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Full text of "Le Bénaqués; ou, La baronnie de Bénac"

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DC 

801 

B5D8 


LE  BÊNAQUÊS 


OU 


LA  BARONN1E  DE  BÉNAC 


fABBÉ  A.  DUFFOURC 


TARBES 

I  M  P  R  IMERIE      É  M  ILE     CROH  A  R  É 
Place  Maubourguet  el  rue  Massey. 

MDCCCXCV] 


> 


LE  BÊNAQUES 


ou 


LA  BARONNIE  DE  BÉNAC 


L'abbé  A.   DUFFOURC 


TARBES 

IMPRIMERIE      EMILE     CROHARE 
Place  Maubourguet  et  rue  Massey. 

I89r 


PC 
Eu  I 


LE  BÉNAQUÉS  OU  BARONNIE  DE  BÉNAC 


I.  —  DESCRIPTION 


Orographie,  hydrographie,  usines  à  eau,  climat,  limites. 


! 


Au  centre  de  la  Bigorre  et  non  loin  des  derniers  contreforts  des 
Pyrénées,  s'étend  le  pays  de  Bénaqués. 

La  contrée  que  nous  étudions  se  trouve  topographiquement  divisée 
en  deux  parties  distinctes  :  la  plaine  et  la  côte.  La  plaine  de  l'Echez 
commence  à  proprement  parler  à  Orincles,  s'élargit  vers  le  Barry, 
grandit  à  Bénac  et  prend  son  entier  développement  vers  Lannes, 
Louey  et  Hibarette.  Elle  est  abritée  contre  les  vents  de  l'ouest  par  le 
Miramont  (647"1),  — •  colline  d'Orincles,  célèbre  par  la  procession  du  29 
avril,  en  l'honneur  de  saint  Pierre,  martyr,  —  et  les  coteaux  moins 
élevés  d'Averan  (51 6m) .  Au  levant,  se  déroulent  les  hauteurs  du  Balabay 
(4$om),  les  sommets  du  Bécut  (465'"),  la  longue  crête  de  Visker  (489™), 
les  turons  de  Loucrup  (574ra)  et  les  collines  plus  basses  de  Layrisse 
(47«m). 


II 


Deux  cours  d'eau  fertilisent  les  terres  du  Bénaqués  :  l'Echez  et 
l'Aube.  L'Echez  a  sa  source  au  pied  nord  du  pic  de  Cotdoussan  (1049™), 
descend  dans  la  baronnie  des  Angles,  traverse  le  village  d'Orincles, 
continuant  sa  route  vers  le  Barry,  Bénac,  Hibarette,  Louey,  Tarbes  et 
Vie,  pour  se  jeter  enfin  dans  l'Adourà  Maubourguet,  après  un  parcours 


LE    BÉNAQUÉS    OU   BARONNIE   DE   BÉNAC 


de  cinquante  kilomètres.1  De  nombreux  ruisseaux  lui  apportent  le 
contingent  de  leurs  eaux  et  ont  leur  confluent,  à  savoir:  en  amont 
d'Orincles,  la  Geline,  grossie  des  ruisselets  de  Ralle,  d'Escoubès  et  de 
la  Goutille,  qui  vient  des  hauteurs  d'Astugue;  le  Paréaguet  (dit  aussi  le 
Vignevieille,  du  nom  d'une  maison),  lequel  emprunte  sa  désignation  la 
plus  usuelle  au  village  de  Paréac,  où  est  sa  source;  le  Galor,  formé  des 
eaux  de  la  Garleye,  de  la  Quinte  et  du  Baradou,  qui  descend  de  Lou- 
crup  ;  —  en  aval  d'Orincles,  le  ruisseau  de  Benqué,  dont  le  confluent 
est  à  l'embranchement  de  la  route  de  Layrisse  son  point  d'origine;  le 
Puyoulet,  enflé  du  Miramont  et  de  la  Gouzière,  qui  coule  en  partie  sur 
le  coteau  d'Averan  ;  —  au  Barry,  le  Gourlias  ;  —  à  Bénac,  le  Bara- 
dens,  grossi  de  l'Artigau,  et  le  Riouans  ou  Artigaou,2  qui  sort  du 
quartier  d'Artignac  ;  —  à  Hibarette,  l'Aube,  dont  la  source  est  à  Lou- 
crup,  reçoit  le  Biscarmiaou  (dont  le  nom  paraît  venir  de  Visker,  d'où 
il  descend)  et  le  ruisseau  de  Bécut,  qui  longe  le  bois  de  ce  nom;  — 
à  Louey,  l'Aubich  et  son  affluent  le  Bulous  ;  —  à  Juillan,  la  Geune,  qui 
a  sa  naissance  au  col  d'Adé,  parcourt  une  partie  de  Lannemourine,  où 
il   sort  du  territoire  du  Bénaqués. 

III 

Les  barons  de  Bénac  ont  utilisé  les  eaux  de  l'Echez  en  établissant  de 
nombreux  moulins  où  tous  les  habitants  du  Bénaqués  devaient  moudre 
leur  blé. 

Le  moulin  d'Orincles  payait  de  redevance  au  marquis  de  Bénac  en 
1789  :  «  soixante  sacs  de  grain.   » 

Les  habitants  d'Orincles  ne  furent  pas  toujours  contents  du  fermier, 
à  en  juger  par  cette  requête  : 


1.  «  Qu'il  fait  bon  pêcher  dans  les  rivières  où  le  poisson  abonde!...  L'Echez, 
qui  baigne  Bénac,  Vie  et  Maubourguet,  rivière  profonde  et  encaissée,  dont  les 
réservoirs,  semblables  à  des  abîmes,  nourrissent  des  truites  et  des  brochets, 
patriarches  gourmands  au  corps  énorme,  mais  dont  les  bouleversements  et  les 
eaux  sont  terribles.  »    O.  Justice.  Les  Hautes-Pyrénées,  p.  26.) 

2.  On  voit  là  un  exemple  frappant  de  l'anarchie  orthographique  de  notre  topo- 
nymie :  deux  ruisseaux  du  même  nom,  le  premier  affluent  de  gauche,  le  second  de 
droite,  tombant  dans  l'Echez  à  quelques  mètres  de  distance,  qui  sont  dits  l'un 
Artigau,  l'autre  Artigaou,  dans  la  Carte  routière  et  hydrographique  des  Hautes-Pyré- 
nées, canton  d'Ossun,  au  1  :  50,000,  1876,  à  laquelle  nous  empruntons  une  partie  dé- 
cès renseignements. 


HYDROGRAPHIE 


((  A  vous  M.  le  juge  du  marquisat  de  Bénac, 
Supplient  humblement  les  sendics  et  consuls  du  lieu  d'Orincles  et 
vous  représentent  qu'il  y  a  quatre  mois  ou  environ,  Arnaud  G —  fermier 
du  moulin  que  le  seigneur  possède  dans  ledit  lieu,  auroit  entreprins  de 
faire  faire  les  tours  de  deux  meules  qu'il  y  a  dans  ledit  moulin  sans 
avoir  appelé  les  supplians,  comme  il  est  d'ordre,  afin  que  les  choses 
soyent  faittes  sans  fraude,  et,  au  lieu  de  faire  faire  lesdits  tours  en  rond 
et  en  telle  sorte  qu'ils  fissent  raison  aux  volants,  sans  qu'il  y  restât 
d'espace  vuide  entre  deux,  que  celle  qu'il  faut  pour  que  les  volants 
puissent  aller  sans  qu'il  s'y  perde  de  la  farine,  il  les  auroyt  faittes  faire 
en  quarré;  et,  outre  cela,  de  beaucoup  plus  larges  qu'il  ne  falloit;  telle- 
ment que  les  supplians,  ayant  veu  diverses  plaintes  de  la  fraude  qui  se 
commettoit  journellement,  depuis  le  temps  de  ladite  refaction,  ils  se 
seroynt  transportés  dans  ledit  moulin,  avec  partie  de  la  communauté,  le 
trente  et  un  du  mois  d'aoust  dernier,  pour  vysitter  ledit  moulin  et  meules; 
et,  ayant  faict  lever  les  volans,  ils  y  auroynt  trouvé,  aux  quatres  coins,  de 
grosses  remises  de  farine,  et  même,  tout  autour,  entre  lesdits  volans  et 
l'arche,  une  grosse  quantité,  en  telle  sorte  que,  de  celle  quy  fut  trouvée 
en  une  seule  meule,  il  y  en  eut  une  mesure  presque  comble,  et,  en  l'autre, 
qui  n'auroict  sans  doute  pas  autant  travaillé  depuis  avoir  été  lepvte,  il 
s'y  en  trouva  environ  demy  mesure.  Laquelle  farine  ledit  G. . .  auroyt 
porté  lui-même,  avec  les  supplians  et  acistans,  en  la  place  commune,  où  la 
communauté  a  accoustumé  de  s'assembler,  et  auroyt  esté  mise  en  dépôt 
entre  les  mains  de  Passanet,  pour  la  représenter,  quand  il  seroyt  néces- 
saire, aux  juges  et  d'autant  que  c'est  une  fraude  et  unevolerie  manifeste 
quy  mérite  punition  exemplaire.  Plaira  de  vos  Grâces,  monsieur, 
ordonner  qu'il  en  sera  informé  devant  vous  pour,  sur  l'information,  estre 
décerné  tel  décret  que  de  raison,  et  ferez  bien.1  a 

Le  moulin  de  Loucrup  «  proche  l'enclos  de  Ga  »  à  Orincles  four- 
nissait onze  sacs  seigle  et  cinq  sacs  milhoc. 

Le  moulin  de  Barry  en  1749  :  dix  neuf  sacs  seigle,  neuf  sacs  et  demi 
milhoc  et  un  père  chapons. 

Les  deux  moulins  de  Bénac,  celui  de  Pont  et  celui  de  Balle  en  1779: 
quatre  vingt  douze  sacs,  la  moitié  en  carron  et  la  moitié  en  milhoc  en 
quatre  payements  égaux  de  trois  en  trois  mois.2 

Le  moulin  de  Hibarette  en  1652  :  trois  sacs  de  froment,  vingt  quatre 
de  seigle  et  vingt  quatre  de  milhoc. 

Le  moulin  de  Louey,  le  22  novembre  16^2  :  trois  sacs  froment, 
vingt  quatre  de  seigle  et  une  père  de  chapons. 


1.  Archives  Domec-Manautou  à  Orincles. 

2.  Cazabonne.  (Etude  Candellé  à  Ossun). 


LE  BENAQUES  OU  BARONNIE  DE  BÉNAC 


IV 

On  trouve  dans  le  Bénaqués  deux  atmosphères  différentes  :  celle  de 
la  plaine  et  celle  de  la  côte.  Dans  la  plaine,  on  respire  un  air  doux,  ce 
pays  se  trouvant  abrité  contre  les  vents  du  sud-ouest;  aussi  les  récoltes 
mùrissent-elles  une  huitaine  avant  celles  de  la  côte.  A  Layrisse,  Lou- 
crup  et  Visker,  le  vent  d'ouest  souffle  avec  violence,  devient  même  dan- 
gereux, couche  les  récoltes,  et  déracine  les  arbres,  enlevant  même 
parfois  la  toiture  des  maisons. 

Les  pluies  sont  fréquentes,  à  cause  du  voisinage  des  montagnes.  Les 
jours  d'orage,  les  eaux  entraînent  dans  la  plaine  la  terre  végétale 
des  collines  et  causent  à  tous  de  grands  dommages  ;  le  pauvre  labou- 
reur voit,  en  un  instant,  ses  terres  ravinées  et  ses  prés  couverts  de 
cailloux  et  de  sable.  L'Aube,  qui  serpente  paisible  au  milieu  des  prés 
en  fleurs,  est  terrible  aux  heures  de  tempête.  Mais  bien  plus  terrible 
est  encore  l'Echez  :  cette  rivière,  si  tranquille  sous  sa  double  rangée 
d'aunes  et  de  peupliers,  se  lance  alors  à  travers  la  plaine,  visite  nos 
villages,  emporte  gens,  animaux  et  instruments  de  labour.  Les  bar- 
rages ne  suffisent  plus  pour  garantir  nos  domaines  contre  ce  cruel  rava- 
geur.1 

Un  fléau  plus  néfaste  encore,  la  grêle,  sévit  parfois  et  dévaste  nos 
campagnes.  L'agriculteur  redoute  souverainement  la  grêle  !  Se  voir 
enlever,  en  quelques  secondes,  le  fruit  du  travail  de  toute  une  année  est 
le  plus  grand  malheur  qui  puisse  arriver  à  celui  qui  attend  de  la  terre 
son  bien-être  et  sa  vie.  Avec  leur  foi  vive,  les  habitants  du  Bénaqués 
comprennent  que  la  grêle  et  la  fécondité  du  sol  nous  viennent  de  Dieu. 
Voilà  pourquoi  nos  chrétiennes  populations  se  font  un  devoir  d'assister 
régulièrement  à  la  procession  dominicale,  pendant  la  période  des 
orages  ;  elles  aiment  la  sonnerie  des  cloches,  quand  gronde  le  tonnerre, 
la  procession  de  Miramont,2  et  tant  d'autres  pratiques  pieuses. 

i.  Le  26  janvier  1735,  Antoine  Cazarré  de  Bénac,  âgé  d'environ  55  ans,  se  reti- 
rant dans  la  nuit  de  chez  un  de  ses  amis,  tomba  dans  l'Echez,  qui  était  alors 
débordé.  Il  fut  trouvé  le  lendemain  proche  le  moulin  appelé  de  Balle,  où  la  justice 
alla  le  relever.  Il  fut  ordonné  qu'il  serait  enterré  dans  les  mêmes  formes  que  s'il 
était  mort  de  mort  naturelle  «  attendeu,  disent  les  registres,  qu'on  ne  trouve  que 
des  marques  d'un  bon  chrétien,  et  il  fut  attesté  du  plain  suffrage  de  tous  les  habi- 
tants dudit  Bénac.  »  (Registre  des  décès  de  Bénac.) 

2.  Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  VI,  p.  1;;. 


GÉOGRAPHIE  7 

Des  sociétés  ont  fondé  des  compagnies  d'assurance  contre  la  grêle, 
le  gouvernement  accorde  des  secours  aux  victimes  de  ce  terrible  fléau  ; 
mais,  combien  plus  généreuse  était  l'Eglise  :  elle  dégrevait  ses  tenan- 
ciers.1 

V 

Le  village  de  Bénac  forme  le  centre  d'un  groupe  de  communes,  qui 
toutes  ont  vécu  de  sa  vie  sous  la  mouvance  de  «  hauts  et  puissants 
seigneurs  de  Bénac  ». 

Le  nom  de  Bénaqués  est  le  nom  primitif  de  ce  pays.  Cette  dénomi- 
nation, nous  la  trouvons  souvent  dans  les  actes»  du  XVe  siècle  et  dans 
les  actes  antérieurs.  Pourquoi  ne  conserverions-nous  pas  un  nom  cher 
à  nos  ancêtres  ? 

La  baronnie  de  Bénac  est  l'une  des  plus  anciennes  de  la  Bigorre. 
Elle  comprenait  neuf  communes  :  Averan,  Le  Barry,  Bénac,  Hiba- 
rette,  Lannes,  Loucrup,  Louey,  Orincles  et  Visker. 

Ces  communes,  à  l'exception  de  Visker,  forment  encore  une  collec- 
tivité qu'on  désigne  usuellement,  dans  le  langage  administratif  moderne, 
sous  le  nom  d'  «  ancienne  baronnie  de  Bénac  ».  Elles  possèdent  des 
biens  indivis,  notamment  la  montagne  de  Cérizo,  sise  au  territoire  de 
Bagnères.  Les  délibérations  relatives  à  l'administration  de  ces  biens 
sont  prises  en  commun  par  les  six  maires  intéressés.  Le  maire  de  Bénac 
est  le  syndic  de  fait  de  la  collectivité,  qui  ne  constitue  pas  un  syndicat, 
au  sens  officiel  du  mot,  comme  cela  existe  dans  la  baronnie  des  Angles 
et  la  vallée  de  Castelloubon,  pour  ne  citer  que  deux  pays  limitrophes 
du  Bénaqués. 

A  l'est  le  Bénaqués  confronte  au  territoire  de  Momères,  de  Saint- 
Martin,  d'Arcizac-Adour,  de  Hiis  et  de  Montgaillard  ;  du  midi,  à  celui 
d'Astugue  ;  de  l'ouest,  à  celui  d'Arrayou,  d'Escoubès,  de  Paréac,  de 
Julos  et  d'Adé  ;  du  nord,  à  celui  d'Ossun,  de  Juillan,  d'Odos  et  de 
Horgues. 

i.  Les  années  1665  et  17^6  furent  deux  années  désastreuses  pour  la  baronnie  de 
Bénac.  Paule  Guarry,  de  Visker,  fut  déchargée  par  la  fabrique  de  cette  paroisse 
de  la  redevance  qu'elle  lui  faisait  pour  les  fruits  décimaux  qu'elle  percevait  à 
Visker,  évalués  21  écus  petits  et  demi,  «  attendeu  que  la  gresle  est  passée  ladite 
présente  année  1665  par  les  fruicts  du  terroir  que  ladite  esglize  perçoit  les  fruicts 
décimaux.  »  L'an  1756,  il  fut  impossible  à  Visker  et  à  Saint-Martin  de  faire 
«  L'afferme  »  des  fruits  de  la  fabrique,  la  grêle  ayant  tout  anéanti.  (Daquo.  Etude 
Candellé  à  Ossun.) 


LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


La  baronnie  fut  érigée  en  marquisat,  le  20  février  1612,  par  lettres 
patentes,  expédiées  par  Louis  XIII. 

L'histoire  de  Bénac  et  des  communes  formant  le  Bénaqués  n'est  pas 
sans  intérêt  et  même  sans  éclat.  Serai-je  assez  heureux  pour  retirer  de 
l'oubli  quelques  titres  utiles,  qui  nous  feront  connaître  les  mœurs  des 
âges  passés,  qui  nous  diront,  dans  leur  langage  naïf,  ce  que  furent  nos 
pères,  dès  les  premiers  temps,  sous  les  barons  de  Bénac  ?  Les  docu- 
ments sont  épars,  ma  tâche  n'en  sera  que  plus  difficile.  Un  petit 
nombre  d'années  encore,  et  il  ne  restera  plus  un  seul  vestige  de 
l'ancienne  France...  Avec  les  châteaux  se  sont  perdues  les  archives 
de  la  noblesse  ;  avec  les  monastères  se  sont  perdues  les  bibliothèques 
des  moines  laborieux.  On  sait  avec  quelle  ardeur,  en  1792,  on  brûlait, 
sur  les  places  publiques  et  à  tous  les  carrefours  :  chartes,  contrats, 
diplômes,  actes  de  famille,  de  fondations  pieuses,  d'achats  et  d'échan- 
ges, de  donations  et  de  franchises.  Les  notaires  possèdent  à  peine 
quelques  actes  des  XVIe,  XVIIe  et  XVIIIe  siècles.  Ils  ont  été  enlevés 
ou  tronqués  par  la  Révolution.1  Des  familles,  en  petit  nombre,  ont 
fourni  quelques  renseignements. 

Quand  on  est  pauvre,  dit  le  proverbe  de  la  sagesse  antique,  il  faut 
tâcher  de  tirer  le  meilleur  parti  possible  de  ce  que  l'on  a;  c'est  ce  que 
je  vais  essayer  de  faire. 

Je  n'entreprendrai  pas  l'histoire  de  chacune  des  neuf  communes  du 
Bénaqués;  la  vie  de  chacune  d'elles  est  tellement  liée  à  celle  des  autres 
qu'elle  découlera  de  ce  que  je  dirai  dans  le  cours  de  ce  travail.  Je 
donnerai  seulement  quelques  notes  relatives  aux  principaux  événements 
auxquels  elles  ont  été  mêlées. 


I.  A  Bénac,  Cazabonne,  notaire,  retrancha,  en  1702,  de  ses  registres  tous  les 
actes  féodaux  et  seigneuriaux  ;  les  officiers  municipaux  les  firent  brûler  sur  la  place 
du  Mailho,  au  chant  des  hymnes  patriotiques.  (Archis'es  de  la  mairie.) 


CASTRAMETATION 


II.  —  HISTORIQUE 

Castramétation,   Voies,  Théogonie,  Maures,  Croisades,    Vasse- 
lages  au  XIVe  siècle,  Réforme,  Fronde,  Exactions  féodales. 

I 

Les  Romains  se  sont  emparés  de  la  Bigorre  :  l'histoire  en  fait  men- 
1  tion.  Jules-César  serait-il  venu  en  personne  faire  la  conquête  de  notre 
pays?  On  ne  le  croit  pas.  Le  généralissime  romain  aurait  envoyé  son 
armée  sous  les  ordres  d'un  de  ses  généraux  et  aurait  ainsi  triomphé 
de  nos  pères.  De  nombreux  camps  retranchés,  des  tumulus  et  des 
tucos,  dont  un  certain  nombre  existaient  vraisemblablement  lors  de  la 
conquête,  sont  encore  debout,  malgré  le  travail  du  temps  et  du  labou- 
reur. Ces  ouvrages  se  réclament  d'une  antiquité,  difficile   à  déterminer. 

Le  château  de  Bénac  a  été  construit  sur  l'emplacement  d'un  de  ces 
retranchements  ;  Lannes  possède  le  Pouey,  entouré  de  vastes  fossés  et 
le  Buala;  Louey,  le  turon  d'Artisac;  et  Hibarette,  un  tumulus  au  quar- 
tier appelé  Pouyardoun.  Des  fouilles  bien  conduites  nous  fourniraient 
de  précieux  renseignements. 

Au  levant  du  village  de  Loucrup,  non  loin  du  chemin  de  grande 
communication,  se  trouve  un  tuco,  attenant  au  marais  qui  forme  la 
source  de  l'Aube.  Cette  éminence  est  faite  de  terre  transportée; 
elle  mesure  deux  mètres  de  haut  sur  vingt  de  diamètre.  D'après  la 
légende  locale,  ce  tumulus  serait  un  monument  funéraire,  consacré  à  la 
mémoire  de  quelque  chef  par  des  soldats,  qui  en  auraient  apporté  la 
terre  dans  leurs  casques.  Le  tuco  de  Loucrup  me  paraît  être  une  motte 
défensive,  munie  primitivement  d'un  fossé  de  huit  à  neuf  mètres  de 
large,  presque  comblé  aujourd'hui.  La  nécessité,  dans  une  région  aussi 
sèche,  d'approvisionner  d'eau  un  fossé  aussi  large  peut  expliquer  le 
choix  de  l'emplacement  de  cette  motte,  dans  un  lieu  déprimé,  à  proximité 
d'un  ruisseau. 

Ce  tertre  a  été  planté  en  vigne,  il  y  a  une  trentaine  d'années.  En 
bêchant  profondément,  des  laboureurs  entendirent  un  son  inaccoutumé, 
enlevèrent  la  terre,   la  fouillèrent   et  découvrirent  un  schiste  qui  fut 


10  LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE   BENAC 

soulevé  à  l'instant.  Une  excavation  apparut.  Le  plus  hardi  des  travail- 
leurs y  descendit,  s'éclairant  d'un  flambeau.  Cette  chambre,  creusée  dans 
le  sol,  et  qui  existe  encore,  a  la  forme  d'un  four  dont  l'ouverture  serait 
placée  sur  le  haut.  Des  personnes  sérieuses,  témoins  de  cette  décou- 
verte, disent  en  avoir  vu  retirer  un  parchemin  qui  se  réduisit  en  pous- 
sière au  toucher.  Ce  parchemin,  dont  on  n'a  pas  conservé  le  moindre 
lambeau,  nous  aurait  peut-être  fourni  d'utiles  indications  sur  la  destina- 
tion du  souterrain. 


II 


«  Une  voie  romaine  reliait  Toulouse  à  Dax.  Elle  remontait  la 
Garonne  par  Vcrnosolam  (La  Vernose),  Calagorris  (Martres),  Vulcha- 
lou  (Beauchalo),  Lugdunura  Convenarum  (Saint-Bertrand  de  Commin- 
ges),  Aquœ  Convenarum  (Capvern  ou  Bagnères-de-Bigorre),  Oppidum 
novum  (Lourdes),  Beneamum  (Lescar),  Aquœ  Tarbellicœ  (Dax)  et 
Lapurdum  (Bayonne).  Cette  voie  touchait  à  tous  les  camps  retranchés 
élevés,  sous  Jules  César,  sur  la  ligne  du  Gave,  et  complétait  ainsi 
cette  formidable  ceinture  stratégique.1  » 

Un  de  nos  bons  érudits  a  essayé  de  «  déterminer  les  relations  de 
cette  route,  avec  les  camps  nombreux  qui  se  trouvaient  non  loin  de  son 
parcours  ».  Mais  il  s'en  est  tenu  à  des  généralités  fort  peu  précises. 
Voici  la  page  de  cet  intéressant   travail  qui  concerne  le  Bénaqués  : 

«  De  Hiis,  la  voie  suivait  le  chemin  de  Mourdens,  au  nord  du  village 
de  Montgaillard,  se  dirigeait  d'abord  du  nord  au  sud,  en  dominant  et 
du  côté  de  la  vallée  de  l'Adour  et  du  côté  de  Lourdes,  allait  ensuite  de 
Test  à  l'ouest  vers  le  tuco  de  Puyolles,  qui  est  composé  de  trois  amon- 
cellements de  terre,  dont  le  plus  considérable  est  au  milieu  et  se  voit 
au  loin.  Une  tranchée  pour  le  passage  de  la  voie  a  été  pratiquée  entre 
ces  amoncellements  qui  constituent  des  tumulus.  La  voie  passait-elle 
ensuite  sur  le  territoire  de  Visker  ou  bien  sur  celui  de  Loucrup  ?  Nous 
avons  adopté  ce  dernier  tracé  après  examen  répété  sur  les  lieux.  Elle 
gagnait  ensuite  Layrisse  pour  descendre  et  traverser  l'Echez  à  Barry. 


i.  Cénac-Moncaut,  Histoire  des  peuples  pyrénéen»,  t.  I,  p.  194.  —  Il  paraît  admis 
de  nos  jours  que  Aquœ  Convenarum  doit  être  identifié  avec  Bagnères,  et  Cénac- 
Moncaut  commet  une  erreur  en  prolongeant  jusqu'à  Bayonne  cette  route,  qui 
s'arrêtait  à  Dax. 


VOIES    ANTIQUES  I  I 


Ce  point  nous  semble  déterminé  ;  là  se  trouve  encore  un  pont  à  plein- 
cintre  d'une  seule  arche,  et  qui  nous  a  paru  avoir  une  construction  sem- 
blable à  celle  du  pont  sur  l'Arros,  dont  il  a  été  question  plus  haut. 

Après  avoir  traversé  l'Echez,  la  voie  gravissait  une  pente  raide  vers 
Averan  et  se  plaçait  toujours  sur  la  ligne  de  partage  des  eaux,  dominant 
la  vallée  de  l'Echez  vers  Orincles  et  surtout  la  vallée  en  aval  vers  Lannes, 
Louey,  Ossun  et  T'arbes. 

En  sortant  du  village  d'Averan,  on  trouve  une  première  croix  ;  on 
monte  encore  jusqu'au  sommet  du  bois  du  Mouret,  dominant  toujours 
et  complètement  la  vallée  de  l'Echez  et  en  très  grande  partie  celles  de 
l'Adour.  L'ancienne  voie  se  tenait  plus  près  du  sommet  du  mamelon.  — 
Deuxième  croix. .  .*  » 

La  voie  romaine,  d'après  la  reconnaissance  que  nous  avons  cru 
pouvoir  en  faire,  remontait  du  tuco  de  Puyolles  au  Pouy  arabe  de 
Loucrup,  descendait  vers  le  tuco  aux  sources  de  l'Aube,  se  dirigeait  de 
là  vers  la  Menjoye,  tournant  sur  Layrisse  (nous  en  suivons  le  tracé  vers 
Peyrahitte),  descendait  ensuite  vers  le  bois  de  Bergadan,  passait  à  une 
cinquantaine  de  mètres  du  château  de  Bénac,  montait  vers  Averan  et 
de  là  s'élevait  à  mi-côte  de  Miramont  près  la  Peyreblanque,2  se  diri- 
geant sur  Julos,  où  se  trouvent  les  traces  d'un  camp  retranché,  et  de  là 
rejoignait  Lourdes. 

La  voie  romaine,  longeant  presque  les  fossés  du  château,  avait-elle 
pour  but  de  relier  le  castrum  de  Bénac  aux  autres  points  stratégiques 
delà  BigorrerOu  mieux,  le  château-fort  a-t-il  été  bâti  plus  tard  sur 
cet  endroit  pour  bénéficier  des  nombreux  avantages  que  lui  procurait 
cette  route  r  —  Si  Bénac  n'était  pas  «  un  point  stratégique  »,  camp 
retranché  ou  forteresse,  on  ne  voit  pas  pourquoi  cette  voie  passerait 
par  le  Bénaqués,  avec  les  grandes  difficultés  qu'on  rencontre  dans  les 
accidents  du  terrain.  L'administration  des  ponts  et  chaussées  a  aban- 
donné l'ancien  parcours  comme  trop  long  et  trop  pénible,  quand  elle  a 
tracé  la  route  de  Bagnères  à  Lourdes  par  Montgaillard.  Il  fallait  une 
raison  majeure  comme  celle  de  relier  deux  forteresses,  pour  adopter 
l'ancien  itinéraire. 

i.  Dejeanne  (J.-M.  ,  De  quelques  voies  anciennes  de  l'Aquitaine,  p.  2$. 

2.  Peyreblanque  paraît  n'être  qu'un  débris  de  stèle  gallo  romaine  servant  à 
marquer  les  distances.  —  11  est  fait  mention  de  ce  point  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  académique  dj  Tarbes  (6e  année  ,  p.  42  et  dans  le  Souvenir  de  la  Bigorre, 
t.  V,  P..-,. 


\2  Le  bénaqués  ou  baronnie  de  bénac 


III 

On  ne  sait  rien  de  la  religion  du  Bénaqués  avant  et  pendant  la  domi- 
nation romaine.  Les  dieux  de  notre  pays  durent  être  les  dieux  du  reste 
de  la  Bigorre.  Nos  aïeux  adoraient  soit  l'être  suprême  avec  les  druides, 
soit  les  dii  locales,  divinités  tutélaires,  génies  protecteurs  des  familles. 
Parmi  les  divinités  de  l'Aquitaine,  on  trouve  trace  d'un  dieu  du  nom 
d'Averanus. 

Un  monument  a  été  recueilli  et  étudié  avec  soin  parles  épigraphistes 
pyrénéens  :  c'est  l'autel  votif  et  l'inscription,  consacrés  au  dieu  Averan, 
qui  ont  été  trouvés  à  Melles-sur-Fos,  près  du  mont  Averan.  Voici  cette 
inscription  telle  que  nous  la  donne  Julien  Sacaze,  dans  ses  Inscriptions 
antiques  :  l 

«  291.  —  Inscription  trouvée  près  de  Melles,  suivant  Dumege.  «  Les 
Convenae,  dit-il,  adorèrent  le  mont  Averan...  voisin  de  Melles.  On  a 
trouvé  dans  l'un  des  torrents...  de  cette  montagne  les  restes  d'un 
petit  autel. . .  »  Perdue.  Le  col  d'Averan  mettait  en  communication  le 
territoire  de  la  civitas  Conrcnarum  avec  celui  de  la  civitas  Consoranorum. 

AVERANO 

IVLIA-  SERGL   F 

PAVLINA 

V-   S-    L-    M- 

Averano  deo,  julia,  Sergi  ffilia)  Paulina,  vfolumj  s(olvil)  IfibensJ 
m(  criioj. 

Au  dieu  Averan,  Julia  Paulina,  fille  de  Sergius,  avec  une  juste  recon- 
naissance, en  accomplissement  de  son  vœu. 

Il  faut  remarquer  le  gentilice  Sergius,  employé  ici  comme  cognomen: 
le  gentilice  de  la  mère  pouvait  servir  de  cognomen  à  l'un  des  enfants  ; 
cependant  cette  inscription  provenant  de  Dumège  est  douteuse.   » 

Le  village  d'Averan,  dans  le  Bénaqués,  se  trouve  bâti  presqu'au 
sommet  du  mont  qui  porte  son  nom.  Tout  laisse  à  supposer  que  ce 
dieu,  honoré  dans  un  village  du  Comminges,  a  été  Tune  des  divinités 
tutélaires  de  la  plaine  de  l'Echez  et  a  donné  son  nom  à  cette  localité. 

1.  Page  348-  —  Cf.  Dumège,  Monuments,  ;i2  ;  Archéologie,  I,  154,  jo~  ;  III,  424; 
—  Castillon,  I,  pi.  12,  ire  série;  Sacaze,  Anciens' dieux,  9  et  10,  n"  24. 


INVASION    MAURE  I  } 


IV 


Mais  quittons  le  domaine  de  l'hypothèse,  pour  arriver  tout  de  suite 
à  une  époque  historique,  l'arrivée  des  Maures  d'Espagne  dans  notre 
contrée. 

«  Le  Sarrasin,  ainsi  que  l'Alain,  était  nomade;  monté  sur  son  dro- 
madaire, vaguant  dans  des  solitudes  sans  bornes,  changeant  à  chaque 
instant  de  terres  et  de  ciel,  sa  vie  n'était  qu'une  fuite.1  »  Tel  est  le 
portrait  qu'Ammien  Marcellin  nous  fait  de  ce  peuple. 

Ces  Arabes  d'outremonts  allèrent  jusqu'au  cœur  des  Gaules  se  faire 
tailler  en  pièces  par  Charles  Martel.  L'armée  fugitive  d'Abd-el- 
Rahman  regagnait  l'Espagne  à  travers  les  Pyrénées.  Ils  débouchèrent 
dans  les  landes  de  Lannes,  Louey  et  Ossun  par  le  boueit  det  Maoure, 
col  d'Adé,  et  ils  essayèrent  de  se  reformer.  Ils  trouvèrent  dans  la 
Bigorre  un  nouveau  Charles  Martel.  Sous  la  conduite  d'un  chef,  dont 
le  nom  n'est  pas  venu  jusqu'à  nous,  les  Chrétiens  se  rangent  en  ordre 
de  bataille  ;  ils  invoquent  saint  Misselin,  qui  les  avait  secourus  contre 
les  Vandales.  Animés  d'une  sainte  ardeur,  ils  vont  braver  la  mort  en 
combattant  ces  bandes  dévastatrices,  agglomérées  dans  des  camps 
retranchés,  au  milieu  d'une  lande  qu'on  appelle  encore  de  nos  jours  la 
lanne  mourime.  Ces  tumulus  sont  toujours  debout  :  à  Lannes,  le  Buala 
et  le  Pouey  ;  à  Louey,  le  turon  d'Artisac.2 

Une  grande  bataille  s'engagea  ;  les  Maures  eurent  à  soutenir  le  choc 
impétueux  des  habitants  du  pays,  la  bravoure  de  nos  compatriotes  força 
les  premiers  obstacles  et  les  étrangers  durent  abandonner  leurs  formi- 
dables positions.  Ils  étaient  gênés  dans  leurs  mouvements  par  leurs 
nombreux  chariots,  leurs  troupeaux,  leurs  femmes  et  leurs  enfants. 
Les  Musulmans  se  retirèrent,  laissant  le  champ  de  bataille  jonché  de 
cadavres.  Aujourd'hui  encore  le  laboureur,  travaillant  ces  terres,  sou- 


i.  Errant  semper  per  spatia  longe  lateque  distenta...  Nec  idem  perferunt 
diutius  coelum,  aut  tractus  unius  soli  illis  unquam  placet.  Vita  est  illius  semper  in 
fuga.  (Ammien  Marcellin,  lib.XlV,  cap.  v.) 

2.  On  assure,  dit  Marca,  que  les  Sarrasins  se  fortifièrent  en  divers  endroits  du 
Béarn,  de  Bigorre  et  de  Commenges.  La  mémoire  de  leur  tyrannie  y  paraît 
récente  et  les  peuples  leur  attribuent  l'élévation  de  différents  tertres.  D'autres 
assurent  que  ce  sont  les  tombeaux  de  romains;  d'autres  enfin  croient  que  ces 
tertres  ont  été  élevés  durant  les  guerres  entre  les  petits  princes  de  ces  contrée*. 
[Histoire  de  Béarn.  liv.  Il,  chap.  m.) 


14  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

lève  des  débris  d'armes,   des  ossements,  des  crânes  épais,  qui  rappel- 
lent les  races  africaines. 

Saint  Misselin  a-t-il  conduit  en  personne  les  Bigourdans  au  combat 
contre  les  Maures  ? 

A  n'écouter  que  les  gens  du  Bénaqués,  échos  de  la  légende,  saint 
Misselin  aurait  arraché  la  Bigorre  à  la  domination  arabe.  Ce  prêtre,  le 
sabre  d'une  main  et  la  croix  de  l'autre,  animait  le  courage  de  nos  frères. 
La  cause  était  belle  ;  il  fallait  défendre  sa  foi.  Au  cri  des  mahométans  : 
«  crois  ou  meurs  »,  on  devait  répondre  par  le  cri  souverainement  gau- 
lois :  «   vaincre  ou  mourir.   » 

La  plupart  des  érudits  bigourdans  l  veulent  qu'un  prêtre  du  nom  de 
Misselin  ou  Missolin  ait  pris  le  commandement  des  troupes  catholi- 
ques. 

Selon  l'opinion  de  l'abbé  Cazayous,  cité  par  M .  le  chanoine  Dulac,  nos 
soldats  auraient  été  conduits  à  la  bataille,  après  avoir  demandé  aide  et 
secours  au  saint,  qui  avait  déjà  sauvé  nos  populations  des  hordes  des 
Vandales.  Au  premier  bruit  de  guerre,  on  aurait  retiré  de  son  tombeau 
les  restes  de  saint  Misselin;  on  aurait  porté  dans  le  camp  ces  vénérables 
reliques,  comme  autrefois  les  Israélites  portèrent  l'arche  d'alliance  en 
tête  de  leurs  armées  ;  et,  pendant  la  bataille,  le  saint  aurait  combattu 
du  haut  du  ciel  pour  ses  fidèles  avec  un  succès  si  extraordinaire  qu'on 
attribue  à  saint    Misselin  tout  le  mérite  de  la  journée. 

Nous  nous  rangeons  à  ce  dernier  sentiment,  car  la  grande  bataille 
de  Lannemourime  se  livra  dans  les  premières  années  du  VIIIe 
siècle,  et  Grégoire  de  Tours,  qui  fait  dans  ses  œuvres  l'éloge  de  notre 
saint,  mourait  le  17  novembre  t^.2 

Nous  trouvons  dans  la  topographie  locale  des  traces  nombreuses  du 
séjour  des  Sarrazins  parmi  nous  :  Averan,  section  C,  dite  du  Mouret  : 
Mouret  (landes,  bois-taillis)  ; — Bénac,  section  B,  dite  de  Bécut,  section 
D,  dite  de  Maumoran  :  Maumouran;  —  Lannes,  section  D,  Lannemou- 
rine  ;  —  Loucrup,  section  B,  dite  de  Poueyarabe  :  Pouey  arabe, 
section  C,  Mourou  ;  —  Louey,  section  A,  dite  de  Lannemourinne  : 
Lannemourinne. 

1.  Davezac-Macaya,  Essai  sur  le  Bigorre,  t.  I,  p.  }. —  Malte-Brun,  France  Illus- 
trée, !!;,  Hautes-Pyrénées,  2L'  liv.,  p.  9.  —  Cénac-Moncaut,  Histoire  des  peuples  et 
Jcs  états  pyrénéens,  t.  I,  p.  500.  —  Abadie,  Indicateur  des  Hautes-Pyrénées,  p.  y,. 

2.  Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  VI,  p.  259. 


LEGENDES    DES   CROISADES  1^ 


«  On  assure,  dit  Larcher,1  que  Bos  de  Bénac  ayant  fait  le  voyage 
d'outremer,  fut  prisonnier  des  infidèles  ;  que  le  diable,  plus  officieux 
dans  ce  tems,  moins  rusé  et  moins  malin,  l'avertit  que  sa  femme,  le 
croyant  mort,  devoit  se  marier  dans  peu  de  jours  en  secondes  noces 
avec  le  seigneur  des  Angles.  Bénac  ne  pouvoit  souffrir  ce  seigneur  et 
avoit  expressément  recommandé  à  sa  dame  que,  si  par  sa  mort,  elle 
venoit  en  liberté  de  convoler,  elle  ne  contractât  point  avec  les  Angles. 
On  ne  voulut  point  reconnoître  Bénac  dans  son  château,  et  le  diablotin 
qui  avoit  mis  trois  jours  pour  le  transporter  en  Bigorre,  n'ayant  appa- 
remment point  fait  de  caravane  en  Normandie,  ne  seut  point  aller 
chercher  des  témoins  en  païs  pour  prêter  serment  de  l'état  de  Bénac. 
On  rejette  le  témoignage  de  son  anneau,  un  vieux  lévrier  le  reconnoit 
à  la  voix  et  ses  caresses  rappelèrent  dans  les  esprits  l'idée  qu'on  devoit 
avoir  de  ce  seigneur;  le  démon  lui  avoit  demandé  pour  récompense  les 
restes  de  son  souper.  Il  falloit  que  ce  fut  un  pauvre  diable  condamné  à 
souffrir  la  faim.  Bénac  ne  voulut  que  des  noix  à  souper  et  en  jeta  les 
restes  à  son  conducteur.  Ce  démon  irrité  fit  un  trou  à  la  cheminée,  et 
les  paysans  sont  persuadés  qu'on  a  tenté  inutilement  de  le  boucher. 
Bénac  se  fit  cordelier  et  sa  femme  prit  le  voile,  on  ne  dit  pas  où.  On 
croit  que  ce  seigneur  est  enterré  dans  la  chapelle  Sainte-Anne  ou  du 
chapitre.  On  voyait  encore  en  1770,  près  du  maître  autel,  un  casque  et 
une  lance  qu'on  disoit  avoir  appartenu  à  Bos  de  Bénac.   » 

A  cent  mètres  du  village  d3  Layrisse,  en  prenant  la  direction  de 
Bénac,  on  trouve  une  pierre  de  quartz  amorphe.  Elle  mesure  trois 
mètres  de  long  sur  deux  soixante-douze  de  large  et  un  cinquante  de  haut 
de  terre  à  terre.  Le  démon  déposa  Bos  de  Bénac,  rentrant  de  sa  capti- 
vité, sur  cette  pierre  et  y  laissa  l'empreinte  de  ses  griffes.  Hélas  !  tout 
disparaît  avec  le  temps  ;  on  ne  sait  plus  distinguer  les  traces  de  cet 
étrange  phénomène.  Demandez  à  nos  Layrissois  ce  que  racontaient 
leurs  pères  relativement  à  cette  pierre,  ils  vous  répondront  invariable- 
ment que  ce  bloc  aurait  été  envoyé  sur  les  hauteurs  de  Layrisse  par  un 
être  surhumain  (le  diable),  du  sommet  de  Miramont,  où  se  trouve  sa 
sœur,  la  Peyreblanque. 

1.   Larcher     J.-B.;,    Dictionnaire  généalogique,    lettre    B,    p.  559.  (Archives  des 
Hautes-Pyrénées,  F2.) 


IÔ  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 

Les  Anglais  étaient  maîtres  de  notre  pays  par  le  traité  de  Brétigny 
du  8  mai  1 360.  Le  château  de  Bénac  était  pour  eux  un  lieu  sûr.  Obligés 
de  déguerpir,  après  une  longue  domination,  vers  1421,  ils  auraient 
déposé  sous  cette  pierre  de  fortes  sommes  d'argent  pour  ne  pas  les 
abandonner  â  leurs  ennemis,  ne  pouvant  pas  les  emporter  eux-mêmes. 
On  essaya,  un  beau  jour,  de  creuser  sous  la  pierre  et  de  pénétrer 
jusqu'au  trésor,  lorsqu'un  essaim  de  moucherons  sortit  de  terre  et, 
aveuglant  les  chercheurs,  les  forcèrent  de  suspendre  leurs  fouilles.  Et, 
aujourd'hui  encore,  nos  bons  paysans,  dont  la  vie  est  si  dure,  désire- 
raient bien  renverser  cette  pierre  !  Le  dieu  Argent  est  un  dieu  puissant, 
et,  malgré  soi,  on  pousse  ce  cri  du  poète  : 

La  vertu  sans  l'argent  n'est  qu'un  meuble  inutile.  (1) 

Chercher  à  faire  prendre  au  sérieux  une  légende  serait  vouloir 
s'opposer  au  passage  d'un  torrent  impétueux.  Cependant,  les  traditions, 
toutes  merveilleuses  qu'elles  paraissent,  sont  l'érudition  des  peuples; 
nous  y  croyons  plus  qu'aux  savants,  qui  viennent,  après  des  siècles,  les 
contester  ou  les  démentir.  En  l'absence  de  livres  écrits,  la  mémoire 
des  nations  est  le  livre  inédit  de  leur  race.  Ce  que  le  père  a  raconté  au 
fils  et  que  le  fils  a  redit  d'âge  en  âge  n'est  jamais  sans  fondement  dans 
la  réalité.  En  remontant  de  génération  en  génération  à  l'origine  de  ces 
traditions  de  famille  ou  de  race,  qui  se  grossissent  de  quelques  fables 
dans  leurs  cours,  on  ressemble  à  un  homme  qui  remonte  le  cours  d'un 
fleuve  inconnu  :  on  finit  par  arriver  à  une  source,  petite  sans  doute, 
mais  à  la  source  d'une  vérité. 

VI 

Toutes  les  communes  de  la  baronnie  sont  soumises  à  des  obligations  à 
l'égard  du  seigneur  de  Bénac;  elles  lui  doivent  des  devoirs  honorifiques 
et  des  devoirs  lucratifs.  Elles  paient  toutes  une  redevance  au  baron  de 
Bénac,  alors  même  que  quelques-unes  d'elles  sont  sous  la  dépendance 
immédiate  d'un  autre  seigneur  local  subalterne. 

Le  Débita  Régi  Navarrœ  in  comitalu  Bigorrensi  (1 31 3)  va  nous  four- 
nir un  premier  renseignement  sur  l'état  politique  du  Bénaqués  au  com- 
mencement du  XIVe  siècle. 

1.  Souvenir  de  la  Bigarre,  t.  V,  p.  214. 


VASSELAGES    DU    XIV'    SIECLE 


Les  villages  de  Bénac,  Averan,  Barry,  Lannes  et  Orincles  avaient 
pour  seigneur  :  noble  homme  Raymond  de  Bénac,  damoiseau.  Ce 
dernier  est  tenu  de  faire  au  roi  l'ost  et  Torde  ou  cavalcade  pour  toute 
sa  terre  du  Bénaqués  (de  BenaqucrioJ.  —  Ces  communautés  ignorent  si 
elles  doivent  l'ost  et  Torde,  jus  et  legcm  au  seigneur.1 

Le  village  de  Louey  a  le  même  seigneur;  la  communauté  dit  n'être 
pas  tenue  à  l'ost  et  Torde,  jus  et  legcm. 

Le  village  de  Hibarette  reconnaît  pour  son  seigneur  Othon  de  Bénac, 
archidiacre  des  Angles.  La  communauté  n'est  pas  tenue  à  l'ost  et 
Torde,  jus  cl  legcm. 

Le  village  de  Loucrujp  a  pour  seigneur  Manaud  de  Bénac,  damoi- 
seau. La  communauté  n'est  tenue  à  l'ost  et  Torde,  jus  et  legcm  qu'à 
l'égard  du  seigneur  de  Bénac. 

Le  village  de  Layrisse  avait  pour  seigneurs  :  Raymond  de  Bénac, 
messires  Raymond-Arnaud  de  Saint-Sevier  et  Raymond  de  Saint- 
Sever,  l'abbé  du  monastère  de  Saint-Pé  de  Génerest.  La  communauté 
n'est  tenue  à  l'ost  et  à  Torde,  jus  et  legem  qu'en  faveur  du  seigneur  de 
Bénac. 

Le  village  de  Visker  a  pour  seigneur  Donot  de  Visker,  damoiseau. 
La  communauté  doit  l'ost  et  Torde,  fus  cl  legcm  aux  seigneurs  de  Visker 
et  de  Bénac. 

Presque  tous  les  habitants  paient  emparance  au  roi.2 

Cet  état  dura  jusqu'à  la  Révolution.  Nos  communes  du  Bénaqués 
restèrent  soumises  aux  exigences  de  la  loi  féodale,  réclamant  toujours 
des  améliorations,  obtenant  rarement  des  adoucissements. 

Vil 

Marguerite  de  Valois  et  surtout  sa  fille  Jeanne  d'Albret  tentèrent  de 
propager  la  réforme  dans  le  Béarn  et  dans  les  contrées  soumise  à  leur 
autorité. 

i.  L'ost  est  l'expédition  entreprise  pour  défendre  la  patrie  dans  les  limites  du 
domaines  du  seigneur  ;  la  chevauchée  est  l'expédition  faite  dans  l'intérêt  du  seigneur 
mime  en  dehors  des  propriétés  du  maître;  Vorde  est  la  convocation  des  hommes 
qu'on  lance  à  la  poursuite  des  ennemis  ou  des  voleurs;  jus,  c'est  faire  droit, 
recevoir  droit,  plaider,  prendre  fait  et  cause  pour  quelqu'un  ;  legem,  c'est  le  devoir 
de  rendre  justice  et  de  juger  selon  la  loi.  (Du  Cange,  Glossarium,  t.  IV,  p.  245- 
470.  —  V,  84.  —  VI,  56.) 

2.  Baylie  de  Tarbes,  folios  147-140.  —  Communication  de  M.   Gaston  Balencie . 


l8  LE  BÉNAQUÉS  OU  BARONNIE  DE  BENAC 

A  Bénac,  les  seigneurs  voulurent  goûter  aux  nouvelles  doctrines,  ils 
embrassèrent  la  foi  de  leur  seigneur  et  maître,  le  roi  de  Navarre  et 
comte  de  Bigorre.  Mais,  dans  le  peuple,  les  adhérents  ne  furent  pas 
nombreux.  Si  la  réforme  entra  si  peu  dans  les  idées  des  habitants  du 
Bénaqués,  cela  tient  à  ce  que  les  hommes  de  ce  pays  restèrent  fidèles 
à  leur  religion.  On  dit  que  l'exemple  venant  de  haut  est  toujours  conta- 
gieux :  sans  doute,  les  seigneurs  ne  furent  pas  seuls  à  changer  de  con- 
fession, d'autres  se  laissèrent  séduire  par  l'attrait  de  la  nouveauté,  par 
l'intérêt  et  par  la  vie  facile  ;  mais  ce  fut  le  petit  nombre.  L'influence 
des  maîtres  puissants  fut  neutralisée  par  l'influence  tout  autrement  forte 
d'une  bonne  instruction  religieuse,  donnée  par  les  prêtres  et  par  les 
moines.  Cet  inébranlable  attachement  à  la  foi  chrétienne  nous  laisse 
entrevoir  pourquoi,  dans  la  baronnie  de  Bénac,  tant  d'églises  ont  été 
incendiées   par  les   protestants. 

En  parlant  des  seigneurs  de  Bénac,  nous  verrons  la  part  active  qu'ils 
ont  prise  dans  les  guerres  de  religion,  nous  assisterons  à  leurs  défaites 
et  à  leurs  victoires. 

D'autres  combats,  également  ardents,  .  mais  moins  sanguinaires, 
eurent  lieu  entre  catholiques  et  protestants.  C'étaient  des  joutes  ora- 
toires entre  prêtres  et  ministres,  des  paris  entre  personnes  instruites  de 
l'une  et  l'autre  religion.1 

i.  Parmi  les  quelques  habitants  de  Bénac  qui  embrassèrent  la  réforme,  nous 
rencontrons  le  nom  de  Jean  Guinolas,  de  Bénac,  conseiller  avocat  en  la  séné- 
chaussée de  Bigorre.  Arnaud  de  la  Moremble,  né  à  Orincles,  recteur  de  Trébons, 
représentait  le  parti  des  catholiques.  Jean  Guinolas  et  Arnaud  de  la  Moremble 
«  sont  en  contestation  sur  le  point  ou  est  dict  que  Jésus-Crist  sestant  esgaré  à 
l'âge  de  doutze  ans  de  la  compaignie  de  la  Vierge  sa  mère  et  de  Joseph,  son  père 
putatif,  venant  au  temple  de  Jérusalem,  on  feuist  recherche  après  son  esgarement, 
le  tems  de  deux  ou  troye  jours,  ou  feust  retrouvé  parmy  les  docteurs  disputant 
avec  eux;  et  que  la  Vierge,  sa  mère,  s'arresta,  en  luy  disant  les  parolles  telles  : 
mon  (ils,  etc.  Et  c'est  ce  que  le  dit  Moremble  soubstient.  Au  contraire  ledit  Gui- 
nolas dist  que  la  Vierge  n'y  compareut  poinct,  mais  qu'elle  y  envoya  quelqu'un 
des  disciples  de  Jésus-Crist;  sur  le  différend  ledit  Moremble  se  SQubsmet  à  ce 
réduire  à  la  religion  que  ledit  Guinolas  tient  que  l'on  dit  pretendeue  reforme,  sy 
son  dire  se  trouve  aultrement  ;  comme  aussy  ledit  Guinolas  se  sousmet  à  ce  réduire 
a  la  religion  que  ledit  Moremble  tient  à  sçavoir  catolicq,  apostolicq  et  romaine 
au  cas  son  dire  cy  dessus  ne  se  treubera  véritable,  se  soubsmettant  toutes  parties 
entretenir,  guarder,  observer  les  susdites  promesses  sy  dessus  faictes  et  propo- 
sées à  perne  de  dix  escus  d'or  et  de  tous  despends. . .  Ainsin  l'ont  promis  et  iuré  en 
haussant  leurs  mains  audit  Dieu  du  ciel  de  n'y  contrevenir.  »  Cet  acte  en  bonne 
et  due  forme  est  passé  en  l'étude  de  Me  de  Vyvié,  notaire  à  Trébons,  le  ■■,  décem- 
bre ion.  —Jean  Guinolas  a  perdu  son  enjeu  ;  il  n'est  pas  venu  à  notre  connais- 
sance qu'il  ait  tenu  sa  promesse  et  qu'il  ait  abjuré  la  réforme.  Etude  de  A.-F. 
Vivier,  à  Tarbes.) 


TROUBLES    DE    LA    FRONDE  19 

Le  peuple  si  chrétien  du  Bénaqués  défendit  énergiquement  sa  foi 
soit  contre  les  protestants  du  dehors  qui  parcouraient  la  Bigorre  l'épée 
et  la  torche  à  la  main,  incendiant  leurs  églises  et  pillant  leurs  maisons; 
soit  contre  les  protestants  du  dedans  qui,  encouragés  par  leur  seigneur 
huguenot,  leur  causaient  toute  sorte  de  désagréments.  Le  prieuré  de 
Bénac  avec  son  église  Sainte- Marie,  l'église  paroissiale  Saint-Pierre  de 
Bénac,  les  églises  de  Visker,  d'Averan,  d'Orincles,  de  Louey  et  de 
Lannes  devinrent  la  proie  des  flammes,  en  M69.1  Grande  fut  alors 
la  désolation  dans  tout  le  Bénaqués  ! 


VI 


On  était  à  peine  remis  de  ces  premiers  désastres  quand  un  nouveau 
fléau  vint  fondre  sur  notre  pays.  La  Fronde  pesa  durement  sur  la 
Bigorre  et  en  particulier  sur  la  baronnie  de  Bénac.  Les  armées  royales, 
comme  un  torrent  dévastateur,  emportaient  tout  ce  que  nos  pauvres 
agriculteurs  pouvaient  se  procurer  à  la  sueur  de  leur  front.  Les  com- 
missaires du  roi  demandaient  aux  communes  des  redevances  exorbi- 
tantes soit  en  espèces,  soit  en  denrées.  Les  caisses  publiques  furent 
alors  mises  à  sec  et  les  communes  souvent  obligées  de  recourir  à  des 
emprunts,  dont  elles  se  libérèrent  difficilement. 

Voici  un  aperçu  des  contributions  fournies  par  le  Bénaqués.  L'énu- 
mération  en  sera  longue  et  fatigante  ;  mais  c'est  de  l'histoire,  et  il  est 
bon  de  savoir  ce  que  coûtent  nos  révolutions.  La  douairière  de  Bénac 
d'abord  met  à  leur  disposition  une  somme  de  1,200  livres;  Orincles 
paye  sa  quote-part  dont  elle  délivre  un  reçu,  pour  les  consuls  d'Orincles, 
de  «  la  somme  de  deux  cens  nonante  deux  livres  et  demy,  et  ce,  en 
déduction  de  la  somme  de  doutze  cens  livres,  que  les  communautés  du 
marquisat  m'avoient  empruntée  pour  payer  les  gens  de  guerre.  »  Cet 
acte  est  daté  du  dernier  décembre  mil  six  cent  cinquante-quatre. 

Les  habitants  de  Bénac  empruntaient  le  8  mars  1654  «  cinquante 
sacs  de  bled  segle  »  à  Guillaume  Gandérats,  docteur  en  médecine  de 
la  ville  de  Tarbes;  ceux  de  Loucrup  empruntaient  à  la  communauté  de 
Hibarette  la  somme  de  20}  livres;  ceux  de  Louey  empruntaient  1,800 
livres  aux  dames  Ursulines  de  Tarbes  ;  ceux  d'Orincles  empruntaient 
encore  à  Guillaume  Gandérats  la  somme  de  1,300  livres,  «   pour  raison 

1.  Souvenir  de  la  Bigarre,  t.  III,  p.  229. 


20  LE   BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 

du  régualement  faict,  par  MM.  des  Etats,  de  la  nourriture  et  entretient 
des  gens  de  guerre  au  païs  de  Bigorre  par  ordre  du  roy  et  commandés 
par  M.  de  Mary  ».* 

Les  communautés  de  Bénac,  Layrisse,  Hibarette  et  Averan  avaient 
reçu  de  la  communauté  de  Liac  la  somme  de  5814  livres.  Les  consuls 
de  ces  quatre  villages  prétendent  avoir  payé  dès  1654.  L'intendant  de 
Pellot  renvoie  les  intéressés  devant  le  sieur  de  Coture,  conseiller  et 
avocat  du  roi  en  la  sénéchaussée  de  Bigorre,  qui  réduit  «  la  somme  de 
3,800  livres  à  celle  de  1,000  livres,  pour  esvitter  les  fraix  que  pourroict 
causer  la  poursuitte  d'une  affaire  de  ceste  nature,  dont  l'événement  est 
incertain  de  part  et  d'autre  ».  Les  communautés  s'engagent  par  acte 
passé  le  30  juillet  1669  «  à  payer  la  somme  de  1,000  livres  dans  huit 
années  avec  les  intérêts,  à  raison  du  denier  vingt,  à  compter  depuis  le 
premier  de  l'année  courante,  sçavoir  à  la  feste  de  la  Circoncision  de 
chascune  année,  prochainement  venant,  la  somme  de  120  livres  ».2 

Les  communes,  n'ayant  pas  suffisamment  de  ressources  pour  faire 
honneur  à  leur  signature,  frappent  les  particuliers.  On  impose  les 
habitants  de  chaque  village,  et  cet  impôt  est  une  cause  de  ruine  pour 
bien  des  familles,  qui,  ne  pouvant  pas  payer,  donnent  leurs  terres  aux 
lieu  et  place  des  pièces  d'or  que  vainement  on  réclame.  C'est  ainsi  que 
le  8  septembre  1655»  «  Marguerite  d'Antios  et  Domenge  Caussade, 
maison  Arrébiqué  de  Lairisse,  ont  volontairement  mis  et  bailhé  en  solu- 
tion de  paiement,  avec  faculté  de  rachapt,  en  faveur  des  consuls,  manans 
et  habitants  de  Lairisse  un  journal  et  demy  de  terre  pred  sçittué  audit 
terroir  de  Lairisse...  pour  le  prix  et  somme  de  48  livres;  laquelle 
somme  lesdits  consuls,  manans  et  habitants  ont  payé  en  descharge 
desdits  d'Antios  et  Caussade,  sçavoir  :  8  livres  au  senechal  de  Bigorre 
de  l'emprunt  que  la  communauté  avoit  faict;  plus  13  livres  et  demy 
pour  leur  cotte-part  des  signataires  du  lieu  de  Lairisse  ;  et  le  reste  ont 
payé  tant  pour  la  subsistance  des  gens  de  guerre  logés  en  Bigorre 
l'année  dernière  que  pour  d'autres  emprunts  pour  leur  nourriture  et 
entretient.3  » 

1.  Michel  du  Bouret,  seigneur  de  Marin,  près  de  la  Montjoie  et  autres  places, 
lieutenant  général  des  armées  du  roi,  commandant  d'un  régiment  de  son  nom,  fut 
un  des  meilleurs  officiers  généraux  de  l'armée  royale  pendant  les  guerres  de  la 
Fronde. 

2.  Nicard.  (Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes.) 

3.  Daquo.  (Etude  Candellé  à  Ossun). 


EXACTIONS    FÉODALES  2l 


Nombreux  furent  alors  les  fils  de  famille  qui  quittèrent  le  foyer 
paternel,  pour  aller  demander  l'aisance  au  climat  étranger.  Après  la 
découverte  de  l'Amérique,  l'Espagne  regorgeait  de  tout  l'or  arraché 
aux  contrées  conquises  par  delà  les  mers.  Le  Castillan,  paresseux  de  sa 
nature,  se  refusait  au  travail  manuel  ;  il  fallait  donc  attirer  les  merce- 
naires étrangers.  Les  Bigourdans  émigrèrent  en  grand  nombre  dans  ce 
pays  du  soleil  et  de  l'or.  Il  fallait  soutenir  un  vieux  père,  donner  du 
pain  à  ses  enfants,  payer  les  dettes  de  la  famille.1 


IX 


La  surexcitation  des  esprits,  produite  par  les  guerres  de  Religion,  la 
Ligue  et  la  Fronde  était  loin  de  se  calmer.  La  rénovation  du  terrier  que 
le  prince  et  la  princesse  de  Rohan-Rochefort,  marquis  de  Bénac,  impo- 
sèrent à  leurs  subordonnés,  sembla  même  apporter  une  recrudescence 
dans  l'exaltation  des  esprits. 


2.  Jean  Courtade,  de  Layrisse,  habite  Grenade  en  Espagne.  Son  ami,  Larroye, 
notaire  de  Bénac,  lui  écrivait  le  50  août  1655  :  «  Mon  cher  amy.  J'ay  receu  celle 
que  vous  m'avez  mandée  dattée  du  dernier  de  may.  Et  ay  veu  par  icelle  come 
vous  estes  en  bonne  sancté  de  quoy  je  me  resouis.  Et  au  reste  je  vous  diray  come 
vostre  femme,  vostre  fille  et  vière  fille  se  portent  très  bien,  Dieu  grâces  et 
aussy  vostre  beau-père  de  Trouille  et  tous  autres  vos  parents  et  amis  de  deçà  ; 
et  Dieu  grâces  il  y  a  longtcms  qu'en  ces  cartiers  il  n'y  a  eu  plus  grande  santé  qu'à 
présent  et  faict  fort  bon  vivre,  honnies  le  vin  qui  est  fort  cher.  Vous  me  dittes 
m'avoyr  envoyé  troyes  lettres  et  vous  asseure  que  je  n'en  ay  receu  que  la  dernière 
et  vous  diray  que  vostre  femme  ny  vostre  fils  n'ont  receu  quoy  que  ce  soict  que 
vous  leur  ayez  envoyé  et  on  luy  a  asseuré  que  vous  aviez  donné  deux  pistolles  à 
P...  d'Esparros  pour  les  luy  bailher  desquelles  ils  n'ont  rien  receu  que  la  lettre- 
ainsin  s'il  retourne  en  delà  faictes  vous  les  rendre  et  s'il  se  peut  par  quelque 
commodité  asseurée  ils  vous  prient  de  leur  envoyer  quelque  somme  d'argent,  car 
ils  en  ont  fort  bon  besoing,  pour  payer  quelques  emprunts  qu'il  leur  a  fallu  faire 
pour  payer  les  impositions  et  tailles  pour  la  subsistance  des  gens  de  guerre  quy 
ont  ruiné  tout  le  pais  ;  et  le  seul  villaige  de  Lairisse  y  est  pour  plus  de  1,200  livres. 
Tous  se  recommandent  fort  à  vous,  et  monsieur  le  Prieur  aussy,  et  vostre  beau- 
père  de  Trouille  eust  eu  de  l'argent  il  vous  seroict  allé  treuver  et  s'en  va  avec 
Sentaigne  à  Balentie.  Conservez-vous  bien  et  je  suis 

Votre  bon  et  affectionné  amy, 
A  Bénac  ce  jo  août  1655.  Larroye. 

A  mon  cher  amy  Jean  Courtade,  natif  du  lieu  de  Lairisse  soict  rendeue  la  pré- 
sente en  Grenade  païs  d'Espaigne.  » 

(Archives  Frances  Courtade,  à  Layrisse.)' 


22  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNÎE    DE    BENAC 

Le  prince  et  la  princesse  de  Rohan-Rochefort  avaient  reçu  le  2? 
janvier  1 77  5  des  «  lettres  patentes  portant  de  donner  l'aveu  et  dénom- 
brement de  fief,  cens,  redevances,  prestations,  droits,  devoirs  et  assu- 
jettissements conformes  aux  anciens  titres  :  les  comparants  ont  déclaré 
les  connoitre  et  vouloir  faire  leur  déclaration  relative  à  iceux,  tant  en 
général  qu'en  particulier,  pour  raison  de  maisons,  cour,  jardin,  bâti- 
ments, prés,  vignes,  terres  cultes  et  incultes  et  bois,  qu'ils  tiennent  et 
possèdent  mouvants  de  leurs  Altesses,  dans  l'enclave  du  présent  lieu  ; 
ensemble  les  droits,  privilèges,  franchises  et  immunités  dont  ils  jouis- 
sent et  sont  en  droit  de  jouir,  et  générallement  de  tout  ce  qui  a  rapport 
et  trait  à  ladite  communauté  et  habitants,  et  de  renouveler  l'obligation 
d'acquitter  à  perpétuité  les  susdits  droits  et  devoirs.  »  Les  tenanciers 
du  Bénaqués  déclarent  reconnaître  au  seigneur  le  droit  de  justicehaute, 
moyenne  et  basse;  les  droits  de  lods  et  ventes  avec  prélation;  la  pro- 
priété des  terres  incultes,  vacants  et  ruisseaux,  voirie  et  gruerie;  droit 
de  banalité  et  de  guet.  Pour  sauvegarder  la  vie  et  les  biens  du  vassal  le 
seigneur  établit  la  loi  de  sang,  la  prohibition  d'ouvrir  les  terres  du 
voisin;  garantit  les  poids  et  mesures;  défend  l'entrée  au  cabaret  pendant 
la  nuit  ;  punit  les  délits  et  forfaits.  A  son  tour,  le  marquis  de  Bénac 
défend  à  ses  hommes  de  couper,  sans  sa  permission,  du  bois,  au  Bécut 
et  au  Balabay,  et  d'y  mener  paître  leurs  bestiaux  ;  interdit  l'entrée  des 
animaux  dans  ses  prairies  et  ses  vignes;  prohibe  de  trouer  les  haies  en 
ôtant  les  échalas,  en  rompant  les  fossés,  haies  ou  clôtures.  De  leur 
côté,  les  habitants  du  marquisat  à  chaque  mutation  rendront  foi  et  hom- 
mage et  prêteront  à  leur  seigneur  le  serment  de  fidélité  ;  sur  la  réqui- 
sition de  leurs  Altesses  ils  feront  trois  jours  de  corvée,  reconnaîtront 
comme  biens  nobles  les  biens  de  leur  seigneur,  et  réserveront  à  lui  seul 
le  droit  de  chasse  et  de  pèche.  Ils  ont  promis  en  outre  «  d'être  bons 
vassaux  soumis  et  emphytéotes  de  leurs  Altesses  et  de  leur  payer  à 
l'avenir  tous  les  cens,  prestations,  droits  et  devoirs  seigneuriaux  : 
s'obligeant  d'améliorer  leurs  biens,  non  les  détériorer,  moins  encore  les 
vendre,  transporter  en  mains  prohibées  et  de  droit  défendues  afin  que 
leurs  altesses  ne  viennent  à  perdre  ou  diminuer  leurs  droits  seigneu- 
riaux.1 »  Le  seigneur  promet  aide  et  protection  à  ses  fidèles  vassaux 
qui,  de  leur  côté,  sont  obligés  sous  peine  d'amende  de  garder  et 
observer    le    contenu   des  XXVIII   articles  du   livre  terrier.   Cela  se 

1.   Moncaup.    Etude  Ramonet  à  Ibos. 


LA    REVOLUTION 


passait  le  26  janvier  1783.  Le  peuple  n'oublie  pas  que  les  impositions 
à  payer  par  les  travailleurs  au  seigneur  de  Bénac  sont  surélevées  ; 
par  suite  se  déclara  un  grand  mécontentement  parmi  les  paysans. 
Faut-il  s'étonner  de  l'enthousiasme  avec  lequel  les  hommes  du  Béna- 
qués  ont  accepté  les  idées  de  liberté  prêchées  par  1'  «  esprit  nou- 
veau »  de  1789  r 


III.  —  LA  REVOLUTION 


Les  doléances  Je   la    baronnie  et   des  diverses  communautés. 
—  La  Terreur  à  Bénac  :  clergé,  peuple,  nobles,  suspects. 


La  Révolution  a  été  dans  le  Bénaqués  ce  qu'elle  a  été  dans  le  reste 
de  la  France. 

Le  peuple  en  souffrance  n'attendait  qu'une  occasion  pour  manifester 
son  mécontentement.  Cette  occasion  se  présenta.  Louis  XVI  convoque 
les  états-généraux  pour  1789.  Les  communautés  du  Bénaqués  s'assem- 
blèrent en  vézial  pour  arrêter  les  questions  que  l'on  insérerait  dans  le 
«  caier  »  des  doléances  que  devait  fournir  chaque  commune.  En  voici 
un  bref  exposé  : 

Nos  populations  demandaient  avant  tout  l'égalité  dans  l'impôt  pro- 
portionnellement aux  terres  possédées  ;  le  retour  périodique  des  états- 
généraux  ;  un  nombre  de  députés  du  tiers-état,  égal  au  nombre  des 
députés  des  deux  autres  états;  le  choix  libre  du  trésorier  delà  province, 
avec  caution  suffisante  et  avec  vérification  des  comptes  ;  attribution  aux 
communes  de  l'administration  des  chemins,  ponts  et  chaussées;  liberté 
des  haras  avec  primes  aux  meilleurs  étalons,  meilleures  juments  et 
meilleurs  produits  ;  abolition  des  milices;  réformes  de  l'impôt;  droit 
de  pacage  dans  les  landes  et  fonds  incultes  ;  indemnités  sur  les  ravages 
des  eaux  pluviales;  justice  gratuite.1 

1.  Appendice  :  cahier  des  doléances. 


24  LE    BENAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

Certaines  localités  ont  des  observations  particulières  à  présenter,  des 
abus  à  corriger. 

La  communauté  de  Loucrup  demande  que  «  le  droit  d'oueillade  soit 
abolli  comme  surcharge  trop  forte  et  comme  étant  le  seul  village  du 
marquisat  qui  en  paye  ;  et  comme  le  seigneur  prince  a  affiévé  tous  les 
vaquants,  il  est  impossible  de  nourrir  les  bestiaux  à  laine  et  par  consé- 
quent impossible  de  payer  le  droit  d'oueillade.  » 

La  commune  de  Louey  demande  que  «  la  fabrique  ne  soit  plus  tenue 
à  payer  le  dixain  de  son  revenu  au  chapitre  de  Tarbes,  attendu  que 
cette  église  est  fort  riche,  et  que  la  sienne  a  besoin  de  cet  argent  pour 
être  décorée.  Ce  titre  ne  feut  accordé  audit  chapitre  qui  étoit  composé 
de  moines  que  parce  que  la  reine  Jeanne  avoit  fait  incendier  l'église 
cathédralle,  et  que,  pour  sa  reconstruction,  on  demanda  le  dixain  de 
toutes  les  fabriques  du  diocèse.  L'église  étant  aujourd'hui  dans  son 
entière  perfection,  c'est  un  usage  qui  dégénère  en  abus;  la  communauté 
demande  que  le  curé,  marguilliers  et  consuls  soient  libres  de  la  mettre 
aux  enchères  devant  la  porte  de  l'Eglise.   » 

Les  habitants  de  Lannes  protestent  contre  l'abus  par  lequel  «  le 
marquisat  de  Bénac  est  obligé  de  payer  à  la  ville  de  Lourde,  par  un 
usage  des  plus  abusifs,  un  droit  de  leude  consistant  en  deux  pignores 
par  sac  ;  ce  qui  forme  une  mesure  un  quart  grain  par  douze  sacs,  impôt 
accablant  dont  les  habitants  ne  reconnaissent  pas  le  titre,  et  que,  quand 
il  seroit  authentique,  seroit  toujours  contraire  au  bon  ordre  et  aux  lois 
établies.   » 

Les  hommes  d'Averan  «  supplient  Sa  Majesté  de  diminuer  les  impôts: 
à  cet  effet  que,  pour  nous  procurer  notre  déplorable  subsistance,  dépour- 
vus de  tout  autre  moyen  et  de  la  suffisance  de  nos  biens,  nous  sommes 
contraings  à  nous  servir  d'une  misérable  industrie  qui  est  de  faire  des 
balais,  qui  font  le  prix  de  huit  à  neuf  liards  ;  que  voilà  notre  unique 
ressource  qui  est  malheureusement  un  peu  notoire  dans  la  province. 
En  outre  qu'il  plaise  à  Sa  Majesté  de  nous  libérer  des  impositions 
royalles,  en  vertu  d'une  partie  du  bois  qui  est  dans  notre  territoire 
possédé  et  exploité  par  les  parroisses  circonvoisines,  que  nous  n'avons 
jamais  pu  convaincre  de  son  injustice  à  notre  égard,  à  raison  de  nos 
misères  et  de  notre  peu  de  facultés.  » 

La  population  de  Layrisse  demande  «  que  le  clergé  soit  pensionné 
ou  que  la  quête  de  la  dîme,  qui  se  perçoit  en  général  sur  le  pied  de 
dix  un  dans  la  province  de  Bigorre  soit  diminuée  et  fixée  de  quinze  un. 


LE   CLERGÉ  2<, 

Le  clergé  trop  bien  traité  en  prenant  la  dixième  partie  des  fruits  sans 
payer  aucune  charge  des  fonds  qui  les  produisent,  sans  contribuer  à 
aucun  frais  de  culture,  fumaisons,  ni  semences,  et  en  donnant  une 
seconde  fois  les  grains  des  semences  qui  avoient  déjà  payé  la  dîme 
l'année  précédente.1  » 

Telles  sont  les  réclamations  formulées  par  les  communautés  du  Béna- 
qués;  avant  tout  on  voulait  détruire  les  abus  et  non  renverser  l'ordre 
établi  ;  on  voulait  opérer  des  réformes  et  non  faire  une  révolution. 

La  Terreur  eut  naturellement  son  contrecoup  dans  le  Bénaqués. 

Sans  commentaire  aucun,  voici  les  faits  tels  qu'ils  se  sont  passés  au 
chef-lieu  du  Bénaqués;  ils  sont  consignés  dans  le  cahier  des  délibéra- 
tions de  Bénac  par  le  docteur  Lamathe,  maire  à  cette  époque  : 


II 


Le  30  nivôse  an  II  (11  janvier  1794).  La  fête  décadère  du  30  nivôse 
a  été  très  bien  célébrée.  Tous  les  chefs  de  famille  ont  soupe  publique- 
ment, la  municipalité  à  la  tète.  C'est  l'effet  de  la  prise  de  Toulon  qui  a 
produit  une  joie  inexprimable  sur  les  âmes  vraiment  républicaines  et 
patriotes. . .  On  a  chanté  des  hymnes  patriotiques. 

Le  1  pluviôse  an  II  (20  janvier  1794),  l'autel  de  la  patrie  sera  cons- 
truit le  plus  tôt  possible  surla  place  du  Mailho,  appartenant  au  cidevant 
seigneur;  elle  portera,  du  moment  que  l'autel  y  sera,  le  nom  de  place 
de  la  Fédération. 

Le  1  ventôse  an  II  (19  février  1794),  une  très  grande  partie  de  nos 
citoyens  se  sont  rendus  vers  les  deux  heures  auprès  de  Y  arbre  de  la 
liberté.  Après  la  lecture  des  lois,  des  hymnes  patriotiques  ont  été  chan- 
tés; la  joie  la  plus  effrénée  y  a  régné  ;  de  très  longues  danses  ont  pris 
le  reste  de  la  journée. 

Le  20  germinal  an  1 1  (9  avril  1794).  Les  opinions  religieuses  sont 
que  le  culte  a  cessé  pour  autant  de  temps  que  les  circonstances  l'exigent 
ou  l'intérêt  public. 

Le  21  germinal  an  II  (10  avril  1794).  Les  citoyens  de  cette  commune, 
à  quelqu'un  près,  ont  toujours  été  à  la  hauteur  des  circonstances  ;  ils 
sont  d'ailleurs  bien  surveillés  par  les  officiers    municipaux.   Ce  peuple 

1.  Archives  des  Hautes-Pyrénées,  série  C,  article  275. 


26  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIfc!    DE    BENAC 

est  doux  et  bien  porté  à  la  Révolution.  On  commence  à  s'apercevoir 
de  l'inutilité  des  prêtres.  La  fête  d'hier  s'est  bien  passée.  Le  maire,  après 
avoir  fait  lire  une  bonne  partie  de  la  constitution  dans  la  chaire  du 
temple  de  la  Raison,  y  a  bien  recommandé  de  porter  la  plus  grande 
exactitude  à  bien  exécuter  cette  fête  nationale  et  recommandé  de  tra- 
vailler tous  les  autres  jours  du  décadis  et  de  commencer  par  la  journée 
d'aujourd'hui. 

Le  i  prairial  an  II  (20  mai  1794).  Il  n'y  a  que  des  sans-culottes  dans 
cette  commune.  Tous  sont  à  la  hauteur  des  circonstances,  tous  travail- 
lant pour  la  Révolution  ;  il  n'y  a  plus  d'esprits  faibles  ;  les  prêtres 
mensongers  sont  partis  sans  regret. 

Le  11  prairial  an  II  (30  mai  i"94).  Le  peuple  ne  rappelle  plus  qu'il 
ait  eu  des  prêtres.  La  récolte  lui  promet  une  heureuse  abondance  depuis 
que  ses  cantiques  ne  sont  plus. 

Le  2  messidor  an  II  (20  juin  1794).  Le  peuple  n'est  plus  fanatisé  ;  il 
connaît  un  peu  trop  tard  de  la  charlatanerie  des  prêtres  ;  ils  promet- 
taient le  paradis  à  celui  qui  était  riche,  mais  il  le  fallait  bien  payer  ;  il 
ne  sera  plus  sa  dupe...  La  fête  décadère  d'hier  a  été  bien  exécutée. 
En  partie  tout  le  peuple  s'est  rendu  à  l'heure  indiquée  pour  entendre 
la  lecture  de  quelques  articles  de  la  Constitution.  On  y  a  entendu  avec 
plaisir  des  lectures  faites  sur  le  catéchisme  républicain. 

Le  11  thermidor  an  II  (29  juillet  1794).  Le  peuple  va  au  mieux 
concernant  les  opinions  religieuses.  Il  est  si  litainé  qu'il  serait  fâché  de 
plus  jamais  voir  un  prêtre  rentrer  dans  ses  fonctions,  leurs  impostures 
sont  connues. 

Le  27  thermidor  an  II  (14  août  1794).  Le  sieur  Bernède,  curé  de  la 
commune  de  Bénac,  a  célébré  la  messe  dans  la  place  du  Mailho  sur  un 
autel  fait  exprès.  La  messe  finie,  il  a  juré  en  présence  du  peuple  assem- 
blé et  entre  les  mains  du  maire  de  maintenir  l'égalité  et  la  liberté  et  de 
soutenir  de  son  pouvoir  la  République.  Tout  le  peuple  l'a  imité  indivi- 
duellement. 

Le  }0  thermidor  an  II  (17  août  1794).  H  a  été  vendu  pour  le  profit 
de  la  commune  dans  le  temple  de  l'être  suprême  au  plus  disant  et 
dernier  enchérisseur  le  mobilier  de  la  ci-devant  église.1 


(1)  Une  commode  100   livres.    Les  évangiles  ;.    Deux  portes  50.    Une  lampe  iç. 
Planches  de  noyer  24.  Petite  armoire  4.  Planches  2  livres   12   sols.    Un   siège  $,. 


LE    PEUPLE 


III 


Le  4  nivôse  an  II  (24  décembre  1793).  L'arrêté  qui  oblige  de  porter 
son  numéraire  pour  le  deschanger  contre  les  assignats  républicains  a  été 
lu,  publié  et  affiché,  le  10  frimaire  de  la  dernière  décade  du  même  mois; 
à  partir  de  ce  jour,  il  y  a  quinze  jours  pour  le  porter  ;  passé  ce  temps 
on  n'y  est  plus  à  temps. 

Le  22  nivôse  an  II  (11  janvier  1794).  Le  conseil  assemblé  à  l'effet  de 
recevoir  six  couvertures  qui  étaient  requises  et  qui  devaient  être  trans- 
portées à  Tarbes.  Le  même  jour,  pour  faire  le  contingent  de  la  commune 
de  Bénac,  la  citoyenne  Marie  Cazenave-Barou,  devant  remettre  une 
des  six  couvertures,  a  obéi  d'une  manière  peu  honnête  ;  elle  a  hasardé 
des  discours  très  téméraires  et  injurieux  à  la  sagesse  et  prudence  de  la 
municipalité  ;  elle  l'a  traitée,  durant  quelques  minutes,  qu'elle  commet- 
tait une  injustice  des  plus  criantes  à  son  égard  ;  ces  termes  injurieux 
ayant  été  si  longtemps  répétés,  la  municipalité  dut  la  congédier  ;  elle 
pourrait  la  condamner  à  de  grandes  peines,  comme  étant  en  fonctions, 
mais  elle  fait  attention  que  c'est  une  femme  qui  parle  ;  elle  la  condamne 
à  rester  durant  vingt-quatre  heures  dans  la  maison  commune,  n'ayant 
pas  de  prison,  gardée  par  deux  gardes  nationaux,  à  qui  elle  donnera  six 
livres. 

Le  10  pluviôse  an  II  (30  janvier  1794).  L'arrêté  qui  demande  des 
carabines  et  canons  de  carabines  est  connu  de  tous  les  citoyens.  S'il  en 
existe,  elles  seront  portées  à  Tarbes  avec  la  même  exactitude  que  les 
huit  fusils  qui  ont  été  remis  dans  son  temps  et  desquels  il  n'en  a  pas  été 
fait  de  récépissé.  Le  cordonnier  Rebillon  a  remis  trente-huit  paires  de 
souliers  à  Tarbes. 

Le  20  pluviôse  an  II  (8  février  1794).  Nul  citoyen  de  l'âge  de  18  ans 
jusqu'aux  25  n'a  été  omis  ;  à  l'exception  de  ceux  que  la  loi  a  exemptés 
tous  sont  partis. 


Le  pupitre  0,10  sols.  Deux  chandeliers  à  o,io  sols  pièce.   Autre  0,15.  Autre  0,12. 
Autres  deux  0,16  pièce.  Deux  rideaux  qui  couvraient  deux  autels  2,18. 

A  Orincles.  —  Une  croix  en  fert  et  les  cordes  du  clocher  à  Couchegour.  Une 
paire  de  chandeliers  à  Bertau.  Au  cordonnier,  savoir  :  trois  chasubles,  une  aube, 
un  surplis,  un  pluvial,  deux  nappes,  une  serviette,  six  cierges  et  le  pascal  et  le 
devant  d'autel.  A  Couchegour  une  bouette  et  un  bouquet  du  soreil.  Deux  livres  de 
messe  et  un  vespéral  à  Peleuyé.  Une  chasuble  noire  à  Palu.  (Archives  A. 
Dutfourc). 


28  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 

Le  27  pluviôse  an  II  (15  février  1794).  Le  citoyen  Soubirous  doit  se 
rendre  au  district  de  Tarbes  avec  Miqueu,  agent  national,  pour  y 
représenter  qu'il  est  presque  impossible  de  remplir  l'arrêté  que  le 
citoyen  Abadie,  commissaire  et  administrateur,  a  porté  le  23  pluviôse, 
qui  demande  sept  sacs  de  blé  froment  et  douze  carron  au  grenier 
d'abondance  ;  ils  sont  chargés  de  lui  demander  de  modérer,  s'il  était 
faizable,  cette  demande,  attendu  qu'il  n'y  a  qu'environ  six  mesures  de 
tout  grain  dans  cette  commune  pour  chaque  individu  jusqu'à  la  récolte, 
et  tout  est  en  partie  du  blé  de  Turquie. 

Le  16  ventôse  an  II  (16  mars  1794).  Il  a  été  arrêté  que  les  quinze 
quintaux  de  seigle  qui  doivent  être  versés  dans  le  grenier  d'abondance 
ne  se  trouvant  pas  dans  la  commune,  le  peu  de  grain  qui  s'y  trouve  est 
du  méteil,  et  que,  s'il  doit  être  transporté,  nul  malade  ne  trouvera  plus 
un  seul  morceau  de  pain  dans  sa  convalescence;  la  pâte  n'est  point  dans 
le  cas  de  remettre  un  corps  épuisé  par  la  maladie  et  les  remèdes. 

Le  1  germinal  an  II  (21  mars  1794).  Les  draps  qui  nous  sont  deman- 
dés te  parviendront  ce  mois  autant  qu'il  nous  sera  possible  d'en  faire 
donner. 

5  germinal  an  II  (25  mars  1794).  Il  a  été  arrêté  que  la  commune  fera 
un  don  à  la  patrie  d'environ  au  moins  soixante  cannes  de  toile  propre  à 
faire  des  sacs.  En  conséquence,  on  va  faire  blanchir  le  fil,  pour  le  rendre 
propre  à  cet  usage. 

1  floréal  an  II  (20  avril  1794).  Quarante  deux  draps  presque  neufs 
ont  été  portés  à  Tarbes  le  8  du  courant  pour  les  défenseurs  de  la 
patrie...  Il  reste  peu  de  grain  de  la  dernière  récolte;  il  faudra  une 
grande  économie  pour  arriver  à  la  première  moisson,  et  ne  manger  en 
partie  que  du  pain  de  millet  et  de  la  pâte.  Heureux  si  nous  en  avons 
assez  ! 

1  messidor  an  II  (19  juin  1794).  Les  réquisitions  ont  été  exécutées, 
celle  même  qui  demandait  du  milloc;  elle  obligera  quelques  particuliers 
à  une  diète  peut-être  trop  forte. 


IV 


Le  io  août  1795,  la  majeure  partie  des  habitants  des  communes  de 
Layrisse,  Averan,  Orincles,  Bénac,  etc.,  se  sont  rendus  en  masse  pour 
fêter  la  fête  de  la  Bastille  dans  le  château  de  Barry  ;  ils  y  ont  abattu  le 


LES    NOBLES  2Q 


toit  d'une  vieille  tour  qui  était  pourri  et  vendu  les  débris  au  citoyen 
Soubirous  pour  trente  livres  qui  seront  pour  la  nation,  si  elle  n'aime 
mieux  que  trente  pots  de  vin  qui  sont  servis  ne  puissent  servir  pour  les 
payer  ;  très  peu  d'autres  dégâts  ont  été  commis;  les  maires  de  Bénac  et 
Barry  les  ont  empêchés  avec  peine. 

i  brumaire  an  II  (22  octobre  1793).  La  Révolution  est  bien  sentie 
par  nos  habitants  qui  avaient  à  se  plaindre  de  leur  seigneur  et  de  ses 
•agents. 

10  pluviôse  an  II  (29  janvier  1794).  Si  le  représentant  du  peuple  juge 
le  château,  qui  se  trouve  dans  la  municipalité  de  Barry,  château-fort,  et 
il  le  parait  par  sa  situation  isolée  et  par  sa  propre  construction,  il  s'y 
trouverait  de  grands  matériaux.  Il  appartient  au  ci-devant  prince  de 
Rohan. 

1  prairial  an  II  (20  mai  1794).  On  ne  peut  point  entreprendre  la 
démolition  du  château,  sans  la  réquisition  des  charpentiers  des  environs.1 

26  messidor  an  II  (14  juillet  1794).  La  bastille  de  Bénac  a  été  assié- 
gée par  plus  de  trois  cent  citoyens  et  citoyennes;  une  vieille  tour  a  été 
démolie  et  cet  ouvrage,  qui  n'a  été  déjà  que  trop  retardé,  sera  coutinué 
avec  force.  La  récolte  faite  en  effets  précieux,  en  portes,  en  croisées, 
en  vitrages  ont  été  renfermés  en  huit  sacs.  Les  habitants  y  ont  été  en 
procession  et  en  sont  revenus  de  même,  à  l'exception  de  certains  qui  ne 
paraissent  pas  armés  de  grand  courage.  Il  y  a  toujours  des  personnages 
qui  sont  singuliers. 


Au  citoyen  président  du  comité  de  surveillance  séant  à  Ossun, 
Le  sieur  Cazabonne,  notaire  à  Bénac,  a  fait  de  grandes  difficultés  à 
donner  une  belle  couverture  qui  a  été  prise  pour  cette  réquisition.  Il  a 
dit  qu'il  ne  voulait  pas  la  céder  dans  ce   moment  ni  la  porter,  disant 


1  février  1794.  —  Une  loi  ordonne  la  démolition  de  tout  château-fort,  tour  ou 
tourelle,  garnis  de  créneaux,  qui  existent  dans  la  République,  à  l'exception  des 
postes  militaires.  Il  est  dit  que  les  pavillons  construits  dans  les  angles  des  jardins 
seront  conservés,  à  moins  que  par  leur  forme,  ou  par  leur  construction,  ils  ne 
puissent  offrir  aux  malveillants  des  moyens  d'attaque  et  de  défense.  Mais  il  arriva 
que  les  autorités  des  campagnes,  interprétant  arbitraire  nent  cette  loi,  détruiront 
toutes  les  fabriques  d'agrément  appartenant  aux  personnes  qu'elles  proscrivent 
comme  aristocrates.  (Abbé  de  Montgaillard,  Histoire  de  France,  t.  IV,  p.  177.) 


LE    BENAQUES    OU    BARON'NIE    DE    BENAC 


qu'il  avait  des  affaires  plus  pressantes  que  celle  de  la  porter  à  Tarbe.  . . 
Cette  couverture  a  été  confisquée  au  profit  de  la  République. 

Cet  homme  a  depuis  certain  temps  paru  mécontent  des  victoires  que 
la  République  remporte  sur  ses  ennemis  ;  il  a  eu  l'audace,  la  témérité 
et  l'effronterie  d'annoncer  ce  même  jour,  22  nivôse  an  II  (11  janvier 
1794),  que  Perpignan  était  pris.  Alors  le  maire  lui  a  dit  :  que  les  mau- 
vaises nouvelles  ne  devaient  jamais  s'apprendre  ;  que  s'il  ne  devait  pas  en 
donner  de  bonnes.  /'/  devait  se  taire  ;  le  citoyen  maire  lui  assura  que 
Perpignan  n'était  pas  pris.  Vous  sentez,  citoyen  président,  que  de  sem- 
blables propos  ont  leur  but;  ils  tendent  à  intimider  les  faibles  et  à  rebu- 
ter les  meilleurs  patriotes.  Une  telle  conduite    mérite  d'être  réprimée 

et  punie. 

Bénac,  ce  22  nivôse  an  II. 

Lamathe,  maire. 

Cejourd'hui  10  messidor  an  III  (28  juin  1795)1  le  conseil  général, 
assemblé  au  lieu  ordinaire  de  ses  séances,  a  comparu  le  citoyen  Ber- 
nède,  prêtre  et  a  requiert  la  municipalité  du  présent  lieu  de  Bénac,  de 
lui  délivrer  acte  du  lieu  ou  elle  veut  qu'il  remplisse  le  ministère  du  culte 
catholique  et  de  sa  soumission  aux  lois  de  la  République;  sur  quoi, 
nous  maire  et  officiers  municipaux  dudit  Bénac,  lui  avons  désigné  pour 
local  la  ci-devant  église  et  lui  avons  consenti  acte  de  sa  déclaration  pour 
lui  servir  en  tant  que  besoin  et  avons  signé  avec  lui  le  jour  et  an  que 
dessus,  le  tout  conformément  à  la  loi  du  11   prairial  an  III. 

Baget  maire,  Cazabonne,  Mathet,  Latapie,  Duboé,  Bernède. 

Cejourdhui  octidi  frimaire  an  IV  de  la  République  une  et  indivisible 
(29  novembre  1795),  le  citoyen  Lamathe,  agent  municipal,  accompagné 
du  citoyen  Soubirous,  son  adjoint  et  du  valet  de  la  commune,  ont  vu 
avec  étonnement  et  douleur  que  l'arbre  de  la  liberté,  qui  était  à  la  place 
du  Mailho,  avait  été  coupé  et  enlevé  dans  la  nuit  très  pluvieuse  du  sept 
à  l'huit  du  courant.  C'était  un  peuplier  qui  était  sec  et  pourri  ;  il  est  à 
croire  que  ces  considérations  ont  porté  un  groupe  de  jeunesse,  qui  est 
dans  l'habitude  de  fréquenter  un  cabaret  voisin  de  ladite  place,  et  leurs 
pieds  moins  échauffés  que  leurs  tètes  les  ont  portés  à  cet  excès,  dont 
ils  n'ont  point  connu  sans  doute  la  témérité  de  démarche. 

Nulles  raisons  ni  motifs  n'a  empêché  que  les  perquisitions  les  plus 
exactes  n'ayant  été  faites  par  l'agent  afin  d'en  découvrir  les  auteurs  et 
de  leur  faire  appliquer  la  peine  de  la  loi,  toutes  les  sollicitudes  ont  été 
vaines. 


SUPERSTITIONS 


V.  —  MŒURS 


Superstitions.  Jeux.  Caractère.  Instruction.   Tabcllionnats. 


Médecins  et  Chirurgiens. 


I 


Le  peuple  est  profondément  attaché  à  la  religion.  Que  personne  ne 
s'avise  de  venir  semer  des  doutes  sur  les  vérités  révélées,  il  ferait  un 
mauvais  parti  au  novateur!  Cela  tient  à  son  éducation  foncièrement 
religieuse  ;  conséquence  heureuse  des  bons  principes  reçus  des  moines 
qui  ont  vécu  de  sa  vie  pendant  huit  siècles. 

Mais  cette  foi  est-elle  toujours  bien  éclairée?. .  .  Le  bigotisme  existe 
dans  le  Bénaqués.  De  vieilles  filles,  avant  déjà  coiffé  sainte  Catherine, 
se  sont  résignées  à  consacrer  au  Seigneur  et  leur  jeunesse  qui  s'en  va, 
et  leur  âge  mùr  et  leur  vieillesse.  Cette  religiosité  voudrait  tout  domi- 
ner, voudrait  imposer  à  tous  le  respect  et  la  vénération  ;  elle  est  très 
difficile  à  diriger. 

Cet  amour  de  la  religion,  parfois  poussé  à  l'excès,  la  croyance  dans 
l'intervention  des  puissances  diaboliques  trouvent  de  nombreux  adeptes. 
Un  orage  se  forme-t-il  à  l'horizon?  Vite,  on  court  sonner  les  cloches. 
Devient-il  menaçant  ?  On  brûle  le  laurier  bénit  le  jour  des  Rameaux, 
les  herbes  consacrées  par  les  prières  de  l'Eglise  le  jour  de  la  saint  Jean- 
Baptiste.  Jusque  là  nous  ne  voyons  rien  d'extraordinaire  :  les  cloches 
et  les  plantes  ont  été  sanctifiées  et  vouées  à  cet  effet  par  les  oraisons 
saintes.  Mais  les  bœufs  mugissent-ils  à  l'étable?  Refusent-ils  de  boire  ? 
Une  maladie  se  prolonge-t-elle  pendant  quelques  semaines?. . .  Il  faut 
aller  consulter  les  devins  ! ,  .  . 

Il  y  a  trois  siècles,  en  1 564,  les  sorciers  et  les  sorcières  s'en  donnaient 
à  cœur  joie  ;  ils  avaient  vidé  leur  sac  à  maléfices.  La  peste  faisait  en 
Bigorre,  comme  dans  toute  la  France,  d'effrayants  ravages  :  la  popu- 
lation était  décimée.  Une  idée  généreuse  surgit.  Les  consuls  de  la 
plupart  des  communautés  de  la  baronnie,  Averan,  Barry,  Bénac,  Hiba- 
rette,  Layrisse  et  Louey  réunirent  leurs  fidèles  administrés.  Il  fut  statué 
qu'on  rechercherait  et  «  sortiers  et  sortières  »  et  pour  arriver  au  but 
qu'on  désirait  atteindre  «  cinq  escus  petits  et  ung  pipot  de  vin  »  furent 
promis  «  à  quiconque  extradira  aux  sendics  et  aidera  à  la  diligence  et 


LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


poursuitte  des  sortières  ».*  Nos  syndics  furent-ils  assez  heureux  pour 
s'emparer  de  semeurs  de  sorts  ?  A  quelle  marque  extérieure  les  recon- 
naissaient-ils ?  Et  la  peste  cessa-t-elle  ses  ravages  ?. . .  On  dut  profiter 
de  la  circonstance  pour  se  défaire  des  personnes  gênantes,  d'ennemis 
de  toute  sorte. 

II 

Nos  laboureurs,  dont  la  vie  est  si  pénible,  savent  passer  gaiement  les 
jours  de  repos.  Les  jeux  de  force  et  d'adresse  sont  très  goûtés.  Le 
carnaval  est  bruyant.  Le  matin  d'une  noce,  une  table  bien  propre  est 
placée  à  la  porte  de  l'église  ;  une  grosse  bouteille,  remplie  de  vin,  en 
occupe  la  place  du  milieu,  entourée  de  verres  ;  les  jeunes  gens  sont  là 
impatients.  Chaque  donzel  est  invité  à  vider  un  verre,  mais  qu'il  n'oublie 
pas  de  mettre  la  main  au  gousset  ! . . .  Si  la  moisson  ne  répond  pas  aux 
espérances  de  la  jeunesse,  un  vacarme  étourdissant  attend  les  invités  au 
sortir  de  la  messe.  Cornes  de  bœuf  trouées,  clochettes,  chaudrons  à  la 
réforme,  tout  est  mis  en  branle.  Si  un  veuf  convole  à  un  second  mariage, 
le  tapage  commence  à  la  première  nouvelle  et  dure  des  mois.  Et  la 
gendarmerie  ?. . .  Les  perturbateurs  de  l'ordre  sont  invisibles,  introu- 
vables. On  les  entend,  on  ne  les  prend  pas.  Ce  sont  là  de  vieilles  habi- 
tudes, difficiles  à  déraciner. 

L'abbé  Torné,2  évèque  constitutionnel  du  Cher,  a  jeté  son  froc  aux 
orties;  il  a  accepté  un  emploi  civil  dans  la  République;  il  est  «  commis- 
saire du  directoire  exécutif  près  l'administration  municipale  d'Ossun  »  ; 
il  vient  à  Bénac  et  il  loge  au  presbytère.  La  première  nuit,  on  jette 
quatre  pierres  contre  les  contrevents  de  sa  chambre.  Le  lendemain, 
c'est  bien  pire  :  «  l'an  IV  et  le  6  ventôse,  écrit-il  lui-même  dans  le 
cahier  des  délibérations  de  la  commune  de  Bénac,  cinq  ou  six  pierres 
furent  jetées  contre  les  croisées  de  sa  chambre ...  et  les  hommes  allaient 
et  venaient  en   sifflant  et  en  chantant.3  » 

On  aime  à  rire  parfois  aux  dépens  des  étrangers,  à  leur  jouer  quelque 
tour  inoffensif;  c'est  peu  charitable,  je  l'avoue.  Parfois  aussi  on  paie  fort 
cher  ces  amusements,  contraires  à  l'urbanité  traditionnelle  en  Bigorre  : 

i.  Cazalet  (Ogier).  Etude  Gazayne  à  Lourdes. 

2.  Pierre-Anastase  Torné  fut  saeré  le  20  avril  1791. 

5.  Souvenir  de  la  Bigarre,  t.  IV,  p.  564. 


CARACTERE  }} 


des  passants  veulent-ils  s'arrêter  dans  une  auberge  et  laisser  sous  les 
harnais  l'attelage  haletant  r  On  enlève  les  brides,  on  déboucle  les  sous- 
ventrières.    . 

Le  17  juin  172],  huit  marchands  de  capes,  domiciliés  à  Pontac, 
portèrent  plainte  devant  «  haut  et  puissant  seigneur  messire  Philippe 
de  Montaut,  seigneur  baron  de  Bénac  »  contre  Guilhem  Marque,  de 
Visker,  «  lequel  Marque,  assisté  du  gendre  de  la  maison  d'Abbadesse 
où  ils  s'estoient  arrêtés,  leur  auroict  prins  les  brides  de  leurs  chevaux 
et  marchandises,  leur  jurant  et  blasphémant  la  mort,  la  teste,  que  tous 
qu'ils  en  passeraient  par  ledit  villaige  de  Visquer,  qu'ils  les  tueroient  à 
coups  d'arquebuzades  ».x 

Le  seigneur  ne  donna  pas  suite  à  cette  affaire,  sachant  bien  que  ce 
fait  était  dans  les  moeurs  du  pays. 


<(  Le  caractère  du  Bigourdan,  dit  J.  Deville,  est  ouvert,  franc,  altier, 
et,  en  général,  peu  fait  pour  ramper.  Un  amour-propre,  que  l'ardeur  de 
son  imagination  rend  parfois  un  peu  trop  susceptible,  lui  fait  repousser 
avec  fierté,  souvent  avec  dureté,  l'ombre  même  d'une  offense  ;  mais  à 
peine  a-t-il  relancé  le  trait  dont  il  avait  été  blessé,  qu'il  oublie  la  main 
qui  l'avait  dirigé,  à  moins  que  de  nouvelles  provocations  ne  viennent  le 
choquer  encore;  et,  dans  ce  dernier  cas,  il  est  assez  difficile  à  manier. 
Il  est  brave,  enthousiaste  de  la  liberté  et  tout  à  fait  dévoué  à  sa  patrie.2 
On  pourrait  lui  reprocher  le  trop  de  violence  qu'on  trouve  parfois  dans 
ses  emportements,  si  elle  n'était  un  des  fruits  du  climat,  et,  par  consé- 
quent un  mouvement  indépendant  de  sa  volonté.  .  . 

Un  des  traits  distinctifs  du  caractère  des  Bigourdans,  c'est  que 
l'injustice  excite  chez  eux  des  sentiments  dont  ils  ne  sont  pas  toujours 
les  maîtres,  tandis  qu'on  les  mène  à  tout  avec  la  douceur  et  la  per- 
suasion. 

Sobres  et  laborieux,  les  Bigourdans  se  distinguent  encore  par  la 
franche  cordialité  avec  laquelle  ils  s'acquittent  des  devoirs  de  l'hospita- 
lité. Etranger,  souffrant  ou  malheureux,  sont  des  titres  sacrés  pour  eux, 

1.  Carrère  (Pierre  de).  (Etude  F. -A.  Vivier,  à  Tarbes.) 

2.  Loustauneau  de  Tarbes,  devint  Grand  Mogol,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas 
d'avoir  la  nostalgie  des  Pyrénées  et  d'y  revenir.  (Note  de  Deville. 

5 


34  LE    BÉNAQUES    OU   BARONNIE    DE    BENAC 

et  jamais  ils  ne  frappèrent  en  vain  leurs  oreilles.  Il  n'est  pas  de  voya- 
geur, parmi  ceux  que  le  sort  ou  la  curiosité  ont  conduit  dans  les  Hautes- 
Pyrénées,  qui  ne  puisse  attester  la  vérité  de  ce  que  nous  avançons.1   » 

Ce  que  nous  disons  du  Bigourdan,  nous  devons  le  dire  des  habitants 
du  Bénaqués. 

Le  tableau  ci-après  a  été  peut-être  noirci  un  peu  trop  ;  on  a  pris 
pour  le  général  ce  qui  n'était  sans  doute  qu'une  rare  exception.  C'est 
à  titre  de  curiosité  et  de  renseignements  que  nous  donnons  la  citation  : 
admettons  les  qualités  et  soyons  charitables  pour  les  défauts. 

Voici  d'après  l'état  des  paroisses,  dressé  en  1784,  le  caractère  de  nos 
populations  : 

Bénac.  —  Le  caractère  des  paroissiens  est  d'être  ingrat;  on  ignore  leurs  bonnes 
qualités.  Les  défauts  les  plus  ordinaires  sont  :  l'ivrognerie  et  l'impudïcité. 

Layrisse  et  Averan. —  L'ingratitude  est  le  caractère  dominant  des  habitants;  il 
n'y  a  pas  de  vices  ni  de  défauts  en  général. 

Latines.  —  Leur  défaut  est  d'aller  au  cabaret,  les  dimanches  et  fêtes,  et  celui 
des  paroissiennes  de  médire  tous  les  jours. 

Louey  et  Hibarette.  —  Ils  sont  hauts  et  altiers,  jaloux  les  uns  des  autres,  peu  unis 
entre  eux  et  médisants.  Ils  travaillent  sans  nécessité  les  jours  de  dimanche,  dans  le 
temps  de  la  récolte,  et  respectent  peu  les  lois  du  prince  et  de  l'église,  les  jours 
susdits,  pour  les  cabarets. 

Visker  et  Louer up.  —  Ils  sont  laborieux  et  intéressés. 

Orincles.  —  Pendant  la  semaine,  ils  sont  fort  attentifs  à  leurs  travaux,  fort 
dociles  aux  instructions  et  aux  représentations;  et,  malgré  cela,  une  grande  partie 
passe  les  jours  de  dimanche  et  fêtes  dans  les  cabarets,  au  jeu  et  à  la  bonne  chère. 
Celui  des  femmes  est  de  critiquer,  de  censurer  tout  le  monde  et  de  ne  pas  savoir 
se  taire.  (2) 

IV 

La  communauté  élisait  chaque  année  son  maître  d'école,  lui  octroyant 
pour  sa  subsistance  un  modique  salaire,  suffisant  pour  ses  goûts  simples 
et  modestes. 

L'instituteur  devait  «  montrer  les  enfants  de  la  communauté  d'Orin- 
cles  tant  à  lire,  à  écrire,  à  prier  Dieu  qu'à  l'arithmétique...  Et  ce, 
moyennant  la  somme  de  24  livres,  payables  par  lesdits  consuls  et  com- 
munauté au  bout  de  l'année  ;  et  au  surplus  l'avons  promis  par  chaque 
écolier  une  mesure  de  segle  et  de  plus  encore  luy  sera  payé  vingt  sous 


1.  Deville  (J.-M.-J.)  Annales  de  la  Bigorre,  p.  205. 

2.  Etat  des  paroisses  en  1784.  (Manuscrit  des  archives  communales  de  Tarbes), 
tf  1,  p.  51  et  67;  t.  III,  p.  675  et  691, 


INSTRUCTION  ^ 


des  écrivins  aussy  par  année  ».*  Cela  se  passait  le  30  décembre  1 77 1 . 
C'était  librement,  dans  l'assemblée  générale,  que  les  pères  de  famille, 
par  devant  un  officier  ministériel,  passaient  le  contrat  qui  confiait  l'école 
au  maître  de  leur  choix.  «  Il  faut,  écrivait  en  1780  l'intendant  de  Bour- 
gogne, que  les  recteurs  d'école  dépendent  des  habitants  qui  les  payent. 
Ni  l'état,  ni  le  clergé,  ni  le  seigneur  ne  possédait  le  droit  de  désigner 
l'instituteur.   » 

Voici  le  relevé  de  l'instruction  pour  1783,  fourni  par  l'état  des 
paroisses  : 

Bénac. —  Il  y  a  un  maître  d'école,  présenté  par  les  consuls  et  nommé  parle 
curé;  ses  appointements  fixes  sont:  60  livres  que  la  communauté  paye,  et  les 
parents  de  chaque  enfant  lui  donnent  une  mesure  de  grain. 

Layrissc  et  Averan.  —  Point  de  maître  d'école. 

Orindcs.  —  Aucun  maître  d'école  fixe,  ni  qui  soit  gagé  de  la  communauté,  mais 
la  plus  grande  partie  des  enfants  sont  assez  bien  instruits  et  savent  presque  tous 
de  lire  et  d'écrire. 

Visker  et  Loucrup.  —  Point  de  maître  d'école. 

Lannes.  —  Il  y  a  un  maître  d'école  qui  est  payé  par  la  communauté.  Ses  appoin- 
tements fixes  se  portent  à  48  livres,  et  on  lui  donne  une  mesure  de  grain  pour 
chaque  enfant. 

Loucy.  —  Il  y  a  un  maître  d'école,  ordinairement  payé  par  les  habitants  et 
choisi  par  eux.  Ses  gages  sont  peu  de  chose;  à  peine  peut-il  subsister. 


V 

Nous  connaissons  le  nom  de  vingt-trois  notaires  en  résidence  habi- 
tuelle dans  la  baronnie  de  Bénac.  Dire  à  quelle  époque  serait  venu  le 
premier  est  chose  impossible  ;  nous  savons  seulement  que,  depuis  1 377, 
il  y  a  toujours  eu  des  notaires,  quelquefois  même  plusieurs  simultané- 
ment. Nous  donnerons  plus  bas  la  liste  de  ceux  qui  nous  sont  connus. 

VI 

Faisons  les  mêmes  réserves  pour  les  docteurs  en  médecine  et  pour 
les  chirurgiens.  Ils  ont  été  nombreux  à  Bénac,  et  rayonnaient  de  là 
dans  les  coteaux  voisins.  Les  docteurs  en  médecine,  moins  nombreux 
que  les  chirurgiens,  suivaient  les  cours  dans  l'université;  les  chirurgiens 
faisaient  des  études  sommaires  à  la  suite  d'un  autre  chirurgien,  restaient 


1.  Archives  A.  Duffourc. 


36  LE   BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE   DE   BENAC 

trois  ans  compagnons  et,  après  ce  laps  de  temps,   étaient  jugés  dignes 
d'entrer  «  in  doclo  cor  pore  ». 

«  Aujourd'hui,  7  mai  1654,  en  la  ville  et  citté  de  Tarbes...  Constitué 
en  personne  Jean  Delhom  mc  chirurgien  du  lieu  de  Bénac,  lequel 
faizant  tant  pour  luy  que  les  siens  à  l'advenir  a  déclaire  devant  moy 
notaire  et  tesmoins  avoir  receu  des  mains  de  Marie  de  Pardimens,  illec 
presante  et  stipulante  et  acceptante,  la  somme  de  trente  livres  et  ce  tant 
moins  de  ladespance  et  doctrine  de  Louys  Maignac,  compaignon  chirur- 
gien demeurant  chez  ledit  sieur  Delhom  et  ce  en  dix  louys  d'argent, 
laquelle  somme  a  esté  par  ledit  sieur  Delhom  rettirée  :  et  a  promis  et 
promet  icelle  tenir  en  compte  à  ladite  Pardimens  à  fin  de  payement  et 
quand  lesdites  troys  années  d'apprentissage  dudit  Louys  Maignac  fils 
de  ladite  Pardimens,  soubs  obliguation  de  tous  et  chescuns  ses  biens, 
presanset  advenir,  et  les  a  soubzmis  et  soubzmet  aux  rigueurs  de  justice; 
et  ainsin  l'a  promis  et  iuré  en  présence  de  M.  Jacques  Loupet  prebre 
et  recteur  de  Saint  Jean  de  Tarbe  et  Jean  Marie  de  Mauran,  bourgeois 
de  Siarroy,  soubsinés  avec  ledit  sieur  Delhom,  ladite  Pardimens  requize 
soy  signer  a  déclairé  ne  sçavoir  escrire  et  moy.  Delhom,  Loupet, 
Mauran,  Mauran  N.  R.1  » 


V.  —  BARONS 


Le  château  de  Bénac.  Seigneurs  et  illustrations.  Les  Be'nac 
de  la  première  race.  Les  Montaut-Bénac.  Les  Rothelin-Bénac. 
Les  Rohan-Bénac. 

I 

Le  château  de  Bénac  était'  un  beau  castel.  Dominant  la  plaine  de 
l'Echez,  il  en  protégeait  l'entrée  contre  toute  incursion  ennemie.  Placé 
à  l'extrémité  d'une  colline,  naturellement  fortifié  au  nord  et  au  levant 
par  une  descente  à  pic,  il  se  trouvait  défendu  au  midi  par  un  très  vaste 
fossé,  toujours  rempli  d'eau,   et  au  couchant  par  des  pentes    abruptes. 

I.   Mauran.  Etude  Thcil.  à  Tarbes. 


LE    CHATEAU  )J 


Le  chemin  de  la  plaine  se  trouve  au  levant  du  château;  on  traversait 
l'Echez  et  on  suivait  l'ancienne  voie  romaine,  allant  de  Layrisse  vers 
Averan.  A  une  cinquantaine  de  mètres  du  château,  on  déviait  vers  le  cou- 
chant par  le  sommet  de  la  colline,  pour  entrer  dans  l'enceinte  par  la 
porte  H,  armée  d'un  pont-levis  s'appuyant  sur  la  petite  tour  et  sur  la 
haute  muraille,  qui  abritait  la  chapelle  et  la  chambre  du  maître  d'hôtel. 
La  petite  tour  D,  parfaitement  reconnaissable,  les  fondements  étant  à 
fleur  de  terre,  avait  à  l'intérieur  4  mètres  en  carré,  les  murailles  mesu- 
raient im, 75  d'épaisseur.  Le  corps  de  logis  faisait  suite  à  la  tour  du 
midi  au  couchant  ;  l'habitation  avait  deux  étages.  De  ce  vaste  bâtiment, 
le  premier  tiers  a  été  démoli  en  même  temps  que  la  tour  ;  le  proprié- 
taire actuel  n'a  conservé  que  le  second  tiers  pour  son  logement  et  encore 
amoindri  d'un  étage.  Il  habite  les  deux  chambres  du  rez-de-chaussée 
et  une  chambre  au  premier.  La  troisième  partie  sert  aujourd'hui  d'écurie 
et  de  grange  à  fourrage.  Au  nord  la  poterne  E,  faisant  face  à  la  porte 
d'entrée,  donnait  sur  la  terrasse.  Les  écuries  et  les  décharges  se  trou- 
vaient adossées  aux  murs  du  nord  et  du  couchant.  Ces  murs,  d'une 
hauteur  actuelle  de  quinze  mètres,  servaient  d'enceinte  et  étaient  sans 
ouvertures.  La  grande  tour  M,  qui  présente  à  l'intérieur  8  mètres 
carrés,  avait  trois  étages;  le  père  du  propriétaire  actuel  l'a  détruite  pour 
vendre  la  brique  et  les  matériaux.  Elle  était  établie  au  point  de  jonc- 
tion des  bâtiments  du  couchant  avec  ceux  du  midi.  Au  milieu  de  la  cour 
se  trouvait  la  citerne  ou  puits  que  le  propriétaire  utilise,  soit  pour  la 
provision  d'eau  du  ménage,  soit  pour  l'arrosage  de  son  potager  qui 
remplace  les  édifices  du  nord  et  du  couchant.  Deux  échauguettes 
étaient  placées  aux  deux  angles  correspondants  aux  deux  tours  ;  elles 
surveillaient  les  précipices  * 

Le  propriétaire,  Jean  Baron,  vous  fera  avec  plaisir  les  honneurs  de 
la  maison.  11  vous  montrera  la  cuisine,  vaste  appartement  de  huit  mètres 
carrés,  avec  voûte  en  briques  et  avec  arcs  doubleaux  portant  à  leur  jonc- 
tion les  armoiries  des  anciens  châtelains.  Il  trouve  la  cheminée  suffisam- 
ment large  pour  abriter  sous  son  manteau  toute  sa  famille  :  elle  a  ]m,y-) 
d'ouverture;  c'était  l'ancienne  cuisine  du  château.  Au  midi,  est  la 
chambre  à  coucher,  l'ancienne  «  sommèlerie  »;  on  voit  dans  la  cheminée 

1.  Nous  donnerons  en  appendice  l'inventaire  du  château,  tel  qu'il  fut  dressé  par 
Léonard  Dastugue,  juge  du  marquisat  de  Bénac,  le  Ier  décembre  1654,  par  les 
ordres  de  Judith  de  Gontaut,  dame  de  St-Geniez,  veuve  de  Philippe  II  de  Mon- 
taut-Bénac. 


)8  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE   BENAC 

un  haume  à  long  panache,  ayant  un  lion  à  la  droite  et  un  autre  lion  à  la 
gauche;  à  l'un  des  angles  de  la  pierre,  sur  le  haut,  on  lit  les  deux  lettres 
B  C  entrelacées.  L'escalier,  ce  vaste  escalier  qui  rappelle  tant  de  sou- 
venirs, tombe  en  ruines  et  présente  même  certains  dangers  aux  touristes 
qui  veulent  visiter  l'étage  supérieur.  La  «  grande  salle  »  au  dessus  de 
la  cuisine,  n'est  pas  habitée;  seule  la  chambre  «  quy  est  au  fond  de 
ladite  salle  du  costé  de  l'orient  »  présente  un  ameublement  moins  riche 
sans  doute  qu'autrefois,  mais  suffisamment  confortable  pour  de  rudes 
travailleurs.  Jean  Baron  ne  vous  laissera  pas  quitter  le  castet  sans  vous 
faire  voir  le  trou  du  diable,  dont  parle  la  légende,  et  que  la  truelle  du 
maçon  n'a  jamais  pu  fermer.  Il  se  trouve  au  dessus  de  la  poterne. 

A  quelle  époque  remontent  le  château  et  les  tours  r. . .  La  petite  tour 
du  levant,  celle  qu'on  nommait  la  vieille,  à  l'époque  de  la  Révolution, 
était  assurément  la  plus  ancienne,  la  primitive.  Dans  le  principe,  elle 
constituait  l'unique  défense,  établie  en  ces  lieux.  Comme  la  plupart  de 
celles  que  nous  rencontrons  encore  sur  notre  sol  de  la  Bigorre,  elle 
devait  servir  aux  signaux  télégraphiques.  L'autre,  la  grande,  vint  plus 
tard,  quand  les  seigneurs  bâtirent  le  château,  quand  ils  acquirent  cette 
influence,  qu'ils  ont  toujours  conservée,  influence  donnée  par  la  richesse. 
Les  tours  ont  disparu,  et  on  ne  sait  à  quel  temps  les  rattacher.  Le 
château  lui-même,  qui  aurait  pu  nous  fournir  bon  nombre  de  renseigne- 
ments utiles,  a  été  rebâti  dans  le  genre  moderne,  dès  la  fin  du  XVe 
siècle.  Les  grandes  fenêtres  donnant  vue  sur  la  cour  et  autres  dépen- 
dances sont  de  cette  époque.  Tout  ce  remaniement  s'est  opéré  à  la 
suite  d'un  violent  incendie  qui,  en  l'année  1464,  détruisit  l'habitation, 
et  les  archives  de  la  baronnie.1  Des  fouilles,  des  recherches  bien  diri- 
gées pourraient  nous  donner  la  clé  de  quelques  mystères. 


Il 


C'étaient  de  rudes  jouteurs  que  nos  seigneurs  de  Bénac!  Ils  n'occu- 
paient pas  la  dernière  place  parmi  les  barons  de  la  Bigorre.  Leur  nom 
se  retrouve  à  chaque  page  de  nos  annales  de  Gascogne  et  les  chro- 
niques de  France  les  citent  plus  d'une  fois  avec  éloges;  ils  portèrent 
sous  les  murs  de  Jérusalem  et  sur  tous  nos  champs  de  bataille  leur  éten- 

1.  Larcher  (J.-B.),  Glanage,  t.  II,  p.  229.  (Chartier  du  Grand  Séminaire  d'Auch, 
n°  5,150.  —  (Voir  plus  loin,  page  45). 


ILLUSTRATIONS  39 


dard  «  d'or  à  la  croix  de  gueules  cartonnée  à  dou\e  étoiles  de  même.1  » 
Cette  famille  a  donné  au  pays  des  hommes  qui  ont  occupé  le  premier 
rang  dans  la  société  :  soit  dans  les  lettres,  soit  dans  la  grande  magis- 
trature, soit  dans  les  armées,  soit  enfin  dans  la  haute  cléricature.  Nous 
trouvons  quatre  abbés  de  Saint-Pé,  trois  abbés  de  l'Escaledieu,  un  abbé 
de  Saint-Sever  qui  devint  évoque  de  Tarbes,  un  évèque  d'Aire,  un 
évêque  d'Oloron,  un  évoque  de  Lescar,  de  nombreux  capitaines,  de 
nombreux  généraux,  un  maréchal  de  France,  un  capitoul  de  Tou- 
louse et  quatre  sénéchaux  de  Bigorre.2 

Les  rois  de  France,  toujours  généreux  quand  il  faut  récompenser  le 
mérite,  donnèrent  aux  seigneurs  de  Bénac  des  marques  éclatantes  de 
satisfaction:  Louis  XIII  érige  la  baronnie  en  marquisat,  octroie  la 
haute  justice  et  la  concession  de  foires  aux  nouveaux  marquis.  Sous 
Louis  XIV,  leurs  terres  sont  érigées  en  duchés  ;  ils  portent  les  titres 
de  ducs  de  Lavedan,  de  Montaut  et  de  Navailles  ;  ils  reçoivent  les 
ordres  du  roi  et  les  honneurs  de  la  pairie  ;  et  le  frère  cadet  du  maréchal 
de  Navailles  est  créé  marquis  de  Saint-Geniez.3 

Nous  publions  plus  loin  la  liste  chronologique  des  seigneurs  de 
Bénac;  elle  se  trouve  dans  la  plupart  des  ouvrages  qui  racontent  l'his- 
toire de  notre  province.  Nous  parlerons  seulement  ici  des  barons  et 
marquis  et  autres  personnages  de  la  maison,  qui  ont  joué  un  rôle  actif 
dans  les  annales  du  pays.  L'histoire  en  est  si  intimement  et  si  solide- 
ment incorporée  à  celle  du  Bénaqués  qu'il  est  pour  ainsi  dire  impossible 
de  les  isoler,  sans  risque  de  mutiler  la  vérité  et  l'évolution  de  l'histoire. 


1.  Larcher  (J.-B.)  Dictionnaire  généalogique,  fe  2,  p.  555. 

2.  Abbés  de  Saint-Pé  :  Odon  I  (iojj);  Odon  II  (1096)  ;  Philippe  de  Bénac  (1272); 
Arnaud-Guillaume  de  Bénac  (1292-1^04);  —  Abbés  de  l'Escaledieu  :  Auger  I  de 
Bénac  (1285);  Auger  II  de  Bénac  (1293)  ;  Auger  III  de  Bénac  (nj6);  —  Abbé  de 
Saint-Sever  :  Roger  de  Montaut-Bénac  de  Navailles  ('-1512). —  Odon  I,  abbé  de 
Saint-Pé,  était  évêque  d'Oloron  en  1032.  —  Raymond  III,  évêque  de  Lescar 
(i2ij).  —  Jacques  I  de  Montaut-Bénac,  évêque  d'Aire  (1575-1387).  —  Roger  de 
Montaut-Bénac  de  Navailles,  abbé  de  Saint-Sever,  est  nommé  évêque  de  Tarbes 
par  le  chapitre.  Ce  siège  lui  est  disputé  par  Thomas  de  Foix  et  Manaud  de  la 
Martonye  (1514).  — Jean-Marc  de  Montaut-Bénac,  capitoul  de  Toulouse  (1538)  est 
en  même  temps  sénéchal  de  Bigorre;  Philippe  de  Montaut-Bénac  11 571);  Bernard 
de  Montaut-Bénac  (1580-1599);  et  Philippe  de  Montaut-Bénac,  marquis,  puis  duc 
de  Navailles  (1639-1659),  sont  sénéchaux  de  Bigorre. 

?.  Larcher  (J.-B.)  Glanage,  t.  II,  p.  229.  (Chartier  du  Grand  Séminaire  d'Auch, 
n°  3,179). 


40  LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

Les  événements  généraux,  gravitant  autour  de  figures  particulières, 
légitiment  leur  notoriété.  Selon  nous,  le  caractère  des  seigneurs  n'est 
autre  que  celui  de  leur  temps;  leurs  gestes  se  rapportent  à  l'esprit 
général  de  leur  siècle,  et  c'est  à  cette  source  vivifiante  qu'ils  puisent 
l'intérêt  dont  ils  sont  revêtus.1 

III 

I.  —  Raymond-Guillaume  de  Bénac  avait  des  terres  allodiales  dans 
le  village  de  Lescun  ;  le  duc  de  Gascogne,  Sanche,  donna  au  seigneur 
de  Bénac,  en  échange  de  ces  terres  qu'il  attribua  au  monastère  de 
Saint-Pé  qu'il  venait  de  fonder,  l'affranchissement  de  ses  biens,  sa 
cuirasse  et  quatre  chevaux  à  son  choix  parmi  ceux  de  son  écurie, 
quatuor  sucé  electionis  eques  cl  loricam  (iop).2 

II.  —  Guillaume  Auriol  de  Bénac  confia  Odon,  son  second  fils,  aux 
religieux  de  Saint-Pé,  pour  être  instruit  soigneusement  aux  lettres  et  en 
la  discipline  régulière.  Odon  devint  abbé  de  Saint-Pé  et  évêque 
d'Oloron  (103  3).  Guillaume-Auriol était  marié  à  Marie,  fille  de  Raymond 
Garsias,  vicomte  de  Lavedan. 

III.  —  Raymond  P'r  de  Bénac  donna  aux  moines  de  Saint-Pé  la 
dîme  d'Azereix  et  huit  cent  sous  de  rente  à  prendre  sur  le  village  de 
Saint-Hippolyte  (Adé),  pour  payer  l'instruction  donnée  à  son  fils, 
Odon.3  Il    assista  à  la  consécration  de  l'église  de  Saint-Pé,  en    1096. 

IV.  —  Dodon  r'r  ou  Othon  de  Bénac  voulut  faire  rentrer  les  terres 
que  Guillaume  Raymond  avait  aliénées  ;  «  ces  prétentions  peu  fondées, 
et  que  sa  mauvaise  foi  seule  appuyait,  excitèrent  contre  lui  l'indignation 
de  son  souverain,  qui  le  convainquit  de  félonie  et  l'eut  sévèrement 
puni,  si  Boson  de  Juillan  et  Héraclius,  alors  évêque  de  Tarbes,  tous 
deux  parents  du  comte,  n'eussent  fait  la  paix  du  baron,  moyennant 
diverses  cessions  qu'il  fit  ;  il  eut  en  outre  à  se  départir  de  toutes  ses 
prétentions  sur  Saint-Pé,  et  il  se  soumit  en  cas  de  contravention  à 
perdre  des  terres  d'Averan  et  de  Ripefite  (Hibarette)  ».4 

1.  Grands  officiers  de  la  couronne,  t.  VII,  pages  602-009. —  Dictionnaire  de  la 
noblesse,  par  La  Clicnayc-Desbois,  t.  X,  p.  260.  —  Davezac-Macaya,  Essai  historique 
sur  le  Bigorre,  t.  II,  note  20,  p.  41  et  note  2,  p.  258. —  Gênèologie  de  la  famille  de 
Montant-Bcnac,  brochure  in-40  de  22  pages,  au  Grand-Séminaire  d'Auch,  11"  15,852. 

2.  Annuaire  du  Petit  Séminaire  de  Saint-Pé.  (1885.)  p.  504. 
j.  Davezac-Macaya,  Essais  sur  le  Bigorre,  t.  I,  p.  160. 

4.  Davezac-Macaya,  Essais  sur  le  Bigorre,  t.  I,  p.  186. 


LES    PREMIERS    BARONS  41 


V.  —  Raymond  II  de  Bénac,  fils  d'Othon  le  rebelle,  fit  le  voyage  de 
Terre-Sainte.  Il  arma  ses  vassaux,  l'an  1096,  et,  après  avoir  reçu  la 
bénédiction  de  son  père,  il  prit  la  croix.  Il  assistait  à  la  bataille  de 
Dorylée,  avait  une  part  très  active  à  la  prise  d'Antioche  ;  le  7 
juillet  1099,  il  gravissait  les  collines  d'Emmaiis,  et,  le  1$,  il  entrait  à 
Jérusalem.  Mais  une  blessure  reçue  dans  le  combat,  et  qu'il  croyait 
sans  gravité,  devait  l'empêcher  de  revoir  son  castel.  Sa  dépouille 
mortelle  repose  dans  la  Ville  Sainte.  Il  légua  aux  moines  de  Sainte- 
Marie  Latine  l'église  de  Bénac,  que  son  père  avait  usurpée. 

VI.  —  Dodon  II  ou  Othon  II  de  Bénac  «  vendit  l'église  de  Bénac 
au  monastère  de  Saint-Pé,  pour  la  somme  de  1 ,300  sols  morlas,  du 
consentement  de  l'abbé  et  des  moines  de  Sainte-Marie  Latine,  qui  se 
réservèrent  sur  cette  église  le  droit  annuel  d'une  once  d'or,  en  présence 
de  Guillaume,  évèque  de  Bigorre  et  de  Pierre,  comte  de  Bigorre,  ce 
qui  tombe  environ  l'an  1 140  m.1 

«  Doit  de  Bénac  »  (n'est-il  pas  le  même  que  Dodon  r)  servit  de  caution 
à  Arnaud  d'Aragon,  seigneur  de  Poueyferré  et  Beaucens,  rendant 
hommage  au  comte  de  Bigorre  en  1143  ;  Arnaud  s'obligea  par  serment 
de  rendre  au  comte  et  à  ses  successeurs  tous  ses  châteaux  trois  fois 
l'année  qu'il  les  réclamât  apaisé  ou  courroussé.2 

«  Pierre  de  Marsan  établit  en  Bigorre  l'ordre  des  Templiers.  Il  lui 
abandonna  tout  son  domaine  de  Bordères  et  y  ajouta  le  fief  et  les 
maisons  qu'il  possédait  à  Saragosse.  L'acte  en  fut  passé  au  château  de 
Lourdes,  le  7  février  1148...  Greffier  des  Angles,  Pierre  d'Astugue, 
Dodon  de  Bénac. . .  le  scellèrent  après  leur  suserain  ».3 

VIL  —  «  Bourguine  de  Barèges,  dame  d'Ossun,  exposa  dans  un 
dire  par  écrit,  qu'autrefois  vivoit  strenus  miles,  Manaud  de  Bénac, 
seigneur  de  Bénac  ;  qu'il  eut  trois  fils  :  Bour,  Guilhem-Arnaud  et 
Raymond  Arnauld  ».4 

VIII.  —  «  Bour  de  Bénac  fut  appelé  comme  témoin  dans  un  fidéi 
commis  avec  une  partie  de  la  noblesse  :  Arnaud  Raymond  de  Coarraze, 
évêque   de   Tarbes...,   Thibault  des   Angles,    Raymond   Arnaud    de 

1.  Larcher  (J.-B.),  Glanages,  t.  XIV,  p.  }i. 

2.  Davezac-Maca/a,  Essais  sur  le  Bigorre,  t.  I,  p.  222. 
j.  Montlezun,  Histoire  de  la  Gascogne,  t.  II,  p.  188. 

4.  Larcher  (J.-B.),  Glanages,  t.  III,  p.  161. 


42  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

Castelbajac...  1214...  »*  II  avait  pour  frères:  Guilhera  Arnaud  et 
Raymond  Arnaud,  qui  reçut  en  apanage  la  seigneurie  de  Lannes. 

Raymond  de  Bénac,  évêque  de  Lescar  en  121 3,  devait  être  aussi 
son  frère.  Voici  ce  que  nous  dit  sur  son  épiscopat  le  Gallia  christiana  : 

«  Raimond,  issu  de  l'illustre  famille  des  seigneurs  de  Bénac,  est 
sans  aucun  doute  celui-là  même  que  nous  trouvons  dans  la  charte  de 
Lescar  de  l'an  1203  R.  de  Venach.  Nous  conjecturons  qu'il  a  été  le 
compétiteur  d'Arsius  devant  lequel  il  se  vit  obligé  de  céder  ;  celui-ci 
étant  mort,  il  monta  librement  en  121 3  sur  le  siège  de  Lescar.  Il  est 
témoin,  en  1214,  dans  une  donation  de  Gaston,  vicomte  de  Béarn,  au 
monastère  Sainte-Marie  de  Grande  Sauve  [Sylvœ  Latœe)  de  trois  casais, 
acte  retenu  par  Moneins,  le  3  des  nones  de  février  de  la  même  année. 
Il  vivait  encore  en  1220,  d'après  le  livre  des  antiques  coutumes  du 
Béarn  ».2 

IX.  —  «  Ramond  de  Bénac  et  Philippe  de  Bénac,  abbé  de  Saint-Pé, 
figurent  dans  une  transaction  du  27  décembre  1272,  passée  avec  Pierre 
de  Sombrun,  commandeur  des  Templiers  de  Bordères,  sur  certains 
fonds  de  Juillac  ».3 

«  Octavo  idus  Augusti  1274,  N'Esquivât  ou  Assinat  de  Chavannes, 
comte  de  Bigorre,  baille  la  place  et  seigneurie  de  Forgues  audit 
Ramond  Garsie,  seigneur  de  Castetlobon,  en  solution  de  2.300  sols  de 
bons  moulans  et  amortissement  de  la  rente  de  63  sols  de  mourlans. . . 
Et  pour  assurance  dudit  bail,  entrent  pleiges  dudit  seigneur  comte  : 
Arnaud  Guillaume  de  Barbazan,  Arnaud  des  Angles,  Pierre  d'Antin, 
Ramond  de  Bénac  et  Arnaud  Ramon  de  Castelbajac. . .   »>.* 

Ramond  et  Bos  de  Bénac  sont  témoins  dans  la  donation  faite  aux 
religieux  de  l'Escaledieu  par  le  même  Esquivât  en  1274.5 

1.  Montlezun.  Histoire  de  la  Gascogne,  t.  VI,  p.  j6$. 

2.  XVII.  Raimondus  III,  épiscopus  Lascurrensis. 

Raimondus  ex-illustri  dominorum  de  Benaco  stirpe  ortus,  idem  procul  dubio 
est  qui  in  chartario  Lascurrensi  anno  1205  legitur  R.  de  Venach.  Ipsum  contendisse 
de  episcopatu  cum  Arsio  conjicimus,  cui  cum  cedere  coactus  esset  postea  ipso 
mortuo,  anno  1213,  libère  cathedram  conscendit.  Testis  legitur  anno  1214  in 
donatione  Gastonis,  vicecomitis  Benearnensis,  monasterio  Beatce  Mariœ  Sylvœ 
Latce,  de  tribus  casalibus,  instrumento  dato  apud  Moneins,  III  nonas  februarù 
ejusdem  anni  in  prcefato  tabulario  Sylvœ  Latœ.  Vivebat  et  1220  ex  libro  antiqua- 
rum  Bearnii  consuetudinum.  (Gallia  christiana,  t.  I,  col.  1294). 

j.  Lagrèze  (B.  de).  Histoire  religieuse  de  la  Bigorre,  p.   312. 

4.  Communication  de  M.  Jean  Bourdette. 

5.  Archives  des  Hautes-Pyrénées,  série  H,  n°  42. 


LES   MONTAUT-BÈNAC  4j 


X.  —  Bos  de  Bénac  signa  avec  ses  deux  frères,  Arnaud-Guillaume, 
abbé  de  Saint-Pé,  et  Auger,  abbé  de  l'Escaledieu,  les  actes  sur  la  suc- 
cession de  Pétronille,  comtesse  de  Bigorre,  le  ier  septembre  1283  : 
«  Serenissimo  principi  Raymundo,  domino  suo,  domino  Philippo,  Dei 
gratia  francorum  rege . . .  In  quorum  testimonium. . .  Arnatdus  Guliel- 
mus,  abbas  de  Geyres,  Auger,  abbas  ScaLv  Dei. . .  Bosius  de  Bénac.1  » 
Comme  résultat  final,  Philippe  le  Bel  s'empara  de  la  Bigorre  au  nom  de 
sa  femme  et  fit  enquérir  en  1300  sur  la  valeur  des  fiefs  et  arrière-fiefs 
du  comté. 

Ce  Bos  est  le  croisé,  dont  la  légende  a  perpétué  le  souvenir.  Elle  se 
trouve  reproduite  par  la  gravure  des  vers  suivants,  sur  une  belle  plaque 
de  marbre  noir,  enlevée  du  château  et  appartenant  aujourd'hui,  assure- 
t-on,  aux  héritiers  de  M.  Curie-Seimbres. 

Ayant  resté  sept  ans  captij  en  Terre-Sainte, 
Le  démon  en  trois  jours  à  Bénac  m'a  porté  ; 
Mais  déclarant  mon  nom,  on  me  taxe  de  feinte, 
Pour  courir  à  l'hymen  en  sa  déloyauté. 
Je  fais  voir  mon  anneau,  mon  lévrier  j'appelle, 
Et  c'est  le  seul  témoin  que  je  trouve  fidèle. 
Démon,  ce  plat  de  noix  payera  ton  transport 

Et  je  vais  dans  la  solitude 
Me  guérir  en  songeant  à  la  mort 
De  ce  que  ton  employ  me  fait  d'inquiétude. 

Bos  n'eut  qu'une  fille,  Oulce,  qui  épousa  l'héritier  de  Montaut  sur 
Garonne;  le  P.  Anselme  le  nomme  Roger  et  Colomez  l'appelle 
Bernard. 

IV 

XI.  —  Oulce  de  Bénac  fut  mère  de  Jean  de  Montaut-Bénac,  qui 
suit,  avec  lequel  elle  reçut  un  hommage,  le  20  septembre  1 3  5 1 . 

«  D'après  un  mémoire  du  7  février  M78  de  Philippe  de  Montaut, 
seigneur  de  Beaumont  en  Lezadois,  Jean  de  Montaut,  évêque  d'Aire, 
seroit  le  frère  de  Roger  de  Montaut,  marié  à  Ossa  de   Benac  et  Tam- 

1.  Marca  (Pierre  de).  Histoire  du  Béarn,  liv.  IX,  p.  841. 


44  LE  BÉNAQUÉS  OU  BARONNIE  DE  BENAC 

burgis  de  Montaut,  à  qui  son  frère  l'évèque  fit  une  donation,  seroit  sa 
sœur.1  » 

Nous  lisons  aussi  dans  Larcher  :  «  feu  M.  le  duc  de  Navailles 
emporta  de  Bénac  à  Paris  les  titres  suivants,  le  24  octobre  1667,  selon 
un  mémoire  que  j'ai  vu  chez  M.  Toron,  procureur  du  roi  au  sénéchal 
de  Bigorre  : 

«  ...Insinuation  de  donation  par  Jacques  de  Montaut,  évêque 
d'Aire,  à  Tiburge  de  Montaut,  sa  sœur,  des  2  mai  et    18  juin  1 378.*  » 

XII.  —  Jean  de  Montaut-Bénac  servit  le  roi  en  ses  guerres  de  Gas- 
cogne, en  13)9,  avec  quatorze  écuyers,  quatre  sergents  à  cheval  et 
quatorze  à  pied,  il  appela  au  parlement  de  Paris,  le  2  octobre  1 369,  de 
ce  que  le  prince  de  Galles,  duc  de  Guyenne,  avait  baillé  au  captai  de 
Buch  anglais,  le  comté  de  Bigorre,  dans  lequel  tous  ses  biens  se  trou- 
voient.  Sa  femme,  Gaillarde  de  Miramont,  lui  donna  deux  enfants,  Jean, 
qui  suit,  et  Ossette. 

XIII.  —  Jean  II  de  Montaut-Bénac  est  qualifié  de  baron  de  Bénac 
dans  un  hommage  qu'il  reçut,  le  11  décembre  1 418,  de  Manaud  de 
Bénac,  seigneur  de  Lannes  et  de  Balabay,  son  vassal.  Il  épousa  Mar- 
guerite de  Bazillac,  dont  il  eut  quatre  enfants  : 

i°  Arnaud,   qui   suit  ; 

2°  Constance,  mariée  à  Arnaud-Guilhem  de  Béon,  seigneur  de 
Sère  ; 

30  Ossa  ou  Ousse,  mariée  i°  à  Bertrand  d'Andouins,  seigneur  de 
Castel-Birit;  20  à  Jean  de  Pardeillan;  30  par  contrat  du  21 
avril  1434  à  Arnaud  de  Barèges,  seigneur  de  Vieuzac. 
Arnaud,  son  frère,  lui  avait  constitué  trois  mille  florins  de 
dot  :  elle  lui  en  donna  quittance  de  quinze  cents  et  lui  remit 
les  autres  quinze  cents  «  en  considération  que  la  maison  de 
Vieuzac  ou  elle  alloit  entrer  n'étoit  pas  égale  à  celle  de 
Bénac  ».  Ce  sont  les  termes  de  cet  acte,  passée  Tarbes  le 
13   avril    1433; 

40  Clarianne,  mariée  à  Jean  d'Ossun,  qui  donna  quittance  de  la 
dot  de  sa  femme,  le  7  novembre  1444.3 

2.  Anselme  (Le  P.),  Histoire  généalogique. ..  t.  VII,  p.  603. 
1.  Larcher  (J.-B.),  Glanages,  t.  II,  p.  229. 
}.  Larcher  (J.-B.),  Glanages,  t.  II,  p.  229. 


SEIGNEURS    HUGUENOTS  4<i 


XIV.  —  Arnaud  ou  «  Arnauton,  seigneur  de  Bénac  et  Bernard  de 
Bazillac,  son  tuteur,  fit  hommage,  le  11  avril  1426,  à  Jean,  comte  de 
Foix  et  de  Bigorre,  pour  la  baronnie  de  Bénac  «-1 

Il  se  maria,  en  premières  noces,  à  Brunicende  ou  Bérénice  de  Coar- 
raze,  dont  il  eut  Madeleine,  mariée  à  Roger  de  Castet-Pugon,  en 
Béarn,  et  fut  dotée  de  1,750  livres,  dont  son  mari  donna  quittancée 
Annet  de  Montaut-Bénac,  le  9  juin  1499. 

Le  23  janvier  1457,  il  épousait  Jeanne  de  Lavedan,  qui  le  rendit 
père  de  : 

i°  Annet  de  Montaut-Bénac,  qui  suit; 

2°  Roger,  né  à  Miremont  l'an  14^4,  prieur  de  Montaut,  abbé 
de  Saint-Sever,  évèque  de  Tarbes,  élu  par  le  chapitre  et 
débouté  en  i)0)  «  en  exécution  d'une  ordonnance  du  roy, 
portant  réintégrande  de  cet  évèché  en  faveur  de  Thomas  de 
Foix  ».  «  Annet  avait  été  héritier  des  terres  de  la  maison 
de  Bénac,  de  quoi  l'évêque  étoit  bien  fâché  et  s'en  plaignoit 
souvent  ;-  » 
30  Madeleine,    épousa  par  contrat  du   1^   septembre  1475,  Gilles 

de  Lomagne,  baron  des  Angles; 
40  Catherine,  mariée  en  1484  à  Guilhem-Arnaud  d'Auga; 
5°  Jeanne,    femme  de    Bernard   de   Rivière,    seigneur   de   Pun- 
tous,  eut  en  dot  1,300  florins.   François  de  Rivière,   son  fils, 
laissa  héritier  de  ses  biens  le  seigneur  de  Bénac. 
Le   10  janvier   1464,  un    violent    incendie  détruisait   le    château    de 
Bénac,  où  périrent  les  papiers  les  plus  importants  du  baron.  Arnaud  de 
Montaut-Bénac  jeta  les  fondements  du  nouveau  château  et  mourut  le 
11  septembre  1481,  sans  l'avoir  achevé,  ayant  fait  son  testament  le  24 
août  précédent.3 

XV.  —  Annet  de  Montaut,  né  à  Bénac  le  22  octobre  1466,  fit  son 
testament  le  12  octobre  1^23  et  mourut  aux  guerres  d'Italie  le  25  octo- 
bre 1^25.  H  avait  épousé  d'abord  Catherine  de  La  Roque;  à  sa 
mort,  il  s'alliait  à  Isabelle-Majorette  de  Laroche-Fontenille,  et  fut  père 
de  : 

i°  Jean-Marc  ; 


1.  Larcher  (J.-B.),  Glanages,  t.  VIII,  p.  317. 

2.  Larcher  (J.-B.),  Glanages,  t.  VIII,  p.  517. 
î.  Larcher  (J.-B.),  Glanages,  t.  II,  p.  220. 


46  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE   BÉNAC 

20  Georges,  qui  mourut  sans  enfants  de   Françoise  de    Lescures 

qu'il  avait  épousée  ; 
30  Jean,  qui  se  noya  en  passant  le  pont,   à  Mausac; 
40  Hélène; 
5°  Marguerite,  qui  faisait  son  testament  le  9  mars  M64. 

Annet  suivit  Henri  de  Navarre  dans  sa  guerre  contre  la  Navarre. 
François  Ier  accorda  volontiers  les  secours  qu'on  lui  demandait  ;  mais 
pour  ne  pas  prendre  une  part  trop  ostensible  à  cette  guerre,  il  chargea 
de  l'entreprise  André  de  Foix,  frère  d'Odet,  et  ainsi  proche  parent  du 
jeune  prince.  Parmi  les  capitaines  qui  conduisaient  les  troupes,  on 
comptait  Thermes  et  Ossun,  destinés  l'un  et  l'autre  à  porter  le  bâton 
de  maréchal  ;  les  autres  capitaines  étaient  :  Sainte-Colombe,  Tournon, 
Andoins,  Bénac  et...  Navailles. 

XVI.  —  Jean-Marc,  capitoul  de  Toulouse  en  1^36,  né  le  6  mai 
1499,  fit  son  testament  le  30  janvier  15551  dans  lequel  il  nomme  sa 
temme  et  ses  enfants,  mourut  à  Toulouse  le  13  janvier  155 <S,  avant 
Pâques.  Il  épousait,  par  contrat  du  16  mai  1  =;  27 ,  Madeleine  d'Andoins, 
baronne  de  Navailles.  Elle  porta  cette  baronnie  à  son  mari  ;  elle  en 
avait  hérité  par  la  mort,  sans  enfants,  de  Jean  d'Andoins,  son  frère. 

Elle  laissa  six  fils  et  cinq  filles  :  Marguerite,  religieuse  au  monastère 
de  Fabas  ;  Anne,  femme  de  Jacques  de  Cassagnet,  seigneur  de  Baulac; 
Jeanne,  mariée  en  1559  à  Antoine-Gabriel  de  Sus,  près  Navarrens; 
Jeanne,  fille  d'honneur  de  la  reine  de  Navarre,  mourut  de  la  peste  à 
Lyon  en  1564;  et  Madeleine,  dame  de  Puntous,  non  mariée. 

De  ses  fils,  Jean-Paul  dut  mourir  en  bas  âge  ;  et  le  cinquième,  Jean, 
périt  à  Macérata  en  Italie,  au  voyage  que  fit  le  duc  de  Guise,  le  dernier 
Jean,  surnommé  Barros,  décéda  sans  enfants  en  1578. 

Jacques,  surnommé  le  capitaine  Larroque,  était  un  ardent  huguenot; 
il  avait  entraîné  ses  frères  dans  la  religion  réformée. 

Les  seigneurs  de  la  Bigorre,  mécontents  de  voir  à  la  tète  des  affaires 
un  protestant,  murmuraient  et  se  plaignaient  amèrement.  Les  échos  en 
arrivèrent  jusqu'au  château  de  Bénac.  Et  c'est  alors  que  Jacques  écrivit 
au  seigneur  de  La  Loubère  la  lettre  suivante  : 


«  Monsieur  mon  cosin,  estant  averti  qu'à  la  dernière  assemblée  des  états  de 
Bigorre  sous  prétexte  des  alFaires  de  la  Religion  en  ladite  assemblée  feurent 
teneus  publiquement  quelques  propos  en  mespris  et  desdain  tant  de  moy  que  de 
mes  frères,  et  entre  ceux  qui  plus  apertement  en  auroient  parlé,  comme  l'on  m'a 
raporté,  c'est  vous  et  monsieur  de  Vazilhac,  disant  que  ceuls  de  la  nouvelle  reli- 


GUERRES    DU    XVIe    SIÈCLE  47 


gion  se  retiroient  dedans  le  chasteau  de  Bénac,  appellants  les  enfants  d'icelle 
capdets,  et  qu'il  falloit  aller  prendre  et  chastier  ;  et  pour  ce  que  les  parolles  de 
son  avesque  et  le  lieu  ou  elles  sont  esté  proférées  aportent  desdain  et  haisne  sur 
moy  et  mes  frères,  à  l'endroict  des  habitants  de  ce  pais,  j'ay  n'ay  voulleu  tant 
oublier  mon  honneur  que  je  ne  vous  aie  faict  entendre  pour  sçavoir  s'il  est  ainsin 
aussy  les  occasions  quy  vous  ont  peu  esmouvoir  à  tenir  ledit  langage,  mesmement 
contre  ceulx  quy  n'ont  que  bonne  volonté  de  guarder  en  toute  intégrité  leur 
honneur.  Je  vous  prie  donc  m'en  volloir  faire  certen  par  le  présent  porteur;  et 
cependant  je  supplieré  le  seigneur  Dieu  vous  distribuer  sa  saincte  grase,  me 
recommandant  à  la  vostre. 

De  Bénac  ce  dix  septiesme  de  juin. 

Jacques  de  Benac.  (i) 


Nous  ne  connaissons  pas  la  réponse  du  seigneur  de  La  Loubère. 
Le  lendemain,  Jacques  écrivait  à  M.  de  Bazillac  pour  se  plaindre  en 
termes  analogues.  Il  termine  en  disant  :  «  J'en  avois  écrit  à  M.  de  La 
Loubère  qui  m'a  faict  ticelle  responce  que  je  me  cuide  ce  raport  estre 
vain.  »  Il  se  défend  faiblement;  il  veut  garder  «  en  toute  intégrité  » 
son  honneur;  il  ne  nie  point  cependant  qu'il  ne  donne  abri  en  son 
château  aux  adeptes  de  la  réforme. 

D'un  caractère  ardent,  Jacques  se  mit  bientôt  à  la  remorque  des 
protestants  et  conduisit  souvent  à  la  victoire  ces  bandes  avides  de 
pillage.  «  Larroque-Bénac  s'était  emparé,  au  mois  de  mai  1576,  de  la 
ville  de  Vie  et  du  château  de  Lescurry.  Ces  deux  places  fortes  furent 
reprises  par  les  catholiques,  commandés  par  le  vicomte  de  Labatut  et  le 
seigneur  de  Sarlabous.2  » 

«  La  garnison  de  Castelnau-Rivière-Basse  avait  profité  de  l'absence 
d'une  partie  des  seigneurs  gascons  pour  se  répandre  dans  les  environs 
et  y  semer  le  ravage.  Le  baron  de  Lengros  avait  eu  surtout  à  souffrir 
de  ces  déprédations.  Dès  qu'Antras  fut  de  retour,  le  baron  réclama 
son  aide  et  alla  chercher  ses  ennemis  sur  les  bords  de  l' Adour  ;  mais  il  ne 
put  qu'échanger  avec  eux  quelques  arquebusades.  Peu  de  jours  après,  il 
rencontra  les  capitaines  Larroque-Bénac,  Gensac  et  Hitton,  et  engagea 
avec  eux  un  combat  assez  vif,  qui  se  termina  à  son  avantage.  Cet  échec, 
quoique  léger,  fit  cesser  les  incursions  des  protestants.  Mais  le  calme 
dura  peu  et  leurs  courses  recommencèrent.  Ceci  se  passait  l'an  1Î79.3  " 

Larroque-Bénac  et  ses  frères  eurent  avec  le  marquis  de  La  Force, 

1.  Chartier  du  Grand-Séminaire  d'Auch,  n"  M44. 

2.  Carsalade  et  Durier,  Huguenots  en  Bigarre,  p.  2:9. 
î.  Montlezun,  Histoire  de  la  Gascogne,  t.  V,  p.  4^2. 


48  LE  BÉNAQUES  OU  BARONNIE  DE  BÉNAC 

gouverneur  de  Béarn,  de  grands  démêlés,  racontés  en  détail  dans  les 
Mémoires  de  La  Force.  La  cour  les  réconcilia  en  1621.  Une  lettre  de  la 
marquise  de  La  Force,  datée  de  Paris,  1 5  mai  1 57$,  parle  en  ces  termes 
d'un  duel  de  Larroque-Bénac  :  «  La  Beause  et  la  Roque-Bénac  eurent 
querelle  au  jeu  de  paume  sur  peu  de  sujet,  et  après  avoir  été  accordés 
par  M.  de  Chàtillon,  La  Roque  dit  à  l'autre  que  non  obstant  il  vouloit 
se  battre,  ce  qu'ils  firent  ;  et  la  Beause  fut  blessé  du  premier  coup  à  la 
cuisse  qui  lui  coupoit  le  gros  vaisseau,  dont  il  est  mort  deux  jours 
après'1  » 

XVII.  —  Philippe,  second  fils  de  Jean-Marc  de  Mautaut-Bénac, 
épousa  Jeanne  de  Caumont-Berbiguières,  dont  il  n'eut  point  d'enfants. 
Il  se  maria  ensuite  avec  Marie  de  Gontaut-Saint-Genièz,  qui  elle- 
même,  à  la  mort  de  Philippe,  donna  sa  main  au  vicomte  de  Lavedan, 
Jean-Jacques  de  Bourbon-Malause.  Philippe  testa  le  9  juillet  1 597, 
instituant,  à  défaut  d'enfants,  pour  héritier  universel,  son  frère  Bernard, 
baron  de  Navailles.  Il  fut  à  deux  reprises  sénéchal  de  Bigorre  :  la  pre- 
mière fois  de  1570  à  1573  ;  la  seconde  vers  1  579  (?)  jusqu'en  i^ô.2 

En  1 570,  le  château  de  Bénac  était  occupé  par  les  protestants,  qui.  de 
là,  pillaient  toute  la  contrée.  Ecoutez  Mauran  : 

«  Et  parce  que  M.  de  Montamat  quitta  la  ville  (Tarbes)  le  même 
jour  qu'il  la  prit  et  après  le  pillage,  sans  y  laisser  aucune  garnison,  elle 
fut  un  long  temps  presque  déserte,  et  les  habitants  épars  ça  et  là  ; 
d'autant  qu'ils  n'osoient  retourner  a  leurs  maisons  de  peur  d'être  tués 
par  les  huguenots  de  Bénac,  qui  venoient  tous  les  jours  à  Tarbe,  et 
enlevoient  les  reliques  que  les  Béarnois  avoient  laissées.  Mesme  l'on 
dit  qu'ils  prirent  les  fondations  des  prébendes  et  autres  documents  et 
titres  de  l'église  Saint-Jean,  qui  n'ont  depuis  été  vus.3  » 

Le  roi  souffrait  de  voir  les  meilleurs  officiers  de  sa  couronne  se  mettre 
au  service  de  ses  ennemis.  Pour  punir  le  seigneur  de  Bénac,  il  donna 
au  maréchal  de  La  Valette  l'ordre  de  s'emparer  du  château  de  Bénac, 
d'en  chasser  les  soldats  protestants  et  d'y  établir  une  garnison  catho- 
lique. Le  3  octobre  1 5  74,  le  capitaine  Forgues,  avec  douze  soldats 
stipendiés  par  le  pays  de  Bigorre,  fut  mis  en  garnison  dans  le  château 

1.  Mémoires  de  d'Antras,  p.  167. 

2.  Gaston  Balcncic  dans  Mauran,  p.  _(<>,  note  2.  —   Jean    Bourdette,  Mémoires  de 
F:  ci  Jour,  pp.  284-285. 

;.  Mauran,  Sommaire  description  du  pais,  p.  152. 


LES    SÉNÉCHAUX  49 


de  Bénac  et  y  demeura  trois  mois.  Nous  lisons,  en  effet,  dans  un  acte 
d'Ogier  Cazalet,  notaire  à  Bénac,  registre  de  1=178  :  «  que  durant  les 
trobles  puis  l'année  1573  durant  H  74...  le  seigneur  de  Bénac  auroîct 
esté  contrainct  pour  raison  desdits  trobles  se  retirer  en  la  bille  de  Nay, 
au  païs  de  Béarn,  pour  la  guarnizon  que  monseigneur  Labalette,  lhors 
lieutenant  du  roy  mist  au  chasteau  de  Bénac.1  » 

Les  huguenots  prirent  leur  revanche  ;  ils  placèrent  des  soldats  à  leur 
compte  dans  le  château  de  Bénac.  Henry  de  Navarre  écrit  de  La 
Rochelle  au  capitaine,  commandant  le  château  de  Lourdes,  de  fournir 
l'argent  pour  l'entretien  de  la  petite  troupe. 

«  Capitaine  Incamps,  je  vous  envoyé  une  commission  pour  lever  cens  escus  par 
moys  sur  les  lieux  quy  sont  désignés  par  icelle.  De  laquelle  somme  jentends  qu'il 
en  soict  bailhé  cens  livres  pour  l'entretiennement  de  dix  hommes  que  le  sieur  de 
Bénac  tient  ou  tiendra  en  sa  maison,  la  garde  et  conservation  de  laquelle  importe. 
Vous  luy  ferez  donc  deslivrer  pour  chescun  moys  ladite  somme  ayant  esté  réser- 
vée. Sy  n'ay  point  vollu  qu'il  en  aict  esté  faict  mention  en  la  commission,  parce 
qu'il  n'est  besoingque  cela  soict  aultrement  publié.  Mais  ceste  lettre  vous  servira 
ou  au  receveur  de  descharge,  sur  laquelle  nous  faisons  bailher  toutes  autres  expé- 
ditions sur  ce  nécessaires  s'il  en  est  besoing.  Ce  que  m'assurant  que  vous  ferez 
suivant  mon  voloir  et  intention,  sy  ne  vous  en  diray  davantage  sy  ce  n'est  pouf 
prier  le  créateur  vous  tenir,  capitaine  Incamps,  en  sa  saincte  guarde. 

De  La  Rochelle  au  dernier  janvier  1587. 

Votre  affectyonné  mettre  et  assuré  amy. 

Henry.  »  (2) 

XVIII.  —  Bernard,  quatrième  fils  de  Jean-Marc  de  Montaut-Bénac, 
recueillit  la  succession  de  ses  frères.  Il  épousait,  le  12  juin  1578, 
Thabita  de  Gabaston,  dame  de  Bassillon.  En  février  161 2,  le  roi  expédia 
des  lettres  patentes  portant  érection  de  la  baronnie  en  marquisat.  Ce 
fut  alors  aussi  que  la  haute  justice  lui  fut  octroyée.  Bernard  était 
conseiller  et  chambellan  du  roi. 

Bernard  avait  toute  la  confiance  de  Catherine  de  Navarre,  la  sœur 
d'Henri  de  Navarre  et  princesse  régente  pendant  que  son  frère  était 
occupé  à  guerroyer.  On  a  publié,  dans  le  tome  III  des  Documents 
inédits  sur  l'histoire  de  France,  une  série  de  lettres  qu'elle  lui  adressait, 
pour  le  prier  de  venir  à  Pau  l'aider  de  ses  conseils  et  assister  à  la  tenue 
des  états.  Elles  se  terminent  toutes  par  ces  mots,  écrits  de  la  main  de 
Catherine  :  «  Vostre  bien  affectionnée  amye.  »  En  1593,  nous  trouvons 

1.  Mauran,  Sommaire  description  du  païs,  p.  169.  (Note  de  Gaston  Balencie.) 

2,  Chartier  du  Grand-Séminaire  d'Auch,  n°  5,147. 

4 


^O  LE    BÉNAQUES    OU    BARONNIE   DE   BÉNAC 

Bernard  de  Montaut-Bénac  «  loctenant,  représentant  la  personne  Jeu 
rey  en  la  lengude  deus  eslal\  deu  païs  souviran  de  Be'ani  ».1  Déjà  en 
1 589,  il  avait  été  chargé  d'aller  tenir  ceux  de  Foix. 

Si  Bernard  de  Montaut-Bénac  avait  beaucoup  d'honneurs,  il  n'avait 
guère  d'argent;  c'est  ce  que  nous  montre  la  lettre  suivante,  adressée  à 
la  récente,  Catherine  de  Navarre  : 

Madame, 

Le  sieur  de  Bénac  vous  remontre  très  humblement  qu'ayant  cest  honneur  d'estre 
du  privé  conseil  du  royen  son  estât  de  Navarre  et  mesme  en  la  liste  de  ceux  qu'il 
vous  a  nommés  pour  vous  assister  et  servir,  il  auroit  esté  mandé  par  vous  en 
plusieurs  fois  et  diverses  occasions,  mesmement  à  la  tenue  des  estats  de  Béarn 
toutes  les  années,  qui  sont  ordinairement  longs  où  il  seroit  venu  à  ses  propres 
despens,  selon  une  partie  de  vos  mandements  cy  attache/,  les  autres  estant  esga- 
rez,  sans  jamais  avoir  demandé  paiement  des  journées  ;  et  mesme  estant  allé  en 
Foix  tenir  ceux  dudit  comté,  de  vostre  mandement  il  auroict  couru  beaucoup  de 
hasard  par  les  chemins  de  ceux  de  la  Ligue,  desquels  ne  se  sceust  si  bien  garantir 
qu'ils  ne  lui  surprinsent  son  mulet  de  coffres  et  tous  ses  abilhements  qu'il  perdit,  le 
tout  de  valeur  de  plus  de  trois  cens  escus.  Ce  considéré  qu'il  n'est  raisonnable 
que  personne  serve  à  ses  despens,  et  que  le  suppliant  est  incommodé  de  ses 
affaires  pour  ne  pouvoir  jouir  de  la  moytié  de  son  bien  quy  est  près  Je  Toulouse, 
occupé  par  la  Lieue,  vous  plaira  avoir  esgard  à  ce  dessus,  et  luy  ordonner  une 
somme  pour  payement  de  ses  journées,  selon  sa  qualité,  lesquelles  il  ne  [peult] 
autrement  espéciffier,  ensemble  pour  la  perte  susdite  de  son  mulet,  hardes,  luy  en 
deslivrer  mandement  sur  le  trésorier  de  Bigorre,  laissant  à  part  les  voyages  de 
ladite  comté  de  Foix  et  de  Basse-Navarre,  desquels  il  ne  demande  rien  pour 
avoir  esté  défrayé  par  le  trésorier  dudit  pa'is  ;  il  priera  Dieu  pour  vostre 
prospérité  ».  (2) 

BÉNAC. 

Bernard  de  Montaut  Bénac  écrivait,  le  1$  janvier  161 5,  à  Louis  XIII 
une  lettre  qui,  dans  un  style  savoureux,  fournit  des  détails  intéressants 
sur  la  pauvreté  de  la  noblesse  béarnaise  et  bigourdane,  représentée  ici 
par  un  de  ses  membres  les  plus  considérables,  et  sur  l'extrême  difficulté 
que  l'on  éprouvait,  malgré  les  promesses  royales,  à  recevoir  la  moindre 
somme  des  trésoriers  royaux. 

«  Sire,  le  temps  que  Votre  Magesté  m'avoit  préfit  et  limité  pour  vous  aller 
trouver,  Sire,  est  expiré  depuis  le  quinziesme  de  ce  moys,  sans  que  jaye  peu,  ny 
mesme  encore,  me  rendre  près  de  vostre  personne  pour  recevoir  l'honneur  des 
commandemens  de  Votre  Magesté,  comme  c'estoit  mon  extrême  désir.  Car  mon 
aage  et  indisposition  sont  d'empêchement  si  grands  en  moy,  que  je  ne  puis  espérer 
de  quelque  temps  le  rétablissement  parfait  de  ma  santé  pour  supporter  la  fatigue 
d'un  si  lointain  voyage  ;  et  les  incommoditez  des  despenses    faites    par   moy   pour 

1.  Archives  des  ILtsses  Pyrénées.  —  Cahiers  des  Ltats. 

2.  Revue  d'Aquitaine,  t.  IV.  p.  109. 


DUCS    DE    LAVEDAN 


servir  le  feu  roy  Henry  le  Grand,  ayant  employé  le  plus  beau  et  le  meilleur  de 
mon  bien  durant  et  pendant  le  temps  de  quarante  ans  que  j'ay  esté  occupé  à  son 
service  avec  ses  anciens  amdés  serviteurs,  en  affaires  importantes  sa  couronne  de 
Navarre,  lient  tellement  aujourd'huy  mon  obéyssance  que  je  ne  puis  me  promettre 
le  moven  d'en  montrer  les  effetz  à  la  semonce  de  vos  commandemens,  puis  mesme 
que  pour  les  frais  de  mon  voyage  sur  ce  quy  me  reste  de  biens,  je  n'ay  peu  trouver 
troys  ou  quatre  mille  écus,  à  cause  de  la  rareté  d'argent  quy  est  en  tous  ces 
quartiers  de  deçà,  mesme  en  nostre  pays  de  Béarn.  11  est  bien  véritable,  Sire, 
que  le  feu  roy  m'avoit  fait  don  de  sept  mille  écus,  lequel  a  esté  vérifié,  ou  besoin 
a  esté,  et  recognu  bon  par  la  Majesté  de  la  royne  au  temps  de  sa  régence,  et  à 
mon  dernier  voyage  en  cour  pour  la  recognoissance  de  Votre  Magesté,  estant 
député  de  nostre  pays  de  Béarn.  Je  retire  assurance  d'en  estre  payé  par  les 
directeurs  de  vos  finances,  ce  quy  n'a  esté  fait.  S'il  vous  plaisoit,  Sire,  commander 
que  ce  don  fut  acquitté  à  mon  profict  sur  la  recepte  de  vostre  domaine  de 
Béarn,  qui,  toutes  charges  payées,  ceste  année  demeure  de  bon  à  Votre  Magesté 
environ  quatre-vingt  mille  livres,  ce  me  seroit  une  commodité  pour  aller  trouver 
Vostre  Magesté  en  toute  diligence,  pour  employer  près  vostre  personne  ma  vie 
et  moyens  :  et  pour  en  rendre  tesmoignage  assuré  à  Vostre  Magesté,  j'envoye 
deux  de  mes  enfants,  lesquels  je  nourris  continuellement  en  la  mesme  affection  et 
fidélité  de  vous  servir,  que  j'ay  toujours  eue  et  auray  jusque  au  tombeau,  priant 
l'Eternel  qu'en  toute  santé  et  prospérité  il  donne  à  Vostre  Majesté  longue  et 
heureuse  vie,  estant,  Sire,  vostre  très  humble,  très  obéissant  et  très  fidèle  subjet 
et  serviteur. 

«  De  Bénac  ce  quinziesme  janvier  161$  ».    i 


BÉN'AC. 


Les  enfants  de  Bernard  de  Montaut-Bénac  furent  : 

Philippe,  qui  suit  : 

Henri,  seigneur  de  Bassillon  et  de  Sanïac  ; 

Biaise,  maître  de  camp  du  régiment  de  Champagne,  se  trouva  à  la 
défaite  des  Anglais  à  l'Ile  de  Rhé  et  mourut  des  «  incommo- 
dités »  qu'il  souffrit  au  siège  de  la  Rochelle  ; 

N...,  seigneur  de  La  Roque  Navailles,  mort  en  l'île  de  Rhé, 
commandant  la  cavalerie; 

Bernard,  seigneur  de  Puntous,  mort  au  siège  de  la  Mothe  en 
1614,  commandant  le  régiment  de  Navailles  : 

N  .  . .  tué  au  siège  de  Saint-Jean-d'Angély  ; 

Jeanne,  mariée  à  Jean,  baron  de  Losse,  sénéchal  de  Bigorre  ; 

Corisande,  mariée  à  N . . .  de  Durfort,  seigneur  de  Castelbajac; 

Marguerite,  morte  sans  alliance. 

XIX.  —  Philippe,  sénéchal  et  gouverneur  de   Bigorre,  en  1636,  fut 
créé  duc  de  Lavedan,  pair  de  France,  par  brevet  du   1  2   mai  et  lettres 

1.   Bibliothèque  nationale,  Mélanges  de  Clairambaut,  volume  565,  folio  261:. 


'■)  2  LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

patentes  du  mois  de  décembre  1650.  Ces  lettres  ne  furent  point  enre- 
gistrées. 

Le  ",o  avril  163  =1 ,  Philippe  de  Montaut-Bénac  et  Judith  de  Gontaut 
vendent  à  Jean-Michel  de  Saint-Sevié,  abbé  de  Saint-Savin,  la  terre  et 
baronnie  de  Montaut  pour  la  somme  de  46,000  livres. 

De  son  mariage  avec  Judith  de  Gontaut-Saint-Geniez,  Philippe  eut 
treize  enfants  : 

Cyrus,  mort  sans  enfants  mâles,  reçut  le  16  février  1659,  par  lettres 
expédiées  de  Saint-Germain-en-Laye,  l'autorisation  de  l'établis- 
sement de  foires  et  de  marchés  dans  le  bourg  de  Bénac  ; 
Maximilien,  mort  avant  son  père,  baron  de  Saint-Geniez  ; 
Philippe,  duc  de  Montaut,  marquis  de  Bénac,  pair  et  maréchal  de 

France,  qui  suit  ; 
Jean,  vicomte  de  Tosel,  mort  sans  alliances. 
Henri,  seigneur  d'Audanne,  marquis  de  Saint-Geniès,  qui  suit  ; 
Bernard,  seigneur  de  La  Chapelle,  mort  avant  son  père  ; 
Jacqueline,  morte  jeune; 
Jeanne,  femme  de  Jean,  marquis  de  Losse  : 
Paule,  mariée  à  Louis,  marquis  de  Loubie  d'Incamps  ; 
Marie,  épouse  N...  de  La  Salle  de  Saint-Pé,   baron  de  Banque, 

gouverneur  de  Donchéry,  lieutenant  du  roi  à  Bayonne  ; 
Diane,  femme  de  René  de  Cordouan,  marquis  de  Langey  ; 
Perside.  prieure  des  religieuses  maltoises  à  Toulouse. 
Philippe  mourut  le  12  juillet  1654  «  jour  de  dimanche  à  10  heures  du 
matin.  Il  fut  couvert  de   pourpre   (petite   vérole)  ;  il   estet   senechal  de 
Bigorre  et  avet  le  brevet  de  duc  et  pair,   mais  il   navet   pas  prêté   le 
serment.  Il  estet  asgé  de   76  ans    faits.    Il  prit  la   maladie   à    Pau  aux 
Estats,  toute  la  ville  estant  infectée  de  pourpre   noir.    11  fut  enterré  le 
mesme  jour  à  4  heures  après  midy  à  l'esglize  de   Bénac,   dans  sa  cha- 
pelle sans  y  appeler   personne   de  condition,    comme  il  avet   ordonné 
avant  son  debcès  qu'il  voulet  estre  enterré  sans  nul  faste  ».* 

A  la  mort  de  son  mari,  Judith  de  Gontaut  fait  procéder  à  l'inventaire 
des  titres,  papiers,  meubles  et  autres  choses  délaissées  par  Philippe  de 
Montaut-Bénac.  Nous  donnerons  en  appendice  l'inventaire  des  meubles 
du  château  de  Bénac. 


le  la  !  !    orre,  t.  II,  p.  201 . 


Maréchal  de  navailles  ^  ; 

XX.  —  Philippe  fut  reçu  page  chez  le  cardinal  de  Richelieu  en  1631, 
à  l'âge  de  14  ans.  Instruit  par  le  célèbre  cardinal,  il  abjure  le  calvinisme. 
Il  parvint  ensuite  aux  premiers  grades  militaires  et  fut  toujours  très 
attaché  au  cardinal  Richelieu  et  au  cardinal  Mazarin.1  Duc  de  Mon- 
taut,  pair  et  maréchal  de  France,  chevalier  des  ordres  du  roi,  capitaine 
lieutenant  de  deux  cent  chevaux-légers  de  la  garde,  Philippe  fut 
successivement  enseigne,  capitaine  et  colonel  du  régiment  de  la 
Marine.  Il  alla  commander  l'armée  du  roi  en  Italie,  sous  le  duc  de 
Modène,  en  16)8,  en  qualité  de  capitaine  général;  l'année  suivante, 
après  la  mort  de  ce  prince,  il  la  commanda  en  chef  et  fut  aussi 
ambassadeur  extraordinaire  vers  les  princes  d'Italie.  Le  roi  le  nomma 
chevalier  de  ses  ordres,  à  la  promotion  de  l'année  1661,  et  général 
de  l'armée  auxiliaire  qu'il  envoya  en  Candie,  en  1669,  au  secours  des 
Vénitiens,  sous  le  duc  de  Beaufort.  Il  eut,  en  1673,  le  commandement 
général  des  troupes  qui  étaient  en  Lorraine,  Alsace,  Champagne  et 
Bourgogne,  avec  lesquelles  il  chassa  les  ennemis  de  cette  province,  où 
ils  avaient  pris  Beaune,  et  attaqué  le  faubourg  de  Dijon  ;  prit  Gray,  qui 
fut  l'ouverture  de  la  conquête  de  la  Franche-Comté,  en  1674.  La  même 
année,  il  servit  comme  lieutenant  général  sous  le  prince  de  Condé,  puis 
seul  avec  un  corps  d'armée  que  ce  prince  lui  donna  par  ordre  du  roi  ;  il 
se  trouva,  en  1674,  au  combat  de  Senef,  où  il  eut  le  commandement  de 
l'aile  gauche  de  l'armée;  il  fut  créé  maréchal  de  France  en  1 67 5 ,  et  fut 
envoyé  en  Catalogne  l'année  suivante  pour  prendre  le  commandement 
de  l'armée,  il  s'empara  de  Figuères,  en  1676,  battit,  en  1677,  une  partie 
des  troupes  commandées  par  le  comte  de  Monterey,  prit  Puycerda  en 
1678  et  servit  jusqu'à  la  paix,  conclue  à  Nimègue  la  même  année.  Il  fut 
nommé  gouverneur  de  la  personne  de  Philippe,  petit-fils  de  France, 
duc  de  Chartres,  au  mois  d'août  1683  et  mourut  subitement  à  Paris  le 
soir  du  <i  février  1684,  âgé  de  63  ans,  après  avoir  possédé  longtemps  le 
gouvernement  de  Bapaume,  quelque  temps  celui  du  Havre,  et  jusqu'à 
sa  mort  celui  de  La  Rochelle  et  pays  d'Aunis. 

La  femme  de  Philippe  de  Montaut-Bénac,  Suzanne  de  Beaudéan, 
était  première  dame  d'honneur  de  la  reine.  Ils  furent  disgraciés  tous  les 
deux  et  leurs  charges  données  pour  900,000  livres  par  ordre  du  roi.2 

1.  Feller,  F.-X.,  Biographie  universelle,  t.  VIII,  p.  458. 

2.  Madame  de  Motteville  raconte,  dans  ses  Mémoires,  avec  beaucoup  de  détails 
les  intrigues,  qui  amenèrent  la  disgrâce  du  duc  et  de  la  duchesse,  mais  n'en  donne 
pas  le  vrai  motif,  qui  fut  que  l'austère  piété  du  duc   et   de  la   duchesse  gênait  le 


^4  LE    BENAQUÈS    OU    BARONNIE    DE    BEXAC 

Sept  enfants  naquirent  du  mariage  de  Philippe  de  Montaut-Bénac 
—  qui  est  généralement  connu  sous  le  nom  de  maréchal  duc  de  Navail- 
les.  —  avec  Susanne  de  Beaudéan. 

Philippe  de  Montaut-Bénac,   mort   à   21    ans,  avant  son   père,   en 

1679  à  Perpignan,  au  retour  de  la  prise  de  Puycerda  ; 
Charlotte-Françoise-Radegonde,    abbesse   de    Sainte    Croix    de 

Poitiers  ; 
Françoise    de    Montaut,    troisième    femme    de   Charles    III    de 

Lorraine,  duc  d'Elbeuf,  pair  de  France; 
Gabrielle-Eléonore,    femme     d'Henri    d'Orléans,     marquis     de 

Rothelin,  qui  suit  ; 
Henriette,  religieuse  à  La  Valette  en  Angoumois,  puis  abbesse 

de  La  Saussaye,  près  Paris  ; 
Gabrielle,  femme  de  Léonard-Hélie  de    Pompadour,  marquis  de 

Laurière  ; 
Gabrielle,  la  jeune,  religieuse  Ursuline. 

En  1685,  la  somme  de  ^,000  livres  fut  donnée  au  nom  du  duc  de 
Navailles  par  la  maréchale,  pour  fonder  à  Tarbes  l'hôpital  des  jeunes 
pauvres,  de  ses  terres  en  Lavedan  et  en  Bigorre.  Il  demandait  qu'ils  y 
fussent  «  reçeus,  nourris,  entretenus  et  instruits  dans  la  religion 
catholique  apostolique  et  romaine,  et  encore  élevés  à  l'apprentissage 
es-mestiers  convenables  à  leur  estât  ». 

XXI.  —  Henri,  seigneur  d'Audanne,  marquis  de  Saint-Geniéz, 
cinquième  fils  de  Philippe  de  Montaut,  marquis  de  Bénac  et  duc  de 
Lavedan,  après  avoir  été  enseigne-colonel,  puis  capitaine  au  régiment 
de  la  Marine,  eut  un  régiment  d'infanterie  en  1 64^ ,  qui  fut  nommé  de 
Navailles,  parce  qu'alors  il  portait  le  nom  de  baron  de  Navailles.  Il  fut 
fait  maréchal  de  camp  en    1649,  et  obtint  du  roi   la   même   année  une 

roi  dansses  trop  criminelles  liaisons.  Mademoiselle  de  Montpensier  prétend  que 
le  duc  se  permit  d'en  faire  des  observations  à  Sa  Majesté  :  <>  Elle  le  trouva  très 
mauvais,  et  pour  en  dire  le  vrai,  il  falloit  être  d'un  autre  caractère  que  n'étoit 
M.  de  Navailles  pour  se  pouvoir  donner  cette  liberté.  »  Le  marquis  de  La  Fare 
est  plus  explicite;  il  raconte  que  la  comtesse  de  Soissons,  jalouse  de  mademoiselle 
de  La  Vallière,  lit  écrire  à  la  reine  par  M.  de  Vardes  une  lettre  en  espagnol, 
dans  laquelle  on  racontait  les  infidélités  du  roi.  Cette  lettre  lit  grand  bruit  :  «  de 
Vardes  adroitement  et  méchamment  détourna  le  soupçon  sur  madame  de  Navail- 
les, dame  d'honneur  de  la  reine,  dont  l'humeur  austère  avoit  depuis  peu  déplu 
au  roi,  lorsqu'elle  avoit  fait  griller  toutes  les  avenues  de  chez  lesfilles  de  la  reine, 
pour  l'empêcher  d'aller  voir  mademoiselle  de  La  Mothe-Argencourt,  pour  qui  il 
avait  eu  quelque  fantaisie.  [Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  111,  p.  16.) 


Les  elbeuf-bénac 


pension  de  3,000  livres.  Il  commanda  en  16^  1  à  Bapaume,  en  l'absence 
de  son  frère  qui  en  était  gouverneur,  fut  nommé  lieutenant  général 
des  armées  du  roi  en  16 ^4  et  servit  la  môme  année  dans  Philisbourg,  à 
Brisach  et  pays  adjacents.  Il  eut  l'honneur  d'aller  tenir  sur  les  fonts  de 
baptême  en  1656  le  prince  Louis  de  Bade,  au  nom  du  roi,  et  fit  ériger 
en  marquisat  la  terre  et  seigneurie  de  Saint  Gêniez  avec  celle  de  la 
Chapelle  par  lettres  patentes  du  roi,  données  à  Poitiers,  au  mois  d'août 
1659.  En  1661,  il  fut  tiré  du  commandement  de  Brisach  et  nommé 
gouverneur  de  Mariembourg.  Cette  place,  ayant  été  démolie,  il  eut  le 
commandement  de  Douai,  fut  fait  gouverneur  de  Saint  Orner  après  la 
prise  de  cette  ville,  le  22  avril  1677,  et  mourut  à  Paris  le  31  mars  168). 1 
Il  avait  eu  deux  fils  d'Anne  Drouart,  veuve  d'Anne  de  Maure,  capitaine 
dans  le  régiment  de  Navailles.  Il  fit  légitimer  ces  enfants,  par  lettres 
patentes  du  roi,  au  mois  d'avril  1678.  Ces  deux  enfants  furent  :  Louis- 
César  de  Montaut  de  Saint-Geniez,  qui  n'eut  que  deux  filles  de  son 
mariage  avec  Marie-Anne  Rolland  ;  et  Philippe-Alexandre  de  Montaut, 
abbé  commendataire  de  Notre-Dame  de  Bourepos,  diocèse  de 
Quimper. 

V 

Françoise  de  Montaut,  troisième  femme  de  Charles  III  de  Lorraine, 
duc  d'Elbeuf,  pair  de  France,  succéda  à  son  oncle  et  commença  la 
branche  des  Elbeuf-Bénac  qui  d'ailleurs  se  termine  avec  elle. 


Par  son  testament  du  4  juin  170!!,  Françoise  assura  à  l'hôpital  des  jeunes 
pauvres  500  livres  de  rente  constituée.  L'administration  de  l'hôpital  de  Tarbes 
a  fait  confectionner,  par  un  artiste  de  mérite,  une  plaque  en  cuivre  qui  a  été 
incrustée  au  mur  intérieur  de  la  chapelle  au-dessus  du  bénitier  de  gauche.  Voici 
cette  inscription  : 

«  L'an  1708,  le  4  juin,  par  très  illustre  princesse  dame  Françoise  de  Montaut- 
Bénac  de  Navailles,  vicomtesse  de  Lavedan,  marquise  de  Bénac,  de  Montgaillard 
et  d'Andrest,  veuve  de  très  illustre  prince  Charles  de  Lorraine,  duc  d'Elbeuf, 
pair  de  France,  gouverneur  lieutenant  général  de  Picardie,  d'Artois,  Boulogne, 
Haynaut,  etc.  etc. 


1.  Saint-Geniez  (Henri  de  Bénac,  seigneur  de)  est  un  garçon  qui  a  une  jambe 
de  bois  et  qui  est  de  plus  difforme.  Sa  véritable  jambe  n'est  point  coupée,  mais 
elle  lui  est  inutile,  et  du  pied  il  se  touche  quasi  le  derrière  ;  avec  cela  il  a  un  bras 
si  fort  collé  contre  le  corps  qu'il  ne  s'en  sert  quasi  point;  il  a  peu  d'esprit,  mais 
beaucoup  de  cœur.  (Tallemant  des  Réaux,  Historiettes  de  madame  de  Castelmoron, 
t.  XIII.  p,  182.) 


<J6  LE    BÉNAQUÈS    OU    BARONNIE   DE    BENAC 

A  été  constituée  et  assignée  à  l'hôpital  de  la  Clôture  de  Tarbes  la  rente 
annuelle  de  500  livres  à  la  charge  que  les  pauvres  de  ses  terres  y  seront  reçeus 
de  préférence  aux  autres,  nourris  et  instruits  dans  la  religion  catholique, 
apostolique  et  romaine,  et  des  métiers  convenables,  et  qu'il  sera  prié  Dieu  pour 
le  repos  de  son  âme  et  de  celle  de  Mgr  et  Mme  le  duc  et  la  duchesse  de 
Navailles.  (1)  » 

En  mourant,  Françoise  de  Montaut  institua  pour  son  héritier  le  fils 
de  sa  sœur  Gabrielle-Eléonore,  femme  d'Henri  d'Orléans,  marquis  de 
Rothelin.2  C'était  Alexandre  d'Orléans,  qui  suit. 


VI 

XXIII.  —  Alexandre  d'Orléans,3  marquis  de  Rothelin,  vicomte  de 
Lavedan,  marquis  de  Bénac,  seigneur  d'Andrest  et  Montgaillard,  né  le 
1 7  mars  1688,  fut  sous-lieutenant  des  chevaux  légers  de  Berry,  capitaine 
au  régiment  d'Artois,  guidon  des  gendarmes  écossais  ;  il  servit  en 
qualité  de  volontaire  en  1710  lorsque  les  alliés  assiégeaient  Aire  en 
Artois.  Il  fut  blessé  dans  une  sortie  et  eut  la  cuisse  fracassée  d'un  coup 
de  feu,  le  23  septembre  1710,  ce  qui  le  fit  rester  prisonnier  de  guerre. 

1.  Curie-Lassus.  Charité  dans  la  Bigorre,  p.  102. 

2.  Henri  d'Orléans,  marquis  de  Rothelin,  comte  de  Mouey,  baron  de  Varen- 
guebec,  premier  guidon  des  gendarmes  de  la  garde  du  roi,  né  le  13  avril  1655, 
mourut  des  blessures  qu'il  reçut  au  combat  de  Leuze,  le  19  septembre  1691. 

5.  Alexandre  avait  un  frère,  Charles  d'Orléans,  prêtre,  docteur  en  théologie  de 
la  faculté  de  Paris.  11  était  né  en  cette  dernière  ville  en  1691.  11  accompagna 
le  cardinal  de  Polignac  à  Rome  et  visita  les  principales  villes  d'Italie.  Son  goût 
pour  les  antiquités  et  pour  la  littérature  lui  lit  rassembler  un  riche  cabinet  de 
médailles  antiques,  et  former  une  nombreuse  bibliothèque.  11  sacrifia  tout,  même 
les  prélatures  qui  lui  furent  offertes,  au  plaisir  de  cultiver  les  lettres  en  paix.  Les 
langues  vivantes  et  les  langues  mortes  lui  étaient  familières.  Cet  illustre  littérateur 
mourut  en  1744,  dans  sa  <,ie  année.  Il  était  de  l'académie  française  et  membre 
honoraire  de  celle  des  Inscriptions.  Le  cardinal  de  Polignac  lui  ayant  laissé  en 
mourant  son  Anti  Lucrèce  encore  imparfait,  l'abbé  de  Rothelin  le  mit  dans  l'état 
où  nous  le  voyons,  et  le  fit  paraître  avec  une  préface  d'une  latinité  riche  et  harmo- 
nieuse, digne  de  l'ouvrage  auquel  elle  sert  d'introduction.  Le  catalogue  de  sa  riche 
bibliothèque,  dressé  par  Gabriel  Martin,  est  un  des  plus  recherchés  par  les 
bibliographes.  Il  a  laissé  plusieurs  manuscrits  sur  la  théologie,  une  suite  de  disser- 
tations sur  les  différends  entre  l'église  grecque  et  l'église  latine  aussi  en  manuscrit 
et  a  publié  :  Observations  et  détails  sur  la  collection  des  grands  et  petits  voyages,  Paris, 
1742,  in-8"  de  42  pages,  et  1768,  dans  la  Méthode  pour  étudier  la  géographie  de  Len- 
glet-Dufrcsnoy,  t.  I,  p.  524,  561  ;  l'Eloge  de  Rothelin,  par  Frérct,  se  trouve  dans  le 
tome  XVIII  du  recueil  de  l'académie  des  Inscriptions.  (Feller,  F.-X.,  Biographie 
universelle,  t.  XI,  p.  125.) 


LÈS    ROHAN-BÉNAC  ^ 


II  fut  fait  brigadier  des  armées  du  roi,  le  Ier  février  17 19.  Il  fut  marié 
avec  dispense,  le  29  juillet  1716  avec  Marie-Philippe-Henriette,  fille  de 
Charles  Martel,  comte  de  Clère  et  de  Suzanne  d'Orléans-Rothelin, 
sa  nièce,  qui  mourut  le  }  février  1728  sans  enfants.  En  juin  1759,  il 
épousait  en  secondes  noces  Marie-Catherine-Dorothée  de  Ronche- 
rolles,  née  le  27  septembre  1707,  veuve  de  François  de  Rivoire, 
marquis  de  Palacs,  mort  le  11  juin  1737. * 

Du  second  lit  vinrent  :  i°  Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée, 
née  le  }  février  1744,  mariée,  le  24  mai  1762,  à  Charles-Jules-Arnaud, 
prince  de  Rohan-Rochefort,  né  le  29  août  1729  ;  2"  Françoise 
Dorothée,  née  le  28  septembre  1 7  =,  2 . 


VII 


XXIV.  —  Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée,  mariée  à  son 
Altesse  Monseigneur  Charles-Jules-Arnaud,  prince  de  Rohan-Roche- 
fort, lieutenant-général  des  armées  du  roi,  gouverneur  des  villes  et 
citadelles  de  Nîmes  et  de  Saint-Hippolyte. 

Le  bonheur,  que  donnent  une  alliance  princière,  des  richesses 
immenses  et  des  honneurs  de  toute  sorte,  fut  troublé  par  la  Révolution 
de  1789.  Pour  sauver  sa  tète,  le  prince  de  Rohan-Rochefort  émigra  en 
Autriche  et  s'établit  à  Vienne.  Là  se  trouvent  encore  les  princes  de 
Rohan-Rochefort.  Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée  resta  en 
France  ;  elle  demanda  et  obtint  du  pouvoir  révolutionnaire  son  divorce 
avec  le  prince.2 

Voici  le  signalement  de  la  princesse  tel  que  nous  le  fournit  un  certi- 
ficat de  présence  donné  par  le  maire  et  officiers  municipaux  de  la  com- 
mune des  Granges-Leroy,  le  24  octobre  1792.  «  La  citoyenne  Marie- 
Henriette-Charlotte-Dorothée  de  Rothelin  de  Rohan-Rochefort,  âgée 
de  quarante-huit  ans,  taille  de  quatre  pieds  trois  pouces,  cheveux  et 
sourcils  châtains,  yeux  bleus,   nez  aquilon,    bouche   moyenne,   menton 


1.  Lachenaye-Desbois  (1872),  t.  XVII,  p.  740.  —  Communication  de  M.  Cazau- 
ran,  archiviste  du  Grand-Séminaire  d'Auch. 

2.  Le  divorce  était  alors  souvent  demandé  par  les  femmes  des  émigrés  comme 
un  moyen  de  sauvegarder  leurs  propres  biens.  Inutile  de  dire  que  c'était  à  leurs 
yeux  une  mesure  temporaire,  motivée  par  la  cruelle  nécessité  de  ces  temps  trou- 
blés. 


i)8  LE  BÉNAQUÈS  OU  BARONNIË  DE  BENAC 


rond,  front  large,  visage  oval.  A  habité  la  cidevant  abaye    de  Loueye, 
dépendant  de  notre  communauté  depuis  le  vingt-huit  juin  dernier..  .  *   » 

La  dame  de  Rohan-Rochefort  a  vu  tous  ses  biens  mis  sous  séquestre 
par  la  nation  ;  elle  demande  la  main-levée.  «  Le  7  germinal  an  III  (27 
mars  179)),  Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée,  femme  divorcée  du 
prince  de  ^Rohan-Rochefort...  traduite  des  différentes  maisons  de  déten- 
tion devant  l'ancien  comité  de  Sûreté  générale...  Ses  possessions  dévas- 
tées, une  grande  partie  de  ses  forets  détruites,  ses  moulins  incendiés, 
les  meubles  de  ses  maisons  vendus...  n'ayant  rien  perçu  de  ses  revenus 
depuis  quatre  à  cinq  ans. .  .  Que  la  nation  française  toujours  grande  et 
généreuse,  éternellement  juste  et  bienfaisante  est  certainement  bien 
éloignée  de  vouloir  s'approprier  la  jouissance  des  biens  qui  sont  propres 
et  particuliers  à  la  pétitionnaire.. .  demande  la  main  levée  d'iceux.  . . 
Et  fairez  justice.1  /> 

Le  gouvernement  fit  droit  à  sa  demande  ;  elle  rentra  en  possession 
d'une  grande  partie  de  ses  biens. 

«  Le  17  fructidor  an  V  (3  septembre  1797),  Marie-Henriette-Char- 
lotte-Dorothée Rothelin  habitait  la  commune  de  Dourdan.2  Elle  affer- 
mait, à  cette  date,  ses  terres  de  Bénac  pour  neuf  ans,  au  citoyen 
Dominique  Duboé-Bouzicou,  de  Bénac,  pour  la  somme  de  1,200  livres 
en  numéraire  métallique.3 

Le  3  thermidor  an  X  (22  août  1802),  les  biens  de  la  princesse  divor- 
cée étaient  mis,  sur  son  ordre,  en  vente  dans  le  Bénaqués;  cela  ressort 
d'une  lettre  d'Etienne  Dutilh,  homme  de  loi  et  notaire  public  de 
Tarbes,  procureur  fondé  de  la  dame  de  Rothelin.  Il  écrit  de  Paris  à 
Duboé-Bouzicou:  «  Vous  pouvez  voir  et  apprendre  que  les  biens  de 
madame  de  Rohan  sont  affichés  dans  les  lieux  où  elle  a  des  propriétés 
en  Bigorre  ;  mais  que  cela  ne  vous  étonne  pas,  tout  étant  arrangé  et 
vendu  de  manière  qu'il  ne  lui  reste  plus  de  propriétés  dans  ce  pays.  — 
Le  nouveau  maître  sort  de  chez  moi,  et  nous  avons  souvent  causé 
ensemble  de  toutes  ces  affaires.  —  S'il  vous  en  est  parlé,  vous  pourrez 
dire  que  je  suis  plus  dans  sa  confiance  que  je  l'étois  dans  la  maison  de 
Rohan,  et  que  c'étoit  un  des  meilleurs  amis  et  camarades  de  mon  frère, 

1.  Archives  des  Hautes-Pyrénées,  série  Qiv,  dossier  Rothelin. 

2.  Chef-lieu  de  canton,  arrondissement  de  Rambouillet,  département  de  Seine- 
et-Oise. 

3.  Cazabonne.  (Etude  Candellé  à  Ossun.) 


LES    BENAC    D  AUTRICHE  '->) 


le  général,  et  qu'il  est  général  lui-même.  —  Au  reste,  j'apprends  en  ce 
moment  que  le  prince  rentre  en  France,  comme  amnistié;  je  voudrais  bien 
qu'il  fut  rendu  à  Paris  avant  mon  départ,  p  m  ravoir  le  plaisir  de  le  voir.1  » 

Etienne-Marie  Paisselier  acquérait  tous  les  biens  de  Rohan-Roche- 
fort  situés  en  Bigorre  en  idoî,  vendus  une  première  fois  à  Landrieux. 
Paisselier  possédait  encore  ces  biens  en  1810. 

La  princesse  de  Rohan-Rochefort  ne  fut  donc  point  décapitée  en 
1794,  comme  le  prétend  Feller.  Voici  ce  que  dit  l'auteur  de  la  Biogra- 
phie universelle  :  «  La  princesse  de  Rohan-Rochefort  fut  accusée 
d'avoir  tramé  une  conspiration  avec  Bertrand  de  Molleville,  et  décrétée 
le  9  novembre  1792.  Cette  accusation  était  d'autant  plus  mal  fondée 
que  madame  de  Rohan  était  sujette  à  des  aliénations  mentales,  pendant 
une  grande  partie  de  l'année.  Tallien  et  Chabot  lui-même  réclamèrent 
pour  cette  raison  en  sa  faveur;  elle  fut  néanmoins  mise  en  jugement. 
Les  juges  s'étant  aperçus  de  l'impossibilité  physique  où  elle  se  trouvait 
de  conspirer  contre  la  République,  la  renvoyèrent  absoute  en  1793  ; 
mais,  l'année  suivante,  on  l'accusa  de  nouveau  comme  complice  de 
Ladmiral,  assassin  de  Collot  d'Herbois.  Traduite  devant  le  tribunal 
révolutionnaire,  elle  y  fut  condamnée  à  mort,  le  14  juin  1794  :  elle  périt 
trois  jours  après  avec  un  de  ses  fils,  âgé  de  24  ans,  également  accusé 
de  conspiration  et  de  l'assassinat  de  Collot  d'Herbois;  il  fut,  ainsi  que 
sa  mère,  conduit  à  l'échafaud  avec  une  chemise  rouge.  Son  autre  fils, 
qui  avait  émigré  au  commencement  de  nos  troubles,  entra  imprudem- 
ment en  France  et  fut  arrêté  en  1794  a  Grenoble,  où  il  fut  livré  à  une 
commission  militaire  qui  le  condamna  à  être  fusillé.2  » 

Voilà,  en  traits  rapides,  l'histoire  des  seigneurs  de  Bénac.  Beaucoup 
de  grandes  familles  de  nos  jours  seraient  fières  d'avoir  dans  leur  actif 
une  généalogie  aussi  riche.  Les  Bénac  se  sont  alliés  avec  les  anciennes 
maisons  de  la  Bigorre  et  quelques  illustres  races  françaises  :  Lavedan, 
Montaut,  Miramont,  Bazillac,  Coarraze,  La  Roche-Fontenille,  Andoins, 
Caumont-Berbiguière,  Gontaut  Saint-Geniez,  Navailles,  Beaudéan, 
Orléans-Rothelin,  Rohan-Rochefort.  Comme  aussi  nous  voyons  les 
puinés  s'unir  aux  Cadaillan,  aux  Ossun,  aux  Lomagne-Fimarcon,  aux 
Benque,  aux  Lescure,  aux  Saint-Sevié,  aux  Lorières,  aux  Elbeuf. 


1.  Archives  Duboé-Bouzicou,  à  Bénac. 

2.  Feller  (F.-X.)  Biographie  universelle,  t.  XI,  p.  7;. 


6o  LE  BKNAQUÉS  OU  BARONME  DE  BÉNAC 


VI.  —  SEIGNEURIE  DE  LANNES 


Bénac-Lannes.  Mantesquiou-Lannes.  Barèges-Lannes.    Ossun- 
Lannes.  —  Terres  et  revenus  de  Ici  seigneurie. 


I 


I.  —  La  seigneurie  de  Lannes  fut  l'apanage  d'un  puîné  de  la  maison 
de  Bénac,  qui  dut  recevoir  cette  terre  postérieurement  à  1300,  puisque 
l'enquête  sur  les  revenus  du  comté  de  Bigorre  ne  le  mentionne  pas  ; 
et  antérieurement  à  1350.  En  effet,  Raymond-Arnaud,  seigneur  de 
Lannes,  rendit  hommage  au  seigneur  de  Bénac,  le  20  septembre  1550. 

Raymond-Arnaud  est  également  cité  dans  un  acte,  sans  date,  analysé 
par  Larcher  :  «  Bourguine  de  Barèges,  dame  d'Ossun,  expose  dans  un 
dire  par  écrit,  qu'autrefois  vivoit  strenuus  miles  Manaud  de  Bénac, 
seigneur  de  Bénac  ;  qu'il  eut  trois  fils  :  Bour,  Guilhem-Arnaud  et  noble 
et  poderos  Raymond-Arnaud,  cavaler;  il  eut  pour  apanage  la  seigneurie 
de  Lane  ".' 

Raymond  Arnaud  épousa  Auxiette  de  Laas,  dame  de  Castéra,  et  en 
eut  trois  enfants  :  Verdot,  qui  mourut  sans  postérité;  Manaud,  qui 
suit  ;  et  Raymond-Arnaud. 

En  quoi  consistait  la  seigneurie  de  Lannes  ?  Etait-ce  simplement  une 
terre,  donnée  au  cadet  de  Bénac  ?...  Une  chose  certaine,  c'est  que 
Raymond-Arnaud  fait  appel  aux  hommes  de  bonne  volonté  ;  il  veut  que 
ses  sujets  soient  nombreux;  pour  obtenir  ce  résultat,  il  offre,  en  don, 
gratuit,  une  partie  de  ses  terres,  au  quartier  de  la  Sale.  Ses  tenanciers 
pourront  ainsi  bâtir  pour  leur  usage  :  une  maison,  qui  leur  servira  de 
logement  pour  eux  et  leurs  compagnes,  où  ils  pourront  aussi  remiser 
leur  grain  ;  une  grange  pour  leurs  bestiaux,  les  fourrages  et  les  outils 
de  labour.  Il  impose  une  condition  :  que  toutes  ces  bâtisses  soient  en 
bon  état  de  solidité  et  de  propreté.  Il  jure  sur  les  Saints  Evangiles  en 
son  nom  et  au  nom  de  ses  héritiers  présents  et  futurs  de   ne  jamais 

1.  Larcher  (J.-B.)  Glanages,  t.  III,  p.  161. 


MANAUD    DE   BÉNAC  ÔI 


retirer  la  donation  qu'il  vient  de  faire.  Cet  acte  fut  passé  à  Lannes,  le 
lundi,  fête  de  la  conversion  de  St  Paul  (25  janvier),  l'an  du  Seigneur 
1 J77  ;  Charles,  étant  roi  de  France  et  seigneur  de  Bigorre,  et  Gailhard, 
évêque  de  Tarbes.1 

IL  —  Manaud  de  Bénac  eut  pour  femme  Constance  de  Castelbajac, 
fille  d'Arnaud-Raymond,  seigneur  de  Castelbajac  et  de  Gaulionde  de 
Jussan.  De  ce  mariage  naquirent  trois  enfants  :  Manaud,  Marguerite, 
qui  suit,  et  Anglèse. 

Manaud  II  de  Bénac,  héritier  de  Verdot  de  Bénac,  son  oncle 
paternel,  et  de  Bernard  de  Castelbajac,  chevalier,  son  oncle  maternel, 
assassiné  à  Paris,  fut  obligé  de  vendre  la  terre  de  Bouilh  «  pour  obéir 
à  un  arrêt  du  Parlement  de  Paris.  Cet  arrêt  portait  que  les  héritiers 
de  l'assassiné  payeraient  la  somme  de  1,200  livres  pour  fournir  à  la 
poursuite  du  meurtrier.  Les  tuteurs  du  pupille  étaient  noble  et  puissant 
seigneur  Bernard  de  Castelbajac,  seigneur  de  ce  lieu,  et  Manaud  de 
Bénac,  seigneur  de  Lana  ;  ils  avaient  été  nommés  par  le  lieutenant 
du  Sénéchal  de  Bigorre,  le  29  mai  140^,  Chrétien  étant  évêque  de 
Tarbes,  en  présence  de  noble  Jean  d'Ozon.  Il  est  dit  dans  cet  acte 
que  Manaud  de  Bénac  était  père  du  pupille,  que  Bernard  de  Castel- 
bajac était  neveu  de  celui  qui  avait  été  assassiné  et  que  feue  dame 
Constance  de  Castelbajac,  mère  du  pupille,  était  sœur  de  ce  même  feu 
Bernard.  La  terre  de  Bouilh  fut  vendue  le  15  mai  1408  pour  200 
florins  d'Aragon  à  Jean  de  La  Lanne,  bachelier  en  droit,  avocat  du  roi 
en  la  sénéchaussée  de  Bigorre,  lieutenant  de  Bridamor  de  Aula, 
chevalier,  sénéchal  de  Bigorre,  le  même  qui  avait  nommé  les  tuteurs  un 
1405.  »2 

La  mise  en  possession  de  la  terre  de  Bouilh  pour  Jean  de  La  Lanne 
par  Menaud  de  Bénac,  écrite  en  latin,  se  trouve  reproduite  en  entier 
dans  le  Glanage,  de  Larcher.  Les  amateurs  d'histoire  pourront  la  lire 
avec  intérêt.3 

Manaud  II  mourut  sans  alliance  ou  postérité,  apparemment  avant  son 
père,  puisque  celui-ci  institua  Marguerite  son  héritière  avec  substitution 
en  faveur  d'Anglèse. 

1.  Larcher  (J.-B.),  Glanages,  t.  III,  p.  161. 

2.  Larcher   J.-B.  ,  Dictionnaire  généalogique,  lettre  B.,  folio  2. 
;.  Larcher   J.-B.)  Glanage,  t.  I.  p.  15?, 


62  LE    BÉNAOUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


I  I 


III.  ■ —  Marguerite  de  Bénac  fut  mariée  deux  fois  et  n'eut  point 
d'enfants  de  ses  deux  engagements.  Le  premier  mari  fut  noble  Bertrand 
de  Bécans  ;  le  second,  Bertrand  de  Montesquiou  en  Anglez,  qu'elle  fit 
héritier  par  son  testament  du  18  juillet  1428. 

((  Le  10  avril  1425,  acte  passé  à  Bazian,  par  lequel  noble  seigneur 
Bertrand  de  Montesquiou,  chevalier,  fils  de  messire  Ayssieu  de 
Montesquiou,  seigneur  dudit  lieu  et  de  Lauraët  et  noble  dame 
Marguerite,  sa  future  épouse,  fille  de  messire  Manaud  de  Bénac, 
seigneur  de  Lane  et  de  Saint-Luc,  au  comté  de  Bigorre,  réparent  deux 
omissions  faites  dans  leur  contrat  de  mariage.1  » 

Voici  les  clauses  à  ajouter  à  leur  contrat  de  mariage.  «  Il  a  été 
convenu  que  si  ledit  Bertrand  décédait  sans  enfants  du  présent  mariage 
et  que  ladite  Marguerite  lui  survive  ;  de  même  que  ledit  Manaud  à 
ladite  Marguerite  et  qu'Ayssieu  de  Montesquiou,  père  dudit  Bertrand, 
fut  mort  ;  dans  ce  cas  ladite  Marguerite  tiendra  et  possédera  le  lieu  et 
baronnie  de  Lauraët  avec  ses  appartenances  et  dépendances  pendant 
sa  vie,  sans  reddition  de  comptes  et  vivant  viduellement. 

Item  a  été  convenu  que  si  ladite  Marguerite  décédoit  sans  enfants, 
du  présent  mariage,  ledit  Bertrand  lui  survivant,  étant  les  biens 
meubles  et  immeubles,  présents  et  à  venir  appartenant  à  la  dite 
Marguerite,  reviendront  audit  Bertrand  de  plein  droit,  sans  aucune 
contradiction.  Ledit  acte  retenu  par  Villeneuve,  notaire  de  Riguepeu  ».- 

Marguerite  devait  cinquante  et  un  écus  d'or  à  trois  hommes  de 
Castéra  :  Pierre  et  Jean  de  Lamonta  et  Bernard  Dabat  (de  Abbate)  ; 
Gaillard  de  Castelbajac,  damoiseau,  habitant  de  Saint-Luc,  prend  cette 
dette  pour  son  compte  et  se  rend  responsable  auprès  des  créanciers. 
L'acte  fut  passé  à  Castéra,  le  2  janvier  1440.3 

Marguerite  mourut  peu  de  temps  après.  Bertrand  de  Montesquiou, 
son  mari,  institué  par  contrat   de  mariage  son  héritier,  voulut  maintenir 

1.  Revue  Je  Gascogne,  t.  XXXIV.  p.  jo8. 

2.  Chartier  du  Grand  Séminaire  d'Auch,   n°  j ,  1 18. 
1.   Larcher   J.-B.),  Glanage,  t.  III.  p.  [59. 


MONTF.SQUIOU-LANNES  63 


ses  droits  sur  la  succession  de  sa  femme.  Mais  les  enfants  d'Anglèse 
viennent  à  leur  tour  réclamer  un  héritage  qui  devait  leur  revenir. 
L'affaire  fut  portée  devant  le  sénéchal  de  Bigorre. 

<(  Bertrand  de  Montesquiou  dit  qu'il  avoit  été  dépossédé  par  force 
durant  son  absence  par  Bourguine  de  Barèges,  fille  d'Anglèse  de 
Bénac  ;  qu'il  étoit  au  service  du  roi  avec  M.  le  Dauphin  et  autres 
seigneurs  contre  les  Anglais  à  Tartas  ;  qu'il  accompagna  Sa  Magesté 
partout  où  elle  alla  en  Gascogne  ;  qu'il  se  trouva  au  siège  de  Dax  ; 
que  sa  femme  mourut  alors  ;  mais  que  ne  pouvant  pas  quitter  le 
service,  il  fit  procuration  à  Barthélémy,  son  frère  ;  que  Jean,  seigneur 
d'Ossun,  à  la  tète  de  quelques  gens  d'armes  et  de  traits,  s'empara  par 
violence  de  Saint-Luc,  du  Castéra,  de  Larme  et  de  Locrup.1  » 

Voici  la  réponse  du  sénéchal  de  Bigorre  : 

Lettres  du  sénéchal  de  Bigorre  contre  Bernard  de  Montesquiou  au 
sujet  de  Lannes,  Saint-Luc,  Castéra  et  Loucrup. 

.  .  .  Comme  noble  Bertrand  Montesquiou,  chevalier,  affirme  être 
l'héritier  de  Marguerite,  quand  vivait  son  épouse,  dame  de  Larme, 
Castéra  et  Saint- Luc.  Sous  le  couvert  de  quelques  lettres  royales  par  lui 
demandées  et  obtenues,  comme  il  l'atteste,  Bertrand  de  Montesquiou 
aurait  avant  l'insinuation  en  notre  cour,  et  contre  tout  droit,  pris 
possession  de  ces  terres  par  la  force  armée,  et  cela  au  mépris  de  notre 
juridiction  et  au  grand  détriment  de  noble  Bourguine  de  Bareges,  qui 
possédait  en  toute  tranquillité  les  lieux  de  Lanne  et  Castéra,  la  chassant 
ainsi  de  son  bien  ;  nous-même,  voulant  défendre  'es  sujets  de  notre 
seigneur  Comte,  selon  notre  devoir,  et  pour  que  les  parties  n'en  viennent 
point  aux  armes,  nous  vous  mandons  à  vous  et  à  chacun  de  vos  officiers, 
vous  mettant  en  notre  place,  que  vous  mandiez  et  enjoigniez  audit  noble 
Bertrand  de  Montesquiou,  sous  peine  de  cent  marcs  (marcharum) 
d'argent  applicables  au  fisc,  devant  être  prélevées  sur  ses  biens  propres  ; 
qu'il  ait  au  vu  des  présentes  et  sans  délai  à  évacuer  lesdits  lieux 
réellement  et  de  fait,  levant  tout  empêchement.  En  outre  vous  vous 
rendrez  en  personne  sur  lesdits  lieux  et  en  chasserez  toute  personne  qui 
les  occuperait  ou  les  détiendrait  d'une  manière  illicite,  leur  enjoignant 
sous  les  peines  ci-dessus  qu'ils  aient  à  évacuer  ces  lieux  ;  nous  prenons 
en  mains  le  maintien  du  droit,  mandant  à  tous  les  officiers  de  justice 
soumis  à  notre  Seigneur  Comte  de  vous  prêter  main  forte,  conseil  et 
faveur,  parce  que  nous  voulons  qu'il  en  soit  ainsi.  Donné  à  Tarbes  le 
13  avril,  l'an  du  Seigneur  1443.  Par  exprès  mandement  de  notre 
seigneur  sénéchal. 

Guilhaume  de  Colomeriis.2 

1.  Larchcr   J.-B    ,  Glanage,  t.  X.  p.  122. 

2.  Larcher  (J.-B.),  Glanage,  t.  III,  p.  159,  donne  cette  sentence  dans  son  texte 
latin,  que  nous  traduisons,  ainsi  que  l'acte  subséquent  du  20  septembre  1442. 


64  LE  BÉNAQUES  OU  BARONNIE  DE  BÉNAC 

Le  testament  de  Marguerite  de  Bénac  fut  déclaré  nul  et  sans  effets, 
et  Bertrand  de  Montesquieu  fut  débouté  de  sa  demande.  Il  ne  pouvait 
pas  en  être  autrement  puisque  Manaud,  en  instituant  Marguerite  son 
héritière,  avait  réservé  la  succession  à  Anglèse,  dans  le  cas  où  sa  sœur 
aînée  mourrait  sans  enfants. 

III 

IV.  —  Anglèse  fut  mariée  à  Bernard  de  Barèges.  Ce  fut  Bourguine, 
sa  fille,  qui  hérita  de  ses  biens  de  Lannes,  Castéra,  Saint-Luc  et  Lou- 
crup.  Elle  fut  élevée,  comme  parente,  dans  la  maison  des  barons  de 
Bénac.    Anglèse  de  Bénac  mourut  en  1442. 

Après  la  mort  de  sa  mère,  Bourguine  de  Barèges  voulut  faire  dresser 
l'inventaire  de  tout  ce  qui  se  trouvait  dans  ses  terres  : 

Le  29  septembre  1442,  Bourguine  de  Barèges,  du  consentement  de 
Bernard  de  Barèges,  son  père,  qui  l'autorise  à  cet  effet,  de  son  plein 
gré,  a  fait,  constitué,  créé  et  même  ordonné  ses  vrais,  certains,  spéciaux 
et  généraux  et  indubitablement  établis  procureurs  et  gérants  de  toutes 
ses  affaires,  savoir  :  R.  P.  en  Jésus-Christ  M0  Ramond  Aymeric,  par 
la  grâce  de  Dieu  abbé  du  monastère  de  Saint- Pé  de  Générés  ;  messire 
Bernard  de  Barèges,  son  père  ;  encore  vénérables  et  discrètes  personnes 
Mc  Jean  de  Casa,  bachelier  es-lois,  Bertrand  de  Larca,  bachelier  en 
droit,  Mes  Arnaud  de  Larer,  Sanche  Castants,  Guilhaume  de  Colo- 
meriis,  Pierre  Calotti,  Arnaud  de  Baget,  notaires  à  Tarbes  ;  afin  que 
tous  puissent  continuer  ce  que  l'un  aura  commencé,  terminer  et  finir 
l'inventaire  de  tous  les  titres  et  biens  de  Lannes  et  autres  lieux 
provenant  de  la  succession  échue  à  sa  mère,  Anglèse  de  Bénac,  des 
biens  de  noble  Manaud  de  Bénac,  son  aïeul  maternel,  et  de  noble 
Marguerite  de  Bénac,  autrefois  dame  de  Lannes.  Fait  au  lieu  de 
Lannes,  le  pénultième  de  septembre  1442. ' 

IV 

V.  —  Bourguine  de  Barèges  se  maria  à  Roger  d'Ossun.  Ils  ne 
jouirent  pas  longtemps  en  paix  de  leurs  terres  de  Lannes  et  de  Loucrup. 
D'un  côté,  Bertrand  de  Montesquiou  faisait  toujours  valoir  ses  droits 
à  la  succession  de  sa  femme  Marguerite  ;  il  fallut  bien  lui  laisser,  par 
indivis,  la  moitié  des  terres  de  la  seigneurie  par  un  arrêt  du  mois  de 
mai  iqOi.  D'un  autre  côté,  le  seigneur  de  Bénac  exige  que  le  seigneur 

1.  Larcher  (J.-B.  .  Glanage,  t.  111.  p.  164. 


BARÈGES-LANNES  6< 


d'Ossun  lui  rende  hommage,  du  chef  de  sa  femme,  pour  les  terres  de 
Larmes  et  de  Loucrup.  Nous  allons  voir  se  dérouler  une  longue 
instance  entre  les  parties. 

«  Roger  d'Ossun  eut  grand  procès,  nous  dit  Larcher,  avec  Anesius 
de  Montant,  seigneur  de  Bénac,  qui  prétendoit  que  le  seigneur  d'Ossun 
étoit  son  hommager  à  cause  de  sa  terre  de  Lanne,  par  concession  du 
comte  de  Foix.  On  produisit  un  acte  de  1418  et  un  accord  passé  en 
1  )<i  1 .  entre  Jean  de  Montant,  seigneur  de  Bénac,  et  Manaud  de 
Bénac,  seigneur  de  Lanne  ;  dans  lequel  entra  Raymond  Arnaud  de 
Bénac,  neveu  de  Manaud,  et  fils  et  héritier  de  Raymond  de  Bénac.  Il 
fut  dit  dans  l'écrit,  que  vise  de  Bénac,  avoir  reçu  l'hommage  de 
Raymond-Arnaud  de  Bénac,  seigneur  de  Lanne;  et  qu'en  1442,  Bour- 
guine  de  Valletica,  dame  de  Lanne  et  de  Loucrup.  femme  de  Roger, 
avoit  rendu  hommage  à  Arnaud  de  Montaut,  seigneur  de  Bénac.1 

«  Dans  ce  procès,  Roger  d'Ossun  produisit  en  témoins  :  1"  Jean  de 
Foix,  vicomte  de  Lautrec  et  de  Les.cun,  baron  de  Barbazan,  du  sang 
royal  de  Navarre.  —  Aner  de  Montaut  opposoit  que  le  vicomte  de 
Lautrec  avoit  été  domestique  de  la  reine  de  Navarre.  —  Roger  répondit 
que  les  familiers  des  rois,  cardinaux  et  grands  ne  sont  pas  recusables 
pour  cela  ;  que  le  vicomte  de  Lautrec  étoit  parent  de  la  reine,  étant 
cousin  germain  de  Gaston,  père  de  cette  princesse. 

2"  Noble  Jean  de  Berc,  seigneur  de  Bernadets  ;  on  le  vouloit  récuser, 
parce  qu'il  étoit  trésorier  du  comté  de  Bigorre.  Il  fut  répondu  qu'il  ne 
devoit  rien  au  comte  de  Bigorre,  qu'ainsi  il  pouvoit  déposer,  quoique 
vassal  de  ce  prince,  ne  l'étant  pas  de  Roger  d'Ossun. 

30  Noble  Odet  de  Castelbajac,  seigneur  de  Lubret,  capitaine  du 
château  de  Rabastens  en  Bigorre. 

40  Noble  Bertrand  de  Castelbajac,  seigneur  de  Lagarde.  On  le  recu- 
soit  parce  qu'il  avoit  tué  en  place  publique  un  tailleur  nommé  Le  Bre- 
ton ;  qu'il  étoit  capitaine  de  la  salle  comtale  de  Tarbes,  château 
appartenant  à  la  reine  de  Navarre;  et  qu'il  avoit  marié  une  de  ses  filles 
avec  Pierre  Darré.  —  On  répondit  qu'il  avait  eu  sa  grâce  du  meurtre. 

5°  Pierre  de  Abbatia,  prêtre.  On  lui  opposoit  qu'il  avoit  eu  une 
concubine  focaria  millier  sive  merelrixet  qu'il  étoit  bâtard.  —  En  réponse 
on  disoit  :  sunt  injiniti  bastardi  viri  nobiles. 

6"  Noble  Dominique  de  Palati.  Puiir  soutenir  son  témoignage,  on 
assuroit  qu'il  avoit  toujours  vécu  noblement. 

Il  paroit  de  là  qu'on  opposoit  la  naissance  ou  la  mésalliance  aux 
témoins  dans  ces  sortes  d'enquête  et  qu'on  ne  regardoit  Pierre  Darré 
que  comme  un  roturier. 


1.  Larcher  (J.-B.),  Glanages,  t.  XX,  p.  325.  —  C'est  en  nous  fondant  sur  eet 
acte  que  nous  avons  cru  pouvoir  attribuer  un  troisième  fils  à  Raymond-Arnaud, 
premier  seigneur  de  Lannes.  Il  est  bon  de  remarquer  que  Valletica  est  la  forme 
latine  de  Barèges  et  qu'on  doit  lire  «  Bourguine  de  Barèges  »  comme  plus  loin 
Abbadie  pour  Abbatia;  Palats  pour  Palati;  Cazauvieilh  pour  Casaveteri  ;  Trélout 
pour  Triloti  ;  Faure  pour  Fabro;  Soulencère  pour  Solencerio. . . 


66  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


En  salvation  des  actes  remis  au  procès  par  Roger  d'Ossun,  dans  ce 
procès  qui  duroit  depuis  trente  six  ans,  il  observe  qu'en  i486,  noble 
Auger  d'Ossun,  son  père,  avoit  rendu  hommage  à  la  reine  de  Navarre, 
comtesse  de  Bigorre  ;  qu'Arnaud  Guillaume  de  Casaveteri,  notaire  et 
secrétaire  de  la  reine,  en  avoit  retenu  l'acte  qu'il  présentoit  ;  qu'au  mois 
de  mai  149^,  il  y  avoit  un  arrêt  qui  ordonnoit  que  les  lieux  de  Lanne  et 
Locrup  seroient  possédés  par  indivis  par  Bourguine  de  Bareges  et 
Bertrand  de  Montesquiou,  chevalier. 

Le  seigneur  de  Bénac,  qui  avoit  produit  la  généalogie  au  procès, 
alléguoit  que  le  10  octobre  1418,  Arnaud  de  Bénac,  seigneur  de 
Lanne  et  de  Locrup,  avoit  rend  a  hommage  au  seigneur  de  Bénac 
devant  Trilhoti.  notaire:  que  Raymond  Arnaud  de  Bazillac  étoit  fondé 
de  la  procuration  du  seigneur  de  Bénac;  que  Marguerite  et  Anglese  de 
Bénac  étoient  tilles  d'Arnaud  :  que  la  première  fut  mariée  dans  la  maison 
de  Montesquiou,  la  seconde  dans  celle  de  Vallétique  et  fut  mère  de 
Bourguine,  qui  rendit  hommage  en  1414  au  prédécesseur  du  seigneur 
de  Bénac.  Aner  étoit  frère  de  Roger. 

Le  seigneur  d'Ossun  répondit  :  que  le  onzième  avril  142O,  Manaud 
de  Bénac,  seigneur  de  Lanne,  avoit  rendu  hommage  à  Jean,  comte  de 
Foix  et  de  Bigorre,  dans  le  château  comtal  de  Tarbe  ;  que  le  même 
jour  Arnautorr,  seigneur  de  Bénac.  et  Bernard  de  Bazillac,  tuteur  dudit 
Arnauton,  fit  nommage  au  même  comte  pour  la  baronnie  de  Bénac; 
que  le  26  octobre  1450,  étant  à  Mazères  en  Foix,  messire  Bertrand  de 
Montesquiou,  chevalier,  mari  et  procureur  de  dame  Marguerite  de 
Bénac,  rendit  hommage  pour  Lanne  et  Locrup  devant  Pierre  de 
Fabro,  substitut  de  Pierre  Leussade,  notaire.1   » 


Roger  d'Ossun  perdit  son  procès  ;  il  fut  condamné  à  rendre 
hommau'e  au  baron  de  Bénac.  Mais  les  Ossun,  forts  de  leur  noblesse 
et  de  leur  puissance  féodale,  résistèrent  et  un  procès-verbal  d'exécution 
d'arrêt  au  sujet  de  Lanne  fut  dressé  contre  Roger  et  Pierre  d'Ossun. 


In  nomine  Domini.  Amen.  Noverinl  universi  quod  annoab  Incarnalione 
Domini  ;so«s'  et  die  quadam  martis  inlitulala  sive  computala  ullima  mensis 
octobris,  circa  horam  completorii,  christianissimo  principe  et  domino  noslro 
domino  Ludovico.  Dei  grat'a,  francorum  rege  régnante  ;  inclitis  que 
principibus  et  dominis  nostris  dominis  Johanne  cl  Caterlna,  eadem  gralia, 
rege  cl  regina  Navarrœ,  comitibus  Fuxi  cl  Bigorrœ  dominanlibus  :  Reve- 
rendo  in  Chrislo  paire  et  domino  Thoma,  miseralione  divina  Tarbiensi 
episcopo  existente,  in  remolis  causa  sludi  aclu  conlinuendi  agenle  :  apud 
urbem  Tarbiœ,  intra  domum  cpiscopalcm  existentes  cl  personnali'cr  cons- 
liluli  in  mei  notarii  pubUci,  testium  que  in/ra  scriplorum  ad  hœc  omnia 
spccialilcr  rocalorum,  prasentia  :  videlicet  nobilis  Peints  de  Ossuno, 
sculifer,  hœres  et  bona  tenens  nobil'.s  domicelLv  Borguinœ  de  Valletica, 


Larcher   .1.  I;.  ,  Glanage,  1.  X,  p.  12. 


OSSUN-LANNES  07 


quondam  domina  locorum  de  Lana  et  de  Locrupo  per  médium  Johannis 
en  marge  :  il  doit  y  avoir  Rogerii ;  filii  naturalis  et  legitimi  prœfatœ  Bor- 
guinœ  :  et  Laurentius  de  Somolon,  sculifer,  filius  naturalis  et  legitimus  ac 
hœres  pro  tertia  part:  ejusdem  Borguinœ  per  médium  nobilis  Calerinœ  de 
Ossuno.  tanquam  domini  cl  possessores  corumdem  locorum  de  Lana  cl  de 
Locrupo  pro  duabus  parlibus  de  tribus...   Procuration  contre  l'exécuteur 
de   l'arrêt   en  faveur  d'Arnaud-Guillem  d'Oussun,   prieur   de   S'e-Foy 
de  Morlas,  officiai  de  Tarbe  et  autres,  en  présence  de   noble   Ramonet 
de  Baseillac,  habitant  de  Pujo,  Jean  de  Barrio,  notaire  de  Tarbe,  étant 
le  détenteur.  .  .   Nous  requit  ledit    Routier  audit  nom   (du  seigneur  de 
Bénac),  disant  outre  que  ledit  Rougier  d'Aussun  et   ses  gens  s'étoient 
jactés  de  ne  obéir  audit  arrêt  et  le  montroient  bien  par  effet  :  car,  ainsi 
qu'il  disoit  depuis  la  prononciation  dudit  arrêt,  ledit  d'Aussun  avoit  fait 
abattre  un  pont  traversant  le  fossé  du  château   de    Lanne   et   par  lequel 
anciennement  on  avoit  accoutumé  entrer  dedans  ladite  place,  avoit  aussi 
fait  fermer  à  force  de  paulx  plantés  la  porte  principalle  et  en  icelle  avoit 
fait  faire  un  boulevart  à  grand  estaudy  en  façon  de  guerre  :   et  dedans 
ladite  place  avoit   mis  en   garnison  grand  nombre  de   laquais  armés  et 
embastonnés  de  divers  harnois  dont  les  aucuns. . .  étoient  tous  armés  à 
blanc.  .  .  et  incontinent  après  à  la  réquisition  dudit  Rougier  traversâmes 
le  fossé  de  ladite  place  pour  venir  aux  portes  d'icelle;   et  quand  fûmes 
auprès  desdites  portes  et  avec  nous  le  sénéchal  de   Bigorre,   heurtâmes 
à  icelles  et  demandâmes  l'ouverture  de  par  le  roy  par  trois  fois  à  haute 
vnix  ;  mais  personne  ne  nous  répondit,  dont   fîmes   plus  fort   heurter  et 
demander  ouverture  comme   dessus    dit    par  ledit  de   l'Ost,    sergent; 
auquel  semblablement  aucun  ne  répondit.  Par  quoy,  nous  dit  commis- 
saire fismes  commandement  à  haute  voix  par  devant   ladite  porte  audit 
Rogier  d'Aussun  à  la  peine  de  vingt  cinq  marcs   d'argent  au   roy   notre 
seigneur  à  appliquer  qu'il  eut  à  nous   faire  ouverture.    Et  sur  ce  point 
apparut  en  une  fenêtre  d'icelle  place   un   nommé    maître   Guillaume  de 
Solencerio,  prêtre,  ainsi  qu'il  nous  fut  illec  dit  par  les  assistants  et  avec 
ledit  de  Solencerio  étoit  ledit  Pierre  d'Aussun,  fils  dudit  Rogier.  Lequel 
de  Solencerio  nous  dit  et  répondit  quant   auxdits  commandements  que 
ledit  Rougier  d'Aussun  n'étoit  dans  icelle  place    et  qu'elle    appartenoit 
audit  Pierre  et  d'icelle  étoit   en  possession  et   saisime.    Et   lors  nous 
réitérâmes  lesdits  commandements  sur  la   peine  de  cinquante  marcs 
d'argent  audit  Rogier  d'Aussun,  parlant  à  la  personne  dudit  de   Solen- 
cerio; lequel  autre  fois  n  ius  répondit  comme  dessus  et  davantage,  que 
ledit   Pierre    d'Aussun    étoit   appelant    de    nous    et    sans   soy    désister 
d'icelle  appellation  et  adhérant  à  icelle  appelait  de  rechef  en  protestant 
des  attentats  et  innovats.  Quoy  par  nous  ouy,  et  toujours  parlant  audit 
de  Solencerio  fismes  encore  commandement  audit  Rogier  d'Aussun  à  la 
peine  de  cent  marcs  d'argent  à  appliquer  comme  dessus  qu'il  eut  à  nous 
faire  ouverture.  Et  adonc  ledit  Pierre  en  criant  nous  répondit  qu'il  étoit 
appelant  de  nous.  Par  quoi  de  rechief  fismes  commandement  de   cent 
marcs  d'or  et  d'être  repréhensibles  et  désobéissants  au   roy  et  à  la  cour 
de  parlement  de  Toulouse  de  nous  faire  ouverture  et  iceux  commande- 
ments sur  la  peine  que  dessus   de  cent  marcs  d'or  et    d'être    réputés 
rebelles  et  désobéissants,  réitérâmes  par  trois  fois  :  mais   ce  nonobstant 
ne  nous  fut  fait  aucune  ouverture  ni  autrement   obéi   auxdits   comman- 


68  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


déments.  A  cause  de  quoy  et  en  signe  de  rébellion  et  désobéissance, 
pour  éviter  plus  grand  esclandre  qu'il  s'en  fut  pu  ensuivre,  prismes  entre 
nos  mains  honorablement,  la  tête  découverte,  un  bâton  ou  masse  toute 
semée  de  /leurs  de  Us,  couverte  d'un  drap  de  soie  noire1  et  en  criant  et 
en  faisant  crier  par  tous  les  assistants  :  Vive  le  roy,  par  trois  fois, 
jettames  ladite  masse  dans  icelle  place  :  mais  incontinent  ceux  qui 
étoient  dedans  la  rejetterent  dehors  et  dedans  les  fossés  de  ladite  place 
tout  pleins  d'immondicités  et  buissons.  Donc,  de  ce  et  autres  rebellions 
dessus  dittes,  combien  que  lussent  toutes  notoires  et  patentes  faites  si 
escandaleusement,  en  présence  de  tant  de  gens  de  bien  illec  présents, 
ledit  Rougier  requit  de  surabondant  par  nous  réquisition  en  être  faite, 
attendu  mèmement,  que  en  grand  comptent  et  mépris  du  roy  et  de  ladite 
cour  de  parlement,  les  armes  d'iceluy  seigneur  avoient  été  hors  mises 
de  ladite  place  et  jettées  dans  ledit  fossé  si  irrévérentieusement,  quoy 
voyant  et  attendu  la  désobéissance,  rébellion  et  irrévérence  que  dessus, 
nousdit  commissaire  adjournames  Rogier  d'Aussun  et  personnes  d'iceux 
Pierre  d'Aussun,  son  fils,  et  de  Solencerio,  prêtre,  à  comparoir  person- 
nellement en  ladite  cour  de  parlement  au  huictième  jour  après  la 
prochaine  fête  de  Saint-Martin  d'hiver  pour  porter  honorablement  et 
réveremment  lesdites  armes  du  roy,  comme  dict  est,  jettées  dans  ledit 
fossé  et  illec  répondre  au  Procureur  Général  dudit  seigneur  à  cettes 
fins  et  conclusions  qu'il  voudrait  contre  ledit  Rogier  d'Aussun  et 
autres  coupables  desdits  excès,  prendre  et  élire  tels  procureurs  spéciaux 
et  généraux. . .- 


Nous  ignorons  la  suite  de  ce  procès.  Le  baron  d'Ossun  s'était  rendu 
rebelle,  en  résistant  aux  ordres  formels  du  roi. 

A  quelle  époque  la  seigneurie  de  Lannes  et  Loucrup,  passée  aux 
d'Ossun,  est-elle  revenue  aux  barons  de  Bénac  r  —  Nous  lisons  dans 
l'Inventaire  des  biens  et  titres  de  la  maison  de  Bénac,  dressé  par  l'ordre 
de  Judith  de  Gontaut,  dame  de  Saint-Geniez,  le  Ier  décembre  1 6=54. 

«  Plus  une  sentence  du  décret  du  sénéchal  de  Bigorre  du  17  septem- 
bre 1^72,  avec  six  autres  actes  concernant  les  achapts  et  rachapts  des 
terres  de  Locrupt  et  de  Lannes.3  » 

Ces  deux  terres  rentrèrent  dans  la  maison  de  Bénac  au  moins  en 
1  572,  peut-être  même  avant.  Il  est  certain  que  les  pourparlers  durèrent 


1.  La  masse  était  un  bâton  à  tête  d'or  ou  d'argent  qu'on  portait  par  honneur 
dans  certaines  cérémonies  devant  les  rois,  devant  les  chanceliers  de  France,  qui 
les  avaient  en  sautoir  derrière  l'écu  de  leurs  armes;  devant  le  recteur  et  les  quatre 
universités  de  Paris,  allant  en  procession,  et  enfin  devant  quelques  chapitres  et 
devant  les  cardinaux. 

2.  Larcher  (J.-B.),  Glanage,  t.  III,  p.  174. 

i.  Chartier  du  Grand  Séminaire  d'Auch,  n°  ;i;o. 


TERRES    ET    REVKM  S  <>0 


des  années,  nous  en  avons  pour  garant  les  six  pièces  dont  parle  l'Inven- 
taire, toutes  six  relatives  à  l'achat  et  au  rachat  de  ces  terres. 

Le  château  de  Larmes  a  dû  subir  le  sort  de  la  plupart  de  ses  pareils 
pendant  la  Révolution;  l'acquéreur  l'aura  démoli  pour  faire  argent  des 
matériaux,  pierres,  briques,  bois  de  charpente,  etc.  C'est  ce  qui  est 
arrivé  pour  la  grande  tour  de  Bénac. 

Les  anciens  du  village  se  souviennent  d'avoir  joué,  pendant  leur  jeu- 
nesse, dans  les  ruines  du  château.  On  voit  encore  des  traces  des  fossés. 


V 


Il  nous  reste  à  savoir  quelles  étaient  les  propriétés  du  seigneur  de 
Bénac  à  Larmes  et  quelle  en  était  la  valeur  ?. . ,  Nous  trouvons  dans  le 
livre  terrier  de  Larmes,  antérieur  à  l'arrivée  du  prince  de  Rohan- 
Rochefort,  l'énumération  des  terres  formant  la  seigneurie  de  Lannes. 


Monseigneur  le  marquis  de  Rothlin  possède  au  terroir  de  Lannes  et 
parsan  de  Quidarré,  une  pièce  de  terre  labourable  confronte  d'orient  à 
terre  de  Priou,  Marcayoux,  Palussaet  Métarié  ;  midy  de  Lajouanne, 
Hourcade  et  Abadie  ;  occident  Pébarat,  terre  commune  et  Abadie  ; 
septentrion  de  Priou,  Redebat,  Baquarat  et  Campet  ;  de  contenance 
de  quarante  six  journaux  et  demy. 

Autre  pièce  labourable  et  pred,  parsan  d'Aribet,  confronte  d'orient 
à  terre  de  Bordenave  de  Louey  ;  midy  chemin  public  ;  occident  terre 
commune  ;  septentrion  Abadie,  Estieu,  Cazaux  de  Louey;  de  conte- 
nance de  six  journaux  et  demy  et  demy  quart. 

Autre  pièce  labourable  et  inculte,  parsan  de  Pouey,  confronte  d'orient 
à  terre  de  Barou  ;  midy  de  Soula  ;  occident  dudit  Barou  et  Abbadie  ; 
septentrion  de  Cazarré  ;  de  contenance  de  neuf  journaux. 

Autre  pièce  labourable,  parsan  de  Haget,  confronte  d'orient  à  terre 
de  Penin,  Arras,  Metarié  ;  occident  Abadie;  septentrion  chemin  public; 
de  contenance  de  six  journaux  un  quart  et  demy  et  demy  latte. 

Autre  pièce  labourable  et  pred,  parsan  appelé  Devant-Uzons,  con- 
fronte d'orient  à  terres  de  Cazavant,  Bareilles,  Bellouguet  de  Bénac; 
midy  à  Estieu  et  Lapenne  ;  occident  de  Clavet,  et  septentrion  de  Gui- 
raud  ;  de  contenance  de  vingt  quatre  journaux  demy  quart. 

Plus  une  pièce  pred,  parsan  de  la  Ribere,  confronte  d'orient  à  terre 
de  Redebat;  midy  de  Arras;  occident  ruisseau;  et  septentrion  de 
Balaignau  ;  de  contenance  de  sept  journaux  un  quart  et  demy. 

Autre  pièce  pred,  au  môme  parsan,  confronte  d'orient  avec  le  ruis- 
seau ;  midy  à  la  prébende  de  Priou  ;  occident  ruisseau  de  la  Geune  ;  et 
septentrion  de  Baquarat  ;  de  contenance  de  trois  journaux  trois  quarts 
et  demy-latte. 


LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE   BENAC 


Plus  une  pièce  labourable  et  precl,  parsan  de  Géléda,  confronte 
d'orient  à  terre  de  Campet  ;  midy  de  Penin  ;  occident  chemin  public  :  et 
septentrion  de  Haure  ;  de  contenance  de  deux  journaux  deiny  quart. 

Sur  indication  qui  m'a  été  faite  du  fons  cy-dessus  quy  se  trouve  sur 
les  dites  indications  la  contenance  de  cent  six  journaux. 

En  foi  de  ce,  10  octobre  17^6.  Salanave  (d'Adé),  arpenteur. 

Le  tout  à  raison  de  quinze  perches  le  journal,  la  perche  tirant  qua- 
torze pams,  qui  revient  à  vingt  six  cannes  un  quart  le  journal  ;  faisant 
six  cens  huictante  neuf  suivant  le  Icau  de  la  ville  de  Tarbe,  d'où  dépend 
la  mesure  du  marquis  de  Bénac.1 


Voilà  les  biens  que  le  marquis  de  Bénac  possédait  à  Larmes  en  1756. 
Voici  le  revenu  que  donnait  cette  métairie  en  1647  :  trente  sacs  seigle 
et  deux  sacs  froment  pour  le  maître.  Mais  laissons  la  parole  au  notaire. 

Le  22  octobre  1647...  au  château  de  Bénac.  .  M.  Philippe  de 
Bénac,  seigneur  marquis  de  Bénac...  a  bailhé  en  afferme  à  Mc  Jean 
Larroye,  notaire  royal,  Bertrand  de  Solan.  Bertrand  de  Baron,  Jean  de 
Monettedit  de  Contre,  Jean  d'Abadie-Debat,  et  Dominique  Place  dit 
Cazavant...  sçavoir  est  toutes  et  chascunes  les  terres  tant  preds  que 
champs  de  sa  metterie  de  Lanne;  laquelle  afferme  se  faict  pour  le  tems 
et  espace  de  doutze  années  complaictes  et  resvolues.  .  .  en  payant  par 
an  trente  sacs  de  bled  seigle  et  deux  sacs  froment,  le  tout  peur  et  net 
et  mesure  du  chasteau,  payable  à  N.-D.  de  septembre.  La  plus  grande 
partie  des  terres  sont  prêtes  à  semer  et  lorsque  ledit  afferme  sera  finy, 
ils  seront  teneus  de  laisser  tout  autant  de  terres  au  mesme  estât; 
lesquelles  seront  à  présent  visitées  pour  sçavoir  combien  de  journaulx 
en  \  faudra  laisser;  de  même  iceluy  seigneur  leur  laisse  et  bailhe  tout  le 
foing  et  le  pailhé  de  pailhe  quy  est  dans  ladite  metterie  afin  qu'ils  soient 
teneus  en  y  laisser  autant.  Comme  aussy  seront  teneus  entretenir  ladite 
metterie  en  bons  pères  de  famille  à  cause  que  iceluy  seigneur  leur  bailhe 
en  bon  estât.  .  .  Présents  >Jean  de  Serres  dudit  Lanne.  et  Jean  d'An- 
clades,  vallet  de  chambre  d'iceluy  seigneur.  — ■  Bénac,  de  Serres, 
d'Anclades,  Larroye,  de  Carrère.  notaire  royal.2 


1.  Livre  Terrier.  —  Archives  de  la  mairie  de  Lan 

2.  .Minutes  Je  Carrure.    Etude   F. -A.  Vivier,  à  Tarbes. 


SAINT-SEVER 


VII.  —  AUTRES  SEIGNEURIES 

Saint-Sevié.  Saint-Sever.   Orincles.    Visker. 

I 

La  terre  de  Saint-Sevié,  sise  au  Barry  de  Bénac,  a  appartenu  succes- 
sivement à  trois  familles  :  La  première  a  pour  auteur  Arnaud  de 
Saint-Sevié,  qui  vivait  en  1280;  elle  s'est  éteinte  dans  la  ligne  masculine 
en  la  personne  de  Pierre  III  de  Saint-Sevié.  La  seconde  a  pour  tige 
Bos  de  Montaut-Bénac,  dit  de  Brouilh,  (ils  puîné  de  Jean  II,  seigneur 
de  Bénac  et  de  Marguerite  de  Bazillac,  mariée,  en  1460,  à  Gaillarde  de 
Saint-Sevié,  fille  du  précédent.  La  troisième  a  pour  origine  l'acquisition 
faite  par  M.  d'Intrans,  le  12  juillet  1 7 1 5 ,  à  Françoise  de  Montaut- 
Saint-Sevié,  épouse  de  Louis  de  Lescure. 

Il  ne  faut  pas  confondre  la  seigneurie  de  Saint-Sevié  avec  celle  de 
Saint-Sever,  qui  était  également  située  sur  le  territoire  de  Barry.  Dans 
les  textes  du  moyen-âge,  Saint-Sevié  est  dit  :  Dominas  Raymundus 
Arnaldi  de  Sancio  Sebiey,  miles,  tenetur  facere...  Domino  régi  exercilum 
et  ordetm.*  Et  Saint-Sever:  Raymundus  de  Sancio  Severo,  domiccllus... 
tenetur  facere  exercilum  cl  Ordam.* 

Dans  son  travail  sur  «  Bénac.  —  Son  prieuré  dépendant  de  Saint-Pé  » 
l'abbé  Cazauran,  archiviste  du  grand  séminaire  d'Auch,  commet  cette 
confusion  :  «  En  16^4,  dit-il,  les  biens  de  Saint-Sevié  étaient  possédés, 
en  partie,  par  le  marquis  de  Montaut-Bénac  ».  Or,  nous  savons  qu'à 
cette  époque  la  maison  de  Saint-Sevié,  par  ses  alliances,  grandissait  en 
biens  et  en  gloire.  Nous  lisons  encore  :  «  L'Inventaire,  déjà  cité,  de 
nos  archives  nous  en  fournit  la  preuve.  Il  parle  en  effet  d'un  sac  du 
chartier  dans  lequel  on  trouve  trente-six  actes  en  parchemins  concernant 
la  maison  noble  de  Saint-Seve  (Saint-Sivié)  a  présent  possédé  par  le 
seigneur  de  Bénac  ».  Dans  ce  passage  il  est  question  de  la  maison  de 
Saint-Sever  et  non  pas  de  celle  de  Saint-Sevié.  Il  n'est  pas  possible  que 
la  maison  de  «  Saint-Seve  »  appartint  en  16^4  aux  seigneurs  de  Bénac  : 
François  de  Saint-Sevié  l'avait  achetée  le  21  novembre  1605.  Nous 
savons   par  ailleurs  que,  depuis    de  longues   années,   les   seigneurs  de 

1  et  2.  Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  III,  p.  57. 


LÉ    BÉNAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


Bénac  n'étaient  plus  dans  l'habitude  d'acquérir  des  terres.  Témoin  la 
lettre  de  Bernard  de  Montaut-Bénac  à  Catherine  de  Navarre,  régente 
en  i  592  ;  cette  lettre  nous  prouve  que  si  M.  de  Bénac  avait  beaucoup 
d'honneur,  il  n'avait  guère  d'argent1.  Témoin  encore  la  lettre  que  ce 
même  Bernard  écrivait  le  i)  janvier  1 6 1 5  à  Louis  XIII,  lettre  qui 
fournit  des  détails  intéressants  sur  la  pauvreté  de  la  noblesse  béarnaise 
et  bigourdane.  Témoin  enfin  la  vente  du  domaine  de  Montaut  et  Beau- 
mont  auquel  le  rattachaient  tant  de  souvenirs  de  famille  ;  et,  c'est  Jean- 
Michel  de  Saint-Sevié  qui  l'achète,  le  30  avril  163 5. 2 

I  I 

La  maison  seigneuriale  de  Saint-Sever  était  sise  à  une  faible  distance 
du  château  des  fiers  seigneurs  de  Bénac.  L'enquête  sur  les  revenus  du 
comté  de  Bigorre  en  1300  fait  mention  des  seigneurs  de  Saint-Sever  en 
ces  termes  :  Raymondus  de  Sancto  Severo  dicli  loti  de  Benaco,  domicel- 
lus...  tenelur  facere  exercilum  cl  ordam.  Le  Débita  Régi  Navarrœ,  en 
13 14,  ajoute:  Guilhelmus  de  Sancto  Severo  est  abbacerius  et  facii 
pro  abbacia  de  Sancto  Severo  annuatim,  racione  arciut  quinque  solidos 
mort.  (De  Yvosio,  folio  164  et  148). 

Le  dénombrement  de  Philippe  de  Montaut  devant  Salvat  Diharse, 
en  161 2  et  1 621,  après  avoir  énuméré  les  villages  composant  la  baronnie 
de  Bénac,  met  au  nombre  de  ses  hommagers  les  seigneurs  de  Saint- 
Sebier  et  de  Saint-Sever. 

Nous  ne  sommes  pas  riches  en  documents  sur  cette  maison  qui 
disparut  au  commencement  du  xvir  siècle. 

I.   Raymond  de  Saint-Sever,  inscrit  dans  l'enquête  de  1300. 
IL  Guillaume,  cité  dans  le  Débita  Régi  Navarrœ  comme  abbé  lay. 

III.  Etienne,  rendit  hommage  au  seigneur  de  Bénac,  le  5  mai  1416. 

IV.  Bourguine  épousa,  vers  1490,  Bernard  de  Montaut-Saint-Sevié. 
V.  Jean,  qui  est  nommé  dans  les  trois  contrats  :  Acte  d'accord  fait 

entre  le  seigneur  de  Saint-Sevié  et   nobles  Jean  et   Arnaud   de    Saint- 
Sever,  père  et  fils,  et  les  habitants  du  barry  de  Bénac,  retenu  par  Daco, 


1.  Voir  plus  haut,  p.   50. 

2.  Inventaire  des  biens  et  titres  de  Saint-Sevié.  —  Archives  A.  Durt'ourc.  —  J'ai 
publié  une  généalogie  détaillée  des  Saint-Sevié  de  la  première  race  et  des  Mon- 
taut-Saint-Sevié, sous  le  titre  de  :  «  Les  de  Saint-Sevié  ». 


orincles  7  ; 


le  _  septembre  iv°/i.  —  Achat  par  le  sieur  de  Saint-Sevié  contre 
«  honneste  femme  Anastasie  de  Lafargue,  veuve  de  noble  Jean  de 
Saint-Sever  »,  reçu  par  Daco,  le  17  mai  1589.  —  Achat  pour  le  sieur 
de  Saint-Sevié  de  la  maison  de  Saint-Sever,  retenu  par  Daco,  le  21 
novembre  1603. 

VI.  Arnaud,  également  mentionné  dans  l'achat  du  seigneur  de  Saint- 
Sevié  contre  noble  Arnaud  et  autres  de  Saint-Sever,  père  et  fils,  retenu 
par  Bordenave,  notaire,  le  21  juin  1604. 

VI.  Bertrand,  dont  le  nom  figure  à  côté  de  celui  de  son  père  et  de 
celui  de  noble  Jeanne  de  Lavedan  dans  des  achats  faits  par  le  seigneur 
de  Saint-Sevié,  le  22  juillet  1606  et  22  décembre  1613.  Ces  actes  sont 
retenus,  le  premier  par  Daco  et  le  second  par  Vive,  notaires.1 

Après  la  vente  de  leurs  biens  de  Bénac,  on  se  demande  ce  que  sont 
devenus  les  membres  de  cette  famille  et  dans  quel  pays  ils  se  sont 
établis. 


III 


La  commune  d'Orincles  a-t-elle  eu  l'avantage  ou  le  désavantage  de 
posséder  un  seigneur  et  un  château  ?  —  Le  château  a  existé.  —  Quel 
était  le  nom  du  propriétaire  r  Etait-il  bâti  sur  les  terres  du  seigneur  de 
Bénac,  élevé  comme  un  fief  mouvant  de  celui  de  Bénac  ?  —  Les 
Anglais  en  avaient-ils  fait  une  tour  d'observation  ?... 

Au  midi  du  village,  dans  la  plaine,  près  des  coteaux  qui  descendent 
de  Loucrup,  on  voit,  dans  l'enclos  Domec-Manautou,  un  tertre  de 
terre  rapportée  d'une  hauteur  de  plus  d'un  mètre  au-dessus  du  niveau 
ordinaire,  entouré  de  murs  très  épais  et  de  larges  fossés  à  demi 
comblés.  Ce  tertre  a  la  figure  d'un  carré  régulier,  mesurant  du  nord  au 
midi  quarante  mètres  et  autant  du  levant  au  couchant.  Les  habitants 
d'Orincles  désignent  cette  élévation  sous  le  nom  de  Castet.  La 
famille  Domec  en  a  fait  son  potager. 

On  ne  connaît  pas  la  date  de  la  fondation  de  cette  défense,  on  ignore 
aussi  à  quelle  époque  elle  a  été  abandonnée.  Toujours  est-il  qu'au 
XVIIIe  siècle,  ce  terrain  appartenait  à  la  communauté  et  non  à  un  sei- 
gneur. 

1.  Inventaire  des  biens  et  titres  de  Saint-Sevié.  — ■  Archives  A.  Duffourc. 


74  LE    BENAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

Voici  l'acte  de  vente  de  remplacement  du  castet  par  la  commune  à 
Bertrand  Garoby,  dit  Manautou. 


L'an  mil  sept  cent  quatre-vingt-neuf  et  le  vingtième  jour  du  mois  de 
mai,  devant  nous  Dominique  de  Verges,  sindic-général  des  Etas  de  la 
province  et  subdélégué  de  l'intendance  en  Bigorre;  écrivant  Luc 
Planté,  notre  greffier  ordinaire.  —  Ont  comparu  les  consuls  de  la 
communauté  d'Orincles  qui  ont  dit  qu'en  exécution  de  l'ordonnance  de 
Mgr  l'Intendant,  du  19  avril  dernier,  qui  autorise  la  délibération  prise 
par  les  habitants  du  lieu  le  6  mars  précédent,  et  qui  nous  commet  pour 
procéder  à  la  vente  et  adjudication  des  fonds  communaux  désignés  dans 
ladite  délibération  pour  le  produit  être  employé  au  payement  des  pertes 
que  plusieurs  particuliers  ont  souffert  dans  leurs  possessions  par  la 
construction  de  la  nouvelle  route  de  Lourdes  à  Bagnères  ;  il  a  été  posé 
des  affiches  et  fait  des  publications  à  diverses  reprises  avec  avis  qu'il 
seroit  par  nous  cejourd'hui,  à  deux  heures  après-midi,  procédé  à  la 
vente  ;  et  attendu  que  l'heure  de  l'assignation  et  celle  de  la  surcéance 
sont  échues,  ils  nous  prient  et  requièrent  de  procéder  à  l'ouverture  des 
enchères,  et  ont  signé.  Sur  quoy  nousdit  subdélégué  avons  donné  acte 
aux  consuls  de  leur  comparution,  dire,  et  réquisition  et  après  avoir  fait 
faire  lecture  de  l'ordonnance  de  M.  l'Intendant,  portant  notre  com- 
mission, avons  procédé  à  l'ouverture  des  enchères  comme  suit. 

Et  de  suite  il  a  été  exposé  en  vente  un  journal  ou  tant  que  soit  par 
manière  de  corps  de  terre  commune,  quartier  de  Las  Palus  ou  le  Châ- 
teau, confrontant  d'orient  à  Biarou  et  Hors,  midy  Manautou  et  Place, 
occident  Piole  et  septentrion  lesdits  Manautou  et  Pays.  Le  sieur  Ber- 
trand Garoby  dit  Manautou  a  offert  dudit  fonds  la  somme  de  sept  cens 
livres  et  Bertrand  Garoby  a  signé.  Et  après  plusieurs  publications 
personne  n'ayant  voulu  susdire,  nous  subdélégué  avons  délivré  et 
adjugé,  délivrons  et  adjugeons  le  fonds  cy-dessus  limitté  et  confronté 
moyennant  la  somme  de  sept  cens  livres  en  faveur  dudit  sieur  Garoby, 
habitant  dudit  lieu  d'Orincles,  laquelle  il  sera  tenu  de  payer  entre  les 
mains  du  trésorier  de  la  communauté,  après  que  la  présente  adjudica- 
tion sera  autorisée  par  monseigneur  l'intendant.  Et  avons  signé  avec 
ledit  sieur  Garoby,  le  consul  et  notre  greffier. 

Garoby,  Fontan,  consul,  Vergez,  subdélégué, 
Planté,  notre  greffier,  signés. 

Claude-François-Bertrand  de  Boucheporn,  chevalier,  conseiller 
d'honneur  au  parlement  de  Metz,  conseiller  du  roi  en  tous  ses  conseils, 
maître  des  Requêtes  ordinaire  de  son  hôtel,  intendant  de  justice, 
police,  finance  en  Navarre,  Béarn,  comté  de  Foix  et  généralité  d'Auch. 
Vu  la  requête  aux  fins  d'autorisation  du  procès-verbal  d'adjudication 
d'un  journal  de  communaux  appartenant  à  la  communauté  d'Orincles 
en  Bigorre,  subdélégation  de  Tarbe,  passée  au  proffit  du  sieur  Garoby 
dudit  lieu  d'Orincles  moyennant  la  somme  de  700"  ;  notre  ordonnance 
du  19  avril  dernier  qui  permet  de  procéder  à  la  dite  adjudication  pour 
le  prix  en    provenant  être  employé  au  payement  des  indemnités  pour 


VISKER 


perte  de  fonds  à  l'occasion  de  la  construction  de  la  route  de  Lourdes  à 
Bagnères,  pièces  visées  en  notre  sceau  ordinaire  ;  procès-verbal  de 
ladite  adjudication  du  20  mai  dernier;  les  autres  pièces  produites  et 
l'avis  de  notre  subdélégué,  tout  considéré  :  Nous  Intendant  susdit, 
faisant  droit  sur  ladite  requête,  avons  autorisé  et  autorisons  ledit 
procès- verbal  d'adjudication.  Ce  faisant  déclarons  le  sieur  Garoby 
propriétaire  incommutable  des  fonds  communaux  à  lui  adjugés  à  la 
charge  de  payer  la  somme  de  sept  cens  livres  es-mains  du  trésorier  de 
la  communauté  d'Orincles  pour  servir  au  payement  des  indemnités  dont 
s'agit.  Faisons  défenses  à  toutes  personnes  de  causer  aucun  trouble 
audit  adjudicataire,  ses  successeurs  ou  ayants  cause  dans  la  propriété, 
possession  et  jouissance  desdits  communaux  à  peine  de  tous  despens 
domages  et  intérêts:  au  trésorier  d'acquitter  aucunes  sommes  qu'en 
exécution  de  nos  ordonnances,  à  peine  d'en  répondre  en  son  propre  et 
privé  nom  et  à  la  charge  par  lui  de  rendre  compte  du  produit  desdits 
communaux  dans  les  formes  ordinaires;  ordonnons  que  ledit  procès- 
verbal  d'adjudication  et  la  présente  ordonnance  seront  transcrites  dans 
huitaine  sur  les  registres  des  délibérations  de  la  communauté  pour  y 
avoir  recours  au  besoin  et  avons  taxé  audit  sieur  de  Verges  pour  ses 
vacations  et  celles  de  son  greffier  la  somme  de  vingt  une  livres  payables 
par  l'adjudicataire  comme  frais  de  l'adjudication. 

Fait  à  Auch,  le  8  juin  1789,  signé  Boucheporn.  Collationné  sur  l'ori- 
ginal déposé  au  greffe  de  la  subdélégation.  Planté,  greffier. 

Nous  consuls  et  communauté  d'Orincles  soussignons  avoir  reçu  du 
nommé  Bertrand  Garoby  dict  Manautou  dudit  lieu  la  somme  de  sept 
cens  livres  pour  le  prix  du  fonds  mentionné  et  confronté  au  présent 
verbal  que  ledit  Garoby  a  acheté  à  ladite  communauté  de  laquelle 
somme  nous  sommes  contents  et  satisfaits  et  promettons  de  rédiger  la 
présente  quittance  en  acte  public  à  la  première  réquisition  dudit 
Garoby  adjudicataire. 

Fait  en  foy  de  ce,  à  Orincles  le  31  août  1789. 

Garoby,  Pounnau.  Pujo,  Baron,  Pêne,  Dusserd,  Dizac,  Fosses, 
Fontan,  consul,  Deffis,  Saint-Pastous,  Hourcastaignou,  Pays,  Dhom 
praticien,  Dusserd  secrétaire.  (3  pages  papier  in-80.)1 


IV 

La  seigneurie  de  Visker  était  l'apanage  d'une  des  plus  vieilles  maisons 
de  la  Bigorre. 

Six  familles  ont  consécutivement  possédé  la  seigneurie  de  Visker; 
les  Visker  de  la  première  race  en  1283  et  en  1317;  les  Barbazan,  en 
1445  et  1446,  cèdent  leurs  droits  en  1453  aux  seigneurs  de  Villambitz, 
à  ceux-ci  succédèrent  les  Soréac,  qui  vendront  leurs  propriétés  à  Fran- 

1.  Archives  Doniec-Manautou,  à  Orincles. 


JÔ  LE  BÉNAQUÉS  OU  BARONNIE  DE  BENAC 

cois  de  Saint-Sevié,  le  3  novembre  1^93  ;  ces  derniers,  enfin,  se  démet- 
tront de  leurs  droits  par  un  acte  de  vente  de  Françoise  de  Montaut- 
Saint-Sevié,  dame  de  Lescure,  en  faveur  de  M.  d'Intrans,  le  12  juillet 
i-iv 

1 

Larcher,  dans  son  Histoire  de  Bigarre,  compte  Pierre  de  Visker 
parmi  les  seigneurs  de  12(83,  et  >1  'e  place  au  nombre  des  dix-sept 
barons  de  Bigorre  en  1292.1 

Messire  Thibaut  de  Peyrusse  et  des  Angles  et  Arnaud-Guillaume, 
son  frère,  fils  de  feu  messire  Arnaud  des  Angles  et  de  dame  Thiberge 
de  Peyrusse,  procédant  avec  l'autorisation  de  messire  Pierre  de  Visker, 
chevalier,  curateur  de  Thibaut  et  tuteur  d'Arnaud-Guillaume,  confir- 
mèrent, dans  le  courant  du  mois  de  juin  1290,  les  donations  faites  par 
leurs  prédécesseurs  à  l'abbaye  de  la  Case-Dieu.  Sanche  de  Ville, 
notaire  de  Peyrusse,  rédigea  l'acte  ;  les  témoins  furent:  Guilhaume- 
Arnaud  de  Teulé  et  Fortius  Lupati.2 

Pierre  de  Visker  signait,  le  9  octobre  1292,  la  supplique  adressée  à 
Philippe-le-Bel,  constatant  les  droits  de  Constance  au  comté  de 
Bigorre.3 

Pierre  de  Visker,  chevalier,  possède,  sous  la  mouvance  de  messire 
Bos  de  Bénac,  quinze  livres  morlas  de  revenu  :  Dominas  Pelrus  de 
Bisquerriis,  miles,  ïenet. . .  in  reddetibus  quindecim  libras  morlan.1 

Donot  de  Visker,  son  fils,  vivait  en  1 3 17. 


Arnaud-Guilhem  de  Barbazan,  seigneur  de   Visker.   était  lieutenant 
dérobe  courte  en  Bigorre  les  années  1443  et  [446. 8 

Le  8  juillet  141  2  eut  lieu0  le  contrat  de  mariage  entre  noble  Bernard, 

1.  Larcher   .l.-B.i,  Histoire  de  Bigorre  (manuscrit  du   Grand-Séminaire  d'Auch), 
p.  42. 

2.  Soupcnir  de  la  Bigorre,  t.  Il,  p.  242. 

j.  Marca  (Pierre  de),  Histoire  du  Béarn,  liv.  IX,  p.  841. 

4.  Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  III,  p.  57. 

5.  Larcher  (J.-B.),  Histoire  de  Bigorre,  p.  49. 

6.  Tout  ce  qui  suit  est  la  reproduction   textuelle  de  Larcher  dans   le  tome  XII 
du  Glanage,  p.  84. 


VILLAMBITS-SOREAC 


seigneur  de  Villembits  et  noble  Brunette  de  Barbazan,  sœur  d'Arnaud- 
Guilhem  de  Barbazan,  seigneur  de  Mauran  et  de  Bisquer.  Elle  reçut 
en  dot  300  florins  d'or  d'Aragon. 

Le  10  avril  1453,  Gaston  étant  comte  de  Bigorre,  et  Roger,  évêque 
de  Tarbe,  Manaud  de  Barbazan,  moine  de  Saint-Sever,  céda  à  Auçer 
de  Villambits,  son  neveu,  seigneur  de  Villambits  et  de  Bisquer,  ses 
droits  sur  Bisquer.  Ce  moine  était  le  frère  d'Arnaud-Guilhem  de 
Barbazan,  seigneur  de  Mansan  et  de  Bisquer.  L'acte  fut  retenu  par 
Fortaner  de  Linea,  notaire  de  Tarbes. 

in 

Auger  fut  père  de  Marguerite  qui,  par  contrat  du  20  juin  1462, 
passé  à  M  un,  le  siège  de  Tarbes  étant  vacant,  fut  mariée  avec  noble 
Arnaud-Guilhem  de  Mun,  fils  légitime  et  naturel  de  Odet  de  M  un, 
seigneur  de  Mun.  en  présence  d'Aner  de  Gerderest,  conseigneur  de 
Montefalcone. 

Une  autre  de  ses  filles,  nommée  Mariotte,  épousa  Pierre  d'Antin, 
fils  de  feu  Bertrand,  alias  le  Borne,  de  La  Marca,  diocèse  de  Tarbe. 
Elle  consentit  quittance  de  quatre-vingt-treize  écus  petits  de  dot,  le  9 
juillet  1495,  devant  Giboin,  notaire  de  Tarbe.  Elle  y  fut  dite  fille  légi- 
time et  naturelle  de  feu  Auger  et  sœur  d'Auger.  seigneur  moderne. 

Auger  II,  seigneur  de  Villambits,  Sère,  Bisquer  et  Villefranche,  fut 
marié  en  1471  avec  Esclarmonde  d'Estarac. 

On  voit  à  Villambits  le  testament  d'Esclarmonde  en  date  du  1 3  juin 
1  =;o6.  Jean  de  Casalibono,  notaire  de  Bonnefont,  en  fut  le  détenteur. 
Bernard  de  Soréac  et  Jean  de  Pardeilhan  furent  témoins.  Arnaud  de 
Osonio  fut  nommé  exécuteur  testamentaire. 

Auger  n'eut  que  deux  filles  :  i°  Aune,  qui  fut  son  héritière  ;  20  |Marie,. 
qui  épousa  Bernard  de  Pegulhano,  seigneur  de  Thermes  en  Manhoac. 
Elle  en  eut  une  fille,  nommée  Jeanne,  qui  s'allia  avec  Jean  de  la 
Barthe,  et  d'elle  descendait  Paul  de  la  Barthe,  maréchal  de  Thermes. 
Marie,  étant  veuve,  consentit,  le  16  décembre  1509,  conjointement 
avec  sa  fille  et  son  gendre,  quittance  de  dix  écus  petits,  devant  Jean 
de  Buyserio,  notaire  de  Castelnau  en  Magnoac,  en  faveur  de  Bernard 
de  Arcisaco,  seigneur  moderne  de  Villambits,  comme  mari  de  Anne  de 
Villambits,  héritière  de  feu   Auger  de   Villambits,  seigneur  dudit  lieu, 


LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


et  reconnu  la  somme  sur  les  biens    et   de  ceux    de   son  gendre  et  de  sa 
fille. 

Le  6  avril  14=11,  Auger  de  Villambits  faisait  hommage  au  seigneur  de 
Bénac  pour  sa  terre  de  Visker.1 

IV 

Anne  de  Villambits,  dame  de  Villambits,  Sère,  Visquer  et  Ville- 
franque,  fut  mariée  avec  Bernard  de  Soréac,  de  la  branche  d'Arcizac- 
Adour.  Ses  enfants  furent  :  T'Jean,  qui  suif,  2"Tristam;  il  demanda 
sa  légitime  à  Jean,  son  frère  aîné,  devant  le  sénéchal  de  Bigorre  et 
transigea  ensuite  avec  lui,  le  1  5  janvier  1 5  58,  Antoine  étant  évèque  de 
Tarbe,  devant  Jean  de  Beyrio;  V'  Françoise,  qui  fut  femme  de  Jean 
de  Saint-Paul,  fils  de  Manaud  de  Saint-Paul,  seigneur  de  Bugard.  Ces 
deux  derniers  consentirent,  le  5  décembre  1321,  quittance  de  200  écus 
petits  en  faveur  d'Anne  et  de  Jean  de  Soréac,  son  fils  aîné,  et  il  est 
déclaré  par  cette  quittance  que  Bernard  de  Soréac  était  mort. 

Hommage  rendu  par  Annette  de  Villembits,  dame  de  Visker,  à  Àner 
de  Montaut,  le  50  août  1509. 

Jean  de  Soréac,  seigneur  de  Villambits,  Sère,  Visker  et  Villefranque, 
épousa,  le  20  novembre  1 5 2 1 ,  Catherine  d'Ossun,  fille  de  Roger 
d'Ossun  et  de  demoiselle  Madeleine  d'Arros.  La  même  année,  Anne 
de  Villambits  fit  donation  in  casiro  s've  in  sala  de  Villambits  en  faveur 
du  premier  enfant  mâle,  issu  de  ce  mariage,  des  lieux  de  Villambits, 
Sère,  Visker  et  Villefranque  en  présence  de  Jean  d'Antin,  sénéchal  de 
Bigorre,  et  de  Bonsom  de  Soréac,  capitaine  de  Barbazan. 

Leurs  enfants  furent  :  1"  Paul,  qui  suit:  2"  Arnaud:  }°  Catherine, 
qui,  ayant  épousé  Jean  de  Montesquieu  en  Armagnac,  lequel  dissipoit 
et  aliénoit  tous  ses  biens,  céda  ses  droits  à  Arnaud  de  Soréac,  son  frère, 
par  acte  retenu  le  9  mars  1^46,  par  Dominique  Navailh,  notaire  de 
Puydarrieux  ;  4"  Jeanne,  alliée  par  contrat  du  18  décembre  1^0.  devant 
Jean  de  La  Salle,  notaire  comtal  de  Tarbe,  avec  Gauthier  de  Coufita, 
abbé  lay  et  seigneur  en  sa  partie  de  Lucarré  en  Béarn  ;  présents  : 
Bartélemy  de  Majorau,  seigneur  d'Arras,  et  Raimond  de  Montblanc, 
seigneur  dudit   lieu  ;    =;0  Jean,  lequel   par  contrat  retenu   le  4  octobre 

1.  Nous  allons  publier  en  appendice.  Ve  pièce  justificative,  cet  acte  intéres 
sant,  qui  nous  donnera  une  idée  des  mœurs  de  ce  temps.  11  est  écrit  en  langue 
vuleaire. 


SAINT-SEVIE 


79 


1533,  par  Bernard  Colomiers,  notaire  de  Simorre,  dans  lequel  il  se  dit 
écuyer,  puiné  (pefainé)  de  la  maison  de  Villembits,  épousa  demoiselle 
Anne  de  La  Barthe.  fille  naturelle  et  légitime  de  feu  messire  Jean  de 
La  Barthe,  chevalier,  seigneur  de  Montcorneilh,  sœur  de  noble 
Mathieu  de  La  Barthe,  écuyer,  baron  de  Montcorneilh.  sénéchal 
d'Aure;  on  constitua  1800  livres  tournoises  à  l'épouse  et  on  les  affecta 
sur  la  terre  de  Betpotz  sur  Baïse  en  Magnoac  et  sur  le  moulin  de 
Hayssan. 

Par  acte  du  2  septembre  1543,  retenu  par  Dominge  Carrère,  notaire 
de  Trie,  Jean  et  Paul  de  Soréac.  pure  et  lils,  seigneurs  de  Villembitz, 
Sère,  Visker  et  Villefranque,  baillèrent  à  nouveau  fief  de  censive  six 
journaux  et  demy  de  terre  au  terroir  de  Sère  à  Jean  d'Antin,  dit  le 
capdet  de  La  Marque. 

Paul  de  Soréac.  seigneur  de  Villembits,  Sère.  Visker  et  Villefranque. 
fut  marié,  par  contrat  retenu  le  Ier  octobre  1557  par  Pierre  Turounet. 
notaire  de  Gausserine.  dans  le  château  de  Viviers,  sénéchaussée  de 
Toulouse,  avec  demoiselle  Georgette  de  Rochefort,  fille  légitime  et 
naturelle  de  feu  Jean  de  Rochefort.  seigneur  de  Viviers.  Georgette  se 
constitua  200  livres  du  légat  à  elle  fait  par  Mastas  de  Rochefort.  seigneur 
de  La  Cangue,  baron  de  Marquefabe. 

Le  i(S  février  1 5 80.  M.  de  Villambits,  l'un  des  4=;  gentilshommes  de 
la  chambre  de  chez  le  roi,  fut  enterré  à  Saint-Eustache  à  Paris.  Ses 
funérailles  coûtèrent  92  livres.  M.  de  Sarlabous  était  exécuteur  testa- 
mentaire. 

Les  enfants  du  mariage  de  Paul  de  Soréac  avec  Georgette  de  Roche- 
fort furent:  1"  Jourdain,  qui  suit;  2"  Bartélemy,  qui  fut  seigneur 
d'Areizac-Adour  ;  }°  Caterine,  dame  d'Ornessan  et  de  Visker.1 

Le  3  novembre  iîoi.  Caterine  de  Soréac,  dame  d'Ornessan  et  de 
Visker.  vendit  cette  dernière  seigneurie  à  François  de  Saint-Sevié  pour 
le  prix  et  somme  de  800  écus,  devant  Dallaes.  notaire  de  Masseube, 
insinué  à  Tarbe  le  27  janvier  1  594. - 


François    de    Saint-Sevié    eut   une    nombreuse    famille    :    Bernard, 
Etienne,    Pierre,    seigneur    d'Arbouix.     Françoise,    veuve    de    Simon 


1.  Larchcr   J.-B.  .  Glanage,  t.  XII.  p.  84. 

2.  DuifoLirc    A.  .  Les  Je  Sainl-Scvié,  p.  22. 


Ho  LE    BÉNAÇUÉS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 

d'Olive,  Jean-Michel,  abbé  de  Saint-Savin,  Gabrielle,  seconde  femme 
de  Gaston  d'Armagnac,  seigneur  de  H  orgues,  et  Jeanne,  mariée  à 
Hector  de  Tersac-Montbérault,  seigneur  de  Vernajoul. 

Bernard  de  Saint-Sevié,  seigneur  de  Saint-Sevié  et  Visker,  épousa 
Marie  d'Incamps  de  Loubie,  le  5  avril  1607.  Il  en  eut  Antoine,  mort 
sans  alliance  ;  Paule,  mariée,  le  15  janvier  1641  à  Etienne  de  Castelnau, 
marquis  de  La  Loubère;  Isabeau,  mariée  à  Antoine  d'Esparbez,  sei- 
gneur de  Coignac. 

Etienne  de  Saint-Sevié  devint,  après  la  mort  de  Bernard,  seigneur  de 
Montaut  sur  Garonne,  de  Saint-Sevié  et  de  Visker.  Il  se  maria,  par 
acte  retenu  le  17  septembre  1649  par  Piquepé,  notaire  de  Beaumont, 
avec  Marie  de  Noé.  De  son  mariage,  Etienne  eut  deux  enfants:  Roger 
et  Françoise;  Roger  garda  la  baronnie  de  Montaut  qui  fut  érigée  en 
marquisat,  laissant  à  sa  sœur  Saint-Sevié  et  Visker. 

Françoise  de  Montaut-Saint-Sevié,  dame  de  Saint-Sevié  et  Visker, 
reçut  à  son  mariage  avec  Louis  de  Lescure,  chevalier,  seigneur  baron 
de  Lescure,  Trébons,  Maviel,  Caldeires  et  autres  places,  toutes  les 
terres  de  Bigorre  pour  sa  part  à  l'héritage  paternel. 1 

Françoise  de  Montaut  Saint-Sevié  vendit  ses  terres  de  Saint-Sevié  et 
Visker  à  Mc  Dominique  d'Intrans,  avocat  en  Parlement,  le  12  juillet 
1715. 

Diana  Goti,  veuve  d*e  noble  Rigault  de  Higonois,  ratifia  la  vente  de 
Visker,  le  7  août  171  ).2 


Dominique  d'Intrans  ajouta  à  son  nom  celui  de  Visker.  Nous  ne 
savons  pas  à  quelle  époque  cette  famille  vendit  les  terres  des  deux 
seigneuries. 

Il  est  intéressant  de  connaître  les  revenus  de  Saint-Sevié  et  de  Visker 
en  1656.  Pour  Saint-Sevié,  nous  les  connaissons  déjà.:!  Pour  Visker, 
voici  ce  que  nous  dit  un  Inventaire  des  biens  et  titres  de  Saint- 
Sevié. 

1.  Dulîourc    \  .  Les  de  Saint-Sevié,  p.  22. 

2.  Chartier  du  Grand  Séminaire  d'Audi,  numéro  5,140. 
;.  Dulîourc    A.)  Les  de  Saint-Sevié,  p.  12. 


REVENUS    DE    VISKER  8l 


Plus  dans  la  sénéchaussée  de  Bigorre,  il  y  a  un  village  appartenant 
audit  seigneur  de  Saint-Sevié.  nommé  Visquer,  y  aiant  distance  ladite 
maison  de  Saint-Sevié  au  dit  lieu  de  Visquer  environ  un  quart  de  lieu  ; 
ledit  village  porte  de  rente  audit  seigneur  annuellement  la  quantité  de 
ce  que  s'ensuit  : 

Premièrement  trente-sept  sacs  d'aboine  de  fief  ; 

Plus  trente-sept  poules  de  fief  ; 

Plus  cinquante-sept  pots  et  demy  de  vin  de  fief  ; 

Plus  argent  vingt  livres  de  fief  ; 

Plus  audit  lieu  de  Visquer  le  seigneur  y  a  le  droit  de  Magesque 
l'espace  de  sept  semaines. 

Plus  une  metterie  de  deux  pères  de  bœufs  avec  les  preds  pour 
nourrir  le  bestailh  de  ladite  metterie  ; 

Plus  il  y  a  un  vergier  audit  lieu  de  Visquer  à  vigne  qu'il  n'a  pas 
encore  levé  ; 

Plus  le  bois  quy  est  appartenant  audit  seigneur  de  Visquer,  parsan 
de  Viscarmiau  à  hault  affûtée  de  la  contenance  de  deux  cens  journals 
ou  environ  ;  le  tout  noble  ; 

Encore  il  y  a  un  moullin  audit  lieu  de  Visquer  quy  donne  de  rente 
annuelle  doutze  sacs  de  bon  grain  et  un  paire  de  poulies.1 

Pour  compléter  les  renseignements  sur  la  valeur  de  la  seigneurie, 
voici  quels  étaient  les  revenus  de  la  «  metterie  »,  tels  que  nous  les 
fournit  un  acte  «  d'affermé  des  terres  de  Visquer  ». 

L'an  1656  et  le  27  juin,  dans  la  maison  seigneurialle  de  Saint-Sevié... 
constituée  en  sa  personne  propre  dame  Marie  de  Noé,  dame  douairière 
de  Montaut  et  autres  places,  en  qualité  de  mère  et  légitime  adminis- 
trairesse  de  ses  enfants  ;  laquelle  de  son  bon  gred  et  volonté  pour  iceux 
et  les  leurs  à  l'advenir  a  mis  et  bailhé,  met  et  bailhe  en  afferme  et 
rentement  à  François  d'Escoubès  et  Arnaud  de  Catalan,  ces  subiects, 
du  lieu  de  Visquer,  à  ce  présens  et  acceptans,  sçavoir  est  une  borde  quy 
est  seize  au  lieu  de  Visquer  avec  toutes  et  chascunes  les  pièces  de  terre 
qu'ils  possèdent  audit  lieu  de  Visquer  pour  icelles  cultiver.  Laquelle 
afferme  et  rentement  a  esté  faicte  pour  le  tems  et  espace  de  troys 
annuyttés  comphiictes  et  récolte  faicte  desdits  fruits.  Et  commençant 
ledit  rentement  à  la  teste  de  Saincte-Madeleine  passée  et  finissant  en 
semblable  jour,  lesdits  troys  années  inspirées.  Le  tout  moytié  à  perte 
et  moytié  à  proftict  et  suyvant  l'estil  du  priz,  et  pour  continuer  lavourer 
et  travailler  toutes  et  chascunes  lesdites  terres  dépendantes  de  ladite 
borde,  ladite  dame  douérière  de  Montaut  a  bailhé  et  bailhe  auxdits 
d'Escoubès  et  Catalan  cinq  testes  de  baiches  qu'ils  ont  dict  avoir  et  tenir 
en  leurs  mains  pour  cultiver  et  travailler  lesdites  terres  sçavoir  :  un 
bomet,  une  seigue,  un  centre  et  doutze  ferris  quy  seront  tenus  rendre 
en  pareilh  estât  qu'ils  les  ont  antérieurement.  Comme  aussy  conté—.; 
avoir  et  tenir  en  leurs  mains  en  faict   de  gazailhe   la   quantité  de   cin- 

1.  Inventaire  des  titres  et  biens  de  Saint-Sevié.  — Archives  A.  Duffourc. 

6 


82  LE  BÉNAQUÉS  OU  BARONNIE  DE  BÉNAC 


quante-cinq  testes  de  bestailh  à  laine,  sçavoir  :  trente-huict  grosses  et 
le  restant  aigneaux  et  bassins  le  tout  moytié  à  perte  et  moytié  à  proffict 
et  suyvant  l'estil  du  prix  et  seront  teneus  de  travailler  et  cultiver  lesdites 
terres  en  bons  pères  de  famille.  Comme  aussy  a  esté  arrêté  que  la 
semence  pour  semer  lesdites  terres,  ladite  dame  douérière  fera  tenir  et 
bailher  la  moytié,  et  lesdits  d'Escoubes  et  Catalan  l'autre  moytié,  et 
ladite  dame  consent  à  la  cancellation  de  l'obligation  cy  debuant  faicte  ;  et 
ainsin  cy-dessus  a  esté  arresté,  et  pour  asseurance  de  ladite  afferme 
lesdits  d'Escoubes  et  Catalan  ont  obligé  tous  et  chescun  leurs  biens... 
et  ainsin  l'ont  promis  et  juré.  Présens  :  noble  Bernard  de  Faguiac, 
seigneur  dudit  lieu,  et  Me  Jean  Balle,  prebre  du  lieux  d'Arboix... 
M.  de  Noé,  de  Faguiac,  Balle,  de  Carrère,  N.  R.1 

M.  d'Intrans  n'a  pas  à  Visker  le  plein  domaine  que  possédaient  les 
Saint-Sevié,  soit  qu'il  ne  les  ait  pas  tous  achetés,  soit  qu'il  les  ait  vendus 
en  partie.  Quand  on  a  dressé  en  1776  le  livre  terrier  de  Visker,  fait 
«  par  conséquence  d'une  délibération  passée  entre  la  communauté, 
retenue  par  Mc  Daquo.  notaire,  habitant  du  lieu  de  Lairisse  »,  il  ne 
possédait  plus  que  les  pièces  suivantes  : 

Noble  Dominique  d'Instrans,  avocat  en  Parlement,  seigneur  de 
Visquer,  habitant  de  la  ville  de  Tarbes,  possède  au  terroir  de  Visquer 
une  pièce  de  bois  et  tujagua,  au  parsan  du  bois,  confronte  d'orient  à 
Arnaud  Doulaïre,  Marie  Porte,  Jean  Badesse,  Jean  Oustalet,  ledit 
Doulaïre  et  terre  de  M.  le  curé  et  Jean  Cazavant  ;  midy  chemin  public  ; 
occident  chemin  public  aussy  et  terres  de  Bénac  ;  septentrion  à  bois  de 
M.  le  prince  de  Rochefort,  contient  cent  vingt-deux  journaux. 

Plus  autre  pièce  tujagua  au  parsan  de  Hourcet,  confronte  d'orient  à 
Pierre  Coume  ;  midy  et  occident  à  Arnaud  Doulaïre  ;  septentrion  à 
ruisseau  ;  contient  demy  journal,  demy  quart,  une  latte  et  deux  tiers  de 
latte. 

Total  des  journaux  cent  vingt  deux  et  demy  et  demy  quart,  une  latte 
et  deux  tiers  de  latte.2 

Le  château  de  Visker  a  disparu,  on  ne  sait  à  quelle  époque.  Il  n'en 
est  point  fait  mention  en  1776,  dans  le  livre  terrier  de  cette  commune. 
Les  hommes,  d'un  âge  avancé,  se  souviennent  d'avoir  vu  des  traces  de 
fossés  le  long  du  clocher  de  l'église.  Cela  confirmerait  la  présomption 
dans  laquelle  on  se  trouve  quand  on  croit  que  la  maison  Capbielle- 
Latour  a  été  construite  avec  les  débris  de  la  maison  noble  de  Visker. 
Plus  rien  ne  subsiste  des  bâtiments  primitifs.  Pas  même  une  pierre 
n'indique  remplacement  du  château  féodal  ! 

...  Eliam  periere  ruinoe. 

1.  Carrère    Pierre  de  .  Etude  F. -A.  Vivier,  à  Tarbes. 

2.  Livre  Terrier  de  Visker.  —  Arehives  de  la  Mairie, 


PRIEURÉS  8j 


VIII.  —  PRIEURÉ 

Fondation.  Nature.  Eglise.   Beffroi.  Prieurs.  Revenus. 

I 

Guillaume  Auriol,  baron  de  Bénac,  présente,  vers  1030,  au  monastère 
de  Saint-Pé,  fondé  depuis  quelques  années  seulement,  Odon,  le  second 
de  ses  fils,  pour  le  «  faire  instruire  soigneusement  aux  lettres  et  en  la 
discipline  régulière  dans  le  couvent  de  Saint-Pé».  Il  fit  en  même  temps 
donation  de  l'église  de  Bénac,  c'est-à-dire,  qu'il  donna  aux  religieux  de 
Saint-Pé  tous  les  droits  qu'il  possédait  lui-même  sur  la  cure,  tels  que  le 
droit  de  présentation,  le  droit  de  dîme,  en  un  mot,  tous  les  revenus  de 
la  paroisse.1 

Nous  lisons  dans  Y  Histoire  de  l 'abbaye  et  monastère  de  Saint-Pé:  «  Le 
prieuré  de  Bénac  est  une  marque  de  la  piété  de  Guillaume-Auriolus, 
seigneur  dudit  lieu,  qui  en  fit  donation  du  temps  d'Arsius,  premier  abbé 
du  monastère.  Il  donna  aussi  la  moitié  de  la  dîme  d'Azeres  (Azereix). 
Odon,  son  fils,  confirma  cette  donation  ;  mais  ses  successeurs  la 
contestèrent  jusqu'à  ce  que  les  parties  ayant  mis  leur  différend  devant 
le  Souverain-Pontife,  le  monastère  fut  maintenu  dans  sa  possession.  Ce 
qui  arriva  environ  l'année  1  1  =;q.2 

L'abbé  Arsius  mourut  en  l'année  1032  ;  le  prieuré  existait  donc  avant 
cette  date. 


On  distingue  trois  sortes  de  prieurés  :  le  prieuré  conventuel,  le 
prieuré  commendataire  et  le  prieuré  simple. 

Le  prieuré  conventuel  est  celui  qui  se  trouve  dirigé  par  un  prieur 
conventuel,  ou  simplement  par  un  prieur.  Le  prieur  est  celui  qui  régit 
des  religieux  en  communauté  ;  il  ne  diffère  de  l'abbé  que  de  nom  ;  il  en 
a  toute  l'autorité.  Tel  est  le  cas  du  prieur  de  Bénac. 

1.  Annuaire  du  Petit  Séminaire  de  Saint-Pé  (1887),  p.  29?. 

2.  Annuaire  du  Petit  Séminaire  de  Sainl-Pé  (188;  ,  p. 


84  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

Le  prieuré  commendataire1  appartenait  à  un  bénéficier,  qui  jouissait 
en  tout  ou  en  partie  des  revenus  d'un  prieuré,  et  qui  en  portait  le  titre 
sans  en  avoir  autorité  aucune  sur  les  religieux.  Il  était  l'apanage  des 
séculiers.  Ainsi  pour  Madiran,  Maubourguet,  Saint-Lézer  et  peut-être 
aussi  quelques  années  pour  Bénac. 

Le  prieuré  simple  est  celui  dans  lequel  il  n'y  a  point  de  religieux. 
C'est  un  bénéfice  avec  chapelle  particulière,  que  l'on  donnait  à  tout 
prêtre  séculier.  Tel  est  le  prieuré  d'Artigue-Frémat,  à  Loucrup,  celui 
de  Saint-Paul,  à  Campan.  Les  prieurés  simples  étaient  nombreux  dans 
la  Bigorre. 

Lorsqu'une  abbaye  possédait  des  terres  ou  des  fermes,  situées  à  une 
trop  grande  distance,  l'abbé  envoyait  des  moines  s'établir  dans  ces 
domaines,  afin  de  les  faire  valoir.  Ces  succursales  portaient  le  nom  de 
celles  (Maubourguet),  d'obédiences  ou  de  prieurés  (Bénac,  Momères 
et  Madiran),  et  le  supérieur,  qui  gouvernait  au  nom  de  l'abbé,  recevait 
le  titre  de  prieur.  Mais  un  grand  nombre  de  ces  colonies  religieuses  ne 
tardèrent  pas  à  empiéter  sur  les  droits  de  l'abbaye-mère  ;  elles  s'admi- 
nistrèrent elles-mêmes,  et.  au  XIVe  siècle,  les  prieurés  étaient  regardés 
lés  comme  de  véritables  bénéfices.  Ces  prieurés  furent  appelés 
conventuels  et  l'on  donna  aux  chefs  de  ces  maisons  le  nom  de  prieur 
conventuel,  par  opposition  au  nom  de  prieur  claustral  que  portait  le 
gouverneur  spirituel  des  abbayes  en  commende.2 

III 

Du  prieuré  de  Bénac,  qui  fut  riche  et  puissant,  que  nous  reste-t-il  r 
—  L'église  et  une   tour  d'observation  de   forme   carrée.    L'église,  de 

1.  La  commende  est  un  bénéfice  régulier  donné  à  un  clerc  séculier,  dispensé  de 
l'office  régulier.  Les  commendes  ne  peuvent  se  donner  qu'à  des  clercs  et  pour  de 

motifs.  Les  clercs  qui  mit  une  commende  et  qui  ont  une  table  distincte 
doivent  secouiir  les  pauvres  et  les  monastères  qu'ils  ont  en  commende.  .S'ils  ont 
1  .       immune,  ils  sont  tenus  à  donner  au    monastère  la    troisième    partie    de 

tous  leurs  fruits.  Les  clercs,  qui  jouissent  d'une  commende  dans  un  monastère,  ont 
des  droits  honorifiques  dans  ce  monastère,  et  même  certains  droits  utiles.    Yillers, 
ndium  Je  droit  e  ie,  p.  410.) 

2.  si  l'on  s'en  rapportait  à  l'auteur  espagnol  de  la  Chronique  de  l'ordre  des 
I  ctins,  il  y  aurait   eu   47,000  abbayes,    14,000   prieurés    de    moines    et    15,000 

nts  de  allés  appartenant  à  cet  ordre.  Ce  qu'il  va  de  certain,  c'est  que  l'abbé 
Tritheme,  au  XVe  siècle,  comptait  aisément  randes  abbayes  de  bénédic- 

tins et  de    bénédictines,  en  laissant   de  côté  une    foule    de    petits   monastères.    Il 

;  en  France  avant  la  Révolution  environ  1,200  abbayes  dont  454  étaient 
régulières  et  les  autres  en  commende. 


EGLISE  ("m 

l'avis  d'architectes  distingués,  serait  du  XIe  siècle.  Elle  fut  donc  élevée 
aussitôt  après  la  fondation  du  prieuré.  C'est  une  croix  latine  d'une 
grande  régularité,  le  type  parfait  des  églises  bâties  par  les  Bénédictins. 
Combien  elle  est  déchue  de  sa  beauté  primitive  !  Et  que  de  ravages 
ont  porté  dans  notre  Bigorre  ces  protestants,  amis  de  nos  seigneurs  !  ! 
Cette  église  a  été  brûlée,  comme  le  plus  grand  nombre  des  églises  du 
Bénaqués  ;  les  murs  seuls  sont  restés  debout,  et  encore  a-t-il  fallu 
refaire  en  partie  le  mur  du  midi  et  celui  du  levant.  Il  ne  nous  reste  des 
ouvertures  primitives,  que  deux  fenêtres  romanes,  aveuglées  aujourd'hui 
dans  le  mur  du  midi  ;  une  fenêtre  de  même  genre  éclaire  le  croisillon 
méridional,  où  l'on  remarque  des  traces  d'archivolte.  Les  trois  croisées 
du  sanctuaire  sont  en  style  ogival.  Sur  la  muraille  de  l'ouest,  très  haut 
dans  le  mur,  on  remarque  une  fenêtre  ogivale  à  deux  baies,  ornées 
aujourd'hui  de  verres  peints. 

Après  le  passage  des  Huguenots,  les  moines  sont  ruinés,  et  la  popu- 
lation est  aux  abois  ;  on  avait  deux  églises  à  rebâtir,  celle  de  la  paroisse 
dédiée  à  Saint-Pierre,  et  celle  du  prieuré,  consacrée  à  la  Sainte-Vierge. 
D'un  commun  accord,  on  a  sacrifié  celle  de  la  paroisse  pour  restaurer 
Sainte-Marie,  parce  qu'elle  était  et  plus  vaste  et  plus  belle  ;  alors, 
moines  et  paysans  se  sont  mis  à  l'œuvre.  Mais  la  restauration  a  été  fort 
incomplète,  et  il  a  été  nécessaire  bientôt  après  d'appeler  les  ouvriers  et 
de  remettre  la  main  au  travail.1 

Au  nord,  entre  le  sanctuaire  et  la  chapelle  de  Saint-Joseph,  se  trouve 
la  tour  rectangulaire2  qui,  autrefois,  sans  nul  doute,  servait  de  clocher, 


i.  Le  10  janvier  1628,  Jean-Penin  de  Verdot,  Gabriel  de  La  Penne  dit  Cachie, 
Domenge  de  Las  Pares,  Domenge  de  Nogué,  maîtres  charpentiers  de  Bénac,  et 
Biaise  de  Saint-Jean,  de  Juillan,  charpentier  aussi,  se  chargent  de  «  bastir  et 
ediffier  le  devant  de  l'esglize  du  lieu  de  Bénac,  faire  et  parfaire  icelle  pour  la 
somme  de  troys  cens  livres».  Cette  somme  leur  fut  allouée  par  Me  Jean  Magen- 
ties,  prieur  de  Bénac,  et  par  Bertrand  Dulcis,  recteur  de  la  paroisse.  De 
Carrère,  N.  R.) 

Le  17  août  1662,  la  communauté  de  Bénac,  réunie  en  corps  «  avec  le  voloir  et 
consentiment  de  messieurs  les  prebres  dudit  Benac  »,  donnent  à  Jean  de  Berdot, 
charpentier  de  Bénac,  «.  à  bastir  en  lambris  le  cœur  du  grand  autel  de  1  . 
dudit  Benac  despuis  le  grant  autel  jusques  au  barrout  de  Dhom,  le  tout  de  mesme 
et  conformément  à  celuy  de  l'esglize  de  Lorde  ».  Le  tout  se  ferait  «  moyennant  la 
somme  de  deux  cens  vingt  livres,  un  sac  de  bled  et  un  barril  de  vin  ».  (De 
Carrère,  N.  R.) 

2.  Les  tours  romanes  étaient  de  forme  carrée  ou  rectangulaire,  terminées  par 
une  pyramide  à  quatre  pams   soit  en   pierre,  soit   en  charpente  :  cette  pyramide 


86  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONN1E    DE    BENAC 

et  qui  était  bien  plus  élevée  avant  son  découronnement  par  le  marteau 
des  parpaillots.  L'étage  inférieur  de  cette  tour  a  été  transformée  en 
sacristie  ;  sur  le  haut,  on  voit  une  autre  chambre  voûtée,  qui  devait, 
dans  le  temps,  servir  aux  réunions  capitulaires,  et  qui,  aujourd'hui,  sert 
de  décharge  pour  le  linge  et  les  bouquets  de  l'église.  Les  murs  de  la 
tour  ont  deux  mètres  d'épaisseur,  ils  étaient  construits  pour  supporter 
un  grands  poids.  On  pénétrait  à  cette  chambre  supérieure  et  aux 
appartements  plus  élevés  par  une  tourelle  à  escalier  à  vis  de  même 
hauteur  que  la  tour. 

Le  maître-autel,  en  bois  peint,  est  sans  caractère.  Le  baldaquin  à  six 
colonnes,  formant  un  demi-cercle,  est  de  toute  beauté.  Deux  des 
colonnes  se  trouvent  placées  derrière  l'autel  ;  les  autres  quatre,  placées 
sur  les  côtés,  deux  à  deux,  reposent  sur  un  piédestal  unique  qui 
supporte  entre  les  deux  colonnes  une  statue,  aussi  en  bois,  de  grandeur 
naturelle.  On  reconnaît,  du  côté  de  l'évangile,  saint  Jean-Baptiste, 
tenant  une  croix  de  la  main  droite  et  montrant  le  ciel  de  la  main  gauche. 
L'autre  statue  est  celle  de  saint  Mathieu,  un  ange  porte  un  livre  dans 
la  main  gauche,  et,  de  la  main  droite,  il  indique  au  saint  le  feuillet  sur 
lequel  il  doit  écrire  une  page  de  son  Evangile.  Le  milieu  du  fronton, 
qui  relie  les  quatre  colonnes,  sert  de  piédestal  à  une  belle  statue,  en  bois 
doré,  de  l'Immaculée-Conception.  Elle  est  d'une  grande  perfection. 
Marie  foule,  de  son  pied  virginal,  la  tète  d'un  énorme  serpent,  tenant 
dans  sa  gueule  une  pomme,  symbole  de  la  chute  originelle. 

La  chapelle  du  midi,  dédiée  à  sainte  Anne,  conserve  le  chapiteau 
d'une  colonne  qu'on  a  fait  disparaître  pour  placer  l'autel.1 

La  chapelle  du  nord,  dédiée  à  saint  Joseph,  ne  représente  aucune 
valeur  archéologique.  Adossé  au  mur  se  développe  un  bas-relief  sur  bois, 
rappelant  la  scène  de  l'ascension  du  Sauveur. 

D'autres  chapelles  se  trouvaient  encore  dans  cette  église.  Du  côté 
du  nord,  à  la  partie  extérieure  de  la  muraille,  apparaissent  des  traces  mani- 
festes d'une  construction  qu'on  rattacherait  au  style  gothique,  des  atta- 
chait le  plus  souvent  obtuse.  Un  très  grand  nombre  de  pyramides  élancées,  que 
l'on  voit  sur  les  tours  romanes,  n'ont  été  élevées  que  dans  les  XIIIe  et  XIVe 
siècles.  —  De  Caumont.  Archéologie  des  écoles  primaires,  p.  221. 

I.  De  l'avis  des  connaisseurs,  ce  chapiteau  représente  les  figures  bibliques 
d'Adam  et  Eve,  de  Sem,  Cham  et  Japhet.  Un  architecte,  d'une  de  nos  grandes 
villes  du  midi,  disait  un  jour  à  M.  Semmartin,  alors  curé  de  Bénac  :  «  Si  la  fabri- 
que de  votre  église  consentait  à  me  céder  ce  marbre,  je  le  remplacerai  et  j'en 
donnerai  bon  prix.    » 


EGLISE 


ches  de  voûte  pendent  au   mur.    C'était  la  chapelle  saint   Barthélémy, 
propriété  de  la  famille  Pédeporc.1 

Au  levant,  deux  tronçons  de  voûte  se  détachent  extérieurement,  indi- 
quant ainsi  la  place  occupée  par  deux  chapelles  adossées  au  chœur.  La 
plus  rapprochée  de  l'autel  de  sainte  Anne  devait  être  celle  de  Saint- 
Sevié  ;  consacrée  à  saint  Eusèbe,  elle  servait  de  sépulture  à  cette 
famille.  L'autre,  plus  au  levant,  était  celle  des  seigneurs  de  Bénac, 
dédiée  à  Notre-Dame  de  Montaut. 

Les  seigneurs  de  Bénac  avaient  choisi  l'église  des  Cordeliers  de 
Tarbes,  et  dans  cette  église  la  chapelle  sainte  Anne  ou  du  chapitre 
pour  dormir  leur  dernier  sommeil.  Là  était  le  tombeau  de  la  famille.  Il 
arriva  cependant  qu'un  de  ces  barons  fut  enseveli  dans  la  chapelle 
Notre-Dame  de  Montaut,  et  cela  pour  des  raisons  d'une  grande  gravité.2 
L'église  avait  une  voûte  en  briques  et  maçonnerie;  elle  a  disparu 
depuis  peu,  complètement  délabrée;  on  a  fait  un  lambris. 

Un  porche,  qui  n'a  rien  d'antique,  se  trouve  placé  au  couchant  devant 
la  porte  d'entrée;  il  est  soutenu  par  deux  colonnes  en  marbre  rouge  de 
Sarrancolin  avec  chapiteau  et  piédestal  de  marbre  blanc.  Les  deux 
colonnes  ont  deux  mètres  de  hauteur.  Les  piédestaux  sont  à  grandes 
moulures  et  les  chapitaux  sont  sculptés.  Nous  en  parlerons  plus  loin  en 
décrivant  ce  qui  nous  reste  du  cloître. 

L'église  du  prieuré  de  Bénac  était  consacrée  à  F  Immaculée-Concep- 
tion, qui  devint  la  patronne  de  la  paroisse  après  la  destruction  de  l'église 
Saint-Pierre  parles  huguenots.  Les  religieux  prirent  de  leur  côté  saint 
Cucufas  pour  patron.3 


1.  Jean  Pénin  Bouet  dit  Pédeporc,  âgé  de  78  ans,  est  décédé  le  12  aoust  1602 
et  a  esté  ensevely  dans  l'esglize  dudit  Benac  et  dans  la  chapelle  de  saint  Barthé- 
lémy, le  15.  Au  quel  convoy  ont  acisté  entr'autres  J.  Camon,  Ponchet  Bernard 
soubsignes  avec  moy  quy  ay  lait  L'office.  J.  Camon,  Ponchet,  B.,  Larmand,  curé. 
—  Registre  de  l'état-civil  de   Bénac. 

2.  En  creusant  pour  les  fondations  de  la  maison  Lauga-Balem,  on  trouva  un 
cercueil  en  marbre  blanc.  N'était-ce  point  le  tombeau  de  Philippe  de  Montaut- 
Bénac?...  (Voir  p.  52). 

3.  Cucufas  naquit  de  parents  nobles  dans  une  petite  ville  d'Afrique  appelée 
Scilitte  et  quelquefois  Scilitane.  Comme  il  faisait  ses  études  à  Césarée  de  Mauri- 
tanie, aujourd'hui  Cherchell,  sur  la  côte  septentrionale  de  l'Afrique,  il  entendit 
de  loin  le  bruit  de  la  persécution  qui  s'allumait  en  Catalogne,  suscitée  par  le  cruel 
Dioclétien.  Jaloux  de  l'honneur  du  martyre,  il  se  jette  sur  un  vaisseau  et  touche 
au  port  de  Barcelone.  Ses  aumônes,  ses  prédications,  et  le  grand  éclat  de  ses 
miracles  le  signalent   bientôt   à  ses   persécuteurs.    Soumis  aux   tortures    les   plus 


88  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

Nos  moines  de  Bénac  en  faisaient  l'office  d'une  manière  très  solen- 
nelle, chantant  l'hymne  du  saint,  que  nous  a  conservée  le  bréviaire  moza- 
rabique.1 

IV 

La  tour  rectangulaire,  qui  sert  aujourd'hui  de  clocher,  est  complète- 
ment séparée  de  l'église.  C'était  là  «  ce  beffroi  que  nos  pères  bâtis- 
saient, dans  lequel  ils  plaçaient  la  cloche  destinée  à  sonner  l'heure  des 
assemblées  ou  l'alarme  en  cas  de  danger  ».  Elle  est  pourvue  d'une 
grande  porte  ogivale,  donnant  sur  la  grand'route  et  sur  les  dépendances 
du  prieuré.  Le  sommet  en  est  moderne  et  d'un  goût  douteux.  Les  gens 
du  marquisat,  assez  peu  respectueux,  désignent  cet  appendice  récent  par 
le  nom  de  pigeonnier.  Cette  tour  a  servi  à  la  défense  du  prieuré  et  de  la 
communauté;  on  montait  à  la  chambre  supérieure  par  un  escalier  dérobé 
placé  dans  la  muraille  du  midi  ;  elle  conserve  toujours  ses  meurtrières. 
De  ce  côté,  elle  précédait  les  fossés,  protégeant  l'église  vers  le  nord, 
fossés  qu'on  a  comblés  seulement  depuis  quelques  années. 


Les  prieurs  de  Bénac  se  sont  succédés  nombreux,  pendant  les  huit 
cents  ans  qu'a  vécu  le  prieuré.  Pourra-t-on  jamais  connaître  le  nom  de 

barbares,  il  décourage  ses  bourreaux  par  la  protection  visible  que  le  Ciel  étend 
sur  lui.  Une  clarté  merveilleuse  vient  illuminer  sa  prison  ;  ses  plaies  se  ferment 
d'elles-mêmes;  les  lions  refusent  d'entamer  ses  chairs  innocentes  et  se  couchent 
à  ses  pieds;  les  flammes  des  bûchers  s'éteignent;  les  bourreaux  sont  frappés  de 
cécité;  la  terre  s'entr'ouvre  sous  les  pas  du  juge  païen  et  le  dévore  tout  vivant; 
et  celui,  qui  succède  à  cet  homme  d'iniquité,  est  écrasé  par  la  chute  soudaine  de 
son  idole.  Le  jeune  confesseur  du  Christ  a  enfin  la  t* te  tranchée  et  son  âme  vole 
dans  les  cieux. 

Ses  reliques  furent  apportées  d'Espagne  en  France,  et  Fulrad,  abbé  de  Saint- 
Denis,  les  déposa  dans  l'église  du  monastère  de  Liepvre  ou  Lebereau  Lebra- 
hense),  au  diocèse  de  Strasbourg,  dont  il  était  le  fondateur.  Les  reliques  du  saint 
martyr  restèrent  à  Liepvre  jusqu'en  8j5,  époque  à  laquelle  Hilduin,  abbé  de 
Saint-Denis,  les  fit  apporter,  le  2;  août,  dans  son  abbaye,  où  elles  étaient  encore 
honorées  vers  la  lin  du  siècle  dernier. 

Les  Espagnols  prétendent  que  le  corps  de  saint  Cucufas  est  à  Barcelone,  et 
qu'on  ne  porta  en  France  que  son  chef. 

Ce  saint  fut  martyrisé,  dans  l'année  306,  à  Gironeen  Catalogne. 

Les  bénédictins  ont  obtenu  des  autorités  compétentes  les  corps  de  bien  des 
martyrs.  Ils  se  faisaient  un  devoir  de  placer  chacune  de  leurs  maisons  sous  l'égide 
des  saints  qu'ils  honoraient.  De  là  le  culte  de  saint  Cucufas.  —  (Guérin,  Vie  Jcs 
SiUiits.  t.  IX,  p.  jj). 

1,  Acta  sanctoru-11,  t.  XXXII,  p.  149. 


prieurs  og 

tous  ces  saints  personnages,  qui  ont  mène  la  vie  austère  de  la  règle  de 
saint  Benoît,  au  milieu  de  nos  populations  éminemment  religieuses. 
Voici  ceux  que  nous  avons  recueillis,  nous  les  enregistrons 

I.  —  Auger  de  Louey  (1249).  —  Résipiscence  d'Auger,  seigneur 
d'Ossun,  au  sujet  des  torts  faits  par  lui  aux  Templiers  de  Bordères. 
Témoins  :  . .  .El  Augerii  de  Loyl,  prioris  de  Vcn.tco.1  Il  était  abbé  de 
Saint-Pé  en  12^0. 

II.  —  Guillaume-Arnaud  de  Loyt  (Louey)  (1285-1298),  était  prieur 
de  Bénac,  à  la  date  du  29  octobre  128^.  En  effet,  il  réussit  alors  à  ter- 
miner les  démêlés  de  l'abbé  de  Saint-Pé,  Guillaume-Arnaud  de  Bénac, 
avec  «  Borguinde  Lée  de  Leost  ».  —  A  la  mort  de  Guillaume-Arnaud 
de  Bénac,  Guillaume-Arnaud  de  Loyt,  choisi  pour  abbé,  se  rendit  à 
Rome  pour  obtenir  la  confirmation  canonique,  mais  Boniface  VIII 
supposa  qu'une  enquête  faite  sur  place  offrirait  plus  de  garanties  ;  il 
désigna  l'évoque  d'Oloron,  l'archidiacre  de  Tarbes  et  le  gardien  des 
frères   mineurs  d'Auch  pour  examiner  les  aptitudes  de  l'élu,  le  1 1  mars 

■  1298.  —  L'enquête  lui  fut  favorable  et  il  put  prendre  en  mains  le  gou- 
vernement de  l'abbaye;  mais  néfaste  fut  son  administration,  soit  au 
point  de  vue  spirituel,  soit  au  point  de  vue  temporel.  Le  2^  mai  13 10, 
les  moines  de  Saint-Pé  accusaient  Guillaume-Arnaud  d'avoir  dilapidé, 
par  des  aliénations  arbitraires,  les  biens  du  monastère.  Clément  V 
suspend  l'abbé  de  ses  fonctions  ;  il  charge  l'abbé  de  Saint-Vincent 
de  Lucq  de  l'administration-de  l'abbaye,  le  prieur  des  frères  prêcheurs 
de  Morlaas  et  le  gardien  des  frères  mineurs  de  Tarbes  reçoivent 
l'ordre  de  faire  justice  sommaire  des  coupables.  —  Suspendu  en  1 3 1  o, 
il  continue  à  porter  jusqu'à  sa  mort  (1 314)  le  titre  d'abbé,  tout  en 
laissant  à  l'abbé  de  Saint-Vincent  de  Luc  l'administration  effective  de 
Saint-Pé.2 

III.  —  P.  de  Lourdes  (1264).  — Compromis,  en  1264.  entre  l'évêque 
de  Tarbes  et  le  chapitre,  d'une  part  ;  et  Garsias-Arnaud,  vicomte  d'Asté, 
d'autre  part,  relatif  à  la  dîme  de  Baudéan .  . .  Témoins  :  ...  A.  officiai  ; 
A.  d'Espagne,  moine  de  Saint-Pé  ;  P.  de  Lourdes,  prieur  de  Bénac; 
Raymond-Arnaud  de  Coarraze,  clerc;  A.  \V.  d'Asté.3 

1.  Larcher,  manuscrit  des  archives  des  Hautes-Pyrénées,  f°  2,  série  B. 

2.  Voir  dans  l'Annuaire  Je  Saint-Pé  1895)  les  deux  bulles,  avec  notes  de  l'abbé 
Guérard,  relative  '1  l'élection  de  Guillaume-Arnaud  de  Loyt  par  Boniface  VII 1  et 
à  sa  déposition  par  Clément  V,  p.  4;  1-44;. 

5.  Archives,  série  G,  n°  158. 


1)0  LE    BENAQUES    OU    BAR0NN1E    DE    BENAC 

IV.  —  Geoffroy  de  Basilhac  (  i4")0). —  Le  Ier  septembre    1452,  rati- 
fication delà  transaction  passée,  le  21  avril  1430,  entre  Raymond-Emeric 
de  Basilhac,  abbé,  les  religieux  et  la  ville  de  Saint-Pé.  Cette  transac- 
tion porte,  entr'autres  choses,  que  les  habitants  de  Saint-Pé  ont  le  droit 
de  construire  des  moulins,  de  cultiver  les  terrains  communaux,  d'y  bâtir 
des  granges  et  des  maisons,  sans  permission  et  sans  payer  des  fiefs;  de 
prélever  au  profit  de  la  communauté  le  denier  de  la  taverne  et  du  sou- 
que t;  d'établir  à  leur  gré  des  tavernes,  des   boucheries,   de   vendre  de 
l'huile,  du  sel,  du  pain,  des  poissons,  etc.  ;  de  partager  avec  le  monas- 
tère les  taxes  établies  pour  la  dépaissance  dans  les  forets  et  les  vacants. 
On  y  indique  le  mode  de  nomination  des  juges  de  la  ville,  et  l'on  recon- 
naît que   le    ruisseau   de  la    Batmale   doit  suivre  son   cours  naturel  et 
passer  aux  dépens  du  monastère  par  les  Scomps  ou  Escomps,  c'est-à-dire 
évidemment  par  les  lieux  cachés,   les  souterrains  auquel  donne  accès 
l'ouverture  appelée  aujourd'hui  Y  œil  de  Labau.  —  Ratification   de  la 
bulle  et  de  son  exécution  par  le  prieur  du   prieuré  de  Bénac,  Geoffroy 
de  Basilhac.  Cette  bulle  du  pape  Nicolas  V  est  du  4  janvier  145 1.  Elle 
répond  à  une  supplique  de  l'abbé,  du  monastère  et  de  la  ville  de  Saint- 
Pé,    et   elle    confère    les  pouvoirs   du   Souverain-Pontife  à  l'abbé  de 
Larreule,  à  l'effet  d'homologuer  au  nom  du   Saint-Siège,   et  après  une 
sérieuse  enquête,  la  transaction  précitée  du  21    avril    1650.  Bonhomme 
de  Luc,  sacristain  de  Bénac  (Bonus  homo  de  Lueo)  et  Jacques  de  Verges 
moine   de  ce   monastère  (Jacobus  de  Viridariis)    ratifient,   le   21  juillet 
1452,  et  la  transaction  et  la  bulle.1 

V.  —  Anthoni  Jorden  (  1 5 _j.  1  )  fournit  le  dénombrement  des  fiefs, 
perçus  par  le  prieur,  le  4  octobre  1 541  ;  et  le  fit  présenter  à  Lescar,  le 
12  décembre  suivant,  par  Jean  Bonade,  syndic  des  religieux  de  Saint- 
Pé.2 

VI.  —  Pierre  Darié  (1618)  était  prieur  de  Bénac  en  1618;  en  cette 

1.  Annuaire  du  Petit  Séminaire  de  Saint-Pi    1888  ,  p.  411. 

2.  ...Item  ditz  lodit  sindic  que  fray  Anthoni  Jorden,  religios  deudit  moneste  de 
Serape  et  coma  prior  de  Benac  luy  pren  sertan  granatge  et  fins  en  argent  en  lo 
loc  de  Julha...  —  Item  tien  lodit  prior  en  lo  loc  de  Benac  duas  pessas  de  terra 
que  contienen  dus  jornaus  o  tanta  que  sia,  lasquaus  son  proprias  deudit  prior  de 
Benac.  —  Item  ditz  lodit  prior  que  protesta  de  augmentar  ou  demenuir  lo  présent 
dénombrement  totes  hores  et  quantes  ne  sera  sertillicat  au  bray  per  y  aber  metut 
o  oblidat  auguna  causa  de  la  quala  aura  usel  luy  et  sons  predecessors.  En  fe  de 
que  me  soy  signe.  Fr.  Anthoni  Jorden,  prior  de  Benac.  —  (Annuaire  du  Petit 
Séminaire  de  Saint-Pé  (1894  >  P-  4;2- 


Prieurs  91 

année,  il  était  parrain  de  Pierre  Darié,  son  neveu.1  Le  5  février  1625, 
il  faisait  son  testament,  dans  lequel  il  multiplie  ses  fondations  pies.  Je 
le  donnerai  en  appendice,  VIe  pièce  justificative. 

A  quelle  époque  Pierre  Darié  a-t-il  donné  sa  démission  de  prieur  de 
Bénac  r  A-t-il  abandonné  sa  charge  pour  cause  de  maladie,  ou  bien 
a-t-il  été  contraint  par  les  règlements  monastiques  ?  Que  signifie  cet 
obit  que  la  justice  deTarbes  a  exigé  de  Pierre  Darié  en  laveur  de  feu 
Jean  Destrucas  ?  Que  s'est-il  passé  ?  Il  n'est  pas  possible  qu'un  mystère 
plane  sur  la  mémoire  du  prieur;  j'espère  bien  un  jour  en  trouver 
l'explication. 

VII.  —  Jean  Magenties  (1621-1667).  Ce  prieur  était,  comme  le  plus 
grand  nombre  de  ses  devanciers,  l'enfant  du  pays.  Il  avait  l'esprit  con- 
ciliant :  il  se  trouve  mêlé  à  toutes  les  affaires  soit  de  la  communauté, 
soit  de  l'église,  et  toujours  on  trouve  en  lui  l'homme  du  bon  conseil.  Il 
était  l'ami  de  Jean-Michel  de  Saint-Sevié,  abbé  commendataire  de 
Saint-Savin. 

VIII.  —  Jean  Pruède  (1669-1692)  était  le  frère  de  Bertrand  Pruède, 
seigneur  de  Salles-Adour. 

Une  affaire,  qui  fit  quelque  bruit  en  l'année  1681,  fut  celle  où  Jean 
Pruède  se  trouve  pris  à  partie  par  les  communes  d'Orincles,  Lannes, 
Louey,  Hibarette,  Loucrup,  Averan  et  Visker,  représentées  par  le 
sieur  Jean  Houillarac,  d'Orincles.  On  en  jugera  : 


L'an  mil  six  cens  quatre  vingt  un  et  le  vingtiesme  jour  du  moys  de 
marcs,  environ  midy,  estant  dans  la  ville  de  Lorde,  rue  du  bourgnaou, 
par  devant  moy  notaire  royal  soubsigne,  en  la  présence  des  tesmoings 
bas-nommes.  A  compareu  en  personne  Jean  Houillarac,  laboreur,  habi- 
tant du  lieu  d'Orincles,  prisonnier  dans  les  prisons  royalles  en  la  pré- 
sente ville,  faizant  tant  pour  luy  que  pour  ses  coosequestiers  des  lieux 
d'Orincles,  Lannes,  Louey,  Hibarette,  Loucrup,  Averan,  et  Visquer, 
des  fruicts  du  prieuré  N.-D.  de  Bénac,  l'année  167g.  Lequel  ne  pouvant 
avoir  la  présence  de  Me  Jean  Pruède,  prieur  dudit  prieuré  en  ladite 
année  1679,  a  présent  habitant  en  ladite  ville,  et  auquel  il  adresse  cet 
acte,  luy  dict  et  répète  qu'en  ladite  année  1679,  à  faute  par  ledit  sieur 
prieur  d'avoir  payé  les  décimes,  deiïes  au  roy,  dudit  prieuré  en  ladite 
année  à  Me  Bernard  Estrade,  conseiller  du  roy  et  receveur  des  décimes 
au  présent  dioceze.  Iceluy  sieur  Estrade  auroict  faict  saizir  les  fruicts 
dudit  prieuré  et  puy  en  auroict  faict  convier  sequestiers  tous  les  compa- 
rants et  generallement  le  reste  des  habitants  du   marquizat   de   3énac, 


I.   Registre  des  baptêmes,  mairie  de  Bénac, 


LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


parlant  au  nomme  Barbe  d'Orincles,  et  à  faute  par  iceux  sequestiers 
d'avoir  remis  les  fruicts  conséquestres,  ledit  sieur  Estrade  auroict  faict 
prisonnier  ledit  constituant  dans  les  prisons  dans  la  présente  ville  où  il 
est  détenu.  Et  d'autant  que  le  constituant  ny  coosequestiers  n'ont 
poinct  retiré  lesdits  fruicts  du  prieuré,  mais  que  c'est  ledit  sieur  de 
Pruede,  prieur  en  ladite  année,  quy  les  retira;  a  cause  de  quoy  ils  ne 
peurent  satisfaire  à  ladite  remise,  attendeu  que  comme  dict  est,  ledit 
sieur  de  Pruede  estoit  alors  prieur  et  quy  retira  lesdits  fruicts,  il  en 
doit  supporter  lesdites  charges.  C'est  pourquoy  par  cest  acte,  ledit 
comparant,  comme  procureur,  a  sommé  et  requis,  somme  et  requiert 
ledit  sieur  de  Pruede,  de  luy  procurer  incessamment  l'eslargissement 
de  sa  personne  et  de  le  relepver  indemne  tant  en  principal,  ensemble  de 
tous  domaiges  et  intherets  soufferts  et  à  souffrir  quelconques.  Et  à 
faute  de  quoy  faire,  il  a  protesté  et  proteste  contre  ledit  sieur  Pruede 
de  tout  principal,  despens,  domaiges  et  tout  ce  que  luy  est  loizible  de 
protester.  De  quoy  ledit  comparant  a  requis  moy  dit  notaire  de  luy 
retenir  cest  acte  pour  le  faire  signiffier  que  luy  ay  concédé  aux  fins  qu'il 
ne  prétende  cauze  d'ignorance.  Presens  à  ce  Jean  Delpech,  mugissien, 
et  Guillaume  Monic  dict  Balle  tesmoins  soubsignes  habitants  de  ladite 
ville.  Ledit  comparant  a  dict  ne  sçavoir  escrire  et  moydit  notaire. 

Monic,  Delpech,  d'Embarrère,  N.  R.1 


Jean  Pruede  fut-il  nommé  régulièrement  au  prieuré  de  Bénac  par 
les  religieux  de  Saint-Pé,  ou  bien  à  titre  de  prieur  commendataire?1  La 
lettre  de  do  m  Jean  l'Evangéliste  Guillaume  à  dom  Germain  nous  laisse 
entrevoir  des  difficultés  dans  le  maintien   en  place  de  ce  prieur.  Voie; 

ces  quelques  lignes  : 

...  Le  prieuré  N.-D.  de  Bénac,  dioceze  de  Tarbe  ;  la  Conception  de 
la  Sainte-Vierge  en  est  la  patronne.  Ce  prieuré  vint  à  vaquer  par  le 
mariage  contracté  par  celui  qui  en  était  titulaire.  Il  fut  confié  à  dom 
Pierre  Bertrand,  religieux  conventuel  du  monastère  de  Saint-Pé,  par 
notre  communauté,  le  5  juin  1680.  Son  titre  fut  contesté  par  un  réga- 
liste  et  autres  prétendants.  Néanmoins  il  fut  maintenu  définitivement  à 
la  possession  dudit  prieuré  par  arrêté  du  Parlement  de  Paris,  du  22 
mars  1681.2 

Tout  nous  porte  à  croire  que  Jean  Pruede  fut  prieur  commendataire. 
Comment  et  par  quelles  influences  obtint-il  que  ce  prieuré,  de  conven- 
tuel qu'il  était,  devint  commendataire   pour  lui  r   —    Nous  l'ignorons. 

1.  Archives  A.  Diiffourc. 

2.  Annuaire  du  Petit  Séminaire  de  Saint-Pé  (1881),  p.  194. 


prieurs  93 

Mais  nous  savons  bien  qu'après  lui  le  prieuré  revint  à  la  nomination 
des  religieux  du  monastère  de  Saint- Pé. 

«  Comme  rien  n'est  plus  opposé  au  droit  commun  que  la  commende, 
dit  Boutaric,  le  pape  seul  peut  accorder  des  provisions  de  cette  nature; 
il  le  peut,  mais  sans  y  être  obligé,  et  il  les  refuse  en  effet  plus  souvent 
qu'il  ne  les  accorde;  un  collateur  inférieur  ne  peut  conférer  in  commen- 
dam, s'il  n'a  un  induit  particulier,  encore  ne  le  peut-il  qu'à  la  charge 
par  le  pourvu  de  prendre  dans  les  huit  mois  une  nouvelle  provision  en 
cour  de  Rome. 

«  Quand  nous  disons  que  le  pape  refuse  plus  souvent  qu'il  n'accorde 
des  Provisions  d'un  bénéfice  régulier  à  un  séculier  in  commendam, 
nous  entendons  parler  d'un  bénéfice  régulier  qui  étoit  en  règle,  et  pos- 
sédé en  titre  par  un  religieux  ;  car  s'il  ne  s'agissoit  que  d'une  conti- 
nuation de  commende,  c'est-à-dire  des  provisions  en  commende  d'un 
bénéfice  régulier,  que  des  séculiers  eussent  accoutumé  à  posséder  en 
commende,  in  commendam  obiineri  solili,  le  pape  alors  seroit  astraint  de 
l'accorder,  et  le  refus  qu'il  feroit  seroit  constamment  abusif.  Il  faut 
deux  choses  pour  établir  la  coutume  sur  cette  matière,  i"  Qu'il  y  ait 
quarante  ans  de  possession.  2"  Que  dans  cet  intervalle  il  ait  été  fait  de 
suite  purement  et  simplement  trois  différentes  collations  en  commende. 
Je  dis  de  suite  parce  que  un  bénéfice  régulier  eut-il  été  possédé  en 
commende  par  des  séculiers  pendant  des  siècles  entiers,  reprend  sa 
première  qualité  dès  qu'un  religieux  en  est  pourvu  en  titre  ;  de  manière 
que  si  ce  religieux  vouloit  résigner  en  faveur  d'un  séculier,  ou  qu'un 
séculier  demandât  le  bénéfice  comme  vacant  par  la  mort  de  ce  religieux. 
ce  ne  seroit  plus  une  continuation  de  commende  que  le  pape  fut  obligé 
d'accorder,  ce  seroit  une  nouvelle  commende,  qu'il  dépendroit  du  pape 
d'accorder  ou  de  refuser.  Je  dis  encore  trois  collations  faites  purement 
et  simplement  ;  car  si  la  commende  étoit  décrétée,  le  pape  ne  seroit  pas 
non  plus  en  ce  cas  astraint  d'en  accorder  la  continuation,  quoiqu'il  eut 
été  fait  précédemment  trois  collations  de  suite.  On  appelle  commende 
décrétée  celle  que  le  pape  accorde  pendant  la  vie  seulement  du  com- 
mendataire  et  à  la  charge  du  retour  en  titre  après  sa  mort.  Cum  decrelo 
quod  eo  cedenle  vel  deee dente,  benejicium  amplius  non  commendelur ;  sed 
in  pristinam  tituli  naturam  reverli  et  personœ  regulari,  in  iitulum  conféra 
debeat  ac  si  nunquam  commendatum  fuisset.  Le  pape,  après  avoir  ainsi 
conféré,  est  si  peu  obligé  de  conférer  de  même,  que  s'il  le  faisoit  sans 
une  dérogation  expresse  au  décret,   le  titre  seroit  absolument  nul.  La 


94  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 

commende  au  surplus  ne  fait  jamais  perdre  au  bénéfice  sa  nature  et  sa 
qualité,  c'est-à-dire  que  la  commende  étant  une  espèce  de  dispense,  en 
vertu  de  laquelle  un  séculier  possède  un  bénéfice  régulier,  le  bénéfice 
ne  cesse  point  d'être  régulier  pendant  et  si  longtemps  qu'il  est  possédé 
en  commende.1  » 

IX.  —  Pierre  Bertrand  (1680-1681)  était  prieur  de  Bénac  nommé, 
quand  les  malheureuses  affaires  que  nous  venons  de  raconter  se  passaient 
à  Lourdes.  Prieur  de  droit,  il  ne  le  fut  jamais  de  fait.  De  Lourdes, 
Jean  Pruède  dirigeait  Bénac.  et,  par  son  procureur  fondé,  il  faisait 
rentrer  les  émoluments  inhérents  à  sa  charge. 

X.  —  César  Larcade  (1692-1699).  Le  iS  novembre  1692,  dom 
César  Larcade,  bénédictin  du  monastère  de  Saint-Basile  de  Nimes, 
succédant  à  Me  Jean  Pruède,  prieur  du  prieuré  Sainte-Marie  de  Bénac, 
prend  possession  dudit  prieuré.2 

César  Larcade  n'est  plus,  comme  ses  devanciers,  religieux  de  Saint- 
Pé  ou  d'un  autre  monastère  de  Bigorre.  Est-ce  l'autorité  religieuse  qui 
a  voulu  couper  court  à  toutes  les  compétitions  en  donnant  cette  charge 
à  un  religieux  du  même  ordre  mais  d'un  pays  éloigner 

La  communauté  de  Lannes  voudrait  s'affranchir  de  tous  droits  envers 
le  prieuré  de  Bénac. . .  Le  19  décembre  1696  fut  rendue  une  sentence 
arbitrale  par  laquelle  le  prieur  fut  remis  dans  son  droit  de  percevoir  la 
dîme  de  Lannes,  et  par  laquelle  la  fabrique  était  condamnée  à  payer  au 
prieur  les  six  portions  sur  seize  de  toute  dîme.  (Voir  pièce  VII  justi- 
ficative.) 

XI.  —  Gaspard  Baudin  (1699-1704).  Il  était  religieux  de  Saint-Maur, 
résidant  dans  le  monastère  de  Saint-Sever  Cap-de-Gascogne.  Il  prend 
possession  du  prieuré  de  Bénac,  le  19  décembre  1699. 3 

Nous  ne  connaissons  de  ce  prieur  que  sa  prise  de  possession  du 
prieuré,  laissé  vacant  par  la  mort  de  son  vénérable  prédécesseur,  et 
quelques  actes  insignifiants  et  sans  importance  pour  l'histoire  locale. 

XII.  — •  Abadie  (1712-1719).  Les  deux  communautés  de  Bénac  et  de 
Lannes  sont  en  désaccord  pour  la  délimitation   des  deux  territoires  au 

1.  Boutaric  (François  de).  —  Explication  de  l'ordonnance  de  Blois,  p.   12. 

2.  Lacay.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 
5.   Lacay.   Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 


PRIEURS 


95 


quartier  de  l'Aubisc.  Les  gens  de  Lannes  prétendent  que  ceux  de 
Bénac,  pour  agrandir  leur  territoire,  ont  déplacé  les  bornes;  qu'ils  ont 
même  arraché  une  croix  pour  la  planter  plus  profondément  sur  les 
terres  de  leurs  voisins. 

Nos  braves  laboureurs  sont  attachés  au  sol,  ils  aiment  cette  terre 
arrosée  de  leurs  sueurs,  fécondée  par  leurs  travaux  de  tous  les  jours, 
cette  terre  reçue  de  ceux  qui  la  leur  ont  donnée  avec  leur  vie.  Us  en 
connaissent  le  prix,  car  elle  est  pour  eux  VAlma  Mater;  ils  combattront 
pro  domo  cl  patria,  pour  Dieu  et  pour  le  foyer. 

Le  h  juillet  171 2,  les  deux  communautés  élurent  pour  leurs  syndics 
les  curés  de  leurs  paroisses,  Larmand  et  Abadie,  pour  trancher  le  diffé- 
rend et  rendre  à  chacun  son  dû 

«  afin  d'estre  règles  sur  les  contestations,  quy  sont  entre  les  deux 
communautés,  pour  raison  de  leur  terroir  de  Bénac  et  de  Lane...  la 
séparation  de  leur  terroir  et  planter  les  bornes  au  lieu  où  elles  se  trou- 
vent à  propos  avec  le  baile  seigneurial,  et  pour  un  plus  grand  éclaircis- 
sement dudit  terroir,  vérirner  le  censier  dudit  seigneur  pour  voir  en 
quels  lieux  et  endroits  lesdites  bornes  doivent  estre  plantées  ». 

Les  deux  prêtres,  dévoués  à  leur  troupeau,  mirent  tout  leur  soin  à 
bien  s'acquitter  de  la  tâche  qui  leur  avait  été  confiée.  Leurs  efforts 
furent  sans  résultat,  et  l'affaire  fut  portée  devant  la  cour  de  Toulouse. 

Le  prieur  de  Bénac  ne  peut  point,  dans  l'intérêt  du  prieuré,  rester 
neutre  dans  un  procès  de  cette  nature.  Il  entre  en  cause  lui-même;  il 
défendra  l'intégrité  du  territoire  de  la  commune  de  Lannes. 


Le  28  janvier  1714...  Dominique  Serres  dict  d'Orbinces,  lequel 
parlant  à  Jean  Chiquet  et  à  autre  Dominique  Serres,  consuls... 
assemblés  et  convoqués  en  forme  de  communauté  et  en  leur  forme 
ordinaire.  Auxquels  ledit  Serres,  premier  consul,  leur  a  représenté  que 
le  procès  que  ladite  communauté  a  au  parlement  de  Tholoze,  contre  la 
communauté  de  Bénac,  doit  être  poursuivi  et  auquel  ledit  sieur 
prieur  de  Bénac  s'est  voleu  joindre  avec  ladite  communauté  de  Lane, 
consernant  une  partie  du  parsan  de  Loubix,  quy  est  en  conteste  entre 
lesdites  communautés,  par  rapport  aux  taillables  et  dixmes  d'une  partie 
d'iceluy,  et  d'autant  que  ledit  d'Arracs  a  esté  cy-devant  créé  pour  leur 
sindic  à  l'effet  de  la  poursuite  d'iceluy,  et  qu'il  est  revenu  audit  Serres, 
consul,  que  dom  Anaclet  Abadie,  religieux,  frère  dudit  père  prieur  de 
Bénac,  doit  partir  pour  s'en  aller  à  Tholoze,  afin  de  poursuivre  ledit 
procès  audit  parlement  pour  ce  quy  regarde  l'inthéret  dudit  père  prieur; 
qu'il  seroyt  à  l'avantaige  de  ladite  communauté,  affin  d'espargner  beau- 


OÔ  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 

coup  de  frais  et  d'un  long  voyaige  et  séjour  dudit  sindic  audit  Tholoze, 
de  donner  pouvoir  audit  dom  Anaclet  Abadie,  religieux,  de  poursuivre 
aussy  au  nom  de  la  dite  communauté  le  susdit  procès  avec  pouvoir 
d'affirmer  contre  ladite  communauté  de  Bénac.  Laquelle  proposition 
ayant  este  trouvée  avantaigeuse  par  toute  la  dite  communauté,  c'est 
pourquoy  par  une  voix  délibérative,  lesdits  susnommés  ont  donné  et 
donnent  pouvoir  audit  dom  Anaclet  Abadie  de  poursuivre  ledit  procès 
en  leur  nom  contre  ladite  communauté  de  Benac  jusques  à  arrêt  défi- 
nitif et  agir  en  leur  nom  de  la  manière  qu'il  treuvera  à  propos...  ont 
signé...  Abadie,  Serres,  Dorbinces,  Daquo,  N.  R. 

Ne  croyez  pas  que  le  procès  soit  terminé.  Le  7  août  1 7 1 9,  le  marquis 
de  Rothelin,  seigneur  de  Bénac,  use  de  toute  son  influence  auprès  des 
deux  communautés  pour  qu'ils  aient 

«  à  faire  divizer  ledit  procès  par  des  jurisconsultes.  .  .  ayant  recogneu 
que  l'intervention  de  mondit  seigneur  le  marquis  est  favorable  pour 
tous;  que  pour  cest  effet  par  une  voix  délibérative,  et  sans  revocquation 
de  leurs  précédents  sindics,  ont  fait  et  constitué  pour  leur  nouveau 
sindic  spécial  Jean  Pénin  Carassus-Campet  dudit  Lane,  pour  et  au  nom 
de  tous  les  délibérans  compromettre  le  susdit  procès  avec  toutes  les 
sirconstances  et  dépendantes  quy  est  à  présent  porté  par  appel  en  la 
cour  et  parlement  de  Tholoze  par  ladite  communauté  de  Bénac  ou  leur 
sindic,  consernant  la  remise  de  la  croix  dans  sa  première  situation,  quy 
de  tout  tems  avoit  esté  plantée  par  lesdits  habitants  de  Lane  dans  leur 
terroir  et  parsan  nommé  de  Loubin,  devant  laquelle  lesdits  habitans 
alloient  en  procession  au  tems  des  Rogations,  quy  a  esté  déplantée  par 
les  habitants  dudit  Bénac,  en  vue  d'uzurper  une  partie  du  terroir  dudit 
Lane  et  le  joindre  à  celuy  dudit  Benac.  Et  ce  au  dire  et  jugement  de 
tel  avocat  et  jurisconsulte  qu'il  trouvera  à  propos,  luy  donner  pou- 
voir de  faire  des  enquestes  devant  luy  et  son  co  arbitre,  s'il  est  besoin 
et  nécessaire. .  .* 

Qu'advint-il  de  cette  plaidoirie?  La  population  de  Larmes  fut-elle  assez 
heureuse  pour  faire  rétablir  les  choses  dans  l'état  primitif  r  Lacroix  des 
;ions  reprit-elle  la  place  tant  de  fois  sanctifiée  par  les  prières  de 
l'Eglise  r  Nous  n'avons  pas  retrouvé  la  fin  du  procès. 

XIII.  —  Noël  Seurat  (i"})).  Nous  ne  savons  rien  sur  son  compte. 

XIV.  —  Guillaume  Aurias  (1735-1762)  était  prieur  de  Saint-Pé, 
religieux  de  la  congrégation  de  Saint-Maur,  ordre  de  Saint-Benoît.  Il 
fut  promu  par  délibération  capitulaire  des  religieux  de  Saint-Pé  pleno 
jure.  Le  )  mai  1735,  il  prenait  possession  du  prieuré  régulier  de  Bénac, 


1.   Daquo.  Etude  Gazagne,  à  Lourdes. 


REVENUS   DU    PRIEURÉ  97 


vacant  par  le  décès   de  dom    Noël  Seurat.1    Il   était  aussi   prieur  du 
monastère  de  Sainte-Livrade  en  Agenais.2 

XV.  —  Claude  Chabran  (1762).  Le  18  juin  1762,  les  lettres 
patentes  confirmant  les  provisions  du  prieuré  régulier  de  Bénac,  sous 
l'invocation  de  saint  Cucufas,  autrement  dit  N.-D.  de  Bénac,  vacant 
par  le  décès  de  dom  Guillaume  Aurias,  bénédictin  de  Saint-Maur, 
furent  accordées  par  l'abbaye  de  Saint-Pé  à  dom  Claude  Chabran. :i 

Claude  Chabran  a-t-il  été  le  dernier  des  prieurs  de  Bénac  r...  A 
quelle  date  les  religieux  ont-ils  quitté  le  prieuré  ?  Dans  le  cahier  des 
délibérations  de  la  commune  de  Bénac,  remontant  à  1778,  il  n'est  point 
fait  mention  ni  de  prieur,  ni  de  religieux,  ni  de  prieuré.  Les  moines  de 
Bénac  furent  sans  doute  rappelés  à  Saint-Pé,  et,  quand  on  a  eu  besoin 
d'un  terrain  à  Bénac  pour  former  un  cimetière,  en  1770,  c'est  aux  reli- 
gieux de  Saint-Pé  qu'on  s'est  adressé.  Il  semblerait  naturel  qu'on  eût 
demandé  au  prieur  de  Bénac,  s'il  eût  encore  existé,  un  emplacement 
dépendant  de  son  prieuré. 


VI 


Le  prieuré  de  Bénac  était  riche  ;  ses  possessions  en  terres  et  en 
dîmes  étaient  considérables;  les  communes  du  Bénaqués  lui  payaient 
des  redevances.  Il  avait  des  terres  à  Juillan,  et  dans  d'autres  commu- 
nautés. 

Quatre  religieux  devaient  vivre  sur  ces  revenus;  et  quand  une  place 
devenait  vacante,  par.  le  décès  d'un  moine  non  remplacé,  l'abbé  de 
Saint-Pé  donnait  à  un  clerc   séculier  la  portion  monacale.*  Quelque- 

1.  Barrère.  Etude  F. -A.  Vivier,  à  Tarbes. 

2.  Archives  de  la  préfecture  des  Hautes-Pyrénées,  série  B,  n"  132. 

}.   Archives  des  Hautes-Pyrénées,  série  B,  n°  ij;,  f°  95. 

4.  Sçaichent  tous  présents  et  advenir  que  ce  jourd'huy  vingt  troys  du  moys  de 
marcs  l'an  de  grâce  mil  cinq  cens  soixante  et  sept  au  lieu  de  Benac  et  à  devant 
la  porte  maitresse  de  l'esglize  parrochielle  dudit  lieu;  sacrée  et  religieuse  per- 
sonne Sans  Guirault,  prehre  du  lieu  de  Lobeyac,  parlant  à  sacrée  et  religieuse 
personne  Bernard  de  Laforgue,  sacrestain  en  ladite  esglize  l'a  remontré  que 
R.  P.  en  Dieu  Jean  d'Estournes,  abbé  du  dévot  monastère  de  Saint-Pierre  de 
Générés,  au  dioceze  de  Tarbe,  seroyct  présanté  pour  foy  monacale  en  ladite 
esglize  de  Benac,  comme  vacquant  entre  ses  mains  par  la  résignation  que  lu 


q8  LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

fois   môme,    quelqu'un    des    religieux    affermait    une     partie    de    ses 
revenus.1 

Qu'il  me  soit  permis  de  citer  tout  au  long  ce  que  nous  pouvons 
appeler  le  Cerisier  du  prieuré  de  Bénac  ;  nous  connaîtrons  ainsi  soit  les 
terres  inféodées  aux  religieux,  soit  les  rentes  que  leur  font  les  diverses 
communes.  Mon  inventaire  ne  sera  pas  complet,  il  nous  donnera  cepen- 
dant un  aperçu  qui  ne  sera  pas  sans  intérêt  pour  l'histoire  du  pays. 

Juillan.  —  L'an  1620  et  le  9  d'aoust,  au  lieu  de  Juillan. .  .  ont  prins 
en  afferme  et  rentement  de  R.  P.  dom  fraire  Jean  Magenties,  prieur 
de  Bénac.  .  .  Jean  Fontan  et  Jean  de  Compaings,  laboureurs  et  habi- 
tans  dudit  lieu  de  Juilhan,  ont  prins.  . .  sçavoir  est  tous  et  chescuns  les 
biens,  terres  et  possessions  quy  appartiennent  audit  sieui  Magenties,  en 
droict  de  son  prieuray,  au  lieu  de  Julhan,  quy  sont  sittuées  au  terroir 
dudit  Iieu,ainsin  que  s'ensuict  :  T'Une  pièce  de  terre  champt,  au  parsan 
de  Bousquet  contenant  six  journals  ou  tant  que  soict,  confronte  d'oriant 
avec  terre  commune  dicte  la  Coste,  dessus  avec  terre  commune, 
de    midy   avec    terre    de    Boulaygna,   dcbat    avec  .terre    de    Jean    de 


esté  faicte  par  fraire  Pierre  de  Bayet,  dernier  paisible  possesseur  d'icelle,  se 
présentant  pour  mettre  à  promet  les  biens  du  tiltre  à  luy  concédé  par  ledit 
seigneur  abbé  et  de  luy  signé,  ensemble  de  Casamaly  notaire,  en  datte  du  18 
marcs  en  l'année  i  $67,  luy  requérant  en  verteu  et  comme  luy  est  mandé,  de  voulloir 
mettre  en  la  réelle,  actuelle  et  courporelle  possession  de  la  portion  monacale, 
fruicts,  proflicts,  reveneus,  honneurs  et  esmoluments  d'icelle.  Lequel  de  Laforgue 
avant  reteneu,  avec  tous  honneurs  en  tel  cas  requis,  ladite  nomination  et  apprès 
avoir  l'aict  lecture  d'icelle  a  offert  faire  son  debvoir,  et  incontinent  apprès  l'a  prins 
par  la  main  et  par  l'ouverture  de  ladite  porte  maîtresse  a  mis  dans  ladite  esglize, 
mené  devant  l'autel  principal  d'icelle,  baisement  de  l'autel,  touchement  des 
burettes,  sonnement  de  la  cloche,  tirement  du  verrouilh...  (Cazalet,  Gazagne  à 
Lourdes.) 

1.  L'an  ii'.2^  et  le  21  du  moys  de  juin,  en  la  ville  de  Tarbe,  de  matin,  en  la  bou- 
tique du  sieur  Jean  Dupuy,  marchand  au  bourg-vieux  d'icelle,  et  par  devant  ir.oy 
notaire...  M1'  Pierre  Magenties,  du  lieu  de  Bénac.  lequel  faizant  tant  pour  luy  et 
les  siens  à  l'advenir,  a  declaire  et  confesse  debvoir  donner  et  estre  teneu  à  Jean 
Dupuy,  marchand,  rue  du  bourg-vieux  dan-,  la  ville  de  Tarbe,  illec  présent  et 
stippulant  et  acceptant,  sçavoir  est  la  somme  de  vingt  cinq  livres,  provenant  de 
marchandises  prinses  par  ledit  Magenties  en  la  boutique  dudit  sieur  Dupuy. 
Laquelle  sommeil  a  promis  et  promet  payer  audit  sieur  Dupuy  ou  à  son  certain 
mandant,  à  la  teste  de  Toussains  prochaine  à  peyne  de  tous  despans,  domai 
et  intherets  et  pour  ledit  payement  a  indicqué  iceluy  à  prendre  sur  sa  cotte  des 
grains  luy  compettera  comme  à  un  de;  religieux  Je  Sempé  des  mains  de  M'  Jean 
Marc  Senties,  prebre  et  recteur  de  Séméac,  comme  fermier  desdits  religieux  dudit 
Sempé,  qu'il  affecte  pour  le  payement.  Ensemble  tous  et  chascuns  des  autres  bien 
et  a  soubzmis  et  soubzmet  à  toutes  rigueurs  de  justice.  Ainsin  l'a  promis  et  juré  eus 
présence  de  Me  .Arnaud  Lalanne,  greffier  pour  monseigneur  de  Grammont,  baron 
des  Angles,  et  Bernard  Penin,  praticien,  de  Tarbes  et  Soues. . .  Mauran,  Theil 
à  Tarbes.) 


REVENUS    DU    PRIEURE 


99 


Tuli  et  autres.  2°  Quatre  journals  de  terre  champt,  au  parsan  de 
Vie  forgues,  confronte  dabant  et  débat  avec  chemin  public,  et  darré 
avec  Pey  de  Fortané,  et  dessus  avec  terres  de  Domenge  Bouderie. 
y  Un  journal  de  terre  champt,  au  parsan  de  Bousquet,  confronte  dabant 
avec  Coste,  darré  avec  terre  de  Jean  de  Losteau,  dessus  avec  ladite 
Coste  et  débat  avec  terres  de  Domenge  Duclos  et  autres.  4"  Autre 
pièce  de  terre,  au  parsan  de  Laignet,  contenant  deux  journals  et  demy 
ou  tant  que  soict,  confronte  dabant  avec  terre  de  Jean  de  Brune,  darré 
avec  terre  de  Jean  de  Guanosse  et  autres  confrontations,  $°  Quatre 
journals  de  terre  champt,  au  même  parsan  de  Laignet,  confronte  dabant 
avec  terre  de  Jean  de  Guanosse,  darré  avec  terres  d'Arnault  Brieulet, 
dessus  avec  terre  commune  et  autres  confrontations.  6°  Au  môme  parsan 
de  Laignet,  un  journal  de  terre  champt,  confronte  debant  avec  terre  de 
Jean  Davilhac,  darré  et  débat  avec  terre  de  Jean  de  Tour,  dessus  autres 
terres  des  hoirs  de  Guanosse.  7"  Deux  journals  de  terre  champt,  au 
parsan  de  Sompres,  confronte  debant,  dessus,  darré  avec  terre  com- 
mune, et  débat  avec  terre  du  chapitre  de  Tarbe.  8"  Un  journal  de  terre 
champt,  au  parsan  du  chemin  de  Lafont,  confronte  debant  avec  terre  de 
Jean  de  Mignoreau,  derrière  avec  terre  de  Jean  de  la  Grabe,  dessus 
avec  terre  de  Marie  de  Mignoreau  et  débat  avec  chemin  public. 
90  Trois  journals  de  terre  champt,  au  parsan  de  Cour  de  Pigne,  confronte 
debant  et  débat  avec  terre  de  Soubiron,  derrière  avec  héritiers  de 
Coste  et  autres  confrontations.  10"  Deux  journals  de  terre  champt,  au 
même  parsan  de  Cour  de  Pigne,  confronte  debant  avec  terres  de  Poulet, 
derrière  à  terre  de  Jean  Mignoreau,  dessus  avec  terre  de  Pey  de  For- 
tané, débat  avec  terre  des  héritiers  de  feu  Soubiron.  1 1"  Deux  journals 
et  demy  de  terre  champt,  en  las  Peyronches,  confronte  debant  avec  terre 
commune  de  la  Coste,  darré  avec  terre  du  prieuray,  dessus  avec  terre 
de  Jean  Lagrave  et  autres  confrontations.  120  Trois  journals  de  terre 
champt,  mesme  parsan  de  Peyronches,  confronte  debant  avec  terres  du 
prieuray,  darré  à  terre  de  Jean  de  Compaings,  dessus  avec  terre  de 
Lagrave.  130  Audit  parsan,  troys  journals  de  terre  champt,  confronte 
debant  avec  héritiers  de  Poque,  darré  avec  terre  commune  appelée  La 
Grave  et  autres  confrontations.  14"  Audit  parsan  de  Peyronches,  deux 
journals  de  terre  champt,  confronte  debant  avec  terres  du  chapitre, 
darré  avec  terre  commune,  dessus  avec  terre  dudit  prieuray  et  débat 
avec  terre  de  Lagrave.  Et  finallement,  audit  parsan  de  Peyronches,  un 
journal  de  terre  champt  confronte  debant  avec  terre  commune  de  la 
Coste,  darré  avec  terre  de  Jean  Lagrave,  dessus  avec  terre  de  Jean  de 
Poque,  et  débat  avec  terre  des  héritiers  de  Fouriscau.  Et  toutes  autres 
terres  quy  sy  pourroict  tomber.  Lequel  rentement  ont  fait  tant  lesdits 
fermiers  que  rentier  pour  le  tems  et  espace  de  troys  années  comptant 
la  présente  année  1620,  sans  que  lesdits  fermiers  la  puissent  quitter  ny 
ledit  rentier  la  bailher  à  autre;  Le  tout  en  payant  les  conditions  quy 
sont  sy  bas  espéciffiées,  sçavoir  lesdits  Fontan  et  Compaings  ont  promis 
pour  ledit  rentement  payer  audit  fraire  Magenties  la  quantité  de  six  sacs 
et  demy  de  grain  chaque  année,  moytié  seigle  et  moytié  millet,  rendus 
en  la  maison  dudit  fraire  Magenties  à  Benac  et  mesure  de  Benac,  le 
tout  bon  et  marchand,  peur  et  net  et  lesdites  terres  deschargées  de 
tailles  et  franches  de  fief.  Lesquels   dits  Fontan  et  Compaings  seront 


100  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


teneus  payer. . .  Payable  chaque  année  ledit  bled  à  N.  D.  d'aoust  et  le 
millet  à  la  teste  de  Toussaincts. . . 

Fr.  Magenties,  prieur  et  rentier,  Jean  de  Compaings,  fermier,  de 
Marguette.  De  Carrère,  N.  R.1 

Averan.  —  Le  7  juillet  1644.  . .  Jean  de  Coroau  et  Domenge  de  Bié 
ont  prins  en  afferme  de  Jean  Magenties  prebre  et  prieur  dudit  Benac 
les  fruicts  quy  prant  et  perçoit  à  Averan  y  comprenant  aussi  les  laines... 
en  payant  la  somme  de  y-)  escus  petits  et  un  père  chapons  .  .  payables 
à  la  feste  Toussaincts  prochaine...  Presens  Arnaud  Pales  de  Hibarette 
et  Pierre  Duclot  d'Adé,  signés  avec  de  Carrère,  N.  R.2 

Viskcr.  —  Le  7  juillet  1658,  .  .  Jean  Dulac  dict  Gelet  et  Jacmes  de 
de  Laborde,  habitans  de  Visquer.  .  .  Ont  confesse  tenir  en  afferme  de 
vénérable  personne  Jean  Magenties,  prebre  et  prieur  dudit  Benac. .  . 
la  dixme  que  ledit  sieur  prieur  perçoit  au  lieu  de  Visquer  pour  le  grain, 
vin  et  lin,  soy  reservant  touttefois  lesaigneaux,  la  laine,  la  paille  et  les 
fromaiges.  .  .  Ladite  afferme  ce  faict  pour  doutze  sacs  bled,  troys  sacs 
froment,  troys  sacs  avoine,  troys  sacs  millet,  deux  pères  chapons,  deux 
pères  poulets  et  six  cannes  de  toile  fine.  .  .  J.  Carrère,  N.  R.3 

Lannes.  —  Le  ^  julhet  1667...  Bertrand  Baron  et  Jean  Penin 
Cazaux  dict  Toulet,  habitans  de  Lanne...  ont  prins  en  afferme  les 
droicts  de  dixme  en  quoy  qu'ils  puissent  consister,  de  quelque  nature 
qu'ils  soient  sauf  la  reserve  du  milhoc  et  carnaux...  de  vénérable 
personne  Jean  Magenties.  prebre  et  prieur  de  Benac  . .  pour  la  quan- 
tité et  mesure  de  doutze  sacs  froment,  doutze  sacs  carron,  vingt  quatre 
seigle,  une  charreté  de  paille,  un  mouton  vallant  troys  livres  et  quatre 
pères  chapons...  Presens  :  Jean  Pruede,  Michel  Cazavieilh,  J.  Carrère 
N.  R.  signés4 

Loucrup.  —  Le  4  marcs  1663 .  .  .  Jean  de  Prat  et  Domenge  de  Hor- 
cade,  habitans  de  Loucrup...  Ont  recogneu  depvoir  et  estre  teneus 
payer  au  susdit  vénérable  sieur  Jean  Magenties,  prebre  et  prieur  dudit 
Benac.  .  .  la  somme  de  301  livres  10  sols,  ensemble  dix  pères  chapons, 
le  tout  de  contraict  faict  et  arreste  entre  parties  le  susdit  jour  pour  reste 
de  plus  grande  somme  du  prix  de  l'afferme  des  fruicts  que  ledit  sieur 
prieur  perçoit  et  a  accoutume  percevoir  audit  de  Locrupt...  Fr.  Jean 
Magenties,  prieur  et  rentier,  B.  Abadie,  prebre  et  recteur  de  Benac, 
J.  Larroye  notaire,  de  Carrère  N.  R.5 


1.  Carrère    Pierre  de  .  Etude  F. -A.  Vivier,  àTarbes. 

2.  Carrère  i  Pierre  de).  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 

3.  Carrère  (Jean).  Etude  F. -A.  Vivier,  à  Tarbes. 
_j.  Carrère    Jean).  Etude  F. -A.  Vivier,  à  Tarbes. 

5.  Carrère    Pierre  de).  Etude  F. -A.  Vivier,  à  Tarbes. 


CURES 


Louer.  —  Le  25  apvril  1644...  Domenge  de  Quendebat  et  Domenge 
d'Estaloup,  consuls  de  Loey...  Ont  recogneu  et  confesse  debvoir 
donner  et  estre  teneus  payer  à  Me  Jean  Magenties,  prebre  et  prieur 
dudit  Bénac.  .  .  la  quantité  et  mesure  de  quatorze  sacs  de  bled  et  de 
seigle  entre  eux  partage. .  .  Ont  promis  payer  entrery  le  jour  et  feste 
de  N.  D.  d'aoust  prochaine  tout  ainsin  que  la  taux  sera  pour  lors  en 
la  ville  de  Tarbe.  .  .  Domenge  de  Nogué,  Guilhart  de  Nogué,  fils,  de 
Carrère  N.  R.1 

Orincles.  —  Le  9  juin  1669. . .  Bertrand  Pruede,  habitant  de  Benac, 
en  qualité  de  procureur  de  M"  Jean  Pruede,  prieur  dudit  lieu  de 
Benac,  lequel  a  mis  et  bailhe  en  afferme  et  rentement  à  Jean  Péré  dict 
Manautou  du  lieu  d'Orincles. .  .  sçavoir  est  tous  et  chascuns  les  fruicts 
décimaux,  rentes  etreveneus  appartenants  au  sieur  prieur  au  terroir  et 
dixmaire  dudit  lieu  d'Orincles  en  quoy  que  puissent  concister  et  sans 
nulle  reserve  pour  troys  années  complaictes  et  revoleues.  .  moyennant 
la  somme  de  27  5  livres,  deux  pères  chapons  et  deux  cannes  de  lin  fin 
par  an,  payables  la  moytié  de  la  dite  somme  à  la  feste  de  tous  les  saincts, 
et  l'aultre  à  la  feste  de  de  Pasques  de  chascun  an  et  les  chapons  et  toille 
à  la  Noël...  Jean  Pruede,  prieur,  Jean-François  Sainctis,  Jean  de 
Pore,  Jean  Place,  Jean  Larroye  N.   R."2 

La/risse.  —  Nous  ne  savons  pas  combien  prenaient  les  religieux  de 
Bénac  à  Layrisse  ;  ils  étaient  du  nombre  des  gros  décimateurs,  comme 
nous  le  constaterons  quand  nous  parlerons  des  curés. 


IX.   —  CURÉS    DE    BÉNAC 


Eglises,   Cures  et    Vicaires. 

o 


I 

La  cure  de  Bénac  existait  avant  le  XL  siècle,  puisque,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  «  Guilhaume-Auriol,  baron  de  Bénac,  présentant  son 
fils,  Odon,  à  l'abbé  de  Saint-Pé,  lui  fit  en  même  temps  donation  de 
tous  les  droits  qu'il  possédait  lui-même  sur  la  cure,  tels  que  le  droit  de 


1.  Carrère  (Pierre  de).   Etude  F. -A.  Vivier,  à  Tarbes. 

2.  Larroye  (Jean).  Archives  Domec-Manautou,  à  Orincles. 


102  LE    BÉNAQUÉS    OÙ    BARONNIE   Î)E    BÉNAC 

présentation,   le    droit  de  dîme,  en    un   mot    tous    les  revenus   de    la 
paroisse  ».* 

Cette  église  paroissiale  était  dédiée  à  saint  Pierre,  d'après  les  docu- 
ments anciens,  et  elle  devait  être  située,  selon  toute  probabilité,  au 
centre  du  village,  dans  la  place  communément  appelée  le  Mallho  ;  les 
anciens  se  souviennent  d'avoir  trouvé  de  nombreux  ossements  quand 
on  a  planté  les  tilleuls  qui  en  font  l'ornement.  On  ignore  à  quelle 
époque  cette  église  a  disparu.  Elle  fut  brûlée  par  les  protestants,  en 
même  temps  que  l'église  du  prieuré,  et  les  habitants  de  Bénac  durent 
renoncer  à  rebâtir  leur  église.  Ils  prêtèrent  leur  concours  dévoué  aux 
moines  et  tous  ensemble  reconstituèrent  l'église  prieurale,  dédiée  à 
sainte  Marie,  parce  qu'elle  était  plus  belle  et  plus  vaste. 

Pendant  plus  de  quatre  siècles,  les  deux  églises  vécurent  simultané- 
ment et  de  leur  vie  propre  :  Saint-Pierre  dirigée  par  un  curé  et  un 
vicaire  à  la  nomination  tous  deux  de  l'abbé  de  Saint-Pé;  Sainte-Marie, 
œuvre  des  religieux,  sous  l'administration  de  sacristains,  dont  quelques- 
noms  nous  sont  conservés  par  des  actes  antérieurs  au  passage  des 
huguenots. 

Les  registres  des  baptêmes,  mariages  et  décès  remontent  à  1650;  ils 
ne  nous  fournissent  que  très  peu  de  noms.  Les  actes  publics  nous 
donneront  à  leur  tour  quelques  rares  renseignements. 


II 

Raymond  d'Escriban  (i$2$).  —  La  famille  d'Escriban  existe  encore  à 
Bénac.2 

Dominique  Fronié  (1560),  clerc  tonsuré  de  Tarbes,  prit  possession 
de  la  cure  de  Bénac,  le  19  juillet  1 560,  au  vu  «  des  lettres  de  provision 
à  luy  faictes  par  les  religieux  du  monastère  de  Sainct- Pierre  de  Géné- 
rés, ordre  de  sainct  Benoict  ».3 

Bertrand  Dulcis  (1606-163  3)  appartenait  à  la  famille  Dousse  de 
Bénac.  Il  signait  Dulcis,  forme  latine  de  son  nom. 


1 .  Voir  plus  haut,  p.  85. 

2.  Cazalct,  étude  Gazagne,  à  Lourdes, 
j.   Cazalet,  étude  Gazagne,  à  Lourdes. 


CURES  103 

Nous  avons  vu  combien  nos  églises,  et  en  particulier  celles  de  Bénac, 
avaient  eu  à  souffrir  pendant  les  guerres  de  religion.  Les  huguenots 
avaient  brûlé  les  édifices,  enlevé  les  vases  sacrés,  les  ornements  et  les 
cloches,  ne  laissant  sur  leur  passage  que  des  ruines.  Le  10  avril  1620, 
la  population  de  Bénac  est  réunie  dans  «  la  barbecanne  d'où  tous  les 
afères  communs  se  trectent  »  pour  élire  deux  sindics,  Antoine  de 
Cazauxdebat  et  Arnaud  de  Natz,  qui  seront  chargés  d'acheter  «  un 
quintal  et  demi  de  métal  de  cloche  »  pour  orner  leur  clocher  d'un 
nouvel  appel  à  la  prière.1 

Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  d'autres  réparations  importantes  furent 
exécutées  à  l'église  de  Bénac  sous  ce  curé. 

Le  17  août  1629,  Bertrand  Dulcis  prit  possession  de  l'archiprètré 
d'Adé  «  sur  la  résignation  à  luy  faicte  par  M.  Dominique  d'Isaac  ». 
Le  22  septembre  delà  même  année,  il  résigna  purement  et  simplement 
sa  nouvelle  cure  pour  rester  curé  de  Bénac.  En  1630,  il  fonda  la  cha- 
pellenie  de  Dousse  ;  il  mourait,  en  1633,  dans  la  paix  du  Seigneur.2 

Thomas  Abadie  (163  3-1659)  est  né  à  Averan.  Il  dirigeait  la  paroisse 
de  Layrisse  et  Averan  depuis  une  quinzaine  d'années,  quand  il  fut 
nommé  à  la  cure  de  Bénac,  le  29  juin  163  3. 3  II  était  encore  curé  de 
cette  dernière  paroisse  en  1659. 

Bertrand  A badie  (166 3- 1672)  signe  comme  témoin  dans  un  acte  de 
ferme  des  biens  que  le  prieur  de  Bénac  possédait  au  terroir  de  Loucrup, 
le  4  mars  1663/  et  aux  registres  paroissiaux  jusques  en  1672. 

Bernard  Larmand  (1674-1708)  est  né  àSaint-Pé.  Il  prit  l'habit  reli- 
gieux dans  cette  ville,  le  16  juillet  1 65 6. x  II  était  vicaire  de  Saint-Pé  en 

1.  Le  12  apvril  1620...  au  lieu  de  Bénac...  constitués  en  leurs  personnes 
propres  Anthoyne  de  Cazauxdebat,  veguier,  Jean  de  Natz  dict  Toulet,  consul 
dudit  Bénac,  faisant  tant  pour  eux  que  pour  les  autres  manans  et  habitants  dudit 
Benac  ainsin  qu'appert  du  sindiquat  à  eux  faict  par  lesdits  manans  et  habitants 
dudit  Bénac  reçu  parmoy...  es  datte  du  10  apvril  an  susdit;  lesquels...  Ont 
recogneu  et  confessé  debvoir  donner  et  estre  teneus  payer  à  M.  Jean  Lagurilh  du 
lieu  d'Asté...  sçavoir  est  la  somme  de  trente  troys  escus  sols  de  troys  livres, 
prises  pour  raizon  de  la  vente  d'un  quintal  et  demy  de  métal  de  cloche.  De  quoy 
lesdits  Cazauxdebat  et  Toulet  se  sont  contentés  et  d'iceluy  métal  ont  teneu  quitte 
audit  créanlier  auquel  ont  promis  payer  et  satisfaire  ladite  somme  de  trente  troys 
escus  sols,  le  jour  et  feste  de  la  Toussaincts  prochaine  venant...  de  Natz,  de 
Carrère,  N.  R.,  de  Vivié,  N.  R.  (Etude  F.-A.  Vivier,  à  Tarbes.) 

2.  Carrère  (Pierre  de).  Etude  F.-A.  Vivier,  à  Tarbes. 
j.  Carrère  (Pierre  de).  Etude  F.-A.  Vivier,  à  Tarbes. 
4.  Carrère  (Pierre  de).  Etude  F.-A.  Vivier,  à  Tarbes. 
1.  Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  VII,  p.  125. 


Î04  LE  BENAQUES  OU  BARONNIE  DE  BENAC 

1672  et  curé  de  Bénac  en  1674.  Le  24  juillet  1693,  il  révoqua  la  rési- 
gnation faite  par  lui,  le  19  juillet,  devant  Mc  Lassale,  notaire  de 
Lourdes,  de  la  cure  de  Bénac  en  faveur  de  Jean  Garren,  prêtre  de 
Saint  Pé  et  il  reste  à  la  tête  de  la  paroisse  jusque  en  1708.1 

Joseph  Larmand  (1709-1730),  petit-neveu  du  précédent,  docteur  en 
théologie  et  théologal  de  Dax,  résigne,  le  28  octobre  1709,  son  archi- 
prètré  de  Sére  en  Baréges2  pour  se  faire  installer  curé  de  Bénac.  Le 
2=;  octobre  1730,  il  se  démet  de  sa  cure  de  Bénac  en  faveur  d'Antoine 
Garren,  et  il  prend  possession  de  la  cure  de  Saint-Pé.3  Il  donna  sa 
démission  en  1742  et  mourut  le  4  mai  17^7. 

Antoine  Garren  (17  30-1731),  né  le  16  avril  1684  à  Saint-Pé,  fut 
d'abord  curé  d'Ordizan,  puis  de  Séméac,  le  8  mars  1720,  après  la 
démission  volontaire  de  son  frère  Jean  ;  il  fut  nommé  à  la  cure  de 
Bénac,  le  2^  octobre  1730,  où  il  ne  passa  qu'une  année.* 

Bertrand  Castaing  (1731-1746),  curé  d'Escoubezet  ses  deux  annexes 
Pouts  et  Gez,  prend  possession  de  la  cure  de  Bénac,  le  25  avril  1731, 
résignée  en  sa  faveur  par  Antoine  Garren.  En  1749,  Castaing  était  curé 
de  Lézignan.5 

Bertrand  Douât  (1746- 1770)  est  né  à  Pouzac.  Il  prend  possession  de 
la  cure  de  Bénac,  résignée  en  sa  faveur  par  Bertrand  Castaing,  le  23 
mai  1746. 

Les  curés,  ses  prédécesseurs,  faisant  le  cumul  des  cures,  avaient  de 
quoi  subsister  ;  Bertrand  Douât  se  plaint  de  l'insuffisance  de  ses 
revenus.  Il  demande  à  être  placé  à  la  portion  congrue,6  et  pour  cela,  il 


1.  Salles.  Etude  Massot-Bordenave,  à  Tarbes. 

2.  Colin.  Etude  Massot-Bordenave,  à  Tarbes. 
î.   Etude  Emmanuel  Lassalle,  à  Saint-Pé. 

4.  Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  VII,  p.  120. 

).  Lacay.  Etude  Massot-Bordenave  à'Tarbes. 

6.  La.  portion  congrue  est  une  pension  annuelle  que  les  gros  décimateurs  sont 
tenus  de  payer  aux  curés  pour  leur  subsistance.  La  portion  congrue  était  comme 
la  légitime  des  curés.  —  Bescherelle  ;  t.  i,  p.  75$.  Elle  était  de  500  livres  plus  les 
novales.  Les  novales  étaient  les  dîmes  que  les  curés  prenaient  sur  les  terres 
nouvellement  défrichées  et  mises  en  valeur.  On  les  appelait  aussi  les  vertes  dîmes, 
mrd'hui,  vingt  septiesme  décembre  mil  sept  cens  soixante  neuf,  à  Bcnac, 
maison  presbytéralle.. .  a  comparu  en  personne  M.  Bertrand  Douât  prebre  et 
curé  dudit  lieu  de  Benac,  lequel  a  déclairé  à  M.  l'abbé  de  Saint-Pé  ou  à  M. 
l'économe  général  du  clergé  de  France,  ensemble  au  nommé  Astuguevieille  dit 
barré,    marguillier   actuel    de   l'église    de   Bénac,   société    permanente    dans    la 


CURÉS  10} 

résigne,  le  27  décembre  1769,  les  fruits  curiaux  de  Bénac.1  Nommé  à 
la  cure  de  Pouyastruc,  il  résigne  sa  cure  de  Bénac  en  faveur  d'Antoine 
Claverie.  Le  28  janvier  1772,  il  fait  son  testament,  léguant  à  l'église  de 
Pouyastruc  la  somme  de  trente  livres,  et  autres  trente  livres  pour  les 
pauvres  de  Bénac.2 

Antoine  Claverie  (1770-1783),  est  né  à  Pouzac,  comme  son  prédé- 
cesseur. Il  prend  possession  de  la  cure  de  Bénac,  résignée  en  sa  faveur, 
le  10  août  1770.3  Le  2  octobre  1 77 5 ,  il  notifie  ses  grades  en  théologie.4 

Pendant  qu'Antoine  Claverie  administrait  la  paroisse  de  Bénac,  des 
réparations  importantes  se  firent  à  l'église,  et  les  marguilliers  donnèrent 
à  un  «  artiste  »  tarbais,  Dominique  Ferrère,  des  travaux  à  exécuter 
pour  la  somme  de  mille  cinquante  livres.  L'ouvrage  terminé  est  admis; 
la  moitié  de  l'argent  promis  est  entre  les  mains  de  l'ouvrier;  il  reste  à 
débourser  une  somme  égale,  quand  les  marguilliers  refusent  toute 
satisfaction  à  l'homme  de  l'art.  Fatigué  d'attendre,  celui-ci  s'adresse  au 
tribunal. 

«   A  vous  monsieur  le  juge  du  tribunal  de  Bénac, 

Supplie  humblement  le  sieur  Dominique  Ferrère,  artiste,  habitant  de 
la  ville  de  Tarbe,  disant  qu'il  s'engagea  à  faire  certains  ouvrages  dans 
l'église  de  Bénac  avec  le  sieur  Jean  Gayat  et  Dominique  Laporte, 
marguilliers  dudit  lieu,  pour  la  somme  de  mille  cinquante  livresque 
lesdits  marguilliers  promirent  de  lui  payer;  et  quoique  lesdits  ouvrages 
soient  parfaits  néanmoins  ils  négligent  de  lui  p?yer  la  somme  de  525 
livres  qu'ils  lui  restent  ;  et  d'autant  qu'ils  amusent  le   susdit   et    le  trai- 


paroisse  et  dîmaire  dudit  lieu,  que  ledit  sieur  comparant, en  vertu  du  pouvoir  que 
luy  a  donné  le  nouvel  édit,  a  dit  qu'il  leur  abandonna  ses  fruicts  curiaux  pour  par 
eux  la  percevoir  ou  en  disposer  comme  bon  leur  semblera;  qu'il  opte  pour  la 
portion  congrue  de  îoo  livres  franches,  sous  la  réserve  des  novales  et  de  tous 
autres  droicts  que  ledit  seigneur  de  Casemble,  l'arrêt  de  registre  d'iceluy  rendu 
par  nos  seigneurs  du  parlement  de  Toulouse,  prie  et  somme  lesdites  sociétés 
permanentes  de  luy  payer  ladite  portion  congrue  de  ^00  livres,  franches  et  quittes 
de  toute  charge,  à  concurrence  du  Ier  janvier  1770,  et  sous  les  pactes  portés  par 
l'édit  et  arrêt  de  registre.  De  quoy  et  de  tout  ce  dessus  ledit  sieur  comparant  a 
requis  acte,..  Présens  Me  Pierre  Prat,  vicaire  du  présent  lieu  et  Me  Bernard 
Dutilh  avocat. . . 

Dutilh,  Prat,  vie,  Douât,  curé,  Cazabonne,  N.  R.  (Etude  Candellé,  à  Ossun.) 

1.  Cazabonne.  Etude  Candellé  à  Ossun. 

2.  Cazabonne.  Etude  Candellé  à  Ossun. 

}.   Lacay.  Etude  Massot-Bordenave,  à  Tarbes. 
4.  Lacay.  Etude  Massot-Bordenave,  à  Tarbes, 


106  LE  BÉNAQUES  OU  BARONNIË  DE  BÉNAC 

nent  de  jour  à  autre  du  payement  de  ladite  somme;  et  qu'il  n'est  pas 
juste  qu'il  soit  plus  longtemps  leur  victime,  plaira  de  vos  grâces, 
monsieur,  permettre  au  susdit  de  faire  procéder  par  saizie  des  biens 
meubles  et  effets  desdits  Gayat  et  Laporte-Tarrebat,  faute  de  payement 
de  ladite  somme  de  52^  livres  ;  sommation  de  payement  préalablement 
faite  pour  ensuite  la  vente  en  être  ordonnée  de  votre  authorité  et  fairez 
bien.   » 

Nous  lisons  à  la  suite  : 

«  Comme  est  requis  sommation  préalablement  faite. 
Ce  2  octobre  177). 

Carmouse  advocat  M.  le  juge  abstenant. 

Lacaze.   » 

Le  20  octobre,  par  ministère  de  Clérence,  huissier  royal, 

a  requette  et  ordonnance  en  permis  de  saizie  furent  intimées  et  signi- 
fiées au  sieur  Gayat,  Jean,  et  Laporte,  Dominique,  marguilliers  de 
l'église  de  Bénac. . .  leur  ay  fait  commandement  d'avoir  à  payer  au 
sieur  requérant.  .  .  la  somme  de  cinq  cens  vingt  cinq  livres  portée  par 
ladite  requette  en  permis  de  saizie;  faute  de  quoi  faire,  il  sera  procédé 
par  saizie  et  exécution  sur  leurs  biens  meubles  et  effets. . .    » 

Les  deux  marguilliers  prennent  leur  temps;  les  menaces  les  laissent 
impassibles  et  l'argent  ne  rentre  pas  dans  la  caisse  de  Dominique 
Ferrère.  Le  10  novembre,  l'huissier  de  Tarbes  se  rend  chez  Jean  Gayat 
et  procède  à  la  saisie 

«  sçavoir  vingt  sacs  de  milloc,  quinze  sacs  de  seigle  bon  et  marchand, 
une  paire  chenets  de  fer,  deux  chaudrons  de  cuivre,  un  poilon  de  léton, 
un  bassinoir  de  cuivre  et  finalement  un  grand  cabinet  de  bois  de  noyer 
à  quatre  portes  et  deux  tiroirs  ferré  et  fermant  à  clefs. .  .    » 

Le  même  jour,  Dominique  Laporte  recevait,  lui  aussi,  la  visite  de 
l'officier  ministériel,  qui  procédait  à  la  saisie  de  ses  meubles 

«  une  paire  chenets  de  fer,  un  chaudron  de  cuivre,  un  poillon  de  letton, 
un  chaudron  de  cuivre,  un  bassinoir  de  cuivre,  quarante  sacs  milloc, 
trente  sacs  seigle  le  tout  bon  et  marchand,  et  finalement  un  grand 
armoire  de  bois  de  serizier  à  quatre  portes  et  deux  tiroirs  ferré  et 
fermant  à  clef. .  .  *   » 


I.   Archives  de  M.  l'abbé  Ricaud,  au  grand  séminaire  de  Tarbes. 


vicaires  107 

Nous  ne  savons  pas  la  fin  de  l'affaire  ;  mais  il  est  permis  de  présumer 
que  les  cinq  cent  vingt-cinq  francs  furent  remboursés  à  l'artiste  de 
Tarbes. 

Le  26  février  1783,  il  se  fait  installer  curé  de  Loubajac  par  M'' 
d'Arguilh,  vicaire  général  de  Monseigneur  de  Gain-Montagnac. 

Michel  Ganassi  dit  Bernède  (1783-179...)  «  âgé  de  quarante-six  ans 
(en  1783),  non  gradué,  prêtre  depuis  dix-neuf  ans.  Il  a  travaillé  pour 
son  ministère  à  Montégut,  à  Sarrouilles,  à  Ibos,  à  Campan,  à  Pouyas- 
truc,  à  Gez  et  à  Peyrouse,  d'où  il  est  sorti  depuis  le  mois  de  mai 
dernier  pour  occuper  le  poste  de  Bénac  ».* 

Michel  Bernède  vit  dans  un  temps  bien  troublé,  les  épreuves  ne  lui 
manqueront  pas;  comment  se  débrouiller  ?...  Comme  un  grand  nombre 
de  ses  confrères,  il  suivra  le  mouvement  ;  il  sera  l'homme  de  tous  les 
compromis. 

III 

«  Le  vicariat  de  Bénac  fut  fondé  en  17^3.  L'honoraire  du  vicaire 
consiste  en  2^0  livres  que  l'abbé  de  Saint-Pé  lui  paye  ;  il  n'a  point  de 
casuel  ;  il  manque  de  messes  la  plus  grande  partie  de  Tannée  ».2 

Les  vicaires  ont  existé  à  Bénac  de  tous  les  temps,  par  suite  du  cumul 
des  cures  ;  jusqu'en  17^3,  ils  étaient  payés  par  les  curés  qu'ils  rempla- 
çaient dans  leurs  fonctions  curiales. 

Nous  donnerons  les  noms  des  vicaires  de  Bénac,  quand  nous  four- 
nirons la  liste  chronologique  des  curés  et  vicaires  de  cette  paroisse. 


1.  Etat  des  paroisses  en  1785,  t.  III,  page  602. 

2.  Etat  des  paroisses  en  1783,  t.  III,  p.  6if. 


10o  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNÎE    DE   BENAC 


X.  —  AUTRES   PAROISSES 

Eglise  de  Latines.  — Ses  curés.  —  Ses   vicaires.  —  Cures  de 
Lay risse  et  A  ver  an.  —  Vicariat  de  Lay  risse. 


L'église  de  Larmes  est  sans  cachet  archéologique.  Nous  ne  nous 
arrêterons  pas  à  en  faire  une  description  qui  manquerait  d'intérêt  pour  le 
lecteur.  Les  protestants  la  brûlèrent  quand  ils  vinrent  dans  le  Bénaqués, 
et  elle  ne  se  releva  jamais  complètement  de  ses  ruines,  offrant  à  peine 
aux  fidèles  un  sanctuaire  convenable. 

La  cure  de  Lannes  "était  à  la  présentation  de  la  famille  de  La  Tour- 
Abbadie,  de  cette  paroisse. 

Les  registres  de  baptêmes,  mariages  et  décès,  antérieurs  à  la  révolu- 
tion, ont  été  enlevés;  les  archives  de  la  mairie  et  de  l'église  en  sont 
complètement  dépourvues.  Nos  renseignements  seront  incomplets. 


II 


Jean  d'Orbeinces  (1643),  docteur  en  théologie  et  fondateur  de  la 
chapellenie  Notre-Dame,  était  curé  de  Lannes,  en  1643. 

Jean  Francés,  de  Lourdes  (1747-1783),  «  était  vicaire  de  Beaucens 
quand  Michel  de  la  Tour  dit  Abbadie,  Catherine  de  la  Tour,  sa  fille, 
et  Jean  Francès,  son  mari,  patrons  laïques  du  bénéfice  cure  de  Lannes, 
vacant  par  le  décès  de  François  Laventure  »,  lui  offrirent  la  cure,  dont 
il  prit  possession,  le  13  mai  1747.1 

Jean-Baptiste  Francés  (1783),  «  âgé  de  84  ans  (1783),  non  gradué, 
1.   Etude  Barrère.  Etude  F.-A.  Vivier  à  Tarbes. 


CURÉS  D  AVERAN  ET  LAYRISSE  I OÇ 

est  prêtre  depuis  40  ans.  Il  a  été  vicaire  9  ans  à  Villecomtal,  3  ans  à 
Bisanos,1  un  an  à  Beaucens,  d'où  il  fut  présenté  à  la  cure  de  Lannes.  » 
Jean  Deffis,  de  Lannes  (1784-179.).  On  trouve  sa  signature  dans  le 
cahier  des  délibérations  de  la  commune  de  Lannes  :  «  Deffis,  curé  offi- 
cier municipal.  »  Cela  nous  indique  suffisamment  qu'il  avait  adhéré  à  la 
Constitution  civile  du  clergé.  Il  prit  possession  de  la  cure  de  Lannes, 
le  12  mars  1784;  il  était  alors  vicaire  de  Louey.2    » 


«  Le  vicariat  de  Lannes  est  fondé  de  grâce,  parce  que  le  curé,  ne 
pouvant  pas  desservir  la  paroisse,  a  besoin  d'un  secours.  Il  a  250  livres 
que  le  titulaire  lui  paye  et  pas  de  casuel.3   » 

Jean  Lansac  (1783),  de  Tarbes,  «  âgé  de  28  ans,  prêtre  depuis  trois 
ans.  Il  a  été  employé  à  Bénac  1  an,  à  Loubajac  4  mois,  Averan  1  an,  et 
5  mois  dans  cette  paroisse.   » 


IV 

La  cure  de  Layrisse  et  Averan  est  de  nomination  épiscopale.  Les 
actes  de  baptêmes,  mariages  et  décès  remontent  à  1616;  nous  avons 
depuis  cette  époque  la  liste  complète  des  curés  de  la  paroisse. 

Les  églises  de  Layrisse  et  Averan  sont  du  siècle  passé,  elles  ont 
subi  des  modifications  assez  importantes,  surtout  celle  de  Layrisse. 
Elles  n'ont  pas  de  valeur  artistique. 

Thomas  Abadie,  d'Averan  (1616-163  3),  devint  curé  de  Bénac  le  29 
juin  1633,  après  avoir  dirigé  la  cure  de  Layrisse  pendant  17  ans. 

Jean  Balle,  de  Bénac  (1O36-1649),  frère  d'Arnaud  Balle,  religieux 
du  prieuré  de  Bénac,  quitta  Layrisse,  en  1649,  pour  devenir  curé  de 
Cotdoussan,   en  Castelloubon,  en  1668. 

Jean  Casarré  (1647).  Son  nom  ne  paraît  sur  aucun  registre,  et  cepen- 
dant, d'après  un  acte  que   nous  donnons,    Domec   se   pose  comme  le 

1.  Etat  des  poroisses  en  1783,  t.  III.  p.  677 . 

2.  Cazabonne.  Etude  Candellé  à  Ossun. 

}.   Etat  des  paroisses  en  1783,  t.  III,  p.  676. 


110  LE    BÉNAQUES    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 

vicaire  de  Jean  Casarré,  à  Layrisse.  Et,  Jean  Balle  continue  à  enre- 
gistrer les  baptêmes,  mariages  et  décès  jusqu'en  1649. 1 

Georges  Me  non  (1650-1678),  né  à  Ossun,  était  curé  de  Layrisse, 
en  1650.  Plein  de  zèle,  il  combattait  les  abus  de  toute  sorte;  les 
épreuves  ne  lui  manquèrent  pas. 

Voici  la  lettre  qu'il  reçut,  le  16  avril  1660,  de  Clément  Amadis, 
chanoine,  archidiacre,  vicaire-général  et  officiai  de  Tarbes,  relative  à 
la  paix  à  rétablir  entre  deux  époux  : 


Monsieur,  ie  ne  touche  guère  aux  choses  quy  reguardent  messieurs 
les  prestres  auxquels  ie  me  confie  et  la  probité  et  intelligence  desquels 
m'est  cogneue,  vous  êtes  de  ce  nombre.  Et  ainsin,  ie  n'ay  pas  confessé 
un  parroissien  donneur  de  la  présente,  ie  vous  le  renvoyé  pour  agir 
suyvant  les  lumières  qu'il  plaira  à  Dieu  vous  inspirer  et  touchiours  avec 
esprit  de  douceur  et  charité,  de  patience  et  d'humilité.  Il  m'a  promis 
de  reprendre  sa  femme  à  toute  heure  et  à  tout  moment  que  vous  luy 
ordonnerez  et  de  la  traiter  en  véritable  mari,  la  rcguardant  comme  sa 
compaigne,  ie  ne  sçay  pas  s'il  le  tiendra,  Dieu  peut  tout.  Pour  ce  quy 
reguarde  le  traitement  que  vous  avez  reçeu  de  vos  parroissiens  dans  le 
tribunal,  quoique  cela  méritât  bien  pénitence  exemplaire,  néantmoings 
en  ce  sainct  tems  d'indulgence  et  de  pardon,  il  faut  oublier  les  choses 
et  obliger  votre  monde  par  votre  patience  à  vous  honorer  et  aimer,  le 
recepvray,  comme  ie  doibs,  moyennant  d'icy  vous  tesmoigner  et  tous 
ceux  que  vous  me  renvoyerez  en  esprit  de  pénitence  et  de  mortification 
quoy  qu'après  cela  ie  vous  les  renvoyerez  pour  en  user  en  justice  et  en 
père,  les  cognossant  mieux  que  moy  ;  ie  vous  redis  encore  que  le 
donneur  de  la  présente  est  en  disposition  parfaite  et  qu'il  m'a  tesmoigné 
de  reprendre  sa  femme  et  de  vivre  parfaitement  bien  et  en  chrestien 
avec  elle  :  ie  prie  Notre  Seigneur  qu'il  met  sa  saincte  bénédiction  en 
tous;  ie  suis  encore  très  parfaict,  monsieur  et  très  humble  serviteur. 

Amadis  prestre.  Ce  16  apvril  1660. - 


1.  Le  7  mars  [660...  S'est  constitué  en  sa  personne  M.  Jean  Domec,  prebre  du 
lieu  de  Mouillas;  lequel  de  son  gré  volontairement  a  dict  et  déclairé  qu'en 
l'année  1647  il  auroict  esté  payé  par  mains  du.lit  CortaJe  du  lieu  de  Lairisse  de 
la  somme  de  (>o  livres  pour  les  guaiges  qu'il  guagnoit  ladite  année  i  '47  en  qualité 
de  vicaire  de  Me  Jean  Cazarré,  prestre  et  pour  lors  recteur  du  dit  Lairisse;  de 
laquelle  som  ne  il  en  auroict  faict  quittance  de  si  main  audit  Cortade  ;  laquelle  au 
moyen  du  présent  demeure  nulle  et  pour  servir  audit  Cortade  ainsin  et  comme  il 
verra  estre  à  faire;  luy  a  concédé  le  présent  acte  et  requis  à  moy  notaire  de  le 
retenir  que  luy  ay  octroyé  en  présence  de  Mc  Jean  Moné,  prestre,  signé  avec  ledit 
sieur  Domec  et  Bertrand  Lavigne. 

Larroye  N.  R.    Archives  Francés  Courtade,  à  Layrisse). 

2.  Archives  A.  Duffourc. 


curés  d'averan   ET  LAYRISSE  I  I  I 

J'ai  voulu  transcrire  cette  lettre  dans  son  entier.  Elle  nous  montre  à 
l'œuvre  l'homme  de  Dieu  ;  mais  nous  voyons  aussi  les  fidèles, 
égarés  un  instant,  se  soumettre  aux  dures  pénitences  de  ce  temps  de 
foi  vive. 

Georges  Menon  resta  encore  dix-huit  ans  au  milieu  de  son  peuple. 
Il  usa  «  de  douceur  et  patience,  de  charité  et  d'humilité,  »  et  tout 
s'arrangea  pour  le  mieux  dans  ce  monde  de  fatigues  et  de  peines. 

Arnaud  Toncarret,  d'Astugue  (1680-172(8),  resta  48  ans  curé  de 
Layrisse;  il  laissa,  à  sa  mort,  la  somme  de  700  livres  pour  être  employées 
à  faire  des   réparations  à  l'église.1 

Vincent  Abadie,  de  Campistrous  (  1730-1759),  entra  en  possession 
de  la  cure  de  Layrisse-Averan,  le  50  mars  1730. 

L'église  de  Layrisse  est  riche  maintenant,  grâce  aux  largesses  de 
l'ancien  curé.  On  trouvera  où  employer  cet  argent.  A  l'autel  il  faut  un 
tabernacle  neuf,  il  faut  aussi  un  rétable  :  Sébastien  Cazaux,  maître 
sculpteur,  d'Asté,  fera  les  deux  ouvrages  pour  quatre  cent  trente  huit 
livres  ;  et  le  sieur  Couget,  doreur,  de  la  môme  paroisse,  réclamera  à 
son  tour  «  pour  la  dorure  qu'il  a  faict  du  tabernacle,  devant  d'autel  et 
lampe  »  la  somme  «  de  cent  soixante  trois  livres  doutze  sols.   » 2JJ 


1.  Le  ?  [  décembre  17}  ï,  à  Lairisse  en  Bigorre,  maison  curiale...  Constitués  en 
leur  personne  Mc  Vincent  Abbadie,  prestre  et  curé,  Jean  Sentaigne  consul  et 
pierre  Cortade  margullier,  habitants  du  présent  lieu  de  Lairisse,  lesquels  ont 
reçu  tant  cy-devant  que  présentement  par  les  mains  de  Do  nenge  Abbadie  et 
Jean  Davancens. . .  sçavoir  est  la  somme  de  sept  cens  livres  qu'ils  tenoient  en 
garde  des  mains  d'Arnaut  Toncarret,  d'Astugue,  pour  la  remettre  lorsqu'elle  leur 
seroict  demandée  pour  estre  employée  à  la  réparation  de  L'esglise  dudit  Lairisse; 
icelle  somme  contenue  dans  Lin  acte  retenu  par  feu  Me  Daquo  notaire...  Duquel 
lesdits  sieurs  curé,  consul  et  margullier  consentent  pour  avoir  retirée  la  susdite 
somme  et  employée  aux  réparations  de  ladite  esglize  avec  promesse  de  n'en  plus 
rien  demander...  fait  en  présence  de  Hilaire  Daquo  de  Visquer  et  Jacques 
Carassus-Moura. 

Daquo.  Moura.  Daquo  N.  R.  (Candellé  à  Ossun). 

2.  Archives  de  la  mairie  de  Layrisse. 

5.  Le  14  novembre  1730...  Le  sieur  Sébastien  Cazaux,  maître  sculpteur, 
habitant  du  lieu  d'Asté,  lequel  de  gré  s'oblige  et  promet  de  faire  à  neuf  un  taver- 
nacle,  rétable,  devant  d'autel  en  esculture  tout  conformément  au  dessin  qu'il  en  a 
donné  et  de  luy  signé  et  dudit  sieur  curé,  en  outre  ledit  dessin  quatre  chandeliers 
aussy  en  esculture  pour  l'esglize  du  lieu  de  Lairisse,  pour  elle  présent  et  stippu- 
lant  maître  Vincent  Abadie,  prestre  et  curé  dudit  lieu,  Jean  Abbadie,  marguillier 
dudit  lieu,  et  Jean  Davancens,  habitant  dudit  Lairisse  ;  pour  lequel  travail  lesdites 
parties  en  ont  conveneu  à  la  somme  de  400  livres,  en  déduction  de  laquelle  ledit 
Davancens  en  a  compté  celle  de  100  livres,  huict  livres  en  escus  de  6  livres  chacun; 


112  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

Vincent.  Abadie  eut  à  se  plaindre  des  religieux  de  Saint-Pé  ;  nous 
avons  la  réponse  à  une  lettre  qu'il  leur  avait  adressée.  Le  curé,  à  bout 
de  ressources,  demande  un  supplément  de  traitement  ;  l'affaire  est 
portée  devant  l'official  de  Tarbes.  Ce  dernier,  ne  pouvant  pas  se  rendre 
sur  les  lieux  pour  examiner  la  valeur  des  fruits  que  perçoit  le  curé, 
délègue  Larmand,  curé  de  Bénac,  qui  lui  octroie  trente  livres  en  plus 
de  ce  qu'il  recevait  de  dîmes  à  Layrisse  et  Averan.  Pour  lors,  l'abbé 
de  Saint-Pé  le  chicane  sur  un  excusât  que  le  curé  perçoit  à  Layrisse. 
Cependant  Abadie  ne  se  tient  pas  pour  battu  ;  il  est  fort  par  le  fait 
d'une  lettre  que  l'abbé  de  Lons  lui  avait  écrite  pour  lui  renouveler  ses 
engagements  de  soixante  livres.  L'abbé  actuel  répond  que  l'abbé  de 
Lons  avait  pu  engager  son  avoir  et  non  point  celui  de  ses  successeurs. 
Il  termine  par  ces  mots  :  «  il  n'y  a  pas  eu  d'acte  d'option  de  la  part  de 
M.  le  curé,  ny  d'abandon  ;  point  d'estimation  des  fruits.  M.  le  curé  a 
accepté  30  livres  par  an  au  lieu  de  60  quand  il  a  eu  affaire  à  M.  de 
Larmand,  instruit  de  la  vérité  et  de  la  valeur  des  fruicts  :  on  n'a  observé 
aucune  formalité  pour  obliger  les  successeurs  de  fù  M.  l'abbé  de  Lons. 
De  là  on  doit  conclure  nécessairement  que  la  demande  de  M.  le  curé 
de  Lairisse  et  Averan  contre  l'abbé  actuel  est  insoutenable.1   » 

Vincent  Abadie  fit  différentes  concessions  funéraires  dans  le  sol  de 


Le  6  mars  175 1 . . .  a  Lairisse,  maison  presbitralle.  .  .  Me  Vincent 
Abadie,  curé  dudit  Lairisse  et  Bertrand  Moura,  margullier  de  l'esglize 
dudit  lieu,  lesquels. .  .  ont  bailhé  à  Pierre  Cortade.  .  .  sçavoir  est  l'uzage 
et  faculté  d'un  tombeau  dans  la  nef  de  ladite  esglize  de  troys  pans  de 
largeur  et  huict  de  long  au   premier  rang  en  commençant  du   mur  de 


et  après  p:ir  ledit  sieur  Cazaux  aussy  comptée,  nombrée  et  retirée  la  susdite 
épreuve  voyant  nous  notaire  et  tesmoins  ;  et  le  surplus  ledit  Abbadie,  marguillier, 
et  Davancens  s'obligent  et  promettent  payer  au  dit  Cazaux,  sçavoir  100  livres 
lorsqu'il  aura  remis  la  moytié  dudit  travail,  et  le  surplus  le  travail  faict  et  le  tout 
par  lu\  porté  et  posé;  lequel  susdit  travail  ledit  Cazaux  s'oblige  et  promet  d'avoir 
posé  en  ladite  esglise  pendant  le  jour  et  feste  de  saint  Laurent  prochain  et  sera 
sujet  à  estre  vi/itté  et  examiné  par  des  maistres  sy  les  parties  en  conviennent  entre 
eux  mesmes;  et  illec  présent  et  constitué  en  personne  le  sieur  Dominique  Lhez, 
marchand  dudit  Asté,  lequel  de  gré  s'oblige  et  promet  au  cas  ledit  Cazaux  ne 
faisoict  ledit  travail  pendant  ledit  temps  de  rendre  aux  susdits  Abbadie  et  Davan- 
cens la  somme  de  108  livres  '1  peyne  de  tous  despens.  Presens  Joseph  Dejeux  de 
Baigneres,  Pierre  Crouzet,  faiseur  de  bas  à  Baignères... 

Lhez,  Dejeux,  Crouzet,  Barrère   N.  R.  (F.  A.  Vivier  à  ^arbes). 

1.  Voir  Appendice  VIII. 


CURES    D  AVERAN    ET    LAYRISSE  1  I 


ladite  esglize  du  costé  de  midy  et  le  second  tombeau  en  y  laissant 
quatre  pans  depuis  le  genouillouer  du  balustre  jusques  audit  tombeau. 
—  Dominique  Bordenave...  du  premier  rang  et  quy  confronte  dudit 
costé  de  midy  à  ladite  murailhe  ou  meur.  —  Anthoyne  Mengelle.  .  .  au 
premier  rang  à  prendre  du  costé  de  la  murailhe  du  midy  et  le  troysiesme 
tombeau.  —  Anthoyne  Capdegelle  dit  Hours.  .  .  dans  la  nef  de  ladite 
esglize  et  le  quatriesme  du  premier  rang  à  prendre  du  costé  de  la 
murailhe  de  ladite  esglize  du  costé  du  midy.  .  .  Pour  lequel  usage  lesdits 
Cortade,  Bordenave,  Mengelle  et  Hours  ont  promis  d'aumosner  à 
ladite  esglize  lesdits  Cortade,  Bordenave  et  Mengelle  ont  bailhé  10 
livres,  ledit  Hours  5  seulement  parce  que  lesdits  sieurs  curé  et  mar- 
gullier  ont  prins  un  tombeau  quy  luy  appartenoit  pour  faire  la  sacristie... 

Abadie,  curé,  Abadie,  Carassus,  Barrère  N.  R.  A.  (Vivier,  à  Tarbes.) 


Le  14  octobre  17^9,  Vincent  Abadie  fait  son  testament.  Le  testateur 
veut  qu'on  célèbre,  pour  le  repos  de  son  âme,  cent  vingt  messes  basses, 
dans  l'an  de  son  décès  ;  pour  obtenir  ce  résultat,  il  lègue  i)  livres  à 
M.  Abadie,  curé  de  Castillon,  autres  1^  livres  à  M.  Paillés,  prieur 
d'Artigue-Frémat,  en  Loucrup,  et  autres  quinze  livres  à  M.  Galan, 
prêtre  de  Campistrous.1 

Jean  Duvieil  (17^9-1760),  ne  fit  que  passer  à  Layrisse  ;  il  démissionna 
en  faveur  de  Pierre  Prat.2 

Pierre  Prat  (1760-1775),  fut  installé  curé  de  Layrisse,  le  9  décembre 
1760,  par  Hilaire  Daquo,  archiprêtre  à  la  Cathédrale,  dont  il  était 
vicaire.  Pierre  Prat  était  frère  de  Jean  Prat,  curé  d'Orincles. 

Des  réparations  urgentes  doivent  se  faire  au  presbytère  de  Layrisse. 
Raymond  Pomiez,  d'Ost,  se  charge  de  les  faire  conformément  au  devis; 
mais  les  travaux  traînent.  Sur  les  instances  de  M.  Prat,  la  communauté 
fait  un  procès  aux  entrepreneurs;  et,  conséquence  fâcheuse,  le  curé 
quitte  Layrisse,  refusant  tout  service  divin.3 

1.  Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 

2.  Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 

3.  Le  1 3  mars  1769...  à  Layrisse...  Jean  Sentaignes  et  Pierre  Moura,  consuls, 
ayant  représenté  aux  susdits  habitants  qu'ils  avoient  été  forcés  de  présenter 
requette  devant  M.  le  seneschal  de  Bigorre  pour  enjoindre  M.  Prat,  prostré  et 
curé  de  Lairisse  et  Averan  de  faire  le  service  divin  comme  il  a  été  toujours 
d'uzage.  Ladite  requette  ayant  été  signiffiée  audit  M.  Prat  depuis  environ  trois 
semaines,  néantmoins  il  a  refusé  de  s'y  conformer;  tellement  que  les  susdits  habi- 
tants ont  délibéré,  arrêté,  conveneu  de  poursuivre  l'instance  quy  est  pendante 
devant  ledit  seneschal. . .  ils  créent...  leur  sindic  spécial  et  général  le  nommé 
Jean  Abadie...  et  de  luy  fournir  l'argent  nécessaire  pour  la  susdite  poursuitte  et 

;; 


114  LE  BÉNAQUES  OU  BARONNIE  DE  BENAC 

Les   gens  d'Averan  veulent  alors  profiter   du    mécontentement  du 

curé  pour  l'appeler  chez  eux  ;  ils  se  souviennent  qu'autrefois  l'église 

d'Averan  était  l'église  curiale.  Que  le  curé  rentre  à   Averan    et   tout 
sera  dans  l'ordre.  . . 


Le  10  juillet  1770...  à  Averan,  au  devant  de  la  porte  principalle  de 
l'esglize  dudit  lieu...  feurent  présens  Jean  Moura,  margullier,  Guilhaume 
Azassus  et  Jean  Vignette,  consuls,  et  autres,  dans  laquelle  présente 
assemblée  a  présidé  M.Pierre  Prat,  curé  du  présent  lieu,  revêtu  de 
son  surplis  suivant  l'uzage,  auxquels  par  ledit  Moura,  margullier  en 
place,  a  esté  déclairé  et  représenté  que  la  communauté  de  Lairisse, 
ayant  un  procès  contre  ledit  M.  Prat,  curé,  il  a  été  appelé  et  mis  en 
cauze  a  requette  de  M.  de  Clos,  archidiacre  des  Angles,  et  qu'il  a  vu 
avec  surprise,  que  dans  une  continuation  de  production  les  habitants  de 
Lairisse  ont  conclu  quasiment  à  ce  que  l'esglize  d'Averan  fut  déclarée 
annexe  et  celle  de  Lairisse  maîtresse,  quoique  l'esglize  d'Averan  soict 
et  ait  esté  repputee  l'esglize  maîtresse  de  tous  les  tems;  qu'il  a  cru 
devoir  deffendre  à  une  pareille  demande,  quy  intéresse  particulièrement 
l'esglize  et  l'assemblée  de  Sonore,  il  a  trouvé  que  la  présente  assemblée 
pour  qu'elle  délibérât  ce  qu'il  convenoit  à  faire  :  Sur  quoy,  d'un  com- 
mun accord  et  d'une  voix  unanime,  il  a  esté  délibéré  que  la  présente 
assemblée  approuve  les  diligences  et  deffenses  dudit  margullier,  luy 
donne  plain  pouvoir  pour  la  poursuitte  dudit  procès  et  le  charge  expres- 
sément de  soutenir  que  l'esglize  d'Averan  est  la  vraye  matrice  dont 
Lairisse  est  l'annexe;  et  comme  il  convient  de  nommer  un  sindic  pour 
la  poursuitte  dudit  procès,  la  présente  assemblée,  d'une  voix  unanime,  a 
nommé  pour  sindic  ledit  André  Dalléas  dict  Abbadie,  ancien  margul- 
lier, auquel  ladite  assemblée  donne  pouvoir  de  par  elle  et  en  son  nom 
poursuivre  et  deffendre  ledit  procès  dans  toutes  les  cours  où  besoin.  .  . 
Présens:  Jean  Sempastous  et  Bernard  Ribettes  dict  Laens,  de  Bénac... 
Moura,  Saint-Pastous,  Dalléas,  Ribettes,  Prat  curé,  Cazabonne  N.  R.1 


Depuis  longtemps  déjà,  les  curés  résidaient  à  Layrisse  :  Toncarretest 
mort  à  Layrisse,  Abadie  habita  Layrisse,  Duvieil  et  Prat  y  ont  résidé 
aussi  jusqu'au  jour  de  leur  départ  pour  un  nouveau  poste.  La  commune 
d'Averan  n'a  pas  de  presbytère  ;  et  la  population  veut  obliger  les 
habitants  de  Layrisse  à  contribuer  de  leurs  deniers  à  bâtir  le  logement 


de  luy  donner  une  livre  cinq  sols  par  jour  lorsqu'il  sera  obligé  de  vacquer  pour 
les  susdites  poursuittes  seulement...  fait,  leu  et  récité  en  présence  de  Jean 
Camon,  garçon  cirurgien  de  Bénac  et  Jean  Davancens,  fils  ayné  de  Lairisse... 

Courreges,  Mengelle,  Correges,  Davancens,  Abbadie  sindic,  J.  Camon,  Davan- 
cens fils,  Daquo  N.  R.  (Candellé  à  Ossun). 

I.   Cazabonne.  Etude  Candellé  à  Ossun. 


CURÉS    D  AVERAN    ET    LAYRISSE  I  I  >, 

du  curé;  mais,  vexés  du  départ  précipité  de  leur  pasteur,  départ  que 
rien  ne  semblait  motiver  à  leurs  yeux,  les  Layrissois  s'engagent  à  fournir 
au  vicaire  un  logement  convenable.  A  la  sommation  du  curé  ils  répon- 
dent par  la  délibération  suivante  : 

Le  20  mars  1771 ...  à  Lairisse,  en  assemblée  généralle  de  la  commu- 
nauté... Jean  Abbadie  et  Anthoine  Larré  dit  Cliqua,  consuls,  et 
autres...  Par  ledit  Jean  Abbadie.  premier  consul  dudit  lieu,  a  esté 
représenté  que  M.  Prat,  curé  d'Averan  et  Lairisse,  a  fait  signiffier,  le  13 
présent  mois,  une  requette  par  luy  présentée  à  monseigneur  l'Intendant 
dans  laquelle  il  demande  un  logement  au  lieu  d'Averan  et  qu'en  consé- 
quence les  parroissiens  et  habitants  soient  tenus  de  luy  faire  construire 
un  presbitaire.  et  que  jusques  alors  ils  soient  condamnés  à  luy  payer, 
tant  pour  les  années  précédentes,  qu'à  l'avenir  une  somme  de  40  livres 
par  année  ;  sur  quoy  il  a  esté  rendeu  une  ordonnance  portant  que 
lesdites  communautés  de  Lairisse  et  Averan  seront  teneus  de  répondre 
par  délibération  séparée,  et  en  conséquence  ledit  Abbadie  a  convoqué 
la  présente  assemblée,  afin  qu'elle  ait  à  délibérer  ce  qu'elle  jugera  le 
plus  convenable  à  ses  intérêts.  Sur  quoy.  ayant  esté  fait  lecture  de  la 
requette  présentée  par  ledit  M.  Prat,  il  a  esté  unanimement  arresté, 
conveneu  et  délibéré  que  la  demande  par  luy  formée  n'intéresse  point 
les  habitants  de  la  présente  communauté  et  parroisse  de  Lairisse, 
attendeu  que,  suivant  un  jugement,  rendeu  devant  M.  le  Séneschal  de 
Tarbe,  entre  cette  communauté  et  celle  d'Averan  et  ledit  M.  Prat,  il  a 
été  décidé  et  ordonné  que  le  sieur  curé  faisoit  sa  résidence  dans  le  lieu 
d'Averan  comme  esglize  maîtresse  pour  y  faire  par  luy-mesme  le  ser- 
vice divin,  et  qu'il  seroit  estably  un  vicaire  amovible  dans  le  lieu  et 
parroisse  de  Lairisse,  pour  v  faire  le  service  tous  les  dimanches  et  festes. 
On  ne  disconvient  point  que  le  sieur  curé  est  en  droit  de  demander  un 
logement,  mais  ce  logement  doit  estre  fourny  par  les  habitants  du  lieu 
ou  paroisse  dans  lapuelle  il  fait  sa  résidence.  Il  convient  qu'elle  est 
fixée  à  Averan  par  le  jugement,  rendeu  l'année  dernière  au  Sénéchal  de 
Tarbe.  C'est  donc  contre  les  habitants  d'Averan  qu'il  doibt  diriger  son 
action  et  nullement  contre  la  communauté  et  habitants  de  Lairisse,  quy 
doivent  estre  deschargés  de  toute  contribution  à  cet  eguard.  Il  y  a 
mieux  ;  suivant  le  mesme  jugement  il  doit  y  avoir  un  vicaire  dans  le 
présent  lieu  pour  la  desserte  de  la  parroisse,  et  il  doit  y  fixer  son  domi- 
cile, les  habitants  doivent  donc  fournir  le  logement  au  vicaire,  et  ils 
sont  prêts  à  le  recevoir.  D'ailleurs,  il  y  a  dans  le  présent  lieu  de  Lai- 
risse, de  tout  teins,  une  maison  presbitéralle  dont  1  entretien  et  recons- 
truction est  à  la  charge  des  habitants,  ils  ne  réclament  rien  â  raison  de 
ce  aux  habitants  d'Averan,  et  ils  seroient  mal  fondés  à  le  faire  parce 
que  les  charges  de  cette  espèce  sont  locales;  il  n'est  donc  pas  permis 
de  voulloir  assujettir  les  habitants  de  Lairisse  aux  frais  de  construction 
d'une  maison  presbitéralle  à  Averan;  les  délibérants  soutiennent  qu'ils 
ne  peuvent  point  y  estre  teneus  pareeque,  comme  on  l'a  déjà  observé, 
ils  ne  sont  teneus  qu'au  logement  du  vicaire,  quy  doit  demeurer  parmy 
eux,  et  ils  offrent  de  luy  fournir  ce   logement  :    ils  ne   peuvent    pas 


Il6  LE   BÉNAQUÈS   OU    BARONNIE    DE    BÊNAC 


plus  y  estre  teneus  pour  le  passé,  parceque  le  sieur  curé  a  souteneu, 
dans  le  cours  du  procès  dont  on  a  parlé,  qu'on  luy  demandoit 
mal  à  propos  la  résidence  à  Lairisse  et  qu'il  ne  leur  devoit  le  ser- 
vice le  dimanche  et  festes  qu'à  l'alternative,  et  il  s'est  conformé  dans  la 
pratique  à  ce  cistème  ;  d'ailleurs  on  avoit  offert  de  faire  les  réparations 
convenables  à  sa  maison  presbitéralle,  à  la  charge  par  le  sieur  curé  de 
faire  de  son  costé  celles  dont  il  étoit  teneu,  il  fut  procédé  à  la  vérifica- 
tion des  unes  et  des  autres,  le  devis  stimatif  en  feut  dressé  et  authorizé, 
il  ne  s'agissoit  plus  que  de  faire  l'adjudication  ;  mais  M.  Prat  l'a  éludé 
pour  se  soustraire  aux  réparations  quy  étoient  à  sa  charge  et  quy  sont 
considérables.  C'est  donc  sa  faute  s'il  n'a  point  esté  logé  dans  les  tems 
précédents.  Mais  quoiqu'il  ait  quitté  la  parroisse  et  qu'il  ne  doive  plus 
occuper  la  maison  presbitéralle  de  Lairisse,  il  doit  cependant  toujours 
remplir  ses  engagements  et  payer  le  montant  des  réparations,  dont  il  a 
esté  chargé  par  le  devis  stimatif  des  experts  précédament  nommez; 
d'après  tous  ces  motifs,  il  est  donné  pouvoir  audit  Abbadie  de  se  pre- 
santer  devant  M.  de  Vergez,  subdélégué,  pour  demander  le  relaxe  ou 
descharge  de  toute  contribution  à  raizon  de  la  maison  presbitéralle  quy 
doit  estre  construite  dans  le  lieu  d'Averan,  ou  autre  logement  du  sieur 
curé,  demeurant  l'offre  de  fournir  un  logement  au  vicaire  quy  doit 
demeurer  à  Lairisse  et  de  faire  à  ces  fins  des  réparations  convenables 
dans  la  maison  presbitéralle  du  présent  lieu  pour  le  logement  personnel 
dudit  vicaire  à  la  charge  par  M.  Prat  d'y  faire  de  son  costé  celles  quy 
sont  à  sa  charge  et  à  la  veue  du  devis  stimatif,  ou  d'en  payer  le  montant 
auquel  effet  ledit  Abbadie  sera  teneu  de  remettre  extrait  de  la  présente 
délibération  entre  les  mains  de  mondit  sieur  de  Vergez,  pour  leurservir 
de  deffénse  ;  approuvant  tout  ce  quy  sera  faict,  géré  et  négotié  par  ledit 
Abbadie,  sindic,  relativement  à  la  présente  délibération,  avec  promesse 
de  le  relever  indemne.  Les  habitants  de  ce  lieu  ont  l'honneur  de  faire 
observer  à  monseigneur  l'Intendant  que  ledit  sieur  curé  de  ce  lieu  avoit 
occupé  la  maison  presbitéralle  de  Lairisse  huit  années  consécutives,  et 
quoique  le  consul  de  ce  lieu  le  priât  avec  instance  de  l'occuper  encore 
quelque  tems  pour  y  faire  les  réparations  utiles  ou  nécessaires,  ce  qu'il 
refusa,  ou  du  moins  luy  offrir  une  chambre  convenable  dans  le  lieu, 
mais  il  s'opposa  à  tout,  étant  dans  le  dessein  d'aller  habiter  avec  M. 
Prat,  curé  d'Orincles,  son  frère,  et  dans  son  presbitère. .  .  A  l'obliga- 
tion des  biens  et  revenus  de  ladite  communauté  et  de  ceux  des  délibé- 
rants... Davancens,  Mengelle,  Sentaignes,  Davancens  fils,  Daquo 
N.  R.1 

Pierre  Prat  habita  Averan  jusqu'à  sa  mort.  Par  son  testament  il  légua 
cent  francs  en  rente  constituée  «  pour  qu'il  fut  dit  six  messes  hautes  à 
perpétuité  »  dans  l'égise  d'Averan  ou  Layrisse  au  choix  du  curé.8 
Pierre  Prat  mourut  le  11  novembre  1775 . 

1.  Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 

2.  Feu  M.  Prat,  curé  d'Averan  et  Lairisse,  a  légué  six  messes  hautes  à  perpé- 
tuité dans    l'esglize  d'Averan   ou   Liii-s.'  au   choix  du   curé   dudit   lieu,  dont  la 


CURES    D  AVERAN    ET    LAYR1SSE 


Michel  Sempé  (1776),  docteur  en  théologie,  ne  fit  que  passer  à 
Layrisse  et  Averan.  Installé  curé  d'Averan  et  Layrisse,  le  iermars  1776, 
il  quittait  son  poste  en  juillet  de  la  même  année,  nommé  curé  de  Cas- 
tagnède,  près  de  Salies  de  Béarn.1 

Bertrand  d'Agos,  dit  Caslels  (1776-1792).  <«  Il  n'est  pas  gradué,  il 
est  prêtre  depuis  17 îo,  il  travaille  dans  le  ministère  depuis  la  prêtrise. 
Il  a  été  employé  à  Souyeaux  pour  desservir  Laslades  et  Boulin,  son 
annexe;  à  Nouillan,  annexe  de  Caixon;  à  Ger  en  Béarn;  à  Cabanac;  à 
Lesponne,  annexe  de  Bagnères;  à  Luquet  ;  à  Tostat.  Il  est  curé  depuis 
1 77 3 -2  *  M  vmt:  à  Layrisse,  en  1776. 

L'église  de  Layrisse  avait  beaucoup  souffert  de  ces  dissensions  entre 
pasteur  et  fidèles  ;  elle  avait  besoin  de  réparations  et  ces  réparations  ne 
se  faisaient  pas.  Il  arriva  même,  ce  qui  arrive  toujours  dans  les  temps 
de  trouble,  que  les  fermiers  de  la  fabrique  de  l'église  ne  payaient  pas 
régulièrement  le  prix  de  ferme. 

Bertrand  Castets  ne  perdra  pas  une  minute  ;  dès  son  arrivée  dans  la 
paroisse,  il  rassemblera  son  peuple,  il  fera  appel  à  la  justice  des  uns,  à 
la  générosité  des  autres,  à  la  bonne  volonté  de  tous. 


Le  26  may  1-77...  à  Lairisse...  ont  compareu  personnellement 
M.  Bertrand  Castets,  curé  dudit  lieu  de  Lairisse,  Jean  Correges  et 
Jean  Abbadie  dit  Moura,  consuls  et  autres. .  .  quy  ont  dit  qu'il  y  avoit 
plusieurs  réparations  à  faire  dans  l'esglize  dudit  lieu  et  qu'il  y  a  plu- 
sieurs reliquatères,  soit  dans  ledit  lieu,  soit  ailleurs  sans  qu'ils  veuillent 
s'exécuter  pour  leur  payement  ce  quy  retarde  de  beaucoup  les  travaux 
utiles.  C'est  pourquoy  lesdits  comparants  créent  et  constituent,  pour 
leur  sindic,  Jean  Mengelle,  marguillier  actuel,  acceptant,  auquel  ils 
donnent  plain  pouvoir  de  poursuivre  tous  les  reliquatères  dans  toutes 
les  cours  ou  besoin  sera. . .  Daquo  N.  R.3 

rétribution  sera  payée  sur  Salles-Hours,  de  Lairisse,  qui  devoit  audit  M.  Prat, 
curé,  100  livres  en  rente  de  constitution  par  acte  reteneu  par  Me  Daquo,  notaire 
à  Lairisse,  le  26  août  1775,  sans  que  nous  héritier  bas-nommé  puisse  estre  contraint 
à  aucun  frais  pour  cela  ;  sans  quoy  je  luy  donne  d'option  de  placer  ailleurs  cet 
obit,  et,  si  ledit  Salles-Hours  venoit  à  se  libérer  de  ce  capital,  le  sieur  curé 
d'Averan  et  Lairisse  le  placera  de  suitte  ailleurs  pour  que  le  service  ne  chôme 
pas.  Une  de  ces  messes  sera  acquittée  la  veille  de  saint  Pierre,  une  autre  haute 
pour  pareil  jour  de  son  décès,  sçavoir  le  onze  novembre... 

(Sans  signature  et  sans  date.)  Archives  A.   DufFourc. 

1.  Archives  A.  Dulïourc. 

2.  Etat  des  paroisses  en  17S3,  t.  I,  p.  65. 
5  .  Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 


II!!  LE    BENAQués    OU    BARÔNNIE    DE    BENAO 

A  Averan,  la  situation  était  plus  déplorable  encore.  Deux  fois  déjà 
l'église  a  été  interdite  par  ordre  supérieur  ;  elle  le  sera  encore  une 
troisième  fois  si  on  n'exécute  pas  les  réparations  exigées  par  M.  Ravielle, 
archiprêtre  d'Adé,  lors  de  sa  dernière  visite.  On  somme  les  religieux  de 
Saint-Pé  de  payer  leur  quote-part.1 


Le  10  may  1781,  au  lieu  d'Averan.  et  devant  la  porte  principalle  de 
l'esglize...  Présents  les  tesmoins  bas-nommés  :  Dominique  Coste  dit 
Bordenave,  et  Jacques  Marque  dit  Simon,  consuls  dudit  lieu...  et 
autres.  .  .  Auxquels  par  ledit  Coste,  premier  consul,  a  esté  représenté 
qu'ils  n'ignorent  point  que  Tesglize  du  présent  lieu  a  esté  interdite  par 
deux  fois,  et  qu'elle  est  sur  le  point  de  l'être  de  nouveau,  faute  d'y 
avoir  fait  les  réparations  nécessaires  et  ordonnées  par  M.  Ravielle, 
archiprêtre  d'Adé,  lors  de  sa  dernière  vizitte,  quy  feut  faitte  il  y  a 
environ  deux  ans  ;  et  comme  la  plus  grande  partie  des  réparations  à 
faire  est  à  la  charge  des  religieux  bénédictins  de  Saint-Pé,  gros  fruicts 
prenants  et  décimateurs  dudit  lieu  ;  qu'ils  se  sont  refusés  à  les  faire 
faire;  et  qu'il  importe  à  la  communauté  de  prévenir  un  troysiesme 
interdit  et  de  les  contraindre  à  les  faire  faire  ;  ledit  premier  consul  a 
requis  la  présente  assemblée  pour  délibérer  sur  le  party  qu'il  y  a  à 
prendre  àcest  esguard.  Sui  quoy,  ladite  assemblée,  après  avoir  approuvé 
la  proposition  du  premier  consul,  d'un  commun  accord,  a  nommé  pour 
sindic  général  Jacques  Marque  dict  Simon,  auquel  elle  donne  pouvoir 
de  poursuivre  lesdits  religieux,  fruicts  prenants,  à  faire  les  susdites 
réparations  quy  les  concernent  dans  ladite  esglize  et  mentionnées  dans 
l'ordonnance  rendeue  par  ledit  M.  Ravielle.  et  de  fournir  action  contre 
eux  et  faire  tout  ce  quy  sera  jugé  nécessaire.     . 

Pourtalet,  Pouneau,  Marque,  Cazabonne  N.  R.2 


Par  son  esprit  conciliant,  Bertrand   Castets   a   les  bonnes  grâces  de 
es  paroissiens,  il  sait  en  profiter  pour  embellir  son  église.  Comment  se 


1.  Les  lois  canoniques  et  les  ordonnances  royales,  en    particulier  l'article  21  de 
édit  d'avril  1695,  imposent  aux  gros  décimateurs   la   charge   des   réparations  des 

églises  paroissiales,  la  fourniture  des  ornements  nécessaires  pour  le  service  divin 
et  le  paiement  de  la  congrue  aux  curés  et  aux  vicaires. 

Les  réparations  auxquelles  les  décimateurs  étaient  obligés  en  l'église  parois- 
siale, où  se  percevaient  leurs  dîmes,  s'étendaient  au  moins  au  tiers  des  dîmes 
perçues  et  s'entendaient  de  l'entretien  des  murs,  de  la  voûte,  du  lambris,  de  la 
couverture,  du  pavé,  des  stalles  et  sièges,  du  cancel  et  croix,  des  vitres  du  chœur 
avec  leur  peinture,  du  rétable  et  des  tableaux  d'autel,  etc.,  etc. 

Dictionnaire  de  droit  canonique  ci  Je  matière  bénéficiale,  par  Durand  de  Médiane, 
art.  dixme,  §  7.  —  Duperrai,  sur  l'art.  21  de  l'édit  de  1695.  —  Œuvres  posthumes 
a" Héricourt,  t.  I,  cost.  81-82. 

2.  Cazabonne.  Etude  Candellé  a  Ossun. 


VICAIRES    DE    LAYRISSE  IK) 


peut-il  qu'on  n'ait  qu'une  cloche  à  Layrisse  ?  Autrefois  cependant  on  en 
possédait  deux  pour  appeler  les  habitants  «  épars  ou  esloignés  dans  les 
hameaux  aux  offices  divins  r  »  Cette  seconde  cloche  a-t-elle  disparu 
pendant  les  guerres  de  religion  >l  La  fabrique  a  de  l'argent  disponible, 
les  habitants  s'imposent  «  au  marc  la  livre  de  la  taille  ».  Heureuse 
conséquence  de  l'union  intime  qui  règne  entre  l'administration  religieuse 
et  l'administration  communale. 


i.  Le  2  novembre  1789...  à  Layrisse...  se  sont  réunis  M.  Bertrand  Castets, 
curé,  Jean  Mengelle,  marguillier,  Dominique  Abbadie,  Jean  Moura,  consuls  et 
autres...  La  plupart  anciens  marguilliers  et  notables  de  ladite  parroisse,  lesquels 
traitant  tant  pour  ladite  esglize  que  pour  ladite  communauté,  ont  dit  que  ancien- 
nement il  y  avoit  deux  cloches  dans  ladite  esglize,  mais  que,  depuis  un  certain  tems, 
l'une  manque  par  le  delîaut  de  ressources  de  ladite  communauté  et  de  l'esglize 
pour  la  remplacer;  que,  cependant,  ils  reconnoissent  aujourd'huy  la  nécessité  de 
l'existence  de  ces  deux  cloches  surtout  pour  appeler  les  habitants  espars  ou  esloi- 
gnés dans  des  hameaux  aux  offices  divins,  et  que  la  fabrique  de  l'esglize  se  trou- 
vant avoir  soit  par  ses  revenus,  arréraiges  deus  par  les  anciens  marguilliers  ou 
fermiers,  soit  au  moyen  du  résideu  du  prix  de  ferme  de  l'année  au  delà  des  dépen- 
ses ordinaires  de  ladite  esglize  sans  compter  les  revenus  à  venir  plus  que  suffisants 
pour  fournir  auxdites  dépenses  annuelles,  une  somme  assez  considérable  quy  de 
droit  doit  venir  au  proffit  de  la  communauté  surtout  pour  la  fourniture  d'une 
cloche,  dépense  juste  et  légitime  pour  l'esglize,  en  conformité  des  arrêts  et  règle- 
ments du  parlement  de  Toulouse  quy  en  disposent  ainsi;  ils  ont  creu  pouvoir  et 
devoir  prendre  sur  lesdits  revenus  de  la  fabrique  une  somme  convenable  pour 
fournir  a  la  faction  de  ladite  seconde  cloche  nécessaire  dans  le  lieu,  du  consen- 
tement dudit  curé,  marguillier  honoraire,  du  marguillier  en  charge  actuel  et  des 
anciens  administrateurs  de  ladite  esglize,  sauf  à  la  communauté  réunie  avec  eux  à 
fournir  l'excédent  de  ce  que  cette  seconde  cloche  pourra  coûter  soit  en  matière, 
soit  en  façon.  C'est  pourquoy  lesdits  constituants,  traitant  en  commun  tant  pour 
l'esglize  que  pour  la  communauté,  ont  d'une  voix  unanime  délibéré  et  arrêté  que 
vu  la  nécessité  et  utilité  de  la  dite  seconde  cloche,  il  sera  pris  sur  les  revenus 
tant  arrérages  que  courants  de  la  fabrique  de  ladite  esglize  la  somme  de  700 
livres  tant  pour  la  matière  que  façon  de  ladite  cloche,  que  les  marguilliers  tant 
anciens  débiteurs  que  le  marguillier  actuel  s'obligent  de  payer  à  cet  effet  dans  le 
terme  quy  sera  conveneu  avec  le  fondeur  et  que  ladite  communauté  ou  chacun  des 
habitants  au  marc  la  livre  de  la  taille,  s'obligent  de  payer  le  surplus  du  coût  ou 
montant  de  ladite  seconde  cloche,  au  terme  quy  sera  aussy  conveneu  avec  le  fon- 
deur ;  et  en  conséquence  les  délibérants  ont  donné  pouvoir  audit  Mengelle,  mar- 
guillier, et  audit  Abbadie,  consul,  qu'ils  créent  et  nomment  pour  leurs  procureurs 
généraux  et  spéciaux  et  sindics,  de  traiter  avec  un  fondeur  et  de  passer  avec  luy 
toute  police  ou  traité  nécessaires  pour  la  faction  ou  fonte  de  ladite  cloche  à 
concurrence  d'une  somme  de  1000  livres  ou  îo  livres  au  delà,  s'il  est  nécessaire, 
tant  pour  la  matière  que  pour  la  façon  ou  placement  d'icelle,  avec  promesse  de 
remplir  ce  quy  par  eux  sera  fait  en  exécution,  d'après  la  contribution  cy-dessus 
fixée  pour  la  fabrique  de  l'esglize  et  communauté,  et  d'acquitter  le  prix  sans  con- 
tradiction aux  termes  quy  seront  conveneus  avec  le  fondeur  sur  la  cotise  ou  note 
de  répartition,  quy  sera  faitsur  les  paroissiens  seulement  au  marc  la  livre  de  la 
taille  comme  a  esté  dit  cy-dessus,  pour  ce  quy  concerne  les   habitants  et  commu- 


120  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARÔNN1E    DE    BENAC 

Bertrand  Castets  mourait  à  Layrisse,  le  premier  juin  1792,  âgé  d'envi- 
ron 80  ans.1  «  Faisait  l'office,  M.  Bernède,  curé  de  Bénac,  assisté  de 
M.  Bounette,  curé  de  Layrisse  et  de  Cazanave,  vicaire  de  Bénac.  » 

Jacques  Bounette  (1792-179.).  Comme  les  curés  de  Bénac  et  de 
Lannes,  le  curé  de  Layrisse  a  prêté  les  serments  exigés  par  la  loi  ;  élu 
au  conseil  général  de  la  commune,  comme  officier  municipal,  il  reste  au 
milieu  de  son  peuple,  faisant  les  baptêmes  et  présidant  aux  sépultures.* 

V 

Le  vicariat  fut  fondé  à  Layrisse  en  1771  par  sentence  du  sénéchal  de 
Bigorre.  L'honoraire  du  vicaire  consiste  en  250  livres  qui  lui  sont  payées 
par  les  religieux  de  Saint-Pé.3  Il  y  avait  des  vicaires  avant  cette 
époque. 

De  Bernard  d'Astugue  (  1 78 1  )  était  fils  du  seigneur  d'Astugue  et 
frère  de  mademoiselle  de  Bernard  d'Astugue,  qui  laissa  en  1833  la 
somme  de  1 1,846  francs  pour  les  pauvres  de  la  ville  de  Tarbes.4  Il  alla 
remplacer  Laventure  à  Peyraube  en  décembre  1783. 

nauté  avec  promesse  d'avoir  pour  agréable  ce  quy  par  lesdits  sindics  sera  fait;  en 
conséquence  de  ne  pas  les  révoquer  et  au.  contraire  de  ladite  charge  les  relever 
indemnes  et  pour  l'asseurance  de  ce  dessus  lesdits  constituants,  comme  procèdent, 
à  l'exception  dudit  sieur  curé,  quy  n'est  interveneu  au  présen1  que  pour  donner 
son  avis  et  consentement.  Ont  soumis  et  obligé  tous  leurs  biens  et  reveneus  de 
ladite  fabrique  que  ceux  de  ladite  communauté  et  des  habitants  ou  parroissiens, 
même  en  leur  propre  et  particulier  nom,  par  exprès  et  pour  ce  quy  les  concerne 
sans  qu'il  soit  besoin  d'aucune  authorisation  de  l'Intendant,  que  tous  ont  soumis 
aux  rigueurs  de  justice...  Castets,  curé,  Mengelle,  Abbadie,  Courreges,  Salles* 
Courréges,  Davancens,  Cuqua,  Barrouquère,  Abbadie,  Cazabonne  N.  R.  (Etude 
Candellé  à  Ossun. 

1.  Registre  des  baptêmes,  mariages  et  Jécès  de  Layrisse. 

2.  Registre  des  baptêmes,  mariages  et  décès  de  Layrisse. 

?.  Etat  des  paroisses  du  diocèse  de  Tarbes  en  1783,  t.  I,  p.  66. 
4.   Curie-Lassus  (abbé),  Charité  dans  ta  Bigarre,  p.  277. 


CURÉS    DE    LOUEY    ET    HÎBARETTE  121 


XI.  —  AUTRES  PAROISSES 

Curés  de  Louer  et  Hibarette.  —  Cures  d'Orincles.  —  Cures 
de  Visker,    Loucrup  et  Saint-Martin. 

I 

Les  églises  de  Louey  et  de  Hibarette  sont  récentes  et  en  cette  qua- 
lité ne  rentrent  pas  dans  le  cadre  de  mon  sujet. 

L'évèque  nomme  à  la  cure  de  Louey  et  son  annexe.  Nous  avons  très 
peu  de  détails  sur  les  prêtres  qui  ont  desservi  cette  paroisse. 

Antoine  de  Navensan  (1631)  était  archiprêtre  de  Juncalas  et  prieur 
d'Artigue  Frémat  en  même  temps  que  curé  de  Louey. 

Jean  Lauvernis  (1631-1635)1  neveu  d'Arnaud  Lauvergne,  chanoine 
de  la  cathédrale  de  Tarbes.  Il  resta  curé  de  Louey  pendant  quatre  ans. 

Ramond  de  Poca  (1644-1656).  Les  mauvaises  récultes,  les  imposi- 
tions extraordinaires  pour  la  subsistance  des  hommes  de  guerre,  la 
guerre  civile,  ont  ruiné  nos  populations;  elles  sont  heureuses  de  trouver 
auprès  du  pasteur  un  secours  nécessaire. 

Le  23  apvril  1644. . .  la  communauté  de  Loey  a  recogneu  et  confessé 
devoir  et  estre  teneue  payer  à  M.  Ramond  Poca,  prebre  et  recteur 
dudit  lieu,  la  quantité  et  mesure  de  huicl  sacs  et  demy  seigle  et  troys 
sacs  et  demy  milhoc. . .  et  iceluy  avoir  partaigé  entre  eux.  Ont  promis 
luy  payer  la  légitime  valleur,  comme  les  marchands  du  païs  le  fairont 
payer,  sçavoir  le  bled  entrery  le  jour  et  feste  N.-D.  d'aoust  et  le  milhoc 
à  la  prochaine  feste  de  Tossaints. .  .  De  Carrère.1 

Raymond  Campet  (1663-1694)  mourait  dans  le  Seigneur,  le  17  août 
1694,  après  avoir  gouverné  l'église  de  Louey,  avec  sagesse  et  vertu, 
pendant  trente  et  un  ans.  «  Il  fut  enterré  le  lendemain  au  tombeau 
ordinaire  de  ses  prédécesseurs,  à  l'entrée  du  Sancta  Sanctorum  près  le 
balustre.   »  L'office  fut  chanté  par  M.  Jonca,  archiprêtre  d'Adé.2 

1.  Carrère  (Pierre  de).  Etude  F.-A.  Vivier  à  Tarbes. 

2,  Registres  de  la  paroisse  de  Louey.  —  Archives  de  la  mairie. 


122  LE  BÉNAQUÈS  OU  BARONNIE  DE  BENAC 

Arnaud  Latreille  (1694- 1706).  Installé  le  10  septembre  1694,  il  admi- 
nistra sa  paroisse  natale  avec  un  zèle  consommé.1 

Jean  Labarrère,de  Pouyferré  (171 5-1718),  permutait,  le  19  août  1718, 
avec  Bertrand  Dupierris,  curé  de  Labassère.  11  avait  pris  possession 
de  la  cure  de  Louey  le  27  septembre  171  ^.2 

Bertrand  Dupierris  (1718-1732)  résigne  la  cure  de  Louey,  le  16  mai 
1732. 3 

Jean-Baptiste  D estrade  (1732-1742)  prend  possession  de  sa  cure  de 
Louey.  le  3  mai  1732,  qu'il  gouverna  pendant  dix  années.4 

Hugues  Boyer,  de  Vie  (1742-1774),  docteur  en  théologie.  Le  13 
décembre  1735,  Jean-Baptiste  Destrade  avait  résigné  sa  cure  de 
Louey  en  faveur  de  Hugues  Boyer,  mais  celui-ci  ne  se  rendit  à  son 
poste  qu'après  le  départ  de  son  prédécesseur  en  1742.5 

Etienne  Deffis  (1 774-1792),  originaire  de  Horgues,  «  est  gradué  et 
prêtre  depuis  le  19  mars  1763.  Il  a  été  vicaire  à  Rabastens  et  à  Arta- 
gnan  ;  il  est  curé  depuis  dix  ans  et  quatre  mois  (1783).°  » 

Le  9  mars  1780,  il  obtenait  un  arrêt  du  parlement  de  Toulouse, 
l'autorisant  à  opter  pour  la  portion  congrue  de  500  livres. 


Extrait  des  registres  du  Parlement.  —  Sur  la  requette  de  soit 
montré  au  procureur  général  du  roy,  présentée  à  la  Cour  le  jour  d'hier 
par  le  sindic  des  religieux  bénédictins  de  l'abbaye  de  Saint-Pé,  à  ce  que 
pour  les  causes  y  contenues,  il  plaira  à  la  Cour  vu  la  coppie  de  l'acte 
du  huit  janvier  dernier  retenue  par  Dutilh,  notaire  à  Tarbe,  signiffiée 
au  suppléant  et  aux  autres  codécimateurs,  le  dix  huit  du  même  mois, 
par  lequel  M.  Defes,  curé  du  lieu  de  Louey  et  de  celui  d'Hibarette, 
son  annexe,  déclare  qu'il  abandonne  auxdits  lieu  la   perception  de  tous 


1.  Salles.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 

2.  Daquo.  Etude  Gazagne  à  Lourdes. 

3.  Lacay.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 

4.  On  lit  en  tête  des  registres  de  la  paroisse  de  Louey:  «  Continuation  des 
registres  des  baptêmes,  mariages  et  mortuaires  de  la  parroisse  de  Louey  et  Hiba- 
rette  par  moy  Jean-Baptiste  Destrade,  prestre  du  diocèse  de  Cominges  et  curé 
dudit  Louey  et  Hibarette.  par  titre  de  messire  Charles-Antoine  de  La  Roche- 
Aymon,  evesque  de  Tarbe  ;  en  conséquence  duquel  titre  j'ay  pris  possession  de 
ladite  cure  le  ?  may  1752,  feste  de  la  Pentecoste,  pour  la  plus  grande  gloire  de 
Dieu,  pour  le  salut  de  mon  âme  et  de  tous  mes  parroissiens.  »  (Registres  de  la 
paroisse  de  Louey.) 

5.  Lacay.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 

6.  Etal  des  paroisses  en  1783,  t.  III,  p.  689. 


CURÉS  DE  LOUEY  ET  HIBARETTE  llj 


fruicts  décimaux  et  qu'il  opte  au  contraire  la  pension  de  cinq  cens  livres 
en  argent  et  titres,  portion  congrue  fixée  par  ledit  du  mois  de  may  1768, 
enregistré  le  3  juin  1769,  ordonner  que,  conformément  à  l'article  douze 
de  cet  édit,  il  sera  procédé  par  expjrts  qui  seront  nommés  par  devant 
le  commissaire  qui  sera  depputé  sur  les  lieux  à  l'estimation  des  fruits, 
biens  et  revenus  abandonnés  par  ledit  Defes,  curé,  pour  leur  relation 
faite  et  rapportée  estre  le  susdit  acte  d'abandon  et  d'option  homologué 
par  la  Cour  à  l'effet  d'être  irrévocablement  exécuté  ;  vu  ladite  requette 
de  soit  montré  dudit  jour,  copie  d'acte  d'abandon  et  d'option  du  huit 
janvier  dernier,  ensemble  les  conclusions  du  procureur  général  du  roy, 
mises  au  dos  de  ladite  requette,  la  Cour,  ayant  égard  à  ladite  requette 
ordonne  qu'il  sera  procédé  par  experts  qui  seront  nommés  par  les 
parties  intéressées  par  devant  Salles,  conseiller  doyen  au  Sénéchal  de 
Tarbe,  à  ce  commis  et  depputé  à  l'extimation  des  fruits,  biens  et  reve- 
nus abandonnés  par  ledit  Defes,  curé  des  lieux  de  Louey  et  Hibarette, 
son  annexe,  par  l'acte  du  huit  janvier  dernier,  pour  ladite  relation  faite 
et  rapportée  être  le  susdit  acte  d'abandon  et  d'option  homologuée  par 
ladite  cour  à  l'effet  d'être  irrévocablement  exécuté.  Prononcé  à  Tou- 
louse en  parlement,  le  9  mars  1780.  Control.  3  deniers  2  sols.  Verchac. 
—  Collât.  4  livres  1  denier  11  sols.  Verchac.  —  M.  Detherm  Novital 
rap.  6  écus.1 


II 


La  cure  d'Orincles  est  de  nomination  épiscopale. 

Le  premier  curé  d'Orincles  connu  est  Dominique  Guabarde, 
d'Orincles  (1 780-1621),  qui  résigne  sa  cure,  le  30  août  1621,  en  faveur 
de  Daniel  Béguadan,  d'Adé,  clerc  tonsuré. 

Jean  Trusse  (1657),  archiprètre  d'Adé,  chapelain  de  Gualoubet  et 
Dousse,  résigne  sa  cure  d'Orincles,  le  20  mars  1657. 

Arnaud  Laffont  (  1 648-1665),  vicaire  de  Visker,  a  pris  possession  de 
la  cure  d'Orincles,  le  16  novembre  16482 ;  et,  le  6  juin  1663,  il  s'est  fait 
installer  archiprètre  d'Ibos.3 

Jean  Carrère  (1669-1671),  frère  de  Jean  Carrère,  notaire  de  Bénac, 
resta  curé  d'Orincles  quelques  années  seulement  et  il  mourut,  le  23 
décembre  1 67 1 ,  à  l'âge  de  47  ans;  il  a  été  enseveli  à  Bénac.4 

1.  Archives  départementales  des  Hautes-Pyrénées,  série  G,  article  1025. 

2.  Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 

5.  Carrère  (Jean  .  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 
4.   Registre  des  sépultures  à  Bénac. 


124  LE    BENAQUHS    OU    BARÔNNtE    DE    BÉNAC 

Dominique  Vignaux  (1678-1699),  résignait,  le  7  novembre  1699,  la 
cure  d'Orincles  en  faveur  de  Dominique  Cazaux,  curé  de  Lézignan.1 

Dominique  Canaux  (1699-1701)  résigne  à  son  tour,  le  1$  décembre 
1701,  en  faveur  de  Pierre  Cazaux.2 

Pierre  Cadeaux  (1701-1731)  resta  curé  d'Orincles  pendant  30  ans. 

Bernard  Laçage  (173 1-1742)  était  vicaire  de  la  paroisse  avant  d'en 
devenir  le  curé  (1729-173 1).  Le  10  juillet  1731,  il  était  nommé  curé;  il 
meurt  en  février  1742. 

Hilaire  Daquo,  de  Visker  (1742),  était  curé  de  Garlin,  quand  il  vint 
prendre  possession  de  la  cure  d'Orincles,  laissée  vacante  par  le  décès 
de  Bernard  Lacaze.  Il  était  gradué  de  l'université  de  Bordeaux.  Hilaire 
Daquo  avait  pour  père  Jean  Daquo,  notaire  à  Bénac  d'abord,  ensuite 
à  Visker,  où  il  s'établit  définitivement.  Dominique  Daquo,  frère  du 
curé  d'Orincles,  s'établit  à  Layrisse,  et,  de  là,  il  exerçait,  à  son  tour,  les 
fonctions  de  notaire. 

Le  9  décembre  1760,  Hilaire  Daquo,  étant  archiprôtre  de  la  cathé- 
drale de  Tarbes,  installait  curé  de  Layrisse  un  de  ses  vicaires,  Pierre 
Prat.3 

Dominique  Maignac  (1743-17 54)  a  couronné  une  vie  de  bonnes 
œuvres  par  une  sainte  mort,  le  6  mai  1 754,*  après  avoir  dirigé  la  pa- 
roisse d'Orincles  pendant  1 1  ans. 

Jean  Pral  (17^4-1773)  prend  possession  de  la  cure  d'Orincles  le  13 
mai  1 7 t 4 . 5  II  résigne  sa  cure  le  11  octobre  1773;  il  est  nommé  à 
l'archiprètré  d'Aucun  «  en  la  montagne  »,  permutant  avec  Thomas 
Duprat.6  • 

Le  sanctuaire,  l'église  tout  entière  d'Orincles  demandent  des  répara- 
tions urgentes,  un  devis  estimatif  de  ces  réparations  a   été  dressé,   des 

1.  Colin.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 

2.  Salles.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 

3.  Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 

4.  L'an  17^4  et  le  6  may  est  décédé  monsieur  Dominique  Magnac  prêtre  et  curé 
d'Orincles,  âgé  d'environ  soixante  ans,  après  avoir  reçu  les  sacrements  de  péni- 
tence et  l'Eucharistie,  le  lendemain  son  corps  a  été  inhumé  dans  le  sanctuaire  de 
l'église  dudit  lieu  par  moy  bas  signé.  Présents:  MM.  les  curés  de  Lairisse  et 
Averan  et  de  Bartrès  quy  ont  signé  avec  moy  et  avec  M.  le  vicaire.  Ravielle, 
archiprêtre  d'Adé,  Abbadie,  curé  de  Layrisse,  Anthian,  curé  de  Bartrés,  Caza- 
nabe,  vicaire  dudit  lieu.  (Registre  d'Orincles.) 

'-, .   Archives  départementales  des  Hautes-Pyrénées,  série  B,  articles  9J-IOJ. 

6.   Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 


CURES    D  ORINCLES  I2t 


ordonnances  ont  été  signifiées  aux  gros  décimateurs  «  quy  se  sont 
toujours  refusés  de  faire  faire  les  dites  réparations,  do  mémo  que  de  laire 
les  fournitures  comprises  dans  ladite  ordonnance;  ce  quy  a  esté  cauze 
que  ladite  esglize  a  esté  interdite  ».  Les  habitants  ne  veulent  pas  qu'un 
pareil  incident  se  reproduise,  ils  vont  obliger  les  gros  décimateurs  en 
les  attaquant  auprès  de  M.  le  sénéchal  de  Toulouse. 


Le  4  septembre  1771...  au  lieu  d'Orincles. . .  feurent  présents  les 
sieurs  Bernard  Garoby  et  Jean  Pécoste,  consuls  et  autres...  tous 
habitants  du  lieu  d'Orincles,  assemblés  au  son  de  la  cloche,  aux  formes 
ordinaires,  auxquels  par  ledit  sieur  Garoby,  premier  consul,  a  esté  dit 
et  représenté  que  despuis  environ  dix  huit  moys,  il  auroit  esté  procédé 
d'autorité  du  seigneur  evesque  à  la  vérification  des  réparations  à  faire 
dans  le  sanctuaire  et  esglise  du  présent  lieu  d'Orincles,  qu'il  auroit  esté 
dressé  un  devis  estimatif  desdites  réparations  et  ordonnances  rendues 
en  conséquence  quy  a  esté  signifiée  aux  gros  décimateurs  quy  se  sont 
toujours  refusés  de  faire  fa're  lesdites  réparations  de  même  que  de  faire 
les  fournitures  comprises  dans  ladite  ordonnance,  ce  quy  a  esté  eau^e 
que  ladite  esglise  a  esté  interdite  ;  et  comme  il  importe  à  ladite  commu- 
nauté de  faire  procéder  incessament  aux  susdites  réparations  et  à 
d'autres  quy  sont  survenues  depuis,  et  qu'elle  a  mesme  attaqué  lendits 
gros  décimateurs  à  raizonde  ce  devant  M.  le  séneschal  de  Bigorre,  ledit 
premier  consul  a  convoqué  la  présente  assemblée  pour  délibérer  sur  ce 
qu'il  y  a  à  faire  à  raizon  de  ce  qu'il  conviendrait  de  nommer  un  sindic 
pour  la  poursuitte  dudit  procès;  sur  quoy  ladite  assemblée  après  avoir 
approuvé  la  proposition  dudit  consul,  d'un  commun  accord  et  d'une  voix 
unanime,  a  créé,  nommé  et  constitué  pour  sindic  à  ces  fins  le  nommé 
Dominique  Péré,  habitant  du  présent  lieu,  auquel  dit  sindic  la  présente 
assemblée  donne  pouvoir  de  faire  toutes  les  diligences  nécessaires 
contre  lesdits  gros  décimateurs  pour  parvenir  à  faire  faire  les  susdites 
réparations,  et  ce  devant  mon  dit  sieur  le  séneschal  de  Bigorre  où  le 
procès  est  pendant,  de  créer  et  constituer  tous  advocats  et  procureurs... 
Barou,  Garoby,  Deffis,  Carassus,  Dusser,  Batac,  Saint- Pastous, 
Fosses,  Fontan,  Prat,  Artiganave,  Cazabonne  N.  R.1 


Jean  Prat  était  depuis  deux  mois  archiprètre  d'Aucun,  quand  ses 
anciens  paroissiens  allèrent  réclamer  la  somme  de  quarante  francs  qu'il 
devait  pour  des  réparations  qu'il  n'avait  pas  fait  exécuter  au  presbytère 
d'Orincles,  alors  que  ces  réparations  lui  incombaient.  Il  s'exéci  te  à  la 
satisfaction  générale. 

Jean  Prat  était  le  frère  de  Pierre  Prat,  qui,  le  11  novembre  1775, 
mourait  curé  d'Averan  et  Layrisse. 

I.  Cazabonne.  Elude  Candellé  à  Ossun. 


126  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE   DE   BÉNAC 

Thomas  Duprat  (177  3-1 791),  «  ne  à  Lannemezan,  bachelier  en  droit 
canon,  ordonné  en  1762,  travaillait  dans  le  ministère  depuis  ledit  tems. 
Trois  ans  à  Madiran,  et  cinq  ans  à  Piétat  ou  Barbazan-Debat,  je  fus 
alors  nommé  à  la  cure  de  Lannemezan  en  qualité  de  gradué,  malgré  la 
résignation  faite  en  faveur  d'un  autre  qui  ne  l'était  pas;  dans  le  doute 
si  ledit  lieu  exigeoit  un  gradué,  étant  sujet  aux  octrois,  comme  les 
grandes  villes;  j'en  fus  démis  par  une  sentence  rendue  par  le  sénéchal 
de  Toulouse  à  laquelle  j'acquiesçai.  Maintenu  dans  le  même  poste,  j'y 
servis  un  an  et  demi  de  plus,  et  ensuite  nommé  archiprêtre  d'Aucun,  où 
je  ne  restai  que  six  mois  à  raison  de  ma  santé  ;  je  fus  obligé  de  faire  une 
permutte  avec  le  curé  d'Orincles  où  je  suis  depuis  dix  ans,  espérant  de 
vos  grâces  quelque  chose  de  mieux   ».' 

Les  réparations  urgentes,  qui  s'imposaient  à  l'église  d'Orincles  en 
1771,  ont-elles  été  accomplies  ?  Nous  l'ignorons.  Ce  que  nous  savons 
bien,  c'est  qu'en  1776,  les  habitants  d'Orincles  ont  dû  se  réunir  en 
corps  de  communauté  pour  pourvoir  aux  travaux  nécessaires  à  l'église, 
afin  d'éviter  l'interdit  de  l'évèque,  qui  toujours  plane  sur  cette  pauvre 
maison  de  Dieu. 


«  L'an  1776  et  le  19  may...  au  lieu  d'Orincles.  .  furent  présents 
Dominique  Batac  dit  Catala.  et  Jean  Mouremble  ditCauhadé,  consuls, 
et  autres  habitants...  assemblés  au  son  de  cloche  aux  formes  ordinaires, 
auxquels  par  ledit  Catala.  premier  consul,  a  esté  représenté,  qu'ayant 
esté  menacés  d'avoir  l'esglize  dudit  lieu  d'Orincles  interdite  de  la  part 
de  monseigneur  l'évoque  de  Tarbe,  faute  d'avoir  voulu  y  faire  faire  les 
réparations  nécessaires  et  convenables,  pour  esvitter  ce  désagrément, 
il  auroit  este  posé  des  affiches  pour  savoir  si  personne  vouloit  faire 
l'entreprise  desdites  réparations  et  le  sieur  Jean  Matet,  maître  char- 
pentier, habitant  du  lieu  de  Lanne,  s'estant  présanté,  il  auroit  dressé 
un  devis  de  toutes  les  réparations  à  faire  dans  ladite  esglise,  et  auroit 
voulu  se  charger  de  les  faire  et  de  fournir  tous  les  matériaux  nécessaires 
moyennant  la  somme  de  310  livres;  et  attendeu  que  personne  plus  ne 
s'est  présenté,  ledit  premier  consul  a  proposé  à  ladite  assemblée  d'en 
faire  la  délivrance  audit  Matet.  Sur  quoy  ladite  assemblée,  après  avoir 
approuvé  la  proposition  du  premier  consul,  a  reçeu  et  accepté  l'offre 
dudit  Matet  et  en  conséquence  ledit  Matet  dit  Lapène,  de  son  gred  et 
volonté,  s'est  chargé,  comme  parle  présent  acte  il  s'en  charge,  de  faire 
dans  l'esglise  dudit  lieu  toutes  les  réparations  nécessaires  et  convena- 
bles pour  tout  ce  quy  concerne  la  charpente,  et  suivant  qu'elle  soit 
expliquée  et  détaillée  dans  le  devis  qu'il  en  a  dressé  et  signé  luy-mesme 
et  qu'il  a  remis  tout  présentement  entre  les  mains  du  premier  consul,  et 

1.  Etat  des  poroisses  en  *78j,  '•  '-  p.  117. 


CURES    D  ORINCLES  I  27 


de  fournir  tous  les  matériaux  nécessaires  ;  et  ce,  moyennant  le  prix  et 
somme  de  }  10  livres  que  lesdits  consuls  et  habitants  tous  ensemble  soli- 
dairement promettent  et  s'obligent  de  luy  payer  aux  termes  suivants 
sçavoir  :  la  moytié  avant  de  commencer  lesdites  réparations,  et  l'autre 
moytié  après  que  lesdites  réparations  seroient  finies  et  parachevées,  et 
après  qu'il  aura  esté  procédé  à  une  vérification  pour  sçavoir  si  elles  ont 
esté  faites  conformément  au  susdit  devis  ;  à  laquelle  vérification  sera 
procédé  de  suite,  à  frais  communs,  et  par  des  experts  pris  à  l'amiable  ou 
d'authorité  de  justice  ;  conveneu  que  ledit  Matet  s'oblige  d'avoir  finy 
toutes  les  réparations  dans  le  delay  de  deux  moys  ;  lequel  delay  ne 
commencera  à  courir  que  du  jour  que  lesdits  habitants  auront  compté 
le  premier  payement  ;  et  ladite  communauté  s'oblige  de  fournir  audit 
Matet  deux  grosses  pièces  quy  sont  autour  de  l'esglise,  et  que  les 
vieux  matériaux  quy  ne  pourront  pas  servir  tourneront  au  profit  dudit 
Matet.  .  .  Fait,  leu  et  passé  en  présence  du  sieur  Jean  Larcade,  armu- 
rier de  la  ville  de  Lourde,  et  François  Deffis,  habitant  du  Barry  de 
Bénac. . .    » 

Matet,  Batac  consul,  Deffis,  Larcade,  Cazabonne,  N.  R.1 


«  Qui  n'entend  qu'une  cloche  n'entend  rien  »,  disent  les  vieux  pro- 
verbes de  nos  pères  ;  et  les  Orincliens  veulent  entendre  l'heure  des 
réunions  à  l'église  et  y  assister. 

«  La  grande  cloche  de  la  présente  parroisse,  disait,  le  i^  octobre 
1787,  Dominique  Carassus,  est  cassée  et  fellée,  depuis  quelque  tems, 
il  est  très  nécessaire  de  la  faire  refaire.  Et  la  commune  d'un  accord 
unanime,  nomme  ledit  Carassus  pour  sindic  avec  obligation  pour  lui  de 
faire  procéder  incessament  à  la  réfaction  de  ladite  clocha  et  d'acheter 
à  ces  fins  troys  quintaux  de  fonte.  Pour  le  payement  de  ladite  fonte,  il 
demeure  convenu  qu'il  sera  employé  en  premier  lieu  le  montant  du  prix 
de  ferme  du  pred  que  la  communauté  possède  au  lieu  d'Orincles.  Noël 
Corralis,  fondeur  résidant  à  Portet  en  Béarn,  sera  chargé  d2  façonner 
cette  œuvre.2  » 

Voilà  comment  les  habitants  d'O/incles  ont  eu  de  nouveau  deux 
cloches  ! 


Pendant  longues  années  l'église  de  Visker  fut  l'église    «   maîtresse   » 
et  Saint-Martin  et  Loucrup  en   furent  les   annexes.    Mais   vint  un  jour 

1.  Cazabonne.  Etude  Candellë  à  Ossun. 

2,  Gazabonne.  Etude  Candellé  à  Ossun, 


128  LE    BÉNAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

où  le  curé  préféra  la  plaine  aux  coteaux.  Nous  verrons  dans  quelles 
circonstances. 

Ramond  La/argue,  de  Barran  (1567),  était  installé  curé  de  Visker, 
le  23  mai  1567.  Il  était  prieur  d'Artigue-Frémat.1 

Bernard  Abadesse  (1587). 

Menaultde  Pomès  afferme  la  maison,  un  petit  tronçon  de  jardin 
barrât,  la  moytié  des  pommes  croissantes  audit  corral-vergier,  ensemble 
s'il  est  besoing  y  semer  un  coart  de  seigle,  à  M.  Bernard  d'Abbadesse, 
prebre  et  recteur  de  Visquer  et  Saint-Martin.  Ledit  Abbadesse  sera 
teneu  et  a  promis  luy  bailher  la  paille  qui  proviendra  des  fruicts  déci- 
maux de  la  cure  de  Saint-Martin,  se  reservant  ledit  Abbadesse  le  fruict 
quy  pourra  nestre  pour  ledit  jardin...  Présents  Pierre  Clabe  d'Yvos 
et  Guilhem  Carrère  de  Tarbes.  . .   17  septembre  1 S87.2 


Arnaud  Abb.uiie  (  1621-1641  )  est  né  à  Loubajac.  Il  prend  possession 
de  la  cure  de  Visker,  le  3  février  1622.''  Arnaud  Abbadie  signa  comme 
témoin  dans  le  contrat  de  mariage  de  Jean  Dulac,  historiographe,  et  de 
Bertranne  de  Pomès,  de  Saint-Martin,  le  51  mars   1625.* 

Michel  Soubirou  (1645),  prêta  cette  année  à  la  communauté  de  Lou- 
crup  »  la  somme  de  cent  vingt  livres  de  vingt  sous  en  piastres  et  demi 
piastres  et  autre  bonne  m  innove  :i  qui  lui  fit  titre  par  devant  notaire   ». 

Pierre  Casanabe  (16$ 3-1 663).  Les  années  sont  mauvaises;  les  sol- 
dats du  roi  de  France  sont  logés  dans  le  pays  de  Bigorre  ;  les  com- 
munes sont  imposées  d'office,  elles  doivent  pourvoir  à  la  subsistance 
des  gens  de  guerre  ;  le  curé  est  mis  à  contribution  par  ses  paroissiens. 
La  communauté  de  Saint-Martin  prend  le  blé  de  la  fabriqua  de  l'église 
du  lieu,  pour  la  somme  de  cent  vingt  trois  livres  et  demie;  et  chacun 
s'engage  à  payer  sa  part.  Cela  se  passe  le  12  janvier  1 6  =; 4 . 6 

1.  Lassalle.  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 

2.  Noguès.  Etude  F.-A.  Vivier  à  Tarbes. 

5.  Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  IV,  p.  t;;. 

4.    Carrère    Pierre  de).  Etude  F.-A.  Vivier  à  Tarbes. 
•; .   Carrère  (Pierre  de  .   Etude  F.-A.  Vivier  à  Tarbes. 

6.  Le  12  janvier  1054...  à  Saint-Martin...  Arnaud  Lasso  dit  Poulige,  Jean 
Mirepoix,  Jean  Trame/aïgues  dit  Moulât...  et  autres  habitants;  lesquels  volon- 
tairement l'un  pour  l'autre...  Ont  recogneu  et  confessé  debuoir  à  l'esglize  de 
Saint-Martin,  au  presant,  et  faizant  pour  l'esglize  Guilhem  Menvielle,  margullier, 
sçavoir  est  la  somme  de  cent  vingt  trois  livres  et  demy  et  pour   raizon   et  eompte 


CURES    DE   VISKER  1 29 


Mais  la  crise  continue  ;  l'argent  devient  rare  de  plus  en  plus  ;  il  faut 
cependant  payer  les  impôts.  C'est  une  obligation  à  laquelle  on  ne  peut 
pas  se  soustraire.  Jean  Casanabe,  vicaire  de  Saint-Martin,  fait  appel  à 
la  justice  de  tous  les  habitants  : 


Le  9  septembre  1668. . .  M.  Jean  Casanabe,  vicaire  de  Saint-Martin, 
faizant  pour  et  au  nom  de  M.  Pierre  Casanabe,  curé  de  Saint-Martin, 
Bisquer  et  Locrupt;  lequel,  ayant  la  présence  de  Domenge  d'Abbadie 
dict  Bordenave,  Jean  Broqua  dict  Baile,  consuls,  auxquels  ledit  Casa- 
nabe, vicaire,  a  dict  et  représenté  que  ladite  communauté  et  particuliers 
d'icelle  sont  desviteurs  et  redevables  à  la  fabrique  de  l'esglize  des 
fruicts  de  la  fabrique  despuis  plusieurs  années  précédentes  ;  et  n'ayant 
ladite  communauté  ou  fermiers  susdits  payé  les  décimes  que  ladite 
esglize  fait  au  roy  ;  à  cauze  de  quoy  et  à  faulte  desdits  payements, 
M.  Briquet,  receveur  des  deniers,  fit  capturer  prisonnier,  le  6  courant, 
Domenge  de  Thou,  fils  d'autre  Domenge  de  Thou,  ayné,  duditlieu  de 
Saint-Martin,  iceluy  détenu  prisonnier  es  prisons  royalles  de  Tarbes. 
C'est  pourquoy  ledit  Casanabe,  vicaire,  a  sommé  et  somme,  requier  de 
tout  présentement  aller  payer  lesdits  deniers  et  à  faute  de  ce  faire  pro- 
teste comme  de  droict. . .  Daquo  N.  R.1 


Henry  de  Moussart  (1 686-1 707)  se  plaint  depuis  longtemps  de  l'insuf- 
fisance de  son  logement  à  Visker.  Les  trois  communes  devraient  contri- 
buer par  égale  part  aux  réparations  du  presbytère.  Les  habitants  de 
Saint-Martin  offrent  leur  concours,  ils  mettent  même  à  la  disposition  du 
curé  une  grange  pour  recueillir  les  fruits  décimaux.8 

Gabriel  Duclos  (1 707-1 708),   bachelier  en  théologie,   était  curé  de 


de  la  valleur  en  graing  preste  l'année  1655.  En  laquelle  dite  somme  Arnaud  Lasso 
Teulé  doibt  donner  pour  sa  part  la  somme  de  19  livres  15  sols  tournois;  Bernard 
Mirepoix  13  livres  et  demy;  Tramezaïgues  dit  Moulât  9  livres;  Jean  Broqua  19 
livres  15  sols  tournois;  Glaudy  Tramezaïgues  10  livres  10  liargs;  Domenge  Bego- 
let  dit  l'Aulne  ij  livres  et  demy;  Jean  Mirepoix  dit  Paby  4  livres  et  demy; 
Domenge  de  Thou  15  livres  et  demy;  Jean  de  Courtade  dict  Casanabe  10  livres 
10  liargs;  Py  Pomes  dict  Condou  j  livres  7  sols  tournois  et  demy;  Menge  Cour- 
tade dict  Annette  9  livres  ;  Jacques  Duprat  9  livres;  Arnaud  Vignes  5  livres  12 
sols  tournois  et  demy;  François  de  Banchi  11  livres  5  sols  tournois  :  Domenge  de 
Pla  19  livres  13  sols;  Jean  Courtade  dict  Tourtereille  4  livres  et  demy;  Bernard 
Broqua  8  livres  moins  10  liargs;  à  laquelle  dite  esglize  lesdits  débiteurs  ont  promis 
et  promettent  de  payer  la  somme  à  la  charge  de  l'inthéret  au  jour  et  feste  de  la 
Tossainctz  prochaine. . . 

Cazanabe  prebre,  Pomès,  Broqua,  Daquo  N.  R.  (Candellé  à  Ossun.) 

1.  Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 

2.  Barrère.  Etude  F.-A.  Vivier  à  Tarbes. 


I  }o  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE   DE   BENAC 

Soues  quand  il  vint  prendre  possession,  le  4  novembre  1707,  de  la  cure 
de  Visker  et  ses  annexes,  vacante  par  le  décès  d'Henry  Moussart.1 
Le  19  octobre  1708,  il  permutait  avec  Jacques  Laban,  curé  de  Hagedet.2 

Jacques  Laban  (1708-1720).  En  février  1720,  Jacques  Laban  rendait 
sa  belle  âme  à  Dieu  ;  il  allait  recevoir  au  ciel  la  couronne  réservée  à 
ceux  qui,  sur  la  terre,  combattent  le  bon  combat. 

Pierre  Junquières  (1720-17 54)  était  curé  de  Sabalos  quand,  le  6  mars 
1720,  il  vint  prendre  possession  de  la  cure  de  Visker.3 

Pierre  Junquières  n'est  pas  content  de  ses  paroissiens  :  ils  ne 
font  pas  réparer  le  presbytère.  On  se  montre  plus  généreux  à  Saint- 
Martin.  Le  26  octobre  1 77  3  5 ,  les  propriétaires  de  cette  commune  veu- 
lent s'imposer  les  plus  [lourds  sacrifices  si  Junquières  consent  à  venir 
habiter  la  plaine.  On  lui  bâtira  un  bel  édifice...  avec  l'argent  des 
forains.4 

Le  curé  de  Saint-Martin  ne  jouit  pas  longtemps  en  paix  du  bien-être 
de  la  plaine.  Les  esprits  changent  et  les  cœurs  se  pervertissent.  Il  est 
peut-être  à  se  repentir  d'avoir  quitté  les  hauteurs  de  Visker,  où  la  foi 
est  si  vive  et  le  respect  pour  le  prêtre  si  profond  ! 

Le  18  octobre  1736,  jour  de  foire  à  Lourdes,  Pierre  Junquières  avait 
acheté  un  cheval  à  M.  Dupont,  prieur  commendataire  de  Saint-Orens  ; 
le  cheval  était  de  toute  beauté,  on  s'en  aperçut.  Dans  la  nuit  du  29  au 
30  décembre  1739,  on  s'introduisit  dans  l'écurie  ;  on  obligea  la  pauvre 
bête  à  quitter  le  logis  où  chaque  jour  elle  trouvait  : 

Bon  soupe,  bon  gîte... 

Comment  découvrir  le  coupable?  Dans  la  paroisse,  on  n'a  vu  ni  le 
cheval  ni  le  voleur.  Les  tribunaux  civils  ont  poursuivi  l'affaire,  mais  les 
bouches  sont  restées  closes.  Les  juges  laïques  réclamèrent  alors  le 
monitoire5  de  l'autorité  ecclésiastique  :   l'evêque   fit  appel   à   la  foi  de 

1.  Lacay.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 

2.  Salles.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 
j.   Lacay.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 

4.  Barrère.  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 

5.  Le  monitoire  était  une  ordonnance  de  l'autorité  ecclésiastique,  qui  se 
publiait  au  prône  des  paroisses,  et  enjoignait  sous  peine  d'excommunication,  de 
déclarer  avant   telle   époque   fixée    ce    qu'on   savait   sur    les  crimes,   visés  par  le 


CURES    DE    VISKER. 


ÏJI 


cette  population  ;  l'excommunication  fut  lancée  contre  toute  personne 
qui  se  refuserait  à  dire  ce  qu'elle  savait  sur  le  vol  du  cheval. 

Offi.cia.lh  Tarbkns's  capellaivs  de  Tarbia  et  aliis,  salutem  in  Domino. 
Mandamus  vobis  quatenus  ad  instantiam  de  M.  Pierre  Junquières,  prêtre 
et  curé  de  Saint-Martin,  par  ordonnance  de  M.  le  sénéchal  de  Bigorre, 
juridiction  criminelle  du  jour  d'hier,  ex  parle  nostra  canonice  et  peremp- 
torie  moneatis  omnes  et  singulos  parochianos  vestros  utrius  que  sexus, 
œlatem  perfectam  habentes,  qui  sciant  res  infra  scriptas,  révèlent  intra  sex 
dics,  sub  peena  excommunicationis  quam  feremus  si  huic  monitioni  nostrœ 
non  paruerint  cum  effeclu,  nisi  causam  juslam  et  rationabilem  allegare 
voluerint,  ad  quam  allegandam  ad  diem  juridicam  Tarbiœ  assignalis. 
Dalum  Tarbia',  die  undecima  mensis  februarii,  anno  Dominï  IJ40, 

Contre  toute  personne  de  quel  état,  sexe  ou  condition  qu'elle  soit, 
qui  sache  pour  l'avoir  fait,  fait  faire,  veu,  ouy  dire,  ou  autrement,  qui 
sont  les  personnes  ou  personnages  qui  entreprirent,  la  nuit  du  29  au  30 
décembre  1739,  d'entrer  dans  la  grange  du  presbytère  de  l'impétrant, 
au  lieu  de  Semmartin,  et  de  lui  voler  son  cheval,  poil  noir,  trois  pies 
blancs,  sçavoir  deux  de  derrière  et  un  de  devant,  avec  une  marque  au 
front,  de  l'âge  d'environ  quatre  ans  ;  que  les  mêmes  personnages  eurent 
le  soin  de  mettre  la  scelle  audit  cheval,  garnie  d'une  housse  de  drap 
violet,  les  boucles  de  la  scelle  d'argent  achetée  avec  une  bride  mors  de 
maître  et  houssette  jaune  ;  que  les  mêmes  personnages  pour  entrer  dans 
ladite  grange,  afin  de  mieux  commettre  le  vol,  abattirent  les  croisées 
de  la  porte  principalle,  et  s'etant  ainsi  frayés  du  chemin,  ils  en  menè- 
rent et  volèrent  ledit  cheval  harnaché. 

Item  qui  sont  les  mêmes  personnes  ou  personnages,  qui  ont  prêté  la 
main  aux  voleurs  pour  commettre  le  vol  dudit  cheval;  qui  sont  ceux 
qui  les  ont  réfugiés  chez  eux  et,  par  la  retraite  cachée  qu'ils  leur  ont 
prêtée,  ils  ont  participé  audit  vol  en  leur  donnant  les  indices  et  les 
moyens  convenables  pour  y  parvenir. 

Item  qui  sont  les  mêmes  personnages  qui  ont  veu  le  cheval  entre  les 
jambes  du  voleur,  et  s'ils  n'ont  pas  reconnu  celui  qui  le  montoit  et  que 
c'étoit  le  cheval  de  l'impétrant. 

Item  qui  sont  les  personnes  qui  se  sont  jactées  que  devant  faire 
voyage,  il  ne  leur  manquoit  que  le  cheval  de  l'impétrant,  qu'ils  auroient 
ce  même  cheval  dussent-ils  ravir  la  vie  pour  l'avoir  à  l'impétrant. 

Item  qui  sont  les  mêmes  personnages  qui  sçavent  que  le  cheval  fut 
conduit  immédiatement  après  le  vol  et  mené  dans  une  grange  et  maison, 
où  il  resta  caché  le  reste  de  la  nuit  du  vol,  et  qu'on  eut  le  soin  de  le 
faire  partir  un  peu  avant  le  jour. 

Item  qui  sont  les  personnages  qui  sçavent  qu'on  a  fait  séjourner  ledit 
cheval,  pendant  vingt  quatre  heures,  au  lieu  de  Viger,  qu'on  a  reconnu 


moratoire  et  d'en  dénoncer  les  auteurs.  En  France,  c'étaient  les  juges  laïques  qui 
réclamaient  de  l'autorité  ecclésiastique  le  monitoire,  quand  ils  ne  pouvaient 
éclairer  les  faits  portés  à  leur  tribunal.  Le  monitoire  s'employait  aussi  pour 
obliger  les  coupables  à  réparer  le  tort  grave  qu'ils  avaient  fait. 


I32  LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

celui  qui  le  montoit,  qui  ensuite  prit  la  fuite,  monté  sur  ledit  cheval, 
tirant  du  costé  d'Aspin. 

Estimant  la  perte  ci-dessus  la  somme  de  huit  cens  livres. 

Tous  concents,  sachants  et  intelligent  l'ayent  à  dire  et  révéler  sur 
peine  d'excommunication. 

Souville  officiai.  J.  Lacaze  pour  le  greffier.1 

Sceau  de  l'officialité.  3  Pages  papier  in-8°. 

Le  cheval  est-il  revenu  à  l'écurie  de  M.   Junquière?. . .    Je  l'ignore. 

C'était  un  usage  constant  que  le  curé  nommait  les  marguilliers 
«  d'accord  avec  les  anciens  marguilliers,  quy  luy  présentent  un  nombre 
de  sujets,  parmy  lesquels  il  a  droict  de  choisir  ceux  qu'il  veult  »,  et 
qu'à  la  fin  de  l'année,  il  leur  faisait  rendre  compte  de  leur  gestion. 
Tout  cela  était  dans  l'ordre,  mais  tout  cela  n'était  pas  du  goût  des 
meneurs.  La  communauté  remplaça,  de  son  chef,  les  marguilliers  nommés 
par  le  curé  par  des  hommes  qui  leur  étaient  dévoués.  Les  habitants  de 
Saint-Martin  reprochaient  au  curé  d'avoir  laissé  en  place  pendant  les 
années  1747,  1748,  1749,  Louis  Thou  dit  Thoulouze,  son  beau-frère. 
Ils  voulaient  obliger  ce  dernier  à  rendre  ses  comptes  de  fabrique,  non 
point  au  curé,  mais  à  l'assemblée  générale  des  habitants.  Pierre  Jun- 
quières  prie  alors  les  vicaires  généraux  de  déléguer  un  prêtre  pour 
approuver  les  comptes  de  son  beau-frère.  L'officialité  répond  aussitôt  : 

«  Veu  la  présente  requette  et  pour  les  raisons  y  énoncées,  avons 
commis  M.  le  curé  de  Horgues  pour  ouïr  et  clôturer  le  compte  dont 
est  question,  conjointement  arec  ceux  quy  ont  droit  d'y  assister.  Et  afin 
que  tous  les  intéressés  en  soient  suffisamment  instruits,  la  présente 
requette  ordonnance,  l'acceptation  dudit  sieur  commissaire  et  le  jour 
par  luy  désigné  seront  publiés  au  prône  de  la  messe  paroissialle  dudit 
lieu  d'avance.  Donné  à  Tarbes,  le  14  avril  175 1 .  Souville,  v.  g.2 

Fatigué  de  cette  vie  de  luttes  continuelles,  Junquières  se  donne  un 
remplaçant.  Le  3  novembre  17/53,  ''  résigne  la  cure  de  Saint-Martin, 
Visker  et  Loucrup  en  faveur  de  Bernard  Durand,  archiprètre  des 
Andes.3 


1.  Archives  de  M.  le  chanoine  de  Nodrest  à  Tarbes. 

2.  Archives  de  M.  le  chanoine  de  Nodrest  à  Tarbes. 
5.   Lacav.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 


CURES    DE    VISKER 


Bernard  Durand  (  1754-177 1)  était  né  à  Arcizac-Adour.  A  son  titre 
d'archiprètre  des  Angles  il  avait  ajouté  celui  de  titulaire  de  la  prébende 
N.-D.  des  Agonisants,  fondée  à  Arcizac  par  ses  ancêtres.  Il  possédait 
aussi  la  prébende  du  Saint-Sacrement  d'Amadis,  fondée  à  la  cathédrale 
par  Amadis,  chanoine.  Cette  fondation  donnait  un  revenu  de  170  livres. 

La  population  de  Visker  supporte  avec  peine  que  le  curé  les  ait 
abandonnés  pour  résider  à  Saint-Martin.  Inde  irœ.  Que  le  pasteur  se 
tienne  bien  et  qu'il  ne  néglige  aucun  de  ses  devoirs,  ou  qu'il  s'attende 
aux  revendications  d'un  peuple  froissé. 

Il  était  d'usage  que  le  curé  chantât  la  messe  de  minuit  à  Noël  dans 
l'église  de  Visker.  L'année  1758,  ces  derniers  en  furent  privés;  mais 
le  surlendemain  ils  protestaient  contre  cette  infraction  à  un  de  leurs 
droits  le  plus  sacré  : 


Le  27  décembre  1778. . .  dans  la  place  où  la  communauté  a  coutume 
de  s'assembler,  en  la  forme  ordinaire,  au  son  de  la  cloche...  Jean 
Murraté  dit  Baget  darré,  Jacques  Cazalas,  consuls...  lesquels  ayant 
obteneu  une  ordonnance  sur  pied  de  requettes,  le  20  du  courant,  portant 
que  M.  Durand,  curé  dudit  lieu  de  Visquer  y  célébroit  la  messe  de  la 
minuit,  comme  c'étoit  d'usage  chacune  année,  offrant  de  le  prouver  ; 
néantmoings  ledit  sieur  curé,  pour  intervertir  cet  usage,  s'est  pourveu  en 
opposition  envers  ladite  ordonnance,  par  exploict  du  24  courant,  unique- 
ment pour  priver  lesdits  constituants  de  la  messe  de  minuit,  ce  qui  a 
causé  beaucoup  de  scandale  audit  lieu  de  Visquer  ;  ne  voulant  pas 
abandonner  un  droit  qui  leur  est  acquis,  lesdits  constituants  d'un  accord 
unanime,  de  leur  bon  gré,  pour  la  poursuitte  de  l'instance  formée  en  la 
cour  de  M.  le  senechal  de  Tarbe,  créent  pour  leur  sindic  spécial  et 
général...  Pierre  Tramezaïgues,  laboureur,  habitant  dudit  Visquer, 
auquel  ils  donnent  plein  pouvoir  de  poursuivre  ladite  instance,  tant 
audit  seneschal  qu'en  la  Souveraine  cour  de  parlement  de  Toulouse,  si 
besoin  est,  et  de  constituer  audit  seneschal  tel  procureur  qu'il  trouvera 
à  propos,  de  même  qu'audit  parlement,  luy  donnent  en  outre  plein 
pouvoir  d'accorder,  transiger  à  ce  sujet...  Conveneu  en  outre  entre 
toutes  parties  que  ledit  sindic  justifiera  de  l'employ  de  l'argent  par  un 
état  fidel  quy  sera  visé.  Fait,  leu  et  passé  en  présence  d'Anthoine  Baget 
cadet  dict  Caussade,  de  Visquer,  et  Jean  Prat  dict  Bordenave,  de 
Locrupt...  Barrère,  Prat,  Baget,  Moura,  Cazalas. 

Daquo  N.  R.1 

Le  curé  continua  à  habiter  Saint-Martin,  et  la  population  de  Visker 
fut  déçue  dans  ses  espérances  et  frustrée  dans  ses  droits. 

t.   Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun, 


H4  LE    BÉNAQUÉS   OU    BARONNIE    DE    BENAC 

Joseph  Barrère  (i 772-1792),  ordonné  prêtre  à  la  Noël  1766,  resta 
vicaire  à  la  Cathédrale  jusqu'au  27  octobre  1 77 1 ,  jour  de  sa  nomination 
à  la  cure  de  Saint-Martin.  Joseph  Barrère  fut  un  des  173  ecclésiasti- 
ques délégués  à  la  réunion  générale  des  trois  ordres  pour  la  Bigorre, 
le  Ier  avril  1789.1 

Le  3  mai  1791,  Molinier,  Févêque  constitutionnel  des  Hautes-Pyré- 
nées, écrivait  à  la  municipalité  de  Tarbes  qu'  «  il  désire  sincèrement  le 
bien  et  qu'il  ne  veut  s'entourer  que  de  personnes  capables  de  le  faire 
et  qui  sont  agréables  à  la  commune;  il  laisse  aux  membres  du  corps 
municipal  le  choix  d'un  de  ses  vicaires  épiscopaux.  Dès  son  arrivée  à 
Tarbes,  il  donnera  des  lettres  à  celui  qu'on  aura  bien  voulu  lui  dési- 
gner.  » 

La  municipalité  a  été  d'avis  «  qu'on  ne  pouvait  mieux  témoigner  à 
M.  Molinier  tout  le  prix  qu'on  ajoutait  à  cette  marque  de  bienveillance 
qu'en  en  faisant  usage,  se  réservant  d'ailleurs  de  lui  exprimer  la  recon- 
naissance du  corps  dès  le  premier  moment  que  la  ville  aurait  le  bonheur 
de  le  posséder.  »  Séance  tenante,  on  a  choisi  à  l'unanimité  M.  Barrère, 
curé  de  Saint-Martin. 

Mais  Joseph  Barrère  n'a  pas  voulu  quitter  sa  cure;  il  a  refusé  lui- 
même  l'honneur  d'assister  le  nouvel  évèque.5 


IV 


Il  était  impossible  à  un  seul  prêtre  de  desservir  Visker  avec  ses  deux 
annexes  Loucrup  et  Saint-Martin;  de  là,  la  nécessité  d'un  vicaire.  Par 
suite,  le  nombre  de  ces  prêtres  auxiliaires  a  été  grand,  comme  nous  le 
verrons  par  la  nomenclature. 

Domenge  Noguaro  (  1 567)  installait  Ramond  Lafargue,  curé  de 
Visker  et  prieur  d'Artigue-Frémat,  le  23  mai  1567. 

Arnaud  Lciffont  (1648)  est  nommé  cette  même  année  curé  d'Orincles. 

Jacques  Vert  (1793-1838).  Vicaire  en  1793,  resta  à  son  poste  pen- 
dant la  Révolution  et  devint  curé.  Il  mourut  à  Visker  en  juin  1838. 
Une  inscription,  gravée  sur  un  marbre  placé  au   dessus   de  la  porte 

1.  Archives  départementales  des  Hautes-Pyrénées,  série  G,  articles  258-261. 

2.  Journal  d'un  bourgeois  de  Tarbes  pendant  la  Révolution.  XLV.  L'église  constitu- 
tionnelle. 


Vicaires  de  visker 


*î 


d'entrée  de  l'église  de  Visker,  nous  rappelle  la  date  de   la  fondation  de 
cette  dernière. 

1820.   MOI   FIERE 

DE   MON   ENSEMBLE 

IE   ME  DOIS  A   Me   VERT  CURE  D*t 

DE  VISKER 


XII.  —  PRIEURÉ  RURAL  D  ARTIGUE-FRÉMAT 
Son  origine.  Ses  prieurs. 

I 

Loucrup  est  un  charmant  petit  village  de  407  habitants,  coquettement 
placé  sur  la  route  de  Bagnères  à  Lourdes.  Assis  à  ^74  mètres  au  dessus 
du  niveau  de  la  mer,  ce  hameau  présente  aux  voyageurs  les  coteaux 
les  plus  riants,  les  sites  les  plus  variés.  Le  touriste,  qui  court  toujours  à 
la  recherche  de  nouveaux  paysages,  s'arrête  avec  bonheur  à  Loucrup 
pour  respirer,  quelques  instants,  cet  air  pur,  que  ne  donnent  point  nos 
villes  les  mieux  partagées. 

Pour  remercier  Dieu  des  grâces  obtenues  et  pour  acquérir  des  droits 
à  de  nouvelles  faveurs,  nos  pères  fondaient  soit  des  prieurés,  soit  des 
chapellenies,  soit  des  obits.  Les  clercs,  dotés  de  ces  bénéfices,  les 
acceptent  avec  leurs  charges,  sous  la  surveillance  des  fondateurs  ou  de 
leurs  héritiers.  Ceux-ci  conservent  le  patronage  du  bénéfice  et  s'en 
réservent  la  présentation  ;  et,  quand  la  famille  vient  à  disparaître,  ce 
droit  revient  à  l'évèque.  Quelquefois  même  ce  droit  lui  est  concédé 
par  le  fondateur.  A  ces  bénéfices  avaient  droit,  avant  tous  les  autres,  les 
clercs  les  plus  proches  parents  du  fondateur. 

Un  autre  but  présidait  encore  à  l'établissement  de  ces  œuvres  pies. 

Dans  ce  pays  de  Bigorre,  on  n'est  pas  riche  des  biens  de  la  terre  ;  le 
sacerdoce,  dans  les  siècles  passés,  comme  aujourd'hui,  se  recrutait 
péniblement.  Les  familles  reculaient  devant  les  fortes  dépenses  occa- 
sionnées par  l'instruction  des  enfants  avant  d'arriver  à  la  prêtrise.  Les 


1^6  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE   DE   BÉNAC 

prieurés  et  les  prébendes  étaient  des  secours  accordés  dès  que  le  clerc 
prenait  l'habit  ecclésiastique  et  la  tonsure.  On  payait  avec  ces  revenus 
les  frais  de  séjour  au  grand  séminaire. 

Des  âmes  généreuses  leur  ont  assuré  le  pain  de  chaque  jour  en 
mettant  les  chapellenies  à  leur  disposition. 

Plus  tard,  au  XVIIe  et  surtout  au  XVIIIe  siècle,  les  bénéfices  furent 
donnés  surtout  aux  gradués  ;  les  grades  leur  conféraient  un  certain 
droit. 

Le  prieuré  rural  dont  nous  allons,  à  longs  traits,  esquisser  l'histoire, 
portait  le  titre  d'Artigue-Frémat  ;  il  était  situé  à  Loucrup  et  se  trouvait 
sous  l'invocation  de  sainte  Catherine.1 

Le  prieuré  d'Artigue-Frémat  appartenait  à  l'ordre  des  prieurés  sim- 
ples dans  lesquels  il  n'y  a  point  de  religieux.  C'est  un  bénéfice,  avec 
chapelle  particulière,  que  l'on  donnait  à  un  prêtre  séculier.2 

A  quelle  époque  remontent  les  origines  de  ce  prieuré  ?  Quel  en  a  été 


i.  Nous  rappellerons  le  culte  exceptionnel  rendu  à  sainte  Catherine  au  Moyen- 
Age,  surtout  dans  nos  contrées.  C'était,  d'après  les  constitutions  synodales  de  1552, 
une  fête  chômée.  Il  semble  donc  que  le  nom  de  cette  sainte  fut  celui  d'une  grande 
patronne  de  la  Bigorre.  Elle  veillait  particulièrement  sur  les  lépreux  abandonnés. 

L'office  de  sainte  Catherine  était  fort  remarquable:  fête  double  avec  vigile; 
on  y  trouve  des  hymnes  propres  à  vêpres,  à  matines  et  à  laudes.  Les  antiennes, 
répons  et  versets  y  sont  formés  d'hémistiches  rimes  ;  les  antiennes  des  petites 
heures  sont  de  véritables  hexamètres  : 

Hccc  mundum  spernens  et  mundi  florida  ducens 
Pro  nihilù  veram  studuit  cognoscere  vltam. 

De  même  l'antienne  des  secondes  vêpres  est  en  vers.  Un  manuscrit  de  Ronce- 
vaux,  la  Preciosa,  nous  apprend  que  sainte  Catherine  était  en  singulière  véné- 
ration dans  nos  contrées.  {Bulletin  de  Pau,  1889,  p.  530.) 

Le  4  mai  1878,  Mmt'  veuve  Moreau,  de  Faillet  (Gironde),  écrivait  à  M.  Burosse, 
chanoine  à  Tarbes  :  «  Nous  nous  occupons  en  ce  moment  de  recueillir  des  notes 
sur  le  culte  de  sainte  Catherine,  vierge  et  martyre,  au  IVe  siècle.  A  Bordeaux, 
dans  nos  anciennes  basiliques  de  Saint-Michel  et  de  Saint-Seurin,  sainte  Catherine 
était  fort  honorée,  et  le  département  possède  d'anciennes  chapelles  sous  le 
vocable  de  cette  illustre  sainte.  Ne  pourriez-vous  pas  nous  dire  si,  à  Tarbes,  il 
n'y  aurait  pas  quelques  chapelles  ou  quelques  documents  qui  indiqueraient  le  culte 
et  la  dévotion  à  sainte  Catherine.  Vous  nous  obligeriez  si  vous  pouviez  nous 
renseigner  à  ce  sujet.  (Archives  Burosse  à  Hères.) 

Nous  ne  connaissons  pas  la  réponse  de  M.  le  chanoine,  mais  elle  dut  être  affir- 
mative, car  les  chapelles  sont  nombreuses  et  nombreuses  aussi  les  personnes  qui 
ont  sainte  Catherine  pour  patronne,  vrai  témoignage  de  la  dévotion  du  peuple  à 
cette  sainte. 

i.   Voir  plus  haut,  p.  84. 


PRIEURE    D  ARTIGUE-FREMAT 


le  fondateur  }  Le  premier  titulaire  r  Voilà  des  questions  auxquelles  il 
nous  est  impossible  de  répondre  d'une  manière  certaine. 

L'évèque  de  Tarbes  nomme  à  ce  bénéfice. 

Les  seigneurs  de  Bénac  prétendaient  avoir  des  droits  sur  Artigue- 
Frémat;  ils  voulaient  enlever  à  l'évèque  la  nomination  et  pour  cela  ils 
recherchaient  les  titres  de  cette  fondation.  Mais  laissons  la  parole  à 
l'abbé  Taurel,  abbé  de  Lézat.  Le  21  avril  1572,  il  écrivait  à  Philippe 
de  Montaut-Bénac,  sénéchal  de  Bigorre,  la  lettre  suivante  : 


Monsieur  j'ay  diffère  iusques  auiourd'huy  à  vous  donner  nouvelles 
de  l'affaire  du  jus  patronnât  d'une  chapelle  Saincte-Caterine  pour  ce 
que  plus  tôt  ie  n'ay  reçeu  nouvelle  de  M.  Boerie,  ce  qu'il  ma  mande 
qu'il  ne  se  souvient  aucunement  que  du  vivant  du  feu  prebandier 
Esquibe,  son  couzin,  et  son  procez  à  Tholoze  feussent  produictes  les 
pièces  que  vous  demandez  et  qu'il  ne  le  trouve  ny  vray  ny  vraysemblable  ; 
mais  ayant  fayt  fayre  deligence  ailleurs,  il  s'est  trouvé  aux  papiers  de 
quelques  religieus,  qu'estoict  sendic,  dernièrement  décédé,  que  feurent 
cachez  soubs  terre  durant  les  troubles  un  tiltre  que  ie  croys  estre  le 
principal  de  la  fondation  de  ladite  chapelle,  par  lequel  en  ce  que  ce 
peult  lire,  pour  ce  qu'il  est  fort  gasté  et  corrompeu,  il  appert  que  le  jus 
patronnât  de  ladite  chapelle  et  droict  de  présentation  appartient  à  vostre 
maison,  et  l'institution  au  prieur  et  pitanciers  de  mon  chapitre  ;■  ledit 
tiltre  aussy  contient  les  charges  et  reveneus  de  ladite  chapelle  ;  mais  en 
ces  endroicts  il  est  fort  effacé  et  ne  ce  peult  bonnement  lire  ;  bien  fayt 
mention  ledit  tiltre  que  vous  en  avez  autant  de  votre  part;  mais  corne 
que  ce  soyt,  ie  vous  communiqueray  le  nostre  tel  quil  est,  touttefois  quil 
vous  plaira  mander  homme  de  par  deçà  et  en  tout  aultre  endroict;  ie 
m'employeray  pour  vous  fayre  service  d'autre  bon  cueur  que  ie  supplye 
le  Créateur  vous  ottroyer  en  parfaite  sancté  et  grâce  me  recommandant 
à  la  vostre. 

De  Lezat,  ce  21  apvril  1572. 
Vostre  affectyonné  voysin  à  vous  fayre  service.1 

F.  Taurel.2 


Les  seigneurs  de  Bénac  ont  des  droits  sur  le  terroir  de  Loucrup  ; 
nous  en  avons  vu  la  preuve  dans  le  cours  de  cette  étude,  droits  indé- 
niables, qu'ils  ont  conservés  jusqu'au  jour  où  ils  ont  disparu  eux-mêmes 
sous  le  cataclysme  révolutionnaire  de  1789. 


1.  La  seigneurie  de  Montaut  appartient  aux  barons  de   Bénac,   elle  se  trouve 
dans  le  voisinage  du  monastère  de  Lézat  (Haute-Garonne). 

2.  Chartier  du  grand  séminaire  d'Auch,  n°ji32. 


I38  LE  BÈNAQUÉS  OU  BARONNIE  DE  BENAC 


il 


Les  prieurs,  percevant  les  fruits  de  leurs  bénéfices,  devaient  pourvoir 
aux  réparations  de  la  chapelle.  Se  sont-ils  exactement  acquittés  de  cette 
obligation  r  Ils  affermaient  les  revenus  et  faisaient  rentrer  leurs  rentes. 
Se  rendaient-ils  toujours  compte  des  réparations  urgentes  dont  avaient 
besoin  les  bâtiments,  et  faisaient-ils  droit  aux  exigences  de  la  situation?... 

Quelques  noms  et  quelques  dates  nous  feront  connaître  le  prieuré 
dans  sa  vie  aux  XVIe,  XVIIe  et  XVIIIe  siècles.  Aurais-je  retrouvé  la 
succession  des  prieurs  d'Artigue-Frémat  pendant  ces  deux  cent  cin- 
quante ans  qui  nous  séparent  de  la  Révolution  ?  Les  redites  seront 
nombreuses,  les  documents  seront  peu  variés,  mais  je  les  crois  propres 
à  piquer  une  légitime  curiosité. 

1466.  —  Pierre  d'Ossun.  —  a  II  prit  le  parti  de  l'église.  Il  étudia  en 
droit  canon  dans  l'université  de  Toulouse,  le  recteur  lui  accorda,  le  25 
mars  1465,  des  lettres  d'étude,  par  lesquelles  il  est  déclaré  noble  du 
côté  paternel  et  du  côté  maternel.  Elles  furent  signifiées,  le  6  avril  1466, 
à  Raimond-Aimericde  Baseillac,  abbé  de  Saint-Pé. 

Pierre  était  alors  bachelier  de  cette  faculté,  et  possédoit  la  cure  de 
Saint-Laurent  de  Casteide,  les  prieurés  simples  d'Artigue-Frémat  et  de 
Caubin,  diocèse  de  Tarbe.  Il  eut  depuis  la  cure  de  Rozès,  la  chapelle 
de  Saint-Jean  de  Garlin,  les  cures  d'Azereix,  diocèse  de  Tarbes,  et  de 
Caugac,  diocèse  de  Rieux. 

Il  s'attacha  beaucoup  à  Pierre  de  Foix,  cardinal  diacre  du  titre  de 
Saint-Corne  et  de  Saint-Damien. 

Pierre  d'Ossun  fut  reçu  protonotaire,  le  <,  octobre  1484,  en  présence 
de  Jean  de  Varania,  abbé  commendataire  de  Saint-Paul  de  Narbonne. 

11  y  a  bien  de  l'apparence,  que  si  le  cardinal  de  Foix  eut  vécu  assez 
longtemps,  il  auroit  procuré  à  son  ami  une  dignité  plus  éclatante.  Il 
l'avoit  fait  son  vicaire  général  au  spirituel  et  au  temporel;  il  avoit 
commis  le  diocèse  d'Aire  à  sa  vigilance.  On  lit  même  dans  des  mémoires 
modernes,  qui  sont  à  Ossun,  que  le  protonotaire  fut  évêque  d'Aire  et 
de  Sainte-Quiterie  du  Mas.  On  ne  trouve  rien  dans  les  catalogues  des 
prélats  de  cette  église,  qui  confirme  cet  événement.  Il  se  pourrait  bien 
que  le  cardinal,  qui  par  reconnoissance  pour  Arnaud-Raimond  de 
Palatz,    son  précepteur,    lui  avoit  relâché  l'évôché  de  Tarbe,  auroit 


PRIEURS    D  ARTIGUE-FREMAT  I  39 

resigné  celui  d'Aire  au  protonotaire  d'Ossun,  et  que  la  mort  de  l'un  et 
de  l'autre  auroit  empêché  l'effet  de  la  résignation.1  » 

1567.  —  Bertrand  La/argue,  de  la  ville  de  Barran  (Gers),  est  le 
premier  prieur  connu.  Il  était  installé  curé  de  Visker,  le  23  mai  1567, 
par  Domenge  de  Noguaro,  vicaire  de  Loucrup  ;  et  le  29  du  même  mois, 
il  prenait  possession  par  procureur  du  prieuré  d'Artigue-Frémat. 

161  o.  —  Arnaud  Lamarque  habitait  Salles  en  Manhac  dans  le  canton 
de  Cassagnes-Bergonhes  (Aveyron),  quand  il  fut  nommé  prieur  de 
Sainte-Catherine. 

Nous  trouvons  dans  Vive,  notaire  de  Trébons,  un  compromis,  passé 
entre  les  habitants  de  Loucrup  et  le  prieur,  par  lequel 


«  ledit  sieur  Lamarque  a  promis  et  promet  bailher  aux  sendics  etconsulz 
dudit  Locrupt,  la  somme  de  soixante  livres  tournoyses  pour  tous  des- 
pans et  aultres  prettentions  et  iceulz  consulz  et  sindics  pourroyct  avoyr 
contre  ledit  sieur  prieur  iusques  à  troys  ans,  commençant  à  la  feste 
prochaine  Sainct-Martin  et  finyra  à  pareilh  jour,  les  susdits  troys  ans 
escoulés.  Est  payable  ladite  somme  par  ledit  sieur  prieur  ainsin  qu'il 
promet  fayre  :  sçavoir,  vingt  livres  à  la  feste  prochaine  de  Pasques  et 
les  autres  quarante  livres  à  la  feste  sainct  Martin,  sur  peyne  de  tous 
despans,  domaiges  et  inthérets  ;  en  oultre  ledit  sieur  prieur  sera  teneu 
et  promet  fayre  en  la  porte  de  ladite  chapelle  une  serrure  et  clef 
honneste  et  convenable.  Pacte  et  accord  faict  aussy  entre  les  parties, 
que  passées  lesdites  troys  années  au  cas  sera  nécessaire  de  fayre  des 
réparations  en  ladite  chapelle  Sainte-Catherine,  que  ledit  sieur  prieur 
sera  teneu  de  la  faire,  ou  en  cas  qu'il  ne  la  faira  ou  retardera,  sera 
permis  aux  susdits  consulz  et  sindics  de  Locrupt  qu'ils  pourront  fayre 
fayre  icelles  réparations  nécessaires  en  ladite  chapelle  aux  despans 
d'iceluy  prieur.  Et  d'avantaige,  sçavoir  ledit  sieur  Evesque  de  Tarbe 
faira  ou  faira  fayre  la  visitte  dans  ladite  esglize  durant  lesdites  troys 
années  ou  despuis  et  pour  la  manque  de  réparations  et  estant  convena- 
bles en  ladite  chapelle  à  cause  dudit  sieur  prieur,  que  les  despans  quy 
s'ensuivront  seront  payés  par  iceluy  prieur,  non  touttefois  durant  lesdites 
troys  années  les  habitants  de  Locrupt  soient  teneus  n'avoyr  puissance, 
fayre  des  réquisitions  audit  sieur  évesque  ny  aultres  que  moyennant 
cautions  suffisantes  que  ledit  sieur  prieur  bailhera  aux  susdits  consulz 
et  depputtés  de  Locrupt,  consentant  à  la  main  lepvée  des  fruicts  qu'ils 
ont  faict  saizir  et  arrester  à  iceluy  prieur  et  alors  qu'iceluy  prieur  volera 
retirer  iceux  fruicts..  .  Picqué,  Vive,  notaire  de  Trébons,  J.  de  Prat, 
A.  Lamarque,  Vive  N.  R.2 


1.  Larcher  (J.-B.),  Glanage,  t.  VIII,  p.  }2î. 

2.  Vive.  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 


140  LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 

Le  prieur,  Arnaud  Lamarque,  avait-il  été  trop  long  à  ordonner  les 
réparations  à  faire  à  son  prieuré?  Nos  villageois  demandaient  la  saisie 
des  fruits  qu'ils  vendaient  et  ils  faisaient  alors  réparer  aux  frais  du 
prieur. 

161 8.  —  Dominique  Saint-Martin  nous  est  connu  par  les  deux  pièces 
dont  nous  trouvons  l'intitulé  avec  le  nom  du  notaire  et  la  date  du 
second  acte  : 


Requête  de  M.  Dominique  Saint-Martin,  prieur  d'Artigue-Frémat, 
contre  M.  Anthoyne  Pères,  prêtre  de  Locrupt. 

Ajournement  second  de  Dominique  Saint-Martin,  prieur  d'Artigue- 
Frémat,  au  lieu  de  Locrupt,  contre  Bertrand  d'Aube  et  Anthony  Pérès, 
prébandiers: 

Renessac  N.  R.  —  4  juillet  1 6 1 8 ;  contrôl.  le  8  juillet  1618.1 


1620.  —  Arnaud  de  La  Morcmbk  est  l'enfant  du  pays,  il  est  né  à 
Orincles.  D'un  caractère  ardent,  d'une  intelligence  vive,  d'un  savoir 
profond,  Arnaud  de  la  Moremble  a  combattu  le  bon  combat,  en  défen- 
dant les  dogmes  sacrés  de  la  religion  catholique  contre  les  protestants. 
Nous  nous  souvenons  encore  de  la  gageure  qu'il  faisait,  il  y  a  dix  ans  à 
peine,  avec  Jean  de  Guinolas,  l'avocat  protestant  en  la  sénéchaussée 
de  Bigorre.  Nous  n'y  reviendrons  pas.2 

Arnaud  de  La  Moremble  eut  un  jour  à  faire  face  à  un  démêlé  avec 
le  sieur  Briquet,  receveur  des  décimes. 


Le  10  apvril  1620...  Constitué  en  sa  personne  propre  M.  Arnaud 
de  la  Moremble,  prebre  et  prieur  d'Artigue-Frémat,  lequel  parlant  et 
en  paroles  adversaires  à  François  de  la  Courade,  dit  Sarthé,  dudit 
Visquer,  quy  l'auroyt  requis  de  luy  voulloir  vendre  ou  aller  vendre 
audit  lieu  la  quantité  et  mesure  de  unze  sacs  de  bled  froment,  avoine 
et  milh,  sauf  à  déduire  ce  que  ledit  prieur  aura  prins,  sçavoir  qu'il  a  en 
main  provenant  de  la  rente  dudit  prieuré  d'Artigue-Frémat,  pour  de 
l'argent  pouvoir  payer  au  sieur  Briquet  les  décimes,  quy  luy  touchent 
de  sondit  prieuré  ;  estant  aperçu  ledit  grain  ne  monter  à  ce  quy  est  des 
décimes,  ledit  prieur  leur  fait  offre  d'y  mettre  le  surplus  pour  payer 
lesdits  décimes  ;  et  qu'à  faulte  de  ce   et  que  ledit   Briquet  luy    faict 


1.  Archives  départementales  des  Hautes-Pyrénées,  série  B,  article  159. 

2,  Voir  plus  haut,  p.  18. 


PRIEURS   D  ARTIGUE-FREMAT  I4I 


aucuns  despans  à  faulte  de  luy  payer  lesdits  décimes,  il  proteste  d'ores 
et  desya  de  tous  despans,  domaiges  et  inthérets  quy  s'en  pourra  ensui- 
vre et  de  tout  ce  que  luy  est  loisible  de  protester.  Lequel  de  La  Cou- 
rade  a  repondu  qu'il  luy  faict  offre  d'aller  vendre  ledit  graing  quy  se 
troubera  qu'il  luy  revient  estre  réellement  envers  le  susdit  Briquet.  De 
quoy  et  tout  ce  dessus,  ledit  prieur  a  requis  à  moydit  notaire  luy  en 
retenir  acte  pour  s'en  servir  en  ce  que  besoing  sera. .  .  Arn.  Moremble, 
Delhom,  de  Carrère  N.  R.1 


L'année  suivante,  Arnaud  delà  Moremble  désira  joindre  au  prieuré 
de  Loucrup  la  cure  d'Orincles.  Dominique  Guabarde,  son  compatriote, 
occupait  ce  poste  depuis  plus  de  quarante  ans;  son  jeune  compétiteur 
trouvait  que  le  vieillard  avait  fait  assez  de  bien  et  qu'il  lui  fallait  du 
repos,  juste  récompense  de  son  mérite.  Mais  l'homme  de  Dieu  désirait 
attendre  la  mort  au  poste  de  combat  que  lui  avait  confié  son  supérieur 
hiérarchique;  après  maints  agissements,  Arnaud  renonçait  à  ses  préten- 
tions à  une  cure  qui  ne  lui  appartenait  point.2 

1627-1630.  —  Antoine  de  Navensan,  de  Louey,  était  curé  archi- 
prètre  de  Juncalas,  quand  il  obtint  le  prieuré  de  Loucrup. 

165 2-1660.  —  Pierre  Pagèsc.  De  longs  débats  ont  eu  lieu  sous 
l'administration  de  ce  prieur  ;  les  fermiers  ne  payent  que  péniblement. 


Le  24  juin  16^3. . .  Peyon  de  Fourcade  dict  de  Péré,  Jean  de  For- 
cade  et  Jean  de  Prat  confessent  debvoir  à  M.  Pierre  de  Pagèse, 
prieur  d'Artigue-Frémat. . .  la  somme  de  180  livres  pour  valleur  de 
doutze  sacs  milhet  de  reste  du  prix  de  l'afferme  de  l'année  dernière.3 


Les  débiteurs  se  hâtent  lentement  de  payer  leur   rétribution  ;    M.  de 
Pagèse  insiste,  il  obtient  une  légère  diminution  de  son  capital.4 

1.  Carrère  (Pierre  de).  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 

2.  Carrère  (Pierre  de).  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 

5.  Nicard.  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 

4.  Le  29  juin  [656...  Jean  de  Prat  et  Jean  Forcade. . .  pour  leur  couple  finy, 
s'est  trouvé  qu'ils  ont  deu  donner  de  clair  et  de  net  au  sieur  de  Paçese  la  somme 
de  415  livres  6  sols  tournoys,  ensemble  16  primes  de  lin  fin  des  années  1656-57  et 
ont  dict  au  sieur  de  Pagèse  qu'ils  ont  payé  les  décimes  ordinaires  et  extraordi- 
naires dudit  prieuré  des  années  1052-53   et   54  qu'ont   dict   monter  48  livres   pour 


I42  LE    BÉNAQUES    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 

Un  Pagèse  était  vicaire  de  la  Cathédrale  de  Tarbes,  en  1 Ô5  3 . 

166).  —  Jacques  de  Pagèse,  prieur  de  Loucrup.  Les  bâtiments 
d'Artigue-Frémat  souffraient  du  manque  d'argent;  la  chapelle  réclamait 
des  réparations  urgentes.  Les  consuls  de  Loucrup  firent  un  appel 
pressant  à  la  bonne  volonté  du  prieur,  qui  donna  Tordre  à  ses  fermiers 
de  livrer  la  somme  de  82  livres  à  prendre  sur  le  prix  de  ferme  de  son 
prieuré.  A  son  tour,  Jacques  de  Pagèse  fait  appel  à  la  bonne  volonté  de 
ses  débiteurs  ;  il  use  de  tous  les  moyens  de  douceur  sans  arriver  à 
aucun  résultat  satisfaisant;  il  les  presse  vivement,  mais  c'est  peine 
perdue.  La  justice  est  saisie  de  l'affaire  ;  le  créancier  se  servira  de  tous 
les  moyens  honnêtes  pour  rentrer  dans  ses  fonds.  Malheur  aux  récalci- 
trants! Il  fait  vendre  par  expropriation  les  terres  des  héritiers  de  Jean 
de  Prat  et  de  Jean  Forcade.1 

1695.  —  Michel  A^émar  prit  possession  du  prieuré  Sainte-Catherine 
de  Loucrup,  le  3  juin  1695.  Michel  Azémar,  fils  d'Azémar,  ancien 
capitoul,  rue  de  la  Pomme  à  Toulouse,  était  diacre  et  llcentier  en  droit. 
Il  afferme  en  juin  1697  les  revenus  de  son  prieuré  au  «  dixmaire  de 
Visquer,  Loucrup  et  Orincles  pour  le  prix  et  somme  de  120  livres.  .  .3 

1702-171:;.  — Joseph  Maçon,  né  à  Savignac-Mona,  petite  paroisse 
du  canton  de  Samatan  (Gers),  était  clerc  tonsuré  du  diocèse  de  Lombez 
quand  il  vint  prendre  possession  du  prieuré  d'Artigue-Frémat,  le  27 
novembre  1702,  par  acte  retenu  par  M0  Salles,  notaire  à  Tarbes.2 

Joseph  Maçon  mourut  jeune  encore,  fin  février  171 5. 

171 5.  —  Jacques  Bastanies,  clerc  tonsuré  du  diocèse  d'Oloron,  dési- 
gna, le  8  mars  1 7 1 5 ,  Jacques  Laban,  curé  de  Visker,  Loucrup  et  Saint- 
Martin,  «  pour  son  procureur  espéciallement  fondé  ».  Jacques  Laban, 


lesdites  troys  années. . .  Comme  aussy  ont  dict  avoir  bailhé  et  payé  en  descharge 
dudit  sieur  prieur  la  somme  de  i<;  livres  pour  la  réparation  de  chapelle  dudit 
prieuré.  (Nicard.  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes.) 

Le  10  juin  1660...  de  Prat  et  Forcade...  appelés  à  faire  leurs  comptes  avec 
M.Pierre  de  Pagèse...  se  sont  trouvés  luy  debvoir  encore  de  clair  et  de  net 
553  livres  13  sols,  ensemble  18  primes  poil  linet  qu'ils  ont  promis  payer  solidaire- 
ment... entre  les  mains  de  Jean  Noguès,  marchand  dudit  Tarbes...,  200  livres  et 
les  18  primes  linet  à  la  teste  de  sainct  Barthélémy  et  la  somme  restante  à  la  teste 
de  sainct  André  prochaine.  (Nicard.  Etude  F.-A.  Vivier  à  Tarbes.) 

1.  Voir  VIIIe  pièce  justificative. 

2.  Salles.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 


PRIEURS  D  ARTIGUE-FREMAT  I43 

au  nom  du  nouveau  titulaire,    «  prit  possession  du  prieuré  d'Artigue- 
Hérimat,  sçis  à  Loucrup  ,  vacant  par  le  décès  de  Joseph  Maçon  n.1 

1 741 .  —  Vincent  de  Pailhcs,  curé  de  Merralheu,  résigne  son  prieuré 
de  Sainte-Catherine  en  faveur  d'autre  Vincent  de  Pailhes,  prêtre,  curé 
de  Mauvezin,  le  18  août  1741.2 

1741-1783. —  Vincent  de  Pailhes  met  en  afferme,  le  16  décembre 
1767,  son  prieuré  :  «  Pierre  Lacoste,  dict  Casanabe,  de  Locrup,  le 
prend  pour  la  somme  de  320  livres.3  » 

L'hiver  de  1770  a  1771  fut  très  rigoureux;  des  pluies  torrentielles, 
des  bourrasques  excessives  se  firent  sentir  péniblement  dans  tout  le 
marquisat;  il  n'en  fallait  pas  tant  pour  démonter  la  vieille  construction, 
déjà  si  imparfaitement  réparée.  Elle  tombe,  il  faut  la  faire  relever. 

Le  25  janvier  1771...  Bernard  de  Pailhes,  bourgeois  de  Mauvezin, 
faizant  pour  Me  Vincent  de  Pailhes,  baille  une  chapelle  à  parfaire  de 
la  même  longueur  et  largeur  que  l'ancienne  qui  a  croullé,  dont  les  murs 
de  dix  pams  de  hauteur  et  deux  pams  d'épaisseur,  couverte  en  ardoizes, 
avec  balustrade,  lambris  sur  le  haut,  marchepied  de  l'hôtel  en  maçon- 
nerie et  une  porte  solide  ferrée  et  fermée  à  clé  et  ce  au  nommé  Pierre 
Cazaux  dict  Forpommés,  laboureur,  habitant  dudit  Locrup,  moyennant 
le  prix  et  somme  de  260  livres  que  lesdits  sieurs  de  Pailhes  s'obligent 
de  payer  solidairement  l'un  pour  l'autre. .  .  de  payer  les  260  livres  audit 
Cazaux  entrepreneur  en  trois  pacs  égaux  ;  le  premier,  avant  de  com- 
mencer l'ouvrage,  le  premier  mars  prochain;  le  second,  à  moitié  ouvrage; 
et  le  dernier,  pour  la  fin  dudit  ouvrage;  au  moyen  dequoy,  il  se  charge 
de  rendre  parfaite  sous  les  peines  du  droit...  De  plus  a  été  convenu 
entre  parties  d'un  accord  unanime  que  ladite  chapelle  sera  parachevée 
à  la  feste  de  Noël  prochaine  aussy  à  peine  de  tous  despens. . . 
De  Pailhes,  Cazanave,  Bié,  Daquo  N.  R.* 

La  chapelle  ne  dut  pas  être  restaurée  selon  les  conventions  de  1771. 
Le  Pouillé  du  diocèse  de  Tarbes  nous  dit  ce  qu'était  la  chapelle  en 
1783,  sous  le  successeur  de  Vincent  de  Pailhes. 

1783.  —  Pailhes  était  prieur  de  Loucrup  en  1783. 

1.  Daquo.  Etude  Gazagne  à  Lourdes. 

2.  Daquo.  Etude  Gazagne  à  Lourdes. 
5.  Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 
4.  Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun. 


144  LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


«  Il  y  a  à  Loucrup  un  bénéfice,  le  prieuré  d'Artigue-Frémat,  du 
revenu  de  =ioo  livres,  possédé  par  M.  Pailhes,  clerc  tonsuré,  étudiant 
en  théologie  au  collège  de  Tarbe.  Monseigneur  l'Evèque  en  est  patron; 
je  n'en  connais  ni  le  titre  ni  les  charges.  Il  y  a  à  Loucrup  une  petite 
chapelle,  dépendant  du  bénéfice  d'Artigue-Frémat  ;  il  n'y  a  que  des 
murailles  et  le  toit  ;  le  tout  en  bon  état.  Lors  de  la  visite  de  1776, 
M.  Le  Royer,  vicaire-général,  ordonna  une  croix,  deux  chandeliers  et 
un  tapis  pour  couvrir  l'autel  ;  on  n'y  a  rien  fait  faire,  et  on  n'y  fait  aucun 
office.1  » 


Quand  éclata  la  Révolution,  Me  Pailhes,  le  «  clerc  tonsuré,  étudiant 
en  théologie  au  collège  de  Tarbes  »  de  1783,  était  curé  de  Neuilh. 

1793...  Année  terrible  pour  tous  les  monuments  religieux!...  Le 
prieur  a  disparu  et  la  chapelle  a  été  détruite  par  le  marteau  des  démo- 
lisseurs; les  terres  ont  été  vendues  comme  biens  nationaux.  De  l'édifice 
il  ne  reste  plus  qu'un  pan  de  muraille  au  milieu  d'une  verte  prairie. 
Une  croix  en  bois  marque  que  ce  lieu  était  une  dévotion;  et,  chaque 
année,  le  premier  jour  des  Rogations,  pasteur  et  fidèles  se  rendent 
dévotement  à  la  croix  de  la  Capère.  Et  c'est,  aujourd'hui,  tout  ce  qui 
reste  du  riche  prieuré  d'Artigue-Frémat  : 


XIII.  —  CHAPELLENIES,  OBITS  ET  CONFRÉRIES 


1 


Chapelleries  et  Prébendes.  —  Les  chapellenies2  étaient  nombreuses 
à  Bénac  et  dans  le  Bénaqués.  Nous  sommes  loin  de  les  connaître 
toutes.  Voici  des  noms  et  des  faits  : 


1.  Etat  des  paroisses  en  1783.  —  Bibliothèque  de  la  ville  de  Tarbes. 

2.  La  prébende  ou  chapellenie  est  le  droit  pour  l'investi  de  percevoir  les  fruits, 
les  revenus,  les  émoluments  à  cause  des  offices  ecclésiastiques  provenant  des 
bénéfices.  C'est  pour  cela  que  souvent  nous  l'appelons  la  dot  du  bénéfice,  soit 
qu'elle  consiste  en  fruits  de  la  campagne,  de  la  ville,  ou  en  pâturages,  en  forêts, 
ou  en  choses  semblables,  soit  qu'elle  consiste  en  des  droits  qui  tiennent  la  place 
de  fruits  et  sont  comparés  à  des  immeubles   comme  les  revenus,    rentes  et  autres 


CHAPELLENIES    DE    BENAC  itf 

i° —  La  chapellenie  de  Betlébrère  est  la  plus  ancienne  de  Bénac. 
Elle  a  été  fondée  par  la  famille  Lafforgue,  sous  l'invocation  de  Notre- 
Dame. 

Le  il  novembre  1606,  par  acte  retenu  par  Mauran,  notaireà  Tarbes, 
Jean  Lafforgue,  clerc  tonsuré  de  Bénac,  donne  procuration  pour  rési- 
gner, en  faveur  de  M1'  Thomas  Abadie,  d'Averan,  la  chapellenie  de 
Lafforgue.  fondée  en  l'église  de  Bénac  par  ses  prédécesseurs.1 

Quels  sont  les  revenus  de  cette  fondation?  —  Larcher,  dans  son 
Pouillé  des  bénéfices  du  diocèse  de  Tarbes,  mettant  cette  chapellenie 
parmi  celles  qui  ont  été  fondées  dans  l'église  de  Lourdes,  parce  que 
les  revenus  de  la  rente  reposent  sur  une  métairie  sise  au  terroir  de  cette 
ville,  lui  donne  un  revenu  de  8  livres  17  sous  2  deniers.  Cette  taxe  est 
relative  à  l'imposition  des  décimes  en  l'année  1753,  qui  montaient  au 
vingtième  du  revenu.  La  rente  de  la  chapellenie  devait  donc  être  de 
176  livres.2 

Le  titulaire,  dit  encore  le  célèbre  paléographe,  était  en  1753  Me 
Lageyre  de  Léret. 

A  quelle  époque  et  par  suite  de  quelles  circonstances  cette  prébende 
est-elle  passée  des  Lafforgue  aux  Lageyre  r...  C'est  Marie  Lageyre 
qui  gère  les  biens  de  la  chapellenie  en  1749,  pendant  que  son  fils 
continue  ses  études  ecclésiastiques  au  séminaire  de  Tarbes.  Elle  donne 
«  en  bailh  »  pour  neuf  ans  à  Dominique  Ségot  et  à  Mayette  Latapie 
de  Lourdes  la  «  mettairie  de  Batlebrère,  terres  en  dépendantes  reser- 
vant la  récolte  du  grain  pour  ceste  année...    a  promis  ladite  Lageyre 

choses  de  même  genre.  Le  bénéfice,  au  contraire,  a  une  signification  plus  étendue, 
il  comprend  non  seulement  les  fruits,  comme  la  prébende,  mais  encore  l'office 
ecclésiastique  et  l'autorité  gouvernementale  du  bénéfice. 

La  prébende  ne  peut  s'accorder  qu'aux  clercs  qui  sont   dans   les  ordres  sacrés. 

Les  prébendes  des  cathédrales  ne  peuvent  s'accorder  qu'aux  clercs  qui  sont 
également  dans  les  ordres  sacrés. 

Le  prébende  a  droit  d'en  toucher  les  fruits  et  d'administrer  le  bien  qui  fait  le 
fond  de  la  prébende. 

Celui  qui  a  obtenu  une  prébende  ne  peut  la  perdre  forcément  que  par  la  mort 
ou  par  une  faute. 

Ces  deux  définitions  semblent  se  rattacher  aux  chapellenies  ou  prébendes  de 
cathédrale.  Il  est  possible  que,  dans  le  principe,  ces  deux  bénéfices  fussent 
réservés  aux  seuls  chanoines  et  employés  subalternes;  mais  nous  voyons  qu'au 
XVIIe  siècle  et  depuis  il  en  est  autrement.  Aillais  abbé.  Cotnpendium  de  droit 
ecclésiastique,  p.  401.) 

1.  Mauran.  Etude  Theil  à  Tarbes. 

2,  Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  III,  p.  258. 

tu 


I46  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE   DE   BÉNAC 

bailher  six  sacs  de  seigle  pour  semer.  . .  et  bailher  autant  d'orge  et  de 
milhet,  se  chargeant  aussy  d'une  paire  de  bœufs  pour  la  somme  de  1  ^o 
livres,  une  paire  de  vaiches  de  74  livres,  que  ladite  Lageyre  donne  au 
fermier  à  moytié  perte  et  à  moytié  proffît,  un  char  estimé  24  livres,  plus 
7  livres  de  fer. . .  Comme  aussy  se  reserve  un  char  de  foing  par  an  et 
seront  teneus  de  faire  un  charoir  par  an.  .  .*   » 

20  —  La  chapellenie  de  Trusse  a  été  fondée  par  la  famille  de  ce  nom. 
Elle  se  trouve,  comme  la  précédente,  parmi  les  prébendes  rattachées 
par  Larcher  à  l'église  de  Lourdes. 

«  Le  29  may  1720...  par  acte  retenu  par  M1-'  Lacay,  notaire  de 
Tarbes,  Philibert  Sobiac,  me  chirurgien  de  Bénac,  nomme  à  la  prébende 
de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  vacante  par  le  décès  de  Me  Pierre 
Rodes-Pédarribes,  Barthélémy  Labbadie,  clerc  tonsuré  de  Lourdes, 
comme  le  plus  proche  parent  ;  mais  Pierre  Lésigne,  clerc  tonsuré  de 
Léret,  ayant  requis  nomination,  comme  le  plus  proche  descendant, 
obtempère  à  cette  résignation  et  le  nomme.2  » 

y  —  La  chapellenie  de  Dousse  a  été  fondée  le  27  janvier  1750  par 
Me  Bertrand  Dulcis,  prêtre  et  curé  de  Bénac.  L'héritier  de  la  famille 
Dousse  en  était  le  patron,  après  la  mort  du  fondateur.  Le  chapelain 
touchait  le  revenu  de  sept  journaux  de  pré,  un  journal  de  vigne  et 
deux  journaux  de  champ,  à  la  condition  expresse  que  tous  les  mercredis 
de  l'année  il  célébrerait  pour  le  repos  de  l'âme  du  fondateur  et  pour 
celles  de  ses  parents  une  messe  de  Requiem,  dans  la  chapelle  Notre- 
Dame  de  Bénac.3 

4"  —  Chapellenie  Notre-Dame  de  Montaut.  Cette  prébende  fut 
fondée  par  noble  Ur>in  de  Montaut-Bénac,  le  31  août  1564,  devant 
Monbalot,  notaire  de  Rabastens.  Noble  Jean-Paul  de  Montaut-Bénac 
présente  à  la  chapelle  Notre-Dame,  fondée  dans  Ycglisc  Sainl-Picrrc 
de  Bénac  par  feu  noble  Ursans  de  Montaut.4 

50  —  Chapellenie  Saint-Eusebe  de  Saint-Sevié.  Elle  a  été  fondée  le 
9  août  1632,  par  Jean-Michel  de  Saint-Sevié,  abbé  commendataire  de 
Saint-Savin.    Jean-Michel    veut    qu'on  célèbre    dans   la   chapelle   saint 

1 .  Daquo.  Etude  Gazagne  à  Lourdes. 

2.  Lacay.  Etude  Massot-Bordenave  à  Tarbes. 
;.   Voir  IXe  pièce  justificative. 

4,  Souvenir  de  la  Bigorre,  t.  lll,  p.  i8q. 


CHAPELLEN1ES    DU    BÉNAQUÈS  1 47 

Eusebe,  à  Véglise  paroissiale  de  Bénac,  une  messe  pro  defunctis  tous 
les  mercredis  de  chaque  semaine  «  pour  les  âmes  des  père,  mère,  fraires 
et  grand  mère  dudit  seigneur  abbé,  avec  l'oraison  Deus,  qui  non  pecca- 
torum...  et  le  neufviesme  d'octobre  de  chasque  année...  Apres  le 
décès  dudit  seigneur  abbé,  en  pareilh  jour  qu'il  descédera,  une  messe 
haulte  de  Requiem  aussy  à  perpettuité.  Le  tout  à  la  charge  du  curé  et 
des  religieux  de  Bénac.  Pour  subvenir  à  ces  frais,  la  fabrique  a  reçu 
une  somme  de  300  livres  dont  la  rente  sera  payée  aux  intéressés.1 

6°  —  Chapellenie  Saint-Michel  de  Lannes.  —  La  famille  Pédessus, 
de  Lannes,  avait  fondé  cette  prébende.  Son  revenu  était  peu  considé- 
rable. 

Le  7  février  1625,  Jean  de  Labernie,  clerc  tonsuré  de  Bénac,  prenait 
possession  de  cette  chapellenie,  présenté  par  Gabriel  Pédessus.  Et  le 
2}  avril  1665,  Mc  Simon  Arredessus,  chapelain  de  Saint-Michel  de 
Lannes,  «  bailhoict  en  afferme  à  Bernard  Cabé,  d'Adé,  tous  les  fruicts, 
rentes  et  reveneus. . .  à  l'exception  des  terres  que  la  maison  d'Arre- 
dessus  de  Lane  travaillent  annuellement  et  font  les  fruicts  leurs... 
pour  la  somme  de  60  livres.2  »  Cet  acte  de  ferme  est  pour  les  terres 
situées  au  terroir  de  Lannes.  D'autres  biens  se  trouvaient  à  Bénac, 
dont  on  tirait  le  revenu  à  part,  comme  le  prouve  la  pièce  suivante  : 

«  Guiraud  possède  audit  Bénac  et  quartier  d'Augassas,  une  pièce  de 
terre  labourable  et  boisée,  provenant  de  la  prevande  Saint- Michel  : 
confronte  d'orient  et  midy  à  terres  de  Dousse,  occident  à  terres  de 
Cazabant  et  septentrion  à  terres  de  Pébarat  de  Larme,  de  la  conte- 
nance de  deux  journaux  et  demy  quart,  estimée  1  ^  livres.  Plus  autre 
pièce  au  quartier  d'Artignac,  boisée  aussy,  de  la  prevande  Saint- 
Michel,  confronte  d'orient  à  terre  de  Bertranne,  midy  à  terre  d'Auge, 
occident  à  terre  de  Belloguet  et  septentrion  à  ruisseau,  de  la  conte- 
nance de  troys  journaux  un  quart,  estimée  40  livres. 

Ces  deux  pièces  de  terre  sont  dépendantes  du  bénéfice  Saint-Michel 
dont  moy  Jean-Pierre  Barrère  suis  titulaire.  Je  prie  M.  le  consul  de 
Bénac,  détenteur  du  cadastre,  de  les  y  comprendre  à  la  marge  sous 
mon  nom  pour  que  les  impositions  royalles  soient  dorénavant  sur  ma 
tète,  et  le  sieur  Béguère,  mon  fermier,  au  lieu  d'Adé,  est  chargé  par 
son  bailh  d'acquitter  les  charges  royalles  et  seigneurialles. 

A  Tarbes,  ce  quatre  février  mil  sept  cens  quatre  vingt  six.  Barrère 
prêtre.3  » 

1.  DutfoLirc    -\.    Les  de  Saint-Sevié,  p.  40. 

2.  Nicard.  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 
î.  Archives  A.  Dulîourc, 


I48  LE  BÉNAQUÉS  OU  BARONNIE  DE  BÉNAC 

M.  Jean-Pierre  Barrère,  prêtre  de  la  ville  de  Tarbes,  en  qualité  de 
titulaire  de  la  prébende  Saint-Michel,  demeure  chargé  pour  Guiraud 
des  deux  pièces  de  terre  dépendantes  de  ladite  prébende  «  scittuée  l'une 
aux  Augassas  et  l'autre  en  Artignac,  ainsi  qu'elles  sont  détaillées  dans 
le  cadastre.  Lesquelles  deux  pièces  estimées  sçavoir,  l'une  15  livres  et 
l'autre  40,  ce  qui  fait  en  tout  1  B.  19  1/2. *  » 

70  —  Chapellenie  Notre-Dame  de  Piatat.  —  Le  5  niai  i62>,  Arnaud 
Lavergne,  prêtre  et  archiprètre  d'Adé,  et  en  possession  de  la  chapel- 
lenie Notre-Dame  de  Piatat,  fondée  dans  l'église  de  Louey.  A  cette 
époque,  la  veuve  de  Me  Arnaud  Sentagnes,  docteur  et  avocat  en  la  séné- 
chaussée de  Bigorre,  Marie  de  Mauran.  présentait  à  cette  prébende 
Me  Jean  Fontan,  prêtre  de  Louey.  sur  résignation  à  lui  faite  par 
Arnaud  Lavergne.2  En  1753,  mademoiselle  Germaine  de  Mauran, 
femme  du  sieur  Pascal  Davezac,  de  Tarbes,  nommait  à  ce  bénéfice. 
Cette  chapellenie  portait  encore  les  noms  de  prébende  de  Foratis  ou 
de  la  Passade. 

Le  19  mars  1657,  Jean  Fontan,  «  promeu'de  la  chapellenie  de 
Fauratie  fondée  en  l'esglize  de  Loey. . .  promeu  aussy  de  la  cure 
archiprebytéralle  d'Adé  par  la  résignation  faicte  en  sa  faveur  par 
Me  Arnaud  Lavergne,  dernier  archiprebre  et  religieux  carme  au  tems  de 
ladite  résignation  faicte  en  sa  fabueur.  Lequel  sieur  de  Fontan  a  rési- 
gné... en  faveur  de  M.  Jean  Trusse,  prebre,  natif  du  bourg  de  Bénac... 
De  Carrère,  N.  R.2  » 

Le  7  avril  164$ ,  autre  Arnaud  Lavergne,  chanoine,  se  faisait  installer 
à  Notre-Dame  de  Piatat,  par  Ramond  Poca,  curé  de  Louey.  De 
Carrère.2 

8"  —  Chapellenie  Saint-Vincent  à  Orincles.  —  Le  17  décembre  17Ç7, 
Pierre  Cazenave,  vicaire  de  Bénac,  se  faisait  installer  par  ML'  Jean 
Prat,  curé  d'Orincles,  à  la  chapellenie  de  Saint-Vincent,  érigée  en 
l'église  d'Orincles,  à  la  présentation  et  nomination  de  Vignau-Casta- 
enede  de  Vidalos.  Pierre  Cazenave  succédait  à  Jean  Dimbarre,  clerc 
tonsuré,  mort  avant  d'arriver  aux  ordres  sacrés.3 


1 .  Archives  A.  Duffourc. 

2.  Carrère  (Pierre  de).  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes, 
;.    Daquo.  Etude  Candellé  à  Ossun, 


FRATERNITÉ  DU  BKNAQUÈS  149 

o°  —  Chapellenie  Saint-Bertrand  à  Orincles.  —  Me  (Salmy,  de 
Layrisse,  était  titulaire  de  la  prébende  Saint-Bertrand,  le  27  mai  1780. 
Bertrand  Peleuigué  en  avait  le  patronage,  à  cette  date.1 

II 

Obits  ou  fondations.  — ■  Les  obits2  furent  nombreux  dans  le  marquisat. 
L'église  de  Bénac  en  possédait  à  elle  seule  53,  d'après  l'attestation  faite 
parle  conseil  général  de  la  commune  qui,  le  23  germinal,  2e  année 
républicaine,  donne  décharge  à  M.  Bernède,  curé,  «  d'une  liasse  de 
parchemins  et  autres  papiers  au  nombre  de  5  ] ,  relatifs  aux  obits  attachés 
à  la  cure.3  » 

Pour  acquitter  ces  obits,  les  prêtres  du  Bénaqués  avaient  formé 
entre  eux  une  fraternité.' 

Le  i=;  décembre  1567,  Marie  d'Arnabe,  de  Bénac  «  fait  rente  aux 
prebres  de  la  fraternité  de  la  baronnie  de  Bénac  de  la  somme  de  neuf 
sous  bons  de  fief  obital. . .  pour  le  capital  a  remis  la  somme  de  cinq 
escus  petits...  Personnellement  estably  M.  Domenge  de  Layrisse, 
prebre  de  Loey,  recteur  de  Lana,  et  sindic  des  prebres  de  la  baronnie 
de  Bénac,  et  Dominique  Cazarré,  prebre  de  Loey,  recteur  de  Lairisse 
et  Averan,  fraire  Bernard  Laforgue  sacristain  de  Bénac. .  J  » 

1.  Archives  A.  Duffourc. 

2.  On  appelle  fondation  un  service  fondé  pour  le  repos  de  l'àme  d'un  mort  et 
qui  doit  être  célébré  à  des  époques  déterminées,  assis  sur  un  fonds  ou  un  revenu 
fondé  à  perpétuité  pour  acquitter  des  messes  ou  services  divins. 

Les  fondations,  telles  que  nous  venons  de  les  définir,  sont  permises  et  l'usage 
en  est  très  ancien  parmi  les  chrétiens.  Les  rois  de  France  eux-mêmes  sentirent  le 
besoin  d'attirer  sur  eux  les  bénédictions  divines  en  créant  des  obits.  Louis  XII 
1472-1515  fonda  l'obit  salé  ou  obit  de  Valois.  Cet  obit  était  célébré  tous  les  ans, 
le  4  janvier,  dans  l'église  Notre-Dame  de  Paris,  pour  le  roi  Louis  XII  et  pour 
son  père.  Cette  fondation  fut  ainsi  nommée  parce  que  ce  roi  accorda  à  MM.  les 
chanoines  du  chapitre  de  Notre-Dame  le  droit  de  prendre  deux  muids  de  sel  à  la 
gabelle,  en  ne  payant  que  le  prix  marchand. 

Bernardin  de  Saint-Pierre  reconnaît  ce  fait  ;  avec  son  esprit  philosophe,  il  dit  : 
Le  bourgeois  fait  sonner  son  mariage,  le  baptême  de  ses  enfants;  il  fonde  même 
des  obits  pour  faire  sonner  après  sa  mort  à  perpétuité. 

3.  Cahier  des  délibérations  de  la  commune  de  Bénac,  p.  188. 

4.  Ce  titre  que  prenaient  autrefois  les  rois  et  les  empereurs  entre  eux,  ainsi  que 
les  évoques  et  les  moines,  doit  s'étendre  à  tous  les  prêtres  résidant  dans  le  Mar- 
quisat. 

5.  Scaichent  tous  présents  et  advenir  que  comme  ainsin  soyt  que  ce  quinziesme 
jour  du  moys  de  décembre  mil  cinq  cens  soixante  sept,  Marie  d'Arnabe,  du  lieu 
de  Benac.  feust  rente  aux  prebres  de  la  fraternité  de  la  baronnie   de  Benac  de  I» 


1)0  LE    BENAQUES    OU    BARÔNNIË   DE    BENAC 

Nous  trouvons  encore  une  requête  des  prêtres  de  la  fraternité  du 
Bénaqués  contre  les  héritiers  de  Vignes  à  l'occasion  d'un  obit  fondé 
par  les  ancêtres  de  la  maison.1 

Cette  fraternité  des  prêtres  de  la  baronnie  avait-elle  des  statuts  ?. . . 
Et  quelles  étaient  les  obligations  imposées  aux  membres  de  cette  asso- 
ciation }.  .  . 

Le  9  décembre  i$3$>  Jean  de  Bern,  de  Bénac,  fonda  un  obit  «  en 
fabueur  de  messieurs  les  prebres  de  la  baronnie  de  Benac...  faizant 
de  rente  annuelle  ung  escut  petit.  . .  Lequel  il  étoit  tenu  payer  le  jour 
de  N.-D.  de  septembre2  »,  valant,  en  1654,  vingt-sept  sous. 

Le  2t  août  1556,  Marie  de  Faurat  reconnut  un  obit  «  en  fabveur  de 
messieurs  les  prebres  de  la  baronnie  de  Bénac  sur  une  pièce  de  terre 
champt,  contenant  troys  journals,  donnant  de  rente  annuelle  ung  escut 
petit,  lequel  estoict  teneu  payer  le  24  apvril. .  .3  » 

somme  de  neuf  sous  bons  de  fief  obitel  es-presente  année,  paiable  annuellement 
es-jour  et  feste  de  Saint-Thomas,  duquel  fief  pour  le  cappittal  a  remis  la  somme 
de  cinq  escus  petits  en  descharge  de  Honorite  de  Las  Portes  diite  Gabaye,  du 
lieu  de  Benac  et  icelledite  somme  et  fief  ladite  Arnabe  ypothèque  et  oblige  ses 
biens  presens  des  terres  campt  scis  audit  Benac  et  parsan  appelé  Débat  Casta- 
gnede,  de  contenance  un  journal  et  demy  ou  tant  que  soyt,  confronte  davant  aux 
terres  de  Gey,  darré  et  débat  aux  terres  de  Luc  et  dessus  aux  terres  d'Augier  et 
Pontac.  C'est-il  que  cejourd'huy  neuf  juing  de  l'an  de  grâce  mil  cinq  cent  septante 
cinq,  régnant  très  chrestien  prince  Henry,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France  et 
de  Polloigne,  et  par  mesnie  grâce  Henry,  roy  de  Nabarre,  comte  de  Bigorre, 
Me  Gentian  d'Amboise,  par  la  misération  divine  evesque  de  Tarbe  dominant,  au 
lieu  de  Benac,  dioceze  de  Tarbe,  seneschaussée  de  Bigorre  et  devant  moy 
notaire...  Personnellement  estably  Me  Domenge  de  Layrisse,  prebre  de  Loey» 
recteur  de  Lana,  et  sindic  des  prebres  de  la  baronnie  de  Bénac,  et  Dominique 
Cazarré,  prebre  de  Loev  et  recteur  de  Lairisse  et  Averan,  fraire  Bernard  Lafor- 
gue, sacristain  de  Bénac,  lesquels  tant  pour  eux  presens  que  les  absens  et  au 
tems  advenir,  ont  volontairement  deschargé  du  fief  et  cappital,  fruicts,  ypothè- 
ques  et  ohliguations  sur  la  pièce  de  terre  dessus    limittée  et    confrontée  pour  ce 

que    tout    incontinentt    Bertrant  et     Marie     d'Arnahe,    mariés,    demeurent 

authorizés  de  passer  et  tenir  au  présent  instrument,  ont  recogneu  le  fief  de  neuf 
sous  bons,  de  laquelle  somme  de  cinq  escus  petits  pour  le  cappital  ont  expressé- 
ment ypothèque  et  novellement  oblige  sur  la  maison  et  borde,  capcazal  de 
Monart,  scis  audit  Benac  et  en  la  marque  de  Mallo,  confronte  d'oriant  avec  terres 
de  Giernart  et  Henry  Davos,  dessus  et  débat  avec  carrère  publique.  Laquelle 
maison,  borde,  parc,  capcazal  tiennent  et  possèdent  par  acquisition  faicte  avec 
Anne  de  Monart  par  manière  d'eschange,  lequel  fief  de  neuf  sous  bons  lesdits 
d'Arnabe  ont  promis  payer  annuellement  le  iour  et  feste  de  Saint-Thomas,  iusques 
auroient  satisfaict  ladite  somme  de  cinq  escus  petits  pour  le  cappital...  Layrissa, 
de  Forcade,  de  Cazarré,  de  Cazalet  N.  R.  (Gazagne,  à  Lourdes.) 

1.  Archives  départementales  des  Hautes- Pyrénées,  série  B,  n°  4;. 

2-î.  De  Carrère.  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 


CONFRÉRIES    DU    BENAQUES  1^1 

Le  28  mai  1-5  $8,  «  feu  Peyrot  de  Loeyt.  quand  vivoit,  bailha  parle 
seigneur  baron  de  Benac  et  fonda  ung  obit  à  la  charge  d'en  célébrer 
une  messe  d'arrequiem,  le  huictiesme  jour  du  moys  de  janvier  annuelle- 
ment, par  les  prebres  de  la  fraternité  de  la  baronnie  dudit  Benaques, 
pour  le  capital  de  six  escus  petits  comptant  pour  chescune  dix  huit  sous 
et  pour  sou  six  liards.1   » 

Le  28  juin  1 7 1 7,  «  Domenge  de  Cazauxdebat,  gendre  de  la  maison 
Pinoles,  est  tenu  de  payer  aux  prebres  de  Bénac  un  obit  de  vingt  sept 
sols  de  rente  aunuelle.  »  Cazauxdebat  leur  donne  les  fruits  d'une 
prairie  et  les  prêtres  feront  l'office.2 

Le  29  janvier  1622,  Guillaume  d'Abbadie,  prieur  de  Saint-Maur, 
fonda3  dans  l'église  de  Bénac  un  obit  de  seize  «  écus  petits  »  donnant 
une  rente  annuelle  de  «  ung  escut  petit  de  rente  »  en  l'église  Sainte- 
Marie  de  Bénac,  pour  une  messe  qui.  serait  chantée,  le  jour  de  saint 
Grégoire  de  mars,  pour  le  repos  de  l'âme  de  Jean  d'Estournez,  abbé 
de  Saint- Pé. 

Vitalis  Vignaux,  prêtre,  fonda,  à  son  tour,  un  obit  à  Bénac  au  nom 
de  son  père.  Domenge  Cazaux,  dit  Chiquet.  reçoit  un  capital  de  trente 
livres  qui  donneront  une  rente  de  trente  sols;  on  en  célébrera  deux 
messes  par  an.  Cela  se  passait,  le  2^  janvier  1705.* 

Cette  énumération  pourrait  être  plus  longue;  ne  voulant  pas  les 
énoncer  toutes,  je  me  contente  de  mentionner  les  plus  anciennes 
fondations,  et  elles  suffisent  pour  nous  donner  une  idée  des  usages  du 
XVIIe  siècle,  en  ce  qui  concerne  le  culte  des  morts. 

III 

Confréries.  —  Chaque  village  du  marquisat  a  eu,  de  tous  les  temps, 
une  ou  plusieurs  confréries,5  tant  pour  les  hommes  que  pour  les  femmes. 

1.  Cazalet.  Etude  Gazagne  à  Lourdes. 

2.  Daquo.  Etude  Gazagne  à  Lourdes. 

j.  De  Carrère.  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 
4.  Daquo.  Etude  Gazagne  à  Lourdes. 

■■,.  L'ne  confrérie  est  une  association  pieuse,  une  société  de  personnes  libres,  de 
laïques,  qui  se  rassemblent  volontairement,  mais  d'après  une  règle  ou  des  statuts, 
dans  le  but,  ou  sous  le  prétexte  de  se  livrer  en  commun  à  des  exercices  de  piété, 
à  des  pratiques  de  dévotion. 

On  a  distingué  en  France  neuf  sortes  de  confréries  :   i°  les  confréries  de  dévo- 


i  5  2  LE  BÉNAQUÊS  OU  BARONNIE  DE  BENAC 

Dans  quelques  villages  mime,  ces  confréries  avaient  des  revenus, 
provenant  des  dons,  que  les  confrères  faisaient,  des  cotisations  annuelles 
versées  dans  la  caisse  commune,  et  de  l'impôt  volontaire  qui  pesait  sur 
ceux  qui  entraient  dans  l'association. 

Les  principales  confréries  du  Bénaqués  sont  :  celle  du  Saint-Sacre- 
ment ;  celle  de  la  Sainte-Vierge,  sous  le  vocable  de  Notre-Dame  de 
Montserrat  ;  celle  de  Saint-Jacques  de  Compostelle. 

Ces  deux  dernières  confréries  nous  viennent  d'Espagne  et  nous 
rappellent  les  jours  malheureux,  où  nos  populations  furent  obligées 
d'émigrer  en  masse  pour  subvenir  aux  frais  occasionnés,  soit  par  les 
guerres  de  religion,  soit  par  le  régalement,  soit  par  la  ligue.  Il  fallait  de 
l'argent,  on  en  demanda  aux  descendants  de  ceux  qui  avaient  accom- 
pagné Christophe  Colomb  à  la  découverte  de  l'Amérique. 

Je  citerai  l'Etat  des  paroisses  en  Ty8j,  qui  nous  renseignera  sur  ce 
point.  Nous  verrons  les  hommes  et  les  femmes  se  faire  honneur  d'appar- 
tenir à  quelqu'une  de  ces  associations  pieuses. 

Bénac.  —  «  La  population  est  nombreuse;  elle  se  divise,  et  les 
hommes  et  les  femmes  se  rangent  sous  l'une  des  trois  confréries  :  du 
Saint-Sacrement,  de  la  Sainte-Vierge,  et  de  Saint-Jacques.  Les  trois 
confréries  sont  autorisées.  Les  obligations  de  ces  confréries  sont  de  se 
confesser  de  temps  en  temps,  de  se  visiter  entre  confrères  dans  leurs 
maladies  et  d'assister  à  leurs  funérailles.  Le  service  de  chacune  se  fait 
le  jour  du  patron,  sauf  celui  de  Saint-Jacques,  qui  est  renvoyé  au 
dimanche  d'après  le  jour  de  saint  Jacques,  d'après  l'ordonnance  de 
Mgr  de  Lorry.  Elle  n'a  d'autre  revenu  que  celui  du  bassin,  qu'elles 
emploient  à  faire  dire  des  messes.1    » 

Latines.  —  «  Il  n'y  a  qu'une  seule  confrérie,  celle  de  Saint-Jacques, 
dont  le  service  se  fait  le  jour  de   saint  Jacques.    Il   y   a   pour  tous   les 


tion;  2°  les  confréries  établies  pour  exercer  la  charité  et  les  œuvres  dé  miséri- 
corde; }°  les  confréries  des  pénitents  bleus,  blancs  ou  noirs;  4"  les  confréries 
érigées  à  l'occasion  des  pèlerinages;  50  les  confréries  établies  par  les  négociants, 
pour  attirer  la  bénédiction  de  Dieu  sur  leur  commerce;  6°  celles  des  olliciers  de 
justice;  7"  la  confrérie  de  la  Passion;  8°  toutes  celles  des  différents  métiers; 
o°  enfin,  les  confréries  de  factieux,  qui  se  couvraient  du  voile  spécieux  de  la  Reli- 
gion pour  troubler  l'Etat. 

I,  Etat  des  paroisses  (Manuscrit  de  l'hôtel  de  ville),  tome  III,  page  630. 


CONFRÉRIES    DU    BENAQUES  I  $  , 


membres  obligation  d'assister  aux  processions,  de  visiter  les  confrères 
malades,  d'assister  à  leurs  funérailles,  de  se  confesser  de  temps  en 
temps.  Ils  n'ont  d'autre  revenu  que  le  produit  du  bassin  qu'ils  emploient 
à  faire  dire  des  messes.  Cette  confrérie  a  été  autorisée  par  Mgr  de 
Saint-Aulaire.1   » 

La/risse  et  Averan.  —  «    Il  y  a  une  confrérie,  à   Layrisse,   du  Saint 
Sacrement,  dont  les  obligations  ne  sont  pas  fixes,  parce  qu'elle  n'est  pas 
autorisée.  On  en  fait  la  fête  le  jour   du  Saint-Sacrement.    Elle  est  sans 
revenus.2  ■>•• 

Loucy.  —  «  On  trouve  dans  la  paroisse  deux  confréries  autorisées  : 
celle  de  Sainte-Barbe  et  celle  de  Saint-Jacques.  Les  membres  de  ces 
deux  confréries  sont  obligés  de  se  confesser  et  de  communier  le  jour 
du  saint  ou  sainte,  sous  l'invocation  duquel  leur  confrérie  est  érigée, 
de  visiter  leurs  confrères  malades,  les  engager  à  recevoir  le  Saint 
Sacrement,  quand  on  le  leur  porte,  et,  après  leur  décès,  assister  à 
leurs  funérailles  et  prier  Dieu  pour  leur  repos  ;  ils  sont  encore  obligés 
à  terminer  entre  eux  tout  procès  survenu,  par  la  médiation  de  personnes 
prudentes  de  la  Société,  etc.,  etc.  L'office  se  fait  le  dimanche  qui  suit 
la  fête.  Pas  de  revenus.  Les  confrères  donnent,  quand  ils  savent  quel- 
ques nécessités. 

«  Dans  la  paroisse  il  y  a  une  chapelle  dédiée  à  sainte  Barbe  ;  on  y 
porte  la  procession  le  dimanche  qui  suit  la  fête  de  sainte  Barbe  ;  on  y 
dit  rarement  la  sainte  messe.  Le  teau  de  l'honoraire  de  la  messe  est  de 
10  à  i  )  sols.3  » 

Orinclcs.  —  «  Il  y  a  dans  la  paroisse  une  seule  confrérie,  celle  de 
Montserrat,  autorisée  par  plusieurs  de  nos  seigneurs  les  évoques.  Leurs 
principales  obligations  sont  de  se  confesser  et  de  communier  les  prin- 
cipales fêtes  de  la  Vierge,  de  se  visiter  parmi  les  confrères  dans  leurs 
maladies,  d'y  accompagner  le  prêtre,  quand  il  va  les  administrer,  de  les 
assister  dans  leurs  besoins,  de  les  porter  et  accompagner  à  l'église 
d'après  leur  décès.  Il  y  a  un  prieur  et  un  baile,  pour  leur  distribuer  des 

i.  Etat  des  paroisses,  tome  VI,  page  615. 
2.  Etat  des  paroisses,  tome  I,  page  70. 
j.  Etat  des  paroisses,  tome  III,  page  625. 


1^4  LE    BENAQUÉS    OU    BARÔNNIE    DE    BENAC 

cierges,  et  pour  les  avertir  dans  les  circonstances  cy-dessus  mention- 
nées. Ils  n'ont  pour  tout  revenu  que  le  bassin.1   » 

Viskcr  et  Loucrup.  —  <*  Il  y  a.  à  Visker,  une  confrérie  de  N.-D.  de 
Montserrat  et  à  Loucrup  celle  de  Saint-Jacques  et  celle  de  la  Sainte- 
Vierge.  Ces  confréries  se  soutiennent  à  Visker  et  à  Loucrup.  Le  jour 
de  la  Nativité  de  la  Vierge,  le  8  septembre,  on  fait  des  repas.  Voilà 
l'abus,  abus  que  je  n'ai  jamais  pu  détruire  dans  les  deux  paroisses.  On 
s'y  autorise  de  l'exemple  du  voisinage.2  » 

La  confrérie  de  Montserrat,  à  Visker,  possède  quelques  biens  dont 
le  revenu  sert  aux  besoins  de  l'association.3 

Les  confrères  faisaient,  avec  l'argent  de  la  caisse,  un  petit  commerce. 
Ils  achetaient  du  blé,  qu'ils  revendaient  à  crédit  à  un  prix  un  peu  plus 
élevé;  quelquefois  même,  ils  achetaient  une  ou  plusieurs  vaches,  des 
bêtes  à  laine,  qu'on  revendait  aux  particuliers  ;  et  le  petit  pécule 
grandissait  chaque  année.  Les  deux  confréries  de  Loucrup,  celle  de 
Saint-Jacques  et  celle  de  Notre-Dame  de  Montserrat,  continuent  la 
tradition. 


i.  Etat  des  paroisses,  tome  I,  page  JJ2. 
2.  Etat  des  paroisses,  t.  VI,  page  4;;. 

5.  Le  2;  octobre  165 0...  Domenge  de  Passanet  reconnaît  devoir  aux  confrères 
de  Notre-Dame  de  Montserrat  deux  sacs  de  seigle  que  le  débiteur  veut  semer.  Il 
s'engage  à  paver  à  la  fête  Notre-Dame  d'août  prochaine...  Daquo  N.  R.  (Can- 
dellé  à  Ossun. 

Le  29  novembre  1664...  Arnaud  d'Escoubès  reconnaît  devoir  aux  confrères  de 
Notre-Dame  de  Montserrat  la  quantité  de  «  unze  cartères  bled  et  seigle  »  qu'il 
payera  à  la  fête  Notre-Dame  d'août  prochain...  fCandellé  à  Ossun. ) 

Le  1;  novembre  1607...  Raymond  d'Escoubès  donne  à  la  confrérie  Notre- 
Dame  de  Montserrat,  représentée  par  Jean  Baget,  baile,  «  en  propriété  et  jouis- 
sance deuxjournals  de  champt,  sçittué  au  terroir  dudit  Bisquer  et  parsan  de  Buala, 
à  prendre  de  majeure  pièce  par  le  costé  de  septentrion,  confrontant  d'oriant  à 
terres  d'autre  Baget.  midy  à  terre  restante,  occident  à  Bureu,  septentrion  audit 
acceptant,  à  la  charge  d'en  payer  le  fief  et  taille,  et  de  la  rente  d'icelle  en  faire 
célébrer  des  messes  pour'le  solagement  des  âmes  tant  de  confrères  décédés  que 
de  ceux  quv  descèderont...  Escoubès,  Baget,  Daquo  N.  R.  (Gazagne  à  Lourdes.) 


Papier  terrier  I  ;  ; 


APPENDICE   I 


Cejourd'huy  vingt  sixiesme  du  mois  de  janvier  mil  sept  cens  quatre 
vingt  et  trois,  avant  midy,  au  château  du  marquisat  de  Bénac,  par 
devant  nous  advocat  en  parlement,  notaire  royal,  commissaire  aux  droits 
seigneuriaux  et  en  cette  partie  soussigné,  témoins  Jean  Laporte  et  Jean 
Cazauxdebat,  anciens  consuls,  et  avec  eux  le  sieur  Pierre  No^ues,  sindic, 
habitants  du  lieu  de  Layrisse,  députés  par  l'acte  de  sindicatdu  onziesme 
septembre  mil  sept  cens  quatre  vingt  et  deux,  reçu,  expédié  par 
Me  Cazabonne,  notaire  de  Bénac,  duement  controllé,  lesquels  en  vertu 
du  pouvoir  à  eux  donné  par  l'universalité  des  habitants,  nous  ont  dit  se 
présenter  pour  obéir  et  satisfaire  aux  lettres  patentes  en  forme  de  terrier 
obtenues  par  leurs  Altesses  monseigneur  le  prince  et  madame  la  prin- 
cesse de  Rohan-Rochefort  en  la  grande  chancellerie,  le  vingt  troisiesme 
jour  du  mois  de  may  mil  sept  cens  quatre  vingt,  signées  par  le  roy, 
domiliées  et  scellées  du  grand  sceau  de  cire  jaune,  duement  enregis- 
trées en  la  chambre  des  comptes,  aydes  et  finances  de  Navarre,  le  vingt 
huit  juin  de  ladite  année,  aux  publications  et  affiches  qui  en  ont  esté 
faittes  audit  lieu  de  Layrisse,  le  quatre  mars  mil  sept  cens  quatre  vingt 
et  un,  devant  la  porte  principalle  de  leur  esglise,  le  peuple  sortant 
d'entendre  la  messe  de  parroisse,  ainsi  que  conste  du  procès-verbal  qui 
en  fut  dressé  par  feu  Miqueu,  huissier,  duement  controllé  au  bureau 
de  Lourde  par  le  sieur  Abadie,  comis  ;  et  après  avoir  pris  communica- 
tion des  titres  employés  pour  la  rénovation  du  papier  terrier,  sçavoir  du 
dénombrement  fourni  par  Jean-Marc  de  Montaut,  chevalier,  sei- 
gneur et  baron  dudit  Montaut  et  Bénac,  à  très  illustre  révérend  Père 
en  Dieu  monseigneur  Jacques  de  Foix,  évèque  de  Lescar,  abbé  de 
Foix  et  de  Larreule,  chevalier  de  Foix,  lieutenant  général  du  Très 
Haut  et  Très-Puissant  prince  roy  de  Navarre,  comte  de  Bigorre, 
commissaire  à  ce  expressément  dépputé,  le  dix  de  septembre  mil  cinq 
cens  quarante  et  un  ;  Et  de  la  déclaration  et  recognoissance  générale 
consentie  par  la  communauté  de  Layrisse  à  Jean-Paul  de  Montaut, 
baron  du  présent  lieu  et  autres  places,  portée  au  terrier  de  la  seigneu- 
rie au  folio  187  recto  et  suivants,  retenue  et  expédiée  par  Dufour, 
notaire,  le  six  de  février  mil  cinq  cens  soixante  dix  neuf;  Du  dénom- 
brement fourni  par  Philippe  de  Montaut,  seigneur  et  baron  du  présent 
lieu  et  autres  places,  à  M0  Dupont,  conseiller  du  roy  en  son  conseil 
d'Estat  et  privé,  un  des  commissaires,  le  vingt  deux  de  mars  mil  six 
cens  ;  D'autre  dénombrement  fourni  par  ledit  Philippe  de  Montaut, 
seigneur  et  baron  du  présent  lieu,  devant  monseigneur  Salvat  Diharse, 
evesque  de  Tarbe,  et  M1-'  de  Pujo,  lieutenant  général  en  la  sénéchaussée 
de  Tarbe,  commissaires  à  ce  depputés,  le  vingt  trois  de  mars  mil  six 
cens  vingt  et  deux  ;  Des  lettres  patentes  portant  érection  de  la  baronnie 
en  marquizat,  du  mois  de  février  mil  six  cens  doutze  ;  De  l'arrêt  de 
vérification  et   entérinement  d'iceiles  du  parlement  de  Toulouse,  du 


l<)6  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE   BENAC 


treize  de  mars  mil  six  cens  quatorze  ;  De  l'acte  d'hommage  fourni  par 
son  Altesse  monseigneur  Charles-Arnaud-Jules  de  Rohan-Rochefort, 
comme  marié  et  maître  des  actions  de  madame  d'Orléans-Rothelin,  à 
nos  seigneurs  de  la  Chambre  des  comptes,  aydes  et  finances  de  Navarre, 
du  vingt  trois  de  janvier  mil  sept  cens  soixante  et  quinze;  Et  finalle- 
ment,  d'autres  titres  antérieurs  et  postérieurs,  à  eux  lus  et  donnés  à 
entendre  ;  Et  ayant  le  tout  trouvé  conforme  aux  droits  auxquels  ils  ont 
esté  et  sont  de  toutes  les  terres  assujetties,  et,  d'autant  que  les  lettres 
patentes  accordées  à  leurs  Altesses  portent  de  donner  l'aveu  et  dénom- 
brement de  fief,  cens,  redevances,  prestations,  droits,  devoirs  et  assu- 
jettissements conformes  aux  anciens  titres  ;  Les  comparants  ont  déclaré 
les  connoitre  et  vouloir  faire  leur  déclaration  relative  à  iceux,  tant  en 
général  qu'en  particulier,  pour  raison  de  maisons,  cours,  jardins,  basti- 
ments,  prés,  vignes,  terres  cultes  et  incultes  et  bois  qu'ils  tiennent  et 
possèdent  mouvants  de  leurs  Altesses,  dans  l'enclave  du  présent  lieu, 
ensemble  les  droits,  privilèges,  franchises  et  immunités  dont  ils  jouissent 
et  sont  en  droit  de  jouir,  et  générallement  de  tout  ce  qui  a  rapport  et 
trait  à  ladite  communauté  et  habitants,  et  de  renouveler  l'obliguation 
d'acquitter  à  perpétuité  les  susdits  droits  et  devoirs.  C'est  pourquoi  les 
comparants,  tant  en  leur  nom  qu'en  ceux  de  leurs  commettants,  héri- 
tiers et  successeurs  à  l'avenir  ont  déclaré,  reconnu  et  confessé,  décla- 
rent, reconnoissent  et  confessent  tenir,  porter  et  posséder  en  toute 
justice  haute,  moyenne  et  basse,  mère,  mixte  et  impère,  être 
hommes  levans  et  couchans  en  ladite  justice  et  en  toute  directe  et 
seigneurie  de  très-haut,  très-puissant  et  très-illustre  prince  son  Altesse 
monseigneur  Charles-Arnaud-Jules,  prince  de  Rohan-Rochefort,  lieu- 
tenant-général des  armées  du  roy,  gouverneur  des  villes  et  citadelles 
de  Nismes  et  de  Saint-Hipolite,  et  de  très-haute,  très-puissante,  très- 
illustre  princesse  son  Altesse  madame  Marie-Henriette-Charlotte- 
Dorothée  d'Orléans  de  Rothelin,  marquis  et  marquise  de  Bénac,  habi- 
tant dans  leur  hôtel,  à  Paris,  rue  Varenne,  parroisse  Saint  Sulpice, 
d'icy  ab-,ents,  mais  M"'  Pierre  Geaurot,  avocat  en  parlement,  habitant 
de  la  ville  de  Tarbe,  leur  procureur  fondé  de  leur  procuration  spécialle 
et  généralle  quant  à  ce  icy  présente  et  pour  leurs  dites  Altesses  stippu- 
lant  et  acceptant...  (Suivent  les  délimitations  des  terres  de  chaque 
famille  de  la  communauté.) 


I.  —  H  au  le  Justice. 


Et  dans  l'enclave  d'icelle  les  comparants  ont  déclaré  et  reconnu, 
déclarent  et  reconnoissent  que  leurs  Altesses  ont  la  justice  haute, 
moyenne  et  basse,  pour  l'exercice  de  laquelle  elles  sont  en  droit  de 
nommer  les  officiers  tels  que  le  juge,  procureur  juridictionnel,  substitut 
d'iceluy,  greffier,  baile  et  sergent,  avocats  et  procureurs  et  tous  autres 
officiers  nécessaires  pour  l'exercice  de  la  dite  justice  et  peuvent  les 
destituer  quand  bon  leur  semble:  laquelle  justice  étoit  autrefois  exercée 
au  lieu  de  Bénac,  ainsi  que  aujourd'huy,  sauf  que  l'auditoire  étoit  à  la 


DROITS    SEIGNEURIAUX 


place  du  Mailho,  et  où  leurs  dites  Altesses  peuvent  la  faire  exercer 
encore  aujourd'hui}',  si  bon  leur  semble,  dans  laquelle  juridiction  les 
comparants  déclarent  être  tenus  d'aller  en  première  instance  sans  pou- 
voir décliner  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit. 


II.  —  Basse  Justice. 

Disent  et  déclarent  les  reconnoissants  que  pour  l'exercice  de  la 
basse  justice,  leurs  dites  Altesses  sont  en  droit  d'élire  annuellement 
deux  consuls  sur  la  présentation  qu'ils  sont  tenus  de  leur  faire  de  quatre 
personnes  idoines  et  capables  de  remplir  lesdites  charges  consulaires,  et 
lors  de  l'élection  sont  tenus  de  porter  une  paire  chapons  ou  de  payer 
20  sols. 


III.  —  Lods  et  Ventes. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  que  leurs  Altesses  ont  dans 
lesdits  lieux  le  droit  de  lods  et  ventes  au  denier  douze  des  aliénations 
qui  s'y  font,  moitié  moins  pour  les  échanges  faits  dans  la  môme  directe, 
et  les  entiers  lods  s'ils  sont  faits  avec  d'autres  fonds  relevant  d'autre 
directe,  et  que  les  droits  de  lods  sont  encore  dus  pour  les  engagements 
après  dix  ans. 

IV.  —  P  relation. 

Disent  et  reconnoissent  les  déclarants  que  leurs  Altesses  ont  dans 
ledit  lieu  le  droit  de  prélation  et  à  ces  tins  de  retenir  le  fonds  vendu,  en 
remboursant  le  prix  et  frais  de  l'acte. 


V.  —  Terres  incultes  et  Vacants. 


Disent  et  reconnoissent  les  comparants  que  les  terres  incultes  et  tous 
les  vacants  du  Marquisat  appartiennent  en  propriété  à  leurs  Altesses  et 
que  personne  n'y  a  rien  à  prétendre  qu'autant  qu'on  rapportera  des 
titres  de  concession. 


VI.  —  Moulins  et  Ruisseaux. 


Disent  et  déclarent  les  reconnoissants  que   personne   n'est   en    droit 
dans  le  Marquisat  de  bâtir  des  moulins  sur  les  rivières  et  ruisseaux  qui 


1^8  LE    BÉNAQUES    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 


appartiennent  en  propriété  à  leurs  dites  Altesses,  sans  la  permission 
desquelles  nul  ne  peut  les  saigner  pour  arroser  leurs  prairies  ny  autre- 
ment sans  préalablement  en  avoir  obtenu  l'agrément  de  leurs  Altesses 
ou  de  leurs  préposés. 


VII.  —  Banalités. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  qu'ils  sont  tenus  d'aller 
moudre  leur  grain  dans  le  moulin  de  Barry,  appartenant  à  leurs  Altesses 
comme  banal,  édifié  sur  la  rivière  de  l'Echez,  sans  que,  sous  quel 
prétexte  que  ce  soit,  ils  puissent  retirer  leur  grain  sous  peine  de  10  sols 
bons  qui  sont  quinze  sols  tournois,  et  outre  ce,  leur  bled  et  farine 
confisqués  au  profit  de  leurs  Altesses;  demeurant  néanmoins  convenu 
que  si,  après  que  le  grain  y  auroyt  resté  vingt  quatre  heures,  le  moulin 
ne  se  trouvoit  pas  en  état,  ils  pourront  reprendre  leur  grain  et  le  faire 
moudre  dans  tout  autre  moulin  qu'ils  jugeront  à  propos,  pourvu  toute- 
fois que  ce  soit  dans  un  moulin  du  Marquisat. 


VIII.  —  Guet. 

Disent  et  déclarent  les  reconnoissants  qu'ils  sont  tenus  de  porter  et 
payer  annuellement  à  leurs  Altesses  pour  chaque  feu  allumant  édifié  ou 
à  édifier,  pour  le  droit  de  guet,  une  mesure  seigle  pur,  sec.  net  et  de 
recepte.  mesure  de  Tarbe,  quatre  sols  bons  et  un  blanc  vallant 
aujourd'hui)'  six  sols  cinq  deniers. 


IX.  —  Loi  de  sang. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  qu'il  est  dû  à  leurs  Altesses 
dans  ledit  lieu,  la  loi  du  sang,  qui  est  de  soixante  sols  morlas,  valant 
aujourd'hui  neuf  livres  tournoises;  laquelle  loi  encourt  celui  qui  en 
blesse  un  autre,  si  la  blessure  porte  du  sang. 


X.  —  Prohibition  d'ouvrir  les  terres  du  voisin. 

Disent  et  déclarent  les  reconnoissants  que  si  quelqu'un  usurpe  les 
terres  de  son  voisin,  la  laboure  sans  sa  permission,  empiète  sur  les 
chemins  publics,  sur  les  canaux  des  rivières  ou  ruisseaux,  sur  les  terres 
incultes,  s'il  arrache  ou  change  les  bornes,  coupe  arbres  fruitiers  ou 
sauvages  qui  ne  lui  appartiennent,  encourt  avec  leurs  Altesses  le  droit 
de  63  sols  de  morlas,  qui  sont  9  livres  1  5  sols  tournois,  outre  l'intérêt 
des  parties  qui  ne  pourront  se  pourvoir  en  la  cour  de  leurs  dites  Altesses 
pour  leur  indemnité. 


DROITS    SEIGNEURIAUX  HO 


et  retirés,  et  s'ils  contreviennent  à  la  présente  inhibition,  ils  encourent 
envers  leurs  Altesses  un  denier  pour  chaque  tète  de  petit  bétail  et  trois 
deniers  pour  chaque  tète  de  l'autre. 


XVI.  —  Pratgros  et  Bacquet. 

Et  pour  ce  qui  regarde  le  pré  appelé  Pratgros,  ainsi  que  l'ancien 
hautain  du  château  converti  en  pré,  vulgairement  appelé  le  pré  Bacquet, 
dans  toute  la  contenance  qu'il  plaira  à  leurs  Altesses  lui  donner.  Ils  ont 
dit  et  reconnu  que.  dans  aucun  temps  de  l'année,  personne  ne  peut  y 
passer  à  pied  ni  à  cheval  avec  char  ou  charrette,  sous  la  loy  de  dix  sols 
bons  qui  sont  quinze  sols  tournois. 


XVII.  —   Vignes. 

Disent  et  déclarent  les  reconnoissants  que  si  quelqu'un  met  du  bétail 
dans  les  vignes  de  leurs  Altesses,  soit  dans  celles  qui  existent  que  dans 
celles  qui  seront  dans  l'avenir  complantées,  il  encourt  envers  leursdites 
Altesses  la  loy  de  dix  sols  bons  qui  sont  quinze  sols  tournois. 

XVIII.  —  Haies. 

Indépendamment  du  dommage  et  si  quelqu'un  en  ôte  les  échalas, 
rompt  les  fossés,  haies  ou  clôtures,  encourt  pareille  loy  de  quinze  sols 
tournois,  outre  le  dommage  qui  sera  porté,  et  la  prison  si  leurs  Altesse, 
l'exigent.  Et  qu'il  sera  encore  payé  par  chaque  tête  de  bétail  menu 
trois  deniers  et  pour  chacun  de  gros  bétail  deux  sols  six  deniers  et  sera 
permis  à  qui  que  ce  soit  de  le  pignorer  et  dénoncer  et  sur  sa  déclara- 
tion sera  cru  sans  serment. 

XIX.  —  Serment .  FidJlilé. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  qu'à  chaque  mutation  ils  sont 
tenus  de  rendre  la  foi  et  hommage  et  prêter  le  serment  de  fidélité  à  leur 
seigneur. 

XX.  — •  Corvées. 

Disent  et  déclarent  les  reconnoissants  qu'ils  sont  tenus  de  faire  à  la 
réquisition  de  leurs  Altesses,  ou  de  leurs  préposés,  trois  jours  de  cor- 
vées ou  manoeuvres  ;  sçavoir  ceux  qui  ont  chevaux,  bœufs,  vaches  et 
charts  avec  lesdits  chevaux,  vaches  et  charts  ;  et  ceux  qui  n'en  ont  pas 
sont  tenus  de  les  faire  à  bras;  sçavoir  un  dans  le  bois,  un  autre  dans 
les  vignes  et  finallement  un  autre  dans  les  prés,  en  leur  faisant 
lesdites  Altesses  la  dépense  ordinaire. 


]C)0  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 


XI.  —  Poids  et  Mesures. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  qu'aucun  particulier  dudit 
lieu  ne  peut  vendre  du  pain,  vin,  viande,  qu'au  poids  et  mesure  de  la 
ville  de  Tarbe.  Et  si  quelqu'un  vient  à  vendre  du  vin  à  pot  et  pinte 
dans  ledit  lieu,  il  sera  tenu  de  payer  à  leurs  Altesses  cinq  sols  tournois 
par  barrique  outre  un  pot  de  vin  qu'il  devra  donner  au  baile  pour  son 
droit  de  le  goûter,  et  ainsi  au  prorata,  suivant  la  contenance  des  vais- 
seaux, un  pot  aux  consuls  pour  droit  de  taxe  et  personne  ne  peut  en 
vendre  de  l'étranger  qu'autant  que  celui  du  creu  sera  consommé. 


XII.  —  Cabarets. 

Disent  et  déclarent  les  reconnoissants  que  nul  habitant  dudit  lieu  ne 
peut  demeurer  dans  le  cabaret  depuis  qu'on  a  sonné  Y  Angélus,  et  celui 
qui  s'y  trouvera  après  encourt  envers  leurs  Altesses  la  loy  de  10  sols 
bons  qui  valent  1 5  sols  tournois  ;  outre  la  même  loy  de  1 5  sols  à  laquelle 
le  cabaretier  est  tenu  pour  chacun  qui  se  trouvera  chez  lui  après  ladite 
heure. 


XIII.  —  Délits  eu  for/ails. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  que,  si  quelqu'un  commet 
quelque  délit  dans  ledit  lieu,  ou  autre  forfait  repréhensible.  leurs 
Altesses  ou  leurs  préposés  pourraient  le  faire  prendre  et  tenir  en  prison, 
selon  l'urgence  du  cas. 

XIV.  —  Bois. 

Disent  et  déclarent  les  reconnoissants  que  s'ils  entrent  au  bois  de 
Bécut  ou  Balabay,  appartenant  à  leurs  Altesses,  pour  y  couper  ou 
prendre  du  bois  de  quelque  condition  qu'il  soit,  ou  s'ils  y  mènent  paître 
leurs  bestiaux  en  quelque  temps  que  soit,  sans  la  permission  de  leurs 
Altesses,  encourt  envers  elles  la  loy  de  dix  sols  bons  qui  valent  aujour- 
d'huv  quinze  sols  tournois,  pour  chaque  espèce  de  bois,  tète  et  condi- 
tion de  bétail,  indépendamment  de  la  poursuitte  que  leurs  Altesses 
pourront  leur  faire  devant  le  juge  à  raison  du  dommage,  même  de 
prison,  suivant  l'exigence  des  cas. 

XV.  —  Prairies. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  qu'aucun  particulier  ne  peut 
mettre  du  bétail  dans  aucune  des  prairies  de  leurs  Altesses  depuis  le 
premier  jour  du  mois  de  mars  jusqu'à  ce  que  les  regains  soient  coupés 


DROITS    SEIGNEURIAUX  l6l 


XXI.  --  Bois  du  Mouret. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  qu'ils  tiennent  en  affièvement 
des  auteurs  de  leurs  Altesses  avec  les  autres  communautés  du  Mar- 
quisat, à  la  réserve  de  celle  du  Barry,  qui  n'y  prend  aucune  part,  le 
bois  appelé  le  Mouret,  dont  its  payent  la  cotte-part  de  leur  fief,  ainsi 
que  conste  du  bail  à  fief  du  8  décembre  M47. 

XXII.  —  Ca\adure.  Cériso. 

Et  finallement  tiennent  et  possèdent  avec  tous  les  habitants  du  Mar- 
quisat la  montagne  appelée  Cériso,  dans  laquelle  ils  sont  maintenus  de 
mener  paître  leurs  bestiaux  et  d'y  faire  des  cabanes,  et  sont  tenus  pour 
chaque  cabane  de  payer  à  leurs  Altesses  le  droit  de  Cazadure,  qui  est 
de  deux  fromages  et  demi,  ainsi  que  conste  de  leur  propre  titre,  du  2 
septembre  1612  ;  déclarant  que  les  bois  qui  sont  dans  lesdites  monta- 
gnes appartiennent  à  leurs  dites  Altesses,  et  n'entendent  jouir  desdites 
montagnes  que  conformément  à  la  transaction  passée  entre  les  auteurs 
de  leurs  dites  Altesses  et  les  habitants  du  Marquisat,  du  29  mars  162 1, 
au  rapport  de  M1-'  Larroye,  notaire,  aux  clauzes  de  laquelle  ils  se  réfè- 
rent; déclarant  encore  que  sur  ladite  montagne  leurs  Altesses  sont  en 
droit  d'y  faire  mener  des  bestiaux. 


XXIII.  —  Biens  nobles. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  que  les  prés,  vignes,  bois, 
terres  cultes  et  incultes,  que  leurs  Altesses  possèdent  dans  lesdits  lieux, 
sont  nobles  et  immunes  de  toute  charge  royalle  ainsi  que  de  toute  ser- 
vitude généralement  quelconque. 


XXIV.  —Chasse.  Pêche. 

Déclarent  en  outre  les  comparants  que  nul  n'a,  dans  ledit  lieu  de 
Layrisse,  le  droit  de  chasse  ni  pèche,  sans  l'expresse  permission  de 
leurs  Altesses  ou  de  leurs  ayant  cause,  à  moins  de  s'exposer  aux  peines 
voulues  par  les  ordonnances. 


XXV.  —  Arpentage  et  Reconnaissance. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  que  leurs  Altesses  sont  en 
droit  de  faire  arpenter  leurs  possessions,  quand  bon  leur  semble,  et 
d'exiger  d'eux  les  reconnoissances  tant  généralles  que  particulières,  les 
délais  de  règlement  préalablement  observés. 

1 1 


162  LE    BÉNAQUÉS   OU    BARONNIE    DE    BENAC 


XXVI.  —  Voicrie.  Grucrie. 

Disent  et  déclarent  les  reconnoissants  ont  d'inhérent  à  leur  haute 
justice  la  voierie  et  la  gruerie  et  que  nul  ne  peut  bâtir  maison  ni  mur  le 
long  des  rues  ou  chemins  publics,  sans  en  avoir  préalablement  demandé 
la  permission  pour  l'agrément  au  procureur  juridictionnel  de  leursdites 

Altesses. 

XXVII.  —  Places  publiques.  Arbres. 

Disent  et  reconnoissent  les  comparants  tant  pour  eux  que  les  com- 
mettants qui  composent  ledit  lieu  et  pour  leurs  héritiers,  ayants  cause  et 
leurs  successeurs  à  l'avenir,  que  les  arbres  qui  sont  dans  les  places 
publiques,  si  elles  n'ont  été  inféodées  soit  à  ladite  communauté,  soit 
aux  particuliers,  faizant  partie  d'icellej  appartiennent  à  leursdites 
Altesses. 

XXVIII.  —  Obligations. 

Ont  promis  et  promettent  les  comparants  d'être  bons  vassaux  soumis 
et  emphitéotes  de  leursdites  Altesses  et  de  leur  payer  à  l'avenir  tous 
les  cens,  prestations,  droits  et  devoirs  seigneuriaux,  cy-devant  spécifiés, 
et  plus  s'il  s'en  trouve,  outre  les  droits  et  devoirs  que  chacun  se  trou- 
vera devoir  en  son  particulier  ;  déclarant  lesdits  droits  portables,  rendus 
et  mesurés  au  chaque  jour  et  feste  de  tous  les  Saints  à  leurs  Altesses 
ou  à  tous  autres  d'icelles  ayant-cause,  s'obligeant  pour  eux  et  leurs 
commettants  de  venir  faire  leur  déclaration  personnelle  quand  ils  en 
seront  requis,  s'obligeant  aussi  à  payer  les  arrérages  du  passé  jusqu'à 
ce  jour,  s'il  s'en  trouve  dus,  en  deniers  ou  quittances  et  de  délaisser  et 
abandonner  au  profil  t  de  leurs  Altesses  la  surcontenance  de  leurs  biens 
qu'ils  pourraient  avoir  usurpés,  ou  de  s'inféoder  supposé  qu'il  s'en 
trouve.  S'obligeant  en  outre  d'améliorer  leurs  biens  non  les  détériorer, 
moins  encore  les  vendre,  transporter  en  mains  prohibées  et  de  droit 
défendues,  afin  que  leurs  Altesses  ne  viennent  à  perdre  ou  diminuer 
leurs  droits  seigneuriaux.  En  conséquence,  les  comparants,  en  la  qualité 
que  procèdent,  tant  pour  eux  que  les  commettants,  héritiers  et  leurs 
successeurs  à  l'avenir,  ont  promis  et  promettent  de  garder  le  chapitre 
de  fidélité  tant  ancien  que  nouveau  et  tels  qu'ils  les  ont  déclarés;  et 
ledit  Me  Geaurot  en  sa  dite  qualité,  pour  et  au  nom  de  leurs  dites 
Altesses,  héritiers  et  successeurs  à  l'avenir,  a  maintenu  et  maintient  les 
comparants  et  à  ladite  communauté  de  Layrisse  en  leurs  droits,  fran- 
chises, libertés  et  immunités,  leur  promettant  de  les  secourir  et  soutenir 
en  tout,  suivant  la  disposition  du  droit  et  toute  garantie,  quant  à  la 
domination  féodale  seulement  ;  et  il  a  accepté  leur  déclaration  et  recon- 
noissance  généralle  sous  les  protestations  qu'il  fait  audit  nom;  que  si 
les  comparants  ont  obmis  ou  recellé  devant  nous  aucun  droit  qu'ils 
tiennent  et  portent  de  leursdites  Altesses,  conformément  aux   lettres  à 


DOLÉANCES  l6} 


terrier,  d'avoir  recours  sur  iceux  et  de  les  faire  déclarer  comis  au 
proffit  de  leursdites  Altesses,  sans  laquelle  clauze  la  présente  n'eut  été 
reçue  ni  acceptée,  et  les  comparants,  l'affirmant  véritable,  ont  promis 
de  garder  et  observer  le  contenu  en  icelle,  obligation  de  leurs  biens  et 
de  ceux  de  leurs  commettants  qu'ont  soumis  à  justice,  dont  nous  ont 
requis  acte,  que  nous  leur  avons  concédé.  Fait  et  lu  en  présence  des 
sieurs  André-Jésu  Bocquet,  inspecteur  des  chasses  de  son  Altesse, 
habitant  du  lieu  de  Bénac,  et  Jean-Bernard  Lapeyre,  habitant  du  lieu 
d'Aurensan,  soussignés  avec  ledit  Me  Geaurot. 

Boquet,  Geaurot,  Lapeyre,  Moncaup,  N.  R. 

Controllé  à  Tarbe  le  18  février  1783.  Reçu  15  sols.  Dempierre.1 


APPENDICE   II 


Caier  des  doléances,  plaintes  et  remontrances  de  la  communauté 

de  Louer up. 

La  communauté  de  Loucrup- demande  à  l'assemblée  du  Tiers-Etat 
de  la  sénéchausée  de  Bigorre  qu'elle  insère  dans  le  cayer  général  les 
doléances  à  porter  au  roy  et  aux  Etats  Généraux. 

i°  L'égalité  des  impositions  royales  et  provinciales  à  supporter  pro- 
portionnellement par  tous  les  fonds  de  la  terre,  possédés  par  les  ecclé- 
siastiques, nobles  et  roturiers. 

20  Le  retour  périodique  des  Etats  Généraux. 

30  L'opinion  par  tète  tant  aux  Etats  Généraux  qu'aux  Etats  de  la 
province  de  Bigorre. 

4"  Le  changement  de  la  constitution  actuelle  des  Etats  de  laditte  pro- 
vince, de  telle  manière  1"  que  le  tiers-état  ait  un  nombre  de  voix  et  de 
députés  égal  à  celuy  des  deux  ordres  privilégiés  ;  2"  que  les  communautés 
des  habitants  de  la  campagne  ayent  des  représentants  auxdits  Etats  par 
districs,  composés  à  raison  de  la  population  et  de  la  contribution  aux 
charges  publiques  ;  30  que  lesdits  représentants  soient  élus  librement  et 
en  assemblée  générale  des  députés  de  chaque  district,  sans  qu'il  y  ait 
dorénavant  des  députés  de  droit. 

V  Le  rétablissement  de  la  province  dans  ses  anciens  privilèges  ;  qu'en 
conséquence  le  sindic  du  tiers-état  sera  choisi  librement  et  exclusive- 
ment par  les  députés  du  tiers  état  ;  qu'il  en  sera  de  même  du  secrétaire, 
choisi  librement  et  pour  un  temps  limité,  ainsi  que  le  sindic  ;  qu'il  sera 
fait  un  choix  libre  du  receveur  ou  trésaurier,  par  abonement  ou  au 
rabais,   avec  caution  suffisante  et  solide.  - 

6°  Que  la  vérification  des  comptes  des  dépenses  des  communauté 

1.  Moncaup.  Etude  Ramonet  à  Ibos. 


H>4  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE   DE   BENAC 


les  autorisations  pour  plaider  seront  attribuées  exclusivement  à  l'admi- 
nistration des  Etats  et  de  la  Commission  intermédiére,  qui  sera  com- 
posée librement  par  des  députés  du  tiers-état,  égal  à  celuy  des  deux 
autres  ordres. 

7"  Que  l'administration  des  chemins,  ponts  et  chausées,  soient  attri- 
buées aussi  entièrement  et  exclusivement  à  l'administration  des  Etats  et 
à  la  Commission  intermédiére  et  que  les  consuls  ou  députés  des  com- 
munautés seront  appelles  à  la  réception  des  ouvrages. 

8"  La  liberté  du  haras  et  la  destruction  des  établissements  particuliers 
en  donnant,  s'il  est  besoin  pour  l'encouragement,  des  gratifications  à 
ceux  qui  tiendront  les  plus  beaux  étalons,  les  plus  belles  juments  et  qui 
auront  les  plus  beaux  produits. 

9°  L'abolition  des  milices  qui  désolent  les  campagnes. 

io°  L'abolition  ou  réformation  du  tarif  du  controlle,  centième  denier, 
insinuation,  droit  de  grefe  et  papier  timbré,  qui  écrasent  le  peuple  et 
servent  de  moyen  de  vexation  et  d'imposition  arbitraire  sur  les  actes, 
les  contestations  et  les  fortunes  des  particuliers. 

il'  Le  droit  de  paccager  de  voisin  à  voisin  dans  les  landes  et  fonds 
incultes,  la  communauté  ayant  perdu  les  biens  communaux  pour  payer 
les  grands  fraix  et  dépenses  qu'une  route  nouvelle  faite  dans  le  village 
luy  a  causés;  et  d'ailleurs  notre  [seigneur r]  s'est  emparé  de  tous  les 
restants. 

12"  Des  gratificatioifs  et  des  indemnités  sur  les  ravages  et  préjudices 
causés  par  les  eaux  pluviales  et  la  stérilité  du  pays  et  la  difficulté  à  le 
labourer. 

Encore  laditte  communauté  et  chargée  en  ce  que  ledit  seignur  prince 
l'a  obligé  de  payé  à  son  juge  sis  livres,  qu'il  n'avoit  jamais  été  payées 
qu'à  présent,  pour  la  pretation  du  sèrement  que  les  consuls  payent 
tous  les  ans.  —  Dabat,  Nougué,  Gelet,  Clos,  Lalanne,  Laborde, 
Caussade,  Puyo,  consul.  Bordenave,  consul,  Garoby,  député.1 

Plus  ladite  communauté  de  Loucrup  demande  que  le  droit  d'ouillade 
soit  abolli  comme  surcharge  trop  forte  et  comme  étant  le  seul  village  du 
Marquisat  qui  en  paye;  et  comme  le  seigneur  prince  a  affiévé  tous 
ses  vaquants,  il  est  impossible  de  nourrir  les  bestiaux  à  laine  et  par 
concéquant  impossible  de  payer  le  droit  d'ouillade.  —  Garoby,  Clos  ; 
Puyo,  consul  ;  Bordenave,  consul. 


APPENDICE   III 


Le  i  décembre  1654,  Judith  de  Gontaut,  dame  de  Saint-Geniez, 
veuve  de  Philippe  II  de  Montant,  fait  procédera  l'inventaire  des  titres, 
papiers,  meubles  et  autres  choses  délaissés  par  son  mari.  Il  fut  dressé 
par  Léonard  Dastugue,  juge  du  marquisat  de  Bénac,  par  autorité  de 
justice,  afin  de  garantir  les  droits  des  enfants  du  défunt. 

1,  Archives  des  Hautes-Pyrénées,  série  C,  liasse  i"-.  article  coté  (J.  85     ;~  . 


Mobilier  du  château  i6< 


.  .  .  A  ces  fins  sommes  entrés  dans  le  cabinet  quy  est  près  la  porte  du 
chasteau  où  sont  ies  principaux  titres  d'iceluy. 

Sommes  entrés  ensuite  dans  le  cabinet  attenant  et  avons  compté  onze 
mousquets  dans  un  haut  râtelier;  quatorze  carabines  ou  fusils;  des 
hallebardes  ;  deux  arquebuzes  suspendues  au  crocq  ;  plus  quatre  pièces 
d'artillerie  en  fonte. 

En  sortant  dudit  cabinet,  sommes  entrés  dans  la  chambre  de  la  soine- 
lerie  dans  laquelle  avons  trouvé  :  24  plats  de  bonne  grandeur,  plus  24 
assiettes,  le  tout  d'argent  et  marqués  aux  armes  de  la  maison  de  Bénac. 
Plus  autres  12  assiettes  d'argent  marquées  des  armes  de  la  maison  de 
Lavedan.  Plus  2  grands  plats  bassins  d'argent  marqués  des  mêmes 
armes  de  Bénac.  Plus  18  cuillères  d'argent  avec  12  fourchettes.  Plus 
4  éguiers  d'argent  presque  de  même  grandeur  marqués  des  armes  de 
Bénac.  Plus  un  sucrier  et  une  vinegrette  d'argent.  Plus  8  flambeaux 
d'argent  avec  des  mouchettes  et  parassols  avec  une  chaîne  qui  les  lie. 
Plus  3  salières  à  sel,  l'une  marquée  des  armes  de  Lavedan  et  les  2 
autres  de  celles  de  Bénac  ;  2  desquelles  sont  à  trois  fourches  et 
entr'autres  celle  quy  est  marquée  des  armes  de  Lavedan  et  l'autre 
carrée  est  à  quatre  fourches.  Plus  une  grande  bouteille  d'argent  mar- 
quée aussy  des  armes  de  Bénac.  Plus  un  petit  coquemar  d'argent. 
Plus  2  écuelles,  l'une  et  l'autre  avec  sa  couverture  aussy  d'argent.  En 
outre  y  aurions  trouvé  3  pots,  une  jarre  et  2  chopines  d'estain.  Plus  2 
cruches  d'estain.  Plus  2  éguières  d'estain.  Plus  8  chandeliers  de  laiton 
petits  ou  grands.  Plus  16  plats  et  2  amettes  d'estain  fort  usés  avec  un 
plat  bassin  d'estain  ron. 

De  là  serions  entrés  dans  la  salle  basse  du  commun  où  nous  aurions 
trouvé  une  paire  de  chenets,  ensemble  deux  tables  ;  plus  dans  la  cuisine 
se  seroit  trouvé  un  coffre  et  une  alimande  fort  vieille.  Plus  une  paire  de 
grands  chenets  de  fer  avec  un  autre  de  double,  une  pelle,  3  broches, 
une  grande  marmite  de  fert.  Plus  un  pot  de  fonde,  2  poêles,  un  poêlon, 
3  tortières,  un  mortier  de  fonde  et  un  autre  mortier  de  marbre  avec  le 
pilon  en  fert  et  une  passoire. 

De  la  cuisine  avant  étant  entrés  dans  la  fornière,  dans  laquelle  se 
seroit  trouvé  un  ligt  garny  d'une  paillasse,  matelact,  traversier  avec  2 
couvertes  usées,  l'une  bleue  et  l'autre  blanche.  Plus  3  chaudières,  un 
chaudron  petit,  une  bassine,  ensemble  un  fermoir  de  fert  pour  le  fourt, 
une  petite  pelle  de  fert  fort  usée,  2  chenets  de  fert. 

De  là  serions  allé  dans  la  chambre  de  M.  le  maistrc  d'autel  joignant 
ladite  chapelle  dudit  chasteau  en  laquelle  aurions  trouvé. une  table  avec 
un  tapis  de  bergame  bigarré  de  rouge  et  de  bleu.  Plus  2  lits,  un  chacun 
d'iceux  garny  d'un  matelat,  couvertes,  traversins,  lesquelles  couvertes 
sont  bleues  et  blanches, "fort  usées.  Plus  2  chenets  de  fert.  Plus  un 
timbre  de  cuivre. 

De  laquelle  chambre  avant  seriont  montés  en  \a  grand  salle  et  aurions 
trouvé  en  icelle  une  table  auprès  du  feu  avec  un  grand  tapis  traînant  de 
moucarde.  Plus  2  bancs  couverts  de  même.  Plus  2  tables  au  dessus  en 
l'une  desquelles  il  y  a  un  tapis  aussi  de  moucarde  et  en  l'autre  de  cuir 
fort  usé.  Plus  un  petit  banc  au  pied  duquel  il  y  a  un  timbre  d'airain. 
Plus  2  grands  chenets  jaunes.  Plus  28  chaises  couvertes  de  moucarde, 


l66  LE    BÉNAQUES    OU    BARONNIÈ    DE    BENAC 


Plus  7  tabourets  couverts  de  môme.  Plus  1 1  tentes  de  tapisserie  à 
haute  lisse  à  fleurs  et  ramages. 

Ensuite  serions  entrés  en  la  chambre,  quy  est  au  fond  de  ladite  salle 
du  coté  d'orient,  en  laquelle  aurions  trouvé  un  petit  lit  en  pavillon  de 
damas  feuilles  mortes  dans  lequel  il  y  a  un  matelat.  une  paillasse  avec 
une  couverte  blanche  et  un  traversier.  Plus  2  tables  en  l'une  desquelles 
il  y  a  un  tapis  traînant  de  velours  rouge  avec  un  passement  d'or,  en 
l'autre  un  de  velours  vert  avec  une  irange  d'or.  Plus  6  petit»  tabourets 
de  tapisserie  couverts.  Plus  un  grand  tapis  de  pied  en  bergame.  Plus  2 
chaises  garnies  de  même.  Plus  un  banc  couvert  de  toile  en  broderie 
d'or,  d'argent  et  de  soie.  Plus  8  tentes  de  tapisserie  à  feuillage  et  per- 
sonnages. Plus  une  paire  de  chenets. 

D'icelle  chambre  avant,  étant  en  l'antichambre  du  coté  du  midy,  nous 
y  avons  trouvé  un  lit  à  housse  de  drap  vert  doublé  de  tafetas  de  môme 
couleur  avec  deux  bandes  de  broderie  de  soie  de  diverses  couleurs, 
garny  d'une  couverte  traînante  de  tafetas  rouge  picqué,  d'une  paillasse, 
couette,  traversier  avec  deux  matelats.  Plus  une  petite  table  couverte 
d'un  petit  tapis  vert  passementé.  Plus  6  petits  sièges  couverts  de  même 
étoffe.  Plus  6  tentes  de  tapisserie  vieille  à  haute  lisse. 

De  là  avant,  serions  allés  à  la  chambre  de  la  dame  douérière  quy  est 
au  bout  de  la  grande  salle,  du  coté  d'occident,  en  laquelle  se  seroit 
trouvé  un  lit  de  cadis  noir  garny  d'une  paillasse,  d'un  matelat,  d'une 
couette,  d'un  traversier  avec  une  couverte  de  fourreure  et  une  autre 
blanche.  Plus  11  tentes  de  tapisserie  à  haute  liste  avec  une  autre  tapis- 
serie de  cadis  noir  au  dessus  d'icelles.  Plus  2  chaises  à  bras  garnies  de 
môme  cadis  noir.  Plus  1  1  places  garnies  aussy  de  cadis  noir.  Plus  un 
tableau  sur  le  devant  de  la  cheminée.  Plus  2  chenets  en  fer. 

De  laquelle  chambre  de  madame,  serions  entrés  en  celle  des  demoi- 
selles joignant  icelle  du  côté  d'occident  ou  aurions  trouvé  deux  lits  de 
bergame  à  housse  avec  paillasses,  couettes,  matelats,  traversier  dans 
chacun  d'iceux.  Plus  9  pièces  tapisserie  dont  il  y  en  a  7  conformes  et 
les  2  autres  différentes,  toutes  à  personnages  ou  à  fleurs. 

A  la  suite,  serions  entrés  en  Vantichambre  de  ladite  chambre  des 
demoyselles  quy  est  du  coté  du  midy,  en  laquelle  aurions  trouvé  un  lit 
de  rase  grise  avec  un  petit  moule  jaune,  paillasse,  couette,  traversier  et 
une  couverture  blanche. 

De  là,  nous  serions  allés  dans  la  chambre  du  Roy,  en  laquelle  aurions 
trouvé  premièrement  un  lit  de  velours  rouge  à  rideaux  ornés  d'un  galon 
et  petit  moule  d'or  avec  le  tour  d'iceluy  de  velours  rouge  cramoisin 
doublé  de  môme  avec  une  grande  frange  d'or  au  dedans  et  au  dehors 
avec  la  couverte  tenante  de  tafetas  rouge  cramoisin  picqué.  Plus  5 
tableaux,  l'un  du  pourtret  d'Henri  IV,  l'autre  «de  Louis  XIII,  le  troy- 
siesme  quy  est  sur  le  devant  de  la  cheminée  quy  représente  l'histoire 
de  Marthe.  Plus  8  pièces  Je  tapisserie  à  haute  lisse  à  ramage  ou  figures. 
Plus  4  chaises  à  bras  garnies  de  tapisserie.  Plus  une  petite  table  avec 
un  tapis  de  velours  cramoisin  garny  d'un  galon  d'or.  Plus  une  paire  de 
chenets. 

D'icelle  chambre  avant,  étant  entrés  dans  la  chambre  verte,  y  aurions 
trouvé  un  grand  lit  de  damas  vert  à  rideaux,   paillasse,   couette,    mate- 


MOBILIER    DU    CHATEAU  l6~ 


lats,  traversier  avec  une  petite  table  avec  un  tapis  de  couleur  vert;  une 
chaise  à  bras  garnie  de  velours  vert  avec  deux  petits  cuissins. 

De  là  avant,  nous  serions  montés  à  la  chambre  rouge,  quy  est  au  bout 
du  degré  du  coté  du  septentrion,  avec  un  lit  de  rase  rouge  à  bordure  de 
serge  rouge  aussy  avec  passements  bleu  et  rouge.  Plus  8  tentes  de 
tapisserie  de  bergame.  Plus  2  chenets.  Plus  une  petite  table  avec  tapis 
traînant  de  rase  rouge.  Plus  4  placets  recouverts  de  serge  rouge.  Plus 
une  chaise  à  bras  garnie  de  canevas. 

De  laquelle  salle,  serions  entrés  en  la  chambre  quy  est  joignant  ladite 
salle  du  coté  de  l'orient  en  laquelle  aurions  trouvé  8  tentes  de  tapisserie 
où  est  l'histoire  de  David.  Plus  un  lit.  Plus  4  tableaux,  l'un  sur  la  porte 
de  ladite  chambre,  les  autres  trois  sur  la  cheminée,  dont  les  deux  sont 
les  portraits  du  roi  et  de  M.  Gassion,  le  troysiesme  est  l'histoire  de 
Salomon. 

Etant  partis  de  ladite  salle  en  celle  quy  est  joignant  icelle,  du  coté  du 
septentrion,  dans  laquelle  ne  s'est  trouvé  qu'un  lit  à  housse  de  rase  grise. 
La  couverture  est  blanche. 

Plus,  dans  le  cabinet  quy  joint  ladite  chambre  du  coté  du  midy  sy  est 
trouvé  un  lit  de  mousseline  à  housse  garny  d'ouvrage  autour,  avec  deux 
couvertures,  l'une  blanche  au  dessus,  l'autre  ornée  de  ramages  trainants. 
Plus  4  tentes  de  tapisserie  de  bergame. 

De  là,  serions  passés  et  entrés  en  la  chambre  jaune,  quy  est  du  corps 
de  logis  et  dernier,  dans  laquelle  aurions  trouvé  2  lits,  l'un  desquels  est 
de  damas  jaune  à  rideaux  avec  le  tour  garny  de  quatre  franges  de  soie 
jaune.  L'autre  à  housse  de  tafetacs  jaune  garny  de  passements  et  cou- 
verture de  tafetacs  jaune.  Plus  une  petite  table  avec  tapis  de  damas 
jaune.  Plus  une  chaise  et  trois  tabourets  en  satin  jaune  usé.  Plus  10 
tentes  de  tapisserie  à  haute  lisse  à  figures  et  ramages.  Dans  un  coin  de 
'la  salle  deux  chenets  en  fert. 

Dans  la  garde  robe  de  ladite  chambre,  quy  est  du  cote  du  couchant 
septentrion,  il  s'est  trouvé  un  petit  lit.  Là  se  trouvent  les  portraits  des 
barons  de  Bénac  et  un  cabinet  en  bois  avec  tiroirs. 

De  là,  serions  montés  par  les  degrés  de  la  tour  de  la  cave  du  coté 
d'occident,  au  milieu  duquel  aurions  trouvé  une  cloche  de  métal  ;  et 
après  serions  entrés  dans  la  chambre  bleue  quy  est  au  milieu  dudit 
degré  en  laquelle  aurions  trouvé  trois  lits  dont  deux  ont  une  couverture 
blanche  et  une  housse  de  serge  bleue  avec  passements  azur  et  rouge: 
les  rideaux  de  l'autre  en  rase  rouge.  Plus  une  table  avec  un  tapis  de 
serge  bleue. 

Plus  en  la  chambre  quy  est  au  haut  de  la  tour  2  couettes,  12  traver- 
siez, 24  couvertes,  etc. 

Plus  dans  le  cabinet  quy  est  dans  ladite  tour,  il  y  a  un  lit. 

Plus  dans  le  haut,  sous  les  toits,  on  trouve  des  tentures,  des  tapis, 
des  étoffes  usées.  Plus  des  paquets  de  laine  et  de  lin.  Plus  une  armoire 
contenant  76  aunes  de  serge  pour  lits.  Dans  la  lingerie  s'est  trouvé  5  5 
paires  linceuls  de  linet  ;  25  nappes  de  lin;  2}  douzaines  de  serviettes 
de  lin  ;  10  douzaines  et  demie  de  serviettes  de  cuisine  d'estouppe  ;  18 
nappes  de  même  ;  8  paires  linceuls  aussy  d'estoupe.1 


1.  Chartier  du  grand  séminaire  d'Auch,  n°  51^9. 


l68  LE   BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


APPENDICE   IV 


Tableau  des  biens  appartenant  au  cidevant  prince  de  Rohan, 
situes  dans  le  marquisat  de  Bénac. 

Section  iTQ,  ditte  Camprans. 

Le  moulin  de  Balle  a  deux  yeux  de  mulles,  batti  en  ardoize,  scitué 
transversalement  sur  l'Echez,  confronte  d'orient  à  terre  commune,  midi 
à  l'Echez,  occident  à  Vigneaux,  septentrion  à  l'Echez,  estimé  quatre 
mille  livres,  cy.  4,000 

Section  4%  de  Rivière  Pain. 

Plus  une  pièce  de  pred,  dans  l'ancien  hautain,  de  vingt-deux  jour- 
naux, confronte  d'orient  à  Rivière  Palu,  midi  à  chemin,  occident  aussi, 
septentrion  Ponlaye,  divisée  en  onze  lots  de  deux  journaux  chacun. 

1"  Le  premier  lot  commencera  au  nord  de  la  pièce  et  de  l'orient  au 
couchant,  confronte  d'orient  à  Rivière  Palu,  midi  à  pièce  restante, 
occident  à  chemin,  septentrion  à  Ponlaye,  estimée  mille  deux  cents 
livres,  cy.  1,200 

2"  Plus  un  lot  confronte  d'orient  à  Rivière  Palu,  midi  à  la  même 
pièce,  septentrion  au  premier  lot,  occident  à  chemin,  estimé  mille  deux- 
cents  livres,  cy.  1,200 

30  Plus  un  lot  confronte  d'orient  à  Rivière  Palu,  midi  à  pièce  res- 
tante, occident  chemin,  septentrion  au  second  lot,  estimé  mille  deux 
cents  livres,  cy.  1,200 

4"  Plus  un  lot  confronte  d'orient  à  Rivière  Palu,  midi  même  pièce, 
occident  chemin  et  septentrion  au  troisième  lot,  estimé  mille  deux  cents 
livres,  cy.  1 ,200 

5°  Plus  un  lot  confronte  d'orient  à  Rivière  Palu,  midi  même  pièce, 
occident  chemin  et  septentrion  au  quatrième  lot,  estimé  mille  deux 
cents  livres,  cy.  1,200 

6°  Plus  un  lot  confrontant  d'orient  à  Rivière  Palu,  midi  même  pièce, 
occident  chemin,  septentrion  au  cinquième  lot,  estimé  mille  deux  cents 
livres,  cy.        •  1 ,200 

7"  Plus  un  lot  confrontant  d'orient  à  Rivière  Palu,  midi  même  pièce, 
occident  chemin,  septentrion  au  sixième  lot,  estimé  mille  deux  cents 
livres,  cy.  •  1,200 

8°  Plus  un  lot  confrontant  d'orient  à  Rivière  Palu,  midi,  occident  et 
septentrion  comme  dessus,  estimé  mille  deux  cents  livres,  cy.         1,200 

90  Plus  un  lot  confrontation  comme  dessus  estimé,  cy.  1,200 

10"  Plus  un  lot  confrontation  comme  devant  estimé,  cy.  1,200 

1 1°  Plus  un  lot  confrontant  d'orient  à    Rivière    Palu,    midi    chemin, 


fetÉNâ    A    BÉNAC  169 


occident  chemin,  septentrion  au  dixième  lot,   estimée  mille  deux  cents 
livres,  cy.  Ii20o 

Plus  deux  journaux  terre  inculte,  confrontant  d'orient  à  Rivière  Palu, 
midi  à  la  pièce  d'onze  lots,  occident  Ponlaye,  septentrion  à  Daquo. 
Cette  pièce  pourra  être  de  bonne  valeur,  estimée  mille  deux  cents 
livres,  cy.  1,200 

Plus  seize  journaux  pred,  parsan  Rivière  Palu,  divisée  en  huit,  con- 
frontant d'orient  à  Meillet  et  à  Laborde,  midi  à  chemin,  occident  aux 
pièces  cidessus  dénommées,  septentrion  à  Daquo. 

Ie  Premier  lot  de  deux  journaux  confrontant  d'orient  à  Laborde,  midi 

même  pièce,  occident  aux  pièces  cidessus,  septentrion  à  Daquo,  estimé 

six  cents  livres,  cy.  600 

20  Plus  un  lot  confronte  d'orient  à  Meillet  et  à  Trusse,  midi  à  même 

pièce,  occident  à  l'ancien  hautain,    septentrion  au   premier  lot,  estimé 

six  cents  livres,  cy.  600 

j°  Plus  un  lot  confronte  d'orient,  midi,  occident  et  septentrion  comme 

le  second  lot  estimé,  cy.  600 

40  Plus  un  lot,  mêmes  confrontations  que  ci-dessus,  estimé,  cy.    600 

5°  Plus  un  lot,  mêmes  confrontations  que  dessus,  estimé,  cy.         600 

6°  Plus  un  lot,  mêmes  confrontations  que  dessus,  estimé,  cy.         600 

70  Plus  un  lot,  mêmes  confrontations  que  dessus,  estimé,  cy.         600 

8°  Plus  un  lot,  confronte  d'orient   Meillet,  midi   chemin,   occident  à 

l'ancien  hautin,  septentrion  au  septième  lot,  estimé,  cy.        .  600 

Plus  une  pièce  de  pred  au  Prat-Gros,  de  quatre  journaux,  confronte 
d'orient  Malet,  midi  à  plus  grande  pièce  du  cidevant,  occident  chemin, 
septentrion  aussi,  divisée  en  deux  lots. 

i°  Deux  journaux  confronte  d'orient  à  Mallet,  midi  pièce  restante, 
occident  chemin,  septentrion  chemin,  estimée  mille  deux  cents  livres, 
cy.  1,200 

Plus  un  lot  confronte  d'orient  à  Mallet,  midi  à  pièce  du  cidevant, 
occident  chemin,  septentrion  au  premier  lot,  estimé  mille  deux  cents 
livres,  cy.  1 ,200 

Plus  autre  pièce  pred  au  Prat-Gros.  de  contenance  de  cinq  jour- 
naux divisé  en  deux  lots  de  deux  journaux  et  demi  chacun,  confrontant 
d'orient  à  Bianne,  midi  Laborde,  occident  Bouzicou,  septentrion  à  la 
pièce  de  quatre  journaux  cidessus  ramenés. 

1"  Plus  un  lot  de  deux  journaux  et  demi,  confronte  d'orient  à  Bianne. 
midi  à  piJce  restante,  occident  Bouzicou,  septentrion  à  la  pièce 
ci-dessus  ramenée,  estimé  mille  livres,  ci.  1,000 

20  Plus  le  second  lot  confronte  d'orient  Laborde,  midi  Laborde, 
occident  Bouzicou,  septentrion  au  premier  lot,  estimé  mille  livres, 
cy.  .  1,000 

Section  4°,  dite  de  La  Lanne. 

La  commune  de  Bénac  observe  qu'elle  a  toujours  joui  du  bois  mort 
et  mort  bois,  glandées  et  pâturages  du  bois  ci-après,  une  pièce  de  bois 


I?ô  Le  benaqués  ou  baRonNië  de  bénaC 


de  six  cens  soixante  et  onze  journaux,  nommée  bois  du  Bécut,  confronte 
d'orient  à  terre  de  Saint-Martin,  midi  à  Visquer,  occident  à  l'Aube, 
septentrion  à  Hibarette,  estimé  quarante  mille  livres,  cy.  40,000 

Nota.  —  Sur  ces  six  cent  soixante  onze  journaux  de  bois,  il  faut 
distraire  six  journaux  de  pred  confronte  d'orient  au  Bécut,  midi 
chemin,  occident  l'Aube,  septentrion  Condesse,  estimé  six  cents  livres, 
cy.  600 

MUNICIPALITE    DU    BARRY 

Section    iT%    ditle    Caslaings. 

Le  moulin  couvert  en  ardoizes  a  deux  yeux  de  mules,  confronte 
d'orient  à  chemin,  midi,  occident  et  septentrion  à  pred  du  cidevant 
seigneur,  estimé  huit  cents  livres,  cy.  800 

Une  pièce  pred  appelé  Laribarole  de  deux  journaux,  confrontant 
d'orient  à  canal  dudit  moulin,  midi,  occident  et  septentrion  à  ruisseau 
de  l'Echez,  estimé  deux  mille  livres,  cy.  2,000 

Section  des  Brouils. 

Dix  journaux  pred  aux  jardins,  confrontant  d'orient  et  midi  à  chemin, 
occident  à  aiguère  qui  sert  à  l'arrosement  de  ladite  pièce  et  septentrion 
à  Patalot  et  chemin,  divisé  en  trois  lots  dont  le  premier  à  prendre  de 
l'orient  à  l'occident  du  côté  de  Patalot  et  chemin  savoir  i°  trois  jour- 
naux à  raison  de  quatre  cens  livres  le  journal  avec  la  confrontation 
cidessus,  monte  en  tout  mille  deux  cents  livres,  cy.  1,200 

20  Quatre  journaux  pred  à  suitte,  confrontant  d'orient  à  chemin,  midi 
à  pièce  restante,  occident  à  aiguière  et  septentrion  au  susdit  lot  à  raison 
de  cinq  cents  livres  le  journal,  monte,  cy.  2,000 

30  Les  trois  journaux  restants  confrontant  d'orient  à  chemin,  midi  à 
chemin,  occident  à  aiguière,  septentrion  au  second  lot,  à  raison  de  trois 
cents  livres  le  journal,  cy.  900 

Plus  huit  journaux  qui  sont  l'entour  du  château  et  qui  ne  sont  sus- 
ceptibles d'aucune  culture,  sauf  à  en  distraire  un  journal  pour  l'empla- 
cement dudit  château,  confrontant  d'orient  à  aiguière,  midi  à  chemin, 
occident  et  septentrion  à  ruisseau,  à  raison  de  trente  livres  le  journal, 
monte  deux  cent  quarante,  cy.  .   .  240 

Huit  journaux  champ  et  inculte  appelé  Mailhol,  confrontant  d'orient 
à  chemin,  midi  Dupont,  occident  Dupont  et  Ponlaye  et  septentrion 
chemin,  estimé,  cy.  400 

Neuf  journaux  hautin  et  vigne  basse  confrontant  d'orient  à  Patalot, 
midi  Biane,  occident  et  septentrion  chemin,  divisé  en  deux  lots  à 
prendre  de  l'orient  au  couchant,  dont  la  premier  lot  partira  du  chemin 
qui  est  au  septentrion,  estimé,  cy.  240 


klENS    A    LOL'EY  t  7 1 


Le  second  lot  qui  confrontera  d'orient  à  Patalot,  midi  à    Biane,  occi- 
dent et  septentrion  au  premier  lot,  cy.  240 


MUNICIPALITE   DE    LOUEY 

Section  première. 

Le  moulin  couvert  d'ardoize  a  deux  yeux  de  mule,  confronte  d'orient 
à  terre  du  cidevant  seigneur,  midi  au  canal,  occident  chemin,  septen- 
trion audit  canal,  estimé,  cy. 

Quatre  journaux  pred  à  Lartigue,  confronte  d'orient  à  l'Echez,  midi 
au  même,  occident  et  septentrion  au  susdit  canal,  estimé  deux  mille 
livres,  cy.  2,000 

Un  journal  pré,  parsan  d'Armajoux,  confronte  d'orient  à  Fréchou, 
midi  Honta,  occident  Courtade  et  septentrion  Navarre,  estimé,  cy.    300 

Deux  journaux  inculte,  dit  Aiguassens,  confronte  d'orient  à  Caze- 
nave,  midi  terre  commune,  occident  Carrazé  et  septentrion  Cazenave, 
estimé  douze  livres,  cy.  12 

Maison  couverte  ardoize  et  moitié  paille,  grange,  parc  et  jardin, 
de  contenance  d'un  journal,  confronte  à  chemin,  midi,  occident  et  sep- 
tentrion à  terre  restante,  le  tout  estimé  mille  cinq  cents  livres, 
cy.  looo 

Quatre  journaux  pred,  confronte  d'orient  chemin  public,  midi  au  parc, 
occident  et  septentrion  à  terre  restante,  cy.  800 

Huit  journaux  champ,  confronte  d'orient  à  chemin,  midi,  occident  et 
septentrion  à  terre  restante,  estimée  quatre  cens  livres,  cy.  400 

Dix  journaux  un  quart  chataignerée,  confronte  d'orient  au  susdit 
champ,  midi,  occident  et  septentrion  à  terre  restante,  estimée  cinq  cents 
livres,  cy.  500 

Dix  journaux  et  demi  vigne,  confronte  d'orient  à  Lapassade,  midi  et 
occident  à  terre  restante  et  septentrion  à  Saint-Martin,  estimé  cinq 
cents  livres,  cy.  500 

Quatre  journaux  et  demi  vigne,  confronte  d'orient  à  champ,  midi 
idem,  occident  chemin  et  septentrion  à  terre  restante,  estimé  mille 
livres,  cy.  1 ,000 

Cinq  journaux  champ,  confronte  d'orient  à  terre  inculte,  midi  à  pred, 
occident  à  ladite  vigne  et  septentrion  à  terre  inculte,  estimé  mille  livres, 
cy.  1,000 

Trois  journaux  champ,  confronte  d'orient  à  terre  restante,  midi  bois 

•de  Sere,  occident  et  septentrion  à  Juillan,  estimé  cent  cinquante  livres, 

cy.  MO 


LE    BÉ.NA(,)UhS    OU    BARONNIE   DE    BÉNACl 


Quatre  journaux  pred,  confronte  d'orient,  midi,  occident  et  septen- 
trion à  terre  du  même,  estimé  quatre  cents  livres,  cy.  400 

Trois  journaux  pré,  confronte  d'orient  à  Passade,  midi  bois  de  Sere, 
occident  à  terre  restante  et  septentrion  à  Juillan,  estimé  cent  quarante 
livres,  cy.  140 

Huit  journaux  champ,  confronte  d'orient  à  terre  restante,  midi  bois 
de  Sere,  occident  chemin  et  septentrion  terre  restante,  estimés  quatre 
cents  livres,  cy.  400 

Cinq  journaux  champ,  confronte  d'orient  à  Passade,  midi,  occident 
et   septentrion   à   terre  restante,    estimés  trois   cent   cinquante   livres, 

Cent  journaux  terre  inculte  incluse  dans  les  susdites  pièces,  estimés 
trois  cents  livres,  cy.  300 

Cent  trente  cinq  journaux  bois  taillis  et  à  haute  futaye  appelé  Bala- 
bay,  confronte  d'orient  à  terre  restante,  midi  et  occident  à  terroir  de 
Louey  et  septentrion  à  terroir  de  Juillan,  estimé  vingt-quatre  mille 
livres,  cy.  24,000 

Dix  journaux  bois,  appelé  de  Sere,  confronte  d"orient  à  Passade, 
midi  à  terroir  de  Hibarette,  occident  à  Mongie  et  septentrion  à  terre 
restante,  estimé  mille  livres,  cy.  1,000 

Nota.  —  Cette  maiterie  appelée  du  Balabay,  consistant  en  total  en 
tout  trois  cents  journaux,  sauf  erreur  de  calcul,  confronte  d'orient,  à 
Lapassade  et  terroir  d'Odos,  midi  au  terroir  de  Saint-Martin,  occident 
au  terroir  de  Louey  et  septentrion  à  terroir  de  Juillan  et  d'Odos. 

MUNICIPALITÉ    DE    LANNES 

Section  2e.    Parsan   de   la   Bouhigue. 

Six  journaux  champ,  confronte  d'orient  à  un  fossé  qui  sépare  la  ditte 
pièce  de  celle  de  Quidarré,  midi  Prébarat,  occident  Buala,  et  septen- 
trion chemin  de  Lassale,  divisés  en  deux  lots  de  trois  journaux. 

1"  Champ  qui  confronte  audit  fossé,  midi  à  terre  restante,  ocerdent 
Buala,  et  septentrion  chemin  dé  Lassale,  estimés  neuf  cens  livres, 
cy.  900 

20  Second  lot  confronte  d'orient  audit  fossé,  midi  Prébarat,  occident 
Buala  et  septentrion  audit  lot,  estimé  neuf  cens  livres,  cy.  900 

Parsan  de  Quidarré.  même  section. 

Vingt  deux  journaux  champ,  confronte  d'orient  à  Metarié,  midi 
Hourcade,  occident  au  susdit  fossé  et  septentrion  à  chemin  de  Lassalle 
divisé  en  onze  lots  de  deux  journaux  chacun,  à  raison  de  huit  cens 
livres  chaque  lot. 


BIENS    A    LANNES  I73 


i°  Premier  lot,  confronte  d'orient  à  Metarié,  midi  à  Hourcade,  occi- 
dent à  pièce  restante  et  septentrion  à  chemin,  estime  huit  cens  livres, 
cy.  800 

20  Second  lot,  confronte  au  premier,  midi  à  Hourcade,  occident  au 
lot  suivant  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens  livres,  cy.  800 

}"  Troisième  lot,  confronte  d'orient  au  second,  midi  à  Hourcade, 
occident  au  lot  suivant  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

4"  Quatrième  lot,  confronte  d'orient  au  troisième,  midi  à  Hourcade, 
occident  au  lot  suivant  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cent  livres, 
cy.  800 

i°  Cinquième  lot,  confronte  d'orient  au  quatrième,  midi  à  Hourcade, 
occident  au  lot  suivant  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

6"  Sixième  lot,  confronte  d'orient  au  cinquième,  midi  à  Hourcade, 
occident  au  lot  suivant  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

7"  Septième  lot,  confronne  d'orient  au  sixième,  midi  à  Hourcade, 
occident  au  lot  suivant  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

8°  Huitième  lot,  confronte  d'orient  au  septième,  midi  à  Hourcade, 
occident  au  lot  suivant  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

9°  Neuvième  lot,  confronte  d'orient  au  huitième,  midi  à  Hourcade, 
occident  à  lot  suivant  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

10"  Dixième  lot,  confronte  d'orient  au  neuvième  lot,  midi  à  Hour- 
cade, occident  à  lot  suivant  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens 
livres,  cy.  800 

Dix-huit  journaux  champ,  parsan  Quidarré,  divisé  en  neuf  lots  de 
deux  journaux  chacun,  à  raison  de  huit  cens,  confronte  d'orient  à  Priou, 
midi  à  chemin  de  Lassalle,  occident  Abadie  et  septentrion  à  Hourcade. 

1"  Premier  lot,  confionte  d'orient  à  Priou,  midi  à  chemin,  occident 
à  pièce  restante  et  septentrion  à  Hourcade,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

2"  Second  lot,  confronte  d'orient  à  Priou,  midi  à  chemin,  occident 
à  pièce  restante  et  septentrion  à  Hourcade,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

30  Troisième  lot,  confronte  d'orient  à  Priou,  midi  à  chemin,  occi- 
dent à  deuxième  lot  et  septentrion  à  Hourcade,  estimé  huit  cens 
livres,  cy.  800 

4"  Quatrième  lot,  confronte  d'orient  à  Priou,  midi  à  chemin,  occi- 
dent à  troisième  lot  et  septentrion  à  Hourcade,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  „  800 

5°  Cinquième  lot,  confronte  d'orient  à  Priou,  midi  à  chemin,  occi- 
dent à  quatrième  lot  et  septentrion  "à  Hourcade,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

6°  Sixième  lot,  confronte  d'orient  à   Priou,  midi  à  chemin,  occident 


174  LE  BENAQUES  OU  BARONNIE  DE  BENAC 


à  cinquième  lot  et  septentrion  à  Hourcade,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

70  Septième  lot,  confronte  d'orient  à  Priou,  midi  à  chemin,  occident 
à  sixième  lot  et  septentrion  à  Hourcade,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

8°  Huitième  lot,  confronte  d'orient  à  Priou,  midi  à  chemin,  occi- 
dent à  septième  lot  et  septentrion  â  Hourcade,  estimés  huit  cens  livres, 
cy.  800 

90  Neuvième  et  dernier  lot,  confronte  d'orient  à  Priou,  midi  à  che- 
min, occident  Abadie,  septentrion  à  Hourcade,  estimés  huit  cens 
livres,  cy.  800 

Parsan  Arribes.  Même  section. 

Six  journaux  pred,  confronte  d'orient  à  Ganousse,  midi  à  Arribet, 
occident  Buala  et  septentrion  à  Abadie,  divisé  en  deux  lots  de  trois 
journaux  chacun. 

Premier  lot  qui  sera  pris  de  l'orient  à  l'occident,  confronte  d'orient 
à  Ganousse,  midi  au  lot  suivant,  occident  à  Buala  et  septentrion  à 
Abadie,  estimé  six  cents  livres,  cy.  600 

2"  Second  lot,  confronte  d'orient  à  Ganousse,  midi  à  Arribet,  occi- 
dent à  Buala,  septentrion  à  Abadie,  estimé  six  cens  livres,  cy.  600 

Parsan  de  Hayel.  Troisième  section. 

Six  journaux  pred,  confronte  d'orient  à  Cayret,  midi  à  Métériè, 
occident  à  Abadie  et  septentrion  à  chemin,  divisé  en  trois  lots  de  deux 
journaux  chacun,  à  commencer  du  septentrion  au  midi. 

1°  Premier  lot,  confronte  d'orient  a  Cayret,  midi  à  metarie  restante, 
occident  au  lot  Abadie,  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens 
livres,  cy.  800 

2"  Deuxième  lot,  confronte  d'orient  au  premier  lot,  midi  à  metarie, 
occident  au  lot  suivant,  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens  livres, 
cy.  800 

30  Troisième  et  dernier  lot,  confronte  d'orient  à  Cayret,  midi  à 
Metérie,  occident  à  Abadie  et  septentrion  à  chemin,  estimé  huit  cens 
livres,  cy.  800 

Parsan  Je  la  Patete.  Cinquième  section. 

Un  journal  et  demi  champ,  confronte  d'orient  à  Cayret,  midi  à  Trey, 
occident  à  Geleda,  septentrion  à  Haure,  estimé  cent  cinquante  livres, 
cy.  1 50 

Parsan  Larribere.  Quatrième  section. 

Cinq  journaux  pré,  confronte  d'orient  à  Hourcade,  midi  à  Pascau, 
occident  à  Estieu  et  septentrion  à  Balagna,  estimés  deux  cens  cinquante 
livres,  cy.  250 


BIENS    A   ORINCLES 


Quatre  journaux  pré,  divisés  en  deux  lots,  confronte  d'orient  à  Arras, 
midi  et  occident  à  Priou  et  septentrion  à  Mengelle. 

i°  Premier  lot,  confronte  d'orient  à  Arras,  midi  à  Priou,  occident  à 
pièce  restante  et  septentrion  à  Mengelle,  estimé  cinq  cens  livres,  cy.   500 

20  Second  lot,  confronte  d'orient  au  premier  lot,  midi  et  occident  à 
Priou  et  septentrion  à  Mengelle,  estimés  cinq  cens  livres,  cy.  =;oo 

Parsan  Du^ous.  Première  section. 

Quatre  journaux  pré,  confronte  d'orient  à  Daquo,  midi  à  Lapene, 
occident  à  Claret  et  septentrion  à  Lacoste,  estimés  huit  cens  livres, 
cy.  800 

Nota.  —  Le  nombre  d'environ  cent  trente  journaux,  porté  par  le 
district,  se  trouve  extrêmement  diminué  puisque  les  officiers  municipaux 
ont  déclaré  ne  connoitre  d'autres  pièces  que  celles  ci-dessus  désignées 
première  section. 

MUNICIPALITÉ    DE    HIBARETTE 

Un  moulin,  couvert  d'ardoise,  à  deux  yeux  de  meules,  confronte 
d'orient  à  Monjouan,  midi  à  l'Echez,  occident  à  Magenties  et  septen- 
trion audit  Echez,  estimé  cy.  2,200 

Un  journal  et  quart  pred,  confronte  d'orient  et  midi  à  l'Echez,  occi- 
dent à  Magenties  et  septentrion  audit  Echez,  estimé  sept  cens  livres, 
cy.  700 

MUNICIPALITÉ   D'ORINCLES 

Seconde  section,  appelle  Miramon. 

Un  moulin,  couvert  d'ardoizes,  à  deux  yeux  de  meules,  confronte 
d'orient  à  Deffis,  midi  à  canal,  -occident  à  Cabailla  et  septentrion  au 
même  canal,  estimé  six  mille  livres,  cy.  6,ooo 

Nous  Commissaire,  nommé  le  12  du  courant,  par  le  directoire  du 
district  de  Tarbes,  avons  procédé  à  la  division  et  estimation  des  biens 
immeubles  du  cidevant  seigneur  de  marquisat  de  Bénac,  en  présence 
et  de  concert  avec  les  officiers  municipaux  de  chaque  commune  où  nous 
nous  sommes  transportés. 

A  Bénac,  le  27  septembre  179],  l'an  2  de  la  République  française 
une  et  indivisible.  Lamathe,  commissaire   signé. 

Enregistré  à  Tarbes  le  12  pluviôse,  l'an"  3  de  la  République  française 
une  et  indivisible.  Reçu  20  sols.  Dampierre  signé. 

Collationné  par  nous,  président  et  secrétaire  général  du  district  de 
la  plaine.  Bordenave,  président  d'âge.  Decamps,  secrétaire  général. 

Vu  par  nous,  administrateurs  du  département  des  Hautes-Pyrénées. 

Tarbes,  le  9  vendémiaire,  4e  année  républicaine.  Salles,  Vergez, 
Gertoux. 


Iy6  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 


Bail  afferme  des  biens  des  émigrés  Rohan-Rochefort  el  Rofhelin, 
son  épouse.  i4e  brumaire,  an  7e  de  la  République.  —  Andrest. 

»  Cayer  des  charges.  ..•  déposé  au  greffe...  communiqué  aux 
citoyens  qui  voudront  affermer  les  biens  ayant  appartenu  à  Rohan- 
Rochefort  et  Rothelin,  son  épouse,  émigrés,  scitués  dans  la  commune 
d'Andrest,  sur  lesquels  le  séquestre  a  été  rétably. 

/re  adjudication. 

.  .  .  S'est  présenté  le  citoyen  Jean  Lafaye  aîné,  habitant  de  la  com- 
mune d'Andrest,  qui  a  offert  soixante  un  francs  pour  prix  d'affermé  de 
quatre  journaux  labourable,  situés  à  Andrest,  ayant  appartenu  à  Rohan- 
Rochefort  et  son  épouse,  émigrés,  au  quartier  appelé  de  Pesquide, 
confronte  d'orient  à  Bernard  Comte,  midy  allée  de  servitude,  occi- 
dent Sendrest  et  septentrion  communal. 

2e  adjudication. 

...  S'est  encore  présenté  le  citoyen  Jean  Gardey...  qui  a  offert 
cent  quarante  francs.  .  .  parsan  du  Trougne,  de  contenance  de  neuf 
journaux,  confronte  d'orient  chemin  public,  midy  allée  de  servitude, 
occident  Jusforgues  Pébarat  et  septentrion  d'Andrest. . . 

?e  adjudication. 

S'est  encore  présenté  le  citoyen  Pierre  Daban.  .  .  qui  a  offert  trente 
un  francs. .  .  de  trois  journaux  labourable.  . .  confronte  d'orient  à  ruis- 
seau, midy  et  occident  communal  et  septentrion  Daban. 

f  adjudication. 

S'est  encore  présenté  le  citoyen  François  Daban...  qui  a  offert 
quatre  vingt  treize  francs.  . .  cinq  journaux  labourable.  .  .  au  parsan  de 
Murret,  confronte  d'orient  Lafond,  midy  pièce  restante,  occident 
Pierre  Dunbert  et  septentrion  allée  de  servitude.  . . 

5e  adjudication. 

Et  de  suite  s'est  encore  présenté  le  citoyen  Bernard  Jusforgues... 
qui  a  offert  quatre  vingt  douze  francs.,  de  dix-neuf  journaux  labou- 
rable. .  .  quartier  de  la  Maillassette,  confrontant  d'orient  allée  de  servi- 
tude, midy  chemin,  occident  Roch  Larcade  et  septentrion  Pierre 
Dunbert  et  autres. . . 


ADJUDICATIONS 


6e  adjudication. 

S'est  encore  présenté  le  citoyen  Pierre  Pujo.  .  .  qui  a  offert  quatre 
vingt  seize  francs.  .  .  cinq  journaux  et  demi  labourable  au  quartier  de  la 
Boueylère,  confrontant  d'orient  à  Megueron,  midy  Sarthou,  occident 
Labassé  et  septentrion  à  Sarthou. 

7e  adjudication. 

Enfin  s'est  présenté  le  citoyen  Jean  Mouret...  qui  a  offert  cenc 
francs.  .  .  deux  journaux  et  demi  pré.  .  .  parsan  du  Moulin,  confrontant 
d'orient  à  canal,  midy  Comte,  occident  terre  commune  et  septentrion 
Dominique  Jounca.    . 


Aux  citoyens  administrateurs  du  district  de  Vie, 

Marie-  Henriette- Charlote- Dorothée  Rothelin  ,  femme  divorsée 
d'avec  Charles- Arnaud-Jules  Rohan,  expose  que  depuis  plus  de  quatre 
ans  elle  a  été  contrainte  d'habiter  successivement  dans  les  communes 
de  Rochefort,  de  Grange-la-Montàgne,  de  Dourdan,  de  Paris  et  de 
Versailles. 

Sans  cesse  environnée  d'amertume  et  de  douleur,  elle  a  trouvé 
partout  une  nuée  de  comités  révolutionnaires  qui  ont  tour  à  tour  exercé 
sur  elle  leur  tyrannique  et  dangereux  empire  et  aggravé  plus  ou  moins 
sa  douloureuse  existence. 

Traduite  des  différentes  maisons  de  détention  devant  l'ancien  comité 
de  sûreté  générale  et  de  là  dans  les  cachots,  la  Providence  semble 
n'avoir  veillé  sur  ses  jours  que  pour  lui  annoncer  encore  un  avenir  plus 
malheureux  et  plus  déplorable. 

Ses  possessions  dévastées  dans  plusieurs  districts  du  département, 
une  grande  partie  de  ses  forêts  détruite,  ses  moulins  incendiés,  les 
meubles  de  ses  maisons  vendus.  Telle  est  la  triste  perspective  que  ses 
propriétés  lui  présentent  et  que  des  malfaiteurs  ont  impunément  ravagé, 
jusqu'à  ce  jour  où  la  justice  appelle  enfin  sur  eux  toute  la  sévérité  des 
loix. 

Comme  l'émigration  de  Rohan,  qui  n'est  plus  son  époux,  a  servi  de 
motif  à  la  main  mise  de  la  nation  sur  ses  biens,  qui  n'ont  jamais  été 
confondus  avec  ceux  de  cet  individu  absolument  étranger  pour  elle, 
qu'il  est  de  toute  justice  que  la  main  levée  du  séquestre,  qui  y  a  été 
apposée,  lui  soit  accordée  toutes  les  fois  qu'elle  établit  par  les  certificats 
de  résidence  qu'elle  a  déposée  au  district  de  Tarbes  où  elle  avoit  fait 
sa  dernière  résidence  avant  son  départ  pour  Paris  et  où  elle  a  présenté 
sa  pétition  en  main  levée  du  séquestre  établi  sur  les  biens  qu'elle  pos- 
sède dans  l'étendue  de  ce  dernier  district,  et  desquels  il  résulte  qu'elle 
a  fait  son  habitation  constante  et  suivie  depuis  et  même  antérieurement 

n 


I78  LE    BÉNAQUÈS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 


au  mois  de  mai  1792  (v.  s.)  jusqu'à  ce  jour  sur  le  territoire  de  la  répu- 
blique. 

Que  la  nation  française,  toujours  grande  et  généreuse,  éternellement 
juste  et  bienfaisante,  est  certainement  bien  éloignée  de  vouloir,  au 
prétexte  de  l'émigration  dudit  Rohan,  qui  n'est  plus  rien  pour  elle, 
s'aproprier  la  jouissance  des  biens  qui  sont  propres  et  particuliers  à  la 
pétitionnaire.  —  Que  le  produit  de  trois  ou  quatre  cents  journaux  de 
terre  labourables,  preds  et  vignes  qu'elle  possédoit  au  terroir  d'Andrest 
est  perdu  pour  elle  et  pour  la  nation  pour  les  avoir  accensés  deux  ans 
avant  la  Révolution  et  sont  acquis  à  des  particuliers  qui  n'en  ont  jamais 
payé  même  une  seule  année  de  redevance  et  que  cette  seule  circons- 
tance actuellement  diminue  son  patrimoine,  qu'elle  ne  peut  retirer  de 
ce  qui  lui  reste  les  secours  nécessaires  aux  premiers  besoins.  De  là 
n'ayant  rien  perçu  de  ses  revenus  depuis  quatre  à  cinq  ans. 

Que  dans  cette  position  fâcheuse  elle  vient  encore  d'être  instruite 
que  les  habitants  de  la  commune  d'Andrest,  qui  ne  sont  pas  encore 
satisfaits  d'avoir  réuni  sur  leur  tête,  par 'la  suppression  des  droits 
féodaux,  une  quantité  immense  de  biens-fonds  cultivés  de  tous  les  temps 
et  en  nature  de  labourable,  preds  et  vignes,  qui  avoient  toujours  formé 
le  patrimoine  de  la  pétitionnaire,  et  dont  l'avidité  sans  bornes  compromet 
leur  probité,  ont  provoqué  de  l'administration  la  vente  de  son  moulin 
et  autres  biens  non  accensés.  dans  le  terroir  de  ladite  commune 
d'Andrest,  sans  doute  avec  prétexte  de  son  absence  du  département. 

Mais  comme  il  résulte  des  attestations  cy  annexées  1  "  que  la  péti- 
tionnaire n'est  point  comprise  dans  les  différentes  listes  des  émigrés  du 
département  ;  2"  qu'à  l'appui  de  la  pétition  devant  l'administration  du 
district  de  Tarbe,  dernier  lieu  de  son  domicile  avant  son  départ  pour 
Paris  et  tendant  à  la  main  levée  du  séquestre  apposé  sur  les  biens 
qu'elle  possède  dans  l'étendue  de  ce  district,  elle  a  joint  des  certificats 
de  résidence,  qu'elle  ne  peut  en  même  temps  en  faire  la  remise  devant 
votre  administration  ;  il  vous  plaira,  citoyens  administrateurs,  arrêter 
qu'il  sera  sursis  à  la  vente  des  biens  qu'elle  possède  au  terroir  de  la 
commune  d'Andrest,  pour  être  ensuite  statué  sur  la  main  levée  d'iceux 
s'il  v  a  lieu,  à  la  vue  de  la  demande  que  la  pétitionnaire  se  réserve 
d'informer,  comme  elle  l'a  fait  devant  le  district  de  Tarbes  et  autres 
districts  du  département  ou  ses  dits  biens  sont  scitués.  Et  fairez  justice. 

Du  _  germinal  an  111. 

Dutilh,  procureur  fondé  de  la  citoyenne  Rothelin.1 


Bailli  à  ferme  de  la  seigneurie  du  Lavedan. 

L'an  i~;-  et  le  5  du  mois  de  mars,  en  la  ville  de  Tarbe.  après  midi, 
dans  le  palais  épiscopal  de  la  ville  de  Tarbe,  par  devant  nous  advocat 
au  parlement,   notaire   royal   soussigné,   en   présence   des   témoins   bas 

1,   Archives  des  Hautes- Pyrénées,  série  Q,  (V, 


FERME    DU    LAVEDAN  i  -9 


nommés,  constitué  en  personne  monseigneur  l'illustrissime  et  révéren- 
dissime  Pierre  de  la  Romagère  de  Roncessy,  évèque  de  Tarbe,  procu- 
reur fondé  de  haut  et  puissant  seigneur  Alexandre  d'Orléans,  marquis 
de  Rothelin,  vicomte  de  Lavedan,  baron  de  Beussens,  premier  baron 
de  Bigorre,  seigneur  de  la  baylie  d*Azun  et  autres  lieux,  lieutenant 
général  des  armées  du  roy,  suivant  sa  procuration  en  datte  du  5  janvier 
i-^2,  retenu  par  mètres  Teulat  et  Roger,  notaires  à  Paris,  lequel,  de 
son  bon  gré  et  en  la  qualité  qu'il  procède,  a  baillé  et  parle  présent  acte 
fait  bail  à  ferme,  en  faveur  du  sieur  Jean-Hector  Daure,  bourgeois  de 
la  ville  de  Lourde,  la  vicomte  de  Castelloubon  et  Juncalas  au'pays  de 
Lavedan,  droits  seigneuriaux  en  dépendans  qui  se  lèvent  en  la  vallée  de 
Batsuriguère,  dans  la  sénéchaussée  de  Bigorre  ;  plus  la  baronnie  et 
domaine  du  château  de  Beussens,  où  est  comprise  la  vigne  joignant  le 
château,  droits  seigneriaux  en  dépendans,  et  ceux  qui  se  lèvent  et 
perçoivent  dans  les  lieux  et  villages  de  la  vallée  de  Davantaigue  et 
rivière  de  Saint-Savin  ;  plus  la  baylie  d'Azun  et  seigneurie  de  Sireix  et 
autres  fiefs  que  ledit  seigneur  constituant  a  en  sa  vallée  d'Azun  ; 
ensemble  tous  les  bâtiments,  terres,  vignes,  preds,  dépendants  desdits 
vicomte,  baronnie,  domaine,  baylie,  fiefs  et  seigneurie,  ainsi  que  ledit 
constituant  est  en  droit  et  est  accoutumé  de  les  prendre,  percevoir,  et 
d'en  jouir,  sans  en  rien  excepter,  retenir  ni  réserver  que  ce  quy  sera  cy 
après  expliqué,  tout  ainsin,  et  de  la  même  manière  que  ledit  sieur 
Daure  et  autres  fermiers  avant  lui  en  ont  joui  ou  du  jouir.  Et  ce  pour 
le  temps  et  espace  de  cinq  années  prochaines  et  consécutives,  la  pré- 
sente comprise,  et  finissant  par  celle  de  mille  sept  cens  soixante  un 
inclusivement;  moyennant  le  prix  et  somme  de  quatre  mille  cinq  cens 
livres  pour  chaqu'une  année,  seavoir  deux  mille  quatre  cens  livres  pour 
la  vicomte  de  Castelloubon  et  Juncalas,  mille  trois  cens  livres  pour  la 
baronnie  et  domaine  de  Beussens,  cinq  cens  livres  pour  la  baylie 
d'Azun  et  fiefs  en  dépendants  et  trois  cens  livres  pour  les  augmentations 
ou  méliorations  que  ledit  sieur  Daure  présent,  stipulant  et  acceptant 
pourroit  faire  dans  lesdits  vicomte,  baronnie,  baylie  de  Sireix  et  dépen- 
dances d'icelles  ou  droits  dus  audit  seigneur  constituant,  qui  pourroient 
être  découverts  à  l'occasion  des  nouvelles  reconnoissances  que  ses 
vassaux  lui  ont  consenti  ou  doivent  lui  consentir,  ou  affièvements  qui 
seront  faits  en  conséquence,  de  l'agrément  et  consentement  de  mondit 
seigneur  l'évèque  procureur  fondé,  de  manière  pourtant  que  soit  qu'il  y 
soit  fait  des  augmentations  et  méliorations,  ou  qu'il  n'en  soit 
point  fait,  lesdites  trois  cens  livres  seront  payées  chaque  année  par 
ledit  sieur  Daure,  preneur,  outre  et  par  dessus  le  prix  de  ferme  fixé 
pour  ledit  vicomte,  baronnie  et  seigneurie  et  baylie  de  Sireix.  Et  à  titre 
d'augmentation  sur  ce  que  ledit  sieur  Daure  en  donnoit  par  les  précé- 
dents baux.  Et  comme  la  susdite  somme  de  300  livres  étoit  comprise 
dans  le  prix  du  présent  bail  ;  laquelle  susdite  somme  de  4,îoo  livres  du 
prix  du  présent  bail  à  ferme,  le  sieur  Daure,  preneur,  promet  et  s'oblige 
de  payer  chaquune  desdites  cinq  années  audit  seigneur  de  Rothelin, 
constituant,  ou  à  mondit  seigneur  l'évèque  procureur  fondé,  ou  à  autre 
préposé  par  lui  commis,  en  deux  payements  et  deux  termes  égaux  de 
2250  livres  chaqun  et  dont  le  premier  écherra  au  mois  de  décembre  de 
la  présente  année  et  le  second  au  mois  de  juin  de  l'année  1760  et  ainsin 


l8o  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONN1E    DE   BÉNAC 


consécutivement  année  par  année  et  à  pareil  terme  les  années  suivantes, 
et  outre,  et  par  dessus  ledit  prix  de  ferme  ledit  sieur  Daure   promet  et 
s'oblige  de  garnir  et  tenir  garnis  les  batimens  dépendans  desdites  terres, 
des  meubles  exploitables  pour  la  commodité  ou   de  ceux  qu'il  y  faira 
habiter,  de  faire   habiter  et   de   faire  tenir  ménage  dans  chaquun  des 
châteaux  de  Beussens  et  de  Juncalas  par  un  de  ses  commis  ou  préposés 
pendant  la  durée  dudit  bail;  et  s'il  plaisoit  audit   seigneur,   marquis  de 
Rothelin  d'aller  occuper  en  personne,  ou  de  faire  occuper  par  quelquun 
des  siens  ou  autres  l'un  ou  l'autre  desdits   châteaux  ou   tous  les  deux, 
ledit  sieur  Daure  s'oblige  de  les  rendre  libres  et  de  laisser  toujours  une 
chambre  dans   chaquun  d'eux  que  ledit  seigneur  pourra  faire  occuper 
par  telle   personne  que  bon  lui  semblera  ;   promet   et  s'oblige  encore 
ledit  sieur  Daure  d'entretenir  pendant  lesdites  cinq  années  et  de  rendre 
à  leur  expiration  lesdits  bâtiments  en  bon  état,   de   toutes  menues  répa- 
rations locatives,  fermer  les  goutières,  de  souffrir  que  les  grosses  répa- 
rations, s'il  convient  d'en  y  faire,  y  soient  faites,  quelque  temps  qu'elles 
durent,  d'entretenir  et   même  réparer  s'il  est  besoin  le  colombier  du 
château  de  Beussens  et  d'y  fournir  une   quantité  suffisante  de   pigeons 
et  d'en  laisser  au  moins  6  douzaines  de  couples  à  la  fin  du  présent  bail  ; 
il  s'oblige  de  plus  de  regarnir  et  de  renouveller  autant  qu'il  sera  néces- 
saire la  vigne  du  château   de   Beussens  de  muscats,  péchiers  et  autres 
pieds  d'arbres  à   haute    et  basse  tige,   de  labourer,   fumer,   cultiver  et 
ensemencer  les  terres,  vignes  et  preds  dans  les   saisons  convenables  et 
de  les  entretenir  en  bon  père  de   famille,  comme  aussy   de   payer  20 
livres  chaqu'une  année  pendant  le  présent   bail    au   garde,  établi  par  le 
seigneur  marquis   de   Rothelin,  pour  la   chasse,    pèche   et   bois  de  la 
baronnie  de  Beussens,  de  tenir  en  bon  état  le  livre  des  droits   seigneu- 
riaux pour  chaque  terre,  sçavoir  un   pour  la   vicomte  de  Castelloubon, 
un  autre  pour  la  baronnie  de  Beussens  et  un  troisième  pour  les  fiefs  et 
redevances  de  Sireix,  lesquels  livres   il    sera    tenu   de    remettre    audit 
seigneur  de  Rothelin  à  la  lin  du   présent  bail  ;   et  comme  le  précédent 
et  dernier,  en  datte  du    13    février    1749,   retenu    par  mètres    Roger  et 
Lecordes,  notaires  à  Paris,  qu'un  n'a   pu  avoir  pour  s'y  conformer  et 
qui  se  trouve  entre  les   mains   du   sieur  de    Roquemaure,    directeur  du 
vingtième  à  Auch,  pour  servir  à  la  vérification  de  la  déclaration  donnée 
par  ledit  sieur  seigneur  marquis  de  Rothelin,  de  ses  revenus  en   la  pré- 
sente province  de  Bigorre,  il  demeure  convenu   que,  s'il   y  a  quelque 
clause  dans  ledit  bail  qui  ne  soit  point  ramenée  ni  stipulée   dans  le  pré- 
sent ou  quy   ne   s'y  trouvent   point   changées,   elles   auront  leur  effet 
comme  si  elles  y  étoient  nommament  exprimées  et  stipulées;  et  attendu 
que  ledit  seigneur  marquis  de  Rothelin  ("ait  rendre  de   nouveaux  aveux 
et  dénombrements  dans  tous  les  villages  et  parroisses  dépendantes  du 
présent  bail  avec  un  arpentement  général,  il  demeure  aussi  convenu  que 
toutes  les  amandes  et  restitutions  de  fruits   qui   se  trouveront  être  dus 
par  les  vassaux,  pour  avoir  empiété  sur  les  terres  de  friches  qui  avoient 
été  données  en  affièvement  aux  communautés  de  la  vallée  de  Castel- 
loubon et  baronnie  de  Beussens  pour  le   pâturage  des  bestiaux  seule- 
ment, seront  perçues  par  ledit  sieur  Daure,  qui  en  rendra  compte  de  la 
moitié  audit  seigneur  et  gardera  l'autre  moitié  devers  lui  en  son  propre 
et  comme  lui  appartenant.  Comme  aussi  qu'au  cas  ledit    seigneur  cons- 


FERME    DU    LAVEDAN 


tituant  rentre  dans  ses  terres  usurpées,  ledit  sieur  Daure  les  pourra 
faire  valloir  ou  affermer  à  qui  bon  lui  semblera,  pendant  le  cours  de  son 
bail,  et  en  faira  compte  de  la  moitié  qui  en  proviendra  audit  seigneur 
de  Rothelin,  l'autre  moitié  sera  pour  lui  en  reconnoissance  de  ses  peines 
et  soins,  et  donnera  à  la  fin  de  son  bail  un  état  au  juste  de  la  situation, 
partenans  et  aboutissans  desdites  terres  ou  autres  héritages  qui  rentre- 
ront au  domaine  dudit  seigneur  ;  et  attendu  que  ledit  seigneur  a  droit 
de  banalité  de  moulin  dans  plusieurs  communautés,  dépendantes  de  la 
baronnie  de  Beussens  et  de  la  susdite  vicomte,  qui  n'ont  pas  droit  d'en 
avoir,  ledit  sieur  Daure  pourra  affiéver  les  endroits  où  ledit  seigneur  a 
droit  de  bâtir  moulin  banal  ou  tannier  sous  l'approbation  et  consente- 
ment exprès  de  Mgr  l'évèque  de  Tarbe,  qui  homologuera  lesdits  affiève- 
ments  lorsqu'il  les  trouvera  justes  et  équitables,  et  le  produit  qui  pourra 
provenir  desdits  affièvements  appartiendra  en  entier  audit  sieur  Daure 
pendant  le  courant  de  son  bail;  de  même  aura  ledit  sieur  Daure  les 
droits  qui  sont  dus  audit  seigneur  sur  les  brebis,  dans  les  endroits  ou 
ledit  seigneur  est  conseigneur  avec  le  roy  et  qui  ont  été  négligés  et 
qui  sont  en  demeure  d'être  payés  par  les  vassaux  et  ce  pendant  la  durée 
de  son  bail  et  en  donnera  pareillement  un  état  à  la  fin  d'iceluy  ;  convenu 
de  plus  que  ledit  sieur  Daure  ne  pourra  intenter  des  procès  contre  les 
vassaux  dudit  seigneur  Rothelin,  concernant  de  nouveaux  droits,  sans 
au  préalable  avoir  consulté  Mgr  l'Evèque  et  conféré  avec  lui  à  ce  sujet, 
se  réservant  ledit  seigneur  les  arrérages  et  prix  de  ferme  qui  peuvent 
•lui  être  dus  par  ledit  sieur  Daure,  lequel  promet  et  s'oblige  de  bailler 
à  ses  frais  et  dépens,  à  monseigneur  l'Evèque  une  expédition  du  présent 
bail  et  d'exécuter  le  contenu  en  iceluy  à  peine  de  tous  les  despens 
domeages  et  intérêts,  et  mondit  seigneur  l'Evèque  en  la  qualité  qu'il 
procède,  promet  et  s'oblige  de  faire  jouir  ledit  sieur  Daure,  preneur  du 
présent  bail,  en  jugement  et  dehors  envers  et  contre  tous,  promettant 
ledit  sieur  Daure  de  faire  passer  et  compter  la  susdite  somme  de  quatre 
mille  cinq  cens  livres  aurjit  seigneur  de  Rothelin  franche  et  quitte  de 
port  et  de  tout  droit  de  lettre  d'échange,  convenu  entre  parties  que 
ledit  sieur  Daure  jouira  et  percevra  à  son  profit  les  droits  dus  audit 
seigneur  de  Rothelin,  pour  raison  de  lots,  des  échanges  déterre  dans 
la  vallée  d'Azun,  ceux  dus  dans  la  vicomte  de  Castelloubon  et  baronnie 
de  Beussens  demùrent  réservés  pour  mondit  seigneur  de  Rothelin 
concernant  lesdits  droits  d'échange.  Et  pour  l'assurance  et  observation 
de  ce  dessus  mondit  seigneur  l'évèque,  en  la  qualité  qu'il  procède,  a 
obligé  les  rentes  et  revenus  dudit  seigneur  de  Rothelin,  et  ledit  sieur 
Daure  tous  chaqu'un  ses  biens  présens  et  à  venir,  et  par  exprès  sa 
personne  qu'il  a  soumis  à  justice.  Fait,  lu  et  passé  en  présence  de 
Me  Jean  Pailhé,  prêtre  prébandé  de  l'église  cathédrale  de  Tarbe  et 
Me  Bernard  Lacay  me  ez  arts,  habitant  dudit  Tarbe,  signés  à  l'original 
avec  les  parties  et  nous  notaire  royal,  qui  en  foi  de  ce  ay  expédié  le 
présent  extrait  audit  seigneur  marquis  de  Rothelin.  Ledit  original  étant 
controllé  au  bureau  de  Tarbe  par  le  sieur  Cormialles  comis,  qui  a 
receu  trente-six  livres  huit  sols.  Lacay,  notaire  royal.1 


I.  Archives  des  Hautes-Pyrénées,  série  E,  liasse  }. 


I.S2  LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


APPENDICE  V 


In  nomme  Domlni.  Amen.  Coneguda  causa  sie  als  presens  e  als 
abieders,  qui  la  présent  carta  publica  bederan  ni  audiran  legir  que  l'an  e 
jour  déj us  scriutz.  lo  noble  et  poderos  senhor  mossen  Arnaud  de 
Montaut,  cabaler,  baron  e  senhor  deu  loc  de  Benac  e  de  Montaut, 
requeri  au  noble  Augerde  Billambitz,  senhor  deu  loc  de  Bisquer,  que  ed 
lo  t'es  lo  segrament  de  rideutat  et  lo  fes  homenatge  e  lo  reconegos  cum 
a  senhor  per  lo  diit  loc  de  Bisquer,  e  cum  far  debee  estengut  de  far,  e 
sos  prédécessors  haben  acostumat  à  tôt  senhor  o  dona  nabet  de  Benac, 
e  far  tôt  senhor  o  dona  de  Bisquer  nabet  haben  acostumat  o  deben 
far  au  senhor  o  dona  de  Benac  mudant,  per  lo  diit  loc  de  Bisquer;  e 
aqui  présent  lo  diit  noble  Auger  de  Billambitz,  senhor  deu  diit  loc  de 
Bisquer,  dixo  et  respono  ab  granda  e  ab  aquere  honor  cum  far  pode  ni 
debe,  que  ed  es  prest  e  aparelhat  de  far  e  complir  lo  segrament  de 
hdeutat,  e  de  far  lo  homenatge  per  lo  diit  loc  de  Bisquer  a  qui  présent. 
Empero  dixo  lo  diit  noble  Auger  que  lo  diit  senhor  de  Benac,  cum 
senhor,  debe  far  prume  a  ed  lo  segrament  de  lo  emparar,  sostenire 
gardar  de  tort  et  de  forsse  de  luy  medix  et  de  tote  autra  persona  a  son 
poder.  e  de  lo  confermar  sos  privilèges,  libertadz,  e  en  aquets  lo 
sostenir,  e  que  atau  era  acostumat  de  far.  E  la  hora  lo  diit  noble 
mossen  Arnaud  de  Montaud,  cabaler,  senhor  de  las  diites  baronies 
de  Benac  e  de  Montaut,  jure  ab  sas  proprias  maas  sus  lo  Te  Igitur  e 
la  beraya  crois  toquans  disen  ayxi  :  Jo,  Arnaud  de  Montaud,  senhor  de 
Benac  et  de  Montaut,  juri  à  vos  noble  Auger  de  Billambitz,  senhor 
deu  loc  de  Bisquer,  et  vos  prometi  de  vos,  estar  bon  e  leyau  senhor,  e 
de  vos  tenir  e  emparar  en  bostres  boos  fors  e  bonas  costumas,  libertadz, 
priviletges  e  franquessas,  e  vos  gardaray  de  tort  e  de  forsse  de  mi 
metex  e  de  tota  autra  persona  a  mon  leyau  poder,  e  de  vos  far  dreyt 
en  ma  cort,  e  vos  sostieray  e  empararay  à  mon  poder,  ayxi  cum  far 
devrey  en  tots  vostres  priviletges,  anxi  cum  lus  autres  gentius liges  delà 
terre  de  Berniques,  ansi  cum  tôt  senhor  deu  far,  e  asso  per  Diu  e  per 
aques  Sans.  E  Asso  feyt,  lo  diit  noble  senhor  de  Benac  et  de  Montaut 
estan  assietat  e  tenen  suus  sos  genolhs  lo  libe  missau  et  la  beraya  crois, 
bengo  aqui  lo  diit  noble  Auger,  senhor  de  Bisquer,  descintat,  melen  se 
de  genolh  ans  pees  deu  diit  senhor  de  Benac,  e  pausa  sas  duas  maas 
suus  lo  dit  libe  missau,  dixo  et  jura  en  la  forma  cum  après  se  sec  : 
«  Jo,  Augerde  Billambitz,  senhor  deu  diit  loc  de  Bisquer,  juri  que  sere 
boo  et  beray  subiect  e  fideu  à  vos  noble  senhor  de  Benac  e  de 
Montaut,  e  aus  vostres,  e  vos  adjudarey  e  socorreray  a  tôt  mon  leyau 
poder  contra  tôt  hom  del  mon,  qui  mal  ni  dampnatge  vos  vulhe  far  a 
vos  ni  aus  vostres,  tantost  cum  per  vos  sere  requerit,  exceptât  contre 
nostre  senhor  lo  rey  de  Franssa.  Item  que  james  no  serey  en  loc  ni  en 
plassa  scientmens  ni  en  adjutori,  ni  en  feyts  que  vos  pergats  la  vita  o 
membre  augun,  e  que  vos  prengats  en  vostra  persona  auguna  lésion, 
enjuria,  o  bergonha,  o  que  pergats  augun  honos  que  ara  habets,  o  per 
temps  haberats  o  possiderats.  Item  que   si   io  sap   o  audirey  diser  que 


HOMMAGE    AU    SEIGNEUR    DE    BENAC 


augun  builha  far  de  las  causas  dessusdiitas  contra  vos,  a  mon  poder  que 
no  se  fassa,  y,  metteray  impediment,  o  si  no  y  pusc  meter  o  far  impedi- 
ment,  tantost  cum  lo  poyrey,  vos  a  farey  assaber,  e  aixi  cum  io  poyrey, 
contra  aquet  o  aquets  secors  e  ajuda  vos  darey,  e  si  per  abentura 
se  endebieba  que  auguna  fortalessa,  rendas,  proprietats,  poscessios,  o 
autra  causa  que  de  présent  habets  o  haberets  per  lo  temps  habiedor, 
injustamentz  o  per  caas  d'abentura  pergats  aqueras,  vos  adjudarey  a 
recrubar,  emparar  o  a  defener.  Item  que  si  sey  que  vos  vulhats  a 
auguns  ofender  justament  o  far  guerra,  e  sereyper  vos  requerit  speciau- 
mentz  o  generaumentz,,que  secors  e  adjutory  aquets  que  io  poyrey  jo 
vos  donarey.  Item  que  quant  me  manifestaratz  ni  diseratz  auguna  causa 
en  segret,  aquera  a  nulha  persona,  sens  vostra  licentia,  no  manifestarey 
ni  diserey,  ni  causa  per  que  se  manifeste  no  farey.  Item  si  me  deman- 
dats  de  auguna  causa  cosselh,  aquet  cosselh,  qui  me  semblara  que  sia 
plus  expédient  e  plus  util  a  vos,  darey.  Item  que  de  ma  persona  ni  per 
autres  no  farey,  ni  farey  far  auguna  causa  que  sia  a  injuria,  o  bergonha, 
o  deshonor  de  vos,  ni  deus  vostres  successors,  ni  deus  vostres.  Item 
que  totas  begadas  que  io  serey  per  vos  mandat  per  vostra  coeyta  propria, 
e  vos  serats  mandat  per  nostre  senhor  lo  comte  de  Begorra,  oper  nostre 
sobiran  senhor  lo  rey  de  Franssa,  a  tôt  mon  leyau  poder  vos  serbirey,  e 
totas  las  autras  causas  qui  e  apertienen  a  segrament  de  fideutat  vos 
tieray  e  observarey  ;  e  asso  juri  de  tenir  e  observar  per  Diu  e  per  aquets 
Sans  ».  Juran  ab  sas  duas  maas  suus  lo  diit  libe  missau,  Te  igitur,  e 
la  beraya  crots  dessus  diitta  ;  e  de  las  causas  dessusdiitas,  cascunas  par- 
tidas  requerin  sengles  cartas  de  una  ténor  e  substantia. 

Acta  fuerunt  haec  in  ecclesia  castri  de  Benaco,  die  sexta  mensis 
aprilis,  amo  Domini  M.cccclj,  régnante  illustrissimo  principe  et  domino 
nostro  domino  Carolo,  Dei  gratia,  Franciœ  rege  ;  domino  que  Gas- 
tone,  eadem  gratia,  comité  Fuxi  et  Biçorrce  ;  ac  reverendo  in  Christo 
pâtre  et  domino  nostro  Rodgerio,  miseratione  divina,  Tarviensi  epis- 
copo,  dominante  et  existente;  in  prcesentiaet  testimonio  nobilis  Johannis 
de  Abbatia  de  la  Marcha;  Manaldi  de  Sancto  Stephano,  alias  lo  Basco, 
loci  de  Ripafracta  ;  Bernardi  de  Trussa  ;  Arnaldi  Guillelmi  du  Fexer  ; 
Bernardi  de  Laens,  loci  de  Benaco;  Dominici  de  Pomeno,  Ramundi  de 
Deanto,  Pétri  Burgi  et  Arnaldi  de  Solerio,  loci  de  Bisquerrio;  habita- 
torum,  testium  ad  premissa  vocatorum,  et  mei  Roberti  de  Porerio,  clerici 
villœ  de  Lurda  habitatoris,  publici  auctoritate  imperiali  notarii,  qui 
prcemissis  omnibus  et  singulis  dum  sic  ut  premittitur  agerentur  et 
lièrent,  una  cum  prcenominatis  testibus  ;  prcesens  fui,  eaque  sic  lieri 
vidi  et  audivi,  in  notamque  sumpsi,  a  qua  prcesens  publicum  instrumen- 
tum  pro  parte  dicti  nobilis  et  potentis  viri  Arnaldi  de  Monte  Alto, 
militis,  domini  de  Benaco  et  Monte  Alto  abstraxi,  in  hanc  formam 
publicam  redegi,  manuque  mea  propria  scripsi  et  grossavi  ac  signo  meo 
publico  et  consueto  signavi,  in  rldem  et  testimonium  omnium  et  singu- 
lorum  premissorum.  —  Ex  Tabulario  Benacensi.1 


i  Larcher  (J.  B.).  Glanage,  t.  II  p.  2?o. 


184  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 


APPENDICE  VI 


Au  nom  de  Dieu  soict  faict.  Amen.  Sçaichenttouspressns  et  advenir 
que  l'an  de  grâce  mille  six  cens  vingt  et  cinq  et  le  cinquiesme  jour  du 
moys  de  feburier,  au  lieu  de  Benac  et  dans  le  cloistre  et  domicile  de 
McJean  Magenties,  prestre  et  prieur  dudit  lieu,  après  midy,  régnant 
Louys,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France  et  de  Navarre,  par  devant 
moy  notaire  royal  héréditaire  soubsigne,  presens  les  tesmoings  bas 
nomes.  Constitue  en  sa  personne  propre  M"'  Pierre  Darié,  prestre  et 
prieur  jadis  dudit  lieu  de  Benac,  lequel  estant  dans  son  lict  gisant  de 
certaine  maladie  courporelle,  touttefois  sain  de  son  cens  et  entende- 
ment, bonne  mémoire,  c  msiderant  que  en  ce  monde  il  n'y  a  chose 
plus  certaine  que  la  mort  ny  plus  incertaine  que  l'heure  d'icelle,  et 
pour  dispozer  des  biens  que  Dieu  luy  a  donnés  en  ce  monde  et  suyvant 
le  dire  des  saiges,  avec  le  voulloir,  acistance  et  consentement  du  susd. 
M  Jean  Magenties,  a  faict  s  m  lestement  en  sa  dernière  volunté.  1"  Il 
a  faict  le  signe  de  la  croix  disant  :  Au  nom  du  Père,  du  Fils  et  benoict 
Sainct  Esprit, ainsin  soict-il.  Apprès  a  rec  >  mmandéson  âmeà  Dieu  le  Père 
tout  puissant,  à  la  benoicte  Vierge  Marie  et  à  tous  les  saincts  et  sainctes 
du  Paradis;  apprès  a  dict  que,  quand  plaira  à  Dieu  faire  séparation  de- 
rame  et  de  son  corps,  veult  et  ordonne  que  son  corps  soict  inumé  et 
enterré  en  l'esglize  de  Benac  et  dans  la  chapelle  Sainct-Benoict,  en  tel 
lieu  que  ledit  sieur  Magenties  advizera.  Davantaige  a  dict  que,  apprès 
son  desces  luy  soict  faictes  toutes  honneurs  funèbres,  corne  est  le  jour 
de  la  sépulture,  les  troys  matins,  le  neufviesme  jour  et  bout  d'an.  Item 
a  dict  et  ordonné,  veult  et  ordonne  que  d'autant  qu'il  est  tenu  de  Dieu 
prier,  qu'il  luy  soict  chanté  troys  trentenaires  de  Requiem  dans  l'esglize 
dudit  Benac  dans  trois  ans  apprès  son  desces,  par  messieurs  les  prestres 
de  Benac.  Item  a  dict  et  ordonne  qu'il  luy  soict  chanté  un  obit  en 
l'esglize  et  chapelle  Saint-Benoict,  annuellement  chasque  année  le  jour 
apprès  la  l'esté  sainct  Benoict,  quy  est  le  vingt  uniesme  marcs,  par 
lesdits  prieur,  religieux  et  recteur  dudit  lieu,  pour  le  capital  duquel 
obit  laisse  et  lègue  seitze  escus  petits,  payables  par  son  héritier  bas  à 
nommer.  Item  a  légué  et  fondé  autre  obit  pour  le  mesme  capital  et 
some  de  seitze  escus  petits,  chantable  en  l'esglize  de  Sainct-Celse  par 
les  sieurs  archiprestre  et  prestres  fradernals  de  Juncalas,  pour  le  jour  et 
veilje  dudit  sainct  Celse.  Item  a  dict  estre  obligé  par  la  justice  de 
Tarbe  de  fonder  un  obit  pour  l'âme  de  feu  Jean  Destrucas,  dict  de 
Nogué,  dudit  lieu  de  Benac,  pour  le  capital  et  somme  de  trente  six 
livres,  conformément  au  jugement  donné  par  ladite  justice,  lequel  veult 
et  ordonne  qu'il  soict  chanté  par  les  sieurs  prieur,  religieux  et  recteur, 
en  l'esglize  dudit  Bénac,  le  jour  après  chascune  feste  de  tous  les  Saincts 
annuellement.  Tous  les  susdits  leguats  son  héritier  sera  teneu  payer  et 
pour  subvenir  à  iceux,  a  mis  en  payement  à  son  heretier  les  somes 
suivantes,  lesquelles  a  dict  et  déclaire  devant  moy  dit  notaire  et 
tesm  )ings  devoir  prendre  légitimement  et  justement  des  personnes  quy 
sensuivent.  1"  A  dict  et  declaire  devoir  prendre  des  mains  de  Castainu.. 


TESTAMENT    DE    PIERRE    DARIÉ  l8^ 


de  Saint-Créat,  10  escus  petits;  2"  de  Jean  et  Susanne  Chaurot,  20 
escus  petits  ;  VJ  de  Cabaré.  ^o  escus  petits  ;  40  de  Me  Laurent  Carassus, 
prestre  d'Ordon,  20  escus  petits  ;  î"  de  Bernard  et  Anne  d'Estaloup, 
de  Loey,  12  escus  petits;  6"  de  Camy,  d'Orincles,  10  escus  petits  et 
6  mesures  avoine  ;  7"  de  Gourgue,  dudit  Orincles,  20  livres  ;  8"  de 
Normy,  de  Benac,  6  sacs  de  bled  ;  9"  de  Me  Dominique  Abadie, 
prestre  d'Osté,  ce  quy  se  treubera  en  une  obligation  qu'il  testateur  feut 
procureur  audit  Abadie  contre  Cardos,  d'Arrodet,  de  laquelle  ledit 
Abadie  s'est  faict  obliger  du  depuis  en  son  nom  audit  de  Cardos,  corne 
aussy  audit  de  Cabaré.  de  Juncalas  ;  io°  doict  prendre  de  Me  Anthoyne 
Navensan,  prestre  et  archiprestre  de  Juncalas,  la  some  de  huictante 
livres,  lesquelles  il  veult  qu'il  paye  en  la  forme  suyvante  :  sçavoir  à  la 
prochaine  feste  de  Toussaincst  40  livres  et  les  40  restantes  dans  deux 
ans  appres,  sçavoir  20  livres  chascune  feste  de  Toussaincts.  Item  a  dict 
devoir  prendre  des  héritiers  de  la  maison  de  Palassa,  de  Juncalas,  la 
somme  de  500  livres,  en  déduction  desquelles  il  a  déclaire  en  avoir 
receu  200  livres,  de  laquelle  some  de  ]oo  livres  restantes  veult  et 
ordonne  qu'il  soict  payé  par  son  héritier  deux  debtes  qu'il  doibt  à 
Ma-dalaine  de  Liacs,  du  Barry  de  Benac,  l'un  de  30  livres  et  l'autre 
de  cent  cars  d'escut  ;  pour  lesquels  debtes  ledit  sieur  Magenties  s'oblige 
ou  nom  dudit  testateur  envers  ladite  Magdalaine,  de  tous  lesquels 
debtes,  corne  dessus  est  dict,  et  donne  pouvoir,  puissance  et  mande- 
ment à  son  heretié  bas  nomé  d'agir  et  poursuivre  le  payement  d'iceux 
lorsque  bon  lui  semblera,  le  tout  en  payant  les  susdits  leguats.  Et  pour 
voir  son  présent  testement  en  bonne  et  deue  exécution  a  élevé  son 
exécuteur  testamentaire  fraire  Arnaud  Balle  et  Pierre  Magenties, 
religieux  audit  Benac,  auxquels  a  donné  plain  pouvoir  de  mettre  iceluy 
en  entière  exécution.  Parce  que  tout  testement  est  de  nulle  valleur 
efficasse  qu'il  n'y  aye  institution  d'héritier,  à  ces  fins  a  faict  et  de  sa 
propre  bouche  nommé  son  héritier  ainsin  Jean  Magenties,  prestre  et 
prieur  susdit,  de  tous  et  chascuns  les  susdits  biens,  payé  qu'il  soict  les 
susdits  leguats;  cassant,  revocquant  et  annullant  tous  autres  testements, 
codicilles  et  donations  qu'il  pourroict  avoir  faicts  par  cy-devant,  sauf 
celui-ci  son  dernier  et  non  cupatatif  testement.  Lequel  veult  et  ordonne 
qu'il  soict  valable  par  manière  de  codicille  ou  donation  et  déclaration 
faicte  à  cause  de  mort  et  autrement  en  la  meilleure  forme  que  de  droict 
pourra  valloir  et  a  requis  moydit  notaire  luy  retenir  le  présent  teste- 
ment. ce  quy  ay  faict  en  présence  de  M"'  Anthoine  Navensan,  prestre  et 
archiprestre  de  Juncalas,  Bertrand  Dulcis,  prestre  et  recteur  de  Benac, 
Bernard  Castaing,  régent  audit  Benac,  Daniel  Daquo,  Jean  de 
Rayelle,  Bernard  et  Pierre  Monart,  les  tous  de  Bénac. 

Darié,  J.  Magenties  prieur,  Dulcis,  de  Navensan,  Castaing,  Daquo, 
de  Carrère,  N.  R.1 


î.   Carrère  (Pierre  de).  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes. 


86  LE    BÉNAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


APPENDICE   VII 


Comme  soyt  ayt  seu  entre  nous  dom  César  Larcade,  prieur  titulaire 
du  prieuré  N.  D.  de  Benac,  ou  son  procureur,  contre  les  margulhiers 
de  l'esglize  de  Lane,  le  sindic  des  manans  et  habitans  de  la  paroisse 
dudit  Lane,  pour  raison  de  la  dixme  des  fruits  et  autres  legumages 
contre  ledit  sindic  dudit  Lane  dont  lesdites  parties  auroyt  remis  le 
différant,  instances  et  dépendances  au  los  arbitral  de  messieurs  Jean 
Laffont.  lieutenant  principal,  et  Valentin  Sérignan,  conseiller  du  roy  en 
la  cour  seneschalle  de  Bigorre,  sur  quoy  sentence  arbitralle  auroyt 
esté  rendeue  par  ledit  Simon,  arbitre,  le  vingt-deux  décembre  dernier, 
par  laquelle  lesdits  margulhiers  auroyt  esté  condamnés  à  laisser 
prendre  et  percevoir  audit  père  prieur  dudit  Benac,  ou  son  procureur, 
sa  portion  de  la  dixme  des  legumages  quy  se  cueilleront  dans  ladite 
parroisse  et  terroir  dudit  Lane  ;  touttefois  à  la  reserve  de  ceux  quy 
seront  dans  leur  jardin  ei  suyvant  et  conformément  ledit  père  prieur 
perçoit  la  dixme  du  gros  grain  et  millet  avec  dépens  et  restitution  des 
fruits  depuis  le  jour  de  l'instance,  sy  bien  que  lesdits  margulhiers  et 
susdit  sindic  de  Lane  se  seroyt  rendeus  appellans  de  ladite  sentence 
arbitralle  en  la  souveraine  cour  de  parlement  de  Tholoze  et  signiffié 
leur  appel  en  forme,  tellement  que  du  susdit  appel  lesdits  margulhiers 
et  sindic  de  ladite  communauté,  par  l'entremise  de  leurs  amis  quy  leur 
ont  faict  connoître  qu'ils  s'engageroient  mal  à  propos  à  soutenir  ledit 
appel,  dont  les  frais  et  dépense  seront  c  msidérables,  auroyt  transigé  et 
accordé  le  susdit  procès,  instances  et  dépendances  avec  dom  Jean 
Malause,  religieux  du  monastère  de  Saint-Pé.  fondé  de  procuration 
spécialle  dudit  dom  César  Larcade,  religieux  «et  prieur  susdit,  retenu 
par  de  Gailhac,  notaire  royal  à  Moneins,  dioceze  de  Montpellier,  en 
datte  du  jx  décembre  1696,  soubs  le  bon  plaisir  du  roy  et  de  la  cour 
comme  s'ensuict.  Pour  ce  est-il  que,  cejourd'huy  12  octobre  1697,  à 
Lane...  Constitués  en  leurs  personnes  propres  dom  Jean  Malause, 
religieux  et  procureur  susdit,  Jean  Abadie,  curé.  Arnaud  Pébarat- 
Laffont,  margulhier,  Jean  Puyo-Balaigna,  Bernard  Vignaux,  Domenge 
Arras-Debat,  consuls,  Domenge  Baccarat,  sindic.  .  .  Ont  conveneu, 
transigé  le  susdit  procès  comme  s'ensuict  :  Premièrement  pour  le 
reguard  de  ladite  esglize  et  fabrique  de  Lane,  iceux  curé,  margulhiers 
et  consuls  ont  convenu  avec  ledit  dom  Jean  Malause,  religieux  et 
procureur  susdit  que  le  père  prieur,  ses  successeurs,  procureurs  et 
fermiers  prennent  la  portion  du  vin  et  linet,  quy  se  cueillera  audit 
terroir  et  dixmaire  de  Lane.  de  16  portions  6,  comme  ils  prennent  du 
gros  grain  et  millet  audit  terroir  la  dixme  des  aigneaux  et  laine  ;  ledit 
père  procureur  demeure  en  faveur  et  toute  propriété,  comme  de  tout 
tems,  pour  la  fabrique  de  ladite  esglize  à  laquelle  dixme  d'aigneaux  et 
laine  ledit  père  prieur  renonce  par  exprès  en  faveur  de  ladite  esglize. 
Secondement  à  l'esguard  dudit  sindic  et  communauté  dudit  Lane  et 
pour  le  reguard  des  dixmes  des  fruits  et  legumages,  il  a  été  aussy 
conveneu  que  ledit  père  prieur  de  Benac,    ses  successeurs,  procureurs 


REPONSE    DE   L'ABBÉ    DE    SAINT-PE  l!!' 


ou  fermiers  prendront  la  dixme  d'iceux  tout  et  ainsin  qu'il  perçoit  celle 
du  millet,  c'est-à-dire  de  16  portions  6,  à  l'exclusion  touttefois  de  ceux 
quy  seront  et  s'élèveront  dans  leur  jardin  poutager  de  ladite  parroisse 
quy  ne  pourront  estre  que  d'un  journal  tout  au  plus.  Troysiesmement 
et  dernier,  aussy  demeure  conveneu  que  ledit  père  procureur  quitte  aux 
dits  habitans  les  arrairages  à  luy  adjugés  par  ladite  sentence  jusqu'à 
cejourd'huy  ;  comme  aussy  pour  un  quatriesme  qu'il  quitte  et  réduit  les 
despens  qu'il  a  obteneus  tant  contre  ladite  esglize  que  sindic  et 
communauté,  moyennant  la  somme  de  60  livres,  laquelle  tous  les  sus- 
nommés promettent  et  s'obligent  de  luy  payer.  .  .  d'aujourd'hy  en  troys 
moys. . .  Présent  :  Me  Bernard  Larmand,  curé  de  Bénac. .  . 

F.  Malause,  Abadie,  curé,  Pébarat,  Puyo,  Larmand,  Daquo  N.  R.1 


APPENDICE    VIII 


Réponse  de  l'abbé  de  Saint-Pé  à  M.  le  curé  de  Lairisse. 

L'abbé  de  Saint-Pé  ne  cherche  ni  prétexte  ni  fuitte  pour  s'exempter 
de  payer  annuellement  à  Me  d'Abadie,  curé  de  Lairisse  et  Averan,  60 
livres  pour  supplément  de  congrue;  il  n'a  pas  besoin  de  faux-fuyants,  il 
en  est  d'ailleurs  incapable. 

En  vain  M.  le  curé  de  Lairisse  et  Averan  oppose  qu'ayant  été  pourvu 
de  ladite  cure,  il  s'aperçut  qu'il  ne  trouvoit  point  la  congrue  de  100 
écus  dans  les  fruicts  que  ses  prédécesseurs  perçevoient  dans  les  deux 
parroisses  ;  que  sur  ses  représentations  les  gros-décimateurs  trouvèrent 
juste  la  demande  qu'il  leur  fit  de  doutze  pistolles  de  supplément  ;  que 
le  règlement  en  fut  faict  entre  eux  et  que  fù  M.  l'abbé  de  Lons  n'ayant 
point  signé  la  police,  qui  fut  minutée,  souscrivit  à  l'engagement,  pris 
par  les  gros  décimateurs  par  une  de  ses  lettres  ;  enfin  que  tous  les  gros 
décimateurs  ne  s'engagèrent  à  payer  les  12  pistolles  qu'après  avoir 
examiné  la  valeur  des  fruicts  que  le  curé  percevoit  dans  les  deux 
parroisses,  plus  la  valeur  d'un  excusât  dont  il  prend  la  dîme  en  seul 
dans  la  parroisse  de  Lairisse. 

A  tout  cela  l'abbé  de  Saint-Pé  répond  que  M.  le  curé  de  Lairisse  et 
Averan  donne  des  allégations,  mais  pas  de  preuves.  1"  Il  ne  parait 
point  qu'il  ait  jamais  faict  acte  d'abandon  des  fruicts  curiaux  aux  gros 
décimateurs  et  d'option  de  100  écus  pour  la  congrue,  acte  cependant 
nécessaire  pour  authentiquer  sa  demande  et  valider  tous  les  engage- 
ments que  pouvoient  prendre  les  gros  décimateurs,  du  moins  pour 
engager  leurs  successeurs. . .  20  II  ne  paroit  pas  qu'il  y  ait  eu  aucune 


1.  Daquo.  Etude  Gazagne  à  Lourdes. 


1&8  LE    BÉNAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


estimation  des  fruicts  que  percevoit  le  curé;  estimation  nécessaire  abso- 
lument, même  après  un  acte  d'abandon  et  d'option  de  la  part  du  curé 
pour  fixer  la  nécessité  et  la  quotité  du  supplément  ;  estimation  d'autant 
plus  nécessaire  que  M.  le  curé  n'affermoit  pas  ses  fruicts.  Cette  estima- 
tion ne  pouvoit  pas  être  faicte  sur  les  baux  des  fermes  des  gros  déci- 
mateurs;  nouvelle  irrégularité,  nouvelle  injustice  vis  à  vis  de  M.  l'abbé 
de  Saint-Pé.  L'irrégularité  se  trouveroit  en  ce  que  l'excusât  quy  est 
très  considérable  (la  valeur  de  l'excusât  est  de  ^o  livres  ou  environ)  se 
trouve  dans  la  parroisse  de  Lairisse,  parroisse  dans  laquelle  les  gros 
décimateurs  d'Averan  ne  perçoivent  rien  ;  le  produit  de  cet  excusât 
devoit  céder  tout  au  profit  de  l'abbé  de  Saint-Pé  par  l'acte  d'abandon 
du  curé,  ou  devoit  tout  estre  porté  en  déduction  du  supplément  que 
l'abbé  de  Saint-Pé  auroit  pu  devoir;  mais  en  faizant  l'estimation  des 
fruicts  sur  les  baux  des  gros  décimateurs,  le  produit  de  l'excusât  a  été 
porté  en  déduction  des  gros  -décimateurs  d'Averan,  ce  qui  formeroit 
une  injustice  monstrueuse...  }°  L'on  voit  aussi  que  fù  M.  l'abbé  de 
Lons  n'a  jamais  concouru  à  aucune  estimation  des  fruicts  ;  s'il  a  écrit 
une  lettre,  comme  on  l'avance,  pour  adopter  sans  examen  ce  que  les 
gros  décimateurs  avoient  arrêté,  c'est  encore  une  irrégularité  dans  une 
affaire  sérieuse,  une  négligence  de  sa  part  quy  n'auroit  pu  le  lier  irrévo- 
cablement lui-même,  mais  qui  ne  sauroit  estre  imputée  à  ses  successeurs. 

On  n'a  qu'à  consulter  la  déclaration  de  nos  rois,  la  jurisprudence  de 
nos  cours  souveraines  ;  on  verra  que  pour  qu'un  curé  puisse  validement 
obliger  les  gros-décimateurs  à  luy  faire  la  portion  congrue,  ou  luy 
donner  un  supplément,  il  faut  de  sa  part  un  acte  d'abandon  ou  d'option, 
puis  une  estimation  de  ses  fruicts  et  de  ceux  des  gros-décimateurs. 
quand  il  y  en  a  plusieurs,  sans  quoy  les  gros-décimateurs  ne  sont  tenus 
à  rien  vers  le  curé.  .  .  On  verra  encore  et  très  clairement  qu'afin  que  le 
titulaire  d'un  bénéfice  puisse  obliger  ses  successeurs  et  leur  imposer  de 
nouvelles  charges,  il  est  nécessaire  absolument  que  la  nécessité  en  soit 
bien  et  juridiquement  constatée.  Ce  n'est  pas  sans  de  justes  motifs  que 
ces  règles  ont  été  établies,  la  négligence  des  titulaires,  et  les  abus  quy 
en  résulteraient  y  ont  donné  lieu.  Toutes  les  règles  ont  été  méprisées 
dans  les  engagements  que  l'on  dit  que  forma  fù  M.  l'abbé  de  Lons  dans 
cette  affaire  ;  ainsi  ils  ne  peuvent  obliger  M.  l'abbé  actuel  de  Saint-Pé. 

Ceci  suffiroit  pour  assurer  à  M.  l'abbé  de  Saint-Pé  une  décision 
formelle,  mais  pour  faire  voir  à  M.  le  curé  de  Lairisse  et  Averan  qu'il 
n'a  pas  besoin  d'éluder  ni  la  question,  ni  aucune  des  exceptions  allé- 
guées contre  lui,  il  va  y  répondre  sans  se  départir  de  la  force  des  raisons 
quy  viennent  d'être  déduites  et  qui  forment  une  fin  de  non  recevoir 
inexpugnable. 

M.  le  curé  de  Lairisse  et  Averan  convient,  dans  son  mémoire,  que 
fù  M.  l'abbé  de  Lons,  ayant  transporté  à  titre  de  ferme  à  M.  de  Lar- 
mand,  lors  curé  de  Bénacq,  la  dîme  de  Benacq  et  Lairisse,  une  des 
conditions  de  cette  ferme  fut  que  M.  de  Larmand  relèveroit  M.  de 
Lons  du  supplément  de  congrue  de  M.  le  curé  de  Lairisse;  que  le 
sieur  de  Larmand  refusa  de  payer  à  M.  d'Abbadie  les  60  livres  dont 
s'agit,  il  dit  qu'il  luy  en  donna  30  seulement;  que  cette  diminution 
excita  des  plaintes  de  sa  part  ;  qu'ils  les  portèrent  l'un  et  l'autre  à  M. 


RÉPONSE    DE    L'ABBÉ    DE    SAINT-PÉ  1 89 


de  Souville  et  que  celui-ci  condamna  M.  d'Abbadie  de  prendre  les 
30  livres  et  de  ne  point  intenter  procès.  Tel  est  le  sentiment  exprimé 
à  M.  le  curé  et  ce  qu'il  a  lui-même  dit  à  M.  l'abbé  de  Saint-Pé. 

Ce  dernier  tire  de  ce  fait  une  conséquence  évidente,  c'est  que  M.  de 
Larmand,  mieux  instruit  que  fù  M.  l'abbé  de  Lons  et  plus  attentif,  sut 
mettre  à  la  raison  M.  le  curé  de  Lairisse;  le  jugement  de  M .  de  Sou- 
ville, également  supérieur  de  M.  de  Larmand  et  de  M.  d'Abbadie,  son 
intelligence,  son  intégrité,  son  impartialité,  démontrent  combien  M. 
l'abbé  de  Lons  s'étoit  engagé  légèrement  ;  l'acceptation  du  jugement  de 
M.  de  Souville  qui  fit  et  exécuta  M.  le  curé  de  Lairisse  prouve  sans 
réplique  que  M.  de  Larmand  étoit  fondé  à  réduire  du  moins  à  la  moitié 
l'engagement  pris  sans  examen  par  fû  M.  l'abbé  de  Lons.  Rien  n'établit 
mieux  que  le  mépris  des  premières  règles  dans  le  défaut  d'estimation 
des  fruicts  est  reformable  et  qu'il  avoit  donné  lieu  à  une  injustice  contre 
l'abbé  de  Saint-Pé. 

Envahi  pour  faire  perdre  de  vue  la  lumière,  quy  résulte  en  faveur  de 
la  vérité  de  ce  fait,  le  curé  de  Lairisse  et  Averan  dit  que  fù  M.  l'abbé 
de  Lons  lui  écrivit  une  lettre  dans  laquelle  il  renouvela  ses  engage- 
ments ;  que  fû  M.  l'abbé  de  Lons,  ayant  repris  sa  ferme  des  mains  de 
M.  de  Larmand,  il  continua  de  luy  payer  annuellement  les  60  livres  ;  et 
qu'enfin  elles  luy  ont  été  payées  pendant  l'économat,  et  que  M.  de 
Bespie  les  a  passées  au  fermier. 

Là  M.  l'abbé  de  Lons,  s'il  a  fait  comme  on  le  dit,  a  cru  par  une 
délicatesse  mal  entendue,  qu'il  devoit  exécuter  les  engagements  qu'il 
avoit  personnellement  contractés  et  ne  pas  attaquer  lui-même  sa 
propre  négligence;  et  on  peut  assurer  à  M.  le  curé  de  Lairisse  que 
ce  n'est  pas  icy  une  chose  controuvée,  mais  qu'on  l'a  cru  dire  à  fù 
M.  l'abbé  de  Lons  plus  d'une  fois. 

D'ailleurs  fù  M.  l'abbé  de  Lons  afferma  sa  dîme  et  chargea  le 
fermier  de  la  libérer  du  fait  de  M.  le  curé  de  Lairisse.  Il  ne  s'en 
embarrassa  plus  et  M.  le  curé  eut  bon  marché  d'un  paysan  comme  étoit 
le  fermier. 

Pour  le  fait  de  l'économe,  il  ne  peut  estre  d'aucune  considération. 
On  a  suivi  pendant  l'économat  ce  qui  se  pratiquoit  sur  la  tête  de  fù 
M.  l'abbé  de  Lons,  et  ce  n'est  pas  sans  peine  que  cet  article  a  été  passé 
au  fermier;  peut-être  en  auroit-il  été  autrement  si  M.  le  curé  de  Lai- 
risse n'avoit  pas  été  assez  habile  pour  se  faire  payer  des  fermiers,  avant 
il  ne  reçut  des  ordres  contraires. 

En  un  mot,  il  n'y  a  pas  eu  d'acte  d'option  de  la  part  de  M.  le  curé  ny 
d'abandon  ;  point  d'estimation  des  fruicts.  M.  le  curé  a  accepté  30 
livres  par  an  au  lieu  de  60,  quand  il  a  eu  affaire  à  M.  de  Larmand, 
instruit  de  la  vérité  et  de  la  valeur  des  fruicts  ;  on  n'a  observé  aucune 
formalité  pour  obliger  les  successeurs  de  fù  M.  l'abbé  de  Lons.  Delà 
on  doit  conclure  nécessairement  que  la  demande  de  M.  le  curé  de  Lai- 
risse et  Averan  contre  l'abbé  actuel  est  insoutenable.1 


I.  Sans  nom  et  sans  date.  —  Archives  de  la  mairie  de  Layrisse. 


IOO  LE    BÉNAQUES    OU    BARONNIE   DE    BENAC 


APPENDICE  IX 


Les  gens  tenancts  les  requettes  du  palaics,  conseilliers  du  roy  en  sa 
cour   et    parlement  de   Tholoze,   commissaires  es-dittes  requettes,   à 
tous   ceux    quy   ces   présentes    verront,   salut.    Comme    a  deffaut   de 
payement  de   la  somme  de  neuf  cens  livres    deube  pour  restes  du  prix 
d'affermé  par  Anthoine   Prat,  fils  de  feu  Jean,  et  par   Domenge    For- 
cade,  heretière  de  feu  Jean  Forcade,  à  M"  Valentin  de  Lagnes-Junius, 
conseillier  en  la   cour,   en  qualité  de  cessionnaire   de   Me  Jacques  de 
Pagese,  prestre  et  prieur  du  prieuré  d'Artigue  Frémat,  le  10  septembre 
1 665 ,    par  Jacques    Barrau,   baile   de   Benac,   en  vertu   des    lettres   de 
committimus  dudit  sieur  de  Junius,  commandement  feust  faict  aux  dits 
de  Forcade   et  Prat  de  payer  ladite   somme  de  neuf  cens  livres,    et  en 
refuse   feust  prins  saisy  et  mis   soubs   la   main  du  roy  et  de   la  cour 
sçavoir  comme  des  biens  appartenants  audit  Prat  :    i°   Une   pièce   de 
terre  labourable,  au  parsan  de  Bedoult,  terroir  du  lieu  de  Locrup,  de  la 
contenance  de  quatre  journals,  confronte  d'oriant  terre  de  Péré,  midy 
chemin  public,  occident  terre  de  Maube,  septentrion  terre  de  Fontan  ; 
2°  sept  journak  de  terre   labourable   audit   terroir  et    parsan  de  Testar, 
confronte   d'oriant   terre  de  Bordenave,  midy  terre  de  H  ormeau,  occi- 
dant  terre  commune,  septentrion  terre  de  Cantérot  ;    ]"   cinq   journals 
tant  pred  que  champt  tout  tenant,  audit  terroir  et  parsan  de  la  Coste  de 
l'Aube,  confrontant  d'oriant  et  septentrion  chemin  public,  midy  terre  de 
Birbent,   septentrion    terre  de  Fontan  ;    4'  six   journals   de  pred  et  un 
champt  tout  tenant  audit  terroir  et  parsan  appelé  Baillargary,  confronte 
d'oriant  et  midy  terre  de  Père,  occidant  terre  de  Badoiche,  septentrion 
terre  de  Terrailhon  ;  V  sept  journals  de  terre   champt   audit    terroir   et 
parsan  de  las  Gleysettes.  confronte  d'oriant   terre  d'Aube,    midy  terre 
de    Honta,   occidant  chemin   public,  septentrion  terre  de  Sarthé  ;  6° 
quatre  journals  de  terre  champt  ou   tant  que   soit  audit  terroir,  parsan 
de  Morou,  confronte  d'Oriant  terre  de  Nogué,  midy   et  occidant   terre 
d'Aube,  septentrion  dudit  :  7"  deux  journals  terre  de   vigne,  un  journal 
de  pred,  un  aultre  journal  de  terre  champt    tout    joignant  audit  terroir, 
parsan  de   Restouze   et  confronte  d'oriant   terre  de    Bordenave,   midy 
terre  de  Peyrot,  occident  terre  de  Pouquet  et    Forcade  et  septentrion 
chemin  public  ;  8°  Un   journal   de   terre  pred   audit    terroir   et    parsan 
appelé  aux  Goutilz,  confronte  d'oriant  et  midy  terre  de  Clos,  occidant 
terre  de  Honta,  septentrion  terre  de  Sarthé  ;   9"   Un  journal   de  terre 
pred  audit  terroir   et  parsan  de  Coumeriolle,  confronte   d'oriant    terre 
commune,    occidant    aussy,    midy    et    septentrion    terre    de    MutUKO  : 
îo11  deux  journals  de  terre  champt  audit  terroir  et  parsan  de    Pradettes. 
confronte    d'oriant     chemin     public,    occidant   terre   de    Honta,     midy 
terre  de  Bidache,  septentrion  dudit    Honta   et    Péré  ;    11"  finallement 
deux   maisons  coubertes   d'ardoize,  deux    bordes   coubertes   de   pailhe, 
parc,   courrai,  jardin,    tout   tenant  scittués  dans    ledit    lieu    de    Locrup, 
confronte  d'oriant  avec  maison  et  parc  de  Bidache,  midy  rue  publique, 
occidant  avec  le  parc,  bordes  et  capcazal   de   Honta.  —    Et  des  biens 


EXPROPRIATION    A    LOUCRUP  IÇl 


appartenants  à  ladite  Forcade  :  i°  cent  cinquante  journals  tant  terre 
labourable,  preds,  bois,  vigne,  que  terre  inculte  sçittués  audit  terroir 
de  Locrup  et  parsan  deCauby,  confronte  d'oriant  terre  d'Abadie, 
midy  chemin  public,  occidant  terre  de  Verges  et  terre  commune, 
septentrion  terre  de  Péré  et  de  Peyrot  ;  2°  troys  journals  de  pred  et 
bois  à  haulte  fustée  tout  tenant,  audit  terroir,  appelé  la  bâche  de  caze, 
confronte  d'oriant  terre  d'Aube,  midy  terre  de  Sarthé,  occidant  terre 
de  Muturo,  septentrion  terre  de  Tisné  ;  }°  quatre  journals  de  terre 
champt  audit  terroir  parsan  appelé  de  Porte,  confronte  d'oriant  et 
septentrion  terre  de  Mothe,  dernier  et  midy  chemin  public  ;  40  cinq 
journals  de  terre  champt  audit  terroir  et  parsan  de  Samuzle,  confronte 
d'oriant  terre  de  Peyran  et  H  ormeau,  midy  chemin  public,  occidant  et 
septentrion  terre  d'Aube  et  Abadie  ;  =;°  deux  journals  de  terre  champt 
audit  terroir  et  parsan  de  Pradet,  confronte  d'oriant  terres  de  Honta  et 
Birbent,  midy  terre  de  Péré,  occidant  et  septentrion  terres  dudit 
Honta  ;  6°  quatre  journals  de  terre  champt  tout  tenant,  terroir  de 
Visquer  et  parsan  appelé  aux  Cautères,  confronte  d'oriant  et  septen- 
trion terre  commune  de  Visquer,  midy  terre  d'Adabat  ;  70  fmallement 
troys  bordes  coubertes  en  pailhe  en  l'une  desquelles  lesdits  Peyran  et 
de  Forcade  font  leur  habitation,  parc,  jardin  et  capcazal  tout  tenant  de 
quelle  contenance  que  soict  audit  lieu  de  Locrup,  confronte  d'oriant  à 
maison,  jardin,  capcazal  d'Aube,  midy  terre  desdits  Forcade,  d'occi- 
dant  maison  et  parc  de  Tisné,  septantrion  rue  publique.  Et  en  signe 
de  ladite  saizie  feust  mis  en  affiche  les  armes  et  penonceaux  royaux 
avec  placard  au-dessoubs  contenant  ladite  saizie  tant  aux  portes  princi- 
palles  desdites  maisons  que  aux  lieux  plus  esvidents  desdits  biens, 
comme  aussy  semblable  placard  feust  mis  et  affiche  seur  la  porte  de 
l'esglize  parroissielle  dudit  lieu  ;  et  au  régime  et  gouvernement  desdits 
biens  commis  et  establys  séquestres  les  personnes  de  Peyrot,  de 
Sarthé,  Manaud  Tisné,  Jean  Péré,  Jean  Caussade,  Jean  Birbent  et 
Andrau  Vidache,  proches  voisins,  auxquels  feust  fait  commandement  et 
injonction  requises  et  bailhé  coppie.  Laquelle  saizie  feust  signiffiée 
auxdits  Forcade  et  Prat  et  donnée  assignation  aux  dimanches  consécu- 
tifs, audevant  la  porte  de  l'esglize  parroissielle  dudit  lieu,  yssue  des 
grandes  messes  parroissielles,  pour  tous  faire  les  inquantes  desdits  biens; 
et  advenus  les  dimanches  27  septembre,  4,  11,  18  octobre  1665,  par 
ledit  Barrau,  baile,  audevant  la  porte  principalle  de  ladite  esglize  par- 
roissielle dudit  lieu  de  Locrup,  yssue  des  grandes  messes  parroissielles, 
à  haulte  voix  et  cry  public,  lesdites  inquantes  feurent  faictes,  auxquelles 
personne  n'auroict  compareu  pour  surdire  ;  lesquelles  inquantes,  par 
devant  le  seneschal  de  Bigorre,  feurent  judiciellement  certiffiées  avoir 
esté  faictes  suyvant  les  ordonnances  royaux  et  arrest  de  la  cour,  le  24 
may  1666;  assignation  feust  donnée  auxdits  Forcade  et  Prat  en  la  cour 
es-vente  judicielle,  et  interposition  des  droictsen  laquelle  n'ayant  daigne 
se  présenter,  deffaut  tillet  feust  contre  eux  expédie,  le  30  juin  1666,  en 
conséquence  duquel,  ayant  ledit  de  Junius  produit  et  remis  ses  pièces 
deubes,  la  cour  en  conséquence  de  quoy  tant  procède  que  jugement 
seroict  interveneu,  le  14  may  dernier  1667,  par  lequel  la  cour  eust 
déclare  ledit  deffau  bien  poursuivy  et  obteneu,  et  lesdits  exploicts  de 
saizie  et  inquantes  estre  faictes  suyvant  les  ordonnances  royaux  et  arrest 


192  LE    BÉNAQUES    OU    BARONNIE    DE    BÉNAC 


de  la  cour,  et  ordonne  que  ledit  décret  de  arrêt  sur  les  biens  prins  et 
saizis  estoient  adjugés  au  plus  offrant  et  dernier  enchérisseur,  sauf  si 
dans  quarante  jours  après  l'inthimation  dudit  jugement,  lesdits  Forcade 
et  Prat  payoient  et  bailhoient  et  deslivroient  de  comptant  audit  sieur  de 
Junius  la  somme  de  neuf  cens  livres  dont  est  question,  inthérets  d'icelle, 
frais  et  despans  de  l'instance  et  susdit  deffaut,  esquelles  les  eut  con- 
damnés envers  ledit  de  Junius,  la  taxe  réservée;  mais  à  faute  de  ce 
faire,  l'acte  de  la  dernière  enchère  seroict  levé  et  publié  un  jour 
d'audience  et  coppie  mise  et  affichée  à  la  porte  d'icelle,  pour  y  demeurer 
par  quinzaine,  pendant  laquelle  toutes  susdictes  seroient  reçeues  par  le 
greffier  de  la  cour  et  le  décret  expédié  et  réellement  exécuté  au  prof  fit 
du  dernier  susdisant.  Lequel  jugement  feust  signiffié  auxdits  Forcade  et 
Prat,  le  21  may  1667,  et  n'ayant  satisfaict  à  iceluy  dans  le  dellay  y  con- 
tenez l'acte  de  la  dernière  enchère  feust  judiciellement  leu  et  publié 
ce  4  juillet  dernier,  et  coppie  d'icelle  mise  et  affichée  à  la  porte  de  la 
salle  d'audience,  ledit  jour,  par  Forneby,  huissier  en  la  cour,  pour  y 
demeurer  par  quinzaine,  conformément  audit  jugement,  dans  laquelle 
ny  depuis  personne  n'auroict  compareu  pour  susdire  ;  occasion  de  quoy 
ledit  de  Junius,  oultre  et  par  dessus  ladite  somme  de  neuf  cens  livres 
pour  laquelle  dite  saizie  est  faicte,  eust  susdit  de  troys  livres  treitze  sols 
dix  deniers  pour  le  rapport,  interveneu  audit  jugement  que  expédition 
de  l'exécution,  la  somme  de  nonante  une  livres  un  sol  un  denier  pour 
les  frais  de  justice,  adjugés  par  ledit  jugement,  et  à  la  dite  somme  taxée 
par  le  commissaire  taxateur,  revenant  lesdites  sommes  à  la  somme  de 
unze  cens  quatre  livres,  quatorze  sols,  unze  deniers,  pour  laquelle  est 
requis  le  decrest  luyestre  expédié  et  deslivré  sans  préjudice  des  inthé- 
rets adjugés  par  ledit  jugement.  Savoir  faisons  que  la  cour  ce  dessus 
entendeu,  a  vendeu,  bailhé  et  deslivré,  vend,  bailhe  et  deslivre  par 
décret  audit  sieur  de  Junius  les  biens  sy-dessus  et  auxdits  exploicts  de 
saizie  et  inquantes  plain  à  plain  limittés  et  confrontés  en  sollution  et 
payement  de  ladite  somme  de  unze  cens  quatre  livres,  quatorze  sols,  unze 
deniers.  En  tesmoing  de  quoy  auroict  faict  expédier  ces  presantes  audit 
de  Junius,  pour  lesquelles  commettons  à  tout  magistrat  royal,  docteur 
gradué,  notaire,  huissier  ou  sergent  sur  ce  requis  pour  appeler  lesdits 
de  Prat  et  Forcade  et  aultres  qu'il  appartiendra  mettre  ledit  sieur  de 
Junius  ou  aultre  personne  ayant  de  luy  charge,  droict,  procuration  en  la 
réelle,  actuelle  et  courporelle  possession  et  jouissance  des  susdits 
biens,  faizant  très  expresses  inhibitions  et  deffances  tant  aux  susdits 
Prat  et  Forcade  et  à  tous  aultres  qu'il  appartiendra.  .  .  (mot  enlevé). 

Par  les  gens  tenancts  les  requestes  du  pallaics.  Boussac.1 


1 .  Archives  A.  Dull'ourc. 


KONDATION    DE    CHAPELLEN1E  1 9 5 


APPENDICE  X 


Voici  l'acte  de  fondation  de  la  «  prevande  ». 

Au  nom  de  Dieu  soict,  amen.  Sçaichent  tous  presens  et  advenir  que 
cejourd'huy,  27  janvier  1630,  au  lieu  de  Benac  et  dans  la  maison  de 
Doulce,  de  matin,  comté  et  seneschaussée  de  Bigorre,  dioceze  de 
Tarbe,  régnant  Louys,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France  et  de 
Navarre,  devant  moy  notaire  et  tesmoings  bas-nommés,  c'est  constitué 
en  personne  Me  Bertrand  Dulcis,  prebre  et  recteur  dudit  Benac. 
Lequel  de  son  plein  gred  et  franche  volonté,  poulsé  de  zèle  de  religion 
et  esmeu  de  dévotion  envers  Dieu  et  pour  augmenter  son  culte  divin. 
à  la  gloire  et  honneur  de  Notre-Dame  et  saincts  et  sainctes  du  Paradis 
et  pour  le  salut  de  son  âme  et  des  âmes  de  sa  famille,  de  ses  prédéces- 
seurs, bienfaiteurs  et  de  tous  autres  pour  lesquels  il  est  teneu  de  prier 
ou  faire  prier  la  divine  bonté  et  miséricorde,  de  leur  octroyer  la  rémis- 
sion de  leurs  péchés  en  ce  monde,  et  au  moyen  de  ce  la  gloire  éternelle. 
Par  la  teneur  du  présent  acte  qu'il  veult  valloir,  soict  comme  donnation 
à  cauze  de  mort,  soict  comme  léguât  pie  ou  en  la  meilleure  autre 
manière  et  forme  que  valloir  porra,  a  fondé  et  institué,  fonde  et  institue 
une  chapellenie  en  l'esglize  dudit  lieu  de  Benac,  soubs  le  bon  plaizir  de 
Reverendissime  Père  en  Dieu,  messire  Salvat  Diharse,  par  misération 
divine  evesque  de  Tarbe,  soubs  l'invocation  de  Notre-Dame  à  laquelle 
il  a  particulière  dévotion,  priant  et  requérant  ledit  seigneur  evesque  de 
voulloir  agréer  et  approuver  ladite  fondation  et  institution  de  ladite 
chapellanie  et  icelle  voulloir  agréer,  authorizer.  spiritualizer  et  ériger 
en  bénéfice  ecclésiastique  et  peipétuel,  pour  jouir  des  immunités,  privi- 
lèges, franchises  et  libertés  octroyés  aux  autres  bénéfices,  tant  par  les 
saincts  Pères  que  roys  de  France  ou  autres  seigneurs  spirituels  ou  tem- 
porels, et  affin  que  le  chapelain,  quy  sera  dores  en  avant  institué  ou 
pourveu  de  ladite  chapellanie,  soict  plus  obligé  à  faire  le  service  divin 
cy  appres  exprimé  étoict  meilleur  moyen  de  sontretenir,  ledit  Me  Ber- 
trand Dulcis,  fondateur  susdit,  a  dotté  et  d'ores  et  desya  dotte  la 
susdite  chapellanie  des  biens  suyvans,  sçavoir  est  de  :  troys  journals  de 
pred  scittué  au  terroir  de  Bénac  et  du  Barry,  parsan  de  Brouilh,  con- 
fronte d'oriant  avec  terre  de  Sensebié  et  terres  de  Puyolles,  occident 
avec  terres  dudit  Sensebié,  midy  avec  terres  de  Burco  d'Orincles  et 
ruisseau  d'Encavilla  et  septentrion  avec  terres  d'Adabat  et  Mesne  du 
Barry  :  d'avantaige  de  troys  autres  journals  de  terre  et  un  cart  ou  tant 
que  soict,  pred,  scittué  au  parsan  que  dessus  de  Brouilh,  confronte 
d'oriant  avec  terres  dudit  sieur  de  Sensebié,  occident  avec  terres  de 
Laforgue,  de  Bénac,  midy  et  septentrion  aux  terres  dudit  sieur  de 
Sensebié;  lesquels  six  journals  sus-nommés  ledit  fondateur  a  acquis  de 
Jean  Laforgue,  habitant  de  Lorde,  par  acte  retenu  par  Me  Pierre  Car- 
rère,  notaire  de  Benac,  l'an  mil  six  cens  vingt-cinq  et  le  huictiesme  du 
moys  d'octobre,  et  rattiffié  la  susdite  vente  par  Guilhaume  Lafforgue, 
nepveu  du  susdit  vendeur,  le  20  octobre  1627,   comme  appert  par  acte 


1<;4  LE   BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


retenu  par  ledit  Carrère.  Plus  un  journal  de  pred  scittué  au  terroir  de 
Hibarette,  parsan  de  l'Aube,  confronte  d'oriant  et  septentrion  avec  le 
ruisseau  de  l'Aube,  midy  avec  terre  de  Cazabant  et  occident  avec  terre 
de  Peyralade,  de  Bénac  ;  laquelle  pièce  a  acquis,,  ledit  fondateur,  de 
Tapie,  de  Hibarette,  Tan  1629  et  le  14  marcs,  par  acte  reteneu  par 
moydit  notaire  soubzigné  ;  d'avantaige  ledit  fondateur  a  dotté  ladite 
chapellanie  d'un  journal  de  vigne  ou  tant  que  soict  scittué  en  Bararane; 
confronte  d'oriant  aux  terres  de  Doulce,  midy  aux  terres  de  Jean  de 
Codoigné  dict  Mule,  occident  aux  terres  incultes  dudit  seigneur  de 
Bénac  ;  laquelle  vigne  ledit  fondateur  a  acquize  de  Ramon  de  Debeze, 
de  Benac,  comme  appert  par  acte  reteneu  par  M"  de  Larroye,  notaire, 
quand  vivoict,  de  Benac,  l'an  161 5  et  le  2>  janvier.  Desquels  preds  et 
vigne  le  susdit  fondateur  veult,  entend  et  ordonne  que  ledit  chapelain 
soict  uzufruictier  et  jouisse  des  fruicts  quy  en  proviendraient  en  faizant 
le  service  divin  duquel  est  chargé  par  la  présente  fondation,  sans  pou- 
voir vendre  ny  aucunement  aliéner  le  fonds  de  la  dite  chapellanie  ny 
iceluy  permuter  sans  le  consentement  et  advis  dudit  seigneur  evesque 
de  Tarbe  ou  ses  successeurs  et  du  patron  de  ladite  chapellanie  et  aux 
cognoisseurs  de  cause  mesmement,  sans  nécessité  et  esvidente  utilité  et 
augmentations  de  ladite  chapellanie.  Sy  veult  et  ordonne  ledit  fonda- 
teur que  ledit  chapelain,  quy  sera  pourveu  du  tiltre  de  ladite  chapellanie, 
soict  teneu  et  obligé  de  dire  et  célébrer  toutes  les  mercredis  de  l'année 
une  messe  de  requiem  en  ladite  esglize  parrouchialle  de  Bénac  et  à 
Pautel  de  Notre-Dame,  sy  faire  se  peult,  pour  le  salut  de  l'âme  dudit 
fondateur,  ses  père  et  mère,  leurs  successeurs  et  autres  pour  lesquels 
il  est  particulièrement  obligé  envers  Dieu.  Et  en  cas  le  titulaire  ne 
seroict  de  la  qualité  requize,  ny  capable  de  dire  et  célébrer  messes, 
n'estant  encore  prestre.  sera  teneu.  aux  despans  du  reveneu  de  ladite 
chapellanie  faire  desservir  actuellement  à  un  prestre  idoine,  quy  soict  en 
commoditté,  et  duquel  luy  et  le  patron  puissent  dispozer  ;  de  quoy 
charge  leur  conscience.  Oultre  et  ordonne  ledit  fondateur  spécialle- 
ment  et  par  exprès  qu'en  cas  le  titulaire,  quy  sera  pourveu  de  ladite 
chapellanie,  négligeroict  et  ne  tiendroict  compte  de  faire  ou  faire  faire  à 
personne  idoine  ledit  service  divin,  ou  qu'il  l'auroict  négligé  sans  y 
pourvoir  ou  de  soy  ou  par  autre  personne,  comme  dict  est,  et  en  ce 
cas  supplie  Messieurs  le  recteur  et  prestres  dudit  Bénac  de  prendre  et 
percevoir  les  fruits  dépendants  de  ladite  chapellanie,  et  jouir  d'iceux  en 
faisant  le  service  divin,  jusques  à  ce  que  le  titulaire  face  ou  face  faire 
actuellement  iceluy.  et  ce  sans  autre  permission  ny  formalité  de  justice. 
Veult  aussy  et  ordonne  ledit  fondateur  que  le  patron  ou  patronne  de 
ladite  chapellanie  nomme  et  présente  audit  sieur  Evesque  de  Tarbe.  le 
cas  de  vacation  arrivant,  personne  de  bonne  vie,  meurs  et  conversation 
à  peine  de  perdre  le  droict  de  présente  pour  telles  fois  qu'il  nommera 
ou  présentera  homme  scandaleux,  vicieux  et  indigne  de  telle  charge. 
Encore  a  ordonné  et  ordonne  ledit  fondateur  qu'il  veult  et  entend 
soubs  le  bon  plaizir  dudit  sieur  Evesque  que  Jeanne  de  Doulce,  sa 
niepee,  heretière  de  ladite  maison  de  Doulce,  dudit  lieu  de  Bénac.  de 
laquelle  il  est  yssu  et  natif,  et  ses  successeurs  heretiers  de  ladite 
maison,  masles  ou  femelles,  suyvant  la  coustume  dudit  lieu,  soyent 
successivement  patron  d'icelle  chapellanie  et  qu'ils   puissent  présenter 


FONDATION    DE  CHAPELLENIE  IQi 


et  nommer,  le  cas  de  vacation  advenant,  devant  le  dit  sieur  Evesque,  dans 
le  tems  prescript  de  droict.  personne  idoine  et  capable  pour  tenir  ledit 
bénéfice  à  la  charge  néantmoings  qu'il  sera  qualiffié,  comme  dessus  est 
dict,  le  plus  proche  fils  né  et  descendant  de  ladite  maison,  légitisme  et 
naturel,  ou  en  cas  n'en  y  auroict  aucun  capable  à  cet  effect,  le  sera  le 
plus  propre  linage  et  parent  desdits  patrons,  à  peyne  de  nullité  de  ladite 
nomination  et  présentation,  quy  sera  faicte  autrement  :  et,  afin  de  ne 
différer  l'effect  de  telle  institution  ou  fondation,  a  dores  et  desya  cédé 
pour  son  reguart  et  donné  le  susdit  patronnât  de  la  dite  chapellanie  à 
ladite  Jeanne  de  Doulce,  sa  niepce,  soy  reservant  touttefois  le  mesme 
fondateur  d'estre  le  premier  chapelain  d'icelle,  affin  de  la  desservir  et 
donner  bon  exemple  à  ses  successeurs;  et  audit  sieur  Evesque,  le  priant 
l'anmettre  et  le  trouber  bon,  le  tout  pour  la  gloire  et  honneur  de  Dieu 
et  de  sa  très  saincte  Mère,  et  pour  le  solaigement  tant  des  ridelles  vivants 
que  trépassés  envers  lesquels  il  est  obligé  espéciallement  et  par  devoir 
de  prier  Dieu.  Sy  veult  et  ordonne  que  la  présente  fondation  et  insti- 
tution de  ladite  chapellanie  tienne  et  vaille  à  jamais  et  qu'il  ne  puisse 
mesme  desroger  ny  autrement  à  icelle  par  testementou  autre  dispozition 
soict  entre  vifs  ou  à  cauze  de  mort,  ny  par  autre  contraict,  promettant 
faire  valloir  icelle  tant  en  jugement  que  dehors,  soubs  hypothèque  et 
obliguation  de  tous  ses  biens  presens  et  advenir,  que  pour"cest  effect  a 
soubzmis  et  soubzmet  aux  rigueurs  de  justice,  et  ainsin  l'a  promis  et 
iuré.  Présents  M.  Jean  Magenties,  prestre  et  prieur  de  Benac,  fraire 
Arnaud  Balle,  prebre  et  religieux,  Pierre  Magenties,  religieux  dudit 
Benac,  Dominique  Delhom,  Me  chirurgien  dudit  lieu  et  Arnaud  de 
Mule  dict  de  Gros  de  mesme  lieu,  soubzignés,  avec  ledit  sieur  Dulcis, 
fondateur,  et  moy  notaire..  Dulcis  fondateur,  J.  Magenties,  Balle, 
F.  Magenties,  de  Lhom,  de  Gros,  de  Carrère,  N.  R.1 

L'an  163 1  et  le  31  janvier,  au  lieu  de  Benac,  maison  de  Doulce,  de 
matin,  régnant...  Constitués  en  leur  personnes  propres  Arnaud  et 
Jeannotte  de  D'Aution,  mariés  et  habitans  du  lieu  de  Benac.  ensemble 
Jean  Penin  de  D'Aution,  leur  fils  ayné,  les  tous  ensemble  de  leur  bon 
gred  et  franche  volonté  pour  eux  et  les  leurs  à  l'advenir,  ont  vendeu, 
cédé,  quitté,  remis  et  transporté  à  perpettuité  et  sans  espoir  de  rachapt, 
à  Mc  Bertrand  Dulcis,  prestre  et  recteur  dudit  lieu,  à  ce  présent  et 
acceptant,  sçavoir  est  un  journal  de  terre  champt.  tant  que  soict,  audit 
lieu  et  parsan  de  Bulonc.  ainsin  que  confronte,  d'oriant  avec  herms 
communs,  midy  avec  le  ruisseau  de  Bulonc,  occident  avec  terres  de 
Volloguet,  septentrion  avec  chemin  public  et  autres  confrontations  sy 
de  plus  vrayes  point  en  y  a,  franche,  quitte  de  toutes  charges  et  hypo- 
thèques, arraraiges  jusqu'au  jour  présent,  sauf  le  denier  au  roy  et  le  fief 
au  seigneur  dudit  lieu  ;  ensemble  le  rachapt  et  toute  plus  grande  mayeure 
valleur  d'autre  journal  de  terre  champt,  que  cy  devant  ils  ont  vendeu, 
avec  faculté  de  rachapt,  à  la  maison  de  Doulce,  dudit  lieu,  joignant  au 
susdit  journal  et  même  confrontation  que  dessus,  pour  la  somme  de  29 
escus  petits,  ou  ce  quy  en  tombera  dans  leur  acte  d'acquizition.  Et  ladite 

1.  Carrère    Pierre  de).  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbcs. 


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LE    BENAQUES   OU    BARONNIË    DE    BENAC 


vente  a  esté  faicte  et  ce  faict  pour  le  prix  et  somme  de  37  escus  petits, 
outre  lods  et  ventes,  sçavoir  ledit  journal  pour  34  escus  petits  et  le 
rachapt  dudit  journal  pour  3  escus  petits,  que  tout  monte  à  ladite 
somme  de  37  escus  petits.  De  laquelle  dite  somme  ils  se  sont  teneus 
pour  bien  contents,  payés  et  satisfaits  et  en  ont  teneu  quitte  ledit 
sieur  Doulce  achapteur,  auquel  ont  promis  ne  rien  plus  jamais  pour 
raizon  de  ce  luy  demander.  Lesquels  deux  journals  de  terre  sus  limittés 
et  confrontés,  iceluy  sieur  Dulcis  a  déclairé  et  par  le  présent  contraict 
d'acquizition  dict  et  déclaire  que  dores  et  désya  il  les  dédie  et  veult  les 
colloquer  et  joindre  à  certaines  autres  pièces  qu'il  a  cy-devant  acquises 
et  d'ieelles  fondé  certaine  prevande  ;  et  moyennant  ce  et  ladite  somme 
de  17  escus  petits,  ils  vendeurs  se  sont  désaisis  et  despouillés  de  ladite 
terre  sus  vendue  et  désignée;  ensemble  desdits  droits  de  rachapt  et 
majeure  valleur  d'iceluy  et  du  tout  ;  et  en  ont  vestu  et  mis  en  possession 
ledit  sieur  Dulcis  achapteur,  auquel  ont  promis  ladite  vente  faire  estre 
bonne  et  valable  et  icelle  guarantir  envers  et  contre  tous  en  jugement 
et  dehors,  soubs  hypothèque,  obliguation  et  jugement  que  dessus. 
Présents  :  Bernard  de  Péré,  du  lieu  de  Paréac,  Noël  de  Doulce,  du 
lieu  de  Bénac,  et  Jean  de  Barrère  dict  Baquarat.  de  Lane,  quy  avec 
ledit  vendeur  ont  dict  ne  sçavoir  escripre.  signés  ledit  sieur  achapteur 
et  moy.  Dulcis  achapteur,  de  Carrère  N.  R.1 


XV.  —  LISTES  CHRONOLOGIQUES 


I.    —    SEIGNEURS    SUZERAINS 


Raymond-Guillaume. 

(1032) 

Annet. 

(  1 466- 1523) 

Guillaume  Auriol. 

(1080) 

Jean  Marc. 

(1499-155.5) 

Raymond  L'r. 

(.096) 

Philippe  I  r. 

(M70) 

Raymond  II. 

(1099) 

Bernard. 

(1593) 

Dodon  ou  Othon. 

(1140) 

Philippe  1 1. 

(1650) 

Manaud. 

(1180) 

Philippe  III. 

(1621-1684) 

Bour. 

(  >  2  >  4) 

Henri. 

(1685) 

Ramond. 

(1272) 

Françoise,  duchesse 

d'El- 

Bos. 

(1300) 

beuf. 

(.708) 

Roger  de  Montaut-Bénac. 

(135°) 

Alexandre  d'Orléans 

(1688- 1762) 

'ean  Ier. 

(I  359) 

Prince  Jules 

de  Ro- 

Jean  1 1. 

(I4I8) 

han-Roche 

fort. 

(1762-179.) 

Arnaud  ou  Arnauton. 

(.426) 

1.  Carrère  (Pierre  de).  Etude  F. -A.  Vivier  à  Tarbes, 


LISTES    CHRONOLOGIQUES 


19; 


Raymond-Arnaud. 

Manaud.  (M00) 

M arguerite  de  Montesquiou  (142^) 


II.    —    SEIGNEURS    VASSAUX 

Seigneurs  de  Lannes. 


Anglèse  de  Barèges. 
Bour'ruine  d'Ossun. 


M40 
1495) 


Raymond. 
Guillaume. 
Etienne. 


Seigneurs  de  Saint-Sever. 


(1300) 

(1314) 
(1416) 


Jean. 

Arnaud. 
Bertrand. 


(i)86) 
(1604) 
(1613) 


Seigneurs  de  Visker. 


Pierre  de  Visker. 

(1292) 

Paul. 

(1557) 

Donot. 

(1317) 

Catherine. 

(159;) 

Arnaud-Guilhem  de   Bar- 

François  de  Saint-Sevié.       (1594) 

bazan. 

(1443) 

Bernard. 

(1607) 

Auger  I  de  Villambits. 

(M5?) 

Etienne. 

(1649) 

Auger  1 1. 

(1470 

Françoise  de  Lescure.          [l7li>) 

Bernard  de  Soréac. 

(M  09) 

Dominique  d'Intrans 

(1716) 

Jean. 

(1521) 

III. 

—    NOTAI  RI 

:S    DU    BÉNAQUÈS 

Ador,  Pey. 

11;" 

De  Carrère,  Pierre. 

(1620-1663) 

De     Solinis.     Arnaldus 

Guinolas,  Josué. 

(1627) 

Guilhermus. 

(M  19) 

Lannes,  Guillaume. 

(1657) 

Cazalet,  Dominique.    (1 

5  3  5_I 5  v) 

Daco,  Jean. 

( 1 640- 1 6  5 6) 

Cazalet,  Ogier.             (1 

550-1578) 

Lamarque,  Pierre. 

(1047) 

Fabasou  Haba  Arnaud)  1 

550-1556) 

Larroye,  Jean. 

1647- 1684) 

De  Casauls,  Dominique 

•     (M58) 

Carrère,  Jean. 

(16^0-1 667  ) 

Furcata  ou    Lafourcade, 

Barrau,  Pierre. 

(16^7-1660) 

Laurent.                    <  1 

579-M92) 

Abadie,  Pierre. 

(1657-1660) 

Daco,  Antoine.             (1 

vSo-1610) 

Daco,  Pierre. 

(1701-1712) 

Vive. 

(1609) 

Daquo,  Dominique. 

(1742-1775) 

Larroye,  Pierre.           (  1 

610-1620) 

Cazabonne. 

(I76$-I79-) 

De  Navensan. 

(1617) 

Moncaup. 

([7°>) 

198 


LE    BENAQUES    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


IV. 


PRIEURS    DE    BENAC 


De  Louey,  Auger.  (I249) 

De  Lourdes,  P.  (I204) 

De     Louey,    Guillaume 

Arnaud.  (128^-1298) 

De  Bazillac,  Geoffroy.         (!45o) 
Jorden,  Anthoni.  (M41) 

Darié,  Pierre.  (1618) 

Magenties,  Jean.  (1621-1667) 


Pruède,  Jean. 
Bertrand,  Pierre. 
Larcade,  César. 
Baudin,  Gaspard. 
Abadie. 
Seurat,  Noël. 
Aurias,  Guillaume. 
Chabran,  Claude. 


V.    —    CURÉS    DU    BÉNAQUÈS 

Cures  de  Bénac. 


D'Escriban,  Raymond 
Fronié,  Dominique. 
Dulcis,  Bertrand. 
Abadie,  Thomas. 
Abadie,  Bertrand. 
Larmand,  Bernard. 
Larmand,  Joseph. 


Oî2)) 

( 1 606- 1633) 
(1633-1659) 

(106^-1672) 
(1674-1708) 
(1609-1730) 


Garren,  Antoine. 
Castaing,  Bertrand. 
Douât,  Bertrand. 
Claverie,  Antoine. 
.Ganassi  dit  Bernède, 
Michel. 


(1669- 1692) 
(1680-1681) 

(1692- 1699) 
(1699- 1704) 
(1712-1719) 

(1735) 

(173  5-1762) 
(1-62 


(1730-1731) 
(I7?I-I746) 

(1 -46-1770) 
(1770-178;) 

(I783-I79-) 


Curés  de  Latines. 


Abbaye,  Jehan.  (I^'3) 

De  Layrissa,Domenge(i  567-1 575) 
Barrère,  Jean.  (1(<,19) 

Bayla,  Dominique.      (1628-1643) 
D'Orbeinces,  Jean.  (1643) 

Abbadie,  Jean.  ('669) 


Abadie.  ('712) 

Laventure,  François.  (  1 747) 

Francés,  Jean.  (1747-1783) 

Francés,  Jean-Baptiste.        (1783) 
Deffis,  Jean.  (1784-179.) 


Curés  d'A  veran-Layrissé 


D'Abbadia,  Domenge.  ('442) 

Casarré,  Dominique.  (1 567-1 575) 
Abadie,  Thomas.  (1616-1633) 

Balle,  Jean.  (1636-1649) 

Casarré,  Jean.  (I047) 

Menon,  Georges.         (1650- 1678) 
Toncarret,  Arnaud.      (1680-1728) 


Abadie,  Vincent. 

Duvieil,  Jean. 

Prat,  Pierre. 

Sempé,  Michel. 

D'Agos  dit  Castets.    (1776-17921 

Bounette,  Jacques.       (1792-179.} 


(1730-1759) 
(1759-1760) 

(1760-177$) 

(1776) 


LISTES    CHRONOLOGIQUES 


I99 


Curés  de  Louer  cl  Hibareile. 


Laffont,  Antoine.  (1621-1623) 

De  Navensan,  Antoine.  (165 1  ) 
Lauvernis,  Jean.  (1631-1631) 

De  Poca,  Ramond.  (1644-1656) 
Campet,  Raymond.  (1663-1674) 
Latreille,  Arnaud.         (1694- 1706) 


Salles,  Pierre.  (  1 707- 1 7 1 5 ) 

Labarrère,  Jean.  (1715-1718) 

Dupierris,  Bertrand.  (1718-1732) 
Destrade,  J.-Baptiste.(i732-i742) 
Boyer,  Hugues.  (1742-1774) 

Deffis,  Etienne.  (1774-1792) 


Cures  d'Orinclcs. 


Guabarde,  Dominique 
Beguordan,  Daniel. 
Laffont,  Jean.  ( 

Laflfont,  Arnaud. 
Trusse,  Jean. 
Laffont,  Arnaud. 
Carrère,  Jean.  ( 


(1620) 

(1621) 

1642- 1644) 

(1648) 

(i657) 
1657-1665 ) 

1 669- 1 67 1 ) 


Vignaux,  Dominique.  ( 1 678-1699) 


Cazeaux,  Dominique.  (1699-1 701) 
Cazeaux,  Pierre.  (1701-1731) 

Lacaze,  Bernard.         (1731-1742) 
Daquo,  Hilaire.  (  1742) 

Maignac,  Dominique.  (  1 743-1 7^4) 
Prat.  Jean.  (  1754-1773) 

Duprat,  Thomas.  (1773-1791  ) 


Curés  de  Visker,  Loucrup  el  Saint-Marti 


Lafargue,  Ramond. 
Abadesse,  Bernard. 
Abedeille,  Bernard. 
Abadie,  Arnaud. 
Soubirou,  Michel. 
Casanabe,  Pierre. 


(M67) 
(1587) 

(1600) 
(1621-1641) 

(1643) 
(1653-1668) 


De  Moussart,  Henry. (  1686- 1707) 
Duclos,  Gabriel.  (1707-1708) 

Laban,  Jacques.  (1708-1720) 

Junquières,  Pierre.  (1720-17  54) 
Durand,  Bernard.  (1754-1771) 
Barrère,  Joseph.  (1772-179.) 


VI.    —    VICAIRES    DU    BENAQUÉS 

Vicaires  de  Bénac. 


Solernis,  Ramond. 

(1560) 

Cazaux,  Marc-Antoine. 

(1764) 

Cazaux,  Jean. 

(1603) 

Prat,  Pierre. 

(1766) 

Vignaux,  Vitalis. 

(1708-1731) 

Lansac,  Jean. 

(1780) 

Séries. 

('740 

Lanusse,  Pierre. 

('-83) 

Massot,  Michel. 

(•742-1744) 

Pambrun,  Joseph. 

(•784) 

Poque. 

(1 747-1 749) 

Mouret. 

(1784) 

200 


LE    BENAQUÉS    OU    BARONNIE    DE    BENAC 


Vicaires  de  Lannes. 
Laffont,  Jean.  ('747)  |   Lansac,  Jean. 

Vicaires  d'Avcran  et  Lavrissc. 


(  1 646- 1650) 

(1774) 

(1774) 

(1/75) 

(1777) 
(1778-1780) 

(.78.) 


Domec,  Jean. 

Espiet. 

Sentous. 

Dalléas. 

Clavère. 

Duft'ourc. 

Amadou. 

De  Bernard  d*Astugue.         (  1 78 1 

Vicaires  de  Loue  y  et  Hiharclt 


Lansac.  Jean. 
Pambrun,  Joseph. 
Laventure,  Pierre. 
Boérie. 
Laurence. 
Duboé,  Jean- Paul. 
Amadou. 
Cazenave. 


(1784- 
(  1 786- 
(1788- 

( ' 79°- 


i-30 


782) 

78]) 

783) 
786) 
788) 
790) 
792) 

~''2) 


Auzone. 

(1736) 

Deffis,  Jean. 

f 

.78?) 

Monié. 

(1774) 

Laventure,  Pierre. 

( 

784- 

.-0.) 

Vicaires  d'Orincles. 

Lacaze,  Bernard. 

11-29-1731) 

Laporte. 

( 

1743 

Lassale,  Jean. 

(1743) 

Cazanabe. 

( 

•7)4) 

Vicaires 

de  Visker,  Lo 

icrup  et  Saint-Martin. 

Noguaro,  Domenge. 

(M67) 

Pujos. 

( 

7  3  J- 

.-38) 

Laffont,  Arnaud. 

(1648 

Massot,  Michel. 

( 

738- 

1-0) 

Gage,  Antoine. 

1663) 

Corrè-o. 

( 

74»- 

'744) 

Cazanabe,  Jean. 

(1668) 

Sézot. 

( 

~4;- 

'740) 

Cazaux,  Jean. 

(1692-1702) 

Lacaze. 

( 

-;..>- 

7)4) 

Lasvergnes. 

(1702-1703) 

Pomés. 

( 

7)4: 

1760) 

Mathyé. 

(1706-1708) 

Deffis,  Jean. 

(' 

700- 

>764) 

Vergés. 

(1708) 

Prat,  Pierre. 

( 

764- 

1765) 

Bruan. 

(1709) 

Cazaux,  Marc-Antoine 

( 

765- 

1772 

Fréchou. 

(1709-1712) 

Sarrat. 

( 

772- 

,-; 

Barragué. 

1 171 2-1-13) 

Béliard. 

( 

77r 

1779) 

Pujo. 

(1713.) 

Baron. 

( 

780- 

783) 

Laban,  Pierre. 

(1714-1716 

Verdeau,  Jean-Jacquet 

784- 

1790) 

Loubère. 

(1717 

Darré. 

( 

791- 

-92) 

Daquo,  Hilaire. 

(1722-1724) 

Perche. 

( 

792) 

Garoby. 

(1725-1733) 

Vert,  Jacques. 

( 

793- 

.8?8) 

TABLE   ANALYTIQUE 


I.  Description.    —   Orographie,    hydrographie,    usines    à   eau,    climat, 

limites 3 

II.  Historique.  —  Castramétration.  voies,    théogonie,  Maures,   croisades, 

vasselages  au  XIVe  siècle,  Réforme,  Fronde,  exactions  féodales  .    .  9 

III.  La  Révolution.  —  Les  doléances  de  la  baronnie  et   des   diverses  com- 

munautés, la  Terreur  à  Bénac  :  clergé,  peuple,  nobles,   suspects.  .  23 

IV.  Mœurs,  superstitions,  jeux,  caractère,  instruction,  tabellionnats,  méde- 

cins et  chirurgiens • 31 

V.  Barons. —  Le  château  de  Bénac,  illustrations,  les  Bénac  de  la  première 

race,   les   Montaut-Bénac,   les   Rothelin-Bénac,    les  Rohan-Bénac.  .  }6 
VI.  Seigneurie  de  Lannes.  —  Bénac-Lannes,    Montesquiou-Lannes,    Barè- 

ges-Lannes,  Ossun-Lannes,  terres  et  revenus  de   la  seigneurie  ...  60 

VII.  Autres  seigneuries.  —  Saint-Sevié,  Saint-Sever,  Orincles,  Visker  .    .    .  71 

VIII.  Prieuré.  —  Fondation,  nature,  église,  beffroi,  prieurs,  revenus.  ...  85 

IX.  Curés  de  Bénac.  —  Eglises,  curés  et  vicaires 101 

X.  Autres  paroisses.  —  Eglise  de  Lannes,  ses  curés,  ses  vicaires;    curés 

de  Layrisse  et  Averan  ;  vicariat  de  Layrisse 108 

XI.  Autres  paroisses.  —Curés  de  Louey  et  Hibarette,  curés  d'Orincles, 

curés  de  Visker,  Loucrup  et  Saint-Martin • 121 

XII.  Prieuré  rural  d'Artigue-Frémat.  son  origine,  ses  prieurs i?î 

XIII.  Chapellenies,  obits  et  confréries M4 

XIV.  Documents:       I.  Terrier  du  Bénaquès  (178?) H> 

—  II.  Doléances  de  Loucrup  (1789) i6j 

—  III.  Inventaire  d'un  marquis  (1654) 164 

—  IV.  Possessions  du  marquisat   (179?) l(j8 

—  IV.  bis.  Pétition  de  ci-devante  <'  179$ ) l77 

—  IV.  ter.  Ferme  du  Lavedan  (1757). i?8 

—  V.  Hommage  de  Visker  (145 1) 182 

VI.  Testament  d'un  prieur  (1625) 184 

—  VIL  Démêlés  avec  Saint-Pé  (XVIIIe  siècle) 186 

—  IX.  Saisie  pour  Artigue-Frémat  (1667) 190 

—  X.  Fondation  de  chapellenie  (iôjo) 19? 

XV.  Listes:     I-II.  Seigneurs  suzerains  et  vassaux 196 

—  III.  Notaires  du  Bénaquès «97 

—  IV.  Prieurs  de  Bénac 108 

—  V-VI.  Curés  et  vicaires  du  Bénaquès 198 


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DC  Duffourc,   A. 

801  Le  Bénaqués 

B5D8