n'ont d'autre revenu que le produit du bassin qu'ils emploient
à faire dire des messes. Cette confrérie a été autorisée par Mgr de
Saint-Aulaire.1 »
La/risse et Averan. — « Il y a une confrérie, à Layrisse, du Saint
Sacrement, dont les obligations ne sont pas fixes, parce qu'elle n'est pas
autorisée. On en fait la fête le jour du Saint-Sacrement. Elle est sans
revenus.2 ■>••
Loucy. — « On trouve dans la paroisse deux confréries autorisées :
celle de Sainte-Barbe et celle de Saint-Jacques. Les membres de ces
deux confréries sont obligés de se confesser et de communier le jour
du saint ou sainte, sous l'invocation duquel leur confrérie est érigée,
de visiter leurs confrères malades, les engager à recevoir le Saint
Sacrement, quand on le leur porte, et, après leur décès, assister à
leurs funérailles et prier Dieu pour leur repos ; ils sont encore obligés
à terminer entre eux tout procès survenu, par la médiation de personnes
prudentes de la Société, etc., etc. L'office se fait le dimanche qui suit
la fête. Pas de revenus. Les confrères donnent, quand ils savent quel-
ques nécessités.
« Dans la paroisse il y a une chapelle dédiée à sainte Barbe ; on y
porte la procession le dimanche qui suit la fête de sainte Barbe ; on y
dit rarement la sainte messe. Le teau de l'honoraire de la messe est de
10 à i ) sols.3 »
Orinclcs. — « Il y a dans la paroisse une seule confrérie, celle de
Montserrat, autorisée par plusieurs de nos seigneurs les évoques. Leurs
principales obligations sont de se confesser et de communier les prin-
cipales fêtes de la Vierge, de se visiter parmi les confrères dans leurs
maladies, d'y accompagner le prêtre, quand il va les administrer, de les
assister dans leurs besoins, de les porter et accompagner à l'église
d'après leur décès. Il y a un prieur et un baile, pour leur distribuer des
i. Etat des paroisses, tome VI, page 615.
2. Etat des paroisses, tome I, page 70.
j. Etat des paroisses, tome III, page 625.
1^4 LE BENAQUÉS OU BARÔNNIE DE BENAC
cierges, et pour les avertir dans les circonstances cy-dessus mention-
nées. Ils n'ont pour tout revenu que le bassin.1 »
Viskcr et Loucrup. — <* Il y a. à Visker, une confrérie de N.-D. de
Montserrat et à Loucrup celle de Saint-Jacques et celle de la Sainte-
Vierge. Ces confréries se soutiennent à Visker et à Loucrup. Le jour
de la Nativité de la Vierge, le 8 septembre, on fait des repas. Voilà
l'abus, abus que je n'ai jamais pu détruire dans les deux paroisses. On
s'y autorise de l'exemple du voisinage.2 »
La confrérie de Montserrat, à Visker, possède quelques biens dont
le revenu sert aux besoins de l'association.3
Les confrères faisaient, avec l'argent de la caisse, un petit commerce.
Ils achetaient du blé, qu'ils revendaient à crédit à un prix un peu plus
élevé; quelquefois même, ils achetaient une ou plusieurs vaches, des
bêtes à laine, qu'on revendait aux particuliers ; et le petit pécule
grandissait chaque année. Les deux confréries de Loucrup, celle de
Saint-Jacques et celle de Notre-Dame de Montserrat, continuent la
tradition.
i. Etat des paroisses, tome I, page JJ2.
2. Etat des paroisses, t. VI, page 4;;.
5. Le 2; octobre 165 0... Domenge de Passanet reconnaît devoir aux confrères
de Notre-Dame de Montserrat deux sacs de seigle que le débiteur veut semer. Il
s'engage à paver à la fête Notre-Dame d'août prochaine... Daquo N. R. (Can-
dellé à Ossun.
Le 29 novembre 1664... Arnaud d'Escoubès reconnaît devoir aux confrères de
Notre-Dame de Montserrat la quantité de « unze cartères bled et seigle » qu'il
payera à la fête Notre-Dame d'août prochain... fCandellé à Ossun. )
Le 1; novembre 1607... Raymond d'Escoubès donne à la confrérie Notre-
Dame de Montserrat, représentée par Jean Baget, baile, « en propriété et jouis-
sance deuxjournals de champt, sçittué au terroir dudit Bisquer et parsan de Buala,
à prendre de majeure pièce par le costé de septentrion, confrontant d'oriant à
terres d'autre Baget. midy à terre restante, occident à Bureu, septentrion audit
acceptant, à la charge d'en payer le fief et taille, et de la rente d'icelle en faire
célébrer des messes pour'le solagement des âmes tant de confrères décédés que
de ceux quv descèderont... Escoubès, Baget, Daquo N. R. (Gazagne à Lourdes.)
Papier terrier I ; ;
APPENDICE I
Cejourd'huy vingt sixiesme du mois de janvier mil sept cens quatre
vingt et trois, avant midy, au château du marquisat de Bénac, par
devant nous advocat en parlement, notaire royal, commissaire aux droits
seigneuriaux et en cette partie soussigné, témoins Jean Laporte et Jean
Cazauxdebat, anciens consuls, et avec eux le sieur Pierre No^ues, sindic,
habitants du lieu de Layrisse, députés par l'acte de sindicatdu onziesme
septembre mil sept cens quatre vingt et deux, reçu, expédié par
Me Cazabonne, notaire de Bénac, duement controllé, lesquels en vertu
du pouvoir à eux donné par l'universalité des habitants, nous ont dit se
présenter pour obéir et satisfaire aux lettres patentes en forme de terrier
obtenues par leurs Altesses monseigneur le prince et madame la prin-
cesse de Rohan-Rochefort en la grande chancellerie, le vingt troisiesme
jour du mois de may mil sept cens quatre vingt, signées par le roy,
domiliées et scellées du grand sceau de cire jaune, duement enregis-
trées en la chambre des comptes, aydes et finances de Navarre, le vingt
huit juin de ladite année, aux publications et affiches qui en ont esté
faittes audit lieu de Layrisse, le quatre mars mil sept cens quatre vingt
et un, devant la porte principalle de leur esglise, le peuple sortant
d'entendre la messe de parroisse, ainsi que conste du procès-verbal qui
en fut dressé par feu Miqueu, huissier, duement controllé au bureau
de Lourde par le sieur Abadie, comis ; et après avoir pris communica-
tion des titres employés pour la rénovation du papier terrier, sçavoir du
dénombrement fourni par Jean-Marc de Montaut, chevalier, sei-
gneur et baron dudit Montaut et Bénac, à très illustre révérend Père
en Dieu monseigneur Jacques de Foix, évèque de Lescar, abbé de
Foix et de Larreule, chevalier de Foix, lieutenant général du Très
Haut et Très-Puissant prince roy de Navarre, comte de Bigorre,
commissaire à ce expressément dépputé, le dix de septembre mil cinq
cens quarante et un ; Et de la déclaration et recognoissance générale
consentie par la communauté de Layrisse à Jean-Paul de Montaut,
baron du présent lieu et autres places, portée au terrier de la seigneu-
rie au folio 187 recto et suivants, retenue et expédiée par Dufour,
notaire, le six de février mil cinq cens soixante dix neuf; Du dénom-
brement fourni par Philippe de Montaut, seigneur et baron du présent
lieu et autres places, à M0 Dupont, conseiller du roy en son conseil
d'Estat et privé, un des commissaires, le vingt deux de mars mil six
cens ; D'autre dénombrement fourni par ledit Philippe de Montaut,
seigneur et baron du présent lieu, devant monseigneur Salvat Diharse,
evesque de Tarbe, et M1-' de Pujo, lieutenant général en la sénéchaussée
de Tarbe, commissaires à ce depputés, le vingt trois de mars mil six
cens vingt et deux ; Des lettres patentes portant érection de la baronnie
en marquizat, du mois de février mil six cens doutze ; De l'arrêt de
vérification et entérinement d'iceiles du parlement de Toulouse, du
l<)6 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
treize de mars mil six cens quatorze ; De l'acte d'hommage fourni par
son Altesse monseigneur Charles-Arnaud-Jules de Rohan-Rochefort,
comme marié et maître des actions de madame d'Orléans-Rothelin, à
nos seigneurs de la Chambre des comptes, aydes et finances de Navarre,
du vingt trois de janvier mil sept cens soixante et quinze; Et finalle-
ment, d'autres titres antérieurs et postérieurs, à eux lus et donnés à
entendre ; Et ayant le tout trouvé conforme aux droits auxquels ils ont
esté et sont de toutes les terres assujetties, et, d'autant que les lettres
patentes accordées à leurs Altesses portent de donner l'aveu et dénom-
brement de fief, cens, redevances, prestations, droits, devoirs et assu-
jettissements conformes aux anciens titres ; Les comparants ont déclaré
les connoitre et vouloir faire leur déclaration relative à iceux, tant en
général qu'en particulier, pour raison de maisons, cours, jardins, basti-
ments, prés, vignes, terres cultes et incultes et bois qu'ils tiennent et
possèdent mouvants de leurs Altesses, dans l'enclave du présent lieu,
ensemble les droits, privilèges, franchises et immunités dont ils jouissent
et sont en droit de jouir, et générallement de tout ce qui a rapport et
trait à ladite communauté et habitants, et de renouveler l'obliguation
d'acquitter à perpétuité les susdits droits et devoirs. C'est pourquoi les
comparants, tant en leur nom qu'en ceux de leurs commettants, héri-
tiers et successeurs à l'avenir ont déclaré, reconnu et confessé, décla-
rent, reconnoissent et confessent tenir, porter et posséder en toute
justice haute, moyenne et basse, mère, mixte et impère, être
hommes levans et couchans en ladite justice et en toute directe et
seigneurie de très-haut, très-puissant et très-illustre prince son Altesse
monseigneur Charles-Arnaud-Jules, prince de Rohan-Rochefort, lieu-
tenant-général des armées du roy, gouverneur des villes et citadelles
de Nismes et de Saint-Hipolite, et de très-haute, très-puissante, très-
illustre princesse son Altesse madame Marie-Henriette-Charlotte-
Dorothée d'Orléans de Rothelin, marquis et marquise de Bénac, habi-
tant dans leur hôtel, à Paris, rue Varenne, parroisse Saint Sulpice,
d'icy ab-,ents, mais M"' Pierre Geaurot, avocat en parlement, habitant
de la ville de Tarbe, leur procureur fondé de leur procuration spécialle
et généralle quant à ce icy présente et pour leurs dites Altesses stippu-
lant et acceptant... (Suivent les délimitations des terres de chaque
famille de la communauté.)
I. — H au le Justice.
Et dans l'enclave d'icelle les comparants ont déclaré et reconnu,
déclarent et reconnoissent que leurs Altesses ont la justice haute,
moyenne et basse, pour l'exercice de laquelle elles sont en droit de
nommer les officiers tels que le juge, procureur juridictionnel, substitut
d'iceluy, greffier, baile et sergent, avocats et procureurs et tous autres
officiers nécessaires pour l'exercice de la dite justice et peuvent les
destituer quand bon leur semble: laquelle justice étoit autrefois exercée
au lieu de Bénac, ainsi que aujourd'huy, sauf que l'auditoire étoit à la
DROITS SEIGNEURIAUX
place du Mailho, et où leurs dites Altesses peuvent la faire exercer
encore aujourd'hui}', si bon leur semble, dans laquelle juridiction les
comparants déclarent être tenus d'aller en première instance sans pou-
voir décliner sous quelque prétexte que ce soit.
II. — Basse Justice.
Disent et déclarent les reconnoissants que pour l'exercice de la
basse justice, leurs dites Altesses sont en droit d'élire annuellement
deux consuls sur la présentation qu'ils sont tenus de leur faire de quatre
personnes idoines et capables de remplir lesdites charges consulaires, et
lors de l'élection sont tenus de porter une paire chapons ou de payer
20 sols.
III. — Lods et Ventes.
Disent et reconnoissent les comparants que leurs Altesses ont dans
lesdits lieux le droit de lods et ventes au denier douze des aliénations
qui s'y font, moitié moins pour les échanges faits dans la môme directe,
et les entiers lods s'ils sont faits avec d'autres fonds relevant d'autre
directe, et que les droits de lods sont encore dus pour les engagements
après dix ans.
IV. — P relation.
Disent et reconnoissent les déclarants que leurs Altesses ont dans
ledit lieu le droit de prélation et à ces tins de retenir le fonds vendu, en
remboursant le prix et frais de l'acte.
V. — Terres incultes et Vacants.
Disent et reconnoissent les comparants que les terres incultes et tous
les vacants du Marquisat appartiennent en propriété à leurs Altesses et
que personne n'y a rien à prétendre qu'autant qu'on rapportera des
titres de concession.
VI. — Moulins et Ruisseaux.
Disent et déclarent les reconnoissants que personne n'est en droit
dans le Marquisat de bâtir des moulins sur les rivières et ruisseaux qui
1^8 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BÉNAC
appartiennent en propriété à leurs dites Altesses, sans la permission
desquelles nul ne peut les saigner pour arroser leurs prairies ny autre-
ment sans préalablement en avoir obtenu l'agrément de leurs Altesses
ou de leurs préposés.
VII. — Banalités.
Disent et reconnoissent les comparants qu'ils sont tenus d'aller
moudre leur grain dans le moulin de Barry, appartenant à leurs Altesses
comme banal, édifié sur la rivière de l'Echez, sans que, sous quel
prétexte que ce soit, ils puissent retirer leur grain sous peine de 10 sols
bons qui sont quinze sols tournois, et outre ce, leur bled et farine
confisqués au profit de leurs Altesses; demeurant néanmoins convenu
que si, après que le grain y auroyt resté vingt quatre heures, le moulin
ne se trouvoit pas en état, ils pourront reprendre leur grain et le faire
moudre dans tout autre moulin qu'ils jugeront à propos, pourvu toute-
fois que ce soit dans un moulin du Marquisat.
VIII. — Guet.
Disent et déclarent les reconnoissants qu'ils sont tenus de porter et
payer annuellement à leurs Altesses pour chaque feu allumant édifié ou
à édifier, pour le droit de guet, une mesure seigle pur, sec. net et de
recepte. mesure de Tarbe, quatre sols bons et un blanc vallant
aujourd'hui)' six sols cinq deniers.
IX. — Loi de sang.
Disent et reconnoissent les comparants qu'il est dû à leurs Altesses
dans ledit lieu, la loi du sang, qui est de soixante sols morlas, valant
aujourd'hui neuf livres tournoises; laquelle loi encourt celui qui en
blesse un autre, si la blessure porte du sang.
X. — Prohibition d'ouvrir les terres du voisin.
Disent et déclarent les reconnoissants que si quelqu'un usurpe les
terres de son voisin, la laboure sans sa permission, empiète sur les
chemins publics, sur les canaux des rivières ou ruisseaux, sur les terres
incultes, s'il arrache ou change les bornes, coupe arbres fruitiers ou
sauvages qui ne lui appartiennent, encourt avec leurs Altesses le droit
de 63 sols de morlas, qui sont 9 livres 1 5 sols tournois, outre l'intérêt
des parties qui ne pourront se pourvoir en la cour de leurs dites Altesses
pour leur indemnité.
DROITS SEIGNEURIAUX HO
et retirés, et s'ils contreviennent à la présente inhibition, ils encourent
envers leurs Altesses un denier pour chaque tète de petit bétail et trois
deniers pour chaque tète de l'autre.
XVI. — Pratgros et Bacquet.
Et pour ce qui regarde le pré appelé Pratgros, ainsi que l'ancien
hautain du château converti en pré, vulgairement appelé le pré Bacquet,
dans toute la contenance qu'il plaira à leurs Altesses lui donner. Ils ont
dit et reconnu que. dans aucun temps de l'année, personne ne peut y
passer à pied ni à cheval avec char ou charrette, sous la loy de dix sols
bons qui sont quinze sols tournois.
XVII. — Vignes.
Disent et déclarent les reconnoissants que si quelqu'un met du bétail
dans les vignes de leurs Altesses, soit dans celles qui existent que dans
celles qui seront dans l'avenir complantées, il encourt envers leursdites
Altesses la loy de dix sols bons qui sont quinze sols tournois.
XVIII. — Haies.
Indépendamment du dommage et si quelqu'un en ôte les échalas,
rompt les fossés, haies ou clôtures, encourt pareille loy de quinze sols
tournois, outre le dommage qui sera porté, et la prison si leurs Altesse,
l'exigent. Et qu'il sera encore payé par chaque tête de bétail menu
trois deniers et pour chacun de gros bétail deux sols six deniers et sera
permis à qui que ce soit de le pignorer et dénoncer et sur sa déclara-
tion sera cru sans serment.
XIX. — Serment . FidJlilé.
Disent et reconnoissent les comparants qu'à chaque mutation ils sont
tenus de rendre la foi et hommage et prêter le serment de fidélité à leur
seigneur.
XX. — • Corvées.
Disent et déclarent les reconnoissants qu'ils sont tenus de faire à la
réquisition de leurs Altesses, ou de leurs préposés, trois jours de cor-
vées ou manoeuvres ; sçavoir ceux qui ont chevaux, bœufs, vaches et
charts avec lesdits chevaux, vaches et charts ; et ceux qui n'en ont pas
sont tenus de les faire à bras; sçavoir un dans le bois, un autre dans
les vignes et finallement un autre dans les prés, en leur faisant
lesdites Altesses la dépense ordinaire.
]C)0 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
XI. — Poids et Mesures.
Disent et reconnoissent les comparants qu'aucun particulier dudit
lieu ne peut vendre du pain, vin, viande, qu'au poids et mesure de la
ville de Tarbe. Et si quelqu'un vient à vendre du vin à pot et pinte
dans ledit lieu, il sera tenu de payer à leurs Altesses cinq sols tournois
par barrique outre un pot de vin qu'il devra donner au baile pour son
droit de le goûter, et ainsi au prorata, suivant la contenance des vais-
seaux, un pot aux consuls pour droit de taxe et personne ne peut en
vendre de l'étranger qu'autant que celui du creu sera consommé.
XII. — Cabarets.
Disent et déclarent les reconnoissants que nul habitant dudit lieu ne
peut demeurer dans le cabaret depuis qu'on a sonné Y Angélus, et celui
qui s'y trouvera après encourt envers leurs Altesses la loy de 10 sols
bons qui valent 1 5 sols tournois ; outre la même loy de 1 5 sols à laquelle
le cabaretier est tenu pour chacun qui se trouvera chez lui après ladite
heure.
XIII. — Délits eu for/ails.
Disent et reconnoissent les comparants que, si quelqu'un commet
quelque délit dans ledit lieu, ou autre forfait repréhensible. leurs
Altesses ou leurs préposés pourraient le faire prendre et tenir en prison,
selon l'urgence du cas.
XIV. — Bois.
Disent et déclarent les reconnoissants que s'ils entrent au bois de
Bécut ou Balabay, appartenant à leurs Altesses, pour y couper ou
prendre du bois de quelque condition qu'il soit, ou s'ils y mènent paître
leurs bestiaux en quelque temps que soit, sans la permission de leurs
Altesses, encourt envers elles la loy de dix sols bons qui valent aujour-
d'huv quinze sols tournois, pour chaque espèce de bois, tète et condi-
tion de bétail, indépendamment de la poursuitte que leurs Altesses
pourront leur faire devant le juge à raison du dommage, même de
prison, suivant l'exigence des cas.
XV. — Prairies.
Disent et reconnoissent les comparants qu'aucun particulier ne peut
mettre du bétail dans aucune des prairies de leurs Altesses depuis le
premier jour du mois de mars jusqu'à ce que les regains soient coupés
DROITS SEIGNEURIAUX l6l
XXI. -- Bois du Mouret.
Disent et reconnoissent les comparants qu'ils tiennent en affièvement
des auteurs de leurs Altesses avec les autres communautés du Mar-
quisat, à la réserve de celle du Barry, qui n'y prend aucune part, le
bois appelé le Mouret, dont its payent la cotte-part de leur fief, ainsi
que conste du bail à fief du 8 décembre M47.
XXII. — Ca\adure. Cériso.
Et finallement tiennent et possèdent avec tous les habitants du Mar-
quisat la montagne appelée Cériso, dans laquelle ils sont maintenus de
mener paître leurs bestiaux et d'y faire des cabanes, et sont tenus pour
chaque cabane de payer à leurs Altesses le droit de Cazadure, qui est
de deux fromages et demi, ainsi que conste de leur propre titre, du 2
septembre 1612 ; déclarant que les bois qui sont dans lesdites monta-
gnes appartiennent à leurs dites Altesses, et n'entendent jouir desdites
montagnes que conformément à la transaction passée entre les auteurs
de leurs dites Altesses et les habitants du Marquisat, du 29 mars 162 1,
au rapport de M1-' Larroye, notaire, aux clauzes de laquelle ils se réfè-
rent; déclarant encore que sur ladite montagne leurs Altesses sont en
droit d'y faire mener des bestiaux.
XXIII. — Biens nobles.
Disent et reconnoissent les comparants que les prés, vignes, bois,
terres cultes et incultes, que leurs Altesses possèdent dans lesdits lieux,
sont nobles et immunes de toute charge royalle ainsi que de toute ser-
vitude généralement quelconque.
XXIV. —Chasse. Pêche.
Déclarent en outre les comparants que nul n'a, dans ledit lieu de
Layrisse, le droit de chasse ni pèche, sans l'expresse permission de
leurs Altesses ou de leurs ayant cause, à moins de s'exposer aux peines
voulues par les ordonnances.
XXV. — Arpentage et Reconnaissance.
Disent et reconnoissent les comparants que leurs Altesses sont en
droit de faire arpenter leurs possessions, quand bon leur semble, et
d'exiger d'eux les reconnoissances tant généralles que particulières, les
délais de règlement préalablement observés.
1 1
162 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
XXVI. — Voicrie. Grucrie.
Disent et déclarent les reconnoissants ont d'inhérent à leur haute
justice la voierie et la gruerie et que nul ne peut bâtir maison ni mur le
long des rues ou chemins publics, sans en avoir préalablement demandé
la permission pour l'agrément au procureur juridictionnel de leursdites
Altesses.
XXVII. — Places publiques. Arbres.
Disent et reconnoissent les comparants tant pour eux que les com-
mettants qui composent ledit lieu et pour leurs héritiers, ayants cause et
leurs successeurs à l'avenir, que les arbres qui sont dans les places
publiques, si elles n'ont été inféodées soit à ladite communauté, soit
aux particuliers, faizant partie d'icellej appartiennent à leursdites
Altesses.
XXVIII. — Obligations.
Ont promis et promettent les comparants d'être bons vassaux soumis
et emphitéotes de leursdites Altesses et de leur payer à l'avenir tous
les cens, prestations, droits et devoirs seigneuriaux, cy-devant spécifiés,
et plus s'il s'en trouve, outre les droits et devoirs que chacun se trou-
vera devoir en son particulier ; déclarant lesdits droits portables, rendus
et mesurés au chaque jour et feste de tous les Saints à leurs Altesses
ou à tous autres d'icelles ayant-cause, s'obligeant pour eux et leurs
commettants de venir faire leur déclaration personnelle quand ils en
seront requis, s'obligeant aussi à payer les arrérages du passé jusqu'à
ce jour, s'il s'en trouve dus, en deniers ou quittances et de délaisser et
abandonner au profil t de leurs Altesses la surcontenance de leurs biens
qu'ils pourraient avoir usurpés, ou de s'inféoder supposé qu'il s'en
trouve. S'obligeant en outre d'améliorer leurs biens non les détériorer,
moins encore les vendre, transporter en mains prohibées et de droit
défendues, afin que leurs Altesses ne viennent à perdre ou diminuer
leurs droits seigneuriaux. En conséquence, les comparants, en la qualité
que procèdent, tant pour eux que les commettants, héritiers et leurs
successeurs à l'avenir, ont promis et promettent de garder le chapitre
de fidélité tant ancien que nouveau et tels qu'ils les ont déclarés; et
ledit Me Geaurot en sa dite qualité, pour et au nom de leurs dites
Altesses, héritiers et successeurs à l'avenir, a maintenu et maintient les
comparants et à ladite communauté de Layrisse en leurs droits, fran-
chises, libertés et immunités, leur promettant de les secourir et soutenir
en tout, suivant la disposition du droit et toute garantie, quant à la
domination féodale seulement ; et il a accepté leur déclaration et recon-
noissance généralle sous les protestations qu'il fait audit nom; que si
les comparants ont obmis ou recellé devant nous aucun droit qu'ils
tiennent et portent de leursdites Altesses, conformément aux lettres à
DOLÉANCES l6}
terrier, d'avoir recours sur iceux et de les faire déclarer comis au
proffit de leursdites Altesses, sans laquelle clauze la présente n'eut été
reçue ni acceptée, et les comparants, l'affirmant véritable, ont promis
de garder et observer le contenu en icelle, obligation de leurs biens et
de ceux de leurs commettants qu'ont soumis à justice, dont nous ont
requis acte, que nous leur avons concédé. Fait et lu en présence des
sieurs André-Jésu Bocquet, inspecteur des chasses de son Altesse,
habitant du lieu de Bénac, et Jean-Bernard Lapeyre, habitant du lieu
d'Aurensan, soussignés avec ledit Me Geaurot.
Boquet, Geaurot, Lapeyre, Moncaup, N. R.
Controllé à Tarbe le 18 février 1783. Reçu 15 sols. Dempierre.1
APPENDICE II
Caier des doléances, plaintes et remontrances de la communauté
de Louer up.
La communauté de Loucrup- demande à l'assemblée du Tiers-Etat
de la sénéchausée de Bigorre qu'elle insère dans le cayer général les
doléances à porter au roy et aux Etats Généraux.
i° L'égalité des impositions royales et provinciales à supporter pro-
portionnellement par tous les fonds de la terre, possédés par les ecclé-
siastiques, nobles et roturiers.
20 Le retour périodique des Etats Généraux.
30 L'opinion par tète tant aux Etats Généraux qu'aux Etats de la
province de Bigorre.
4" Le changement de la constitution actuelle des Etats de laditte pro-
vince, de telle manière 1" que le tiers-état ait un nombre de voix et de
députés égal à celuy des deux ordres privilégiés ; 2" que les communautés
des habitants de la campagne ayent des représentants auxdits Etats par
districs, composés à raison de la population et de la contribution aux
charges publiques ; 30 que lesdits représentants soient élus librement et
en assemblée générale des députés de chaque district, sans qu'il y ait
dorénavant des députés de droit.
V Le rétablissement de la province dans ses anciens privilèges ; qu'en
conséquence le sindic du tiers-état sera choisi librement et exclusive-
ment par les députés du tiers état ; qu'il en sera de même du secrétaire,
choisi librement et pour un temps limité, ainsi que le sindic ; qu'il sera
fait un choix libre du receveur ou trésaurier, par abonement ou au
rabais, avec caution suffisante et solide. -
6° Que la vérification des comptes des dépenses des communauté
1. Moncaup. Etude Ramonet à Ibos.
H>4 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
les autorisations pour plaider seront attribuées exclusivement à l'admi-
nistration des Etats et de la Commission intermédiére, qui sera com-
posée librement par des députés du tiers-état, égal à celuy des deux
autres ordres.
7" Que l'administration des chemins, ponts et chausées, soient attri-
buées aussi entièrement et exclusivement à l'administration des Etats et
à la Commission intermédiére et que les consuls ou députés des com-
munautés seront appelles à la réception des ouvrages.
8" La liberté du haras et la destruction des établissements particuliers
en donnant, s'il est besoin pour l'encouragement, des gratifications à
ceux qui tiendront les plus beaux étalons, les plus belles juments et qui
auront les plus beaux produits.
9° L'abolition des milices qui désolent les campagnes.
io° L'abolition ou réformation du tarif du controlle, centième denier,
insinuation, droit de grefe et papier timbré, qui écrasent le peuple et
servent de moyen de vexation et d'imposition arbitraire sur les actes,
les contestations et les fortunes des particuliers.
il' Le droit de paccager de voisin à voisin dans les landes et fonds
incultes, la communauté ayant perdu les biens communaux pour payer
les grands fraix et dépenses qu'une route nouvelle faite dans le village
luy a causés; et d'ailleurs notre [seigneur r] s'est emparé de tous les
restants.
12" Des gratificatioifs et des indemnités sur les ravages et préjudices
causés par les eaux pluviales et la stérilité du pays et la difficulté à le
labourer.
Encore laditte communauté et chargée en ce que ledit seignur prince
l'a obligé de payé à son juge sis livres, qu'il n'avoit jamais été payées
qu'à présent, pour la pretation du sèrement que les consuls payent
tous les ans. — Dabat, Nougué, Gelet, Clos, Lalanne, Laborde,
Caussade, Puyo, consul. Bordenave, consul, Garoby, député.1
Plus ladite communauté de Loucrup demande que le droit d'ouillade
soit abolli comme surcharge trop forte et comme étant le seul village du
Marquisat qui en paye; et comme le seigneur prince a affiévé tous
ses vaquants, il est impossible de nourrir les bestiaux à laine et par
concéquant impossible de payer le droit d'ouillade. — Garoby, Clos ;
Puyo, consul ; Bordenave, consul.
APPENDICE III
Le i décembre 1654, Judith de Gontaut, dame de Saint-Geniez,
veuve de Philippe II de Montant, fait procédera l'inventaire des titres,
papiers, meubles et autres choses délaissés par son mari. Il fut dressé
par Léonard Dastugue, juge du marquisat de Bénac, par autorité de
justice, afin de garantir les droits des enfants du défunt.
1, Archives des Hautes-Pyrénées, série C, liasse i"-. article coté (J. 85 ;~ .
Mobilier du château i6<
. . . A ces fins sommes entrés dans le cabinet quy est près la porte du
chasteau où sont ies principaux titres d'iceluy.
Sommes entrés ensuite dans le cabinet attenant et avons compté onze
mousquets dans un haut râtelier; quatorze carabines ou fusils; des
hallebardes ; deux arquebuzes suspendues au crocq ; plus quatre pièces
d'artillerie en fonte.
En sortant dudit cabinet, sommes entrés dans la chambre de la soine-
lerie dans laquelle avons trouvé : 24 plats de bonne grandeur, plus 24
assiettes, le tout d'argent et marqués aux armes de la maison de Bénac.
Plus autres 12 assiettes d'argent marquées des armes de la maison de
Lavedan. Plus 2 grands plats bassins d'argent marqués des mêmes
armes de Bénac. Plus 18 cuillères d'argent avec 12 fourchettes. Plus
4 éguiers d'argent presque de même grandeur marqués des armes de
Bénac. Plus un sucrier et une vinegrette d'argent. Plus 8 flambeaux
d'argent avec des mouchettes et parassols avec une chaîne qui les lie.
Plus 3 salières à sel, l'une marquée des armes de Lavedan et les 2
autres de celles de Bénac ; 2 desquelles sont à trois fourches et
entr'autres celle quy est marquée des armes de Lavedan et l'autre
carrée est à quatre fourches. Plus une grande bouteille d'argent mar-
quée aussy des armes de Bénac. Plus un petit coquemar d'argent.
Plus 2 écuelles, l'une et l'autre avec sa couverture aussy d'argent. En
outre y aurions trouvé 3 pots, une jarre et 2 chopines d'estain. Plus 2
cruches d'estain. Plus 2 éguières d'estain. Plus 8 chandeliers de laiton
petits ou grands. Plus 16 plats et 2 amettes d'estain fort usés avec un
plat bassin d'estain ron.
De là serions entrés dans la salle basse du commun où nous aurions
trouvé une paire de chenets, ensemble deux tables ; plus dans la cuisine
se seroit trouvé un coffre et une alimande fort vieille. Plus une paire de
grands chenets de fer avec un autre de double, une pelle, 3 broches,
une grande marmite de fert. Plus un pot de fonde, 2 poêles, un poêlon,
3 tortières, un mortier de fonde et un autre mortier de marbre avec le
pilon en fert et une passoire.
De la cuisine avant étant entrés dans la fornière, dans laquelle se
seroit trouvé un ligt garny d'une paillasse, matelact, traversier avec 2
couvertes usées, l'une bleue et l'autre blanche. Plus 3 chaudières, un
chaudron petit, une bassine, ensemble un fermoir de fert pour le fourt,
une petite pelle de fert fort usée, 2 chenets de fert.
De là serions allé dans la chambre de M. le maistrc d'autel joignant
ladite chapelle dudit chasteau en laquelle aurions trouvé. une table avec
un tapis de bergame bigarré de rouge et de bleu. Plus 2 lits, un chacun
d'iceux garny d'un matelat, couvertes, traversins, lesquelles couvertes
sont bleues et blanches, "fort usées. Plus 2 chenets de fert. Plus un
timbre de cuivre.
De laquelle chambre avant seriont montés en \a grand salle et aurions
trouvé en icelle une table auprès du feu avec un grand tapis traînant de
moucarde. Plus 2 bancs couverts de même. Plus 2 tables au dessus en
l'une desquelles il y a un tapis aussi de moucarde et en l'autre de cuir
fort usé. Plus un petit banc au pied duquel il y a un timbre d'airain.
Plus 2 grands chenets jaunes. Plus 28 chaises couvertes de moucarde,
l66 LE BÉNAQUES OU BARONNIÈ DE BENAC
Plus 7 tabourets couverts de môme. Plus 1 1 tentes de tapisserie à
haute lisse à fleurs et ramages.
Ensuite serions entrés en la chambre, quy est au fond de ladite salle
du coté d'orient, en laquelle aurions trouvé un petit lit en pavillon de
damas feuilles mortes dans lequel il y a un matelat. une paillasse avec
une couverte blanche et un traversier. Plus 2 tables en l'une desquelles
il y a un tapis traînant de velours rouge avec un passement d'or, en
l'autre un de velours vert avec une irange d'or. Plus 6 petit» tabourets
de tapisserie couverts. Plus un grand tapis de pied en bergame. Plus 2
chaises garnies de même. Plus un banc couvert de toile en broderie
d'or, d'argent et de soie. Plus 8 tentes de tapisserie à feuillage et per-
sonnages. Plus une paire de chenets.
D'icelle chambre avant, étant en l'antichambre du coté du midy, nous
y avons trouvé un lit à housse de drap vert doublé de tafetas de môme
couleur avec deux bandes de broderie de soie de diverses couleurs,
garny d'une couverte traînante de tafetas rouge picqué, d'une paillasse,
couette, traversier avec deux matelats. Plus une petite table couverte
d'un petit tapis vert passementé. Plus 6 petits sièges couverts de même
étoffe. Plus 6 tentes de tapisserie vieille à haute lisse.
De là avant, serions allés à la chambre de la dame douérière quy est
au bout de la grande salle, du coté d'occident, en laquelle se seroit
trouvé un lit de cadis noir garny d'une paillasse, d'un matelat, d'une
couette, d'un traversier avec une couverte de fourreure et une autre
blanche. Plus 11 tentes de tapisserie à haute liste avec une autre tapis-
serie de cadis noir au dessus d'icelles. Plus 2 chaises à bras garnies de
môme cadis noir. Plus 1 1 places garnies aussy de cadis noir. Plus un
tableau sur le devant de la cheminée. Plus 2 chenets en fer.
De laquelle chambre de madame, serions entrés en celle des demoi-
selles joignant icelle du côté d'occident ou aurions trouvé deux lits de
bergame à housse avec paillasses, couettes, matelats, traversier dans
chacun d'iceux. Plus 9 pièces tapisserie dont il y en a 7 conformes et
les 2 autres différentes, toutes à personnages ou à fleurs.
A la suite, serions entrés en Vantichambre de ladite chambre des
demoyselles quy est du coté du midy, en laquelle aurions trouvé un lit
de rase grise avec un petit moule jaune, paillasse, couette, traversier et
une couverture blanche.
De là, nous serions allés dans la chambre du Roy, en laquelle aurions
trouvé premièrement un lit de velours rouge à rideaux ornés d'un galon
et petit moule d'or avec le tour d'iceluy de velours rouge cramoisin
doublé de môme avec une grande frange d'or au dedans et au dehors
avec la couverte tenante de tafetas rouge cramoisin picqué. Plus 5
tableaux, l'un du pourtret d'Henri IV, l'autre «de Louis XIII, le troy-
siesme quy est sur le devant de la cheminée quy représente l'histoire
de Marthe. Plus 8 pièces Je tapisserie à haute lisse à ramage ou figures.
Plus 4 chaises à bras garnies de tapisserie. Plus une petite table avec
un tapis de velours cramoisin garny d'un galon d'or. Plus une paire de
chenets.
D'icelle chambre avant, étant entrés dans la chambre verte, y aurions
trouvé un grand lit de damas vert à rideaux, paillasse, couette, mate-
MOBILIER DU CHATEAU l6~
lats, traversier avec une petite table avec un tapis de couleur vert; une
chaise à bras garnie de velours vert avec deux petits cuissins.
De là avant, nous serions montés à la chambre rouge, quy est au bout
du degré du coté du septentrion, avec un lit de rase rouge à bordure de
serge rouge aussy avec passements bleu et rouge. Plus 8 tentes de
tapisserie de bergame. Plus 2 chenets. Plus une petite table avec tapis
traînant de rase rouge. Plus 4 placets recouverts de serge rouge. Plus
une chaise à bras garnie de canevas.
De laquelle salle, serions entrés en la chambre quy est joignant ladite
salle du coté de l'orient en laquelle aurions trouvé 8 tentes de tapisserie
où est l'histoire de David. Plus un lit. Plus 4 tableaux, l'un sur la porte
de ladite chambre, les autres trois sur la cheminée, dont les deux sont
les portraits du roi et de M. Gassion, le troysiesme est l'histoire de
Salomon.
Etant partis de ladite salle en celle quy est joignant icelle, du coté du
septentrion, dans laquelle ne s'est trouvé qu'un lit à housse de rase grise.
La couverture est blanche.
Plus, dans le cabinet quy joint ladite chambre du coté du midy sy est
trouvé un lit de mousseline à housse garny d'ouvrage autour, avec deux
couvertures, l'une blanche au dessus, l'autre ornée de ramages trainants.
Plus 4 tentes de tapisserie de bergame.
De là, serions passés et entrés en la chambre jaune, quy est du corps
de logis et dernier, dans laquelle aurions trouvé 2 lits, l'un desquels est
de damas jaune à rideaux avec le tour garny de quatre franges de soie
jaune. L'autre à housse de tafetacs jaune garny de passements et cou-
verture de tafetacs jaune. Plus une petite table avec tapis de damas
jaune. Plus une chaise et trois tabourets en satin jaune usé. Plus 10
tentes de tapisserie à haute lisse à figures et ramages. Dans un coin de
'la salle deux chenets en fert.
Dans la garde robe de ladite chambre, quy est du cote du couchant
septentrion, il s'est trouvé un petit lit. Là se trouvent les portraits des
barons de Bénac et un cabinet en bois avec tiroirs.
De là, serions montés par les degrés de la tour de la cave du coté
d'occident, au milieu duquel aurions trouvé une cloche de métal ; et
après serions entrés dans la chambre bleue quy est au milieu dudit
degré en laquelle aurions trouvé trois lits dont deux ont une couverture
blanche et une housse de serge bleue avec passements azur et rouge:
les rideaux de l'autre en rase rouge. Plus une table avec un tapis de
serge bleue.
Plus en la chambre quy est au haut de la tour 2 couettes, 12 traver-
siez, 24 couvertes, etc.
Plus dans le cabinet quy est dans ladite tour, il y a un lit.
Plus dans le haut, sous les toits, on trouve des tentures, des tapis,
des étoffes usées. Plus des paquets de laine et de lin. Plus une armoire
contenant 76 aunes de serge pour lits. Dans la lingerie s'est trouvé 5 5
paires linceuls de linet ; 25 nappes de lin; 2} douzaines de serviettes
de lin ; 10 douzaines et demie de serviettes de cuisine d'estouppe ; 18
nappes de même ; 8 paires linceuls aussy d'estoupe.1
1. Chartier du grand séminaire d'Auch, n° 51^9.
l68 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
APPENDICE IV
Tableau des biens appartenant au cidevant prince de Rohan,
situes dans le marquisat de Bénac.
Section iTQ, ditte Camprans.
Le moulin de Balle a deux yeux de mulles, batti en ardoize, scitué
transversalement sur l'Echez, confronte d'orient à terre commune, midi
à l'Echez, occident à Vigneaux, septentrion à l'Echez, estimé quatre
mille livres, cy. 4,000
Section 4% de Rivière Pain.
Plus une pièce de pred, dans l'ancien hautain, de vingt-deux jour-
naux, confronte d'orient à Rivière Palu, midi à chemin, occident aussi,
septentrion Ponlaye, divisée en onze lots de deux journaux chacun.
1" Le premier lot commencera au nord de la pièce et de l'orient au
couchant, confronte d'orient à Rivière Palu, midi à pièce restante,
occident à chemin, septentrion à Ponlaye, estimée mille deux cents
livres, cy. 1,200
2" Plus un lot confronte d'orient à Rivière Palu, midi à la même
pièce, septentrion au premier lot, occident à chemin, estimé mille deux-
cents livres, cy. 1,200
30 Plus un lot confronte d'orient à Rivière Palu, midi à pièce res-
tante, occident chemin, septentrion au second lot, estimé mille deux
cents livres, cy. 1,200
4" Plus un lot confronte d'orient à Rivière Palu, midi même pièce,
occident chemin et septentrion au troisième lot, estimé mille deux cents
livres, cy. 1 ,200
5° Plus un lot confronte d'orient à Rivière Palu, midi même pièce,
occident chemin et septentrion au quatrième lot, estimé mille deux
cents livres, cy. 1,200
6° Plus un lot confrontant d'orient à Rivière Palu, midi même pièce,
occident chemin, septentrion au cinquième lot, estimé mille deux cents
livres, cy. • 1 ,200
7" Plus un lot confrontant d'orient à Rivière Palu, midi même pièce,
occident chemin, septentrion au sixième lot, estimé mille deux cents
livres, cy. • 1,200
8° Plus un lot confrontant d'orient à Rivière Palu, midi, occident et
septentrion comme dessus, estimé mille deux cents livres, cy. 1,200
90 Plus un lot confrontation comme dessus estimé, cy. 1,200
10" Plus un lot confrontation comme devant estimé, cy. 1,200
1 1° Plus un lot confrontant d'orient à Rivière Palu, midi chemin,
fetÉNâ A BÉNAC 169
occident chemin, septentrion au dixième lot, estimée mille deux cents
livres, cy. Ii20o
Plus deux journaux terre inculte, confrontant d'orient à Rivière Palu,
midi à la pièce d'onze lots, occident Ponlaye, septentrion à Daquo.
Cette pièce pourra être de bonne valeur, estimée mille deux cents
livres, cy. 1,200
Plus seize journaux pred, parsan Rivière Palu, divisée en huit, con-
frontant d'orient à Meillet et à Laborde, midi à chemin, occident aux
pièces cidessus dénommées, septentrion à Daquo.
Ie Premier lot de deux journaux confrontant d'orient à Laborde, midi
même pièce, occident aux pièces cidessus, septentrion à Daquo, estimé
six cents livres, cy. 600
20 Plus un lot confronte d'orient à Meillet et à Trusse, midi à même
pièce, occident à l'ancien hautain, septentrion au premier lot, estimé
six cents livres, cy. 600
j° Plus un lot confronte d'orient, midi, occident et septentrion comme
le second lot estimé, cy. 600
40 Plus un lot, mêmes confrontations que ci-dessus, estimé, cy. 600
5° Plus un lot, mêmes confrontations que dessus, estimé, cy. 600
6° Plus un lot, mêmes confrontations que dessus, estimé, cy. 600
70 Plus un lot, mêmes confrontations que dessus, estimé, cy. 600
8° Plus un lot, confronte d'orient Meillet, midi chemin, occident à
l'ancien hautin, septentrion au septième lot, estimé, cy. . 600
Plus une pièce de pred au Prat-Gros, de quatre journaux, confronte
d'orient Malet, midi à plus grande pièce du cidevant, occident chemin,
septentrion aussi, divisée en deux lots.
i° Deux journaux confronte d'orient à Mallet, midi pièce restante,
occident chemin, septentrion chemin, estimée mille deux cents livres,
cy. 1,200
Plus un lot confronte d'orient à Mallet, midi à pièce du cidevant,
occident chemin, septentrion au premier lot, estimé mille deux cents
livres, cy. 1 ,200
Plus autre pièce pred au Prat-Gros. de contenance de cinq jour-
naux divisé en deux lots de deux journaux et demi chacun, confrontant
d'orient à Bianne, midi Laborde, occident Bouzicou, septentrion à la
pièce de quatre journaux cidessus ramenés.
1" Plus un lot de deux journaux et demi, confronte d'orient à Bianne.
midi à piJce restante, occident Bouzicou, septentrion à la pièce
ci-dessus ramenée, estimé mille livres, ci. 1,000
20 Plus le second lot confronte d'orient Laborde, midi Laborde,
occident Bouzicou, septentrion au premier lot, estimé mille livres,
cy. . 1,000
Section 4°, dite de La Lanne.
La commune de Bénac observe qu'elle a toujours joui du bois mort
et mort bois, glandées et pâturages du bois ci-après, une pièce de bois
I?ô Le benaqués ou baRonNië de bénaC
de six cens soixante et onze journaux, nommée bois du Bécut, confronte
d'orient à terre de Saint-Martin, midi à Visquer, occident à l'Aube,
septentrion à Hibarette, estimé quarante mille livres, cy. 40,000
Nota. — Sur ces six cent soixante onze journaux de bois, il faut
distraire six journaux de pred confronte d'orient au Bécut, midi
chemin, occident l'Aube, septentrion Condesse, estimé six cents livres,
cy. 600
MUNICIPALITE DU BARRY
Section iT% ditle Caslaings.
Le moulin couvert en ardoizes a deux yeux de mules, confronte
d'orient à chemin, midi, occident et septentrion à pred du cidevant
seigneur, estimé huit cents livres, cy. 800
Une pièce pred appelé Laribarole de deux journaux, confrontant
d'orient à canal dudit moulin, midi, occident et septentrion à ruisseau
de l'Echez, estimé deux mille livres, cy. 2,000
Section des Brouils.
Dix journaux pred aux jardins, confrontant d'orient et midi à chemin,
occident à aiguère qui sert à l'arrosement de ladite pièce et septentrion
à Patalot et chemin, divisé en trois lots dont le premier à prendre de
l'orient à l'occident du côté de Patalot et chemin savoir i° trois jour-
naux à raison de quatre cens livres le journal avec la confrontation
cidessus, monte en tout mille deux cents livres, cy. 1,200
20 Quatre journaux pred à suitte, confrontant d'orient à chemin, midi
à pièce restante, occident à aiguière et septentrion au susdit lot à raison
de cinq cents livres le journal, monte, cy. 2,000
30 Les trois journaux restants confrontant d'orient à chemin, midi à
chemin, occident à aiguière, septentrion au second lot, à raison de trois
cents livres le journal, cy. 900
Plus huit journaux qui sont l'entour du château et qui ne sont sus-
ceptibles d'aucune culture, sauf à en distraire un journal pour l'empla-
cement dudit château, confrontant d'orient à aiguière, midi à chemin,
occident et septentrion à ruisseau, à raison de trente livres le journal,
monte deux cent quarante, cy. . . 240
Huit journaux champ et inculte appelé Mailhol, confrontant d'orient
à chemin, midi Dupont, occident Dupont et Ponlaye et septentrion
chemin, estimé, cy. 400
Neuf journaux hautin et vigne basse confrontant d'orient à Patalot,
midi Biane, occident et septentrion chemin, divisé en deux lots à
prendre de l'orient au couchant, dont la premier lot partira du chemin
qui est au septentrion, estimé, cy. 240
klENS A LOL'EY t 7 1
Le second lot qui confrontera d'orient à Patalot, midi à Biane, occi-
dent et septentrion au premier lot, cy. 240
MUNICIPALITE DE LOUEY
Section première.
Le moulin couvert d'ardoize a deux yeux de mule, confronte d'orient
à terre du cidevant seigneur, midi au canal, occident chemin, septen-
trion audit canal, estimé, cy.
Quatre journaux pred à Lartigue, confronte d'orient à l'Echez, midi
au même, occident et septentrion au susdit canal, estimé deux mille
livres, cy. 2,000
Un journal pré, parsan d'Armajoux, confronte d'orient à Fréchou,
midi Honta, occident Courtade et septentrion Navarre, estimé, cy. 300
Deux journaux inculte, dit Aiguassens, confronte d'orient à Caze-
nave, midi terre commune, occident Carrazé et septentrion Cazenave,
estimé douze livres, cy. 12
Maison couverte ardoize et moitié paille, grange, parc et jardin,
de contenance d'un journal, confronte à chemin, midi, occident et sep-
tentrion à terre restante, le tout estimé mille cinq cents livres,
cy. looo
Quatre journaux pred, confronte d'orient chemin public, midi au parc,
occident et septentrion à terre restante, cy. 800
Huit journaux champ, confronte d'orient à chemin, midi, occident et
septentrion à terre restante, estimée quatre cens livres, cy. 400
Dix journaux un quart chataignerée, confronte d'orient au susdit
champ, midi, occident et septentrion à terre restante, estimée cinq cents
livres, cy. 500
Dix journaux et demi vigne, confronte d'orient à Lapassade, midi et
occident à terre restante et septentrion à Saint-Martin, estimé cinq
cents livres, cy. 500
Quatre journaux et demi vigne, confronte d'orient à champ, midi
idem, occident chemin et septentrion à terre restante, estimé mille
livres, cy. 1 ,000
Cinq journaux champ, confronte d'orient à terre inculte, midi à pred,
occident à ladite vigne et septentrion à terre inculte, estimé mille livres,
cy. 1,000
Trois journaux champ, confronte d'orient à terre restante, midi bois
•de Sere, occident et septentrion à Juillan, estimé cent cinquante livres,
cy. MO
LE BÉ.NA(,)UhS OU BARONNIE DE BÉNACl
Quatre journaux pred, confronte d'orient, midi, occident et septen-
trion à terre du même, estimé quatre cents livres, cy. 400
Trois journaux pré, confronte d'orient à Passade, midi bois de Sere,
occident à terre restante et septentrion à Juillan, estimé cent quarante
livres, cy. 140
Huit journaux champ, confronte d'orient à terre restante, midi bois
de Sere, occident chemin et septentrion terre restante, estimés quatre
cents livres, cy. 400
Cinq journaux champ, confronte d'orient à Passade, midi, occident
et septentrion à terre restante, estimés trois cent cinquante livres,
Cent journaux terre inculte incluse dans les susdites pièces, estimés
trois cents livres, cy. 300
Cent trente cinq journaux bois taillis et à haute futaye appelé Bala-
bay, confronte d'orient à terre restante, midi et occident à terroir de
Louey et septentrion à terroir de Juillan, estimé vingt-quatre mille
livres, cy. 24,000
Dix journaux bois, appelé de Sere, confronte d"orient à Passade,
midi à terroir de Hibarette, occident à Mongie et septentrion à terre
restante, estimé mille livres, cy. 1,000
Nota. — Cette maiterie appelée du Balabay, consistant en total en
tout trois cents journaux, sauf erreur de calcul, confronte d'orient, à
Lapassade et terroir d'Odos, midi au terroir de Saint-Martin, occident
au terroir de Louey et septentrion à terroir de Juillan et d'Odos.
MUNICIPALITÉ DE LANNES
Section 2e. Parsan de la Bouhigue.
Six journaux champ, confronte d'orient à un fossé qui sépare la ditte
pièce de celle de Quidarré, midi Prébarat, occident Buala, et septen-
trion chemin de Lassale, divisés en deux lots de trois journaux.
1" Champ qui confronte audit fossé, midi à terre restante, ocerdent
Buala, et septentrion chemin dé Lassale, estimés neuf cens livres,
cy. 900
20 Second lot confronte d'orient audit fossé, midi Prébarat, occident
Buala et septentrion audit lot, estimé neuf cens livres, cy. 900
Parsan de Quidarré. même section.
Vingt deux journaux champ, confronte d'orient à Metarié, midi
Hourcade, occident au susdit fossé et septentrion à chemin de Lassalle
divisé en onze lots de deux journaux chacun, à raison de huit cens
livres chaque lot.
BIENS A LANNES I73
i° Premier lot, confronte d'orient à Metarié, midi à Hourcade, occi-
dent à pièce restante et septentrion à chemin, estime huit cens livres,
cy. 800
20 Second lot, confronte au premier, midi à Hourcade, occident au
lot suivant et septentrion à chemin, estimé huit cens livres, cy. 800
}" Troisième lot, confronte d'orient au second, midi à Hourcade,
occident au lot suivant et septentrion à chemin, estimé huit cens livres,
cy. 800
4" Quatrième lot, confronte d'orient au troisième, midi à Hourcade,
occident au lot suivant et septentrion à chemin, estimé huit cent livres,
cy. 800
i° Cinquième lot, confronte d'orient au quatrième, midi à Hourcade,
occident au lot suivant et septentrion à chemin, estimé huit cens livres,
cy. 800
6" Sixième lot, confronte d'orient au cinquième, midi à Hourcade,
occident au lot suivant et septentrion à chemin, estimé huit cens livres,
cy. 800
7" Septième lot, confronne d'orient au sixième, midi à Hourcade,
occident au lot suivant et septentrion à chemin, estimé huit cens livres,
cy. 800
8° Huitième lot, confronte d'orient au septième, midi à Hourcade,
occident au lot suivant et septentrion à chemin, estimé huit cens livres,
cy. 800
9° Neuvième lot, confronte d'orient au huitième, midi à Hourcade,
occident à lot suivant et septentrion à chemin, estimé huit cens livres,
cy. 800
10" Dixième lot, confronte d'orient au neuvième lot, midi à Hour-
cade, occident à lot suivant et septentrion à chemin, estimé huit cens
livres, cy. 800
Dix-huit journaux champ, parsan Quidarré, divisé en neuf lots de
deux journaux chacun, à raison de huit cens, confronte d'orient à Priou,
midi à chemin de Lassalle, occident Abadie et septentrion à Hourcade.
1" Premier lot, confionte d'orient à Priou, midi à chemin, occident
à pièce restante et septentrion à Hourcade, estimé huit cens livres,
cy. 800
2" Second lot, confronte d'orient à Priou, midi à chemin, occident
à pièce restante et septentrion à Hourcade, estimé huit cens livres,
cy. 800
30 Troisième lot, confronte d'orient à Priou, midi à chemin, occi-
dent à deuxième lot et septentrion à Hourcade, estimé huit cens
livres, cy. 800
4" Quatrième lot, confronte d'orient à Priou, midi à chemin, occi-
dent à troisième lot et septentrion à Hourcade, estimé huit cens livres,
cy. „ 800
5° Cinquième lot, confronte d'orient à Priou, midi à chemin, occi-
dent à quatrième lot et septentrion "à Hourcade, estimé huit cens livres,
cy. 800
6° Sixième lot, confronte d'orient à Priou, midi à chemin, occident
174 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
à cinquième lot et septentrion à Hourcade, estimé huit cens livres,
cy. 800
70 Septième lot, confronte d'orient à Priou, midi à chemin, occident
à sixième lot et septentrion à Hourcade, estimé huit cens livres,
cy. 800
8° Huitième lot, confronte d'orient à Priou, midi à chemin, occi-
dent à septième lot et septentrion â Hourcade, estimés huit cens livres,
cy. 800
90 Neuvième et dernier lot, confronte d'orient à Priou, midi à che-
min, occident Abadie, septentrion à Hourcade, estimés huit cens
livres, cy. 800
Parsan Arribes. Même section.
Six journaux pred, confronte d'orient à Ganousse, midi à Arribet,
occident Buala et septentrion à Abadie, divisé en deux lots de trois
journaux chacun.
Premier lot qui sera pris de l'orient à l'occident, confronte d'orient
à Ganousse, midi au lot suivant, occident à Buala et septentrion à
Abadie, estimé six cents livres, cy. 600
2" Second lot, confronte d'orient à Ganousse, midi à Arribet, occi-
dent à Buala, septentrion à Abadie, estimé six cens livres, cy. 600
Parsan de Hayel. Troisième section.
Six journaux pred, confronte d'orient à Cayret, midi à Métériè,
occident à Abadie et septentrion à chemin, divisé en trois lots de deux
journaux chacun, à commencer du septentrion au midi.
1° Premier lot, confronte d'orient a Cayret, midi à metarie restante,
occident au lot Abadie, et septentrion à chemin, estimé huit cens
livres, cy. 800
2" Deuxième lot, confronte d'orient au premier lot, midi à metarie,
occident au lot suivant, septentrion à chemin, estimé huit cens livres,
cy. 800
30 Troisième et dernier lot, confronte d'orient à Cayret, midi à
Metérie, occident à Abadie et septentrion à chemin, estimé huit cens
livres, cy. 800
Parsan Je la Patete. Cinquième section.
Un journal et demi champ, confronte d'orient à Cayret, midi à Trey,
occident à Geleda, septentrion à Haure, estimé cent cinquante livres,
cy. 1 50
Parsan Larribere. Quatrième section.
Cinq journaux pré, confronte d'orient à Hourcade, midi à Pascau,
occident à Estieu et septentrion à Balagna, estimés deux cens cinquante
livres, cy. 250
BIENS A ORINCLES
Quatre journaux pré, divisés en deux lots, confronte d'orient à Arras,
midi et occident à Priou et septentrion à Mengelle.
i° Premier lot, confronte d'orient à Arras, midi à Priou, occident à
pièce restante et septentrion à Mengelle, estimé cinq cens livres, cy. 500
20 Second lot, confronte d'orient au premier lot, midi et occident à
Priou et septentrion à Mengelle, estimés cinq cens livres, cy. =;oo
Parsan Du^ous. Première section.
Quatre journaux pré, confronte d'orient à Daquo, midi à Lapene,
occident à Claret et septentrion à Lacoste, estimés huit cens livres,
cy. 800
Nota. — Le nombre d'environ cent trente journaux, porté par le
district, se trouve extrêmement diminué puisque les officiers municipaux
ont déclaré ne connoitre d'autres pièces que celles ci-dessus désignées
première section.
MUNICIPALITÉ DE HIBARETTE
Un moulin, couvert d'ardoise, à deux yeux de meules, confronte
d'orient à Monjouan, midi à l'Echez, occident à Magenties et septen-
trion audit Echez, estimé cy. 2,200
Un journal et quart pred, confronte d'orient et midi à l'Echez, occi-
dent à Magenties et septentrion audit Echez, estimé sept cens livres,
cy. 700
MUNICIPALITÉ D'ORINCLES
Seconde section, appelle Miramon.
Un moulin, couvert d'ardoizes, à deux yeux de meules, confronte
d'orient à Deffis, midi à canal, -occident à Cabailla et septentrion au
même canal, estimé six mille livres, cy. 6,ooo
Nous Commissaire, nommé le 12 du courant, par le directoire du
district de Tarbes, avons procédé à la division et estimation des biens
immeubles du cidevant seigneur de marquisat de Bénac, en présence
et de concert avec les officiers municipaux de chaque commune où nous
nous sommes transportés.
A Bénac, le 27 septembre 179], l'an 2 de la République française
une et indivisible. Lamathe, commissaire signé.
Enregistré à Tarbes le 12 pluviôse, l'an" 3 de la République française
une et indivisible. Reçu 20 sols. Dampierre signé.
Collationné par nous, président et secrétaire général du district de
la plaine. Bordenave, président d'âge. Decamps, secrétaire général.
Vu par nous, administrateurs du département des Hautes-Pyrénées.
Tarbes, le 9 vendémiaire, 4e année républicaine. Salles, Vergez,
Gertoux.
Iy6 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
Bail afferme des biens des émigrés Rohan-Rochefort el Rofhelin,
son épouse. i4e brumaire, an 7e de la République. — Andrest.
» Cayer des charges. ..• déposé au greffe... communiqué aux
citoyens qui voudront affermer les biens ayant appartenu à Rohan-
Rochefort et Rothelin, son épouse, émigrés, scitués dans la commune
d'Andrest, sur lesquels le séquestre a été rétably.
/re adjudication.
. . . S'est présenté le citoyen Jean Lafaye aîné, habitant de la com-
mune d'Andrest, qui a offert soixante un francs pour prix d'affermé de
quatre journaux labourable, situés à Andrest, ayant appartenu à Rohan-
Rochefort et son épouse, émigrés, au quartier appelé de Pesquide,
confronte d'orient à Bernard Comte, midy allée de servitude, occi-
dent Sendrest et septentrion communal.
2e adjudication.
... S'est encore présenté le citoyen Jean Gardey... qui a offert
cent quarante francs. . . parsan du Trougne, de contenance de neuf
journaux, confronte d'orient chemin public, midy allée de servitude,
occident Jusforgues Pébarat et septentrion d'Andrest. . .
?e adjudication.
S'est encore présenté le citoyen Pierre Daban. . . qui a offert trente
un francs. . . de trois journaux labourable. . . confronte d'orient à ruis-
seau, midy et occident communal et septentrion Daban.
f adjudication.
S'est encore présenté le citoyen François Daban... qui a offert
quatre vingt treize francs. . . cinq journaux labourable. . . au parsan de
Murret, confronte d'orient Lafond, midy pièce restante, occident
Pierre Dunbert et septentrion allée de servitude. . .
5e adjudication.
Et de suite s'est encore présenté le citoyen Bernard Jusforgues...
qui a offert quatre vingt douze francs., de dix-neuf journaux labou-
rable. . . quartier de la Maillassette, confrontant d'orient allée de servi-
tude, midy chemin, occident Roch Larcade et septentrion Pierre
Dunbert et autres. . .
ADJUDICATIONS
6e adjudication.
S'est encore présenté le citoyen Pierre Pujo. . . qui a offert quatre
vingt seize francs. . . cinq journaux et demi labourable au quartier de la
Boueylère, confrontant d'orient à Megueron, midy Sarthou, occident
Labassé et septentrion à Sarthou.
7e adjudication.
Enfin s'est présenté le citoyen Jean Mouret... qui a offert cenc
francs. . . deux journaux et demi pré. . . parsan du Moulin, confrontant
d'orient à canal, midy Comte, occident terre commune et septentrion
Dominique Jounca. .
Aux citoyens administrateurs du district de Vie,
Marie- Henriette- Charlote- Dorothée Rothelin , femme divorsée
d'avec Charles- Arnaud-Jules Rohan, expose que depuis plus de quatre
ans elle a été contrainte d'habiter successivement dans les communes
de Rochefort, de Grange-la-Montàgne, de Dourdan, de Paris et de
Versailles.
Sans cesse environnée d'amertume et de douleur, elle a trouvé
partout une nuée de comités révolutionnaires qui ont tour à tour exercé
sur elle leur tyrannique et dangereux empire et aggravé plus ou moins
sa douloureuse existence.
Traduite des différentes maisons de détention devant l'ancien comité
de sûreté générale et de là dans les cachots, la Providence semble
n'avoir veillé sur ses jours que pour lui annoncer encore un avenir plus
malheureux et plus déplorable.
Ses possessions dévastées dans plusieurs districts du département,
une grande partie de ses forêts détruite, ses moulins incendiés, les
meubles de ses maisons vendus. Telle est la triste perspective que ses
propriétés lui présentent et que des malfaiteurs ont impunément ravagé,
jusqu'à ce jour où la justice appelle enfin sur eux toute la sévérité des
loix.
Comme l'émigration de Rohan, qui n'est plus son époux, a servi de
motif à la main mise de la nation sur ses biens, qui n'ont jamais été
confondus avec ceux de cet individu absolument étranger pour elle,
qu'il est de toute justice que la main levée du séquestre, qui y a été
apposée, lui soit accordée toutes les fois qu'elle établit par les certificats
de résidence qu'elle a déposée au district de Tarbes où elle avoit fait
sa dernière résidence avant son départ pour Paris et où elle a présenté
sa pétition en main levée du séquestre établi sur les biens qu'elle pos-
sède dans l'étendue de ce dernier district, et desquels il résulte qu'elle
a fait son habitation constante et suivie depuis et même antérieurement
n
I78 LE BÉNAQUÈS OU BARONNIE DE BÉNAC
au mois de mai 1792 (v. s.) jusqu'à ce jour sur le territoire de la répu-
blique.
Que la nation française, toujours grande et généreuse, éternellement
juste et bienfaisante, est certainement bien éloignée de vouloir, au
prétexte de l'émigration dudit Rohan, qui n'est plus rien pour elle,
s'aproprier la jouissance des biens qui sont propres et particuliers à la
pétitionnaire. — Que le produit de trois ou quatre cents journaux de
terre labourables, preds et vignes qu'elle possédoit au terroir d'Andrest
est perdu pour elle et pour la nation pour les avoir accensés deux ans
avant la Révolution et sont acquis à des particuliers qui n'en ont jamais
payé même une seule année de redevance et que cette seule circons-
tance actuellement diminue son patrimoine, qu'elle ne peut retirer de
ce qui lui reste les secours nécessaires aux premiers besoins. De là
n'ayant rien perçu de ses revenus depuis quatre à cinq ans.
Que dans cette position fâcheuse elle vient encore d'être instruite
que les habitants de la commune d'Andrest, qui ne sont pas encore
satisfaits d'avoir réuni sur leur tête, par 'la suppression des droits
féodaux, une quantité immense de biens-fonds cultivés de tous les temps
et en nature de labourable, preds et vignes, qui avoient toujours formé
le patrimoine de la pétitionnaire, et dont l'avidité sans bornes compromet
leur probité, ont provoqué de l'administration la vente de son moulin
et autres biens non accensés. dans le terroir de ladite commune
d'Andrest, sans doute avec prétexte de son absence du département.
Mais comme il résulte des attestations cy annexées 1 " que la péti-
tionnaire n'est point comprise dans les différentes listes des émigrés du
département ; 2" qu'à l'appui de la pétition devant l'administration du
district de Tarbe, dernier lieu de son domicile avant son départ pour
Paris et tendant à la main levée du séquestre apposé sur les biens
qu'elle possède dans l'étendue de ce district, elle a joint des certificats
de résidence, qu'elle ne peut en même temps en faire la remise devant
votre administration ; il vous plaira, citoyens administrateurs, arrêter
qu'il sera sursis à la vente des biens qu'elle possède au terroir de la
commune d'Andrest, pour être ensuite statué sur la main levée d'iceux
s'il v a lieu, à la vue de la demande que la pétitionnaire se réserve
d'informer, comme elle l'a fait devant le district de Tarbes et autres
districts du département ou ses dits biens sont scitués. Et fairez justice.
Du _ germinal an 111.
Dutilh, procureur fondé de la citoyenne Rothelin.1
Bailli à ferme de la seigneurie du Lavedan.
L'an i~;- et le 5 du mois de mars, en la ville de Tarbe. après midi,
dans le palais épiscopal de la ville de Tarbe, par devant nous advocat
au parlement, notaire royal soussigné, en présence des témoins bas
1, Archives des Hautes- Pyrénées, série Q, (V,
FERME DU LAVEDAN i -9
nommés, constitué en personne monseigneur l'illustrissime et révéren-
dissime Pierre de la Romagère de Roncessy, évèque de Tarbe, procu-
reur fondé de haut et puissant seigneur Alexandre d'Orléans, marquis
de Rothelin, vicomte de Lavedan, baron de Beussens, premier baron
de Bigorre, seigneur de la baylie d*Azun et autres lieux, lieutenant
général des armées du roy, suivant sa procuration en datte du 5 janvier
i-^2, retenu par mètres Teulat et Roger, notaires à Paris, lequel, de
son bon gré et en la qualité qu'il procède, a baillé et parle présent acte
fait bail à ferme, en faveur du sieur Jean-Hector Daure, bourgeois de
la ville de Lourde, la vicomte de Castelloubon et Juncalas au'pays de
Lavedan, droits seigneuriaux en dépendans qui se lèvent en la vallée de
Batsuriguère, dans la sénéchaussée de Bigorre ; plus la baronnie et
domaine du château de Beussens, où est comprise la vigne joignant le
château, droits seigneriaux en dépendans, et ceux qui se lèvent et
perçoivent dans les lieux et villages de la vallée de Davantaigue et
rivière de Saint-Savin ; plus la baylie d'Azun et seigneurie de Sireix et
autres fiefs que ledit seigneur constituant a en sa vallée d'Azun ;
ensemble tous les bâtiments, terres, vignes, preds, dépendants desdits
vicomte, baronnie, domaine, baylie, fiefs et seigneurie, ainsi que ledit
constituant est en droit et est accoutumé de les prendre, percevoir, et
d'en jouir, sans en rien excepter, retenir ni réserver que ce quy sera cy
après expliqué, tout ainsin, et de la même manière que ledit sieur
Daure et autres fermiers avant lui en ont joui ou du jouir. Et ce pour
le temps et espace de cinq années prochaines et consécutives, la pré-
sente comprise, et finissant par celle de mille sept cens soixante un
inclusivement; moyennant le prix et somme de quatre mille cinq cens
livres pour chaqu'une année, seavoir deux mille quatre cens livres pour
la vicomte de Castelloubon et Juncalas, mille trois cens livres pour la
baronnie et domaine de Beussens, cinq cens livres pour la baylie
d'Azun et fiefs en dépendants et trois cens livres pour les augmentations
ou méliorations que ledit sieur Daure présent, stipulant et acceptant
pourroit faire dans lesdits vicomte, baronnie, baylie de Sireix et dépen-
dances d'icelles ou droits dus audit seigneur constituant, qui pourroient
être découverts à l'occasion des nouvelles reconnoissances que ses
vassaux lui ont consenti ou doivent lui consentir, ou affièvements qui
seront faits en conséquence, de l'agrément et consentement de mondit
seigneur l'évèque procureur fondé, de manière pourtant que soit qu'il y
soit fait des augmentations et méliorations, ou qu'il n'en soit
point fait, lesdites trois cens livres seront payées chaque année par
ledit sieur Daure, preneur, outre et par dessus le prix de ferme fixé
pour ledit vicomte, baronnie et seigneurie et baylie de Sireix. Et à titre
d'augmentation sur ce que ledit sieur Daure en donnoit par les précé-
dents baux. Et comme la susdite somme de 300 livres étoit comprise
dans le prix du présent bail ; laquelle susdite somme de 4,îoo livres du
prix du présent bail à ferme, le sieur Daure, preneur, promet et s'oblige
de payer chaquune desdites cinq années audit seigneur de Rothelin,
constituant, ou à mondit seigneur l'évèque procureur fondé, ou à autre
préposé par lui commis, en deux payements et deux termes égaux de
2250 livres chaqun et dont le premier écherra au mois de décembre de
la présente année et le second au mois de juin de l'année 1760 et ainsin
l8o LE BÉNAQUÉS OU BARONN1E DE BÉNAC
consécutivement année par année et à pareil terme les années suivantes,
et outre, et par dessus ledit prix de ferme ledit sieur Daure promet et
s'oblige de garnir et tenir garnis les batimens dépendans desdites terres,
des meubles exploitables pour la commodité ou de ceux qu'il y faira
habiter, de faire habiter et de faire tenir ménage dans chaquun des
châteaux de Beussens et de Juncalas par un de ses commis ou préposés
pendant la durée dudit bail; et s'il plaisoit audit seigneur, marquis de
Rothelin d'aller occuper en personne, ou de faire occuper par quelquun
des siens ou autres l'un ou l'autre desdits châteaux ou tous les deux,
ledit sieur Daure s'oblige de les rendre libres et de laisser toujours une
chambre dans chaquun d'eux que ledit seigneur pourra faire occuper
par telle personne que bon lui semblera ; promet et s'oblige encore
ledit sieur Daure d'entretenir pendant lesdites cinq années et de rendre
à leur expiration lesdits bâtiments en bon état, de toutes menues répa-
rations locatives, fermer les goutières, de souffrir que les grosses répa-
rations, s'il convient d'en y faire, y soient faites, quelque temps qu'elles
durent, d'entretenir et même réparer s'il est besoin le colombier du
château de Beussens et d'y fournir une quantité suffisante de pigeons
et d'en laisser au moins 6 douzaines de couples à la fin du présent bail ;
il s'oblige de plus de regarnir et de renouveller autant qu'il sera néces-
saire la vigne du château de Beussens de muscats, péchiers et autres
pieds d'arbres à haute et basse tige, de labourer, fumer, cultiver et
ensemencer les terres, vignes et preds dans les saisons convenables et
de les entretenir en bon père de famille, comme aussy de payer 20
livres chaqu'une année pendant le présent bail au garde, établi par le
seigneur marquis de Rothelin, pour la chasse, pèche et bois de la
baronnie de Beussens, de tenir en bon état le livre des droits seigneu-
riaux pour chaque terre, sçavoir un pour la vicomte de Castelloubon,
un autre pour la baronnie de Beussens et un troisième pour les fiefs et
redevances de Sireix, lesquels livres il sera tenu de remettre audit
seigneur de Rothelin à la lin du présent bail ; et comme le précédent
et dernier, en datte du 13 février 1749, retenu par mètres Roger et
Lecordes, notaires à Paris, qu'un n'a pu avoir pour s'y conformer et
qui se trouve entre les mains du sieur de Roquemaure, directeur du
vingtième à Auch, pour servir à la vérification de la déclaration donnée
par ledit sieur seigneur marquis de Rothelin, de ses revenus en la pré-
sente province de Bigorre, il demeure convenu que, s'il y a quelque
clause dans ledit bail qui ne soit point ramenée ni stipulée dans le pré-
sent ou quy ne s'y trouvent point changées, elles auront leur effet
comme si elles y étoient nommament exprimées et stipulées; et attendu
que ledit seigneur marquis de Rothelin ("ait rendre de nouveaux aveux
et dénombrements dans tous les villages et parroisses dépendantes du
présent bail avec un arpentement général, il demeure aussi convenu que
toutes les amandes et restitutions de fruits qui se trouveront être dus
par les vassaux, pour avoir empiété sur les terres de friches qui avoient
été données en affièvement aux communautés de la vallée de Castel-
loubon et baronnie de Beussens pour le pâturage des bestiaux seule-
ment, seront perçues par ledit sieur Daure, qui en rendra compte de la
moitié audit seigneur et gardera l'autre moitié devers lui en son propre
et comme lui appartenant. Comme aussi qu'au cas ledit seigneur cons-
FERME DU LAVEDAN
tituant rentre dans ses terres usurpées, ledit sieur Daure les pourra
faire valloir ou affermer à qui bon lui semblera, pendant le cours de son
bail, et en faira compte de la moitié qui en proviendra audit seigneur
de Rothelin, l'autre moitié sera pour lui en reconnoissance de ses peines
et soins, et donnera à la fin de son bail un état au juste de la situation,
partenans et aboutissans desdites terres ou autres héritages qui rentre-
ront au domaine dudit seigneur ; et attendu que ledit seigneur a droit
de banalité de moulin dans plusieurs communautés, dépendantes de la
baronnie de Beussens et de la susdite vicomte, qui n'ont pas droit d'en
avoir, ledit sieur Daure pourra affiéver les endroits où ledit seigneur a
droit de bâtir moulin banal ou tannier sous l'approbation et consente-
ment exprès de Mgr l'évèque de Tarbe, qui homologuera lesdits affiève-
ments lorsqu'il les trouvera justes et équitables, et le produit qui pourra
provenir desdits affièvements appartiendra en entier audit sieur Daure
pendant le courant de son bail; de même aura ledit sieur Daure les
droits qui sont dus audit seigneur sur les brebis, dans les endroits ou
ledit seigneur est conseigneur avec le roy et qui ont été négligés et
qui sont en demeure d'être payés par les vassaux et ce pendant la durée
de son bail et en donnera pareillement un état à la fin d'iceluy ; convenu
de plus que ledit sieur Daure ne pourra intenter des procès contre les
vassaux dudit seigneur Rothelin, concernant de nouveaux droits, sans
au préalable avoir consulté Mgr l'Evèque et conféré avec lui à ce sujet,
se réservant ledit seigneur les arrérages et prix de ferme qui peuvent
•lui être dus par ledit sieur Daure, lequel promet et s'oblige de bailler
à ses frais et dépens, à monseigneur l'Evèque une expédition du présent
bail et d'exécuter le contenu en iceluy à peine de tous les despens
domeages et intérêts, et mondit seigneur l'Evèque en la qualité qu'il
procède, promet et s'oblige de faire jouir ledit sieur Daure, preneur du
présent bail, en jugement et dehors envers et contre tous, promettant
ledit sieur Daure de faire passer et compter la susdite somme de quatre
mille cinq cens livres aurjit seigneur de Rothelin franche et quitte de
port et de tout droit de lettre d'échange, convenu entre parties que
ledit sieur Daure jouira et percevra à son profit les droits dus audit
seigneur de Rothelin, pour raison de lots, des échanges déterre dans
la vallée d'Azun, ceux dus dans la vicomte de Castelloubon et baronnie
de Beussens demùrent réservés pour mondit seigneur de Rothelin
concernant lesdits droits d'échange. Et pour l'assurance et observation
de ce dessus mondit seigneur l'évèque, en la qualité qu'il procède, a
obligé les rentes et revenus dudit seigneur de Rothelin, et ledit sieur
Daure tous chaqu'un ses biens présens et à venir, et par exprès sa
personne qu'il a soumis à justice. Fait, lu et passé en présence de
Me Jean Pailhé, prêtre prébandé de l'église cathédrale de Tarbe et
Me Bernard Lacay me ez arts, habitant dudit Tarbe, signés à l'original
avec les parties et nous notaire royal, qui en foi de ce ay expédié le
présent extrait audit seigneur marquis de Rothelin. Ledit original étant
controllé au bureau de Tarbe par le sieur Cormialles comis, qui a
receu trente-six livres huit sols. Lacay, notaire royal.1
I. Archives des Hautes-Pyrénées, série E, liasse }.
I.S2 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
APPENDICE V
In nomme Domlni. Amen. Coneguda causa sie als presens e als
abieders, qui la présent carta publica bederan ni audiran legir que l'an e
jour déj us scriutz. lo noble et poderos senhor mossen Arnaud de
Montaut, cabaler, baron e senhor deu loc de Benac e de Montaut,
requeri au noble Augerde Billambitz, senhor deu loc de Bisquer, que ed
lo t'es lo segrament de rideutat et lo fes homenatge e lo reconegos cum
a senhor per lo diit loc de Bisquer, e cum far debee estengut de far, e
sos prédécessors haben acostumat à tôt senhor o dona nabet de Benac,
e far tôt senhor o dona de Bisquer nabet haben acostumat o deben
far au senhor o dona de Benac mudant, per lo diit loc de Bisquer; e
aqui présent lo diit noble Auger de Billambitz, senhor deu diit loc de
Bisquer, dixo et respono ab granda e ab aquere honor cum far pode ni
debe, que ed es prest e aparelhat de far e complir lo segrament de
hdeutat, e de far lo homenatge per lo diit loc de Bisquer a qui présent.
Empero dixo lo diit noble Auger que lo diit senhor de Benac, cum
senhor, debe far prume a ed lo segrament de lo emparar, sostenire
gardar de tort et de forsse de luy medix et de tote autra persona a son
poder. e de lo confermar sos privilèges, libertadz, e en aquets lo
sostenir, e que atau era acostumat de far. E la hora lo diit noble
mossen Arnaud de Montaud, cabaler, senhor de las diites baronies
de Benac e de Montaut, jure ab sas proprias maas sus lo Te Igitur e
la beraya crois toquans disen ayxi : Jo, Arnaud de Montaud, senhor de
Benac et de Montaut, juri à vos noble Auger de Billambitz, senhor
deu loc de Bisquer, et vos prometi de vos, estar bon e leyau senhor, e
de vos tenir e emparar en bostres boos fors e bonas costumas, libertadz,
priviletges e franquessas, e vos gardaray de tort e de forsse de mi
metex e de tota autra persona a mon leyau poder, e de vos far dreyt
en ma cort, e vos sostieray e empararay à mon poder, ayxi cum far
devrey en tots vostres priviletges, anxi cum lus autres gentius liges delà
terre de Berniques, ansi cum tôt senhor deu far, e asso per Diu e per
aques Sans. E Asso feyt, lo diit noble senhor de Benac et de Montaut
estan assietat e tenen suus sos genolhs lo libe missau et la beraya crois,
bengo aqui lo diit noble Auger, senhor de Bisquer, descintat, melen se
de genolh ans pees deu diit senhor de Benac, e pausa sas duas maas
suus lo dit libe missau, dixo et jura en la forma cum après se sec :
« Jo, Augerde Billambitz, senhor deu diit loc de Bisquer, juri que sere
boo et beray subiect e fideu à vos noble senhor de Benac e de
Montaut, e aus vostres, e vos adjudarey e socorreray a tôt mon leyau
poder contra tôt hom del mon, qui mal ni dampnatge vos vulhe far a
vos ni aus vostres, tantost cum per vos sere requerit, exceptât contre
nostre senhor lo rey de Franssa. Item que james no serey en loc ni en
plassa scientmens ni en adjutori, ni en feyts que vos pergats la vita o
membre augun, e que vos prengats en vostra persona auguna lésion,
enjuria, o bergonha, o que pergats augun honos que ara habets, o per
temps haberats o possiderats. Item que si io sap o audirey diser que
HOMMAGE AU SEIGNEUR DE BENAC
augun builha far de las causas dessusdiitas contra vos, a mon poder que
no se fassa, y, metteray impediment, o si no y pusc meter o far impedi-
ment, tantost cum lo poyrey, vos a farey assaber, e aixi cum io poyrey,
contra aquet o aquets secors e ajuda vos darey, e si per abentura
se endebieba que auguna fortalessa, rendas, proprietats, poscessios, o
autra causa que de présent habets o haberets per lo temps habiedor,
injustamentz o per caas d'abentura pergats aqueras, vos adjudarey a
recrubar, emparar o a defener. Item que si sey que vos vulhats a
auguns ofender justament o far guerra, e sereyper vos requerit speciau-
mentz o generaumentz,,que secors e adjutory aquets que io poyrey jo
vos donarey. Item que quant me manifestaratz ni diseratz auguna causa
en segret, aquera a nulha persona, sens vostra licentia, no manifestarey
ni diserey, ni causa per que se manifeste no farey. Item si me deman-
dats de auguna causa cosselh, aquet cosselh, qui me semblara que sia
plus expédient e plus util a vos, darey. Item que de ma persona ni per
autres no farey, ni farey far auguna causa que sia a injuria, o bergonha,
o deshonor de vos, ni deus vostres successors, ni deus vostres. Item
que totas begadas que io serey per vos mandat per vostra coeyta propria,
e vos serats mandat per nostre senhor lo comte de Begorra, oper nostre
sobiran senhor lo rey de Franssa, a tôt mon leyau poder vos serbirey, e
totas las autras causas qui e apertienen a segrament de fideutat vos
tieray e observarey ; e asso juri de tenir e observar per Diu e per aquets
Sans ». Juran ab sas duas maas suus lo diit libe missau, Te igitur, e
la beraya crots dessus diitta ; e de las causas dessusdiitas, cascunas par-
tidas requerin sengles cartas de una ténor e substantia.
Acta fuerunt haec in ecclesia castri de Benaco, die sexta mensis
aprilis, amo Domini M.cccclj, régnante illustrissimo principe et domino
nostro domino Carolo, Dei gratia, Franciœ rege ; domino que Gas-
tone, eadem gratia, comité Fuxi et Biçorrce ; ac reverendo in Christo
pâtre et domino nostro Rodgerio, miseratione divina, Tarviensi epis-
copo, dominante et existente; in prcesentiaet testimonio nobilis Johannis
de Abbatia de la Marcha; Manaldi de Sancto Stephano, alias lo Basco,
loci de Ripafracta ; Bernardi de Trussa ; Arnaldi Guillelmi du Fexer ;
Bernardi de Laens, loci de Benaco; Dominici de Pomeno, Ramundi de
Deanto, Pétri Burgi et Arnaldi de Solerio, loci de Bisquerrio; habita-
torum, testium ad premissa vocatorum, et mei Roberti de Porerio, clerici
villœ de Lurda habitatoris, publici auctoritate imperiali notarii, qui
prcemissis omnibus et singulis dum sic ut premittitur agerentur et
lièrent, una cum prcenominatis testibus ; prcesens fui, eaque sic lieri
vidi et audivi, in notamque sumpsi, a qua prcesens publicum instrumen-
tum pro parte dicti nobilis et potentis viri Arnaldi de Monte Alto,
militis, domini de Benaco et Monte Alto abstraxi, in hanc formam
publicam redegi, manuque mea propria scripsi et grossavi ac signo meo
publico et consueto signavi, in rldem et testimonium omnium et singu-
lorum premissorum. — Ex Tabulario Benacensi.1
i Larcher (J. B.). Glanage, t. II p. 2?o.
184 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BÉNAC
APPENDICE VI
Au nom de Dieu soict faict. Amen. Sçaichenttouspressns et advenir
que l'an de grâce mille six cens vingt et cinq et le cinquiesme jour du
moys de feburier, au lieu de Benac et dans le cloistre et domicile de
McJean Magenties, prestre et prieur dudit lieu, après midy, régnant
Louys, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, par devant
moy notaire royal héréditaire soubsigne, presens les tesmoings bas
nomes. Constitue en sa personne propre M"' Pierre Darié, prestre et
prieur jadis dudit lieu de Benac, lequel estant dans son lict gisant de
certaine maladie courporelle, touttefois sain de son cens et entende-
ment, bonne mémoire, c msiderant que en ce monde il n'y a chose
plus certaine que la mort ny plus incertaine que l'heure d'icelle, et
pour dispozer des biens que Dieu luy a donnés en ce monde et suyvant
le dire des saiges, avec le voulloir, acistance et consentement du susd.
M Jean Magenties, a faict s m lestement en sa dernière volunté. 1" Il
a faict le signe de la croix disant : Au nom du Père, du Fils et benoict
Sainct Esprit, ainsin soict-il. Apprès a rec > mmandéson âmeà Dieu le Père
tout puissant, à la benoicte Vierge Marie et à tous les saincts et sainctes
du Paradis; apprès a dict que, quand plaira à Dieu faire séparation de-
rame et de son corps, veult et ordonne que son corps soict inumé et
enterré en l'esglize de Benac et dans la chapelle Sainct-Benoict, en tel
lieu que ledit sieur Magenties advizera. Davantaige a dict que, apprès
son desces luy soict faictes toutes honneurs funèbres, corne est le jour
de la sépulture, les troys matins, le neufviesme jour et bout d'an. Item
a dict et ordonné, veult et ordonne que d'autant qu'il est tenu de Dieu
prier, qu'il luy soict chanté troys trentenaires de Requiem dans l'esglize
dudit Benac dans trois ans apprès son desces, par messieurs les prestres
de Benac. Item a dict et ordonne qu'il luy soict chanté un obit en
l'esglize et chapelle Saint-Benoict, annuellement chasque année le jour
apprès la l'esté sainct Benoict, quy est le vingt uniesme marcs, par
lesdits prieur, religieux et recteur dudit lieu, pour le capital duquel
obit laisse et lègue seitze escus petits, payables par son héritier bas à
nommer. Item a légué et fondé autre obit pour le mesme capital et
some de seitze escus petits, chantable en l'esglize de Sainct-Celse par
les sieurs archiprestre et prestres fradernals de Juncalas, pour le jour et
veilje dudit sainct Celse. Item a dict estre obligé par la justice de
Tarbe de fonder un obit pour l'âme de feu Jean Destrucas, dict de
Nogué, dudit lieu de Benac, pour le capital et somme de trente six
livres, conformément au jugement donné par ladite justice, lequel veult
et ordonne qu'il soict chanté par les sieurs prieur, religieux et recteur,
en l'esglize dudit Bénac, le jour après chascune feste de tous les Saincts
annuellement. Tous les susdits leguats son héritier sera teneu payer et
pour subvenir à iceux, a mis en payement à son heretier les somes
suivantes, lesquelles a dict et déclaire devant moy dit notaire et
tesm )ings devoir prendre légitimement et justement des personnes quy
sensuivent. 1" A dict et declaire devoir prendre des mains de Castainu..
TESTAMENT DE PIERRE DARIÉ l8^
de Saint-Créat, 10 escus petits; 2" de Jean et Susanne Chaurot, 20
escus petits ; VJ de Cabaré. ^o escus petits ; 40 de Me Laurent Carassus,
prestre d'Ordon, 20 escus petits ; î" de Bernard et Anne d'Estaloup,
de Loey, 12 escus petits; 6" de Camy, d'Orincles, 10 escus petits et
6 mesures avoine ; 7" de Gourgue, dudit Orincles, 20 livres ; 8" de
Normy, de Benac, 6 sacs de bled ; 9" de Me Dominique Abadie,
prestre d'Osté, ce quy se treubera en une obligation qu'il testateur feut
procureur audit Abadie contre Cardos, d'Arrodet, de laquelle ledit
Abadie s'est faict obliger du depuis en son nom audit de Cardos, corne
aussy audit de Cabaré. de Juncalas ; io° doict prendre de Me Anthoyne
Navensan, prestre et archiprestre de Juncalas, la some de huictante
livres, lesquelles il veult qu'il paye en la forme suyvante : sçavoir à la
prochaine feste de Toussaincst 40 livres et les 40 restantes dans deux
ans appres, sçavoir 20 livres chascune feste de Toussaincts. Item a dict
devoir prendre des héritiers de la maison de Palassa, de Juncalas, la
somme de 500 livres, en déduction desquelles il a déclaire en avoir
receu 200 livres, de laquelle some de ]oo livres restantes veult et
ordonne qu'il soict payé par son héritier deux debtes qu'il doibt à
Ma-dalaine de Liacs, du Barry de Benac, l'un de 30 livres et l'autre
de cent cars d'escut ; pour lesquels debtes ledit sieur Magenties s'oblige
ou nom dudit testateur envers ladite Magdalaine, de tous lesquels
debtes, corne dessus est dict, et donne pouvoir, puissance et mande-
ment à son heretié bas nomé d'agir et poursuivre le payement d'iceux
lorsque bon lui semblera, le tout en payant les susdits leguats. Et pour
voir son présent testement en bonne et deue exécution a élevé son
exécuteur testamentaire fraire Arnaud Balle et Pierre Magenties,
religieux audit Benac, auxquels a donné plain pouvoir de mettre iceluy
en entière exécution. Parce que tout testement est de nulle valleur
efficasse qu'il n'y aye institution d'héritier, à ces fins a faict et de sa
propre bouche nommé son héritier ainsin Jean Magenties, prestre et
prieur susdit, de tous et chascuns les susdits biens, payé qu'il soict les
susdits leguats; cassant, revocquant et annullant tous autres testements,
codicilles et donations qu'il pourroict avoir faicts par cy-devant, sauf
celui-ci son dernier et non cupatatif testement. Lequel veult et ordonne
qu'il soict valable par manière de codicille ou donation et déclaration
faicte à cause de mort et autrement en la meilleure forme que de droict
pourra valloir et a requis moydit notaire luy retenir le présent teste-
ment. ce quy ay faict en présence de M"' Anthoine Navensan, prestre et
archiprestre de Juncalas, Bertrand Dulcis, prestre et recteur de Benac,
Bernard Castaing, régent audit Benac, Daniel Daquo, Jean de
Rayelle, Bernard et Pierre Monart, les tous de Bénac.
Darié, J. Magenties prieur, Dulcis, de Navensan, Castaing, Daquo,
de Carrère, N. R.1
î. Carrère (Pierre de). Etude F. -A. Vivier à Tarbes.
86 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BENAC
APPENDICE VII
Comme soyt ayt seu entre nous dom César Larcade, prieur titulaire
du prieuré N. D. de Benac, ou son procureur, contre les margulhiers
de l'esglize de Lane, le sindic des manans et habitans de la paroisse
dudit Lane, pour raison de la dixme des fruits et autres legumages
contre ledit sindic dudit Lane dont lesdites parties auroyt remis le
différant, instances et dépendances au los arbitral de messieurs Jean
Laffont. lieutenant principal, et Valentin Sérignan, conseiller du roy en
la cour seneschalle de Bigorre, sur quoy sentence arbitralle auroyt
esté rendeue par ledit Simon, arbitre, le vingt-deux décembre dernier,
par laquelle lesdits margulhiers auroyt esté condamnés à laisser
prendre et percevoir audit père prieur dudit Benac, ou son procureur,
sa portion de la dixme des legumages quy se cueilleront dans ladite
parroisse et terroir dudit Lane ; touttefois à la reserve de ceux quy
seront dans leur jardin ei suyvant et conformément ledit père prieur
perçoit la dixme du gros grain et millet avec dépens et restitution des
fruits depuis le jour de l'instance, sy bien que lesdits margulhiers et
susdit sindic de Lane se seroyt rendeus appellans de ladite sentence
arbitralle en la souveraine cour de parlement de Tholoze et signiffié
leur appel en forme, tellement que du susdit appel lesdits margulhiers
et sindic de ladite communauté, par l'entremise de leurs amis quy leur
ont faict connoître qu'ils s'engageroient mal à propos à soutenir ledit
appel, dont les frais et dépense seront c msidérables, auroyt transigé et
accordé le susdit procès, instances et dépendances avec dom Jean
Malause, religieux du monastère de Saint-Pé. fondé de procuration
spécialle dudit dom César Larcade, religieux «et prieur susdit, retenu
par de Gailhac, notaire royal à Moneins, dioceze de Montpellier, en
datte du jx décembre 1696, soubs le bon plaisir du roy et de la cour
comme s'ensuict. Pour ce est-il que, cejourd'huy 12 octobre 1697, à
Lane... Constitués en leurs personnes propres dom Jean Malause,
religieux et procureur susdit, Jean Abadie, curé. Arnaud Pébarat-
Laffont, margulhier, Jean Puyo-Balaigna, Bernard Vignaux, Domenge
Arras-Debat, consuls, Domenge Baccarat, sindic. . . Ont conveneu,
transigé le susdit procès comme s'ensuict : Premièrement pour le
reguard de ladite esglize et fabrique de Lane, iceux curé, margulhiers
et consuls ont convenu avec ledit dom Jean Malause, religieux et
procureur susdit que le père prieur, ses successeurs, procureurs et
fermiers prennent la portion du vin et linet, quy se cueillera audit
terroir et dixmaire de Lane. de 16 portions 6, comme ils prennent du
gros grain et millet audit terroir la dixme des aigneaux et laine ; ledit
père procureur demeure en faveur et toute propriété, comme de tout
tems, pour la fabrique de ladite esglize à laquelle dixme d'aigneaux et
laine ledit père prieur renonce par exprès en faveur de ladite esglize.
Secondement à l'esguard dudit sindic et communauté dudit Lane et
pour le reguard des dixmes des fruits et legumages, il a été aussy
conveneu que ledit père prieur de Benac, ses successeurs, procureurs
REPONSE DE L'ABBÉ DE SAINT-PE l!!'
ou fermiers prendront la dixme d'iceux tout et ainsin qu'il perçoit celle
du millet, c'est-à-dire de 16 portions 6, à l'exclusion touttefois de ceux
quy seront et s'élèveront dans leur jardin poutager de ladite parroisse
quy ne pourront estre que d'un journal tout au plus. Troysiesmement
et dernier, aussy demeure conveneu que ledit père procureur quitte aux
dits habitans les arrairages à luy adjugés par ladite sentence jusqu'à
cejourd'huy ; comme aussy pour un quatriesme qu'il quitte et réduit les
despens qu'il a obteneus tant contre ladite esglize que sindic et
communauté, moyennant la somme de 60 livres, laquelle tous les sus-
nommés promettent et s'obligent de luy payer. . . d'aujourd'hy en troys
moys. . . Présent : Me Bernard Larmand, curé de Bénac. . .
F. Malause, Abadie, curé, Pébarat, Puyo, Larmand, Daquo N. R.1
APPENDICE VIII
Réponse de l'abbé de Saint-Pé à M. le curé de Lairisse.
L'abbé de Saint-Pé ne cherche ni prétexte ni fuitte pour s'exempter
de payer annuellement à Me d'Abadie, curé de Lairisse et Averan, 60
livres pour supplément de congrue; il n'a pas besoin de faux-fuyants, il
en est d'ailleurs incapable.
En vain M. le curé de Lairisse et Averan oppose qu'ayant été pourvu
de ladite cure, il s'aperçut qu'il ne trouvoit point la congrue de 100
écus dans les fruicts que ses prédécesseurs perçevoient dans les deux
parroisses ; que sur ses représentations les gros-décimateurs trouvèrent
juste la demande qu'il leur fit de doutze pistolles de supplément ; que
le règlement en fut faict entre eux et que fù M. l'abbé de Lons n'ayant
point signé la police, qui fut minutée, souscrivit à l'engagement, pris
par les gros décimateurs par une de ses lettres ; enfin que tous les gros
décimateurs ne s'engagèrent à payer les 12 pistolles qu'après avoir
examiné la valeur des fruicts que le curé percevoit dans les deux
parroisses, plus la valeur d'un excusât dont il prend la dîme en seul
dans la parroisse de Lairisse.
A tout cela l'abbé de Saint-Pé répond que M. le curé de Lairisse et
Averan donne des allégations, mais pas de preuves. 1" Il ne parait
point qu'il ait jamais faict acte d'abandon des fruicts curiaux aux gros
décimateurs et d'option de 100 écus pour la congrue, acte cependant
nécessaire pour authentiquer sa demande et valider tous les engage-
ments que pouvoient prendre les gros décimateurs, du moins pour
engager leurs successeurs. . . 20 II ne paroit pas qu'il y ait eu aucune
1. Daquo. Etude Gazagne à Lourdes.
1&8 LE BÉNAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
estimation des fruicts que percevoit le curé; estimation nécessaire abso-
lument, même après un acte d'abandon et d'option de la part du curé
pour fixer la nécessité et la quotité du supplément ; estimation d'autant
plus nécessaire que M. le curé n'affermoit pas ses fruicts. Cette estima-
tion ne pouvoit pas être faicte sur les baux des fermes des gros déci-
mateurs; nouvelle irrégularité, nouvelle injustice vis à vis de M. l'abbé
de Saint-Pé. L'irrégularité se trouveroit en ce que l'excusât quy est
très considérable (la valeur de l'excusât est de ^o livres ou environ) se
trouve dans la parroisse de Lairisse, parroisse dans laquelle les gros
décimateurs d'Averan ne perçoivent rien ; le produit de cet excusât
devoit céder tout au profit de l'abbé de Saint-Pé par l'acte d'abandon
du curé, ou devoit tout estre porté en déduction du supplément que
l'abbé de Saint-Pé auroit pu devoir; mais en faizant l'estimation des
fruicts sur les baux des gros décimateurs, le produit de l'excusât a été
porté en déduction des gros -décimateurs d'Averan, ce qui formeroit
une injustice monstrueuse... }° L'on voit aussi que fù M. l'abbé de
Lons n'a jamais concouru à aucune estimation des fruicts ; s'il a écrit
une lettre, comme on l'avance, pour adopter sans examen ce que les
gros décimateurs avoient arrêté, c'est encore une irrégularité dans une
affaire sérieuse, une négligence de sa part quy n'auroit pu le lier irrévo-
cablement lui-même, mais qui ne sauroit estre imputée à ses successeurs.
On n'a qu'à consulter la déclaration de nos rois, la jurisprudence de
nos cours souveraines ; on verra que pour qu'un curé puisse validement
obliger les gros-décimateurs à luy faire la portion congrue, ou luy
donner un supplément, il faut de sa part un acte d'abandon ou d'option,
puis une estimation de ses fruicts et de ceux des gros-décimateurs.
quand il y en a plusieurs, sans quoy les gros-décimateurs ne sont tenus
à rien vers le curé. . . On verra encore et très clairement qu'afin que le
titulaire d'un bénéfice puisse obliger ses successeurs et leur imposer de
nouvelles charges, il est nécessaire absolument que la nécessité en soit
bien et juridiquement constatée. Ce n'est pas sans de justes motifs que
ces règles ont été établies, la négligence des titulaires, et les abus quy
en résulteraient y ont donné lieu. Toutes les règles ont été méprisées
dans les engagements que l'on dit que forma fù M. l'abbé de Lons dans
cette affaire ; ainsi ils ne peuvent obliger M. l'abbé actuel de Saint-Pé.
Ceci suffiroit pour assurer à M. l'abbé de Saint-Pé une décision
formelle, mais pour faire voir à M. le curé de Lairisse et Averan qu'il
n'a pas besoin d'éluder ni la question, ni aucune des exceptions allé-
guées contre lui, il va y répondre sans se départir de la force des raisons
quy viennent d'être déduites et qui forment une fin de non recevoir
inexpugnable.
M. le curé de Lairisse et Averan convient, dans son mémoire, que
fù M. l'abbé de Lons, ayant transporté à titre de ferme à M. de Lar-
mand, lors curé de Bénacq, la dîme de Benacq et Lairisse, une des
conditions de cette ferme fut que M. de Larmand relèveroit M. de
Lons du supplément de congrue de M. le curé de Lairisse; que le
sieur de Larmand refusa de payer à M. d'Abbadie les 60 livres dont
s'agit, il dit qu'il luy en donna 30 seulement; que cette diminution
excita des plaintes de sa part ; qu'ils les portèrent l'un et l'autre à M.
RÉPONSE DE L'ABBÉ DE SAINT-PÉ 1 89
de Souville et que celui-ci condamna M. d'Abbadie de prendre les
30 livres et de ne point intenter procès. Tel est le sentiment exprimé
à M. le curé et ce qu'il a lui-même dit à M. l'abbé de Saint-Pé.
Ce dernier tire de ce fait une conséquence évidente, c'est que M. de
Larmand, mieux instruit que fù M. l'abbé de Lons et plus attentif, sut
mettre à la raison M. le curé de Lairisse; le jugement de M . de Sou-
ville, également supérieur de M. de Larmand et de M. d'Abbadie, son
intelligence, son intégrité, son impartialité, démontrent combien M.
l'abbé de Lons s'étoit engagé légèrement ; l'acceptation du jugement de
M. de Souville qui fit et exécuta M. le curé de Lairisse prouve sans
réplique que M. de Larmand étoit fondé à réduire du moins à la moitié
l'engagement pris sans examen par fû M. l'abbé de Lons. Rien n'établit
mieux que le mépris des premières règles dans le défaut d'estimation
des fruicts est reformable et qu'il avoit donné lieu à une injustice contre
l'abbé de Saint-Pé.
Envahi pour faire perdre de vue la lumière, quy résulte en faveur de
la vérité de ce fait, le curé de Lairisse et Averan dit que fù M. l'abbé
de Lons lui écrivit une lettre dans laquelle il renouvela ses engage-
ments ; que fû M. l'abbé de Lons, ayant repris sa ferme des mains de
M. de Larmand, il continua de luy payer annuellement les 60 livres ; et
qu'enfin elles luy ont été payées pendant l'économat, et que M. de
Bespie les a passées au fermier.
Là M. l'abbé de Lons, s'il a fait comme on le dit, a cru par une
délicatesse mal entendue, qu'il devoit exécuter les engagements qu'il
avoit personnellement contractés et ne pas attaquer lui-même sa
propre négligence; et on peut assurer à M. le curé de Lairisse que
ce n'est pas icy une chose controuvée, mais qu'on l'a cru dire à fù
M. l'abbé de Lons plus d'une fois.
D'ailleurs fù M. l'abbé de Lons afferma sa dîme et chargea le
fermier de la libérer du fait de M. le curé de Lairisse. Il ne s'en
embarrassa plus et M. le curé eut bon marché d'un paysan comme étoit
le fermier.
Pour le fait de l'économe, il ne peut estre d'aucune considération.
On a suivi pendant l'économat ce qui se pratiquoit sur la tête de fù
M. l'abbé de Lons, et ce n'est pas sans peine que cet article a été passé
au fermier; peut-être en auroit-il été autrement si M. le curé de Lai-
risse n'avoit pas été assez habile pour se faire payer des fermiers, avant
il ne reçut des ordres contraires.
En un mot, il n'y a pas eu d'acte d'option de la part de M. le curé ny
d'abandon ; point d'estimation des fruicts. M. le curé a accepté 30
livres par an au lieu de 60, quand il a eu affaire à M. de Larmand,
instruit de la vérité et de la valeur des fruicts ; on n'a observé aucune
formalité pour obliger les successeurs de fù M. l'abbé de Lons. Delà
on doit conclure nécessairement que la demande de M. le curé de Lai-
risse et Averan contre l'abbé actuel est insoutenable.1
I. Sans nom et sans date. — Archives de la mairie de Layrisse.
IOO LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BENAC
APPENDICE IX
Les gens tenancts les requettes du palaics, conseilliers du roy en sa
cour et parlement de Tholoze, commissaires es-dittes requettes, à
tous ceux quy ces présentes verront, salut. Comme a deffaut de
payement de la somme de neuf cens livres deube pour restes du prix
d'affermé par Anthoine Prat, fils de feu Jean, et par Domenge For-
cade, heretière de feu Jean Forcade, à M" Valentin de Lagnes-Junius,
conseillier en la cour, en qualité de cessionnaire de Me Jacques de
Pagese, prestre et prieur du prieuré d'Artigue Frémat, le 10 septembre
1 665 , par Jacques Barrau, baile de Benac, en vertu des lettres de
committimus dudit sieur de Junius, commandement feust faict aux dits
de Forcade et Prat de payer ladite somme de neuf cens livres, et en
refuse feust prins saisy et mis soubs la main du roy et de la cour
sçavoir comme des biens appartenants audit Prat : i° Une pièce de
terre labourable, au parsan de Bedoult, terroir du lieu de Locrup, de la
contenance de quatre journals, confronte d'oriant terre de Péré, midy
chemin public, occident terre de Maube, septentrion terre de Fontan ;
2° sept journak de terre labourable audit terroir et parsan de Testar,
confronte d'oriant terre de Bordenave, midy terre de H ormeau, occi-
dant terre commune, septentrion terre de Cantérot ; ]" cinq journals
tant pred que champt tout tenant, audit terroir et parsan de la Coste de
l'Aube, confrontant d'oriant et septentrion chemin public, midy terre de
Birbent, septentrion terre de Fontan ; 4' six journals de pred et un
champt tout tenant audit terroir et parsan appelé Baillargary, confronte
d'oriant et midy terre de Père, occidant terre de Badoiche, septentrion
terre de Terrailhon ; V sept journals de terre champt audit terroir et
parsan de las Gleysettes. confronte d'oriant terre d'Aube, midy terre
de Honta, occidant chemin public, septentrion terre de Sarthé ; 6°
quatre journals de terre champt ou tant que soit audit terroir, parsan
de Morou, confronte d'Oriant terre de Nogué, midy et occidant terre
d'Aube, septentrion dudit : 7" deux journals terre de vigne, un journal
de pred, un aultre journal de terre champt tout joignant audit terroir,
parsan de Restouze et confronte d'oriant terre de Bordenave, midy
terre de Peyrot, occident terre de Pouquet et Forcade et septentrion
chemin public ; 8° Un journal de terre pred audit terroir et parsan
appelé aux Goutilz, confronte d'oriant et midy terre de Clos, occidant
terre de Honta, septentrion terre de Sarthé ; 9" Un journal de terre
pred audit terroir et parsan de Coumeriolle, confronte d'oriant terre
commune, occidant aussy, midy et septentrion terre de MutUKO :
îo11 deux journals de terre champt audit terroir et parsan de Pradettes.
confronte d'oriant chemin public, occidant terre de Honta, midy
terre de Bidache, septentrion dudit Honta et Péré ; 11" finallement
deux maisons coubertes d'ardoize, deux bordes coubertes de pailhe,
parc, courrai, jardin, tout tenant scittués dans ledit lieu de Locrup,
confronte d'oriant avec maison et parc de Bidache, midy rue publique,
occidant avec le parc, bordes et capcazal de Honta. — Et des biens
EXPROPRIATION A LOUCRUP IÇl
appartenants à ladite Forcade : i° cent cinquante journals tant terre
labourable, preds, bois, vigne, que terre inculte sçittués audit terroir
de Locrup et parsan deCauby, confronte d'oriant terre d'Abadie,
midy chemin public, occidant terre de Verges et terre commune,
septentrion terre de Péré et de Peyrot ; 2° troys journals de pred et
bois à haulte fustée tout tenant, audit terroir, appelé la bâche de caze,
confronte d'oriant terre d'Aube, midy terre de Sarthé, occidant terre
de Muturo, septentrion terre de Tisné ; }° quatre journals de terre
champt audit terroir parsan appelé de Porte, confronte d'oriant et
septentrion terre de Mothe, dernier et midy chemin public ; 40 cinq
journals de terre champt audit terroir et parsan de Samuzle, confronte
d'oriant terre de Peyran et H ormeau, midy chemin public, occidant et
septentrion terre d'Aube et Abadie ; =;° deux journals de terre champt
audit terroir et parsan de Pradet, confronte d'oriant terres de Honta et
Birbent, midy terre de Péré, occidant et septentrion terres dudit
Honta ; 6° quatre journals de terre champt tout tenant, terroir de
Visquer et parsan appelé aux Cautères, confronte d'oriant et septen-
trion terre commune de Visquer, midy terre d'Adabat ; 70 fmallement
troys bordes coubertes en pailhe en l'une desquelles lesdits Peyran et
de Forcade font leur habitation, parc, jardin et capcazal tout tenant de
quelle contenance que soict audit lieu de Locrup, confronte d'oriant à
maison, jardin, capcazal d'Aube, midy terre desdits Forcade, d'occi-
dant maison et parc de Tisné, septantrion rue publique. Et en signe
de ladite saizie feust mis en affiche les armes et penonceaux royaux
avec placard au-dessoubs contenant ladite saizie tant aux portes princi-
palles desdites maisons que aux lieux plus esvidents desdits biens,
comme aussy semblable placard feust mis et affiche seur la porte de
l'esglize parroissielle dudit lieu ; et au régime et gouvernement desdits
biens commis et establys séquestres les personnes de Peyrot, de
Sarthé, Manaud Tisné, Jean Péré, Jean Caussade, Jean Birbent et
Andrau Vidache, proches voisins, auxquels feust fait commandement et
injonction requises et bailhé coppie. Laquelle saizie feust signiffiée
auxdits Forcade et Prat et donnée assignation aux dimanches consécu-
tifs, audevant la porte de l'esglize parroissielle dudit lieu, yssue des
grandes messes parroissielles, pour tous faire les inquantes desdits biens;
et advenus les dimanches 27 septembre, 4, 11, 18 octobre 1665, par
ledit Barrau, baile, audevant la porte principalle de ladite esglize par-
roissielle dudit lieu de Locrup, yssue des grandes messes parroissielles,
à haulte voix et cry public, lesdites inquantes feurent faictes, auxquelles
personne n'auroict compareu pour surdire ; lesquelles inquantes, par
devant le seneschal de Bigorre, feurent judiciellement certiffiées avoir
esté faictes suyvant les ordonnances royaux et arrest de la cour, le 24
may 1666; assignation feust donnée auxdits Forcade et Prat en la cour
es-vente judicielle, et interposition des droictsen laquelle n'ayant daigne
se présenter, deffaut tillet feust contre eux expédie, le 30 juin 1666, en
conséquence duquel, ayant ledit de Junius produit et remis ses pièces
deubes, la cour en conséquence de quoy tant procède que jugement
seroict interveneu, le 14 may dernier 1667, par lequel la cour eust
déclare ledit deffau bien poursuivy et obteneu, et lesdits exploicts de
saizie et inquantes estre faictes suyvant les ordonnances royaux et arrest
192 LE BÉNAQUES OU BARONNIE DE BÉNAC
de la cour, et ordonne que ledit décret de arrêt sur les biens prins et
saizis estoient adjugés au plus offrant et dernier enchérisseur, sauf si
dans quarante jours après l'inthimation dudit jugement, lesdits Forcade
et Prat payoient et bailhoient et deslivroient de comptant audit sieur de
Junius la somme de neuf cens livres dont est question, inthérets d'icelle,
frais et despans de l'instance et susdit deffaut, esquelles les eut con-
damnés envers ledit de Junius, la taxe réservée; mais à faute de ce
faire, l'acte de la dernière enchère seroict levé et publié un jour
d'audience et coppie mise et affichée à la porte d'icelle, pour y demeurer
par quinzaine, pendant laquelle toutes susdictes seroient reçeues par le
greffier de la cour et le décret expédié et réellement exécuté au prof fit
du dernier susdisant. Lequel jugement feust signiffié auxdits Forcade et
Prat, le 21 may 1667, et n'ayant satisfaict à iceluy dans le dellay y con-
tenez l'acte de la dernière enchère feust judiciellement leu et publié
ce 4 juillet dernier, et coppie d'icelle mise et affichée à la porte de la
salle d'audience, ledit jour, par Forneby, huissier en la cour, pour y
demeurer par quinzaine, conformément audit jugement, dans laquelle
ny depuis personne n'auroict compareu pour susdire ; occasion de quoy
ledit de Junius, oultre et par dessus ladite somme de neuf cens livres
pour laquelle dite saizie est faicte, eust susdit de troys livres treitze sols
dix deniers pour le rapport, interveneu audit jugement que expédition
de l'exécution, la somme de nonante une livres un sol un denier pour
les frais de justice, adjugés par ledit jugement, et à la dite somme taxée
par le commissaire taxateur, revenant lesdites sommes à la somme de
unze cens quatre livres, quatorze sols, unze deniers, pour laquelle est
requis le decrest luyestre expédié et deslivré sans préjudice des inthé-
rets adjugés par ledit jugement. Savoir faisons que la cour ce dessus
entendeu, a vendeu, bailhé et deslivré, vend, bailhe et deslivre par
décret audit sieur de Junius les biens sy-dessus et auxdits exploicts de
saizie et inquantes plain à plain limittés et confrontés en sollution et
payement de ladite somme de unze cens quatre livres, quatorze sols, unze
deniers. En tesmoing de quoy auroict faict expédier ces presantes audit
de Junius, pour lesquelles commettons à tout magistrat royal, docteur
gradué, notaire, huissier ou sergent sur ce requis pour appeler lesdits
de Prat et Forcade et aultres qu'il appartiendra mettre ledit sieur de
Junius ou aultre personne ayant de luy charge, droict, procuration en la
réelle, actuelle et courporelle possession et jouissance des susdits
biens, faizant très expresses inhibitions et deffances tant aux susdits
Prat et Forcade et à tous aultres qu'il appartiendra. . . (mot enlevé).
Par les gens tenancts les requestes du pallaics. Boussac.1
1 . Archives A. Dull'ourc.
KONDATION DE CHAPELLEN1E 1 9 5
APPENDICE X
Voici l'acte de fondation de la « prevande ».
Au nom de Dieu soict, amen. Sçaichent tous presens et advenir que
cejourd'huy, 27 janvier 1630, au lieu de Benac et dans la maison de
Doulce, de matin, comté et seneschaussée de Bigorre, dioceze de
Tarbe, régnant Louys, par la grâce de Dieu, roy de France et de
Navarre, devant moy notaire et tesmoings bas-nommés, c'est constitué
en personne Me Bertrand Dulcis, prebre et recteur dudit Benac.
Lequel de son plein gred et franche volonté, poulsé de zèle de religion
et esmeu de dévotion envers Dieu et pour augmenter son culte divin.
à la gloire et honneur de Notre-Dame et saincts et sainctes du Paradis
et pour le salut de son âme et des âmes de sa famille, de ses prédéces-
seurs, bienfaiteurs et de tous autres pour lesquels il est teneu de prier
ou faire prier la divine bonté et miséricorde, de leur octroyer la rémis-
sion de leurs péchés en ce monde, et au moyen de ce la gloire éternelle.
Par la teneur du présent acte qu'il veult valloir, soict comme donnation
à cauze de mort, soict comme léguât pie ou en la meilleure autre
manière et forme que valloir porra, a fondé et institué, fonde et institue
une chapellenie en l'esglize dudit lieu de Benac, soubs le bon plaizir de
Reverendissime Père en Dieu, messire Salvat Diharse, par misération
divine evesque de Tarbe, soubs l'invocation de Notre-Dame à laquelle
il a particulière dévotion, priant et requérant ledit seigneur evesque de
voulloir agréer et approuver ladite fondation et institution de ladite
chapellanie et icelle voulloir agréer, authorizer. spiritualizer et ériger
en bénéfice ecclésiastique et peipétuel, pour jouir des immunités, privi-
lèges, franchises et libertés octroyés aux autres bénéfices, tant par les
saincts Pères que roys de France ou autres seigneurs spirituels ou tem-
porels, et affin que le chapelain, quy sera dores en avant institué ou
pourveu de ladite chapellanie, soict plus obligé à faire le service divin
cy appres exprimé étoict meilleur moyen de sontretenir, ledit Me Ber-
trand Dulcis, fondateur susdit, a dotté et d'ores et desya dotte la
susdite chapellanie des biens suyvans, sçavoir est de : troys journals de
pred scittué au terroir de Bénac et du Barry, parsan de Brouilh, con-
fronte d'oriant avec terre de Sensebié et terres de Puyolles, occident
avec terres dudit Sensebié, midy avec terres de Burco d'Orincles et
ruisseau d'Encavilla et septentrion avec terres d'Adabat et Mesne du
Barry : d'avantaige de troys autres journals de terre et un cart ou tant
que soict, pred, scittué au parsan que dessus de Brouilh, confronte
d'oriant avec terres dudit sieur de Sensebié, occident avec terres de
Laforgue, de Bénac, midy et septentrion aux terres dudit sieur de
Sensebié; lesquels six journals sus-nommés ledit fondateur a acquis de
Jean Laforgue, habitant de Lorde, par acte retenu par Me Pierre Car-
rère, notaire de Benac, l'an mil six cens vingt-cinq et le huictiesme du
moys d'octobre, et rattiffié la susdite vente par Guilhaume Lafforgue,
nepveu du susdit vendeur, le 20 octobre 1627, comme appert par acte
1<;4 LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
retenu par ledit Carrère. Plus un journal de pred scittué au terroir de
Hibarette, parsan de l'Aube, confronte d'oriant et septentrion avec le
ruisseau de l'Aube, midy avec terre de Cazabant et occident avec terre
de Peyralade, de Bénac ; laquelle pièce a acquis,, ledit fondateur, de
Tapie, de Hibarette, Tan 1629 et le 14 marcs, par acte reteneu par
moydit notaire soubzigné ; d'avantaige ledit fondateur a dotté ladite
chapellanie d'un journal de vigne ou tant que soict scittué en Bararane;
confronte d'oriant aux terres de Doulce, midy aux terres de Jean de
Codoigné dict Mule, occident aux terres incultes dudit seigneur de
Bénac ; laquelle vigne ledit fondateur a acquize de Ramon de Debeze,
de Benac, comme appert par acte reteneu par M" de Larroye, notaire,
quand vivoict, de Benac, l'an 161 5 et le 2> janvier. Desquels preds et
vigne le susdit fondateur veult, entend et ordonne que ledit chapelain
soict uzufruictier et jouisse des fruicts quy en proviendraient en faizant
le service divin duquel est chargé par la présente fondation, sans pou-
voir vendre ny aucunement aliéner le fonds de la dite chapellanie ny
iceluy permuter sans le consentement et advis dudit seigneur evesque
de Tarbe ou ses successeurs et du patron de ladite chapellanie et aux
cognoisseurs de cause mesmement, sans nécessité et esvidente utilité et
augmentations de ladite chapellanie. Sy veult et ordonne ledit fonda-
teur que ledit chapelain, quy sera pourveu du tiltre de ladite chapellanie,
soict teneu et obligé de dire et célébrer toutes les mercredis de l'année
une messe de requiem en ladite esglize parrouchialle de Bénac et à
Pautel de Notre-Dame, sy faire se peult, pour le salut de l'âme dudit
fondateur, ses père et mère, leurs successeurs et autres pour lesquels
il est particulièrement obligé envers Dieu. Et en cas le titulaire ne
seroict de la qualité requize, ny capable de dire et célébrer messes,
n'estant encore prestre. sera teneu. aux despans du reveneu de ladite
chapellanie faire desservir actuellement à un prestre idoine, quy soict en
commoditté, et duquel luy et le patron puissent dispozer ; de quoy
charge leur conscience. Oultre et ordonne ledit fondateur spécialle-
ment et par exprès qu'en cas le titulaire, quy sera pourveu de ladite
chapellanie, négligeroict et ne tiendroict compte de faire ou faire faire à
personne idoine ledit service divin, ou qu'il l'auroict négligé sans y
pourvoir ou de soy ou par autre personne, comme dict est, et en ce
cas supplie Messieurs le recteur et prestres dudit Bénac de prendre et
percevoir les fruits dépendants de ladite chapellanie, et jouir d'iceux en
faisant le service divin, jusques à ce que le titulaire face ou face faire
actuellement iceluy. et ce sans autre permission ny formalité de justice.
Veult aussy et ordonne ledit fondateur que le patron ou patronne de
ladite chapellanie nomme et présente audit sieur Evesque de Tarbe. le
cas de vacation arrivant, personne de bonne vie, meurs et conversation
à peine de perdre le droict de présente pour telles fois qu'il nommera
ou présentera homme scandaleux, vicieux et indigne de telle charge.
Encore a ordonné et ordonne ledit fondateur qu'il veult et entend
soubs le bon plaizir dudit sieur Evesque que Jeanne de Doulce, sa
niepee, heretière de ladite maison de Doulce, dudit lieu de Bénac. de
laquelle il est yssu et natif, et ses successeurs heretiers de ladite
maison, masles ou femelles, suyvant la coustume dudit lieu, soyent
successivement patron d'icelle chapellanie et qu'ils puissent présenter
FONDATION DE CHAPELLENIE IQi
et nommer, le cas de vacation advenant, devant le dit sieur Evesque, dans
le tems prescript de droict. personne idoine et capable pour tenir ledit
bénéfice à la charge néantmoings qu'il sera qualiffié, comme dessus est
dict, le plus proche fils né et descendant de ladite maison, légitisme et
naturel, ou en cas n'en y auroict aucun capable à cet effect, le sera le
plus propre linage et parent desdits patrons, à peyne de nullité de ladite
nomination et présentation, quy sera faicte autrement : et, afin de ne
différer l'effect de telle institution ou fondation, a dores et desya cédé
pour son reguart et donné le susdit patronnât de la dite chapellanie à
ladite Jeanne de Doulce, sa niepce, soy reservant touttefois le mesme
fondateur d'estre le premier chapelain d'icelle, affin de la desservir et
donner bon exemple à ses successeurs; et audit sieur Evesque, le priant
l'anmettre et le trouber bon, le tout pour la gloire et honneur de Dieu
et de sa très saincte Mère, et pour le solaigement tant des ridelles vivants
que trépassés envers lesquels il est obligé espéciallement et par devoir
de prier Dieu. Sy veult et ordonne que la présente fondation et insti-
tution de ladite chapellanie tienne et vaille à jamais et qu'il ne puisse
mesme desroger ny autrement à icelle par testementou autre dispozition
soict entre vifs ou à cauze de mort, ny par autre contraict, promettant
faire valloir icelle tant en jugement que dehors, soubs hypothèque et
obliguation de tous ses biens presens et advenir, que pour"cest effect a
soubzmis et soubzmet aux rigueurs de justice, et ainsin l'a promis et
iuré. Présents M. Jean Magenties, prestre et prieur de Benac, fraire
Arnaud Balle, prebre et religieux, Pierre Magenties, religieux dudit
Benac, Dominique Delhom, Me chirurgien dudit lieu et Arnaud de
Mule dict de Gros de mesme lieu, soubzignés, avec ledit sieur Dulcis,
fondateur, et moy notaire.. Dulcis fondateur, J. Magenties, Balle,
F. Magenties, de Lhom, de Gros, de Carrère, N. R.1
L'an 163 1 et le 31 janvier, au lieu de Benac, maison de Doulce, de
matin, régnant... Constitués en leur personnes propres Arnaud et
Jeannotte de D'Aution, mariés et habitans du lieu de Benac. ensemble
Jean Penin de D'Aution, leur fils ayné, les tous ensemble de leur bon
gred et franche volonté pour eux et les leurs à l'advenir, ont vendeu,
cédé, quitté, remis et transporté à perpettuité et sans espoir de rachapt,
à Mc Bertrand Dulcis, prestre et recteur dudit lieu, à ce présent et
acceptant, sçavoir est un journal de terre champt. tant que soict, audit
lieu et parsan de Bulonc. ainsin que confronte, d'oriant avec herms
communs, midy avec le ruisseau de Bulonc, occident avec terres de
Volloguet, septentrion avec chemin public et autres confrontations sy
de plus vrayes point en y a, franche, quitte de toutes charges et hypo-
thèques, arraraiges jusqu'au jour présent, sauf le denier au roy et le fief
au seigneur dudit lieu ; ensemble le rachapt et toute plus grande mayeure
valleur d'autre journal de terre champt, que cy devant ils ont vendeu,
avec faculté de rachapt, à la maison de Doulce, dudit lieu, joignant au
susdit journal et même confrontation que dessus, pour la somme de 29
escus petits, ou ce quy en tombera dans leur acte d'acquizition. Et ladite
1. Carrère Pierre de). Etude F. -A. Vivier à Tarbcs.
lr/>
LE BENAQUES OU BARONNIË DE BENAC
vente a esté faicte et ce faict pour le prix et somme de 37 escus petits,
outre lods et ventes, sçavoir ledit journal pour 34 escus petits et le
rachapt dudit journal pour 3 escus petits, que tout monte à ladite
somme de 37 escus petits. De laquelle dite somme ils se sont teneus
pour bien contents, payés et satisfaits et en ont teneu quitte ledit
sieur Doulce achapteur, auquel ont promis ne rien plus jamais pour
raizon de ce luy demander. Lesquels deux journals de terre sus limittés
et confrontés, iceluy sieur Dulcis a déclairé et par le présent contraict
d'acquizition dict et déclaire que dores et désya il les dédie et veult les
colloquer et joindre à certaines autres pièces qu'il a cy-devant acquises
et d'ieelles fondé certaine prevande ; et moyennant ce et ladite somme
de 17 escus petits, ils vendeurs se sont désaisis et despouillés de ladite
terre sus vendue et désignée; ensemble desdits droits de rachapt et
majeure valleur d'iceluy et du tout ; et en ont vestu et mis en possession
ledit sieur Dulcis achapteur, auquel ont promis ladite vente faire estre
bonne et valable et icelle guarantir envers et contre tous en jugement
et dehors, soubs hypothèque, obliguation et jugement que dessus.
Présents : Bernard de Péré, du lieu de Paréac, Noël de Doulce, du
lieu de Bénac, et Jean de Barrère dict Baquarat. de Lane, quy avec
ledit vendeur ont dict ne sçavoir escripre. signés ledit sieur achapteur
et moy. Dulcis achapteur, de Carrère N. R.1
XV. — LISTES CHRONOLOGIQUES
I. — SEIGNEURS SUZERAINS
Raymond-Guillaume.
(1032)
Annet.
( 1 466- 1523)
Guillaume Auriol.
(1080)
Jean Marc.
(1499-155.5)
Raymond L'r.
(.096)
Philippe I r.
(M70)
Raymond II.
(1099)
Bernard.
(1593)
Dodon ou Othon.
(1140)
Philippe 1 1.
(1650)
Manaud.
(1180)
Philippe III.
(1621-1684)
Bour.
( > 2 > 4)
Henri.
(1685)
Ramond.
(1272)
Françoise, duchesse
d'El-
Bos.
(1300)
beuf.
(.708)
Roger de Montaut-Bénac.
(135°)
Alexandre d'Orléans
(1688- 1762)
'ean Ier.
(I 359)
Prince Jules
de Ro-
Jean 1 1.
(I4I8)
han-Roche
fort.
(1762-179.)
Arnaud ou Arnauton.
(.426)
1. Carrère (Pierre de). Etude F. -A. Vivier à Tarbes,
LISTES CHRONOLOGIQUES
19;
Raymond-Arnaud.
Manaud. (M00)
M arguerite de Montesquiou (142^)
II. — SEIGNEURS VASSAUX
Seigneurs de Lannes.
Anglèse de Barèges.
Bour'ruine d'Ossun.
M40
1495)
Raymond.
Guillaume.
Etienne.
Seigneurs de Saint-Sever.
(1300)
(1314)
(1416)
Jean.
Arnaud.
Bertrand.
(i)86)
(1604)
(1613)
Seigneurs de Visker.
Pierre de Visker.
(1292)
Paul.
(1557)
Donot.
(1317)
Catherine.
(159;)
Arnaud-Guilhem de Bar-
François de Saint-Sevié. (1594)
bazan.
(1443)
Bernard.
(1607)
Auger I de Villambits.
(M5?)
Etienne.
(1649)
Auger 1 1.
(1470
Françoise de Lescure. [l7li>)
Bernard de Soréac.
(M 09)
Dominique d'Intrans
(1716)
Jean.
(1521)
III.
— NOTAI RI
:S DU BÉNAQUÈS
Ador, Pey.
11;"
De Carrère, Pierre.
(1620-1663)
De Solinis. Arnaldus
Guinolas, Josué.
(1627)
Guilhermus.
(M 19)
Lannes, Guillaume.
(1657)
Cazalet, Dominique. (1
5 3 5_I 5 v)
Daco, Jean.
( 1 640- 1 6 5 6)
Cazalet, Ogier. (1
550-1578)
Lamarque, Pierre.
(1047)
Fabasou Haba Arnaud) 1
550-1556)
Larroye, Jean.
1647- 1684)
De Casauls, Dominique
• (M58)
Carrère, Jean.
(16^0-1 667 )
Furcata ou Lafourcade,
Barrau, Pierre.
(16^7-1660)
Laurent. < 1
579-M92)
Abadie, Pierre.
(1657-1660)
Daco, Antoine. (1
vSo-1610)
Daco, Pierre.
(1701-1712)
Vive.
(1609)
Daquo, Dominique.
(1742-1775)
Larroye, Pierre. ( 1
610-1620)
Cazabonne.
(I76$-I79-)
De Navensan.
(1617)
Moncaup.
([7°>)
198
LE BENAQUES OU BARONNIE DE BENAC
IV.
PRIEURS DE BENAC
De Louey, Auger. (I249)
De Lourdes, P. (I204)
De Louey, Guillaume
Arnaud. (128^-1298)
De Bazillac, Geoffroy. (!45o)
Jorden, Anthoni. (M41)
Darié, Pierre. (1618)
Magenties, Jean. (1621-1667)
Pruède, Jean.
Bertrand, Pierre.
Larcade, César.
Baudin, Gaspard.
Abadie.
Seurat, Noël.
Aurias, Guillaume.
Chabran, Claude.
V. — CURÉS DU BÉNAQUÈS
Cures de Bénac.
D'Escriban, Raymond
Fronié, Dominique.
Dulcis, Bertrand.
Abadie, Thomas.
Abadie, Bertrand.
Larmand, Bernard.
Larmand, Joseph.
Oî2))
( 1 606- 1633)
(1633-1659)
(106^-1672)
(1674-1708)
(1609-1730)
Garren, Antoine.
Castaing, Bertrand.
Douât, Bertrand.
Claverie, Antoine.
.Ganassi dit Bernède,
Michel.
(1669- 1692)
(1680-1681)
(1692- 1699)
(1699- 1704)
(1712-1719)
(1735)
(173 5-1762)
(1-62
(1730-1731)
(I7?I-I746)
(1 -46-1770)
(1770-178;)
(I783-I79-)
Curés de Latines.
Abbaye, Jehan. (I^'3)
De Layrissa,Domenge(i 567-1 575)
Barrère, Jean. (1(<,19)
Bayla, Dominique. (1628-1643)
D'Orbeinces, Jean. (1643)
Abbadie, Jean. ('669)
Abadie. ('712)
Laventure, François. ( 1 747)
Francés, Jean. (1747-1783)
Francés, Jean-Baptiste. (1783)
Deffis, Jean. (1784-179.)
Curés d'A veran-Layrissé
D'Abbadia, Domenge. ('442)
Casarré, Dominique. (1 567-1 575)
Abadie, Thomas. (1616-1633)
Balle, Jean. (1636-1649)
Casarré, Jean. (I047)
Menon, Georges. (1650- 1678)
Toncarret, Arnaud. (1680-1728)
Abadie, Vincent.
Duvieil, Jean.
Prat, Pierre.
Sempé, Michel.
D'Agos dit Castets. (1776-17921
Bounette, Jacques. (1792-179.}
(1730-1759)
(1759-1760)
(1760-177$)
(1776)
LISTES CHRONOLOGIQUES
I99
Curés de Louer cl Hibareile.
Laffont, Antoine. (1621-1623)
De Navensan, Antoine. (165 1 )
Lauvernis, Jean. (1631-1631)
De Poca, Ramond. (1644-1656)
Campet, Raymond. (1663-1674)
Latreille, Arnaud. (1694- 1706)
Salles, Pierre. ( 1 707- 1 7 1 5 )
Labarrère, Jean. (1715-1718)
Dupierris, Bertrand. (1718-1732)
Destrade, J.-Baptiste.(i732-i742)
Boyer, Hugues. (1742-1774)
Deffis, Etienne. (1774-1792)
Cures d'Orinclcs.
Guabarde, Dominique
Beguordan, Daniel.
Laffont, Jean. (
Laflfont, Arnaud.
Trusse, Jean.
Laffont, Arnaud.
Carrère, Jean. (
(1620)
(1621)
1642- 1644)
(1648)
(i657)
1657-1665 )
1 669- 1 67 1 )
Vignaux, Dominique. ( 1 678-1699)
Cazeaux, Dominique. (1699-1 701)
Cazeaux, Pierre. (1701-1731)
Lacaze, Bernard. (1731-1742)
Daquo, Hilaire. ( 1742)
Maignac, Dominique. ( 1 743-1 7^4)
Prat. Jean. ( 1754-1773)
Duprat, Thomas. (1773-1791 )
Curés de Visker, Loucrup el Saint-Marti
Lafargue, Ramond.
Abadesse, Bernard.
Abedeille, Bernard.
Abadie, Arnaud.
Soubirou, Michel.
Casanabe, Pierre.
(M67)
(1587)
(1600)
(1621-1641)
(1643)
(1653-1668)
De Moussart, Henry. ( 1686- 1707)
Duclos, Gabriel. (1707-1708)
Laban, Jacques. (1708-1720)
Junquières, Pierre. (1720-17 54)
Durand, Bernard. (1754-1771)
Barrère, Joseph. (1772-179.)
VI. — VICAIRES DU BENAQUÉS
Vicaires de Bénac.
Solernis, Ramond.
(1560)
Cazaux, Marc-Antoine.
(1764)
Cazaux, Jean.
(1603)
Prat, Pierre.
(1766)
Vignaux, Vitalis.
(1708-1731)
Lansac, Jean.
(1780)
Séries.
('740
Lanusse, Pierre.
('-83)
Massot, Michel.
(•742-1744)
Pambrun, Joseph.
(•784)
Poque.
(1 747-1 749)
Mouret.
(1784)
200
LE BENAQUÉS OU BARONNIE DE BENAC
Vicaires de Lannes.
Laffont, Jean. ('747) | Lansac, Jean.
Vicaires d'Avcran et Lavrissc.
( 1 646- 1650)
(1774)
(1774)
(1/75)
(1777)
(1778-1780)
(.78.)
Domec, Jean.
Espiet.
Sentous.
Dalléas.
Clavère.
Duft'ourc.
Amadou.
De Bernard d*Astugue. ( 1 78 1
Vicaires de Loue y et Hiharclt
Lansac. Jean.
Pambrun, Joseph.
Laventure, Pierre.
Boérie.
Laurence.
Duboé, Jean- Paul.
Amadou.
Cazenave.
(1784-
( 1 786-
(1788-
( ' 79°-
i-30
782)
78])
783)
786)
788)
790)
792)
~''2)
Auzone.
(1736)
Deffis, Jean.
f
.78?)
Monié.
(1774)
Laventure, Pierre.
(
784-
.-0.)
Vicaires d'Orincles.
Lacaze, Bernard.
11-29-1731)
Laporte.
(
1743
Lassale, Jean.
(1743)
Cazanabe.
(
•7)4)
Vicaires
de Visker, Lo
icrup et Saint-Martin.
Noguaro, Domenge.
(M67)
Pujos.
(
7 3 J-
.-38)
Laffont, Arnaud.
(1648
Massot, Michel.
(
738-
1-0)
Gage, Antoine.
1663)
Corrè-o.
(
74»-
'744)
Cazanabe, Jean.
(1668)
Sézot.
(
~4;-
'740)
Cazaux, Jean.
(1692-1702)
Lacaze.
(
-;..>-
7)4)
Lasvergnes.
(1702-1703)
Pomés.
(
7)4:
1760)
Mathyé.
(1706-1708)
Deffis, Jean.
('
700-
>764)
Vergés.
(1708)
Prat, Pierre.
(
764-
1765)
Bruan.
(1709)
Cazaux, Marc-Antoine
(
765-
1772
Fréchou.
(1709-1712)
Sarrat.
(
772-
,-;
Barragué.
1 171 2-1-13)
Béliard.
(
77r
1779)
Pujo.
(1713.)
Baron.
(
780-
783)
Laban, Pierre.
(1714-1716
Verdeau, Jean-Jacquet
784-
1790)
Loubère.
(1717
Darré.
(
791-
-92)
Daquo, Hilaire.
(1722-1724)
Perche.
(
792)
Garoby.
(1725-1733)
Vert, Jacques.
(
793-
.8?8)
TABLE ANALYTIQUE
I. Description. — Orographie, hydrographie, usines à eau, climat,
limites 3
II. Historique. — Castramétration. voies, théogonie, Maures, croisades,
vasselages au XIVe siècle, Réforme, Fronde, exactions féodales . . 9
III. La Révolution. — Les doléances de la baronnie et des diverses com-
munautés, la Terreur à Bénac : clergé, peuple, nobles, suspects. . 23
IV. Mœurs, superstitions, jeux, caractère, instruction, tabellionnats, méde-
cins et chirurgiens • 31
V. Barons. — Le château de Bénac, illustrations, les Bénac de la première
race, les Montaut-Bénac, les Rothelin-Bénac, les Rohan-Bénac. . }6
VI. Seigneurie de Lannes. — Bénac-Lannes, Montesquiou-Lannes, Barè-
ges-Lannes, Ossun-Lannes, terres et revenus de la seigneurie ... 60
VII. Autres seigneuries. — Saint-Sevié, Saint-Sever, Orincles, Visker . . . 71
VIII. Prieuré. — Fondation, nature, église, beffroi, prieurs, revenus. ... 85
IX. Curés de Bénac. — Eglises, curés et vicaires 101
X. Autres paroisses. — Eglise de Lannes, ses curés, ses vicaires; curés
de Layrisse et Averan ; vicariat de Layrisse 108
XI. Autres paroisses. —Curés de Louey et Hibarette, curés d'Orincles,
curés de Visker, Loucrup et Saint-Martin • 121
XII. Prieuré rural d'Artigue-Frémat. son origine, ses prieurs i?î
XIII. Chapellenies, obits et confréries M4
XIV. Documents: I. Terrier du Bénaquès (178?) H>
— II. Doléances de Loucrup (1789) i6j
— III. Inventaire d'un marquis (1654) 164
— IV. Possessions du marquisat (179?) l(j8
— IV. bis. Pétition de ci-devante <' 179$ ) l77
— IV. ter. Ferme du Lavedan (1757). i?8
— V. Hommage de Visker (145 1) 182
VI. Testament d'un prieur (1625) 184
— VIL Démêlés avec Saint-Pé (XVIIIe siècle) 186
— IX. Saisie pour Artigue-Frémat (1667) 190
— X. Fondation de chapellenie (iôjo) 19?
XV. Listes: I-II. Seigneurs suzerains et vassaux 196
— III. Notaires du Bénaquès «97
— IV. Prieurs de Bénac 108
— V-VI. Curés et vicaires du Bénaquès 198
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DC Duffourc, A.
801 Le Bénaqués
B5D8